ut AA UE PAS 1 AU MA * V4 AUX 1220) EAN k . (a Le) L to CAEN AETETOTUEUS LC { LUE als UE ALU AO LATA LEE : |) OAI tit OPA EC (ue 4 KUN TETE RENE + k AU de aatatat ARTE HERO + DC UC LA! ; AL AAA VALANITLE A Al Ua : + A EDEN RÉDIGÉ. PAR A mi MILLIN, Bibtiothèdue Tapériale” 4 Professeur d'Archéologie, Membre de l'Académie. de DE LE, ete. Pix ‘dé ce FRA tant pour Paris que pour les SAUT dé . Départeñiens da de port : ‘pour trois mois... faete tee ae s 10 fr. 50 cent. Pr) Me je L. | pour six mois ; PR Lt ee a IA 1 -ÉPATCS: ta “pour un an , Nr sn Ga francs. LA rentre snerse COS CIS TS ST RAI L Les hommes les plus célèbres dans, chaque partie des: ciences et dela Tattérature, se sont plû à coopérer. :cette entreprise 1 utrle ; et la collection des neuf années’ du Ma agin ÆEncyclopédique est devenue précieuse , en ‘e qu'elle présenteune réunion de Mémoires intéréssans, as ñe sé trouvent point ailleurs et dont les Auteurs issént d’une grande réputation. On yirouve en effet, de Dal ous. des Mémoires , ou des Opuscules de oi IM. ALIBERT, BARBIER), Barsié pu Boccacr > Basr, ICHAT , CatztaR» , CHarDoN LA Rocnerre, Cuvirr, Le He “ne Et den Fü- sores AS Table des Articles contenus dans ce Numéro. … | Braux-Anrrs. Notice sur le Musée du Cardinal Borgia , à Velletri. Catalogue des ouvrages qu’il a pu- bliés. 31 Additions. 33 VoYaAcGeE#. Voyage à la partie orientale de Ja Terre- Ferme de l’amérique méri- dionale, fait pendant les années 1801, 1802, 1803 et 1804, par F. de Pons. 38 PoËsie. Almanach des Muses. | 54 BiocrArPuHir. Notice sur la Vie et les Ecrits de J. J. Oberlin, par T.F. #inckler. 72 GRAMMAIRE. Lettre de M. de Guignes à M. À. L. Millin, sur le Panthéon chi- nois. 141 VariÉTÉs , NOUVELLES FT CoRRESPONDANCES LITTÉRAIRES. Nouvelles étrangères, — d'Angleterre 155 — de Hollande. 358 — d'Autriche. 361 — de Saxe. 162 — de Bavière. 163 — du grand Duché de Bade. 164 — des Etats du Prince p:imat. 167 — duroyaume de Wirtemberg. 168 — des Etats Prussiens. Ibid — de Dannemarck. 169 — de Suède. Ibid. — de Russie. 170 — de Suisse. Ibid. — d'Italic. 272 — de Portugal. Ibid, — des Etats-Unis. Ibid. Nouvelles de France. 173 THÉATRESs. Joseph, 197 Les Filles de Mémoire, ou le Mné- moniste. 178 LIrvRESs DIVERS. Botanique. - Flora Badensis. Floré de Bade et. d'Alsace, par M.C. C. Gmelin, | tome II. 180 Plantes équinoxiales, Ibid, Médecine. Nu Manuel de la saignée, par Alphonse 103 Leroy. Chimie. L'École du Pharmacien , par M. Trommsdorff, traduit par M. P. X. Leschevin. Tbid, Recherches physiques et chimiques sur la fabrication de la poudre à canon, par M. J. F. Charpentier Cossigny. 183. Agriculture. Mémoire sur de nouvelles expé= riences relatives au claveau, par M. Jouvencel. Ibid. Religion. Détails historiques, ou recueil de ièces sur Jes divers projets pour a réunion de toutes les Commus. nions chrétiennes, par M. Ka- baut le jeune. 184 Discours pour l'anniversaire du sacre de S. M. l'Empereur et roi, et de la victoire D Anetectts 5 par M. N.S. Guillon 13g Discours pour la fête de l’Assomp- tion de la Sainte Vierge et de la naissance de S. M. l'Empereur et roi, par le méme, Ibid, MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE: ANNÉE 1007. TOME Il. , sa A La “ ta PACE 0 AS en Le DR 3 Q D'EUX ess _ RE CUP 2 te di a x 4 r L Fa de 4 É £ ve FANS dE -rO001: TARA At TNA à : tte Dos mp the emçs tp di matinée SAS : + - ab « ” " i Ca ) r 7] et. \ Ce L | i + ” Lé « LL a » # | ù ?, R “ D 1 hr ‘ Nm À , ” [a 0) 4 € r v p * + \ ve \ po y s } 4 pi e j “ 0 re CR s ; f + æ # is ee , | Dr Vos " se x -s L MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE, O U JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS; PAR A. IL. MILLIN, Membre de l’Ixsrirur et dela Lécion d'Honneur, Conservateur des Médailles , des Pierres gravées et des Antiques de la Bi- bliothèque impériale, Professeur d'Archæologie, Membre de la Société royale des sciences de Gættingue, de celle de Turin, de celle des Curieux de la Nature à Erlang , des Sciences phy- siques de Zurich, d'Histoire naturelle et de minéralogie d’Iéna, de l’Académie royale de Dublin, de la Société linnéenne de Londres, des naturalistes de Moscou; des Sociétés d'Histoire naturelle, philomathique, galvanique, de statistique, celtique, médicale d’émulation , de l’Athénée des arts de Paris, de l’A- thénée de Lyon ; des Sociétés des Sciences de Rouen, d’Abbe- ville , de Boulogne, de Poitiers, de Niort, de Nismes, de Marseille, d’Alencon, de Caen, de Grenoble, de Colmar, de Nancy, de Gap, de Strasbourg, de Mayence, de Nantes, de Soissons , etc., etc., etc. ANNÉE 1807. ENONMET A PARIS, DE L’IMPRIMERIE BIBLIOGRAPHIQUE, rue Gît-le-Cœur. AVE RTS A Ve | &4 5: | ; AE TE esrrdar ae te Ma » : + » + * à ne ta ‘1 dre She he. ‘à Fi vrai. 2 æ AG A nant. TROUS D at MR AORENS 4 Le LS PTT TAN arr sf ENS si # Qi. . AUS ES RLSCTE prb Ï | , ÿ Ê \ À He 238 L Yrcr MER a À *e FAE 3 AUDE ei 2h IR A #'Lasb Lei 4 SRE Gate Sr dr gel HA pan \. KA - LENS sage ut 3h roues CPE " Las Ds & cione Ab : LE bin CARTES MN à PLU Cg Dupin bopifisere. ob supiner(e à Ventrdiemotitlg MOSS | -N 9h, atotrarus es DUNMRES som S'evae Fa ae - CU sbsnbtog Est : PARLES ACL AMERENTINT ! | Ode Vebme 2 0: aa 9h, 21941 ab PANSTE sie 4e" sb Jrrtlo 8x, sMaimp ah. ro) 2DadnstE E Aie, | uesiditr sh. cmt EM ab. criodetté sh. qu) SU! arsBre s< “oi | os dia endrapé ab ROB: A "7 « AE AMOR à e - " er | ps Da Abou as PR ax ae a MT EC AC À 7 L 1 4 F DAS af eur. È w 4 à MAGASIN. ENCYCLOPÉDIQUE. BEAUX-ARTS, Norrce sur le Musée du Cardinal BorcrA, à Velletri. Nous avons déjà publié une courte notice, sur cette riche collection, d’après une lettre de M. l’abbé Borson (1), mais nous croyons devoir en donner ici une description plus étendue que nous avons extraite de l’ouvrage du Père PAULIN sur la Vie de lillustre Borgia , et qui est une suite, nécessaire à l’éloge que nous avons publié dans notre précédent numéro. On peut dire que le eardinal Etienne Borgia avoit créé cette intéressante collection , carilne tenoit de ses ancêtres qu’un très-petit nombre de monumens. Erminius Borgia en avoit rassem- blé quelques-uns, mais ce petit Musée fut pillé en 1744; Alexandre Borgia, ärchevêque de Fermo, le chevalier César Borgia, et Camille Borgia, père du Cardinal, recueilirent de nouveau des curiosités; mais c’est le cardinal Etienne, qui a (1) Lettre à M. Allioni sur les beaux-arts, et en particulier -sur le cabinet d’antiquités et d'histoire naturelle de S. E. Mon- seigneur le Cardinal Borcra, à Velletri, par l'Abbé Ætienne : Borsow. Rome , 1796. Voyez le Magasin Encyclopédique , ann. 21,0 L VI; p- 370: 6 Beaux-Arts. véritablement enrichi ce Musée , et qui l’a rendu un des plus importans qu’il ÿ ait au monde par le mérite-des morceaux qu’il contient. . Dès.l’année.. 1769, le Cardinal s’occupa du soin de recueillir les monumens qui composent ce Musée ;'et il ‘voulut ÿ réunir tout ce qu'il pourroit rassembler de relatif à l’histoire an- cienne et moderne, à la géographie universelle, aux mœurs, aux langages, aux arts , aux sciences, aux métiers et aux religions des différens peuples, Ce Musée est rangé en dix classes différentes distribuées selon l’ordre de leurs relations réci- proques. "feré, MONUMENS ÆGyPTIENS. On trouve dans cette classe des manuscrits très-précieux sur par- chemin; on en compte 133 venant de Mem- phis ; 3 Basminiens; 525 venant de Saïs. Tous ces manuscrits ont été classés et décrits par Monsieur Georges ZorGcA (2), qui a pris soin aussi de les enrichir de notes intéressantes. L'ouvrage de ce savant danois, a été imprimé , et forme un vo- lume de plus de 160 feuilles in-fol. Le texte copto- thébaïque a été ajouté partout avec les caractères de la Propagande. L’auteur n’a point encore im- primé le titre de cette collection, à cause de la querelle qui s’est élevée entre la Propagande et là famille du Cardinal, relativement à sa suc- cession. Ce Musée compte encore 800 manuscrits ou fragmens de manuscrits sur parchemin écrits en (2) Voy. Magasin Encyclopédique, ann. 1x, &11, p. 506. | Musée Borgia. 7 caractères copto-thébaïques. On y remarque, entr’autres, celui de l'Évangile selon S. Jean, en langue gréco-copto-thébaïque:; il est du 4°. siècle et a été expliqué et savamment commenté par Aug. Ant. Grorct, dans un ouvrage publié à Rome en 1789 (3). Le savant professeur Frédéric Münrér s’est aussi occupé de la publication de ces fragmens memphitiques et saïtiques (4). Le Cardinal lui-même s’étoit livré à ce genre de tra- vail, et nous lui devons l’excellente dissertation de cultu S. Coluthi, dont les matériaux ont été recueillis principalement du Synaxarium des Ægyptiens. Elle a été imprimée dans un autre (3) Fragmentum Evangelii $. Johannis græco-copto-thebaï- cum, sæculi 1V;: additamentum ex vetustissimis men:branis lec- tionum Evangelicarum divinæ missæ Cod. Diaconici retiquiæ et liturgica alia fragmenta veteris Thebaïdensium ecclesiæ ante Dioscorum ex Velitérno Museo Borgiano nunc prodeunt in lati- num versa et notis illustrata opera et studio F. Augustini An- tonii GEorctr, eremitæ Aügustiniani. Romæ, r789. In-4.0 Le Père Grorc1, dans éet excellent ouvrage , donne des no- tices intéressantes sur lés dialectes en usage chez les AEgyptiens; savoir : celui de Thèbes ét célui de Memphis; sur le rapport de l'hébreu avec l’ægyptien ; sur un troisième dialecte qui tient le : milieu entre celui de Thèbes et celui de Memphis, découvert nouvellement d’après un manuscrit de l’Epître de St.-Paul aux Corinthiens , qui est dans la même collection. A. L. M. (4) Specimen versionum Danielis Copticarum , nonum ejus caput memphitice et sahidice exhibens, edidit et illustravit Fri- dericus MüwrTEer, Hafniensis, A. M. Arc. et Soc. Vosc. V'elit. Wodal,Romæ , 1786, in-8.° Episd. commentatio de indole versionis novi testamenti sahi- dicæ accedunt fragmenta epistolarum $.Pauli ad Timotheum ex . membranis sahidicis Musei Borgiani Felitris; Hafniæ,1789,in-4.9 8 Beaux-arts: ouvrage du P. Georgi sur les miracles de S. Co- luthus : de miraculis $. Coluthi et reliquiis S. Pa- nesniv , publié à Rome en 1793, in-4°. On voit, par ces manuscrits du Musée Borgia , qu'il y avoit trois dialectes ægyptiens adoptés par l'usage ecclésiastique ; savoir : le dialecte de Mem- phis, celui de Saïs, et le troisième qui tenoit des deux autres. On a desiré, avec béaucoup d’ar- deur, d’avoir une explication de l’inscription trouvée à Rosette, qui est écrite en trois langues différentes ; les Anglais en ont publié la gra- vure (5); il seroit curieux de voir si le dialecte ægyptien , employé dans cette inscription , a quelque analogie avec les divers dialectes dont nous avons parlé. (5) Les Anglais ont donné la plus belle gravure de ce monu- ment; mais ce sont les Français qui s’en sont occupés avec le plus de constance et de succès. M. Granville Pewn a publié d’abord à Londres le texte grec. Je l'ai reproduit dans le Aa- gasin Encyclopédique, ann. vu, t. 11, p. 504, et t. 1v, p.236. J'y ai aussi fait connoître, ann. VIII, t. IV, p. 392 , les savantes remarques que M. Hey we à consignées dans un mémoire lu à l A- cadémie de Gœttingue. Depuis ce temps, M. Amrirnon a publié son beau mémoire sur cette inscription. Le Magasin, ann. vr, &. v,p. 241,etann.1x, t. 1,p. 503, arendu compte de son travail; il a été le sujet de trois lettres très-érudites que M. d’Axwsse p8 Vizroison a insérées dans ce même Journal, ann. vin, t. wi} p-70et378;ann.1x,t.11, p. 174 et 313. La partie ægyptienne de l'inscription a aussi occupé MM. S:LvEsTqRE DE Sacx et AckersLAp. M. le comte de Pauzix a cherché à expliquer l’ins- cription hiéroglyphique, et le sénateur Lansuinais a rendu compte de ses efforts dans ce Journal où tout ce qui a été dit sur ce monument a été jusqu'ici analysé et profondément dis: guté. À. L. M | Musée Borgia. 9 On avoit obtenu d'Ægypte et de Syrie, plu- sieurs exemplaires de l'Ancien Testament. Le Pentateuque samaritain , qui a été envoyé à Morin à Paris, par PrETrRo DELLA VALLE; les quatre évangiles en langue coptique , que le R. P. de Sancy a aussi rapportés de Constantinople; un autre exemplaire alexandrin du Pentateuque samaritain ; enfin le fameux manuscrit ægyp- tien du Nouveau Testament, corrigé par BEN ASCHER, etc., décrit par MAtMonipes: il n’est pas étonnant que le Cardinal ait aussi tourné ses vues du côté de l’Ægypte et voulu en recueillir les monumens qui sont toujours d’une si grande importance pour l’histoire de la religion. Le même Musée contient encore 525 monu- mens ægyptiens (6) dont plusieurs sont couverts d'hiéroglyphes (7). On y remarque particulière- (6) M. Gregoire W AD, savant danois a examiné ces monumens sous le rapport de la minéralogie. Il en a formé une Zithologie ægyptienne, sous ce titre : Fossilia ægyptiaca musei Borgiani Velitris ; Velitris, 1794, in-4.° Il décrit, d’après le systême de Wenxer, les granites, les basalies, les porphyres, les schistes, les sables, les bréches , ensuite les pierres quartzeuses et siliceuses, les jaspes, puisles talcs, les serpentines, et enfin l’hæmatite. Il indique toujours les monumens qui sont formés de la pierre qu’il décrit. A. L. M. (7) On peut lire dans ce journal,la notice qui a été donnée par M. de Saint-Vincens, du savant ouvrage de M. Zorca, de Ori- gine et usu obeliscorum. Romæ, 1797, in-folio. Ce livre où se trouve ce qu'il y a de plus important sur les antiquités ægyp- tiennes , a été imprimé aux frais du Cardinal, et en grande par- tie d’après ses monumens. A. L. M, 10 Beaux-Arts. ment une caisse de granite rouge que N1EBUHR a décrite dans ses voyages. Les pierres gravées ægyptiennes sont au nom- bre de 412, elles représentent des scarabées et sont chargées d’hiéroglyphes; on voit aussi, dans ce cabinet, des ustensiles de toute espèce, en cuivre, en plomb, en bois coloré, etc. ; les monumens chrétiens écrits en langue grecque ou copte, méritent d’être expliqués. Le savant Zoëga a éclairci la plupart des médailles ægyptiennes qui occupent une place considérable dans le cata- logue de cs Musée (8). Le Cardinal ne perdit jamais de vue l’accrois- sement de cette riche collection. Dans son exil même 1] recueillit plusieurs monumens remarqua- bles. MM. Dolomieu, Wad, Petrinitet le comte Potocki, ont affirmé que ce seul Musée suffisoit pour faire connoître toute la lithologie ægyp- tienne. Le comte Potocki, dans sa préface des dynasties de Manethon (9), dit, en s'adressant au Cardinal : » Votre éminence, me tendoit la main (8) Numi Ægyptii imperatorii prostantes in Museo Borgiano Velitris, adjectis præterea quotquot reliqua hujus classis numis- mata ex variis Museis atque libris colligere obtigit. Romæ, 1587, in-4°. M. Zorca, avant de publier ce catalogue , a visité plusieurs collections, et sur-tout celle de Paris. Les notes qu’il à jointes à ses descriptions, jettent un grand jour sur la mytho- logie, les mœurs, les usages, la géographie et l’histoire de V'AEgypte. Cet ouvrage est un des plus impertans de ceux dont le célèbre Musée du Cardinal a fourni le sujet et les matériaux. A. L. M. (9) Publiées à Florence, en 1863. Musée Borgia. IE » dans la carrière diflicile de la haute antiquité. ».Je revenois d’Ægypte, et je retrouvai Memphis » dans votre Musée de Velletri ». D. Antoine, comte de Cassis, pendant son séjour à Alexandrie fit faire des recherches dans toute l'Ægypte et l'Arabie pour recueillir des monumens intéressans et-les faire parvenir au Musée du Cardinal, qui a reçu, de cette manière, des accroissemens considérables. Il, MoNuMENSs voLsques. Cette classe contient plusieurs bas-reliefs en terre cuite extrêmement importans pour la connoissance des rites reli- gieux des Volsques. Plusieurs de ces bas-reliefs sont coloriés ; ils ont été trouvés en 1784 à Velle- tri, qui étoit autrefois la capitale du pays des Volsques; ils ont été décrits par Phil, Angel. Becchetti (10). (10), Bassirilievi Volsci in terra cotta, dipinti & varj coloré, trovati nella citta di Velletri. Roma, 1785 , in-fol. avec 7 plan- ches coloriées. M. Alexandre de La Borde en a reproduit quel- ques-uns dans sa Description de la mosaique d’Italica. Le Pére Pautix a expliqué une ancienne inscription volsque qui est dans ce musée. Elle est gravée sur une lame de cuivre, et à rapport à un sacrifice expiatoire fait par les magistrats de Velletri. Voyez sa dissertation de Latini sermonis origine et cum orientalibus linguis connexione. Romæ, 1802, p. var. * Une ancienne monnoïie volsque, tirée du Musée Borgia, a été expliquée par MM. Sesrinr et Visconti. Voyez dans ce Jour- nal l'analyse de ces deux dissertations, intitulées : {{lustrazione di un antica medaglia di piombo da Domenico Sesrinr. Roma, 1796, in-4°° Lettera da Ennio Quirino Visconti su uno antico piombo veliterno. Roma, même année. Joseph, Piazza à décrit la Pallas de Velletri en 1797. J'ai 12 Beaux-Arts, Les monumens volsques semblent confirmer l'opinion que ce peuple tiroit son origine des anciens Celtes ou Germains. Leurs mœurs et leur langage différoient entièrement de ceux des Romains. Les Allemands ont même conservé le nom de Welsch-Land ; c’est-à-dire pays des Vols- ques , que leurs ancêtres donnoient à l’Italie. Les témoignages de Strabon et de Suétone viennent à l’appui de ces idées. On connoît, d’ailleurs, les nombreuses émigrations des Celtes en Allema- gne, en Italie, en Grèce, en Pannonie, en Asie, etc. III. MONUMENS ÉTRUSQUES. On trouve, dans cette classe, un grand nombre de patères de bronze qui ont des figures et des ornemens très-élégans. On y remarque 2 candélabres de bronze, 142 figures de divinités, 2 cistes mystiques, 6 petites colonnes, 266 as étrusques, des urnes et un grand nombre de scarabées. Les inscriptions four- nissent des matériaux importans pour la con- noissance de l’ancien idiome étrusque ; le sa- vant Aloyse LANz1 a publié des explications de plusieurs monumens de cette classe (11). On voit, par les inscriptions dont nous par- Jons , que les anciens habitans de l’Etrurie ainsi que les peuples de la Grèce dont ils tiroient leur origine , écrivoient de droite à gauche ; et cette donné une description plus détaillée de cette belle statue dans mes Monumens antiques inédits, t. 11, p. 189. A. L. M.. (11) J. B. Vermicziozr a recueilli et expliqué les inscriptions étrusques ; elles ne nous apprennent que les noms de quelques ancienues familles, À. L. M. Musée Borgia. 13 conjecture ne paroît pas sortir de la vraisem- blance, puisque Cadmus n’apporta en Grèce que l'alphabet des Phéniciens qui suivoient l'usage des Orientaux (12). Les Ioniens changèrent les premiers cette pratique incommode et furent imités par les Æoliens (13); on retrouve l’ancienne méthode sur les vases grecs ornés de peinture, et sur les anciennes monnoies grecques et sici- liennes. Ainsi 1l n’est nullement évident, comme l’a prétendu un écrivain moderne , que les peu- ples de l’Etrurie soient d’origine celtique. Le langage, les mœurs, la religion, que l’histoire leur attribue, s'opposent entièrement à une pa- reille assertion, et sa fausseté a été démontrée, par plusieurs anciens monumens, tels que des cistes mystiques, des urnes sépulchrales, des hypo- gées, qui sont évidemment d’origine pélasgienne. Le cardinal Borgia a été le premier , à Rome, qui ait comparé les anciens caractères étrusques (14). IV. MONUMENS GRECs. Parmi ces monumens on distingue : 1.° une fessere d'hospitalité (15) ; elle a été décrite et expliquée par J. Ph. SIEBEN- KEES (16) de Nuremberg ; 2.° plusieurs statues (12) Voy. Heron. , Liv. v, c. 58. (13) Voy. Murarort, Thes. Inscript.1.xv , p. 2108. (14) Voyez Amaouzzt, p.G de la préface de l’Æ/phabetum veterum Etruscorum ; Rom. 1991. (15) C’est une marque par laquelle on faisoit voir qu’on avoit droit de loger en certain lieu. (16) Expositio tabulæ hospitalis,ex ære,antiquissimæ,in museo Borgiano Felitris adservatwæ auctore Johanne Philippo S1Evex- 14 Beaux-Arts: des dieux, en bronze, des fragmens d'inscriptions sur marbre, entr'autres une table ciselée et en- richie d’une longue inscription destinée à l’ins- truction de la jeunesse. Elle a été expliquée par Arnold HEEREN (17) de Brème; 3.° deux lampes de bronze; 4.° plus de 100 inscriptions ; B.° plus de 90 vases avec des symboles, des peintures etc., qui répandent beaucoup de lumières sur les rites religieux des anciens Grecs; 6.° plus de 5000 mé- daïlles grecs qui représentent les figures des Empe- reurs, ou quelques faits remarquables des colonies et des villes Grecques ; entr’autres une médaille très-rare de Caracalla, ou plutôt de la ville d'Ulpia Pautalia en Thrace, qui à été savamment expli- quée par Nicolas ScHow, dans une lettre adressée au Cardinal (18). V. MONUMENS ROMAINS. Cette classe comprend plus de 600 monumens en bronze,en plomb,en ivoire Kees. Romæ, 1789. In-8.° L’abbé Barthelemy avoit donné déjà quelques idées sur cette inscription; la dissertation de M, S1e- BENKEES a été traduite en allemand , dans la Bibliotheck der alten Litteraturund Kunst. À. L. M. (19) Expositio fragmenti tabulæ marmoreæ operibus cælatis et inscriptionibus græcis ornatæ Musei Borgiani Velitris, auctore Arnoldo HrEREN. 1986, in-4.° Ce fragment servoit, comme la table iliaque , à enseigner la mythologie et l’histoire héroïque aux enfans. Cette dissertation a été également traduite en allemand dans la Bibliotheck der alten Litteratur und Kunst. A. L. M. (18) Epistola Nicolai Scnow ad E.et. R.Princ.Steph.Borcram in qua numus Ulpiæ Pautaliæ incditus ex Museo Borgiano Pelitris illustratur. Romæ, 1789, in-4.° Musée Borgia, 15 ou en marbre; ce sont des statues, des animaux, et des objets destinés à des usages civils ou reli- gieux; 2.° d’autres meubles domestiques, entre au- tres un frein dont on trouve la description dans un ouvragede Philippe INVERNIz1(19);5.° des lames de plomb remarquables par des inscriptions extrème- ment anciennes , et des bas-reliefs de terre cuite ; 42 des as de bronze, dont quatre ont une forme rectangulaire ; 1l y en a un très-curieux à cause de cette inscription : R&MANOM, dont EcxHEL a fait mention. On trouve sur ces monumens romains, des expressions latines très-surannées , et qui se rapprochent beaucoup de celles qu’on lit sur la table de bronze (20), où est gravé le sénatus- consulte, relatif aux bacchanales, qui est de l'an de Rome 567, 166 ans avant J.-C. Voici quelques- unes de ces expressions : wtei pour uti, tabolam pour tabulam , consolaretur pour consuleretur, plaus pour plus, jousissent pour jussissent , ibei pour ib1, advorsum pour adversum, aiquom pour æquum , figier pour fist, facilimed pour facillime, gnoscier pour cognosci, suprad pour supra, vobeis pour vobis , tabelai pour tabulæ, datai pour datæ, sient pour sint; b.° Une suite d'anciens poids dont plusieurs en bronze et quelques-uns en pierre; 6.° environ 600 inscriptions romaines , des mar- ques de théâtre en bronze, en ivoire et en os ; (19) De Frænis , eorumque generibus , et partibus apud ve- teres dissertatio. Romæ , 1595. In-8.° (20) Cette table est conservée dans le Musée impérial de Vienne. 16 Beaux-Arts. 7.° un grand nombre de lampes ou de lampadaires en terre cuite, ou en bronze ; 8.° des ustensiles de cuisine, des instrumens de chirurgie, des cachets, des anneaux etc. , en or, en argent et en bronze. VI. MONUMENS INDIENS. On trouve, dans cette classe, 1.° une collection de plus de 600 images des dieux, en bois, en ivoire ou en étain ; 2.9 des pein- tures qui représentent les actions du dieu Rama et de Krshna, et d’autres particularités relatives à Jeur culte ; 3.° deux chapelles domestiques extré- mement curieuses, qui renferment dans le fond li- mage du dieu enrichie d’ornemens et de pierres précieuses. Ces deux laraires sont historiés et re- présentent les apparitions de Rama et de Krshna , et d’autres fables dela religion indienne. Il ÿa une cassette en ivoire sculptée , et d’un travail extrê- mement délicat; on y voit encore quelques fables de Rama et de son épouse Sida. Parmi les simu- lacres du dieu Budha, il y en a un en bronze, dont les yeux sont en argent , et qui est couvert de ca- ractères arabes. Il a été donné au Musée , en 1803: Cette statue prouve, selon le P. Paulin, que le culte de Mercure ou Budha ne fut pas seulement adopté par les Indiens , les Tartares du Tibet, les Siamois , les habitans du Pégu, les Chinois, mais aussi par plusieurs tribus arabes , et Simon Asse= mani (21), affirme cela particulièrement de la (a1) Saggio sull origine, culto, letteratura e costumi degli Arabi avanti il Pseudo-profeta Maometto. Padova, 1587, in-8.° pag: 33 seq- Musée Borgia, 17 tribu Asad ; 4.0 52:manuscrits indiens à l’éclaircis: sement desquels s’est appliqué le P: Paulin. Le Cardinal a dû la plupart de ses manuscrits Pé- guans à la libéralité du savant Angelo Maria Cor- tenovis, qui les avoit reçus de son frère , mission- naire dans les royaumes d’Ava et de Pégu. Ce der- nier , dans des remarques qu’il a faites au Code Pé: guan, qui a pour titre, Sappachia, c’est-à-dire , livre de toute la science , observe que la langue Samscrite, appelée dans les royaumes d’Ava et de Pégu Sensacurain,est la même que celle du manus- crit Péguan appelé Ldcaniti, et qui a été traduite par les Talapoins dans la langue Par. Le mot ldca dans la langue Samscrite signifie le monde , niti le trésor ; ainsi le titre entier du livre veut dire + le trésor du monde. Tous les manuscrits Indiens du Musée Borgia , des Bibliothèques impériales de Paris et de là Société royale de Londres, ont été insérés dans le catalogue des manuscrits In: diens qui devoit être publié pat le P. Paulin (s1), et forment uné collection de 313 volumes. Ce même savant a expliqué, dans son Systema Brahmanicum, les monnaies Indiennes du Musée Borgia, On distingue facilement dans cette col- (21) Musei Borgiani Velitris Codices manuscripti Avénses | Peguani, Siamici, Malabarici, Indostani, animadversionibus historico-criticis castigati et illustrati: Accedunt monumente inedita et Cosmogonia Indico-tibetana, auctore P. PauLzixo & S. Bartholomæo, Carmelita discalceato, WMalabariæ, Ex-missio- nario. Romæ, 1793:, in-4.° Tome II. Mars, 1807. 2 18 Beaux-Arts. lection les monnaies qui appartiennent: aux di- vers pays de lInde, telles que celles du royaume de Népal, du Tibet, des côtes du Malabar et de Coromandel, des royaumes de Pégu et de Siam , de la Chine etmème du Japon. On peut complêter la connoiïissancé de ces monnaies au moÿen de celles qui.se trouvent en grand nombre au Mu- sée impérial de Vienne (22). Il faut ajouter à la classe des monumens indiens les poids du royaume de Pégu. Ils sont de cuivre. Leur forme est cylin+ drique. On les distingue par les noms Tical, To- mat, Tebe, Bisa, qui indiquent leur valeur. On ÿ remarque la figure d’un dragon qui est la marque de l'Etat. Parmi les monumens Chinois, on dis- tingue un portrait de l'Empereur Kien-Long ;, qui se signala par sa prudence et par ses talens poétiques. On ne doit pas oublier une table chronologique de l’histoire de la Chine, jointe à un cycle appelé vulgairement Kia-tse. Le Cardinal l’a fait graver et publier à Rome. Elle s'étend jusqu’à l’année 1774 de notre ère, et la 89° du règne de Kien-Long. On y trouve la suite des Dynasties de l'Empire Chinois, les noms des Em- pereurs , et les faits qui ont illustré leurs règnes. Jean-François Fouquet est le premier qui l'ait tra- düite en latin. Le Cardinal Borgia a continué son travail. VII. MONUMENS ARABES. On y trouve d’abord un globe céleste Cufico-arabe, exécuté aux frais (22) Le P. Pauzrn les fait connoître dans 'sa dissertation de Numis Zodiacalibus , publiée à Vienne.en 199- Musée Borgin 19 de Mahomet-Alkamel , Ajubité, sixième Calife de la dynastie Ægyptienne, par un astronome Arabe nomrmé Caïssar, fils d’Abi - Alcassem - Alabraki, l'an de l’hégyre 622, 1225 de notre ère. Ce globe, extrêmement curieux, où l’on distingue les étoiles et leurs dénominations, les signes du zodiaque et les différens cercles destinés à l'étude du sys- tème du monde, montre à quel degré les Arabes étoient parvenus dans les sciences astronomiques. Simon AssEMANI a donné une description de ce globe, Joseph ToALpt y a joint des notes très- intéressantes sür lastronomie des Arabes (23). 20, Plus de 30 monumens arabes , remarquables par des figures et des lettres Cufiques, et des caractères Neskhi. On voit encore deux astrolabes coptes d’une construction singulière; 3°. deux lames dont l’une de bronze ; l’autre de plomb; portant toutes deux dés inscriptions Arabes ; 4°. cent tréize pierres précièuses figurées dit plusieurs sont dés cornalines; 5$. une pétite Co- lonne de marbre couverte de caractères Arabes: 6°. une grande RE dé manuscrits Arabestant en parchemin qu’en papier de coton- -sole ; 7. plüs de mille pièces de monnoies Arabes ou Cufiques décrites savamment par Georg.- Christ. ADLER d’Altona, dans deux volumes, l’un publié à Rome (23) Globus Cælestis Cufico-arabicus Veliterni Musæt Bor- giani, a Simone AssEMANO, lirguaruni orientalium in seminario Patavino professore illustratus ; ; præntissa ejusdem de Arabum Astronomia dissertatione et adjectis duabus epistolis cl, Joseph Toazpr. Pataviis, 1790, in-4.°, ti 20 Beaux-Arts: en 1787 (24), le second à Copenhague en 1792. Ila joint, à ces descriptions, un commentaire sur l’idole des Druses, qui consiste en un veau. de bronze couvert de caractères cufiques ; Ce mo- nument se trouve aussi au Musée Borgia. Ce fut un certain Drüsus, d’origine persanne , qui , vers l'an 1017, fonda la secte et la religion célèbre qui porte son nom ; sesdisciples adoroient le veau dont nous avons parlé. On donnoit à cette idole le nom, de Haken-Beamroh. M. SILVESTRE DE SACY à dé- couvert, à la Bibliothéque Impériale, trois ma- nuscrits qui contribueront à répandre plus de jour sur cette religion des Druses qui n’est pas encore. bien connue (25). Ce peuple habite le mont Li- | ban; les relations les plus modernes lui attribuent une grande valeur guerrière ; il pousse souvent ses incursions jusqu’à l’'Euphrate. Ù VIII MoNUMENS RUNIQUES OU SEPTENTRIONAUX. On distingue , dans cette classe ; sept Calendriers dont l’un est formé d’os de poissons et les autres. sont de bois. Ils indiquent les jours de fête par des figures symboliques et des caractères Runiques ; 2°, deux tambourins magiques employés par les Lapons et les Groënlandais dans leurs divina- tions ; 3°. des armes et des haches de pierres dont, (24) Museum Cuficum Borgianum Pelitris illustravit Geor- gius Christ. Aorer, Altomanus. Romæ, 1782, in-4.® ; la sc- conde partie a été imprimée à Copenhague en 1595. A. LM. (25) M. de Sacy en a fait le sujet d’un mémoire intéréssant , dont il a donné lecture à la Classe de la littérature ancienne de . L'institut, et qui paroîtra dans ses mémoires. A.L. M, Musée Borgia. 21 se servoient ces nations lorsqu'elles étoient en- core sauvages; 4°. d’autres en bronze, en cuivre et en fer; 5°. des urnes sépulcrales d'argile. On a ‘de ces peuples des manuscrits formés de tables de “bois, de plomb, de feuilles, d’os, d'ivoire , etc. Le mot runique dérive, à ce qu’on prétend, du ‘mot runer, sulcus, sillon. On remarque, dans le nombre de ces monumens, une monnoie runique qui a pour légende ces mots : Durgut Luntis. On n’a point encore de des- ‘cription des monumens runiqués du Musée Borgia. IX. MONUMENS MEXxICAINS. Cette classe com- prend plusieurs idoles en bois et en écaille; 2°. un manuscrit mexicain sur peau de cerf, de 45 palmes romaines de long, orné de plusieurs peintures et figures symboliques qui désignent la chronologie mexicaine , la suite des rois et des généraux, les impôts, les tributs, les années abondantes ou stériles et d’autres événemens qui intéressoient toute la nation. On conserve dans le Musée un ouvrage inédit de Joseph FABRÉGA, Mexicain, sur ce singulier monument. La bibliothèque de Vienne posséde un semblable manuscrit qui est formé de 25 feuillets, à peu- près égaux en grandeur à ceux du manuscrit du Musée Borgia. Le manuscrit de la bibliothe- que de Vienne vient du roi de Portugal Emma- nuel, qui en avoit fait don au Pape Clément vit (26). (26) Les lecteurs pourront consulter sur ce livre singulier, Rosertson , Æistory of America, édit. de Londres, 1777, in-4.°* 22 Beaux-Arts. X. MONUMENS CHRÉ‘®FIENS, 1°. Plusieurs vases de verre ornés de peintures, tirés des cime- üères et des Catacombes de Rome, 2°, Une lame de plomb relative au culte et à la. mémoire de S. Genez, expliquée dans une savante dissertation de F. Jrenée Arrd (27). 5°. Des crucifix, des an- neaux, des calices, des lampes, des fragmens d’ins- _eriptions sur ivoire, et un grand nombre de bas- reliefs. 4°, Plus de 100 inscriptions Chrétiennes. 5°. Deux cent sceaux des églises et des évêques de tous les siècles. 69, Plus de 70 peintures antiques. Tous ces monumens devoient surtout intéresser vol. xt, p.483 ; et Lammreius, Commentarii de Biblioth. Cœæs. F'indobonensi, ed. de Kollar, Vienne, 1566, fol. lib. 11, col. 066. Mais il paroît que le P; Pauriw se trompe sur la manière dont cet ouvrage est venu à Rome; le Roi Emmanuel de Portugal, mort en 1521, n’a rien pu envoyer au Pape Clément vr1, élu au mois de novembre 1523; ce seroit plutôt Léon x, prédéces- seur de Clément, qui, comme allié et ami d’Emanuel , auroit pu recevoir ce présent. La Bibliothèque impériale de Paris possède une Chronique Mexicaine , sur papier, représentant, par un grand nombre de dessins , les évéaemens arrivés dans ce vaste Empire depuis l'an 4300 de notre ère jusqu'à la fin du règne de Charles-Quint. Ce qui rend cette chronique encore plus inté- xessante, c'est une explication en Espagnol qui accompagne Chaqueñfigure. M. de Huwsoror a aussi rapporté de son voyage des manuscrits Mexicains très-curieux , qui seront publiés avee la relation qu'il aanonce, et qui est attendue avec tant d’impa- tience. À, L. M. (25) Iustrazione di un antiço piombo del museo Borgiano di FPelleiri, appartenente alla memoria ed al culto di S. Genesto, vescovo di Brescello, con appendice di documenti. Opuscolo del padre Yreneo Arrd, Minor osservante, R. bibliotecario e profes- sore di storig nella R. Universita di Parma, 1790, in-4.0 LE Musée Borëïa. 235 le Cardinal qui s’appliquoit avec ar deur- à l’étudé de l’histoire ecclésiastique. XI. Monumens qui n'appartiennent à aucune des classes précédentes. J'ai rangé sous ce titre les monumens isolés qui ne retirent point d’avan- tage pour leur explication de ceux dont nous avons parlé et qui conséquemment ne peuvent être classés avec eux. On doit remarquer pre- mièrement des manuscrits Sabéens (28), qui con- tiennent les écrits suivans : 1°. le livre de Jean: 2°. Le livre des esprits. 30, Une partie des livres de Divan et de Sidra Aden. 4°. Uné partie du livre Cholasteh. M. Silvéstre de Sacy a découvert à la bibliothèque impériale les manuscrits sui- vans qui peuvent faire suite à ceux du Musée Borgia. 1°. La loi écrite d'Adam, ouvrage com- posé à Howarza près du fleuve Harka l’an 1509 de l’ère arabe. 20. Le livre d'Adam écrit à Mak- ram près du fleuve Harka l’an 868 de ère arabe. 5°. Un autre ouvrage incomplet découvert à Makram près du fleuve Samani lan 1100 de Père arabe. 4°. ‘Un autre écrit de Makram, Pan 1042 de l’ère arabe. Ces manuscrits sont des exemplaires du livre intitulé : Sedrladam ou livre d'Adam dont la première partie a pour titre: Sidra, c’est-a-dire, les Leçons, ou le Livre des anges; la seconde : le Discours, ou les Réflexions (28) Voy. sur l’origine de cette secte, Matth. NorBErG, dans ses Analecta in dissertatione de templo Solis apud Sabios. Lon- dini Gothorum; 1798; Simonis A5sEemAnxt, Chron. drones p-232 ,'edit. Venet. 1729. 24 Beaux-Arts. de l'ame. Il reste à savoir si le livre des esprits et le Sidra Aden du Musée Borgia ne sont pas les mêmes que ceux dont parle leccélèbre M. de Sacy, et si deux volumes de liturgie de la biblio- thèque impériale, dont l’un a été écrit à Hemete près du. fleuve Korunn l'an de lhégire 1122, et l’autre qui étoit inscrit au::N.° 4108, de la bibliothèque Colbert, et au N.° $og1 de la biblio- thèque du Roi, et qui a étéécnit à Camalava l'an de l'hégire 978, ne sont pas les mêmes que le cho- lasteh du musée Borgia. Si Fon parvient à dissiper tous les doutes, à cet égard, les savans auront un vaste champ pour donner une histoire complète de cette singulière nation qui se glorifie du titre de - Chrétiens de St.-Jean (29). Le P. IGNACE DE JÉSU , carmelite , missionnaire à Bassora, publia en 1652 une courte relation sur les Sabéens à laquelle il joignit un dialogue où 1l réfute 84 erreurs de leur croyance. Quatre manuscrits Sabéens qui sont au- jourd’hui à la bibliothèque impériale de Paris, Jui ont été envoyés par le,P.'ANGE DES. JosePH, carmelite déchaussé, missionnaire en: Perse: On Jui doit encore le dictionnaire Persan qui a pour titre : Gazophylacium Linguæ Persicæ. Matth. NorgerG, professeur à Lund, a donné une his- toire des Sabéens, et a tiré un grand parti d’un specimen des manuscrits sabéens du musée Bot- gia, qui lui a été communiqué. On voit encore dans le musée Borgia des ma- * (29) Hs habitent les bords du Golfepersique et de l'Euphrate Musée Borgia. 20 nuscrits hébreux, grecs , chaldéens, syriaques, ‘éthiopiens, arméniens , illyriens, turcs , persans, ibériens et georgiens. Quelques uns de ces der- niers sont écrits en caractères appelés Kedvuli, d’autres en caractères qu’on nomme dans l’usage ecclésiastique Kuzuri. Etienne AVUNTADIL , Geor- gien d’origine, les a fait graver à Rome. On les trouve dans un manuscrit remarquable que le sa- vant cardinal a fait copier à ses frais , en Georgie même, sur un livre appartenant au prince Herac- lius , qui contient toute l’histoire des Georgiens. Ce manuscrit a été corrigé en 1804, par Grégoire BAGHINANTI, savant très-versé dans la HRBUE Ibé- rienne.—Le P. Gabriel FABRiIcY s’est occupé avec beaucoup'de succès d’éclaircir les monnaies phé- ‘niciennés et Sämaritaines,et il a donné un alphabet samaritain beaucoup plus parfait que celui de tous les auteurs qui l'ont précédé. Une monnaie célèbre -de cette collection est celle de Jean pontifejuif, que le P. Fabricy attribue à Jean fils de Simon le Ma- chabé dontilest fait mention Machabé I. 16; voyez “sur toute l’histoire des Samaritains, les antiquitates ecclesiæ orientalis, publiées à Londres en 1682, et la dissertation d'Hadr. RELAND, de S ser Traject. ad Rhen. 1707. Le musée Borgia possède plusieurs cartes hydro- graphiques | peintes sur parchemin avec beäu- coup de soin, 1°. Une, faite à Alexandrie, en 1446, par Je- buda, fils de ben Zara; 2°. une autre à Ancône, de l'an 1508, par André BeniNcAsA ; 3°. une autre 26 … Beaux-Arts. de Jérome de VERRAZZANO, l'an 1528; 4°; une autre de Diego RiBeiRo à Séville, l'an 1529; 50. du comte -Octomanno FREDuccr à Ancône, 1538. On voit sur cette carte, la ligne de démarcation désignée par le-pape Alexandre vi, qui partage l'empire de la mer entre les rois Jean de Portugal et Ferdinand d'Espagne. Cependant les cartes géo-hydrogra- -phiques d'André Brancxr, conservées à la biblio- thèque de St.-Mare, à Venise, sont plus anciennes -que celles du Musée Borgia, puisqu’elles remon- tent à l'année 1436: 11 est curieux d’y trouver sans être au reste désignées par leurnom;les Antilles qui n’ont été découvertes comme l’on sait qu’en 1492. -: à carte du Musée Borgia, faite par Jean Mar- -TYNES, à Messine en 1586, est postérieure en date à celle du même auteur qui est à Vienne et qui est de l’an 1570. Mais la plus ancienne qu’on connoisse est atlas géo-hydrographique qui est également -&.la bibliothèque de Vienne. Il-porte cette épi- graphe : Petrus Visconte de Janua. fecit istas tabu- las anno Dm. M. CCC. XVIII, Cette carte confirme les récits historiques, et fait voir que les Génois et les Pisans ont.été les premiers des peuples de l'Eu- -rope qui s’occupèrent de la connoissance des mers et se rendirent les maîtres du commerce maritime delPOrient. Le cardinala laissé deux ouvrages con- sidérablesinédits sur cette partie: L’unestintitulé, La spiaggia del Méditéraneo; Vautre: La spiaggia del Adriatico... _ A faut ici faire mention d’un ancien sceau de la ville d'Adria, que François-Jérôme Boccri, Gentil- Musée Borgia. 27 homme d’Atri, a expliqué avec beaucoup d’érudi- tion. Le musée possède encore un sigillum sanitatis (sceau de la Santé , port situé à l'embouchure du Tibre ). Ce sceau présente les têtes des apôtres St.- Pierre et St.-Paul , qui y sont nommés les patrons de la ville de Rome. Les monumens de son musée, que le cardinal a fait graver , et qu'il a publiés, sont: 1.° un pla- nisphère d’airain de 24 pouces de diamètre , où l'on voit les trois parties de l’ancien monde. Le géographe , auteur de ce planisphère, place dans l'Inde septentrionale, une chapelle consacrée à l’a- pôtre St.-Thomas, où 1l prétend que son corps est déposé. Dans l’Inde inférieure, on trouve la ville de Cathay, résidence du grand Chan ou Empereur Tartare. Il fait sortir le Gange du paradis, qu’il place vers l’extrémité de l’Asie. Le cours du Da- nube se dirige des monts qui séparent l’Italie de V’Allemagne par l’Autriche , Bude , la grande Valachie , et se jette dans le Pont -Euxin , à quelque distance de Capha. Rome porte pour épigraphe : Sedes apostolica et imperialis: per mille annos in orbe triumphavit. On lit pour le royaume d'Espagne : Infidelis Hispania Christia- nitati submissa: per Karolum Magnum post multa bella commissa. À la Moravie et la Bohème, on trouve ces mots : hic transit silva boëmica, quæ se extendit ad paganos. On voit évidemment qu'à cette époque , les connoissances géogra- phiques étoient beaucoup plus imparfaites que du temps de Ptolémée, Cependant les monu- 28 Beaut-Artse mens qué' nous venons de rapporter, sont d’un grand intérêt pour l’histoire du moyen âge. Le P. PauLIN pense qu’on doit rapporter la date de ce planisphère, au commencement du quator- zième siècle et non au quinzième, comme quel- ques savans l’ont prétendu , puisqu'on voit évi- demment que l’auteur n’avoit aucune connois- sance des découvertes faites dans le quinzième siècle ; par Christophe Colomb, et de l’itinéraire de Marco Paolo. Camille BorciA , neveu du Cardi- nal, a publié en 1797 ; une gravure de ce plani- sphère : elle"est en grand in-folio ; nous citerons après trois grandes tables de cuivre sur lesquelles est gravé un globe cufique (50); on y voit indiquées toutes les constellations qui étoient connues des Arabes, vers l’an del’hégire622;53.° douze planches de monnoies cufiques (31). La première planche contient l’alphabet cufique, d’après les médailles ; 4.° vingt-deux planches où sont gravées les mon- naies ægyptiennes frappées du temps des empe- reurs Romains. La sérié commence à Auguste et finit à Antonin (82); 5.° six planches qui repré- sentent une liste des ouvriers employés aux tra- vaux du Nil; ce mémoire est écrit sur du papy- rus, et en caractères grecs ; la première de ces planches présente l’alphabet de ces singuliers ca- ractères. M. Scxow, Danois, a expliqué ce monu- (30) Supra , p. 18. (31) Suprà, p. 19. (32) Suprà, p. 5. . Musée Borgia: 29 ment curieux et unique dans son genre, (33); 6.° trente - deux planches du systéme des Brahini- nes (34), qui font connoître leursrites tant religieux que civils, et les monnoies indiennes ; 7.0 une plan- che qui fait connoître le cycle des transmigrations. Le sujet est tiré du système théologique des Ihamas du Tibet, et peint. par un artiste Tibetain , Jon- DE LA- er , d'après un modèle sacré au 2 Le cardinal l’a fait graver. Il posssédoit encore dans son musée, une autre tableau cosmogonique du même peintre; 8.° quatre planches représen- tant le Kiat-se, qui indiquent le cycle Chinois, et la suite des dynasties des Empereurs de ce pays ; 9.° plusieurs planches de monumens grecs et Ægyptiens ; 10.° des tables généalogiques de la comtesse Mathilde, fille de Boniface, grand Duc de Toscane ; 11.° un calque d’une lettre au- tographe de Raphaël; 12° diverses planches représentant des monumens , des monnoies , des inscriptions , des sceaux étrusques, grecs, etc. Il faut ajouter à cette riche collection, une grande quantité d’autres objets, tels que d’anciennes hor- loges, des fossiles, destestacés, des pierres précieu- ses , des costumes de différens peuples éloignés, des calendriers, des productions exotiques, des ustensiles chinois, etc. etc. . Tousces monumens sont déposés dans la maison de campagne que le Cardinal possédoit près de (33) Suprà, p. 6. (34) Suprà, p. 7. 80 Cardinal Borgia. Vellétri. On lit sur le portail du bâtiment , Tins- cription suivante : s STEPHANUS BORGIA S. R. E. PRESB. CARD. EX MULTIS ORBIS PARTIBUS COLLEGIT ANNO M. DCC. XCV. VAUGUSTUM CIVEM SUUM IMITATUS QUI REBUS VETUSTATE AC RARITATE NOTABILIBUS SU A FRAETORIA ORNAVIT. Cararocur des ouvrages publiés par Le Cardinal Etienne Borci1. LE Monumento di Papa Giovani xvt. Romæ, 1950. II. Dissertazione sopra un’ antica Iscrizione rinvenuta nell’ isola di Malta nel 1949 ; nel Giornale de’ letterati per l’änno “1751. Roma, per i Fratelli Pagliarini, in-8.° tom, Vit, page 21. : III. Apologia del Pontificato di Benedetto x. nel saggio critico della storia letteraria d'Italia. Modena, 1556, a spese Re- mondini. /n-8.0, tom.1, part. I, pag. 161; part. II, pag. 347, e part. 111, pag. 605. IV. Breve istoria dell’ antica citta di Tadino nell Umbria, ed esatta relazione delle ultime ricerche faite sullé ruine, Romæ, ex typogr. Palladis 1752. Nélle symbole litterariæ, vol. 111, in-8.° , pago 30. V. Dissertatione filologica sopra un’ antica gémma. Nella rac- cola d’opusc. sciént. e filolog. del P.Ab. D, Axcéro CALOGE< | RA. Venezia, 1757, in-12, pres. simone occhi, tom. 111, p. 413. VI. Istoria della Pontifizia citta di Benevento dal secolo vrir, al secolo xvrir. Divisa in 11 parti. Roma, dalle stampe del Salomoni 1563 , 64. 69. tom. 11: , in-4.° gr. VIT. Ascanii Columnæ Cardinalis oratio ad Sixtum V. P. M. ‘ de suo in urbem reditu ad Cardinalatus insignia suscipienda, quam ex cod. ms. Vaticano nunc primum profert S. B. In Anecdotis litterariis ex cod. ms. erutis: Romæ,1753,v0ol.1, _in-8.° VIII. Blosii Palladii Romani oratio de præsfatione obedietitiæ Rhodiorum Leoni X. P. M.et Senatui Apostolorum dicta quam ‘ex. cod. ms. Ottoboniano Vaticano Sec. XVI. nuné prium in lucem profert S. B. Zn Anecdot. litter. 1973 , pag. 163. IX. Kalendarium Venetunm secul. xr. ex cod. ms. membranaéto bibl. S. Salvatoris Bononiæ. Zn anecd. Sup: p. 441. X. Pii II. P. M. Oratio de bello Turcis inferéndo, eYuta ex schedis autographis et anecdotis monümentis illustratä: Zn _ Anecdot. litt. 1574, Vol. IIT, pag. 245. XI. Dissertatio et annotationes in Opusc. Augustini Card. Va- lerii, de Benedictione Agnus Dei. Rom 1775. 32 FAR. ados. 149 XII. Vaticana confessio B. Petri Principis apostolorum, chro- nologicis tam veterum'quam recentiorum scriptorum testimo- iis illustrata. Romæ 1776. ex Typ. “ C. de Prop. fide,. in-4°. XIII. Dissertatio de Sacramento extremæ Unctionis apud Qriens tales. In opere R. P. D. Joan. Chrysot. TromBEzLt de extre- ma unctione , Bononiæ 1777, Tom. LIL. pag. 92. XIV. Compendium Ordinis Alexandrini illustratum atquelatina. lingua donatum, una cum ceteris Orientalium ecclesiarum de sacra elajo lampade officiis editum. Supra apud Trombellum,et P. Georgium, De miraculis S. Coluthi, pag. 360. Romæ, 1793. XV. De cruce Vaticana.ex dono Justini Augusti, Aome 1779- in-4. ex Typ. S. Congreg. de prop. F'ide. XVI. De cruce Veliterna Commentarius. Romæ typis S. Con- greg. de Prop. Fide. XVII. Fragmentum Copticum ex actis 5. Coluthi Martyris erutum ex membranis vetust. seculi V., ac latine reddi- tum. /n Anecd. litter. 1783. Tom. IV. pag. 47, et recu- “sum à R. P. Georgio in op. de Miraculis $. Coluthi. XVIII. Breve istoria del Dominio temporale della Sede apos- tolica nelle due Sicilie. Romæ 1788. | XIX. Difesa del dominio temporale della Seda apostolica nelle due Sicilie in risposta alle scritture pubblicate in contrario. Roma 1791. in-4o. XX. Disinganno nelle parole ai Popoli della Europa tutta 1797 Sine loco et nomine, in-80. p. 24. XXI. Orazione in lode di Clemente xt. per la sua esaltaz. al Pontificato. 2oma 1758. XXII. Orazione in lode de Clemente x1v per la sua esaltaz. al Pontificato. Roma 1771, in-4o. Confer. Aloysi Nuzzt S. B.E. Præsulis Clarissimi opusculum inscriptum : Lettera di A. L. Nuzzi, Prelato Domestico del S. P. sull origine ed uso del nome PAPA. Padova 1598, pag. xxI1, in quo ea opera recensentur ; quibus edendis stimulos addidit, et manum adjutricem porrexit amplissimus v vir Stephanus Car- dinalis. 2 pe ÉSR, ADDITIONS (i). A..p. 3o1: Cet acte généreux wétonnera pas de là part de M. Muxrer , qui se distingue autant par la bonté de son âme et l’aménité de son esprit, que par la vaste étendue de ses connoissances. Jai plusieurs fois parlé de lui, dans,ce journal, en rendant compte de ses savans * écrits, et son amitié est un des bienfaits que je dois au commerce des Muses. M. MunTeR 4 passé quelques années en Italie; plusieurs Savans Danois s’étoient particulière ment attachés au Cardinal Borgia ; ‘ils vivoient dans son intimité à Velletri, il leur communiquoit les trésors dé son musée, C’est là que MM. Zorca, Wab, ADzER, ét M. Munrer lui-même , ‘ont puisé les sujets d'ouvrages qui ont rendu leurs noms à jamais célèbres. Aussi, la reconnoissance des Danois (2) s’est-elle particulièrement manifestée à l’égard de l’illustre fugitif. Dès que son mal- heur fut connu , M. Munter s’empressa de venir au se- cours de son ami, dont ila aussi le premier publié un élôge. Les autres Danois formèrent bientôt une sous- cription en faveur du Cardinal, qui, après s’être montré sk grand protecteur des lettres , méritoit bien la reconnois- sance de ceux qui les cultivent; le roi de Dannemarck lui assigna une pension de 4000 liv. | (1) J’ai cru devoir placer i ici ces notes qui étoient trop éten- dues pour être mises dans le texte. (2) 11 semble que cetie vertu si douce pour les ames généreuses et sensibles, soit plus particulière aux savans de cette nation. J’ai eu le bonheur de recevoir chez moi et de donner le libre accès de ma bibliothèque à plusieurs jeunes Danois qui étoient à Paris pour y suivre leurs études; je citerai surtout parmi eux MM. Tnon- zAGtus, Encezsrorr et Muzzer, qui font aujourd’hui l’or- nement dé la célèbre Université de Copenhague ; depuis ce tems j'ai recu d'eux les témoignages de l'affection la plus vive, et nous, sommes unis par une tendre amitié. A. L. M. Tome II. Mars, 1807. 3 34 dditions. Les Danois n’ont pas été les seuls qui aient voulu secourir Étienne Borcxa , et lui offrir des consolations dans son malheur. Si quelques ingrats l'ont lâchement abandonné, des amis plus fidèles ont recherché dans sa disgrace; le P. Paulin nomme principalement MM. Scnow, Lanzr et Caxcezzrenrt. Il ma fait aussi l’hon- neur de placer mon nôm dans cette liste; cependant j'ai fait très-peu pour le mériter. Je ne connoïssois cet illustre prélat que par sa re- nommée. Aussitôt que j'appris le sort dont il étoit me- nacé, j'éprouvai la peine la plus profonde, et sur-le- champ, j'écrivis au président du directoire, M. François pe Neur CHarEau, la lettre suivante : Ciroyen DirEcTEUR, «Je me suis présenté plusieurs fois à votre porte , il » m'a été impossible de vous rencontrer. Je voulois vous » voir dans l'espoir de vous intéresser au sort d’un homme » qui doit trouver parmi tous les vrais amis des lettres » des ames sensibles au malheur qu'il éprouve. » Je voulois vous parler du plus grand protecteur des » arts et des lettres pendant ce siècle, du cardinal Borgia. » Retiré à sa maison de Velletri, il y étoit uniquement » occupé de sa collection, formée par trente années de » soinsetde dépenses, et toute composée d’objets faits pour » jetter le plus grand jour sur les matières les plus obs- » cures et les plus abstraites de la haute érudition ; les » travaux les plus importans sur les antiquités ægyptien- » nes , cufiques, volsques, grecques , indiennes , etc. » sont dûs à ses dépenses et à ses soins. Des hommes » dont toute l’Europe admire le savoir, ont été visiter » Velletri : plusieurs, tels que MM. Zorca, Apzer » Munrer, Wap, se sont fixés près de lui; il leur a » gommuniqué tous ses trésors littéraires, a fait graver Cardinal Borgia. 35 » toutes les planches qu’ils ont desiré publier et a fait » imprimer plusieurs de leurs ouvrages à ses frais ; celui » de M. Zorca , sur les hiéroglyphes alloit paroître , et » les événemens actuels ont seuls empêché sa publica- » tion. » J'ai l'honneur de joindre à cette lettre une petite » brochure extraite du Magasin Enèyclopédique, seconde » année. C’est une notice sur le musée de Velletri (3); > elle vous fera connoître plus particulièrement tout ce » que cet illustre prélat a fait pour les lettres, et même » pour les sciences, car l’histoire naturelle lui a aussi » des obligations. » Eh bien, Citoyen Directeur, ce littérateux respec- » table a été conduit à Civita-Vecchia, enfermé, me- » nacé des galères, jetté dans une barque, qai l’a vomi i»sur les côtes de la Toscane. On dit, et je desire » que ce soit un faux bruit, que Velletri a été pillé ; » ainsi æ cette collection précieuse seroit dispersée. Celui qui l’a-formée, non par ostentation, inais par le » pur amour des arts, qui étoit si généreusement com- » municatif, qui n’amassoit que pour donner et pour » répandre, est, à l’âge de 66 ans, traité avec autant » de mépris que de rigneur 1 3 » I n’y avoit en Europe que deux hommes compa- » rables l’un à l’autre, pour leur amour pur et vrai des sciences , et pour la manière généreuse dont ils Les ont servies de leur crédit et de leur fortune: ces deux hommes sont M. Baxcxs, en Angleterre , et le Cardinal Borct4,à Rome. » Supposons qu'une descente en Angleterre ait eu un succès complet , que Londres nous ouvrit ses portes, VV CES RS 2 > D) = » que diroit l’Europe entitre, quel seroit le jugement » de la postérité, si le premier acte de la victoire étoit (3) C’est celle de M. l'Abbé Borsoy , suprà, p. 1. 36 Addiions. » de chasser M. Bancks de ses foyers, et de le réduire » à la plus misérable des conditions , celle d’être entrainé » loin de ses livres et de ses herbiers ? » “Le traitement que l’on fait aujourd’hui au cardi- » nal Borcra, nous sera également reproché partout. » Son nom est un objet de vénération pour tous les s2- » vans et les vrais littérateurs de l’Europe; l’histoire » de sa persécution remplira les gazettes étrangères ; » elle éloignera, de nous tous les esprits. » Je crois donc servir également l'humanité, les arts » et mon pays, en vous priant d’exciter l'intérêt du Di- » rectoire pour un homme qui le mérite à tant de titres; » et je ne puis être plus eflicacement utile à cet ami des » lettres, qu’en le recommandant à un administrateur » qui les aime avec tant d’ardeur , et qui les eultive d’une » manière aussi distinguée », A. L Mu. Je ne fus pas assez heureux pour faire restituer au cardinal Borcra ses biens et sa liberté, mais du moins son musée de Velletri, l’objet chéri de sa sollicitude et de ses affections, fut conservé dans toute son intégrité. Le Président du Directoire avoit renvoyé ma lettre à Rome aux commissaires du gouvernement français ; le général BorGtA en eut connoissance et en fit passer Ja copie à son frère , qui étoitalors à Padoue. Depuis cette époque, le cardinal Borcra conçut pour moi une vé- ritable affection; il m’écrivoit souvent avec les expres- sions de l’attachement ; il accueilloit avec la plus affa- ble complaisance , toutes les personnes que je prenois la liberté de lui adresser; il me sollicitoit de venir passer quelques temps dans sa sludieuse retraite à Velletri : enfin il ne cessoit de me donner des marques d’un intérèt que je n’oublirai jamais. A. L. M. . Cardinal Borgia: 37 B. p. 308. Dès que j'appris que le cardinal Etienne Bor&rA accompagnoit sa Sainteté, ma joie fut extrème de voir un prélat si distingué par son caractère et ses vertus, et qui m’honoroit de tant de marques de bonté. Outre les livres et les gravures de ses monumens, qu’il apportoit, pour les savans de Paris qui viennent d’être nommés, _ il avoit encore pris avec lui beaucoup de pierres gra- vées ægyptiennes, et des médailles qu’il desiroit échan- ger contre des doubles du cabinet impérial. A, L. M. : \ 7 VOYAGE. Tor Acr à la partie orientale de la Terre- Ferme de l Amérique méridionale , fait pendant les années 1801, 1802, 1803 et 1804 ; contenant la description de la capi- tainerie générale de Caracas , composée des provinces de Venezuela; Maralaibe , V’arinos , la Guyane espagnole , Cumana et de l’île Marguerite ; renfermant tout ce qui a rapport à la découverte , à la con- quête, à la topographie , au commerce, aux finances , aux habitans et aux pro- ductlions de ces provinces , avec un apercu des mœurs et des usages des Espagnols et des Indiens sauvages et civilisés ; par F. De Poxs, ex-agent du Gouvernement francais aux Caracas ; avec une Carte géographique et les plans de la ville capitale et des ports principaux, Avec cette épigraphe : Bonus historicus ut, qui de iis scribit, quibus ipse interfuit. Poivs., 1. 12. 3 vol. in-6.° ; chez Colnet, Fain, Debray, Mongié et Buisson, libraires. Paris, 1806. Jocrs les hommes avec autant d’injustice que d’arrogance, ne voyager chez eux que pour les outrager , traiter de préjugés et de sottises , tous Terre-Ferme. 39 ce qui ne s’accorde pas avec nos vues , afficher le mépris des convenances, ne respecter rien pour bouleverser tout, attaquer sans pudeur la re- ligion, les mœurs et le gouvernement des peu- ples , les payer d’ingratitude pour les bons trai- temens qu’on en a reçu; voilà l'esprit qui anime un assez grand nombre d’auteurs des relations publiées en Europe, depuis environ cinquante ans. À la vérité, ces relations sont en général , pleines d’observations sur l’histoire naturelle , la physique, la géologie, la minéralogie, lagri- culture, les arts, le commerce, etc. ; observa- tions dont on ne peut nier l’utilité; mais elles man- quent presque toutes, surtout celles qui s’appro- chent le plus de notre temps, de cette fidélité, de cette impartialité, de ce bon sens , de cette can- deur qui caractérisent les récits de nos anciens voyageurs. Ceux-ci ne rapportoient que ce qu'ils avoient vu ou entendu; n’accablant point leurs lecteurs de réflexions scandaleuses et de raison- nemens sophistiques. S’ilsétoient quelquefois cré- dules, du moins n’étoient-ils ni charlatans, ni imposteurs. M. de Pons a su se préserver de la contagion , et n’a point donné dans les écarts des voyageurs modernes : il ne les a suivis que dans ce qu’ils ont d’utile et de louable. Son ouvrage, dicté par un esprit de modération et de sagesse , nous fait connoître une partie dela Terre-Ferme de l'Amérique , sur laquelle nous n’avions que des notions fausses ou très-imparfaites. Dans une introduction, M. de Pons relève le 40 - Voyage. principales erreurs commises par les lexicogra- phes ou autres écrivains, sur:la géographie du pays qu’il a parcourus ; ensuite , il nous expose le plan de son ouvrage, divisé en onze grands cha- pitres : le premier est consacré à la découverte de cette contrée, et à la conquête qu’en firent les Espagnols ; le second renferme ce qui concerne le climat, le sol, les productions, les forêts , les lacs , les montagnes, les rivières, et les ports du même pays ; le troisième roule sur la population tant Africaine qu'Européenne; et le quatrième, sur les indigènes, improprement appelés indiens ; dans le cinquième, se trouvent les détails sur le gouvernement et l'administration , et dans le sixième, ceux relatifs à la jurisdiction ecclésiasti- que; le septième chapitre contient tout ce qui a rapport à l’agriculture ; le huitième traite du commerce ; le neuvième, des finances ; le dixième, de l’état des villes et de leurs dépendances ; enfin le onzième, offre la description de l’Orénoque et de la Guyane espagnole. L'auteur donne lui- même une très-bonne analyse de ces chapitres, dans le discours préliminaire qui sert d’introduc- tion à son voyage ; peut-être ce résultat auroit du être renvoyé à la fin de tout l'ouvrage, car ik ne faut pas trop avertir ses lecteurs de ce qu'ils vont lire; cela leur inspire quelquefois des pré- ventions , dont ils ont ensuite de la peine à se dé- barasser ; au lieu que le même résultat qui ter- mine un ouvrage de quelque nature qu'il soit, en rappelant les choses les plus remarquables , Les A Terre-Ferme: 41 grave mieux dans la mémoire, et fait apercevoir davantage l'esprit qui a dirigé l’auteur , et le but qu'il s’est proposé. L'histoire de la découverte et de la conquête de la Terre-Ferme , et des premiers établissemens qu'y formèerent les Espagnols, est écrite par M. de Poxs, avec beaucoup de soin et de critique. L'autorité d'Oviédo ne lui en impose pas, etil discute très-bien son récit. Ce fut surtout l'espoir de trouver des mines d'or et d'argent , qui en- gagea l'Espagne à prendre possession de ce pays. Toute tentative à cet égard, a été heureuse- ment infructueuse jusqu’aujourd’hui, » Il m'est » doux, dit l’auteur , de pouvoir observer que si » les provinces n’ont pas joui, ni ne sont proba- » blement destinées à jouir jamais de l’éclat pas- » sager que donnent les mines, elles en sont dé- » dommagées au centuple par les productions » abondantes, précieuses et intarissables que leur » promet un sol qui, par sa fertilité et par son éten- » due, sera le séjour constant du bonheur, même » lorsque les pays à mines n’offriront plus que » des décombres, des ruines, des excavations » effroyables, tristes témoins de leur opulence >» passée ». D’après les recensemens les moins inexacts que V’auteur a pu se procurer, il fait monter la popu- lation des provinces de Venezuela , de Mara- caïbo, de Cumana et de la Guyane espagnole, à 728000, dans laquelle les blancs entrent pour deux dixièmes , les esclaves pour trois, les descendans 42 Voyage. d’affranchis pour quatre, et les Indiens pour le reste. C’est encore la passion pour les mines, qui a d’abord fait négliger ces belles provinces; la cour d'Espagne a mis par la suite, des obstacles aux progres dela population, en restreignant beau. coup la permission de passef ou de s'établir dans ses colonies. Son système, est, à cet égard, bien opposé à celui des autres métropoles » qui l’ais- » sent, dit notre auteur, leurs colonies tellement » ouvertes à tous ceux qui veulent y aller, qu’elles » ont pendant longtemps, regardé ces établis- » semens, plutôt comme des cloaques, où la mère s patrie devoit jeter tout ce qu’elle avoit de plus » impur , que comme des lieux de prédilection ». Il s'arrête surtout à la France, d’où les familles envoyent en Amérique, ls jeunes gens dont elles redoutoient la mauvaise conduite ; où encore des jugemens rendus par les tribunaux, étoient com- mués en la déportation aux colonies , etc. » l’Es- » pagne, continue-t-il, plus juste ou plus tendre » envers ses colonies , sans être plus heureuse que » les autres métropoles, a porté et porte encore » toute son attention à y maintenir les bonnes » mœurs , en empéchant qu’elles ne reçoivent de » l'Europe aucun germe de corruption. Depuis » le 7 août 1584, nul ne peut obtenir de permis- s sion de passer aux Indes occidentales, s’il ne » présente une information authentique de bonne » vie ou mœurs. Il n’y a pas même fort longtemps » que celui qui avoit un passe-port pour une pro- » vince, devoit s’y rendre directement, et ne pou- Terre-Ferme. 43 » voit, sans une nouvelle permission du roi, aller » dans une province soumise à un autre gouver- » nement. Différentes lois défendent aux Euro- » péens , partant d’Espagne pour la province de » Venézuela, de passer ultérieurement au nou- » veau royaume de Grenade, sans une nouvelle » permission directe et expresse du roi. Il en étoit » de même pour aller de Santa-Fé au Pérou , du ÿ Pérou au Chili, etc. Ces dispositions, sans avoir » jamais été abrogées , sont pourtant tombées en » désuétude ; la raison les a paralysées ». L’émi- gration des Espagnols est peu considérable en Terre-Ferme, mais quand il y en vient quelqu’un, rarement il s’en retourne. Les Biscayens et les Ca- talans , sont les seuls en qui l'amour de la patrie ñe s’éteigne pas si facilement, et conséquemment qui revoyent leur terre natale. Les Canariens n’ai- ment pas autant la leur, et ilsse transportent con- tinuellement en Amérique, où leur industrie et amour pour le travail, les font prospérer davan- tage que les autres sujets du roi d'Espagne. Ils ont d’ailleurs plus de liberté pour aller dans ses posséssions outre mer et s’y fixer. Après des dé- tails intéressans, M. de Pons nous fait connoître l’état des esclaves , dont le nombre s'élève à deux cent dix-huit mille, dans la Capitainerie des Ca- racas. Il reproche à leurs maîtres beaucoup d’in- soucrance sur leurs besoins. Cependant il remar- que » que partout ailleurs, l’esclave est condamné » pour la vie, à souffrir sous un maître injuste ; » chez les Espagnols, il peut sortir du domaine de 44 Voyage. » celui qui abuse de son droit de propriété. La » loi veut néanmoins qu'il articule des motifs ; » mais la jurisprudence admet les plus légers. La » moindre allégation, vraie ou fausse, suffit pour » que le maître soit tenu de vendre l’esclave qui » ne veut plus le servir ; il ne dépend pas de lui » d’en exiger un prix arbitraire; il ne peut le ven- » dre que ce qu'il l’a acheté ; encore faut-il que » le prix n'excède pas trois cents piastres fortes , » quelque talent qu’ait l’esclave. Si des infirmités » en ont diminué la valeur, le juge en ordonne » l'estimation, laquelle devient le prix effectif de » l’esclave qui veut changer de maître ». Tout esclave peut se racheter , en remboursant au maître ce qu'il lui a coûté, mais aucun maître ne peut châtier son esclave jusqu’à effusion de sang, sans s’exposer à être repris en justice. Enfin, les gouverneurs nomment un procureur pour soutenir les droits des esclaves , et faire en leur faveur tou- tes les poursuites nécessaires. » Cette institution , » ajoute M. de Pons, prouve la prévoyance et la » sagesse du législateur ». Que de calamités, les colonies des autres peuples de l’Europe n’auroient pas évitées , si de pareilles lois avoient été pro- mulguées chez elles ! Les Espagnols qu’on a tant accusés de cruauté, sont pourtant ceux qui ont la législation la plus sage et la plus digne d’être imitée, relativement à l'esclavage. Sur les sept cent vingt-huit mille personnes, que contient la capi- tainerie des Caracas , le nombre des affranchis s’est porté à 291000; ce qui doit d'autant moins Téire-Fèrme. 45 étonner , que les Espagnols mettent la liberté de leurs esclaves , au rang des œuvres les plus mé- ritoires , aux yeux de lareligion. L'auteur fait très-bien connoître les mœurs des Indiens. Nous n’en raporterons qu’un trait remar- quable. Après avoir parlé de la haine qu’ils ont pour leurs pères, et des attentats qu’ils commet- tent sur eux ; il dit: «on ne peut observer , sans » admirer la providence divine, que cette haine » des enfans ne se dirige jamais contre la mère : » témoins de ses souffrances et compagnons , jus- » qu’à leur adolescence ; de sa vie malheureuse , » ils conçoivent pour elle des sentimens de pitié, » que le temps change en tendresse ». Les Goa- hiros sont Les plus féroces et les plus perfides de ces Indiens ; vrais cannibales, si quelque tempête fait échouer un bâtiment sur la côte , ils en égor- gent l’équipage , et s’'empressent de se repaître de chair humaine. M. de Pons fait des vœux pour qu’on subjugue ce peuple , afin de le forcer à re- noncer aux inclinations des bêtes féroces. Les In- diens civilisés ont des mœurs assez douces, et, non seulement le gouvernement Espagnol a renoncé à leur égard, à toutes les mesures de rigueur qu’il avoit autrefois adoptées , mais encore, il les traite avec une bonté vraiment paternelle. « Peu d’é- » crivains , remarque notre auteur, ont rendu au » gouvernement Espagnol, la justice qui lui est » due, sur le régime des Indiens. L'abbé Raynal , » cet homme ardent et profond, plus enthousiaste s qu'impartial , plus: véhément qu’exact, donne 46 Voyages » sur le sort actuel des Indiens , une idée qui n’est » applicable à aucune des possessions Espagnoles, » moins encore à la capitainerie générale des Ca- » racas. Robertson , plus historien, quoiqu’aussi » philosophe , s’est plus approché de la vérité, » sans l’avoir dite toute entière : car les lois Espa- » gnoles sont encore plus favorables aux Indiens » qu'il nele dit ». M. de Pons en donne ensuite plusieurs exemples qu’il seroit trop long de rap- porter. C’est sans doute par modération qu’il traite si bien l’abbé Raynal; cet historien décla- mateur ne mérite pas tant de ménagement; on a commencé à revenir sur son compte, et la posté- rité lui rendra une justice plus sévère encore. Son succès n’est dû qu’à un esprit de parti et de délire qui régnoit de son temps en France. Du reste M. de Pons a tort de l’appeler profond ; il n’est tel qu'aux yeux des lecteurs ignorans et super- ficiels. L'administration de la Terre-Ferme est consi- dérée sous tous ses rapports, et nous osons espérer qu’on la connoîtra fort bien, lorsqu'on aura lu les détails impartiaux qu’on trouve dans cet ouvrage; cette administration est le fruit du sys- tême constant du conseil des Indes. « Ce système, » digne d’admiration, dit M. de Pons, par les pro- » fondes racines qu’il a fait pousser à l’autorité » royale en Amérique, est tout entier l'ouvrage » du conseil des Indes. Le gouvernement , dont » cet établissement honore la sagacité, n’eut pas » plutôt reconnu la nécessité d’une législation pour Terme-Ferme. 47 »Jles Indes occidentales, différentes de celle de » l'Espagne, qu’il confia le soin de la suprême » administration de ses possessions dans le Nou- » veau Monde, à un conseil dont les fonctions » devoient être de former et de cimenter les rela- » tions de la métropole avec ses colonies, Ce res- » pectable tribunal , auquel le trône espagnol doit » presque tout son éclat, date de l’an 1511. Les » grandes qualitésrequises , pour en devenir mem- » bre , et l'attention constante qu’on a portée à en » faire une espèce de retraite honorable pour les » sujets qui se sont distingués dans les premiers » emplois en Amérique, a acquis à ce tribunal » une considération d’autant mieux méritée , que » ses décisions ont , de tout temps, été marquées » au coin de l’impartialité, de la sagesse et de » l’expérience ». Cette justice, rendue à un gou- vernement étranger, surtout à celui de l'Espagne, n’est pas fort ordinaire aux écrivains français ; et on ne peut refuser à M. de Pons l’éloge sincère de s'être élevé au-dessus des préjugés dont sont rem- plis des gens qui se glorifient de les fouler tous aux pieds , adoptant eux-mêmes sans examen, ce qui paroït favoriser leurs opinions. A l’état des diverses missions, l’auteur joint un article qui a pour titre, Mérite des premiers Mis- sionnaires. Il commence en ces termes : « qu'om > imagine tout ce que le dévouement peut avoir » de grand, le zèle de plus pur, la résignation de » plus méritoire, et on n’aura qu’une bien foible » esquisse des droits qu’acquit le missionnaire , 48 ° Voyage. À » en Amérique , à l'admiration et aux éloges dé tout homme juste. Une des choses qu’il importe d’abord de savoir, c’est que, ni l'obligation, ni l’obéissancé n’entroient pour rien dans leur entreprise ; on h’a jamais forcé aucun religieux, en Espagne, d’entrer dans les missions améri- caines. C’est donc volontairement, et par le seul desir de propager la foi , que ces hommes abandonnoiïent leur patrie, leur climat, leur repos, leurs affections, pour se transplanter dans des pays meurtriers , où tous les élémens conspiroient contre l’'Européen ; mais que sont ces dangers, que tant de monde a bravés, en comparaison des dangers particuliers qui les attendoient ?» Vient ensuite l’énumération de ‘tous ces derniers dangers dont un grand nombre d’entr’éux furent la victime.« Qu'on ait trouvé des >» » » » » » > hommes, continue l’auteur , qui se soient voués à ure mort qui pouvoit ne leur paroître que possible, cela peut s’expliquer par un zèle extra- ordinaire et par la gloire qui résulte d’avoir af- fronté le danger ; mais qu'après avoir acquis la preuve que tout ce qu’il savoit souffrir dans cet exercice , étoit au-dessus des forces humaines, et que les peuples, au milieu desquels on devoit. vivre, n’étoient composés que de cannibales, il sè soit présenté de nouveaux martyrs , de nouvelles victimes , c’est ce qui passera toujours pour un phénomène tout à l'honneur de la religion chré- tienne ». Les Espagnols, n'ayant pu trouver aucune Terre-Ferme. 49 mine d’or et d'argent dans la Terre-ferme , crurent que la pêche des perles en seroit une pour eux s mais cette pêche leur coûtant trop, fut bientôt abandonnée, ils se livrèrent alors à la culture} Celles du cacao, du café, du coton et dela canne a sucre attirèrent tous leurs soins. M. de Pons donne à ce sujet , les renseignemens les plus cir- constanciés et les plus exacts ; ce qui le conduit naturellement aux relations commerciales de ce pays, et à l’histoire de la compagnie des Caracas. Il passe ensuite aux contributions, à l’adminis- tration des finances, et à la description des villes , les Caracas, la Goayre, Porto-cabello, Valence, Maracaybo, Tulmero, Coro, Tocuyo, Guanare, Araure, etc. Dans le gouvernement de Venuzuela, Cumana, Cariaco , Nouvelle Bar. celonne, etc. Dans celui de Cumana, Maracaibo, Marida, Truxillo; dans le gouvernement de Ma- racabo , Varinas, San-Jayme, San-Fernando d’Apure ; dans celui de Varinas. L'auteur n’ou- blie aucun détail intéressant sur la ville des Caracas; climat, température, situation, édifices publics, mœurs , costumes, police ,rien n'échappe à son attention; elle se porte également sur tout ce qui concerne les autres villes ; il parle d’un tremblement de terre qui causa les plus grands dommages à Cumana. Et en nous apprenant qu’on a donné le nom d’Espagne, à la première rue de cette ville, il ajoute : « C’est un tribut que » leshabitans de Cumana payentau gouvernement » qui a fait tout ce qu’il a pu pour leur bonheur. » Tome. II. Mars, 1807. 4 bo Voyage. Suivant lui, ceux de Maracaibo ont lesprit vif et pénétrant, et ils s'appliquent beaucoup à la littérature, malgré le mauvais état où se trouve chez eux l'éducation publique. Ils avoient même fait d’assez grands progrès, au temps des Jésuites ; « mais, dit-il, l'expulsion de ces savans institu- » teurs enleva à la jeunesse de Maracaibo tous » les moyens de s’instruire ». Malheureusement, ce n’est pas la seule ville qui ait eu à souffrir d’un événement si fatal aux lettres. L’horrible expédition du flibustier Grammont, à Truxillo, n’y a laissé que de trop cruels souvenirs, pour la passer sous silence ; et, en parlant de la valeur de cet homme et de ses compagnons d’armes, M. de Pons fait cette réflexion : « On ne peut pas » dire qu’ils fussent des héros, parce quelebutin, » et non la gloire, étoit le mobile de leur cou- » rage ; mais en les plaçant au rangdes brigands, > on ne peut, sans injustice, leur refuser l’épi- » thète d’illustres ». 11 falloit dire fameux ; car le crime, quelque heureux qu'il soit, n’illustre ja- mais personne. On ne sauroit être trop attentif à l'emploi de ces termes illustre et fameux : la morale publique y est très-intéressée. L'Orénoque sépare la Terre-Ferme , de la Guyane. C’est un des grands fleuves du monde ; et il a beaucoup de rapports, par ses crues an- nuelles, avec le Nil. Le P. Gumilla est le pre- mier qui nous ait donné des connoissances éten- dues sur l’Orénoque ; mais il s’étoit trompé en liant sa communication avec la rivière des Ama- Terre-Ferme. 51 ones ; le témoignage de M. le baron de Humboldt a décidé la question Il entra dans l’Orenoque, par là rivière Apure, et parvint, après des diffi- cultés incroyables, au fort S. Charles, limitrophe des possessions portugaises. « Du fort $: Charles, » dit ce voyageur , dans une de ses lettres au » capitaine général des Caracas , en date du 23 » août 1800, nous sommes retournés à la Guyane » par le Cosiquiari, très-fort bras de l’Orenoque, » qui fait sa communication avec la Rio-Negro. » La force du courant, l’immensité des mouche- » rons et des fourmis, et le défaut de population » rendent cette navigation fatigante et dange- » reuse, Nous sommes entrés dans lOrénoque par » le Casiquiari, à 5 172 degrés nous avoñs remonté » l’Orénoque jusqu’à l’'Esmeralde ; dernier éta- » blissement espagnol, etc...» Ce fragment de lettre nous fait desirer avec impatience la publi- cation du voyage de M. Humboldt ; dans lequel on trouvera sans doute tous les renseignemens qu’on poutroit encore desirer sur cette commu- nication de l’Orénoque avec la rivière des Ama- zones par le Rio=Négro , découverte très-impor- tante par les suites qu’elle aura tôt ou tard. M. de Pons entre dans des détails curieux.et instructifs sur les Bouches de l’Orénoque, qui, à peu-près, à 49 lieues de la mer ; forme ; comme le Nil, unees-. pèce d’éventail parsemé d’une multitude dé petites îles. Elles le divisent en plusieurs branches et ca- naux, et le forcentde se décharger au travers de ce labyrinthe, dansla mer, par uninfinité de bouches 52 * Voyage. situées nord et sud | et qui occupent une étendue de plus de 6o lieues. Ces îles se multiplient sur la côte, de manière que les bouches de lOréno- que sont fort nombreuses, tandis que celles qui servent à la navigation sont en très-petit nombre. On en compte une cinquantaine, et seulement sept capables de recevoir des bâtimens , pourvu qu'ils ne soient pas d’une grande capacité. La largeur de l’Orénoqueest de 3050 toises, et sa profondeur de 65 brasses, devant S. Thomée , au temps où les eaux sont les plus basses. Cette ville est la capitale de la Guyane espagnole , contrée sur laquelle l’auteur nous donne des notions exactes et la plu- part neuves , qu’il termine par une remarque con- cernant le lac Parima, si fameux sous le nom d’El- dorado , dont la recherche a coûté la vie à tant d’aventuriers cupides et insensés .M. de Pons con- jecture que l'éclat de Por et de l'argent, donné par Jes rayons du soleil au tale, dont les îles et les bords de ce lac sont couvertes, peuvent être la source de tous les contes qu’on a débités à ce sujet. En 1797, une conjuration se découvrit dans la province des Caracas ; elle auroit pu avoir de fu- nestes conséquences sans Îles sages mesures du Gouvernement, et les salutaires dispositions du peuple de ce pays. On ne lira pas sans intérêt, surtout dans les circonstances actuelles, tous les dé- tails de cette conjuration dans Pouvrage de M. de : Pons. Il le termine par une exhortation pathétique et.pleine de sagesse dont nous ne rapporterons que - Térre-Fermes 53 le commencement: « Vous tous Européens et des- » cendans des Européens qui‘habitez le Nouveau- » Monde, sous les lois et la protection de vos mé- » tropoles respectives ,imitez, dans tous les cas où » l'esprit de faction menaceroit votre repos, imitez » la sagesse que les habitans de Caracas ont mani- » festée danscette grave circonstance, fermez vos » cœurs comme ils fermèrent les leurs à la perfidie » morale dont s’enveloppe toujours la destructive » anarchie. Elle chante la vertu, elle professe le » crime ; elle promet toute sorte de biens, elle ne » répand que des maux ; en un mot, elle a la lan- » gue d’un ange etle cœur d’un tigre, etc. »..Après cela, M, de Pons donne des raisons qui doivent convaincre que tout homme est capable de penser et de sentir. Puissent-elles se présenter souvent à l'esprit et au cœur des habitans de la Terre-Ferme et de toute l'Amérique espagnole , qu’une révolu- tion plongeroïit infailliblement dans un abîme de maux ! NE ere mener cree 2 2 eee 2e 00e ee me. POÉSIE. ALMANACH des Muses', 1807, 1 vol. 22-12. À Paris, chez, Æ. Louis, L- braire, rue de Savoie, n.° 6. Avr apparition de ce recueil étoit une époque brillante pour les Muses. On y voyoit les débuts des jeunes poètes, les progrès de leurs devanciers, et quelquefois aussi le déclin des vieux athlètes. Semblable à ce salon de peinture où l’on expose tous les ans les tableaux des maîtres cé- lèbres et les essais des jeunes artistes; tous les curieux se plaisoient à contempler nos richesses poétiques et même nos espérances. La destination de cet Almanach n’est point changée, mais son sort l’ést beaucoup. Il étoit jadis attendu avec impatience , aujourd’hui c’est avec indifférence qu’on le reçoit. Est-ce une injustice? et quelle en est la cause ? Il me semble que nos journaux, si multipliés, ôtent le mérite de la nouveauté aux meilleures pièces; que la concurrence des recueils du même genre, quoique inférieurs à lA/manach des Muses, lui nuisent sensiblement ; et qu'enfin l’orgueilleuse ignorance de la génération nouvelle, et peut-être aussi la médiocrité de nos poètes, contribuent également à refroidir les lecteurs. Cependant en relevant cette espèce de décrépi- tude, et en regrettant les années illustres où Almanach des Muses. 55 VoLTAIRE, GRESSET, PIRON , IMBERT , BERNARD, enrichissoient à l’envi cette agréable collection, nous sommes loin de vouloir nous rendre les échos de cette jalousie dénigrante dont les bles- sures secrètes ont arraché à M. LEBRUN cette grande vérité : La gloire condamne à l'envie ; Un grand homme jamais ne goûte un heureux sort ; L'art seroit de cacher sa vie Et de n'être immortel qu’à l'instant de sa mort. Malheureusement la chose n’est pas très-possible ; M. Lebrun l’éprouve. C’est en vain que fidèle à sa maxime, il nous laisse dans une longueattente, si ses admirateurs ne [ui déroboient aucun de ses ouvrages, il est au moins douteux que son nom füt connu. La célébrité est la compagne du temps; c’est le temps qui fera la réputation de ces belles odes dont M. LEBRUN se montre trop avare. Mais soit complaisance de sa part, soit trahison de quelque ami perfide, nous avons trouvé dans cet Almanach , onze pièces de sa composition. Celle intitulée les Conquêtes de l'Homme sur la nature est la plus considérable et la meilleure. Nous pas- serons tout de suite à l’Invention poétique, petit poëme où M. Mizzevoxe prouve fort bien par son exemple , que, Le siècle des héros est celui des poètes. Les corrections qu’il a faites sont très-heureuses. Le début en étoit foible et prosaïque ; ilest à pré- sent tel que le sujet le demandoit. Après un exorde 56 L Poésie. plein de force et d'enthousiasme , on rencontre ces deux portraits. | | Homère lève toi! Poète audacieux Plus fier que tes héros et plus grand que tes dieux ! Victorieux du temps et de l’obsçur Zoïle , ‘Fon colosse est debout sur la tombe d'Achille, La mort à dévoré tous ces chefs valeuseux, is ont vécu par toi, tu dois vivre par eux... Qu'importe ses défauts, Aristarque sévère ! Respecte son sommeil, c’est le sommeil d'Homère. J'aime ce trait malgré le jeu de mot qui semble s’y trouver ; et voici sur quel ton il continue, en par- lant de Virgile : D'un plus modeste éclat tu viens frappermes yeux Toi, du chantre d’Hector,émule harmonieux ! Ton langage est plus pur, ta lyre est plus savante Et tu sais embellir tout ce qu'Homère invente. Mais comme en s’élevant de toute sa hauteur Un vieil Athlète efface un jeune et beau lutteur, Homère t'a vaincu; du dieu de l’harmonie 11 n’a point recu l’art ; son art est le génie. M. Millevoie s'est-il apperçu de la petite con- tradiction que j'ai soulignée? il falloit : Ta lyre est moins savante, Mais tu sais embellir tout ce qu'Homire invente. La pensée alors eût été plus juste, car l’inven- teur est toujours plus savant que le copiste, quel- que habile que soit ce dernier. Nous ferons encore une remarque : la demi-antithèse par laquelle auteur termine ce parallèle est-elle aussi solide que brillante ? Homère a créé son art, l’art épi- que, j y consens, je le crois; mais il ne l’a point créé sans le secours d’Apollon. Almanach des Muses. 57 » Ces deux portraits viennent de nous rappeler que DorAT ( dont nous ne prétendons pas réha- biliter la réputation. par cette citation), a dit sur Homère et Virgile : Par différens moyens tous deux ils savent plaire ; L'un est plus riche et l’autre plus orné : On trouve plus d’or dans Homère , " Et dans Virgile il est plus rafiné. Dans le nombre des jeunes talens qui s’annon- cent avec le plus d’audace, M. Victorin FABRE se fait distinguer par une verve féconde et par la profondeur de ses idées. Voici un fragment de son qi . . , ’ “: discours intitulé : de l'influence des lumières sur les destinées des empires. .-.. Dans l'ignorance, un peuple conquérant, Croît, s'élève ,sravage et s'écoule en torrent ; Son triomphe facile est voisin du naufragc; Il passe comme un bruit de foudres et d’orage. Toutefois, je lesais, le grand art des combats Cet art trop nécessaire est l’appui des états. Qu’entouré d’ennemis l’Empire qui s’élève, Terrible et redouté se protège du glaive, J1 le faut ; et le fer daus les plaines de Mars, Doit fonder sa puissance , affermir ses remparts. Mais n’est-il que du fer pour servir sa patrie ? Faut-il qu'au glaive seul la grandeur se confie ? se protège du glaive est une si belle expression ; qu’on regrette de la voir affoiblie par une répéti- tion aisée à éviter : continuons : Non, ce n’est plus le temps ou des brigands fameux Barbares, triomphoient de barbares comme eux. À l’Europe éclairée il faut une autre gloire. L'Empire se détruit au sein de la victoire , S'il laisse les beaux arts à leur chûte courir. 58 «+ * Poésie. : M. PERSEVAL-GRANDMAIsoN est sans doute bien persuadé de la vérité de cette sage maxime, puis- qu’il prépare un poëme sur le plus beau des arts après celuijde la poésie; sur la peinture. Ce sujet, déjà traité par LEMIÈRE et WATELET,, ne l’a pas été d’une manière assez éminente pour interdire toute espérance. Il y a cependant de belles choses dans leurs poëmes, puisse celui de M. PERSEVAL mériter un éloge moins restreint. Dans cette scène douloureuse et cruelle du déluge universel, que le pinceau du Poussin a retracé si vivement, on frémit de toutes les circonstances que son génie a rassemblées. Le poète a voulu peindre à l’esprit ce que le Poussin n’a montré qu’aux regards. 41 1... Ici contre une roche Se renverse un batexu; deux malheureux perdus Sur sa dernière planche encor sont suspendus. Un autre, en expirant, dans sa terreur profonde , S’attache au fréle boïs qui s’abîme dans l'onde ; Mais que dis-je ? Ah ! déjà tout s’est anéanti ; Déjà je vois’, autour de ce globe englouti Régner limmensité des eaux universelles , Etde l’antique nuit, les ombres éternelles, Pasun étre vivant, tout est muet, glacé ; Le cahos recommence et le monde à cessé. M. PERSEVAL peut justement répéter cette excla- mation célèbre : e anche io son pittore. Mais je ne sais si le dernier hémistiche, qui me paroïit su- blime, n’est pas une trop visible imitation de celui de la tragédie des Templiers : les chants avoient cessé. Un: très-beau vers est celui-ci: L'expression naïve estle eomble de l’art. ZAlmanach des Muses. 59 me semble fait pour devenir proverbe. Dans le même fragment, M. PERSEVAL a surajeunir adroi- tement cette apologie de la fable dont Borzrauet VOLTAIRE empruntèrent tour-à-tour les divers traits à Ovipe. Elle est trop étendue pour qu'il nous soit permis de la rapporter en entier. En voici la fin : Ah ! que des Visigoths les tristes successeurs Proscrivent sans pitié tous ces dieux enchanteurs, Qu’honorèrent si bien la Grèce et l’Ausonie. Nous croyons en Delille, en vers pleins d'harmonie I] nous a dit , offrons ces dieux à nos regards: « L’idolitrie encore est le culte des arts. » Eh !pourquei ne le seroit-1l pas, puisque d’après Bacon : La mythologie est la sagesse de l’anti- quité?. sagesse , que des plumes éloquentes ont voulu proscrire >. Mais revenons à M. de PEr- SEVAL , à qui nous ferons observer que l’emploi de la double préposition en rend sa phrase un peu louche. Je ne crois pas non plus qu’on puisse dire: Or, vous qui du talent voulez toucher la cime ; Outre que ce vers est dur et prosaïque, la cime du talent n’est point français. BorLEau s’est bien gardé de mettre : La cime de l'art; mais, C’est en vain qu’au Parnasse un téméraire auteur , Pense de l’art des vers atteindre la hauteur. parce que l’art s'élève au gré du génie de celui qui le cultive. — C'est de cette véritable Aauteur de l'art que j'aime à voir descendre M. Ducis pour écrire à ses Pénates. Seulement je voudrois que la première partie de son épître fût moins foible de 60 1526 Poésies style et de pensée ;.et que dans la seconde; qui est plus élégante , plus harmonieuse , plus poéti- que, il nous eût ( au moins par une note ); averti qu'il y est question de BELISAIRE. Qu’on ne s’attendoit guère À voir en cette affaire. Aussi ne transcrirons nous que son billet & une jeune et jolie dame qui avoit adressé une lettre très-obligeante à l’auteur sur sa tragédie d’Abufar. Oui, je le sais: nos déserts d'Arabie Ne vous offriront point vos fertiles ruisseaux : Mais nous avons aussi nos fleurs et nos troupeaux, Mais lorsque nous aimons, c’est pour toute la vie. Le palmier se plait parmi nous : Vous y verrez courir la gazelle aux yeux doux. Vos mains, vos belles mains y fileront nos laines : j Nos contes, loin de vous écarteront les peines : Nos dociles chameaux se courberont chez vous. Nous ayons des bergers paur languir dans vos chaînes , Et tout l’encens qui parfume nos plaines Pour le brûler à vos genoux. Ces déclarations érotiques nous conduisent naturellement au modele par excellence dans ce genre: c’est d'ANACRÉON dont je veux parler. M. AwsoN a traduit deux de ses odes; nous allons rapporter la plus courte, afin de ménager un peu plus l’espace; sans ce motif nous aurions enrichi notre extrait de ces deux charmantes pièces : celle-ci est adressée à une jeune fille. De la brillante jeunesse Tu possède la fraîcheur, : Et quaud ma main te caresse TÆlmanach des Muses: Gr HAT: Mes cheveux blancs te font peur. La guirlande que tu poses Sur ton sein dans ce moment , LL Te dit, que rien n’est charmant Comme un lys parmi les roses. Que cette image est riante, et qu’elle est bien rendue ! aussi avons nous applaudi à l’hommage de M. Henry BoiLLEAU, qui dans une épiître ) agréable et facile s’exprime ainsi : Tel que notre bon Lafontaine Anacréon est une f£eur Qui sur une rive lointaine Perd son parfum et sa fraîcheur. II lui falloit un traducteur Qui sûtsans recherche etsans peine, Parler le langage du cœur; Il l’a rencontré cet auteur Dans l’Anacréon de la Seine. Cette épitre ingénieuse fourmille de traits pa- reils. Nous releverons seulement le rapproche- ment de LAFONTAINE et d’ANACRÉON ; tous deux sont remplis de charmes et de graces : mais LAFONTAINE ne s’est pas contenté d’être une jolie fleur. A propos de fleurs et de jeunes filles, voici ce que M. Vicée, écrit à l’une d’elles : Cueille la rose nouvelle, Tant que brille ta fraîcheur, Et souviens toi jeune fleur Que tu dois passer comme elle. Cette spirituelle imitation d’un épigramme d'AUSONE ; m'est pas très-galante : toute vérité | 6i Poëésié: n’est pas bonne à dire, et M. Horrmax a été plus adroit en dorinant cé conseil à Rose : Aimable fleur, à peine éclose, Défiez vous de cupidon ; T1 regrettera le bouton Quaudil aura fané la rose. Ce trait la est plus délicat que l’autre ; ceci me rappèle que BARTHE écrivant à M. BoreLy, lui disoit : | Alignes-tu pour ton plaisir Et pour le mien aussi peut-être ; Des arbres , que ton œil voit naître , Mais que d’autres verront mourir. Quel doux compliment, et quelle gracieuse perspective ! cela est bien loin de éette touchante réflexion de CHAULIEU : Beaux arbres qui navez vu naître, Bientôt vous me verrez mourif. On sent qu'une mélancolie philosophique est passée par là, C’est sur ce ton que M. de PARNY chantoit autrefois ses plaisirs ou ses infortunes amoureusés. HélasTil s’est beaucoup éloigné de ce genre naturel et sentimental ; ce qui lui a attiré ce reproche de la part de l’éditeur : muse toujours spirituelle, doucé et aimable, maïs qui sacrifie trop à la mode : vêtue jadis avec plus de décence, elle avoit plus de charmes et plaisoit davantage. Depuis quelque temps aussi M. DEGUERLE semble avoir renoncé aux chants élégiaques qu'il soupira dans sa jeunesse. Il à longtemps Tairacndek des Muses. 63 quitté les fleurs du Parnasse pour les broussailles de lérudition ; et il n’y revient aujourd’hui qu’en faveur-de l’'Epopée. C’est une continuation de l’Iiliade ou du moins un de ses épisodes que M. DEGUERLE nous prépare ; on admirera l’adresse nerveuse de cette prédiction placée dans la bou- che de Jupiter : Un jour, ün jour viendra dans le long cours des ans Que d’Anchise et d’Hector les neveux triomphans , Immortels rejetons d’une tige mortelle Enlaceront anis leur ombre fraternelle : Chênes majestueux protecteur des roseaux , Sous un astre commun déploiront leurs rameaux ; Et des monts jusqu'aux mers , opposant aux orages La fierté de leur front, l’hymen de leurs feuillages , Sous un nouvel Auguste amour de l’univers, Salueront l'Océan affranchi ée ses fers. M. Duauzr, plus fidèle à ses premiers pen- chants, peint les jeux que Le clair de lune favorise; et comme dans ses amours , sa versification est élégante et pure. Mais peut-être l'ironie que cette pièce renferme ne paroît pas très-convenable à tout le monde. Les gentillesses d’Ovine ne va- lent pas les tendres sentimens de TIBULLE. Oui , honneur à TiBuLLe! Nous avons naguère fait connoître la manière précise et beaucoup - trop précise.de M. de MoLLEVAUT, nous venons de relire une de ses pièces; TiBuLe s'y plaint de son sort : Hélas ! Je parle en vain : d’une avide maitresse, Sa porte avare s’ouvre à la seule richesse. Mais tremble, heureux rival , le mobile destin Sur sa roue emporté, pourra changer demain. 64 . Poésie, Nous l'avons déjà dit, cette traduction est toujours élégante, toujours poétique, quoique quelquefois elle ne soit pas assez harmonieuse. Cependant nous croyons qu'avec un peu de soin il parviendra à lui donner le molle atque facetum dont Horace loue VirGiLe ; le molle atque facetum qui est un des attibuts nécessaires du genre élé- giaque : Ou pour bien exprimer ses caprices heureux C’est peu d’être poîte , il faut être amoureux. ( Boilcau. ) Déja nous avons témoigné notre surprise sur l'exclusion donnée par M.'de MoL£EVAUT au qua- trième livre de TiguzLe. Son rival ne pense pas sans doute de même, puisqu'il s'attache de pré- férence à ce quatrième livre qu'il a dédaigné de traduire. Les vers de M. de KERIVALANT sont très-faciles ; aussi at-il choisi un mètre plus aisé à assouplir, et qui me semble devoir être, à cause de cela, préféré pour les ouvrages où selon l’expression de DEsPREAUXx : le cœur seul doit parler. C'est pour toi mars , c’est dans les jours Que t’a consacré ma patrie, Qu’on voit la jeune Sulpicie Prendre ses plus brillans atours. Livre-t-elle sa chevelure Au souffle des vents amoureux ? La plus régulière parure Ne vaut pas ce désordre heureux. N'est-ce pas toute la gracieuse finesse de ce _Almanach des Muses. 65 texte que LErRANC DE PoMPiGNAN semble avoir voulu imiter dans la toilette de JuNoN: Ses cheveux ondoyans qu’avec art elle tresse, . Qu'elle teint d’ambroisie et que l’amour caresse , Répandent autour d’elle üne divine odeur Qui des tendres desirs renouvelle l’ardeur. La traduction me semble préférable à limita- tion ; elle est plus rapide; c’est qu’elle est écrite : En vers moins alongés Qui courent avec grace et vont à quatre pieds Comme en fit Hamilton, comme en fait lanature. ( Voltaire. ) Supposé pourtant que la nature fasse des vers, je croyois qu’elle se contentoit d’en inspirer. C’est elle du moins qui a du dicter à PROPERCE une pensée pareille à celle de TrIBuLLE : qu'im- porte! s’écrie-t-il dans un mouvement dé ten- dresse, « qu'importe! pour ceux qui voient CyN- » THIE, que ses vêtemens soient négligés ou » qu’elle prenne une riche parure; tout dans ses » mains devient des armes dont elle fait des » blessures profondés ». Et BERTIN qui 1rita quelquefois assez heureusement les bons 6 dBlés : : Un air de négligence, un air de volupté , Lé sourire ingénü , la pudeur rougissante ; Les diamans, les fleurs, l'hermine éblouissante; Et la pourpre ct l’äzur , tout sied à sa beauté. Nous nous sommes arrêté avec complaisance a cette deuxième élégie du quatrième livre de TiBuLLE , autant pour engager M: de KERIVALANT à poursuivre son entreprise, que pour défendr Tome II, Mars, 1807. 5 1 66 Poésie, le sentiment que nous avons naguère écrit avec timidité, quoiqu'il nous paroisse chaque jour plus probable. En effet, qui ne reconnoît ici le génie de TiBuLLE? que de choses rassemblées avec art dans une aussi courte pièce! c’étoit le renouvellement de l’année, la fête de Mars, fête qui fut aussi appelée : Le jour des calendes des femmes , à cause de leur dévotion particulière à Junon, de leur magnificence et de leurs vœux. Le poète invoque Mars, il l’invite à venir rece- voir l’hommage de Sulpicie ; mais il prévient ce dieu farouche du danger qu’il va courir ; ce- pendant il cherche à le rassurer sur la crainte qu’il pourrait avoir ; en faveur de Sulpicie, Vénus lui pardonnera d’être infidèle. Alors il peint sa maîtresse; il rassemble autour d’elle toutes les Grâces, tous les triomphes; il finit par la déclarer, non seulement digne des chants des muses, mais encore des sublimes accords de la lyre Superbe d’ApozLon. — N'est-ce pas là une marche bien graduée, bien poétique, pleine de chaleur, ornée d’idées vives et délicates; telle enfin que nul autre poète que TIBULLE ne pou- voit la concevoir et la traiter avec autant d’éner- gie et de simplicité ? Je le demande à tout critique impartial, et surtout à MM. HEYNE et Moze- VAUT, qu'il me seroit si doux de ramener à une opinion plus favorable au poète que je chéris. Cette petite digression me prive du plaisir de citer quelques morceaux agréables que j'avais noté dans ma lecture : mais elle ne m'a point Almanach des Muses: 67 j écarté de mon sujet. S’occuper de TiBULLE, n'est-ce pas s’entretenir avec les musés, et n’est-il pas ici question de leur almanach? Cependant il seroit injuste de se taire sur leur propre compte. Mme, Bapois, s’est exercée sur {a mort de son rossignol, ainsi CATULLE chanta jadis le . moineau de Lesbie. Mais si le poète latin est plus brillant , plus spirituel , il n’est pas aussi tendre : et c’est un éloge que nous croyons faire du talent de Mme. BaBois. — Lui reprocheroit-on sa dou- leur pour un oiseau, elle répondra : Eh ! Qu'importe , il charmoit , Il chantoit, surtout il aimoit : ’ Et je le pleure enfin, je ne puis m'en défendre. surtout il aimoit! ce trait est charmant, Dans ce bosquet chéri que sa voix animoit ‘Couvrons-le de fougère et placons sur sa cendre Le myrthe le plus frais et là fleur la plus tendre, fort bien : mais couvrons-le et plaçons sur sa cendre, sont des syllabes un peu dures, tandis qu’elles devroient être légères comme des feuilles de myrthe. Huit vers plus haut je trouve: Et celui qui porte un#æœur tendre Porte une source de douleur Sans cèsse prète à se répandre. Ce style n’est pas assez concis, la répétition de porte n’est pas heureuse et celle de fendre est une faute. — Voilà sans doute se montrer fort sévere envers une muse très-aimable ; qu’on n’en _68 Poésie. soit pas surpris , elle mérite par ses talens, l’aüs- tère franchise de la critique. Madame Durresnoy se présente douée du même avantage ; heureusement nous n’avons qu’à nous plaindre de ne pouvoir faire connoître son élégie composée au Luxembourg ; et son épître à madame de Bourpic-Vior ; autre muse, dont le parnasse regrettera longtemps la perte. La manière forte et vigoureuse de madame ConsTANCE de SALM est connue : , Ce n’est pas dans un champ qu'on a rendu fertile Que s'élève l’ivraie ou la ronce inutile. et l’on s’en apperçoit en lisant son ouvrage ; il est tout fertile d’idées grandes et profondes et d’excellens conseils. , Les stances de madame PETiGny, celles de © madame de Monrenczos , etune fable de ma- dame JoztveAu,se font lire avec intérêt, quoi- qu’elles soient d’une teinte un peu plus foible : Mais si tous les regards sont d’abord pour la rose ; La violette a bien son prix. De temps en temps des. noms anciens et très- illustres viennent réveiller de doux souvenirs. VozrTairE se montre à leur tête , brillant d’esprit et de grace. Ensuite Paroissent COLARDEAU , trop oublié de nos jours; Masson de MoRviLLIER, écri- vain original; CHAMFORT si célèbre par son esprit frondeur et par ses contes de société; DoucADos ou le PÉRE VENANCE, touchante victime d’une ré- volution qu’il avoit trop préconisée, et THoMas, qui a développé dans une épître assez longue Almanaëh des Musesi 69 une facilité, un abandon , un naturel, qu'il trouvoit difficilement : car il cherchoit. A côté des jolis epuscules de ces auteurs célèbres, MM. de FonTANES, LEGOUVÉ, BAOUR-LORMIAN, DELILLE, ARNAULT, de BonNaip, LaxA, LEBAILLY, AU- GUSTE-GAUDE , ANDRÉ MORELLET , J. C. GRAN- CHER, BERCHOUX, HYACINTHE More, L. GASTON, Tissor , Luce DE LANCIVAL, RADET, CoLLIN, F.DiporT , ARMAND-GoOUFFÉ , JUSTIN, etc. ; sou- tiennent plus ou moins bien le parallèle, et même assez souvent avec avantage, Parmi les anonymes on trouve une pièce ayant pour titre : Visite chez un grand homme. Cette caricature très-piquante est de M. Daru, tra- ducteur d'HoRACE, qui a un singulier talent pour les vers hexamètres , que nous appellons grands vers ou héroïques. — M. APPERT-TOUSSAINT a consacré une belle inscription au portrait du héros qui nous gouverne, Sage législateur et guerrier triomphant , Sa loi nous rend heureux, et son bras nous défend. Jamais semblable éloge fut-il plus mérité? com- bien d’actes de bienfaisance viennent se mêler aux trophées de ses victoires ? Nous saisissons cette occasiqn pour remeitre en lumière quatre vers de MAIRET qui sont peut-être les plus beaux qu'il ait écrit. Assez de conquérans à force de puissance, Rangent les nations sous leur obéissance ; Mais fort peu savent l’art de vaincre les esprits. P prits , Et de bien mériter les sceptres qu’ils ont pris, 70 Poësie. g: M. CaAMBint doit aussi obtenir une mention particulière pour ses vers à M. Lesueur : car nous nous attachons volontiers à signaler les heureux débuts, il lui dit : -Ta lyre est près du trône. . . . . .. Il me semble qu’il auroit fallu mettre ta harpe, à cause du nombré de harpes qui paroissent sur la scène de l'Opéra: Ta harpe est près du trône et LES Barnes vainqueurs Offrent à tes talens la plus vaste carrière ; Poursuis, ami; ne crains que lesflatteurs : Tes ennemis ont mordu la poussière. S'ils osent répéter tes complots ténébreux , Répéter des complots est un néologisme ; cela ne signifie rien. Et mettre à tes succès de nouvelles entraves , ÆAgite tes lauriers ; tu triompheras d’eux Comme Ossian des Scandinaves. Ces fiers accens, cette verve demi-guerrière, et ces pensées originales, sont effacés par un dialo- gue de M. de Puis , entre la renomméeet Clio. L’une dit à l’armée française : vos canons impérieux ont imposé silence à mon altière trompette ; Y'au- tre s’écrie : à peine le siècle commence, qu'il ne reste plus d'espace pour l'histoire des autres peuples du monde. Mais ne gâtons pas les vers par notre prose ; Car nous ne sommes pas atteint de la manie du bon LamorTxr-Ouparp. C’est (Clio qui parle à nos guerriers : Si vous voulez que vos succès ZAlmanach des Muses. 71 Soient tous inscrits par ordre au temple de mémoire, Que votre chef, soldats français Vous commande une halte au champ de la victoire. Pour lui comme pour vous, sur mes tables d’airain S'il faut que cette main soit sans cesse occupée , Demandez donc aux dieux qu’on me forge un burin Avec le fer de son épée. Idée singulière, et en même temps grande et majestueuse. Ce n’est certainement pas le cas d'appliquer à cette strophe de la belle ode de M. de Pris, les paroles de M. de Châteaubriand : « la ». poésie est toujours nouvelle, parce que l’erreur » ne vieillit jamais , et c’est ce qui fait la grace » aux yeux des hommes ». Ici ce n’est pas l'erreur qui domine; l’on n’est frappé au contraire que de la justesse et de la vérité d’une fiction justifiée par les miracles de nos armes. AUG. DE L. BI OG'R'A PHTE. Norrcrz sur la Vie et les Ecrits de Jérémie Jacques OBERLIN , professeur et bibliothécaire de l'Académie de Strasbourr, correspondant de l'Ins- titut, membre du Conseil municipal de la ville de Strasbourg, etc.; par Théophile Frédéric WinckiEr , em- ployé au Cabinet des médailles de la Bibliothèque impériale. Dos quelques années la mort a enlevé à la ville de Strasbourg, plusieurs savans à qui elle se glorifioit, à juste titre, d’avoir donné le jour, ! et dont la perte à été également ficheuse pour les M sciences et pour les lettres. Les travaux de HER- | MANN (à) et de BRUNCK (2) sont connus de tous ceux qui s'intéressent aux progrès de l’histoire | naturelle et à l’étude de la littérature ancienne, 1 et les regrets que leur mort a inspirés à leurs com- patriotes , ontété partagés par les amis des lettres. La mort du savant OBERLIN vient de renouveler ces regrets. Qu'il soit permis à un de ses élèves, M qui a eu le bonheur de recevoir de Iui-de nom- . € (1) Voy. Mag. Encycl., ann. vu, t. 11, p. 273 et suiv. M ibid. , t. 111, p. 276. (2) Ibid., ann. 1x, t. 4.1, p. 391 et suiv. e Ja) Oberlin. 73 breux témoignages d'amitié, de consigner ici quel- ques pages sur la vie de ce respectable sa- vant (3). Parler de ses travaux avec simplicité, .. ce sera le louer de la manière la plus conforme à son caractère. | * Jérémie-Jacques OBERLIN naquit le 7 août 1755, à Strasbourg, où son père Jean-Georges Oberlin, étoit instituteur au Gymnase, Après avoir reçu les instructions élémentaires dans ce même éta- blissement , il fut mis en 1750 au nombre des étudians de l’Université. Avant de se livrer aux études académiques et de suivre les cours des pro- fesseurs , ilse rendit à Montbéliard où , pendant huit mois, il ne s’occupa que de l'étude de la langue française , alors fort peu répandue à Stras- bourg, et dont, à cette époque, on n’enseignoit pas même les élémens dans le Gymnasse de cette ville. Une de ses tantes, Madame de FELTZz, femme aussi recommandable par ses connois- (3) J’ai eu la douleur d'apprendre par les papiers publics la mort de M. Oberlin, peu de jours aprés avoir recu de lui une lettre dans laquelle il me parloit de l’édition de Justin, qu'il préparoit, ainsi que d’une nouvelle édition de son Orbis antiquus et de ses Tabulæ rituum romanorum. J’avois déjà rédigé une petite notice sur sa vie et sur ses travaux , lorsque j’appris qu’un de mes amis, M. Sroesrn, littérateur estimable , venoit de li- vrer à l’impression une notice biographique (en allemand) sur M. Oberlin, et que M. le professeur ScHWwEIGHÆUSER avoit publié un écrit plus étendu, composé en latin. J’ai cru devoir retarder la publication de ma notice, pour la rendre plus com- plète en profitant des deux ouvrages que je viens de citer. Ce retard m’a mis en état de faire encore usage de plusieurs reusei» gnemens que mes amis m'ont fait parvenir depuis. 74. Biographie. sances (4) que par son caractère, lui avoit donné le conseil de se livrer à cette étude. OBERLIN s’ap- plaudit toute sa vie del’avoir suivi; dans la suite. la langue française fut celle dont il se servoit le plus volontiers pour ses relations amicales, dans . ses lettres et dans l’intérieur de sa famille. Après son retour à Strasbourg il se livra avec ardeur à l'étude approfondie des langues anciennes, et à celle des autres sciences qui forment l’objet de l’enseignement académique, telles que les mathé- matiques , la physique , la logique , la métaphy- sique et la philosophie morale; cependant les leçons du célèbre Schoepflin avoient pour lui un attrait plus particulier ; non seulement il fré- quentoit avec assiduité ses cours sur l’histoire universelle et sur celle des différens états de l’Eu- rope moderne en particulier, mais M. Schæpflin s’étant bientôt apperçu des talens, de l’assiduité, de l'amour de s’instruire du jeune Oberlin, lui permit l’usage entier de son excellente biblio- thèque , et de son cabinet de monumens de tous les âges : c’étoit le mettre au comble de ses vœux. Son goût pour l'antiquité et pour ses monu- mens devint dominant, et le porta à faire de l'archæologié son étude favorite ; il s’y est livré avec autant de zèle que de succès. En 1757, suivant l’usage établi alors dans l'U- niversité de Strasbourg , ainsi qu’il existe encore (4) Elle est auteur d’une traduction allemande ; en vers alexan- drins, du Polyeucte de CorNEILLr. " Oberlin. 75 dans les Universités d'Allemagne, M. Oberlin soutint publiquement , sous la présidence de M. Schérer, professeur des langues hébraïque et grecque, une dissertation académitue dont le sujet étoit conforme à son étude favorite ; il y traita des usages observés par les anciens dans Vinhumation des morts (5). L’année suivante , la Faculté de philosophie lui décerna le degré de maître-ès-arts et de docteur en philosophie. Après avoir terminé son cours d’études philolo- giques et philosophiques , il suivit pendant trois ans les leçons des professeurs de théologie. Il paroît cependant s'être attaché plutôt à la partie philologique et archæologique des connoissances du théologien, qu’à l'étude de la théologie dans toute son étendue ; plusieurs de ses ouvrages en offrent des preuves. Lorsque Kennicott fit recueil- Lir, dans toute l’Europe, les variantes du texte hébraïque du vieux testament , M. Oberlin se chargea de collationner les quatre manuscrits que possède la bibliothèque de l’université de Stras- bourg, et il publia depuis dans ses Miscella argentinensia , dont il sera question plus bas, une description de ces manuscrits et des échantillons des variantes qu’ils lui ont fourni. Lorsque , deux ans avant sa mort, il fut installé solemnel- lement comme recteur de l'académie de Stras- bourg , il prononça un discours dans lequel il prouva combien la connoissance de l’archæologie (5) Dissertatio philologica de ivrasQiusuS sive veterum ritu condiendi mortuos. Argentor. 1757. 76 Biographie. et des monumens peut être utile pour l’inter- prétation de la bible, et que cette étude ne doit pas être étrangère au théologien instruit. Il a publié depuis un extrait de ce discours dans le programme par lequel, à la fin de l’année scholastique , 1} annonça l’installation solemnelle de son successeur, A peine eut-il terminé son cours de théologie, M. Oberlin se consacra entièrement à l’étude des langues anciennes et modernes, de la littérature, des monumens de l’antiquité, et à celle de la diplo- matique, il desiroit dès-lors se rendre un jour utile aux élèves de l’Université par l’enseignement de ces connoissances. L'examen des manuscrits et desmonumens lui procura plus d’une fois la jouissance de trouver la véritable leçon d’un passage important de quelque auteur classique , que d’ignorans copistes avoient altérés; il avoit remarqué que dans les premiers temps après la découverte de Pimpri- merie, les relieurs avoient souvent employé de précieux manuscrits, et qu’il étoitimportant d’exa- miner avec soin la couverture des livres reliés à œætte époque (6). Dans ses cours il aimoit à nous parler du plaisir que lui avoit causé la dé- couverte de quelques fragmens qui Pavoient mis en état de compléter des passages d’auteurs ! (6) Il en a fait le sujet du programme par lequel il annoncaM en 1783 l'installation de son successeur dans la place de Recteur re NEA . de l’Université. heu papa Oberlin. 77 classiques, surtout des Origines d’Isidor de Séville, .tronqués dans toutesles éditions, et il nous enga- gea à ne jamais négliger d'examiner les anciennes reliures en parchemin chargées d'écriture, lors- qu'il nous en tomberoit sous la main, ainsi que les vieux parchemins dont les relieurs se servent quelquefois pour faire de la colle-forte (7). Il y a quelques années, il fit encore à ce sujet, un appel (8) à tous les bibliothécaires de la France, parce qu’il pensoit avec raison qu’à l’épo- que où les bibliothèques des couvents supprimés ont été réunies pour servir à l’usage des établis- semens d'instruction publique, il seroit utile de _, fixer sur cet objet l’attention des bibliothécaires. Cet appel en effet ne fut pas perdu. M. de Lupozr . alors résidant du roi des Deux-Siciles, à Constan- , tinople, lui envoya de cette ville six feuillets . manuscrits en vélin , dont jun faisoit partie d’un . poème érotique en quatrains, d’un troubadour . batave du xr.siècle .M.Oberlin en arendu compte . dans le Magasin Encyclopédique (9). L'époque où M. Oberlin commenca à se faire . connoître dans le monde littéraire étoit la belle période dans laquelle Winckelmann et Lessing ré- pandoient un nouveau jour sur l’archæologie, où Gessner , Ernesti et Heyne cultivoient avec un si (7) Ce fut en examinant de vieux parchemins , dont un re- lieur alloit faire dela colle , qu’il découvrit un beau manuscrit presque complet du Speculum sueyicum. (8) Voy. Magasin Encycl., ann, vi;t. vi, p.337. (9) Zbid., ann. vaux, t. vi, p.16" 78 Biographie. grand succès l: critique et la philologie. M. Ober- lin se montra leur digne émule. L'étude de la littérature des beaux temps de l’antiquité classi- -que ne l’empêcha pas de s’occuper aussi de celle du moyen âge, et les recherches auxquelles cette -étude l’engagea à se livrer, lui ont fourni des ré- sultats précieux pour l’histoire , la langue et la littérature de ces temps moins attrayÿans sans doute, mais quicependant sous plusieursrapports ne sont pas sans intérêt. Ces travaux importans et multipliés méritèrent bientôt à M. Oberlin dans sa patrie et dans les pays étrangers, la réputation d’un des savans les plus versés dans les antiquités, la philologie et la diplomatique. Mais il ne recueillit point aussi rapidement -qu’il Pauroit mérité les récompenses dues à son zèle et à ses travaux. Il est vrai qu’à peine âgé de -20 ans, en 1755, il fut adjoint à son père, au Gym- nase ; et qu'après sa mort arrivée quinze ans plus tard, en 1770, il lui succéda comme régent ; maïs “on concevra qu’il devoit être désagréable pour un homme occupé de travaux plus importans, de - perdre les plus belles heures de la journée, à en- seigner les premiers élémens de la langue latine , ‘de Parithmétique , de la géographie, à des enfans de six à huit ans (10). Après avoir occupé cette (10) Dans le programme qu’il publia lorsqu'en r782 il prit possession de la chaire de Professeur, et dans lequel, suivant l'usage établi à Strasbourg ; il donne sur sa vie ‘quelques détails qui m'ont été utiles pour la rédaction de cette notice, M. Ober- Oberlin. 79 place pendant deux ans, il fut promu à celle de régent d’une classe plus élevée, qu’il occupa en- core pendant six ans. L'activité naturelle de M. Oberlin ne lui per- mettoit pas de se renfermer dans la sphère étroite qu'on lui avoit assignée. Sans doute il y étoit fort utile,mais il se sentoit enétatdese rendre plus utile encore, en consacrant ses talens et ses études à l'instruction littéraire dans une chaire de pro- fesseur à l'Université, et c’est à quoi il aspiroit. Ce vœu ne fut rempli que successivement èt fort tard. Nous avons dit que le célèbre Schæp- flin avoit accordé à M. Oberlin üne confiance particulière. Il lui en donna une preuve écla- tante en le chargeant de la description de son cabinet, et en lufremettant (11) les matériaux qu’il avoit recueillis pour le 4e. volume de son A/satia illustrata , qui devoit contenir l'Alsace littéraire; les circonstances n’ont pas permis , il est vrai, à M. Oberlin de remplir cette tâche dans toute ‘son étendue, mais nous verrons que du moins il ne l'a jamais perdu de vue et qu’il s’enest'acquitté ‘autant que cela dépendoit de lui. Du temps de M. Schæpflin , l’Université de Stras- bourg étoitfà son plus haut degré de $plendeur. Un grand nombre de jeunes gens des familles les lin ne cache pas que cet emploi n’étoit point conforme à son goût : « Anno mpcczy, dit-il, in septima curia crudien- » dis puerulis Patri optimo, énvitus Licet, adjutor sum datus, » eique À. mpocrxx fatis functo in eadem spartà succedere D Jussus De (11) Voyez la préface du Museum Schœplini 80 Biographie. plus distinguées de toutes les contrées de VEu- rope s'y Lich pour y faire leurs études et sur- tout pour profiter des leçons de ce savant profes- seur , qui a prouvé plus d’une fois qu’il se seroit également distingué comme homme d'état, sil avoit jugé à propos de suivre cette carrière. Presque tous ces jeunes gens lui étoient adressés pour qu'il dirigeât et surveillât leurs études, ou qu’il confiä® ce soin aux plus distingués de ses élèves. Parmi ceux de ces derniers à qui il donna cette marque de confiance étoit M. Oberlin. Dès- | lors il se chargea non-seulement de lire avec ces jeunes gens*et de leur expliquer les principaux | auteurs classiques latins, mais encore de leur | enseigner différentes branches de connoissances | qui ne faisoient point partie de l'enseignement académique ; tantôt 1l leur faisoit connoître les mœurs des peuples de l'antiquité et les mont mens qui les représentent ; tantôt il passoit en re-ù vue les pays connus des anciens, en indiquant à ses élèves les monumens qui existent dars chaque» contrée afin de les mettre en état de voyager un jour avec plus de fruit; à d’autres 1l enseignoit Phistoire littéraire, ou l’ TUE générale, ou l’ hé» raldiqué, ou la diplomatique. . En 1763 , la garde de la bibliothèque publique) de l'Université lui fut eonfée, sous les auspices! de M. Lorenz (12). Il a rempli les fonctions de cette (12) Professeur d'histoire'et d’éloqnence latine à l’Université de Strasbourg; voy. la Notice biographique que M. Orerzin ah} “ Oberlin, êt place jusqu’à sa mort avec un zèle au-dessus de tous les éloges. L * Pour un homme aussi laborieux que l’étoit M: Oberlin, cette place, quoiqu’elle lui donnât un sur- croît de travail, ne pouvoit être qu'extrêèmement agréable, parce qu’elle le mettoit en état de pro- fiter à son gré de la collection confiée à ses soins. Dans la même année la faculté de philosophie de l'Université lui accorda enfin la permission d’ou- vrir des cours publics sur le style latin ; dans ces leçons il joignoit l’exemple aux préceptes; M. Oberlin parloit le latin avec la plus grande fa- cilité et avec une élégance vraiment cicéronienne, Dès-lors il s’étoit imposé la loi de donner ses cours en latin et de converser dans cette langue avec ses auditeurs, et, pour la leur rendre plus familière, il leur faisoit faire des compositions, sur lesquelles il leur donnoït ensuite occasion de dis- euter et de disserter de vive voix, mais toujours en se servant de la langue latine. Au mois de Juillet 1770, il fut nommé adjoint à la chaire d’éloquence latine qu’occupoit M. Lorènz , et en cette qualité 1l continua non-seule- ment à donner les cours dont j'ai parlé, mais il en ouvrit aussi sur les antiquités, la géographie ancienne, la diplomatique, etc., et ces cours ont constamment attiré un nombre considérable d’au- diteurs. Il composa dès-lors des Manuels ou fntroduc. donné sur ce savant respectable, dans le Magusin Encrcel,, ann, vit, t. VI, p. 220. Tome II. Mars, 1807. 6 62 Biographie. tions élémentaires, qui servoient de guide à ses auditeurs pour suivre avec plus de fruit les leçons auxquelles ils assistoient. L’utilité de ces manuels a été reconnue (11) non-seulement par tous ceux qui ont suivi les leçons de M. Oberlin; mais encore plusieurs professeurs, qui dans d’autres universités enseignoient les mêmes sciences, les trouvoient si commodes et tellement complets, qu'ils les adoptoient pour base de leurs cours (12). En effet la forme de tableaux qu'il leur a donnée sert bien à embrasser d’un seul coup d'œil tout ce qui tient au même objet, et à classer avec ordre les points que le professeur se propose de traiter. Il est vrai que plusieurs de ces ouvrages n’ont pas paru à l’époque dont il est ici question, parce que M. Oberlin, pour qu'ils eussent plus de perfection, les dictoit pendant plu- sieurs années à ses auditeurs, ou les leur com- muniquoit pour les copier , persuadé qu’à mesure qu'il feroit ses cours, 1l les s’apercevroit de ce qui pourroit y manquer et seroit à même de les perfectionner ; lors même qu'illes avoit publiés par la voie de limpression , il les corrigeoit constamment ; il retravailla ce qui lui paraissoit devoir être présenté dans un meilleur ordre, il suppléa ce qu’il avoit omis, ou ce qu’on venoit d'apprendre par de nouvelles découvertes. (11) Voyez ce qu’il dit lui-même à ce sujet, dans le Magasin Encycl., ann. 11, t.111, p. 365. (12) Le savant Rerrz, à Leipsic, avoit adopté pour guide dans ses cours sur les usages des Romains , les 7'abulæ rituum Roma- norum, de M. Oberlin, dont il sera bientôt question. Oberlin: 83 nQuoique les manuels de ses cours aient paru à des époques différentes , on doit en reporter l'ori- gine äu temps où M. Oberlin commença à pren- dre une part active à l’enseignement public de PUniversité; il sera donc convenable de parler ici de tous, sans s'arrêter à la date de leur publi- cation. - La première édition deson redire ala con- noissance des mœurs etusages des Romains (13), a paru à Strasbourg, en 1774; la seconde en 1784; celle-ci est augmentée d’une table très- étendue et faite avec soin, des auteurs anciens et. modernes qui ont traité les différens points que M: Oberlin avoit indiqués dans son manuel ; au moment de sa mort, il songeoit à en ds une nouvelle édition, pour laquelle il avoit, recueilli beaucoup d’additions et de corrections, et qui devoit paroître aux frais d’un libraire d'Allemagne. En 1770 ou 1772,il publia le Prodromus, ou l'introduction de son Manuel de la géographie ancienne, sous la forme de thèse académique, soutenue sous sa présidence. * L'ouvrage même (14) ne parut qu’en 1776, peu (13) Rituum Romanorum Tabulæ , in usum auditorum, -(14) Orbis antiqui, monumentis suis illustrati, primæ lineæ; M. Oberlin avoit dédié cette première édition à son respectable ami M. de Sainte-Croix. La seconde édition considérablement augmentée parut en 1790; elle est dédiée à Madame la Beronne de Dietz, épouse de M. de Kroock, Conseiller de S. M. l’Em : pereur de Russie, femme de beaucoup de talens et douée de 84 Biographie. de temps avant son voyage dans le midi dela France, dont je parlerai bientôt. Il y a joint trois tables extrêmement utiles, l’une contient les noms anciens , l’autre les noms actuels des villes, rivières , etc. et latroisième, les titres des ouvrages auxquels il ne renvoie dans son livre que par le nom des auteurs. . Cet ouvrage est aussi utile que commode, non- seulement pour l’étude de la géographie ancienne, mais encore pour celle de l’archæologie en géné- ral. L’auteur y a réuni avec une précision admi- rable l'indication des monumens antiques d’archi- tecture , qui existent, soit en entier, soit ruinés dans chaque pays; il cite également les ins- criptions , médailles et autres monumens trans- portables, qui y sont relatifs, ainsi que les cabinets dans lesquels on les conserve , et les ouvrages qui en ont traité, de sorte que c’est un excellent guide pour ceux qui veulent en- treprendre des voyages littéraires , et l’auteur qui en a donné l'analyse dans le journal de Gættingue (15), a eu raison de dire qu'il appar- connoissances. Au retour d'un voyage en Italie qu’elle avoit fait avec ses trois enfans , elle avoit passé par Strasbourg, où elle avoit suivi avec son fils un cours particulier de M. Oberlin sur les monumens anciens. Dans les derniers mois avant sa mort, il avoit pris des arrangemens avec un libraire d’Alle- magne , pour en donner une nouvelle édition. Dans une de ses dernières lettres, il m’avoit prévenu qu’il m’enverroit une assez longne série de questions, sur lesquelles il me chargeroit de faire des recherches dans les bibliothèques et les cabinets de Paris. (15) Ann. 1990, n.° 177. Oberlin. 85 tiént au petit nombre des livres dans lesquels on trouve beaucoup plus que leur titre ne promet. J'ai déjà dit que M. Oberlin donnoit des cours de diplomatique et d’histoire littéraire; en 1788, il publia son manuel de la première de ces scien- ces (16), et en 1789 ses tables synoptiques de l'autre (17). Depuis qu’en 1770 la faculté de philosophie de l’université de Strasbourg lui avoit accordé le titre d’Adjoint à la chaire d'éloquence latine, il com- posa plusieurs thèses académiques qui furent sou- tenues publiquement par ceux de ses élèves qui devoient prendre les degrés. Quatre de ces dissertations contiennent un précis historique des essais faits dans tous les temps pour réunir les mers et les fleuves en creu- (16) Artis Diplomaticæ primæ lineæ: in usum auditorum duxit Jer. Jac. OBERLINUS. Cet ouvrage est terminé, comme les précédens, par une table étendue et soignée des auteurs, très- utile à ceux qui veulent se livrer à l’étude de la diplomatique. (17) Litterarum omnis ævi fata ; tabulis synopticis exposuit J.J. OsErzIN US. Ces tableaux offrent les noms des principaux écrivains, classés par colonnes, d’après les objets sur lesquels ils ont écrit, d'aprés la nation à laquelle ils appartiennent, et d’après le temps auquel ils ont vécu. M. Oberlin se proposoit alors de publier aussiune Zntroduction à l'Histoire litteraire, qu’il avoit déjà composée depuis plusieurs années , mais à laquelle il désiroit donner encore plus de perfection. Il n’en a tracé que le plan en tête du livre cité. Les circonstances l'ont ém- pêché de publier cet ouvrage. Ces différens écrits sont ir-8.0 les tableaux de l'Histoire littéraire sont du même format, quant à la hauteur, mais ils sont plus larges et se ployent pour que Yensemble ne forme qu'un petit volumo in-8.° ‘86 Biographie: sant des canaux (18), Une autre avoit pour objet l'extrême barbarie de la langue latine dans le (18) 11 fit paroître les deux premières , dès l’année 1570, sous ce titre : Prisoa jungendorum marium fluminumque molimina. Pars prior : de fossis Europeis. Pars posterior : de fossis Asiæ et Africæ. En 1773, il donna la 3.e partie, intitulée : Medii œvti jungendorum marium fluminumque molimina ; enfin en 1575, pa- xrut 4.€: Recentiora jungendorum marium fluminumque molimi- za. Il réunit ensuite dans la même année ces quatre mémoires sous ce titre général : Jungendorum marium ffluminumque om- nis œvi molimina, et les mit en vente chez le libraire Stein, à Strasbourg. Dans une lettre à M. de Villoison, placée en tête du volume, il a donné différentes corrections et additions. Ces mémoires, qui contiennent beaucoup d’indications et de noti- ces littéraires, ont été d’un trèsegrand secours à M. ne La- LANDE , pour la composition de son ouvrage sur les Canaux de navigation et spécialement du Canal de Languedoc; (Paris, 1977, gr. in-fol.) Ainsi que ce savant le dit lui-même à la page xiv de la préface, M. Oberlin avoit été engagé à faire des recherches sur ce sujet par la question que l’Académie des inscriptions avoit proposée d’abord pour 1769, et qui ensuite fut remise pour l’année 1771 : « Quels ont été, depuis les » temps les plus anciens jusqu’au rv.e siècle de l’ère chrétieune, » les tentatives des différens peuples, pour ouvrir des canaux » de communication, soit entre diverses rivières , soit entre » deux mers différentes, soit entre des rivières et des mers, et » quel en a été le succès ? » Il ne paroît pas que M. Oberlin ait jugé à propos de concourir pour le prix, parce que dès 1950, il avoit publié ses deux premières dissertations, dans lesquelles Ja question étoit traitée , et que le prix ne fut adjugé qu’en 17714 Voy. Mém. de l'Acad. des Inscr., t. xxxvnx, partie histo- rique , p. 2. | Ses recherches sur les canaux lui avoient fait desirer de visi+ ter celui du Languedoc; quelques années plus tard, il put sa- Usfaire ce desir, et souvent il parla depuis avec une sorte d’en- thousiasme de l’impression que cet étonnant ouvrage avoit proz. duite sur lui. - Oberlin. 87 moyen âge (19); ce fut encore sous la forme d’une dissertation académique qu'il publia en 1770 ou 1772, le Prodromus de son Orbis antiquus dont j'ai déja fait mention (20). En songeant que M. Oberlin employoit tous les jours quelques heures à l’enseignement élémen- taire des élèves du Gymnase, que le soin de la bibliothèque publique absorboiït encoreune partie de son temps , qu’il donnoit des cours publics et particuliers , soit à des étrangers de distinction qui alors étoient nombreux à Strasbourg, soit âux étudians de Université; qu’il se livroit aux recherches multipliées qu'exigeoit la composition des dissertations académiques dont je viens de parler , on sera étonné de voir qu'il lui restât encore du temps pour d’autres occupations. Ce fut cependant à la même époque qu’il donna au pu- blic, un recueil de dissertations qui supposent des recherches pénibles et de longue haleine. Ce re- cueil , intitulé : Miscella litteraria maximam par- tem Argentcratensia ( Argent. 1770 , 100 p. in-{). contient outre lexplication de plusieurs monu- mens (21), un traitésurla valeur de la monnoie chez les anciens Romains, dans lequel M. Oberlin a sou- mis à un examen nouveau etrigoureux, les calculs (19) De linguæ latinæ medii œvi mire barbarie. Argentor., 1773, in-4.0 A (20) Orbis antiqui monumentis suis illustrati prodromus. Argentor. , 17972, in-4.® (21) M. Oberlin y a publié une petite médaille fort curieuse sur la bataille de Pultawa, qui fut si malheureuse pour Char- les x11. 88 Biographie. d’EiseNscHMip (22) ; il y a joint des tableaux trèsé commodes pour réduire en monnoies courantes, les valeurs énoncées par les auteurs anciens; ce mème recueil contient encore une rhythmologie des vers léonins, plus complette que celle qu’on avoit eu jusqu'alors ; ce travail est basé principa: Jement sur l'examen d’un manuscrit de Geofroyde HAGENEAU, conservé à la bibliothèque de l’Univer- sité de Strasbourg; enfin, comme il a déjà été remarqué plus haut, on y trouve le résultat d’une çollation que M. Oberlin avoit faite pour KEN- NICOTT , des manuscrits du texte hébreu de la bible, que possède la bibliothèque de Strasbourg. Ce dernier travail fait autant d'honneur à sa sa- gacité, qu’au soin qu'il y porta. C’est ici le cas de dire que ce savant laborieux étoit en même temps très-complaisant, à l'égard des philolos gues , qui s’adressaient quelquefois à lui, pour avoir des collations des manuscrits confiés à sa garde, À A-peu-près dans le même temps où M. Oberlin publia ses miscella litteraria ; il donna aussi le commencement de sa description du cabinet de Schoepflin (23). | | L (aa) Dans son ouvrage de Ponderibus et mensuris, item de nummis velerum ; ÀÂrg., 1708 et 1737, in-8.° (23) En 1770, le premier cahier a paru sous le titre de Zapi+ darium, ; le 3.€ en 1972, sous celui de Warmorariur,, et le 3.e, en 1773, sous celui de F’asarium. I] réunit alors ces troïs cahiers sous ce titre général : Museum Schæœpfllini ; tomus prior ; Lapides, Marmora, Vasa. Argent, 1773, 184 pages in-4.0 avea x7 planch.; plusieurs autres figures sont placées dans le texte. Oberlin. 89 Il est à regretter qu’il n’ait pas trouvé dans le temps , un hbraire qui ait voulu se charger de la publication de cet ouvrage, et qu'il ait été obligé de supporter les frais considérables de la gravure des planches et de l’impression du texte. Comme ses travaux littéraires ne lui permettoient point de suivre avec l’activité nécessaire la vente de l’ou- vrage, et que les libraires en général, ne mettent pas beaucoup d’empressement à faciliter le débit des livres que les auteurs font imprimer à leurs frais, M. Oberlin fut oblige de suspendre la pu- blication du second volume. Il n’a cependant ja- mais abandonné l’espoir de le donner un jour; et dans les dernières années de sa vie il s’en est en- core occupé plus que jamais. Il y a déjà plusieurs années qu’il me pria de lui envoyer des planches de cuivre planées, qui sont à Paris à meilleur marché que dans les villes de Province, et depuis, il fit exécuter successivement dix gravures , dont il a eu la bonté de m'envoyer des épreuves que je conserverai toujours comme un gage précieux de Pamitié qu’il n’a cessé de me témoigner ( 24 ). Ce second volume devoit, contenir les figuri- nes de bronze ou le lararium , les pierres gravées et quelques-unes des médailles les plus curieuses du cabinet de Schoepflin. Parmi les figurines , cependant il yen a plusieurs qui ne sont pas an- tiques, mais qui appartiennent au temps de la renaissance des arts. (24) On trouve également les épreuves de ces planches dans Ja riche bibliothèque de M. Millin. 90 Biographie. M. Oberlin étoit tellement habitué au travail ; que mème dans les momens de loisir qu'il ne se donnoit que fort rarement , il cherchoit à s’oc- cuper d’une manière utile. Pendant un temps de vacances qu’il avoit été passer auprès de son frère (25), dans le Ban de la Roche, il s’amusa à étudier le patois de ces montagnes. M. Schloe- zer (26) voyageant à Strasbourg, engagea M. Oberlin à publier les observations et les re- cherches qu’il avoit faites à ce sujet. C’est ce qu'il fit dans l'ouvrage intitulé : Essai sur le pa- tois Lorrain des environs du Comté du Ban de la Roche; Strasb. 1775, 287 pages in-12. Dans ce traité, il fait voir comment ce patois est dérivé de la langue des anciens Romains, et le rapport qui existe entre les différens patois ; enfin, il établit que celui qui est encore en usage parmi les mon- tagnards du Ban de la Roche, se rapproche infini- ment du langage usité il y a plusieurssiècles , à la cour et dans les villes, où :l s’est insensiblement modifié, au point que la langue française ac- tuelle ne paroit plus avoir aucune ressemblance avec ce même patois dont elle est dérivée (27). (25) Voyez sur ce vieillard respectable et sur son prédécesseur, M. Stouber, auxquels les habitans du Ban de la Roche ont tant. d'obligations, ce qui a été dit dans le Magasin Encyclopédique, aun 11,t.1,p. 433; et depuis par mon ami M. ScawErcHÆUSER, Le fils, dans un article trés-intéressant sur un canton des Vosges , appelé le Ban de la Roche, inséré dans les Archives littéraires, t. v,p. 283. (26) Célèbre professeur à Gættingue. (27) Voici le contenu des six chapitres de cet ouvrage intée toit cmd —. : de: Oberlin. O1 . M. Oberlin savoit trop combien les voyages sont utiles à celui que les connoisssances préli- minaires mettent en état de les entrependre avec fruit, pour qu’il n’ait pas cherché à se procurer cet avantage; mais les circonstances ne lui permirent pendant longtemps que quelques excursions dans les environs de Strasbourg : en 1767 il parcourut les contrées pittoresques du Palatinat le long du Rhin, en se rendant à Mannheim pour y voir les belles collections que l'électeur palatin y avoit rassemblées dans son palais et qui depuis ont été transférées à Munich ; après avoir visité l'Univer- sité de Heidelberg, il retourna par Francfort et Carlsrouhe à ses paisibles études. Il aimoit surtout à examiner les bibliothèques des couvents dans lesquelles il eut souvent le plaisir de déterrer des trésors littéraires inconnus. En 1770, il visita trois abbayes, situées dans la ci-devant Lorraine, près du ban de la Roche, et il y trouva l’accueil le plus obligeant. En 1779 il visita avec son ami, M. Silbermann (28), l'Université de Fribourg, en ressant : chap. 1, du patois en général , et de celui de Lorraine des environs du Ban de la Roche en particulier; chap. 2; échantillons du vieux langage francais de différens siècles ; chap. 3, échantillons du provençal, gascon, bourguignon et lorrain ; chap. 4, ébauche d'une grammaire patoise pour le Ban de la Roche; chap. 5, échantillons du patois lorrain de ces contrées ; chap. 6, glossaire patois et index francais. (28) Feu M. Ændré SizBErmanx , membre du Sénat de la ville de Strasbourg, a entrepris des recherches curieuses et exactes sur la topographie de Strasbourg, et sur les antiquités de cette ville et de l’Alsace en général. Il avoit formé une coi- 02 Biographie. Brisgaw , et plusieurs monastères de la Forêt noire: Mais en 1776, quelques années avant cette der- nière excursion, il avoit vu s’accomplir un de ses vœux les plus chers, celui de faire un voyage dans Je midi de la France, cette contrée qui offre encore tant de magnifiques monumens de la grandeur des Romains. Ce voyage que M. Oberlin entréprit aux frais du magistrat (29) de Strasbourg, lui offroit un grand intérêt, sous plus d’un rapport : comme antiquaire, les monumens et les ouvrages de l’art, les collections de médailles, d’antiquités , de ta- bleaux , de livres, de manuscrits, attiroient sur-- tout son attention ; mais comme il s’étoit égale- ment appliqué à l'étude approfondie de ancien langage françois, ce voyage lui fournit une excel- lente occasion de comparer ensemble les dialectes ou patois des différentes provinces qu'il visitoit & J’eus un plaisir singulier, dit-il, dans une notice qu'il publia sur ce voyagef d'observer les change- fection précieuse de manuscrits, de plans; de dessins, de mé- dailles et de différens monumens propres à éclaircir l’histoire de sa patrie. Cette collection a été réunie, aprés sa mort, à la bi- bliothèque et au cabinet de M. Schæœpin , placés près de la bi- bliothèque publique de Strasbourg. M. Silbérman a publié une topographie de la ville de Strasbourg, dans les plus anciens temps, ouvrage enrichi de beaucoup de gravures; il en avoit préparé la suité; mais des raisons étrangères à l’auteur l'ont empéché de la livrer à l'impression. (29) On appélle ainsi à Strasbourg, comme dans les villes d'Allemagne , la réunion des officiers chargés de l’administratiot de la ville. . Oberlin. 93 mens et les variations du patois dans les provinces que je parcourois, et d’en comparer les différentes modifications depuis la Lorraine jusqu’à la Pro- vence et au-delà , en revenant par le Languedoc et la Gascogne. J’aurois desiré continuer ces re- cherches dans les provinces septentrionales de la France. Dans mon Essai sur le patois lorrain, j'ai prouvé que ce patois est le langage usité dans le moyen âge, quoique par les nombreuses altéra- tions que la langue a éprouvées depuis, à diffé- rentes époques, il n’y ait plus de ressemblance entre le français d’aujourd’hui et ce patois, qui ne diffère pas sensiblement de celui de la Franche- Comté ». En parlant plus haut de ses mémoires sur les canaux de navigation, j’ai déjà dit com bien la vue et l'examen du beau canal du Lan- guedoc, lui causa de plaisir. Ce voyage dans le midi de la France (30), fut, une des époques les plus intéressantes de la (30) M. Oberlin a donné lui-même quelques détails sur ce voyage dans le programme qu’il écrivit, lorsqu’en 1582 il prit possession de la chaire de professeur de logique et de métaphy- sique , et dans lequel, suivant l’usage établi, il donna sommai- rement sa biographie; il a encore rédigé qnelques fragmens de ce voyage das les 4e et 5e volumes d’un journal allemand publié par M. Schlæzer, sous le titre de Veuer Brieflwecliel (nouvelle Correspondance) , et dans deux journaux qui ont paru à Stras- bourg, il y a une trentéine d'années, sous le. titre de Bürgerfrund. ('Ami des Citoyens) et Gelehrie und Kunst-Nachrichter { Nouvelles des Lettres et des Arts). Ce que je rapporte du voyage de M. Oberlin est extrait surtout de som journal de voyage , dans lequel il a consigné jour par jour, avec beaucoup de soin , les observations qu'il avoit occasiou de faire. Çe jour- 94 Biôgraphie: vie de M. Oberlin. La vue des beaux monumens des anciens qu’il n’avoit connu jusqu'alors que par des gravures, devoit nécessairement rectifier sous plusieursrapports, et même agrandir ses idées sur l’antiquité qui lui étoit déjà si familière. Besançon fut la première ville où il fit quelque séjour. L'examen des monumens que les Romains y ont laissés, des cabinets que plusieurs amateurs et des savans y avoient recueillis, et surtout celui de la bibliothèque de l’abbaye de S. Vincent, oùle R. P. dom Demandre, et le sous-prieur, dom Bertaud, lui firent le meilleur accueil, le retinrent plusieurs jours dans cette ville: IL voyoit toujours ces col- lections, le crayon ou la plume à la main; aussi a-t-il consigné dans ce journal {des notices plus ôu moins étendues sur tous les cabinets , toutes les bibliothèques, et en général tous les objets remar- quables qu’il avoit occasion d'observer (31). De Besançon , M. Oberlin se rendit à Dijon où l'abbaye de S. Benigne, le jardin de botanique que M. Le Gouz de Gerlan venoit de fonder, ainsi que les monumens qu'il y a réunis, la char- treuse, etc. occupèrent son attention ; l’école de dessin dirigée par M. Devosges, étoit déja à cette époque dans un état florissant. On étoit oc- nal, qu’on n’avoit pas eu sous la main, lorsque M. Schweig - hæuser et M. Stœber ont publié leurs notices, m'a été com- muniqué par M. Oberlin, fils, un de mes plus anciens amis. (31) La notice sur les manuscrits de l'Abbaye St.-Vincent , et Îe cabinet de M. Chiflet, premier présideut du Parlement, rem- plissent plusieurs pages de son journal. Oberlin, 95 œupé à bâtir à côté du palais des états, le local ou elle est établie à présent. Le départ de la voiture publique ne lui permit point de voir la biblio- thèque de M. le président Bouhier; et il eut d'autant plus de regrets de ce contre-temps, qu’il apprit ensuite qu’elle contenoit beaucoup de manuscrits. Par Châlons, Mâcon et Trévoux, 1l se rendit à Lyon, ville antique dont les monumens, les établissemens littéraires et philanthropiques, les travaux entrepris pour réunir l’ile Perrache à la “ville, etc. fixèrent son attention pendant huitjours d’une manière très-intéressante. L'examen des ta- bles de Claude et de l’autel taurobolique conser- xés à l'hôtel de ville, (aujourd’hui celui de la pré- fecture ), l’occupa dès les premiers momens, etson journal prouve qu’il le fitavec beaucoup de soin. La bibliothèque publique lui offrit une ample moisson ; 1] y examina surtout les manuscrits des “auteurs classiques, ceux de la bible, et ceux en langue provençale , son journal contient une no- tice étendue de ces derniers et plusieurs extraits des ouvrages qu’il examina. | Quoiqu'il n’eût pas le loisir de se livrer à un examen approfondi des manuscrits de la bible ‘que cette bibliothèque possède; il s’attacha ce- pendant à celui de plusieurs passases célèbres que le travail qu’il avoit autrefois entrepris pour ‘Kennicott (82)lui avoit fait remarquer. Son journal contient une suite assez nombreuse des variantes (32) Voyez Supra, p. 75. 96 Biographie. les plus essentielles que lui avoit offert l'examen de différens livres de l’ancien et du nouveau testa- ment ; il les aura sans doute communiquées dans le temps à Kennicott et à d’autres savans qui se livroient alors spécialement à la critique du texte sacré. Le R.P Beraud , à qui M. de Sainte-Croix avoit annoncé le passage de M: Oberlin par Lyon, lui fut d’un très-grand secours pour l’examen des monumens. Il fut avec raison indigné de la bar- barie des Minimes , qui, peu de temps auparavant avoient fait démolir une partie des restes du théâtre qui étoient dans leur domaine, afin de se servir des pierres qu'on en tiroit. « Barbarie, » ajoute , à cette occasion M. Oberlin , qui » deshonore des prêtres auxquels on suppose » quelque connoissance de littérature et d’anti- » quité ». Il examinà avec un soin particulier l’aqueduc au dehors de la porte de S. Irénée, et le suivit jusqu’à son origine. Après avoir vu et exa- miné tout ce que Lyon pouvoit lui offrir de curieux, il se rendit à Vienne, où M. Schneyder , artiste et amateur d’antiquités, originaire d’Altkirch, dans. la haute Alsace, avoit déjà alors réuni plusieurs mosaïques et des monumens trouvés dans la ville et aux environs ; depuis ce temps cette collection s’est agrandie au point qu'aujourd'hui aucun amateur des arts ne passe par Vienne, sans aller voir ce musée. M. Oberlin n’eut pas assez de temps pour exa- Oberlin 9? nier à Tain | avec tout le loisir nécessaire , l'autel taurobolique placé alors contre une maison sur le port et qui est aujourd’hui conservé à la maison commune. À Orange, il vit l’arc qu’on avoit depuis peu préservé d’une ruine totale en le sou- tenant par une colonne qui y manquoit, les restes du théâtre, les mosaïques qu’on y voit dans quel- ques caves et qu’on ne ménageoit pas alors mieux qu'aujourd'hui, enfin les ouvrages de M. Cha- pat, (32) qui s’'amusoit dans ses momens de loisir à exécuter des camées sur des cailloux à différentes couches ; et plusieurs de ses ouvrages qui sont aujourd’hui entre les mains de M. de Chièze à Va- lence. Dans la maison de M. de S. Laurent, ilco- pia quelques inscriptions que M. Millin rap- porte dans son Voyage dans les départemens mé- ridionaux de la France. À Avignon il ne vit que le cabinet de médailles de M. Calvet; les autres monumens que cet antiquaire a recueillis étoient alors renfermés dans des caisses. A Carpentras il eut la satisfaction d’embrasser pour la première fois son respectable ami M. de Sainte-Croix , qui s’y étoit rendu pour l’attendre: Après y avoir examiné la bibliothèque fondée par (32) Il fut pendant 23 ans Conseiller intime du Roi de Prusse ; à-peu-près huit ans avant l’époque dont je parle, il s’étoit retiré à Orange sa patrie, M. Oberlin se loue beaucoup de l'accueil qu'il en recut, Il lui fit voir un dessin colorié de la mo- saïque d’Orange qui offre la figure d’un chat, mais qui alors commencoit déjà à dépérir. Le dessin de M. Chapat avoit été fait en 1720. Tone IT, Mars, 2 7 (y 08 : Biographie. l’évêque Inguimbert , et admiré l’aqueduc bâti par M. Lallemand, il accompagna à Mourmoiron, M. de Sainte-Croix , et il y pass deux journées consacrées à l’amitié. Il aimoit à comparer les dia- lectes des différentes provinces qu’il visitoit. Aussi ne négligea-t-il ni les occasions de faire l’acquisi- tion d'ouvrages composés dans les dialectes ou pa- tois du peuple, ni celles de les étudier et d’en saisir la prononciation ; et il remarque avec reconnois- sance, dans le journal de son voyage, que madame de Sainte-Croix eut la complaisance de lui ensei-- gner à lire le provençal, pendant le séjour qu’il fit à Mourmoiron , et que, à Aix, M. Siméon , fils, eut celle de lui donner quelques leçons de pro- vençal ; à Marseille il en prit encore à ses frais. En passant par Vaucluse et Cavaillon, il se rendit à Aix, où il ne fit d'abord que peu de séjour, se proposant d’y revenir après avoir visité Mar- seille ; Toulon et Hyères. Il fut parfaitement bien accueilli à Marseille par les savans et les littéra- teurs de cette ville, entre autres par MM. Guys et Grosson, ainsi que par ceux de ses compatriotes qui y étoient établis ou qui y séjournoient momen-". tanément. Le spectacle de la mer et des deux ports de Marseille et de Toulon, mais surtout ce-, lui de La Vista à Marseille, et des jardins d’oran- gers d’Hyères, firent sur lui une impression qu’il a souvent rappellée à son esprit avec la plus grande satisfaction. Mais ce plaisir ne fut cependant pas, sans mélange, car à. Toulon il ne réussit point à, obtenir la permission de voir l’arsenal, qui est Oberlin: œ sans contredit l’objet le plus intéressant de cette ville. De retour à Aix il visita ce que cetté ville offre de curieux, lé cabinet de M. de Saint-Vin- cens et celui de M. de mn , attirèrent surtout son attention. 3 D’Aïx il prit la route d’Arles et visita, en passant par S. Remy, les deux monumens, l'arc ét le mausolée, qui existent encore en fort bon état à un petit quart de lieue de la ville. S’il étoit arrivé un jour plutôt à Tarascon, il ÿ auroit vu promener la Tarasque, dont il remarqua la figure bizarre sur une tapisserie dans l'auberge où il fut logé. | L'examen des monumens d’Arles devoit néces- sairement l’occuper plusieurs jours. Célui de l’am- phithéâtre ou des arènes lui fit regretter que l’idée qu’avoit Henri 1v, de débarasser ce beau monu- ment des mæzures dont il est encombré, n’ait pas été exécutée. On y auroit ensuite placé l’obélisque, dressé maintenant sur la place de l’ancien archevé- ché.Ce seroit sans doute un beau coup-d’æil pour les amateurs de l’antiquité. A l’occasion deces arènes, il a encore consigné dans son journal cette obser- vation: « que les pierres dont elles sont bâties WY paroissent avoir été tirées des carrières de Cas- » tellet, près de Fontvieille, où l’on voit encore My les traces des grands quartiers qu’on en a enle- ‘My vés. Au reste, ajoute-t-il, comme on donne des ‘lys ferrades ou chasses aux taureaux, à Arles et à Nismes, on pourroit y employer les arènes, si elles étoient déblayées. » : 100 Biographie. Parmi les personnes dont M. Oberlin eut principalement à se louer pendant le séjour qu'il fit à Arles, je ne citerai ici que M. de Nicolaï , membre de l’açadémie de$ inscriptions , et M. le marquis de Mejanes, possesseur d’une bibliothèque immense pour un particulier, qui depuis sa mort a été transférée à Aix. Les sarco- phages et les bas reliefs rassemblés aux minimes, les tombeaux dont l’Eliscamp , (c’est-à-dire les Champs-Elysées , plaine auprès d’Arles), est par- semé, les inscriptions et les autres monumens ras- semblés à la maison de ville à l’ancien archevè- ché, etc., attirèrent successivement son attention, et ily prit des copies de plusieurs inscriptions qui lui paroissoient offrir un intérêt particulier. Dans VEliscamp il remarqua parmi d’autres sarcophages celui dont la principale face est ornée de diffé- . rens instrumens de musique; il en a consigné | dans son journal un petit croquis , maïs l’inscrip- tion étoit tellement couverte de mousse et de boue qu'il ne lui fut pas possible de la déchif- frer (33). | Nismes lui offrit de nouvelles jouissances. M. Seguier, M. André, membre de l’académie de * (33) Ce précieux sarcophage a été ensnite placé dans le couvent des Minimes , situé auprès de l'Eliscamp. Pendant le règne de | l'anarchie révolutionnaire , un salpétrier d'Arles nommé Barbe | Souillarde, s’en empara et l’employa à la fabrication du sal, pêtre. IL étoit menacé d’une destruction assez prochaine, lors qu’en 1804, M. Mrvzix , visitant les monumens d'Arles , enga- | gca le Maire de cette ville à le retirer et à le placer dans le Mu- Oberlin. 107 Nismes, M. Rabaud de S. Etienne, pour lesquels il avoit des lettres de recommandation , et plu- sieurs autres personnes s’empressèrent à lui rendre son séjour dans cette ville utile et agréable; ils l’accompagnèrent et le guidèrent dans la visite des monumens que Nismes renferme en grand nombre. La bibliothèque, les nombreuses inscrip- tions (34) et les autres monumens de l’antiquité, ainsi que les objets d’histoire naturelle , recueillis par M. Séguier l’attirèrent fréquemment dans la maison de ce savant estimable avec lequel il fut dans la suite constamment en relation, ainsi que le prouvent:les lettres de M. Oberlin, adressées à M. Séguier , que j’ai eu occasion de voir en 1804, en examinant avec M. Millin la correspondance et les autres manuscrits du célèbre antiquaire de Nismes , conservés aujourd’hui à Ja bibliothèque publique de cette ville , et dont il seroit à desirer que M. Trelis publiât un choix, ainsi qu’il en conçut le projet. Il ne fut pas moins bien accueillià Montpellier, par M. Barthès, M. Gouan, et plusieurs autres savans ; il visita ce que cette ville offre de remar- quable , le jardin botanique, la place du Peyrou, sée qu’on doit y établir. Ce beau monument, avec son inscrip- tion extrémement touchante, est gravé et expliqué dans les Monumens inédits de M. Mivzin ,t. 11, pl. 37, P- 292 et suiv, (34) I en a copié plusieurs dans son journal de voyage, dans lequel il a aussi consigné une notice sur les différentes collec tions de M. Séguier. Jos Biographie. le château d’eau, l’aqueduc (35), etc. etc. ainsi que les différens cabinets ; celui de tableaux, appartenant à M. Daïdé et celui de M. Perrié ; riche surtout en monumens chinois, étoient les principaux. Après avoir visité Cette et Agde, les retards causés par l’indisposition de son compagnon de voyage , feu M. Gambs, archiviste de Strasbourg, ne lui permirent pas de s'arrêter à Narbonne, dont les remparts offrent une immense collection d'inscriptions, et d’autres monumens curieux. Il se hâta donc de s’embarquer sur le canal de Lan- guedoc, dont il examina tous les détails avec le plus grand intérêt. Muni de lettres de recomman- dation pour les inspecteurs et les chefs des tra- vaux du canal, ceux-ci lui fournirent partout, avec la plus grande complaisance, les renseigne- mens qu'il desiroit. De Castelnaudary , il ft a cheval, par un temps fort mauvais, une excursion d’abord au bassin de $. Ferriol , et ensuite à Sorrèze. Si les 8 écluses de Béziers l’avoient rempli d’admiration pour le gé- nie de celui qui avoit conçu et exécuté le projet de creuser ce canal; ce sentiment fut encore bien (35) « Cet ouvrage, dit M. Oberlin, prouve que les Ro- » mains ne sont pas encore tous morts dans ces contrées; il a » un coude qui a été causé par le caprice de l’Intendant qui ne » voulut pas que ce bâtiment passât par son jardin. Il avoit » plutôt lieu d’én être glorieux, et il auroit eu l'agrément de » pouvoir aller à sec par la plus belle galerie du monde, sous » Les voûtes de l'aqueduc, dans sa maison de campagne ». + Oberlin, 103 plus vif, en voyant le bassin de S. Ferriol. Au collège de Sorrèze, où 1l ÿ avoit alors 95o pen- sionaires et 5o de l’école militaire, il fit la con- noiïssance du R. P. Dom Lamée, professeur d’his- -toire naturelle à ce collège , qui avoit rassemblé ‘un assez beau cabinet, et qu'il mit en relation avec son ami CH. HERMANN , professeur d’histoire naturelle ; à Strasbourg. Dans le cabinet de M. le Marquis de Puymau- rin, à Toulouse, qui contenoit différens monu- ‘mens antiques très-curieux, quelques tableaux, et “une belle bibliothèque, M. Oberlin s’attacha sur- “tout à l'examen de quelques manuscrits Langue- - dociens fort remarquables, et il en fit des extraits assez étendus , surtout de ceux intitulés las 6 sati- os de Perso'en verses gascouns ; —las bucolicos “à Eglogos de Virgilo; — lous quatre libros de las Georsiquos de Virgilo ; — l'Eneido de Virgilo in bersés seriouses è bulagaris de la traductien de Jean Valés de Mountech. Après avoir examiné les autres cabinets de cette ville (36), les ruines d’un ancien amphithéâtre sur Je chemin d’Auch, à quelque distance de la fon- ‘taine de Berban, l’ebservatoire de M. Garipuy, inspecteur du canal , les charniers des Corde- Jiers (37), qui aujourd’hui n’existent plus, il se se rendit à Bordeaux par Grisolles, Agen, Mois- (36) Il regretta de n’avoir pù voir la belle bibliothèque de ® M. Macarry, irlandoïis, établi à Toulouse, qui à cette époque étoit en voyage. s (37) Voy. hist. et mém. de ! Acad. de Toulouse, 1. 111,1788. ‘104 _ Biographie. sac, Marmande, la Réole ; Langon et Castres. Le cabinet de M: Journu , aujourd’hui membre du Sénat Conservateur , qu’il a donné depuis quelques annéés à l’académie de Bordeaux, étoit : déjà alors fort riche, surtout en:mines , en pétri- ‘fcations, coquillages et animaux ,conservés dans lesprit-de-vin. LH 9x On conserve aujourd’hui: di la maison, où - l'académie de Bordeaux tientses séances , et où se trouve la bibliothèque publique, ‘une collection assez curieuse de monumens découverts dans: ka ville. Je ne crois pas avancer trop ; en disant que c'est à M: Oberlin que cette ville: est en grande partie, redevable de la conservation de ces monu- -mens. Lors de son passage ; il vit avec peineque dans la cour-de l’hôtel de lintendance, on laissoit dégrader et périr plusieurs belles sculptures qui avoient été tirées autrefois des fouilles, lorsqu'on bâtit cet hôtel ; il vit aussi qu'on employoit pour de nouvelles constructiôns ; : de grandes pierres sculptées ;: de ' superbes chapiteaux , etc., qui venoient. des fouilles de l’ancien pa- -dais, sans savoir soin de déssiner du moins : avant de’les défigurer , ces. fragmens. qui. devoïent avoir appartenu à quelque bel édifice. M! Oberlin engagea alors plusieurs membres de l’Académie, « de proposer à cette compagnie , » d'employer son crédit pour faire transporter et » ranger dans le vestibule de son hôtel , les monu- » mens qui étoient à l’intendance , et de veiller. à Oberlin. 10b » Ja conservation ‘de ceux qu’on pourroit décou- ‘» vrir par la suite (38)». On doit croire qu’alors , “elle n’en avoit encore réuni aucun , puisque ‘M. Oberlin n’en fait pas mention; s’il y en avoit “déjà eu, il en auroit certainement dit un mot -comme il a parlé de la bibliothèque, du cabinet d'histoire naturelle , et dé l’observatoire de ‘VAcadémie.- ! *!Qu’on ne croye pas cependant que M. Oberlin “nait porté son attention que sur les bibliothèques, ‘lés cabinets ; les monumens antiques ; non, il ‘visita également les ateliers et les manufactures “pour y admirer et apprécier les ressources de l’in- “dustrie ; à Lyon , il prit connoissance du travail *des fabriqués de soieries ; à Marseille , il suivit les procédés de lafabrication du savon ; à Bordeaux, ceux des rafineries de sucre, etc.; à Marseille, à ‘Bordeaux, il visita la bourse, endroit curieux “pour célui qui aime à observer les hommes, leurs passions et l’activité de leur esprit ; il ne négli- "Sea point surtout de voir les hopitaux et les hos- “pices, les mäisons d'éducation; tout ce qui peut ‘intéresser V homme, tout ce qui peut influer sur le “bonheur de la société, ne lui fut j jamais étranger. :Si d’ün côté les da ldeé villes lui offroient le specta- »cleintéressantdel’activitécontinuelledel’homme, ‘et des résultats bienfaisans de la civilisation , il ne s'en appercevoit pas moins des maux qui en “sont les compagnons inséparables , et son cœur (38) Extrait littéralement du journal de M. Oberlin. 106 Biographie. généreux et sensible auroit violemment desiré trouver les moyens de les soulager. « Le contraste » de la richesse et de l’indigence, dit-il, n’est » nulle part plus remarquable que dans cés » grandes villes de Marseille, de. Toulouse ; de : » Bordeaux. De malheureux estropiés, des mo- » ribonds, des gens qui ne sont nullement en état » de gagner leur vie, y sont délaissés sans secouts » et abandonnés, On les entend crier : chrétiens ! » chretiens! et les oreilles des passans sont sour- » des, plus encore les oreilles des magistrats dela » police, qui devroient s’occuperde soulager leurs » frères. Quoi donc! Tant de maisons religieuses », occupées par des prêtres de la charité , ne » pourroient elles pas recueillir ces malheureuses » victimes du luxe de leurs frères, pour les nour- » riret les soigner ! Elles en auroient les moyens , » elles pourroient les placer dans les vastes en- » ceintes de leurs palais sacrés, et elles .se,ren- » droient ainsi utiles à la société. » | La saison s’avançoit, et M. Oberlin qui desiroit être de retour à Strasbourg, au mois de septem-. bre (39), voulut aussi faire quelque séjour à Paris. Il se rendit donc de Bordeaux à Paris, sans s’ar- xêter en chemin ; à Poitiers ,il profita de quelques instans de repos que la voiture-publique donna aux voyageurs, pour y aller voir les arênes.. A Tours, 1l saisit un moment qui lui restoit pour visiter la bibliothèque de la cathédrale de (39) IL en étoit parti au mois d'avril. … Oberlin. 107 Saint-Gratien. Elle a encore , dit M. Oberlin , « la forme et la poussière du quinzième siècle; » elle est dans une salle où les livres sont placés » sur des pupitres, chacun a sa chaîne et son » titre sur le flanc. Il y a un petit catalogue, » dont on ne conserve que deux exemplaires ;, » l’un est enchaîné, l’autre entre les mains du » bibliothécaire ; il est imprimé à Tours 1706, » in-12, sous ce titre : Jouan bibliotheca sacræ » metropolitanæ ecclesiæ Turonensis. » En pas- sant par Orléans, il n’eut que le temps de voir les archives et de parcourir la ville. _ On pense bien que M. Oberlin, tira de son sé- jour à Paris, tout l’avantage possible, qu’il nené- gligea point d’examiner ce que cette capitale et ses environs pouvoiènt lui offrir d’intéressant et d’instructif; il ne visita aucune bibliothèque , aucun cabinet , sans trouver de nouvelles sources d'instruction, sans enrichir son journal de quel- ques observations intéressantes. M. de Villoison et M. Pahin de la Blancherie, étoient depuis long- temps ses amis; pendant son séjour à Paris, ces liens d’amitié farent encore plus étroitement ser- rés 3 1l fréquenta de préférence la société des membres de l’Académie des inscriptions et belles lettres par laquelle il avoit été admis en 1772, au nombre de ses correspondans ; il se loue beaucoup de Paccueil que lui firent M. Deguignes , M. d'An- ville, M. de Foncemagne, M. Delalande, M.Dau- benton, M. d’'Alembert ,. M. Dupuy, M. Dacier , M. Desaunay | M. Charles Bejot, M. l'abbé 106 Biographie. Barthélemy , le P. Pingré, le P. Bertier de l'Ora- toire, Dom Lancelot à Saint-Denis , l’abbé de la Chau, M. Leblond, M. Debure ; M. Duvivier , M. Greuze , etc., etc. La bibliothèque du Roi, (aujourd’hui biblio- thèque Impériale), et celle de l'Abbaye Saint- Germain-des-Prés, furent les deux établissemens où il revint le plus fréquemment. Il y collationna pendant son séjour, plusieurs manuscrits d’Aulu- Gelle, dont M. Stoeber, professeur à Strasbourg , préparoit alors une nouvelle édition. Les manus- crits de Juvénal conservés dans ces deux bibliothè- ques, ainsi que ceux du nouveau testament (40) , furent encore l’objet spécial de ses travaux, pen- (40) Pourla collation de ceux-ci, il fut aidé par M. LrcHTex- BERGER , aujourd'hui instituteur au gymnase de Strasbourg, le même qui a inséré dans le Magasin Encyclopédique , ann. 1806, t. vi, p. 29 et suiv., des éclaircissemens sur une Bible sans date appelée communément Bible de Bæmler, et qu’il a établi devoir être attribuée à Æggestein. — Les personnes à qui l’histoire de la critique du texte de la Bible n’est pas tout-à-fait étrangère se rappelleront que la lecon @EOZ dans la 1.re Epitre de St.-Paul à Timothée, ch. ni, 16, a été suspectée par les critiques les plus célèbres. Il leur sera peut-être agréable de trouver ici le passage du journal de M. Oberlin qui donne le résultat de ses re- eherches sur ce passage : » Ayant revu ensuite le manuscrit » du N.T.,n.° 107, fol. 4156, nous trouvâmes qu'’ik n’y avoit » eu dans l’origine ni OC (c’est-à-dire 6) ni @C (c’est-à-dire » Ééog) , mais seulement O, (c’est-à-dire 6, quod). Quelqu'un » pour corriger en a fait @C (abbréviation de êkas ); l'on voit » que l'O à été ouvert d’un côté pour en faire un C , et que le @ » à été ajouté au commencement, de facon qu’il avance sur sa » ligne ». Oberlin. 109 dant le reste de son séjour à Paris, qu'il paroît avoir prolongé jusqu’au mois de septembre. Il auroit été à desirer sans doute, qu'après son retour à Strasbourg , on eût employé les talens de M. Oberlin, exclusivement à l’enseignement aca- démique ; mais le nombre des professeurs étant déterminé, et aucune chaîre n’étant vacante, il fut encore pendant deux ans, obligé à se vouer à l'instruction élémentaire des élèves du collège ou Gymnase. En 1778, les chefs de l’université se dé- cidèrent enfin à ce qu’ils auroient dû et pu faire depuis longtemps ; il le nommèrent profes- seur extraordinaire, en lui assignant un traite- ment qui pôt l’indemniser de la perte des appoin- temens de la place d’instituteur au Gymnase, à laquelle il renonça. Au mois de mars 1782 , la chaire de Logique et de métaphysique étant devenue vacante, elle lui fut donnée, et il l’a conservée aussi longtemps que l’ancienne univer- sité a existé. En donnant cependant le cours de logique et de métaphysique à laquelle sa place lobligeoit , il n’a jamais discontinué ses cours sur les antiquités, la géographie ancienne, la diplo- matique , l’histoire littéraire et la bibliographie , enfin ceux consacrés aux préceptes du style latin et à l'interprétation des principaux poètes du siècle d'Auguste , tels que Virgile , Horace, Ovide, à laquelle il appliquoit la connoissance des monumens d’une manière fort intéressante pour ses auditeurs. En 1787, le corps des professeurs de l’'Univer- 110 Biographie, sité, nomma M. Oberlin à la place de Gymna- siarque ou directeur de ce même Gymnase auquel il avoit été attaché pendant si longtemps comme instituteur, et dans la même année il eut part aux revenus du chapitre de 8. Thomas, fondation dont les biens avoient été affectés par le magistrat de Strasbourg à salarier les professeurs de l’'Uni- versité, et quelques-uns des curés de la ville; mais un nombre déterminé des plus anciens pro- fesseurs avoit seulement droit à ces revenus qui formoient leurs seuls appointemens fixes ; les professeurs nommés les derniers, n’avoient guèrés de leur place d’autres revenus que les rétributions des étudians pour les cours qu’ils suivoient. Rappellons maintenant les ouvrages publiés par M. Oberlin, depuis le retour de son voyage. Avant cette époque il s’étoit occupé d’une nouvelle édition de Vibius sequester, pour laquelle M. Pahin de la Blancherie , avoit fait la collation de deux manuscrits de la Bibliothèque de Paris. Cette édition (41) accompagnée d’un ample commen- taire auquel plusieurs amis de M. Oberlin, en- tr'autres M. de SAINTE-Croix et M. SCHNEIDER , professeurs à Francfort-sur-l’Oder, lui avoient fourni des matériaux, parut en 1778 chez Kænig, à Strasbourg. (41) Elle porte le titre suivant : Virlus SEQUESTER , de flumi- nibus, fontibus, lacubus, nemoribus, paludibus , montibus , gentibus quorum apud poetas mentio fit. Lectionis varietatem et integras doctorum Commentationes adjecit et suas , Jer. Jac. Osenuinus. L'éditeur y a aussi joint des tables très-utiles. Oberlin. 111 Dans cette mêmeannéeil publia aussi chezStein,” autre libraire de la même ville, une édition de quelques ouvrages d'Ovide (42); la table ( clavis), que M. Oberlin a jointe à cette édition, la rend très - utile pour les jeunes étudians auxquels il l’avoit en effet destinée ; ils y trouvent les explications nécessaires à l'intelligence de l’auteur. La première portion de l’ouvrage, contenant les Tristes , étoit déjà imprimée en 1776, avant le voyage de M. Oberlin, et elle fut publié alors sé- parément ; ce ne fut qu’après son retour qu'il y ajouta les autres ouvrages d’Ovide , indiqués sur le titre et la table explicative dont je viens de par- ler. Le tout parut alors sous le titre général qui a été rapporté. Un jeune seigneur Russe, M. le comte Ska- wronsky, qui s’étoit préparé à Strasbourg , sous la direction de M. Oberlin, à voyager avec fruit, fit à Rome lacquisition d’un bijou d’or trouvé dans une urne cinéraire à Civita Lavinia , l’an- cien Lanuvium. M. Oberlin en fit le sujet d’une lettre, dans laquelle il établit que ce bijou ap- partenant à la coëffure des femmes, est ce que les Romains appeloient nimbus, et les grecs, meniscus (43). Scherz, autrefois professeur à l’université de (42) P. Ovidii Nasonis tristium libri v ; ex Ponto libri rr; et ibis ; lectionis varietatem , eruditorum eonjecturas , et clavem. adjecit J. J. OrEerrinus. (43) Ce petit écrit est intitulée : Lettre de M. Oberlin, pro- fesseur en l'Université de Strasbourg à M. le Comte de Skawronsky , chambellan de $, M. l'Empereur de toutes les 112 Biographie. Strasbourg , avoit laissé un glossaire manuscrit de la langue allemande du moyen âge, surtout du dialecte de la Suabe. M. Oberlin s’étoit chargé de, publier cet ouvrage, et depuis longtemps il avoit travaillé à le compléter et à y ajouter les éclaircis- semens nécessaires. Enfin, en 1781, 1len donna le premier volume, et le second en 1784. Cet ou- vrage (44) est absolument indispensable àtous ceux qui sont dans le cas de lire des titres, des actes, ou des ouvrages allemands du moyen âge, et son utilité a été généralement reconnue. Quelques secours que le magistrat de Strasbourg accorda à M. Oberlin, lui facilitèrent la publication de ce glossaire , qu'il fit imprimer à ses frais par voie de souscription ; il s’étoit proposé de donner par la suite des supplémens ; il a recueilli un grand nombre d’additions et de corrections , mais les cir- constances ne lui ont pas permis de les livrer à l'impression. Dans la même année, parut le second volume de son glossaire ; il publia encore à ses frais un, petit livre, écrit dans le vieux langage allemand , sur le véritable mode de la confession (45), au XIV- siècle; il y ajouta une préface, un com- mentaire et un glossaire des mots les plus rares et Russies, sur un bijou, dont ce Seigneur a fait l'acquisition à Rome, et qui se trouve présentement au Cabinet de sa dite Majesté. Strasbourg, 1779 , in-8.0 , avec la gravure de ce bijou. (44) Johannis Georgii Scaerzit, J. U. D. et P. P. Argento-. ratensis , Glossarium germanicum miedii ævi; potiesimum dia- lecti suevicæe. Edidit, illustravit, supplevit Jer. Jac.OBErLINUS. . (45) Voici le titre de l'ouvrage: Bihtebuoch, dabey die Oberlin: 11 les plus inconnus qui s’y trouvent. M. Oberlin en publiant cet ouvrage, voulut offrir un hommage à la mémoire de feu son ami M. Silbermann , à qui le manuscrit original avoit appartenu (46), et dont j'ai eu occasion de parler plus haut. L'usage établi dans l’université de Stras- bourg , de faire soutenir publiquement des thè- ses ou plutôt des dissertations sur quelque sujet intéressant ; par ceux des élèves qui devoient prendre les degrés académiques , usage dont il a déjà été question plus haut, fournit à M. Oberlin, un moyen de publier différens opuscules contenant le résultat des travaux dont il s’occu- poit de préférence. ScHERz, professeur de morale à Strasbourg, dont je viens de parler , avoit employé depuis 1704 jusqu’en 1710, le. même moÿen (47) pour donner un recueil de fables mo- Bezcithnunge der heiligen Messe. Beichtbuch, « aus dem XIV Jahrhundert; mit Glossen, heraussegeben von Prof. OBERuI. .Strasburg, 1784. (46) On voit par le programme Hot . publié par M. Ober- Jin, en 1783 (voy. suprà, p. 56 ); que M. Silbermann avoit dù la découverte de ce curieux manuscrit , au soin qu'il met- toit à examiner les vieux parchemins que les relieurs et les bat- teurs d’or destinoient à être détruits. Voyez ce qui.en a été dit, - suprà, P. 97: (47) Voy..Saxsr Onomasticon, 1. vi, Analecta, p. 625, et la Préface des fables de Gellert. Dans les Universités d’Alle- magne , cette méthode a été quelquefois employée pour publier successivement des ouvrages d’une grande étendue. C’est ainsi, pour n’en citer qu’un exemple, que STRUVE, professeur d'histoire à Tena , publia son Æistoire d'Allemagne, depuis les temps les plus reculés jusqu'à l’année 1716, d’abord par dissertations sé- Tome. II. Mars , 1807. 8 T4 Biographie. rales, écrites dans le vieux langage allemand usité au temps de l'Empereur Frédéric IE. En 1782, époque à laquelle M. Oberlin étoit spécialement occupé de la publication du glos- saire de Scherz, et de recherches relatives à ce sujet , il donna deux dissertations analogues à ces travaux. Dans l’une il traita d’un recueil de fables, du temps des Minnesinger ou troubadours alle- mands, dont Scherz avoit déjà publié quelques- unes sans en connoître l’auteur. M. Oberlin qui avoit découvert , dans la bibliothèque de la com- manderie de l’ordre de S. Jean, à Strasbourg, un précieux manuscrit de ce recueil (48), donna sur Vouvrage aimsi que sur l’auteur, des détails cu- rieux et fit connoiître que ce dernier s’appeloit Boner. Il annonça en même temps l'intention qu’il avoit alors de donner une édition complette de ce recueil. La même bibliothèque de S. Jean, parées qui furent ensuite réunies sous ce titre général : Syntagma historiæ Germanicæ a prima gentis origine ad annum usque M. DCC. XV1;ex genuinis historiarum documentis, et coævorum scriptorum monumentis illustratum; Tenæ, 1716; 1948 pages w in- 4.° sans compter la préface et une table extrémement étendue qui remplit 200 pages. (48) Ce recueil de fables porte le nom de pierre précieuse (Edelstein). Voici le titre de la dissertation de M. Oberlin : Bonerit gemma, sive Boner’s Edelstein, Fabulas centum ë Phonascorum ævo complexa, ex inclyta Bibliotheca Ordinis S. Joh. Hierosol. Argentoratensis. Supplementum ad Jo. Georgii Scherzit Philosophiæ moralis Germanorum medii œvi specimina undecim. V. aussi l’intéressante notice de M. ArxoLp, sur les Poètes Alsaciens, insérée dans le Magasin Encyclo- pédique, ann. 1806 t. 3 p. 241. Oberlin. 115 lui fournit encore le sujet d’une dissertation (49) analogue , dans laquelle il a réuni tout ce qu’on sait , et des détails jusqu'alors inconnus, sur un autre Minnesinger ou troubadour allemand du XIIIS siècle , appelé Conrad de Würzbourg; il parle en particulier de son poëme sur la guerre de Troye, composé de bo mille vers environ , et il en donne quelques échantillons , ainsi que de plusieurs autres de ses poëmes. -Ila été dit plus haut (50), que M. Schoepflin avoit remis entre les mains de M. Oberlin, tous les matériaux qu’il avoit recueillis pour la com- position da dernier volume de son A/satia illus- trata, qui devoit contenir l'histoire littéraire de l'Asace. M. Oberlin n’avoit pas perdu de vue cet objet ; il avoit recueilli beaucoup de matériaux pour cet ouvrage; mais d’autres travaux, et la difficulté de trouver un libraire, l’empêchèrent d'y mettre la dernière main. Enfin, il employa le moyen des dissertations académiques pour publier du moins en partie, le fruit de ses recherches. Sous sa direction, M. FRANTZ, aujourd’hui mem- bre du Corps Législatif et professeur à l’école de Droit de Strasbourg , composa et soutint publi- quement en 1782, une thèse sur l'histoire lit- téraire de l'Alsace sous les Celtes, les Romains (49) Intitulée : Diatribe de CONRADO HERBIPOLITA, vulgo Meister Kuonze von WürzauRG, sæculi XIII, Phonasco Germanico. (50) Suprà, p. 79. 116 Biographie: et les Francs (51); en 1786, le frère de M. Frantz mit au jour, également sous la direction de M. Oberlin , une dissertation sur l’histoire littéraire de l'Alsace sous les princes Allemands , au IX et Xe siècle, elle faisoit suite à la précédente (52). Cette même année ( 1786 ), trois autres élèves de M. Oberlin se chargèrent de composer , sous sa direction , des dissertations, pour continuer d’éclaircir le même sujet. M. Prox, aujourd’hui recteur du Gymnase à Brandebourg , traita dans la sienne, des poètes érotiques ou Minnesinger Al- saciens, pendant le moyen âge (53) ; MM.Becket Vierling , aujourd’hui l’un et l’autre ministres de l’évangile dans leur patrie, prirent pour sujet de leurs recherches, le premier, la vie et les écrits de Jean Tauler (54), de l’ordre des frères prè- cheurs , l’autre la vie et les écrits de Jean Geiler de Keysersberg (55), célèbre prédicateur de la se- conde moitié du 15€ et du commencement du 16€ siècle. L'étude spéciale des ouvrages de ces deux. auteurs, offre un intérêt particulier, soit pour la connoissance des mœurs et des usages, soit pour celle du langage au temps où ils ont vécu. Les (1) Alsatia litterata sub Celtis, Romanis , Francis. (52) Alsatia litterata sub Germanis, seculo 1x el À (53) De poëtis Alsatiæ Eroticis medii ævi, vulgo von den elsæssischem Minnesingern. (54) De Johannis T'AuLER1, ord. Prædic. Dictione vernacula et mystica. ” (55) De Johannis GrizErt Cæsaremontani, vu/go dicti VON KEYSERSBERG scriptis germanicis. Voyez anssi la notice de M. Arxoz», dont il a été parlé plus haut, p. 114. Oberlin. 117 dissertations que je viens de citer en offrent des exemples fréquens, et dans l’une et l’autre on ‘trouve une liste assez nombreuse de mots du vieux langage , qui pourroient être ajoutés au glossaire de Scherz, que M. Oberlin avoit publié. Enfin en 1789, mon ami M. Hollænder, prit pour sujet d’une dissertation académique, qu’il publia également sous {a direction de M. Oberlin, la vie ‘et les écrits de Jacques Twixcer de Kænigshoven, connu surtout par sa chronique de Strasbourg. Il me reste encore à citer une dissertation que M. Oberlin publia en 1786 , et dans laquelle il réunit une grande quantité d'exemples, des erreurs dans lesquelles on est tombé à différentes époques et chez différens peuples, soit pour n’avoir pas bien observé, soit pour avoir tiré de fausses conséquen- ces d'observations qui peuvent être justes (56). Les différens travaux dont M. Oberlin étoit oc- cupé, ne l’empêchèrent point de soigner encore la publication de plusieurs traités que quelques- uns de ses amis desiroient faire imprimer sous ses yeux. C’est ainsi qu’en 1778, il surveilla l’impres- sion de l’ouvrage intitulé: Recherches sur l’ancien peuple Finois , d'après les rapports de la langue Finoise avec la langue grecque , par M. le Pasteur Nils IDMAN; ouvrage traduit du suédois par M. GENET , le fils, etc. M. Oberlin avoit connu le traducteur à Versailles, lors de son voyage dans le midi de la France et à Paris ; il ajouta à cet ou- (56) Dissertatio logica de vitio subreptionis in omni Aumana yita obpio. 118 Biographie. vrage , une préface et des notes intéressantes. Ce fut encore sous ses yeux que s’imprimèrent à Stras- bourg, en 1779; les Elémens de la langue des Celtes Gomérites ou Bretons ; introduction à cette langue, et par elle à celles de tous les peuples connus ; par M. LE BRIGANT, avocat à Tréguier. Enfin en 1804 , il se chargea de faire imprimer à Stras- bourg chez M. Levrault. un petit ouvrage de son ami, M. de Mure, intitulé : De papyris seu voluminibis græcis Herculanensibus. L'édition d’Horace qui fut publiée à Strasbourg en 1788, par M. Jacob, habile graveur de carac- tères , et son associé Rolland, imprimeur , qui ve- noient de se fixer dans cette ville, doit être citée comme un chef- d’œuvre de typographie (57) ; la partie littéraire fut soignée par M.Oberlin, qui y ajouta les variantes de 4 manuscrits que possède la bibliothèque de Strasbourg, et qu’il avoit col- lationnés pour cette édition. Depuis longtemps, différentes provinces et de » grandes villes avoient des annuaires ou «lmanachs, qui en offroient le tableau annuel. Lors de son voyage dans le midi de la France; M. Oberlin avoit senti plas d’une fois l'utilité de pareils ou= … vrages, pour les habitans aussi bien que pour les voyageurs. Dès-lors il paroît avoir formé le projet de publier tous les ans, un tableau semblable de la ville de Strasbourg. En 1780, il fit paroître pour la « (57) Quinti HoRATII FLaccr Carmina. Curavit Jeremias Jacobus OsrrzINUSs, Philosophiæ Prof. Argentorati; lypis et sumtu Rollandi et Jacobi, m. poc. zxxxvut, gr. in-4.9, .Oberlin. 119 prerhière fois , son Almanach de Strasbourg; il en donna encore un en 1781 ; mais depuis l’année 1782 jusqu'en 1789, il embrassa toute l'Alsace ; et ces annales statistiques, parurent alors sous le titre d’Almanach d'Alsace. En 1790 et 1791, les changemens fréquens dans les administrations publiques, ne lui ont pas permis de publier cet Annuaire; en 1792, il donna encore un Almanach du département du Bas-Rhin ; mais ce fut le der- nier publié par M. Oberlin. Par la suite, M. Bot- tin, et depuis, M. Fargès-Mericourt, ont continué cet Annuaire. Dans ceux publiés par M. Oberlin, on trouve souvent des gravures de monumens dé- couverts dans le courant de l’année. M. Oberlinapprochoit de sa soixantième année, et ne devoit plus craindre qu'après une vie aussi laborieuse que la sienne , et consacrée unique- ment a l’enseignement et à destravaux littéraires, sa vieillesse fût encore troublée par des orages aussi violens que l’ont été ceux de la révolution dont notre patrie aété le malheureux théatre, et dont lui-même devint une des victimes. A Strasbourg , elle commença par le pillage de la maison de ville; une populace égarée et protégée par le commandant militaire de la ville, s’empara des papiers et registres conservés dans cet édifice, et les jetta par les fenêtres. Les jours suivans , lorsque le calme commença à renaître, M. Oberlin fut un des premiers qui songea à sauver de la destruction ces papiers qui couvroient une vaste place devant la maison de ville ; il fit x20 Biographie, un appel à ses élèves; nous nous mimes tous avec lui à l’ouvrage , et en peu de jours , nous fumes assez heureux pour mèéttre ces papiers au moins à l’abri: M.Oberlin consacra encore pendant longtemps tous les momens que n’exigeoient point les devoirs de ses places , pour aider l’ar- chiviste de la ville à les remettre en ordre. : M. Oberlin pensoit , avec le sage législateur d'Athènes , que dans des troubles civils, les ci- toyens qui aiment leur patrie , ne doivent pas rester dans l’inaction, parce qu’ils laissent des hommes pervers s'emparer de la direction des affaires publiques. Dès-lors il se montra de la manière la plus franche et la moins équivoque, ami de l’ordre et de la justice. L’estime et la confiance générale dont il jouissoit depuis long- temps auprès de ses concitoyens , le firent , plusieurs fois , appeller à présider les assemblées publiques , convoquées pour la nomination des magistrats. Cette confiance le fit encore siéger parmi les administrateurs du district de Strasbourg, et plus tard , parmi ceux du dé- partement du Bas-Rhin. Falloit-il plus que ces marques de l'attachement et de l’estime de ses concitoyens, pour lui attirer la haine de ceux qui, en:1795 et 1794, désoloient la France ? Dans la nuit du 3 au 4 novembre 1795, Saint-Just et Lebas , commissaires de la Convention , le firent arrêter par les satellites du tribunal ré- volutionnaire, ainsi que la plupart des membres de l'administration départementale du Bas-Rhin, . Oberlin. 127 et transférer le lendemain dans les prisons de Metz. Le voyage de ces malheureuses victimes - de la tyrannie la plus abominable , fut un digne prélude des scènes d'horreur qu’on leur préparoit. A Luneville, à Nancy, à Pont-à-Mousson , une populace affublée du bonnet rouge, les accabla d'injures et de cris. Leur arrestation ayant eu lieu sous le prétexte aussi méchant qu’insensé d’avoir eu dessein de livrer la ville de Strasbourg à l’ennemi , on les traita,à Metz, avec la plus grande barbarie ; souvent on les laissa manquer du nécessaire plus d’une fois; ils n’étoient couchés que sur de la paille , et pendant douze jours on leur refusa , dans un froid très-rigoureux , le bois nécessaire pour se chauffer. Lorsque de la prison militaire on les fit passer à l’abbaye de de S. Vincent, les geoliers démagogues n’eurent pas honte de mettre les fers au respectable vieillard dont j'écris la vie, et à ses compagnons d’in- fortune , et de les faire marcher , ainsi enchainés deux à deux , jusqu’au lieu de leur destination. M. Oberlin supporta ce malheur avec la cons- tance et la résignation d’un vrai sage ; lors- qu'après trois mois de la plus sévère détention, il eut la ville pour prison, il chercha et trouva de la consolation dans le travail. Plusieurs anciens amis qu'il avoit à Metz , et d’autres personnes respectables s’empressèrent de lui rendre son séjour aussi agréable qne les circonstances le permettoient. L'un d’eux lui offrit l’usage de sa bibliothèque ; 122 Biographie. un autre, M. Tabouillot , auteur de l’histoire de Metz, vieillard respectable, mit à sa dis- position une ample collection d’ouvrages relatifs à histoire du pays Messin. En les parcourant, M. Oberlin fixa en même temps son attention sur l’ancien langage dans lesquels ils sont écrits, et le compara avec le patois lorrain du ban de la Roche, sur lequel il avoit publié un essai en 177. Ces recherches lui fournirent d’amples sup- plémens au dictionnaire du vieux langage de Lacombe, et aux autres ouvrages du même genre. Sa délivrance , arrivée par la révolution du g thermidor, après onze mois de détention, ne lui permit pas de pousser son travail plus loin. Un échantillon qu'il en a publié depuis dans le Magasin encyclopédique (58), fait cepen- dant voir que la moisson qu'il avoit faite étoit fort abondante. Le nombre de mots du vieux langage Messin qu'il y a publiés, s'élève à 195 , et ce n’est qu'un choix fait parmi ceux de son recueil qui commencent par la lettre À (59). Rendu à la liberté, M. Oberlin se hâta d’aller revoir son frère , le respectable pasteur de Wal- tersbach , au ban de la Roche (60). Le malheur n’avoit pas aigri sa belle ame ; les beautés de (58) Année ur, t. 1V, p. 223 et suiv. (59) A cette occasion, je rappellerai encore un autre petit écrit de M. Oberlin : Observations concernant le patois et les mœurs des Gens de La Campagne ; Strasb., 1791, in-8.0 (60) Voyez suprà, p. 90. Oberlin. 123 la nature paroissoient avoir de nouveaux charmes à ses yeux. Le plaisir de revoir sa famille et un frère chéri , fut cependant troublé par labsence de son fils unique alors prisonnier de guerre avec moi au fond de la Hongrie, où l’on ne pouvoit qu'avec difficulté , et fort rarement ob- tenir des nouvelles , et donner des siennes. Cette privation fit du moins ignorer au fils le sort rigoureux que son père avoit éprouvé , et au- quel il lui auroit été impossible de porter quel- qu’adoucissement. De retour à Strasbourg , M. Oberlin fut un des premiers qui profita du calme renaissant pour consacrer ses veilles à l'instruction des jeunes gens studieux , qui pendant les temps affreux de la ter- reur, en avoient été absolument privés. Sans être découragé par le petit nombre d'élèves qui se pré- sentèrent alors, il recommença ses cours d’histoire littéraire, de logique, d’archæologie, et d’expli- cation des auteurs classiques. Pendant quelques années il lui fut permis d’être exempt de tout emploi civil, et de ne s’occuper que des lettres ; cependant , toutes les fois qu'il y avoit des assemblées pour la nomination des magistrats , 1l en étoit unanimement nommé le Président par ses concitoyens. Il y a environ six ans , $S. M. l'Empereur , alors Premier Consul , le nomma membre du Conseil munici- pal de Strasbourg, dignité qu’il a conservée jus- qu'à sa mort, et dans laquelle il a souvent eu occasion de se rendre utile à sa commune. 124 _ Biographie. Vers le même temps , le Premier Consul le nomma aussi President du Collége électoral de Strasbourg , et en cette qualité il devoit assister, il y a deux ans , au couronnement de l'Em- pereur, mais la rigueur de la saison et les infirmités de l’âge, l’obligèrent de solliciter d’être dispensé de se rendre à Paris. L'organisation des Ecoles centrales lui valut un nouveau témoignage de la confiance et de l'estime des Autorités supérieures, et un surcroit: considérable de travail ; à cette époque il fut nommé Bibliothécaire de l'Ecole centrale qu’on avoit mise en possession des différentes Bi- bliothèques provenant en grande partie des maisons religieuses supprimées au commen- cement de la révolution. Le travail de la clas- sification et du placement de cette réunion de Bibliothèques, dans lequel son fils a aidé depuis plusieurs années, étoit augmenté par le défaut d’un local convenable; cependant l'extrême ac- tivité de M. Oberlin parvint en peu de temps à la mettre én état d’être ouverte au public. Mais à peine cette Bibliothèque fut-elle arrangée, qu’on disposa pour un autre usage du local qu’elle avoit occupé jusqu'alors, et M. Oberlin fut obligé de recommencer son travail. Elle fut à cette époque , placée dans un édifice con- tigu à celui où étoit déjà la Bibliothèque de l'Université, et celle de feu M. Schoepflin (61); (61) Voyez Magasin Encycl., ann, 1x, t. av, p. 76. +Æ Oberlin: 125 ce déplacément offroit cependant au public Pa- vantage réel d’avoir dans un même local tous les livres destinés à son usage, et sous ce rap- port , cette réunion des bibliothèques publiques, étoit aussi plus commode pour le conservateur de ce dépôt. Dès l’année 1772, l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres l’avoit nommé un de ses cor- respondans (62) ; bientôt après les Académies de Rouen et de Cortone, la Société des Antiquaires de Londres et celle de Cassel, ainsi que plusieurs autres Sociétés littéraires , le reçurent au nombre de leurs membres. Lors de l'établissement de l’Institut national, cette compagnie illustre le nomma un de ses correspondans régnicoles ; plusieurs sociétés sa- vantes établies depuis dans plusieurs villes de la France , se l’associèrent également. Il fut un des fondateurs et des membres les plus assidus et les plus laborieux de la Société libre des sciences, lettres et arts de Strasbourg, qu'il a long-temps présidée (63). On trouvera dans ses mémoires, qui * ne tarderont pas à paroître | plusieurs morceaux de lui (64). (62) Suprà, p.107 (63) V. Botriw. Annuaire de l’an vint , page 209. (64) Voici une notice des lectures faites par feu M. Oberlin; à la Société des sciences et arts de Strasbourg, extraite des registres de cette Société. Dans la séance du 1.€t messid. VIIr, il lui communiqua un manuscrit de T'acite , connu sous le nom de Codex Budensis : il prouva, par des observations, que ce 126 Biographie. Les occupations multipliées de M. Oberlin, ses Cours qu'il donnoit sans interruption , la direction de la Bibliothèque de l’Université , l’ar- rangement de celle de l'Ecole centrale , qui manuscrit est du 15€ siècle. Il a appartenu à Beatus Rhenanus, qui s’en est servi pour son édition de T'acite : il est in-fol. écrit sur vélin, il contient les annales depuis le x1.€ livre, et les cinq livres de l’histoire, Mathias Corvinus, Roi de Hongrie, l’avoit fait copier à ce qu’il paroît à Florence. On l’avoit cru perdu; il s’est retrouvé dans une maison de Strasbourg. Le général Dorsner qui l’a eu par droit de succession , en a fait présent à M. Ober- lin, qu’il savoit être occupé dans ce moment d’une nouvelle “édition de l'Historien Romain.— Séance du 15 pluviose 1x. Mémoire contenant des Observations sur certaines précautions à prendre dans le renouvellement des anciennes Bibliothèques. —1.6t prairial 1x. Rapport sur le Polytypage de feu M. Hoff- mann, et Observation sur cet objet. — 15 frimaire x. Mémoire “sur les monumens qui nous restent d’Attila, Roi des Huns. — 1.er floréal x. Notice de la Description dn Cabinet de Paul de Praun, publiée par M. de Murr, — 16 nivose xr1, Notice sur quelques monumens récemment découverts en France. Aprés quelques réflexions sur les avantages que la découverte des mo- numens procure à l’histoire , et sur le peu de soin que l’on met ordinairement à leur conservation ; ce que l’on peut prouver par l'exemple des villesde Metz, d’Augst (Augusta Rauracorum ) et de Mayence, M. Oberlin donne connoissance 1.0 d’une anse | d’un vase de terre cuite ou d’une urne, avec ces lettres Wage- t0b , trouvée l’été auparavant à Pontailler, dans le lit desséché de la Saône. Cette découverte, rapportée dans les prooès-ver- baux de la Société de Dijon, est intéressante, parce qu’elle termine une contestation qui s’étoit élevée sur un passage de Jules-César (de Bello Gallico, 1. 31) où il est dit qu’Arioviste, Roi des Germains, avoit battu les Gaulois ad Magetobriæ. Les Critiques ont cherché cet endroit à Bingen sur le Rhin, d’au- tres dans un lien nommé la Moigte de Broie, au confluent des f rivières d'Ognon et de la Saône. Il paroît, par la découverte Oberlin. 127 seul auroit absorbé tout le temps d’un homme moins habile dans cette partie; les devoirs que Jui imposoient ses autres fonctions civiles et lit- téraires , et qu'il remplissoit avec le même soin dont il s'agit, que la ville étoit appelée Magetobria , qu'elle se trouvoit placée où est aujourd’hui Pontailler, et de plus, que dans le passage de César dont il s’agit, il fant lire : ad Mage - tobriam. 2.° D’une pierre sépulcrale hébraïque tirée l’été aupa- ravant, d’un égoût au faubourg de Pierre, à Strasbourg. Sur gette pierre est gravée une épitaphe dont voici le sens : « Ce » monument a été érigé en mémoire de la pieuse femme Thirsa, » fille de Moyse Le Prètre, laquelle a trépassé le premier jour » de la fête de Purim, au mois d’Ador le second, l’an 134.» — 18 prairial Xrr. Mémoire sur les monumens découverts à Neuwied et aux environs, en 17b9 et en 1791. Le plus inté- ressant de ces monumens est un Castellum Romanum ou camp retranche des Romains, près de Nieder-Bieber, dont M. Hoff- mann, ingénieur de Neuwied , a levé le plan , qui a été présenté à la Société. On a trouvé dans ce camp, 1.° les restes d’un grand édifice sur la destination duquel les avis sont partagés ; les uns le prenant pour des Thermes, les autres pour le Prætorium ou quartier-général du camp. 2.© Quantité de médailles et de sta- tues de Divinités, entre autres la figure d’un Génie en bronze “doré, avec trois inscriptions sur des plaques de bronze fichées lautrefois sur le socle de la figure. 3.9 Des meubles, instrümens, urnes sépulchrales. — Ze 4 thermidor xtrr, il fit lecture de la première partie d’un mémoire sur lés Poètes d'Alsace. Cette ‘première section du travail de M. Oberlin embrasse touté Phis- toire poétique de cette contrée , depuis le ge siècle jusqu’au 15e. L'auteur y a passé successivement en revue tous les monumens de-poésie , soit allemande, soit latine , qui appartiennent à cette longue période; il a mêlé à ses recherches historiques, tantôt des remarqueslittéraires et critiques sur les diverses productions, et tantôt des anecdotes piquantes sur leurs auteurs. — Dans la séance du 2 vendémiaire X1Y , il lut la seconde partie du mé- moire précédent ; la troisième , le 6 brumaire X1v. 128 Biographie. et le même zèle que s’il n’avoit eu rien autre chose à faire, ne l’empêchèrent point d'entretenir avec l'exactitude la plus surprenante ; une corres- pondance étendue avec des savans distingués dans les différentes parties de l’Europe. Il ne per- dit pas non plus de vue son travail sur l’histoire littéraire de l'Alsace. On a vu par la note pré- cédente que dans la Société littéraire de Stras- bourg , il avoit lu les dernières années de sa vie , trois mémoires sur les poètes de l'Alsace. Dans plusieurs des programmes qu'il dévoit publier tous les six mois, pour annoncer la distribution des prix du Gymnase dont la direction. lui étoit confiée ;.1l donna également des détails biogra- phiques sur plusieurs littérateurs de cette contrée, principalement sur ceux qui avoient fait fleurir Pinstruction publique dans leur patrie, tels que les deux STuRM et WiNPHELING. C’est encore dans l'intention d’éclaircir lhistoire littéraire de sa patrie, que M. Oberlin publia (65) son Essai (65) Comme Bibliothécaire de l'Ecole centrale, il avoit donné un cours de Bibliographie; à la suite de l’un de ces cours,.il ayoit essayé de rétablir l’ancien usage de l’Université de faire soutenir publiquement une dissertation académique ; c'est à cette occasion qu’il fit paroître l'écrit indiqué. Cette thèse fut soutenue solemnellement par deux jeunes gens, M. Wieger et M. Ungerer, qui avoient suivi ce cours avec beaucoup d’assiduité. Pour rendre ses cours d'histoire littéraire et de bibliographie plus utiles et intéressans, il donnoit souvent ses leçons dans les salles même de la Bibliothèque à des heures où le public n'y entroit point, afin d’être plus à portée de faire voir à ses audi- teurs les raretés bibliographiques, les anciennes éditions , les manuscrits, les médailles et les autres monumens. | * Oberlin; 129 d'annales de la vie de Jean GUTTEMBERG , in- venteur de l'Inprimerie , ( Strasbourg , chez Levrault, 1801, in-8°.). En tête de cet ouvrage on a mis le portrait de Guttemberg , copié d’après le tableau original fait d’après nature, et qui * est conservé dans la Bibliothèque de Schoepflin. En passant en revue, année par année, la vie de Guttemberg, M Oberlin s’attacha à réfuter et à éclaircir les différentes objections que plusieurs auteurs ont faites contre l'opinion établie pat Schoepflin , que l’art d’imprimer avec des carac- tères mobiles, a été inventé et mis en pratique par Guttemberg, pendant le séjour qu'il fit à Strasbourg, depuis 1453 ou 34, jusqu’en 1745. Lorsqu'en 1803 l’Université dé Strasbourg fut consacrée par decret Impérial , l’institution des jeunes gens qui vouloient se vouer à l’état de pasteurs dès églises protestantes de la con- fession d’Augsbourg, M. Oberlin fut chargé par sés collègues de prononcer un discours dans la séance solemnelle par laquelle cet établis- sement entra dans ses nouvelles fontions 3 ül crut , avec raison ; que le“sujét le plus conve- nable dans une pareillé écéasion , seroit l’histoire dés lettres , et én particulier de l'instruction publique à Strasbourg. Ce discours fut ensuite imprimé (65) ; et M. Oberlin y ajouta plu- (65) Discours prononcé à l'ouverture de l Académie des Prô- testans de la Confession d'Augsbourg, le 15 brumaire x11, par Jer, Jac. OsEruix, Correspondant de l'Institut, et Profes- _seur de l’Académie. Strasb. 1 Chez Heitz , 1804, 48 pag. in-8o. Tome II. Mars, 1807. 9 es 130 Biographie: sieurs éclaircissemens sur des faits qu’il n’avoit pu qu'indiquer dans le discours, ou des preuves de ce qu’il y avoit avancé. | Lé Magasin encyclopédique a perdu par la mort de M. Oberlin , un de ses plus anciens collaborateurs : dès l’origine de cet ouvrage pé- riodique, il y a fourni des articles principalement sur l’histoire des lettres et des arts, et sur des questions d’antiquité (66). Les éclaircissemens dont il a été question commencent à la pag. 28 et vont jusqu’à la pag. 48. (66) Voici une notice des morceaux que M. Oberlin a publiés dans le Magasin Encyclopédique : Notice sur Philippe-Jacques Müzer , Professeur de philosophie et de théologie dans l’Uni- versité de Strasbourg; ann. 1, 1. 1, p. 380.— Zntroduction à la connoissance des Monumens de l'Antiquité ; ibid."p. 362. — INVotice sur la découverte de la Chronique de Pierre d'Andelo, ibid. , p. 216.— L'abbé Mercier de St.-Léger, fit insérer dans le même journal (anu.r1,t.2, p.223 ) des observations sur la Notice de M. Oberlin ; celui-ci répondit dans le même volume à la p. 514. — Motice d’une gravure de 1467, trouvée à la Bi- bliothèque publique de Strasbourg; ibid , p. 65.—Exposé d'une découverte de M. le chevalier de FRÉDENHEIM, suédois, depuis sur-intendant des bâtimens et du Musée de Stockholm, faite au forum Romanum en janvier 1789 ; ibid, t, 6, p. 344. Ce mé- moire, accompagné d’un plan des environs de l'endroit où la découverte fut faite, a été réimprimé à Strasbourg, chez Le- vrault, 17996, 24 pages in-8°.— Liste de quelques graveurs an- ciens ; ann. 2,t.3, p. 365.— Votice sur la Dactyliotheque de Liprert; ann.2,t. 4, p.62. — Sur le Glossarium linguæ ger- manicæ de Scuerz; ann. 3,t. 3, p. 274. — Sur l’ancien langage Messin; ann. 4,t: 3, p. 223 (il a été question de ce mémoire plus haut. — Votice sur la Grammatica figurata , de Purrestus 4 , Deodati, 1509 ; Supplément aux Annales typographiques , de Panzer; Ann.5,t. 5,p. 321. — otice sur le Manus- Obertin: i3r' + Une grandé jouissance lui fut resérvée dans ses dernières années. En 1800 , ayant profité des vacances d’automne pour aller voir à Metz les personnes qui lavoient si bien accueilli lors- que, six ans auparavant, il y avoit été détenu; la réflexion qu’il étoit à moitié chemin de Paris, lui fit prendre la résolution dé se rendre encore dans cette capitale pour y voir les nombreux objets d’art qui y sont réunis depuis la révolution, retrouver ses anciens amis et embrasser son fils qui alors y étoit depuis plusieurs années. Le mois qu'il a passé à Paris a du être un des plus agréables de sa vie. Il employoit une partie de la journée à visiter ce que les bibliothèques ,: crit de Tuaeite ; connu sous le nom de Codex Budensis, ann. 6; Mæ.2, p. 174; c'est celle qu'il a lue à la société de Strasbourg , et dont il a été question plus haut.— Sur l'imprimerie de S. Diey, dans le 16.e siècle, ibid p. 236. — Observations sur des pré- cautions à prendre dans le renouveilement d'anciennes biblio- thèques, ann. 6,t. 7, p. 337. — Lettré sur les couvertures des vieux livres; ann. 7,1. 6, p. 16. il a été question plus haut de ces deux morceaux, qui ont rapport au même sujet.—Lettrè surleTewerdank, poëme allemand qui contient les faits héroïques dé l Empereur Maximilien 1; ann. 8,t.1, P- 7. — lotice du cabinet de Paul de PrAUN, extrait d'un ouvrage allemand de M. de Muir, ibid, t. 2, p. 33. — MVotice sur deux corps conservés dans un caveau de l'église de St.- Thomas à Strasbourg, et par occasion du ci-devant couvert de St.-Nicolas aux Ondes, dans la même ville; ibidt.2, p. 210. — Leître sur la position de *. Mugetobria, dont parle Julés-César ; ann.9, t. 4, p.522. C'est un extrait du mémoire lu à la société de Strasbourg, dont il à été question plus haut. — Lettre relativement à quelques mé- dailles du moyen âge, trouvées à Fegersheim, près de Stras- bourg. Année 1805 , t. 3, p. 183. 132. Biographie, les cabinets, en général les établissemens publics; et les cabinets particuliers (67), lui offroient de. curieux ; et il consacroit le reste à voir ses amis et ses anciens. élèves pour lesquels son séjour fut une véritable fête, et qui s’empressèrent tous à le. lui rendre agréable. Après. son retour à Strasbourg, 1 acheva son travail sur Tacite, dont les directeurs de la: li- brairie de Weidmann à Léipsick,, l’avoient chargé, de donner une nouvelle édition (68), travail dont ik étoit déja occupé quelque temps avant som voyage. Xe A peine cette édition. de Tacite fut- elle publiée, que la même librairie le pria d’en donner une de, Jules-César (69):Et après celle-ci il alloit en faire paroître une de Justin. Il avoit déjà préparé pres-" qu'en entier , le-commentaire sur cet auteur, em (67) Tous les matins, dés qu’il faisoit jour , il venoit chez M. Millin, pour y passer quelques heures dans son excellente bi-. bliothèque , et y parcourir les ouvrages d’antiquités qu’il n’av oit. pas encore pu se procurer, ct dont plusieurs lui étoient, même, inconnus, (68) Elle a paru à Léipsick, en 1801, deux volumes in-8°... sous ce titre: ©, Cornelii Taciti opera. ex recensione Jok. ; Aug. Ernesti, denuo curavit. Jer. Jac. Oberlinus. Voy. ce que. M. de Sainre-Crorx adit de cette édition dans le Mag. Encycl- Ann.9,t.1,p. 159. (69) Julii Cæsaris commentarii de Bello Gallico et Civili. 4ec-, cedunt libri de Bello Alexandrino ,, Africano et hispaniensé. Æxrecensione Franc. Oudendorpü; Post Cellarium et Morum denuo curayit J.-J. Oberlinos. Lips. 1805, 1 vol. in-8°. Voyezle compte détaillé que j'en ai rendu dans le Magasin Encyclop. 3 Année 1806, p. 273. Oberlin. 133 ‘Prenant pour base celui de l'édition de Fischer, . comme il avoit pris celui d’Ernesti pour base, de son édition de Tacite ét celui de Morus pour celle ‘de Jules-César. Quoique fort âgé et d’uné constitu- tion délicate, il jouissoit cependant d’une santé assez bonne pour faire espérer qu'il términe- roït encore ce travail et qu’il publieroit la nou- velle édition de ses tabulæ rituum romanorum et de son Orbis antiquus. I alloit mettre la dernière main à son édition de Justin, et faire collationner encore quelques manuscrits que possède la Bi- _ Dliothèque Impériale, lorsqu’une mort subite l’a enlevé aux lettres et à l’amitié. Le 8 octobré, apres avoir travaillé dans son vabinet toute la! matinée, il avoit été voir après inidi les différentes classes du gymnase, dont la direction lui étôit confiée. Il passa une partie de là soirée avec: sa faïté ordinaire , dans la 50- ciété de quelques amis, et retourna encore à ses travaux accoutumés. Il prit avec sa: famille, Son léger souper et causa avec toute l’aménité 4 imontroit constamment ; enfin, il se coucha añs éprouver aucüñe incommodité. Lorsqu'on entra le lendémain dans sa éhambre , on le trouva étendu par terre ; un côté étoit entièrement frappé de paralysie ; il avoit perdu presque toute con noissance , et l’usage de la parole lui manquoit “ éntièrement. Tous les secours que l’art et le zèlé dé sa famille lui prodiguèrent, furent inutiles. | Itermina sa carrière sans aucune douleur , sans | agônie et sans se douter même des approches de 434 Biographie. Ja mort. Il vécut encore dans. cet état un jour et demi, sans reprendre l’usage ni dé ses sens ni. de la parole. Il s’endormit doucément pour jamais , dans l'après midi du. 10 octobre 1806, à l’âge de 71 anset deux mois. . La vaste et solide érudition le M. Oberlin l’a- voient rendu célèbre : la simpligité vraiment pa- triarchale de ses mœurs, sa douce gaîté, sonzèle, son amour ardent, pour Jebien public, et sa bien- faisance l’avoïent rendu. cher à tout le monde. Animé d’une véritable piété, il la, prouvoit sans aucune ostentation par l'exercice, constant ‘de toutes les vertus. Depuis sa jeunesse jusqu’à! sa mort, il ne: songea qu’à se rendre utile ; iles hommes studieux et ocçupés;, ne sont pas tou- jours très-obligeans, ‘parce qu'ilsconnoissent trop le prix du temps , et qu'ils craignent ce qui peut leur en faire perdre; M. :Oberlin , au contraire, quoiqu'il ait travaillé toute; sa, vie, avec une rare assiduité, quoiqu'il. ait lété un, modèle d’exacti+ tude dans l’accomplissement de.ses devoirs, étoit extrêmement serviable ; c’est que non seulement 1] travailloit avec une extrême facilité, mais qu'il avoit aussi le secret de prolonger pour ainsi dire, | le temps, soit par l’ordre rigoureux qu’il observoit | pour tout ce qu’ilentreprenoit, etqui régnoit dans, | tous ses papiers (70), soit en anticipant sur le jour, | çar toute l’année il se levoit à quatre heures du matin afin de travailler plusieurs heures sans In, (70) Tous ses extraits , les cahiers pour ses cours, ses moin« dres notes se distinguoient par l'ordre qu’il y mettoit, et par leur, * Oberlin. FRE 139 terruption. Les savans et les littérateurs qui avoient recours à lui, étoient sûrs d'obtenir tous les renseignemens, tous les secours littéraires qui dépendoient de lui ; les jeunes gens studieux trouvoient en lui un ami sincère et un guide éclairé, qui les encourageoit, les dirigeoit vo- lontiers dans leurs études par des conseils, leur communiquoit les ouvrages nécessaires, leur facilitoit les moyens de faire face aux dépenses qu’exigeoient leurs études , lorsqu'il leur avoit re- connu des talens, et que la fortune ne les avoit pas favorisés. M. Oberlin méritoit les dignités et les hon- neurs , mais il ne les recherchoït jamais; cepen- dant il ne refusoit pas ceux qui lui étoient offerts, parce qu’ils lui fournissoient de nouvelles occa- sions de se rendre utile. C’est par la même raison qu'il alloit voir les hommes en place, et qu'il aimoit à entretenir avec eux des liaisons pour les engager à employer leur pouvoir et leur cré- dit à des objets d'utilité publique et à l’avantage des lettres. . L’aménitéet la gaîté de son caractère rendoient sa société très-agréable ; la haine lui étoit in- connue , et il pardonnoit volontiers à ceux qui l’avoient offensé , qui l’avoient même persécuté. netteté. Sa journée étoit ordinairement partagée, de manière que les heures de la matinée étoient consacrées aux antiquités et aux recherches qu’il avoit à faire, celles de l'après-midi à ses travaux sur les auteurs classiques. 136 Biographie. La fortune n’avoit pas favorisé M. Oberlin; mais, par une sage économie, il avoit su se pro- curer une honnête aisance , pourvoir à |’ éducation de ses fils, et trouver encore de quoi satisfaire à à son ARRET pour la bienfaisance. M. Oberlin eut deux fois la douleur de se voir enlevér par la mort, une épouse chérie. De son premier mariage avec la fille de M. Witter, un des professeurs de l'Université de Strasbourg, il eut un fils qui s’étoit consacré à l’étude de la méde- cine, et que la mort lui ravit au moment où àl donnoit les plus belles espérances. Des deux fils qu’il a eu de son second mariage , l’un est mort il y a près de vingt ans ; l’autre que j'ai le plaisir de compter parmi mes amis les plus anciens, M, Georges Jéremie OBERLIN, se distingue par des con- noissances profondes eu DENT A eten phy- sique ; depuis plusieurs années il aidoit son père dans ses travaux de bibliothécaire ; il est nommé professeur suppléant à l’école de Pharmacie, qui doit être incessamment établie à Strasbourg, et, depuis les travaux du cadastre , il occupe la place de vérificateur de l’arpentage du départe- ment du Bas-Rhin. | Le convoi funèbre de M. Oberlin eut lieu le 12 otcobre; il offrit une nouvelle preuve de l'intérêt. qué ce vertueux vieillard avoit inspiré à tous ses concitoyens, Depuis la mort de Schoepflin (71), (71) Schoepflin a un monument dans l’église de Saint-Thomas, qui est aussi décorée du mausolée du maréchal de Saxe, et (l dss épitaphes de plusieurs professeurs de l'Université de Stras- Oberlin. 137 personne n’a peut-être été plus vivement regretté à Strasbourg que M. Oberlin (72), et le son lu- gubre des cloches qui retentissoient pendant la la marche du convoi , semblait annoncer au loin la douleur générale. Dans le grand auditoire de l’Académie où se rassembloient les personnes de tous les rangs qui affluoient en grand nombre pour honorer encore une fois la mémoire de l’homme qu'ils estimoient et qu’ils chérissoient également , M. FARGÈS- MégicourT (75) prononça un discours français bourg ; personne mieux que M. Oberlin n’auroit mérité qu’on Jui élevât un monument, à côté de celui de son maître, ou à la Bibliothèque publique ; etle vœu qu'il lui en soit offert un, sera sans doute partagé par tous les amis des lettres. (72) Outre les deux Biographies sur M. Oberlin, l’une en Rtin, par M. Sweighœuser , l'autre en allemand par M. Stoe- ber, dont il a été question plus haut ; on a encore imprimé à cette occasion l'éloge touchant prononcé par M. Bzressine. (Voy. infra, p.138). Un poëme funébre, en allemand, par M. Srosrer ; une épitaphe et trois strophes en l'honneur de M. Gberlin, par M. Dauzrr, savant estimable, dont nous axons publié dans letems (Voy. Mag. Encyel., ann. ix,t.3, p+ 391 et suiy.) une épitaphe qu'il composa à la mémoire de M. Brunck. Enfin M. Raü a publié, en allemand , un petit écrit inlitulé : OBERLINS todes-feier , cin versuch in poetis- cher prose, vos Anton RAU, dem andenken seines unvergessli chen lehresgweicht (c’est-à-dire : Célébration de la mort d'O: berlin, essai en prose poétique. par Antoine Raü , dédiée à læ mémoire de son maütre). IL auroit été à desirer que l’auteur de . cet écrit eùt employé un style un peu plus conforme à la sim< plicité du caraçière de celui qu’il s’est proposé de louer. (93) Un des secrétaires de la Préfecture, rédacteur de l’An- nuaire du Bas-Rhin depuis quelques années. 138 Biographie. dans lequel , après avoir passé rapidement en re-- vue la carrière littéraire de M. Oberlin, après avoir fait en peu de mots mention de ce que lui devaient l’ancienne Université , le Gymnase et la Société littéraire , il a développé les beaux traits de son caractère , et il a parlé surtout de sa bienfai- sance. Le convoi formé de plusieurs Législateurs, des Conseillers de Préfecture, de différens Membres des administrations, des Professeurs de l’Aca- démie protestante, de ceux du Lycée, de l'Ecole de médecine et de l’Ecole de droit , des membres du Clergé, de ceux de la Société littéraire de Stras- bourg , parmi lesquels on distinguoit beaucoup de militaires, enfin, des Elèves du Gymnase dont M. Oberlin avoit été le Directeur, se rendit à l’église de S. Thomas, où M. BessiNG , Profeseur de l’Académie, prononça en allemand l'éloge fu- nèbre (74) de ce vieillard respectable dont il avoit été jadis l'élève, et dont il étoit depuis bien des an- nées le collègue et l’ami. Toutes les rues par les- quelles le convoi passa , étoient remplies d’une foule nombreuse qui, par son silence respectueux, prouva qu'elle sentoit la perte que Strasbourg L - (74) L’éloquent orateur avoit choisi pour texte de son dis- cours le passage suivant de l’Ecclesiaste , ou de l'ouvrage de Jesus Siracx, ch. xxxix, 13, 14, 15, dont l'application à M. Oberlin est frappante : « Sa mémoire ne périra jamais; son » nom restera d'âge en âge ; ce qu'il a enseigné sera proclamé: » » au loin, et on en fera l'éloge dans l’assemblée publique ; de » son vivant son nom a plus de célébrité que celui de mille » autres, et après sa mort elle Lui restera ». Oberlin. 139 _venoit de faire. Chacun des spectateurs se plaisoit à rappeller quelque trait à l'honneur d’Oberlin; tous. l’avoient connu, tous l’avoient respecté et aimé, beaucoup Jui avoient eu des obligations(75); tous témoignoient hautement combien la cour- ronne civique. placée sur son cercueil étoit dûe à cet homme dont le plus grand bonheur avoit été d’obliger ses semblables. Après que M. Blessingeut prononcé son discours, le convoi se rendit au cimetière , rempli déjà d’une foule immense ; là, un des élèves les plus âgés du Gymnase prononça sur la tombe de son vertueux directeur un discours, dans lequel il prit, au nom de ses camarades, « l'engagement » solemnel de marcher dans la route qu'il leur ». avoit tracée ; de suivre son exemple ; de pra- » tiquer la vertu,et de recueillir des connoissances » pour le bonheur de la patrie. Le bien que » nous ferons dit-il en terminant , sera ton >, ouvrage ; nous t'en rendrons graces un jour » au pied du trône de l'Eternel; » et en couvrant la tombe de fleurs, le jeune orateur ajouta : (75) « J'eus plusieurs fois occasion ; m’écrit un de mes amis, » d'entendre pendant le convoi de M. Oberlin, des gens du » peuple citer les bienfaits dont il avoit! comblé, soit eux » mêmes, soit des personnes de leur connoissance Là, un » mâcon raconta à ceux qui se trouvérent autour de lui, qu’un » de ses amis avoit été secouru par M. Oberlin dans un moment > où le malheur alloit le livrer au désespoir ; plus loin, des » parens disoient avec attendrissement , combien leur fils avoit » d'obligations à ce bon vieillard pour les secours et les conseils » qu’il lui avoit donné ». - “40 Biographie. « fleurisse à jamais la mémoire de notre bon » Père!» (76) Certes , sa mémoire ne périra jamais ; elle est trop profondément gravée dans le cœur de ceux qui ont eu des liaisons avec lui , et ses travaux utiles la conserveront dans la posté- rité (77). (76) J'ai été honoré pendant quinze ans de l'amitié du.res- pectable Oberlin. Je possède presque tous ses écrits imprimés, et un recueil considérable deses lettres, que je conserve comme un gage des sentimens qui nous unissoïent, Je n’aurois cedé à personne la satisfaction de faire connoître ses talens et ses vertus et sa vie, si M. Winckler, qu'il chérissoit aussi comme son élève et presque comme son fils, .me s’étoit chargé de ce soin. On voit qu’il s’est acquitté dignement de ce devoir sacré ; : Ï ma rien omis de ce qui peut intéresser la mémoire de son illustre maître; si cette notice a acquis sous sa plume trop d’étendue , ceux qui connoissent l’extrême bonté de son cœur le lui pardonneront. Comment s'arrêter en parlant de so» maître, de son ami, de connoissances qu’on chérit et qu’on cul- tive soi-même avec plaisir et avec succès. J’ai cru devoir placer en tête de cette intéressante notice le portrait de l’homme respectable qui en est l’objet; on aime à contempler les traits des, hommes qui se sont honorés par leurs talehs et distingués par leurs vertus. A. L. M. (77) L’impression de cette notice étoit à peine commencée, lorsque la mort a aussi frappé son auteur. ht aux ACTA littéraires , a:ticle Paris, A. L, M, LANGUE CHINOISE. Lzcrrrede M.vr Guicnesà M. A.L.MriN; K sur le Panthéon chinois. Paris, 1er, février 1807. Monsieur, Vous aimez trop les sciences et tous ceux qui ont pu contribuer à leurs progrès pour ne pas permettre de faire une réponse à l’auteur du Panthéon chinois, qui dans son ouvrage attaque la réputation de plusieurs savans recommandables par leur érudition. Le célèbre FoURMoNT est trop connu dans la république des lettres pour qu’il soit nécessaire de faire ici l’'énumération de ses travaux litté- raires. Le savant écrivain de l’histoire des Huns, l’auteur de plusieurs mémoires si jusetement es- timés , feu M. DE Guicxes dont le profond savoir est reconnu par toute l’Europe savante, ne se seroit pas attendu , lui qui possédoit presque toutes les langues de l’Asie, d’être taxé un jour d’ignorance. L'Académie des DONS. , la Société de Londres , celle de Gættingue , ces assemblées , la réunion de tant de savansdistingués, auroient- elles pu faire un mauvais choix en s’associant M. de Guignes? c’est cependant la conséquence 142 Langue chinoise. ; qu’on pourroit tirer de l’opinion ded’auteur du Panthéon , puisque cet écrivain prétend que M. de Guignes ne savoit pas le chinois et n& fit rien pour un dictionnaire en cette langue(1),: publication qui suivant lui, eût été} plus néces- saire que toutes ses recherches. M. Fourmont ayant obtenu l’agrément du gou- vernement pour faire graver les caractères né- cessaires à l'impression du dictionnaire chinois, MM. de Guignes et Deshauterais veillèrent à leur confection , et c’est par leurs soins qu’ils furent classés et remis à la bibliothèque du Roi : ces caractères , au nombre de 119 mille, y restèrent déposés et gardés avec beaucoup de précaution jusqu’au moment où ils ont été trans- portés à l'imprimerie impériale. C’est là que l’auteur du Panthéon les a tiré de l’ordre dans lequel ils avoient été rangés , et ce n’est qu'à l’aide des marques mises par MM. de Guignes et Dehauterais sur ces mêmes caractères, qu’on æ pu parvenir à les reclasser comme ils étoient’ auparavant. Si le POUR USRERE eût voulu ‘précédemment faire imprimer le dictionnaire chinois , il ÿ 4 longtemps que cet ouvrage autoit été donné au publie , si surtout feu M. de Guignes en eûtété chargé. Il est certain que l'impression du dic- tionnaire chinois fera honneur à la France ; le gouvernement a déja beaucoup fait pour y par- venir , il faut espérer qu'il pourra réussir. C’est (x) Préface, p. 19. Grammaire: 143 donc sans raison que l’auteur du Panthéon blä- me M. de Guignes de n’avoir pas publié le dic- tionnaire ; mais si ce savant est attaqué par cet écrivain, il a cela de commun avec Fourmont, d’Anville, Bawow et plusieurs autres littérateurs distingués, dont la réputation néanmoins restera intacte. C'est sans doute un honneur pour moi , au= quel je n’aurois pas osé prétendre, que d'être nommé après les savans illustres que je viens de citer: simple voyageur , si j’ai fait quelques lé- gères remarques sur un peuple chez lequel j'ai vécu pendant plus de dix ans ,’si j'ai tâché de connoître ses mœurs et ses usages en traversant l'empire de la Chine, si je me suis efforcé de saisir et de rendre certains sons difficiles dans la langue chinoise , je sais bien que je n’ai pas plus de connoiïssances que les autres ; mais je mignore pas cependant que les Chinois n’ont aucuns mots commençant par un R, et l’auteur du Panthéon , qui a possédé pendant quelque temps mon dictionnaire chinois, a pu se con- vaincre facilement qu’il n’y avoit aucun mot écrit avec un R: si j'ai ajouté cette consonne, c'est que j'ai pensé que l’h aspirée des Chinois ne pouvoit se rendre en français que par un R ; sentiment dans lequel j'ai été confirmé en entendant parler les grands lorsque j'étois à Peking ; or, il est à croire que le savant Empe- reur Kien-Long n’auroit pas souffert qu’on s’ex- primät mal à sa Cour. 144 Langué chinoise. Mon dictionnaire qui a été revü par Mon père, est suivant là prononciation éspagnole , préfé- table à celle des Portugais et des Italiens : d’ailleurs si ce dictionnaire s’imprime un jour , c’ést celui de la biblicthèque impérialé qui doit servir de modèle. En parlant de la prononciation , j'ai vu avec surprise que la personne qui a fait l'extrait du Panthéon , ait avancé que les Chinois , peuple mou , ont lé T et non le D': je ne suis pas grammairien ; mais Beauzée en parlant dés con- sonnes (2) dit que le D est foible et le.T dur. Les modificâtiôns rudés , suivant l’autéur du mé- chanisme du langage, sont celles qui poussent le son en déhors, je, fe; et lés douces , celles qui la retiennent: si les Chinois ont adopté la lettre T de préférence au D, ce n’est pas parce que ce peuple est mou, mais parcé que le T ést une lettre primitive; lésmots PaPa, MaMa, TaT&, sont dés racines primordiales nées dans ka nature humaine (3). Jé dois prendre ici la défense dé l’un de mes ämis dont l’auteur du Panthéon blâme les ex- plications des inscriptions d’untémplédeQuanton, en disant qu’elle a été faite par un Français ignorant : é’est M. Agôte, éspagnôl, chéf de la compagnie à la Chine , qui à fait dessiner ce temple, et qui s’est fait expliquer par des Chi- La) Tr»m0397 (3) Observations sur la langue primitive, €. 1, pl. 332. LU 1] l . Grammaire. 14b- nois le sens des différentes sentences ; elles ont été rendues de l'espagnol en français par une personne demeurant à Paris, et qui n’a jamais été à Quanton. C'est un mérite à la Chine de composer ces inscriptions dans un style antique et si obscur, qu'il n’y a qu’un lettré qui soit capable de les traduire. Je ne porterai pas mon jugement sur les explications faites par l’auteur du Panthéon, mais je présume qu'il s’est trompé dans la pré- mière inscription en mettant à tous les génies tutélaires. Le mot Tou qui signifie en chinois Tout ne précéde jamais le substantif, mais il le suit, on ne dit pas Tou-jin, mais jin-Tou, tous les hommes;d’ailleurs le mot Tou signifie aussi temple. L'’explication rendue en espagnol est un peu pa- raphrasée; il eût été plus simple de dire Temple de l'esprit tutélaire de la ville. Cette explication seroit plus conforme à la religion des Chinois ; . car ce peuple ne confond pas les génies ensemble, mais les adore séparément ; en outre l’explication que je propose est conforme à celle des Chinois, et l’on doit croire qu'ils savent leur langue. Après avoir fait voir que feu M. de Guignes, loin de n’avoir rien fait pour la publication du dictionnaire chinois, avoit au contraire beaucoup travaillé à sa confection, il me reste à démontrer que l’auteur du Panthéon s’est trompé en disant que M. de Guignes ne savoit pas le chinois , et que son histoire des Huns qui lui a couté vingt ans de travail et de recherches, étoit un Tome II. Mars, 1807. 10 146! Langue chinoise, ouvrage prouvé par les historiens de la Chine , mais improuvé par les savans de l'Europe (4). * Certainement , pour porter un pareil jugement sur un ouvrage généralement reconnu comme utile, il semble que la langue chinoise dont on s’est servi principalement pour le composer , auroit du être parfaitement connue de l’auteur du Pan- théon ; mais au contraire ; il se trompe en la traduisant , et paroît souvent un peu étranger à la matière qu’il traite, et ce qui leprouve, c’est qu'ilne jage que d’après le sentiment de quelques per- sonnes , sentiment qu'il n’est pas toujours en état d'approfondir. En effet, pour prouver que M. de Guignes ne savoit pas le chinois, l’au- teur du Panthéon cite la note suivante du P. AMioT , insérée dans le second volume des mé- moires des Missionnaires, page 836 , la voici : « Dans les tables chronologiques de M. de » Guignes , le copiste a fait bien des fautes qui » défigurent le nom des Empereurs ; d’ailleurs » M. de Guignes se sert d’un dictionnaire fait » dans le Fou-Kien, ou le Se-Tchouen , qui » sont les deux provinces de la Chine où l’on » parle le plus mal : je le reconnoïis à sa y manière d'écrire le chinois ; par exemple il » écrit toujours Puon quand il faut prononcer ÿ Pan,et Vou quand il faut dire Ou: dans cette » table chronologique , le nom de lEm- » pereur Tay-Ou est écrit Tay-Tching ; cet (4) Préface, p. 19. Grammaire. 147 » Empereur Tay- men fe n’est Connu nulle » part. » | Examinons maintenant si ce que dit M. Amiot est fondé. - M. pe Guicnes dans son histoire des Huns, tome premier page 12, s'exprime ainsi: Tay- Tching , selon d’autres nd Vou , fils de Tay- Keng , régna 75 ans. Dans le Chou-King, il appelle le même prince Tay-Vou, et ne lui donne pas d’autre nom : or, ce dernier ouvrage ayant été publié en 1770, et par conséquent sept ans avant les mémoires des Missionnaires , on ne peut pas soupçonner M. de Guignes d’en avoir rien emprunté. Ce savant connoïssait donc l'Empereur Tay-Vou, et s’il lui a donné le nom de Tay-Tching, c’est une erreur qui a été causée par les livres qu'il a consultés , et dans lesquels les copistes n’ont pas fait assez d'attention à la différence qui existe entre les caractères Vou et Tching ; différence d’ailleurs si peu sensible que le P.be MatLLa a fait lui-même par inadvertance une faute sem- blable dans sa table chronologique de la dynastie des Chang , en nommant également le même prince Tay-Tching. D’après cela , et s'il étoit permis de parler comme beaucoup d’autres , je pourrois taxer d’ignorance le P. de Mailla. Non sans doute, car avant de prononcer sur l’assertion d’un écrivain estimable, il faut examiner le fait avec attention, aussi ai-je trouvé dans le P. de Mailla que ce même prince qui est appelé dans 148 Langue chinoise. la table Tay-Tching est nommé dans le corps de l’ouvrage Tay-Vou, et avec raison, puisque c’est son vrai nom chinois tel qu'il est écrit dans la table des empereurs rangés par Cycles, table faite par ordre de Kien-Long , et qui existe par- mi les livres de mon père. - Mais le reproche que fait M. Amiot à M. de Guignes de prononcer mal le chinois et d'écrire Puon et Vou , au lieu de Pan et de Ou, ce reproche est-il fondé, et n’est-ce. pas plutôt le missionnaire qui est dans l’erreur ? M. Amiot, en effet , ne devoit pas ignorer que le mot qu’on écrit Puon dans les dictionnaires , se prononce Poen et non Pan, et que le caractère qu'il pré- tend qu’on doit dire Ou, se prononce Vou. Il. est évident que mon, père , quand même il se seroit trompé dans la prononciation de certains mots chinois , seroit très-excusable, puisque M. Amiot qui a vécu longtemps à la Chine, commet lui-même une légère faute : mais conclure d’après une note fautive, qu’un ouvrage justement es- timé par tous les savans : enfin , que l'histoire des Huns est improuvée en Europe , voilà ce qui est étonnant : on n’en sera cependant point surpris lorsqu'on apprendra que la personne qui avance : une opinion aussi peu fondée , prétend elle-même corriger les Chinois , les accuse de ne pas savoir classer leurs clefs {5) , croit qu’il est indifférent qu'un caractère soit entier ou tronqué pour être bien entendu , et finalement a imprimé l’année (6) Explanakou, p. 66, 68, 7o. Grammaire: ” 149 dernière dans l’Argus (6), qu’on parle'à Pekin ( in all manners) de toutes sortes de manières et qu'à Quanton le langage est très-corrompu, ( is very corrupted ). Cette assertion de l’auteur du Panthéon est un peu étrange, et pour faire bien sentir combien Cet écrivain se trompe en parlant ainsi des carac- tères et de la langue des Chinois, j'en vais donner une idée la plus succinte qu’il me sera possible. L'écriture ne fut d’abord chez les Chinois que la représentation des objets , ou plutôt le simple trait des choses qui se présentoient devant leurs yeux ; ainsi la figure d’un oiseau voulut dire un oiseau : mais cette manière bonne pour rendre des objets visibles ne pouvoit suffire pour exprimer les idées , 1l fallut donc inventer de nouveaux signes , ou combiner ceux qu’on avoit déjà. De l'herbe et de l’eau sur un champ dénotèrent une terre marécageuse. Trois hommes placés les uns après les autres rendirent l’action de suivre. A ces caractères simples, et qui représentoient par eux-mêmes les idées qu’on s’étoit formées, on en ajouta d’autres pour exprimer le rapport des idées, . Bouche et chien signifièrent aboyer : cœur et mort marquèrent l'oubli : un homme placé dessus un champ figura un village : de cette classe de caractères, on passa à une autre plus composée, on donna aux mots une signification double et méta- (6) 25 février , 165. mars. 450 Langue chinoise. phorique ;'ainsi le soleil et la lune exprimèrent la clarté: le caractère de Tour signifiaen même temps une tour et l'immobilite : la puissance ou la force fut dépeinte par un ours : un cœur placé au-dessous du caractère d’esclave , représenta la colère; et un cœur mis à côté du caractère de maitre , désigna l'application. Telle fut l'origine de l'écriture ; 1 est facile de sentir d’après ce que je viens de rapporter, que les caractères chinois furent com- posés de mots primitifs ou de clefs, ayant chacuns leurs significations propres, et queces clefs placées soit en dessus , soit en dessous , ou de côté, donnèrent un sens tout différent aux caractères auxquels elles furent réunies. * Il résulte donc qu'un caractère ne peut être altéré sans changer sa signification , et que sil lui manque quelques traits, ilsne signifie plusrien, et cela se conçoit d'autant plus facilement que les caractères étant dans le principe la peinture des objets , ces mêmes caractères ne pouvoient représenter une chose qu’autant qu'ils étoient parfaitement dessinés, D’après cet exposé , on est fondé à reprocher à l’auteur du Panthéon de m'avoir pas assez soigné les caractères de son explanation, ni mème ceux de son dernier ou- vrage qui sont en partie mal exécutés ; mais si cet écrivain se trompe en parlant des carac- tères , il a également tort en disant que le langage de Pekin et de Quanton est corrompu. Ondistingue à la Chine deux manières de parler, le Kouan-hroa qui est la langue mandarine et Grammaire. * Ab des lettrés, et le Shïang-tan ou ie qui est le Zlangage du peuple. | Le Kouan-hroa est étendu ; il bien plus ou moins de clarté suivant le génie de celui qui le parle: iladmet des synonimes , des prépositions, des adverbes , enfin, tont ce qui peut lier le dis- courset le rendre plus intelligible. L’arrangement des mots est simple et naturel ; les temps sont #ariés, et le sens clair. ; LeShiang-tan n’est qu’un Kouan-hroa corrompu, mais qui en différe beaucoup ; et.ne peut se confondre avec lui; en un mot , c’est un patois qui varie suivant les provinces et même suivant les cantons. Les Chinois instruits savent parler celui de l’endroit où ils sont nés, mais ils n’o- seroient s’en servir en conversant avec des mandarins ou des lettrés. IL n’y a donc à la Chine que deux manières de parler ; or, comme il est reçu que les gens en place ne peuvent faire usage que du Kouan-hroa , il est évident qu’on s'exprime également bien à Pekin et à Quanton; Ja seule différence ne peut exister que dans la prononciation, Il y a certaines provinces où l’on prononce mieux, fais la manière de prononcer plus ou moins fortement, n’influe pas sur la lan- gue , elle agit seulement sur le son. Dans le. Kiang-nan, province dans laquelle on s'exprime ‘et lon prononce bien, les chinois ont une pronon- ciation douce , claire , mais cependant aspirée dans certains mots. L’H aspirée des Chinois ne peut être rendue que par un son tiré du fond 153 Langue chinoise. du gosier , qui ressemble beaucoup à notre R. L’H suivie d’un I est sifflée. Hien, ville du troi- sième ordre , se prononce Shien : l’empereur Kang-Hy, Kan-Shy ; c’est la raison pour la- quelle les Anglais ont écrit souvent Tsien-long, au lieu de Kien-long ; ils ont voulu rendre le sifflement qu’ils ont entendu lorsqu’on prononçoit devant eux le nom de l'Empereur. La prononciation de la langue chinoise esttrèlfé difficile ; elle ne peut s’apprendre que dans le pays même, et il faut une oreille extrêmement sensible pour saisir toutes les nuances ou les in- flexions occasionnées par les cinq tons, soit simples , soit aspirés qui différencient le son de chaque caractère. Les missionnaires qui ont été à la Chine, ont éprouvé beaucoup de difficultés pour rendre ces tons différens, et pour écrire ou rendre l’équiva- lent des sons Chinois: ces hommes laborieux n’é- tant pas tous de la même nation, chacun d’eux a du nécessairement les écrire dans sa langue, et par conséquent d’une manière non uniforme, aussi tous les dictiannaires ne se ressemblent pas. On écrit puon, milieu, il faut prononcer poen : porte, s’écrit muen et se prononce men. Il résulte donc que la langue mandarine étant partout la même , la manière de parler à Péking et à Quanton n’est point corrompue, la seule dif- férence dans le Kouan-Hroa, n’existant que dans l'accent plus ou moins varié de chaque province ; et jamais dans la composition, Mais c’est assez . Grammaire. 153 parler des caractères et de leur prononciation , re- venons à l’auteur du Panthéon ,.et voyons si c’est avec raison qu’il accuse feu M. Deguignes de ne pas savoir le chinois, et d’avoir mal traduit le Chouking (7), en rendant ainsi un passage du ta-yu-mo; je ne veux pas que vous refusiez le poste que je vous destine : le P. de Mailla ayant traduit le même passage par ces mots : je n'ai rien Gavous dire de plus , et M. Deshauterais ayant blamé la version de mon père, en disant qu'il n’y avoit rien de cela dans l'original ; l’auteur du Panthéon en conclut que M. Deguignes ne savoit pas le chinois: il faut donc consulter le texte et voir lequel des deux traducteurs a saisi le vrai sens du Chouking, L'Empereur Chun voulant céder l’empire à Yu, celui-ci le refuse , alors l'Empereur lui dit ces paroles : Chin yen pa Tsay, ne me dites rien da- vantage : c’est-à-dire, ne me refusez plus , ac- ceptez ce que je vous offre: mon père a donc rendu le vrai sens de la phrase; il est vrai que ma traduc- tion diffère de beaucoup de celle du P. de Mailla qui dit : je n'ai rien à vous dire de plus; mais la version du missionnaire n’est-elle pas un contre- sens ? car Chun en parlant ainsi à Yu, qui refuse l'Empire, n'est-ce pas accepter son refus et lui dire qu’il ne le sollicitera pas davantage. Le dis- cours que je fais tenir à Chun, est plus naturel et convient mieux à l'Empereur qui, faché des refus de Yu lui dit: ne me dites plus rien davan- (7) Préface, page 21. 154 Langue chinoise. tage; mais pour lever toutes les difficultés et faire voir que la version de mon père est la vraie, con- sultons les Chinois eux mêmes. , Mon père m'a laissé dans sa bibliothèque , une édition des King , faite d’après les ordres de Kien- Long, dansla septième année de son règne (1742), et destinée à l'usage des princes de sa famille: Dans cet ouvrage, dont l'Empereur a composé lui-même la préface, le texte est accompagné d’un commentaire , lequel explique ainsi le passagé dont il est question. Ky fou keng yeou ta chue: comment a-t-il encore quelque chose à dire. Kay ÿo ÿu cheou ming: jeveux Yu que vous acceptiez ce que je vous ordonne. Eulh po fou tsou py : ef que de rechef vous ne me refusiez pas. Voilà donc lé même sens que celui de la phrase de M. de Gui- nes: je ne veux pas que vous refusiez le poste què je vous destine. Je présume que personne ne s’é- levera contre un commentaire fait sous les yeux de VEmpereur, par des lettrés chinois, car cela seroit douter de lhabileté des Mandäarins du collége im- périal de Péking, et supposer sg ls n "entendent pas leur langue. Ce que je viens de citer fait voir que M. Degui- gnes a traduit lui-même le Chouking , et s’il n’à pas mis littéralement les mots ne me dites rien da- vantage, c’est qu'il a pensé que le commentaire Chinois étoit plus clair. Il ne faut donc pas ajou- ter foi à tout ce qu’on trouve imprimé dans les livres, et avant de porter un jugement sur une traduction, il est bon de consulter soi-même les Grammaire. . 255 originaux, et d’examiner comment les lettrés d’une mation expliquent les passages difficiles de leurs livres. . Pour peu qu’on ait étudié les langues, on con- viendra qu’onest souvent très-embarrassé pour en rendre exactement le sens ou le génie dans une traduction. Cette difficulté est bien plus grande encore pour la langue chinoise et principalement pour les King, dont le style est très-concis. Je ne dirai que deux mots pour le prouver. On trouve les paroles suivantes dans le Chou-King, dansun discours qui s'adresse à l'Empereur. Eulh oey fong : vous êtes le vent. Min oey Tsay : les peuples sont les plantes. Le commentaire explique ainsi ce passage : si le Roi estbon, le peuple est vertueux , et si le prince est mauvais le peuple est vicieux. Les Chinois ont un grand respect pour leurs livres canoniques, et c’est chez eux un mérite très-prand que d’en imiter le style. Pendant mon voyage , lorsqu’à notre retour de Péking, nous visitions les jardins qui sont sur les bords du lac Sy-Hrou , auprès de la ville de Hrang- Tcheou-Fou, les Chinois nous montrèrent l’ins- cription suivante composée et écrite par l’'Em- pereur Kien-Long. Siao yeou tien youen. Littéra- lement : petit, avoir, ciel, jardin. Je crois que d’après ce peu de mots on concevra avec peine, l'idée que l'Empereur s’est proposé. de rendre , mais les Mandarins nous en ont donné l’explica- tion: elle est d’autant plus exacte que nous avions avec nous le plus habile lettré de toute la province 156 Langue chinoise. de Quantong. L'Empereur a voulu dire que # dans le ciel il y avoit de belles choses on en trouvoit aussi sur la terre. On voit facilement d’après l’ex- plication , combien Kien-long étoit ravi de la beauté des jardins du lac Sy-Hrou: on sent la com- paraison qu’il a voulu faire, et tout ce qu’il a pré- tendu exprimer ; mais on conviendra aussi que pour rendre en français le sens decette phrase, il faut absolument la paraphraser. Vous venez de vous convaincre monsieur , que la langue chinoise n’est pas facile à prononcer ni à traduire : vous avez vu que M. de Guignes ne s’est point trompé, ni dans la prononciation des mots chinois, ni dans la traduction qu’il a donnée du Chou-King ; c’est donc sans raison qu’on l'accuse de ne pas savoir le chinois, et j'ose espérer que vous serez persuadé que cette assertion n’est nul- lement fondée. La réputation de M. de Guignes étoit trop bien établie par les ouvrages qu’il a publiés, l’opinion de tous les savans de l’Europe est trop en sa fa- veur pour qu'il eût été nécessaire de répondre à | l’auteur du Panthéon, mais j’ai pensé qu'il étoit de” mon devoir , de prouver que celui qui taxoïit mon père de ne pas savoir le chinois, parloit inconsi- dérément et sans examen. De Guienes, Résident de France à la Chine, attaché au ministère des Relations extérieures, correspondant de l’Institué. pe SC . VARIÉTÉS, NOUVELLES “ ET CORRESPONDANCES LITTÉRAIRES. NOUVELLES ETRANGÈRES. ANGLETERRE. Deux nouveaux journaux paroissent en Angleterre ; lun est publié par M. WoopwaarD, auteur des Ex- centric- Excursions. Il sortira tous les quinze jours, et sera consacré aux caricatures, mais sans toucher à la politique ; l’autre est rédigé par les professeurs de luni- versité d'Oxford; ils promettent de juger au bout de trois mois au plus tard, chaque nouvelle production anglaise. | La première livraison de la Flore Grecque, du doc- eur SisrorP, a dû paroître. L'éditeur est le docteur Smiru (1), connu par sa Flore Britannique. Cet ouvrage aura, dit-on , dix volumes , et contiendra dix mille plantes. L'ouvrage de M. Beresrorn, intitulé : Les Misères de la vie Humaine (Miseries of Human life), a eu un si prodigieux succès, qu’au mois d'octobre il en étoit à la cinquième édition. Un libraire a pensé que ce seroit une bonne spéculation d’en augmenter le catalogue. Il a donné ses Misères sous une autre forme que celles de M. Beres- ord. Mais celui-ci s’est élevé avec chaleur contre l’usur- . pateur , et a déclaré que ses Misères étaient les seules véritables. (1) Nous avons parlé plusieurs fois dans ce Journal de cet suvrage qu’on attend avec tant d'impatience. 158 : Nouvelles littéraires: On a publié un livre de Consolation à toutes ces Mi- sères, qui a pour titre : The comforts of Human lifes mais on ne dit pas s’il a été aussi bien accueilli. On a donné une nouvelle édition du Dictionnaire Arabe et Per sande Ricæ1rDson. Elle a été considérablement augmentée par le célèbre Wrzxixs. Cet ouvrage forme un volume in-4°, Il coûte treize guinées. Les exem- plaires tirés sur grand papier se vendent vingt gui- nées. Le premier ouvrage imprimé au Bengale pourlesclasses, est arrivé à Londres. C’est la collection des Fables de Pippaï, si fameuse en Asie et même en Europe. Le titre dans la langue originale est : Hitopadesa. MM. WiLxiss et ill Jones en avoient déjà donné des traductions anglaises. L'éditeur du texte est M. CoLeBROOKE, qui a aussi publié un essai d’un digeste indien. Les Fables dont il est ici question forment un volume in-4°, imprimé en caractère Dévanagari à Sérampore, ville située près du confluent du Mégna et du Gange. Les épreuves ont été revues par de savans brames. Mon savant confrère j M. Langlès, en possède aussi un exemplaire. HozLANDE. La Société du dessin de cette ville, qui a pour devise: V Art est notre but (kunst zy ons doel), a eu la satisfaction de faire pour la première fois une distribution de prix, le premier décembre 1805. M. B. de Boscx Jeronrmusz fit à cette occasion un discours analogue , ayant pour sujet: De la diversité du choix des peintres de l'Ecole Hollandaise, et particuliè- rement de ceux qui ont fleuri depuis le milieu du dix- septième jusqu’au commencement du dix-huitième siècle ; ensuite M. H. Vixxezes Jansz a fait connoître, dans un discourshistorique , es progrès et l’état actuel de la Sociétés Nouvelles littéraires. i5g Ia fait remarquer qu’au terme de sa formation , en 1801, elle n’était composée que de la réunion de six personnes, et que maintenant elle comptoit déjà 120 membres. On procéda ensuite à la distribution des prix. M. F. Brancnt obtint celui de la troisième classe; M. A. L. ZepLanper, - celui de la seconde ; et M. I. E. Marcus, celui dela pre- mière, lequel consistoit en une médaille d’or, accom- pagnée d’un certificat d'honneur. Madame Grassint , célèbre artiste italienne, a débuté au théâtre Français d'Amsterdam dans un mélodrame italien , intitulé: Za Mort de Cléopâtre, grand opéra, qui a été composé ur pour elle, par le fameux com- positeur J. B. Naforir. Les acteurs Français, en géné ral, se sont distingués, malgré la différence du genre italien à celui des#français. On fait un éloge particulier du talent de M. Gagrtez. S. M. a créé, par un décret , un directeur-général des beaux-arts, qui sera chargé de la surveillance et de l’en- tretien du musée royal et des musées des départemens. I sera président de l'académie des arts, dirigera un jour- nal qui paroîtra chaque mois , et fera tous ses efforts poux attirer des artistes célèbres à la Haye. Tous les ans, l'académie décernera un prix de 3,000 florins an meilleur tableau d'histoire nationale, un autre de même valeur au meilleur ouvrage de sculpture ; un prix de 2,000 flo rins au meilleur tableau de genre, et un de même prix au meilleur paysage et à la meilleure gravure. Il sera entretenu à Paris et à Rome huit élèves, qui résideront deux ans dans chacune de ces deux villes. D’après l'intention de son fondateur , la seconde société de Teyler à HarLEM propose la question suivante : « Quelle est la raison pour laquelle notre école de » peinture, dans le temps de sa plus grande splendeur, « et même encore & présent , a fourni si peu de maîtres 160 Nouvelles littéraires: » dans le genre historique , tandis qu’elle a excellé cons- » tamment dans tout ce qui appartient à l’imitation de La » nature , et dans tout ce que peut offrir le cercle étroit de » la vie domestique ? Quels sont les moyens de former de » bons peintres d'histoire dans ce pays », La société promet une récompense de 400 florins à celui qui, avant le premier avril 1808 , aura fait par- venir la meilleure réponse à cette question. Les mé- moires peuvent être écrits en latin, français, anglais ou allemand; ils doivent être adressés à la maison de la fon- dation de Teyler à Harlem. Les Lectiones Atticæ , ouvrage manuscrit de M. Lus- sac, qui étoit destiné à l’impression, a été sauvé de la terrible catastrophe de Leyde, où M. Lussac a péri. - Une foule de manuscrits arabes ontpéri par ce même événement. La malheureuse catastrophe de Leyde a enlevé à la Hollande un de ses premiers savans. M. Adrien Kzuir, professeur d’antiquités, d'histoire diplomatique et de statistique à l’université de la même ville, a prouvé par différens ouvrages combien il avoit approfondi ces différentes matières. Son livre sur les Droits de l'Homme en France, et celui sur la Souveraineté des Provinces- Unies, lui ont fait le plus grand honneur; mais c’est sur-tout son Æistoire du Gouvernement des Provinces- Uniesjusqu’à l’année 1795 , qui lui a acquis la réputation la mieux méritée. Les curateurs de l’université de Leyde lui avoient dé- féré, depuis peu, la chaire de la statistique, et les cours obtenoient déjà les plus grands succès. Les dissertations académiques qui ont été soute- nues sous sa présidence, et qui ont été toutes puisées dans ses différens cours, sont en partie recueillies et tra- duites en hollandais. Ce sont des mémoires sur les plus Fès Noivélles littéraires: 164 importans sujets de l'Histoire de la Patrie et du droit dans ce royaume: M. Kavir Éavailt à une slatistique générale de la Hollande lorsqu'il a péri malheureusement. Son épouse a été enveloppée dans le mênie accident. 1 paraît à La Haye, depuis le premier janvier, un journal Français très-intéressant, qui a pour titre : Le Vrai Hollandais. On y traite de la politique ; de la litté- rature, des sciences et des beaux arts. On y fait surtout connoître les productions nationales. Ce journal contient æncoïre le cours des principaux changes de l'Europe, et tous les avis, toutes les annonces qui peuvent intéresser le commerce. Chaque numéro est composé de. quatre pages grañd :7-4.° On s'adresse, pour la Hollande, aux frères van Cleef; pour l'étranger, au bureau du jour- nal (1). Le prix de l'abonnement , pour trois mois, est de 7 florins (16 fr. go c.) Le théâtre Français établi à LA Hans, ä représenté #ichard Cœur-de-Lion. On reproche aux deux princi- paux acteurs, Campahaut et Milord, de jouer d’une manière si peu animée, qu'au lieu du magnanime roi et du généreux troubadour, on ne voit que deux musiciens qui chantent un duo. L'état de la princesse de Flandre; représentée par madame Shaffuard , dépose trop visible- ment contre sa fidélité ; mademoiselle Zobé, dont la taille est grande et imposante, joue le petit Antonio. On voit qu’il s’en faut que cet ouvrage ait le même mérite d’exé- cution que sur le théâtre de Paris. AUTRICHE. M. le chevalier de Hecrmvizer; préposé à la remonte des haras militaires, sous la protection du prince Char (x) Et à Paris, chez M. Garxier, rue Taranne, n.° 20, Tome II. Mars ; 1807. IL 162 Nouvelles littéraires: les, doit entreprendre au mois de novembre prochain, un voyage en Orient, avec les hommes et les instramens nécessaires. Son but principal est l’histoire naturelle du cheval; cependant il se fera un devoir de chercher à satisfaire aux demandes qui lui seront adressées par les savans qui cultivent la géographie, la philologie, l’ar- chæologie , l’art numismatique; etc. Cet intéressant voya- geur traversera la Hongrie , la Transylvanie, la Bucho- wine , l'Ukraine, il s’embarquera à Odessa pour Cons- tantinople , et gagnera ensuite Alep en Syrie. Il a paru à VIENNE des Archives Historiques et Statis- tiques de l'Allemagne méridiondle , qui sont très-cu- rieuses. | Le public a fait un très-bon accueil à une Traduction en vers de PrauTe, qui vient de paroître. Un drame de M. HozsziN, tiré d’une romance de Sexizcer, et intitulé le 7yran de Syracuse, n’a point eu de succès au théâtre. SAXE: M. RirrNer , qui a établi son magasin à Drespe, vient de faire exécuter en l'honneur de Krorsrock un grand paysage oriental, où il a placé le monument de ce poète: Cet ouvrage sera gravé et suivi de trois autres estampes à la mémoire de Schiller , de Æerder et de Kant. Le mème va faire paroître une suite d’estampes repré: sentant les plus belles vues des bords de l’Elbé ; chaque gravure sera accompagnée d’un texte explicatif en alle- mand et en français. Le patriarche des littérateurs de l'Allemagne, M. Wi1e- LAND , traVaille maintenant à une traduction complète des Epiîtres de Cicéron. M. Gogrus travaille à son Optique. … Nouvelles l'itérairesi 163 Sori Aliesse le duc de Saxe-Gotha, au sécond volume de son Mio D ne On vient de faire des changemens à l'écusson de la Bavière. 11 consiste maintenant en,un -écu principal. et un écu en abime sur le tout. Tous.les deux sont des carrés oblongs, un peu arrondis vers le bas,.et se terminant en pointes au milieu. Il y a dans le premier 42 Josanges, partie en azur, partie.en: argent. Sur le tout , il y a dans un quartier rouge un sceptre d’or et une épée nue avec une pointe d’or, croisés lun sur l'autre; le tont est surmonté d’une couronne royale en or. Une couronne semblable, ornée de diamans et de perles, et surmontée d’un globe, est sur l’écu princi- pal. Les ordres de la maison de Saint-Hubert:, de Saint- Georges et du Lion-d’Or, entourent cet écu. Les sup- ports sont deux lions couronnés , avec les langues et les griffes rouges, et les queues fendues , tenant chacun une bannière à cordons d’or , ornée de 21 on en azur et argent. L’ Académie royale bavaroise de Muwrcx a été fermée par un édit royal du 31 décembre , mais on espère qu’elle sera bientôt rétablie, M. GuillaumeKosez ; artiste distingué de cette ville,a peint, d’après les ordres du prince Alexandre.de Neuf- châtel, trois tableaux historiques qui ont obtenu tous les suffrages. Ils représentent trois sujets de la dernière cam pagne. Le premier est le siége d’Ulm. L'artiste a saisi le moment où les Français emportent les redoutes de Saint- Michel. Un autre représente le passage de l'Inn, et le troisième la prise de Braunau. Ils ont tous été envoyés à Paris. 164 Norivelles littéraires: GRAND DucHÉ pE Bapr. ‘ Depuis les nouvelles attributions dont le souverain du pays de Bade a été revêtu, il a paru le 8 septembre un réglement contre les contrefacteurs, dont voici les prin- cipaux articles. 1.° Aucun écrit d'état ou officiel ne pourra paroître dans les états de Bade ‘sans une autorisation spéciale du gouvérñement , lors même que ce ne seroit qu’une réimpression. 2.° Chaque auteur qui habite dans le Grand-Duché, et qui publie un ouvrage sous son nom, a droit de poursuite contre toute contrefaction qui se fait où se débite dans les états de Bade. Ce droit lui appar- tient pendant toute sa vie, et il passe à ceux qui ont le débit de ses ouvrages, pour une année encore après sa mort. 3.° Aucun libraire ne peut jouir du droit énoncé dans l’article précédent à l'égard des ouvrages d’auteurs connus ou anonymes qu'il voudroit publier sans en avoir obtenu le privilège du gouvernement. La durée de ce privilége sera marquée sur le frontispice de lou- vrage. Les libraires et imprimeurs jouiront d’un pareil privilége de cinq ans pour tous les ouvrages de leur fonds, qui portent sur le frontispice l’indication exacte du lieu d'impression et du nom du libraire ou de Pimprimeur. 4.° Les libraires étrangers qui vendent des ouvrages origi- naux où le nom de l’auteur est indiqué , ou dont le pri- vilége de leur souverain est indiqué sur le titre , jouiront aussi du même privilége contre les contrefactions, si les libraires du pays de Bade jouissent de réciprocité à cet égard dans les états où ces libraires sont établis. 5.° L’in- fraction de cette loi donne à l’auteur qui s’est nommé, ou au libraire, le droit d'exiger juridiquement que les exemplaires de la contrefaction lui soient livrés en ne les payant qu’au prix de maculature, afin d’en opérer la destruction , à laquelle le plaignant sera obligé expres- Nouvelles littéraires: 165 sément. Outre cela , le contrefacteur sera forcé de lui payer deux fois la valeur d’un exemplaire de l’édition originale pour chaque exemplaire vendu de la contre- faction. La plainte de celui des deux (l’auteur ou le li- braire) qui se présente le premier devant les tribunaux doit y être admise, et ce sera à lui que les dommages et intérêts accordés par la loi seront adjugés ; moyennant ce, le contrefacteur ne pourra plus pour le même fait être appelé en justice par la seconde des parties adverses (c’est-à-dire par le libraire, si l’auteur a le premier porté plainte contre le contrefacteur , ou l’auteur si le libraire a été plaignant); mais celle-ci, lorsqu’elle croira avoir droit à quelque dédommagement, se pourvoira contre celui à qui les tribunaux auront adjugé les dommages et intérêts accordés par Ja loi. En outre, chaque contrefac- teur sera condamné, par voie de police, à une amende d'autant de reichsthaler que l'ouvrage contrefait a de feuilles d'impression. 6.° Dans les cas cependant où la contrefaction est permise, soit parce que l'ouvrage ori- ginal est imprimé dans un pays où la contrefaction est tolérée , soit parce que l'auteur est mort depuis plus d’un an, ou que le privilège de l'éditeur est expiré, le contre- facteur, pour pouvoir invoquer la protection de la loi, sera tenu d’énoncer sur le frontispice le lieu de l’impres- sion et le nom de l’imprimeur ou du libraire ; en un mot, le livre doit avoir tous les caractères d’une entreprise faite conformément aux lois; dans le cas, au contraire, où le contrefacteur imiteroit l'impression de l’ouvrage original en prenant un caractère semblable, en plaçant sur le titre le nom de l’éditeur de l'original et le même lieu d'impression , afin de tromper le public, et de pou- voir vendre sa contrefaction comme étant l’original, les tribunaux le regarderont comme contrefacteur, le con- damneront aux dommages et intérêts dont il est parlé 366 Nouvelles littéraires. ci-dessus, nonobstant les poursuites du ministère pu- blic, qui le regardera comme atteint des lois contre les faussaires, et sous ce dernier rapport le minimum de l'amende à laquelle il sera condamné doit ètre d’un tiers au moins plus forte que l’amende par voie de police dont il est question dans l’article 5. Pendant le séjour que le Grand-Duc de Bade a fait aux eaux l’été dernier, M, Kasreze, professeur à Het- DELBERG, fut appelé pour donner devant ce prince et une partie de sa cour des leçons de physique et de chy- mie. On sait que ce savant a fait plusieurs belles décou- vertes sur la lumière, l’éléctricité , la nature des sels, . des acides, des alkalis , etc. Ses nouvelles assertions ont été confirmées par des expériences qui ont fort bien réussi. Les ouvrages qu'il publie à Heidelberg et à Jena font connoître ses découvertes. Le docteur GALL a donné deux cours à CARLSRURE. I] y a fait aussi imprimer ses leçons, corrigées et augmen- tées , et ornées de son portrait. Il doit diriger ses nou- veaux voyages par Rastadt, Fribourg , Manheim , et pro- poser des réformes pour l’hôpital des fous et la maison de correction de cette dernière ville. M. Wolfgang Héribert, baron de Darsere, ministre d'état du grand-duc de Bade, et frère de S. A. E. le prince Primat de la confédération du Rhin , est mort à Manheim le 27 septembre dernier, à l’âge de 86 ans. Les arts et les sciences perdent en lui un ami zélé et un pro- tecteur actif. Aussi long-temps que la Société allemande de Manheim a existé, il en a été le premier président , et le théâtre de Manheim , dont il a été l’intendant jus= qu’en 1803, lui doit son origine et sa conservation. Tant que son zèle a été favorisé par les circonstances, ila toujourscherché à mettre sux le premier rang les prin- cipaux théâtres de l'AHemagne, et à y attirer les meil- Nouvelles littéraires. 167 leurs acteurs. De ce nombre étoit le célèbre Ifland ; qui ÿ a joué pendant plusieurs années Les acteurs qui sont maintenant attachés au théâtre de Manheim, ont honoré la mémoire de leur Mécène dans un prologue qui aété joué le 5 octobre , et dans lequel les plus anciens d’entr’eux ex- primoient les sentimens de douleur dont la mort de leur généreux. protecteur les avoit pénétrés. M. de Dalberg est auteur de différens ouvrages dra- matiques, dont plusieurs ont paru sous son nom. En voici les titres: alvais et Adélaide ; Manheïim , 1778, in-8. — Cora, drame mélé de chants ; ibid, 1780 , in-8.° Electre, récitatif musical; ibid, 1780, in-8.° — Jules- César ; ou la Conjuration de Brutus, tragédie d’après Shakespear ; ibid, 1785, in-8.°—Le Colerique , comédie en cinq actes, imitée de l’anglais de Cumberland ; zbid , 1786, in-8°. — Oronockv, tragédie en cinq actes, imitée de Vanglais; ibid, 1786, in-8.° — La Fille célibataire (der weïbliche Ehescheue), drame en deux actes; Augs- bourg, 1786, in-8.° — Les Frères, drame en cinq actes, imité de l'anglais de Cumberland; Manheim, 1786, in-8.° — Le Religieux du Mont-Carmel, poème drama- tique en cinq actes; Berlin et Leipsik, 1787, in-8.° — Montesquieu, ou le Bienfait inconnu, drame en trois actes, pour le théâtre national de Manheim; Manheïm, 1787 ,in-8.° — Il a aussi travaillé à l'ouvrage périodique, qui a paru sous le titre de Rheinische Beitræge ,ce qu’on pourroit traduire par Mélanges Rhénanes. LA Erars pu PRINCE PRIMAT. M. Brepermanx, de Winterthur, a peint un tableau de la ville de Francfort et de ses environs, orné de plu- sieurs figures allégoriques, qui représentent la parabole du semeur. L’autenr a présenté ce tableau à S. A.S. 168 Nouvelles littéraires. le prince Primat. Ce protecteur éclairé des sciences et des arts a non-seulement accueilli cette idée et récom- pensé l'artiste, mais encore il a donné l’ordre de placer sur le cadre les armes de la ville, avec ce mot : Floreat; il est dans son cabinet au palais Taxis. RovaumMEe DE WIRTEMBERG. La librairie de M. CorrA, à TugiNeur, vient de pro- poser trois prix de poésie. 1.° Un prix de cinquante ducats pour la meïlleure satire en vers contre l’égoïsme. 2.° Un prix de deux cents ducats pour la meilleure tragédie , et un accessit de cinquante. 3.9 Un prix de trois cents duocats pour la meilleure comédie, et un accessit de soixanle-quinze. Le terme du concours est fixé, pour la satire , au pre- mier juillet; pour la tragédie, au premier octobre de cette année; et pour la comédie , au premier janvier 1808. Les traductions ou imitations de pièces étrangères ne seront point admises ou concours. La satire et la comédie doivent avoir pour objet les mœurs allemandes. Les ouvrages couronnés demeure- ront la propriété de la librairie de Cotta, tant pour le droit de faire représenter les comédies ou tragédies , que pour le débit de la première édition. LA ETars PrussirEns. M. Merners a publié une histoire des principales in- surrections qui ont eu lieu parmi les étadians des diffé- rentes universités de l'Europe. On a publié à Berlin les tomes IIT et IV du Foyaga en Suède, de M, Morice ArEeNDT, qui lui font beaucoup . Nouvelles littéraires. 169 d'honneur , et inspirent un grand intérêt pour le pays quil a parcouru. À On a vu dans un des tableaux de l'exposition faite à BerziN l’année dernière, une scène tirée de l'Agathon de WiELanD, qui se passe chez le peintre Aglaophon au moment où il est surpris par Alcibiade , peignant une Danaé, d’après une jeune fille toute nue. Une entremet- teuse jette un voile sur la jeune Myris pour la dérober aux regards du héros. Ce tableau est de M. BARDoN. Plusieurs peintres ont rivalisé pour offrir un hommage à la mémoire de Luther. Ce célèbre réformäteur a paru sous toutes les formes. M. Hummez a choisi son apothéose pour sujet d’un tableau. M. de Murr, savant distingué de NUREMBERG, a en- voyé à l'Empereur de Russie trois manuscrits de RE- 6IOMONTANUS , et quelques autres ouvrages imprimés de ce célèbre mathématicien. Ils ont été déposés à la Biblio- thèque impériale, et M. de Murx a reçu une fort belle bague de Sa Majesté. DANNEMARCK. L’instruction pour la vaccination, ouvrage composé par la commission de la vaccine, a été traduit en irlan- dais par le bailli de THorarsen. On espère, par ce moyen , adoucir beaucoup les effets de la petite vérole, qui souvent fait dhorribles ravages dans le pays. Les exemplaires ont été distribués en Irlande, avec les gra- vures qui sy rapportent, SUuÈDE. M. Drursere a publié le quatrième et dernier volume de sa Géographie détaillée, qui traite de la Géographie et de la Statistique de la Suède. 170 Nouvelles littéraires. Russie. Des lettres de Russie annoncent la mort de M. Rs- powsky, savant botaniste, attaché à l'ambassade qui devoit se rendre à Pékin (x). Il s’est noyé, dit-on, dans YOchota, près d'Ochotz, dans la province d’Irkutz. Il avoit aussi été chargé d’un voyage de découvertes aux îles Kuriles et Aleuticnnes. M. Krarrorn ne se rend point à Pékin avec les mis- sionnaires Grecs, ainsi que nous l'avons annonce. Il est parti de Xiachta avec M. HeLw, botaniste, pour voya- ger sur les frontières des Tartaries chinoises et russes. Il a composé à Xïachta un Dictionnaire Chinois et Japo= ras. SUISSE. Le Recueil de traits remarquables de l'Histoire des Suisses, auquel M. HirzEL , ancien trésorier de Zurich, travaille depuis plus de trente ans, a été mis en vente à Baze. Il en paroît un volume tous les ans. Cette collec tion est principalement destinée aux jeunes gens, qui y trouvent des leçons de vertu et d'amour pour leur patrie. Plusieurs amis de Lavarer avaient projeté d'élever un monument à sa mémoire; le buste qui devoit l’orner a été exécuté; mais depuis, on ne sait trop pourquoi, ce projet n’a pas été exécuté. M. Breitinger, second minis- tre de l’église de Saint-Pierre , qui occupe maintenant la maison habitée par Lavater, a du moins depuis quelque temps placé le buste dans son cabinet de travail, afin de pouvoir le montrer aux amateurs de l’art et aux voya- geurs curieux. Jusqu’alors on avoit laissé dans une chambre obscure, où on craignoit même qu’il ne fût gâté. L (1) Je donnerai dans un prochain numéro une relation decette ambassade. Ter APS NES Nouvelles littéraires. 17L ITAzLre. On vient de déconvrir à MonTerrAscoNE , dans un champ voisin de la grande route, une grotte souter- raine taillée dans le roc, et de onze palmes de longueur. Le propriétaire y élant descendu, y trouva étendu sur un petit mur deux cadavres, en apparence bien ‘conservés , mais qui tombèrent en poussière dès qu’on les eut tou- chés ; sur un second mur étoient placés différens vases de terre et de métal, qui vont être envoyés au pape pour être placés dans le Musée des Antiques de la Bibliothè- que du Vatican ; ils sont au nombre de 21. PorrTucaALz. L'université de Cormsra vient d'acquérir la bibliothe- que de Monsenhor Hasse, mort depuis peu à Lisbonne. Les livres rares et les manuscrits de cette riche biblio- thèque forment presque douze mille volumes.Outre quel- ques ouvrages latins et espagnols du quinzième siècle, on y trouve tous les imprimés, et presque tout ce qui existe de manuscrits sur la législation portugaise , ainsi que la plupart des écrits les plus rares sur la littérature portugaise et espagnole. LA ETars-Uxrs. . Un voyageur arrivé à Bazrimore, a rapporté, des bords du Missouri, une énorme dent de mammouth. Il raconte qu’étant occupé avec d’autres personnes à re- chercher s’il n’existoit pas quelques mines dans le voi- sinage du fleuve , ils trouvèrent un quart de mille en carré détendue , entièrement rempli à six pieds de pro- fondeur , d’ossemens d’une énorme grosseur. Ce voyageur offre de fournir, à celui qui voudra le payer , un sque- lette complet de mammouth, qui a cinquante-quatre pieds de long et vingt-deux pieds de hauteur. Le doigt 172 Nouvelles littéraires. du milieu du pied de devant de ce squelette a sept pieds huit pouces de long. Chaque mâchoire porte huit énor- mes dents mâchelières. Celle qu’a apportée le voyageur, a été donnée par lui au Muséum de Baltimore. Ce qu’il rapporte de l’énorme quantité d’ossemens qu’il a trouvé, peut être exagéré ; maïs il est intéressant de faire des re- cherches sur le même lieu. Les arts commencent à se naturaliser dans les Erars- : Uxis n’Amérique. Des artistes des deux sexes y cultivent la peinture avec succès. On a admiré à PHILADELPHIE un tableau qui représente Danaé. M. Sruarr se distin- gue surtout pour les portraits. Il s'occupe de ceux des trois présidens du congrès. L'état de Massachusets a commandé cet ouvrage, et s’est chargé d'en payer les frais. | | M, Wssr, président de l'Académie royale de peinture à Londres, est natif de Pensylvanie. Il vient de faire à Phi- ladelphie un séjour qui sera d’une grande utilité aux peintres Américains. IL doit bientôt revenir dans sa patrie. On voit par un Journal de Carzes Towx , du 22 mai dernier, que neuf mois avant cette époque , on avoit in- troduit du plan de café de Pile de Cuba, au cap de la Floride. Il a réussi au-delà de toute espérance , et donne l'espoir de fournir avant peu au pays un nouvel article de commerce important. Par l'esprit d'entreprise des émigrans, les arts et les sciences commencent à s’introduire dans la LouisrANs. Des écoles sont déjà établies dans différens villages. Les habitans de la Nouvezze ORLÉANS ont présenté au congrès une pétition pour la fondation d’un col- lége. On doit l’établir à deux milles de la ville, afin de le mettre hors des atteintes de la fièvre bilieuse qui domine pendant l’automne, et qui souvent prend le caractère de Nouvelles littéraires: 173 fièvre maligne, dans les endroits de la ville où la popu- lation est considérable. On a établi à Sainr-Lours un Journal publié tous les buit jours , sous le titre de Correspondant du Missouri et Gazette Illinoise. Le neuvième volume du Journal intitulé : The Me- dical repository de New-Yorck, rédigé par les docteurs Mitchill et Miller, vient d’être terminé au mois de mai dernier. Le docteur Nevin, irlandais, condamné à un exil, pour avoir participé à la tentative, dont le but étoit de rendre la liberté à son pays, est maintenant occupe à New-York, lieu de sa résidence, à écrire l'Histoire d'Irlande , pendant les vingt dernières années. On dit que cet ouvrage est irès-avancé. FRANCE. M. le préfet du département du Gers vient de faire présent aux dames de l’Institut de Saint-V'incent-de- Paule , attachées à l’hôpital civil et militaire de la ville D’Aucx , d’une très-belle statue de leur vertueux fonda- teur , destinée à orner les séances du conseil d’adminis- tration de l’hospice. Cette statue est une copie fidèle de celle du même saint que l’on voit au Vatican. Elle est en terre cuite, mais revêlue d’un vernis qui lui donne l'apparence du marbre statuaire. Sa hauteur est de cinq pieds dix pouces. L’exécution en est due à M. Aïox, de Toulouse, statuaire et modeleur distingué. On a représenté à Carx un drame en quatre actes; nommé A/bertine. I] n’a pas eu de succès. M. Hoi, peintre à DrsoN , a présenté dernièrement à l'Académie une étude; d’après Ruisdaels, qu'il a faite d’après le procédé qu'a fait connoître M. Srcuix De Boxnenconrre, et qui exclut l’huile de la peinture. Ce 174 Nouvelles littéraires: procéde, éprouvé depuis quinze ans a, dit-on, l’avanà tage de ne point altérer les couleurs par la dessication. MoN CHER CONFRÈRE, | M. Esriés, de GreNogze, me fitl’honneur de me pré- senter dans le courant de septembre dernier, un plané- taire qu’il a construit avec autant d'intelligence que de à peine. | Cet instrument, qui a la forme et la grosseur d’une pendule de cheminée, présente d’une manière très-sen= sible notre système solaire et ses monvemens. Le globe qui figure le soleil, situé au centre, tourne sur son axe sans changer de face. * Les planètes parmi lesquelles se trouvent Cérès, Pal- las et Junon, font leurs révolutions autour du soleil dans les temps que les astronomes ont déterminés. D terre , en faisant sa révolution autour du soleil, tourne en même temps sur son axe pour faire voir de quelle manière s’opèrent le jour et la nuit. On y voit aussi la lune tourner autour de la terre en 27 jours. - Toutes les planètes qui ont des satellites en ont le même nombre dans cet instrument ; ainsi Jupiter sy trouve au milieu de ses quatre satellites. Saturne, at milieu avec sept, et Herschel avec six. On y remarque encore Saturne au centre de son double anneau. Les planètes y font leur révolution du couchant au le- vant, tandis que le soleil tourne sur lui-même , et qu’il fait un nombre de révolutions proportionné à celui des planètes, c’est-à-dire qu'il tourne em 25 jours sur lüi- même, pendant qu'Herschel fait sa révolution autour de cet astre en 83 ans. : La lune, tournant autour de la terre, fait connoître de quelle manière s’opèrent les éclipses du soleil et de la lune ; elle fait également connoîlre ce qu’on entend par Nouvelles littéraires. 175 conjonction, opposition, station et rétrogradation des planètes , etc. M. Espiés a présenté cet instrüment à l’Académie de Grenoble , dont il a l'honneur d’être membre. Cette So- ciété lui a témoigné sa satisfaction. IL y a peu de villes où l’on ait l'avantage de posséder un artiste comme M. Espiés, et un ouvrage comme le sien. DE LALANDE. La Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Macon , avoit proposé pour sujet du prix, en l’an 1806, de « déterminer si les plantations de vigne destinées à ne » produire que des vins communs et faites dans des ter- » reins propres à d’autres cultures , sont avantageuses ou » nuisibles au département de Saône ct Loire, et à celui » de la Côte-d'Or ». Les mémoires qui ont concouru n'ayant pas suffisamment satisfait à la question, et la Société étant d’ailleurs assez éclairée par les événemens » elle retire ce sujet de prix , et propose pour celui de 1807 la question suivante : « Quelles modifications a éprouvées » la culture de la vigne dans l'ancienne province de Bour- » gogne , depuis qu’elle y a été introduite ; quels change- » mens ont été adoptés successivement dans la fabrication » des vins ; et quelle en a été l'influence sur la qualité » des produits , leur quantité, la population et la pros- » périté commerciale de ce pays » ? Le prix sera une médaille de 300 livres, ou sa valeur en argent. Il sera délivré dans la première séance de jan- vier 1808. Les mémoires seront adressés avant le 15 oc- tobre 1807 , suivant les formes ordinaires et francs de port, à M. Conramsert, docteur-médecin, secrétaire- perpétuel de la Société. PARIS: L'observatoire du collége de France estimportant poux 176 . Notwelles littéraires: l'astronomie; le professeur y forme des élèves pour ha marine , pour les voyages, pour les observatoires, et M. de Champagny, qui en a senti l'utilité, en a ordonné la reconstruction. M. Vaudoyer, l’un des architectes du gouvernement , s’est trouvé heureusement chargé de ce travail; il a adopté un nouveau plan qui rendra cet ob- servatoire plus commode et plus utile. Il avoit déjà exercé ses talens à l'observatoire impérial, où il a fait construire au haut de l'édifice des cabinets qui ont un horizon libre. C'est-là qu'est la machine parallélique pour chercher des comètes. Il a fait la terrasse qui doit servir pout le grand télescope de 22 pieds; dans la salle du nord un arcaro- mètre ; et dans la plaine de Mont-Rouge, une colonne pour diriger dans le méridien la grande lunette des pas- sages. Son zèle et son intelligence se sont signalés dans toutes ces parties. C’est encore à M. Vaudoyer que le collége de France doit les amphithéâtres de chymie, d'anatomie et de physique , où il a réuni la plus heureuse disposition, la solidité, la commodité et la décoration. L'Institut lni doit aussi la belle salle des assemblées pu- bliques qui occupe l’église des Quatre-Nations. Il étoit fort difficile de faire dans un local aussi ingrat une salle propre à contenir 1500 personnes qui puissent voir et entendre. La décoration en est noble et majestueuse, et le public partagera la reconnoissance que les savans doi- vent à M. Vaudoyer. DE LALANDS. Nouvelles littéraires: ‘179 THÉATRES. THÉATRE DE L'OPÉRA-COMIQUE. Joseph, drame en trois actes, mélé de musique. Le théâtre de l'Opéra -Comique s’étoit quelquefois élevé-au-dessus de son genre, et ses essais avaient été heureux. Sfratonice et Médée ont obtenu beaucoup de succès. Joseph pourra soutenir la comparaison ; l'intérêt touchant de ce sujet l’avoit déjà fait réussir au théâtre Français. Le charme de la musique ne pouvoit pas ÿ nuire, surtout quand cette musique est de M. Méauz. Tout le monde connoît l’histoire de Joseph; il est donc inutile d'analyser la pièce; il sufhra de dire que l’auteur , sans y mêler des rôles de femmes, un amour insipide, la rivalité de Siméon et ses conspirations, a conservé Ja .simplicité patriarchale qui convenoit à son drame. L’his- toire de Joseph est si belle et si touchante, qu’elle n’a pas besoin d’ornemens étrangers, si toutefois ce sont des ornemens que des conspirations et des assassinats. Cela est plus guère bon maintenant que dans les mélodra- mes, encore s’en lasse-t-on, même au boulevard. Cet ou- vrage fera honneur à la plume féconde de M. Duvaz, sont nous avons déjà beaucoup de jolies et de bonnes pièces. Les rôles ont été joués aussi bien qu’on pouvoit l’at- tendre des meilleurs acteurs de l’Opéra- Comique, qui ne sont pas seulement des chanteurs. Elleviou fait Joseph; Gavaudan , Siméon ; Solié, Ja- ob, et Madame Gavaudan lutte de graces et d’ingé- Tome IT. Mars , 2507. 12 178 Nouvelles littérairés: nuité avec Mademoiselle Mars, dans le rôle de Ben- jamin. Mademoiselle Miehu , fille d'un actèur qui a long- temps été vu avec plaisir sur le théâtre de l'Opéra-Co- mique, vient d'y débuter avec beaucoup de succès. Elle avoit choisi Le rôle de Lucille dans l'opéra de ce nom, et elle y a déployé beaucoup de graces et de sensibilité.» Le public a fait plusieurs applications favorables à la débutante, et l’a encouragé par de vifs applaudissemens. Mademoiselle Michu, jeune et jolie ; promet un sujet à l’Opéra-Comique , dans un emploi presque vacant. THÉATRE DU VAUDEVILLE. Les Filles de mémoire , ou le Mnémoniste. Ce ne sont point des Muses , que les Filles de Mémoire du Vaudeville, mais des écolières de M. Finmerle. C'est ainsi qu’on a travesti le nom de M. Fencigle. La mné- monique devoit #ribut au malin. Les panneaux chargés de numéros et de figures, le poëlon, le fauteuil, le clou à vis, etc., etc. ont été employés d’une façon très-comi- que dans le vaudeville nouveau. M. Finmerle, pour donner une idée de sa science aux amateurs , a commencé par instruire ses deux filles, sa cousine et sa servante, Les pauvres demoiselles n’ont point de dispositions pour la mnémonique : elles ont si peu profité des leçons du papa, que l'une d'elle , à qui l’on demande quel est le 35° pape, répond hardiment que c’est Mahomet. On conçoit que le professeur se désole ; envain se donne-t-il pour Le point central , avec le. dindon qui couvre sa robe de professeur. Tout va au pis; il doit perdre la confiance publique : mais ces demoiselles, qui ont si peu de mémoire pour ce qui ne les regarde pas, en ont beaucoup pour ce qui les intéresse. Toutes quatré Nouvelles littéraires. 179 - viemfent rappeler au professeur des promesses qu’il leur a faites ,et cela sur l'air : Souvenez-vous-en. I] reste con- fondu , quand l'amant de sa fille lui rappelle que jadis il rendit à son père un service important, et lui dit qu’il vient s'acquitter en lui offrant sa fortune s’il veut lui donner sa fille en mariage et renoncer à la mnémonique. Finmerle fait tout ce qu’on veut, et les Filles de Mé- moire sont satisfaites. Les détails de cette bluette sont gais et malins. Les auteurs sont MM. Dreucaror ét Gersin. T. D. ! UC LIVRES DIVERS BoTANTQUE. Frors Banexsis, Flore de Bade et d'Alsace, etc. rangée, suivant le systéme de Linnéus , avec des figures des- sinées d’après nature ; par M. Charles - Christian GMELIN , docteur en médecine , conseiller aulique du sérénissime et très-puissant électeur de Bade; professeur public ordinaire de botanique et d'histoire naturelle directeur du cabinet d'histoire naturelle et du collège de médecine de Bade ; membre ordinaire de l’a- cadémie impériale des curieux de la nature , de celles des scrutateurs de la nature de Halle et de Suède ; de la societé phytographique de Gættingue,, ? de celle d’agriculture , sciences et arts du Rhin; de l'institut botanique -de Ratisbonne , et de la société minéralogique d’Iéna , tome II. A Carlsruhe, chez Muller 1806, in-8. de 717 pages. Ce deuxième volume de la Flore de Bade offre les plantes depuis l’hexandrie , qui est la sixième classe du système de Linnéus, jusqu’à la quatorzième, sa- voir : la didynamie entièrement. M. Gmelin suit ici absolument la même marche qu’il a adoptée dans son premier tome. Voyez la notice insérée dans le vo- lume :6 du Magasin Encyclopédique , année 1806, page 185. M. GmeEziN a créé un nouveau genre , en l’hon- neur ct à la mémoire du savant M. Æebelius , profes- seur de théologie et des langues orientales à Carlsruhe, (1) Les articles marqués d’une * sont ceux dont nous donne- rous un extrait. Livres divers. 181 amateur de botanique, Ce genre comporte deux espèces, la première inédite est l’Æebelia collina , à feuilles ensi- formes , à épi long, cylindrique, et en grappes, la corolle jaune ; cette plante se trouve suür les collines calcaires et argileuses de plusieurs endroits du pays de Bade , fleurit en juin et juillet, sa semence est mûre en septembre; elle est vivace. M. Gwezix la cultive au jardin botanique depuis plus de quinze ans, sans aucun changement. La seconde espèce est lÆebelia allemanica , connue par nos botanistes, c'est l’anthe- - ricum calyculatum de Linnæus. Ce nouveau genre de Yhexandrie doit être placé, relativement aux parties de la fructification, entre l_Anthericum , la Scheuzeria et l’Helonias. Les deux espèces d’ÆHebélia sont ici figurées, WiziEMET. FzranrTrs équinoxiales, quatrième livraison. À Paris, chez Fréd. Sczæ!, rue des Maçons-Sorbonne , ne. 19, et à Tubingue, chez J. G. Cotta (1), 1806, in-fol. Cette livraison contient onze planches, savoir : n°. 2x à 30, et les pages 67 à 106 du texte. Les plantes que les planches représentent sont : Bam- busa latifolia. — Passiflora glauca.— Passiflora emar- ginata. — Cheirostemon platanoides. = Retiniphyllum secundiflorum. — Claytonia cubensis. — Epidendriim grandiflorum. = Epidendrum antenniferum.—Machao- nia acuminata.—Theobroma bicolor.. Une autre planche représente le fruit de cette dernière plante ; le chocolat que l’on fait avec elle, n’est pas aussi bon que celui que Von fait avec le cacao , Theobroma cacao ; il faut même les mêler ensemble; mais ses fleurs et ses feuilles sont admirables pour leur grandeur et leur éclat. A. L. M. 182 Livres divers: MÉDECINE. Maxvzz DE LA S41GNÉE ; utilité dé celle du pied} : danger de celle du bras ; principes et moyens pour la rendre toujours salutaire et pour employer les sang= sues : ouvrage d’une utilité domestique , avec des notes et observations sur la vie et sur le systéme san- guin ; Par Alphonse Leroy, ancien docteur-régent de la faculté; professeur de l'Ecole spéciale de mé- decine de Paris ; membre de la société de l’Ecole de médecine , et de plusieurs sociétés savantes, etc. etc. Un volume. in-12 de 300 pages. Prix, 2 fr. 50 c. broche, et 3 fr. par la poste, franc, de port. À Paris, chez F. Buisson, libraire , rue Git-le-Cœur, n°. 10. L'auteur indique , dans cet ouvrage , les circonstances utiles , indifférentes ou nuisibles de la saignée du bras, H fait voir ce qu’il y a de faux ou de vrai dans les opinions qu’on s'est formées de la saignée, et d’après quels principes on doit employer dans différentes cir- constances , différentes espèces, de. saignées, et par ce moyen rendre cette évacuation toujours salutaire; la. réputation du savant qui a écrit ce traité est un garant de l'utilité qu'il doit offrir au jeune praticien. F .D. CHIMIE. —— ve L'Ecole du pharmacien, ou tableaux synoptiques de pharmacie ; à l’usage des étudians et des personnes qui se préparent à subir leur examen ; par M.'Troms- DorFr , professeur de chymie et de pharmacie à l Uni- versité d'Erfurt, etc. traduit de l’allemand , avec des notes, par P. X. Lescurvin , commissaire des poudres eb salpêtres. Prix, 3 fr. 75 c. À Paris, à l’impri- merie bibliographique , rue Gît-le-Cœur. ‘Il ÿ a longtems que Putilité des tableaux méthodi- Livres divers. 183 ques , dans l’enseignement des sciences, n’est plus un problème. Le savant professeur auquel l'Allemagne étoit déjà redevable d’excellens tableaux synoptiques de chimie, a nouvellement enrichi la pharmacie de ceux dont la traduction paroît aujourd’hui. Une planche, gravée avec soin, offre les principaux ustensiles en usage dans cet art; et l’habile traducteur a indiqué dans des notes puisées aux meilleures sources, les diffé- reñces qui peuvent exister dans les instrumens et les procédés pharmaceutiques des deux nations. La partie typographique de cet ouvrage est parfaitement exécutée. F. D. Rscnrrcxes physiques et chymiques sur la fabrication de la poudre à canon, contenant des observations et des expériences nouvelles ; par M. J.-F. Cmarrex- TiER CossieNy , ex -ingénieur , membre honoraire de la Société asiatique de Calcutta ; membre de la Société impériale d'agriculture du département de la Seine , et de celle académique des sciences de Paris, associé de la Société littéraire des arts de Batavia, et de celles d'agriculture du Doubs et de Douay , et correspondant de l’Institut national de France. 1 vol. in-8°. Prix, 5 pour Paris, et 6 fr. 50 c. franc de port pour les départemens. À Paris, chez Antoine Bailleul, imprimeur-ibraire, rue Helvétius : n°. 71, et Magimel , libraire quai des Augustins, ne. 61. | AGRICULTURE. M£morre sur des nouvelles expériences relatives au claveau, lu à la Société d’agriculture de Seine- et- Oise, dans la séance du 25 août 1806. Par M. Jov- VENCEL , assOCIé. 184. Livres divers: REezicron. DÉTAILS historiques , et Recueil de Pièces sur les divers Projets qui ont été conçus, depuis la Réfor- mation jusqu'à ce jour , pour la réunion de toutes les Communions Chrétiennes; recueillis, compulsés et mis en ordre par M. Ragaur le jeune, Wembre du Corps Législatif et de la Lécion d'honneur ; Un volume in-8°. broché, d’environ 250 pages. 3 fr. pour Paris, et 4 fr.franc de port pour les Départemens. A Paris, de l’Imprimerie de Brasseur ainé , rue de la Harpe, N°. 93; et se trouve chez l’Éditeur, rue de la Sour- ditre , N°. 19; Dufour, Libraire, rne des Mathurins, N°. 7 ,{et'Perlet , Libraire , rue de Tournon , AV: 46. ‘ Quoique l’on ait toujours regardé le projet de réunir les Chrétiens de diverses Communions en une seule, comme un projet d’une difficile exécution, on l’a souvent formé , parce qu’on espéroit de son succès les plus. heureux résultats. L'on croyoit éteindre les haines re- ligieuses , les divisions qu’elles forment , les guerres qu’elles excitent; l’on espéroit ôter aux chefs de partis une ressource dangereuse, en conduisant tous les citoyens à une même croyance , simplihier et faciliter laction du . Gouvernement :et l'empire de la loi. Mais la chaleur avec laquelle les diverses opinions religieuses étoient embrassées et. défendues , leur multiplicité, leur oppo- sition , et le trop d'importance qu’on donnoit à plusieurs d’entre elles; les intérêts opposés des divers états dans lesquels ces tentatives furent faites ; les préjugés des Princes qui les avoient provoquées , et les passions di- verses de ceux qui y étvient employés ont fait échouer ces projets, et leur résultat a presque toujours été une plus grande division dans les esprits , des vexations Livres divers. 185 impolitiques , et une scission plus prononcée entre les. Sectes. _Le peu de succès de ces divers projels est-il une preuve qu'aucun ne puisse jamais réussir ? il seroit. imprudent de l’affirmer : la plupart des obstacles sont levés, et si la franchise, le véritable esprit du Christia- nisme, la liberté d'opinion religieuse, présidoient à cette. réunion ; l’on parviendroit peut-être à l’opérer, ou même à la tenter, sans que le non succès pût entraîner de: grands inconvéniens. Le plus sûr moyen à employer seroit sans doute de les laisser livrés à l’opinion publique par la voie de Pimpression ; c’est le propre des opinions religieuses de ne pouvoir être commandées , et la manière dont l'Empereur des Français a proclamé cette grande vérité, , el en a fait une des règles de sa conduite , le met, sans contredit, à cet égard, au-dessus de tous les Mo- narques qui l'ont précédé. Cest par la conviction qu’on fait adhérer aux vérités religieuses, et rien ne peut mieux la donner qu'une. discussion parfaitement libre, qui éclaireroit les es- prits, et les prépareroit à un heureux résultat , ou qui feroit désister d’une entreprise dont on auroit apperçu les inconvéniens , et reconnu l'impossibilité. . Dans un siécle éclairé , et où ces matières n’ont pas! assez d'importance auprès des préjugés pour qu’elles puissent agiter les esprits en sens inverse de autorité eivile; cet examen auroit pour résultat nécessaire de mettre enfin la Religion en harmonie avec elle, de l’établir comme son auxiliaire , de la faire cesser d’être ou sa rivale , ou son antagoniste, et dela ramener aux points communs à toutes les Communions , et à la simplicité des premiers siècles du Christianisme. Tous lesesprits ne s'accordent cependant pas à regarder 186 Livres divers. ces projets comme utiles; c’est supposer qu’il est possible d'amener tous les Chrétiens aux mêmes opinions re- ligieuses, el lon sait assez combien les communions sont opposées même dans leurs dogmes fondamentaux et dans leurs principaux rites.On fourrit en preuve l’impossibilité où jusques ici l’on a été d’y réussir : l’on croit même que ce seroit s’exposer au danger de donner une trop grande importance aux querelles scholastiques , dont le ridicule et les inconvéniens ont été bien sentis , et un trop grand ascendant à une Religion unique, sourtout sile Prince n’en étoit pas le Chef, et si elle conservoit pour l’avenir des moyens de soumettre les peuples à son obéissance. Beaucoup de personnes pensent que plusieurs religions dans un état , quandellesinspirent la sommission aux lois, et à la pratique des devoirs sociaux, y sont d’un très- grand avantage : aucune ne peut empiéter ; elles se surveillent mutuellement; il s'établit une louable ému- lation entre les sectateurs et les ministres des cultes qui tourne à l’avantage des mœurs et de l’état. La loi qui les protège, les unit par les mêmes intérêts , et leur inspire une affection et une condescendance mutuelles. L'on cite les avantages qu’en retirent les états dans lesquels la liberté des cultes est admise. Il résulteroit de ces observations qui paroissent fondées , que ce que l'Empereur des Français a déjà fait à cet égard est ce qu’il y avoit de plus sage à faire , et que sa prévoyance auroit dévancétoutesles réflexionsqu’unlongexamenamèneroit. L'on peut même ajouter que sa pensée plus généreuse que celle des Princes qui l’ont dévancé; en ne donnant de droit exclusif à aucun culte , a voulu prévenir les jalousies et les divisions qui auroient pu en naître. Dans ‘tous les cas, il ne peut qu'être utile de savoir comment ont été formés et ont échoué les divers pro- jets, soit pour faire désister de tous projets nonveaux, jets ; P Livres divers. 187 soit pour diriger dans leur formation. C’est l'avantage que présente l'ouvrage annoncé , et dont ce qui a der- nièrement été écrit sur cette matière , sans autre motif plus important , a fourni l’idée à son éditeur. Le rap- prochement que ce recueil renferme est bien propre à répandre une grande lumière sur cette entreprise difi- cile que tant de causes, dont plusieurs ne subsistent plus, aient empêché de faciliter en la simplifiant. Ce volume contient: 1. Les divers projets de rénnion entre les Chrétiens Ré- formés et ceux de la Confession d’Ausbourg. Savoir: 0. 2°. 3e. 4e. 140- 15e. Conférences à Marpourg en 1529. Accord conclu à Wirtemberg en 1536 De peu de PER Union signée à Francfort entre les princes réformés et les Luthériens en 1558. Conférences de Sendomir et Synode national de Cra- covie en 1573. . Histoire du Livre de la Concorde, . Délibération du Synode de Sainte-Foy en 1578. . Négociation du roi de Navarre et Colloque de Montbel- liard , 1583. . Délibération du Synode national de Gap en 1603. . Délibération du Synode national de Charenton en 1631. . Assemblée et conférences de Léipsick. . Accord fait à Cassel en 1661. . Proposition du théologien Scultet, et réponses du Mi- nistre Jurieu en 1638 , et du professeur Pictet. Projet de l'électeur de Brandebourg , secondé par l’Aca- démie de Genève en 1707. Apercu des ouvrages de MM. Turettin et Pfaff. Opinion de M. Basnage sur les divers projets de réu- nion, 1719. II: Les projets de réunion entre les Catholiques Romains et les autres Communions chrétiennes, Savoir : | | Le projet du roi Francois er. 188. , Livres divèrs: .a°. Colloque de Poissy en 1561. 3°. Ouvrages qui parurent sur cette matière en 1593. . 4°. Colloque de Ratisbonne en 1601. 5°. Indication des divers auteurs qui écrivirent sur eette réunion avant et après la mort de Henri IV. 6°. Colloques de Dourlhac et de Neubourg en 1612 et 1615, L et de Thorn en 1645. 7°. Projet du cardinal de Richelieu depuis1631 jusqu’en167+. 8°. Projet du maréchal de Turenne, 1670. 9°. Tentatives de réunion. Ouvrages de d’'Huisseau et de Dyse en 1677. ; 100 Projet de la marquise de Portes. Confession de foi en dix-huit articles, en 1684. 119. Projet en France et en Allemagne. Correspondance à ce # sujet entre Bossuet , Leïbnitz, Molanus et l’évêque de Neustadt en 1691. 120. Projet de l’archevêque de Cantorbéry en 1717. 43°. Projet de la Sorbonne pour la réunion de l’Eghse grecque avec l'Eglise latine, présenté au Czar Pierre-le- Grand en 1717. i4®. Propositions de M. Louis Dutens dans un ouvrage im- primé à Londres en 1798. HT.Un Fragment de l Histoire eccélésiastique de Mosnrim, docteur en théologie et chancelier de l'Université de Gottingue. IV. Lettre de Monseigneur lArchevêque de Besançon à MM. Marron, Rabaut-Pomier et Mestrezat , Pasteurs de l'Eglise réformée consistoriale du département de la Seine. V. Réponses de M. Marron, et de MM. Rabaut-Pomier et Mestrezat à Monseigneur l’Archevêèque de Besançon. VI. Lettre de M. Molines, Pasteur à Orange, à Mon- : seigneur l’Archevêque de Besançon. VII. Lettre de M, Lucet, Canoniste , aux Réformés. Livres divers: ‘189 VIIL Précis historique sur les projets de réunion des Chrétiens des diverses cqenees) inséré dans les ar- chives littéraires de l'Europe, n°. 15, p. 348 à 381. Des documens que l'éditeur a reçus depuis l’impression et l'annonce de ce volume, le conduiront à un second, Rasaut-Pomier. “Drscours pour l’anniversaire du sacre de S. M. l’'Ew- PEREUR et Roi, et de la victoire d’Austerlitz , pro- noncé dans l’église paroissiale de Saint-Roch, le dimanche 7 décembre 1806 ; par M. N.S. Guizzow, — chanoine honoraire de l’église métropolitaine de Paris. Prix, 75 c., et 1 fr. franc de port. Discours pour la fête de l’Assomption de la Sainte- Vierge et de la naissance de S. M. lEMPEREUR et Ror, prononcé dans l’église de Notre-Dame de Paris, le 15 août 1806. Prix, 60 c. et 75 c. franc de port. A Paris, chez Laurens jeune, imprimeur-li- braire, rue S. Jacques, no. 61, vis-à-vis celle des Mathurins. 1806. BEaux-ARTS. Périczès. De l'influence des beaux arts sur la féli- cité publique , par CHARLES D’ALBERG , associé étranger de l’Institut de France. Nouvelle édition revue et cor- rigée par l’auteur. Paris, Debray , rue St.-Honoré, n°, 168. 1807 , un vol. in-12. Cet intéressant ouvrage dont nous avons rendu compte dans le numéro du mois de juillet de 1806 , avoit été imprimé en grand format. Cette édition a été réim- primée. in-12 pour la circulation de la librairie. ATHENÆUM, ou galerie française, des productions de éous les arts; journal entrepris et publié par une .196 Livres divers: société d'hommes de lettres et d'artistes. N°. XI, no vembre 1806: A Paris, chez les frères Piranesi } place et palais du Tribunat: 1806. On trouve , dans ce numéro, les gravures suivantes : Statue gauloise ; placée maintenant à Quinipilly. Elle étoit autrefois sur la montagne de Castennec. Elle est connue sors Je nom de Crouah - Houart. = Galerie d'architecture de M. Cassas. — Jeanne de Navarre, tableau de Mlle. Lorimier. Grand Vase de tole vernie, de la manufacture de tole vernie , de M. Déharme, dans Ja rue Martel. = LE Pausanr4s français. Salon de 1806, ouvrage dans lequel les principales productions de l’école actuelle sont classées, expliquées , anälysées, à l’aide d'u commentaire exact, raisonné ; et représentées dans une suite de dessins exécutés et gravés-par les plus habiles artistes. On y & joint quelques portraits, gravés au trait, de grands artistes vivans , avec des notices historiques et inédites, concernant leur per- sonne et leurs ouvrages. Publié par un observateur impartial; 5°., 6°. et 7°. livraisons. On trouve dans ces livraisons les articles suivans : NoricEe historique et inédite sur M. Louis DaAvip. — Sur Le tableau de M, Devoscr, (le Dévouement de .Cimon, fils de Miltiade}). = Sur ceux de M. Incres , (S. M. l'Empereur sur son trône ct plusieurs portraits ), En Sur celui de M. Le Tiers, ( préliminaires de la paix de Léoben }.— Sur ceux de M. Ricnarn-FLeurYy, (Henri IV. Mademoiselle de la Vallière surprise par Louis XIV. Mademoiselle de la Vallitre, carmélite ). — Sur ceux de M. Rico, ( Clémence de S. M. l'Em- pereur envers le divan d'Egypte. Clémence de S. M. YEmpereur envers une famille arabe ).— Sur celui de M. Barsier WALBoNxE, (tableau de famille). — Sur Livres divers. 191 éeux de mademoiselle Désoras, (Ni lun ni l'autre. La petite fille au Chat, ou la Malice). — Sur ceux de M. Demarxe, (deux Abreuvoirs. L’Agneau chéri. Une foire. L'intérieur d’une ferme de Franche-Comté ). — Sur ceux de M. BoNNEMaAIsON , ( portrait de S. E. M. de Caulaincourt. Portrait du général de génie Vallongne, tué au siége de Gaële).— Sur celui de mademoiselle _Bouxieu, (Pigmalion amoureux de sa statue ). — Sur ceux de M. Harnier, ( Hylas enlevé par les nymphes. Héro et Léandre ). — Sur un portrait de femme de M. Henri. — Sur un tableau de M. G. GÉRARD , ( trait de générosité française ). — Sur ceux de mademoiselle GéraARD , ( la Rosière recevant le baiser de protection de la dame du lieu. Portrait en pied de la famille de M. V. La tendresse maternelle). — Sur ceux de M. Brener, (le Chariot brisé. Portrait du général Teulié. Plusieurs Portraits). — Sur ceux de M. FaBrE, (une Madeleine pénitente. La sixième églogue de Virgile).— Sur celui de M. RicHarn - FLEURY , (un Chevalier se préparant au combat ). — Sur celui de M. Forsix, les Pénitens noirs, ou la Via crucis). — Sur celui de M. V arrzarD, ( Honneurs rendus à Dugues- clin). — Sur celui de M. Perrin, (la France appuyée par la religion , etc.) — Sur un tableau de Famille par M. Axsraux.—Sur celuideM. Ricuarp, (Jacques Molay). Gravures. — Portrait de M. Louis Davin.— Prélimi- naires de la paix de Léoben, par M. Le Tuirers. — Mademoiselle de la Vallière, carmélite, par M. RicxarD- FLieury.—Jacques Molay, tableau du mème. 8°., 9°. et 10°. livraisons. On trouve dans ces livraisons les articles Suivans : notice historique et inédite Sur le tableau de mademoiselle Lorimier, (Jeanne de Navarre ). — Sur celui de M. Broc, ( mort du général De- saix ). — Sur celui de M. Garxerey , ( Portrait en pied de M. Dugrand ).—Sur celui de M. Foszin , (Ossian). 192 Livres divers. — Sur ‘ceux de M. Daxzoux, ( portrait des enfans de M... jouant avec un chien dans un jardin. Portrait de .madame la princesse de Santa-Croce). = Sur ceux de madame Cuauper, (portrait de la princesse Létitia, fille de la princesse Caroline, grande duchesse de Clèves et de Berg. Portrait du jeune Oscar, fils du maréchal .Bernadotte. Portrait de madame Augustin. Une femme ayant attaché son enfant sur son dos. Portrait de Mä- demoiselle **), — Sur celui de M. Vies , fils, ( portrait du général Bache ).— Sur celui de M. Mexsau® , (le roi Candaule ). — Sur celui de M. Rscnaurr, ( Héloïse et .Abeilard ). = Sur ceux de M. Roserr LErEvRE, (por- trait de S. M. l'Empereur et Roi. Portrait d’une dame avec son fils. Portrait de M. Boully ). — Sur celui de M. Recxauzr, (la mort d'Annibal). = Sur ceux de M. Moxsiau, ( Aspasie s’enlretenant avec les hommes lès plus illusires d'Athènes. Le Poussin reconduisant le cardinal Massimi).— Sur celui de M. Le Bourancer, ( Les reproches d'Hector à Pâris ). = Sur ceux de M. (La redition d'Ulm et la présentation des généraux autrichiens à $. M. l'Empereur. Portrait de femme en pied). Sur celui de M. REGNaurT, (Thésée et Piri- thoïs purgeant la terre, etc. ) — Sur celui de M. HENNE- quiN, ( Bataille des Pyramides ). — Sur ceux de M. V 4- LENCIENNES, Bataille des Pyramides. Quatre dessins au lavis. — Sur ceux de M. Durerreux, ( Vue du château de Pau, où naquit Henri IV. Vue du lac de Como, prise au-dessus du palais Odescalchi. Vue de llsola de Pescatori , lune des iles Boromées, sur le lac Majeur. Vue de la Pliniana, maison de Pline le jeune ).— Sur Les dessins de M. Larirre.—Sur celui de M. HERsENT, (le Tombeauaméricain).— CrAruURrEs.—=Portrait de M.RE- enAuULr.— Jeanne de Navarre. Tableau de mademoiselle LortmiER.—Mortdu sénéral Desaix. Tableau de M.Broc. Livres divers: 193 = Le roi Candaule. Tableau de M. Mexraun. — Por- trait en pied de S. M. l'Empereur et Roi. Tableau de M. Rosert LErevre.— Aspasie s’entretenant avec les hommes les plus illustres d’ Athènes. Tableau de M. Mox- sIAU. = Reddition d’Ulm, etc. Tableau de M. BERTHON. — Massacre de cent mille familles protestantes. Dessin de M. Larivre. ARCHITECTURE: Paris et ses monumens, ou Collection des Edifices pu= blics et particuliers les plus remarquables de cette capi- tale , dans son état actuel, et des chefs-d’œuvre des arts qui les décorent , mesurés , dessinés et gravés par Bazrarp , architecte , avec des descriptions historiques ; par Amaury Duvaz , ouvrage publié par souscription, format grand in-folio, 19° et 20° livraison. On sous- crit à Paris , chez l’auteur, rue du Bacq, près celle de Varenne, n.° 100. Nous avons donné la notice de la partie de cet ouvrage, consacrée à la description du Louvre. L'auteur continue son entreprise, et 1l a terminé avec le même succès la description du château d'Ecouen, qui offre encore aux voyageurs un objet d’admiration, et aux artistes des sujets d'étude. L’ingénieux auteur du texte, M. Amaury ‘Duvaz, en traçant l’histoire de cette ancienne demeure des Montmorenci, donne une courte notice sur le célèbre architecte Bullant, qui l’a reconstruite pour le conné- table Anne, celui qui fut tué à la bataille de Saint-De- nis ; il décrit ensuite ce qu’elle renferme encore de plus curieux. Charlotte ‘de Bourbon, sœur de Henri I, duc de Montmorenci, que le cardinal de Richelieu fit périr sur l’échafaud en 1632, épousa Henri de Bourbon, prince de Condé, et fit passer dans cette famille le châ- teau d'Ecouen avec ses autres biens, Cette helle habitation. Tome II. Mars , 1807. 13 194 Livres divers. fut abandonnée, négligée, et pendant la révolution les dégradations ont été si multipliées,qu'Ecouen n’a conservé que ce que les dévastateurs w’avoient pu détruire sans danger pour eux-mêmes. Plusieurs bas-reliefs de Paul Ponce et de Jean Gaspard ont été anéanlis par ces mains barbares. Quelques années encore après, on en fit un hôpital militaire, enfin sur les réclamations du ministre de l’intérieur, ce château a été retire en l’an V de la vente des domaines nationaux. Cette description est accompagnée de 14 planches, qui représentent : 1. Le plan du château. 2. Portique corin- thien de La cour, avec sa frise, ornée avec beaucoup de goût , de casques, d’armures, el de l’épée de connétable, 3. Avant corps d'une exécution admirable; la frise est décorée de corps-de-chasse, entourés de lauriers entre les modillons,; il y a des bucranes et despatères, et partout sont les croissans entrelacés de Dianede Poitier , sans doute pour flatter l’orgueilleuse maîtresse de Henri II. 4. Loge à droite le dorique et l’ionique, mariés avec beaucoup d'art, produisent un très-bon effet. 5. Détails du porti- que corinthien ; ils sont bien rendus et d’un beau style, 6. Entrée du château dans son état de dégradation ac- tuelle.Fragment.7. Arc de triomphet8. Fue du chäteaw prise du rhilieu des bois. 9. Fragment. 10. Id. 11. Maitre- autel ; les sculptures sont magnifiques et du meilleur goût; il est conservé au Musée des monumens français. 12,13, 14. Détails de ce bas-relief. Le texte même de cet ouvrage est orné de gravures intéressantes. Le fleuron du texte est un aigle posé sur un foudre. La vignette, üne vue d'Ecouen prise des bois. Le cul-de-lampe, des figures prises des panneaux des portes de la chapelle. Le cul-de-lampe des notes, wn paysage des environs d'Ecouen, et celui de l'explication des planches ; le portrait du eé- lèbre architecte 3. BuzLANT. Livres divers. ‘19 + Les deux livraisons suivantes, 19 et 30 , sont relatives à Saint-Cloud. Nous en parlerons quand cette partie de ce bel ouvrage sera terminée. A. L. M. ALMANACH général des constructions civiles de France pour l’an 1807; contenant les noms et demeures des ingénieurs , àrchitectes , dessinateurs , entrepreneurs, constructèurs , maçons , Charpentiers , menuisiers , ser- ruriers , couvreurs, carreleurs, etc. ; le lieu des dépôts k magasins et chantiers, avec le tarif des matériaux ; le Vocabulaire des nouveaux poids et mesures, suivi de “leur rapport réciproque àvec les anciens ; enfin les in- génieurs et entrepreneurs des Ponts-et-Chaussées, et autres artistes résidans dans les divers départemens de de l’intérieur , dont Les talens sont connus , troisième édition. À Paris, chez Démoraine , rue du Petit-Pont- Saint-Jacques, n°18. ARCHAOLOGIE. Gazzzrie anTiQus, on Collection des chefs-d’œuvre _ d'architecture, de sculpture et de peinture antique, gravée au trait par M. Bourrois, et accompagnée d’un texte historique et descriptif; par M. LecrAND , ar- chitecte des monumens publics, première division — La Grèce, 8.° livraison, in-folio. A Paris, chez Treuttel et Würtz, libraires, rue de Lille, n.° 17 ;et à Strasbourg , même maison de commerce. Les trois premières planches de cette livraison achè- vent de donner les profils et les détails tant intérieurs qu'extérieurs de là tour d’Andronicus Cyrrhestes, com- mmunément appelée la tour des Vents à Athènes. La même netteté et le même soin d'exécution se re< marquent dans ces trois planches au trait où les mesures ont cotées avec fidélité, 196 Livres divers. Le texte explicatif de ces planches fixe l’époque de la construction de ces monumens , d’après l'opinion de M. David Leroy , aux siècles qui suivirent celui de Péri- clès, et ce voyageur en juge ainsi d’après les connois- sances en gnomonique, que supposent les cadrans solaires gravés sur les faces de cette tour, connoissances que mavoient point encore les Athéniens du temps de Péri- clès. Une autre observation rapportée dans ce texte, et que l'auteur (M. Legrand, architecte) a recueillie de la bou- che de plusieurs voyageurs dans cette ville célèbre, c’est « qu'indépendamment du Triton de bronze placé au som- » met de cette tour, et qui indiquoit avec sa baguette le » vent qui souffloit, comme il étoit également intéres- » sant pour un peuple navigateur d’en être averti la nuit, » on a remarqué que les petites ouvertures pratiquées » dans sa frise, et qui s'agrandissent en s’évasant dans » l’intérieur , rendoient aussi, lorsque le vent y donnoit » avec force , des sons variés suivant leur direction, et » qu’il est encore très-facile de distinguer dans le silence » de la nuit : ou que peut-être ces vents mettoient en » mouvement des timbres de grosseurs différentes , par le » moyen desquels on étoit averti du vent qui souffloit ». Les cinq planches qui complètent la livraison, repré- sentent chacune la figure en grand de l’un de ces vents, savoir : celle de Borée, ou vent du nord; Cæœlias , celui du nord-est; 4peliotés, celui de l’est; Euros, celui du sud-est; enfin /Votos, celui du sud. Toutes ces figures sont drapées. et ingénieusement caractérisées par divers attributs, et par l’expression de leur tête. Leur étude ne peut qu’intéresser les peintres et les statuaires, et la manière naïve avec laquelle ils sont rendus dans la gra- vure, les mettra à même de juger parfaitement les ori- ginaux , surtout s'ils joignent à cet examen la lecture du Livres diversi 197 texte, qui entre dans les détails nécessaires pour en faire . bien connoître toutes les particularités. Nous croyons que les vies de Thésée , de Périclès, de Thémistocle et de Simon, ne devoient pas se trouver dans cet ouvrage, dont elles surchargent le texte sans enrichir. Ce n’est pas là le lieu , et l’auteur doit se bor- ner aux explications lumineuses qu’il est en état de don- ner sur chaque monument figuré. A. L. M. VoyYiAceEs. NourEau voyage de France , avec 24 Itinéraires pour les différentes parties de l’Empire , contenant la des- cription géographique et historique des villes, bourgs et endroits les plus remarquables ; de leurs monumens, curiosités , eaux minérales , commerce , industrie et po- pulation , précédés d’un aperçu des productions des dif- Jérentes provinces, avec la désignation des lieux de relais et les distances , d’après l’état des postes ; ouvrage également utile aux Français et aux étrangers , enrich; d’une carte itinéraire et de tableaux ; par C. M. Du- *Bo1s, membre de plusieurs Sociétés littéraires. Paris, chez Debray, rue Saint-Honoré, vis-à-vis celle du Coq , 1806 , 2 vol. in-12. HisToi:res. CommEenTanrrr de bello Germanico, auctore J. C. S. Paris , chez Didot ainé, 1806, in-8.° de 72 pages. L'auteur donne dans ces Commentaires l’histoire de la campagne des Français en Allemagne dans la dernière guerre contre l'Autriche. I] la conduit jusqu’à la bataille dAusterlitz , et la paix qui suivit cette journée memo- rable. Cet ouvrage est partagé en deux livres. On trouve “| à la fin une liste des noms propres , traduits en français. è 198 Livres divers, d L'auteur s’est nourri de la lecture des classiques , et i] paroît avoir fait une étude particulière de Salluste, dont il a cherché à imiter la manière dans cet ingeuieux essai. À. L. M. Campacne des armées françaises , en Prusse, en Saxe eten Pologne, sous le’commandement de S. M. lEm- “pErrUR ET Ror, en1806 ; ouvrage destiné à recueillir les grands événemens qui s’y sont passés , et les actions d'éclat des généraux , officiers et soldats ; on y à joint des notices biosraphiques sur CEUX qui On péri dans cette mémorable campagne , ainsi que des détails Aistoriques et militaires sur les siéges et ba- tailles qui ont eu précédemment lieu dans les contrées «+ où les Français viennent de porter leurs armes. Ouvrage orné de vingt portraits, gravés en taille-douce, tant des principaux commandans , généraux et officiers nationaux eb étrangers , que des personnes qui oné accompagné S4 Musrsré. On y a joint le plan de la bataille dIena. Tome Icr., in-8°, avec les por- traits de S. M. l'Empereur, du prince Murat , des maréchaux Berthier , Lannes, Soult , du maréchal Moëllendor® et de M. Fox. Prix, 5 fr. broché, et 6 fr par la poste, franc de port dans tout l’empire français ; pour les pays hors de France , 7 fr., franc de port. À Paris, chez F. Buisson, libraire, rue Gît- le-Cœur , n°. 10. Le prospectus de cet ouvrage que nous avons inséré en entier, en a fait suffisamment connoître le but et le plan. BIOGRAPHIL. Lz Nzpos FRANçais, ou notices historiques sur les généraux , des marins, les officiers et les soldats qui ge sont illustrés dans la guerre de la révolution, Livres divers, 199 … par À. CmateauNEur , huitième partie. A Paris, chez l'éditeur , rue des Bons - Enfans, n°. 34. 1807. ini Cette huitième partie contient les biographies du maréchal Pérignon, du général de division Duhesme, du maréchal Lefebre, du colonel-général Marmont. Hisrorre du général en chef Championet , par A. Cna- TEAUNEUF, vol. in-12 de 140 pages. Prix 1 fr. 50 c. et 1: fr. 80 c. , franc de port. Paris, chez l’auteur, rue des Bons-Enfans, n°. 34. Les lettres non affran- - chies ne seront pas reçues. GazEenri1e historique des hommes les plus célèbres de tous Les siècles et de toutes les nations ; contenant leurs portraits gravés au trait d’après les meilleurs originaux, avec l’abrégé de leurs vies, et des observations sur leur caractère ou sur leurs ouvrages ; par une société de . gens de lettres , publiée par C. P. Lanpox , peintre, etc, . À Paris, chez Landon, quai Bonaparte, n°. 1. 1806. _ in-12,t. 8, première livraison. On trouve dans cette livraison les portraits de Vol: taire, Oxenstiern , Garrik, le maréchal de Saxe, Thomas Arundel , Crillon, Rantzau , la Fontaine ) Warrin , Norden , Crammer, Jules Hardouin, Mansard , Duprat , Arius-Montanus, Bassompierre , Jean. Bart ; Muratori, Cujas, Gassion, Brantome , Molé, Sterne ; d’Aguesseau , le cardinal Dubois, Lavater, Fracastor, St. Bruno, Teniers ; Duquesne , Washington , S. Ignace de Loyola, le cardinal de Retz, Chaulieu, Lully, Schomberg , Montesquieu. HisToiRE LITTÉRAIRE. OBsERV ATIONS sur la formation de la société des sciences , arts et belles lettres , de Mâcon, et compte 200 Livres divers. rendu de ses travaux pendant l'an 1806 ; par lé ‘secrétaire perpétuel de la Société. Mâcon, le 2 dé- cembre 1806. À Mâcon, chez Chassipolet , imprimeur … de la préfecture. Dans ces observations, l’auteur, après avoir consi- déré l’avantage des sociétés littéraires tant sous le rap- port des sciences qu’elles servent à propager, que relativement à l’'émulation qu’elles inspirent , parle des moyens que Mâcon offroit pour élever dans son sein un, pareil Ctablissement. La Société d'agriculture qui existoit déjà n’embrassoit qu’un plan extrêmement li- mité. La Société litéraire est destinée à y suppléer. En rendant compte des travaux de la Société pendant Jannée 1806, l’auteur du rapport donne d'abord l'analyse de ceux qui ont eu pour objet l’agriculture; il parle d’un nouveau projet de pressoir proposé par M. Denise, d’un nouveau rouleau à battre le blé, inventé par M. de LamarTine, d’une civière destinée à moissonner , ima- ginée par M. Canreron , de trois mémoires communiqués à la Société par M. de LamaRTINE , sur le gleuco-æœno- mètre de M. Cadet-de- Vaux , sur le cerclage en fer pour les cuves à vin, sur les moyens d'améliorer le sort des vignerons , etc. Dans la section des sciences physiques et mathéma- tiques , il donne én résumé les idées principales d’un mémoire de M. Moreau sur l’expression numérique des dois du mouvement. Ce mémoire est destiné à prouver que toutes les fois que l’on se servira de nombres en- tiers pour exprimer les espaces parcourus , on devra employer, pour représenter la vitesse acquise , une série de nombres doubles de ceux qui expriment les tems. le secrétaire fait suivre la courte analyse de ce mé- moire, de celles de deux ouvrages de M. Sicorcxe, le premier intitulé : défenses des premières vérités, où Livres divers, 201 réfutation de la théorie physico-mathématique de lor- ganisation des mondes, le second : doutes sur la nou velle chymie , avec un supplément à ces doutes. En parlant des travaux sur la médecine , il rappelle briévement deux dissertations de M. Monnier , sur l’in- fluence de la nuit dans les maladies , et sur la respiration. … Les:membres de la Société se sont aussi occupés de la statistique du département. Le secrétaire donne le rap- port d’un mémoire de M. de Rouroux, préfet du dé- partement , à ce sujet, d’un plan de ‘opographie pour la.ville de Mäcon; par M. BEnoN; des fables de mor- falité ; par le même. . Dans la section destinée à la littérature , il rend compte de plusieurs morceaux qui ont été lus à la Société par les membres qui la composent. Ce sont en général des pièces de vers; on a distingué parmi celles en prose, un discours de M. d’Icé sur l’avantage des sociétés littéraires. On voit que le goût des lettres commence à renaître dans une ville dont la tourmente révolutionnaire .qui sy est fait sentir avec plus de fureur que dans beau- coup d’autres , les avoit chassé. On ne peut que louer les efforts de la Société pour les encourager; nous rappellerons qu’elle a proposé un prix qui doit bientôt être distribué, nous en avons donné le programme, A. L. M. SoIXANTE-DIX-SEPTIÈME séance de l’ Athénée des arts - du 10 août 1806. Paris, chez Debray, libraire, bar-, rière des Sergens, rue Saint-Honoré, n°. 168. Prix -75 centimes. M. Perrier, secrétaire, rend compte des Lravaux de PAthénée des arts, depuis la séance publique du 9 202 Livres divers. mars 1806. L’Athénée a accordé une récompense à M. Laurexr, horloger, quai de Gèvres, n.° 2, pour l'invention d’une flâte en cristal dépoli, qui remédie à tous les inconvéniens auxquels sont exposées les flûtes ordinaires. - M. Rozix a lu une notice nécrologique sur E. M. Gav- +asy ,né à Châlons en 1732, et mort le 14 juillet 1806. H entra dans le corps des ponts et chaussées, où il se distingue pendant 45 ans. Il a enrichi plusieurs dé- partemens de ses travaux, et c’est à lui qu’on doit les plans des beaux ponts qui sont à Neuilly et à Châlons. Il conçut l’idée du canal du centre qui réunit les eaux de la Saône à celle de la Loire. C’est par ce canal que toutes les pièces d'artillerie de la fonderie du Creuzot, sont rendues dans tous nos arsenaux , et les productions du Dauphiné , du Lyonnais, de la Provence, et celle que nous recevons par la Méditerranée, parviennent ainsi, par une navigation non interrompue, dans nos. ports de Bretagne et de Normandie. On a de M. Gaurmeyx plusieurs mémoires très-impor- tans sur la poussée des terres (1); sur les écluses , sur les restaurations propres à soutenir le dôme du Panthéon ; avec des tables des calculs mathématiques sux les forces poussantes et buttantes. T1 à laissé des manuscrits pré- cieux sur les canaux et un grand traité sur la cons- truction des ponts, tant anciens que modernes. Ma- dame Gauthey se propose de faire paroître bientôt ce dernier ouvrage. - M. Vasse à fait an rapport sur un pendule de com- pensation, de ia composition de M. Lexors , ingénieur de la marine. On sait la dilatation que produit la cha- _ 1) Plusieurs de ces Mémoires ont été imprimés dans le pre- mier Recueil de l’Académie de Dijon. A. L. M. / Me mnt. + cms Livres divers. 203 Jeur sur-le pendule et l'influence que cet effet 4 sur Le temps de ses oscillations, Plusieurs artistes célèbres ont cherché à neutraliser cet effet sur le pendule. MM. Cas+ sini et Déparcieux, entre autres, essayèrent d’établir Jeurs corrections sur le pendule même, en employant deux barres d’acier et une de laiton. Pour çomplèter Ja compensatiou , le premier fit descendre la barre de cuivre au-dessous de la dentelle ; le second adopta un levier, Ce dernier moyen est celui que M. Lenoir a préféré, et il fait revivre par conséquent l'invention de Déparcieux , qui avoit été rejetée par la plupart des horlogers. Voici comme M. Lenoir s’exprime dans un mémoire relatif à son invention : « Considérant que le pendule à neuf branches est comme impraticable au- plus grand nombre des horlogers, attendu qu’il est indis- pensable, pour bien réussir , de connoître parfaitement le rapport de la dilatation propre à chacune des bran- ches qu'on emploie , et que leur ajustage exige une grande précision, dans tous les points de contact par où elles se communiquent pour opérer efficacement l'effet complet de la compensation , l'expérience m’ayant appris que le platine et le verre se dilatent dans la même propor- tion, et que le rapport de la dilatation du cuivre jaune avec ces deux substances est de 12 à 25, j'ai conclu qu'il ne s'agissait que de composer la branche du pendule de deux verges ou de verre ou de platine, et d'appliquer sur une d'elles une règle de cuivre jaune, fixée à l'extrémité inférieure de lune des deux verges précédentes qui portent le couteau de suspension ; que l'autre verge, qui porte la lentille, ait son point d'appui par sa partie supérieure sur l'extrémité également supérieure de la règle de cuivre qui devient alors la règle de compens sation ; et pour épargner la peine et le soin des expé- riences multipliées de la dilatation , j'ai recours à un 04 Livres divers: moyen simple , semblable à celui déjà employé par les horlogers , savoir celui indiqué par M. Déparcieux : qui est un levier du troisième genre : la règle de cuivre étant appliquée sous ce levier entre la résis« tance (la lentille } et le point d'appui de ce levier , celui-ci est forcé de se mouvoir, soit par la contraction, soit par la dilatation de la règle de cuivre, et fait monter et descendre la verge de la platine suspendte à son extrémité au bas de laquelle la lentille est appli- quée : par ce moyen la lentille remonte lorsque la règle de cuivre s’allonge; ce qui compense la descente qu’elle éprouve par l'extension de la verge de platine qui la tient suspendue. J'ai dit que l'extrémité supérieure de la règle de cuivre soutenoit le levier vers le milieu de'sa longueur, et que se contractant , elle les faisoit agir; ainsi on peut varier l'effet de cette action par une vis de rappel, et amener le système au point de compensation le plus parfait : avantage qui sera sensible dans les cas d’un dérangement dans la machine , quoique cet inconvé- nient ne -puisse guère arriver par les dispositions que je vais décrire. M. Berthoud ayant remarqué dans les pendules com- posés de cette manière un'affaissement sur la règle de cuivre par l’eflet du poids de la lentille, les rejette avec raison. Pour prévenir cet accident , j’ai imaginé un mécanisme qui soustrait complètement l’action du poids de la lentille sur la règle de cuivre, et qui lui donne pour point d’appni la verge qui porte le couteau de suspension. Ce mécanisme consiste en deux ressorts à boudin , auxquels je peux donner une tension au poids de la lentille , et capable de le soutenir : ensorte gwen relachant la tension de ces ressorts, fje suis le maître de faire porter la lentille sur la règle de cuivre # | à. de A Livres divers. 205 ou de compensation de la quantité suffisante pour qu’il y ait union et mouvement commun, sans aucune gêne, entre la verge qui soutient la lentille et la règle de compensation. M. Lenoir dit ensuite que voulant profiter de l’'avan- tage qu’il retire par cette disposition, il se propose d'arriver à plus de perfection en reduisant autant que possible le poids de la totalité des verges qui compo- sent cet instrument. En effet dans les pendules à 9 branches, le poids du chassis est à celui de la lentille comme 7 est à 15 , ce qui fait remonter le centre de gravité de 6, 203,529 centimètres, (2 pouces 3 lignes 1/2) et obligé d’allonger la branche principalequi soutient la lentille. On conçoit que cette correction dérange le rapport des branches et assujétit à un calcul de réduc- tion pénible, et qui cependant ne peut être négligé sans produire des erreurs sensibles. Au lieu que dans le nouveau procédé , en employant le platine, on pent construire un pendule dont la totalité des branches pesera au plus un kilogramme (deux livres ). Donc ce nouveau rapport se rapproche davantage de celui du pendule simple. Le centre de gravité s’éloignera moins de sa véritable place, et les couteaux étant moins chargés , les oscillations seront beaucoup plus libres. M. Vasse rend compte également d’un pendule de compensation , que M. Mongez , membre de l’Institut, et administrateur de la monnoïie , a fait construire , sui- vant le principe de Graham. Ce pendule est très-sim ple, composé d’une seule branche de fer ronde de la grosseur d'environ sept à huit millimètres ; à son extrémité inférieure, à la place de la lentille , est suspendu un bocal cylindrique en verre, au moyen d’une armure de deux décimètres de hauteur dans la forme d’un sablier. Ce bocal est rempli de mercure à la hauteur de 15,083,80g 206 Livres divers. ‘centimètres , et posé sur le plateau inférieur : il est fermé hermetiquemenit par le plateau supérieur , au moÿen d'un cuir gras. Lies lames latérales qui maintien- nent ces deux plateaux sont en fer et fixées verticale- ment avec des écroux- Le centre de gravitéet d’oscillation étant à 953,827 cen- timètres d’un point de suspension au centré d’oscillation ou de percussion , il en résulte que ce péndale bat lés secondes. Pour mettre ce pendule à sa juste longueur, on 4 établi un poids curseur sur la verge de fer, et qui remplace l’écrou dont on se sert ordinairement pour ‘soutenir la lentille, et pour l'élever ou l’abaisser. Si on construit la verge du pendule avec de laciér recuit, le cylindre de mercure n’aüra que 11,730310 “centimètres de hauteur, ce qui, sous lé même diamètre , diminue son poids d'environ 5 héctogrammes : si oh employe pour le mème objet le platine ou le verre, comme Fa fait M. Lenoir le cylindre de mercure n'aura que 20,602396 centimètres, ce qui réduit énéore le poids de plus de quatre hectogrammes ; d’où il résulte cêt avantage que la masse du mercure ayant müdins de hau- teur, on n’est pas forcé de donner plus de longueur à la branche ou verge du pendule: : Ce compte rendu est termine par une dissertation de M. Ponce sur le beau idéal, considéré sons le rapport des àrts du dessin , et par plusieurs pièces de poésie. ? Séances publiques de la Société d'amateurs des sciences et arts de la ville de Lille. 1. cahier , 13 août 1806, in-8°. M. Borrix } président de la Société ouvre la.séance par un discours historique sur les sociétés littéraires et scientifiques qui ont existé autrefois à Lille. Qn voit par cette notice que dès l'an 1750, il existoit P q 799; Livres divers. 207 une Société littéraire à Lille, Marmow, poète Lillois en parle dans un recueil de vers imprimé à Amsterdam en 1769. Cette Société avoit pour devise Peu, mais de son mieux; agréable, mais utile: Elle avoit produit quelques mémoires qui n’ont point été publiés à cause des ennemis qui s’élevèrent contre elle. On ne retrouve plus de trace de cette Société jusqu’en 1785, qu’elle se réforma sous le nom de Colége des Philalèthes , et s’or- ganisa à l'instar du Musée de Paris. M. le maréchal de Soubise s’associa à ses travaux ; chaque année il y eut une séance publique. Les procès-verbaux de ces séances existent dans les archives de la Société. On possède plu- sieurs mémoires et autres pièces des Philalèthes (1). . Cette Société eut particulièremieñt en vûe dans les questions qu’elle proposoit et les travaux auxquels elle s’appliquoit, de contribuer à la prospérité de la pro- vince. 1 ui] La révolution supprima le collége des Philalèthes. Sur la fin de l'an 10, quelques physiciens se réunirent pour répéter diverses expériences. Ils convinrent de continuer leurs assemblées un jour de chaque semaine , d'étendre le plan de leurstravaux, et telle fut Vorigine de la Société constituée dans les premiers jours de l’an 11, sous le titre de Société d'amateurs des sciences et arts de la ville de Lille. (x) Entre autres: Projet d’une Histoire universelle des Scien- ces, par M. Dsconro ; discours qui a remporté le premier prit au collége des Philalèthes , en septembre 1586, 17 pages in-4.° Eloge de M. le maréchal prince de Soubise, assoëié hono- raire du collége des Philalèthes de Lille, prononcé dans Ja séance publique de novembre 1 787, par le chevalier Leconipec pu Traïssan, 17 pages in-{.0 Dissertation sur l'enchaînement des étres, lue en Je séance publique de mai 1788 , par le chevalier Aubert de Bouaxous, membre du collége, 42 pages in-8.0 208 Livres divers. Cette Société est divisée en trois classes La première est celle des sciences EE et mathé= matiques. | ELLE : La seconde, celle d'histoire naturelle. ; La troisième, celle des arts et de la littérature, Dans la séance, M. Porez a lu un rapport sur un ou= vrage de M. Recnaurr Waris , intitulé: Lille ancienne et moderne , où il relève les fautes KEY tout pere dont ce. livre fourmille. | M. Tracuez lut ensuite une notice de M. VANBAVIÈRE, sur les Bohémiens , sur leur origine , sur leurs mœurs, etc L'auteur pense pouvoir établir que ce peuple descend de la caste.des Parias dans PInde, et qu'ilémigra de sa patrie vers l’année 1399 , pour fuir la persécution des Tartares, qui firent alors la conquête de l'Inde sous la conduite de Timurberg. Il cite entr'autres preuves la ressemblance qui existe entre la langue que les Bohémiens parlent encore en Europe, dont le vocabulaire a été publié en Allemagne par M. Grellmann et différentes langues mo- dernes , notamment celles dont Schutz et Fergusson ont: publié des Grammaires. M. Ferox , membre résidant , a lu une notice sur la Chaude-Rivière , et s'appuie de quelques extraits d’um manuscrit de 1649. Cette rivière coule dans un vallon près de Lille. Elle prend son nom de ce qu’elle semble couverte de fumée pendant tout l'hiver, et qu’elle ne gèle point à sa source. x M. Boris, une notice biographique sur Agathon: Fourmanrez , né à Lille en 1772, et décédé en 1806. 1} se distingua de très-bonne heure par la finesse de son esprit au milieu des guerres de la révolution, dont il partagea les dangers. Ii composa plusieurs pièces très- ingénieuses. Devenu secrétaire du consulat de la Répu- blique française à Rome, il partagea le sort de l'ambas- Livrés divers. 209 sade, qui fut insultée et obligée de prendre la fuite. Il arrive à Marseille, et est nommé Professeur de ma-: thématiques de l'Ecole communale. On le voit ensuite maître d'école dans ün village, puis garde magasin des vivres. Enfin il revient à Lille, où il meurt à l'hôpital ; à l’âge de 35 ans. On a de Jui plusieurs ouvrages satiri- qués': Les Dégoûts du Métier, lé Cirque, V'Epitre à Dieu, VEpitre au Diable, l’Epitre à Molière-le-Grand, le Passage du Rhin rer Louis xrr',des Fables et d'au trés poëmés. © 71: W — Dans l'exposé des travaux de la Société, depuis son établissement, M. Draprez, secrétaire, adopte un ordre conforme à la division de la Société en trois classes. IL fait connoître les idées principales d’un Mémoire de M. Sxzupin sur le Calcul infinitésimal, où il réfute les réflexions sur Ja'métaphysique du Calcul infinitésimal } par M: Cannon. (Paris ; an v.) M'Saladin fait connoître par des exemples que, dans ce calcul, on se sert tonjours de cette supposition, que les quantités qui ont t des limites PRIR eüfiu' Éégaler: cès limites. : ! “Dans un Mémoire; M. Hicar à nina! des rechèr” ches’ nombreuses ; que’ le jigerum des Rômaïhs étoit d’äécord avéc nôtré ancien ar pent,'et leur 720dius avec notre boisseau. M. Perir d'su perféctionner le Baromètre à tube în- cliné, attribué par Mussembrock ai chevalier Morland | 4 ét il à déterminé d’une manière très- précise le rapport de Pélévation du mercuré dans lé tube , avec son décrois- seménit dans la cuvette. ! | P *Plüusiénrs membres de la Société lui ont fait des Tâp= ports sur les constitutions météorologique et médicale observées à Lille: M.M: ALUS,, däns un Mémoire intéressant, dont le sujet est sa du fluide lumineux, à fait voir que la Tu ome IT. Mars, 1807. 14 210 Livres divers, mière est l’oxygène, combiné avec le calorique; quelles sont les substances constamment nécessaires dans;sa pro- duction, que les parties qui composent lerayon lamineux ont des pesanteurs différentes , et.que cest à ces diffé- xences que sont dues leurs affinités et actions, diverses sux les corps colorés et l’organe de la vue. | Plusieurs membres se sont occupés. d'analyses chymi- ques et de questions de médecine, dont nous ne PORYOrA faire connoitre les résultats. . M. Tracuez a cherché à résoudre cette question .de physiologie : Toutes les parties du:corps sont-elles senisi- bles et irritables ? et à quelles causes peut-on attribuer les, différens degrés de sensibilité et\d'irritabilité que riou montrent les parties animales ? 1 : M, Dscroix, en réunissant toutes one expériences éf les recherches des naturalistes sur la reproduction dès animaux, a été conduit à des probabilités très-curieuses sur lanalogie, de, cette reproduction avec celle des plantes. dt MM. Des et Macquarr, FAR un plan qu ile ont proposé d’une Description générale du département du Nord, ont entrepris l'Histoire naturelle, des Oiseaux. Leur manuscrit forme un volume, de plus de six cents, pages. ; r M. Bourer, membre de la classe des Arts.et Le la Lit- térature ,a lu à la Société un Mémoire sur læ Chronolo- gie, où il conclut, d’après des recherches sur le zodia- que trouvé en Ægypte, que le monde s’éléve à une anti- quité bien au-dessus de celle qu’on lui suppose ordinai- rement, et que les ouvrages d’'Homère. ont au moins 9000 aus. M. van Bavière a lu une Notice sur Alain de Lille, écrivain célèbre du 12° siècle, surnommé pour son éru- dition le Docteur Universel. Il naquit versl'an 1114, parut Livres divers, 217 avec éclat au troisième concile de Latran. On a de lui un . poëme intitulé : De Planctu naturæ contra sodomitas. Le rapport de M. Drarrez est terminé par le catalo- gue des autres travaux des membres de la Société, dont il ne donne point la notice. F. D. POÉSIE GRECQUE. Homère, grec-latin-français,ou Œuvres complètes d’ Ho- mère, accompagnées de la traduction française, de là > version interlinéaire latine , et suivies d'observations littéraires et critiques ; par M. J. B. Garc, professeur de littérature grecque au collége de France , 6 vol. in- 12 et in-8° À Paris, chez l’auteur, au collège de * France, place Cambrai, 1805. ë M. Garx. adopte le texte grec d'Ernesrt, en indiquant les leçons adoptées par MM. Heyxe et Worr. La version latine est celle d'Ernesti, et la version française celle de madame Dacier. L'Iliade aura six volumes, et l'Odyssée six. Le der- nier volume sera divisé en deux parties, dont la pre- mière offrira les observations littéraires et critiques que l’auteur a faites sur Homère; la seconde contiendra des notes explicatives des mens difficultés du texte grec. Elles seront tirées en grande partie de celles de feu Rivière, professeur au collége de France, qui s’étoit appliqué à lever, avec le secours de l’hébreu et de ses dialectes , les doutes sur plusieurs termes que n’avoient entendus ni Hesychins, ni Suidas, ni Eustathe. (1) A. L. M. (x) Il faudra que cette partie soit traitée avec une grande précaution , car les corrections de M, Rivière sont le plus sou- vent hasardées, et M. Gail paroît leur attacher souvent trop d'importance, A. L. M. 212 Livres divers) Crxr d'Hémère, prébédée de dissertations grammaticales ; ; d'un tableau des verbes primitifs. , d une lettre à M, … Bar, et d'o Bier vations sur plusieurs morceaux d'Ho- “mère ; par JB. GA, » professeur dE Tittératuré grecque au collége de France. Païis, 1806, Chez Gail, neveu ; au collège de France. place Cambrajqrun vol. ir-12. \ Cet ouvrage.est précédé de prolégomènes divisés. en trois-parties. Dans la première.sont deux dissertations, l’une,sur le duel.des. noms et des verbes grecs, l’autre sur les participes des grecs, des.latins et des français; la troi- sième sur:/pollon ; Loxias'et Teleios. La deuxième partie gontient, 1.9 des observations adressées à M. Bast , auteur d’une lettre critique sur Antoninus Jaberalis, Parthe- nius et Aristœænète ; 2.° un tableau alphabétique des verbes Eee ou inusités , pour la composilion duquel l'auteur à mis 4 contribution MM. Lennep, Scheid, Bus- beg, PAR ‘0 Heyne, Belin, Basët, et les varianies de son Xéuophon. F "M. Gaila PAU AIER son tableau A verbes primitifs, d’après le système analogique de M. Lennep. Ce système ne peut pas paroître indifférent par rapport à son utilité, puisque, outre qu’il ramène les dérivaisons des verbes à leurs formes naturelles, il a l'avantage de ne pas être une simple hypothèse. En effet , les formes inusitées des racines se trouvent citées souvent par M. Bast et d’autres savans , ét on les rencontre dans les variantes de Xéno- phon ,de Thucydide > SEC: A la suite de ce tableau viennent, sous le nom de troi- ” sième ‘partie des prolézsomènes, des notes sur les extraits d'Homére, deuxième partie de lantholog:… poétique grecque de l'auteur. Dans sa, clavis, M. Gail n’offre, que le premier livre de lIliade, mais tous les mois ea sont expliqués. À des Livres divers. 213 notes élémentaires se trouvent jointés d’autres notes de MM. Heyne, Wolf, Vauvilliers et Rivière. On ÿ “trouve de plus de nouvelles recherches sur les étymolo- gies orientales. Nous aurions desiréque l’auteureût donné plus de développement aux notes historiques et mytho- Jogiques ; il eût trouvé de grandes ressources dans la clavis Homerica de SHAUFFELBERGER ; et dans les écrits «des nombreux commentateurs d'Homère, et cela eût éle plusutileque lesdissertations jointesà ce recueil, lesquelles auroient trouvé place ailleurs ; car jene prétends pas pour cela qu’il en eût dû priver le public. Quoi qu’il en soit, cet ouvragé a dû lui coûter bien des peines, et on doit de la reconnoissance aux hommes laborieux qui affron- tent de tels dégoûts dans le seul espoir d’être utile. À : A. L. M, PHysique. PuysiQue MÉCANIQUE ; par E. G. FiscHer, membre hono- | raire de l’Académie des Sciences de Berlin, professeur de mathématique et de physique dans un des colléges de la méme ville , professeur de physique à l’Institut des Mines de Prusse, et de mariématique à l'Ecole du Commerce, etc. , ete. Traduit de l'allemand, avec des notes de M. Bior, membre de l’Institut national de France. À Paris, chez Bernard, libraire de l'Ecole Impériale Polytechnique, éditeur des Annales de Chy- mie, et libraire de l'Ecole Impériale des Ponts-et- Chaussées, quai des Augustins, n.° 28, 1806, 1 vol. in-8.° , huit planches. Paris, 6 francs. Pendant long-temps l’enseignement de la physique a été relégué dans l'enceinte des colléges. Le célèbre Nol- let, voulant initier à l’étude de cette science les per- sonnes qui n’avoient pu s’y livrer dans le cours de leurs ôtudes, ainsi que celles qui en £toient en quelque sorte exclues par leur sexe, chercha à la présenter sous un 4 214 Livres divers: aspect plus aimable, à couvrir de fleurs ses difficultés , à les applanir et à faire naître de Vintérêt là où l’on n’avoit aperçu que de la sécheresse; enfin à instruire en amu- sant. Nollet créa la Physique Expérimentale. Le succès de ses leçons, le nombre prodigieux d’au- diteurs , fit prendre une nouvelle direction à l'étude de cette science ; en la faisant aimer, il fit naître le desir de a connoître; bientôt il s’ouvrit dans Paris plusieurs cours ‘particuliers de Physique Expérimentale , et on ne l’en- seigna plus, même dans les colléges, qu'avec sa mé- thode. Cette méthode, bonne en en elle-même, avoit ses in- “conyéniens comme toutes les méthodes exclusives. On abuse des expériences en les appliquant indistinctement à toutes les branches de connoiïssances qui étoient inti- mement liées à la physique. On ne savoit plus définir, expliquer , démontrer, qu’à l’aide des expériences; et où les expériences exactes, précises, rigoureuses étoient im- possibles, on donnoït le plus souvent des idées fausses » des phénomènes qu’on vouloit faire connoître. Un autre inconvénient grave, résultant de ce mode d'enseignement exclusif, fut de bannir en quelque sorte de Penseignement de la physique, lusage des mathémati- ques, des méthodes analytiques à l’aide desquelles on peut ordonner , vérifier les résultats que l’on obtient, sans lesquelles il est impossible d’avoir une opinion pré- cise des faits et des conséquences qu’ils présentent ; de cette méthode enfin, que Newton a employée avec tant de succès dans son Optique, et dont M. Laplace vient d'obtenir un si grand avantage dans la théorie des tubes capillaires. Cet abus des expériences fut porté si loin , que les bons esprits, parmi ceux qui se livrent à l’enseignement de la Physique Expérimentale, crurent devoir séparer de cette science tout ce qui ne pouvoit être bien connu qu’à l’aide CR PR Livres divers: 215 de Panalyse , aussi les meilleurs traités de physique qui existent aujourd’hui , ont-ils renvoyé aux ouvrages de mathématique qui traitent de la statistique , de la dyna- mique, de la mécanique, tout ce qui a rapport au déve- loppement des lois générales de l'équilibre et du mouve- ment des corps, soit solides, soit fluides, en se conten- tant d’en indiquer les généralités. En ôtant ainsi de l’enseignement de la physique des connoïssances qui en font essentiellement partie, et la réduisent en quelque sorte à des séries d'expériences où à des raisonnemens métaphysiques, les auteurs des Trai- tés de Physique ne peuvent se dispenser d'introduire quelques formules, quelques solutions analytiques pour démontrer rigoureusement les lois qu’ils établissent. On trouve de ces tormules essentielles, nécessaires dans la météorologie , le calorique , Péltricité, le galvanisme, le magnétisme , l'optique , l’acoustique, etc. ; enfin dans toutes les branches de cette science; et ces formules, dans cette circonstance , effrayent les élèves et retardent d’au- tant leurs progrès, que, persuadés que lon a retranché tout ce qui est mathématique, ils se sont crus dispensés d'étudier d'avance les élémens de cette science, sans les- quels ils ne peuvent entendre les formules intercallées dans ces ouvrages. IL faut le dire ici : la connoïssance des mathématiques doit précéder nécessairement l'étude de toutes les bran- _ches des sciences exactes; elle la facilite, elle l’abrège; une formule concentre le raisonnement, le rend plus clair, plus précis, plus exact; et partout où elle est subs- tituée à la métaphysique qu’elle remplace , elle peint à Pesprit le résultat d’un Yong discours qu’il auroit souvent été difficile de saïsir. Les hommes célèbres qui dirigent l’instruction publi- que, ont tellément senti cette vérité, qu'ils ont exigé, au nom de la science et pour l'intérêt des élèves, et 216 Livres divers, qu'ils exigent impérieusement aujourd’hui de toutes les personnes chargées de l’enseignement des diverses branches de sciences exactes , des conriaissances :ma- thématiques ; c’est à l’aide d'examen, fait sur cette partie qu’ils jugent.et leur esprit et étendue de leur intelligence; et pour assurer le succès de l’étude de la physique, ils ont chargé des professeurs de mathémati- ques d’en enseiguer plusieurs parties. !, ; Puisqu’il est reconnu que l’on ne peut avoir des idées exactes el précises sur la physique sans y joiudre Ja con- noissance des mathématiques , il paroissoit juste et na- turel de restituer à l’enseignement de cette science les phénomènes particuliers à la statistique , à la mécanique des corps, soit solides, soit'fluides, en les exposant à part et d'une manière plus mathématique qu’ils ne le sont dans Les traités modern, même dans ceux qui ont acquis une juste célébrité. ent dial Cet ouvrage manquoit en France Ab N. Berthollet reçut la Physique mécanique de E. G., Fiscaer; il la communiqua à M, Bior. Ce savant pria une personne qui lui est chère d’en traduire quelques morceaux. La clarté et l'excellente méthode qui y règne l’engagèrent à en desirer la traduction entière , afin d’en mieux juger Pen- semble et les détails. Cet ouvrage lui.parut propre à remp ir une lacune des livres, destinés à l’enseignement de ja physique; affermi dans son opinion par les hommes célèbres dont la France s’honore ; il se détermina à re- voir la Physique mécanique de Fischer. Quelques faciles que saient les communications entre la France et l’Alle- magne , la différence des langues retarde souvent la pro- pagation des découvertes : quelque récente que fût l’édi= tion allemande du savant professeur de Berlin , elle ne pouvoit contenir les découvertes qui ne lui.étoient pas encore parvenues. M. Biot a cru devoir.les, ajouter à cet puvrage pour le rendre plus complet, ), 6 9 ft , Livres divérs, 217 #1 Oh remarque principalement parmi les additions celle de la théorie des tubes ARR: qui Yon doit à M, de La Place, - On auroit pu déite du savant éditeur de cet ouvrage, qu'il eût enrichi d’un plus grand nombre de notes, dans : lesquelles il auroit pu faire connoïître la méthode ana- lytique‘par laquelle il détermine la formule à laide de laquelle on mesure les bauteurs par le baromètre , l'ana- lyse qu'il a appliqué à la bouteille de Leyde, et à un grand nombre de phénomènes physiques, et qui toutes ont concouru à lavancement de la science. La mécani- que Physique de Fischer étoit susceptible de ces addi- tions È qui ne manquent probablement que par Ja modestie de l’autetr. La Physique mécanique est écrite avec clarté et préci- cision ; les phénomènes y sont présentés avec juslesse ; les Principes y sont posés à la manière des géomètres, c’est ä-dire avec une exactitude rigoureuse ; l’añnalyse appli- quée aux phénomènes est à la portée des commençans. Les méthodes ‘employées sont simples et faciles. On trouve dans ce Traité de Physique une foule de faits qui ne nous étoient pas encore parvenus , et qui aug- mentent en quelques sortes la somme de nos connois- sances. Il nous met en relation avec plusicurs ouvrages allemands, dont nous connoissons à peinéles titres; quel- ques-uns mêmes contiennent. des découvertes faites depuis 15 ans , et que l’on vient de publier tout récem- ment comme nouvelles, 1 Cette troisième édition de la Physique mécanique de E.G. Fischer, contient en un seul volume toutes les par- lies de cette science que l’on doit essentiellement con- noître; elles y sont développées de manière à pouvoir en faire suivre tous les détails. Nous pensons que cet ou- vrage‘ peut être facilement et utilement enseigné dans lesécoles secondaires-et dans les lycées:, et qu'il y sera # 228 Livres divers. Ja portée des élèves qu’on y instruit. C’est le produit du travail et de la réflexion de deux hommes également cé- lèbres. M. Fischer , de Berlin, connu et apprécié des savans Français, et M. Biot, membre de l’Institut na- tional , et professeur de physique au collége de France.L: B1iBLIOGRAPHIE. Norrce et Extrait raisonné d’un livre de médecine, devenu si rare, qu'on n’en connoît que deux ou trois exempluires , avec des notes historiques , littéraires et critiques ; par P. Sue, professeur-bibliothécaire et tré- sorier de l'Ecole de médecine de Paris. À Paris, chez Migneret , rue du Sépulcre, n.° 20, 1807. Broch. æ 52 pag. in-8.° L'ouvrage dont il est question dans cette Notice, a pour titre : Historiæ hodiernæ medicinæ rationales veri- tatis Aoyes polpenlixes (discours exhortatoire), ad ra- tionales medicos. 11 est sans date et sans lieu d’impres- sion. On sait cependant, par les lettres de Gux-ParTiIN et d'autres sources, qu’il a été composé et publié par Charles Bouvarp, mort à l’âge de 86 ans, en 1658. En faisant connoître ce livre ancien et rare , M. Sue donne une nouvelle preuve de son savoir et du zèle qui l'anime pour la science qu'il cultive. A. L. M. Cours de Bibliographie, ou la Science du Bibliothé- caire ; par C. F. AcnanrD, Bibliothécaire de Mar- seille , etc. décembre, n.° 6. À Marseille, chez Joseph Achard fils, 1806. — On s’abonne à Marseille, chez l’auteur. Le prix est de 9 francs pour l’année entière, franc de port. Chaque mois il paroît un cahier de 48 pages au moins. : Ce numéro contierit la suite du système de M. Barbier sur l’ordre à suivre dans l’arrangement des bibliothèques. Livres divers. 219 L'ordre suivi à la bibliothèque impériale de Paris. — Système de M. Butenschoen, professeur d'histoire à Col mar. — Système de Camus. — Système de M. Coste, bibliothécaire de Besançon ; du bibliothécaire de Vienne, Denis ; et de Girard , l’auteur des Synonymes. Ce numéro termine le premier volume ; les six der- nières pages sont consacrées à des poésies latines sous le titre de Typographiæ excellentia. PALÆOGRAPHIE. L ComwENTATIO de inscriptione græca vasculi picti ex museo equitis de Hamrirron. Scripsit Raphaël Fro- RiLLO , Gottingæ , 1804, in-4.° 16 pages. L'auteur pense, avec M. Italinski (1), que le sujet des figures dessinées sur ce vase, représente Dolon tué par Ulysse et Diomède. Dolon, accablé par le malheur, ef- frayé par la mort qui le menace, montre dans toute sa contenance la crainte qui agite son esprit, tandis que ses assassins ne respirent que la cruauté, et annoncent, en déployant toute la vigueur de leur corps, l'acte terrible qu’ils vont commettre. L'inscription placée au-dessous , a occupé plusieurs Savans, entr'autres le comte Rezzonico, mais ils n’ont point publié les résultats de leurs recherches. Elle est en lettres très-ancienne et en lettres ordinaires. La voici # . AZMTIENYIZAOMTOZONNYETNAMATOXEEN , Accordez-moi d'éviter de répandre mon sang dans l’état où je suis. M. Fiorillo pensé qu’on la doit lire ainsi: AOËZ MOI IIEDYZOTOE ON NYN ETIEIMI AIMA TO XEEIN. _ Les trois premières lettres ASM, signifient, suivant Jui, ds uot, açcordez-moi. C’est une façon de parler usi- (1) Vases grecs de la Collection d'Hamilton, t. 1, p. 37, pl. xxx. 220 Livre divers: tée par les poètes au commencement d’un discours. C’est ainsi que Diomède s’écrie : Aës d\ ré p'avdhe tAtivs nai is épeeñr tyxees 1x6 (2), accorde-moi de joindre cet homme à la course et de Le tuer. Cette formule étoit aussi celle de Suppliant. Cette manière d'écrire avec abréviation au commen- cement des inscriptions, se retrouve très - fréquem- ment (3). Le mot TENYIZAOMTOE est une forme ancienne du mot reuolos. De fuir, d'éviter. Le verbe, mtQvyw, dérive de Guoo , miQuya (4). Iepurdy , avec la syllabe finale ed», - qui comme le mot ds, se change en &e., n’est pas un mot inconnu. Iepuees se trouve dans Homère; (5) mais ilest remarquable que l’auteur de l'inscription sesert de la lettre + au lien de la lettre ®, qui n’étoit pas encore connue. Dans les temps plus modernes, Les Grecs se ser- voient aussi des lettres #1 pour rendre la valeur du Ÿ- v est placé pour lv simplement, car on sait que ls étoit ajouté à lv, ponr rendre ou le son de cette voyelle ou le digamma des éoliens. La forme cdoues est la forme éolique pour gayles ou Sa%s(6). Alcman emploie æysrdèo pour aee (7), et rpæmeodur pour rpereQar Alcée, agardyus pour æyvam (8). Les La- (2) Iliad. , V: 118. Voyez encore Iliad. IE, 351; Euripid. Phœnic., 1377; Orest, 268; Phœnix Colophon, ap: Athen., lv. var, p. 360 A. (3) Voyez le marbre antique, publié par M. l'abbé Mann, Atti Dei fratelli Arvali, II ,634, où il y a AK pour AEKA. On lit aussi KAAZ pour KAAOS. (4) Evsrata. , ad Hom. Iliad., p.1643, 1506. (5) A1. X1, 1: (6) Les ghtpsaliens disoient S4Ëes pour éAyes, Ltym. 2. P: 409; 3. 7) ALcwaN. jap, Etym. M. 22, 32. (8) Azcæus apud Etym. M. 181, 44. Livres divers: soi eédémoniens disoient avyardte pour avyaêes; les Eoliens et les Doriens terminoient en ærdv et sedy presque tous les verbes que les autres Grecs finissoient en ago , 28e, et (9) la lettre g est souvent employée pour le », c’est ce qu’on retrouve dans les tables d'Heraclée où autour est pour dpeoot ; Eurapat Pour Tapas. (10) ON NY Ent, M. Fiorillo lit ON NYN ENEIMI, dans l’état où je suis. Le y final du mot »y est souvent omis, et lau- teur de l'inscription a pu le faire pour ménager la place. Le mot sr se trouve sur un endroit mutilé. :AMA TO XEEN, de répandre mon sang, OUT ae ro zu ou rer eu l'A du mot axæ, a dans l'inscription la pre- mière ligne plus longue que l'autre; ce qui marque la diphtongue &. On pourroit en dire autantidu mot ze, mais on sait que linfinitif présent se termine souvent indifféremment par sv ou er. M. Fiorillo ajoute plusieurs citations , et d’autres exem- ples qui confirment ses ‘observations. Il fait de savantes remarques sur la forme dés lettres. Nous aurions rap+ porte les principales, si le lecteur avoit sous les yeux Vinscription telle qu’elle se trouve sur le vase du Musée Hamilton (11). De ces dernières observations ,; M. Fio- xillo pense pouvoir conclure que l'inscription nest point étrusque , mais grecque, et que la forme des lettres ; qui est beaucoup moins régulière que celle qu’on remarque ; pr | (9) Voyez encore tous les exemples recueillis par Keæewius, ad Greg. Corinth. , p.281. (10) Denis n'Harrcarnasse, dans le Dithyrambe de Prx- DARE : ere Où x UT meumele , et écrivoit xAuTau 3 à à du æ qui suit. ’ (11) Cette belle collection a été achetée par un amateur : riche et instruit, M. Hope ; elle est à présent en Angleterre. Voyez ce que j'en ai dit dans mes monumens antiques inédits, Ma p:15::AÀ. LM: 222 Livres diversi sur l'inscription de Nointel , qu’on pense avoir été tracée 457 ans avant Jésus-Christ , ou celle de Sandwich ; qu'ont place 373 ans avant Jésus-Christ , doit la ranger parmi les monumens d’une époque antérieure. Les lettres ressem4 blent à celles qu’on remarque sur les monumens d'Athènes les plus anciens , sur les monnaies de la Grande Grèce et de Sicile, c’est-à-dire des Tarentins, des Crotoniates , des Sybarites, des Syracusains , etc. On pourroit done con- jecturer avec quelque fondement , que le vase dont nous parlons est de cette époque. On sait d’ailleurs que la peinture fut cultivée. dès les plus anciens temps dans la Grande Grèce, et qu’elle avoit déjà acquis dans ceux dont nous parlons un certain degré de perfection. . Cette ingénieuse dissertation est une nouvelle preuve du talent de M. Fiorillo, dont nous avons déjà annoncé plusieurs intéressantes productions. A. EL. M. GRAMMAIRE. Ézémens de la Grammaire française, à l’usage. de l'Ecole primaire. de Genève: Avec approbation de l’Académie. Paris, 1806; chez Delalain , rue Saint4 Jacques ,n.° 38; et Martinet , rue du Coq-Saint-Honoré; ..276 pages in-12. Prix, 1 fr. 50 cent., et 2 fr. par la poste. L'auteur de cette Grammaire, M. Grrarp, l’un des régens du collége de Genève, s'applique depuis beaucoup d'années avec succès à l’enseignement , et en particulier à celui de la Grammaire française. L'ouvrage que nous annonçons est le fruit des observations qu’il a eu dcca- sion Wdeffaire sur la meilleure métliode de rendre clairs et faciles les préceptes de la Grammaire aux plus jeunes commençans. M. Girard, en véritable grammairien , ER instituteur à. qui les progrès réels des élèves tiennent à cœur, s’est bien gardé du travers de certains auteurs de Livres divers, 223 nos jours qui ont cru faire merveille en enseignant les règles de la langue par de mauvais vers et des chansons; L'étude de la grammaire est une étude sérieuse, et c’estainsi que M. Girard la traite; mais sachant, par expérience, combien elle est facilitée par l’ordre et la méthode, ainsi que par le choix des exemples, il s’est appliqué à satis- faire sous ce rapport à ce qu’on devoit se promettre d’un instituteur habile. _ Cette grammaire offre l'avantage de pouvoir être mise entre les mains des élèves les plus jeunes et les moins avancés. Elle est divisée en deux parties. La première contient les notions élémentaires ; exprimées de la ma- nière la plus simple et la plus facile. Les propositions qui exigent des connoissances un peu plus étendues, sont placées dans des notes. Cette première partie est par demandes et par réponses , parce qu’une longue expérience a prouvé à M. Girard que cette méthode, qui en général a sans doute ses inconvéniens, offre cepen- dant des avantages réels dans les classes et pensionnats un peu nombreux. La seconde partie présente dans sept tableaux, 1° les verbes irréguliers et les règles des conjugaisons ; 2.° la concordance des temps du subjonctif avec ceux de l'indicatif, 3.° les quatre parties du discours dont, les mots sont indéclinables ou invariables (les ad- verbes, les prépositions , les éonjonctions, les interjections ou particules), avéc les divisions qu ’elles admettent ; 4. enfin. une table très-ample des homonymes les plus usités, C'est-à-dire des mots qui se ressemblant par la prononciation , diffèrent par le sens et l'orthographe. L'étude de cette table , que M. Girard à tâché de rendre utile et agréable par le choix des exemples, apprendra aux élèves à ne pas confondre ces termes quelquefois em- barrassans , et à les écrire avec correction. T. F. W. 224 Livres divers: és! HOUR LANGUE GRECQUE © { sos NovurELrr Grammaire ; érécque, à l'usage des Lyctes ét “autres Ecoles; par J. B. Gui professeur de littérature ‘ grécque au bdliége de France: Troisième édition, re * vue, corrigée ét” augmentée: A? Paris, chez Paseo au collége de France, ne np 1806 , un vol. . in-8. o : | 5 j | Cette Grammaire, en, simplifiant singulièrement la méthode d'étude de la langue grecque, doit la rendre beaucoup plus 1 facile et plus agréable aux commençans. C'est assur ément rendre un tres grand service àäunelan gue età ceux qui veulent la cultiver, que d’écarter les épines qui en embarrassent Vaccès, et finissent par rebuter ceux qui crai gnent de perdre trop de temps à à les élaguer eux= mêmes. D'ailleurs É indiquer une bonne marche à à suivre dans une étude ,auelconque , c’est contribuer d’ane ma-" nière directe à en avancer les progrès, puisque c est. mèt- tre ceux qui. sy appliquent à même de s'élever plus promptement à à la hauteur où elle se trouve, et de tra- vailler alors par ( eux- mêmes à en reculer les (rame M. Gail simplifie le nofhbre des déclinaisons grecques ) que Le Grammaïriens avoient fanqurs prises au nombre 5 de dix, et won eut réduire à trois. Pour ne oint qu'on per poin po ra vienne embarrasser les commençans p il renvoie les _contractes à 11 la, fin de Ja Grammaire. Il ne reconnoit qu une seule con) ugaison primitive, dont il distingue d’une manière précise celles qui en n sont 284 9 dérivées. ! dé On reproche a: aux c méthodes ordinaires ». de confondre la signification, du passif avec celle du moyen, celle du moyen avec celle du passif. Les aoristes et les, parfaits y. sont des temps synonymes. ] M. Gail a réformé ces erreurs, en offrant la doctrine de Brunk, et sur-tont celle de Vauvilhers. Livres divers: 295" -Fuïgault, dans sa Grammaire , se bornoït à dire que use conjugue par +fmæt. M. Gail donne Pactif, le pas- sif et le moyen de ce verbe embarrassant. Îl ne donne ! point gai comme passif d’eau, mais comme passif d’iyges, ce qui est plus conforme aux lois de Vanalogie. En général , plusieurs défectuosités avoient échappé à Furz gault dans sa Grammaire, faute des moyens de les corri- ger qu’on a eu depuis. M; Gail s’est empressé d’y apporter les changemens nécessaires. Dans les éditions précédentes de, sa Grammaire, M. Gaz avoit supprimé les accens, so à vœu de plusieurs instituteurs publics. Il les restitue dans celle-ci, con- vaincu de leur utilité, puisqu'il arrive souvent que deux mots ne se distinguent entr’eux que par l’accent, mais il pense, selon l’avis de Dumarsais , de Chrestien Henni- nius et de Brunck, qu’il ne faut point en embarrassér les commençans , puisqu’en général ils ne marquent qu’une prononciation sur laquelle on n’a plus de don- nées. F. D. KrirTiscæ£s Grieschisch-Deutsches) Worterbuch ; etc. ; c’est-à-dire Dictionnaire critique grec-allemand, pour servir à la lecture des auteurs grecs profanes ; par Jean, Gottlob ScaneIDER, professeur à Francfort-sur-l'Oder.. Deuxième édition, corrigée et augmentée. Jena et Leipsick ; chez Fred. Frommann , 1805, 2 vol. in-4.°. Nous avons déjà fait connoître dans un des précédens numéros cet excellent Dictionnaire, qu’on peut regar- der comme une des entreprises littéraires les plus utiles pour la langue grecque. On devoit s'attendre que la pre- mière édition d’un pareil ouvrage seroit bientôt épuisée, Cette seconde a reçu des additions et des changemens importans. L'auteur s’est appliqué à donner à ses expli- Tome II. Kars, 1807. 15 226 Livres divers: cations autant de clarlé qu'il étoit possible, en indi> quant exactement les racines des mots, et en marquant les modificalions des dérivés par rapport à leur sigmifi- cation. Il à revu tous les anciens poètes, el les fragmens qui nous en restent; il a comparé les commentaires, les variantes ; en un mot, il a tiré de toutes les sources les résultats qu’il croyoit les plus propres à procurer à son Dictionnaire toute la perfection qu’il desiroit. Les édi- tions excellentes de l’Iliade et de Pindare, par M. Heyne, lui ont élé d’un très-grand secours. Les tragiques grecs qui ont offert beaucoup de difficultés. En revoyant le texte de Plutarque, l’auteur a été, pour ainsi dire , dans le cas d’en faire une nouvelle édition, dont il peut tirer parii pour son Dictionnaire. Il n’a négligé aucune de celles des auteurs grecs qui ont paru depuis la première édition. L'auteur, pour ne point s'étendre au-delà des bornes qu'il vouloit prescrire à cet ouvrage, n’a pu présenter sous toutes leurs nuances les significations des mots. Il est parti des idées primitives et physiques qu’on a atta- chées aux mots, et il a laissé au jugement du lecteur à distinguer les modifications morales les plus subtiles qu’ils ont subies. Il a fourni les premiers fils du raisonne- ment , laissant aux maîtres à les développer , et à former de leur ensemble le tableau qui doit représenter les idées dans tous leurs rapports , et sous toutes les nuances qu’elles acquièrent. La traduction des mots est en langue allemande. C’est un avantage pour ceux à qui cette langue est familière, en ce qu’elle leur donne la vraie signification des mots. L'auteur a traité avec beaucoup de circonspection tout ce qui est relatif aux arts et à la médecine. Il espère pou- voir mettre encore plus de perfection dans la termino- Livres divers. 227 logie de.cette dernière science , d’après les instructions qui lui seront communiquées par M. ##eivel, à Dresde, et M. Coray , à Paris. Plusieurs mots de l'architecture de Vitruve ont été retranchés , ayant été reconnus pour fautifs dans la nou- velle édition critique qui a été publiée.‘ Ce Dictionnaire portoit dans la première édition le titre de Manuel. Celle-ci, par les augmentations qu’elle a reçues, n’a pu le conserver. Aucun amateur de la langue grecque ne peut se passer d’un ouvrage aussi pré- cieux ; c’est un vrai trésor pour les Hellenistes, et il seroit à desirer que quelqu’an reproduisit ce travail en fran- çgais. A. L. M. | PoËstre. Le CoNTEMPLATEUR RELIGIEUX, poème ; par M. Au- guste Gaupe, 1 Vol. in-18. Prix, 1 fr. 50 cent., et 2 fr. par la poste. À Toulouse, chez l’auteur , rue Saint- Rome, n.° 44; et à Paris, chez MM. Giguet et Mi- chaud , rue des Bons-Enfans. Si Dieu existe, 1l a dû nous donner une ame immor- telle ; l’immortalité de l’ame , appelée la conscience , d’où naît la prière, fille de la reconnoissance , du repentir et du besoin. Telle est la division de ce poëme, qui, malgré la difficulté du genre, ma paru offrir un enchaînement naturel et régulier. Nous allons faire connoître le poëme dé M. Gatps, et en donner quelques détails. Quel langage vaudroit le spectacle des cieux! Viens donc le contempler... ; mais qui t'en rend capable ? Parle : le concois-tu cet organe admirable, Où chaque objet se peint, où dans le même instant, L'espace, les couleurs, les corps, le mouvement, Sur les filets d’un nerf vont s’offrir sans obstacle ? Dans tous les animaux, vois le même miracle : 228 Livres divers: Quel peintre à pu tracer, de ses savans pinceaux, Dans un champ si borné , de si vastes tableaux ? O merveille éternelle et partout répétée ! L’œil d’un ciron sufft pour confondre l’athée. J'ai dit épouvanté du spectacle des mers, Qui peut les empêcher d’engloutir l'univers ? Quelle voix a prescrit aux vagues téméraires De ne franchir jamais les plages tutélaires ? Un nuage sorti de leur sein mugissant Vole sur nos vallons qu’il ravage à l'instant ; Et leur masse terrible, au fort de la tempête, Contre des grains de sable et se brise et s'arrête. Il est dans notre cœur une voix qui nous crie : La vertu trouve ailleurs son heureuse patrie ; Tout finit ici bas, mais vainqueur de la mort, L’ami de la justice obtient un meilleur sort. Tel, un jour doux succéde à de sombres ténèbres, Ou tel, lorsque l’hiver de ses voiles funèbres À couvert sans pitié nos superbes forêts, Un rayon du printemps y porte ses bienfaits ; Et rompant les liens de la sève engourdie, Dans l’urne de la mort fait circuler la vie. Eh ! qui peut repousser cet espoir consolant! O Dieu! toi qui daignas nous tirer du néant, Pourrois-tu dédaigner de nous faire revivre ? De nos destins le monde épuise-t-il le livre ? n S'il ne faut jamais être bizarre ; en revanche, il est des cas où il ne faut pas être trop timide. Par exemple, j'aime ce rapprochement. Si le bonhewur existe, il est dans la vertu. Parmi plusieurs morceaux que je voulois transcrire encore , je vais choisir un souvenir élégiaque et paternel, qui m'a paru être un des morceaux les plus touchans de ce poëme. Livres divers. 220 O mon fils! mon cher fils! toi que le ciel propice 1 De graces et d’esprit avoit si bien orné, Es-tu, comme une fleur, pour toujours moissonné ? Ne reverrois-je plus tes traits remplis de charmes? Pour fruit de tant de soins n’aurois-je que des larmes ? Cher enfant, digne objet des vœux les plus constans, Toi, qui dus être un jour l’appui de mes vieux ans, Toi que j’ai tant aimé tu ne serois que cendre! Ab! s’il en est ainsi, pourquoi ta voix si tendre Retentit-elle encor dans mon sein paternel ? Faut-il qu’an souvenir si triste et si cruel, Qui, comme les remords dévore sa victime, Au plus pur sentiment laisse le prix du crime? Non, tu reparoïîtras sous mon œil enchanté : La vie est un appel à l’immortalité. On peut relever dans ce poëme quelques enjambemens que les règles condamnent, quelques répétitions de mots que l’auteur peut aisément faire disparoïître dans une seconde édition , et peut-être aussi une douzaine de vers inutiles ou prosaïques. Mais il est juste aussi d'observer que malgré le caractère de sévérité que la morale et le raisonnement impriment à ce genre de pocsie, celle de M. Gaude a une teinte brillante, une facilité heureuse : et l’on est étonné , en le lisant , de voir que presque tou- jours il marche avec grace au milieu de toutes les en- traves qui l’enteurent. Auc. DE L. La4 GurrzanDe de Fleurs, ou Choix de Chansons nou- velles , dédié au beau sexe, pour lan 1807, avec cette épigraphe : Les vers sont enfans de la lyre : Il faut les chanter non les lire. Quatrième année de la collection , 1 vol. in-18 , avec figure et titre gravés. Prix, 1 franc 20 centimes pour Paris, et 1 franc 50 cent. franc de port. Les trois pré - 230 Livrés divers, cédentes années se vendent séparément, 1 franc 20 cen- times, et 1 fr. 50 centimes franc de port. Ceux qui prendront la collection, formant quatre volumes in- 18, ne paieront que 4 francs pour Paris, et 5 francs franc de port. A Paris, chez Frechet, libraire ,rue du Petit Bourbon Saint-Sulpice, n.° 1 ,au bureau du Gla- neur littéraire. Ones ; suivies d’une lettre sur l’Esclavage des Nègres dans nos colonies , et d’une autre sur les Anglais. Un volume in-8.° broché, 4 francs, et franc de port 3 fr, A Paris, chez Samson, hibraire, quai des Augustins, numéros 55 et 6g. ÆErirre à M. Pazissor, par un habitant du Jura. A Paris, chez Desenne , gallerie de PER. n.° 2, palais du Tribunat , 1806, in-8.° Les TowsEeaux de l’ Abbaye Royale de Saint-Denis; par M. Trenrurr, troisième édition, revue, corri- gce , etc. Nous permettre aujourd’hui l’analyse de ce poëme seroit une inconvenance, puisqu'elle a été donnée dans ce jour- nal,et dans d’autres par tant de plumes habiles; c'en seroit une bien plus grande encore , de répéter les diverses re- marques qu’on a faites sur les négligences échappées à j'auteur dans la première édition. Elles ont toutes disparu; et même le poète, plus sévère que ses critiques , a sur- passé nos espérances, en corrigeant des passages où l'œil le plus difficile n ‘avoit pas su déçouvrir la plus légère faute. IL nous seroit bien impossible de montrer tous les changemens et toutes les augmentations qui rendent cette édition très-supérienre aux précédentes. D'abord le dé- but est plus sage, plus ferme, plus clair qu’il ne était nt Livres divers. 281 ‘dans l'origine. On avoit reproché à M. Treneuil de n’a- voir pas désigné le lieu de la scène avec exactitude. Il a supprimé quelques vers; il en a refait quelques autres, et la marche du poëme n’est plus indéterminée. Quel- quefois un seul mot changé donne plus de mouvement ou de force au style. Par exemple , on lisoit : Des hurlemens partis de cette auguste enceinte, Me frappent tout-à-coup de surprise et de crainte, Le poète a mis : Mille cris élevés de cette auguste enceinte ; Plus loin, c’est la phrase qui est entièrement renou- velée. Au lieu de : Cependant j'abordai ces avares abîmes , Où la mort engloutit tant d’augustes victimes. On lit à présent : Cependant j'abordai les caveaux funéraires, De ce royal trésor sacrés dépositaires. La tombe hospitalière a remplacé la mort hospitalière ; et si lune de ces expressions pouvoit s’excuser par l'adresse avec laquelle l’auteur en avoit ménagé l’èëm- ploi, je pense ; avec M. Blin de Sainmore, qüe la nuu- velle variante est au moins aussi énergique et plus juste. Je ne continuerai pas les minutieux rapprochemens qui pourroient fatiguer le lecteur. Je n’en citerai plus qu'un. Le modèle inimitable du style épistolaire, Ma- dame de Sévigné, a été peinte par M. Treneuil d’une manière aussi gracieuse qu’elle même. Là , je vois exhumer cette femme immortelle Qui seule, dans son art, sans rivaux ni modéle, Puisa tout son génie au foyer de son cœur; Et qui, dans ses écrits , plutôt mère qu’anteur, Consacrant à sa fille et ses jours et ses veilles, Orna, sans y songer, le siècle des merveilles. N'est-ce pas là atteindre la perfection du style ? M. :232 Livres divers. . de Treneuil se montre toujours docile aux conseils qu’on Jui donne. Dans une annonce, de cet ouvrage, M. P. ( Voy. Mag. Enc, jn.°,de juillet, page 78}, avoit, fait remarquer deux transitions trop brusques. Le et, qui Jui paroisioit une faute, a été supprimé > Ou pour mieux dire tout le morceau est refondu. Le voici ; De l’infortuné Charle épouse courageuse, Combien tu m'attendris! ton étoile orageuse Te dévoue aux bourreaux, même au sein de la mort: | Henriette, je songe, en contemplant ton sort, Qu'on a vu ton époux, vendu par sa patrie : Perdre sur l’échafaud le trône avec la vie. La seconde transition est aussi plus heureusement en- chassée, sans que pour cela l’auteur ait fait aucun sacri- fice. A-t-il eu raison de ne pas supprimer les douze vers satyriques qui contrastent un peu avec le ton et le genre de l’ouvrage? Je n'ose rien décider, car ces vers là sont très-beaux ; mais il se peut qu'ils fussent ailleurs mieux placés. . | On a déjà rapporté dans ce journal-divers fragmens de cette belle élégie.; M. P., qui ne pouvoit pas tout rap- porier dans son excellent extrait ; s’est contenté d’indi- quer celui où l’auteur retrace les souvenirs antiques de YAbbaye de Saint-Denis. Cette désignation m’ôte l’em- barras de choisir, et je n’ai qu’à transcrire. Alors la voix du temps répète à ma mémoire De ce temple sacré l’origine et la gloire. C’étoit ici le champ qui te vit autrefois Sensible Catulla, de l'apôtre gaulois Honorer le martyre ; et fille encore payenne, Reeucillir le trésor d’une cendre chrétienne. Dans ce champ où tu vins lui dresser un tombeau, Notre foi reconnoît son auguste berceau. Xci fleurit l’école où l’humaine sagesse Des héritiers du trône instruisant la jeunesse, Livres divers. 233 Leur montroit le tableau des jeux cruels du sort Dans lesfastes du temps et dans ceux de la mort. Ici venoient nos rois expier les batailles, Pleurer des mations les grandes funérailles, Et devant cet autel où triomphoit Denis, Humilier leur sceptre et la gloire des lys. + Toi j'entends crier les murs, le sanctuaire, Les'caveaux dépeuplés , la prophétique chaire . D'où le grand Bossuet, aigle de l'Eternel, Elevoit, dans son vol, la terre jusqu’au ciel. -.… Voilà, ce me semble , de la poésie. Riches images, expressions pompeuses, propriété de style, tout sy trouve réuni. On y voit par-tout d’heureuses imitations de lEcriture; l’auteur est plein des saines doctrines, et son ouvrage s’en ressent avantageusement. Avec quelle impatience il nous fait attendre unvolume d’élégies nou- velles, dont ila puisé, dit-on , Les sujets dans les scènes Jes plus touchantes de la révolution. Dans les temps désastreux où Chaque jour enfantoit un jour plus sanguivaire M. de Treneuil , parcourant les sépuleres et les décom- bres, adora l'écho , pour me servir de l’expression d’un ancien. La publicité de ses chants lui seroit devenue funeste ; alors on ne pardonnoiït point les soupirs, et les regrets étoient des crimes. Maïs nous n’avons rien perdu à ce retard; au contraire, le silence a donné plus de force au cri de sa douleur, et nous comptons avec or- gueil, parmi nous, un poëte de plus, dont les ouvrages seront l’honneur du siècle illustre qui commence. Auc. DE L. Œurres de Madame de LAF£RANDIÈRE, 2 vol. in-12. Prix, 3 francs. Dans ces charmantes poésies Je croyois pouvoir faire un choix; 234 Livres divers. Et relisant fables et bergeries, Marquant, pliant vingt pages à la fois J’avois voulu noter les plus jolies... Je n’ai trouvé que des plis sous mes doigts. (KERIVALANT. ) Mais un critique ne doit pas se montrer aussi galant qu'un poêle. Son devoir est d’être juste, franc et sévère. Heureux quand la bonté des ouvrages dont il rend compte empêche que ce devoir ne devienne pénible, | Dans une fonle de poétiques , on a dit que l’apologue étoit wne instruction déguisée sous l’allégorie d’une action ; je ne m’y oppose pas. Mais que deviendroient plusieurs fables de Lafontaine , si l’on adoptoït sans res- triction une définition qui peut convenir à la comédie, au roman, et quelquefois au poëme épique? L’ingénieux Lamothe exige une foule d’autres choses; il veut en- tr'autres qu’on distingue bien les nuances du riant et du gracieux , du naturel et du naïf. Et c’est Lamothe qui dit cela ! Quoi qu’il en soit de toutes ces règles, répétons avec Lafontaine : L'’apologue est un don qui vient des immortels, Qu sic’est un présent des hommes, ,. Quiconque nous l’a fait mérite des antels. Quelques pernnes attribuent ce présent à Hésiode ; d’autres prétendent que Socrate est l'inventeur des Fa- bles qui parurent sous le nom d’Esope; d’autres enfin parlent de Lockman, de Pilpay, etc. ; et comme L’allégorie habite un palais{Diaphane. (LEMIERE.) Elles veulent que les Arabes se soient permis sous ce voile la critique de leurs tyrans. Mais que nous importe toute cette vaine érudition et l’instabilité des règles de ce genre ? Vous qui voulez réussir, imitez Lafontaine, choisissez bien vospersonnages ; faites-les parler dans nu ES TT | s | PT de Livres divers: 235 style simple, enjoué, naturel ; faites comme les poètes dra- matiques, pénétrez-vous des divers sentimens qui naissent des diverses passions que vous voulez peindre et combat- tre. Voilà tout le secret. Avec une pareille méthode vous ne serez pas Lafontaine, mais vous serez placés à côté d'Imbert, de Florian , de M. Lebailly, de Madame de la FrranDière de quelques autres. © On assure que Diderot laissa un jour échapper ces paroles : « Je permettrois bien que ma maîtresse fit des » livres; mais pour ma femme, je veux qu’elle ne sache » faire que des bas et des chemises ». Certes , le philo- sophe étoit un peu trop sévère. Quoi! les femmes ne pourront pas écrire des lettres spirituelles et touchantes ? Elles ne pourront pas devenir des Sévigné ? Elles ne pourront pas faire des Fables comme Madame de la Fe- randière ? Est-ce que des Fables sont nn livre? Ne les privons pas du plaisir d'instruire leurs filles par des le- çôns de sagesse que fortifie Pexemple de leurs vertus. -C’est pour Madame de Caumont sa fille que furent écrites plusieurs des Fables de Madame de la Ferandière; elles en ont plus de mérite, et peut-être aussi un peu plus de grace. On y rencontre assez souvent des traits fins ex- primés avec beaucoup de simplicilé, et des pensées ingé- uieuses rendues dans un style plein d'élégance et de naï- veté. Citons quelques exemples : Un loup malade et gardant sa tannière, : : 1 + Détéstoit les forfaits de sa dent meurtrière, Et, le cœur bien contrit , renoncoit à parler. L’austérité de sa morale étonne un autre loup son voisin ; mais le malade revoit Ja lumière ; Sans médecins on guérit promptement. Et voilà que pendant sa convalescence il est surpris par son compagnon comme il mangeoïit wn jeune et tendre 236 Livres divers. agneau, dont il devoit bientôt dévorer la mtre. L’antre s'étonne : Quoi! tu serois si sot!.. on ne vit pas de rien. Tiens, partageons, cher camarade ; J’étois monton lorsque j’étois malade, Mais je suis loup quand je me porte bien. Un fermier confioit à un hermite ses petits projets d’ambition : il ne désiroit que. que... très-peu de choses. Le sage hermite lui répond : Si le ciel aujourd’hui t’accordoit la chaumière, Tu lui demanderoïs dans six mois le château. Quelquefois la leçon s'élève jusqu’à la satyre morale. En voici la preuve : Sinous autres petits nous devenions brigands Où seroient les honnêtes gens! Plus loin, les animaux s’effrayent à l’aspect d’un être; qui est le singe, appelé pongo. Enfin ils se rassurent, ils s’approchent, et l’écureuil leur dit: Rassurez-vous , car je suis conséquent : Mes chers amis, puisqu'il n’est pasméchant, Je conclus qu’il n’est pas un homme. ÆAccroche , comme s’écria naguère un Toulousain après avoir dit une malice. Dans les deux Paysans, j'ai re- marqué une réponse sublime. Pierre a reçu de Guillaume’ mourant , de l'argent pour le distribuer aux plus infor- tunés de son village. Pierre n’est pas riche, et il a fait tous ces dons sans se rien réserver. Claude est surpris de sa générosité ; Pierre dit qu’il se porte bien , et qu'il peut encore long-temps travailler. J'aurois, dit Claude, été moins scrupuleux que toi, Et je me crois un honnète homme : Ne dire mot, garder la somme, Qui t’eût reproché cela ? — Moi. ll Livres divers: 237 * Cependant ’isolons pas tous les jolis traits que nous pourrions extraire, et citons une Fable entière. Je pren- drai la plus courte. LE CORBEAU ET LA TOURTERELLE. Je vous plains de bon cœur, dit un jour le corbeau, À la plus tendre tourterelle ; Comment ! vous êtes jeune et belle Et vous passez la vie au creux d’un viel ormeau, Et toujours à côté du même tourtereau, Qui près de vous a l’air de faire sentinelle! Cet ennuyeux réduit qui caghe vos appas, Vous doit causer une tristesse extrême. —Pauvre idiot! qui ne devine pas Que je vis près de ce que j'aime. Un ancien proverbe nous fait ressouvenir qu’il n’est pas de roses sans épines; voici les épines. Le recueil de Madame de la Ferandière est digne de rester; mais il le seroit davantage , si elle avoit le courage de supprimer une demi-douzaine de Fables, et au moins autant de Pièces fugitives. Mais dans ce nombre, je me garderois bien d’exclure aueune romance. C’est par ce genre que Madame de la Ferandière commença à se faire connoître. Laharpe , dont le goût étoit si pur et dont la critique étoit sijudicieuse, loue beaucoup l’auteur anonyme. Bientôt ces romances furent chantées dans toute la France. Le Por- trait des Maris, les Regrets d’une Bergère , et entr'au- tres : L’un de ces jours mes moutons s’égarèrent, firent les délices de nos concerts; ils peuvent les faire encore. Madame de Caumont , fille de l’auteur, vient de leur consacrer une musique nouvelle. Elle est simple, coulante, harmonieuse , sentimentale , et telle qu’elle devoit être pour répondre à la douceur et à l'agrément 238 Livres divers, des paroles. On la trouve gravée à la fin du second volume, jodt “ Jai fait sentir le prix de la pralnilie partie de ce re- cueil. Voici un fragment de la seconde. A MON MARI. > . . . . 0 . 0 . . . . . , . * Autrefois ton amañte , à présent ton amie, Sans cesse partageant et tes maux et tes biens, Dans tes bras , sans regret, j’acheverai ma vie. Puisse, héZas ! la parque ennemie, Finir mes jours avant les tiens ! Puisse l’objet de ma tendresse Sur ma tombe verser des pleurs, Et pour consoler sa vieillesse, Quelquefois y semer des fleurs. Si jamais tu fais cet usage De ces fleurs que je chérissois, Souviens-toi que dans mon jeune âge, Par vanité, je m’en parois, | Mais pour te plaire davantage. Les dernières rimes en ois de ce joli morceau , ne sont pas très-riches; mais les sentimens sont si tendres et si délicats! Quelle grace encore dans les stances qui com- mencent par cette strophe : Glycère a trahi ses sermens : Jeunes filles de ce village N’enviez plus ses traits charmans ; Glycère est belle, mais volage. Je pourrois citer de plus ma Soirée d’ Automne, à Perette, Epilre à ma Chienne , et sur-tout les pensées originales d’un Codicile fait en faveur d’un grand ama- teur de coquilles et d’antiquités. Si cet article n’étoit pas déja un peu long, je cileroïs ensuite quelques CRAN ; puis autre chose ; mais il faut savoir se borner. AUS. DE EL. | Livres divers. 239 Ye JUuRISPRUDENCE. Forwurarre général des Actes Ministériels , Extrajudi- - ciaireset de Procédure , impérieusement commandés par des Codes Civil et de Procédure, aux Juges de Paix et leurs Greffiers, aux Arbitres , aux Avoués, Huissiers, ettous autres Fonctionnaires ; pour l’introduction et læ suite des Actions à intenter en Justice, ou pour l’exé- cution des Jugemens des Tribunaux et des Actes de Juridiction volontaire , susceptibles d’exécution sans intervention du Juge. Le tout absolument conforme aux diverses dispositions de ces Codes, pour tous les cas distinctsetséparés où ces Acte$ doivent avoir lieu. L’Ou- vrage est terminé par une table alphabétique des ma- tières. Par A. G. Daugaxron, ex-Juge, suppléant de Juge de Paix à Paris, auteur des Dictionnaires du Code Civil et du Code de Procédure. Un très-fort vol. in-8.° de 670 pages, très-grande justification, carac- tères de philosophie et de petit romain non interlignés. Prix, 8 fr. broché, pris à Paris , et 10 fr. pour recevoir le volume franc de port par la poste, dans tout l’'Em- pire Français. L'argent et la lettre d'avis doivent être adressés , francs de port, à Fr. Buisson, libraire, rue Git-le-Cœur , n° 10, à Paris. Les personnes qui feront Vacquisition d’une douzaine d’exemplaires de l’ou- vrage , auront gratis le treizième exemplaire. Dans cet Ouvrage , on n’a cru devoir donner au- cune Formule d’Actes du ministère des Juges des Tribu- naux, parce que le Code n’a rien changé pour eux à cet égard , et qu’en donnant des Formules de Jugemens ou Ordonnances, on ne pouvoit que grossir le volume , et le rendre inutilement trop coûteux à ceux auxquels il est … particulièrement destiné. Pour la rédaction de ce Formulaire, on a conservé aux textes des Codes Civil et de Procédure, toute leur pré- 240 TZavres diversi cision et leur esprit d'économie quant aux frais; il ne s'y trouve rien de trop; il ne contient que le nécessaire. . Chaque Formule de Citation , Ajournement , Assigna- tion, Constitution d’Avoué, Requête, Procès-Verbaax d'exécution, Sommation , Opposition, ete. , est tout fran- chement amenée par chaque article de Loi qui le veut et le commande, sans aucun commentaire, mais dans sa forme, à l’abri de toute nullité. | Chaque Formule a été dressée, non sur le Projet du Code de Procédure de 1804 (spéculation mercantile }, ni sur des modèles anciens : nos formules ont été dressées exprès , et sur l’article ou les articles des Codes promul- * gués en 1806, qui concernent chacune d’elles; alors, l’on sent qu'il n’y aura aucune nullité ou erreur préjudiciable à craindre en se servant de nos Formules, puisqu'elles sont toutes conformes aux textes mêmes du Code Civilet du Code de Procédure. Enfin , pour completter Ouvrage, autant qu'il doit l'être, l’'Auteur a rappelé tous les Articles du Code Civil qui établissent des droits et règlent des actions dont le Code de Procédure ne devoit pas faire , ou dont il w’a pas fait mention, précisément parce que le Code Civil les avoit déterminés. Ce n’est pas un volume fastueux de Bibliothèque qu’on offre aux Juges de Paix et à leurs Greffers, aux Avoués, Arbitres, Huissiers et à tous autres Fonctionnaires, anx- quels est particulièrement destiné ce Formulaire : c’est un livre portatif. On s’est attaché plutôt à le rendre utile et peu coûteux, qu’à faire parade d’une érudition inuti-, lement dispendieuse pour le Public, et qui n’a le plus or-, dinairement pour obiet que le profit unique des spécula- teurs en Librairie, comme les Formules que nous venons, de signaler, et qui sont faites uniquement sur le Projet (publié en 1804) du Code de Procédure. a Suite de la Table du Numéro! | Séances publiques de la Société d'amateurs , de Lille, 207 Beaux-Arts. Périclès. De l'influence des beaux- arts sur la félicité publique , par C. d’Alberg. 139 Athenœum ; où galerie francaise ‘des productions de tous les arts, Poésie grecque. Homère, grec-latin-français, par J. B. Gail. 214 Clef d'Homère, par J.B. Gail.21a n.° XI, novembre 1806. Ibid. ; - Le Pausanias francais. Salon de Physique. 1606. 199! Physique mécanique , par Ë. G: Architecture isdher. TA 213 Paris et ses monumens, par MM. Bibliographie. Baltard et Amaury Duval. 193 à it d’ Re Almanach général des construc-| Notice et extrait d’un livre de mé- tions civiles de France , pour decine , par P. Sue: 218 Van 1807 195 Cours de Bibliographie, par C. F j : Achard. Ibid. écheplogles : Palæographie. Galerie antique, ou collection des chefs - d'œuvre d'architecture , | C°#mentatio etc. de Hamilton. 219 . de sculpture et de peinture an- Grammaire. tiques, par MM. Boutrois et Le- Élémens de la Grammaire fran- grand. Ibid, caise. : 223 pose Nouvelle Grammaire grecque. 224 Nouveau voyage de France, par C.| Xritisches Grieschisch-Deutsches- M. Dubois. 197 Worterbuch, etc. par Schneider. Histoire, 225 É Ù Poésie. Commentarii de bello Germanico, a. auctore J. C. S.*** Ibid. | Le Contemplateur religieux , par Campagnes des Armées francaises ,| A. Gaude. 227 en Prusse, en Saxe et en Pologne, | La Guirlande de Fleurs. 229 en 1806. 3 ‘ 198 | Odes , etc. 23a Biographie. Epître à M. Palissot, Ibid. Le Népos français, par A. Chateau- neuf. 19 Histoire du général Championet , par À. Chateauneuf. 199 Galerie historique des hommes les plus célèbres de tous les siècles et de toutes les nations, par C. P. Landon. 199 Observations sur la formation de la société des sciences arts et belles lettres de Mâcon. 199 Histoire littéraire. Soixante -dix-septième séance de VAthénée des arts. 201 Les Tombeaux de l’abbaye royale de St.-Denis, par M. Treneuil.Ib. Œuvres le Madame de Laféran- dière. 334 Jurisprudence. Formulaire général des actes minis. tériels , extrajudiciaires et de procédure , impérieusement com- mandés par les Codes civil et de procédure , aux Juges de paix et leurs Greffiers , aux arbitres ,. aux Avoués , Huissiers et tous autres Fonctionnaires , par À. G. Daubanton. 239 CÉPÈDE LAGRANGE , Laranns, LamARok, LANG BRUN, Léveilné, Marron , Mrexrezté, MorELLé BL, Sainrr-Onoix, SCUWEIGHÆUSER SicARD , SIL=" f VESTRE DE SacyiSuard , TRAULLÉ UNS y VENTES Tnar, Visconri, Usrent, Wiscemer, d'autres Littérateurs “estimables , et de-plusicursSavans-que la môrtia mois= f sonnés, dont les principaux soit MM, Cavaxirres, Dausenron, Desau£r, 1HériTIER, HERMANN, Mercier San Liécrn#OsrREis, Vizroison y WViINCKLER. ! 4, On yänsère les Mémoires les plus importans sur toutes les pañtiesides Artset des Sciences ; on choisiliprincipa- lément ceux qui sônt propres à en accelerer les progrès. + Où y publie également les Découvertes ingénieuses , les Inventions uliles dans tous les: genres. On y rend, Compte des Expériences nouvelles. On y donne un pré- cis de ce que les Séances des Sociétés littéraires ont offert «de plusintéressant ; une description de ce que les dépôts d'objets d'Arts et de Sciences renferment de plus curieux. On y trouve des Notices sur la Vie et Jes Ouvrages “des Savans, des Littérateurs et des Artistes distingués. dont on regrette la perte; enfin les Nouvelles littéraires de toute espèce. : La cofrespondance que le Rédacteur entretient avec ) | plusieurs Savans-étrangers ,et principalement en-Allc- . magng; lui procure beaucoup de Notices qW'on netrouve : point ailleurs. \ On s’adtesse, pour l'abonnement, à Paris, à M. Dovzrer, + HE ES à lImprimente BieciocrarmiQue , rueGit 16 Cœur, ra LES Chez la veuve*Châänguion et‘d'Hecniget À ‘Amsterdam "| chez:Vaa-Gulik. Fa ABrüxelles, chez Lemaire. 2 N A Florence ,, chez Molini. + * À Fränctort-sur-le-Mein , chez Fléischer, is +2 770 nf chéz Manget: + Ep ÉQE À Genève, { chez DR oid. BTE ANS A Hambourg , chez Hoffmann. pt ôn: EE A'Léipsic, chez Wolf, {71 CRE A Leyde, chez les frères Murray: xtutet ?, 18 A Londres ;.chez de Poffe , Gerard Street. NV Al Strasbourg, chez, Levrault. 1 ArViénné, chez Degen., 1! 8 | A Wbsel, chez Geislér,: Directeur des Postes. Ilfaut affranchir des lettres} #30, cocceorceor dir: HS AR O > À à RÉDI GÉ. "5. A. L. MILLIN, . des Médailles , des RER gravées et des FAR Car + Bibliothèque Impériale ; Professeur d’Archæologie, Membre ces l’Académie dé Gœutin gue ; etc. etc. PA NOM DRÉ EE Ce rersere e re Léo Prat qe rh Loc rorvc Prix de. ce ANT tant pôur Paris que pour les Dépattemens ; raie de port : : 2 : pout trois Le fase 4 10 fr: 5o'cent. _ pour six mois. same ions ar francs. | pour un als. à Gad ne Pa 223 4 francs. . séosereencitirersirsterrecrrcectessenre Les hommes les plus célèbres dans chaque partie des Sciences et de la Littérature, se sont plà à: coopér er Na cette entreprise utile'et la collection des neuf années sonne Æncyclopédique est devenue précieuse ; en présente une réunion de Mémoires intéressans, nt point ailleurs, et dont les Auteurs une : grande réputation. On y trouvé en effet, sertations , des Mémoires, ou des Opuscules de ERT y BARBIER , BaRBré pu Boccacr, Bist, JAÏLT ARD ; i "CIS Où LA Rocn£rté, Cuvier, SGEN pr EF SPONTAINES, piéne, Fox.” PTT BroGRAPHIÉ. Notice historique sur l'Abbé Por- uet et quelques - unes de $ses oésies. Le Éloge historique de F.-N.- É. roz. 265 Note de ses travaux. BIBLIOGRAPHIE. Notice sur le Dictionnaire des ou- Yrages anonymes et pseudonymes, de M. Barbier , par M. Chardon de la Rochette. 3o1 CHimte. Notice sur la Chimie appliquée aux arts, de M. Chaptal; par M. Maison. 328 HisTOIRE LITTÉRAIRE. Coup-d’æil encyclopédique sur Fe 3 290 sciences de l'Orient. ToPoGRAPHIE. Extrait d'une Lettre de M. Fauvel, sur Athènes. 360 PoËsre. Le Voyageur , par C. Millevoye. yageur ; P 360 Discours en vers sur les Voyages, par M.-J.-J.-V. Fabre. 374 Variétés , NouvELLEs ET CoRRESPONDANCES LITTÉRAIRES. Nouvelles étrangères, +— de Hanovre. 381 — de Hollande, 383 = de Baÿière. Ibid . æ du grand Duché de Bade. 386 = d'Autriche. F 391 — de Dannemarck. 392 — d'Italie: 394 — d'Afrique. 397 — des États-Unis. 398 Nouvelles de France. 400 '— de Paris. 404 Table ds Articles contenus dans cé Numéro. er THÉATRES. Le retour d'Ulysse, ballet. F{a3. Pyrrhus ou les AFacides, | à François premier. 27 | Le Valet d'emprunt, ou le Sage de À dix-huit ans , comédie. Ibid. L’Avide Héritier , ou l’Héritier sans héritage, comédie. 428 Le jeune Médecin, ou l'influence des Perruques. Ibid, L’Artiste par amour, ou les nou- veaux Déguisemens amoureux.- 429 L’Hermitage , arlequinade lar- moyante. . 430 Les Amans valets. Ibid. LIrvREs DIVERS. Sciences physiques. 3 | Journal de Physique, de Chimie, d'Histoire naturelle et des Arts; qe J. C. Delamétherie. Janvier, Février et Mars 1807. 431, Mathématiques. Jani Frederici van Beeck Calkoen oratio , etC- 432 Minéralogie. Journal des mines; par MM. Co- quebert-Montbret, Haüy, Fau- quelin, Baillet, Brochant, Tre- mery et Collet-Descotils. Nov. et Décembre. 433 Traité élémentaire de minéralogie, avec des applications aux arts; par À. Brogniart, Ibid. Entomologie. Nouvelle méthode de classer les byménoptères et les dyptères ; par L. Jurine. Médecine. Des causes qui ont modifié Ja cons- titution physique et médicale BIOGRAPHIE. Norice historique sur l’ Abbé PoRQUET, et quelques-unes de ses Poésies, Laisse PorQuET n'est plus. Sa disparition de ce monde a fait si peu de sensation, qu’on pourroit dire qu’il en a été effacé comme l’ombre qui passe. Sa mémoire, comme homme de lettres, a eu le même sort : on n’en parle pas. Cependant il n’étoit point sans talens , et quoiqu'il n’ait pas laissé dè titres suflisans pour mériter une place au nombre des hommes célèbres, il n’a pas été non plus assez ; étranger à la littéräture pour qu’on puisse excuser Pentier abandon , le complet oubli qui, depuis sa mort, ontété son partage. Je V’aiconnu; pendant une longue suite d’années, je lai vu assez familièrement pour avoir été à » portée de létudier, de le juger , et c’est parce que je crois lavoir très-bien appris, que je vais ‘en parler. Une taille de quatre pieds et demi , en ÿcom- prenant des souliers à talons très-élevés ; de petits | membres exactement proportionnés à cétte courte stature ; une physionomie agréable et revenanté; un teint pâle et reposé ; des yeux moins vifs que | tendres et doux ; un son de voix foible et grave; LA des mouvemens toujours compassés qui: ‘: peut-être, \ n’ont jamais été accélérés ni dérangés ; un ex- u » térieur tranquille et benin qu’on eût pris, ne le ” connoissant pas, pour de la modestie ou de la Tome II. Mars, 1807. 16 : 242 Biographie. timidité, pendant que ceux qui vivoient dans son intimité savoient très-bien que ni l’une ni l’autre n’étoient ses vertus favorites ,et que cette apparen- ce de timidité et de modestieétoit tout simplement le résultat de son tempérament et de son carac- tère patient ; telle fut la représentation de l’abbé. Si j'y ajoutois ses habitudes du corps,sa marche égale et mesurée , l’extrème propreté et l’arran- gement toujours uniforme de ses vêtemens , de son rabat, de sa perruque , d’une calotte luisante et très-convexe, une foule de personnes qui , lors- qu'il vivoit , n’ont fait que l’appercevoir sans le connoître , s’écrieront: c’est l'abbé Porquet ; et se rappeleront l'avoir vu se promener tranquillement, tantôt seul , tantôt accompagné de Madame **, soit aux Champs-Elysées , soit aux Thuilleries , toujours du même pas et dans les mêmes allées. Ce foible corps étoit animé par une ame forte et par une tête pensante ; deux facultés qui, heureusement pour lui, n’avoient pas une extrême activité, car le proverbe auroit été vérifié : La lame eût usé le fourreau (1). Né (2) sans biens et de parens obscurs , le petit (x) I n’avoit que le souffle, et il disoit de lui-même : « Je » suis comme empaillé dans ma peau ».— Ce mot a donnélieu au couplet suivant de la marquise de Boufflers, qui y fait parler l'abbé. Hélas ! quel est mon sort ! L'eau me fait mal , le vin m’enivre; Le café fort Me met à la mort; L'amour seul me fait vivre. (2) À Vire, département du Calvados, le 12 janvier 1928. ? L'Abbé Porquet. 243 Porquet était destiné par la marche ordinaire des choses à végéter dans le monde , vivant d’un métier ou du travail de ses mains. Cependant la nature lui avoit donné une organisation plus déliée qu’au commun des hommes ; elle lui avoit départi beaucoup d'intelligence, et les plus grandes dispositions. Ses parens eurent Le bon esprit de les seconder , en le plaçant dans l’un des colléges de l’université de Paris. L'enfant en profita, réussit, se distingua dans ses classes, se fit au collége des protecteurs, à qui il fut redevable de son avan- _ cement et des scccès que depuis il a obtenu dans le monde. L'abbé Asselin fut un de ceux qui s'intéressèrent le plus efficacement à l’abbé Porquet. Il lui donna dans le collége d’Harcourt dont il étoit le prin- cipal, un logement composé de plusieurs pièces, et 1l l’établit répétiteur et maître particulier. Sur Ja recommandation du Principal , des élèves furent confiés aux soins et à l'autorité directe du jeune maître ,et les rétributions qu’il retiroit des parens de chacun de ses disciples devenant un supplément à ses honoraires , lui composoient un revenu bien supérieur à ses besoins. Méthodique en tout, l’abbé Porquet pressentit dès sa plus tendre jeunesse , l’utilité d’une sévère économie ; il la regarda comme l’unique moyen de se procurer un jour, par une fortune sufli- sante à ses besoins , l'indépendance si nécessaire » à un homme de lettres. Cette réflexion est devenue la base de sa conduite , et il ne l’a jamais perdue 244 Biographie. de vue, dans quelque situation qu’il se soit trouvé depuis. Les éducations particulières dans les colléges avoient cela de commode pour les précepteurs , qu’elles laissoient à leur disposition tout le temps qui étoit consacré aux classes publiques du matin et du soir , indépendamment d’une grande partie de celui des récréations et des jours de congés L'abbé Porquet , passionné pour la littérature, et brûlant du desir d'obtenir un rang honorable dans la république des lettres, employoit à son instruction, tous les momens dont il pouvoit dis- poser : il s’étoit lié avec les gens de lettres, et se rendoit journellement à leurs assemblées, au café de Procope. La situation de ce café , rue et en face de la comédie française, en avoit fait le rendez-vous ordinaire de tous les beaux esprits, et des amateurs de spectacle. Parmi les jeunes gens qui y étoient attirés par le même objet, l'abbé étoit un des plus assidus; attentif auditeur lorsque les gens de lettres du premier ordre y portoient la parole, il prenoit , en leur absence , possession de la tribune, et devenoit l’orateur et l’oracle du petit nombre de jeunes gens qui restoient après leur départ. C’est à cette école qu'il a fortifié son goût pour les lettres, et qu’il a puisé les opinions fortes et hardies dont il a fait profession toute sa vie. Visant toujours à sa liberté et sa chère indé- pendance, Porquet ne négligeoit rien de ce qui pouvoit le conduire à ce but ordinaire des travaux L' Abbé Porquet. 245 des hommes , et particulièrement de celui qui se consacre à la culture des lettres. L'état ecclésias- tique présentoit les plus abondantes ressources . ile choisit :il entra dans l’église, prit les ordres, fit sa licence, fut reçu docteur de Sorbonne, et, appuyé de ses protections , il courut les bénéfices. Le crédit de la famille du jeune de Brienne dont il venoit d'achever l’éducation, lui faisoit concevoir des espérances de succès d’autant plus fondées , que la promesse lui en avoit été faite à titre de récompense ; mais il étoit écrit qu'il seroit redevable à d'autres personnes de son pre- mier bénéfice. | La marquise de Boufllers touchée des soins que l'abbé Porquet avoit donnés à l’éducation et à Vinstruction du chevalier de Boufflers son fils, lui en témoigna sa reconnoissance , en sollicitant et en obtenant pour le maître une place d’aumô- nier du roi Stanislas (3). Cet excellent Prince te- noit sa cour à Lunéville en Lorraine, où il donnoit au monde l’unique et intéressant spectacle d’un Roi détrôné qui, par ses principes d’une philo- (3) Stanislas Leczinski, roi de Pologne, duc de Lorraine et de Bar, père de Marie Leczinska, reine de France, femme de Louis xv , élevée à l’école de l’adversité. On a de lui un recueil d'œuvres, sous ce titre : OEuvres du Philosophe bienfaisant. La première fois que l’abbé Porquet entra en fonctions au di- ner , il ne savoit pas ‘Son benedicite; ce qui scandalisa Sta- nislas, au point qu’il ne vouloit pas conserver son nouvel au- mônier. Et ce fut aux vives instances de madame de Boufilers, sa protectrice, qu'il düt la conservation de sa place. Correspondance de La Harpe. 246 . Biographie: sophie morale-pratique, basés sur la religion et la vertu, s’étoit élevé au-dessus des événemens humains, les considéroit d’un æil ferme et stoïque, et employoit son crédit , sa puissance , ses ri- chesses et son autorité à faire régner autour de lui les lettres , les sciences , la paix et le bon- heur. Cette petite Cour étoit en possession de réunir la société de France la plus choisie en fait d'esprit et de goût. La marquise de Boufflers, la marquise du Chatelet, Madame de Linoncourt, le comte de Tressan , Saint-Lambert , en étoient les soutiens habituels ; et Voltaire et Montesquieu, par les séjours temporaires qu’ils y faisoient , en augmentoient l’ornement, On y jouissoit d’une grande liberté d'opinion , et quoique l’esprit phi- losophique de cette société ne füt pas de même pature que celui du Monarque, il suffisoit de se contraindreen sa présence, saufàs’en dédommager lorsqu'on étoit réuni. J’ai beaucoup entendu parler de ceséjauret de cette sociétéenchanteurs:personne mieux que M. de Boufllers ne pourroit en transmet- tre les détails, qui assurément sont faits pour pro- duire le plus grand intérêt sur tous les lecteurs, et pour répandre le charme de la gaîté et de Pesprit. La nécessité de la résidence pour desservir sa place, enleva l’abbé Porquet à son collége et à ses sociétés littéraires ; il partit pour Lunéville avec le jeune de Boufflers, dont il avoit à achever l'éducation. L'élève étoit plein de vivacité, de graces, d'esprit et desaillies ; il plut généralement. Comme de raison, on attribua ses succès à l’ha.… ZI’ Abbé Porquet. 247 bileté du maître: cela le mit en faveur auprès de la famille, et l’abbé n’eut pas de peine à se monter au ton d’une Cour gaie , aimable , et où il régnoit plus d’aisance que dans un grand nombre de sociétés de Paris, dont l'étiquette est insupportable. La douceur de l’abbé , son excessive complai- sance, les mille manières (qu’on me passe cette expression ) qu'il employoit pour se rendre agréa- ble et utile dans la société ; sa facilité à prendre tous les tons , et à se ployer à tous les goûts ; son caractère patient , toujours égal ; la tournure originale de son esprit ; son habitude à faire res- sortir celui des autres en effaçant le sien ; enfin le sacrifice qu’il faisoit de ses propres volontés pour n’adopter que celles des personnes qui com- posoient la société brillante demadamedeBoufllers, tout contribua à l’y faire accueillir, et à l’yrendre un sujet presque nécessaire. Ilse prêtoit volontiers à servir d’amusement aux Dames , et s’excusoit franchement sur les plaisanteries qu’elles faisoient au sujet de sa personne et de toutes ses habi- tudes (4). Tant que le roi vécut, l’abbé resta à la cour; mais lorsqu'on n’eut plus que des regrets à don- (4) Témoin ce quatraïn fait par le chevalier de Boufflers pour mettre au bas du portrait de l’abbé. Austère comme un cénobite, Il vécut toujours chastement : Mais il dut sa bonne conduite À son mauvais tempérament. 248 “Biographie, ner à la mémoire de ce monarque, les personnes qui lui étoient attachées se séparèrent.. Madame de Boufflers abandonna Lunéville, et vint de- meurer à Paris; l’abbé lPy suivit, et il continua de vivre dans sa société, mais dans une maison séparée ; ce qui cadroit mieux avec son goût pans l'indépendance et la liberté, C’est dans cette ville que: j’ai connu l’abbé Por quet, et que j'ai eu avec lui‘de fréquens rapports et des liaisons personnelles (5). J'ai vu peu d'hommes qui , comme lui, m’aient présenté l’image da‘bon'sens, de la raison, dela solidité. Dans aucune circonstance ; jé ne! l’ai vù s'écartér dé la tranquillité, qui étoit son état ha- bituel et uniforme. Sà conversation, douce et ins- tructive, étoit féconde et abondante; autant que sa correspondance en affaires étoit minutieuse et prolixe. Personne ; peut-être, n’a jamais écrit tant et de si longues lettres sur des affaires de peu d importance, et que quelques mots düroient pu éclaircir, C’étoit le résultat de l'inquiétude natu- “relle, qui lui faisoit craindre qu’un involentaire oubli ne vint par la suite troubler sa tranquillité, souverain bien, auquel ïl attachoït tout le bon- heur de sa vie. Personne n’a eu plusque lui d’exac- titude et de tenacité dans les affaires ; jamais 1l ne (5)C'est sur des rapports étrangers de personnes dignes de foi et bien instruites, que j'ai parlé jusqu’à ce moment de l’abbé Porquet. Tout ce qui me reste à dire sur sa personne, sur son caractère et sur ses opinions, sera d’une vérité incontestable ; car je n’avancerai que ce dont j'aurai été témoin. L' Abbé Porquet. 249 . s'est reposé que celle qui l’occupoit ne füt entiè- rement finie : il en avoit peu heureusement pour lui, car 1l eût été impossible qu'ileüt suffi aux démarches et aux correspondances qu’elles au- roient entraînées. Libre d’affaires, l'abbé Porquet étoit un nouvel homme. Dans une société d'hommes de lettres , 1l étoit instruit, raisonnable, ferme dans ses opi- nions, les'soutenant presque toujours avec avan- tage, parce qu'ayant moins d’impétuosité dans le Caractère et plus de sang froid dans l'esprit, il étoit plus propre à l'analyse et à la réflexion. Dans celle des femmes , il étoit rempli d’atten- tions, doux, agréable, sans volonté, toujours prêt à célébrer les moindres circonstances , assez. familier avec les hémistiches et la poésie pour soutenir une conversation en vers (6). (6) À la suite d’une conversation en vers qu’il avoit eue avee madame de Boufflers et plusieurs poètes, l’abbé Porquet adressa à cette dame l'impromptu suivant : Oni, j'entrai dans la lice en rival téméraire ; Ps Je vois,.par yos succès, mes efforts confondus : Il n’est pas un seul art de plaire Où tous les prix ne vous soient dus, J'ai trop. senti dans ma défaite, | Tout ce qu’on peut aimer en vous : Vous avez doublement triomphé du poëte, Quand vous l’avez rendu jaloux. {Je me rappelle avoir enténdu raconter à Laharpe que pen- dant le séjour qu’il avoit fait à Ferney, on avoit entrepris de faire et de soutenir des conversations en vers, qu’ils y étaient paryenus ; mais que Voltaire, accoutumé à l’harmonic, avoit été si blessé de la monotonie des vers parlés, qu’il avoit re- conou l'impossibilité d'improviser poétiquement en francais, e& déclaré que notre langue s’y refusoit absolument. 250 … Biographie: Dans la société ordinaire, c’étoit un homme aimable, sans prétention, d’un sang froid inal- térable, doux, poli, patient, et combattant les opinions qui contrariaient la sienne, sans fiel , sans aigreur , et en s’abstenant du moindre mot qui auroit pu déplaire. En somme, il étoit sage, réservé, philosophe par tempérament , et par suite de la fréquentation des gens de lettres dont, dès sa première jeu- nesse , il avoit reçu les premières impressions. J’ai souvent, mais inutilement combattu son système. Le malheur lui-même n’a pu le ramener. L'homme qui croit espère, tandis qu’il ne reste à lincrédule aucun espoir. La différence de ces deux situationset leur résultat devroient, ce me semble, suffire pour éloigner de ce désespérant système, pour en ramener au moins ceux qui ont eu la foiblesse ou l’indiscrétion de l’adopter incon- sidérément; mais, je le répète, àl est infiniment rare d’en voir les partisans revenir à d’autres opinions. Il jouissoit d’un revenu suffisant pour lui , parce qu’il avoit eu le bon esprit et la sagesse d’y pro- portionner ses besoins. S'il n’étoit pas riche, il vivoit au moins dans l’aisance, calculée d’après les proportions sur lesquelles il avoit assis son bonheur. La révolution arrive ; ilest tout-à-coup privé de ses sociétés et livré à lui-même, Les opé- rations financières des différentes assemblées de législateurs, à force d’épuiser la fortune publi- que , altéroient chaque jour les revenus de Pabbé. L'abbé Porquet. 252 Pendant quelque temps les économies, que dans les momens d’abondance il avoit eu le bon esprit de faire, lui servirent à remplacer les pertes jour- nalières; mais en puisant toujours et ne mettant jamais, la ressource qu’il s’étoit ménagée étoit à la veille de lui manquer. L’abbé Porquet avoit passé tout le temps de la révolution dans des transes continuelles , crai- gnant toujours d’être arrêté, et s’exagérant en- core par l'imagination, les dangers trop réels dont il étoit environné. Cet état moral, si diffé- rent de celui dans lequel jusqu'alors il avoit passé doucement sa vie, si opposé à son caractère et à ses habitudes si long-temps satisfaites, et qui étoient devenues en lui une seconde nature, avoient diminué sa force morale et son ressort, au point qu'il étoit outrageusement affecté d’un désespoir concentré. Plusieurs années s’étoient écoulées sans que j'eusse entendu parler de l'abbé. Un matin je le vois entrer dans mon cabinet; il parut à mes yeux tel que je l’avois toujours connu. La conversation entre nous se porta naturellement sur les objets qui nous étoient réciproquement personnels ; c’est-à-dire sur les événemens dont le temps qui venoit de s’écouler nous avoit rendus l’un et l’au- tre victimes. Nous en parlions sagement et avec ‘sang froid ; je remarquai néanmoins une sorte d’énergie dans ses discours, et j'en fus d’autant plus frappé, qu’il ne m’y avoit pas accoutumé. Je suivis la conversation, et mes questions devenant 252 Biographie. plus directes et plus pressantes, il m’avoua la perte de sa fortune et l’épuisement des écono- mies qu’il avoit mises en réserve dans ses temps prospères, et finit la conversation par ce passage, dont la pensée et la maxime sont fausses. Quand on a.tout perdu, quand on n’a plus d’espoir, La vie est un opprobre , et la mort un devoir. On conçoit aisément que je ne négligeai rien pour combattre cette opinion ; j'y étois d’autant mieux fondé, que je faisois avec lui paroli de per- sécutions et d’infortunes; je le faisois avec d’au- tant plus d'avantage, que ma position me permit de lui offrir les ressources de l’amitié; mais un principe que l’abbé Porquet s’étoit fait, et dont à ma connoissance il ne s’est jamais écarté, a été de ne recourir ni aux emprunts ni à la bienfaisance ; il me refusa. Nous nous quittâmes, lui se croyant assez riche, puisqu'il portoit sur lui depuis plu- sieurs années, me dit-il, une ressource assurée contre les événemens, et qui pouvoit l’affranchir de l’infortune ,.le plus intoléräble, à ses yeux, de tous les maux. J’étois loin de soupçonner que cette entrevue seroit la dernière ; depuis lors je n’ai plus entendu parler de lui. On m’a dit qu'il avoit été trouvé mort dans son lit, où la veille il s’étoit couché bien portant (7). dire Après avoir donné ce peu de lignes: à la mé- moire d’un homme que je regrette, je passe à ses ouvrages. à (7) Le 22 novembre 1796. L’ Abbé Porquet. 253 Les œuvres de l’abbé Porquet n’ont jamais, à ma connoissance , été recueillies ; elles sont éparses dans divers ouvrages périodiques. Incapable de se livrer à une composition de longue haleine, et qui auroit exigé une grande contention d’esprit ou des efforts, 1l s’est retranché dans le genre des poésies fugitives , comme étant plus analogues à ses goûts. L'ouvrage périodique où lon trouve le plus de ses poésies, est l’Almanach des Muses , parce que l'éditeur alloit chez l'abbé, qui n’avoit d'autre peine que celle de lui ouvrir son porte feuille. Aucune des poésies échappées de la plume de cet auteur n’est indifférente , parce que minutieux jusques dans les plus petites choses de la vie, il apportoit, même en composant un quatrain, tout le soin dont il étoit capable. Rien ne sortoit de sa main qu'il ne l’eût corrigé , limé et perfectionné. Il étoit à cet égard d’une exactitude scrupuleuse, ainsi qu'on peut le voir dans son épitaphe, faite par lui-même. D'un écrivain soigneux, il eut tous les scrupules ; Il approfondit l’art des points et des virgules; T1 pesa , calcula tout le fin du métier, Et sur le laconisme, il fit un tome entier. Ses vers ont encore un caractère particulier ; c’est que dictés par ses propres sentimens, ils sont une expression fidèle de son cœur, de son esprit et de ses opinions. En les lisant avec soin, on verra clairement qu’ils justifient le portrait que j'ai fait de lui, et plusieurs des anecdotes que j'ai 254 _ Biographie. rapportées à son sujet. Une notice appuyée sur de tels fondemens, est faite pour inspirer quelque confiance. En rassemblant ce petit nombre de vers, j'ai éprouvé le regret sincère de n’avoir pu m’en pro- curer davantage. Je ne doute point qu’on ne puisse composer un petit volume bien choisi de pièces marquées au coin du bon goût, de l’exac- titude et de la pureté du langage, et où l’on trou- veroit toujours des pensées ; ce qui n’est pas très- commun. L'abbé Porquet étoit au collége d’Harcourt lorsqu'il composa pour le roi (8) une pièce de vers dont on trouve le fragment qui suit , imprimé dans les jugemens sur des ouvrages nouveaux, par l'abbé Desfontaines , 1744 ,t. 5, p. 48. ..... Peuples, vous avez vu dans une nuit mortelle x De ses jours presqu’éteints expirer le flambeau : Vous avez vu creuser le funeste tombeau : Les ombres de la mort environnoient le trône. OAeE Aujourd’hui, rien ne manque à sa gloire ; … Nous regrettons un père , et le monde un héros. Tu sais ce que nos cœurs ont ressenti pour toi. Ces cris portés aux cienx , témoins de nos alarmes , Nos soupirs, nos craintes, nos larmes, Voilà de la grandeur les titres immortels. Nos pleurs, chez nos neveux, te vaudront des autels. Enflés du succès de leurs armes, En vain les plus fameux guerriers Dans les champs de Bellone ont cueilli des lauriers; (8) Louis xy, roi de France, snr sa convalescence, après la maladie qu’il eut à Metz, et qui fit trembler tous les Français de la crainte de le perdre. L’ Abbé Porquet. 255 En vain sous leur pouvoir mille peuples fléchissent : S'ils ne sont point aimés, leurs lauriers se flétrissent. . . . . * . . . » . . . . . Goûtez dans notre amour le plus beau dé vos titres : Du AEctin de vos noms, nous sommes les arbitres d Et la postérité ne juge qu'après nous. Votre gloire dépend de tous, tant. que nous sommes, Et ce n’est qu’à nos cœurs à nommer les grands hommes, L'abbé Desfontaines ajoute la réflexion sui- vante : « L’auteur est un jeune homme que les » ouvrages pernicieux de l’ignorance n’ont point » gâté, qui a de l'esprit et du goût, qui pense » solidement, et dont lamuseest harmonieuse (9)». On sait que Boissy avoit débuté dans le monde Littéraire par un ouvrage, qui a pour titre l’Elève de Therpsicore, ou le Nourrisson de la Satire (10), dans lequel il parle d’une manière fort peu avan- tageuse des auteurs du temps qui avoient le plus de célébrité , tels que Fontenelle, Lamotte, Cré- billon , etc. Sa muse lui conseille de faire des satires. Il en fait une , la lui présente ,et en reçoit cette réponse d'encouragement. « Courage, mon fils, vous avez » la bile qu’il faut pour faire un poète satiri- » que (11) ». (9) Ce jugement de Desfontaines n’est pas réfléchi. Cette pièce est loin de briller par l'harmonie; mais elle annonce clairement l’homme qui réfléchit, pense, et donne aux choses leur prix et leur juste valeur. (10) Deux volumes in-12, moitié prose et moitié vers, pu- bliés en 1718. (11) Boissy n’avoit alors que vingt-quatre ans. C'est l’âge où 256 Biographie. Boissy tombe malade ; l'abbé Porquet étoit soi ami, et ne pensant pas, que la maladie fût aussi grave qu'elle l’étoit en effet, puisque Boissy en mourut peu de jours après, il lui adressa les vers suivans, dans lesquels il fait allusion à son chan- gement de système. De la bile en fureur qui fermente en ton sein, Ami, ne cherche plus la cause : Le ciel, qui fit ton cœur sincère, tendre , humain, Dans ton esprit mit pourtant une dose De ce discernement malin, Qui, malgré nous, tant soit peu nous dispose À rire aux dépens du prochain. Autrefois ce penchant badin S’égayant sur la scène en vers, ainsi qu’en prose; De la bile chassoit le dangereux levain. Quelle étrange métamorphose ! Plus qu’un autre aujourd’hui benin, Dans ton journal, vrai réservoir d’ean-rose, Presque partout l’éloge fait la glose, Et le sel même est anodin. A l’ombre d’un laurier né du soir au matin, Le plus chétif auteur tout un mois y repose. l’homme ordinairement imite ou cède à des impulsions étran- gères. Tel fut le sort de Boissy, qui, par caractère, étoit bien éloigné d’être satyrique ; aussi abandonna-t il promptement ce mauvais genre. D’après les Mémoires posthumes de Marmontel, on voit que les lettres ne furent pas une ressource très-produc- tive pour Boissy : il languissoit près du besoin, lorsqu’en 1555, le privilége du Mercure étant devenu vacant, Marmontel l’obtint de madame la marquise de Pompadour pour Boissy ,'qui en fut le rédacteur pendant quelques années. Non seulement il en avoit rejeté la critique, mais à force de louanges, il l’avoit affadi au point que le Mercure étoit prés de sa chute, lorsque Boissy mourut en 178, le 19 avril. L'Abbé Porgiet: 255 Sur t ton péril ; ami, tu t’abuses en vain: ! | ,1: } |] La bile veut couler , qu’elle s'échappe enfin; En toi trop d’indülgence, à mes ébnséil oppose: ; Meure pour son salut tout méchant écrivain" r ti TmPromPTUo en fée de Fed, à M. de chevalier vE Bourrzers, pour l'anniversaire a sou de s@ Raissance. Messieuts et damés, du alone < so Célébrons l'heureuse naissance | De notre’ aimable chevalier, © Fr Et faisons-lui la révérence, : 7 299 L'abbé Porquet tout le premier. fan nott taf T1 parle mieux qu’un chancelier, IL écrit mieux qu'homme de France ; Faisons-lui donc la révérence, L’abbé Porquet tout le premier. Modeste amant et fier guerrier , Il excelle dans tout métier ; Exceptons-en pourtant la danse; Faisons-lui donc la révérence, | L'abbé Porquet tout le premier. … ;, Ah! l'être heureux et singulier ! Son maître, dans chaque Science Est devenu son écolier; Faisons-lui donc la révérence, L'abbé Porquet téut le premier, Abr£ux de l’auteur à sa perruque; qu’on lui avoit empruntée pour jouer un Proverbe. Respectable perruque , 6rnement de mon chef, Puisses-tu , dans mes mains, revenir saine et sauve Î N'est-ce donc pas assez d’être Porquet-l e-Bref, Sans étre encor Porquet-le-Chauve ? 2 Tome II. Mars, 18074 17 258 Biographies‘: LA PHILOSOPHIE’ DE’ L'AUTEUR. : d où Mamuser, » n'importe comment Ù Voilà toute ma philosophie. : . Je crois ne perdre aucun moment, - mir 0 Hors le moment où je m'ennuie : L bu 1 Etje tiens ma tâche finie, Pourvu qu’ainsi tout doucement Je me défasse de la vie. On lui demandoiït un jour ce que c’étoit que des longueurs dans un ouvrage; il répondit par ces vers : Est trop court qui me plaît, est trop long qui m'ennuie. Sur l’inutile seul le bon goût se récrie, , Et le sentiment méme a sa précision. | La richessé de l’art naît de l’économie : : Dans un tableau bien fait, tout est expression. Cette science est peu commune ; C’est le secret des bons auteurs. L'ouvrage le plus court pent axoir des longueurs ; Le plus long n’en avoir aucune. ;. Sur l'air : Sentir avec usage Il faut dire en deux mots Ce qu’ on veut dire ; Lt ' je Sont sots. Il faut savoir lire Ayant, que d'écrire, . Et puis dire en deux mots 4 Ce qu’on veut dite ;,,,.: 4°, 4 dues longs propos om sots. w I ne faut pas toujours conter, | 'Pater; ; 1 AbbE Porguet, 259 mn: faut ‘éviter l'emploi | Dé moi, Du:moi ; Voïci pourquoi : l'est tyrannique, Trop atadémique ; L’ennui, : L’ennui Marche avec lui. Je me conduis toujours ainsi Ici; Aussi 3 J'ai réussi. Srancés un Ministre (13), sur Les espérances qu'ilala bonté de me donner depuis si long-temps. Espérer pour moi n’est plus rien; Espérer n’est plus de mon âge. Le présent est mon seul partage, Et l'avenir n’est plus mon bien. Abandonnons à la jeunesse i Ces trompeurs et lointains objets : Au bonheur de jouir sans cesse, Elle ajoute par ses projets. Ses vœux aujourd’hui satisfaits, Quelque jour peuvent l'être encore ; - À ses yeux charmés chaque aurore Fait briller de nouveaux bienfaits, Hélas ! de ces douces chimères , La raison m'a trop su guérir; Aux. erreurs mêmes les plus chères ; Mon cœur flétri n’ose s’ouvrit. A M.**, lectèur du feu roi de Pologne, sur li manie ÿ qu’il a de se plaindre de son sort. Tous les malheurs des gens heureux, J'en conviens, assiègent ta vie : 6 (12) De Brienne, archevêque de Sens, élève de l'abbé Porquet, 260 + Biographie: Cependant, souffre qu'on t’envie ; Et plains-toi, puisque tu le veux. Le ciel t’a prodigué tous les défauts qu’on aime ; Tu n'as que les vertus qu’on pardomne aisément ; Ta gaîté, tes bons mots, tes ridicules même, Nous charment presqu’également. Bel esprit à la cour, et commère à la ville, Qui, comme toi, d’un air agréable et facile, Sait occuper autrui de son oisiveté ; Minauder , discuter; composer vers el prose, Et nécessaire enfin par sa frivolité, Par des riens valoir quelque chose ! Supprime enfin des pleurs qu’on essuie en riant ; D'un homme tout entier, ose montrer l’étoffe. : A tout l'esprit d’un philosophe = We joins plus le cœur d’un enfant. »* RérzexIons sur les fautes qui échappent aux gens qui ont le plus d'esprit, soit en parlant , soit en écrivant. Par la difficulté, notre esprit se réveille. Dans une route aisée, un voyageur sommeille. Cet oubli du danger , en tout genre est fatal; L’attention alors nous paroît inutile. Souvent ce qu’on dit le plus mal, A dire étoit le plus facile. Sur l'Esprit, ou l’ Avocat des Pauvres. N’avoir que son esprit , et porter son visage , Est pour beaucoup de gens , une bien dure loi! Qu'y faire cependant ? il faut bién être soi. O vous, qui ; d’être vous, n’avez pas ke courage, Ecoutez la lecon d’un sage, Que sur l'esprit un jour j'osois faire, parler. M À Un sage est indulgent et cherche à consoler. De l'esprit entre nous le partage est bisarre ; Un sot, tout à fait sot, est l'étre lé" plus rares. Dans un espace étroit, tout homme est circonserit ; TL Abbé Porquet. 26% Chacun a son genre d’esprit; Aucun ne les a tous : nul ne ressemble à l'a utre; En un mot , tel objet pour tel homme est prescrit : 2 ‘La sagesse consiste à se borner au nôtre. ? Sûr l'Amour propres De son esprit, dit-on , chacun pense uns bién ; C’est le commun avis : pour moi , je n’en crois cop Notre esprit a sa conscience ; ; De sa foiblesse on ne fait point l’aveu, Mais on la sent : on est juste en silence. | Sur ce point délicat ; bien qu’on en souffre un peu, Les plus sévères yeux sont peut-être les nôtres : On ne se trompe point, on veut tromper les autres. Surprendre leur estime est un larcin | permis, Et nos dupes toujours , sont nos meilleurs amis. A M. le Prince de BEAUVEAU. Argument sans réplique. De bonne-foi, long-temps on ne dispute guère, Et de même, tous deux, nous pensons en effet. Non, Prince, dans le style , une faute légère Ne peut passer pour un forfait ; Et le premier mérite est d’instruiré ou de plaire, Mais $ans vouloir qu'on soit parfait, Faire aussi bien que l’on peut faire, Est, à mon gré, toujours hien fait. A Mädame la marquise DuDzrANT, sur une espèce de fauteuil, qu’elle appeloit son tonneau. Adoptons sans regret la sagesse moderne. Dépouillant.son orgueil et son sale manteau, Diogène aujourd’hui ne prendroit sa lanterne Que pour chercher votre tonneau. Pour Le Portrait de l’Abbé de Conpizrac, auteur & Traité des Sensations. Dans le monde invisible , il porta la lumière ; Du pouvoir de nos sens heureux calculateur, 262 Biographie. Il sut tirer l’esprit'du sein dela matière, Et fut, dé’ M os entier, un Second créateur: toen « TnscrePTIoN mise au bas du dptaiés de CP x roi de Pologne , élevé à Nançy en Lorraine. ter Il n'est point de vertus que son nom ne rappelle : Philosophe et guerrier , monarque et citoyen; Son genie étendit. l’art de faire.du bien. Charles (13).fut'son ami, Trajan fut son modèle. (Vers demandés à l'auteur, ‘pour mettre au bas de l'image de Sainte Gewme, placée dans la chambre de mademoiselle **. (14) Par deux arrêts , elle est votre patrone; Elle veut l’être encor par votre choix. Pour se loger chez vous, quand elle est assez bonnes La méconnoïîtrez-vous une seconde fois ? Est-on si malheureux de pouvoir signer Gemme ? Nul autre nom n’a cette grace extrême :, Gemme, à l’oreille , est un son si flatteur , 1 1% Que del oreille il va jusques au cœur! A d’autres noms que l’on fasse la guêrre : De dire Gemme, on ne peut se passer, D’écrire Gemme, on ne peut se lasser, En Paradis, ainsi que sur la terre, Est-il un mot plus doux à prononcer ? M. de Laharpe ayant diné chez l’abbé Porquet avec Madame la comtesse de Boufflers , adressa à l'abbé, sous le nom de cette dame, les verssuivans: Le dîner, dans la vie, est chose intéressante : Cher abbé, le vôtre m’enchante: (13) Charles x11, ja de Suède. (14) Pour goûté la finesse de ces vers, dont la tournure est fine et ingénieuse , il faut savoir que mademoiselle ** avoit toujours cru s’appeler Jeanne ; qu'ayant découvert que c'étoit Gemme , elle a été forcée d'obtenir deux arrêts pour rectifier cetteerreur, et rendre valides toutes ses signatures précédentes. TL’ Abbé Porquet. 263 Vons. savezembellir et donner un mepasÿ: »} °° : Vous faites de-bons vers’; étservez delbons plats. L'un, il faut Vavouer ; est pilus-rare que l'autre, Et tous les deux, chez vous, se trouvent aujourd’hui. r Partout vous aurez place à la table d'entro : : hat, Ÿ Ce Moi, j eù demande une FSC vôtre. S Sa : + LT \:, È NDS 8 DH 650 54 \ RÉPONSE à la tre pa 'HAMEENS 4 Un succès, jeune Ëglé ; ne répond/point d'un'autre ; Défiez-vous decl'art-qui vous sert atjourd’hais * * ‘ Vous plaisez une fois ;'avec l'esprit d’aatrul'; ! FLOVE UE, Ettousiles jours, avec le vôtre. 5° 55 | 14 A Madame la Marquise de Bourrzsrs, le jour de sa fête. Votre patrone au ciel a trouvé son bonheur : Ici bas vous faites le nôtre. : Son partage est sans prix ; le vôtre a sa douceur : * Qui n’a pas son destin, doit envier le vôtre. Ah ! bienfaisante Eglé , répondez à nos vœux : Vous n’êtes point ambitieuse , ? Contentez-vous du bien, en attendant le mieux. Un peu plus tard , vous serez bienheureuse : Mais plus loug-temps aussi, vous ferez des heureux. A Madame.... D'Eglé, sur tous les cœurs, si l'empire s'étend, Dit un jour la reine de Guide, C’est de moi seul qu’il dépend. Qu’on la regarde et qu’on décide. Tous ses triomphes sont un effet de mes soins. Qu'on écoute et qu’on prononce. Du débat les Graces témoins, Aux deux divinités firent cette réponse : - Déesses, terminez des discours superflus. Eglé vous doit beaucoup , mais nous doit encor plus. 464 A, Biograp} hie. we LL Tout ce qu’en sa faveur notre amour r’a pufaire, A'vbs bienfaits nous l’avons ajouté: 0, Vous donnez il estvrai; l’espritet la beanté; . 11 | Mais c'est par nous que vos dons:savent plaire. : 11: 4 Madame la Marquise" de 8. Ms jen re réponse : ur billet dans lequel elle faisoi un reproche obligeant & * d'auteura rar von sb sus y SUN x Ma santé mie vaut donc un billét d'Emilie!: 1 47 À ses ordres/charmans, je,sonsenris saris-éffors. ;: 1,(1 D’avoir toujours taison,, j’abjure la folies: ©: : 7 Car je ne suis heurèux.que pour avoir ew: tort: + ut , L YA X LANATETT A! LS] A) he ) daod « è F6 i { cut [t a! « rc? “« * «JAION 94 891162 8L aonob ge s ox10% 91 : 2i50 arts 2 q coË UV l'r514 ] D ni <91r H0 el 2 )ÿ 1 1. fa I «! " "! £ 11 ic 1 £ i . À Dee RETT 1 5h11 1510 144 A f LI + + : (l lé 8 15 aq t Dit n {sr G 1 or « l NOT PI 1 : : out ; i » iri're 1 : : vs 1 ' #P À A2 1 ) 115. 30 LCNAOTII 2 >314104i j1 j »93 fit } ! +9 A L 1901 I .Æ1ocE historique de François - Nicolas- .! LÆEugéne Droz. "a : : Ament meminisse periti. FE RaNçors-Nicoras-Eveëne Droz, Conseiller au ci-devant parlement de Besançon, et secrétaire perpétuel de l’Académie de la même ville , étoit né le 4 février 1755, à Pontarlier, département du Doubs, . Une LS gi heureuse, > une constitution TO“ tance igeai l'étude qui Zeit peut PIQUE de srandes choses ; telles sont les qualités précieuses que M. Droz reçut de la nature , et que cultiva de bonne heure un père vertueux qui, dans les fonctions d'avocat près du tribunal de Pontarlier, P s’étoit attiré l'estime, la confiance et une con- sidération méritée (1 Ÿ: | Secondés par les soins paternels autant que par ses propres dispositions , , les progrès du jeune 51) Nous ne, nous sommes point occupés de recherches sur Ja famille Droz, sur son origine, sur ses alliances ; dans une société littéraire, ce sont les talens bien plus que la fortune et un ancien nôm qui distingent l’homme. D'ailleurs M. Droz, mettoit lui-même peu d’empressement à ces recherches. « J'aime mieux , écrivoit-il en, 19779 au père Dunand, m'occuper de découvertes pour les autres que pour moi, et je serois fàché que le moindre travail à ce sujet me donnât l'air d'avoir des prétentions. » Manuscrits du P. Dunand, à la Bibliothtque de la ville de Besançon. 266 …s Biographie. = # Droz dans les premiers élémens Te sciences furent rapides ; à 13 ans son cours d’études classiques étoit terminé. Il possédoit à fond la langue de Cicéron et de Virgile ; il lisoit avec une facile intelligence les meilleurs auteurs Grecs. Dans une contrée riche en sites pitoresques, en curio- sités naturelles les plantes du Mont-d’or ;'] chaînes du Jura, la source du Doubs et les variétés de son cours, avoient également fixé ses regards : 3 il commençoit un cabinet d'histoire naturelle qu il vouloit enrichir des seules productions de son pays. Lorsqu'il fut dans l’âge de faire le choix d’ un état, un de ses oncles chercha à à lui inspirer du goût, pour le parti des armes ; mais son ardeur pour l'étude, et les desseins de sa famille l'ap- pelloient à une autre carrière : il avoit 16, ans lorsqu'il se rendit à Besançon pour y commencer son cours de droit. | | @r A cette époque, l’université de Besançon comp- toit parmi ses membres distingués l’auteur re- commandable de l’histoire du comté de Bourgogne. Le jeune Droz, par Marguerite-Françoise Renaud sa mère, tenoit à la famille Dunod ; il fréquenta les leçons de son docte parent ; il eut même l'avantage d’être admis dans son cabinet : le maitre distingua bientôt le disciple, et. le jugea digne de tout son intérêt. Or, pour mieux approfondir notre jurisprudence , la méthode du profond com- mentateur de nos coutumes étoit d'étudier le droit dans l’histoire , et l’histoire dans les monumens M. Droz. 267 antiques et leschartes. C’est ainsi que plusieurs de nos écrivains se sont élevés au rang des meilleurs publicistes français. Il fut facile à M, Dunod de faire adopter à son élève une méthode qui présentoit un vaste champ à sa mémoire, et d'immenses connoissances à son ardeur d’apprendre.Déjà le jeune disciple s’élançoit avec empressement sur les pas du savantprofesseur, lorsque. M. Dunod fut enlevé aux lettres et à sa patrie ën 1752: Nous ne dirons point combien cette mort précipitée fut affligeante pour M. Droz. Il sé hâta de terminerson!coursde droit, et retourna à Pontarlier pour commencer ses premières recher7 _Ches historiques. : | ‘Qu'on .se peigne: alors ce jeune homme dans la saison qui semblem’appeler que les plaisirs , feuile letant déja dans les archives les parcheémins poudreux ; cherchant la conversation et la cor- respondance des hommes instruits, imaginantenfin des moÿens nouveaux pour dérober le moins de temps à l'étude (2) ; tel est son goût déterminé pour l'histoire,qu’un religieux bénédictin qui Pob: serve , cherche à en faire une conquête pour son aides (2) À 20 ans M. Droz prit une perruque; il avoit calculé qu'un quart-d’heure de plus par jour qu’il seroit dispensé de don- ner à sa coïffure , faisoit par an un nombre d'heures précieuses pour le travail. Dans la suite il devint encore plus avare du temps. Selon le précepte de Pline, il avoit toujours avec lui un crayon et des tablettes; au milieu même de ses repas , il s’arréloit souvent . FOR noter quelques idées. (Vote commu. Méquée. ) 268 Biographie. Cependant après qu’il eut éonsacré deux années à ces recherches: pénibles, il fut facile de voir qu'il falloit d’autres ressources à son avide i impas tience; il sollicita et obtint aisément la pese d'aller à Paris. C’est-la qu’il mérita bientôt la bienveillance d’un habile juriconsulte qui, sur un mémoire rédigé par notre jeune savant, demanda à le connoître, Fadmit dans sa maison , et lui procura l’occasion d'approcher un Ministre distingué que le gou- vernement nomma quelquetemps après aux fonc- tions d’'Ambassadeur près dela Cour de Portugal, et.qui vouloit l’attacher à la légation en qualité de secrétaire. Mais un penchant invincibleramenoit M. Droz vers les recherches de l’histoire. Un évé- nément vint concourir à l'y. fixer. ga Un jour dans ses courses littéraires, il fut con duit à la vente publiqued’unebibliothèque pré: cieuse ;,ç’étoit celle de M. Sarazin , dont une des richesses consistoit en une. vaste collection de monumens relatifs aux coutumes , au droit et à l’histoire de France. A la vue de ces recueils immenses., M. Droz ressentit avec plus de force l'attrait qui le portoit vers un travail semblable, Il conçut aussitôt combien il est facile dans le cours de la vie, d’accumuler des richesses lit- téraires , en commençant dès la jeunesse , et il forma dès-lors la résolution d'entreprendre pour la Franche-Comté ce que le savant Bâtonier avoit exécuté pour la France. C’est dans ce dessein qu'il revint peu de temps après au sein de sa famille ; c’étoit en 1757. AI, Droz 369 . Alors l’Académie de Besançon , établie depuis quelques années , commençoit ses premiers tra vaux sous d’heureux présages. Des hommes distin- gués depuis dans la république des lettres ornoiïent son berceau, et répandoient dans la province une émulation jusqu'alors inconnue : les Bullet , les Talbert , les Chifflet , les Bergier , et le digne commentateur de l’orateurromain, l’abbé d’Olivet. Dans le plan de son organisation, les lettres et les arts formoient deux branches utiles de ses travaux; mais l’histoire de la Franche-Comté r avoit été surtout recommandée à ses recherches, à ses discussions. Déjà sur ce champ nouveau ; ouvert à l’émulation , de nombreux concurrens s’étoient disputé les prix ; déjà le goût des re: cherches historiques gagnant de proche en proche, on venoit de voir paroître l’histoire des Sires de Salins , et M. Chevallier travailloit à celle de læ ville de Poligny. Tel étoit notre horison littéraire, lorsque M. Droz revint dans sa patrie. On conçoit aisément combien cetétat des choses dut ajouter d’essort aux idées qu'il rapportoit de la capitale. Aucun auteur n’avoitencore essayé de tracer l’histoire de Pontarlier , de sonder son origine, celle de ses lois et de ses usages. M. Droz forme aussitôt le projet d’en offrir les premiers traits à ses Concitoyens , et il s’enfonce pendant deux ans dans la poussière des archives publi: ques et particulières. Ses recherches ne sont point mutiles 4 mais pendant qu'il sy livre tout entier, une découverte nouvelle vient lui éclaircir un 270 Biographie, autre problème historique, resté jusqu'alors sans solution. Pasquier ; dans'ses Recherches sur la France ; avoit douté , contre le sentiment des rédacteurs de la Coutume de Champagne, qu’il y eût au trefois des bourgeoisies du Roi, comme il yen avoit des villes et des Seigneurs ; il les défioit d’en expliquer l'origine et les prérogatives. A Vaide de quelques chartes qu’il découvre , M. -Droz entrevoit la vérité, et entreprend également de venger lesmodestes commentateurs de l’injuste accusation de l’auteur des Recherches, C’est ainsi qu'il fit paroître en même temps en 1760 ; ses mémoires sur l’histoire de Pontarlier et son essai sur les bourgeoisies du Roi et des Seigneurs. Ces productions savantes d’un jeune homme, à peine âgé de vingt-cinq ans, firent bientôt con noître M. Droz dans son pays , et l’ännoncèrent avantageusement à quelques uns des savans que la France comptoit alors. MM. de Foncemagne et de la Curne-Sainte-Palaye s’'empressèrent de lui donner des encouragemens. M. de Brequigny sur tout , à qui les sciences doivent tant de recherches sur notre histoire et notre droit publié , voulut commencer avec lui une correspondance que sa mort seule, arrivée en 1705, a interrompue. Encouragé par des suffrages aussi honorables, M. Droz crut le: moment arrivé d'exécutér le plan qu'il méditoit pour l'intérêt de Phistoire particu- lière de son pays, je veux dire celui d’une collection complette de tous les monumens antiques qui | “M. Droz. 275 pouvoient servir à l’éclaircissement de nos D dé nos lois et de nos coutumes. Mais pour remplir ce plan difficile , il sentit le besoin. d’une autorité tutélaire, qui eût tout à-la-fois le pouvoir de se faire ouvrir les archives où reposoient ces monumens , et un dépôt libre ét sûr, où seroient recueillies les collections qu :l vouloit en extraire : il forma donc le desir d'obtenir uné place à l’Académie de Besançon , et il lui adressa dans ce dessein ses premières productions historiques. C’étoit pour la première fois que ce corps lit- téraire voyoit dans le nombre de ses aspirans , un candidat d’une aussi grande jeunesse ; mais écoutons M. le président Chifflet, lorsqu'il an- nonça au public et à l'Académie, l’admission de M. Droz. « Applaudissons-nous , disoit-il, de » trouver dans cette province, et de voir parmi » nous un auteur déjà connu, avant d’avoiratteint » l’âge de 25 ans, non point par ces productions # frivoles qui Bridhént ou déshonorent notre $ siècle, mais par un ouvrage utile qui réunit à > des recherches savantes, quelquefois même à s des idées neuves sur une des parties les plus obs= » cures du imoÿen Âge, tout ce qu’on peut dire » de mieux sur l’une de nos’ principales villes, » et qui nous’ prépare les plus grands secours » pour l’histoire générale de cette province. L’A: > cadémie en se hâtant de l’adopter , s’assure une ÿ' plus? loriguüe jouissance de ses ’talens ; ; et elle x ‘donne à, la jeunesse un exemple bien digne de. » son émulation. » 272 Biographie: A peine M. Droz fut-il reçu dans,ce corps; qu'il entreprit l'exécution deson plan ; il ne s’en, dissimuloit point les difficultés, mais une circons- tance heureuse vint seconder ses efforts. Dans le même temps où il commençoit son en+ treprise , le gouvernement , jaloux de donner à la France des collections historiques supérieures à celles de l'Angleterre , de l'Italie et de l’Alle- magne, formoit le projet de rassembler de toutes les parties du royaume et des pays étrangers ;. toutes les chartes , les diplomes et les monumens qui pouvoient intéresser l’histoire générale des Français. C’étoit M. Bertin, ministre , qui don- noit le mouvement à cette vaste entreprise. . , M. Droz entrevit aussitôt les moyens de servir, tout à-la-fois la cause de son pays.et celle de la France ; il fit connoître au ministre son projet particulier pour l’histoire de la Franche-Comté, lui fit sentir que son exécution seconderoit mer- veilleusement ses intentions générales pour la France, et M. Bertin , près de qui le zèle trouva toujours un protecteur ,s’empressa, pour seconder les efforts de M. Droz , non seulement de Jui en- voyer des fonds et une commission ministérielle 3 mais «encore de faire.annoncer dans les journaux l'intérêt que le: gouvernement ! prenoit à ce tra- vail ,, comptant par. la publicité de, cette faveur. trouver. de nombreux imitateurs du zèle de notre compatriote. | Si l'espérance .du . ministre fut trompée P s'il ue reçut pas de secours. des autres! provinces , 2 M. Droz: ‘273 iln’en fut pas de même de la part de M. Droz pour la Franche-Comté. En 1789, il avoit dejà envoyé à Paris au dépôt des chartes, plus de quatre-vingt volumes de titres et.de monurmens historiques , tirés des archives du Comté de Bour- gogne , de la Suisse et des Pays-Bas , et il se proposoit d’en adresser d’autres encore , lorsque la révolution vint suspendre ses travaux. Pour apprécier cette utile collection dont M. Droz fit faire un double pour l'Académie , qu’on se peigne tout ce que le vandalisme, l’ignorance, Pincendie et la confusion des transports ont perdu, détruit depuis quinze ans ; dans les dépôts pu- blicset particuliers de notre ancienne province, et après avoir connu le prix de tant de monu- mens, on ne pourra refuser quelque éloge à celui qui nous les a conservés. Cependant dans le même temps où le gouver- nement appelloit de toutes parts les efforts du :zèle pour concourir à l’immense collection des chartes françaises , il secondoit avec une égale protection l’entreprise de différens autres ou- vrages non moins importans ; tels sont : la nouvelle édition de la Bibliothèque historique de France, les Ordonnances des Rois de la troisième race, et l'Histoire des Métropoles de la Gaule chrétienne. Au milieu des difficultés nombreuses qui dûrent entraver le premier travail de M. Droz, il semble qu'il n’ait pu concourir à ces entreprises nouvelles; si pourtant nous parcourons la liste des coopé- rateurs de la Bibliothèque de M, de FoNTETTE, Œome II. Mars, 1807. 18 274 Biographie. nous y trouvons le nom de M. Droz cité avec éloge (3). C’est lui qui adressa au gouvernement la table des lois de notre ancienne législation, le recueil de nos nouvelles ordonnances , et les lois que Louis XI avoit données à la Franche- Comté pendant le temps qu'il en fut maitre; enfin , si l’émulation peut susciter parmi nous quelques écrivains zélés , c’est dans ses porte- feuilles précieux qu’ils trouveront les matériaux tout disposés pour tracer l’histoire de la Métropole de Besançon. ‘ Tant de travaux paroïitroient suffisans pour remplir touslesinstans d’unelongue vie; cependant nous n’avons fait qu’esquisser une partie de ceux entrepris par notre laborieux savant. Il n’y avoit que quelques années que M. Droz avoit été nommé à l’Académie de Besançon , lors- qu'il fut appelé par le suffrage unanime de ses collègues , à la place de secrétaire perpétuel. Dans un corps littéraire , si chaque membre est tenu de contribuer aux travaux qui établissent sa gloire, cette obligation surtout pèse sur celui que la confiance élève à ce poste : M. Droz le sentit vivement et se pénétra toute sa vie de cette vérité. Nous avons dit que parmi les travaux dont l’Académie devoit s'occuper , l’histoire de la pro- vince avoit été principalement recommandée à sessoins.Or,dansles diverses époques qui partagent (3) Voyez pag. 8 de la préface tom. 1.€r et pag. 460 du tom. 3°. 2 LE M, Droz. 275 les annales de cette histoire , il en est une plus _ féconde que les autres en révolutions de tous les genres , en résultats dignes de piquer la curiosité, je veux dire, notre histoire du moyen âge. C’est- la , en effet , que les évenemens se pressent , s'accumulent au milieu des bouleversemens qui ägitèrent le monde après la chûte de l'empire Romain. C’est-la que commencent pour nous d’autres mœurs, d’autres usages , d’autres lois, un autre langage; les institutions de la chevalerie, les prérogatives de la noblesse, le régime dela féodalité ; c’est enfin dans ces temps reculés qu’il faut chercher létablissement de la plus grande partie de nos bourgs, de nos cités, de nos églises ,: - de nos monastères, en un mot, les variations de notre géographie idee politique et ecclésias- tique. M. Droz s’attacha particulièrement à cette partie de notre histoire. Delà ces nombreuses et savantes FREE qu'il lut à l’Académie, sur les institutions des femmes nobles , sur les Croisades , la Loi de Gondebaud, le Sire de Joinville, et ki" grandes maisons du Comté de Bourgogne. Delà ces recherches sur la population du Mont- Jura ; ce vaste prospectus d’ une topographie nou, vélle 4 la Franche Comté ,'et le mémoire qu’ il destinoit à expliquer dans Phitoie de notre Mé- tropole ; la carte de l'anciennd province Sé- quanaise. :4 Delà enfin ces rapports intéressans que Phomme 276 Biographie. instruit sut toujours apprécier, et dans lesquels, à la fin de chaque année littéraire , M. Droz an- nonçoit au public les motifs qui avoient déterminé l'Académie à accorder ou à réserver quelques prix d histoire. : Tant de connoissances , de zèle et de travaux, augmentèrent bientôt la réputation de M. Droz;. son nom fat connu dès-lors. d’un grand nombre e savans,de la France , de la: Suisse , de l’Alle- magne et des ‘Pays Bas. Plusieurs 4 entr’eux she chèrent avec lui les avantages d’une relation: plus particulière. ds. est ainsi qu'il correspondoit avec MM. Schoe-: | pillin, et Kock de Strasbourg , Haller , Sinner et, le,Baron de Zurlauben dans in Suisse , Gerard , secrétaire de l'Académie de Bruxelles se Fontette. réquigny à Paris ; Serrière de Retz dans la sai si et plusieurs: autres érudits de l’une et l'autre Bourgogne. C’est ainsi que des auteurs ar dont de public.a a. depuis accueilli les productions, le con-. sultoient sur le plan, et les développemens de: eurs re ‘avaux historiques , MM. Mille, Grandidier, et Barbeau de la Bruyère (4). ” C’est ainsi enfin < que plusieurs. corps littéraires s empressèrent de associer parmi leurs membres ;; l'Académie. de Dijon, celle d'Arras, la société ‘émulation di de PRE en Bresse, et le comité des Chartes : a Paris (3)... | (4) Voyez les E Pape qu'écrivoient à M. Di ces divers ni savans. Rég. de l’Acad. de Besancon. e 245YM. Droz fut noÿimé Je a: juillet: 1769 à l'Académie de © M. Droz. 277 Mais ce seroit mal apprécier l’homme modeste que nous regrettons , que de chercher sa gloire dans des honneurs ou destitres qu’il n’ambitionna jamais que comme des moyens de mieux servir son pays. Dévoué tout entier à l’intérèt du corps auquel il étoit attaché, et persuadé que la meilleure cé- lébrité des associations littéraires est celle qui repose sur des travaux utiles à la patrie, il diri- geoit constamment vers ce but les opérations de PAcadémie, et mérita cet éloge flatteur de la part de M. Mirosménil, « que l’Académie de Besançon » avoit donné un exemple que Pon souhaitoit voir » suivi de toutes les autres ; que la direction » qu’elle avoit donnée à ses occupations étoit » toute entière au profit de l’état , etque personne » n’avoit mieux que hui servi le zèle et secondé » les intentions de ce corps respectable ». Trop souvent on voit la république des lettres tourmentée par les haines, les intrigues et les jalousies de lamour-propre, mais ces passions n’entrèrent jamais dans le cœur de M. Droz. Avec quel empressement on le vit toujours, signalant le talent de ses collègues distingués, appeller sur eux l'intérêt et la bienveillance du gouvernement « Je tiens note de tous vos savans, lui répondoit Dijon, le 12 janvier 1974 à celle d'Arras, le 23 noyembre 1782 au comité des Chartes tenu chez M. Bertin à Paris, en 1784 à la société d’émulation de Bourg , en 1787 à celle d'encouragement de St-Claude, dont il fut un des fondateurs. Quelques jours-après sa mort , on recut pour lui un Brevet de nomination à la société de Lausanne. 278 Biographie. » le ministre Bertin ; en temps et lieu je les re- » trouverai , et ils me trouveront toujours ». C’est Jui qui terminoit ainsi l’un de ses rapports à FAca- démie. « Je serois satisfait , si je pouvais un jour, » comme M. de Foncemagne, mériter le titre » d'avocat consultant des gens de lettres de ma » province ». Combien de fois enfin, obligé par ses fonctions d'exprimer les regrets de l’Académie _sur la mort de quelques-uns de ses membres, il sut relever avec adresse les vertus ou les talens qui les avoient distingués ! tâche difficile et toujours bien remplie par notre panégyriste, qui faisoit dire un jour à M. Talbert, en annonçant au public la lecture de l’un de ces éloges, « qu’en déplorant » avec tant d’art les pertes de l’Académie, M. » Droz faisoit sentir que la sienne seroit 1rrépa- » rable ». Mais, parmi les traits qui caractérisent M. Droz, il n’en est point qui prouvent mieux son zèle et la bonté de son cœur que la bienveillance qu'il montroit pour la jeunesse studieuse. Avec quelle affection il secondoit son ardeur, lui indi- quoit la route à suivre, les détours à éviter, lui offroit ses livres, ses instructions, ses conseils ! Telle étoit l'étendue deson érudition, l'assurance de sa mémoire, qu’il connoissoit tous les monu- mens et les écrits relatifs à notre histoire, qu’il en citoit les textes , la page et le lieu de dépôt où l’on pouvoit en faire les recherçhes. Mais, si M. Droz fut utile à sa patrie dans"la carrière des sciences, il ne la servit pas moins dans les fonc- tions de la magistrature. M. Droz. 279 Persuadé de bonne heure que les lettres peu- vent embellir les divers états de la vie, mais non tenir lieu de celui que l’homme doit remplir dans la société, quel que fût son penchant pour les re- cherches historiques, il ne crut point que ces tra- vaux pussent le dispenser des obligations d’un état. Lorsqu'il fut placé au fauteuil académique, il exerçoit encore les fonctions d’avocat ; mais bientôt par ses talens, son affabilité, son zèle, il sut gagner l'attachement , mériter la confiance , attirer sur lui et sur sa famille l’estime et la con- sidération, obtenir enfin une place de conseiller au parlement de Besançon. Ce fut le 5 décembre 1765 qu'il fut reçu dans cette compagnie. - Les fonctions de la magistrature ne se bornoient point alors au seul maintien de la justice distri- butive. Les capitulaires de Louis x1v avoient garanti à la Franche-Comté d’anciennes immu- nités, et au parlement une sorte de concours dans l'administration publique. Il falloit donc à l’étude des lois civiles joindre celles de nos lois munici- pales, de nos usages, de nos priviléges, les con- noissances administratives à celles du droit pu- blic. Examinons rapidement comment M. Droz parcourut cette nouvelle carrière. Il avoit étudié l’histoire dans les chartes, et cette méthode lui avoit réussi ; il voulut de même, pour apprendre nos immunités et nos droits, re- monter à leurs titres originaux. Or, depuis long- temps nos archives parlementaires, dépôt de ces ütres , avoient souffert de la suite de nos guerres 280 Biographie. et de nos changemens politiques; et dans le fa- meux siége de Dôle, en 1636, une bombe éclatant . sur l'édifice où elles étoient alors renfermées, avoit consumé des pièces importantes. M. Droz crut donc que le premier pas à faire étoit de dé- brouiller le cahos de ces archives, de recueillir les titres que la mobilité du parlement dans des jours désastreux avoit disséminés, de:suppléer enfin à ceux que le temps ou la flamme avoient détruits. Ce fut ainsi que par des rapprochemens heu- reux, mais pénibles, il parvint à découvrir les matériaux qui composolent le premier volume des actes importans du parlement , volume perdu depuis long-temps. Ce fut ainsi que sur ses récla- mations près du ministère, on obtint le rétablisse- ment d’un grand nombre de pièces intéressantes, demeurées éparses à Lille et à Bruxelles, sous le gouvernement de la maison d'Autriche. _ Après ce premier travail, M. Droz se livra à un second, non moins difficile, non. moins impor-. tant pour l’histoire de notre droit public. Les or- donnances des rois, les dispositions du parle- ment ,qui depuis la conquête régissoient la Fran- che Comté, étoient pour la plupart disséminés çà et là, ou recueillies avec méthode. M. Droz les rassembla , les unit sous un ordre chronologique, et en fit paroître le recueil en B vol. in-folio , aux- quels il ajouta des notes instructives. Quelque grand que fût ce travail, 1l n’étoit que le prélude d’un troisième plus vaste encore. Impaz tient de joindre les matériaux de notre ançienne l “M. Droz. 281 législation à ceux qu’il venoit de publier, il vou- loit, dans l'étendue de son zèle, donner en entieret par siècle, les lois antiques de la Franche-Comté, dont Petremand n’avoit rapproché que des lam- beaux. Déjà il en avoit tracé le plan, rassemblé les pièces volumineuses , envoyé même au gou- vernement une table chronologique, lorsque des événemens fâcheux vinrent contrarier l’exécution de son projet. Le parlement de la Franche-Comté, comme tous ceux des autres provinces, touchoit alors à des momens difficiles, Fatigué des réclamations de ces corps, le ministère, pour les étouffer brus- quement, avoit résolu d’un côté l’exil de leurs membres les plus marquans ,et de l’autre les créa- tions de 1771. Jeune parlementaire, M. Droz ne fut point compris dans la loi qui exiloit un grand nombre de nos magistrats. Placé même dans les charges nouvelles, il obéit à la volonté du gou- vernement, Mais lorsque Louis xvi, en arri- vant au trône, signala cet avénement par le rappel de ses parlemens ; celui de Besançon par- tagea le bienfait du prince, et M. Droz, dont le zèle ne s’étoit point rallenti pendant la dissolution de son corps, fut revu sans défaveur par ses an- ciens collègues. Que le temps ne me permetil de développer ici tout ce que son courage, ses connoissances profon- des et un dévouement sans bornes lui inspirèrent pendant etaprèscette révolution passagère pourla défense de nos intérêts, ces suppliques, ces mé- 282 Biographie. moires, Ces remontrances répétées dont il fut toujours, et par son zèle et par la confiance du parlement, un des principaux rédacteurs! Nous verrions avec surprise comment il savoit multi- plier ses forces et reproduire partout ses lumières. Qu'il nous soit permis du moins de retracer un seul fait. En 1785, des faillites nombreuses afligeoient notre province : elles venoient surtout d’une classe d'hommes sur lesquels repose l’espérance première de notre commerce, les maîtres de forges. Il importoit de connoître la cause du mal, et d’y porter un prompt remède. Le zèle du parlement aussitôt s’anime, M. Droz est nommé rappor- teur. Découvrir le vice destructeur , le suivre dans tous ses effets, le dénoncer avec courage , tel est en peu de temps l'ouvrage de l’actif commissaire. Ce mal étoit dans les entraves imposées à la navi- gation de la Saône et du Rhône , seuls débouchés de nos fers bruts et travaillés. Il résultoit d’un calcul certain , que ces marchandises, de Gray à Marseille, payoient par millier plus de 72 livres de péages et d’octrois, tandis que les fers de la Suède , en entrant dans le même port, n’étoient soumis qu’à un droit de 10 livres ; de-là une con- currence désastreuse pour notre commerce, et l’origine du bouleversement des fortunes dans les familles particulières. Le parlement, suffisam- ment éclairé, fit imprimer le mémoire de M. Droz, l’adressa au gouvernement, en réclamant M. Droz. 283 la liberté de nos deux rivières, et obtint en 1786 la réduction d’une partie des droits qui entra- voient notre navigation. Cependant, au milieu des luttes continuelles qui s’élevoient entre le trône et les parlemens, il étoit facile de prévoir un dangereux orage. Un cri tout à coup s’éleva dans la France, deman- dant le rétablissement des antiques assemblées de la nation... et la révolution commença. Elle ne pouvoit frapper plus sensiblement M. Droz , qu’en détruisant dès son principe les deux corporations auxquelles il étoit invariablement attaché , le parlement et l’académie. Son premier soin fut de soustraire à la dévastation les porte. feuilles de lune, et les copies extraites des ar- chives de l’autre. Il les recueille dans sa maison, et, par des mesures multipliées dont il aimoit à raconter les détails, il parvient à les dérober long- temps aux recherches de l'ignorance. Mais ce n’étoit pas assez de sauver les travaux de ces deux corporations, il falloit venger leur honneur compromis. Nous dirons à la suite ce qu'il fit pour l’Académie ; examinons en ce mo- ment ce qu'il entreprit pour la cause du parle- ment. Telle étoit à cette époque la singulière desti- née de ces corps, qu’à la cour on leur reprochoit d’avoir empiété sur l’autorité royale, et dans les provinces de lui avoir trop accordé. Ces accusa- tions contradictoires frappoient le parlement de Franche-Comté ; et le magistrat intègre qui avoit 284 Biographie. rempli ses devoirs, se trouvoit doublement vic- time de ces caprices de l’opinion. Il importoit donc d’écarter les préventions , et de montrer ce que dans tous les temps le parlement avoit fait pour la défense de la cause commune. Telle fut: la tâche qu’entreprit M. Droz, en publiant, en 1789, les mémoires pour servir à l’histoire du droit public de la Franche-Comté. Après tout ce que nous venons de tracer des travaux et du dévouement de M. Droz pour les intérêts de sa patrie, il semble que tant de té- moignages de son zèle auroient dû le mettre à l'abri des orages révolutionnaires. Il n’en fut point ainsi: compris dans la liste des hommes suspects à la patrie, il fut arrêté, jeté dans les prisons, tra- duit des cachots de cette ville dans ceux de Di- jon.…. Quels étoient cependant ses sentimens au milieu des opinions divergentes qui agitoient et divisoient les Français! €onsulté par les divers partis sur la question du serment civique, il ré- pondoit aux uns et aux autres, en leur montrant Palliance nécessaire des principes religieux ; avée les obligations du citoyen. C’est lui qui dans ces réponses écrites consacroit cette maxime : qu’on ne peut et qu’on ne doit jamais quitter son pays; c’est lui enfin qui dans les lieux de sa détention, Jorsqu’on cherchoit à lui faire regretter de n'avoir pas quitté son ingrate patrie, répétoit toujours : Comment peut-on abandonner sa patrie ! Cependant il est un terme aux tempêtes poli- tiques , comme à celles de la nature. L’espérance M. Droz. 285 vint tout à coup consoler la France, et M. Droz fut rendu à ses foyers , à son cabinet, à ses études. Comme le premier soin du cultivateur, après un long orage, est d'aller en reconnoître les dégâts, de même les premiers regards de notre savant se portent avec inquiétude autour de lui, et bientôt, au milieu des débris qui l’entourent, sa première pensée se tourne vers le rétablissement de lAca- démie. Déjà il s’occupoit des moyens de sa réor- ganisation, lorsque d’autres soins , d’autres tra- vaux vinrent suspendre ses projets. Quand, en effet , Besançon fut menacé de per- dre ses antiques écoles de droit et de médecine, quoique tourmenté d’une goutte douloureuse, il rassemble ses forces, et dans un tableau racourci il rappelle les droits de cette ancienne cité aux faveurs et à la bienveillance continue du gouver- nement. Lorsque l'ignorance révolutionnaire projettoit de détruire en France la majeure partie de nos ouvrages de droit et de théologie, son zèle se ra- mime de nouveau; et dans une lettre pleine d’éru- dition, adressée au savant bibliothécaire d’Au- xerre, il invoque son appui contre une mesure désastreuse qui renouvelleroit parmi nous au dix- huitième siècle les funestes bâchers d'Alexandrie, Un jour on lui porte une antique sculpture en ivoire dont on ignoroit les symboles. Ce monu- ment, vieux de 1400 ans, étoit un dyptique d’A- riobinde , qui avoit appartenu avant la révolution à l’une de nos bibliothèques publiques ; M. Droz _286 Biographie. le reconnut aussitôt, et, par ses soins et sa pru- dence, cette tablette antique, vestige curieux des cérémonies consulaires de l’ancienne Rome , est rentrée dans notre Musée, dont il fait un des or- nemens (6). Cependant, depuis le retour des idées libérales, de nombreuses corporations littéraires ou agri- coles s’étoient élevées partout dans les départe- temens de la France; et c’est dans ces temps qu’une société fut fondée à Besançon , ayant pour objet unique de ses travaux les progrès dé l’agri- culture, du commerce et des arts. Appelé à cette époque au lycée d'Auxerre, à l’Athénée de Bourg, à l’Académie Celtique de Paris et à celle d’agri- culture de Besançon, M. Droz fut ramené naturel- lement à son idée dominante, au rétablissement de l'Académie. Il touchoit alors à son DR zième lustre. Après avoir débuté dans la société de Besançon par une dissertation importante sur une des bran- ches principales du commerce de nos montagnes, il se hâta d’exposer ses plans académiques. Il vouloit à l’agriculture et aux arts joindre la poésie qui chante leurs bienfaits, les lettres qui embel- lissent le passage de la vie, et principalement l’histoire de notre ancienne province. Si ces plans, trop étendus peut-être, furent peu accueillis, re- (6) Voyez ce que j'ai dit de ce trait de la prudence et du zèle de M. Droz, dans la dissertation imprimée sous ce titre : Lettre à M. Millin, svr l'origine des Dyptiques consulaires, etc. Magasin Encyclopédique, AwN. vit, tom. 4, p. 444. M. Droz. 287 jetés même, ne louons pas moins le zèle qui les avoit dictés. Mais une des qualités précieuses de M. Droz étoit de ne se décourager jamais, lorsque dans un projet utile il rencontroit des obstacles. I] se recueillit quelque temps dans son cabinet; et après avoir rassemblé les idées qui depuis son en- fance dirigeoient les occupations de sa vie, ce fut alors qu’il publia son mémoire sur l’avantage du rétablissement des académies. Quand ce dernier ouvrage de M. Droz parut en public , qu’on y reconnut et les mémoires de sa vie httéraire tracés avec ingénuité , et le développement pour la France , de toutes les sources de son histoire , et les moyens de finir ou de perfectionner ses grandes collections his- toriques , alors les obstacles qui avoient arrêté ses projets , s’applanirent, On regarda cette pro- duction du savant septuagénaire , comme son testament littéraire dont il falloit se hâter de rem- plir les dispositions utiles au pays, et l'opinion publique se prononça en faveur d’urfe association qui tendoit à ranimer parmi nous le goût des sciences , des lettres et des arts. M. le Préfet sollicita et obtint du gouvernement l'autorisation de réunir les membres épars de l’ancienne Aca- démie. Déjà le petit nombre de ceux qu’avoient épargné la faulx du temps et les orages de la révolution, s’étoient rassemblés , satisfaits de se rapprocher, après 15 ans d’éloignement. Déja l’époque d’une seconde réunion étoit fixée pour consommer le 288 Biographie. travailentier de la réorganisation, quand le dernier événement qu’il nous reste à raconter , vint arrêter des projets; suspendre encore les espérances. Dans l'attente du jour déterminé pour l’assem- blée nouvelle , M. Droz étoit allé dans ses possessions à St-Claude, pour y respirer l'air pur des montagnes du Jura ; c’est là qu’il terminoit pour le repos de ‘ses vieux ‘ans la reconstruction de l'édifice que l'incendie de cette:ville lui avoit consumé; c'est là que rêvant incessamment aux moyens d’êtreutile à son pays, il traçoit encore sur. ses tablettes un plan d'organisation :et de travail pour l'Académie :, lorsqu'une paralysie générale vint tout-à-coup suspendre ses mouve- mens , et bientôt raprès glacer entièrement ses sens. Ce fut le 18 octobre 1805 qu’il fut enlevé pour jamais à sa famille , aux lettres et à sa patrie :ilétoit dans sa soixante et onzième année: Nous ne retracerons point les pleurs qui ont arrosé sa tombe. Père tendre , ami généreux , sensible épôux , sa mort précipitée blessoit trop d’affections ; pour ne vas en faire répandre ! Vous-mêmes , MM: , pour-qui cette perte étoit non moins afligeante , à peine vous a-t-il été permis :de>vous réunir sous d’autres auspices , que vos regards se sont portés vers celui qui man- quoit dans vos rangs, et vos premiers vœux Ont été de payer un tribut solennel à:sa mémoire. +! Chargé par vous de cette tâche difficile , que da reconnoissance particulière envers celui que nous regrettons, me faisoit un devoir d’accepter AT. Droz.T 289 je ne sais si j’ai rempli toute votre attente... ; mais pour le modeste savant que nous avons perdu, qu’importent au surplus quelques fleurs répandues sur sa cendre | qu’importent des ORLS que le temps, tôt ou tard , efface ! Sij’ai peint fidellement ses traits , s’il est vrai que sa vie ne fût qu’un enchaînement d’actes utiles à la patrie; si, peu soucieux des éloges , il aima la gloire pour son pays, et la culture des sciences pour Vutilité de ses concitoyens ; quel plus beau trophée pouvons-nous élever à sa mémoire que celui qu'il vouloit ériger lui-même au milieu de sa patrie ® Dépositaires en quelque sorte de ses intentions Kttéraires , puissions-nous donc , héritiers de son zèle, concourir de tous nos efforts à consolider l'édifice qu’il soutint pendant 40 ans, et qu’il vouloit , avant de mourir , réparer de ses propres: mains. Ce monument consacré par vous aux lettres t à lémulation, sera tout à-la-fois le plus bel éloge de notre modeste concitoyen , et le plus digne tribut de notre reconnoissance. Tome IT. Hars, 1807. 19 296 Biographie: L NOTES. Nous n'avons pu indiquer dans le texte de l'éloge de M. Droz, qu'une partie des travaux de ce savant. Nous croyons devoir les désigner ici dans une courte notice : ils ont presque tous pour objet, l’éclaircissement de quelques points de notre Histoire générale ou particulière. Nous rapporterons ces travaux à trois ou quatre époques de sa vie : ceux qu’il entreprit avaut son admission à l’Académie de Besançon ; ce qu’il fit ensuite lors- qu’il fut admis dans ce corps; ses travaux, comme magistrat, enfin, ceux qui l’occupèrent pendant la révolution, et jus- qu’au dernier instant de sa vie. Première époque de la vie littéraire de M. Droz. Mémoire pour servir à l'Histoire de la ville de Pontarlier. Besançon, 1760. Essai sur l’Histoire des Bourgeoisies du Roi, des Seigneurs et des villes. Besancon, 1760. 80. 1 vol. Ces deux Ouvrages furent imprimés ensemble aux frais de la municipalité de Pontarlier. Dans le premier, M. Droz résolut le problème historique que Montesquieu n’avoit point décidé, savoir dans quel canton de la Séquanie, les Bourguignons avoient obtenu leur partage. M. Droz , prouve que ce fut dans nos montagnes , dans les cantons de Varasque et de Scodingue. Dans le second, il fit voir que les bourgeoisises du Roi avoient existé, que leur origine remontoit au temps où les Rois de France cherchèrent à affranchir le peuple de la tyrannie féodale. M. de Bréquigny a développé depuis avec plus détendue ce point de notre Histoire. Voy.la préf. du 12 vol. des ordres des Rois de la 3.e race. Dissertation sur cette question proposée par l’Académie de Besancon: dans quel temps les abbayes de S.-Claude, de Luxeu etdeLiure , jouirent-elles des droits régaliens, et jusqu'où s’éten- dirent ces droits ? M. s. : Mémoire sur le perfectionnement des tuileries en Franche Comté. M.s. M. Droz se proposoit d'envoyer ces deux ouvrages pour le concours, lorsqu'il fut nommé le 5 mai 1762, membre associé G " _ -M. Droz: 20 de l’Académie de Besancon , qui avoit proposé ces sujets; som mémoire sur les tuileries, lui fut demandé par la société éco- nomique de Berne. Seconde époque. Travaux académiques de M. Droz, Le grand travail dont M. Droz s’occupa dès qu’il fut recu à l'Académie de Besancon, fut de rassembler tous les monu- mens qui pouvaient servir à l’Histoite de la Franche-Comté. En 1789, il avoit déjà envoyé à Paris au dépôt des Chartes, plus de 8o vol. de différentes pièces tant tirées de nos archives, que de celles de la Suisse et des Pays-Bas. Nous allons donner un . apperçu de ces pièces par l’état de celles qn’il fit copier pour l'Académie, et qui sont en ce moment déposées à la biblio= thèque de la ville de Besancon. 1. Ancien inventaire des Chartes de la chambre des comptes dé Dole, fol. 4 vol. a. Nouvel inventaire des mêmes Chartes, fol. 4 vol. 3. Cartulaire de Bourgogne, fol. 1 vol. 4. Nouveau Cartulaire de Bourgogne, fol. 1 vol. 5. Recueil de plusieurs comptes anciens rendus par les rece- veurs pour le domaine dn comté de Bourgogne, fol. 1 vol. Ce recueil dont M. {Droz faisoit beaucoup de cas, joint aux deux Cartulaires précédens, est suffisant pour donner l’idée la plus éxacte de l’ancien état dela Franche-Comté. Seulement, _ ce savant desiroit qu’on eût pu y ajouter les comptes rendus Sous les 4 derniers Ducs de Bourgogne. Ces pièces se trouvoient avant la révolution , dans ce qu’il appelloit le galletas de Dijon. Que sont devenus ces papiers pendant nos orages politiques ? 6. Inventaire des titres trouvés en 1510, au château de Gri- mont sur Poligny, relatif aux droits des Ducs et Comtes de Bourgogne, fol. 1 vol. 7. Cartulaire et inventaire des titres de la maison de Chälon, fol. 10 vol. 8. Cartulaire de Montfaucon , fol. 1 vol. 9: Chartes d’affranchissement des 14 villes principales de la Franche-Comté et d’un grand nombre de bourgs et villages de la même province, fol. 3 vol. 292 Biographie: .‘ Cette collection précieuse est due entiérement au zèle in- fatigable de M. Droz. On trouve dans le même recueil, les cou tumes de Morteau , celles de Mouthe , de St.-Hippolyte et plu- sieurs traités de gardes de nos villes principales. 10: Cartulaire de la ville de Besancon, fol. 2 vol. 31. Inventaire des Chartes de la même ville , fol. 1 vol. 12. Cartulaire général de l’Archevéché de Besançon , fol. 4 vol. 13. Cartulaire particulier @es fiefs, hommages, concessions, achats, etc. : du même Archevèché , fol, 1 vol. 14. Nécrologe de l'Eglise métropolitaine de Besancon, fol, 1 vol. 15. Cartulaire du chapitre de St.-Paul de Besancon, fol. 1 vol. 16. Nécrologe du même chapitre, fol. 1 vol. 17. Cartulaire dela Madeleine, ( ancienne église de Besancon ), .. fol. 1 vol. 18. Cartulaire de l'Abbaye de Luxeu, fol. 1 vol. 394 Cartulaire de l'Abbaye de Rositre, fol. 1 vol. 20. Cartulaire de l’Abbaye de St.-Claude, fol. 1 vol, 21. Cartulaire de l'Abbaye de Bellevaux, fol. 1 vol. 22. Autres de l'Abbaye de Corneux, fol. 1 vol. 23. Recueil de titres touchant les Salines de Salins , fol. r vol. 24. Cartulaire de la Suisse, fol. 3 vol. Ce recueil précieux, que M. Droz obtint de faire extraire des archives de Berne, contient des pièces importantes sur l’Histoire de la Suisse et principalement sur l’Evêché de Lau- sanne, dont l’'Evêque étoit premier suffragant de la métropole de Besancon. 25. Cartulaire de la maison de Neufchatel, fol. 2 vol. 26. Récès des États de la Franche-Comté , depuis l’an 1384, jusqu’en 1674. fol. 4 vol. 27. Inventaire des pièces contenues au cabinet des mêmes États, fol. r vol. 28. Recueil de plusieurs pièces sur le droit public ecclésias- tique de la Franche-Comté, fol. r vol. On trouve dans ce recueil, ce qui concerne les droits de la Province en cette partie, ses usages, ses loix, l’état ancien de ses bénéfices, et l'Histoire de la réception du Concile de Tente. ' - M. Droz. 203 : Telest l’état des pièces que nous présumons avoir composé les volumes que M. Droz a adressés au Gouvernement. Quant à ses autres travaux académiques, ils ont pour objet, ou des discussions Historiques ou des rapports sur les sujets d'Histoire proposés au concours, ou enfin les éloges des Académiciens morts. Nous les indiquerons dans le même ordre. Discussions historiques. 1. Dissertation sur le douaire des femmes nobles en Franche- Comté, relativement à laformule particulière du rituel de Besancon pour les mariages, ensuite de laquelle le mari devoit dire à son épouse, « de mon corps je vous honore, de cet » anneau je vous épouse, de mes biens je vous doue. » Rég. des Ouvrages des Académiciens , 3.e vol. 2. Recherches sur les temples et aqueducs du lac d’Antre, et des environs sur le lieu appellé Tabennæ , dans la chro- nique en vers de St.-Claude, et sur les pierres des fées de Simandre, près de Chavanne. /bid. 3. Observation sur le Cartulaire original de l'Abbaye de Ro- sière. Zbid. 4. Dissertations sur les grands Officiers des Empereurs et des Rois, sur ceux des Prélats , Princes du haut Empire et sur ceux des hauts Barons. Zbid. Tom. F. ; 5. Questions à resoudre sur l'Histoire de la Bresse et du Bugey, 3.€ vol. des délib. de l' Acad. 6. Prospectus d’une topographie du comté de Bourgogne. Ou- vrage des Acad. Tom. V. Cet ouvrage étendu de M. Droz, + suivi d’une carte ( qui se trouve dans les papiers de sa succession) , embrasse les divisions suivantes : 1.9 Ancienne étendue et division civile et ecclésiastique de la province Séquanoise en Cantons , Diocèses, Archi- diaconés. ; 2.° Ancienne étendue et division des premiers Royaumes de Bourgogne. Re Division et étendue de la Bourgogne, sous les suüc- cesseurs de Charlemagne. 4 Etendue et division des Royaumes des deux Bourgognes Cisjurane et Transjurane. 294 Biographie. 5.2 Etendue de la Franche-Comté, formée sur les confins du Royaume de Bourgogne. 6.° Division du Comté du Bourgogne en bailliages. Voy. ouvrag. des Acad. Tom. F. 7.° Rapport sur les villes de la franche-Comté, dont l’Aca- _ démie avoit des Histoires imprimées ou manuscrites. Zbid. 8.° Observations sur une nouvelle notice de l’empire Romain. Ibid. Tom. 4. 9. Rapport sur l'Histoire d'Alsace de l'Abbé Grandidier. Délib, de l'Acad. Tom. IF. 10. Observations sur des heures imprimées en 1498, par Simon, libraire, à Paris, 8.° velin. ouvrag. des Acad Tom. III. 11. Dissertation pour prouver que le Sire de Joinville, auteur de l'Histoire de St.-Louis, doit être rangé au nombre des x illustres Comtois. Ibid. 12. Observations sur une inscription trouvée à Luxeu, au mois de janvier 1981. Ibid. Tom. W. 13. Observations sur des médailles de Probus, trouvées en 1781, à l'extrémité du village de Dortan, du côté de la Bienne, et sur des monnoies de Louis le débonnaire, dé- couvertes en 1777, près du chemin de Jougne à Orbe, dans une caverne, dite la caverne des Ducs. Zbid. 14. Considérations diverses, sur l’état ancien et moderne du Jura. Délib. de l'Acad. Tom*IF. 15. Mémoire sur la ville de Mandeure. {bid. Rapports sur les Sujets historiques proposés au concours. 1762. Rapport sur cette question : dans quel temps les abbayes de St.-Claude, de Luxeu et de Lure, avoient joui des droits régaliens, et jusqu'où s’étendoient ces droits? Dés dibér. de l' Acad. Tom. II. 1767. Autre sur la question : Quels sont les princes et les sei- gneurs en Franche-Comté qui se sont distingués dans les croisades ? Jbid. 1769. Autre. Le sujet proposé étoit: l’histoire de quelques villes de la Franche- Comté. Jbid. 3770. Autre sur les embellissemens dont la ville de Besancon. étoit susceptible. Sujet du prix. Jbid. 3798. 3975. Zden. +776. 1724» 2100 3782. 1785. 1787. 1789. 1790. M. Droz.. 208 Autre sur cette question : Quels sont les coutumes et les usages des Germains et des Gaulois qui se sont perpé- tués en Franche-Comté? Ouvrag. des Acad., t. Iv. Autre sur l’Eloge de Vicolas PERRENoOT, père du cardinal de Granville. Sujet du prix. Zbid. Autre sur la question : Quelle est l’origine de |’ autorité concurrente des évêques et des comtes dans les cités des Gaules, et en quel temps les prélats du royaume de Bourgogne ont-ils obtenu le titre de princes d'Empire. Délib. de l_Acad., t. 111. Autre sur ce sujet proposé : Le degré d'autorité que les Empereurs avoient conservé dans les Gaules après l’éta- blissement des Barbares. Voyez extrait imprimé. Recueil des manuscrits du Père Dunand. Autre sur la question : Quels sont les monumens Romains qui se trouvent en Franche-Comté ? Zbid. Autre sur cette question : Quel est l’ordre chronologique des évêques de Besançon? Ouvrag. des Acad. , t. v. Autre sur l’état des sciences et des lettres au comté de Bourgogne, depuis le règne de Rodolphe-le-Fainéant jusqu’à la réunion de cette province à la couronne de France. Sujet du prix. {bid. Autre sur l’état ancien du ecommerce de Besancon, et les vicissitudes qu'il a éprouvées dans les différentes révolutions du gouvernement de cette ville. Délib. de l'Acad., t. 1v. Autre sur lPhistoire de l'Université de Besancon. Zbid. Autre sur la notice des différens lieux du comté de Bour- gogne, rappelés dans les monumens antérieurs au trei- zième siècle. Zbid. Autre sur ce sujet proposé : Examiner à quelle époque le code Théodosien et la loi Gombette ont cessé d’être en usage, et si ce n’étoit point une de ces lois que l'Em- pereur Conrard rétablit à l'assemblée des grands de . Bourgogne, tenue à Soleure en 1038. Cette question ne fut point traitée; la révolution ferma les portes de l’Académie. Mais en la proposant, M. Droz lut à cette compagnie un saraut Mémoire , où il exposoit ses conjectures, 296 Biographie. et cherehoit à faciliter les recherches aux concurrens. Yoyez Délib. de P Acad. , t. 1v, p. 133. . Eloges des Académiciens morts. Pendant le temps que M. Droz exerca les fonctions de secré- taire perpétuel, il eut à exprimer les regrets de l'Académie pour la perte d’un grand nombre de ses membres. Nous citerons les suivans : : Francois Elie CourcueTer D'Eswans, conseiller honoraire au parlement de Franche-Comté, et professeur en droit public à l'Université de Besancon, mort le 23 juin 1766. ( C’étoit lui qui avoit élé chargé par lé gouvernement, en 1745, de faire dans les villes soumises de la Flandre Autrichienne la recherche des monumens qui pouvoient concerner Histoire de France et celle de Bourgogne , et qui étoit parvenu à extraire de leurs archives plus de vingt mille chartes intéressantes, qui ont dù être trans - portées à Paris au dépôt des chartes). Laurent-Gabriel ve MowrricHann , marquis ne Fontenay, mort le 28 mars 1768. (Il correspondoit avec M. de Caylus, et lui adressa plusieurs mémoires intéressans rappelés par M. Droz). Louis , prince de BaurrremowrT , mort le 13 mai 1560. Claude- Antoine Bron , professeur à l'Université de Besan- con , mort le 21 septembre 1569. | * Dom Léonard Coqueux , abbé de Faverey ; mort le premier septembre 1571. Jean-Baptiste Burrrw, professeur à l'Université de Besan- con, mort le 6 septembre 1775. ( C’est le savant auteur du Die- tionnaire Celtique, des Réponses critiques, de FHistoire du Christianisme, tirée des seuls auteurs Juifs et Payens, et de plusieurs autres Dissertations pleines d’éruditions). Claude-Francois de Saiwr-Mauris, chevalier pe Mowrs4- Rey. (C’est celui à qui Louis xv ayant dit à cause de sa haute tairle : Chevalier de Montharey, vous êtes bien grand, répondit aussitôt: « Sire, on est bien petit lorsqu'on a l'honneur de pa- ». roitre devant votre majesté » ). Claude-Francois AtrnAzix , professeur en médecine à l'Uni- versité de Besancon. ( Les médecins de Paris, consultés par des “M, Droz: 207 Francs-Comtois, leur répondoient ; « N'avez-vous pas à Besancon » M, ATrHALIN ) ». Troisième époque. Travaux de M. Droz, en qualité de membre du Parlement. Recueil des délibérations secrettes et extraordinaires de la cour du parlement de Franche-Comté, depuis 1518 jusqu’en 1568, fol. 6 vol. Ces pièces étoient éparses auparavant. Il en fit faire une copie pour le ministre, et une autre pour l’Académie, Recueil des pièces qui composoient le premier volume des “actes importans du parlement, volume qui depuis longtemps étoit perdu. : Recueil des Edits et Ordonnances de la Franche-Comté, depuis la conquête jusqu’en 1777, fol. 5 vol. Ce Recueil utile pour l’histoire de notre droit public a été imprimé. Le cinquième vol. est plein de notes instructives qui y ont été ajoutées par M. Droz. ‘ Table des pièces qui devoient composer le Recueil des an- ciennes Ordonnances de la Franche-Comté avant la conquête. Il envoya cette table au gouvernement. Il se proposoit de pu- blier le Recueil de ces anciennes Ordonnances, travail qui au- oit completté l’histoire de notre droit public, mais il fut em- pêché d'achever cet ouvrage, soit à cause des changemens qui bouleversèrent les parlemens, soit à cause de la révolution. Remontrances concernant la création des conservateurs des hypothèques , — l'introduction du papier timbré, — les exten- sions du contrôle, — les surcharges de la Franche-Comté dans l’organisation ct l’entretien des régimens provinciaux , — la ville de Poligny, — les jurandes, — les abus introduits dans l’ad- ministration des forêts, «la répartition du sel, le brevet gé- néral des impositions, — la fabrication du sel dans les salines Montmorot et de Salins. Mémoire à l’occasion des péages exhorbitans qui se perce- voient sur les fers qui descendoient par la Saône et le Rhône, depuis Gray iusqu’à Marseille. Ce Mémoire a été imprimé. Le parlement obtint quelque di- minution sur ce péage. 298 Biographie. M. Droz fit encore copier pour l'Académie, l'extrait des déli< bérations du parlement depuis 1674 à 1771, fol. 2 vol. — Les délibérations des chambres assemblées de 1674 à 1782, fol. 2 vol. — Le troisième vol. des Remontrances du parlement. —La table des registres où étoient inscrites les bulles relatives aux bénéfices de la Franche-Comté, fol, 1 vol. Tous ces registres reposent dans la bibliothèque de Besançon, et peuvent servir aux recherches de notre histoire civile, politique et ecclé- siastique. Quatrième époque. Travaux de M. Droz depuis la révolution. Mémoire pour servir à l’histoire du droit public de la Fran- che-Comté, tiré des registres, papiers et remontrances du parlement, etc., etc., brochure in-8.°, 1 vol. , avec cette épis graphe : Sparte, Sparte, qui ne sais payer les services que par des oatrages, contemple ces guerriers qui reprennent le chemin de leur patrie, ils accouroïent à ta défense. (-AnacHARS1s.) M. Droz rappeloit dans ce Mémoire tout ce que le parlement avoit fait pour la défense des droits, privilèges et immunités de la Franche-Comté. Réussit-il à écarter les préventions qui pla- noiént sur cette compagnie? Nous n’osons l’assurer. Il n’appar- tient qu’au temps de calmer les passions, et de lever le bandeau des préjugés. Décisions d’un jurisconsulte sur la question à lui faite par une religieuse, tendante à savoir si, en conscience, elle peut faire le serment de liberté et d'égalité. Manuscrit. J C’est dans cet écrit, conservé dans les manuscrits de M. Droz, que ce digne citoyen consacroit cette maxime, qu'on ne peut et qu'on ne doit point quitter son pays. Mémoire pour la conservation des écoles de droit et de mé- decine à Besancon, manuscrit. J'ai écrit moi-même sous la dictée de M. Droz. ce Mémoire, plein de détails instructifs sur nos anciennes écoles, les succès qu'elles ont obtenues, et les égards qu’eurent toujours les sou verains pour la conservation des priviléges et des droits de l’an- cienne cité de Besoncon. Lettre d’un ancien secrétaire d'Académie au bibliothécaire de M. Droz. 209 YEcole Centrale du département de l'Yonne (Fr. Xav. Laire de Vadans, Haute-Saône), sur la conservation des livres de droit et autres réputés inutiles en ce moment, manuscrit. Cet écrit, de 20 pages in-folio, est une nouvelle preuve de la grande érudition de M. Droz. Parcourant toutes les branches de la jurisprudence, — droit naturel, — droit des gens, — droit politique, — droit public, civil et ecclésiastique, —droit privé, — mœurs , — coutumes, — ordonnances des princes, = arrêts des cours, — histoire du droit, — bibliographie des ouvrages de droit, — vie des juriconsultes , — législation des Hébreux, des Grecs, des Romains, de l'Allemagne, de l'Angleterre , de l'Espagne , ete. , etc. , il parle de tout en homme qui a étudié, non les titres des ouvrages, mais médité longtemps ce que chacun d’eux peut offrir d’utile ou pour la morale ou pour l’his- toire ; et c’est après avoir ainsi montré ce que chaque livre ren- ferme d’important, qu’il sollicite en faveur de ces ouvrages l'in- térêt du savant bibliothécaire de l’Yonne, qu’il présumoit que le gouvernement devoit consulter pour la formation des naw- velles bibliothèques publiques de la France. Lettre à M. Parmentier, membre de l’Institut, sur Ja fabri- ation et la manutention des fromages en Franche-Comté, ma- nuscrit. , Ce qui donna lieu à cet écrit fut l’ouvrage de M. Parmentier, publié sous ce titre : Ee lait considéré dans ses différens rap- ports avec la chymie , la médecine et l’économie. Voyez le rapport qui en fut fait en l’an 1x par M. Bouchey, dans le 2.€ ol. des Mémoires de la Société d'Agriculture du Doubs. Mémoire sur l’avantage du rétablissement des Académies pour la continuation de plusieurs Recueils concernant le droit public et l’histoire de France, adressé à M. Villars, de l’Institut, etc. Besançon , an xu1r, brochure in-8.° Parmi les ouvrages sortis de la plume de M. Droz, celui-ci est un des plus intéressans. Il présente trois objets importans, 1.0 le récit ingénu destra- vaux de l’auteur pour l’éclaircissement du droit public et de histoire de la Franche-Comté; 2.0 le tableau du commence- ment , des progrès et de l’état, au moment de la révolution, des grandes collections historiques de la France; 3.° un plan dé- taillé et explicatif de la manitre de terminer chacune de ces 300 Biographie. collections. C'est dans cette dernière partie surtout que se mon+ trent l’érudition profonde et le zèle sans bornes de M. Droz. L'article relatif au complément du Coutumier général de la France, renferme en particulier l'énoncé le plus vaste de tout ce qui peut composer dans ce Recueil le tableau historique le plus complet de nos mœurs, de nos usages, de nos coutumes, et nous ne craignons point d'avancer que ce savant pouvoit seul le tracer. Ce fut déjà lui qui fit appercevoir à M. de Fontette qu’on avoit oublié nos coutumes dans les premiers volumes de la bibliothéque historique de la France, et qui en fournit une notice , que M. Barbeau de la Bruyère fit insérer dans le supplé- ment de cet ouvrage. Ce savant modeste, qui sera longtemps l’objet de nos regrets particuliers , a été inhumé à Saint-Claude , département du Jura, où sa mort a excité de grands regrets. Sa taille étoit moyenne, sa figure et ses maniéres étoient affables. Il accueilloit surtout avec plaisir la jeunesse et les gens de lettres. Il s’énoncoit dif- ficilement , mais son discours étoit plein d’érudition. On repro- che de la diffusion à son style, mais il disoit à ses collègues: hâtons-nous de recueillir, d’autres après nous polirons. Il laisse avec ses manuscrits une bibliothèque précieuse , léguée par pré- ciput à son fils, jeune homme intéressant, qui s’êémpressera sans doute de marcher sur les traces du savant et vertueux auteur de ses jours. BIBLIOGRAPHIE DICTIONNAIRE DES OUVRAGES ANONYMES ET PSEUDONFYMES, composés , traduits ou publiés en français , avec les noms des Au- teurs, Traducteurs et Editeurs, accom= pagné de notes historiques et critiques , par Antoine - Alexandre Barsier, Biblio- thécaire du Conseil d’état. Paris, impri- merie Bibliogriynique , rue Gît-le-cœur, 1806, 2 vol. grand in-8°. Le 1er., de Lxxvt et 522 pag. ; le 2c., de 678 pag. Prix, 15 fr., et 20 franc de port. L E titre seul de cet ouvrage annonce son utilité. C’est un vaste répertoire qui sera toujoursconsulté avec plaisir et avec fruit. Lorsqu'une personne in- connue nous a vivement intéressé par la solidité de ses raisonnemens , ou même par la singularité de son esprit, nous desirons de savoir son nom ; nous faisons des démarches pour le découvrir ; la même curiosité , bien excusable sans doute , nous porte à connoître l’auteur du livre qui nous instruit, ou qui nous amuse. Mais les recherches sont quelquefois longues, pénibles, et nous man- quons souvent de moyens ou de courage pour les faire. Le savant Bibliographe qui vient à notre secours, mérite donc notre reconnoissance. Il com- pulse laborieusement les mémoires du temps, les dictionnaires , les catalogues, les journaux ; il 302 Bibliographie: discute , il compare les opinions ; il pèse les au- torités ; il interroge les morts et les vivans pour découvrir un nom qu’une modestie, vraie, feinte ou intéressée , avoit dérobé jusqu'ici à notre con- noissance. Un pareil travail exige beaucoup de zèle , de sagacité, et surtout de patience. … Heureusement pour nous , M. BARBIER réunit ces précieuses qualités qui se trouvent rarement ensemble. La méthode que l’auteur a suivie est , je crois, la plus commode et la plus naturelle ; l’ordre alphabétique des ouvrages. L’amateur ; en con- sultant les premiers mots du titre , trouve à l'instant les indications qu’il cherche. Si ce titre a souffert quelque altération ou quelque chan- gement, pour des raisons connues seulement de l’auteur ou du libraire , le même ouvrage se trouve sous ces différens titres, avec un renvoi de l'un à lautre. M. Barbier a porté même son at- tention jusqu’à venir aussi au secours de ces lecteurs curieux, mais nonchalans, qui ne se donnent pas la peine de lire l'approbation ou lé privilége qui leur indiqueroit l’auteur du livre qu'ils ont entre les mains; il leur épargne cette légère re- cherche qui effaroucheroit encore leur paresse. Les auteurs qu'il dévoile ou qu’il démasque; sont déjà au nombre de g104, et chaque jour des amateurs officieux lui fournissent des maté- riaux pour le troisième volume qui ne se fera pas long-temps attendre. PLacius, Myuivs , Baillet etlescompilateurs de la France littéraire, n’avoient Anonymes, 303 laissé qu’un travail très-incomplet sur les ano- nymes et pseudonymes français. L’abbé Bonarpy, Docteur et Bibliothécaire de Sorbonne, préparoit, au commencement du dernier siècle ,un grand travail sur cet objet. Il écrivoit le 9 mars 1727, au président Bouhier : « Mes anonymes et mon » Histoire des Ecrivains de la Faculté de Théo- » logie de Paris m’occupent toujours ; mais je » doute que dix années me suffisent pour ra- » masser les matériaux et les mettre en œuvre. » Il est mort en 1756 sans avoir publié ces deux ouvrages. « Avant la révolution de 1789 , le ma- » nuscrit du premier , dit M. Barbier , étoit » conservé au Séminaire de Saint-Irénée de » Lyon; ik est sans doute perdu depuis les trou- » bles qui ont agité cette grande ville, et c’est » inutilement que j'en ai demandé des nouvelles » à des personnes qui eussent pu enavoir la com- » munication. »y L’estimable M. VAn-THoL ; Hollandois, ancien conservateur du dépôt littéraire de Saint-Louis-la-culture, préparedepuis plusieurs années un travail sur les auteurs français qui ont publié des ouvrages anonymes ou pseudonymes en français. On peut donc se flatter que cette matière sera à-peu-près épuisée par ces laborieux écrivains. La nomenclature sèche des écrits anonymes ou pseudonymes auroit atteint , sans doute, au but principal que se proposoit M. Barbier ; mais il a sagement fait de nourrir un très-srand nom- bre d’articles de discussions , d’anecdotes inté- 804 Bibliographie: ressantes qui ajoutent, dans un livre de ce génre l'agrément à lutilité. J'en citerai quelques unes en y joignant des faits ou des observations qui ont échappé aux recherches ou à la mémoire de l’auteur ; mais je prendrai les articles au hasard, sans m'assujettir à suivre l’ordre des numéros. Article 438 ( Aventures de Télémaque). M. Bar- bier pouvoit ajouter une anecdote assez curieuse; c’est que le président Cousin, alors censeur, ap- prouva ce livre,comme traduit fidellement du grec. Le Père pu CERCEAU dans sa lettre critique sur l'His- toire des Flagellans , de l’abbé BotLEAU, imprimée peu de mois après la publication de cet ouvrage, sans nom de lieu ni d’Imprimeur, relève assez vertement cette distraction du président (1). Ménage, dans une épigramme qui ne se trouve point dans le recueil de ses Poësies , mais que LA MoxNoyr nous a conservée dans le Ménagiana, fait un reproche plus grave Æu grand traducteur de Procope, celui De n'avoir pas eu le pouvoir De traduire une fille en femme. Après l’article 160 , M. Barbier a oublié de citer uné autre traduction anonyme d'ACHILLES- Tarius: Les Amours de Clitophon et de Leucippe. Traduction libre du, Grec d’Achilles-Tatius ; avec des notes. Par le sieur D*** D***, Paris. And. Fr. Le Breton, 1754. in-12. L'auteur de cette (1) Voyez l'Histoire critique des Journaux, par Camusar. Amst, J. F. Bernard, 1934, à vol. in-12, pag. 35 du second. : “Anonymes: 305 traduction est Charles - Philippe MoNHENAULT- D'Eczx, de l'Académie dés inscriptions , né à Paris le 28 mai 1699 , mort le 2 mai 1740. Lenglet du Piesnoÿ avoit écrit sur l’exemplaire qui devoit servir à une nouvelle édition de sa Bibliothèque des Romans : « On dit que cetté # version est de l’abbé Desfontaines; jele souhaite # pour l’honneur du Sacerdoce : on voit par-là » que cet illutre Abbé s’est heureusement ré ÿ concilié avec l’amour légitime... » Dans le nouveau Dictionnaire Historique , le nom de cet Académicien est estropié ; on l’appele Charles= Philippe d’'Egly de Montenault, mais on lit sur un exemplaire de présent que je possède : ex dond D* De Monhenault d'Egly authoris. - Article 3185 ( de l’Imitation de J. C. , traduc- tion nouvelle , {par l'abbé DE Cnoisr), 1692. : Cette traduction avoit donné lieu à tant de contes ridicules , elle avoit induit en erreur tant de graveshistoriens qu'’ilétoit essentiel de discuter ce point d'histoire littéraire. AMELOT DE LA HoussatE dans ses Mémoires Historiques , Politiques, Critiques et Littéraires , avoit dit (2): «& L'abbé de Choisy, de l'Académie française, a dédié sa traduction de l’Imitation de J. Ci, à Madame de Maintenon. La première édition est remarquable par deux versets du Pseaume » 44 ; qui sont au bas d’une taille douce , où » cette Dame est représentée à genoux au pied CG € % (2) Tom. 1, pag. 849 de Pédit. de 1735, 3 volin-80. Tome II. Mars, 1807. 20 306 Bibliographie. » du Cruciïfix, savoir: Audi filia , etinclina aurem » tuam, et obliviscere domum patris tui, et con- ». cupiscet Rex decorem tuum. Ecoutez , ma fille ; » et soyez attentive ; oubliez la maison de votre » père ; et le Roi desirera de voir votre beauté. » On les a retranchés dans la seconde édition, » à cause de la malignité des gloseurs. » L'auteur de la vie de l'abbé de Choisy (3), qu’on attribue ordinairement à l'abbé D’OLiveT , mais que l'abbé de Saint-Léger croyoit être de l’abbé Joly , de Dion ; Voltaire , dans la liste des Ecrivains du siècle de Louis XIV ; l’abbé BaRrRAL, dans son Dictionnaire historique , littéraire et critique ; CHaAuUDoN et DELANDINE, dans le nouveau Dic- tionnaire historique ; le jésuite FELLER dans son Dictionnaire historique ; D'ALEMBERT , dans l'E- loge de l'abbé de Choisy ; Dreux pu RADIER, dans sa Bibliothèque du Poitou , ont adopté sans examen, l’assertion hasardée par Amelot de la Houssaie. Enfin on lit dans les Essais dans le goût de Montagne du Marquis d'ARGENSON, pu- bliés par le Marquis de PAULMY, cette étrange note : « Je ne peux me dispenser de rapporter » une anecdote singulière sur cette traduction s de l’Imitation , par l'abbé de Choisy : il la » dédia à Madame de Maintenon , qui étoit déjà » alors tout-à-la-fois dévôte et maîtresse déclarée » du Roi. Pour faire sa cour à cette Dame, l’abbé » fit graver à la tête de sa traduction , une belle > planche, où l’on voit Madame de Maintenon (3) Lausanne et Genève, 1742 et 1748, x vol. in 8°. «Anonymes: 307 # à genoux au pied du Crucifix, et au bas étoient » gravées ces paroles tirées de David : audi, filia, » concupiscet Rex decorem tuum. Ecoutez, ma » fille, le Roi sera épris de votre beauté. Cette - » application scandalisa tout le monde ; on obligea 0 » bien vite l’abbé de Choisy à retrancher cette » image des exemplaires de son livre qui lui res- » toient à débiter; après qu’il eut fait présent » seulement de quelques uns ; il n’a pas même » voulu me procurer unexemplaire où cetteimage » se trouve : les Bibliomanes l’acheteroient bien » cher. » (4) Certes on ne peut rassembler plus d'erreurs en aussi peu de lignes: on voit d’abord que le Marquis d’Argenson ainsi que les auteurs cités plus haut, n’avoit pas vu la première édition de 1692, et qu’il avoit adopté, de con. fiance , une tradition répandue par quelque courtisan malin. Ensuite il ajoute que Madame de Maintenon étoit alors dévôte et maîtresse dé- clarée du Roï ; mais il avoit pu lire dans les Mémoires de l'abbé de Choisy , son parent, dont le manuscrit étoit dans sa bibliothèque , qu’en 1692 Madame de Maintenon étoit depuis six ans, au moins, femme de Louis xiv, et, certes à cette époque le concupiscet Rex decorem tuum auroit été, non un compliment , mais une épi- gramme qu’un fin courtisan, tel que l’abbé de Choisy, n’auroit pas osé se permettre, Du reste, tout cet échafäudage de mensonges tombe de lui- même , à la seule inspection du livre. Il.est dédié (4) Pag- 298 de l’édit. de 1585, et 302 de celle de 1788. 308 Bibliographie. : au Roi, et non à Madame de Maintenon (5). Dans la première édition, la dédicace est sur- montée d’une vignette charmante qui représente la chapelle de Versailles; je ne sais si elle a été conservée dans la deuxième édition que je n’ai pas vue, mais dans la troisièmeet dans lessuivantes,; elle a été remplacée par l’écusson de France. Jé vois par une note de l'abbé de Saint-Léser laissée dans mon exemplaire de la première édi- tion , que M. Massard croyoit que cette vignette, gravée à l’eau forte, est de LE PAUTRE , et que M. Aory, savant philologue et amateur éclairé, dont les articles enrichissent quelquefois ce jour: nal, la croyoit de Dozivar. Cette dernière opinion paroît d’autant mieux fondée, que le (5) Un petit livre, en vers français, qui lui fut réellement dédié, et que l'inscription mise au bas de deux figures rend remarquable, c'est Ze Cours du jour d'un Chrétien. Paris, Moël Pissot, 1714, petit in-8°. de 82 pag: et 6 feuillets. La pre- mière de ces figures représente un Christ sur la croix, au bas ‘duquel on lit ce vers de Tisurre, Te teneam moriens deficiente manu! "Eleg. 1, v. 74. La seconde représente la Vierge à mi-corps, enveloppée dans ün grand voile, et on lit au bas : Sfatio fidissima nautis , visi- blement emprunté de ce vers des Géorgiques de ViroiLe, et, Deprensis olim Statio tutissima nautis. Liv, iv, v. 421. L’Auteur de ce petit livre est inconnu. Il dit dans sa préface: « Le Cours du Jour d’un chrétien est un volume léger, et je » puis me flatter qu’il ne pesera point à ses lecteurs s’ils font » profession dé piété. » Ho! trés-léger, sans doute, et de poids et de poésie. . ANONYMES. 809 Pautre étoit mort en 1682. La figure mise à la tête du second livre est celle qui a donné lieu à tous les contes ridicules que nous avons vus; elle représente la chapelle de Saint - Cyr ; les Demoiselles sont assises et rangées sur des bancs _ à. la droite; l’autel est dans l’enfoncement ; sur le devant, on voit une femme à genoux sur un prie-Dieu ; un livre est ouvert devant elle, mais , les bras étendus, elle tourne la tête vers des rayons de lumière qui partent de la voûte, et qui, dirigés vers elle, portent cette lésende Audi filia. On lit au ‘bas de l’estampe : Ecoutez, ma fille. Cette femme, qui est sûrement Madame de Maintenon , et la légende , ont fait naître les commentaires que nous avons cités plus haut. Ces figures sont de MARIETTE ; on les trouve dans son œuvre , au cabinet d’estampes de la Bibliothèque impériale ; mais probablement cette traduction de l'abbé de Choisy aura été imprimée dans un plus petit format, car dans l’œuvre de Mariette on les voit aussi réduites. Avant de terminer l’article sur l’abbé de Choisy, disons un mot de deux autres de ses ouvrages. Histoire de Madame la Comtesse des Barres ; | Bruxelles, 1756 , in-12. On lit dans l’ouvrage | de M d’Argenson (6) : « Le troisième volume des » manuscrits de l'abbé de Choisy, contient l’his- » toire de la prétendue Comtesse des Barres. Ce » livre scandaleux n’a été imprimé qu’en partie. (6) Pag 314 de la première édit. , et 316 de la deuxième, 310 Bibliographie. 5 dans mon manuscrit, il est porté à cinq livres; » et l’on n’en a imprimé que trois. » On sait que cette comtesse est l'abbé de Choisy (et non CHoist, comme on lit dans le nouveau Dictionnaire Historique), qui, depuis son enfance jusqu'a un âge où des folies pareilles ne sont plus excusables, avoit conservé tous les goûts d’une Femme. Il en portoit de préférence les habits, et à 22 ans il n'avoit pas encore de barbe, « parce » que, nous dit-il, on avoit eu soin, dès l’âge de » cinq ou six ans, de le frotter tous les jours avec » une certaine eau, qui fait mourir le poil dans sa » racine, pourvu que l’on s’y prenne de bonne » heure ». Cet amour de notre galant abbé pour la parure, a donné l’idée à l'éditeur de sa vie, de mettre sur le frontispice de la seconde édition un fleuron, où l’abbé de Choisy est représenté pres- que enfant, debout devant un miroir de toilette, le corps nu, le rabat sous le menton, et le man- teau court jeté sur les épaules; et derrière lui le même abbé, dans un âge rassis, et dans le silence de la méditation, écrivant sur son biffeau , dans un coin de sa bibliothèque. Ce fleuron peint d’une manière ingénieuse les deux époques bien distinctes de la vie de l’abbé de Choisy, celle où entièrement livré au plaisir, à la dissipation , il avoit presque oublié son sexe et rougissoit d'en porter les habits , et celle où sen- tant vivement le ridicule du rôle ‘ qu’il avoit joué jusqu'alors, il se livra à des études sérieuses ; donna au public des ouvrages estimables, et Anonÿmes. 311 réussit , jusqu’à un certain point, non pas à faire oublier, mais à réparer les extravagances de sa jeunesse. Quatre dialogues, I. Sur l’Immortalité de l'Ame. IL. Sur l'Existence de Dieu. II. Sur la Providence. IV. Sur la Religion. Paris, Cramoisy, 1684, 1n-12. | L'abbé de DANGEAU, ami de Pabbé de Choisy, a eu la plus grande part à ces dialogues. C’est lui qui porte la parole sous le nom de Théophile. Cette première édition est ornée de quatre vi- gnettesKlésantes de Sébastien le Clerc, et d’un joli cul-de-lampe, de Mélan. Dans les vignettes, les deux abbés sont représentés dans des attitudes différentes. Le gros, le joufflu, est l’abbé de Dan- geau , et le fluet l’abbé de Choisy ; ce qui fit dire aux plaisans que ces deux abbés s’étoient fait im- primer en corps et en ame. La quatrième vignette place les deux interlocuteurs dans le jardin du Séminaire des Missions Etrangères. Ces dialogues furent réimprimés en Hollande, mais sans vi- gnettes. Fn1768, on en donna à Paris, chez Mu- sier et Gogué, une nouvelle édition; on fit copier les vignettes de la première; mais par un artiste maladroit ; et par une autre maladresse , l'éditeur, dans sa préface, prit le marquis de Dangeau pour l’abbé son frère. D’Alembert, dans l'éloge de ce dernier , avoit en vue cet ouvrage, lorsqu'il dit : « On a de lui des Entretiens sur la Religion, rédi- » gés sous ses yeux, et mis au jour. par un incré- » dule bel-esprit qu’il avoit ramené dans la bonne 312 Bibliographie, » voie (7) ». Et plus loin, dans l’éloge de l’abbé de Choisy, « un AE de ses amis, qui ne » l’avoit point quitté pendant le danger où il » étoit, avoit fortifié par ses instructions la foi » tremblante du malade ; il continua ces salutaires » instructions au néophyte convalescent, et lepre- » mier usage que l’abbé de Choisy fit de sa santé, » fut de publier le résultat de leurs conversations » en quatre Dialogues, sur l’Immortalité de l'Ame, » sur l'Existence de Dieu, sur le Culte qu'on lui » doit, et sur la Providence (8)». Tout cela est fort inexact. On croiroit que les Entretiens sur la Religion , dont il est parlé dans le premier Eloge, sont un ouvrage différent des quatre Dialogues. Jurieu fit la critique de ces derniers dans un opus- cule intitulé : Apologie d'un tour nouveau pour les quatre Dialogues de M. l'abbe de Dangeau, lec- teur du Roi. Cologne, Marteau , 1685 ,in-12. Le ministre Jurieu ne pardonnoit pas à l’abbé de Dangeau, qu’il croyoit le seul auteur de ces Dialogues, d’avoir abandonné la religion protes- tante dans laquelle il étoit né, et il lui dit, selonsa coutume , beaucoup d’injures. Art. 4131. Mélanges Historiques et critiques, contenant diverses pièces relatives à l'Histoire de France (par DamIENs pe GomicourT). Ams- terdam et Paris, 1768, 2 vol. in-12. Cet ou- vrage, qui renferme des Dissertations curieuses; fut la cause d’une querelle entre le parlement et - (7) Histoire des membres de l’Acad. franc. , tom. 1, p. 194. (8) Ibid. , pag. 319. . Anonymes. 313 la chambre des comptes de Paris. Le 18 décembre 1768, Pierre Perrot , avocat général du Roi à la chambre des Comptes, dénonga, dans un réquisi- toire assez bien fait, cet ouvrage, comme un libelle où l’on attribue les droits du despotisme le plus rigoureux au roi de France; où , regardant l’éta- blissement de l’impôt comme une marque distinc- tive de la majesté suprême, on ne met point de bornes à cette ressourçe malheureuse, etc. (9). En conséquence, et sur le rapport d’Athanase- Alexandre-Clément de Boissi, conseiller-maître, la chambre supprima ce livre le 21 du même mois, comme contraire à l’honneur et au respect dus à la magistrature, et notamment à la juridiction de la chambre, avec défenses de le vendre, distri- buer , etc., sous peine de 8000 |. d'amende; mais le réquisitoire de la chambre des Comptes fut à son tour dénoncé au parlement, et son arrêté cassé. "4 Art, 7275. Les Véritables motifs de la Conver- sion de M. l'abbé DE La TRaPpe, etc., par Daniel DE Laroque. Cologne, Marteau, 1685, in-12. Cet écrit satirique, sorti des presses de Pierre Marteau, consacrées dans le dix-septième siècle aux libelles de toute espèce, est ordinairement attribué à Daniel DE LaRROQUE ( et non de La Ro- que , comme l'écrit M. B. , avec beaucoup d’autres bibliographes (10));mais j’ai trouvé sur deuxexem- (9) Voyez les Mémoires secrets de BacæaumonrT sur cette annee, (10) Voyez sur Daxie pe Lanrnoque , une lettre curieuse de l'Abbé D'Qz1YET au président BouxiEer, en date du 6 juillet 314 Bibliographie. plaires de ce livre, dont l’un appartient à la bi- bliothèque de Carpentras, et l’autre avoit appar- tenu au président Bouhier , deux notes que je dois consigner ici. On lit sur celui de Carpentras : « Ce libelle a été fait par les auteurs suivans: M. » THiers, curé; le P. Joseph MEGE, bénédictin; » un jésuite, précepteur des enfans de M. de » Cressy ; le P. BorssARD , sacristain des Chartreux » de Paris, qui a manqué une abbaye de Saint- » Bernard , qu'il avoit demandée ». Il faut d’abord , ce me semble , rayer de cette liste Thiers, auteur de l’Apologie de l'abbé de la Trappe (11) contre les Lettres à M. l'abbé de la 1938. Elle a été réimprimée dans les Opuscules littéraires du même abbé. Amst., 1967. In-12. (11) Cet ouvrage n’a qu’un titre volant, ainsi conçu : Æpo- logie de M. l'Abbé de la Trappe. C’est un in-12 de 1x pages, sans y comprendre la Préface, qui a 10 feuillets non chiffrés. D. ze Cerr, dans sa Bibliothèque historique et critique des Au- teurs de la Congrégation de Saint-Maur, La Haye , 1726 ,in-12, nous apprend, pag. 464, que cet infdme libelle fut imprimé à Grenoble et_supprimé par le crédit du général des Chartreux ; mais que néanmoins il s’en est répandu dans le public plu- sieurs exemplaires. On n’est pas d’accord sur l’année de son impression. Dreux pu Rapier, dans ses Æloges historiques des Hommes illustres du Thymerais, pag. 62, la fixe vers 1699. L'abbé Gouser, dans le second Supplément au Dictionnaire de Monrerr, la fixe, au contraire, à 1694, et c’est l’opinion la plus probable. Le Père de SaINTE-MarTE , alors prieur de Saint-Julien de Tours, fit imprimer dans cette ville, en 1692, chez Philippe Masson, mais sous la date d’Amsterdam , DeEs- »rossEs, ses fameuses Lettres à M. l'Abbé de la Trappe, petit in-12 de 231 pag., sans l'Avertissement. En 1693, il publia, toujours dans la même ville, mais sous la date de Cologne, ‘Anonymes: 315 Trappe. Amst. 1692 , qu'on sait être du P. Denys ‘de Sainte- Marthe, mort général des Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur en 1725. Ensuite, si les autres ecclésiastiques nommés dans cette note ont véritablement prêté la main à cette œuvre d’iniquité , il faut avouer qu’ils employoient leur ‘temps d’une manière peu édifiante. Voyons à “présent la note du président. « Ce livre est ordi- » nairement attribué au sieur Daniel de laRoque, » alors protestant, fils du célèbre ministre Ma- ‘» thieu de la Roque. Cependant, dans la réfuta- » tion qui en parut la même année sous ce titre : La conduite et les Sentimens de M. l'abbé de la Samgix , une suite à ces lettres, intitulée : Recueil de quelques Pièces qui concernent les quatre lettres écrites à M. l'Abbé ‘de la Trappe, petit in-12 de 243 pag. Or, dans ce dernier ou- ‘vrage, celui de T'arErs y est formellement annoncé, p. 39— #40, dans une lettre adressée à SANTEUIL », par un ami du Prieur, c’est-à-dire, par le Prieur lui-même. « On lui (au Prieur) a mandé déjà plusieurs fois, y est-il dit, que M. Tu. travaille à Jui répondre. Ceite nouvelle l’a un peu surpris, et lui paroît fort douteuse , parce qu’il croit que M. T. a résolu de se tenir désormais en repos. On dit même qu’un des articles de la paix qu’il a faite avec M. l’Evêque de Chartres, est qu’il s'abstiendra d'écrire ; et l’on a remarqué que depuis ce temps-là, il n’a rien donné au public, au lieu qu'auparavant, on voyoit tous les ans quelque chose de nouveau de sa part. Certainement la pru- dence dit que lorsqu'on s’est sauvé avec beaucoup de peine d’un horrible naufrage , on ne doit plus s’exposer à de pareils dangers. » Taiers dut être fort sensible à cette bravade, et comme il étoit peu endurant de son naturel, et comme dit le Tasse, en parlant D'ARGANT, al sofferir poco uso, il aura: publié, dès l’année suivante, cette Æpologie, où le P. de Saixre-Manrse est étrillé de main de maître, 316 Bibliographie. » Trappe, etc., et que j'ai vu attribuer à M. » Thiers, il est dit, page 159, que l’auteur de » ces Entretiens est un solitaire , sur la table du- » quel on les a vus manuscrits avant l'impression, » et page 507, il est ajouté que ce solitaire est » un moine blanc, qui avoit poursuivi avec une » chaleur scandaleuse un bénéfice; ce qui l’avoit » fait appeler l'abbé B.... Le P. Bouhours fut » accusé d’être auteur de ce livre, sur quoi il écrivit à un de ses amis : On ne peut imputer un » tel ouvrage qu'à un homme dont la conscience est » sans honneur ». Journal de Trévoux, 1733, page 786. Ce moine blanc qui poursuit un bénéfice, est probablement le P. Boissard de la note précédente. Prosper Marchand, dans une note surla 106° lettre de Bayle (12), attribue également cet écrit à Lar- roque fils, mais il ajoute, avec l’impudence dont cet écrivain étoit coutumier : « Je tiens de l’illustre » M. Baluze, contemporain de l’abbé de la Trappe, *et qui sait parfaitement son histoire, que les » faits rapportés dans ces Entretiens sont très- » certains, et très-fidèlement rapportés ». Credat judœus apella. # Art. 4469. Mémoires secrets pour servir à l'His- toire de Perse, par PECQUET. Amst., 1745 , in-12. Pecquet, premier commis aux affaires étrangères, fat mis à la Bastille pour cet ouvrage satirique, C’est de lui que VozTaiRE a dit dans le Pauvre Diable : PTE 5... Un Pecquet, un Pleneuf, Un trafiquant, un commis est le bœuf. (12) Lettres choisies de Bayle, Rotterd., 1914, tom. 1, p, 392. Anonymes, 317 Art. 5975. Recueil de Pièces d'Histoire et de Littérature | par l'abbé GrANET et le P. DEsmo- LETS. Paris, Chaubert, 1731, 4 vol. in-12. Les tomes 1, 11 et 1v sont de l’abbé François GRANET , né à Brignole en Provence, et mort à Paris le 2 avril 1941, à 49 ans. Le 111€ est du P. Desmozers » Continuateur des Mémoires de Sal- lengre , mort le 26 avril 1760, à 83 ans. Art. 5534. Poésies satiriques du dix-huitième siècle, publiées par M. SAuTREAU. Londres, 1782, 2-vol. in-18. Dans les premiers exemplaires de cette jolie collection, qui fait suite aux Cazin, après la page 224 du second volume, au bas de laquelle on lit FIN; On avoit ajouté trois pièces que les personnes intéressées firent probablement supprimer. La Première est l’Epître de Dorat 4 celle qui se re- connoîtra : Toi, la plus belle des Didons. + Les deux autres sont des épigrammes faites en 1780 , l’une sur la Harpe, et l’autre sur le Mierre. La première de ces pièces est connue de tout le monde ; les deux épigrammes le sont MOINS ; et Comme elles n’ont rien d’offensant pour la mé- moire de deux auteurs justement estimés , nous les donnerons ici pour les amateurs qui ont des exemplaires incomplets. ç 1 18 : Que la Harpe est changé! doux, modeste, soumis, Pour se faire estimer, il s’intrigue , il $’immole ; Il dit même par fois du bien de ses amis : Aussi de ses taleas le Mercure rafole ; 318 Bibliographie, Charnois en perd l’esprit , Monsieur l'abbé Remi Devant ce nouveau Dieu marche en thuriféraire ; Et si quelqu'un se plaint encor de lui, Ce n’est ; ma foi, que son Libraire. ER Pressez les vers du rocailleux Le Mierré, Dont un moment ici j’emiprunte la manière, | - Lisez, relisez les souvent ; Si votre langue à de la gène, Ils feront pour son mouvement, L'effet de ces cailloux que mâchoit Demosthène. Art. 6285. Réponse apologétique à l'Anti-Coton; par un Père Jésuite (le P. CoTron }, Au Pont, 1611, 1in-8.° C’est en 1610 que ce livre fut imprimé; mais dans plusieurs exemplaires que j’ai vus, et le mien est de ce nombre, le bas de la page 211 a été masqué avec un papier imprimé en gros Carao- tères, ainsi conçu : Ce que Hotman enseigne (712 cet endroit est si pernicieux, que le seul rapport en seroit dangereux mis en langue vulgaire. Or, ce que François Hotman enseigne dans cet en- droit , c’est que « le royaume de France est de » toute ancienneté, et, de sa première fondation, » électif; que le peuple y a sa suprême auto- » rité, etc. ». La page 212 est aussi masquée, mais avec un simple papier blanc, collé sur le feuillet, ainsi que le bas de la page 214, où ilest dit, toujours d’après Hotman, que cette formule, car tel est notre bon plaisir , ne signifie pas le bon - plaisir du roi, mais le consentement du peu- ple, etc. Toutes çes propositions de F. HoTMAN ; Anonymes: 319 que l’auteur réfute, sont extraites de son ouvrage intitulé : Franco-Gallia. Genève, 1573, in-8°, inséré ensuite dans le traité de Antiquo jure Regni Galliæ. Bâle , 1585 , et Genève 1588 ,in-8.° Art. 420. Aventures d'Apollonius de Tyr, par Le BRuN. Paris, 1712, in-12. (C’est 1711 qu'il faut lire. La date de l'approbation de cette secdnde édition est du 6 janvier 1711). On lit sur le frontispice de ceroman Apollonius de Tyr, mais on lit au haut des pages les Aven- tures d'Apollonius de Tyr. Je fais cette remarque, minutieuse, si l’on veut, parce qu’en ne consul- tant que le titre du frontispice, on le chercheroit en vain dans ce Dictionnaire. Dans laréimpression qui en fut faite en 1796, si je ne me trompe, on mit sur le titre traduit du grec. C’est une de ces vieilles impostures auxquelles il seroit temps de renoncer. Il est vrai qu’elles ne trompent que les Sots, mais le nombre de ces derniers est si grand, que la charité chrétienne leur doit quelque mé- nagement. Le Brun a puisé son roman dans le 53e chapitre des Gesta Romanorum cum applicatio- nibus (13) moralisatis ac misticis, fol. cxx de l’é- dition de François Regnault, 1611, in-8.° gothi- que , etfol. cxuix, tourné, de celle d'Abraham de BrAUcHEsSNE, 1531, in-8.° gothique. Ce chapitre est intitulé : De tribulatione temporali que in gau- dium sempiternum postremo commutabitur. Quelque soin qu’on apporte à un ouvrage tel que celui dont nous rendons compte, il doit s’y (13) On lit dans les éditions suivantes : Cum explanationibus. 320 Bibliographie. trouver nécessairement des erreurs, parce qu’ot est souvent obligé de s’en rapporter à des cata- logues qui ne sont pas toujours rédigés avec exac- titude, et des omissions parce qu'il est difficile de découvrir tous les anonymes. Consigrer ici celles que j'ai remarquées en parcourant ce Dic- tionnaire , seroit une chose à peu près inutile. J'aime mieux les indiquer à l’auteur pour son troisième volume, où il sera beaucoup plus com- mode de les trouver. Je m’arrêterai seulement sur une ou deux omissions, qui fournissent des anec- dotes assez curieuses. Essai sur la poésie épique, traduit de l’An- glois, de M. DE Vorraire; par M.***, Paris, Chaubert, 1728 , in-12. Cette traduction est attribuée à labbé Des- fontaines, mais ce n’est pas de cela qu'il s’agit. Le docteur HArwooD, dans sa Biographiaclassica, article Apollonius Rhodius , fait l’observation suivante : « Une chose digne de quelque remar- » que, C est que VoTAIRE, dans. un de ses essais. y | » critiques, après avoir assuré que, selon Popinion » générale des Critiques ; le Poète romain a fait » de larges emprunts à Apollonius de Rhodes, » pour la partie la plus brillante de l’'Enéide, » l’épisode de Didon et d'Enée, ajoute : On doit vi- » vement regretter que les Argonautiques ne soient » pas venues jusqu'à nous, parce qu'en comparant » les deux poëmes, nous saurions précisément ÿ ce que le poète romain doit au poète grec (14). (14) It is somewhat remarkable that F’oltaire in one of his Anonÿmes: | 32 * Lorsque je lus cette étrange assertion dans le docteur Harwood ,je m'imaginai que Voltaire dans son Essai sur la poésie épique, publié en an- glois ; à Londres ; en 1726; avoit pu commettre cette erreur, peu excusable pourtant dans un dis- ciple du P. Porée. Je ñe pus me procurer l’o- riginal anglois, mais je consultai la traduction’ française de’l’abbé Desfontaines ; et je lus, pag: 389, que le deuxième ou le quatrième livre ap- partiennent à Pisandre, à Apollonius, à Vir-. gile, ou à quelque autre ; le nom de L'auteur n'aug- mente ni ne diminue les beautés de l'ouvrage. Paolo Rozzrt, italien et littérateur fort instruit qui étoit à Londres lorsque Voltaire fit paroître: son Essai, publia aussi en anglais une brochure traduite en mauvais français par l’abbé Antonini ; sous ce titre: Examen de l'essai de M. de Voltaire, : sur l@ poésie épique, par M. Paul RoLzr, traduit de l'anglois par M. L. A.**, Paris , Rollin fils ,: 1728, in-12 (15). Or, Rolli n’auroit pas manqué: critical Essays s after affrming that Critics have generally Deun of opinion that in the most splendid part of the AEneid , the In-! tercourse between Dido and Æneas, the Roman Poet had lar-’ gely borrowed from Æpollonius of Rhodes, adds : it is greatly ; to be lamented 1hat we have not the Ærgonautica now remai- ning, that by instituting a Collation we might sée how much the Roman has been indebteb to the Grecian Poet. Biographia Classica : the Lives and Characters of the Greek : and Roman Classics, etc., by Edwvard Harwood. Je me sers de l'édition de Londres, 1778, 2 vol. in-i2, pag. 161 du pre- mier. é (5) Cet ouvrage a été élégamment traduit en Ttalien par un Professeur napolitain , Don MazzarezLa Far4o, savant Helle- Tome II. Kars, 1807. 21 322 Bibliographie. de relever cette erreur grossière , si Voltaire l’eût réellement commise. Il faut donc ranger cette assertion parmi les mensonges imprimés. Du reste il est très-vrai que dans ce quatrième livre , Vir- gile a fait de larges emprunts à Apollonius, à Homère et aux poètes qui l’avoient dévancé , comme on peut s’en convaincre en consultant l'ouvrage de Fulvius Ursinus (16), ce qui n’em- pêche pas que ce quatrième livre ne soit admi- rable. Abregé de l'histoire des Savans anciensgt mo- dernes, avec un catalogue des livres qui ont servi à cet abrégé. Paris, le Gras et comp£., 1708, in-12. On attribue cet ouvrage à Dom Alexis GAUDIN ; chartreux : il est divisé en deux parties ; la pre- mière est consacrée aux anciens, et la seconde aux modernes. Le bon religieux qui en est auteur , avoit à sa disposition un très - grand nombre de livres sur l’histoire littéraire ; il les a dépouillés avec assez de soin, mais avec trop peu de critique. On y lit, par exemple, pag. 20, que Juste Lipse a traduit Tacite en français avec tant de succès , et pag. 31 , à l’article du sophiste niste et savant Orientaliste, sous ce titre : Disamina del parere di M. di Voltaire sulla poesia epica, opera di Paolo Rolli, trad. d'all'inglese, Berlino ( Napoli), 1779. in-8.° (16) V'irgilius collatione scriptorum Græcorum illustratus. Antverpiæ, 1567, in-8° "La seconde édition de cet ouvrage cu- rieux et utile, bien préférable à la première, fut publiée à Leu warden ( Leovardiæ), en 1747, grand in-8.°, par les soins de Valckenaer. ._ AinonyMés: 323 Prodieus , l’auteur nous dit :« On apprend de » Suidas, queles Athéniens le firent mourircomme » corrupteur de la jeunesse. Athenis haust@ cicutä » mortuus est, quasi juvenes corrumperet. I] ya » apparence qu’on l’accusa d’enseigner à ses dis- » ciples l’irreligion. » Maisil ne s’agit pas dans cet endroit de Suidas , d'irreligion ; le dixpéeipan a un sens bien différent : PHILOSTRATE , dans la wie de ce sophiste, nous apprend qu'il aimoit l’argent et le plaisir (17). Cependant malgré ces négligences , l'ouvrage du P. Gaudin se fait lire avec plaisir :on y trouve des anecdotes plaisantes; on lit, par exemple, dans une addition rejetée à la fin du volume , que Scioppius ayant demandé à Gifanius son Symmaque à emprunter , celui- ci lui répondit : « Me demander mon Symmaque, ‘» c’est toute la même chose que si l’on me de- » mandoit ma femme. Symmachum a me petere » perinde est atque uxorem utendam postulare. » Les amateurs de livres qui aiment , si jose m’exprimer ainsi, à raisonner leur bibliothèque, à connoître les auteurs des ouvrages qui la com- posent , desiroient depuis longtemps de savoir de quelles mains étoit sortie cette foule de livres philosophiques dont notre littérature fut inondée depuis 1746 , époque à laquelle parurent les Pensées philosophiques de Diderot, jusqu’à 1780. Les auteurs de ces ouvrages avoient si bien pris (17) Xgmmalar 7e yap ler Eéyyave nai AObvais ididéner. Pag. 496, édit. d’Olearius, 1709, in-fol. 324 Bibliographie: leurs mesures , soit en gardant l’anonyme , soit er publiant leurs productions sous le nom de quel+ que mort illustre , que leur secret n’avoit presque jamais transpiré , et probablement il seroit mort avec eux si l’un des initiés qui avoit mis, comme on dit, la main à la pâte, et le seul , je crois, encore vivant , ne l’avoit révélé à M. Barbier, Les renseignemens qu'il lui a fournis sont très- curieux, et satisfont pleinement notre curiosité. Ces ouvrages sortirent , en grande partie , des belles presses de Marc-Michel Rey d'Amsterdam; les manuscrits lui parvenoient sans qu’il sût de quelle main ; on n’exigeoit rien de lui, et pres- que toujours l’auteur , lorsqueson ouvrage parois- soit,étoit obligé d’en payer fort cher un exemplaire. Deux Journalistes ont été scandalisés de ces renseignemens, et les ont dénoncés aux conscien- ces timorées. Je respecte beaucoup le zele ; et je dois d'autant moins me mêler de cette espèce de controverse , que les pièces sont aujourd’hui sous les yeux du public , et que c’est à lui à prononcer. Je dois cependant faire observer que dans cette discussion polémique , il y a un article qui mérite quelque attention, celui où il est question de désigner le véritable auteur de l’Examen critique des Apologistes de la Religion chrétienne , publié en 1766 sous le nom de Fréret. M. B. a prétendu que c’étoit Burigny , mort en 1785 , âgé de 94 ans. Son an- tagoniste du Mercure a nié ce fait; M. Barbier, “AANONYMES à 325 daris urie réponse publiée à part (18), a soutenu son assertion , et pour l'appuyer , s’est servi d’un moyen presque toujours sûr en pareille occa- sion (19). Il a rapproché quelques passages de l'Examen critique, de passages correspondans . d’un ouvrage avoué par M. de Burigny, qui parut en 1724, SOUS letitre de Philosophie payenne , et qui fut publié de nouveau-en 1754 , sous Li de Théologie payenne, et il lui a paru démontré. que les uns et les autres étoient sortis de la: même plume. Les mèmes autorités y sont citées » des phrases entières sont les mêmes. Ce rap- prochement ingénieux donne au moins à son opi- nion un grand air de probabilité. Il est en effet dif- ficile de croire qu’un écrivain ait été assez hardi , disons mieux , assez impudent pour s'approprier aussi scandaleusement les dépouilles d’un auteur vivant , et surtout d’un auteur qui jouissoit d’une grande considération. M. de Burigny a survécu dix-neuf ans à la publication de l’Examen criti- gue, et il n’a fait aucune réclamation. Lorsque M. Berçier publia en 1767, la Certitude des preuves du Christianisme , on voit par la lettre que M. de Burigny écrivit au Baron d'Holbach , qu’il avoit été fort sensible à la critique qu’on y faisoit de l'Examen : il y discute avec calme # (18) Réponse de M. Barnier, Bibliothécaire du Conseil d'Etat, à un article du Mercure. Paris, Imprimerie Bibliogra= phique, 1807, in-8.0 de 23 pages. 8e + (19) C’est aussi celui dont en s’est servi, dans le temps, pour prouver que Caraccioli étoit le véritable auteur des Lettres de Clément xrwe! + j , 326 Bibliographie: les objections du Théologien ; mais quelquefois il sort de sa modération ordinaire. Par exemple, on y lit le passage suivant : « On est tout surpris » de voir ce Théologien superstitieux, pag. 153, » justifier la trahison et la perfidie pour sauver » l'honneur du livre de Judith, C'est donc, dit-il, » un grand crime aux yeux deslphilosophes, de » tuer par trahison le général d'une armée enne- » miel » (20). Au reste, quel que soit le véritable auteur de l'Examen critique, on pourroit dire, ce me semble, que ce livre ne forme aucun pré- jugé légitime contre l’orthodoxie de celui qui la composé, On peut être intimement convaincu de da bonté d’une cause, et croire pourtant, mal à propos si l’on veut, qu’elle a été mal défendue. D'ailleurs, si lExamen critique est un mauvais livre , il en a produit un bon sous la plume de Jabbé Bergier; ainsi, d’un petit mal, il est né un grand bien. Voilà le reproche le plus grave fait à l’auteur. Les autres tiennent à des considérations person- nelles du moment, ét, comme le temps les fait dis- (20) Cette lettre a été insérée dans le Recueil philosophique, Londres, c’est-à-dire, Amsterdam, 1970, 2 vol. in-12, pag. #74 du second. C’est l'Editeur lui-même , encore vivant, qui affirme qu'elle est de M. de Burrewy, et que le manuscrit lui en, fut remis par le Baron d'Horracx. Comme il n’a aucun intérêt à avancer une fausseté, je m'imagine qu'il faut l'en croire sur sa parole. Dureste, c’est un point d'histoire littéraire , digne d’être fixé, que je discuie ici, en critique et non en théologien ; c’est de l'Auteur et non de l’ouvrage que je m'occupe, Non nostrum inter vos tantas componere lites. Anonymes. 327 paroître chaque jour, il est inutile de s’en occu- per aujourd’hui. M. Barbier nous promet un Dictionnaire his- torique. Nous l’exhortons à nous faire jouir bien- tôt de ce nouveau travail. Il y a dans ceux qui ont été publiés jusqu'ici, de grandes lacunes à remplir ; les noms y sont très-souvent estropiés, et les dates de leur naissance et de leur mort, fixées avec beaucoup de négligence. C’est sur- tout dans le titre des ouvrages, dans l'indication de leurs éditions, dans celle de leur format, du lieu et de l’année de leur impression, qu’il s’est glissé les erreurs les plus monstrueuses. L'homme studieux qui veut se procurer un ouvrage , et qui ne sait point quelle en est la.meilleure édition, a besoin d’un guide sûr, qui mérite sa confiance et qui lui fasse connoître celle qui est rare et celle qui est utile. S'il est riche, il achètera l’une et l’autre ; la première, pour figurer orgueilleuse- ment dans sa bibliothèque, et la seconde, pour ses lectures; si ses moyens pécuniaires sont bor- nés , il se contentera modestement de la seconde. Nous ne doutons pas que le Dictionnaire histo- rique de M. Barbier ne soit pour tous ce guide sûr. Je rendrai compte du troisième volume, lors- qu'il paroîtra. CHARDON DE LA ROCHETTE. L \ 8 CHYMIE, CHYMIE APPLIQUÉE AUX ARTS, par M. J. A. Cuarraz, Membre et Trésorier du Sénat, Grand-Officier de la Légion d'honneur, Mentbre de l'Institut de France, Professeur honoraire de l'Ecole de méde- cine de Montpellier, etc. etc., 4 gros vol. in-8°., ornés de 12 planches en taille-douce, brochés , 27 fr. Les mêmes, 4 vol. z7-89., fig. , pap. fin, 30 fr. À Paris, chez Déter- ville, libraire, rue Haute - Feuille, n°. 8, au coin de celle des Poitevins. Rave les manipulations des arts et leurs .opérations routinières à des principes généraux avoués par la science et par ceux qui la cultivent, ne peut être que le résultat d’une grande expé- rience, de longues recherches et de profondes'ré- flexions. Qui mieux que le sénateur CHAPTAL pou- yoit entreprendre un pareil ouvrage? Vingt-cinq ou trente ans employés à l’enseignement de la chymie, à des époques où elle se lançait dans le champ de ces vastes conceptions qui forment au- jourd’hui sa doctrine, ont été le prélude ,des travaux pratiques auxquels il s’est livré, en formant dans diverses contrées de la France un grand nombre de manufactures et d’établisse- mens, établissemens dont les bénéficesiet les succes ont prouvé de la manière la plus constante la Application aux Arts. 329 solidité des principes sur lesquels reposoit la série: . de leurs opérations , et le talent de celui qui les a créés. . M. le sénateur Chaptal, RARE Pun des plus habiles professeurs de l'Europe, n’a jamais dû être considéréluniquement comme chymiste ; toujours 1l s’est occupé de grandes vues commerciales ; la multiplication des procédés dans les arts et leur perfectionnement ont été constamment l’objet de son attention particulière ; ce goût tout à fait pro- noncé pour les travaux en grand, l’a toujours emporté chez lui, sur les simples opérations de laboratoire. … Nous verrons, en analysant cette dernière pro- duction, que l’auteur y débute par les principes de la chymie, et qu’il conduit ensuite comme par Ja main celui qui voudroit s’en servir pour arriver à l'application de la chymie aux arts; aussi, à mesure que l'ouvrage avance, l'exposition des faits est-elle substituée à la théorie, et la pratique qui semble s'établir ainsi d'elle-même , lui prête-t-elle une physionomie qu’on ne sauroit découvrir dans aucune production de cette espèce : on s’apper- çoit, en un mot, et sans beaucoup de peine, que toute cette composition est le résultat, d’observa- tions sans nombre faites par l’auteur dans toutes sortes d'ateliers; car, comme il l’observe lui- même, il en a beaucoup établi; et ensuite, ap- pelé par l’empereur Napoléon au ministère. de Jintérieur, il doit avoir su mettre à profit les con- noissances qu’il a acquises dans l’examen appro- 830 * Chymie. fondi qu’il a été chaque jour à portée de faire de l’état du commerce, et, si l’on peut s'expliquer ainsi, de la statistique des arts et des manufac- tures, dans un temps où S. M. Impériale les visi- toit elle-même , et où il l’accompagnoit dans ses voyages. : La chymie appliquée aux arts, que l’auteur a dédiée à S. M. l'Empereur et Roi, est précédée d'un discours qui peut être lui-même regardé comme un ouvrage particulier : c’est à beaucoup d’égards une véritable dissertation d'économie politique, dans laquelle l’homme qui, par état ou par des circonstances particulières , se verroit dé- terminé à former des établissemens sur quelque point du globe que ce puisse être, trouvera des maximes, des conseils sages et des instructions très- détaillées, desquelles il ne sauroit s’écarter sans compromettre sa fortune, les intérêts de son établissement , et sans courir à une perte cer- taine. Aucune des fautes que pourroient faire les négocians relativement aux lieux où ils voudroient s'établir et à la nature des travaux auxquels ils voudroient se livrer, n’y est passée sous silence. Les principes qui y sont développés sont d’une importance telle, que les gouvernemens eux- mêmes ne sauroient les dédaigner , tant il est vrai que la raison est une, et que les conseils de l’homme expérimenté portent toujours un carac- tère dont les résultats ouvrent la route des succès et des bénéfices; aussi ce caractère est-il incon- testablement l'apanage du talent et des connois- Application aux Arts. 331 sances acquises. Le lecteur sera satisfait de cette partie de l’ouvrage de M. Chaptal. Le plan de la chymie appliquée aux arts est simple, et l’auteur l’a exécuté avec sa précision et sa clarté ordinaires. Il commence d’abord par établir les principes élémentaires de la science chymique sur lesquels nous ne nous appesantirons pasici, vu qu’on les retrouve dans tous les traités; nous dirons seulement que M. Chaptal les y a présentés d’une manière précise et lumineuse ; ainsi qu’il Pavoit fait précédemment dans ses Elé- mens de Chymie; mais en les reprenant ensuite Chacun à son tour, il les applique aux substances qui en sont l’objet, et il passe ainsi successive- ment en revue tous les résultats qui en dérivent, En suivant cette marche, chaque art vient se ranger sous les lois qui doivent régler les opéra- tions qui lui appartiennent, Pour remplir ce cadre, il développe d’abord les principes chy ymiques et les lois générales aux- quelles les corps obéissent dans leur action réci- proque. Ensuite viennent les modifications oppo- sées à ces lois générales par la pression de l’atmos- phère, par la chaleur, par la vitalité et par l élas- ticité. Après avoir posé ces bases, il présente les moyens qui sont à la disposition de l’art pour modifier l’action des lois naturelles. La première partie de l’ouvrage embrasse de cette manière et ‘Ja connoissance des lois de la nature dans l’action réciproque des corps, et les moyens que peut 333 0 Chymies employer le chymiste pour étudier, diriger et varier leurs effets. Ces données une fois posées, l’auteur fait la description des principaux corps sur lesquels s'exerce l’action chymique, tels que les terres, les alkalis, les métaux, le phosphore, le carbonne ; les bitumes , les huiles, les résines et les acides: Ces substances sont présentées les unes comme matières premières , et les autres comme les agens principaux de composition et de décomposition ; et formant conséquemment par leurs diverses combinaisons les composés les plus usités; aussi trouve-t-on dans cette deuxième partie un grand nombre des arts qui fournissent à nos premiers besoins et à nos agrémens. Viennent ensuite sous un même tableau les combinaisons et la fabrication des produits chy- miques usités dans les arts ; aussi le mélange des gaz, l’aliage des métaux, la fabrication des sels, etc. sont-ils traités tour à tour, et toujours de manière à tenir l'artiste sur la voie de la fabri- cation la plus simple et la moins dispendieuse. Maintenant que nous avons exposé le plus suc- cinctement qu'il nous a été possible la marche qu’à suivie M. le sénateur Chaptal dans le déve- loppement de ses principes sur la Chymie appli- quée aux Arts, nous allons mettre sous les yeux de nos lecteurs quelques-unes des matières qui sont traitées dans son ouvrage, et qui nous ont paru ou neuves ou d’un intérêt plus particulier. : Examinons, par exemple, les données d’après Application aux Arts: 333 lesquelles il établit les modifications appor- tées à l’action chymique par la :witalité. M, Chaptal: développe ici des principes qui, avant lui , n’avoient été présentés ni peut-être connus par personne. Les lois de la nature, dit-il, sont constantes et immuables, et c’est à ce caractère qui leur est propre, que nous devons l’unité d’action et la succession des phénomènes qui renouvellent et perpétuent ce qui existe , sans aucun changement dans la nature des corps ; mais lorsque plusieurs lois s’exercent sur la même substance, les lois qui n’appartiennent exclusivement à aucune, devien- nent le résultat d’efforts communs ; et dans ce mélange de forces et d’action , comment démèêler ce qui appartient à chacune de'ces lois? Plus les lois sont multipliées , et plus le problème se com- plique. Les germes de la vie cessant d’agir, notre pla- nète n’offrira que des masses soumises aux lois de la pesanteur et des affinités ; mais les germes de la vie supposés en mouvement , des agens divers con- courent à produire le même effet, et à modifier à l'infini l’action des lois primordiales. Les corps vivans obéissent à des lois vitales ; savoir , la sensibilité et l’irritabilité. Plus ces lois sont nombreuses et intenses, et plus les phéno- mènes des corps s’éloignent des résultats que pré- sente l’affinité dans la matière inanimée. Dans les corps organiques et vivans, il y a choix de ma ‘tières , assimilation. Dans les corps inorganiques; il y a composition et formation d’un nouveaÿ corps. Dans les corps inorganiques, il n°ÿ a donë que matière et affinité ; dans les corps organiques | outre la matière, il y a des lois vitales qui imodi- fient sans cesse l’action des agens externes et celle de l’affinité. Pour faire sentir le pouvoir de la vitalité, l’au- teur examine les effets de l’air, de l’eau et de la chaleur agissant sur un corps vivant. Il y trouve Pair et l’eau servant à la respiration et à la nour- riture de l’être vivant , par la décomposition que leur font subir ses organes , pendant que la cha- leur en anime tous les ressorts; mais l’être or ganique une fois mort, ces mêmes substances deviennent les premiers agens de sa décomposi- tion. Par exemple , la racine du végétal plongé dans l’eau, la décompose et s’en nourrit; la plante étant une foismorte, plongez la racine dans l’eau, et l’eau la décomposera à son tour. Voilà la preuve incontestable que les résultats de l’action de l'air, de l’eau et de la chaleur, diffèrent d’une manière péremptoire , suivant que les corps sont morts ou vivans, d’où l’on doit conclure que la vita- lité modifie la loi des aflinités dans les corps vivans. . : Il suit de tout ceci, que la vitalité rend l’ap- plication des lois chymiques déduites des corps morts d'autant plus difficile, que le corps vivant est doué de facultés vitales plus nombreuses et plus énergiques. En passant de l'être organique à la nature inanimée, l'influence de la vitalité disparoît , et l’affinité chymique reprend entière- N Application aux Arts. 335 ment son empire. La chymie des corps vivans exige donc une étude particulière ; mais la chymie seule ne sauroit expliquer aucune fonction; et, pour connoître les fonctions de l’économie ani- male, il est indispensable de réunir l'analyse chymique aux observations physiologiques. On peut donc regarder, dit l'auteur, la chymie ap- pliquée aux corps vivans, comme une science qui fournit de nouveaux moyens d'observation ; mais il faut bien se garder de s'immiscer dans le travail de la witalité, parce qu’il méconnoîtroit toujours le pouvoir de l’art. La construction des diverses espèces de four- neaux et leurs dispositions particulières ont.oc- cupénotre auteur , au point que dans les planches qui se trouvent à la fin de son premier volume ,. il a donné la description de tous ceux qu’on peut appliquer aux différentes opérations chymiques qu’on voudroit pratiquer en grand. Ceci le con- duisoit nécessairementrà parler des houilles, à en établir les différences, à présenter surtout les cas particuliers où elles ne sauroient être subs- tituées au charbon de bois, sans qu’il en résultât des inconvéniens qui doivent nécessairement les faire rejeter. Il a porté l’attention jusqu’à décrire la manière de les désouffrer , pour les rendre d’un usage plus commode , et pour les débarrasser de. la substance qui peut seule devenir nuisible aux métaux sans cette précaution. Ce sont là .des détails qu'il faut lire dans l'ouvrage de M. Chap- tal, et parce qu’ils sont à la portée de tout le. 336 PE ep ie CU monde , et parce que tout le monde est à chaque moment dans le cas d'en faire usage. Il ne répardé pas la tourbe, sous quelque form qu'on la présente, comme méritant l’apo- logie qu ’on en a fait dépuis quelque temps, et les charbons de bois, extraits dés troncs, des racines, des feuilles ou des bois jeunes, y sont considérés sous des rapports bien faits pour pré- munir les consommateurs contre les fautes qu'ils pourroient commettre dans leurs aprovisionne- tnéns. | , Lorsqu'il s’agit d’äppliquer la éhaleur par l'usage du fourneau : « on concevra, dit l’au- ÿ téur, toute l'étendue du pouvoir aa calorique » et toute son influence dans les opérations chy- » miques, lorsqu'on verra qu’il est le principe où » l’agént des fusions, des solutions, des distilla- » tions, des sublimations, en un mot de pres- » que tous les travaux que les hommes exécutent ÿ sur les corps , soit pour en modifier les » formes et la constitution , soit pour opérer de » nouvelles combinaisons, soit pour en extraire ÿ ou séparer quelques principes »5 et, se rappe- lant ensuite que ces opérations doivent toujours être faites le plus économiquement possible; ïl en vient à la construction des fourneaux , et il pose les principes suivans : 1.0 Les fourneaux doivent être infusibles au degré de chaleur qui leur est appliqué ; d 2.9 Ils ne doivent ni se Sert ni HFIERONS ni se i Aide : ni effleurir; Application aux Aris: 337 3.° Leurs matériaux doivent être mauvais con- ducteurs de la chaleur. Il faut convenir que voilà un tableau qui rap- pelle en peu de mots au fäbriquant , les conditions que doivent réunir les terres avec lesquelles il voudroit construire ses fourneaux, s’il veut qu’ils soient bons et durables. L’argile en fait ordinai- rément la base: Avant de l’employef, il veut qu’on l’essaie, et, pour cela , on en forme des briques, on les expose à un feu égal à celui qu’elle doit éprouver lorsqu'elle constituera un fourneau , et on la juge par les effets ou les’ accidens que la chaleur a produit sur ces briques. La retraite de l'argile n’est pas non plus ou- bliée : faute d'y avoir égard , les modeleurs ; les briquetiers, les sculpteurs, les fournalistes , se trouveroient déchus dans leurs opérations. Il rapporte ensuite la manière de la préparer et de la sécher par degrés, de la malaxer , de la mêler avec des matièrés moins poreuses et ca- pables de la tenir'en équilibre , telles que le sable | quartzeux et le quartz blanc lui-même, afin d'é- viter la retraite: Voilà les principes généraux d’après lesquels , suivant M. Chaptal, doivent se préparer les subs= tances qui servent à la construction des four- neaux; mais il faut lire avec attention ce qu’il dit sur le choix et l'emploi du combustible , sur l’ac- tion de l’air dans les fourneaux, sur l’usage du miroir ardent et du chalumeau. Il faut se pénétrer deses principes et en faire l'application aux four- Tome II. Mars, 1807. 22 / 338 | out Chymies neaux de fusion, aux fourneaux à soufflet, aux fourneaux à aspiration ou à eourant libre ; il faut se pénétrer de ses.principes sur les fourneaux d’é- vaporation et de distillation, à la perfection des- quels il a travaillé lui-même pendant long-temps. La préparation des colles , l'emploi particulier auquel chacune d'elles est applicable, tout cela entroit dans le plan de l’auteur, et tout y a été traité successivement, La fabrication des vinaigres de vin, de bierre; celle des vinaigres par distilla- tion des substances végétales et animales , y sont également traitées très en détail. Mais une partie qui est devenue le sujet des recherches de beaucoup de manufacturiers fran- çais, c’est le mélange des terres pour la fabrica- tion de la poterie; il occupe dans l’ouvrage de M. Chaptal. une place distinguée. Les moyens employés pour épurer les terres, pour les cuire, pour les peindre; les substances qu’on met en œuvre pour la composition des couleurs , tout y est ramené avec un soin, avec une exactitude qui prouve combien l’auteur est familier avec ces sortes de travaux. Les métaux, leurs combinai- sons infinies pour la composition des couleurs qui procurent aux arts tant de moyens, et au eommerce tant de belles choses , viennent natu- rellement se ranger dans la méthode de M. Chap- tal, et y présentent le tableau de toutes les nuances qui en dérivent. | Un des objets sur lesquels la.chymie s’est a plus exercé, c’est sans contredit. la fabrication rm Application dix Aris: : 339 êes sels : les acides, les alkalis ont été combinés les uns avec les autres, et les arts ont trouvé leur compte à faire de ces produits les'bremiers agens de leurs opérations. L'ouvrage ne laisse rien à desirer sur cette partie; et pour s’en convaincre, il n’y a qu’à le consulter. Nous ne saurions omettre de faire mention ici de la fabrication de l’alun que les arts doivent aux recherches de M. Chaptal, et à application de M. Berard son élève. Tous les chymistes, et mieux encore les fabricans et les teinturiers, con- noissent la différencé qu’un préjugé absurde avoit mise entre l’alun naturel et celui qui est fait de tou- tes pièces. Ce préjugé, tout inconcevable qu’ildoit Paroître aujourd’hui , à fait réjetèr ce dernier alun pendant un très-long espace de temps; et si les Savans ne fussent venus à son secours, dés idées barbares exercéroient encore leur empire contre lui avec tout le despotisme de l’ignorance. Chap- tal créa l’alun de toutes pièces ; Vauquelin , Chap- tal, Roard et Thenard, lui ont assigné, lui ont maintenu sa véritable place dans les mänufac- tures , et MM. Bouvier et Curaudeau s'occupent expressément d’en pourvoir le commerce. Nous allons terminer cette analysé par lexpo- sition d’un travail particulier, des plus importans sans doute, dont les premières données appar- tiennent à M. Carni, et le perfectionnement à M. le sénateur Chaptal. Je veux parler « de = fabri- cation de la poudre à canon. Nous ne dirons rien de l’art du salpétfier ; la 340 at -Chymie. guerre de toute, l'Europe contre la France l’a tellement acclimaté parmi nous, qu’il n’est peut- être pas un individu dans les villes et dans les campagnes qui ne le possède complètement. Au reste, notre auteur en a parlé assez en détail pour l'apprendre à tous ceux qui voudroient acquérir des connoissances à cet égard. Quant à la fabrication de la poudre, depuis que le hasard en avbit fait connoître les élémens, la fabrication en grand en étoit toujours demeurée restreinte aux pa ti moyens ; soixante - seize parties de salpêtre rafliné, douze de charbon et douze de soufre , triturées pendant vingt heures dans un appareil à pilons, la constituoient défini- tivement. Tout ceci est connu; mais ce qui ne l’étoit pas avant M. Chaptal, c’est la méthode de Carni, dont on a fait usage pendant la révolution à Grenelle, à Vincennes et aux Loges, dans les poudreries qui y avoient été formées. Trois opé- rations suffisent pour composer la poudre par cette nouvelle méthode, 1.° broyer et tamiser les matières; 2.° en opérer le mélange dans des ton- neaux ; 3.° donner au mélange la consistance re- qüise , et grener la poudre. | Deux meules de bronze tournant verticalement dans une auge pulvérisent et broyent les matières, et font tourner quatre blutoirs qui tamisent le poussier à mesure qu’il sort de lauge. Les ma- tières une fois broyées, on les met dans des ton- neaux solidement construits, percés d’une ouver- ture assez grande sur un de leurs fonds, armé Application aux Aris. 34 d’une porte. Ces tonneaux roulent sur un axe “horizontal. Chaque tonneau reçoit 75 livres de composition, et fait 35 ou 45 révolutions par “minute sur lui-même. Dans ces tonneaux se trou- ‘vent quatre-vingt livres de boules de bronze, de “quatre lignes de diamètre, qui battant la matière ‘pendant le roulage, en facilitent la division et le ‘mélange; trente-deux plateaux de bois de noyer ‘entremêlés avec des toiles mouillées sur lesquelles “on met des couches du mélange coulés sous une ‘forte presse, servent à donner à la composition la -Conéistance requise. On prend cette espèce de gâteau fortement comprimé , on le porte au gre- noir comme dans l’ancienne manière ; le tamis et un tourteau lui donnent la dernière façon, et la poudre est faite. Cette manière de la fabriquer est, selon l’auteur, plus prompte, plus écononi- que , supérieure dans le produit , et présente plus _ de sûreté dans les travaux. Un des objets qui ont été traités par M. le sé- nateur Chaptal avec le plus de soin, c’est le gal- late de fer qui sert à former l’encre dont nous usons habituellement. Les expériences qu’il, a faites pour parvenir à fixer justement les propor- tions des substances qui entrent dans sa compo- sition sont extrêmement satisfaisantes et les ré- sultats très-variés ; il est parvenu à déterminer le degré d'intensité de l'encre par les proportions dans lesquelles il emploie les drogues qui la com- posent. Cette analyse, dans laquelle nous n'avons pu 342 avi + Chymie. nous ‘défend d’être long , ne présente encore que l’énumération très-raccourcie des faits nom- breux et des opérations importantes que M. le sénateur Chaptal a trouvé le moyen de développer dans son ouvrage ; et, comme ses intentions, ainsi qu'il le dit lui-même, n’ont point été de former -des ouvriers ; mais bien plutôt d'éclairer les, pas des artistes ; sans leur tracer une route purement mécanique, nous ne saurions trop conseiller à toutes les personnes quis'occupent des manufac- “tures et. des arts qui ont quelque rapport avec la -chymie, de profiter des lumières par y sont ré pandues. 93 cul 1 21MArSON: 0, ? «€ ' 2 à : it Q1 ] 1 . à 7 … ) ' ET. ) I 1 OT 6} ) 5e eN50 ) 51) fo!i { LE +r ôr u 4 fi 3119491197 , A1) at “ : “4 ; à 19180 8 [ + etstlue ; De”, / : ' à a ds x ï IQ PSI 2 ‘3 1 8 otirotniD 9199) 14 7 nolicrers Ît 16201 2rreb L L .1ta8nx | 3319.) "HISTOIRE LITTÉRAIRE. Excyczor#niscne Uebersicht der Wissenschaf- ten des Orients , aus sieben arabischen, per- sischen und türkischen Werken übersetzt : den Freunden und Kennern der orientali- schen Litteratur gewidmt von einem dersel- ‘ben Beflissenen in Konstantinopel. Loup - d'œil encyclopédique sur les sciences de l'Orient, traduit de sept ouvrages ; tant arabes, que persans et turcs , et offert aux amateurs et aux connoisseurs de la litérature orientale, + Par une personne qui la cultive à Constanti- . nople. Léipsick, 1804, in-8°., deux parties -de 699 pag.; et x1v pag. de Préface. 7. PR il seroit utile pour les progrès de la Jittérature ‘orientale, et en général pour com- pléter les annales de l’esprit‘humain , que nous eussions une bonne histoire littéraire des Arabes, des Persans et des Turcs ; mais surtout de la pre- mière de ces trois nations, autant 1lest à craindre que nous ne manquions encore long-temps d’un ouvrage de ce genre, dont l'exécution présente de grandes difficultés. Ce n’est pas que les Orien- taux ,et sous cette dénomination je n’entends ici que lesttrois peuples que je viens de nommer , aient négligé de nous transmettre l’histoire des “hommes qui ont cultivé parmi eux toutes les bran- ches des sciences et de la littérature. C’est plutôt dat “Histoire littéraire. l'abondance.des livres, qu’ils: ont composés en ce genre, que le défaut de matériaux, qui pourroit apporter quelque obstacle, a: l'exécution d’une histoire littéraire de l'Orient. Grammairiens ; lec- teurs et interprètes de l’alcorani, théologiens de toutes les classes, docteurs et jurisconsultes, de toutes les sectes, philosophes, médecins ; histo- riens, prosateurs >. poètes, tous REPAS les com- pagnons immédiats du prophète, jusqu'aux hom- mes qui ont fait dans les derniers siècles l’hon- neur de Ja littérature turque, ont trouvé leurs historiens aussi bien que les khalifes, les sultans, et leurs premiers ministres. Outre cela, nous avons des histoires des hommes célèbres en tout genre, de chacune des principales villes des pays musul- mans, telles que la Mecque, Médine, Sanaa, Damas, Bagdad, le Caire, etc. Ajoutons enfin que dans la plupart des Annales composées par les historiens Arabes, tels qu'Ebn-Athir ; Abou’l- féda ,: Makrizi, Abou’lmahasen et ‘autres, on trouve après le récit des événemens politiques de chaque année un article nécrologique qui offre le nom de tous les'hommes célèbres , à quelque titre que cesoit, morts pendant le cours de cette année, avec des, renseignemens plus ou moins détaillés sur l’époque de leur naissance; leur vieet leurs ouvrages. Mais. si les matériaux pour composer une histoire littéraire des Oriéntaux ne nous man- quent, pas, beaucoup de difficultés s’opposent à ce qu’on puisse les mettre en œuvre et les rendre d’une utilité générale. Littérature arabe: 345 .… L'histoire littéraire d’une nation peut se diviser en deux parties (principales : histoire des lettres et des sciences, et-histoire des hommes qui les ont cultivées. La première doit nous faire connoître | pour chaque science ou chaque branche de la httérature.en particulier, ses commencemèns, ses diverses révolutions, les causes qui ont concouru ‘à en accélérer ou &en retarder les progrès, qui par fois même l'ont fait rétrograder, ou l’ont empêchée de parvenir à un plus haut degré de perfection. C’est la partie systématique de l’histoire litté- raire, dans laquelle les honimes qui ont acquis de la célébrité dans les lettres’ où dans les sciences par leurs travaux , leurs découvertes ou leurs er- reurs,, paroissent (tour à tour sur la scène , mais seulement comme partie accessoire du tableau; et sans qu’il soit permis de détourner l'attention de l’objet principal pour la fixer sur chacun d’eux en, particulier. La seconde partie de l’histoire-lit- téraire , que lon peut appeler biographique, se compose des histoires particulières des hommes qui ont contribué, soit par leurs propres travaux, soit par leur influence et leurs libéralités, à la culture et à l'avancement des connoissances hu- maines., Chacun. d’eux ÿ paroît isolément pour nous. faire, connoître le temps. les lieux, les cir- constances dans lesquelles 1l-a: véçu ;.les moyens d'instruction que la nature ou la fortune lui ont offerts, l’usage.qu'ilen a fait , les travaux dont la postérité lui est medevable, les: services, qu'il a rendus, les monumens qu’il a laissés deses-talens 346 Histoire liltéraire. et de son zèle. Suivant l'importance du rôle que chacun d’eux a joué, il occupe dans cette espècè de galerie historique un espace plus ou moins considérable ; mais aucun de ceux qui ont marqué leurs pas dans la carrière des sciences et des let- tres par quelque service rendu ou quelque ou- vrage laissé à la postérité, ne doit y être omis. Ainsi les villes principales, les chef-lieux d’ad- ministrations , ou les endroits illustrés par quel- ques grands événeméns, ont|seuls droit de re- clamer une place dans la carte générale d’un grand empire ; mais lorsqu'il s’agit de dresser le cadastre ou le rôle des contributions d’une pro- vince , le plus petit hameau qui contribue pour sa part au soutien des charges de l’état , ne pourroit être omis sans injustice: Ea partie biographique de Vhistoire littéraire, | est proprement la seule dont les Orientaux se soient occupés , et ce n’est qu’en comparant , ré- digéant et classant les matériaux abondans qu’ils nous ont laissés pour celle-ci, que l’on pourroit ensuite en extraire ce qui seroit nécessaire pour composer la partie systématique qu’ils ont négli- gée. C’est donc par la partie biographique exclu- sivement qu’il faut commencer; mais ici même là tâche n’est pas’ aisée; elle demande beaucoup de moyens ; de temps'et de discernement ; et le con cours de plusieurs personnes ; comme on peut s’en convaincre par les observations suivantes. : Premièrement, tous les matériaux d’un sem- blable travail:sont manuscrits yet par conséquent Liltératurée arabe: 347 il n’en est aucun dont l’usage n’exige beaucoup de critique et une connoissance plus que superfi- -cielle des langues dans lesquelles ils sont écrits. , Secondement, il est impossible de réunir tous ces matériaux; le nombre des bibliothèques qui les possèdent n’est pas fort considérable, et cha- cune d'elles n’en a qu’une partie. Quelques-uns même des plus.essentiels ne paroissent pas avoir encore passé en Europe, ou sont demeurés jusqu’à -présent ignorés. + Troisièmement enfin, les Orientaux n'ayant qu'un petit nombre de noms propres, le même nom, Abd-allah, par exemple; où Mohammed, Al, Hasan, Hosain, etc. est nécessairement com- un à un\tres-grand nombre d'hommes. Pour re- médier à la confusion qui résulteroit de cette:ho- monymie, on,ajoute au nom .de chacun, 1.° un surnom (conya),.pris du nom de son fils aîné, comme, Abou-Mohammed ; Abou'lhasan, (père de Mohammed, père de Hasan) ; 2.° le nom de son père , et fort souvent celui de son grand’père; 8.2 un surnom pris.du lieu.où il est né, ou de celui où 1l a vécu, comme Jsfahani, Bacouï, Bagdadi, (d'Ispahan, de Bacou, de Bagdad); 4.° un titre honorifique (lakab) ; ce qui a surtout lieu pour les :kadhis , ouleurs assesseurs, les imams, les scheïkhs, les-docteurs, les moines , comme Boha- -eddin, (la splendeur de la religion) , Djélal- -eddin, (la gloire: de la religion), Tadj-eddin ; (la couronne dela religion). Dans l’ordre de ces noms et surnoms, le-titra honorifique passe ordinaire- 348 ‘Histoire littéraire: ‘ment le premier; vient ensuite le surnom pro- -prement dit (conya), puis le nom, suivi de ceux du père et du grand’père, et enfin le surnom pris du lieu de la naissance ; quelquefois une même personne porte plusieurs surnoms de cette der- -nière espèce. Ainsi, pour désigner complètement le célèbre médecin Abd-allatif, auteur d’un grand nombre d'ouvrages, il faut le nommer ainsi Mou- waffik-eddin Abou-Mohammed Abd-allatif ben- Yousouf Mauseli Bagdadi. Mouwaffik-eddin (le ‘protecteur de la religion), est son titre honorifi- ‘que ; Abou-Mohammed (père de Mohammed) , son «Surnom pris du nom de son fils aîné ; Abd-allatif, -son nom; Ben-Yousouf, (fils de Yousouf}), le surnom pris du nom de son père; Mauséli (de -Mosul), Bagdadi, (de Bagdad), surnoms qui indiquent l’un que sa famille étoit originaire de .Mosul, l’autre qu’il étoit né à Bagdad. Bien des andividus ont encore outre cela certains sobri- ‘quets, ou des surnoms pris de quelque aïeul il- lustre, ou de quelque circonstance de leur vie. Cette multitude de noms et de sürnoms contribue .de plusieurs manières à jeter beaucoup de confu- -sion dans l’histoire littéraire ,et d’abord parce que Von désigne rarement une personne par tout l’en- semble de ces noms, et que le’même individu se trouve tantôt nommé par son titre honorifique -seulement , comme Djélal-eddin, ou par son nom sans aucun surnom, comme Abd-allatif, ou pär le nom de son fils, comme Abou’labbas , (le père -d'Abbas) , ou par celui de son'père, comme Ebn- L Littéraiure arabe, 349. Arabschah (le fils d'Arabschah), ou enfin par le: surn0m pré du lieu de sa naissance, comme Djordjani , Schahrestani, Soyouti. On peut donc souvent être induit en erreur, et faire plusieurs personnages d’un seul. En second heu, les co- pistes, en omettant les mots Abou (père), ou Ebn (fils), ou confondant ensemble ces deux mots, ap- pellent souvent Abd-allah ou Abd-alrahman celui qui se nomme réellement père ou fils d'Abd.allah ou d'Abd-alrahman. Enfin, il y a un assez grand nombre d'hommes célèbres que l’on s’est telle- ment accoutumé à connoître uniquement sous un seul de leurs surnoms , que les biographes orien- taux eux-mêmes n’ont pu découvrir ni leur nom, ni leurs autres surnoms. Il n’est aucun des savans qui se sont occupés de la littérature de l’orient, sans en excepter d’Herbelot et Casiri, qui n’aient été souvent entrainés dans l’erreur par quelqu’une de ces causes. Les titres des livres étant aussi pres- que toujours conçus d’une manière amphigouri- que, et plusieurs ouvrages de divers écrivains ayant ou le même titre ou des titres fort ressem- blans, c’est encore une nouvelle source de mé- prises dont les historiens orientaux eux-mêmes n’ont pas toujours été exempts. D'après toutes ces considérations, on doit sen- tir que nous ne sommes pas encore en état de travailler à une histoire générale de la littérature. et des sciences parmi les Arabes, les Persans et les Turcs, et qu’il faut commencer par débrouiller çe cahos et par mettre les matériaux de cette his- N 356 Histoire littéraires toire entre les mains d’un plus grand nombre de personnes, en publiant successivement, soit en entier , soit par extraits, les ouvrages les plus ‘importans en ce genre. Il est à souhaiter aussi qu'on ne néplige aucune des occasions qui se présentent de donner des notices isolées sur les écrivains les plus célèbres, et qu’en indiquant leurs noms et leurs écrits, on emploie tous les moyens que fournit la critique, pour présenter avec la plus grande exactitudé, et en caractères originaux , le nom entier des auteurs et les titres de leurs ouvrages. Les livres les plus importans en ce genre et, ceux qui fourniroiént un plus grand nombre dar ticles pour l’histoire littéraire ; sont, je crois: Le Kitab alfihrist, d'Abou’lfaradji Mohammed Ben-Ishak, plus connu sous le nom d’Ebn-Abi- Yacoub Nedim : c’est un catalogue des écrivains arabes et de leurs ouvrages, pour les trois pre- miers et une partie du 4°. siècles de l’hégire. Le afiyat alayan, ou Dictionnaire des hom- mes illustres, d’'Ebn-Khilcan. * Le Tarikh alislam, de Dhéhébi. Le Menhal alsafi, autre Dictionnaire du même" genre, composé par Abou’Imahasen, faisant suite au précédent. | Le Kitab almohadhara, histoire ‘abrégée de VÆgypte, par Soyouti, qui renferme un cata- logue fort utile des hommes célebres qui HE nés oû ont vécu dans ce pays. Le Kitab caschf aldhonoun, ou Bibliothèque Littérature arabe. 35? des livres arabes, persans et turcs, par En Khalfa. Ce dernier ouvrage, dont d’Herbelot a déja fait un si grand usage, est celui duquel l’auteur du Coup-d'œil encyclopédique sur les sciences de l'Orient ; a extrait la plus grande partie des ma- tériaux qu'il a réunis dans le volume que nous annonçons; mais 1] a encore mis à contribution six autres ouvrages, dont quatre sont écrits en arabe, un en persan, et enfin un en turc. C’est ce travail que nous allons analyser. L'auteur fait connoître , dans la Préface, le plan d’après lequel il à disposé les extraits de ces divers ouvrages. Les six derniers ne lui ont guère servi qu’à remplir les lacunes qui se trouvent dans le tableau géné- ral des sciences de l'Orient , de Hadji-Khalfa. Quel- quefois les extraits de plusieurs de ces ouvrages ont été fondus ensemble ; mais le plus souvent, il s’est contenté de les rapprocher, en indiquant la source de chacun en particulier , et laissant aux lecteurs le soin de les comparer et de les combi- ner. Cette disposition est moins avantageuse à l’auteur que favorable à la critique, qui peut ainsi conférer plus facilement chacun de ces extraits ou traductions abrégées avec les origi- ginaux ;, et reconnoître , indiquer ét rectifier les erreurs qui ont pu échapper au traducteur. En usant de ce moyen de vérification, la critique ne doit point être ingrate envers l’auteur, qui, en giivant uue autre marche, eût pu facilement échapper à sa censure. 392 Histoire littéraire. IL n’est pas-rare que les personnes qui se sont vouées à un genre de littérature, et qui ont con- sacré beaucoup dé temps et de travail à en acqué- rir une connoissance approfondie; contractent pour l’objet de leurs études une sorte d’enthou- siasme qui paroît quelquefois excessif aux lec- teurs qui en jugent avec plus de sang-froid. Nous croyons que notre auteur ne paroîtra pas tout-à- fait exempt de cette foiblesse; et peu de person- nes , en rendant même la justice due aux travaux de Hadji-Khalfa, consentiront à l’appeler, avec notre anonyme; le triple Hermès de la littérature de l'Orient, le Bacon, le Meusel des Arabes, des Persans et des Turcs; mais pardonnons cette es- pèce d’exagération à un homme de lettres qui a eu le courage d’entreprendre une tâche pénible et aride, et souvenons-nous que sans cet enthou- siasme, la plupart des ouvrages qui ont étendu L nos connoissances et ont mis l’étude des sciences et des lettres dans l’état florissant dont nous jouis- sons, n’auroient jamais existé. On trouve immédiatement après la Préface, la vie de Hadji-Khalfa, dont le nom est Mustafa , fils d’Abd -allah : son surnom Hadji- Khalfa , est composé des deux mots arabes Hadji(Pelerin), et Khalifa, ou comme écrivent et prononcent les Turcs, Khalfa, et mème Kalfa (assesseur, sous- chef) ; il prit le surnom de Hadÿji, lorsqu'il se fut acquitté du pélérinage de la Mecque, en l’année 1045 de l’hégire (1653 deJ.C.), et y ajouta celui de Khalfa, quandil fut pourvu dela place d’assesseur Littérature arabe: 353 en second dans le bureau du Basch-mohasèbe, ou chef de la comptabilité. On le connoît aussi sous le nom de Catib Tchélébi. Son père avoit rempli une place de secrétaire à la Porte, ce qui lui avoit valu le surnom de Catib, que son fils hérita dé lui : fchélébi est, comme on sait, un mot turc, qui signifie un homme d'une naissance honnête. Cette vie de Hadji-Khalfa, écrite par lui-même; a été imprimée avec ses T'ables chronologiques, ouvrage dont il existe une traduction italienne, publiée à Venise en 1697, et une traduction la- tine manuscrite du célèbre Reiske. L'éditeur ture de ces tables chronologiques a achevé la vie de Hadji-Khalfa, que celui-ci avoit jointe à un de ses ouvrages , intitulé Mizan-alhakk, c’ést-à-dire la Balance de la vérité. Elle nous montre Hadji- Khalfa, consacrant la plus grande partie de sa vie à l’étude ou à l’enseignement , ne négligeant aucun moyen d’accroîtré ses connoissances , et renonçant volontairement aux plaisirs et aux illu- sions de l’ambition, pour amasser dans une re- traite paisible, mais toujours active, les maté- riaux d’un grand nombre d’ouvrages utiles dent il a successivement enrichi la littérature de son pays. Il termina sa carrière en l’année 1068 de l’hé- gire (1657 deJ.-C.) Nous ignorons quel âge il avoit alors, l’année de sa naissance n'étant pas indi- quée; mais il est vraisemblable qu'il n’avoit pas encore 60 ans, puisqu'il avoit été pourvu de l’em- ploi d’adjoint ou commis dans le bureau de la Tome II. Mars , 1807. 23 354 Histoire littéraire. comptabilité de la Natolie, le premier qu'il ait exercé, en l’année 1032. «A la vie de Hadji-Khalfa, morceau précieux d'histoire littéraire, que lon doit savoir gré à l’auteur anonyme de nous avoir fait connoître, succèdent de courtes notices des sept ouvrages originaux dont les extraits ont servi à former celui-ci, puis un conte dialogué tiré du dernier de ces ouvrages, mais dont l'original arabe a pour auteur, dit-on, le célèbre Imam Gazali. Ce dialogue, que l’on peut envisager comme un hors-d’œuvre, a pour interlocuteurs un jeune arabe nommé Béschir, et un jeune persan appelé Schadan,'et leur conversation se passe en présence du Khalife Haroun Raschid, qui survient au mo- ment où ces deux jeunes gens, étrangers l’un à l’autre , venoient de se rencontrer, et de sentir VPun pour l’autre les mouvemens d’une sympathie merveilleuse. Le Khalife, après avoir reçu leurs salutations, et y avoir répondu avec bonté, frappé de la vivacité de leurs regards, s’adresse à Bé- schir, et lui demande d’où il vient , et quel äge il a. Béschir lui répond d’une manière énigma- tique et sententieuse. À la question que lui fait Haroun , combien d’années avez-vous? Aucunes, répondit-il, les années sont dans la main de Dieu. Eh bien, reprend Haroun, combien en comptez- vous? Je compte, lui répond l'arabe, depuis 2 jusqu’à 100,000. Comment faat-il donc, dit alors le Khalife avec émotion, vous interroger pour tirer de vous une réponse raisonnable? Demandez- Littérature arabe. 355 mot, lui dit Béschir, combien de temps de ma vie s’est écoulé. Le Khalife lui fait cette question, et reçoit pour réponse 14 ans; puis il s’écarte tant soit peu pour laisser plus de liberté aux deux jeunes philosophes. Schadan sollicite vivement Béschir d’entrer en conversation avec lui, et de le mettre au nombre de ses amis ; mais Béschir ; qui né veut avoir pour amis que ceux qui par leurs talens et leur sagesse peuvent contribuér à perfectionner son cœur et son esprit, soumet Schadan à un examen rigoureux, auquel celui-ci nese refuse point ; car vous savez, dit-il à Béschir, ce que dit un proverbe arabe : A la poussière qui's#élève, on distingue de loin l'homme monté sur un cheval dé celui qui est. monté sur un âne. * Les questions que Béschir propose à Schsdan, roulent sur des matières de théologie dogmati- tique , d’exegétique ou interprétation de l’alcoran , de gramimaire , d’étymologie, de poétique , d’æs- thétique, de gnomique, de lexicologie, d'écriture, de jurisprudence, de théologie traditionnelle , de médecine et de morale, et les réponses de Schadan ne lui laissent rien à desirer ; alors les deux jeunes gens s’embrassent , et se jurent une amitié sincère. Le Khalife, qui avoit'entendu toute leur conversa- tion , en croit à peine ses oreilles. Tous les lec- teurs ne partageront peut-être pas cet enthou- siasme , en entendant Béschir propôser des ques- tions dé la nature de celles-ci : Quel est le mot arabe qui peut, sans aucun changement dans les 356 Histoire littéraire, lettres, être verbe, nom et particule ? Pourquet les coings mangés avant le repas resserrent-ils le ventre, et pris après le repas produisent-ils un effet opposé? Pourquoi un tel mot dans l’alcoran est-il un nominatif ? Quelle différence étymologi- que y a-t-ilentre les deux mots maula et mauta, qui semblent appartemir à la même forme ? Mais on admirera les réponses de Schadan, quand Bé- schir lui demandant où étoit Dieu avant qu'il eèt créé le monde? et pourquoi il l’a créé, il satisfait: ainsi à ces questions. Où, indique un lieu, et Dieu ne pouvant être contenu dans aucun espace, de- mander où étoit Dieu, c’est faire une question absurde. La manière d’agir propre à Dieu est trop élevée pour donner lieu à demander comment et pourquoi il agit; par la seule toute puissance de sa volonté, il a produit les choses que sa science embrassoit, et il les a produites sans moyens et sans cause. Schadan satisfait pareillement à diverses ques- tions de littérature : nous n’en citerons qu’une qui offre une anecdote plaisante. Béschir lui demande l'origine de ce proverbe arabe : Le chameau seroit à bon marché , si ce wétoit le maudit animal qu'il porte suspendu à son cou; et Schadan la raconte ainsi. Un arabe qui avoit un chameau vicieux s’écria dans un mouvement d’impatience : Que ma femme soit à jamais stérile , si je ne te donne pour une -pièce d'argent. Sa colère passée, il imagina ce moyen d’accomplir son serment dont 1l se re: pentoit, Il suspendit un chat au cou de son cha- Littérature arabe, 357 meau , et fit crier chameau et chat à vendre ensem- ble, et non séparément ; le chameau pour une pièce d'argent, et le chat pour 400. Les passans enten. dant cela disoient : Le chameau seroit à bon mar- ché , si ce n'étoit Le maudit animal qu'il porte sus- pendu à son cou. Ce mot a passé en proverbe. Haroun vouloit emmener les deux jeunes phis losophes dans son palais, s’estimant heureux d’ob- tenir leur amitié. Serviteur de Dieu, lui dit Bé- schir, ta société nous convient aussi peu que lanôtre à un homme comme toi. Pourquoi cela? demanda Haroun : Parce que , répondit l’arabe, tu es l’es- clave de nos esclaves. Le Khalife entra en colère mais Béschir l’eut bientôt appaisé en lui expli- quant le sens de sa réponse. Touché alors jus» qu'aux larmes, Haroun , en se retirant, demanda à Béschir qu’il voulût bien lui dire une parole qu’il pôt méditer utilement. Béschir lui dit ce passage de lalcoran : « N’as-tu pas vu que nous leur avons accordé » plusieurs années de répit ?et quand la vengeance » dont nous les menacions est survenue, le répit » que nous leur avions accordé ne leur a servi » de rien. » L'auteur anonyme n’a pas ‘bien saisi le sens de ce passage; mais comme il a rapporté le texte en note, il m’a été facile de rectifier sa traduction. L'ouvrage de Hadji-Khalfa, qui fait le fonds du Coup-d’æil encyclopédique sur les sciences de l'Orient, se compose d’une courte préface, d’ane introduction, du dictionnaire bibliographique ; et d’une conclusion. 358 Histoire littéraire, La préface fait connoître en peu de mots le but que l’auteur s’est proposé en composant cet ou- vrage, et la manière suivant ST vie il l’a dis- posé, Liste est divisée en cinq chapitres, subdivisés en un plus ou moins grand nombre de sections, de paragraphes, etc. Le premier. cha- pitre a pour objet la définition de la:science en général, sa division en diverses branches prin+ cipales, et les subdivisions de ces dernières; le second traite de l’origine et de l’histoire des sciences et des livres ; le troisième , des différentes classes d'écrivains ‘et de livres; le quatrième , contient des considérations générales sur les scien- ces, sur ceux qui les ont cultivées, sur les moyens qui favorisent la culture des sciences, et les obs> tacles qui l’arrêtent ou nuiséntàses progrès; sur les qualités que doit avoir un savant , ét autres objets analogues ; enfin le cinquième chapitre est comme un supplément aux précédens, et contient di- veres observätions mélangées que l’auteur n’avoit pu faire entrer dans les chapitres précédens. : : Malgré la multitude des divisions et des sub- divisions de ce traité, que l’on pourroit envisager gomme un tableau synoptique des sciences et de tout ce qui yarapport, il nous semble que Hadjis Khalfa n’a pas eu l’art de disposer toutes les par- tiés de cé tableau dans l’ordre le plus convenable; qu'ila souvent confondu les considérations g'éné- rales avec celles qui n’ont qu’un objet particu- lier; qu’en un mot, si on ne peut lui contester d’avoir eu quelque idée d’un système général des Littérature arabe. 359 connoiïssances-humaines , 1l est bien loin d’avoir réalisé cette idée d’une manière qui puisse soute- nit la comparaison avec les travaux dé Bacon ou le discours préliminaire de l'Encyclopédie. - Le travail de Hadji-Khalfa , malgré ses défauts ; méritoit néanmoins d’être connu; aussi est-ce principalement cette introduction que notre au- teur anonyme s’est proposé de faire connoître ; il la traduite en entier, à quelques légères excep- tions, et sans y insérer aucun extrait des six autres ouvrages qu'il a mis à contribution pour son tra- vail, et elle occupe à peu près 160 pages du volume. Bien des personnes auroient peut-être préféré que l’on supprimât cette introduction, et qu'on publiât sinon la totalité, du moins les prin- cipaux articles du Dictionnaire Bibliographique de, Hadji-Khalfa, dont les savans qui cultivent la littérature orientale retireroient assurément des avantages inappréciables. Nous ne dissimulerons pas que c’eût été aussi notre avis, mais peut-être l’introduction est-elle de nature. à intéresser un plus grand nombre de lecteurs ; et sans exiger de l’auteur anonyme plus qu’il n’a prétendu nous donner, nous allons nous occuper de faire con- noître cette introduction, et la traduction que nous avons sous les yeux. Mais les détails dans lesquels nous sommes en- trés pour servir de préambule à cette notice, et pour orienter en quelque sorte les lecteurs, nous obligent à remettre à une autre fois la suite de cet extrait. STDE'S;, ox TOPOGRAPHIE. ÆXTRAIT d’une leitre de M. FAurzr, sous-Commissaire des relations commer=! ciales de France à Athènes , et correspon- dant de la Classe d'Histoire et de Litté= rature anciennes de l’Institut, adressée à M. BARBIÉ DU BoCAGE, Membre de ladite Classe. Athènes , le 30 septembre 1806. Ja reçu, mon ami, votre lettre du 15 mai, avec la traduction du voyage de Chandler et le plan de Thèbes en Béotie que vous avez fait pour l’ou- vrage de M. de Ste-Croix ; je vous remercie de Fun et de l’autre. Je suis très-flatté de me voir souvent cité dans les notes de la traduction de Chandler , et cette traduction me servira parce que je fais des notes sur les marges en la lisant. Pour le plan de Thèbes, il est facheux que vous n'ayez pu faire usage que du croquis que je vous ai tracé de mémoire; celui que je joins ici est encore plus exact que celui que je vous ai envoyé 1 y a environ huit mois : je n’avois point observé alors que la Cadmée est terminée au nord par une tour ronde de 90 pieds de diamètre en po= lygones irréguliers. Voilà pour notre ami Petit- Radel que je complimente sur sa réception à l'Institut. Vous observerez que la grande source que vous appelez Ismène, passe à l’est, derrière des collines, et que sur le côté occidental de ce “tihènes: 36 courant , est une colline escarpée où il ne paroît jamais y avoir eu d’habitation ; elles étoient plus particulièrement sur le chemin d’Athènes , où il reste trois ou quatre églises ruinées de toutes parts. On descend partout dans des ravins pour arriver à la Cadmée ; au nord de cette citadelle ; est une plaine basse où il y a quelques jardins arrosés par les deux rivières qui s’y absorbent. Je tiens toujours, mon ami, quoique vous en disiez, a ma découverte du temple de Vénus aux jardins. Ma caverne sous mon temple, un puits ‘antique, de belles ruines ioniques, des chapiteaux, etc. , etc. , mes myrtes antiques à la porte de l'enceinte sacrée , sacrée encore aujourd’hui, puis- qu’elleest dédiée à la Vierge, et le nom de Kipous ( Ambelo-Kipous ), qui signifie encoreles jardins, tout cela parle plus haut que nos livres , et a plus de poids que l’autorité de Chandler. Je dois vous proposer encore des recherches sut la position du quartier des marais à Athènes ; celui désigné sous ce nom dans le voyage d’Anacharsis seroit une contre- vérité , puisque c’est le quartier d'Athènes le plus sec et le plus en pente , au lieu que du temple de Thésée allant au Céramique, après les pluies, les eaux couvrent un espace de plus de 150 toises quarrées, qui s'étend jusqu’à la porte de Tria où il reste encore une portion de tour ronde antique , dans le mur d’une église dédiée a la Trinité. Cet endroit, mon ami , est le seul inhabitable après les grosses pluies ; Peau y sé- journe et y produit une abondante moisson de 362. Topographie. ciguë de la plus belle qualité, haute de sépt pieds : l’église est, dans ce bas quartier, souvent imondée, : Venons au Pirée; vos caps Alcime et Eétion v’en sont proprément pas : il faut porter ces noms aux deux caps qui ouvrent l'entrée du port et qui sont effectivement des caps très-apparents ; il faut les doubler en venant de la haute mer, et il y a des deux côtés des restes de trophées. Sur celui qui. est du côté du sud et que je nomme Alcime, on voit les tombeaux de Thémistocles et de Cimon , et une colonne ionique de cinq pieds de diamètre dont je viens de retrouver le cha- piteau ; au côté opposé est un grand piedestal de 12 pieds de diamètre , qui supportoit aussi une colonne : ce sont-lä, sans doute, les caps Alcime et Eétion. Platées ressemble assez à ce que vous avez tracé ; vers la plaine, une portion de l’enceinte separée du reste de la ville au nord, servoit de citadelle. A l’ouest est le rocher d’Actéon et une fontaine qui est , sans doute, celle où Diane venoit rafraichir ses charmes pudiques ; il y a aussi des sarcophages en pierre, de ce côté. Revenons à Athènes et au chemin qui de cette ville conduisoit à Eleusis. À un quart d’heure de la mer, et auparavant que d’y arriver en venant d'Athènes par la voie sacrée, au pied d’un rocher percé d’une quantité de niches pour des ex-voto, avec des inscriptions à Vénus , j'ai trouvé des dèbris d’un petit temple dorique , et en fouillant Athènes. 363 près des deux soubassemens d’autels , j'ai rencontré deux tourterelles en marbre, grosses comme na- ture. J'ai le plan de cet endroit, devantlequel, ( par parenthèse ), est une enceinte de près de cent pieds parallélogrames , en polygones , ou- vrage cyclopique., semblable à ceux de Midée et d’Hysies dans l’Argolide, dont parle certaine- ment Pausanias, sous le nom de autos æpyes. C’est dônc là qu'il faut placer le temple de Vénus, qui étoit un reposoir pour les théories. Il y à là trois citernes; les colonnés ioniques qui étoient enclavées dans les murs du monastère de Daphné, et qui ont été enlevées par milord Elgin, appar- ‘tenaient apparemment au temple d’Apollon au Pæcile ; car sur la petite montagne isolée à la- quelle vous avez donné cé nom, et d’où l’on voit Athènes, il ÿ a bien une petite chapelle, mais # 2bsolument aucun vestige antique, Autre découverte. A environ 4000 toises de cette petite montagne, que vous appelez le Pæ- cile, en revenant à Athènes, sur le bord du che- min, j'ai trouvé le tombeau d’une prêtresse (peut- être de Minerve); c’est un beau sarcophage en marbre dans lequel cette prêtresse étoit déposée, dans une caisse découverte, en bois, ornée du meil- leur goût, en ivoire massif, avec des oves, des feuilles d’eau et des palmettes, tous ornemens semblables à ceux du temple d’'Erechthée, mais encore plus recherchés, et de la même saillie, proportion gardée. La prêtresse que je qualifie ainsi, parce qu’elle avoit encore la tête ceinte 364 Topographie. d’une couronne d’olivier, de cuivre doré , avec ses fruits, reposoit sur un matelas ou coussin qui avoit encore conservé une partie de son épaisseur. À ses pieds étoient un peigne de buis, et les restes: d’un instrument du genre de nos violons, du même bois d'érable et de sapin pour les bords. Je ne puis rien dire de la forme de l'instrument , mais: son épaisseur étoit de six lignes sur les bords. Le dessus étoit plus endommagé que les portions de dessous; j’ai pu juger qu’il avoit au moins un pied de long. Il y avoit de l’autre côté de la prêtresse, aussi à ses pieds, une paire de sandales, consis- tantes en des semelles composées de quatre cuirs cousus avec des alènes plates, à-peu-près comme celles dont se servent encore les cordonniers grecs et turcs. Au côté droit de ce squelette étoient une quantité de pièces de bois et d'os, de la longueur d’un pouce et demi; quelques-unes avoient des 4 axes de bois, dont l'extrémité étoit reçue dans le morceau suivant, et y avoit tourné. Devinez ce: que ce peut être. Il y avoit aussi aux pieds un vase et un platordinaire vernissés en noir, et un strigille en fer. Faites part de cela, je vous prie, a MM. de la troisième classe de l’Institut. Je conserve ce qui n’est pas réduit en poudre. Voici encore pour vous, mon cher géographe. Le premier jour de septembre, j’ai été à l’entrée des gorges du Parnès, par le chemin de Chalcis ou Négrepont. A environ gooo toises du temple de Minerve, je me suis trouvé sur un plateau élevé qui commande à une grande distance, au nord, Athènes: 365 les revers des collines voisines où se voyent les ruines d’une ville antique avec des restes de murs. De l’autre côté, ce plateau qui a été fortifié à la hâte, domine la plaine d'Athènes. Près de là ; sur le chemin même, est une belle source qui donne naissance à un ruisseau que je nomme VEridan, qui bientôt après se grossit d’une autre source, puis des torrens qui descendent du Parnès dans le temps des pluies. Deux mille deux cent toises plus loin, sur une des deux pointes entre lesquelles passe le chemin, et qui se voyent d’A- thènes , j’ai trouvé les ruines d’une tour carrée bâtie de très-grosses pierres du second genre et non cyclopiques , les joints de biais seulement, le reste régulier ; le tout ombragé par de très-anciens chênes verts tombant de vétusté. De-là on dé- couvre l’'Eubée , une portion de la ville de Négre- pont, la mer d’Oponte, le Mont-Delphi, les rui- nes d’Erétrie , le Cynosure de Marathon, le Penté- lique, le Laurium, l’'Hymette, Athènes, le Zoster. Je pense, sauf erreur , que le premier endroit est Décélie : vous nommerez cette tour de garde sur la crète des rochers presqu’inaccessibles,comme vous voudrez. Je vous ai déjà parlé d’une ville près des car- rières de l’'Hymette, que, d’après Strabon, j’ai nommé Helice. C’est M. Dodwel, anglais, qui a fait la déccuverte de cette ville homérique. Dans la carrière , sur un rocher , on lit oroz. Je n'ai rien trouvé à Eleusis de relatif aux caves dont fait mention M. de Sainte-Croix. La caverne { 366 Topographie: que j'ai fouillée vers le nord est peu profonde ; ce n’est proprement qu’un enfoncement où étoit ur banc en demi-cercle. Vers le sud , je pense que j’ai vu la maison de la Vieille, dont parle Pausanias. C’est un cône dans l’intérieur, où l’on arrive par une petite gallerie couverte par des pierres qui forment le toît. Cette gallerie peut avoir vingt pieds de long. J'ai aussi fait plusieurs découvertes en archi- tecture. J'ai reconnu qu'il y avoit deux portes au temple de Minerve , et que l’Opisthodôme y étoit renfermé. Les Propylées avoient aussi un passage pour les chars, à travers le portiqüe, etc. , ete. On me presse; c’est au plus si vous pourrez me lire. Adieu. Signé FAUVEL. J'ai aussi reçu une lettre de M. Pouqueville, notre consul-général à Ianina, en Albanie, l’an2 cienne Epire, datée du 12 novembre 1806, qui mé donne des détails très-circonstanciés sur la plainé qui entoure cette ville; mais comme ces détails ne sont que des gissemens , et une description pure- ment géographique, je n’en entretiendrai pas la classe. Je me contenterai de lui dire que M. Pouqueville me marque qu’il a fait lever un plart de la plaine de Tanina , une topographie du pays de Souli, et qu’il conserve avec soin tous ses iti= néraires dans le Pinde, dans PAlbanie, et jusques dansla Macédoine, où il a voyagé en la compagnie du fils du pacha. Il m'a adressé précédemment s6n itinéraire depuis le port Panormo, en face de Corfou, jusqu’à Ianina. Il a ramassé des médailles, Athènes. 867 des pierres gravées, et a rencontré un peintre qui lui fait des vues et lui dessine des monumens. On peut compter sur son zele et sur ses connoissan+ ces, qui le mettront même en état de nous don- ner une description médicale du pays. Je dois aussi vous parler , Messieurs, d’une autre lettre que j'ai reçu également ces jours-ci, et qui m'a été adressée de Varsovie, en date du 12 fé- vrier de cette année, par M. Jaubert, revenant de Perse. Après m'avoir fait quelques complimens sur une carte des pays entre la mer Noire et la mer Caspienne , que j'ai dressée pour un mémoire de M. de Sainte-Croix, et dont il a eu occasion de se servir, il me donne les moyens d’en rectifier quelques parties qui n’étoient point exactes. Il m’envoye quelques itinéraires, entr’autres celui de Trébizonde à Erzerum, par lequel il me fait voir que la distance entre ces deux villes est trop courte sur les cartes, au moins de 22 heures de chemin. L’itinéraire de Tauris à Ardebil, qu’il m'envoie, me fait également voir que les cartes étoient dans une grande erreur sur cette partie, car il compte soixante lieues dans cet espace, tandis que les cartes de Delisle, de d’Anville et les miennes, n’en donnoient que douze au plus en droite ligne. Il est vrai que nous ne pouvions qu’errer dans cette partie, parce que nous n'avions aucun bon itinéraire, et que Tavernier, dont le voyage est le plus détaillé que nous eussions sur cette partie, dit positivement qu’il n’y a que 12 lieues d’une de ces villes à l’autre. Est-ce une faute 868 Topographie. d'impression dans son texte ou une erreur de ‘sa part? c’est ce qu’il nous est, et qu'il nous étoit impossible de savoir. Quoiqu'il en soit, M. Jau- bert a fait plusieurs routes en Perse et dans l’Ar- ménie ; il en a conservé les itinéraires, qui pa roissent faits avec soin, et nous avons lieu d’es- pérer que la géographie de ces cantons profitera beaucoup des renseignemens qu’il pourra nous donner... B. ou B. 17 mars 1807: POÉSIE. Lz VorAGEuR, pièce qui à remporté le prix décerné par la Classe de la Langue et de la Littérature francaises de l'Institut de France, dans sa séance du 1*, ayril 1807, par Charles Mirrevoye. DNequicquam deus abscidit Prudens Oceano dissociabili Terras....: (Horn. lib. I, od. 3.) Go: RE à l’homme inspiré que la soif de connottre Exile noblement du toit qui l’a vu naître! Les tranquilles honneurs, les trésors, l’amitié, À ses projets hardis tout est sacrifié. Les travaux , les dangers : son zèle lés surmonte. L’obstacle : il le combat. Le trépas : il l’affronte. Faut-il franchir les monts? faut-il dompter les flots? Son intrépidité ne craint que le repos. Voyez-vous ce Génois, l’œil attaché sur l'onde, Reculer en espoir la limite du monde ? En vain de rois en rois, huit ans, il court offrir Cet univers caché qu’il säura conquérir ; I1 dévore , huit ans, les refus ét l’outrage. Mais l’auguste Isabelle accueille son courage ; Les mers qui l’attendoient s'ouvrent à ses vaisseaux + Il part. Tous les périls l’assiègent sur les eaux. .., Quel bruit sourd et lointain ! c’est la trombe rapide Qui roule en tourbillon, qui monte en pyramide. Une flamme sinistre aux mâts vient s'attacher, .O prodige! Ô terreur ! l’oracle du nocher, La boussole est muette, et l’aiguille infidèle S’éloigne en tournoyant du pôle qui l'appelle. Tome II, Avril, 1807. 24 370 Poésie: Déjà les Castillans , entourés de la mort, De Palos à grands cris redemandoient le port... : Seul contre tous , Colomb les soutient, les console; Et pour eux son génie est une autre boussole. Reprends ton noble titre, illustre conquérant ! Améric l’usurpa , l’univers te le rend. Plus heureux , admiré même durant sa vie, Cook , respecté dix ans des rois et de l'envie, Semble des flots du sud le monarque et le dieu : La gloire de son nom le protège en tout lieu. Ses pavillons sans foudre , honorés des deux mondes, Voguent indépendans sur l’empire des ondes. De l’Océan d’Atlas sortant de toutes parts, Des îles tout-à-coup invitent ses regards ; Et ces filles des eaux, vierges encor naïves, Etalent sous ses yeux leurs graces primitives. Aimable Ouaïti , sauvage Sibaris , Où la seule candeur sert de voile à Cypris! Un autre Bougainville achève ta culture ; Aux lois de l’industrie il soumet la nature ; D'un germe libéral il dote tes guérets , Et sa voix te révèle et Pomone et Cérés. Bientôt il court chercher sous un pôle de glace Un autre continent promis à son audace. De son art incertain il hâte les progrès ; Du temple d’'Epidaure il ravit les secrets, Et, soumise elle-même à tant de vigilance, La Mort baisse sa faux et s'éloigne en silence. Trop heureuse Albion ! quels furenttes transports Quaud le bronze tonnant l’annonça dans tes ports ! Que l’Europe, homme illustre, un moment te possède ; Qu’àtes rudes travaux le doux repos succède. .. . Le repos ? En est-il pour ce génie ardent ? D'un besoin curieux l’invincible ascendant , Lorsqu’à peine il respire échappé des naufrages, FRend sa vie aux dangers et sa flotte aux orages. L’Angleterre avoit dit : « Quel mortel le premier, « Entre deux océans se frayant un sentier, Poésie: 37€. » Osera soulever cette barrièreantique ! ., . » Qui repousse du Nord les flots de l'Atlantique ? » Tout sé tait... Cook ; lui seul, sent son cœur palpiter ; Il se lève : « C’est moi qui l’oseraitenter, ;,,, » Des vaisseaux , et je pars. » L’astre du jour à peine Blanchit le sombre azur de la profonde plaine, . Que déjà le héros , debout sur lés rochers, Accuse impatient la lenteur des ñochers. Mäisil part. Il revoit ces îles solitaires, Dont sa main féconda les arides bruyéres.. 6 Ces lieux à son aspect semblent se réjouir, : ra L’arbuste s’incliner ; la fleur s'épanouir. , D'un avide regard il contemple en silence 5 Ces champs où frêle encor humble épi se balance : : Avec moins de transports un pére, à son retour Sourit aux doux progrès des fils de son amour, Non, tune mourras point, ô Cook ! dien tutélaire ! T'es bienfaits sont.wivans au cœur-de l’insulaire:: , & Et tandis que; s’armant de;reproches vengeurs,. L'univers poursuivraicestyrans voyageurs ;0 Ces brigands tout souillés d’une homicide gloire, La voix du monde entier: bénira ta mémoire. Mais un infortuné ; (r) que nos cris gémissans : À l'Océan muët ont demandé quinze ans,” ""! M'apparoît à travers un voile auguste etsombre.. , Est-ce toi, raté éd ? ou n'est-ce qué ton ombre Î Quel encens consacrer à ces noms immortels ! Le premier voyageur mérita des autels. Par les mers séparés, sur les divers rivagés Les peuples languissoient , nus, grossiers et sauvages, Le voyageur paroît.. .. Les flots sont applanis ; Par le nœud dés besoins les hommes sont unis : Le commerce bientôt; rapprochaïit les distanées , De l’un à l’autre pôle étend ses bras immenses , Du fertile Yémenxecueïlle le nectar , L'étincelant tribut des eaux du Malabar , (r) Ces quatre vers ne se trouvoient pas dans le manuscrit soumis au jugement de l'Académie. 372 Poésie. De Chypre et de Nax6$la liqueur parfumée; 0 Etla pourpre de Tyr'et l’encens d'fdumée, Les marbres de Paros, les tissus d’Isfaham Sous leur poids prétieux font géwir l'Océan = Le rubis ; que l’aurôre avec amour étale , Quitte pour l'Occident la rive orientale ; Et le Japon, duereux de ses rochers lointains , De son luxe fragile énrichit nos festins. | D'opulentes cités s'élèvent et fleurissent ; La raison s grandit et les mœurs se His: ; Le désert a dés lois, des vertus et des arts. Monarques ! démandez au plus fameux des Czars s Par quels puissans ressorts son aclive sagesse A su du fier Tartare adoucir la rudesse ; Transformer en cités de fétides 1 roseaux, Et fonder un empire où croupissoient des eaux = Piérre vous répondra: « Je parcourus Ja terre ; » J’admirailes travaux de la riche Angleterre, JT » Ses savans ateliers, ses pompeux arsenaux » Ses ports oùle commerce ouvre tous ses canaux : » J’étudiailong-temps aux rives de la Seine » Les arts volüptuüeux de la moderne Athène ; : :°::- » Sous Les rochers du Nord descendu sans pâlir., » Au séjour des métaux j’osai m'enseyelir; 1.01 À » Des chantiers de Sardam ma main laborieuse: » Saisit,avec,orgueil la hache industrieuse : " » Je reparus enfin , digne du rang | des rois ; » Et l’Empire des pet s’étendit à ma voix. » midi En des jours plus lointains, le flunhean des voyages; Tel qu'un astre éclatant, perca la nuit des âges: . Pythagore , Solon, Thalëès, Anacharsis Moissonnoient la sagesse aux campagnes d’Isis ; La Grèce, s'élançant dans l’AEgypte féconde , Alloit chercher des lois pour en donner au monde. O rives de l’Asie ! à terre dès beaux-arts ! Nous révérons encor vos séuyenirs épars: D'un œil religieux le voyageur admire Ilion, Babylone, Ecbatane et Palmyre; .s dirt mn nt es à À LS or ttiinee | 373 Des temples, des palais, qui sembloient éternels, 1 Al disputesau néant les débris solennels : _ Seul, assis au milieu des antiques décombres $ Des siècles expirés il évoque les ombres, #x Cherche des temps fameux le vestige efface, - Et prête au loin l'oreille aux lecons du passé. Rien pour l’observateur n’est muet sur la terre ; L'univers étonné devient son tributaire. S'élancer au hasard , tout voir sans rien juger, C’est parcourir le monde et non pas voyager : L'œil du sage lui seul voit, discerne , mesure, Surprend l’homme échappant aux mains de la nature, Compare sa rudesse à nos goùtsamollis, Et ses brutes vertus à nos vices polis ; Des diverses humeurs distingue la nuance, Et des climats divers la secrette influence ; Oppose aux lents progrès des empires naissans Le rapide déclin des états vieillissans , Rapproche ces tableaux majestueux et vastes, Et de la terre entière interroge les fastes. Où courent à la fois ces doctes conquérans ? L’un suit le char pompeux de ces astres errans ; L'autre poursuit Hermés dans le sein de Cybéle, Ou rend à Triptolème un sol long-temps rebelle. Voyez La Condamine ; assidu scrutateur, De son illustre audace étonner l’Equateur ; Anquetil conquérir , sur l’indien rivage , La loi de Zoroastre et les écrits du mage ; Et Jussieu , de son art ordonnant les progrès , Aux plantes du désert dérober leurs secrets. Voyez.les déposer aux pieds de la science Le généreux flambeau de leur expérience , Epancher des trésors lentement amassés, Et charmer leurs rivaux fiers d’être surpassés. . Tel autrefois Platon , après ses longs voyages , Aux bosquets d’Acadème entretenoit les sages , Et tranquille, près d’eux sous le platane assis , Les attachoit long-temps à ses doctes récits, ARR Ce \ ; . “ {1 : : 14: : itto st Discours en vers sur les Voyages, par Marie J.-J. Vicrornin Faske; pièce qui a obtenu le second prix au jugement de la Classe de la Langue et de la Littérature françaises de l’Institut de France. Sumnia sequar fastigia rerum. (Vince. Æneid. lib. I.) L Es peuples, en naissant, des peuples séparés, Long-temps dans les forêts vieillirent ignorés : Long-temps ces monts altiers , élancés dans la nue, Des stériles déserts la profonde étendue, 4 Les fleuves indomptés, et l’abîme des mers, Cachèrent à leurs yeux le sauvage univers : Et l’homme, de ce globe aujourd’hui sa conquête, Ne connut que l’asile où reposait sa tête. Mais enfin, plus hardi, cherchant de nouveaux cieux, I] jeta sur le fléüve un pont audacieux ; Les monts , par ses travaux, en routes s’abäissérent ; Sur l’abîime étonné ses flottes s'élancèrent ; Sa hache ouvrit les bois à la course des chars ; Et le commerce unit les empires épars. Des sciences alors les lumières fécondes, Traversant les déserts et franchissant les ondes, Du couchant à l’aurore ont éclairé ses pas ; Et les arts voyageurs, de climats en climats Pénétrant , par degrés, aux plus lointains rivages, Ont appris à fleurir chez des hordes sauvages. Le jour de la raison vint dessiller leurs yeux ; / De la société leur main serra les nœuds : Des faisceaux de l’état l’union tutélaire, Des droits des nations la loi dépositaire, Poésie. 375 Des peuples au berceau les Dieux législateurs, Fondérent le pouvoir et polirent les mœurs. _ Des voyages naissans, tel fut l’heureux ouvrage. Alors, le genre humain s’éclaire d’âge en âge. L'homme , inconnu long-temps , à l’homme est révélée; À ses yeux attentifs l’univers dévoilé. Il cherche, voyageur, la sagesse étrangère ; Il rend de sa raison le monde tributaire ; Et des arts cultivés en des climats divers, Il assemble les fruits épars dans l'univers : Abeille industrieuse , et qui d’une aïîle agile Voltige sur la plaine odorante et fertile, De l’arbuste onctueux y recueille les pleurs (1), Et dérobe son miel au calice des fleurs. Qu'un fat , vide de sens, et rempli de lui-même, Ridicule avec art, frivole par système, De plaisirs en plaisirs dans l'univers errant, Promène sa folie et son faste ignorant ; Qu'il achète, à prix d’or, au gré de ses caprices, De nouvelles erreurs, des remords et des vices; De préjugés lointains qu’il revienne chargé; Il a couru le monde , et n’a point voyagé. Le voyageur qu'instruit une raison sévère, Aux climats étrangers marchant à sa lumière, Interroge les mœurs, les sciences, les lois; Et de l'expérience il consulte la voix. Aïnsi, dans sa recherche attentive et prudente, Il trouve sur sa route, en lecons abondante, Des arts et des vertus qu’il ne connoissoit pas. Sans doute les vertus sont de tous les climats: Mais que de préjugés, d’erreurs héréditaires, Affoiblissent en nous leurs sacrés caractères! (r) C’est en effet d’une sorte de gomme recueillie sur des ar- bustes, que l'abeille compose la cire, au rapport de quelques paturalistes. 376 Poésie, Le climat fait l'usage , et l'usage les mœurs. Celui qui des humains compare les erreurs, Apprend à les connoître , et se connoît soi-même : Son esprit éclairé, de la vertu qu’il aime Développe en son cœur le germe fructueux ; Et la saine raïson fait l’homme vertueux. Ainsi pensoient du moins ces enfans de la Grèce Qui couroient à Memphis apprendre la sagesse, Quand Neptune à la voile à peine étoit soumis, Que l’aviron, guidé par des astres amis, S’instruisoit, moins timide, à quitter le rivage. Depuis, avec plus d’art, on osa davantage. Le pilote égaré sur des bords orageux, Ne cherche plus sa route écrite dans les cieux : L’aimant , interrogé par la voile prudente, Dirige au sein des flots sa course obéissante. Partout de l'Océan les chemins sont ouverts. Gama qui, le premier, osa tenter ces mers Dont le brûlant tropiqne embrase les rivages, En arrache l'empire au géant des orages (2) : Fiant sa poupe errante à leurs flots inconnus, I se fait une route aux bouches de l’Indus. Mille voiles alors , à sa trace fidèles, Pu commerce agrandi messagères nouvelles, Accourent de Golconde échanger les trésors. Pour le luxe d'Europe, éclatent sur ces bords Le rubis enflammé, l’étincelante opale ; Cet azur qui mûrit aux plaines dn Bengale (3); Ce duvet d’un arbuste (4), et des rayons du jour La pierre colorée aux champs de Vissapour. Plus hardi ce Génoïs qui dans le sein de l’onde À nos yeux étonnés révèle un nouveau monde. (2) L’Adamastor du Camoëns. (3) L’indigo. (4) Le coton. Poésie. 377 En vain l'orage en feux éclate sur les eaux, La discorde en fureur gronde dans ses vaisseaux, La faim suit, à pas lents, sa course solitaire, Tout cède; son destin est d'agrandir la terre : Echappée à l’orage et franchissant les mers, Déjà flotte sa voile au nouvel univers Que, des bords du Mexique aux flots de l’Orellane, Promet à ses héros l’audace Castillane. Ils accourent, portés sur des monstres fougueux, Retentissans de fer , étincelans de feux : Devant ces dieux guerriers, sous les traits de leur foudre (5), Tombent les nations, et les trônes en poudre... Ou plutôt, ces brigands de carnage enivrés ; Dans les sources de l’or tigres désaltérés, N'ont vu dans ces climats, que l’or n’a pu défendre, Qu'un monde à dépouiller et du sang à répandre. Tout un peuple expirant sous des maîtres cruels, Suit au tombeau'ses dieux brisés sur leurs autels : Ses temples sont en cendre, et ses villes brülantes. O Colomb ! à l'aspect de leurs ombres tremblantes, Ta sublime conquête allume tes remords, Ettes mânes troublés gémissent chez les morts. Eh! qui ne maudiroit ces pirates barbares, Brigands civilisés, dont les poupes avares Portent à l’Indien, libre dans ses déserts, L'esclavage d'Europe et le poids de nos fers ? Qu'ils expirent , flétris de leur gloire sanglante! Mais honneur à celui dont la voile innocente Sur des peuples nouveaux répandant les bienfaits, De leur voile homicide expia les forfaits ! I] n’alloit point chercher sur les goûffres de l’onde, Le diamant, trempé des pleurs du Nouveau Monde ; {5) Le fer, les chevaux, les armes à feu, étoient inconnus au peuple du Nouveau Monde. Ils leur parurent autant de monstres ou de prodiges ; et les Espagnols, im les possédoient , furent regardés comme des Dieux, 378 Poésie, Ni ravir à l’Indus ses peuples expirans Dont le sang, à flots d’or, coule aux mains des tyrans. Non, non, l'humanité sanctifioit sa course. Sous la zône de feu, sous les glaces de l’Ourse, O Cook, dans tes vaisseaux elle erroit sur les mers; Les bienfaits à la main, parcouroit les déserts ; A l’Indien sauvage apportoit l’industrie, À ses stériles champs les arts de ta patrie ; Le taureau , qui tracoit , instruit par l’aiguillon, Dans les plaines d’York un fertile sillon ; Le coursier qui naguère aux bords de la Tamise, Mordoit un frein doré de sa bouche soumise ; Et cet utile fer qui n'avoit point encor Frappé de son tranchant les chênes de Windsor. Un jour , par la charrue en sillons déchirées, Ces îles, si long-temps de Cérès ignorées, Verront en longs épis se hérisser leurs flancs ; Nos fruits, delà les mers, s'élever dans leurs champs; La brebis d’Albion au fuseau des bergères Apporter en tribut ses laines étrangères ; La faucille sans art s’essayer aux moissons, Et le ciseau timide effleurer les toisons. Alors, & Cook! alors quand la nuit descendus Viendra dans les sillons surprendre la charrue, L’Indien , étonné de ses riches guérets, À ses fils attendris contera tes bienfaits : Ses fils à leurs enfans en rediront l’histoire; Et, la reconnoissance éternisant ta gloire, Tu vivras en ces lieux dans le cœur des humains, Comme un Dieu protecteur, dont les fécondes mains Ont versé dans leurs champs, dansleurs humbles chaumières, L’abondance et les arts, inconnus à leurs pères. Toi donc qui sur ses pas cours sillonner les mers, Veux-tu vivre à jamais chez vingt peuples divers, Et remplir l'Océan de ta gloire adorée ? De son humenité suis la trace honorée : Poésie, Que son image encore errante sur les eaux, Vole devant ta poupe, et guide tes vaisseaux. Mais connois les périls où ce projet t’engage; Non moins que ses vertus imite son courage. Calme quand la tempête éclatant sur les flots, Gravoit la mort présente au front des matelots, Il a vu, sans pâlir, les trombes menacantes Faire gronder dans l’air leurs colonnes errantes : Trois fois il a tenté les abîmes couverts D'un océan glacé par d’éternels hivers ; Et trois fois dés hivers , de l’abime ét des glaces, Sa voile tiomphante a trompé les menaces. Déjà loin de ces bords flottante dans les airs, Cette voile apportoit, des bouts de l'univers, Des usages, des mœurs, des lumières nouvelles. L'Europe le demande à ces mers infidèles. En vain, le bras armé de nos foudres vengeurs, Bellone sur les eaux promène ses fureurs : La France, des héros la patrie et l'asile, Permet à son retour une route tranquille. Nos pavillons guerriers, fumans de sang anglais, Offriront à ses yeux les palmes de la paix ; Et leur foudre un moment grondera sans colère (6). Aux rives d’Albion, errante, solitaire, Les yeux pleins d'espérance, et de larmes couverts, Une épouse l’appelle au bord des flots déserts : Craintive, et dans sa main des palmes toutes prêtes, Ælle demande au ciel d’écarter les tempêtes. « Malheureuse ! ... tes vœux ne sont pas entendus, « Un vain espoir t’abuse. .. et ton époux n’est plus. » Tombé sous le couteau dans une île sauvage , Vainement ses regards tournés sur le rivage, Cherchérent un ami qui recût ses adieux. Exilé de la tombe où dorment ses aïeux, (6) Le salut en mer. 360 Poésie: A peine quelques fleurs , une larme furtive, À consolé son ombre outragée et plaintive (7). Mais vous qu’au sein des flots sa poupe alloit chercher, Peuples ! qu’à ses bienfaits les mers n’ont pu cacher, Si de l’humanité cette auguste victime, Loin de ces bords sanglans, et souillés par le crime, Sur vos bords qu’elle aimoit se plaît à revenir, Puisse votre bonheur croissant dans l’avenir, Doux fruit de ses travaux, en être le salaire, Et de son ombre errante appaiser la colère! (7) A peine... æ& consolé. Espèce de licence dont les exem- ples sont fréquens dans Racine et dans Boileau, qui se la per- mettoient à limitation des anciens. Cependant, si l'exactitude grammaticale paroît exiger ici un pluriel, il est aisé de mettre consoleront, ont appaisé, ou tout autre équivalent ; mais @ consolé a paru plus doux. VARIÉTÉS, NOUVELLES E T CORRESPONDANCES LITTÉRAIRES: “+ NOUVELLES ÉTRANGÈRES. HANOVRE. L E15 septembre, la Société royale des Sciences de Gæœt- tinsue célébra l'anniversaire de sa fondation. M. Osran- DER, lut en présence de l’assemblée | sa premiére leçon sur Ja véritable stiucture de la base du cerveau, la cer- velle, la moëlle épinière et d’une nouvelle méthode d’injecter les nerfs des animaux , et les vaïssaux de plantes avec du mercure. M. Heyxes fit précéder le rapport des travaux de la Société ; par des observations sur la con- duite que doivent tenir les personnes actuellement char- gées de l'instruction publique , particulièrement à Goœt- tinigue, non seulement pour le temps présent, mais encore pour l'avenir et pour le sort de l'Allemagne en genéral, par rapport aux sciences et à la littérature. On na reçu qu'un seul mémoire écrit en français ,, en réponse à la question proposée pour le mois de no- vembre 1806, par la classe des sciences mathématiques. Voici cette quession : quel est l'influence des gaz acides , et ceux d’autres espèces sur l'électricité produite par le frottement? Et quels sont les rapports des autres phéno- mènes électriques , tels que les attractions, les répulsions, les étincelles, les aigrettes, etc. ,avec les principaux gaz ? Le Mémoire qui a concouru, a paru satisfaisant sur plusieurs points, mais il n’épuisoit pas la question. Elle a été proposée encore pour l’année 1809. 382 Nouvelles litiéraires. On avoit proposé pour la seconde fois un prix pour — le mois de novembre, la meilleure Histoire de l'emploi des domaines en Allemagne, dès les anciens temps jus- qu ‘à, nos Jours. Un excellent écrit ayoit été envoyé, dès la première proposition , et comme il n’a été surpassé par aucun autre , le-prix lui a -été adjugé. L'auteur est M. le professur Huzzmanx , à Francfort sur l’Oder. On a destiné une somme de 50 ducats, pour les prix qui seront distribués dans les prochaines années. On les adjugera aux meilleures réponses aux questions pro- posées par la:Société.: l'une a pour objet J’état de: com- merce de laiville de Constantinople, pendant le temps. des Croisades, Le terme du concours est fixé pour le mois de novembre: 1807. Voici la question proposée poux le mois de novembre, 1808: « La; différence de, couleur « qu’on a remarquée dans le sang artériel et le sang « veineux, ayant, fait préswmer à/plusieurs. savans ; « qu'il existe une même différence dans.le sang de: l’em= « brion', en rapport inverse , mais expérience ne cons « tatant cette supposition en aucune manière dans-leg: « -enfans nouvellement nés ; la Société desire que par des « recherches et des expériences directes sur: des enfans « nés de mères saines, soit par la prompte ligation dw « cordon ombilical à ses deux extrémités; au ‘moment de la naissance ou d’autres, manières , on détermine -sil existe véritablement une différence inverse dans « la couleur du sang; en quoi'elle consiste; quels sont «les principes constituans du sang, de l’enfänt; abs- « traction faite des parties acides qui doivent s’y mêler « par le contact de l'atmosphère. » Les mémoires en réponse à cette question, doivent être livrés à la Société ;, au commencement de septembre 1808. La Société a renouvellé la question suivante, déjà proposée pour le mois de juillet 1807. Nouvelles liltéraires. 383 — « Quelles influences ont produit les différentes espèces d'impôts sur la moralité, l'application et l’industrie des Peuples ? » Les mémoires seront envoyés au commen- cement de mai, pour le mois de novembre 1807. _« Quels effets les différentes espèces d’engrais pro duisent-ils dans un méme terroir sur les propriétés des plantes qu’ils font croître? » La Société doit recevoir les mémoires au commencement de septembre. Chaque prix est de 12 ducats. M: le professeur Mayer a succédé à M. Meiners au directoire de la socicté. HozLANDe. L'administration établie à AmsrErDAM pour distribuer les prix fondés par feu M. Monnikhoff, a décerné celui de 1804, sur les hernies dites congéniées consémées , à M: Van IKGEN , chirurgien de Dortrech. Elle a rappellé en même temps le programme de prix qu’elle doit ad- juger le 1er. mars prochain, au meilleur mémoire sur les hernies ombilicales ; elle a publié le sujet de celui dont le concours est ouvert jusqu’au premier mars 1808, qui traite encore de la mème branche de la chirurgie. Ce prix est une médaille d’or de 300 ducats. Les mémoires peuvent être écrits en latin, en français, en Hollandais et en allemand , mais avec des lettres latines. Le Libraire qui s’est chargé de publier la collection des auteurs classiques Grecs, dont nous avons parlé dans notre dernier numéro, est M. Hesse, allemand, établi depuis quelques années à Amsterdam. Il paroîtra trois éditions différentes, deux in-8.° et une in-4°. sur papier vélin, qui ne sera tirée qu’à cinquante exem- plaires. On ne pourra se la procurer qu’en souscrivant. BAvVIÈRE. On continue à s'occuper à Municx, de la nouvelle 384 Nouvelles liftéraireë; organisation de l’Académie des sciences. Elle aura, dit- on, des travaux plus étendus qu'aucune autre Académie en Europe, car elle exercera sous la direction du mi- nistère , une surveillance immédiate sur tous les établis- semens d'instruction publique ; dans le Royaume de Ba- vière, depuis les universités ; jusqu'aux écoles primaires, Elle sera composée des savans du pays et des hommes célèbres que le gouvernement a su attirer des autres parties de l'Allemagne. On désigne toujours comme président de cette Académie , le conseiller intime Jacosr; homme respecté dans toute l'Allemagne, tant à cause de ses excellens ouvrages philosophiques, que de son caractère personnel. Parmi les autres Académiciens dont les noms sont déjà connus du public, on remarque M. Sevrrer, astromome que l'Empereur Napoléon nomma ingénieur géographe, pendant la dernière guerre contre les austro-Ruses, et qui a été directeur de l’observatoire de Gættingue , M. Ercaorx , historien, estimé et grand orientaliste, que le roi a également ap- pelé de Gættingue, le chef du département des ponts et chaussées, M. WiesEkiNG, que sa Majesté a fait venir de Vienne, et dont les connoïssances hydrauliques ont déjà été très-utiles au Royaume; enfin M. Wozr, connu par une très-bonne Histoire des Jésuites, et à qui on a ouvert toutes les archives de la Bavière, pour travailler à une histoire nationale. La bibliothèque royale, déjà très-belle, va s’aug- menter encore par les soins d’une commission chargée d'extraire tout ce qui se trouvoit de bon dans les biblio- thèques supprimées. La collection des tableaux de Munich étoit depuis long-temps célébre; mais depuis qu’on y a réuni les belles galeries de Manheim et de Dusseldorff, elle est devenue sans contredit la plus belle de l'Europe, après Nouvelles litiérairés: 385 le musée Napoléon; aussi voyons-nous accourir mainte- nant un grand nombre de curieux et d'artistes , qui viennent admirer où étudier les Chefs-d’œuvre quelle renferme (1). pda La belle galerie dé SAÏZTITALEN , est déjà peut-être arrivée en France. Elle possédoit surtout un grand nombre de beaux tableaux de l’école flamande. Le der nier duc de Brunswick l’avoit considérablement aug- mentée perdant les dix premièrés années de son ré= gne (2). La translation de la galerie de Dusseldorff à pro- cüré à Munich; Vavantage de posséder son ancien directeur, M. Laxçcer, (3) qui l’étoit aussi de l’aca- démie. Cet artiste distingué , habite maintenant la capi- tale de la Bavière, avec son fils, M. Æobért Lancer, mouvellement ‘arrivé d'Italie où il a formé son goût én étudiant les oùvrages des grands maîtres, et en particu- lier ceux dn Poussin, M. R. Lancer, quoique fort jeune , est déjà professeur à l'académie de Munich. Les nombreux objets d’arts, rassemblés at muséé de Cussez, aiñsi que la belle salérie de tableaux de cette ville, vontêtre égalément transportés en France. La statue colossale d’Æercule, qui décoroit le Weissenstein (4), près de Cassel, sera aussi enlevée et conduite à Paris. (x) Voyez dans ce journal , année 1806, tom. 1, p.70 , l’excel- lente notice qui a été donnée de cette galerie, par M. Nerr- GAARD, danois. À. L. M. (2) Foyez aussi la description qui en a été donnée dans ce journal, par M. Neergaard, ax. 1806,t.111,p. 83. A. L. M. (3) M. Langer a demeuré pendant quelques temps à Paris. J'ai eu occasion de parler de lui dans ce journal, én faisant connoître sa Collection de dessins inconnus des grands maftres , qu’il a publiée, sa suite des Apôtres d'après Raphaël , et la belle téte de Laocoon qu’il a découverte. A. L. M. (4) Ce nom signifie pierres blanches, On l'appelle aujourd’hui Tome II. Avril, 1807. 25 386 Nouvelles littéraires: GrAxD Ducné DE Bape. On n’enteud parler que de jeunes prodiges, la musï- que, le théâire en offrent de toutes parts. Cette manie que nous tenons peut-être des Anglais, est déjà passée chez eux, et me sauroit durer nulle part où les gens raisonnables ont la majorité pour eux. Le public, avide du nouveau, et facile à séduire par les grâces de l'enfance, applaudit avec enthou- siasme un talent précoce, mais cetle première impres- sion une fois affoiblie, les défauts du jeune artiste n’en deviennent que plus saillans, et rien de moins solide que ces réputations, surtout quand par la suite elles ne sont pas justifiées par le véritable talent. Mozart, à la vérité, pour être un prodige à 7 ans, n’en fut pas moins célèbre à 30; mais fut-il flatté, choyé et prôné dans son enfance comme les enfans artistes de nos jours ? + La princesse Stéphanie Napoléon , dans son voyage à Bade , entendit à Zâhringen , dans une fète donnée pour elle, la jeune Æatinka ÆKrebs, prodige de 9 ans, exécu- tant avec une précision admirable un air qui alloit jus- qu’au la quatre fois souligné. L’aimable princesse enchan- tée de la jeune musicienne fit néanmoins une réflexion digne d’elle ; elle pensa qu’il seroit dommage qu’un talent si brillant fût étouffé par des efforts surnaturels; et, sans s’arrêter à une stérile admiration, elle enverra Kalz hinka Krebsen Italie , pour former son talent. f À Manheim , deux enfans de 10 ans ont donné un concert de flûte. — Un enfant de 3 ans et demi, a promis, dans uue circulaire, de chanter quelques airs d’un inter- plus souvent Wilhelm Shœhe (château de Guillaume). Cet Hercule dont il est ici question , a 36 pieds de haut ; on prétend qu’on le voit du haut de Blokheng , à la distance de 30 lieues. Que À. L. M. Nouvelles littéraires: 387 mède de Vogel. Caroline Nenz, également âgée de 3 ans et demi, a eu l’honneur de chanter en présence dé l'Empereur Napoléon, à Munich, à la cour de Stutgard, et à Carlsruhe, Néanmoins, le public commence à se blaser, et il faudra bientôt , pour exciter quelque intérêt, annoncer des concerts d’enfans qui ne sont pas encore nés. - La librairie de M. Corra à TusiNGuE , a proposé pour les beaux arts, les prix snivanss 1. TABLEAUX ou DEssINs ACHEVÉS. Le sujet est : Péris chez Ménélas, au moment où il voit Hélène pour la première fois. + L’arbiste estabsolament libre pour la manière et la forme dont 1l voudra traiter son sujet , Il comprendra aisément qu’il doit porter le caractère du temps auquel ilappartient. On recevra également des dessins ou des tableaux, attendu que ce n'est que la justesse, la pureté et le génie de la composition qui décideront du prix. - Le prix sera pour un dessin achevé de 100 du- cats ; l’accessit de 36. Si c’est un tableau et qu’on y trouve jointe avec les quahtés que nous venons d’indiquer, celle de la vériié des couleurs, le prix sera augmenté du quart et s’élevera conséquemment à 125 ducats, et l’accessit à 45. Si la disposition des couleurs n’est pas jugée également bonne, et que le tableau ait cependant mérité le prix , il obtien- dra celui assigné pour le dessin. Le terme pour l’envoi au concours est le 15 novem- bre 1807. 2. Dsssixs. Afin d'obtenir peu-à-peu tout Homère en tableaux , on propose encore au concours, les sujets suivans, tirés de l’Iliade. a, Chryses repoussé par Agamemnon. Iliade I. 10 — 30 : 388 Nouvelles littéraires: b, Chryses implorant à son retour, la vengeance d’ Apollon. contre les Grecs. Iliade I. 33— 45. Sans vouloir gêner en rien le génie des artistes qui voudront concourir, on observera seulement, qu’on desire d'obtenir ces dessins dans le format des dessins de . Flaxmann, c’est-à-dire en folio oblong. Chaque artiste est libre de concourir pour tous les deux sujets ou seulement pour un seul. Le prix pour le premier sujet qui doit fournir une composition plus riche, est de 40 ducats; l’accessit deux . Pour le second sujet, le prix est de 30 ducats ; l’acces- sit de 10. Le terme pour l'envoi est fixé au premier juin 2807. 3. PaysAGEs cARACTÉRISTIQUES peints à l’huile. Or entend sous ce nom, un paysage qui produise sur les spectateurs un effet déterminé. Comme il est difficile de rendre plus particulièrement le genre d'effet qu’il doit faire, parce que les impressions de la nature ne peuvent être exprimées que par les sensatious indi- viduelles de chacun, voici comme le sujet peut être proposé : Un Paysage qui s'accorde bien par sa nature avec les dispositions d’un poème sérieux et sublime. 4. Art pes Jarpins, sujet proposé: /e plan complet d'un petit Jardin de 1/2. L'ordre du tableau reste au choix de l'artiste, parce que le tableau ne sera apprécié que sous le rapport de la composition. Le prix est de 70 ducats; l’accessit de 25. Le terme de l’envoi, est fixé au 15 août 1807. 50,625 pieds carrés du Rhin; dans une contrée qui produit du vin et des fruits. La condition qu’on exige est que le plan réunisse Vagrément et le bon goût à l'utilité, et que les frais de Nouvelles liftéraires. 389 plantations , sans y comprendre la construction des bâtimens, ne s'élèvent pas à plus de 300 florins. Le prix est de 20 ducats, l’accessit de 8. Le concours est fermé au premier de mai 1807. 5. ARCHITECTURE RURALE. Sujet proposé: Plan et coupe d’une maison pour la famille d’un jardinier , com- posée de 4 ou 5 personnes. Cette. maison n’est destinée a être habitée qu’en été. Le prix est de 20 ducats, l’accessit de 8. Les plansdoiventêtre envoyésau concours le 1 mai 1807. 6. MoNumENs ET TOMBEAUX. Premier sujet : l’inven- tion d’un nouveau genre de monument propre à être placé dans un jardin. 11 est destiné à rappeler quelque évenement mémorable ou quelque vérité grande et utile. Deuxième sujet : Tombeau pour étre placé dans un jardin ou dans un cimetière, qui indique parfaitement sa destination et présente quelque idée neuve dans sa composition. .Le prix pour chacun des deux sujets ci-dessus, est de 12 ducats et l’accessit de 5. Les projets doivent être envoyés au 1er. mars 1807. Les artistes sont libres de faire concourir plusieurs dessins pour les numéros 4,5, 6. Les envois doivent être adressés à la librairie de J. G. Cotta, à Tubingue; les noms des artistes qui veulent concourir, seront écrits dans des billets cachetés joints aux tableaux, ce qui sera encore mieux, on joindra ” avec les billets quelque signe clair, qui fasse reconnoître à quel travail il appartient. On assure aux artistes que lés précautions les plus sûres seront religieusement prises pour faire estimer avec impartialité les ouvrages qu'ils feront concourir. Ils seront adressés à deux, et même s’il Le faut, à trois différens lieux où il se trouvera 390 Nouvelles littéraires. un nombre suflisant de juges et d’artistes compétens, qui ajouteront toujours à leurs décisions les motifs qui les ont dirigées. Les prix et acessits serontenvoyés de suite après la déci- sion des juges. Les ouvrages qui les remporteront , de- viennent la propriété de la librairié de Cotta ; les autres seront renvoyés francs, L'Allemagne vient dè perdre une femme poète d’un mérite éminent , ét aussi aimable par ses vertus et son caractère que justement célèbre. A la fleur de son âge, épouse adorée d’un homme de mérite et tendre mère d’une fille nouvellement née, Madame Sophie BRENTANO leur a élé ravie par une mort subite. — Les ouvrages de cette femme distinguée, autrefois connue sous le nom de Sophie Cnrreau , faisoient les délices du public. On ÿ voit briller un talent rare et nn goût exquis. Ses vers sont aussi harmonieux et corrects, que remplis d'images gracieuses et fleuries, et d’idées charmantes. Ils respi- rent une douce mélancolie, et sont dictées par les senti- mens les plus purset les plus tendres. Madame Brentano jouissoit de l’admiration et même de l'amitié des pre- miers poètes d'Allemagne, et des gens de lettres les plus distingués. Les momens précieux d’une vie si fragile n’ont pas été perdus pour elle, et elle sut les employer dignement. Ses nombreux ouvrages dont plusieurs sont si près de la perfection, prouvent sa grande activité. Très -jeune encore, elle composa un poëme nommé Séraphine. Ses aulres ouvrages sont : les Heures de loisir, Kalatiskos, Amanda et Édouard , roman très-intéressant , plusieurs traductions dé Pitalien et du français, et une foule de poésies délicieuses. Elle a fait une très-belle traduction du Cid de Corneille, mais qui est encore inédite. ji Nouvelles littéraires. 391 AUTRICHE. La place de l'église des Augustins à VIENNE, où se trouve le célèbre mausolée exécuté par M. Canova pour Varchidachesse Christine (1); sera décorée encore par une statue de bronze que l’empereur fait ériger à la mé- moire de son oncle Joseph 11. L’exécution en a été confiée à M. Zauxer, qui s’en est acquitté avec beaucoup de succès. Cette statue surpasse en grandeur toutes celles du même genre en Europe. . Le duc Albert de Saxe Teschen s’est érigé des monu- mens durables , en faisant construire à ses frais plusieurs fontaines pour l'utilité des faubourgs de cette ville. M. Jaux , auteur de plusieurs ouvrages célèbres sur l'archæologie biblique (2), vient d’ètre nommé membre du chapitre métropolitain. IL avoit occupé jusqu’à cette nomination la chaire de professeur pour l'étude de lAn= cien Testament. L'Académie Joséphine de Chirurgie, a tenu le 17 de ce mois une séance, dans laquelle elle s’est océu- pée principalement d'examiner soigneusement et d’é- prouver le conducteur de lumière, imaginé par le doc- teur Bozzint, de Francfort-sur-le-Mein , et qui est des: tiné à éclairer les parties intérieures et les cavités du corps. Les expériences qui ont été faites sur des cada- vres, ont eu un résultat aussi satisfaisant et honorable pour l'inventeur , que les premières épreuves que l’Aca- démie avoit faites ; elles ont démontré parfaitement luti- lité de cette invention ingénieuse , et ont rempli l'attente de toutes les personnes préséntes, en leur causant la plus (1) Magas. Encycl., AN. 180%, t.1,p. 112. (2) Ces ouvrages, rédigés avec une excellente méthode, et très-rares et intéréssans , mériteroient d’être traduits en fran- gais. À. L. M. 492 Nouvelles littéraires: , agréable surprise. Il n’y a cependant presque pas lieu de douter que l'application de ce conducteur de lumière aux personnes vivantes ne soit accompagnée de bien des diffi- cultés que l’on apprendra à connoitre dans la suite, et dont lapplanissement sera un problème à résoudre pour les gens de l’art. | Madame YWilhelmine Murrer, née Maisch, connue par ses agréables poésies, a fixé depuis le mois de juillet de lannée dernière son séjour à Vienne. Elle vit avec une de ses sœurs. / On à organisé sous la direction de M. VESSELENY , un Théâtre hongrois , dont les sociétaires, au nombre de quinze à vingt, jouentalternativement à CLAUSEN BOURG et à Derreczvn.On a commencé dansla première de ces deux villes la construction d’une salle de spectacle. Les pièces qu'on a représentées jusqu'ici sont, pour la plupart, tra- a de Pallemand. DANNEMARCK. À la séance solennelle de ? Université de Corrnnacur; qui avoit pour objet la distribution des prix académi- ques et le changement de rectorat, M. le professeur Taorcacivs (1) ouvrit la séance par la lecture d’un écrit qui avoit pour objet {Histoire de l’état des maîtres des hautes écoles de Bordeaux dans le quatrième siècle de nôtre ère. L'auteur prit pour base de son ouvrage un écrit du poète Ausone, qui a pour titre : De Professo-- ribus Burdigalensibus. Boxdeaux avoit alors trente-trois professeurs; savoir, vingt grammairiens, douze rhéteurs, et un qui réunissoit l’une et l'autre partie. On distin- guoit entre ces maîtres ceux qui enseignoient dans la langue latine, et ceux qui enseignoient dans la langue (1) Nous avons eu occasion de parler dans ce journal de ce jeune savant, qui a passé plusieurs années à Paris. A. L. M. Nouvelles littéraires. 393 grecque. À la première classe appartenoiïent quatorze grammairiens et dix rhéteurs. La seconde avoit six gram- mairiens et un rhéteur; deux rhéteurs enseïgnoient dans les deux langues, . Bordeaux étoit alors si célèbre, qu’on faisoit venir des mailres de cette ville à Narbonne , Toulouse, Poitiers, en Sicile ;en Espagne , et même à Rome et à Constantinople. Les empereurs et les consuls profitèrent de leurs ins- tructions; mais de tous les savans d'alors, il n’y en eut aucun qui embrassa le christianisme. C’est le témoignage d’Ausone, qui vécut depuis l’année de notre ère 309, jusqu’en 394. : M. le professeur HoRNEMANN a prononcé dans la même séance un discours latin, qui avoit pour objet de démontrer que la culture des sciences est utile au bien pu- blic, autant qu’elle est honorable et agréable pour ceux qui s’y appliquent. M. le professeur Baxe a succédé à M. Hornemann dans la dignité de recteur magnifique de l’université. Le prix proposé l’année dernière par la Société royale dés Sciences , sur le sort et l’influence du spinosisme , a élé remporté par M.G.S. Franck, prédicateur à Sonder- borg , dans l'ile d’Als. La Société. lui a adjugé une mé- daille de la valeur de 100 rixdales. M. le professeur Tor&Ez BADEN a fait insérer, au nom de la Société d’'Encouragement des belles-lettres , dans la gazette intitulée : Xiobenhavnske laerde Efterre- tainger, n.° 39 , l’article suivant : « La Socicté a résolu de proposer de nouvelles questions et de nouveaux prix, et de les distinguer d’une autre manière. Elle a fait exé- cuter le coin d’une médaille, dont elle donnera annuel- lement une ou deux en or, de la valeur de 40 ducats. Les ouvrages auxquels elles seront assignées , seront des mor- .ceaux originaux de poésie ou d’éloquence en langue da- 394 Nouvelles littéraires. noise. Des médailles du même coin, mais eñ argent , se- ront adjugées aux meilleures traductions des bons ou- vrages de l'antiquité. La Société propose pour prix, deux médailles d’or, l’une pour le meilleur poëme sur l’ Amour de la Patrie, Pautre pour la Biographie de Griffenfeldts, et un aperçu de Pétat du Danemarck au temps où il vivoit. Elle des- tine encore deux médailles d'argent, l’une pour une traduction poétique des Phéniciennes d’Euripide , Vautre pour la éraduction du Panégyrique v'Isocrate (2). Les mémoires seront adressés vers la fin du mois d'août 1807, avec une devise et un billet où se trouve le nom de l’'au- teur ;, au secrétaire de la Societé, M. Baden. Les ouvrages couronnes seront imprimés aux frais de la Société , sous ce litre : Nouveaux Recueils d’écrits, publiés par la So- ciété pour l’encouragement des belles-lettres. La Société insérera encore dans ce Recueil d’autres ouvrages en vers et en prose sur des sujets d'histoire, de morale, d’antro- pologie , et des traductions d'ouvrages classiques de Panti- quité qui ne seront point trop étendus. Le Théâtre Royul de CorenHAGuE a donné dans le cou- rant de lan 1805 à 1806, cent cinquante-huit représen- sentalions. Parmi les pièces, il ÿ avoit neuf traductions, et une seule comédie originale danoise, du professeur Saxper, intitulée l'Hôpital. Cette pièce à eu du succès. ITALIE. Un Allemand , M. SiNérr, a obtenu du gouverne- ment pontifical le privilège exclusif d’une branche de commerce qu’il a lui même imaginée. Jusqu'à présent (2) L'auteur consultera sans doute l’excellente traduction que M. Wozr en a donnée dans l’4ttisches museum 1 band, L'helf. Il l’a accompagnée d'un beau discours préliminaire ét de notes pleines d'intérêt. A. L. M, Nouvelles littéraires. 395 personne , dans Roms , n’avoit songé à carboniser l& tourbe ; on ne connoïssoit que le charbon de bois, et, comme les cuisiniers ne font guère usage d’autres com- bustibles, on en estimoit la consommation à trois millé sacs par jour. On peut juger de la quantité de bois qu’il falloit y sacrifier. Enfin , M. Singer ayant remarqué que les marais pontins pouvoient fournir une immense quantité de tourbe , il en à fait du charbon qui n’a aucune odeur désagréable , et qui aura même pour lz forge , Pavantage important de donner plus de chaleur que le charbon ordinaire , et de ne point attaquer le fer (1). On se promet beaucoup d’utilité de cette décou- verte. M. François Daniel (2), un de nossavans les plus il- lustres, historiographe du Roi et secrétaire de l’aca= démie d'Hérculanum , vient d’êlre nommé bibliothécaire de S. M. Le roi de Naples vient de former une aca démie. Voici le décret qu'il à rendu pour son institution. Art. Ier Il sera formé une société d'hommes de lettres au nombre de 40, laquelle prendra le nom d’Académie royale d'histoire et d’antiquités. IE. Les 20 premiers seront nommés par le Roi. Aussi- tôt qu'ils seront réunis en académie, ils présenteront à S. M. trois noms pour chacun de ceux qui doivent com- pléter le nombre ci-dessus désigné. IT. L’académie se réunira dansle palais dit des Études. (1) I seroit utile aussi de répandre l’usage de la tourbe car- bonisée dans la partie basse de l’ancienne Provence, où le bois est extrémement rare. A. L. M. (2) C’est lui qui a rédigé le bel ouvrage sur les tombeaux des anciens rois de Sicile à Palerme. Il vient récemment de pu- blier un autre ouvrage également bien fait, sur les médailles de Capoue. A. L. M. 396 Nouvelles littéraires: Elle aura un secrélaire perpétuel nommé par le Roi. Elle nommera un président pour trois mois. . IV. Les directeurs du Musée, des fouilles , de L'Im- primerie royale, seront nécessairement choisis parmi les membres de l’académie. V. Le ministre de la maison du Roi tiendra tous les ans à la disposition de l’académie une somme de 8 mille ducats qui seront distribués en jetons de présence, et 2 autres mille ducats qui seront convertis en prix à donner aux auteurs de quatre ouvrages, qui les méri- teront au jugement de l’académie. VI. L’académie tiendra deux grandes séances tous les ans. Ou y fera le rapport et l'analyse des ouvrages qui auront merite les prix, lesquels seront toujours distribués en séance publique. VII L’académie pourra nommer un correspondant dans chacune des quatorze provinces du royaume. VIII. Les académiciens seront admis à la cour. IX. La première séance de l'académie aura lieu dans une des salles de notre palais, où nous voulons, dit S. M. l’assurer nous-même de notre royale protection, et de l’intention dans laquelle nous sommes de profiter. de ses lumières et de coopérer aux succès de ses tra- vaux. X. L’académie s’occupera d’un réglement pour sa dis- cipline intérieure , lequel sera soumis à l'approbation du Roi. — Par un autre décret, sont nommées membres de l'académie royale d'histoire et d’antiquités, savoir : MM. P. Andres, le chevalier Arditi, larchevèque Cape- celatio, l'abbé Gaëtano Carcani, D. Cotugno , Fr. Ca- relli, l'abbé Nicolas Giampiti, François Daniele, le conseiller d'État Delfico, le professeur Garginio , l'abbé D. Gigli, l'abbé Gaëtano Greco , l’évêque Lupoli, Fabbé Nouvelles littéraires: 397 G. Marano, le général Parisi, l’abbé B. Pezzeti, l’évêque Rosini, le chanoine Fr. Rossi, et le chevalier Villa Rosa. AFRIQUE. La nouvelle de la mort du célèbre voyageur Muxeo- Panrck vient d’être confirmée par un article d’un journal américain intitulé : Courier de Charlestown , qui détruit toutes les espérances qu’on avoit conçues à son sujet; Voici ce qu'on y dit: « Nous publiames, il y quelques mois , la nouvelle de la mort de Mungo-Parck , que nous avions apprise par des lettres reçues directement d'Afrique. Une lettre insérée dans les Journaux de Lon- dres , a fait croire que nous nous étions trompés ; quant à nous, la confiance que nous avons dans notre corres- pondant, ne nous avoit pas permis de douter un instant de la vérité du fait qu’il nous avoit mandé. Ce fait , qui n’étoit que trop vrai, vient de nous être confirmé par un voyageur nouvellement arrivé d'Afrique. Il a vu, dans la rivière de Ponga , plusieurs personnes de Sego , qui lui. ont asscré que la chose avoit eu lieu pré- cisément de la manière que nous l’avons annoncé. On a toujours pensé , en Afrique , qu'il étoit très-impoli- tique d’y voyager escorté par une force militaire. Mungo: Parck arriva à Ségo avec un très-petit nombre de ses compagnons, en ayant perdu la plus grande partie par les maladies. Ceux qui restoient , ont été ainsi que lui, massacrés dans cette ville , et l’on croit que c’est par ordre du Roi de Bambara, qui y fait sa résidence ha- bituelle. Ségo est une ville dont la population s’élève à près de 30,000 ames. On a reçu de Constantinople, la nouvelle que M: de CHATEAUBRIANT après avoir parcouru la Syrie et l'Egypte, étoit arrivé en très-bonne santé à Tunis. Les ruines de 398 Nouvelles littéraires: Carthage avoient attiré cet illustre voyageur sut cetté’ eôte. Là, il devoit s’embarquer pour l'Espagne , d’où ses amis espèrent recevoir très-prochainement la nouvelle de son heureuse arrivée. | ; Là ÉTars-Un1s. M. Jefferson , président des États-Unis, possède plu- sieurs bustes faits par des Indiens; la forme humaine: s'étend jusqu’au milieu du corps, et ils sont à-peu-près de grandeur naturelle, Les traits sont bien marqués et caractérisent ceux qui sont propres aux hommes rouges; il y en a un entrautres, réprésentant un vieux sauvage où les rides de la face, et le regard sont très expressifs. Ces bustes ont été trouvés en creusant dans un lieu appelé Palmyre ; sur la rivière Tennessés. On ignore encore de quelle matière ils sont composés; quel- ques-uns pensent qu'ils sont formés d'une pierre solide taillée et seulptée au oiseau, tandis que d’autres croyent que c’est une composition moulée ou façonnée, et euite. La substance est extrêmement dure. On ne sait s’ils représentoient des idoles pour le culte des naturels, ou des personnes distinguées. C’est un sujet’ de recherches, de savoir quels furent les prédéceseurs della race actuelle des Indiens qui purent ainsi exécuter une assez bonne ressemblance de la tête humaine , de la face , du cou et des épaules. Le général David Merrwermer a écrit à mon ami le docteur MircxiLz, sénateur, que les banes de coquilles commencent au bord sud de la rivière Savannah, près de White Bluff, et s'étendent en ligne droite, dans un espace d'environ cent milles, depuis le bord de la: mer. jusque vers le sud-ouest. Les sillons me sont pointentiers, mais la terre est plus élevée dans l’espace de six ou huit milles de large, quelle ne l’est au-dessus Nouvelles littéraires. 309 ou au-dessous. On trouve, non seulement des coquilles d'huîtres, mais encore des pétoncles et autres espèces. Quelques-unes sont entières, très-larges ; et d’autres paraissoient unies entre elles , comme par un ciment. Il y en a qui sont assez grandes pour contenir le pied d’un homme (1); il ya de ces coquilles, dans différentes parties des lieux élevées, dans une étendue de quarante milles. : On sen sert pour faire de la chaux : mais un peu plus haut, au sud-ouest, il y a un amas de coquilles for- mant une espèce de roche que l’on préfére pour cet usage. é À quelques distances encore plus haut et dans la même direction, il y a plusieurs carrières d’une espèce de pierre siliceuse, dans laquelle on trouve dispersées çà et là, un grand nombre de coquilles de toutes espèces. Celles-ci sont pétrifiées et aussi dures que le caillou. On en fait des meules de moulin qui, pour leur qualité, approchent beaucoup de celles de France. On a fait à la Bave d'Hupson , des expériences avec du vif-argent congelé; on Va réduit en une lame aussi mince que du papier, en le battant sur une enclume avec un marteau de la même température que le vif= argent. LE En plongeant une masse de vif-argent gelé dans un (1) Nous avons fait mention de ces coquilles fossiles dans la partie géographique que nous avons donnée des Etats-Unis, dans le 6e. vol. de celle de Guthrie, pag. 251, dernière édi- tion , 1802 , où il y a plusieurs errata à corriger. Nous avons dit que ces amas forment des lits, qui sont à 20 et 30 pieds de profondeur dans les coteaux ; qu’il y a de ces coquilles qui ont 15 à 20 pouces de longueur, de 6 à 8 de largeur, et de 2 à 4-d’épaisseur. On trouve dans les parties supérieures de l'Etat, des restes de monumens curieux et étonnans de la puissance et de l'industrie des anciens habitans de ces pays. VALENTIN. 400 Nouvelles littéraires: verre d’ean chaude , l’eau s’est gelée à l'instant, le verre a éclaté en morceaux, et le vif-argent est redevenu fluide. :: M. Rubens Péave, à Paisaneirnie, a découvert la supériorité de l'argent sur le crayon FOR pour écrire sur la substance que l’on nomme peau d’âne. Les marques sont très-distinctes et on les efface aisément avec le doigt. Ainsi on peut Fr le crayon par une plume d'argent. } Il n’y a point eu , dans aucunes contrées des Etats-unis, d’épidémie de fièvre jaune pendant l’année 1807. Les Antilles en ont été pareillement exemptes, elles n’avoïent pas joui depuis beaucoup d'années, d’une aussi grande salubrité (2). FRANCE. Laronr fait dans ce moment les délices des compa- triotes de Grétry; il est à Laëc£s , où son exécution sur le violon et son chant, excitent l’enthousiasmie. Le conservateur de la Bibliothèque de CAEN , animé d’un véritable zèle , demande à ses concitoyens de former ‘une souscription pourle plan de publication du Catalogue qu’il en a rédigé. Cette entrepriseest trop utile à cette ville , pour qu'aucun de ceux qui y sont nés, silsont le moindre goût pour Jes lettres, puissent refuser d'y coopérer. La ville de Grenogze vient de perdre un de ses mé- decins les plus recommandables par ses talens et ses qualités morales. Le 12 février, la mort a moissonné à la fleur de l’âge le docteur Trousser , qui joignoit (2) Ces nouvelles m'ont été communiquées par M. Louis Palentin, médecin à Marseille, et membre distingué de l’Aca- démie de cette ville. Il a demeuré long-temps à Philadelphie, et il y entretient une correspondance littéraire très-active. L. M. Nouvelles littéraires: 407 à la théorie la plus éclairée, la pratique la plus étendue, et la confiance la plus justement méritée. Quoiqu'il ait terminé sa carrière à l’âge de 37 ans , il avoit déjà: la célébrité qu’il est si difficile d'acquérir , même après de longues années d'expérience. Professeur de physique et de chymie à l’école centrale du département de l'Isère, il déploya toutes les connoissances et toute la méthode qui distinguent les plus grands maîtres. L’épidémie qui ravagea ces contrées en l’an 8, l’ayant porté à se dévouer tout entier à la pratique de l’art de guérir , ses talens se développèrent avec le succès le plus éclatant , et il publia , à cette occasion , Un ouvrage qui, fixant sur lui l'attention de sesconcitoyens , lui mérita en même temps les éloges et la plus grande considération de l2 part des médecins éclairés de la capitale. Nommé mé- decin en chef de l’hospice civil de Grenoble, il se rendit recommandable par son zèle et sa philantrophie. On lui est redevable de la découverte de la trans- piration du gaz azote ; sur laquelle il a publié une dissertation imprimée dans les Annales de chymie, et qui a donné lieu à plusieurs recherchés de Ja même nature, tanten France qu’en Angleterre , en Allemagne, etc. Tous les résultats ont confirmé son observation. Il a fait aussi un Traité sur l’hydropisie de poitrine, dans lequel il a fait connoître de nouveaux moyens curatifs dont l'enpéniance atteste journellement le succès. Atteint d’une maladie chronique depuis deux ans , ii a travaillé jusqu’à sa dernière heure à la confection d’un ouvrage dé médecine-pratique ; qui comprend l’histoire de toutes les maladies qui ont régné à Grenoble pendant les années 8, 9, 10, 11, 12 et 13 de la ré- publique. Cet ouvrage formera quatre volumes ; et on Tome II. Avril, 1807. 26. 402 Nouvelles littéraires. y retrouvera cet esprit d'observation et de méthode. qui a toujours distingué son auteur. Exempt de passions , il est mort avec le sang-froid du sage , et il emporte au tombeau les regrets de tous ses concitoyens ainsi que de tous ses collégues. Ses funérailles ont été honorés par la présence de tous les membres des sociétés savantes et des personnes les plus distinguées de cette ville. La société des sciences et des arts dont il avoit été président , a arrêté, le 21 février, qu’elle assisterait en ‘corps , au service que sa famille doit faire célébrer , et que son éloge serait prononcé en séance publique. M. Paul-Henri Mazzxr , de GENÈVE , est mort dans cette ville le 3 de ce mois, dans la 77 . année de son âge. Ce savant distingué , dont la réputation survivra à beaucoup de réputations plus brillantes, parce qu’elle est fondée sur des titres plus solides , joignoit à un ex- cellent esprit de grandes connoïssances en histoire et une littérature très-variée. Nous avons de lui une Æis- toire du Danemarck jusqu’au 18e. siècle ; une traduction française des Voyages de Coxe dans le Nord, avec des notes , 2 vol. in-4.° ; une Âistoire de’ la maison de Brunswick ; 3 vol. in-8.° ; une #istoire des Suisses depuis les temps les plus anciens jusqu’à la dernière ré- solution, & vol. in-8.; une Æistoire de la ligue an- iséatique , depuis son origine jusqu’à sa décadence , 2 vol. in-8.° , ete. (1). Les derniers troubles de Genève avoient privé M. Mallet de la plus grande partie de sa fortune ; il ne lui restoit que deux pensions que lui faisoient le feu duc de Brunswick et le landgrave de Hesse ; il venoit de les perdre par suite des événemens ‘de la guerre ; il avoit bien des motifs de réclamation , le ministre chargé de distribuer les fonds que l'Empereur destine à récompenser les talens , la prévenu ; en faisant (1) Voyez Hagas. Encyel., ANN: 1806 ;'t. vi, p. 436. A. L.M. Nouvelles littéraires: 403 Yasser à M. Mallet des secours pécuniaires , et en lui fai- sant espérer le rétablissement de ses pensions. Mais une attaque imprévue de paralysie , a trompé les vues bien- faisantes du ministre , en terminant la vie de l’homme respectable qu’il avoit su distinguer dans sa retraite. “M.le préfet du département du RHÔNE vient d’ordonner le dépôt au conservatoire des arts de Lyon, d’un échan- tillon d’étoffe moirée , dont le dessin représente une cou- ronne de chêne et de laurier, surmontée d’un aigle, et dans laquelle on voit placées une étoile et la lettre initiale du nom de l'Empereur. Cet ouvrage a été exécuté par le Procédé du moirage du sieur Faye, et fait hon- neur à cet artiste. MonstEUR, L'enfant Æ/binos dont vous parlez dans le cahier du mois de janvier, pag. 161, m’a été présenté par M. Niel, médecin de l’hôpital civil, qui en a donné une notice dans le journal du département des Bouches du Rhône, d’après mon asserlion. On lui contestoil que ce fût un Albinos; comme j’en ai vu plusieurs en Amérique, prin- cipalement des Nègres, les uns très-bien portans, les autres dans un état malade; je lui ai véritablement re- connu le caractère albinos qui est on ne peut pas plus tranchant : c’est une petite fille bossue. Il y a près d’Aix, deux frères, l’un de 24 ou 25 ans, et l’autre d’environ 28 , qui ont les cheveux , les cils et les sourcils blancs , les yeux mobiles, la pupile rouge et voyant mieux que les autres hommes après le coucher du soleil. Voilà bien encore des Albinos, quoiqu’ils ayent la peau däns l’état naturel et qu’ils se portent très-bien d’ailleurs. Ils ont des frères et des sœurs qui n’ont rien de semblable. Le Philadelphia medical museum ,tome 2, pag. 284, année 1805, contient deux observationsd’enfans Albinos, 404 Nouvelles littéraires: par le docteur John Vanghan. On a cru que lés vrais Albinos n'engendroient pas. Nous avons des preuves du contraire : nous avons vu dans la Basse-Virginie, une famille d’Albinos née d’une négresse Albinos. Le pèré étoit un nègre très-bien portant et exempt de ce /usus naturæ ; mais les enfans étoient dans une sorte d'état de cAlorose. J'ai su depuis, que plusieurs de ces enfans, qui étoient réellement nyctalopes, n’ont pas vécu long- temps. VazenTin, médecin à Marseille. . \ Paris. La mort vient de ravir , d’une manière aussi affreuse qu’inattendue, à la société et aux lettres, un homme qui jouissoit de l’estime publique par ses qualités mo- rales et par ses talens distingués. M. Wincxzer, employé au Cabinet des Médailles de la Bibliothèque impériale , a été frappé d’apoplexie à l’âge de 36 ans, au moment où il paroissoit jouir de la plus parfaite santé, et dans le temps où l’on devoit attendre les plus heureux fruits de son zèle constant et de sa profonde application. Ses funérailles ont eu lieu le samedi, 21 février : le nom- breux concours d’hommes de tous les rangs, de tous les états et de différentes religions qui a accompagné son convoi, prouve à quel point il avoit su s’attirer Vattachement et la considération de ceux qui l'ont connu. M. Millin, conservateur du Cabinet des Médailles, membre de l’Institut et de la Légion d'honneur, condui- soit Le deuil; il a prononcé sur sa tombe le discours suivant : MEssiEURSs, « Vous allez entendre le respectable pasteur qui va rendre les derniers devoirs à celui dont il faut nous séparer pour jamais. Qu'il soit permis à l’amitié désolée Nouvelles littéraires: 405 d'unir sa voix à celle de la religion, et de joindre à l'expression de sa propre douleur , celle des justes regrets dont vous êtes pénétrés. « Ce concours nombreux, les larmes qui coulent sur ce cercueil, tout vous dit que celui que vous pleurez m'étoit pas un homme ordinaire. En effet, M. Win- CKLER n’appartenoit pas à une famille riche et puissante ; il étoit encore jeune; il n’occupoit point un emploi supérieur; réservé et laborieux, il ne cherchoit point à se répandre, et ses travaux , préparés dans le silence , mavoient point l'éclat des productions brillantes. Qui» donc a pu rassembler autour de sa tombe tant de per- sonnes, parmi lesquelles on en compte plusieurs qui se sont illustrées dans la carrière des lettres, ou élevées dans celle de l'administration ; qui a pu réunir ici des ‘hommes qui offrent à V'Être-Suprème le même hom- mage, mais dans des cultes différens? Vous voyez des chefs de l'établissement auquel il appartenoit ; les cama- rades qui parlageoïent ses travaux, des membres du premier corps littéraire de L'État, des jeunes gens, des vieillards , même des infortunés ; et M. WincKzer n’avoit pas un seul parent dans cette ville, où souvent le cercüeil du riche et de l’homme en crédit arrive solitaire au champ du repos, après la désertion succes- sive des flatteurs et des parasistes qui se pressoient la veille autour de lui. « Quel est donc lintérêt puissant qui nous attache à suivre ce corps inanimé ? Il est impossible de mécon- noître ici l'empire qu’exerce toujours le vrai mérite, uni aux qüalités aimables et aux solides vertus. « Personne .ne possédoit mieux tous ces dons que -Theophile-Frédéric Wincxrer. Né à Strasbourg en ‘1770, il y avoit fait ses études avec succès , et le prix le plus flatteur dont ses efforts avoient été couronnes, 406, Nouvelles littéraires. étoit l'amitié tendre de ses célèbres professeurs, MM. Lo- renz , Hermann, Schweighœuser et Oberlin. « Il se destinoit à l’état ecclésiastique lorsqu'il fut appelé par la loi, avéc les -autres jeunes gens de son âge, à la défense de la patrie. Les corps en se formant, choisissoient alors leurs officiers. Ses compagnons d'étude, accoutumés à reconnoître en lui cette supé- riorité que donnent parmi les jeunes gens, toujours justés entre eux, l'application soutenue, le talent et la sagesse, le nommèrent leur capitaine. Après une vi- goureuse défense, le corps dont il faisoit partie, fut fait prisonnier au fort Vauban et envoyé en Hongrie. « Insensible aux privations de tous les genres qu’il lui fallut éprouver, M. Wincxzer ne fut touché que de celle de ne plus communiquer avec ses bienfaiteurs, ses maîtres et ses amis : il s’occupa à recueillir les ob- servations que la sévérité de ses gardiens pouvoit lui permettre de faire; elles se sont principalement portées sux la langue du pays et sur le grec moderne. « M. WiNcKLER, après avoir élé échangé, revint dans sa patrie. On lui confia l'éducation de deux jeunes gens, et il les suivit à Paris. Cétoit l’époque où je commençois mes cours sur les diverses parties de l’an- tiquité : il y conduisit ses élèves. Je remarquai le goût qu'il montroit pour ce genre de connoissance; je lui témoignai de l'intérêt , il y répondit par la reconnois- sance, ce noble sentiment qui dominoit dans son cœur . « Quelqne temps après, ses élèves entrèrent à l’école Polytechnique. M. Wixcxzer étoit sans occupation, je lui proposai de travailler près de moi, où 1l pourroit suivre ses études, et il se livra avec une ardeur infa- tgable à celles qui nous étoient chères. Au bout de trois années , une place au cabinet des Médailles devint Nouvelles littéraires. : 407 vacante : je n’eus pas besoin de proposer M. Winezker ; sa modestie, sa douceur , sa bonne : conduite ét ses talens parloiïent assez pour lui, il fut nommé avec un assentiment général. La joie que mon estimable collgue et tous les conservateurs de la Bibliothèque impé- riale témoignèrent de le voir attaché à cet établis- sement , et l'approbation que les savans et les gens de lettres donnèrent à ce choix, furent des témoignages publics de l'estime que M. Winckcer sétoit déjà acquise. « Exactitude dans ses devoirs, amour des études qui devoient l’occuper, activité el persévérance dans ses travaux, déférence pour ses chefs, amitié pour ses camarades , patience avec les curieux ignorans et in- discrets, zèle infatigable pour seconder les recherches des vrai savans; politesse sansaffectation, savoir sans osten- tation, douceur , indulgence et bonté dans ses rapports avec tout le monde; voilà ce que tous ceux qui eurent occasion de le connoître remarquèrent bientôt en lui, et ce qui lui a acquis l'estime et l'attachement de tant d'hommes recommandables. | « M. Wixcrrer possédoit les langues anciennes et’ modernes. L'histoire littéraire et la bibliographie lui étoient familières , et il appliquoit ces connoissances à l’histoire des arts, à la numismatique, à la palæographie et aux différentes parties de l'antiquité figurée. Toujours empressé de se rendre ulile, on étoit sûr d'obtenir de lui le double de ce qu'on lui avoit demandé. Celui qui ne desiroit qu'une note, recevoit un travail complet. Communicatif pour tout le monde, il moublioit que lui, et il falloit lui faire sa part, car il ne l’auroit pas réservée : comme il n’exigeoit aucune reconnoissance ; il ne croyoit jamais trouver d’ingrats. « Ses talens:, sa probité et ses travaux l'ont bientôt 408 Nouvelles littéraires: fait distinguer des personnes qui visitent la Biblio- thèque impériale, et son nom a acquis, même chez l'étranger , une réputation méritée. « La mort seule pouvoit me séparer de cet ami rare et précieux; j'obtins la permission qu’il m’accompagnât lorsque je fus chargé de visiter kes monumens du midi de la France. Ses vertus et ses qualités lui ont attaché tous ceux aveç qui nous avons eu des relations, et la nouvelle de sa mort y excitera un regret général. « Ses qualités étoient encore surpassées par ses vertus. Toutesses manières annonçoient la candeur de son âme, la tranquillité de sa conscience, la pureté de ses senti- mens. Sa conduite étoit réservée, prudente et sage; économe sans parcimonie , il trouvoit dans son modique revenu les moyens d'exercer son active et généreuse bienfaisance. J'en pourrois citer plusieurs traïts , si je ne craignois encore de trahir sa confiance en fai- sant connoître des actions qne sa délicatesse a voulu cacher. « L'amitié des vénérables ministres du culte qu’il professoit , prouve qu'il ne refusoit point à Dieu ce qu'il savoit si bien rendre aux hommes; il étoit reli- gieux sans chercher à le paroître, Tout chez lui avoit le caractère de douceur et de tranquillité qui lui étoit propre. Content de vivre sans reproche, jamais il ne censuroit personne , et la régularité de sa conduite étoit si naturelle, qu’elle ne prenoit jamais l'apparence du blâme pour ceux qui ne pouvoient atteindre à la même, perfection. ” « J'ai retracé foiblement ce que vous connoiïssez tous ; mais comment. exprimer la profonde blessure que la mort de M. Wincxzer a faite à mon ame? J’avois été assez heureux pour distinguer son mérite naissant. IE x g’étoil attaché à moi comme un fils à son père, et ma Nouvelles littéraires. 409 tendresse pour lui avoit tous les caractères des senli- mens de la nature et de l'amitié. Aucun jour ne se passoit sans nous voir , ou sa durée paroiïssoit plus lon- gue à l’un et à l’autre. Son bonheur étoit de me seconder dans mes travaux , de prendre pour lui ce qu’ils offroient de plus pénible : le mien étoit de faire connoïtre et valoir ses talens et ses qualités , de veiller à son avan- cement dont il ne s’occupoit jamais. Nous devinions nos moindres pensées, et c’étoit toujours pour nous pré- venir par des soins, par des attentions réciproques. Au- cun attrait de gloire, aucun espoir de fortune n’auroient pu l’engager à m’abandonner, et je ne concevois plus la possibilité de rien faire sans lui.! Peines et plaisirs tout nous étoit commun, ma tendresse pour lui s’éten- doit au-delà même de la vie. J’espérois qu’il me ferme- roit les yeux. Je lui avois légué une partie de ma bibliothèque ; mes dessins, mes manuscrits et la con- tinuaiion de tous mes travaux. Je puis bien dire avec Montaigne, Nous étions à moitié de tout, et il semble qu’il emporte sa part. C'est moi qui suis destiné à pleurer sur sa cendre et à lui élever un tombeau. « Ami cher et fidèle, tu auras encore un autre tom- beau dans ma mémoire dont tu ne sortiras jamais. Je ne cesserai de me rappeler tes vertus et tes sentimens, ét d'offrir ta vie pour modèle aux jeunes gens qui em- brasseront la noble carrière des Lettres. M. Gær1oKE , aumônier de la Légation danoise , a pro- noncé ensuite de vive voix, un discours, dans lequey il a retracé éloquemment les vertus morales et reli- gieuses de M. Winckrer, avec lequel il étoit égale- ment uni par les liens d’une tendre amitié. Cette cérémonie a reçu le caractère le plus touchant par la douleur dont tous les assistans étoient pénétrée, 410 Nouvelles littéraires. et par la vive impression qu’elle a faite sur un grand nombre de jeunes gens qui en ont été les témoins. La classe de la langue et de la littérature française de l’INsrITuT NATIONAL, a tenu une séance publique le 1.er avril 1807, Elle étoit présidée par M. Ragiald ( de Saint-Jean d'Augély. ) M. Legouvé a lu, pour M. le secrétaire perpétuel de la classe, M. Suarp , un rapport sur le Concours proposé par elle. M. Charles Mirxevoye a obtenu le prix de poésie ; M. Marie J. 3. Victorin Fasre , le second prix ; M. Bru- euiËrE ( de Marseille), l’accessit. La classe avoit proposé pour sujet du prix d’éloquence, qu’elle devoit décerner dans cette séance, le tableau littéraire dela France dans le dix-huitième siècle. Aucun des ouvrages envoyés au concours ne lui ayant paru digne du prix, elle propose de nouveau le même sujet pour le concours de l’année 1808. La classe ayant un second prix à décerner pour le même concours, propose pour ce sujet ’Éloge de Pierre Corneille. Ces prix seront chacun une médaille d’or de 1500 fr. Is seront décernés dans la séance publique du mois d'avril 1808. Le terme prescrit pour l’envoi des ouvrages destinés au concours, est fixé au 15 janvier 1808. Ce terme est de rigueur. Le prix de poésie ne sera décerné que dans la séance publique de 1809; mais la classe a cru devoir l’annoncer d'avance, afin de donner aux concurrens plus de temps pour s’en occuper. Le sujet est : les embellissemens de le capitale. Es Nouvelles littéraires. air Le prix sera une médaille d’or de 1500 fr. Il sera décerné dans la séance publique du mois d'avril 1809. Les pièces seront remises au secrétariat de l’Institut avant le 15 janvier de la mème année. Ce terme est de rigueur. Toute personne , à l’exception des membres de l’Insti- tut, est admise à concourir. Après la lecture du rapport de M. le secrétaire per- pétuel , M. le président a appelé M. Charles Millevoye au bureau, pour y recevoir le prix décerné par la classe. M. Millevoye s’y est présenté au milieu des plus vifs applaudissemens. Il a été ensuite invité par M. le président , à donner lecture à l'assemblée de la pièce couronnée ; ce qui a eu lieu. M. le président a ensuite appelé M. Victorin Fabre, qui a reçu le second prix , et a été invité à lire sa pièce de vers : elle a , comme la précédente, obtenu de nombreux applaudissemens; toutes deux sont imprimées dans ce numéro. M. de Fontanes, invité par M. le président , a ensuite donné lecture de quelques fragmens de la pièce qui a obtenu l’accessit. Elle est de M. Bruguière , de Marseille; des applaudissemens très-vifs ont accueilli ces fragmens. La Classe des sciences mathématiques et physiques de l’Institut a nommé M. Montgolfier à la place vacante par la mort de M. Coulon. La Classe d'histoire et de Lit- térature ancicnne , a nommé M. Fauris Saint-Vincens, ancien président du Parlement, à Aix. Et M. Vincent Saint-Laurent, conseiller de Préfecture et secrétaire de l'académie du Gard, à Nismes, au nombre de ses correspondans. L'Institut a tenu une assemblée générale dans la- quelle on a fait lecture de la lettre que S. Exc. le 412 Nouvelles littéraires. ministre de l’intérieur a adressée au président de la classe des sciences physiques et mathématiques , et par laquelle le ministre annonce que S. M. l'Empereur a résolu de faire placer dans la salle des séances de l’Institut ; la statue de M. d’Alembert. Le jour des funérailles de M. Lassus, chirurgien, membre de l’Institut, M. PELLETAN prononça, au lieu : de la sépulture, un discours, dont nous allons extraire quelques paragraphes. M. Lassus éloit né en 1741, d’un maïître en chirurgie de Paris, chargé de famille et dépourvu de fortune. De ces deux conditions si pénibles pour la plupart des hommes, l’une a déterminé son goût pour l’étude, et assuré, ses succès ; l’autre a développé les précieuses qualités de son cœur; ses parens consacrèrent toutes leurs facultés à l'éducation de ce fils, qui devint par la suite le soutien de leurs autres enfans. Élevé au collége des jésuites , il y contracta de bonne heure le goût du tra- vail et de la bonne littérature, que cette compagnie célèbre ne manquoit jamais d’inspirer à ses élèves. Aussi la vie entière de Lassus fut-elle un cours d’études sans interruption. Il entra dans la carrière de la médecine, peut-être par nécessité, et il avoit trente ans qu’il n’avoit pas encore songé à tirer parti de son art pour lui et pour sa famille. A cette époque, il fut nommé chirurgien des princesses Victoire et Sophie, filles de Louis XV, et il quitta l'appartement modeste qu’il occupoit au fau- bourgSt.-Laurent, pour aller s'établir à Versailles. IL n’y parut nullement étranger. Il n’étoit pas seulement nourri de grec et de latin, son goût exquis embrassoit tout ce qui est aimable, s’attachoit à tout ce qui est beau ; les langues italienne, anglaise et leur littérature lui étôient familières. Il aimoit tous les arts, il cultivoit la musique avec succès. Toujours lié d'amitié avec les Nouvelles littéraires. 418 gens les plus distingués en tous genres, il savoit parler à chacun la langue qui lui convenoit. L'amour de l'étude , qui diminue les besoins de la vie, la science et le soût des arts qui rendent indifférens aux tracasseries du vulgaire , laménité du caractère qui éloigne les envieux et fait des amis, enfin la bonté du cœur , la tendresse pour sa famille; ces douces affections de l’ame qui adoucissent même les maux qu’on éprouve, voilà les sources du bonheur, le bonheur lui-même; or Lassus possédoit éminemment toutes ces qualités, qui expliquent le bonheur dont il fat constamment suivi. À peine admis au sein de l’Institut, il en fut nommé secrétaire temporaire ; et bientôt après bibliothécaire. L'Ecole de Médecine, organisée dans le même temps, ladmit avec empressement au nombre de ses professeurs, dont il fut un des plus distingués. Une dernière faveur, qui ne lui coûta pas plus de démarches que les autres, et qui fut également un tribut rendu à ses talens, fut le titre de chirurgien consultant de S. M. l'Empereur. Lassus profita de son loisir pour mettre au jour un Traité dogmatique de Médecine opératoire. Bientôt après il s’occupa d’un Traité de Pathologie chirurgicale , qui paroissoit à peine lorsque la mort a enlevé son auteur. Dans sa jeunesse, M. Lassus s’étoit exercé dans les con- cours académiques , où il avoit remporté des palmes. Il avoit traduit de l'anglais divers ouvrages de chirurgie, qui tous sont des modèles de clarté; d'élégance et de précision. Il existe une grande analogie entre la vie laborieuse du cabinet et les affections de l’ame qui ont la famille pour objef. Fidèle à ces affections, Lassus avoit conservé et soigné religieusement pendant dix ans sa vielle mère paralÿtique, et l’avoit consolée de la fin tragique de l’une de ses filles. La mort avoit moissonné une de ses sœurs, 44 Nouvelles liütéraires: religieuse ; la seconde , chassée de son couvent par la ré- volution, revint au logis , ét crut, après 30 ans , retrou- ver encore la maison paternelle. “. M. Lassus a vu les approches de la mort avec la pro- fonde tranquillité qui l’a rarement abandonné dans le cours de ‘sa vie; la mort a semblé n'être pour lui que le dernier pas d’une marche douce et paisible... M. Louis Domatrox , inspecteur de linstruction pu- blique , né à Béziers (Hérault) le 25 août 1745, est mort à Paris le 16 jauvier 1807. Il avoit fait ses études au col- lége des Jésuites dans sa ville natale. Les succès qu’il avoit eus comme élève, engagèrent la Société des Jésuites .à’attirer dans son sein. Il entra donc au noviciat à Tou- louse. Mais les Jésuites ayant été détruits et chassés de France, M. Domairon fat appelé à Montauban, où on Jui confia l'éducation d’un enfant. Après l'avoir achevée, il se rendit à Paris auprès de quelques-uns de ses amis, gens de lettres, dont il fut le collaborateur ; il travailloit au Journal des Beaux Arts. Dans ses momens dé loisir, il composa et fit imprimer (1777) le Libertin devenu ver- tueux , où Mémoires du comte d’Auligny , 2 vol. in-12. La même année, il publia un autre ouvrage, intitulé Recueil historique et chronologique de faits mémorables pour servir à l’histoire générale de la Marine et à celle des Découvertes , 2 vol. in-12. + Quelque temps après, il fut nommé professeur de belles-lettres à l'Ecole Militaire; c’est pour les élèves de cette école qu’il composa les Principes généraux des belles-lettres. Cet ouvrage , dont la première édition parut en 1783, en 2 vol. in-12, a été traduit en allemand. L'édition donnée en l’an x est de 3 vol, : L'Ecole Militaire ayant été supprimée, M. Domairon travailla au Voyageur Français. L'abbé Laporte, mort Nouvelles littéraires. 415 en 1779, avoit laissé cet ouvrage au vingt-quatrième volume. L'abbé de Fontenay et M. Domairon continuè- rent le Voyageur Français, qui est aujourd’hui au qua- rante-deuxième volume. Pendant la révolution, M. Domairon se condamna à une honorable obscurité. L'ancien collége de Dieppe ayant été rétabli, les autorités constituées de cette ville sollicitèrent M. Domairon d’accepter la chaire de pro- fesseur de belles-lettres et la place de principal. Il y avoit à peine un an qu’il étoit à Dieppe, lorsqu'il fut nommé membre de la commission pour le choix des livres clas- siques. M. Domairon avoit publié en l’an 1x /es Rudimens de l'Histoire , ou Idée générale et précise des peuples les plus célèbres, tant anciens que modernes, pour servir d’in- troduction à leur histoire ; suivis d’une courte notice des meilleurs livres où l’on doit l’étudier dans tous ses détails, 4 vol. in-12. M. Domairon ne se contenta pas d’être homme de lettres, il sut toujours à la science unir les qualités du cœur. Sa générosité envers les pauvres alloit quelquefois jusqu’à la prodigalité. I fut bon ami, bon parent. Pour ne pas diminuer le petit héritage qu’il laisse à sa famille, il a demandé qu’on lui fit les obsèques les plus modestes; en reconnoissance des services qu’il en avoit ‘reçus en plusieurs occasions , il a nommé pour son exécuteur tes- tamentaire M. Dujarié, l’un de ses amis. Toutes les personnes qui ont été en relation avec M. Domairon , ont toujours professé pour lui la plus grande considération; il avoit eu au nombre de ses élèves à Ecole Militaire celui que nous avons vu depuis cueillir les lauriers de Marengo, d’Austerlitz et d’'Iéna. Son illustre disciple lui a donné des marques de son estime et de son attachement. 416 Nouvelles littéraires: La statue colossale de S. M. l’Emperèur , exécutée # Rome , par le célèbre Canova , est terminée ; elle ne tardera pas à être conduite à Paris. La statue de St.- Vincent de Paul , qui fut érigée par ordre de Louis XIV , après l’éloquent panégyrique au- quel M. le cardinal Maury à du une partie de sa réputation , vient d’être placée à l’Æospice de la Ma- ternité, dont St.-Vincent-de-Paul a été le fondateur. On a frappé une médaille ayant cette statue pour effigie. Les Dames attachées au service de la maternité , aux orphelins et orphelines , portent cette médaille qui leur rappelle sans cesse l’obligation qu’elles ont contractée d'i- miter , autant qu’il est possible , l'héroïque charité de ce pieux et infatigable bienfaiteur des pauvres. On peut s’en procurer, en s'adressant à M. Huchard , agent de surveillance de l’hospice de la maternité , qui la vendau profit des pauvres , savoir : la médaille défaut! LATE et celle de bronze, 4 fr. Cette médaille est un des plus beaux ouvrages de M. Jeuffroy. M. Jean Mari, établi à Vienne en Autriche, est venu à Paris pour soumettre au jugement du public éclairé de cette capitale , une mécanique musicale dont il est l'inventeur , et à laquelle il a donné le nom de Panharmonicon. Cette mécanique, mue uniquement par des ressorts, rend le son de tous les insirumens à vent , et lui donne une pureté, une perfection que l’art, malgré les efforts des plus grands maîtres, n’a pu atteindre encore. Les instrumens qui la composent sont la flûte traversière , la petite flûte, la clarinette, le hautbois, le basson, le cor, la trombone, le serpent et la trom- petite. Il faut ajouter les timballes , la grosse caisse , les cymbales , le triangle, etc. Le nom de Panharmonicon , explique parfaitement la nature et les fonctions de cette mécanique. Nouvelles littéraires. 41? Les pièces d’harmonie sont rendues avec beauconp de précision ; les nuances de piano et férte, parfaitement marquées. L’exécution de la trompête est surtout ce qu’il y a d'étonnant. L'auteur de cette mécanique a su trouver pour chaque instrament une embouchure propre à sa nature, qui répond avec la plus grande perfection à la faculté des organes humains. M, Maëlzl fait entendre sous peu le Panharmonicon en sa demeure , rue du Mont-blanc, petit hôtel de Montmorency. Les obsèques de M. br LA Lanpe ornit été célébrées lundi 6 mars dans l’église paroissiale de S. Benoît, avec beaucoup de solemnité. Une députation de l’Institut et un nombreux concours de parens, d'amis et de savans distingués accompagnoiïent le convoi. Arrivés au lieu de la sépulture, M. Delambre , secrétaire perpétuel de la première classe de l’Issrirur pour la partie mathémati- que, a prononcé sur la tombe de son honorable collègue un discours, dont nous allons offrir un extrait à nos léc- teurs. Une perte qui sera long-temps sentié , qué rious avions lieu de craindre, et qui nous afflige autant que le mal- heur le plus imprévu , nous rassemble ici pour rendre les derniers devoirs au doyen des astronomes, au doyen de yAcadémie des Sciences et de l’Institut, au doyen des professeurs du collége de France: Cette réunion de titres semble annoncer un vieillard plus qu’octogénaire ; ‘et cependant M. de la Lande n’avoit pas 75 ans accomplis. Entré dans la carrière des sciences à l’âge où d’ordinaire on fait ses premiers pas dans le monde, déjà célèbre à uné époque où si peu d'hommes ont songé seulement à chercher les moyens de se distinguer, il a dû ,sur-touten ces derniers temps, rencontrer dans la société bien peu de Tome IT. Avril , 1807. 27 r 418 Nouvelles littéraires: personnes qui.se souvinssent de son début; de: là cette opinion universellemeut répandue qui exageroit sa vieil- lesse, et qui paroissoit confirmée par une constitution foible et minée par le travail. : Joseph-Jérôme 1# FRANÇAIS DE LA LANDE, membre de:: la légion d'honneur , de l’Institut du bureau des longi+ tudes, professeur d’astronomieau, collége de France , étoit néà Bourg, département de lAin , le 31 juillet 1732, de parens respectables, dont il n’a pu, dans aucun temps prononcer le nom sans un attendrissement qui alloit jusqu'aux larmes. Son père l’avoit destiné au bareau. IL vint à Paris pour se livrer à l’étude de la jurisprudence ; et il.s’y livroit avec ardeur, quand la vue de l’'Observa-! toire fit naître en lui un, goût qui dérangea les projets de son père, et. devint la passion dominante de toute 8a Vie. its U'fut accueilli par M; le Monnier, l’un de nos plus célèbres astronomes , avec cette bonté que les savans ac cordent toujours aux. jeunes gens dans lesquels ils voient: des collaborateurs et jamais des rivaux. Le jeune la Lande, doué de la facilité la plus grande, profita des leçons d’un si habile maître , qui de son côté conçut la plus tendre affection pour un jeune Homme qui dennoit tant d’espérances. L'occasion de la lui prouver se pré- senta bientôt. M. Le Monnier le fit nommer commissaire de l'Aca- démie pour aller à Berlin déterminer la parallaxe de la lune, de concert avec M. Lacaille, qui alloit faire la même opération au Cap de Bonne-Espérance. Le grand: Frédéric ne put s’empècher de témoigner sa surprise aw jeune commissaire qu’on lui présenta; au reste, ajouta- il, l'Académie des Sciences vous a nommé, vous justi= ferez son choix. Dès-lors la jeunesse de l’astronome fut une recommandation de plus. ILse vit admis à la cour ; Nouvelles littéraires: 419 veçir à l’Académie, et lié avec tout ce que Berlin avoit de plus distingué. Il avoit alors 19 ans. Le compte qu’il rendit de sa mission à son retour, lui ouvrit les portes de Académie des Sciences. Dès ce moment ;et jusqu'à la suppression de cette compagnie, il ne parut d’elle aucun volume où l’on ne trouvât de lui quelque mémoire important. La part active qu’il pré- noit aux travaux de l’Académie, ne se bornoit pas aux seules matières astronomiques. Nous lui devons l’édi+ tion française des Tables de HAzLey, l'Histoire de la Co- mète de 1759. Il fournit à Clairault des calculs immenses pour établir la théorie de cette fameuse comète. Chargé de la Connoissance des Temps, en 1760, il changea en- tièrement la rédaction de cet ouvrage utile, et lui- donna la forme que l’on suit actuellement. 1 composa dix-sept volumes pour cette collection , et laissa son exemple à ses successeurs. Tant de caleuls ne l’empêchèrent pas db faire paroître ; en 1764, la première édition de son grand Traité astro> nomique, ouvrage célèbre et classique qu’il a perfectionné depuis. Il fit tous les articles d'astronomie de l£ncyclo- pédie »’Y verpux , et refondit le tout pour RE a méthodique: À ses leçons écrites 11 joignit, péndes 46 ans, lins- truction orale. Dès 1761, il avoit remplacé son premier maître Delille dans la chaire d’astronomie , au collége de France , et sut donner un éclat tout nouveau à cette par- tie curieuse de Finstruction publique. Son école devint une espèce de séminaire , d’où sortit une foule de disci- ples qui peuplèrent les observatoires , et je me fais gloire d’être du nombre. Dans le nombre des ouvrages qui attestent sa fécondité, nous w’avons pas encore cité le Fôyage d'Italie, qu'il fit presqu’en courant , et qui est le recueil le plus curieux 420 Nouvelles littéraires: ét le plus complet que les voyageurs puissent consulter’, ni son 7raité des canaux ; ñi cette Bibliographie astrono- mique , catalogue immense de tous les ouvrages qui ont paru sur cette science. Associé à toutes les Académies connues, il en étoit le lien commun qui les unissost toutes par sa correspon- dance, et faisoit circuler de l’une à l’autre ce que cha- cune avoit produit. Ilemployoit pour le bien des sciences et des savans le crédit que lui donnoit une réputation universelle. } Au zèle ardent qui le dévoroit, à cette prodigieuse ac- tivité de caractère , il joignoit un amour pour la vérité qui dégénéroit quelquefois en une espèce de fanatisme. Tout ménagement lui paroiïssoit indigne d’un homme franc et loyal. Il produisoit donc sans aucune espèce de retenue ce qu’il croyoit juste et vrai, toutes ses pensées et tous ses sentimens. On conçoit que dans une aussi longue carrière, et voulant exercer par fois cet ascendant qu'il croyoit appartenir à ses longs services, il a dû cho- quer plus d’un amour-propre, et ce tort réel il le sentoit lui-même, et faisôit des efforts pour le réparer. Utile à l’astronomie par ses travaux, par ses écrits, par son exemple, par ses élèves, par son crédit et sa corres- pondance, il desira l'être encore après sa mort par une médaille qu’il a fondée , et que l’Institut décerne chaque année à l’auteur du meilleur mémoire ou de l’observa- tion la plus curieuse. » Tant de travaux et de succès, continue M. Delambre, sembloient faits pour lui assurer un bonheur inaltérable , et long-temps, en effet, il jouit de la réputation la plus brillante. Avec un peu plus de circonspection , il eût jouit sans trouhle, el jusqu’au dernier instant , de cette considération si flatteuse. Mais sa franchise imprudente , cette intrépidité avec laquelle il avoit toujours manifesté Nouvelles 10 ttéraires£ 424 #s opinions dans les temps même les plus orageux , la sévérité quelquefois un peu brusque avec laquelle il re- poussoit des systèmes formés par l'ignorance , et qui n’au- roient dû exciter que sa pitié, l’habitude à laquelle il se livra d'émettre continuellement son opinion , même dans des matières où il étoit libre de taire son avis ou même de n’en point avoir, animèrent contre lui une foule de mé- contens et de détracteurs qui en vinrent jusqu’à lui con- tester son mérite réel. On oublia ses longs et durables services, pour ne songer qu'à des torts passagers ou de nulle importance. Dans quelques discussionsoù il n’avoit detort que par la forme, on voulut l’accabler d’outrages qu'heureusement il eut la sagesse. de mépriser, s'il n'eut pas celle de les prévenir. Son caractère étoit un composé de qualités grandes, et recommandables et de petites sin- gularités, que je ne prétends ni justifier , ni dissimulers Lié avec lui par une amitié de plus de vingt ans, con- fident de toutes ses pensées, Jai cu sans doute plus d’une occasion de lui adresser la vérité , qu’il aimoit , et qu’il écoutoit patiemment, lors même qu’elle faisoit sa con- damnation. Je puis Ja lui dire une derniére fois quand il ne m'entend plus, «et je l’ose, parceque le poids de ses mérites est bien fort en comparaison des petits reproches qu'il a pu s’'attirer, Le temps de la justice est enfin venu: La postérité commence pour lui ; ilne pourra plus nuire lui-même à sa réputation, elle est à l’abri des attaques de ses malveillans qui, sans doute , respecteront sa cendre, Je déclare donc au nom du corps dont j'ai lhonneur d’être , en ce moment, l’organe , et sans la moindre crainte de me voir démenti par aucun de ses membres : le con- frère que nous avons perdu nous causera de longs regrets. Ï1 a rendu à la science des services inappréciables , il lui sera utile même après sa mort; à l’érudition la plus vaste, il joignoit une mémoire heureuse et sûre , une conception 422 Nouvelles littéraires. vive et prompte’; il fut un homme d’un mérite réel et très-distingué. Il sera très-difficile à remplacer, et peut= être à quelques égards ne sera-t-il jamais remplacé. » Ilest mort à Paris, le 4 avril 1807 , d’une phthisie pulmonaire, à l’âge de 74 ans g mois moins quelques jours. » Se » Après ce discours, qui avoit été entendu avec une attention profonde et beaucoup de recucillement, M. Duronr ( de Nemours), membre de la troisième élasse , s’est avancé , et a prononcé ce peu de mots, qui ont aussi été entendus avéc un intérêt touchant : » Qu'il me soit permis d’ajouter quelques mots à l’é- loquent et savant diseours de M. le secrétaire. » J'ai à raconter une bonne action de notre collégue de la Lande , dont j'ai été l’oecasion et l’objet. » Après la journée du 10 août 1792, j'aieu besoin d’un asyle.- , » M. Harmand , aujourd’hui directeur des pensions à la trésorerie, alors un des élèves les plus distingués de M. de la Lande, me le donna dans l'observatoire des Quatre-Nations, dont M. de la Lande lui confioit les clefs ét les travaux. 11 ÿ pourvoyoil à mes besoins. » Une réquisition fut lancée sur les jeunes gens de Yâge de M. Harmand, et , quoique marié, il eut à crain- dre d’être forcé de partir. » I futtrouver M. de la Lande, lui confia ma position ; lui dit: « s’il sort de l'observatoire, il sera massacré; s’il » y résle, il est exposé à mourir de faim.» Courez , lui répondit M. de la Lande, /e garantir de toute in- quiétude ; je lui porterat réculièrement à manger. I ne pouvoit, non plus qué M. Harmand, le faire qu’au péril de sa propre vie. » Ma juste reconnoissance eu remércie sa mé- imoire..... Nouvelles littéraires, 428 . »Je prie Dieu de le bénir ! T’espère ga il sera et qu'il est déjà béni. \ » Il étoit plus religieux qu’il ne croyoit l'être, puis- qu'il s’est montré constamment homme de bien, rempli d'honneur ; de probité , de courage, d'activité pour toutes les choses utiles, d'amour et de zèle pour le genre hu- main. » Imiter le Grand Fe A c’est rendrele plus digne hommage à la bonté infinie, à la raison suprème qui gou- verne l'Univers. » UMR A TRES, THEATRE DE L’'OPERA. Le Retour d'Ulysse, ballet entrois actes. L'Odyssée à fourni à ce ballet les situations les plus intéressantes. Ulysse, après vingt années de combats et de voyages, retrouvant sa chère Pénélope entourée de poursuivans , reconnu par sa fidèle nourrice; chassant à l’aide de son fils Té/émaque ses indignes rivaux ‘et bientôt possesseur, paisible de son trône et de son épouse. Le sujet quoiqu’un peu sérieux, a beaucoup d'intérêt. L'auteur a profité habilement des situations et a rendu avec noblesse les idées d’Homère. L'accident arrivé au troisième acte à Melle Aurrx jouant le rôle de Minerve , a terminé de la manière Ja plus triste cette représentation. La gloire dans laquelle elle descendoit, étant mal assujettie, elle est tombée de 15 ou 20 pieds de haut, s'est cassée un bras et s'est fait plusieurs autres blessures. L’effroi du public ne lui à permis de s'occuper que de cette infortunée. La repré- gentation a été interrompue. 424 Nouvelles littéraires: ,- Ce ballet fait honneur à M. Mizcon son auteur ; il est digne de figurer près de 7élémaque et de Psyché. THÉATRE FRANÇAIS. Pyrrhus, ou les Æacides , tragédie en ciiÿ actes. Æacide a perdu le trône d’Epire : Acétas s’y est établi après l'avoir détrôné. Pyrrhus, fils d'Æacide, a été sauvé par Amestris , femme d’Acétas : ; on l’a élevé sous le nom d’Agénor, et il brûle en secret pour la fille de celui qui Jui a ravi son Empire. Tout le monde est persuadé de Ja mort d'Æac de, ct depuis longtemps Acélas jouit en paix de ses dépouillés , lorsque les Molosses viennent déclarer la guerre à l'Epre. Ils ont à leur tête un fa- rouche guerrier qui s’en veloppe de l’ombre la plus épaisse : Pharès a déjà remporté quelquesavantages; Acétastremble de perdre l'empire qu'il a usurpé; on rappelle Agénor qui combattoit les Romains ; ce jeune guerrier apprend en même temps le secret de sa naissance, et le dessein qu'a formé Acétas de lPunir à fille. La trève qui existoit depuis quelques jours , doit bien- tôt cesser ; Pharès demande à Acétasune dernière entre- vue. Il le ménace, l’engage à quitter le trône ; Abe lui répond: è Je pourrois en tomber : je n’en veux point descendre. Pour fermer la bouche à Pharès , 1l fait assembler le peuple » Jui, présente Pyrrhus comme le successeur lé- gitime d’Æacide , et propose de l’unir à sa fille. Pharès veut encore se faire entendre : mais Acctas le Jaisse avec Pyrrhus; c’est alors, qu'après s'être assuré de ses senlimens , Pharès se fait connoître pour Æacide. La situation de Pyrrhus est terrible ; la piété filiale combat, daris son cœur avec d’autres sentimens. Pharès lui conte Nouvelles littéraires: 425 alors comment il a échappé à ses assassins en se dé- pouillant de ses ornemens royaux ; depuis , errant dans de vastes deserts , Dans un affreux silence, Il avoit lentement amassé la vengeance. Il raconte à son fils combien il a souffert. Au bruit sourd des torrens, : À ce choc éternel de tous les élémens, J'osois méler ma voix. Seul, dans l'espace immense, Je forcois les échos à répéter vengeance. Pyrrhus est pourtant encore retenu par l'amour et la reconnoissance. Pharès s’indigne de ce qu'il balance , ‘et sort en ménaçant. Tu n'es plus qu'Agénor, je redeviens Pharës. Bientôt on sait que Pyrrhus a retrouvé son père. Acétas le fait d’abord arrêter , ensuite ül lui rend ses armes. Pyrrhus jure de ne plus le quitter. Ici la marche de la pièce s’embarasse un peu. Acétas devient un vil conspirateur ; il dresse des embuches à Pyrrhus et à son père ; excite une révolte dans l’armée des Molosses; mais Pyrrhus échappe au danger; Æacide seul y suc- combe. Acétas désespéré, se jette dans la mêlée , et y trouve la mort. Néoclès vient faire à Amestris le récit du combat ; Pyrrhus paroît et promet à sa bienfaitrice de la traiter toujours en reine, Le premier acte de cette pièce est un peu embrouillé; jes trois suivans sont beaux : mais il faudroit couper au moins la moitié du cinquième, et surtout le récit de Néoclès quidevient presque inutile, du moment où il dit : Pyrrhus est roi. -_ Cette production annonce une étude approfondie des grands modèles. Le style est élevé et soutenu ; les acteurs 426 Nouvelles littéraires. ont contribuéau succès. S. Prix a joué avec une fierté sauvage le rôle d'Æacide;, Tarma a mis dans celui de Pyrrhus toutes les nuances des passions qui l’agitent. Les autres rèles étoient joués par Barsre , Mesdames Rraucourr et Bourcoin. Quand l’auteur , M. ze Hoc, aura fait quelques çou- pures au premier et au cinquième acte de sa tragédie, on ne pourra que la voir favorablement, et son succès ne” pourra qu'augmenter, .… Freury , qu’une longne maladie avoit éloigné (de la scène, vient d'y reparoître de, la: manière la plus bril- lante. La reprise du Comte d’Essex w’a pas produit pour les recettes , l'effet qu’on en attendoit ; maisen revanche, les jours où Fleury a joué, la salle a été pleine: ila reparn successivement dans la Coquette corrigée , les eux Pages , le Chevalier à la Mode , et dans la Jeunesse de Henri r. 1] déploie dans le rôle de Glocester uno finesse et un comique qui prouvent combien il sait se plier à tous les genres, et combien sa perte seroit irré- parable pour le Théâtre français. S. Paz est encore hors d'état de reparoître de Jong- temps. La Rocugzze , qui jouoit avec talent l'emploi des comiques, vient de mourir âgé de cinquante-deux ans ; le mercredi, 8 avril. d Il ne reste plus au Théâtre français que Dazincour ‘et Ducazon pour les premiers comiques , et BAPTISTE cadet pour les seconds. Les deux premiers sont âges, et sion ne trouve pas quelque bon comédien pour les remplacer, la comédie est menacée d’une décadence com- plette. Il est vrai que depuis quelques années tout roule sur la tragédie , et que , comme on ne fait plus de co- médies , on n'a pas besoin d'acteurs pour les jouer. Nouvelles littéraires, 427 . THÉATRE DE L'OPÉRA-COMIQUE. Francois Ter, © Une anecdote du règne de Henri 1 a fourni le sujet de cette pièce. Tout le monde sait que le jeune d’Au- bigné , et Susanne de Vivonne, vivoient sous ce prince, et que d’Aubigné que le Roi aimoit, exilé en apparence, habitoit une chambre voisine de la sienne. Ce fut dans une fête que Henri fit cesser le mystère. C’est à-peu-près R le fond qu'ont pris les auteurs de la pièce nouvelle. Comme depuis quelque temps on metloit Henri 1r sur tous les théâtres, ils ont été forcés -de changer les ñoms de léurs personnages. Henri 1v est devenu François Ier. ; d'Aubigné , M. d'Aubiony ; on a laissé subsister les noms de d’A{bret et de Suzanne de Vivonne , et le tout sans changer les caractères, quoique celui de Henri , prince familier , on peut même dire grivois, ne fut pas tout-à-fait le mème que celui du galant et spirituel François Ier. On n’y regarde pas de si près. Des vers agréables , quelque gailé, ont soutenu la pièce. Elle est de MM. Cuazer et Sewrin. La musique, de KREUTzER. THEATRE DE L'IMPERATRICE. Le Valet d'emprunt, ou le Sage de dix-huit ans , comédie en un acte. Cette petite comédie a eu beaucoup de succès. Deux pères de caractères absolument opposés, élèvent leurs enfans chacun à sa manière. M. de Norrville, homme fort triste , n’a fait du sien qu’un faux philosophe dont l'extérieur trompe tout le monde. Ce petit sage de 18 ans, conduit l’intrigue, sert les amours de sa e æ , ] D) 4 cousine, se sert d’un valet d'emprunt pour représenter tour-à-tour chaque père devant l’autre : devient amou- 428 Nouvelles littéraires. rcux d’une femme qu’il n’a jamais vue, pour avoirentenda sa voix : enfin fait sottises sur sottises. Les apparences font croire à Noirville que toutes ces sottises ont été faites par le fils de M. de F'onrose : mais le dénouement amène une explication qui détruit toutes ses idées et lui prouve la fausseté de son plan d'éducation La gaîté, un dialogue comique ont fait le succès de ce petit ouvrage de M. DésaucrErs. Picard jeune dans le rôle du valet d'emprunt, n’a pas peu contribué à son succès. Le jeune Firmin qui jouoit le sage de 18 ans, vêtu d’un habit sérieux, coîfé comme un père noble, en a fait une caricature très-plaisante. Les autres rôles ont été très-bieu joués par Picard aîné, Bosset, Ve alcour, F’alville et par M.elle Adeline. | ZL' Avide Héritier, ou l’Héritier sans héritage. Si cet héritier sans héritage eût été ‘un sot, à qui on. eût fait quelque mystification, cela auroit pu égayer. le sujet. Mais comment voir sans dégoût un tartuffe de mœurs , assez vil pour desirer la mort de tousses parens les brouiller ensemble, leur arracher des testamens , et frustré de tout espoir, finir par aller à Smyrne, parce que, dit-il, la peste y passe de temps en temps, et c’est une chance de plus pour les héritages. S'il existe dans le monde de pareïls êtres, je doute que l’on doive les mettre au théâtre. Au surplus , la nouvelle comédie n’a rien de comique. Excepté deux scènes et trois ou quatre mots dans le rôle du valet, tout le reste est bien peu de chose. Le jeune Médecin , ou l’Influence des Perruques. Cette pièce n’a pas eu le succès des Ricochets ; mais Nouvelles littéraires: 429 quelle différence. Un médecin et un avocat font le matin leurs affaires avec des perruques, qui leur donnent un air grave et inspirent la confiance; ils s’adonisent ensuite ct vont briller dans les cercles. Comme on voit aujour- d’hui de bons avocats et de bons médecins à la Titus, et que le costume n’est plus ce qu’il étoit autrefois, la pièce n’a pas paru de circonstance. Picarp se dédommagera de son peu de succès par quelque ouvrage plus important. Bientôt il va quitter la scène , et se livrer tout entier à la littérature. Il aura plus de temps pour revoir ses ouvrages, et il en fera sans doute qui soutiendront la réputation méritée qu’il a ac- quise comme auteur. Péroup , qui vient pour remplacer Prcarp , a débuté dans Médiocre et Rampant par le rôle de /a Roche , et dans l Auberge de Strasbourg, par celui de Maigrac. C’est un acteur qui connoît parfaitement le théâtre : mais on a remarqué qu’il chargeoït trop. Il a joué le rôle de gascon comme on le joueroit au boulevard ; il a besoin d’un peu plus de tenue. Au reste, on le jugera mieux quand il créera quelque pièce nouvelle, où il n’aura point de concurrence à craindre. L'artiste par amour, ou les nouveaux Déguisemens amoureux. Cet ouvrage est une imitation des Mille et une Pièces, où l’on voit un amant se travestir, pour obtenir la main de sa maitresse , ou pour tromper un bonhomme qui veut que l’on joue la comédie : tels sont les proverbes où jouoit Volange. C’est ordinairement le jeu de l’acteur qui en fait tout le mérite. L’ouvrage nouveau avoit grand besoin du secours de Péroud , qui remplit fort bien ses quatre rôles. Il est surtout remarquable dans ceux du chanteur et de l’auteur gascon : quoiqu’on puisse lui reprocher dans le 430 Nouvelles littéraires: premier de singer trop visiblement un chanteur connu, Au reste, il esl fort comique, et le Théâtre Louvois a fait une bonne acquisition. La pièce est vérsifiée facilement; 'mais le dialogue est semé de peu. de traits saillans. L'auteur est M, Mauris; gn’ou dit être comedien de province. THÉATRE DU VAUDEVILLE, L' Hermitage , arlequinade larmoyante. Un arlequin et un Gille avec un hermite faisoient un contraste un peu singulier. Trop. peu de gaîté , trop peu d’intrigue, trop peu de couplets saillans, voilà #rop de raisons pour avoir peu de succès. Les Amans Valets, Deux amants, l’un de cinquante ans, l’autre de vingt cinq, se déguisent en valets, l’un pour connoître avant de l’épouser; une cousine qui lui est destinée, l’autre parce qu’il en est épris. On devine à-peu-près ce qui résulte de ce double déguisement. 11 est malheureux : qu’il y ait dans la pièce quelque ressemblance avec les Confidences , les Jeux de l'Amour, l'amant Auteur et ‘Valet. On y a remarqué des couplets agréablement tonr- nés , de l'esprit ; le jeu des acteurs a fait le reste. Æenri, Verpré, Madame Hervey , avoient les principaux rôles. Madame Bezmoxr et JuLien ont décidément quitté le Vaudeville. Ils vont jouer au nouveau théâtre qui ou- vrira au Panorama , dans le mois de juin, sous le titre dé Vanrtérés. ; “LIVRES DIVERS «y SCIENCES PHYSIQUES. Journaz de Physique, de Chymie , d’Histoire naturelle et des Arts, par J. C. Dxeramérerie. Janvier, février et .mars 1807. Paris chez Courcier, quai des, Augustins, n.° 57. Le numéro de janvier contient un discours préliminaire de J. C. DELAMÉTERIE, où l’auteur donne en résumé les résultats des découvertes et des travaux qui ont été faits pendant l’année dernière, dans les différentes sciences qui sont traitées dans ce journal. La réunion des résumés qu’il fait tous les ans avec grand, soin, forme une Histoire littéraire des sciences physiques, très-utiles et très-importante. : On trouve dans le cahier de février, les articles suivans : Mémoire sur deux nouvelles classes de conduc- teurs Galvaniques ; par M. ERMAN. —e Sur la Blende ;, par le professeur ProusT. — Observations faites le 1er. octobre. 1806, sur l’'éboulement du Ruffiberg, dans le canton de Schwytz ; par Théodore de SausuRrEe. — Troi- sième suite des recherches sur. les lois de l’affinité; par M. Berraozzer. — Tableaux Météorologiques ; par Bour ar. Les articles contenus dans le numéro de mars; sont : roi- sième suite des recherches sur Les lois de l’affinité ; par M. BErTnozrer.— Hauteurs de plusieurs lieux déterminées par le baromètre , dans Le cours de différens voyages faits en. France, en Suisse, en Italie; par F. BERGERr. — (1) Les articles marqués d’une * sont ceux dont nous donne- rons un extrail. 430 Livres divers: Recherches sur des moyens de remplacer économiquement la corde à feu dans le service de l'artillerie; par le profeur Prousr.— Tableaux météorologiques ; par Bow- vARD— Extrait d’un mémoire sur l’Éther muriatique ; par Tnénarv. = Note sur la découverte de l’'Éther muriatique ; par le même. MATHÉMATIQUES. Jan Frederici van Bercx C4zKoëN oratio de præstantia et utilitate disciplinæ mathematicæ ad omnem inge- num institutionem, habita ad diem xx juni 1805, quum in Academia trajectina philosophiæ , astrono- miæ et matheseos professionem auspicabatur. Trajecti ad rhenum apud O. J. van Paddenburg, 1806, 53 pages in-4.° L'auteur fait voir que c’est par le secours des mathé- matiques que les arts sont parvenus au point de perfec- tion où on les voit; que l'étude de cette science accou- tume l'esprit aux méditations , en même temps qu’elle le forme à une marche sûre et méthodique dans ses recher- ches; qu’elle est une des meilleures pratiques de logi- que, puisque tout y repose sur une suite de raisonnemens analytiques et synthétiques; qu’elle s'applique à tous les usages de la vie, puisqu'elle embrasse tous les objets et tous les corps qui sont en rapport avec nous. Il s’appli- que ensuite à montrer combien les découvertes astro- nomiques qu’on doit sur-tout aux mathématiques ont été utiles, tant pour la navigation que pour la détermi- nation exacte des années et des saisons. Les anciens phi- losophes s’accordent généralement à reconnoître l’impor- tance des mathématiques, et à exiger qu’on en fasse la base de l'instruction des jeunés gens. Ensuite passant en revue toutes les sciences, l’auteur montre l'application continuelle qu’on peut faire des mathématiques même vfires divers: . ‘433 - aux choses. qui semblent d’abord w’avoir avec elles que peu d’analogie. T. D. . | MiINÉRALOGIE. . JourNAz des Mines, ou Recueil de mémoires sur l’ex- .ploitation. des mines , et sur les sciences et arts qui s’y rapportent ;par MM. CoquezserT-Monrerer, Hauy, Vuuveuszin, Barczer , BrocxanT, TREMERY et Cozrrr-Drscorrzs. Novembre et décembre 1806. On s’abonne à Paris, chez Croullebois, libraire, rue des Mathurins, n.° 17. Voici les articles contenus dans le numéro de noverti- bre, Observations sur le changement de quelques-uns des principes prochains des végétaux en bitume, et expérience analytique sur une substance particulière qui se trouve dans la houille de Bovey (Bovey coal); par Ch. H4r- GHETT.— De la mine de plomb de Poullaouen, en Bre- tagne , et de son exploitation ; par J. F. DAuzuisson. — Hauteur du pays compris entre la Seine et la Loire, au midi de Paris, d’après le nivellement de Pic4rD. == Analyse de quelques mines de fer de la Bourgogne et de la Franche-Comté, à laquelle on a joint l'examen des fontes, fers et scories qui en proviennent ; par M. Vau- euzzin. — INotice sur la magnésie de Castellamonte ; par M. GrorrT.— Extrait d’un Mémoire de M. H4- euer, sur la formation des pierres à fusil. Article du numéro de décembre. Suite de la statistique des mines et usines du département du Mont-Blanc ; par M. H. Lezir ec. * TRAITÉ élémentaire de minéralogie , avec des applica- tions aux arts ; ouvrage destiné à l’enseignement dans . les Lycées nationaux ; par Alexandre BRoCNIART, ingénieur des mines, directeur de la manufacture im- Tome IT, Avril, 1807. 28 434 Livres divers: périale de porcelaine de Sèvres. À Paris, chez Déter- ville , libraire , rue Hautefeuille, n.° 8, 1807, 2 vol. in-8.° ExTomMozocre. NOUVELLE MÉTHODE DE CLASSER LES HYMÉNOPTÉRES £ET LES DIPTÈRES ; par L. JURINE, correspondant de l’Institut , professeur d'anatomie , de chirurgie et d’ac- couchement , etc. , etc. 1 vol. in-4.° avec figures enlu- minées. Genève, chez Paschoud , papier vélin. Prix À 30 liv. C’est Aristote qui a indiqué l’ordre des zyménoptères parmi les insectes, et cette distinctiongest si naturelle, qu’on l’a conservée depuis dans tous les systèmes d’ento- mologie. En effet , le nombre et la forme des ailes , l’ar- ticulation des pattes et Les pièces des tarses , la disposition des parties de la bouche, la ressemblance des organes destinés à la reproduction, les rapports dans les méta- morphoses, tout indique entre ces êtres la plus grande analogie. C’est même cette trop grande uniformité qui a rendu leur étude plus difficile. Linné, Geoffroy, Degéer, avoient divisé les insectes de cet ordre parvenus à leur connoissance en genres plus ou moins arbitraires, mais peu nombreux, en étudiant les diverses parties du corps qui pouvoient offrir quel- ques particularités de conformation , comme les an- tennes brisées , les mâchoires alongées, les aïles pliées, le ventre plus on moins pédiculé, l’aiguillon rentrant ou toujours saillant, etc. MM. Fabricius et Latreille ont cru mettre plus de précision et de certitude dans leur système en faisant spécialement attention aux parties de la bouche. Ils sont ainsi-parvenus à établir un assez grand nombre de marques distinctives par lesquelles ils ont caractérisé beaucoup de genres d'insectes ; mais on con- on ER mé - Livres divers: 435 goit quelle doit être la difficulté que présente toujours la dissection nécessaire des oïganes de la bouche dans cer- taines espèces Qui atteignent souvent à peine une ligne de Jongueur totale. M. Jurine à senti cet inconvénient; et afin de suivre d’une manière plus absolue le ARTE de la classifica- tion des insectes par les'ailes, il a employé pour carac— tère essentiel des genres la disposition des principales nervures de leurs instrumens du vol: Ayant remarqué, comme il le dit lui-même, que les nervures des ailes en s’entrecroisant où en-s’abouchant les unés dans les au- tres , formoïent un réseau varié, mais toujours constant pour lés'insectés d’un même genre; l'a cherché à expri- mer cette ressemblance et à la faire reconnoître. * C’est ce travail qu’il publie anjourd’hui, en offrant aux entomologistes des descriptions exactes et très-soignées de ses nouvelles observations, en même temps que des figures qui représentent au naturel les caractères tirés de la disposition dés nervures , ou ce qui revient au même, des ‘aires où cellules ‘qu’elles circonscrivent. Tous les genres sont en outre figurés dans une suite de quatorze planches coloriées in-4.°, avec les parties qui servent à lés caractériser, et sur-lout avec la forme précise des ailes supérieures, des mandibules et des antennes, par- ties très-faciles à étudier, sans détruire l’insecte , et toutes propres à instruire et pour ainsi dire à faire lire d'avance sûr chracuñ les différences des métamorphoses , des mœurs et dés habitudes principales. En rendant au reste, comme nous allons le faire ici, un compte plus détaillé de l’onvrage, nous en ferons sentir l'importance et tout le mérite. M. Jurine a remarqué sur le bord externe de Paile su- périeure ou de la grande aile des hyménoptères deux grosses nervures parallèles qui paroissent sortir du cor- 436 Livres divers, selet, et qui sont fortement unies entr’elles par tune e*+, pension de la membrane : il nomme l’externe nervure, radiale, et l’interne | cubitale; le point où se termine. vers le bout de Paile ces deux nervures, s'appelle le point ou le carpe , il y a, PEAR RATÉ une tache ou une marque plus ou moins foncée. | spé La nervure qui part de ce point: pour aboutir à l'ex. trémité libre de l'aile, laisse entr’elle et le bord externet un espace ou intervalle membraneux qui, forme.une ou: plusieurs aires nommées: cellules radiales: OS _ De l'extrémité de. Ja nervure interne ou, cubitale et: près du point, on:voit sortir une autre ligne saillante qui se dirige aussi Vers l’extrémité de Vaile, l'intervalle, compris entre cette nervure et, la précédente forme la- cellule cubitale , qui le plus ordinairement est divisée en deux , lrois ou quatre ALES. en Le Giro ft PS Tontes ces cellules offrent d’ ailleurs beaucoup de va+, riétés; ainsi ilen est d'incomplètes , d’uppendicées, de pé="} tiolées , etc. Ces différences donnent les caractères. 1: #1! Les mandibules deviennent le second: moyen d'étude, dont fait usage M. J urine. Il a eu soin de donner la figure, de toutes les variétés dont il a tracé -les, caractères, en; leur assignant des dénominations fixes .qu’il employe ap besoin. (7 ‘I en est de même des antennes j qui sont toujours; représentées isolément et grossies, au bas de la figure de, q chaque genre , et dont les dénominations sont de. même; convenues d’avancé , et représentées très en, grand surila , première planche de l'ouvrage. | | Ce volume, qui est spécialement etui aux-.hymé-.; noptères, comme le titre l’annonce, doit être suivi in cessamment-d’un second, au aitére des diptères sur Je même plan. “ Les genres compris ici .sont ete Lés à trois sous-0r- Livres divers. 437 _dres. Le premier renferme les espèces, dont le véntre est sessile ,: ou continu au corselet ; il réunit douze genres qui correspondent..aux tenthrèdes'et'aux urocères’ dés auteurs. Le second sous-ordre est peu nombreux; il ne renferme que quatre genres, dont les espèces sont faciles _à reconnoître par leur ventre pétiolé et implamté sur le dos du corselet, tels que les fænes et les évanies ete. Le troisième sous-ordre est le plus considérable ; il réunit toutes les espèces dont le ventre est pédiculé et ättaché à la suite du corselet. L'auteur yÿ rapporte soixante-dix genres. ji Ce travail a été fait sur les objets mêmes; c’est ce.qui le rend sur-tout très-précieux. M. Jurine ayant réuni dans. sa collection 2,200 espèces divérses , dont il a étudié les caractères génériques. Après avoir exposé toutes les observations qui servent à constituer le genré , : Pauteur a présenté un tableau des espèces qui sont par- venues à sa connoissance, en ayant soin d'indiquer leur sexe. IL a appris par là que souvent le mâle’et la femelle d’une même espèce ont été décrits comme’ deux ansectes différens. Quand il ne connoît que l’un des sexes, on voit le vide dans la colonne voisine, et cette indication est bien propre à exciter les recherches des naturalistes. En terminant cet article, nous devons'à la vérité dé déclarer qu'aucun travail sur les insectes n’a offert jus- qu'ici plus d'ensemble et d’uniformité dans l'exposition des caractères, plus de. précision et d’exactitude dans les figures, qui ont été faites avec le plus grand soin par la fille de l’auteur, et gravées sous ses yeux. Quand même la. méthode qu'il ,propose n’obtiendroit point d’abord l’assentiment de nos principaux entomologistes qui ont travaillé sur un autre plan, tous seront forcés d'étudier cet ouvrage pour y puiser de nonveaux renseignemens, ct cette manière tout-à-fait neuve d'observer les insectes 438 Livres divers, ne peut être: que très-utile à cette branche de l'histoire naturelle, dont l’ouvrage de M. Jurine devient un des plus beaux monumens. C. Duménis. MÉDECINE. Des causes qui, ont modifié la constitution physique et médicale chez les peuples anciens et modernes ; mémoire qui a obtenu le prix décerné en 1805 par l’a- cadémie de Dijon, sur cette question : les fièvres catar- rhales deviennent plus fréquentes qu’elles n’ont jamais été; Les fièvres inflammatoires deviennent extrémement rares; Les fièvres. bilieuses sont moins communes : déterminer quelles sont les causes qui ont pu donner lieu à: ces révolutions dans nos climats et nos tempéramens ; par M. Gaïzzarr , docteur et professeur en médecine ; médecin de l’hèpital des Incurables de Poitiérs; membre de la société d’émulation et du comité de vaccine de la mème ville; secrétaire perpétuel de la société d’agri- culture du département de la Vienne ; des sociétés de médecine et médicale de Paris, Montpellier, Marseille; Nimes et Toulouse; des académies de Dijon et de Ro- chefort; de la société galvanique , etc. Brochure in-8.° de 164 pages. Prix: 2 fr. 25 c. pour Paris , et 3 fr. franc de port, par la poste. À Paris, chez Carezze et Renanp , libraires-com= missionnaires, rue J.J. Rousseau ; Et à Poitiers, chez CariNrau, imprimeur-libraire. Poxnrs ET CHAUSSÉES. + ANNUAIRE des Ponts-et-Chaussées, Ports maritimes, Architecture civile, hydraulique et géométrique de l'Em- pire français, pour l’année 1807, contenant particu- lièrement les noms et demeures de messieurs les Zn- génieurs - Architectes, Géomètres, Arpenteurs, Con- Livres divers. 439 ducteurs et Entrepreneurs, tous connus par le mérite de leurs talens et travaux, qu’ils ont fait exécuter suivant les listes officielles adressées à l'Editeur de cet Ouvrage, : par Les divers Chefs d'Administration des Départemensde l'Empire Français; joint au Plan de la Scie Mécanique ou Machine , qui a servi à resséper'et couper les pieux au fond de Veau , sans batardeaux ni épuisement aux tra- vaux de nouveaux Ponts construits sur la rivière de Seine à Paris , depuis le règne de Napoléon Ier., avec la descrip- tion imprimée, aussi curieuse qu’intéressante. Prix, les deux objets réunis ensemble avec le plan, 3 fr. CoMMERCE. ALMANACH du commerce de Paris, des départemens de l’Empire français, et des principales villes du monde. Par J. pe La TyNnaA, Membre de la société d’encou- ragement pour l’Industrie nationale , 1807 , 1 gros v. in-8°. , très-grande justification , caractère petit-texte. , Prix, 8 fr. broché pour Paris , et 10fr. 795 c. franc de port par la poste pour les Départemens. 4 Paris, chez DE za TyNNA, actuellement seul Propriétaire- Rédacteur , rue J.-J. Rousseau , N°.7 ; chez CAPEuLE : et RENaND , Libraires-Commissionnaires , rue J.-J. Rousseau, No. 6. Cet ouvrage contient les Manufacturiers, Négocians, Banquiers, Commissionnaires, Agens. de-Change, Cour- tiers de commerce, Entrepreneurs de Roulage , Libraires, principaux Marchands , Notaires, Avoués , Huissiers de Paris, de tous les Départemens de l’Empire , etc., etc.; les Membres des grandes Autorités et Administrations résidant à Paris; la Banque de France ; les nouveaux Numéros des maisons de Paris ; les Chambres de Com. merce ; les Chambres consultatives de manufactures, fabriques, arts et métiers ; les Bourses de commerce ; 440 Livres divers. toutes les Préfectures , sous-Préfectures , Tribunaux , Conservations des hypothèques, Directions des Domaines et Enregistrement , Directions des Droits réunis ; les principales Foires de la France et de Etranger , ainsi que les Usages suivis pour les effets de commerce ; les Brevets d'invention; un Catalogue des Livres relatifs au commerce qui ont paru depuis le commencement de Van 1806 ; le Tableau des Monnoies de compte de tous les pays du monde, et celui du pair dans tous les changes réciproques de toutes les places cambistes , calculé en or et en argent, pour la première fois , sur le nouveau pied monétaire ; Tableau des divers taux d'intérêt résultant de la variation du prix des cinq pour cent consolidés , etcAietc: On trouve aussi dans çet Ouvrage la Superfcie , la Population , les Productions principales , les Rivières navigables , les Canaux de navigation , les grandes Routes de chaque département ; la Situation , le Commerce particulier , la population de plus de deux mille cinq cents Villes et Bourgs de la France et de l'Etranger. Depuis dix ans , sans interruption , le rédacteur ne né- glige rien pour que son Ouvrage continue à être par- ticulièrement le Manuel de tous ceux qui se livrent'au commerce , aux Arts, aux Affaires , et généralement celui de toutes les classes de la Société. AnrTs er MéÉrTrens. Buzzerin de la Société d’encouragemeut pour l’industrie nationale. n°. 31. Janvier 180ÿ. On trouve dans ce numéro les artickes suivans : Votice sur quelques procédés mécaniques employés dans la fabrication des faux en Piémont. — Rapport fait au nom du comité des arts mécaniques ; par M. BAarDEz, sur l@ filature du coton. == Nouveau procédé de peinture à Livres divers. 44r ?’huile réunissant plus de solidité à plus d'économie ; par M, VanxEkrmMAN. — Sur la fixation et la plantation des Dunes du Golfe de Gascogne. — Notice sur une culture de gros navets de Berlin et de Rubataga ; par M. Grron CHANTRANS. ARCHITECTURE. Txéorte de l Architecture grecque et romaine déduite de l'analyse des monumens antiques. Ouvrage dans lequel on démontre que leurs proportions et la beauté essentielle. qui en résulte, ne sont point arbitraires, mais dériveng d’un principe immuable , dont l'application n’a pas été faite à l’architecture qu’on appelle moderne ; par Louis Lesrux de Douay , architecte, ancien élève de l'école de peinture , etc. Avec des planches et un discours préli- minaire, par Pr. Et. Jougerr, graveur, membre de l’athé- née des arts à Paris, chez Joubert, graveur, rue Grenelle faubourg St.-Germain , n°. 47, in-fol. L'auteur du discours préliminaire, avance que tons les principes qu'on a en architecture, sont encore vagues et insufisans, que les définitions qu’on en a données font douter si elle fait partie des beaux-arts, ou si elle doit être rangée avec les sciences exactes. Il pense qu’elle doit être comptée parmi ces dernières, et il appuie son assertion de nombreux, raisonue- mens. ; M. Lebrun consacre la première partie de son ouvrage, au développement du principe fondamental et genéra- teur des types de l'architecture; lequel doit constamment ! se retrouver dans toutes ses conceptions. Dans la seconde, il cherche à prouver par l’analyse des monumens antiques, qu’ils sont le produit de ces mêmes types, et que la rigoureuse observation de ce principe, détermine seule et constitue leur beauté. . 442: Livres divers. La troisième est destinée à l'application de ce principe, à l'architecture moderne ; l’auteur prétend qu’on ne peut le méconnoître, sans causer la ruine de l’édifice et sans l’éloigner des beautés qu’on cherchoit à pro- duire. Chacune des parties de cet ouvrage est accompagnée de plusieurs planches gravées au trait, qui servent à l'explication des idées de l’auteur. A. T. D. MoraiLer,. Le Nrsror Français, ou Guide Moral et Physiologique pour conduire la jeunesse au bonheur: paxJ. A. M1xLor, ancien membre des collèges et académie de chirurgie de Paris, correspondant de la ci-devant académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, accoucheur des ci-devant princesses de France, membre de la société académique des sciences de Paris, correspon- dant de celle de médecine-pratique de Montpellier ; et par A. J. Corrin-Rony, avocat au ci-devant parle- ment de Paris, et membre de la société académique de la même ville, 3 vol. in-8°. de 1000 pages. Prix, 10 fr. 5o cent., brochés, et 13 fr. 50 cent. francs de port par la poste; en papier velin, 21 fr. sans le port. À Paris, chez F, Buisson, libraire , rue Gît-le-Cœur n°. 10. M. Millot, après avoir indiqué, à ce qu'il croit, l’art de procréer les sexes à volonté, et de faire des grands hommes, trace aujourd’hui un cours de morale en trois volumes, et cherche à rendre les hommes meilleurs par liudication des devoirs qui leurs sont imposés, et des vertus qui leur conviennent. A. PoriTiQuE. ANNIVERSARIA in memoriam Reipublicæ sacræ ef litterariæ , cum universæ tum Danicæ nostræ restauratæ Livres divers. 443. celebranda indicunt regiæ universitatis hauniensis, rector et senatus academicus, scripsit Bzrgerus TaorLacivs, prof.ling. lat.ord. Hauniæ 1805. Apud Joh. Fréd. Schulez, 1805.5g pages in-4°. Cette dissertation qui a pour objet la loi agraire, est divisée en quatre parties. Dans la première ; l’auteur présente l’historique des événemens qui donnèrent liew à la loi agraire. Dans la seconde, il l’établit et détermine en quoi elle consistoit. Dans la troisième , il entre plus particulièrement dans lesprit de la nature de cette loi, Enfin , il développe dans la quatrième, les moyens que Cicéron (1) a employés pour la faire rejetter. À. L. M. DicrronNArrE textuel, Analytique et raisonné du code de la Procédure civile, et des Articles du Code qui y sont relatifs ; dans lequel le Code de procédure et tous les articles du Code Civil y relatifs, sont rangés par ordre, alphabétique et de matières, pour en rendre l'usage: journalier plus facile à tous les fonctionnaires publics, qui doivent s’y conformer. On y a joint une Table in- dicative des livres, chapitres, sections ou paragraphes “auxquels appartient chaque article de ces Codes, sous, les lettres auxquelles on aura à recourir pour les con- sulter à chaque instant du besoin; par A. G. DauBax- Ton, ex-Juge, Suppléant de Juge-de-Paix à Paris, Auteur du Dictionnaire du Code Civil, du Formulaire Général , etc. etc. Deux volumes in-8.° sur caractères - neuf de philosophie et de petit-romain, non inter-, lignés, en une seule colonne, très-grande justification- Prix, 7 francs, brochés; et g francs pour recevoir les, deux volumes francs de port par la poste. On rendra aux personnes ce qu’elles ont payé de surplus. A Paris, chez F. Buisson, libraire , rue Git-le-Cœur, n.° 10. (7) Zn Rullum. 444 Livres divers. RéPrrrorre des dispositions organiques et réglemen+ taires du notariat , par S. C. TIPHAINE , ouvrage com- muniqué à la chambre de discipline des notaires d® Paris, in-8°. de 288 pages. Prix, 4 fr. A Paris, chez . Hacquart, imprimeur du Corps-législatif et des tribu- naux , rue Git-le-Cœur n°. 8. Le notariat est une institution ancienne. Les lois qui. Vorganisèrent d’abord ont été réformées en partie et en partie modifiées. De nouvelles lois ont apporté successive- ment de nouveaux changemens. Des arrêts, des décisions ont été rendus pour interprêter les lois nouvelles et les anciennes, et pour prononcer sur les cas qu’elles n’avoient pas prévenus. * Toutes ces lois, ces arrêts et ces décisions, se trouvent dispersés dans une foule d'ouvrages écrits les uns sur le droit nouveau, et les autres sur le droit ancien. Il n’exist® pas actuellement un seul traité, où tout ce qui concerne les notaires et rien que ce qui les concerne soit réuni. On ne pourroit s’instruire des principes qui régissent le notariat, qu’en les acquérant par des recherches pé- mibles, souvent infructueuses et auxquelles on seroit obligé de consacrer un temps précieux qui semble destiné à l'étude particulière du code civil. Un ouvrage qui épargneroïit ces recherches en pré- sentant avec méthode et exactitude toutes les dispositions en vigueur, seroit donc un ouvrage utile. *Tels sont les motifs qui ont fait entreprendre la ré” daction du Répertoire des dispositions lésislatives etc” Tout ce qui a rapport à l'institution du notariat, qui règle les attributions , les devoirs, les droits et les pré- rogatives de MM. les Notaires, y est inséré et néanmoins tout ce qui se trouve abrogé en est exclus. Les matières y sont classées sous différens titres, cha- que titre contient toutes les dispositions qui ont quel- que rapport entre elles. L'ordre alphabétique suivi Livres divers. 445 pour la distribution des titres, donne à ce Répertoire la orme d’un dictionnaire et en facilite l'usage. Le texte des lois y.est offert, dégagé de tous commen faires; et cependant à la suite des articles de loi qui Présentent quelque obscurité , on a eu-soin d'exposer les décisions qui les expliquent. Dé même toutes les fois qu’on a transcrit un réglement ancien , on a mis à la suite la disposition nouvelle qui le modifie. Des notes indiquent les points de ressemblance ou de différence entre plusieurs hypothèses. Ce recueil est un tableau fidèle de tout ce qu'il ‘est important de savoir sur l'institution du notariat. Il est destiné à ceux, qui veulent apprendre et à ceux qui, sachant déjà, veulent vérifier les choses et s'assurer dé l'exactitude de leur mémoire. Par un simple coup-d’œil! on peut en le consultant s'instruire du principe qu’on veut connoître, et de tous ceux qui sy rattachent ; avantage particulier qui le fera distinguer des colléctiôns qu’on a publiées jusqu’à présent. B. x FAURE BTS ù GÉOGRAPHIE. Carre du théâtre de la guerre actuelle, comprenant læ Prusse , la Pologne, la Hongrie, une grande partie de la Russie et de la Turquie Européenne ét Asiatique , , jusqu ’à la mer Caspienne ; par Bonne: 9 feuilles jointes et enluminées. Prix, 5 fr. pour Paris, et 5 fr. 50 c: franc de port. A Paris; chez Treuttel et ürtz, rue de Lille, n.° 17 ;et:à Strasbourg, même maison de | commerce. Au moyen de cette carte, qui comprend tous les pays . formant le théâtre de la guerre actuelle, on pourra facile. ment suivre les opérations des armées dans la Poméranie Suédoise , en Prusse , en Pologne , sur la côte orientale du golfe de Venise ;'en Moldavie 7? en Valachie , etc. etc, Les 446 Livres divers, quatre points cardinaux de cétie Carte , sont Vienne et Astrachan ; Constantinople et Saint-Pétersbourg. L’en- Juminure désigne bien distinctement les limitesde chaque pays, l’état ancien de la Pologne et les parts de chaque puissance, dans les partagesqui ont eu lieu. E. HisTOoiRreE. Cons1DÉRATIONS sur lorigine et d'Histoire ancienne du globe, ow introduction à l’Histoire ancienne de l'Eu- rope; par M. ps Forria n'UrBAN, de l’Académie Cel- tique, ebc. hesiss chez Xhrouet, impriméur, rue des Moiïneaux, n°16, 1807, in-12. Cet ouvrage. est un recueil de dissertations sur pla- sieurs points d’antiquités , de philosophie et de mathé- matiques, que l’auteur a rangées sous différens chapitres, qu'il subdivise en paragraphes. Aïnsi, dans l’introduc- tion qui forme le premier, chapitre, il donne la descrip- tion et le calcul des mesures employées dans cet ouvrage. Il parle du mètre, des poids décimaux , de la sphère, ‘dés hémisphères, des pôles, des différentes espèces de me- sures, etc. des monnaies, des mesures du temps, du système du monde , du mouvement dés astres dors: hasard et de Dieu. ÿ .-Dans le chapitre second , il présente la théorie de la terre , selon les différens systèmes dès auteurs qui en ont traité. Il parle des systèmes de Burnét, Leïbnitz, Vood- vard, Vhuiston, Bourguet, Buffon, etc. Le chapitre troisième traite dé l'origine du fonde. L'auteur parle des idées de Platon sur ce sujét , des sys- tèmes de. Diodore de Sicile, RE ; Leïbnitz y Linné , etc. Dans le chapitre quatrième, l'auteur présente des vues philosophiques sux le globe; il examine les causés des changemens que notre terre a éprouvés, lhistoiré du Livres divers. ‘447 “monde primitif ; il donne des die er sur les lieux les premiers habités, etc. Chapitre cinquième. L'auteur examine ici tt) du monde; il donne un tableau général de l'Histoire an- cienne , et un tablean particulier de l’ancienne Grèce, Dans le chapitre sixième, qui est le dernier , l’auteur traite sous huit paragraphes de l’ancienneté de la civih- sation dans les Indes, de l’ancienne philosophie dés In- diens , de l’antiquité de l’arithmétique indienne et du sanscrit , des prenves littérales-.de l'ancienneté de l’arith- métique indienne, de son inventeur, et des noms des _mombres qu’elle emploie, de l'astronomie indienne, dés différentes époques selon les Indiens ; et de Brama. Ces différens articles sont accompagnés de plusieurs notes, dont l’une, qui est très-étendue, traite des mé- dailles celtiques. On peut sans doute blâmer une pareille accumulation d'objets qui ne sont liés les uns aux autres qu'avec effort; mais dans chaque chapitre on trouve beaucoup de savoir et d’érudition. A. L. M. .GzrunpDriss der Geschichte der ælteren mittleren und neueren Zeit etc. C'est-à-dire, Principes d'histoire an- cienne , du moyen âge et moderne , par le D. Lowrs ._Wacazer, professeur de théologie et d’histoire à Marburg. Marburg, à l'imprimerie nouvelle de l’aca- déme. 1806. Un vol. 8°. Cet ouvrage comme le titre le donne à entendre, n’est qu'une espèce de programme d’un cours d'histoire, propre à indiqner la marche et la méthode à suivre dans l’étude, et le développement des faits. L'introduction indique brié vement les sources de l’histoire , esprit dans lequel on doit _l'etudier » les connoissances préliminaires. qu’elle suppose , les grandes divisions qu’il faut établir: pour ‘448 Livres divers. “lasser les faits: L'auteur ne date la premiére période de Yhistoire, que du règne de Cyrus, 560 ans avant l’ère ‘vulgaire. Il donne quelques notices sur les événemens “antérieurs à cetle époque , et les mythès des différens peuples pendant ces temps obscurs et fabuleux. 11 partage l'Histoire universelle en onze périodes. La première s'étend depuis Cyrus (560), jusqu’à Alexandye (336) ; la seconde, depuis Alexandre, jusqu’à J. C.; la troisième, depuis J. C., jusqu’à la chûte de l'empire d'Occident {476 ap.J. C.); La quatrième ; depuis476,, jusqu’à Charlemagne (771); lacinquième, depuis 771, jusqu’à la fondation du pouvoir du Saint-Siège par Grègoire VII ,(1073 }; la sixième, depuis 1073, jusqu'à la découverte de l'Amérique ( 1492) ; la septième, depui, 1492, jusqu’à la réformation (1517); la huitième, de_ puis 1517, jusqu’à la prépondérance de la puissance Austro-Espagnole ( 1659); la neuvième; depuis 1659, jusqu’en 1700, temps de la prépondérance de la monarchie Française ; la dixième, depuis 1770, jusqu’en 1789» équilibre de l'Europe; la onzième, depuis 1789, jus= qu’en 1805, révolution française; étendue du pouvoir de la France, sur le Continent. _ À chaque période, l’auteur donne une description sommaire des principaux événemens qui la signalent » il en indique l’enchaînement, il fait connoître les au- teurs qu'on peut consulter et donne à la fin une table synchronistique des principales époques. À .L. M. Précis Historique de l'assemblée constituante | pax 3. P. Ragaur; suivi de réflexions politiques, par le même ; quatrième édition , un fort volume in-18, avec 6 gravures d’après Morgaw , prix broché, 5 fr, pour Paris; sur papier velin, 7 fr. 50 cent.; un franc. . de plus franc.de port par la poste, par toute la France. Livres divers: 449 et l'Italie. À Paris, chez Treuttel et FWfurtz, libraire, rue de Lille, n°. 17, età Strasbourg, même maison de commerce. Cet ouvrage dont l'édition originale, format in-18, manquoit depuis long-temps dans le commerce, forme le commencement du précis historique de la révolution Française , que M. Lacretelle , jeune , a continué et depuis peu completté avec un égal succès. La nouvelle édition du précis de l’assemblée constituante est imprimée en même format, caractères et papier que les volumes sui- vans. La collection complète du précis historique de la révo- lation Française, se compose de 6 vol. ; savoir : le précis historique de l’Assemblée constituante par J. P. Ragaur, a vol.; le précis historique de l’Assemblée législative, par Lacretelle, jeune , 1 vol. celui de la Convention natio- nale, par le même, 2 vol. ; et celui du Directoire exécutif, Jusqu'au 18 brumaire, par le même, 2 vol. prix des 6 vol. ornés de 16 gravures pap. ordinaire, à raison de 5 fr..... 3ofr., prix des 6 vol., papier velin, à raison de 7 fr. 50 cent. ,....45 fr.; un franc de plus par volume , franc de port par la poste , par toute la France et l'Italie. Le Népos français ou notices historiques sur les Géné- raux, les Marins, les Officiers et les Soldats qui se sont illustrés dans la guerre de la révolution ; par A. CHATEAUNEUF , dixième partie : à Paris chez l'Editeur, rue des Bons-Enfans, N°. 34. Les notices biographiques contenues dans ce cahier sont celles des généraux Luckner , Biron, Dagobert , Meunier , et Macdonald. : Tome second de la CAMPAGNE Drs ARmÉrs FRANÇAISES, en Prusse, en Saxe et en Pologne , sous Le Comman- … dement de S. M. l'Empereur et Roi, en 1806 et 1805 : Tome IT. Avril, 1807. 29 ’ 4 50 Livres divers. ouvrage destiné à recueillir les grands Evénemens qui s’y sont passés, et les actions d'éclat des Généraux, Officiers et Soldats : on y a joint des Notices Biogra- phiques sur ceux qui ont péri dans cette mémorable Campagne , ainsi que des détails historiques et mili- taires sur lessiéges et bataillesqui onteu précédemment lieu dans les contrées où les Français viennent de porter leurs armes. Ouvrage orné de vingt portraits, gravés en taille-douce , tant des principaux Commandans, Généraux et Officiers nationaux et étrangers , que des personnes qui ont accompagné S. M. ; tome Ji, in-8°., avec les portraits du Roi et de la Reine de Prusse , du général Duroc, des maréchaux Davoust, Bernadotte et Mortier , et la grande Carte enluminée du plan de la bataille d'Iéna , gravés en taille-douce. Prix, 6 fr. broché , et 7 fr. 5o c. franc de portpar la poste , dans tout l’Empire français ; pour les pays hors de France, 8 fr. 50 c. franc de port. À Paris, chez F. Buisson , Libraire , rue Gît-le-Cœur, n°. 10. Ce second volume renferme la suite de l’histoire de la campagne de Saxe, le plan fidèle de la bataille d'Iéna , des notes sur quelques uns des Officiers que nous 24 avons perdus , des nolices sur les principaux Généraux et Officiers qui se sont distingués. Il se termine avec la prise de Lubeck. D. .* Mémorres pu Marquis n'ArGens , Chambellan de Fré- déric-le-Grand , Roi de Prusse , et Directeur de l’Acai démieroyale de Berlin ; contenantle récit des Aventures de sa jeunesse , des Anecdotes et des Observations sur plusieurs événemens du règne de Louis XV, des personnes de ce temps. Nouvelle édition , augmentée d’une notice historique sur la vie de PAuteur , sur son séjour à la Cour de Frédéric IT, sur ses relatigus Livres divers: 451 avec ce Prince , et sur les personnes dont il est parlé dans l’ouvrage; et des Lettres du même Auteur sur différens sujets. 1 vol. 21-8°., de 450 pages , avec une planche gravée en taille-douce. Prix 5 fr. broché , et 6 fr. par la poste ; franc de port. En papier vélin, - 10 francs, sans le port. À Paris, chez F. Buisson , Libraire , rue Git-le Cœur , n°. 10. Voyices. Tazrrau de l'Espagne moderne , par J. Fr. Bourcorxe, ci-devant ministre - plénipotentiaire de France à la Cour de Madrid, l’un des Commandans de la Légion . d'honneur, correspondant de l Institut , etc. Quatrième édition avec quelques corrections , et des augmentations qui conduisent le tableau de l'Espagne , jusqu’à l’année 1806. À Paris, chez Tourneisen fils , Libraire , rue _ de Seine, n°. 12, 1807, 3 vol. in-8°., avec Atlas. Nous aunonçons la quatrième édition d’un ouvrage qui a acquis une juste célébrité, et dont il ne nous reste plus à faire connoître le mérite. Le succès qu’il aobtenu depuis sa première publication , justifie la confiance qu’on pouvoit avoir dans l’auteur, dont on a pu apprécier depuis long- temps les vues justes et profondes. Depuis que le publie est en possession de cet excellent Tableau de l'Espagne, il ne lui reste plus rien à desirer pour la connoissance parfaite de ce que le pays offre de plus intéressant, tant sous le rapport des lettres, des arts, du caractère actuel de la nation, que pour ses relations, sa situation politi- que, et il lui sera facile de suivre les changemens qu’il éprouvera sous tous ces rapports en partant des différens points où en sont à présent les choses, L'auteur, dans cette quatrième édition, a lui-même fait ce travail en ÿ°" la plupart des changemens que l'Espagne a 452 Livres divers. subis depuis 1804, époque où parut la troisième édi- tion de cet ouvrage. Cette édition se trouve encore augmentée, pour la commodité des voyageurs, d’un livre des postes de l’Es- pagne. L’atlas est enrichi de gravures, qui retracent les monumens arabes de Grenade ét de Cordoue, et d’une carte des routes de Espagne. À L. M. Gazsrix historique des hommes les plus célèbres de tous les siècles et de toutes les nations, contenant leurs portraits gravés au trait d’après les meilleurs originaux , - avec l’abrégé de leur vie, et des observations sur leur caractère ou sur leurs ouvrages ; par une société de gens de lettres, publiée par L. P. LAnNDon, pein- tre, etc. Seizième livraison. A Paris, chez Landon, quai Bonaparte, n.° 1, 1806, in-12. Cette livraison contient les portraits et les vies de Sénèque, Dom Carlos; Anne reine d'Angleterre, Bra- mante, Pepin, Saunderson, Prior, Buchanan , Bouflers, Belle-Ïsle, Spinosa, Désaguliers, Arnauld, Murillo, Pompée, Harvey, S. Bernard, Van-der-Velde, Fléchier, l’Albane , d’Argenson , le cardinal Fleury , Duguay- Trouin, Molière, Stanislas, Salvator Rosa, Victor Amédée, Wiclef, Jacques Bernoully , Vendôme, le Caravage, Molina , l’'Algarde , Lamoïgnon, l'Espagnolet, Addisson. “ AnTiquiTés Gauloises et Romaines , recueillies dans les jardins du palais du Sénat pendant les travaux d’embellissement qui y ont été exécutés depuis l’an 1x jusqu’à ce jour ; pour servir à l'Histoire des Antiquités de Paris; précédées de recherches sur cette grande capitale, sur le palais du Sénat (ci-devant Luxem- bourg), ses dépendances et ses environs. On a joint aux planches d’Antiquité, le plan du jardin de ce Pa Livres divers: 453 Jaïis, avec les changemens qui y ont élé faits, et les vues des parties intérieures les plus curieuses de ce. bel édifice; par C. M. Gxrvaun , sous-chef de la tréso- xerie du Sénat. Un vol. in-4.° de texte, imprimé sur caractères neufs de Saint-Augustin, et beau papier carré superfin d'Auvergne; avec un vol. in-folio sur Nom-de-Jésus , contenant 26 planches gravées en …taille-douce. Prix, 26 fr. broché, avec l'Atlas cartonné à la Bradel; et 29 fr. 50 cent. franc de port par la poste. En papier vélin, 50 fr.; sur papier Jésus d'Auvergne, 30 fr. ; et sur Jésus vélin, 60 fr., sans le port. À Paris, chez 7". Buisson, libraire, rue Gît-le-Cœur , n° 10. ARCHÆOGRAPHIE. Dissertazioni epistolari di G. B. Visconrr e Filippo W'açuier DE 14 B4rTuEz, sopra la statua del Disco- BOLO scoperta nel Villa Palombaria, con le illustra- zieni della medesima publicate da Carlo Fr 4 e Giuseppe Ant. GUATTANI e coll aggiunta delle illustrazioni di altri due Discoboli dissotterati nella via Appia e nella via Adriana, prodotte da Ennio Quirino Visconrr, raccolte ed arrichite con note e con le bizzarre iscriziont della villa Palombaria da Francesco Caxcezrterr. In Roma, 1806, Presso Ant. Fulgoni. Dissertations épistolaires de Jean-Baptiste Visconrr et Philippe W'aquier DE LA B4RTHE, sur la statue du Drscozoze, découverte dans la villa Palombaria , avec Les illustrations de la méme, publiées par MM. Carlo Fz4 et Joseph Ant. GUATTANT, auxquelles on a ajouté les descriptions de deux autres Discoboles découverts dans Za via Appia et la via Adriana, par Ennio-Quirino IVrsconTi, recueillies et enrichies de notes et des bizarres #PAnscriptions de La villa Palombaria, par François C4N+ czLziert. À Rome 1806, de l’imp. d’ Ant. Fulgoni. « | 454 Livres divers. M. CAnCELLIERI à réuni dans cet ouvrage les diffé- rentes dissertations qui ont été composées sur la belle statue du Discobole trouvée dans la w://a Palombaria , sur le mont Esquilin , en 1781. Il a fait graver cette sta- tue à la tête de son ouvrage. Il] commence par une lettre de M. Gio. Battista Vrs- conTr , Commissaire des antiquités , à Mgr. le Cardinal Pallotta , Protrésorier général. L'opinion de M. G. Bat. Visconti est que cette statue doit être une copie du Discobole de Myrox , ou l'original lui-même. Il se fonde sur un passage de Quintilien (1), où cet auteur donne la description de la statue qui ressemble parfaitement à celle que lon a trouvée. La secondelettre est celle du chanoine Frlippo WAquier DE LA BARTHE, adressée à M. Ennio Quirino Visconti fils de Gio. Battista. Il cherche à prouver que cette statue n’est pas celle de Myron; il pense qu’elle est de Nau- cipes qui vécut après lui et fit un autre Discobole très- estimé. Le troisième morceau est un extrait des notes de M. Carlo FrA, maintenant directeur du musée Pio-Clé- mentin , sur le passage de l’ Histoire de l’art du dessin chez les anciens , par W1inkEzmaNN (2), relatif au Discobole du Mont Esquilin. M. Carlo Fea, d’après le passage de Quintilien déjà cité , et d’après un autre de Lucien, prouve , jusqu'à l’évidence, que le Discobole de la villa Palombaria et ses répétitions sont des imitations de celui de Myron. Suivent la description du même Discobole, insérée dans le premier tome des Monu- mens antiques inédits de G. À. Guarrant; et la des- cription d’un Discobole découvert dans la via Appia, publiée dans le tom. III du Musée Pio - Clémentin, (1) Orat. lib. xt, c. 13. (2) Tom. IT, pag. 210. Livres divers. 455 par M. Ennio Quirino Visconrt, alors directeur de ce Musée ; L’explication d’un Discobole trouvé dans la villa Adriana , à Tivoli, par le même M. Visconrtr, insérée dans le tom. VI du Musée Pio-Clémentin (3). Ces six dissertations sont suivies de notes savantes de M. Cancellieri. Dans la premitre, il donne la description d’un bas relief qui sert de vignette à l’ouvrage, et qui étoit sculpté sur un tombeau décrit par M. Guarrant, dans le tome III de ses Monumens antiques inédits , publics en 1786 Ce bas relief représente trois petits Génies près d’uu obélisque. Deux d’entr'eux frappent avec un maillet une espèce de disque ; le troisième tient un petit globe percé par lemilieu. Il sembleroit d’après cela que ces disques ne se lançoient point, mais qu’on les faisoit rouler à l’aide d’un maillet ou d’une espèce de raquette. Parmi les autres notes qui donnent des explications curieuses relatives aux diverses opinions que M. Can- cellieri a recueillies , on remarque celle qui a rapport au frontispice de son ouvrage. Il représente la porte de la villa Palombaria où a été découvert le Discobole. Elle est en marbre, couverte d'inscriptions et de symboles mystérieux , qui sont, dit-on, autant de recettes pour faire de l'or : mais que personne n’a jamais su inter- préter et n’interprétera jamais. En voici l’histoire. (3) Ce Discobole a été transporté au Musée Napoléon, salle du Laocoon, n°: 121. Il est dans la même attitude que celui de la Villa Palumbaria. Il en diffère seulement, en ce qu’au lieu‘ d’être appuyé sur un tronc d’olivier, il s'appuie sur un tronc d’arbre auquel est suspendu un strigile ; c’est ce qui l’a fait prendre mal-à-propos pour un Æpoxyomenos. Le restaurateur a gravé sur le tronc, en caractères grecs, le nom de #yron. A. L, M. 456 | ‘Livres divers: Le Marquis Maximilien Palombara , donnoit dans lalchymie, c’étoit comme on sait la manie du 17.6 siccle et il vivoit en 1650. Il avoit dans sa maison un labora- toire où il travailloit à faire de l'or. Un jour, entra dans son jardin, un homme vêtu en pélerin, qui se mit à regarder à terre , comme s’il cherchoit quelque chose. Il fut vu par un valet qui courut avertir son maître. Le Marquis fit dire au pélerin de venir lui parler; celui-ci se rendit à ses ordres et se présenta à lui, avec un paquet d'herbes dans la main. 1] lui dit que sachant qu'il s’occupoit a chercher l’art de faire de l'or, il vouloit lui montrer que si c’étoit une chose difficile, elle n’étoit pas impossible. Il demanda à voir où en étoient les travaux du Marquis, les trouva bien di- rigés, puis ayant broyé son herbe, il la mit dans le creuset qui étoit sur le feu et demanda qu’on lui remit la clef du laboratoire. Le Marquis n’hésita pas et donna même au pélerin une chambre pour y passer la nuit. Le lendemain, impatient de voir les effets de son ex- périence, il fit appeller le pélerin qui ne se trouva plus : on entra alors dans le laboratoire et l’on trouva le creuset renversé, et auprès une matière jaune qu’on reconnut pour de l’or. Sur la table du laboratoire étoit un papier sur lequel étoient tracées plusieurs énigmes. En mémoire de cet événement, le Marquis Palumbara fit graver plusieurs inscriptions dans les salles de sa maison el entre autres, sur la porte par laquelle étoit entré le pélerin, et qui donne sur le chemin qui mène de Sainte-Marie Majeure, à Saint-Jean de Latran. Ces inscriptions curieuses et singulières, sont rap- portées dans les notes de M. Cancellieri; elles sont suivies du catalogue des ouvrages des principaux auteurs qu'il a cités et terminées par une table des matières; chose indispensable et trop souvent négligée dans les ouvrages d’érudition. T. D. ‘ 457 (GazERIE antique ou collection des chefs-d’ Œuvres d’Ar- Livres divers, chitecture , de Sculpture et de Peinture antiques, gravée au trait, par M. Bourrors et accompagnée d’un texte historique et descriptif, par M. LrcranD, architecte des Monumens publics; première division , la Grèce, neuvième livraison in-folio, à Paris, chez Treuttel et Wurt, libraires, rue de Lälle, n°.17 ; et à Strasbourg, même maison de commerce. Prix, 8 fr. , papier grand raisin ordinaire , == 12 fr., papier d'Hollande; quel- ques estampes au lavis à l'encre de la chine, prix, 40 fr. Cette nouvelle livraison d’un ouvrage estimé, qui sans égard aux circonstances continue avec activité , contient les trois dernières planches de la Tour des vents à Athènes, sous les n.05 61,62 et 63; elles re- présentent trois des figures qui sont sculptées au nombre de huit, sur les faces de ce Monument curieux. Ces trois figures sont, Libs ou le vent du sud-ouest qui souffle directement à travers le Golfe Saronique , sur le rivage d'Athènes; Zéphyrus ou le vent d'ouest, beau jeune homme ailé d’une figure douce et volupteuse; enfin, Sciron ou le vent du nord-ouest , et le plus desséchant de ceux qui soufilent à Athènes. Les quatre planches suivantes, dont deux sont doubles en grandeur, donnent le plan, l’élevation générale, la coupe dans toute la hauteur, et un détail du soubas- semeut, du Monument choragique de Lysicrates, vul- gairement connu sous le nom de lanterne de Démosthène à Athènes. Nous regrettons de ne pouvoir faute d'espace, rapporter ici le commencement du texte qui accompagne ces planches; l’auteur, M. Legrand, y démontre avec la _ sagacité el le talent qui lui sont propres, de quel intérêt ce Monument doit être sous les rapports de l’art 458 ÆEivres divers: et de l’histoire. Nos lecteurs liront avec plaisir cet exposé dans l’ouvrage même (1). V. MosAïqQues. Drscripriox d’une Mosaïque, représentant des jeux de cirque ; découverte à Lyon, le 18 février 1806, par F. Anraupr. Se trouve à Lyon, chez Ballanche , et à Paris, chez leNormand, rue des Prêtres-SL.- Germain- L'auxerrois. Lorsque cette Mosaïque fut découverte, M. Arraup eut la bonté de nous en adresser la description qui a été insé- rée dans le Magasin Encyclopédique (2).C’est cette descrip- tion intéressante qu’il a fait réimprimer, et à laquelle ila joint une planche coloriée , dessinée et gravée par lui- même, avec la plus scrupuleuse attention. Cette Mosaïque précieuse , appartient à M. Macors, pharmacien distingué et ami éclairé des arts. Elle a été découverte dans son jardin, le 18 février 1806, par des ouvriers qui faisoient un réservoir; elle étoit à 1 mètre (3 pieds) de profondeur , sous un lit de terre végétale , sans aucun indice de ruines. On a trouvé à sa surface une légère couche de gravier (1) Les anciens souscripteurs pour la Galerie antique, qui me possèdent que les huit premières livraisons des planches publiées dans le temps, sans texte, par MM. Dererrre et Bourrots , sont prévenus qu’ils pourront, pendant trois mois, se procurer séparément , en se faisant inscrire pour les livrai- sons suivantes, le texte historique et descriptif, et les planches supplémentaires qui leur manquent , pour compléter les neufs Hvraisons actuellement mises au jour de la nouvelle publication ‘de l'ouvrage , ledit texte formant 140 pag. grand in-folio, et les huit planches supplémentaires, ensemble au prix de 24 fr. Les 108., 11€. et 12€. livraisons qui vont suivre sans inter- ruption, compléteront le premier volume. (2) Axx. 1806, tom. 1v, pag, 160. 2 0 > or mm ct SP PR PS Livres divers. 461 rougeâtre , provenant d’un ciment décomposé; et par- dessous un rang de débris de tuiles romaines à rebords ; ce qui fait penser à l’auteur de la description, qu’elle avoit été recouverte à dessein de la conserver. La place qu’elle occupe est à deux cent pas du lieu où s’élevoit jadis le temple d'Auguste , à l’ancien con- fluent du Rhône et de la Saone. À peu de distance et sur la mème ligne, on vient de trouver une autre Mosaïque, mais assez grossière, dont le milieu représente une rosace bleue; on y voit des petites pièces de vert antique, de la serpentine , du granit vert; et ce pavé était couvert de débris de tuiles ro- maines à rebords, de briques, d’urnes cinéraires, de charbons et d’ossemens. M. Artaud connoît dans le même quartier plusieurs Mosaïques , et il croit que si l’on ÿ fouillait on en trou- veroit encore. Il donne du Monument dont nous parlons, une des- cription très-exacte, que nous ne répéterons pas, puisque nous l’avons déjà insérée dans ce Journal : mais il y joint quelques observations que nous ne devons pas passer sous silence. Il pense que ce pavé est resté quelque temps à décou- vert, soit après l'incendie de la ville de Lyon ; sons Né- ron , soit après les malheurs qu’elle épronva sous Sévére. Des barbares ou des ignorans dégradèrent alors cette : mosaïque ; on est confirmé dans cette idée , en observant que tous les vêtemens formés avec des pierres dures, ont été enlevés , tandis que le reste est intact ; tel est à-peu-près le sort de tous les Monumens, dont la ma- tière peut exciter la cupidité. Les Mosaiques que l’on trouve aux environs de celle- ci, peuvent faire croire que l’emplacement où elle est située, dépendoit d’un temple d’Auguste. Quant au temps où elle a été découverte, M. Artaud 460 Livres divers: croit pouvoir le fixer au milieu du 1er siécle de l’ére chrétienne. Il est certain qu’elle ne peut être postérieure à Domi- tien , puisqu'elle n’offre que quatre couleurs ou factions , et qu’on sait que cet empereur en fit ajouter deux à celles qui existoient déjà, la pourprée et la dorée. M. Artaud a terminé sa Dissertation par des notes curieuses, et par quelques passages traduits de diférens auteurs, concernant les jeux du cirque chez les Grecs et es Romains. Il a mis pour fleuron au frontispice le lion des armoiries de Lyon, avec sa devise : Je suis le lion qui me mord point, sinon quand l'ennemi le poind, et il a placé pour cul-de-lampe à la fin de son ouvrage l’ins- cription que la ville de Lyon fit graver en l'honneur de Ligurius, intendant des jeux du Cirque, et pontife du temple d'Auguste. Cette inscription , que la ville possède encore , est un monument curieux pour ses habi- tans (1). On doit des éloges à l’exécution typographique de cet ouvrage, et aux talens de M. Artaud, comme littérateur el comme artiste. La planche qui représente la mosaïque est parfaite ment exécutée, tous les plus petits détails sont exacte- ment figurés, et son ouvrage doit être recherché des sa- vans et des curieux, M. Macors a fait élever pour renfermer ce pavé pré- cieux un petit temple d'ordre dorique grec, qu’il a dédié aux amis des arts. Il scroit à desirer que les beaux monu- mens de antiquité fussent toujours dispensés par le hasard à des personnes aussi dignes de les posséder. T. D. (1) M. Arraup a reproduit la traduction de MENESTRIER ; mais 3 y a beaucoup d’erreurs dans cette explication , ainsi que je Vai exposé au tome premier, page 429, de mon Voyage dans le midi de la France , où j'en ai donné une nouvelle traduction. A. L. M. 1 , Livres divers. 464 \ MoNUMENS CHRÉTIENS. Osserr azronr che servono ad illustrare lepitafio di S. Virarino MAnTrrE, le triomfali spoglie del quale s2 venerando nell oratorio domestico dell illustrissimo sig. marchese D. Filippo Filonardi , esposte dall -avocato Leonardo 4n arr Romano, gia professore di S. Scrittura nella Universita del Collegio Romano, e socio della Academia di religion cattolica. In Roma , 1806, pel Fulgoni (1), 8°. L'inscription qui fait le sujet de cet article présente un double intérêt en nous donnant le nom d’un jeune martyr encôre ignoré dans les fastes des chrétiens, et par les singularités de l'orthographe et du langage. + à rh | Br FI fICIA SE Vi BYS FECER VAN CYMI gs SVVMVI T À € NE QVUIVI SIANVS VAR I On a trouvé cette épitaphe dans un lieu déjà célèbre par des découvertes du mème genre, le cimetière de Sainte-Cyriaque. Cette dame Romaïne reçut le martyre sous le règne de Valerien. Elle avoit dans le Campo ‘Ferano , sur la Via Tiburtina, à un mille environ des {1) Observations sur l’épitaphe de Sazwt-ViTazinus, martyr, dont les glorieuses dépouilles sont conservées dans la chapelle particulière de M. le marquis D. Philippe Filonardi; par l’avo- cat Léonard Avamr Romain, professeur des Saintes - Ecritures à L'Université du collége Romain, et membre de l’Académie de la Religion Catholique. Rome, 1806 , 8°, 462 Livres divers: portes de Rome, une maison qui servoit de lieu d’assem- blée aux chrétiens et d’asyle aux pauvres. S. Laurent s’y rendoit souvent; il y fut enterré après avoir reçu le martyre , et il existe maintenant au même lieu une église sous son invocation. Lorsqu'on fitdes fouilles dans cet endroit, on y trouva un grand nombre de tombeaux et des inscriptions, dont la plupart sont figurées et expliquées dans la Roma Sot- Lerraneu. Celle-ci fut déposée dans la chapelle particulière de M..le marquis D. Filippo Filonardi. L’explication en a été donnée par M. Zeonardo Anami, dans une petite dissertation dont nous allons extraire les principales idées (2). L'inscription ne porte aucune date; ce n’est donc que par une suite de conjectures que l’on peut en déterminer époque; la forme des lettres et le style peuvent guider dans cette recherche. L'auteur de la Dissertation croit pouvoir la fixer à l’année 303 de l’ère chrétienne, sous le règne de Dioclétien. Ilen donne pour raison qu'à cette époque la persécu- tion fut terrible ct générale, et qu’elle s’étendit même sur ‘les enfans. Or, l'inscription porte que Vitalinus étoit (x) M. Adami, dans la préface de cette Dissertation, fait re- marquer l'utilité que présente l’étude des monumens chrétiens. Outre l'intérêt dont ils sont pour ceux qui ont une vive ferveur religieuse, on ne peut disconvenir de leur importance pour l’éclaircissement de toutes les branches de l’histoire. Ils ont de plas par leur langage symbolique et leurs nombreuses allégories un grand rapport avec les monumens profanes. Il faut, pour les expliquer, beaucoup de sagacité. Fabretti, Buonarotti, le Père Lupi et plusieurs célèbres antiquaires, nous ont laissé des mo- déles en ce genre; et la Dissertation dont M. Théophile Du- “mersan donne l'analyse, prouve que M. Anaui marche avec succès sur leurs traces. À. L. M. Livres divers. 463 . dans sa huitième année, et l’on a sous les autres rêgnes peu d’exemples d’une pareille barbarie. Ce qui prouve qu’il étoit chrétien, c’est le monogramme du Christ, placé au milieu de l'inscription; et ce qui atteste son geure de mort, c’est un de ces vases connus sous le nom de lacrymatoires, qui renfermoient le saug des martyrs, et qu’on a trouvé dans son tombeau. On sait que les chrétiens recueilloient avec soin le sang qui s’échappoit de leurs blessures ou qui jaiilissoit de leur trone décapité. D’après notre inscription, le père de Vitalinus se nommoit Donatus. Ce nom appartient à plusieurs reli- gions, ainsi on ne peut pas savoir si celui qui le portoit Vavoit reçu au baptême, ou sil lui avoit été donné par des parens idolâtres lors de sa naissance, d'autant qu'il est constant que ce nom se donnoit souvent aux enfans des hommes à qui leur âge ou d’autres circonstances ne paroïssoient pas devoir permettre l’espoir d’avoir des des- cendans : comme si nés contre toute espérance ils paroïs- soient avoir été donnés par Dieu. Lenom de Donatus est cependant plusrare chez les payens que chez les chrétiens. Le nom dela mère est ainsi figuré FILICIA. L’au- teur examine si l’on doit lire Felicia ou Felicita. D’abord ni le martyrologe ni les inscriptions anciennes ne rap- portent un nom semblable au premier; de plus, il ne séroit pas écrit avec deux I. Au contraire, le nom de Felicita se trouve dans les actes des Saints et sur les ins- criptions , où il n’est pas rare de voir le T figuré comme un I. Le Père Lurr, dans une Dissertation sur l’épitaphe de Sainte-Sévère, donne plusieurs exemples de lettres ainsi substituées l’une à l’autre. En passant des marbres aux manuscrits, on peut voir dans le Virgile du Vatican que souvent la ligne supérieure du T est si peu marquée, qu'on prendroit facilement cette lettre pour un I. D’ai- 464 Livres divers: leurs, sur la fin du troisième siècle , il s’étoit introduit uns espèce d'écriture cursive plus commode par sa rapidité ; et c’est encore une des raisons qui peuvent nous faire croire que les parens de Vitalinus ont vécu dans ce temps. Il est vrai que quelquefois la lettre I est doublée et même triplée, comme ôn en voit des exemples sur une pierre conservée dans la sacristie du Vatican , où on lit Termis Traiiani , et dans de très-anciens manuscrits où on voit Coniticio Aditicio. On pourroit vouloir encore lire Felicea, et en effet plusieurs inscriptions donnent des exemples de deux I employés pour un E, comme dans CATICILIVS pour CAECILIVS , DIICIIBRIS pour DECEMBRIS; mais outre la nouveauté dont seroit le nom de Pelicea, la ressemblance de notre inscription avec celle que l’auteur a fait graver auprès, et où on lit SIATILIA pour STATILIA , est trop frappante pour ne pas adopter son opinion. On retrouve aussi sur toutes les deux la forme singulière de la lettre L,, figurée dans l'inscription. On peut encore reconnoître la maladresse ou Vigno- rance de celui qui a tracé l'inscription , et la décadence de la langue latine dans ces mots. SE VIBVS.... FILIVM SVVM.... VISI... ANVS: Peut-être l’ouvrier étoitil de quelque province, où bien venant de la Grèce ou de la Syrie, il étoit peu versé dans la langue Romaine. VISI est là pour VIXIT. On rencontre beaucoup de fautes semblables sur diverses pierres , comme CIQUE pour QUINQUE , TVSV pour TVVS, etc. Dans le mot VIBVS, on voit facilement que la lettre B remplace le V. Ce changement existe même dans les bons siècles et dans des auteurs du premier rang. On trouve souvent BIBAS in Deo, pour VIVAS in Deo. VIBUS est donc là Livres divers: 465 pour VIVVS. Ilexiste toujours une faute grave; au lieu de sevivus , il faudroit au moins se vivis, eux existans, ayant survécu à leur enfant. Nous devons remarquer cette formule FECERVNT CVM FILIVM SVVM. Nous en sommes maintenant au nom du héros de cette inscription, VITALINE. 11 paroit d’abord que le nom de cet enfant étoit V’italis, et qu’à cause de son âge on Pappelait par le diminutif Vitalinus: Ce mot se ren- contre très-rarement dans les inscriptions, parce qu’il étoit moins ordinaire d’en consacrer à des enfans qu’à des hommes faits. Il paroîtra singulier de voir Vifaline au vocatif; ce- pendant il indique l’affection et la douleur des parens qui sémblent l'appeler. Cette formule West pas nouvelle; d'ailleurs qui vixié peut se rapporter à filium suum , et le vocatif Vitaline peut commencer le discours. « © Vitalinus ! Donatus et Felicita , qui t’ont survécu, » ont fait ( ce tombeau ) à leur fils, qui a vécu huit ans ». T1 nous reste à observer que le mot ANVS cest écrit avec une seule N , et qu’il devroit y avoir ANNOS ; mais au milieu des fautes de langue dont fourmille inscription, on ne doit pas s'étonner de celle-là ; d’ailleurs l’'N sup- primée se rencontre souvent, et on trouve dans plu- sieurs monumens des troisième et quatrième siècles : Benemereti, Permaserat, pour Benemerenti , perman- serat et aussi le mot anus pour annos, principalement dans les inscriptions tumulaires du quatrième siècle. Pour fixer d’une façon certaine , l’époque à laquelle Vitalinus est mort, il suffit donc de voir que le style de l'inscription la reporte au commencement du qua- trième siécle , que la forme des lettres se retrouve sur plusieurs inscriptions de ce temps, et principalement sur celle de Statilia, dont nous venons de parler, Tome IT. Avril, 1807. 30 466 Livres divers. que l’époque des Consuls qui y sont indiqués, fait placer à l'an 295. D'ailleurs, le lieu ou elle a été découverte , n’a commencé à servir de cimetière pour les ehrétiens qu'en 258, année ou Von y plaça le corps de Saint- Laurent. La persécution de Dioclétien et de Galère Maximien, qui arriva en 303, fut universelle et Îles enfans même n’y furent point épargnés; le.jeune Vita: linus en aura été la victime. Le vase de sang indique qu’il à eu lattête tranchée ou la gorge coupée. La lenteur avec laquelle le juge procédoit pour donner à ses san- guinaires arrêts une apparence de régularité , aura laissé aux parens de Vitalinus, le temps et la possibilité de Penterrer , et ils ont consacré sa mémoire par la pierre sépulchrale, dont M. Adamïi a donnéPexplication. : M. Adami lermine sa savante disertation , par quel- ques -observätious sur lé monogramme du Christ, 1 remarque que sur les Monumens des Saints , ce mono+ gramme est aù commencement de Pinscription ; mais que sur ceux des martyrs, il est dans le corps de l'écrit ture. T. D. . | BréciocRAPHIE. | L SzconD supplément à la France littéraire, depuis 1771 “ contenant outre les corrections et additions au corps de l’ouvrage et, au premier supplément les nouveaux articles ; jusqu’en 1805, avec une table générale des matières; par Jean Samuel Erscx; professeur de géographie et de Slatistique, à l’université de Halle et Hambourg. Chez B. G. Hoffmann, 1806. in-8°. Pour ce supplément , M. Ersch a suivi le mêmé plan qu’il s’étoit tracé dans le précédent. Il a indique tous les journaux littéraires et autres qu'il faut se procurer: Plusieurs savans bibliographes ont contribué à enri- chir son dictionnaire en lui communiquant un grand Livres divers: |. 46? “ombre d'articles. Une table de corrections ét d’additions, conlient encore plusieurs articles importans. Le volume est terminé par une table des matières, et Les noms des, auteurs se retrouvent à chaque objet dont ils ont traité On ne peut qu’admirer l'incroyable travail qu'un pareil ouvrage a dû coûter à un étranger; il est très-utile pour les littérateurs français et doit leur inspirer la plus vive réconnoissance pourson infatigable auteur, À. L. M. PoËsxeE.: * Le DÉPART de Lapérouse , ou les Navigateurs moder- nes; par C. JT, L, n’Ayriext, de la a Martinique ; officier :æ Administrétion des colonies, chef du bureau des _ Colonies Occidentales, au ministre de La Marine et des .… Colonies. Paris, chez Léopold Collin, librairie , rue NC Cour » n.° 4, 1807, in-8.° THÉATRE. THÉATRE classique, ou Esther, Athalie, Polyeucte et le Misanthrope commentés; ouvrage Prescrit et adopté par la commission des pa classiques pour l’ensei-, gnement des Lycées et des Ecoles secondaires , publié par F, Rocer, membre de la commission. À Paris À chez Migneret , imprimeur, rue du Sépulcre, n.° 20, 1887 ,in-8.° Le Commentaire qui accompagne ces chefs-d’œuvre , est destiné à fixer l'attention des jeunes lecteurs sur les beautés qu’ils renferment, et à rappeler les passages des anciens el des livres saints qui ont souvent été imités. L'auteur fait remarquer aussi les fautes de langage ou de goût qu’on y rencontre quelquefois. La notice préliminaire qui se trouve à la tête de lou- vrage contient de courtes biographies des trois poëtes, dont les pièces sont commentées, 468 Nouvelles littéraires. Cet ouvrage, fait avec soin et avec goût, sera très+ utile pour l'instruction des jeunes gens. * Poyace dans les départemens du midi de la France , Par A. L. Mixx, Membre de l’Institut, de la Légion d'honneur , et Conservateur des Médailles, des Pierres gravées et des Antiques de la Bibliothèque impériale, ete. Deux forts vol. in-8°., avec atlas in-4°. Paris , chez Tourneisen fils, rue de Seine, n°. 12. Prix : 36 fr. pa pier ordinaire, 72 fr. papier vélin grand raisin. La France a été bien des fois parcourue , et cependant on peut dire qu’elle est encore presque inconnue. Les prétendus Voyages modernes, les géographies, ne sont en général que des äbrégés de l’ancienne description de Picanioz DE LA Force, qui n’étoit elle-même qu’une compilation. On desire depuis longtemps un bon guide qui puisse servir à visiter tout ce que ce beau et vaste Empire renferme de curieux. Le VOYAGE de M. Mrzi dans le midi de la France remplit l'attente des personnes qui cherchent dans leur lecture l’agrément et l'instruction. L'auteur, pour arri- ver à ce but, n’a épargné ni temps, ni soins , ni dé- pense; il a consulté les hommes instruits ; il a trouvé par-tout l’appui des administrations , et il s’est procuré les meilleurs renseignemens. Les deuxpremiers volumes que nous livrons au public, contiennent la description de tout ce qui est digne de curiosité depuis Paris jusqu’à Nice, en parcourant une grande partie de l’ancienne Bourgogne et de la haute et basse Provence. M. Mizzin a visité les collections pu- bliques et particulières , les usines, les manufactures , les ateliers , les établissemens de bienfaisance et d’instruc- tion ; il décrit les productions du sol, les curiosités de Ja nature et de l’art, les édifices publics , les monumens, Nouvelles littéraires. 469 les costumes , les mœurs -et les usages ; il a rassemblé une foule d’anecdotes piquantes et de faits singuliers. Les sommaires des chapitres de son ouvrage suffisent pour faire connoître les objets nombreux et variés sur lesquels il a fixé son attention. C’est pour le voyageur un guide indispensable , et pour l’homme du monde un livre ins- tructif et amusant. L’Arzas joint à ces deux volumes est composé de cinquante - cinq planches. Elles contiennent un très- grand nombre de figures; on y trouve des édifices an- ciens et modernes, des monumens de toute espèce, des objets d’art, des vues , des sites intéressans , des machines , des instrumens aratoires , des ustensiles, des monnoies , des cérémonies locales, des costumes , et des ‘airs de musique particuliers à certaines circonstances et à certains cantons. Le reste de ouvrage qui complétera l’intéressant ta- bleau de ces belles contrées , paroîtra à la fin de l’année. LD: TABLE DES MATIÈRES. Scrences ET ARTS. Journal de physique, de chymie, d’histoire naturelle, etc. , par M. de la Métherie. 431 Bulletin de la Société d'encouragement pour l’industrie na= tionale. 438 MATHÉMATIQUES. | Jani Fred. van BEEK C'ALKOEN oratio de utilitate disciplinæ mathematicæ. 433 Anruaire des Ponts-et-Chaussées. 174 Planétaire de M, Espiés , de Grenoble. 174 BOTANIQUE. Flora Badensis. Flore de Bade et d'Alsace, par M. C. C: Gmelin, tome II. î 180: Plantes équinoxiales. 18a Flore grecque, du Docteur Sibthorp. 157 GÉOLOGtE. Considérations sur l’origine et l’histoire ancienne du Globe, pat M. de Fortia d’Urban. 444 MiNERALOGIE. Traité élémentaire de Minéralogie, par À. Brongniart. 43% Journal des mines , ou recueil de mémoires, sur l'exploitation des mines, par MM. Coquebert-Montbret, Hauy, etc., etc. 43x Supériorité de l'argent sur le crayon ordinaire , pour écrire sur le parchemin. 4oa Tourbe carbonisée , par M. Singer. 395 HELMINTHOLOGIE. Coquillages des bords de la rivière Savannah, près de White- Bluff, en Amérique. 398 EnTromMozoGie. Nouvelle Méthode de classer les Hyménoptères et les Diptères, par L. Jurine. he. | Table des matières. A71 ZooziTues. Ossemens de Mammouth, découverts près des bords du Mis- souri. 171 Cx YMIE. Chymie appliquée aux arts, par M. Chaptal. 328 L'Ecole du Pharmacien, par M. 7rommsdorff, traduit par M. P. X. ZLeschevin. 182 Recherches physiques et chimiques sur la fabrication de la poudre à canon, par M. J. F. Charpentier Cossigny. 183 PHzxsiques. Expériences faites à a baie d’Udson, sur le vif argent con- gelé. 399 Physique mécanique, par E. G. Fischer. 213 Lecons de physique et de chymie, données à Heidelberg , par M. Æastele. 166 OPTIQUE. ; Optique de M. Goethe. 162 Conducteur de lumière, du docteur Bozzini, examiné par l’Académie Joséphine de chirurgie de Vienne. MÉDECINE. Des causes qui ont modifié la constitution physique et médi- cale, chez les peuples anciens et modernes, par M. Gaillard. 436 Neuvième volume du Médical repository , publié à New- Yorck. 173 Manuel de la saignée , par A. Leroy. 182 ANATOMIE. Cours de Cranologie , par M. Gall. 166 NPA COIN E. Justruction pour la Vaccination, traduite en Islandais, par M. Thorarsen. 169 JuUuRISPRUDENCE, Répertoire des Dispositions organiques et réglementaires du Notariat, par J. C. Tiphaine. 442 Dictionnaire de procédure civile , par À, G. Daubanton. 441 472 Table des matières. Formulaire général des actes ministériels, extrajudiciaires et de procédure , par A. G. Daubanton. 239 PoLice. Réglemens faits dans le pays de Bade, contre les contrefac- 164 teurs. AGRICULTURE. Mémoire sur de nouvelles expériences relatives au claveau, par M. Jouvencel. 183 ComMMERCE. Almanach du commerce, par J. de la Tynna. 437 STATISTIQUE ET GÉOGRAPHIE. Archives historiques et statistiques de l'Allemagne méridionale, publiées à Vienne. 162 Carte du théâtre de la guerre actuelle, comprenant la Prusse, la Pologne, etc. ü par Bonne. 44 Tableau de l'Espagne moderne, par J. G. Bourgoing. 449 Tableau de la ville de Francfort, par M. Biedermann. 167 Géographie détaillée de M. Djurberg. 169 VoyxaAceE. Voyage de M. de Hægmuller dans le Levant. 161 Voyage de M. Morice Arndt, publié en Suède. 165 Nouveau voyage en France, par C. M. Dubois. 197 Voyage de M. Ælaproth, sur les frontières des Tartaries chi- noise et russe. 170 Voyage à la partie orientale de la Terre-Ferme, de l’Amé- rique méridionale , fait pendant les années 1801 , 1802, 1803 et 1804, par F. de Pons. 38 Arrivée de M. de Châteaubriant , à Tunis. 395 Séjour de M. West, à Philadelphie. 172 Voyage dans les départemens du midi de la France, par Aubin Louis Hillin. 468 H1STOoIRE. Histoire d'Irlande, composée par le docteur Vevin. Recueil des traits remarquables de l'Histoire des Suisses, pu- blié par M. Hirsel. 170 Table des matières. 473 Précis historique de l’Assemblée constituante, par J. P. Ra- baut. 446 Grundriss der Geschichte, c’est-à-dire, Principes d’his- toire, etc., par le D. Louis Wachler. 445 Commentarii de bello Germanico , auctore J. C. S.*** 197 Campagnes des armées françaises, en Prusse, en Saxe et en Pologne, en 1806. 198 Ouvrage de M. Meiners, sur les insurrections des étudians qui ont eu lieu dans les Universités d'Europe. 168 ANTIQUITÉS ET AÂRCHÆOLOGIE. Osservazioni che servono ad illustrare l’Epitaño di S. Pita- lino Martire. 459 Galerie antique, ou Collection des chefs-d’œuvre d’architec- ture, de sculpture et de peinture antiques, par MM. Bou- trois et Legrand. 195 Description d’une mosaïque découverte à Lyon, par F. 4r- taud. 456 Antiquités trouvées à Montefiascone. 177 Antiquités gauloises et romaines, recueillies dans les jardins du palais du Sénat; par C. M. Grivaud. 45x Dissertazioni epistolari , etc. ; c’est-à-dire, Dissertations épis- tolaires sur la statue du Discobole , recueillies par Fr. Can- cellieri. 514 Galerie antique, par M. Boutrois. 455 Extrait d’une letrre sur les ruines de différens lieux de la Grèce, par M. Fauvel, sous-commissaire des relations commer- ciales de France à Athènes. 360 HERALZDIQUE. Changemens faits à l’écusson de la Bavière. 163 PALÆOGRAPHIE. .Commentatio, etc. de Hamilton. 219; NÉCROLOGIE RT BIOGRAPHIE Confirmation de la mort de Munco-Parcr. 397 Mort de M. Ravowskx. 474 Table des matières. Notice sur la Vie et les Ecrits de J. J. Oserzin, par F. T: W'inckler. 72 Le Népos français, par A. CHAtEAuNEUr. 447 Histoire du général Championet, par A. CHATEAUNEUF. 199 Galerie historique des hommes les plus célèbres de tous les * siècles et de toutes les nations, par C. P. Landon. 199 Mort de M. le baron DarsErc. 166 Mort de La Rocxerre, comédien du Théâtre Français. 426 Notice historique sur l'Abbé PorqQuET, et quelques-unes de ses Poésies. 241 Eloge historique de François-Wicolas-Eugène Droz. 265 Mort de Madame BrenTano. 396 Notice historique sur M. pe La Lane. 437 Mort du docteur Trovusser. 400 Mort de M. Anrien Kztrs. 160 HISTOIRE LITTÉRAITRE. Séjour de Madame Wiruermine-Muzzenr fixé à Vienne. 392 Nomination de M. Joux au chapitre métropolitain de Vienné. 394 Francois DantEz, nommé Bibliothécaire de S. M. le roi de Naples. 395 Séance solemnelle de l’Université de Copenhague. 392 Prix proposés par la Société royale des sciences de Copen- hague. 393 Prix proposés par la Société d'encouragement des belles-lettres de Copenhague. Ibid. Questions proposées par la Société des sciences , arts et belles- lettres de Mâcon. 195 Académie fondée par le roi de Naples. 395 Séances publiques de la Société d'amateurs de Lille. 207 Prix de poésie proposés par la librairie de M. Corra , à Tu- bingue. 168 Soixante-dix-septième séance de lAthénée des Arts. 201 Accroissement de la ibliothèque royale de Munich. 384 Acquisition de la Bibliothèque de Monsenhor Hasse, faite par l'Université de Coimbre. 171 Correspondant du Missouri, Journal publié à S. Louis. 173 Table des matières. 475 Manuscrits de RecromonTawus envoyés en Russie. Anniversaire de sa fondation célébré par la Société royale des sciences de Gœttingue. ; 38x Prix proposés par la Société royale des sciences de Gœttingue 382 Prix proposés par l’administration établie à Amsterdam, pour distribuer les prix fondés, par feu M.MowwikHorr. 383 Nouvelle organisation de l Académie des sciences de Munich. | Ibid, Distribution des prix de dessin faite par la Société de dessin d'Amsterdam. 158 Questions proposées par La seconde Société de Teyler à Har- lem. 159 Le vrai Hollandois , journal français publié à La Haye. 16r Clôture de l’Académie royale bavaroise de Munich. 163 BIBLIOGRAPHIE. Notice et extrait d’un livre de médecine , par P. Sue. 218 Conrs de Bibliographie, par €. F. Achard. Ibid. Dictionnaire des ouvrages Anonymes et Pseudonymes, par M. Barbier. 30t Publication du Catalogue de la Bibliothèque de Caen, proposée par souscription. 4oo Second supplément à la France littéraire, par M. Ersch. 466 INSTRUCTION PUBLIQUE. Fondation d’un collége près de la Nouvelle Orléans. 172 Ecoles établies dans la Louisiane. 172 MorALE. Le Nestor francais, par J. A. Hillot. 44e Rezicrox. Détails historiques , ou Recueil de pièces sur les divers pro- jets pour la réunion de toutes les Communions chrétiennes, par M. Rabaut le jeune. 184 Discours pour l'anniversaire dû sacre de S. M. l'Empereur et Roi , et de la victoire d’Austerlitz , par M. N.S. Guillon. 139 Discours pour la fête de l'Assomption de la Sainte-Vierge et 476 Table des matières: de la naissance de S. M. l'Empereur et Roi, par le même. Ibid. GRAMMAIRE. Elémens de la Grammaire francaise. 233 Nouvelle Grammaire grecque. 224 Lettre de M. de Guignes à M. A. L. Millin, sur le Panthéon + chinois. 141 LITTÉRATURE ANGLAISE. Les Misères de la vie humaine, par M Beresford. 157 LITTÉRATURE ARABE. Coup-d’æil encyclopédique sur les sciences de l'Orient. 343 Nouvelle édition du Dictionnaire arabe et persan de Richard- son. 158 LITTÉRATURE INDIENNE. Collection des fables de Pidpaï , imprimée au Bengale. 158 LITTÉRATURE GRECQUE. Kritisches Grieschisch - Deutsches - Worterbuch, etc, ; par Schneider. 225 Collection des auteurs classiques grecs, publiée à Amster- dam. 383 Lectiones atticæ, de M. Luzac. 160 LITTERATURE LATINE. Traduction des Epiîtres de Cicéron, par M. Wieland. 162 Anniversaria in memoriam Reipublicæ sacræ et litterariæ, etc. ; a Birerro Tuozracio. 44 Braux-ARTSs. Bustes faits par les Indiens. 398 Notice sur le Musée du Cardinal Borgia, à Velletri. 5 Catalogue des ouvrages qu'il a publiés. 3x Additions. 33 Périclès. De l'influence des beaux-arts sur la félicité publique, par C. d’Alberg. 139 Athæneum, ou galerie francaise des productions de tous les arts, n°. XI, novembre 1806. 139 Le Pausanias français. Salon de 1806. 190 Table des matières: 477, Prix pour les beaux-arts, proposé par la librairie de M. Cotta. 387 Directeur général des Beaux-Arts, créé par S. M. le roi de Hollande, k 159 POÉSIE. Le Contemplateur religieux , par À. Gaude. 2927 La Guirlande de Fleurs. 229 Odes, etc. | 230 Epître à M. Palissot. Ibid. Les Tombeaux de l’abbaye royale de St.-Denis, par M. Treneuil. Lis Ibid. Œuvres de Madame Laférandière. 334 Discours en vers sur les Voyages , par M. J’ictorin-Fabre. 374 Almanach des Muses. 54 Le départ de Lapérouse, par C. J.L. d’Ævrigny. 467 Le voyageur, poème de M. Millevoye. 369 Traduction en vers allemand de Plaute. 162 ” POÉSIE GRECQUE. Homère , grec-latin-francais, par J. B. Gail. air Clef d'Homère , par J. B. Gail. 212 PEINTURE. ae. Etude d’après Ruisdaëls, par M. Hoin. RE 173 Apothéose de Luther ; tableau de M. Hummiel. 169 Tableau d'une scène tirée de l’Ægathon de Wieland, exposé à Berlin. , 169 Tableaux exposés à Philadelphie. 272 Musée de Cassel, envoyé en France. 385 Galerie de tableaux de Salzthalen, envoÿée en France. Jbid. Direction de la Galerie de Munich , confiée à M. Langer. Ibid, Galerie des tableaux de Munich. 334 Paysage oriental exécuté sous la direction de M. Rittner, à l'honneur de Ælopstock. 162 Tableaux historiques peints par M. Æobel. 168 SCULPTURE. Statue de St.-V'incent-de-Paule, donnée par le préfet du dé- partement du Gers aux dames attachées à l'hôpital d’Auch. : 173 478 Table dès matiérés: Exécution d’une statue en bronze, de Joseph 11, confiée à : M. Zauner. 39t io ee a WE me CURE Reconstruction de l'Observatoire du collége de France, dirigée par M. J'audoyer. 176 Projet d’un monument à la mémoire de Ladstee. . .170 Fondation de plusieurs fontaines à Vienne, aux frais du duc © Albert de Saxe Teschen. 391 Paris et ses monumens , par MM. Baltard et Amaury Duval. , 193 Almanach général des constructions civiles de France, pour, Van 1807. 7 195 Théorie de l'architecture grecque et romaine , par L. Lebrun. Musique! Jeunes prodiges en musique dans le pays de Bade. 386 Passage de Lafont à Liège. 400 THÉATRES. THÉATRE DE L'OPÉRA Le Retour d'Ulysse, ballet en trois actes. | | 433. FTéamrnrRe. Fer ANICAIS.\ Théâtre classique ; publié par F. Roger. 467 Rentrée de Fleury. ‘426 Pyrrhus , ou les AEacides, tragédie en cinq actes. 424 THÉéATRE DE L'OPÉRA-CoMIQUE. Joseph. 197 Francois Ler. 427 THÉATRE DE L'IMPÉRATRICE. Le Valet d'emprunt. L 427 L’Avide héritier. 428 Le jeune Médecin, ou l’Inflnence des perruques. Zbid. L’Artiste par amour. 429 Début de Péroud. Ibid Table des matières: 490 THÉATRE pu VAUDEVILLE, Les Filles de Mémoire , ou le Mnémoniéte. 498 Les Amans valets. | da Eoy4g L’Hermitage. Ibid. THÉATRES DEs DÉPARTEMENS, Albertine, drame représenté à Caën. 7 | 12: 593 THÉATRES ÉTRANGERS. Début de None Grassini au Théâtre Français d'A dam. 159 THéaATre Francais De La Have. Représentation de Richard Cœur de-Lion. 161 TRHÉATRE DE ViIEnvxt. Représentation du Tyran de Syracuse, drame de M. Holbein: Théâtre Hongrois établi à Clausenbourg. oh THÉATRE ROYAL DE CoPENHAGUE. L’Hôpital, eomédie, du professeur Sander. 394 MELANGES. Nouveau journal anglais, publié par M. Woodward. 157 Nouveau journal anglais, publié par l’université d'Oxford. Zbid. Mémoires du marquis d’.#rgens. 448 AV ES. FF A dater du r.er janvier 1807; le Bureau pu Macasiw EncycroréniquEe étant transféré À L'ImrrimEr1E Bigriôcra= PHiQue , rue Gît-le-Cœur, n.° 7, c’est à cette adresse que doivent être envoyés , franc de port, les abonnemens , an= nonces , ouvrages, et généralement tout ce qui est relatif à la composition de ce Journal. Il ne sera rien négligé pour qu’à l'avenir , il ne puisse y avoir lieu à aucunes plaintes. Cependant , si quelques-uns de 480 Li Avis MM, nos souscripteurs en avoient à faire, nous les prions de vouloir bien nous les adresser directement, et non autrement attendu que nous avons été à portée de reconnoître que celles qui ont eu lieu par le passé, n’ont été occasionnées que par l'inexactitude ou la négligence de quelques correspondans. Le service des années antérieures nous est totalement étran- ger : si néanmoins quelques réclamations nous étoient adressées relativement à ce service, nous nous chargerons volontiers d’en suivre l'effet auprès de M. Delance, notre prédécesseur. dernes; par M. Gaillard. 438 Ponts et Chaussées. À Annuaire des Ponts et Chaussées. $: Ibid. x Commerce. » Almanach du commerce de Paris ; w par J. de la Tynna. 439 ‘ Arts et Métiers. #5 Bulletin de la Société d’encourage- ment pour l’industrie nationale , n.0 31. Janvier 1857. 44o Architecture. Théorie de l’Architecture grecque et romaine, déduite de l'analyse des monumens antiques; par L. Lebrun. 441 Morale. Le Nestor français ; par J. A. Mil- dot. 44a Politique. ÆAnniversaria in memoriam Reipu- blicæ sacræ et litterariæ ; par B. Thorlacius. Ibid. Dictionnaire textuel , analytique et raisonné du Code de procédure ; par A. G. Daubanton. 443 . Répertoire des dispositions orga- è niques et réglementaires du No- _ . tariat; par J. C. Tiphaine, 444 Géographie. … Carte du théâtre de la guerre ac- tuelle ; par Bonne. | Histoire. - Considérations sur l’origine et l’his- toire ancienne du globe; par M. de Fortia d'Urban. Grundriss der geschichte der ælte- ren mittleren und neueren zeit ; par le D. L. Wachler. 447 … Précis historique de l’assemblée {: constituante; par J, P. Rabaut. 448 Le Népos français; par À. Chateau. “neuf ki Suite de la Table du Numéro chez les peuples anciens et mo-| Tome second de la Compaghe des Armées françaises, en Prusse , en Saxe et en Pologne, en 1806 et 1807. Mémoires du Marquis d'Argens. 450 Tableau de l'Espagne moderne; par J. G. Bourgoing. Br Galerie historique des hommes les plus célèbres de tous les siècles et de toutes les nations ; par k. P. Landon. 452 Antiquités gauloises et romaines ; par C. M. Grivaud. Ibid. Archæographie. Voyage, Dissertazioni epistolari di G, B. Visconti e Filippo Waquier de la Barthe, sopra La statua del Discobolo. 453 Galerie antique, par MM. Boutrois et rent 457 Mosaïque. Description d’une mosaïque décou- verte à Lyon; par Artaud. 458 Monumens chrétiens. / Ossérvazioni che servono ad illus- trare l'epitafio di S. Vitalino, martire, dall avocato Léonardo Adami. 46x Bibliographie. 5]Second Supplément à la France littéraire, par J. S. Ersch. 566 Poésie. Le départ de La Pérouse; par C.y: L. d'Avrigny. 567 Théâtre. Théâtre classique; publié par F: Roger. a Ibid, , Voyage. Voyage dans les départemens du midi de la France; ‘par A. L. Millin. 468 [Lacfrèor, Laërance, Lamarox, LANGLÈS, LEBRUN | Lévercré, Mannon, Menreize, Monecer, Nore, |. SAINTE-CroIxX, SCHWEIGHÆUSER , SICARD, SILVESTRE. EVSacy ; SuanD, TRrAuLzLÉ, Van-Moxs} VENTENAT, ŸVasconri, Usrert, WiLLEeMEr, d’autres Littérateurs.estit *mables ; et de plusieurs Savans que la mort a moisson nés, dont les principaux sont MM. Cavanivges, Daus :8enTon, Desaurr, L'Hrririér, HERMANN, LALANDE, | - Mercier Sainr-Lécer, Osrruin, Virroison, Winck£rn.. : On y insère les Mémoires Les plus importans sur toutes” ‘les parties des Arts et des Sciences ; on choisit principa- lement ceux qui sont propres à en accélérer les progrès, On y:publie également les Découvertes ingénieuses, les Inventions utiles dans tous les genres, On y rend compte des Expériences nouvelles. On y donne un pré- eis de ce que les Séances des Sociétés littéraires ont offert de plus intéressant; une description de.ce que les‘dépôts d'objets d'Arts et de Sciences renferment de plus curieux: + On y trouve des Noûces sur la Vie et les Ouvrages des Savans, des Liftérateurs et des Artistes distingués dont on regrette la perte; enfin les Nouvelles littéraires de toute espèce. : & La correspondance que leRédacteur entretient avec plusieurs Savans étrangers ,'et principalement en Alle- ‘magne; lui procure berucoup de Notices qu’on ne trouve point ailleurs. EN LJ … , ESA Mr - . On s'adresse, pour l'abonnement, à Paris, à M:Dovsrer, à lImprimente BrasiocrAPIQUE , rne Gît-le-Cœur+. jte : Chez la veuve Changuion et d'Hengetn Æ Awsterdam À | chez-Van-Gulik: Bee Fe) À Bruxelles , chez Lemaire” A Florence.;? chez Molini. A : _ “Apr er de Mens chez Fleischer: Fr ER AS cliez Manget! AA À Gènères chez Paschohd, YA Hambourg, chez Hoffmann. .. A:Leipsic, chez Wolf. TA Leyde , chez les frères Murray. * “A Londres, dhez de Boffe, Gerard Strget." A Strä$bonrg, chez Levrault. Ve LaTA Vicine $ cher /Degen: a ES RS À AW esel che Géislerÿ Directeur des Postes. * Ifaut affranclür des lettres: CCECOLECCETCOCE CeCOCCOCECODEPECET EC OC NE G: se ce 5 CSL ELA NI EAN AA Re) SA ts He 1 4+ 47 (US JA an AE ut, A] t +! N \ A AAA Wa RONA CE MC MONE UE , te 4 DONC RSI NN DOCS NE ET tte M 7 04) 4