à B4 NA ir cceccrecre 4 dr M 1807 ). FF réorde| PAR À L MEULIN, Membre de Prost Red Ja Légion. L'Euhsss F JET ES des Médailles des” Pierres : igravé) vset des Antiqués de la EN Bibligthèquedmpéfiäle’, Profésseut Arclwolègie, Membre. À ) de Y'Académie dé Gœttingue ; ele: a 4 PF , barre Bresse race ‘Ph de ce Journal, tant ou Ta que pour les: | ÉpAIemens s PSS FE SE wois mois huis F3 sl dé LR Ê À po CCE "7: # i à J : 0 | nero ur les plus célépres dans chaque be des. dE et de la pero se: soht pla cs ‘D oette entreprise utile,'et Id collection des dix années de Magasin Fncÿolopédique est devenue précieuse PA FA | Ccqu’elle préseuté une réunion deMémoiredintéressans, 2 qui. ne $éouvent pom£l ailleurs, et dont lés Auteurs : ap dune grande réputation. On y trouve en effet, es Dissertätions, des Mémoires, of des Opuscules de © LArisent, "BARBIER, Häkoré, Dé Boccaër; Basr, cæ) IGHAT, Gratuit, Oénvon La Rocnérre, Cuvirr, € sise Drscentrris) ÉSFONTAINES , Dry ie Fox- + 1 Harré,Hauy, ROTe STE ; fs cicee ceeT dvi -2à sd , %. # RU 2 0 hoc @lter rés are 23 Sn Even Mn re PI ANILAS 19 LE oi 18 Table des Articles contenus dans ce Numérd, By : BrBzLIOGRAPHEE., Mithridate d'Adelong, par ar juinais. RES VoYa cr Voyage à la Cochinchine; par Jhon Barrow;traduit par Malte-Brun. "* | PA + RTE +9 Hisroi Traces des idées re AEgyptiens dans la Eva “- Biocrar;, Apologie de Socrate xot; par M. Chara chette. Notice biographique Sastvrpk par J,B.- PoËsix Le Voyageur; par M. de Marseille. AncHÆoLCce Première lettre de M. Co Ÿ> sur l'inscription de Rosé 106 : © ASTRONOMIE Lure de M. Daguila à M, Mil- * din. TorocRArHIE.. Lettre de M. Fauvel sur Athènes, adressée à M. Monges. MéÉLiancss. Notice de quelques lettres origi- nales de Lamonnoye, par M: . Baudot aîné. 143 Voyage en Silésie; par M. Bernar- din de Saint Pierre, 167 Tcwrrarocie Extrait d'un Mémoire surles pièces asseuses de la nageoïre peciorale de: poissons ; per M Geoffroy- D mn 134 ce 136}: + re L Séine- Hilaire ; professeur de” à l'Zoologie au Muséum d'histoire naturelle. AT OR à VanréTÉs , NovvELLxs ET CoRRESPONDANCES LITTÉRAIRES, Nouvelles étrangères, — d'Angleterre. — de Hollande, 186 — de Dannemarck. Ibid. —. de Prusse. ER 189 — du grand Duché de Bade. 190 — du Grand-Duché de Weimar. APE Lo ; 197 — de Bavière. - 193 2 d'Autriche. Ibid. — de Vienne, 193. — de Suisse. Ibid. — d'Amérique. 1 4h94 Nouvelles de France. * Ibid. — de Paris. ? 401 Tuéatngs. L'Auberge de Bagnères. 203 Les has bourgeois. - 204 Le Coureur d’héritage. Ibid. L'Inconnue, où une femme. Arlequin à Alger. 206 Marivaux. Ibid, Livres DIVERS 7" Botanique. Plantes de la France, décrites et peintes d’après nature; par M. Jaume Saint-Hilaire... 207. Médecine. : Vraie Théorie médicale , ou exposé ériodique et développemens de SEEN de Brown, dite de l’in- citation. PÉIE 208 Examen-critique et éclaircissement de la-doctrine Brownienne, com-- | - parée avec le système humoral ; par G. G; Lafont-Gouzi. Ibid, Des monstruosités et bisarreries de + | : VIS Me "3 -205.:. MAGASIN excrcrorÉbique ANNÉE 1807. TOME III. MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE, OU JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES EDDES ARTS; PAR A. L MILLIN, Membre de l'Ixsrirur et dela Lécron d'Honneur, Conservateur des Médailles , des Pierres gravées et dés Antiques de la Bi- bliothèque impériale, Professeur d'Archæologie, Membre de la Société royale des sciences de Gœttingue, de celle de T'urin, de celle des Curieux de la Nature à Erlang , des Sciences phy- siques de Zurich, d'Histoire naturelle et de minéralogie d’Iéna, de l’Académie royale de Dublin, de la Société linnéenne de Londres, des naturalistes de Moscou; des Sociétés d'Histoire naturelle, philomathique, galvanique, de statistique, celtique, médicale d'émulation, de l’Athénée des arts de Paris, de l’A- thénée de Lyon; des Sociétés des Sciences de Rouen, d'Abbe- ville, de Boulogne, de Poitiers, de Niort, de Nismes, de Marseille, d'Alençon , de Caen, de Grenoble, de Colmar, de Nancy, de Gap, de Strasbourg, de Mayence, de Nantes, de Soissons, etc,, etc., etc. ANNÉE 1807. TOME IIl. 1] PARIS, DE L'IMPRIMERIE BIBLIOGRAPHIQUE, rue Giît-le-Cœur. Œu De ajoim RAI TON ae a ar #. . RAD Le: | RER MA LA perde ‘ke Me. L à MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE. LANGUES. Mrruripares oder allgemeine Sprachenkunde; mit dem Vater unser als-Sprach probe, in bey nahe fünfhundert Sprachen und Mundarten von Johann. Christoph ADELunc. MiTHRIDATE, ou Science générale des Langues ; : avec l'Oraison Dom. pour exemple, dans pres de cinq cents langues ou dialectes, par Jean- Christophe ADELUNG , Conseiller aulique et Bi- bliothécaire en chef de l'Electeur de Saxe. Avec cette épigraphe : Alius alio plus invenire potest, nemo omnia: Auson. Première partie , 1 vol. Berlin , 1806, 686 pag., sans la Table synoptique, la Préface, l'Intra- duction , et la Table alphabétique. C ET ouvrage, très-important par son objet ; aussi remarquable par les grandes difficultés, que par le succès de son exécution, a déjà été an- noncé dans ce Journal ( en 1806 , tom. VI , pag. 135 ), avec l'intérêt qu’il mérite ; mais il convient de le faire connoître davantage. 6 Langues, ; Nous (dirons d’abord , au sujet defson auteur , enlevé depuis quelques mois à ses amis et aux lettres, à l’âge,de 95 ans , qu'il fut/un dés savans les plis infatigables’et les plus féconds de toute VAllemagne, si riche dans cette-classe d'hommes; il a excellé dans la partie grammaticale , et s’est distingué dans plusieurs genres différens. Outre son excellent dictionnaire de la langue allemande, aussi utile pour cette langue, que l'est celui de Johnson , pour Vidiôme anglois; outre ses doctes et Re ouvrages, particuliers. sur. la philo- logie allemande » Adelung..a publié des écrits nombreux et recherchés, tant sur l’histoire civile et sur l’histoire littéraire , que sur la philosophie rationnelle, sur la physique et la chimie, enfin, sur la, diplomatique. V. Teutschland Geléhrte d'Hamberger et de Meusel ; article Adelung. Le Mithridates, ouvrage posthume, fruit de quinze années d’un travail assidu , devoit donner des notions générales sur toutes, les langues, et des textes de chacune soigneusement as: l’auteur n’a pu achgyer que ;ce qui concerne les langues de l’Asie-et celles de l'Europe. Cette pre- mière partie, publiée depuis peudemois,comprend les langues de l'Asie, au nombre de 159. La seconde partie.ne tardera, pas à paroître ; elle embrassera toutes les langues de l’Europe: C’est en supposant, que l'ouvrage. soit continué et completté , que l’on pourra, se flatter de pos: séder en ce livre , tout ce que promet le titre, des notions générales sur tous. les idiomes connus; Mithridates 7 et le Pater en cinq cents langues ou dialectes. Aïnsi l’on auroit, en peu de volumes, des ma- tériaux nécessaires pour résoudre le magnifique problème que lPautenr avoit en vue: connoître les caractères et les différences de chaque langue | pour se rendre compte de la marche qu’ont suivi la raison et l'esprit , chez les différentes familles humaines, pour déterminer , avec plus de cer- titude, ou conjecturer , avec plus de probabilité, l’origine des idiômes , et en partie, l’histoire des nations qui les parlent , ou qui les ont parlés. Il paroît cependant qu’outre des vocabulaires ou des essais de vocabulaires en chaque langue ou dialecte , trois secours encore seroient desi- rables pour créer ou rendre complète la science comparative des idiômes de toute la terre. Le premier consisteroit en tableaux fidèles de toutes les intonations et articulations des langues connues. Le second , dans les différents alphabets de ces mêmes langues , exactement dessinés, avec des explications qui énonceroient , qui détermine- roient la valeur de chaque caractère. Le troisième , pour servir comme de contrôle, seroit la connoissance de toutes les intonations et articulations dont l'instrument vocal est suscep- tible. C’est ainsi qu’aux différentes méthodes arti- ficielles , employées dans la botanique, on aïmeroit à réunir les avantages de l’ordre naturel. Mais ces secours , dans leur intégrité , nous manquent , et nous manqueront toujours. | ge Langues . | +: premier et le deuxième , par rapport aux | langues mortes ; parce qu’en général, ces langues ont plusieurs caractères et de voyelles et de con- sonnes, sur la valeur desquels, jusqu'ici, les plus sa- vans n’ont pu s’accorder ; et par rapport à certaines langues de l’orient de l'Asie » Parce que les ca- ractères de ces langues sont Le signes des idées, et nullement des sons, ni des 4 ee et que , prononcés , ils donnent, en chacun de ces idiômes , des mots tout-à-fait dissemblables pour des idées et des signes écrits parfaitement iden- tiques ; enfin, par rapport même aux langues vi- vantes et dont les caractères peignent les intona- tions et les articulations, parce que, de l’aveu conti- nuellement répété par les éditeurs et par les in- terprètes d’alphabets étrangers , sans en excepter le docte William Jones, il est impossible de peindre avec des paroles, la juste valeur de certains carac- tères, l'intonation exacte ou Particulation qu’ils expriment. Ajoutons sur la simple peinture non expliquée des alphabets existans , que cette seule tâche, physiquement possible à remplir , est encore si longue , si coûteuse et si difficile , qu’à vrai dire, nous n’avons encore dans ce genre que des mo- nographies. Le travail est fait avec soin, avec succès , pour quelques idiômes; quant à la gé- néralité des langues connues, iln’existe suèré qu’un seul ouvrage où l’on‘ait prétendu en recueillir les écritures , et ce n’est qu’un essai fort défectueux, dontnéanmoinslesexemplaires sontexcessivement Mithridate: 9 rares : nous le devons à un Anglais. On nous per- mettra d'en mettre ici le titre ambitieux, mais trompeur.Pantographia containingaccurate copies of allthe known alphabets in the world; together with an englisch explanation of the peculiar force or power of each letter; to wich are added spe- cimens of all well authenticated oral languages , forming a comprehensive digest of phonology. By Edm Fry.— London , 1799, 1 vol, grand in-8°, Un Allemand , beaucoup trop livré à son ima- gination , avoit , en 1781, publié aussi une sorte de pantographie ,mais bien plus pauvrement exé- cutée, dans un livre néanmoins curieux, intitulé: Synopsis universæ philologiæ , in quâ miranda unitas et harmonia linguarum totius orbis occulta. . eruitur, adornata à Gothofredo HENSEL10. Norim- bergæ , in-80., 1 vol. Voilà pour les deux premières indications aux- quelles on voudroit satisfaire. La troisième tâche, qui seroit autant du ressort de la physiologie que de la grammaire , est aussi difficile que les deux autres , sous un double point de vue. D'un côté , il semble convenu qu’on ne peut faire connoître par des paroles , c’est- à-dire, par une description claire et suffisante, orale ou écrite, des mouvemens de l'instrument vocal , certains effets très-connus et très-usités de cet instrument si occulte, en grande partie, et tout à-la-fois si compliqué. De l'autre, à ne con- sidérer même les portions concaves et COnvexeés , droites et spirales de cet instrument , que comme 10 Éanguess autant de lignes droites, quél audacieux où quel insensé prétendroit tracer l'échelle de toutes leurs” divisions possibles , classer et calculer tous les effets du concours général ou partiel, et des in- fluences réciproques de toutes ces parties? quel alphabet à inventer pour peindre par des signes simples , tant d'idées nouvelles et si délicates ! quelle inépuisable source de contradictions et de disputes interminables ! déja l’on ne s’entend pas sur la langue mème des anciennes idées. Demandez, par exemple, entre deux articu- lations analogues, D et T , laquelle est la forte ou la tenue , la rude ou la foible ; on vous af- firmera, sans nul doute, que Test la forte ; on citera le président de Brosses , Beauzée , etc. : maintenant , ouvrez l'excellente grammaire grec- que de Port-Royal , et ses nombreux abréviateurs, vous verrez que T est la fenue , c'est-à-dire, l’at- ténuée , la douce ; car cette grammaire ajoute que la consonne qui n’est pas tenue , le devient quand on la prononce trop doucement. Le Roy, dans sa grammaire grecque , décide nettement aussi que T est la douce ; et pour achever le tableau , une docte grammaire grecque tout ré- cemment imprimée , vous apprendra que tenue est synonyme de forte. Sur ce point donc, et sur beaucoup d’autres, les idées et la langue sont encore à faire ou à fixer. Nouvelle preuve , bien superflue, decette vérité fréquemment oubliée , et sans cesse confirmée par l'expérience ; que l'esprit humain partout est Mithridates 14° forcé,de reconnoître ou son impuissance ; où sa foiblesse, ou son incertitude. Nous trouvons, en matière d’alphabet, qu'il est réduit, surtout quand il veutembrasser diverses langues ; à se contenter souvent d’approximations , de probabilités , d’hy- pothèses ; heureux s’il pouvoit toujours éviter la contradiction et l’erreur. On verra donc sans étonnement que le savant auteur du Mithridate ne s'est point mis en peine d'employer des caractères exotiques ; ni même d’approprier à son but, par des additions né- cessaires , l'alphabet romain, le seul qu’il emploie. Il a cru que cet alphabet , prononcé à l’alle- mande ; comme il le dit, suffit à rendre passa- blement, pour son objet , ziemlig , comme 1l dit encore , la valeur de tous les alphabets étran- gers. On trouvera , peut-être, que c’est là se contenter d’une: approximation trop éloignée : l'alphabet romain , quant on renonce aux lettres. exotiques , Convient mieux , sans doute , pour faciliter quelque comparaison des langues entré elles, que l'alphabet russe , par exemple ; car le premier domine sur les peuples de la terre les pluséclairés; maisilne procurera que des notions incomplètes ou inexactes des langues étrangères, nombreuses , importantes , et qui , la plüpart, ont des sons «et des articulations propres, telles que. l’alphabet romain ne peut servir à les ex- primer. Il faut pour peindre fidèlement ces langues avec les lettres de l'alphabet romain, ajouter à cet alphabet quelques nouveaux caractères , comme 19: Langues: les savans de l’Indé pour écrire le samserda ; quand ils négligent d'employer les caractères Devanagari ; ajoutent certaines lettres aux al-: phabets de leurs bhashä ou langues vulgaires, parce que le samscrda est généralement plus riche en sons, en intonations que les bhashä. M. de Volney a proposé l'alphabet romain enrichi, amélioré , pour écrire les langues de l'Asie: voyez sa Méthode nouvelle et facile d'ap- prendre les langues arabe , persane et turque. Paris, 1795 , in-8°. Cette idée heureuse peut réussir par le concert des savans ; elle épargneroit aux Euro- péens bien du temps et des peines. On est convenu pour la chymie d’une langue toute nouvelle ; est-il plus difficile de convenir , pour certaines langues , d’un alphabet déjà tout connu en très- grande partie, et qui, avec le temps, pourroit devenir l’alphabet universel de la terre ? Quoiqu'il en soit de cette imperfection qui ré- sulte, dans le nouveau Mithridate , de l'emploi exclusif de l’alphabet romain , dépourvu des ad- ditions nécessaires à la comparaison des langues, nous convenons , avec plaisir , que ce livre est singulièrement riche de faits relatifs à cette com- paraison , et qu’il sera très-utile , même à ceux qui possèdent les ouvrages de ce genre les plus nouveaux. Ille sera sur-tout aux voyageurs ha- biles, qui voudront se procurer un bon guide dans leurs recherches sur les idiômés des pays qu'ils au- ront visités, Les auteurs qui se sont occupés de l'étude F* Mithridate. 13 comparative des idiômes , se partagent en deux classes, sous le point de vue de la methode qu’ils ont employée dans le choix de leurs exemples. Les uns ont publié des vocabulaires polyglottes de certains mots choisis ; les autres ont mieux aimé recueillir et présenter des textes suivis en chaque langue. Parmi les vocabulaires , on citera longtemps, comme d’utiles et brillans phénomènes , comme -de magnifiques monumens littéraires , le Vocabu- lario poliglotto , et V’Arithmetica delle nation du savant ex- jésuite espagnol, Laurent HERVAS, publiés en Italie, vers la fin du dernier siècle. On citera non moins honorablement le Voca- bulaire polygloite de 150 mots choisis, repré- sentés en 200 langues d'Asie et d'Europe, ou- vrage ordonné dessiné, par la fameuse Cathe- rine 11, composé par le professeur PALLAS , mal- heureusement ‘en langue et en caractères russes, publié à Petersbourg, in-4°.,2 vol. , et sur lequel nous avons de M. de VoLney, un si intéressant Rapport fait à l'académie celtique , imprimé à Paris, l’an dernier. Il est regrettable que cet excellent rapport ne soit relatif qu’à la première édition du livre, à celle de 1787, et que dans tout Paris on n’ait pu rencontrer, ni même citer alors, la seconde édition de ce lexique polyglotte , publié pour la seconde fois à Pétersbourg , en langue et carac- tères russes, en 1790, in-4°., 4 vol., par l’au- trichien Jankiewitch de Mxiewo. Elle est dansune 14 Langues: forme plus commode que la première ; et contient l'addition précieuse de 130 mots dans les langues connues d'Afrique et d’Amérique. La plupart des écrivains comparateurs des lan- gues, ont préféré de publier, au lieu de mots indépendans, un ou plusieurs textes, et particu- lièrement des versions de l’oraison dominicale. . M. Adelung, qui, après avoir discuté dans sa préface les avantages et les inconvéniens des deux méthodes, a préféré la seconde, a rédigé à part une bibliothèque raisonnée de ces derniers au- teurs, qui forme un utile appendice de ce pre- mier volume du Mithridate. Ce morceau curieux finit par la notice de la magnifique polyglotte-du Pater en 150 langues , publiée.en 180b, avecles caractères exotiques, à l'imprimerie Impériale, sous la direction de M..MaArcEL, pour être offerte au pape Pie vit, pendant sonséjour à Paris. Notre auteur fait connoïtre dansson appendice l’autre polyglotte semblable , qui est la:/plus riche, mais toute en lettres romaines; om la doit encore à HERvAS ;ce livre est intitulé: Sagÿio prattico delle lingue, con prolegomeni ,, .e ur raccolta di orazioni dominicali, in pix di 'tre- cento lingue e dialetti , Cæsena , 1782: 4°. Adelung a saisi l’occasion pour rendre compte de plu- sieurs autres ouvrages d'Hervas, en particulier de son Vocabulario poliglotto, en 154 langues; et de son Catalogo delle lingue conosciute, € notizia della .loro affinità e diversità. Il ne cite du Catalogo, que l'édition italienne , tandis qe Mithridate. ,15 cet ouvrage à été refondu et augmenté par le savant auteur, en espagnol , et DD à Madrid, ‘1800 — 1805, 4°. 6 volumes. Les quatrième , cin- quième et sixième , contiennent sur Ja langue ibe- rique, qui a occupé une partie de l'Italie, la Gaule méridionale, l'Espagne et le Portugal, et sur la langue celtique, des recherches sé étendues. Ilest bien à desirer que le docte Hervas, achève ce livre important, sans doute le plus digne de rivaliser avec le nouveau Mithridate, et où l’on trouve déjà ce qui regarde les langues mortes et vivantes de l'Asie , de l'Amérique et de l’Europe, à l'exception du grec , du latin et de leurs dérivés. On voudra bien nous permettre encore d’ex- primer un vœu analogue: puisse le savant CHRIST. Théoph. de Murr, parvenir à mettre au jour la Bibliotheca glottica universalis , dont il s'occupe depuis 5o ans, et dont il a publié l’intéressant conspectus ; en 1804, à Nuremberg , 8.0 32 pages ! Adelung, dans son Mithridate, ne se borne pas à recueillir des versions du Pater; il a le mérite difficile et unique d’en donner aussi des analyses grammaticales , et quand les Paters lui manquent, des versions d’autres morcéaux, tout au moins, de légers essais de Glossaires. Il rassemble des notions géographiques et his- ‘toriques sur les peuples dont il fait connoître les langues ; il expose les caractères les plus re- marquablesdistinctifs de chaque idiôme principal ; 11 discute avec autant de briéveté que d’érudition, ‘16 ® Langues. les points d'histoire ou d’antiquité les plus re- marquables concernant les langues, ou même leurs écritures propres ; il donne sur les idiômes de l'Asie , et de ses îles si nombreuses, une biblio- thèque d’alphabèts , de grammaires et de dic- tionnaires , beaucoup plus étendue que celle de Marsden, toujours savante (1) et utile, et cepen- dant quelquefois si nous osonsle dire, un peu défec- tueuse, ou par manque de choix, ou par des omissions remarquables. On voit avec satisfaction que les ouvrages de nos savans français, qu'il a dû trouver sur sa route, ceux des Silvestre dé Sacy , des Langlès, des Volney , des Bougainville , etc. , lui sont bien connus, et qu'il sait leur rendre justice. Il faut, lire dans l’ouvrage même, une introduc- tion intéressante sur la formation et le perfection- nement des langues. L'auteur fait profession de ne suivre aucune opinion particulière sur leur origine. Il recueille, il classe des faits ; il laisse à ses successeurs le soin périlleux de les systématiser. Cependant, il compte fort légèrement, p. 22, (1) Vill Marsden Catalogue of Dictionaries, Focabularies , Grammars and Alphabets. London, 1796, in-4°., 1 vol. Il nous a été permis d'examiner cet ouvrage et beaucoup d’autres, quine se trouvent pas ailleurs, dans le plusriche Muséum de France, en livres modernes ou nouveaux ; de littérature étrangère, de toute langue et de tout genre, dans le cabinet de M. Lanciës, de ce savant généreux, si empressé à communiquer aux gens de lettres et ses rares connoïissances et son magnifique dépôt lit- téraire. Le Catalogue de Marsden est remarquable par des in- disations étendues sur la langue celtique. Mithridate. 17 des milliers d'années innombrables, depuis la création de l’homme ; p. 5 — 24, il renouvelle et s'efforce de justifier l'hypothèse, qui place dans le beau pays de Cachemire la première station de cette famille qui survécut au déluge ; et il s'occupe d’abord des langues io tan comme de- vant être présumées les plus anciennes, Ce sont les langues de la Chine et du Tibet, d’Ava ou du nouvel empire des Birmans, du Pesu, du Ton- quin , de la Cochinchine, de Camboye, de Laos, et du royaume de Siam. De là il passe aux langues polysyllabiques ; d’abord à la langue maladie, qui domine dansles îles innombrables de la mer du sud, puis à V’an- tique Samscrda et à ses nombreux dialectes vi- vans, aux idiômes Mede et Persan, aux langues appelées Sémitiques par beaucoup de savans de nos jours, et qu'on désigne communément ; dans un sens spécial, sous le nom de langues orientales. Viennent ensuite les langues de l'Arménie, de la Géorgie , du Caucase, de l’immense Tatarie, de tout le nord de l'Asie, enfin des îles à l’orient et à l'occident de l’Asie, des îles méridionales des Indes et de celles de la mer du sud. est dans cet espace qu’il trouve et qu’il décrit ou indique cent cinquante-neuf langues ou dia- lectes. Les bornes de cet extrait, déja bien long , ne nous permettent pas de suivre l’auteur dans ses détails sur chaque idiôme. Nous pourrons y re- venir dans quelques extraits particuliers. Tome III. Mai, 1807. a L 18 Langues. Encore deux observations. L'auteur s'étend avec une complaisance dont les savans lui sauront gré sur le Samscrda et ses dérivés , qui couvrent les deux vastes presqu’iles des Indes Orientales, etc., et qui ont des analogies si curieuses et si frappantes avec le chaldaïque , avec l’ancien et le nouveau persan, avec le cel- tique, le grec et le latin, en général avec la plu- part des langues de l'Europe. Il donne en 26 pages un petit glossaire du Sams- crda, où se trouvent pourtant certains mots qui semblent n’appartenir qu’à quelque bhasha ; et ce glossaire est d'autant plus intéressant, que tous les mots y sont comparés avec les mots analogues d’autres langues de l’Asie et de l’Europe. Enfin, pour terminer par où ilauroit fallu peut- être commencer , mous remarquerons sur le pre- mier mot du titre que l’énigme n’en est pas difficile à deviner, quand on se rappelle ce qui est dit du fameux Mithridate, qu’il parloit en 22 idiômes différens; quand on sait que le célèbre Conrad Gesner donna autrefois le titre de Mithridate à un petit livre bien remarquable, quand il parut, à un essai comparatif des langues, qu’on auroit dû jadis réimprimer , et dont voici l'indication exacte : Mithridates, de differentiis linguarum, tum veterum, tum quæ hodie apud diversas na- tiones in toto orbe terrarum in usu sunt, obser- vationes. Tiguri , 1555 ,in-8.° | J. D. LANJUINAIS. DE 0 TS D EE om mn VOYAGE. V’or AGE à la Cochinchine, par les Isles de Madère, de Tenériffe et du Cap Verd, le Brésil et l’Isle de Java, contenant des renseignemens nouveaux et authentiques sur l’état naturel et civil de ces divers pays ; accompagné de la relation officielle d'un voyage aux pays des Boushouanas , dans l’intérieur de l’ Afrique australe ; par Jhon Barrow, membre de la Sociétéroyale de Londres ; traduit de l’anglais , avec des notes et additions , par Marre-Brun ; avec un atlas de 18 planches , gravées en taille- douce, par Tardieu. À Paris ,chez Buisson, Libraire, rue Gît-le- Cœur, n°. 10, 1807, 2 vol. in-8°. Hbiviaée de M. Barrow, sur la Chine, a déjà placé son nom parmi ceux des plus célèbres voyageurs , et peut faire présager le succès de la traduction de son voyage à la Cochinchine ; cette traduction faite par un jeune littérateur , dont les travaux précieux et utiles sur la géogra- phie, jouissent d’une estime méritée, doit acqué- rir un intérêt fort au-dessus de celui de loriginal même, par les savantes observations dont elle est accompagnée et les articles nouveaux dont elle est enrichie. Dans une courte préface M. MALTE - BRUN Voyage. expose le plan de son travail, il fait des reproches fondés à son auteur , sur la partialité qu'il a manifestée contre les Français, et la rigueur déplacée avec laquelle illes traite, mais lui-même en repoussant une injuste aggression, n’est pas exempt du défaut qu'il réprouve ; les matières d'histoire, de littérature et dérudition, doivent être traitées avec un ton modéré, et l’aigreur n’est bonne à rien. | Nous verrons, en avançant les changemens heu- reux que le traducteur a faits à l'ouvrage original ; le chapitre premier traite de l'ile de Madère, l’auteur étant parti de Londres le 26 septembre 1792, y arriva peu de temps après. Il‘parle du phénomène, des sous-courants qui portent les eaux de la méditerrannée dans l’océan, c’est le sujet d’une note interressante du traducteur ; 1l décrit la baye peu sûre de Funchal, par laquelle il a abordé dans file. M. Malte-Brun réfute très- bien la prétention des Anglais, d’avoir décou- vert les premiers l’ile de madère en 1344; cette dé- couverte est réellement due aux Portugais , les dé- tails que M. Barrow communique sur le site de l'ile, sa population , les mœurs des habitans, la culture des vignes et le commerce des vins, deviennent en. core plus instructifs par les notes et les additions de M. Malte Brun : celles qu'il a faites à l’article de la Flore de madère , sont les plus importantes, parce que cet article est très-foiblement traité dans louvrage Anglais. M. Barrow donne la description et la figure d’une chapelle cons- Voyage. 21 truite avec des crânes humains dans le couvent des Franciscains; M. Malte-Brun auroit pu ajou- ter qu'il est présumable que ces bizarres édifices sont du goût de tous les Franciscains Portugais, car ceux d'Evora en ont un semblable qui a été aussi décrit et figuré par M. murPHY dans son voyage en Portugal. Le traducteur a fondu en un seul chapitre lescha- pitres 11 et 111 de l'original , qui traitent avec assez de détails de Teneriffe , et en passant des îles du Cap Verd, principalement de Sant-lago , et il n’a conservé que ce qui est digne d’attention. En effet , l’Essai de M. Bory SAINT-ViNcENT sur les îles Fortunées , nous laisse peu de chose à appren- dre sur Teneriffe. La description que l’auteur fait de son voyage au Pic dans la plus mauvaise saison est très-piquante. Tout ce chapitre réduit ainsi à cequ’il contient de neuf est intéressant. Les notes principales de M. Malte-Brun portent surla Flore de Teneriffe, sur la population de cetteile, la hau- teur et la description du Pic, le commerce des vins; elles sont extraites des ouvrages de CLAvI- co, et de MM. la BiLLARDIÈRE et Bory SAINT- VixcenT, M. Malte-Brun annonce à cette oc- casion qu’il a composé une dissertation où il réu- nit dans un ordre chronologique, les passages des anciens relatifs aux îles Fortunées, Hespe- rides , Gorgones , et autres atlantiques. Il est à desirer qu’il puisse la publier. M. Barrow a fait un séjour assez long à Rio- Janeiro ; il a vu cette capitale du Brésil avec beau- 22 Voyage: coup d’attention ; c’est pourquoi M. Malte-Brun s’est contenté de traduire ce chapitre sans y rien changer , et sans l'accompagner d’aucune remar- que. M. Barrow donne une description curieuse et animée de ce beau mouillage, de ses riches campagnes, de ses bords pittoresques, du port, de la ville de Rio , ou plutôt Saint-Sébastien ; son magnifique aqueduc est figuré dans l’atlas. M. Barrow décrit amplement le jardin public Passao publico, les beaux quais pavés de granit et les fontaines publiques. Tout ce que l’auteur raconte sur les mœurs et la manière de vivre des habitans est instructif et satisfaisant. s M. Malte-Brun a joint à ce chapitre une petite Description de Rio-Janeiro, d’après une relation allemande qui n’avoit pas encore été traduite ; son auteur est M. LANGSTEDT, qui a publié en 1789 un Voyage dans l'Amérique méridionale. On y trouve quelques détails curieux. M. Barrow avoit donné des observations sur le Brésil; M. Malte-Brun, peu satisfait de cet arti- cle, quoiqu'il soit très-supérieur à celui de la Géographie de M. PINKERTON , a composé un Mé- moire complet, d'après tout ce qui a été écrit sur cette belle et riche contrée ; il détermine d’abord sa position, l’époque de sa découverte, dont il recherche et fixe les auteurs, l’étymologie de son nom ; il suit le cours de ses grandes rivières, l’Amazone, le Tocantin, et des fleuves qui portent les noms de Saint-François et de Saint-Pierre. 11 traite ensuite des principales productions du pays Voyage: 23 et parle de son-elimat ; il donne un abrégé de sa Flore , une indication de ses animaux ; il passe à la division duterritoire et à la description particulière de chaque gouvernement. En parlant de celui de Pernambüco, 11 trace une histoire intéressante dela république , que quelques esclaves rebelles avoient formée à Palmarès. I] passe ensuite à des consi- dérations politiques, et traite des lois, du com- merce, de l’esclavage , puis il discute l'opinion de M. Barrow sur la possibilité d’une révolution qui rende le Brésil indépendant. L’original anglais recommence par le récit d’un voyage chez la nation des Boushouanas ; ce morceau est le dernier dans le livre de l’auteur, l’ordre géographique et la disposition topogra- phique ont exigé que le traducteur le plaçät ici. Ce voyage a été'entrepris par M. SOMMERVILLE, chi- ‘rurgien en chef de la garnison, et M. TRUTER, membre de la Cour de justice. M. Barrow en a seu- lement rédigé la relation ; on y trouve des détails curieux sur les Bosjesmens, qui sont les sauvages les plus malheureux du monde, et sur la route qui conduit du Cap au pays où ils demeurent. Nous ne citerons pas les divers lieux indiqués , parce qu’il faudroit avoir sous les yeux la carte inté- ressante où ils sont tracés; delà ces voyageurs s’avancent chez la Tribu qui habite le pays de Kora , et chez celle des Boushouanas ; ceux-ci jouissent de plus d’aisance , leurs maisons sont assez bien bâties ; leur ville, appelée Litakou, est traversée par une grande rivière ; ils se 24. «Voyage. livrent à la culture de quelques plantes léou- mineuses et céréales ; ils ont beaucoup de dou- ceur et paroissent heureux : ils doivent être re- gardés comme ayant déja franchi les bornes qui séparent l'homme sauvage de l’homme civilisé. Les voyageurs furent malheureusement déterminés par Mouleyhaban , chef des Boushouanas, d'aller visiter une autre peuplade appellée les Barrolous ; ceux-ci paroissent encore plus civilisés que les Boushouanas ; ils ont une ville plus populeuse et assez belle ; ils savent sculpter le bois et l’ivoire, et ce peuple n’est éloigné de Litakou que de deux journées de marche. Le pays des Barrolous est encore vierge pour le voyageur Européen qui seroit tenté d'étendre ses découvertes en Afrique. Nos voyageurs revinrent par la même route qu'ils avoient suivie pour aller à Litakou, et ils firent plusieurs observations d’histoire naturelle , particulièrement. sur la géologie : ils se détour- mèrent ensuite, ün peu vers le nord-ouest, et arrivèrent au village. de Pataney où résidoit un chef Boushouana , Serakoutey , frère de Mou- leyhaban. Ils reprirent encore leur premièreroute d’où ils ne se détournèrent que pour:visiter un village des Koras, sur les bords de la rivière Orange. L 50 » Cette tribu, dit M. Barrow , avoit l’air , au » premier aspect, d’être fort riche en troupeaux, » amais ils se plaignirent d’avoir beaucoup souffert » toutrécemment d’uneexcursion spoliatrice d’un » certain voleurappelé Africaaner ; ils craignoient “# Toyage: 25 fort qu'il ne leur fit de nouvelles visites, d'autant » plus, qu’on leur avoit dit qu'il venoit d’en- rôler dans sacompagnie, une foule devagabonds » de toute espèce qui avoient trouvé le moyen de » s'échapper des mains de la justice , dans diffé- rentes parties de la colonie. Cette horde de brigands déterminés , avoit recruté depuis peu un scélérat d’une espèce si extraordinaire , que Von ne sera sans doute pas fâché de voir ici un fragment de son histoire. Cet homme, appelé Stéphanos, étoit né dans la Pologne ; cepen- dant il étoit d’origine grecque , et sortoit des rangs d’un des régimens enrôlés en Allemagne , dans lequel il avoit complété son temps de service. Il s’étoit procuré une certaine aisance au Cap , en servant de commis à un marchand en boutique, chez lequel il fut tenté d’exercer ses talens à contrefaire le papier monnaie du Gouvernement , entreprise dont l’exécution exigeoit infiniment d'adresse. Car la carte est d’abord imprimée en Hollande, y est recouverte avec un papier peint d’une sorte toute parti- culière ; les chiffres et les valeurs sont ensuite remplis par un fonctionnaire public du Cap, et chacune de ces cartes est signée de trois membres de la Cour de justice, qui mettent chacun leur paraphe bien connu dans toute la compagnie. Cependant tout cela fut si bien » imité par Stéphanos , que son faux papier eut » cours pendant quelque temps ; mais à Ja fin la supercherie fut découverte, Stéphanos 26 Voyage: » fut traduit devant les Tribunaux ; condamné à mort et jeté dans une prison solitaire , en attendant le jour de son exécution. Dans cette » situation critique, son génie Anventif ne l’a- » bandonna pas ; avec le foible secours d’un ELEC NY, 9 © EL y Y % ÿ » clou rouillé qu’il trouva dans le mur , et d’un petit bout de table sur lequel il monta , il fit peu-à-peu un trou carré dans le plancher de bois de tek de 3 pouces d'épaisseur , qui, avec un peu de plâtre , formoit la couverture de cette chambre , et il s’évada par ce trou. L'on a présumé que pour éluder les soupçons de son géolier , ilavaloit tous les matins la pous- sière ou le sciage qu’il avoit pu faire en perçant ce bois pendant la nuit , et qu’il remplissoit les trous de la planche avec des croutes de pain. Ayant passé les frontières de la colonie sans avoir été découvert ni aucunement inquiété , il se rendit à l’établissement de M. Kicherer, sur la rivière Sack. Après avoir fait une his- toire assez plausible , et avoir dit qu’il sesentoit appelé par la voix irrésistible de la grace à prècher l’évangile chez les infidèles.; il fut reçu à bras ouvert par le digne , mais trop crédule missionnaire , qui cepen- dant, comme on en peut juger par son propre rapport, eut bientôt sujet de se repentir de son hospitalité mal placée. Il paroît que le » Grec conçut l’horrible dessein d’assassiner son » hôte, pour s'emparer du peu qu'il possédoit ; » dans ce dessein, il se glissa une nuit dans la Voyage: 27 > chambre du missionnaire, et déjà il étoit près » de son lit, lorsque celui-ci, qui fort heureuse- » ment étoit éveillé, et qui, d’ailleurs avoit quel- y ques soupçons sur les mauvaises intentions de » cet homme, s’élança de son lit, et se jetant » sur lui au milieu de l'obscurité, lui reprocha » son ingratitude , et avec un courage et une » grandeur d’âme vraiment dignes d’un chrétien, »1l le renvoya sans lui faire le moindre mal, » lorsqu'un seul mot eut suffi pour que ses fidèles » domestiques le missent en pièce. Il lui donna » de la viande et du tabac pour faire le voyage, » une pierre et un briquet pour allumer du feu, » un peu de poudre à canon et une bible qu'il lui » recommanda surtout de méditer avec une sé- » rieuse attention. Mais les bonnes intentions du » missionnaire furent étrangement méconnues » par le vagabond, dont le caractère n’étoit pas » moins singulier par sa subtilité que par son »atrocité. Il paroît qu'il lut effectivement la » Bible; mais les connoissances qu’il y puisa ne » servirent qu’à l’exécution d’un dessein pervers. » À son arrivée chez les Koras , il s’annonça » comme un prophète, les assurant qu'il étoit » envoyé de plusieurs milliers de milles, exprès » pour leur prodiguer des consolations et leur » enseigner le chemin du bonheur. Il bâtit un » temple près d’un épais berceau de Mimosa, » et y éleva un autel sur lequel il engagea ce » bon peuple à faire des offrandes de leurs meil- » leurs bœufs et de leurs moutons les plus gras. 28 Voyage: d . r L3 » Il brûloit avec beaucoup de solennité , une »partie de la victime et s’approprioit le reste. » Quelquefois se prévalant des orages et des dé- » bordemens subits des rivières ; 1l devenoit plus -» exigeant dans ses demandes, et il.trouva même »-fort commode d’enjoindre de lui amener de » jeunes filles dans le temple. Il porta encore » plus loin ce jeu dérisoire de la religion. Il y » avoit, à quelques distances de.ce bois, une: > montagne extrêmement élevée, où ce grand » prêtre, d'une religion qu'il avoit lui-même » forgée, gravissoit régulièrement chaque matin, » toujours seul ; quelquefois on le voyoit sur » le sommet enveloppé d’un nuage de fumée » qui provenoit des herbes sèches, auxquelles » il mettoit le feu, ou d’une trainéé qu’il faisoit » avec de la poudre à canon; il gravissoit cette » montagne, disoit-il aux Hottentots crédules , » pour recevoir les instructions du ciel. Mais la » vérité étoit qu'indépendamment de l'intention » qu'il avoit d'en imposer à la‘ simplicité des » Koras, il escaladoit le sommet de cette mon- » tagne d’où l’on découvroit à une distance im- » mense dans la plaine du sud, pour s'assurer » si les officiers de la justice n’étoient point à sa » poursuite, ce dont les charriots qu'il eùt vu » de loin, l’eussent averti assez à temps pour ».s’échapper. » Les missionnaires de l'Evangile ayant enfin » étéinstruits de ces menées impies, résolurent de » saisir ce nouveau grand-prêtre, s’il étoit possi- » » - Voyage, ‘29 ble, et de le livrer entre les mains de la justice ; mais le rusé imposteur ayant été instruit de leur dessein , abandonna son temple et son troupeau pour fuir vers la côte occidentale du conti- nent , où il fut reconnu tout près des frontières par un paysan hollandois, qui le fit prisonnier, et auquel il disait qu’il avoit effectivement l’in- tention de se rendre, parce qu’il vouloit s’aller livrer lui-même au Cap. Le paysan lui ayant permis de dormir dans son propre charriot, il en témoigna une certaine nuit sa reconnoissance à son hôte, en lui coupant la gorge avec un » rasoir; puis il s’enfuit sur les bords de là rivière » Orange, où il se joignit à linsigne voleur » Africaaner. » Ainsi, selon toute apparence, si le zèle et les soins des missionnaires ne l’eussent pas décou- vert et déjoué, cet infâme voleur, par ces me- nées impies, eut réussi à établir une religion nouvelle et mixte, moitié hébraïque, moitié » grecque, dans laquelle, comme le Pater Deo- s rum, le nom de Stéphanos eût pu, après des » siècles, commander le respect et la vénération » » chez les Hottentots ignorans. Et à quelles dis- cussions savantes sur l’origine de ces peuples la découverte d’unereligion si hétérogène n’eût-elle pas donné lieu? Tel est donc le danger d’être » égaré, auquel s’expose la multitude irréfléchie, > » >» si une fois elle abandonne les. coutumes et la croyance deses ancêtres, pour se livrer à l’impos- ture d’un homme artificieux et entreprenant ». Jo Voyage. Enfin nos voyageurs regagnèrent le Cap, après bien des fatigues, bien des peines, mais après avoir fait des observations intéressantes. Cette partie de l’ouvrage de M. Barrow est terminée par trois additions importantes du tra- ducteur. 1.0 Un Mémoire sur les établissemens à former dans le voisinage des Boushouanas. M. Malte-Brun en détermine l’emplacement dans la baie de Lagoa. 2.° Mémoire sur l'existence de la Licorne. M. Malte-Brun fonde seulement son opinion sur les témoignages historiques. Le célèbre Pallas soup- çonne aussi que la licorne a pu exister, et c’est également le sentiment de M. Sparmann. M. Malte- Brun établit, par des passages très-curieux, tirés des voyageurs les plus récents, que cet animal n’est point imaginaire. On le voit figuré sur les rochers de Camdebo et de Bambos. Un chasseur appelé Gerard Szinc, a déclaré en 1791 en avoir tué un à trente journées du Cap, et il offre d’en rapporter une peau si on veut la lui payer le prix d’un voyage de soixante jours en charriots de bœufs. C’est une proposition qu’on devroit ac- cepter. 3.° Lettre au traducteur sur le second voyage en Afrique, par M. LEVAILLANT, et sur ses courses parmi les Boushouanas ; on a fait à M. Levaillant deux reproches , le premier, d’avoir fait composer sa relation ; le second , d’avoir fait des récits infi- dèles ; et M. Barrow dans ses voyages en Afrique, Voyage. 31 s’est montré un des plus redoutables antagonistes du célèbre voyageur français. La première im- putation tombe d’elle-même. On sait que M. Le- vaillant , se défiant de son talent pour écrire, a emprunté la plume de son ami M. VARON ; mais il n’y a rien là que de naturel, et qu'importe celui qui a écrit les faits, pourvu qu’ils soient vrais. Le second reproche est plus grave, on pré- tend que M. Levaillant n’a pas fait les cour ses lointaines dont il donne la relation ; l’au- teur de cette lettre veut défendre son ami, il prouve qu'il a parlé de la rivière Orange , et des Boushouanas , mais d’une manière peu exacte, cela ne viendroit-il pas à l'appui de ceux qui pré- tendent que M. Levaillant n’a rapporté que les récits faits par quelques Hollandais à leur gou- vernement. La manière dont l'auteur de cette lettre repousse cette accusation n’est point heu- reuse , il termine en disant au surplus linté- » ressante peinture que Levaillant nous trace de » la bienveillance, et des autres vertus pacifiques, » des Hottentots et des Cafñffres de l’intérieur est » conforme à ce que d’autres observateurs impar- » tiaux ont affirmé. Il paroît seulement qu’en dé- » crivant ses combats contre les animaux féroces, » il a trop cherché à embellir des aventures qui, ….» en elles-mêmes, peuvent être vraies. Il auroit pu * » se dispenser de nous peindre les charmes de sa » gonaquoise , et les énormes fesses des femmes » Houswanas ; les uns et les autres paroissent 32 Voyage: » exagérés : plaignons, mais ne calomnions point * un voyageur qui, en écrivant, se propose le » but d’amuser cette foule d’oisifs qui lisent les » romans, les mélodrames et les recueils d’anec- »-dotes. » Cependant, si un voyageur écrit pour amuser des oisifs, si pour leur divertissement il mêle à quelques détails veridiques une foule de contes ridicules , ne convient-il pas de ranger son voyage dans la même cathégorie que les romans histo- riques qui ne peuvent être lus que par des gens très-instruits , et encore il est plus difficile dans les voyages que dans les romans historiques , de dis- tinguer les limites entre l’erreur , le mensonge et la vérité. Il est donc plus simple alors, de traiter le voyageur comme les menteurs qui ne sont pas crus même quand ils disent la vérité , et nous craignons bien que ce ne soit véritablement le cas de M. Levaillant. M. Barrow reprenant la description de ses pro- pres voyages, nous donne des détails curieux sur lesîles de Tristan d'Acunha et d'Amsterdam; au sujet de cette dernière , le traducteur fait une observation utile et intéressante ; 1l prouve que l’auteur s’est trompé en prenant l'Île de St.-Paul pour celle d'Amsterdam , ce qu'il dit de l’une doit donc s’entendre de l’autre ; cette erreur étoit d'autant plus nécessaire à relever , qu’elle s’est propagée sur les cartes Anglaises. L'ile St -Paul paroît être du nombre de celles qui se sont for- mées par une éruption volcanique. On y remarque Voyage: 33 “eñcore ün large cratère , et on distingué en lui les flammes et l’épaisse fumée qui s’en exhalent. M. Barrow raconte ainsi la triste avanture de quelques malheureux qui avoient été abandonnés sur cette plage. » Si la fumée et les feux d'Amsterdam avoient excité notre curiosité , la vue de deux ou trois créatures humaines qui courroient sur lerivage, à l’approche de nos vaisseaux , dans un coin de terre si affreux, si éloigné de toute autre, » excepté dela petiteile de Saint Paul, nous causa encore un bien plus grand étonnement. En des- cendant à terre , nous trouvâmes cinq hommes » très-mal habillés, et d’un extérieur fort dégou- tant ; trois d’entre eux étoient François , et deux Anglois. Leur chef étoit un François nom- mé Perron, qui nous dit qu’il y avoit environ s cinq mois qu’ils avoientété débarqués dans cette île , par un petit vaisseau parti de l’île de. France, dans l'intention de préparer une car- _gaison de veaux marins pour le marché de Chine; que le temps étoit extrêmement mauvais lors- qu'ils débarquèrent , et qu’il continua à être affreux pendant 4o jours, au point qu'ils ne purent avoir decommunication avec leur navire qui , à la fin de cette tourmente , mit à la voile ,et continua son voyage à Nootka-Sound; qu’ils n’attendoient pas son retour avantun an, et qu'au moyen de ce qu'il avoit été poussé inopinément loin de la côte, ils étoient restés * manquant de toute espèce de provisions , à l’ex- Tome IIT, Mai, 1807. 3 34 Voyage: » ception d’un peu de biscuit et de riz, mais que fort heureusement ils avoient trouvé jusque-là » des ressources abondantes dans les différentes espèces de poissons , d'oiseaux et d'œufs, qu’ils assaisonnoient avec de l’huile fraîche de veaux marins, en guise de beurre. Ils habitoient tous dans une misérable petite hutte, aussi sale et aussi incommode que celle d’un Hottentot , et encore étoit-elle entourée de tous côtés de car- casses de veaux marins et de lions de mer. Les oiseaux , disoient-ils, avoient un très-grand goût de poisson, auquel ils s’étoient cependant » accoutumés par une longue habitude ; le Pétrel » bleu et le Canard brun étoient ceux qui avoient le moins ce mauvais goût. Ces pêcheurs avoient » une appréhension continuelle de voir le scorbut se déclarer parmi eux, parce qu’ils ne faisoient usage d'aucune espèce d’aliment végétal, qui put corriger les humeurs qu’ils supposoient devoir être nécessairement produites par une nourriture composée de poisson et d'huile. En effet , l’on pourroit regarder comme une grande preuve de la salubrité de ce climat , que cinq hommes qui vivoient ensemble depuis 5 mois, dans un si triste état , n’eussent été atteints d'aucune espèce de maladie. Ils avoient déjà pré- paré 8,000 peaux environ , et espéroient s’en procurer encore 20,000 autres avant le retour de leur navire. » Comme chacun d’eux avoit un très-grand intérêt dans cette opération , ils ne manifes- RS IS SSP ES RE IE Voyage: 35 tèrent pas la moindre envie de quitter cette île avant que leur but ne fut entièrement rem- pli. Nous leur laissâmes un peu de vinaigre et quelques pommes de terre ; nos jardiniers en plantèrent aussi dans les endroits où la terre paroissoit avoir plus de fond. » Ces pauvres aventuriers, ainsi que nous en avons été informé depuis, éprouvèrentuicontre- temps très-dur pour toute récompense de tant # de peines et de fatigues qu'ils s’étoient donnés, EUX EE SX Y dans l’espoir de faire fortune. Pendant que nous étions dans les provinces septentrionales de la Chine, le Lion, à son passage à Canton, ren- contra leur petit navire ; et comme la nou- ‘velledes hostilités entre la Franceet l’An gleterre étoit déjà parvenue à Canton, il fut capturé comme propriété française , et vendu sur les lieux. Un an après l’expiration du temps fixé pour son retour à Amsterdam , ces pauvres malheureux n’entendant point parler de leur navire ; pensèrent qu'il s’étoit perdu , et ré- solurent de s’embarquer sur le premier vaisseau qui visiteroit cette île. Le hasard voulut que ce fût un vaisseau américain ; dont le capitaine les prit à son bord ; avec leur cargaison de peaux, à condition qu'il auroit une certaine partie du produit de la vente de ces marchian- dises. Ce digne Américain cirigla vers la Nou- velle-Hollande ; y débarqua ces malheureux ; et fit voile vers le marché de Chine , avec la cargaison de peaux, en laissant les propriétaires 36 Voyage: » sans réssourcés. Telle est du moins l’histoire » que l’on nous raconta au Cap de Bonne-Es- » pérance. L'auteur avoit consacré un chapitre à l'ile de Java, et un autre à Batavia : son traducteur les a réunis, et on y trouve des particularités très-pi- quantes sur la manière de vivre des hollandois dans cette riche et insalubre colonie. M. Barrow dit que les hollandoïs désignent les mois par leurs productions , qu’ils ont le mois des foins , le mois des fleurs , etc. , et à ce sujet il rappelle le calen- drier républicain des français. M. Malte-Brun fait sur cela une remarque curieuse. » Ce ne sont ni les Hollandois ni les François qui ÿ ont inventé les noms du calendrier républi- » cain, c’est Charlemagne. Voici ce qu’en dit » l’historien de ce monarque : Mensibus etianz » jaxtapatriam linguam vocabula imposuit Janua- » rium appelavit svinter-manoth (mois d'hiver ); » februarium, Aornung (sens incertain); mar- 5 tium, lenz-manoth (mois de printemps); apri< » Jeum, oster-manoth (mois de Pâques); maium, > wunne-manoth (mois de joie ); junium , prach- » manoth (sens incertain); julium, Aeu-manoth » (mois de fenaison) ; augustum , arn-manoth » (mois des moissons) ; septembrum, Aerbst-ma- » noth (mois d'automne); octobrum, 4yn-manoth » (mois de vendange); novembrum , wind-ma- » noth (mois de vent); et decembrum, heïlig= » manoth (mois sacré) ». Eginhart, vir. CAROL. Magni, cap. 29. Voyage. 37 Les détails qüe M. Barrow donne sur les mœurs et les usages des hollandois à Batavia, sont tout à fait singuliers ; il décrit leur bizarre vêtement, leur sale toilette et leur voracité d’une manière très-piquante. Le traducteur ajoute à ces détails un tableau du faubourg Chinois de Batavia, tiré principa- lement des lettres de M. de WurMm8, en alle- mand , Gotha, 1794. Il y a des choses curieuses sur les dieux et sur les fètes des Chinois, et prin- cipalement sur cette insurrection prétendue, qui fut cause qu’en 1740 plus de 12,000 furent massacrés. Le traducteur a composé un mémoire très- étendu, dans lequel il a fondu ce que l’auteur avoit dit de l’ile de Java, et il y a joint les no- tions les plus intéressantes qui nous ont été four- nies par Valentyn, Stavorinus, Hurmb, Man- nevillette, la Billardière et d’autres voyageurs; il décrit d’abord le sol et ses productions, sans oublier le Bohon-Upas, sur lequel on a débité tant de contes , d’après la relation de M. Froesch, que j'ai fait connoître le premier dans mes Mé- langes de littérature étrangère (1). Il donne ensuite une description topographique de la contrée, et parle de ses mœurs et de ses usages. Nous voici parvenus à la partie la plus curieuse de l’ouvrage de M. Barrow , celle qui traite de la Cochinchine. Il commence par raconter la, {r) Tom. 1, p. 63. 38 Voyage. singulière révolution que ce pâys éprouva en 1774. Rien de plus intéressant que le récit tracé par M. Barrow de l’histoire de la dernière révolution de la Cochinchine. Trois frères, l’un marchand, l’autre prêtre, le troisième guerrier , avoient em- ployé leur argent, leur influence, leur talent mi- Ltaire pour détrôner leur souverain et usurper l'empire. L'un d’eux s’étoit solidement établi à Tunkin. Un généreux missionnaire avoit réussi à sauver le fils du roi légitime; il le conduisit en France , où le jeune prince conclut avec Louis xvr, au nom du roi son père, un traité qui pouvoit avoir de grands avantages pour les Français. Le jeune prince ne reçut pas à son retour dans l’Inde tous les secours qui lui avoient été promis; cepen- dant ceux qu'il obtint, joints aux efforts que firent ses amis, réussirent à faire rétablir sur le trône le roi fugitif. Il n’y a rien de plus tou- chant que le récit des soins constans que s’est donné le Père Adran pour réussir dans cette belle entreprise, et son généreux dévouement mérite d’être proposé pour modèle à tous ceux qui se disent les amis des rois. ce Caung-Sshung rétabli sur le trône de ses pères, ne songea qu’à s’y faire chérir par ses ver- tus, et à s’y maintenir par sa prudente énergie; aidé des conseils de son fidèle ministre Adran , il a fait les réformes les plus utiles dans toutes les parties de l’administration. Ce prince peut être comparé pour le génie et l’activité à Pierre I , et _ Voyage. 39 son ministre Adran à Lefort. Adran est mort vivement regretté de son maître, et Caung-Sshung continue à faire le bonheur de ses sujets. M. Barrow donne des notions très-instructives sur les mœurs et les usages de la Cochinchine, dont on avoit jusqu'ici que peu de connoissances, puisées dans ce que M. Poivre en a écrit, et dans les lettres de quelques missionnaires. Nous ne pouvons suivre l’auteur dans tous ces détails. M. Barrow décrit les danses, les spectacles , les fêtes des habitans de Turon. Ce peuple, qu’on peut regarder comme une colonie de Chinois, a conservé beaucoup de traits qui décèlent son origine ; les cérémonies , les mariages, les pro- cessions, les fêtes funéraires , les repas, les jeux, ont beaucoup d’analogie. Cependant , quoique les caractères d'écriture paroissent les mêmes, les deux peuples ne s’entendent pas. A la différence de l’habillement des Chinois, celui des Cochinchinois est extrêmement rac- courci ; 1ls sont toujours nu jambes, et ordinaire- ment nu pieds. Ils n’ont point la tête rasée. Dans la Cochinchine, on croit Le sexe le plus foible né pour les occupations qui exigent non la force du corps, mais l’industrie la plus persévé- rante. Les Cochinchinoises président à la construc- tion et à la réparation de leurs murailles de terre, dirigent les manufactures de vaisselle de terre cuite, conduisent les barques sur les rivières, et portent les marchandises au marché ; elles écos- sent et épluchent les cotons; elles en font du fil, le 40: | Voyage. tissent, le teignent de différentes couleurs, et en fa- briquent des habits pour elles et pour leur famille. Au labourage et à la construction des vaisseaux et des barques dont les hommes seuls s’occupent, ils joignent deux autres genres de travaux, la pèche, et la recherche des nids d’hirondelles et des biches de mer; les femmes sont chargées de tout le reste. Quoique de même qu’en Chine, le système de morale soit fondé chez les Cochinchinois, sur lee préceptes de Confucius, cependant ils n’ÿ sont pas fort respectés. En Chine ces préceptes sont exposés, avec affectation, en lettres d’or, dans toutes les maisons, dans les rues et dans les lieux publics : ici on les voit rarement, et l’on n’en parle jamais. Quand ils sont récités, c'est dans la langue originale que les Cochinchinoïs n’enten- dent pas, et il leur seroit fort difficile de les tra- duire. La conduite du peuple, en général, dans la Cochinchine, ne paroît pas plus soumise aux principes de la religion qu’à ceux de la morale. Les Cochinchinois sont comme les François, tou- jours gais et parlant sans cesse; les Chinois tou- jours graves, et affectant de penser. Les premiers sont d’un caractère ouvert et familier, les autres sont serrés et réservés. Un Chinois regarderoit comme une bassesse de confier une affaire impor- tante à une femme. Les Cochinchinois regardent les femmes comme les plus propres aux affaires : elles sont d’ailleurs aussi libres et aussi gaies que les hommes; bien loin que les Cochinchinoises Voyage. At. soient privées comme en Chine de la liberté ou de l’entier usage de leurs membres, elles en jouis- sent dans la plus grande extension. Par une con- tradiction singulière , en même-temps que les Cochinchinois ont une grande confiance dans leurs femmes pour la conduite des affaires, ils n’attachent aucun prix à leur chasteté et à leur honneur, parce qu'ils les regardent comme des êtres dégradés dans lopinion publique, et infé- rieurs par la nature aux hommes; de là naît chez elles le sentiment intime de leur peu d’impor- tance, sentiment que partagent avec elles leurs maris ; aussi ne pourroit-on trouver dans aucune partie du monde, plus qu’aux environs de Turon, - des femmes dissolues et des hommes commodes. Ces observations ne sont pas bornées au commun du peuple, elles s'appliquent également aux pre- miers rangs de la société. Il n’y a rien de prévenant dans le caractère ni dans l’extérieur des Cochinchinois. Leurs femmes ne doivent pas avoir de prétention à la beauté; toutefois ce qui leur manque de charmes réels, est compensé par un air de vivacité et de gaîté, tout l’opposé de la sévère et triste figure des ré- cluses chinoises. On chercheroit envain dans la Cochinchine un maintien agréable qui appartient autant à l’éducation et au sentiment , que la déli- catesse des traits et la fraicheur du teint tiennent à l’aisance de la vie, et aux soins qu’on prend pour ne point exposer sa figure à l’ardeur du soleil et aux intempéries de l’air, 42 Voyage. Quoique la ville de Turon ait été autrefois la principale place de commerce entre la Cochin- chine, la Chine et le Japon, on n’y retrouve au- cune trace qui indique une ancienne opulence. Les plus belles maisons n’ont jamais qu’un étage; elles sont en bois et en briques sechées au soleil; les murailles des villes sont construites avec des matériaux légers et très-imparfaits, et disparois- sent bientôt sous une rapide et forte végétation d’arbustes. Le pays abonde en toutes sortes d'animaux, excepté en moutons; peu de gros bétail, beau- coup de cochons, de chevaux, et une grande quantité de canards et de poulets. Les Cochin- chinois mangent du chien comme à la Chine, et les grenouilles font partie de leur nourriture ordi- paire. La mer offre autant de ressources que la terre à ces peuples et à tous ceux qui avoisinent. les côtes. Outre un grand nombre de poissons qui Jui fournissent d’excellens alimens , la plupart des espèces de vers qui appartiennent au genre des mollusques , et les plantes marines qu’on appelle Jucus saccharinus et chinchon font partie de leur nourriture. Ils recueillent aussi beaucoup de pe- tites plantes charnues et succulentes qui se trou- vent ordinairement dans les marais salans et sa- blonneux ; ils les font bouillir en soupe ou en étu- vée avec le riz, qui au fait est pour eux la base de la nourriture. Ils ont l’art de tirer de ce grain une espèce de vermicelle d’une transparence par- faite. Voyage. 43 Les Cochinchinois peuvent à-peu-près compter sur deux abondantes récoltes de riz, l’une en avril, l’autre en octobre. Toutes les parties du pays produisent des fruits en abondance, outre d'excellentes ignames et une grande quantité de patates. Il ne paroïit pas que leurs petits trou- peaux leur fournissent beaucoup de lait, mais ils n’en font guères usage, pas même pour la nour- riture de leurs petits enfans ; ces innocentes créa- tures sont très-nombreuses à Turon et semblent y jouir d’une excellente santé. Jusqu'à l’âge de sept à huit ans ils vont absolument nus. Il pa- roît qu’on les nourrit surtout de riz, de cannes à sucre et de melons aquatiques. M. Barrow vit dans ce pays plusieurs plantations de cannes à sucre et de tabac ; le suc des premières après avoir été en partie rafiné et mis en gâteaux est en- yoyé à la Chine. Il ressemble, par la couleur, l'épaisseur et la porosité, aux rayons de miel- Le tabac est consommé dans le pays, car tout le monde sans distinction d’âge ni de sexe à l’ha- bitude de fumer. L'aspect du pays ne présente que de foibles traces d'agriculture ; les arts et les manufactures y languissent; les habitations n’ont que des meu- bles d’une construction grossière ; cependant les nattes sont tressées très-ingénieusement en différentes couleurs. La vaisselle de cuivre fondu égale en qualité celle de la Chine; mais la po- terie de terre est très-inférieure. La plupart des poignées d’épées des officiers sont d’argent , et Les ouvrages en filigrane valent ceux de la Chine 44 Voyage. Au reste, on ne remarque chez les cochin- chinois, comme chez tous les peuples de l'Orient, aucune amélioration progressive dans l’état des arts. Il faut néanmoins excepter l’architecture navale, où ils excellent singulièrement, quoi- qu’ils y soient peu favorisés par la qualité et la grandeur des bois. Leurs galiotes de plaisance Sont d’une beauté remarquable. La solidité de la construction , la richesse des ornemens en sont également remarquables. Pour les navires mar- chands, les propriétaires considèrent beaucoup moins la vitesse de la marche des navires que la sûreté des marchandises qu’on y dépose. C’est que ces bâtimens ne devant jamais être employés comme vaisseaux de guerre, une vitesse extra- ordinaire pour la poursuite, ou pour la fuite n’est pas une qualité bien essentielle. M. Barrow a placé à la suite de ce récit , un mémoire sur les avantages des relations commer- ciales avec la Cochinchine ; le traducteur en a donné d’autres sur la fertilité naturelle de la Ço- chinchine, et sur quelques unes de ses productions précieuses. — Sur un voyage des Hollandois au royaume de Laos, et aussi sur le Bohon-Upas : le tout est terminé par une ample table de matières. Nous résumerons en disant que cet ouvrage de M. Barrow est très-curieux et très-intéressant , mais qu’il a beaucoup acquis par les soins que son habile traducteur a pris pour le commen- ter. Il seroit à desirer que toutes les traduc- tions qu’on nous donne, fussent traitées de la même manière; mais plusieurs traducteurs , au lieu de lents DE ee En. 2 Voyage. 45 corriger les fautes de l'original, défigurent le sens et publient des erreurs fatales pour les sciences: c’est que pour bien traduire, il ne suffit pas de connoître la langue dans laquelle est écrit l’ou- vrage auquel on s’attache , il faut encore bien connoître les matières dont il traite , et pour traduire des voyages , il faut avoir desconnois- sances aussi variées que pour faire soi-même ces voyages avec intérêt et avec fruit. Tout cela s’est rencontré dans M. Malte-Brun , à qui nous ne reprocherons que l’aigreur de ses critiques, quoi- qu’elles puissent paroître motivées par les viru- lentes sorties de l’auteur Anglois. Le libraire n’a rien épargné pour ajouter à l'agrément de cet ouvrage : l'Atlas, composé de dix-huit planches , présente différentes cartes to- pographiques, telles que le port de Raya , dans Vile de Saint-Ilago ; la ville et le port de Rio- Janeiro , l'Afrique australe , cartes très-intéres- santes ; plusieurs de ses édifices , tels que la chapelle des cranes à Madère , le grand aqueduc de Rio-Janeiro ; la grande Eglise de Batavia, beaucoup d’autres planches offrent des costumes, des modes et des usages; on y voit une femme de la tribu des Hottentots-Kora , un village des Boushouanas ; des Boushouanas , homme et femme ; un Javanois , un soldat Cochinchinois, un grouppe de Cochinchinois occupés à jouer; une scène d'opéra cochinchinois , des navires co- chinchinois | une offrande des premiers fruits au _ Dieu Fo, il y a aussi des plantes enluminées, le- Mangoustan , et le Ramboutan. A. L. M. HISTOIRE. SPuREn Ægyptischer religionsbegriffle in Sicilien und den benachbarten inseln ; c’est-à-dire : TRACES des idées religieuses des Ægyptiens dans la Sicile et dans les isles voisines ; pat Frédéric Muwrer, Docteur et Professeur en théologie à l’'U- niversité de Copenhague, et Membre du Collége des missions de S. M. le roi de Dannemarck. Prague, 1806, chez Haase ; in-8°, , avec deux gravures. de savant auteur de cette dissertation , l’avoit adressée à la société Royale des sciences de la Bohème, par laquelle il avoit étéadmisau nombre de ses membres; elle sera imprimée dans les mé- moires de cette compagnie. Comme la publication des recueils des sociétés savantes, éprouve quel- ques fois des retards et des lenteurs. M. Münter s’est décidé à la faire imprimer séparément , en attendant la publication des mémoires de l’aca- démie de Prague. Si l’auteur du voyage du jeune Anacharsis n’avoit pas pris le mème parti, le monde littéraire seroit encore jusqu’à présent privé de sa savante Dissertation sur une ancienne ins- cription grecque , ( connue sous le nom de Marbre de Choiseuil ), relative aux finances des Athéniens; qui sait même si le manuscrit ne se seroit pas perdu. j Ægyptiens en Sicile: 47 M. Münter fait d’abord l’observation que les religions des anciens , quoiqu’en général elles aient été nationales, que par conséquent le culte public , les idées religieuses du peuple, et même celles de la partie plus éclairée de la nation, se soient adaptées plus ou moins aux lois parti- culières , aux mœurs , aux usages, et aux localités du peuple qui suivoit cette religion, il n’en devoit pas moins arriver souvent que par suite des guerres et des conquêtes, ou par le commerce et les co- lonies , par la communication des arts et des sciences, les idées religieuses d’un peuple ont été introduites chez ses voisins , et même quelquefois chez des nations assez éloignées. C’est ainsi , dit- il , que sans doute l’antique culte des astres s’est répandu, avec les premiers élémens des sciences, de Babylone en Phænicie, si toutefois les Phæ- niciens n’ont pas déjà adopté le culte du soleil à une époque plus reculée , lorsqu'ils habitoient encore les bords de la mer rouge. Beaucoup de traditions grecques sont incontestablement d’ori- gine phœnicienne ; et même les contrées les plus éloignées de l’orient ont eu quelqu’influence sur les peuples qui ont habité les bords de la Mé- diterrannée : le Dionysos des grecs est d’origine indienne , et dans les temps où la domination du roi de Perse s’étendoit jusqu’à la Méditerrannée et à la mer Ægée, la doctrine de Zoroastre a évidemment exercé quelqu’influence sur les ado- rateurs des divinités grecques et asiatiques, sans cependant répandre parmi eux les principes du 48 *Histotre. Théisme sur lesquels elle étoit basée. D’après cela , dit M. Münter , il n’est pas étonnant de trouver hors de l’Ægypte , des idées religieuses ægyptiennes, et de rencontrer plusieurs traces du culte des Ægyptiens, même dans des contrées dont au premier coup d’œilon ne conçoit point comment . elles ont pu avoir des rélations avec l'Egÿpte. Sans parler des temps les plus reculés , ni de ceux où l’Ægypte fut gouvernée par les Ptolémées, et devint plus tard une province romaine, M. Münter borne dans ce mémoire , ses recherches aux temps depuis Psamméticus, jusqu'aux pre- miers Ptolémées , période pendant laquelle la religion des Ægyptiens paroît s'être repandue vers J'occident. L'histoire , autant que nous la connoissons par les écrits qui nous sont parvenus de l'antiquité, pe nous fournit pas , 1l est vrai , des notions sur ce point; mais quelques monumens de Part et quelques inscriptions rendent cependant cette æpinion vraisemblable. Ces monumens nous font voir que dans les îles de Mélita ( Malthe) , de Gaulos et de Cossura, situées près des côtes de Ja Sicile , et qui ont reçu des colonies Phœni- ciennes où Carthaginoises , le culte de plusieurs divinités Ægyptiennes a existé dans un temps re- culé, simultanément avec celui des divinités in- digènes ; ces mêmes monumens nous apprennent encore que certaines idées religieuses des Ægyp- tiens ont pénétré même dans la Sicile , et surtout dans la ville de Catane , située au pied de l'Ætna. ZEgyptiens.en Sicile: 49 Aprèsces observations préliminaires, M. Miünter faic l’énumération des monumens de l'antiquité sur lesquels il les fonde. 1.° Beaucoup de médaillés en bronze de l’île de Malte, offrent d’un côté une tête de femme avec la légende MEAITAION. MEAI. ou bien seulement ME: et encaractères rétrogrades NOIATIA4M. Sur quelques- unes de ces médailles, la tête est évidemment coiffée à l'Ægyptienne ; sur d’autres, la coiffure Ægyp- tienne est remplacée par le voile Grec. Mais dans toutes, la figure a sur le sommet de la tête un or- nement d’origine Ægyptienne qui représente la fleur du Lotus. Parmi ces médailles iln’yen a qu’un petit nombre qui offre une tête d'homme avec une chevelure boùclée, dont la forme et le dessin se rapprochent du bel art, mais qui conservent encore ‘ J’ornement de la fleur de Lotus. Au revers dé toutes ces médaillés on voit une figure d’homme nu, ayant quatre aîles, et posant un genoux par terre ; sa tête est coiffée d’une mitre , et dans ses deux mains il tient un fouet ou un sceptre formant un angle à son extrémité, ou bien un bâton recourbé (1). 2.9 Des médailles en bronze, qu’on trouve très: fréquemment dans l’île de Gozo, près de Malte; et qui selon toute apparence lui appartiennent, offrent d’un côté une tête de femme coiffée d’un voile et quelquefois d’un diadème; pour revers , elles ont la figure d’Osiris placée entre deux fem- (x) Voy. Torre MvzZA, Siciliæ veteris numi; Panormi, 8015 pl. 92 , où plusieurs de ces médailles sont figurées. Tome III. Mai, 1807. 4 50 ‘Historre: mes qui s’avancent vers lui, et qui d’une main lui présentent une patère, et tiennent de l’autre un sceptre recourbé par un bout. En haut on voit trois caractères qui ne sont pas encore expli- qués (2). Plusieurs autres de ces médailles offrent d’un côté la même tête de femme; et au revers, une tête de bélier avec les mêmes caractères (3). Sur d’autres, on lit le mot BASIAISEAZ autour de cette même tête de femme. Sur d’autres enfin, on voit les trois figures dont il vient d’être question, et on y lit le nom dIAISTIAOZ (4). 3.° Il nous reste de l’île de Cossura des médailles qui offrent d’un côté une inscription Phéni- cienne ( probablement le nom de cette île), et de l'autre la figure de nain, qui se rencontre sou- vent sur les monumens Ægyptiens (5). Sur d’autres, ce nain se voit des deux côtés de la médaille, et quelquefois le sistre en occupe le champ (6). Une médaille inédite en argent , que M. Mün- (2) Voy. Saggi di dissertazionti academiche dell! Accad. di Cortona, t. 111, p. 89 (Rom.1941); — Philosophical Tran- sactions , vol. zx, pl. v, fig. 4. (Londres, 1971.) (3) PEzzERIN, Recueil, t. m1, pl. civ, fig. 2, parmi les médailles de Malte. (4) Philosophical Transactions, vol. 1x, pl. v, fig. 1. (5) Neumann, Populorum et regum numi veteres inediti. Vindobon., 1983, t.11, pl.1v, fig. 11 — 14. (6) Ibid. fig. 10. Sur une médaille semblable du cabinet de M. Münter, on voit dans le champ le sistre. ( Aucune de celles du cabinet Impérial de France n’offre la figure du sistre )- Ægyptiens en Sicile: br fer conserve dans son cabinet , et qu’il a fait graver à la suite de ce Mémoire, offre d’un côté cette même figure de nain tenant un bâton re- courbé, et au revers il y a un bœuf. (Le cabinet impérial de France n’en a pas de semblables ). Quant aux médailles de Catane, M. Münter en cite une en bronze, offrant d’un côté une tête barbue coiffée de lauriers et de divers autres ornemens, et au revers le mot KATANAIQN autour de la figure d’Isis, couronnée de lotus, et tenant: dans la main un sceptre auquel touche un des monogrammes qui se voient fréquemment sur les médailles de Catane. Devant.elle est un enfant nu coiffé du lotus, et dans une attitude suppliante a dans le champ est un sistre (7). … Une autre médaille semblable à cela près que l’ornement de la tête est moins barbare » qu'il n’y a pas de monogramme auprès du sceptre , et que L enfant placé auprès d’Isis est vêtu (3). . Une médaille en bronze, offrant d’un côté les têtes conjuguées d’Isis et Lip (9). Ces différentes figures ont toutes le caractère Ægyptien. M. Münter ajoute encore à cette OCCa- sion les observations suivantes : Les habitans de Melita (Malte), adoroient deux divinités ; l’une étoit Hercule, le dieu du com- - merce des Tyriens, dont la figure se trouve sur les médailles de Tyr, sur celles de plusieurs de (7) et (8) TorrEemuzzA, Siciliæ veteres numi;pl. xX11, £g. Auctariumi1, Panorm., 1789, pl. 111 , fig. 3, (9) TorREMUZZA, pl. xx, fig. 1. 52” ‘Histoire, ses cofoniés, entrautres de Gades; l’autre étoit Junon, dont le temple est cité par Cicéron (10), comme un sanctuaire antique que Verrès osa le premier dépouiller de ses trésors et de ses ouvra- ges de l’art. On ne sera pas étonné de trouver le calté dé Junon chez les Phéniciens, lorsqu'on voudra $e rappéler que les Grecs et les Romains étoïent dans l'usägé dé comparer les divinités étrangères avec celles qu’ils adorbient et de les désigner par lès noms de cellés auxquelles ils donndient eux-mêmes ‘dés attributions sembla- bles. C’est ainsi qu'ils changërent en Hercule le diéu du commerce des Tyriens, qui sans doute devoit aussi être une divinité guerrière, parce que la navigation et le commerce de ces temps étoient presque toujours liésavec la piraterie. D’As- tarte ou Astoreth, la reine du ciel des Syriens et des Phéniciens ; ils firent de mème l'épouse du père des dieux et des hommes. M. Münter croit reconnoître cette J unôn sur les médailles de Gau- los. Elle porte le voile ; sur quelques-unes elle a le diadème ( 1), ce qui la rapproche de celle des Grecs. Le revers offre évidemment une représenta- tion Ægyptienne ; ;ony voit deux prêtresses offrir un sacrifice à Osiris. Les trois caractères qui sont au-dessus des figures, ont été regardés jus- qu’. a présent comme Phéniciens par tous les anti- quaires qui en ont donné différentes explications. M. Münter pense plutôt que ce sont des carac- dl Voy. Saggi di Cortona, 1. 111, p. 89. (11) Zn verrem oratio IV. Ægytiens en Sicile. 53 tères Ægyptiens comme le sont les figures. « Leur » forme du moins, ajoute-t-il, ne s’oppose pas à » cette opinion, car les deux derniers de ces ca- » ractères se trouvent sur des bandelettes de » momies (12), ainsi que dans des inscriptions » Ægyptiennes gravées sur la pierre (13), et le » premier se voit fréquemment sur les papyrus » publiés par M. Denon (14) ». Sur d’autres médailles de Gaulos on voit la tête d'un bélier, et l’origine Ægyptienne de ce sym- bole paroîtra assez vraisemblable pour ceux qui se rappellent qu'Amum, dieu des Thébéens, appelé Ammon par les Grecs, étoit représenté avec une tête de bélier (15) dans le sanctuaire principal qu’il avoit dans POasis (16). M. Münter passe ensuite aux médailles de (12) Cayzus, Recueil, t.1, pl. 21, 22, 24, 26. (13) Voy. les inscriptions du mont Sinaï, dans Pococxe, Description de l'Orient , 1. 1, pl. 54, f. 30; pl 55, f. 76, et la lettre de M. AkergrAD, sur l'Inscr. de Rosette; Paris, 1802, pl 2. / (14) Voyage de M. Denon, pl. 125, 136, 138; Caylus, Re- cueil,t.1, pl. 22. (15) Herovor 11, 42, 1v, 181. Dans la procession sculptée sur un mur du temple d’Osymandias à Thébes, la divinité por- tée dans le bateau sacré, a une tête d'homme ; mais lafproue et la poupe du vaisseau sont ornées de têtes de bélier. 7oy.Pococxes. Descr. de l'Orient, 3, pl. xzur. | (16) À Siwas, voyez ce que Browx et HornEMANx disent sur l’état actuel des ruines du temple d’Ammon. Dans un mémoire lu à la Société royale des sciences de Copenhague, et dans une dissertation imprimée en 1801, dans le journal danois, ïn- titulé Minerva, M. Münter a établi que ces ruines sont vé- ritablement celles du temple d’Ammon. ‘ 54 ENISIOITEs | | ‘ile de Cossura. Plusieurs ont d’un côté une lé- ._ gende Phénicienne dans le champ, et de l’autre, la figure du petit nain qui se voit souvent sur les monumens Ægyptiens (17). Voici donc une réu- nion de mythes Ægyptiens , Phéniciens et Grecs, des temps les plus reculés; « car, ajoute-t-il, on _& sait que le culte des Cabires a été fondé par & les Phéniciens dans la Samothrace (18) ; quant « aux Cabires, ils sont évidemment d’origine « Ægyptienne, ainsi qu’on le voit par les noms « des trois premiers, dont on ne peut donner « une explication satisfaisante qu’au moyen de « la langue Ægyptienne (19); Phthas, l'esprit du « monde étoit regardé par les Ægyptiens, comme « le huitième et le plus grand des Cabires (20). Le « Sistre, qui se voit dans le champ de l’une de « ces médailles désigne aussi une origine Ægyp- « tiennne ; on pourroit en dire autant du Bœuf, & qui indiqueroit Apis, Mnevis, où Onuphis ? » Sur les médailles de Malte, dont la légende est Grecque, et qui paroissent d’après cela être moins anciennes que celles de Gaulos et de Cos- sura , on remarque des indices évidens , des idées réligieuses des Grecs. On y voit Isis avec la (17) Voyez entr’autres, le voyage, de M. Dewow , pl. cxvar. (18) Recherches historiques et critiques , sur les mystères du Paganisme, par M. de Saivte-Croix, page 26. — Karl Mi- CHÆLER, historisch kritische Abhandlung über die phœnicis- chen Mysterien, Wien, 17096. (19) Zoeca de origine et usu obeliscorum , p. 220. (20) Jazzowsrex Pantheon Ægy ptiacum , Prolegomena pl: cxur. Ægyptiens en Sicile. 155 fleur de Lotus, quelquefois avec une coiffure tout-à-fait Ægyptienne , telle que nous l’offrent fréquemment les momies et différens ouvrages de sculpture ; tout cela , cependant est déjà un peu grécisé; de l’autre côté est Osiris qui, outre ses attributs ordinaires , porte encore qua- tre ailes. On sait que sur les Monumens Ægyptiens, plusieurs Divinités, entr’autres Isis, sont quel- quefois représentées avec des aîles, mais Osiris n’en a jamais; 1l se peut que le voisinage de la Sicile , dont les médailles offrent des Divinités ailées (21), ait engagé les habitans de Malte à donner cet attribut à leurs figures d’Osiris; mais le nombre des ailes , c’est-à-dire quatre au lieu de deux, est une idée tout-à-fait Ægyptienne dont les Monumens nous offrent beaucoup d’exem- ples (22). On sera moins surpris de voir sur les médailles de Catane, le sistre , Isis et son fils Horus, lors- qu’on voudra se rappeller que les Grecs confon- (21) Sur les médailles de Camarina, on voit des divinités ailées. M. Münter rapporte à cette occasion qu’il a vu chez un habitant d’Agrigente un moule en argile d’une Cérés ailée, qu’on y avoit trouvé sous les ruines d’un temple, et qui probe- blement avoit servi pour couler des figures de cette déesse. (22) M. Münter cite, à ce sujet, une peinture de momie de la collection de feu le cardinal Borgia, dans laquelle on distingue deux figures ayant chacune quatre ailes. L’une a quatre têtes de bélier et les attributs ordinaires d’Osiris; M. Munter pense qu’elle a quelque rapport avec Ammon; l’autre a une tête de femme entre six têtes d'animaux. Dans le voyage de M. Denon, (pl. exxvi), on voit aussi des fgures AEgyptiennes ailées. 56 Histoire. doient Isis et Demeter ( Céres ), et que la Sicile étoit le pays d’où étoit parvenu aux Grecs, le culte de la déesse à qui on attribuoit l'invention de lagriculture ; que son temple, le plus célèbre après celui d'Eleusis, étoit au milieu de la Sicile, et qu’on regardoit l’ile en- tière comme appartenant à cette déesse et à sa fille. D’après cela, on ne doit donc pas être étonné de ce que les médailles de Catane offrent quelques représentations de Cérès sous les traits d’Isis, mais plutôt de ce qu’il n’y en a pas un plus grand nombre sur celles des autres villes de la Sicile. Il nous reste cependant, plusieurs traces des liaisons de cette ville avec PÆgypte, et M. Münter y revient vers la fin de sa disser- tation. Outre les médailles de Malte , plusieurs autres Monumens de cette île offrent des traces évi- dentes d'idées Ægyptiennes, et les découvertes faites en Ægypte, par les savans et les artistes qui ont fait partie de l'expédition française, auto- risent à revendiquer pour les Ægyptiens plusieurs. Monumens trouvés à Malte, et qui, jusqu’à pré- sent ont été attribués aux Phéniciens. Auprès de Citta nobile, on a trouvé en 1624, dans une chambre sépulchrale un Sarcophage en terre cuite, dont la forme extérieure ressem- bloit beaucoup à celle d’une Momie, et qui con- tenoit encore les restes d’un corps humain. Il est vrai que la forme de ce Sarcophage n’est pas entièrement Ægyptienne; mais du moins la coiffure Ægyptiens en Sicile. 57. Vest tout-à-fait et si la gravure qu’Abéla (25)ena donnée étoit faite avec plus de soin, il est pro- -bable qu’on trouveroit encore dans d’autres parties des points de ressemblance avec le cos- tume Ægyptien. Abela possédoit deux autres Sar- cophages semblables, qui probablement existent encore à Malte, On ne peut pas cependant assurer que les tombeaux auxquels ils appartenoient fussent des tombeaux Ægyptiens, car l’usage d’embaumer les morts et de les placer dans des Sarcophages , étoit aussi connu en Palestine et dans la Palmyrène ; il pouvoit d’après cela être en vigueur chez les Phéniciens et dans leurs co- lonies. Mais un petit Harpocrate en bronze , éga- lement trouvé à Malte et publié par Abela (24) est sans doute d’origine Ægyptienne , quoique d’une époque moins reculée , et probablement de celle où les artistes Grecs s’occupoient à représenter des sujets de la mythologie Ægyptienne. M. Münter pense qu’on ne sauroit porter un jugement aussi décisif d’une lame d’or de forme oblongue, qui étoit renfermée dans une petite capsule d’or et qu’on a trouvée dans la même île en 1693. Ce petit Monument publié par le prince Torrémuzza (25), offre sur deux rangées des (23) Fra giov. Franc. ABEza descrittione di Malta Isola nel mare Siciliano, colle sue antichita ed altre notitie, Malta, 1647 , p. 153. (24) Ibid , p. 197. (25) Siciliæ et adjacentium insularum veterum Inscrip- fionum nova collectio; Panormi, 1769, classis xx. P: 299. b8 Histoire, figures bizarres d’hommes, des figures humaines à tête d'animaux et des serpens. Au premier as- pect , dit-il, tout cela paroît en effet être tout-à- fait Ægyptien. On y distingue même une figure à tête de chien, et ayant dans la main le Tau Ægyptien que portent encore plusieurs autres figures. On y pourrait aussi découvrir un buste d’Apis, et le bouc de Mendès ; le tout paroît avoir évidemment rapport au culte des serpens. M. Münter pense qu’on ne doit pas regarder ce Monument comme Ægyptien ; il se croit plu- tôt porté à croire qu’il a rapport au culte se- cret des serpens connu parmi les Phéniciens ; peut-être ce culte étoit-1l d’origine Ægyptienne, que par la suite il a passé chez les Phéniciens, et que parmi eux il a changé son caractère pri- mitif. Le prince Torrémuzza a publié encore dans le même ouvrage (26), un vase de terre cuite avec des caractères que ce savant regarde comme Phé- niciens , mais que M. Münter croit être Ægyp tiens. | A Malte et dans les îles voisines, on trouve donc des traces évidentes de la langue et des idées religieuses des Ægyptiens. Quant à ces der- nières, M. Münter fait cette observation très-fon- déequ’ellesdevoient être autorisées publiquement, puisqu'elles sont exprimées même sur les mon- noies du pays. Jupiter- Ammon, Osiris, Isis, 4 Phthas et le bœuf sacré, étoient des objets du M (26) Page 2098. Ægyptiens en Sicile. 5g culte religieux des habitans de ces différentes îles ; il faut donc croire que les Ægyptiens ont été pendant quelque temps les maîtres de Malte, de Gaulos et de Cossura , ou qu’ils y ont du moins exercé une influence assez grande pour qu’elle ait pu s'étendre jusque sur la religion du pays. . Les historiens nous laissent dans une ignorance ‘absolue sur ce fait dont l’exactitude est garantie cependant par l'autorité des médailles. Mais celles- ci ne nous donnent pas assez de lumières sur l’époque où ce mélange de la religion Ægyptienne avec celle des Phéniciens et des Carthaginois a eu lieu dans les îles de Malte , de Gaulos et de Cossura. M. Münter s’est occupé à rechercher cette époque. Swinton, dit-il à ce sujet, a publié une médaille de Gaulos avec la légende BAZIAIZZAZ ŒIAISTIAOZ dont le type est, du reste, dans le goût des autres médailles de cette île. Cette médaille est la seule de ce genre qui soit connue jusqu’à présent ; si son authenticité étoit incon- testable , M. Münter seroit porté à croire qu’elle appartient au 4.€ siècle avant notre ère, au temps des derniers rois de Perse , depuis Artaxerxes- Mnemon. Mais on a lieu de suspecter l’authen- ticité de cette médaille, et il paroît que quelque faussaire l’aura fabriquée, en ajoutant le nom de Philistis à une médaille authentique. En effet, il n’en existe que le seul exemplaire conservé dans la bibliothèque Bodléienne , à Oxford , et on n’en a pas encore découvert dans la Sicile ni dans 6o Histoire, l’île de Malte, où cependant on trouve souvent des médailles avec des types Ægyptiens, Phéni- ciens , semblables à celui-ci; ilest, d’après cela, permis de la suspecter ; aussi Eckhel a-t-il hésité , avec raison, de citer cette médaille parmi celles d’une authenticité incontestable (27). Quoique cette indication ne puisse pas être regardée comme certaine, M.Münter pense qu’on ne se trompera pas beaucoup , en assignant à la plupart des médailles Siculo - phéniciennes, l’époque où les Carthaginois se sont établis dans la Sicile. C’est aussi avec cette opinion, continue-t-il, que s'accorde ce que nous savons sur le gouvernement et la constitution de l’Ægypte, ainsi que sur les liaisons de cet Empire avec d’autres nations. On sait que Psammétichus fut le premier des Rois d’Ægypte qui essaya de gréciser son peuple , et de le mettre en rapport avec les autres nations civilisées des bords de la Méditerrannée ; ses suc- cesseurs s’empressèrent également de Ru le commerce actif de leur pays , très-riche en productions, et favorablement situé pour les spoulations auxquelles d’ailleurs les Ægyptiens se livroient déjà, par le moyen des caravannes qui alloient jusqu'aux parties les plus éloi- gnées de l’Orient connues alors. A cette époque les flottes des Ægyptiens parcouroient la Mé- diterrannée, et y exerçoient même une certaine domination ; leur commerce devoit donc avoir (27) Eckuez ,Doctr. num. t.I, p. 265. RS I EE PLUS À. Ægyptiens en Sicile, (4 à acquis des aceroissemens considérables , surtout depuis le temps qu'ils avoient réussi à rabaisser les villes maritimes de la Phénicie (28). Sous la domination des Perses, les Ægyptiens étoiént éga- lement connuscomme d’excellens marins, et cette réputation se conserva aussi sous lesPtolémées (29). Il est facile de concevoir combien la possession de Malte et des iles environnantes devoit paroître importante aux souverains de l’Ægypte, dont les sujets faisoient un commerce aussi étendu. Au surplus, Malte étoit alors en possession des prin- cipales manufactures des Carthaginois, sur-tout de celles des tisserands (30). Rien donc de plus \ (28) HÉronor IT, 161. HEEREN , /deen über die Politik , den Verkchr, und den Handel der vornehmsten Vœlker der alter welt, t. I, p. 466 et suiv. (29) Voyez l'ouvrage de M. AueirHox : intitulé : Hitoire du Commerce et de la Navigation des Ægyptiens, sous le règne des Ptolémées; Paris, 1766, in-12. (30) Dropor. Sicuz. v, 12 (t.1, p.339, ed Wesseling,) € Teyiras ré yép eau (Menirn) mavrodumss Tais dpyasiais, » sparises dE rés cûoræ moigyrus Tÿ TE AEMTOTHTI Lai TŸ manu » xoryrt iarperÿ. » (Malte a dés ouvriers en différens genres; on distingue sur-tout ceux qui fabriquent des toiles remarqua- bles: par leur finesse et leur douceur ). M. Münter croit recon- ñoître sur des médailles äe Malte différens ustensiles de tisse- rands. Il a fait graver deux de ces médailles , qu’il conserve dans son cabinet ; sur la première , on voit d’un côté une tête barbue, et le caducée dans le champ. Cette tête est, selon lui, celle de l'Hercule Tyrien, qu’on voit également avec le caducée sur une médaille de bronze de l’île de Gaulos, publiée par PEerrerix Rec. de Villes, t. 11, pl. civ; au revers il y a un instrument luniforme, que M. Münter pense être la navette du tisserand, entre les cornes ou extrémités de laquelle est fixée la bobine chare 62 “Historréi naturel que de croire que beaucoup d’Ægyptiens s’y sont établis, et alors il faut penser que leur civilisation plus avancée devoit nécessairement avoir quelqu’influence sur les Carthaginois, et même sur leurs idées religieuses. Il se peut même que les guerres de commerce entre les Ægyp- tiens et les villes Phéniciennes en aient occasionné de semblables avec les Carthaginois, et que les rois d'Ægypte les aient provoquées parce que leurs manufactures de Byssus (31) ne pouvoient plus se soutenir dans le même degré de supériorité à côté de celles des Carthaginois. Peut-être que dans l’une de ces guerres lesîles de Malte, de Gaulos et de Cossura ont été enlevées aux Carthaginois, gée de fil; sur l'autre médaille, il y a d’un côté une tête de femme voilée ; l'instrument que nous offre le revers est encore, selon M. Münter, une navette de tisserand dont la bobine est déjà à moitié dévidée ; placée entre deux instrumens lunifor- mes , elle a plus de ressemblance avec notre navette que la figure de la médaille précédente. Sur quelques médailles de Cossura, publiées par le prince de Torrémuzza ; pl. xcxvi, fig. 2, 9, on voit dans le champ une figure qu’on. a prise jusqu'à présent pour une petite colonne ou un chandelier. M. Münter seroit plutôt d'avis de la regarder comme une bobine chargée de plus ou moins de fil; il se fonde sur ce que le mot %ay@y , PAT lequel les Grecs désignoient la bobine , signifie originairement un bâton. Les lexicographes donnent l'explication suivante du mot xavoy : ( KéAwxos mp OU ÉLAEITUI à uTOs Ô isoupyixos Sur les médailles de Gaulos, on voit encore d’autres instru mens, qui, selon M. Münter , sont relatifs au métier du tisserand, Voyez celles publiées par Pellerin, qui:ont été citées ci-dessus, (31) Voy.Joh. Reinhold Forster de Bysso antiquorum, Lond. 1576. Il cite (à la p. 95) huit différentes sortes d’éfoyy, dont Vune porte le nom d'éfovioy Aewrey ; Dronor. S1ic. v. 12. 1’ Ægyptien en Sicile. 63 et que les Ægyptiens y ont envoyé des colonies ; peut-être que plus tard les Carthaginois ont re- pris ces îles aux Ægyptiens. Sur tout cela, ainsi que sur beaucoup d’autres points qui n’en sont pas moins incontestables , l’histoire ne nous donne aucun éclaircissement. De l'ile de Malte, le culte des divinités Ægyp- tiennes pouvoit aisément se répandre dans la Sicile ; mais le peuple étoit trop attaché au culte de Cérès et de Proserpine, ainsi qu’à leur temple à Enna, pour que les idées religieuses des Car- thaginois et des Ægyptiens pussent trop facile- ment prendre racine et se propager parmi eux. Il ny a que deux villes qui fassent exception; Syracuse et Catane ; il y auroit eu parmi les divinités indigènes et les héros de leur propre pays ou de leur voisirage, assez d’objets pour leur culte; cependant quelques divinités Ægyp- tiennes paroissent avoir pris part à leur vénéra- tion. Nous avons plusieurs médailles de Syracuse, sur lesquelles se trouve la figure du Lotus (32). Les médailles nous font également voir que les habitans de Catane connoissoient aussi le culte d’Isis et de son fils Horus. Dans cette ville il y avoit un temple célèbre de Cérès, et près de là un autre | consacré à Cybèle ; peut-être que l'introduction (32) Torremuzza , tab. Lxxx1v,n.° 16, aucstar. sec. tab. vrr, n.° 9. Dans les temps postérieurs, on adoroït aussi à Syracuse la déesse Syrienne, c’est-à-dire Astarte, si toutefois l’inscrip- tion dont Torremuzza ne donne qu’une traduction latine , est authentique. Voy, Znscr, sie. p. 194 64 | Histoire: du culte d'Isis parmi les habitans de Catané, t8x noit à l’idée que cette déesse Ægyptienne réunis- soit les qualités de Cérès et de Cybèle. Du reste, les habitans de Catane faisoient avec avantage un commerce étendu, et il est fort possible qu'ils aient appris à connoître et à aimer le culte d’Isis, che leurs voisins, les habitans de Malte , ou même chez les Ægyptiens, avec lesquels ils étoient sa nsdoute en relations de commerce. C’est de cette manière qu'ils ont connu Osiris, Horus et Anubis; ce dernier est figuré sur une médaille inédite de cette ville, qui est dans le cabinet de M. Münter, et qu’il a fait graver à la suite de sa Dissertation. Quant à Jupiter-Ammon, figuré sur quelques médailles publiées par le prince Torré- muzza (33), M.Münter pense qu’ils pouvoient en avoir eu comnoissance par les Cyrenéens , peuple riche et distingué à cause de l'étendue de son com- merce. Mais outre les médailles, on a trouvé dans Catane encore d’autres traces de l'antiquité Ægyp- tienne, telles qu’un buste de Jupiter Ammon , un autre d’Isis, un Anubis, une figure d’Isis , quitous sont conservés dans le cabinet du prince Biscari; beaucoup de pierres gravées Ægÿptiennes, quel- ques amulettes, dont l’une, en ivoire , représente l'épervier sacré (34). Plusieurs savans d'Italie ont déjà observé, qu’à cet égard Catane se dis- tingue principalement. Mais les restes les plus (33) Mumi sic.t.xx1, Bg. 8eto. (34) Viri M. Awico. Catana illustrata; pars 1, Catanæ 1941, tab. vin, fig. 11. Ægyptiens en Sicile: 65 remarquables en ce genre, sont outre le grand nombre de colonnes de granit qu’on regarde comme Ægyptiennes (35), l’obélisque octogone qui fait l’ornement de la place devant la cathé- drale, et le sommet d’un autre obélisque dans le cabinet du prince Biscari; l’un et l’autre étoient probablement les metæ du grand cirque de Catane. Ces monumens extrêmement importans ont été publiés plusieurs fois (36); mais comme M. Mün- ter le fait observer, il ne seroit pas inutile de les décrire de nouveau avec soin, d'autant plus que le plus grand connoisseur des Antiquités Ægyptiennes, M. Zoéga (37) pense que ces deux obélisques ont quelque chose de non ægyptien dans le dessin et dans l’arrangement des figures, et qu'ils n’ont pas été apportés d’Ægypte, mais travaillés par quelqu’artiste Phénicien | Grec ou Romain. En examinant avec soin l'espèce de (35) Lettera di D. Girolamo Pistorio, incui siassegna ragioné pér la quale sianvi non pochi monumenti d'Egitio in essa citta ; dansles Opuscuoli di Autori Siciliani, t. xv.Palermo, 1774, p- 190. Sur les monumens AEgyptiens qui se trouvent à Catane, on peut aussi consulter Lawzr Saggio di lingua Etrusca ,t. 11, p.172. Il ne peut pas ici être question de l'inscription en l’hon- neur de Serapis, qui est conservée dans le cabinet du prince Biscari, et que le prince Torremuzza cite à la p. 2; car cette inscription a été trouvée à Rome, où le prince Biscari en a fait l'acquisition. (36) Le rand obélisque a été publié par Dorvizze dans sa Sicula, p.215; par Awico, Catanaillustrata, t. 111, pl.r, et par Tonrémuzza, Jnscr. Sicil., p. 285; l’autre par Torré- MUZZA , P. 297. (37) De origine et usu obeliscorum, p. 874 Tome III. Mai, 1807. $ 66 Histoire. pierre dont ces monumens sont faits, on trou- veroit probablement dans les environs de Catane, la carrière d’où on les a tirés : sous ce rapport, ils sont cependant très-remarquables, parce qu’ils sont avec l’obélisque Ludovisi à Rome, le seul exemple d’une imitation de cette espèce de monu- mens des anciens Ægyptiens. C’est de plus une preuve, combien lesmæœurs des Ægyptiens avoient pris faveur à Catane. Quant à leur époque, on n’en peut rien dire avec précision. Il est très-probable que les médailles dont le type offre des sujets | Ægyptiens, sont antérieures à notre ère , puisque | les villes d'Italie et de Sicileneparoissentavoircon- | servé le droit de monnoyage que jusqu’au temps du règne d’Auguste. Les Obélisques, au contraire, pourroient bien être du temps d’Hadrien, où | les mœurs et le style des Ægyptiens devinrent de plus en plus à la mode. Avant la fin de la. république cependant , la religion et les mys- \ tères de l’Ægypte commencèrent déjà à se ré- pandre en Italie. D’après cela il est impossible de déterminer avec quelque probabilité l’âge de ces Obélisques. Les faits établis par M. Münter et que nous! venons d'exposer, prouvent donc qu’à une cer- taine époque les idées religieuses des Ægyptiens se sont répandues dans les îles de la Méditer-. ranée situées près de la Sicile ; ils font même | penser qu’il y a eu des colonies Ægyptiennes | dans ces îles; et nous donnent des preuves assez à convaincantes qu’on a adoré à Catane, des divi- | ” Æpyptiens en Sicile: 67 nités Ægyptiennes. « Quelque opinion (c’est ainsi qué le savant auteur termine sa dissertation }, « quelque opinion qu’on ait sur les liaisons entre « les peuples de l’ancienne Etrurie ét les Ægyp- « tiens , il est certain que, si les Ægyptiens » ont été établis dans ces îles, comme il paroît « vraisemblable, par ce qui a été rapporté plus « haut, on ne pourra guères nier la possibilité « de rapports immédiats entre eux et le peuple le plus civilisé de l’ancienne Italie. Et peut- être trouvera-t-on en dernière analyse, que bien avant l’époque qu’on assigne communément , que les Ægyptiens ont fait un commerce mari time très-étendu, et ont eu dés liaisons avec les nations les plus cultivées du monde ancien. À. L'M. ff A ZX. A oo BIOGRAPHIE. ATIOAOTIA EQKPATOYE KATA IAATAONA KAÏ EENODONT A. Apologie de Socrate, d'après Platon et Xénophon; avec des remarques sur le texte grec et la tra- duction française; par Fr. THuroT, Directeur de l'Ecole de Sciences et de Belles - Lettres. Paris, chez Firmin Didot, Imprimeur-Libraire, rue de Thionville, n°. 10, et à l'Ecole de Sciences et de Belles-Lettres, rue de Sèvres, n°. 106. 1806. In-8°. de xxun1 et 268 pag. Prix : 5 fr. (*). L. Philaminte des Femmes Savantes, qui, au seul nom de grec , s’extasie , court au devant de Vaoius , et lui dit fort gracieusement : Quoi ! monsieur sait du grec? ah! permettez, de grace, Que, pour l'amour du grec, monsieur , on vous embrasse, étoit du temps de Molière, un personnage ridicule: Cet auteur inimitable vouloit faire sentir combien la pédanterie et le faux engouement de l'hôtel de Rambouillet et des beaux-esprits qui le fréquen- toientalors, étoient contraires au bon goût. Maisles temps sont bien changés, ce n'est plus du grec que les jolies femmes de nos jours sont engouées ; les épi- grammes de Molière n’ont plus de sel , et si la belle Julie d'Angennes (1),ressuscitoit aujourd'hui, elle chercheroitlong-tempsun Vadius aussi savant que (*) On a tiré à part le texte grec, précédé du Précis, et suivi du Vocabulaire, pour les jeunes étudians, même format et même papier , 1 fr. 29 c. Socrate. 69 celui que Molière voulut railler et qu’il se repentit ensuite d’avoir raillé (2). L'étude du grec ne faisant point partie inté- grante de l’enseignement adopté pour les lycées, a, pour dernier asyle, quelques écoles secon- daires et quelques écoles particulières, mais bril- lantes, où , comme dans celle dont M. Tauror est directeur, on est bien convaincu , que sans une connoissance approfondie de cette belle lan- gue , les plus beaux et les plus riches trésors de la littérature ancienne , sont fermés pour nous. Elle est la clef qui en ouvre toutes les portes : mal- heureusement elle n’ouvre pas celles du palais de la fortune ; ainsi son existence est toujours pré- caire et incertaine. Nous espérons cependant, et en douter seroit même, je crois, une hérésie littéraire , que l'Université Impériale qui doit rem- placer et restaurer les anciennes universités, re- placera l’étude du grec au rang éminent qu’elle occupoit autrefois en France, et qu’elle occupe encore dans les états civilisés de l’Europe. En at- tendant cette heureuse restauration pour laquelle on fait depuis long-temps des vœux, les institu- teurs et les pères de famille, qui font élever leurs enfans sous leurs yeux, doivent savoir quelque gré a M. Thurot d’avoir fait imprimer un ouvrage classique grec, et d’avoir distribué son édition de manière qu’une partie serve aux maîtres à pré- parer leurs leçons ,et l’autre uniquement destinée aux disciples, ne contenant quele texte grec, mais bien correct , bien net, précédé de précis néces- 79 Biographie. saires pour son intelligence et suivi d’un vocabu-, laire adapté à ce texte, les exerce de bonne heures, à suivre la phrase grecque dans tous ses détours, à peser tous les mots, à les rapprocher les uns des autres dans leurs différentes acceptions, et à dé- couvrir , par ce rapprochement , le sens que cha- cun doit avoir (3). | Le volume, destiné aux maîtres , offre tous les secours qu’ils peuvent exiger ; un texte pur ; une traduction française, fidelle ; des notes gramma- ticales, historiques et critiques, et un vocabulaire qui les dispense d’avoir recours aux lexiques et aux grammairiens , qu'on ne peut rassembler au- jourd’hui qu'a grand frais. Ces vocabulaires mis, en Allemagne , à la suite de chaque auteur, sont très-utiles pour son intelligence; comme le même mot à quelquefois sept à huit significations diffé- ‘rentes , l'éditeur a soin d'indiquer celle qui est appropriée à tel ou tel passage ; ainsi, l’élève où le lecteur n’est pas obligé de tatonner. Cette méthode est bien préférable aux interprétations interlinéaires, que M. Thurot n’approuve point, parce qu’elles favorisent la paresse, à laquelle les jeunes gens ne sont déjà que trop disposés, et qu’elles ne laissent dans la mémoire que des traces très-superficielles et très-fugitives. : i | 4 M. Thurot a choisi, pour mettre entre les, mains de ses élèves, l’Apologie de Socrate, le Criton, la partie historique du Phédon de Platon ; et l’Apologie de Socrate, par Xénophon; tous ces morceaux se distinguent par l'élégance continue L Socrate. 91 du style et la simplicité majestueuse des pensées, Quant aux notes, l'éditeur nous apprend lui-même dans sa préface , dans quel esprit il les a compo- sées : « Les commentaires, dit-il, qu’on met entre » » » les mains des jeunes gens qui étudient les langues grecque et latine , doivent rendre compte des idiotismes ou locutions singulières, propres à ces langues ; expliquer les significations les plus détournées, les plus métaphoriques, des mots dont lemploi est moins commun ; faire voir autant que cela est possible, comment ces si- gmifications abstraites et figurées ont toujours une analogie , plus ou moins sensible , avec la signification simple et primitive ; faire con- noître les usages, les événemens ou les person" nages de l’antiquité auxquels l'écrivain fait al- lusion ; entrer dans quelques détails de discus- sion sur les passages obscurs ou altérés, qui ont embarassé les éditeurs précédens, afin de donner aux jeunes gens quelque idée de la critique litté- raire , des études et des réflexions qu’elle exige de la part de ceux qui s’y livrent , et de leur faire connoître quelles obligations nous avons à l’éru- dition trop vantée peut-être et trop admirée autrefois, mais bien certainement trop dédai- gnée et surtout trop négligée aujourd’hui. » M. Thurot a été fidelle aux principes qu’il expose ici, et que nous adoptons dans toute leur étendue, Ses notes sont très-bien faites, rédigées avec sa- gesse , et puisées, pour la partie grammaticale, dans les meilleures sources. 72 Biographie: . La traduction française est écrite avec une élé- gante simplicité. M. Thurot est avautageusement connu dans lalittérature, par deux traductions ex- cellentes, celle de l'Hermès de HARRIS, et celle de la Vie de Laurent de Médicis , par Roscor , nous avons rendu compte de cette dermière, 8. année , tom. Il, page 305 et suivantes. Nous regrettons vivement que ses occupations ne lui aient pas permis de nous donner la traduction du dernier ouvrage de M. RoscoE, la Wie de Léon X, 4 vol. in-4.° , parce qu’un pareil ouvrage demande non seulement une grande connoissance de la langue. anglaise , mais encore celle de l'Histoire littéraire de ce beau siècle, et M. Thurot possède à un degré. ärès-éminent l’une et l’autre. M. Thurot a dédié son livre au docteur Coray, son ami et le nôtre, l’un des plus savans Grecs, et des plus ingénieux critiques de nos jours. NOTES. (x) Ce fut pour mademoiselle de Rambouillet, Julie-Lucine d'Angennes , depuis duchesse de Montausier, que fut faite, en 1641, la fameuse guirlande, connue sous le nom de Guir- lande de Julie, manuscrit sur vélin , de format in-fol. , écrit par. Dujarri, et orné de fleurs , peintes en miniature par Robert. Ce monument singulier de la galanterie la plus rafinée, fut vendu en 1784, chez le Duc de la Vallière , 15,510 livres. Il est, dit- on, aujourd’hui en Angleterre. On sait que les beaux esprits du temps firent des vers pour être mis au bas de chaque fleur. La plus estimée de ces inscriptions est celle de la violette, mais les faiseurs de recueils l’ont défigurée. La voici d’abord telle qu'on la lit dans le manuscrit. Socrate, 73 Fleur sans ambition , je me cache sous l'herbe , Modeste en ma couleur, modeste en mon séjour; Mais si sur votre front je me puis voir un jour, La plus humble des fleurs sera la plus superbe. Ce madrigal, tout à la fois délicat et ingénieux, est anouyme dans le manuserit, mais son auteur est connu, c’est Desmarets de Saint Sorlin, auteur de Clovis et des J’isionnaires, né à Paris, en 1596, et mort le 28 octobre 1654, membre de l'académie francaise. Claude Barsin dans son joli Recueil des plus belles pièces des poëtes francais, imprimé en 1692, 5 vol. in-12, change ainsi le premier vers, Franche d'ambition, je me cache sous l’herbe; BREUGIÈRE DE BARANTE, dans son Recueil des plus belles Æpigrammes des Poëtes Francais, Paris, 1698, 2 vol. in-8.°, #ut le premier, je crois, qui la retourna de la manière suivante : Modeste en ma couleur , modeste en mon séjour, Franche d’ambition je me cache sons l’herbe; Mais si sur voire front je puis me voir un jour, La plus humble des fleurs sera la plus superbe. Bruzen DE LA Martinière, dans son ÂVouveau Recueil des ÆEpigrammatistes français, Amst., 1720, 2 vol. in-12. Lerorr DE LA MoriniÈre , dans sa Bibliothèque poétique ; Paris, 1745, 4 vol. in-4.° et in-12, ont adopté cette dernière lecon, mais du moins ils ont rendu ce charmant madrigal à leur véritable | auteur. Les compilateurs suivans, quoique très-estimables d’ail- | leurs, ont moins respecté le droit de propriété. Lunrau pe Borsrermain, dans l’Ælite de Poésies Fugitives , t. 1, p.8, Va mise sur le compte de Regnier Desmarais ; et, ce qui est eacore plus plaisant, dans la Table Alphabétique des Auteurs - du rveetve volume, qu’on trouve à la tête du 1ve, il l’attribue à Regnier le Satyrique, mort en 1613. M. Saurreau, dans sa Nouvelle Anthologie Francaise, Paris, 1787, 2 vol. in-r2, donne également ce madrigal à l’abbé Desmarais; ce qui prouve la légèreté avec laquelle sont formées les compilations moder- nes. Cette erreur me fait souvenir d’une autre plus récente, . Dans le volume de la Petite Encyclopédie Poétique , consacré 74 Biographie. aux madrigaux et aux épigrammes , on attribue à Voltaire, âgé de douze ans, et né comme on sait en 1694, cette épigramme contre les sonneurs de cloches : Perséeuteurs du genre humain, Qui sonnez sans miséricorde , Que n’avez-vous au cou la corde Que vous tenez dedans la main. Et cependant elle étoit imprimée dés 1693, dans la première édition du Menagiana , qui parut cette année, p. 20, (2) C’est Ménage que Molière fit jouer sous le nom de Vadius. On le disoit du moins hautement ; mais Molière dé- savoua cette application maligne , lorsqu'il sut que Ménage s'étant rendu à l'hôtel de Rambouillet, après la représentation des Femmes S'avantes, et Madame de Montausier lui ayant dit: Eh! quoi! Monsieur, vous souffrirez que cet impertinent de Molière nous joue de La sorte ; il avoit répondu : Madame , j'ai vu {a pièce; elle est parfaitement belle; on n'y peut trouver à redire, ni à critiquer. (3) On lit dans la vie de Ruhnken, publiée par le célèbre Daniel Wytienbach, un passage remarquable que je vais trans- crire ichen faveur des jeunes gens studieux qui liront eet arti- cle, et qui n'auront pas sous la main l'ouvrage du savant pro- fesseur de Leyde. Ils y trouveront une méthode excellente pour faire de sûrs et rapides progrès dans leurs études. « Jam si quis quærat qua ratione seriptores Græcos legerit, infinitum sit de singulis respondere, universe dixisse sufficiat, Hemsterhusianam eum secutum esse rationem. Ergo primum ad singula verba attendebat : novorum et minus cognitorum vim aperiebat , cum ex originis notatione, tum ex usu : quem quia legendo nondum tenebat, cognoscebat é Lexicis, Stephaniano Thesauro , in primis autem & vycteribus, Polluce, Suida, Hesychio, aliis, quibuscum inter lectionem scriptorum , fami- liaritatem contrahebat et utrorumque comparatione utrisque mutuo lucem medicinamque adferebat ; tum vero judicabat quamnam è variis significationibus præsens locus vel admit- teret, vel postularet. Deinde animadvertebat ad compositionem et structuram totius loci, eamque cum investigando sententiæ Socrate, 45 nexu, tum observatione grammaticæ rationis constituebat. Lo cum ita patefactum relegebat aliquoties, antequam ad proxi- mum pergeret. Denique perlectum scriptorem, uno et continuo tenore rursus totum relegendo iterabat ; unde fiebat ut se in ejus mentem, mores, ælatem, locum, quasi insinuaret : formam dicendi , cogitandi , rgumentandi , animo imprimeret : multa, in quibus antea hæsisset expediret : perperam a se intellecta rectius perspiceret, corrupta emendaret; quum quovis dubio loco facile videret quam sententiam scripturamque consuetudo et ingenium scriptoris postularet. Ita à grammaticæ interpre- tationis exercitio, sponte et nascebantur verissimæ emenda- tiones, et ingenium ad criticam facultatem formabatur ». Vita: Davidis Ruhnkenii. Lugd. Bat. 1799, in-8°, page 33. “ CHaArDoN DE LA RoCHETTEe. DCE LOI POUTINE RESORT PO ECC PP PUISE ERA SRCSNQC SUR EA > SYTAUE) NoTrceE biographique sur Mat'ias SAXTORPH, Professeur à l'Université de Copenhague, Médecin en chef de l’Hospice d'accouchement de cette ville, Conseiller d’état et Membre de plusieurs Sociétés savantes , traduite de l’allemand ; par J.B. DErmAncEoN, Docteur en médecine , Professeur d'accouchement, etc. (1). Miruras Saxrorrs naquit en 1740, dans le village de Meiru , près Holstebro, dans le district de Ribe en Jutland. Son pere, Ole Saxtorph, ministre de l’endroit, et sa mère, Marie Seier, (r) Cette notice biographique a paru en allemand dés l’année 1804, à la suite de la collection des Œuvres de feu le professeur Saxrorpx. Cette collection précieuse d’ouvrages sur la physio- logie, la pratique médicale et les accouchemens, dont plusieurs ont été traduits plus d’une fois en allemand, est due aux soins des docteurs Saxrorx fils, et Paul Scuéez, tous deux avan- tageusement connus par leurs propres productions littéraires, le premier professeur de l’Université, et médecin en chef de l’hospice d’accouchement depuis la mort de son père, et l’autre médecin de la cour et de la ville de Copenhague. Les sentimens de respect et de reconnoissance qui attachoient tous les élèves de l'illustre Saxtorph à sa personne, les unissoient aussi entre eux, et c’est à l’amitié du docteur Schéel que je dois l’exem- plaire de la notice dont je donne ici la traduction, Je l’ai com- muniquée en 1805 à la Société de l'Ecole de Médecine de Paris, et à celle de la préfecture de la même ville, dont Sax- torph étoit devenu membre plusieurs années avant sa mort. J'ai senti que cette notice méritoit de franchir l’enceinte de ces deux savantes sociétés, parce qu’elle rappelle J’époque de plu- Notice sur Saxtorph,. 77 morts dans une épidémie de fièvre scarlatine , lui furent enlevés en même temps, dès sa quatrième année. Il étoit le dernier de six enfans délaissés, sans fortune, et, dès ce moment, tous séparés les uns des autres. La mort de ses parens dut, par conséquent, lui être d'autant plus fatale, qu’étant le plus jeune, il avoit aussi le plus be- soin de secours ; et ce n’étoit que par d’heureuses dispositions , jointes à une application soutenue, qu'il pouvoit sortir de cet état pour se faire un sort distingué. Un habitant de Holstebro , nommé Christian Bastrup SE chargea, moyennant une somme mo- dique, de l’élever pendant six ans comme son propre fils. A l’âge de dix ans, il alla faire ses études à Copenhague, où il fut appelé par son frère aîné Jean Christian Saxtorph, qui alors étoit . précepteur dans cette ville, et qui est mort enz ÿ suite recteur du Gymnase de Rothlchild. C’est à Copenhague que le jeune {Saxtorph reçut de son frère aîné sa première instruction, conjointement avec les deux fils de M. Bugge, conseiller de la chambre et directeur des rentes publiques, dont Vaïné est actuellement conseiller de justice et sieurs découvertes importantes ; qu’elle se lie à la’ mémoire de plusieurs hommes célèbres , qu’elle donne connoissance de plu- sieurs usages peu connus, de beaucoup d’ouvrages et d’éta- blissemens précieux , et qu’elle offre un modèle heureux à tous les médecins. C’est d’ailleurs une satisfaction pour moi de con- —tribuer à faire honorer la mémoire d’un bienfaiteur de l’huma- - nité, aux lumières et aux bontés duquel je dois une partie de mes connoissances les plus exactes. Vote du traducteur. 48 Biographie: professeur de mathématiques à l'Université de là même ville. Le penchant que ce dernier avoit ma- nifesté dès son enfance pour les connoïssances physiques et les mathématiques, inspira le même goût surtout pour la physique à Saxtorph, qui partageoit les leçons de son frère sur ces deux objets , et qui dut en quelque sorte. à cette cir- constance l’impulsion qui le porta dans la car- rière qu’il devoit parcourir un jour avec tant de distinction. Ce qui n'eut pas une influence moins marquée sur le reste de sa vie, c’est l'amitié des deux fils de M. Bugge; car le même sentiment se communiqua aux parens qui, voyant avec plaisir inclination et l’étude commune des jeunes gens , prirent tellement Saxtorph en affection ; que , sans qu’on leur en eût fait la demande, ils le logèrent chez eux , et pourvurent gratuitement à tous ses besoins jusqu’en 1756, où il se rendit à l’Université avec leur aîné. C’est par ces bienfaits qu’exempt d'inquiétude et pourvu du nécessaire, : Saxtorph put continuer ses études avec le même zèle que ses deux amis. En 1757, il donna aux examens publics de philosophie les preuves les plus satisfaisantes des connoissances philosophi- ques qu’il avoit acquises aux leçons des profes- seurs ANCHERSEN , KALL, MOELLMANN , HORREBOV et KRATZENSTEIN, Connoissances que l’on exige en Danemarck de tous les étudians avant de les admettre aux cours particuliers qui doivent les rendre propres à un état quelconque. C’est avec ces connoissances préliminaires que PR ee 2 - eZ Noiice sur Sattorph. 79 Saxtorph entreprit alors d’une manière plus spé- ciale l’étude de la médecine; sous les professeurs BucawaLDp, LoDBERG et KRATZENSTEIN, qui en- seignoient le premier l’anatomie, le second la matière médicale, et le troisième l’histoire natu- relle et la chimie, sans que néanmoins il désertât les leçons de philosophie du célèbre professeur GunNERUSs, et du professeur actuel des mathéma- tiques, M. WoEpixe. Lorsque le professeur Christian Frits RoTHBOEL fut de retour de ses voyages dans l'étranger , Sax- torph fut nommé son prosecteur à l’Université. Il resta cinq ans dans cette place, à laquelle son penchant et son adresse le rendoient également propre. Reçu en 1759 boursier du collège d’Eiler- sen (Collegium Eïilersianum) , après un examen sur la théologie (2), il tint par pure inclination des leçons d’anatomie pour ses amis dans un labo- ratoire de chimie qu’il y avoit établi, et c’est ce qui lui fit naître le desir d’enseigner publiquement cette science dans la suite comme professeur. L’habileté reconnue et les grandes connoissances de RorrBoEz en botanique, furent aussi mises à contribution par Saxtorph, au point que son ap- plication particulière à cette science le mit en état de tenir pendant deux ans les Jeçons de ce botaniste lui-même, attaqué d’une longue mala- - (2) L'on sera peut-être surpris de voir Saxtorph obligé de se P P P 8 soumettre à un examen de théologie; cependant aujourd’hui | encore , les jeunes médecins ne peuvent parvenir au grade de docteur en Suède, qu'après avoir subi un pareil examen, en Bonne et due forme. ( Vote de l'auteur.) 80 Biographie: die, et de prendre une part très-active à l’éta= blissement du jardin botanique d’alors. Il se forma à l’art des accouchemens par les leçons publiques et privées de l’archiâtre et pro- fesseur BERGER. En 1762, lorsqu'on eut établi une salle gratuite d'accouchement à l'hôpital de Fré- déric, Saxtorph eut la liberté de la fréquenter sous la direction ultérieure de cet'illustre méde- cin, qui n'avoit pas tardé à le distinguer parmi ses autres élèves, et qui ayant pressenti ses succès dans l’art des accouchemens, lui montra, comme le dit Saxtroph lui-même, tous les soins et l’atta- chement d’un père. Indépendamment des nom- breux accouchemens naturels et contre nature que Saxtorph eut lieu d'observer, le professeur lui fournit l’occasion non-seulement à l’hôpital , mais aussi en ville, dans sa pratique privée, d’ai- der les mères en travail, et de s’essayer dans l'exercice de cet état. Telle fut l’origine des con- noissances , dont l’effet pendant plus de trente ans a été de rendre Saxtorph le sauveur des mères et des enfans, et d’étendre son activité bienfaisante au-delà mème du tombeau sur tout un pays, en formant, comme professeur, des sages-femmes et des accoucheurs habiles; bonheur digne d’envie, et inappréciable pour tout ami de l'humanité ! Saxtorph trouva aussi un ami dans le respec- table Œner, alors professeur de botanique, et depuis conseiller des finances. C’est sous lui et sous le conseiller d’état ZozcA, directeur du Jardin des Plantes, qu’il continua son étude de la botanique, ml “ie bé Notice sur Saxtorph. 8r ul étudia l'entomologie avec son ami Brunich; actuellement premier capitaine. Il apprit la TEE macie de lui-même dans les laboratoires des apo- thicaires, parmi lesquels il avoit plusieurs amis qui l’aidèrent dans cette étude. C’est à l'hôpital nouvellement fondé par Fré- déric v, et sous la direction du docteur JENsENIUS, qui en étoit médecin, que Saxtorph commença la - pratique de la médecine , et ses succès furent tels, que Berger et Rotthboel l’appeloient en ville auprès de leurs malades. A cette époque , il fut reçu par l’Université pensionnaire de la communauté du collège d’Ei- lersen, avantage dont il jouit pendant quelques années. L'ordre établi alors dans ces fondations bienfaisantes, imposoit aux jeunes élèves qui en | . jouissoient, l'obligation de tenir de fréquens col- # | Joques en latin , et de rédiger des dissertations sur … des objets scientifiques; ce qui ne contribua pas . peu à perfectionner l'éducation de Saxtorph. Les dissertations qu’il écrivit alors sont : 1.9 De situ hominum convenientissimo in eundo et jacendo. Copenh. , 1759, 4. 2.0 Cui bono? Quæstio anatomico - critica, ) 1761 , 4. - 5.° Disputatio de doloribus parturientum signum Jelicis partis prœbentium , 1762, 4. Après avoir étudié ainsi pendant 9 ans à Co- penhague, Saxtorph subit un examen de méde- cine théorique et pratique, dans lequel la Faculté le jugea digne du titre de docteur. 11 fut déter- Tome III. Mai, 1807. 4 82 «Biographie. miné à cette démarche par la vacance du physicat ou de l'inspection de salubrité ‘de Ribe, que ses amis lui avoient conseillé de solliciter. Malgré l’es- pérance la mieux fondée d'obtenir cette place, d’autant plus importante pour lui qu’elle alloit lui assurer uñe existence honnête, le desir de per- fectionner ses connoissances à l'hôpital de Frédé- ric le détermina à retirer sa pétition , dès que le chirurgien de la cour WouLerr lui eût donné l'es poir d’être employé comme candidat à cet hôpi- tal (3). Cette mème année 1765, Saxtorph eut déjà le bonheur de voir ses vœux accomplis, aÿant été placé, par Peffet d’une vacance ‘qui eut lieu, £omme médecin en second dans ce même hôpital, sous le respectable ét savant FaBricius, qui lui témoigna beaucoup de bienveillance et d'amitié. L'année d’auparavant , en 1764, Saxtorph avoit publié en danois un ouvrage qui fit sensation M (3) C’est au nerf intercostal que Saxtorph dut d’abord la bienvoillance dé Wohlért, laquelle n’etoit pas aisée à obtenir; car les mœurs de ce temps-là rendoient principalement les chirurgiens d’un abord peu affable et peu traitable envers les élèves. La connexion de ce nerf avec la cinquième et la sixitme paires cérébrales, étoit alors encore une nouveaulé anatomique, : dônt Rottboet s’étoit un jour entretenu avec Wohlert. Celui-ci voulut se convaincre de la vérité par ses propres yeux, et tottboel pria Saxtorph de lui en faire la préparation et la dé- monstration. Wohlert aussi content de s’être convaincu par lui-même de cette intéressante découverte anatomique , que : satisfait de l'habilité avec laquelle Saxtorph s’étoit acquitté de” l sa besogne, donna sur-le-champ dix rixdales à ce dernier, et. lui témoigna depuis toute l'attention ét amitié possibles ; amilié qui augienta encore dans la suite , lorsque Saxtorph se fus fait connoître comme auteur. Notice sur Saxtorph. 83 même sur les aecoucheurs des autres pays, et qui avoit pour titre : Observations recueillies à l'hos+ pice royal de la Maternité de Copenhague , tou chant les accouchemens naturels - aisés. Soroe : 1764, 110 p. in-8.° (4). Cet écrit fut traduit en allemand en 1766 , et annoncé d’une maniere avantageuse , comme il le méritoit, dans la Bibl. anat. de Haller, t. 2, p. 602, ainsi que dans la Bibl. médicale de Vogel, vol. vi, p. 342. C’est là que Saxtorph démontra le premier la vraie position de la tête dans les accouchemens les plus naturels et les plus aisés. Le professeur Berger ayant dirigé l'attention de son élève Saxtorph sur cet objet ,ce dermier s’assura par l'observation et par l’expé- rience que dans ces accouchemens la tête de l'en fant descend toujours dans le bassin par un dia- mètre oblique, et qu’elle tourne peu-à-peu dans . lexcavation, jusqu’à ce qu’elle se trouve dans la position qu’on lui connoît au détroit inférieur. Au . lieu de cela, on regardoit depuis Ould et Smellie la position de la tête dans le diamètre transverse comme la meilleure et la plus naturelle; mais les observations de Saxtorph avoient tellement lem- preinte de la vérité, qu’elles renversèrent la théo= * rie généralement adoptée de ces deux célèbres accoucheurs, malgré l'autorité dontilsjouissoient, au point qu'aucun homme instruit ne doute plus “aujourd'hui de la réalité de la position qu’il indi- quoit (5). Il n’y a personne qui, pour peu qu'il … (4) Erfaringer samlede, étc. (5) On voit dans les Principes de l'art des accouchemens , 84 Biographie. soit initié dans l’art des accouchemens ; ne sente de quelle importance il étoit de rectifier cette er- reur des anciens accoucheurs. A l'hôpital de Frédéric, Saxtorph saisissoit non- seulement toutes les occasions possibles de se per- fectionner dans la pratique médicale, mais il cher- choit aussi à acquérir des connoissances en chi- rurgie , assistant soigneusement à toutes les opé- rations chirurgicales qui se présentoient et qui se partageoient entre son ami et son compagnon d'étude le conseiller de justice Callisen, alors chi- rurgien en second.de cet hôpital , et le chirurgien de la cour Koelpin. Le roi Frédéric v avoit eu le male de se casser une jambe à la chasse; lorsqu'il fut rétabli, il témoigna sa reconnoissance à son médecin, le conseiller de conférence Berger , et au chirurgien de la cour, Wohlert, pour leur zèle et leur habi- leté, en laissant à leur choix de Jui demander quelle grace ils voudroient. D’autres à leur place auroient peut-être profité de cette occasion pour démander une pension pour eux et pour les leurs, imprimés à Vienne en 1770, in-40., que le professeur Plenk a fait l'honneur à l'écrit de Saxtorph, dé s’en servir sans faire aucune mention de l’auteur ; cependant Île cinquième chapitre du livre de Plenk, où se trouve exposée la théorie de l’accou- chement , est presque entièrement copié mot pour mot de celui de Saxtorph, tel que Haller le rapporte à l'endroit de sa Bibl. amatom. Dans ses Ælementa artis obstetriciæ , Vienne, 15873 M. Plenk cite pourtant lui-même, pag. 46 ét ailleurs, Saxtorph … comme celui qui a découvert la vraie position de la tête de J'enfant dans l'accouchement. Notice sur Saxtorrh. 83 ou quelqu’autre chose de semblable ; la grace que ces deux hommes généreux demandèrent fut que le roi fit voyager Saxtorph et Callisen à ses frais, le premier pour lesaccouchemens, et le second pour la chirurgie (6). Voilà comment Saxtorph eut ew 1767 le bonheur d'aller dans l'étranger perfec- tionner ses connoissances, Ce voyage, que son mérite et lamitié de Wohlert et de Berger lui facilitèrent , le conduisit en 1767 à Vienne, où 1] passa deux ans. Il y fut reçu très- amicalement par le célèbre VAN-SwtETEN et l’ar- chiatre Srorrk. C’est en suivant les hôpitaux et en fréquentant ces deux savans, de même que les QuARIN , PLENK, LEBMACHER, DE HAEN, Jac- QUIN, etc. que Saxtorph ataniit le domaine, de ses connoissances par les leurs. De Vienne :l se rendit à Fribourg en Brisgau , où1l trouvason ami, l'ancien professeur GIEBHARD, alors professeur à cette université. C’est avec lui qu'il entreprit de nombreuses expériences physio- logiques sur les animaux vivans, concernant prin- (G) Aujourd’hui encore le gouvernement danois fait voyager deux jeunes médecins et chirurgiens en tout temps ; ce qui fait qu’en Dannemarck il y a toujours des savans qui ne laissenuÿ . ignorer à leurs compatriotes aucune découverte ni aucun per- fectionnement de l’art de guérir chez les autres nations, et que. l'Université et l’école de chirurgie de Copenhague méritent * 5 P S d'être comptées parmi les plus distinguecs de l’Europe, tans - pour la bonté et la solidité de l’enseignement, que par la exigé, brité des professeurs. La négligence des voyages parmi nous. est souvent cause que nous ignorons ce qui se passe chez nos voisins, à moins qu'ils ne viennent par hasard nous en ins. truire eux-mêmes. ( Vote dit traducteur). L 86 Biographie. cipalement la théorie de l’inflammation et de l'ir- ritabilité de Haller. IL parcourut aussi les envi- rons de cette ville, et l'Alsace avec le professeur Exp, sous le rapport de la botanique et dela mi- néralogie. De là il partit pour Strasbourg, et s'y attacha particulièrement pour les opérations chi- rurgicales au célèbre Logsrein , et pour les accou- chemens au docteur Fr1ep, fils du vieux et res- pectable accoucheur de ce ngm, sans négliger les cours de SPIELMANN sur la botanique et la matière médicale. De Strasbourg, Saxtroph se rendit à Paris, où il atteignit l’objet le plus cher de ses vœux, en assis- tant aux leçons d'accouchement du célèbre Le- vRET, et à celles de M. SABATIER, sur la chirurgie et les opérations chirurgicales. Il fit à Paris la con- noissance de plusieurs hommes célébres de la France, tels que MoraAND, PETIT, Jussieu ; il fré- quenta l’Hôtel-Dieu et la Charité, assista aux leçons de physique de Nozrer, et mit les biblio thèques et les autres établissemens analogues à contribution. À son retour par la Hollande ,ilalla voir à Leyde VAN-RoYEN, ALLEMAND , et les deux ALBIN. Au mois d'août 1770, Saxtorph se retrouva heureusement dans sa patrie. IL éerivit alors sa dis- sertation inaugurale : De diverso partu ob diversam capitis ad pelvim relationem mutuam, 207, p.8. Il soutint seul, sous la présidence de son illustre professeur larchiatre BERGER , cette thèse qui a paru dans la librairie sous le titre de, Theoria de Notice sur Saxtorph. 87 partu diverso. Ce que cet ouvrage contient sur le retournement de lenfant et sur l'accouchement, instrumental, a été adopté par M. PLENK, qui, dans ses Element. art. observ. Vienne, ue ,le copie presque mot à mot depuis la page 162 jus. qu'à 191; ainsi que par le docteur F.J. Hofer, dans ses Lehrsætze der practischen , etc. ou Prin- cipes de la pratique des accouchemens relative ment à la manœuvre , Ausbourg, 1788. _ Après sa promotion au grade de docteur, ex 1771, 1l fut nommé accoucheur de la ville, et mé- decin de l’hospice de soignement de Copenhague. Marié bientôt après avec la demoiselle Christine de Sibrandt, dont le père étoit commandant de: la forteresse d’ Aggerhus, il eut dans cet heureux hymen deux fils et une fille dont il ne reste au-- jourd'hui que l'aîné des fils, professeur actuel de l’hospice d'accouchement de Copenhague. Comme accoucheur de la ville, il devoit tenir des leçons en faveur des sages-femmes, et diriger l'établissement de la maternité, fondé en 1761 par le roi, pour.servir d'école pratique d’accou- chement. Il étoit en même temps membre de Îa commission royale d'accouchement de Copen- hague. C’est relativement à cela qu'il publia en 1772 son Plan til Forelæsninger , etc. ou Plan pour les * leçons d'accouchement, avec des planches, in-8.° de 108 p., à Copenhague. La seconde partie, de à 135 pages, ne parut que l’année d’ensuite Peu de temps après son retour, il avoit ouvert, 88 Biographie. des cours publics pour lesétudians , et d’abord un cours populaire sur toute la médecine, conçu d’une manière à pouvoir être utile même à ceux qui étoient étrangers à cet art, dans les cas où ils ne pourroient en réclamer les secours. Saxtorph fut obligé de recommencer plusieurs fois ce cours, qui étoit très-goûté, et fut cause que plusieurs jeunes gens désertèrent la théologie pour la mé- decine , qu’ils ont ensuite exercée avec succès, après s'être fait recevoir docteurs. Ses examens et les leçons qu'il avoit tenues sur l'anatomie, la physiologie , la pathologie et l’art des accouchemens, le firent désigner professeur à l'université de Copenhague en 1773, et nommer membre du collége de médecine l’année suivante. Comme professeur de Puniversité, il publia en 1776 un Abregé de l'Art des Accouchemens , de 168 pages in-8°. Cet ouvrage fut traduit sous le même titre, en allemand, par C. F. SCHROEDER, et en islandois, avec des augmentations et une table, par le médecin provincial d’Island, Jean SrenDseN. Cette dernière traduction, qui porte 284 pages in-8.°, a paru en 1789 chez Thiele, à Copenhague , où se trouve aussi la première , ainsi qu'a Leipsick. Saxtorph publia ensuite son Nouvel Abrégé de l'Art des Accouchemens à l'usage des sages-fem- mes, avec des planches, Copenh., 1790, 324 p., 80. Ï a paru à Leipsick deux traductions alleman- des de cet ouvrage, l’une par le docteur Kertens en 1790, et l’autre par le professeur Tode en 1792. Notice sur Saxtorph. 89 I] parut l’année dernière une nouvelle édition de cette dernière traduction d’un ouvrage qui, quoi- que particulièrement destiné aux sages-femmes, n’en est pas moins estimé et recherché par les jeunes accoucheurs, à cause de la clarté et de l'ordre rigoureux qui le distinguent. Pour faciliter l'aperçu des accouchemens aux sages-femmes, Saxtorph publia en 1792 un extrait de l'ouvrage précédent , sous le titre de Résumé succint du nouvel Abrégé de l'Art des Accouche- mens , ouvrage dont il y a une nouvelle édition sous presse dans ce moment. Il a, de concert avec huit autres médecins de Copenhague, contribué en 1774 à l'établissement de la Société royale de médecine, actuellement existante, dont le recueil contient les ouvrages suivans sortis de la plume de Saxtorph : 1. De Funiculis umbilical. infantum vivorum no- dose complicatis. Societ. med. Havn. Collect., volx, 1774, D. 7. 2. De usu forcipis ejusque in situ füaciei lateral: applicando modo, ibid , p. 287. 5. De placenta in orific. uteri irradicata, ibid, p.510. 4. De tumoribus insolitis in duobus fœtubus ob- servalis, quorum unus partum impedivit, alter vero nullum partui obstaculum fecit, ibid, vol. 11, 17705 p.25. 9. Animadversiones de correctione uteri et fœtus in partu, ibid, page 127. 6. De variis sub partu occurrentibus impedimen- 90 Biographie. tis, quæ suturas cranii ejusque fontanellas tangi. prohibent , ibid , page 270. | 7. De ischuria ex utero retroflexo , ib., p. 299. 8. De lethali uteri hæmorrhagia. acta. Societ. med., Havn. vol. 1, 1777, P. 95. 9. De gravitate molart. 10. De hæmorrh. partum insequentibus inject. fri- gidorum in utero sistendis, ibid, vol. 11, 1799, P: 127. 11. De singulari uteri strictura , ibid, P: 197. 1°. De morbo et morte à tumore ovarii pilosi pendente, ibid, p. 259. 13. Observ. de fieto aperto abdom. visceribusq. abdominal. solo peritoneo tectis nato. Acta regiæ Soc. LUE Hafn , vol. 1, 17858, p. 191. . Meditationes de utero graviditate rupto Le Mie sex hebdomad. superstite. ibid, p.398. 15. Observ. de loquela in fœmin hysterica sin- gulari modo restituta, ibid , vol. 1, 1791, p. 245: 16. De usu forcip. levretian. in extrahendo capite oblique ad marginem lateralem pelvis sito , ibid, p- 559 (7)- 17: Observ. de usu interno sacchar. saturni, 1b., vol. n11,1792, p. 88. 18. De diversis uteri inversi speciebus, ib. p. 396. Saxtorph fut nommé, en 1774, par des lettres royales, médecin suppléant du conseiller de con- érence Rottboel , hors d'état de servir, et tint à (7) C’est-là que se trouve le dessein et la description du forceps de Levret , avec la correction de Saxtorph, au moyen de laquelle il se ploie sur lui-même, sans étre ni moins sûr ni moins solide. Notice sur Saxtorph. 9 sa place des leçons de botanique et de physiolo- gie. La même année il établit, de concert avec les professeurs Tode et Callisen , une Société d’exer- cices en médecine (Societas exercitatoria medica), où les jeunes médecins se rendoient toutes les semaines avec des dissertations qu'ils écrivoient et faisoient imprimer pour les y soutenir publi- quement. Cela lui donna occasion de tenir un discours en mémoire d’un membre de cette Société, le jeune 3. W. de Berger, discours qui a été imprimé sous le titre suivant : Oratio in memoriam juvenis nobi- lissimi J. Guil. de Berger. Haln , 1779, 82 p.,8. L'année 1776, 1l fut nommé, à l’occasion du droit d’indigénat ,membre d’une commission char- gée d'encourager la chirurgie, et de procurer au royaume des chirurgiens indigènes de capacité. Le projet qui fut présenté à ce sujet, ne fut pris en considération qu’en 1785, lorsqu'il fut question d'établir l'Ecole de Chirurgie. En 1780, la Société des sciences de Copenhague adopta Saxtorph au nombre de ses membres. Ii y lut plusieurs Mémoires, dont voici les titres tra- duits httéralement du danois : 1. Des Progrès et du perfectionnement que l'art parturien doit en Danemarck à l'hospice d'accou« vhement. Ce Mémoire, de 82 pages in-8.°, se trouve dans la seconde partie du nouveau Recueil de la Société des Sciences, p. 112, et il a aussi été imprimé à part à Copenhague en 1782. 2. Considérations sur une prétendue sauve-garde 92 Biographie. des enfans , destinés à les empécher d'être écrasés au lit. Mème Recueil, troisième partie ,p. 255. : 3. Considérations sur quelques cas rares et sur les monstres humains, ib., quatrième partie, et imprimé à part à Copenhague, 1791, 24 p. in-8.° 4. Descriptions de deux enfans sans tégumens abdominaux, L. c., cinquième partie, p- 150, et imprimé à part à Copenh., 1794, 24 p. in-8.0. 5. Mémoire sur Les monstres monopeslu, pendant l'hiver de 1799. En 1781, Saxtorph fut adjoint par l’ordre du roi à la direction de lhôpital royal de Frédéric, pour conférer sur la fondation pour les accouche- mens , réunie alors à cet hôpital. En 1785, 1] fut nommé membre d’une autre commission, dont l’objet devoit être d’ordonner le nouvel hospice royal d'accouchement, distrait de Phôpital de Frédéric; et lorsque la commission eut terminé son travail, il fut placé dans ce même hospice comme accoucheur , et comme professeur chargé de l’enseignement gratuit des sages-fem- mes qui y arrivoient tous les ans des diverses pro- vinces aux frais publics. Dans l’espace de quatorze années, 1l a formé au moins 800 sages-femmes en état de servir, et une grande partie des états de Danemarck s’en trouve déjà pourvue. Cet hospice utile et honorable pour le Dane- marck, principalement dà à la bienfaisance de la ieue reine Juliane Marie, s'ouvrit le 31 mars 1787, le jour de la naissance du feu roi Frédéric v, son époux, et depuis lors il a constamment été, sous Notice sur Saxtorph. 93 Saxtorph,non-seulement un asyle ouvert aux mères mariés et non mariés de tous les états, mais aussi une école où les leçons théoriques et pratiques du professeur ont formé un nombre assez considéra- ble d’accoucheurs précieux, à part ceux qui ont simplement suivi ses leçons théoriques. On compte 182 indigènes, et 28 étrangers qui ont séjourné dans cet hospice pour s’y instruire dans la prati- qüe sous la direction de Saxtorph. Parmi les der- mers, où l’on compte à présent plusieurs accou- cheurs distingués, il y en a eu deux du Portugal, envoyés par leur gouvernement à Copenhague pour l’art des accouchemens; plusieurs des pos- sessions danoises et angloises dans les Indes, un de Tranquebar , un d'Angleterre, deux de Pologne et un de France; les autres étoient d'Allemagne ou de Suède. En 1784, Saxtorph fut nommé conseiller de justice en fonction. Il fut appelé en 1791 pour accoucher la princesse royale, à laquelle il donna aussi ses soins dans son second accouchement , et reçut l’année d’après le titre de conseiller d’état. En 1794, 1l eut entrée et voix au consistoire de l'université, dont -1l devint recteur l’année sui- vante. La même année : après la mort du profes- seur Kratzenstein , il fut nommé professeur de la faculté de médecine; et comme recteur de luni- versité, doyen de la faculté de médecine et pro- moteur, 1l eut la rare satisfaction de conférer le grade de docteur à son fils Jean Sylvestre Saxtorph, a présent son digne successeur , lequel peu de 94 Biographie. temps après cette céremonie en treprit un voÿ ?ge à l'étranger pour son instruction. Depuis 1795 jusqu'à sa mort, Saxtorph tint, comme le plus ancien des professeurs de la facultés des leçons publiques d'anatomie ; et quoiqu’il eut été trente ans sans enseigner cette partie, il s’en acquitta tellement à la satisfaction générale de ses auditeurs, que ces derniers ne purent en taire l'expression dans une adresse de remercimens qui fut insérée dans les papiers publics. Indépendam- ment de ce que Saxtorph a fait comme professeur d'anatomie , il chercha encore à en faciliter l'étude par un abrégé de cette science en langue danoise qu'il avoit résolu de publier, parce qu’on en éprouvoit le besoin. La première partie de cet ouvrage, que l’auteur a dédié au célèbre Callisen son ami, a paru sous le titre d’Osthéologie , pour servir de guide dans les leçons ; etc. Copenhague, 1800 , in-8.° de 177 pages. C’est avec raison que le respectable professeur Tode, dans le premier cahier du cinquième volume de son Journal de Médecine et de Chirurgie, a fait l'éloge de la clarté et de la perfection de cet écrit, en regret- tant que la continuation en ait été empêchée par la mon de l'auteur. La santé jusqu'alors inaltérable de limmortel Saxtorph commença à chanceler dans les dernières années de sa vie, sans rien lui ôter néanmoins dé son activité utile comme professeur et accoucheur, Outre plusieurs attaques de goutte, la disposition naturelle que l'habitude de son corps lui donnoit \ Notice sur Sazxtorph. 95 à l’apoplexie , sembla se déclarer de plus en plus, et il devint d’une sensibilité extrême pour des tra- casseries que la sérénité antérieure de son ame lui “auroit fait supporter avec indifférence et mépris. Des désagrémens de plus d’une espèce assiégérent “par malheur les dernières années de sa vie , et hâtè- ‘rent probablement sa mort , qui eut lieu le 10 juin 1800, par un coup d’apoplexie si subit, qu’il ne pôt écrire qu’à moitié une recette qu’il avoit com- mencée au premier sentiment de son approche. Son convoi funèbre répondit à son rang et à la considération dont il jouissoit. Mulus ille bonis flebilis occidit, Le mérite de Saxtorph pour la science comme écrivain est trop connu pour qu'il soit nécessaire d'en parler ici. Comme professeur public, il se distingua toujours par la clarté et l'agrément dans ses leçons, qui étoient simples et concises , sans cependant jamais rien laisser à desirer. Au lit des mères et des femmes en coûches, ses manières tou- jours douces respiroient l'intérêt et.réveilloient la confiance. C’est la encore qu’il devenoit un modèle “utile et instructif pour les élèves qui l'accom- pagnoient. Pour prouver combien il avoit à cœur de suivre les sciences dans leurs progrès , et combienilétoit encore accessible aux nouvelles découvertes mal- gré son âgeavancé, il me suffira d'observer, dit le docteur Schéel, que touchant déjà à sa soixantième année, il ne dédaigna point d'employer pendant 96 Biographie assez long temps, malgré son peu de loisir, quel- ques heures de la matinée à l'étude et à l'examen du système de Brown ; il avoit eu la complaisance de n'associer à cette étude , et je dus être d’autant plus touché du soin qu'il y mettoit, que cette ma- nière d'agir contraste singulièrement avec lin- différence de tant d’autres médecins pour tout ce qui porte l'empreinte de la nouveauté. Tous ceux de ses élèves qui, par leur applica- tion et leur zèle lui paroiïssoient devoir cultiver les sciences avec succès, étoient sûrs de trouver auprès de lui tout l'intérêt et tout l’encouragement possi- bles, et il n’en est guère qui ne bénissent avec moi les cendres de leur immortel professeur et ami. Saxtorph étoit d’un tempérament sanguin, et par conséquent d’une humeur toujours gaie, ai mant la société, et n’étant jamais si content que quand il pouvoit se livrer à son enjouement na- turel dans un cercle d'amis. Cette disposition d'humeur l’empècha de s'enrichir; ce qu'il n’eût pas été difficile de faire à un avare avec ses ap- pointemens considérables. Sa magnificence et sa bienfaisance ont été cause qu’a sa mort il n’a pres- que rien laissé que la réputation d’une vie sacri- fée aux sciences et à l'utilité de ses concitoyens. Son fils, pour payer à la mémoire de son pere le tribut de la reconnoissance et de la pitié filiale, va faire ériger sur sa tombe un beau et modeste monument de marbre, avec le buste du défunt en bas-relief, fait quelque temps avant sa mort par Notice sur Satiorph: CA un ärtisté poète, comme un tableau votif, avec les deux vers suivans pour inscription : £ à 10 Ham signer MANS med spæde Bæœrn i Tayn, Og fræ staær manden hos og signer Saxtorphæ Navn. C’est-a-dire ; Les époux entoürés de leurs tendrés enfans re Bénissent son nom. cher aux cœurs reconnoissans. Nota. L'auteur de cette biographie, le docteut? Schéel , ancien élève et ami de Saxtorph, dont il avoit mérité toute la confiance, annonce, en la terminant, qu'un habile sculpteur danois actuel- lement à Rome, M. Thoriwaldsen , travaille en ce moment sur les avances que lui a faites Saxtorph fils, le buste en marbre de l’illustre mort, pour l’exposer dans la salle des accouchemens à côté de celui du célèbre Berger. Il invite à cette occa- sion les élèves et les amis de ferSaxtorph à Jui payer un léger tribut de leur reconnoissance, en consignant chez M. Bentzen , inspecteur de l’hos- pice d'accouchement, la somme de cinq rixdales ou d’un Frédéric d'or pour être employés aux frais de ce monument, dont l’état leur sera envoyé avec un exemplaire de la biographie et le portrait de leur bienfaiteur. Les bornes prescrites par un Recueil, dont le mérite et la richesse consistent autant dans la variété que dans le choix des articles, qu'il offre à ses nombreux lecteurs, m’oblige de renfermer dans mon cœur des sentimens que la reconnois- sance peut à peine y contenir. Il est doux et con- Tome III, Mai , 1807. 7 Col a Biographies 4 - solant sans donte pour tous ceux qui comme moi : ont trouvé dans le savant professeur Saxtorph l'instruction réunie à la bonté protectrice d’un père, de voir rendre à sa mémoire des hommages qui ne furent jamais mieux mérités ; et le docteur Schéel , en jugeant si bien les élèves de ce grand homme, fait par ses sentimens autant d'honneur à l'humanité, qu’il en fait à la science par son rare mérite et ses vastes connoissances. Er DEMANGEON. L { a POESIE, LE Voracezur, par M. Brucuières de Marseille; pièce qui a remporté l'accessit au dernier concours de poésie proposé par l’Institui national (1). De E N ces jours où les arts , allumant leur flambeau, Remplissoient l'Orient de leur éclat nouveau, Quand l’Euphrate portoit sur sa rive étonnée La ville de Bélus de jardins couronnée ; Que du savant Memphis les prêtres révérés Instruisoient Hérodote en leurs parvis sacrés ; Et que loin de Samos le grave Pythagore Consultoit le Brachmanne aux portes de l’aurore , La trirême, aux cent bras , ignorant l'Univers, N'osoit franchir encor l’immensité des mers, Et le nocher debout, l’œil fixé sur la rive, Ne présentoit aux vents qu’une voile craintive, Ainsi de l'Océan les peuples entourés, L'un à l’autre inconnus, demeuroient séparés; Et seuls, de proche en proche, écartant ses barrières, Quelques sages tentoient l'échange des lumières. Enfin Colomb paroît, et guidé par l’aimant, Subjugue le premier le fougueux élément, Et, vainqueur des efforts d’un âge plus timide, Renverse d’un seul coup les colonnes d’Alcide. La rive a disparu : ses compagnons muets Ont baissé sur les mers leurs regards inquiets ; Intrépide, il se rit de leur terreur profonde, Et son doigt étendu leur montre un nouveau Monde. (1) La pièce de vers que l'on va lire est celle dont, à la séance publique de l’Académie française, M. DE Fonrawes a fait con- noître quélques fragmens; elle a obtenu l’accessit. Son auteur est M. Brucuières de Marseille. Nous avons cru, pour ne rien laisser à désirer sur cet intéressant concours, devoir pu- blier cette pièce en entier. 100 “Poésie: Plus de bornes pour l’homme; et la terre et les cieux Dans toute leur gratideur sont livrés à ses yeux ; Des Alpes du vieux Monde à des Alpes nouvelles, Il voit $e rattacher les chaînes fraternelles, D'ün sécond Océan il envahit le sein : Lüi-même il s'associe un autre genre humain : Dèés-lors, le voyageur , sur un plus vaste espace S’élance, et des dangers dédaignant là menace, Recherche , tout entier à l’objet qu’il poursuit, Si, par le péril niême, il ne peut-être instruit. Tantôt dans les cités il observe en silence Leur police, leurs lois, leur active opulence, Leurs arts industrieux, leurs altiers monumens; Tantôt, en des remparts renversés par les ans, Sur d’antiques débris ses yeux cherchent à lire Le souvenir d’un peuple ou le nom d’un empire. Souvent au bout du globe , errant dans les forêts, De la nature libre il contemple les traits, Et dans l’immensité d’un éternel ombrage, I] la voit étaler sa richesse sauvage. Oh ! que si prenant soin d’embellir ses destins, Les Muses de leur lyre ont honoré ses mains, De leur noble fureur st son ame ést saisie, Combien ce grand spectacle et de pompe et de vie , Ce tout majestueux dont la variété Sans cesse sé déroule à son œil enchanté, Ces mérveilles sus nombre en tous tieux dispersées, £Echauffent son génie, exaltent ses pensées ! Qu’il chante alors! qu’il cède à ses héureux transports! Les siècles, en fuyant, rediront ses accords, Et le temps , ce vieillard qui se plaît aux ruines, Emoussera sa faulx sur ses œuvres divines. Tel, ayant vu le Nil et le froid Tanaïs, Les,champs où le Scamandre est joint au Simois, Les plaines de Phrygie et les monts de la Thrace, Et gravi le premier les cimes du Parnasse , Le Voyageur. xo1 Homère, à la nature empruntant ses pinceaux, La peignit toute entière en ses vivans tableaux ; Et, le front rayonnant d’une gloire immortelle, S’élève encore sublime et sans égal comme elle. Mais c’est en vain qu'aux lieux par l’homme inhabités, La terre étalera ses plus rares beautés ; En vain mille palais de leur splendeur antique YŸ montréront encor le reste magnifique, Bientôt le voyageur, plein d'un secret ennui, N'y cherche du regard qu’un être comme lui, Et du plus hamble toît la rencontre imprévue, S'il couvre son semblable, enchantera sa vue. L'Europe , avec orgueil lui présente ses fils, Au noble frein des lois librement asservis, Eclairés dans la paix, généreux dans la guerre, Le modèle , l'envie, et l'honneur de la Terre, L’Asie, en rougissant, lui découvre les siens, De ses vastes cités indolens citoyens, Enivrant de parfums leur oisive mollesse ; Et sur des tapis d’or prosternant leur bassesse. Dans des plaines de sable et sous un ciel d’airain, Il entend haleter le stupide Africain ; Père , époux sans amour , et brigand sans courage; Avec un air brülant respirant l'esclavage. Le sombre Américain semble éviter ses yeux : D'un sexe foible et doux, tyran silencieux, Jamais sans ennemis, constamment en défense, Et cachant dans les bois sa triste indépendance. Il suit l’humaine espèce en ses états divers : Il voit l’âpre Esquimaux, que nourrissent les mers, Dans sa hutte enfumée, au fracas des tempêtes, Vantant , d'huile abreuvé , le luxe de ses fêtes ; L’Iroquois, fait au meurtre et chasseur indompté ; L'Arabe , au prompt coursier , vagabond redouté Des syrtes de Lybie aux Persiques rivages; Le nomade Mongoul changeant de pâturages, 102 Poésie. Et guidant chaque mois, vers des bords différens., Sa tente pastorale et ses troupeaux errans} L'Indou, qui de Brama suit la loi pacifique, Dans les plaines du Gange agriculteur antique; : Et le Chinois vieilli dans l’enfance des arts, De ses flots populeux inondant ses remparts. S'il veut du globe même étudier l’histoire, Ses éloquens, débris en gardent la mémoire : Dans les humbles vallons, sur les monts orgueilleux, Ils lui montrent l'empreinte et des eaux et des feux ; D'un désordre apparent naît partout Fharmonie, Partout il voit la mort alimenter la vie. Mais vers quelques pays qu'il dirige ses pas, T1 ne s’entoure point de glaives, de soldats; Etranger , son aspect n'apporte plus d’alarmes ; Son cortège est la paix, les bienfaits sont ses armes. Semblable à ces mortels, Dieux des siècles lointains, - De qui la voix auguste instruisit les humains, Sur un sol sans culture, il vient, comme eux encore, # Des salutaires arts faire briller l’aurore. Ah! qu’ils soient expiés ces effroyables temps, Où des soldats sans nom, vulgaires conquérans, Couroient chercher au loin , certains de la victoire ; Dans des dangers obscurs des triomphes sans gloire ! À l’aspect du soleil égorgeoient ses enfans Sur les débris dorés de ses temples fumans ; Du fier Guatimosin, défenseur du Mexique, Ilustroient par le feu la constance héroïque ; Et, pour prix des trésors de toutes parts offerts, Ne donnoient aux vaincus que la mort ou les fers. Couvrons tous ces forfaits de muettes ténébres; Mais éternel honneur aux voyageurs.célèbres , De qui l’abord tranquille a si bien attesté Les touchantes vertus, l’utile humanité. Pierre, cherchant les arts pour son peuple sauvage ; Pen», de la Delawarre atteignant le rivage, — Le Voyageur. 108 Et, disciple de Locke, y portant les bienfaits Nés de l’heureux accord des lois et de la paix; Howard ; qui , des cachots , sondant le noir abime, Fit luire la pitié, même aux regards du crime ; Et ces autres encor dont le zèle pieux Sema dans les forêts la parole des cieux; Toi; Las-Gassas, l’honneur de'cesaint ministère ; | O des Américains et l’apôtre et le père, Qui de la même voix dont tu touchois leurs cœurs, Tonnois au sein des cours contre leurs oppresseurs! Vous tous, sages mortels, recevez nos hommages. Puissent'vos noms, portés sur le torrent des âges, Exempts d’injure aller, par un doux souvenir, Des crimes du passé consoler l’avenir ! Mais la Parque, en bornant leurs travaux et leur gloire, De leur sang, trop de fois, a rougi leur histoire : Combien d’entre eux aussi, frappés et sans secours Sur des bords ignorés ont terminé leurs jours ! O Muse, de regrets et d’honneurs légitimes Paye unmouveau tribut à ces nobles victimes ! Magellan , par le fer, dans Sébu moissonné ; D'une troupe rebelle Hudson abandonné Non loin de ce détroit que fraya son audace, Et périssant de faim sur une mer de glace. Archipel-de Sandwich ! 6 rivage abhorré! J'y vois le brave Cook d'assassins entouré : Il tombe; et ses regards, empreints de bienfaisance, A ses soldats armés défendent la vengeance. Et toi, dont nul avis n’a révélé le sort, La Peyrouse, en quels lieux as-tu trouvé la mort ? Ou peut-être, invoquant sa rigueur salutaire, Tu vis, et son retard prolonge ta misère. Dès que les feux du jour percent l'obscurité, Tu gravis sur le roc , où les vents t’ont jeté, Et ton œil s’attachant sur la liquide plaine, Croit voir dans chaque flot une voile lointaine, «104 ruPoésies Malheureux , tu te plains à l'approche du soir, Et le soleil suivant réveille ton espoir. Non, d’un ingraë oubli n’accuse point la France; Elle a sur l'Océan fait voler l Espérance, :! : Et des îles de l’Inde , au bout de l'Univers, Interrogé surrtoi les écueils et les mers. Deux fois, pour techercher, les plages:antarctiques Ont vu se déployer nos drapeaux paeifiqus ; Mais l’infidéle Echo, des bards où tugémis, Hélas ! n’a point porté ta voix à tes amis. Ah ! par ces souvenirs notre ame est trop értue ; Sur de plus doux objets reposons notre vue. Il s'offre à mes pinceaux cet heureux voyageur, Qui, bercé mollement par des flots sans furent , Vole vers sa patrie, et plein d'impatience, De l’haleine: des vents accuse l'inconstance. El a couru des bords où renaît le soleil A ceux où l'Occident recoit son char vermeil; Et sous quelques climats qu’il ait porté sa course, De l'équateur brûlant ‘aux champs glacés dé l’ourse , T1 a vu les humains différens de couleurs! Etendus surla neige ou couchés sur les fleurs, Ignorans éclairés, esclaves, ou sans maître, Aimer avec transport le lieu qui les vit naître. Et lui, combien de fois, dans cet éloignement, Son cœur a tressailli de ce pur sentiment Toujours l'absence accroît l’amour de la patrie, Sans cesse rappelée et par elle embellie! Ses regards devançant sa flottante prison, Maintenant sont plongés dans le sombre horison ; Déjà le nautonnier , que la prudence guide, Sonde les profondeurs de l’abime liquide : Un cri s'élève... Terre ! et frappé par cent voix, L’écho de Océan le répète cent fois. O patrie! 6 transports que ta présence inspire ! Q rive où tant de vœux rappeloient le navire, Le Voyageur. 105 Salut ! Le voyageur sur la proue avancé, Bien au-delà du flot soudain s’est élancé. Pour lui dans ses foyers quel doux accueil s'apprête ! J1 court, se précipite , et chaque objet l’arrête : Incertain, il voudroit dans son empressement, Tout chercher , tout revoir en un même moment. Enfin, du seuil connu franchissant la barrière, : Il retrouve une épouse et peut-être une mère ; Leur bouche, en se hâtant, commence cent discours Que leurs embrassemens interrompent toujours ; Sans doute il a souffert sur des plages lointaines, Mais ce jour de bonheur a compensé ses peines, Bientôt, dans la retraite occupant son repos, Sa mémoire préside à d’utiles travaux : Il trace avec candeur l’imposante peinture De tout ce qu’à ses yeux révéla la nature. J1 décrit à la fois les objets et les lieux, Les êtres inconnus vivans sous d’autres cieux ; Du sauvage ignorant, l’activité stérile ; De l’homme policé, la constance fertile ; Et sage observateur , peintre exact et précis, J1 reproduit le globe en ses vastes récits. Bien plus, sa main versant des semences fécondes, Enrichit nos guérets des moissons des deux Mondes; Par lui des fruits nouveaux croitront dans nos vergers, Nos arts s’associront à des arts étrangers ; Une heureuse industrie animera nos villes, Et suivant, à sa voix, des routes plus faciles, Le commerce, agrandi pour les peuples divers, Va, de sa chaine d’or, embrasser l'Univers. ARCHÆOLOGIE. Première lettre de M. COUSINERY, ancien Consul-général de France dans la Macé- doine ,à M. RosST-4 N, membre de l’ Aca- démie de Marseille (1), sur l’Inscription de Roselle. DÉIFICATION DE PTOLÉMÉE V, SuRNOMMÉ ÉPIPHANÉ. J E vais vous entretenir, mon,cher ami, non de ces grecs célebres, dont nous avons parcouru ensemble les belles contrées ; mais de ces Macédoniens qui, transportés après 1e conquêtes d'Alexandre sur les rives fécondes du Nil, avec les dieux de leur pa- trie, eurent la sagesse d’adjoindre à leur culte na- OL celui des divinités mdigènes, et de respecter (x) M. Raid a voyagé long-temps dans la Dub” et c’est un des plus habiles connoisseurs dans la science des médailles ; il a donné dans ce Journal une excellente Dissertation sur une médaille intéressante et inédite du roi Brogitarus , ann. 1v, t. v, p. 460. Il est malheureux qu’il néglige une science qu’il pourroit cultiver, ainsi que l'Histoire naturelle , avec tant de succès; mais il en est détourné par les soins qu’il donne cons- tamment aux établissemens de bienfaisance, et l'abandon de ces études chéries, est le plus généreux sacrifice que son ame noble et sensible puisse faire à l'amour de l'humanité. A. L. M. Inscription de Rosette. 107 des usages et des rits, que la religion antique y avoit consacrés. Je vais vous parler aussi des prêtres de cette religion , qui après avoir perdu le droit d’élire leurs rois, surent conserver celui de les déifier, tandis que ceux de la Grèce nelobtinrent jamais. C’est en un mot sur l’inscription de Rosette, sur ce précieux monument historique, découvert pendant le cours de la conquête de l’Ægypte , que je vais vous donner quelques nouveaux éclaircis- semens , si peut-être d’attirer votre atten- tion. Continuer ainsi nos conversations sur l’anti- quité, c’est me rappeler le fruit que j’ai retiré de vos judicieuses observations sur les lieux mêmes ; et le plaisir de n’en rappeler, est un nouveau voyage que j'entreprends avec vous. La découverte importante du monument de Ro- sette, ne pouvoit manquer de fixer l’attention des savans de l’Europe ; ceux de Londres, où se trouve cette inscription, ceux de Stockholm, de Goet- tingue, et surtout ceux de notre capitale s’en sont le plus occupés , et s’ils ont laissé quelque chose à desirer à leurs explications, ce qui arrive ordinai- rement dans de premiers essais , ce ne pourroit être un motif d’aténuer le‘mérite de leurs recher- ches, ni d’affoiblir la reconnoissance publique que je fais gloire de partager. Je suis certain que votreillustre ami , d’Ansse de Villoison , mon ancien hôte à Thessalonique, que tant de regrêts ont suivi dans le tombeau, vous envoya l’année dernière, un exemplaire des trois 108 - Archæologie. lettres (2) qu'il écrivit sur cette inscription, à son savant ami, M. Akerblad. Je ne doute pas que vous n'ayez apprécié le mérite de ces lettres, ainsi que celui des savantes recherches de M. Ameiïlhon sur le même monument, et que ces ouvrages n’ayent flatté votre goût et stimulé votre penchant pour la belle antiquité. Vous aurez reconnu combien cette inscription, composée en langue hiéroglyphique ou sacrée, en langue copte ou ægyptienne, et en langue grec- que, enrichit par des détails curieux l’histoire de la dynastie des Lagides, en remplissant quelques Jacunes dans le grand nombre de celles qui exci- tent nos regrets au sujet de cette histoire. Vous vous ressouviendrez que ce précieux monument est divisé en trois parties; que la première fait mention du roi Ptolémée Ve, surnommé Épiphane, alorsrègnant (3), du prêtre Aétes, fils d’Aétès (4), qui desservoit le temple d'Alexandre, où il paroît qu'il avoit le droit d’assembler des grands-prè- tres, des prêtres et d’autres ministres du culte répandus dans toutes les parties de l'Ægypte; que. ce même Aétès étoit aussi prêtre des rois apo- théosés qui avoient regné dans le même pays après Alexandre, jusques a Ptolémée Philopator inclusi- (2) Ces trois lettres, dont l’auteur distribua quelques exem- plaires à divers amis, sont insérées dans le Magasin Encyclo- pédique. La première , dans le 8e. tom., pag. 70, avec un sup- plément à la pag. 378 ; la seconde et la troisième, au tom. 11€, pag. 274 et 313. (3) Bartnévor Tes. (4) Ale 78 Ale. Inscription de Rosette. 169 vement, ainsi que des Reines leurs femmes aussi apothéosées, dont les autels étoient plus particu- lièrement desservis par des prêtresses qui figurent avec Aétès. Vous n’aurez pas oublié que-la seconde partie exprime d’une manière aussi étendue qu’emphati- que, tous les droits qu’avoit le prince à la recon- noissance publique par ses bienfaits envers ses peuples, et par sa piété envers les dieux ; et que la troisième comprend le décret que tout le corps hiérarchique prononce, sans le concours d’aucune magistrature civile, pour établir des honneurs divins à rendre annuellement au même roi, comme nouveau dieu ou nouveau bon génie de l’Ægypte. Vous aurez pu observer que les savans qui ont commenté ce décret, n’ont pas suffisamment dis- tingué la cérémonie du sacre de Ptolémée V d’avec celle de sa déification ; de sorte qu’on seroit tenté de croire, d’après leurs observations , que cette dernière solemnité se trouve réunie naturellement à la première, tandis qu’en effet elle n’en fut qu’un accessoire accidentel. Je ne rapporterai à ce sujet que la troisième lettre de Villoison. Ce. savant ne fait pas connoître le vrai motif du dé- cret. « C’est ainsi, dit-il, qu’on voit dans l’ins- » cription de Rosette que la fête et la solemnité » de Ptolémée Epiphane é0g75 xai rawyveis , dura cinq » jours ». On pourroit demander d’après ce pas- sage, si le savant auteur des lettres à M. Akerblad a voulu parler du couronnement ou de la déifi- tion, ou bien s’il a entendu que ces deux 50- 110 “ AÆrchæologié: Jemnités n’eussent formé qu’une seule et mêihe fête. On ne supposera pas cette réunion ; si l’on con: sidère que toute la teneur du décrêt tend à re- vêtir le prince, d’autant de gloire et de majesté qu’il étoit possible de lui en donner. Seroit-il vrai- semblable en effet , que la célébration des fêtes de sa déification , si bien désignée dans le décrêt, n’eût pas précédé celles de son inauguration, comme un moyen préparatoire et propre à aug- menter l'éclat de cette dernière solemnité ? Les cinq jours de fêtes où l’on devoit renouveller chaque année des actions de grâce pour les biens et les avantages reçus par la sage administration du Roi, n 'appartiennentil pas exclusivement à une action particulière : > Or , l'identité de faits, l'identité de formes n’étant pas admissibles, réte idée de réu- nion s’évanouit, et la déification devient aussi isolée que le décret qui linstitue. - Les écrivains qui ont traité ce sujet, ont con- fondu même la cérémonie religieuse du sacre, qui se faisoit à Memphis , avec la cérémonie civile, qui avoit lieu dans la ville d'Alexandrie , capitale de lÆgypte , lorsque le prince héritoit du trône, du lorsqu’après une régence, il avoit atteint l’âge de régner par lui-même. Ils ne parlent les uns et les autres que d’un seul couronne- ment, et ils en déterminent l’époque; cepen- dant l’histoire , et l'inscription elle-même, ne nous laissent aucun doute sur la différence qui existoit entre ces deux cérémonies. Le sacre est désigné Inscription de Rosettr. ItE plusieurs fois daris le cours de l’inscription ; par le mot rægéanÿis, et l'installation qui occasionnoit des fêtes particulières à Alexandrie , est indiquée par divers auteurs, et notamment dans Polybe, par le mot évaxanñee, dont il n’est nullement men- tion dans le contenu du décret. M. HEYNE, si cher à la république des lettres et membre de la société royale de Goettingue, a dé- signé plus particulièrement le véritable but du décret des prêtres de l’Ægypte, dans un savant mémoire sur l'inscription dont il s’agit (5); mais au fond cette explication rentre dans le système de MM. Ameilhon et Villoison sur les fêtes du couronnement, et sur celles de la déification. Malgré mes dispositions à adhérer à des autorités aussi respectables sur ces deux points de critique, je n’ai pu me dissimuler les raisons qui contrarient ces opimions , et quim'en ont fait adopter d’autres, toutes contraires; mais avant d’entreprendre 1e développement de mes idées sur l'installation, et sur le sacre ou l'inauguration, je m'arrêterai dans cette lettre à des éclaircissemens préliminaires, qui tendent à mieux prouver que le sujet unique de l'inscription de Rosette est la Déification de Ptolémée V , surnommé Epiphane, et à cet effet il m'a paru indispensable d'indiquer la différence quiexistoit dans le culte religieux des grecs et des romains, entre la Déification et l’Apothéose. - Quoique les-auteurs anciens , qui ont eu si sou- (5) M. Mrexin a inséré dans le Magasin Encyclopédique , un-extrait de cé Mémoire, N°. 15 de l’an 11, p. 392 et suiv. 112 Archæologié. vent occasion de parler de la déification et de l’apothéose, n’ayent jamais pu confondre ces deux. manières d’assimiler l’homine à la divinité par des actes publics et religieux ; ils n’en ont pas toujours fait sentir la différence par des expressions égale- ment claires. Les événemeñs qu’ils décrivoient’ étoient plus rapprochés de leur temps, et leurs contémporains saisissoient plus facilement leurs idées. Quant à nous, l’éloignément où nous nous trouvons des siècles où ils écrivoient et les tés nèbres qui se sont insensiblemient répandues sur les faits et sur les détails de l’histoire, nous obligent à une exactitude plus rigoureuse. C’est en signalant sans cesse les inconvéniens des équi- voques qui résultent de la fausse acception des mots, que noûis sommes parvenus à nous ex- primer avec plus de justesse ; mais nos recherches en ce genre ne sont pas épuisées: Les dictionnaires confondént ces mots de Déifi- cation et d’Apothéose Les écrivains qni ont traité de l'antiquité, les ont employés indifféremment , en leur donnant le même sens; et quelques uns , pour éviter de les confondre, se sont servi d’ex+ pressions vagues, telles que celles d’honneurs pu blics, d’honneurs divins, ou d’autres du inême genre , tandis qu’il s’agissoit de faire connoître de quelle nature étoient ces marques d’ une vénération religieuse. La différence qui existe entre des mots en ap- parence synonimes, a été négligée sans doute parce qu'ils sont étrangers à nos usages , où qu'ils ne Inscription de Rosette. 113 sont employés que figurément dans nos discours $ mais la définition de ces termes n’est pas moins nécessaire : elle tient à la vérité de l’histoire , et peut servir à l’éclaircir. L'existence de ces deux: expressions dans les langues vivantes ; ne doit pas être regardée comme une synonimie surabondante: mais plutôt comme un témoignage de leur diffés rence réelle. Parmi le grand nombre de preuves que je pour- rois donner de l’embarras où nous ont jetté les anciens auteurs, sur la question dont il s’agit, je ne citerai que deux passages, l’un tiré de Pausa- mas, et l’autre de Cicéron. Pausanias (6), en parlant de Lycaon, changé en loup, pour avoir sacrifié un enfant à Jupiter, ajoute (7) : (Je suis la traduction de abbé Gedoyn). « En effet, ces premiers hommes étoient souvent » leS hôtes des Dieux, et leur commençaux ; (6) L. virx ; ch. 2. (7) «oi yap dy Tele évbpomor Esvot na ouolpémeor Oidts peur » dr0 dinaior dns Lai EvreBeiac. Kai ici vapyos 7 la Tape » Tôv decor Tin Te oûcry ayabois, tai ddxiraciy dravlus épy# » Errellos xut Ocor Tee éyivoylo 66 avéparar , 04 yépa xal £e TodY: » Er éxous, ds Aprolaios, xai Bplouaplis 5 xpnexy, a Hpax Ge, D 6 A'Axmys, xai À’'upriépaos o OixAcous, Emi dE dulais IIcau= n déuxns Te x ui Kaolap. O'olwruloila y is xul Auxcoye Enpiov 3 à mur Vas Tayléhs Niconv yevecber Aidoy. Er, PAPE (raxis yap » dy êmi mAéialor pu£ilo xar Av Te émivéuslo märay xa: Toxeié » æéas ) ave becs éyivélo qudb}s el ?E dvOparrov, TI 07 0y A0y@ D xai onaxtiæ mpos To Ürepéxor. Kai ddxois pity To penviua To tx » Tor der de Te nai mtAlovou Wed 0er dréxilar »i Tome III. Mai, 1807. 8 114 Archæologie. » c'étoit la récompense de leur justiceet de leur » piété; les bons étoient honorés de la visite des » Dieux, et les méchans éprouvoient sur-le-champ » leur colère : delà vient que plusieurs d’entre les » hommes furent alors déifiés, et qu’ils jouissent » encore des honneurs divins. Témoins Aristée » et Britomartis de Crète, Hercule, fils d’Alc- » mène, et Amphiaraüs, fils d'Oiclés, auxquels » on peut ajouter Castor et Pollux. Par la raison » contraire, on peut bien croire que Lycaon prit » la figure d’une bête, et que Niobé , fille de y Tantale, fut changée en rocher. Mais aujour- » d’hui que les hommes sont généralement cor- » rompus, et qu'il n’y a pas une ville, pas un » coin de terre qui ne soit plein de leur iniquité : »_on ne voit pas que les Dieux en adoptent aucun, » si ce n’est par de vaines apothéoses qu'invente » la flatterie; et la justice divine, plus lente et » plus tardive, se réserve de punir les coupables » après leur mort ». Voilà, dans cette traduction, les mots de déification et d'apothéose qui ne se trouvent point dans le texte, et qui n’en rendent pas le vrai sens. L'auteur s'exprime à la vérité d’une manière vague; mais le traducteur auroit dû, par cette raison même, s’en tenir au mot-a- mot, et dire : « Delà advint que quelques hommes » prirent place parmi les Dieux », et plus bas, «si » ce n’est ceux à qui la flatterie a donné ce titre, à cause du poste éminent qu'ils occupoient ». Il nous restera toujours à comprendre si Pausa- nias a voulu parler de la déification ou de l’apo- théose. | 1 | j | | Inscription de Rosette, 116 L'abbé d'Ozrver n’a pas mieux réussi à rendre ün passage de Cicéron, dans la traduction des Entretiens sur la Nature des Dieux, 1. 1e, P: 149. « Ceux qui prétendent , dit-il$ que tous ces Dieux, » objet de notre culte et de nos prières; ne sont » que des hommes courageux, illustres et puis- » sans, qu’on a déifies après leur mort, etc. » Il y a dans le texte : « Post mortem ad Deos per- » venisse ». Cicéron est ici bien plus clair qué Pausanias , puisqu'on ñe peut douter qu'il ñne s’agisse de l’apothéose. Le traducteur auroit dû employer une périphrase, ou bien se servir du mot propre apothéose. Il auroit dà d’autant plus soigner ce passage, qu’il fait remarquer lui-même, dans une note du livre 8, page 28, combien il est difficile de bien rendre les auteurs anciens. « Tout s est plein, dit-il, de termes équivoques dansle » style des anciens, si nous n’y prenons garde », Pour miéux vous prouver l'inconvénient de l'admission d’une synonimie entre les expressions dont il s’agit, permettez-moi de citer deux lignes d’un Mémoire sur les mœurs des siècles héroïques par le savant Rochefort (8). «On peut conjecturer, » dit-il, que le siècle qui produisoit les héros, » n’étoit pas celui qui les divinisoit s. Et tout de suite : « L'interprétation que j’ai donnée à la déifi: » cation d'Hercule, peut s'appliquer à la pré- » tendue apothéose de Ganymède ÿ. On convien dra sans doute que cette diction n’est ni claire, 1 convenable. (8; Acad. des {nser. et Bell. Lett., tom. x*xvi., p. 4it. 16 -… Ærchæologies Ilimporte donc de poser des principes qui aident à démontrer, qu’on ne peut indifféremment se servir des mots apothéoser, déifier, et même de celui de diviniser ,ssans faire appercevoir qu’on n’a qu'imparfaitement saisi la vérité qui est le seul but de l’histoire. C’est ce que je me suis proposé, principalement dans cette lettre, en recherchant tout-à-la-fois les idées morales que ces mots peu- vent faire naître, et tout ce qui peut nous con- duire à expliquer, d’une manière plus étendue qu’on n’a fait jusqu’aujourd’hui, l’inscription de Rosette dans divers points relatifs à l’histoire et à la religion des temps reculés. Quoique les idées sur l’origine et sur la nature des cultes, ayent beaucoup varié chez les anciens et chez les modernes, on ne s’accorde pas moins à penser qu’à des époques éloignées de celle de Fhis- toire, des hommes bienfaisans , courageux ou hardis , obtinrent des honneurs divins. Cette opinion est fondée principalement sur des dogmes orientaux , adoptés par des Grecs, qui reconnurent une théophanie ou manifestation des Dieux sous une forme humaine, et une génération … de héros, dont les mères avoient été aimées par ces Dieux, ou dont les pères avoient été les amants de quelques déesses. Onsait que ce fut principalement sur ces dogmes que s’établirent la religion des Ægyptiens et des Phéniciens, et successivement celle des Grecs et celle des Romains, qui n’en étoient qu’une imitation modifiée. On reconnoît aussi que toute idée acces- Inscription de Rosette. 117 soire à ces dogmes, appartient toujours au principe qui établit, qu’une intelligence supérieure prési- doit au gouvernement de lunivers, et que des génies qui lui étoient subordonnés, en avoient l'administration! sous quelque forme qu'ils pussent se manifester aux hommes , et à quelque partie de la nature physique qu’ils parussent présider. Quoiqu'Hérodote, en rapportant les opinions des prêtres de lÆgypte, semble persuadé que le culte des Ægyptiens n’admettoit point l’anthro- polatrie, il paroît cependant prouvé par les té- moignages les plus authentiques, par celui de Diodore de Sicile, de Pline, de Minucius Felix, ‘de saint Augustin et de la plupart des pères de l'église, que cette doctrine n’étoit pas étrangère à cette nation. | Quoi qu'il en soit, une crédulité superstitieuse pouvoit faire supposer, dans un homme célèbre, ‘des rapports médiats ou immédiats avec les Dieux; “mais il ne résultôit de cette croyance qui dite un tel homme , qu’un droit à la déification ou à l'apothéose A et ce droit n’avoit pas toujours son effet. Dans l’acception HERLER métaphorique , le mot divin s'applique à l’objet d’une admiration excessive, soit au physique, soit au moral. On a toujours divinisé, on divinise encore ce qui, parmi divers objets comparés ensemble, frappe le plus par sa beauté ou par ses convenances, et s'élève fort au-dessus de la classe ordinaire; ainsr, un esprit sublime est divin, un ouvrage qui 18 … Ærchæologie. se fait remarquer par un mérite extraordinaire, est divin , et une production de la nature, dans le sens hyperbolique , est divine par opposition à une autre de même genre qui paroît avec moins d'éclat. C’est dans le même sens qu’oif a dit le divin Platon, le divin Homère, C’est ainsi qu’un amant divinise les attraits de sa maîtresse ; et c’est daris le même sens figuré que la langue grecque ancienne et moderne, admet les mots êéos et si, le divin, la divine, pour désigner la qualité d’oncle et de tante (9). Dion remarque que le surnom d’Augustus, donné à Octavien, à l'instigation de Munacius Plancus, étoit l'équivalent de divus le divin. Les Grecs rendent ce mot par euros, qui signifie quelque chose de digne de vénération religieuse; il ne fut employé dans la suite, à l’égard, des empereurs, que comme un titre de puissance. Parmi les qualifications pompelses que les Em- pereurs de Constantinaple se sont données en di- vers temps, où que l’adulation leur a prodiguées, (9) M. Corax, siavantageusement connu par l'étude profonde qu’il a faite de la langue grecque ancienne et moderne , et par | ‘ses. savans ouvrages , à 6bservé avec sarsapacité ordinaire dans son I podporsos sans GiGatobmens , page p#y de la préface, que l'esprit de cette qualification tient à l’idée de rendre plus res- pectables aux orphelins ceux que la nature appelle à remplacer les pères et les n'ères auprés d'eux, et à rappeler en méme temps à ces divins la sainteté-de leurs devoirs. Il est à remarquer que les langues italienne , espagnole et portugaise , se sont enrichies de ces deux mots grecs, tandis que la langue française a eon- servé l’origine latine dans le mot oncle. Inscription de Rosette. 119 on doit remarquer celles de divin et de divine, que des princes chrétiens ou leurs femmes em- ployoient dans les actes publics et dans leurs lettres. Cette vanité, qui tenoit de très-près au paganisme, pourroit surprendre , si on ne con- sidéroit pas que l'habitude de l’ancien style les entraînoit. On a lieu d’être bien plus surpris de voir les Pères du Concile de Chalcédoine accorder letitre de très-divin éaélees aux Empereurs Mar- cien et Valentinien. Villoison, dans la seconde des lettres déjà citées, rapporte divers exemples très curieux de cette dénomination. J’ajouterai qu'après l'établissement du christianisme, ces idées orientales ne se conservèrent pas également dans tous les pays. On aperçoit dans les capitulaires de Charlemagne , qu’on désapprouvoit en France que Constantin vi et Irène sa mère donnassent à leurs édits les titres de divins. Il résulte de ces observations que les mots de divin, divinisation et diviniser , ne peuvent con- venir que dans le cas d’une idée vague qui ne dé- termine ni la déification, ni l’apothéose; et l’'apo- théose, au contraire, ainsi que la déification, suppose un acte public qui a fixé l’opinion des peuples, et établi un culte en l’honneur de l’homme déja regardé comme un Dieu. Je vais établir plus particulièrement les différences qui caractérisent ces deux dernières expressions. APOTHÉOSE. C’est de la disposition des peuples à accorder 420 . Ærchæologie. les honneurs divins aux grands hommes, que de-' voit naître l’apothéose arstéacis, admission parmi les dieux (10), acte pieux et solemnel qui annonçoit l'entrée dans l’Olympe; de ceux que Padmira- tion , la crainte ou la crédulité firent nommer les enfans des dieux. : Le génie de la législation des Grecs adopta cette disposition populaire ; elle servit à exciter dans ces ames ardentes la passion de la gloire et de la célébrité. La philosophie de Pythagore s’en empara, et entretint cette crédulité, qui en re- connoissant une essence intermédiaire entre les diéux et les hommes, favorisoit tous les genres de superstition. L'école de Platon n’osa pas la re- jeter, et il ne faut pas s'étonner si elle s’étendit chez presque tous les peuples civilisés, et sur- tout chez les Romains, fidèles imitateurs des Grecs. | : On est bien embarrassé lorsqu'on veut remon- ter aux premières sources de l’apothéose, et qu’on cherche à connoître ses premières formules et ses premiers rits. La difficulté d'obtenir des idées justes sur ce sujet se manifeste dans la contrariété ou dans le vague des opinions des anciens écri- vains, et sur-tout dans le silence d’Hésiode. Ce poëte pouvait bien croire aux apothéoses de Bac- chus, fils de Sémélé; d’Hercule, fils d’Alemène ; de Castor et de Pallux, fils de Léda, et à celle ! (10) Mot composé. de la préposition are aprés , et de éwous, qui signifie divinisation, c'est-à-dire , divinisation après l@ nôré. Inscription de Rosette. 121 de tant d’autres héros ; mais l’on voit que l’époque et la forme de la consécration de ces demi-dieux n’entrent pas dans son plan; le mot éredtasis ]ui est même inconnu. Homère ne fait également aucune mention du culte rendu à ses héros; mais il leur donne une si grande élévation , qu’on peut penser qu'il les admet après leur mort parmi les dieux dont il les fait descendre, et à cet égard il est dans l'esprit des siècles reculés qui honoroient religieusement les morts. Il qualifie Priam de %dÿs , qui a forme de dieu; Achille de ds le divin, et il fait dire à Jupiter qu’il desire qu’Ulysse reçoive les honneurs divins des heureux Phéaciens. Les expressions qui paroissent avoir été em- ployées par les auteurs postérieurs pour désigner la solemnité des obsèques desthéros sont celles de Tepai fgaixes, honneurs héroïques , cérémonies dont les rits varièrent beaucoup relativement aux temps et aux personnes, et même aux peuples qui les pratiquèrent. Homère nous en a transmis une description d'autant plus précieuse, qu’elle nous fait connoître, aux victimes humaines près, ce qu’on célébroit encore de son temps pour l’anni- versaire des jeux établis en l’honneur des enfans de Codrus, conducteurs des colonies grecques dans la Basse-Asie. «Ces honneurs, quoi qu’en dise Hérodote, .» étoient un peu plus que des funérailles ; on peut » en juger par ceux qu’Achille rendit à Patrocle ; » mais enfin ces honneurs se changeoient souvent 122 Archæologie. » en honneurs divins gi irô%ot, soit par dévotion » populaire, soit par des décrets émanés de l’au- $ torité publique (11). L'usage de ces fêtes héroïques étoit bien anté- rieur à la guerre de Troie. Suivant Pausanias, Azan, fils d'Arcas, fut le premier pour qui les Grecs instituèrent des jeux funèbres. Les Argo- nautes en établirent en l'honneur de Pélias. Les compagnons de Léonidas honorèrent d’avance son trépas et le leur par des jeux semblables ; et Alexandre, peu avant sa mort, prédit figurément les grands jeux funèbres qui seroient donnés après lui; enfin à Rome, les jeux du cirque accom- pagnoient toujours Papothéose. L’apothéose héroïque et celle que je pourrois appeler historique, ont existé l’une et l’autre. La première fut une institution simple et établie par bonne foi et par la croyance publiques. La se- conde n'en fut qu’une imitation, à laquelle les princes qui osèrent se l'approprier donnèrent une extension colossale. Én effet, à mesure que la Grèce perdoit de vue les principes primitifs de ses institutions reli- gieuses, et qu’elle s’éclairoït, les honneurs héroï- ques tomboient en dessuétude; cependant l’en- cens ne cessoit de brûler près des tombeaux et dans les temples de ces hommes célèbres qu’elle honoroit d’un culte. Parmenion faisoit abattre ces temples pour appeler plus de vénération sur ceux d'Alexandre. Ce fut alors que les hauts faits (11) Acad, inscr.,t, xxxvI, p. 33. + Inscription de Rosette. 123 de ce prince accélérèrent à Babylone le rétablisse- ment du culte héroïque , et le héros Macédonien étonna l’univers par la pompe et par la magnifi- cence d’une apothéose inusitée jusqu'alors , dont il honora Ephestion son favori. Cet exemple fut suivi par Ptolémée Soter, qui peu de temps après célébra à Memphis la consé- cration d'Alexandre, et lui bâtit un temple comme au nouveau génie de l’Ægypte. Il reçut lui-même cet honneur par son fils Philadelphe, et jusqu’à Ptolomée Philopator inclusivement, toute l’Æ- gypte vint adorer dans le temple d'Alexandre une suite de rois devenus dieux par l’apothéose; enfin les prêtres rassemblés à Memphis , en déi- fiant Ptolémée v*, semblent lui annoncer son apo- théose future. On voit que l'exemple qu’avoit donné Alexandre ne manqua pas d’imitateurs : le culte qu'il ft rendre à Ephestion, devint le partage de tout homme qui: osa l’ambitionner, etensuite un droit héréditaire si ridicule, qu’un auteur satyrique fait dire à Atlas, qu’il ne peut plus soutenir le poids de l’Olympe. Parvenue à Rome sous l’empire des Césars, avec tout l’éclat auquel elle pouvoit atteindre, l’apo- théose ne fut célébrée que sous la dénomination de consecratio. Ce mot n’exprime réellement que la sainteté de la cérémonie, et non l'acte qui pla- çoit dans le ciel l’homme divinisé, Les monétaires et les auteurs n’employèrent pas d’autre terme, quoique les Grecs eussent déjà créé celui d’ameStaris; Polybe, et sans doute d'autres avant lui, s’étoient 124 - Archæologie.” servi de ce dernier. Cicéron , toujours à citer pour la précision et pour la clarté, ne manque pas or- dinairement de l’employer en grec. Il s’en sert notamment , en disant après la mort de sa chère Tullia, qu'il veut faire sonapothéose;(12) ce quime fait observer en passant, contre l'opinion de divers modernes , qu'il y eut chez les Romains, comme chez les Grecs, des apothéoses domestiques. Aris- tote, Cicéron, Herode Atticus, affectèrent cette piété, dont on pourroit rapporter d’autres exem- ples. Ce ne fut que long temps après l’orateur romain, que la langue latine s'enrichit du mot apotheosis. On le trouve dans Prudence, et dans d’autres auteurs chrétiens. Il est aisé de reconnoître combien le culte hé- roïque dut éprouver de modifications dans ‘son objet, dans ses rits et dans sa dénomination ; depuis les premiers temps de la Grèce, jusqu’à son admission à Rome; et il seroit sans doute utile d'établir historiquement les nombreuses varia- tions qu’on peut remarquer entre l’apothéose my- thologique, l’apothéose héroïque et celles des hommes placés hors de ce cercle mystérieux. Le savant Maffei en parlant de la consécration de Faustine la mère (13), a donné: un essai sur ce sujet intéressant, où il paroît regreter l'ouvrage du docte prélat Sévéroli, qui l’avoit traité à fond, et dont le manuscrit est perdu. Schæpflin (14) la (12) Lit. ad Attic. XV, ut maxime assequar amodtarir (13) Gemm. Antich., t.1n1, p. 206et suiv. (14) Dis. hist. , Argent., 1529. : Inscription dé Roseite. 123 aussi entrepris trés-superficiellement , quant aux anciennes apothéoses, mais très-sayamment par rapport aux romains. . Quoique depuis l’époque ou écrivoient ces deux savans et avant eux , on ait souvent tenté acces- soirement d’aprofondir un pareil sujet dans des ouvrages précieux; on ne sauroit au milieu de diverses opinions contradictoires , se former une idée satisfaisante sur le système de ces sortes de consécrations. Rochefort déjà cité, et Freret qui est d’une grande autorité , n’admettent au- cune apothéose avant Homère, tandis que l’abbé Faucher (15) en reconnoît depuis Cadmus. L’abbé Bergier , dans son traité de l’origine des dieux du paganisme , observe que l’apothéose des hommes célèbres, est postérieure à la religion publique ; et Cicéron n’admet la consécration de Romulus que long-temps après que les poésies d'Homère furent répandues partout. Quoiqu'il en soit , il me paroît que l'acte reli- gieux exprimé par le mot apothéose, ne doit ap- partenir qu’à la cérémonie des obsèques d'hommes déjà divinisés par des oracles ou par un assenti- ment populaire sanctionné par le sacerdoce, et que le mot d’apothéose ne peut être en aucun sens, l'équivalent de celui de déification. : DÉIFICATION. La déification Swæaisris , avoit pour objet le per- sonnage divinisé, et l’animal mystérieux auxquels (15) Acad, inscript. , t, XXXVI. 126 ÆArchæologie, on accordoit les honneurs divins durant leur vie} Déifier (16), c’étoit déclarer par des décrêts, qu’un être vivant étoit actuellement un dieu ; l’établis- sement d’un culte étoit une suite naturelle de la déification. De cet usage étoit venu le titre fas- tueux d'Epiphane sxigas | qui annonçoit la divi- nité réelle et visible d’un roi déifié. On déifioit Apis et Mnévis, ainsi que le bouc de Mendès en Ægypte, dès qu’on avoit trouvé ces animaux avec les signes requis pour les faire re- connoître, et après leur mort, il m’étoient plus rien, malgré les obsèques religieux qu’on leur fai- soit, et qui occasionnoient souvent de grandes dé. penses, suivant la dévotion du prince régnant. La déification , à l’égard des hommes , peut être très-ancienne dans l'Orient ; mais nous n’en avons des preuves historiques et positives que par rap- port aux grecs et aux romains. Cet usagé pieux fut ainsi que l’apothéose tantôt l'expression de la reconnoissance ou de l'admiration, tantôt l'effet d’un abus de la crédulité, ou enfin la preuve d’un relâchement moral politique , provoqué par la grandeur des princes qui assujétirent successive- ment ces deux nations : aussi voit-on aux époques où la liberté des grecs atloit s’anéantir avec leur gouvernement , et la liberté de Rome sensevelir avec Pompée, la déification devenir l'apanage hé- réditaire des familles royales et impériales. On pourroit néanmoins juger par la rareté des (16) @romoisir, mot composé de des, Dieu, et de #eñr» faire, c’est-à-dire, faire un Dicu. Inscription de Rosette. 127 monumens qui nous transmettent les formules et les rits de ce genre de culte, qu'il fut dabord ac- cordé difficilement par une volonté générale et spontanée , comme signe du bonneur public. IL étoit en effet plus aisé à un souverain d’obtenir l’apothéose de son père ou de son favori, que de rece- voir pour lui-même , ainsi que Ptolémée Epiphane, les honneurs de la déification solemnelle (17). Ce qu'il y a de bien vrai à cet égard, c’est que dans nos immenses recueils d'inscriptions, à peine pouvons- nous en compter une pareille à celle de Rosette ; c'est celle où le Sigéens publièrent le décret par lequel ils décernoient les honneurs divins à Antio- chusI.er , en le qualifiant de sauveur 5oTxp, et de bienfaisant ExEPrETHS ; inscription que Chishul a publiée dans ses antiquités asiatiques. Ce savant anglois en parlant du prêtre désigné par le peuple et par le sénat, pour desservir l'autel d’An- tiochus Soter, a employé improprement le terme d'apothéose , « sacerdos, dit-il, regis Antiochi so- » teris huic Sigei constitutus , ejus adhuc viventis » dredéweis testatur ». Ne falloit-1l pas dire deifiça- tio, qui épargnoit les mots ejus adhuc viventis. Un de nos plus savans antiquaires a dit aussi qu'Antoine s’occupoit à Alexandrie de tout autre soin que de son apothéose, Le mot de déification auroit Ôté l’équivoque ; car on pourroit penser que le fameux triumvir s’occupoit déjà des moyens d'obtenir l’apothéose après sa mort. Je reviens à mon objet. (17) Le droit d’image sur la monnaie, fut à cette époque ur signe de la déifioation. J'aurai occasion de revenir sur ce sujet. 128 ” Archæologie. Malgré la rareté des monumens semblables à celui de Rosette, nous ne devons pas révoquer eri doute que le temps n’en ait détruit un grand nombre. Nous devons regretter entr’autres, ceux qui concernent la déification d'Alexandre. On re- trouveroit avec beaucoup d'intérêt celui des Rho- diens , en faveur de Ptolémée Soter, leur libéra- teur ; celui des Milésiens, pour Antiochus 11, qui les avoit délivrés de la tyrannie de Timarque, et qui prit le premier le titre de Dieu sur sa monnoie; celui des Lemniens, qui, suivant Athénée (18), élévèrent un temple à Séleucus Ier. , et à son fils Antiochus Soter , et enfin celui de Stratonice, si fameuse par son mariage avec ces deux rois, et à qui les Smyrnéens dédièrent un temple sous le nom de Vénus Stratonicée (19). Les honneurs que ces nouveaux dieux obtinrent, ainsi que Ptolémée Epiphane à Memphis, étoient bien plus flatteurs que ceux de même. nature que l'autorité ambi_ tionnoit , et dont les médailles nous donnent des : preuves très-fréquentes. Il n’est pas douteux qu’il n’y ait eu des motifs très-opposés d'accorder la déification, qu’il n’y ait eu aussi diverses modifications dans le céré- monial attaché à cet honneur. La situation poli- tique des peuples, leur théologie particulière , en déterminoient les formes et les protocoles. Ils por- toient quelquefois l’adulation jusqu’à dire, que leurs dieux tutélaires avoient abandonné la terre (18) L. vr, P: 255. (19) Marm. Oxon., p. 6, $ Inscription de Rosette: 129 à leurs prétendus enfans. Aussitôt que Démétrius Poliorcète s’est rendu maître d’Athènes, les Athéniens, au rapport de Plutarque, ne recon- noissent plus que ce prince pour leur sauveur ; ils déifient son père Antigone , et jusques à ses mignons et à ses maïtresses, et invectivent les dieux de la patrie qui les ont délaissés. Les Grecs avoient si souvent déifié des Romains, même avant l'empire des Césars, qu’on ne regar- doit ces déifications à Rome que comme la mesure de la plus complette soumission à la république. Cicéron paroît avoir pensé (20) que si les Grecs avoient déifié son frère , c’étoit réellement à cause de ses vertus ; mais il ne s’ensuit pas, comme on Ja dit, qu'il crût que les vertus seules fussent déifiées , et non point les hommes. Le temps arriva où Rome adorée des nations , mais corrompue par leurs dépouilles, fut aussi profanée par un culte qu’elle avoit méprisé. César osa l’ambitionner , et il obtint des autels à Rome et dans les provinces, pendant les dérnières années de sa vie. Bientôt la déification ne fut pour les em- pereurs romains , ainsi qu'on l'avoit vu dans la Grèce, qu’un moyen de s’entourer d’une vaine apparence de dignité, ou de braver les conve- nances : cette nouvelle usurpation constatoit de plus en plus, dans la capitale du monde, l’assujé- tissement des peuples et des rois ; elle présageoit 20) L. r , epist. #. Tome III. Mai, 1807. a 130 Archæologie . déjà la chuté de l'empire, et annonçoit le terme d’une religion avilie. Il est d'autant plus important de remarquer la différence qui existe entre la déification et l’apo- théose , que cette différence nous est clairement démontrée par l’histoire. Ne voyons-nous pas le même héros, le même prince, mis au rang des Dieux de son vivant, ensuite honoré de l’apo- théose après sa mort? cette dernière consécration confirmoit la divinisation : la déification devan- çoit l’apothéose, mais elle ne pouvoit l’assurer. Caligula, Domitien et d’autres empereurs dé- pravéset méchans, se firent rendre de leur vivant un culte égal à celui des dieux , mais le sénat re- fusa de décréter leur apothéose, tant étoit exé- crée la mémoire de leurs vices ét de leurs cruau- tés. « IVisi homini deus placuerit, dit Tertulien, s deus non erit; homo jam deo propitius esse, ÿ debebif (21). » TRISTAN DE SAINT-AMAN, auteur encore cité, (ar) Une anecdote trés-curieuse sur la déification , peut troû- Yer ici sa place. M. Guiexes, digne fils du célèbre Acadé- icien de te né, à $on retour de la Chine, où il a séjourné | dix-huitans , lut, il m'y a pas long-témps , à la 3e. classe de l'Institut, quelques observations critiques sur le Voyage à la Chine de M. Barrow eu 1794. J'ai remarqué dans son Mé- moire, qui est imprimé , le passage suivant : « Nous viîmes à 5 Hrang-Tehou, sûr le lac Sy-Hrou, une pagode qui conte- 5 noit 500 Dieux : l’empereur Kien-Long alors vivant, étoit » de ce nombre. On doit croire que cette déification étoit âvan- » tageuse à la pagode, car elle étoit dans le meilleur état. » On recannoîtra que le mot apothéose eût été déplaëé dns cet exposé. Inscription de Rosette. 13T à cause de sa profonde érudition et auquel le temps où il écrivoit , fait pardonner les erreurs numis- matiques dans lesquelles il est tombé, avoit senti la nécessité d'admettre une distinction entre la deification et l'apothéose ; aussi emploie-t-il quel- quefois le terme de canonisation pour exprimer la consécration des empereurs romains. Y a-t-il rien en effet de plus analogue? L’une et l’autre de ces solemnités a TE l'admission aux célestes demeures de ceux qu’un décret reli- gieux y place, après avoir déterminé le culte qui leur est dû. L’habitude et peut-être le besoin de limitation , ne pouvoient manquer de faire adop- ter, après la chute de l’idolâtrie, un usage qui, en édifiant les fidèles, les encourage à la pra- tique des vertus chrétiennes. Rome ancienne apo- théosoit ses empereurs après les avoir trouvés dignes d’être placés parmi les Dieux : Rome mo- derne admet dans les cieux, les martyrs et les ames pieuses après un jugement rigoureux. L'analopie entre la déification et la béatifica- tion, est encore admissible, si l’on considère que ces deux actes religieux n’appartiennent pas à la généralité de la croyance. Une ville de la Grèce déifioit un de ses concitoyens , ou tout autre per- sonnage qui lui paroissoit mériter cet honneur, sans qu'il y eût réunion générale des Grecs, pour admettre le culte qui lui étoit accordé par ceux qui le déifioient. A Rome, un empereur déifié, n’étoit avoué pour Dieu que par ceux qui redou- toient son indignation; aujourd'hui un corps 132 Archæologie religieux est autorisé par le pape à invoquer un béatifié ; mais sans les formes légales de la cano- nisation , il ne peut être inscrit dans le rituel. Nous pouvons dire aussi, sans craindre d’ou- trer une métaphore, que nous divinisons les grands hommes par des honneurs publics; que nous adorons leur bienfaisance ; qu’on les déifie journellement en multipliant leurs images, et que Yhistoire se charge de leur apothéose. C’est ainsi que notre religion et nos mœurs n’ont fait que modifier les formes de cette vénération que les peuples sont toujours portés à accorder aux M talens et aux grandes vertus. Disons qu lensbiie dès ses premiersexploits fut divinisé dans le cœur de ses soldats et dans l’esprit des Grecs de l’Asie, dont il paroissoit réellement . le sauveur Z@THP, que ce sentiment provoqua sa déification ; et que Ptolémée Ier. célébra son apo- théose. Disons que Jules-César se divinisoit en accrédi- tant son affiliation avec Anchise et Vénus; que la crainte autant que l’adulation le deifièrent ; et qu'Auguste, qui ambitionna beaucoup les hon- neurs divins , obtint son apothéose. Disons enfin que Ptolémée v, dont l'inscription de Rosette célèbre les vertus, étoit réputé de race divine par sa descendance d’Hercule; que les prêtres réunis à Memphis décrétèrent sa derfica- tion; mais qu’on ignorera peut-être encore long- temps, s’il reçut, ainsi que ses ancêtres, les hon- neurs de l'apothéose. Inscription de Rosette. 193 Telles sont, mon cher philologue, les observa- tions préliminaires dont linscription de Rosette et les commentaires que divers savans en ont faits, m'ont paru susceptibles; elles sont bien longues pour une lettre; mais je serai justifié à cet égard , si elles vous font naïître le desir d’en connoître la suite : ce seroit un signe de lappro- bation qu’ambitionne de vos lumières celui qui vous estime autant qu'il vous aime. d Ge. ASTRONOMIE. A. M. A. L. Mistin, Membre de l’Instituf et de la Légion d'honneur, Professeur d'Archæologie, etc. | Moxsieur, LE Magasin Encyclopédique est un ouvrage à la foistrop instructifetintéressant pour qu’un auteur ne cherche pas à y éclaircir ce qui s’y trouveroit d’obscur sur une de ses productions. Celle pour laquelle j'ai Phonneur de vous écrire, a pour titre Découverte de l'Orbite de la Terre, qui fut an noncée, dans ce même Journal de Sciences, en septembre 1806 ; et sur cet objet, M.J DELALANDE donna une note en février 1807. Je voulus lui faire toucher au doigt les erreurs de cette mème note, par une lettre explicative que je lui écrivis le 16 mars. Les papiers publics m’ayant bientôt après fait connoître la mort de cet astronome ; je vous prie , monsieur, de vouloir bien faire insérer dans le Magasin Encyclopédique , les observations sui- vantes. 1 © Loin de rejeter l'excentricité, mon ouvrage prouve par tout que la découverte est dépendante d'elle ; et que d’après ce premier principe, la loi de l’excentricité est commune à tous les globes de la sphère célestet 2.0 Je n’ai point fait le cercle de l'écliptique très-grand, puisqu'il est en rapport aux calculs Astronomie. 135 des Cassini, Maraldi et autres savans de l’ancienne Académie de Paris, et moins grand encore que selon les élémens d'astronomie de feu M. J. De- lalande. 3.° Ni le cercle de l'équateur très-petit, ayant dit et défini que l’Orbite de la terre forme une très- petite circonférence, dans le plan de l’équa- teur, et quant au cercle de l’équateur, tout le monde sait qu’il passe par les étoiles. Voilà ce qu'il est important pour l’ouvrage de rappeler ; ceux qui l’ont lu , et lediront , jugeront du reste de la note et de mes détails relatifs à la nuit de six mois au pôle, que.j’explique d’autant mieux, que ce sont mes voyages, depuis 1772 » près de cette partie du monde, qui m'ont fourni ce que j'en ai dit dans mon Astrostatique. A D'AGUILA. Paris , 14 avril 1807. ge emmener | TOPOGRAPHIEZ. Zerreres de M.FAuUrEr,sous-Commissaire des relations commerciales de France à Athènes, et correspondant de la Classe d'Histoire et de Littérature anciennes de l’Institut , adressée à M, Moncezs , membre de cette Classe, (x) Athènes, le 11 novembre 1806. LOT reçu, mon frès-cher collègue, le 19 octobre, la lettre que vous m'avez fait l'amitié de m’écrire le 30 août 1805, en réponse à la mienne du 7 mai (dans laquelle je plaisantois sur mon dé- membrement ). Je suis tout glorieux de ce que cette lettre a pu attirer un moment l’attention de la classe ; je vous enverrai les objets que vous de- sirez avoir sous les yeux, pour fixer et établir votre jugement ; je vous remercie du soin désinté- ressé que vous m'offrez pour l’impression de mes cartes de Salamine et de l’Attique ; quantaux notes aux mémoires qui les accompagneront, je ne pourrois assurément trouver un meilleur rédac- teur, et je m’estimerois heureux que vous vou- lussiez bien en prendre la peine. Je vous enverrai ce que vous me demandez par la première occasion, si toutefois la guerre qui entrave tout, ne vient ici une seconde fois, me priver de la liberté et du fruit de mes travaux. Sans nouvelles, toujours incertain de notre sort, je me couche libre au milieu de mes travaux, de mes antiquités, de mes (1) Foy. tom. 11, p, 36. Athènes: 137 médailles, incertain si demain j’en serai encore Je possesseur. Jugez , mon, ami, si cette situation est celle qui convient à l’artiste, à l’amateur? Cette position est telle, que je ne regarde comme sauvé, que ce que je confie au papier. Parmi les objets trouvés soit à Phalère, soit au Pirée, je dois ajouter une lame de cuivre de 4 pouces delong sur (2) Ces lettres sont frappées avec deux outils seulement, l’un droit et l’autre rond; cette lame étoit sur la poitrine du mort, dans un tom- beau fermé. Sur une colline, au nord du Pirée, j'ai lu sur une borne de pierre oPOSMNHMATOZ colline du tombeau (3); dans un autre tombeau, j'ai trouvé une trentaine de feuilles de lière en terre cuite dorées, ainsi que leurs fruits, et des restes d’une petite figure de Bacchus; dans un autre, une figure drapée du meilleur goût , aussi de terre cuite, emblème de la nature; les mains un de large, où est écrit : |5, AnrixArMoz AAMIT sont sous la draperie , il ne paroît qu’une partie du visage : cette figure étoit au doigt du mort. Autre figure, le genou droit en terre, appuyé sur la main, dans l'attitude de cueillir des fleurs ; elle paroît couronné d'oreilles d’animaux ainsi figurés, SD49 seroit-ce la nymphe Echo (4). Dans un autre, une roue de char de course, de six pouces de diamètre , en bronze; roue que l’on voit sur les (2) Anticharmos de Lamptra. {3) Colline de Buchas. (4) Ce sont encore des feuilles de lierre. On remarque de semblables couronnes sur un grand nombre de vases greses Poyes Tiscuseix 1, pl...ett....p. A. L. M. 138 Topographie. médailles de Thèbes. J’ai une médaille d'Ægine; sans contredit, tetradrachme tortue de terre, haut relief,un enfoncement et les lettres Ar, onnetrouve que de ces médailles à Ægine , mais voici la pre- mière où je vois les trois lettres, qui ne laissent plus de doute : une très-jolie figure d’Apollon, avec un disque ou auréole autour de la tête; un grand cordon lui suspend une bulle comme celle que por- toient les jeunes romains, telle que celle que l’on voit au cabinet des médailles à Paris ; 1l soutenoit devant lui une lyre, dont il ne reste que le corps colé sur le bas ventre, Vous ais-je parlé des dé- couvertes faites au Pnyx, près d’une niche, d’une statue, je pense, d'Hygiée ; d’une quantité d’ex voto, en marbre , dos d'homme, sans bras, nitéte, ni jambes ; corps de femme pardevant , aussi sans tête, ni bras; des oreilles, deux yeux, des pieds, des mains, etc. À l’opposé de cette niche, une autre niche où étoit, je pense, une statue; cette niche n’a point été environnée d’ex voio, comme l’autre. On a encore dans les villages de la Béotie» l'usage de mettre dans les tombeaux, dans les fosses, un vase plein d’eau, nos lacrimatoires étoient peut-être destinés à cet usage; des pleureuses payées accompagnent en s’arrachant les cheveux» qu’elles ont épars. Voici tout ce que j'ai pu ra- masser : je dois vous dire aussi que jai trouvé que ces espèces de patères plates sans être relevées, au milieu sont des miroirs ; j’en ai un encore un peu poli , qui ne laisse pas de doute. Comme on en trouve beaucoup, je pense qu’elles désignent des sépultures de femmes. J'ai trouvé une cage dont Athènes. 139 le bas et le haut étoient de terre cuite, des fils faisoient les barreaux , et y suspendoient des oi-- seaux aussi de terre cuite ; quand.je pourrai, je vous ferai part de ce que le hazard m’aura pro- curé ; en attendant, recevez, je vous prie, le témoignage de ma reconnoissance. FAUVEL., Athènes , le 26 novembre 1506, - Mox cher collègue, j'ai reçu, le 17 octobre, votre lettre du 18 juin ; je vous suis très-obligé d’avoir fait lecture de ma lettre du 25 mars, anotreclasse, et très-glorieux d'apprendre que cette lecture ait pu intéresser cette savante assemblée. Le général Sébastiani à qui je suis recommandé, sous le rapport des arts et des antiquités, ne m'a point encore fait l'honneur de me répondre. Je lui ai demandé des pouvoirs pour faire des fouilles, où je voudrois, sans être dans le cas de me voir entraver par la prépotence des Anglais, due, il faut cependant l'avouer, à leur argent. N'ayant point les mêmes armes, je suis contraint d’avoir recours à notre ambassadeur, quiest, me dit M.Che- valier , un amateur et un connoisseur en fait d’an- tiquités. Je réponds , mon cher collègue, à votre aimable lettre en la lisant ; vous m’offrez vos ser- vices pour la conservation et la publicité de mes découvertes ; je vous remercie bien, la guerre m'empêche de rien envoyer ; mais je vous som- merai de votre parole à la paix, et je profiterai de ‘ offre que vous me faites pour mettre en sûreté ce que je croirai toujours exposé à être volé tant que le temple de Janus restera ouvert. #40 : Topographie. Ma carte, que j'augmente tous les jours, ré- clamera vos bons offices ; vous et nos collègues y mettrez sur les lieux modernes les noms anti- ques, et j'espère qu'insensiblement nous retrou- verons l’antique Attique sous les bruyères qui couvrent la moderne. Voici l'explication de cette inscription: ANTIXAPMOYAAMT. AAMNTPEYS, (5) de Lamptra, bourgade de l’Attique , dont j'ignore la tribu; jai trouvé ce mot entier dans d’autres inscriptions : EEOANPOENAYIONOSAAMNTPETE. (6) Le mot oPoz signifie limite dans l'inscription sui- vante, quiesttrès-antique.PefSorosapre |lica est un village , autrefois TMEAHKH|MIAOZTEME | la bor- | é ÎNO=AMAPYPY| |, . ne du bois (7) de Diane.Jene! devine point le surnom de la déesse ; il faut vous laisser le plaisir de le trouver; des points marquent les let- tres incertaines ou qui manquent. Sur le mont de Jupiter à Naxie OPOZAIOEMHAOZIOY (8); et près d’une carrière de la même île, où est une statue colossale de 36 pieds de long, à peine dégrossie OTOZEOGI OYHEPOT. . HAANOAAONOZ. Ce mot OPOZ est gravé en caractères d’un pied, sur une montagne près des carrières du mont Hymette, aux ruines d’Hélice , que j'ai nommée à l’aide de Strabon. Ce même mot OPOZ, se trouve aussi à une lieue d'Athènes, sur le chemin du mont Brilessus, (5) Anticharmus de Lamptra. (6) Théodore, fils de Nauponus de Lamptra. C’est la pre- mière fois que le nom de Nauponus paroît. {7) Borne du bois de Diane Amarysia. Voy. Pausanias. {8) Bois de Jupiter, conservateur des brebis. Athènes. IA il doit être pris ici, sauf votre déëision > pour li- mite ainsi que pour ma ville d’Helice, il signifiera Montagne à Naxie. La description du tombeau d’une prêtresse de Minerve, que j'ai découvert sur la Voie sacrée , près du mont Pæcile , se trouve dans la lettre que j'ai écrite à M. Barbier du Bocage (9) , le 30 sep- tembre; il vous en aura fait part. A1eoxarrosz, pierre blanche, a été, ce me semble, mal entendu par les traducteurs de Pausanias. J'ai trouvé des restes du temple de Vénus, sur la Voie sacrée, à un demi quart de lieue de la mer, en allant d'Athènes à Eleusis. Devant ce rocher, qui est percé de niches pour des vœux, est l’enceinte dont parle Pausanias, sous la dénomination de Lithos Argos ; elle est en polygones irrégulièrs; sa longueur est de soixante pieds ; les pierres en sont très- grosses. Je crois que Lithos Argos désigne ce genre de bâtisse, ouvrage cyclopique. Ayant fouillé près de ce rocher, consacré à Vénus, j’ai trouvé , près des restes d’un autel , deux tourterelles en marbre, de grosseur naturelle ; et les inscriptions suivantes sur le rocher, au-dessous de quelques niches , les seules que la main des barbares n’a point cassées ; en voici une où est le nom d’une célèbre cour- À , a . seen tisanne appelée pythonice, EYNIASO ..... ANAPIAA® ir d POAITEIEYEAM —— ENHANEOHKE dIAHA®POAITEI a (9) Tom. 11, p. 363. 142 Une figure agenouillée et bien coiffée d'oreilles, etnonde feuillesdelierre(r); elle est à genoux, une main appuyée à terre, et regardederrière elle ; de l’autre, elle tient sa draperiecomme si elle y avoit amassé ce qu’elle cueille ; ou ramasse près d’elle, eta la gaucheest une petite pierre.Seroit-ce Pyrrha, j'ai hasarder d’en faire la nymphe Echo. J'adresse cette longue lettresous lecouvert de M. d'Hauteri- ve , comme vous me l'avez recommandé; je lui ai écrit par un voyageur américain nommé Budde ou Biedde , qui la connu en Amérique. Je vous prie de l’assurer que je suis pénétré de reconnoissance pour les marques d'intérêt qu'il m'a données; je | sais combien je lui dois. Votre ami et collègue, FAUVEL. (1) Supra, p.137. MÉLANGES. NoTice de quelques lettres originales de M. DE LA Monnore, par M. Baupor aîné, de l’Académie de Dijon. Ux amateur conserve treize lettress originales de la main de M DE LAMoNNoYxE , dont les douze premières, écrites depuis le 20 avril 1710, jusqu’au . 23 mai 1714, vers le temps de la réception de cet illustre Dijonnois, à l’Académie française, sont datées de Paris, et adressées à M. d’Huissier-dAr- gencour, qui les avoit conservées, et qui avoit joint à cet intéressant recueil, copie de ses ré- ponses. Peu de personnes connoissent aujourd’hui mon- sieur d’Huisster-d'Argencour. M. MIcHAULT, dans ses Melanges philologiques , imprimés en 1754, (tome 2, page 92), le place au nombre des amis du savant père Oudin; ilétoit peut être fils d’un Salomon de Huissier, sieur d’Argencour, qui fut pourvu le 9 mars 1678 , de l'office de prévôt des maréchaux et vice baïlly d’Auxois, et dont PALLioT avoit fait mention dans son grand recueil brûlé avec la bibliothèque FE eine Joly de Blaisy. Quoi- qu’il en soit, le correspondant de M. de Lamon- noye cultivoit les sciences, et particulièrement la botanique. Il avoit préparé un catalogüe des plantes de Bourgogne , que M. Michault s’étoit proposé de rendre public : il étoit lié avec les sa. vans Dijonnoiïs de son temps; et c’est avec lui que 144 Mélanges. l'abbé PAPILLON avoit fait son voyage littéraire ; qui n’a point été imprimé, et dont le même philo- logue Michault s’est horné à donner un extrait fort court à la fin de son second volume. Les cinq premières lettres que M. de Lamonnoye avoit adressées à M. d’Huissier-d’Argencour, pen- dant le courant de l’anñée 1710, ne contiennent guère que des complimens et des détails relatifs à diverses commissions, pour des livres. La sixième et la septième ont pour objet un catalogue intitulé Bibliotheca Janiniana , qui avoit occupé les sa- vans, parce que Colomiez, avoit cité, dans sa Bi=+ bliothèque choisie , cet opuscule, qui n’étoit qu’une nomenclature assez insignifiante de ma- nuscrits, appartenant à un Nicolas Jannin, abbé de Saint-Benigne de Dijon , rédigée en 1621, par Paul Dumay, père du conseiller Pierre Dumay, qui étoit vivant à l’époque où les lettres dont il est question, furent écrites par M. de La- monnoye. Ce dernier a consacré à laBibliorheca Janiniana, un long article imprimé au troisième volume du Menagiana, page 825, de l'édition complette d'Amsterdam, 1716; c’est le dévelop- pement de la lettre du 24 octobre 1710. Pierre DuMay, connu par son érudition et par plusieurs pièces de poésie latine, fort estimées, étant mort au mois de janvier 1711 , et cette nou- velle ayant été annoncée par M. d'Huissier-d’Ar- gençour à M. de Lamonnoye, celui-ci lui écrivit une lettre de condoléance, qu’il a fait imprimer depuis en entier , dans le même volume du Mena- Leitre de M. de Lamonnoye: 145 giana, page 329. Cet imprimé porte la date du 14 février 1711, tandis que l’origiral fut écrit le 4 février. On remarque, outre cette légère diffé- rence , que l’auteur ajouta à son épitaphe de mon- sieur Dumay, qu'ilavoit composée en vers francais, la traduction qu'il en fit lui-même, peu de jours après, en grec et en latin. La lettre de M. de Lamonnoye, sur la mort de M. Dumay, et une seconde où sont annoncées les traductions de l’épitaphe, que le père Oudin avait faites aussi en grec et en latin, et envoyées à l’auteur sous le voile de l’anonyme, et où se trouve la critique de l’une de ces traductions, ainsi que celle de M. de Lamonnoye lui-même, en grec, formant les huitième et neuvième pièces du recueil, Les réponses écrites dans l'intervalle par mon- sieur d'Argencour, contiennent force louanges et des détails littéraires | parmi: lesquels on distingue Ja nouvelle de la mort de M. (François) Baupor, auteur de deux dissertations sur Bibracte et sur l'Ancienneté de la ville de Dijon , qu’il se proposoit de mettre au jour, lorsque la mort le surprit ; ses enfans ont fait imprimer depuis, cet ouvrage, dont il n’a été tiré qu’un petit nombre d’exem- plaires. La dixième lettre ; en date du 31 août 1713, ne . contient qu'une note de quelques livres que M. de | Lamonnoye avoit le dessein de se procurer à . Dijon. Il paroït que M. d’Argencour fit vers ce « temps là, un voyage à Paris ; après son retour, il - écrivoit à son illustre ami : Tome III, Mai, 1807. 10 a 146 Di “Mélanges. | » souvenir de l’offre obligeante qne vous m'avez | » boursuignons ; ce qui vient de vous est siexquis, » dont vous me fites voir le commencement : il ne » nous accordoient pas ce bonheur , l’on tache-! » » » « Je prends la liberté, monsieur, de vous faire faite, lorsque j'étois à Paris, au sujet des noëls | | qu’on ne sauroit trop prendre de soin pour l'avoir : sans altération ; c’est sur ce principe, monsieur, | quej’ose vous envoyer les deux copies imprimées | de ces Noëls, et vous prier de vouloir bien corri- * ger les fautes de l’imprimeur et ÿ ajouterles pre-, mières pensées que vous ne jûgeàtes pas à propos ! de faire paroître dans la première édition: il seroit à souhaiter que vous voulussiez donner! ve” À quelques momens de votre temps, à l’ouvrag seroit pas nécessaire de recourir aux Hollandois pour en faciliter l'impression. Ce pays pourroit être aussi favorable à votre dessein que tout autre ; votre présence feroit le comble de toute! sorte de bonnes choses; mais si vos affaires ne roit de s’y comporter de façon à vous contenter, je vous conjure d’y penser sérieusement , et de croire, de la même manière , que je suis avec tout le respect imaginable , monsieur, votre , etc. » « Lorsque votre loisir vous aura permis de cor- riger les copies des Noëls, que vous trouverez ici , je vous prie d’avoir la bônté de me le faire savoir , afin que je remette ordre qu’on aille prendre, chez vous, le paquet que vous aurez la Lonte d’en faire. Je salue très-humblement, Lettre de M. de Lamonnoye: _x47 5 avec votre permission, messieurs et dames de » Lamonnoye. » Il écrivoit encore à M. de Lamonnoye , le 2 dé- cembre 1713: & La nouvelle de votre réception, à l’Académie française, a été reçue , ici, monsieur, avec des applaudissemens et des acclamations universels; vous aviez été préconisé depuis un bon nombre d'années , et il n’y a aujourd’hui personne qui » ne veuille avoir l'honneur de s'intéresser à la » justice qu’on vient de vous rendre ; permettez, » de grâce, que je me mèle parmi la foule de vos congratulateurs, mais, monsieur, soyez, s'il » vous plaît, bien persuadé que la part que je » prends en tout ce qui vous concerne , m'est sin- gulière ; il me semble que je suis plus touché de » votre mérite que tout autre , et je me trouve pé- nétré de joie de voir que votre modestie s’est enfin » laissé fléchir en consentant que vousremplissiez » la place que le plus illustre corps de l'Europe, » vous destinoit depuis si long-temps, et qu'il n’a tenu qu’à vous plusieurs fois d’acccepter. (1). Voici la réponse de M. de la Monnoye : c’est la onzième lettre de cet auteur, insérée dans le Re- cueil. «J'ai tâché, Monsieur, de faire ce que vous (1) M. de Lamonnoye écrivit à ce sujet , le 6 déeembre 1513, /à M. Petitot , procureur du roi au baillage de Dijon , une lettre confidentielle et fort intéressante, dont les derniers mots ont été imprimés en note, pag. 49 des Mémoires historiques, in- sérés au premier volume de l'édition in-4°. des (Œuvres de M. de Lamonnoye. 146 Mélanges. » avez souhaité Vous trouverez les corrections » mises le moins mal que j’ai pu , dans les endroits » qui en avoient besoin. Elles n'ont pu yÿ entrer s toutes , les marges étant trop étroites pour les » recevoir. Par exemple, dans le petit livre des » Noëls , ajoutez, page 7, après ce couplet : « Ai veli come noz autre , etc. » » Celui-ci, qui a été omis, doit suivre immé- » diatement : « Come ai no, dan lai boucôte » De ce Dei nôvea » Lie per d’éne fammelôte » Chiccli du laissea » Chiccli du laissea, mé fraire, » Chiccli, etc. » » Quoiqu'il ne soit pas fort nécessaire de vous » marquer les raisons de certains changemens » dont vous vous appercevrez, je ne laisserai pas » de vous en spécifier ici quelques-uns (1). Pag. 26, » des premiers Noëls, au lieu de bien, vous trou- » verez trop, parce que Benserade, auteur des » paroles de cet air, a effectivemant mis trop heu- » reux,et non pas bien heureux. Page 30, elle é » passai, etc. j'ai corrigé elle passe, pour faire » sentir qu’on parie ici d’une femme, et pour » éviter l’équivoque d’elle é passai, qui se pro- » nonce comme elé passai, ensorte qu’on ne sait » sic’est d’un homme ou d’une femme qu’on parle. s Vous me direz que ce qui précède détermine (2) La plupart de ces corrections ont été faites dans l'édition de 1520. My = PE | « rectionnelle, fut mis hors de cour, c’est-à-dire, à-peu-près, Lettre de M. de Lamonnoye. 149 . » assez le sens ; à quoi je répondrai qu’on ne peut » jamais être trop en garde contre l’ambiguité. » Pages 41 et 42. J'ai mis fanne à la place de » vieille , parce que la femme dont il s’agit, à en » juger par ce qu’en rapporte le 4° chap. du 4° » livre des rois, n’étoit pas encore apparemment » fort âgée. Elle avoit en effetété mère ,iln’y avoit » peut-être que sept ans au plus. » Pag. 74. Vous pouvez, si bon vous semble, » substituer guillotiste à quieitiste ; mais comme . » l’affaire de Guillot a vieilh, vous retiendrez » quieitiste si vous m’en croyez (8). » Les autres endroits sont des noli me tangere. » Ce sont de ces choses qui se disent, mais qui » ne s'écrivent point. À l’égard du commentaire » que j'avois commencé, j'ai bien la mine de ne » le jamais achever. « À Dijon, je le pourrois,,. » À Paris, je ne saurois. » . 5 Je suis, Monsieur, votre, etc. » Mes respects à ces Messieurs, qui me font » l’honneur de se souvenir de moi. Il y avoit long- (3) L'affaire du quiétisme a fait beaucoup de bruit à Dijon; au commencement du 18e. siècle. En 1608 et 1700, le parle- ment condamna à mort deux curés qui avoient eu la sage pré- caution de prendre la fuite. La. procédure qui fut faite à ce - sujet, intéressoit d'autres ecclésiastiques , au nombre desquels “ étoit Guillot, mépartiste, ou habitué de la paroisse St.-Pierre LE de Dijon,, qni d'abord condamné par l’official à nne peine cox- “absous par arrêt du 27 août 1700. Il a paru , sur cette affaire, L “en 703, un vol. in-4°., où les lecteurs raisonnables n'ont mtrouvé que le résultat de la passion. et le langage de l'esprit ds parti. 250 * Mélanges. » » » » ÿ» » » temps que ce paquet étoit fermé, et attendoit l’occasion de partir. Je le rouvre aujourd’hui jeudi 7 décembre 1715, pour vous dire que ren- trant chez moi, j'ai appris que M. Sallier, logé au collége de Beauvais, m’avoit fait l’honneur de venir de votre part, de celle de M. Bouchard et de M. Papillon, me complimenter sur ma nouvelle qualité d’Académicien. Je vous en fais, Monsieur, et aux deux derniers mes très-hum- bles remercimens.. Je prendrai soin d'envoyer demain matin le paquet à M. Sallier , qui me donne avis qu’il y aura samedi une commodité pour Dijon. Je serai reçu le 23 à l’Académie, et ne manque pas d'occupation en attendant ». k Douzième lettre écrite à Paris le 28 mai 1714. « Je dois réponse , Monsieur, à deux lettres que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire , l’une du 31 mars dermier, l’autre du 21 avril suivant. Vous m'invitez par la première à poursuivre le commentaire dont vous avez vu le commence- ment ; c’est un travail auquel , suivant les appa- rences, je ne me remettrai de long temps, si tant est que je m'y remette (4). Vous me recom- s mandez par la seconde auprès de M. l’abbé »s Bignon les intérêts de M. Creusot (5) et de la Ÿ > veuve Farjot. Je vous assure, Monsieur, que (4) Le Commentaire dont il est question ïci, et que M. d'Huissier-d'Argencour avoit demandé plusieurs fois avec tant d’instances , est le G/ossaire pour l'intelligence des mots Bourguignons , qui parut dans l'ordre alphabétique , à la suite de l'édition des Woëfs, imprimée à Dijon en 1720. (5) Avocat du roi au présidial de Semur en Auxois. Lettre de M. de Lamonnoÿe. 157 » nonobstant la qualité d’Académicien qui m’est » commune avec cette illustre abbé, à peine ai-je » pu jusqu'ici parvenir à lui parler, et que bien » loin de m’ériger en patron auprès de lui pour qui » que ce soit, je serois fort embarrasé moi-même » à y en trouver un dans le besoin. Vous pouvez » croire que si la chose étoit telle qu’on vous l’a » donnée à entendre, j'embrasserois avec chaleur » toutes les occasions qui s’offriroient de faire, à » votre considération, un si bon usage de mon » crédit. C’est, Monsieur, de quoi je vous prie » d’être persuadé, et de la sincérité avec laquelle » je suis votre très-humble , etc. Sisné DE LAMONNOYE. La treizième lettre est sans date, et rien ne prouve qu'elle étoit adressée à M. d'Huissier d’Argencour. Quoiqu’un article de cette lettre intéressante ait été inséré, page 383 du 5° vol. du Menagiana in-12 , éd. de 1716, on la transcrira ici en entier, ainsi que l'extrait d’une autre écrite à Paris le 6 octobre 1715 à M. Papillon, et qui con- tient des détails précieux pour l'histoire litté- raire. « Il seroitä souhaiter, Monsieur, que le MaroT » de Hollande (6) fut aussi ample et correct que » l’impression en est belle. Il auroit fallu pour » cela conférer ensemble le plus grand nombre » d'éditions qu’il auroit été possible, rechercher » les autres poésies de l’auteur imprimées jusqu’ict » séparément, dont Lacroix du Maine et Duverdier » ont fait mention, rassembler le tout , et donner 1) C’est l'édition de 17900, 2 vol, in-12. 4 2 1b2 Mélanges. » par ce moyen un recueil complet de ses œuvresi » Au lieu de cela, on s’est contenté de consulter » deux ou trois éditions au plus, encore avec si peu » d’exactitude , qu’on asouvent altéré l’orthogra- » phe, estropié les vers, gâté le sens, transposé l’or- » dre, et par une négligence honteuse imprimé ÿ en deux divers endroits du livre les mêmes » pièces. À la vérité , on a mis au-devant la vie du » poète en abrégé, mais tirée en partie si fidèle- y ment de Moréri, qu'on en a copié jusqu'aux » fautes de l’imprimeur. Jen ai corrigé une à la » première page si imperceptiblement , que vous » aurez peine à en reconnoître la trace. Il y avoit , » conformément au texte corrompu de Moréri, Querci , de toi, Solet se vantera. » De ce solet, j'en ai fait Salel; car c’est ainsi » qu’il faut lire. Après l’épigramme de Charleval, s par où finit la vie de Marot, le huitain qui suit» » au bas duquel sont ces mots , hante le françois , » est de Charles Fontaine, dont cette devise est » l’anagramme. Vous trouverez encore un sixain > du même, page 721. Les pièces répétées sont » celles-ci : » Le Chant de la Passion, pages 236 et 729- » L'Epigramme à Benest, pages 537 et 402. y À M. Castellanus , pages 376 et392. s L'Eléoie à une mal contente , etc. pages gI et s 217, Où en passant vous remarquerez que cette » élégie : qu on attribue à Melin de Saint-Gelais, » et qui est den 0 tout au long dans ses poé- 5» sies, n’est qu’ une traduction Be certains vers > de l’Arétin, ques commencent per tutio l'or del Lettre de M. de Lamonnoÿye. 153 » mondo, page 323 de la dernière édition de ses » Ragionamenti (7). Je remarquerai encore par ÿ occasion, que l’épigramme d’Annette et Mar- » gueritte, page 389, est aussi dans le même » Saint-Gelais. A l'égard des additions dont il est » parlé, page 709, elles se réduisent au cantique » de Moyse, traduit par Bonaventnre DES PER- ÿ RIERS, et à trois Pseaumes, traduits l’un par » Etienne Pasquier , etlesdeux autres par Claude » LEMAISTRE; au lieu desquelles pièces étran- » gères et de mauvais goût , il auroit bien mieux » vallu ne pas omettre celle-ci, qui est constam- » ment de Marot, et qui se trouve dans la plupart » des éditions que j’ai vues. A une dame de Piémont, qui refusa six écus de Marot, pour coucher avec elle, et vouloit en avoir dix. « Madame , je vous remercie, etc. » « Celle-ci encore , imprimée dans une édition » gothique , à Lyon, in-12, chez François Just, » est très-digne de Marot. « De la Sorbonne un docteur amoureux, 2 Disoit un jour à sa dame rebelle, » Ainsi que font tous autres langoureux, » Je ne peux rien mériter de vous, belle. » Puis nous précha que la vie éternelle » Nous méritons par œuvres et par dits. > Arguo sic : si magister lourdis, » De sa catin mériter ne peut rien; > Ergo ne peut mériter paradis, » Car pour le moins paradis la vaut bien. » (7) Ce que M. de spouoye dit ici de l’Ælégie à une pe contente, est imprimée tom. 3, pag. 353 du /fenagiana, éd, 1716. 154 | Mélanges. \ « Ce qu'il y a de plus surprenant, c’est que dans le Marot de Hollande, on se soit avisé de mettre des vers de dévotion, que Marotn’apoint faits, et qu'on n’en n'y ait pas mis d’autres en ce genre , qu'il a véritablement faits, et qui ont même paru dans quelqués unes des éditions précédentes, par exemple, le Baladin, petit poëme allégorique , touchant la réformation de la religion, et un sonnet qui est à la suite. On pourroit, monsieur, ajouter ici plusieurs obser= vations, mais vous vous contenterez de celles-ci, et me croirez votre très-humble, etc. Signé DE LAMONNOYE. » Extrait d'une lettre écrite de Paris, Le 6 d'octobre 1715, par M. de Lamonnoye, ancien correcteur de la Chambre des Comptes de Dijon, et l'un de MM. de l'Acadérrie françoise à M. l'abbé PA- PILLON , chanoine de la chapelle aux riches, à Dijon. « Vous taillez bien de la besogne, monsieur, à un homme qui n’est ni laborieux , ni diligent, ni bon ouvrier. Par où m’y prendrai-je ? Me » voilà empêché en beau chemin; je n’ai, pour » tout ordre , dans ma réponse , qu'à suivre celui de votre lettre. » Vous commencez d’abord, par chercher dans votre imagination, quels articles les censeurs du Menagiana , m’auront pu rayer? j’en aurois été quitte à bon compte, s'ils n’avoient touché qu'aux gabs, qu’au cas de conscience de l’im- | » pératrice Agnès, et qu’à la lance en arrêts de“ Lettre de M. de Lamonnoye: 155 François Sforce. De vingt-un endroits censurés, voila les trois que vous avez deviné. Les deux pas- 9 » » sages de Procope, celui de Maimbourg, lestrois » vers macaroniques de Belleau, le bombus serviens » dethurificatione, qui,a vérité, n’étoit simplement » qu'indiqué, tout cela s’en est tiré bagues sauves. » Un grand intercesseur, qui, par sa naissance, ne » le cède qu'aux princes du sang, a demandé » grâce, pour le passage de Procope. Il porte, a-t-il » dit, son apologie en tête, et ce n’est d’ailleurs » que du grec et du latin ; il pouvoit ajouter que » si on réimprime jamais les anecdotes de cet » auteur, on sera bien aise de trouver là, de quoi » les rendre complettes. Les inquisiteurs n’a- » vaient garde de condamner Maimbourg, qui » étoit alors leur confrère. L'expression de Belleau » n’étoit pas plus criminelle que le guilboquet, » le barbidaut , l'arrière fosse, et autres termes » employés au mot pucelage , du dictionnaire de » Trévoux; l'endroit du bombus n’avoit pas de » quoi scandaliser , parce que, sans le rapporter » in terminis , je n’avois fait que le désigner, outre » que ces messieurs m'ont bien la mine de n’avoir » pas connu le passavant ; mais nous sommes A » d'accord touchant les Saumaises ou Saumaires ; » j'ai fait voir (8) qu’on prononçait indifférem- » ment ces deux noms. M. DE LAMARRE, dans sa » préface sur les œuvres des Guyons, ayant à » parler de Pierre, fils de ce Jérôme que Ta- (8) Foy. l’article imprimé , pag. 41 et suiv., tom, 3 du He: nugiana, 256 . Mélanges. EVENE EN YXEYNXY È4 Y » bourot appelle Saumaire, ne dit paspetrus Sal-= marius, mais Salmasius; et ce Jérôme qui est saumaire dans votre Gabriel Brenot (9), est saumaise dans son épitaphe , telle que Paillot la rapporte page 221 deson Parlement de Bour- gogne. Claude Robert, dans la liste des Maires de Dijon, traduit le latin de salmasia , par de salmaire (10). Il y eut en eflet, en 1277, un maire nommé Odo de Salmasiä, que Robert a bien fait d'appeler Salmaire , parce que sil avoit dit Saumaire , les rieurs de ce temps-là , en équivoquant sur son nom, n'aurolent pas manqué de dire : nous avons un sot maire , et peut êtreest-ce (quesait-on ? )l’appréhension de cet équivoque qui a donné lieu au changement de Saumaire en Saumaise. On sait d’ailleurs la conversion naturelle de la lettre r en la lettre s 5 surquoi, sans parler de la lettre du beau fils de Pasi, attribuée à Marot; je vous renvoie à Geoffroy Tory, de Bourges, feuillets 111 et 112 de son Champ fleuri, de l’édition in-8e. Il est bon encore , avant que de finir cet article, de vous dire que M. de Lamare n’a point eu d'autre raison que l'usage, pour se déterminer sur la prononciation de Saumaise, préférable- ment à Salmaire ; de son temps, comme du notre, tout le monde disoit Saumaise. Il est sans doute fort innocent de cet entêtement de ne- (9) Gabriel Brruxort, auteur de Mémoires historiques ( ma- nuscrits), en 3 vol. 15795 — 1505. (ro) Dans les listes faites postérieurement, on a écrit : Eudes de Salmaise. Lettre de M. de Lamonnoye: 157 » blesse, dont vous l’accusez ; ce passage que j’ai » copié de la vie de Claude Saumaise en fait foi : » familia quidem tozæ numeribus illustri natus » est Claudius Salmasius , sed non eo nobilitatis splendore conspicua quem hic refert Clementius. C’étoit un reste de mauvaise habitude qui avoit faitécrire Salmarius pour Salmasianus à Jacques Guyon, en quoi il avoit d'autant plus de tort que celui-là même, à qui ses vers s’adressoieut , signoit Benigne Saumaise. Il est assez vraisem- blable qu'il s’est depuis corrigé, lui qui a tou- jours écrit depuis 1604 jusqu’en 1632, Claudio » Salmasio (11). » Vous me ferez plaisir de m’apprendre si l’édi- » tion gothique de Sylva nuptialis à Cortisana ou Cortigiana : tant pis pour elle si elle a Cog- FC VMS M NV. VW NY à » nata. Voici le conte que vous me demandez de » Vido et d’Imperia ; j'ose dire qu'après mes » Noels, je n’ai point fait de pièce dont je sois » plus content que de celle-ci. « Fido et imperia. » Romam profectus vido nobilis celta (12) 052 (11) L'abbé Parizronw a laissé une Vie littéraire de Claude Saumaise, extraite de celle que Philibert de Lamarre avoit composée en latin, et qui est extrêmement étendue. Celle de Papillon refondue ensuite et encore abrégée, a été imprimée dans sa Bibl. hist. des auteurs de Bourgogne. M. de Lamon- noye, le P. Oudin et d’autres savans avoient fait des notes sur la vie de Saumaise, par Philibert de Lamarre : il existe beau- coup de lettres manuscrites qui ot servi à.ce dernier. On fcra connoître le tout dans une autre notice, (12) Ce conte est imprimé en entier au tome premier du Moyen de parvenir ; édition, 1757, in-12. 158 Mélanges: VERWVILLE , à sa manière, donne un tour fort plaisant à ce conte, chapitre 7 de son Moyen de parvenir (tome I, page 21.) Le père Oudin, qui se connoît en latinité, seroit peut être assez content ici de la mienne , s’il pouvoit, pour un quart d'heure, mettre sa qualité de jésuite à part ; et pourquoi ne ly mettroit-il pas? Il l'y met bien quand il lit Catulle, Pétrone, Martial, que sais-je moi? les priapées : nihil obscænum eruditis. Outre que l’on ne trouve point chez moi les grossièretés des anciens, et qu’à le bien prendre , ce n’est que galanterie. En tout cas, vous pouvez bien, sans façon, lui montrer ces hendecassyilabes , que je fis il y a très-long- temps, pour M. de Lamarre, sur l’édition qu'il nous promettoit de toutes les œuvres de Leo- nardus Brunus Aretinus. « Ægras tempore qui suo camænas » Languentes que situ diuque pressas » Brunus restituit , jacebat ipse » Æger, languidus, obsitus tenebris, » Et langueret adhuc salutis expers, » Vi tandem Philibertus adveniret » Potens ingenio , peritus arte. » Qui curd invigilans laboriosd » Illum tempore qui suo jacentes » In*lucem revocaverat camænus , » À longo pariter situ redemit. » Lector, major utér tibi videtur? » An qui ægras potuit juvare musas ? » An qui ipsi potuit béatiorem » Musarum medico referre vitam? » » Je n'ai, au reste, aucune idée d’avoir fourni Leitre de M, de Lamonnoye: 159 » aucuns mémoires pour cette édition ; de laquelle » je me souviens d’ailleurs fort bien que M. de » Lamarre avoit dressé un plan imprimé in-4°. s Feu M. l’abbé Nicaise, qui me l’emprunta , ne » me l’a jamais rendu. BAYLE , dans son Diction- ÿ naire, au mot Arétin (Léonard) , fait mention » de ce plan, sur l’avis que je lui en donnai. » Vous n'êtes pas le seul qui nait demandé si ÿ j'ai traduit et commenté toutes les lettres de » PozrTiEN. Je le voudrois bien ; ce seroit un ou- » vrage de conséquence , que dans un âge aussi » avancé qu'est le mien; je ne suis plus en état » d'entreprendre. Ce fut un peu avant mon départ » de Dijon qüe je traduisis et commentai la pre- » mière de ces lettres ; j'en vins ensuite à la se- » conde, que j'ai traduite, mais sans notes : hîc » terminus hœret. » Je n’ai fait aucune wie de Bayle, ni aucun » supplément, soit à ses lettres, soit à son com- » mentaire philosophique. Ceux qui m'ont attri- » bué je ne sais quelle vie de Bayle , imprimée » in-fol. au-devant de son Dictionnaire, à Genève, » ou séparément in-12, en la même ville, ne con- » noissént pas mon style. Elle est de l’abbé du » REVERT, auteur peu connu. Il y a long-temps » que M. Desmaizeaux en promet une, et C’est » aussi de lui que nous attendons l'édition des » deux supplémens ci-dessus mentionnés. » Les trois inscriptions que vous avez vu au * dernier prix du jeu de l’arquebuse, sont de moi. » Le capitaine et les chevaliers me les avoient 160 Mélanges. » demandées par une lettre dont ils me firent » payer le port; et comme ils savent que j’ai re- » levé cette impolitesse, ils se sont avisés, pour » s’en corriger, de ne me point faire de remerci- » mens. Voilà une belle remarque à faire pour » MM. de Beaune. Il y a encore certains haran- » gueurs à Dijon, de qui j'ai reçu pareille recon- > noissance. » L’épitaphe de Jean le Menestrier est fort » plaisante (18); c’est dommage qu’on ne la voie » plus à Saint-Jean , non plus que celle-ci : « Passan , Blaisôte a dans le crô, » Le prove qui dit qu’el a quite » De li jetté de lea benite : » Ai né pu ran dan l’aiguerô. (14) » s Il est fait mention à la fin du Conspectus his- s toricorum Burgundiæ de M. de Lamare, d’une » lettre latine de Jacques-Auguste de Chevanes, » touchant la vie, les mœurs et les écrits de Jean » le Menestrier ; mais je pense que de cet ouvrage, » et de plusieurs autres annoncés par ce Jacques- » Auguste, il n’y a jamais eu que le titre de fait. » Votre ite foras laici, non est vester locus ici, » m'a fait souvenir de mus cavet ire aulard, quando > videt mitouard, et de cet autre qui est de Jean » Girard , neveu de Jacques Girard, conseiller au » parlement de Dijon : Mus cavet ire la où resonat (13) Elle est imprimée dans la Biblioth. des auteurs de Bour- grogne, Lt. 2, P. 44: Papillon dit qu'elle étoit à Saint-Médard, (14) Cette épitaphe, faite par M. de Lamonnoye en 15709 » est imprimée dans le Glossaire des Noëls, pag. 187. Lettre de M. de Lamonnoÿye: ‘16 ÿ perséæpe rmiiaou, Il y a pourtant cette différérice % du premier de cés vers aux deux derhiers ; que » ceux-ci 6nt été faits pour rire, au lieu que le -» premier est une production sérieuse de quelque » veine monächale. Je n’entends pas tout-à-fait » bièn cé qué vous voulez dire, quand vous me » demandez si je ne reconnois pas dans cette ma- » nière naïve le goût simple et antique de Thra- » seas. La vertu de Pétus Thrasea est célèbré dans 5 l'histoire; c’étoit ün juge intégre, un cœur no- » ble , ferme, élevé, un troisième Caton : mais le » siècle où il vivoit étoit, quoique corrompu, un » siècle poli. Si Thraseä s’étoit avisé de faire des » vers, il en auroit fait, non pas comme Nævius » ou Ennius, mais comme Sénèque ou Lucain, ses » contemporains; tous deux stoïciens comme lui, » Quand il en auroit même fait comme Nævius ou # Ennius, la comparaison ne cadreroit pas encore. » Il faudroit, pour la rendre juste, supposer , »contre toutes apparences de vérité, qu'ayant » par exemple entrepris de mettre en un vers grec » Léonin, le yälr œtæurér, tant recommandé, il s'ÿ » seroit pris de cette sorte : rêro Afyo ng65 os zen cavrdr » #i Pesi nosse; en quoi il auroit été aussi ridicule » d’avoir fait rimer du latin avec du grec, qu’à » l’auteur de ite foras laïci ; d’avoir fait rimer du » françois avec du latin; mais, comme vous savez, » dato impossibili sequitur quid libet. Ainsi, Mon- » sieur, faites réparation d'honneur à Thrasea, et » substituons à ce grave sénateur quelque pieux » Falot, tel qu’un Maillard, un Barlette, un Tome III, Mai, 1807. AE 6° 162 F Mélanges. » Menot ou un Elyzée, Je dis au reste, et dirai » toujours Thrasea, parce que c’est ainsi que les » latins prononçoient ce nom, et que d’Ablan- » court l’a traduit d’après Tacite, Ceux qui pré- » féreront Thraseas , auront pour eux M. de Sacy, » dans la 16€ lettre du 5° livre de Pline (15). Après » cette difficulté vidée, il s’en présente une nou- » velle touchant un autre Thraseas, que vous » dites avoir été trompé sous ce faux nom. Pour le » coup,je vous avoue humblement mon ignorance. » J’ai lu dans Ovide et Apollodore certain conte » d’un devin qui ne sut pas prévoir le tour que lui » joua Busiris; mais ce devin s’appelloit Thrasius, » et vous me parlez d’un Thraseas, Ce vers, T_ Vivere qui renuit sapiens , vult ille mori sot, » est apparemment d’un Jésuite. Je me souviens » du moins l'avoir lu à la fin d’un des vingt vol. » in-folio du P. Théophile Regnaud , qui Pa rap- » porté à l’occasion des auteurs déguisés sous dés » noms qui ne leur conviennent pas. A propos de # quoi, s’il avoit tant soit peu su de grec, il lui ÿ auroit été aisé de turlupiner le bon Morisot, qui » n’en sachant point, et voulant toutefois prendre s un nom grec qui signifioit ami de la vérité , aü » lieu d’Alethophilus, s’est nommé Alitophilus, s dont la signification donne une idée toute diffé- » rente, parce que Ars signifie erro, pecco ; êt » que qui dit error, peccatum, dit quelque chose » de fort opposé à la vérité. (15) Tout cet article est imprimé , tom. 2, p. 369, n°.cxxxr£ de l'édition in-4°. des Œuvres de M. de Lamonnoye. Lettre de M. dé Lamonnoye: 16% à s’agit présentement de vous nommer l’au- ÿ teur des stances, qui ont pour titre : l'Occasion » perdue et recouvrée. Le croiriez-vous, mon- » siéur? c’est l’auteur du Cid, des Horaces, de y» Cinna, le fameux Pierre CoRNEILLE. Il eut beaw » tenir la chose sécrette, le chancelier Seguier 5: » protecteur alors de l’Académie, ayant su de » qui étoient ces stances peu édifiantes qui cou- » roient partout, en fit une douce réprimande » au poète, et lui dit qu'il le vouloit mener x » confesse (16). Il le mena de ce pas à son confes- » seur, le P. Paulin, religieux , tierçare du » couvent de Nazareth, qui ordonna par forme » de pénitence à Corneille, de mettre en vers » françois le premier livre de l’Imitation de J. C. » La reine Anne d'Autriche l'ayant lu, en fut si » contente, qu’elle lui demanda le second; et ; » dans-une dangereuse maladie qu’il eut quelque » temps après; 1l promit le troisième, qu’il donnä » depuis{(17).. : » Je serai un peu plus court sur l'auteutrdes y Moines empruntés. Joseph est son nom de bap« » tême: son nom de famille est d'AcHE ou d’A1T2E: » Je tiens cela du Mercure galant, du mois de » mai 1705, qui m’a, de plus, appris que c’étoit ». un prêtre de l’église de Cavaillon: (16) M.Micmavurra imprimé cette phrase de la lettre de M. dé Lamonnoye , pag. 53, tom. 1er. de ses Mélanges philologiques, dans une dissertation sur le véritable auteur du Poëme , inti- tulé : l’'Occasion perdue et recouvrée, gt. 111 de ce volume. (17 Article imprimé; tom. 2, pag. 370; n°. çxr de l'édit. in-45. des Œuvres de M. de Lamonnoye. #64 1000 Mélañgess » Le petit livre curieux imprimé à Rheïms , chez » Jean Mouchard ; m'est absolument inconnu. y Si le médecin Marchand mort à Dijon l'an » 1678, a laissé des parens qui aient quelque s teinture des lettres, vous pourrez, par leur » moyen, découvrir l’auteur de l'Elogium que, » à en juger par le sujet, je Lara être fort » «peu de choses. ‘» Autant que la devise du maire Jacques De- » frazans pour la magistrature de 1639 étoit har- » die et pleine d'esprit, autant... (18). ‘» Les remarques de Pabbé Fayprr sur les vers d'Homère et de Virgile, sont un pur roman... (19) » A l’égard du Menagiana, il pourroit, s’il étoit » du nombre des collecteurs, demander parmi » eux la place qui lui appartenoit, et qu’appa- » remment on ne lui auroit pas refusée. Pour ÿ “moi , je lui ai conservé soigneusement les ar- » ticles où je l'ai trouvé employé, et je ne me » suis pas cru obligé à rien plus; c’est sur mes »-remarques envoyées à M. l’abbé Nicaise, à » ‘Paris, que la seconde édition du Menagiana » fut corrigée. BAYLE, pag. 442 de ses Lettres, a » parlé de cette révision qu’on lui annonçoit, et ÿ qu’il n’avoit pas encore vue. » J’ai dit que M. Lebon étoit auteur de l’excel- lent livre intitulé : /a Logique, ou l'Art de pen- »-ser.... (20) (r8) Article imprimé, tom. 2, pag. 371, n°. cxzr de l'édit. in-4°. des Œuvres de M, de Lamonnoye. (19) Art. imprimé, tom. 2, p.294, n°. zxxvitr, éd. idem, (ao) Art. imprimé , tom. 2, p.294, n°, Lxxix, éd. idem. Lettre de M.de Lamonnoye: 168 » Je vous ai dit que mes censeurs m'ont rayé le passage latin de :Philelphe: Ce retranche- ment ne fait pas grand mal à l'édition. ....(21) Je n’ai jamais eu d’accès dans la bibliothèque de M. de Lamarre. Le grand, père qui, à:vrai dire, a.été le seul que j'aie pratiqué, n’étoit rien moins que communicatif, Vous ne devez donc pas être surpris que je n’aie point vu le catalogue qu’il avoit des manuscrits du grand- duc. Je suis surpris, moi, d’en avoir vu un ioi de la main du P. de Montfaucon , où les poésies grecques de Philelphe ne sont, point rappor- tées. Elles consistoient en trois livres, qui con- tenoient en tout 2400 vers, lesquels n’ont ja- mais été imprimés. L'auteur dit les avoir en- voyés le 27 juillet 1465, au sardinal Bessarion, de la critique duquel ils avoient sans doute grand besoin : le titre étoit : Hoxayayiat, COMME qui diroit recréations , divertissemens. » Vous avez raison de vous plaindre de'la né- gligence de mes imprimeurs ; quelqu” attention qué j'äie eue à corriger leurs fautes, il en est resté une infinité, Voici comme il Ér corriger » cells que vous m'indiquez : Racine b. 278; imprimerie sa) inventée : Pa. 56: S aumaise a. 204; b 0283: Lo?) ° (21) Art. imprimé , tom. 2, pag. 372, n°. cxL11, éd, En JA faut ajouter à la fin des deux derniers vers latins : moyen- nant quoi le sens auroit été bon. On trouve béxucoup de dé- tails bibliographiques sur Philelphe, dans la lettre écrite par M. de Lamonnoye à M. Guillot, le 15 janvier 1712, et imprimée tom. 4, pag. 228 et suiv. du Menagiana, 1716. (22) Ceci à rapport au supplément du Æenagiana. Les 66 : : " * Mélanges, » Le commentaire sur les Noëls bourguignons, » séroit merveilleux si je Vachèvois ; la sausse vau- » droit rnieux que le poisson; mais at tempi, altre ‘5 cure. J'ai bien autre chose à faire présentement, » ‘ét je n’aufois pas Cru pouvoir jamais trouver le » loisir de vous écrire uñe si longüe lettre. 5 Je suis, monsieur, de tout moncœur, votre, etc. Delamionnoye. & Ce’qui suit est gibier & à Hrt Oudin , car il est, je pense’, le seul qui soutienne , aujourd’hui, la » poésie latine à Dijon; c’est une courte requête au feu ‘roi; téndante à faire cesser la capitation et le dixième , après la publication de Ja paix, » suivant qu’il Yavoit ut S RES gets Lu o vrço. XI. ® « Pax latos nondum soles optata arr) » Perftat adhuc r nostrum fœda procella chput ; (capitation. ) Din os prémit ét fluctus fluctu rires omni. (Le xe. fuc- tus decumanus.) » Posterior nono eit, undecimo que prior. (Plaisante Pre sion: d'Ovide 1, Trist, 2, 50.) “s Hunc js ps rex hanc bone s siste procellam, » S2 nos er ER quoque re frui. » « Cette requête fut mise, le 15 du mois: d'août » dernier, entre les mains du P. Letellier, mais » elle n’a point eù d’effet, soit que ce père n’ait » point jugé à propos de là présenter, soit que le 5 pénitent f fut hors d’état de profiter là dessus des ‘» avis du confesseur. fautes citées n'existent pas dans a in-14 prit qi a 1716. ESS | | | Voracs en Silésie, pat M, BERNARDIN DE SainT-PrerrE, membre de l’Institut (x). ; hihi je revenois de Russie en France, je me trouvai avec un bon nombre de voyageurs de dif- férentes nations , sur le chariot de poste qui mène de Riga à Breslau. Nous étions rangés deux à deux, assis sur des bancs de bois, nos malles sous nos pieds, le ciel sur nos têtes, voyageant jour et nuit, exposés à toutes les injures de Pair, et ne trouvant dans les auberges de la route que du pain noir, de l’eau-de-vie de grain et du café. Telle est la manière de voyager en Russie, en Prusse, en Pologne, et dans la plupart des pays du nord. Après avoir traversé, tantôt de grandes forêts de sapins et de bouleaux, tantôt des cam- pagnés sablonneuses, nous entrâmes dans des mon- tagnes couvertes de hêtres et de chènes, qui sé- parent la Pologne de la Silésie. Quoique mes compagnons de voyages sussent le français , langue aujourd’hui universelle en Eu- rope, ils parloient fort peu. Un matin, au lever de l’aurore, nous nous trouvâmes sur une colline auprès d’un château situé dans une position char- mante. Plusieurs ruisseaux circuloient à travers ses longues avenues de tilleuls , et formoient, au bas, des îles plantées de vergers au milieu des prairies. Au loin, autant que la vue pouvoit s’é- _ (1) Ce morceau a été lu dans la séance publique pouf la dis- sertation du prix de poésie de Ja Classe de littérature française de l'Institut. | 168 Mélanges, tendre , nous apercevions les riches campagnes de la Silésie, couvertes de moissons, de villages , et de maisons de plaisances arrosées par l'Oder, qui les traversoit comme un ruban d’ argent et d'azur. » Oh la belle vue ! s’écria un peintre italien qui » alloit à Dresde ; il me semble voir le Milanais ». Un astronome de l’Académie de Berlin se mit à dire : « Voilà de grandes plaines; on pourroit y » tracer de longue base, et par ses clochers avoir » une belle suite de si ».. Un baron autri- chien, souriant, dédaigneusement, répondit au géomètre; « Sachez que cette terre est des plus » nobles d'Allemagne ; tous ses clochers que vous v voyez là-bas en dépendent ». « Cela étant, ré- » partit un marchand suisse, les habitans y sont » donc serfs. Par ma foi, c’est un pauvre pays ». Un officier hussard prussien, qui fumoit sa pipe > la retira gravement de sa bouche , et se mit à dire d'un ton ferme : « Personne ici Le: relève que du » Roi de Prusse. Il a délivré les Silésiens du joug » de l’Autriche et de ses nobles. Je me souviens » qu'il nous a fait camper ici il ÿ a quatre ans. » Oh, les belles campagnes pour donner une ba- » taille !j'établirais mes magasins dans le château » et mon artillerie sur ses terrasses. Je borderois » la rivière avec mon infanterie; je mettrois ma » cavalerie sur les ailes, et avec trente mille » hommes j’attendrois ici toutes les forces de » l'Empire. Vive Frédéric ! » A peine s’étoit-il remis à fumer , qu’un officier russe prit la parole. « Je ne voudrois pas, dit-il, vivre dans un pays Voyage en Silésie. 169 » comme la Silésie, ouvert à toutes les armées. » Nos Cosaques l’ont ravagée dans la dernière » guerre, et sans nos troupes réglées qui les con- » tinrent, ils n’yauroient pas laissétune chau- »;mière debout. C’est encore pis à présent. Les » paysans peuvent y plaider contre leurs sei- » gneurs. Les bourgeois, y ont'même de plus ». grands privilèges dans leurs municipalités: » J’aime mieux les environs de Moscou ». Un jeune étudiant de Leipsick répondit aux deux officiers: «Messieurs ,. comment pouvez - vous » parler de guerre dans des lieux si charmans ? Permettez-moi de vous apprendre que le nom y.même de Silésie vient-deCampi Elizii, Champs » Eliziens. Il vaut mieux s’écrier avec Virgile, LA ©‘ #OLycoris, hic tecum consümerer ævo. > Ô Lycoris ! c’est ICI, qu ’avec toi, je voudrois » être dissous par le, temps ». À ces mots pro- noncés avec chaleur, une aimable marchande de mode de Paris , que l’ennui du voyage avoit en- dormie, se réveilla, et à la vue de ce beau paysage, s’écria à son tour : « Oh le délicieux pays ! il n’y > manque que des Français. Qu’avez-vous à sou- ». pirer , dit-elle‘ à un jeune rabin qui étoit à ses » côtés» ? « Voyez, dit le docteur Juif, cette » montagne là-bas avec sa pointe, elle ressemble » au mont Sinaï ». Tout le monde se mit àrire Mais un vieux ministre luthérien d’Erfurt, en Saxe , fronça le sourcil, et dit en colère: « La _ » Silésie est une terre maudite, puisque la vérité 170 “ Mélanges. » en est bannie. Elle est sous le joug du papisme: » Vous verrez à l'entrée de Breslau le palais des » anciens ducs de Silésie ; qui sert aujourd’hui de » collége aux Jésuites, quoique chassés de toute » l'Europe». Un gros marchand hollandais, pour< voyeur de l’armée prussienné dans la. dernière guerre, lui répartit. « Comment pouvez-vous » appeler maudite, une terre couverte de tant » de.biens? Le roi de Prusse a fort bien fait » dé conquérir la Silésie; c'est le plus beau fleu- » ron de sa couronne. J’y aimérois mieux un » arpent de jardin qu'un mille quarré dans la » marche sablonneuse de Brandebourg ÿ. Nous arrivämes ainsi disputant à Breslau, 6ù nous mimes pied à terre dans une fort belle auberge. En attendant le diner on parla du maître du châ- teau. « Le ministre saxon assura que c’étoit un ÿ scélérat, qui commandoit l'artillerie prussienne » au siége de Dresde; qu'il avoit écrasé avec des » bombes empoisonnées cette malheureuse ville, » dont la moitié des maisons étoit encore abat- $ tue, et qu'il n’avoit acquis sa terre que par des contributions levées en Suisse ». « Vous vous » trompez, répondit le baron, il ne l’a eue que $ par son mariage avec. une comtesse autri- s chienne , qui s’est mésalliée en l’épousant. Sa > femme est aujourd’hui bien à plaindre. Aucun » de ses enfans ne pourra entrer dans les cha- » pitres nobles de l'Allemagne, car leur père n’est » qu'un officier de fortune ». « Ce que vous dites s là, reprit le hussard prussien, lui fait honneur, #. Voyage en Silésie. 171 » et il en seroit comblé aujourd’hui en Prusse, » s'il ne l’avoit perdu en sortant à la paix du » service du-roi. C’est un officier qui ne peut plus » se montrer ». L’hôte, qui faisoit mettre le cou- » vert, dit : & Messieurs, on voit bien que vous » ne connoissez paë le seigneur dont vous parlez; » c’est un homme aimé et considéré de tout le » monde : il n’y a pas un mendiant dans ses do- » maines. Quoique catholique, il secourt les pau- » vres passañs de quelque pays et religion qu’ils » soient. S'ils sont Saxons, il les loge et les nour- » rit pendant trois jours, en compensation du ÿ mal qu’il à été obligé de leur faire pendant la ÿ guerre. Il est adoré de sa femme et de ses en- $ fans ». « Apprenez, répondit à l’hôte le ministre » luthérien , qu’il n’y a ni charité ni vertu dans » sacommumon. Tout son fait est pure hypo- » ‘crisie, comme les vertus des payens et des 5 papistes. » Nous avions parmi nous plusieurs catholiques qui alloïent élever une terrible dispute, lorsque l'hôte s'étant mis à la principale place de la table, éuivant l’usage de l’Alfemagne, fit servir le dînef. Alors on garda un profond silence, et chacun se mit à boire et à manger en voyageur ; on fit fort bonne chère, on servit au dessert des pêches, des raisins et des melons. L’hôte dit alors à sa femme d'apporter, en attendant le café, quelques bou- teiles dé vin de champagne dont il vouloit régaler la compagnie , en l'honneur du seigneur du chä- teau auquel il avoit des obligations particulières. EE < 172 “. Mélanges: Les bouteilles étant arrivées, il les posa auprès de la dame française, en la priant d’en faire les hon- neurs. La joie parut alors sur tous les visages, et la conversation se ranima. Ma compatriote pré- senta à l’hôte le premier verre de son vin, en lui disant qu’on étoit aussi bien traité chez lui que dans les meilleures auberges de Paris, et qu’elle n'avoit point connu de Français qui le surpassât en galanterie. L’officier russe convint qu’il y avoit plus de fruits à Breslau qu’à Moscou; il compara la Silésie à la Livonie, pour la fertilité, et il ajouta que la liberté des paysans rendoit un pays mieux cultivé, et leur seigneur plus heureux. L’astro- nome observa que Moscou étoit à peu près à la même latitude que Breslau, et par conséquent sus- ceptible des mêmes productions. L’officier hussard dit, « en vérité je trouve que le seigneur du chà- » teau, sur les terres duquel nous avons passé, a » fort bien fait de quitter le service. Après tout, » notre grand Frédéric, après avoir fait glorieu- » sement la guerre, passe une partie de son temps » à jardiner et à cultiver lui-même des melons à ».Sans-Souci. » Tout le monde fut de l’avis du hussard: Le ministre Saxon même se mit à dire que la Silésie étoit une belle et bonne province, que c'étoit dommage qu'elle fût dans l'erreur, mais qu'il ne doutoit pas que la liberté de conscience étant établie dans tous les états du roi de Prusse, tous les habitans, et surtout le maître du château, _ne se rendissent à la vérité, et n’embrassassent la confession d’Augsbourg : car, ajouta-t-il, « Dieu L C n : Voyage en Silésie. 173 » ne laisse point un bonne action sans récompense, » et c’en est une qu’on ne peut trop louer dans un ÿ militaire qui a fait du mal aux gens de mon » pays pendant la guerre, de leur faire du bien » pendant la paix. » L’hôte alors proposa de boire à la santé de ce brave seigneur, ce qui fut-exécuté aux applaudissemens de toute la compagnie. Il n’y eut pas jusqu’au jeune rabin qui ne voulût aussi trinquer avec elle. Il dînoit seul et triste- ment, de ses provisions , dans un coin de la salle, suivant la coutume des Juifs en voyage ; il se leva et vint présenter sa grande tasse dé cuir à la dame, qui la lui remplit jusqu'aux bords. I] la vuida d’un seul trait : alors elle lui dit : que vous en semble, docteur ? La terre qui produit de si bon vin ne vaut-elle pas bien la terre promise? Sans douté , madame, répondit-il d’un air riant, surtout quand ce bon vin est versé par d’aussi jolies mains. Sou- haitez donc, lui dit-elle , que votre messie naisse en France, afin qu’il y rassemble vos tribus de toutes les parties du monde. Plût.à Dieu! ré partit l’israélite ; mais auparavant il faudroit qu’il fit la conquête de l’Europe , où nous sommes presque partout si misérables. 11 faudroit que ce fût un nouveau Cyrus ; qui en. forçât les différens peuples de vivre en paix entre eux ét avec le genre humain. Dieu vous entende! s’écrièrent la plupart des convives. ” J'admirois la variété d’opinions dé tant de per sonnes qui disputoient avant de se mettre à table, et qui étoient d’un si parfait accord lorsqu’elles 174 Mélanges, en sortoient. J’en conclus que l’homme étoit mé. chant dans le malheur ; car c’en est un pour bieri des gens d’être à jéan; et qu'il était bon dans le bonheur , car quand il a bien diné , ilest en paix avec tout le monde, comme le sauvage de Jean Jacques. J'en tirai une autre conséquence plus impor- tante, c’est que toutes Ces opinions qui avoient pour la plupart ébranlé la mienne tour-à-tour, ve- noient üniquement des éducations différentes de mes compagnons de voyage, et je ne doutai pas que chacun d’eux ne retournât à la sienne quand il serait de sang-froid. Desirant fixer mon jugement sur les sujets de la. conversation , je m’adressai à un voisin qi avoit ardé constamment le silence, et m’avoit paru d’une humeur toujours égale. « Que pensez-vous ; ». Jui dis-je , de la Silésie , et du seigneur du chàâ=, » teau. — La Silésie, me répondit-il , est un fort » bon paÿs, puisqu'elle produit des fruits en » abondance, et le seigneur du château est un ex- » cellent homme, puisqu'il fait du bien à tous les » malheureux, Quant à la manière d’en juger ; » elle diffère dans chaque individu, suivant sa re- ? hgion, sa nation, son état, son tempérament , » son sexe , son âge ; la saison de l’année , l'heure » mème du jour, et surtout d’après l'éducation » qui donne la première et la dernière teinture * à nos jugemens; mais quand on rapporte tout »_au bonheur du genre humain, on est sûr de juger » comme Dieu agit. C’est sur la raison générale de Leeds Voyage en Silésie; ; 196 » l'univers que nous devons régler nos raisons » particulières, comme nous réglons nos montres » sur le soleil: » - Depuis cetté conversation j'ai tâché de juger de tout comme ce philosophe ; j'ai trouvé même qu’il -en étoit de notre globe et de ses habitans comme de la Silésie ; chacun s’en fait une idée d’après son éducation. Les astronomes n’y voient qu’un globe fait en fromage de Hollande, qui tourne autour du soleil avec quelques Newtoniens; les militaires, des champs de batailles et des grades ; les nobles, des terres seigneuriales et des vassaux; les prêtres, des-communians et des excommuniés ; les mar- chands, des branches de commerce et de l'argent ; les peintres, des paysages; les épicuriens , des pa- radis terrestres. Mais le philosophe le considère par ses relations avec les besoins des hommes, et les hommes eux-mêmes par celles qu’ils ont entre eux. ICHTYOLOGIE. ÆxTrAIT dun Mémoire, sur les pièces osseuses de la nagéeoire pectorale des pois- sons, par M. Grorrroy-Sarnr-Hicarre , professeur de Zoologie au Muséum d’his- toire naturelle. 4 “8 Mémoire, communiqué à la classe dés .» sciences physiques et mathématiques de lIns- » titut de France, a donné lieu au rapport sui- » vant fait par M. Cuvier ». Le Mémoire de M. GEOFFROY a pourobjet: 3.9 De-comparer les pièces qui ‘composent la -nâgeoire pectorale des poissons et celles qui la ‘supportent et la méttent en mouvement, avec les pièces qui jouent un rôle semblable dans le bras de l’homme, le pied de devant des quadrupèdes, l’aile des oiseaux et la nageoire des cétacés, et de montrer l’analogie de toutes ces pièces en nom bre, rapport, connexions et fonctions ; 2.° De faire connoître les usages particuliers et remarquables de quelques - unes d’entr’elles dans certains genres ou espèces de poissons. Depuis long-temps les anatomistes ont observé que les animaux vertebrés semblent construits sur un plan commun, et que la plupart de leurs différences ne tiennent qu’à quelque variation dans le nombre ou les proportions respectives des pièces qui composent chacun de leurs or- ganes. Nageoires de poissons. 177 - Aristote a fondé sur cette idée la partie anato- Mmique de son histoire des animaux, et presque tout son traité des parties; deux des ouvrages les plus admirables de l’antiquité, et dont ce qui a été fait de mieux en anatomie comparée par les modernes n’est guère que le développement. Maisil est certain aussi que les poissons s’écär= tent un. peu plus que les trois premières classes d'animaux de ce plan général. Le liquide qu’ils habitent, et par l’intérmède duquel ils respirent , exigeoit des organes du mouvement différemment proportionnés , et des organes de respiration autrement situés. Ces changemens, joints à ceux que nécessitoit dans les organes des sens le foible degré d’énergie correspondant à la petite quantité de leur respi- ration, ont donné au corps des poissons une autre forme, et ont masqué chez eux le type commun des animaux vertebrés, au point que l’œil le plus exercé a de la peine à en reconnoître quelques parties. Ainsi ; quoique la nageoire pectorale des pois- sons ait de grands rapports de forme et d’usage avec celle des cétacés, on reconnoît aisément dans dans celle-ci l’omoplate, l’humerus, le cubitus, le carpe, le métacarpe, les phalanges des qua- drupèdes , et une bonne partie de leurs muscles, tandis qu'il est très-difficile d’en rien. voir dans Yautre. , | Ce sont donc ces analogies si difficiles à recon- ñoître, que M. Geoffroy a cherché à voir et à faire Tome III. Mai, 1807. 12 178 - Zchtyologie. voir dans les poissons, non-seulement par râp+ port à la nageoire, mais encore dans tous les au< tres organes. | Il ne nous occupe aujourd’hui que de la na+ geoire. Elle est portée en général sur une espèce de ceinture osseuse qui entoure le corps du poisson , immédiatement derrière l’ouverture des ouies, s’articulant en dessus avec le crâne ou l’épine, et rejoignant en dessous les deux parties ensemble par une suture mediane.. | M. Geoffroy trouvant dans les rayons de là nageoire l’analogue des doigts, et dans les petits osselets de sa base analogue du carpe, cherche ceux des autres pièces de l'extrémité antérieure dans la ceinture que nous venons de mentionner. Il trouve que ces pièces y sont bien; mais qu’au lieu d’être distinguées par des articulations, elles ne le sont ordinairement que par des sutures qui s’effacent avec le temps. Ainsi la partie supérieure de la ceinture qui se joint à l’épine ou au crâne est, selon lui, Pomo- plate ; la partie inférieure qui va se joindre au- dessous à sa correspondante est la clavicule. Il existe dans la plupart des poissons osseux une troisième pièce, le plus souvent en forme de stilet, placée derrière la ceinture, et qui sert à plusieurs usages. M. Geoffroy y croit voir Pana- logue de cet os, nommé fourchette dans les oi seaux. A la vérité, la fourchette n’est presque toujours Nageoires de poissons. 1% ue d'unê seule piècecommune aux deux épaules, mais dans quelques oiseaux qui ne volent pas, ‘comme l’autrüche et lé éasoar, elle se partage en deux pièces, dont chacune devient un appetr- dice de l’épaule de ce côté. Ce seroit cette dispo- sition particulière à certains oiseaux qui devieri- droit générale dans les poissons osseux. Au reste, elley souffre à son tour une exception inversé, étil: ÿ a quelques poissons où les deux os érditdiietthe séparés se soudent sous l'abdomen. Il y auroit encore une différence dans là posi- tion; Pos de la fourchette dés oiseaux ést tou jours placée au-devant de l’éspèce de ceinture formée par Îles omoplates et les clavicules. Dans les poissons , ainsi que l’observe M. Geoffroy , cet 0$ ser0it en arrière. Il né restéroit donc qu’à chercher Phumerts ; le radius et lé cübitus. M. Geoffroy les voit dans une lame adhérente à Ja ceinture que nous venons dé décrire, êt sûr ést portée la nagéoire. Dans le plus grand nombre des poissons oéseut, les rudimens des trois os né sé font remarquer que comme trois Centres dossifications qui se Con- fondent avec l’âge, ce qui à empêché la plupart des anätomistes de les remarquer. L’adhérénce de toute cétte pièce à la face extérne de la clavicüle _contribuoit aussi à ên faire méconnoîtré la com- position, parce que dans cétte position la partie analogue à l’humerus se trouve attachée à la cla- vicule, tantôt par les deux bouts, tantôt par 480 …. Zchtyologie. toute sa longueur , et que l’avant-bras va s’y attai cher aussi par une portion de son extrémité car+ pienne : tout le bras seroit donc comme reployé et soudé contre la clavicule. Heureusement il y a des poissons où cette con- traction et cette adhérence moins complètes ont montré, ces, parties plus distinctement , et ont conduit M. Geoffroy à à les reconnoître dans les cas plus difficiles et plus ordinaires. Les Baudroies, et un nouveau genre très-re- marquable découvert dans le Nil par M. Geoffroy, et nommé par lui Polyptère,sont danscecas Leur avant-bras est libre, et offre des rapports très- sensibles de forme avec celui des quadrupèdes et des oiseaux, Après avoir exposé ces analogies générales , M. Geoffroy décrit les variétés de toutes ces pièces dans les différentes espèces. | Il insiste principalement sur celles de l’os qu'il a nommé Jurculaire, qui est la partie la plus va- riable de la nageoïre et qui remplit divers usages importans , selon les formes et les connexions w’il a dans chaque espèce. ” Souvent il donne, un point. d'appui solide aux muscles qui contractent la vessie natatoire : c’est ce qu’on: voit dans la Carpe; d'autrefois, comme _dans les Muges , il aide à porter les os qui soutien- _ment les nageoires ventrales. Dans les Baudroies où la membrane des ouies se _prolonge.en arrière, fort au-délà de la clavicule, l'os furculaire contribue à la faire ouvrir. Nageoires de poissons: 181 A cette occasion M. Geoffroy indique une divi- sion très-nécessaire à faire dans le genre Lophius , qui doit être séparé au moins en trois genres, fort différens les uns des autres par leur structure. La Baudroie ordinaire est, comme on sait nommée communément Raye pécheresse , parce qu’on lui attribue l’artifice d’attirer de petits pois- sons au moyen des filamens qui flottent sur sa tête; ce seroit en quelque sorte pécher à la ligne. M. Geoffroy pense qu’elle peut aussi pécher à l’épervier, en ouvrant et en refermant son énorme membrane , en serrant ; avec le pédicule de sa na- geoire pectorale , l’ouverture de cette membrane, quand une fois le poisson qu’elle veut prendre y est entré. Tel est, selon lui, l'objet du grand prolonge- ment de cette membrane, au-delà de qui étoit né: cessaire pour protéger les branchies. : M. Geoffroy a effectivement trouvé un poisson qui étoit resté dans l’un des sacs branchiaux d’une Baudroie conservée au muséum d'histoire natu- relle. M. Pichon, ancien professeur d’histoire na- turelle, à Boulogne sur mer, luï a assuré en avoir trouvé également dans des Baudroies qu’on venoit de prendre, et avoir appris des pécheurs, qu’ils savoient depuis long-temps que la Baudroie use de cette manière de s’emparer de sa proie. Si ces faits sont confirmés par des observations ulté- rieures , ils ajouteront un article intéressant aux divers partis que les animaux savent tirer des sin 3 .gularités de leur organisation. | 182 …… Jchtyologie. - L'os furculaire joue encore un rôle important dans une espèce de Tétrodon. que M; Geoffroy a observé dans le Nil : il agit sur la vessie aérienne comprimé contre l’æsophage, ferme celui-ci et empêche ainsi Pair qui se développe dans l’estomac d’en sortir ; ce qui gonfle le tétrodon comme un ballon , le renverse sur le dos, et le livre aux flots comme une masse inerte. C’est encore cet os qui forme dans les Silures , cette épine singulière qui , en vertu d’une articu- lation d’un genre fort compliqué peut, à la vo- onté de l’animal, rester mobile ou bien se fixer dans une direction transversale , de manière à lui fournir alternativement et selon ses besoins, une arme offensive très-puissante, ou seulement un rayon solide , mais très-suceptible de mouvement pour la natation. Ces faits choisis parmi beaucoup d’autres qui composent le mémoire de M. Geoffroy , suffiront pour rappeler à la classe, l'intérêt qu’elle à mis à entendre la lecture entière de cet écrit. Nous nous bornerons donc à ajouter : 1.0 Que les descriptions faites par M. Geoffroy, ont été vérifiées par l’un de nous , sur les squélettes du Muséum d'histoire naturelle, et trouvées fort exactes ; 2.0 Que les analogies que M. Geoffroy en déduit, paroissent plausibles à certains égards, et n'as voient point été faites avant lui de la même ma- nière; 3.0 Que les remarques particulières sur les va- Nageoires de poissons: 183 riétés des os nageoires, dans les différens poissons, et sur leurs usages, principalement sur ceux de l'os furculaire présentent des faits tres-curieux et généralement nouveaux ; 4.° Que son travail ne peut, parconséquent , manquer d'étendre les connoissances des natura- listes et des anatomistes sur l’organisation inté- rieure des poissons , et qu'il est fort à desirer qu’il le continue. Nous demandons à la classe d’ordonner l’im- pression de ce mémoire, parmi ceux des savans _ étrangers: Fait à l’Institut, le lundi 27 avril 1807. Signé Bosc, Lacépède; et Cuvier, rappporteur. La classe approuve le rapport et en adopte les conclusions. Certifié, conforme , le secrétaire per- pétuel. Signé CuviER. VARIÉTÉS, NOUVELLES L] E T CORRESPONDANCES LITTÉRAIRES. NOUVELLES ÉTRANGÈRES. ANGLETERRE. M. Lancaster, un des membres les plus respectables de l’église des Quakers où Frimitifs, a imaginé et mis en pratique une nouvelle méthode d'instruction élémen- taire pour les enfans de la chasse indigente, au moyen de laquelle ils apprennent à lire, à écrire, à compter em moins d’une année , et à un prix excessivement modéré. On commence par leur faire tracer des lettres avec le doigt sur des planches couvertes de sable. Au lieu d’abé- cédaires , on se sert de feuilles où sont imprimés des nombres, des lettres et des mots qui sont cloués sur des planches : de cette manière, on fait une économie consi- dérable sur la consommation d’encre, de plumes et de papier qui a lieu dans les autres écoles. Un enfant peut enseigner à cinq autres, et un seul maître suflit pour cinq cents enfans. Le système de M. Lancaster a pris faveur malgré les ennemis qu’il a rencontrés. Il a été appelé, en divers lieux de l'Angleterre et de l'Irlande, pour y former des établissemens pareils au sien. Sa mé- thode a été recommandée par M. Whitbread , qui en a fait une mention honorableau parlement. M. Colqhoun, connu par des ouvrages sur des sujets de ce genre, en a fait voir l'utilité dans un écrit particulier. L'école de M. Lancaster est ainsi devenue à la mode, et il est du bon ton à Londres de la visiter toutes les années au mois Nouvelles littéraires. 185 de mars. On espère de cet établissement les meilleurs résultats pour l'éducation du peuple, On a représenté, sur le théâtre de Londres , une nou- velle comédie qui a pour titre : Faut-il mieux vivre à læ ville ou à la campagne ? Elle est de M. Morron, et elle a eu des succès, quoiqu’on lui reproche des invraisem- blances grossières , des caractères et des bons mots usés. Mais on lui reconnoît aussi des beautés, et l’impression de Pensemble est dit-on très-agréable. La belle collection d’antiques du savant Towxrey, achetée par le parlement pour le Muséum britannique , est maintenant exposée dans une vaste salle de cet éta- blissement (1). Quelques musiciens habiles ont adopté la nouvelle méthode d’accorder les forte-pianos, inventée par lord Sranxorz , et il est probable qu’elle deviendra à la mode, malgré les vives contradictions qu’elle a essuyées. Le major Ousezey publiera incessamment la traduction complète de Nosahat al Colonb, connu en France sous le nom du Géographe persan. Ce n’est que depuis peu que M. Ouseley a pu se procurer un manuscrit complet de son auteur; la traduction fera connoître plus exacte- ment la Perse dans les cartes qui en seront publiées. “Nosahat al Colonb a raconté dans son Ouvrage beau- coup d’anecdotes concernant les anciens souverains de la _ Perse, et a fait mention des monumens qui y existoient autrefois; en sorte que cet Ouvrage sera très ?n'éressant sous ses divers rapports, et que l’historien :1 !’:ntiquaire y trouveront également, à profiter. Le Voyage de Maine à Schiras en Per:e, imprimé d’abord à Calcutta , a été imprimé à Lond:::. l’auteur a (1) On en trouve une notice détaillée dans l'ouvrage de M. Darrawayx sur des Arts en Angleterre,, dont ;e viens de publier la traduction. A. L. M. 186 Nouvelles littéraires. consacré un volume entier à la littératurepersanne, dans laquelle il est très-versé. Cet ouvrage a le plus grand succès en Angleterre. Les Relicks of Ancient poetry par l'évêque Percy, ont été augmentées d’un quatrième volume publié par son neveu. Le choix des pièces est fait dit-on avec beau- coup de goût. HoLLANDE. ‘M. le docteur Kesresoor va publier un Ouvrage sur la jurisprudence médicale pour lequel il à rassemblé depuis quatre ans des matériaux. Il à mis à contribution les écrivains des autres nations qui se sont livrés à cette étude, tels que Franck, Asnemann » Plenck, en Alle- magne; f'odéré, Mahon, en France; En Italie, Fesale, Cardile , etc. Cet Ouvrage sera publié en latin. Le plan que l’auteur a suivi fait présumer pour lui un heureux succès. D'ANEMARCK. La Société royale des Sciences de COPENHAGUE a pro+ posé les sujets de prix suivans pour l’année 1807. 1° MaruimarTiques. Æ£xiste-il un maximum ou un minimum dépendant de la nature des orbites dans des perturbations des mouvemens, produites par des forces externes, autant quil en naît des mutations dans les orbites ? On suppose que les corps dont les mouvemens éprouvent ces perturbations, sont agités par des forces dont la loi est donnée. 2.° Paysique. Quelles sont les qualités chymiques que Fexpérience découvre dans la substance que M. W1N- TERL croit avoir découverte, et qu’il nomme Andronie ? Comment peut-on déduire de ces qualités la différence de l’andronie et de la terre silicée, et quels sont les rapports Nouvelles littéraires. 187 de l’andronie avec le carbone et l'azote. La Société desire que l’andronie soit soumise à des expériences rigoureuses; que ces expériences soient décrites de manière qu'on puisse les répéter facilement; que les principaux pro- duits chymiques qui en résulteront , soient joints par échantillons aux mémoires. Dans le cas où les résultats se trouveroient contredire la doctrine de M. Winterl, les concurrens devront montrer par quelles erreurs il y a té conduit. 3.° Histoire. Examiner et exposer avec ordre , quelle fut la forme du Gouvernement et de l’ Administration des Ostrogoths , depuis Le siècle de Théodoric jusqu’à la fin de leur empire ; décrire exactement l’état de la religion, des sciences et des arts parmi eux à la méme époque. 4° Prizosopnig. Expliquer jusqu’à quel point il es£ permis d’influer sur les mœurs du peuple par les lois civiles non indirectement, mais directement en ordonnant ou prohibant de certaines choses , et de manière à ne pas franchir les limites qui séparent ce qui est juste dans d'état social de ce qui est permis dans l’état de nature ; montrer par des exemples quels sont les législateurs tant anciens que modernes , qui ont péché en cela contre les vrais principes , et quels inconvéniens ont été la suite de leurs erreurs. Chaque prix est une médaille d’or de la valeur de cent écus danois. Les mémoires peuvent être écrits en latin, français, anglais, suédois ou allemand. On peut les envoyer jusqu’à la fin de l’année courante, à M. Buccr, secrétaire de la société et professeur d'astronomie , à Copenhague. On à lu dans la séance de la même société du 3 dé- cembre 1806 , un Mémoire sur les minéraux de Sardaisne, envoyé par M. le comte de Varcas, né en Holstein de parens espagnols, et aujourd’hui directeur général des 188 Nouvelles littéraires. mines de Sardaigne. Ea Société en a été si salisfaite; qu’elle a aussitôt porté ce savant sur la liste de ses membres étrangers. M. Frypensere, médecin en Islande, a envoyé à la Société d'économie rurale de CorzeNxAcur,un Mémoire qu'elle lui avoit demandé , sur la possibilité de convertir en alimens convenables # l’homme , le seetang, plante marine qui abonde dans les mers qui baignent l'Islande comme les autres possessions du Danemarck.M.Fryden- berg propose en effet des moyens de réaliser cette idée ; et s’il y réussit, il aura enrichi sa patrie d’une branche d'industrie nouvelle, et assuré en quelque sorte la sub- sistance de l'Islande; pays si stérile en productions ali- mentaires, que toutes les précautions du Gouvernement sont souvent impuissantes pour le préserver de la famine. Jusqu'à présent; le sectang n’avoit servi en Danemarck, qu’à faire de la tourbe, et en Norwège, de la soude. On a publié dans un recueil de Vies des Danois célèbres , enrichies de leurs portraits, une biographie de M. PFrINGSTEN , qui avoit sous sa direction lPinstitut pour les sourds-muets établi à Kiel. Cet homme vraiment singulier, étoit né à Kiel en 1746. Il donna dans sa jeunesse des leçons de lecture, de danse et de musique, et inventa ane manière nouvelle de jouer , si cela peut se dire, du tambour. Il exécuta des concertos de caisse, et en donna un il y a quelques années au profit des pauvres. Cela Ie conduisit à l’idée d'employer les sons du tambour ou d’autres sons inarticulés, à former un langage : cette idée lui donna celle d’un autre langage de signes pour la vue, et d’un troisième pour le tact. Il en fit des expériences publiques en 1786 à Hambourg, à Copenhague et ailleurs. On lui écrivoit des phrases; il les dictoit par des coups de tambour à son fils âgé de onze ans, et celui-ci les écrivoit à son tonr sur le papier, avec les mêmes fautes ; Nouvelles littéraires: i89 orthographe qu’on y avoit faites. M. Pfingsten faisoit la même chose en frappant sur une table avec le bout d’un archet. Il fit aussi des expériences de sa langue télegraphique par le mouvement des bras, par des pavillons, et de nuit avec des flambeaux; enfin il vint à bout de communiquer ses idées à un autre, dans l’obs- curité, et par l’attouchement et le mouvement des doigts. Il 2 depuis tiré parti de ces découvertes, pour l’instruc- tion des sourds et des aveugles de naïssance ; et il a réussi d'autant plus facilement auprès des premiers, qu’il a eu deux sourds-muets pour compagnons de son enfance, et qu'il s’étoit fait dès-lors une langue de signes pour con- verser avec eux. On doit placer dans l’amphithéâtre anatomique, le buste du professeur Tone, mort il y a quelques années, et qui s’étoit fait autant de réputation comme poète que comme médecin. M. le professeur Sanper publie dans un journal de Copenhague , un apperçu de la littérature danorïse, Le recueil des poésies danoises du célèbre BacerseX est sous presse. Elles paroîtront incessamment Prausse. Jean-Bernard MEr1AN , secrétaire perpétuel de l’Aca- démie des Sciences de BERLIN , est mort dans cette ville le 12 février, âgé de 83 ans. Il étoit né à Liechstal, près de Bäle , le 27 septembre 1723, d’une famille honnête et distinguée , et fut appelé à Berlin en 1750 par le coni- seil de Mäupertuis. Ses ouvrages les plus connus sont une traduction française de CLAuD1EN , et une des Essais de Hume, .enrichies de commentaires et quelquefois de ré- futatiens, qui a été souvent réimprimée, depuisletome y jusqu’au dernier, Les Mémoires de l Académie de Berlin contiennent plusieurs morceaux de lui sur des matières “190 Nouvelles littéraires philosophiques et sur la géométrie : on y distingue quatté discours ajoutés à la traduction de la philosophie de Ka; unparallèle de la philosophie de Lersnirz et de celle de Kanr, qui fit beaucoup de bruit lorsqu'il parut (1). Ce vieillard , autant respectable par son caractère qu’il- lustre par ses connoissances , a conservé toute sa vie l’ac- tivité et la santé de la jeunesse. Peu de jours avant sa mort, il remplit’éncoré ses fonctions de secrétaire dans la séance publique ténue par l’Acadéniie pour célébrer, selon l’usäge, la mémoire du grand Frédéric. | On ne représente plus depuis AHEMQRE temps sur le théâtre que dés oùvrages traduits ou imités du Français. On y a donné les Marionnettes de Picak» , etle Concert interrompu. Les marionnettes n’ont pas trouvé autant d’admirateurs à Berlin qu’à Paris. On reproche à l’auteur d'avoir fait des caricatures de presque tous ses person- mages , et d’avoir traité toute sa pièce avec une extrême légèreté. M. OLsers, célèbre astronome de BRÈME , a découvert le 29 mars une nouvelle planète. C’est la seconde dont on doit la connoissance à cet infatigable observateur; car on sait que c’est lui qui a découvert celle qui portele nom de Pallas. On a publié à Hazze des lettres sur les relations : inté= ‘rieures de la cour de Prusse, depuis Frédéric IT, qui ont excité vivement la curiosité, et qui sont, dit-on, d’un grand intérêt. ‘ GraAnD-Ducné pe B4ADes. Pendant leséjoùr du docteur Gazz à Hrinezsers , il y a eu entre lui et le professeur Ackermanx, le plus (x) Les autres sont intitulés : VAction, la Puissancé et la Liberté, Le Sens moral , le Desir, la Crainte et le Mépris dè da mort, le Suicide, parallèle de deux principes physiologiques ; et un Discours sur La métaphysique. Î “Nouvelles littéraires: 191 fedoutable de ses adwersaires, des disputes publiques où Pan et l’autre ont fait preuve de beaucoup d’habileté. Le docteur Gall entra le premier en lice , exposa sa doctrine et répondit à quelques objections du professeur Acker- mann. Le lendemain, celui-ci parut à son tour dans la carrière, muni comme son antagoniste de toutes ses pièces justificatives, c’est-à-dire de préparations anatoz miqués qui furent la seule chose que le docteur examine de près. On donne beaucoup d’éloges à l’art avec lequel le docteur Gall met ses leçons à la portée de tout le monde, et les séme d’anecdotes très-propres à égayer son sujet et à ranimer l’attention. On a remarqué dans le professeur Ackermann de l’ordre, de la concision, de la philosophie fondée sur l’observation, mais on lui repro- che de s'être toujours tenu hors de la portée de la majo- rité de son auditoire, et de n'avoir parlé que pour les gens de l’art. GrAND-Ducné pe WEiMaAe. On a donné sur le théâtre de Wr1imar une première représentation du Tasse, de M. Gorrus. Ce drame est regardé par tous les bons juges de l'Allemagne comme un chef-d'œuvre pour la manière admirable dont les caractères sont développés et opposés. Cependant on avoit point encore osé le mettre en scène, et le défaut d’action faisoit craindre qu’il n’inspirât pas le même in- térèt sur le théâtre qu’à la lecture. Le succès de la repré- sentation a passé l'espérance des comédiens. On pouvait présumer qu’un ouvrage que toutes les personnes éclai- rées avoient été à même d’apprécier, recevroit leurs applaudissemens sur la scène comme dans le cabinet. On a joué l’ÆHéléna, opéra de Boutzzy, musique de Méaux, qui a été très-applaudi. 192 Nouvelles littéraires: BAVIÈRE. M. Seyrrer, astronome de cette ville, a eu occasiof d'observer à Munica, le 13 avril, la nouvelle planète découverte par le docteur Olbers. Il la regarde comme an quatrième débris de la catastrophe céleste qui a pro- duit celles qui circulent entre Mars et Jupiter. Il pro- pose. de donner à celle-ci le nom de l’astronome qui Pa découverte. Cette planète, vue dans les lunettes achro- matiques , présente un éclat blanchâtre pareil à celui de Jupiter. M. Murzer, peintre de S. M. le roi de Bavière, vient de publier une brochure contre les jugemens prononcés en matière de beaux arts, par M. de Korzsur; dans son voyage. de Livonie à Rome et à Naples. On dit qu'il y a dans cette réfutation beaucoup d'idées générales sur les arts, développées d’une manière ingénieuse. L'époque de louverture de l'Académie m'est point encore connue. Cependant comme M. Jacogr a reçu le décret par lequel il est créé président, et M. Scurr- cuTEGROLL sa nomination de secrétaire perpétuel , on pense que les choses ne peuvent trainer en lon- gueur. Il west plus question de la vocation de M. Wozr. Son arrivée auroit eu les plus heureuses suites, sil avoit été mis à la tête du séminaire RS ‘comme on Vavoit espéré. Le docteur Gazz est arrivé le 30 mars dans cette - ville , avec le docteur Srurzerm. On espère qu’il donnera des leçons sur la nouvelle doctrine. AUTRICHE. | On a représenté sur le théâtre Italien de VIENNE, l'opéra de Sargines, qui a été généralement applaudi. On a surtout admiré la voix de mademoiselle Haser, qui à rempli un des premiers rôles. Nouvelles littéraires: 193 00-41 7 VIBNNE. M. Korrwen, qui est fait connoîtré comme un homme de beaucoup de talèns par sa traduction de Plaute, vient de donner un drafne intitulé" Ændromague. Cet Ouvrage se distingue: par la simplicité du plan et la beauté des caractères. Il a aussi fait paroître une comédie qui a pour titre : Deucalion et Pyrrha: . Be prince Lienovsxi ; amateur distingué des béaxt arts ét surtout de da musique, donna, ik y a quelque temps, un concert où furent exécutées plusieurs pièces, nouvelles. Celle qui regut particulièrement les applau- dissemens des copnoisseurs > est une ouverture pour Je Coriolan de Cozzin , Par | keroyes, On y admire la, profoudeur des idées, Ja force et la majesté de l'harmonie. La manière dont le compositeur a peint la “violence des. mouvémens de Coriolan MERE changemeht subit et terrible de sa fortune, a produit Je plus grand effet. SuIssE. M. Christ. H. dMuzuer , auteur de plusieuxs ouvrages. et, éditeur d’une collection, de paésies jallamandes des dousième, treizième et quatorzième siècles, qui parutè, Berlin, en 1784, est mont à Zurice dans; les RARES jours de mars, âgé de 63 ans. Ha dE Le . On a trouvé dans l'été de 1806, en ereusant une cave à Corne, environ deux cents pièces de monmoies romaines; |, elles étoient éparses dans le terrain, et l’on n’a reconnuf auprès aucune trace de fondemens ou de vieilles mu, railles. Toutes, ces pièces étaient de cuivre;la plupart portoient d’un côté un. génie tenant.ane guirlande our mne coupe; et une corne d’abondance à la-maim ; avee; cette légende : Genio populi, Romani.. An mevers ; ox voit des têtes de Maximien, de Dioclétien , et quelque-. fois de Constance. Chlore: Le plus grand membre: et Tome III. Mai, 1807. 13 194 Nouvelles littérairesi sur-tout les plus petites, étoient rongées de vert-de< gris. La plus belle a d’un côté la tète d’Antonin le pieux, et de l'autre une victoire. On a trouvé au même,lieu: des fragmens d’ustensiles ou d’ornemens en bronz:, bb ÉR'i Qu Eu 1) °AL s’est formé à Wesr-Pornr'sur la Baye d'Hudson , uue Société physièo-militaire , sous la protection de M. Jefférson et: du secrétaire de la guerre: M. William , ingénieur «en chef; atélé élu; président. Cette Société a: pour but le-perfectionnement de l’art militaire. : ,° 401 FRANCE. Les. arts et les lettres ont perdu M. Richard Gontran LALLEMAND, mort à Roux le 3 avril , à l’âge de 81 ans. Il a exercé pendant un grand nombre d'années la pro! fession d'imprimer avec distinction : et s'étant parti- » colièrement Jivré à l'impression des ouvrages destinés aux classes, il en a donné plusieurs éditions accompa— gnées de notes, qui prouvent ses connoissances litté- raires. ‘Or fui doit en outre un Dictionnaire français et latin, qüi vient d'être réimprimé chez Delalain, qu'il a composé conjointement avec ses frères, et on lui attribue une Bibliothèque des Theraticographes , impri- mée au-devant de l’Ecole de Chasse DEV ERRIER DE LA Conreri£ en 1963. Îla rempli la placé de Maire } étlle d'Echevin et‘de‘Juge-Consul de a ville de Gite aveb# hôñneur ,-et a obtenu de Resss na des 'Jétires: de” noblesse! 1% : À Da Société d'émulation de CamerAŸ ;décerhéra trois! miédaïlles d’or de lalvaleur de 120 francs chacune } aux aaterirs des meilleurs mémoires qui lui seront parvenus" avant le . janvier 1808 , sur les ra sui- gantes 1P 9.1 14.2 AcricuzruRE Il est utile d'examiner sil neseroit pas ‘ Nouvelles littéraires: 195 æossible de parvenir à l'entière suppression des jachères sans déterriorer les terres; si la nature du sol n’oppose pas à cette suppression un obstacle inviicible; si l'usage des: engrais ;+le variété des semences, des bons labôuts et d'autres moyens peuvent suppléer non-seulement, à la médiocrité du $ol, maïs encore au repos qu’on a cru néces- saire pour réparer les séls dont la terre a besoin pour cette reproduction ; il:importe d'éclairer les cultivateurs! sur les procédés les plus efficaces 'et les moins dispendieux pour obtenir des récôltes nôn intérrompues. La société décernera unelmédaille à Pauteur du meilleur mémoire sûr lesmoyens d'opérer; sans inconméniené, “+ Suppression des Jachères: ; 109 2.0 Hisrorre. La société desireroit um Précis histoz rique sur ExcuerranD de MosrR£ezer ; prévot de Cam- braÿ ;, au quinzième siècle; elle voudroit qu'on joignit à cet ouvrage , une analÿse critique des chroniques pu- bliées en trois volumes in-folio, sous le nom de cetauteuri Une médaille d’or sera décernée à celui des concurrens qui, avant l’époque indiquée , aura le mieux rempli cette tâche. # 3. 1.° Ixpusrrte et Commerce. Sur un rapport fait par M. Béthune Houriez , l’un de ses membres , et dont l’im- pression a élé ordonnée, la société a arrêté de décerner une troisième médaille à celui qui, avant la même époque du 1%. janvier 1808, aura le mieux résolu les deux questions suiyantés : © PREMIÈRE QUESTION. La baptiste, le claire où linon 4 gaze et tout autre tissu fin de lin, pourroient-ils AN leur tendance à se rouler, lorsqu'il sont sans apprêt, leur roïdeur et leur facilité à conserver le pli lorsqu'il sont apprêtés, et acquérir là souplesse et le moelleux de la mousseline ? Indiquer les procédés no uveaux ou les innovations 196 Nouvelles littérairéé: faire dans les anciens ; soit dans le rouissage et la prépax ration du lin, soit dans la filature ; le issage ou lès ap préts de la toile fabriquée: pes1qque ess Sil'on parvenoit à prouver que là natureldu lin ne per mieé pas de donner aux' toilettes ; les qualités qu'exige s zmpérieusementilu mode ; pourroit-on les obtenir par l’al- diage du fil de lin aveë celui de la soie et du coton? » 1 DeuxiÈME QUESTION: Pourroit-on faire baisser le haut pris des toilettes par wné diminution de: la train-d'œuvré du lin, dh fil et dutissuge? On donnera les moyens de propager emploi de la navette volante. On:traitera priri- cipalement là question de la possibilité de rendre le din susceptible d’être comme le coton, FR par gere dans les nuïnéros fèns: oi) oo SE . ‘ J -Lés Mémoires sur ces divérsés questions, les essais on échantillons: devront être envoyés ; francs de port; à M. Faryz, sécrétaire perpétuel : de l'Société, avant lé premier PE 1808. Parmi les ouvrages de littératnre et d'arts qui ont été adressés à la Société des sciences , belles-lettres et arts de Borpraux, deux seulement lui -ont paru dignes d’être couronnés. Le premier est de M. Azaux fils; il a présenté À la Société deux tableaux peints par lui ; Vos représente Ulysse reconnu par Euryclée, et le Re Cléobis et Biton trainant leur mère au temple de Junon. La Société desirant donner à ce jeune artiste une marque d'encouragement, a arrêté qu'une médaille d’or lui seroit décernée dans la séance de ce jour. Le second est un Mémoire de MM. Baures-Sarnr= "ANDRE et PoTIEz , contenant des procédés pour soulever, au moyén de pattes mordantes , un uavire submergé la quille en haut. Comme ce Mémoire n’étoit pas destiné au concours sur Nouvelles littéraires. 197 la question proposée par la Société, pour soulever les corps submergés, qui obstruent la rivière de Garonne, et qu'il contient des vues utiles, elle a arrêté qu’une mé- daille d'encouragement seroit accordée aux auteurs du projet. 1h an La Société rappelle qu’indépendamment des médailles d'encouragement , elle aura trois prix à décerner dans sa séance publique du mois d'août de cette année; le pre- mier de la valeur de 600 francs , sur la question suivante : Quels seraient les moyens de tirer des pins. des landes de da ci-devant province de Guyenne, un goudron aussi parfait en qualité que peuvent létre Les goudrons du Nord, et principalement ceux que l’on fabrique en Suède ? Le second, également de 600 francs, sur la question suivante : Quel est le moyen de soulever Les corps sub- mergés à une profondeur déterminée, quelle que soit leur pesanteur, dans un endroit où le flux et reflux se fontsentir? Le troisième, consistant en une médaille d’or, à la meilleure pièce de poésie sur /a campagne des trois mois de L'an 14, Les mémoires doivent être parvenus à Ja société avant le 1°. juillet de cette année. Ce terme est de rigueur. Avis aux Agriculteurs du département de la Gironde. La Société desirant encouraget FPagriculiure dans ce département , a annoncé plusieurs fois dans ses pro- grammes, qu’elle décerneroit chaque année une médaille d’or au cultivateur qui aura fait des améliorations ou des travaux utiles; clle a invité MM. les maires des com- munes rurales et tous ceux qui s'intéressent aux progrès de l’art agricole, à lui faire connoître les agriculteurs qui peuvent avoir quelques droits à ce prix annuel. La Société n’a encore eu qu’une seule fois la satisfac- tion d’adjuger cette médaille d'encouragement. Elle n’at- iribue pas cela à un défaut de zèle on d’indnstrie dans les 198 Nouvelles littéraires. agriculteurs du département de la Gironde; mais plutôt à uné défiance modeste qui leur fait croire que leurs efforts ne sont pas dignes des encouragemens que la Société propose. Afin d'éclairer à cet égard les cultivateurs, la Société a jugé convenable de détailler les diverses amé- liorations agraires qui donnent droit de coucourir à ses médailles d'encouragement. Faire des semis ou des plantations considérables , et les composer des arbres les plus utiles, comme chênes , hêtres, charmes, ormes , acacias, platanes, etc.; Introduire dans un canton quelques espèces d'arbres précieux qui y manquoient, surtout multiplier les arbres fruitiers d'espèces recherchées ; Dessécher les marais; Défricher des terres incultes; Pratiquer des irrigations artificielles sur des terrains spacieux ; Perfectionner les instrumens du labourage. Employer le mélange des terres comme engrais, ou les fertiliser par tout autre moyen que ceux qui sont géné- ralement adoptés ; . Indiquer des méthodes fondées sur l'expérience d’éco- nomiser kes semences, de préserver les grains, soit sur la terre, soit dans nos greniers, des fléaux auxquels ils _sont souvent en proies Former de vastes prairies artificielles ; .. Cultiver la vi gne à moins de frais que par les procédés ordinaires, sans en diminuer le rapport et sans altérer la qualité du vin; Détruire quelques - uns des préjugés qui s'opposent au perfectionnement de l'agriculture ; | En un mot, multiplier les produits des terres, amé- liorer leurs qualités; augmenter enfin la prospérité des campagnes de quelque manière que ce soil : tels sont les L Nouvelles littéraires: 19 titres pour concourir aux médailles d’encouragemens ee la Société. Les renseignemens doivent être parvenus à la Société avant le premier juillet de chaque année. Quoique par.le programme de 1806; le concours de l’Académie du Gar» pour l’Élogede Chrétien Guillaume de Lamoignon Malesherbes , eut été déclaré fermé à compter du premier messidor an 13, un nouvel ouvrage sur ce sujet, avec cette épigraphe : Bonum virum facile crederes , magnum dibenter.'T ac. étant parvenu à l’Aca- démie, et lui ayant paru digne d’une mention hono- xable, l'Académie la lui a solennellement décernée dans sa séance publique du 21 décembre. . Le sujet, pour prix de 1806, étoit la question sui- vante, qui devoit être particulièrement traitée dans ses rapports avec les localités du département du Gard. : Dans quels cas les défrichemens sont-ils utiles ? Dans quels cas sont-ils nuisibles ? Le prix a été remporté par un Mémoire ayant pour devise : O fortunatos nimium , sua si bona moriné "1 Agricoles ! Vire. L'auteur ne s’est pas fait connoître ; un billet, joint à son ouvrage , contenoit au lieu de son nom une invi- tation à l’Académie de disposer de la médaille pour le prochain concours. Afin de remplir le vœu de l’anonyme, Diane a délibéré d'ouvrir , en même temps que le concours an- nuel, un concours extraordinaire sur la question suivante: Déterminer le principe fondamental de l'intérêt de l’argent ; les causes accidentelles de ses variations , et ses rapports avec la morale. L'Académie propose de plus , pour sujet du prix ordi- maire , le récit, en style épique, de la mort d’Henri IF. Ce morceau devra être de 100 à 200 vers. Chaque prix consistera en une médaille d’or de ls ao Nouvelles diliéraires: xialeur de 300 fr. Ils seront décernés dans la séance pit blique de 1808. Les ouvrages couronnés seront lus dans Jà même séance, ; Le concours sera fermé le premier décembre "07 Ce dbrme est de rigueur. t ‘Le propriétaire de la terre de Cannes, près Monre- REAU, faisant défontex de mauvaïses térres pour les con- %ertir en bois, entré Îcs limites” de cette commune et celles du village de la Brosse, un des ouvriers occupés à cette opération a fait une déconverte! qui a excité la cu- iosité et l'avidité de tous les antiquaires des envitons. Dans un vase de cuivre, de forme grossière, que lou- vrier a crevé avec son instrument, on à trouvé environ 460 médailles romdines | en grand et petit trône, le propriétaire de Ja terre de Cannes est parvenu àâen FETA la presque totalité, en les retirant successivement des. “mains des ouvriers qui se les étoient toutes partagées lors de la découverte. Ces médaillés sont, dit-on, 4 plupart bien conservées , et’ ns ut toutes du Bas- Empire. L'Académie de ManseiLze a fenu sa séance publique %e 12 avril 1807. M. Antoine ANTHOINE, majre de Marseille, président de l'Académie, a prononcé un discours d'ouverture, M. AselLe, négociant, un discqurs de réception, M. de SinETY, secrétaire perpétuel, a fait le rapport des travaux de l'Académie. M. RousrTan, vice-président, a lu un Eloge de Puget, par M. T.B. Émerie Davin d'Aix, qui a obtenu le prix. M. de Srnzry a lu une Dissertation sur l’influence de l'atmosphère sur la végétation , dans le département des Bouches-du-Rhône. L'Académie décer nera, dans sa séance du,23 août 1807, un prix de 300 francs, destiné à la meilleure instruction Nouvelles littéraires. 207 ‘ populaire sur l'art dé faire ‘et de conserver les vins de Provence; et dans la même séance , le prix qu’elle a “proposé pour la fabrication du savon. ’Académie couronnera, dans sa séance du mois “&Avril 1808, le meilleur Eloge qui lui sera envoyé de M. de MoxTétAR , ancien procureur général du parlement d'Aix. rh : Dans la même séance elle décernera un prix à la meil- leure pièce de vers qu'elle recévra sur la célèbre bataille #Téna. Les ouvrages envoyés au concours devront être composés au moïins de 150 vers. ‘Les Mémoires sur lesquels le jugement de l’Académie doit être prononcé, dans la séance publique du mois d'août 1807, ne seront reçus que jusqu” au 5 juillet : ce terme est de rigueur. ‘Les Eloges de M. de Monrerar et les pièces sur la bataille d'Téna, ne seront plus admissibles passé le 6 du mois de mars. Chaque prix est de la valeur de 300 francs. Paris. La nouvelle planète découverte par M. Orers , et de da marche de laquelle il a déterminé les élémens les 29 et. 80 mars dernier , a été vue à Paris. « Elle est visible à Ja vue simple, sa grosseur paroît:à-peu-près comme celle d’une étoile de la cinquième grandeur. Elle paroit être à- -peu-près à la mêmeidistance que les trois planètes nou- wellement découvertes , Cérès, Pallas et Funon ». L'exposition publique des esquisses pour le concours de da bataille de Preuss-Eylau, a eû lieu dans la grande galerie du: Musée-Napoléon , lundi 28 maï , et y durera quinse jours. On vient de débarquer , au port Saint-Nicolas, 80 où 100 caisses énormes renfermant les antiquités de Berlin, de Postdam , et le quadrige que l’on voyoit sur 292 Nouvelles littéraires: la porte de Brandebourg à Berlin. Ce convoi est indé- pendant de 150 caisses précédemment arrivées au Musée Napoléon; et qui contiennent les magnifiques tableaux de la galerie de Hesse-Cassel , ainsi que les objets précieux de celles de Brunswikc de Shalsthalen et de Wolfen- buttel. La bibliothèque impériale a déjà reçu les ma- nuscrits curieux contenus dans la bibliothéque de Wol- fenbuttel, ils lui ont été expédiés par M. Denon; directeur général du Musée Napoléon. Le 20 mars dernier, est mort, à Paris, à l’âge de 81 ans, M. Prerres, publiciste des relations extérieures, membre de la légion d’honneur, et auteur d’un Abrégé chronolo- gique de l'Histoire et du droit public de l'Allemagne, ouvrage qui a été réimprimé trois fois , a acquis promp. tement une grande réputation, et qui a eu l’honneur d’être cité plusieurs fois comme autorité, par RopErrson, laateur célèbre de l’histoire de Charles- Quint. M. Pfeffel avoit parcouru la plus grande partie de VEurope. Placé sur les plus grands théâtres, [mêlé aux affaires les plus importantes de son temps, lié avec les hommes les plus distingués, observant avec sagacité, doué de la mémoire la plus heureuse, il portôit en quelque sorte dans ses souvenirs; l’histoire vivante dela moitié du dernier siècle. On l’avoit souvent , maïs. inutilement pressé de consigner par'écrit, quelques-uns de ses son- venirs; il étoit convaineu:qu’un homme public doit s’abs- tenir d'écrire llustoire des temps-où il a vécu. La recti- tude de son jugement ; la simplicité ,la bonhomie même de son caracière, accompagnant un tel mérite , donnèrent à son esprit une sorte d'originalité aimable et douce, et ont répandu une douce et constante sérénité sur sa vieïl- lesse. Ceux qui ont été admis à son commerce lintime, ont révéré en. lui un bon père, un époux|tendre, un ami fidèele, un esprit religieux, un cœur droit et toujours em- pressé à odliger. Nouvelles littéraires: 203 M.'Æntoine Bernard CaixzarD, né à Aignay , dépar- tement de la Côte-d'Or, le 28 septembre 1737, est mort à Paris le 6 mai 1807. Après avoir travaillé quelque temps aveo M. Turgot, alors intendant de Limoges, il fut depuis 1770 successi- vement secrétaire de légation à Parme, à Cassel, à Copenhague, et chargé d’affaires dans cette dernière ville jusqu’en 1780. Envoyé en la même qualitéà Pétersbourg, il se lia avec M. de Goert. Il revint à Paris en 1784, et fut. envoyé l’année suivante en Hollande. Nommé en ‘1792 ministre plénipotentiaire à Ratisbonne, il fat bientôt après renvoyé en Hollande. En 1795, il étoit ministre plénipotentiaire à Berlin. De retour en France, il fut nommé garde des archives des relations extérieures, etila occupé cette place jusqu’à sa mort. Les nombreux emplois de M. Cairrar», ne l’em- péchèrent pas de se livrer à la littérature. 11 acheta à la vente de M. Cotte, un exemplaire de l'édition Princeps d’'Homère, pour la somme de 3,601 fr. Sa bibliothèque m’étoit composée que de livres choisis. M. Carraup a fourni plusieurs articles intéressans ‘an Magasin Encyclopédique et à d’autres journaux. On lui doit des mémoires sur la révolution de Hol- lande, en 1787; il a été aussi un des traducteurs des Essais sur la Physiognomie, par J, G. Lavater , in-4.° de 1781 à 1787. Nous donnerons sur lui, dans le prochain N.°, une notice plus étendue. L'HÉATER ES, THÉATRE DE L'OPÉRA4-ComIQUE. Je Auberge de Bagnères. Cette pièce n'a point eu de succès : au bout de huit jours on l’a rejouce; mais elle ne restera pas longtemps 204 Nouvelles littéraires: au répertoire. Les auteurs se sont pourtant fait connoître; celui du poëme, est M. Jazanerr,; celui de la musique, qui a sans doute beaucoup contribué à empêcher la chûte complette dela pièce, est M. Carrez. Les Rendez-vous Bourgeois. Il faut maintenant dn très-singulier pour réussir, et santout pour réussir à attirer la foule. Les bons ouvrages sont délaissés , le goût est blasé ; il faut du bisarre pour le réveiller, comme on met.en usage les épices pour piquer le palais engourdi de nos gourmands. C’est-là ce qui explique comment ce nouvel ouvrage a pu sorlir de la plume de M. Horrmanx. El n’y à pas dans sa pièce un xôle qui ne soit une caricature. On voit un marchand de bois retiré; som-valet niais et poltrom, des amans de Faubourg , petits maîtres manqués ; des dames de leur genre : tous ces gens là ont des intérêts contraires; des. -rivalités; les rendez-vous donnés aux uns, parviennent aux autres; de-là résultent des cachettes, des quiproques, des incidens comiques qu’il ne faut pas détailler, car Le plaisix de la surprise en fait Le mérite , et il faut aller voir cette pièce et y rire de bon cœur. Elle est parfaitement jouée par les meilleurs acteurs de l'Opéra comique. Le musique de M. Nicoo est vive, originale et bien dans le caractère de Pouvrage, THEATRE DE L'IMPERATRICE ! Le Coureur d’héritage. Æ C'est le mêmefond que celui de l_Avide Héritier , joué il y a quelque temps au même théâtre. La pièce est en vers, ce qui annonce déjà. ummérite de plus; elle est inême agréablement versifiée : on y irouve plus de ressorts de bonne comédie; le rôle de l’héritier est moins odieux : mais comment deux anteurs se sont-ils ren- Nouvelles littéraires, 205 conttés si parfaitement dans l’idée principale et même dans ‘Les détails ? coment ont-ils cru mrettre en scène un varactère neuf; tandis que le /égataire universel leur offroit, dans le rôle d’Eraste , toutes les nuances d’un avide héritier, d'un coureur d’héritage, et dans u un degré de comique bien difficile à âtteindre ? L'auteur de la dernière pièce est M. Jusrix , qui a de Vesprit, mais qui fera mieux en choisissant mieux ses sujets. Peroud a joué très - ct at le rôle de l'oncle, M. de Vertallure; 1 a même cassé quelques vers. Se relächeroit-il déjà de l'ardeur qu’il a témoignée dans ses débats. Inconnue, ou une Femme, Cette femme inconnue paroît dans une auberge, sous le nom de Madame té Sennéterré ; elle captive Saint- Félix, jeune officier, au point qu'il lui obéit aveuglé- ment et lui promet de l’épouser, quoiqu’elle ait une fausse tante; que les lettres et le portrait d’un jeune homme, des inconséquences marquées, et en un mot toutes les appatences , fassent croire qu’elle est au moins d’une conduite assez suspecte, Elle parle beaucoup d'épreuves dans ses a parte, et en effet, elle vient dans le déguise- ment d’une paysanne, se dit femme-de-chambre, et prétend qu'éprise de Saint-Félix, elle l’a suivi dans le dessein de s’en faire aimer; mais qu’elle est trop franche pour lui cacher pluslongtemps qw’elle n’est que Marianne. Saint-Félix à le courage de tenir sa parole; alors la pré- tendue Marianne lui apprend qu’elle est mademoi- selle de Versac , sœur de son ami, et lui donne sa main pour récompense de son amour. Ce fond romanesque est traité froidement ; il n’y a pas un seul trait comique dans le dialogue; aussi l'auditeur 206 Nouvelles littéraires: a-t-il écouté tranquillement. On 1 répondu à quelques voix indulgentes qui demandoient l’auteur, que c’étoit un jeune homme qui desiroit garder l’'anonyme, et dont cet ouvrage étoit le premier. b olôt sf 2 la THÉATRE DU VAUDEVILLE. Arlequin à Alger. Cètte jolie petite arlequinade ‘est encoré une paraphrase de l’'Ode d'Horace , Donec gratus eram, Arlequin et Co- Zombine se brouillent et se raccommodent. La scène la plus comiqué est celle où ils se vendent mutuellement à à an corsaire, qui reçoit de Colombine l'argent qu'il. donne à Arlequin. Le dialogue est gai. La pièce jouée parfaitement ‘par - Laporte »* Hippolyte et mademoi- selle Winette. Marivaux. ë Les auteurs sont devenus si stériles, qu’ils ne peuvent plus réussir qu'avec le nom et lesprit des autres. L’au- teur de la pièce nouvelle n’a pourtant pas réussi, et Marivaux a eu beau parler de ses romans, de ses pièces de théâtre: le souvenir des Surprises de l'Amour, de l'Epreuve; les noms de Desmahis et de madame de Tenciri mont pu le sauver’ du naufrage: Il ÿ a de l’esprit et du bon sens dans la pièce; maïs elle est essentiellement froide. ‘ LIVRES DIVERS «). B OTANTQUE:. ÿ sc PZANTES DE LA! FRANCE, décrites et peintes d’après nature, par M. Jaume SAINT-H1ILAIRE, 17°. et 18°. Ji + gréisons2l 1 k ‘Régulièrement tous les mois , il pæroît une livraison de cetouvragé’, qui étant terminé, présentera une collection intéressante des plantes utiles en médecine, en agricul- ture, dans les arts êt dans l’ornement des jardins. Les deux livraisons que ‘nous’ ‘annonçons, contiennent une figure imprimée “eh couleur et terminée au pinceau avec le plus grand soin de la PoLÉMonE bleue, du Pasrer des einturiers ; jdëla” CoxoNTILE des jardins, de la Renovée bisborte , de Ta Morin lycnite, du Narcisse à bouquets , de l'Erervière orangée, de la Sr1RÉE filipendule, du Lr- sEHoN'#ricolor , du PHromis fübéreux , de la Cicue com- mune ‘et du Pazox ‘élabre ; vingt-quatre pages de texte qui les accompagnent sont destinées à donner les noms français , ‘étrangers où latin, la description , et à faire connoître les! usagés dans les’ arts, la médecine et la cul- ture de chaqüe’plante’figurée. ) A l'avenir , chaque nouvelle livraison sera composce de huit plañches au lieu de six, et de seize pages dé texte au lieu dé‘doze. : «On souscrit à raison de 9 frahcs gl ne ; Sur pa- pier jésus, format grand in-8.°, et de 16 francs sur papier vélin, format in-4°.. Les livraisons sont rendues franches de port à Paris, comme dans les départemens. (r) Les articles marqués d’une * sont ceux dont on donnera uu extrait. 208 D A La pp = est ouverte çhez PS RTE Fois Sant-Victof, n 19: fau MÉDECINE. IIL.e ANNE , x XXE RL, TÔwz xIL, \ Vaare Taiorre Mépicaie, où L'aposé périodique et déve- . dopemens de la Théorie de Brown, dite deE[ncitation, d’après les plus célèbres médecinsiétrarigers , avec la critique des traitemens institués selon les théories adoptées et suivies en France , par les médecins dece . pays les plus famés : : par une société de médecins ne < çais et étrangers. 5 * Cet ouvrage paroît le 1. er de pet mois, à dite “ du 1. vendémiaire an 12. Chaque numéro, est composé: de cinq à six feuilles in-8.°, avec figures lorsque les ma tières l’exigent. * | e Chez Allut, Imprimeur. - Fe $ colles Bayeux. si rue de la Harpe, n.°, 93, près celle de LEoole de Mé- decine. Le prix de l'abonnement, pour l'année, til 2 Li pour Paris , et de 18 francs ( port payé ).poux les épars temens. (ITR BGN O0) Les trois numéros réunis forment, un “volume de As à 300 pages. “Les trente-six numéros complétant 12 vol. an 1804, 1805, 1806 , se vendent séparément, 40 franas: (port payé ). ee ' Les personnes qui voudroient ayoir, : Li Pr F paieront, Vabonnemeñt pour l'an 1807 , à raison de 16 frames. | Le bureau du Journal est chez . ;zue de la Harpe n. v°03. | ro Sert ExamMEN CRITIQUE: + actaretinedersé dé Va Doctrine’ Brownienne , comparée avecile système. humotal; par &. G. Laronwr-Gouzr, Docteur en médecine , à Tou- louse. Un volume in-8.°; prix : 1 fr. 50 cent.et 2.fr. franc de port. Chez le même libraire. Livres diversi 209 Des Monsrrvosrnés Er BIZARRERTES DE LA NATURE, priñs f cipalement défcellés qui ont rapport à la génération; : + de leurs cœusesi, de la manière dont elles s’opèrent ete, 1 1avec des réflexiotistphilosophiques sur le monstrueux hit et” dangereux sémpiétement dés! stiénicés accessoires 4 telles ‘que an chimie; la drôguerie, etc. , etc sur Ja vraie médecine ; ‘ouvrage très L propre à mettre les mères l’abri-dé l'influence: et leur fruit à l'abri des - effets: dés” afléctions de Yäme!, de Pimagination;des °h énvies, des frayeurs) des imaléfices , ete! , et les jeunes praticiens à l'abri de la séduction des ouvelles théoriés HAE par Gx: Jouarp, Docteur en médecine, , auteur: de plusieurs ouvrages. Deux volumes in-8.° de 400 pages chaque. Prix: 8 fr., et 11 fr. francs de port. 6." Paris , chez le même libraire. Manu DE ME ET DE CHIRURGIE PRATIQUE, par M. WzixarD, Docteur en médecine, et Conseiller d'Etat de P "Empereur de Russie, traduit de allemand sur la troisième édition , considér rablement augmenté et enrichi de notes ; par J. F. Chortet, médecin, lun des rédacteurs du. journal de la vraie Théorie Midi cale, et auteur de plusieurs ouvrages sur le système de Brown. Deux Volumes in-8.©; prix : 8 francs, et *. 10 fr: francs de port. Chez le: même libraire: M ÉMOIRE sur la éransmission du viruswénérien de la mère . à Penfant, par P.-G. VassaL ; ancien: chirurgien des armées à membre de la Société médicale d’émulation , de Paris,.etc. (1) Bit dti a € (CEéanissmp fra pb desvravagesique la syphillis exerce r Lé | "” ais pot L'art MS Broch:; dnr8 Prix : : 1 f. 20 c. On le trouve. chez Gabon et Méquig #non, libraires , rue de l’Ecole de Médecine. Tome III. Mai, 1807. 14 210 Zivres divers: sur un grand nombre,de nouveaux nés, sest hasardé à traiter, cette matière délicate , après.avoir longuement discuté plusieurs considérations très-difficiles à éclaircir ; après quoi il trace les signes.qui penvent'faire présamer existence de, ce virus chez le nouvean né ; il décrit ensuite les phénomènes :morbifiques qui caractérisent cette maladie ; et il en indique les moyens cüratifs. . Cette dissertation médicale donnera sans doute l'éveil à tous les gens.de l’art, sur uñ objet d'autant plus im- portant qu’il tend à la conservation de l'espèce humaine et au bonheur des familles. Puvsique. * MÉLANCES d'Histoire naturelle , de Physique eb de Chimie. Mémoires sur l’Aerologie et l’Electrologie , Ouvrage divisé en deux parties ; la première servant de complément au Traité sur le climat d'Italie ; la seconde devant servir d'introduction au Traité sur la minéralogie des Alpes et de l’Apennin, par M. P. TnouvENEz, D. M. de l'Université de. Montpellier, ancien inspecteur des eaux minérales et des hôpitaux militaires de France , etc. Paris, chez Arthus. -Bertrand, libraire, rue Haute-Feuille, 1806. 3 vol. in-8.° AGRICULTURE. DEscrIPTION EXACTE ET RAISONNÉE DU NOUVEAU TOIT DE CorNTERAUx ; ou addition et correction qu'y & faites cet auteur depuis le rapport de l'institut | surtout depuis que de nombréux toits ont été emportés par la tempête du 18 février 1807 ; prix , avec une gravure enluminée où l’on voit les moindres pièces de ce toit, 1 fr. 25 c. avec le port, 1 fr. 5o:c.; pour faciliter davantage les propriétaires et ouvriers , il s’en vend le modèle pour 10 fr., avec le port, 14 fr., ÿ ab FERA fort claire. | Liv res divers: 2 1 i S'adresser au sieur Cointerauk, Tue Folie-Méricoërt® 3 ñ.° 4: et Lenormant , Imprimeur , rue des Prètres Saiit ERNEST Ÿ }— Germain- l’Auxertois. GE SAstsn à à ’ x LISE SGh EN OU Corrrerron de décisions nouvelles et .de notionérelatives à la Jurisprudence; donnée par M. Denrsart. Hui- tième édition , mise dans un nouvel ordre’; corrigéé et augmentée par MM. Czuus et B4yx4RrD , continuée par M. Cazewer , ancien Jurisconsulte; dédiée à S. E, le Grand-Juge ministre de la justice. Ouvrage utile, non-seulement aux Hommes d'Etat, aux Magistrats, aux Jurisconsultes, et à tous ceux qui sontattachés aux Tribunaux, mais encore aux Notaires, aux administra- teurs, et à tous les hommes d’affaires; 10 volumesin-#c. ; prix : brochés ; 196 fr. , et reliés, 156 fr.; le double en grand papiér. Les tomés 11 et suivans sont sous presse. Chaque volume est composé de six/| livraisons! de quinze feuilles chacune : on en publie deux par mois. Prix : 3 fr. et le double én grand papier, L’ou- vrage complet aura 18 à 20 volumes; le prix n’excé- ‘ dera pas 270 à 806 fr., et le doublé en grand papier. Paris, chez Lamy, libraire, quai des Augustins. Fax Ke ouvrage de Denisart , si généralement estimé , etre- gardé avec justicé comme le bréviaite du jurisconsulte ; ‘a eu huit éditions égitimes ; la dernière, qui parut ‘en 1771, laissoit à regretter que l’ouvragé w’eût pas plus ‘détendue. MM. Camus et Bayard conçurent l’idée de “lui donner le développement que commandoient le vœu général et l'intérêt public. Cétte entreprise étoit vaste; ils firent paroître en 1783, les deux premiers volumes, qui leur firent dés admirateurs et léur procurèrent des collaborateurs parmi les jurisconsultes les plus distingués “du barreau frarigäis. De cé nombre furent MM: Agier, Ai 2 NS TA 212 Æivres Le JW 5M-si! ET | 192 écae Prhanencu ;Boisservoise ,. Godefroy A | Lhomme 7 Lemoine-Desprez , Lepage, Lévasseur, Maseray-de-la- Haye, Meunier; ; + “ $ Fr dog vu V'iéville, oi reau , etc. LOMLANMARIA UE 5 es nenfprémiers volumes. ont:fini au moment.où.la révolution a commencé. Pour:les compléter, il était né- tessäire d'y '&jouter le droit nouveau, ::.c’est cexqui a déterminé. le“ travail d’une table/supplémentaire, dans läquelle ;'en rappelant les. articles, traités, on à ajouté à chacun d'eux le droit noùuveau ;.les articlès omis, ; et des additions: à ,ceïx qui,.en étoient susceptibles ,, de mamière! à Irendreicet ve aussi complet qu’il puisse Yêtre. ei S. E: le Gr fo Jupe Ministre -de la justice a bien voulu recevoir la dédicace:de cet ouvrage:,;rcomme une marque spéciale de sa sollicitude pour le’progrès de l'étude des lois et de la jurisprudence.» Les magistrats; les jurisconsultes, les hommes, de lettres, sont invités:à concourir ; par leurs lumières et “leurs ‘talens ; à 4 composition etrà:la perfection de cet “ouvragé.Les articles qu’ils voudront bien fournir seront insérés avec le nom des auteurs , sans autres change- mens qué ceux. que le plan de l’onvrage rendroit in- dispensablement nécessaires, Plusieurs jurisconsultes du premier : mérite , tant de la capitale que des départemens, jaloux d’honorer cette entreprise, ont bien voulu se charger! de la composition d'articles très - impor tans : : déjà nous comptons parmi, ceux qu'il nous est permis de nommér , MM. Soreau ; Meunier, Poulain-de- Vié- ville , Pigeau anciens collaborateurs ; de Corberon , de Chantereine , Froudière , Pantin , Bouilly-Doré, Jac- quinok, etc. : ! ‘ Pourifaviliter, l'acquisition, d'un ouvrage aussi i impor- tant, il sera accordé des délais pour Le paiement aux n Livres divers. 21 3 HA connues qui se feroient inscrire de suite , et ia rt on veñdra les volumés séparément. de 1 treizième volume qui a paru, se termine au mot 2000 © ” honnéteté. | Ce Recueil est aussi important pour celui qui aime la littérature et l’histoire, que pour le JEU. ro'£ THÉOLOGIE. IpE4A biblica ecclesiæ Dei, delineavit, D. F. Orer- THUR, in Academié : Wirceburgensi SSS. dogmatum professor volumen, “tert. in -8.°%. Rudolstadi 1886, ! ‘dédié à M. Caillard, archiviste) des: sélarions exté- rieures. dr 1 "Le: premier volume de cet Ouvrage avoit été im- primé à Wurizbourg, en 1790: D’après les vues qu'y développa M. Ossrraur, on prétendit qu’il les avoit puisées dans les décrets de l'assemblée constituante , concernant Porganisation civile du clergé. Autant vau- droit accuser du mème plagiat cette foule d’écrits publiés par des catholiques ; dans le même sens en divers Pays ; la plupart antérieurement à la révolution française, par Giamoni, Mineo, Chiarisi, Ricci, Rola; Palmini # Tamburin:, en Italie; Chamaiero, Caämpomanëès , Co- vairuviæ, en Espagne; Percira, en Portugal ; Francis Plowden, Bérington, Throcmorton, en Angleterre ; Van Espen, Slockman, Bellegarde, Leplate, das la Belgique; Oberhaurer, Vittola, Trautmandorf, Curalé ; Stoeger, Riegger, en Allemagne; Baltazar, en Suisse ; etc. Et pour remonter plus haut, FN Dailly, Gerson, Almain , Major, Clemengis, etc. , etc. M. Oberthur s’est trouvé , sur cefarticlé , à l’unisson avec ce que le clergé catholique d'Allemagne renferme de plus éclairé; à com- mencer par le respectable primat ; M. de Dalberg ; mais:il avoit emprunté ses idées de l'antiquité ecclésiastique, il & : D An 214 Livres divers. déclare qu'il les avoit enseignées, dans ses cours publics avant la révolution fr ançaise , et la publication de son premier volume a précédé les décrêts de l'assemblée cons- tituante, Cette réponse victorieuse est consignée dans la préface du second volume , de son Zdea biblica, im- primée à Strasbourg, en 1799. Le tome troisième a pour objet la pénitence , Yordre, Vextréme-onétion , le mariage. | S'ilentroit dans la nature de ce recueil de discuter des questions théologiques , nous dirions que peut être on pourroit contester quelques unes de ses opinions sur le mariage, ou du moins la manière dont il les énonce. L'article de l’extrème-onction le conduit à des déve- loppemens curieux et sages, concernant le soin des sé- tpultures. En traitant du sacrement de péitence nous avons re- marqué qu’il insiste pour le rétablissement de la péni- tence publique, demandée au Concile de Trente, par le cardinal Groppès, archevêque de Cologne et par le cardinal de Lorraine , au nom de tous les évêques de France; et si bien défendue dans l’ouvrage anonyme de -M. Varet (1). Il importe de lire dans M. Oberthur, la -Hiaison qu'il établit partout entre l’accomplissement des devoirs de la religion, et l’avantage politique de la so- ciété. Nous renvoyons surtout au chapitre intitulé : ! « Exomologeseos in speciale ipsius etiam reipublicæ » commodum convertendæ sive in premeseos publicæ » subsidium vocandæ ratio. » Depuis la page 187 à la page 230. L'ouvrage de M. Oberthur mérite certainement l’at- W tention des théologiens, on peut le recommander spé- cialement à ceux de France, qui, en général , sont très- (1) Défense de la discipline qui s’observe dans le diocèse de | Sens. In 8°, À Sens, 1673. Livres divers. 215 peu familiers avec les ouvrages de ce genre, imprimés en pays étranger. Ce traité ajoutera à la réputation de M. Oberthur, avantageusement connu depuis long-temps par d’autres: écrits, sur les matières religieuses, par des éditions , soit des pères de l’église , soit d’autres auteurs, tels que Flavius Joseph, dont il a publié récemment la vie; par son Manuel de l'Histoire de Wurtsbourg, en 3 volumes; et par son beau Musée d'histoire naturelle de numismatique, et des Antiquités de la Franconie. Tous les curieux qui passent à Wurtzhourg, s'empressent de visiter cette collection ; et surtout , de faire connoissance avec le savant distingué qui l’a formée, G....…… MyYxTHOoLOGIE. DE SIRON4 DEA prolusio prima, etc.; par M. Fred. Chris. Marurz, recteur du Gymnase de Francfort-sur- le-Mein |, membre des académies d’Erfurt et de . Mayence, i in-4.° ) 1806 , à Francfort. On counoît de la déesse Sirona quatre inscriptions dans lesquelles son nom est placé à côté de celui d’A- pollon ; seroit-elle la même que Diane ? C’est l’avis de Séruvius, d’Hagenbuch, et de Schoepflin, etc.; mais plu- sieurs savans italiens , entr'autres Mas ‘torelli, cr oyent que Sirona est la déesse tutélaire des boulangers. M. Mathiæ, déjà connu par divers productions qui attestent ses ta- lens, pense que Sirona est la même que Zsis Saïtica. Îl faut lire dans l'ouvrage les raisons qu’il développe à l'appui de ce système. Le titre même de sa dissertation fait espérer qu’il publiera sur cet objet ses recherches ultérieures , et que par ses soins ce point de critique sera parfaitement éclairei. G....…. 4 VOYAGE .., : Woycr pittoresque et historique de d'Espagne. . Il est peu d'ouvrages qu’on lise avec'autant de plaisw 216 Livres divers: que les voyages; Pintérèt qu’ils inspirent" en général &ngménte encore lorsqu'ils sont ornés de gravures — doïinent une idée Faste des ‘sites piftérésques du pays aw’on parcourt, et des monnimens qui lémbellissent. C’ést à la réunion des travaux du peintre’et de'céux de Pécri- vain, que l’on doit Les productionsiconhues sous lenom dé Voyacrs rrrroRrsques. La Grèce ; l'Italie la Suisse et la France, ont déja'cté décrites de cette manière. Une seule contrée de l’Europe, lEsracxe, semble avoir étéoubliée par les voyageurs, malgré la beauté de ses moñümens, la richesse de ses productions ;'et les souvenirs intéressans de son histoire. Habitéétour-à-tour par lés Carthaginois , les Grecs, les Romains, les: Goths et, les Arabes, et depuis gouvernée par des souverains. puissans et éclairés, elle conserve des traces de tous ces événemens fameux dans les lieux même, où ils se sont passés. Qui ne se plairoit à errer parmi les ruines de la fidèle Sagonte , de la mal- heureuse Numance ; à parcourir ces palais de Grenade et de Cordoue, jadis # séjour des sciénces et de la civili- sation , lorsque l'Eur ope étoit encore barbare: enfin à retrouver ‘dans les montagnes des Asturies l'asile de ces guerriers g généreux , débris d’un grand empire , et fonda teurs eux-mêmes d’un empire plus grand encore? Les monumens Gerpad dans ces époques brillantes, et dont la plus grande partie < a résisté au temps, offr ent de *s beautés que lon ne retrouve point ailleurs. Rien égale la per- Fection du pont d'Alcantara, fabrique gigantesque, élevée par les habitans de neuf municipes à la gloire de Trajan , leur empereur et leur compatriote. ( Ce monument ; sur- monté d’un arc de triomphe et prétédé d'un'‘temple, sert à unir deux immenses masses de rochers entre lesquelles coule un large torrent, ét ce lieu présente à la fois l’as- pect d'un-dés plusbeaux sites de,la nature, et d’un des plus magnifiques. ouvrages des hommes, L’aqueduc; de Livres divers: 217 Ségovié est le: plus rparfait que lon, conuoïsse, le’ seal, d'ailleurs qui:ait conserwé!:sa destination: jusqu'à nos jours ,: sans avoir -eû ‘besoin d’être ; restauré;;, enfin les théâtres de Sagonte , ‘de Clunia et de Mérida ; lamphi-- théâtre d’Italica; les temples et:les arcs;de triomphe dis< persés :dans: les différentes provinces de l'Espagne ne le eèdent en rien aux richesses de l'Italie.en ce genre. Maïs si les moumens romains ont, autant d'éclat en Espagne, les édifices mauresques de Grenade et de Cor- doue w’offrent pasymoïns d'intérêt, et suxrpassent même tout -ce -que l’on’ pourroit chercher de! semblable dans PFoment.s=:2 2h mbror autorr ire 1 -LParrun de -ces contrastes bizarres que produisent les révolutions des empires ; la croix s’est élevée, sur le pan- théon ,le, croissant domine Sainte-Sophie, ét ce n’est plus: que dans les’églises ! espagnoles que! l’on’ peut re- trouver les mosquées des Arabes, etétudier le beau temps de Jeur architecture; c’est dans les palais de 'AJhambra,, au milieu des jardins du généralife , et non dans les villes dépeuplées de: Damas, de Bagdad, où dans les provinces de PAsie mineure; que l’on se fait une idée du luxe voluptueux!des orientaux; aussi les Maures d'Afrique demandent-ils encore dans leurs prières qu’on leur rende Grenade , en tournant la tête vers ce lieu de délices. Mais tandis, que J’Espagne héritoit de ces richesses dans le Midi, elle voyoit s'élever dans les provinces du nord des anonumens non moins précieux et plusimposans; je veux paxler,de ces édifices gothiques consacrés à Ja religion, et quime sont nulle part aussi multipliés et aussi bien conservés qu'en Espagne. Les cathédrales de Burgos, de Léon, de Valladolid sont de véritables chefs-d’œuvre en -ce genre; leurs masses légères, si l’on peut s'exprimer ainsi, réunissent l'élégance à la solidité, la délicatesse à la grandeur, et charment autant par leurs moindres 118 Livres divers, détails qu’elles surprennent par leur ensemble. Ces tré sors de tous les âges sont entourés en Espagne des pro- ductions de tous les climats; c’est là seulement que-Fon admire de superbes plantations de cannes à sucre ; que Fon traverse d'immenses forêts dé palmiers, sans être incommodé par le soleil brûlant qui les fait naître ail- leurs : paï-tout un horizon pur, des montagnes pitto- resques et des côtes fertiles, forment le cadre de ces /ri- ches tableaux; enfin des coutumes et des usages variés ünt conservé la trace de l’origine des peuples dans leurs mœurs et leur längäge, et Pon peut dire que le peuple espagnol est celui qui a le moins perdu de som caractère primitif. Si les voyages dans les différentes provinces de l'Espagne présentent cet intérêt, les édifices modernes üe Madrid et dés environs ne méritent pas moins d’at- tention ; le palais neuf de Madrid , l’'Escurial , etc.; outre a beauié de leur architecture, renferment de nom- breuses collections de tableaux des écoles italienne ét flamande, et sur-tout de l’école espagnole, qui semble être un heureux intermédiaire entre les deux autres: plus rapprochée de la nature que la première, plus noble que la seconde, elle porte un caractère simple et original dont on appréciera tout le mérite lorsqu'on la connoîtra mieux. L'histoire de l'Espagne peut se diviser en quatre épo- ques principales. La première compréndroit l’histoire de l’Espagne sousles Grecs, les Carthaginoïs, les Romains et les Goths; la seconde sous les Arabes; la troisième sous les Rbis de Castille et d'Aragon , jusqu’au règne de! Fer- dinand et d'Isabelle ; la quatrième seroît celle de VEs- pagne modérne. Nous avons cru devoir diviser également notre ou- rage en quatre parties , contenant chacune les provinces dont les monumens ont le plus d’analogie entre eux, et Livres divers. 219 ‘qui‘sé rapportent davantage aux quatre époques dont “nous venons de parler. Aïnsi le premier volume , à la tête duquel sera placée “une Notice historique sur les temps anciens de l'Espagne “pour servir à Pintelligence de ses monumens , compren- dra la description de la Catalogne, du roÿaume de Va- ‘lence et de l'Estramadoure, provinces de l'Espagne , où Von trouve la plus grande partie des villes fondées par les Carthaginoïs et les Romains. Dans le second volume on trouvera des recherches sur Thistoire des Maures, et la description des royaumes de Murcie et de Grenade, et du reste de l’Andalousie, où se trouvent presque tous les édifices mauresques. Le troisième comprendra toute la partie du nord de l'Espagne , les sites pittoresques des Asturies, de la Ga- lice, de lAragon, de la Biscaye, et des détails sur l’état des arts sous les rois de Castille et d'Aragon jusqu’au règne brillant de Ferdinand et d'Isabelle. Les trois premiers volumes ayant appris ce qu’étoit «JEspagne, le quatrième, consacré aux édifices modernes de Madrid et des environs, fera voir ce qu’elle est au- jourd’hui, et donnera des éclaircissemens sur la renais- * sance des arts depuis Charles Jer jusqu’à nos jours, et principalement sur la peinture, ainsi que sur la lilté- rature espagnole. | | On voit par la distribution de cet ouvrage que le lec- ‘teur suivra l’histoire de l'Espagne en suivant sa descrip- “tion, ce qui rendra l’étude de l’une moins aride, et la lecture de l'autre plus instructive. Du reste rien n’a été négligé pour que l'exécution de cet ouvrage réponde à l’étendue de son plan, et à la pro- tection auguste que lui ont accordée LL. MM. Catho- liques. S. A. S. le Prince de la Paix, qui emploie les loisirs 220 Livres divers. de son immense administration à protéger les, sciences ef les lettres, a bien voulu agréer la dédicace de cet ou vrage; et nous avouons ayec la plus vive reconnoissance que c’est à son amour éclairé pour les arls que nous sommes redevables de toutes les facilités que nous avons eues pour exécuter nos travaux. À l'exemple de ce Prince, les ministres de S. M. c. F les grands, la noblesse et le clerscé, les ambassadeurs des cours étrangères en Espagne, se sont empressés d’en- courager cetle entreprise ; et nous aimons à cet égard à rendre un hommage particulier à S. Ex. M. de Beau- harnais, ambassadeur de S. M. l'Empereur et Roi à Madrid. | Si la publication de cet ouvrage, annoncée depuis plusieurs années a été retardée si long-temps, c’est que l'on a desiré posséder un nombre assez considérable de planches gravées pour être sûr de ne jamais interrompre ni ralentir les livraisons. Deux éditions, en tout conformes lune à l’autre, paroîtront en même temps; la première, en espagnok, sortira des presses de l’imprimerie royale , à Madrid ; Ja seconde, en français, de celles de Pierre. Didot l’aîné : elles seront imprimées avec des caractères de Bodoni , dont on a fait l'acquisition, et soignées également dans toutes leurs parties par l'éditeur, M. Antoine Boupr- VILLE , peintre de S. M. C. Les autres personnes composant la societé de Madrid , qui secondent cette entreprise ct réunissent leurs tra- vaux aux nôtres, sont : Le continuateur de l'Histoire Ecclésiastique de lEs- pagne, le R. P. F'ernandès nr Roxas, religieux Augus- tin, profondément versé dans l’histoire de son pays, et qui réunit la pureté du style aux plus grandes connois- 4) - Livres divers: 227 vanices, chargé, à Madrid, avéc l'approbation de 8. M. Catholique, dé la rédaction du texte espagnol : "M. Cri ancien président du parlement de Toui Touse, maintenant agrégé à la bibliothèque de Säint- Isidore à Madrid, homme de'beaucoup’ de goût et fort instruit, qui s’occupe à rassembler et’ fournir les dou mens historiques : Enfin MM. liezr et RS PMRE artistes distingués qui ont séjourné plusieurs annéés en Italie, et qui voya- gent depuis long-temps en Espagne, pour lever les des: sins, plans et vués pittoresques des monumens dé lan- tiquité, qu’ils jugent avec intelligence , et rendent avec exactitude. | Aux travaux des personnes que nous venons de nom mer, les gens instruits de l’Espagne ont joint des ren- seignemens qui ne HANEVSUE qu’ajouter du prix à lou- vrage. «| à Les gravures sont toutes faites au burin , et tonfiées aux meilleurs artistes espagnols et français. Parmi les premiers, on compte MM. Caymona , Selma, Ametllen, Enguidanos ; et parmi les seconds , MM. Réville, Bal- tard, Mathieu, Malbeste, Pillement, Dessaulx, Du- parc, Lorieux , Godefroy, Dequevauviller, etc, etc. , L'ouvrage entier aura, soixante ou soixante-dix livrai- -sons, qui formeront quatre vol. grand. in-folio. Chaque livraison sera composce de trois feuilles de texte, et de six feuilles de gravure, dont quelques unes contiendront plusieurs sujets. On fera paroître une livraison toutes les six'se- maines. Le prix de chaque livraison est, pour les souscrip- teurs , en papier fin, de 21 fr.; papier vélin, 36 fr.;1f- gures avant la lettres, 60 fr. La première etla deuxième paroîlront en même temps, 229 Livres divers. le 1° juin 1807. La première contiendra Le frontispice. le titre, l'introduction , et une notice historique; for mant ensemble quarante-six pages de texte Un très-beau portrait de S. A:S. le prince de la paix; et une carte nouvelle et très-détaillée de l'Espagne, en quatre. grandes feuilles ; faisant partie. de cette première Lvyrajison, seront délivrés aux souscripteurs aussitôt que l’un et l’autre se- ront terminés. Û La seconde livraison renfermera une notice historique sur la Catalogne, et six feuilles d'estampes représentant les vues et plans de la ville de Barcelonne. On souscrit, à Paris, au bureau du Voyage pittoresque de l’Espagne , chez l’é diteur, M. À. BounEviLze, peintre de S. M. C., rue Saint-Pierre Montmartre, n.° 9, où l'on pourra voir la plupart des dessins et des estampes ;. Et à Madrid, chez P. Cusiillo, libraire, en face de S.-Felippe el Real. Et chez les principaux libraires de l'Europe, HisToire. DEscriPrion des Alpes Grecques et Cottiennes ; où Ta- bleau historique'et statistique de la Savoie, ‘par M. Az- BANIS-BEAUmoNT , membre honoratre-des "sociétés des arts ét des sciences de Londres, Genève, etc.; 2 vol. in-4%., grand papier, imprimé par Didot l'aîné, avec quatre cartes qui mavoient pas encore paru: Prix : 48fr., broché. A Paris, chez À. À. Reñnouard, pee, rue Saint-André des Arcs. «M. BraumonrTavoit déjà SRbBé, en Anglais,ses voyages dans les Alpes Rhoetiennes 1792, Maritimes 1795 et Le- -pontines 1800. Celui que nous annonçous termine cette suite intéressante, La première partie, publiceen 1803, et qui se trouve à Genève, chez Paschoud ,2 vol. in-4.° et atlas än-fol. , contient la géographie et Vhistoire an- | | | | ] -— Livres divers. 293 cienné dé l’Allobrogie, jusqu’au dixième siècle; la des- ciption générale du pays,,et les variations que son gou- vernement.a éprouvées jusqu’à la révolution française, on ÿ trouve: une foule are et des détails qui n'ont jamais, paru. 0, 51 ot Hh ail | : La deuxième #8 > qui ex comme un ouvrage à part, contient Phistoire de Ja Savoie, depuis le: dixième sièele,;-et.donne de très-grands détails sur les événemens militaires., qui ont eu lieu tant en Savoie qu’en Piémont, et en Suisse ; pendant la guerre de la révolution, jusqu’au traité d'Amiens: on chercheroit vainement ailleurs des dé- tails aussi circonstanciés sur cette partie de notre histoire : Je deuxième volume de cette deuxième partie renferme pra A description complète de, la Savoie dans une suite de xoyages,ou d’excursions ; on y suit pas-à-pas, l'auteur dans toutes ces vallées et jusques dans les recoins les plus reculés de ce pays intéressant et si peu connu jusqu'ici. C'est un compléinent nécessaire aux, voyages de Saus- sure et de Bourrir, et un itinéraire presque indispen- sable aux voyageurs, qui se proposent de visiter le -8lacier du Mont-Blanc-et. les contrées voisines, “Les Écrirains de l'histoire Auguste, traduits en fran- pais, par Guiciaume DEmouzines, Résident du duc Le it Na > à Berlin, membre del’ Académie royale » dercette ville, etc::Nouvelle édition, revueret augmentée d'une notice sur la vie let les ouvrages du traducteur. : Paris , à l'imprimerie Dibhogréphique »orue, Gît-le- Cœur , 1806, 3:vol.in-124 ; : Cette édition a sur Poriginale, en d’une plus “grande correction , celui d’être augmentée d’ane table des ‘matières; et ornée. de médaillons, représentant. trois des "plusillustres empereurs, et d’une vie. de.M. de Moulines. On à placé en tête | la tradnction et le discours de l’au- teur ; sur les écrivains de l'histoire auguste, Casaubon 294 Livres dibers. “et Saumäise ‘sé sont dot pés aveo succès à éélairer le texte dé écs auteurs. Le tradétoteuss, lorsw’iladopte icélle de leséxplications, quiluparoit la-plus vraisemblable, indique l’autre dansdes notes qui ajoutent à l'utilité de son travail. A la fin du troisième volumeil y a unmémoire de M.'dé’ Mbuliñés; lu à l'Académie de Berlini;"én 1781; ‘sur lés livres éatacriens 5 é estxdire!, suivait l'opinion dé Vautéur , sut! léd livres dé"eritique } qui phutentlêtire attribués &] IX cmpérétr Hädfiemoit 19 Po fn ,cociatifion Le format de’ cette’ édition.est évinmode; le fout: ést “bien imprimé ! ce recueil éstagréable et: ail: let'offie É qe ’ilwen fat pour assure soi suboès. A) Le: M. 1? IMIPÆL L: “Nosi et 2 DD. JOURNAL de P'Amérique du Nord, ou correspondant des Etats- Unis" "Pat une Sdéréte de savans et d'hommes de léttres : PABLE par El. CARITAT, _ membre de PAL ee) des AE dé New-York; rue des Petits-Augustins , * D LR “fadbourg St. Haas Voici les’ articles contenus Anh ds déux numéro. —Norice sur la vie et le cardëtère dé IC JEHPERSON, président des Etats- Unis ‘de’ l'Amérique ‘à “du Nord’; traduit de anglais paï M CROGE Mac aN PR YR- po#r'adresse par le docteur Mini augouverneur de L'Etat de New-Yorck;'sur la'maladie maligne qui a "regnét & Nèw-Yorck pendant laütomne de 1805; tra- à duit dé Panglois par À D Duronr, et:suivi, du + compte qu'en ont rendu MM. Pixkes et Moreaunà la Sotiétéde Médecine. == ŒÆxAmEN critique du voyage de Richard PARrxINsON!, cullivalieur anglais , dans Les Etat Unis d'A mériqueèn 1798. 99 ebr8o0'; dans u lequel: Gl'décrit les mœurs’, les usages, et plus päarticu- |: Jièrémént lé*$yStème de l'agriculture américaine ; par L, P. Laërenre. — Tun2r au général de la: Balançce du Commerce ou | pour parleri plus exactement ; des exportations ‘et importations des: Elats- Unis , présenté Livres divers: 225 - à là dernière session du Congrès; par M. Gatarix ; secrétaire d’élat de la trésorerie; traduit de lPanglais; «avec des observations préliminaires et des notes ; par . M. Saasr-Auis , ex-tribun. T'452r40 Statistique’ des, Etats-Unis de l’ Amérique, publié ‘par M. S:: Bzopcer , N°, IV. — Derrte publique des Etats-: Unis au 20 janvier 1806 , et tableau y. relatif, N° V; . par M, Sarnt-Aumin. — Message de M. J5FrFERSON , président des Etats-Unis , relatif à l’envoi au Congrès . d’un apercu de la \inilice et des armes de cette républi= que au commencement de 1806; traduit par M. Cañr- . TAT. = PRIX courant de New-Yorck au commence- ment de juillet 1806, N° VI — Mémorres de Poca- hontas gprincesse de Virginie , extraits de l Histoire de cette République, par M. Burk. — Fr1cmENs de! - Morale et Essai sur l’encouragement accordé à La dit-\ . térature, ; tiré de l'Anthologie de, Boston ; traduit de Panglais, par M. Carirar. — Lsrnre à l’éditeur\de: ce Journal sur la nouvelle édition de la Géographieidé ; M. PINKERTON , et les additions, faites par ue à la partie des Etats-Unis. iCet ouvrage estidestiné à faire connaître, 1.° l’état : actuel du commerce des Etats-Unis les nouvelles branz chès d'industrie qui. s'ouvrent journellement dans ce pays, les manufactüres ; enfin tout ce qui peut être utile” au commerce et à l’homme d'état; 5.° là situation de Vagriculture , ses progrès, lorganisation des états admis dans union ; les découvertes utiles da gronomie ét d'éco- nomie domestique ; 8.°!la situation dés'arts, dés sciénces ? et.des, bélles-lettres :; V’analyse raisorinée FT ouvrages scientifiques , qui paraîtront en Amérique , dés extraits des ouvrages périodiques, qui seront de nature à inté- resser nos; lecteurs , enfin un tgbleatt des mœurs des à: Tome IIT. Mai, 1807. anb conteile is 226 Livres divers: habitans des différens états : on y ajoutera lés variations du change et le prix courant des marchandises. : Nous avons ouvert, pour remplir ces promesses , la correspondance la plus-étendue avec les Etats-Unis ; ét nous recevrons réguliérement les ouvrages périodiques et autres articles litteraires , qu'on imprime en Amérique. Les matériaux que nous avons préparés, se composeht des publications les plus intéressantes qui ont paru sur les Etats-Unis en France , en Angleterreeten Amérique, depuis la’ découverte du Nouveau-Monde,, et d’une col- lection complette des ouvrages de tous les Américains qui se. sont distingués dans la carrière des lettres et des sciences, Nous ne nous bornerons point seulement à pârler des Etats-Unis d'Amérique , et le Continent méridional seta aussi l’objet de nos recherches. Nous avons déjà recueilli le petit nombre d'ouvrages , dans lesquels on trouve des notions exactes sur ces vastes contrées qui offr ent un champ si riche à observateur philosophe. Nous né nous étendrons point sur les avantages qui résulteront de notre entreprise, le négociant, le savant , l’homme de lettres, le, cultivateur, l'artiste; y trouveront également l’agréableiet Putile. I paroît chaque,mois un, n.° du Journal. de lAméri- : que du nord, d'environ 96 pages in-8.° Le prix est de 30 fr. pour Paris, et de 35 fr. pour les départemens. : On soscrit à l'adresse ÉRAUTE où les lettres, avis, : et tout ce qui concerne ce Journal dojyent être envoyés ; 1: et dans les départemens, chez le cirentens de la À ose aux lettres le plus voisin: , HIT Les lettres non affranchies resteront au rebut. + 10 N. B. L'éditeur se chargera avec plaisir de commandes ou agences d’affaires aux Etats-Unis, Comine il a habite Dh Livres divers: 227 ce paÿs pendant 15 années, il se flatte de pouvoir, par ses connoissances , être utile aux personnes qui lui don- neéront leur confiance. MonuvuEens Français, inédits ; pour servir à l’ Histoire des arts, et où sont représentés les costumes civils et militaires, les instrumens de musique, les meublés de toute espèce , et les décorations intérieures des maisons ; dessinés, coloriés , gravés et redigés , par N, X. Wii- ‘LEMIN, à Paris, chez l’auteur, rue de la Paix, N°. 2. La quatrième livraison de cet intéressant ouvrage , est composée de six planches, qui représentent les objets suis vans: siège et ornement, tirés d’un monument Grec du neuvième siècle. — Etoffe tissue de soie et d’or, trouvée dans un tombeau de l’ Abbaye de Saint-Germain-des- Près. — Ornemens du portail septentrional de l'Abbaye de Saint-Denis , vers le milieu du douzième siècle. — Portion d'un vitrail du quatorzième siècle , de l'Abbaye de Notre-Dame-de-bon-Port, en Normandie. — Bas- relief d’un Evangeliaire de la Sainte chapelle de Paris, représentant des soldats endormis. — Statue du Roi Chil- debert I. — Plusieurs ouvrages d’orfévrerie , du seizième siècle. = Ornement d’une cheminée du château d’Ecouen. BirocRAPHIE. Mémorres Du Marquis D'ARGENS » Chambellan de F rédéric-le-Grand , Roi de Prusse, et Directeur de l'Académie Royale de Berlin ; contenant le récit des Aventures de sa jeunesse, des puit à et des Obser- vations sur plusieurs Evènemens du Règrie de Louis XV, et des personnes de ce temps. Nouvelle Edition, augmentée d’une Notice Historique sur la vie de l’Au- teur,sur son séjour à la Cour de Frédéric I, sur ses Relations avece Prince, et sur les personnes dont il 228 - Livres divers. est parlé dans l’'Ouvrage;etdes Lettres du même auteur , sur differens sujets, 1 vol. in-8°, de 450 pages, avec : une planche gravée en taille-douce. Prix: 5 francs, broché, et 6 francs par la poste, franc de port. En papier vélin , 10 francs , sans le port. À Paris, chez F!. Buisson, Libraire, rue Gît-le-Cœur, N°. 10. Cet ouvrage n’est comme on voit, qu'une réimpres- sion et il n’en valoit pas la peine pour ceux qui désirent des faits réellement instructifs et intéressans ; mais il est bon pour ceux qui veulent absolument qu’on les amuse ; et les premières années de la vie du marquis d’Argens, seront du gout de ceux qui aiment les lectures licenticuses. Le toutest précédé d’une Notice sur le marquis d’Argens, | extraite de la Prusse Littéraire, de M. Denina et des Souvenirs de M. Thiébault; iln’y a rien à dire de plus suX cet ouvrage, connu ua longtemps et déjà jugé. ANTIQUITÉS. ANTIQUITÉS Gatzorses ET RowAiNeEs, recueillies dans les Jardins du Palais du Sénat pendant les travaux d’embellissement qui y ont été exécutés depuis lan 9 all jusqu’à ce jour ; pour servir à l'Histoire des Antiquités de Paris; précédées de Recherches sur cette grande capitale , sur le palais du Sénat (lci-devant Luxem- bourg) , ses dépendances et ses environs. On a joint aux planches d’antiquités, le plan du jardin de ce Palais, avec les changemens qui y ont été faits, et les vues des parties intérieures les plus curieuses de ce bel édifice; par C. M. Grivau», sous-chef de la Trésorerie du Sénat. Un vol. in-4. de texte, imprimé sur, carractères neufs. de Saint-Augustin , et beau pa- piepcarré :superfin d'Auvergne; avec un vol in- -folio sur Nom-de-Jésus , contenant 26 Ds gravées en laille- Livres divers. 229 douce. Prix : 26 fr. broché ,; avec lAilas cartonné à la Bradel; et 29 fr. 50 cent. , franc de port par la poste. En papier vélin, 50 fr.; sur papier Jésus d'Auvergne, 30 fr. , et sur Jésus vélin, 60 fr. , sans le port.A Paris, chez F. Buisson , libraire , rue Gît-le-Cœur, n.° 10. Il n’y a rien dont le zèle et la persévérence ne vien- nent à bout ; M. Grivaup, sous-chef de la trésorerie du Sénat, est passioné pour la science des antiquités; il a rassemble beaucoup de monumens curieux, et il est parvenu à former par des acquisitions faites avec intelli- gence, un cabinet intéressant; mais lesoccasionsd’acquérir des monumeus , sont rares , aussi les véritables amateurs sont-ils toujours occupés à les rechercher, M. Grivauil ‘apprend qu’une médaille de Germanicus a été trouvée dans les démolitions du cloître des Chartreux ; depuis ce temps, il suit les ouvriers avec plus de constançe que Jes préposés chargés de les inspecter; malgré cette atten- lion, quelques pièces lui échappent et tombent dans le fatal creuset du chaudronier et de Porfèvre ; il réussit cependant à en faire une suite assez considérable, il la range , il l’étudie , en fait faire des dessins , et il la publie , accompagnée de bonnes observations. _ Dans un discours prélimiuaire, M. Grivaud s'attache à faire connoître l’histoire et l’importance de la science des antiquités; je ne répéterai pas ce qu’il dit à cesujet, de peur de m’entendre répéter vous êtes orfèvre M. Josse. Il est certain que cette science qui demande une assez grande variété d'étude et de connoissances, et qui met sous les yeux une foule d'objets trés-diférens entre 'eux, doit présenter beaucoup d’intérèt et procurer de vérita- bles jouissances. Mais je ne serai soupçonné d’aucune partialité, en ré- pétant l'éloge que M. Grivaud fait de M. l'abbé de Texsan, ce savant respectable est en effet aussi distingué par son affabilité, que par son érudition ; il n’y a personne parmi 230 Livres divers. ceux qui cultivent les arts ou l'antiquité , qui n'ait pro- fité de ses avis ou éprouvé son obligeance. M, Grivaud fait précéder son ouvrage de quelques recherches sur Paris, il donne un Précis très-curieux , de tout ce qu’on peut savoir de plus vrai sur cette ville, depuis César jusqu'à Clovis , et, il le termine par un apperçu de son agrandissement successif et des embellis- semens qu’elle areçus en différens temps ; il a choisi avec une sage critique, ce qu’il y a de plus certain dans les meilleurs ouvrages , où cette matière à été traitée. Il y a encore des traditions qu'il auroit pu hardiment rejetter. On ne pense pas, par exemple, qu'il soit vrai , qu'Isis ait eu un temple à Paris; on n’en apporte pour preuve que la ridicule étymologie du mot Parisis qu’on dérive de æape Isis; c’est-à-dire près du temple d’Isis, ce seroit leseul nom grec,imposé à un lieu, dans cette partie, des Gaules. Le rapprochement qu’on fait avec le nom du village où on prétend que ce temple étoit situé, ne me paroît pas plus admissible; le mot Zssy, dérive plutôt d’un mot celtique, qui nousest inconnu, que du nom d’Isis. Après ce Précis, on trouve une Notice sur le palais du Sénat et une description de tout ce qu’il contient de curieux, si détaillée etsi bien faite,;que celui qui veut bien connoître cette belle partie de la capitale , sans même avoir aucun goût pour l’antiquité ne peut se passer de l'ouvrage de M. Grivaud. M. Grivaud , fait encore précéder la Description de ses planches, de quelques observations sur les substances que les anciens employoient dans les arts et sur la manière dont ils travailloient les mélaux. Il donne ensuite la description des nombreux objets contenus dans ces planches. Le frontispice est dé- coré d’une jolie vue du palais du sénat dn côté de la rue de Tournon. Les premières planches LV xrepré- Livres divers. 231 sentent des figurines, des fibules, des boucles, des four- chettes, des clefs, des ornemens d’armures et de har- nois, des lampes, des crochets, des cuilliers, des styles de bronze, des plectres d'ivoire et des beaux vases’ de verre. Les planches VI-XEX contiennent un grand nom- bre de vases de cette terre rouge qui se fabriquoit dans les Gaules ; beaucoup portent le nom du potier ou celui de sa fabrique. Le texte est enrichi d’une histoire cu- rieuse des différentes manufactures de ces poteries, qu’on sait avoir existé dans les Gaules, et de détails inté- ressans sur la manière dont on la fabriquoit, et dont on faisoit les ornemens en relicfs dont les plus beaux sont accompagnés ; plusieurs planches contiennent des frag- mens décorés de ces ornemens, qui sont des feuillages, des moulures, des arabesques, des enroulemens singu- liers. Il faut lire dans l'ouvrage même tout cet article, qui est très-intéressant. Les médailles remplissent les planches XX-XXIT, et les quatre dernières contiennent un plan du palais du Sénat avec ses additions; la vue du grand escalier, celles de la salle de Réunion et de la salle des Séances. A la suite du texte, il y a une indication générale des monu- mens trouvés dans le territoire de Paris; des vues sur la formation d’un musée de tous les monumens découverts en France. L'auteur exprime aussi quelques idées sur la publication de tous les monumens du cabinet impérial. Rien ne s y oppose que la difficulté de débiter aujourd’hui des ouvrages de cette nature. A. L. M, LITTÉRATURE. Drscours prononcés dans la séance publique tenne par la classe de la langue et de la littérature françoise de l’Institut de France,le mercredi 6 mai 1807, pour la réception de son Eminence Monseigneur le cardinal 932 Livres divers. Maury, archevêque-évéque de Montefiascone et de Corneto , premier aumônier de S. A, I. Mgr. le prince Jérôme Napozéon. À Paris, de l'imprimerie de l'institution des Sourds-Muets, faubourg Saint-Jac- ques, n.° 356, 1807, in-4.°° La réception de $. E. M. le cardinal Maury avoit altiré un concours prodigieux à la seance de l'Institut, qui a eu lieu le 6 mai. Dans la première partie de son dis- cours , P'éloquent académicien a fait un exposé de sa con- duite politique depuis l'ouverture des Elats-Généraux , une profession de ses principes, et il a exposé les motifs de son retour à Paris; il a fait ehsuite brièvement l’éloge de M. Target , son prédécesseur, qu’il a considéré seule- ment dans sa vie litiéraire, puis il a donné üûne notice étendue sur M. de Radonvilliers. Il s’est attaché à faire connoître principalement le goût sûr, l’excellent esprit de critique que possédoit cet Académicien; il a parléaussi de ses vertus et de sa généreuse bienfaisance. Ce discours a été terminé par un éloge de l'Empereur, digne du héros qui y étoit célébré. Cet ouvrage est malheureu- sement trop long, non pour ce qu'il contenoit, mais pour une lecture publique. I est fâcheux que M. le cardinal Maury ne se soit pas décidé à le partager en deux, nous aurions eu un excellent discours de récep- tion et un très-bel éloge. C’est l'opinion de tous ceux qui lisent cet écrit, où lon retrouve les effets d’élo- quence et le talent d'écrire qui ont fait la célébrité litté- raire de M. le cardinal Maury. A. EL. M. PoËsIiE! LATINE. EssAz d’une nouvelle traduction complète, des Odes _D'HoraAcEr. Aveccet épigraphe : » Si je puis un jour donner latraduction de toutes les » Odes »'Hor 4cz,et qu’elle ne soit pas trop indigne » de: l'original, je croirai ma vie bien employée, » Livres divers. 233 CnaBANoN de Mavenrrs. Avertissement de la traduction en vers, du 3°. livre des Odes d’Horace. Paris , Desausseaux , libraire, quai Voltaire , NP: 55 2807: 40, » Donner au public, une nouvelle traduction d'un » auteur, tant de fois traduit et commenté , c’est lui » dire qu’on la croit préférable à toutes celles qu'il a déja » entre les mains. » Voilà ce que dit M. Brnzr,au commencement de Ja préface de sa Traduction d’ Horace et ce qu'à bien senti le nouveau traducteur : aussi dit-il dans son avertissement , que celui qui se sent le courage de s’exercer dans cette grande lutte, ne doit pas être taxé de présomption, s’il se flatte qu'avec un travail opiniâtre, en s’aidant des lumières réunies de ses prédécesseurs; il luisera possible de mieux faire, avec moins de talent, que chacun d'eux. On ne peut êfre plus modeste: surtout lorsqu'il ajoute que sa version n’est, en quelque sorte , qu'une revision , une refonte de toutes les autres, comparées avec le plus grand soin , phrases par phrases, et à plusieurs reprises, au texte et entre elles, corrigées les unes par les autres. L'auteur n'offre son ouvrage, que comme un essai. Il a fait ses délices d'Horace et a consacré durant plusieurs années , ses loisirs à l’étude des Odes de ce grand Poète; il s’est occupé avant tout, d'en épurer soigneusement le texte, d’après les éditions les plus correctes et les plus estimées ; et sa traduction a l'avantage de réunir l’élé- gance à la fidélité. Si l'objet essentiel de son travail ; la traduction plait au public, et qu’on lui fasse un accueil favorable, il y joindra des notes, des remarques, qui sont toutes prêtes et qui avec le texte bien revu , feront au moins un ouvrage complet et qui pourra entrer en lice , avec ceux de Lebatteux et de Binet. 234 Livres divers. L’averlissement qui précède la traduction , est plutôt un discours préliminaire , bien écrit et bien pensé, et qui mérite d’être lu. Il annonce un littérateur exercé et un homme d’esprit. Le seul reproche qu’il me semble qu'on puisse faire à l’auteur, c’est d’avoir été trop modeste et de n'avoir pas mis son nom à un ouvrage estimable et qui ne peut que lui faire honneur. M. D. Couronnzs ProËrIquE "de Napoléon-le-Grand, empereur des français, roi d’Italie , et protecteur de la confédé- ration du Rhin ; ou Choix de poésies composées en son honneur. Monumentum ære perennius, Horar. Par des auteurs jouissant d’une réputation distinguée, et du nombre desquels sont : MM. AmaALrIC, ARNAULT, Baour-Lormian, CARRION-NISAS, Caucay , CRousET, D'AVRIGNY, DEGUERLE, DE SAINT-ANGE, DE WaïrzLy. Esmenaxp, François ( de Neufchâteau ) , Gasrox (Z1), Grant, GroëerT, LaBzée, LavazréEe, LEsRuN ( Denis), Lesruy , ( Pierre), Marrox ( P.), Monrx (7), Moxvez fils, Pirs, Trssor, Ximenez, etc., etc, Un vol. in-8.° de 500 pages , avec le portrait de S: M. l'Empereur : 6 fr. pour Paris, et 7 fr. 5o cent, franc de port, En papier vélin, 12 fr., et 13 fr 50 cent. franc de port. Paris, chez Arthus-Bertrand, libraire, acquéreur du fonds de Buisson, rue Haute-Feuille, n.° 23; 1807. LITTÉRATURE. — PoËs1s. ÆErrrre à M. Pazissor, auteur de la comédie des Philosophes , du poëme de la Dunciade , des Mémoires littéraires , ete., par un habitant du Jura, avec cette épigraphe : Déposez hardiment qu’au fond cet homme horrible, Ce censeur qu'ils ont peint si noir et si terrible, i Livres divers. 235 Fut.un esprit doux , simple, ami de l’équité, Qui cherchant dans ses vers la seule vérité , Fit, sans être malin , ses plus grandes malices, Et qu’enfin sa candeur seule a fait tous ses vices. BorrEaAu. L’habitant du Jura s’est proposé dans cette Epitre de prouver que la bonté du cœur peut s’allier avec l’esprik satyrique. Cette proposition , par son importance et par sa nouveauté, est digne de fixer l’attention des hommes éclairés : elle peut concourir aux progrès de l’art. M. Palissot est présenté dans cette production comme mo- dèle dans les rapports que ses principaux ouvrages peu- vent avoir avec la vérité de ce principe. Le choix de l’épigraphe vient naturellement s’appli- quer aux vues de l’auteur, qui distingue d’une manière judicieuse et frappante l'esprit satyrique de l'esprit de dénigrement. IL insiste vivement sur la nécessité de revenir aux vrais principes du goût, si long-temps oubliés on mé- connus, et qui cependant ne sont point incompatibles avec la marche progressive de l’esprit humain. « En même temps, dit-il, que le goût nous ramène à ses principes , l'esprit doit s’avancer vers des vérités que le temps ajoute toujours aux richesses de là pensée. Ainsi, au lieu de donner des formes nouvelles à de vieilles idées , nos poëtes feroïent bien de donner des formes an- tiques à des sujets nouveaux ». Cette observation est infi- ment juste. Cette préface atteste que son auteur saitaussi bien écrire en prose qu’en vers, tant on y trouve de pré- cision, de clarté et de raison. L'auteur anonyme de cette Epître décrit, par des traits agréables et intéressans , le berceau de son enfance, situé dans une gorge étroite et profonde couronnée de toutes 236 Livres divers. paris par des rochers et par des montagnes , et arrosée par uu torrent : Dans cet étroit vallon , que le Jura sauvage Sous ses qnatre sommets couvre d’un noir ombrage, Empire du travail , où de ses lourds marteaux L'industrie aux cent bras tourmente les métaux, A de souples ressorts joint la flèche mobile, Qui marche ohéissante aux lois du temps agile ; Au bruit laborieux des ateliers divers, D'un utile murmure animant nos déserts, Retraite d’un bon peuple, où, loin de la licence, L'exemple des aïeux conserve sa puissance, Heureux de vivre au sein de ses Lares chéris, J'aime à tourner les yeux vers les murs de Paris , etc. . L’habitant du Jura a su donner à ce lieu une couleur locale et pittoresque. Il ÿ a de l'harmonie et de l'élégance dans ces vers. L'industrie aux cent bras est une expres- sion fort poétique. L’horlogerie s’y trouve caractérisée d'une manière exacte et très-heureuse (1). L’idée que lau- tenr donne de la bonté , de la pureté des mœurs et de la moralité de ses compatriotes n’est point exagérée, et nous ne pouvons nous refuser de citer à cet égard une de ses notes. « Les habitans de Morez, dit-il, sont aussi bons que laborieux. Au lieu de ces rivalités jalouses qui se font remarquer par-tout ailleurs, un accord fraternel règne entre toutes les professions. Pour donner un exem- ple frappant de leur pr obité, il suffira de dire ue dans les marchés hebdomadaires, où viennent s alimenter plus de onze mille ames, le bled ét la plupart des denrées restent toujours , sans la moindre surveillance , ex- posés sur la place publique dans la nuit qui précède le marché, Plusieurs voyageurs rendent le même témoignage aux (1) L'aiguille seroit pourtant une expression plus exacte que a fiéche: À. L. M. Livres divers. 137: habitans de Morez. Non-seulement ce qui est déposé sous la foi publique est respecté, mais même il est extrème- ment rare qu'il sé commette des délits dans cette inté- ressante contrée. Ceux qui l’habitent n’offrent aux re- gards de l'observateur qu’un peuple de bons voisins et d'amis, qui ne sont occupés que de leurs utiles travaux, qu’à soulager les malheureux, et qu’à se prévenir par de mutuels services. Après avoir pris ses exemples dans les œuvres drama- tiques de celui à qui VEpitre est adressée, et les avoir envisagées dans leur rapport avec la question qu’il traite, et après leur avoir offert le tribut d’éloges qu’elles mé- riteut , l’auteur passe à a Dunciade : . Ce poëme piquant, nouŸeau chez Apollon ; Qui d'un poëme anglais n’emprunta que le nom, Où ta muse flexible à nous plaire occupée, Elève la satyre au ton de l’Epopée; Et de la fiction répandant les couleurs, A paré ses bons mots de poétiques fleurs. Où ta main, du pédant rejetant la férule, Fit pleuvoir sur les sots (1) les traits du ridicule, Est-il le fruit amer de la méchanceté ? Non : mais de la raison c’est l’utile gajté ; C’est l’art de renfermer , habile à noué instruire, Un précepte de goût dans ün trait de satire. Le jeune poète arrive aux Mémoires littéraires que M. Palissot a composés pour servir à l’histoire de notre” littérature, et voici comment il caractérise l'esprit de critique qui distingue cet ouvrage : | Dans ta prose élégante , harmonieuse et claire, Du sage Port-Royal tu suis l’école austère ; Et retraçant le goût du critique romain , (1) On pourroit citer cependant plusieurs hommes céltbres par leur savoir et leur esprit, que M. Pazrssor a attaqué dans la Dunciade. A. L, M. 238 Livres divers: 1 Tu pèses nos écrits la balance à la main (#}s | Marques-tu les défauts ? c’est pour nous éclairer. Que le talent semontre, et tu vas l’honorer. Tu louas ce génie et pittoresque et sombre, Qui des vieilles forêts se plut à chanter l'ombre, Et peignant le verger , le cloître et les tombeaux , De touchantes couleurs enrichit ses tableaux, Du Lucrèce de Londres élégant interprète, Et qui grand orateur non moins que grand poëte, Préside noblement, par un auguste choix, Le corps majestueux où se forment les lois. Pour justifier par un dernier trait, l’usage que l’auteur de la Dunciade a fait de son talent, pour la critique et la satyre, le jeune poète cite l'exemple de plusieurs écrivains qui ont illustré le beau siècle de Louis XIV , et après les avoir considérés sous le double rapport de la critique et de la satyre ; il ajoute : | L’équitable Apollon , pour venger leurs beaux vers, A tous ses favoris prête des traits divers. Ainsi pour son trésor, odorante merveille, Dans les champs émaillés l’industrieuse abeille , Pompant le suc des fleurs, peut de son aiguillon Punir les attentats de l’envieux frélon. 4Ces vers ont de la fraicher et de la grâce; ds -compa= raison est aussi heureuse et aussi exacte qu’élégamment exprimée. Après avoir passé en revue et caractérisé dans celte Epître et dans les notes intéressantes, qui l’accom- pagnent , les principales productions de quelques uns des auteurs vivans, les plus:distingués, qui/sont la gloire ou l’espérance du Parnasse Français ; tels que MM. Delille, \ le Brun, de Fontanes Esmenard, Legouvé, Saint-Ange, ‘(2) Peser, la balance à la main, nous paroit un pléonasme, | A. L, M n , . Livres divers: 239 Chénier , Boisjoslin, Michaud, Andrieux, Castel, La- lanne, Parseval - Grand- Maison, de Saint - Victor , David, Tréneuil, etc., l’auteur revient à M. Palissotz Peut-être intimidés par tes malins ouvrages, Mais jaloux de t’offrir leurs modestes suffrages, Les amans des neuf Sœurs, jeune postérité, Qui commence à tes yeux ton immortalité, À ta voix rassurés , vont dans leur confiance, S’éclairer au flambeau de ton expérience. De ton génie aimable, enjoué, délicat, L’äge qui flétrit tout, n’a pu flétrir l’éclat, Ét sous ton front blanchi , ta muse toujours vivé, Par l'esprit du vieux temps, nous charme et nous captive. Tels d’antiques sapins , aux rameaux toujours verds, Percent sur le Jura la neige des hivers. Des principes du goût, heureux dépositaire, Tu gardes, presque seul , sa flamme héréditaire, Dans un siècle rebelle aux lecons de Boileau, nr, Vers la simple nature, à la source du beau, Loin du faux bel-esprit, c’est toi qui nous rappelles, C’est toi qui réfléchis l'éclat des grands modèles, Sur l’horison des arts tous les jours plus obscur Tel apparaît cet astre et solitaire et pur, ! - Qui, lorsque le soleil a fini sa carrière, De ce flambeau du monde empruntant sa lumière, Au milieu des vapeurs nous éclaire à son tour, Et prolonge à nos yeux la clarté d’un beau jour. Voilà une poésie harmonieuse , pleine d'images et d'éclat. Ces vers expriment des pensées et des sentimens nobles. Cette manière d’écrire;appartientàla bonne école. On y trouveun mélange de douceur, de grâce et de force, qui produit une variété agréable, Ce vers: dans un siècle rébelle aux leçons de Boileau; fait sentir avec justesse et avec énergie, combien il est nécessaire de revenir aux principes du bon goût et de a raison, dont on s’est trop "longtemps écarté, La comparaison de M. Palissot avec ces ME: : Livres divers: arbres toujours verts; antique ornement des montagnes du Jura, est neuve et très-poétique. Les six dérniers vèrs de cette brillante Tirade, sont pleins de verve et de:mou# vement; et la comparaison qu de renferment ; a de la pompe et de la majesté. Ces citations suffisent pour faire désirer à ceux qui sen- tent le charme des beaux vers, de lire cette Epiître. La proposition qui en fait Le sujet , nous patoît bien établie et bien prouyée. Les exemples que l’auteur à choisis, les rapprochemens qu’il a faits, les auteurs et les ouvrages qu'il a caractérisés avec béaucoup d’art, et la manière dont il a envisagé et traité cette intéressante question ; donnent une idée avantageuse , de ses connaissances , de son goût et de son jugement. Auc. Gany: Musique. JourN1rz hebdomadaire , composé de pièces de chant de tous genres , extraites des meilleurs auteurs, avec ac- compagnemens : de forté:piano ow de harpe: Trente- sixième année, n°13. La Sentinelle , romance, paroles de M. B., musique par Æ4/ex. Cnorox. Le prix de Pa- bonnement à ce journal est de 24 fr. par an, franc de port, par la poste; il en paroïît tous les lundis, un nu- méro éomposé de deux ou trois planches, chaque nu- méro se vend séparément 1 fr. 5o cent. À Paris, chez Auguste Leduc et compagnie ;, éditeurs et marchands de musique, rue de la Loi, n.° 78, près la rue Fey deau. 97 CORPS CIE PORT DORE TE CERTES EE FOIRE 7 6 celles qui ont rapport à la géné-| ” |: Suite PACE Table du Numéro! #, vx t 4: nature. ; principalement. de: par M. Ælbanis-Beaumont. 132 Ees Ecrivains de l'histoire Au- guste, traduits en français ; pat Eine Démoulines. : * 9ù N.95 reta du Journal de l’Amé- rique du Nord, ou correspondant “des Etats-Unis ; pots par H, Caritat. m4 Monumens Français inédits, pour : servit à l'histoire des arts; etoù | sont représentés les costumes ci- - vilset militaires , etc. ; par N.X, Willemin. 207 "> À de leurs causes, de la nanière dont elles s opèrent etc. ar M. G. Jouard:.": : 209 si Minuel. de Médecine et de CE ge pie ; PF M, W. EN des 1 M4 oïre sur la transmission du vi-| us vénérien de la mère à l’en- fat; par P.-G. Fassal. Ibid. > SE PE Ô Physique. Mélanges d'Histoire naturelle, de hysique et de Ghhgier: ; par M. : Thouvenel, Es 210 Agriculture. Biographie. Mémoires du Marquis d’Argens, Ib: as exacte et raisonnée du nouveau toit de Cointeraux: Ib. Antiquités, Antiquités Gauloises et Romaines ; Ses, | Jurisprudence, recueillies dans lés Jardins du Chlétion de décisions nouvelleset}. Palais du ue par C, M. Gri- de notions relatives à Ja Jurispru-|, vaud, 228 dence , donnée par M. Denisart, ane re M. Calenge. ERP à Discours prononcés dans la séance Théologie. publique de l'Institut, dur la Idea Biblica ecclesiæ Dei, delinea- Maury ondes. E, M le us vit; D. F. Oberthur. - 213 Ê cl MA ; Poésie latine. : Homes Essai d’une nouvelle traduction De Sirona Dea prolusio prima , etc.; par M.Fred, Chris. Wathiæ. “215 complette des Odes d’Horace.232 Fe Poésie. Couronne poétique nr Na oléon- le-G Se 3 à è 234 d. | Epitre à M. Palissot. .. Ibid, Musique. : Jaurnal hebdomadaire. Voyage: : Voyage pittoresque et historique le l'Espagne. à Tia. Histoire. Description des Alpes Gréoques e Ce ou Tableau ANS x que et statistique de là Savoi UT En | LacÉrinE ; LAGRANGE ; LAMARCK , LANGEES, LEBRON S Lévercsé, Manon, Menresse,, Moreruer, Nortif 'SarnTE-CRoïx , ScuwercmeusEn ; Sicanns SiLVESTRE | \ ne Sac, Suanp, TRAULLÉ, Vax-Mons, VENTENAT, | Vasconnt, UsrEnT, Wincemen, d'autres Litlératenrs est mables , et de plnsieurs Sdvans que là mort à moisson nés ; dont les principaux sont. FM. Cavanizces, Dau- | sénron , Desauur, 2'ELERITIER ; HERMANN, LALANDE, | Mencrer Sarnr-Lécer, Osertin; ViLLoISsoN, WincRLER. On y insère les Mémoires les plusimportans sur ioutes: les parties des Arts ét des Séiences ;'on choisit principa- lement ceùux qui sont propres à en accélérer les progrès. On y publie également lès Découvertes ingénieuses , é lés Inventions utiles dans tous les, genres. On y rend compte des Expériences nouvelles. On y dofine un pré- | cis de ce que les Séances des Sociétés littéraires ontoffert. | de plus‘intéressants; une description de ce qué. lés dé pôls. d'objets d'Arts et de Scieneés renferment de plus curieux: On.y Hroivé dés Notipes sur la Vie et les Ouvrades, des Savans, des Litiéraleurs et def “Artistes distingués | rx) dont on regrette Ja perte; enfin les Nouvelles Httérairés | as de toute espèce. Te ee RTE Q Rd À La correspondance que 1e Rédncteur entretient avec plusieurs RAA ARREE ,et principalement én Alle- | | «magne, Jui procure, point ailleurs. ; tr | On s'adresse, pour Pabonnenient, à Paris, à M: Dovsxer, | aTiemiMme BiaviéërArniQUE ; Tue Git-le-Cœur.. | € ir AC CRez li veuve Changuion et der ut. TO A.-Amsterdam ; { (RS LA DA Ra re A Bruxelles , chez Lentaire: ADD EU A Florence, chez Molini- A Francfort-suisle-Meit , cher] Eleiséhets :2°, AG PR cher Mänget.. Dore A ME Paschond. *. À Hambourg, chez Hoffmann. x .A Leipsic, chez Wolf. As “HA Leyde, éher les frères Murray.” à A re , chez de Bofte, Gerard Street: A Strasbourg, chez Levrault. AWiénne, chez Degen. : | fx À Wesel, chez Geisler, Directeur des Postes. 1 faut affranchir les letirest En ceece ‘ cauconp de Notices qu'on ne trouver | © | t cesosseet Z LR a, ! É 7 D): ] PE PO PUCPILTULT ELT ERT Pet Pur RO ALT TI PPAPET 1; AURA PE PEACE 1, IPPURIRTRTRRE EE A TAN RAR Une CH ' arA HPANUA 1 pt ÉPRTRAP ii h