4 qié& 0 S ^ . <* . v ru Classe V. Pl. 55 SUCCINÉE. succinea. Draparnaud. S. aplatie. S. clcpressa. Rang. Animal inconnu, mais probablement plus grand que sa coquille et ne pouvant s'y abriter. Coquille ovale , très large , aplatie , à bouche ovale , presque aussi grande qu'elle, à spire très petite, à peine distincte et surbaissée, touchant presque à l'extrémité pos- térieure du bord droit; fragile, opaque, revêtue d'un épi- derme épais et de couleur jaune verdâtre. Cette espèce, qui peut être regardée comme type d'un petit groupe de Succinées très aplaties et très ouvertes , est de la Guadeloupe , où nous l'avons recueillie nous-même , privée de son animal , sous les feuilles mortes des bois dans les montagnes. Rang. i»r août i834. V. § Suc ci ne a depresj-a-. &uy A/ liemond irrifi . Classe V. Pl. 56. HÉLICE, hélix. Linné. H. margiTvée. H. margifiata, Mùller. Animal de couleur gris noirâtre plus foncé vers la tête , pâlissant en arrière et vers les bords du pied où il est bordé d'une légère teinte aurore; le dessus de la tête est noir, mais une ligne blanche ou même jaunâtre, bien vive et bien tranchée , parcourt toute la partie antérieure et supé- rieure de l'animal depuis le collier, qui est blanchâtre, jus- qu'à l'extrémité antérieure , en passant entre les tentacules supérieurs , qui sont très noirs , assez longs et rapprochés à leur base ; les tentacules inférieurs sont d'un gris pâle , le dessous du pied de la même couleur. Coquille épaisse , solide , surbaissée , conique , fortement carénée ; ayant la bouche ovale, un peu anguleuse, le bord réfléchi , l'ombilic masqué ; à épiderme mince , d'un jaune un peu rougeâtre , avec une large bande brune décurrente depuis le sommet jusqu'au bord droit et une seconde au- dessous. L'animal de rHélice marginée est un des plus agréable- ment colorés du genre. Il présente une particularité que nous n'avions pas encore observée d'une manière aussi tran- chée , c'est que le collier porte dans le même sens et sous la même forme des taches de couleur foncée qui répondent parfaitement aux bandes de la coquille et. qui indiquent probablement dans le collier les parties qui produisent ces dernières. Cette espèce est excessivement commune dans tous les environs de St-Iago de Cuba , où les gens de la campagne la désignent simplement sous le nom de Caracolas. La plus grande partie des individus que nous avons pris vivants étaient sur des arbres. ', Rang. 5 août i834« V Hélix mœrçma&z, lt L0èrun se N Jipmond urtf) Classk V. Pl. 57. HÉLICE. HiucE. Linné. H. petit koyau. //. iiucleola. Rang. NUX DENTICULATA. VaR. f. FÉRUSS. Animal noir surtout en avant ; tentacules supérieurs très noirs ; sillon dorsal peu inarqué ; pied pâle. Coquille arrondie , nucléiforme , épaisse , solide , couleur de châtaigne ou parfois olivâtre avec une couple de bandes décurrentes plus claires, finement striées transversalement, à sommet un peu surbaissé , toujours écorché ; la bouche étroite , en forme de croissant , beaucoup plus large que longue, à bords continus , offrant un bourrelet bleu et quel- quefois violacé, armé en avant de deux petites dents isolées, et en arrière d'une autre plus grosse en forme de frisure triangulaire, obstruant une partie de l'ouverture dans la- quelle elle se présente obliquement. Cette petite coquille habite les bois de la montagne Pelée à la Martinique, un peu au-dessus de la région moyenne. M. de Férussac , qui n'en connaissait que de mauvais exemplaires, ne la considérait que comme une variété du Nux denticulata; mais nous le distinguons de cette espèce, non seulement à cause des caractères de couleur que son animal présente , mais encore parceque , tout en montrant avec elle de grands rapports de forme , elle présente cepen- dant dans ses stries , et surtout dans le nombre et la dis- position des dents du bord antérieur de la bouche, de grandes différences. Rang. 2 août 1834. V ^7 • Ilelix micleoïas, JLzsu Jy ..Rà/tào/uL Classe V. Pl. 58. BUCCIN, buccin um. Bruguière. B. truite. B. macitlosum. Lamarck. Animal bien connu et décrit clans le Manuel de Malaco- logie de M. de Blainville , aux caractères de la famille. Cette espèce a la partie antérieure du corps d'un beau bleu vio- lacé ; les tentacules , ainsi que le tube antérieur caractéris- tique des Entomostomes , de longueur moyenne. On trouve ce Buccin dans toute la Méditerranée. 1)e Joannis. Septembre i834- Y. 53. B\iccinum maculo#um La/?, Dé Jot7/>/ns tels que MM. Richard , Bosc , Michaux , Milbert et Le Sueur2 ; la difficulté de bien les distinguer les unes des autres, à cause des différences d'âges et de localités, des variétés qui, dans une même espèce , font le passage à d'autres , et , aussi , des différences , assez difficiles à saisir 1 Ce mémoire est sans planches. Pour lui conserver un ordre dans la publication, nous lui avons donné les nos 5g et 60. Il comptera ainsi pour la valeur de deux planches. ' C'est h ces savants voyageurs que sont dus les premiers individus connus à Paris de plusieurs des Bivalves de l'Amérique septentrionale ; mais , à l'exception de Bosc , aucun d'eux n'a publié ses découvertes en ce genre. i835. 5 s» Cl. V. IN0* 69 et 60. et , surtout , à énoncer, entre plusieurs de ces espèces qui se distinguent cependant par un faciès particulier; l'iso- lement dans lequel la plupart d'entre vous, Messieurs, avez décrit ces coquilles en leur imposant le plus souvent, chacun de votre côté , des noms différents , toutes ces causes réunies ont occasionné une telle confusion dans leur syno- nymie , qu'encore actuellement , malgré les efforts de trois d'entre vous et d'un auteur anonyme l , il y a une partie de ces mêmes espèces sur lesquelles vous n'êtes pas d'ac- cord , et un nombre assez grand dont on ne dit plus rien depuis leur découverte et que personne ne reconnaît , ce qui fait présumer, parmi celles-ci, des doubles emplois d'autres espèces. u Mais si cette difficulté pour se fixer à l'égard de ces es- pèces est si grande , Messieurs , que vous , qui êtes sur les lieux , et qui pouvez consulter les types originaux qui ont servi à les établir, ne puissiez complètement y réussir, com- bien ne doit-elle pas être plus considérable encore pour les naturalistes de l'Europe , dont les collections , nécessaire- ment bien moins riches , n'offrent pas les mêmes ressources que les vôtres, et où ces coquilles ne sont pas déterminées ou se présentent tantôt sous plusieurs dénominations diffé- rentes , quoiqu'elles soient semljables , tantôt sous le même nom, quoiqu'elles soient distinctes, résultat d'erreurs sans nombre , de rectifications hasardées ou enfin des noms di- vers qui leur ont été imposés. « Ces motifs , Messieurs , j'ose l'espérer du moins , vous feront excuser la liberté que je prends de m 'adresser direc- tement à vous pour vous soumettre , comme aux seuls juges compétents, mes obervations et mes doutes, en vous priant, dans l'intérêt de la science et dans celui des naturalistes de l'Europe qui se consument, comme moi, en efforts infructueux 1 MM. Lea , Poulson , Say, et un auteur anonyme (Voyez Journal de Siftitiiann, juin i83î) , rfui ont publié chacun une table synonymique de ces espèces. Cr,. V. N« 59 et 60, 3 pour fixer votre synonymie, de répondre à ma demande et d'avoir la bonté de rectifier la Table de Concordance que je soumets à vos lumières. « J'ai dressé cette Table en faisant d'abord le relevé aussi exact , aussi complet que possible , de toutes les espèces qui ont été signalées jusqu'à présent , comme appartenant à l'Amérique septentrionale , dans tous les écrits qui me sont connus. Je me suis servi des exemplaires de ma collec- tion dont la détermination m'a paru certaine , puis j'ai pro- fité de vos observations , de la synonymie1 que vous avez indiquée dans vos travaux , lorsque vous vous êtes trouvés dans un accord qui en assurait l'exactitude. « J'ai le bonheur d'avoir reçu directement de plusieurs d'entre vous, Messieurs, la plupart de ces coquilles, par exemple de MM. Say, Hafinesque et Barnes : j'ai été assez heureux pour obtenir de M. Lea , lui-même , plusieurs de ses espèces et , lors de son voyage à Paris , qu'il détermi- nât toutes celles de ma collection d'après sa nomenclature ; mais il n'a pu , malheureusement , me donner la synonymie de celui de vous. Messieurs, qui a fait connaître le plus grand nombre de ces coquilles. Malgré ces secours précieux, je n'ai pu établir pour toutes une concordance exacte. A la vérité il me manque encore un certain nombre de vos espè- ces, surtout de celles qu'a fait connaître M. Rafinesque ; et pour quelques autres , mes individus ne sont pas assez com- plets ou assez parfaits pour bien fixer leurs rapports. Je n'ai, du reste, comme vous le croirez aisément, aucune préten- tion dans un semblable travail , et je n'ai adopté , en géné- ral, une opinion particulière que pour les espèces sur lesquelles vous n'étiez point d'accord entre vous. Mon seul but est de vous offrir un tableau beaucoup plus complet que ceux que vous avez publiés et dont vous puissiez rec- tifier les détails. « J'ai cru devoir commencer par établir la liste chronolo- gique des travaux qui me sont connus, où Ton trouve la 4 Cl. V. ÎSos 5t) et 6a. description d'un plus ou moins grand nombre des coquilles qui nous occupent , afin de fixer la priorité à accorder aux dénominations qui leur ont été données. C'était le moyen de ne blessfer personne et d'être juste avec tout le monde. C'est ainsi qu'en suivant le généreux. » exemple donné par M. Say, j'ai dû. restituer à M. Rafinesque les noms qu'il avait donnés, avant tout autre, à un grand nombre d'es- pèces. « Je n'ai point fait mention, dans cette liste, de Lister, de Banister, de Petiver, et de quelques autres anciens auteurs qui n'ont fait qu'indiquer ou figurer quelques-unes de vos bivalves ; ni de Linné , de Gmelin , de Chemnitz, de Spen- gler, de Bruguière et de quelques autres écrivains qui ont rapporté les figures qui existaient à nos espèces vulgaires , ou qui ont décrit et figuré un trop petit nombre d'espèces pour en faire état. « Yous remarquerez dans le Catalogue que j'ai dressé , à la fin des espèces de Mulettes reconnues par chacun de vous, toutes celles de M. Rafinesque qui me sont inconnues, que je ne vois citées dans aucun autre ouvrage que dans ceux où il les a fait connaître et dont il est bien à désirer que des exemplaires parviennent en Europe jpour y consta- ter leur existence et éviter qu'on ne donne aux mêmes es- pèces de nouvelles dénominations. Nous ne pouvons nousem- pêcherde déplorer que cet observateur si zélé , dans l'intérêt même de ses nombreuses découvertes , n'ait pas cru devoir employer le moyen dont vient de se servir M. Conrad , pour s'assurer la priorité de ses nouvelles espèces , celui d'en pu- blier une bonne description avec des figures exactes. En l'ab- sence des espèces dont il s'agit , ce travail aurait suffi pour les faire bien connaître; et si M. Rafinesque ne se décide point à l'entreprendre , M. Conrad son ami , ou tout autre d'entre vous , Messieurs , devrait se hâter de rendre ce ser- vice aux amis de la science ; nous ne saurions trop vous exciter n exécuter cette entreprise. Cl. V. iN<* 5g et Go. 5 u A la suite des espèces inconnues de M. Rarinesque, j'ai placé celles que M. Conrad vient de découvrir dans l'Ala- bama , et celles que M. Lea vient de publier dans son der- nier Mémoire. « J'ai marqué d'un astérisque toutes les espèces que je ne possède pas ou qui me sont inconnues. Permettez-moi, Messieurs , de solliciter ces espèces de votre obligeance et de votre intérêt pour la science , en échange d'autres coquil- les qui pourraient vous convenir, afin de me mettre à même de les comprendre dans la seconde partie de mon Prodrome des Mollusques terrestres etfluviatiles, laquelle serait pu- bliée depuis long-temps , si j'avais été édifié sur ces mêmes espèces ; mais le nombre en était trop grand pour que j'aie pu passer outre et les négliger. Vous sentirez d'ailleurs l'in- térêt , pour vos propres découvertes et pour l'intelligence de vos travaux, que vos espèces se trouvent en Europe et parti- culièrement à Paris , dans une collection où on puisse les connaître et les étudier. « C'est une chose remarquable assurément, que ces vingt- cinq ou trente nouvelles coquilles découvertes par M. Conrad dans une seule localité non encore explorée par les natura- listes. Combien d'autres parties de cette vaste contrée com- prise entre les deux océans , le golfe du Mexique et la mer du Nord sont encore vierges sous ce rapport? Et si l'on calcule leurs richesses en ce genre d'après le nombre des espèces déjà connues de cette contrée, ne peut-on pas dire, avec vérité , que l'Amérique septentrionale est le pays des Mulettes , comme l'Amérique méridionale paraît être celui des Cochlogènes ? Sans doute cette dernière contrée est riche aussi en bivalves des eaux douces : on y trouve particuliè- rement les Hyries , les Castalies , et beaucoup d'espèces re- marquables de Mulettes et d'Anodontes ; mais , si l'on en juge par les recherches de MM. Spix et Martius, et par celles de M. d'Orbigny, il n'y aurait aucune comparaison à laire , sous le rapport du nombre , entre les deux contrées. 6 Cl. V. H" 59 et 60. «Combien!' Europe, avec ses deux seules grosses Mulettes, l'uniformité de ses autres produits en ce genre, composés d'une vingtaine d'espèces, petites et minces, dont la plupart sont tellement rapprochées les unes des autres , se lient tellement par leurs nombreuses variétés , qu'on serait tenté de n'en admettre qu'une seule , est éloignée de cette fécon- dité, de cette variété d'espèces remarquables que l'on ob- serve chez vous , Messieurs ! « L'Afrique ne paraît offrir également qu'un petit nom- bre de Mulettes et d'Anodontes ; mais on y trouve les Ethé- rées, qui caractérisent ses eaux douces, et aussi lesGalathées. On ne connaît ppint encore les espèces des grands fleuves du nord de l'Asie , ni de sa région intermédiaire ; mais l'Asie méridionale , ou l'Inde , ne paraît offrir que des Mu- lettes et des Anodontes. petites et minces, analogues à celles de l'Europe , et aucune autre partie du inonde que l'Amé- rique septentrionale ne présente ces grosses et lourdes es- pèces à charnière si forte qui prennent les formes les plus étranges , les plus variées , et qui offrent des accidents si caractérisés. « Des considérations d'un grand intérêt pour la science , Messieurs , se rattachent à la bonne détermination de vos espèces et à leur exacte synonymie. Déjà nous avons re- connu depuis long-temps que votre Alasmodonla arcuata n'est autre chose que YUnio margaritifera de Linné, qui est l'espèce caractéristique des fleuves et des rivières de tout le nord de l'Europe, comme VU. crassissima de Klein (U. sinuata , Lam. ) caractérise les fleuves et les rivières du midi. Votre Anodonla Cataracla diffère moins de notre Çjrgnea, que plusieurs de ses variétés ne diffèrent entre elles. Yotre U. tetralasmus paraît se rapprocher beaucoup d'une de nos espèces qui vit dans les marais Pontins. Une variété de VU. teres , Raf. {anodontoides, Lea ) , est presque identique avec VU. tumidus de Spengler. Plusieurs de vos Coquilles univalves sont évidemment les mêmes que Cl. V. K*9 5g et f5o. 7 celles qui vivent en Europe. Si dans vos Mulettes on venait à découvrir quelques autres rapprochements de ce genre , cela confirmerait de plus en plus les lois que j'ai cherché à établir et qui paraissent avoir présidé à la distribution de la vie à la surface du globe \ On ne peut supposer assurément que VU. margaritifera de vos rivières descende en ligne directe des premiers Unios de cette espèce qui ont vécu clans les nôtres ; dès-lors il faut bien admettre des centres distincts de création où, dans des circonstances semblables ou ana- logues , les mêmes espèces se sont produites , si l'on veut expliquer la présence de cette espèce dans les deux conti- nents. J'ai fait suivre ma Table de concordance synonymique par quelques observations sur plusieurs des espèces qui y sont portées, afin d'appeler plus particulièrement votre at- tention sur elles. « Je profiterai de cette occasion pour vous exprimer mon étonnement , partagé par tous les Naturalistes de ce côté de l'Atlantique qui s'occupent des Mollusques , de l'oubli où on a laissé les animaux de ces mêmes coquilles qui ont , à juste titre , excité votre intérêt. Parmi ces Co- quilles , il y en a dont les caractères remarquables font supposer des différences organiques dans leurs animaux. Je vous citerai surtout VAnodonta lata de l'un de vous ( U. dehiscens , Say) , qui ressemble à un Solen. Les Sym- phynotes méritent aussi d'être étudiés sous ce point de vue. Enfin , ces Mulettes si remarquables par leur taille , leur épaisseur , la force de leur charnière ou leur forme qui réu- nit, en un seul genre, celles de plusieurs genres marins distincts , telles que les U. Cardium, reclus , quadrulus , Héros , cjlindricus , dilatants , niger , triqueter, gibbosus , tuberculatus , lorsus , lineolatus , nexus , mjtiloïdes , cla- vus , etc. , ont-elles un animal semblable? Nous sommes portés à le croire ; mais il est utile , il est même nécessaire 1 Voyez notre article Géographie (des Mollusques) , dans le Dic- tionnaire classique d'histoire naturelle. S Cl. V. N°* 5g et 60. que celle analogie soit constatée sur les espèces les plus disparates , telles que celles que nous venons de vous citer, et qu'une bonne description de cet animai, bien complète, établisse ses rapports ou ses différences avec l'animal des espèces d'Europe dont Poli a donné l'anatomie. On ne peut attendre un semblable travail*, Messieurs, que de votre zèle , et il doit être le complément de tout ce qu'on vous doit déjà pour la connaissance des Bivalves des eaux douces de votre pays. « Nous vous citerons encore un genre intéressant décou- vert dans le Mississipi par M. Rafinesque ; son Mjtilus recurvus , qui est également resté dans l'oubli depuis sa découverte , et qui doit appeler votre attention , soit pour retrouver cette Coquille inconnue en Europe , soit pour en faire connaître l'animal \. « Nous vous parlerons aussi de cet autre genre fort extraordinaire , dû également à M. Rafinesque , et qu'il a nommé Tremesia. Comment se fait-il qu'il n'ait été ob- servé par personne depuis que ce savant l'a fait connaître ? Il mériterait assurément qu'on s'occupât de le rechercher et de le décrire avec assez de détail , pour suppléer au la- conisme de son auteur , afin de savoir si nous devons enfin compter parmi les Mollusques des eaux douces un animal multivalve , et surtout pour déterminer si c'est bien un Mollusque ou un Cirripède , et quelle est son organisation. Chose incroyable ! j'apprends à l'instant de M. Rafinesque lui-même, qu'il s'est défait de cette précieuse Coquille sans 1 Nous avons vu avec étonnement des discussions sérieuses s'établir relativement au genre Io de M. Lea , formé pour le Fusus /luviati lis de M. Say. Pour donner quelque fondement à cette discussion, il fallait d'abord faire connaître l'animal de cette curieuse coquille ; car tant qu'il ne sera pas connu , M. Say sera tout aussi bien autorisé à le considérer comme un Fusus , que M. Lea à en faire un genre nouveau , lequel n'aura aucune valeur, s'il n'est appuyé sur des différences génériques dans l'animal. Cl. V. JN°* 59 et 60. 9 en avoir publié auparavant une bonne figure et une descrip- tion détaillée ! u J'insisterai particulièrement près de vous , Messieurs , sur la nécessité d'observer les animaux de vos espèces les plus remarquables , et je vous prierai , si vous avez des observations à leur sujet, de vouloir bien me les commu- niquer, en vous assurant que je me ferai un devoir de vous en rapporter l'honneur. Ces observations pourront seules permettre d'asseoir définitivement une bonne classification méthodique de la famille des Nayades. Jusqu'à présent , rien n'autorise à faire plusieurs genres pour les Anodonta , les Dipsas , les Sjmphjnota , les Hyria, les Alasmodonta, les TJnio , les Castalia; on ne peut les considérer que comme des sous-genres d'un même grand genre, limité par l'organisation , commune à tous , du même animal qui les habite. Les Coquilles elles-mêmes offrent des transitions insensibles de l'un à l'autre de ces sous-genres. Il faudrait donc des différences positives dans l'animal, pour former, dans cette famille, des divisions génériques, et pour justi- fier la classification proposée par M. Rafinesque, auquel on doit des renseigneniens trop vagues et trop incomplets au sujet des animaux des Mulettes qu'il a décrits, pour qu'on puisse s'en contenter. C'est à lui , c'est à vous , Mes- sieurs, qu'il appartient d'éclairer la science sous ce rap- port, et elle doit l'attendre de votre zèle et de tout ce que vous avez déjà fait pour elle sous ce point de vue. « Veuillez recevoir , avec l'expression de mes sentimens les plus distingués, celle du dévoûment avec lequel j'ai l'honneur d'être , « Messieurs, « Votre très humble et très obéissant serviteur, « Férussac. Paris . ce i5 janvier i835. « P. S. Une fois d'accord sur la synonymie de vos es- io Ci. V. N°« 5g et 60. pèces et sur la priorité à accorder aux dénominations qui leur ont été données , il sera nécessaire de changer les noms de plusieurs d'entre elles auxquelles on a donné des noms déjà appliqués à d'autres espèces. A propos d'une note de M. Conrad , en tête de sa Table de Concordance , au sujet de VU. ater de M. Lea, nous dirons que notre U. lemovi- cense n'est point VU. ater de Nillson, lequel est une es- pèce bien distincte. Par conséquent M. Say a eu raison de ne point adopter le nom d'ater pour l'espèce de M. Lea , et de lui en substituer un autre. » Nota. Nous venons de recevoir le dernier Mémoire de M. Lea , si riche d'espèces nouvelles , et dont nous sommes heureux de pouvoir profiter pour la suite de ce petit travail. Nous nous bornerons ici à présenter des observations sur l'extension que M. Lea donne, dans ce Mémoire, à son genre Symphynota, en y ajoutant des espèces qui n'ont aucune dent à la charnière , et qu'il est impossible de séparer des Anodontes. Nous demanderons quels sont alors les caractères que M. Lea assigne à son genre Symphynote. Considérée comme une simple division des Unios , cette coupe , fondée sur le prolongement aliforme des deux côtés des sommets, n'a plus aucune valeur si on lui réunit des espèces sans dents et qui n'offrent pas ce carac- tère. L'union des valves sur la ligne cardinale est un caractère or- ganique général pour toutes les Nayades , ainsi que l'a indiqué Cuvier, mais plus ou moins distinct , plus ou moins prononcé , et dont les traces s'effacent avec l'âge , dans la plupart des espèces. Depuis long-temps j'avais adopté comme sous-genre le genre Triquelra de Klein, pour les Hyries de Lamarck etl'^7. alala de M. Say ; mais , dans tous les cas , le genre Hyrie rendait superflue la création du genre Symphynote. (Voyez à la fin de cette lettre une Note sur le G. Symphynota.) Ci.. V. NM 5tj et 6©. ' ii LISTE CHRONOLOGIQUE DES OUVRAGES OU MÉMOIRES Qui concernent les Coquilles bivalves des eaux douces de l'Amérique Septentrionale. i. Thomas Say. Article Conchology de V Encyclopédie américaine de Nicholson , ire et 2e édit. , 1816 à 1818; 3e édit., 1819, avec pi. gr. Cet article a été augmenté de quelques espèces dans la dernière édition, et on en a fait un tirage à part sous le titre suivant : Description ofihe land andfresh water Shelles of the Uni- ted States, 8° de 16 pages sur deux colonnes, avec les 4 pi. des premières éditions. Philadelphie, 1819. C'est à ce premier travail de M. Say qu'est due l'heureuse impulsion qui s'est fait remarquer depuis lors vers l'étude des Coquilles terrestres et fluviatiles des Etats-Unis. C'est à ce savant , si dévoué à la science et si bon observateur, que l'on doit rapporter l'honneur d'avoir ouvert la voie suivie par lui avec tant de persévérance , et dans la- quelle plusieurs de ses compatriotes ont marché avec suc- cès sur ses traces. M. Say fait connaître , dans ce premier mémoire, dix-sept Bivalves des Etats-Unis. Malheureusement on peut reprocher à M. Say, dans ce travail comme dans tous ses ouvrages subséquents, l'ab- sence de phrases linnéennes latines pour caractériser ses espèces. Cet usage , constamment suivi par les Naturalistes de tous les pays, n'a point seulement pour but l'emploi d'une langue commune qui leur permette de comprendre , ia Ci. Y. N0i 59 et Go au moins, les caractères saillants de l'espèce , il a aussi pour objet d'obtenir une précision , une concision que les langues vivantes ne sauraient présenter au même degré. Si les Na- turalistes des différents pays voulaient ainsi s'affranchir de cet usage , et que les Suédois , les Danois , les Hollandais , les Russes et les Allemands suivissent l'exemple de M. Say et de plusieurs de ses compatriotes , bientôt les Naturalis- tes des différents pays se trouveraient isolés dans leurs tra- vaux , et la science rétrograderait. 2. Lamarck. Histoire Naturelle des Animaux sans vertè- bres; T. V et Y I. Paris, 18 18 et 1819. ( Les Nayades font partie du T. VI.) Dans cet ouvrage Lamarck fait connaître trente-deux Mulettes ou Anodontes des Etats-Unis, mais dans ce nom- bre, il y a beaucoup de doubles emplois. Une partie de ces espèces ont été établies sur des individus de la collection de M. Valenciennes , habile peintre , mort il y a une quinzaine d'années, et dont nous avons fait l'acquisition à sa vente. Ces individus, étiquetés de la main même de Lamarck, nous ont permis de reconnaître , avec certitude , les doubles emplois dont nous parlons. 3. C.S. Rafinesque. Monographie des Coquilles fluviatiles bivalves de la rivière Ohio , contenant douze genres et soixante-huit espèces, avec des figures réduites et au trait (insérée dans les Annales des Sciences physiques de MM. Bory de Saint- Vincent et Drapiez, T. V, p. 287, Bruxelles, 1820). Traduction américaine , sous ce titre : A Monography ofthe fluvialile bivalve Shells of ihe river Ohio, etc. par M. C. A. Poulson, in-12 de 72 p., avec t pi. lith. Philadelphie , i832 , J. Dobson. Il est incontestable que c'est à M. Rafinesque que l'on Cl. V. JN°* 5y et 60. i3 doit la première connaissance de cette série considérable d'espèces de Mulettes dont on n'avait signalé , avant lui , qu'un petit nombre , et dont on ne soupçonnait même pas la variété et l'intérêt. Si depuis la publication de cette Mo- nographie plusieurs naturalistes ont décrit et figuré les mêmes espèces sous d'autres noms , si en un mot on n'a point rendu à M. Rafinesque la justice que méritaient ses nombreuses découvertes et son zèle si ardent pour la science, on ne peut s'empêcher de reconnaître qu'il doit rapporter à la forme et au fond même de son travail la première cause de cette injustice dont il s'est cependant plaint avec raison. En effet, cette Monographie n'offrant que des des- criptions trop incomplètes pour caractériser des coquilles aussi difficiles à bien décrire , point de phrases linnéennes latines , et des figures entièrement insignifiantes ; présen- tant, d'ailleurs, un ensemble de genres et de sous-genres qui a paru , avec raison , non motivé , puisqu'on ne trouve pas de caractères suffisants pour justifier le genre Unio lui- même , comme genre distinct des Ànodontes , des Hyries, des Castalies , etc. : cette Monographie , disons:nous, a été négligée par les Naturalistes ; elle a rebuté même les hom- mes les plus désireux de s'en servir pour nommer leur col- lection. Elle a fait , à diverses reprises , notre désespoir, même avec les espèces de M. Rafinesque sous les yeux, par l'impossibilité de les y, retrouver et de comprendre ses divisions méthodiques. Les erreurs involontaires qui échappent à M. Rafi- nesque dans ses envois augmentent aussi la difficulté de re- connaître ses espèces. Nous avons reçu de lui les mêmes Coquilles sous différents noms, et d'autres avec des noms évidemment autres que ceux qu'elles portent dans sa Monographie. Il en est résulté une difficulté inextricable pour la détermination de ses espèces , et pour pouvoir établir une synonymie exacte entre lui et les auteurs qui , depuis, se sont occupés des Mulettes. \.\ Cl. V. N"s 5g et 60. On ne peut cependant s'empêcher de blâmer ces der- niers. Avant de décrire comme nouvelles des espèces que M. Rafinesque pouvait avoir déjà nommées , les Natura- listes qui ont écrit après lui devaient à la science de faire tons leurs efforts pour s'assurer qu'il ne les avait pas con- nues. MM. Barnes, Hildreth et Lea , pour éviter de jeter les Naturalistes dans une confusion de synonymie qu'ils pouvaient prévoir, auraient dû, à ce qu'il semble, s'en- tendre avec M. Rafinesque à cet égard. Enfin , de son côté , M. Rafinesque lui-même ou ses amis auraient dû, en publiant leurs réclamations à ce sujet, et pour prouver la priorité qu'ils revendiquaient , dresser une Table de concordance sjnonymique très exacte, et la faire insé- rer dans un recueil scientifique très répandu ou la faire imprimer à part , de manière qu'elle pût parvenir en Eu- rope à tous les Naturalistes qu'elle pouvait intéresser. Si M. Poulson par exemple , avait fait suivre la traduction de la Monographie de M, Rafinesque que nous avons citée par une table semblable , il aurait rendu un véritable service à la science et aurait établi d'autorité les droits de M. Ra- finesque. 4- A. Valenciennes. Coquilles Jluviatiles bivalves du Nou- veau Continent, recueillies pendant le voj-age de MM. de Humboldt et Bompland, avec fig. color. (Dans le Recueil d'observations de Zoologie, etc. , faisant partie de ce voyage, T. II, p. 225, Paris, i833.) Dans ce Mémoire, publié, à ce qu'il paraît, dès avant 1822, mais certainement après les ouvrages de MM. de Lamarck et Rafinesque , puisqu'ils y sont cités , M. Valenciennes dé- crit neuf Mulettes des États-Unis et en donne de magni- fiques figures. 5. Th. Sa y. Description ofunivalve terrestrial and Jluvia- tile Shells ofthe United States. 2.5 décembre 1822 (Dans Cl. V. N«s 59 et 60. i5 le Journ. oj the Acad, oj natur. se. oj Philadel., vol. Il, p. 37o). A la fin de ce Mémoire, M. Say décrit deux Cyclades. 6. D. W. Barnes. On the gênera Unio and Alasmodonta , -with iniroductorj Remarks: avec 1 1 pi. grav. (Dans VA- meric. joui'n. of sciences and arts de 13. Silliman , T. VI, 1823 , p. 107 et 258). Dans ce travail consciencieux et fait avec soin, M. Bar- nes décrit trente- trois Mulettes ou Àlasmodontes , parmi les- quelles on retrouve plusieurs de celles que M. Say avait fait connaître. Presque toutes les espèces qu'il décrit comme étant nouvelles avaient été nommées par M. Rafinesque, dont M. Barnes a le tort d'avoir négligé la Monographie. JDu reste, les phrases caractéristiques latines manquent aussi dans ce travail, dont les figures, assez bonnes, sont quel- quefois remplacées par un trait indiquant le contour des valves, secours presque inutile pour des corps aussi varia- bles dans leur forme générale et les autres accidents qui les caractérisent. 7. Th. Say. Narrative an Expédition to the source of S aint- Peters River, Lake W innepeek , etc., fait en 1823, sous le commandement du major Long, et rédigé par N. Kea- ting, Appendix, Zoologie, par Th. Say, avec fig. 1824. On trouve dans cet Appendix , outre la description de plusieurs Coquilles univalves curieuses et nouvelles , celle de YAnodonta gibbosa. 8. Th. Say Descriptions of some new species of fresh water and land Shells ofthe United States (dans le Journ . of the Acad. of natur. se. of Philadel. , vol. V, 1825, p. 119). A la fin de ce Mémoire , M. Say décrit Y Unio subtentus et Y Alasmodonta ambigua. i6 Cl.V. Nm 59 et 60. g. W. Wood. Index Testaceologicus ; or a Catalogue of Shells , etc. , in-8°, avec fîg. grav. et color. Londres, i8a5. Cet ouvrage , remarquable par l'esprit et la vérité avec lesquels des figures si réduites représentent cependant, d'une manière très reconnaissable , une si grande quantité d'es- pèces , contient , dans son Supplément surtout , les figures de plusieurs espèces de Mulettes de l'Amérique du Nord. 10. Jacob Green. Some Remarks on the Unio ofthe United States , with a Description of a new species , avec fig. ; avril 1827. (Dans le recueil intitulé : Contributions on the Maclurian Lyceum , vol. I , n° 2. ) Après quelques observations générales , M. Green décrit Y Unio AEsopus dont il donne aussi une bonne figure. Sa description est précédée d'une très bonne phrase descrip- tive en latin. 11. Is. Lea. Description of a sixth new species ofthe genus Unio, etc. , avec fig. color. (Insérée dans les Transact. of Amer ic . philos . Soc. of Philad. , 1827.) Dans ce premier Mémoire , M. Lea fait connaître , par une bonne phrase caractéristique latine, une description, détaillée et complète , et par d'excellentes figures , six es- pèces de Mulettes dont deux , au moins , avaient déjà été décrites , sous d'autres noms , par M. Rafinesque. 12. S. P. Hildreth , D. M. Observations on and Des- criptions of the Shells , jound in the waters of the Muskingum river, Little Muskingum and'Duck Creek, in the vicinitj of Marietta , Ohio , avec fig. grav. ( Dans YAmeric. journ. ofsc. and arts de B. Sillimann, t. XI Y, 1828, p. 276. ) M. Hildreth décrit vingt-cinq espèces dans ce Mémoire, Cl. V. No 59 et 60. . * ,7 déjà toutes connues par le travail de M. Barnes , excepté quatre espèces de Mulettes, dont M. Rafinesque avait signalé trois. Le seul U. foliatus n'était point connu. M. Hildreth a copié en partie , ainsi qu'il le dit lui-même , les descriptions de M. Barnes ; celui-ci a mis quelques noies à son manuscrit , en sorte que ces deux mémoires s'appuient mutuellement. Six espèces seulement y sont fi- gurées. i3. W. Wood. Index Testaceologicus. Supplément, avec fig. color. , in-8, Londres, 1828. Ce Supplément contient dix espèces de Mulettes , assez inconnaissables, des Etats-Unis. i/j- Is. Lea. Description of a new genus of the Familj* of Naïades , including Eight species , four of which are new , etc. , avec fig. color. ( Dans les Trans. of Arneric. philos. Soc. of Philadel. , mars 1827. ) Dans ce nouveau travail , M. Lea décrit douze espèces de Mulettes , dont trois seulement n'avaient point été nom- mées par Lamarck ou par M. Rafinesque ; il y propose le genre Symphynote pour les Mulettes analogues à Yalatus de M. Say , et pour quelques Anodontes dont les valves sont connées par leur bord supérieur, lequel recouvre le ligament »i Sur les neuf espèces qu'y rapporte M. Lea, YAnodonta cjgnea est d'Europe ; le bi-alata est la Dip- sas plicatus du docteur Leacli , et elle vit en Asie : sur les sept autres espèces , six avaient déj à été décrites. En tète de ce mémoire , M. Lea présente un tableau synonymique des espèces des Etats-Unis , et des remarques sur les es- pèces de M. de Lamarck. * Voyez à la fin de ce Mémoire une Note sur le genre Symphynote. i835. 6 i8 Cl. V. N" 59 et 60. i5. TIi. Say. Descriptions ' qf sorne new terrcstrial and fluviatile Shells of North America , juillet 1829. (Dans le journal intitulé Disstminator of useful Knowledge T t. II.) Ce mémoire, ignoré en Europe parce qu'il est inséré dans un recueil qui y est à peu près inconnu, contient la des- cription de beaucoup d'espèces nouvelles fort intéressantes r entre autres de neuf espèces deMulettes, trois Alasmontes , cinq Anodontes et trois Cyclades. Malheureusement les des- criptions de M. Say, très bonnes d'ailleurs, ne sont point précédées d'une phrase caractéristique latine. 16. Is. Lea. Observations on the Naïades , and Descrip- tions qf new species of that and other Families , avec fig. color. (Dans les Trans. of A me rie. philos. Soc. of Philadel. , mai i83o. ) M. Lea décrit et figure , dans ce mémoire , trente-six es- pèces de Mulettes et deux Symphynotes, dont douze espèces seulement n'étaient point connues. 17 G. P. Deshaies. Article Mulette de Y Encyclopédie méthodique , Histoire naturelle des Vers , t. II, p. 5^3 y i83o. On trouve dans cet article la description de douze espèces de Mulettes des Etats-Unis déjà toutes connues. 18. Th. Say. American Conchology , or Descriptions ofthe Shells of North America. Par livraison , in-8, avec fig. color. , 11. 1 , 1 83o , New-Harmony. Cet ouvrage, auquel il ne manque que des phrases ca- ractéristiques en latin, et dont malheureusement les livrai- sons successives se font trop attendre au gré de l'impatience des naturalistes , n'est encore parvenu qu'à son cinquième numéro. Il est bien à désirer que son habile auteur active davantage une publication qui , réunissant toutes les es- Cl. V. NoS 5g et 60. 19 pèces connues de l'Amérique septentrionale, sera si utile aux naturalistes des deux continents, par les bonnes des- criptions et les figures très exactes qu'elle contient. 19. Th. Sa y. New terrestrial andfluviatile Shells of North America (inséré dans le Disseminator of useful Know- ledge, janvier i83i Jî Outre plusieurs coquilles terrestres et fluviatiles nou- velles, on trouve dans ce mémoire la description de trois Mulettes , dont deux sont du Mexique. Th. Say. American Conchology , n° 2 , avril i83i. idem , idem , n° 3 , septembre 1 83 1 . 20. C-S. Rafinesque. Continuation of a Monagraphy of the bivalve Shells of the river Ohio, etc. , 8 p.', in-8. sur deux colonnes. Philadelphie, octobre i83i. Si M. Rafinesque ne publie ses découvertes que pour ses correspondants , et pour leur en donner une idée sommaire, on peut , à la rigueur, concevoir une publication telle que celle que nous signalons. Mais alors, qu'il nous soit permis de dire que ce savant ne doit point trouver extraordinaire que la plupart des naturalistes qui s'occupent de cette partie de la science , et qui n'auraient pas reçu de lui-même ces huit pages in-8 , publient , dans l'ignorance de leur exis- tence, les espèces qu'il y mentionne comme nouvelles et non décrites. On peut même dire qu'il leur serait impossible , avec ce travail sous les yeux , d'y reconnaître leurs espèces, car ce n'est pas avec une phrase anglaise de quelques mots, que l'on peut caractériser suffisamment des corps si variés et quelquefois si difficiles à distinguer les uns des autres. Malgré l'intérêt incontestable de ce travail , à cause des nombreuses et curieuses espèces nouvelles qui y sont signa- lées , il faut reconnaître qu'il ne peut prétendre aux béné- fices que procure la publication , telle qu'on doit la coin- 20 Cl. V. Nos 59 et 60. prendre par ce mot. Il faut, en effet , pour obtenir les avan- tages de la publicité , que la publication ait lieu dans un recueil répandu , ou que , par sa nature , elle puisse suivre le mouvement ordinaire des produits , rendus publics , de la presse. Pour notre part , nous sommes très recon- naissants que M. Rafinesqne ait bien voulu nous envoyer cette intéressante suite à son premier travail. Comment concevoir, si cette Continuation de la Monogra- phie de M. Rafinesque était connue en i83i à Philadel- phie et à New- York, que M» Poulson ne l'ait point comprise dans la traduction qu'il a publiée de cette Monographie en i832? Quoi qu'il en soit, M. Rafinesque offre d'abord dans ce travail des modifications à sa classification des Bi- valves fluviatiles ; il y propose sept nouveaux genres et y signale plus de quarante espèces nouvelles. Il est bien à regretter que ce savant naturaliste nTait pas fait , avec de si riches matériaux , un travail analogue à ceux de MM. Barnes, Hildreth , Conrad, ou mieux encore de M. Lea, accompagné de bonnes figures. L'habile rédac- teur du Journal américain des Sciences et des Arts, ou ce- lui de tout autre recueil répandu , se serait, sans doute , empressé de le publier, et, par là, la science eût été servie et les intérêts de M. Rafinesque à couvert. 21. Th. Sa y. Descriptions ofseveral new species of Shells (insérées dans le Transjhania Journal of Medicine , vol. IV, i832). Nous serions presque tenté d'adresser à M. Say le même reproche que nous venons de faire à M. Rafinesque, car la publication de ses nouvelles espèces dans le Disseminator ou dans un journal de médecine, tous deux presque incon- nus en Europe , laisse ses découvertes comme non-avenues pour le monde savant. Nous les ignorerions nous-mêine s'il n'avait point eu l'obligeance de nous envoyer une Cf.. V. Nos 5g et 60. at épreuve de ses mémoires l. Dans cette dernière notice M. Say décrit cinq espèces de Mulettes. Th. Say. American Conchohgy, n° 4> mars i832. 22. Anonyme. Conchoïogy M. Lea, on the Naïades (in- séré dans Y slmeric. Journ. of sciences , de B. Silliman, t. XXII ,li 832, p. 169). C'est une revue ou analyse des travaux de M. Lea ; on y rapporte la table de concordance qu'il a donnée en tête de son second mémoire; puis, spécialement, une table sy- nonymique pour les espèces de Lamarck , extraite des ob- servations de M. Lea. 23. Anonyme. Remarks on the article contained in Silli- manns Journal, for april 1 832 (inséré dans le Monthly American Journal of Geology and Nat. Se, juin i832). C*est une réponse à l'article précédent , destiné à reven- diquer les droits de M. Rafinesque et à montrer que la plupart des espèces de M. Lea étaient déjà connues par la Monographie de ce premier savant. Th. Say. American Conchoïogy, n° 5, août, i832. 2/j- C. S. Rafinesque. Odatelia N. G. ofN. American bi- valve fluviatile Shells. ( Dans Y Atlantic Journ. . n° 4 » p. 164, i832.) L'auteur propose dans cet article de quelques lignes un nouveau genre pour, YtJniq dehiscens de M. Say. Mais au lieu de nous faire connaître les caractères organiques de l'animal d'une Coquille qui offre un aspect si particulier* * M. Say cite un mémoire de M. Eaton , inséré également dans le Transylvanie. Journ. of Medec, pour février 1 83 1 ; mais ce journal ne se trouvant pas à Paris , nous ne pouvons pas le comprendre dans notre liste, puisqu'il nous est inconnu , et que nous ne savons pas ce qu'il contient. •22 Cl. V. Nos 59 et 60. qui ressemble à un Solen, caractères qui seuls pourraient, s'ils étaient bien distincts, autoriser la formation d'un nou- veau genre , M. Rafinesque se borne à indiquer des carac- tères négatifs pris de la coquille seule , ce qui ne suffit point pour légitimer sa proposition. 25. Th. Sa y. An Attempt to exhibit a Sjnonjmj of the western North America species of the gênera Unio and Alasmodonta. i834- C'est une simple table de concordance synonymique , en deux pages in-8' , dans laquelle M. Say restitue à M. Rafi- nesque ses droits de priorité pour beaucoup d'espèces dont il a pu s'assurer de la similitude. Il est fâcheux que cette table ne soit pas complète et ne puisse nous fixer sur la généralité des espèces décrites par les naturalistes améri- cains. 26. T. A. Conkad. Description of some New Species oj Fresh Water Shells from Alabama , Tenessee , etc. (Dans l'amène. Journ. of Sciences, etc., deB. Sillimann, vol. XXV, n° 2, janv. i834, p. 338, avec fig.) M. Conrad décrit dans ce mémoire , qui doit avoir une suite , dix Bivalves et six Univalves nouvelles. Il donne la figure en noir, lithographiée , de toutes ces coquilles. Les Bivalves se composent de six Mulettes, une Alasmodonte et deux Anodontes , les phrases descriptives sont en anglais. 27. T. A. Conrad. New Fresh fVater Shells of the United States, withcouloured illustrations, etc. , in- 12 de 76 p. , avec8pl. lithogr. etcolor. Philadelphie, i834, J. Dobson. Après une introduction pleine d'observations utiles, M. Conrad décrit, avec beaucoup de soins, vingt-cinq espèces nouvelles de Mulettes et une Anodonte , résultats d'un voyage entrepris par ce savant dans l' Alabama. La phrase caractéristique latine manque aussi dans cet in- Cl. V. N0S 5ç) et 60. u3 léressant travail, et les ligures laissent quelque chose à désirer. On ne peut se défendre de craindre que sur ces vingt-cinq espèces , dont trois font partie du mémoire précédent , quel- ques-unes , au moins , n'aient déjà été nommées par M. Ra- iînesque dans ses ouvrages. Ce travail offre ensuite la des- cription de deux Paludines, de treize Mélanies et d'une Ancyle nouvelles, puis une Monographie du genre An- culotus de M. Say, voisin des Mélanies. Il est terminé par une table de concordance synony inique bien plus éten- due quecelle de M. Say, laquelle parait être due à M. Poul- son , qui a bien voulu la communiquer à M. Conrad pour l'imprimer à la fin de son opuscule. 28. Is. Lea. Observations on the Naïades ; and Descrip- tions ofnew species qfthat, and other Families* ( Trans- act. ofAmeric. Philos. Soc. ofPhiladel., i832-i834<) Ce nouvel et important ouvrage de M. Lea nous est ar- rivé il y a peu de jours , cette feuille étant en partie com- posée ; nous le devons à son obligeance , et nous nous sommes empressé de suspendre l'impression , afin de pouvoir lui adresser nos remerciments et de mentionner cet intéressant travail , le plus considérable de ceux qu'a publiés ce savant , si zélé , sur cette partie de la science. Cet ouvrage comprend quatre parties. Après quelques observations préliminaires , M. Lea décrit , dans un premier mémoire , douze Mulettes, trois Symphy notes , quatre Ano- dontes et plusieurs coquilles univalves nouvelles. Un Sup- plément contient treize Mulettes, un Symphynote, quatre Anodontes et quelques Univalves de divers genres. Viennent ensuite des Observations sur les Naj-ades de Lamarck of-> frant sur la synonymie de ses espèces des remarques recueil- lies en France par M. Lea pendant son voyage et dont nous avons été assez heureux pour lui communiquer une partie. Un second Supplément présente la description de dix Mu- lettes , un Symphynote , une Anodonte et une Alasmodonte ; dénomination que M Lea propose de remplacer par celle de 24 Cl. V. Nos 59 et 60. Magavitana 1 empruntée à Schumacher, qui , en effet, a l'antériorité pour cette coupe générique. M. Lea décrit encore quatre Cyrènes et propose un nouveau genre, sous le nom à' Aphrodite, pour une belle coquille bivalve marine qu'il croit nouvelle. Cette dernière partie est terminée par la des- cription de plusieurs Univalves de divers genres. Toutes ces espèces sont très bien figurées dans une suite de 19 planches coloriées. Sur les trente-cinq Mulettes que décrit M. Lea dans ce nouvel ouvrage , dix espèces appar- tiennent à l'Amérique méridionale , ou à l'Asie. Sur les cinq Symphynotes , trois sont de la Chine ; sur les neuf Anodon- tes , cinq sont étrangères à l'Amérique du Nord ; il en est de même des quatre espèces de Cyrènes. Nous offrirons plus loin quelques observations sur quelques unes de ces co- quilles. Les quatre beaux mémoires de M. Lea que nous venons de signaler sous les numéros 11, i4, 16 et 28, dont ce savant a fait faire un tirage à part pour en gratifier ses amis, sont réunis parle titre commun suivant : Observations on the genus Unio , together with Descrip- tions ofnew gênera and species in the Families Naïa- des , Conchœ, Colimacœ, Ljmnœana , Melaniana and Peristomiana , etc. Cet ouvrage de M. Lea mérite les plus grands éloges par l'exactitude , l'ordre et la méthode qui régnent dans les des- criptions et par la vérité des figures qui l'accompagnent. On ne peut lui adresser que le reproche que nous lui avons fait plus haut , celui de ne point s'être assuré si ses espèces n'a- vaient point été nommées par d'autres avant lui. Il serait du reste à regretter que ce motif l'eût empêché de les décrire toutes et de les faire figurer ; car, grâce à son ouvrage , ces espèces ont été réellement connues des naturalistes qui ne pouvaient les reconnaître dans la Monographie de M. Ra- finesque, par les motifs que nous avons indiqués en parlant de ce dernier travail. Cl. V. Nos 59 et fx >5 CATALOGUE des Coquilles Bivalves de l'Amérique du nord. Mytilus. * recurvus, Raf. (1). Anodonta. cataracta, Say. Mytilus Jluviatilis , Gmel., Dillw., Wood. Anod .fluviatilis, Bosc, Gray. Mytilus illilus, Solander. A. parallela, Hyde, inlitt. * digonota , Raf ( an cataracta jun. ? )■ inflata, Rqfin. gibbosa, Say. fragilis, Lam. grandis, Say. suborbiculata , Say. edentula, Say (2). (Alasmodonta, Say, Conrad.) Ferussaciana, Lea. (an Alasmodonta edentula ?) marginata , Say. A. pensylvenica , Lam. undulata, Say. A. rugosus, Swains. lata, Rqjîn. (3). XJnio dehiscens, Say. Unio O riens , Lea. Unio la lus , Conrad. An. prœlonga, Green. (Raf.) Odatelia radiata, Raf., Jour- nal Atlant. imbecillis, Say. incerta, Dfob., Lea. ( an imbecillis ? ) * implicata, Say. * lugubris, Say. * atra , Raf. * cuneata , Raf. * areolatus, Swains. * subvexa, Conrad. * declivis, Conrad. * teres, Conrad. plana , Lea . Stewertiana, Lea. Benedictensis , Lea(t\). glauca, Phalène. (Acapulco). * impura, Say (Mexico). DlPSAS? * fragilis, Raf (Lasmonos) (5). Symthynota. complanata, Lea. (Alasmodonta, Barn., Conr.). alata, L,ea. U. alatus, Say, Lam., Wood. U. megapterus, Raf. fragilis, Raf (S. G.Leptodea). U. gracilis, Barn., Lea. U. planus , Barn. ( d'après M. Lea). U. fragilis, Swains, Conrad. Symph. gracilis, Lea. ohiensis, Raf (S. G. Lastena). U.lœvissima, Conrad. Symph. lœvissima , Lea. compressa, Lea. U. compressus , Conrad, inflata, Lea. ( U. ohiensis ? Say. ) U. alabamensis , Conrad, leptodon, Raf. (S. G. Leptodea.) S. tenuissima , Lea. A. purpurescen s , Swains. U. leptodon f Conrad. U. planus, Barn. (selon M. Say?) * diaphanus ? Raf (Metaptera ?) * lasmabrachis? Raf (id.) * Poulsoni, Conrad. * globosa, Lea (6). Alasmodonta. costata , Raf rugosa, Barn. hians, Raf (7). (an costata , Monstr.?) marginata, Say, Raf Decurambis scriptum, Raf. (d'après Conrad). U. cariosa, var. 2 , Lam. ■J(] Cl. V. N°* 5g et 60. * Mya rugulosa , Wood. undulata, Say, Barn. U. varicosa, Lam. 17. hians, Valenc U. glabratus, Sowerby. Mya. undulata, Wood, Sup. monodonta, Say'{Hnio) (8). U. soleniformis , Lea. confragosa, Say, Conrad. * ambigua , Say. * ponderosum, Raf. Lasmigona. * rugosum , id. id. * sulcatum, id. id. * viridis , id. id. * atropurpureum.id. Decurambis. * badium, id. Sulcularia. * papyraceum, id. id. * sculptilis , Say, Conrad. * radiata , Conrad. dubia, Say. (9). U. Hildrethianus, Lea. margaritifera , Linné (Mya). Margaritana fluviatilis, Sch. U. elongata, Lam., Mich. U. Roissyi, Mich. Alasm. arcuata, Barn. Ravenelliana , Lea , (Margari- tana.) Ukio. - parvus, Barn. * Glans, Lea (parvus? Say). * Lens, fjea. (lœvigalus, selon Conrad ;sub- rotundus , selon Say.) suborbiculatus , Lam. (10). U. rotundata, Lam. U. globulus, Say. U. subglobosus , Lea. tetralasmus, Say. lanceolatus , Lea. declivis, Say. (11). U. geometricus , Lea. subrostratus , Say. (an U. nasulus?) nasutus, Say, Barn. U. rostrata, Y alenc. Mya nasuta, Wood. complanatus, Soland., Dihv. (»)■ / V . violaceus, Spengl. U. purpureus , Say, Barn., U. coarctata , Lam. (d'après son exempl.). U. purpurascens, id. id. V '. rhombula , id. id. U. carinifera , id. id. U. georginafià. id. U. sulcidens , id. id. U. glabrala, id. id. U. rarisulcata? \à. id. U. fliwiatilis, Green? U. aurata , Raf. ( d'après Conrad ). congarœus, Lea. augustatus, Lea^ subtentus, Say. Carolinianus , Bosc. obesus, Lea. camptodon, Say. ( an Carolinianus ? ) heterodon, Lea. Iris, Lea (i3). {subrostratus, selon Say.) Calceolus , t.ea (i4). (s4lasm.marginata,sel coturnix, Sow., mars, i833; fig. 3. — Habit. Huasco ( republica Cbiquitensi). 36. H. Coquimbensis , Brod. — Bulinus Coquimbensis. Concb. Illus., i832, fig. 8. — Habit. Concepcion (re- publica Chiliana ). 8 Cl. V. N« 61. 36. /J. Peruviana , Brug. — H. Gravesii. King. .Zoo/. Journ, Voy. V. p. 34o. Conch. Illus. i833, mardi 22 , fig. 12. — Habit. Valparaiso (republica Chiliana). 37. H. granulosa , Brod. Z. p. i832. Conchol. Illust., march i5th, i833. — Habit. Ilo (republica Peru- viana). 38. H. pentadina, Nob. — Testa oblonga, ventricosa , tenui , substriata , maculis fusco-rufis ornata ; spira con- vexa ; apice acuminato, obtuso ; quinque anfractibus, ul- timo obliquo , magno ; apertura ovali , obliqua , fusco- violacea ; columella crassa; labro tenui , subreflexo. — Longit. 2 milLim. — Habit. Yuracares ( republica Boliviana ). 39. H. Onça , Nob. — Testa elongata , subventricosa \ tenui , diaphana, substriata, fulva vel brunneo-violacea , et irregulariter maculis fuscis ornata ; spira elevata ; apice obtuso; quinque anfractibus, ultimo magno; apertura ova- li, elongata, obliqua , rubra ; columella recta, acuta; labro tenui , subreflexo. — Longit. 62 millim. ; latit. 25 millim. 40. H. undata, Brug. — Bulinus undatus, Brug. — — Habit. Rio- de- Janeiro ( imperio Brasibano). /fi. H. Princeps t Brod. Z. p. i832. — Bulinus princeps. — Conchol. Mus. 3rd may i833., fig. 18. — Habit, republica Peruviana. 42r. H. sultana , Chem. ( Var. major. ) — Habit. Guarayos ( republica Boliviana ). S. G. Cochlïtomje. (Achatiua. Lam.) 43. H. phlogera, Nob. (Var.B. Regina Fer.) — Testa elongata, tenui, laevigata , albo - purpurea , largis in- Cl. V. N° 61. 9 terruptè violaceo-brunneis maculis ornata , largam per- saepe medio zonam formantibus ; spira subelevata ; apice obtuso , nigro ; apertura ovali ; columella nigricante ; labro tenui , acuto. — Longit. 55millim.; latit. 24 millim. — Habit, provincia Chiquitensi (republica Boliviana ) . 44«, H. regina, Fer. (Yar. sinistra Fer. ) — Habit. Gua- rayos (republica Boliviana ). 45. H. Mulleri, Fer. — Longit. 55 millim.; latit. 21 millim. — Habit. Yuracares ( republica Boliviana ). 46. H. unilamellata , Fer. — Longit. 12 millim.; latit. 1 1 millim. — Habit, provincia Santa Cruz de la Sierra ( republica Boliviana ). 47. H. octona, Brug. ( H . claviculus , Fer.) — Habit, provincia Chiquitensi ( republica Boliviana). 48. H. bacterionides , Nob. — Testa elongatissima, turrita, subcylindrica , tenui , lucida , lœvigata , albida ; spira subplana; apice obtuso; novem anfractibus ; apertura ferè quadrangulari ; columella recta , acuta ; labro tenui ; umbilico nullo. — Longit. 17 millim. ; latit. 4 millim. 49. H. micra , Nob. — Testa elongata , turrita , pyrami- dali , tenui , translucida , striatissima , subumbilicata , albida; spira tumida; apice obtuso ;octo anfractibus; aper- tura ovali , recta , albida ; columella acuta , recta ; labro acuto. — Longit. 6 '/, millim.; latit. 2 7, millim. S. G. Cochlogen^e. Fer. (Bulinus. Lam.) 50. H. Lorenzii , Sow. — Habit. S. Lorenzo (republica Peruviana). 5i. H. albicans , Brod. Z. p, i832. Conch. Illus. 3rd may i833, fig. 22. io Cl. V. N° 61. 52. H. conspersa , Sow. ( Bulinus conspcrsus , Sow. Conch. Illig. i9thJuly i833, fig. 49 Proceedings of the Zoological Society, i833, p. ^3 ). — Habit. Lima. ( re- publica Peruviana ). 53. H. scalariformis, Brod. {Bulinus scalariformis ) , Brod. Conch. Illus., mars 22, i833 , fig, i3. — Habit. Lima ( republica Peruviana ). 54- H. sordida , Less. {Bulinus sordidus. Lesson , Voyage de la Coquille ). — Habit. Lima ( republica Pe- ruviana ). 55. H. cactorum, Nob. — Testa oblongata , ventricosa , conica , crassa , umbilicata , substriata , albida aut rosea violaceo-tincta , lineolis purpureis longitudinaliter 01- nata ; spira subinflata ; apice acuminato, roseo , anfrac- tibus octo reguîaribus ; apertura oblonga , recta , rosea ; columella recta ,acuta ; labrotenui. — Longit. 25 millim.; latit. i5 millim. — Habit, provincia Tacnaceusi ( rep. Peruviana ). 56. H. apodemeles , Nob. — Testa ovata , ventricosa, tenui , diaphana , lœvigata , albido-flavicante , marmo- rata griseo , vel maculis longitudinaliter brunneis inter- secta ; spira subconica ; apice obtuso ; sutura profunda , apertura ovali ; labrotenui , acuto. — Longit. i5 millim.: latit. 14 millim, — • Habit, republica Argentina; repu- blica Boliviana. 57. H. unicolor , Sow. {Bulinus unicolor, Sow. Jun. Conch. Illus., 12 juillet, i833 , fig. 43 )• — Habit, pro- vincia G uayaquilensi (republica Columbiana). 58. H. scutulata, Broà. Z. y). i832 {Bulinus scutulatus), Conchol. Illus., fig. 39.) — Habit. Islay (republica. Peruviana). Cl. V. R* 61. 11 59. H, tenuissima , Fer. 1 — Habit. Rio-de-Janeiro ( im- perio Brasiliano); et republica Boliviana. 60. H. heloïca , Nob. — Testa elongata , tenui , diaphana, laevigala , albido-flavicante ; spira elongata , plana ; sutura plana ; apiceobtuso ; apertura oblonga; columella recta, labro tenui, acuto. — Longit. 28 mi lu ni.; latit. 6 millim. — Habit, provincia Chiquitensi ( republica Boliviana ). 61. H. Lita , Fer. Var. major (a). — Habit. Corrientes (republica Argentina) ; et Rio-de-Janeiro(imperio Bra- siliano). 62. H. olorinws , Duclos. Mag. de Zoologie , class. V , pi. 24. ( Bulinus albus , Sow. ) — Habit, republica Peru viana. 63. H. pœcila , Nob. ( Var. intexta, Fer. ) — Testa elon- gata , subventricosa, conica, uinbilicata , tenui, dia- phana, ferè laevigata , flavo-albida ; apice nigro; spira subacuminata, elongata, inflata; apertura ovali , recta; columella torta, acuta ; labro tenui. — Longit. 22 */» mil.; latit. a 1 5 ad 16 millim. — Habit, provincia Chiquitensi (republica Boliviana). 64. //. oreades , Nob. — Testa elongata , tenui , translu- cida , laevigata , micante , flava , cum zonis longitudina- libus brunneis, mediam spirae prima? partem infernèsolùm tenentibus; aniYactibus octo ; apertura ovali; colu- mella recta , inflata ; labro tenui , acuto. — Longit. 32 millim.; latit. 7 millim. — Habit, provincia Corrientes (republica Argentina). 65. H. Torolliî, Nob. — Testa elongata , acuta, pyrami- dal i , tenui, subdiapliana , laevigata, lucida, albida, longis longitudinalibus flammis brunneis variegata , ma- culis transversalibus minimis nebulosa , fascias forman- tibus , vel graciosè flammis variata , fasciisque necnon la Cl V. N° 61. lineolis sparsis ; spira elevata ; anfractibus octo ; apicc subacuto , nigro ; columella recta ; aperlura ovali ; labro tenui , acuto. — Longit. 3i millim.; latit. 1 1 millini. — Habit, provincia Valle-Grande ( republica Boliviana). 66. H. van ans , Brod. ( Buliuus varia ns , Brod. Z. p. i832., fig. 20.) — Habit. Trujillo ( rep. Peruviana). 67. H, nivalis , Nob. — Testa ovata, tenui, diaphana, laevigata , lucida , fulvo-brimnea ; spira subconvexa ; su- tura ci en ula ta; apice obtuso ; quiuque anfractibus ; aper- tura ovali ; columella recta ; labro tenui, acuto. 68. H. Paziana, Nob. — Testa oblongo-pyramidali , subumbilicata , tenui , diaphana , laevigata vel subru- gosa, albida, flammulis longitudinalibus brunneis ornata ; spira subplana ; sutura plana ; apice acuto, roseo ; septem anfractibus; apertura lata, subquadrilaterali ; columella recta; labro tenui, acuto, subreflexo. — Longit. 27 mil.; long. 1 1 millim. — Habit, provincia Sicasica ( republica Boliviana). 69. If, sporadica , Nob. — Testa elongata vel ovata , pyramidali, subperforata , tenui, laevigata vel irregula- riter striata , albida , 1 ufo-flavicante vel longitudinali- ter fasciata ; spira elongata , apice acuto, anfractibus octo ; apertura elongata , ovali ; columella plana ; labro tenui, acuto. — Longit. 33 millim.; latit. 14 ad 17 mill. — Habit, provincia Corrientes (republica Argentina); pro- vincia Chiquitensi (republica Boliviana). 70. H. trichodes. — Testa elongata, pyramidali, con- vexa, subperforata, tenui, diaphana, transversaliter villosa, cinero-fulva ; spira elongata ; apice acuto ; octo anfractibus; sutura subprofunda, apertura oblonga; colu- mella recta , inflata ; labro tenui , acuto , subreflexo. — Longit. 20 millim.; latit. 10 millim. — Habit, provincia Santa Cruz de la Sierra (republica Boliviana). Cl. V. N° 61. i3 71. H. Rocayana, Nob. — Testa elongata, pyramidali , conica , imperforata , tenui , diaphana , laevigata vel ru- gosa , albido-grisea ; lineolis albis irregulariter longitudi- nalibus ; spira elongata ; apice acuto ; novem anfractibus ; sutura profunda ; apertura oblonga ; columella conforta, acuta ; labro tenui , acuto , subreflexo , intùs albido. — Latit. i4 millim.; longit. 8 millim. — Habit, provincia Santa Cruz de la Sierra (republicaBoliviana). 72. H. culmine a , Nob. — Testa oblonga, ovata, sub- ventricosa , imperforata , crassa , irregulariter striata vel tenuissimè reticulata , albida ; spira brevi , inflata ; apice obtuso; sex anfractibus; sutura crenulata ; apertura ovali, alba5; columella recta , plana ; labro subcrasso , intùs al- bido. — Latit. 17 millim. ; longit. i3 millim. — Habit, culminibus Andesensîbus ( republica Boliviana ). ^3. H. liihoica. Nob. — Testa elongata, imperforata, sub- tenui , irregulariter reticulata , flava ; spira subelevata , plana ; apice obtuso ;' sex anfractibus; sutura crenulata ; apertura ovali ; columella recta , plana ; labro tenui , in- tùs albido. — Longit. i5 millim. ; latit. 35 millim. — Habit, provincia Pazensi ( republica Boliviana ). 74. H. turritella, Nob. — Testa elongata, ventricosa , perforata, tenui , laevigata , diapbana , albido-grisea , mi- nimis lineolis longitudinaliter albis ornata ; spira ele- vata , inflata ; apice obtuso , rosaceo ; sex anfractibus ; sutura laevigata ; apertura ovali ; columella recta, plana ; labro tenui, acuto. — Latit. 19 millim. ; longit. 9 millim. — Habit, provincia Chiquitensi (republica Boliviana. ). 75. H. limonoïca , Nob. — Testa elongata , pyramidali, conica, subperforata , tenui, laevigata , translucida, al- bido-rufescente lineolisque longitudinaliter brunneis variata ; spira conica, brevi , plana ; apice acuto ; anfrac- tibus octo ; sutura plana, laevigata, apertura ovali, angu- i4 Cl. V. No 61. losa ; columella recta, subinflata ; labro tenui , acuto , subieflexo. — Latit. 19 millim.; longit. 8 millim. — Habit, provincia Cbiquitensi (republica Boliviana). 76. H. crepundia , Nob. — Testa elongata, subinflata , pyramidali , subperforata , tenui , lsevigata , translucida , fusco-cinerescente ; spira elongata, inflata; apice acuto ; anfractibus octo ; sutura profunda , larvigata ; apertura oblonga; columella subtorta, inflata ; labro tenui , acuto. — Latit. i5 millim. ; longit. 10 millim. — Habit, pro- vincia Cbiquitensi ( republica Boliviana ). 77. P. montivaga , Nob. — Testa elongata , conica , py- ramidal! , liaud umbilicata , tenui , substriata , albida , lineis albidis et longitudinalibus oinata; apice obtuso , fusco ; spira inflata ; sutura profunda ; novem anfractibus; apertura ovali, recta ; columella recta , crassa ; labro acuto. — Longit. 16 millim.; latit. 7 millim. — Habit, provincia Lagunénsi ( republica Boliviana ) ; et provincia Entie-Rios ( republica Argentina ). 78. H. derelicta , Brod. Z. p. i832. ( Bulinus derelic- tus. Conehol. Illust. by Sowerby. ) — Habit. Cobija ( republica Boliviana ). 79. H. rosacea , King. ( Bulinus rosaceus. King. Zool. .îourn. , vol. V. vp 34' • Conch. , Illust. , fig. 5. Bulinus Chilensis. Sowerby. Conch. Illust., fig. 4; mars i833.) — Habit. Yalparaiso ( republica Chiliana ) 80. H. mtcleus , Sow. (Bulinus nucleus , Sow. Conch. Illust., fig. 33. ) — Habit. Patagonia. 8t. H. Protea. (Bulinus Proteus , Brod. io32, p. 107. Z. p.) — Habit, republica Peruviana. 82. H. versicolor* (Bulinus versicolor, Brod. Z. p. i832, p. 108.) — Habit. Trujillo ( republica Peruviana ). Ci.,. V. N° Si'. i5 83. H. Coray Nob. — Testa oblonga, perfoi-ata, inflata , gibbosa , subcrassa , bevigata vel subrugosa , albido-ro- sea , vel quatuor fasciis transversaliter brunneis ornata ; spira brevi , inflata ; sutura larvigata , subplana ; apice subacuto , summo truncato ; apertura magna , ovali , la- terali ; cojumell a subobliqua; labro tenui,acuto; sub- reflexo, brunnco , intùs brunneo. — Latit. 44 nnllim.; longit. 29 millim. — Habit, republica Peruviàna. Cochlogen^e. (Bulinus. Lam.) 84. H. ouata , Mull. — Habit, imperio Brasiliano. 85. H. cantagallana , Rang. — Habit, imperio Brasi-" liano. 86. //. hremnoïca , Nob. — - Testa elongata , ventricosa , crassa, kevigata vel striata , minutissimè granulosa , fus- co-rubescente , lineis fasciatis ornata ; spira inflata ; apice striato ; septem anfractibus ; apertura elongata , peristo- mata , albida; labro crasso. — Longit. 12 centim.; latit. 7 centim. — Habit. Yuracares (republica Boliviana ).— ( Afnnis ouata , Lin. et chrisliana , Fer. ) 87. H. Santa Cruzii, Nob. — Testa elongata , subventri- cosa , tenui , lœvigata vel substriata , brunnea ; spira ob- tusa , apice striato fusco-purpurescente ; septem anfracti- bus; apertura albida , peristomata. — Longit. 9 centim. ; latit. 5 centim. — Habit, provincia Yungasensi ( republica Boliviana). 88."//. lacunosa , Nob. — Testa elongatissima , crassa, ti ansversim minutissimè granulosa , brunneo-rufa , lineis f<»sciatis longitudinaliter ornata ; spira acuminata, apice obtuso, striato, sex anfractibus; apertura elongata, albida, peristomata. — Longit. 8 y, centim.; latit. 4 centim. — 16 Cl. V. N° 6t. Habit. Tutulima ( provincia Cochabambacensi). — (Affi- nis Taunaysii, Fer. ) 89. H. Malhiusii. Nob. — Testa ovoïdea , inflata , crassa , laevigata vel substriata , fusca ; apice obtuso , purpures- cente, profundè striato; sex anfractibus ; sutura albicante; apertura ovali , peris.tomata ; labro crasso. — Longit. 65 millim. ; latit. 35 millim. — Habit. republicaPeruviana. — ( Affinis Var. min. ovata. ) 90. H. oblonga, Mull. — Habit, provincia Corrientessensi; Paraguayensi (republica Argentina); provincia Yunga- sensi , Santa Cruz de la Sierra , Chiquitensi ( republica Boliviana ). 91. H. thamnoïca, Nob. — Testa ovata, elongata, subumbilicata , irregulariter striata vel reticulata , flavo- brunnea, violacea , tribus velquinque fasciis brunneis or- nata; spira elongata, subacuta, septem anfractibus ; aper- tura ovali, reversa, alba ; labro subcrasso. — Longit. a 45 ad 80 millim.; latit. a 11 ad 39 millim. Var. A. reticulata, pallidiore. Var. B. crassa , striata , fusca, fasciata. Var. C. minor. Habit. Cavari ( republica Boliviana ). Var. D. marmorata. Habit, provincia Chuquisacasensi (republica Boliviana). 92. H. Tupacii, Nob. — Testa elongata, crassa, pupoï- des, umbilicata, inflata; substriata, brunnea vel quin- que fasciis fuscis ornata ; spira subinflata ; apice obtuso ; anfractibus octo; columella plana; apertura ovali, al- bida, crassa; labro subreflexo. — Longit. 4 centim. ; latit. 2 centim. — Habit, provincia Yungasensi ( repu- blica Boliviana). 93. H. Inca, Nob. ~ Testa elongata, pupoïdes, inflata , Ct. V. N* 6i n imperforata , crassa , lœvigata , brunneo-nigra ; spira eîongata ; sutura irregulari ; apice acuminato ; octo anfrac- tibus; apertura ovali , albida; labro crasso, subreflexo ; columella recta. - — Longit. 72 miliim., latit, 3o miliim. — Habit. Tutulima (republica Boliviana) 94. H. brephoides, Nob. — Testa oblonga , pupoidca , um- bilicata , crassa, substriata , rufo-brunnea , apice obtuso ; sex anfractibus; apertura ovali, albo-fusca ; labro cras- sissiino; sutura albida. — Longit. 52 miliim., latit. 2.5 miliim. - — Habit, republica Peruviana. — (Affinis Fa- vanii , Fer.) 95. H. miliola. — Testa oblonga , brevi , subumbili- cata , crassa , lœvigata , albida ; spira brevi , inflata ; apice obtuso , truncato , sex anfractibus ; sutura profunda ; apertura subrotunda, tridentata ; labro lato, subreflexo. — Latit. 2 miliim. , longit. 1 miliim. — Habit, imperio Brasiliano. 96. H. orobœna , Nob. — Testa oblonga , subcrassa , sub- umbilicata, longitudinaliter et irregulari ter rugose stria— ta T luteo-fulva ; apice obtuso , apertura ovali; columella obliqua; labro crasso, albido ; intus albido-rufo ; octo anfractibus. — Longit. 4 centim. , latit. 16 miliim. — Habit, provincia Yungacensi (republica Boliviana). 97. H. Bolivarii , Nob. — Testa oblonga, ventricosa, sub- crassa , rugose-malleata , tribus fasciis fuscis maculata , fusco-albo marmorata ; margineapiceque acuminatis, fia- vis; intus albida, lucida ; septem anfractibus; apertura magna , lutea ; columella torta , complanata ; labro tenui , reflexo, — Longit. 54 miliim. , latit. 26 miliim. — Habit, provincia Cocbabambacensi (republica Boliviana). — , (Affinis Dombej-anœ, Fer. ) <)8. H. nbysstfj'um , Nob. *— TestJ oblonga , ventricosa i8 Cl. V. N° 61. tenui , subrugosa , albida , largis irregularibusque ma culis longitudinaliter brunneo-rufis vcnosa ; spira plana apice acuminalo ; septem anfractibus ; umbilico nullo apertura ovali , recta , albida ; columella obliqua , inflata labro lato, tenui, acuto, subreflexo. — Longit. 52 mil., latit. 25 millim. — Habit, provincia Lagunacensi (re- publica Boliviana). — ( Affinis Dombejanœ , Fer. ) 99. H. brachysoma , Nob. — Testa oblonga , brevi , sub- umbilicata, ventricosa, subcrassa, lsevigata, albido- fusca , maculata trilineis fusco-rubescentibus ; spira in- flata ; apice acuminato ; septem anfractibus ; apertura ovali, subreflexa ; columella recta, plana; labro lato, acuto, reflexo. — Longit. /{o millim. , latit. 19 millim. — Habit, provincia Santa Cruz de la Sierra ( republica Bo- liviana). 100. H. marmarina, Nob. — Testa elongata, ventri- cosa, crassa, subuinbilicata , rubro-fusca, fuscioribus nebulata maculis, fasciis quatuor interruptis , maculis irregulariterbrunneisintersecta; spira plana, septem an- fractibus; sutura adumbra ta; apice subacuto; apertura elongata, albida, irregulari , ampla; columella torta planaque ; labro acuto , reflexo. — Longit. [\i millim., latit. 18 millim. — Habit, provincia Yungacensi (re- publica Boliviana ). 101. H. xanthostoma, Nob. — Testa elongata, subuin- bilicata , crassa , fere rugosa , albido-rosea , fusco-macu- lata , trilineis ornata ; spira elongata, convexa ; anfracti- bus octo; apice obtuso, rubro ; apertura elongata, recta, rosea ; columella torta , subinflata ; labro acuto , lato , reflexo. — Longit. 46 millim., latit. 1 7 millim. — Habit, provincia Yungacensi (republica Boliviana ). 102. H. hygrohylœa , Nob. — Testa elongata , crassa, la> vigata , umbilicata , albida vel variegata , maculata , in- Cl. V. N° 61. i<) terrupta , brunneo-rufa ; spira subconvexa ; septem an- fractibus ; apice acuminato, summo obtuso; apertura oblonga , albida ; columella subrecta ; labro latissimo , reflexo. — Longit. /\i millim., latit. 19 millim. — Habit, provincia Chiquitensi ( republica Boliviana ). 1 o3. H. zographica , Nob. — Testa elongata , ventri- cdsa, inumbilicata , tenui, diaphana, laevigata, lucida, squalide-alba ; maculis largis , longitudinalibus , fuscissi- mis marmorata ; spira elongata , subinflata ; apice obtuso , septem anfractibus ; apertura oblonga , obliqua , purpu- rea; columella inflata, torta ; labro acuto , reflexo , albido vel fulvo. — Longit. 35 millim., latit. i3 millim. — Habit, provincia Yungacensi ( republica Boliviana ). 104. H. linostoma , Nob. — Testa elongata , ventricosa, haud umbilieata, tenui, diaphana, laevigata vel trans- versaliter strigillata , albida et maculis obliquis fusco- violaceis irregulariter ornata ; spira subelevata ; apice ob- tuso ; sex anfractibus ; apertura latissima , ovali , obliqua , purpureo-iulgida vel rosea; columella inflata , torta; la- bro lato, reflexo. — Longit. a 26 ad 3i millim., latit. 2 ad 14 millim. — Habit, provincia Chiquitensi (repu- blica Boliviana). io5. H.fusoides y Nob. — Testa elongatissima , inflata , im- perforata, tenui, diaphana, laevigata, albido - rosea , li- neolis brunneo-purpureis longitudinaliter ornata; spira elongata ; apice obtuso ; septem anfractibus , ultimo obli- quo ; apertura elongata, rosea; columella subrecta, re- flexa ; labro tenui, lato. — Longit. 4 centim., latit. 1 centim. 4 millim. — Habit, provincia Yungacensi ( re- publica Boliviana ). 106. H. loplwica, Nob. — /resta elongata, subumbili- cata , tenui , longitudinaliter 1 ugosa , albo-grisea vel ro- sea, lineis fuscioribus variata; spira elongata, inflata, 2o Cr-. V. N° 6t. apice obtuso, roseo; anfractibus octo; apertura ovali , recta , flava ; columella crassa , subinflata , recta ; labro crasso-, lato, reflexo. — Longit. 33 millim. , latit. 12 millitn. — Habit, provincia Yungacensi (republica Boli- viana ). — ( Affinis H. virgulatœ. ) 107. H. poljmorpha. — Testa ovali vel subelongata , brevi , crassa, substriata, subumbilicata , albido-grisea, largis quatuor zonis intersecta brunneo-violaceis ; spira plana ; apice obtuso ; sutura ci enulata , subplana , aper- tura ovali; columella crassa, recta; labro crasso, albido. — Longit. 33 millim., latit. a 1 1 ad 12, millim. — Habit, republica Peruviana. Yar. A. brevis. Yar. B. elongata. 108. H. scabiosa. — ( Bulinus scabiosus , Sow. Conch. Illust., fig. 24. ) — Habit. Cobija (republica Boliviana). 109. H. lichnorum. — Testa elongata, turriculata, uin- bilicata, tenui, diaphana, laevigata vel subrugosa, albida, griseo-flavicante marmorata; spira elongatissima, sequali; apice obtuso ; anfractibus undecim-duodechn ; apertura prominuta, ovali, recta, albida; columella torta; labro acuto, tenui. — Longit. 17 millim., latit. 5 milim. — Habit. Cobija (republica Boliviana). 110. H. rhodinostama , Nob. — Testa elongata, inflexa , subumbilicata, rugosa, subcrassa, subdiaphana, albi- do-grisea , lineis bi unneis longitudinaliter striatis dis- tincta; spira elongata; apice obtuso, roseo; sutura plana; apertura ovali , rosea ; columella subinflata ; labro tenui , acuto, reflexo. — Longit. 21 millim., latit. 7 millim. — Habit, imperio Brasiliano. m. H. mimosarum , Nob. — Testa elongato-turrita, subperforata , tenui , lœvigata , griseo-albida ; spira elon- Cl. V. N° 61. ut gâta ; apice subtruncato; duodeciin anfractibus ; suturis profundis ; apertura ovali ; columella subarcuata , crassa ; labro subcrasso, albo. — Longit. i4 '/■ ^wft^-VWtit. 3 '/» millim. — Habit, provincia Lagunacensi (republica Boliviana). 112. H. Spixii , Fer. — (Closilia striata, Spix.) Vai\ major. — Habit, provincia Corrientesensi (republica Argentinna). Var. minor. — Habit, provincia Chiquitensi (republica Boliviana). ii 3. H. Guarani, Nob. — Testa elongata, pyramidal i , subventricosa , umbilicata , tenui, strigillata , griseo- fusca ; umbilico rugoso ; spira éleva ta ; apice obtuso ; an- fractibus novem ; sutura vix delineata ; apertura oblonga ; columella torta, subtus plana, unidentata ; labro acuto. — Longit. 23 millim. , latit. 8 ya. — Habit, provincia Corrientesensi (republica Argentina). S. G. Cochlodon. Fer. Pupa. Lam. ii 4« H. elatior, Spix. — {Pupa elatior.) — Long. 56 millim., Latit. 5 millim. — Habit, imperio Brasiliano. ii 5. H. Paredesii, Nob. — Testa pupoidea, oblonga, cylindrica , subperforata , tenui , longitudinaliter striata , fusca; spira sequali; apice truncato ; sex anfractibus; su- tura profunda; apertura amplissima, ovali, albescente ; columella recta , complanata ; labro crasso , reflexo. — Longit. 5 millim., latit. 2 millim. — Habit, provincia Pazensi (republica Boliviana) ; provincia Limacensi (re- publica Peruviana). 116. H. infundibiiliformis , Nob. — Testa pyramidali , conica, tenui, striata, grisea; umbilico infundibuliformi ; spira elevata ; apice obtuso ; sutura profunda , sex an- 32 Cl. V. N" 61. fractibus ; apertura axi laterali , obliqua , oblonga , uni- dentata; labro crasso, subreflexo. — Longit. 2 ya millim. , latit. i ya millim. — Habit, provincia Lagunacensi (re- publica Boliviana ). — ( Affinis H. Moricandi, Fer. ) il 7. H. nodosaria , Nob. — Testa pupoideo - oblonga , subumbilicata , tenui, laevigata, fulvo-biunnea ; spira in- flata, truncata ; sex anfractibus ; apertura ovali, bidentâta ; labro lato, reflexo; sutura profunda. — Longit. 2 millim., latit. i inillim. — Habit, provincia Lagunacensi (repu- blica Boliviana ). i î 8. H. Sowerbiana , Fer. — Habit. Banda orientali ( republica Uruguayensi orientali ). 119. H. Patagonica, Nob. — Testa brevi , ventricosa , subperforata , crassa , laevigata; spira conica, albida; apice obtuso , striato ; septem anfractibus ; sutura plana ; apertura personata, rotunda , tribus dentibus magnis , duobus supra columellam ; columella plana, crassa ; la- bro crassissimo , reflexo. — Longit. 22 7* millim., latit. 1 1 millim. Habit. Patagonia. 120. H. Alvarezii , Nob. — Testa elongala, pyramidali , subumbilicata , crassa , regulariter striata , albida ; spira elongata ; sutura vix adumbrata ; apertura personata , irregulari; dentibus septem , duobus supra columellam, duobus marginata , albida ; columella plana ; labro acuto. — Longit. 19 millim., latit. 6 millim. — Habit, provin- cia Entre-Riosensi ( republica Argentina ). i2ï. H. trigrammephora , Nob. — Testa orbiculata , uin- bilicata, laevigata, flavo-albida, tribus lineis fulvo-brun- neo ornata; spira bievi, oblutea; quinque anfractibus ; apertura semi-lunari, columella nulla ; labro crasso, re- flexo , albo, intus albido. — Alt. 1 [\ millim., latit. 26 millim. — Hab. Vallegrande (republica Boliviana). Classe V. N° 62. a 3 G. AURICULA. 1. A. myosotis, Lam. , t. 6, p. i4o, Drap. Moll. , pi. 3, f. 16-17. — Habit, provincia Limacensi (republica Boli- viana). 2. A. acula, Nob. — Testa oblonga , conica, tenui, subru- gosa , corneo - fuscente , submarmorata ; apice acuto ; sex anfractibus ; sutura plana ; columella triplicata ; la- bro tenui, acuto. — Long. 7 millim. , lat. 5 millim. — Habit, provincia Guayaquilensi (republica Colombiana). (Affinis A. myosoti.) 3. A. stagnalis, Nob. — Testa oblonga , acuminata , crassa, strigillata , albida ; epidermi flavescente ; spira brevi , conica ; apice obtuso ; sex anfractibus ; sutura plana , marginata ; apertura elongata ; columella triplicata ; la- bro margini crasso , albido. — Long. 22 millim. , lat. 8 millim. — Habit, provincia Guayaquilensi (republica Colombiana). — (Affinis A. auricellœ.) 4. A. globulus , Fer. — Habit, provincia Guayaquilensi ( republica Colombiana ) . 5. A. olwula , Fer. — Habit, provincia Guayaquilensi (re- publica Colombiana ). G. ANCYLUS. 1. A. culicoides y Nob. — Testa semi-ovata, depressa, tenui , diapbana , submembranacea , albida , laevigata ; vertice subcentrali , obtuso; apertura oblonga, albida. — Long. 7 millim., lat. 4 millim. , ait. 2 millim. — Habit, provincia Guayaquilensi (republica Colom- Dianaj. a4 Cr.V. N° 62. 2. A, radiatus , Nob. — Testa pileata , subrotunda y elevata, tenui , diaphana , subviridi , striata, radiata ; vertice, parte posteriore laterali , elevato: apertura ro— tunda , albida. — Long. 5 millim. , lat. t\ ya millhn. , ait. 3 millim — Habit. Valparaiso (republica Chiliana). 3. A . concentricus , Nob. • — Testa semi-ovata , depressa, tenui , diaphana , parte solum anteriori striis tenuis- simis ornata radiatis , albida; vertice laterali dextre re- curvato ; apertura ovata , la ta, albida. — Longit. 12 mil- lim. , lat. 7 millim. , ait. 4 millim. — Habit. Montevi- deo ( republica Uruguayensi orientali). G PHYSA r . P. rivalis ( nec non varietates). — Habit. Montevideo ( re- publica Uruguayensi orientali ) ; provincia Patagonensi r Valparaiso ( republica Cbiliana) ; provincia Limacensi ( republica Peruviana ) , etc. G. LYMNOEUS. i. L. v ï'ator, Nob. — Testa elongato-oblonga , arnica, subinflata , subumbilicata , sublsevigata , tenuissima , livido-fuscescente ; spira éleva ta ; anfractibus quinis con- vexis; suturis profundis ; apertura ovali ; labro acuto. — Longit. 7 millim., lat. 4 millim* — Var. A. ventricosa. — Habit, oris Patagonensibus. — Var. B. elongata. — Habit, provincia Limacensi ( republica Peruviana ). 2. L. bulloides , Nob. — Testa globoso-truncata , tenui, substriata , fusco-viridescente , fasciis duabus transversis fusco-maculatis r spira brevi , truncata , plana ; quinque anfractibus , ultimo magno ; apice truncato ; sutura sub- plana y columella lata , albida , uniplicata ; apertura elon- Cl. V. N° 62. î5 gâta, albida, intus violacea; labro acuto; umbilico sub- aperto. — Longit. 35 millim. , lat. 26 millim. — Habit, insulis Chiloe (republica Cbiliana). 3. h. Dombeyanus , Lam. — Bulimus Dombeyanus, Brug. die. , 11e 66. — Conovulus Bulimoides , Encycl. pi. 4^9. — Testa ovato-oblonga, tenui (f. 7, a-b.) vel suberassa, longitudinaliter subrugosa vel transversaliter costeliata , fulva, fusca et fasciis quatuor transversis fusco-maculatis marmorata ; spira conica , vel brevi ; sex anfractibus ; co- lumella uniplicata vel subbiplicata ; apertura albida ; umbilico subaperto. — Longit. major 38 millim. , lat. 22 millim. — Habit, republica Chilianaet Patagonensi. 4. L. Parchappii, Nob. — Testa oblongo - conica , elon- gata, longitudinaliter et irregulariter striata , fuscente , fasciis quatuor transversis fusco-maculata ; spira co- nica , elongata ; apice acuto •> sex anfractibus , ultimo brevi ; apertura oblonga , albida; columella crassa , um- bilicata; labro acuto ; umbilico subaperto. — Longit. 33 millim., lat. i5 millim. — Habit. Pampas (republica Àrgentina). 5. L.jlumineus, volutajluminea etJluviatilts,Tràns. Lin., vol. XX, pag. 24. — Testa ovato-oblonga , ventricosa ? crassissima , longitudinaliter et irregulariter striata, flavo viridescente vel fasciis quinque transversis fusco-macu- latis ; spira obtusa, brevissima ; apice obtuso ; quatuor anfractibus , uliimo magno ; apertura ovali, albida; co- lumella crassissima , triplicata ; labro acuto ; umbilico nullo. — Longit. 23 millim., lat. 14 millim. — Habit. Buenos-Ayres ( republica Argentina). ■ 26 Cl. V. N» 62. G. PLANORBIS. 1 . P.ferrugineus, Spix. — Habit. Rio de Janeiro ( imperio Brasiliano). 2. P. andecolus , Nob. — Testa elevata , subcrassa, sub- striata , conica, superne piano- con vexa , subcarinata , subtus elevata , carinata ; umbilico infundibuliformi ; quatuor anfractibus ; suturis profundis ; apertura lata , obliqua , albida. — Alt. 8 millim. , ampl. i3 millim. — Habit, lacu Titicaca (republica Boliviana). 3. P. montanus , Nob. — Testa depressa, tenui, sub- striata, diaphana , albida, superne plana , subtus de- pressa, late umbilicata; quatuor anfractibus; suturis subprof undis ; apertura rotunda, albida. — Alt. 6 millim., ampl. i5 inilîim. — Habit, lacu Titicaca (republica Boliviana). 4- P' Peruvianus , Sowerby. — Testa depressa, globu- losa , tenui, albida , striata , superne plano-concava , in- fundibuliformi , subtus subplana ; quinque anfractibus ; suturis profundis ; apertura oblonga , externe depressa. — Alt. 8 millim. , ampl. 19 millim. — Habit, pro- vincia Limacensi (republica Peruviana), 5. P. tenagophilus , Nob. — Testa depressa, tenui , cornea vel castanea , tenuiter striata , superne plano-concava, subcarinata; subtus carinata , late umbilicata , infundi- buliformi ; quinque anfractibus ; suturis angulosis , pro- fundis ; apertura obliqua , semi-lunari.— Alt. 8 millim., ampl. 16 millim. — Habit, provincia Corrientes (repu- blica Argentina ) ; provinciis Santa-Cruz et Chiquitos ( re- publica Boliviana). 6. P. peregrinus , Nob. — Testa depressa , tenui , corneo- Cl. V. N° 62. 27 viridescente , sublœvigata , superne piano, subtus con- cavo-infundibuliformi ; umbilico magno; quinque anfrac- tibus ; suturis profundis ; apertura subrotunda , obliqua. — Alt. 4 millim. > ampl. i3 millim. — Habit. Patagonia , Montevideo (republica Uruguayen si orientali ) ; Pampas ; provincia Corrientes (republica A rgentina); provincia Rio- Grande (republica Boliviana) et provincia Guayaquilensi (republica Colombiana). 7. P. hermatoides , Nob. — Testa discoidea, depressis- sima , tenui , striata , cornea , superne plano-convexa , subtus plano-concava , ad periplieriam carinata ; septem anfractibus ; sutura plana ; apertura angulata , obliqua. — Alt. 1 3/4 millim. , ampl. i3 millim. — Habit, pro- vincia Limacensi (republica Peruviana). 8. P. paropseid.es , Nob. — Testa discoidea, depressis- sima , tenui, subsiriata , cornea, superne plano-con- cava, subtus plana, ad periplieriam carinata; septem anfractibus; suturis superne profundis, inferne planis ; apertura angulata. — Alt. 1 millim. , ampl. 6 mil- lim. — Habit, provincia Limacensi ( republica Peru- viana). 9. P. heloicus , Nob. — Testa discoidea , depressa, tenui, striata , cornea , superne subtusque plano-concava , ad periplieriam rotunda ; quinque anfractibus ; suturis pro- fundis ; apertura rotunda , obliqua. — Alt. 1 *L millim. , ampl. 8 millim. — Habit. Montevideo (republica Uru- guay ensi orientali ). 10. P. helophilus , Nob. — Testa depressa , tenui, laevi- gâta , albida ; superne plana ; centro concavo , subtus piano, umbilicato ; quatuor anfractibus; suturis pro- fundis ; apertura obliqua , semi-lunari. — Alt. 1 y, millim., ampl. 5 millim. — Habit, provincia Limacensi (republica Peruviana). 28 Cl. V. N° 6a. il. P. anatinus , Nob. — Testa discoidea , globoso-com- pressa , lenui , laevigata , lucida , cornea , superne sub- tusque convexa , centro solum perforata ; umbilicata , ad peiïpheriam rotunda ; quatuor arifractibus ; spiris cunctis amplexantibus ; apertura compressissima , ar- cuata, obliqua, semi-lunari. — Alt. i millim., ampl. 2 millim. — Habit, ripis Parana (republica Argentina). G HELICINA. i . H.jufoa, Nob. — Testa orbiculato-conica , ventricosa, subcrassa/ striata, fui va; spira conica; quinque anfrac- tibus ; apertura semi-lunari ; columella angulosa , crassa ; labro crasso, subreflexo, albido. — Alt. 9 millim., lat. 11 millim. — Habit provincia Cbiquitensi (republica Boliviana). 2. H, carinata , Nob. — Testa orbiculato-conica, depressa , subcrassa, carinata, striata, flava ; spira conica ; quinque anfractibus; apertura triangulari ; columella angulosa, crassa ; labro margine crassiore reflexo. — Alt. 7 millim., lat. 10 millim. — Habit, provincia Yungacensi (repu- blica Boliviana). 3. H. Brasiliensis, Feruss. — Habit. Rio de Janeiro (im- perio Brasiliano). 4 H. oresigena , IX ob. — Testa orbiculata > subdepressa , tenui , irregulariter striata , flavicante ; spira conica ; qua- tuor aufractibus ; apertura semi-lunari ; columella ro- unda; labro crasso. — Alt. 6 1/2 millim., lat. 9 millim. — Habit, provincia Yungacensi (republica Boliviana). 5. //. sylvatica, Nob. — Testa orbiculato-convexa , conica, elevata, crassa , subtus substriata, inferius laevigata, fla- vicante ; spira conica , elevata ; quinque anfractibus -r Ci.. V. N° 62. 29 apertura semi-lunari; columella crassa , rotunda ; labro crasso, subreflexo, albido — AU. 6 milllim., lat. 7 millim. — Habit, provincia Santa-Cruziensi et Chiquilensi (re- publica Boliviana). G. CYCLOSTOMA. 1 . C. prominula, Feruss. — Habit. Rio de Janeiro ( impe - rio Brasiliano). 2. C. Inca , Nob. — C. Colombiensis , Feruss. -— Testa orbiculato-depressa , subcrassa , transversaliter striata, viridescente ; fascia nigra cum albicante linea média ; spira prolongata; suturis profundis ; quinque anfractibus; apertura circulari ; labro tenui , intus cserulescente. — Lat. 34 millim., ait. 19 millim. — Habit, republica Bo- liviana. G. PALUDINA. 1. P . peristomata 3 Nob. — Testa conico-trochoida , brevi, crassa, laevigata , carinata, viridescente; spira conica ; apice obtuso; suturis marginatis; quinque anfractibus ; apertura subrotunda ; labro crasso, subreflexo, pallidiore. — Alt. 5 millim., lat. 5 millim. — Habit, provincia Cor- rientes (republica Argentina). 2. P. lapidum , Nob. — Testa conico-trochoida, brevi, crassa , laevigata , viridescente ; spira elevata , subacuta ; suturis profundis ; quinque anfractibus ; apertura subro- tunda ; labro crasso, albido. — Alt. 5 millim., lat. 4 millim. — Habit, provincia Buenos- Ayres ( republica Argentina). 3. P. andicola, Nob. — Testa elongato-conica , tenui, laevigata, subcarinata, albida, subviridescente, diaphana; 3o Cl. V. N° 62. spira plana ; apice acuto ; suturis levibus ; novem anfrae- tibus ; apertura oblonga ; labro tenui, acuto. — Long. 8 inillim. , lat. 3 millim. — Habit, lacu Titicaca ( repu- blica Boliviana). 4- P. Cumingii, Nob. — Testa elongata , subconica, tenui, lsevigata, viridescente ; spira inflata ; apice obtuso ; suturis profundis; sexanfractibus ; apertura oblonga ; labro tenui. — Long. 6 millim. , lat. 2 millim. — Habit. Callao ( republica Peruviana ) et Yalparaiso ( republica Chi- liana). 5. P. piscium, Nob. — Testa oblonga, subconica, sub- crassa , inflata , lsevigata , albicante vel viridescente ; spira elevata ; apice obtuso ; suturis profundis ; quinque anfrac- tibus ; apertura oblonga ; labro crasso. — Long. 3 millim., lat. 2 millim. — Habit. Rio de la Plata , provincia Bue- nos-Ayres ( republica Argentina ). 6. P. Parchappiij Nob. — Testa elongata, conica , tenui , lœvigata , albida ; spira elevata ; apice subacuto ; suturis profundis ; septem anfractibus ; apertura ovali ; labro tenui , acuto. — Long. 6 1/2 millim., lat. 3 millim. — Habit. Pampas ( republica Argentina ). 3. P. australis y Nob. — Testa elongata , conica , crassa , substriata , viridescente; spira plana; apice acuto; su- turis levibus ; sex anfractibus ; apertura oblonga ; labro tenui. — Long. 6 millim., lat. 3 millim. — Habit. Mon- tevideo ( republica Uruguayensi orientait ) et ripis Pala- goniensibus maritimis. — (Amnis Paludinœ acutœ.) G. AMPULLARIA. *. A. comuarietis , Lin Phanorbis conlrarius , Muller. — Ceratodes fasciatus , Quild. Var. A. — Habit. Rio Cl. V. N° 6a. 3, Parana (republica Argentina). — Var. B. Habit, provincia Gliiquitensi ( republica Boliviana). 2. A. neritoides , Nob. — Testa globoso-ventricosa , sub- umbilicata , brevi, crassa , rugosa, striata, transversaliter quasi sulcata , fusco-viridescente , fasciis quasi fuscis or- nata ; spira obtusissima ; apice truncato , rotundo , eroso ; quatuor anfractibus, ultimo magno ; apertura magna, subovali, albido-violacea ; labro crasso, lato. — Long. 96 millim. , lat. 88 millim. — Habit. Rio Uruguay ( re- publica Uruguayensi orientali). 3. A. scalaris , Nob. — Testa subventricosa , oblonga , carinata, umbilicata , crassa , sublaevigata , vel tenuissime transversaliter strigillata , rufo-violacta : spira angulosa , scalai iformi ; apice elevato , subacuto ; suturis planis , alhjcantibus ; sex anfractibus ; apertura ovali , oblonga , intus albido-violacea ; labro acuto. Var. A. carinata, fasciis nullis. — Lat. 49 millim. , long. 5i millim. — Habit. Rio Parana (republica Argentina ). Var. B. major, viridescens. — Long. 70 millim. — Habit. Guarayos ( republica Boliviana ). Var. G. minor, subrotunda , fasciata. — Long. 44 millim. Habit, provincia Santa-Cruz de la Sierra ( republica Bo- liviana). 4- A. iritermedia , Feruss. — Amp. sordida, Swains. — Habit. Piio de Janeiro ( imperio Brasiliano). 5. A. canaliculata , Lam. — Var. A. ventricosa , viridis , fasciata; spira sub-elongata. — Amp. gigas , Spix. Amp. maculata , Perry. — Habit, provincia Corrientes ( repu- blica Argentina ) ; provincia Santa-Cruz de la Sierra ( republica Boliviana) ; provincia Montevideo ( republica Uruguayensi orientali ). Var. B. canaliculata ; spira brevi , viridescente vel fasciata. — Amp. canaliculata , Lam. — Amp. lineata, Spix. — 3a Cr,. V. N* 62. Amp.Jasciata, Sowerby. — Amp. G ua Itieri , Sowerby, — Amp. feguiina , Spix. PL 4> fig* 1V« — Habit, pro- vincia Gorrientes (republica Argentina) et republica Uru- guayens! orientali, 6. A. australis , Nob. — Testa semi-globosa , perfo rata , oblonga, subtenui , strigillata, brunneo- viridescente , zonis transversaliter perfuscis; spira elevata ; apice sub- acuto, suturis impresso excavatis ; sex anfractibus; apei- tura ovali, albicante ; labro tenui, acuto. — Lat 54 millim. , long. 72 millim. — Habit, lacubus Pampas meridionalibus Buenos-Ayres ( republica Argentina ). 7. A, insularum, Nob. — Testa globosa , perforata, ven- tricosa , uinbilicata , subcrassa , longitudinaliter et irre- gulariter striato-reticulata , fulvo viridescente vel brunneo viridescentibus fasciis; spira subobtusa ; suturis profundis; quinque anfractibus ; apertura magna , ovali , flavicante- aurea , intus violacea ; labro acuto. — Long. 1 13 millim., lat. 92 millim. — Habit. Rio Parana (republica Argen- tina). 8. A. zonata , NoW — Testa orbiculato-brevi , late umbi- licata , substriatÉT, lutescente, cum fasciis plus minusve largis, brunneo-nigricantibus ; spira brevi; apice eroso ; suturis levibus; quatuor anfractibus; apertura ovali, albida vel aurantia. — Long. 47 millim. , lat. 47 millim. Var. A. crassa , subrotunda ; labro crasso. — Habit. Rio Parana ( republica Argentina ). Var. B. tenui ; labro acuto , tenui. — Habit, lacubus provincial Corrientes ( republica Argentina ). 9. A. perislomata , Nob. — Testa ventricosa , brevi, sub- imperforata , strigillata vel sublœvigata, crassa, luteo- viridescente , cum fasciis brunneo-nigtis; spira brevi, erosa ; quinque anfractibus ; apertura oblonga , albida , Ct.V. Pl. 6a. 33 intus violacea ; labro crassissimo. — Long. 40 millim. , lat. 38 millim. — Habit. Guarayos (republica Boliviana). 10. A. crassa, Nob. — Testa oblongo-ventricosa , subum- bilicata , crassa , levigata , flavo-lutescente , cum angustis zonis brunneo-nigris; spira elevata, erosa; quatuor an- fractibus ; apertura oblonga , intus albo zonata ; labro acuto. — Long. 29 millim. , lat. 35 millim. — Habit. Rio Parana ( republica Argentina ). 11. A. elegans, Nob. — Testa oblongo-conica , inflata , umbilicata , subcrassa , levigata , fulvo-viridescente , cum nonnullis zonis largis perfuscis ; spira elevata , conica ; apice subacuto ; sex anfractibus ; suturis profundis ; apertura oblonga , albida ; labro acuto. — Lat. 4o millim., long. 45 millim. — Habit. Rio Piray, provincia Santa Cruz de la Sierra ( republica Boliviana ). 12. A. naticoides , Nob. — Hélix Platea , Maton. — Testa globoso-ventricosa , subrotunda , crassa, imperforata, levigata , flavescente , cum fasciis fuscis ; spira obtusa , depressa ; apice rotundo ; quatuor anfractibus , quorum ultimo permagno ; apertura magna , ovali , albida ; labro subacuto. — Lat. 21 millim. , long. 22 millim. —Habit. Rio de la Plata , provincia Buenos-Ayres ( republica Ar- gentina ). G. UNIO. Brug Testa formis permultis variata. Corpore pallio simplici [vel limbato, per totam testa? longitudinem , aperto ; nullo siphone proéminente ; anali apertura distincta ; pede crasso , curto , comprimato , sé- cante in testa contractai , sessili ; bucca grandi , transversa ; appendicibus labialibus largis, persaepe rotundis. i835. 34 34 Ci,. V. Pi. 6a. lum S. -G. umo. Testa transversa , sequivalvis , ina?quilatera , non affixa. Impressio musculari antica composita. Cardo dentibus duo- bus in utraque val va ; dente cardinali unica , brevi , irre- gulari , simplici aut bipartito, substriato; altero elongato , compresso, laterali , infrapubem producto; ligamento ex- terne i. U. Burrougiana , Lea. — U. Burrugianus, Lea., Trans. of amer, pbilos. Soc. of Philad., i834 > pi- io , fig. 27. — Habit. Rio Parana, provincia Corrientesensi (repu- blica Argentina). 2. U. lacteola , Lea. — U. laçteolits, Lea., loc. cit., pi. 2r fig. 19. Var. A. crassa, rugosa. — Habit. Montevideo et Banda orientali (republica Uruguayensi orientali). Rio Batel (provincia Corrientesensi). Var. B. crassa , levigata. — Habit. Rio Uruguayensi ( re- publica Argentina). Yar. C. tenuis, rotunda. — Habit. Buenos-Ayres. 3. U. pùranensis , Lea. , loc. cit. — U. paranensis , Lea. , loc. cit. , pi. 14, fig- 42- Yar. A. rotunda, compressa. — Habit. Rio Uruguay. Yar. B. angulosa, crassa. — Habit. Rio Parana ( pro- vincia Corrientesensi , republica Argentina). 4. U. parallepipedon , Lea. — U. parallepipedon , Lea. , loc. cit., pi. 8, fig. 20. — Habit, provincia Corriente- sensi ( republica Argentina ). 5. U. rhultistriata , Lea. — U. multistriatus , Lea. , loc. cit. -—Habit. Rio Parabiba (imperio Brasiliano). 6. U. depressa, Lam. , t. 6, p. 79. — Habit. LaLaguna, provincia Va lparaisocensi (republica Chiliana). Cl. V. Pl. 6a. 35 7. V. obtus a , Féruss. — Vnio depressus , Lesson. ( Voy. de la Coquille , pl. 1 5 , fig. 5.) — Naya aurata , Cum. — Habit, provincia Yalparaisocensi (republica Chiliana). 8. U. Matoniana , d'Orb . — Mj'a membranacea , Maton . Tras. , Lin. , vol. xx , p. 1^. — Testa subrotunda, sub- inflata,anteriusrotunda, posteriusangulata,limbo dorsali recta , tenuissima , sublevigata, rufo viridescente ; nata- libus divergentibus costis minuta , intus cœrulescente , vel rosea ; dente cardinali tenui \ recta et unica ; dente laterali posterius longissimo , elevato. — Long. 6 cent. , lat. 5 cent. , crassitudin. 4 cent. — Habit. Rio de la Plata (republica Argentina). g. V.psa mmoica , d'Orb. — Testa subquadrilater, com- pressa , crassa , rugosa , brunnea , latere postico majore latiori curvo, antico brevissimo ; natibus crassis , ele- vatis , planis , divergentibus , irregularibus , sinuosis costis munitis; dente cardinali crasso, elevato, trilobato, cre- nulato; intus albicante maculata. — Habit. Rio Pa- rana, provincia Corrientesensi 'republica Argentina). — Long. 75 millim. , lat. 60 millim. , crassitud. 4<> millim. 10. U. charruana , d'Orb. — Testa ovato-oblonga , com- pressa , subcrassa , subrugosa , viridescente ; latere an- tico rotundo, postico brève rotundo ; natibus parvis, acutis , divergentibus, irregularibus costis munitis ; intus albido-caerulescente, dente cardinali obliquo , biparti to, rugoso ; laterali crenulato, elongato. — Lat. ^1 millim. , long. 70 millim. , crassitud. 33 millim. — Habit. Banda orientali (republica Uruguayensi orientali). 11. U. faba, d'Orb. — Testa ovato-oblonga, compressa, tenui, levigata, brunneo-viridescente , latere postico sub- angulato, lato, anteriori, brevi, rotundo ; natibus radiatis vel levigatis, intus albido-cserulescentibus , dente cardi- nali tenui, lamellato, bipartito, laterali elongato, tenui. — Long. 45 millim. , lat. 22 millim. , crassitud. 16 millim. Habit. Banda orientali (republica Uruguayensi orientali). 36 Cl. V. Pu 62. 12. U. Solisiana, d'Orb. — Testa ovato-circulari , com- pressissima , tenui , substriata , brunnescente , limbo dor- sali posteriori sulco concavo munito; limbo posteriori sinuoso latere anteriori brevi , rotundo ; natibus costis divergentibus , obtusis , regularibus ; dente cardinali la- melloso , tenui , elevato ; dente laterali elongatissimo , acuto , rugoso ; intus albido vel roseo. — Long. 6omillim. , lat. 54 millim. , crassitud. 33 millim. — Hab. Rio de la Plata , in provincia Buenos-Ayres (republica Argentina). 1 3. U. rhuacoica , d'Orb. — Testa oblonga , inflata , crassa , sublevigata , brunnescente , parte posteriori elongata , rotunditer terminata , parte anteriori curtissima , rotunda; natibus costis elevatis, divergentibus et regularibus mu- nita ; dente cardinali tenui , elongato , lamelloso ; dente laterali elongatissimo , bipartito vel unico ; intus albido- ca?rulescente. — Long. 63 millim., lat. 3i millim., crassitud. 36 millim. — Habit. Banda orientali (repu- blica Uruguayensi orientali). 14. ^. Fontainiana, d'Orb. — Testa ovato-circulari, com- pressa, crassa, sublevigata, nigro-brunnescente , limbo posteriori crista parum apparente munito ; limbo ante- riori , necnon posteriori rotundo ; natibus rugis parvis , irregularibus atque proeminentibus munitis ; dente car- dinali tenui , rugoso ; intus albido caerulescente. — Long. 38 millim., lat. 3i millim., crassitud. 16 millim. — Hab. Rio Parahiba (imperio Brasiliano). 1 5. V. hjlœa , d'Orb. — Testa ovata, compressa , crassa ; tota rugositatibus irregularibus cooperta ; numerosascos- tasrotundas, elevatas, consecutas exhibente, quse è nati- bus et in parte anteriori in rugis sese convertunt; brunnea; latere anteriori biangulato; dente cardinali tenui , elon- gato. Intus albido-cœrulescente. — Long. 45 millim. , lat. 27 millim., crassitud. i5 millim. — Habit, pro- vincia Chiquitensi ( republica Boliviana ). Cl. V. Pl. 6a. 37 16. U. Guaraniana, cTOrb. — Testa ovata , compressa , sub- crassa ; rugis irregularibus , proeminentibus munita , pos- terius imprimis sigillata, flavicante ; latere anteriori obtuso posteriori lato ; dente cardinali crasso. Intus flavi- cante. — Long. 21 millim. , lat. 14 millim., crassi- tud. 8 millim. — Habit. Rio Parana , provincia Cor- rientesensi (republica Argentina). 17. U. Patagonica , d'Orb. — Testa ovato-oblonga , com- pressa , subcrassa ; levigata vel strigillata , brunneo- nigricante vel flavicante. Latere postico latissimo , ob- tuso ; latere antico brevi , rotundo , dente cardinali crassa , crenulata; laterali elongatissima. Intus albido- caerulescente vel rosea. — Long. 85 millim. , lat. 4<> millim. , crassitud. 25 millim. — Habit. Rio-Negro ( Patagonia). 2um S. -G. MONOCONDYLJEA , d'Orb. Testa œquivalvis , insequilatera , subrotunda , vel an- gulata , pro omni cardine magnum dentem cardinalem exbibens, curtum , obtusum , rotundum , in utraque valva ; nullo dente laterali; ligamento exteriori. 1. M. Paraguayana, d'Orb. — Testa ovata , subquadri- later , inflata , crassa , strigillata , epidermi crasso, brun- neo-viridescente , larga et angulosa posterius ; anterius curta rotundaque ; posterius sulco elevato , viridente , in limbo angulose proeminenti ; natibus proeminentibus , rotundis , lunatis ; dente crassa , elevata , obtusa , intus albido-viridescente. — Long. 5g millim. , lat. 45 millim. , crassitud. 34 millim. — Hab. Rio Parana et Rio Batel, provincia Corrientesensi ( republica Argentina ). 2. M. Minuana, d'Orb. — Testa ovato-oblonga , crassa, inflata , sublevigata vel rugosa ; epidermi viridescente , elongato et obtuso , una vel duabus lineis viridentibus retrorsum signato , curto, anterius rotundo ; natibus proe- 36 Cl. V, Pl. 62. mineutibus, lunatis ; dente lamelloso , elevato, obtuso, intus albido - viridescente. — Long. 46 millim. , lat. 3o millim., crassitud. 22 millim. — Habit. Uruguayensi orientali republica. 3. M. Parchappii , d'Orb. — Testa ovato-oblonga , com- pressa , striata ; epidermi brunneo-viridescente ; retror- sum larga et elongata , anterius rotunda rectaque ; na- tibus non proeminentibus , erosis , cum indice lunulae ; dente proeminenti, crasso, rotundo, obtuso; intus rosea. — Long. 47 millim. , lat. 33 millim. , crassitud. 20 millim. — Habit. Rio Parana , provincia Corrientesensi (repu- blica Argentina ). 4. M. Corrientesensi s , d'Orb. — Testa ovato-rotunda , compressa , strigillata ; epidermi viridescente , parte qui- dem anteriori curta , stricta , rotunda , posteriori vero largissima et rotunda , una vel duabus lineis viridibus mu- nita ; natibus non proeminentibus ; lunula nulla ; dente proeminenti , crasso, largo ; intus caeruleo-albicante. — Long. 44 millim. , lat. 42 millim. , crassitud. 22 millim. — Habit. Rio Corrientes , provincia Corrientesensi (re- publica Argentina). 5. M. Guarajana , d'Orb. — Testa ovato-oblonga, in- flata, crassissima, striata ; epidermi crasso-brunneo, limbo quidem anteriori curto , rotundo ; posteriori vero sulcis duabus profundis , crista proeminenti superiori et largo sulco per mediam valvam signata; natibus paru m eminen- tibus; lunulata; dente parum elevato vix ad dextram valvam signato; intus roseo-albican te. — Long. 40 millim., lat. 3i millim., crassitud. 22 millim. — Habit. Rio San Miguel , G uarayos ( republica Boliviana ). 6. M. fossiculifera , d'Orb. — Testa ovata, compressa, subcrassa, rugose striata, epidermi brunneo-virides- cente, curto, anterius rotundo, largissimo et extensissimo posterius ; subtus crista parva eminenti , fasciisque viri- Cl. V. Pl. 6». 39 dibus signala ; anguloso limbo ; natibus obtusis ; uno lunulae indice; dente et fossicula super utramque valvam ; in tus albido-iridente , cum maculis violaceis. — Longit. 87 miHim. , latit. 68 millim. , crassitud. 4ominim. — Habit. Rio Parana , provincia Corrientesensi ( republica Argentina). 3um S. -G. ÀNODONTES. Testa variabili cardine lineari edentulo. 1. A. exotica , Lam. Anodon anserinum , radialum et giganteum , Spix, pl. 22 , fig. 1 , et pl. 19, 1-2. Var. A. elongata. — Habit. Montevideo (republica Uru- guayensi orientali). Var. B. oblonga. — Habit, lacubus Corrientes (repu- blica Argentina). Var. C. larga, subtrigona. — Habit. Parana, provincia Corrientesensi (republica Argentina). 2. Lato-marginata , Lea. , Trans. of amer, pliilos. Soc. of Pbilad., i834, pl. 12, fig. 34. Var. A. tenui. — Habit, lacubus Corrientes (republica Argentina ). Var. B. crassa. — Habit. Rio Parana , provincia Cor- rientesensi (republica Argentina). Var. C. rosea. — Habit. Banda orientali (republica Uruguayensi orientali). 3. A. Spixii, d'Orb. ; Anodon rotundum, Spix, pl. 4 ? fig. 1 • — A. trapezeum, Spix, pl. 4? fig- P*3- — Habit. Rio- Parana , provincia Corrientesensi (republica Argentina ) . 4. A. tenebricosa , Lea. , loc. cit. , pl. 12 , fig. 36. — Habit. Banda orientali ( republica Uruguayensi orientali) et Rio de la Plata , Buenos-Ayres (republica Argentina). 5. A. ensiformis; Anodon ensiforme , Spix, pl. 24, fig. 1 , 2. — Habit, provincia Moxensi (republica Boliviana). 4o Cl. V. Pt. 6a. 6. A. sirionos y d'Orb. — Testa ovata , compressa', tenui; epidermi brunneo-viridescente , strigillata, curta, rotun- daque anterius , posterius larga , cum indice sulci elevati in limbosalientis; intus viridescente. — Long, i o5 millim. , latit. 73 millim. , crassitud. 4* millim. — Habit. Var. major, provincia Chiquitensi (republica Boliviana) ; Var. minor , provincia Corrientesensi (republica A rgentina). 7. A. Ferrari s ii , d'Orb. — Testa ovata, subcompressa, crassa, epidermi viridescente, iridata vel subradiata , cum radiis viridibus posterius , parte anteriori tam elon- gata fere quam posteriori et xqualiter obtusa , ex quo mediis natibus ; intus cseruleseente vel lutescente. — Longit. 87 millim. , latit. 52 millim. , crassitud. 3^ mill. — Habit. Banda orientali ( republica Uruguayensi orien- tali). 8. A. limnoica, d'Orb. — Testa oblonga, subinflata, te- nui, sublevigata, curta et rotunda, anterius viridi, elon- gata , larga , fere angulosa et posterius flavicante ; intus roseo albicante. — Long. 5o millim. , lat. 28 millim. , crassitud. 20 millim. — Hab. Lagunis, provincia Cor- rientesensi ( republica Argentina ). 9. A. lucida, d'Orb. — Testa oblongo-elongata , com- pressa , tenui , levigata , lucida , luteo-viridescente , nati- bus macula viridescente signata; eodemque colore ad partem posteriorem radiata ; curta , anterius rotunda , elongatissima et obtusa posterius ; intus albo-caeru- lescente. — Long. 5o millim. , lat. 25 millim. , crassitud. i5 millim. — Habit. Banda orientali ( republica Uru- guayensi orientali ). 10. A. Puelchana, d'Orb. — Testa ovato-oblonga , com- pressa, tenui, levigata , lucida , viridescente ; natibus ru- gose undulatis, curtis , rotundis anterius, posterius elon- gatis, largis, rhomboidalibus ; intus albido-rosea. — Habit. Rio Negro ( Patagonia). Cl. V. Pl. 62. /fi 11. A. soleniformis , d'Orb. — Testa elon gâta , compres- sissima, sinuosa, tenui, substriata, viridescente, ante- riuscurta, posterius elongatissima , larga, sinuosa, ob- tusa , virido radiata , cum inferiori anfractu ; intus ob- scura, viridescente vel rosea. — Long. 91 millim. , lat. 32 millim. , crassitud. 16 millim. 1 2. A. Chiquitana, d'Orb. — Anodon trigonum, Spix, pi. 22, fig. 2. — Habit. Corrientes (republica Argentina ) ; pro- vincia Cbiquitensi (rep. Boliviana). G. MYCETOPODA, d'Orb. Testa elongatissima , soleniformi, œquivalvi , inœquila- tera, an teri us Liante , muscularibus impressionibus ante- rius magnopere divisis. Corpore pallio simplici, ad totam longitudinem aperto, nullo siphone proéminente ; apertura anali distincta; pede longissimo cylindraceo, ad extremam partem inflato, in testa non contractili ; bucca grandi, appendicibus labialibus elongatis; brancliiis elongatissimis. — Perforât, sicutpho- ladse. 1. M. soleniformis, d'Orb. — Testa elongatissima, sub- cylindracea, subarcuata , inflata, tenui, sublevigata, brunneo-viridescente; natibus ad mediam longitudinis partem positis, anterius quidem rotundis, posterius vero biangulosis , largis ; limbo ventrali concavo ; intus caeru- lescente. — Long. 223 millim., lat. 5o millim. , crassi- tud. 37 millim. — Habit. Santa Cruz de la Sierra ( rep. Boliviana ). 2. M. siliquosus, d'Orb. — Anodon siliquosum, Spix, pi. 23, fig. 2. An. longinum, Spix, pi. 22, fig. 2, et pjgmaeum^X. 23, fig. 34- — Testa elongata, compressa, recta, tenuissima, levigata, lucida, luteo-viridescente, natibus ad quartam anteriorem partem positis , anterius quidem curtis, rotundis, posterius vero longis, largis, 4? Ci- V. Pl. 62. subrhumboidalibus , limbo ventrali eonvexo; intus albo- caerulescente. — Long. 149 millim., lat. 46 millim., cras- situd. 3o millim. — Habit, provincia Corrientesensi ( republica Argentina) , et Santa Cruz de la Sierra ( repu- blica Boliviana). G. CASTALIA. Lam. Testa sequivalvi, inœquilatera , trigona vel rotunda; natibus antice inflexis, cardine dentibus duobus lamello- sis , transverse striatis , quorum alter quidem antice remo- tus, abbreviatus , lamellatus ; alter vero postice longitudina- lis , lateralis. Ligamento externe Corpore pallio simplici super totum ventrale labium aperto , duobus siphonibus distinctis , quorum alter quidem analis, superior, simplex; alter vero branchialis , proemi- nens, ciliatus ; pede crassissimo, comprimato, sécante, con- tractai , sessili ; bucca grandi ; appendicibus labialibus ro- tundis. 1. C. quadrilatera , d'Orb. — Testa subquadrilatera , inflata, angulosa, crassa, brunnea, largis tota elevatis , planisque costis cooperta , in adulta mediam superficiel partem occupantibus , cujus altéra fere levigata est ; na- tibus proeminentibus anterius recurvatis, facie posteriori, carina proéminente , quas , limbo inferiori anguli acuti speciem refert ; dente quidem posteriori striata; cardinali vero nullis striis , sed magnopere divisa; intus splendide albicanti. — Long. 1 1 1 millim. , lat. 70 millim. , crassi- tud. 58 millim. — Habit, provincia Moxensi (republica Boliviana). 1. C. ambigua , Lam. — Tetraplodon pectinatutn , Spix , pl. 25, fig. 3,4- — Testa ovato-angulosa , inflata, tri- gona, brunnea , parte quidem anteriori curta , natibus non recurvatis , posteriori vero caréna rotunda , natibus costis cooperta irregularibus carenatisque ; dentibus car- dinalibus anterioribus et posterioribus striatis; intus lu- Cl. V. Pl. 6<2. 43 cide alba. — Long. 54 millim. , lat. /\o millim. , crassi- tud. 3o millim. — Habit, provincia Gorrientesensi (re- publica Argentina ). 3. C. inflata , d'Orb. — Testa ovata, inflatissima, sub- qnadrilatera , crassissima y brunneo-viridescente, costis apice profundis munita ; fere striata, transversaliter ; na- tibus proeminentibus , quorum quidem pars anterior curtissima, rotunda, posterior vero elongata, levigata, duorum angulorum proeminentium , obtusorum speciem referens , intus caerulescente albida. — Long. 35 millim., lat. 28 millim., crassitud. 25 millim. Var. A. rotunda. — Habit, provincia Corrientesensi ( re- pu blica Argentina ). Var. B. elongata. — Habit, provincia Chiquitensi ( re- publica Boliviana ). G. IRIDINA. Lam. Testa sequivalvi, inaequilatera , transversa , angulata vel rotunda i natibus parvis subrecte inflexis; cardine absque dentibus vel super ejus longitudinem crenulato ligamento externo. Corpore pallio crasso super mediam longitudinem pos- terius tbrinato ; duobus siphonibus proeminentibus, quo- rum alter quidem superior vel analis , alter vero inferior vel branchialis ; pede crassissimo comprimato , sécante , contractai ; bucca appendicibus labialibus munita. 1. /. trapezialis , d'Orb. — Anodontes trapezialis , Lam. — Habit, provincia Corrientesensi ( republica Argen- tina). 2. /. esula, d'Orb. — Anodonta esula, Jan. — Anod. blainvilliana, Lea., Trans. of àm. philos. Soc. ofPhilad., i834, pl. 12, fig. 35.— Habit, provincia Moxensi (repu- blica Boliviana), 4{ Cl. V. Pl. 6s. G. CYCLAS. Lam. 4Um S. -G. CYRENA. i . C. Paranacensis, cTOrb. — Testa rotunda subinœquila- terali, convexa, crassa, striatissima , epidermi crasso, lu- teo-viridente ; natibus obliquis ; tribus dentibus cardina- libus , dentibus lateralibus crenulatis ; intus albicante vel violacea. — Long. i5 1/2 millim. , lat. i5 millim. , crassitud. 1 1 millim, — Habit. Rio Parana a provincia Buenos-Ayres ad Paraguayensem provinciam. 2. C.variegata, d'Orb. — Testa subovato-elliptica, com- pressa , tenui , striata , epidermi variatissimo , subviridi , brunneo-viridescente , aut ab apice ad peripheriam radiis brunneo-violaceisvariegato, natibus rubescentibus; dente la terali crenulata , intus violacea, rosea, vel albicante. — Habit, flumina repub. Uruguayensis orientalis , nec non Paranacense flumen , a provincia Buenos-Ayres ad Missionum provinciam. 5Um S.-G. CYCLAS. 3. C. argentina, d'Orb. — Quorum quidem pars ante- rior rotunda , posterior vero fere angulosa , largior ; in- tus albicante ; dente cardinali nullo ; dentibus lateralibus simplicibus. — Long. 8 1/2 millim. , lat. 7 millim. , crassitud. 5 millim. — Habit. Montevideo (repub. Uru- guayensi orientali). 4. C.pulchella, d'Orb. — Testa ovata, elliptica, inflata , tenui, viridi; natibus noninflatis , quorum quidem pars anterior curta , sicut truncata , posterior vero elongata , rotunda; intus albicante ; dente cardinali duplici ; denti- bus lateralibus per magnis, simplicibus. Var. A. major. — Long. 5 millim. , lat. 4 millim. — Habit. Concepcion (repub. Chiliana). Var. B. minor. — Long. 3 1/2 millim. — Habit. Lacu- busMaldonado (Uruguayensi orientali). Paris, 1er juillet i835. A. d'OrbïONY. Classe V. Pl. f>3. CRYPTELLE. cryptella. Webb et Berthelot. C. des Canaries. C. Canariensis. Webb et Berthelot. Depuis la publication de notre catalogue descriptif des Mollusques terrestres des Canaries *, notre ami don Jo- seph Gonzales , amateur passionné de l'histoire naturelle, qui nous seconda dans différentes excursions à Lancerotte , sa patrie, a bien voulu ajouter encore à tous les services dont nous lui étions déjà redevables , en nous remettant plusieurs individus delà Cryptella Canariensis , espèce monotype d'un genre que nous avons établi. A l'époque de notre séjour à Lancerotte , la saison était peu favorable à la recherche des Mollusques terrestres : nous arrivâmes dans l'île au milieu des chaleurs insupportables de l'été de 182.9; ^a terre> partout aride et sans abri, n'offrait plus qu'une végétation languissante ; la plupart des plantes annuelles avaient disparu; les Hélices et les autres animaux analogues, fuyant l'éclat du jour, et redoutant la tempéra- ture biûlan te de la surface du sol, étaient ensevelis dans leur léthargie et se tenaient cachés sous les pierres ou dans les creux humides et ombragés. Il nous fut donc impossible de nous procurer en état de vie l'animal dont il est ici ques- tion ; car, par sa constitution muqueuse et son organisation particulière qui met tout son corps à découvert, il est en- core plus porté que les autres à recherçjuer les endroits sou- terrains pour y trouver la fraîcheur et l'obscurité. Cette cir- constance rendit donc notre première description incomplète, n'ayant pu la faire alors que sur des individus desséchés au soleil, et qu'il nous fallut faire ramollir ensuite pour en étu- ' Synopsis molluscarum terrestrium et fluviatilium quas in itineribus per insulas Canarias observ. P. B, Webb et S. Berthelot. Annales des Sciences Naturelles, t. -j8 , p. 307. 1 833. i835. 10 Cl. V. Pi . 63. dier l'organisation. La précieuse communication de notre ami don Joseph Gonzales nous permet maintenant de corri- ger plusieurs erreurs qui s'étaient glissées dans notre premier travail, et d'y ajouter d'autres détails très importants sur les mœurs et les développements successifs de l'espèce que nous allons décrire. La Cryptelle a de grands rapports de forme avec la Par- macelle et les Limaces. M. Alcide d'Orbigny, auquel la connaissance des Mollusques terrestres est familière , a dis- séqué avec nous plusieurs des individus qui nous ont été envoyés, et M. Vanbeneden , conservateur du Muséum de Louvain , actuellement à Paris, et qui s'occupe avec succès de l'étude de ces animaux, en a analysé en notre présence tout le système nerveux. Ces deux dissections , faites avec le plus grand soin , nous ont démontré que l'anatomie interne de la Cryptelle ne diffère guère de celle du Colimaçon et de la Parmacelle. La coquille, placée comme dans cette dernière, sert également à protéger les poumons et le cœur ; le foie est encore plus développé; l'orifice des poumons, réuni avec celui du rectum, se trouve aussi vers le milieu du côté droit et sous la coquille même. La lèvre supérieure est la seule qui soit armée d'une dent, ainsi que dans les autres espèces ana- logues. Cette dent est en forme de demi-disque , tranchante sur son bord et renflée au milieu. La forme extérieure de la Cryptelle est à peu près celle des Limaces; les individus les pins grands ont de 3 pouces à 3 pouces 1/2 de longueur ; dans leur plat de repos , ils sont plus minces et moins arrondis en avant que les Parma- celles; leur queue est disposée à peu près de la même ma- nière, triangulaire et saillante en dessus, mais cependant plus allongée et plus pointue. Trois lignes partent également de dessous le manteau; celle du milieu , très distincte, même à l'état de repos , va aboutir entre les deux tentacules , tandis que les deux autres, moins marquées, se dirigent vers la base des deux petites en suivant les deux côtés du col. Le Cl. V. Pi.. 63. col est comprimé; sa couleur est bleu pointillé de noir; le pied est d'un bleu plus foncé ; tout le restant du corps est d'un vert olivâtre couvert de taches irrégulières. Le manleau couvre la moitié du corps ; il est libre dans sa partie anté- rieure, épais, charnu et terminé en languette un peu ar- rondie; il peut se relever jusqu'aux bords de la coquille; dans sa partie postérieure , ce n'est plus qu'une pellicule très mince qui la recouvre comme une bourse. L'extrémité de cet organe (le manteau) est libre et s'applique à l'état de repos dans une fossette signalée par une sorte de dépression dans la partie postérieure du corps et à l'endroit où la queue commence. Sa coquille peut s'entendre comme composée de deux parties très distinctes : l'une , de première formation , qui ne fait qu'un seul tour de spire, et représente assez bien un bonnet phrygien ; et l'autre qui se développe ensuite comme une concrétion secondaire , en se dilatant sous la forme d'une lame concave. La première partie semble, pour ainsi dire , une coquille à part ; elle est ovale , luisante et presque transparente ; sa couleur est olivâtre très clair : la seconde , qu'on dirait comme soudée sur la première , n'a ni la cou- leur ni le lustre de l'autre ; elle est au contraire d'un blanc mat , un peu épaisse , ondulée ou parfois irrégulière sur ses bords , et légèrement concave. Nous ignorions d'abord le rôle physiologique que devait remplir dans l'économie animale la cavité postérieure de la coquille, et notre incertitude à cet égard était d'autant plus grande que nous avions vu souvent cette cavité presque to- talement obstruée , surtout chez les individus qui paraissaient plus vieux ; mais ceux que nous avons eu occasion d'exa- miner depuis dans leur jeune âge nous ont dévoilé la véri- table destination de cette première partie de la coquille. Voici le résultat de nos observations : Au lieu de naître à nu , comme les Limaces de nos régions tempérées et des contrées froides et humides, les Cryptelles Cr,. V. Pi. 63. sortent de leur œuf revêtues d'une coquille qui les garantit des ardeurs du climat. Il y a plus; leur coquille est munie d'un opercule: ainsi la nature semblerait, par ce surcroît de prévoyance . avoir voulu les préserver entièrement des impressions extérieures dans un pays où la sécheresse est telle que plusieurs années se passent sans qu'il y tombe une seule goutte d'eau. L'animal, en naissant, est contenu en entier dans sa jeune coquille, sur les bords de laquelle se développe plus tard la seconde concrétion dont nous avons parlé. La Cryptelle est ainsi condamnée à porter, pendant le restant de sa vie , l'enveloppe qui lui servit de berceau dans sa première existence, quoiqu'en grandissant cette partie de sa coquille lui soit , pour ainsi dire , à charge, puisqu'elle reste vide ensuite, que l'entrée se couvre peu à peu d'une couche concrète , et qu'elle finit par s'obstruer entièrement chez les vieux individus. L'œuf, qui est parfaitement ovale , a deux lignes de long sur une de large ; sa surface , finement ponctuée , est d'un blanc laiteux ou jaunâtre ; il est demi-transparent. Quoiqu'assez résistant , il fléchit lorsqu'on le presse entre les doigts. Comme les œufs de tous les Limaçons, il est doué d'une grande élasticité, et rebondit lorsqu'on le laisse tomber sur un corps dur. La jeune coquille le remplit en entier. L'o- percule commence à se former un peu avant la sortie de l'animal de l'œuf ; cette pièce de la coquille est cornée , assez mince , encroûtée sur^sa face externe , ot biculaire en dessous, conique et bombée en dessus comme celle de Y Hélix naticoides ; sa couleur est brun foncé. A mesure que l'animal augmente en volume, il sort peu à peu de sa coquille ; sa queue apparaît la première pour ne plus rentrer, puis le restant du corps ; mais nous n'avons pu constater précisément l'époque où il se défait entièrement de son opercule. A sa naissance , notre coquille n'est donc en apparence qu'une Hélice ; on pourrait même l'assimiler aux Succinées : Ci.. V. Vl. 63. mais un arrêt de développement a lieu alors sous cette pre- mière forme; la spire ne continue plus son évolution, et bientôt une sorte de métamorphose s'opère. L'animal com- mence à s'allonger en dehors; en même temps les bords de la coquille s'élargissent en lame pour garantir les viscères les plus importants ; ce corps protecteur s'augmente peu à peu sous le manteau, et finit par acquérir la forme que nous avons décrite. C'est ainsi que de l'état d'Hélice sous lequel notre Cryptelle s'était d'abord montrée , elle passe à celui de Limace. Mais l'étude de cette espèce singulière ne donne pas lien à ces seules observations ; il en est une autre non moins in- téressante , car elle se rattache à cette loi de transition de forme qui, dans la chaîne des êtres , semble conduire l'or- ganisation par des passages successifs, et établir ces rapports symétriques , ces analogies et ces ressemblances si impor- tantes dans les classifications. Ainsi , en envisageant la série des derniers genres dans la famille des Limacinés, déjà le corps des Vitrines n'entre plus entièrement dans la coquille ; aux Vitrines succèdent les Testaceiles et les Plectrophores , qui portent encore une petite coquille extérieure ; puis viennent les Parmacelles et à leur suite les Cryptelles, dont la coquille est intérieure, jusqu'à ce que par les Limaces nous arrivions aux Arions , dont la coquille est réduite à un rudiment granuleux. Les Cryptelles habitent en grand nombre Fortaventure et Lancerotte , les deux îles de l'archipel Canarien les plus chaudes et les plus rapprochées des côtes de l'Afrique occi- dentale. Pendant huit ou neuf mois de l'année , leur acti- vité vitale semble suspendue ; elles se tiennent cachées sous les grands blocs de lave dont ces îles sont couvertes , et si profondément, que , malgré la promesse d'une bonne ré- compense pour qu'on nous en apportât de vivantes, il nous fut impossible de nous en procurer une seule durant notre séjour aux Canaries. Les Cryptelles sont herbivores ; pen- Cl. V. Pi,. 6i. dant la saison des pluies, et la nuit surtout, elles sortent de leurs retraites, et font un grand dégât dans les jardins. Les paysans les chassent sans relâche et les ramassent par mil- liers; mais, malgré leurs soins, ils ne parviennent guère à en diminuer le nombre. Il paraît que la coquille de la Ci yptelle était connue dans quelques cabinets avant la publication de notre nouveau genre, car M. Sowerby l'avait déjà décrite sous le nom de Paimacella calyculata , et M. de Férussac sous celui de Testacellus ambiguus ; mais sa provenance et l'animal auquel elle appartenait étaient inconnus à ces deux natu- ralistes. Nous terminerons cette notice en reproduisant les carac- tères génériques de la Cryptelle avec ses réformes. Character genericus reformatus. Corpus\ox\gu\\\ semi-cylindraceumanticèsubtetragonum, trisulcum, sulco medio majore, caudâ trigonâ, suprà cari- natâ, acutâ. Pallium ovoideum , dimidium corporis amplec- tens, anticèliberum , linguœforme, posteriùs testam ves tiens, saccatum, et corporis sulco si ve depressioneconditum. Testa valdè depressa , parùm fragilis , parte anteriore albâ , spa- tulatâ, posteriore prasinâ , lucidâ, umbonem parvulum refe rente , animal junius totum fovente, et tum operculatâ, volutâ spirali umbone occulta. Aperturœ pulmonum et ani ad dexterum latus sub testa confluentes. Apertura genera- tionis ad dexterum latus post tentaculum minus. Maxilla superior unidentata, inferioredentula. C. Canarien si s. Nob. Ann. Se. Nat. 1. c. — Parmacella calyculata. Sowerb. cah. i3. fig. io3. — Testa- cellus ambiguus. Feruss. Moll. p. 90. pi. 8. fig. 4- Prod. p. 27. Note. Notre estimable ami M. Turpin , ayant désiré examiner les œufs de la Cryptella Canariensis , nous a corn- Cl. V. Pl. 63. muniqué les observations suivantes , qu'il a daigné accom- pagner d'un dessin où il a reproduit avec son admirable talent des cristaux analogues à ceux qu'il avait déjà décou- verts dans les œufs de certaines Hélices. « Ces nombreux cristaux de carbonate de chaux , dit-il , « se forment à la paroi interne de l'enveloppe extérieure « de l'œuf de la Cryptelle. Pour les bien observer, il faut « inciser légèrement cette enveloppe extérieure , de manière « à en faire sortir intacte l'enveloppe intérieure avec l'ai— « bumen et le vitellus qui s'y trouvent renfermés. L'enve- « loppe extérieure placée ensuite, par fragments, sous le « microscope armé du grossissement de deux cents fois , « montre qu'elle est transparente , jaunâtre , munie d'un « réseau fibreux très fin , peu régulier, et entre les mailles « duquel il existe un grand nombre de très petits globules « variables en grosseur et un peu dans leurs formes. « La surface intérieure de cette enveloppe est comme « tapissée ou enduite d'une couche composée d'un nombre « infini de cristaux de carbonate de chaux. Ces cristaux, de « grosseur variable , semi-transparents, grisâtres et parais- « sant comme un sable fin répandu uniformément , sont « équivoques dans leurs formes et dans leurs angles , au « lieu d'offrir la belle transparence , les angles et les faces « purement arrêtées des magnifiques rhomboïdes que j'ai « découverts danslesœufs des //efcrasper.?a J, H.hortensis, « H. ericetorum et H. pomatia. Leurs formes ou plutôt « leurs angles peu distincts les rendent tout-à-fait com- « parables à ceux excessivement multipliés et qui se forment « dans les interstices tissulaires de toutes les parties du « corps de la Paludine vivipare. Ces cristaux , mesurés à « l'aide du micromètre , varient dans leurs grosseurs de- « puis 1/200 jusqu'à i/h5 de millimètre. « Il est très remarquable que le carbonate de chaux, qui 1 Annales des Sciences Naturelle*, t. ^5 , pl. i5. Cl. V. Pl. 03. solidifie la coquille des œufs des oiseaux et des reptiles . mais en s'y déposant confusément, molécule à molécule, se cristallise sous la forme rhomboïdale dans l'œuf de la Cryptelle et des Hélices , du moins dans ceux des quatre espèces que j'ai citées plus haut. » EXPLICATION DES PLANCHES. Pt. 63. Fig. i. L'œuf grossi. t. «.Longueur naturelle de l'œuf. 2. La coquille vue dans l'œuf beaucoup plus grand. 3. La coquille hors de l'œuf avec son opercule. 4- L'opercule vu de côté. , 5. L'animal jeune dans sa coquille , avec une partie du pied en dehors. 6. La coquille grossie de l'animal adulte vue en dehors. 6. «.Grandeur naturelle de la coquille. 7. La même coquille grossie vue en dedans pour indiquer le commencement de l'oblitération. 8. La même vue de côté. 9. La dent de grandeur naturelle. 10» La même grossie. ii. L'animal de grandeur naturelle vu de côté. 12. Le même vu en dessus. i3. Le même en état de repos. 14. Un fragment de l'enveloppe externe de l'œuf. i4- a. Membrane réticulée et parsemée de globules. i4- fc. Cristaux qui enduisent toute la face interne de l'enve- loppe externe. i5. Quelques cristaux détachés de la membrane. 16. Cristaux plus grossis, pour faire voir qu'à leurs surfaces on aperçoit un grand nombre de fissures produites par le clivage. 17. Echelle de 100e de millimètre. Webb et Berthelot. //.? 9k : . 1 . RétruMcL imp Anne/ùnoche j-c. Classk V. Pt. 6{. CYRÉNOÏDE. cyreinoÏda. Joannis. La charnière toute particulière de la coquille que nous publions, charnière qui est pour les dents cardinales à peu près celle des Cyrènes , mais qui manque complète- ment des dents latérales , si caractéristiques dans ces der- nières , nous a décidé à établir le sous-genre Cyréuoïde ; sous-genre dont le nom rappellera ses rapports de forme et de séjour avec les Cyrènes proprement dites. Les Cyrénoïdes auront donc pour caractères ceux des Cyrènes elles-mêmes, avec cette différence qu'elles man- quent de dents latérales ; que la dent cardinale de la valve droite est longue et lamelleuse, tandis que la postérieure est très petite; qu'enfin l'épaisseur de la coquille est beau- coup moins forte que dans le genre qui nous sert de com- paraison , et son ligament beaucoup plus long. Mais de tous ces caractères qui sont établis sur le seul individu qui nous sert de base , celui qui est le plus tranché et doit servir de régulateur est évidemment l'absence des dents latérales. La seule Cyrénoide connue jusqu'à ce jour est fluviatile. m înom- tf<| ->b JôUiIq uo 3 C. de dupont. C. Dupontla. Joannis. Hauteur 33 millim. ; long. 32 millim. ; épaisseur 24 millim. Coquille équivalve, subéquilatérale, assez mince, presque ronde et renflée , recouverte d'un épidei me d'un brun rougeâ- tre comme certains Unios. Les sommets, légèrement courbés en avant , sont cariés , et cette carie se prolonge sur les flancs, où elle se manifeste par larges plaques. Ligament exté- rieur, peu bombé, de douze millimètres de longueur ; écus^- Cl. V. Pl. 64. son petit , triangulaire , saillant , et terminé en avant par un pli brusque. Les stries d'accroissement très fines et l'épidémie d'autant plus développé qu'on approche plus des bords. La partie inférieure et postérieure du limbe présente une saillie qui fait que la coquille semble ros- trée. Cette partie saillante est séparée du reste du disque par un pli vertical qui va en s 'affaiblissant à mesure qu'il approche plus du sommet , où il n'est plus sensible. Ce pli existe de chaque côté. À l'intérieur, la coquille est bleuâtre, avec des taches brun-rouge correspondant aux caries extérieures. Les im- pressions musculaires sont extrêmement légères , la ligule paléale est même presque insensible. La valve gauche porte deux dents cardinales convergentes au sommet qu'elles vont rejoindre. L'antérieure est beaucoup plus forte que la postérieure , et elle est précédée d'une large fossette qui se trouve sous l'écusson. La valve droite porte trois dents cardinales convergen- tes également au sommet. L'antérieure , plus longue et plus mince que les deux autres ; celle du milieu, la plus forte des trois est cunéiforme ; la postérieure enfin est très petite. La dent antérieure est également précédée d'une fossette très marquée. En arrière de ces trois dents cardinales se trouve une espèce de dent ou plutôt de pli convergent également au sommet ; pli qui se loge dans une légère cavité de la valve gauche. Cette nouvelle espèce , qui sert de type à notre sous- genre Cyrénoïde , est tirle du cabinet de madame Dupont. Sa patrie est la rivière de Sénégal. De JoANms. Janvier ,835. - 6* Cyrenoida D/tpon/za '■ , Jearuu» Classe V. Pl. 65 et 66. NOTE Sur deux genres de Céphalopodes encore peu connus , les genres Calmaret et Cranchie , et sur une nouvelle espèce fort re- marquable de chacun de ces deux genres ; Par M. de Fèrussac. Communiquée a l'Académie des Sciences dans sa séance du 27 octobre i834 Parmi les nouvelles espèces de Céphalopodes que nous avons pu nous procurer pour l'exécution de l'ouvrage que nous publions sur ces animaux, les deux espèces qui l'ont l'objet de cette Note , soit par les singularités de leur orga- nisation , soit parce qu'elles fixent les caractères de deux genres encore peu connus et jusqu'alors étrangers aux mers de l'Europe , nous ont paru mériter assez d'intérêt pour espérer que l'Académie en accueillerait la communication et nous permettrait de mettre sous ses yeux les figures de ces animaux, faites d'après nature, et dont la vue seule suffira peut-être pour légitimer notre espoir. Nous devons ces deux belles espèces et le croquis de leur portrait, pris sur le vivant, à M. Vérany de Nice, natura- liste aussi zélé qu'obligeant. Nous lui avions déjà l'obligation de deux Poulpes nouveaux et fort remarquables. Ces quatre espèces prouvent ce que l'on peut espérer de découvrir dans la Méditerranée , avec des recherches et des soins conve- nables, et combien il est à désirer que nos propres rivages soient mieux explorés qu'ils ne l'ont été jusqu'à présent. La première de ces espèces appartient au genre Calmaret , Loligopsis , de Lamarck , institué peu après sous le nom de Leachia , par M. Lesueur. Nous la dédions à M. Vérany, comme un témoignage de notre gratitude. Elle nous fait enfin connaître complètement ce genre curieux, qui pa- raissait , avec raison , si anomal , offrant tous les caractères des Céphalopodes décapodes , et n'ayant cependant que les Cl.V. Pl. 65 et 66, huit bras des Poulpes. On pensait que les deux bras tenta- culaires , ordinairement rétractiles , n'avaient point été aper- çus: actuellement on saura que ce genre n'avait jamais été vu que mutilé par la perte accidentelle de ces deux bras. Cette anomalie apparente rendait même ce genre si pro- blématique aux yeux de quelques naturalistes , que M. de Blainville n'a pas cru devoir le comprendre dans la série des genres de sa Malacologie. Cuvier, cependant , en avait fait mention dans son Règne animal, et nous l'avions com- pris dans notre Prodrome des Céphalopodes. Le port, l'en- semble de l'espèce figurée par M. Lesueur, le caractère remarquable de la forme et de la position de sa nageoire terminale nous avaient semble' être des signes assez dis— t'mctifs pour que nous puissions, sans indécision , l'admettre et le placer parmi les Octopodes , mais en exprimant l'opi- nion que les deux bras tentaculaires manquaient vraisem- blablement , et que quand ce genre serait mieux connu il devrait peut-être se réunir aux Cranchies. Tout récemment M. le docteur Grant , professeur à l'uni- versité de Londres , a donné , dans le premier fascicule des Transactions de la Société zoologique , un excellent travail anatomique, accompagné de belles figures sur une nou- velle espèce du genre qui nous occupe , espèce fort analo- gue à celle qui a été décrite et figurée par M. Lesueur, sous le nom de Leachia cjclura. M. Grant, ayant reconnu dans l'individu qu'il a observé deux petits tubercules cylindri- ques , d'une ligne de long , à la place où sont ordinairement placés les deux bras pédoncules, les signale comme étant les rudimens de ces deux bras. Il ne pouvait , en effet , soupçonner, à leur ténuité , que c'était la base seulement de ces mêmes bras, et qu'ils avaient été enlevés par un acci- dent. Cet habile anatomiste nous fait connaître les parti- cularités très remarquables de l'organisation de ce curieux Mollusque , qui présente des caractères que l'on n'a observés jusqu'à présent que dans les seuls Céphalopodes testacés; Cl. V. Pl. 65 et 66. d'autres qui lui sont communs avec les autres Céphalo- podes nus , tandis que son estomac en spirale et les deux rangées longitudinales de tubercules situées sur la partie latéro-dorsale du sac n'ont été reconnus jusqu'ici chez au- cun des animaux de cette classe. Plusieurs autres parti- cularités sont aussi dignes d'être citées , telles que la forme et la terminaison des canaux pancréatiques et hépatiques dans un large estomac non divisé, etc. Mais le fait réellement extraordinaire de la longueur et de la ténuité des bras tentaculaires de l'animal dont il s'agit mérite peut-être plus encore d'être signalé que tous les phénomènes de son organisation intérieure. Personne ne pouvait présumer ni même concevoir l'idée de ces singuliers organes aussi minces qu'une très petite ficelle, et longs de i pieds \]i , lorsque le corps entier de ce Céphalopode , depuis le sommet de la tête jusqu'à l'ex- trémité du sac , n'a guère que 4 pouces de longueur. Rien de semblable n'a encore été observé chez les êtres organisés, car les longs filets tentaculaires de beaucoup d'animaux articulés sont sans analogie avec ces organes complètement dépourvus d'articulations et même de fibres transversales assez caractérisées pour en tenir lieu. Les longs filets qu'on remarque chez quelques Zoophytes , entre autres chez les Physalies , sont des appendices qui n'ont point l'importance organique des deux bras pédoncules de notre Calmaret. Ces bras sont garnis, tout le long de leur tige, de petites pelottes non pédonculées attachées sur une portion de leur circonférence , et qui remplissent , vraisemblablement , les fonctions des ventouses , en forme de cupules , dont les autres bras sont pourvus; caractère qui ne se retrouve que dans une seule espèce de Calmars parmi tous les Cépha- lopodes connus. Ils deviennent un peu plus gros , à Yen- contre de ce qui s'observe chez les autres décapodes , en approchant de la massue assez large qui les termine. On se demande , à la vue de ces organes singuliers , coin- Cl. V. Pl. 65 et 66. ment le mouvement peut se transmettre jusqu'à leur extré- mité ; comment ils peuvent supporter et faire mouvoir cette massue ; comment ils sont préservés des mutilations aux- quelles ils sont si exposés par leur longueur et leur té- nuité : comment l'animal les reploie, et où il les abrite quand ils ne remplissent pas les fonctions auxquelles ils sont destinés : car ces bras ne sont point rétractiles dans une gaine de la masse céphalique comme les bras pédoncules des Calmars et des Seiches ; ils prennent naissance immé- diatement à la base des bras inférieurs , et il n'existe aucune cavité vers cette partie où ils puissent se loger. On se de- mande encore quel peut être le but et l'usage de ces organes. Il est à désirer que des observations faites sur l'animal vivant donnent les moyens de résoudre , plus ou moins com- plètement , ces questions intéressantes ; peut-être aurions- nous pu trouver dans un examen attentif de l'organisation des deux bras tentaculaires une solution à la première de ces questions, celle qui concerne la transmission du mou- vement tout le long de ces organes si déliés; mais la crainte de mutiler le seul individu que nous possédions nous a arrêtés. Nous hasarderons . comme une simple conjecture , l'opinion que les fibres longitudinales nerveuses dont nous paraissent composés ces organes sont susceptibles de se contracter sur tous les points de leur longueur, à la volonté de l'animal, et que, par-là, ces bras s'infléchissent dans tous les sens et peuvent embrasser tous les corps. La trans- mission du mouvement , dans cette hypothèse , aurait lieu, comme une sorte d'ondulation , par la contraction succes- sive de tous tes points de la tige de ces bras. Peut-être, enfin, les petites pelottes qui garnissent, à des intervalles inégaux , les tiges de ces bras sont-elles des centres de con- traction particuliers. L'espèce qui nous occupe offre, en outre, un caractère qui n'avait point été observé chez les Calmarets connus jus- qu'ici. Les deux paires de bras inférieurs sont garnies , sur Cl. V. Pl. 65 et 66. un de leur côté, de larges membranes qui se correspon- dent, et qui doivent puissamment aider à l'action de ces bras, considérés comme des rames, organisation que l'on retrouve chez la plupart des Céphalopodes grands nageurs qui se tiennent habituellement au large, tels que les Ony- choteuthes et certains Calmars. Les bras ordinaires de cette espèce sont aussi beaucoup plus longs , comparativement au corps , que ceux des autres Calmarets. Tout indique que cet animal tient habituellement ses deux paires de bras inférieures rabattues sur le devant de la tête , et qu'il s'en sert , comme de fortes rames , pour battre l'eau. Dans cette situation , et la tête en avant, ou peut-être en arrière, on peut présumer que les deux longs bras, ou filamens tentaculaires , suivent le mouvement progressif de cet ani- mal, comme deux longues lignes, douées d'une grande sensibilité , qui saisissent au loin tout ce qui s'approche de cet animal , en enlaçant les objets et les serrant avec les pe- tites pelottes dont elles sont garnies. Nous n'entrerons point ici dans la description de cette curieuse espèce ; il serait indiscret d'entretenir l'Académie de détails longs et minutieux ; on trouvera cette description dans notre ouvrage ; nous nous bornerons à signaler l'orga- nisation compliquée de l'espèce de fourreau ou tunique cylindrique , mince et transparente , qui enveloppe la bou- che de ce Céphalopode et qui envoie des brides en rayon- nant à chacun des bras , à l'exception des bras tentaculaires ; nous signalerons aussi la nature et la complication des pe- tites ventouses ou cupules dentelées, à double pédoncule, qui garnissent la massue de ces derniers bras , ainsi que la forme du rudiment testacé ou épée de ce singulier animal. Le dessin rend fidèlement tous ces détails. Le Leachia cjclura de M. Lesueur, le Loligopsis gul- tata de M. le docteur Grant, et notre L. Veranii, offrent entre eux une grande analogie pour le port et la forme gé- nérale du corps. Il nous semble évident que ces deux pre- Cl. V. Pi. 65 et 66. mières espèces avaient perdu leurs bras tentaculaires quand elles ont été observées par ces savans naturalistes , et qu'elles doivent former actuellement , avec celle que nous faisons connaître , le noyau des espèces de ce genre , qui vraisem- blablement ne tardera pas à s'accroître encore d'autres es- pèces nouvelles et curieuses. Quant au L. Peronii , pour lequel ce genre a été établi, il n'est connu que par le peu de mots qu'en a dit Lamarck ; mais ce qu'il en dit est assez précis pour qu'on puisse consi- dérer cette espèce comme étant fort analogue à celles que nous venons de mentionner. On doit désirer que M. de Blainvilie veuille bien publier le dessin que lui en a commu- niqué M. Lesueur, afin d'être fixé à ce sujet. Nous avons cru pouvoir aussi rapporter à ce genre , sous le nom de L. Tilesii, le petit Céphalopode publié par M. Tilésius dans l'Atlas de Krusenstern. Malgré les défauts évidents de ce dessin , on doit croire ce rapprochement fonde ; il a été adopté par Cuvier. Le second Céphalopode dont nous entretiendrons l'Aca- démie est non moins remarquable par l'éclat de ses couleurs que par les larges membranes qui unissent ses six bras su- périeurs de manière à former comme une grande voile d'un pourpre foncé magnifique, sur laquelle se détachent, comme autant de petits boutons de saphirs , les deux rangées de cupules de chacun de ces bras. Le dessous du sac , de la tête et des deux bras inférieurs, est couvert de taches jaunes dis- posées en quinconce, et près de chacune desquelles s'élève , en relief, une autre petite tache bleue. Ces taches jaunes et bleues, qui ressortent sur un fond rougeâtre parsemé de petites tâches pourpre , ont un tel éclat sur l'animal vivant , qu'elles ressemblent à des topazes près desquelles serait monté un petit saphir. Les personnes seules qui ont pu jouir de l'éblouissant spectacle qu'offrent les globules chromo- phores des Céphalopodes , à l'état de vie , pourront se faire une juste idée des couleurs de celui qui nous occupe. D'à- Cl. V. Pl. 65 et 66; près le vœu de M. Yérany , nous avons nommé cette belle espèce Cranchia Bonnellii, en mémoire de l'excellent et célèbre professeur de Turin. La forme générale de cette espèce est aussi très remar- quable par la grosseur de la masse céphalique , qui est cylindrique , et sur laquelle se distinguent deux yeux énor- mes, ainsi que par la brièveté relative du sac, qui n'est guère plus long que la tête , conique et un peu renflé dans son milieu. Les deux nageoires sont bien distinctes à leur partie supérieure, et se réunissent ensuite vers leur extrér mité, qui dépasse celle du sac. Dans son ensemble, ce sin- gulier Mollusque rappelle involontairement ces êtres fan- tastiques dont le génie de Callot a peuplé les enfers , et que l'Opéra imite quelquefois dans ses pompes merveilleuses. Nous rapportons ce Céphalopode au genre Cranchie , malgré la singularité de ses six bras palmés , caractère qui n'a été observé, jusqu'à présent, que parmi les Poulpes. Sans doute , lorsque tant de naturalistes croient pouvoir proposer chaque jour, et sur des motifs si légers , des genres nouveaux , on nous trouvera peut-être bien réservés de ne point en établir un pour cette belle espèce ; mais si l'on fait attention que chez les Poulpes les uns ont les bras palmés , tandis que d'autres les ont simples , que les membranes qui unissent leurs bras se montrent dans tous les degrés de développement , on ne verra peut-être pas dans ces organes un caractère assez persistant , assez essentiel, pour pouvoir le prendre comme distinction générique; on n'y trouvera le motif que d'une division secondaire , surtout lorsque tous les autres caractères de cette espèce ne se refusent point à son adjonction dans le genre Cranchie. Nous pensons cepen- dant que si l'on vient à découvrir de nouvelles espèces qui offrent ces organes dans un même degré de développement , et qui présentent le même aspect , la même forme générale, alors ce caractère prendra assez d'importance pour qu'on puisse , à la rigueur, s'en servir pour séparer génériquement Cl. V. Pl. 65 et 66. les espèces qui en seront pourvues. Chez des animaux si extraordinaires , et dont cependant les formes générales sont peu variées , on peut, à ce qu'il nous semble , sans déroger aux vrais principes de la méthode , saisir, pour en faire des distinctions génériques , tous les caractères saillans que pré- sentent les organes extérieurs, lorsque ces caractères ac- quièrent une constance qui leur donne une valeur réelle , parce que ces caractères indiquent alors des modifications importantes dans les mœurs et les habitudes des animaux qui les présentent. C'est ainsi que la nature et la forme des brastentaculaires des Calma rets peuvent former une bonne distinction générique. On pourrait donc se servir dans ce but, avec un égal avantage , de la palmature des six bras des Cran- chies qui offriraient ce caractère , s'il se présente chez un cer- tain nombre d'entre elles , analogues d'ailleurs parle port et l'ensemble de leur forme , et cela avec d'autant plus de raison , que les Céphalopodes que l'on rapporte à ce genre sont encore fort mal connus et qu'ils n'offrent point un type de forme bien caractérisée. Le genre Cranchie a été établi par le docteur Leach , dans l'Atlas qui accompagne le Voyage de Tuckey au Zaïre, pour trois espèces, dont il n'a donné qu'une description de quelques lignes, et la figure d'une seule d'entre elles. Celle-ci présente un aspect particulier par la petitesse de sa tête et celle de ses bras, par l'ampleur de son sac très resserré autour du cou de l'animal, et par les deux petites nageoires qui terminent ce sac. Ces nageoires étaient évidemment mutilées dans l'individu qui a été figuré , et on peut même présumer que cette figure a été faite sur un animal déformé par son séjour dans la liqueur , et qu'elle rend peu exacte- ment le port et l'ensemble de cette espèce à l'état de vie. Le Loligo cardioptera de Pérou , que M. de Blainville et nous avons rapporté à ce genre , se rapproche déjà plus de la forme de notre nouvelle espèce , surtout par ses nageoires. Mous en devons une autre à l'obligeance de M. Rang , dont Cl. V. Pl. 65 et 66. l'analogie avec celle qui nous occupe est plus grande encore. Enfin nous en avons une troisième , très petite , dont les na- geoires sont latérales , et dont les bras pédoncules sont su- bulés au lieu d'être terminés en massue. Celle-ci devra vraisemblablement faire le type d'un nouveau genre ; mais pour fixer toutes les incertitudes à l'égard du genre Cran- chie , et pour lui rapporter sans hésitation l'espèce que nous faisons connaître , il faudrait que celles qui ont été décrites par le docteur Leach fussent retrouvées et mieux connues. Le caractère principal qui leur a été assigné consiste dans la forme et la position terminale des nageoires. Sous ce rapport, ce genre se confond presque avec les Calmarets ; mais ceux-ci en sont bien distingués par la forme de leurs bras tentaculaires ; il n'est séparé des Calmars que par la forme de ces mêmes nageoires , qui sont réunies à leur ex- trémité et semblent dépasser celle du sac. Dans les espèces que nous y rapportons , et que nous avons pu observer, le port et l'ensemble des formes les distinguent bien plus en- core des Calmars ; mais nous ne pouvons faire la même ob- servation au sujet des espèces signalées par le docteur Leach, parce qu'il a négligé de nous en donner une description complète et détaillée , reproche qu'on peut faire quelque- fois à cet habile observateur sans porter atteinte à sa répu- tation bien acquise. EXPLICATION DES FIGURES. Pl. 65. Fig. i. Loligopsis feranii, Férussac. 2. La partie postérieure du sac, vue en dessous. 3. Le rudiment testacé interne. 4- La bouche, avec les membranes qui l'entourent, vue de face. 5. La même partie , vue de profil. 6. Les deux mandibules. 7. Cupule des bras ordinaires , grossie. 8. Pelotte des bras tentaculaires , grossie. 9. Partie grossie de la massue des bras tentaculaires. 10. Une des ventouses à double pédoncule de cette massue. Cl. V. Pr.. 65 et 66. Pl. 66. Fig. i. Cranchia Bon nellii , Férussac. 2. La partie postérieure du sac. , vue en dessous. 3. La bouche, avec les membranes qui l'entourent, vue de face. 4> Rudiment testacé interne. 5, Doublure épaisse de la partie médiane de ce rudiment. 6. Les deux mandibules. p. Cupule grossie des bras ordinaires. 8". Cupule grossie de la massue des bras tentaculaircs. v 65. Loliç^op sis Verasiù , Fe N. liémorui /////> C ran cli 1 a Bonelliv, Féh W.Rânorul • | V (fr. j&r Ammonites Lacûtdarià. Miafolû, . \ './>,•> mandt ini/> Classe V. Pl. 68. HÉLICINE. helicina. Lamarch. H. d'Ambiel. H. Ambieliana. De Boissy. //. testa trochiformi f nitidd, albido-rubrâ aut lutescente , longitudinaliter obsolète- striatâ; sulcis transversim mi- nimis , aperturâ semi-lunari ad peripheriam obtuse an- gulatâ ; labro crasso , reflexo ; anfractibus senis , pri- mis rubiginosis ; apice obtuso , lœvigato ; operculo corneo. Haut. , 5 à 6 mill. ; diam. du dernier tour, 5 à 6 mill. ; haut, de l'ouverture, 3 à 3 1/2. VARIÉTÉS. «. Albo lutescente, rubro unifasciatâ . G. Toto rubrâ, aperturâ inlus aureâ. Coquille trochiforme , luisante , d'un blanc rougeâtre ou jaunâtre, longitudinalement striée , ayant des sillons transverses qui ne peuvent se voir qu'à la loupe ; l'ouver- ture, semi-lunaire, forme à l'endroit du pourtour un an- gle très obtus qui disparaît presque dans certains indivi- dus; péristome épais et réfléchi, six tours despire, dont les deux ou trois premiers sont ordinairement d'un rouge plus ou moins foncé; sommet lisse et obtus; opercule corné. La var. a se distingue par une bande rougeâtre qui se conti- nue sur tous les tours de spire. Celle b est surtout remar- quable par la belle couleur orangée qui tapisse l'intérieur de son ouverture. Cette jolie espèce m'a été communiquée par M. Ambiel , débitant de tabac à Montpellier (Hérault), qui s'occupe Cl. V. Pl. 68. avec zèle d'histoire naturelle. Je me fais un vrai plaisir de la lui dédier , pour l'extrême complaisance qu'il a eue de m'indiquer les localités des espèces les plus rares de son pays, et de m'y accompagner. Habite : Tabago, l'une des Antilles. On la trouve dans les chargements d'épices qui proviennent de ces îles. Saint-Ange de Boissr. 8 Octobre i835. - V. 6S 2 3 4 Helicma Ambielùznd/, De< Boissy Criraitd- se . Cr.ASsc V. Pl. 69. HÉLICE, hélix. Linnée. H. cotonneuse. H. Ictnuginosa. De Boissy. H. testa globosd, tenui umbilicatd f labio dejecto ad um- bilicum* albo violascente , hispidâ , pilis minimis irre- gulariter disposais , anfractibus se?iis, ultimo majore; aperturâ semi-lunari; peristomale roseo , acuto , subre- flexo , intus albo marginato. Haut., 8 à 10 mill. ; diam., 11 à 14 mill. ; ouverture, 4 à 5 mill. Coquille globuleuse, fort peu ombiliquée, le bord droit renversé vers l'ombilic qu'il recouvre plus ou moins, d'un blanc violâtre, hispide; les poils caducs sont irrégulièrement disposés ; six tours de spire , le dernier plus grand et pres- que entièrement rond; ouverture semi-lunaire; péristome d'une jolie couleur rose , aigu et très légèrement réfléchi ; on remarque dans l'intérieur un léger bourrelet bleu. Elle diffère de Y Hélix strigella , en ce que cette coquille est bien plus déprimée , que son ombilic est beaucoup plus ouvert et laisse facilement voir l'avant-dernier tour; tan- dis que notre espèce est seulement un peu plus que perforée. D'ailleurs la strigella est fortement striée et a une bande blanche sur le pourtour du dernier tour, ce qui n'existe pas dans notre espèce. V Hélix villosa , dont on pourrait aussi la rapprocher, en diffère essentiellement par sa forme presque planorbique , l'évasement de son ombilic , et la suture profonde qui existe entre ses tours de spire. Habite : l'île Majorque, à Palma, où je l'ai trouvée Cl. V. Pl. 6g. dans les touffes d'arbustes, au-dessous du fort des Prison- niers, du côté qui regarde la mer, sous les pierres, pendant les grandes sécheresses. Saint- Ange de Boissy. Octobre i835. • 6a ■ * 1 I V 1 1 X I<(tl4H/ (tl<>, * 7/ . /' V> /A> m CLASSE V. Pt, 'jO. iNOTE Sut la Cyrénoïdl: de M. de Joannis (Cl. Y, n° 64) , Par M. Desiiayes ; Suivie d'une Lettre de M. de Joannis. J'ai trouvé , dans la troisième livraison du Magasin de Zoologie ( i835) , la description , par M. de Joannis, d'un nouveau sous-genre de mollusques ace'pbalés , auquel il donne le nom de Cyrénoïde. Ayant eu communication , par M. Quoy, de l'animal de la coquille de M. de Joannis , je lui ai trouvé des caractères particuliers , ce qui m'a déterminé à former pour lui , non pas un sous-genre , mais un véritable genre , auquel j'ai donné le nom de Cyrénelle , Cjrenella. Je lui ai consacre' ce nom , moins pour indiquer les rapports de l'animal avec celui des Cyrènes , que pour rappeler qu'il vit aussi dans les eaux douces. J'ai connu la coquille du genre nouveau long-temps avant l'animal ; et , quoique j'aie reconnu dans ses caractères extérieurs quelque ressemblance avec les Cyrènes , cepen- dant l'examen des caractères intérieurs m'a conduit à une autre opinion que celle de M. de Joannis. Je pense que la coquille en question a beaucoup plus de rapports avec les Lucines qu'avec les Cyrènes ou tout autre genre. Quand même on supposerait , avec M. de Joannis, que la Cyrénelle est une Cyrène dépourvue de dents latérales , on ne trou- verait rien dans les caractères de la coquille qui justifiât cette opinion ; et il suffira de les examiner brièvement pour en être convaincu. La charnière des Cyrènes , en supposant que les dents latérales vinssent à manquer, offre , dans le Cl. V. Pl. 70. plus grand nombre des espèces , deux dents cardinales sur chaque valve , égales , divergentes , assez épaisses , très souvent bifides au sommet dans quelques espèces. Une troisième dent rudimentaire se montre et devient , dans les plus grands individus , presque égale aux deux premières. Cela se voit très bien , par exemple, dans le Oyrena zeyla-* nica, ainsi que dans le Violacea de Lamarck. Si nous examinons les impressions musculaires, nous les trouverons toujours arrondies dans les Cyrènes , et réunies par une impression palléale , qui , quoique simple , forme cepen- dant une légère sinuosité un peu avant de se joindre à l'im- pression musculaire postérieure. Dans certaines espèces, comme le Sumatrensis par exemple , cette inflexion de l'im- pression palléale devient plus profonde , et se rapproche , sous ce rapport , de celle de certaines Vénus. Si nous com- parons actuellement ces caractères avec ceux de la Cyré- nelle , nous trouverons dans cette dernière trois dents très inégales, peu épaisses, sublamelliformes. Les deux anté- rieures sont très grandes comparativement à la postérieure , qui reste rudimentaire. Ces deux dents antérieures sont presque parallèles et inclinées très obliquement sur le bord cardinal ; elles ne sont point bifides au sommet. Les im- pressions musculaires rappellent tout-à-fait celles de cer- taines Lucines ; elles sont très rapprochées du bord, lon- gues, étroites, et se continuent, par leur extrémité infé- rieure , par une impression palléale simple , très rapprochée du bord des valves , également comme dans les Lucines Comme on voit, l'examen seul de la coquille conduit, pour le genre nouveau , à une autre opinion que celle de M. de Joannis. Si je compare actuellement l'animal des Cyrénelles avec celui des Cyrènes d'un côté, et d'un autre avec celui des Lucines que Poli a fait connaître sous le nom de Loripèdes , je lui trouve plus de ressemblance avec les Loripèdes qu'avec les Cyrènes. On pourra en juger facile- ment par la figure de l'animal jointe à cette note. Il se Cl. V. Pl. 70. pourrait peut-être que les rapports du nouveau genre avec les Lucines ne fussent pas compris par ceux des conchylio- logistes qui n'ont pas sous les yeux un nombre suffisant d'espèces de ce dernier genre : je les engage alors à porter leur attention sur le Loripes de Poli , ainsi que sur le Félan d'Adanson , qui est aussi une Lucine. Je dois ajouter que j'avais établi mon genre Cyrénelle avant la publication de M. de Joannis; car, au commencement du mois de mai , je l'ai présenté et décrit à la Société phi- lomatique. Le procès- verbal peut faire foi au besoin de ce que je viens de dire. J'ajouterai encore que j'ai donné à la Société tous les détails nécessaires sur l'animal, de manière à faire voir que par ses rapports le nouveau genre vient se placer entre les Lucines et les Vénus. Deshayes. Paris, 11 juin 1 835-. Monsieur l , Bien que je respecte en tous points le s opinions émises par M. Deshayes , au sujet du sous -genre Cyrénoïde établi par moi , il m'est impossible , après un second examen comparatif, de partager encore ses opinions. Si d'abord l'on s'en rapporte à l'instinct naturel du collec- tionneur, instinct provenant d'une comparaison rapide qui se fait dans l'esprit de tous ceux qui ont l'habitude de voir des coquilles, l'on verra chacun de ces collection- neurs placer la coquille qui nous occupe à la suite des 1 Une longue maladie m'ayant empêche de faire paraître de suite la note de M. Deshayes, j'ai pu en envoyer une épreuve à M. de Joannis, qui m'a adressé la lettre ci-jointe. Je crois qu'il est intéressant, dans l'intérêt de la question, qu'elle trouve place ici. Guékin , février i836. Cl. V. RÉ. 70. Cyrènes, et M. Deshayes lui-même n'a pas pu s'empêcher , dans son nom de Cyrénelle, de reconnaître une partie de ce que nous avançons. Si maintenant nous en venons à la comparaison de la Cyrénoïde avec les Cyrènes et les Lori- pèdes , nous verrons d'abord dans la Cyrénoïde un carac- tère qui existe dans toute les Cyrènes indistinctement, et qui ne se voit pas dans les Loripèdes ; c'est que l'extré- mité postérieure du ligament rentre un peu en-dedans de la coquille , et forme un sinus angulaire sur le bord exté- rieur du limbe , caractère qui ne se voit jamais dans les Loripèdes , et qui est au contraire très marqué dans toutes les Cyrènes. M. Deshayes insiste considérablement sur le caractère des dents , pour déplacer la Cyrénoïde d'où je l'ai mise, et cependant il ne craint pas de la trouver près des Lo- ripèdes , parmi lesquels 011 voit le Loiïpède édenté , qui a une charnière complètement dépourvue de dents. Par ceci je veux dire que, bien que le caractère des dents soit assez bon pour la classification , il ne faut cependant pas s'y fier aveuglément. Au surplus , voyons si la charnière de la Cyrénoïde est si différente de celle des Cyrènes, une fois qu'on leur a supprimé les dents latérales. La Cyrénoïde a deux dents cardinales à une valve et trois à l'autre. Ces dents ont paru faibles à M. Deshayes ; mais s'il avait grossi la Cyrénoïde jusqu'à l'amener à la taille de la Cyrène de Ceylan et de la Cyrène violette, il verrait qu'il n'y a pas grande diffé- rence ; je dis plus , c'est que les dents alors de la Cyrénoïde seraient plus grosses que celles de la Cjrena cardia rappor- tée par l'Astrolabe de la Nouvelle - Hollande. Quant au nombre, M. Deshayes dit que les Cyrènes ont deux dents cardinales à chaque valve , et que quelquefois il s'en mon- tre une troisième rudimentaire : eh bien, qu'y a-t-illà qui soit opposéau nombre des dents cardinales de la Cyrénoïde? Rien en vérité. Pour les impressions musculaires , M. Deshayes dit qu'elles sont arrondies dans les Cyrènes ; il me semble que cela n'est pas exact : qu'on prenne un compas , et l'on Cl. V. Px.. 70. verra qu'une des impressions musculaires de la Cyrène vio- lette , par exemple , est deux fois aussi longue que large ; en vérité cela ne peut pas s'appeler rond. Je ne veux pas omettre le caractère tiré de l'épiderme , qui est remarqua- ble ; et en effet qu'on trouve un Loripède qui soit épidémie à la manière de la Cyrénoïde , et puis qu'on en trouve aussi vivant en eau douce. Les Lucines sont marines. J'insisterai sur un caractère qui est peut-être négligé , mais qui est réel pour moi : c'est le pli onduleux qui se voit sur le flanc de la Cyrénoïde , et en effet rien de semblable ne se voit dans la Lucine. Plusieurs ont bien un ou deux plis , quel- quefois même assez profonds ; mais qu'on remarque que ces plis ne sont que l'encadrement de Técusson, et non une ondulation des limbes proprement dits. J'arrive à la ques- tion de l'animal, qui seul pourrait beaucoup infirmer tout ce que j'ai dit, si l'animal de la Cyrénoïde était vraiment celui des Lucines : mais d'après les expressions mêmes de M. Deshayes , il paraît que la chose n'est pas tellement claire qu'il n'y ait pas sujet à controverse. Quant au nom de Cyrénoïde que j'ai donné à cette co- quille , comme mon travail vous a été remis en janvier i835, et que le temps de la publication et le rang d'ordre sont les seules causes qui ont retardé l'apparition jusqu'en juin , je ne crois pas qu'il soit possible maintenant de la dénommer sans s'engager volontairement dans un laby- rinthe. M. Deshayes veut faire un genre de la Cyrénoïde : cette pensée m'est bienvenue aussi; mais en vérité chaque jour apporte tant de lumières sur la chaîne des êtres , qu'il est maintenant presque impossible de ne pas reconnaître que les Hyries , les Anodontes , les Iridnées , ne sont que des sous-genres du type Unio , de même que les Cythérées ne sont que des Vénus , de même que les Buccins ne sont que des Pourpres , de même que la Cyrénoïde n'est qu'une Cy- rène s'acheminant, par le manque de dents latérales , vers un autre sous-genre qu'on formera peut-être avant long- Cl. V. Pt. 70. temps , je veux dire le genre Cyrénodonte. Je trouve du reste que l'on forme en général des genres sur des carac- tères beaucoup trop minimes : une semblable question ne peut du reste être bien jugée que les pièces en main ; aussi doit-on s'en remettre aux amateurs sur ce point. De Joannis. Novembre 1835. 7°- (yrerioii/a , -De Jfavmù ((i/renella J)eœ/iayesJ JW/uu/o.,- ,M . X.ftomon.t imp. Wotf ût*. /J3j> Classe V, Pi.. 71. DRÉPANOSTOME. Drepanostoma i . Porro. M. Charles Porro , de Milan , nous a adressé la descrip- tion suivante d'une espèce fort curieuse du genre Hélix des Auteurs, en y joignant cinq individus vivants de ce Mol- lusque. Avant d'arriver à la description de son espèce , M. Porro se livre à quelques considérations générales sur le genre Hélix , sur le mode d'enroulement de la spire, et sur la forme curieuse qu'offre la bouche de son espèce ; l'ouverture de cette bouche, qu'il compare à la forme d'une faux , lui a fourni la racine du nom qu'il assigne au sous- genre dont il propose la formation pour ces coquilles. Voici, du reste, sa description. Animal semblable à celui de toutes les Hélices; corps roulé dans un plan parfaitement horizontal. Coquille discoïde , concave , ombiliquée à sa surface in- férieure, bossue, perforée à la supérieure; ouverture en forme de faux par la convexité de Pavant-dernier tour, sub- déprimée au bord latéral , renflée au bord columellaire , insertion du bord latéral avec l'avant-dernier tour, formant un angle obtus. Drepanostoma nautiliformis . Porro. Long, de la coquille , 3 mill.; larg. , 4 1/2 mill. Animal cinerascens , longitudinaliter subrugosum; tentaculis subfuscis ; pede albescenti ; testa brunneo - rubiginosa , cornea , irregulariter rarisque pi lis adspersa y substriata y peristomate roseo , per duas partes inferiores marginato , per altéra simplici medioque protendcns . L'animal est cendré , chagriné par des vésicules dispo- sées longitudinalement ; les tentacules sont plus foncés à cause d'une ligne noire qui les traverse au milieu ; ces lignes noires, se prolongeant , forment dans le corps de l'animal ' De fyewcLVQV) faux, et (TToy.ci , bouche. Ci.. V, Pl. 7i. deux lignes parallèles l'une sous l'autre , qui se réunissent avant de se cacher sous le collier. Le pied est blanchâtre , étroit, court et pointu en arrière. La coquille est d'un brun rougeàtre , transparente; elle est inunie de poils clair-semés, fauves, facilement caducs , et marquée, vue à la loupe, de fines stries. La spire est j enfoncée, et forme un cône rentrant, composé de cinq tours : la suture est bien distincte ; le péristome est re- bordé et rose. nwjïuoia ne t ytihH 911193 9! J'ai trouvé fréquemment cette espèce en automne , sous les pierres et parmi les feuilles pourries ombragées par les buissons qui couvrent la pente occidentale de la Valgana , près de J^arcse , province de Como. Elle vit en familles assez nombreuses. Pendant l'hiver, l'animal se renferme au moyen d'un épiphragme membraneux placé très profon- dément. 1 fiKlq nu Cette espèce est représentée grossie et vue en dessus , Kg. 1 ; en dessous, fig. 1 ; de profil , fig. 3 ; et avec l'ani- mal, fig. 4. ^h. PoRR°- Mikin, janvier i836. Icrnuiiî'J I Jnoe esh 1 9flUrb 9i icb ins»fii don V. 7*- % # Drepanostoma nau/ili/ormis , 7i? i/tiieJouc/w Wàmumd Classe V, Pl. 74. ROSTELLAIRE. (aporrhais). Rostellaria. Lamarck. R. occidentale R. occidentalis. Beck. R. testa Uvido-plumbea , turrita, spiraliter tenue-striata , anfractibus convexis longitudinaliter oblique costellatis ; labro alato , mutico , intàs albo. Beck. , in Lyell Catal. ofthe Fossils of St Laurence- Bay. in Geol. Trans. Testae axis, 5 cent. 7 mill.; — latitudo supra alam ,3 c. 5 m. ; — spirae axis, 3 c. 3 m. ; — spirœ diameter transversalis, a c. Testa crassa , sed laevis , opaca , obiongo-alata , depres- siuscula , subdistorta , spira elongato-conica , anfractibus 8 1/2 regulariter accrescentibus , convexis , ad suturam im- pressam paululum coarctatis , testae axim versus sub angulo patulo (graduum circiter no0) inclinatis. Anfractus infan- tiles 2 1/2 laevigati ; caeteri costis longitudinalibus dextror- sum arcuatis , suturas vix attingentibus , elevatiusculis , ro- tundatis ( in perultimo anfractu circiter 25) ornati , striisque confertis et œquali fere spatio remotis , spiralibus exarati . Ultimus anfractus spira paululum brevior , posterius valde convexus , costisque longitudinalibus obsoletioribus , ante médium evanescentibus , ornatus; anterius oblique attenuatus , subacuminatus , dextrorsum in labrum sat magnum alatforme continuatus , supra sttiis spiralibus , ad labrum extremum divergentibus , exaratus. Labrum oblique quadrilatérale , posterius late excisum , Cl. V, Pl. 7a. lobo baseos supra anfractum penultimum decurrente , ad angulum externum protractum , subuncinatum , margine extei iore truncatum , valde incrassatum , angulo superiore obtuso rotundato , margineque anteriore oblique excisa , compressiuscula in apicem colum élise abreviato-rostratuin dextrorsum inclinatum , continuatum , superne ruga una alterave antiquatum , inferne et interne lasvissimum. Aperturaoblonga, augustiuscula, subquadrilateralis, pos- ticè ad columellam acuminata , vix canaliculata , anticè in fissuram obsoletam , canalis ad instar , continuata , laevis- sima. Columella obliqua , posterius subconvexa , medio exca- vata, subarcuata , antrorsum oblique subulatim producta, aspice obtuso , supra indumento subcalcareo polito tecta, fissura umbilicali longitudinali obsoleta. Color testas extus explumbeo griseus, vel sordide albus, raro in fuscum vergens : apertura intus plumbeo-caerules- cens , columella labroque candidis. Epidermis fuscescens , opaca. Hab : Oc. atlanticum americanum, in sinu Sancti-Lau- rentii, et ad insul. Terrœ-Novœ. Frustula spirae etiam e Groenlandia nobis allata. H. Beck. Nota, La coquille d'après laquelle cette description a été faile appartient à la collection de M. Petit de la Saussaye, à Paris ; il \\\ reçue de M. Le Vicaire, employé de l'administration delà marine. (R.) Rostellaria occidentalur. Beik Iii/wi/ûiic/h' ./'(' . I Jtènumd t/)i/> . Classe V, Pl. 7-3. MARGINELLE. Marginella. Lamarck. . M. de Cléky. M. ClerjL Petit. (Collection Petit de la Saussaye. ) M. testa fus if ornùs , gracilis , lœvis , cxalbida , griseo sub- fasciata, lineis nigris longitudinalibus hinc inteiruptis , spira elongato-conica , obtusa , labru/n roLundatum intus crenulatum , aperturaquc albis columellœ plicis quatuor. Largeur, 9 millim. ; long. , uo millim. Coquille oblongue, élégante, d'un fond presque gris veiné de seize à vingt lignes noires , dont quelques unes inter- rompues sur le dernier tour, celui-ci nuancé transversale- ment par des bandes d'un gris un peu fauve ; spire alongée, presque lisse; lèvre blanche, garnie de dents peu pronon- cées; bourrelet au bord droit; quatre plis à la coluinelle. Cette jolie Marginelle a quelque rapport avec la Marginella Adansonii $ mais elle en diffère essentiellement par sa forme étroite , alongée , par la présence des zones transversales, et par la disposition des lignes noires et longitudinales, qui sont moins nombreuses , et souvent interrompues. La Mar- ginelle d'Adanson s'en distingue encore par des varices nombreuses. La Marginelle de Cléry habite les côtes du Sénégal. J'ai dé- dié cette coquille à mon ami , M. Hanet-Ciéry , officier su- périeur de la marine, qui, au retour de ses campagnes, a tou- jours rapporté beaucoup d'objets fort intéressants pour l'étude des sciences naturelles. J'ai aussi reçu cette Margi- nelle de M. Trobert , officier de santé de la marine , collec- teur aussi zélé qu'instruit. S. Petit. Mai i836. Mnroiiiella Cferi/i, l'etit innmouefvê ./■<• •//iti/Ki m ni. Classe V, Pl. }4. HÉLICE. Hélix. Linné, H. de Poe y. H, Poeji. Petit. (Collection Petit de la Saussaye. ) » H. orbiculato-convexa , subcarinata , concinne plicatula , per- foralo-umbilicata , badia , epidermide subvelutino , peristo- mate obovato-subarigulato , subreflexo. Hauteur : lômillim. 172. Largeur : ïômillim. Coquille mince , légère , un peu transparente, orbicu- laire et convexe ; spire élevée, légèrement aiguë , ayant quatre tours médiocrement convexes, également garnis de plis bien distincts , quoique petits et serrés ; le dernier tour un peu caréné. L'ombilic, étroit et à moitié recouvert par la lèvre de la coquille, est perforé jusqu'au sommet de la spire. Bouche presque ronde, lisse et sans dents. Epiderme velouté, opaque, brun : la carène du dernier tour se fait remarquer par une bande dont la partie supé- rieure est d'un brun foncé, et la partie inférieure beaucoup plus claire. L'intérieur de la bouclie est d'une couleur plombée , livide, avec une bande blanchâtre qui est la couleur du bord droit. Cette belle Hélice habite l'intérieur de l'île de Cuba. Elle m'a été envoyée par M. Poey, dont les connaissances en histoire naturelle nous promettent d'intéressantes dé- couvertes en conchyliologie. Il est parfaitement secondé Cl. V, Pt. 74. dans ses recherches par son ami, M. Lanier, que ses lia- vaux, comme ingénieur, mettent en position d'être très utile aux sciences naturelles. S. Petit. Mai i83C. Hélix Poeui , Petù innêdoutfu .«r Y.lténtotul u,;/- Cf-*&R* V, Vl. 76 et 7G. NOTICE sur les Mollusques du genre Parmacella de Cuvier , et description d'une nouvelle espèce de ce genre, Par MM. Webb et Vanbeneden. Nous ne connaissions véritablement que deux espèces du genre Parmacelle , fondé par l'illustre Cuvier. L'espèce type , P. Olwieri , a été dédiée à Olivier , qui l'a rapportée de la Mésopotamie ; l'autre fut trouvée à Alexandrie , en Egypte , par l'infatigable Rûppeli , et a été décrite par M. Ehrenberg dans ses Symbolœ physicœ , sous le nom de P. Alexandrina. Les espèces américaines , que nous avons examinées attentivement dans la riche collection de feu M. le baron de Férussac , nous ont offert des différences de conformation trop marquantes avec celles de l'ancien continent , pour continuer à faire partie d'un même genre, et nous sommes d'avis de les séparer des vraies Parma- celles , en les réunissant dans un groupe à part , auquel nous donnons , par analogie , le nom générique de Peltella. Cette division , fondée sur des différences organiques , a en outre l'avantage de fixer d'une manière tranchée la dis- tribution géographique des deux genres. Les Parmacelles semblent appartenir plus particulièrement à l'Afrique sep- tentrionale ; l'espèce dont nous nous occupons est la seule qu'on rencontre à l'extrémité occidentale de l'Europe , et dans une des régions les plus chaudes de la Péninsule ibé- rique. On peut donc présumer que quand les Limacinées du nord de l'Afrique seront mieux connues , le groupe au- quel elles appartiennent présentera une série d'espèces éga- lement conformées et remplaçant dans ces climats les Li- maces sans coquilles de nos pays tempérés. i83G. s Cl. Y, Pi, 7,f> et 7O. Parmacelle de Valenciennes. Parmacella Valenciennii, Webb et Vanbeneden, P. corpore tolo fulvo , rcticulatim rugoso y coucha scutcllo obvoluta , teitui , diaphana , fragilissima ; spirœ rudi- mcnto inslructa, basi molaria amditu sinuala. Nous avons donné à cette espèce le nom de notre savant ami M. Valenciennes , professeur administrateur du Jar- din du Roi , qui s'occupe avec zèle de classer et augmenter la collection de Mollusques de ce bel établissement , et dont les nombreux travaux zoologiques sont trop bien con- nus pour qu'ils aient besoin de nos éloges. La Parmacella Valenciennii a été trouvée par l'un de nous sur les collines de calcaire hippuritique d'Alcantara , derrière Lisbonne , sur la rive droite du Tage , depuis le grand aqueduc jus- qu'au palais d'Àjuda. Cette espèce est herbivore, et se nourrit principalement de jeunes pousses du joli Cochlearia acattlis, Desf. , qui fleurit sur les rochers d'alentour depuis le mois de février jusqu'au commencement d'avril. C'est à cette époque qu'a lieu l'accouplement des Parmacelles , et que nous avons pu observer dans leur entier développe- ment les organes de la reproduction de l'individu que nous représentons dans notre planche. Lorsque cette espèce est étalée , elle est à peu près de la grandeur de la Limace rouge d'Europe ; conserve e dans l'esprit de vin , elle a me- suré dix-sept lignes de long , six de large , et huit de haut. Quoiqu'elle soit plus ridée que la P. Olwieri , elle lui res- semble cependant beaucoup. De même que cette espèce, la nôtre a aussi trois sillons qui partent de dessous le man- teau, mais dont les deux latéraux ne suivent pas une ligne parallèle à celui du milieu. Après avoir descendu abrupte- Cl. Y, Vl. 76 et 7O. 3 nient vers le pied , ces sillons continuent horizontalement vers la tête ; celui du milieu est double comme chez la P. Olti'ieri ; arrivé au cou , il se subdivise en deux lignes qui descendent également; des deux côtés de la tète. La queue est à crête tranchante. La teinte générale de notre Parma- cclle est rougeatre , comme l'espèce d'Egypte ; la couleur de la P. Olivieri est inconnue. La coquille est oblongue- spatulée, marquée de stries par accroissement; elle est très mince et extrêmement fragile , olivâtre en dehors et perlée en dedans. Sa base est terminée par une demi-spire extrêmement lisse , de couleur verte claire. Sur un des côtés de la spire , entre elle et le bord de la lame de la co- quille , ou distingue une espèce de petit crochet élevé , au- quel correspond , sur le dos de l'animal , une protubé- rance de la peau ; cette protubérance , se trouvant saisie entre le crochet et le bord de la coquille , sert à fixer cette dernière à sa place ; de sorte que si on n'y fait pas atten- tion , on risque de la casser en voulant la relever. Cette circonstance n'existe pas dans la Cryptelle des Canaries , et nous ignorons si elle se retrouve dans les autres espèces du genre Varmacella. Un appendice de la peau entre aussi dans la demi-spire , dont elle prend la forme en la remplissant entièrement. Anatomie de la Pavmacella Valenciennii. Système nerveux. Ce système est très développé dans les Parmacelles, du moins sous le rapport du volume des nerfs. Il n'est point symétrique ; les organes de la généra- tion reçoivent plusieurs filets de leur côté qui manquent du côté gauche. Ce système consiste en un ruban subœsopha- gien qui constitue le cerveau , deux ganglions sousœsopha- giens juxta-posés , et les filets nerveux qui en partent. Sur le côté latéral droit on aperçoit comme un ganglion ner- veux, formé par la réunion des filets nerveux provenant des i Cl. V, Tr.. 75 et 7G. organes de la génération. On pourrait considérer ce renfle- ment comme l'analogue du ganglion viscéral des Aplysies. Le collier nerveux présente sous Y œsophage une disposition très curieuse. Les ganglions conslituent un second collier qui embrasse un muscle comme lé cerveau embrasse l'œso- phage ; de manière qu'il y a deux colliers nerveux dans ces animaux. On compte de chaque côté une douzaine de filets nerveux proportionnellement plus gros que dans les autres Limaces. Ils sont presque tous enveloppés d'un névrilèmc noirâtre chez les animaux conservés dans la liqueur. Un filet assez gros se rend de chaque côté au tentacule oculaire , et forme le nerf optique. Le grand nombre se rend sur toute l'étendue du pied , pour le pénétrer à des distances différentes , à la ca- vité buccale et sur le pourtour de la bouche. Du côté droit du corps naît un plus grand nombre de filets nerveux. Ils constituent à leur base le renflement dont nous venons de parler , et d'où partent les nerfs des organes de la géné- ration. Système musculaire. Il est disposé à peu près comme dans les Limaces proprement dites. Une enveloppe musculaire entoure les viscères de toute part, et prend un grand développement à la base de l'animal, pour constituer le pied. Outre cette enveloppe , la verge présente à son extrémité postérieure un muscle très fort, qui va s'attacher au bord antérieur et interne du bouclier ; deux autres muscles par- tent de la masse de la bouche , et vont se fixer sous la co - quille. Le commencement du tube digestif est aussi très musculaire. Différent muscles permettent des mouvements assez variés à la partie dite la langue et la mâchoire. Système digestif. Le canal intestinal est assez long ; il a à peu près le double de la longueur du corps. La bouche est transverse et d'une étendue médiocre. La mâchoire cornée, qui est implantée dans la voûte de la masse buccale , se montre souvent au dehors, et donne alors un bec à l'animal. Classe V, Pl. 70 et 7G. à Tout le bord de la bouche, en repos, est garni de sillons pro- fonds qui correspondent aux divisions de la surface exté J rieure de la peau. La cavité buccale est grande et très musculeuse. Outre la pièce cornée de la voûte , il existe dans cette même. cavité une autre pièce qui recouvre un organe musculaire , la prétendue langue , et qui lui sert de point d'appui. Cette seconde pièce , qui se compose d'une lame pliée au milieu sur elle-même , et, dont la moitié seulement est adhérente, présente des„dessins très réguliers qui pourraient contribuer un jour à déterminer avec certitude les espèces. Ces dessins ne se voient bien distinctement qu'à un certain grosssse- ment. Derrière cette lame cornée on aperçoit un cul-de-sac , dont les parois sont fortement musculaires , et qui n'est probablement pas sans importance pour l'animal dans la mastication des aliments. 11 se rend à cette cavité de la bouche un nombre consi- dérable de nerfs , ce qui est en rapport avec la disposition, musculaire. L'œsophage est très court, et à peine peut-on lui assigner une certaine étendue. Sitôt que le tube digestif a dépassé le collier nerveux , il se dilate pour former l'estomac. L'estomac est membraneux comme tout le reste du tube digestif. Il est très allongé , et ses parois sont aussi minces que ceux de tout le tube. Il est recouvert de glandes sali- v aires. L'intestin , dont on ne peut point déterminer avec préci-; sion le commencement , se dirige à droite de l'animal , perce les lobes du foie, dont il reçoit en différents endroits les ca- naux excréteurs , se replie sur lui-même , gagne le côté gauche , fait une anse , et vient longer le bord postérieur du sac pulmonaire, pour s'ouvrir au dehors par cette ouver- ture commune. Les glandes salivaires sont au nombre de deux et ne sont 6 Ci,. Y, 11. 75 et -}G. point réunies , comme on l'observe dans beaucoup de Mol- lusques de ce groupe. Chacune est composée de lobules qui s'appliquent exactement sur les parois de l'estomac , et imitent assez bien des feuilles de plantes. Le conduit excréteur particulier à chaque glande est assez mince à son origine. 11 se renfle , après avoir passé sous le collier nerveux , et se rend , à travers les parois su- périeures, dans la cavité de la bouche. Le foie est très volumineux, ce qui correspond avec l'ampleur du tube digestif, et la mâchoire sans dentelures. M. deBlainville a fait l'observation que les Mollusques fru- givores ont un foie plus volumineux que les autres. Tout s'accorde ainsi à considérer ces animaux comme unique- ment frugivores. Le foie est composé de plusieurs lobes qui se divisent en lobules , et qui se décomposent avec facilité. Ces lobules semblent , par leur disposition , enfilés au canal excréteur. Ce canal est très volumineux vers le milieu du foie. Il s'ouvre dans l'intestin à l'endroit où celui-ci se replie sur lui-même pour gagner le côté gauche du corps. La glande du bouclier ne présente rien de remarquable dans sa disposition. Système circulatoire. Le cœur est situé, comme dans tous les pulmonés, sur le côté gauche dans la cavité respiratoire; il a une forme ovale ; sa texture est consistante et grenue à l'extérieur; son intérieur est sillonné de fibres musculaires nombreuses; il s'ouvre dans l'oreillette par un orifice à deux lèvres arrondies , charnues , qui lui donnent l'aspect d'un museau de tanche. L'oreillette a la même étendue que le ventricule ; ses pa- rois sont minces , mais garnies d'un nombre non moins considérable de fibres musculaires. Elle reçoit le sang héma- tose par la veine principale qui vient du lacis branchial. Le péricarde enveloppe l'oreillette , le ventricule et le commencement de l'aorte. L'organe respiratoire occupe les voûtes du sac branchial. Cl. V, Pl. 75 el 76. 7 Il consiste , comme clans les autres pulmonés , en un lacis de vaisseaux inextricables. Système générateur. Les organes de la génération offrent des dispositions curieuses dans l'énorme développement et la complication des différents organes qui constituent cet appareil. Il serait difficile de déterminer avec certitude cha- cun des organes , parce que les anatomistes sont loin d'être d'accord sur leur nature , et nous serons obligés de nous tenir à l'énoncé des particularités en désignant chacun des organes d'après Ciwier et Carus , qui partagent la même opinion , contre Swammcrdam , lYeviranus , TVohnlich , Prévost , etc. , etc. Nous dirons d'abord un mot des organes qu'on pourrait appeler excitateurs , et qui sont proéminents au dehors pendant l'acte de la copulation. Le hasard nous a procuré le moyen de bien faire con- naître par une figure l'organe extérieur mâle et femelle. Les animaux qui ont servi à notre examen étaient jetés dans la liqueur à l'époque de leurs amours , et pour plu- sieurs pendant l'accouplement même. Quelques uns pré- sentaient ainsi tout cet organe saillant à l'extérieur ; nous l'avons fait figurer, ainsi qu'un appendice particulier qui se trouvait à la base de cet organe dans plusieurs individus (Fig- "1 . 9)- La verge a le quart de la longueur du corps ; elle est ir- régulièrement arrondie , dilatée vers son sommet , qui pré- sente un gros tubercule , et couverte dans sa moitié supé- rieure de granulations assez dures qui hérissent sa surface. L'ouverture du canal déférent se trouve vers le tiers de sa hauteur (Fig. III , 7.) La vulve, ou l'ouverture du vagin, se trouve à la base et en dessous de l'organe mâle (Fig. III , 6) ; elle est entourée en dessous d'un corps presque aussi long que la verge , qui se loge dans une poche particulière (Fig. III , t)). Cesingu- g Ct. V, Pl. 75 et -jti. lier organe présente des appendices foliacés sur presque toute sa longueur. Pendant le repos on n'aperçoit à l'extérieur qu'une seule ouverture, qui fait Vorifice du cul-de-sac où aboutissent les deux orifices dont nous venons de parler , ainsi que l'ou- verture propre de l'organe femelle. Passons maintenant à la description des organes internes, en commençant par ceux qui sont situés à l'extrémité pos- térieure. L'ovaire est, logé tout au fond du sac viscéral , entre les lobes du foie; il est recouvert presque immédiatement par la partie postérieure du manteau ; il n'est composé que de deux grappes séparées et d'une forme arrondie. Chaque grappe est constituée par une agglomération de granules noires qui lui donnent un aspect tout particulier. Ce noir contraste avec le jaune du foie , au milieu duquel il se trouve (Fig. H et III , 00). Il part de chaque grappe un canal qui se réunit bientôt avec celui du côté opposé pour former un premier oviducte. Celui-ci se rend, après quel- ques circonvolutions, vers la base du second oviducte ou de la matrice . et se termine par un canal tellement étroit , que le sealpel ne peut plus le suivre. Ce premier oviducte conserve la couleur noire de l'ovaire. Nous faisons conti- nuer cet oviducte dans le testicule , parce que, d'après cette détermination , il doit traverser seulement le testicule , ce que le scalpel ne peut cependant démontrer nettement. L'aspect du second oviducte est tout différent du précé- dent. Il présente, par ses nombreux replis et circonvolutions, une disposition semblable à celle des intestins dans les ani- maux supérieurs; ses parois sont très épaisses et d'une con- sistance assez molle; il se rétrécit à son extrémité supérieure après s'être replié sur lui-même , et va s'ouvrir dans le cul- de-sac décrit plus haut. Tout près de sa terminaison , le second oviducte pré- sente sur son trajet des cavités ou bourses particulières Cx. V, Pi. 75 et 76. 9 dont l'usage est encore entièrement inconnu. Le premier de ces renflements affecte la forme d'une poire et présente des parois très épaisses. Son intérieur est garni de lamelles lon- gitudinales qui tapissent toute sa surface. Dans un individu nous avons trouvé un œuf contenu dans cette poche. Il ne s'en trouvait pas d'autres dans les organes voisins. L'œuf remplissait exactement cette cavité (Voy. fig. III, 3). A l'extrémité de cet organe aboutit une bourse volumi- neuse ; c'est la bourse dite du pourpre , et que Délie Chiaie considère comme testicule. Elle a des parois très minces et délicates ; on aperçoit dans son intérieur un tissu particulier qu'on enlève facilement par le lavage. Il se trouve dans ce même organe un stylet cartilagineux (quelquefois au nombre de deux ) et qui est tourné en spirale sur lui-même. Cette pièce pourrait être comparée au cristallin de Y Hélix pomatia; mais il se trouve d'abord dans un autre organe , et sa lon- gueur et sa forme ne permettent point d'y trouver une très grande analogie. L'usage de ce singulier organe, placé dans une bourse dont l'usage est également inconnu dans les autres Mollusques , est un sujet curieux de méditation pour le physiologiste. L'extrémité postérieure de cette pièce est presque droite ; vers le milieu elle se contourne sur elle-même , s'amincit insensiblement , et se termine vers l'ouverture des organes de la génération. Dans sa plus grande épaisseur , cet organe est régulièrement bosselé; le bout antérieur est terminé par un petit bourrelet percé au milieu. Cette poche paraît contenir des corps bien différents , se- lon les genres et les espèces. Nous avons trouvé chez Y Hé- lix Algira des zoospermes dans cette bourse , qui nous semblaient différents de ceux contenus dans le premier oviducte du même animal. Chez le plus grand nombre on ne trouve dans son intérieur qu'une masse pulpeuse rou- geâlre. La première idée qui se présente pour se rendre compte io Cl. V, Pi.. ;5 et 7O. de ce corps dans cette bourse, c'est qu'il serait introduit par l'acte de l'accouplement , et qu'il ne se trouve là que dans un organe emprunté; mais, dans cette supposition , il faudrait au moins trouver sa place véritable dans d'au- tres individus, place que nous avons cherchée en vain dans les autres organes. D'ailleurs la délicatesse et la longueur de ce corps rendent difficile l'introduction dans toute son intégrité. C'est donc tout simplement un fait à noter dans l'histoire des Mollusques pulmonés , et qui ne recevra son explica- tion que quand on aura parcouru avec plus de soin cet appareil dans le plus grand nombre d'espèces. Plus près de l'ouverture extérieure vient se placer un autre organe sur le trajet de l'oviducte , dont l'usage n'est pas plus facile à deviner. C'est aussi un cul-de-sac à forme globuleuse , et dont les parois sont très épaisses ; l'intérieur en est tapissé par de nombreuses papilles serrées , et qui s'étendent même dans le vagin. La place et les rapports de ces papilles nous portent à les rapprocher de celles qui se montrent sur la poche dite du dard dans Y Hélix Algira , et par conséquent aux vésicules multificles du plus grand nombre d'hélices à forme globuleuse. Ces papilles se trouve- raient , dans ce cas , placées dans l'intérieur du sac , tandis que dans les autres elles se présentent à l'extérieur sous des formes différentes. La forme de sa cavité , sa surface ru- gueuse par suite des papilles , la position et la distance de l'ouverture extérieure , nous portent à croire que ce cul- de-sac loge l'extrémité de la verge , et que le sperme se ré- pand par cette disposition soit dans la matrice , soit dans l'oviducte. A côté de l'endroit où l'oviducte s'ouvre dans le cloaque, on aperçoit une ouverture qui conduit à un dernier cul-de- sac , et qui loge l'appendice appartenant à l'organe de la génération femelle dont nous avons parlé plus haut. L'organe de la génération maie présente une complica- Cl. V, Tl. 7 5 et 7G. 11 lion non moins grande que celui de la femelle. On aper- çoit d'abord , à l'extrémité du second oviducte ou vers le milieu du corps, une masse glandulaire d'un aspect fuligi- neux ; c'est le testicule. Il n'est pas plus facile de démontrer par le scalpel l'origine du canal déférent que la terminaison du premier oviducte. Il est accolé contre le second oviducte , et se montre , dans son commencement , sous la forme d'un ruban glandulaire. Il est de longueur moyenne; à l'en- droit où il se détache du second oviducte, il se replie sur lui-même et il va se terminer à l'extrémité de la verge , à côté de l'insertion du grand muscle rétracteur. La verge est disposée à peu près comme dans les autres Limaces; elle est repliée sur elle-même vers le milieu de sa longueur; ses parois sont très solides. EXPLICATION DES FIGURES DES PLANCHES 75 et 76. Fig. I. Elle représente l'animal vu du côte droit et montrant la verge saillant au dehors. — a, la \erge de grandeur naturelle. Fig. II. Le même animal ouvert du côté du dos, dans toute sa longueur, le bouclier porte' sur le côté gauche. Les différents organes sont un peu séparés , en conservant toutefois à peu prèsleurs rapports. La figure est presque du double , ainsi que toutes les autres parties, excepté la coquille. — «,1e cerveau. — b, nerf optique. — c y nerf qui se rend à l'ouverture du sac pulmonaire. — d, nerfs qui se rendent aux muscles et à la peau qui entourent la bouche. — e, tentacule oculaire ou su- périeur. — f, la cavité buccale. — g , oesophage. — h , h , estomac. — i , i, i , intestins. — k , extrémité des conduits salivaires se jetant dans la cavité buccale. — /, conduit salivaire. — m, m, glande salivaire. — n, n , n , n, le foie. — 0,0, les ovaires. — p, p, p, se- cond oviducte. — <7, la matrice? ouverte en partie. — r, poche du pourpre ouverte pour montrer le sty- let. — s , stylet? — t, testicule. — u, canal déférent. v, commencement de la verge. — w , la verge. — I« Cl. V, Pi.. ;5 et }0. x, muscle rétracteur de la verge. ' — y, le bouclier. — a, la peau rejetée en dehors. Fig. III. Les organes de la gëne'ration mâle et femelle entièrement détachés. Les mêmes lettres indiquent les mêmes organes; ceux que nous n'avons pas vus dans la figure pre'ce'dente , nous les désignerons par des numéros. i. Premier oviducte. — a. Corps qui recouvre le testi- cule en partie. — 3. OEuf contenu dans la matrice, qui est ouverte. — 4. Cul-de-sac que nous supposons re- cevoir l'extrémité arrondie de la verge. — 5. Vagin. — 6. ouverture femelle. — 7. Ouverture mâle. — 8. Corps de l'organe (clitoris?) — 9. Appendice foliacé du même. Fig. IV. La verge détachée, vue à sa face inférieure. — a, tu- bercule arrondi. — b, ouverture mâle. — c, ouver- ture femelle. Fig. V. Le stylet. — a, ext remit é libre. — b , Vuuirc extrémité logée dans le fond de la vessie. Fig. VI. Mâchoire ou dent supérieure. Fig. VII. La coquille vue en dedans. Fig. VIII. La coquille vue en dessus et en dehors. Paris, juin i836. VIII VI Parmacellà Valencienrui/. Wibt <■/ Vfaéentdm \ .Rtmond* V. ' 76. Parmaeella Valent tenriU Webi et Ktn&eneden \./!cmon,t „„„. Classi: V , Pl . .77. 1 NOTE sur deux espèces nouvelles cTAplysies , Par MM. Vanbeneden et Robb, D.-M. Les deux espèces que nous décrivons dans la présente notice proviennent de la Méditerranée ; elles ont été re- cueillies par nous dans les parages de Nice, au milieu des débris que les pêcheurs rejettent de leurs filets; elles por- tent , ainsi que les autres espèces de petites Aplysies, le nom de Limaces de mer : ces espèces nous ont paru inédites. En effet , les ouvrages que nous avons consultés n'en donnent point la description , et elles ne sont point non plus dans la Monographie de M. Rang , qui est le travail le plus com- plet que nous possédions sur ces animaux. 1. A. de Brugnatelli. J, Brugnatellii. Vanb. et Robb (fig. 1 et 2). Colore aurantiaco : alis parum elongatis ; tentaculis poste- rioribas colore prwatis , ore membranis duabus accessoriis lateralibus munit 0. Testa ovata, tenuissima, Jragili, pellu- cida, striis concentricis ele ganter notata. Rostro dextrum inclinato et in uncinam parvulam abeunte. Longueur, 35 millim.; largeur de la coq. , 12 millim. Le corps est allongé , élargi , bombé au milieu et rétréci à ses deux extrémités ; la portion du pied , derrière l'oper- cule, est fortement déprimée et arrondie ; la peau est d'une teinte pâle , parsemée de taches orangées d'une forme irrégulière, et au premier abord l'animal paraît entière- ment de cette dernière couleur ; le pied est incolore etdia- ï Ct. V, Pt. 77. phane; on aperçoit distinctement , sous cette partie, les viscères qui paraissent d'un beau bleu. Les appendices natatoires sont peu prononcés, les bords en sont assez distants pour laisser apercevoir la moitié de l'opercule; en jetant l'appendice droit sur le côté, on voit les branchies qui s'attachent , par leur base , vers l'ongle de la coquille : le siphon manque complètement. La coquille est mince et transparente , ses stries d'ac- croissement sont peu régulières , mais nettement dessinées; elle n'est point renfermée dans le sac operculaire et ne semble attachée que par l'extrémité du rostre et par une portion de sa membrane formatrice qui se prolonge au delà des bords de la partie calcaire proprement dite. Du côté droit , et - en dessous de la coquille , se trouve la glande qui sécrète la matière pourpre ; tout ce bord du manteau est teint de cette couleur; au dessous de la spire et en ar- rière &e trouve l'anus. Vers la commissure des appendices natatoires on aperçoit la vulve ; le sillon qui conduit à la verge est légèrement si- nueux et approche de la ligne médiane ; il va se terminer à la base du tentacule supérieur, où se trouve l'organe excitateur. Quatre tentacules couronnent le front comme à l'ordi- naire et sont tous fendus longitudinalement jusqu'à la base; leur bord libre regarde en arrière, et ils sont tronqués à leur sommet ; les antérieurs, plus longs que les postérieurs, sont parsemés des mêmes taches qui recouvrent le corps; les postérieurs , au contraire , sont blancs. A la base de ces derniers et un peu en avant, se trouvent les yeux ; ce sont de petits points noirs , au milieu desquels on distingue un point blanc ; on aperçoit un peu en arrière, et sur la même ligne , une autre tache noire plus petite. La bouche est placée entre le bord antérieur du pied et les tentacules; elle est verticale; la peau qui l'entoure se prolonge en deux appendices , que l'on pourrait prendre, au Cl. V, Pl. 77. 3 premier aspect , pour une paire de tentacules : ces appen- dices semblent mériter de fixer l'attention des zoologistes. Les auteurs n'en font pas mention dans les espèces qu'ils ont décrites ; nous pensons que ces appendices pourraient servir pour une subdivision dans le genre. L'espèce dont VAplysia Brugnatellii se rapproche le plus est VA, Ferussacii ( Rang ) : on peut l'en distinguer i°par sa plus grande convexité ; 20 par sa queue , qui n'est point rétrécie; 3° par sa couleur parsemée de points orangés , au lieu d'être tachetée de noir. Cette espèce se trouve à Nice , où nous l'avons observée pendant le mois de septembre. 2. A. de Webb. A, Webbii de Vanb. et Robh (fig. 3). Corpore limaciformi , viresccnte, maculis nigris flavisquc ornato ; alis pallii parvis et partes testœ médias minime veslicntibus ; siphone fcre nullo. Marginibus pcdis ante- rius dilatât is ; ore membranis accès soriis munito. Testa ovata elongata compressa , striis linearibus sculpta inci- sura ad dextram sinuata , ros troque bidentato. Longueur, 25 millim.: largeur de la coq. , i5 millim. Le corps de cette espèce est ovale , plus élargi antérieu- rement , bombé au milieu ; sa couleur est verte , parsemée de points noirs et jaunes; son pied est couvert de petites stries blanchâtres ; son bord est assez développé et légère- ment ondulé ; les ailes du manteau sont courtes , ne recou- vrant la coquille qu'à moitié , ce qui laisse l'opercule à nu : le siphon manque presque entièrement, à cause de la briè- veté des ailes. Les branchies se trouvent immédiatement sous l'oper- cule ; on les aperçoit en soulevant le bord droit du man- teau ; la coquille est allongée , à stries fines et peu appa- rentes ; elle est en contact avec les ailes du manteau , à cause de l'absence de la membrane operculaire ; elle n'est 4 Ci. V, Pl. 77. que légèrement adhérente par le crochet, et sa membrane semble s'adapter aux parois d'une sorte de feuillute; tout le pourtour est coloré par la glande au pourpre qui est située en dessous de la coquille : l'anus se trouve sous l'an- gle postérieur de la coquille. On voit la vulve vers la réunion des bords antérieurs des ailes ; elle est légèrement proéminente en dehors ; le sillon qui conduit à l'organe excitateur est très apparent. Les quatre tentacules sont tous fendus postérieurement et coupés nettement à leur sommet; les antérieurs sont colorés comme le reste du corps : les postérieurs sont d'un blanc cendré. On distingue, à la base de ces derniers, deux points noirs qui sont les organes de la vision ; derrière eux se voit une petite tache noire à peu près semblable ; il n'en est pas fait mention dans les espèces des auteurs. La bouche est verticale et placée au milieu de deux prolongements de la peau du pied. Cette espèce diffère essentiellement de VA. Brugnatcllii, i° par la taille ; 2° par sa couleur ; 3° par son élargissement antérieur; 4° Par la forme plus allongée de la coquille; 5° par les rudiments d'un siphon qui commencent à se mon- trer. Les rapports de VA. TVebbii avec VA. Ferussacii , dont la patrie est inconnue , sont assez nombreux ; mais celle-ci s'en distingue i° par la présence des appendices buccaux et 2° par la couleur blanche des tentacules postérieurs. Les caractères zoologiques de notre espèce rappellent assez bien ceux de VA. Limacina (Blainv.) ; mais cette der- nière, n'ayant point une coquille , s'en éloigne tout d'abord. L'Aplfsia TVebbii se trouve parmi les algues du rivage de Nice. km . 3. b 1.2 Àplysia Bru&naùdlà 7, ma r /\oi>/> e/ Itm/'p/H'df// /)',//>// ,'/ ïàstSeneden 'mr//u/ ma /.,-/•■ / Jc^âe^ui ,y^h^t^£^ Cù&±ir. (p/cu~.U&/ fS l /ûû. /Wf Pt. 78. I DESCRIPTION de deux espèces d'ANODONTES fossiles , précédée de quelques détails sur le terrain dans lequel elles se trouvent , Par M. Charles d'ORBIGNY. Avant de décrire ces Anodontes , il me «emble convena- ble d'indiquer sommairement la nature et la position géo- logique des intéressantes couches qui leur servent de gise- ment; or, je ne crois pouvoir mieux le faire qu'en insérant ici la lettre suivante que j'ai adressée à l'Acadé- mie des sciences, pour sa séance du 29 août i836. La constitution des terrains des environs de Paris a fixé depuis longtemps, et à juste titre, l'attention des savants. Tout le monde connaît les beaux travaux de MM. Cuvier et Brongniart , sur la, géologie du bassin parisien; il se fait chaque année , sur ces terrains classiques pour les géolo- gues , des découvertes plus ou moins importantes ; et aux observations déjà si nombreuses qu'on y a recueillies, je puis joindre aujourd'hui, en le soumettant à l'Académie , trois séries d'observations nouvelles , que vient de me four- nir la partie inférieure de ces terrains. La première série concerne la découverte de l'existence d'un étage de calcaire marin particulier au dessous du ter- rain tertiaire , entre ce système et la formation crayeuse qui lui sert de point d'appui. La seconde est relative à la découverte d'un certain nombre d'ossements fossiles nou- veaux dans l'étage nommé Argile plastique , et de quelques caractères propres à ce terrain. Les diverses observations qui forment l'objet, de cette note, ayant toutes été faites dans la colline du Bas-Meudon, je rappellerai que cette colline est composée, en allant du bas en haut, i° de craie blanche exploitée, dans laquelle j'ai recueilli un fragment de poisson, une Cérite et une Tortue marine ayant environ quinze pouces de long ; 20 de craie a Cl. V, Pl. 78. endurcie jaunâtre , perforée de longues tubulures et dans laquelle j'ai trouvé dix espèces de fossiles qui n'y avaient point encore été indiquées : telle , par exemple, YHammites rotunda (Sow) ; 3° d'un système nouveau de calcaire marin que je vais décrire ; 4° d'une assise également nouvelle dé- pendant de l'argile plastique ; 5° enfin de la formation du calcaire grossier. ire série. — Nouveau calcaire marin. MM. Elie de Beaumont et d'Archiac ont, les premiers, signalé tout récemment, à la Société géologique de France, l'existence d'un étage de calcaire marin entre l'argile plas- tique et la craie de Meudon ; mais une étude minutieuse de ce terrain m'a permis d'ajouter des détails très nombreux aux communications faites par ces géologues, et d'y donner de l'extension par l'observation de divers faits nouveaux. L'étage dont il s'agit a près de deux mètres de puissance et repose immédiatement sur la craie à Hammites , déjà ci- tée. Il consiste en deux couches de calcaire grossier , blan- châtre ou jaunâtre , le plus souvent peu agrégé , agglu- tinant quelquefois de nombreux débris de polypiers , de radiaires, etc. , et semble caractérisé notamment par la présence, sur certains points, de nombreux grains piso- lithiques. Il contient, en outre, quantité de coquilles fossiles généralement mal conservées et difficilement déterminables ; néanmoins , parmi celles que j'y ai recueillies , M. Deshayes a pu reconnaître plus de trente espèces qui toutes sont ter- tiaires ; ce qui me fait penser ( et cette opinion est partagée par MM. Cordier et Deshayes ) que ces nouvelles couches forment un dépôt parfaitement distinct , n'appartenant pas à la craie, comme le croit M. Elie de Beaumont, mais bien au terrain palaeothérien ou tertiaire. Le caractère pisolithique du nouveau calcaire de Meudon se trouve aux environs de Paris , dans diverses autres cou- ches de calcaire analogue , savoir : i° A Bougival, au Port de Marly et à Vigny, points que Cl. V, Pl. 78. g M. Elie de Beaumont a déjà signales en les comparant à la craie de Maestricht. 2°. A Laversine, près Beauvais, où l'on voit un petit lam- beau de calcaire coquillier , placé €n stratification discor- dante sur la craie, et dont la Société géologique s'est occupée avec beaucoup d'intérêt lors des séances extraor- dinaires qu'elle a tenues en 1 83o , dans le département de l'Oise. Ce dépôt étant isolé et n'étant recouvert d'aucun ter- rain , il ne fut pas possible alors d'en déterminer l'âge véritable ; mais, après avoir comparé plusieurs échantillons de ce lambeau avec le nouveau calcaire de Meudon , j'ai reconnu que la texture de ces deux roches , comme les espèces de fossiles qu'elles renferment, en établissent la parfaite analogie. Enfin , dans une suite de roches donnée à M. Cordier , il y a douze à quinze ans , par M. Becquerel , et provenant d'un puits creusé à Auteuil , j'ai vu un échantillon de cal- caire à grains pisolithiques , recueilli également entre la craie et l'argile plastique. Cet échantillon de calcaire, abso- lument semblable à celui qui vient d'être reconnu à Meu- don , avait été considéré comme une anomalie à laquelle on n'avait attaché aucune importance. Ces divers exemples suffisent pour montrer qu'une ou plusieurs couches de calcaire marin , d'une épaisseur nota- ble, existent très probablement sous toute la formation d'ar- gile plastique du bassin des environs de Paris , ce qui prouve qu'après la dénudation de la craie , les terrains de ce bas- sin ont commencé par un étage entièrement marin , et non par un étage formé par l'eau douce, ainsi qu'on l'avait con- stamment admis jusqu'à présent. Comme il devient nécessaire de donner une dénomina- tion particulière à ce terrain , je propose de lui assigner le nom de Calcaire pisolithique. zf sbrib. — Ossements fossiles de Mammifères et Anodoutes dans l'argile plastique. Caractères nouveaux de cette formation. Une tranchée ouverte depuis peu au bas Meudon , au 4 Cl. V, Pl. 78. lieu dillesMontalets, et notamment une ouverture faite sur le même point au toit de l'une des galeries de la crayère tle M. Langlois, permettent d'observer, immédiatement au dessus du calcaire pisolitliique, plusieurs couches fort inté- ressantes dont personne n'a encore fait mention jusqu'ici. Le premier banc que l'on y voit , en allant toujours de bas en haut, se compose d'argile plastique et de marne feuilletée, enveloppant ordinairement de nombreux ro- gnons ou fragments de craie, et de calcaire pisolitliique, arrachés aux terrains inférieurs, et qui donnent lieu à un véritable conglomérat. A la base de cette couche sont des rognons quelquefois plus gros que la tête , composés de calcaire pisolitliique endurci avec miliolithes et quelques nodules de strontiane sulfatée fibreuse. Ce banc est d'une assez grande étendue , mais l'épaisseur en est rarement de plus de cinquante centimètres. J'y ai trouvé différents corps organisés que j'ai groupés ici suivant un point de vue se rattachant à la théorie des affluents, due à M. Constant Prévost, et à l'aide de laquelle il a expliqué si clairement l'origine d'autres dépôts du bassin parisien. i°. Radiaireset coquilles marines provenant do la craie et arrachés au terrain crayeux préexistant , par les cauxfluvia- iiles qui couraient à sa surface : {Ananchites ovata ; Ca- lillus Cui>ieri,Ostreavesioularis, et Belemnitcs mucronatus.) 2°. Coquilles d'eau douce contemporaines du conglomérat : {Planorbis , Cyclas , Paludina lent a et Jnodonta.) Ce der- nier fossile m'a donné lieu de former deux nouvelles es- pèces que j'ai dessinées et décrites à la fin de cette note, sous les noms à! Jnodonta Cordicrii , pl. 78, f. 1-2, et d'^. nodonta antiqua, pl. 78, f. 3-/\. 3°. Os de poissons indéterminables. 4°. Reptiles ayant sans doute vécu dans les eaux douces qui ont formé le conglomérat : — - (Os de tortues d'eau douce ( Trionyx et Emys) ; plusieurs dents de Crocodile et d'un genre de grand saurien , très voisin du Mosasaurus ou Jfcïonitor, de la craie de Maastricht ) ; j'y ai aussi trouvé un Cl. V, Pr.. 78. & coprolite renfermant de petits fragments de poissons et appartenant probablement à l'un des reptiles cités. 5°. Mammifères terrestres entraînés par le cours d'eau jluviatilc. Cette dernière collection d'os , sur laquelle je me per- mets d'appeler plus particulièrement l'attention de l'Acadé-^ mie , consiste surtout en dents assez nombreuses , dont je dois la détermination à l'obligeance de MM. de Blainville et Laurillard. Plusieurs de ces dents appartiennent à des mammifères carnassiers (genres Civette , Loutre, Renard), les autres à des mammifères pachydermes , savoir à une grande espèce iï Anthracotherium , à une petite espèce du même genre , et à des Lophiodons. La présence de ces nombreux os de mammifères , au dessous de l'argile plastique , me paraît avoir un grand intérêt; car elle démontre , d'une manière positive , que ces animaux ont vécu à une époque beaucoup plus ancienne qu'on ne le supposait généralement. En effet, les seuls restes de mammifères trouvés dans les couches inférieures du terrain parisien étaient une mâchoire de Lophiodon , découverte par M. Eugène Robert dans le calcaire grossier de Nanterre ; et deux fragments d'os vraisemblablement aussi de Lophiodon , que Cuvier a cités comme ayant été retirés du lignite du Laonnais, dont l'âge est encore incertain. Ces derniers faits avaient déjà modifié l'opinion que Cuvier s'était formée relativement à la profondeur à la- quelle les débris de mammifères pouvaient être trouvés dans les terrains des environs de Paris , et qu'il présumait ne descendre jamais au dessous du gypse. Maintenant, d'a- près ce que je viens d'exposer , il faudra reconnaître que ces animaux vivaient dès l'époque où ont commencé à se dépo- ser les premières couches de l'argile plastique qui supporte toute la série des terrains parisiens. Or , ce fait , relatif à l'ancienneté des mammifères , une fois admis et bien constaté , il ne paraîtra plus aussi difficile d'admettre également quelques cas exceptionnels sur les- 6 Cl. V, Pl. 78. quels les géologues ont beaucoup discuté , et qui tendent à reculer encore bien davantage l'existence de ces animaux : l'un est relatif aux débris de Didelphis Bucklandi , signalés dans le calcaire oolithique de Stonesfield (Oxforshire), et dont le gisement, en apparence si anormal, a donné lieu à de longues incertitudes qui commencent à ne plus exister. Un second fait est celui des empreintes de pas d'animaux observées récemment dans le grès bigarré de Hildburghau- sen , en Saxe, et que plusieurs naturalistes attribuent à des pas de mammifères ou de reptiles, tandis que d'au- tres , au contraire , n'y voient que des empreintes végé- tales. Enfin , le troisième et le plus important a rapport aux os de pachydermes, que M. le professeur Hugi a trou- vés depuis peu dans le calcaire Portlandicn de Soleure ( en Suisse j. De ces différentes observations , rapprochées de celle que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie , ne peut-on pas conclure que non seulement les mammifères existaient dans le commencement de la période tertiaire , mais même antérieurement, et que des recherches ultérieures en feront découvrir un bien plus grand nombre? Avant de terminer cette notice , il me reste à faire remar- quer qu'entre le banc de conglomérat et le puissant dépôt d'argile plastique qui le recouvre , sont placées des couches successives de marnes avec gypse lenticulaire, grès ferrugi- neux , pyrite , empreintes végétales , etc. , et un lit d'en- viron quarante centimètres de lignite véritable renfermant les paludines et les anodontes déjà citées. En sorte que dans une coupe théorique des terrains parisiens , l'argile plasti- que proprement dite devra maintenant être placée entie deux assises de fausses glaises , contenant l'une et l'autre des lignites , des sables et des corps organisés. En résumé , il faut reconnaître i° que, l'argile plastique des environs de Paris est incontestablement séparée de la craie par un étage distinct qui pourra désormais porter le nom -de calcaire pisolithique , et qui, ne renfermant que des Cl. V, Fl. 78. 7 coquilles tertiaires , paraît se rapporter d'une manière évi- dente à la période palaeothérienne (ou tertiaire) et non à la formation crayeuse ; i° qu'il existe, dans la partie infé- rieure de l'étage de l'argile plastique , des caractères nou- veaux démontrant surtout que divers genres de mammi- fères vivaient à l'époque où cet étage s'est formé , et que ces mammifères différaient notablement de ceux qui figurent dans toutes les parties supérieures du terrain des environs de Paris. A. de Cordier. A, Cordieriù Ch. d'Orbigny. Coquille allongée , renflée , presque droite , marquée de légères lignes d'accroissement ; partie antérieure très courte, toujours arrondie, n'ayant que près d'un sixième delà lon- gueur totale ; partie postérieure très allongée , subangu- leuse et légèrement élargie; natices saillantes; bord su- périeur presque droit; bord inférieur sinueux, jamais arrondi. Longueur totale des plus grands individus : 90 milli- mètres. Largeur, 3o millimètres. — Fig. 1 et 2. J'ai remarqué que cette espèce , comme presque toutes les Anodontes qui habitent aujourd'hui les eaux douces, est variable dans ses dimensions, comme dans ses formes. Certains individus montrent une sinuosité inférieure plus ou moins profonde , et la partie postérieure est également plus ou moins anguleuse , élargie ou arrondie; mais néan- moins il est impossible de la confondre avec YAnodonta antiqua, Nob. , dont la description suit, et que l'on ren- contre dans le même terrain , celle-ci étant toujours beau- coup plus large et comprimée. L'Anodonte de Cordier n'a pas non plus de rapport avec nos espèces actuellement vi- vantes en Europe , et je dois même dire que l'on ne trouve des formes analogues que parmi certaines espèces de l'Amé- rique méridionale ; c'est principalement de YAnodonta soie- ntfor mis , d'Orb. , qu'on pourrait la rapprocher si celle-ci n'était plus comprimée et beaucoup plus sinueuse. . 8 Cl. V, Pl. 78. Y! Anodonta Cordierii se trouve en si grande abondance dans certaines parties du conglomérat de Meudon , qu'elle y forme quelquefois près du quart de] la masse. A. antique. A. Antiqua. Ch. d'Orbigny. Coquille ovale , comprimée , presque lisse ; partie anté- rieure courte , arrondie , occupant toujours plus d'un quart de la longueur totale; partie postérieure fortement élar- gie anguleuse ; bord supérieur droit; bord inférieur ar- rondi, jamais sinueux; natices peu saillantes. Longueur totale, 5o millimètres ; largeur, ?. 2 millimètres, — Fig. 3 et 4 • Cette espèce est peu variable dans ses formes ; on la dis- tingue au premier aperçu de XAnodonta Cordierii, Nob., par sa bien plus grande largeur , et par la non-sinuosité de son bord inférieur. Je n'ai retrouvé aucune forme analogue à celle de cette espèce parmi les Anodontes d'Europe , et c'est encore avec celles de l'Amérique méridionale que j'ai reconnu quel- que analogie, sans que néanmoins on puisse les confondre ; c'est surtout des nombreuses variétés de Y Anodonta lato- marginal a , Lea. , qu'elle se rapproche. Il est remarquable que les deux seules espèces vivantes qui aient des rapports avec nos espèces fossiles soient des affluents de la Plata ( frontière du Paraguay ). L' Anodonta antiqua se trouve en très petit nombre, dissé- minée dans les couches de conglomérat et de lignite infé- rieures à l'argile plastique de Meudon. 78 Apodonta 1.2 A œrdiâtu . Z.^.A.anàçua Ck.d'&rbym/ /J 'or/>ninv // l Hr'„„„ul „„„. Classe V, Pi.. 79. 1 DESCRIPTION ■ de trois nouvelles espèces de Paludikes fossiles, Par M. Charles d'ORBIGNY. Paludine a varices. Paludina varicosa. Nob. Coquille composée de cinq à six tours de spire convexes, arrondis, et séparés par de profondes sutures ; les trois tours de spire qui terminent la coquille, et surtout les deux der- niers, sont ordinairement coupés par trois rangées de varices qui se dirigent vers le sommet. Le plus souvent, ces varices sont longitudinales , comme dans les Murex ; mais parfois elles sont irrégulières , rares , et presque solitaires sur chaque tour de spire , comme dans les Tritons ; ouverture ovale , obronde; bords tranchants. Cette coquille, qui est très re- marquable , en ce qu'on ne connaissait point encore de Pa- ludines avec varices , a environ trois millimètres de lon- gueur. Gisement : Cette espèce, ainsi que les deux suivantes, ap- partiennent à la formation du calcaire siliceux , mise à dé- couvert par la tranchée faite dans la plaine de Monceaux , à l'effet d'y établir le chemin de fer qui doit aller de Paris à Saint-Germain. La couche dans laquelle j'ai trouvé en grande abondance la Paludina varicosa est composée de calcaire marneux, blanc, friable, qui contient, en outre, les fossiles d'eau douce dont les noms suivent : Lymnœa lon- giscata} Planorbis rolundatus , Planorbis lens , Planorbis inversas , Cyclostoma murnia , Paludina pyramidalis et cy- clostomœformis, et Chara medicaginula. P. cyclostomiforme. P. cjclostomœformis, Nob. Coquille ovale, subglobuleuse, ayant quatre tours despire arrondis, convexes, et séparés par une suture assez profonde -, 1837. 22 * • Ct. V, Pl. 79. Sommet pointu, et présentant quelquefois deux ou trois pe- tites varices ; stries transverses très fines ; ouverture presque ronde ; péristome simple et mince : longueur, trois à quatre millimètres. Gisement : Cette coquille, qui est très rare, se trouve dans la même couche que la P. varicosa. Je n'ai pu en re- cueillir que deux individus. P. allongée. P. elongata. Nob. Spire conique très allongée , à sommet légèrement obtus, présentant sept à neuf tours très convexes , arrondis, lisses, et très rapprochés les uns des autres, quoique bien séparés par une suture profonde ; ouverture ovale obronde ; bord mince et tranchant, légèrement sinueux à la partie supé- rieure : longueur, quatre à cinq millimètres. Cette espèce a quelque rapport avec la P. pusilla ; mais elle est beaucoup plus grande, moins cylindracée et à tours plus nombreux. Gisement : La P. elongata est répandue en assez grand nombre dans diverses couches de marne , où elle est associée à des Cyclostoma mumia et à des os de Palœotherium et à'A- noplotkerium, ce qui est très remarquable ; car jusqu'ici on ne connaissait point l'existence de restes de mammifères dans la formation des calcaires siliceux (ou partie inférieure du terrain d'eau douce moyen). . V. 79- pfr Paludina . i 2 . 5 . P. varwosa \ ± ..) P. Çl/ûlostomœformzS \ Ch- J'Orbigny 6 y .V . clonça/a J A Jttnumd imp. Classe V, Pr. 80. HÉLICE. Hélix. Linné. H. némor aline. H. nemoralina. Petit. (Collection Petit de la Saussaye.) Testa orbiculato-depressa , imperforata, subdiaphana, al- bido-rosea, tenuissime striata ; spira obtusa , ultimo an- fractu fascia fusca cincto ; labro simplici, margine intus roseo ; basi latiore depresso , intus acuto. Hauteur, 7 millim.; largeur, 12 millim. Cette jolie coquille ressemble , au premier aspect, à une petite Hélix nemoralis (variété rose à bande brune) ; c'est ce qui m'a déterminé à lui donner le nom de Nemoralina. Néanmoins celle-ci est constamment beaucoup plus petite : elle est comparativement très déprimée, et sa spire a un tour de moins que la Nemoralis. La bande brune de l'espèce nouvelle est placée au tiers supérieur du dernier tour , et remonte le long de la suture des précédents. Le dernier tour est déprimé en dessous , peu convexe. L'ouverture est oblique , semi-lunaire , plus large que haute : son bord épaissi est d'un rose uniforme ; il est légèrement renversé en dehors. A la base il s'aplatit , remonte perpendiculairement dans l'intérieur, et présente de ce côté un bord tranchant. Il n'y a point d'ombilic ni de callosité ombilicale. La surface de la coquille est lisse , brillante , et l'on y voit , à l'aide d'une loupe , des stries d'accroissement nombreuses, mais irrégulières. I Ci.. V, Pi.. 80. h' Hélix neinoralina habite les hauteurs de l'île Saint- Thomas (Antilles), à une élévation d'environ i ,4oo pieds au dessus du niveau de la mer : je la dois à l'obligeance de MM, Lopez du Bec , négociants de cette colonie. J. Petit, Novembre i83tî. V Sa, ^BP (Q ] 1 e ] ] x Twnioralùha/, Peut Classe V, Pl. 81 à 85. DESCRIPTION de quelques espèces nouvelles de Coquilles fossiles , de la Champagne , Par M. MICHAUD. i. Hélix lune, Hélix lima, Michaud (pl. 81, %. i, 2, 3). H. testa fossilif parva, orbiculato-comprcssa, umbilicata, acutissime carinata ; superne planulata, inferne convexo- turgida, ubique subtilissime striata ; anfractibus quaternis subplanis ; sutura vix impressa ; apertura compressa , ad periphœriam angulata ; labro simplici? acuto? apice lœvi , depresso. Hauteur, 3 millim. ; diamètre, 8-io millim. Coquille petite , planorbiforme , ombiliquée , entourée d'une carène très aiguë, déforme presque plate en dessus , convexe et comme renflée en dessous, surtout vers l'ombi- lic ; surface couverte de. stries longitudinales qui ne sont bien apparentes qu'à la loupe ; quatre tours de spire très peu convexes ; suture peu marquée ; ouverture comprimée, formant un angle vers la carène ; bord latéral simple et tranchant , à en juger par la partie qui existe sur le sujet que nous avons sous les yeux ; sommet lisse et déprimé. La forme générale de cette espèce , qui fait partie des Carocolles de Lamarck , est celle de certains Planorbes ou de quelques Ammonites , dont le dernier tour enveloppe tous les autres, et augmente d'une manière assez sensible. Localité : fossile du calcaire siliceux du gypse de la mon- tagne de Reims , où elle a été découverte par M. Arnoud , juge au tribunal de Châlons. a Cl. V, Pl. 8i à 85. 2 . Hélice hémisphérique , Hélix hemisphœrlca (pl. 81, fig. 4, 5, 6). #. testafossili, orbiculato-globosa, lateprofundeque umbili- cata, oblique slriato-cancellata ; anfractibus quinis, con- vexis, sensim crescentibus y sutura subprof unda ; apertura rotundata; labro simplici, apice lœvigato, prominulo. Hauteur, i4-i5 millim.; diamètre , 25-3o millim. Coquille orbiculaire , globuleuse , largement et profon- dément ombiliquée , striée obliquement en long et légère- ment chagrinée ; spire composée de cinq tours convexes , augmentant progressivement; suture assez marquée; ou- verture presque ronde ; bord latéral simple ; sommet lisse et un peu saillant. Il existe une variété plus petite ; sa surface est très peu striée ou chagrinée, quoiqu'elle soit adulte et bien com- plète. Cette coquille rappelle assez exactement la forme géné- rale de Y Hélix albolabris , Say; mais l'ombilic de notre nouvelle espèce est beaucoup plus grand. Ces deux espèces ne peuvent être confondues. Localité : fossile du nouveau calcaire siliceux lacustre , entre les lignites et la craie des environs de Reims, où elle a été découverte par M. Arnoud. Cl. V, Pl. Si à 85. B 5. Hélice d'Arnoud, Hélix Arnoudù, Michaud (pi. 8i,fig.7, 8, 9). H. testa fossili, parva, orbiculalo-deprcssa, utrinquc con- vexiuscula, elegantissime oblique-striatula ; anfractibus senis aut septenis subplanis ; sutura marginata, subtilis- sima ; apertura subtriangulari y labro simplici , reflexo . /afo'o mtuj unidentato ; columella subcallosa triplicata; apice lœvi, subprominulo. Hauteur, 4-6 millira.; diamètre, 8-io millim. Coquille petite, héliciniforme, imperforée, entourée d'une carène aiguë ; surface couverte de stries obliques, très fines et très régulières, convexe des deux côtés ; six à sept tours de spire presque plats ; suture bordée, très peu sensible ; ouverture presque triangulaire ; bord latéral simple et ren- versé; bord columellaire orné intérieurement d'une dent qui est placée presqu'à l'insertion de la columelle, celle-ci un peu calleuse, couverte de trois plis qui se perdent dans la cavité de l'ouverture ; de ces plis, le plus grand est placé vers le bord latéral {labro), et le plus petit à côté du bord columellaire (labio) ; sommet lisse et peu élevé. La forme générale de cette coquille rappelle celle de YHelicina picta, Lam. , et par conséquent fait partie de la subdivision des Carrocolles de cet auteur. Localité : fossile du calcaire siliceux du gypse de la mon- tagne de Reims. Découverte par M. Arnoud , juge au tribunal de Châ- lons-sur-Marne ; nous nous faisons un devoir et un véritable plaisir de la dédier à cet infatigable et savant géologue , à qui la science doit une infinité d'espèces fossiles de la Champagne 7 qu'il communique avec une générosité rare ; c'est avec son autorisation que nous en publions ici une partie, dont celle-ci n'est pas la moins remarquable. 4 Cr,. V, Pl. 8i à 85. 4- Physe géante, Phjsa gigantea, Michaud (pl. 82). Ph, testa fossili, maxima, fusiformi-ventricosa, subtilissimc striata; anfractibus senis aut septenis , corwexis , ultimo maximo y sutura satis impressa ; apertura oblonga, infernc rotunda, superne angulata ; labro simplici , acuto ; labio recto ; apice lœvigato, mamillato. Longueur, 5o-Go millim. ; diamètre, 20-25 millim. Coquille très grande pour le genre, fusiforme , ventrue , très finement striée , formée de six à sept tours de spire convexes , mais surtout le dernier, qui est très grand ; su- ture assez marquée sur les derniers tours , moins sensible sur les premiers ; ouverture oblongue , arrondie vers sa partie inférieure et anguleuse supérieurement ; bord laté- ral simple et tranchant; bord columellaire droit ; sommet lisse , mamelonné. Cette espèce a en grand la forme générale du Physa ri- valis de Say. Localité : fossile du calcaire siliceux lacustre inférieur aux lignites de la montagne de Reims; découverte par M. Arnoud. 5. Cyclostome d' Arnoud , Cyclostoma Arnoudiï, Michaud (pl. 83). Cycl. testa fossili, oeato-oblonga, oblique sulcata , imperfo- rata ; anfractibus octonis, convexis sensim crescentibus ; apertura obliqua , intégra, subrotunda ; peristomate extus marginal, rejlexo ; apice lœvi, obtusissimo. Longueur, 25-3o millim.; diamètre du dernier tour, i5-i8 millim. Coquille ovale, oblongue, dont la surface est couverte de sillons très fins et très réguliers , dirigés de gauche à droite ; spire composée de huit tours convexes, augmentant pro- Cl. V, Pl. 8i à 85. A gressivement , les premiers en proportion plus petits que les autres ; ouverture oblique , entière, presque ronde ; pé- ristome légèrement réfléchi et bordé à l'extérieur ; sommet lis#e, très obtus. Cette espèce se rapproche un peu , par sa forme , du Cycl. mumia , Lam. ; mais elle est plus courte et bien dis- tincte de sa congénère. Nous dédions encore avec plaisir cette nouvelle espèce à M* Arnoud , qui en a fait la découverte. Localité : fossile du nouveau calcaire siliceux , lacustre entre le lignite et la craie des environs de Reims. 6. Paludink chagrinée, Paludina aspersa, Mi- chaud (pi. 84, f- 1, 2). Pal. testa Jossili, ovato-conica. ventricosa, perforata, subtile longitud inaliter striata et subtilissime cancellata ; anfrac- tibus quinis cotwexis, ultitoo maxinîo ; sutura prof unda ; apertura ovoidea ; peristomate extus submarginato, conti- nuo ; apice lœvigato, obtuso. Longueur, 4o-45 millim. ; diamètre du dernier tour, a5-3o millim. Coquille ovale-conique , ventrue, perforée , fente ombili- cale peu profonde, en forme de virgule; surface finement striée et très légèrement chagrinée (ce dernier caractère ne peut être bien saisi qu'avec le secours d'une loupe) ; cinq tours de spire arrondis ; le dernier, très grand, forme à lui seul presque toute la coquille ; suture bien marquée , ce qui fait paraître la coquille comme étagée; ouverture ovoïde ; péristome continu , paraissant bordé à l'extérieur par l'effet des stries d'accroissement , qui sont plus forte- ment prononcées sur cette partie ; sommet lisse et obtus. Elle se rapproche un peu de la forme générale du Pal. vwipara. Drap. , Lam. ; mais outre ses autres différences , sa spire est beaucoup plus courte. C Cl. V, Pl. 8i à 86. Localité : fossile du calcaire siliceux de la montagne de Reims (M. Arnoud). 7. Paludine subanguleuse , Paludiw subangu- lata, Michaud (pi. 84, fig, 5). Pal. testa fossili , conica, imperforata , substriata ; anfrac- tibus quinis , convexis , ultimo angulato , angulo pareo, obtuso ; sutura satis profunda;japertiwa subrotunda, su- perne angulata ; peristomate simplici, con.tin.uo ;spira brevi; apice lœyi, obtuso. Longueur, 20-20 millim. j diamètre du dernier tour, i5-i8 millim. Coquille conique , imperforée , à peine striée ; cinq tours de spire convexes, le dernier anguleux , angle peu sensible, obtus et placé un peu au dessous de la partie moyenne du pourtour ; suture assez marquée ; ouverture oblongue, an- guleuse dans sa partie supérieure ; péristome continu et simple; spire courte ; sommet lisse et obtus. La Paludina decisa de Say peut donner une idée générale de notre coquille. Localité : fossile des marnes blanches au dessus des li- gnites des environs de Reims (M. Anioud). 8. Paludine subperforée , Paludina rimata, Mich. (pi. 84, fig, 4)« Pal. testa fossili, conica, subperforata , striata ; anfractibus quaternis quinisve convexis, ultimo maximo ; rima umbili- cali rugosa, oblonga, parum perforata ; apertura subro- tunda, intégra, obliqua } superne angulala ; peristomatc simplici, spira brcvi y sutura superjiciali ; apice obtuso, lœvi. Longueur, 20-a5 millim. ; diamètre du dernier tour, 12-1.5 millim Coquille conique , striée , subperforée \ ombilic plissé , Cl. V, Pl. 8i à 85. T peu profond , oblong ; quatre à cinq tours de spire con- vexes, le dernier très grand; ouverture entière presque ronde, mais anguleuse dans sa partie supérieure et oblique par rapport à l'axe ; péristome simple ; spire courte ; suture superficielle ; sommet obtus et lisse. Localité : fossile des environs d'Épernay (M. Arnoud). g. Mulette troncateuse, TJnio truncatosa, Mich. (pl. 85). M. testa fossili subtrigona, transversa, inœquilatera, subtu- mida,extus longitudinqliterrugoso-plicata, intus margari- tacea'y. latere antico brevissimo , angulato, postico longiore truncato ; dente cardinali antico in utrinque valva obtuso, substriato ; dente posticali, lamellari, subrecto ; in valvula sinistra dente bino ; natibus depressis. Longueur, d'avant en arrière, 4o-45 millim. ; du haut en bas, vers la troncature, 35-4o millim.; e'paisseur des valves reunies, 20-22 millim. Coquille subtrigone , transverse, inéquilatérale, un peu renflée, surface extérieure couverte de grosses stries ou plis rugueux disposés dans la direction longitudinale , surface intérieure nacrée ; partie antérieure très courte et obtusé- ment anguleuse , la dent cardinale est presque placée à cet angle ; côté postérieur beaucoup plus long que l'antérieur, élargi et obliquement tronqué; les dents cardinales de chaque valve sont obtuses et striées ; les dents postérieures sont en forme de lame et presque droites ; il y en a deux sur la valve gauche , elles suivent lp bord postérieur jusqu'à la troncature ; les natèces sont plus saillantes ; l'impression antérieure est peu large , mais très profonde, la postérieure est plus large et moins marquée. Elle ne peut être comparée à aucune espèce vivante de France, tant sa forme est particulière. 8% rhysa ^içan/ea-, Mtc/iaud. Unedocuhe. so N- Remônds imp . 8'S Cyclo s tom a Arnmidii, Mw/uzud JV. 7?eni07id utip ■ 84 Paludroa 7.2.P. asnersa A . V. rimaia cfoitrA* *e N. RemonèL trnp 86 Unio Irijjiaifosa, Michaud- - innedouche sr ■ ]V .liêmond imp . ci. v, Pl. «s<; à ioj. t DE L'ANIMAL DE L'ARGONAUTE. Quelques observations peu bienveillantes , qui ont été faites sur le mémoire que nous avons publié clans le mois de novembre à l'occasion de l'Argonaute , nous font une obligation de faire connaître la lettre suivante , qui nous a été adressée par une personne instruite en matière d'his- toire naturelle , et qui a suivi avec nous , à Alger, une grande partie de nos études sur le poulpe qui se trouve constamment avec cetjte coquille. « En vérité , mon cher ami , c'est bien aimable à vous de venir égayer ma solitude provinciale par le souvenir de notre séjour à Alger. Je vous remercie mille fois de votre mémoire sur l'Argonaute : je l'ai lu avec le plus grand plai- sir, et, cette fois, je crois la question jugée en dernier res- sort. Voilà bien le poulpe tourné dans sa coquille, comme vous me l'avez fait observer à Alger, au moment où vos ma- telots l'apportaient vivant dans un seau : c'est bien là la palmature des grands tentacules embrassant toute la co- quille et attaquant les deux côtés de la carène à l'endroit où elle s'enfonce dans la cavité. Les manœuvres de ce curieux animal, telles que vous les décrivez, me remettent parfaitement en mémoire ce que nous avons étudié ensemble : son mode de ramper sur le fond, la manière dont il nage en pleine eau, en refoulant à travers le siphon l'élément qui s'introduit dans le sac ab- dominal , et ses élans en arrière , dirigés en quelque sorte par ce long faisceau des six autres bras. Mais permettez qu'à mes remercîments sincères je mêle un peu de critique. Je viens de relire attentivement votre mémoire, et je m'aper- çois que vous ne parlez pas d'un fait qui me semble assez important. Ne vous souvient-il pas que, dans le seau où vous aviez déposé l'Argonaute vivant , l'animal nageait souvent 2 Cl. V, Pl. 86 à 101. les bras rentrés dans la coquille , tandis que le siphon seul s'avançait au dehors pour expulser l'eau. Cette circons- tance n'a pu vous vous échapper, mon cher ami ; je me souviens très bien que le poulpe montrait alors beaucoup de vivacité ; il se précipitait , à chaque instant , contre les parois et les frappait avec force ; ses mouvements, d'ailleurs très irréguliers , ne pourraient-ils pas s'expliquer par l'ab- sence même de faisceaux de bras dont la fonction me pa- raît être celle d'un gouvernail, lorsque l'animal tient ses tentacules allongés au dehors ? Je vous livre cette réflexion pour ce qu'elle vaut; mais, vous le voyez, votre mémoire contient une lacune que je vous pardonne d'autant moins , que nous avons pu observer à loisir toutes les manœuvres de l'Argonaute : ce sera donc un post-scriptum à ajouter lorsque vous aurez de nouvelles instructions à nous com- muniquer sur cette branche si intéressante de l'histoire naturelle. « Victor RENDU. >» Angers, 27 novembre 18.J7. M. Rendu a raison : nous avons omis de rapporter ce fait , que le poulpe n'a pas besoin , pour se mouvoir en pleine eau , d'étendre ses six bras pointus en dehors de la coquille, et de les rassembler en un seul faisceau. Nous l'avons, en effet, observé chaque fois que l'animal se trou- vait renfermé dans un vase un peu étroit, et nous attri- buons aussi à l'absence de faisceau , quand le mollusque est contracté , l'irrégularité de ses mouvements brusques et incertains. Au surplus , nous nous étions rappelé cette ob- servation avant la réception de la lettre de M. Rendu, en causant avec M. Laurillard , qui l'avait faite, et n'a même jamais vu le poulpe se mouvoir autrement, sans doute parce qu'il ne Ta pas observé dans l'état de liberté et en pleine mer. Nous ajouterons à cette réparation d'un oubli , que le Cl. V, Pl. 8G à 101. 3 fait que nous rappelle M. Rendu est une preuve de plus que les Céphalopodes ne nagent point au moyen de leurs bras, mais seulement par celui que nous avons indiqué, et qui consiste dans Fexpulsion de l'eau par le tube abdo- minal. Nous saisirons aussi cette occasion pour dire que c'est à tort que l'on a prétendu que M. Laurillard, qui, d'ailleurs, n'accepte point cette affirmation , aurait découvert avant nous l'emploi des bras membranifères. L'observation de cet habile naturaliste est toute différente de la nôtre , il fait passer les bras membranifères par l'échancrure latérale de la coquille , et porte les membranes sur la partie antérieure seulement, tandis que nous plaçons les bras le long de la carène et tapissant toute la surface avec les membranes , en commençant par la partie postérieure. Nous pensons , après ce que nous venons d'écrire sur l'animal de l'Argonaute , qu'il n'y a que des observations directes faites sur le vivant qui puissent être de quelque valeur aujourd'hui , et qu'il convient de se méfier de tout ce qui n'a pu être observé que sur des sujets conservés dans l'esprit de vin. C'est certainement de ce défaut d'ob- servations convenablement faites que provient la longani- mité de la discussion. RANG. Paris, 20 novembre 1827. DOCUMENTS POUR SERVIR A l'hISTOIRE NATURELLE DES CÉPHALOPODES CRYPTODIBRANCHES , Par M. RANG, Officier supérieur au Corps royal de la Marine. 1837. 81 iaoTqï « O/ÏAtf M Classe V, Pi.. 8G à 88. , DOCUMENTS pour servir à l'histoire naturelle DES CÉPHALOPODES CRYPTODIBR ANCHES , Par M. RANG , Oflicier supérieur au Corps royal de la marine. i837. Parmi les genres de la grande division des Mollusques , il n'est pas de groupes plus dignes de l'intérêt des natura- listes que ceux qui constituent la classe des Céphalopodes , soit parce que les animaux qui les composent , doués d'une organisation très avancée, occupent le premier rang dans l'é- chelle malacologique , soit à cause des différences notables que présentent leurs mœurs et leurs habitudes comparées à celles des autres classes , ou bien leur utilité , qui est au moins aussi bien constatée que celle des autres , ou enfin , parce que plus difficiles à observer, et comme cachés dans les profondeurs de la mer, c'est sur eux que les investiga- tions se sont le moins portées, et où il y a , par conséquent, le plus à faire pour élever leur connaissance au niveau des autres branches de la malacologie. L existence des Céphalopodes a ete signalée parles anciens auteurs , et cependant Linné , qui a tant avancé l'étude des animaux mollusques , ne nous apprend rien de plus que ce qu'Aristoste avait écrit si longtemps avant lui. Depuis vingt-cinq ans environ, cet état de choses a bien changé. Beaucoup de naturalistes et de voyageurs ont porté leur attention vers les Céphalopodes , et c'est alors seule- ment que l'on a commencé à comprendre toute l'impor- tance que leur organisation leur assigne parmi les animaux i837. 23 a Cl. V, Pc 8C à 88. invertébrés. On peut attribuer à deux causes principales l'entraînement avec lequel on s'est tourné tout à coup vers leur étude : la première , aux recherches géologiques qui ont fait découvrir tant de dépouilles fossiles de ces animaux et ont révélé des types si extraordinaires; la seconde, à l'élan des voyageurs qui ont , tour à tour, exploré les mers les plus lointaines. Aujourd'hui les matériaux rassemblés pour l'histoire na- turelle de cette classe sont nombreux , et quoique tous les Céphalopodes n'aient pas été observés avec la même habi- leté, il n'en est pas moins vrai que tout ce qui tient à leur organisation et même à leurs mœurs est bien mieux com- pris , que les types sont mieux définis et lès groupes mieux circonscrits , toutes choses qui avancent bien plus la science que la description de quelques espèces nouvelles. Parmi les découvertes que ces recherches ont fait naître , il en est d'importantes , en cela qu'elles ont dévoilé des organisations restées jusque-là impénétrables. C'est ainsi qu'un naturaliste anglais a décrit l'animal du Nautile, dont la connaissance devait être si profitable ; que celui de la Spirule , trouvé d'abord par Péron , incomplètement décrit et perdu ensuite, a été de nouveau rencontré par M. Eugène Robert , chirurgien-major de la corvette la Recherche, non dan sun état parfait, il est vrai, mais tel, du moins, que, sou- mis aux investigations du savant professeur, entre les mains de qui nous en avons vu plusieurs exemplaires, il ne pourra sans doute échapper à une connaissance approfondie. Un voyageur qui a tout récemment apporté au Muséum d'histoire naturelle une belle collection de la mer Rouge, M. Lefebvre , a mis également la science en possession de dépouilles de Céphalopodes . appartenant au genre Seiche , et dans lesquelles on remarque des formes nouvelles et des détails d'organisation qui nous paraissent entièrement différents de ce que nous avions observé jusqu'ici. Enfin M. d'Orbigny, dont le séjour de huit ans dans l'A- Cl V , fi. 80 à 88. | mérique du sud a produit tant de découvertes précieuses , s'est consacré avec un soin tout particulier à l'étude des Cé- phalopodes , et nous a fait connaître , dans les premières livraisons de la relation de son voyage , un nombre assez grand de ces animaux , parmi lesquels il en est qui présen- tent des particularités toutes nouvelles. Espérons que conti- nuant sa belle publication sur les Céphalopodes en général, déjà commencée avec Férussac , et si malheureusement in- terrompue par la mort d'un savant qui avait puissam- ment contribué à avancer la connaissance de ces Mollusques, M. d'Orbigny nous mettra bientôt à même de juger cette classe dans tout son ensemble ; en achevant l'édifice pour lequel tant de matériaux , épars çà et là , sont aujourd'hui réunis. C'est une belle tâche à remplir et qui ne peut manquer d'intéresser vivement toutes les personnes qui s'occupent de la malacologie. Tous s'empresseront de lui livrer leurs matériaux parla voie de l'impression, et nous serons heureux si l'exemple que nous allons donner peut trouver des imitateurs. Voici donc notre tribut, nous le pré- sentons sans méthode et en partie composé de simples ex- traits de nos journaux. DES CÉPHALOPODES CRYPTODIBRANCHES EN GÉNÉRAL. Nous pouvons reconnaître aujourd'hui que les Céphalo- podes cryptodibranches sont répandus dans toutes les mers du globe , et si l'on en juge par la manière rapide avec la- quelle le genre Poulpe, qui ne comptait, il n'y a quel- ques années encore, que quatre ou cinq espèces , s'est tout à coup accru , ce doit être le plus nombreux de tous ; aussi peut-on déjà le soumettre à des subdivisions fondées sur des particularités d'organisation très saisissables. Les Calmars 4 Cfci V, Pl. 80 à 88. paraissent aussi fort nombreux et ne présentent pas moins de facilités pour y reconnaître des groupes. Tous ces animaux sont éminemment pélagiens , c'est à dire qu'ils vivent au large des continents , et même dans les hautes mers ; beaucoup d'entre eux viennent, il est vrai, pendant certaines saisons , sur les côtes, où ils s'établissent dans les anfractuosités des rochers , y déposant le produit de leur génération ; mais ils ne tardent pas à regagner le large; d'autres ne quittent jamais le milieu de l'Océan. Quoi qu'il en soit , on ne saurait encore préciser de règles à ce sujet et établir pour ces animaux des divisions fondées sur leurs habitudes , en séparant les espèces qui vivent constamment en pleine mer de celles qui fréquentent les côtes dans certains temps donnés ; car l'organisation exté- rieure refuse de répondre à une séparation si artificielle. Ainsi , par exemple , nous avons entendu dire que les Poulpes, munis de grandes palmes véliformes , devaient être uniquement pélagiens , sans doute parce que l'on pre- nait ces grandes membranes pour des organes très puis- sants de natation ; cependant nous avons observé notre O. velatus dans le port même d'Alger, parmi les rochers quibordent les quais. D'un autre côté, nous voyons, parmi les Poulpes décrits par M. d'Orbigny , des espèces trouvées dans les hautes mers , et qui ne montrent aucun vestige de palmature, et l'on verra plus loin, dans le cours de ce mémoire , que nous en avons rencontré nous-même un exemple dans VO.hyalinus. Nous le répétons , les Céphalopodes cryptodibranches , selon nous , sont des animaux plutôt pélagiens que litto- raux , et s'ils se montrent parfois sur nos rivages, c'est que certaines saisons , ou seulement la nécessité de pourvoir au renouvellement de leur espèce, les y ramènent momentané- ment. Leur organisation , leurs facultés peuvent ajouter un appui à cette opinion, que l'expérience avait d'abord formée en nous. Cl. V, Pl. 8G à 88 à Tous les animaux de l'ordre dont il est ici question jouis- sent de la faculté de se mouvoir en pleine eau et de se por- ter à volonté dans tous les sens avec une grande rapidité. La majeure partie , et peut-être même tous possèdent aussi celle de se fixer aux corps et de se traîner sur leur surface. Mais quelle différence dans ces deux modes de locomotion ! D'une part , l'animal franchit des espaces très grands avec rapidité et sans aucun indice de difficulté ; de l'autre , il n'a qu'une marche lente , pénible , embarrassée , une sorte de reptation incomplète qui dénote la faiblesse , le manque d'organes appropriés à cette fonction , en un mot l'impuis- sance. C'est que , dans le premier cas, l'animal se montre dans ses habitudes normales , celles pour lesquelles il a été organisé , et que , dans l'autre , il agit contrairement à ces mêmes habitudes , et privé de facultés convenables. De même que nous avons fait voir que les Céphalopodes ne sont point organisés pour ramper, nous allons démon- trer que, différant des autres Mollusques pélagiens,ils n'ont pas non plus d'organes natatoires proprement dits , car ceux que l'on a regardés comme tels n'en sont pas ; nous voulons parler de ces membranes qu'ils portent ordinairement soit entre la base des bras, soit sur les différentes parties de leur corps , et dont l'agitation pendant la progression de l'animal a été sans doute regardée comme des mouvements natatoi- res. Dans ce cas , on a pris l'effet pour la cause, car ce n'est pas leur agitation qui imprime le mouvement au Mollus- que, mais bien, au contraire, le mouvement de celui-ci pen- dant qu'il se pousse qui cause cette agitation. Ces membra- nes, bien étudiées , ne nous paraissent, à nous , que des es- pèces de flotteurs dont leur organisation est douée pour faciliter leur équilibre et leur suspension au dessus des pro- fondeurs de la mer. C'est ainsi que l'on voit les Glaucus, les Briarés, les Pterosomcs et beaucoup d'autres animaux pé- lagiens appartenant à différents ordres, étaler autour d'eux des organes divers ou simplement des expansions inembra- 6 Cl. V, Pl. SG à 88. neuses pour les soutenir sur l'eau par la combinaison de l'étendue de leur surface et de leur légèreté avec la pesan- teur spécifique de l'élément sur lequel ils reposent. Ce sont aussi , du moinsles membranes aliformes du corps, des organes destinés à varier au besoin la direction de leur marche. Nous repoussons également de toute notre force l'idée de faire participer les bras à la production du mouvement, et conséquemment nous nous trouvons, en toutes ces choses, d'une opinion différente de celle de notre ami M. d'Orbigny, exprimée par les phrases suivantes de son voyage en Amé- rique : « Ils n'ont pas (certains groupes de Poulpes) cette mar- che rapide qui distingue les Décapodes en général; le man- que de nageoire s'y oppose. Souvent , néanmoins , cet organe est remplacé , en eux , par de larges membranes qui, unissant leurs bras ensemble , en forment de puissants or- ganes de natation; ou bien des parties de bras repliées sur elles-mêmes y deviennent des rames au moyen d'une mem- brane qui en assemble les replis comme dans les Argo- nautes. » <( Ils ont (les Décapodes) deux moyens de locomotion, le refoulement avec les bras et la force des nageoires qui termi- nent presque toujours leur sac. » « Les Philonexes nagent par le refoulement de Veau qu'ils repoussent en écartant cl rapprochant alternativement les bras avec force. On sait que c'est un des moyens de natation des Loligos , qui également vont aussi en arrière. » De quelque manière que nous envisagions ces membranes et ces bras, il nous est impossible d'y voir ni la forme, ni la disposition s ni le ressort nécessaire pour en faire des nageoires capables , par la force et l'agilité de leurs mou- vements, de répondre à la marche rapide de l'animal. Bien loin de là, nous y verrions plutôt des obstacles si la progres- sion ne s'opérait d'avant en arrière , de sorte que, quand elle a lieu, membranes et bras, tout se rassemble en un seul Cl. V, Pl. 86 à 88. 7 faisceau serré et prolongé, qui ne présente guère plus de sur- face à l'élément que le corps lui-même qu'il suit. Ce que M. d'Orbigny ajoute dans l'une des phrases ci- tées tombe déjà d'une manière évidente devant l'observation que nous avons faite sur l'animal de l'Argonaute. On peut voir, par cette observation, que nous reproduisons dans ce mémoire à l'occasion de ce Mollusque , que nous avons dé- couvert l'usage des membranes elliptiques qui garnissent les deux bras médians supérieurs de ces animaux , et que cet usage est tout autre que celui qu'on lui prêtait autre- fois, qui consistait à servir de voile pour faire marcher l'Argonaute à l'aide du vent , ou bien celui que lui aceorde M. d'Orbigny d'agir en qualité de rames. Nous regrettons beaucoup que cet habile observateur n'ait jamais vu nager de Poulpes , comme il nous le dit , car nous ne doutons pas qu'il n'eût reconnu la vérité de ce que nous venons d'avancer ; habitué comme il l'est à l'étude des Mollusques vivants , il n'aurait pas manqué sans doute d'approfondir toute cette question beaucoup mieux que nous ne l'avons fait. Voici, au surplus, de quelle manière nous nous résumons au sujet des facultés locomotives des Cépha- lopodes cryptodibranches, soit que ces animaux se traînent sur le rivage , soit qu'ils se meuvent en pleine eau. Ces Mollusques possèdent deux moyens de translation d'un lieu dans un autre , l'un que nous appelons acciden- tel, et l'autre normal. Le premier est une sorte de reptation qui ne ressemble en rien à celle des Gastéropodes , où le Mollusque s'achemine d'une manière uniforme et lente, par - le moyen de légères ondulations des fibres musculaires du plan locomoteur , mais qui s'opère à l'aide des bras qu'ils déploient au devant d'eux , les allongeant, les fixant tour à tour par le moyen des ventouses, et se tirant ensuite, comme un navire qui se haie sur ses câbles, traînant leur corps dont ils se servent quelquefois en se soulevant sur sa partie posté- S Cl. V, Pt. 8G à 88. rieure et se poussant avec force , ce qui cause dans leur fuite une sorte de sautillement assez vif. Ce moyen n'est employé par les Céphalopodes qu'à l'époque où la saison les ramène auprès du rivage. Le second est une sorte de natation toute particulière , mais qui trouve cependant des exemples dans un autre groupe de Mollusques , les Biphores , ainsi que dans un ordre d'animaux plus inférieurs, les Acalèphes de Cu- vier. Il consiste à refouler avec force l'eau contenue dans une cavité , et imprimer de cette manière un élancement spontané dans le sens inverse de celui que parcourt l'eau expulsée. Chez les Céphalopodes , c'est la cavité du sac abdominal qui remplit cette fonction. Elle reçoit l'eau nécessaire à la respiration , se dilate , puis , par une contraction prompte et forcée , la repousse à travers le tube anal , dont la forme conique et l'ouverture étroite concourent, avec la force mus- culaire des parois du sac , à augmenter l'impulsion donnée. Ce refoulement s'opérant en avant , il en résulte nécessai- rement que le Mollusque s'échappe en arrière , et c'est en effet ce que l'on remarque dans tous ces animaux. La vitesse de cette progression dépend donc de la force avec laquelle l'eau est repoussée du sac abdominal ; on doit concevoir aussi qu'étant le résultat de contraction suc- cessive , elle doit se produire par secousses , mais que ces secousses deviennent insaisissables lorsque le Mol- lusque a atteint son maximum de vitesse. Si la marche n'est pas très rapide , les bras et leurs membranes réunis en faisceau peuvent bien , après le premier effort passé de chaque refoulement , quitter momentanément leur dispo- sition serrée et allongée pour s'épanouir un peu ; puis , à une nouvelle contraction, se resserrer de nouveau par l'effet seul de la vitesse ; c'est aussi ce qui arrive d'une manière d'autant plus sensible, que la marche est moins rapide. Cette agitation des bras et des membranes a été regardée Cl. V, Pi. 86 à 88. 9 comme des mouvements natatoires, et c'est ce qui nous a fait dire , avecraison, qu'on avait pris l'effet pour la cause. On sera peut-être tenlé de faire une objection à ce que nous venons de dire pour expliquer de quelle manière les Cryplodibranches nagent en pleine eau. On dira que les or- ganes de la respiration, étant cachés dans le sac de ces Mol- lusques , où ils ont besoin d'être baignés par l'élément pour accomplir leurs fonctions , ce sac ne peut jamais manquer, tant que l'animal vit, de répéter d'instant en instant ses mou- vements de dilatation et de contraction , pour recevoir et re- pousser alternativement l'eau , et devrait , par conséquent, mettre sans cesse l'animal en mouvement , ce qui est con- traire à ce que l'on observe. Nous répondrons que, quand il ne s'agit que de la fonction de la respiration , l'introduc- tion de l'eau n'a lieu que par l'ouverture du sac , comme on peut le voir sur l'animal même , lorsqu'il repose tranquille au fond d'un vase plein d'eau; mais lorsqu'il veut ajouter à cette fonction celle de la locomotion , alors il applique le bord de son sac au bord de la base du tube anal , et dirige l'eau , qu'il repousse avec plus de force , à travers celui-ci ; c'est aussi ce qui arrive lorsque l'animal veut débarrasser ce tube des matières qui s'y rassemblent. L'ouverture du sac est généralement trop large pour que sa contraction puisse imprimer un mouvement bien prononcé au Mollusque. Il fallait nécessairement qu'un organe approprié à cet usage fût adjoint à ce sac, de même qu'un tuyau conique- est d'ha- bitude adapté à l'embouchure d'un soufflet ou d'un tuyau de pompe à incendie , afin de projeter plus loin l'air ou l'eau qu'ils transmettent. On voit donc que l'usage de ce tube est d'une grande importance dans l'organisation du Mollusque, et qu'il sert à plusieurs fonctions. Ce n'est pas seulement chez les Céphalopodes que se rencontre un semblable or- gane avec un pareil usage , il se retrouve encore chez cer- tains Mollusques Acéphales, avec cette différence seulement qu'il y est double , sans comporter cependant de fonctions io Cl. V, IV 8G à 88. plus nombreuses ou seulement plus étendues , mais dans le but seul de les partager. Avec le même moyen de translation , tous les Crypto- dibranches n'ont pas , comme on le pense bien , la même vitesse. Les Poulpes et surtout les Seiches, présentant dans leurs parties postérieures des formes plus arrondies et plus larges , en obtiennent moins ; mais les Calmars , qui sont cylindriques, allongés , pointus à leur extrémité , n'offrant que peu de résistance à l'élément , possèdent une vitesse très considérable et telle, qu'entraînés quelquefois au des- sus de l'eau , ils s'élèvent à une assez grande hauteur pour tomber sur les navires , comme nous avons eu occasion de le remarquer dans le golfe de Gascogne. G. ARGONAUTE. Il paraîtra peut-être extraordinaire qu'après toutes les savantes dissertations qui ont été publiées sur le poulpe de l'Argonaute , et surtout après le mémoire si lucide et si en- traînant que M. de Blainville vient de mettre dans le troi- sième numéro des Annales françaises et étrangères d'ana- tomie et de physiologie , nous entreprenions aujourd'hui de traiter de nouveau cette matière, n'ayant d'ailleurs, par devers nous , aucun fait bien nouveau ou bien important à exposer. Nous avons pensé toutefois , après la lecture du mémoire cité , que nous devions faire connaître la note qui l'a pro- voquée , et dont quelques phrases seulement ont pu être reproduites par M. de Blainville. Outre cela, ce mémoire lui-même nous donne lieu de faire quelques observations, tant pour rectifier des faits qui nous concernent que pour émettre notre opinion d'observateur sur quelques autres. Voici, en deux mots, l'histoire de cette note, du mé- moire de M. de Blainville , et de l'article présent. Nous trouvant à Alger , où le poulpe de l'Argonaute se Cl. V, Pl. 8G à 83. n 1 encontre quelquefois avec sa coquille jusque dans le mi- lieu du port et le long des quais , nous pûmes étudier assez à notre aise ce curieux animal et voir si , de cette étude , nous ne pourrions tirer des documents propres à confirmer ou à infirmer les opinions si divergentes que des hommes d'un grand mérite ont émises à son sujet. Nous fûmes as- sez heureux pour distinguer quelques faits nouveaux , et notre première idée , nous le déclarons , fut que ces dé- couvertes étaient peut-être favorables à l'opinion du non- parasitisme de l'animal , et nous nous promîmes , à notre retour en France , de les présenter comme de simples faits observés par nous, mais sans y ajouter aucun raisonnement, sans en tirer précisément de conséquences , à celui de nos zoologistes qui s'est le plus occupé de cette matière, et qui, depuis longtemps , soutient, presque seul contre tous, son opinion avec une force de conviction qui, de la part d'un savant aussi éclairé, est bien faite pour suspendre au moins le jugement des autres. Nous vîmes M. de Blainville, et nos observations le frap- pèrent ; il consentit à remettre une note de notre part sur le bureau de l'Institut, et voulut bien se charger, avec M. Du- méril, d'être le rapporteur de nos observations. M. de Blainville avait alors entre les mains les observa- tions intéressantes que Mme Power venait de faire sur l'Ar- gonaute , et qui nous avaient conduit à de nouvelles dé- couvertes ; il avait , en outre , une foule de documents sur le même sujet , et nous nous trouvons fort heureux au- jourd'hui d'avoir pu provoquer de sa part la publication d'un mémoire qui vient de jeter un si grand jour sur la question dont il s'agit , et qui a en même temps l'avantage, sinon de la décider , du moins de préciser l'opinion et les arguments de ce savant, ainsi que de réveiller et stimuler de nouveau l'ardeur des voyageurs, qui seuls peuvent donner les moyens d'en finir avec ce problème zoologique.de près de deux mille ans. i2 Ci.. V, Pl. 86 à 88. Le rapport de M. de Blainville fut lu par lui à l'Académie des sciences, dans sa séance du 24 avril 1837 , et imprimé immédiatement dans le compte-rendu qui la suivit, et dans plusieurs journaux de la capitale où l'on s'empressa d'en donner au moins des extraits. M. de Blainville ne s'en tint pas là , car ayant réuni ce rapport à de nouvelles dissertations sur le même sujet , il en fit le mémoire, ou, pour mieux dire, la lettre dont nous parlons ici , et qui se trouve au troisième numéro des An- nales françaises et étrangères d'anatomie et de physiologie. NOTE SUR LE POULPE DE L'ARGONAUTE remise à V Académie des sciences. Une dame française, qui habite Messine, Mme Power , venait de nous communiquer l'expérience qu'elle a faite sur le poulpe de l'Argonaute, et au moyen de laquelle elle a re- connu que ce Mollusque répare les avaries qui peuvent survenir à sa coquille. Nous trouvant alors à Alger , où ces animaux sont quelquefois abondants , nous voulûmes renouveler l'expérience, et, pour y parvenir, répéter de point en point le procédé qui avait été si favorable à cette dame. Nous nous proposions encore un autre but , celui de pou- voir faire justice, si, comme nous le pensions, il y avait lieu, de toutes les choses merveilleuses que, depuis Aristote , tant de naturalistes ont si complaisamment répétées sur la navigation, à la voile et à la rame, de ce Mollusque. Pour parvenir à nous convaincre de la fausseté de ces récits , nous n'avions qu'un seul moyen à employer, c'était de rechercher le véritable usage de ces lobes elliptiques très dilatables que portent deux des bras du poulpe , et dont on avait pittoresquement fait la voilure de ce navigateur Cr,. V, Pi,. 86 à 88. i3 d'une nouvelle espèce, usage que personne , que nous sa- chions , n'a encore eu la pensée d'étudier, quoique beau- coup prétendent avoir vu le Mollusque vivant, et qui cepen- dant, une fois bien connu, peut être d'un grand poids dans la question, encore pendante aujourd'hui, de la propriété de la coquille en faveur du poulpe , par droit de naissance ou par droit de conquête. Nous dirons d'abord que nous réussîmes complètement dans la répétition de l'expérience de Mme Power» La brisure de l'une de ces coquilles dont le Mollusque vécut six jours dans notre bassin se trouva réparée et complètement bouchée ; mais, malgré notre penchant à adopter le Poulpe à bras palmés pour le véritable auteur de l'Argonaute, nous ne pouvons pas , à l'exemple de cette dame, considérer l'ex- périence comme concluante dans une discussion qui s'appuie de part et d'autre sur tant de faits et d'objections, et dans laquelle des illustrations mêmes ont pris une si grande part sans pouvoir l'éclairer davantage. En effet , la partie re- nouvelée n'est qu'une lame mince , transparente , un véri- table diaphragme qui n'a ni la contexture , ni la solidité , ni la blancheur du reste de la coquille , qui prend une forme irrégulière comme si elle n'avait pas été produite par les mêmes moyens et les mêmes organes ; en un mot , elle rappelle tout à fait ce qui se passe chez les Limaçons lorsque la coquille est brisée ; et l'on sait que , dans ces cas , le col- lier de l'animal , qui seul a produit la coquille , n'est plus pour rien dans ce travail de réparation. Quoi qu'il en soit , ce que nous a appris Mmc Power est neuf, intéressant pour l'histoire du Poulpe de l'Argonaute, et la manière dont l'expérience a été conduite dénote une grande finesse d'observation et un zèle bien louable pour les progrès de la science. Venons à la seconde observation qui nous est propre et qui concerne la destination des lobes elliptiques de deux des bras du Poulpe. Nous avons observé plusieurs i4 Cl. V, Tl. 80 à 88. de ces animaux dans leurs coquilles, les uns libres dans la iner , et nous les suivions en nous laissant dériver non loin d'eux dans un canot à rame ; les autres , comme nous l'avons déjà dit , dans un bassin , où ils jouissaient d'une quasi-liberté ; eh bien ! nous le déclarons , nous n'a- vons rien vu , dans les habitudes et les manœuvres de ces animaux , qui ressemblât aux choses qui en ont été dites , véritables fables qui n'ont été conservées, chez quelques au- teurs, queparleur amour du merveilleux ouleur trop grande confiance dans les observations des anciens naturalistes. Nous avons , en revanche , fait les découvertes suivantes : D'abord nous avons remarqué que beaucoup d'auteurs ont mal placé le Poulpe dans sa coquille, en mettant les bras palmés en avant , c'est à dire du côté extérieur de son ou- verture ; nous trouvons même, dans les planches si belles de l'ouvrage récent de Férussac et de M. d'Orbigny , une figure où l'animal est tourné dans un sens , tandis que, sur le reste des planches, il est tourné dans un autre. S'il était vrai que le Mollusque se plaçât tantôt d'une façon et tantôt d'une autre , on pourrait s'emparer de cette circonstance pour renforcer l'opinion de ceux qui veulent que le Poulpe soit un parasite; mais, comme sur le grand nombre d'indi- vidus que nous avons étudiés aucun ne nous a présenté d'anomalie de ce genre , nous pouvons citer ce fait à l'appui de l'opinion contraire , car il donne naturellement à penser que la position du Mollusque dans son test protecteur n'est point une circonstance accidentelle , mais bien la consé- quence de l'identité de l'un et de l'autre et d'une nécessité absolue. Les deux bras palmés sont toujours en arrière , c'est à dire qu'ils avoisinent la spire rentrante , et nous regardons la partie du Poulpe qu'ils terminent en avant comme étant la partie ventrale , et celle opposée , qui comprend le sac et l'ouverture qui conduit aux branchies, comme la partie dorsale; lorsque le Poulpe rampe, comme nous allons faire Cl. V, Pi,. 8G à 88. i5 voir qu'il le fait, les bras palmés peuvent encore être ap- pelés bras postérieurs , puisque ce sont eux qui terminent , en arrière , le disque locomoteur. Nous avons observé que ces bras palmés , dès le point de sortie de la coquille , l'embrassent, rampant des deux côtés de la carène , tandis que leurs lobes membraneux se dé- ploient sur les deux côtés, qu'ils tapissent en entier jusqu'au bord antérieur de l'ouverture. Dans quelque circonstance que nous ayons observé ce Mollusque, nous l'avons vu ainsi disposé. On demandera , peut-être , comment alors il peut s'élever du fond et se jouer à la surface de l'eau comme on le voit parfois ; c'est tout simplement par le moyen ordinaire aux Poulpes , aux Seiches , aux Calmars , et en général aux Céphalopodes , et qui consiste à chasser du sac dorsal et y introduire alternativement l'eau de la mer, ce qui produit un mouvement quelquefois fort rapide en arrière. Lorsque le Poulpe rampait sur le fond du bassin, il nous présentait l'apparence d'un Gastéropode pectinibranche ( voyez la planche 86 ) ; le disque qui environne la bouche et qui prend facilement une grande extension était épanoui sur cette surface comme le pied d'un Gastéropode. Au des- sus se montrait la tête , munie d'yeux latéraux et de ten- tacules , puis le corps se perdant dans une coquille recou- vrante dont le bord extérieur abrite en avant le tube cor- respondant à l'anus , qui , semblable au siphon d'un Pec- tinibranche , se porte en dehors. Les deux bras antérieurs représentaient les tentacules , et les quatre bras latéraux ces expansions tentaculiform.es , qui , chez les Monodontes et les Litiopes , par exemple , serpentent autour de l'animal pendant sa marche ; enfin les deux bras postérieurs , tapis- sant de leurs lobes les deux surfaces de la coquille , ne lais- saient entre eux qu'une étroite séparation dans la ligne médiane de la carène. C'est dans cet état que nous avons vu le Poulpe ramper i6 Gfc. V, P*. 8G à 88. sur son disque ; mais cette fois-ci c'était en allant en avant , et sa vitesse était assez considérable pour lui faire franchir un assez grand espace en peu de temps. Quelque chose venait-il l'inquiéter, tout rentrait dans la coquille, qui, perdant aussitôt l'équilibre , se renversait sur le côté. Après cette description, ne serait-on pas tenté d'établir un rapprochement entre les Céphalopodes et les Gastéro- podes par le Poulpe de l'Argonaute d'une part , et les Cari- naires , Atlantes , etc., de l'autre. Nous nous trompons peut-être ; mais il nous semble que la connaissance que nous venons d'acquérir de l'usage des bras palmés vient corroborer l'opinion de ceux qui font du Poulpe l'auteur de la coquille. Quelles conséquences ne doit-on pas , en effet , être porté à tirer de ces rapports si bien établis entre l'animal et la coquille ; de la forme de ces lobes qui n'existent d'ailleurs dans aucun autre Cé- phalopode que dans les Poulpes de l'Argonaute, et qui n'ont jamais manqué dans ceux que l'on connaît , ce qui prouve assez que cette disposition est expresse pour la co- quille ; de l'usage de ces lobes comme manteau recouvrant le tout à la manière de tant d'autres Mollusques , lobes qui seraient évidemment inutiles si l'animal n'avait eu une co- quille dès sa naissance ; enfin de cette coloration remar- quable de la base des bras palmés qui se reproduit d'une manière si complète sur la partie correspondante de la coquille ? APPENDICE. Telle était la note que nous remîmes à l'Académie des sciences, dans une de ses séances du mois de mars 183^ , note qui , nous l'avons déjà dit , fut renvoyée à une com- mission composée de MM. de Blainville et Duméril, pour en faire un rapport, comme nous en avions témoigné le dé- sir ; car notre but , en faisant cette démarche , était tout simplement de provoquer, de la part de ces savants , mais Ct. V, Pl. 86 à 88. 17 celle de M. de Blainville, le soutien le plus prononcé du parasitisme du poulpe de l'Argonaute , un examen des faits nouveaux que nous apportions , afin d'en déduire les con- séquences qui pouvaient , d'une manière ou d'une autre , tendre au progrès de la question. Nous avons dit comment ce savant daigna répondre à notre désir, en se chargeant de faire le rapport que nous demandions, et comment il revint ensuite sur cette matière dans un mémoire où il examina tout ce qui a été dit jus- qu'à ce jour sur ce problème intéressant. C'est à l'occasion de cet écrit, qui résume si bien le passé de la question , que nous entrerons dans les détails qui vont suivre , pour compléter notre note , et faire connaître en son lieu et place ce que nos recherches sur le poulpe de l'Argonaute ont encore pu nous faire découvrir. Nous allons , en premier lieu , résumer les observations indiquées dans la note , et en déduire ensuite les consé- quences que , selon nous , on peut en tirer. Nous passerons ensuite à l'examen de quelques faits ou arguments présen- tés par différents naturalistes ; mais, avant de commencer, nous nous dépouillons de toute opinion particulière sur le parasitisme ou le non-parasitisme , ce qui , en conscience , nous est bien facile à faire, car il nous semble que nous nous trouvons en ce moment dans la plus complète incer- titude. C'est la vérité que nous voulons , et pour la trouver nous ne connaissons pas d'autre moyen que d'examiner avec calme et bonne foi le pour et le contre de chaque ar- gument , ainsi que la valeur des observations ou des hypo- thèses qui ont été présentées. Développement des observations consignées dans la note. Les faits nouveaux rapportés dans la note sont : i°. Ce que Von a débité depuis Aristote, mais surtout dans i837. »4 i8 Ci.. V, Pl. 86 à 88. ces derniers temps , sur la manœuvre habile du poulpe de l' Argonaute voguant à l'aide de voiles et de rames à la sur- face de l'eau , est faux. :t°. Les bras pourvus de membranes dans ce poulpe n'ont d'autres fonctions que celle d'envelopper la coquille dans la- quelle il vit , et cela dans un but déterminé. 3°. Le poulpe avec sa coquille nage en pleine eau à la ma~ nière des autres Céphalopodes cryptodibranches. 4°. Quand il est sur le fond, il rampe sur le disque injun- dibuliforme représenté par la réunion des bras à leur hase , recouvert de la coquille, et la partie réputée ventrale en haut ; ayant dans sa posture l'apparence d'un mollusque gastéro— pode. Voyons quelles conséquences on peut déduire de ces quatre faits constatés. Navigation fabuleuse de l'Argonaute. Nous ne dirons que peu de choses sur ce sujet , nous ferons seulement remarquer qu'en donnant un démenti formel aux personnes qui se sont plu à exploiter le mer- veilleux récit des anciens , et qui , ne le trouvant sans doute pas assez extraordinaire , l'ont encore enrichi des trésors de leur imagination , notre observation ramène les facultés lo- comotives et les habitudes de ce Mollusque à un état nor- mal , c'est à dire à ce qui se passe chez les autres animaux de la même classe , et c'est une réforme qu'aucun natura- liste, que nous sachions, n'a encore osé faire, quoique nous soyons bien persuadé que beaucoup d'entre eux n'ajoutaient que peu on point de foi à ces descriptions artificielles. Une réflexion toute naturelle découle de ce que nous ve- nons de dire : comment la question importante qui touche l'Argonaute aurait-elle pu marcher dans une route droite et éclairée , lorsqu'on voit que , depuis deux mille ans envi- ron , on se plaît à errer dans le champ du pittoresque , et Cr. V, Pl. 8G à 88. 19 que des naturalistes , même à réputation , admettaient tout sans un examen préalable. Si ces hommes avaient songé à vérifier les faits, ils auraient reconnu le véritable usage des prétendues voiles, et la question plus tôt avancée serait peut- être aujourd'hui résolue. Usage des bras pourvus de lobes membraneux. En découvrant l'usage des bras pourvus de lobes mem- braneux , nous pensâmes , au premier abord , que la so- lution du problème était là , et c'est ce qui nous conduisit à nous exprimer comme nous l'avons fait dans la note re- mise à l'Académie. Une des premières impressions que nous éprouvâmes encore fut l'étonnement de ce que nous voyions, puisque tant de naturalistes qui ont prétendu con- naître l'Argonaute avec le poulpe vivant n'avaient rien signalé de semblable, et cette circonstance, qui nous donna bien à penser, nous encouragea à observer avec la plus minutieuse attention. Il nous sembla que nous jouis- sions en ce moment d'une faveur toute particulière que nous ne devions qu'au hasard , et dont aucun naturaliste n'avait joui avant nous. Plusieurs jours d'expérienee nous prouvèrent que ce n'é- tait point une faveur ; car les poulpes que nous observâmes nous présentèrent tous et constamment le même fait ! Pour être mieux compris et ne laisser aucun doute sur la disposition que présente ce Mollusque dans la coquille où on le trouve constamment , nous allons en donner une nouvelle description , en suivant pas à pas celle de nos ex- périences qui a été la plus complète. Le poulpe avec sa coquille , sans aucun mouvement , au fond du vase dans lequel nous venions de le placer, nous frappa d'abord par l'éclat et la richesse de ses couleurs , que notre dessin est bien loin de rendre. Ce n'était à peu près qu'une masse informe que nous avions sous les yeux ; ao Cl. V, Pl. 86 à 88. mais cette masse était tout argentée , et une foule de ta- ches du plus beau rose , ainsi qu'un pointillement très fin de la même couleur, en relevaient encore la beauté. Une longue bande demi-circulaire et d'un beau bleu d'outre-mer foncé qui se fondait insensiblement était très marquée à l'une des extrémités; la coquille ne paraissait nulle part; mais avec un peu d'attention on retrouvait bientôt sa forme générale , et l'on pouvait même distinguer quelques rayons de sa surface ainsi que les tubercules de la carène. Une grande membrane recouvrait tout , et cette membrane était celle des bras qui caractérisent si bien les poulpes des Argo- nautes. L'animal était enfermé dans son test, si bien que sa tête et la base de ses bras n'étaient que de fort peu de chose au dessus des bords de l'ouverture de la coquille. De cha- que côté de la tête , entre celle-ci et la paroi interne du test, un petit espace laissé libre permettait aux yeux du Mollusque de voir au dehors , et leur regard vif et fixe sem- blait annoncer qu'il veillait attentivement à ce qui se passait autour de lui. Les bras effilés étaient repliés dès leur base et plongeaient profondément autour du corps du poulpe, et de manière à remplir, en partie, les vides que la tête devait naturellement laisser dans l'ouverture bien plus grande de la coquille : de ces six bras , les deux inférieurs ou abdominaux * descendaient de chaque côté le long de la carène, laissant entre eux un bâillement au dedans duquel on apercevait l'extrémité ouverte du tube de l'animal , tan- dis que les quatre autres se tenaient deux à droite et deux à gauche dans la partie moyenne de l'ouverture, contractés et irrégulièrement repliés. Quant aux deux bras supérieurs, leur disposition était toute différente de celle des autres. Se prolongeant vers la partie rentrante de la spire , un de cha- 1 Pour nous conformer à l'usage , maïs sans en adopter le principe, nous désignerons les bras membranifères comme e'tant supe'rieurs , c'est à dire du côté du dos, et les deux bras opposés comme inférieurs. Cl. V , Pi.. 8G à 88. 21 que côté, ils attaquaient la carène par la tangente et, ne l'abandonnant plus, la prolongeaient jusqu'à son extrémité extérieure , s'insinuant entre les tubercules, et de telle sorte qu'il ne restait dans la ligne médiane de cette carène qu'un étroit espace qui ne fût pas couvert. Les membranes qui accompagnent ces bras , dilatées au delà de tout ce que l'on peut se figurer quand on ne connaît l'animal que par des individus conservés dans l'esprit de vin, étaient étalées sur les deux faces latérales de la coquille , de manière à en couvrir toutes les parties , depuis la base du bord calleux jusqu'à l'extrémité antérieure du bord de l'ou- verture , et par conséquent de la carène. L'application de ces membranes était immédiate et sans aucune boursou- flure ou irrégularité quelconque ; la partie inférieure des deux grands bras, bien tendue, formait comme un pont sur la cavité laissée entre le dos du Mollusque et la portion ren- trante de la spire où flottait l'extrémité d'une grappe d'œufs. Nous avons tenu à produire cette nouvelle description pour faire mieux sentir ce qui manque à la planche qui accompagne la lettre de M. de Blainville, et où l'artiste n'a pas suffisamment rendu la particularité qui touche les mem- branes des grands bras. Nous remarquons , en effet , que l'animal étant représenté contracté dans sa coquille , les six bras non membranifères ne devaient pas flotter librement au dehors, mais ils devaient être repliés au dedans, comme nous venons de le dire et comme nous le représentons dans notre troisième planche ; ensuite le siphon ne devait pas pa- raître , n'ayant pas suffisamment de longueur pour cela ; les grands bras , au lieu de se diriger par la base dans l'an- gle latéral de la coquille , devaient se porter immédiatement le long de la carène pour la suivre jusqu'à son extrémité , et la membrane tapisser la surface de la coquille. Il est bien vrai que, lorsque le Mollusque se contracte, il retire souvent à lui plus ou moins complètement ses grands bras et leurs membranes , et c'est peut-être là ce que l'on, au Cl. V, Pt. 86 à 88. a voulu représenter ; mais alors nous ferons voir que l'on s'est trompé, car, lorsque le poulpe fait ce mouvement qui, du reste , ne paraît pas obligatoire , chaque fois qu'il se contracte , c'est en retirant ses bras en arrière et ne décou- vrant la coquille qu'en avant, de manière que le bord anté- rieur de la membrane se retire parallèlement à lui-même , et aussi aux sillons de la coquille. Quant au renversement d'une portion de la membrane , comme on l'a représenté , nous ne l'avons jamais observé , et nous ferons remarquer à ce sujet que cette membrane qui , dans l'animal vivant , paraît immédiatement appliquée par tous ses points sur le test , comme nous l'avons déjà dit , ne fait que glisser sur lui quand elle se retire ou s'avance , absolument comme font les lobes du manteau des animaux des porcelaines et des olives , ou seulement les appendices de ces derniers ; nous dirons encore que nous n'avons jamais observé les œufs là où on les a représentés , mais bien plus en dedans de l'ouverture. Revenons à la description de notre poulpe , que nous avons laissé contracté dans l'Argonaute, et veillant d'un œil fixe à ce qui se passe autour de lui. Le voilà qui s'étend hors de sa coquille et développe six de ses bras , puis il s'agite avec force et parcourt le bassin dans tous les sens , se heur- tant souvent contre les parois. Il nous est facile de recon- naître que, dans ces divers mouvements le corps est un peu penché vers la partie antérieure de la coquille, que les bras effilés , très étendus et rassemblés en un faisceau serré se portent aussi en avant de même que le tube qui se montre ouvert et très développé. Les grands bras sont étendus le long de la carène et les membranes tapissent en entier la coquille. Quant à la locomotion , elle s'opère à la manière ordinaire des poulpes , c'est à dire d'avant en arrière par le moyen de la contraction de la poche du Mollusque et de l'expulsion de l'eau à travers le siphon. Nous avons cherché, dans notre seconde planche , à représenter la disposition du Cl. V, Pl. 86 à 88. 93 poulpe de l'Argonaute dans cette circonstance, et il nous sem- ble facile de reconnaître que tout y est disposé de la manière la plus favorable pour accélérer la progression de ce Mol- lusque. En effet, la légèreté de la coquille, sa forme étroite et carénée , son épaisseur, moindre encore à la partie qui, se présentant la première, doit fendre l'élément ambiant , cette membrane qui , de chaque côté , tapisse la coquille comme un doublage destiné à en faire disparaître les inéga- lités et à faciliter le glissement de l'eau , ce faisceau de bras étendus à la suite de l'animal pour n'opposer que le moins de résistance possible, et puis enfin les deux bras tendus comme un pont sur la cavité des œufs et qui semblent être là pour empêcher l'eau de s'engouffrer dans cette cavité et y op- poser de la résistance , tout cela ne paraît-il pas propre à se- conder la locomotion , qui doit être prompte et facile ; en vérité, il faut convenir que, quel que soit l'auteur de la co- quille , elle est bien appropriée aux besoins du mollusque qu'on n'a cessé d'y rencontrer jusqu'à ce jour. Nous avons cru reconnaître que, dans ses mouvements en pleine eau , le poulpe de l'Argonaute se tenait le dos en haut , et par conséquent le tube locomoteur en bas ; cepen- dant il est vrai de dire que nous ne l'avons pas vu constam- ment ainsi , et cette dernière circonstance nous avons pu l'observer avec bien plus de certitude sur des individus de poulpes à bras dépourvus de membranes 1 . Fatigué des efforts inutiles que notre poulpe faisait dans l'étroit espace où il était enfermé et peut-être blessé par les chocs qu'il éprouvait contre les parois du bassin , il se laissa bientôt tomber au fond, et se contracta à moitié pour prendre quelque repos, après quoi il nous montra un nouveau spectacle auquel nous étions loin de nous attendre. Fixant 1 S'il est vrai que le côté où est le siphon soit la partie ventrale des Mollusques céphalopodes, cette manière de nager des poulpes en ge'néral, le dos en haut, serait une anomalie parmi les Mollusque» pélagiens, qui, tous, nagent le ventre en haut. ik Cl. V, Pl. 86 à 88. quelques unes des ventouses de ses bras libres sur le fond, il se dressa sur sa tête, épanouissant son disque et portant sa coquille droite, au dessus de lui et dans la position nor- male des coquilles de Gastéropodes ; puis , se mettant à ramper, il nous offrit toute Y apparence d'un Pectinibranche, comme nous l'avons dit dans la note à l'Académie des sciences , sans en vouloir déduire d'autre rapprochement que celui d'une disposition générale dans la posture et l'em- ploi de quelques organes. A moitié rentré dans sa coquille, ce Mollusque semblait ramper sur son disque dont les pal- matures 1 étaient un peu relevées pour suivre les mouve- ments des bras. Le corps se perdait dans la coquille ; le si- phon, placé à la partie antérieure de celle-ci , se dirigeait en avant ; les bras libres très développés serpentaient à l'en- tour , deux en avant et deux de chaque côté , comme autant d'appendices ou de tentacules, et enfin la base des deux grands bras semblait prolonger en arrière le plan locomo- teur , puis , s'élevant le long de la carène , ils recouvraient encore celle-ci de leurs larges membranes , comme nous l'avons vu lorsque le poulpe nageait en pleine eau. Dans cette nouvelle disposition , on le voit , la différence est grande, car elle consiste dans des moyens et un mode qui ne sont plus les mêmes, et aussi dans la posture de l'a- nimal qui est telle , qu'il se trouve renversé', le ventre en haut. Ainsi ce Mollusque à la fois pélagien et littoral pré- senterait cette anomalie par trop singulière que , lorsqu'il nage à la surface de l'eau, il aurait la partie ventrale en dessous, et lorsqu'il rampe sur le fond, il l'aurait, au con- traire , en dessus ; deux choses qui sont tout à fait con- traires à ce que l'on voit , d'une part , chez les Mollusques * On sera peut-être surpris de nous entendre parler des palmatuies de ces sortes de pouipes ; car on ne les a pas encore décrites, que nous sachions; cependant elles existent; mais il est souventdifîicile de les voir dans les individus conserves dans l'esprit de vin. Cl. V, Vl. Sfi à 88. rtb pélagiens , et de l'autre chez les Mollusques côtiers. Cette prétendue anomalie ne tiendrait-elle pas à ce que l'habitude plutôt qu'une étude suffisamment approfondie a fait dési- gner par le nom de partie ventrale celle où se trouvent le si- phon et l'ouverture du sac branchial , et côté dorsal celui qui lui est opposé , tandis que c'est peut-être le contraire ? Le savant professeur dont l'opinion sur toutes ces matières est pour nous d'un si grand poids repousse toutefois cette dernière idée. Dans cette nouvelle faculté locomotive du Mollusque, où nous pensons que la reptation, comme on l'entend généra- lement chez les Mollusques, n'était qu'apparente , l'appli- cation]des ventouses en faisant tous les frais, la marche était lente et toute différente de ce que nous avons vu d'abord. Elle s'opérait comme chez les Mollusques Gastéropodes, d'arrière en avant. Pour terminer cette description déjà trop longue peut- être, mais que nous jugeons nécessaire pour bien faire con- naître nos dernières observations, nous dirons que, lorsque le poulpe fut sur le point de mourir, il retira peu à peu, à lui , les grands bras et leurs membranes , les contracta sur eux-mêmes ainsi que tous les autres bras, de manière à obstruer l'ouverture de la coquille. Nous remuâmes en ce moment celle-ci et le poulpe s'en sépara aussitôt , non vo- lontairement , mais accidentellement, car il n'y tenait plus par aucun moyen. 11 parut d'abord se ranimer un peu , fit quelques mouvements dans le bassin en marchant sur la tête, tomba de faiblesse et mourut peu après. Tout ceci se fit en moins de dix minutes. Nous ajouterons que ces ex- périences ont été réitérées par nous sur plusieurs individus. Ainsi la destination des bras membranifères dans certaines espèces de poulpes est aujourd'hui connue. Ces organes enveloppent l'Argonaute comme les lobes du manteau dans d'autres sortes de Mollusques enveloppent leurs coquilles. ]^ais dans quel but sont-ils ainsi disposés ? Quelques natu- a6 Cl. V, Pj,. 86 à 88. ralistes avaient pensé, et de ce nombre il en est dont le sa- voir et le talent sont incontestables, que le poulpe sécrétait la coquille de l'Argonaute au moyen de ses ventouses ; serait- elle donc plus déraisonnable l'opinion qui attribuerait cette sécrétion aux membranes elles-mêmes? La nature mince , fragile et diaphane de cette coquille , ces côtes qui indi- quent si bien les différentes stations du bord antérieur de la membrane , ces tubercules constants le long de la carène , dans toutes les espèces , cette coloration des bases des bras qui répond si bien à la coloration de la carène vers la spire , ne sont-ce pas des caractères qui, mieux examinés qu'ils ne l'ont encore été, conduiraient à appuyer le fait de cette sécrétion. On nous dira que ce n'est pas à l'aide de leur manteau que les Mollusques bâtissent leurs coquilles , mais que c'est par le collier qui l'unit à l'ouverture de celle-ci; sans doute, c'est une opinion justement adoptée, et nous avons prouvé dans plus d'une circonstance et nous prouvons même par la note qui précède que nous nous sommes depuis longtemps rangé à cet avis; mais l'argu- ment ne nous en paraît pas moins faible, car s'il est prouvé que c'est par le collier que les Mollusques sé- crètent leur coquille , il ne l'est pas moins qu'il y a des exemples où la chose ne se fait point ainsi. Le Mollusque du Nautile, par exemple , dont la coquille est si solide, si forte, et a dû exiger deux ou trois sortes de sécrétion, n'a pas de collier, comme un habile naturaliste anglais nous l'ap- prend par le travail anatomique qu'il a fait récemment et dans lequel il n'est nullement question de ces organes. Or, si le Mollusque du Nautile a fait sans secours de collier une coquille si forte , si pesante et si éminemment calcaire, il est bien permis de croire que celui de l'Argonaute, qui est un Céphalopode comme lui , a pu en faire également une sans le même secours. Une supposition semblable est, selon nous, d'autantplus admissible, que l'Argonaute, par sa nature dé- licate, flexible et submembraneuse, s'y prête bien plus c'est quand ils sont dans l'eau , c'est là seulement qu'ils jouissent des facultés qui leur ont été accordées pour agir; et dans l'eau, nous l'affirmons, jamais ils ne rampent ou arpentent comme nous venons de le décrire , pas plus 38 Ce V, Pl. 80 à 88. qu'ils ne nagent en tournant sur eux-mêmes , comme on l'a avancé. Quoi qu'il en soit , nous ne méconnaissons pas entière- ment la force de l'argument présenté par M. de Blainville , et voici comment nous le comprenons. Si nous supposons qu'un poulpe , par la nature de ses besoins , de ses mœurs , par sa destination éminemment pélagienne , soit obligé de s'emparer d'une coquille étrangère pour s'y loger et y passer sa \ie ou une partie de sa vie, il faut bien admettre, dans quelques uns de ses organes, des modifications ou une dis- position particulière. 11 faut, par exemple , que la nature l'ait pourvu d'organes spécialement destinés à le maintenir dans ce corps étranger ; et tels sont les bras membranifères du poulpe dont nous nous occupons. De même, quand nous rencontrons un animal entouré de ces particularités, un mollusque, dans cet état d'anomalie, nous devons être porté à croire qu'il est dans le même cas , c'est à dire qu'il est parasite; mais pouvons-nous l'affirmer? ce n'est qu'une présomption , et y voir une preuve ne serait peut-être pas logique'. ' Nous ne terminerons pas ce passage de notre mémoire sans dire que Fe'russac, comme nous venons de l'apprendre, avait eu, peu de temps avant sa mort, l'idée que les bras membranifères du poulpe de l'Argonaute étaient tenus par ce Mollusque sur les faces late'rales de la coquille; du moins voici ce que nous trouvons dans une lettre qu'il écrivait à M. Prêtre, en lui demandant une nouvelleplanchepour son grand ouvrage sur les Céphalopodes cryptodibrancb.es , et que cet habile peintre a bien voulu nous communiquer : « Dans le second flacon est un individu dans sa coquille , qu'il faut faire e'galement vu de côte', et ayant la large membrane bien étalée avec beaucoup de soin sur la coquille, dans la position où est le bras. » Malheureuse- menton ne retrouve ni les animaux ni le beau dessin fait par M. Prê- tre , et la phrase que nous venons de citer est tout ce que nous pos- sédons de Fe'russac sur un sujet qu'il aurait été fort intéressant de voir traiter par luf. Cl. V, Pl. 8G à 88. 3g Faculté locomotive du poulpe de l'Argonaute eu pleine eau. Le poulpe de l'Argonaute nage à la manière des autres Céphalopodes cryptodibranches quand il est en pleine eau , c'est à dire par le refoulement de l'eau introduite dans le sac au moyen du tube situé vis à vis l'anus. Telle est la troi- sième observation que nous avons faite : elle tend évidem- ment à ramener ce poulpe à l'état normal des autres Cépha- lopodes dont on l'avait si étrangement écarté sous le rapport des mœurs et des facultés ; elle détruit les fables débitées jusqu'à ce jour sur la navigation de l'Argonaute , elle ex- plique comment il fallait que ce poulpe eût deux bras pal- més pour maintenir la coquille ; enfin elle renverse cet ar- gument , tiré de la divergence des opinions , au sujet de la manière dont le Céphalopode de cette coquille nage à la surface de l'eau , et qui faisait dire que l'habitant parasite de l'Argonaute n'était pas toujour&un poulpe à bras palmés, ou bien qu'il ne se plaçait pas toujours de la même ma- nière» Faculté' locomotive du poulpe de l'Argonaute sur le fond. L'observation que nous venons de faire , et la description que nous avons donnée , dans le commencement de ce mé- moire , de la manière dont le poulpe de l'Argonaute rampe sur le fond de la mer, constituent un fait qui est tout nou- veau, et semble n'avoir jamais été observé. Toutefois il est juste de dire, et nous nous en faisons un devoir, qu'il avait déjà été indiqué ; car Rhumph a dit depuis longtemps que ce Mollusque « marchait au fond de la mer à 1 aide de ses bras , et la carène de la coquille en haut. » Nous ne faisons donc que confirmer son observation et la détailler davan- tage. Il découle naturellement, de la description que nous 4* Cl. V, Pl. 8G à 88. avons donnée à ce sujet , que ces poulpes ne se tiennent pas toujours la partie ventrale en bas , mais bien quelquefois aussi en haut. Cette observation infirme encore l'opinion des naturalistes qui pensent que les bras palmés sont tournés du côté de la partie antérieure de la coquille , et de ceux qui croient que le Mollusque se place indistinctement d'une manière ou d'une autre, et en tirent argument pour le non-parasitisme; enfin elle ramène aussi le poulpe à un état plus normal que celui qu'on lui avait prêté. Ce mode particulier de reptation, au fond de la mer, n'expliquerait-il pas pourquoi le poulpe , dont il est ici question , en le supposant l'auteur de la coquille , conserve un vide dans le fond de celle-ci , au lieu de l'emplir d'un dépôt de matière comme fait la Magile , ou d'y former des cloisons à mesure de son agrandissement , comme le Nau- tile. Ne serait-ce pas pour conserver un réservoir d'air propre à faciliter son ascension rapide et verticale à la surface de l'eau? Rhumph qui observait bien, nous en avons à l'instant donné une preuve , semble confirmer cette idée lorsqu'il dit, au sujet de ce Mollusque, que c'est aussi dans une position renversée , c'est à dire la tête en bas et la carène de sa coquille en haut, qu'il remonte. En effet , n'est-ce pas évidemment dans le but de conserver l'air qui est comprimé par lui dans le fond de la coquille, qu'il se tient ainsi renversé pendant son ascension ? S'il tenait , au contraire, la carène en dessous, cet air ne manquerait pas de s'échapper , et il lui faudrait alors user de ses organes de refoulement pour remédier à cette perte. Cette observa- tion paraîtra peut-être étrange à quelques personnes ; mais il est certain que bien des Mollusques et des Acalèphes ne s'élèvent pas autrement du fond , et nous|les , avons vus maintes fois lâcher à la surface de la mer la bulle d'air que, sans doute , ils avaient obtenue au fond de l'eau par l'effet d'une faculté spéciale. Cl. V , Pl. 8G à 88. 4i Examen de quelques arguments qui ont elé présentes en faveur de Tune ou de l'autre opinion. Dans son intéressante lettre , M. de Blainville a présenté une série d'arguments en faveur du parasitisme ; les disser- tations dans lesquelles nous venons d'entrer ont répondu à la plupart d'entre eux, mais il en est encore à qui nous avons des objections à opposer ; tel est, par exemple, son quatrième argument : il est tiré du défaut d'adhérence entre la coquille et l'animal qui tendrait à faire croire que l'une est étrangère à l'autre. Nous sommes parfaitement d'accord avec tous les naturalistes qui reconnaissent ce défaut d'adhérence; en effet , il n'y a d'autre intimité entre le test et le Mollusque que celui du contact , et cet argument a toujours été re- gardé comme un des plus valables ; toutefois on peut lui opposer ceci , que le véritable auteur de la coquille , si ce n'est pas le poulpe, ne lui adhérait pas davantage , puis- que , contrairement à tout ce que l'on voit sur les autres coquilles ? il n'y a point sur celle-ci de traces d'adhérence , en un mot, d'impression musculaire. Cette remarque, au surplus , n'est pas de nous ; elle nous fut faite, il y a une dizaine d'années, par Cuvier, dans une conversation sur ce sujet. A cette observation, on nous a répondu quelquefois : « Mais l'Argonaute est évidemment une coquille inté- rieure ; » nous avouons que nous aurions de la peine à nous figurer une coquille intérieure de cette sorte , si enroulée , symétrique , diaphane , à côtes et à tubercules, enfin si peu analogue à toutes les coquilles intérieures , à quelque or- dre de Mollusque qu'elles appartiennent. On a aussi voulu rapprocher cette coquille du genre Atlante, se fondant sur un récit d'un habitant de l'île d'Am- boine , et dont nous n'avons , au surplus , qu'un rapport fort anecdotique. Mais les animaux de celui-ci tiennent à la 4i Cl. V, Pl. 86 à 88. coquille par une attache bien distincte, et il n'existe , en somme , aucun rapport entre les Argonautes d'une part et les Atlantes ou les Carinaires de l'autre , car ces deux genres de Nucléobranches ont constamment une carène simple et médiane que les Argonautes n'ont pas; puis , comme nous l'avons démontré il y a déjà longtemps, les Atlantes et les Carinaires ne sont nullement symétriques , et tous les Argonautes, au contraire , le sont. Pour prouver qu'un autre Mollusque que le Poulpe à bras inembranifère habite dans l'Argonaute , on cite un bel exemplaire de cette coquille que possède M. de Roissy , et dans lequel , au moyen d'une cassure accidentelle , on aper- çoit distinctement un lambeau desséché et encore fixé à la paroi interne. Nous n'avons pas vu cette coquille ; mais , d'après ce que nous en a dit M. de Roissy lui-même , nous ne pensons pas qu'on puisse tirer de cette circonstance un argument de grande valeur. Ne trouve-t-on pas souvent, comme nous l'avons vu nous-même , dans des coquilles abandonnées, des parasites qui s'y sont fixés , tels que des Ascidies , des Anatifes , des Actinies , etc. , etc. , et qui peuvent laisser des lambeaux de leur pied. L'Argonaute de M. de Roissy en offre peut-être un exemple ; rien ne prouve le contraire. Le cinquième argument de M. de Blainviîle tend à dé- montrer que la forme de l'animal n'a aucune analogie avec celle de la coquille. Nous ne reviendrons pas sur ce sujet ; car précisément nous avons cherché, vers le commencement de ce mémoire , à établir cette analogie que nous trouvons encore plus grande depuis que nous connaissons l'usage des bras membranifères. Dans son neuvième argument , M. de Blainviîle s'exprime ainsi : « L'animal peut être retiré de sa coquille sans éprou- ver aucune apparence d'inconvénients, sans qu'il suspende ses mouvements , comme Cianch l'a expérimenté d'une rrnnière positive. » Rien n'est embarrassant comme de ré- Cl. V, Pl. SG à 88. 43 futer l'argument dans lequel on s'appuie sur un fait qu'un homme justement digne de confiance dit avoir vu, quand précisément on a soi-même maintes et maintes fois observé tout le contraire. On peut combattre une opinion , mais on ne peut pas , en conscience , dire à quelqu'un qui prétend avoir vu une chose, « vous ne l'avez pas vue, » quoique l'on soit certain que cela ne peut pas être ; c'est pourquoi nous laisserons là Cranch avec son poulpe, et nous rappellerons seulement ce que nous avons dit lorsque nous avons rap- porté notre propre observation sur le poulpe prêt à expirer, qui , affaibli et tenant à peine à la vie , avait contracté ses bras membraneux , et ne pouvant plus saisir sa coquille , s'en était séparé accidentellement. Cette même observa- tion , nous l'avions faite déjà il y a nombre d'années , sur l'espèce précisément de Cranch , mais pas avec autant de détail , puisque nous ne connaissions pas alors l'usage des grands bras , et plus tard au cap de Bonne-Espérance ; enfin, c'est sur plusieurs individus, à Alger, que nous avons étudié les faits que nous rapportons dans ce mé- moire. Eh bien ! nous affirmons que nous n'avons jamais vu le poulpe sortir de la coquille de son propre mouvement , et qu'il ne l'a fait que parce que , privé par défaillance de la faculté de s'y tenir au moyen des organes que la nature lui a donnés dans ce but, il n'en a été séparé que par circons- tance fortuite et tout indépendante de sa volonté ; et si , dans ce cas , il reprenait une apparence d'activité , ce n'é- tait que pour épuiser d'un seul coup le reste de ses forces , et mourir presque aussitôt. Nous ne dirons rien de plus sur ce sujet , car le raisonnement ne peut plus rien ici, et l'ex- périence seule peut faire raison de ces arguments ; à cette occasion, nous prions instamment les personnes qui auront occasion d'observer le poulpe de l'Argonaute dans sa co- quille , de multiplier, autant que possible , leurs expé- riences sur ce fait , et de tenir soigneusement compte de tout ce qu'elles verront. 44 Cl. V, Pl. 86 à 88. Si nous nous sommes trouvé dans l'obligation de com- battre plusieurs arguments présentés en faveur du parasi- tisme , nous trouvons aussi occasion d'attaquer quelques uns de ceux mis en avant par les partisans du non-parasi- tisme. Nous en avons déjà détruit quelques uns en leur op- posant la disposition et l'usage des grands bras ; c'est ainsi, par exemple , que nous avons fait voir que ces bras ne se repliaient point à l'intérieur de la coquille , de chaque côté de la carène, pour y former les tubercules. Nous avons aussi détruit l'argument fondé sur cette ob- servation prétendue que l'animal retiré de l'Argonaute mon- tre sur son manteau toutes les formes de celui-ci , et l'im- pression des sillons et des tubercules dont il est orné ; mais il y a un fait plus important auquel nous devons nous arrêter un moment , car il a été avancé avec un grand suc- cès pendant un certain temps , et voici cependant qu'il tombe aujourd'hui ; il en sera sans doute de même de bien d'autres arguments , fruits d'une imagination active , aux- quels on a prêté trop d'attention jusqu'à ce jour, mais qui n'attendent peut-être qu'une simple observation faite avec conscience sur l'animal plein de vie et de liberté , pour être complètement détruits. Ce fait , nous allons l'exposer ; les partisans du non-parasitisme ont pensé que le meil- leur moyen de résoudre la question était de s'assurer si la coquille du poulpe à bras membranifères se trouvait rudi- men taire dans l'œuf de ces animaux. Cette recherche pou- vait être décisive; plusieurs naturalistes, s'y étant livrés , s'écrièrent bientôt, la question est décidée, car la coquille est là. Ce fut précisément un savant anatomiste dont la ré- putation est européenne , qui jeta le premier ce cri de vic- toire , que l'on enregistra aussitôt dans une foule de publi- cations, en racontant les merveilles de cette observation, et reproduisant le jugement sans appel de l'habile italien. Toutefois , pluieurs autres savants d'un talent reconnu , et nous citerons avant tous M. de Blainville , ne se laissèrent Çl. V, Pl. 8G à 88. 45 pas convaincre sur parole , et voulurent vérifier le fait ; ni M. de Blainville , ni sir Everad Home , ni M. Bauer, ne virent ce que l'on avait annoncé. 11 y a plus , madame Po- wer, disciple du célèbre Poli , dont nous avons déjà parlé au sujet de ses belles observations sur le poulpe de l'Argo- naute, et qui est un des défenseurs les plus éclairés du non- parasitisme, donne aujourd'hui un démenti formel à son maître , en déclarant qu'il n'y a point d'apparence de co- quille dans l'œuf du poulpe ; elle arrange ensuite un petit système fort ingénieux qui ne cause toutefois aucun préju- dice au parti du non-parasitisme , et démontre comment la coquille se forme après la naissance du Mollusque. Quant à nous , nous avons été fort curieux de vérifier aussi l'observation de Poli. Nous l'avons essayé à différentes fois, tantôt sur des œufs que nous tenions conservés dans l'alcool , tantôt sur ceux que nous retirions tout frais de la mer, et que nous avions sans doute à différents degrés de maturité ; eh bien ! nous n'avons jamais rencontré que ce nucléus que l'on remarque dans tous les œufs en général. L'argument le plus fort que présentaient les partisans du non-parasitisme tombe donc évidemment devant tant d'observations réitérées. Un de ceux qui présentent le plus de difficultés à attaquer est sans contredit celui-ci , que le poulpe et sa coquille se montrent constamment dans une grandeur proportionnelle. C'est un fait incontestable que le raisonnement admet volon- tiers, mais que l'expérience prouve. Or, comme on a trouvé des individus de tous les âges , on doit en conclure que , de deux choses l'une, ou que le Mollusque grandit sa coquille à mesure qu'il grandit lui-même , ou qu'il la quitte quand il y est gêné pour en prendre une autre plus appropriée à sa taille. Dans le premier cas , c'est le non-parasitisme, sans doute, que l'on entend; dans le second , c'est le parasitisme complet. A part la question de savoir si le poulpe a bien la faculté de se promener ainsi avec deux grands organes mem- 40 Ci.. V, Pl. 80 à 88. braneux qui ne lui servent plus à rien pour aller choisir une coquille appropriée à sa taille , question dans laquelle nous avons cherché déjà à désabuser ceux de nos lecteurs qui pencheraient pour cette opinion , nous pouvons ajouter les réflexions suivantes. Pour que le poulpe dont il est ici question pût en effet changer de coquille à volonté , il faudrait admettre qu'il fût bien favorisé dans cette opération ; car non seulement il faut qu'il en trouve une parfaitement appropriée à ses di- mensions , mais elle doit en outre être de la même espèce que celle qu'il vient de quitter. Cette opération , il la ferait probablement en pleine mer, car les Argonautes ne vien- nent au rivage qu'avec leurs poulpes , et alors il faudrait admettre au milieu de l'Océan une prodigieuse quantité de coquilles d'Argonautes abandonnées pour fournir au choix de tous ces animaux , il faut en même temps que ces co- quilles s'y trouvent accumulées à différents âges , et , nous l'avouons , dans nos nombreux voyages à travers l'Océan et la Méditerranée , nous n'avons jamais rencontré une seule coquille d'Argonaute vide et flottante sur l'eau, comme nous y avons trouvé tant de Jantines et de Spirules privées de leurs Mollusques. Nous concevons que des Pagures, sur nos côtes , changent facilement de coquilles , c'est que celles-ci y sont jetées en grand nombre; et nous avons même fait cette observation , que c'est là où il y a le plus de coquilles qu'il y a le plus de Pagures ; après tout, ces animaux ne sont pas bien difficiles sur le choix, car nous en avons observé de tailles bien différentes dans des coquilles semblables, et d'é- gal volume dans des coquilles différentes , tandis que , dans les Argonautes, les proportions sont scrupuleusement ob- servées : c'est précisément ce que nous avons remarqué dans les curieux exemplaires que M. d'Orbigny nous a montrés , et qu'il a rapportés de son grand voyage. Rien n'est plus propre à jeter des lumières sur la question de l'Argonaute, que l'étude de ces petites coquilles recueillies au milieu de Cl. V, IV. 8C à 88. 47 l'Océan avec leurs animaux. Il n'est certainement pas sans intérêt d'en parler ici. Ces individus , avec leurs coquilles , sont extrêmement jeunes et plus ou moins de la grandeur d'un pois, car tous n'ont pas précisément le même âge. Le plus jeune a sa coquille tout à fait en forme de petite cupule , et Ton remarque que l'un de ses bords , qui se prolonge un peu plus, va commencer Fenroulement. Non seulement ce bord est membraneux et flexible , mais une grande partie de la coquille l'est aussi , et le fond de la cupule a seule un peu de fermeté. Quant au poulpe , ses bras n'ont pas encore , proportionnellement parlant , tout le développement qu'ils devront avoir dans un âge plus avancé , et les membranes des grands bras ne sont que ru- dimentaires. Cependant , chaque petit Mollusque tenait autrefois à sa coquille , et l'on voit encore , sur le bord du sac, un repli anguleux aux deux extrémités , qui corres- pond exactement au bord antérieur de la coquille cupu- liforme et à ses deux petits angles latéraux. Cette obser- vation est plus facile à faire encore sur les autres individus qui sont plus grands, où ce bord est mieux formé et ses deux angles plus prononcés. Ainsi, dans les jeunes individus, le bord du sac enveloppe donc , en se recourbant , le bord an- térieur de la coquille ; et n'est-ii pas permis de croire que c'est par ce moyen que l'animal maintient , à défaut peut- être d'autres membranes bien formées encore , sa petite co- quille si légère et qui ressemble si fort à une pellicule ? Après cette observation sur des coquilles qui sont, sans aucun doute , pour tous ceux qui les verront , des coquilles d'Ar- gonautes , et sur de jeunes poulpes à bras membranifères qui leur appartenaient évidemment, convenons que, si l'examen de ces individus ne décide pas rigoureusement la question , il fournit au moins de grandes présomptions en faveur du non-parasitisme. Il n'y a pas besoin de nous étendre davantage sur ce sujet , pour en faire sentir toute l'importance dans la question qui nous occupe. 48 Cf.. V, Pr,. 86 à 88. Nous avons omis de citer un peu plus haut , en parlant des arguments dont se servent les partisans du parasitisme, un fait assez remarquable : nous voulons parler de la ren- contre constante de poulpes femelles dans la coquille de l'Argonaute. Sur douze individus disséqués par M. Délie Chiaje , il n'y avait aucun mâle. M. de Blainville rapporte aussi que, sur dix ou douze individus étudiés par Gray, au- cun n'était de ce sexe; enfin ceux que nous avons observés à Alger étaient tous des femelles , puisqu'ils étaient accom- pagnés de grappes d'ceufs. On a prétendu conclure de cette circonstance que le poulpe parasite ne se logeait ainsi dans la coquille que pour y déposer le fruit de la génération ; de là inutilité évidente, pour le mâle , de recourir à ce corps étranger. Il suffit aujourd'hui , comme on le pense bien , de la rencontre d'un seul mâle dans sa coquille pour renverser ce système. En attendant, nous ferons les remarques suivan- tes : si les mâles n'ont jamais recours à la coquille, il est évident qu'ils n'ont pas besoin non plus de membranes à leurs grands bras ; alors il en résulterait ce fait , que per- sonne , sans doute , n'oserait avancer, dans l'état actuel de la question , que les poulpes à bras membranifères seraient seuls des femelles, et les autres des mâles. Remarquons qu'en général on ne rencontre près des côtes que des poulpes femelles, et si nous avons quelquefois ob- tenu des mâles, c'est qu'ils avaient été pris par les pêcheurs à de grandes distances au large. La raison en est que ces animaux sont pélagiens et que les femelles seules viennent à terre dans la saison de la reproduction. N'en serait-il pas de même de la part des poulpes de l'Argonaute ? et si l'on n'a pas encore rencontré de mâles , cela ne viendrait-il pas de ce que l'on n'a que bien rarement recueilli ces animaux en haute mer ? Il est un passage de la lettre de M. de Blainville que nous ne devons pas laisser sans réponse; le voici : « De ce Ci. V, Pl. 8G à 88. 4$ qu'un animal a dans son organisation une disposition parti- culière pour se mettre à l'abri sous ou dans un corps étran- ger plus ou moins déterminé , conclure, comme M. Rang le fait , que ce corps appartient réellement à cet animal, et, par conséquent , en fait partie, ce serait un argument qui s'appliquerait évidemment aussi bien aux Pagures et aux Dromies qu'aux Ocythoés, et qui , seul, n'a réellement au- cune valeur. » Nous n'avons pas dit précisément ce que l'on nous fait dire ici ; car nous sommes loin de croire qu'un animal est l'auteur du corps étranger dans lequel on le trouve , par la seule raison qu'il montre des organes pour le retenir ; mais nous avons cherché à faire entendre que c'était , dans tous les cas, le sujet d'une forte présomption , et il n'est pas besoin de dire ce qui est fort connu de tout le inonde in- distinctement , que les animaux, en général, ont une orga- nisation appropriée à leurs mœurs , à leurs habitudes , et surtout qu'il règne une harmonie parfaite entre eux et toutes les choses dont ils s'entourent , lorsqu'elles tiennent à leur existenee. D'ailleurs, il y a , selon nous , une grande différence entre ce qui se passe chez les Pagures et les Dro- mies, et ce que l'on rencontre dans le poulpe de l'Argonaute, et en vérité nous ne voyons pas qu'il soit possible de tirer quelque conséquence de valeur de la comparaison de ces animaux. Il est notoire, aux yeux de tous ceux qui se sont un peu occupés d'histoire naturelle, qu'un Crustacé n'a ja- mais construit une coquille , une Natice , une Gérithe , un Buccin , par exemple , que jamais un crustacé n'a composé une Eponge ou un Alcyon. Ici la preuve du parasitisme est donc patente ; et quand on rencontre un Pagure traînant ri- diculement sa coquille mutilée et fruste derrière lui , on peut dire , au premier coup d'oeil, à quel Mollusque celle-ci appartenait, ce qui dispense de convenir qu'il n'en est pas l'auteur; mais il en est tout différemment du poulpe à membranes, puisqu'on ne le rencontre jamais que dans une iS37. 26 la Ci. V, Pr. 8C à 88. coquille [dek Mollusque , et de quelle classe de Mollusque encore? de la sienne, évidemment ; car, quelques efforts que l'on fasse , on ne pourra convenablement l'affecter à aucune autre qu'à celle des Céphalopodes. On doit donc dire que le Pagure est parasite , car il se loge positivement dans une coquille qui lui est étrangère , puisque non seulement elle n'appartient pas à sa classe, mais pas même à la grande di- vision des animaux dont il fait partie; tandis que l'on ne peut pas dire que le poulpe à bras membranifères est para- site , il y a doute à ce sujet , puisque cette coquille appar- tient, comme lui , non seulement à la grande division des Mollusques , mais encore à la classe où il figure lui-même. Le Pagure se niche, il est vrai, dans une coquille, mais tantôt dans une Natice, une Nérite , une Pourpre, une Cé- rithe , n'importe à quel genre il s'adresse, et nous en avons vu, comme nous aurons peut-être occasion de le dire dans un travail spécial sur les mœurs singulières de ces articulés, dans un citron : tout lui est bon, pourvu qu'il y rencontre un trou ; mais trouve-t-on le poulpe dont il est question ail- leurs que dans l'Argonaute? il n'y a aucune comparaison à faire entre l'un et l'autre de ces animaux , pas plus qu'il n'y en aurait à faire entre leurs mœurs ou leur organisa- tion. Certainement, en fait de parasitisme, l'histoire naturelle fournit de bien nombreux exemples dans lesquels on voit que, pour un motif ou pour un autre, un animal d'une classe se niche dans un animal d'une autre ou seulement dans sa dépouille ; mais connaissons-nous beaucoup de cas où il choisit pour se fixer précisément un animal appar- tenant à la même classe? nous ne le croyons pas, et, à coup sûr, ce n'est pas dans celle des Mollusques que pareille chose peut se montrer1. * Nous ne pensons pas que l'on veuille citer comme exemple les Lithodomes, qui se fourrent dans l'épaisseur de certaines valves, les Ànomies, qui se fixent dessus, etc.; c'est Wi un genre de parasitisme Cl. V, Pl. 86 à 88. 5i Nous pensons donc que le rapport que nous avons cher- ché à faire remarquer dans la note remise à l'Institut, entre le Mollusque et la coquille , en invoquant Y usage des loues comme manteau recouvrant le test à la manière de tant d au- tres Mollusques, lobes qui seraient évidemment inutiles, si l'animal n'avait eu une coquille dès sa naissance , constitue un argument qui n'est pas tout à fait sans valeur. Il est temps de terminer cette dissertation , déjà trop longue sans doute, mais qui, nous l'espérons du moins, servira à rétablir aujourd'hui la question dans son véritable état, et à la dégager d'une foule d'observations incomplè- tes, insignifiantes, fausses, ou au moins inutiles. Nous venons, en exposant les résultats auxquels nous ont conduit nos dernières recherches sur le poulpe de l'Ar- gonaute , de signaler les points les plus importants de la question qu'ils touchent, et les arguments que , dans no- tre opinion, ils détruisent ou confirment. Nous nous som- mes attaché ensuite à faire quelques objections contre certains arguments placés en dehors de nos propres obser- vations, et nous avons pris la liberté de porter quelque critique sur ceux de M. de Blainville lui-même , per- suadé que nous sommes, d'après la haute opinion que nous avons de la science de ce naturaliste, que ce n'est que dans une discussion franche avec lui que la question pourra s'éclaircir, et que l'on arrivera tôt ou tard, et d'une manière ou d'une autre, à la solution de ce curieux pro- blème. On doit en avoir la preuve dans ce moment ; car c'est à ce savant que nous devons , à la suite de notre ob- servation sur les grands bras de l'Ocythoë, l'explication si qui ne saurait-entrer en comparaison ; il est même à remarquer que Je parasitisme du Pagure, de la Dromie et même celui du poulpe de l'Argonaute, s'il e'tait prouve', serait encore un parasitisme à part de ceux d'une infinité d'animaux qui se logent dans le corps des autres pour y vivre à leurs dépens. 62 Cl. V, Pl. 8G à 88. lumineuse de l'emploi des membranes elliptiques de ces bras. M. de Blainville connaît trop bien tout le prix que nous avons mis à nos conversations sur ces différentes ma- tières, et dans lesquelles le respectable M. de Roissy a pris une si grande part , pour ne pas nous excuser d'avoir fré- quemment inscrit son nom dans les pages de ce mémoire, et d'avoir porté notre investigation, plus spécialement peut-être, sur les arguments qui forment la base de son opinion. Voici quelles sont les conséquences que nous tirons de l'étude que nous venons de faire. i°. Le corps du poulpe de l'Argonaute est lisse, et sa forme, sans être en apparence semblable à celle de la cavité de la coquille, y correspond parfaitement. 2°. Le poulpe n'occupe jamais qu'une portion de la cavité, . et quand il se contracte et s'enfonce le plus , il ne com- plète pas tout à fait le premier tour de la coquille. 3°. Les couleurs brillantes et argentées qui revêtent les ani- maux des Argonautes diffèrent considérablement de celles toujours plus sombres que l'on remarque sur tou- tes les espèces de poulpes non membranifères connus. 4°. Le poulpe de l'Argonaute ne tient à sa coquille par au- cun muscle ou attache quelconque. 5°. L'animal et la coquille sont constamment dans une grandeur proportionnelle. 6°. Le poulpe est toujours placé dans son test, de telle sorte que les bras membranifères sont du côté de la spire ren- trante, et le tube de la cavité branchiale à la partie anté- rieure de la coquille. 7°. La même espèce de poulpe se trouve toujours dans la même espèce de coquille. 8°. Les grands bras du poulpe de l'Argonaute sont destinés à embrasser extérieurement cette coquille, de telle sorte Cr.. V, Pl. 8G à 88. 53 que, tandis que ces bras s'étendent le long de la carène, leurs membranes elliptiques tapissent les deux faces la- térales. 9°. Cette disposition des grands bras et de leurs lobes mem- braneux a pour but de saisir la coquille et l'empêcher, pendant les mouvements du poulpe, de lui échapper. io°. Les grands bras ne quittent leur fonction à l'extérieur de la coquille que progressivement, et seulement lors- qu'il n'y a plus de mouvement de la part du Mollusque ; alors celui-ci se contracte fortement dans sa cavité, il est en souffrance et prêt à mourir. 1 1°. Dans l'état ordinaire de repos, les grands bras restent en partie étalés sur la coquille, tous les autres se replient autour de l'animal, entre lui et la coquille, dans laquelle ils s'enfoncent plus ou moins. 1 2°. Cette disposition par laquelle les grands bras de certains poulpes se montrent pourvus de lobes membraneux ne se rencontre jamais que chez ceux qui sont munis d'une co- quille. i3°. Tous les poulpes inunis d'une coquille montrent cette même disposition des bras membranifères. i4°. La coloration foncée que l'on remarque sur la carène à la partie postérieure de la coquille dérive de celle que l'on trouve sur les grands bras du poulpe 9 qui envelop- pent précisément cette partie. i5°t Quand le poulpe et sa coquille nagent en pleine eau, c'est à la manière des Céphalopodes crvptodibranches , c'est à dire par le moyen de la répulsion spontanée et fréquemment répétée de l'eau contenue dans le sac bran- chial. i6°. Quand le poulpe de l'Argonaute nage, c'est d'avant eu arrière. 54 Cl. V, Pl. 8G à 88. 170. Ces animaux se jouent quelquefois à la surface de l'eau et y agitent autour d'eux leurs bras non membranifères , tandis que les deux autres sont largement étalés sur la coquille. 180. Le poulpe de l'Argonaute rampe sur le fond, à la ma- nière, en apparence, des Mollusques gastéropodes , por- tant sa coquille en dessus , ainsi que le tube ou siphon de la cavité branchiale. 190. Quand le poulpe rampe , la progression s'opère d'ar- rière en avant. 20°. Les œufs déposés par le poulpe sont attachés à la ca- rène de la partie rentrante de la spire en dedans de l'ou- verture 21°. Les poulpes ne quittent leur coquille qu'accidentelle- ment , non de leur propre volonté , et ce n'est que pour mourir. 22°. Si on cherche à faire rentrer le poulpe dans sa coquille, il ne s'y fixe plus , et semble ne pouvoir plus reprendre sa première disposition. 23°. Quand ce Mollusque nage en pleine eau, le tube loco- moteur est généralement en dessous. Tel est le résumé de ce que nous avons cherché à dé- montrer, et des conséquences qui découlent naturellement de nos observations. Ce mémoire pouvant tomber dans les mains des person- nes qui s'occupent d'histoire naturelle sur le bord de la Mé- diterranée , ou qui parcourent les mers équatoriales , nous transcrirons les conseils que M. de Blainville donne à celles qui rencontreront ce Mollusque , afin qu'elles puissent les étudier précisément du côté où les renseignements man- quent le plus. Les voici : i°. Faire sortir l'animal de la coquille et noter ce qui ré- sultera. Ct.»V, Pl. 80 à 88. 55 i°. Faire cette expérience non seulement à sec, mais encore dans une masse d'eau circonscrite, et surtout sur le bord de la mer, à une faible profondeur. 3°. S'assurer du sexe de tous les individus observés pourvus de coquilles, et si celles-ci contiennent ou non des œufs dans le fond de leur cavité. 4°. Examiner avec soin la position de tous les individus dans la coquille, et surtout suivant qu'ils ont été pris au fond de la mer ou à la surface. 5°. Répétant la première expérience de madame Power, s'assurer si la prétendue réparation du morceau enlevé a aussi bien lieu au bord de la coquille que dans une autre partie de «on étendue. 6°. Examinera la loupe et au moyen de réactifs chimiques la structure et la nature du morceau reproduit, et com- parativement avec un morceau de la coquille. 7°. Enfin répéter, s'il se peut, la seconde expérience de ma- dame Power, et vérifier si, contre toute espèce d'analo- gie, la coquille n'existant pas dans l'œuf, elle ne paraît sur l'animal que quelques jours après sa naissance, en no- tant toutes les circonstances de son apparition et de son développement. A ces instructions fournies par M. de Blainville, nous ajouterons celles-ci : i". Après avoir reconnu le sexe d'un individu, noter avec soin dans quel lieu et quelle saison il a été pris, et sur- tout à quelle distance du rivage. 2°. Observer si la base des grands bras membranifères est colorée en bleu très intense, et si la partie correspon- dante de la coquille présente également une coloration telle que celle que l'on remarque dans la plus grande partie des Argonautes. M Cl. V, Pt. 86 à 88. 3°. Si la coloration que nous indiquons n'existait pas sur la coquille, décrire soigneusement celle qui se trouverait à la partie correspondante des grands bras. 4*. S'assurer immédiatement de l'état de la coquille , et particulièrement de ses bords, afin de pouvoir dire s'ils sont solides pu flexibles, de la même couleur que le reste et transparents. 5°. Après la sortie de l'animal, briser immédiatement la co- quille pour s'assurer qu'il n'y reste aucun vestige d'at- tache. 6°. Les voyageurs qui parcourront les régions équatoriales de l'Océan devront avoir des fdets à la traîne , lorsque, toutefois, le navire fera peu de chemin ; par ce moyen ils se mettront dans le cas d'avoir de très jeunes poulpes avec leurs coquilles , comme cela est arrivé à M. d'Or- bigny pendant son voyage en Amérique. 11 faudra obser- ver immédiatement les individus les plus petits que l'on se procurera , s'assurer de la disposition de leurs bras membranifères , de celle de leur manteau, de la manière dont l'animal tient à la coquille , et , après leur mort, examiner attentivement la forme et l'état de celle-ci, enfin conserver dans l'esprit de vin tous les individus , mais avec le soin de ne pas séparer les animaux de leurs coquilles respectives. Il est bien entendu que les plus jeu- nes individus sont ceux qui offrent le plus d'intérêt à étu- dier. On devra encore s'assurer, en les comparant à diffé- rents âges, qu'ils appartiennent tous à la même espèce. ' Nous avons cherché, en commençant ce mémoire, à nous dépouiller de toute prévention favorable pour l'une ou l'au- tre des deux opinions qui partagent les naturalistes sur le compte du poulpe de l'Argonaute, et en écrivant toutes ces pages, nous n'avons prétendu seulement qu'étudier la ma- tière pour nous faire définitivement une opinion arrêtée ; nous n'avons, pour ainsi dire, fait que raisonner avec nous- Cl. V , Pl. 86 à 88. .r>7 même et peser la valeur des arguments présentés de part et d'autre ; maintenant que la balance a évidemment penché d'un côté , parle seul fait du poids de ces raisonnements, nous avons une opinion faite , et cette opinion est en faveur du non-parasitisme tout entier. Oui , nous ne pouvons plus douter que le poulpe à bras membranifères ne soit l'auteur de la coquille; et, pourtant d'arguments qui le prouvent, nous ne voyons, du côté de nos adversaires, qu'un seul sujet d'opposition de quelque valeur, il est tout dans cette idée qui fait la base des opinions de M. de Blainville , que le fait présenté par ce poulpe est en désaccord avec les règles pré- établies de la science , et que rien encore n'a prouvé qu'un animal qui n'est lié à sa coquille ni par une partie ni par une production de sa peau lui appartienne. Sans doute il y a de la force dans cette objection, et personne n'est plus en droit de la soutenir que celui qui a si profondément étudié la science et la professe avec tant de succès ; toutefois, nous opposerons à cet argument les paroles suivantes tirées du mémoire même de M. de Blainville, « ce qui n'a pas eu lieu jusqu'à un moment déterminé peut se montrer le moment suivant. » Une dernière réflexion ; nous la croyons utile, quoiqu'elle nous soit personnelle : bien des naturalistes , des savants à haute réputation, ont dit, avant nous, avoir observé le poulpe de l'Argonaute à l'état de vie ; mais aucun n'a parlé de l'u- sage des grands bras membranifères. Nous arrivons long- temps après , et le premier de ces animaux que nous obser- vons avec un peu de commodité nous présente, et tous les autres ensuite également, ces bras dans l'état où nous les avons décrits ; il en résulte une conséquence pénible à dire, mais que , cependant , nous sommes forcé de dévoiler, c'est que, de deux choses l'une, ou ces naturalistes n'ont pas vu et étudié le poulpe de l'Argonaute aussi bien qu'ils l'ont rapporté , ou bien , donc , nous venons d'en imposer à la face des naturalistes, en disant que les grands bras servent 58 Ci.. V, Pl. 89 à mi. à envelopper la coquille. Ce dilemme est évident, et il nous semble que M. de Blainville y a répondu dans sa lettre d'une manière qui nous est favorable , en développant les consé- quences qu'il a tirées de notre découverte. Un sentiment de convenance ne lui a sans doute pas permis de s'expliquer davantage ; car il est impossible qu'il n'ait pas fait la même réflexion que nous ; mais à nous seul il appartenait de la rendre publique , tant nous devons prendre soin de conser- ver la réputation d'observateur exact et de bonne foi qui est la seule chose que nous ambitionnons dans le domaine des sciences. G. POULPE. Nous avons eu occasion , dans ces dernières années , d'é- tudier plusieurs espèces de poulpes , dont quelques unes n'ont point été décrites. Cette circonstance nous a permis de reconnaître des coupes faciles à opérer dans la nom- breuse série de ces animaux. Nous allons à la fois indiquer ces coupes , et décrire les espèces que nous avons rencon- trées. Nous caractérisons les différentes espèces du genre poulpe, premièrement par la disposition des membranes qui garnis- sent les bras , puis par les proportions qui existent entre ces bras et le corps , et aussi entre ces bras eux-mêmes ; par le nombre de rangées de ventouses; la présence ou l'absence d'ouvertures aquifères, la forme des mandibules cornées ; la présence ou l'absence de cirrlies sur les yeux et le corps ; l'apparence lisse ou non de la surface du manteau , l'éten- due de l'ouverture du sac, et, en dernier lieu, parles cou- leurs du Mollusque observé dans l'état normal. Le premier de ces caractères nous fournira le moyen de former dans ce beau genre trois divisions qui sont peut-être artificielles, mais qui pourraient faciliter la détermination des espèces, si on les appliquait à toute la série dont celles que Cr. V, Pl. 89 à 101. 59 nous allons décrire ne sont que des exemples. Ces divisions nous semblent devoir établir convenablement Tordre sériai des poulpes , depuis les Ocythoës, qui ont des membranes à deux de leurs bras , jusqu'aux Calmarets, etc. , qui n'ont de membranes qu'aux deux côtés du corps. PREMIERE SECTION. De grandes membranes vc'liformes reunissant les bras supérieurs entre eux. Ce groupe ne renferme que des espèces connues depuis peu d'années seulement, et qui, toutes, sont parfaitement caractérisées par le grand développement des membranes des bras supérieurs (les palmatures des autres bras s'y montrant aussi , mais pas constamment). Elles présentent , en outre, un caractère qui , quoique se reproduisant dans quelques espèces d'une autre section , semble cepen- dant leur être plus spécialement affecté , puisque toutes celles que l'on connaît en sont pourvues. Ce sont des ou- vertures aquifères sur quelques points des deux faces de leur tête. Ces espèces, par le premier de leurs caractères , font le passage aux Ocythoës. M. d'Orbigny , qui voit dans les membranes qui garnissent les bras des poulpes les organes locomoteurs, en déduit cette conséquence, que les poulpes de cette section n'habitent que les hautes mers. Nous avons démontré, dans le commencement de ce mémoire, que c'est au moyen d'un autre organe que ces animaux se meuvent; ainsi la présence de ces vastes membranes ne prouve rien en faveur de leur existence pélagienne ou littorale, et, en effet, on doit se rappeler que nous avons dit avoir trouvé YOclo- pus velatus dans le port même d'Alger entre les pierres de ses quais. 6o Cl. V, Pl. 89 à ior. Les espèces de cette section sont : Octofus veliYer, viola- ceus ; nous y ajoutons le P. voilé. O. velatus. Nobis. (Pl. 8g.) Corps oblong, bursifoi me, lisse, à ouverture très grande, embrassant plus des deux tiers de la circonférence. La têle'grosse, large, avec des yeux gros, saillants, le tube médiocre , assez large ; deux ouvertures aquifères sur cha- que face de la tête en avant des yeux ; mandibules aiguës , un peu recourbées sur le bord interne. Bras assez proportionnés avec le corps, mais très dispro- portionnés entre eux, les latéraux supérieurs étant les plus longs, et les latéraux inférieurs les plus courts; les mem- branes entre les quatre bras supérieurs très développées et montrant chacune une échancrure, celle du milieu étant la plus profonde; point de palmatures entre les autres; les ventouses alternes sur deux rangs, un peu écartées dès leur naissance au bord de l'ouverture buccale. La couleur du corps et de la tête d'un beau bleu foncé en dessus, avec des nuances de pourpre et de vermillon vers les côtés, pâle en dessous, les bras et les palmatures d'un brun laqueux très foncé ; elle est, en outre, finement pointilléede rouge dans toutes ses parties . Longueur du sac, 5 centim. 1/2; du bras le plus long, i6centim. Cette espèce, fort voisine del'O. velifer, mais qui s'en dis- tingue cependant par l'absence de palmatures entre les bras inférieurs ainsi qu'entre ceux des côtés, a été rencontrée par nous dans la Méditerranée, une fois à quinze lieues des côtes de Valence , et une fois dans le port d'Alger, Cl. V, Pl. 89 à ioî, DEUXIEME SECTION. Des palmntures seulement, composant par leur ensemble une sorte d'entonnoir en avant de la tête. Cette section est la plus nombreuse , et renferme les es- pèces les plus communes qui , la plupart, vivent pendant une certaine saison sur les côtes et parmi lest rochers. On peut la diviser en deux groupes, dont le premier, qui a les palmatures plus grandes en dessus qu'en dessous, fait na- turellement le passage à la première section , et le second, où ces membranes égales vont en décroissant, forme le pas- sage à la troisième , qui n'en a pas du tout. * Palmatures ine'gales et formant un entonnoir oblique. Tels sont les Octopus Quo/anus, tetracirrhus , aranea , ainsi que le P. grands pieds. O. macropus > Riss. , prod. de Nice, t. iv, p. 5, n° 5; Profig. Délie Chiaje, t. liv, f. 26. (Pl. 90.) Corps bursiforme , ovoïde , lisse, l'ouverture du sac em- brassant la moitié de la circonférence , le tube assez long et presque cylindrique. Tête petite, peu distincte, avec les yeux gros et entourés de rides fines , les mandibules cornées. Bras très longs et grêles, largement palmés à leur base, surtout du côté dorsal, les paires médianes supérieures plus grosses à leur base et beaucoup plus longues que les autres, qui décroissent insensiblement jusqu'à ladernière, qui est inférieure; les ventouses alternes dès l'origine des bras', très nombreuses et rapprochées ; couleur générale d'un Gi r Cl. V, Pi.. 8(j à 101. brun rouge, variant de l'une à l'autre , pâlissant parfois sur toutes les parties de l'individu, ou seulement sur quelques unes , et de manière à présenter des marbrures (voy. fig. Férussac) couvertes, en outre, d'une grande quantité détaches blanches, ovales, qui se font remarquer sur la partie extérieure des bras , la tête et le corps. Longueur totale , environ trois pieds. Il habite la Méditerranée , et particulièrement sur la côte d'Alger, où on le regarde à tort comme la femelle du poulpe commun. Il se niche parfois dans les rochers, et n'est pas moins vorace que celui-ci. On le mange également. Cette espèce est sans doute celle qui a été signalée plutôt que dé- crite par Rafinesque , sous le nom d'O. ruber, à cause de sa coloration , qui est quelquefois très rouge ; elle l'a été ensuite par Sangiovani sous celui de Macropodus ; par Rissd, sous celui de Macropus , et enfin par Délie Chiaje) sous celui de Rossastru. La dénomination imposée par Risso ayant prévalu, c'est aussi celle que nous conservons. L' O. filamenlosus de M. de Blainville vient après et con- duit au deuxième groupe. ** Palmalures égales et formant un entonnoir droit. Octopus Montevideo , appendiculatus , brevitenlaculatus , fontanianus, etc. P. commun. O.vulgaris. Lamarck; Sepia octopus. Linnée jPro anat., Cuv., Mém. anat.; Projïg. Fér. etd'Orb., Mon. des Céph. crypt., pi. n, d'après Vérany. Corps bursiforme , arrondi , hérissé, au côté dorsal , de quelques appendices cutanés aigus, dont trois ou quatre plus grands que les autres , sont au milieu ; l'ouverture du sac assez large , et le tube excrémentiel long. Cl. V, Pl. 89 à 101. 63 La tête bien distincte, large, bilobée , avec des yeux as- sez petits, un peu en dessus , protégés par quelques appen- dices semblables à ceux du corps. Bras longs , très palmés, gros et subtrièdres à leur base , effilés dans le reste de leur longueur, les supérieurs étant les plus longs, et ceux qui les avoisinent les plus courts ; ventouses alternes et rapprochées. Couleur générale fauve, variée de jaune et de roux, avec des taches nombreuses, brunes, très foncées , formant un réseau irrégulier et très serré sur tout le corps ; les yeux bordés de bleu supérieurement; les bras de la même cou- leur à peu près que le dos, avec des taches jaunes et rousses et des reflets bleuâtres, la face interne de couleur pâle, et les ventouses violettes. La partie ventrale livide. Longueur des plus gros individus , les bras compris, trois pieds. Cette espèce , très commune dans la Méditerranée , où elle se plaît dans les rochers, existe encore sur les côtes de l'Océan et de la Manche ; elle présente parfois des variétés dans sa coloration, suivant l'âge des individus , et peut-être même selon les localités auxquelles ils appartiennent. On fait , sur la côte de la Méditerranée , une assez grande consommation de ces animaux, que l'on pêche au moyen d'une fourche, lorsque la tranquillité de la mer permet de les voir se glissant parmi les rochers , ou , dans le cas con- traire , avec une boule de suif ou de savon placée au bout d'une ligne , et qu'on leur jette comme appât. Aussitôt qu'on les a retirés de l'eau , on retourne leur sac , afin de les empêcher de remuer, autrement ils pourraient, en rampant , regagner le bord de la mer. Quand on veut les préparer pour les manger, on fend longitudinalement la tête et le sac , et, au moyen d'une baguette placée en tra- vers, on les étale, puis on les suspend au soleil pour les faire sécher. Les navires grecs en portent presque toujours1 G4 Cl. V, Vl. 89 à 101. dans leur chargement, pour les vendre sur la cote de Bar- barie, où l'on apprécie beaucoup ce manger, qui n'est pas sans délicatesse. P. musqué. O. moschatus. Lamarck; Pro fïg. Fé- russac^ Mon. des Céph. crypt. (PL 91). Corps ovoïde, un peu anguleux postérieurement, lisse, l'ouverture du sac occupant un peu plus de la mçitié de la circonférence ; le tube assez grand et conique. Tête médiocre , munie d'yeux petits. Bras modérément longs , forts à leur base , où ils sont hautement palmés , effilés à leur extrémité , de longueur à peu près égale, les supérieurs paraissant cependant un peu plus longs que les autres. Une seule rangée de ventouses sessiles, assez fortes. Couleur générale d'un jaune mêlé de brun , avec des ta- ches claires et des reflets verdâtres sur les profils ; les bras jaunâtres à leur base, mais brun-rouge dans tout le reste de leur face extérieure , les membranes d'un brun violet , marginées de bleu céleste. Longueur, 0,26. Cette espèce, qui habite la Méditerranée, est ainsi carac- térisée par nous sur un grand nombre d'individus vivants que nous avons observés à Alger. Elle est du petit nombre de celles chez qui la coloration fournit quelques bons ca- ractères spécifiques, et nous citerons, entre autres , la ligne bleu céleste qui borde les membranes. L'O. moschatus était connu d'Aristote sous le nom d'Elé- done, qui a servi à M. Leach pour l'établissement d'un genre à part comprenant toutes les espèces pourvues d'une seule rangée de ventouses ; peu après , M. Rafinesque fit , pour les mêmes animaux , le genre Ozoéna, qui n'a pas prévalu , n'ayant pas la priorité. Linnée ne le mentionne Cl. V , Pl. 89 à 101. 65 pas , et cependant tous les observateurs des animaux de là Méditerranée , depuis Aristote jusqu'à Rondelet, l'avaient parfaitement distinguée. L'O. moschalus répand une forte odeur de musc qui dure assez longtemps ; c'est à cause de cela que les pêcheurs de la Méditerranée le nomment Muscardinc ou Muscarole. Denis de Montfort a cru devoir faire une nouvelle espèce pour une figure donnée par Aldrovande , et qu'il a dédiée à ce naturaliste sous le nom de O. Aldrovandi ; depuis lors, M. Délie Chiaje en a renouvelé la description d'après des individus qu'il a observés dans les eaux de Naples, et qu'il rapporte à cette espèce ; quant à nous , nous partageons complètement l'opinion de M. Ranzani , qui croit quel'O. Aldrovandi ri est point de cette division, parce que le texte qui l'accompagne dit positivement qu'il y a deux rangées de ventouses, et quant à l'observation de M. Délie Chiaje, nous croyons qu'elle a été faite sur YO. moschalus, dont il a tous les caractères, sauf l'odeur, et, en effet , nous avons quelquefois remarqué que le Moschalus n'en répandait au- cune, soit que cela dépendît de la circonstance dans laquelle il se trouvait, soit que cela provînt du sexe, chose que nous n'avons pu vérifier. Octopus, Cirrhosus, Cuvierii, Ciliatus, Lunulatus, Grano- sus, rfuberculatusy Horridus, Aculeatus, Tehuelchus, etc. Troisième section. Aucune palmature ou sor!e de membrane quelconque. Cette section, qui est facile à distinguer, renferme géné- ralement de petites espèces (saufl'O. calenulatus), la plu- part pélagiennes ; c'est parmi elles qu'on remarque les plus jolies colorations, ou, bien souvent, une transparence fort grande. i83 n M Cl, V, Pl. 89 à 101. P. transparent. O. hyàlinus. Nobis. (PI. 92.) Corps bursiforme, plus large en avant qu'en arrière , où il est très arrondi ; l'ouverture très grande embrassant les deux tiers de la circonférence du corps , le tube de l'anus petit. La tête de taille moyenne , munie latéralement de deux yeux extrêmement gros, saillants et subpédiculés. Bras de la longueur du corps à peu près , non palmés à leur base , diaphanes , colorés de rose dans leur moitié ex- trême , les supérieurs un peu plus longs que les inférieurs ; ventouses alternes , rapprochées ; mâchoires cornées très petites, et paraissant au moyen de la transparence du Mol- lusque. Couleur d'un blanc diaphane, avec une grande tache for- mée par l'aspect des viscères et variée de différentes cou- leurs , comme un spectre solaire ; une multitude de pe- tites taches roses très intenses sur tout le corps et la tête , parmi lesquelles les plus grandes sont situées au point de séparation entre la tête et le sac. Longueur totale, 2 cent. 5 mill. Habite l'Océan dans la haute mer, où nous l'avons re- cueilli à l'heure du crépuscule. P. gentil. O. venustus. Nobis. (PI. g3.) Corps ovale , bursiforme , lisse , à ouverture embrassant la moitié de la circonférence. La tête courte , un peu large, avec des yeux gros et sail- lants. Bras assez courts , différant peu de longueur ; ventouses petites et assez peu apparentes. Couleur générale blanche et transparente , un peu dorée Cr.. V, Pi,. 89 à lot. €7 à la partie dorsale , laissant apercevoir la masse oblongue des viscères. Les bras de la même couleur que le manteau, avec des séries de petites taches dorées répondant aux ven- touses. D'autres taches de la même couleur et en forme de pavés disposées sur des rangées horizontales au côté dorsal de la tête. Les viscères bruns et tachetés inégalement; quel- ques points d'un jaune doré arrangés avec symétrie sur la face ventrale. Longueur du sac dans le plus grand individu, 1 cent. ; longueur totale , 2 cent. Nous nous sommes procuré ce joli petit Mollusque au moyen de la drague, et il nous arrivait toujours au nombre de cinq et six individus parmi des coquilles et des masses de Balanes mortes tirées d'une profondeur de huit à qua- torze brasses sur la rade de Gorée. Cette espèce est remarquable par sa petitesse et son agilité . Elle est fort reconnaissable à la disposition des taches do- rées qui ornent son manteau. C'est pendant les mois de novembre et de décembre que nous l'avons observée. O. Catenulatus , Atlanticus , Eylaïs , Brevipes, Micros- tomus , etc. Quatrième section. Le manteau présentant de chaque côté une disposition aliforme. Nous formons cette section pour les deux espèces dé- crites par MM. Quoy et Gaymard , sous les noms de O. cordiformis et O. membranaceus . Ces espèces semblent faire le passage aux genres suivants. G. CRANCHIE. C. transparente. C. perlucida. Nobis. (PI. 94.) Ce Mollusque est subgélatineux et d'une transparence telle, que la masse bursiforme des viscères paraît à travers ; -03 Cl. V, Pl. 89 à 101. il est ovale , allongé , terminé en pointe aiguë en arrière. Le sac est ouvert tout autour du corps, n'étant retenu du côté dorsal que par quelques brides. La tête est grosse et très distincte du reste de l'animal ; elle porte deux yeux gros et brillants , et est surmontée de huit bras sessiles qui parais- sent égaux et dont chacun présente deux rangées de ventou- ses , ainsi que de deux bras pédoncules, hors de rang , plus longs que les autres , et munis de petites ventouses répan- dues sans ordre à la face interne des massues seulement. La partie postérieure et dorsale offre deux petites membranes extrêmement minces, membraneuses, diapbanes, arrondies, réunies dans une partie de leur base au delà de l'extrémité du sac , et écartées dans l'autre partie, sur ce même sac, de manière à ouvrir un angle aigu. Un tube s'échappe de la cavité à la partie ventrale, et se porte en dehors. Les viscè- res forment une masse qui a l'aspect d'une bourse ou d'une poire suspendue au milieu de l'épaisseur du corps. Les couleurs de cette jolie espèce sont assez remarquables ; une grande quantité de taches rousses et brunâtres, sur un fond blanc bleuâtre ou pâle, ornent la partie dorsale, la tête et la face extérieure des bras sessiles. La partie ventrale, qui est d'un blanc plus pur, est finement ponctuée de brun. Les yeux sont noirs , bordés de bleu ; les viscères , remar- quables par leur brillant métallique , réfléchissent , à travers la transparence du manteau , des couleurs vives et changeantes. Les membranes et les bras pédoncules sont blancs et diaphanes. Le test rudimen taire est fort petit, membraneux, trans- parent, de couleur un peu rousse et en forme de lame d'épée. La longueur moyenne des individus que nous avons eus sous les yeux, prise de l'extrémité postérieure au sommet de la tête, est de 20 mill. La largeur moyenne est de 9 mill. , «tla longueur du test rudimentaire de 7 mill. La Cranchie transparente habite l'Océan équatorial : Cl. V, Pl. 89 à 101. 69 , nous ne l'avons jamais rencontrée que dans la haute mer et plus fréquemment depuis la ligne jusqu'au vingt-cinquième degré nord. Nous ne balançons pas à placer ce Mollusque pélagien dans le genre Cranchie de Leach , malgré la présence de ca- ractères qui semblent devoir l'en écarter, tels que les ven- touses que l'on remarque sur les bras pédoncules , ce qui , d'après les observations de M. d'Orbigny, ne doit point exister. Au surplus , ce genre était bien incomplètement connu , et nous pensons que la description que nous venons, d'en donner achèvera de fixer sa caractéristique. Ainsi les Cranchies auraient un rudiment analogue à celui des Cal- mars, comme l'a déjà avancé M. de Blainville , et les bras pédoncules seraient aussi, comme dans les Calmars, armés de ventouses , caractère qui , vu la petitesse extrême de ces organes peu visibles, même sur les individus vivants, a bien pu échapper aux investigations minutieuses de M. d'Or- bigny sur ceux qu'il a étudiés. Ce que nous venons de dire doit conduire naturellement à adopter l'opinion de M. de Blainville, qui réunit les Cran- chies aux Calmars, comme ne différant point par des carac- tères suffisants , mais qui en fait une division basée sur, la forme générale du sac et sur la disposition des membranes. Ce joli Mollusque ne se montre à la surface de la mer qu'après le coucher du soleil, et seulement pendant quel- ques instants ; il nage avec vitesse, et se. sert parfois de ses ventouses pour se fixer aux corps flottants, tels que les fu- cus, et quelquefois même l'ombrelle de certaines Méduses. Il fait une chasse active aux petits animaux qui fourmillent à la surface de l'eau dans les temps calmes, et surtout aux Hyales, aux Pneumodermes et aux Créséis, et devient lui- même , à son tour, la proie de Mollusques plus gros que lui, mais non moins voraces. C'est ainsi que nous en avons trouvé dans l'œsophage d'une Firole, où ils formaient une énorme tumeur. 7o Cl. V , Pl. S9 à 101. G. SÉPIOLE. S. de Rondelet. S. Rondeletii. (Pl. g5.) La S. de Rondelet n'ayant point encore été figurée d'une manière assez complète , nous croyons devoir le faire ; car nous l'avons souvent observée sur la côte de l'Algérie. Son corps est bursiforme , assez large , court et ouvert presque tout autour ; sa partie postérieure est très arrondie. La tête est large, courte et comme bilobée , quand on la re- garde du côté dorsal, par le renflement considérable des deux yeux. Les bras sessiles sont de longueur moyenne et armés, à leur face interne, de deux rangées de ventouses al- ternes, depuis leur base jusqu'à leur extrémité peu effilée. Les bras pédoncules ont à peu près le double de la lon- gueur des autres et se trouvent terminés par une massue assez renflée et munie de quelques petites ventouses peu apparentes. Le tube est assez long et très conique ; les mem- branes placées du côté dorsal , un peu rapprochées de la ligne médiane et un peu plus écartées du bord du sac que son extrémité postérieure, sont arrondies et fort minces. La couleur du corps et des bras est violacée et un peu transparente, de manière à laisser apercevoir la masse des viscères, qui se montre d'un brun jaunâtre. Le corps , la tête , la face extérieure des bras et la base des membranes se montrent , en outre , pointillés de brun-violet , d'une manière plus serrée en dessus qu'en dessous; les yeux, qui sont noirs, sont entourés d'un cercle d'un beau vert du côté supérieur et d'un jaune vif du côté inférieur. Ce petit Mollusque, dont le corps et la tête compris n'ont pis plus de deux centimètres de longueur, est commun sur la rade d'Alger, et s'y agite avec une grande vivacité. Nous ne lui avons reconnu aucune pièce interne. Cl. V, ¥l. 89 a 101. 71 G. CALMAR. G. vitré. Loligo vitreus. Nobis. (PI. 96.) Corps fusiforme , très aigu postérieurement , ouvert an- térieurement clans toute sa circonférence; tête arrondie, portant les deux yeux un peu en avant. Bras sessiles, assez courts et pointus, munis de deux ran- gées de ventouses alternes; bras pédoncules, effilés, poin- tus et sans massue, munis d'un groupe allongé de petites ventouses. Membranes latérales petites, triangulaires et terminales. Couleur générale blanche, transparente, pointillée de rose, avec des taches à la partie dorsale , la masse des vis- cères paraissant comme une massue noirâtre. Rudiment interne long, très étroit, surtout au milieu, terminé postérieurement par une sorte d'éteignoir effilé. La longueur totale de ce Mollusque est de deux à trois pouces. Cette jolie petite espèce de Calmar, très remarquable par sa transparence, et surtout par la forme de ses bras pédon- cules, appartient à la partie de l'Océan équatorial qui baigne la côte d'Afrique ; mais il est tout à fait pélagien, comme sa transparence l'indique, et, en effet, nous ne l'avons jamais rencontré que dans la haute mer et à l'heure du coucher du soleil. OEUFS DE CALMAR. (PI. 97.) Plusieurs groupes d'œufs que nous avons eu occasion d'observer sur la rade d'Alger nous paraissent assez inté- ressants pour mériter d'être décrits ici. Nous avions pensé d'abord qu'ils appartenaient à laSépiole de Rondelet; mais une observation de M. d'Orbigny , qui se trouve confirmée M Cl. V, Pl. 8!} £ ioi. aujourd'hui, nous donne la certitude qu'ils provenaient du Calmar ordinaire de la Méditerranée. Ces groupes , d'apparence toute gélatineuse , sont com- posés d'un grand nombre de tubes longs , irréguliers, obtus à Tune de leur extrémité, et réunis par l'autre autour d'une masse épaisse , de couleur bleuâtre et de forme à peu près conique. Chacun de ces tubes renferme environ une quarantaine d'œufs, ce qui fait, pour un groupe de soixante tubes seulement, deux mille quatre cents jeunes Calmars ; mais il y a de ces groupes bien plus nombreux. Les tubes, ou poches des œufs, se composent de trois enveloppes bien distinctes : la première, ou extérieure, est assez épaisse et colorée de jaunâtre ; la seconde et la troisième sont très minces et diaphanes. Les œufs proprement dits sont placés sur deux rangées et alternent entre eux. Ils sont ronds, mous, de la grosseur à peu près d'un petit pois un peu avancé. Leur enveloppe est mince et diaphane, et ils sont remplis d'une liqueur égale- ment blanche et translucide, dans laquelle flotte l'embryon. Celui-ci, ainsi que cette liqueur, sont dans un mouvement continuel de rotation qui dure tant qu'il y a vie dans ces petits animaux encore incomplets. Nous avons déjà eu oc- casion d'observer ce mouvement dans des œufs appartenant à d'autres sortes de Mollusques , et particulièrement à des Thétis. Au premier aspect les embryons se font reconnaître par la présence de deux yeux noirs et gros. Cet embryon, qui est d'une grande transparence, laisse apercevoir une grande partie de son organisation intérieure ; les deux branchies , surtout , sont très distinctes , ainsi que les organes de la génération. A la partie postérieure du sac, tout à fait à l'extrémité, se montrent deux petites membra- nes oblongues tout à fait analogues à celles des Sépioles. Le tube locomoteur est déjà formé , mais deux bras seulement, les deux inférieurs sont développés , les autres ne parais- sant point encore ou se décelant à peine. Ch. V, P/.. 89 à 101. 73 Parmi tous les œufs ainsi rassemblés en un même groupe, il s'en présente de plus ou moins avancés, et dans ces der- niers l'embryon, en même temps qu'il montre moins de dé- veloppement dans ses organes, en présente toutefois un plus grand dans la poche œsophagienne qui termine la tête , et qui se montre au moins aussi grosse que le corps et la tête ensemble. Nous avons reconnu , au moyen de la loupe , sur ceux qui paraissent le plus avancés, des séries de points noirs sy- métriquement disposés sur toute la surface du corps, de la tête et des deux bras. La grandeur de ces petits animaux était de quatre à cinq millimètres. Ayant remué Peau dans laquelle flottait un de ces grou- pes , une grande quantité d'œufs se rompirent, et les petits Calmars se répandirent de toute part , nageant avec une grande vivacité. G. SEPIOTEUTHE. S. biangulé. S, Biangulata. Nobis. (PI. 98.) Corps bursiforme , plus large et très ouvert antérieure- ment, peu aigu en arrière; le bord du sac formant un angle médian du côté dorsal et deux angles sublatéraux du côté ventral. La tête très arrondie , bien distincte et séparée du corps par un étranglement ; les yeux grands , noirs et bordés de jaune. Bras sessiles, un peu grêles, munis de nombreuses ven- touses , les latéraux inférieurs étant les plus longs et les mé- dians supérieurs les plus courts. Bras pédoncules moins longs que le corps, peu renflés vers leur extrémité, terminés en pointes très aiguës, avec de pe- tites ventouses. Tube assez long et conique. 7* Cl. V, Pi,. 89 à 101. Membranes latérales larges en arrière, où elles semblent se réunir au dessus de l'extrémité postérieure , sans la re^ couvrir cependant , se rétrécissant insensiblement en avant. Couleur générale d'un brun laqueux nuancé de jaune et irrégulièrement pointillé de petites taches brunes foncées ; les bras de la même couleur, mais plus claire, le côté ventral pâle et grisâtre. Un rudiment testacé en forme de plume, court, ovale , allongé, corné, blanc et diaphane. Nous avons recueilli cette espèce remarquable sur la rade de Fort-Royal à la Martinique , elle a de cinq à huit pouces de longueur. G. SEICHE. S. élégante. Sf, elegans. D'Orbigny. (PI. 99.) Corps ovale, allongé, un peu pointu en arrière, largement ouvert en avant , la coquille y formant supérieurement un angle fort avancé. Tête arrondie, plus large que longue , bien séparée du reste du corps par un étranglement, comme bilobée, à cause du volume des yeux, qui sont gros et saillants. Bras sessiles assez médiocrement longs , la face médiane inférieure étant la plus longue et présentant beaucoup de largeur et d'épaisseur. Bras pédoncules plus longs que le corps , la tête et les bras sessiles réunis, grêles, terminés par une petite massue munie de quelques petites ventouses. Membranes latérales peu larges, venant presque se join- dre à la partie dorsale, proche l'extrémité postérieure. Couleur générale au côté supérieur d'un rouge brun mar- bré et nuancé de laque et de jaune ; l'extérieur des bras et de la tête plus roux ; les membranes latérales et les bras pé- doncules blancs, la partie ventrale blanche, avec des nuances de diverses couleurs, mais surtout de rose. Un pointillé gé- Cl. V, Pl. 8g à ioi. 76 néral sur toutes les faces, et de couleur rougeâtre, plus sen- sible à la partie inférieure et sur les membranes latérales que partout ailleurs ; huit à neuf taches blanches, linéaires? placées en séries longitudinales, une de chaque côté du ventre. Rudiment interne long, rétréci aux deux extrémités, af- fectant un peu la forme d'un losange allongé, à pointe pos- térieure fort petite ; une côte médiane à la partie dorsale. La longueur de ce Mollusque varie de trois à cinq pouces, sans y comprendre les bras pédoncules. Il est très commun sur les côtes de l'Algérie, où l'on en fait usage comme appât pour la pêche aux palangres. S. hierkedda. S. hierredda. Nobis. (Pl. ioo.) Corps ovale , terminé en avant et supérieurement par un angle très prononcé ; la tête distincte, large, courte, munie de deux yeux latéraux et saillants. Le tube grand et conique. Bras sessiles assez courts et pointus , les deux inférieurs élargis. Bras pédoncules longs , terminés en massue aiguë, avec un grand nombre de petites ventouses fortement pédon- culées. Membranes latérales très longues, dépassant les bords du sac en avant et se réunissant en arrière , de manière à for- mer entre elles un sinus profond. Couleur très changeante, généralement marbrée de dif- férentes teintes brunes et jaunes entremêlées de taches pâles et blanches. De chaque côté de la face dorsale, une série arquée de taches blanches et linéaires, au nombre de six ou sept, montrant parfois un peu de saillie. Les bras ses- siles de la même couleur, les bras pédoncules blancs , de même que les membranes latérales. Rudiment interne ovale très allongé , muni d'une forte pointe en arrière. 76 Cl. V, Vl. 89 à 101. Longueur du corps, en y comprenant la tête et les bras sessiles , huit à dix pouces. Nous avons recueilli cette belle espèce sur la rade de Go- rée, où elle est assez commune. Les nègres deDakard la dési- gnent sous le nom de Hierredda, que nous lui conservons. S. ornée. S. ornata. Nobis. (PI. joi.) Corps de forme un peu allongée , arrondi en arrière et ayant à peu près la même largeur dans toute sa longueur. La tête, un peu enfoncée dans le sac, est arrondie et mu- nie d'yeux grands et peu saillants. Bras sessiles un peu allongés, munis d'une grande quan- tité de ventouses. Bras pédoncules longs, terminés par une massue très pointue , armée d'une infinité de petites ventouses. Membranes latérales longues, d'égale largeur à peu près partout, n'arrivant pas tout à fait jusqu'au bord de l'ou- verture du sac, et se réunissant presque , en arrière, de ma- nière à y laisser un sinus profond. Couleur générale brun-laqueux marbré de nuage» noi- râtres et pointillés ; à l'extrémité postérieure et dans la ligne médiane du dos une tache fort remarquable provenant de la coquille. Cette tache, en forme de disque oblong ou ovale , est d'un beau jaune doré , et est entourée d'une auréole blanche, dans laquelle on distingue des rayons. Deux séries longitudinales et arquées, une de chaque côté du dos , de taches très blanches , assez grandes , rondes ou ovales ; le côté ventral de couleur pâle. Rudiment testacé effilé et très bombé, grisâtre en dessus , avec une côte médiane bien prononcée, à l'extrémité posté- rieure de laquelle est une tache dorée en forme de cœur. Longueur totale de l'animal , non compris les bras pé- doncules, six à sept pouces. Cette curieuse espèce, si remarquable par sa coquille et surtout par les taches singulières et fixes dont son dos est Cl. V, Pl. 89 à 101. 77 marqué , a été recueillie par nous avec la précédente sur la rade de Gorée. Wous l'avons vue répandre une quantité prodigieuse d'encre , mais sans aucune odeur. Elle se re- trouve encore dans le golfe de Guinée. EXPLICATION DES FIGURES. Pl. 86. — L'Argonaute argo rampant sur le fond de la mer. Les grands bras et leurs membranes sont étalés sur les deux faces late'rales de la coquille. — 87. — L'Argonaute argo nageant en pleine mer. Ses grands bras et leurs membranes sont e'tale's sur les deux faces laté- rales des coquilles, et les autres bras, e'tendus en un faisceau, de'montrent que le Mollusque a atteint le maximum de sa vitesse. — 88. — L'Argonaute argo, en partie contracte dans sa coquille. Ses bras sont repliés en dedans, et les membranes des grands bras se sont un peu retire'esen arrière. On voit, comme dans la planche préce'dente , les oeufs à leur place. — 89. — Le poulpe voile' étalant ses grandes palmatures et repré- senté un peu de côté. — 90. — Le poulpe macropode, vu du côté dorsal. — 91. — Le poulpe musqué représenté lorsqu'il rampe hors de l'eau pour regagner la mer; il a , dans cette figure , le côté réputé ventral en dessous. — 92. — Poulpe transparent. — Poulpe gentil. — Cranchie transparente. — Sépiole de Rondelet. — Calmar vitré. — OEufs d'un Calmar. — Sepioteuthe biangulé. 99. — Seiche élégante. ïoo. — Seiche hierredda. 101. — Seiche ornée. o vL 1 o ?° 88. Ar&onaula Arqo, i.m . (/ 'tifiiiiuil en pctrtte co/iliitite t//vi (M . N.Rémond. i/rip . S&zn I !" o O V #2. OctopilS kycdinus, Rang. Rang. ad nu/ . nn> ch>( jyJiemcnd isnp . **■• [ ■■■••• 0 C l Opil S venuStUJ- , Rang . ItarujddHdloiodel NJÎt-inond ww . •9*- l 1 if Cr ai i cl 1 1 a pei iucùùi , Wo ï ù> Rang i\ i Kggfl 1 „ oh eo vitreus, Nob © A'ir/u/ a/L: i>ii> del N.JtêmoncL imp tn .;■ . fllr ■uv ZK T7' g w ; . \ Œufs de Calmar V S e pi o t eu tin s b long ulcUa,, Rang ad ■ fuU .on, ,M .VJÏtimonJ tfnp 9à Sepia eUgans, d'Oriymjy vit? i/) ari> cùU '. .1 Sémond imp Ci.assi: V, Pr,. 10?. ;i 109. 1 MÉMOIRE SUR DES ESPÈCES ET SUR DES GENRES NOUVEAUX DE L'ORDRE DES NUDIBRANCHES, observes sur les côtes de France PAR M. ALCIDE D'ORBIGNY. Nous cherchons, souvent au loin, matière à des observa- tions nouvelles , tandis que nous ne connaissons encore qu'à peiné les animaux qui pullulent près de nous. A l'appui de ce fait , l'ordre des Nudibranches nous offre un exemple que, du reste, nous avons retrouvé presque pour toutes les classes des animaux inférieurs , chaque fois que les cir- constances nous ont mis à même de faire des recherches sur nos côtes auprès des villes les plus fréquentées par des na- turalistes. Nous avons déjà, depuis plus de quinze ans, observé un grand nombre de Mollusques nouveaux aux en- virons de la Rochelle; postérieurement, des empêche- ments imprévus se sont opposés à ce que nous les fissions connaître. En 1826, arrêté à Brest par l'armement du na- vire qui devait nous transporter en Amérique , nous vou- lûmes employer notre temps utilement pour la science. Dans ce but , nous nous livrâmes à des recherches autour de la ville , et nous ne fûmes pas peu surpris en découvrant successivement les espèces les plus remarquables de l'ordre des Nudibranches , que nous avons observées et décrites avec le plus de soin possible; mais, forcé de nous embar- quer, nous emportâmes avec nous nos descriptions et nos dessins. Onze années se sont écoulées depuis ; à notre grand étonnement, les espèces que nous avons découvertes à Brest, et les espèces plus anciennes rencontrées aux environs de la Rochelle, n'ont été publiées par personne. Nous croyons devoir ne pas tarder plus longtemps à les faire connaître , en en réunissant une partie dans ce mémoire, où nous ne voulons , au reste , entrer dans aucune considération géné- i83?. i5 2 C« . V , Pr. . lO'i ;i loy. raie sur les Nudibranches, nous réservant d'en traiter, sur une plus grande échelle , dans un travail spécial sur cet ordre, commencé avant notre voyage en Amérique', et an- quel nous allons donner la dernière main. Doris rubra. D'Orb. (PI. 102.) Corps déprimé, oblong, arrondi à ses extrémités, à côtés droits; manteau épais, coriace, débordant le pied en avant et sur les côtés, à bords tranchants et découpés, couvert, en dessus , de très petits tubercules coniques, aigus à leur ex- trémité et fortement rapprochés les uns des autres ; pied épais , allongé . tronqué et marqué d'une rainure profonde en avant , terminé , postérieurement , par une pointe qui dépasse le manteau, dans la reptation; sa surface est cou- verte de lignes obliques, divergentes du centre vers les par- ties latérales. Tentacules en massue, longs, divisés en feuil- lets à leur extrémité, contractiles en des cavités protectrices dont les bords sont simples et non saillants; branchies con- tractiles, dans une large cavité postérieure du manteau , pré- sentant une rosace régulière, divisée en neuf lobes forte ment réunis, la partie libre anguleuse , également découpée en digitations non ramifiées. De l'intervalle de chaque lobe part un sillon profond convergeant vers l'anus , qui est mé- dian, et forme un tube saillant; organes de la génération vers le tiers supérieur, du côté droit. Couleurs. Sa teinte, à l'état vivant , est d'un très beau carmin foncé uniforme; les tentacules sont jaunes, et quel- ques points noirs se remarquent sur les côtés du manteau , en dessus. Dimensions. Longueur totale , 2.2 millini. Nous avons découvert cette charmante espèce sur les cô- tes de l'Océan, dans le golfe de Gascogne, aux environs de 1 Cet ouvrage, que nous devions rédiger avec M. de Férussac, était terminé, quant à la partie d'investigation, qui était notre partage , avant de partir pour l'Amérique, et maintenant nous possédons tous ces matériaux , que nous ne tarderons pas à publier. Cl. V, Pl. 102 à 109. .3 la Rochelle, principalement à la pointe des Minimes; elle se tient sous les pierres détachées du sol, mais n'y est ja mais commune. Son niveau d'habitation est , au printemps, à quinze à vingt-cinq pieds de profondeur au dessous du niveau des hautes marées ordinaires ; et, depuis le mois de juin , de vingt-cinq à trente. Nous l'avons presque toujours trouvée isolée , hors le temps des amours. Sa démarche est très lente. Cette espèce ne se rapproche bien d'aucune autre espèce connue ; néanmoins, par ses tubercules serrés et aigus, elle doit être placée près de la Doris tomentosa , quoiqu'elle en diffère, du reste, par la forme des branchies et par sa teinte. Tergipes coronata. D'Orb. (Pl. io5.) Doris coronata, Linri. , Gmel., n° 14, Bomme , Act. deFless., 3, p. 202, t. 1, fig. t, u* — Tri- ionia coronata , Cuv. , Làm. Animal allongé, tronqué et échancré en avant , acuminé postérieurement; deux tentacules pédoncules, infundibuli- formes, du centre desquels sortent deux filaments coniques et aigus; bouche formée d'une trompe contractile, située au dessus et à la partie supérieure du pied , entourée de bourrelets étroits, et formant une fente transversale dans l'état de contraction ; pied plus étroit que le corps, obtus en avant et en pointe en arrière ; branchies placées sur les côtés du dos, divisées en six paires de lobes en massue, diminuant, graduellement, de grosseur et de longueur, en s'éloignant de la tète ; chaque lobe formé de séries annulaires de petits tubercules séparés des autres par un léger sillon. Couleurs. Teinte générale rosée ; trois lignes longitudi- nales de points rouge de carmin se remarquent , l'une sur la ligne médiane du dos, les deux autres de chaque côté, en dehors des branchies; les tentacules, la bouche et le pied sont presque blancs ; les lobes des branchies jaunes , marqués, à la partie supérieure de chaque tubercule, d'un point carmin foncé, excepté sur ceux du sommet de chacun , qu sont 4 Cl. V, Pl. io-2 à ioy. entièrement blanc mat. Dimensions. Trois à quatre lignes , ou sept à neuf millim. Nous avons rencontré cette charmante espèce sur les pla- ges tranquilles du golfe de Gascogne , principalement aux environs de la Rochelle et surtout à la pointe du Plomb , où elle se tient presque toujours isolée sous les pierres déta- chées du sol ; elle y est rare, et son niveau d'habitation est, au printemps, à quinze ou vingt-cinq pieds au dessous du niveau de la haute mer, et , le reste de l'année , à vingt- cinq ou trente pieds. Nous l'avons conservée vivante plusieurs jours , et nous avons été à portée d'observer que sa démarche est prompte et que sa locomotion se fait seulement au moyen des con- tractions du pied; ce sont, au reste, avec le balancement des tentacules , les seuls mouvements qu'elle exécute , les lobes branchiaux restant toujours immobiles , ou suivant, seulement, les ondulations de l'eau dans laquelle l'animal est contenu ; c'est encore en rampant , ainsi que les Cavoli- nes, qu'elle vient à la surface de l'eau et qu'elle y reste fixée sur l'air extérieur, comme sur un point d'appui. Nous avons souvent observé cette espèce dans la reptation et dans les différents états de locomotion, et jamais nous n'a- vons aperçu cette faculté citée par Forskaal, qu'aurait ce genre de se servir, dans la marche, de ses lobes branchiaux comme de pieds, nous dirons même plus : c'est que nous regardons ce mode de mouvement comme ne pouvant pas exister parmi les Gastéropodes ; car il obligerait ces Mol- lusques à rester, alors, dans une position tout à fait con- traire à la position normale \ d'ailleurs il ne faut que jeter un coup d'oeil sur ïa structure branchiale des Nudibranches pour s'assurer que les lobes dont ils se composent ne sont pas susceptibles de servir à cet emploi. Tcrgipes aj finis. DOrb. (PI. 104.) animal très allongé, fortement acuminé postérieurement, renflé et élargi antérieurement pour la partie céphalique ; les tentacules sont pédoncules, infundibuliformes à leur Ci.. V, Pi.. 10a à 109. 5 partie supérieure, d'où pari un filament terminé en pointe aiguë ; bouche formée d'une trompe contractile placée au dessus du bord antérieur du pied et entourée de bourrelets étroits , transversale dans la contraction ; pied très étroit , marqué seulement de quelques plis longitudinaux ; six paires de lobes branchiaux, lisses, pédoncules, en massue arrondie , de chaque côté du dos , et diminuant de gros- seur en approchant des parties postérieures. La couleur générale du corps est rosée ; sur le dos se re- marque une ligne longitudinale et médiane de points rouge de carmin ; les lobes branchiaux sont jaune foncé, avec l'ex- trémité supérieure d'un beau blanc mat. Sa grandeur est de trois à quatre lignes. Elle habite les plages rocailleuses des côtes de l'Océan, aux environs de la Rochelle , surtout près de la pointe du Plomb. Son niveau d'habitation est le même que celui de l'espèce précédente, c'est à dire à quinze ou vingt-cinq pieds au dessous du niveau des hautes marées, dans la sai- son de l'accouplement et de la ponte, et à vingt- cinq ou trente dans les autres instants ; elle se cache sous les ror chers détachés du sol et est toujours rare. Cette jolie espèce a beaucoup d'analogie avec la Tergipes coronata par sa forme générale et parcelles de diverses par- ties , cependant elle en diffère par des caractères bien tran- chés ; ses branchies sont lisses, au lieu d?êire divisées par des lignes de tubercules; la couleur diffère, aussi, sur divers points ; du reste , elle se trouve dans les mêmes lieux que la précédente, et paraît avoir les mêmes habitudes. Nous ne l'avons jamais vue non plus se servir des lobes branchiaux comme de pieds; sa inarche est très prompte, mais due seulement aux mouvements d'ondulation du pied. Poljccra Lcssonii. D'Orb. (PI. io5.) Animal prismatique, fortement acuminé postérieurement renflé vers la partie branchiale , tout couvert, en dessus, de mamelons également espacés ; tête bombée , formant un renflement à la partie antérieure ,. portant supérieurement ci Cl.«V , Pl. 102 à 10g. deux tentacules en massue , contractiles , marqués, sur leui moitié supérieure, de petites divisions annulaires fortement prononcées. En avant des tentacules, part, de chaque côté, une ligne élevée, divisée, sur la partie céphalique, en sept mamelons élevés formant une chaîne interrompue en avant, prolongée postérieurement, de chaque côté du corps , jus- qu'au delà des branchies, qui en sont protégées. Autour de cet organe, les tubercules s'allongent et prennent un bien plus grand développement; les deux postérieurs sont bifur- ques ; des branchies jusqu'à la partie postérieure, une ran- gée de plus gros mamelons marque la ligne médiane ; bou- che en trompe, présentant, dans la contraction, une ouver- ture transversale entourée de bourrelets ; pied étroit, acuminé postérieurement, coupé et élargi carrément à la partie anté- rieure, et ridé , longitudinalement, en dessous; branchies placées à la partie médiane du corps , divisées en trois lobes rameux fortement divisés, celui du milieu le plus grand; anus placé en arrière des branchies , et , le plus souvent , caché par elles. Ses dimensions sont, dans les plus grands individus , de 7 à 8 lignes. Il habite les bord rocailleux de l'Océan, plus particuliè- rement dans les baies abritées des vents régnants ; il se cache sous les pierres détachées du sol ou sur les varechs de sa zone d'habitation ; nous l'avons rencontré aux environs de la Rochelle , près de la pointe du Plomb ou à celle de Chef-de-Baie ; mais il est toujours très rare, et nous n'en avons recueilli que trois individus dans une dizaine d'années que nous avons parcouru les côtes du golfe de Gascogne. Son niveau d'habitation est, au printemps, de i5 à 25 pieds au dessous du niveau des hautes marées de Syzy- gies, et, dans le reste de l'année, à 25 ou 3o pieds. Cette gentille espèce commence à paraître vers le mois de mars; et, alors, on la rencontre ou sous les pierres ou fixée sur les varechs ; elle vit assez solitairement, et ce n'est qu'à l'époque del'accouplcinent, qui a lieu à la fin d'avril, qu'on les trouve réunies ; mais ce temps de rapprochement dure neu ; et, au commencement de mai , elle dépose des groupes Cl. V, Pt. 102 à 109. 7 d'œuls par longues chaînes gélatineuses collées aux pierres. Ces chaînes sont divisées par grains ou œufs blancs. Les individus adultes, aussitôt après la ponte, se retirent des lieux qui sèchent aux basses marées , car jamais , après le mois de mai, nous n'avons rencontré ces animaux. Leur nourriture paraît se composer de quelques espèces de fucus , et surtout de Xulva lactuca. Leur démarche est assez prompte, et ils viennent, quelquefois, ramper à la surface des eaux , mais rarement, préférant se fixer sur des corps solides , qu'ils embrassent avec leur pied. Polj cera punctilucens . D'Orb. (PI. 106.) Animal raccourci , fortement bombé , légèrement coriace, acuminé postérieurement, légèrement renflé dans sa partie moyenne, couvert, en dessus, de cônes élevés, tronqués à leur extrémité , et terminés par un petit bouton ; les plus grands sont les plus inférieurs. Ces cônes laissent, quelque- fois , entre eux, des intervalles ; alors ces parties sont lisses. Ces intervalles, ornés de couleurs vives, sont placés ainsi qu'il suit : deux entre les tentacules, quatre latéiaux et postérieurs à ceux-ci; puis un grand médian de forme allon- gée, deux autres petits médians et beaucoup d'autres laté- raux, un très grand, cordiforme, postérieur aux branchies, enfin quatre arrondis , placés de chaque côté de la ligne mé- diane, vers la queue ; tête peu distincte , plus large en avant et comme tronquée à cette partie, plus élevée que le cou , marquée en dessous , à sa partie antérieure , de mamelons égaux qui forment comme une bordure autour de l'appa- reil buccal ; bouche transversale , entourée de bourrelets épais ; pas d'appendices buccaux ; tentacules écartés , placés latéralement et entourés de cinq cônes élevés, dont trois bien plus grands et plus saillants que ceux du corps, et deux très petits à la partie interne : ils sont coniques, peu allongés, et terminés par deux ouvertures, l'une plus grande et plus élevée que l'autre ; yeux non apparents; branchies trilo- bées, chaque lobe divisé en une infinité de ramifications, 8 Gl. V , Pt. 102 à 109. de manière à former des rameaux complets , le médian ré- gulier, les latéraux ayant , indépendamment de leur bran- che principale, un second petit rameau extérieur qui part de la moitié supérieure de sa longueur. Ces branches sortent de la partie moyenne del'animal, et sont protégées, en avant, par trois cônes très élevés ; anus saillant, percé à la partie postérieure du groupe branchial ; orifice des organes de la génération percé vers le tiers antérieur et sur la partie lisse, en dessous des cônes : il est entouré de forts bourrelets ; pied beaucoup plus étroit que le corps, acuminé postérieu- rement, légèrement élargi dans sa partie moyenne, tron- qué carrément à la partie antérieure, et légèrement prolongé ,en pointe , latéralement. Couleur. Le pied et tout le dessus du corps, excepté les divers intervalles unis d'entre les cônes, sont mélangés de violet et de jaune, ou , pour mieux dire, d'une teinte in- certaine qui approche de ces deux couleurs. Les intervalles unis dont nous avons parlé sont bistre foncé et circons- crits par une bordure de points noirs placés à distances égales ; au milieu de chacune se trouve un point brillant vert tendre, formant un contraste frappant avec le reste de la teinte ; en avant des branchies et entre les tentacules, on remarque un point saillant, d'un blanc mat, puis latérale- ment un premier, quatre autres plus petits ; sur le dessus du pied sont beaucoup de taches d'une couleur plus intense que le reste, placées obliquement ou verticalement; le des- sous du pied en est aussi légèrement marqué, sur les bords. Taille. Le seul individu que nous ayons vu avait un cen- timètre de longueur. Habitation. La rade du port de Brest , en dehors de Re- couvrance, sur les parties rocailleuses. Nous avons rencontré cette espèce dans les flaques d'eau que laisse la mer en se retirant ; elle s'attache aux fucus et aux ulves, qui y sont en abondance ; sa démarche est lente et elle reste, quelquefois , des heures entières, sans exécuter le moindre mouvement. Comme les Cavolines, elle rampe à la surface de l'air, où elle se tient dans la même immobilité Ci. V , Pl. io9. à 109 • g que sur les corps solides. Pendant quinze jours nous l'avons gardée vivante, ayant soin de changer l'eau tous les deux jours, et elle fût restée dans cet état beaucoup plus long- temps, si nous l'avions voulu. Il lui fallait jusqu'à cinq heures pour traverser un vase d'un peu plus d'un décimètre de diamètre ; dans sa marche, elle n'exécute aucun mouve- ment. Les tentacules sont presque toujours rentrés et les branchies dans leur plus beau développement ; la bouche exécute continuellement des mouvements de contraction. Cette espèce est peu sensible , et l'irritation la fait peu se contracter ; les tentacules seuls rentrent alors et les branchies se replient ; car elles ne peuvent rentrer. Son niveau d'ha- bitation est à vingt pieds au dessus des hautes mers, qui s'élèvent de vingt-cinq pieds dans la rade de Brest. Pendant tout le temps qu'elle a séjourné dans un vase , elle s'est nourrie de petites espèces d'ulves que nous y avions mises à cet effet ; elle fuit les autres Mollusques , même les genres voisins. Mise dans l'esprit de vin , tous les lobes branchiaux se sont contractés , les tentacules sont rentrés , la couleur a disparu et l'animal paraissait entièrement d'une couleur violette-pâle, mais sale : du reste , les cônes de dessus le corps se sont un peu affaissés , et il est toujours facile, à ce caractère, de reconnaître l'espèce. Polycera ornata. D'Orb. (PI. 107.) Animal médiocrement allongé , mollasse , renflé en avant et vers la partie moyenne, rétréci vers les parties pos- térieures et comme lancéolé à cette extrémité , couvert souvent par lignes de tubercules allongés ou ovales ; bouche arrondie, munie de forts bourrelets, et, latéra- lement, d'appendices buccaux larges , aplatis , coupés obli- quement à leur extrémité , qui est comme tronquée. Ces appendices , dans les moments de contraction de l'animal, se replient et servent de corps protecteur de l'organe buc- cal. Tête élargie, légèrement renflée, «munie, en avant , de six appendices allongés, non contractiles , coniques, poin- io Cl. V , Pl. ioa à 109. tus, qui se dirigent en avant et peuvent servir au tact; ten- tacules écartés , longs , pédoncules , en massue, composés de lamelles transversales retenues, en dessus, par une bride longitudinale, et terminés par une pointe aiguë ; yeux dis- tants, situés à la paitie postérieure des tentacules; bran- chies composées de huit rameaux coniques, six grands et deux petits postérieurs. Ces rameaux sont non contractiles, rayonnant, comme ceux des Doris, autour de l'orifice anal ; chacun d'eux est arrondi inférieu rement , comme tran- chant à son centre supérieur, et divisé en lamelles étroites, réunies longitudinalement, au centre, par une arête fortement marquée en dedans. Cet appareil branchial paraît être pro- tégé par deux expansions latérales postérieures, aplaties, souvent bifurquées, qui prennent naissance à l'extrémité de lignes composées de taches saillantes qui partent des ap- pendices antérieurs et vont se perdre à la base de ces ex- pansions ; anus fortement saillant au centre des lobes bran- chiaux ; cloaque des organes de la génération de très grande dimension , saillant , placé dans la partie moyenne latérale droite du côté droit; organe mâle fortement sorti, figurant, alors, un cône peu prolongé, placé à la partie antérieure de l'orifice ; pied légèrement concave , contractile , plus étroit que le corps, élargi sur la partie moyenne et antérieure- ment, où sont latéralement des expansions aplaties, larges, coupées obliquement comme les appendices buccaux , mais moins longs que cCUx-ci ; la partie postérieure forme une pointe obtuse. Couleur. Nous avons remarqué des variétés distinctes que nous divisons en deux séries. La variété A (fig. 1 , 2, 3) est la plus commune : elle est par- tout d'un blanc légèrement rosé; les appendices de la partie antérieure de la tête sont d'une belle couleur de vermillon , jusqu'à leur base seulement : la même couleur intense couvre les parties élevées du corps et en suit les formes, et co- lore les parties suivantes : une bordure à l'extrémité des appendices buccaux , une à l'extrémité latérale de la partie antérieure du pied ; quatre taches saillantes longitudinales Ci.. V, II. i«'! à 109. 1 » sur la ligne médiane de la partie antérieure aux branchies, deux petites postérieures sur la même ligne; et, à la suite, une grande tache de forme allongée , qui va se perdre au bout du pied ; plusieurs taches saillantes dispersées , sans ordre, aux côtés du corps; deux lignes latérales qui pren- nent des appendices antérieurs, et qui vont, en s'élargissant, jusqu'à l'extrémité des lobes protecteurs des branchies ; sur le milieu de chaque lobe branchial, on remarque une ligne de la même couleur. Les feuillets des tentacules sont an- nelés de lignes noires vers leurs parties plus renflées. La variété D (fig. 4) a , comme la précédente, les mêmes taches, mais peu apparentes, et, de plus, elle est couverte, sur toutes ses parties, de très petites taches noires comme tigrées. Habitation. Les côtes de Bretagne, dans la grande baie de Houarnenet, près des grottes de Morgntte. Nous l'avons trouvée en juillet, sur les feuilles de Yulva bulbosa, où elle est assez commune. Elle s'attache, par groupes , sur les feuilles les plus rapprochées de la racine et, là , résiste à l'impétuosité des flots, toujours violemment agités. Ses mouvements sont très prompts : dans une mi- nute, elle parcourt un espace d'un décimètre. Elle se trouve au niveau des plus basses marées, et encore, à cet instant , nous avons été forcé de nous mettre dans l'eau jusqu'au cou pour nous la procurer. Elle rampe à la surface de l'eau , comme les Cavolines. \ Ayant conservé longtemps des individus vivants , ils se sont accouplés, les premiers jours, en se rapprochant les uns des autres, la tête de l'un vis à vis la queue de l'autre , et faisant pénétrer les organes sexuels les uns dans les autres : cet embrassement durait jusqu'à une ou deux heures. Après sept ou huit jours, ces individus se sont séparés pour la ponte et ont déposé leurs œufs en un groupe en rubans, attaché par un de ses côtés : ce ruban était formé de ligues transversales d'œufs gélatineux , de couleur blanchâtre (fig.5). Dans la locomotion l'animal n'exécute aucun mouve- 12 Cl. V, Vl. 102 à iof). ment : les tentacules seuls paraissent en action ; les bran- chies ne peuvent pas se contracter, et l'animal seul se rac- courcit, lorsque quelque obstacle entrave sa marche, ou s'il éprouve le contact d'un corps quelconque. Tous les individus ne sont pas également munis de six appendices antérieurs : beaucoup n'en ont que quatre , et ceux qui manquent sont remplacés par une simple tache saillante de la couleur rouge des autres appendices. Mise dans l'esprit de vin, elle s'est contractée, et il était presque impossible de reconnaître le même animal. S. G. CALLIOPÉE. Calliop^a. D'Orb. Animal mollasse , contractile ; corps allongé , limaci- forme ; tête peu distincte ; point de tentacules ; deux appen- dices buccaux très longs ; yeux sur la partie supérieure moyenne et assez espacés l'un de l'autre ; bouche en fente transversale à l'extrémité antérieure du pied; branchies formées par des corps piriformes placés par lignes longitu- dinales de chaque côté du dos ; orifice des organes de la génération sur le côté droit , sous les premiers lobes bran- chiaux; pied étroit, acuininé postérieurement, souvent muni d'expansions latérales antérieures ; point de manteau distinct. Observation. Ce genre, que nous avons découvert aux envi- rons de Brest , doit être placé dans les Nudibranches et près des Cavolines : il en diffère par le manque de véritables tentacules et par la disposition des lobes branchiaux en lignes longitudinales, ainsi que par la forme de ceux-ci; l'espèce type est très petite et douée d'ailleurs des mêmes mœurs , ou à peu près que les Cavolines. Calllopœa bellula, D'Orb. Pi. 108.) Animal allongé , fortement contractile , très mollasse, acuininé postérieurement , renflé dans sa partie moyenne , lisse ; tête peu distincte du corps, rétrécie en avant des yeux et légèrement échancrée antérieurement, munie de très longs appendices buccaux arrondis , comme tronqués Cl. V, Pi,. ios>. a ioq. i3 à leur extrémité; bouche assez large, pourvue de bourre- lets épais; yeux très écartés, placés au commencement de rétrécissement de la tête ; branchies composées de lobes pi- riforines gros et courts, placés sur deux lignes longitudi- nales et alternant ensemble ; le nombre varie de six à neuf de chaque côté , selon l'âge ; ces lobes tombent assez facile- ment, lorsque ranimai est mort; l'orifice des organes de la génération , entouré de légers bourrelets , est placé vers le tiers antérieur, entre le premier et le second lobe branchial ; le pied est plus étroit que le corps, fortement acuminé postérieurement et muni de larges appendices latéraux pointus, à la partie antérieure. Couleur. Toutes les parties inférieures sont blanches ou légèrement teintées de rose ; les branchies sont d'nn brun rougeâtre plus ou moins foncé, et tachetées irrégulièrement de la même couleur plus foncée et qui les rend comme marbrées ; la tête est , antérieurement et entre les appen- dices buccaux, marquée de la même couleur brune, qui s'étend, de chaque côté, sur les appendices buccaux et se ré- trécit, ensuite , en se dirigeant en arrière et formant , entre les yeux, comme une bande longitudinale qui, bientôt, s'unit à la teinte générale du corps, d'autant moins foncée qu'elle approche davantage des parties postérieures ; la partie du dos postérieure aux branchies est toute blanche; autour des yeux règne une teinte presque blanche qui, antérieurement, va rejoindre les appendices buccaux et s'étend sur toute leur longueur ; les flancs sont très pâles. Il est à remarquer que nous avons pris pour type un individu très foncé en cou- leur, que beaucoup d'autres sont d'une couleur bien plus pâle, et enfin qu'il s'en trouve, dans les plus petits seule- ment , qui sont entièrement blancs. Taille. Sur une vingtaine d'individus de cette espèce que nous nous sommes procurés, les plus grands avaient, à leur entier développement, cinq millimètres de longueur ; mais ce n'est pas la taille la plus ordinaire ; ils sont généralement plus petits. Habitation. La rade de Brest, en dehors de Recouvrance , i4 Cl. V, P't. 102 à 109. sur les pallies rocailleuses. Son niveau d'habitation est à quinze ou vingt pieds au dessous du niveau des hautes mers. L'espèce s'est offerte à nous , le plus souvent , dans les petites flaques d'eau salée que la marée laisse en se retirant, Elle se promène parmi les fucus et les zostères. Ordinaire- ment tous les individus qï.i sont dans un de ces réservoirs se réunissent ensemble , et ne laissent distinguer, au premier abord, qu'un groupe formé par les mamelons des bran- chies. Ayant essayé plusieurs fois de les isoler dans un vase rempli d'eau salée, quelques minutes suffisaient pour qu'ils se réunissent de nouveau en paquets. Les mouvements de cette espèce sont très prompts : dans une demi-minute, elle parcourt un double décimètre de longueur; elle marche continu ellem eut jusqu'à ce qu'elle ait rencontré des indi- vidus de son espèce. Dans la locomotion, elle balance con- tinuellement ses lobes branchiaux ainsi que ses appendices buccaux. Nous ne nous sommes jamais aperçu qu'elle pût se soutenir sur l'air comme les Cavolines , ce que nous au- rions reconnu pendant plus de quinze jours que nous l'a- vons conservée dans l'eau salée , sans qu'elle parût souffrir, même faiblement, de ce déplacement. Si quelque cause l'effraie, elle se ramasse de suite (fig. 4) ; et d'allongée qu'elle était, elle prend une forme presque cir- culaire. Les appendices buccaux ne peuvent rentrer entière- ment; seulement, dans les moments de contraction, ils sont moins longs; les branchies, allongées auparavant, s'agglo- mèrent en boules : un rien la fait se contracter, mais cet état dure peu, et, dans quelques secondes, elle a repris sa marche. Mise dans l'alcool , sa forme a changé complètement : elle y foi niait presqu'un disque. La plupart des lobes bran- chiaux sont tombés, ses couleurs ont fait place à une teinte uniforme de jaune sale , et il était impossible de reconnaître le même animal. G. V1LLÏERSIE. Villiersia. D'Or/?. (PI. .09.) Caractères génériques. Corps ovale, déprimé, formé d'un manteau très grand, débordant le pied et le recouvrant de Cl. V, Pl. 102 à 109. i5 toutes parts, renfermant un bouclier crétacé ovale, formé d'une multitude de petites pièces divergentes de la partie médiane vers les bords. Ce bouclier est percé antérieure- ment pour laisser sortir deux tentacules en massue et divi- sés , postérieurement, par trois orifices donnant passage à l'anus et à deux lobes branchiaux rameux ; bouche infé- rieure munie d'une trompe surmontée par deux expansions tentaculi formes ; l'organe de la génération, comme dans les Doris, percé sur le côté droit, entre le manteau et le pied ; pied large , comme celui des Doris. Ce genre diffère essentiellement des Doris et des Polycè- res, genres entre lesquels il doit être placé : il se distingue du premier par ses branchies en deux lobes postérieurs et non en auréole, et du second, parce que ces branchies sont séparées, tandis qu'elles sont réunies chez les Polycères ; mais le caractère le plus saillant est le bouclier crétacé , qui renferme le manteau, ce qui est une anomalie bien singu- lière dans les Nudibranches, où tous les genres connus jus- qu'à présent manquaient entièrement de corps crétacé. Nous nous croyons autorisé, par ces caractères , à en for- mer un nouveau genre que nous avons dédié à M. le vi- comte de Villiers du Terrage. V illier sia scutigera. D'Orb. Animal ovale , déprimé ; tête peu distincte ; bouche dans l'état de contraction, présentant une ouverture ovale, transversale, ornée de deux tentacules buccaux, allongés coniques, à extrémités obtuses; manteau épais, rugueux, débordant le pied de toutes parts ; deux courts tentacules en massue, contractiles et lamelleux; branchies formées de deux lobes branchiaux rameux, placés au centre d'un cercle élevé, formé de quatorze mamelons arrondis ; pied large , ovale, marqué, antérieurement, d'une rainure transversale ; orifice des organes de la génération placé vers les deux tiers antérieurs du côté droit, et entouré d'un bourrelet ; anus- entre les lobes branchiaux , un peu en arrière. i6 Cl. V , Pi.. 102 à ioy. La couleur générale est rosée, le manteau parsemé d'une multitude de points rouges et bruns ; les branchies , ainsi que les tentacules en massue , sont jaunes, et les mamelons postérieurs du manteau sont presque blancs. Le pied pré- sente, en dessous, une large tache violette, due à la trans- parence de la peau, qui laisse apercevoir les viscères. Sa longueur est de quatre à cinq lignes. Sa partie testacée interne, qui est sous toute la largeur du manteau, est ovale, ciliée, convexe en dessus, concave en dessous , formée de petites pièces allongées, partant d'un centre commun, situé à la partie antérieure médiane etse bifurquant en divergeant vers l'extrémité postérieure ; sur la ligne médiane se trouve un autre système de petites piè- ces transversalement placées et formant une ligne étroite qui s'élargit en approchant de l'extrémité postérieure , et qui , dans l'espace arrondi des branchies, forme un cercle assez parfait. Cette pièce est percée, antérieurement, de deux trous pour le passage des tentacules ; postérieurement , de trois trous médians pour les branchies et pour l'anus , et quatorze pour les mamelons qui les entourent. Il habite les bords rocailleux de l'Océan ; nous l'avons re- cueilli sur les côtes de la Rochelle, plus particulièrement à la pointe du Chez, où il n'est jamais commun. Comme les Doris, il arrive vers la fin de mars, et reste sur les côtes jusqu'an mois de mai; il habite les rochers couverts de polypiers. Sa nourriture se compose de varechs. Sa démarche est très lente, et il rampe sans exécuter d'au- tres mouvements que les mouvements très lents des tenta- cules. Paris, ier novembre 1837. Dons rubra , d'OrbU ?m jV.JMrwndi >■■ /M r> ■:■■■•■' s ifti tra Tergrpes S carO/Ul(io .p.' Nfiérnond xmp. ioô. V Poncera piuicùliwerur , d'Ortyny. Orbiçni/. ad. nat. vtv, del . JV Rémond unp ■ Leèr ^^2^*- .^ Polycera OrncUXt/, d'Orbiqmj. . VJSemarui émp. Calliopsea belkda/, dfôrèipmf wûriigrw rut 'nul . N.Rémojid'unp. ion Vllhcrsia seuligera , d'Or&yrm/ ■ w do( KRémond tr>:p , 0 4u€*e4tJ Y/4 à /A /M8. Ci)Â*i V , Pi. . 1 10 cl 1 1 1. i 1 NOTICE Sui L'HELIX LABYRINTHUS et quelques espèces voisines , PAR M. DESHAYES. A commencer par Chemnitz, la plupart des auteurs de Conchyliologie ont confondu plusieurs espèces sous le nom d'Hélix labyrinlhus. On trouve, en effet, dans la synonymie de Chemnitz , la citation d'une figure de Knorr, qui ne re- présente pas la même coquille que celle de Seba et des autres auteurs qu'il mentionne. Born , dans son ouvrage très bien fait, aperçut bien la différence qui existe entre les deux espèces, et fit , avec celle de Knorr (Vergn., t. v, pi. 26, f. 3), son Hélix plicata. Ni l'une ni l'autre de ces espèces ne sont mentionnées, soit dans la douzième édition du Sjstema naturœ, soit même dans la treizième, où Gme- lin en a rassemblé de bien moins intéressantes. En 1792, Lamarck publia, dans le tome 2 du Journal d'histoire na- turelle, la description et la figure de quatre espèces d'Héli- ces , parmi lesquelles se trouve , sous le nom de labyrin- lhus , le véritable Hélix plicata de Born. Plus tard, Dili- wyn, dans son Catalogue, rassembla sous le nom d' 'Hélix plicata (page 899, n° 27), toute la synonymie du labyrin- thus et du plicata. Dans les Animaux sans vertèbres , La- marck imita la fâcheuse confusion de ses prédécesseurs, et inscrivit les deux espèces sous le nom de Carocolla labyrin- thus. On devait espérer que M. de Férussac, après ses tra- vaux spéciaux sur les Hélices , rectifierait la synonymie des espèces qui nous occupent. Il n'en a pas été ainsi : il com- mence, dans son prodrome, par regarder Y Hélix labyrin- i838. 3 • 2 Cl. V, Pl. iio et i ii . thus de Chemnitz comme douteuse, puis admet dans la sy- nonymie du plicata plusieurs citations du vrai labyrinthus ; enfin, changeant d'opinion lors de la publication des figu- res de ces espèces , il introduit . sous le nom de plicata de • Born , une troisième espèce que Born ne connut pas , et il confond , à titre de variété du labyrinthus, le véritable pli- cata, de Born. Nous-même, trop confiant d'abord dans les déterminations de M. de Férussac, nous décrivîmes dans Y Encyclopédie cette troisième espèce , en lui donnant aussi le nom de plicata. M. Petit de la Saussaye, amateur distingué et possesseur d'une belle collection de Conchyliologie, ayant reçu de l'isthme de Panama1 une belle et grande espèce voisine du labyrinthus , voulut bien nous la communiquer, ce qui nous détermina à faire les recherches précédentes et à réta- blir, ainsi qu'il suit , la nomenclature et la synonymie des trois espèces mentionnées. i. Hélix labyrinthus. Chemnitz. (Pl. ni, f. i). Seba, Mus., t. 3, pl. 4o, f. 24, a5? Davila, Cal. , t. i, p. 44o, n° 986. Encycl., recueil de planches, t. vi, pl. 64, f. 18. Fav., Conch., pl. 63, f. F. 11. Id., Cat. vais., p. 5, no 20. Chemjv., Conch., t. h, p. 271, pl. 208, f. 2o48 . Hélix plicata pars , Dillw., Cat. , t. 11 , p. 899, n° 27. Carocolla labyrinthus pars, Lam., Anim. s. vert., t. vi, p. 96, n<> 4. Hélix labyrinthus , Férus., Prod., p. 33, no 99. — Férus., Hist. des Moll., pl. 54, B, f. 5. 2. Hélix pucata (Pl. no). Knorr, Verg., t. v, pl. '26, f. 6?* 8IJOB Born, Mus. cœs,,-p. 368. [ M. Petit doit cette intéressante espèce à l'obligeance de M. J. I'a- vagcau, négociant français établi à la Nouvelle-Grenade. Cl. V, Pl. iio et ni. 3 Hélix labyvinihus, Lam., Jour, d'hist. nal., t. Il, p. 352, pl. 42, f. 4. Hélix plicata pars, Dillw., Cal., t. n, p. 899, 11. 27. Carocolla labyrinthus pars, Lam., Anim. s. vert. t. 6, p. 96, 11. 4. Ht-.lix plicata, Fér., Prod., p.34,n. 160. Hélix labyrinthus var., Férus., Hist. des Moll., pl. 54 B, f. 4. • 3. Hélix bifurca.ta. Desh. (Pl. ni, f. 2) S Hélix plicata, Férus., Hist. des Moll., pl. 54 B, f. i. Hélix plicata, Desh., Encyc. méth. , Fers, t. il, p. s3l, n. G3, Syn . exclus. Celle-ci est toujours plus petite ; la dent columellaire an- térieure est formée par un tubercule pédicule , bifurqué à son sommet , et les deux parties de cette bifurcation sont en forme de V très ouvert. Il y a peut-être une quatrième espèce appartenant à ce petit groupe des Hélices dentées ; c'est celle figurée par Knorr {Vergn.^ t. v, pl. 26, f. 6, 7), et copiée par M. de Férussac (pl. 54 B, f. 2, 3) i mais nous n'osons nous pronon- cerdéfinitivement à son sujet. Connue seulement par la figure de Knorr, cette coquille pourrait être le jeune âge soit du la- byrinthus, soit duplicata. Par la position et la direction de la seule dent qui est à l'ouverture , elle ressemble plus au plicata qu'à tout autre ; mais cette dent se prolonge à l'in- térieur, ce qui n'a pas lieu dans le plicata. Il faudrait donc voir cette coquille et la comparer avec les espèces voisines pour l'admettre définitivement dans les catalogues ou l'en rejeter. Paris , 1 5 décembre 1 887 . ' Cette coquille a ete' dessinc'e sur un exemplaire que M. Ke'rau- dren , inspecteur gênerai du service de santé' de la marine, a eu h\ complaisance de nous communiquer. i\riaumm V Hélix plioataj, Born ,. Ditsrienil , V î.HellX labyrinthe, CktnvuHc. •2 VÎAwCCUa/. Deshay&r. />!/,»<>,,,/ ,rr N.Jtemond i/np Classe V, Pi,. 112. MARGÏNELLE. Marginella. Lamarck. M. de Kiener. M. Kieneriana. Petit. Collection S. Petit de la Saussaie. Testa parva, piriforme ,fulva, maculés albis transversis per quatuor séries disposais ornata; spira brevissima, exser- tiuscula, labro crasso, vix intus crenulato, plicis colu- mella octonis. Hauteur, i3 millim. ; larg. , 8 millim. Cette coquille se rapproche un peu de la Marg. interrupta, dont elle diffère cependant par une ouverture beaucoup plus resserrée , et par sa spire qui, quoique très peu saillante , se distingue néanmoins assez bien pour que Ton puisse comp- ter trois tours. La Marg. Kieneriana est aussi plus petite et elle a un aspect piriforme qui lui est particulier. Le dernier tour est orné , sur un fond d'un brun rou- geâtre , de quatre zones plus foncées , sur chacune des- quelles se détachent une dizaine de flammules irrégulières et d'un blanc laiteux, qui font de cette coquille une des plus jolies du genre Marginelle. Le bord droit est finement dentelé à l'intérieur. On compte huit plis à la columelle. Habite les plages de la Guayra (Venezuela). Je dois cette coquille à l'obligeance de M. Lemarié , ca- pitaine de vaisseau , qui a bien voulu me donner plusieurs espèces nouvelles recueillies par lui sur les côtes du Séné- gal, aux îles du Cap-Vert et dans les mers des Antilles. Le zèle que cet officier supérieur a mis à explorer les i838. * 3 * Cr.. V, Pl. 112. parages qu'il a visités promet à la science plus d'une décou- verte intéressante. Je dédie avec grand plaisir cette jolie espèce à M. Kie- ner, qui nous a donné sur le genre Marginelle un fort bon travail dont la suite doit bientôt paraître. S. PETIT. 1 5 décembre |837 V <} o Marginella KUneriana , Pc i\ lîénwnd mip. Classe V, Pr.. n 3. CAROCOLLE. Carocolla. Lamarck. C. uncigere. C. uncigera. Petit. Collection S. Petit de la Saussaie. Testa orbiculari, acatissime carinata, supra convexa , injra convexo planulata, umbilicata, alba,Jascù's fuscis cincla, anfractibus sex, aperlura subquadrangulari, obliquissime deprcssa, fauce prope columellam plica transversa ornata ; labro externe unidentato, intus unciforme dente armato; margine albo reflexo. Hauteur : 9 millim. ; largeur : 27 millim. Coquille discoïde , ayant une spire surbaissée et composée de six tours conjoints : le dernier tour est terminé par une carène très aiguë ; en dessous, il est percé d'un ombilic assez large qui se prolonge jusqu'au sommet : l'ombilic est en- touré d'un bourrelet large et aplati, suivi à l'extérieur d'une dépression qui concourt à rendre la carène très aiguë. Cette dépression forme , près de l'ouverture , une espèce d'enfoncement qui se prolonge intérieurement en un pli armé d'une dent pointue et recourbée en forme de crochet. L'ouverture est à peu près quadrangulaire , bordée d'un péristome blanc, continu , renversé en dehors et se proje- tant , à l'angle postérieur, sur l'ombilic, qu'il cache en par- tie. Une dent ayant la forme d'une lame blanche s'étend transversalement sur la columelle : une autre dent obtuse se trouve placée sur le bord droit , à peu près au milieu. La couleur de la coquille est un fond blanc sur lequel se dessine une zone brune placée à la base des tours de spire. La carène du dernier tour est également brune : ces zones n'arrivent pas tout à fait jusqu'à l'ouverture. Le centre du lits. -i 2 Cl. V, Pt. n3. dernier tour, y compris l'ombilic, est aussi de couleur brune. L'épiderme est verdâtre. Cette coquille fait évidemment partie du groupe auquel appartiennent les Caroc. labyrinthus , plicata et bifurcata. Elle habite l'isthme de Panama, et je la dois à l'obligeance de M. J. Pavageau, négociant français résidant à la Nou- velle-Grenade. S. PETIT. V ( ar () P ol 1 a (tntxqera , PetU . W/tf/nond nrif> MOLLUSQUES DU VOYAGE DE LA FAVORITE , Par M. EYDOUX. HÉLICE DE TUPINIER. HELIX TUPINIERII. Eyd. (PI. n4.) Coquille très-rare et fort remarquable par sa grandeur et par l'ampleur de son ombilic. C'est avec Y Hélix sepul- chralis qu'elle parait avoir le plus de rapports ; elle est aplatie , formée de cinq tours de spire subdéprimés , dont le dernier est proportionnellement plus grand que tous les autres • il est légèrement convexe. Ces tours sont lisses , séparés par une suture linéaire et un peu profonde. En dessous , cette coquille est ouverte au cen- tre par un large ombilic infundibuliforme dans lequel on voit facilement s'enrouler tous les tours de spire et sur le bord duquel l'extrémité du bord gauche vient s'insérer. L'ouverture est très-oblique , semi-lunaire , assez grande, plus haute que large , d'un blanc bleuâtre en dedans , garnie d'un péristome à peine réfléchi en dehors , lé- gèrement sinueux à sa base. Toute la surface de cette espèce est marquée par des stries d'accroissement très- fines ; la couleur extérieure est d'un violet obscur avec des zones brunes plus ou moins larges et tachetées de roussatre sur le haut de sa convexité- une large cein- 1338. 20 VOYAGE DE LA FAVORITE. ture blanche occupe la base et se prolonge jusqu'au fond de l'ombilic. Cette espèce existe aux Philippines, où nous ne l'avons cependant point trouvée nous-mème : elle nous a été donnée, à Manille, par un pharmacien espagnol dont nous regrettons d'avoir oublié le nom. Le plus grand individu que nous avons rapporté a 2 pouces 3 lignes de diamètre. HÉLICE DE LASALLE. HELIX LAS A LUI. Eyd. (PI. n5, fig. 1,1 a.) Il serait possible que cette espèce, que nous considérons comme nouvelle , ne fût cependant qu'une variété de X Hé- lix auriculala de Swainson • elle est aussi très-voisine de X Hélix marginala de Lamark ; mais la différence la plus importante qu'elle présente avec cette dernière, est la réunion des deux bords de l'ouverture vers l'ombilic. Elle est discoïde, à spire surbaissée à peine conique , ob- tuse au sommet , formée de cinq tours légèrement aplatis , réunis par une suture simple et linéaire ; le dernier tour est médiocrement convexe en dessous -, le centre est ouvert par un ombilic médiocre, en partie caché par le prolon- gement et la réunion des deux bords qui viennent s'y insérer ; l'ouverture est fort oblique , tout à fait auriculi- forme ; elle est plus large que haute ; son péristome épais, sinueux , dans sa longueur de l'extrémité gauche , est bordé et fortement réfléchi au dehors. La couleur est partout d'un blanc opaque ; sur le dernier tour se dessi- Cl. V. Pl. 114 à 119. 3 nent nettement trois zones d'un brun très-foncé , dont la supérieure est la seule qui remonte sur la spire jusqu'au- près du sommet. Nous avons trouvé cette coquille aux Philippines , dans la province de Laguna , où elle existe assez abondamment dans les belles cafeiries qu'a fait planter notre compa- triote M. Paul de la Gironnière , homme vraiment re- marquable, autant par ses talents que par ses qualités du cœur. Diamètre, i5 lignes. HÉLICE DE VALENCIENNES. HELIX FJLENCIEJSNH. Eyd. (Pl. 1,5, fig. a.) Cette belle espèce est très-voisine de Y Hélix picta. Elle est globuleuse , mince et diaphane ; la spire est proémi- nente , mais obtuse au sommet , composée de cinq tours, dont les premiers sont peu convexes et réunis par une suture linéaire et superficielle de couleur roussâtre ; le dernier tour, plus globuleux que les précédents, est aussi proportionnellement plus grand -, il est très-convexe en dessous-, l'ouverture est semi- lunaire , assez grande; le péristome est mince , à peine relevé en un filet saillant, brun dans toute son étendue •, la columelle est aplatie par devant; elle est élargie, blanche, un peu tranchante à son bord interne, sur lequel on remarque une légère dé- pression vers son point d'insertion ; la surface extérieure de cette coquille est complètement lisse et d'une teinte uniforme d'un blanc lacté. VOYAGE DE LA FAVORITE. Nous nous sommes procuré cette coquille aux Philip- pines ; sans pouvoir préciser la localité où on la rencontre , toutefois nous pouvons affirmer qu'elle provient des îles de la mer de Chine. Diamètre, 1 5 lignes. HÉLICE COULEUR DE CANNELLE. HELIX CINNAMOMEA. Val. (PL 116, fig. i, i a. i b.) Cette coquille a certainement beaucoup d'analogie avec Y Hélix nitida, mais elle en diffère par sa grandeur. Elle est mince, luisante, diaphane, discoïde, à spire dé- primée surtout au sommet , concave en dessous , arrondie sur la circonférence , formée de sept tours peu convexes, réunis par une suture simple et légèrement profonde ; la base est percée par un petit ombilic arrondi , un peu couvert par l'extrémité du bord gauche, qui se renverse au dehors à son insertion avec le dernier tour; l'ouverture est un peu oblique, assez grande, semi-lunaire, à pé- ristome simple , mince , tranchant , n'ayant pas de bour- relet intérieur. Cette espèce est très-finement striée dans sa longueur , surtout sur les premiers tours , mais d'une manière irréguîière. La couleur est d'un corné clair ou brunâtre en dehors comme en dedans. Elle vit dans les endroits ombragés. Nous l'avons trou- vée dans les bois de l'archipel des Natunas , mer de Chine. Diamètre, 10 lignes. Cl. V. Pt. "4 à 119. BULIME DE COSTER. BULIMUS COSTERIL Eyd. (PI. 1 16, fig. 2. 1 a.) Coquille très-lisse , assez légère , d'une forme ovoïde, presque cylindrique , renflée et obtuse à son extrémité , ayant quelques rapports avec le Buîimus ovideus. Elle est composée de six tours arrondis, bombés, qui sont réunis par une suture simple et superficielle ; leur surface parait unie 5 elle est cependant marquée longitudinalement par des stries d'une si grande finesse qu'on ne les distingue à la vue simple qu'avec beaucoup de difficulté. Son ou- verture est un peu moins longue que la coquille 5 elle est oblongue , plus haute que large -, le bord droit est évasé et^bordé par un bourrelet peu épais , recourbé à l'exté- rieur ; la columelle est arquée profondément et terminée à sa partie supérieure d'une manière oblique ; sa base est arrondie. La coloration de cette espèce est très-agréable ; elle est d'un blanc mat , orné , à la base des tours supé- rieurs J d'une zone circulaire étroite, d'un brun noir 5 cette zone se continue sur le milieu de la convexité du dernier tour. Ce Bulime, que nous nous sommes procuré à Surabaya (île Java) , provient, nous a-t-on dit, des iles Moluques. Longueur, 16 lignes. VOYAGE DE LA FAVORITE. CYCLOSTOME BOSSU. CYCLOSTOMA GIBBVM. Féruss. (pi. «.?- fie- »o Celle petite espèce se distingue parfaitement de ses congénères par sa forme trochiforme , et principalement par son dernier tour, qui semble difforme. Elle est élargie à sa base, pointue au sommet, formée de six tours arron- dis , surbaissés et turriculés , couverts de stries longitu- dinales très-fines ; ces tours sont séparés par une suture linéaire et enfoncée. Le dernier est beaucoup plus grand que tous les autres , plus large que haut \ il est percé à la base d'un petit ombilic étroit et peu profond • l'ouver- ture est circulaire , presque détachée de l'avant-dernier tour ; elle est entourée d'un péristome mince , tranchant, étalé et légèrement renversé en dehors. La coloration extérieure est uniformément d'un grisâtre clair. L'oper- cule est arrondi , membraneux , non multispiré. Nous n'avons trouvé cette espèce que dans les grottes formées dans l'intérieur des montagnes de marbre qui s'élèvent au milieu de la plaine où est bâtie la ville de Touranne , en Cochinchine. Diamètre , 5 lignes. Cl. V. Pl. ii4 à 119. CYCLOSTOME CAILLE. CYCLOSTOMA ORTIX. Val (pi. n7, fig. m Cette espèce , qui est sans contredit l'une des plus élé- gantes du genre , est bien nettement distincte de celles qui l'avoisinent , et entre autres du Cyclostoma f rater- culum , par des caractères qui nous paraissent constants. Elle est conique , trochiforme , formée de cinq tours convexes , arrondis , garnis , principalement le dernier , de petites carènes ou côtes transverses , régulières , entre lesquelles on en aperçoit d'autres beaucoup plus fines et très-rapprochées. Examinée à la loupe , cette coquille présente aussi un très-grand nombre de stries longitudi- nales très-fines et très-serrées. Sous le dernier tour, on voit un ombilic médiocre et profond ; la suture est simple et linéaire 5 l'ouverture , assez ample , est arrondie , oblique à l'axe , à bords minces , le plus souvent margi- nés en dehors. La coloration extérieure est un fond d'un jaune paille terne , parsemé de larges maculations longi- tudinales brunes et ondulées, souvent interrompues dans leur trajet , ce qui donne à sa surface l'aspect de nattes très-fines. Nous avons trouvé cette espèce dans les iles Seychelles. Diamètre , 7 lignes. VOYAGE DE LA FAVORITE. MULETTE DE KERAUDREN. UNIO KERJUDRENI. Eyd (PL 118, fig. i. i a.) Cette espèce, voisine de YUnio complanata, est ovale, oblongue , subdéprimée , très-inéquilatérale , lisse. Son côté antérieur est obtus et court ; le postérieur est légère- ment atténué et obtus à son extrémité 5 ses crochets , fort peu saillants , sont profondément rongés et dépouillés 5 le reste de la surface extérieure est recouvert d'un épiderme d'un brun foncé. En dedans, elle est nacrée et nuancée d'un blanc jaunâtre. La charnière est étroite , un peu sinueuse dans le milieu; la dent cardinale est lamelliforme, cariée , un peu oblique -, elle est reçue dans la valve oppo- sée , entre deux petites dents inégales , réunies à leur base et dentieulées à leur sommet. La dent postérieure est la- melliforme , tranchante ; elle s'insère entre deux lames non moins étroites que celles de la valve gauche. Les impres- sions musculaires sont subarrondies ; l'antérieure est assez profonde, la postérieure est très-superficielle. Longueur, 18 lignes; largeur, 10 lignes. Cette coquille habite les petites rivières et les mares du Bengale. On la trouve en très -grande quantité aux envi- rons de Chandernagor. Cl. V. Pl. 114 à 119. MULETTE DE GERBIDON. UN 10 GERBIDONI. Eyd, (Pl. 118, fig. 2. 2 a. 2 b. ) Espèce bien voisine de F Unio Calliaudii, mais qui s'en distingue par divers caractères. Elle est oblongue , allon- gée , étroite , transverse , inéquilatérale , légèrement dé- primée 5 le côté antérieur est arrondi , plus étroit que le postérieur, qui est terminé par un angle obtus. Les cro- chets sont peu saillants , rapprochés , subgranuleux et légèrement rongés ; la surface extérieure est finement marquée de stries d'accroissement , et recouverte d'un épi- derme lisse , mince , d'un beau noir. A l'intérieur, cette coquille est d'un blanc nacré fort brillant \ la charnière est très-étroite , et présente sur l'une et l'autre valve une dent antérieure ou cardinale , lamelliforme , relevée vers le bord lunulaire. La dent postérieure n'est pas moins étroite que l'antérieure 5 elle se prolonge dans presque toute la longueur du bord supérieur , saillante , lamelli- forme , et tranchante à son sommet 5 elle est reçue entre deux lames non moins minces et très-rapprochées à la valve gauche ; les impressions musculaires sont peu pro- fondes -, les deux postérieures sont confluentes. Longueur, 19 lignes; largeur, 9 lignes. Cette coquille vit en très-grand nombre dans les petites rivières et les eaux douces stagnantes de la côte de Coro- mandel. VOYAGE DS LA FAVORITE. MULETTE DE GAUDICHAUD. UNIO GJUDICHJUDII. Eyd. (Pi. rie, % 3.) Il y a quelques rapports de forme entre cette espèce et l' Unio Niloticus; mais ces rapports se bornent à la surface, car la charnière des deux espèces est différente. L'espèce qui nous occupe est ovale , transverse , inéquilatérale } les crochets sont peu sensibles , légèrement rugueux , recou- verts de leur épiderme. Le côté antérieur est court et ar- rondi \ le postérieur est plus large et obscurément angu- leux ; toute la coquille est subrenflée ; elle est mince , finement striée par des accroissements irréguliers , et couverte d'un épiderme d'un brun sale et jaunâtre. A l'intérieur, la nacre est d'un rose violacé d'une belle nuance. La charnière, très-étroite et presque droite , pré- sente sur la valve droite une seule dent cardinale saillante et rugueuse , tandis que la valve gauche en offre deux qui sont obliques et inégales ; la dent lamellaire est très-mince , lisse , obliquement tronquée à son extrémité postérieure ; les lames de la valve opposée , entre lesquelles elle est reçue , sont presque égales. Longueur, 17 lignes-, largeur, 10 lignes. Cette coquille se trouve dans les petites rivières du Bengale. MULETTE DE BONNEAUD. UNIO BONNEAUDII. Eyd. (PI. 119, fig. 1. 1 a.) Coquille ovale , transverse , renflée , inéquilatérale , à Cl. V. Pl. i 14 à 119. 11 test assez mince 5 elle est légèrement sinueuse dans son milieu 5 son côté antérieur est obtus et court le côté posté- rieur est obscurément anguleux et coupé obliquement. Les crochets sont à peine saillants et non rongés*, la surface extérieure est irrégulièrement sillonnée par des accroisse- ments multipliés -, elle est revêtue d'un épiderme mince , d'un vert jaunâtre. A l'intérieur, la coquille est d'un blanc nacré très-brillant. La charnière est étroite. On remarque sur le long du bord antérieur de la valve droite deux dents lamelliformes de la même grandeur ; sur la valve gauche on voit une dent assez large , élevée en forme de crête , également placée le long du bord , et à la base de laquelle on en distingue une seconde beaucoup plus petite. La dent columellaire postérieure est légèrement courbée, étroite et tranchante j elle s'engage entre deux lames de la valve gauche à peu près égales. L'impression antérieure est mé- diocre et peu profonde *, la postérieure est superficielle. Longueur, 19 lignes 5 largeur, 12 lignes. Cette coquille habite les rivières de la presqu'île de l'Inde. CYRÈNE RECOURBÉE. CYRENA RECURVATA. Val. (PL 119, fig.2.) M. Gray, naturaliste anglais , a établi dans un de ses ouvrages , avec une coquille semblable à celle que nous décrivons , le genre VMarila, et M. Griffith l'a fait re- présenter dans le The Animal Kingdom } pl. 3i, fig. 5, sous le nom de Villarita cjprinoides. Je n'ai pas cru devoir conserver à cette espèce la détermination de genre ; 12 VOYAGE DE LA FAVORITE. je l'ai réunie aux Cyrènes, dont elle a tous les caractères. Elle est épaisse , équivalve , subtrigone , renflée , cor- diforme , presque aussi longue que large et un peu oblique , recouverte d'un épidémie verdâtre , marquée de bandes transverses jaunâtres , avec des stries d'ac- croissement assez régulières et très-rapprochées. Les crochets sont saillants , le plus souvent excoriés et en forme de cœur ; la charnière présente seulement sur chaque valve deux dents cardinales écartées • les laté- rales, presque égales, sont assez longues, lisses, compri- mées et aiguës; l'antérieure n'est éloignée de la dent car- dinale , qui se trouve du même côté , que par une petite dépression à peine sensible ; toutes deux sont lisses et re- çues dans des rainures correspondantes , dont les bords peu épaissis deviennent saillants dans l'intérieur des valves. Cette coquille est toute blanche au dedans. Les impressions musculaires sont subarrondies et fort légères. Ce qui caractérise essentiellement cette coquille , c'est sa forme , ses stries et sa charnière. Largeur, i pouce j hauteur, 1 3 lignes. Cette coquille (nommée C. Gaudichaudii , par une erreur de gravure, sur notre pi. 119) se trouve en abon- dance dans le lac et la rivière de Manille (Philippines). Nous l'avons rencontrée aussi dans le Tigre , fleuve sur les bords duquel est bâtie la ville de Canton. Là , elle est vendue journellement au marché , et sert à alimenter principalement les tables des classes pauvres. On la mange cuite -, son goût est assez agréable , quoique fade. FIN DE LA ZOOLOGIE. PABIS. — IMPRIMERIE DE CASIMIR, RUE DB LA VIEILLE-MONNAIE, 42. Il cl IX TupinierK \. Reinond nnp . . i/inri/oiif/w se ■ . Hélix i .11 . LasaUiï 2 X\ . Va/e/icie/mu' .\ Jte'morui u»p. .\ JttmoruL imp . V uâ. 1.6 Hélix i . Tl . ct/inamomea . 2. 11 (Btdùruw) (optera Prèlre pirur .\,A'r/no/ut i7iip. V uj i. a * % ? J. . c % 2. a fré/re pi/i Çyclostôma C . ùu/n . 2 . C . ordr . - //////' V. 11$. 3.a Unio i .U .Keraudretù 2 .U. Cerbidoni 3.U . GaudidiMidu y . Jfomortd r/np ■ sfruiedauc/w V 11Ç. î.Umo BorvnecuuliL ^.Cyreiia Gaudichaudii siruiedoiw/ie 11 ,«^