LEP VON LA A CUS EUX ù L 4" te Lu) > A A Ur AEVEANT UN * + 4h Où TL re pr 0 > PRCACREI ES LAVE) (HEUR VALLEE NUE RMAMRMUN {iv d. CRC ; ré Rae Mai 1806. ) MAGASIN * ENCYCLOPÉDIQUE, JOURNAL DES SCIENCES, _ DES LETTRES ET DES ARTS, RÉDIGÉ PAR A. L MILLIN, L 4 pe À des Médailles, des Pierres gravées et des Antiques de la Bi- bliothèque Impériale, Professeur d’Archæologie ,; Membre de VAcadémie de Goettingue, etc. etc. | ds d Prix de ce Journal, tant pour Paris que pour les Départemens , franc de port: é “pour trois MoÏS,, ......... 4. «se. g'francs. 1 ke pour six MORT een ee den 18 francs. a [x] Dour AAA cest «serge ass 0. JO TAC, Les hommes les plus célèbres dans chaque partie: des Sciencestet de la Littérater; se sont plû à coopérer | à cette entreprise utile, et la collection des neuf années . du Magasin Encyclopédique est devenue précieuse, 'en ce qu’ellé présente une réunion. de Mémoires intéressans, qui ne se trouvent point ailleurs, et dont les Atiteurs jouissent d’une grande réputatiôn. On y trouve, én effet, : 4! des Dissertations , des Mémoires, ou des Opuscules de le MM. ALIBERT, BARBIER , Bargré now Boccacr ; Bar- . raeLemY, Basr, Bicmar, (CAtérann, CAvaniites, -Caarnon £a Rocetre, Co vin » DAusENTON , Deziice,, 2 EN A dE à à à ets et CEE SPC) SESBEETE ETES ESErEL CTBETESEF EE) Table des Articles contenus dans ce Numéro LivréRar vis De la Demande du Consulat, ox Essai sur la Candidature j adressé à à M.T. Cicéron parson frère Quintus; suivi des fragmens du discours prononcé par Cicéron sur sa Candidature ;. traduits par Eusèbe Salvertes 5 PHiLOLOGIE. Lettre de F. S. V. à M. Millin, sur les Lottres de Peiresc. 44 LANGUES SEPTENTRIONALES. Analyse de la nouvelle édition } A Fragmens d'Ulflas , publiée par M. Zahn. 2 61 PRE Ta A Disserlation on Language , etc. 69 BEAux- ARTS La Galerie de Salzthalen , et de Pétat L des Béaux-Arts à Brunswick ; ÿ par 83 M. RÉ Re gi ; rJ Double Flore, ou Description des % Romans Madame PA Maintenon, pour | servir | Ft de suite à la Duchesse de La Vai- | dière ; par madame de Genlis. 148 Vovacr. Copie d'use Lettre. écrite d'A thnes le 20 frimairean x1v, par M. Fau- | vel, à M; Barbié.du, iPnabaré: Hiocraruis. LS Notice; sie Vie et les Ouvrages, tant imprimés que man uscrits, du P. Hpubigant , de l'Oratoire, 123 HRoës re” EEE Réponse de Voltaire : À une dame qui reprochoôit à-La Dixmerie d'avoir maltraité dans ses Contes les fem- / « mes de 40 ans. SRE 150 . Joann. X TRS VARIÉTÉS, Ne ET CORRESPONDANCES LITTÉRAIRES. Nouvelles Fe PE 15r — ‘de Hollande. °°. 153 — d'Allemagne. " 159 . = de Saxe 71H Ibid. | — de Bavière. +. 160 — de Hongrie : … 162 — de Prusse, Ibid. — d'Autriche. 168 — de Russie. à | 169 — de France ‘+ 185 — de Paris, me Ibid. DRÉA STE Nephtali , ou les un pi : Le Père rival, TR man nité. La Comédie aux or. 20% Rubens dans sa jeunesse. Ibid. La belle Hôtesse. 203 Agnès Sorel. YA Ibid. LIVRES DIVERS. ENT A Botanique. je ET AREA dm qui croissent naturelle- TD. environs de Paris; par LCA REP" 2 206 Jardin dé Berlin, Mrités et Des- ! criplions des plantes rares el peu | connues qui se cullivent dans le ‘jardin royal de botanique de Ber- ; lin ; par M. # re 208 : Auatonie. ERA 4 Sectiones Cadarerum. Pathologie, si eruditorum examini submittit C.: 209 - | Médevine. Journal, de Mec è nee Pharmacie, etc.; par MM Cor-! visart, Le Roux et Boyer. Mars 1806. Jbid. MAGASIN ENT CL O P-É D I QUE. ANNÉE, 18006. TOME !IIl. TS LR “'MONES Pres! "nr MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE, OU JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS; RÉDIGÉ PAR A.L MILLIN, Membre de l’Ixsrirur et de la LÉcion d'Honneur, Conservateur des Médailles, des Pierres gravées et des Antiques de la Bi- bliothéque impériale, Professeur d’Archæologie, Membre de la Société royale des sciences de Goettingue, de celle de Turin, de celles des Curieux de la Nature à Erlang, des Sciences phy- siques de Zurich, d'Histoire naturelle et de Minéralozie d’Iéna, de l'Académie royale de Dublin, de la Société linéenne de Londres ; des Sociétés d'Histoire naturelle, philomathique, galvanique, de statistique, médicale d’émulation , de l’Aïhénée des arts de Paris, de l’Athénée de Lyon ; des Sociétés des Scien- ces de Rouen, d’Abbeville, de Boulogne, de Poitiers, de Niort, de Nismes , de Marseille, d'Alençon, de Caen, de Grenoble, de Colmar , de Nancy, de Gap, de Strasbourg, de Mayence, etc, ,; etc. , elc. # ANNÉE 1806. oO MEET E, PLACES: DE L’'IMPRIMERIE DE DELANCE, rue des Mathurins, hôtel Cluny. ‘sn % à FRA TP PME ; (TS D y ! Us 'OLUPE NAS y? | 4 De ; À 4 M eds 4 ORPI OT NES ARE ONE [ee FE x à Ni 170 LA TUE À CE TL: ect ee mé - 0 CR Wal" fa : PO T A» di *# LL à We ii De EST bros dre iet Fr" ati . Pa FA + ; ne Rae ir FER ns, “+ ; ét 4 . “ ‘ ) e pi À HS ! ; ù ET Es AA ANT ie Dan é \ \ 1 ' À rdbrg : rar ya tr +2: { bi N'tLAU md ï s #4 dre à éd Ÿ ; MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE. EL DIE Ë R A TU R E. D£ la Demande du Consulat, ou EssAr sur la Candidature, adressé à M. T. CICÉRON par sonfrère QUINTUS; suivi des Fragmens du discours prononcé par Cicéron sur sa Candidature ; traduits par Eusèbe S4LrERTE (*), Vos possédez sans doute tous les-moyens de. réussir que peuvent donner l'esprit , l'expérience et l'étude : cependant notre amitié m’impose, je crois , le devoir de vous soumettre les idées que m'a fourni une réflexion continuelle sur votre candidature. Je me propose, non de vous rien apprendre de nouveau, mais de vous présenter rassemblées en un seul corps, par l’ordre et le raisonnement, des choses qui, dans la pratique, semblent éparses et multipliées à l'infini. Quelque puissant que soit notre caractère na- turel , il semble, pendant le peu de mois que dure la candidature , pouvoir se ployer à des mé- (*) On ne connoît point, en français, de traduction de PÆssai sur la Candidature, tableau précieux des mœurs des Ro- mains dans celle parlie si imporlanté de leur exisience politique, 6 Littérature. nagemens politiques. Quelle est cebte cité ? Que demandez-vous ? Qu'étes-vous ? Chaque jour, en descendant au Forum, méditez ces idées : Je suis un homme nouveau (a); Je demande le Con- sulat ; Je suis dans Rome. L'éclat de votre éloquence doit surtout relever la nouveauté de votre nom. Ce talent a toujours obtenu dans Rome la plus grande considération ; et le digne défenseur d'accusés consulaires ne peut paroître indigne du Consulat. Puisque cette gloire est l’origine de votre élévation, que vous êtes par elle tout ce que vous êtes, présentez- vous préparé toujours à parler, comme si chaque occasion devoit être l'épreuve décisive de votre mérite. Vous vous êtes, je le sais, ménagé dans cet aride puissantes ressources ; tenez-les aujour- d’hui toutes prêtes et assurées au besoin: et rap- pelez-vous souvent ce que Démétrius a écrit des études de Démosthènes et de ses exercices assi= dus (à). Faites paroître ensuite etle nombre et la qualité de vos amis, (1} Plus heureux qu'aucun homme (a) Un homme nouveau éloit celui qui, D nie de sa famille , parvenoil à une magistrature eurule. (b) Démétrius de Phalère. Fid. Cicero de Orat. lib. I, 61,et de Finibus, lib. V, 2. (r) Muret et Lallemand lisent Quae novi {comme je le sais) ; le sens me semble bien niais. Facciolali : Quae null: habuerunt , sens raisonnable , mais tcomplet, si l’on ne sous-enlend novi. Guidé par l'enchaînement du discours ; J'ai traduit comme si le texte porloit : Quae nulli novi ha- buerunt ; et Facciolati penche à croire que telle fut autre- fois la véritable leçon. Cicéron. 77 nouveau ,-VOus avez pour vous tous les Publi- cains, l’ordre équestre presqu’entier , beaucoup de municipalités (c), plusieurs corporations , tant d'hommes de tous les ordres défendus par vous, cette foule de jeunes-gens que vous attache l’a- mour de l’éloquence , et ces nombreux amis cha- que jour assidus près de vous. Votre soin doit étre de bien les conserver ; et par les prières, par les recommandations, par tous les moyens possibles, de persuader à ceux qui veulent vous servir et à ceux qui le doivent,,qu'ils ne trou- veront aucune autre occasion, les uns de vous prouver leur reconnoissance , les autres d'acqué- rir des droits à la vôtre. Rien ne seconde plus efficacement un homme nouveau que l’assentiment des nobles (d), et sur- tout des consulaires. Il importe que les hommes au rang et au nombre desquels vous voulez par- venir vous jugent digne de ce rang et de cette association. Il faut les solliciter vivement et les faire solliciter en votre faveur. Il faut leur per- suader que, par vos sentimens politiques, vousavez toujours été uni au parti des Grands et très-éloigné de celui du peuple ; que si vous avez jamais parlé (c) Municipia. Voyez ci-après note (0). (d) Nobiles. Depuis que les Plébéïiens pouvoient être élevés à toutes les dignités de PEtat , le titre de nobles, très-différent de celni de patriciens, désignoij les familles dont quelque membre, élant parvenu à une magistrature curule , avoit transmis à ses descendans le droit d'images, c’est-à-dire, le droit de placer dans leurs vestibules les images de leurs ancétres, et de les faire porter dans les pompes funèbres, 8 Littérature. dans le sens populaire, vous ne l'avez fait que pour vous concilier Pompée, afin qu’un homnre aussi puissant par son crédit vous servit dans votre candidature, ou du moins né vous nuisit pas. Le suffrage des jeunes- gens nobles ajoutera beaucoup à votre considération : sachez vons les acquérir et conserver ceux qui déjà vous sont acquis. À ceux-ci, qui sont en grand nombre, faites connoître combien vous eomptez sur eux ; et si vous inspirez le désir de votre élévation à ceux qui n’y sont pas contraires , ils vous devien- dront infiniment‘utiles. Homme nouveau, il vous est encore très-avan- tageux d’avoir pour compétiteurs des nobles , tels que personne n’osera dire que leur naissance doive leur servir plus qu’à vous votre vertu. P. Galba, L. Cassius sortent du sang le plus illustre : quelqu'un sait-il toutefois qu’ils briguent le con- sulat? Vous voyez donc combien vous sont infé- rieurs des hommes de la première noblesse, mais dénués de moyens pérsonnels. Antoine et Catilina vous effraient-ils davan- tage ? Bien au contraire , un homme’ (2) actif; habile , éloquent , irréprochable, vu favorable- ment de tous les juges, doit souhaiter de pareils concurrens. Tous deux assassins dès l'enfance, ruinés tous deux, tous deux perdus de débauches. (2) Navo. Facciolati lil ici novo. Je n’aperçois pas le motif de cette correclion : la zouveauté du nom de Cicéron wajoutoit rien à la défaveur que méritoient ses concur- rens. NCILÉTORS 9 Nous avons vu vendre judiciairement les biens d'Antoine; nous l'avons entendu jurer qu'il ne pouvoit , dans Rome , plaider à crédit égal contre un Grec (e); nous l'avons vu chasser du Sénat. Noté aussi avantageusement par les Censeurs, il fut votre compétiteur pour la préture : Sabidius et Panthera l'assistoient ; il n’avoit pu trouver d’autres amis pour veiller sur les scrutins (f). Préteur , il cherche une compagne au marché des esclaves et l’entretient publiquement chez lui. Candidat consulaire , il aime mieux piller toutes lés hôtelleries, en voyageant sous le prétexte hon- teux d’une légation libre (g), que d'étre à Rome et de solliciter les suffrages du peuple. L. (e) Accusé et condamné pour crime de concussions come mises en Achaïe, Antoine invoqua le secours des tribuns du peuple ,en faisant serment, aux termes de la loi, qu’ac- cablé par le crédit de’ses adversaires, il ne pouvoil obte- nir justice. Un iel $erment prêté à Rome par un noble, dans un procès contre des étrangers , étoit le comble de Vignominié. Tant de moiifs réunis déterminèrent les cen- seurs à expulser Antoine du sénat. (F) Les personnages les plus considérables se faisoient un devoir de surveiller le dépouillement des suffrages , quand ils favorisoient l’un des candidats. Antoine ne put trou- ver, pour lui rendre ce bon office, que des hommes de néant ou notés d’infamie. (g) Les sénateurs qui vouloient voyager se faisoient donner une /égation libre : en veriu de ce titre, qui ne leur imposoit aucun devoir , ils étoient défrayés de lout par les villes où ils passoient. Cicéron dévoila et fil res- treindre l'abus de ces légations. Ce passage que Facciolati traduit dans le même sens que moi, peut également signi- fer que, pendant le temps de sa candidature, Antoine 10 Littérature. De quelleillustration, grands dieux , votre autre rival n'est-il point environné ! Aussi noble que le premier , a-t-il plus de vertu? non; mais plus d’audace. Antoine craint jusqu’à son ombre ; Ca- tilina ne craint pas même les lois. Né d’un père ruiné, élevé par une sœur adultère , c’est dans le carnage des citoyens qu'il a fait l'essai de ses forces ; et son premier pas dans les affaires pu- bliques a été le massacre des chevaliers Romains. Donné seul > par Sylla, pour chef à ces Gaulois dont le souvenir dure encore, et qui égorgèrent les Titinius , les Nanmus , les Tanusius, ce futau milieu d’eux qu’il assassina de ses propres mains le mari de sa sœur, Q. Cæcilius, chevalier ro- main, homme irréprochable , étranger à tous les partis, dévoué en tout temps au repos par son caractère , et alors surtout par sa vieillesse. Dirai-je que cet antagoniste qui vous dispute le consulat est le même homme qui, sous les yeux du peuple, promena par toute la ville, en le battant de verges, M. Marius, le citoyen le plus chéri du peuple ; qui le traïna au monument de Catulus (3), l'y déchira vivant par les plus af- exerça , de manière à se déshonorer , quelques fonctions dé- léguées par un magistrat supérieur, et qu’il pilloit les ho- telleries où 1l se faisoil défrayer. (3) Le texte porle seulement bustum, monument. Sénèque (de ir& , IL, 18) nous apprend que ce monument étoil celui de Q. Catulus. Valère Maxime (IX ,2) dit qu’il appartenoit à la famille Lutatia dont Catulus éioit membre; et Paul Orose ( V, 21), que ce monument étoit placé au delà du Tybre. À l'exemple de Facciolati, j'introduis dans la tra- duction le nom de Calulus, qui n’est point dans le texte. Cicéron. 11 freux supplices ; enfin, saisissant d'une main les cheveux de cet infortuné (4) qui respiroit encore, lui trancha la tête de l’autre , et porta lui-même en triomphe cette tête, qui inondoit ses doigts de ruisseaux de sang? Le même qui depuis a tou- jours vécu parmi des histrions et des gladiateurs, ministres les uns de ses débauches, les autres de ses forfaits? Qui n’a jamais abordé les lieux les plus saints, les plus vénérables , que sa perver- sité n’y fit naître quelque soupçon infamant, lors même qu'il ne s’y trouvoit pas d'autre coupable que lui (2)? Qui choisit pour amis, dans le Sé- nat, des Curius et des Annius (à); dans l'ordre équestre, des Vettius et des Pompilius ; et parmi nos cliens (5), des Carvilius et des, Sapula? Cet (4) D’après les détails affreux que les auleurs cilés dans la note (3) ont donné sur ce supplice, j'ai rejeté l’épithète stant: adoplée par Lallemand et plusieurs autres ; ayant les jambes brisées , la victime de Caiilina ne pouvoit se tenir debout. Je lis spiranti, avec Puteanus, Roberl-Etien- ne, elc. Gronovius lisoits2#0, ce qui présente lemême sens. (4) La vestale Fabia fut accusée d’inceste avec Catilina, et absoute. (i) Curius et Annius entrèrent peu de temps après dans la conjuration de Calilina. Le premier avoil élé ignomi- nieusement expulsé du sénat par les censeurs. - (5) Atriis. Facciolati tradnit ce mot eomme s’il signifoit des salles de vente: Carvilins et Sapula y exerçoient les fonctions de crieurs publics; ou, suivant l'opinion de Pa- lermus, étant perdus de deltes , y avoient vu vendre leurs biens à l’encan..... IL me semble plus naturel de linterpréter par les salles, les portiques, les vestibules où les cliens plé- béiens aliendoient le matin le réveil de leurs pairons, Atriensis, dans les bons auteurs { Voy. Phaedr. li. I, Fab, 12 Tattérature. être enfin dont telles sont l’audace , l'immoralité, la profondeur dans l'art de corrompre , que ses débauches ont souillé des enfans nobles presque dans les bras de leurs pères?.... Parlerai-je de sa préture en Afrique; des témoignages rendus contre lui? Les faits sont consignés par écrit; relisez-les sans cesse. Mais ce que je ne dois point omettre, c’est qu’il est sorti de ce procès aussi pauvre que quelques-uns de ses juges l’é- toient avant de l'absoudre , et si odieux , que chaque jour on s'efforce de le remettre en ju- gement. Telle est enfin sa position , qu'il re- doute plus de dangers en demeurant tranquille qu'il n'en brave en excitant une sédition. Combien vous êtes plus heureux que n’étoit naguère C. Cœlius ? Homme nouveau, il avoit deux compétiteurs dont la noblesse insigne fai- soit le moindre éclat; hommes d’un grand ta- lent, de mœurs irréprochables, distingués par leurs services , habiles et attentifs à tout dans leur candidature. Cœlius cependant l’a emporté sur l’un d'eux à qui il étoit bien inférieur par la naissance , et qu'il ne surpassojt presque par aucune autre qualité. Si donc vous employez tous les moyens que vous donnent la nature et des travaux auxquels vous avez consacré votre vie; si vous faites ce que prescrit la conjoncture, ce que vous pou- " 5) désigne un esclave ailaché au service intérieur de Ja maison ; et peut-être Q. Cicéron ne parle-t-il ici de Car+ vilius et de Sapula, que comme de deux esclaves à peine affranchis. ps Cicéron. 19 vez, ce que vous devez faire ; vous lutterez avec avantage contre des compétiteurs illustrés par leur brillante naissance bien moins que par leurs vices. Se trouvera-t-il en effet un citoyen assez pervers pour vouloir, par un seul vote , tourner à la fois deux poignards contre la République? Après avoir exposé les ressources que vous possédez pour rehausser la nouveauté de votre nom et celles que vous pouvez acquérir, je passe à l'importance de votre demande. ous deman- dez le consulat : tous vous en jugent digne ; beaucoup vous l’envient. Né dans l’ordre éques- tre, vous aspirez au poste le plus éminent de la République ; poste tel qu’un homme intègre , élo- quent et courageux peut y effacer par son éclat ceux qui l’ont précédé. Ne pensez pas que la considération dont le consulat doit vous com- bler échappe à ceux qui ont déjà obtenu cette dignité. Quant aux rejetons de familles consu- laires qui n’ont point encore égalé les honneurs de leurs ancêtres, tous, je crois, hors ceux qui vous portent une affection extrême , sont jaloux de votre élévation. Parmi les hommes nouveaux parvenus à la préture, ceux que ne vous attache point la reconnoissance répugnent également à se voir surpassés par vous en dignité. Dans le peuple mème, vous n’ignorez pas combien vous avez d’envieux ; combien de gens, par une ha- bitude contractée dans ces derniers temps (4), (k) Le souvenir des troubles qui avoient suivi l’éléva- tion de Marius, homme nouveau, jeloit de la défaveur sur les candidats de la même classe, 14 Litiérature. sont peu portés en faveur des hommes nouveaux, Il est impossible encore que les causes que vous avez défendues ne vous aient point fait quelques ennemis. Examinez bien enfin si vous ne devez pas croire que vous vous êtes aliéné certaines personnes par votre zèle extrème pour l'élévation de Pompée. Aspirant au faîte des honneurs , et instruit que bien des affections individuelles peu vent vous être contraires , il vous est indispen- sable d'ünir la politique et la prévoyance à l’a- dresse et à l’activité. Deux moyens de succès partagent les soins d'un candidat ; le zèle de ses amis et la bien- veillance du peuple. L'un est le prix des bien- faits, des services, de l'ancienneté des liaisons, de l’obligeance et de l’amabilité naturelles. Maïs dans la candidature, ce nom d'amis souffre une acception plus étendue que dans le reste de la vie ; quiconque vous témoigne de la bonne vo- lonté, de la considération , quiconque se montre fréquemment dans votre maison , doit être compté au nombre de vos amis. Mais rien ne sert davantage que d'être cher et agréable aux amis que lie à nous une cause plus respectable , telle que la parenté ou l'alliance, quelque (6) liaison ou quelque obligation. Plus (6) Sodalitas. Ce mot, et celui de sodales, que, faute d'expression plus juste, j'ai rendus vaguement par liaison, amitié, signilient proprement la confraternité , le lien qui existe entre des hommes membres du même corps civil, politique ou religieux, compagnons d'armes, nés dans la mème ville, exerçant la même proféssion, elc. Sodales sunt qui ejusdem collegii sunt ( digestorum lib. XLVU, T. 22, L. 4). Cicéron. 19 ensuite un homme vous voit intimement et vous approche dans votre intérieur, plus vous devez tâcher qu’il vous aiméet qu'il désire votre éléva- tion. Inspirez le même sentiment aux citoyens de votre tribu, à vos voisins, à vos cliens, à vos affranchis , à vos esclaves enfin; car notre réputation au Forum découle presque entière de propos domestiques. . Acquérez , en un mot, des amis de toutes les RE Pour Péclat, se hommes qu'illustrent leurs noms et leurs dignités; bien qu’ils ne s’oc- cupent point à capter les suffrages, ils honorent toujours leur candidat; pour être à l'abri de l'in- justice, des magistrats, tels surtout que les Con- suls et les Tribuns du peuple (2); pour, réussir auprès des Centuries , des plébéiens qui jouissent d’ün grand crédit. Attachez-vous etconfirmez dans leur bonne volonté, ceux qui peuvent payer (7), des suffrages de teur Centurie , un bienfait qu'ils ont reçu ou qu'ils espèrent de vous ; car, de nos jours, des hommes accrédités sont parvenus , à (1) Les consuls présidant aux comices, et les tribuns ayant le droit de s'opposer aux délibérations ;, leur bien- veillance étoit, pour un candidat, de la plus haute im- porlance. 4 (7) Lallemand et Turnèbe lisent : Que abs te tribum auf centuriam, aut aliquod beneficium , etc. Mais comment des hommes qui auroient eu besoin du crédit de Cicéron pour entrer dans une centurie où dans une tribu, y pouvoient- ils exercer.une grande influence ? J’adopte la leçon de Ma- nuce, de Façciolati et des éditions vulgaires : Qui tribuent centuriam, quèd abs te ; etc., qui se lie assez bien avec la phrase suivante. Au reste , laut ce passage est corrompu. x6 Littérature. force de soins et d'adresse, à pouvoir se promettre des citoyens de leurs tribustout ce qu’ils leur de- mandent. Obtenez donc, paf quelque moyen que ce soit, que de tels hommes vous servent de cœur, et avec cette volonté efficacement prononcée. Si la reconnoissance guidoit les hommes, ces ressources vous seroient assurées. J’ose même es- pérer qu’elles ne vous manqueront pas, puisque, depuis deux ans, vous vous êtes acquis tous les gens attachés aux quatre citoyens les plus puis- sans dans nos comices , à M. Fundanius, à ©. Gallius, à C. Orchinius (m), à C: Cornelius. J'étois présent lorsque leurs amis vinrent vous confier leur défense ; je sais à quoi ils s’enga- gèrent, ce qu'ils vous garantirent. Vous devez exiger d'eux aujourd'hui qu’ils remplissent leurs promesses ; il faut les interpeller , les prier, les presser, leur faire bien sentir qu’ils ne trouve- (m) Il ne resle aucune trace de la défense de C. Orchi-- nius par Cicéron. Quelques lignes du discours de cet orateur pour M. Fundanius, conservées par Priscien, Servius et Boëthe, ne laissent point deviner à quelles charges il devoit répondre. C. Cornélius étoil accusé d’avoir, pendant son tribunat , violé le droit d’intercession des lribuns. Quoique les personnages les plus éminens déposassent contre lui, Cicéron le fit absoudre. Les deux discours qu’il prononça dans cette occasion , et dont on a conservé des fragmens, passoient généralement pour ses chefs-d’'œuvres. Q. Gallius étoit poursuivi comme coupable de brigue ; et son accusa- teur, Calidius, le taxoit encore d’avoir voulu l’empoisonner. Cicéron, en réfutant celle impulalion , prouva son invrai- semblance par le calme avec lequel Calidius l’avoit arlicu- Ice. Cet adroit argument , et quelques fragmens sont tout ce qui reste de son discours. Q. Gallius fut absous. ront Cicéron. 17 ront pas d'autre occasion de se montrer recon- noissans. Le souvenir encore récent de vos bien- faits , et l’espoir d’en obtenir de nouveaux , les exciteront sans doute à seconder vos préten- tions. $ Puisque votre demande est surtout étayée par les affections que vous concilie la défense des ac- cusés , appliquez-vous à bien distribuer et à faire bien remplir son rôle à chacun de ceux que vous avez obligés; et si, comme je le sais, vous n’a- vez jusqu à ce jour rien exigé d'eux, qu'ils sen- tent que vous avez réservé pour le moment ac- tuel tout ce que vous pouviez attendre de leur reconnoissance. Trois choses surtout nous acquièrent la bien- veillance des hommes et les portent à capter pour nous les suffrages ; les bienfaits, l'espérance, la conformité de sentimens ou l’inclination. Il faut donc examiner comment on doit mettre en œu- vre chacun de ces moyens. Les moindres ser- vices suffisent pour engager les hommes à servir un candidat ; à plus forte raison ceux qui vous doivent leur salut (et ils sont nombreux } sentent que si, dans une occasion qui vous est person- nelle , ils ne vous servent point, ils seront gé- néralement improuvés. Il faut néanmoins les sol- liciter encore, et les induire à penser que vous pouvez à votre tour avoir des obligations à ceux qui vous en avoient eu jusqu'à présent. Ceux qu'attache l'espérance sont de tous les plus zélés et les plus actifs. Qu'ils vous voient toujours prèt et déterminé à les servir, toujours T, 111, Mai 1806. 18 Littérature. attentif aux soins qu'ils se donnent , toujours observateur exact et juste appréciateur des ser= vices que chacun vous rend. Quant à ceux qui, par choix , s’affectionnent à vous, employez, pour les confirmer dans cette disposition, et les remercimens et les discours les plus appropriés aux motifs qui semblent mou- voir chacun d'eux en votre faveur, et l’assu- rance d'une bienveillance réciproque, et enfin l'espoir de conduire cette première liaison jusqu’à l'attachement et l'amitié intime. Dans ces diverses classes d'hommes , discernez soigneusement ce que Chacun peut faire, afin de sa- voircomment vous devez capter sa bienveillance,ce que vous pouvez en espérer et en exiger. Il est des personnes très-accréditées dans leurs cités (8) et leurs municipalités ; ilen est d’autres pleines d’ac- tivité et de moyens , qui, sans avoir auparavant recherché ce crédit, peuvent néanmoins sur-le- champ s'employer eflicacement pour le candi- dat, objet de leur gratitude ou de leur bien- veillance. Il faut les cultiver tous: de manière qu'ils voient bien que vous savez ce que vous devez attendre de chacun d'eux , que vous sen- iez ce que vous en recevez, que VOUS VOUS sou (8) Je lis, avec Facciolati, civilatibus et non vicinita- tibus. Cicéron (Orat. pro Muraenä) dit‘aussi : Homines in suis civitatibus et municigmis gratiosi. Sous le nom de cité les Romains comprenoient un corps politique qui pou- voit étre divisé en plusieurs villes et villages. Ainsi, César (de Bello gallico, 1,12) a dit: Omnis Çivitas Helvetiae in quatuor pagros divisa est. Cicéron. 19 venez de ce que vous en avez reçu. Il est, au contraire, des êtres sans crédit ou odieux dans leurs tribus ; dénués de l'adresse ou de l’activité nécessaires pour se rendre utiles dans l’occasion. Distinguez-les soigneusement, de peur de fon- der sur eux une espérance à l'étendue de laquelle leurs foibles secours ne répondroient pas. Quoiqu'il soit nécessaire de se présenter assuré et soutenu d’affections déjà formées et consoli- dées , on peut néanmoins dans la candidature même, acquérir des amis nombreux et utiles. Au milieu de tant de désagrémens , cet état vous offre du moins l'avantage de pouvoir, sans honte, vous unir d'amitié avec qui vous vouléz, ce que - vous ne sauriez faire dans lé reste de la vie. Vous paroissez absurde si, dans touté autre occasion, vous prodiguez l'offre de votre amitié; si au- jourd’hui vous ne la prodiguez pas, et très-vi- vement, et à beaucoup de monde, personne ne vous croira au nombre des candidats. Or, j'ose l'affirmer , il n’est aucun homme (s'il ne tient par quelque affection à l’un de vos antagonistes) de qui vous n’obteniez, dès que vous l’essaierez, qu'il mérite par ses services que vous l’aimiez et que vous lui soyez obligé; il suffira qu’il pense que vous mettez un grand prix à son service, que vous le ressentez sincèrement , qu’il place bien ses bons offices, et que, de cette occasion , doit naître une amitié solide et durable ; et non point passagère et bornée au tems des comices. Non, il n’y aura personne , pour peu qu’il ait de sentimens honnêtes, qui laisse échapper # 20 Littérature. cette occasion offerte d'acquérir votre amitié, surtout lorsqu'un sort favorable ne vous donne pour compétiteurs que des gens dont l'amitié est à mépriser ou à fuir, et qui, loin d'atteindre le but que je vous propose, n’y peuvent même pré- tendre. Comment Antoine essaieroit-il de re- chercher ses concitoyens et de se les attacher, lorsqu'il n’en est pas un qu’il puisse appeler par son nom? Quoi de plus insensé que d’espérer qu'un homme que vous ne connoissez pas favo- risera vos intérêts ? Le comble de la considéra- tion et de la gloire, les plus grands services suf- fisent à peine pour faire porter un citoyen aux honneurs, par des gens qu’il ne connoît pas, et dont on n'a point capté les suffrages en sa faveur : Comment donc, si vous ne vous rendez cou- pable d’une excessive négligence, un homme méchant, inactif (0), noté d’infamie , sans talent, sans crédit, sans amis, l'emporteroit-il sur vous qu’étaye le zèle d’un grand nombre d'hommes et l'estime de tous ? Sachez donc vous assurer de toutes les cen- turies par des affections nombreuses et variées. Recherchez d'abord ceux qui sont le plus près de vous, les sénateurs , les chevaliers et les hommes actifs et puissans dans les autres ordres de l’état. On trouve dans les tribus wrbaines'(n) beaucoup (9) Je lis avec Turnèébe, Gruterus et Lallemand , U# qui- dem homo nequam, iners, ele. (2) Les quatre tribus Urbaines, composées d’affranchis et d'hommes du plus bas étage, n’avoient eu long-lemps au- cune influence polilique. Mais, dans le dernier siècle de la Cicéron. 21 d'hommes habiles , beaucoup d’affranchis adroits et accrédités au Forum. Ceux d’entre eux que vous pourrez gagner , soit par vous-même , soit par des amis communs, travaillez de toutes vos forces à vous les acquérir ; sollicitez-les , faites- les solliciter , témoignez-leur qu'ils peuvent vous rendre le service le plus important. Occupez-vous ensuite de la ville entière, de toutes les corporations, des villages, des hameaux voisins. Si vous y intéressez en votre faveur les personnages principaux, par eux la multitude vous sera dévouée. Ayez ensuite toujours pré- sentes à la pensée et à la mémoire l’Italie entière et ses divisions, afin de n’y pas laisser une muni- cipalité, une colonie, une préfecture (0), un seul endroit enfin où vous ne vous assuriez un appui suffisant. Cherchez mème et découvrez des hommes de chacun de ces pays; faites connois- sance avec eux ; captez et affermissez leur bien- veillance , afin que, parmi leurs compatriotes , ils sollicitent des suffrages , et se fassent, pour ainsi dire, candidats en votre faveur. Ils vous désireront pour ami dès qu’ils vous verront re- chercher leur amitié. Pour qu'ils n’en doutent République, l’habileté et l'intrigue de quelques hommes de ces tribus suppléoient à la considération qui leur manquoit, et leur procuroient un crédit réel. (c} Les habitans des municipalités, des colonies et des préfectures jouissoient à Rome du droit de cité. Mais les premières se gouvernoient par leurs propres lois; les se- condes par les lois romaines ; les troisièmes étoieni régies. par up préfet envoyé de Rome. 22 Littérature. pas , employez les discours les plus propres à les persuader. | 5 Les habitans des municipalités et de la cam- pagne pensent être nos amis dès qu'ils nous sont connus de nom ; et s'ils croient encore pouvoir s'assurer en nous un appui, ils ne manquent pas de le mériter. Les candidats en général, et vos compétiteurs surtout, ne connoissent point ces hommes-là : vous les connoissez déjà, et vous aurez peu de peine à les connoître (10) parfaite- ment, ce qui est essentiel pour vous les atta- cher. Mais, quoique essentiel, cela ne suffit pas ; si vous ne leur donnez l'espoir d’être affectionnés et servis par VOus ; si VOus ne paroissez non-seu- lement bon zomenclateur (p), mais encore ami reconnoissant. Vous pouvez donc tout espérer quand , assuré dans les centuries de ceux à qui l'expérience de la brigue donne un grand crédit dans leurs tribus, vous aurez encore inspiré le désir de vous servir à ceux qui ont du pouvoir sur quelque portion de leurs concitoyens par des relations de municipalité , de (11) cité ou de corporation. Go) Nosti est opposé à cognosces, Cognoscere, comme Vobserve Donat (ad Eunuch. Terent, Act. V, sc. 4), co- £noscere est planae perspicaciae. (p) La nomenclation étoit Yattention d’interpeller chaque citoyen par son nom propre. Des esclaves, que leurs fonc tions faisoient appeler 2omenclateurs, aidoïent , sur ce point important , la mémoire du candidat. (11) Je lis encore ici, avec Facciolati, civitatis au lieu de vicinitatis. Voyez ci-dessus note (8). Cicéron. 23 Il vous sera, je crois, plus facile encore de réussir auprès des centuries de l’ordre équestre. Il faut connoître (12) tous les chevaliers ; ils sont en petit nombre; vous les attacher ; l’âge même des jeunes-gens rend leur amitié plus facile à ac- quérir ; et, d’ailleurs , vous réunirez facilement près de vous les sujets les plus distingués d’entre eux et les plus amis de l’éloquence ; enfin vous êtes vous-mème chevalier ; et tous voteront dans le sens de leur ordre, si yous avez soin de vous en assurer les centuries par l'affection de chaque individu non moins que par le vœu de l’ordre entier. Et rien n’est plus utile en même tems et plus honorable que le zèle de ces jeunes-gens qui escortent un candidat, courent partout, lui rapportent ce qui l’intéresse , et captent pour lui des suffrages. Puisque j'ai parlé du cortége d’un candidat, j observe qu'il est indispensable de réunir chaque jour près de vous une troupe d'hommes de toutes les classes, de tous les âges et de tous les ordres. Leur affluence est le présage de ce que vous trouverez d’appuis et de partisans dans les co- mices. Trois sortes de personnes la composent : (12) Je lis tout ce passage comme Facciolati, Victorius, etc. Primdm cognoscendi. .. adipiscendi... habebis. Lallemand et Turnèbe préfèrent Primüm cognoscis... adepti... habes. Cette version diffère peu pour le fond de la pensée. Mais elle présente une tournure moins vive, et me semble se lier moins bien avec la fin de la période, qui offre le précepte d’une conduite à tenir, et non l'indication de yesssources déjà acquises. 24 -. Littérature. les cliens qui viennent vous saluer chez vous ; ceux qui vous conduisent au Forum , et ceux qui vous suivent partout. Aux premiers, qui pro- diguent leur hommage à plus de monde, et qui, par cet usage établi, sont les plus nombreux , montrez que vous attachez un grand prix à cette légère marque de considération. Prouvez à tous ceux qui viennent chez vous que vous les re- marquez ; témoignez-le à leurs amis , qui doivent le leur redire ; dites-le fréquemment à eux-mêmes. Souvent ainsi, ces hommes qui vont saluer plu- sieurs des compétiteurs , distinguent le plus at- tentif à leurs hommages ; ils abandonnent les autres pour se livrer à lui seul; et leur service, d’abord banal et peu sincère , vous devient per- sonnel et profitable. Si vous apercevez ou si l’on veut vous faire voir dans les promesses d’un client l'intention de vous tromper, ayez grand soin de dissimuler que vous le sachiez ou qu'on vous l'ait dit. Si quel- qu'un veut se justifier , comme craignant de vous être suspect , affirmez que vous n’avez jamais eu, que vous ne devez point avoir de doute sur son zèle. Car celui-là ne vous servira pas fidèlement qui se croit soupçonné par vous. Vous devez pé- nétrer aussi les intentions de chaque individu afin d'y proportionner votre confiance. - Plus utiles que ceux qui se contentent de vous saluer chez vous , ceux qui vous conduisent au , Forum doivent recevoir letémoignage et la preuve que leurs services vous sont aussi plus agréables. Autant que vous le pourrez , descendez avec eux Cicéron. 29 au Forum à des. heures réglées ; l’affluence qui , tous les jours, y environne un candidat, est, pour lui , un grand honneur et un excellent pré- sage. La troisième classe est celle des hommes qui vous accompagnent assiduement; à ceux qui le font volontairement, témoignez qu'un si émi- nent service vous inspire une éternelle recon- noissance. Exigez de ceux qui vous doivent cet office qu’ils ne vous quittent jamais, autant que le permettent leur âge et leurs affaires. Quand ils ne pourront vous accompagner, qu’ils char- gent de ce soin les gens qui lenr sont attachés. Je désire vivement, et je crois très-important que vous soyez toujours escorté d’une foule nom- breuse. Ce qui vous acquerra une gloire et une considération immense , c’est que l'on voie au- tour de vous ceux dont vous avez défendu les causes, et qui vous doivent leur salut et leur absolution dans les tribunaux. Puisqu’ils ne peu- vent trouver aucune autre occasion de prouver leur gratitude, demandez-leur franchement ce service , pour récompense unique d’avoig, COn- servé gratuitement aux uns leur honneur , aux autres leur fortune et leur vie. Cette partie de la candidature dépend toute en- tière du zèle de nos amis; je ne dois donc point passer sous silence les précautions qu’elle exige. Tout est plein autour de nous de dol, de per- fidie et d'embüches., Ce n’est point ici le lieu d'entamer l’éternelle discussion des caractères qui distinguent l'ami du trompeur; il suffit de 26 Littérature. vous prémunir sur ce point. L’excellence de vos vertus a forcé les mêmes hommes à vous porter envie et à feindre de vous aimer. Retenez donc ce mot d'Epicharme (13) : « Le nerf de la pru- » dence est de ne pas croire légèrement. » Après vous être assuré des services de vos amis , il faut connoître les motifs et les diverses classes de vos ennemis et de vos adversaires. Vous en avez de trois espèces : ceux que vous avez of- fensés , ceux qui vous haïssent sans cause, ceux enfin qui sont fortement attachés à vos compé- üteurs. Auprès de ceux que vous avez offensés, en parlant contre eux pour yn ami; excusez- vous de bonne-foi sur la nécessité où vous étiez d'agir ainsi ; donnez-leur l'espoir que, s’ils veu- lent devenir vos amis, vous soutiendrez leurs in- térêts avec autant de zèle et d'activité. Pour gué- rir de leur prévention défavorable ceux qui vous haïssent sans cause, adoncissez-les par de bons (15) Il y a dans le latin, « Ne point croire légère- » ment, voilà les nerfs et les membres de la sagesse ». Plutôt que de traduire cette médiocre paraphrase , je me suis rapproché du texte grec. Voici le vers d’Epicharme: Q Nage nai pepvara dmirleis éobpa rule rär Dpevär. « Soyez sobre, et souvenez-vous de ne pas croire : c’est le » nerf de la raison. » Je ne m’élonne plus si lant de charlatans ont crié contre la comédie ! Epicharme fut l'inventeur de la comédie à Sy- racuse et le modèle de Plaute, « Plautus ad exemplar siculi properare Epicharmi. » ( Horar. ) Cicéron. 27 offices, par des espérances, par l’assurance que vous chercherez à leur être utile, Les mêmes moyens vous serviront à l'égard de ceux que vous rend contraires leur amitié pour vos compéti- teurs; montrez pour ceux-ci mème de la bien- veillance, si vous pouvez le faire avec quelque vraisemblance. Après avoir suffisamment parlé des moyens de vous assurer des amis, je dois traiter de l’autre partie de la candidature qui a pour objet la fa- veur populaire. Elle se compose de la romencla- tion (g), de l'affabilité, de l’assiduité , de la li- béralité, de la renommée et de l'espoir public. Faites d’abord briller les soins que vous avez pris pour connoître vos concitoyens; et perfec- tionnez encore cette connoissance pour en user chaque jour davantage : rien ne me semble plus populaire ni plus profitable. Prenez ensuite assez sur vous pour paroître faire naturellement ce qui est le plus éloigné de votre caractère (14). Vous ne manquez point de l’aménité qui convient à (g) Voyez ci-dessus note (p). (14) Après cette phrase, Putéanus lisoit celle-ci qui com- mence le second alinéa ( page 1 ), et qui y semble en effet assez déplacée. « Quanquam plurimum natura valet, ta- » men videtur in paucorum menstum negotio posse simu- » latio naturam vincere. Nam comitas , etc. » En sorte que l'on devroit traduire : « Prenez ensuite assez sur vous pour » paroîlre faire naturellement ce qui est le plus éloigné de » votre naturel, Quelque puissant que soit notre caractère, » il semble, pendant le peu de mois que dure la candi- » dature, pouvoir se ployer à quelque feinte. Ainsi, vous » ne manquez point, elc.; mais vous avez ici, elc. » 28 Littérature. un homme bon et aimable ; mais vous avez ici le plus grand besoin d’une sorte d'affabilité qui, vicieuse et déshonorante dans le reste de la vie, est indispensable dans la candidature. Elle est coupable quand , par la flatterie, elle corrompt l’homme à qui elle s’adresse ; on doit moins la blâmer lorsqu'elle se borne à conquérir sa bien- veillance; un candidat ne peut s’en passer , lui dont les traits, la physionomie, les discours doivent se ployergaux idées et aux affections de tous ceux qu'il aborde. Il n’y a rien à prescrire concernant l'assiduité ; le mot seul explique quel est ce devoir. Il est es- sentiel sans doute de ne point s’absenter ; cepen- dant l’assiduité ne. consiste pas “uniquement à être à Rome et dans la place publique ; mais à solliciter sans cesse, à rechercher souvent les mêmes personnes , à empêcher qu'aucune ne puisse dire : que m'importe ce qu'obtiendra ce candidat qui n’a point demandé, qui ne demande point avec vivacité , avec énergie ? La libéralité a une vaste latitude ; elle s'exerce d'abord dans notre intérieur ; et, vantée par nos amis , elle nous rend agréables au peuple , quoi- qu'elle ne puisse s’étendre jusqu'à lui. Elle pa- roitra aussi par les festins que vous donnerez, et que donneront vos amis , soit dans divers quar- üers , soit dans chaque tribu. Elle se manifeste enfin par vos bons offices, que vous devez prodi- guer, et, pour ainsidire, rendre vulgaires. Que jour et nuit , l'accès près de vous paroisse facile, et par l'ouverture des portes de votre maison , et Cicéron. 29 par la sérénité de votre front et de vos yeux, qui sont les vraies portes de l’âme. Si votre physio- nomie exprime peu de bienveillance et de pré- venance , il n'importe guère que vos portes de- meurent ouvertes. Les hommes , surtout quand ils s'adressent à un candidat, veulent non-seu- lement qu’on s'engage à les satisfaire, mais qu’on s'y engage avec autant d’effusion que de consi- dération. Il ne vous sera pas mal aisé sans doute , pour tout ce que vous devez faire , de témoigner. que vous le ferez avec zèle et plaisir; il vous le sera plus ( et ce conseil convient moias à votre carac- tère qu'aux circonstances) de refuser avec grâce ce que yous ne pourrez accorder ; l’un est d’un homme bon, l’autre d’un candidat habile. Vous demande-t-on une chose que vous ne promettriez pas sans blesser l'honneur ou nuire à vos inté- rêts , par exemple, de plaider contre un ami ? sachez refuser avec aménité , en vous excusant sur les devoirs de l'amitié ; témoignez que ce refus vous coûte ; assurez que vous vous en dédomma- gerez dans toute autre occasion. Un homme qui avoit porté sa cause à certains orateurs , disoit devant moi qu'il avoit été plus agréablement refusé par l'un qu ’accepté. , par l’autre. Ainsi l'on est plus sensible aux paroles et aux manières qu’au service même et à la réalité, IL est possible encore de vous persuader sur ce point : mais il reste un précepte plus difficile à faire adopter à un platonicien tel que vous; je 30 Littérature. dois pourtant ce conseil à votre position. Ceux que vous refusez de servir, parce que vos liaisons avec leurs adversaires s'y opposent, peuvent vous quitter sans inimitié et sans humeur : ceux- là se retirent vos ennemis que vous refusez en disant que vous êtes occupé tout entier des af- faires de vos amis, ou de causes plus impor- tantes antérieurement entreprises : tous, sans exception, aiment mieux un mensonge qu'un refus. C. Cotta, cet homme consommé dans l’art de la brigue (15), disoit qu’il promettoit à tout le monde tant qu'on ne lui demandoit rien de con- traire à son devoir, et qu'il s’acquittoit envers ceux dont la reconnoissance lui sembloit la plus avantageuse ; qu'il ne refusoit personne , parce qu'il arrivoit souvent que celui qui avoit reçu sa promesse n’en réclamoit pas l'exécution; souvent aussi que lui-méme se trouvoit plus de loisir qu’il n'avoit espéré. On n’emplit point sa maison de cliens, ajoutoit-il, quand on n’accepte de causes qu’autant que l’on croit en pouvoir terminer, le hasard faisant arriver celle sur laquelle on comp- toit le moins , et empêchant de suivre celle qui sembloit la plus instante. Le plus grand risque enfin est d’offenser celui qu’a trompé votre pro- messe ; mais cet inconvénient est incertain, est (15) Il est impossible de rendre dans notre langue l’éner- gie de celle expression 27 ambitione agrtifex : on risque trop de lui donner un sens défavorable qu’elle n’avoit point dans les mœurs romaines, Cicéron parle souvent de l’orateur Caïus Aurelius Cotta. Cicéron. - 31 éloigné , et ne s'étend qu'à peu de gens , tandis que vous promettez à tous. Par des refus, au contraire | vous indisposez certainement, et dès à présent, un plus grand nombre de personnes ; car les gens qui veulent pouvoir compter sur yotre assistance sont plus nombreux que ceux qui en usent. Il vaut donc mieux offenser un jour, peut-être, quelques cliens dans le Forum ; que tous , et sur-le-champ, dans votre maison. Les hommes sont plus irrités contre celui qui les refuse que contre celui qu’ils voient empêché par une cause légitime de tenir sa promesse, mais plein du désir d'y satisfaire aussitôt qu’il le pourra. Pour ne point m'écarter de mon plan, je dois, en traitant de la part qu'a la popularité dans la candidature , observer que les soins dont je viens de parler influent moins encore sur le zèle de nos partisans que sur notre réputation parmi la mul- titude. Sans doute on réveille ce zèle en répon- dant avec affabilité, en se livrant avec chaleur aux affaires et à la défense de ses amis ; mais j'en parle ici comme d’un moyen de cäpter le peuple ; de faire que votre maison se remplisse avant le jour ; que beaucoup d'hommes s’attachent à vous par l'espoir de votre assistance, qu'ils vous quit- tent mieux disposés encore qu'ils n’étoient ve- nus ; qu'enfin le plus grand nombre possible de citoyens entende parler de vous de la manière la plus avantageuse. Maintenant je dois parler de la renommée, à laquelle il faut attacher une grande importance. 32 Littérature. Mais pour se la concilier , tous les moyens dont j'ai traité sont les plus efficaces : la gloire de l'é- loquence , l'affection des publicains et de l’ordre équestre, la bienveillance des nobles , un nom- breux cortége de jeunes gens, les assiduités de ceux que vous avez défendus, une foule d’habi- tans des municipalités accourus évidemment dans le dessein de vous servir. Obtenez que l’on dise et que l’on pense généralement de vous (16) que vous connoissez tous les citoyens , que vous les interpellez d’une manière flatteuse, que vous sol« licitez continuellement et avec habileté, que vous êtes affable et libéral ; faites que long-tems avant le jour votre maison soit remplie decliens, et qu’on y remarque en grand nombre des per- sonnes de tous les rangs ; satisfaites beaucoup de gens par des services réels, et tous par des dis- cours ; parvenez enfin, comme cela est possible en unissant les soins et l'adresse à l’activité , non pas seulement à ce que tant d'avantages portent votre réputation jusqu’au peuple, mais à ce que (16) Je suis ici la leçon adoptée:par Gruterus, d'après un grand nombre de manuscrils. Laliemand et quelques au- tres lisent berne ut ormnes loquantur et existiment. I] faut, dans ce sens, traduire ainsi : « Le soin de connoîlre les » individus, de les interpeller, ele. de faire que tous parlent » et pensent. bien de vous» Mais’ il me semble que, de cette manière, l’auteur commeltroit une répétition bien inutile. Dans celle que j'ai adoptée, il dit au candidat : Faites tout cela, non-seulement pour les avantages directs que vous devez en relirer, mais aussi pour que l’on dise que vous ne mañquez à aucun des devoirs d’un candidat, etc. elc, le Cicéron. 35 le peuple même existe au milieu de ces affections et les partage. Il faut réchauffer aussi chez la multitude cita- dine , et parmi ceux qui dominent aux comices, cette popularité que vous avez conquise en tra- vaillant à l'élévation de Pompée, en prenant le parti de Manilius (r), en défendant Cornélius , et que personne n’a jamais possédée sans être assuré en même tems de la faveur et de lopi- nion publiques. Tächons surtout que tout le monde sache combien Pompée vous appuie, et de quelle importance est, pour ses intérêts, le succès de votre demande. Ayez soin enfin que toute votre candidature soit pompeuse, brillante, mémorable et popu- laire , qu’elle unisse l'éclat à la dignité. Cherchez encore, si cela est possible, à faire peser sur vos compétiteurs quelque soupçon approprié à leurs mœurs connues , soit de crime, soit d’im- moralité , soit de largesses criminelles. Mais ce qui est le plus désirable, c’est que l’es- time générale fasse reposer sur vous l'espérance de la République ; non que vous deviez, dans la candidature , entreprendre de régir l’état au sé- nat ou aux comices. Faites seulement que, d’après votre conduite antérieure, le sénat espère trou- ver en vous un défenseur de son autorité; les chevaliers et les gens riches et pacifiques, d’après toutes yos actions , un ami de l’ordre et de la (r) Tout le monde connoit le discours de Cicéron, Pre lege Maniliä. Quant à Cornélius, voyez ci-dessus noie (7). T, IIT, Mai 1806. C 54 Littérature. tranquillité publique ; la multitude (mais unique- ment d’après la popularité de vos discours aux assemblées et dans les tribunaux), un magistrat qui ne sera point contraire à ses intérêts. Voilà ce que j'avois à vous dire sur ces deux idées , que, tous les matins en descendant au Forum, vous devez, je crois, méditer : Je suis un homme nouveau ; je demande le consulat. Reste la troisième idée : je suis dans Rome. Rome ! cette cité formée du concours des nations, où l’on rencontre tant d’embuches, tant de trom- peries , tant de vices de tout genre, où il faut supporter l’arrogance, l'obstination , la mal- veillance , l'orgueil , la haine et l'injustice de tant de personnes. Combien, au milieu de la cor- ruption si grande et si variée d’un si grand nombre d'hommes, combien ne faut-il pas d'adresse et de prudence pour échapper aux piéges, aux bruits publics, au danger d’offenser | pour qu'un seul homme se ploie à une diversité si grande de mœurs , de discours et d’inclinations! Ainsi donc, et plus que jamais, suivez la route que vous avez choisie ; excellez dans l’éloquence : à Rome, c’est l’éloquence qui attire et attache les hom- mes , et les détourne de vous repousser et de vous nuire. Mais comme le vice le plus grand peut - être de notre cité est que souvent les largesses y triomphent de l'honneur et du mérite, sentez sur ce point quelles sont vos forces ; songez que vous êtes l’homme le plus propre à inspirer à vos compétiteurs la crainte d’une accusation et d’un Cicéron. 35 jugement. Qu'ils sachent que vous les surveillez, que vous les épiez; qu'ils redoutent à la fois votre activité , votre considération personnelle., votre puissante éloquence, et le zèle de l’ordre équestre (s) pour vos intérêts. Je ne vous donne pas ce conseil pour que vous paroissiez déjà mé- diter leur accusation ; mais afin qu’en la leur faisant craindre, vous préveniez des largesses coupables (17). C’est ainsi qu’il faut user de toutes vos facultés, de toutes vos forces, pour obtenir l’objet de votre demande. Je n’ai jamais vu en effet de comices si vénales, où pourtant quel- ques centuries ne votassent gratuitement en fa- veur des candidats qu’elles affectionnoient le plus. Si donc nous apportons à cette affaire un soin proportionné à son importance , si nous enflammons au plus haut degré le zèle de ceux _ qui nous sont attachés; si, à chacun des hommes accrédités et bien portés pour nous , nous savons assigner son emploi; si nous menaçons de la loi nos compétiteurs, si nous effrayons les déposi- taires de leur argent, et si, par quelque moyen, nous contenons ceux qui doivent en être les dis- tributeurs (£), nous pouvons obtenir qu’il n’y ait (s) Les chevaliers composoient les tribunaux avec les sénateurs. Mais ils n’éloient point, comme ceux-ci, pas- sibles des peines décernées contre les juges prévaricaleurs ; aussi leur influence y éloit-elle prépondérante. (17) Jai développé ici le texle qui porte simplement : « Hoc ipsum quod agis, consequere; » mais je crois avoir exprimé le vérilable sens. (+) L’impudence étoit portée si loin à Rome, que le 36 Littérature. point de largesses ou qu’elles soient sans effet. Voilà ce que j'ai cru, non savoir mieux que vous , mais pouvoir vous Offrir rassemblé et mis par écrit plus facilement que vous ne le feriez au milieu des soins qui vous occupent. Quoique j'aie rédigé mes idées de manière à servir bien moins les autres candidats , que vous seul et dans votre demande actuelle , dites-moi pourtant, je vous prie, si vous y trouvez quelque chose à ajouter, à corriger ou à retrancher : car je veux que cet Essai sur la candidature aït toute la perfection dont il est susceptible. candidat qui marchandoit des suffrages, avoit des déposi- . daires connus (séquestres), entre les mains desquels il versoit les sommes destinées à payer son élection , sans doule aux chefs de cabale ; et des distributeurs (divisores) qui soldoient chaque votant au moment de l'élection. Ceux- ci étoient souvent les hommes chargés de distribuer les bulletins de vote ; ils glissoient facilement une pièce d'or avec le bullelin. Cicéron. -37 EE —… …—…— —…—…—…—… … …—…—…—…—…… ……—…—— FRAGMENS du Discours prononcé par Cicéron sur sa Candidature. [ Le grammairien Asconius qui nous a conservé ces fragmens , s'exprime ainsi : « De six compéti- » teurs qu'avoit Cicéron dans la recherche du con- » sulat, quatre, savoir : P. Sulpicius - Galba ,. L. » Cassius Longinus, Q. Cornificius, et C. Licinius- » Sacerdos , se conduisoient avec modération , et » n’ayoient aucun éclat. L. Sergius Catilina , ei C. » ÂAntonius, tous deux soutenus d’un parti puissant, » s’étoient réunis pour écarter Cicéron. Celui-ci, peu » de jours avant les comices, s’éleva dans le sénat » contre cette coalition. » ] (u)......... Oui! Pères conscrits! j'affirme que Catilina et Antoine, escortés de leurs dépositaires (v), se sont réunis la nuit dans la maison d’un noble déjà connu et même célèbre pour le gain qu’il fait, eu favorisant de semblables largesses................ . CP Eh ! qui peut être l'ami de celui qui a égorgé tant de citoyens, ou le client d’un homme qui, dans (u) Il est à peu près impossible de deviner, d’après les citations d’Asconius , l’ordre et le plan du discours de Ci- céron. Je n’essayerai donc pas de le restituer. Ces frag- mens , qui fon! sans cesse allusion à des fails peu connus “aujourd’hui, n’ont plus guère d'autre intérêt que de former “un commentaire historique à l’Essaz sur la Candidature. La dernière sorlie contre Catilina est toutefois, à mon gré, un beau mouvement d’éloquence, (z) Voye ci-dessus note (1). 38 Littérature. sa propre cité, a déclaré ne pouvoir plaider à crédis égal contre un ‘étranger (x) 74.23... qfis..sre AC R Rcre tt dieioiel aies mr SE NE NE TER CUS IT ne rentra pas encore en lui-même, lorsque ab- sent, vous l'avez flétri par les plus sévères décrets. Il a appris combien les jugemens sont redouta- bles (18), lorsqu'il a été absous : si toutefois il y eut alors quelque chose que l’on pût appeler jugement et absolution. .…...... Toutefois, Q. Mucius, je suis afligé de, vous voir, de la république , une opinion si défavo- rable. Vous prononciez hier que je ne suis pas digne du consulat. Quoi! le peuple romain saura moins bien que Q. Mucius se choisir un défenseur! Lors- que L. Calénus vous accusa de vol (y), ne mavez- vous pas chargé, de préférence, du soin de vous sauver ? Et l’homme dont vous avez imploré l’appui dans une position aussi peu honorable, le peuple romain, selon vous, ne peut l’accepter pour guide dans les affaires les plus glorieuses ? A moins que vous n’ajouliez qu’accusé de vol par L. Calénus, vous n'avez trouvé en moi qu’un défenseur impuis- sant... ie oo sosoome sense eettee) Soon oser eee eee rennes eee dx) Voyez ci-dessus note (e). (18) Ce passage , je crois, est ironique , et signifie qu’a- près l’absolution qu'il a obtenue, Calilina est en droit de ne plus craindre les tribunaux, quelqwaccusation que l’om intenle contre lui: (y) Cicéron avoit défendu avec suceès Mucins Orestinus d’üne aceusälion de pillage et dé vol. Vendu aux ennemis de son bienfaiteur }; Mucius tournoit en ridicule, dans toutes ses harangues, la naissance et lé caractère de Ci- eéron. Cicéron. 59 Lorsque, aux yeux du peuple, Catilina trancha la tête de l’homme le plus populaire, n’a-t-il pas mon- tré quel cas il fait du peuple (:)? Je ne puis deviner quelle démence lPinduit à me témoigner du mépris? Croit-il que je le soufre pa- tiemment ? L'exemple d’un de ses complices les plus intimes auroit dû l’instruire que je ne supporte même pas l’injustice faite à un autre.......:............ L'an, dont tous les troupeaux sont vendus, et les domaines près d’être adjugés judiciairement, retient une troupe nombreuse de pâtres, avec lesquels il pourra, dit-1l, dès qu’il le voudra, renouveller sou- dainement la guerre des esclaves (aa). L'autre induit le premier individu sur qui il ait ce pouvoir, à promettre tout à coup au peuple un spectacle de gladiateurs que rien ne l’obligeoit de donner; et, candidat consulaire, il examine lui- même ; et choisit et achète les gladiateurs, le tout a la face du peuple romain (bb)..........,...... CCC CC (z) Voyez ci-dessus pag. 10 et 11, et notes (3) et (4). (aa) Le soupçon que Cicéron jette ici sur Antoine, étoit aussi vraisemblable que propre à frapper les Romains, en- core épouvantés du souvenir dé Sparlacus, (bb) Sous le prétexte d'offrir au peuple des speciacles de gladiateurs, Catilina, el, à son exemple, Clodius et tous les mauvais citoyens , s’entouroient d’une troupe de sicaires à la tête desquels ils commettoient les plus grands crimes. Voyez la défense de Milon par Cicéron, et touie l’histoire de ce fameux proces. — D'ailleurs ce spectacle donné sans motif, par une créature de Catilina, pendant sa candida- ture, éloit un moyen indirect de capter les suffrages, et pouvoit moliver une accusalion de brigue. 40 Littérature. ........ Si vous voulez donc augmenter encore le prix des suffrages, consuls, écartez, comme le sénat a commencé de le faire, lopposition que Q. Mucias apporte à la nouvelle loi (ec). Quant à moi, je me contente de celle par laquelle nous avons vu condamner à la fois deux consuls désignés (dd)... je et e.0/s © © e dre ee are se 0, © e)0.0'e »,e Deïs;ele e ee oe/bieie ee je 0 ee . Laissons cet. Antoine, brigand dans l’armée de Sylla, gladiateur à l’entrée du dictateur, et cocher de ;son char de triomphe (ee). Mais toi, Catilina ! que tu brigues le consulat, que tu oses y penser, est-ce point une monstruosité, un prodige ? À qui le demandes-tu? Aux principaux citoyens ...qui, rassemblés par le consul L. Volcatius, n’ont pas même voulu te permettre la candidature (ff)? Aux sénateurs... dont un décret , après t’avoir dépouillé de tous tes honneurs, l’a, pour ainsi dire, livré cap- if aux orateurs d'Afrique (sg)? A l’ordre équestre ..... dont tu fus l’assassin ? Au peuple..... à qui . ta cruauté a donné un spectacle que nul n’a pu voir (ce) Le sénat, indigné des intrigues d'Antoine et de Ca- tilina , voulut mettre un frein à la corruption par une loi plus sévère que toutes celles qui Pavoient précédée : Mucius, alors tribun, essaya de sy opposer. (dd) P. Autronius.el P. Sylla, consuls désignés, condam- nés comme convaincus de brigue, deux ans auparavant (Pan de Rome 687), et complices de Calilina dans ses deux con- jurations. Voyez Sallust. Catil, XVII. n (ee) J’ignore à quelle anecdote cette phrase fait allusion. (ff) Catilina, accusé de concussions en Afrique, l'an de Rome 687, perdit le droit de solliciter alors le consulat. Voyez Sallust..Catil. XVIII. {gg) Voyez lamote précédente, et ci-dessus, pag. 12. Cicéron. 41 sans désolalion, ni se rappeler sans gémir ?...... Depuis le Janicule jusqu’au temple d’Apollon, tu la portas au dictateur, dans tes propres mains, cette tête pleine encore de chaleur et de vie! ......— Quoi ! tu alléguerois pour la défense ce que n’ont osé dire les autres assassins? Mais on ne le souf- frira pas. ....... — Enfin, ils ont pu nier; et ils ont nié. Toi, tu n’as pas laissé à ton impudence la ressource même d’une dénégation. Et l’on doit louer Téquité des juges, si, condamnant Luscius malgré ses dénégations, ils ont absous Catilina malgré son aveu (22)! Il assure donc qu’il n’a pu être induit en erreur; et c’est tandis que les autres sicaires ont allégué que, s'ils ont commis quelque meurtre, hommes igno- rans, ils n’ont fait qu’obéir à leur général, au dic- tateur. [ls pouvoient même nier absolument leurs crimes : Catilina ne le peut plus. | Est-ce là Pillustration qui t'enhardit à me mé- priser, à me dédaigner? Est-ce la gloire dont te couvre le reste de ta vie? Toi ! qui as toujours vécu de manière qu’il n’est pas de lieu si sacré où ta pré- sence ne motivât une accusation ; même quand tu n’y commettois pas de crime (/;); toi, sans cesse sur- pris en adulitère, et qui cherchois aussi à surprendre (Ah) César (en l'an de Rome 689) cila en justice et fit condamner les assassins qui avoient servi les yengeances de Sylla; par là, il relevoit la mémoire populaire du parti de Marius; mais il épargna Catilina,, le plus coupable de tous. En vain LE. Paullus accusa de nouveau cé monsire, pour les mêmes crimes : Catilina fut encore absous. Voyez Cicer. ad Attic. 1, 16... Sallu$t, Catil. XXXI.,.. D10. Bb, 56. LR (i) Voyez ci-dessus page 11 et note (A). 42 Littérature. les adultères (4Æ); toi qui, dans le fruit d’un inceste, a trouvé à la fois ton épouse et ta fille! Souillé de tous les forfaits et de toutes les turpi- tudes, sanglant de millé assassinats , dévastateur de nos provinces, corrupteur des lois, des procédures £ des jugemens !.... Faut-il rappeler comment tu as envahi le gouvernement d’une province, malgré les cris et la résistance du peuple entier? Quant à la manière dont tu l’as administrée, je n’ose en par- ler, puisque tu as été absous. Il faut que je croie mensongers , et les chevaliers romains, et les actes d’une cité respectable, et Q. Métellus Pius, et PA- frique entière ; que je me persuade que tes juges ont découvert je ne sais quel motif pour te déclarer in- nocent. Misérable ! ne sens-tu point que leur arrêt ne L’a pas absous, mais réservé pour un jugement plus sévère et une condamnation plus terrible! Je tais cette entreprise exécrable , et ce jour qui faillit être pour la république si amer et si désas- treux ; lorsqu’ayant pour complices Cn. Pison et quel- ques autres encore, Lu tentas de massacrer nos prin- cipaux citoyens (//). As-tu oublié que: lorsque nous br iguions ensemble la préture, tu m’osas demander de te céder le premier rang ; ét comme ln me pressois sur ce point et que tu t'y obstinois effrontément, je te réponds, il t'en sou- vient, qu'il y avoit de l’impudéence à toi à me de- mander ce que ton oncle même n’eût jamais obtenu? (£E) Telle étoit la: corruption des Romains, que plus d’un mari cherchoil à surprendre des jeunes-gens avec sa femme, afin de se venger de leur affront par d’infames plaisirs. (17) L'an de Rome 688. Voyez Sallust. Catil. XVII XVIII. Cicéron. 43 Ignores-tu que je fus nommé préteur le premier : toi, grâce à la condescendance de tes compétiteur s,à la collation (19) des suffrages des centuries, et surtout à mes bons offices, du derniet rang tu passas au troi- sième. ........( Cicéron rappeloit ici la conjuration de Pison, depuis questeur en Espagne, d’Autronius, de Sylla et de Catilina ( Voyez Sallust. Catil. XVI ...... N'ayant pu, comme ils le tentoient, porter au peuple romain un coup mortel avec ce stylet es- pagnol , ils s'efforcent aujourd’hui de tourner à la fois deux poignards contre la république (m7)... DONS AAO LUS AUS 0 DO Te RITES Sachez donc que ce gladiateur Licinius a déjà dé- pêché ici un homme avide de servir Catilina : et qui, citoyens juges? .... Un homme honoré de la questure, Q. Gurius. «ue. sesessassnsseseesse resserre nee nnsegerens sr serrer sonssee (19) Collafio centuriarum. Je suppose qu'après avoir, suivant l’usage , recueilli les voix par centuries, les com- pétiteurs de Catilina (par égard pour sa haute maïssance et pour la recommandation de Cicéron) consentirent qué Von additionnät tous les suffrages qu’il avoil oblenus dans chaque centurie : on conçoit que , de-cette manière , il pou- voit en réunir un plus grand nombre que ceux mêmes qui avoient été nommés avant lui par la majorité des centuries, et passer ainsi du dernier rang au troisième. (mm) Cicéron a emprunté ce trait et quelques autres’, de V’'Essai sur le Candidature. Es PHILOLOGIE. LETTRE de F.S. 7. à M. MILLIN, Membre de l’Institut et de la Légion d'Honneur, sur les Lettres de PETRESC. Aix, 24 avril 1806. Vous avez vu , mon cher ami, mon Re- cueil de lettres de Peiresc, et ce que je possède de sa correspondance avec les savans ses con- temporains. Vous avez même vu cette collection à Carpentras, où je vous l'envoyai d'Aix avant que j'eusse pu la connoître à fond. Vous m'écri- vites de Carpentras une lettre bien détaillée dans laquelle vous faisiez l'énumération de ce qui y existe de la correspondance littéraire de Pei- resc ; vous le compariez avec ce que j'en possède moi-même; yous me disiez que ma collection, jointe à celle qui existe à Carpentras, forme- roit un recueil à peu près complet. Vous me pa- roissiez satisfait du grand nombre de lettres que je possède des savans contemporains de Peiresc. Vous n’aviez pas trouvé un grand nombre de lettres écrites par Peiresc, et en y comprenant environ deux cents lettres adressées à Jérôme Aléandre , et écrites en italien; vous me disiez que je ne pourrois former qu'un gros volume de lettres de Peiresc, tandis que celles de ses contemporains pourroient former quatre gros volumes. Lettres de Peiresc. 45 . Depuis vingt mois que vous nous avez quitté, j'ai employé beaucoup de temps à visiter tout ce recueil de lettres; et, à l'aide de mes connois- sances sur les familles de Provence, et sur les noms qu'ont porté les individus de ces familles, j'ai trouvé dans ma collection des lettres de Pei- resc, dont vous ne pouviez pas vous douter. M. de Peiresc portoit, dans sa jeunesse et lors de ses voyages d'Italie, le nom de Calas, qui étoit une terre de sa famille: j'ai donc dü attribuer a Peiresc les lettres signées Vicolas-Cl. FABry DE Cazas, que j'ai vu dans mon recueil: j'y ai d'ail- leurs reconnu sa tournure et son zèle pour toutes les connoissances. Je vous en envoie aujourd’hui que Peiresc, âgé alors de 22 ans, écrivoit à Sca- liger : il y est question de deux autres savans, Pinelli et Brutius ; il y rapporte des lettres la- tines de Brutius, que je transcrirai. Aussi on sera plus charmé peut-être de la critique de Brutius, quoique un peu originale, que des complimens faits par Peiresc à Scaliger. Les lettres de Brutius parlent de la Colonne trajane et de la Table de Peutinger. Je crois devoir dire un mot des trois princi- paux personnages, dont il sera question dans ces lettres. Tout le monde sait qui étoient les Scaliger ‘père et fils. On connoiït la profondeur de leur science, et aussi toute l’exaltation de leur amour- propre. Leur vanité les portoit à vouloir per- suader à l'Europe entière qu'ils descendoient des anciens seigneurs de Vérone, princes de l'Escale: 46 . Philologie. d’autres savans, que leur orgueil avoit irrité , prétendirent que les Scaliger descendoient d'un maïtre d'école nommé Burden, qui avoit pris une échelle pour enseigne. Peiresc, jeune alors, veut dans ses lettres, flatter la vanité des Scali+ ger : le sage de Thou paroissoit croire aussi à la généalogie qu'ils s’étoient faite. Jean-Vincent Pixerzr, né à Naples, origi- naire de Gènes, étoit fixé à Padoue, où il cul- tivoit les lettres , les arts et les sciences, avec un zèle et un succès semblable à ceux qu'acquit dans la suite notre Peiresc. Comme Peiresc, il fut en correspondance avec tous les savans , leur com- muniqua des matériaux précieux, et ne donna presque rien au public sous son nom. Il mourut à Padoue pendant que Peiresc y étoit; E. Bru- tius , dont Peirese trouva un grand nombre de lettres parmi les papiers de Pinelli, étroit Anglais. Il n'étoit pas le même que Jean-Michel Brutius, avec lequel on l'a confondu dans la suite , à qui l'on a même attribué des lettres de E. Brutius. Jean - Michel étoit né à Venise, et étoit mort en 1593. E. Brutius étoit né à Ipswick, capitale de la province de Suffolk. « Gipeewichum, dit-il dans une de ces lettres, patria mea dulcissima. » Je réserve pour un autre envoi quelques let- tres de Peiïresc, signées aussi Calas. Elles sont adressées à Aldrovandus, savant naturaliste , que les dépenses énormes qu'il fit pour se procurer les objets relatifs à ses recherches, réduisirent à l'indigence. Peiresc faisoit pour lui des recher- ches de médailles qui portoient au revers des Lettres de Peiresc. 47 figures d'animaux. Je me contente aujourd hui de vous transcrire quelques lettres à Scaliger , et deux lettres de Brutius à Pinelh. AM. SCALIGER, à Leyden. Venise, mars 1621. Monsieur , croyant que les balles des libraires de Venise ne partissent pas sitôt pour Ja foire de Francfort, j'allois tout à mon aise en la recher- che des livres hébreux que je vous ai promis; mais estant venu à Venise, ce carême prenant, et ayant su qu’elles partoient dans deux ou trois jours, je me suis résolu de vous enyoyer ceux que javois recouvré , extrémement marri de n'avoir eu du loisir d'en trouver de meilleurs en toute cette ville de Venise. Il n’y avoit autre colbo que cetuicy, et quoique Josephe y ait été imprimé, toutes fois ( dont je suis bien marri), je n’en ai pu trouver d'autre impression que de celle de Cracovie. Ce Moré Nevochim aappartenu à un homme fort docte en cetie langue, qui J'a postillé et corrigé les erreurs de l'impression ; qui me fait croire que vous serez plus aise de l’a- voir, tout vieux et usé qu'il est, que s’il étoit neuf (1). Quant au prix, c'est peu de chose, et . (1) Le livre hébreu, intitulé Moré Nebochim ou Nevo- chim, ce qui veut dire, Le Guide de ceux qui chan- cellent , avoit été composé par Moses Maimonide, savant ” rabin de Cordoue, en langne arabe, et traduit en hébreu 48 Philologie. ne mérite pas d'être mis en ligne de compte. Le soudain départ du libraire a esté cause que je n'ai pu vous envoyer les monoyes et le dessein du coteau des princes della Scalla que je vous. ai promis ; mais Je vous les ferai tenir par voie d’Ausbourg. Je vous prie à recevoir ces livres comme des petites arres de l'affection et du ser- vice que je vous ai voué, désirant toujours de- meurer votre, etc. Nicolas-Claude Fagny S"'. DE CaALas. Autre Lettre adressée à Milan. De Padoue, ce 30 juim 1601. J'A1 l'honneur de votre amitié tant en recom- mendation , et suis si désireux de me conserver en icelle , que je ne veux manquer de vous écrire ce mot pour vous asseurer de la continuation du désir que j'avois toujours eu de vous rendre service , et vous supplier de le mettre à l'épreuve entoutes les occasions que vous me jugerez propre en cette ville où je suis arrivé depuis sept à huit par un autre juif. Ï fut imprimé, pour la première fois, à Venise en 1551, in-fol. C’esi un abrégé de la théologie des Juifs , appuyée sur des raisonnemens philosophiques ; il déplut beaucoup d’abord, et fit grande sensation. L'auteur vivoit dans le douzième siècle. Ilest appelé par les Juifs l’Aigle des docteurs et Je plus beau génie qui ait paru depuis Moyse. Il étoit né à Cordoue, et demeuroit en Egypte. F. SIN. jours, Lettres de Peiresc. 49 jours, ou de Venise ou d’ailleurs. Je suis du de- puis esté à Naples, et ay fait un voyage fort heureux à mon gré de Rome icy | car jai tou- -jours veu quelque chose de remarquable par le chemin ; à Venise même j'ai veu le cabinet si ad- mirable du feu patriarche d'Aquilée ( lequel je n’avois encore peu voir), où c'est qu'il y a trois cent camayeuls d’agathes antiques , le moindre desquels est plus grand qu'une médaille mezzana (comme on dit). Je suis bien esté infiniment marry de la mort inopinée de ce pauvre pein- tre, le nom duquel je vous avois donné pour vous servir à Venise; je m'asseure que si vous l'eussiez trouvé vivant, vous lui eussiez donné cette petite cornalline que vous m'aviez promis à votre départ où estoit gravé un Mars armé au- près de Vénus, pour me la garder jusqu’à mon arrivée. J'en ai veu Je soulfre entre les mains du Sr. Agostino Faustini en cette ville, s'il vous plai- soit la bailler à M. Putean (Dupuy), il me la feroit tenir, et s'il vous plaisoit m'advertir s'il y a quelqu'une autre des miennes qui vous fusse agréable, je la vous envoyerai tout aussitost, etc. Signé DE CaLas. » Dans une autre lettre écrite l'année suivante 1602 , et adressée à Anvers, je trouve un post- scriptum que je vais transerire, le reste de la lettre n’ayant rien d’intéressant. « Quand nous passames par Mantoue nous eusmes tant de peine après ceux qui nous firent voir enfin le cabinet du duc , qu'il n'y eut aucun moyen de chercher le frère de M. Rubenius, T°. III. Mai 1806. D 90 Philologie. quoique j'eusse esté très aise de le voir, car j'a- vois un extreme desir qu'il nous aydat à colorir une feuille de la table hieroglyphique selon l’au- thentique du duc, et mettre de l'argent ou est- ce qu’elle estoit argentée, comme vous aura peu | dire le Seior, Lorenzo: mais la briesveté du temps, et le mauvais rencontre du duc ne le nous lais- sèrent pas faire; peut-être que je tacherai d'en donner un jour la commission à quelque ami. » Nota. Cela signifie que Peiresc ayant vu à Mantoue la fameuse table isiague que le duc venoit d'acheter de Torquato Bembo, auroit voulu avoir de la main du peintre Rubens ( que le duc de Mantoue logeoit alors dans son palais, et qui étoit le frère de Philippe Rubens domi- cilié à Anvers) une peinture de la table isiaque avec l'imitation des lames d'argent done les figures sont incrustées Cette note de Peiresc prouve que dès 1602 le fils du cardinal Bembo avoit vendu la table istaque que Peiresc appelle table Lieroglyphique. Dernière Lettre à SCALIGER, adressée à Leyde. De Padoue, le 24 janvier 1602. « Les lettres que vous avès ecrit à M. l'évêque de Valence et au Sre, Gioan. Vincenzo Pinelli du 13 aoust sont arrivées en cette ville de Pa- Lettres de Peiresc. 51 doue le 15 de janvier : je m’asseure que du de- puis vous aurès esté adverti de la mort de l'un et de l’autre. Car le d'. Signre. Pinelli mourut le 3 d'aoust d’une maladie qui l'avoit longtemps travaillé. On lui trouva dans la vescie treize pier- res de la grandeur et presque de la grosseur et de la forme des chataignes les plus grosses; mais celle qui le tua étoit aux reins pointue des deux cotés et beaucoup plus grosse que les autres. 11 fut suivi bientost après de M. de Valence qui fut emporté en moins de huit jours d’une fièvre chaude en laquelle sa goutte s'étoit changée. De sorte qu’à nostre grand regret nous pouvons dire que nous avons escrit aux morts. Tout aussitost que M. de Lèberon neveu et heritier de feu M. de Valence sera venu, votre lettre sera rendue. « La bibliotheque du Sigre. Pinelli, avec tout ce qu'il avoit de beau et de rare, a êté transporté à Naples du commendement du duc de la Cerenza son neveu et heritier , qui a donné commission à un monsignor Paolé Gualdo, gentilhomme vicen- tin qui demeure avec l’eveque de cette ville, de recevoir tout ce qui seroit adressé à feu M. son oncle; c’est luy qui m'a fait voir vos lettres, vos autographes, votre traité, et tout ce qui estoit dans vostre paquet, et ma dit qu’à la première commodité il envoyera le tout audit duc, à qui tels présens ne seront pas moins agréables qu'ils eussent été à son oncle ; estant homme lettré et fort desireux de telles choses, J’ay tant fait que j'ay obtenu vostre portrait et celui du grand Sca- liger votre père, pour en faire tirer deux sem- 22 Philologie. blables de la main d’un excellent peintre (2). Plu- sieurs autres desiroient bien cêtte faveur, mais elle a esté permise à deux seulement. Il y a long- temps que , par une secrette dévotion que je porte à l'illustre nom de Scaliger , je garde deux mo- noies de ces anciens princes de la Scala, vos ayeulx ; l'une desquelles est d'argent, fort pe- tite , et a une croix d'un costé, avec ce nom autour : Antonius ; de l’autre une échelle , avec ce nom : ToLomAvs , ces deux frères qui domi- nèrent ensemble. L'autre est de cuivre , grande- lette, et a un escusson d'un costé, avec deux rameaux de laurier par dessus et une échelle au dedans, avec une grande croix par revers à l’en- tour; mais les lettres qui estoient autour sônt toutes consumées. J'en ai une autre d'argent qui a une croix de touts les deux costés, avec ces lettres : VERONA civr. civi. , Ou bien o1vi. civi. VERONA; et maintenant suis infiniment aise que la fortune m’ait ouvert une si belle occasion de vous en faire présent , et par ce moyen gaigner ( qui est le premier de mes vœux) quelque peu de place en l'honneur de votre amitié. J'ache- téray aussi les livres que vous desirès, et vous les enverray avec les dites monoyes par le fac- (2) Peiresc avoit rassemblé dans une galerie de sa maison d'Aix, tous les portraits des savans ses contemporains , la plupart donnés par eux-mêmes. J'ai vu ces portraits dans le château de Cadarache sur les bords de la Durance, où ils avoient élé portés par M. de Valbelle, un des héritiers du neveu de Peiresc. Ils ont été détruits au commence- nent de la révolution. Lettres de Peiresc. 59 teur du libraire venitien , qui les baillera cette prochaine foire de Francfort à celui que vous aurès délégué. J'ai entendu qu'un gentilhomme vénitien a trouvé , au chateau de Monteguardo , duquel il est seigneur, un haume d'un prince de votre maison , avec plusieurs arbalestres toutes de bois, qui ont les mêmes armoiries de cou- leur bleue ; elles sont rouges , nonobstant en un fort beau couteau de ces mêmes princes, qui est entre les mains d'un gentilhomme de cette ville de l’ancienne maison de Carrare , nommé Papa- fava. Je tacherai d'en avoir le dessein , et vous l'envoyeray tout ensemble. Je desire d'estre tous- jours votre , etc. » MNicolas-Claude FABRY, Sr. de Cazras. Suivent les copies prises chez M. Pinelli de lettres ecrites à ce sçavant homme par le S'. E. Bratius. « Unius diei curriculo, illustrissime Pinelle vidi exactissimam columnæ Trajanæ , ut ait Ciaco- é ; 3 : nius, orthographiam (3), quod facile credo, do- nec iterum atque iterum his meis oculis, deo annuente , columnam ipsam multà diligentius (3) Pierre Ciaconius de Tolède , chanoine de Séville, mort à Rome en 1581, dans un de ses ouvrages sur les colonnes rostrales , sur les anciens poids et mesures, disoit que la colonne irajane dont il faisoil une description très-éiendue , avoil été rendue avec une grande fidélité dans la gravure de Mutianus ; dont nous parlerons dans une nole ci-après. 54 - Philologie. quam antè perlustraverim. Interim cum Ciacone nihil dicam de ejus hetrusco opere, cum xxxurr tantum marmoreis lapidibus stupendæ magnitu- dinis ex quibus tota illius moles constat, nec de ejus longitudine ad ped. cxz cum Libé GLXXXIV Ct Fenéfrellés XLTIL super basicula latera xx ped. rom. habente, neque de dupla propor- tione simulachrorum in capitulo cum basi; et si de his multa dicenda sunt, a quibus vix me abs- trahere possim , tamien me contraham donec de his certior factus sim, et ad operis artificem me convertam, de quo multa et quasi artihiciosà in- finità quädam dispositione esse compacta et or dinata perspicio; nihilominus nescio qua negli- gentia et incuria, aut ut rectius dicam quà ma- litià prætermissa, et multo plura cum inutilia tum vana sæpids repetita et delineata cerno. Nam vix unum aut alterum stratagema in totâ mole invenio tali bello, talique columnä dignum ; et quod præter omnem Romanam fidem est , Ro- manos ipsos nunquam mihi sauciatos , Dacos aut quasi semper aut in pugnà prostratos , aut in fu- gam turpiter datos ( diis ipsis eos manibus et mi- nis oppugnantibus profligantibusque ) ubique vi- deo ; tanquam Mars eorum incola nunquam fuis- set, de quo ipsi semper gloriabantur : et quod plus est, multi historici volunt quod Daci mo- lestissimi et acerbissimi Romanis hostes fuerint, et adeo strenui ut multo plures clades illis intule- rint quam acceperint; sed artifex hujus columnæ nihil hujus rei voluit neque præsentibus neque faturis hominibus in hoc suo opere æterno signi- Lettres de Peiresc. 55 ficare : non minus ridicule et malitiosè prædeces- sor hujus Trajani Domitianus fecit, qui de ipsis Dacis victus potis quam victor triumphavit. Sed in hâc re populo romano venia danda est, quo- niam apud omnes gentes semper fuit, est, et erit ionatum vitium, suas ipsorum virtutes libris, mar- moribus, sepulchris , mausoleis, obeliscis, pyra- midibus et columnis usque in cælos erigere; alio- rum autem acta cum erecta penitus dejicere, tum dejecta et abjecta in pulvere vel in aquä scri- bere. Sed ad sculptorem columnæ accedam, qui non minori injurià Dacos omnibus quasi armis defensivis nudatos seulpsit, et cum offensivis ri- diculariis fecit, fustibus et 'arcubus sine sagittis et cordis , vel tantum gladiis acinacibus aut po- tits faleulis, et quod vix credibile est, saxis in- gentibus tantummodd pugnantes; ità ut vix am- babus manibus ea elevare et in hostem projicere potuerint, arma debilissima et contra antiquum Romanorum honorem , ut ab illis et a barbaris illis utentibus , pauld ante Domitiani bis cum illis congressi duces et signa amitterent. Sed forsan aliquis dicat arcuum cordas aut longi temporis injuria esse deletas , aut pictoris incuri4 præter- missas ; sed neutrum puto ; nam neque Mutianus pictor (4) Romæ insignissimus unquam hoc egis- (4) Jérôme Mutian, excellent peintre, né en Lombardie au commencement du seizième siècle , fonda à Rome Paca- démie de Si. - Luc. MU fit graver la colonne lrajane d’a- près ses dessins. Un artisle aussi habile n’auroil pas négligé les détails de ce monument ; il n’auroit pas manqué d’ex- primer dans sa gravure les cordes des arcs, si elles eussent 56 Philologie. set, qui in æs cuncta columnæ simulachra ex- prini et incidi fecit, tantis sumptibus in ea re factis pluribusque laboribus , et fatigationibus susceptis ; neque vis ævi tantum potuit , ut ne cordæ quidem uniüs vestigium relinqueretur nam in duobus locis arcus cum cordis invenio, et quod cum majori admiratione est, sagittarios in pugna eis utentes sine sagittis ; quarum ne unam quidem neque per terram , nèque per corpora animalium infixam cerno, nisi tantum in una pharetra non multum dissimili ab anglorum pharetris; et quem- admodum author columnæ hæc, et alia nimis negligenter , et jejunè notata relinquit; sic à con- trario multa vafrè, astutè et malitiosè ante ocu- los omnium proposuit ; scilicèt Dacorum despera- tam stultitiam qui in mortem sibimet ipsis Ve- neno & poto consciscant, qui cum Decebalo eorum Rege, pugione ad pectus adacto sese interimunt; qui urbem cunctasque opes, uxores, et fæminas reliquas cùm infantibus trucidant, et non solùm in semet ipsos , sed etiam in Romanos captivos, inhumanos et sævientes Dacos depingit; dùm cap- tivos alios occidi ostendit, ne regios thesauros subter vada Sageliæ amnis occultatos manifesta- rent, alios a fæminis Dacicis etiam viventes faci- liès sævissimè exustos facit, et unum video circa umbilicum rotæ alligatum , et sic nova et inau- dita crudelitate expirantem ; utrum hæc vera aut falsa fuerint, minimè curo. Interim de Romano- exisié. François [°”", avoit fait faire les moules et les plâtres de la colonne irajane en un grand nombre de pièces. Lettres de Peiresc. 57 rum ipsorum sævitia et crudelitate in hac co- lumna , nec linea nec punctum quidem ; tanquäm ipsi soli in hoc mundo humani, justi, et pi, qui ommnes alios non ipsis servos , Barbaros vocabant; sunt antè et ipsos Græci; et nunc apud nos unus alium pauld minus, ità ut tam longa cœlorum revolutione non hominum mores , sed potius ip- sos homines mutari vidimus (5). Sed nunc tem- pus est ut a sculptore ad columnæ explicatorem accedam , quem multa magis quam vera dixisse concedo. Quoties, ait ille, milites inducuntur in- dices elevantes , prætorianos esse ; nam fides et vigilantia militum sicut et complexu manuum ita digiti erectione significabatur. Sed ego eum mi- litem indicem erexisse puto magis ut aliquid aliud secundum suum officium alüis ostenderet quam fidem suam, nam sic omnes milites prætoriani esse deberent, quoniam fideles et vigiles. Sed mal- lem mihi dixisset, quare miles ille est cum clypeo sine gladio , an quia vigilis officium facit, et se ipsum potius defendit quam alios offendit; de- nique milites vallum seu hastas ferentes in qua- rum summitate sacculus alligatus, pane refertus bis cocto, pera ubi caseus, et salita caro, vas aquæ vel vino continendo , sartago condiendo cibo, quod pondus usque ad 60 libras ; sed cur id in cimä hastæ et non prope humeros porta- bant , expositor nihil dicit : cum certum sit onus (5) Brutius fait ici la crilique de plusieurs explications que donne Ciaconius , et celte critique porte encore sur la ma- nière dont plusieurs sujets sont représentés sur la colonne. 58 Philologie. tantè gravius quanto magis a suo fulcro distat. Posteà apparet tribunus quidam cum ense pen- dente ad sinistrum latus , alteri ad dextrum ; dic, amabo an sinistrini milites isti an ambidextri ? Silices sunt (ut auctor ait ) sunt etiam hastæ spi- cula lata habentes, facilè est videre ; sed ad quem finem ? Non ut velites cum his tantummodà pu- gnarent, sed etiam ut viam sternerent. De quo- dam viro tunica ima amicto, cæterum nudo, qui ab asino vel mulo quem equitabat excutitur, in- terpres se nihil scireaït ; ast ego eum Dacum puto, quia fustem vel clavam habet in dextrà, et cri- brum in sinistr4 tenet , ut demonstraret Daciæ fertilitatem; utinam etiam vim artis non admi- rasset , sed demonstrasset cur milites illi qui ægrè magnum lignum portarent , facilè duo vectant ; et non tantüm hujus , sed etiam illius instrumenti ex duobus fustibus confecti quo lapides asportatu sint faciliores : nam hoc et illud facilè à mathe- maticis demonstrare potest. In eo quod equites # levis armaturæ, cristas in galearum comis ge- rentes habent , quarum altera cauda hippopo- tami,. altera ex pennis struthionis apparet, et -ex septem tantum, qui numerus convenit, cum doctissima tua expositione hujus phrasis quæ apud antiquos authores legitur, scilicet, evadere cum septem pennis. De carrobalista, quam plurima verba, sed de ejus forma nec ab explicatore, nec ab ipso sculptore certior sum, Daci ( inquit ille) acinacibus pugnant, gladiis versus cuspidem intortis, ut nune vero Turcæ utuntur; sed ipsi non intortis (ut ipse ait), sed extorsis pugnant. De Lettres de Peiresc. 5q alâ, cujus jam natura omnibus nota, cum Cæ- sare fabulatur, sed nec carta, nec tempus per- mittunt, ut longior et molestior ero ; vale igi- tur. Patavii 22 augusti 1599. » Tuus E, BruTius. J'avois annoncé une seconde lettre de Brutius sur la table de Peutinger ; elle est longue, écrite d’un style recherché et obscur. Ce qu’il y a d'in- téressant peut être réduit à ceci. Les auteurs qui ont prétendu que la table nom- mée Antonine ne date pas d’une époque plus re- culée que les fils de Théodose; et ceux qui di- sent qu'elle a été faite sous les derniers Empe- reurs , ne pourront jamais prouver ce qu'ils avan- cent. Cette table paroït avoir servi originairement pour marquer les marches militaires et les divi- sions de provinces. Elle est écrite en legtres lom- bardes ; mais ce n’est probablement ici qu'une copie faite d’après un original plus ancien, où les mots étoient écrits en lettres romaines. Cet ouvrage est curieux et intéressant; mais elle a été mal gravée, réduite à un volume trop petit. Les distances ne peuvent pas être mesurées avec exactitude ; parce que toutes les parties de la table autographe ne sont pas rendues par la gra- vure dans la même proportion; de manière que la disposition des terres et des mers rendue dans l'original d'une façon assez bizarre, est tout-à- fait disproportionnée dans la gravure. Les Ro- mains ne savoient point la géographie ; mais ce- lui qui a composé cette table a voulu certaine- 60 = Philologie. ment donner des mesures exactes qui pussent marquer les distances et régler les marches. Cette exactitude disparoît dans l’estampe que Pinelli a envoyée à Brutius. Il seroit à désirer que l'on pôût calquer la table elle-mème, et donner au public une gravure d'après le calque. Brutius ter- mine ses réflexions par une forte diatribe contre les graveurs, les imprimeurs et les libraires, qui ne cherchent qu’à épargner leur papier et leur peine. Nota. Ce que désiroit Brutius a été exécuté à Vienne en 1753. Il a paru à cette époque une très-belle édition de la table dite de Peutinger , in-fol., avec des dissertations savantes. LANGUES SEPTENTRIONALES. ANALYSE de la nouvelle édition des Fragmens d’Ulfilas , publiée par M. ZAœHN, prédicateur à Delitz sur la Saale, près de Weissenfels en Saxe ; imprimé à Weissenfels , 1805, grand in-4°.; lue à la classe d’histoire et de lit- térature ancienne de l’Anstitut le 21 mars 1806, Par M. KocH, correspon- dant. Her ,; évèque des anciens Goths de la Da- cie, de la Thrace et de la Moœsie, dans le qua- trième siècle de l’ère chrétienne (entre 360 et 380), est connu pour avoir traduit la Bible dans la langue de cette nation, que les savans appellent langue moœso-gothique. De cette Bible il n’existe que des fragmens ; ce sont les quatre évangiles et quelques passages des épîtres de Saint-Paul aux Romains. Les quatre évangiles se trouvent dans le Codex argenteus , conservé à la bibliothéque de l’Uni- versité d'Upsal. Le nom de Codex argenteus lui vient des lettres onciales argentées , avec les- quelles il est écrit ou peint sur du parchemin couleur de pourpre. Après avoir été long-temps caché dans la bi- bliothéque de l’abbaye bénédictine de Werden en Westphalie, ce manuscrit fut porté à Prague, d’où le général suédois, comte de Kænigsmark, 62 Langues septentrionales. lors de la prise de cette ville par les Suédois en 1648 , l'envoya à la reine Christine, qui le fit dé- poser à la bibliothéque royale de Stockholm. Le savant Vossius, en quittant, en 1655, la Suede, l'emporta en Hollande, on ne sait pas trop à quel titre. Ce fut de lui que le comte Magnus-Gabriel de la Gardie l’acheta pour la somme de 400 écus, le fit relier en argent massif, et en fit donation à l'Université d'Upsal par acte rédigé en 16609. Pendant que ce manuscritse trouvoit chez Vos- sius en Hollande, l'oncle de ce savant, le célèbre Junius, très-versé dans les langues du Nord, en- treprit d'en donner une édition, qu’il publia en 1665 à Dordrecht, avec un glossaire gothique , en 2 vol. in-4°. Cette première édition fut suivie, en 1671, d'une seconde, que Stiernhielm publia à Stock- holm avec des versions, sueo-gothique, islan- daise et latine, aussi in-4°. Junius et Stiernhielm n’ont pas donné leurs éditions sur l'original du Codex argenteus, mais sur une copie qu'un nommé Derrer en a faite, on ne sait pas trop en quel temps, et qui s’est trouvée avec l’original à l’abbaye de Werden. Il n’est donc pas étonnant que ces premières édi- tions soient incorrectes et qu’elles s’éloignent fort souvent de l'original. C’est ce qui engagea un savant Suédois, Eric Benzelius, docteur en théologie , et ensuite ar- chevèque d'Upsal, à préparer une nouvelle édi- tion, calquée sur l’original même du Codex ar- genteus. Elle ne parut que long-temps après sa Ulfilas. | 63 mort, et fut soignée par Edouard Lye, savant TAC anglais, qui la publia en un petit in- fol. à CHA en 1750. Le texte présente de nombreuses HER des éditions antérieures. La traduction latine et les remarques sont de M. Benzel, Ce fut à peu près dans le mème temps, et pendant que l’édition de l’archevèque Benzel tar- doit à paroître, qu'un des plus habiles critiques de Suede , le chancelier Ihre d'Upsal, connu par de nombreux écrits sur les langues et les an- tiquités du Nord , donna de nouveau ses soins au Codex argenteus. Il en fit faire, sous ses yeux, une copie des plus exactes, et d’autant plus im- portante , que le Codex argenteus a beaucoup souffert par le laps de temps , et qu’il dépérit de plus en plus. M. Ihre s’étoit proposé de donner une nou- velle édition critique des évangiles d’'Ulfilas ; mais celle de Lye ayant paru, il changea de pro- pos; et sur ce qu'il apprit que le célèbre Bus- ching avoit intention d’en donner une à la suite d’un recueil de dissertations et remarques criti- ques de M. Ihre, il envoya, en 1773, à ce sa- vant, sa copie , avec la traduction latine de Ben- zel, revue et corrigée par lui. M. Busching n’e- xécuta point son projet, n'ayant pas trouvé un nombre suffisant de souscripteurs pour fournir aux frais de son édition. Le manuscrit de M. Ihre passa , après la mort de M. Busching, entre les mains de M. Hey- natz, professeur à Francfort sur l’Oder, qui le 64 Langues septentrionales. communiqua à M. Zahn pour servir à l'édition qu'il vient de donner au public. On ne doit pas passer sous silence que les quatre évangiles de la traduction d'Ulflas ne sont pas complets dans le Codex argenteus , et qu'on y remarque plusieurs lacunes qui proviennent de la défectuosité de l’original et de sa haute anti- quité. Ses restes n’en sont pas moins précieux, . puisqu'ils nous présentent le plus ancien mo- nument de la langue germanique , dont le go- thique est un des principaux dialectes. Tout ce qui nous reste de la langue des anciens Alle- mani, des Francs , des Anglo-Saxons, des an< ciens Saxons, du bas Allemand et des langues du Nord, est de trois à cinq cents ans postérieur au siècle d'Ulfilas. Quoique la traduction moœso- gothique de la Bible appartienne indubitablement à Ulfilas, il n’en est pas moins certain que le Codex argen- teus, qui présente ses évangiles, n’est pas de son temps; et il est aisé de se convaincre, par la forme des caractères qui y sont employés et par la comparaison avec d’autres manuscrits, qu'il fut écrit en Italie vers le milieu du 6°. siècle, peu avant la destruction du puissant royaume des Ostrogoths par les Grecs. Quant aux fragmens des épitres de Saint-Paul aux Romains, de la traduction d'Ulfilas, c’est M. Knittel, conseiller du Consistoire de Wolf- fenbuttel, qui en a fait la découverte dans la bi- bliothèque ducale sur quelques feuilles de parche- min , dont on avoit effacé foiblement la traduc- tion Ulfilas. 65 ion gothique d'Ulfilas pour y substituer les ori- gines d’Isidor de Séville. Les caractères primitifs se trouvant aujourd'hui plus lisibles que ceux qui leur ont été substitués , M. Knittel en tira les fragmens dont il s’agit, et en donna, en 1762, une édition magnifique , accompagnée d’amples commentaires, sous le titre : Uiphilæ versionem gothicam nonnullorum ca- pitum epistolæ Pauli ad Romanos, venerandum antiquitatis monumentum pro amisso Omnino at- que adeo deperdito, per multa secula, ad hunc us- que diem habitum, e litura codicis cujusdam ma- nuscripti, rescripti, qui in augusta apud Guel- pherbytanos bibliotheca asservatur , una cum va- riis variæ litteraturæ monimentis, huc usque ine- ditis , eruit , commentatus est datque foras Fran- ciscus Antonius KNITTEL. M. Zahn, prédicateur à Delitz-sur-la-Saale , près de Weissenfels en Saxe, a sans doute bien mérité de l’ancienne littérature germanique, en publiant, à ses frais, une nouvelle édition des évan- giles d'Ulfilas et des fragmens des épîtres de Saint- Paul , dans l’ouvrage qu'il vient d'adresser à la classe. Il y donne le texte d’'Ulfilas sur le ma- nuscrit du chancelier Ihre, et en profitant des travaux de tous ceux qui ont travaillé sur cette matière avant lui, il n’a rien négligé pour rendre son édition aussi parfaite que possible. Le texte d'Ulflas est accompagné d’une tra- duction latine interlinéaire qui est purement lit- térale , et dont l’unique but est de faire connoître la vraie signification de chaque terme mœæso-go- T. ZII, Mai 1806. E 66 Langues septentrionales. thique employé par Ulfilas. Elle est due à Charles- Frédéric Fulda, de son vivant pasteur dans le pays de Wurtemberg, et connu par plusieurs ou- vrages sur l’antiquité et le génie de la langue ger- manique. M. Zahn a corrigé en différens endroits le travail de Fulda. A côté du texte se trouve une autre traduction latine , faite par l’archevêque Benzel, et retou- chée par le chancelier Ihre. Elle est aussi litté- rale, mais plus intelligible et plus conforme aux règles de la grammaire que celle de Fulda. Au bas du texte sont placées des variantes et des notes tant critiques qu'explicatives que M. Zahn à puisées dans les ouvrages de Junius, dé Stiern- hielm , de Benzel, du chancelier Ihre et d’autres savans qui ont travaillé sur Ulfilas et sur la lan- gue moœæso-gothique. Désirant aussi de rendre son ouvrage plus utile à ceux qui voudront faire une étude approfondie d'Ulflas et de sa langue, M. Zahn y a ajouté une grammaire fort détaillée de cette langue que M. Fulda a rédigée avec soin. Elle a été revue par M. Zahn qui l’a enrichie de ses notes et supplé- mens. "A la suite de cette grammaire vient un glossaire de la mème langue, de treize feuilles d’impres- sion , rédigé aussi par M. Fulda et retouché par M. Reinwald, premier bibliothécaire de la bi- bliothéque ducale de Meinungen, très-versé en ce genre de littérature. Toute l'édition est précédée d’une préface, dans laquelle M. Zahn présente une idée géné- Ulfilas. * 67 rale de l'ouvrage et des soins qu'il y a mis. Il donne ensuite une notice historique de la vie de M. Fulda, et une ample introduction qu’il divise en deux parties principales. La première contient l’histoire des Goths et de leur langue, que M. Zahn a tirée d’un ouvrage du célèbre Adelung de Dresde , intitulé : His- toire de la langue et littérature allemande, en omettant cependant les citations et les notes dont M. Adelung avoit appuyéet enrichi son texte. On y remarque des recherches sur les restes de la nation des Goths, jadis si redoutable , que des modernes ont cru découvrir dans la Prusse, dans la Crimée et dans la Hongrie. La seconde partie s'étend beaucoup sur la vie d’'Ulfilas , sur sa traduction de la Bible et sur les ouvrages qui ont été publiés sur cette traduction , ainsi que sur la langue mœæso-gothique. Elle est l'ouvrage de M. Zahn ; mais il avoue lui-même que la majeure partie des recherches intéres- santes qui s’y trouvent, sont dues à M. Adelung, qui a bien voulu lui communiquer son travail manuscrit sur cette matière. M. Zahn prouve, par des argumens sans ré- plique, que la traduction des fragmens d’Ulfilas s’est faite sur le texte grec du nouveau T'esta- ment, et que les caractères mœæso-gothiques du Codex argenteus sont évidemment tirés des ca- ractères grecs et romains; mais qu'il n’est pas aussi certain que l'invention de ces caractères soit due à l'évèque Ulfilas , ainsi que plusieurs sayans l’ont avancé. 68 Langues septentrionales. Il examine ensuite les autres monumens de cette langue qui ont été trouvés en Italie ou ailleurs , de même que les traces qu'on en dé- couvre dans les lois des Ostrogoths et des Vi- sigoths , et dans les écrivains de ces nations. Il produit plusieurs signatures données, par des Goths nationaux , à des actes découverts à Naples et à Arezzo, dont il appert que la langue et l’écri- ture du Codex argenteus sont incontestablement les mêmes que celles des anciens Goths. C’est à ce sujet que M. Zahn réfute l'opinion de M. Ma- thurin Veyissiere de la Croze, qui, dans son Thesaurus epistolicus , publié en 1782, a pré- tendu que la langue dans laquelle Ulfilas avoit traduit la Bible, est celle des anciens Francs. Cette opinion a été adoptée par Mosheim, Wetstein et d’autres savans. J'observe encore que M. Steenwinkel , à Har- derwik , avoit projeté avant M. Zahn une édition complète et critique de tout ce qui nous reste d’Ulfilas , et que pour cette édition il a fait fondre des caractères, parfaitement conformes à ceux du Codex argenteus. M. Zahn s’est servi de ces caractères pour donner un échantillon de l’écri- ture mœæso-gothique d’Ulfilas qu'il a tiré du cha- pitre 5 de l’évangile de Matthieu , et l’a placé, avec un alphabet de cette langue, à la tête de la Grammaire publiée par lui. GRAMMAIRE. A DIissERTATION on Language, etc.; ou DIssERTATION sur le Langage en général et en particulier, sur l’origine, les progrès, les beautés et les défauts de la Langue anglaise; suivie d’une Notice historique des premiers Poëtes, des pre- miers Romanciers anglais, et de l’an- cien Théâtre britannique, etc. À Paris, chez Parsons et Galignani, éditeurs, rue Vivienne. In-12. Second Extrait (1). ee écrit très-court , serré et plein de choses, offre plusieurs articles qui méritent qu'on y re- vienne. L'objet de la traduction, par les An- glais, tient un coin dans cette Dissertation sur les langues. On y insinue qu'elle a ses avantages et ses désavantages. Deux excellens critiques anglais, dont l'autorité est d’un grand poids dans le monde littéraire, se sont montrés d’un senti- ment très-opposé sur l’utilité ou sur le danger des traductions dans leur langue. Johnson , dans la savante préface de son excellent Dictionnaire, déclame contre les traductions , qu'il appelle le G) Le premier Extrait se trouve, Magasin Encyclop., Novembre 1895, tom. VI, p. 49. 70 _ Grammaire. fléau de la langue. Le poëte , et ingénieux histo- rien des poëtes anglais, Warton, rappelle, et avec raison, combien les traductions des an- ciens classiques ont enrichi, dans le 16°. siècle, leur idiôme , très-pauvre alors. Quoique en apparence d’un sentiment très- opposé , ces deux critiques ont tous deux rai- son, et voici peut-être ce qu’on peut dire à ce sujet de plus raisonnable : que dans toutes les langues , excepté l'anglaise, les imitations , les traductions faites par un excellent écrivain, en- richissent la littérature de son pays. Ainsi Vir- gile , Horace, Ovide, Cicéron , etc., ont trans- porté dans la leur, un nombre de tournures et de locutions heureuses de la langue d'Homère et de Démosthènes. Chez les modernes, et à leur exemple , Milton, Pope, Dryden, Addisson, etc. , ont rendu le même service à la littérature britannique. Nous devons également à Racine , Boileau, La Fontaine, Delille, un nombre de locutions étrangères de ce genre. et son temple est debout... et marchai son égal. beau d’or- gueil et d'amour (2), etc. etc. (2) Il est à remarquer qu'Horace , dans un seul demi-vers, en quatre mots (meo malo superbus, incedis), nous offre, dans noire langue, ces deux locutions étrangères, L: V, Ode 15, à Néera, où le poële se plaint de son rival. At lu, quicumque es felicior , atque meo nunc Superbus incedis malo. Et avant Racine, Clément Marot avoit dit : Et ainsi est, qu'aucun logis debout Soit demeuré. { Métam. d'Ovide , 15, L. 1 du Déluge.) Langue anglaise. 71 Quant aux traductions anglaises aujourd'hui, celles surtout des ouvrages modernes sont mor- telles à la langue, et en voici je pense la raison. Si l'auteur original écrit supérieurement , s’il a de l'énergie, s’il a des expressions fortes, heureuses, frappantes, alors le traducteur anglais ne tra- duit point ces mots, mais les transporte tout simplement dans sa propre version. Aussi toutes les langues modernes pourroient-elles redeman- der à la langue anglaise une multitude de mots pris dans la leur ; et la langue des anciens Ro- mains , quelquefois jusqu à l'u‘age du nombre singulier et pluriel des substantifs latins, comme litteratus , illiteratus ; litterati , illiterati, scau- rus , scaurt, etc., etc. De là, il arrivera avec le tems , que la langue anglaise se trouvera étouf- fée par une surabondance de mots exotiques, et que le traducteur qui croit l'enrichir, l’écrase et la perd. L'anglais habitué à cette bigarrure depuis long-tems, et qui s'y plaît , ne s'aperçoit pas, comme les étrangers, que cette langue exaltée par eux, vantée pour exprimer les hautes conceptions de la poésie , les sujets graves et su- blimes de la religion, de la morale et de la phi- losophie , ne sera bientôt revêtue que de lam- beaux étrangers et disparates , que de morceaux d’étoffes pris chez toutes les nations; en un mot, affublée d’un véritable manteau d'arlequin (*), peu fait pour la gravité et la dignité d'une langue, (*) On trouvera à la fin de cet article, pag. 81, une note un peu plus étendue que les autres, qui inlerromproit trop le fil du âiscours. 72 Grammaire. qu'ils regardent comme la première du monde. Voilà sans doute pourquoi J ohnson, et avec lui les meilleurs esprits, bannissent de la littérature britannique la traduction qu'ils appellent the bane , le fléau , le poison mortel de la langue an- glaise. L'auteur de la dissertation loue, avec une cer- taine complaisance, avec un sourire ( que je crois perfide ), le bonheur d'un orateur des commu- nes, qui, tous les jours et à son gré, a le droit de frapper à son coin des mots nouveaux , qui, recus d’abord par les mille et un journalistes de la Grande-Bretagne , et par cent auteurs éroti- ques, dramatiques , moraux, juristes, théo- logiens, etc., sont bientôt admis dans la circu- lation par toute la nation. Un écrivain original, académicien français , qui vient de nous enrichir de 2599 mots qui manquoient à la langue de Racine , de Boileau , de Voltaire , qui a montré lui seul plus d'invention que tous les orateurs britanniques , n’a pas eu le bonheur d'obtenir en France un semblable succès. La sEcONDE PARTIE de La Dissertation , dont on va s'occuper , offre une « Notice chronologique, » succincte et intéressante des premiers poëtes » et des premiers romanciers anglais , de l'ori- » gine et de l'historique du théâtre britannique. » Dans cette seconde partie, on indique les pre- mières traductions en vers , d'Homère , de Vir- gile, d'Ovide, et de la plupart des autres anciens poëtes ; des premiers poëmes en vers blancs, etc. Langue anglaise. 73 Tout cet article, rempli d'érudition et d'anec- dotes piquantes , montre pour ainsi dire au doigt la marche et les progrès de la langue et de la poé- sie; en un mot, de l'esprit humain chez cette nation amie des lettres et des arts. Voici comment l’auteur de la dissertation rap- proche et apprécie le caractère, le génie des deux langues, française et anglaise, en poésie. « Le français, plus foible dans l'expression, est » moins harmonieux , moins agréable à l'oreille » que les langues anciennes. Privé de ces avan- » tages, le francais est moins propre à imprimer » dans la mémoire les pensées fortes, profon- » des ou sublimes qui font le charme de la poé- » sie... La rime est la source nécessaire d'une » foiblesse et d'une redondance de mots super- » flus. Les traductions d'Homère et de Virgile » par Pope et Dryden sont la preuve frappante » de cette vérité, » On apprécie les avantages et les désavantages de l'accent anglais, très-varié et même souvent indécis chez les meilleurs grammairiens. On donne de grands éloges à la prosodie anglaise, harmonieuse , musicale, qui n’ôte rien à l'éner- gie du vers blanc , très-supérieure à la prosodie francaise , et que les Anglais égalent, peu s'en faut, à la prosodie métrique des anciens poëtes classiques. Il a été démontré , pourroit-on répliquer à l'au- teur de la dissertation, que la rime chez La Fon- taine a été souvent pour lui une source de beautés ipattendues; qu'elle lui a fourni une heureuse 74 Grammaire. singularité d'idées ou de mots imprévus , bien que ce fabuliste soit presque toujours traducteur ou imitateur ; et que c'est alors même qu'il em- bellit son modèle, et qu'il lui est infiniment su- périeur (3). Est-il besoin d'ajouter que la rime chez Corneille, Racine, Boileau , amène avec elle une foule de beautés. Voyez surtout les passages qu'ils ont imités de Tite-Live, de Tacite, Ho- race, Juvénal, Sénèque , et dans lesquels leurs vers rimés ne sont point inférieurs à leurs ex- cellens modèles. Sous le règne de Henri III on remarque un poëte français, Henri d'Avranches , qu'on ap- peloit maître Henri , le versificateur , attaché à la Cour avec des honoraires de cent schellings. On rappelle ici ce qui avoit déjà été avancé par un de nos célèbres écrivains français ; que les premiers romanciers, chanteurs et troubadours normands précédèrent d’un siècle les fameux troubadours de Provence, vantés pour avoir ou- vert la route aux premiers poëtes de l'Italie et de l'Espagne. On assure que ce sont les Espa- gnols qui apportèrent des Arabes, la rime à Tou- louse , à Marseille et aux Provençaux. La première traduction d'Homère, publiée en 1981, par Haïl, n'offroit que les dix premiers livres de l'Iliade, d’après une traduction fran- (3) Voyez Dictionnaire Encyclopédique de Grammaire, etc. in-4°, Panckouke. 1789, tom. 1, article VERS BLANCS, par Marmontel. — L/ab. d'Olivet ( Lettre au Pt. Bouhier. 1757, p- 158 ) et l’ab. Desfontaines ( Réflexions sur cel objet, 175a) étaient bien de ce même sentiment. Langue anglaise. 7 çaise en vers métriques. Et tout le mérite de cette version , dit l’auteur de l'histoire de la poé- sie anglaise , fut d’avoir été de toutes, la pre- mière en vers anglais. Chapman , un siècle après, eut l'honneur de publier l’Iliade entière, en vers anglais , traduite sur le grec même. Cette se- conde traduction est dédiée au prince Henri, avec un sonnet à la louange de The sole Empress of Beauty , queen Anne. Cette traduction en- tière de l'Iliade par Chapman, fut suivie en 1614 de la version , par le même poëte, de l'Odyssée et des autres poésies d'Homère. Vers le milieu du 16°. siècle , Phaer (4) enri- chit la littérature de son pays de la traduction en vers des neuf premiers livres de l'Enéide , et d'une partie du dixième. Il entreprit, disoit- il, ce travail pour l’honneur de son pays et de sa langue; parce qu'un nombre de détracteurs accusoient la poésie anglaise de ne pouvoir ja- mais rendre les beautés de Virgile avec fidélité et avec élégance. Cette première traduction de l’Enéïde fut continuée et complétée par Twyne, qui lui est inférieur. « La mesure des vers de » cettetraduction, offre des alexandrins de qua- (4) Dans la notice anglaise, page 76, on lit deux fois Phaier ; mettez Fhaer. I] étoit docteur en chirurgie, du col- lége d'Oxford. Ce poëte esculape publia plusieurs lraités de son art, des maladies et de leurs remèdes. Les biographes anglais remarquent que Phaer a porlé l'attention, pour que la postérité n’en ignoräl , jusqu’à noler à chacun des dix livres de l'Encide dont on parle ici, la dale où l’auieur l’a fini, et lé temps qu’il a employé à le traduire. Mort en 1550. 76 Grammaire. » torze pieds. Quoique ce mètre puisse s'enor- » gueillir d’avoir singulièrement de la dignité, » il est cependant aujourd'hui absolument hors » d'usage et ridicule. » Après ces deux premiers traducteurs de l'E- néide, un troisième, Stanyhurst, né à Dublin, ne douta point de s'acquérir beaucoup plus de gloire avec une version d’un nouveau genre, des quatre premiers chants de l'Enéide, en hexa- mètres anglais , version métrique, qui eut encore moins de succès que les précédentes. L'ingénieux critique , Nash , surnommé de son tems l'arbi- ter elegantiarum, latrouvoit détestable. Pour en donner iciune simple idée , et quine fatigue pas long-tems le lecteur, il suffira de citer les quatre premiers vers du second livre de l'Enéide : Conticuere omnes , intentique ora tenebant, elc. With tentive lisining each wight was settled in barkning : Then father Eneas cronicled from loftie bed hautie : You bid me, o Princesse, to sacrifie a festered old sore 3 Hou that the Trojans were presi by the Grecian armie. La traduction en vers anglais des Métamor- phoses d'Ovide par Golding, imprimée en 1555, conserva durant environ un demi-siècle une cer- taine faveur , jusquà-ce que parut , en 1632, une nouvelle traduction de ce poëme par Georges Sandys , très supérieure à la précédente , et qui ne doit pas être tout-à-fait oubliée aujourd’hui, malsré son ancienneté et malgré le mérite des autres traductions en vers beaucoup plus nou- velles ( de Dryden, Addisson, Garth, Pope, Gay , Congreve et dix autres qui peuvent être Langue anglaise. 77 plus correctes et mieux écrites). Cet ancien poëte , à l'égard de ses successeurs , plus heu- reux que lui par rapport à la langue, peut être dans la poésie anglaise, ce que sont ici Mal- herbe et Racan auprès de Le Franc et de Sé- grais. Je me suis plu à rapprocher cette version par Sandys des versions plus récentes , et à la comparer également avec un nombre de nos tra- ductions françaises , et j'aime à rendre à ce sujet ce témoignage à M. de Saint-Ange, qu'il est assez constamment très-supérieur (5) à tous ses rivaux dans les deux langues , un seul traduc- teur français excepté, M. Issautier. Dans le trop petit nombre de Métamorphoses qui me sont parvenues de ce dernier traducteur (6), c’est une versification aisée , facile , coulante ; c’est en général la poésie naturelle , élégante et remplie de charmes de Racine et de La Fontaine. Je ne parle point ici des traductions italiennes ; elles ont toutes le défaut d'être paraphrasées, délayées, et surtout d'être extrèmement prosai- ques. Lorsque j'ai eu le bonheur de me procu- (5) Je pourrois facilement prouver la supériorité de notre traducteur français sur Addisson , Dryden, Pope même, etc., par un nombre de passages que je suis en élal de citer. Et quant à la comparaison des traductions, j’ai pu la faire d'autant plus aisément , que j'ai dans les mains cinquante de ces imitations en vers (je ne dis pas chacune complète) en différentes langues , des Mélamorphoses d’Ovide ; tra- ductions que j'ai beaucoup lues et rapprochées les unes des autres. (6) Ceyx et Alcyone; Cynire et Myrrha; Atalante et Hip- pomèene. 78 Grammaire. rer la version anglaise de Sandys, toute ancienne qu'elle fût, je pris plaisir à me livrer à sa lec- ture, d'autant plus que le volume est très- “rare, mème à Londres , et encore parce que sa traduc- tion est accompagnée d'une multitude d’excel- cellentes pensées, de citations de poëtes et de prosateurs grecs et latins, anciens et modernes, toutes assez bien rendues en vers anglais. I n'est pas inutile d'observer ici que les litté- rateurs anglais ont-un usage immémorial qu'ils suivent constamment, et que nous devrions bien imiter, Îls ne citent pas un passage de poëtes grecs, latins , français , italiens , etc. , que traduit en vers. Îls pensent que la prose, naturellement embarrassée et traînante , qui n’a point l'harmo- nie, le coloris et les grâces de la poésie , ne peut Jamais en bien rendre les agrémens; que la poé- sie, au contraire, plus concise, plus rapide , plus vive et plus animée, offre plus de mouvement, plus d'images , plus d'éclat, appuyée de tours et de licences qui n'appartiennent qu'aux seuls poëtes et à leur divin langage. Les littérateurs anglais ont un autre motif bien louable , de rendre par là un continuel hommage à la traduction en vers; à ce genre de travail difficile, ingrat , trop peu prisé, et qui mérite- roit plus d'encouragemens. J'ai entre autres une traduction en vers d'Anacréon par Addisson, surchargée de passages de Théocrite, Bion, Ti- bulle , Properce , Ovide, etc. Tous ces passages s y trouvent en vers anglais par les traducteurs Langue anglaise. 79 les plus célèbres, ou , à leur défaut, Addisson les traduit lui-même en vers. Les titres des premiers romans et des premiers poëmes anglais, rappelés dans cette notice, sont la plupart singuliers et plaisans. Mais je m’aper- çois que je m'étends beaucoup trop, et que je vais être obligé de renvoyer à un autre et dernier ar- ticle la Notice historique de l’origine et des pro- grès du théâtre britannique. Avant de finir, qu'on me permette de me livrer aux réflexions sui- vantes. IL est doux et agréable pour un homme qui s honore du nom français et qui aime son pays, de remarquer dans cette notice que, dès le 13e, siècle , sous le règne de Henri IT, le poëte de la Cour , et le plus célèbre en Angleterre, étoit un français; et depuis, qu’en 1581, le premier essai de traduction de l’Iliade en vers anglais fut composé d’après une traduction française en vers; en un mot, que ce furent les Français qui, les premiers, donnèrent le ton à la littérature bri- tannique. Roscomon, dans son Art de traduire en vers, justement estimé dés Anglais, bien que l'éternel louangeur de sa nation, lui confirme cependant cette même vérité, que les Francais, en poésie, farent leurs premiers maîtres , et se montrèrent dignes de leur servir de modèles. When France had bread, afler iniestine broils, And Peace aud Conquest crown’d her foreign toils. 80 Grammaire. There (cultivaled by a Royal hand) Learning grew fast, and spread , and blest the land ; The Choicest books, 1hat Rome or Greece have known, Her excellent translalors made her own : And Europe still considerably gains, Both by their good example , and their pains. From hence our gen’rous emulation came, We undertook, and we perform d the same. Il est glorieux pour notre nation que la pre- mière elle ait fait descendre du Ciel le feu sacré du génie, des sciences et des lettres, qui s’est ensuite communiqué et qui s’est allumé chez toutes les nations modernes. Personne n'ignore que de notre fameuse Université de Paris sont sortis une foule d'hommes célèbres qui ont illus- , tré les Espagnes, l'Angleterre , l'Allemagne, l'I- talie, etc. On sait que ce sont nos premiers ro- mans , nos premiers poëmes, les romances et les chants de nos ingénieux troubadours , qui ont enfanté le Dante, Pétrarque , Bocace , etc. Et ce qui n’est pas moins honorable pour la France, que ce sont les hauts faits d'armes prodigieux et incroyables de nos fameux guerriers, Tancrède, Rolland, Renaud, Godefroi -de - Bouillon , qui ont excité, enflammé , exalté le génie et la verve de l’Arioste et du Tasse dans leurs poèmes im- mortels, comme autrefois la valeur et le courage des premiers héros de la Grèce furent pour les poëmes d'Homère , une source de gloire et de célébrité qui ne feront que s’accroître avec le temps. E. B. () Nore Langue anglaise. O1 (*) Note ayant rapport au renvoi de la page 71, et à ces mots, wn véritable manteau d’arlequin, en parlant de la langue anglaise. Dans une de mes dernières lectures des Commen- taires sur Horace par M. Hurd, ce savant critique anglais, je remarquai, entre plusieurs autres, une seule ligne, à la fois française, anglaise et latine ; trilinguem , nous n’avons pas dans notre langue de mot pour l’exprimer : The grimaces of those minute genii; et ailleurs, aréopagus, Gracchus, Gracchi, Phænomenon, Phænomena, etc. Les Anglais parlant à un médecin, de son malade, sans insulter le docteur, l’appellent sn patient ; terme ingénieux , malin et expressif. Ce mot d’origine française se trouve chez Montaigne, c’est-à-dire qu’il se disoit il y a deux siècles : on lesretrouve encore dans quelques autres livres beaucoup moins anciens; dans la traduction de Guzman d’Alfarache par Bre- mont, 1596. Aujourd’hui nous sommes plus polis envers la médecine. Voltaire cependant s’est servi plaisamment de ce terme dans son pamphlet : Ex- érait des Nouvelles à la main, de la ville de Mon- tauban , etc. « Le patient cria d’abord devant les deux députés, Jéhova , Jupiter , Ségneur. Les Anglais nous ont pris le mot couplet, excellent pour exprimer une idée renfermée en deux vers dé- tachés, que l’on veut citer; mot employé par Vol- taire, Marmontel, Bauzée et beaucoup d’autres écri- vains célèbres ; mot répété à toutes les pages de nos livres élémentaires, et qui manque cependant dans nos dictionnaires de la langue française, qui passent pour être Les plus complets, qui sont les plus cités et les T. 111. Mai 1806. F 28 Grammaire. plus usuels aujourd’hui (dans l'Encyclopédie in-folio, et dans son Abrégé grammatical et littéraire, 3 vol. in-4°; dans le Dictionnaire de Trévoux in-folio, et son Abrégé in-4°., 3 vol.; dans les Dictionnaires de l’Académie de tous les dinats et à toutes les dates; dans ceux de Furetière, de Richelet, de Ferrand, de Roubaud, Gattel, et dans plusieurs autres auxquels les étrangers ont 4 a Liers recours ). Au mot couplet on a maladroitement substitué le mot distique , mais ce n’est pas ici le mot propre. Le mot incise nécessaire aux orateurs, aux poëles, aux grammairiens , aux rhétoriciens, etc., et souvent employé par eux, manque aussi dans ces diction- naires. Allitération, Collaborateur, y sont également omis. Il seroit facile de faire connoître une multitude de mots qui laisseront un vide dans les dictionnaires qu'on appellera à tort complets, tant que ces termes ue s’y trouveront pas définis à leur lettre, L Le 2 VE D 2 BEAUX-ARTS: La GAzErre de Salzthalen, et de l’état des Beaux-Arts à Brunswick. Penpaxr mon séjour à Brunswick, vers la fin du mois de juin 1804, je me suis occupé de l’é- tat des arts de ce pays. Un de mes premiers soins fut de visiter la Galerie de Tableaux du Duc, qu'on voit au château de Salzthalen, situé à deux lieues environ de la ville. Gette galerie, qui consiste aujourd’hui en 1600 tableaux, a été commencée il y a environ cént ans, sous le Duc Antoine Ulric. Cette collection seroit une des belles de l'Allemagne , si l'on en fai- soitunchoix convenable de 400 pièces. On ne per- droit pas alors inutilement son temps à regarder une si grande quantité de tableaux, dont beaucoup sont médiocres ; plusieurs même sont mauvais. Il en existe un catalogue français et allemand fait par le feu directeur EBeRLEIN , en 1776. Ce catalogue ne peut presque plus servir de guide ; car la collection a été augmentée , et des tableaux ont été déplacés. Le Duc a, dans les derniers temps , fait différens échanges qu’on prétend ne pas avoir toujours été très-avantageux pour la galerie. Le vieux et respectable Werrscx, qui vient de mourir, connu pour un habile paysagiste, étoit depuis une longue série d'années inspecteur de 84 Beaux-Arts. la galerie de Salzthalen. Son fils lui a succédé dans cet emploi. Je passai très- agréablement plusieurs heures dans cette galerie. J'y distinguai une quarantaine de tableaux qui, j'espère, ne sont pas les plus mauvais, et dont je vais donner en passant une idée à mes lecteurs. 1. De RemeRANDT , son tableau de famille. Sa femme est assise à gauche ; elle tient entre ses genoux le cadet de ses enfans , qui est debout, un autre est derrière elle, et une de ses filles apporte une corbeille remplie de fleurs, dont le père en prend une, qu'il tient à sa main. Ce tableau est peint avec des couleurs épaisses : on pour- roit plutôt dire qu'il a été torché à différens endroits avec les doigts ; mais qu'importe la ma- nière; qu'importent les moyens d'un grand maitre? Rembrandt a réussi ; il a produit un effet magique. Ce tableau , peint sur toile, a 5 pieds 10 pouces de large ; sur 4 pieds 5 pouces de haut. 2. Turers ( Ernest- André) ; son propre por- trait. Il s'est représenté en robe de chambre, la tête en arrière ; il tient sa palette et ses pin- * ceaux. Bien peint, Ce maître étoit natif de Bruns- wick , où il vivoit vers la fin du 16e. siècle. 3. Un Saint-Jérôme assis près d'une table, médi- tant ce qu'il va écrire dans un livre qu'il a devant lui. Demi-figure, peinte par Philippe Goninc. 4. Un BErGuEM, composition historique, avec des figures en grandeur naturelle, Rare. 5. Un beau Corweiize DE Vos, représentant la famille de Rubens. Galerie de Salzthalen. 85 6. Une très-jolie a//égorie de Jacques Jonnarns sur les vices. La volupté y est représentée sous la figure de Vénus, entourée des Amours. Elle cherche , par les agrémens de’sa figure , à faire la conquête d’un jeune homme innocent, pen- dant qu’une vieille placée derrière elle veut le séduire par des présens. Le jeuné homme, sur la tête duquel un Ange protecteur tient une guir-. lande de fleurs, est retenu par son génie, qui lui montre une tête de mort. La paresse, qui re- pose derrière la volupté, dort à côté de Bac- chus et de Silène. Le guerrier est représenté sous la figure de Mars qui tient une épée, et l’arrogance sous celle de Junon ayant un paon sous son bras; elle est placée au milieu, vis-à-vis de l'envie, qui s’arrache les cheveux à l'entrée des enfers. Sur le devant, sont diverses espèces de fruits. Les figures sont de grandeur naturelle. Cette allégorie, bien composée , sur tuile , a 17 pieds 8 p. de large , sur 12 pieds 10 p. de haut. . 7. Le Baptéme de Jésus-Christ, par Paul VE- RONESE. C'est dommage que ce tableau ait tant souffert , et précisément dans les têtes. Sur toile; 7 pieds de large sur 5 pieds de haut. 8. Un joli 4/bane. Les figures , en grandeur naturelle, représentent Diane au bain avec ses Nymphes , et Actéon changé en Cerf. Sur toile. 9. Les Gräces qui se tiennent par la main ; d’une touche gracieuse ; ouvrage de RoTTENHAM- Mer. Dans le catalogue on l'attribue faussement à Jean Van Aken. Sur bois; 9 pouces de large sur 1 pied 2 pouces de haut. 86 Beaux-Arts. 10. Les soldats qui érigent le pilier auquel Jé- sus- Christ doit étre lié. Ce tableau est attri- bué , dans le catalogue , à Louis Carraccr , tan- dis qu'il est hors de doute que son auteur est Salvator Rosa. Sur toile ; 2 pieds 1 pouce delarge, sur 2 pieds 7 pouces de haut. 11. Deux jolies petites têtes de HozseIn. 12. Un Christ qu’on porte au tombeau. C’est le plus beau RemBRANDT qu’on voye ici. 2 pieds 6 pouces de large, sur 3 pieds 5 pouces de haut. 13. Les portraits de Hugo Grotius et de sa femme, en buste; par REMBRANDT. 14. Un Gerhard Laïmesse comme on en voit peu. Ce n’est pas seulement le plus beau de plu- sieurs qui se'trouvent ici du même maître ; mais on peut même l'appeler un des meilleurs ta- bleaux qui existent de lui. Il est plein d'harmonie, et la composition en est belle. On y voit Acaille reconnu par Ulysse à la Cour de Lycomède. Achille, travesti en femme, s'approche d’une table placée au milieu de l'appartement , et cou- verte d'une corbeille pleine de pierres fines et d'armes qu'Ulysse y a fait apporter. La feinte fille prend un casque et le pose avec fierté sur sa tête, sans presque regarder les pierres pré- cieuses, et tient une épée dans sa main gauche. Elle est ainsi reconnue par Ulysse et ses sol- dats , qui lui persuadent de les suivre. À gauche, les filles de Lycomède sont placées autour d'une table et font leur toilette ; l’une ‘d'elles se regarde avec contentement dans un miroir. Une dame d'honneur , qui paroït vouloir orner Galerie de Salzthalen. 87 la tête d'Achille, est derrière , et lui adresse la parole. Deux des plus jeunes princesses se que- rellent pour une poupée , ce qui fait aboyer un chien; cependant une jeune négresse s'attache un collier de perles autour du col. On voit dans le fond les autres dames d'honneur. Un bel appar- tement. À droite une arcade, au travers de la- quelle on aperçoit dans le lointain un beau pay- sage et le vaisseau d'Ulysse. Sur toile; 3 pieds 7 pouces de large, sur 2 pieds 9 pouces de haut. 15. Un notaire qui rédige un contrat de ma- riage ; joli tableau de Jean Sreen , plein d'expres- sion. 6 pieds de large sur 4 pieds 6 pouces de haut. 16. Jésus-Christ qui monte au Ciel; singulier sujet pour Philippe Wouwenmaxs, Sur toile ; 2 pieds 4 pouces de large, sur 2 pieds 3 pouces de haut. 17. Un joli petit Annibal Carnaccr. Marie ayant sur ses genoux le corps mort de Jésus- Christ ; un ange lui baise les mains. Dans le fond , un paysage sombre. 18. Pétit Van per WERrr très-soigné , repré- sentant Adam et Eve. 19. Trois petits Gerhard Douw , dont deux représentent des ÆAstronomes ; le troisième un Saint-Pierre. 20. Un petit Rurens. Borée qui enlève Ory- thie. Sur bois ; 1 pied de large sur 1 pied 4 pouces de haut. 21. Plusieurs A entre lesquels on dis- tingue une vieille femme coiffée, et une tête de vieillard avec sa barbe ; il regarde en l'air. 88 Beaux-Arts. 22. D'Adrian Van per Wenrrr; son propre portrait, eg robe de chambre, bien drapé. Sur toile ; 1 pied 11 pouces de large, sur 2 pieds 3 pouces de haut. l 23, Marie avec l'enfant Jésus placé sur un oreiller. Il lui tend les bras. Joseph est par der-" rière. 1 pied et 1 demi-pouce de large , sur 1 pied 4 pouces de haut. On dit cet ouvrage de RAPHAEL. Les têtes en sont belles, et il me paroît bien de lui, sans que je puisse l’attribuer à son meilleur temps. L'enfant est roide. 24. Deux Van Huvysum, qui peuvent bien ètre de lui, sans être de son bon temps. 25. Deux beaux Paren, Secers, et un ta- bleau de fleurs d'Abraham Micnow. 26. D'Anpré, dont nous avons déjà parlé ; trois petits tableaux dans le plus noble goût ita- lien ; l’un représente Marie avec les trois Mages de l'Orient, Yautre Cléopâtre mourante , et le troisième, les Bergers qui adorent l’enfant Jésus. 27. Un des plus beaux tableaux qu'on puisse voir de Gerhardt Ecxnanr , élève de Rembrandt; Salomon sacrifiant aux dieux étrangers. Le roi est à genoux devant un autel, où un prêtre de- bout lit dans unlivre , pendant que les autres font de la musique ; un nègre porte sa couronne sur un coussin de velours. Près d'eux est une chaise; une payenne montre avec le doigt une idole qui est derrière l'autel. Sur le devant, une brebis tuée, des livres ouverts, et quelques va- ses d'offrande. Sur toile; 4 pieds 7 pouces de large, sur 5 pieds 2 pouces de haut. Galerie de Salzthalen. (ere 28. Une noble et belle tête de Christ, par Ra- PHAEL. 29. Quatre beaux David Tenxns, représen- tant les guatre saisons. 30. Un Berger, la tête couverte de feuilles , est assis près d’un arbre; vis-à-vis une bergère qui a les jambes nues croisées, et qui tient un bâton de sa main gauche. Dans le fond un pay- sage. Le catalogue attribue ce tableau au Tri ; mais je ne doute pas qu'on ne doive plutôt l’ap- peler un très-beau Gurreuiw. 31. Un petit Paul Véronëse très-bien con- servé. Les Mages qui adorent l'enfant Jésus. 32. Un paysage de Ruisnaer., qui le dispute en beauté à celui de Dresde. On voit dans le fond un bois, et derrière un champ de blé, une église et un village. Sur le devant, une vache qui se repose à l'ombre d'un ae près d'un chemin qui conduit à une maison construite sur une hauteur. 4 pieds 9 pouces de large, sur 3 pieds 5 pouces de haut. 33. Deux études du même ; dans toutes les deux des cascades. On j jureroit que Ruisdael étoit présent quand Dieu créa l’eau. 54. Deux beaux et grands Moucxerow. 35. Une grande masse de bois du vieux WerTsc. I avoit bien étudié la nature ; il avoit bien vu Ruis- dael. 36. Le portrait du vieux Werrscx par son fils Frisz Werrscu de Berlin, homme de talent. 37. Un très-bean Evennincen. à 38. Un Jean Lievens, beau tableau de ce 90 Beaux-Aris. maître , et un des plus beaux de la galerie. Abra- ham a recu l'ordre de sacrifier son fils Isaac, qui est à genoux à côté de lui; tous les deux regar- dent la préparation du 1: On voit dans le fond des rochers, et sur le devant le bélier qu'Abraham doit immoler à la place de son fils, et le couteau dont il se servoit. Les figures sont de grandeur naturelle. Sur toile; 4 pieds 8 pouces de large , sur 6 pieds 4 pouces de haut. 39. Fa Cananéenne aux pieds de Jésus-Christ. Entre eux , un enfant qui tient un morceau de pain. Derrière le Sauveur , Saint-Pierre qui mon- tre un chien. Les figures en genoux. Beau tableau, sur toile, de Jakob Bacxen , dont les productions sont très-rares. 40. Judith levant les yeux au ciel; elle tient d'une main un glaive, et de l'autre la tête d'Ho- lopherne. Figure en grandeur naturelle. Superbe Guido-Reni de 5 pieds 2 pouces de large , sur 7 pieds 4 pouces de haut. Il est si bien placé, qu’il est éclairé du haut et de côté; emplacement seul en état de faire ressortir toutes les beautés d'un chef-d'œuvre , et qui ne peut malheureu- sement exister que dans le désir de l'artiste. J'ai vu aussi à Salzthalen , chez l'inspecteur de la galerie , différens petits tableaux du vieux Werrscu. Ses enfans ont mis un prix fixe à cha- - cun, pour que les amateurs puissent en faire l'acquisition pendant le laps de cinq ans, époque à laquelle on en fera la vente nids J'en achetai un d'un pinceau digne de Jean Van der Velde. Galerie de Salzthalen. of Gustave IIT, qui manifesta partout, dans ses voyages, son goût pour les arts, fit remarquer au Duc, à Salzthalen, six tableaux dignes d’'or- ner la plus belle galerie de l'Europe. Cette recom- mandation a suffi pour que le Duc les fit placer dans un de ses appartemens au château de Bruns- wick , où je les vis avec le plus grand plaisir. 1. Adam et Eve de Gionciowe. Ce tableau pré- cieux a été acheté par le Duc régnant , dans son voyage d'Italie. Adam tient une feuille de figuier entre les mains ter s'appuie contre un arbre. Eve, qui est devant lui, lui présente la pomme, dans laquelle elle a mordu. La figure d'Adam est celle qui me plait le mieux. Les figures sont de grandeur naturelle. 5 pieds 5 pouces de large, sur 6 pieds 10 pouces de haut. 2. De Gurrcuin; la mort d’Abel, Caïn tue son frère d’un coup qu'il lui porte à la tête , en lui mettant les genoux dans la poitrine et le te- nant aux bras. Dans sa rage infernale, ila ou- blié tous les liens de la nature. Dans le fond est un autel. Sur toile; 5 pieds 3 pouces de large, sur 6 pieds 2 pouces de haut. 3 et 4. Deux superbes portraits de Vax Dyck. 5. De Moyse Vazenrin. Pierre qui renie Jé- sus-Christ. Les soldats sont debout devant une table, et jouent aux dés. Une servante, qui est au fond à droite, désigne avec le doigt Pierre, qui est à côté d'elle. Fos en genoux. Sur toile; 8 pieds 2 pouces de large, sur 5 pieds 7 pouces de haut. 6. Un Bernard Strozzr. Jésus-Christ présenté 92 Beaux-Arts. au temple à l'âge de douze ans. Les docteurs , assis , tenant des livres à la main, l’environnent et l’écoutent avec attention : figure de demi- grandeur naturelle ; 8 pieds de large sur 5 pieds G pouces de haut, À Brunswick , on voit un cup de raretés auquel on de le nom de Muséum. Je ne par- lerai que des objets qui ont rapport aux arts. Ce cabinet a été fondé en 1754, et transporté en 1764 dans le beau local où il se trouve aujour- d'hui. Tout est bien rangé dans plusieurs salons contigus , et tenu proprement. Les trois quarts des objets qu’on ÿ voit ont été donnés par son fondateur. Le conseiller Haberlin, qui en est le directeur , a, pour ainsi dire, arrangé le tout ; il n’a qu’un adjoint , le régistrateur Æhrens, J'ai visité plusieurs fois cette belle collection , mais elle renferme tant d'objets dignes d'attirer la curiosité du voyageur , que je n’en pourrois don- ner à mes lecteurs qu'un simple aperçu. Vingt volumes in-fol. sont remplis de dessins ils en contiennent sûrement plus de deux mille, la plupart des écoles italiennes et de l'école fla- mande. J'en ai parcouru un ou deux qui mont paru contenir des belles choses. J'y ai vu tout un livre plein d'études de fleurs sur parchemin , par mademoiselle Dietscher et madame Merian , qui, toutes les deux, culti- vèrent avec succès ce genre, que nos dames pa- roissent négliger. La première avoit infiniment plus de talent que la seconde. Elles sont cepen- dant bien loin toutes deux d'approcher de la na- Galerie de Salzthalen. 93 ture et de la vérité qui règnent dans les études de Redouté. Cet artiste, qui fait tant d'honneur à notre siècle, n'a plus besoin d'éloges ; son ouvrage sur les liliacées parle’ assez pour lui. On y voit plusieurs dessins au crayon rouge, du même André dont j'ai déjà parlé. Il mourut à Brunswick en 1720. On croit y reconnoitre le beau style italien ,. quoique leur auteur n'ait jamais quitté sa patrie. Plusieurs dessins de Busch, qui étoit inspecteur de la galerie de Salzthalen, ne me plurent pas autant que ses tableaux, ou, pour mieux dire, ses esquisses, car il ne les finissoit jamais; ils sont dans le genre flamand. On avoit de lui douze à seize feuilles gravées à l'eau forte, pour la plus grande partie des têtes, dans la manière de Rembrandt ; elles sont très- bien faites ; sur l'un des côtés , est toujours gravé le nom de Rembrandt ; et sur l’autre, celui de leur véritable auteur. Je tâchai vainement de m’en procurer des épreuves; les planches ont disparu ; etc'est une perte de plus que les arts ont faite. La collection des gravures est très-précieuse , tant en estampes anciennes qu'en modernes. Elle consiste en 1500 volumes , qui contiennent au moins 300,000 pièces. Celle des pierres gravées est composée de 13 à 1,400 pièces , dont le plus grand nombre sont antiques et plus ou moins belles. Le régistrateur Ahrens, homme très- instruit, en a dressé nouvellement un catalo- gue d'après la méthode de Lippert, qu'on re- garde en allemagne comme la meilleure. J'y dis- tinguai les pierres suivantes : 94 Beaux -Aris, 1. Une tête d'Æercule couronnée de peupliers. 2. Fénus couverte d'un voile; elle est debout sur un dauphin , en très-haut relief, dans une agathe à demi-transparente ; le bras gauche a beaucoup souffert. 3. Hercule et Dejanire, gravé en creux, en cornaline. 4. Un Amour tenant par un ruban un lièvre qui court : belle allégorie de l'amant timide ; gré en creux dans une cornaline. 5. Le portrait de Cléopâtre avec le serpent, en relief, dans une onyx (1). 6. Une offrande à Bacchus, de cinq figures, en relief, dans une agathe à demi-transparente. 7. Une tête de Priam entourée d’un voile, et dessous le nom de l'artiste ETIQNOC (2), gravé en creux dans une cornaline. 8. Une tête de Démetrius Soter , principale- ment remarquable par la belle sardonyx dans laquelle elle est taillée. 9. Une tête représentant Julia, la fille d'Au- guste , en creux , dans une cornaline. 10. Enée, qui porte sur ses épaules son père Anchise, tient un vase d’une main, et con- duit de l'autre son fils Ascanius. Derrière, on voit une étoile, symbole de Vénus, en creux, dans une onyx. 12. Une tête de Méduse, en creux, en corna- line. QG) C’est plus probablement Hygiée. A.L.M. (2) C’est une copie probablement moderne de Ja pierre qui porte le nom d’Æetion: À. L. M. Galerie de Salzthalen. 99 13. Une tête de Sapho, en creux, qui ma paru un des plus beaux morceaux (3). 14. Hercule qui tue le lion de Némée, en creux , en jaspe. 15. Te buste de Christian VI, roi de Danse marck, taillé en cornaline. Le fameux graveur de cette pierre loue beaucoup l'amour de ce roi pour les arts , dans la préface de son ouvrage: Traité de la méthode antique de graver en pierres fines , comparée avec la méthode moderne. Lon- dres , in-fol., 1754. Parmi les cent quatre pâtes antiques, une tète de Méduse me paroît la plus belle. Le conseiller Haberlin a fait une collection d'empreintes, d’après les antiques de ceMuséum ; cest dommage qu'il n’en laisse pas mouler plu- sieurs , pour que les amateurs et les connois- seurs en puissent enrichir leurs cabinets (4). Le vase de Mantoue est, sans contredit, un des morceaux les plus curieux qu'aucun ca- binet en Europe possède. Il est remarquable par la beauté de l’onyx dont il est fait , mais encore par ses figures bien travaillées. Hamilton et Tischbein sont venus exprès pour le voir. Ce yase a été décrit à différentes reprises ; mais ces descriptions sont presque toutes défec- tueuses , n'ayant été faites que sur des dessins (3) On ne connoît pas la tête de Sapho. A. L. M. (4) C’est peut-être par crainte que plusieurs de ces pièces, étant reconnues modernes , ne perdent de leur réputation. A. L. M. 96 Beaux-Arts. ou des gravures ; la plus grande partie par des personnes qui n’ont jamais été à portée d'admi- rer le bel original ; l’un n’a souvent fait que co- pier l'autre. La meilleure description est , sans contredit , celle composée d'une feuille in-4°. , écrite en allemand. Je l'ai conférée sur l’origi- nal , sans y trouver presque rien à corriger. Elle a paru il y a quelques années , accompagnée de deux planches gravées par M. Tyroff; ces des- sins ont été faits par P.G. OEding. Rien n’est plus difficile que de graver de tels chefs-d'œuvres à la satisfaction de l’amateur qui connoit l'ori- ginal. Cette gravure en donne au moins une idée juste, et je crois que c'est tout ce qu'on doit exiger d'un pareil ouvrage. Ce superbe vase a été décrit la première fois en latin, d'après l'ordre du duc Ferdinand Al- brecht , par le secrétaire d’état Eggeling, en 1682; sa dissertation, ou comme il l’appelle , sa lettre , est longue et ennuyeuse ; elle est impri- mée en entier dans la Chronique de Brunswich, dans le septième volume de Gronovius ; et on en a fait plusieurs extraits en allemand. Mont- faucon et Mariette ont décrit ce vase. Le dernier en a hasardé une explication nouvelle , et qui me paroïît assez raisonnable; on la trouve dans le premier volume, page 357, de son excellent ouvrage : Traité de pierres gravées; Paris, 175e;, 2 vol. petit in-fol. (5). (5) Voyez mon inlroduction à l’élude des pierres gra- vées. À. L. M. Ce Galerie de Salzthalen. 07 -.. Ce beau morceau est composé d’une seule Sar- donyx des plus belles couleurs, convenables au sujet qu’on y vouloit tracer. On a voulu douter de la nature de la pierre : on l’a cru factice ; et dans - la crainte qu’on ne se fiât pas à mon jugement , dans une question aussi importante , j'ai consulté là-dessus un savant digne de foi. Je demandai au vénérable médecin de la Cour, M. Bruckmann , connu par ses recherches sur les pierres précieu- ses, son avis à ce sujet; il m’assura qu’il n’avoit jamais douté que cette pierre ne fût naturelle. La pierre même , sans la bordure, a 6 pouces de hau- teur et 2 pouces et demi de coupe. Si l'on y com- prend le couvercle et le pied, on en augmente la hauteur de trois quarts de pouce. Ceux-ci , ainsi que l’anse et le tuyau courbé par où couie le li- quide , etles deux bandes qui les ceignent, sont en or. Ces deux bandes, qui sont destinées à fixer sur le vase l’anse et le tuyau , le partagent naturellement en trois différentes parties. Le tout est composé de douze figures hu- maines, gravées en relief. Chacune des trois parties peut être regardée comme une composi- tion séparée. Dans la première, on voit un Priape placé sur un petit marche -pied devant une maison de campagne qui indique quec'estune fête agricole qu'on va célébrer. Près de lui est placé un enfant tenant une corbeille de fleurs ; qui est suivi de deux femmes de la inaison de campagne , pour célébrer en plein air la fête de Cérès et Bacchus. L'une, couverte d'un voile, tient deux flambeaux dans ses mains; l’autre, T. III. Mai 1808. G 98 Beaux-Arts. qui est derrière elle, a la poitrine , les épaules et les pieds nus, et porte dans sa main gauche une tête de pavot. L’explication la plus vraisemblable de ces deux figures sera sans doute de les croire, avec Mariette | deux femmes destinées à assister à la fête. Une treille sépare cette première composition de la seconde, où l’on voit quelque indice d’un monument qui pouvoit bien être le devant d’un temple , mais dont la plus grande partie est ca- chée par le char de Cérès et les figures qui l'entourent. Cérès est représentée sur son char , tenant un épi de blé dans sa main droite ; elle est traînée par deux dragons. Triptolème, auquel elle donna des lecons d'agriculture, et qui in- venta la charrue, est à côté d'elle, et tient les rénes. Au bas est représentée la terre, rendue fertile par la bienfaisance de Cérès; on y voit une femme à moitié nue , à moitié assise et à moitié couchée , reposant sa main gauche sur une corbeille de fruits d'où sort une grappe de raisin. Une figure volante, qu'on prétend être Zéphyr, devance les deux déesses ; belle allégo- rie de l'influence que le ciel a sur la fertilité de la terre. Cette figure est vêtue d’une draperie dont elle tient une partie entre ses mains. Au-dessus de la troisième partie est une es- pèce de tente sous laquelle on voit premièrement une prêtresse de Cérès, qui tient de sa main droite un porc par les jambes de derrière, et dans sa main gauche un pavot, symbole de la fertilité. Après elle vient une prêtresse de Bac: Re Galerie de Salzihulen. 99 chus , qui tient par les cornes , de sa main droite, un jeune bouc, et dans la gauche un plat de fruits. Derrière ces deux prêtresses, est assise une femme , ayant sur ses genoux une corbeille remplie de fruits, et dans sa main droite un épi de blé. A côté d'elle, est un homme qui porte Sur sa tête une corbeille de fruits. On a raison de croire qu’on a voulu représenter Phytalus ; car on voit un figuier derrière lui; Phytalus est le jeunegrec que Cérès éleva , et à qui elle en- seigna la culture de cet arbre. Dans la partie inférieure de ce vase, qu’on peut, il me semble, sans oublier les autres monumens que nous ont laissés les Anciens, appeler uni- que (1), sont représentés différens instrumens employés aux fêtes de Cérès et Bacchus. On y voit premièrement plusieurs flûtes liées ensemble à l’u- sage des Bacchantes, et qu'Eggeling a cru être des Thyrses, mais qui ne me paroissent pas en avoir la forme. Après ceci viennent deux flambeaux croisés et des rubans; ensuite une autre cor- beille , dont la partie supérieure est couverte de tuyaux d’or , destinés à remplir le vase. Au- dessous de cette corbeille est placé un petit vase d'offrande , et auprès, on voit un autre paquet de flûtes pareilles à celles dont nous venons de parler. Un peu plus loin est la Syrinx ou flûte (1) Il y a cependant de grandes Sardonyx, telles que le beau camée du cabinet impérial de Paris, celui de Vienne , la grande coupe du cabinet de Paris, celle de Capo di Monte, qui peuvent être mises sur la même ligne. A. L. M. 100 Beaux - Arts. de Pan, composée de sept tuyaux réunis. Au- dessus de cette flûte est un masque que je crois plutôt celui de Bacchus que d'une Bacchante; et au-dessous un petit vase d'offrande. Vient ensuite un sac de fruits auprès duquel est une corbeille, d'où sort un serpent, ces corbeilles servoient aux fêtes consacrées à l'honneur de Cérès'et de Bac- chus., ainsi que le petit masque qu’on y voiten- core auprès. La partie supérieure de ce vase est ornée de fleurs, de fruits, d'épis de blé, de têtes de bœufs , etc. _ D'après la description que je viens de donner de ce vase , en partie conforme aux opinions des plus célèbres auteurs, et d'après l'idée que je m'en suis faite en l'examinant plusieurs fois, il me paroi hors de doute que l’ensemble de cette composition doit représenter une fête en l'hon- neur de Cérès et Bacchus. Ce vase paroît appartenir à la classe de ceux que les Anciens appelèrent Guttus. Les anciens artistes grecs ont, selon leur usage , en exécutant cette composition , tiré le meilleur parti possible des différentes couleurs de la pierre. Le fond en est d’un brun foncé; les figures sont, pour la plus grande partie, blanches : et les draperies d'un brun jaunâtre. Je ne crois pas qu'on puisse douter que ce beau vase ne sorte de la main des Grecs, qui nous ont laissé tant de chefs-d'œuvres inimitables. Il est plus difficile qu'on ne croit de déterminer l'époque où il peut avoir été fait. Il ne suffit pas Galerie de Salztalen. 101 alors de hasarder son opinion, il faut encore avoir des monumens authentiques qui la prouvent ; et où les trouver? Nous ne savons pas même le plus souvent ni le nom des graveurs ni celui des sculpteurs dont nous admirons les ouvrages. Les Anciens , ainsi que les Modernes , ont rarement signé leurs ouvrages; ils y placoient encore meins la date. Au reste , on attribue ce vase au temps de Mithridate, qui rassembloit beaucoup de vases précieux faits en honneur de Bacchus. Des antiquaires et des bijoutiers ont voulu l’es- timer. Sa parfaite conservation a fait quelque- fois douter de son antiquité ; mais je trouve que cest perdre son temps. Comment pouvoir esti- mer une chose dont on trouvera difficilement da pareille , et que les artistes modernes ne pour- roient avoir exécutée ? Ce vase ornoit autrefois le cabinet du Duc de Mantoue. La ville de Mantoue fut assiégée et pillée en 1630. Ce siége, fatal aux arts, nous a privés de différens morceaux précieux; mais con- solons-nous , et voyons comment celui-ci nous té conservé. , Un soldat le prit pour sa part, et son choix ne fut pas le plus mauvais. Il le céda pour cent -ducats au Duc Francois Albrecht de Saxe-Law- embourg, qui commandait l’armée. Il a. passé ensuite par testament en différentes mains, et enfin dans celles du Duc Ferdinand Albrecht de Bevern. Il est singulier que Montfaucon n'ait pas mis asséz d'importance à ce beau vase pour en indi- 102 Beaux-Arts.e quer la grandeur; il se contente de nous diré qu'on la trouve chez Eggeling dans une disser- tation que le temps a presque fait disparoître ; ce qui ne suffit pourtant pas pour nous en donner une idée juste, surtout n’ayant pas voulu le re- présenter en grandeur naturelle. Dans sa gra- vure, le vase entier est trop petit; mais les dé- tails sont de grandeur naturelle , d'où suit une ‘faute de proportion qu'on ne doit pas attribuer à l'artiste, mais à Montfaucon. Cette négligence de sa part pourroit diminuer la haute idée que les antiquaires étrangers doivent ‘en avoir ; car la grandeur véritable de l’onyx ne doit pas peu contribuer au tribut d’admiration qu’on doit à ce bel ouvrage. On voit dans ce cabinet différens petits bronzes antiques , entre lesquels je distinguai un petit Antinoüs, un enlèvement des Sabines (2), un Phineüs ‘qui exprime la douleur. Une belle collection de 16 à 17000 anciennes monnoies en toutes sortes de métaux. Je ne pus ‘qu'y jeter un coup-d'œil : plusieurs sont rares Elles sont généralement bien conservées. # Mille pièces d'émail que Raphaël doit aussi avoir peintes. J'en ai déjà tant vu ailléurs. Der- rière une se trouve le même vers que sous une estampe de Marc-Antoine. Sur un beau vase orné d'arabesques, on lit le nom Urbino. La coupe du plat le mieux peint est de dix- (2) Il y a bien à douter que ces pièces soient antiques, si elles représentent les sujets indiqués. A. L. M. Galerie de Salzthalen. 103 sept pouces. On y voit représenté le triomphe de l'Empereur Aurélien. On lui amène la mal- heureuse Reine Zénobie avec ses enfans, et d’au- tres prisonniers, On lit au bas: Zenobia con li figli vinta e fatta prigioniera da Aureliano Im- peratore. C’est dommage qué la peinture ait tant souffert. Plusieurs autres pièces sont bien peintes en arabesque. Presque toutes ont été achetées à Rome par le Duc Antoine-Ulric. On admire encore dans cette collection diffé- rens objets taillés et sculptés en ivoire. On y dis- tingue un Christ crucifié qu'on assure être de Michel Ange; un groupe représentant Mercure et Pandore; un autre où l'on voit le temps qui prend la vérité sous sa protection ; un vase pour boire, de 8 pouces de haut, autour duquel est représentée une bataille, où d' on reconnoît facile- ment la main du maître. Au bas est gravée la marque H. On trouve la même sous les dessins et les gravures de Henrick Bohl. En voyant tant de belles choses en.ivoire, je devois naturellement me rappeler mon célèbre compatriote Magnus Berg. Ses plus beaux ou- vrages sont conservés dans le cabinet de curio- sités du Roi de Dannemarck. Le voyageur n’a pas assez de temps pour pou- voir examiner en détail tous les objets qu'il ren- contre, et surtout quand il est dans un cabinet aussi riche que celui du Duc de Brunswick. Rien n'est plus digne des recherches des amateurs des arts et des antiquaires ; et j'espère au moins avoir assez piqué la curiosité des voyageurs qui 104 Beaux-Arts. pissent par cette ville, pour qu'ils n’oublient pas à l'avenir, comme ils ont souvent fait, d'hono- rer le Muséum de Brunswick de leur présence. Je l'avoue franchement ; j'ai été agréablement surpris : Car je ne m'attendois pas à ce que j'y ai trouvé; et en le quittant je n'ai éprouvé qu'un regret, Celui de ne pas pouvoir prolon- ger mon séjour pour minstruire encore en le reyoyant. Le goût des arts règne généralement à Bruns- wick dans toutes les classes. C’est au vieux Weitsch qu'on en est redevable. Il n’étoif pas seulement excellent peintre de paysage ; il aimoit encore son art, et fut doué par la nature du rare talent de savoir les faire aimer aux autres. Il règne un ton trop monotone dans les masses de ses arbres ; il paroïît qu'on doit même être compositeur pour faire ressortir toutes les variétés qui caractérisent les différentes beautés de la nature. Les chênes de Weitsch sont bien faits et dignes du pinceau de Ruisdael. Il ne réussissoit pas aussi bien à repré- senter l'eau ; ses animaux sont d’un bon style : mais C est dommage qn ’on ne puisse pas en dire autant de ses figures. J'ai vu de lui, chez son ami le négociant Krause , trois ou quatre grands ta- bleaux qui peuvent passer pour des chefs d'œu- vres ; il y en avoit chez le même plusieurs petits, entre autres une neige qu’on prétend être la seule qu'il ait faite ‘et qui, en vérité, ne me plait pas beaucoup. Ce genre est plus difficile qu'on ‘ne le croit ; mais personne n’en a jamais su mieux Vain- ere les difficultés que César Vanloo. On m'a dit Galerie de Salzthalen. 105 que feu le capitaine Dahl, Danois, qui aimoit les arts, avoit acheté un grand et beau paysage de Weitsch pour quatre-vingt louis. Je suis flatté que ma patrie le possède; mais je suis fâché de ne pas savoir où il est caché. Hartman est presque lé seul artiste distingué vivant à Brunswick. Ilest élève de Weitsch. Pen- dant plusieurs années il n’a pas eu l’occasion de beaucoup peindre à l'huile. Il compose des cou- leurs ; il a inventé une encre de ia chine sur laquelle il est obligé, quoiqu'elle surpasse celle qu'on fait en Angleterre , de mettre une marque anglaise pour la faire bien vendre. Cet artiste a nouvellement peint un grand paysage pour le grand - veneur Von Siersdorf. La partie gauche offre de grandes beautés ; on y voit des mon- tagnes couvertes de bois dignes du pinceau de Both. La partie droite ne me plait pas autant mais on prétend que ce n’est pas la faute de l’ar- tiste s'il est inférieur : car celui qui avoit demandé ce tableau étoit derrière lui ; il commandoit, et le génie de l'artiste ne veut et ne peut pas être asservi: il faut qu'un peintre sente lui-même ses. défauts pour les bien corriger; on ne peut pas lui apprendre à les sentir. Le valet-de-chambre de M. de Siersdorf par- tage le goût de son maître ; il aime aussi les arts. Il possède quatre esquisses finies de Hartman ; les deux én hauteur sont d’une belle composi- tion , les lointains superbes, et j'ai rarement vu de ciels mieux faits : il paroît avoir vu le ciel avec les yeux de Claude le Lorrain. I! a hérité 106 Beaux-Arts. : du talent de son maître pour faire les arbres. IL est moins monotone que lui; mais ses figures ne sont ni touchées avec esprit, ni plus correctes que les siennes. Schroder est peintre de portraits de la Cour ; il est souvent en voyage; il a connu mon ami Clemens en Angleterre. 11 peint au pastel, et fait le contour de la tête avec une espèce de Physionotrace : la ressemblance ne peut donc pas lui manquer. Ses draperies sont légères ; ses bras de femmes sont trop forts et les mains sont trop grosses en proportion du reste du corps. IL me montra le portrait de Spalding ,qu'il a faitil y a quelques années, ainsi que celui de sa mère ; la tête est digne de Gerhard Douw. Le portrait de la reine de Prusse ,. qui est au château, est bien. Il a rapporté dernièrement de Berlin un très-beau portrait de Van Dyck à demi-corps. Les mains sont superbes. La manufacture de Vernis de M. Sitonbwas- ser occupe plus de vingt-quatre peintres , entre lesquels il en faut toujours quelques-uns d’un rang distingué dont les autres puissent copier les ouvrages. On travaille quelquefois d'après d'anciens tableaux. Un islandais, Illuga Tons- tein Hialkalin , est pour le moment le et peintre de paysage qu'on ait dans cette manu- facture ; son portrait et sa vie se trouvent dans un journal allemand. 11 est intéressant de voir un artiste de cette ile d’où ‘sortoient, autrefois toutes les lumières du, Nord. Duprez, que j'ai connu à Amsterdam , a travaillé à cette fabrique ; Galerie de Salzthalen. 107 il faisoit parfaitement bien les dessins anatomi- ques ; j'en ai vu un chez mon ami le professeur Wiedeman. Le duc a réellement attiré auprès de lui le conseiller de la chambre Krahe; c’est un excel- lent architecte. Il a projeté, pour la ville de Brunswick, de grands embellissemens quon. va exécuter : il dessinc bien. J'appris avec peine que M. de Siersdorf n'étoit pas pour le moment à Brumiswick. Il a beaucoup voyagé ; et possède une belle collec- tion de tableaux ; on me procura l’occasion de les voir : j'en citerai quelques-uns. Deux ta- bleaux de conversation de Le Ducq, de la pre- mière qualité de ce maître ; deux superbes paysa- ges du Hackert flamand ; deux jolis Both; un lièvre , que je crois de Sr ; une esquisse de Van-Dyck; un des plus beaux Gaspard Pous- sin qu'il y ait en Allemagne ; un charmant petit Berghem ; un grand Francois Franck, qui est une allégorie sur une personne de la famille du possesseur. Il avoit rendu quelque service à la ville d'Anvers , et elle l'a fait peindre pour lui en faire hommage. Cette allégorie est pleine d'i- dées agréables et de groupes dignes de Raphaël. Les enfans sont pleins de grâces , et je n’ai jamais rien yu d'aussi beau de ce maître. = TE, C. Bruun NErRGcAARD». 1 COQ QC QG QU QG | ROMANS. Madame DE MAINTENON, pour servir de - suite à la duchesse de La Vallière ; par. madame DE GENLIS. x vol. in-6°. ou 2 vol. in-12. Novs sommes à une époque bien étonnante en Littérature. Tout est devenu problématique. Ce qu'une feuille loue, une autre Je déprime; ce qu'un journal approuve, un autre le condamne. | On ne sait plus que penser , que croire et quel- quefois que décider. Ce scepticisme, transmis aux lettres par la! corruption de la morale , a: quelque chose d'effrayant. Toutefois ne nous laissons pas intimider par cette fluctuation de principes, et disons toujours notre opinion avec franchise, soit sur Île genre ; soit sur les qualités ou les dér fauts des livres qu'on présente à-notre critique. Le Roman historique est-il d'une meilleure espèce que le Poëme descriptif? J'en doute. Il trompe à chaque page l'attente du lecteur ins- truit, et donne de fausses notions à celui. qui ne l’est pas. Ce mélange de gloire et de gain m’importune ; disoit nôblement le poëte de Piron. Je répèteà peu près ces paroles pour ce mélange inévitable de vrai et de faux qui gâte Rhiieieee sans être d'un grand avantage pour le roman. È fl | | | {! | | Madame de Maintenon. 109 . Cependant n’ayons pas de système exclusif. 11 est des faits historiques dont le romancier peut s'emparer sans qu'on ait le droit de le chicaner. Un M. de La Chapelle , qui n’est pas La Chapelle si connu par son joli Voyage en Languedoc, a fait sur T'ibulle, sur Catulle des romans, auxquels il ne manque que le mérite de PO On pourroit en faire sur Sapho un beaucoup meil- leur que celui qui existe ; sur plusieurs héroïnes des anciens Troubadours ; sur Eléonore d’Est, sœur d'Alphonse, duc de Ferrare, pour qui le Fasse soupira; sur cette Éléonore se Comminge qui fut l’épouse d'un Gaston de Phæbus ou F4 Foix; sur Éléonore de Guyenne, célèbre dans les jeux de la gaïe science; Sur Clémence lsaure, fondatrice des jeux floraux , et même sur ma- dame de La Vallière, qui a déjà fourni à la plume de madame de Genlis un excellent volume. Dans ces sortes de cas, l'écrivain est libre. Peut-être seroit-il mieux de respecter ces faits historiques ; mais comme répondit à sa mère certaine fille in- génue : Faisons bien , fera mieux qui pourra, I] aura du moins à peindre les agitations , les char- mes , les orages et les regrets d’un amour vif et quelquefois trop passager. Madame de Maintenon n'offre ni les mêmes ressources, ni les mém agrémens. C’est une femme vertueuse , qui ré= siste aux séductions d'un grand roi, et qui, à force d'esprit, de sagesse et de solidité, pouvoit se placer sur le trône , si ‘elle n'avoit pas eu la modestie de se contenter d’un bonheur incognito. Mais que fais-je ? je me laisse moi-même entraîner \ Le 110 Romans. au charme de cet ouvrage. Est-il vrai que ma» dame de Maintenon ait conseillé un mariage se cret? Elle y consentit, j'en conviens; mais le désiroit-elle ? Quoi qu'il en soit, revenons au genre de l'ou- vrage. Peut-être madame de Genlis a été tentée par ce contraste d'une femme misérable, qui naît sous les verroux de l’infortune, qui devient la compagne du plus ridicule des poëtes, et qui finit par être l'épouse du plus grand roi de l'Europe. Cependant nous devons le dire, c'étoit précisé= ment ce qui devoit empêcher la profanation de ce tableau moral. Qui oséroit changer l’histoire de cette fière Catherine, qui des bras d’un soldat passa dans ceux du Czar Pierre Ier. (1)? Pourroit- on s'accoutumer à la voir figurer dans un roman? Et c'est Louis X1F” qui a mérité toutes les louan- ges, et madame de Maintenon , si digne d'être admirée, dont s'empare la muse des fictions , des erreurs et des mensonges ? Encore un coup ce mélange m'importune. Parlons à présent du fond de l'ouvrage. Dire qu'il est écrit avec beaucoup d'agrément et d’es- prit, c'est répéter un éloge vulgaire, et auquel madame de Genlis doit être accoutumée. Quel- es négligences lui sont échappées ; mais on a € soin de les relever dans d’autres journaux, même avec assez d'amertume, pour qu'il nous (1) Madame de Genlis parle d’elle dans son ouvrage et dit : Pierre 1°. plaça sur le trône une femme née dans le dernier rang de la Société. Elle se trompe : Catherine Scavronski fut malheureuse , mais elle étoit fille d’un gentilhomme polonais. Le Madame de Maintenon. 111 soit permis de né pas nous livrer à un travail inutile. Il paroït que madame de Genlis a été pressée de publier son roman. Auroit-elle craint la concurrence ? L'homme de lettres qui vient d'en offrir un pareil au public a été plus impru- dent que louable ; et c’est par ce qu'il n’étoit pas permis à madame de Genlis delle redouter, qu’elle auroit dû ne point se hâter. Son ouvrage seroit meilleur. T'el qu'il est il fourmille de traits agréa- bles qui lui appartiennent. Elle doit beaucoup aussi aux recherches de Labeaumelle. Mais elle ne le dissimule point. Il est nommé toutes les fois qu’elle lui emprunte quelque chose. Nous terminerions fort mal cet article ,'si nous ne prenions pas le soin de l’enrichir de FRE citations. C’est un hommage que nous devons au talent de madame de Genlis, et un plaisir dont us voulons que nos lecteurs nous soient rede- vabite. Voici comme elle peint la fameuse Chris- tine : « Elle descendit volontairement du trône, »" et elle intrigua secrètement le reste de sa vie » pour y remonter; elle fut galante, et elle af- » fecta de mépriser L amour ; elle afficha la gran- » deur de l'étiquette, et elle prétendit à tous les » hommages. Elle se para d'idées philosophiques » sur l'égalité, et dans sa vie privéé elle fut im- » périeuse jusqu’ au ridicule, et despote j jusqu ’à » la cruauté. Elle ne élit ètre ni reine, ni » femme , et elle regretta 1oueurs la puissance » supréme ; elle ne renonça qu'aux grâces du » sexe qu'elle abjura , et ehE en eut toute la » légèreté, toutes les fojblesses. » Si je né me 112 Romans. trompe, ce portrait finit par une répétition que j'ai soulignée , et par une tournure un peu alam- biquée. Je propose à madame de Genlis la cor- rection suivante. Ælle ne voulut étre ni reine, ni femme ; mais en renoncçant aux gréces et aux vertus de son sexe elle en eut toute la légèreté et routes les foiblesses. De cette manière, le trait me paroit plus rapide et plus clair. Madame de Maintenon écrivoit dans sa jeu- nesse sous la dictée de Scarron , les poésies bur- lesques., les turlupinades, les folies qui passoient par la tète du malade de la Reine, ou si l'on veut du cul-de-jatte , comme on l'appeloit à la Cour. Chargée de lui apprendre une nouvelle fâcheuse, pour lui en adoucir l’'amertume, elle flatta son caractère enjoué. Scarron écoute, puis il lui dit de prendre son écritoire. Elle obéit. Ge fut une épitre à Charleval qu'il composa. «J'en » trouvois les plaisanteries bien forcées ; mais » de temps en temps je m'écriois : Que vous êtes » heureux!... Ces exclamations l'animèrent tel- lement, qu'il finit par se livrer à une véritable gaîté. Utile dissimulation qui donne presque » toujours le courage qu'on a feint d’avoir ! Si » du moins, dans nos peines, nous retranchions toujours lès murmures et les plaintes , nous ne serions jamais lâches et nous souffririons beau- coup moins. La douleur , ainsi que l'amour ; s'irrite et s'augmente par les confidences. » Madame de Maintenon n'étoit pas ambitieuse, cependant elle s’élevoit tous les jours. Elle n’a besoin que de son esprit pour monter à tout, di- soit > > > 2 2 D) So > 2 2 La » LA Madame de Maintenon. 113 soit madame de Sévigné. Petit-à-petit ses projets s’agrandirent. Elle étoit l’amie de son Roi. Ce titre ne lui suffisoit pas, mais elle ne vouloit point de celui de favorite. La Reine étoit morte ; elle as- piroit à la remplacer. « La grande difficulté étoit » de donner au Roi cette idée ; car il falloit qu’elle » vint de lui, ou du moins qu'il püt le croire. Les » princes en général, et même les plus spirituels, » s'avisent rarement des choses extraordinaires; » ils ont raison de respecter les vieux usages , » les anciennes coutumes et tous les préjugés qui » peuvent donner de l'éclat à la majesté royale. » Le génie fonde les trônes, la sagesse les affer- » mit; l'esprit d'innovation les ébranle et finit » bientôt par les renverser. » Je ne passerai pas sous silence une réflexion très-judicieuse de madame de Genlis. Elle nous rappelle que madame de Maintenon protégea les grands hommes du grand siècle. C’est dans son cabinet, nous dit-elle , que furent faites les pre- mières lectures d'Esther et d’Athalie. « On sait, » ajoute-t-elle , qu'elle sentit seule alors (et Boi- leau ?...) « toute la beauté d'Arhalie, et que » és la longue injustice du me à cet » égard , elle persista toujours à trouver cette » pièce sublime. C’est un titre de gloire litté- » raire qui vaut mieux que tous ceux que les » femmes auteurs ont pu acquérir avant et de- » puis elle. » On sent que c’est une manière adroite de repousser le reproche fait aux fem- mes en général. On a prétendu qu'elles n’avoient point un goût fixe et des principes sûrs en lit- T°, III. Maï 1806. 114 . Romans. térature. Et pourquoi? Parce que madame de Sé- vigné n’a pas reconnu la perfection de Racine, et parce que madame Deshoulières a cabalé contre lui? Et qui d'entre nous ne se trompe jamais sur des auteurs contemporains ? Les sujétions de l’a mitié, les préventions , et que sais-je encore ? D'autres sentimens plus condamnables ne nous font-ils pas errer dans nos jugemens? et ne sommes-nous pas quelquefois aussi légers, aussi injustes qu'on prétend que les femmes Le sont ? Il est temps de finir. J’avois marqué je ne sais combien de passages brillans ; il m'est impossible de les rapporter : mais le lecteur les retrouvera dans l'ouvrage dont nous parlons , et où ils se- ront mieux goûtés que si nous les placions ici hors de leur cadre. On y remarquera surtout un tableau de la Cour , qui est un morceau achevé: 11 faut avoir connu ee séjour , pour le peindre avec autant de finesse et de vérité. Le mariage secret de Louis XIV avec la veuve de Scarron, est le dernier événement de ce ro- man. Mais le lecteur n’eût pas été satisfait; et pour l’appaiser , on lui donne généreusement ur Précis historique de la vie de madame de Main- tenon depuis son mariage jusqu'à sa mort. Ici je me suis demandé : Un roman est-il sujet aux lois rigoureuses de la comédie? Doit-il toujours finir par un mariage? Pourquoi ne pas continuer sur le même ton? Il me semble, en y réfléchis- sant, qu'il y auroit un moyen de l'entendre. Tout n’est pas historique dans les histoires. Ces grandes et belles harangues qu'on trouve dans Madame de Maintenon. 11 les Anciens ont-elles été toujours débitées ? On invente donc, même en écrivant l’histoire. Les Vies des hommes illustres de Plutarque sont plei- nes de sublimes inventions ; mais inventions na- turelles et qui font partie des faits véritables. Cela a été dit ou a dà être dit. Pourquoi donc, lorsqu'on a un pareil exemple à suivre, veut-on écrire des romans ? Dans madame de Maintenon, changez le titre ; supprimez quelques phrases, consacrez quelque loisir à en corriger plusieurs autres , et nous aurons une histoire de plus de cette femme qui, suivant Boileau, fut Humble dans les grandeurs, sage dans la fortune. et qui prouva la justesse de ces paroles qu'on lit dans sa correspondance : Rien n'est plus habile qu'une conduite irréprochable. Aug. ve L. — V OF AÏGRE. Coprs d’une Lettre écrite d’ Athènes le 20 frimaire an X17, par M. FAUFEL, sous - commissaire des relations com- merciales de France dans cette ville , et correspondant de l’Institut; adressée à M. BARBIÉ DU BOCAGE, géographe du ministère des relations extérieures à Paris. Jr ne vous ai point encore répondu directement, mon cher ami. Le désir de satisfaire à quelques- unes de vos demandes, m'a toujours retenu. Je voulois revoir Thèbes, Platées, Salamine, Egine, Fleusis et ses environs. Je joins ici un petit plan de Thèbes, qui, quoique sans mesures, ne man- que pas d'une certaine exactitude. Les collines qui entourent la Cadmée sont telles que je les indique ; j'ai même assez observé leur forme. La fontaine qui est au sud-est me paroit celle de Mars ; c'est la plus considérable. Celle qui est au couchant est moins abondante, et celle qui est au sud n’est presque rien. La tour qui est au nord de /a Cadmée est ronde et peut avoir trente pas de diamètre: C’est un ouvrage cyclo- pique. Je pense qu'il y avoit une porte. C'est le chemin qui mène au village appelé 6vpn. Au- près de cette tour en est une autre quarrée , et Grèce. IIT d'un travail moins antique. Du côté de l'est on voit encore quelques foibles restes de murs an- tiques. On entre dans /a Cadmée par deux ponts sur un ravin. À lorient de la ville est une colline sur laquelle il y a trois églises presque détruites ; dans l’une est un tombeau en marbre, dit de saint Luc, avec une inscription qui ne dit rien de ce saint ; mais le marbre du sarcophage, pris an poudre, guérit les croyans de la fièvre etc. Je me suis trouvé à Thèbes avec un Angjlais fort estimable, M. Gell, géographe, ami de notre ami Le Chevalier. Je devois parcourir avec lui les en- virons de Platées ; nous nous y étions donné rendez-vous , mais une attaque de goutte l’em- pêcha de s’y rendre. Un extrait fort court de ce voyage vous sera peut-être utile. Demi-heure d'Athènes, près le Céphisse, sur la voie sacrée ; église sur des ruines ; puits; dé- bris ; architrave enterrée ; dorique , avec inscrip- tion ; sarcophage , deux noms. Un quart d’heure plus loin, statue mutilée ; église ;* inscription ; puits antiques; fragmens ioniques. La première église doit être sur le Cyamite; deux tumuli à droite ; le chemin semé de restes de toémbeaux. Demi-heure de là, à gauche, puits; sarcophage ; ruines d’un village ; ke chemin monte. A droite, emplacement d’un temple ; après, à gauche, tour antique. À droite, montagne isolée ; une petite église au sommet ; aueun reste antique. Un quart d'heure plus loin, dans la gorge, le monastère Daphni, où étoient encore en place trois belles colonnes ioniques , que bats d'Angles 118 Voyage. terre a enlevées. C'étoit des restes du temple d'Apollon, et non de Vénus qui est plus bas, où l'on voit un rocher percé de quantité de niches pour des ex-voto. On y lit des inscriptions à Vénus. J'y ai mesuré les restes d’un très-petit temple dorique, au milieu d’une enceinte d'un gros mur, ouvrage cyclopique dont parle Pau- sanias sous le nom de Afes æyyes, et que son in- terprète rend mal, par les mots de pierre blanche; trois citernes. C'étoit un reposoir pour les pro- cessions d'Eleusis. Le chemin sacré se voit en- core entre la roche et l'enceinte. On le suit au bord de la mer ; il tourne autour des laes salés, séparés par une colline de roches où est une ca verne qui sert quelquefois de corps-de-garde. C'est peut-être là qu'étoit le palais de Craucon. La plaine d'Eleusis a environ deux heures en tous sens. À son extrémité nord-ouest, après avoir traversé l’aquéduc d'Eleusis, on trouve deux églises avec ffagmens antiques. On suit un très-grand rayin, litdu Céphisse. Après six heures de marche depuis Athènes, on voit un puits an- tique et une église auprès du puits. Une statue creusée sert à abreuver les chèvres. Le défilé se nomme $Saranda potamo, capavre rorewu. Sortis de ce chemin difficile , on entre dans une plaine de deux heures de longueur jusqu’au Citheron , et à l'entrée de cette montagne on trouve une belle source et la forteresse encore assez con- sidérable d’Eleuthères. Les murs en sont presque entiers ; les escaliers des tours, les. parapets. Au milieu est une grosse tour en polygones irrégu- ’ Grèce. 119 liers, Immédiatement après , un chemin conduit à Platées, àtravers les montagnes en deux heures. A une demi-heure , ou même moins de Platées, ruines de monumens avant de passer un petit ruis- seau ; plus près de Platées , à gauche sur une hau- teur , autres restes. Au bas du premier ruisseau , dans la plaine , est un village où vous placez Hy- sies ; après c'est Platées. Ses murs se remarquent de loin. La partie ouest, où est une belle source au bas , est escarpée et paroïît avoir servi de ci- tadelle. Elle est environnée de tours qui regar- dent le sud et l’intérieur. De ce côté sont des tombeaux en place. Il y a quelques églises , des inscriptions illisibles par la mousse qui les couvre et obstrue les lettres. J'ai levé le plan de Platées. À environ un quart-d’heure est une caverne qui se voit de la ville ; est-ce elle des Nymphes ? J'ai cherché la roche d'Actéon , qui doit être près ou en vue de la fontaine : l’eau de cette fontaine coule à l'ouest. L'Asope paroit venir de plus au nord , de la partie de Leuctres. De Platées à Thèbes, deux heures ; à moitié chemin on passe l'Asope , après avoir traversé plusieurs petits fos- sés sans eau et sans indication d'aucune pente. Celui que je prends pour l’Asope a un pont, de l'eau seulement dessous et stagnante. Je n'ai rien vu du camp de Mardonius. S'il avoit été comme ceux des Romains , le temps ne l’auroit pas dé- truit. Une grosse tour, devant Platées, sur la hauteur à demi-heure , pourroit bien être Scolos ; il y a des débris. Je me suis trop étendu, mon ami, mais j'ai 120 Voyage. voulu vous faire voir le pays pas à pas. Sautons à Egine. Près.du port, vers le nord, sur une pointe basse , plusieurs Tumuli, le tombeau de Phocus. Je reviens au chemin de Thèbes à Athènes par le Parnès. À deux heures desdistance , on passe lAsope sur un pont de trois arches; l’eau y étoit stagnante ; il avoit cependant plu depuis peu. De là le chemin monte pendant environ trois heures, puis on trouve une plaine de deux heures en tous sens , au milieu de laquelle se forme un lac l'hiver ; des villages sont à l’entour.Ensuite on entre dans le Parnès, et après cinq heures de marche , c'est- à-dire huit depuis l’Asope , on descend près d’une forteresse antique nommée V’igla-Castro ; bell& source, chemin resserré , ouvrage antique , che- min taillé; Cache, village ; gorge qui mène à ÆEleusis ; plus bas, séparation du Mont Icare et du Mont Parnès. Voyons Salamine; j'en ai terminé la carte, non pas peint, mais l'essentiel. J’ai fait de grandes corrections du côté du sud. Le cap Seyradion.s'a- vance beaucoup plus ; il est terminé par une pointe de roches basses et nues que la mer, qui est fort grosse, lave continuellement. Jai cru y reconnoître des débris d'architecture ; Sans VOu- loir l'assurer. Vers l'ouest vient un gros cap très- escarpé, puis un autre moins élevé , où est une tour ronde antique qui a conservé sa porte. Au bas est une plage au fond de laquelle, sur de petites hauteurs , est un beau mur antique avec des citernes. C'est là que vous avez placé l'an Grèce. 121 cienne Salamine. Le fleuve Bocarus, que vous _ faites couler auprès, a disparu; mais cependant au revers de la colline , au nord-ouest de la tour, il y a une autre plage où se jette un torrent, qui vient d'assez loin, dans une jolie vallée. Ce sera là, sans doute , le Bocarus ow tout ce que vous voudrez; mais où est le beau mur, il n’y a point de fleuve ni d'abri pour des bateaux par vent de sud. En remontant le ravin dont j'ai parlé, on arrive à un monastère où est une source. Ce monastère est au fond d’une gorge , d'où on aper- çoit la mer près de deux petits écueils. Du cap Scyradion vers l'est, on trouve une plage cou- verte par trois petits îlots. Au cap est une église et quelques légers restes ; torrent, puis après un autre cap, grande plage couverte par un îlot assez grand pour produire un peu d’abri. Aux environs sont des églises et quelques ruines; puis ensuite allant vers le grand port, au fond d’une baie , sur des hauteurs, entre les deux mers, on trouve trois églises et des ruines antiques. J'espère qu’en voilà assez pour ceite fois; vous voyez que je connois cette côte , et que je me rends lorsque vous avez placé près de ma tour une ville ; il y a eu peut-être, sur ce grand mur, un temple. L Quand on vous écrit, on ne peut s'empêcher de parler géographie. J'ai retrouvé, par le moyen de Strabon , les ruines d’Æelice, près des carrières de l’'Hymette, et auprès une belle source. Là sont encore les ruines de colonnes ioniques em- 122 Voyage. ployées à un monastère. Il y avait là, je pense, un temple de Vénus. Adieu ; remercimens pour l’in-folio Pausanias ; mes complimens à nos amis Foucherot, Le Grand, Le Chevalier, Felix Beaujour , Petit-Radel , etc. Signé Fauvez , sous- Commissaire des relations commerciales à Athènes. P. 8. Inscriptions que j'ai trouvées sur la tour moderne à Thèbes. KAAMAIA EN EANIAE EIPIA HPQI Je m'occupe à ramasser tout ce qui peut ser- vir à faire connoître la grandeur de beaucoup de temples. J'ai trouvé des colonnes doriques de sept pieds jusqu'à trente-six pieds de hauteur, et c'est le temple d'Eleusis qui est le plus grand de tous ceux dont j'ai retrouvé des portions. Ce recueil donnera une-idée juste de ce que nous devons croire des Grecs. On verra qu'il y avoit une quantité de petits temples. C'est bien faire renaître des cendres; car, selon les proportions que je connais, un triglyphe suffit pour avoir, à très-peu de chose près , la hauteur d'un temple. J'en ai retrouvé beaucoup de cette manière. BIOGRAPHIE. Notice sur la Vie et les Ouvrages, tant imprimés que manuscrits, du P. HouB1IGANT, de l’Oratoire. L. savant Coromiés a fait connoître, dans son ouvrage intitulé Gallia Orientalis , les Français qui se sont distingués jusqu’en 1665 dans l'étude de l’hébreu et des autres langues orientales. Nous avons achevé un semblable travail sur les Hébraï- sans du 18e. siècle, et la notice suivante fait par- tie de cette espèce de suite à l'ouvrage de ce protestant , aussi estimable par sa modération que par les services qu’il a rendus à la république des lettres. Charles - François Houricanr, né à Paris en _ 1686, étoit fils de Guillaume Houbigant et de Geneviève Colman. Après avoir fini ses huma- nités au collége de Louis-le-Grand , il alla à Juilly faire sa philosophie sous les PP. de l'O- ratoire. De retour à Paris, il entra dans cette congrégation le 31 octobre 1704, à l’âge de 15 ans. On l’envoya professer dans différens eol- léges , entre autres à Juilly et à Marseille. Il en- seiona les humanités d’une manière très-distin- guée ; il s’occupoit sérieusement de ses emplois, etil consacroit tout son temps à l'étude des grands modèles de l'antiquité. Homère, Virgile, |: ALES Démosthènes et Cicéron, voilà US auteurs qu'il 124 Biographie. lisoit avec le plus d’attention. Illes savoit pra par cœur ; et à l’âge de plus de 90 ans, il aimoit à en réciter les plus beaux endroits. , Le temps qu'il passa dans les colléges ne fut pas donné tout entier à la littérature ; il lisoit tous les jours les livres saints; il en recomman- doit la lecture à ses disciples, surtout celle duf! Nouveau Testament. Le P. d'Arerez de la Tour étoit alors général de l’Oratoire. Tout le monde sait que c’étoit un homme du premier mérite; et comme il excel- loit surtout à bien employer les talens de ses con- frères , aussitôt qu’il eût reconnu ceux du P. Hou- bigant , il le fit venir à Paris et lui donna l'emploi de conférencier de Saint-Magloire, qui, jusqu’a- lors, n’avoit été occupé que par des hommes du mérite le plus rare. Le P. Houbigant, pour se préparer à bien rem- plir cette place, se retira pendant quelque temps à N. D. des Vertus ou Aubervilliers, qui étoit alors un séminaire et une maison d’étude où les jeuñes oratoriens se disposoient, ou à la prédi- cation , ou à l’enseignement. L’excès du travail lui causa une maladie dangereuse, dont la suite fut une surdité complète. Cette incommodité , qui a duré jusqu'à sa mort, l’obligea de renon- cer à l'emploi qu’on lui avoit destiné à Saint-Ma- gloire. Il n’abandonna point ses études, mais elles ne firent que changer d’objet ; et comme il se pro- posoit toujours d’être utile à l’église et à sa con- grégation , il se consacra tout entier à l’étude de Ecriture sainte. ù Houbigant. 129 1 n'est pas nécessaire de prouver qu’on n’en sentira jamais les beautés , à moins qu'on ne la lise dans la langue originale ; et que, sil est yrai que ceux qui ne veulent que s’édifier et s'instruire des principales vérités de la religion” peuvent se contenter des versions, il n’en est pas moins certain que, si On veut approfondir le sens et répondre solidement aux difficultés des Juifs et des Incrédules, ces mêmes versions . sont insuffisantes , et il faut nécessairement re- courir au texie. . Le P. Houbigant commença donc par étudier l'hébreu. On à répondu à toutes les objections qui ont été faites contre la méthode qu'il suivit, et on a prouvé , dans plusieurs ouvrages, qu’elle est aussi sûre que facile. Je veux parler de la méthode de Masclef, qui vivoit encore, qui cul- tiva son amitié , et qui se trouva fort honoré d’a- voir un disciple d’un mérite aussi supérieur. La mémoire la plus fidèle, jointe au jugement le plus solide , le mirent bientôt en état de donner des preuves des progrès rapides qu’il fit dans l’intel- ligence de l’hébreu. Dès 1732, il fit imprimer ses Racines hébraï- ques. Cet ouvrage est accompagné d’une savante préface dans laquelle il prouve, contre les deux Buxtorfs et leurs partisans, la nouveauté et l’inu- tilité des points-voyelles. L'ouvrage en lui-même est un excellent dictionnaire ; et quoique ces ra- cines ne forment qu’un assez petit volume, on y trouve néanmoins plus de critique et plus de lumières que dans plusieurs vocabulaires d’un = 126 _ Biographie. très - grand format et eh plusieurs volumes. En 1747, le P. Houbigant publia ses Prolé- gomènes sur l'Ecriture. De cet ouvrage qui est en latin, et qui est aussi solide que bien écrit, il résulte que pour bien entendre Ecriture , il ne suffit pas de lire l’hébreu tel qu’il est imprimé , parce que ce texte est altéré et corrompu dans plusieurs endroits. Le savant Louis Cappell , dans sa Critica sacra , en avoit déjà fait la re- marque, et le P. Houbigant a grand soin d’obser- ver qu'aucune de ces variantes n intéresse la pu- reté du dogme et de la morale. C’est donc injuste- ment que dans un ouvrage périodique, on a ac- cusé le P. Houbigant de n'avoir dit rien ou presque rien sur un objet si important. Pour toute réponse, on peut renvoyer aux Prolégo- mènes in-4°., pag. 265 , ou à la Bible in-fol., pag- 132 du Dee volume. Le père Houbi- gant démontre qu'avec les précautions infinies que prenoient les Juifs pour conserver les livres saints , il est impossible qu’ils aient été corrom- pus par des hommes de mauvaise foi, dans des articles importans. Mais ils ont pu l’être par la négligence des copistes ; et ces fautes, quelques légères qu’elles soient, défigurent néanmoins les livres sacrés, en changent le sens, en affoi- blissent l'énergie , et y produisent des obscurités qui font le désespoir des interprètes. Le P. Hou- bigant en donne plusieurs exemples incontesta- bles. Mais comment corriger ces fautes ? de deux manières. La première en suivant quelques règles de critique que le P. Houbigant établit, et qui Houbisant. 127 sont si judicieuses et si sages, que ses adversaires, forcés d’en faire l’éloge, se sont trouvé réduits à dire qu’il n’avoit pas toujours suivi ces excel- lentes règles, quoiqu'ils n'aient jamais prouvé ce qu'ils avançoient là-dessus. La seconde ma- nière est de consulter les manuscrits les plus an- ciens, et de les comparer entre eux, comme aussi de faire un semblable travail sur les an- ciennes versions qui indiquent souvent ce qu’on doit lire dans le texte hébreu, et qui peuvent même , à l'égard de certains mots, nous ap- prendre quelque signification qu’on ne trouve dans aucun dictionnaire. Le Pentateuque Sama- ritain est la première de toutes ces sources, ou plutôt c’est le véritable texte original , écrit avec les véritables caractères hébreux , ceux que nous regardons comme tels , n’étant que les caractères chaldaïques. Tous les savans firent le plus grand éloge des Prolésomènes du P. Houbigant, et les journa- listes de Trévoux, qu'on ne soupçonnera certai- nement point de partialité pour un P. de l’Ora- toire, ne se distinguèrent alors des autres jour- nalistes que par des éloges plus grands et plus motivés : « Rien, disent-ils , n'est plus délicat ni plus difficile que la critique sacrée. IL faut, pour l'exercer, autant de sagacité que d’érudition , et plus encore de sagesse que d’assiduité au travail. Le P. Houbigant est entré dans cette carrière avec des qualités du premier ordre. On sent à la lecture de son ouvrage , un homme de beaucoup 128 Biographie. d'esprit, un critique capable de saisir le vrai et de le dire; un écrivain qui n’a point sacrifié les agrémens Tai style à la multitude des connois= sances ; un savant qui embrasse et, développe en maitre toutes les parties de son sujet. Ceux qui donneront à ses Prolégomènes toute l'attention qu'ils méritent, y trouveront une finesse ex- quise , un art presque sans exemple. Tantôt l’é- rudition y est répandue à pleine mains , et tantôt l'esprit y étincelle à chaque ligne. ri les prin- cipés sont établis avec toute la gravité qu’exige l'importance de la matière ; là, les objections sont résolues avec tout le feu qui naît de la plus grande çpntroverse. Quelquefois l'auteur s’ap- puie d'exemples ; il fait parler en sa faveur, la fiction , l’'apologue. Il emploie les tours oratoires, les mouvemens de l’éloquence. En d’autres en- droits , il paroît se borner à la dissertation , et il n’en raisônne pas moins vivement ; il ne réfute que plus puissamment ses adversaires. » Voyez Mémoires de Trévoux, avril, 1%, vol. de 1755. Il est difficile de louer davantage, et d’une ma- nière plus vraie. Les mêmes journalistes ren- dirent compte, à plusieurs reprises , de la grande Bible du P. Houbigant. Leurs éloges se soutin- rent, et ils n'y mirent qu'un petit nombre de restrictions , surtout dams les derniers articles, qui peuvent ne pas ètre de la même main. Le Journal des Savans fit aussi un grand éloge des Prolégomènes. Voyez le mois de septembre 1747. Les mêmes principes que le P. Houbigant avoit établis en latin dans ses Prolégomènes , 1°ies pré- senta Houbigant. f2à sénta èn français dans sès Conférences de Metz: Il les y mit dans un nouveau jour , et toujours avec l&4 miëme force , le même art et la même dialectique. Ces conférences sont en forme de dialogue et dé éonversations entre un juif, uñ protestant et deux docteurs de Sorbonne. Nous he doninerons point ici l'analyse de ces confé- reñces, qui sont au nombre de six. Elles ren- férment comrné la quintessence du premièr Yo- lüme des Prolésomènes. Elles achevèrent de convaincre les personnes qui n'étoient pas trop entétées du système dés Massorètes , c'est-à- dire un grand nombre d Anglais et de Français. Les savans d'Allemagne se refusèrent encore al lurnière qu’on leur présentoit. Les vieux profes: seurs de leurs universités déclamèrént contre lé P. Houbiganñt , et firent soutenir à leurs élèves des thèses contre une iéthode qui renyersoit leurs préjugés. ” Il restoit au P. Houbigant ün ouvrage encoré plus difficile à faire. C'étoit digues dans le texte actuel:, ét les fautes qu'il ÿ trouvoit, et les corrections qu'il croyoit nécessaires ; en ik mot; de donner une Bible plus correcte que toutes celles qui avoient été données jusqu'alors. Cette Bible parut en 1753, en 4 vol. in-fol. L’exécu- tion typographique la rend ün chef-d'œuvre en ce genre. Les caractères ont été frappés exprès par Fournier le jeune, d’après les plus ‘beaux manuscrits de l'Oratoire et de la Bibliothéque du roi. Le papier est très-beau et le format com- mode, quoïqué certains dmatéürs, mais de ces T. III. Mai 1806. I 130 Biographie. gens qui achètent des livres pour ne les pas lire, se soient plaint de ce qu'on n’ayoit tiré aucun exemplaire en grand papier. Au reste, tout ce mérite typographique n’est, pour ainsidire , que les dehors de l'ouvrage. Il est imprimé à deux colonnes. L’hébreu est conformeà la belle édi- tion d’Athias , revue en 1705, par Van der Hooght, à moins que dans celle-ci il n’y ait une faute évidente d'impression. Dans des notes pla- cées au bas de chaque chapitre , le P. Houbis gant propose ses corrections ; et ceux même qui lui ont reproché d’avoir supposé un trop grand nombre de fautes , ont admis la plus grande par- tie des corrections qu’il proposë, en donnant les preuves qu'elles sont nécessaires. La seconde co- lonne offre une traduction latine faite , non sur le texte d’Athias,, mais d’après les notes et les cor- rections proposées. Cette traduction est d’une latinité très-pure, et quoique simple, elle a de la noblesse, Aucune traduction«connue , la vul- gate elle-même qu’il eut préférée. à toute autre, n'auroit point conyenu, à son plan , et n’auroit pas fait connoîtré comme au simple coup-d’oœil , les corrections qu'il jugeoit nécessaires. Outre les Prolégomènes , le P. Houbigant à mis des préfaces à la tête de plusieurs livres de l'Ecriture. Tantôt il y a applanit les difficultés de la chronologie ; ; tantôt il fait sentir l'esprit du livre qui suit la préface; tantôt il répond aux objections qui ont été faites contre l'authenticité de certains livres. Dans le Pentateuque on trouve en marge les Houbigant. 91 variantes du Samaritain. La version ‘est imprii mée en caractères italiques: pour les livres dont le texte est en hébreu; et elle est en caractères romains pour les livres dont il ne nous reste plus que le grec, ou qui n’ont été écrits que dans cette langue. Mais , dira-t-on, cette Bible a trouvé des con- tradicteurs. Oui sans doute , et c’est Le sort de tous les ouvrages, même des plus parfaits. Plu- sieurs savans d'Allemagne qui partagent avec les Juifs le respect aveugle que ceux-ci anrônt toujours pour les points-voyelles, qu'ils regardent pour ainsi dire comme une partie intégrante du texte, ne pouvoient pas admettre des correc- tions fondées souvent sur ce que ces points: voyelles présentoient un sens que la raison et la saine critique rejetoient. Mais les auteurs de la Massore eux-mèmes ont indiqué plusieurs cor- rections qui leur paroissoient nécessaires. De plus , la raison nous persuade:que la langue hé- braïque doit avoir des règles comme toute autre langue , et:qu’il ne suffit pas pour justifier une infinité de fautes absurdes, de dire que ce sont des énallages et d’autres figures semblables. Enfin plusieurs savans d'Allemagne n’ont point partagé les opinions, de leurs compatriotes sur la Bible du P. Houbigant. M. Bahrda , professeur de Léipsick ; a fait imprimer en 2 vol. in-4°. les notes du P. Houbigant, comme un des meilleurs ouyrages qu'on puisse lire pour entendre les livres: saints. Plusieurs hébraïsans français ont été’et sont encore aujourd'hui défenseurs zélés de cette 132 Biographie. mème Bible. 1’Angleterre surtout à compté un grand nombre d’admirateurs du P. Houbigant. Kennikott et plusieurs autres étoient en com merce de lettres avec lui, et le savant Lowth , évéque d'Oxford, dans son excellent ouvrage de poesi sacrä Hebræorum, ne parle jamais du P. Houbigant qu'avec la plus grande estime. Parmi les Français, on peut citer MM. Hooke et Guesnée , le P. Berthier, jésuite , et l'abbé Lad- vocat. Celui-ciregardoit le P. Houbigant comme son maître , il le consultoit souvent ; et ilen parle toujours avec estime et avec respect. M. Dagues- seau avoit prié lé P. Houbigant de lui faire passer les feuilles de son ouvrage à mesure qu'elles pa- roitroient » et cet illustre ghancelier, qui savoit l’'hébreu , témoigna à l’auteur combientil étoit sa- tisfait de son travail. J'en ai la preuve dans une lettre fort longue de M. Daguesseau , et dont je possède l'original. - Le pape Benoît XIV , qui connoissoit tout le mérite du P. Houbigant, lui envoya un bref avec deux médailles d’or du plus grand module. Le clergé de France lui fit une pension de 1200 ];, sans qu'il eüt fait la moindre démarche ‘pour l'obtenir. Je suis obligé d’avouer qu’elle venoit un pêu tard: Le clérgéde France, dit l'abbé du Contant de la Molette, pour témoigner le vif intérét qu’il prend à la littérature sacrée ; l'avoit mis dans ses états de pension. Assurément ce n’est pas prouver qu'on prend un intérêt bien vif à la littérature sacrée que de donner une pension très-modique au P. Houbigant , lorsqu'il avoit Houbigant. 123 96 ans, æt que depuis près de 40 ans, il étoit regardé comme le premier hébraïsant de l'Eue rope. Cet abbé auroit pu choisir un autre exem- ple ; il eût pu se citer Ini-mème, et la pension considérable que lui faisoit le clergé depuis long- tems , auroit prouvé un peu mieux ce qu’il ayan- çoit. J’observerai ici qu’on est très-étonné que cer abbé , dans ses volumineux onvrages, tantôt donne les plus grands éloges au .P. Houbigant, tantôt en parle d’une manière très-dure,, mais toujours en profitant, sans mot dire, des cor- reclions de ce savant oratorien. C’est dans les ouvräges qu'il a, composés depuis la mort de celui-ci, qu'il en parle le plus mal, ce qui ne Vempéche pas , dans quelques autres endroits de ces. mêmes ouvrages , d'en parler avec éloge. 11 ne se contredit, pas moins, lorsqu'après avoir regardé autrefois les points-voyelles comme fort smutiles , il critiqua depuis la méthode de Mas- clef; lorsqu'après avoir attaqué vivement le sys- tème et les principes des PP. capucins , de l'abbé de Villefroy et du P, Fabricy, il chanta depuis . la palinodie ; et lorsqu'après avoir ,, à l'exemple du P. Houbigant, reconnu un très-grand nombre de fautes dans le texte actuel , il censure ensuite très-duremént /a trop grande hardiesse, du P. Houbigant , qu'il parle dé ses fautes, etc.; j'en conclus , que lorsqu'il attaque le P. Houbigant, il ne le fait pas en son propre et;privé nom, mais qu'il adopte par foiblesse opinion , ou de son censeur ou de .quelques amis. Je ne vois «Que ce moyen pour expliquer tant de contra- dictions. LL 134 Biographie. Outre les grands ouvrages dont nous venons de parler, nous avons encore deux opuscules du P. Houbigant sur l’Ecriture. Le premier est une critique du Psautier des PP. capucins. Dans cette critique , le système de ces Pères y est pré- senté comme fort arbitraire, dangereux et dia- métralement opposé au génie de toutés les lan- gues , et en particulier de la langue hébraïque. Ces Pères y répondirent sous le masque d’un ancien mousquetaire, qui usa en effet de’ tous ‘ses droits, et se servit d'expressions qui appro- chent un peu de celles que Gresset prête à Ver- vert. On crut sans doute devoir imiter le ton militaire, mais je doute fort que tous les mili- taires approuvent le ton qu'on a pris, et qui conviendroit à peine dans certains corps - de- garde. Aussi le P. Houbigant ne Êt “il aucune réplique. Le second ouvrage est une dissertation , sous le nom d’Introduction , pour prouver la préexis- tence de l’âme dé J. C.; c’étoit le système d’Ori- gènes et ‘de quelques anciens Pères:de l'Eglise ; et il faut avouer que par là, on explique plus aisément plusieurs passages de l'Ecriture , et qu'on justifie avec plus dé facilité la doctrine de quelques Pères qui ont vécu avant le concile de Nicée. Le P. Petau les avoit accusés de ñ’avoir -pas été exacts sur la divinité du Verbe, ce qui scandalisa ‘très fort et les catholiques et les pro- testans ; et le P. Petau fut obligé de se rétracter. Bullus, savant théologien anglais , attaqua le P. Petau, mais il se trouva fort embarrassé pour Houbigant. 139 expliquer ce que disent quelques Pères, que le fils de Dieu s'est montré fréquemment aux pa- triarches avec ne nature inférieure à la natüre divine. Bullus répond ‘qüe ‘ces aüteufs onf bien pensé; mais qu ilsçont mal parlé. Cette réponse; quoique donnée dans meer théologies, est Fee satisfaisante, ét n’est qu üne puré défaite. Sup santau contraire là préexistence de l’âme deJ:C e. il n'y aura plus d’ine xactitude dans le: nb 4 ces Pères, qui pouvoient croire que l'âme de JC: avoit été créée dès le commencement du monde, mais que lorsque le Verbe à voulu paroîtré sous une formé sensible , et naître au milieu de nous pour être notre Emmanuel, il n’avoit plus qu’à se revétir de notre corps : Et Verbum caro facturr est: Il faut avouer que cet ouvrage du P.'Hôubi- gant pärut sans approbation } ét ce n’est pas ii le lieu de donner toutes les raisons pour et contre ce système qui, comme on le voit, n'a pas Eté inventé pàr le P. Houbigant, mais qu'il a cher: ché à à appuyer par de nouvelles preuves. Le P: ‘Houbigant avoit aussi une autre’ opi- ion qui pourra aussi trouver des contradicteurs ; cette opinion obligea de faire un très-long titbn à la fin des RTE nn in-{ol. Le P. Houbi- gant étoit persuadé qu’ on ne pouvoit expliquer plusieurs passages de l'Ecriture, et surtout des prophètes , sans admettre un état flürissant et un règne temporel des Juifs qui auroit lieu après leur conversion et avant.la fin du monde. Ce sentiment ne lui étoit point particulier , et on sait que M. Bossuet lui-même , après une longue 156 Biographie. conversation avec M. Duguet , en fut si bien per- suadé , que dans la seconde édition de son dis- cours, sur l'histoire universelle, 1682, p- 330 , et dans la 3e, de 1700 ; après avoir parlé de l'état où seroient les Juifs après leur conversion s ajouta ; « Jusques à la fin du monde, et autant de tems, qu'il plaira à Dieu le faire durer après ce Merveilleux événement. » Ce passage a été sup- primé depuis , soit que l'illustre auteur n'ait pas lugé, à propos d'insister sur une opinion qui ne lui paroissoit pas démontrée » Soit qu'il etit re- connu que sans avoir recours À.ce règne tem= porel, on pouvoit très-bien expliquer tous ces passages, en ne regardant toutes ces expressions figurées et assez ordinaires dans le style oriental que comme autant d’allégories et d'emblèmes qui ne représentoient que les Plaisirs purs et Spiri- tuels:, et le, royaume de la Jérusalem céleste. La. correspondance que le P, Houbigant avoit avec. plusieurs Anglais , lobligea d'apprendre leur langue dans un âge assez avancé. IL à tra- duit de l'anglais :1°, un volume de. Sermons ide M. Sherlock , évêque de Londres, Le traducteuf à fait disparoître quelques répétitions , des lon- gueurs et d’autres défauts qui se trouvoient dans ces. sermons, où 2°, Méthode courte et facile contre les Déistes et les Juifs ; par M. Lesley. - 24 3°. Pensées de M. Forbes sur la religion natu- relle et revélée. Le P. Houbigant à ajouté à ces deux derniers Ouvrages des notes qui en aug- mentent beaucoup le prix. Houbigant. 137 Outre ces ouvrages que le P. Houbigant a fait imprimer, il en a encore laissé plusieurs qui ne sent que manuscrits, | . Un Traité des Etudes. M l'avoit composé ge guider un jeune professeur dans son cours d’humanités. Lies conseils qu’il lui donne annon- cent.un homme qui a professé lui-même avec la plus grande distinction , qui a beaucoup de goût et un tact sûr, .qui a une grande expérience , et qui a médité long-temps la matière qu'il traite. Cetouyrage , composé vers 1720 ;.fut retouché en,1736. On en fit plusieurs copies qui se répan- dirent dans plusieurs Colléges de l'Oratoire , et qui) \contribuèrent beaucoup à former d’e REP maîtres. Ilest beaucoup plus étendu que le Fatio discendi du P. Jouvency. Les jugemens sur les auteurs grecs et. latins sont plus approfondis , et l'oratorien y fait connoitre en même temps nos meilleurs auteurs, ce qui n'entroit point dans le plan du Jésuite, qui se borne à l'étude du grec et du latin. Cet ouvrage seroit encore fort utile aujourd’hui, etil mériteroit d'étre imprimé; mais il faudroit y faire quelques changemens; surtout à l'article des traductions françaises ,et. en géné- ral sur ce qui regarde nos meilleurs auteurs , dont plusieurs n’ont paru que depuis 1720. Le © P. Houbigant n’a fait que la Manière d'étudier. Il se proposoit d'y ajouter la Manière d'ensei- gner ; mais les grandes occupations que lui don- noit l'étude de l’hébreu , l'empéchèrent de s’oc- cuper de cette seconde partie. 2°, Une traduction de l'ouvrage.d' Origènes 138 Biographie. contre Celse. Le P. Houbigant ‘en avoit fait re- mettre le manuscrit à l'abbé Chevreuil ; chanoine et grand-vicaire de Paris, qui avoit êté nommé censeur de l'ouvrage , et qui deméuroit alors'en Sorbonne. Une année s'étant écoulée sans qu'on en’ entendit parler , l'anteur le fit redemarider par un de ses amis. Le censeur prétendit qu'il l'avoit rendu ; et cet ami a dit lui-même: qu il étoit bien sûr du contraires Le! manuscrit ‘S'est : donc trouvé ‘égaré par la négligence dé”l'abbé Chevreuil ( mort vers: 1792 ) ; ‘ôu- par ‘qüélque’ autre motif qu'il est difficile: de ‘deviner: C'est une perte d'autant plus cônsidérable ,'que’nous n'avons qu’une traduction! très-médiocre et fort inéxacte par Bruhereau ; ministre protestant} de cet ouvrage d'Origènes, qui est une excellente äpologie en faveur de la religion chrétienne | ét une réfutation el de tout ce qu ’on'a op= posé et de tout ce qu’on opposera jamais au ‘chrise tianisme. Lie même ami dû P. Hôubigant assure que sa traduction étoit non: vécaléinient: fidèle ét bien: écrite, maïs enrichie de‘notes qui‘en ge menhtoient Hédécons la valeur. 3 - 30. Une Vie du cardinal de Berulle, fonda- teur de J'Oratoire. Nous en avions déjà plusieurs! tant en latin qu’en français, mais aucune ne fais soit connoître suffisamment cet homme, aussi cé- lèbre par son éminente piété et par son sale pour 1e rétablissement des sciences (ce fut lui qui éncou- ragea Descaïtes à composer ses ouvrages, lé Jay à donner sa Polyglotte, etc.), que par 1 népo- ciations importantes dont il fut chargé et par Les Houbigant. 139 difficultés qu’il eut avec le cardinal de Richelieu, auquel il résista plus d’une fois avec la plus grande force, ce qui hâta méme sa mort, si on s’en rap- porte aux mémoires du temps et à la déclaration de Gaston , frère de Louis{XIII. Le P. Houbigant avoit composé cette vie d’après des pièces authen- tiques tirées du donjon du Louvre et d’autres ar- chives. Comme il vouloitécrire avec la plus grande vérité, il n’avoit pu se dispenser de parler dessoup- çons que nous avons insinués plus haut. Un homme qui étoit unede ces âmes basses qui ne cherchent qu’à flatterles grands et écarter de leurs yeux toutes les vérités qui peuvent les offusquer, alla trouver le maréchal de: Richelieu , et lui dit que dans la vie du cardinal de Berulle qui alloit paroitre , le P. Houbigant rapportoit qu'on avoit prétendu (il se donna bien de garde d'ajouter qu'il donnoit aussi les raisons qui pouvoient dé- truire ces bruits publics) que le cardinal de Ri- chelieu l'avoit fait empoisonner. Pour toute ré- ‘ponse, le vieux maréchal dit au flatteur : J'en étoit bien capable. Ce n'est donc pas, comme on la cru, par la faute du maréchal que cette vie n’a point paru; mais le P. Houbigant y par- Jloit fort au long de tous les désagrémens et de tous les obstacles que la congrégation naissante de l’Oratoire avoit éprouvés de la part d’une société célèbre. Le censeur exigeoit plusieurs retranchemens , plusieurs corrections et adou- .Cissemens qui eussent blessé la vérité. Le P. de la Valette, général de l'Oratoire , qui craignoit ce qu’on appeloit alors les Revenans , n'eut pas 140 Biogrâphie. le courage de parler aux: ministres avec la force que lui enssent donné sa place et son mérite per: sonnel. Le P. Houbigant tint ferme, refusa dé porter aucune atteinte à la vérité, et il reprit son manuscrit, en disant: J'attendrai un vryls plus favorable. | I ne faut point confondre cetté vie, du car+ dinal de Berulle avec unefautre vie que l'abbé Goujet composa à la sollicitation du P. de la Valette, et qui est aussi demeurée: mamuscrite pour des raisons à peu près semblables. Le P. Houbigant termina sa carrière le 31 oc- tobre 1785, à l'âge de plus de 97 ans. Il n'eut jamais d'autre maladie que celle qu'il essuya étant encore jeune, et dont. nous avons. parlé plus haut. Il étoit si mécontent de la manière dont les médecins lavoient traité , qu'il forma dès lors la résolution de ne plus leur donner sa confiance. IL étoit persuadé que sa grande sur- dité venoit de leur maladresse ; ét, pour s’en venger , ilse permettoit quelquefois de plaisanter sur: leur compte, en-répétant ce mot de Pline le naturaliste : Discunt periculis nostris, et ex- perimenta per mortes-ogunt, liv.:29,ch4 1. Lors- qu'il éprouvoit quelque: malaise, ‘quelque indis- position, la cessation du travail , le répos, quel- ques promenades, la diète la plus exacte, voilà les seuls moyens qu’il employoit pour rétablir ses forces et sa santé. Quoiqu'il füt entièrement sourd, il m’étoit point triste mi soupçonneux , comme le sont ordinairement ceux qui ont.cette infirmité, Ce qu’on lit dans le nouveau: Diction: Houbigant. 141 naire historique , d'après le Journal de Paris, est très-vrai : Une chute ayant affoibli, dans ses dernières années , les organes de son cerveau, on caimoit ses inquiétudes passagères en lui présen- tant un livre ; la seule vue de ces fidèles conso- lateurs de sa surdité et de sa vieillesse lui rendoit da paix et presque la raison. Il aimoit la société et la conversation. Ses confrères se faisoient en- tendre de lui par des signes de convention. Les étrangers trouvoient sur sa table une grande ar- doise sur laquelle ils écrivoient avec du blanc d'Espagne. Si l'on trouvoit quelquefois de l’em- barras dans ceite manière de converser avec lui, on en étoit bien dédommagé par l'agrément de son esprit et par la multitude de ses connois- sances. Il se plaisoit à communiquer ses lumières, et il étoit accessible à tous les instans. Un grand nombre de savans, Français, Anglais et Alle- mands, étoient en correspondance de lettres avec lui. Le plus grand de ses plaisirs étoit d’obliger. 11 étoit Charitable et bienfaisant, quoiqu'il n’eût qu’une fortune médiocre, dont il détacha même, 12 ans avant $a mort, 100 livres de rente pour fonder une école dans le petit village d'Avilly , où il avoit une maison de campagne , dans le voi- sinage de Chantilly. Il ÿ avoit une presse domes- tique avec laquelle il s'est amusé à imprimer quelqués-uns de ses ouvrages. Le portrait du P. Houbigant a été gravé par Eluin, d'après son portrait par Valade. Il est très-ressemblant. On lit au bas : Carolus Franciscus Houbigant presbyter congregationis oratorii D). N. JT. C. Parisirus ge- 142 Biographie. nere.... vir eloguens.... potens in scripturis. Act. c. 18, v. 24. Lie format est in-fol. Cette notice est tirée, en partie d’un mémoire manuscrit composé par le P. la Lande, qui avoit connu particulièrement le P. Houbigant. Nous avons fait néanmoins plusieurs changemens, plusieurs additions , et surtout un grand nombre de retranchemens. Son Analyse raisonnée des principaux ouvrages du P. Houbigant eut trop allongé cet article. Ouvrages imprimés. 1°. Racines hébraiques sans points-voyelles , où Dictionnaire hébraïque par racines, où sont expli- qués , suivant les anciens et les nouveaux interprètes, tous les mots hébreux et caldaiques du texte origi- nal des livres saints. À Paris, chez Claude Simon et Barth. Alix. 1732. In-8°. de 368 pages, sans la pré- face qui en a 85. 2°. Prolesomena in scripturam sacram ; auctore Car. Fr. Housicanr, O. D. J. S. Pars prima >, ec. Parisiis, Briasson et Durand. 1753. In-4°. de 384 p. chiffrées. — Pars secunda continens Præfationes in varios sacræ scripturæ libros , etc. In-4°. de 432 p. | 3°. Biblia hebraica cum notis criticis -et versione latin& ad notas criticas factä. Accedunt libri græci, qui deutero-canonici vocantur ; in tres classes distri- buti. Lutetiæ Parisiorum, Briasson et Durand. &vol. in fol. Châque volume a un faux-titre; le premier comprend le Pentateuque; le second, ce qu’on ap- pelle Prophetæ priores , sive historici libri. Ony a Houbigant. 143 réuni les livres historiques qui sonten grec. Le troi- sième renferme les livres appelés Hagiographi, com- me les Psaumes, elc. : on y a joint les: Hagiogra- phes qRi sont en grec. Le,quatrieme volume contient ce qu'on appelle Prophetæ posteriores , c’est-à-dire , les Prophètes grands et petits : on y a joint les livres prophétiques qui sont en grec. A la fin de l'ouvrage, on lit: Zypis Claudii-Francisci Simon, ete. 1753. On ne tira que 500 exemplaires de cette bible, qui coûta à l’Oratoire 40,000 francs, qu ’on avoit à peine retirés en 1790. M. Barbou a acquis le peu-qui en-reste. 4°. Veteris Testamenti versio nov, «elc.; auctore CF. Hove:canr , etc. Parisiis, Briasson et Durand. 1753. In-8°. en cinq tomes ; mais comme ils -seroient d’une grosseur trop inégale, on peut, par lé moyen de faux-titres imprimés ‘exprès , les diviser en huit volumes. C’est la traduction latiné qui se‘trouve déjà dans la grande Bible ; et avec les mêmes caractères. ! 5° Psalmorum versio vulgata et versio nova ad hebraïcam veritatem facta. Parisns, Lemercier, De- saint et Saillant. 1746. In-24 de 426 pag. Ce Es Abe est joliment i imprimé, mais il avoit un défaut qu’on a corrigé dans l’édition suivante. Ce défaut consiste en ce que les chiffres des psaumes ne se trouvent pas indiqués au haut des pages ; de manière que l'on a peine à trouver le psaume que l’on cherche. Dans l'avertissement, on parle dela grande Bible comme ayant AAA été imprimée :-elle sat mais elle ne parut qu’en 1753. \ 6°... Psalmorum et Canticorum ‘versio vulgata et versio nova, etc. Editio altera , ibid. Petit in-12 de ‘391 pag. 444 Biographie. 7°. Traduction des Psaumes de David, selon là nouvelle version latine du texte hébreu, imprimée en 1753. Lyon, Duplan. 1767. In-12 de 576 pages. Ce psautier est à trois colonnes, et renferme la traduc- tion française, placée entre la vulgate et la version ltine du P. Houbigant. La traduction française n’est pas de lui, mais il l’a revue et approuvée. 8°. SN, sive Psalmi hebraïci mendis quàäm, Plurimis expurgati. Lugd. Bat. 2748. {n-18 de 20g p. Ce psautier hébreu, qui est très-rare , est comme uñ échantillon des corrections qué le P. Houbigant pro- pose de faire dans le texte. Il l’imprima lui-même à Avily. Les lecons ordinaires sont à part et occupeñt 24 pages , chiffres romains. g°. Proverbià) Ecclesiastes , Job. 1763. Petit in-13 de 30r pages. Après la traduction latine de ces trois livres, on trouve le texte dont il #”’y a eu que 38 pag. d’imprimées , c’est-à-dire, les dix prémiers chapitres des proverbes et qe lignes du BARS 119, Voilà du moins tout ce que j’en ai vu et que j'ai. Cét ou+ vrage fut aussi imprimé à Avilly. 100. Zntroduction. n-8°. de 103 pages, de la même petite imprimerie. Cette introduction devoit servir de préface à-un ouvrage intitulé : £sprit de l Ancien Testament, qui n’a point paru , él qu'on n’a pas méme retrouvé daps les papiers du P. Houbigañit. 11°. Exaïnen du Psautier français des RR. PP. Capücins, où l'on prouve, 1°. qu'ils ne doivent point prendre, pour sujet ordinaire des psauinés , des Juifs captifs et maltraïtés par les Chaldéens ; # qu'ils don- nent une fausse idée de la large saïñtes, él qu'ils êh violent Houbigani. 149 violent souvent les règles. À la Haye, et se trouve à Paris chez P.Fr. Didot Re 1764. In-8°. de 154 pages. 12°. Conférences de Metz entre un Juif, un Protes- tant et deux Docteurs de Sorbonne. In-8°. de 359'pag- chiffrées. 19°. Ouvrages de M. Lesley , contre les Déistes et les Juifs, avec les défenses , et un traité du jugement particulier et de l'autorité en matière de foi, traduits de l'anglais sur la septième édition, parle R. P. Hov- BIGANT, eëc. -e , Lottin l'aîné. In-8°. de 272 pages chiffrées. ; 14°. Ouvrages de feu M. Forbes, lor dphéde des Assises d’Edimbourg , contenant des pensées sur la Religion naturelle et révélée, une lettre à un Evé- que, et des réflexions sur l’Incrédulité; traduits de l'anglais , avec des notes par le R. P. Houbigant, etc. Lyon, Berthoud. 1769. In-8°. de 461 pag. chiffrées. Le censeur Mercier, docteur de Sorbonne, dit : « {{m°a puru que c'étoit une main habile qui avoit entrépris cette traduction. Les notes savantes et judicieuses dont elle est enrichie, en augmentent le mérite eë Putilité. » 15°. Sermons de M. Sherlock, évêque de rase, traduits de Panglais par le R. P. HOUBIGANT, etc. Lyon, Duplaïn. 1768. In-12 de 449 pages chiffrées. 16°. Réglèmens de l'Ecole des Filles d’'Avilly, com- posés et imprimés par le fondateur lui-méme. \n-8°. de 9 pages. TZ, III. Maia806. * 146 Biographie. Ouvrages manuscrits. 1°. Manière d'étudier et d'enseigner déé humanités. 184 pag. in-fol., sans l’avertissement. 2°. Abrégé des Règles de la Formation des temps grecs! 15 pag. in-fol. « J’ai fait, dit le P. Houbigant, l'essai de ces règles sur bien des personnes à qui j'ai appris de grec, el qui n’ont point eu besoin d'autres éecours. » Ex Du pour l’école d’Avilly. 4 pag. in-fol. Voyez les ouvrages imprimés. 4°. Traduction d’Origènes contre Celse. Se ce, que nous en avons dit plus haut. 5°. Vie du cardinal de Berulle. On trouve à la fin les objections du censeur et les réponses très fermes du P. Houbigant. 6. Traduction française de l'Ancien Testament sur le texte hébreu , corrigé par Le P. Houbigant. On y a joint une ‘traduction. du Nouveau Testament. 7°. Notes critiques sur les livres de l'Ancien Tes- tament. 8 vol. in-4°. Las Le D Houbigant se proposait. de retoucher la traduction et les notes, L’abbé Ribal- lier avoit été nommé censeur ; mais M. de Beaumont, archevêque de Paris, l'empêcha de donner son ap- probation. Sa seule raison étoit qu il y avoit déjà assez de traductions. fr ançaises de l’Ecriture, et qu’i4 n’en vouloit pas de nouvelles, Dans le premier vo- lume du Lévitique expliqué, l'abbé Contant de la Molette dit dans une note pag. 178 : « Le P. Hou- bigant m'a montré, dans son porte-feuille, la Tradu: tion françdlso de tout son ouvrage, Elle est Jaisevde - .« Houbigant. 147 main de maîlré ; le style en est coulant, les termes propres et énergiques, ainsi que ceux de la version latine. Si elle n’a pas vu le jour , c’esé pour des rai- sons particulières qu'il nous a expliquées lui-méme, et qu’il n’entre pas dans notre plan d'exposer aux yeux du public. » Ces raisons, on vient de les voir: Elles sont en effet très-particulières. 8°. Traité de l'Esprit de l’ Ancien Testament. Petit in-fol. 13 cahiérs. L'introduction seule fut imprimée, et l'ouvrage $’est trouvé égaré. | 9°. Traité. de la Venue d Elie. Y le composa pour prouver qu'elle n’est pas aussi prochaine que quelques Modernes se le sont imaginé. 10°. Traduction francaise des A de la Bible: Elle n’est pas complète. 11°. Remarques sur le livre (de M. Astruc} inti- tulé : Conjectures sur la Genèse. 12°, Traité de Dieu et de ses attributs. 4 skins 13°. Abrégé d’'Eusèbe et de Socrate ; composé en 1716. 5 cahiers. 14°. Abrégé des Conciles des quatre Reg siè- cles. 17 eahiers. . 15°. Traduction de l’'Examen des Wiracles ; dE- douard Sklingfleet, évéque de FForchester. 8 cahiers dans un porte-feuille. 16°. Traduction des Lettres pastorales de Gibson, évêque de Londres. Dans un porte-feuille. x7°. Traduciion du Gardien , ou. Curateur (Guar- dian), ouvrage périodique et de morale par Steele et Addisson , dans le genre du Spectateur. 35 calriers: M. Godescard l’avoit aussi traduit. 148 Biographie. 8°. Réfutation du premier Avertissement de M, de Soissons ( Languet, depuis arch. de Sens ). 19°. Deux Sermons, l'un sur-les souffrances, l’au- tre à des religieuses. 20°. Une Harangue latine. * ’ 21°. L’Electre de Sophocle en vers iambes. « Ÿai composé, dit le. P. Houbigant, cette tragédie latine en 1714, lorsque je faisois la rhétorique à Juilly, et je l'ai fait encore représenter à Marseille en 1715. J’ai été obligé de changer les personnages d’'Electre et de Chrysothémis sa sœur, en ceux d’Elector et-de Chry- sothème. » Cette pièce fut accompagnée d’intermèdes français dont le sujet est la paix qui venoit d’être donnée à l’Europe. Ils sont en vers libres, et occu- pent 80 pages in-4°. Le P. Houbigant a écrit à la fin: « Cette pièce a servi d’entr’'actes à ma tragédie latine que j'ai donnée à Marseille. Elle pourroit devenir meilleure, en rendant quelques allégories un peu plus suivies, et en serrant quelques endroits qui sont trop lâches. Le personnage de Jupiter est le meilleur de ous, suriout dans la dernière scène. La poésie est aisée dans toute la pièce. Le fond des personnages badins est de M. Thevenard. Je n'ai Jait que les serrer et Les retoucher. Le personnage de l'Hiver est de M. Capponi. Tous les deux régentoient à sm à en méme Lemps que moi. » Le P. Houbigant avoit du goût ét du talent pour la poésie, soit latine, soit française, et s’amusoit quel- quefois à écrire en vers français à quelques-uns de ses amis, et il a imprimé lui-même sur une feuille volante une pièce en vers iambes d’environ trente ee + ‘ Houbigant. 149 vers, qui est satirique et de la plus grande force, C’est un ouyrage de sa jeunesse, et je n’en ai vu qu’un exemplaire. Le modeste traducteur de Salluste et de Tacite, après avoir dit que plusieurs de ses con- frères l’ont aidé de leurs remarques, ajoute: « Je pour- rôis nommer entr’autres , le P. Houbigant , dont le mérite ne se borne pas à une profonde intelligence de l’hébreu , il a bien voulu me donner par écrit ses notes sur la Conjuration de Catilina. » Tous les manuscrits du P. Houbigant étoient dans Ja bibliothéque des Pères de l’Oratoire de la rue St.- Honoré, qui étoit une des plus riches de Paris. Ils ont été transportés , ainsi que tous les autres manus- crits et les livres imprimés de cette bibliothéques dans la maison des Jésuites de la rue St.-Antoine. J ignore ce qu’ils sont devenus dans leur totalité. Je sais seulement que M°. V. P. a veillé à ce que les principaux mangscrits et les imprimés qui étorent enrichis de notes manuscrites, fussent transportés dans la bibliothéque confiée à ses soins, et qu'il n’a pas peu contribué à rendre la première de toutes Îles bibliothéques. d J. F. A—Y. POÉSIE. IN. B. Une dame reprôchoit à La Dixmerie d'a- voir maltraité dans ses Contes les femmes de 40 ans ; l’auteur d’Æ/zire et de Mérope fit sous’ son nom la réponse qu on va fre, et qui n'a pas été imprimée. Aug. Ds L. * Lorsqu’à vingt ans on eut tous les attraits, Quelques lustres de plus ne sont point une aflaire. À quaranie ans on peut nous plaire, On le peut même encore après. . Vénus fut la mère des Grâces, Et les Grâces , dit-on , n’éloient plus des enfans. Toutefois en suivant ses traces Les vit-on balancer seséharmes triomphans ? Mais citons pour exemple une simple mortelle. Ninon, cette aimable infidelle, Ninon qui tour à tour prit, quitta mille amans, Presque dans l’âge de Cybèle , Sut asservir un Atis de vingt ans. Ah ! ne prenez pas pour outrage Un trait par le hasard dicté F Je n’ai point médit de votre âge ; Il n’en est point pour la beauté. VOLTAIRE. ee | VARIÉTÉS, NOUVELLES ET L CORRESPONDANCES LITTERAIRES, NOUVELLES ETRANGÈRES. ANGLETERRE. Le major Ouseley , frère du célèbre orientaliste de ce nom, et adjudant du Nabab d’Audh dont il est commandant de la garde, avoit formé dans l'Inde une collection précieuse de manuscrits orientaux et d'ouvrages de l’art, qui vient d’être apportée en Angleterre depuis peu de temps. Outre les manu- serits arabes, persans et sanscrits, dont le nombre monte à 1500, cette collection renferme de vieux tableaux mythologiques magnifiquement enlumi- nés, qu'il a recueillis à grands frais dans l’Indostan , le Thibet, la Tartarie , la Chine, Ceylan, Ava, eic., des idoles de pierre, de métal, de bois, ete., des étofles, des médailles et monnoies rares, parmi les- quelles il y a une suite complete de celles frappées par les princes mohamédans depuis Timur; des pierres gravées, des armes, des harnois, des ins- trumens de musique. Le propriétaire de cette col- lection a noté la musique de quelques chansons de la Perse, du Cachemire et de l'Inde. Le Gouverne- ment a affranchi cette collection de tous les droits. ! 152 Nouvelles littéraires. Le jeune Roscrus a fait sa rentrée au théâtre de Drury-Lane, le 16 décembre, dans le rôle de Dou- glass. Ses ennemis, qui formoitnt un parti redou- table, eurent le dessus pendant les deux premiers actes, et le sifflèrent avec acharnement. Mais lors- qu il reparut ‘au quatrième acte , ses partisans, qui composoient la majorité de l’assemblée, lencoura- gèrent par des applaudissemens, de manière que ce jeune acteur, remis de son émotion, finit par rem- porter tous les suffrages. On peut assurer que de tous les acteurs pygmées qui infestent les théâtres anglais depuis un an, il sera le seul qui s’y main- tiendra avec avantage, et qui remplira, dans la jeu- esse et dans l’âge mûr, les espérances qu’on a con- çues de sa première adolescence. | D’après l’usage établi dans l'Ecole de St.- Pierre à Westminster, les élêves jouent chaque année une comédie de Tente Ils ont représenté il y a peu de temps le PAormion de ce poëte. Mistriss Zlisabeth Carter vient de mourir à l’âge de quatre-vingt-neuf ans. Son instruction, les agré- mens de son esprit, ses ouvrages lui assurent une place distinguée «parmi nos femmes célèbres. Elle eut “OA HR de goût et de talent pour la poésie, et n’en fit jamais usage que pour rendre la vertu plus aimable. Sa première production fut une Ode à la Sagesse, qui orne une des meilleures éditions de Clarisse. Elle laisse un livre de poésies diverses, et une Zraduction d’Epictète, enrichie de notes; ouvrage qu’on a placé parmi nos livres classiques. 1° Angleterre vient de perdre une femme qui, par sa naissance, son esprit et sa beauté, mérite d’être citée parmi les femmes les plus distinguées de son Nouvelles littéraires. 153 pays et mème de l'Europe, madame la duchesse DE Devoxsaire , morte à Londres le 30 mars dernier, dans la quarante-neuvième année de son âge. Les liaisons qu’elle entretint avec les hommes célèbres de tous les pays, la noblesse et l’élévation de son caractère , le souvenir de sa rare beauté, le goût qu’elle eut pour les arts, la protection éclairée qu’elle accorda constamment aux artistes, sont autant de motifs de déplorer sa fin prématurée. La duchesse avoit composé, sur le Passage du Mont-St.-Gothard, un poëme que M. J. Deztsce a traduit en français, langue que madame de Devonshire parloit avec au- tant de grâce que de pureté. : HoLzLANDE. ç # Le 13 et Le 14 août 1805, la Société batave, désignée. par la devise : Tot Nut van’t Algemeen , à AMSTErR- DAM, a tenu sa séance générale. Elle n’4 décerné qu'un seul prix. Sur plusieurs questions elle n’avoit recu aucun mémoire, et sur quelques autres les mé- moires ne lui ont point paru satisfaisans. Le mé- moire couronné avoit pour objet {es avantages des distributions de prix ; Pauteur est M. Visser, mi- nistre du S. Evangile à Warns. _Le respectable fondateur de cette même Saciété , Jean Niseuwenuuyzex, dépuis plusieurs années pas- teur anabaptiste à Monnickendam, dans la Nord- Hollande, est mort dans cette ville Le 25 février der- nier, à l’âge de 81 ans. s . Les troubles civils de la République batave en avoient fait émigrer un des hommes de lettres et des poëtes hollandais les plus distingués, M. Guil- laume Bizrerpyx, dernièrement retiré à Brunsvic. 154 Nouvelles httéraires. La division Amsterdamoise de la Société batave de littérature et de poésie a délibéré, le 5 décembre dernier, d'inviter M. Bilderdyk à revenir dans sa patrie, en lui proposant une chaire lectorale de langue , d’éloquence et de poésie hollandaise auprès de, cette division. Il a été ouvert sur le champ, et signé.par ious les membres présens, une liste de souscription à cet.effet : la moindre somme à sous- crire est de 15 florins (31 fr. }, et pour trois années consécutives. La section théologique de la Société Teylérienne , séante à HarLem, a arrêté, à la fin du mois de no- vembre dernier, de proposer la question suivante pour sujet du prix à adjuger le 8 avril 1807: « En quoi différent la religign naturelle, telle »°que la simple raison nous apprend à la connoi- » tre, et la religion chrétienne, telle qu’elle est » conterffte dans les livres sacrés du Nouveau Tes- » tament ? , » Depuis quelques années ne paroïit-il pas, de » temps en temps, des écrits qui tendent manifes- » tement à obscurcir cette différence, et à faire mé- » connoître les avantages de la religion chrétienne » sur la religion naturelle ? » À mesure que ces écrits se répandent , que celte » différence est perdue de vue, et que l’on assimile » en tout point ces deux religions, n'est-il pas à » craindre qu’il n’en résulte de funestes effets pour » le christianisme et pour le règne de la vertu et du » bonheur parmi les hommes ? » La médaille est en or, de la valeur intrinsèque de 400 florins (environ 35 louis d’or). Les mémoires lisiblement écrits en hollandais, en latin, en fran- çais ou en anglais, doivent être adressés, non signés , Nouvelles littéraires. 155 mais portant une devise, et avec un billet cacheté, portant en dehors cette mème devise, et, sous le cachet, le nom de l’auteur, avant le 1, PAT IE 1806, à la Fondation de gi M. Pierre Teyler var der Hulst, à Harlem. 5 La Société nationale d'Economie des Pays-Bas , séante à HArLEM, avoit proposéen 1797,d’après l’invi- tation de l’Assemblée nationale de la République ba- tave , la question suivante : « Quels sont les moyens de » convertir l’eau gâtée ,pourrie.et d’une odeur infecte, » en une boisson salubre et agréable? » Treute-huit mémoires avoient été envoyés à ce concours. Dans Ja séance générale qui eut lieu au mois de juin 1805, le prix fut adjugé à l’un de ces mémoires. Ce ju- gement ayant été confirmé par l’Assemblée des di- recteurs, dans la séance du 5 septembre, on ouvrit le billet cacheté joint au mémoire, et on apprit que l’auteur étoit le D’. 4 van Sriprraax Luiscius, lec- teur de médecine et de chynfe : à Delft. Le prix étoit fixé à 6000 florins; après avoir constaté préalable- ment l’exactitude des résultats indiqués par M. Lui- scius, la Société lui a assigné 2000 florins ; les deux autres tiers du prix lui seront comptés ,; lorsqu'on aura fait les expériences nécessaires dans différens climats , afin d’être absolument certain que les pro- cédés de l’auteur sont applicables à tous les pays et à tous les temps. , La Société batave de langue et de poésie hollan- daise, à Rorrenpau, a décerné une médaille d’or à M. J. ne Vrirs, d'Amsterdam, pour son mémoire sur les progrès et La décadence de la poésie hollandaise dans Le 18°. siècle. dé : Frédéric-Guillaume Prsrer (et non Restel, comme - 156 Nouvelles littéraires. il a été fautivement imprimé dans le Magasin Enc. “du mois dernier (avril), pag. 427, lig. 21, où il faut également changer le nom de fan der Keersel en Van der Keessel) est mort à Leide dans les pre- ‘miers jours du mois d’octobre dernier. IL y avoit été appelé en 1763, de l’Université de Rintlen en Westphalie, pour professer le droit public et privé, et il honora sa chaire par son enseignement libéral et lumineux, depuis cette époque jusqu’en 1795, quand, à la suite des troubles civils, messieurs les curateurs académiques de l’Université jugèrent à propos de le destituer de ses fonctions. Le respec- table vieillard y avoit été rappelé, et il sy étoit rendu il y a trois ans, mais: il n’étoit plus qu’une ombre de lui-même; et cette ombre encore vient de disparoître ! Ses principaux ouvrages sont ses Fundamenta Jurisprudentiæ naturalis, qui ont eu plusieurs éditions, et qui ont été traduits en fran- ‘çais par Æerroux, et son traité de Republic4 batavä. Il a prononcé des discours académiques de damnis, ex neplectu juris publici in civitates redundantibus , en 1763; de communi bono , lege civitatum primä, en 1765; de differentiis præcipuis veleris et recentioris gentiunm Europæarum politiæ , en 1777; de fructibus qui ex jurisprudentiä perfectiori ad populos Euro- pæos sæculo XVIII pervenerunt, en 1788. Le res- pect et la reconnoissance ont dicté cette commé- moration funèbre à un de sês disciples les plus at- tachés. P. H. M. Le savant orientaliste Jean-Henri VAN Der PALM, qui, nommé en 1796 professeur de langues orientales et d’antiquités hébraïques à l’Université de Leide, avoit, en 1799, laissé sa chaire, pour prendre d’au- tres fonctions politiques dans le Gouvernement ba- Nouvelles littéraires. 157 tave, vient d’être nouvellement rendu à l’enseigne- ment académique , et professera désormais la poésie et l’éloquence sacrée , tañfidis que son collègue, M. Sébald-Fulco Æaw, aura pour son attribution /es langues et les antiquités orientales. M. Pierre V 4m Damme, qui possédoit un des beaux cabinets dé monnoies et de médailles qu'on ait jamais vu en Hollande, et dont la bibliothéque, tfès-cu- rieuse à plusieurs égards, étoit surtout fort riche dans cette même partie, est mort depuis peu à Ams- terdam , et a légué la presque totalité de sa succes- sion à la Société batave du bien public ( 7o£ nut van t Algemeen). Ta bibliothéque et le cabinet de: M. Van Damme doivent être vendus à l’enchère à -La Haye. , LE] La Société de littérature hollandaise, séante à Live, y atenu, le 7 février dernier, une séance publique. . Elle fut ouverte par une lecture de M. le professeur Tydeman, sur la première origine du langage et sur le Cratyle de Platon. M.Oxver-nE-W yxcaarT-Can- zius, de Delft, y lut un mémoire tendant à établir que l'étude de la langue hollandaise, dans toute l'étendue de ses rapports, est, non moins que celle de la langue latine, une abondante source d’éru- dition. M. Jacques ScuezrEMA ayant publié depuis peu le premier volume de son Tableau politique des Pays- Bas ( Staatkundig Nederland ), accompagné d’une carte biographique, et l’ayant dédié à son excellence M. le Grand-Pensionnaire, pour être suivi de pa- reils #ableaux et cartes militaire et littéraire, à dater de l’an 1400, le Gouvernement batave a bien voulu témoigner à l’auteur sa satisfaction particulière de 158 Nouvelles littéraires. ; cette entreprise, et concourir par un ‘assez gränd nombre de souscriptions à Pusage des principaux établissemens publics, ain$i que par une recom- mandation officielle, au plus prompt débit de l’ou- vrage. M. Jean-Melchior KEMmvEr , professeur de juris- prudence à à l'Académie de Harderwyck, vient d’être appelé au même enseignément à l’Athénée illustre d'Amsterdam. M. Kemper, qui deux fois depuis peu avoit refusé de se rendre au vœu de l Académie de Franeker, empréssée de se l’attacher, ést non moins bon poëte hollandais que jurisconsulte : il a publié dans cette larigue quelques odes, très-remarquables. La connoissance dé l’hydraulique et de toutes les constructions qui y ont trait, n’est nulle part plus importante. qu’en Hollande. M. CAristian Bruwines, directeur-géñéral des travaux de rivière et de.-mer de la République batave, mort depuis peu à Här+ lem, a rendu dans ce genre, pendant une: longue suite d'années ; djinappréciables services à sa patrie. Le Gouvernement batave à voulu honorer sa mé- moire ; 1°. en. ordonnant qu’il lui serait élevé, aux frais de l'État, dans la principale église de Harlert ; j un monument sépuleral simple, mais décent, con- sistant dans son buste en marbre blanc, posé sur un socle de même matière , sur lequel on lira, en lettres d’or, le nom du défunt, Ie lieu et l’époque de sa naissance , ainsi que ceux de son décès; 2°. én promettant une inédaifle d’or, attachée à une dhäliie de même métal, ensemble dé lä valeur de 200 du- cats (de 11 à 1200 fr. ), où bien le montant de cette somme ; à l’auteur du meilleur mémoire ou élogé ABMEUE dé cet excellent citoyen. Uré com- mission de cinq juges compétens a élé nomméé Nouvelles littéraires. 199 pour prononcer sur les mémoires qui seront envoyés au concours. Elle est composée de MM. Trent Van Raaphorst, H. Fan Royen, J. Meerman , J. H. Fan Der-Palm e3. Lublink \e jeûne. Les mémoires de- yront être remis avant le 16 février 1807, au premier de ces commissaires. Le prix sera ad) ugé le 16 mai. 1! ALLEMAGNE. L'Allemagne vient de perdre M. Fr. DE SoxNEN- BERG , jeune poëte, dont lestpremiers essais avoient fait espérer de voir renaître en lui le génie de Klopstock. EE n’avoit encore publié que quelques morceaux de poésie lyriqué, pleins d’élévation , d'images heureuses et hardies, et d’un essor su- blime, FM Le 22 du mois de mars est mort, à Maxwerm, M. Côme Cozust, né à Florence en 1727. À vingt ans il mérita lattention et gagna l’amitié de Vol- taire. En 1760, il entra au service de l’électeur Charles Théodore, en qualité de secrétaire intime. Quelques années après, il fut nommé membre de l’Académie des sciences, historiographe et directeur du cabinet d'histoire naturelle de cette ville. S À X E. La Société de Gorrzrrz a proposé et mis au con- cours les deux questions suivantes : 1°. Par un temps nébuleux , il ne gèle guère que lorsque le thermomètre de Réaumur est descendu au point de zéro, ou du moins très-peu au-dessus : Pourquoi , lorsque le ciel est serein , gèle-t-il déjà quand le. même thermomètre est à trois où quatre degrés au-dessus de zéro ? à : 160 Nouvelles littéraires. 2°. Rassembler dans les ouvrages de Plaute tout ce qui a rapport à la connoissance des hommes et des choses de son out et et mettre ‘ces matériaux en ordre, de manière à pouvoir se procurer un tableau de la oe et des mœurs à cette époque. * Un prix de trente écus est attaché à la solution de chacune de ces deux questions. On agite depuis long-témps la question sur la tem- pérature absolue ou relative de l’intérieur de la terre. M. de TREBRA , capitaine des mines à FREYBERG , et M. le professeur Lampapius ont imaginé de la ré- soudre. Ils ont fait placer deux thermomètres de Réaumur dans les mines à différentes profondeurs, et les ont comparés deux fois PA jour avec un autre expôsé au grand air. Quelle qu’ait été la variété de température de celui-ci, les deux thermomètres de l’intérieur ont marqué constamment l’un 12°,.et l’autre 9 et demi. M. de Trébra, qui paroît être dans l'intention de répéter et de varier ces expériences, se propose aussi d’en faire d’autres, relatives à la théorie du docteur Benzenberg, sur la chute des corps. BAVIÈRE. M. le professeur RiTrer a fait connoître à l’Aca- démie royale des sciences de Munich, dans une de ses dernières séances de l’année passée, une suite : d'expériences qui se rapportent directement à la na- ture du magnétisme. Dans les années 1776 et 1777, l’Académie avoit déjà proposé des questions sur ce sujet , et on s’étoit alors occupé des rapports qui existent entre l’électricité et le magnétisme. Voici Nouvelles littéraires. 161 Voici les résultats des expériences de M. Ritter : 1°. Chaque aimant est un équivalent d’une paire de métaux hétérogènes unis ensemble; ses différens pôles représentent pour ainsi dire les diflérens mt- taux. 2°. Il donne, comme ceux-ci, de l'électricité ; savoir, l’un des Frs pôles, de l’électricité Pooye, et Tévire de l’électricité négative. 3°. En suivant le même procédé, un certain nom- bre d’aimans, ainsi qu’un certain nombre de paires de métaux, a donné de l'électricité ; et c’est ainsi qu’on est parvenu à représenter sur l’électromètre les électricités fournies par les pôles des différens aimans. 4°. Au moyen de ces électricités, une de ces bat- teries d’aimans , selon qu’elle est plus ou moins forte, produit sur les corps morts et vivans tous les phénomènes qui sont produits par une pile de Volia de l’espèce ordinaire et de la même force. . 5°. Les expériences qui prouvent cela font voir que, dans le fer aimanté, le pôle du sud donne électricité positive, et le pôle du nord, l’éleêtricité négative ; que dans l’acier aimanté, au contraire, le pôle du nord donne l'électricité positive, et le pôle du sud, l'électricité négative. 6°.ga même distribution inverse s’observe aussi par räpport aux oxydabilités polaires du corps ai- . manté, dont le changement est produit par la ma- gnétisation ; tandis que dans Le fer aimanté le pôle du sud est plus oxydable, et que le pôle du nord V'est moins : on observe que dans l’acier aimanté le pôle du nord est plus oxydable, et que celui du sud l’est moins. T°, 111, Mai 1806. Wir Le 162 Nouvelles littéraires. M. Ritter pense qu’en considérant la terre comme un immense aimant , ces résultats pourroient servir à expliquer plusieurs phénomènes de la nature, telles que la différence physique entre les deux hé- misphères, l’aurore boréale et l’aurore australe. En effet, d’après ce qui a été dit plus haut, la terre, considérée comme aimant, peut être prise comme l'équivalent d’une immense pile de Volta, dont les pôles sont, d’un côté, suffisamment fermés par les eaux de POcéan , ce qui doit produire et avoir pro- duit les plus grands changemens chymiques des ma- tières de la terre, changemens qui doivent avoir différé suivant les pôles, et dont les pôles d’un au- tre côté ont encore toujours trop d'abondance en électricité , pour qu'une portion considérable ne cherche la voie des rayons de sa splendeur GE les vastes espaces des cieux. HonNGRtE. La duchesse Julienne Giovane, membre hono- raire de plusieurs Académies, morte à Bunr au mois d’août dernier , étoit née à Wurtzbourg, et fille d’un baron de Mudersbach. La plupart de ses écrits se trouvent indiqués dans l'Allemagne littéraire de Meuse. PrussE. - Dans le numéro précédent , nous avons met médaille frappée par ordre du Gouvernement prus- sien , à l’éffet d'encourager l’inoculation de la vac- cine. Voici la description de cette médaille, qui est du prix de 50 ducats en or et du poids de 4 onces en argent. Elle offre, d’un côté, le buste du Roi, avec cette légende : FRIDERICUS WILHELMUS, REX, PATER PATRIÆ; au revers On voit une vache qui tra- Nouvelles littérairés. 165 verse la mer, montée par la Déesse de la santé, et qui est-au moment d'aborder le rivage. La légende - est : IN TESUPREMA sALUS ; On lit dans l’exbrgue : vac- CINATIONIS PRÆMIUM. . Frédéric-Auguste duc de Brunsvic-ŒLs, général d'infanterie de l’armée prussienne, chevalier du grand ordre de l’Aigle noire et de l’Aiïgle rouge, membre honoraire de l’Académie royale des sciences de Ber- lin, étoit du petit nombre des princes qui réunis- sent les talens du général à ceux de l'écrivain, les lauriers du héros à la gloire due au protecteur des lettres et des arts ; c’est sous ce rapport que ce journal doit en donner quelques détails biographiques (1). Il naquit à Brunsvic le 29 octobre 1740 ;'il fut le second fils de Charles, duc régmant-de Brunsvic, et de la duchesse-Philippine-Charlotte, fille de Frédéric Guillaume I, roi de Prusse, et sœur de Frédéric-le- Grand. Son éducation fut confiée aux soins de M. de WALMopEN, conseiller d’éiat intime, et de M. Krrcu- MANx, et l'instruction religieuse lui fut donnée par le respectable JÉRUSALEM, auteur des Considérations sur la Religion. A entra dans la carrière militaire au mois de mai 1761, comme colonel et chef d’un régiment d'infanterie de son père, dans i'armée des alliés, sous le commandement en chef de son oncle le duc Ferdinand, dont il sut dès lors acquérir l’es- time par la prudence et la sagesse de sa conduite. Dans cette année et en 1762, il se distingua dans différentes actions. En 1763, il entra au service de (1) Cet article est extrait du Journal général de Littéra- ture, publié à Halle ; 1806, janvier, feuille d'annonces, p. 1 etsuiv.; pour la rédaction de ce dernier on s’étoit servi d’une biographie écrile par le duc lui-même, et insérée dans les feui/les provinciales de la Silésie ; 1805, n°, XI. 164 “Nouvelles littéraires. Frédéric IT ; roi de Prusse, auprès duquel il a passé : la plupart de son temps à Potsdam jusqu’en 1768, époque à laquelle il se maria avec la fille unique du duc régnant de Würtemberg-Oels; alors il se fixa entièrement à Berlin, et s’occupa avec plus d’as- siduité qu'auparavant d’objets de service et de lit- térature. Comme fruit de ses réflexions sur le ser- vice et les objets militaires , on peut regarder lin- vention de la baguette cylindrique faite par lui en 1773, et que Frédéric IT introduisit bientôt dans son armée. Nous ne nous arrêterons pas à la part qu'il prit à plusiéars expéditions militaires posté- rieurement à celle époque; notre but est de parler plutôt du litiérateur ‘que du général. Son beau-père étant mort vers la fin de 1792, il lui succéda dans la principauté d’Œls, où il se rendit au mois de juin 1793. L'année suivante, 1l se démit de toutes-ses dignités militaires pour donner tout son temps au gouvernement du pays qui venoit de lui écheoir; il embellit la ville d’'Œls, sa ré- sidence, surtout le château ; il fit des changemens considérables dans ses deux châteaux de plaisance, Sibyllenort et JF helminenort ( lieu de Sibylle et Jieu de Wilhelmine ); il forma dans chacun d’eux un petite bibliothéque choisie, et il augmenta con- sidérablement la grande bibliothéque d’@ls. Pen- dant les dernières années de sa vie, il passa les hi-. vers ordinairement à Berlin , où il logeoit dans une maison qu'il avoit su distribuer d’une manière très- commode, et emhellir avec beaucoup de goût. Lau- tomne dernier, il s’étoit rendu de cette capitale à Weimar, où il tomba malade, et mourut le neuvième jour, 8 octobre 1805. as | Nous avons déjà dit qu'il se distingua, non-seu- lement comme homme d'état et comme militaire, Nouvelles littéraires. 165 mais qu'il se montra aussi toujours l’ami et le pro- tecteur des savans et des artistes. Le professeur Kzæsrner, à Gœttingue, étoit un de ses amis, et, après sa mort, le duc lui fit ériger un monument. La Étcgere et les sciences lui sont redevables de plusieurs ouvrages utiles, dont plusieurs ont été composés par lui, et dont les autres ont été publiés à ses frais. Voici la liste exacte de ses écrits, qui, en général, sont peu connus, parce qu'il les fit imprimer à ses frais, et qu 31 A distribua seulement à ses amis et à Fe personnes qui avoient des liaisons avec lui. Considerazioni sopra le cose dellu grandezza dei Romani, trad. del Moniesquieu; Berlin, 1764, in- 8°.— Reflessioni critiche sopra il carattere e le gesta d’ Alessandro Magno ; Milan, 176%, in-6°. M. 7. ?. ÆErman en publia une traduction francaise, 1bid., 176%, in-8°., et en 1767 il en parut une traduction anglaise à Londres, in-8°. I’original eut une nou- velle édition à Berlin, 1803, in-8°., et la traduc- tion française en 1802. — Une traductiou allemande d’ÆZeureusement, comédie de Rochon de Clabannes ; Brunsvic, 1764, in-8°. — Une traduction allemande de Regulus , tragédie, Potsdam, 1767, in-89. — Dis- cours sur les grands hommes; Berlin, 1768, in-8°.; nouvelle édition, Berlin, 1803. — Une traduction française d'Ariane à Naxos, par BRANDEs. — Pen- sées d’un Cosmopolite sur les Ballons aérostatiques - (en allemand); Hambourg, 1784, in-8°., avec grav. — Discours prononcé lors de la prestation de ser- ment , Le 2 octobre 1786 (en allemand); Berlin, 1786, in-8°. — Instruction pour mon régiment, afin de pou- soir mieux suivre les ordonnances du réglement prus- sien (en allemand); Berlin, 1791, in-8°., avec fig. — Histoire militaire dw prince Frédéric- Auguste de 166 Nouvelles littéraires. Brunsvic-Lunebourg , ete. (en allemand); Oels, 1797, in-4°., avec 20 plans et cartes, et avee son portrait. — Journal plaisant, historique , politique et littéraire, à Œls depuis le mois de juillet 1793 jusqu’au mois de 1793. . Parmi les ouvrages d’autres auteurs, qu’il a fait imprimer, nous citerous : Guise-le-Balafré, tragé- die, par le général pe Ruerz, auteur d’une tragédie française, Vitellie, publiée en 1793; Breslau, 1796, in-8°., avec grav.— Essai sur un précis des prin- cipes d'une théorie-pratique des mines, par le baron p’ArzErTAN; Berlin, 1804, in-8°. v Il à aussi laissé plusieurs ouvrages en manuscrit , tels que : Campagne supposée du duc et de son frère Albert Henri, écrite dans les années 2760 et ‘1761. — Pensées sur la fortification , l'attaque et la défense des places (rédigées en 1765). — {nstruction géné= rale sur la tactique ( composée en 1769). — Dispo- stions pour différentes attaques contre un ennemi supposé ; avec des plans ( composé en 1773).— Projet de plan d’une expédition dans le Holstein et en Da- nemarck , en 1788, et d’une irruption dans la Bohème, en 1:89 Ou 1790. Dans la séance du 9 octobre 1805 de l’Académie des sciences utiles à Errorr, M. le Prof. Tromms- pore à fait lecture d’une lettre de M. Æ/exandre vx Humsozpr, adressée à M. le président de Dacaræ- DEN , sur les poissons électriques. Elle sera imprimée dans le prochain volume des Mémoires de cette Aça- démie, qui ne lardera pas à être imprimé. Dans la séance du 2 décembre, M. le professeur BerNHARDI à lu un mémoire sur quelques espèces de prix d'honneur de l'Allemagne méridionale qui sont peu connus, D Nouvelles littérdires. 167 On y a lu encore un mémoire envoyé de Wei- mar par M. le docteur Hagerce, dans lequel il dé- veloppe de nouvelles vues sur l'Histoire naturelle des Champignons, et qu'il a appuyées de nombr euses observations. M. Bücuner, conseiller de justice, a lu des Ob- servations sur l’inoculation de la petite vérole na- turelle, et sur les résultats _des premiers essais de linoculation de la Vacciné à Bergen et dans la Norwège. L'auteur, qui a vécu Les ces contrées pendant 45 ans, a réuni dans ce mémoire ses ob- servations très-variées et multipliées. M. Wenpezsranr à Wetzlar, a adressé à PAca- démie un mémoire imprimé sur le Æidicule de l« titulature allemande , usitée dans le commerce épis- tolaire ; et M. £. F. A. Conra, secrétaire de la Cour de Weimar ; et bibliothécaire du duc, des Elémens d’architecture civile, d'après l’ouvrage français de M. Duran. i Il existe depuis onze ans, à Brrzix, une Société d’Armis de | Humanité ; cette Société, dans sa séance du 11 janvier, a mis au concours la question suivante, avec un prix de 30 ducats : « Comment et par quels moyens la langue et la littérature allemande se sont-elles élevées, dans » la dernière moitié du dix-huitième siècle, à une » hauteur qui met les Allemands de pair avec les » peuples les plus éclairés, anciens et modernes? » On a donné, le 24 mars, sur le théâtre royal de Berlin, la première représentation de la PAédre de Racine, traduite en allemand par le célèbre Scir- er. Voici le compile qu’en a rendu la Gazette de Ja Cour. « Ce nouvel essai est une heureuse-tentative pour 168 Nouvelles littéraires. » rapprocher la tragédie française de la nôtre. Le Cid » et Tancrède ont échoué sur la scène allemande; » mais HMérope et Phèdre frayent le chemin à d’au- » tres ouvrages du théâtre de Paris. Il est impossible » que dans la suite des temps la tragédie anglaise » conserve son #70n0pole en Allemagne. Ce que l’om » nomme en France bonne tragédie, doit aussi ob- » lenir, un jour, ce nom parmi, nous, à côté des » pièces anglaises et des nôtres. Si la tragédie fran- » Çaise étoit réellement une dégénérescence de l’art, » si elle étoit absolument de mauvais aloi, elle ne » se seroit pas soutenue aussi long-temps et avec » autant d'éclat. Ce qui jouit d’une si grande es- » time en France, où le bon goût n’est pas entiè- » rement étranger, ne peut pas être si méprisable » en soi. | Au reste, l’extrème différence du débit de l’ac- » teur français et de l’acteur allemand , sera toujours » une des plus grandes difficultés à à surmonter : le » premier déclame les vers, lesecond les dis. Nous » sommes donc d'avis que nos acteurs doivent dé- » clamer aussi la tragédie française, quoique traduite » en leur langue. » AUTRICHE. Le célèbre Cagrugini, membre du conservatoire de France, vient d’ajouter à sa gloire par la com- position d’un opéra, sur paroles allemandes, inti- tulé : Faniska. Le public s’y porte en foule, et, dans un pays où la musique est portée au plus haut degré, tous les connoisseurs conviennent que l’au- teur de ZLodoïska s'est surpassé lui-même dans ce nouveau chef-d'œuvre. L'administration du théâtre ‘de Vieune a fait hommage de la recette de la troi- sième représentation à M. Cherubini. . LA Nouvelles littéraires. 169 Russre. Le cabinet*de minéraux du docteur Æreylon a été acheté par l’empereur Alexandré, qui en a fait présent à la Commission d'instruction publique. Un squelette complet d'éléphant a été trouvé à la terre de Siruchow, gouvernement de Casan. L'usage établi par l’Académie des sciences de PÉ- TERSBOURG , de faire voyager quelques-uns de ses membres ou de ses associés dans les provinces les moins connues de la Russie, ne peut qu'être très- utile pour l'histoire naturelle et physique de ce vaste empires Ainsi, MM. Sewere1n et Ronors, l’un comme géologne el minéralogiste, l’autre comme botaniste et zoologisté, furent choisis, en 1804, pour parcourir la Finlande. Le prenfier a den publié ses observations. On assure que la province d'Orex recèle une plante connue sous le nom de Matrunka, qui est un spéci- fique infaillible contre la morsure des chiens enragés.: L'Académie de Pétersbourg a chargé M. SMrELOWSKE, : académicien extraordinaire, de vériber le fait sur les lieux ; le résultat de ses expériences a été très- satisfaisant. M. Benjamin BERGMANN , après avoir voyagé dans le pays des Calmoucks, voulut aussi visiter le Thibet et le Dalai-Lama. Il obtint pour cela de l° empereur Alexandre tous les secours nécessaires; mais ayant . demandé en outre une nombreuse escorte, le prince n’a pas jugé à propos de consentir à une aussi grande dépense. M. Remmann, médecin de S, A. S. monseigneur 4 170 Nouvelles littéraires. le prince de Furstemberg, vient de recevoir une » lettre de son fils, médecin à la suite de l’ambassade de Russie en Chine. Cette lettre est datée de Kiachta, frontière de la Chine, 14 octobre 1805. M. Rehmann fils mande qu’il a vacciné un grand nombre d’en- fans des Mongols, peuple aujourd’hui soumis à la Russie, et le même qui autrefois, sous la conduite de Tsingischan , que nous appelons Gengis-Khan, ébranla l'Asie et une partié de l’Europe. « Ils ont, dit M. Rehmann, conservé les mœurs et les manières simples de leurs ancêtres. Ils vivent sous des tentes, se servent encore de l’arc, et tirent avec tant d’ha- bileté et de justesse, qu ‘en chassant avec les Russes de la suite de l'ambassadeur ils tuoient six fois plus de gibier qu’eux , quoique ceux-ci fussent armés d’ex- cellens fusils d chasse, et de fort bonnes arque- buses. » M. Rehmann mande aussi avoir fait dans ce pays la découverte d’une petite pharmacie portative du Thibet, dont la médecine peut tirer un parti utile. Elle consiste en soixante pièces très-élégamment en- veloppées dans du papier. On y trouve quelques re- mèdes qui sont en usage en Europe, mais un beau- coup plus grand nombre dont les botanistes à Ja suite de l'ambassade n’avoient point de connoissance. Ces derniers consistent en petits fruits, des nois et quel- ques préparations chymiques. M. Rehmann en a fait traduire la liste, laquelle étoit écrite en langue Tan- gut. H se propose de rapporter quelques-unes de ces petites pharmacies, qui sont très-répandues parmi les Buchares. Il assure que, d’après les mesures qu’il a er la vaccine se trouve propagée depuis Jekutzk jusqu’à Jakutsk et Ochotzk, et par conséquent trans- portée aujourd’hui , depuis l’Angleterre jusqu’à l’au- tre bout de la partie septentrionale du globe, Il es- père rapporter quelques bons ouvrages chinois pour Nouvelles littéraires. 71 la bibliothéque de S. A. monseigneur le prince de Furstemberg. Dans le cahier du mois d'avril du Journal pour servir à la connoissance de l’état actuel des sciences naturelles ( Magazin für den neuesten Zustand der Naturkunde), rédigé par M. Voicr, on trouve deux lettres de M. le docteur HAMonkr : un des savans qui ont accompagné le capitaine Krusenstern dans son voyage au Japon, et dont il a été parké dans le Maga- sin Encyclopédique (+). Nouscroyons que noslecteurs verront avec plaisir la traduction de ces lettres. À Extrait d’une lettre de M. Lancsponrrr à M. le doc- teur NœanDEn (2), datée du port de Saint-Pierre et Saint-Paul en Kamitschatka , le 6 juin 1805. « Nous avons quitté le Kamtschatka au mois de . septembre 1804, et nous nous sommes mis en route pour le Japon , pays qui, sous le rapport des scientes, n’a guère encore été visité que par Xæmpfer et Thun- berg. Ceux qui ont été eux-mêmes dans le pays, trou- veront que le premier a fait, pour l’histoire et la con- (1) ik 1805, tom. I, p. 172.et 387; 1. IV, p. 401. Ann. 1806, t.I,p. 164. (2) “re jeurte médecin et naturaliste dont les talens avoient fait concevoir les plus grandes espérances, fut enlevé aux sciences Le 13 novembre 1804, à l’âge de 30 ans. Ilavoit pu- blié plusieurs écrits estimés , entre autres un Specimen de augmentis contra Hedwigii theoriam de generatione musco- rum ; Gæœtting. 1798, in-4°. Il a encore publié plusieurs mémoires estimés dans le Journal de Botanique du profes- seur SCHRADER , et dans le Medical Journal publié à Lon- des, dont il étoit » depuis 1799, un des collaborateurs les plus dotib ; -son savoir l’avoit fait estimer en Angleterre. 172 Nouvelles lilléraires. | noissance détaillée du pays, plus qu’il ne paroît en eflet possible de faire, et ce dernier en a publié une Jlore qu'aucun autre voyageur ne pourroit plus donner avec autant de succès. » En allant au Japon, nous avions formé de beaux | projets et conçu les plus brillantes espérances; mais en nous traitant à Nangasacki de la facon la plus honorable, on nous a renfermé dans les logemens qu'on nous avait assignés; on nous y a gardé de la manière la plus sévère, en nous ôtant tous les moyens de communiquer avec les habitans, à l’exception de quelques interprètes hollandais; enfin, lorsque la ré- ponse de l’Empereur fut arrivée de Yedo, on nous renvoya poliment, en nous comblant de présenus. : » Il n’étoit donc guères possible de songer à des excursions d'histoire naturelle ; et du reste, nous n’a- vons passé au Japon que les mois d’hiver depuis le mois d'octobre 1804, jusqu’au mois d'avril 1805. — On nous fournissoit gratis les vivres et tout ce qu’il noys falloit pour notre entretien et pour satisfaire à nos besoins; mais on ne nous permettoit point d’a- cheter la moindre bagatelle. — Heureusement l’Ich- thyologie , une de mes parties favorites de l’histoire naturelle , n’est pas étrangère à l’empire de la cui- sine. J’eus donc soin de recommander à l'homme qui apportoit tous les jours les provisions dans notre prison d'état, de m'apporter autant de poissons de. différentes espèces que la saison et le marché pou-. voient lui en fournir. Par ce moyen, j'ai réussi à me procurer, dans les trois derniers mois, environ 400 des plus rares poissons des Indes, parmi lesquels il y a environ 150 espèces différentes. J’envoie en. attendant à M. Brumensacn une petite notice de celles: qui sont déjà connues; j'espère pouvoir Jui donner, dans un autre moment, celle des espèces nouvelles. Nouvelles littéraires. 173 » Notre retour du Japon au Kamtschatka a été sans doute un des voyages les plus intéressans qu’on .puisse aujourd’hui faire par mer. Nous avons longé ‘et examiné la côte nord-ouest du Japon, qui, jusqu’à présent ,éloit encore inconnues, Nous avons déterminé avec précision la position du détroit de Sangoar. Nous avons reconnu toute la côte occidentale de Matzu- mai. La partie septentrionale de cette île, quoique sous la domination des Japonais , n’est pas cepen- dant habitée par eux, mais par une autre peuplade que nous connoissons en Europe sous le nom des «Curibes chevelus (3), et qui se donnent eux-mêmes le nom d’Æin0s, La partie de Matzumai qui est ha- bitée par eux, porte le nom de Yeso, et de là vient qu’on confond souveni les iles de Yeso et de Matzu- mai. — Le Pic de Lamanon de La Peyrouse ne tient pas au continent comme il le croyoit, mais il forme une île à part. » Nous traversämes le détroit de La Peyrouse; nous fimes voile vers le nord, et nous entrâmes dans la baie profonde de Sagalin ( so/fe Aniwa.), formée par les deux promontoires Crillon et Aniwa; elle n'a pas été visitée par La Peyrouse; mais nous savons actuellement que les établissemens des Japonais s’é- tendent jusque là, car nous y avons trouvé une fac- torerie japonaise très-régulière. — Ce pays est habité par les Aïnos dont il vient d'être question. Les figures des habitans de Sagalin dans la baie de Langle, pu- bliées par La Peyrouse (4), sont très-caractéristiques, el peuvent aussi donner une idée des habitans de Ma- (3) Voyez l'ouvrage de M. BLUMENBACH , de generis hu- mani varietate natia , pag. 29 de la 3°. édition. | (4) Voyez la planche 55 de l'Atlas du Voyage de La Pey- Yause. 1 174 Nouvelles littéraires. tzumai, à cela près qu’ils ne rasent pas absolument les cheveux du sommet de la tête, mais qu’ils les coupent seulement plus courts que ceux des côtés et de l’occiput: Du reste, ces Aïnos ne sont pas plus chevelus que beaucoup d’Européens, si l’on fait ab- straction de leur longue barbe. . » Nous avions l’intention d’examinér toute la côte orientale de Sagalin (appelé aussi Ségalien ou Tehoka ); mais lorsque vers la fin du mois de mai mous vinmes dans les environs de la baie de Pa- tience, nous trouvâmes la mer encore couverte d’une quantité immense de glaçons, au point qu’il nous fut impossible de continuer notre route, et qu’il nous falloit entrer dans le port de Saint-Pierre et Saint-Paul , afin d’y attendre une saison plus favo- rable pour examiner ces côtes. Nous y voilà done pour la seconde fois depuis hier, et je m’empresse de vous écrire des aujourd’hui. » Depuis long-temps nous étions impatiens de re- cevoir des lettres d'Europe. Celle que vous m’y avez adressée m’a fait infiniment de plaisir; mais je re- grette de n’avoir pas reçu celle que vous m’avez en- voyée à -Rio-Janeiro, ce qui vient de ce que nous n'avons pas mouillé dans ce port, mais dans celui de Sainte-Catherine. Cela m’a privé de la satisfaction dé profiter des bons conseils que vous et M. Blumenbach m’aviez Communiqués alors. Cependant je puis dire que quant aux végétaux, et surtout aux bruyères, aux asplenies, etc.’, ainsi qu'aux plantes marines, je me suis occupé pendant tout mon voyage, avec beau= coup de zèle et de soin, à en recueillir et à les placer dans mon herbier..— Ma collection d'insectes est aussi fort considérable; mais je n’ai presque rien pu faire pour Ja minéralogie, parce que nous n'avons mouillé que sur des côtes stériles pour cette science; Nouvelles littéraires. 179 et que nous n’avons pas pu pénétrer dans l’intérieur des terres. . M. le conseiller aulique Tizésrus, qui est un ex- cellent dessinateur , a copié, avec la plus grande per- pren ,un grand nombre d’objetsd’histoire naturelle. » Après vous avoir parlé du passé, il faut que, d vous fasse aussi part de mes projets pour l'avenir. » Enrichi de tant de trésors, le parti le plus na- ci seroit sans doute de me retirer dans quelque endroit tranquille pour vaquer à la digestion de cette abondante nourriture intellectuelle. — Mais aupara- vant je me suis laissé engager à une nouvelle expé- dition par des promesses qui, si on me les tient, de- vront nous fournir des résultats intéressans pour la connoissance d’une partie de la terre très-peu connue jusqu’à présent sous le rapport de l’histoire naturelle. En un mot, je quitterai ici l'expédition du capitaine Kausensrens , homme excellent, que tous les savans qui l'ont accompagné aiment et estiment; je quitte- rai mes amis Horner et Tivésius , ainsi que les offi- ciers dont le souvenir me sera toujours cher, pour aller visiter la côte occidentale de l'Amérique sep- tentrionale, notamment la grande ile de Cadiac, si= tuée devant Ja rivière de Coock. Le chef de cette expé- dition sera M. le chambellan de Rresanorr , le même qui vient d’être envoyé en ambassade au Japon. Il aura [a mission spéciale de visiter les établissemens russes en Amérique, — Sous peu de jours je me met- trai en route pour les îles Æ/eutes, et dans six se- maines j'espère aborder à Cadiac, où je passerai pro- bablement lhiver. L'été suivant (c’est-à-dire celui de l’année 1806 ), j'irai à Ochotsk, d’où je me mettrai en route par terre pour Pétersbourg dans l’hiver de l’année 1807. La bonne santé dont j'ai joui jusqu’à préseut me fait espérer que je supporterai de même 176 , Nouvelles littéraires. toutes les fatigues auxquelles je vais m’exposer de nouveau. » II. LU Nouveaux détails sur le voyage de M. le docteur LanNcsporFr, extraits d’une lettre adressée par lui à M. le professeur BLUMENBACH à Gœttingue, sous la date de Port de Saint-Paul et Saint-Pierre, le 3 juin 1805. » de n’empresse de.vous répondre à un des objets dont vous m'avez parlé dans votre dernière lettre. Je puis vous assurer que l’étonnement qu’on a quel- quefois témoigné de ce que je prenois note, sous un ciel étranger , des productions de la nature qui sont généralement connues et mêmes communesdans notre patrie, ne m'a jamais paru un motif suflisant pour ne plus suivre fin tout Horace, et lui demanda ensuite ce que « c’étoit . Tale: G2i » c'étoit qu'Horace. Il est facile de dire ce que » c'étoit que ce capitaine. » Changeons de cou- leurs. À la grande Chartreuse , qui est devenue une manufacture de tabac, il alla parcourir le cimetière, employé aujourd’hui à faire sécher les feuilles de cette plante. Il ajoute cette réflexion sensée : « Un cimetière ne devroit, ce me sem- » ble, être jamais destiné à un autre usage. Il y » a dans le mépris de cette convenance une sorte » de profanation qui froisse l'âme. » Plus loin on trouve cette judicieuse observation. « On voit » à Naples beaucoup de tabatières et autres pe- » tits meubles fabriqués avec la lave du Vésuve, » et il y a peu d'étrangers qui n'en emportent. » On aime à jouer avec ce qui a été redoutable ; c’est un enfantillage naturel à l’homme. » À côté des noms de Virgile, d'Horace, de Ci- céron, on retrouve ceux de Scipion , de César, de Titus, de Marc-Aurèle. Voici ce qui concerne ce dernier. L’auteur vient de louer et de critiquer ce cheval à qui Carle Maratte disoit, Marche donc , et tout de suite il s’écrie : « Mais le cheval » de Marc-Aurèle fût-il sans défauts, que seroit-il » auprès de l’image dé Marc-Aurèle , de ce prince » qui, en gouvernant tant d'hommes, s’est placé » au rang des princes quiles ontles mieux gouver- » nés? On regarde avec attendrissement l’image » mélancolique de ce génie bienfaisant que le » ciel prêta à la terre; on aime à croire que le » hasard seul n'a pas conservé la statue, et l’on » se félicite que l’amour des arts lui ait érigé, » dans son ancienne capitale, un monument T. III. Juin 1806. X ÿ 322 Voyages. » qu'il mériteroit de la reconnoissance des hom- » mes. » Ce ton est noble; mais l’auteur en change pour peindre la compagne de cet empe- reur célèbre ; « Faustine, cette épouse du sage Marc-Aurèle , et qui ne fut pas à beaucoup » près aussi sage que lui. Son buste n’offre point ces grands traits si communs aux Romaines de » son temps; il offre au contraire toute la déli- » catesse des traits d’une jolie Française, jointe » à la régularité des traits antiques. En voyant » Faustine, si on ne l’excuse pas , on excuse du » moins les complices de ses torts qui exercèrent la philosophie de Marc-Aurèle. » M. de Creuzé a des aperçus fins et profonds sur les arts. Son Æssai sur le beau et le joli est un très-joli chapitre, où l'esprit semble avoir servi de secrétaire aux Grâces. Sa dissertation sur le ru en sculpture , est pleine de finesse, de convenance et de ce qu'on appelle du tact. Nous avons dans nos manières plus de décence que les Anciens , nos arts doivent s’en ressen- tir, et nos artistes se soumettre aux lois que le changement moral leur impose. « Le costume » moderne, appliqué à une statue moderne, sera » toujours moins ridicule que le costume d’un » empereur romain appliqué à un roi de Prusse » ou d'Angleterre : là, les yeux souffrent peut- » être; mais ici la raison est au supplice. Tout » ce qu’on dira sur le style monumental et sur » le genre grandiose, ne répondra pas à cette » difficulté. Ce seroit bien pis, si l’on en venoit » à représenter sans aucuns vêtemens un prince CA LA œ | Italie. 323 » encore vivant. Je ne ferai point de réflexions » sur toutes celles que peut inspirer un pareil » oubli de notre siècle et de nos mœurs. Il me » semble que, dans les convenances modernes, » il doit y avoir un voile sur la personne comme » sur la dignité des princes. » J'avoue que je suis trop ignorant pour savoir ce qu’on peut répondre à cela; mais je sais ce qu’on ne pourra pas y ré- pondre. M. Auguste Creuzé publia , il y a quelques an- nées , un poëme qui fut très-goûté à cette époque, et qui le seroit encore si l’on en retranchoit quel- ques fictions qui ne devroient pas y être, et qui gâtent ce chef-d'œuvre de gaieté , de badinage et d'esprit. Dans un voyage en Italie, il lui étoit impossible d'oublier cette tentative. Voici comme il en parle : « Presque tous les voyageurs qui » passent à Modène, vont dans une vieille tour » voir ce vieux seau enlevé aux Bolonnais, qui » a fourni à Tassoni le sujet d’un poëme un peu » vieux aussi, qu’on a assez récemement cherché » à rajeunir en France. C’étoit bien mon inten- » tion de voir ce monument respectable de la » gloire des Modenois'; et j'avois même des rai- » sons particulières pour cela. (Je le crois). Mais » il tomboit une pluie trop forte ; la tour où l’on » montre le sceau étoit assez loin ; le diner étoit » tout prêt; il falloit partir dans un quart d’heure. » Je me suis contenté de constater l'existence du » personnage; j'ai su qu'il étoit plus vermoulu » que jamais , et je suis parti sans le voir, en étouf- » fant indignement mes remords. » Tel est en 524 Voyages. général le style aimable et léger de ce charmant ouvrage. Dès les premières pages on y trouve ces paroles : « Chambéry n’a rien de remarqua- » ble que l'abondance de ses eaux et la sociabilité » de ses habitans. Les femmes y sont aimables » et jolies : cette ville appartenoit de droit à la » France. » Je pensois bien que cela ne se pas- seroit pas sans quelque madrigal. Aug. De L. POÉSIE. Le Vorace du Poëte, poème par J. B. DE SAINT-VICTOR. Paris, chez Collin, libraire, rue Gît-le-Cœur, n°. 4; impres- sion de Didot. Papier vélin, prix, 1 fr. 80 cent., et 2 fr. par la poste. D. puisque M. ne Sainr-Vicron le désire. Il a défendu généreusement /a Poésie des- criptive, contre les reproches qu’on lui a adres- sés. Peut-être auroit-il dû se dispenser de com- battre pour elle. Son poëme n'a rien de commun avec ce genre monotone et fatigant, introduit par l’impuissance. Si quelques hommes d’esprit l'ont soutenu par leurs exemples ; si MM. De- lille, Castel, Esmenard , Michaud, Lalanne, etc. etc., séduits par la facilité, peut-être aussi par l'abondance qu’il présente à un génie heureux, sont parvenus par de brillans succès à désarmer les critiques , il n’en est pas moins vrai de dire, que la muse descriptive est une muse bâtarde , introduite mal à propos sur le parnasse , et dont M. de Saint-Victor n’auroit pas dû aspirer à ètre le protecteur. Qu'a-t-il à démèler avec elle? Les descriptions l’attachent à tout; elles font parüe et parure de tous les ouvrages de poésie ; mais seules elles ne peuvent former un bon ouyrage, ou du moins faire un ouvrage amusant et com: 326 Poésie. plet. Dans Homère , Virgile , le Tasse, Milton, le Camoëns , ce qui anime leur épopée, je l'avoue, c’est le charme continuel des descrip- cions. C’est lui encore qui ajoute un grand mérite à.nos idylles, à nos éclogues, qui plaisent par la peinture fidèle de ces pittoresques paysages, où des bergers dignes de l’âge d’or se disputent le prix de la flûte, du chant ou de la course. Les descriptions se mêlent aussi très- agréablement aux sentimens décrits dans nos élégies amou- reuses ; mais, séparées du secours des actions principales dont elles ne doivent être que l’ac- cessoire , elles ne sont plus qu’un vain entasse- ment de richesses ou, pour mieux dire , qu’une confusion. « Dans tous les écrits, quels qu'ils » soient, disoit M. Wals à M. Pope, la nature » doit être suivie: et rien n’est plus contraire à » la nature. que cette fureur d’entasser des des- » criptions , et de chercher à dire ce qu’on ap- » pelle de belles choses. » Qu'a-t-il à démèler, ai-je dit, avec messieurs les descriptifs ? Cependant ce poëme n'est qu’un tissu de belles et de sublimes descriptions. Ex- pliquons-nous : je ne veux pas qu’on interprète ma pensée d’une manière qui pût la rendre ridi- cule. Je crois que M. de Saint-Victor n’a écrit qu’une épître et non pas un poëme, malgré la sublimité de son exorde. Un poëte veut par- courir la carrière de l'épopée ; il s'engage à vi- siter les lieux qu'il veut peindre, et ceux qu'Ho- mère et Virgile rendirent célèbres. Tout cela ne s’écarte point du style didactique qui convient Poésie française. 327 à l'épître ; et les épitres je les admets, parce qu'il faut donner des bornes à ce genre si parfait dans celles de Boileau. J’admets aussi les prétendus poëmes qui n’ont pas plus d'étendue que les Hommes de Frométhée de Corarpeau ; la Forét de Windsor, si bien traduite par M. Boisson ; la Forét de Fontainebleau de M. Casrez ; les Plaisirs d'un Poëte de M. Mizzevoye; l’Illusion et les Hôpitaux de M. Turvenrau ; le Printemps. d'un Proscrit de M. Micuaup, tel qu’il étoit la première fois dans l'Ælmanach des Muses : voilà les opuscules descriptifs que mon goût adopte ; tous les autres me paroïssent surchargés , em- barrassés et interminables. La mode peut soutenir pendant quelque temps les poëmes descriptifs ; mais la mode est fugitive, et le souvenir du sort de l’héroïde doit faire trem- bler ceux qui s’exercent dans un genre pareil. Car, qu’on ne s’y trompe pas, ce sont les descrip- tions, précédées et suivies de descriptions, qui ont tué les héroïdes. M. de Saint-Victor, peu fidèle à la doctrine qu’il défend , veut que le poëte sache se borner, et qu’il ne dépasse pas une juste longueur ; mots que lui-même a soulignés. Il veut encore Que toujours, au milieu de ces belles images, L'homme et ses passions animent les ouvrages. Ah! que j'en suis bien aise! Pourquoi dispute- rions-nous encore ? nous sommes d'accord. J'ai dit le plan du poëme. Peut-être remarquera-t-on que l’homme et ses passions ne sont en scène que 3528 Poësie. d'une manière passive; que ce charmant ou- vrage n'est qu’une suite de préceptes; que la marche n’en est pas assez caractéristique. C’est le genre didactique marié au genre descriptif ; c'est l’alliance de la modestie et de l’orgueil. Mais ce défaut pardonné, que le lecteur verra avec plaisir un talent qui avoit donné de si dou- ces espérances, grandi et porté à sa maturité par l’âge et par l'expérience. Ces vers sont si riches, leur facture est si bril- lante , leur harmonie si. agréable , qu'embarrassé sur le choix des citations , nous ne savons, parmi tant de belles images , lesquelles doivent enrichir cet extrait. Mais pourquoi être embarrassé ? Commençons par le commencement. . Le poite divin qui sur sa lyre d’or D’Achille aux pieds légers et du vaillant Hector, Dit aux siècles la gloire et la noble querelle; Méditant de ses chants la pensée immortelle, Consulte d’Ilion la plaine et les débris ; Mais bientôt pour orner de si nobles récits, Dans la nature entière il chercha des images ; T1 osa du Melès, quittant les doux rivages, Emporté sur les eaux vers des climats lointains, Aux Déités des mers confier ses destins. Appelés par Thétis de leurs grottes humides, Les farouches Titons , les blanches Néréïides Entouroient le vaisseau du chantre aimé des Dieux. Des flots qui se courboient sous ce poids précieux , Un vent léger , ridant la surface azurée, Le portoit sans péril sur cette mer sacrée. Et dans l’heureux accord des ondes et des airs, Poësie française. 329 Le poëte, à ses yeux, sous mille aspects divers, : Voyoit se déployer les ports, les monts, les îles. Dans le cours de sa marche, le poëte peint Rome, ses fêtes et ses mœurs. Il passe au Vé- suve dont les feux étoient assoupis. Dans ce calme trompeur la montagne effroyable Soudain rend un bruit sourd , lugubre, épouvantable ; Typhon, l’affreux Typhon de ses flancs caverneux Sort lançant les rochers, les cendres et les feux ; S'élève jusqu'aux cieux en gerbes menaçantes, Précipite en forrens ses laves dévorantes, Engloutit les cités, fait reculer les mers, Et soulevant la terre et les eaux et les airs, Porlant partout la mort, l'horreur et les ravages, S’abime dans les flots au milieu des orages. Il expire. Aussitôt les peuples ranimés Vont reporter le soc sur leurs champs consumés ; Bientôt sur les cités au tombeau descendues, De nouvelles cités s'élèvent suspendues ; Dans ces lieux qu’ébranla tout l’enfer en courroux, Les cieux semblent plus purs, les airs semblent plus doux, Et sur les noirs forrens des laves refroidies, Flore jette en riant l'émail de ses prairies. M. de Saint-Victor emprunte tour à tour des comparaisons ou des images à David , Isaïe, Vir- gile, à M. Bernardin de Saint-Pierre et à M. de Châteaubriant, qui lui a fourni ce trait charmant, où il parle des peuples sauvages de l'Afrique : Long-temps de ces déserts, paisibles possesseurs, Ces peuples, que de nous la mer en vain sépare, Depuis ont vu souvent l’Européen barbare, 230: Poésie. Leur demander la terre où dormoient leurs aleux ; Aussitôt recueillant ces restes précieux , Loin des champs paternels, plaintive, désolée , Voyage tristement la peuplade exilée, Les guerriers, les enfans, les femmes, les vieillards ; Et saluant encor de ses derniers regards Son fleuve, son boccage et ses chères cabanes, S’éloigne lentement à travers les Savanes ; Aborde avec respect ces pieux voyageurs, Ecoute leurs récits, prend part à leurs douleurs ; Et si tu sens combien la patrie a de charmes, À ces fils de l'exil tu donneras des larmes. Il me semble que voilà une belle prose rendue par de beaux vers. Qu'il y a d'esprit et d'inven- tion dans ce siècle ! disoit madame de Sévigné, que tout est nouveau, galant, diversifié; je ne crois pas qu'on puisse aller plus loin. Je n’en disconviens point, on ne peut point effacer le siècle de Louis XIV ; mais n’en déplaise aux déclamations modernes, plusieurs de nos écri- vains et M. de Saint-Victor entre autres, peuvent fort bien supporter le danger du parallèle. Mais finissons. Reviens, crains d’irriter et les vents et Neptune : Trop d’audace a souvent fatigué la fortune ; Elle à comblé d’ailleurs tes poétiques vœux. C’est assez d’avoir vu dans ton voyage heureux, Ou parcourant la terre, on navigant sur l'onde, Le monde déjà vieux et l'enfance du monde. Reviens, el dis alors tout ce qu'ont vu tes yeux. M. de Saint-Victor exige qu'il interroge Clio, pour lui emprunter ses héros fameux. Poësie francaise. 331 C'est peu de charmer l'œil, il faut toucher le cœur ; En peignant la nature imite son auteur : Quand la main dans l’espace eut suspendu la terre, Que sa voix eut sur elle appelé la lumière, Enchainé l'océan, ombragé les coteaux, Et des cieux ordonné les merveilleux tableaux, Sa sagesse voulut, par un plus grand miracle, Créer l’'admirateur d’un aussi beau spectacle : L'homme fut le dernier de ses travaux divins. Sans cet être nouveau , chef-d'œuvre de ses mains, Fait pour connoître, aimer, qu’un feu céleste anime, Seul et silencieux dans le triste univers, Eût été roi sans peuple et le dieu des déserts. On en conviendra , ces vers sont excellens, Mais ce qui m'en plaït le plus, c’est que si les poëtes descriptifs ont raison de triompher des images qu’ils renferment, ils doivent être con- fondus des préceptes qu'ils y trouvent. Aug. DE L. RD SCC CE A CE SD DCI DRE DETTE PL EE RIEE CORRECTIONS et ADDITIONS pour ur ouvrage de M. FTORILLO(:), lues dans les séances particulières de la quatrième Classe de l’Institut le 11 mai 1806. M. le professeur Froricro a publié, il y a quelque temps à Gættingue, le troisième volume de son Histoire de l'Art en allemand ; il contient l'Histoire de la Peinture en France. L'auteur dit, dans son avant- propos, « qu’il » n'avoit eu d'abord l’idée que de parler de l’an- » cienne école française, et qu'il est encore » trop tôt pour écrire sur l’école moderne. » Je ne suis pas de son avis; je crois que l’école moderne a déjà produit et produit encore tous les jours d’assez grands hommes , pour que son histoire mérite d’être écrite; mais je pense que l'auteur auroit beaucoup mieux fait de ne pas céder aux désirs de ses amis, en publiant ses ob- servations sur cette école. Il auroit sans doute mieux fait encore d'attendre quelques années pour se procurer des notes plus exactes, et visiter , s’il lui eut été possible, la France : L’au- teur demande excuse, «s’il a quelquefois oublié » un talent naissant. » J’observe qu'il a même (1) L’Art de Dessin en France depuis son rétablissement jusqu’à nos jours. Gœttingue , 1805; 1 vol. in-8°. en alle- mand. Histoire. 553 souvent oublié des talens supérieurs ; etqu'iln’a pas rendu assez de justice à d’autres. M. Fiorillo, à en juger d’après la préface de son volume sur l'Ecole italienne, paroïît croire qu'il n'y a que les artistes qui puissent bien écrire sur l'art; je ne veux pas ici renouveler cette an- cienne discussion ; mais son ouvrage, que j'ai sous les yeux, me démontre qu'un artiste peut faire un livre plein de fautes, même sur les ar- tistes modernes, et qu'il peut mal juger leurs pro- ductions , surtout quand il n’a pas eu l’occasion de visiter leur pays (2). D'après ma manière de voir, quand on ne veut travailler que pour son honneur et pour être utile, on ne doit parler que des objets qu’on peut avoir été à portée de con- noïître ; c'est alors au moins notre propre juge- ment que nous publions, et non pas celui des autres que nous suivons en copiant leurs écrits et en nous fiant aux relations des voyageurs. Dans l’ancienne école francaise de notre au- teur, il y aura peut-être encore quelques dé- fauts à relever; mais je laisserai ce soin à d’au- tres ; je me contenterai de citer quelques-uns de ceux qui se trouvent dans l’école moderne, c'est- à-dire les artistes morts depuis 1750. Les cor- riger tous exigeroit plus de recherches que le temps ne me permet d'en faire pour le présent. L'ouvrage de M. Fiorillo devoit être clas- sique , mais il en est bien loin ; plusieurs de ses (2) 11 me semble que le fait dont il s’agit ne prouve rien dans la question, car on ne peut parler perlinemment d’une chose qu’on n’a pas vue. A. L. M. 334 Peinture. jugemens , copiés sur des critiques des exposi- tions, ne peuvent quelquefois qu'être nuisibles à des talens distingués. Il a fréquemment oublié de citer leurs meilleurs ouvrages ; il ne veut que trop souvent trouver de la ressemblance entre des maîtres ; trop souvent il juge d'après des traits gravés , qui ne peuvent guider notre juge- ment que sur la composition. Il place enfin dans l'Histoire de la peinture moderne en France, des noms d'artistes dont les ouvrages sont pres- que ignorés,. Je relèverai premièrement les erreurs que je crois avoir aperçues dans plusieurs articles; j'y ferai des additions ; je présenterai mes opinions, quelquefois différentes de celles de l’auteur ; et je finirai par nommer les artistes qu’il a tout-à- fait oubliés. Avant de commencer , je dirai que ce n'est pas l'envie de critiquer qui me fait entreprendre ces observations; c'est l'amour des arts et de la vérité qui me les a dictées. Je déteste les querelles littéraires , et je donne mes notes pour que M. Fiorillo puisse, à une seconde édition, rendre son ouvrage plus utile, en le rendant exact et plus complet, Je commencerai par Franzesca Casanova, que j'ai connu dans mon premier voyage à Vienne. Fiorillo dit qu'il est élève de Simonini, qu'il pre- noit Jacob Courtois pour modèle, et qu'il étudia Wouvermans; tout ceci ne lui fait qu'honneur ; mais je ne puis pas m'associer à l'opinion de l’auteur, quand il dit « qu’il n’étoit, dans le Histoire. 335 » vrai sèns du mot, qu'un plagiaire, qui pre- » noit tantôt un groupe, tantôt un autre dans » les ouvrages de Bourguignon, et le plaçoit dans ses ouvrages, » Dans les peintres de ‘bataille, plusieurs choses peuvent se ressembler, sans qu'on puisse dire pour cela que l’un vole l'autre. On se bat, on se tue souvent de la même manière. Casanova étoit un homme de génie, et je crois que l'accusation de notre auteur est mal fondée, Il ne dit que peu de choses sur les talens et sur les ouvrages de cet artiste, qui avoit pourtant acquis en France une juste ré-) putation : il compte publier sa vie conjointe- ment avec celle de son frère, qui étoit direc- teur de la galerie de Dresde ; il oublie plusieurs de ses élèves connus en France. Franzesca Ca- sanova fit encore dans son dernier temps plu- sieurs petits tableaux d'animaux d’une compo- sition agréable et d'une touche légère qui lui furent bien payés. En parlant avec l'éloge qui lui est dû du ta- lent de Charles Verne, il ne cite que son dessin d'Hippolyte et celui du conducteur de char qui retourne avec ses compagnons. Il dit que, d’a- près les dernières nouvelles, Darcis devoit les graver. On pourroit exiger que l’auteur sût que l'un , la mort d'Hippolyte, a été commencé par Darcis, il y a déjà quelques années, et que cet artiste n'a pu finir celui-ci, ni commencer l’au- tre, puisque la mort l’a enlevé. Il cite encore la bar que Vernet a eue dans le grand dessin de Ja Parade des Tuileries. 336 | Peinture. Charles Vernet a travaillé beaucoup dans les dernières années. Une trentaine de ses dessins appartiennent à Roland, marchand d’estampes, qui en a déjà fait très-bien graver plusieurs, sur- tout quatorze au lavis par Debucours, qui excelle dans ce genre; il étoit autrefois très-habile pein- tre de genre. Cinq autres grands dessins ne sont pas aussi bien gravés. Il y en a à l'encre de la Chine , au bistre , et quelques-uns coloriés d'une grande beauté, entre autres un départ de chasse. * Vernet s'occupe de finir son grand tableau de trente-quatre pieds de la bataille de Maringo. Son fils, quoique très-jeune , annonce du talent dans le genre de son père. RoserrT n’est que nommé ; l’auteur ne connoit donc pas son talent ; cependant la France n'a jamais eu de peintre tel que Robert, pour re- présenter des intérieurs et pour donner du goût à l'architecture qui sort de son pinceau. Il sent aussi bien la perspective que Panini, et la rend d’une manière beaucoup plus agréable à l'œil. Il y a eu un temps où l’on ne pouvoit pas ha- biter un hôtel, sans avoir une chambre à cou- cher ou un salon décoré des grands tableaux de Robert. Ses ouvrages sont de différentes qualités; il alloit quelquefois trop vite, en voulant trop faire. On a quelquefois voulu qu'il finit davan- tage; mais peut-être, en finissant plus, n'au- roit-il pas su conserver l'esprit qui règne tou- jours dans ses paysages et dans son architecture : c’est dommage que son talent n'ait pas été em- ployé pour les décorations de théâtre. Ses bgures ne Hisioire. 337 ne sont pas correctes, mais elles ne manquent jamais d'esprit. Les meilleurs tableaux de ce maître sont une partie de ses études d'Italie. Il grava à Rome, à l'eau-forte, un petit cahier d'architecture qu’il appela ses Soirées , et qui fait regretter qu’il n'en ait pas fait davantage. Robert a traité son genre avec d'autant plus de prépondérance, qu'il n'a jamais eu de rivaux : et la France attendra long-temps après un se- cond Robert, surtout dans un siècle où presque tous les hommes de génie s’élancent vers l’histoire, et ne se donnent guère au genre que quand la fière Clio a refusé de les accueillir. Robert a peut-être fait trop de dessins, mais non pour ceux qui aiment le goût et l'agréable : il y en a de bien jolis à l’aquarelle ; j'en possède un des plus beaux. 1] traitoit largement le crayon rouge et noir. Les Français rendent plus de justice que l’au- teur, à GREUzZE, quoique sa manière de faire et de dessiner n'ait rien de commun avec l’école ac- tuelle. Il trouve extraordinaire qu'on l'appelle peintre de genre ; il voudroit plutôt qu’on l'appe- lât « peintre du peuple ou de la nation, parce que » ses tableaux représentent fort souvent les traits » les plus caractéristiques de la manière entière » «de penser et de sentir des Français. » Je crois que les bonnes et les mauvaises actions qui occupèrent le pinceau du célèbre Greuze, n'ap- partiennent pas exclusivement à la nation fran- çaise : elles sont à toutes les nations. On trouve dans tous les pays des hommes qui, en mourant T°, III. Juin 1806. ‘338 Peinture. ne peuvent léguer à leur famille que leur bonne réputation ; il y a partout des mères qui aiment leurs enfans ; des malades qui sont consolés par leur fils ; aussi bien qu'il y a des fils qui cher- chent à déchirer le testament de leur père, quand ils craignent qu'il ne leur soit pas favorable, et des enfans qui attentent même à la vie de celui qui leur donna le jour. Il accorde à Greuze plus de noblesse qu'à Cornelius Troust età Hogarth; je ne sais pas d'où naït cette comparaison. M. Fio- rillo croit que Diderot a loué Greuze avec trop d'enthousiasme ; pourquoi ne pas aussi bien en croire Diderot, quand il parle bien de quelques artistes, qu’en copier des pages entières, lors- qu'il parle mal de Boucher et d’autres ? Il trouve le coloris de Greuze maniéré; il n’a donc vu au- cune de ses têtes ? il n’en parle pas. Peu d'ar- tistes ont peint avec autant de sentiment et de vérité que lui; en France, il passe encore au- jourd'hui pour un bon coloriste. L'auteur dit: « que Greuze cherchoiït à ne jamais perdre de » vue la simplicité de la nature ; mais la naturé » même est maniérée à Paris. » Rien n'est plus facile que de dire des injures à une nation en- tière , rien n’est plus difficile que de se montrer supérieur à elle. Greuze a fait une quantité de dessins qui, généralement, ne peuvent être re- gardés que comme des esquisses ou des études , toutes pleines de sentiment ;on en a quelques-unes de coloriées de sa jeunesse, mais elles sont rares. Greuze eréa son école, et son école meurt avec lui. Histoire. 359 "Notre auteur dit que la plus grande partié des dessins du Paon sont à l'aquarelle; je n’en ai jamais vu; mais je ne nie pas pour cela leur existence ; ce qui est sûr, c'est qu'il en existé beaucoup au bistre et à l'encre de la Chine. Je ne crois pas que Desmarez soit mort : of dit qu'il est professeur de dessin à Florence. Les Allemands, les Italiens et les Anglais né crient tant contre l’école moderne francaise que parce qu’ils redoutent sa supériorité. L'homme qui, sans partialité, a vu l’Europe dans les dix dernières années, ne peut penser qu'il existe d'autres écoles que l’école française : aucun pays ne possède un aussi grand nombre de peintres d'histoire, ni d'aussi habiles maîtres que la France. Chez les autres nations on a des talens distingués; un Füger ,un West ,un Abildgaard , un Hetsch feront toujours honneur à leur pays ; mais iln y a pas pour cela une école allemande, une école anglaise , une école danoise. 11 faut que je cite quelques passages de l’in- troduction de M. Fiorillo à l'histoire de la nou- velle école française. Il prétend « que les artistes » modernes prennent David pour modèle, et » exagèrent ses défauts, sans posséder ses ta- » lens ; » il trouve cependant que l’école actuelle a la préférence sur l’ancienne école francaise, et il continue ainsi : « La plupart des ouvrages de » l’école moderne ressemblent à des statues » ou des bas-reliefs coloriés ; les contours des 940 Peinture. » figures sont tranchans; l'expression parlante ; » mais la composition vide, froide et sèche ; » enfin, le coloris dur, comme s'ils ne choisis- », soient dans la nature que la couleur locale , et » qu'ils ne cherchassent à relever l'effet que » par des ombres forcées qui tombent dans le » noir. Les artistes modernes francais croient » ayoir fait passer la simplicité des Grecs dans » leurs ouvrages ; mais ils confondent la sim- » plicité avec le vide, et travaillent avec peine » pour devenir plats et ennuyeux. Comme ils » ne sont pas pénétrés d'un sentiment pur et » classique , ils restent à l'entrée du temple du » goût, sans en trouver le principe fondamental ; » et il paroït véritablement que le génie du » temps les éloigne de l'idéal de l’art, etc. » Ce sont les mauvais artistes français dont M. Fiorillo a voulu parler, car il n’a pas réussi à faire le portrait des bons ; mais qu'importe : il n'a jamais vu leurs ouvrages , il juge d’après les autres. Il dit enfin, « qu'on doit bien étudier » l'antique ; que Raphaël et Michel Ange l'étu- » dioient ; mais qu'ils cherchoient , entourés » de formes nobles, grandes et spirituelles , à » idéaliser les formes supposées de la nature. » L'auteur ignore donc que les bons peintres francais étudient beaucoup la nature, et qu'on ne l’a jamais plus étudiée; comme peintre, il doit savoir qu’on la voit quelquefpis avec des yeux différens. M. Fiorillo dit que le tableau de Saint Roch qui guérit les pestiférés posa le fondement de Histoire. 344. la réputation de David ; il pourroit ajouter à cela ce qu'il dit des Æoraces, que ce tableau seul auroit suffi pour lui assurer l'immortalité. Je n’aime à parler que de ce que j'ai vu, car alors c’est au moins mon Jugement que je-prononce; et je n'ai fait que nommer ce tableau, quand j'écrivis sur les ouvräges de David ; n'ayant pas encore alors été à Marseille, où j'ai été depuis, et où j'ai pu admirer différentes fois un des chefs-d'œuvres de ce grand artiste. J’ose être prophète : dans les siècles à venir, on fera des pélerinages pour l’admirer. Je demande à en dire quelques mots que M. Fiorillo peut ajouter à une autre édition de son ouvrage, s'il a Re confiance dans mes jugemens. Le tableau de Saint-Roch fut commandé à David pour l'administration de la Quarantaine à Marseille; il le fit à Rome en 1780 Cette ad- ministration, en le recevant, lé trouva trop beau pour en priver les connoisseurs et les amateurs; elle renonca à son premier projet de le placer à la Quarantaine même, ét le mit au Bureau de Consigne, où il est toujours resté. Le sujet du tableau est St.-Roch quiadresse des prières à la Vierge pour qu'elle fasse cesser la’peste; il.est sur son genou droit , et appuñe le bout de son pied gauche sur un: des pestiférés. I'élôve ses mains jointes vers la Vierge, qui est assise avec l'enfant Jésus. En bas, dans toute sa longueur , est un corps mourant qui s'appuie sur sôn bras gauche ; plus haut sont deux jeunes-sensexpirans. L'ex- pression dela tête de St.-Rochest belle; le dessin. 342 Peinture. de l'ensemble de sa figure est admirable ; on peut aussi examiner en détailses bras , ses mains et ses jambes, et on sera satisfait. La composition est simple et bien liée dans toutes ses parties. L’ex- pression n'est pas manquée : on croit voir des mourans en regardant les pestiférés. La Vierge m a le moins satisfait ; son coloris ne m'afpas paru aussi beau que le reste du tableau. David paroît dans cet ouvrage aussi grand coloriste que grand dessinateur. iet il détruit l'opinion de quelques-uns de ses élèves, qui prétendent que le dessin et le coloris ne peuvent, jamais se doriner la main. Après avoir vu le Saint-Roch, je ne sais pas si c'est aux Horaces ou à Saint-Roch qu'il faut donner la préférence. Heureux le maître qui a uné lutte aussi: honorable à soutenir avec lui- même ! | Fiorillo parle avec estime du Bélisaire ; ilrap- porte les mêmes anecdotes que j'ai déjà impri- mées ; il ne trouve, pas la tête du Bélisaire noble. «. Tout le monde, dit-il, le prendroit pour un ». invalide français.» Je n'ai pas éprouvé la même sensation en: voyant ce tableau , et je n'ai jamais entendu faire ce reproche par aucun artiste fran- çais. Ce tableau appartient à présent au séna- teur Lucien Bonaparte. -Il loue beaucoup le dessin des Æ/oraces ; mais, selon lui, la composition en est défectueuse. Il trouve la pose du fils aîné gênée. « Le père, dit- ».il, qui est au milieu du tableau, ressemble » à un vieux bas-officier qui cherche à exercer » trois recrues d'après les formules militaires un; Histoire. 345 » deux et trois, etc.» Le père des Horaces ne m'a jamais inspiré ce sentiment. Fiorillo con- tinue ainsi : Dans la tête du père , aucun trait » de son visage ne caractérise un homme qui » expose ses enfans au plus grand péril, et « qui les voit peut-être pour la dernière fois. » Ce jugement ne an’étonneroit pas s’il ne sor- toit pas de la bouche d'un peintre, qui doit autant sentir les différens sentimens de l'homme, qu'il doit connoître l'effet que produit le mélange des différentes couleurs. A-t-il jamais été possible de mieux exprimer, dans la même tête, la joie de sauver sa patrie et la crainte d'exposer ses enfans au danger ? La passion la plus puissante doit naturellement emporter la victoire sur le père le plus sensible. L'auteur dit, à la fin de son article sur Brutus, » que beaucoup de personnes préfèrent ce ta- » bleau à celui des Horaces. » On trouve, en France, de grandes beautés dans tous les deux, mais on accorde généralement la préférence aux Horaces. On lit, dans une note, que MoreL a gravé les Æoraces , le Brutus et les Sabines ; tout cela est faux ; aucune des trois gravures n’a encore paru. Ce qui est sûr, c’est qu'il s'occupe des Horaces , mais il a au moins encore pour une année à y travailler. Le burin du graveur ne va pas aussi vite que la plume de l’auteur. Le porirait de mademoiselle Brognard est nommé sans aucune distinction entré les autres portraits de Grranp; il en mérite cependant bien 544 Peinture. une : on peut le placer à côté de la Joconde de Léonard de Vinci. Tout ce qui sort du pinceau de Gerard est beau ; tout est sagement pensé ; il peint sans avoir l'air de DUhAEE ; son portrait en pied de madame Récamier lui a fait beaucoup d'honneur. Il a fait quelques portraits de ses amis dans une séance ou deux. Il me sera permis de nommer celui du célèbre Ducis ; jamais aucun pinceau ne sut produire plus en moins de temps. Gerard a aussi fait quelques portraits d'amis, dessinés dans une séance, qui peuvent servir de modèle à ceux qui veulent dessiner dans ce genre. Je citerai ceux de madame Redouité et de sa fille, de mademoiselle Coliquert , et le mien, dont je ne suis pas peu glorieux. IxcRE doit aller à Rome; mais il n'est pas encore parti, comme dit l’auteur. On désire qu'il parte. On a droit d'attendre de belles choses de lui. Le dessin de Stratonice , qu’il vient de faire pour moi, est bien composé, bien dessiné ; on espère en voir un tableau. Il vient de finir plusieurs portraits ; entre lesquels on distingue celui de mademoiselle Rivière , âgée de quatorze ans. M. Fiorillo trouve que Gros a du talent ; maisil oublie d'assigner à cet artiste la place distinguée qu'on lui accorde dans sa patrie , entre les élèves - de David, et qu’il mérite à si juste titre. Il trouve étonnant qu'un sujet aussi terrible que la Peste d'Égypte de ce peintre puisse avoir excité tant d'enthousiasme. Je suis au contraire très-content Histoire. 349 qu'on ait rendu justice à un beau tableau, bien peint, bien pensé, bien dessiné et d’un beau co- loris. Gros est un des premiers coloristes de l'é- cole moderne. Notre auteur ne se rappelle donc pas que de tels sujets ont été représentés par les premiers talens? Il ne connoît donc pas la Peste de Micnanp, le Massacre des Innocens et le Déluge du Poussin , et tant d’autres. Je ne crois pas que madame Barsiern-Vat- BONNE peigne , ainsi que le dit l’auteur. Je ne connois, ou pour mieux dire il n'existe aucun tableau de Meynier qui représente Epa- minondas chassé par les Thébains ; il n'existe de cette belle composition que le dessin au bistre que j'ai cité dans mon ouvrage sur les beaux- arts en France. Meynier dessine bien le paysage et l'architecture. En parlant de Robert Lerevre, l'auteur auroit bien pu dire que c’est un des premiers peintres de portraits en France ; je n’en citerai pour preuve que le Portrait en genoux de Vernet. J. J. Lacrenée, ordinairement connu sous le nom de Lagrenée le jeune, n'est pas fils de Za- grence l’ainé, mais son frère. Il n’a pas eu d’aussi belles places que ce dernier , maisil a beaucoup plus de talent et de goût. L'auteur auroit pu citer quelques-unes des mi- niatures d'Isagey plus grandes qu'on ne les fait ordinairement , telles que le 7ïeïllard avec les mains pliées, le Portrait de Constantin , et d'au- tres. Dire que madame Caauper peint dans le goût 346 Peinture, de Greuze , est donner une fausse idée de son talent. - Le nom de mademoiselle Gérarp est mélé, sans miséricorde, à une foule d'autres , entre les- quels il y en a qu'on connoiït à peine. Le sien mérite une place distinguée. Ses tableaux de genre sont agréablement composés, les sujets bien choisis, d’un pinceau soigné et d’un joli coloris. On a gravé beaucoup d'après elle. L'auteur n’est pas très-content des miniatures D AuGusTin; il n’en a peut-être jamais vu; il ne connoît pas sans doute le Portrait de Charder. Il parle de T'aunay comme d’un peintre d’his- toire. IL est vrai qu'il a fait quelques tableaux historiques ; mais son nom se confondra dans la foule. Il est principalement peintre de genre ; Taunay peut se mettre même à la tête de cette classe , et personne n’osera lui disputer le rang. Il fait bien la figure , le paysage et l'architec- ture ; il compose bien et d’une manière variée; il peint bien ; personne n’a plus travaillé que lui; il y a de l'esprit dans tout ce qu'il entreprend. Il faisoit autrefois quelques gouaches ; mais depuis un nombre d'années il a abandonné ce genre : il a eu l'amitié de m'en faire une qui surpasse tout ce qu'on a vu dans ce genre; elle représente la Jarretière de la mariée. On voit chez lui un char- mant tableau du même sujet, pas encore tout-à- fait fini, mais traité d'une manière variée. Il me permettra de citer son petit Tableau de l'enfant prodigue, où la figure, l'architecture et le pay- sage égalent le coloris. Histoire. 347 -Gapsors est nommé , sans dire qu'il est un des paysagistes les plus habiles pour la gouache. Cnauper, le sculpteur, est cité avec éloge pour son tableau représentant la Fuite d'Enée; mais . on auroit pu parler de ses dessins : le Triomphe de Psyché esttrès-beau ; il a fait plusieurs dessins pour la grande édition ‘du Racine de Dipor ; il grave à l'eau-forte. Ses dessins sont bien com- posés et bien exécutés. On ne cite de Trusauzr l'architecte que quel- ques petits tableaux qu'il a faits, il y a dix ans; l'auteur n’a donc jamais entendu parler de son grand et beau paysage ; appartenant au prince Louis, où fienaud et Armide sont représentés ; mais il est: vrai que M. Fiorillo n’est pas venu en France, Il ne connoît pas les aquarelles de ce maître ; il ne sait pas que, dans ce genre, il à surpassé tous ceux qui étoient avant lui, et. qu’on le surpasseroit difficilement. J'en cite- rai une d'une vue près de Tivoli, et celle de la ville d'Est. M. Fiorillo ignore aussi ses connois- sances dans l'architecture et la perspective; il ne faut que regarder mon intérieur de l'église de Saint-Paul hors des murs de Rome, pour voir que le savant a conduit l'architecte. Cet artiste a commencé un ouvrage sur la perspective; il est fâcheux qu'il ne le publie pas; c’est un trésor qu’il cache. $es études au bistre et à la sepia sont pleines de vérité; je me félicite d'en posséder. -En nommant Bourcrois, il auroit bien pu ajouter un mot sur ses dessins au bistre qui sont 348 Peinture. très-bien lavés. Bourgeois compose bien et dés- sine.bien les fabriques ; ; il a fait pour moi le pont de Sèvres , où il s’est surpassé. Il vient de graver plusieurs planches à l’eau-forte. « Les tableaux de Demanxe, dit-il, ont l'air _.» d'avoir été faits à la chambre noire. » Voilà une accusation qu'il auroit pu s'épargner , ainsi que celle : « que ses compositions ne sont que » plates et communes. » Il auroit beaucoup mieux fait de parler des beautés qu'on trouve dans les paysages de Demarne, et de dire qu'il fait bien les animaux, et que son pinceau est très-soigné. On y trouve le nom d'Ommrcancxk, mais on est. étonné de ne pas y voir qu'il peint très-bien, et qu’on feroit difficilement mieux les brebis que lui. Re fs Je ne crois pas que le plus jeune des RenouTé peigne ou dessine généralement les fleurs; il étoit de l'expédition d'Egypte, et a porté l’art dé des- siner à l'aquarelle les poissons , à unê perfection qui ne laisse rien à désirer. M. Fiorillo pare it craindre, d’après l’ exposition de l’an 12, qu'il juge par oui-dire, que l’art ne dégénère en France ; j'espère que sa' crainte ‘est mal fondée. Il doute aussi que l’art y feurisse! jamais d’une manière originale : on voit bien qu'il est Italien. 11 dit « que Swrvacu imite les batailles de Van- » DER- MEuLEN en petit. » Ils ont tous les deux fait des batailles , ils ont tous les deux été obli- gés de faire des chevaux ; voilà leur plus grande 4 Histoire. 349 ressemblance. Il auroit pu ajouter que Swebach a une grande facilité pour peindre sur la por- celaine. « Les tableaux de Mazrer sont, d'après lui, » tout-à-fait exécutés dans l'esprit des Flamands, » d'un Zéniers et Ostade. » Cela est faux. il re- présente des scènes domestiques; et. de cette manière , si on le veut, il peint dans le genre fla- mand; mais Mallet n'a jamais voulu copier per- sonne , il a trop de génie pour cela. On auroit dû remarquer que ses gouaches sont plus vigou- reuses que ses tableaux à l'huile , et que personne n'a poussé plus loin ce genre. J’en possède une des plus belles qu'il ait jamais exécutées. « Pour prouver, dit-il, si cela a encore besoin » de l'être, que les artistes français ont vaine- » ment cherché à imiter les Flamands, »il cite Borczy ; tout ce qu'il ditsur son compte est faux. Voici son jugement : « Ses tableaux sont finis « avec la plus grande patience , et par là durs et » secs. Il cherche à peindre dans le style de » Rembrandt, et dans quelques portraits, il a » cherché à concentrer le clair sur un point ; » mais On ne peut pas même lui accorder les » défauts de Rembrandt. » Boilly n'a générale- ment pas assez de patience pour finir ; ses plus grands ennemis ne peuvent pas lui reprocher d’avoir voulu imiter Rembrandt ; il ne peut donc ‘pas avoir copié ses défauts. Boilly a fait une quantité de petits portraits 550 Peinture. dans une séance ; il ne manque presque jamais là ressemblance. Son dernier tableau de /a Di- ligence est bien peint, et un 1 des plus jolis qu'il ait faits. Tant mieux si les Français n'ont pas réussi à imiter les Flamands ; ils n'en ont pas besoin. Taunay , Demarne, Drolling, Swebach, made- moiselle Gerard, Boilly, et d’autres, ont pro- duit des tableaux qui, sans être copiés d’après les flamands , feront honneur à leur génie dans la postérité. , On pourroit joindre à l’article sur Durerrre, qu'il dessine aussi très-joliment le paysage, et qu'il a fait les meilleurs dessins pour le Voyage en Espagne que M. de La Borde va bientôt pu- blier. En rendant justice aux talens de Sauvacer, il dit que ses ORXFAGES sont excessivement chers. Comme ceci pourroit, faire tort à cet estimable artiste , il faut que je le démente, et que je dise que chaque homme à son aise est en état, si cela lui fait plaisir, de pouvoir s’en procurer. Je n'ai corrigé que les défauts que j'ai trouvés en parcourant l'ouvrage de M. Fiorillo ; je ne doute pas qu'avec du temps et des recherches, je n’en eusse trouvé un plus grand nombre. Il faut cependant lui rendre cette justice, qu'il y a des articles très-bien faits, et qu'il connoït la littérature ; mais il travaille à la hâte. Pour un ouvrage sur la situation des arts d'un pays, il faut long-temps rassembler des matériaux, sur- Histoire. 351 tout lorsqu'on n’est pas dans le pays même (3). Il seroit trop long de vouloir parler en détail des artistes qui ont été oubliés par M. Fiorillo; je vais seulement indiquer leurs noms avec quel- ques notes pour qu'il puisse faire des recherches sur leurs productions, s'il donne jamais , ce qui est à désirer, une nouvelle édition de son ou- yrage, Entre les élèves de Casanova, on cherche vai- nement les noms de ÂMNorblin, de Mayer, de Duverger, de Duvivier. NoreLin est un des pre- miers artistes pour les batailles; ila séjourné long- temps en Pologne ; il peint bien; sa composi- tion est agréable. Je possède de beaux dessins de lui à l'encre de la Chine et au bistre. Mayer est mort très-jeune , etest enterré à Ermenon- ville, à côté de J. J. Rousseau. Il ne passa pas la première jeunesse ; il avoit de grandes dispo- sitions ; on a de jolies gouaches de lui. Duver- GER est mort jeune; je connois de lui de jolis dessins. Duvivier qui est resté avec son maître jusqu'à sa mort, vit à Vienne, où il peint avec succès. LanrarA peignoit et dessinoit dans le goût de Claude Lorrain ; ses tableaux sont d’un effet agréable; ses dessins, ordinairement au crayon noir , sont, avec raison, très-recherchés. (3) Sans vouloir réfuter les justes observations de M. Néer- gaard , je crois devoir ajouter que l'ouvrage de M. Fiorillo peut être regardé comme la meilleure histoire des arts du dessin que nous possédions, et qu’il mériteroit d’être traduit en français. A. L. M. 302 Peinture. M. de Boussreu , de Lyon, véritable amateur, est un des premiers dessinateurs que je con- noisse ; il lave onne peut pas mieux à l'encre de la Chine ; presque tous les dessinateurs au lavis se sont formés sur lui; ses paysages sont de vrais portraits de la nature ; l'heure du jour y est observée ; ses figures , ses animaux , tout est bien dans ses dessins ; il dessine parfaitement à la mine de plomb. Je me suis procuré, à mes dif- férens passages par Lyon, une belle suite des dessins de cé maître, et je dois à son amitié un livre d'études qui me sera toujours précieux. M. de Boissieu grave à l’eau forte avec une per- fection qui lui laisse peu de rivaux entre les mo- dernes. Les artistes de Genève sont tout-à-fait oubliés par l'auteur ; s'il avoit connu ma petite brochure publiée en'1802 , « de l’état actuel des arts à » Genève », il auroit vu que les ouvrages de Sr.- Ours, de Vaucer, de Toprer, de LARRIVE, de Lincx et d'autrés, méritoient son attention. Le professeur Jay, à Grenoble , auroit peut- être aussi bien mérité d’être nommé que d’autres professeurs des départemens. Il a séjourné en Italie , et dessine bien la figure et le paysage. GameuiN, qui demeure à Carcassonne, dans le midi, a beaucoup de talent pour les batailles ; c'est dommage qu'il ne soit pas resté dans une grande ville Lil a peint plusieurs tableaux d’his- toire : ce n’est pas son genre; mais dans la province, Histoire. 393 province , un seul homme doit tout faire. H fait bien des dessins sur papier bleu. Gaspard de Fonraine , à Marseille, peint bien le paysage. Desrricues, à Orléans , quiest mort , dessinoit agréablement le paysage à la mine de plomb. Piremenr le père, qui vit encore à/Lyon, pouvoit bien avoir été connu par l'auteur; on a tant gravé d'après ses dessins ; Wollet même l’a rendu immortel ; les dessins les plus facilement faits par lui sont toujours les meilleurs. Lens , à Bruxelles, est un peintre d'histoire qui a cherché à réunir dans ses tableaux le style de l’école italienne à celui de l'école flamande ; son coloris est bon; il a fait sur les costumes un ouvrage qui devroit être entre les mains de tous les peintres d'histoire (2). Fasre et Wicar sont deux peintres d'histoire, qui vivent en ltalie depuis plusieurs années. Le dernier dessine parfaitement d'après des tableaux et l'antique. Les dessins pour la galerie de Flo- rence sont de lui. La Rue, le peintre d'histoire , et son frère La Rue le sculpteur, sont tous les deux des (5) Je ne puis en ceci adopter l'opinion de mon ami M. Neergaard. Je crois que l’ouvrage de Lens, même avec les commentaires de Martini, est plus propre à donner aux ar- tistes des idées fausses , qu’à les diriger. Nous avons de bons recueils de costume; mais il n’exisle pas encore un oux ragé bien fait sur ce sujets A. L, M. T°, III, Juin. 1806 Z 394 Peinture. hommes inconnus à l’auteur, Peu de personnes cependant dessinent comme eux. Je possède du premier deux dessins de batailles coloriés , qui peuvent justement passer pour ses chefs-d'œu- vres. Bourguignon n'auroit pas mieux fait. J'ai du même maitre, au bistre , un philosophe mourant près de sa lampe ; on le voitexpirer. PERIGNON a fait des aquarelles d’une touche extrèémement agréable ; les dessins pour le grand voyage de M. de la Borde en Suisse , sont de lui. Ils appartiennent à présent tous à M. Jan der Null, à Vienne. Ils sont bien faits, mais peut-être n'avoit-il pas assez de génie pour saisir les grandes masses de ce pays majestueux. La na- ture champètre et la nature sauvage veulent étre reorésentées d'une manière différente. Si celle-ci ne vous impose pas, vous ne la rendrez jamais. Larrenz a été un peintre de genre suédois, qui a passé tout son beau temps en France; il est à présent à Stockholm ; ses aquarelles ont eu de la réputation ; elles en auroient peut-être conservé d'avantage aujourd'hui si leur auteur n’y avoit pas trop souvent voulu immortaliser des modes qui, par leur bizarrerie , ne pouvoient être que passa- gères. CarEME a dessiné le genre ; ses gouaches et ses aquarelles sont bien composées ; il connoissoit bien la nature qu'il représentoit. Moreau le jeune n’est pas nommé. Son talent pouvoit cependant être connu en Allemagne ; les ouvrages nombreux de cet homme unique Histoire. 399 dans son genre, ont présque tous été gravés. Je citerai ses dessins pour deux éditions de Voltaire. Son génie fécond fait qu'on ne peut pas l’accuser de se copier lui-même, encore moins de voler les autres; son sujet le pénètre toujours, tellement que son dessin ne manque pas de de- venir un tableau. Ses compositions sont sages , ses figures bien faites; ses dessins , qui sont or- dinairement au bistre ou à l'encre de la Chine, ne sont ni trop ni trop peu finis. J'espère que la France gardera encore long-temps cet homme inappréciable. L'avenir ne concevra pas com- ment un seul homme a pu trouver le temps de faire tous les dessins sous lesquels on voit son nom, L'homme laborieux , doué de génie, pro- duit ; il ne sait pas même comment. Son frère, connu sous le nom de Moreau le paysagiste , est mort il n'y a pas longtemps. Il avoit beaucoup de facilité ; il y a des goùaches de lui qui sont bien faites ; il ne soignoit pas tou- jours assez ses ouvrages; son ton n'est peut-être pas toujours le plus vrai. We le graveur vit encore. C’est le patriarche des artistes ; il a g2 ans. La révolution a dé- truit sa fortune ; elle n’a respecté que sa vie ; siavoir bien et beaucoup travaillé, si avoir rendu service aux arts, mérite récompense , C'estsüre- ment Wille qui l'a méritée. Il est le restaurateur de la gravure en France , qui , depuis le siècle d'Edelinck , d'Audran ; àe Drevet , et d'autres, paroissoit se perdre. Les musiciens ambulans et sa Cléopätre lui feront toujours donner ce 356 : Peinture. titre. Tout ce que l'Europe a de plus fameux en graveurs sort de son école. Je nommerai Ber- wick, Clemens , Müller, et d'autres dont la liste occupera un jour son biographe. L'amitié et le respect que j'ai pour le vieux Wille m'éloignent de mon sujet. J'ai voulu seulement dire ici que ses loisirs furent employés au dessin , et ordi- nairement à étudier des scènes champêtres ; ils auroient peut-être suffi pour faire la réputation d'un homme, si Wille en avoit eu besoin. Wiice le fils a fait quelques tableaux; mais depuis plusieurs années il ne peint plus; il fait des dessins, et manie la plume d'une manière merveilleuse. Ses dessins au crayon noir sont soignés ; il y en a quelques-uns de coloriés. La FonTaine est un des meilleurs peintres d’in- térieur. Scuazz compose agréablement le genre et a une jolie couleur. Moxarx fait en paysage de jolies gouaches ; c'est dommage qu’elles sont quelquefois un peu violettes. Ganpa auroit été loin comme peintre de paysage, s’il n’étoit pas mort ; je possède de lui une chose précieuse pour les artistes : c’est son Voyage d'Italie, composé de plus de 400 dessins études. Banks est élève de Cassas, et a voyagé pour lui en Italie; il fait très-bien l’aquarelle. Smrru, élève de Lantara, est mort. LAURENTY dessine bien les animaux et saisit bien les effets; sa plume est étonnante. Mawpewan fait des gouaches ; il est principale- ment connu pour la manière agréable et légère dont il travaille la mine de plomb. BEra des- sine très-bien l’histoire naturelle; il est élève de Histoire. 357 Redoute , et il tâche de marcher sur les traces de son maître. Brisaxper , paysagiste habile, est mort. On observe , dans ses arbres, qu'il avoit beaucoup vu la nature, et qu'il l'avoit bien vue. W ALLIN peint on ne peut pas mieux une tête; c’est dommage qu'il n'ait pas suivi l'étude de la nature : ses incorrections auroient peut-être dis- paru. Les deux Ozanses sont très-habiles pour dessiner des marines; l'un d'eux a beaucoup et bien gravé à l'eau-forte. Ils connoissent les vais- seaux et savent les rendre d'une manière agreable. Bercevin dessine bien à la plame et compose des bas-reliefs avec facilité. Misrsacx donnoit les plus grandes espérances. Il dessinoit bien le paysage et exécutoit avec soin les détails de l'architecture. Il étoit élève de Belanger. Le voyage qu’il avoit fait avec M, Bianco de Brant, ans le midi de la France , l'avoit beaucoup formé. Il est mort l'année dernière. Percrer l'architecte a fait de beaux dessins à l'aquarelle, composés d’antiquités et d'architec- tecture ; il a un goût exquis pour l'ameublement. Barranp l'architecte, favorablement connu par . plusieurs ouvrages (1), dessine très - bien l’archi- ture et le paysage. Berraux, qu’on distingue ordinairement sous . le nom du Callot moderne , dessine avec une fa- cilité étonnante. J'ai vu de lui, avec un grand . plaisir, son dessin à la plume de la bataille d'Aus- (1) Paris et ses Monumens, l Athénœum, dont il y à des notices dans le Magasin. A. L M. 358 Peinture. terlitz, qu'il grave pour mettre en bas du por- trait de l'Empereur des Français. Piiiemenr le fils, que j'ose appeler ii le pre- mier graveur en paysage, dessine aussi parfai- tement ce genre. Plusieurs sculpteurs se distinguent par leurs dessins. Le nom de Morrre est depuis long-temps favorablement connu parmi les amateurs de dessins ; on a beaucoup gravé d’après lui. Ses dessins sont bien composés et bien dessinés; il a une facilité étonnante pour laver. Taunay le sculpteur, son élève, n'a pas fait beaucoup de dessins, mais ils sont beaux. J’en possède deux, l'un représentant Caron à qui Mercure a livré les ombres pour passer le Styx : toutes ont envie de retourner. Les petites têtes sont pleines d’ex- pression; la composition est agréable; le Mer- cure est d’une légèreté étonnante. L'autre est une grande figure représentant le Temps qui éteint le flambeau de l'Amour. Un des premiers pein- tres a dit qu'il étoit digne de Jules-Romain; je n'ai donc plus rien à ajouter. Borcmor dessine très-bien dans le genre des Anciens ; il aime beau- coup l'Ecole florentine. , Bornor et Rumay des- sinent bien. Entre les peintres en miniature, on s'étonne de ne pas trouver le nom de GuErin, de Stras- bourg. Nauper est un des artistes qui réunissent, dans une seule personne, toutes les qualités d’un pein- tre voyageur. Il m'accompagne depuis cinq ans dans mes voyages. Les cine cent dessins qui e: ‘ Histoire. 359 sont les fruits servent de témoins à mon juge- ment. Je peux bien avoir omis quelques artistes dis- tingués que Fiorillo a oubliés ; mais c’est du moins contre ma volonté. Je finirai mes additions comme j ai terminé mes corrections, en disant que je n'ai pas eu le temps de faire des recherches pour les composer ; ma mémoire seule m'a servi de guide, et je n'ai qu'un désir, c’est de ne m'être pas trop souvent trompé. T. C. Bruun Nrrrcaann. GRAVURE. . EXTRAIT d’une Notice sur la Vie et les Ouvrages de Joseph FRATREL, peintre français; lue et présentée le 12 avril, dans la séance de la Classe des Beaux- Arts, par À. le conseiller intime DE KLEIN, de Manheim , correspondant de l’Institut. 4 \ k tee FRATREL naquit à Épinal, ville de Lorraine, en 1750. Ses parens l'ayant destiné au barreau, il ne put d’abord employer à l’é- tude du dessin que ses heures de loisir. Le gé-. nie de l’art l’éleva bientôt à un tel degré de supériorité, qu'il excita l'admiration de tous les connoisseurs. Quoique distingué dans son pays par son savoir en jurisprudence , il ne l’abandonna pas moins pour aller étudier à Paris les chefs-d’œu- vres des grands maitres qui ont été exposés au public. Baudoin, peintre en histoire, qu’il avoit choisi quelque temps pour son guide, fut étonné du talent et de la masse des connois- sances qu'il trouva dans un homme qui n’avoit travaillé jusque-là qu’en miniature. Le premier emploi que ses talens lui méritèrent, fut celui de peintre de la Cour du roi Stanislas, à Nancy. Plusieurs portraits historiques en miniature, que / Joseph F ratrel. 361 Charles Théodore, électeur palatin, eut occa- sion de voir, furent ensuite cause que ce prince l'attacha à son service en qualité de peintre de la Cour. Ici son génie prit un essor plus élevé. Il voulut devenir peintre d'histoire. La riche salle des An- tiques de Manheim lui fournit les formes. Il fit avec goût une petite collection de gravures, no- tamment de celles d’après Raphaël et Pous- sin, et se proposa pour but d'imiter ces grands maitres. Ses compositions sont simples , nobles et grandes. La vérité de l'expression, son co- loris énergique prouvent l'étude profonde qu'il a faite de la nature. Ses têtes sont du style an- tique ; leur caractère est bien prononcé, et les contours sont exacts. Ce qui est d’autant plus remarquable, c'est que ses maîtres et tous les peintres d'histoire de l'Allemagne étoient alors maniérés. Tous ses tableaux portent l'empreinte d’un extrême fini, et peut-être, si l’on vouloit y critiquer quelque chose, diroit-on que ce fini se fait un peu trop sentir dans les draperies. Il n’a peint qu'un petit nombre de grands tableaux, ne s'étant livré que dix ans à peu près avant sa mort au genre de l’histoire. Ce fut au moment le plus brillant de sa carrière que l’art le perdit. Il mourut en 1785, âgé de 55 ans. Cornélie, un de ses plus beaux tableaux , orne la galerie royale de Munich. M. de Dies acquit Fa V’estales. Sa Cora appartient à S. ca S. Ma. l'Électeur- Archichancelier baron de Dalberg, zélé protec- teur des talens , qui fait encore aujourd'hui une 562 Gravure. pension à la famille de cet artiste célèbre. Son plus riche tableau , la Fuite en Egypte, a été acheté par M. le comte de Truchsess. Dans un hôtel à Manheim , appartenant à S. M. le Roi de Bavière, se trouve un cabinet dont la boiserie est peinte par lui. Les sujets sont les Vertus , les Sciences et les Arts. Il laissa à sa famille Ze Fils du Meunier , son morceau favori, qu’elle possède encore. On a aussi de lui 17 planches gravées à l'eau-forte , dont 16 représentent ses propres compositions, et une, Ze Songe de saint Joseph , beau tableau de M. Kraur, directeur de la galerie de Dus- seldorf. Les gens de l’art ne méconnoîtront point, dans ces différentes pièces , l’'émule des grands maitres qu'il étudioit. La plupart de ces planches sont détruites, ou ont été gâtées par des impri- meurs mal-adroits. Il n’y a qu'un petit nombre d'exemplaires de cet ouvrage qui aient été sau- vés (1). Cet œuvre contient : 1. Les Arts et les Sciences se dévouant à leur protecteur , Charles Théodore. 2. Le méme sujet, avec des variations. 3. La Science. 4. La Sagesse, 9. La même pièce, variée. 6 . Le Fils du Meunier. (1) M. de Klein a présenté à l’Institut des eaux-forles de quelques planches qui se sont perdues et de celles qui ont été conservées par ses soins, Elles ont reçu toute l’approba- tion qu’elles méritent. Joseph Fratrel. 365 . Le Songe de saint Joseph. . Le prince Frédéric de Deux-Ponts. . Portrait du chevalier de Caux. . Lambert Krahe. . Le baron de Hubers. . Jesus amabilis. . Saint Nicolas protégeant l'innocence. . La même pièce, variée. . La Navigation. . L'Agriculture. . Le Commerce. ART VÉTÉRINAIRE. OO a distribué à la Classe d'Histoire et de Littérature ancienne de l'Institut , à une des dernières séances , le Compte rendu des travaux de l'Académie de Lyon pendant l'an 12 etpendani l'année 1805, par MM. Dusois, DEeLANDINE, correspondant de la Classe, et Perir (1). Le se- cond de ces rapports, par M. DeranDiNe, contient l'extrait d’un mémoire historique de M. Gro- GNIER , professeur à l'Ecole vétérinaire de Lyon, sur les progrès de l'Art vétérinaire. Cet extrait renferme presque autant d'erreurs que de lignes; ces erreurs appartiennent, ou au rédacteur de l'extrait, ou à l'auteur du mémoire; si elles sont au premier, le second ne doit pas en ètre res- ponsable ; si elles sont de celui-ci, le premier ne doit pas non plus en rester chargé comme rapporteur; mais la réputation de tous les deux, et la place que M. Grognier occupe à l'Ecole vétérinaire, ne permettent pas de les laisser sub- sister. l'EXTE, page 24. OBs£ZRVATIONS. 1. M. GROGNIER, dans un 1. D'après ce préambule, mémoire où le savoir s’unit les erreurs dont cet article La ., ? . . L] à la clarté et l’érudition aux est rempli, pourroient etre vues neuves, parcourt les mises sur le comple du rap- (1) À Lyon, de l'imprimerie de Ballanche père et fils, aux Halles de la Grenette. 1806. In-8°. de 61 pages. w Histoire. progrès successifs de l’art vé- térinaire. 2. Les Grecs le cultivè- rent, mais sans laisser des notions précises sur aucun des objets qu’il embrasse. 3. Chez les Romains, 4b- syrthus compila le peu qui avoit élé écrit jusqu’à son temps. 4. Dans le troisième sie- cle, Vécece publia un traité sur cette parlie. 5. Depuis lui jusqu’à RuI- NI, plusieurs siècles s’écou- lèrent. Ce dernier se distin- gua par ses profondes con- noissances anatomiques, 6. SozeyseL publia long- 365 porteur; il est de son intérêt de les rendre à l’auteur, si elles sont de lui; il est de l'intérêt de la vérité qu’elles soient indiquées pour qu’el- les ne se propagent pas. 2. Les deux recueils qui nous restent des Grecs sur cel objet, contiennent des notions précises sur plusieurs points , notions auxquelles nous n'avons rien ajoulé en- core depuiseux, et quilaissent regreller ce qui esl perdu. 3. Absyrthus n’a. jamais été Romain, il éloit Grec. 11 n'a jamais rien compilé : il fait partie, avec beaucoup d’autres, des deux collec- tions grecques sur l'Art vété- rinaire. 4. L'époque est au moins incertaine ; et quel est le VÉ- GECE qui a écrit, il y en a deux ? Les Romains ont écrit sur l'Art vétérinaire à des époques antérieures plus cer- taines, 5. Si VÉGECE a écrit au troisième siècle, il y a plus que plusieurs siècles entre lui el Rurnt, qui n'écrivoit qu’à la fin du 16°.; il y en a lreizé. 6. Long-temps, oui près 366 temps après son Parfait Ma- réchal, que Gaspard Sau- NIER COpia. 7. En 1750, BOURGELAT, notre illusire compairiole, plein de zele et de savoir, devint le véritable créateur de l’art. 8. Ses Elémens d'Hippia- trique sont un fanal qui réu- nit à sa lumière une foule de disciples. 9. La GUÉRINIÈRE , Gar- SAULT, La Fosse-LE-PÂRE, s’empressèrent de.le suivre. ÆAré vétérinaire. de 200 ans après Ruinr. C# n'est point SOLEYSEL que SAUNIER a copié, mais bien RuIxT. 7. Le créateur, non ; il y avoit avant lui des ouvrages sur l'Art vétérinaire, et sur l'Hippialrique ; mais Le res- taurateur ; et malheureuse- ment il a laissé son plan in- complet. 8. Il auroit au moins fallu en ciler un ou deux seule- ment. 9- La première édition de l'Ecole de Cavalerie de LA GuÉRINIÈRE, a paru en 1720. La première édition du zou- veau Parfait Maréchal de GARSAULT , a paru en 1741. LA Foss£-LE-Père a écrit en 1749. Tous ces auteurs-là n’ont pas suivi BOURGELAT, qui n’a écrit ses Elémens d'Iippia- trique qu’en 1750, qui a sou- vent copié les deux premiers, et que le troisième , dans un ouvrage postérieur aux Ælé- mens d'Hippiatrique, accuse de Vavoir copié. Je m'arrête. Pour faire l'histoire des progrès d'une science, il faut être mieux instruit. POÉSIE. TRADUCTION de la onzième Elégie de Tibulle. Quis fuit horrendos, etc. Q: L homme au cœur de fer, et né pour les alarmes, À forgé le premier de parricides armes ? Il fit maître la guerre et les sanglans combals ; Le chemin de la mort s’élargit sons ses pas. Mais non, ce malheureux ne fut point si coupable. C’est nous plutôt, c’est nous, dont la rage implacable Sur nous-même essaya l’usage de ces traits Qui n’éloient destinés qu'aux monstres des forêts. C’est le crime de l'or : plus heureux, plus lranquille , Le siècle où l’on buvoit dans des coupes d’argile! On ne voyoit ni forts, ni remparts : le berger, Au milieu des brebis, reposoit sans danger. J'aurois pu vivre alors dans ma douce relraile ; Mon cœur ne battroit point au son de la trompette. Aujourd’hui, malgré moi, l’on m’entraîne en un camp. Je vois briller le fer qui menace mon flanc. Dieux Lares! gsardez-moi, vous, qui de mon enfance Daignâles protéger les jeux et l’innocence ! Qu'un tronc: de ‘bois grossier ne blesse point vos yeux ! Cette simplicité vous plut chez mes ayeux. C’est lorsqu'ils observoient les lois de la nature Que les mortels aux Dieux gardoient une foi pure. L’autel éloit rustique, et les tributs légers : Des épis, des raisins, les trésors des vergers, 568 Poéste. De l’heureux laboureur composoient les offrandes ; Sa fille, encore enfant, y joignoil des guirlandes, Et des rayons de miel chargeoient ses foibles mains. Repoussez loin de nous ces glaivés inhumains, Dicux protecteurs ! brisez ces lances ennemies ! Je veux vous immoler des victimes choisies. Moi-même , revêtu d’un long habit de lin, De myrthe couronné, la corbeille à la main, Je suivrai le corlége ; et par mes sacrifices, Puissé-je réussir à vous rendre propices | Qu'un autre, triomphant des plus vaillans guerriers, Dans les champs du dieu Mars moissonne des lauriers ; Jaime mieux que, traçant le plan de ses batailles, IL barbouille de vin ma table et mes murailles. Quelle fureur nous jetie à travers les combais ! Pourquoi chercher la mort qui suit partout nos pas ? On ne voit point Bacchus dans les royaumes sombres ; On n’y voit que Cerbère , et Caron, et les Ombres, Qui, pâles, l'œil hagard, s’arrachant les cheveux, Errent sans cesse aux bords d’un marais ténébreux. Heureux qui, près des siens, dans une humble chaumikre, Achève lentement une longue carrière ! Il garde les troupeaux à ses soins confiés ; Son épouse, le soir, vient Jui laver les pieds. Je veux ainsi finir! Je veux que la vieillesse Me surprenne coniant les faits de ma jeunesse. Cependant que la Paix rende nos champs féconds | La Paix apprit aux bœufs à tracer des sillons : La paix nourrit la vigne ; à son ombre prospère Dans la cave müûrit un vin hérédilaire. Si du soldat farouche elle rouille les traits, Elle aiguise la bêche et le soc de Cérès. Des fêtes, sur son char, ramenant sa famille, Le rustre, pris de vin, et chancelle et babille, Poésie francaise. 369 Vénus succède à Mars, et des combats plus doux Toürmentent une Belle, excitent son courroux. Elle pleure ; à son tour, pleurant sa violence, Le Vainqueur en accuse un excès de démence. L'Amour folâtre alors dicle les mots piquans; Juge facile, il siége entre les deux amans. Ah! malheur à qui peut, même dans la colère, Lever sur son amante une main téméraire ! C'est s'attaquer au Ciel, c’est en chasser les Dieux. N'est-ce pas trop d’avoir, dans un transport fougueux , Dénoué son ruban, délaché sa ceinture, Dérangé ses cheveux, et gâté sa parure? N'est-ce pas trop d’un mot qui l’a pu désoler ? Heureux , qui, pour un mot, voit ses larmes couler ! Mais au monsire odieux, dont la fureur extrême, Sans égards, sans pitié, frappe l’objet qu’il aime, Il ne faut que du fer, il ne faut que des traits. Que Vénusle bannisse !.. Et toi, charmante Paix, Les mains pleines d’épis, viens, sur un peuple immense, Répandre tes bienfaits, la joie et l'abondance ! KÉRIVALANT. T, II, Juin 1806. Aa à VARIÉTÉS, NOUVELLES ET | CORRESPONDANCES LITTERAIRES. NOUVELLES ETRANGÈRES. r ETATS PRUSSIENS. L’on a donné le g mai, au théâtre royal de Beruiw, la Fiancée de Messine , tragédie de Schiller ; le Roi avoit ordonné que Ja recette en seroit remise aux héritiers de ce grand poëte. Elle a été considérable, vu l’affluence prodigieuse des spectateurs et les en- vois d'argent particuliers. Le directeur de l'orchestre, M. Weser, avoit composé, pour cette représenta- tion, une symphonie funèbre qui a produit une grande sensation.—La pièce de Prcarp, monsieur et madame Tatillon , se joue depuis quelque temps sous le titre des Brouillons pacifiques. Cet ouvrage attire peu de monde : les personnés qui connoissent l'ori- ginal français assurent qu’il a beaucoup perdu dans la traduction, surtout pour la partie du dialogue. Le théâtre de Berlin est en possession d’un drame nouveau en cinq actes, intitulé Ze Retour dans la patrie , dont le sujet a paru fort touchant, et qui a été accueilli avec enthousiasme. Un homme a quitté fort jeune sa patrie ; devenu vieux, et seul au monde, il désire revoir le lieu desa naissance. Il eut la conso- lation, après trente-cinq ans d’absence , d’y retrouver | Nouvelles littéraires. 371 ün arcien ami, plusieurs connoissances et la femme qu'il avoit aimée. De tendres souvenirs le rappro- chent de sa maîtresse, qui consent à l’épouser ; mais Vassiduité d’un jeune homme lui porte ombrage : il veut rompre et reuoncer à toute saciélé. Heureuse ment on le désabuse, et celui qu’il a pris pour l'a- mant de sa Julie se trouve être un fils qu’il a eu d'elle autrefois. Ainsi, loin d’être seul au monde, il devient tout-à-coup heureux père, heureux époux. La traduction de la Phèdre de Racine, par Scwrr- LER, a eu un très-grand succès sur le même théâtre, Madame Bethmann , ci- devant madame Unzel- mann, y a joué le principal rôle avec un talent su- périeur. On y a repris aussi, tout récemment, l’opéra de Richard Cœur-de-Lion. Quelques chœurs , qui ont été ajoutés par M. Wr&rr, n’ont point rompu son . ensemble, et ont fort bien soutenu le parallèle avec la musique de GRéTR y. - Le voyage aérostatique entrepris à Berlin par M, Juxcerus a paru assez intéressant pour que la Ga- zette de la Cour en donnûât la relation suivante : M. Jungius employa quatre heures et demie et 3,c00 livres d’acide sulphurique pour remplir son ballon, A une heure moins un quart il lança son éc/aireur, ou petit globe de reconnoissance , auquel étoit sus- pendue une corbeille avec deux pigeons (ce qui avoit été faussement pris d’abord pour un para- chüte). Une heure après, son ballon étant rempli aux deux tiers de sa capacité, le professeur s’em- barqua , animé par la présence du Roi, de la Reine ét de toute la famille royale. IL avoit avec lui le jeune Kæœls, âgé de 15 ans, fils d’un boulanger de Berlin. Son lest étoit de 68 livres, et il s’éleya avec 572 Nouvelles littéraires. üne force ascendante d’environ 300. Parvenu à urie hauteur d'environ 3,900 pieds, M. Jungius lächa une», oie qui descendit à terre, près dela ménagerie, plu- . tôt en planant qu’en volant, L’hygromètre de Saus- sure , observé à 8,650 pieds, donnoit 71°. L’aéro- naute , ayant atteint une élévation de 15,000 pieds, ouvrit la soupape pour remettre son jeune compagnon à terre, selon sa promesse. Il descendit donc à 2 heures 35 minutes, entre Grosbeeren et Heinersdorf, … remonta aussitôt seul, et se perdit à une hauteur immense, mais qu’on ne peut exprimer en nombre, le baromètre ayant été brisé dans sa première des- cente. Enfin il se rabattit sûr la terre entre Trebbin et Neundorf, à 5 milles et demi de Berlin. Mardi après midi, M. Jungius revint dans la capitale, et il se rendit aussitôt à Charlottembourg, où le Roi et la Reine voulurent entendre de sa bouche le récit de son voyage et de ses expériences. Le jeune Kœls avoit été présenté la veille à LL. MM. — M. Jungius est professeur de physique au collége de Frédéric- Guillaume. Xl avoit déja exécuté une très-belle ascen- sion aérostatique le 16 septembre dernier. E Feu M. Scuuzz, conseiller de guerre à Berlin, étoit propriétaire d’une collection considérable de cartes . géographiques qui contenoit, non-seulement des cartes géographiques proprement dites, tant anciennes que modernes, et dans le nombre beaucoup de pièces rares, mais encore des vues et des plans de’villes ; de châ-. teaux et d’églises, beaucoup de plans déssinés de siè- ges , de camps, etc. , enfin des ouvrages de géographie, ! de topographie, etc., accompagnés de nombreuses : gravures. Depuis long-temps on avoit désiré qu’une collection aussi précieuse ne fut pas dispersée : ce vœu vient d’être accompli. Le fils aîné du posses- Nouvelles littéraires. 375 seur, qui, pendant quelque temps, a été ministre du Roi de Prusse auprès du cercle de la Basse-Saxe, l’a offerte au Roi pour être placée dans quelque éta- blissement de la monarchie prussienne. Ce don a été accepté par le souverain, qui en même temps a chargé le département de la direction générale des études de lui faire un rapport sur la destination à donner à cette précieuse collection. D’après ce rapport, il a été décidé qu’on la déposeroit dans une bibliothéque publique. Le Roi ayant chargé le donateur de dé- signer celle à laquelle il désiroit que ce dépôt fût confié, M. de Schulz a proposé la bibliothéque de l’Université de Æalle, où cette collection aura déjà été transportée. La même bibliothéque a depuis peu recu une autre augmentation considérable par la munificence de la veuve de feu M. le chancelier de Hofmann, qui lui a fait don de tous les livres de la riche biblio- théque de son mari qui ne se trouvoient pas dans celle de PUniversité. *- D'après une ordonnanee de S. M. prussienne, la distribution des prix de l’Université de G@TriNGuE aura lieu telle qu’elle a été ordonnée par le Roi Georges ITE; mais le jour de cette distribution est fixé au jour anniversaire de la naissance du Roi de Prusse, au mois d’août ; les médailles porteront l’ef- figie et le nom de S. M. P. Celles qui étoient déjà frappées pour la distribution qui devoit avoir lieu le 4 juin, jour de la naissanee du Roi Georges, se- ront conservées au Musée de Goettingue. 374 Nouvelles littéraires. Suite de la notice sur les travaux des membres de l'Université et de l’ Académie de Gættingue(i), pendant le cours de l'année 1805. Le 4 juin fut consacré à célébrer le jour de la nais- sance du fondateur d’une solennité académique, aussi honorable pour l'Université que glorieuse pour le” fondateur lui - même, et qui passera à la postérité puisqu'elle est jointe à la distribution des prix pour les étudians. La générosité de l'Empereur des Français conserve toujours, à notre Université et à ses insti- tuts, la protection qu’il a eu la bonté de leur pro- mettre, M. le maréchal Bernadotte a confirmé les avantages qui nous ont été accordés; ainsi il nous a été permis de célébrer ce jour de fête à la manière accoutumée, et d'exprimer tout haut les vœux que nous dictent le respect et la reconnoissance. Cet exemple de la générosité des Français étoit réservé à notre siècle ; il prouve que l'humanité a fait un pas de plus, et qu’au milieu même du bruit des ar- mes , les sciences doivent et peuvent suivre leur marche accoutumée. Si cette maxime importante se soutient et se répand. parmi les peuples de l'Europe, la postérité n’a plus à craindre de retomber dans la barbarie. Les différentes facultés avoient proposé les ques- tions suivantes. La faculié de théologie : Quantum valoris eé momenti tum in adstruenda veritate his- toriæ Christi, tum in demonstranda authentiæ et in- tegritate librorum Novi Testamenti, testimonia ad- versariorum qui fidem christianam et hæreticorum qui fidem catholicam-primis tribus sœculis impugna- runt, habeant et habere possint? (1) Supra, année 1805, tom. V, p. 145. | k w “ (4 Nouvelles littéraires. 379 La question avoit été proposée pour la seconde fois. Le prix fut adjugé à l’auteur qui avoit déjà concouru l’année dernière, à M. Zouis-Henri PLank de Goettingue; M. Jean-Jacques Sacx , de Hanovre, a eu l’accessit. ; Le prix komilétique, ou du meilleur sermon, dont le texte étoit que /a véritable humilité chrétienne peut fort bien se concilier avec une noble estime de soi- même , Saint-Mathieu, XI, 29, a été décerné à M. Georges- Émile - Guillaume Arnor» de Lippe, et le même M. Sacx , d'Hanovre, a eu encore l’accessit. La Faculté de Jurisprudence avoit demandé, pour la seconde fois : Exponantur effectus actuum juris- dictionis voluntariæ et mixtæ in alieno territorio se- cundum principia juris civilis, publici, Germanici et gentium. La Faculté n’a reçu qu'un mémoire, qui ne manque pas de mérite, mais auquel cependant elle ne pouvoit décerner le prix. La Faculté de Médecine avoit proposé : An prin- cipii azotici sive nitrogenit atmospherico aeri nun- quam non inhærentis, dum hic per respirationem atque inhalationem corpus animale intrat, nihil in ejus interioribus deponatur. ‘ Le mémoire recu n’a pas répondu tout-à-fait à la question ; mais cet ouvrage a recueilli, coor- donné et jugé le pour et le contre avec tant de sa- gacité et d'intelligence , que le prix a été adjugé à l’auteur. Il se nomme François Scumirz, de Cologne. La question de la Faculté de Philosophie étoit : Ut religionum latii veteris domesticarum notitiæ à libris Fastorum Ovidii eruerentur et ex aliis scrip- toribus illustrarentur. La Faculté a recu un mémoire qui annonce , dans l’auteur, beaucoup de lecture, d’érudition et de connoissance des anciens classiques ; mais le but étoit dépassé et le style étoit très-né- 376 Nouvelles littéraires. gligé. Ainsi la faculté a remis la question à l’année prochaine. | Les quatre facultés ont proposé, pour le mois de juin 1806, les questions suivantes. La Faculté de Théologie: Doctrinæ de jure jurando in ecclesiä christian& historia exponalur. Ft pour le prix du meilleur sermon, le texte sui- vant : Quantum fides in Jesum Chrisitum ex sensu Scriplurarum sacrarum valeat ad virtutem humanams p'omovendam. La Faculté de Jurisprudence : Queæ sint jure novis- simo, hæreditatis civilis et bonorum possessionis tums convenientiæ tum differentiæ principes ? La Faculté de Médecine : Cum certo constet , quæ- dam tum alimentorum tum medicaminum genera s corumve partes, per vasa absorbentia i ipsi SAnguinis Jluento admisceri, alia contra quæ ab iis quasi res- Puuntur, nunçquam eidem hac via affundi; nrsrpe- RAT ORDO MEDICUS , plenum quantum fieri potest ef accuratum recensum eorum, quibus, sive tubo ali- ruentario sint ingesla , sive communibus corporis 1n= tegumentis applicata, ingressus in syslema vasorurr» sanguiferorum aut concessus @ natur& aut negalus sc£. La Faculté de Philosophie propose la question de l’année dernière, et elle y en joint une autre : Zn- terpretationis pe Philonianæ principia et ele- menta ex ipso Philone elicere et declarare. Le programme que M. Heyxe à fait paroître pour annoncer Ja distribution des prix, contient d’abord l’expression de la reconnoiïssance que notre Univer- sité doit à la puissance qui occupe le pays d'Hanovre. fl combat ensuite l’opinion paradoxale que les guerres ont contribué à étendre les arts et les seiences et à Nouvelles littéraires. 377 perfectionner le genre humain, et que les conquêtes d'Alexandre en sont un exemple frappant. Cette question exigeroit un très - grand développement. L'auteur du mémoire traite seulement de la confu- sion d'idées qu’elle présente , parce qu’on ne sépare pas le bien accidentel du mal nécessaire, et que l’on ne remarque pas que ce bien est seulement la suite et l'effet de la paix. Le pillage et la désolation ne peuvent produire aucune civilisation ; et la destruc- tion du bonheur de l’homme, de son industrie, de tout ordre social, ne peut amener un perfectionne- ment moral ou intellectuel. L'ancienne mythologie grecque nous montre Bacchus voyageant aux Indes pour policer les hommes. La fable contient quelque chose de semblable des campagnes de Sésostris; mais il y a dans la fable beaucoup d’autres choses qui ne s'accordent pas du tout avec la véritable his- toire des peuples. Les courses d’Hercule, armé de sa massue , ont encore plus d’analogie avec l’his- toire véritable qui nous offre les croisades, la des- traction des Caraïbes, l’inquisition , les dragonades et les guerres de religion; mais l’histoire ne fait aucune mention de guerres entreprises pour étendre la civilisation des hommes, pour propager les arts et les sciences , et entreprises dans ce véritable des- sein. Quelques savans veulent compter, parmi de semblables expéditions, celle d'Alexandre aux Indes, et lui prêtent l’idée d’avoir voulu civiliser le monde entier, réunir tous les peuples ertre eux , et faire dominer généralement la langue et la littérature grec- que. L'idée eût été grande et belle, mais est-elle vraie ? Est-elle fondée sur des titres historiques ? Cette recherche pourroit bien amener un résultat qui prou- veroit qu'Alexandre n’a jamais pensé à toutes les belles choses qu’on lui prête. Il y a deux objets principaux 378 Nouvelles littéraires. à examiner : ce qu’a fait Alexandre pendant sa vie, et ce qu'il avoit le projet d’exécuter ayant sa mort. Pour la première question, elle n’a pas besoin d’être discutée très-longuement. Dans toutes les campagnes d'Alexandre, on ne trouve rien qui se rapporte à la civilisation et à la littérature, et qui annonce le plan de les répandre dans l'Asie et dans l’Inde. La seconde question , développée et discutée avec la critique de l’histoire, offre une solution tout aussi peu satisfai- sante, Un faux enthousiasme n’égare que trop sou- vent l'historien. On prend une sorte de prédilection pour un héros, on le pare de tous les dons que nous présente notre imagination, on en fait enfin un héros poétique. C’est un des foibles de l’homme d'aimer à voir quelque chose de gigantesque et de se figurer , dans une image qu'il s’est créée à plaisir, la grandeur qu’il voudroit croire propre au genre humain. On veut qu'Alexandre offre l'idéal d’une pareille rêverie. Tous les peuples réunis sous un seul héros, par conséquent une même culture, une mème littérature , la même religion, le même droit des gens, la paix générale, et surtont il ne faut pas oublier un commerce universel entre tous les peu- ples : quelles helles spéculations commerciales l’on peut faire ! — Mais opposons la vérité à ce tableau. Le fond de tout, comme on le voit en remontant aux sources et en les interprétant exactement, est seulement qu’'Alexandre avoit résolu de faire la guerre aux Carthaginois. Voisins de l'Égypte, près d’Ale- xandrie, ville dont il devoit chercher à assurer la communication avec la Grèce , les Carthaginoïsétoient dangereux pour lui. I] pouvoit fort bien aussi devi- ner leurs intentions, puisqu'il avoit détruit Tyr, leur ville natale , et qu’ils avoient toujours fait cause commune contre lui avec les Perses; car la haine Nouvelles littéraires. 379 nalionale, un des maux les plus terribles qui aient désolé le genre humain, étoit aussi en jeu dans ce combat. Tous les autres sa qu’ou lui suppose ont été inventés par des historiens et des hommes d'état soit anciens , soit modernes ; on a formé ces plans d’après les idées politiques et commerciales de nos jours, mais destituées de fondement ; on ne peut les présenter comme des vérités tatrque GEscicxrTe der Poesie und Beredsamkeit seit dem Ende des dreyzehnten Jahrhunderts von, Friedrich Bourerwecx. Vierter Band. Histoire de la Poésie et de l’Eloquence depuis la fin du 13°. siècle, par Frédé- rie Bourerweck. Quatrième volume. Chez Ræœwer. Goettingue. Ce volume contient l’histoire de la littérature, de la poésie et de l’éloquence portugaise. AnranceserunDs der Naturlehre zum Behuf der Vorlesungen über die Experimental-Physik, von Jok. Tob. Mayer. Élémens de Physique expérimentale , par Jean-Tobie Mayer, professeur à Goettingue. Se- conde édition. Goettingue, Dieterich. LEHRrsucH über die physische Astronomie, T'heo- rie der Erde und Meteorologie, von Joh. Tob. MAyer. Essai sur l’ Astronomie physique, la Théorie de la terre et la Météorologie, par le mème. Également chez Dieterich. RePERTORIUM commentationum a Societatibus lit- terariis editarum, secundum disciplinarum ordinem digessit J. D. Revss. Scientia naturalis. Physica. 1805. Quatrième volume. En annonçant la partie de l’As#ronomie, qui doit faire le 5°. volume , nous avons dit que ce volume étoit mis au jour avant le 4°., parce que les astro- nomes l’avoient désiré. A présent nous voilà rentrés 380 Nouvelles littéraires. dans l’ordre , et le 6°. vol. ; qui doit suivre celui-ci, contiendra l'Économie, Gescurcnre der Schrifterklærung seit der Wieder- herstellung der issenschaften. Histoire de l’interpré- tation des écritures depuis la renaissance des sciences , par Gotlob-Guillaume Msyer, professeur de théolo- gie à Altdorf, auparavant à Goettingue. Quatrième vol., aussi sous le titre ÆZistoire des Sciences depuis leur renaissance. Le huitième cahier des Dessins pour servir à l’His- toire naturelle, par M. Biumexsacu, contient les ob- jets suivans. 71. Le polatouche (sciurus volans ), avec l'indication particulière de l’os singulier, en forme d’arête, qu'il a à ses pates de devant , et qui lui sert à déployer sa peau latérale. 72. La musaraigne d'eau, avec sa soupape dans l'ouverture du conduit auditif extérieur , pour pouvoir le fermer quand elle plonge, et les soies roides et plattes qu’elle a au bord de ses orteils, et qui lui servent pour ainsi dire de mem- brane natatoire. 73. Le veau marin. 74. La balæna boops , d’après une baleine femelle de cette espèce, longue de 52 pieds, que M. Blumenbach a vue échouée sur les côtes d’Hollande. 75. Le Aiïbou de neige, du musée de l’Université. 76. Le martiret. 77. Une au- truche au moment de sortir de l’œuf , de la collection de la princesse douairière de Waldeck. 78. Le su- cet du musée de l’Université. 79. Æ{ydatis erratica. Un macaque (Simia cynomolgus) que M. Blumen- bach disséqua il y a quelque temps; il avoit les pou- mons, le foie, le réseau , etc. couverts de vessies Iymphatiques qui, à l'extérieur, n’offroient aucune trace de bouche ou de suçoir, mais qui contenoient dans leur lymphe une quantité de petites hydatides errantes et armées d’un véritable sucoir, 80. Wadre- Nouvelles littéraires. 38: porites lenticularis, pétrification remarquable de la perte du Rhône, que M. de Luc jeune a examinée dernièrement, et que M. de Saussure a prise pour une mine lenticulaire. GEscHIcHTE der neueren Philosophie. Histoire de la Philosophie moderne, par J. G. Buuvr. Seconde moitié du sixième volume. Ce volume finit l’ou- vrage. IDEEzN über die Politik und den Verkehr der vor- nehmsten Vœlker der alten Welt. Idées sur la poli- ‘tique et les, relations commerciales des principaux peuples de l’ancien monde, par M. Hsrren, Seconde édition, corrigée et augmentée. La seconde partie , qui contient l'Afrique, avoit paru la première. Main- tenant paroît l'Asie, qui forme la première partie. L'auteur, sans compter les augmentations qu'il a in- tercalées dans le courant de l’ouvrage, a ajouté à la fin quelques appendices, parmi lesquels on en remarque particulièrement qui lui ont été communiqués par deux de ses amis. L’un est sur l’explication des écri- tures à coin, et particulièrement des inscriptions de Persépolis, par M. Grotefend, et l’autre contient un essai de M. 7ychsen pour expliquer, d’aprèsle persan, les mots indiens qui se trouvent chez les Grecs. Un des appendices offre aussi un aperçu critique sur les anciennes routes commerciales de l'Asie. Ces routes sont indiquées sur la carte jointe à l’ouvrage. LizreNrHALziscuz Beobach tungen der neuentdeck- ten Planeten, Ceres, Pallas und Juno zur genauen und richtigen Kenntnis ihrer wahren Græsse, Atmosphære und übrigen merkwürdigen Natur - Verhælinissen im Sonnen Gebiete, von D’. Joh. Hieron. SCHR>ER. Observations faites à Lilienthal des planètes nouvel- lement découvertes , Cérès, Pallas et Junon ( Piazza, 582 Nouvelles littéraires. Olbers et Harding) pour connoître exactement leur réritable grandeur , leur atmosphère .et leurs autres relations remarquables avec notre système solaire , par le docteur Jean-Jérôme Scur&rer, conseiller de justice du Roi d'Angleterre , et grand bailly à Li- lienthal. Goettingue , chez Fandenhoek-Ruprecht. Cet ouvrage montre la cause de l’erreur d’Herschel dans les observations des planètes, Pallas et Junon, et l’attribue à l’instrument dont il s’est servi, et à la manière dont il l’a employé. L'auteur, après avoir comparé l’atmosphère et la grandeur de ces planètes avec celles de la terre , de la lune ; etc., ajoute à ses observations plusieurs réflexions cosmogénétiques qui ont rapport à son travail et qui donnent infini- ment d'intérêt à l’ouvrage. PuirosorærscxE und biblische Moral. Ein Aca- demisches Lehrbuch von D. C.S. Sræupzin. — Mo- rALE philosophique et de la Bible ; par C.S. Sræun- LIN, docteur en théologie, Gottingue, Ruprecht. Hisrorr4 jurisjurandi biblica, par le même. Dieterich, 1805. Geschichte der christlich-kirehlichen Gesellschafts- Verfassung , von D. J. Pranx.—/fisrorre de l’é- glise chrétienne ; par J. PLaxk , docteur en théologie, 3°. vol., 1805, Hanovre. KLEINE historische Schriften von A. H.L.HEEREN, Professor der Geschichte in Gœtiingen.— Mélanges historiques ; par À. L. Hrerex , professeur d’histoire à Gættingue, seconde partie. Gœttingue, Rœwer. Cette seconde partie contient comme la première trois mémoires. [. La continuation du développement historique de l’intérét continental de l Angleterre, qui avoit été interrompu dans le premier volume à la mort de la reine Anne. Ainsi nous avons à présent Nouvelles littéraires. 383 la période de la maison d'Hanoyre, mais continuée seulement jusqu’au commencement de la guerre de la révolution, parce que, comme dit l’auteur avec raison , les Étéemiebs qui viennent de se passer sous nos yeux, ne sont pas encore mûrs pour l’his- toire. II. Sur l’origine , le développement et lin- Jfluence pratique des théories politiques dans l'Eu- rope moderne. Tous les écrivains politiques depuis Bodin jusqu’à Rousseau, sont appréciés et leurs théo- ries développées. L’auteur donne ainsi le résultat de ses recherches : « Le monde est persuadé à présent » que la simple spéculation n’offrira pas les moyens » de perfectionner les constitutions. Tout ce qu’elle » peut faire, c’est d'établir seulement une théorie, » indépendante de toutes les conditions que la réa- » lité demande toute’ autre dans un état particulier. » Mais cette théorie ne sert pas à grand’chose. Heu- » reusement que les vérités desquelles dépend le per- » fectionnement interne desétats, ne sont pas si ca- » chées et si profondes que l’on ait besoin d’une telle » abstraction pour les trouver. Si l’on considère les » états comme des instituts qui se sont formés d’a- » bord et perfectionnés ensuite sans principes méta- » physiques; si l’on se persuade que le but général » de ces instituts est le développement des disposi- » tions de notre nature; lequel ne peut s’obtenir que » par la réunion sociale ; si l’on ne restreint pas ce » but à l’idée étroite de sûreté, et si on ne l’étend pas » à l’idée vague de félicité, Vo verra bientôt que » ces vérités peuvent se trouver beaucoup plutôt par » l’expérience que par la spéculation. — Toutes les » formes politiques sont peu importantes, si elles ne » sont pas soutenues par la moralité et les lumières » du gouvernement et de la nation. Vouloir former » une constitution politique qui porte en soi-même 584 Nouvelles littéraires. » la garantie de sa durée, c’est une idée encore plus » singulière que cellede vouloirtrouverle mouvement »- perpétuel. » IL. Sur /a colonisation de l'Egypte et sur les suites de cette colonisalion pour le système politique européen en général, et particulièrement pour la Russie. GEscHICHTE der philosophischen, ebræischen und christlichen Moral im Grundrisse von D. STÆUDLIN; Histoire de la morale philosophique, juive et che tienne, par C. F. Sræuoriw, docteur en théologie , 1806, Hanovre, Æahn. BEyrrxcE zur Geschichte der Erfindungen von Johann Bzrcxmanx ; Mémoires pour servir à l’his- toire des Tébcneries et des inventions, per Jean BEckmanx ,w4°. n°. du 5°. vol. Ce volume contient un seul article , mais fort inté- ressant, sur le salpètre, la poudre à canon et l’eau forte. ! Le 12 octobre M. Tycnsew lut à la société un mé- moire de commertiis et navigationibus hebræoruin ante exilium Babylonicum. L'auteur prend pour texte le passage de Josephe où cet écrivain paroît refuser à sa nalion toutes les relations commerciales avec les autres peuples, et remarque que cette assertion est exprimée trop gé- néralement , puisqué sans doute les hébreux com- merçoient ; seulement ils n’avoient pas de commerce maritime, comme les phéniciens. Il est certain que malgré la situation avantageuse de la Palestine pour le commerce, plusieurs raisons concoururent pour détruire les avantages de cette position. Cependant, 1°. ils avoient un commerce intérieur que les assem- blées générales-du peuple, prescrites par leur reli- gion, pouvoient favoriser. En second lieu ils avoien un Nouvelles littéraires. 3585 ün commerce passifassez considérable avec les Egyp- tiens et les Phéniciens. Les tribus septentrionales pa- roissent avoir eu dés relations commerciales avec les Phénicieus , et les méridionales avec l'Egypte. Plu- sieurs causes doivent faire croire que ce commerce étoit très-avantageux pour les Hébreux. Ce peuple n'eut de commerce maritime que pendant très-peu de temps sous Salomon, qui entreprit le voyage d’Ophir. Mais on a très-peu de détails sur cette ex- pédition , et elle laisse beaucoup d’obscurités. M. Tychsen cherche dans son mémoire à l’éclaircir au- tant que lui permettent les notices que nous en avons. Dans cette même séance, M. le professeur Srrou- MEYER , associé résident de la société, lui soumit une partie des résultats ‘de ses recherches chymiques sur l'union de l'hydrogène avec les métaux. Al a particu- lièrement examiné dans ce mémoire l’union de l’hy- drogène avec l’arsenic. Il fit plusieurs expériences sur les phénomènes les plus frappans qu'offre le gaz hydrogène-arsénical. M. le professeur Osranprr donna ensuite pour le Muséum de Gottingue, une petite fiole remplie de sable de la mine.de diamant de Banser-Massing, dans ’ile de Bornéo, qu’il avoit reçue d’un de ses com- patriotes , M. Haas, revenu des Indes en 1802. M. Haas'avoit suivi comme aumônier un régiment wir- tembergeois à la solde de Hollande, qui avoit été envoyé au cap de Bonne-Espérance, et de là à Java et à Ceylan. Lorsqu'il entreprit ce voyage, George Forster, qui séjournoit alors à Mayence, lui donna plusieurs instructions verbales ét par écrit sur la manière de vivre, et notamment sur des objets d'histoire naturelle, D’après l'indication de Forster, . M. Haas chercha entre autres à se procurer du sable desminesde diamant de Bornéo, inaccessibles encore T°. III. Juin 1806. Bb 386 Nouvelles littéraires - aux européens. Il s’adressa pour cet objet à un de ses compatriotes au service des Hollandais dans les Indes. Ce dernier trouva le moyen d’obtenir du sultan de Bornéo une quantité de sable de ces mines qu’il partagea avec M. Haas. Sur-le-champ Haas en envoya à l’Institut national et à un gouverneur espa- gnol, Emmanuel d’Agota; le reste, à l'exception d’une petite partie qu’il avoit mise dans une boîte à thé, lui fut enlevé avec d’autres objets par un corsaire français qui prit le vaisseau lorsqu'il revenoit à l’[le- de-France. C’est ce petit reste que M. Haas, à son retour du cap, envoya à M. Osiander son compa- triote et son ami, et dont ce dernier a donné la plus grande partie au Musée de Goettingue , comme une rareté digne de l’attention du naturaliste. Ce sable est comme celui qu’on trouve dans les autres mines de diamant, par exemple ; à Golconde , à Visapour, etc., d’un jaune rougeâtre et ferrugineux. M. Osiander montra en second lieu à la société quelques préparations anatomiques de nerfs qu’il avoit injectés avec du mercure. Ion sait déjà par l'ouvrage intéressant de M. Reiz, de structura nervo- rum, que les nerfs optiques peuvent, après une cer- taine préparation, être injectés avec du mercure; c’est-à-dire, qu'après avoir exprimé et fait sortir des petits canaux (canaliculi) la moelle amollie , on peut y injecter du mercure au moyen d’une seringue par- ticulière, parce que ces canaliculi s’anastomosent , par conséquent on ne doit les injecter que par un seul çanal. Depuis plusieurs années M. Osiander s’est oc- cupé de ces injections d’une manière qui lui est propre, et il a montré des nerfs optiques des bœufs et des veaux ressemblant à des fils d'argent enlacés et ‘qui étoient conservés dans de lesprit-de-vin. Il fit remarquer en même temps que Correr de Nurem- Nouvelles littéraires. 587 - berg , dans son ouvrage assez rare à présent: Exéer- narum et internarum principalium humani corporis partium tabulæ. Norib. 1572, fol. avoit dit à la p. 87. « Opticus nervus minime, ut Galenus aliique ejus asseclæ voluerunt , ex solido corpore eoque per- forato constat, verum non aliter atque ceteri omnes nervi, ex multis nervosis fibris sive filamentis sibi mutuo membranarum beneficio connatis conflatur. Hoc in bovino optico nervo luce clarius est, nam si medullarem frusti cujusdam nervi optici humidita- tem digitis expresseris, filamenta nervosa conspicies. Idem attestatur Eustachius in examine ossium ubi sic inquié : nervus visorius veluti tenuissimum ma- tronarum linteum, in innumeras rugas œæquales e£ pari serie distributas complicatus, tuniculaque illas ambiente coacius hac eadem incisa eyolvi sese per- mittebat et in amplam membranam totum explicari atque intendi.» Par conséquent Coiter connoissoit déjà la structure et la texture des nerfs optiques, et c’est sur cette connoiïssance que se fonde la possibilité ré- yoquée en doute par plusieurs d'injecter ces nerfs avec du vif-argent. Mais jusqu’à présent on n’avoit pas essayé d’injecter d’autres nerfs que les nerfs op- tiques, surtout en liaison avec tout le corps, parce qu'on ne savoit pas comment la moelle des nerfs permettroit Vintroduction du mercure, Mais M. Osiander profila de l’occasion que la nature lui of- frit en préparant elle-même ce travail. Il y a quelque temps qu'il naquit deux jumeaux à l’hospice d’ac- couchement ; l’un d’eux étoit mort et hydrocéphaie. M. Osiander examina le cerveau, et trouva la sub- stance moellense très-diminuée , celle corticale au contraire étendue par l’eau avec les pellicules fines du cerveau, et offrant cette substance membraneuse, que, d’après le docteur Gall, l’art peut faire prendre 588 Nouvelles littéraires. à chaque cerveau. Cela lui donna l’idée que la sub- stance moelleuse des nerfs de cet enfant mort pou- voit être également diminuée et consommée dans les canaux des nerfs , et permettre au mercure d’entrer. Il essaya en conséquence d’injecter différens nerfs du corps , et son expérience réussit fort bien. M. Osiander montra cette préparation unique dans son espèce, dans laquelle le nervus phrenicus du côté gauche, le #runcus communis pro nervo mediano , cubitali et cutaneo, les nervi cubitalis, culaneus major, palmaris , medianus et les rami digitales ex mediano étoient injectés en partie jusqu’au bout dés doigts avec du vif-argent. Au pied gauche, les rervi Bimbalis à cruralis, saphenus avec plusieurs de leurs rameaux étoient démonirés clairement et sans une étendue variqueuse. M. Osiander croit que de cette manière et d’après une expérience qui a si bien réussi, on pourra dans la suite injecter avec du vif-argent les cadavres dans lesquels la moelle des nerfs aura été diminuée par la maladie, et-exposer ainsi le sys- ième nerveux aussi bien qu’on expose le système lymphatique. Certains procédés font croire que de pareilles injections sont également possibles dans d’autres cadavres. M. Himzy montra encore à la société, dans cette même séance, un mémoire enrichi de quatre gra- vures de M. le docteur OKex, dans lequel ce dernier communique quelques découvertes importantes sur la fonction de la unica erythroides et la position et la nature du éractus intestinalis dans les embryons dé- licats. Il trouva, en anatomisant cinq embryons-de cochons d'environ vingt-quatre jours, que non-seu- lement Les sasa omphalomesenterica s’étendoient à la tunica erythroides, comme DAUBENTON, F'ABRICIUS ABAQUAPENDENTS,et NEgDHAM l’avoient trouvé dans C - Nouvelles littéraires. 389 les chats, À. de Gr44r dans les lapins, Frrn1EYEN dans-la souris, Th, Barrorinus dans le veau et les lions, M. Brumens41cx dans le hérisson , ete. ; mais que dans la première période aussi les intestins passent réellement à cêtte membrane. Seulement quand Vem- bryon est plus avancé, les intestins se séparent de la tunica erythroides , et se retirent dans la cavité du ventre; mais les vaisseaux restent encore quelque temps, c'est pourquoi on les y a trouvés encore fré- quemment. Plus tard, c’est-à-dire, lorsque les vais- seaux se forment plus dans le mesenterium rentré, ces vaisseaux se détachent aussi , et vers le temps de la naissance , on ne les retrouve plus. Alors la funica erythroides elle - même se sépare dans le milieu , et flotte comme les appendices et l’allantois dans l’al- Jautois ou bien , par un trou dans la cicatrice par laquelle elle se, réunit avec l’allantoïde, elle est ex- pulsée par la pesanteur de la liqueur. L’erythroides est ensuite, pour ainsi dire, un estomac du fétus dé- Jicat ; alors lorsque celui-ci, plus tard, se sépare , la partie supérieure et inférieure du éractus intestinalis passent directement l’une dans lautre ; la place où cela arrive paroît être celle du bout de l'intestin grele et du commencement des gros intestins, où alors le passage en biais de l’un dans l’autre s’ex- plique par la position précédente; et le processus vermiformis semble être le dernier point d’adhésion à l’érythroïde. Dans la première période: on trouve dans le cordon ombilical disséqué huit vaisseaux , c’est-à-dire, 1°. un morceau d’intestin descendant d'en haut, que l’auteur appelle l'intestin estomac ; 2° un montant d’en bas qu’il nomme l'intestin rec- tum; 3°. une veine omphalomesenterica ; 4°. une arlere omphalomesenterica ; 5°. la veine omphalohe- pafica; 6°. et 70. les deux arteriæ omphalo-iliacæ : 390 Nouvelles littéraires. et 8°. l'urachus. Entre les intestins et la moelle épi- niere on trouve une membrane fine étendue, le mé- sentérium , dans Je milieu duquel est la veine om- phalo-mesenterica. M. Himly affirma avoir vu lui- même dans ces préparations de M. Oken cette posi- tion des intestins et leur conjonction avec l’éry- throïdes. L'auteur étoit fâché de n’avoir pas encore trouvé celte particularité dans le fétus humain, parce que depuis il n’avoit pu avoir de fétus humain aussi jeune ( d’environ six semaines); mais comme dans le fétus la vésicule ombilicale est hors de l’amnios, et que les vaisseaux mésenteriques y vont, on peut croire que dans une période antérieure les intestins ÿ vont aussi. L'auteur est persuadé que la vésieule ombilicale n’est ni l’allantois, ni un organe particulier à l’homme, mais la tunique eryéhroides des animaux; que ce petit fil blanc qu'Albin vit courir de la vésicule ombili- cale au nombril, et qu’il prit pour l’urachus, parce qu’il ne dissèqua pas le fétus , aînsi que les vaisseaux succiferes formés de plusieurs, ne sont rien autre que des vasesomphalo-mesenteriques pas encore oblitérés. Dans des embryons de chiens un peu plus âgés, et examinés attentivement, Ja position s’est montrée pareille à celle du fétus humain de dix semaines, dis- séqué et décrit par M. Wrisberg, de sorte que l’au- teur croit que si ce félus humain eût été plus jeune de quelques semaines, l’adhésion des intestins avec la vésicule ombilicale eût été déja démontrée; cette position premiere des intestins explique très-facile- ment pourquoi l’on trouve tant de fétus avec les in- testins avant le nombril , et mème beaucoup qui les ont pendus au ventre dans un sac particulier ; les in- testins alors ne sont ‘pas sortis des cavités du ventre, mais, au contraire, ils ont été empêchés par un ob- stacle quelconque d’entrer dans la cavité du ventre; Nouvelles littéraires. 391 c’est pour cela que proprement on ne peut pas l’ap- peler une descente. — Les recherches de l’auteur s'étendent aussi à l’urachus, sur les glandes acces soires, etc. M. Oken compte incessamment faire im-. primer son mémoire. Nesror, Russische Annalen in ihrer slavonischen Grund-Sprache. Annales de Russie, par Nesror, dans la langue originale, comparées, corrigées, expli- quées et traduites par Z. 4. px Sonræzer, chevalier de l’ordre de Saint-Vladimir , et professeur à Gœttin- gue, troisième partie ; Oleg, depuis 879-913, second grand duc et second fondateur de l’Empire russe ; 1805, troisième partie. C’est la continuation de l’ou- vrage dont les deux premières parties ont déja nee il y a trois ans. Dans la séance de la Société royale des sciences, où l’on célébra le 54°. anniversaire de sa fondation M. Merxens lut un mémoire sur les Dignités des Chanceliers dans les Universités, et nommément sur les Droits et les Devoirs des Chanceliers dans les Uni- versités allemandes et anglaises, où les dignités étoient tout autrés qu’en France et en Italie. La question proposée par la Classe physique, pour le mois de novembre de cette année, étoit : Quum physiologi de vaseuloso vegetabilium contextu diversa prorsus statuant, aliis , iisque antiquioribus , illum asserentibus , recentioribus contra in alia om- nia euntibus ; novis experimentis, Ope MICROSCOPTI comPos1Tr curate inslituendis, elici probarique cu- pit Societas : utrum omnino a Malprishii, Greswir , Duhamelii, Mustelii, Hedwigiique observationibus ac placitis standur sit, an vegetabilium natura ab animali fabrica prorsus differat, omninôque vel fibra- rum fibrillarumque, quæ Medici est sententia, vel 292 Nouvelles littéraires. cellularum ac tubulorum (tissu tubulaire) contextw ac structura continu@tur. La Société eut le plaisir de recevoir trois ouvrages sur ce sujet, dont chacun, sans la concurrence, eût : mérité le prix. Le premier avoit pour épigraphe : Die Natur wird, in der Natur langsam gesucht, am geschwindesten sefunden. Man sieht sie in ikrem wahren Lichte, sobald man sie durch kein System sieht. Le second : Equidem tunc naturæ rerum gra- tias ago, cum illam non ab hac parte video quæ pu- blica est, sed cum in interiora ejus intravi. Le troi- sième : Quo allius in naturæ arcana nos insinuare conamur, eo magis patet , nos ad ultimum ejus myste- rium nunquan perventuros. Les auteurs des mémoires n°*, 1 et 2, ayant épuisé la question sous la plupart des rapports d’une manière presque également salisfai- sante, la Société crut devoir partager le prix entre les deux concurrens, puisque tous deux le méri- toient. Lorsqu'on eut décacheté les billets, le n°. x offrit le nom du docteur Charles-Asmund Ruporvut à Greifswalde , et le n°. 2 celui de Æenri-Frédérie Linx , professeur de physique, chymie et botanique à Rostock , tous deux déjà connus et estimés comme naturalistes ; l’accessit, avec une mention très-hono- rable, fut décerné au n°. 3, dont l’auteur est M.Tre- VISANUS. La question économique, pour le mois de novem- bre de cette année, étoit : « Quelle influence et quel effet ont les différentes » sortes d'impôts sur la moralité, l’activité et l’in- » dustrie du peuple ? » | Trois mémoires parvinrent à la Société. Le pre- mier, avec l’épigraphe : Znsita mortalibus industria violenticæ resistere. Le second : Non intelligunt ho- Nouvelles littéraires. 395 mines quam magnum sit vectigal parcimonia. Le troi- sième : Quæ propter necessitatem recepta sunt , etc. Le premier mémoire expose fort bien les regles con- nues pour le choix et la fixation des impôts ; le troi- sième offre des remarques très-bonnes et néuvelles d’un auteur familiarisé avec son sujet; le second (écrit en français ) donne un bon apercu des impôts qui existoient en France avant la révolution , et une exposition de tout le système de finances actuel : comme ce système contient tous les impôts imagi- nables, l’auteur éloit sûr de n’en pas omettre un seul ; il démontre clairement les effets des impôts; cependant ces effets ne sont exposés qu'en général, et les conséquences des impôts relatives à la mora- lité sont touchées trop légèrement ; seulement les défauts connus des impôts sont remarqués : mais la question demandoit l'influence et l'effet des diffé- rentes sortes d'impôts sur la moralité, Pactivité et Vindustrie du peuple. L'auteur du n°. 3 a considéré les derniers objets, mais point du tout le premier, tout aussi peu que les deux autres auteurs. Le mé- moire français d’ailleurs peut être plutôt considéré comme un livre sur les finances en général, et en particulier sur les finances dès Français; mais on trouve peu d'idées et de vues propres à l’auteur. Comme donc aucun des mémoires n’a répondu par- failement aux vues de la Société, elle a cru qu'il seroit agréable pour les auteurs, encourageant pour d’autres, et utile même pour le public, si elle re- mettoit la question à l’année prochaine. Voici les questions que la Société propose pour les années suivantes : pour novembre 1806 , la Classe de mathématiques a donné la question qui suit : Queæ est gaz oxygenii, azotici, aliorumique fluido- 294 Nouvelles littéraires. run @eriformium , seu eorum basium vis et efficaciæ ad excitandam electricitatem ope attritus. Cum, quid illa fluida ad hanc operationem confe- rant, nullis ferè experimentis huc usque constet, hæc autem quæstio ad naturam fluidi electrici penitus cognoscendam omnino magni moment esse videatur , Societas regia scientiarum cupit : Æxhiberi non modo descriptionem idoneæ suppel- lectilis, sub campanis vitreis , quæ his vel illis flui- dis aeriformibus ope forsan antliæ pneumaticæ re- plentur electricitatem satis notabilem per attritum excitandi, illam conducendi et ratione qualitatis examinandi ; sed quoque Institui quandarn seriem experimentorum, ad quæs- tionem propositam spectantium , Simulque notari quæ sint alia phænomena electrica ex: gr. attractionis , re- pulsionis, scintillarum , lucis radiantis , et sic:porro , in præcipuis quibusdam gaz illorum speciebus. Pour le mois de novembre 1807, la Classe histo- rique demande :. Que fuerit natura et ambitus commerciorum urbis Constantinopolis expeditionum sacrarum vel crucia- tarumm tempore ; adeoque et ante et post urbem & francis captam. Optat itaque Societas ut exponatur, 1°..quæ fuerit ratio mercaturæ Byzantinæ illa ætate in universum, eË quas vicissitudines subierit? 2°. quæ merces maxtrie tum ex Asia tum ex Europa ir commune hoc utriusque emporium illatæ et exportatæ Juerint ; 3°. quibus sis tum per Asian, tum per £uropam iliud factum fuerit ? Le prix fixé pour chacune de ces questions est de 50 ducats. Les mémoires ne sont admis an concours que jusqu’au commencement de septembre des années 1806 et 1807. Nouvelles littéraires. 399 Voici les questions économiques pour juillet 1806. La Société désire un recueil d'observations sûres sur les effets que produisent les différentes sortes de nourriture sur la viande, la graisse, le lait, le poil, la peau, la laine et les autres parties utiles du corps de ces animaux dont on se sert dans l’économie ru- rale en Allemagne. Le prix sera adjugé au mémoire qui offrira le plus complétement toutes les véritables observations déjà faites, et qui enrichira ces obser- vations de nouvelles expériences. Pour novembre 1806, la Société remet la question qui avoit déjà été donnée pour lé mois de juillet 1805 : « La meilleure histoire de l'exploitation des biens » domaniaux en Allémagne , depuis les temps an- » ciens jusqu'aux plus modernes. » La Société avoit reçu un seul mémoire qui paroît intéressant, mais quelques circonstances empêchè- rent de le juger. Ce mémoire sera considéré au nou- veau concours comme le premier parvenu; peut-être aussi l’auteur a-t-il quelque chose à ajouter. Pour juillet 1807, la Société propose une seconde fois la question : « Quelle influence et quel effet ont » les impôts, etc.? » Le prix fixé pour chacune de ces questions est de 12 ducats, et le terme d’envoi des mémoires est mai pour Îles questions pour juillet, et septembre pour celles pour novembre. Dans cétte même séance où l’on avoit adjugé les prix et proposé les nouvelles questions, M. HeyxE, après que M. Miiners eût lu son mémoire sur les Chanceliers des Universités, fit, suivant l’usage, le récit des travaux de la Société depuis le mois de novembre de l’année dernière jusqu’au moment ac- tuel. Ces détails furent précédés de quelques obser- 396 Nouvelles litléraires. vations tirées du but des Sociétés savantes, sur l'usage de la langue, latine dans leurs mémoires. Après cette intr ne tian si tIéyne exposa les détails qui sui- vent : | Le Directoire de la Société a passé, , depuis le jour de la Saint-Michel, dans la Classe mathématique, et a été confié à M. Mayer. | La Société a recu parmi ses membres ordinaires résidens, M. le pr ofesseur Tuipaur, auparavant as- socié résident, M. Osranner , M. Himzy et M. Scura- per; M. le professeur Frédéric. STROMEYER a été nommé associé résident. La Société a à regretter la perte d’un de ses mem- bres nationaux, M. Leberecht-Frédéric - Benjamin LENTIN, néleeih ordinaire du Roi. à Hannovre, et ensuite de quelques membres et correspondans étran- gers dont voici les noms : Pierre-François- André Mécnain , astronome, et Jean - Baptiste - Gaspard D’Ansse pe VicLoison, tous deux membres de J’Insti- tut national; Charles Arxionr, médecin ordinaire du roi de FRERES à Turin; Tobie Lowirz, con- seiller-d’état, de l’empereur de Russie, ER er de VPAcadémie impériale de Pétershourg ; Tean-Ceb 4 Kocx, consciller-d’état de l’empereur de Russie, et directeur de l’Institut pædagogique. à Pétersbourg ; Félix FonxTAnA, directeur du cabinet d'histoire na- turelle à Florence ,; et Jean -Frédéric - Guillaume CHARPENTIER, professeur à l’Académie de Freyberg: Elle a recu comme membres ordinaires dans le pays d'Hanovre, M. Jean Srreezxrz, médecin à Han- novre; et parmi les étrangers, Jean-Baptiste- Antoine Suarp, membre de l’Institut national et secrétaire perpétuel de la Classe de littérature française ; Æenri Grécoire, sénateur, membre de l’Institut national; Ricmes-Prony, membre de l’Institut national, ins- n { À \ 2 7 nn IP tes gd, Nouvelles littéraires. 397 pecleur général de l’école des ponts et chaussées, et Alexandre VNozta, professeur à Pavie. Elle a nommé correspondans, M. »’Acincourr à Rome; Rodolphe Bosse , secrétaire privé da cabinet du duc de Brunswick ; Georges-Louis KœuLer, pro- fesseur :en médecine à Mayence; Joachim-Lobo or SiLveirA , ambassadeur de Portugal à Stockholm ; Charles- Antoine GaizLArRpor, médecin en chef de l’armée française; Denis-François Doxnaxr, homme de lettres; François-Joseph Garz, docteur en mé- decine;, Michel Lrennossrk , médecin en Hongrie; Chrétien pe Scurezer, professeur à Moscow; Fré- déric HicresranD, également professeur à Moscow; Louis-Guillaume Girserr , professeur de chymie à Halle, et Georges- Frédéric ne Weurs , conseiller privé de légation du duc de Meklenbourg-Strélitz. C. 7. ParTz, prolusio de vera librorum juris feu- dalis longobardici origine. Dieierich , 1805. M. Schraœter de Lilienthal a écrit à M. le profes- seur Hardiug, que le 8 décembre au soir, il avoit observé, par un temps favorable, la seconde comète découverte par M. Huth, lorsque, d’après le calcul de M. Bessel , elle étoit justement dans son périgée. La comète paroïssoit à l'œil nu presque de la gran- deur de la pleine lune, et dans le milieu le téles- cope à miroir de 13 et de 15 pieds, montroit un noyau très-éclairé. La chevelure étoit sans queue , paroissoit arrondie, et offroit avec toute l’ouverture de l'excellent télescope de 15 pieds — 6 minutes de diamètre, Il étoit assez difficile de mesurer le noyau qui brilloit très-clairement, parce que, semblable à une lueur éloignée, tremblotante à travers un brouillard , il ne paroissoit pas rond, mais. terminé d'une manière très-indistincte. Cependant l’obser- 398 Nouvelles littéraires. valeur exercé trouva, après une comparaison plus sieurs fois répétée avec un micromètre éclairé de 2,5 lignes décimales , sous un grossissement de 136 fois du télescope de 13 pieds, que la partie la plus claire du noyau avoit 1,25 lignes de diamètre. Mais, avec la chevelure la plus claire qui entou- roit immédiatement le noyau, que dans ce cas , d’a- près des raisons d'optique, on doît prendre pour tout le noyau, elle se trouva, après plusieurs me- sures, avoir 1,98 décim. , où l’éloignement du disque du micromètre de l’œil faisait 468 lignes. Cela explique la grandeur apparente du diamètre de ce noyau de comète = 6412, d’où M. Bessel, d’après les élémens de l'orbite qu'il a calculés, et la dis- tance de la comète de la terre qu’il en a conclu, a trouvé que le véritable diamètre = 30,068 milles géographiques. Pendant tout le temps que cette comète a été vi- sible, le ciel a été toujours couvert de nuages, et seulement le 8 décembre on a pu la voir pendant quelques secondes à l’horizon entre des nuages. Dans la séance de la Société royale des sciences du 25 janvier, M. Mayer a lu un mémoire De ad- Jfinitate chymica corporum cœlestium ; disquisitionum meteorologicarum, fasciculus 1. A l’Observatoire de Gæœttingue, M. Harpine a fait les observations suivantes sur Cérès : 1806. Ascension directe Déclin. boréale apparente. apparente. Nov. 13.a11h 4 51, 5 111°421 34, 4 9429151, 6 14 9 22 59 , 8 ! 111 44 56 , 9 ‘24 52 28 , 2 16. 11 29 19 , 6 111 49 3 ,9 24 40 55 , 7 18.10 38 5g , 3 111 50 59 , 4 24 50 48 , 3 Nouvelles littéraires. 399 180. Ascension directe Déclin. boréale apparente. apparente. Déc. 2. 10h22! 55!, 2 111°14 6/, 8 26° 2029", 2 D. 14 98 INR .107 0 111 193. LLG (60 MOV NOO), 9 10. 10 7 97 , 5 . 110, 12 33 , 4 26/48 58 , 8 12 21040 42024. 1100.00 25 , dj MI2MIUILEZ, LE 21. 20 314%, 8 1108, -7 127 ; S 127197 50 ,17 1806. Janv. 17. 10 58 40 , 4* 101 18 42 , 9 50 21 19 , 0 *19:/10,48 68, , .1*. :100 $1::0:,-7/ "30 29 24 ; O 21. 10 54 18 , 6 100 25 48 , 7 Les observations marquées d’une * ont été faites au quart de cercle, et sont les seules que le mau- vais temps, depuis quelques mois, ait permis de faire au méridien. L’éclipse de lune partielle qui a eu lieu le 4 jan- vier n’a pu être observée qu’imparfaitement à l'Ob- servatoire de Gœttingue, parce que pendant toute sa durée des nuages couvroient la lune , lesquels représentoient lombre de la terre très-indistincie- ment, Les immersions suivantes qui ont été obser- vées avec un grossissement de 42 fois d’un télescope de 3 pieds, sont celles qui, entre plusieurs autres, pourroient être les plus justes. Temps solaire moyen. Aristarque®t}. »..:.... 11h, 90! 50/:.:2 GRmaIQuur Ce ne de 24 a an Héraclides verus... ..... 25 8 sd — Haleus es ee 3 20e 1 Grimaldi 2 ........, de 22.53 0 Reppler ee 2y 43, 7 Mytheas, hs eihe ve Saut AY 2 LOUE AS RE PARU PTE SCT B3é 28 te dl 400 Nouvelles littéraires. til Temps solaire moyen, PT a A memes es 0 > ET ., : À Copérmious 1... 1. 34 #2, o Copernicus 2.:.,....., 56 "49% 5 Aristoteles . 7.5: 40 10, 9 Eudoxus 2....:.....4.. 41 7:18 118 Cappus 2.0.2 Se. LL. 4» © 12 , 6 DRAOS nmens se 46" 30, 9 — 2e ADopeuhtes 47 1098-,147 Menelaus. 7. store: 49 :, 24 , :5 POSITOMIUS diese dope 50: 42, 3 Menelaus 2......,..... Le A NET PMU. UN OEM 50" MO UE Mare Grise Tr. CRE TARN TE CS Proclasgt eee AL ER sé M VD Mare ns 20.02. 2.0 127,00 40 Étmersions. Temps solaire moyen. ETUDE AN RE LS La. Lite An ei, Diverses se cn PRE: L'ombre de la terre avoit une couleur gris de cendre foncé, dans laquelle les différentes taches de la lune ne pouvoient plus être reconnues. Au bord occidental , la lune dans l’ombre offroit une lueur rougeâtre matte qui s’étendoit jusqu'au bord boréal, et à plusieurs degrés, sur le disque de la lune. Le soir du 24 janvier, passé 7 heures, M. Harpinc remarqua à l'Observatoire de Gættingue un phéno- mènesassez rare qu’offroit la planète’ de Vénus; tout son côté point éclairé se montra sous une Jueur gris cendré mat , justement comme on a coutume de voir la lune avant et après la nouvelle lune. Cette obser- vation fut faite avec le télescope à miroir d’'Herr- schell sous plusieurs grossissemens ; ‘et les mesures les Nouvelles littéraires. 4OI les plus sûres furent prises pour ‘éviter toute illu- sion. Egalement le 28 février et le 1°. mars, le côté obscur dé Vénus se montra, quoique celte fois sous une lueur d’un gris rougeâtre, avec une clarté si extraordinaire, que plusieurs personnes la remar- quèrent au premier regard. . Ce qui confirme encore plus la certitude de cette observation ; c’est que M. Scurogrer à Lilienthal, a remarqué aussi ce rare phénomène le 17 février, pour la première fois, et Va observé très-exactement au moyen de son télescope à miroir de 15 pieds. Soulange ArTAUD. DATE L'Académie des Beaux-Arts de DrEsDE a com- mencé son exposition le 3 mars dernier, au palais de Brüuhl. Le salon étoit riche, mais peu fourni. On cite entre autres les paysages de MM. Mecuav, Krexcrc et Frépéric; le portrait de Grarr, peint par lui-même, celui du docteur Gall, par Grassi ; quelques tableaux en pastel , par mademoiselle Srocx, et une grande composition qui représente la mort d'Hyacinthe. - Une nouveauté; Blanche de Torédo , de M. Théo- dore Herr, vient de paroïître sur le théâtre de la -même ville. On vante beaucoup ce poëme drama- +ique en cinq actes. - ANGLETERRE, L’ Académie royale de Peinture, à Lonpres, vient de “perdre un de ses membres les plus distingués , un des peiutres qui auroit pu faire le plus d’honneur à l’é- cole anglaise, M. Barry, mort d’une attaque d’apo- plexie. IL étoit né en Irlande en 1738. Ses parens T. III, Juin 1806. Ce 402 Nouvelles littéraires. l’avoient destiné à l’état ecclésiastique, mais un pen- chant irrésistible le portoit à la peinture. Les pro- grès rapides qu'il y fit l’engagèrent à venir à Lon- dres, où ses premiers essais furent bien accueillis. Il voyagea en [italie pour perfectionner son talent. A son retour, en 1770, il fit un tableau qui le fit admettre sur-le-champ à l’Académie royale; le sujet étoit J'énus sortant de la mer. Ce tableau passe en core pour le meilleur de ses ouvrages. On trouve, en général, dans ses compositions de l'originalité, de l'imagination et du feu, quelquefois même de la grâce; mais il en soignoit peu l’exécution. Son dessin n’est ni pur, ni correct; sa couleur manque de vé- rité ; il n’avoit ni la science, ni la patience néces- saire pour exécuter ses idées avec un certain degré de perfection. Son talent lui avoit procuré des amis chauds et des protecteurs généreux; mais la bizar- rerie de son caractère, la rudesse de ses manières et un orgueil insociable, avoient fini par éloigner de lui ceux qui lui avoient montré le er d'intérêt. On a trouvé récemment en Angleterre, dans le comté de Glocester, ua grand squelette pétrifié , sem- blable à celui d’un crocodile; on l’a découvert dans une couche de pierre calcaire, à 25 pieds de pro- fondeur. Ce squelette, encore entier ;, a 10 pieds et demi de longueur; les mâchoires sont bien conser- vées ; les dents ont encore leur émail. Une des mâ- choires, qui a été cariée, ressembloit si fort à un morceau de bois pétrifié, qu’on seroïit tenté de croire que la majeure partie des fossiles, qui ont été con- sidérés jusqu’à présent comme faisant partie du règne végétal, appartiennent au règne animal. Nouvelles littéraires. 405 HoLzLzLaANDer. La Sociéte de Vaccine, à AMsTERDAM, à tenu, le 1°. novembre 1805,Ma séance publique de sa se- conde année. Le président, M. À Roy , prononca un discours sur les préservatifs de la petite vérole, et rendit compte du succès des travaux de la Société pendant l’année qui venoit de s’écouler. — Dans Les deux années pendant lesquelles la Société existe, 1800 individus ont été vaccinés. Toutes les vaccinations ont eu le plus grand succès; pas un seul :des indi- vidus yaccinés n’a. été atteint de la petite vérole. — M. le professeur Vrozir a été élu président de la So- ciété pour l’année suivante. Le célèbre auteur de l’Oromasticon, Christophe Sax®, professeur d'histoire, d’antiquités , etc. à l'U- niversité d'Utrecht, est mort dans cette ville le 3. mai 1806, à l’âge de 92 ans. M. Mathias Van Geuxs, professeur de médecine et de botanique à la même Université, en résigna le rectorat le 24 avril dernier, et le remit au savant philologue M. Phil.-Guill. Van Hevsps. Il prononça en cette occasion une harangue de optatissim& niorbi variolost exstirpatione, a vaccin& insitione aliquando sperandé. La crânologie du docteur Gazz, professée par lui- même à Amsterdam et à Leide, ya eu plus de suc- cès qu’on auroit pensé. On assure que rien ne res- semble moins à un crâne que ce docteur, à qui l’on a trouvé de la simplicité et de la modestie, en même temps que du savoir et de l'esprit. D'après les der- nières nouvelles, il se disposoit à aller passer quel- ques jours à la campagne du digne fils de l'illusire 404 Nouvelles littéraires. Camper, située à une petite distance de Franeker en Frise : il trouvera, dans le riche cabinet de ce natu- raliste, un vaste champ pour ses observations. M. le professeur Te Warenprononca , à la séance générale annuelle de la Société de littérature hollan- däise à Line, le 2 juillet dernier, un discours sur la culture de l'histoire littéraire. Il n’eut pas de peine à établir combien elle est utile et agréable. Tout en $'énorgucillissant à bon droit de la gloire littéraire de sa patrie, M. Te Water a regretté qu'on y ait laissé tomber en désuétude quelqués institutions pro- pres à consacrer la mémoire des hommes de mérite, Au nombre de ces institutions est celle des Oraisons funèbres dans les Académies. — Pourquoi la Biblio- theca. Belgica de Horrens ; les Athenæ Frisiacæ \de Vriemoer, les Vitæ professorum Gronnigensiurm, le Trajectum eruditum de Gaspar Burmar , les 4thenæ Batavæ de Meursius n’ont-ils pas trouyé de conti- nuateurs ? M. Te Water nous donne quelque espoir qu’il pourra entreprendre cette dernière continuation comme il a continué la Z#/ande littéraire ( het Ge- letterd Zeeland') de De ra Rur,; et enfin tous ces dé- tails l’ont conduit à offrir à la Société, devant la- quelle il parloit, quelques détails biographiques sur deux de ses membres qu’elle venoit de perdre, savoir M. Herman Cannegieter et M. J. P. Klein. Herman Cannrorerer , fils du célèbre Henri Can- negieter, maqüit à Arnhém en 1723. Formé dès sa . plus tendre enfance par’ les soïnis paternels , il fut ensuite envoyé à Leidé pour y suivre ses études sous Burman, Oudendorp, Hemsterhuys, Vitriarius , etc. A l’âge de 20 ans il y soutint une thèse publique de sa composition, ad legem Numæ Pompilii, de ar4 Junonis pelliéi. non tangenda , et l’année sui- Nouvelles littéraires. 405 vante (1744) il y prit avec distinction ses degrés en droit. Il ne tarda pas à être appelé professeur en droit à l’Académie de Franeker , et bien qu’itérativement appelé depuis à d’autres Universités , et qu’il eût été spécialement recherché par celle de Leide, il n’a pas quitté sa première station académique, et y est resté depuis 1750 jusqu’à 1804, où il y est mort le 8 sep- tembre , âgé de 81 ans. Son principal ouvrage est Observationum juris Romani libri IV; Leide, 1772, in-4°. Herman Cannegieter avoit préparé une nou- velle édition de F'estus. Le monde littéraire l’a inu- tilement attendue de son fils ZZenri. M. Jean Canne- gieter , frère de celui dont nous venons de parler, et professeur à Groningue, ne pourroit-il pas acquit- ter cette dette ? M. J. P. Kigix, conseiller de la Cour de justice départementale de Gueldre , est mort à Arnhem, âgé d'environ 45 ans, le 20 février 1805. Ses pre- mières études furent consacrées à la théologie, et il fut bon disciple d'Albert Schultens pour les langues orientales. La foiblesse de sa poitrine le fit renoncer au ministère sacré, et 1l se voua, mais avec moins d'affection , à la jurisprudence. La poésie et la mu- sique furent ses délassemens favoris. Le savant tra- ducteur et commentateur hollandais de la Théorie des Beaux-Arts , écrite en allemand par J. #. Rirvez, M. Jérôme Van Alphen dirigea son goût naissant pour les Muses, et il ne pouvoit tomber en de meil- leures mains. Les premiers échantillons de son ta- lent pour la poésie hollandaise parurent dans le 2°. volume du Recueil de la Société, connue sous la devisé : Dulces anle omnia Muse. I à publié depuis diverses Odes, Cantates, etc. Sa dernière production 406 Nouvelles littéraires. fut une Ode alcaïque ( toujours dans sa langue ma- ternelle) sur la mort de son maître et de son ami M. Van Alphen. Parmi d’autres opuscules, on lui doit aussi quelques traductions de l’allemand , comme des Sympathies de Wircaxp, de la Pie chambéde et de Théodore Von der Endèn du professeur Eune, plus connu sous le nom de Æenri Srirrine. Son épouse, Antoinette OckErse , partageoïit' ses goûts littéraires, et a concouru à quelques-unes de ses pu- blications. Il écrivit en 1798 une brochure qui fat très-goûtée, sous le titre de Pensées libres sur les devoirs d’un juge. La Société de littérature hollan- daise de Leide espère enrichir le recueil de ses mémoires de quelques - unes de ses productions posthumes. P. H. M. SuEpe. Le médecin du Roi, M. Ruxe, est mort à la fleur de son âge; il est généralement regretté. Il s’est fait à Stockhoïm, daus le courant du mois d'avril, une vente de tableaux et pièces de sculpture, faisant partie du mobilier du feu prince d’Ostrogo- thie, Une Vénus en marbre, par SrnceL, a été ven- due 1,200 rixdalers de banque, environ 7,200 fr. DANNEMmMARCxK. Le programme de l'Université de Copenhague, du 29 janvier dernier, composé par M. Taorcacius, offre une question intéressante à résoudre. Deux temples avoient été élevés dans Rome, Pun à la Vertu, par_ Marius, et l'autre à Hs ,; par Marcellus. 11 aroit constant que, d’après une disposition toute particulière, celui qui vouloit rendre hommage à ces deux divinités n’arrivoit au sanctuaire de la seconde qu'après s'être arrêté dans celui de la première. Il ce r = À mn . + | Nouvelles littéraires. 407 s’agit donc de savoir quel étoit la construction de ces deux temples, c’est-à-dire si les deux ce//& étoient réunies sous un même toit. pourroit espérer de. trouver des éclaircissemens das les auteurs anciens, et surtout dans Vitruve; mais l'endroit de eet écri- vain qui promettoit le plus de secours, l’avant-pro- pos du septième livre, paroissant avoir été mutilé, on est réduit à des conjectures. L’aukeur du pro- gramme embrasse l’opinion la plus commune, c’est que l’Honneur et la Vertu avoient chacune leur tem- ple; les preuves qu’il en a données n’ont pas géné- ralement satisfait en Allemagne. Cette question im- portante pour l’architecte et l’antiquaire est soumise de nouveau aux recherches des savans. Un Danois, fonctionnaire public ,a fait, en moi rant , un legs de 5,000 écus, dont les intérêts seront employés à donner tous les ans deux prix aux meil- leurs sermons composés sur deux textes qu’il a dési- gnés dans son testament. Les sermons des concurrens seront jugés par l’évêque de Seelande et deux ou trois assesseurs qu’il pourra s’adjoindre. M. Scuow a lu, dans les séances du 15 novembre et 6 décembre 1806 de la Société royale des Sciences de Copenhague, un mémoire dans lequel il a rap- porté tous les mythes des Grecs à un système fondé sur la plus ancienne histoire des Grecs et sur les différentes méthodes des poëtes de les présenter. Le 20 décembre, M. le professeur Bucerz a lu, dans une séance de la même Société, un mémoire sur la réfraction terrestre et son application à la me- sure de lélévation des montagnes. M. Philippe-Gabriel Henscer, savant professeur de médecine à Kiel, et médecin du Roi de Danne- 408 Nouvelles littéraires. marck, est mort le 31 décembre 1805, à l’âge de 75 ans. “1 a publié plusieurs ouvrages curieux sur l'origine de la ma vénérienne , sur la lèpre des anciens Juifs, etc. à M. Gurcrecp, médecin distingué d’Altona, a rem- porté le prix proposé par lAcadémie impériale d'Erlangen , pour le meilleur mémoire sur la nature et le méille®f traitement des maladies de langueur. Six mémoires seulement ont été envoyés au concours. Celui de M. Guilfeld portoit pour épigraphe : La raison finira par avoir raison. Russre. dé: chambellan Birtow. attaché à l'ambassade en ine, est revenu à Pétersbourg d’Urga, ville fron- tière de l'Empire Chinois. On apprend par lui que l'ambassadeur russe, comte Golowkin, a rencontré, de la part de la Cour de Pékin, des obstacles qui ne lui permettent point de continuer son voyage avant que le Gouvernement russe n’ait trouvé le moyen de les lever. La Courlande offre dans ce moment un de ces phé- nomènes qui servent à prouver que la poésie peut être un don naturel, nascitur poeta. Un paysan , nommé Anpré, aveugle dès son plus bas âge, fait des chansons qu’il adapte à des airs connus, et qu’il chante avec goût. Son curé se propose de recueillir celles qu’il a déjà faites et de les publier à son profit, par souscription. La traduction de l’une de ces chan- sons, par M. le baron de Schlipenbach, a été publiée dine le Sincère ( der Freimüthige), journal publié à Berlin. La langue russe est une des langues d'Europe la moins répandue. Le peu de cours qu’elle a occa- Nouvelles littéraires. 408 sionne des erreurs nombreuses dans l'orthographe ou la prononciation des mots, et surtout des noms pro- pres. C’est ce qu’on a remarqué depuis quelque temps dans les journaux d'Allemagne, où les noms propres russes sont étrangement défigurés. Cette innovation dangereuse a frappé l’ Académie des Sciences de Pé- tersbourg , et c’est peut-être ce qui l’engage à hâter la publication d’un projet de Règle pour la manière d'écrire les mots russes avec des caractères étrangers, et les mots étrangers avec les caractères russes. Ce vo- cabulaire., dressé par un comité de la même Acadé- mie, se compose de deux alpbabets, allemand et français, au moyen desquels on rend intelligible aux étrangers la véritable prononciation et la bonne or- thographe des mots de-la langne russe. Histoire de l’Académie impériale des sciences de Pétersbourg pendant l'année 1804 (1). Parmi les 68 ouvrages qui lui ont été adressés dans le courant de cette année, soit par des-Académies ou Sociétés savantes étrangères, soit par des particu- liers; il y en avoit 18 en langue allemande, 17 en français, 14 en italien, 11 en latin, 3 en langue russe, 2 en anglais, 1 en hoïlandais, 1 en suédois et 1 en polonais. , Les discours et mémoires lus dans les séances de l'Académie sont : 1°. KæezreuTEerR, Dissertatio de an- therarum pulvere, sectio 1 et 2. — 2°. C. P. Taux- BERG, Âfermas, plantæ genus , descriptionibus , ani- madversionibus , et iconibus illusératum. — 3°. Se- (1) D’après un extrait du 20°. cahier de l'ouvrage de M. SrorcH, intitulé : Russland unter Alexander I (la Rus- sie sous Alexandre I), inséré dans le Journal général de littérature publié à Halle; 1805 , Iutelligenzblatt, n°. 29. 410 Nouvelles littéraires. WERCIN, Réflexions sur l’origine:, les progrès et l'uti- lité de la Technologie { en allemand}. — 4°. Mémoire sommaire sur la nature et l’objet de l’économie polis tique ; par le marquis de MEsmon.— 5°. Description du Sparus ornatus, nouvelle espèce de poisson thora- chique ; par M. Sewasrianow. — 6% Wozkow, sur Les morceaux de succin trouvés dans la Prusse ‘orièn- tale. — 7°. Sewasrianow, Notice sur le Didelphis ursina, découvert depuis peu dans la Nouvelle Hol- lande. — 8°. P. Fnocuonzow ; Observatio magnæ ec. ! clipsis solaris, die 30 januarii 1804.—09°. F.T. Scnu- BERT , Obsérvationes nonnullæ astronomicæ in specula Academic institutæ.— 10°.Keuxer , Lettres.sur quel- ques médailles de la Sarmatie européenne et de la Cher- sonèse taurique. — 11°. KuKkoLKkNiIK ; Dissentatio tech- nologica de lanificio carpatico, etc. — 12°. T. Kavs- LER, Demonstratio theorematis ; nec SumINAM ,; TLC differentiam duorum cubo-cuborum cubo-cubum esse posse. — 13°. Ozerrskowskti, de l’Usage des peaux et du duvet des oiseaux , en allemand. — 14°. Srorcn, Discours de réception et réponse du secrétaire. — 15°. C. P: Tanunsrere, Plantæ contortæ in promontorio bonæ spei Africæ olim collectæ jamque descriptæ. — 16°. Inocuonzow, Instruction sur la manière de bras- ser de la bonne bierre (en allemand ).— 17°. Berruer, Sur Le calcul des variations des étoiles. — 18°. N. Fuss, Observationes quædam circa resolutionem arcuum Cir= cularium. — 19°. Essai d’une preuve nouvelle et in- contestable de la proposition de mécanique sur les. \ Jorces qui se dirigent suivant les côtés d’un paral- lélogramme (en allemand ). — 20°. T. Kausrer , Novæ disquisitiones super numeris formeæ v x + n y ? — 21°. F.'T. Scausent, Observations sur. l’éclipse du soleil le 11 février, et sur celle des Pléiades le 12 avril 180% (nouveau style ), faites à l'Observatoire de lAcadé- Nouvelles littéraires. 411 mie. — 22°. N. Fuss, Solutions de quelques problèmes relatifs au développement des lignes courbes & double courbure. — 23°. 1. de Crexx, An ad Ætherum natu- ram constituendam necessaria sint acida ? — 24°. Berrrer, Essai sur une synthèse des équations du 5°. degré. — 25°. Smrecowsky, De l'emploi de la soude dans l’économie domestique ( en‘ allemand ). — 26°. Wozkow , Nouvelle manière de.garantir les métaux de la rouille (en allemand ). — 27°. L. de Crerz; Experimenta quædam novum salis sedativi acidum spectantia instituta. — 28°. Kæzreurer, Dissertatio de Antherarum pulvere et de colore Antherarum pul= veris. — 29°. F. T. Sonueerr, Ænimadyersiones de methodo determinandi locum cometæ ope projectiontis. — 30°. Is. Af Derezcr, Mémoire sur la manière d'ap- privoiser les élans (en langue suédoise ).— 31°. Kaus- LER, Expositio methodi series quascunque datas in fractiones continuas convertendi if 32°.L. de WaxeL, -Mémoire sur les pierres météoriques tombées des nues dans différentes parties du monde (traduit de Pan- glais ). — 33°. Krarrr, Continuation d'un mémoire sur le perfectionnement d’une . méthode de trouver; sur mer, la latitude d’un vaisseau. — 34°. Jxocxov+ zoW , Sur le nouveau thermomètre de M. DE La- BANDE (en allemand }). — 35°. Sewercin , Con- -sidérations sur la métallurgie, sur les travaux qui y ont rapport et des règles à suivre à cet égand (en allemand ).— 36°. Osrrezrowser, Observatio de ca- tulis felinis in utero connexis: — 37°. Quelques dé- tails sur les voyages de M. de Humboldé ( en alke- mand ). — 38°. F. T. Scauserr, Détermination de la latitude et de la longitude de quelques endroits de PEmpire de Russie. — 39°. d. A:Mrvyer ; Observa- tiones meteorologicæ per annum 1799 in urbe Sara- fovia institutæ. — 40°, SEWASTIANOW Sur les cou 412% Nouvelles littéraires. leurs préparées de demi-métaux , et qui sont durables sur l'émail. — 41°. Vesrer ; Observations pour servir. à lhistoire naturelle ‘des oiseaux, — 42°. FoRTUNA- row , Description d’une nouvelle espèce de saule, dont voici la description : Salix enneandra , foliis serratis , £glabris ovato-lanceolatis ; petiolis dentato-glandulo- sis, floribus enneandris. — 43°. Sms£rowskx, He- merocallis Japonica, varieias alba. — 44°. KRAFFT, Avis aux inspecteurs des poudreries. \— 45°, Wis- NIEFSK1, Observatio Veneris et Saturni Aabita'in spe- cula Academiæ. —46°, Krarrr, {nstruction sur les moyens les plus efficaces contre les épidémies. — 47°, K@LrEuTER, Avis sur l'usage d’un agent très-abon- dant dans la nature, dont l’emploi promet un heu- reux résultat pour. l'extinction des incendies. — 48°: JF. Anaus, Faunæ caucasicæ Prodromus ; icones et descriptiones insectorum variorum. exhibens.— 49°. Ejusd. Dissertatioffotanica exhibens definitiones et descriptiones plantarum variarum Caucasi. — 50°. Ejusd: Descriptio novi plantarum. generis. — 51°. Hermaxx, Mémoire sur l’idée, l’objet et l'utilité de la statistique. —= 5%. Description statistique des fo- rêts de la couronne dans la Russie européenne , par le même. 53°. — W. Nasser, Observations sur le gaz acide muriatique , et conséquences qui. en résultent pour la théorie des gaz en général.—54°. Ph. Kruc, Antroduction. à histoire métallique de l'Empire Russe, première période depuis l’origine de d'état jusqu'au règne de Waldimir I. — 65°, Senerer , Sur lé préparation deW’acide sulfurique sans nitre (Ces cinq mémoires ‘sont écrits en allemand ). — 56°. J. Rpvowsker, Additiones quedam ad Catalogum plan- tarum septentrionalium. * Les observations, expériences el autres objets qui -ont été soumis à l'Académie, pour en faire l’objet . nn RENE EEE Nouvelles littéraires. 419 de ses discussions, sont : 1°. Une Mosrce de M. Her- MANN sur la nouvelle mine d’or de Krylatow, dé- couverte sur la rive gauche de la Tschussowaja ; 2°. Un mémoire du même sur une parélie remarquable par sa père autant que par la vivacité de ses couleurs , ge on &@ té le même jour à Catheri- nebourg et à Werchne Jwinzk ; 3°. Une Notice, par le même, sur deux enfans monstrueux qui ont été mis au monde dans des villages appartenants à la direction des mines de Catharinenbourg, qui vivent encore, et qui se portent parfaitement bien ; 4°. Dé- tails sur les ravages causés par une nüée de saute- relles dans le Cuban, l’île de Taämän et la Crimée, par M. Parras; 5°. Détails communiqués par Le comte de Korscnuser, ministre de l’intérieur , sur l’érupz tion d’un feu souterrain qui a eu lieu le 4 juillet près de la forteresse Phanagoria ; ; 6°. Des Observations mé- téorologiques. | : © Les rapports faits dans les édhféreloës et les juge- mens portés par l'Académie sont : 1°. Scuu8err, Sur les observations astronomiques dé M. Brücknre à Riga, pour déterminer la latitude de cette ville avec plus d’exactitude qu’on a fait jusqu’à présent. 2°. Lo- WiTz , Sur les principes constituars des pierres mé- téorologiques tombées à V'Aigle en Franée et à Char- kow en Russie, et sur ceux de la pièce de minéral, connue sous le nom de la masse de fer natif de Pal- las: — 3°, Runozrw, Sur l’état actuel du jardin de botanique et les végetaux qui s’y trouvent.— 4°. Lo- Wirz, Sur un vernis qui doit garantir lé fer et l’a- cier contre la rouille, qu’un nommé Soaurz, à Lon- dres, prétend avoir inventé, et qwil appelle Anti- Ærugo.— 5°.KrArrr, Sur l'invention de faire sécher, dans une espèce de bain-marie , les bois destinés paur ‘lés constructions de la marine ; dont le projet a été àt4 Nouvelles littéraires. présenté à l'Empereur par M. RoëcEenNsrucKk. — 6°, Æapport de MM. Krarrr et Fuss sur une roue de l'invention du’ capitaine SoaWANENSACH, ét qui est destiné à creuser le lit de la Newa;, dans quelques endroits où on désire que des barques puissent abor- der. — 7°. GURIEW ; Sur un mémoire de mathéma- tiques de M. Sacorskir à Moscow. — 8°. Ruvorrs, Sur un ouvrage de M. Son weLnuss, sur l’anatomie du cheval , que l’auteur avoit adressé à l'Empereur. — 9°. Srorcu, surun ouvrage politique de M. Mos- KRESSENSK 1, dédié à l’'Empereur.— 10°.Fuss, Surl'ou vrage de M. Du-Virrann, intitulé: Recherches sur les Rentes , eic.— 110. Un rapport du même sur P£s- - sai de géométrie analytique de M. LEFrANÇOIs. — 12°. ScauBerT, Sur les observations astronomiques du contre-amiral SARYTSCHEWs — 13°. SEWERGIN ;, Sur le mémoire de M. de Waxzx, relativement aux pierres météorologiques.— 14°. Sur la graine du Hol- eus Sorghum de là Chine, adressée à l’Académie par le ministre du commerce. — 15°. SacHarow , Sur le voyage aérien qu’il a entrepris le So juin de l’année précédente. — 16°. Wisniewsxr,, Sur le calcul de Lobservation de l’éclipse du, soleil du 14 août, par le contre-amiral SARYISCHEW. —+ 17°. SrorcH, Sur la réforme du Calendrier d'état de da. Russie. — 180. SEwERrGIN, Sur son voyage. dans la Finlande. — 19°. Fuss, Sur les deux programmes qu’il a rédigés et publiés au nom. de l’Académie. —.20°. Inocaop- zoW , Sur de Journal des observations astronomiques de M. SARYTSCHEW. — 21°. SMJIELOWSKI5, Sur son voyage au Gouvernement d’Orel. — 22°, SoHUBERT , Sur les ouvrages doubles de la. Bibliothèque royale de Copenhague, qui sont mis en vente, avec une lisie de 130 volumes qui seroient à acquérir pour la Bi- bliothéque., — 23%, SEWASTIANOW, Sur le cabinet de - D Nouvelles littéraires. 419 Conchyliologie de feu M. Chemnitz.— 24°. Rapport de M: OsererzxoWsky sur] le dernier examen des élèves du Gymnase académique. — 25°. Fuss, Sur le inéme examen. — 26°. Srorcx , Sur la meilleure dis- position qu'on pourroit donner à la feuille d'annonce lu Journal de Petersbourg. — 27°. KnArFr, Sur un mémoire du professeur Yne à Moscow , concernant la mesure des hauteurs au moyen du baromètre. — 28°. Rapport du même sur une nouvelle espèce de pompes à vapeur inventées par le mécanicien anglais MAsor. Pendant l’année 1804 , l’Académie a été en rela- tion épistolaire avec l’Institut de France, avec l'A-, cadémie royale de Berlin et celle de Stockholm , avec les Sociétés royales des Sciences de Londres, de Co- penhague et de Goettingue ; avec la Société italienne des Sciences à Modène , celle de Médecine à Mayence, le Conseil de l'intérieur de la République Batave, et avec les savans suivans : MM. De Laranne, Cuvrer, Fauras ne Sarwr-Fonp, Burkiarpr, Guxron-Mor- veau, Du-Vicrarn et GroëerT à Paris; M. le ba- roñet Banks, le docteur PLanra et M. de Wixez à Londres ; MM. Bone, KLarrora et Ricurer à Ber- Hin; MM. Mrraxoermiezm , Norgeré et le baron Paykuzz à Stockholm ; M. ne Zimm£trMaxx et M. Gauss à Brunswick ; M. ve Creze et M. Prarr à Helmstædt ; M. le coté de Mussin Puscuxix à Ti- flis; les profésitirs Frsemer et Reuss à Moscow ; MM. Taunsrne à Upsal; RocHon à Bré$t; ALpini à Bologne; Carcaëxt à Naples ; Cacnozt à Modène ; Bucce à Copenhague; Herscaez à Slough; Kecreu- TER à Carlsrouhe; Sæmmertne à Francfort-sur-le- Mein; Kauscer à Stuttgard; PAizas à Symphero- polis, MaracarN£ à Padoue. ‘Les ouvrages publiés par des membres de l’Aca- démie, peudant l’année 1804, sont : 1°. Prodols- 416 Nouvelles littéraires. schenije zapisok puteschestvija po zapadaym provin- zijan Rossiiskago sosudanstva, *ete. (C'est-à-dire, Continuation des observations recueillies pendant. ur voyage entrepris en 1803 dans les provinces occiden- tales de la Russie), par M. Sewençan. — 2°. Xrat- koije natschertanije Mineralogit , Sotschinennoje + polzu Gubernskich Gimnazii ( Élémens de minéra- dogie pour les CG ymnases de. Gouvernement ), par M. SEWwERGIN. — 30. T'echnologitscheskij Shurnal, etc. (Journal de Technologie ), publié par d Académie im périale des Sciences. Volume I, 1 à 4° cahier, — 4°. Linnejevoj Systema prirodi, etc. ( Lie Système de la nature de Linné}), traduit par M. SEwAsTIANOW: Tome I. — 5°. Useobschschaja i ischasnaja jestest- vennaja Istorija Gr. de Bufjona. ( Histoire naturelle générale et particulière de M, de Buffon }. VILL vol. Traduit par. M. Lrevromin. — 6°, Nastoulenije o ver: nejschich predochranitel nych rredstvach protiv sa- razy ; etc. (Instruction sur les meilleurs préservatifs contre les maladies épidémiques , extrait de l'ouvrage de M. Guyronw-Monrr eau sur le même objet ); par M. Krarrr.—7".ZLa Russie sous Alexandre [; par H. Srorcu (en allemand). Tom. IL à IV. — 8°. 4s- tronomie populaire ; ou mise à: la portée de tout le monde ; par Scuuserr. Tome [.—g°. Nat’ schalnijæ osnovanija plaskoi Trigonometrij, etc. ( Elémens! de Trigonométrie élémentaire, de Géométrie trariscen- dante ; et ducaleul différentiel et intégral, à l'usage des élèves nobles du premier corps des cadets ; 5) par Fuss. Les deux ouvrages suivans ont été soumis aux conférences de l’Académie , et; sout destinés à lim pression : 1°. Oserrzkowski;! Continuation de son voyage à la. mer blanche et à la mer glaciale ; 2°. Coup-d’œil Nouvelles littéraires. 417 Coup-d’œil sur la Finlande russe ; par M. SEewErcin. Plusieurs membres de l’Aeadémie ont entrepris des voyages scientifiques. M. Smsecowsky a fait un voyage dans le Gonvernement d’Orel pour exami- ‘mer une plante qu'on y avoit employée avec succès contre les suites des morsures de chiens enragés. MM. Sewercix et Ruporrx ont fait un voyage dans la partie de la Finlande qui appartient à la Rus- sie, et M. Sacrarow a fait un voyage aérien: Dans le courant de l’année 1804, l’Académie de Pétersbourg a perdu , par la mort, les membres sui- vans : J. Lenmanx, I. Kanr, J. Priesrzey , À. C. Ca- VANILLES , J. F. Guen, T. Lowrrz. Elle a recu au nombre des académiciens ordinaires le conseiller d'état Srorcx et M. le professeur Ru- DOLPH. s Comme adjoint elle a nommé M. Wisniewsxy, observateur astronome de l’Académie, et M. Jules Kzarrorx. — M. de Sucaraen , général du corps des ingénieurs, a été nommé membre honoraire in- digène. L'Académie a aussi nommé plusieurs correspon- dans. Parmi les indigènes : J. F. Buxce , assesseur du Collége et pharmacien à Kiew ; J. F. Anaws, conseiller titulaire et naturaliste attaché à l’expédi- tion du comte Mussix Puscuxin. Parmi les étran- gers : M. F. Nicoraï à Berlin, et M. le baron de Wozzocen , conseiller intime du Duc de Saxe-Wei- mar. SUISSE. Des ingénieurs francais sont arrivés en Suisse, . pour continuer les opérations relatives à la levée d’une carte topographique de ce pays, suivant les T. III, Juin 1806. D d {18 Nouvelles littéraires. conventions arrêtées entre les deux gouvernemens ; ‘en 1802. Rome. L'Académie de France à Rome, qui, sous les aus- pices du gouvernement français et par le zèle infati- :gable de son directeur actuel M. Joseph Benoît Su- ‘ vÉE, avoit été rétablie dans le palais du Corso, a été depuis peu transférée dans le beau palais de la Villa Médicis , que le gouvernement français a acquis du roi d'Etrurie, et elle vient de prendre le titre d’Ecole Française des Beaux-Arts à Rome. A forcé de soin et de travail , M. Suvée a réussi à y faire loger commodément cinq élèves en architec- ture , cinq en peinture , cinq en sculpture, un pour la gravure en taille douce, un pour la gravure en pierres dures, et suftout en camnées ; et un pour la ‘ composition musicale ; ces élèves ayant remporté à Paris les grands prix, vont à Rome pour se perfec- ‘ tionner , etils y trouvent tous les moyens pour faci= liter leurs progrès. En effet, outre l'Académie du Nud qui se tient en été depuis 6 heures du matin jusqu'a 8, et en hiver, de 6 à 8 heures du soir, et dont par conséquent les élèves peuvent profiter tous les jours, M. Suvée a placé, dans l’ancienne galerie du palais, où il y avoit dejà une belle collection, des plä- tres des plus belles statues, bustes, vases, bas-reliefs, ornemens et fragmens, dont les originaux en marbre se trouvent dans le Musée Pio-Clémentin, le Musée Capitolin, et dans différens palais de Rome, de Flo- rence , et même en France. Cette collection est si nombreuse et si bien arrangée qu’on peut assurer que c’est la plus riche et la plus belle du monde; et ce qui mérite encore d’être remarqué, c’est qu'elle sert également aux artistes francais et à ceux de Rome, Nouvelles littéraires. 419 qui obtiennent facilement de M. Suvée la permission d'y travailler. Pour soigner l’instruction des élèves, sous tous les rapports, l’infatigable directeur a établi dans le palais une bibliothèque choisie; et pour -qw’ils aient toujours sous les yeux les meilleures for- Ames antiques , il a orné des plus belles statués, bas- reliefs et bustes , non-seulement la salle et les cham- -bres du premiertétage, mais encore le portique, ou le vestibule qui forme l’entrée du palais, où il a fait placer le buste de Raphaël et celui du Poussin; de sorte qu’à chaque pas l'esprit des élèves est frappé par quelque monument qui leur offre l’occasion de réfléchir sur le beaz dans les arts de dessin. M. Suvée n’a pas mis moins d’empressement à faire rétablir le jardin et les allées ; 11 a fait de ce lieu un véritable Zycée , dans lequel les jeunes élèves pour- vont, après le travail, se délasser et ranimer leur imagination. Il en a embelli l’abord par une planta- tation d’arbres, qui, dans quelques années, rendra ._ce lieu un des plus délicieux et des plus Préaiontes de toute la ville de Rome. Tant de zèle, tant de soins n'ont pas été inutiles ni perdus. Rome entière a pu se convaincre des heureux progrès que l’école française a faits dans les beaux-arts, par la belle exposition publique que les élèves d’architecturè, de peinture et de sculpture ont faite de leurs productions dans les derniers mois de l’année passée. Tous les amis des arts ont plaint la mort prématurée de M. YZarriet et de M. Godard, dont celte exposition .offroit quelques ouvrages non terminés (1). L'ensemble de cette exposition a pu faire apprécier iout ce qu’on peut attendre du zèle infatigable ei des (») Voy. Magasin Encyclopédique, année 1806, tom. VI, p.171 et suiv., et p. 375 et suiv. 420 Nouvelles littéraires. lumières de M. Suvée pour porter l’école française des beaux-arts à Rome au plus haut degré de per- fection. Le corridor qui mène à la bibliothéque et au Mu- séum du Vatican , deviendra le plus beau du monde. Depuis l’entrée actuelle du Muséum jusqu’à Pendroit où etoit la grille de fer, près de la perte de la biblio- théque, on place les statues, les bustes et les bas reliefs qui se trouvent dans les divers magasins du Vatican. Les tablettes sur lesquelles on met les bustes en évidence, sont composées de morceaux de frises et d’entablemens autiques, et elles reposent sur des cippes et sur des fragmens de colonnes qui jadis or- nèrent Jes édifices de Rome ancienne; et, au moyen de cet arrangement, la galerie deviendra de quelque utilité à larchitecture, cette branche im- portante des arts, malheureusement trop négligée dans tous les Muséum des souverains et des curieux. Depuis l'endroit où étoit la grille de fer, jusqu’à celui : où l’on descend dans les loges , on incruste dans les murs de la galerie les inscriptions innombrables des payens et des premiers chrétiens. M. le chevalier C4- nova place les objets d'art, et monseigneur Cajetan Marins classe les inscriptions. Le mur qui séparoit jadis les loges et le corridor n'existe plus; et à l’en- droit où il étoit, on fait un beau vestibule , qui sera orné de colonnes, et d’autres restes de l’antiquité. De cette facon , toute la longueur d’une partie des loges s'ajoute à celle du corridor , et cela l’augmente de près de 225 pieds de France. Ce sera un coup-d’æil magnifique et digne de Rome. Dans le vestibule ac- tuel du Muséum on voit plusieurs épilaphes de la fa- mille Cornelia, et le célèbre sarcophage de Scipion Barbatus, Ainsi sur une étendue de 1200 pieds de Nouvelles littéraires. 427 long , on aura une série de monumens authentiques, tant dans la partie des arts que dans celle des sciences , de plus de douze siècles, à commencer de la première guerre punique. Cette galerie, la plus grande du monde, mènera à la bibliothéque et au Muséum äu Vatican, ou, pour parler plus correctement , cette superbe galerie fera partie intégrante d’un ensemble sans égal, exclusivement consacré aux arts et aux sciences. En jetant les yeux sur l'édifice merveilleux du Vatican, on se persuade aisément que son his- toire et sa description doivent confondre ces préten- dus savans qui soutiennent que les prêtres n’ont ja- mais cessé et ne cessent point de vouloir plonger les hommes dans l'ignorance et la barbarie. Royaume DITALIE. L'Académie royale des Beaux-Arts établie à Mi- LAN, invite tous les artistes étrangers et nationaux, à enrichir des nobles productions de leur génie le concours qu'elle a ouvert pour l’année prochaine, et dont suit un extrait du programme : Architecture. Le sujet est une maison de plaisance royale, accompagnée de jardins et de tous les ac- cessoires convenables. Le caractère dominant de cet édifice sera une élégante simplicité. Le prix, une médaille d’or de la valeur de 60 sequins (environ 30 louis ). Peinture. Le sujet est une Médée furieuse et prête à égorger ses deux enfans qui lui sourient avec grâce, parce qu’ils ignorent le sort qui les attend. Le tableau sera au moins de 5 pieds de haut suy 7 de large. Le prix , une médaille d’or de 120 sequins. Sculpture. Le sujet est un Thémistocle qui, ayant convoqué ses amis dans sa maison de Magnesie, et 422 Nouvelles littéraires. après avoir offert un sacrifice aux dieux, boït une coupe de poison , plutôt que de combattre contre sa patrie, Le prix sera une médaille d’or de 4o sequins. Gravure. Le sujet sera pris d’un bon auteur; la superficie du travail au moins de 60 pouces carrés. Le prix, une médaille d’or de 30 sequins. Dessin de figure. Le sujet représentera les âmes sur les bords de l’Achéron , d’après la description qu’en a fait le divin Alighieri. La grandeur du dessin sera abandonnée à la volonté de l’auteur. Le prix, une médaille d’or de 3o sequins. Dessin d'ornement. Le sujet est un trône royal, dont tons les ornemens feront aflusion à la fondation , du royaume d'Italie. La hauteur du dessin ne peut avoir moins d’un pied et demie de Paris. Le prix une médaille d’or de 20 sequins. ‘Conditions. Tous les ouvrages seront adressés au se- crétaire de lPacadémie , avant la fin d’avril 1807. On n’en recevra plus passé ce terme. Chaque ouvrage sera contre-signé d’une épigraphe, et accompagné d’une lettre cachetée, qui contiendra le nom et la demeure de l’auteur , etc., etc. AFRIQUE. S'il faut en croire les dernières gazettes de Bowm- BAY, le lord Vazenria, chargé d’uue mission par. la Société qui s’est formée aux Indes pour explorer les côtes de l'Afrique et de l Arabie, a recu du roi d’Abyssinie linvitation d'envoyer une ambassade à Gondar. Lord Valentia a fait choix de M. Sazr , qui doit résider quatre mois dans cette capitale. C'est de Jui qu'il faut attendre aujourd'hui la confirmation ou la réfutation de tout ce que Bruce a écrit sur l’'Abyssinie. Nouvelles littéraires. 423 AMÉRIQUE. Depuis plusieurs années il s’est formé aux îles de Bahama une société économique , qui , à l'instar de celles d'Europe, distribue des prix tous les ans. Le gouvernement anglais, toujours disposé à protéger les établissemens utiles, Jui a concédé cent acres de terre dans l’île de la Providence pour y bâtir une salle d’assemblée , et y former un jardin botanique. FRANCE Sur tous les points de la France on rivalise d’é- mulation pour propager tous les genres d’améliora- tion, et multiplier les productions territoriales. Un cultivateur du département.de Vaucluse, M. CarTaczini, vient d'introduire dans sa commune la culture de l’indigo, qui a parfaitement réussi, ainsi qu'il résulte d’un procès-verbal dressé par la mu- nicipalité. Dans nos /andes , nous devons à M. Louis Durox, colon de Saint-Domingue, maintenant contrôleur des droits réunis à Dax, l'introduction du coton. Echappé à la cruauté de Dessalines, et parvenu à la Nouvelle-Orléans sur un bâtiment américain, il a judicieusement pensé que le coton, qui se cultive avec tant de succès dans la Louisiane , pouvoit se naturaliser dans les pays méridionaux de sa patrie ; et dans la vue de faire des essais , il à rapporté des graines qu’il a distribuées l’année dernière à plu- sieurs membres de la Société d'Agriculture : le suc- cès a répondu à son attente, on a obtenu &e très- beau coton , et les graines sont parvenues à une parfaite maturité. Les premiers essais vont se renou- veler; et si on parvient à acclimater dans les'landes 424 Nouvelles littéraires. « a 1 . . pe cet arbrisseau précieux , il n’y a point de doute qu’il ne réussisse mieux encore en Provence et en Lan- guedoc. M. le préfet a pris, le 24 du mois de mars, un arrêté par lequel il rétablit, à Touroust, l’Acadé- -mie des jeux floraux sur les bases, et en général avec les statuts donnés par l’édit de Compiègne du mots d’août 1773. Les anciens mainteneurs où académi- ciens sont invités à se réunir pour procéder à la no- mination de leurs officiers : ce rétablissement sera signalé par une séance solennelle. L'Académie des jeux floraux de Ia même ville, an- nonça dans sa séance du 3 mai , que l’année Re pa à pareil jour, elle feroit, suivant l'usage, la distri- bution des prix de poésie et d’éloquence; savoir : prix de l’ode, une amaranthe d’or de 400 fr.; d’une épi- tre, une violette d'argent de 250 fr. ; d une élégie, éclogue ou idylle, un souci d'argent de 200 fr.; d’un sonnet ou d’une hymne à la vierge, un lys d'argent de 60 fr.; d’un discours sur ce sujet : Quels ont été Les effets de la décadence des mœurs sur la littérature française, une églantine d’or de 450 fr. Tout ou- vrage qui blesseroit les mœurs, la religion ou le gou- vernement , sera rigoureusement exclus du concours. Toulouse , 6 juin 1806, À peine je venois de former le vœu de la restau- ration de l'Académie des jeux floraux à Tourouse, antique institution des mainteneurs de la gaie science, qu’elle à reparu sur la scène. Cette solennité aura lieu désormais, comme autrefois, le 3 mai de chaque année. M. Jaume a fait l’éloge de Clémence Isaure, qui fut restauratrice du collége du Gai savoir, joyeuse Nouvelles littéraires. 425 affiliation des Troubadours. Il a prouvé l'existence de cette fille célèbre , et lui a payé le j tribut de reconnoissance que lui doivent tous le des let- tres. On sait qu’elle fonda des prix, qui viennent d’être rétablis par la munificence des citoyens de Tou- louse, Une amaranthe d’or est destinée à une ode; l’épitre ou le petit poëme concourent pour la violette; les poëtes érotiques et bucoliques ont pour partage le souci; le lys est consacré à un sonnet destiné à chanter les louanges de la vierge; ét léglantine est le prix du discours. Tous les sujets sont libres, ex- cepté les deux derniers. La question proposée aux prosateurs est ainsi conçue : Quels ont été les effets de la décadence des mœurs sur la littérature fran- gaise. Si la question est résolue par une bonne plume, Vauteur pourra prouver une.grande vérité, généra- lement sentie de nos jours, qui est que la décadence des mœurs commence la corruption des lettres (1), et qu’ensuite les lettres achèvent la corruption des mœurs. On a fait l'inauguration du buste de Clémence Isaure qu’on avoit orné d’une couronne de roses. M. l'abbé Jamme, mainteneur, lut une hymne de sa composition en l’honneur de la vierge, après avoir fait remarquer qu’un ouvrage du même genre avoit été couronné en 1324. M. pe Larresne lut la traduction en vers du 6°. chant de l’Enéide. C’est /a descente d’Enée aux en- Jers. Ce morceau , quoique un peu long pour une (1) Le siècle d’Auguste ne seroit pas une preuve en fa- veur de cette opinion, non plus qme celui de Périclès et de ses successeurs ; ce fut alors que les mœurs commencèrent à s’altérer chez les Grecs et chez les Romains, et ce ful alors que commença chez eux le plus beau temps des lettres. Li A. L. M. 426 Nouvelles littéraires. séance académique ; fut couvert d’ applaudissemens. Nous ferogsuici une remarque. Un auteur très-esti- mier de nos poëtes, M, Delille, semble Sivement emparé de Virgile. J’admire ses traductions, mais l’admiration ne doit pas ren- dre injuste, Les Géorgiques sont le chef-d'œuvre du poëte latin et de son traducteur. Cependant les Géorgiques de Lefranc de Pompignan (qui ne mé- rite pas l’oubli auquel on semble l’avoir condamné ) se font lire avec plaisir. Et même dans lPEssai plus moderne de M. Raux, ce n’est pas sou audace qu’on a blâmé, on n’a blâmé que son injustice. Osons tout dire. Si les premiers succès de M. Delille ne doivent pas efrayer ses concurrens , ils doivent être bien moins timides en présence de l'Enéide. La traduc- tion de M. Raux est annoncée; M. Gaston a publié une grande partie de la sienne ; j’ai vu des morceaux manuscrits de M. Sailior, de Nantes, et de M. de C....; ils annoncent que ces littératenrs ne sont pas indignes d’une aussi glorieuse entreprise. Pour M. de Latresne, que nos lecteurs décident. Enée rencontre Anchise. Trois fois il tend les bras pour embrasser un père, Et trois fois il sent fuir cetle image si chere, Comme un songe mobile ou le souffle des airs. Cette citation est courte. J'ai réservé une plus lon- gue place pour un des meilleurs morceaux de Virgile. « Maïs quel est le jeune hommé à l'armure brillante, » Dit le héros lroyen, ses lraits sont gracieux, » Mais sa vuê est baissée et son front peu joyeux. » Pourquoi de Marcellus suil-il ainsi la trace, » Est-ce son fils, mon père , ou quelqu'un de sa race ? Nouvelles littéraires. 427 » Une foule nombreuse accompagne ses pas , » Mais ses yeux sont voilés des ombres du trépas. » — Crains, dit Anchise en pleurs, que je ne te réponde. » Ignore, mon cher fils, el la douleur profonde, » Et le deuil dont sa mort couvrira les neveux. / » Le sort un seul instant doit Poffrir à leurs vœux. » Nul neut impunément provoqué sa vaillance. » Ah! si tu peux du Sort désarmer l’inclémence, » Enfant si malheureux et si cher aux Romains, » Tu seras Marcellus. Donnes à pleines mains, » Et répandons partout et Le Lys et la rose. » - Ces lectures ont été entremèlées de musique. Je ne sais si je me trompe; mais il me semble que des séances académiques ne devroient pas être des con- certs. Qu’un chant de triomphe se mêle à la distri- bution des prix, la chose me paroît convenable. Mais qu’une sonate suive ou précède un discours sur la morale, il y a dans ce contraste de frivolité et de profondeur, un mélange qui répugne, et lon est tenté de dire avec Fontenelle : Sonate, que me veux-tu ? Auy. DE L. L'Académie impériale de GÈènEs (nom qui rem- place celui d’Znstitut) a recu une nouvelle vie et de nouveaux réglemens , suivant l’un desquels elle tiendra ses séances tous les mois, savoir : la Classe des sciences physiques et mathématiques, le premier jour du mois; ceiles des sciences morales et de la lit- térature, le 15. Le prince archi-trésorier de l'Empire honora de sa présence celle qui eut lieu le 26 du mois dernier , et en présentant à l’Académie quelques vo- lumes de la statistique de France, S. A. en prit oc- casien d’inviler les membres à s'occuper de la sia- we 428 Nouvelles littéraires. tistique des trois départemens qui formoient jadis les Etats liguriens. Nous espérons que ce travail sera promptement exécuté, et d'autant mieux que les trois préfets actuels de Gênes, de Montenotte et des Apen- nins, sont membres de ladite Académie, Une machine qui, pour se mouvoir et produire tout son eflet, n’auroit besoïn d’aucun agent étran- ger, pourroit se passer de l’action du feu, de l'air ou de l’eau , et trouveroit en elle-même le principe iné- puisable de son mouvement’, seroit une découverte bien utile aux arts et bien précieuse à l'humanité : or telle est celle dont M. Donsmanr, professeur de mathématiques à Low, se prétend l'inventeur. Sur la demande qu’il en a faite, M. le préfet a chargé deux commissaires de procéder à l'examen de cette machine. Ces commissaires sont MM. Carron , ingé- nieur en chef du département , et Mollet, professeur de physique et membre de l’Académie de Lyon. Un décret impérial ordonne l'établissement à Rourx, d’une école destinée à l’enseignement de Vart des préparations anatomiques modelées en cire, sous la direction de M. Laumoxrer. Six élèves suf- fisamment verbés dans les connoissances anatomiques et dans l’art de modeler, seront attachés à cette école, sur Ja nomination du ministre de l’intérieur. Ils ne pourront y résider plus de trois ans. Partis: Le 13 mai, est mort, à l’âge de 63 ans, M. J. M. Cezs, membre de la Classe des sciences physiques et mathématiques de l’Institut. On lui doit entre autres services celui d’avoir introduit en France et natura- lisé un grand nombre des arbres exotiques et pré- Ÿ Nouvelles littéraires. 429 cieux qui ornent aujourd'hui nos jardins. Il en avoit formé dans la plaine de Mont-Rouge une riche pé- pinière qui étoit devenue un objet de curiosité et d'instruction. Un grand nombre de ses collègues de l'Institut ont accompagné son convoi. M. Cuvier et M. Sylvestre, secrétaire de la Société d'Agriculture, ont prononcé son éloge sur le lieu de sa sépulture. M. Remacle Lassoir , qui vient de mourir, étoit né à Bouillon en février 1730. Il entra jeune à Pab- baye de la Valdieu, ordre de Prémontré, à quelques lieues de Charleville, et y embrassa l'institut de cha- noine régulier, qui étoit celui de cette maison. Il y avoit apporté l’amour du travail. IL s’y instruisit d’abord dans les sciences qui concernoient son état, et y Joignit bientôt la culture des lettres, complé- ment de l'instruction , quel que soit le genre d’étude auquel on se soit voué. Il n’avoit que 36 ans, lorsque son mérite le fit élever à la dignité d’abhé. Dès lors il augmenta la bibliothéque de son abbaye d’un grand nombre d’excellens livres qui dans ses mains n’étoient pas des trésors oiseux. Les abbés de Prémontré cher- chèrent à mettre ses talens à profit; ils Passocièrent au gouvernement de ce corps, et depuis 1779 qu’il fut employé dans les affaires de son ordre, jusqu’au moment où la révolution l’anéantit avec tant d’au- tres choses , 1l Lui rendit d’importans services. Quand on formailes assemblées provinciales, il fut appelé à celle de Metz et fut nommé président de l’assem- blée du district de Sedan. Les connoissances qu’il avoit acquises en administration et en économie po- litique, lui firent remplir cette place avec une dis- tinction remarquable. IL fut, comme presque tous ceux de son état, persécuté pendant nos orages po litiques. Les prisons qui ont renfermé tant, d'excel- 430 “Nouvelles littéraires. lens citoyens s’élant enfin ouvertes , il en sortit pour se rendre à Paris. L'homme instruit trouve toujours des richesses en lui-même, dit Phèdre (1), dans sa fable du naufrage de Simonide. Comme ce poëte, l'abbé de la Valdieu, ‘après le sien, fit ressource des connoissances qu'il n’avoil acquises originairement que pour satisfaire un penchant naturel. Il vécut de sa plume, travailla ‘au Journal de Paris, et, depuis plus de dix ans, il a enrichi cette feuille d’excellens articles. Dans ses derniers jours encore il y contribuoit utilement; et -quoique dans un âge avancé, ce qu'il écrivoit avoit toujours la même fraîcheur, le même goût, la -même raison , quelquefois assaisonnée d’une aimable gaieté, le même sel, la même délicatesse. 11 est auteur d'un livre intitulé : De l’Etat de l'Eglise et «de la Puissance légitime du Pontife romain. Wunriz- bourg, 1766, 2 Leo. in-12. Chargé de revoir, refondre et faire Dé Dr en les livres tie ques à l’usage de l’ordre de Prémontré, il fit preuve dans ce travail pénible, d'une profonde érudition accompagnée d’une saine et judicieuse critique. Au moment où le culte fut rétabli, M. Lissoir erut que ce qui lui restoit de force et de vie appar- tenoit aux devoirs du premier état qu’il avoit em- brassé. Il sollicita et obtint une place d’aumônier aux Invalides. Là, passant une grande partie de son temps dans les infirmeries, il portoit les consolations religieuses sur les Lits de douleur. Il continua ces exercices de charité presque jusqu’à son dernier sou- pir. C’est le 13 mai 1806 qu’il finit sa carrière, dans sa 77°. année, et la veille il exerçoit encore ses fonc- tions d’aumônier. (2) Homo doctus semper in se divitias habet. Paëpre , Liv. IV, fab. 20. Nouvelles littéraires. 451 I] avoit mérité et obtenu l'estime de tout l'hôtel, Il emporte les regrets de cette multitude de braves, victimes des combats et soutiens de la gloire fran- çaise. M. le maréchal-gouverneur et son état-major ont honoré ses funérailles de leur présence. A. P. MM.Lacérëne et Cu vier ont été élus par la Société royale de Loxpres, en qualité de membres étrangers. Cette nomination a été annoncée à M. Delambre, l’un des secrétaires perpétuels de la Classe des sciences physiques et mathématiques de l’Institut, par une lettre de sir Joseph Banks, président actuel de la So- ciété royale, dont voici la substance: « Sir Joseph exprime à ses nouveaux collègues le plaisir qu’il éprouve à leur annoncer le choix qu'a fait d’eux la Société royale; il regarde cette nomi- nation comme un témoignage éclatant de la profonde considération de la Société royale pour l’Institut de France , et de la bienveillance qui unit les membres des deux Sociétés savantes ; sentiment, dit-il, qu’il espère ne devoir jamais être ni troublé par aucune querelle politique entre les deux nations, ni afloibli par aucune autre circonstance, » L'Empereur a daigné faire écrire, par un des pré- fets du palais, à M. PicarD, directeur du Théâtre de l’Impératrice, pour lui témoigner qu'il a été sa- tisfait de sa pièce intitulée : Un Jeu de Fortune, ou /es Marionnettes , jouée le jeudi 22 du mois de ‘mai, sur le théâtre de Saint-Cloud, en présence de la Cour. S. M. a joint à cette marque de bienveillance l'envoi d’une boîte d’or ornée de son chiffre, avec une somme de 6000 fr. S. M. également satisfaite du jeu de M. Viexy dans la même pièce, lui a fait remettre une somme de 3000 fr. 432 Nouvelles llttéraires. T'HEATRES. THÉATRE DE L'IMPÉRATRICE. Un Jeu de Fortune, ou les Marionettes , comédie en à actes et en prose de Picarp. MonTaicne a dit que les hommes étoient des marionuettes que les circonstances faisoient agir. Prcarp a saisi cette idée; elle a servi de base à sa comédie nouvelle. En effet, on y voit des gens qui changent de conduite et même de facon de penser, selon les divers mouvemens de la roue de fortune. Dorville est propriétaire d’un château qu’il a ac- quis très-promptement , ainsi que toute sa fortune. Marcellin habite près de lui une petite maisonette. Il est maître d’école du village. Gaspard, jadis son camarade de collége, après avoir été comédien , s’est fait directeur de marionnettes. Les deux amis cau- sent ensemble et parlent de philosophie. Marcellin se pique d’en avoir, il se vante d’être assez fort pour résister aux coups de la fortune, dût -elle l’écraser de sa rigueur ou le combler de ses dons; il change bientôt de style. Un oncle qu’il avoit en Amérique, meurt et lui laisse un héritage considérable. IT ne se connoît plus, il ne rêve que châteaux, voitures, domestiques, et il méprise son état précédent. Par un autre coup du hasard, moins rare à la vérité, M. Dorville se trouve ruiné. Il veut vendre son chà- teau , Marcellin l’achète et lui offre même sa petite bicoque. Les honneurs changent les mœurs. Mar- cellin riche est bientôt entouré de parasites dont lun se dit Z’ami du château. Les femmes les plus aimables Nouvelles littéraires. 433 aimables briguent sa main. La sœur de Dorville elle- même ne dédaigne pas de se laïsser faire la cour par celui qu’à peine elle honoroït d’un regard. Marcellin oublie dans tout ce tracas de fortune un jeuve per- sonne qui l'aime pour lui et que lui-Me chéris- Soit avant d’être riche. Il convient bien qu’il l'aime encore, mais il n’est plus pressé de l’épouser. Notre nouyeau riche est près de faire bien des sottises. Heu- reusement pour lui le directeur de marionnettes vient s'emparer de Vintrigue et en dirige les fils à son gré: Au moyen de plusieurs épreuves, il fait con- noître à Marcellin ses vrais et ses faux amis, et le force à se reconnoître lui-même. Cet aperçu ne peut donner de la pièce qu’une lé- gère idée. I seroit impossible d’entrer dans les dé- tails, et ce sont eux qui font le mérite de l’onvrage. Le dialogue est vif et animé, les caractères sont piquans, l’ensemble.est d’une grande gaieté : on voit surtout une peinture fidèle de nos mœurs, qui annonce combien Picarp est obervateur: La pièce a obtenu un grand succès, et sans doute elle le mérite. THÉATRE, DE L'OPÉRA-COMIQUE. Uthal, opéra imité des Poésies d'Ossian. Comme on refait tout, on a voulu refaire /es Bar- des. Dieu sait si les larmes de Malvina , la haine de Larmor, et les fureurs d’Uthal, sont bien un sujet d’opéra-comique , et si les gone de Fingal, les Cy- près, les nuages, le chant des Bardes, ont quelque chose d’amusant. Un roi détrôné, une fille qui court de son amant à son père et de son père à sop amant , et qui finit par les raccommoder, le tout assaisonné de chants, peut-être forffeaus » Mais toujours: à T', III. Juin 1806. Ee 454 Nouvelles littéraires. contre-temps ; en un mot, un acte qui dure cinq quarts d’heure. Voilà la pièce nouvelle. On à rendu justice à la composition de M. Ménur; mais on eût désiré qu’en donnant à son ouvrage la teinte du Sujet, il ne fût pas tombé dans une mo- notonie fatigante. La suppression des violons dans l'orchestre produit moins d'effet qu’elle n’a semblé bizarre. À l'exception d’un fort beau chœur, on n’a remarqué aucun morceau saillant. THÉATRE DU VAUVDEVILLE. Brutal. La parodie d'Uthal a le même défaut que l'opéra. Longueurs et absence de comique. Quelques couplets décèlent des gens d’esprit qui auroient dû mieux em- ployer leur temps. Madame Be/mont et Laporte ont fait valoir cet ouvrage de MM. Parx et Vigtzcarn. ]Voir et Blanc. Le genre des arlequinades est un peu passé de mode. Le travestissement d’Arlequin en Gilles a pourtant fait rire, et quelques couplets écrits avec facilité ont été anBRG de Les auteurs sont MM. Vreruranp et *** Voltaire chez Ninon. Cétoit un contraste bien piquant que celui d’une belle encore belle à son déclin, et d’un grand homme dont l'aurore annoncoit ce qu’il devoit être. On sait que Voltaire fut présenté à Ninon; qu'elle protégea ses essais ; qu’elle lui légua sa bibliothéque. Les au- teurs de la pièce nouvelle ont saisi cette anecdote; ils en ont fait un tableau agréable. Je dis un ta. Nouvelle®litiéraires. 439 bleau , car il n’y a pas la moindre intention dra- matique. Un dialogue vif, des saillies piquantes, des couplets heureux, voilà le mérite de leur ou- vrage. On y a trouvé quelques disparates. Par exem- ple, se peut-il qu'un garcon de café se trouve dans le cabinet de Ninon avec le Père Porée, monsieur de Châteauneuf dont iis ont fait un Re et qui étoit un abbé, et avec M. du Jarry, qui vient en costume d’abbé faire la cour à la fille du portier. Tout cela est un peu bizarre, si ce n’est pas ridi- cule. On à trouvé aussi le style des personnages af- fecté, quelquefois même incompréhensible. Château- neuf dit que si Ninon lègue à quelqu'un son esprit et ses grâces légères , elle ne trouvera pas d’exécuteurs testamentaires. Ninon parle ensuite de son cabinet, où elle dit qu’il s’est passé plusieurs actes sans no- taires, etc. etc, Le dénoûment consiste dans le con- : sentement que doñne M. Arouet à son fils de se livrer à la poésie, lorsqu'il apprend que le jeune homme en a obtenu l’accessit à l’Académie. Le se- cond dénoûment est la pension qu’obtient le por- tier de Ninon , grâces aux vers que Voltaire a adressés au Dauphin; et le troisième est le mariage de la fille du portier avec le garcon limonadier. Les auteurs de cette bluette, sont MM. Moreau et LAFoRTELLE, qui ont assez d’espril pour en faire un meilleur usage. Eee LIVRES DIVERS (1). SCIENCES ET ARTS. JourNaz de Physique, de Chymie, d'Histoire na- turelle et des Arts, avec des planches en taille- douce; par J. C. ne Lamérmerte. Mars, avril et mai , 1806. Tome LXII. À Paris, chez Courcier, imprimeur-libraire, quai des Augustins, n°. 57. In-4°. Le cahier de mars renferme les articles suivans : Faits pour servir à l’histoire de l'argent ; par Le pro- Jfesseur Prousr. — Lettre du professeur Prousr & J. C. de Lamétherie. — Exposition du système cra- nologique de M. Gall; par M. FRIEDLÆNDER. — Des effets géologiques du tremblement de terre de la Calabre ; par M. Freurrau DE Berrevur. — De la téphrine ; par J. C. ve Laméruerte. — Lettre de Théodore pe SAussuRE sur le jade oriental et la saus- surite. — Lettre du docteur Boxvorsin sur plusieurs minéraux connus. — Observations météorologiques ; par Bouvarp. On trouve dans le cahier d'avril, un second mémoire sur l’étude du sol des environs de Paris ; par J. M. Couré. — Observations chymico - galvaniques ; par L. BrucnaTELLt, traduit par le professeur VEAU- Dscaunay. — Tableau des analyses chymiques des minéraux; et d’une nouvelle classification de ces (1) Les articles marqués d’un * sont ceux dont on don- nera un extrait. : Livres divers. 437 substances, fondée sur ces analyses ; par J. C. de Lamétherie. — Observations tn : ; par Bouvano. : Le cahier de mai se compose des sujets qui suivent : Sur la propagation de l’électricité ; ; par le docteur Œrsren. — Suite du tableau de la classification des pierres ; par d. C. pr LaMmETRERtE. — Observations météorologiques ; par Bouvarp. — Note sur La com- Position du carbonate de chaux ; par Drscorirs. — Description du péridot idocrase , e£ de quatre autres substances lithologiques d'espèce nouvelle , nommées succinite, mussite , alalite ef topazolite; par B. Bo- VOISIN. | PHysiqQue. NourEAu. Dictionnaire de physique, rédigé d’après les découvertes les plus modernes ; par À. Lress, auteur d’un Traité de physique, et professeur aux Lycées de Paris. — Quatre gros vol. in-80., doni un de planches, en caractère petit texte. Prix , 24 f. À Paris, chez Giguet et Michaud, imprimeurs- libraires , rue des Bons-Enfans, n°. 34. T1 nous manquoit un ouvrage qui embrassât toutes les parties de la physique, et dont chacune fût por- tée.-au véritable niveau des découvertes modernes. L'auteur du Dictionnaire que nous annoncons a formé le projet de ce travail; il Pa exécuté avec succès. Toutes les parties de la science y sont traitées avec le détail que leur importance commande; plasieurs même sont enrichies de découvertes qui ne peuvent manquer d’intéresser les physiciens. L'article é/ectricité contient un grand nombre d’ex- périences nouvelles , qui ont conduit l’auteur à dé- 438 Livres divers. velopper plusieurs propriétés jusqu'ici inconnues des matières résineuses. On trouvera dans cet ouvrage de nouvelles expli- cations de plusieurs phénomènes remarquables , tels que les aurores boréales , la pluie d’orage, le ton- nerre, l’élasticité des corps, soit solides, soit aéri- formes , etc. Les dictionnaires de physique, qui ont paru depuis l’époque de l’origine de la science, se composent d’é- lémens hétérogènes, tels que la physique, les ma- thématiques pures, l'anatomie, l’histoire naturelle, la chronologie. La physique est si riche aujourd’hui de ses propres fonds, qu’elle n’a plus besoin de pui- ser, dans des sciences étrangères , le sapplément des matériaux qui lui manquoient pour former un corps d'ouvrage. L’auteur du rouveau Dictionnaire de Physique Pa dégagée de toutes ces superfluités; il ne lui associe que la chymie générale, qu’il regarde, avec raison , comme une des branches importantes de la physique particulière. IL arrive souvent qu’on publie, sous le nom de Dictionnaire, une suite de compilations incohé- rentes et mal assorties; quelquefois même, une sim- ple nomenclature sèche, fastidieuse et dégoûtante. Le Dictionnaire qui nous occupe , est bien loin d’a- voir, avec ces sortes d'ouvrages, quelques traits de ressemblance. Le public, éclairé et impartial , le regardera comme une espèce de registre où sont dé- posées avec ordre et méthode les plus importantes découvertes, les théories les plus satisfaisantes et les plus solidement établies. Ce n’est point un Diction- naire de mots, c’est, à proprement parler, le Dic- lionnaïre de la science. hL. CG Livres divers. | 439 MiINÉRALOGIE. Journ 41, des Mines, ou Recueil de mémoires sur l'exploitation des mines ; et sur les sciences et les arts qui s’y rapportent ; par MM. Coquerert- Moxrerer, Haüy, VauqueLcrn , Baizzer, Bro- cuanT, Fremery et Correr - Drscoriss , publié . par de conseil des mines de l'empire français. Jan- wier, février, mars et avril, n°. 109, 110, 111 et 112.-—= À Paris, chez Croullebois, libraire, rue des Mathurins, n°. 17. Les deux numéros de janvier et février se com- posent des articles suivans : Analyse de l'ouvrage de M. G. A. H. Lucas, intitulé : Tableau méthodique des espèces minérales, etc. — Sratistique minéralo- gique du département de l'Aveyron; par M. Bra- VIER , ingénieur des mines. — Description et usage d’un calorimètre, ow appareil propre à déterminer le degré dé chaleur , æinsi que l’écamomie qui résulie de l’emploi du combustible ; par M. Moxreorrièr. — Analyse d'une chaux carbonatée. — Observations sur l'emploi du charbon de houille dans le traitement du minerai de fer, à la forge à la Catalane ; par M.Bravier. — Note sur la route souterraine qui « été percée dans le 15°. siècle à la base du Mont- Fiso , pou communiquer du Piémont en Dauphiné, etc. Les deux numéros de mars et avril contiennent les mémoires et articles suivans : Suite de la statistique minéralogique du département de lAveyron ; par M. Bravier, ingénieur des mines. — Analyse du jade, par Théodore ne Saussure. — Notice sur la nine de plomb du Sault, département du Mont- Blanc; par M. Héricant pe Tuvry, ingénieur des mines, — Votice sur quelques perfectionnemens à ap- 430 Livres divers. porter au procédé. usité pour le tirage des mines ; par M. ze Livec De TRÉSURIN , ingénieur des mines. — Notes de M. Bercman sur lefer spathique. — Traité de géodésie, ou exposition des méthodes astronomi- ques , appliquées soit à la mesure de la terre, soit à la cônfection du canevas. des cartes et des plans ; par L. Puissant, professeur de mathématiques. — :4r- ticles fondamentaux de la jurisprudence des mines , dans les pays de l’Eürope où les mines sont exploi- tées avec le plus d'avantage ; et passent pour étre de mieux administrées ; par J. F. Daupuisson. — Table des articles de l'ordonnance des mines de Prusse. — Notice sur la casserie dé Framont ; par M. Ch. Hrr- FART! — Examen de la mine hépatique de mercure d’'Idria ; par KLArroTH. — Examen chymique du cinabre ati ÿ par x méme. GEOLOGTIE. * Prorosirionsgéologiques pour servir d'introduc— . ion à un ouvräge sur les élémens de la chorogra- phie , avec l’exposé de leur plan, et leur applica- tion à la description géognostique, économique et médicale du Ban de la Roche, accompagnée de cartes topographiques et minéralogiques.; et de trois gravures, représentant le tableau Panorama du Ban de la Roche, la pente douce de sdn: district de mines, et la plante de la pyrole à ombelles, sirouvée dans ces régions en 1800 ; par Henri-Got- fried OsEruiN , docteur en medecine; avec cette épigraphe : — Omnium rerum principia parva sunt ; sed suis progres- sionibus usa augentur. CIcERO, de Finib. lib. V, Strasbourg et Paris, chez les frères Levrault, et chez Livres divers. 443 Martinet ; rue du Coq St.-Honoré, 1806, 195 pag. in-8°, Prix, 4 fr. 5oc. BoTAnIQuUE. Norx Hollandiæ plantarum specimen. Auctore Ja- cobosluliano LarrirarDière ; [nstituti nationalis socio. Tomus :secundus. Parisiis ;, ex typographià dominæ Æuzard. 1806. Fasciculus 15'ét 16. Pre- . tium cujusvis fasciculi, cum tabulis decem æneis, octo fr. Ce cahier formant le premier du tome IF°., ren- fere des plantes de ka dodécandrie, de licosan- drie et de la polyandrie. PzzwurANDRA acicularis; PrrUuRANDRA ovuta ; CePx4zorus follicularis ; C4- LYTRIX tetragona ; LeProsPrrmum sericeum ; LEP- TOSPERMUM marginatum ; PiLEANTHUS@ limacts ; ÆEvcazyYPTus incrassata; Evc4zxPTUSs viminalis ; EvcazyPrus cordata; Eucarzyrrus ovatà ; Ev- CALYPTUS amygdalina ; EzæcarPus peduncularis ; DiIzzZENrA procumbens. MaAMMIFÈRES. * Hisrorre naturelle de la Taupe, ses espèces et ses variétés , les dégâts qu’elle occasionne dans les prairies et les jardins , avec tous les moyens don- nés jusqu'à ce jodf, tant simples que composés ; pour parvenir à sa destruction, ét avec des dé- tails sur ses propriétés médicinales ét économiques. On y joint une notice sur l& Taupe-Grillon, es- pèce d’insecte qui a beaucoup de rapports avec la Taupe, etc. Second opusculé concernanttle règne végétal et l’économie champêtre ; par J. P.Bucno7, 442 Livres divers. médecin-naturaliste. A Paris, rue de l'École de Médecine, n°. 20. Brochure in-8°. de 42 pages. Prix, 1 fr. 25 cent. 1806. PaysroLzocrtre. EssAr sur la structure et les fonctions du faie ; par Charles-Guillaume U5rrsaaL, docteur en méde- cine ; aide-amailomiste à l'École de Médecine de Strasbourg. À Strasbourg , chez Lévraulr. An XIII — 1805. 67 pag. in-4°. L’auteur donne, dans l'introduction de son Essai, d'abord un apercu général sur les propriétés et les fonctions du foie ; ensuite il fait un résumé des re- cherches qu’il a entreprises, et la termine par tracer le plan de distribution du corps de l'ouvrage... Il divise le résultat de ses recherehes en deux sec- tions principales; dans la première il examine tout ce qui est relatif à la description anatomique du fore, et dans la seconde il traite de tout ce qui a rapport à la sécrétion, à la conservation, à l’excrétion et aux usages de la bile dans l’économie animale. Dans la première section il décrit avec soin la si- tuation, la conformation et les enveloppes du foie; il reconnoît, comme Lænnec et d’autres, deux tu- niques au foie; une externe, qu'il nomme nique péritonéale , et qui est une continuation du péritoine, et, une interne, qu’il appelle #xnique propre, qui pré- sente une structure et des propriétés différentes de l’autre, Ensuite il passe à la description des, vais- seaux sanguins . du foie. I1 décrit d’abord les vais- seaux sanguins qui amènent le sang à cet organe, et ensuite ceux qui le ramènent de ce viscère. Après Livres divers. 443 avoir examiné leur marche la plus ordinaire, il rap- porte les variétés que l’on a rencontrées jusqu'ici. L'auteur donne ensuite la description des vaisseaux lymphatiques du foie, qui ont principalement attiré son attention. Il les divise en vaisseaux superficiels et en vaisseaux profonds; il décrit la marche.et la terminaison des uns et des autres d’une manière plus exacte qu'on ne l’a fait jusqu’à présent, ayant fait plusieurs injections à ce sujet. Après cet exposé, l’auteur en vient aux nerfs qui animent le foie; il décrit leur origine, leur marche et la manière de se distribuer dans l’intérieur du foie, et il donne ensuite la description des conduits excréteurs de la bile. Dans le paragraphe suivant , il traite de la dis- tribution des vaisseaux et nerfs dans l’intérieur du foie , jusqu'aux petites glandes qui forment la sub- stance propre ( la chair) de: ce viscère; il prouve que ces petites glandes ne sont composées que de vaisseaux entrelacés de différentes manières, enve- loppées chacune, d’une continuation du tissu cellu- laire de la capsule de Glisson ; qui enveloppe aussi les paquets des vaisseaux. 11 décrit ensuite les ana- stomoses des différens vaisseaux qui ont lieu dans l’intérieur de ces glandes , et termine enfin l’expo- siton anatomique du foie par la description dé la vésicule du fiel; il examine d’abord sa conformation externe, et ensuite sa structure: En décrivant ses tuniques, il nie l’existence dela tunique musculeuse, qui n'existe pas dans l’homme, quoique plusieurs auteurs soient d’un avis contraire. Il décrit avec soin la structure de la membrane interne et de ses ré- seaux , sur lagmelle il à fait des récherches assidues ; il assure que les petites glandes que Vicq-d’Azir dit avoir vues à la surface interne de cette tuni- que n'existent pas dans Fhomme; il donne en- 444 Livres divers: suite une description détaillée des vaisséaux et rierfs qui entrent dans la composition de la’ vésicule du fiel, et termine ce paragraphe par la désefiption du dirai cholédoque. 9 Dans la seconde section, qui traité des fonctions du foie, l’auteur: prouve, dans son premier para graphe, que la bile est.sécrétée dans le foie, et non’ dans la vésicule du fiel; il donné ses argumens, et’ Jes prouve par des faits qui sont incontestables. T1 parle ensuite des usages de la veine-portetet de l’ar- ière hépatique dans la sécrétion de la bile ét prouve” que l'artère, hépatique contribue aussi'en partie à la’ sécrétion de la bile. Il examine le'cours du sang” dans l’intérieur du foie, qui ; d'après lui, doit être très -lent ; mais accéléré par les mouvemens du diäphrägme et des muscles du: bas-ventre dans’ la respiration ; et par les mouvemens de la totalité du corps. Il entame aussi l’origine de la maladie by- pochondriaque. Dans le paragraphe suivant , il traite’ des! propriétés organiquesiet vitales du foie ; il exa-! mine, l’action plus ou moins énergique de cet or- gane suivant les divers témpéramens et les différens - climats, et décritiles principales sympathies de cet ” organe avec les autres viscères: Après cela ; l’auteur : fait exposé des phénomènes de la: sécrétion de la bile, de l'influence dé la raie sur cette sécrétion , de la quantité de, bile sécrétée dans un certain espace ? de temps, du chemin que la bile fait pour se rendre : dans le duodénum , des changemens qwelle éprouve dans la vésicule du fiel; il fait ensuite l'historique : des différentes opinions que l’on a eues sur Putilité de la ‘bile depuis Hippocrate jusqu’à mos temps; il examine les propriétés physiques et chymiques de la bile, et termine son traité par lPexposition des ? utilités de la bile dans la digestion. Livres divers. 449 Ce petit traité fait connoïtre M. Ubersaal comme un observateur attentif, comme habile physiologiste et anatomiste, et justifie le choix que MM. les pro- fesseurs de l’École de Médecine de Strasbourg ont fait de lui pour seconder M. Lossrern dans É tra- vaux de l’amphithéâtre d'anatomie qu’il dirige avec tant d’habileté (1). C’est à sa place d’aide-anatomiste à l’amphithéâtre de Strasbourg, que M. Ubersaal est redevable de l’occasion d’avoir pu suivre les recher- ches dont il vient de publier les résultats dans l’ou- yrage que nous annonçons. Cette place lui a donné la facilité de disséquer la plupart des cadavres des- tinés à l’enseignement de Panatomie, et dont le nom- bre monte, chaque année, à plus de 300; depuis plus d’une année il s’est livré à l'examen particulier du foie, qui avoit surtout attiré son attention à cause des nombreuses maladies auxquelles il est sujet. Nous l'engageons à continuer de faire part au monde sa- vant du résultat de ses travaux. DEs MonsTruosiTÉs et bizarreries de la Nature, principalement de celles qui ont rapport à la géné- ration ; de leurs causes, de la manière dont elles s’opèrent , etc.; avec des réflexions philosophiques sur les monstrueux et dangereux empiétemens des sciences accessoires , telles que la chymie, la dro- guerie, etc., sur la vraie médecine ; ouvrage propre à mettre les mères à l'abri de l'influence et leur fruit à l’abri des effets des affections de l’âme, de limagination , des envies, des frayeurs, des ma- léfices , etc., et les jeunes praticiens à l’abri de la séduction des nouvelles théories médicales ; par G. (1) Voy. Magasin\ Encyclop. année 1805, t, VI, p. 419- 424, 446 Livres divers. Jouarn, docteur en médecine. Premier cahier. Tome L*. A Paris, chez Æ/lut, imprim.-librairé, rue de la Harpe, n°, 93. Der l'influence de la nuit sur les malades ; Recueïl de mémoires couronnés par la société de médecine de Bruxelles, en réponse à cette question qu’elle avoit mise au concours : La nuit exerce-t-elle une in- fluence sur les malades? Y a-t-il des maladies où cette influence est plus ou moins manifeste ? Quelle est la raison physique de cette influence ? publiés par ordre de la Société de médecine? À Bruxelles, chez /Veissenbruch, 1806, in-8°. Parmi les corps savans dissous et anéantis par la révolution , et que depuis peu on a vu renaître, en quelque sorte, de leurs cendres, on doit distinguer la Société de médecine de Bruxelles. Elle compte à peine deux ans d’existence , et déjà elle a honorable- ment prouvé le zèle qu’elle met à eneourager les pra- ticiens et à perfectionnér l’art de guérir. Un des prin- cipaux articles de son réglement oblige chacun de ses membres résidans à faire un rapport mensuel sur les maladies qu'il a eu occasion d’observer dans sa pratique. Ces rapports sont recueillis parle secrétaire général et rédigés sous la forme d’un journal. Ce Re- cueil, ainsi que les dissertations particulières qui seront adressées à la Société, et qu’elle fera imprimer dans ses actes, formera un corps de doctrine utile pour les praticiens en général , mais spécialement pour ceux du département de la Dyle. Ses efforts pour les progrès de l’art médical ne se bornent point à ces seuls travaux. Comme les autres académies, elle a trouvé encore un moyen d’être utile et de multiplier les lumières, en proposant des Livres divers. 447 questions. La première qu’elle ait mise au concours étoit rédigée ainsi: 1°. La nuit exerce-t-elle une influence sur les ma- lades ? 2°. Y a-t-il des maladies où cette influence est plus ou moins manifeste ? 3°. Quelle est la raison physique de cette influence ? Plusieurs mémoiresont concouru, mais six ont fixé particulièrement l'attention de la Société. Nous al- lons au surplus les analyser tous, d’après le rapport de M. Fournier , secrétaire-général. Le prix a été décerné à l’unanimité à l’auteur du mémoire enregistré n°. 9, portant pour devise: Quid est igitur quod me impediat, ea, quæ mihi probabi- lia*videantur, sequi ; quæ contra, improbare ; atque affimandi arrogantiam vitantem ; fugere temerita- tem, quæ a sapientia dissidet plurimum ? Cxcero, de Ofc. Lib. IL J’auteur de ce mémoire est M. Jacques -Julien-Ri- chard DE LA PrADE, , docteur en médecine, méde- cin-adjoint à l’hôpital civil et militaire de Montbri- son, département de la Loire , etc. Après avoir éta- bli et démontré l'influence de la nuit sur l’homme en santé comme sur lPhomme malade, l’auteur en explique, en physicien, toutes les raisons, dont les principales sont l’absence de la lumière solaire , celle du calorique qui en émane et par suite tous les phé- nomènes chymiques connus, dépendans de cette absence. Il prend en grande considération l’influence que la nuit exerce sur le moral ; ilen fait l’application aux malades ainsi qu'aux personnes privées de leur liberté, que lobscurité, le silence et la solitude, qui règnent pendant la nuit, livrent à des réflexions sombres et pénibles. M. de la Prade divise en deux classes les maladies où l'influence de la nuit est plus \ | 448 Livres divers. manifeste ; après ayoir démontré que la nuit est une absence de plusieurs stimulansÿcomme la lumière, la chaleur , le bruit , etc., il la place parmi les puis- sances débilitantes; en conséquence, il la regarde comme favorable dans toutes les maladies qui sont éminemment caractérisées par l’exaltation des forces vitales. De même est-elle nuisible dans celles où ces forces sont afloiblies, comme les adynamies ou asthé- nies, etc. Ce mémoire, qui a le se complétement satisfait à la question, est écrit avec élégance , élévation, clarté et pureté; en un mot, c'est l'ouvrage d’un es- rit vraiment philosophique et versé dans tout ce qu’un habile médecin doit savoir. La Société, par son programme , n ’avoit SRRQR qu'un prix, mais le mérite éminent des n°. 7,6, 1, 5 et 10, la nes He à décerner deux et prix et trois accessit. Les seconds prix, consistant chacun en une médaille d’or de la ÿaleur de 100 fr., 4 . portant l’efligie de l'Empereur Napoléon, ont été obtenus par és auteurs des n°*.6 et 7 ; les accessit, par ceux des n°. 1, 5 et 10. Le mémoire qui, au jugement de la Société , a le mieux traité la question proposée , après celui Maps on vient de rendre compte, a été enregistré sous le n°. 6, et porte pour devise : Morbi omnes quidem in omnibus temporibus fiunt. Quidam tamen magis in quibusdam ipsorum et fiunt et exacerbantur. AE Aphor.19, sect. 3. C’est en général l'ouvrage d’un savant profondé- ment versé dans les sciences physiques: Il y développe une théorie chy mique , dont l application à à la ques- tion est trèsjudicieuse ; elle est traitée avec autant de méthode que d’ apres les idées sont sages et logi- Le de exposées ; les LA pe sont appuyées sur. des Livres divers. 449 des faits presque toujours incontestables. L'auteur est M. Aymone, docteur-médecin à Chivasso , en Piémont. Le mémoire coté n°. 7, ayant pour divise cette sentence de Bâcon : Nos certe cogitationem suscepi- us et curam adhibuimus ut quæ à nobis proponen- ‘ur , non tantum vera essent, sed etiam ad'animos Lominum non incommode et aspere accederent, est un traité ex professo sur les maladies nocturnes, L’au- teur, à l'exemple du grand Hippocrate , reconnoît une constitution diurne; il la divise, comme celle de l’année médicale, en quatre parties; il décrit chacune des maladies qui leur sont propres, et traite très-savamment de celles qui reconnoissent pour cause l'influence de la nuit, et celles dont l'invasion a lieu pendant les tinbbnes IL établit avec un ordre lumineux l’influence de la nuit sur les malades et sur les maladies; mais il s’est peu occupé de développer, d’une manière satisfaisante, les raisons physiques de eette influence. Entièrement livré à la classification très-méthodique des maladies nocturnes, l’auteur x négligé de donner l'explication de la théorie physico- chymique des causes qui les produisent , comme la Société l’exigeoit dans la troisième partie de son pro- blème. Ce mémoire est dû à M. MurarT, de la Dor- dogne ,. docteur-médecin à Montpellier , membre de plusieurs Sociétés savantes, et du jury médical de son département. Celui qui a mérité le premier accessit est coté sous le n°.1°°.; sa devise est : Ex aere salubritas. A quel- ques défauts près, on peut dire qu’il renferme, en abrégé , ce qu'il ya de plus important à dire sur la question proposée. Un autre accessit a été accordé au mémoire n°.5, portant pour marque 2440, et pour devise: Auters T. III, Juir 1806. FF 490 Livres divers. omniurmn polissimum dux estet princeps natura. Hiv- voc. de probitate et honestate. L'auteur est un de ceux qui ont figuré le plus avantageusement dans la lice. 11 a, en général, traité son sujet en médecin habile et fort éclairé. L Le mémoire, n°. 10, est un des trois qui ont ob- tenu un accessit. 1] avoit la devise suivante : Observa- tiones in medicina sunt veluli lapis Lydius quo omnis theoria explorari debet. Horrmaxns. L'auteur paroït avoir fixé toute son altention sur tout ce qui a rapport à la raison physique de l'influence de la nuit sur les malades ; mais le point dé la question pure- ment médical, est moins soigné, et n’est point à l’abri de quelque critique. En somme totale, ce mémoire honore le savoir de son jeune auteur, M. »’Hrmr- riNES , médecin à Jauche, dans le département de la - Dyle, et membre correspondant de la Société. Le mémoire, n°.'4, commençant par cette devise : Neque onnium rer ur afferre posse causas minus Mi rum est quam constare in aliquibus, PLiN., prouve dans son auteur des connoissances médicales et phy- sico-chymiques ; il laisse à désirer plus de méthode et de développement dans sa discussion et moins d’in- certitudes dans ses conclusions. Le n°. 3, portant pour devise : La nuit ne répand ses pavots que sur l’homme en santé, est une es- quisse où la question n’est qu’effleurée , mais elle est écrite dans les bons principes. Le n°. 8 a pour devise : Ille nocentior aer Semper erif, qui nocte, quem vespera mutat. HERENSTREIT , de Homine sano et ægroto carmen. Cé mémoire, élégamment écrit en latin, dé- Livres divers. 4ÿI monire un médecin expert dans la pratique ; mais | on s'aperçoit aisément que l’auteur n’a pas une grande NO de la physique et de Ja chymie modernes. La Société a porté le même jugement sur le n°. 2, qui a pour devise : Hinc quoniam variant morbi variabimus artes, Mille mali species mille salutis erunt. Enfin le n°. 11, ayant pour devise : Vincendo tutus eris, prouve que l’auteur connoît à fond l’an- cienne physique spéculative, mais qu’il est tout-à- fait étranger aux nouvelles découvertes physico-chy- miques. A. L. M. MÉDECINE. Journaz de Médecine , Chirurgie, Pharmacie , etc. ; par MM: Corvisarp, Leroux et Boyer. À Paris, chez Méquignon V'ainé, libraire, rue de l’Ecole de Médecine, n°. 5 et g, mai et avril, 1806. On trouve dans le numéro de mai les articles sui- vans : Observation sur une fièvre intermittente , d’a- bord irrégulière , puis quarte , «dynamique ; par M. Baye. — Observation sur une tuméfaction de la rate, à la suite de fièvres | re guérie par le geum urbanum , /a bénoite; par M. J. A. Bou- TEILLE. — Seconde opération césarienne faite sur le méme sujet ; par M. Bacqua. — Observations sur lemploi de l’huile de Ricni comme médicament in- terne , etc.; par M. Deyeux. — Tableau de la mé- decine hippocratique , ou essai sur la physiologie , l'hygiène , la séméiologie et la thérapeutique d’'Hip- pocrate; par M. Catrrau. — Pathologie chirurgi- cale ; par M. Lassus. 402 Livres divers. On trouve dans le numéro d’avril les articles sui vans qui composent le cahier que nous annoncçons : De La constitution de l'air, et des ri observées à l’hépital des enfans malades, dans les ännées XIIT et XIV ; par M. Japerot. — Observation sur un dbcès dans le sinus frontal et dans le crâne, accom- pagné de la paralysie de la paupière supérieure, ete. ; par M. Cerrrer. — Observation sur un abcès qu avoit son siège à l’intérieur et à l'extérieur du crâne, etc. ; par M. Fizrau. — Observation sur un abcès dans l'orbite, ete. ; par le mème. — Essai sur les maladies et des lésions organiques du cœur et des gros vaisseaux, etc. — Suite de l'analyse des thèses de l'Ecole de Paris, etc. — Phytographie encyclopé- dique , ou Flore de l’ancienne Lorraine, par M. Wiz- LEMET. — Recherches et expérienees sur le diabète sucré, etc. IToxEens de conserver la santé des habitans des cam= pagnes, et de les préserver de maladies dans leurs maisons et dans les champs ; par madame Gacox- Durour , auteur de plusieurs ouvrages d'économie rurale et domestique, etc.; 1 vol. in-12 de 330 pages. Prix, 2 fr. 50 cent. , broch., et 3 fr. par la poste, franc de port. À Paris, chez F. Buisson , rue Hautefeuille, NN: Les maladies qui affligent les campagnes ont des causes différentes que celles qui infestent les villes. Ces causes se trouvent dans la malpropreté , l’impré- voyance, l'exercice immodéré, l’intempérance , la crédulité, en un mot dans la vie routiniere des paysans. Ce sont autant de fléaux que l’auteur at- taque , et qu’elle cherche à repousser. Dans les obser- vations qui appliquent particulièrement aux vil- lageois, beaucoup peuvent servir aux diverses classes Livres divers. 453 du peuple. Tous y recueilleront des préceptes utiles sur la manière de régler leur conduite, soit en santé, soit en maladie. Par ce petit ouvrage, madame Ga- con-Dufour s’est acquis un nouveau droit à la re- connoïissange des babitans descampagnes. J. L. G. ODONTOLOGIE. DE la Sémiologie buccale , ou exposé des signes qu’on trouve à la bouche, qui font connoître la cachexie, les nombreuses maladies qu’elle produit, celles qu’elle entrétient et celles qu’elle complique, tant aux dents qu’à toutes les parties du corps ; par L. LarorGuE, expert dentiste, in-8°. Prix, 2 francs 50 cent., et 3 fr., franc de ‘port. À Paris, chez Croullebois , rue des Mathurins, n°. 17; et chez Pauteur, rue des Fossés Saint-Germain-des-Prés , n°.7, 1806. ART VÉTERINAIRE, “Mémoires vétérinaires sur la manière de réduire Les fractures des jambes des chevaux ef autres grands quadrupèdes ; sur les maladies épisootiques des bestiaux , sur la clavelée des brebis, sur les avantages de conserver les bêtes à laine en plein air pendant l’hiver, etc., premier opuscule ‘con- \ cernant le règne animal, l’art vétérinaire, etc. ; par 3. P. Buc’uoz, médecin-naturaliste. À Paris, rue de l'Ecole de Médecine, n°. 20, 1806, broch. in-8°. de 74 pages. CHyYmMre. _ANNazes de Chymie, ou Recueil de mémoires con- cernant la chymie , les arts qui en dépendent, et spécialement la pharmacie, rédigées par MM. Gux- 454 Livres divers. TON , Moxcr, Berraozzer, Fourcroyx , Aprr, Has- SENFRATZ, VAUQUELIN, Prirur, CnAprar, PAR- MENTIER , Devrux, BouiLLon-Lacrancr, Cor- cer-Descorizs, SEGuInN , tom. VII. À Paris, chez Bernard, libraire de l’Ecole Polytechnique et de celle des Ponts et Chaussées , quai des Augustins , n°, 25. Ce volume, composé des cahiers du premier tri- mestre de 1806 , donne une nouvelle preuve du zèle des auteurs pour enrichir cette collection par leurs travaux et leurs correspondances. On remarque , entre autres morceaux importans ,; des expériences de MM. Fourcroy et Vauquelin,-sur l’isoire frais et V’ivoire. fossile ;:un rapport de M: Berthollet, sur un mémoire dé M. Descotils, concernant les mines de fer spathique; la découverte d’un nouveau principe dans les asperges , par MM. Vauquelin et, Robiquet ; un mémoire de M. Proust , sur le sucre de raisin ; des observations de M. Parmentier ; sur la nouvelle Pharmacopée balave ; un mémoire de M. Hatchett, surune nouvelle substance tannante ; notice des expé- riences faites à la Société Galvanique , par. M. Rif- fault; observations sur l'efficacité des fumigations antiputrides, par MM. Pinel , Desgenettes et Bona- foz; lettres de M. Proust, sur une porcelaine sans kaolin, sur la substance alimentaire d’un lychen (ex- trait du Journal dé chymie de Berlin ); sur l’éther acétique., sur la mine d’alun de Freienwald, etc. Une lettre de M. Dubuisson, sur quelques objets de mi- néralogie ; un mémoire sur l'outremer , par MM. Dé- sormes et Clément, et le rapport qui en a été fait par M. Chaptal à l’Institut national. L'abonnement, franc de port, est de 21 fr. par an pour les départemens, et de 24 fr. pour l'étranger. Livres divers. 499 TECHNOLOGIE. ANNALES des arts et manufactures, par R. O’Reir- LY, de l’Académie de Bologne, etc. VI. année; N°. 69 et 70. À Paris, de l'imprimerie des An- nales, rue J. J. Rousseau, n°. 14. Le 69°. cahier, qui complète le Tome XXIIF°., contient : Suite du mémoire sur la fabrication du fer par le moyen de la houille ; par M. BonnanD. — Nouveau réverbère pour éclairer les villes et les éta- blissemens publics. — Nouveaux murs de terrasse. — Sur la distillation des esprits ardens et du kir- schenwasser, avec une notice sur la distillerie de Ver- soix. — Un moulin à méler le mortier. — Descrip- tion d’un instrument à planter les pommes de terre, — Procédé pour faire durer les voiles, les cordages et les filets. — Description d'un navire à cing mâts, Le numéro 70, premier du Tome XXIV, se compose des mémoires qui suivent: Sur le commerce et l’in- dustrie du département de l Eure ; par M. Masson Sr: AMaAND, préfet, — Fin du mémoire sur les procédés employés en Angleterre pour Le traitement du fer par le moyen de la houille ; par M. BoxnarD. — /?e- cherche des moyens d’obtenir la dessication la plus prompte et la moins dispendieuse pour les opérations de la teinture , avec les plans raisonnés d’une séche- rie; par L. DecaronTaINE. — Sur la fabrication des briques et des pierres artificielles. — Description d’une nouvelle serrure de sûreté. — Observations sur le scellement du fer dans la pierre, et proposition d'employer, pour cet objet, une matière résineuse ; par M. Giczer-Laumonr. — Sur le desséchement des terrains marécaseux et sur l'irrigation. 456 Livres divers. Bvzzerin de la Société d’Encouragement pour l'in dustrie nationale. LV°, année. N°. XXEI. Avril 1806. Ce numéro contient : L’éloge de M. Conté; par M. Deceranmæ. — {Notice sur ur nouveau métier & bas, exécuté par M. Daurry, mécanicien. — ÆRap- port sur les cartons moulés de M. GARDEUR, par MM. Guizer-Laumonr , Monrceozrier et MÉRIMÉE. — Extrait du mémoire de M. Poyréré, de Cère, sur l'amélioration des races de bêtes à laine dans le dé- partement des Landes. POLITIOUVE ConNsIDÉRATIONS relatives à un oUvrage qui a pour «titre : Essai de morale et de politique. Paris, chez Delaunay., palais du Fribunat, deuxième galerie de bois, n°. 248 , 1806, in-8°. de 41 pag. " MorRaALE. * Crerris Tabula sive vitæ human pictura ; græce. Collatis quatuor Codd. Mess. Pariss. cum lectioni- bus Cod. Meibom. iterum emendatam edidit, Jo- hannes Scuwricræuser. Adpersi sunt ad calcem hbelli ,tironum in usum , #/ores nonulli sræcorum poetaum. Argentorati apud Joh: Henr: Heitz, Academ. typogr. et apud societatem Bipontinam. MDCCCVI, 120 pag. Prix, 3 fr. papier fin, grand in-8° ; 2 fr. 25 cent., même papier, in-12,et 1 fr. 50 cent., bon papier ordinaire, in-12. EssAr sur l'art d'être heureux; par Joseph Droz. À Paris, chez Ant. August. Renouard, 1806 , in-18 de 246 pages, broch., pap. ordinaire, 1 fr. 80 c.; et grand pap. vélin , 6 fr. Livres -divérs. 497 On ne croit pas en général que le bonheur peut faire l’objet d’une science; et l’on est tellement persuadé qu'il est le produit de limagination , du -caractère et des circonstances, que rarement on a le courage d'étudier les traités quienscigneut l’art d’être heureux. L'auteur ne se le dissimule point ; mais le désir de se rendre utile l’a emporté sur la crainte de voir son travail négligé. L’essai de M. Droz est di- visé en 22 chapitres, qui, presque tous, peuvent être considérés comme autant de petites dissertations séparées. Cette division a cela d’avantageux qu’elle favorisera la paresse du commun des hommes qui s’effraie d’une lecture soutenue , surtout lorsqu'il s’agit de morale. Si cet ouvrage, qui paroit être le fruit d’une longue expérience et d’une plume exer- cée , ne peut rendre positivement heureux, nous pensons qu’au moins il est propre à inspirer le goût dela vrai sagesse, et à rectifier les défauts, mérite que beaucoup de livres n’ont pas. J. L. M. LzerrTre du sieur Berr-Isaac-Berr, membre du conseil municipal de Nancy, à M, GRÉCOIRE:, sénateur à Paris. À Nancy. 1806. In-8°. Braux-ArRTSs. ANNALES du Musée et de l Ecole moderne des Beaux- Arts. Recueil de gravures au-trait, contenant la collection complète des peintures ‘et sculptures du Musée. Napoléon.; les principaux: ouvrages .de peinture ; sculpture ow projets d'architecture, qui chaque année ont remporté le prix aux concours publics ; ete. etc. ; rédigé par. C. P. LANDON, peintre. Tom. XI, 27°, 6°, livraisons. À Paris, chez l’au- teur, quai Bonaparte, n°. 1, au coin de la rue du Bacq. 1805. \ 458 Livres divers. Ces six livraisons contiennent : /a Vierge du Ro- saire, par Le Dominiquin; — la Vierge, l'Enfant Jésus, S. Joseph et Ste. Catherine, par GarorALo; —5S. Roch dans la prison, par Le Guive; — la Sainte Famille, par le même; — Plan et Elévation de la Halle aux bleds de Paris, par Le Camus ne Mr- ZIÈRES; — /a Statue de Démosthènes , par LE Sueur ; — Hercule entre le Vice et la Vertu, par Latressr; — Laban cherchant des idoles, par La Hire; — Ste. Catherine, par BARTHÉLEMY ; — La Statue de Ci- céron, par Lemor; — /e jeune Spartiate, par Le- BARBIER aîné; — Délila livrant Samson aux Phi- listins , tableau de la galerie du Musée, par Ælexan- dre VÉRONÈSE; — Polymnie, par M. Meyxnier , — Plan et Elévation d'un projet de Boucheries pu- bliques, par M: Barthélemy Viewos , architecte’, — Loth et ses filles conduits par deux anges, et pré- servés de la destruction de Sodome , tableau de,la galerie du Musée , par Paul VÉRoNËSE ; — /°Her- mite endormi, tableau de la galerie du Luxembourg, par M. Vie; —/a Mort d’'Adonis, tableau de la galerie du Musée, par RorTENHAMER } — /a Résur- rection , émail du Musée des monumens français, exécutés par Léonard Limosix , d’après le Prima- tice ; — le Martyre de S. Processe et de S. Marti- nien , tableau de la galerie du Musée ; par Le Va- LENTIN; —/a Mort de Caton , tableau de la galerie du Musée , par Le Brun ; — /4 Mort de Démosthè- nes, par M. Borsseziter; — Deux Sratues , du Musée des monumens français, par Jean Cousix. ATHENÆUM, où Galerie française des productions de tous les arts ; journal entrepris par une société d'Hommes de lettrès et d’ Artistes, et publié par M, Bazrarp, architecle-grareur. N°°, IV et V. Livres divers. 459 A Paris, à: la Chalcographie des monumens de Pa- ris, rue du Bacq, n°. 100. An 1806. Le quatrième cahier contient les sujets suivans : I. Salle du 14°. siècle au Musée des monumens français. Les décorations de cette salle sont en grande partie formées des, débris de la Sainte -Chapelle de Paris. Des ogives, des culs de-lampe gothiques, des figures bizarres, etc. composent ces décorations. On y voit aussi les douze apôtres de grandeur naturelle et dessimple pierre. Le monument le plus considé- rable de cette salle est le tombeau de Charles F, dit le Sage, et de Jeanne de Bourbon sa femme. L’un et l’autre sont couchés sur un cénotaphe composé de divers débris du même temps. Le véritable tombeau de Charles V n'existe plus ; on doit le regretter d'autant plus qu'il avoit été fait par ses “it et sous ses yeux. Au dessus du cénotaphe de Charles V se trouve le modèle en pierre d’un édifice gothique, surmonté d’un grand nombre de tours aigues. Ce modèle très-curieux a été tiré de l’église de Saint- Denis. Dans les murs de la salle sont incrustés plusieurs bas-reliefs, dont quelques-uns ont été re- couverts de peinture. De grandes statues de saints , en pierre de liais, sont placées des deux côtés des bas-reliefs, soutenues par des culs-de-lampe ornés d’ arabesques. Plusieurs niches formées par des ogives en pierre renferment des statues de chevaliers, de- bout. IL. Vue du Château de Saint-Cloud, prise des bauteurs. vis-à-vis le fer à cheval. HL Aonumens celtiques. IV. Un Pavé en mosaïque à la manière antique pour le palais des Tuileries. Les gravures qui composent ce numéro, et les dé- 460 ‘Livres divers: tails qui les accompagnent , offrent le plus grand intérêt. Les sujets qui composent le cinquième cahier sont : L Projet d'un Elysée ou Monument sépuleral, Ce projet donné par M. J. NV. Jomarp, a concouru pour le prix proposé par l’Académie d° At iitectures Son plan paroît neuf et d’un effet très-pittoresque. IT. Vue du désert de la Grande-Chartreuse près de Grenoble ,en y allant par $.-Laurent-de-Pont. On voit sur le premier plan les cascades naturelles que fornre le Guyer-mort. On aperçoit ensuite quelques cabanes et le pont aui est appuyé de chaque côté sur un ro- cher ; enfin, dans le lointain les deux hautes mon re qui aan le lit du torrent. Des sapins ; aa pins et des hêtres couronnent ces montagnes. Le dessin ; qui est de M. Couturier ; artiste , a élé communiqué à l'éditeur par madame Fourcroy , épouse de M. le directeur- général de l'instruction publique. | LL. Les Arts. Le sujet a cètte gravure est le V°. chant du poëme de l’Imagination. On a essayé d’y retracer l’idée de M. Delille, qui se figure voir tous les chéfs-d’œuyres des arts réunis sous un por- tique. IV. Costume d’un Roi de la première race. La sta- tue que représente cette planche étoit placée à Cor- beille sur la porte d’une église. HISTOIRE. A. KzUIT, Historie der Hollandsche Staatsreperins , etc. C'est-à-dire, Histoire du Gouvernement hollan- dais jusqu’en 1395, où Examen hislorique et poli- tique , dans quel sens , durant le Gouvernément républicain , les États de Hollande ont été les repré- Livres divers. 461 sentans souverains légitimes de tout le peuple hol- landais ou de l’universalité de la nation, avec beaucoup de pièces justificatives inédites ; par Adrien Kru1r. 3 vol in-8°., le 1°". de 520, le 2°. de 547, le 3°. de 556 pag. À Amsterdam, chez Brave. 1802 et 1803. Cet ouvrage est le fruit du loisir que procura à M. Kiuir, un des plus laborieux historiographes ba- taves, sa destitution de sa place de professeur d’his- toire, particulièrement diplomatique, des Provinces- Unies en 1795, destitution heureusement révoquée en 1802. M. Kluit ne veut pas que la véritable re- présention nationale appartienne exclusivement en Hollande- à ces derniers temps d’ larg révolu- tionnaire, et il la fait remonter jusqu’au 16°. siècle, peu après l’abjuration de Philippe IE, système qu’il prouve avoir professé dès 1784. Cet ouvrage est un tissu tellement serré de raisonnemens et de faits, que, dans la crainte de le démembrer, nous nous bornons à cette annonce, suffisante, eu égard surtout à la juste célébrité de Pauteur, pour exciter la cu riosité de ceux qu’il seroit capable d’intéresser. - PH M. ANTIQUITÉS. Gu1zErtE antique, où Collection'des Chefs-d’œuvres d’ Architecture, de Sculpture et de Peinture anti- ques ; gravée au trait par M. BouTrors, et accom- pagnée d’un texte historique et descriptif, par M. LEGRAND, architecte des monumens publics. In-fol. Première division. La Grèce. 2°. livraison. Paris, chez Treuttel et Iürtz, libraires , rue de Lille, n°. 17; et à Strasbourg, même maison de com- merce , rue des Serruriers, n°. 3. 462 Livres divers. Nous avons annoncé le Prospectus et la première livraison de cet ouvrage, n°. de mai, p. 228. Cette seconde livraison contient , ainsi que la pre- mière, huit planches représentant 1°. une partie des bas-reliefs qui décoroient la CeZZa du Parthenon , ou temple de Minerve ; 2°. quatre des Métopés de sa façade; et 3°. ce qui existoit il y a 120 ans environ de la belle sculpture en ronde bosse de ses fron- tons. Toutes ces sculptures, exécutées sous la direc- tion de Phidias, sont du plus beau style grec et d’an grand intérêt pour les sujets qu’ils représen- tent , pour les costumes, la nature des chevaux et mille autres détails où les artistes peuvent trouver de l'instruction et des modeles. Le texte se com- ose de la traduction de la préface du livre des /n- tiquités d'Athènes, par S{uard et Revett, peintre et architecte anglais, dont les planches de la galerie antique sont une réduction fidèle. Cette préface ren- ferme tout le plan de Pouvrage et beaucoup d’éru- dition ; elle est suivie d’un abrégé de la vie de Pé- riclès, où ce grand homme est peint d’après Plutar- que, avec les couleurs propres à faire ressortir ses talens et l'énergie de son caractère, Cette partie du texte est terminée par une dis- sertation sur le Parthenon et sur les divers genres de beautés dont il offre le modèle aux artistes; ce morceau est entièrement neuf et contient des obser- vations curieuses et inédites sur plusieurs parties de cette belle sculpture ; il est rédigé d’après des ob- servations communiquées à M. Levrand , auteur de ce texte, par M. Fauvel qui a moulé lui-même ces bellestsculptures, dont une partie est à la salle des Antiques de l’école de peinture, et l’autre dans la belle collection de M. Cuoiseur-Gourrier, membre de l’Institut, cet amateur éclairé des beaux-arts, à Livres divers, 463 qui l’on doit l'avantage de posséder à Paris, et ces plätres et plusieurs morceaux originaux que l’on admire au Musée Napoléon et dans son cabinet. La Galerie antique se publie par livraisons de huit planches et de quelque feuilles de texte; il en paroît une livraison tous les mois. Prix de chaque sur papier ordinaire, 8 fr., et sur papier d'Hol- lande, 12 fr. 11 y en a quelques exemplaires au lavis à l'encre de la Chine; prix, 40 fr. la livraison. ANTIQUITÉS d’Herculanum , gravées par Th. Prrozt, avec une explication par S. Ph. CHAuDÉ, et publiées par F. et P. Pinanesr frères. XXIV°. et XXV°. livraison. A Paris, chez Piranesi frères, place du Tribunat, n°. 1354. Le XXIV®. cahier fait : suite à la collection de Lampes, commencée dans le cahier précédent. Quel- ques planches offrent des Lampadaires et des Tré- pieds servant de support à des lampes. La XXV°. livraison comprend une suite de Lam= padaires et plusieurs planches de Candélabres. Les Monumens antiques du Musée Napoléon , gra- vés par Thomas Pirozt, avec une explication par M. Louis PeriT-Rapez, publiés par F. et P. Pira- nes frères. XXV°.et XXVI°. livraisons. A Paris, place du palais du Tribunat, rue Saint-Honoré, n°. 1354. 1806. Ce XXV°. cahier, qui commence le tome qua- trième, offre un Romain sacrifiant ; — deux Pré- tresses ou Vestales ; — un Ministre de Mithras ; — les Panathénées ; — un sacrifice appelé Szovetau- rilia ; — et des Chœurs musicaux. Le XXVI°. cahier contient : un Sacrifice à Mi- 464 Livres divers. nerve; une Libation; — un Trépied d’ Apollon ; — un autre Zrépied tiré du Capitole; — un Autel de Mars ; — Trois Candélabres ; — un Siége de Cé- rès, et un autre de Bacchus. * Monumens antiques inédits ou nouvellement ex pliqués.: Collection de statues, bas-reliefs, bustes , peintures, mosaiques , gravures ,' vases , insCrip= tions et instrumens , tirés des collections nationales et particulières , et accompagnés d’un texte expli- catif; par À. L. Mirzin, membre de l’Institut et de la Légion d'honneur, conservateur des médailles, des pierres gravées et des antiques de la Bibliothé- que impériale de France, professeur d'histoire et -d’antiquités , ete. Tome IT, 6°. livraison. A Paris, chez Laroche, rue Neuve-des-Petits-Champs, n°. - 12, au coin de celle de la Loi; Z'Aurneisen, rue de - Seine, hôtel de la Rochefoucault ; 7reuttel et - Würtz, rue de Lille; Desray, rue Haute-feuille n°. 4. Cette livraison , qui termine le second volume de cet ouvrage de M. Mira, contient, 1°. une dissertation sur l’octogone de Montmorillon, situé à neuf lieues de Poitiers ; cet édifice, que Montfaucon, et d’autres auteurs ont cru être un temple de Druides, n’est qu’une église du 10°. ou du 11°. siècle; et les statues bizarres placées au-dessus de la porte d’entrée, re- gardées, selon l’opinion commune, comme gauloi- ses, sont des figures de saints et d’évangélistes , ainsi qu’on pourra s’en convaincre par les gravures fidèles de l'édifice, et de ces statues et de quelques-uns des modillons que M. Millin a fait figurer sur les sept planches jointes à ce mémoire ; 2°. la description d’un vase grec-de la collection de M, le chanoine PEN Los - rhone fi dt. Livres divers. 465 Zuppi à Naples, dont la peinturé représente Oreste suppliant; 3°. la description d'un Diptyque curieux qui renferme un missel de la fête des fous, lequél est éonservé dans la bibliothéque de Sens : cette descrip tion est accompagnée d’une notice de ce missel et de la fête des fous ; outre les deux gravures qui offrent les deux faces du Diptyque, M. Millin a joint à cette dissertation la musique de la fameuse prose de l’âne. Gette livraison est terminée par quatre tables, celle destrente-un articles, celle des cinquante-deux plan- ches, celle des auteurset celle des matières que contient le second volume. A la tête de cette méme livraison se trouve la feuille qui comprend le titre du volume et la dédicace au savant ét célèbre antiquaire M, isconti. Ceite feuille doit être reliée en tête du volume. Chaque volume de cet ouvrage, imprimé à l’Zm- Primerie impériale, sur beau papier, est composé de Cinquante feuilles dé texte, d’au moins quarante planches, et distribué en sixlivraisons. Chaquelivrai= son coûte 6 fr. prise à Paris, et 6 fr. 6o cent. franche de’ port dans ies départemens. PEINTURE. Gazrrre de Rubens, dite du Luxembourg, de for- mat grand in-folio, avec Le texte hiothque et faisant suite aux Galeries de Florence et du Palais- ” Royal. A Paris, chez Desève, dessinateur et gra- veur, rue des F ossés-Saint-Jacques, n°. 1, au coin de celle duF aubourgSt.-Jacques. [IL°. livraison ( 1). " (1) Le prix de chaque livraison est » pour les figures en noir avec le texte, de 8 fr: ; pour les épreuves en couleur, 46 fr. ; pour les figures avant la lettre, en noir, dont il y a dôuze exemplaires, 18 fr:; pour les figures avant la lettre, en couleur, dont il y a également douze exemplaires, 36 fr. | On paye en retirant chaque livraison , et rien d'avance. T°. III. Juin 1806. Gg 166 Livres divers. Cet ouvrage dont nous ayons déjà annoncé les deux premières livraisons, sera toujours mis au nombre des collections les plus précieuses, et nous paroît digne d’être recherché, soit pour ce qui en fait l’objet, soit pour la belle exécution des planches. Cette troisième livraison contient deux gravures : le Portrait de Rubens, avec une nolice très-hien faite sur la vie de ce peintre célèbre, sûr sa manière et sur ses défauts , ou du moins sur ceux qu’on a cru pouvoir lui reprocher. L'autre gravure représente le moment où deux Génies offrent le portrait de Marie de Médicis à Henri IV, qui paroit délibérer sur son choix. Cet ouvrage sera publié en treize kvraisons, qi paroîtront successivement de mois en mois, soit en. couleur, soit en noir; des estampes en couleur re- présentent, autamt que possible, les superbes cou- leurs de Rubens, -et donnent une juste idée des ta- bleaux déposés dis la Galerie du Luxembourg. Chaque livraison est composée de deux estampes et d’une feuille d'impression au moins. Le texte est ré- digé par M. Moithei, arliste, revu par M. Castel, auteur du Poëme ‘des Plantes, etc., et imprimé par Ch. Crapelet. ‘sur ses beaux caractères. L'impression des co: soit en couleur, soit en noir, est confiée à M. Finot, avantageusement connu. Le texte et les figures sont tirés sur de très-beau papier vélir ‘et saliné. Porstre. *, PoérieuE anglaise; par M. HEexNeT, membre de . da Légion d'honneur. 3 vol. in-8°. À Paris, chez Théophile Barrois , fils, libraire, quai Voltaire, n°. 3. Prix, 13 fr. 50 cent., et 18 fr. franc de port. La BarTaizzz d’Austerlit:, poëme en dix chants, um Livres divers. 467 Paris, chez Allais , libraire, quai des Augustins, et La Jonehère, palais du Tribunat. 1 vol. in-8°. Prix, 2 fr., et 2 fr. 50 cent. franc de port. On pouvoit traiter mieux un si noble sujet. Romans. VoxAce d’'Almuza dans l’île de la Vérité ; imita- tion de l’allemand ; par J. B. Dusois et Girard Prorrrac; 2 vol. in-12. À Paris, chez Capelle et Renand, Libraires, rue J. J. Rousseau. Eh bien! lecteur, qu’en pensez-vous? Z’fle de la Vérité n’offre-t-elle pas un séjour effrayant ? chacun doit y trouver son compte. Vous hésitez ? allons, courage : et partons. Ailmusza ; fils du sultan de Charesmie , s’égare. IL rencontre un vieillard, c’est Mottalem , qui le con- duit dans sa chaumière pour y passer la nuit; il y trouve Héli. Almuza s’'enflamme pour elle, et je le crois; vous, mui , nous en eussions tous fait autant ; puisque cette Mél est le bonheur, est la félicité. — Vous vérrez! — Almuza revient à la Cour de son père; son cœur étoit troublé et brûlant; il ne son- geoit qu’à la chaumière du berger Motialemt Il s’é- chappe un jour pour la revoir; quelle fut sa sur- prise !. Mottalem et sa fille avoient fui; ils s’étoient retirés en Perse. Almuza obtient de son père la per- mission de voyager pour se distraire de sa douleur ; il s'embarque , fait nauffrage, et se sauve seul dans l'Ile de la Vérité. Le génie Orad lui fait présent d’une bague salutaire , qui doit l’avertir par une pi- qûre de ses mensonges et de ceux qu’on lui fera. Tan- tôt enlevé sur les aîles du bel-oiseau de l'Espérance; tantôt chevauchant sur le coursier des passions ; tan- tôt volant dans un nuage, Il seroit trop long de sui- 468 Livres divers. vre ses courses et de répéter ses expériences. Les faux amis, les débauchés, les poëtes, les parvenus, les misérables; personne n’est oublié dans cette revue. Les disciples, d'Hippocrate qui n’écoutent trop | sou- vent que la mode dans les ordonnances qu’ils don- nent; les métaphysiciens qui expliquent tout sans rien comprendre., et beaucoup d’autres personnages, sont aperçus et Jugés. Le cadre de cette critique est, comme on voit, heureux et agréable. Peut-être , pour:le remplir en- tièrement , eût-il exigé la perspicacité de l’auteur de Gilblas , et surtout son style. La raison même à tort quand elle ne plait pas. LACHAUSSÉE. Cependant on ne peut pas dire que MM. Drois et Proprrac aient mal traité cet ouvrage, qu'ils pré- tendent avoir 2mité de Vallemand. Quelques peintures en sont vives et naturelles. IL seroit à désirer que la diction de ce romen fut aussi brillante que la fic- tion en est remarquable. Chacun de ses chapitres pré- sente de bonnes moralités et d'excellentes allégories. Quand Almuza a tout vu; tout apprécié, quand il a sondé tous les cœurs et consulté toutes les bouches; quand il à couru trop souvent après de trompeuses Héli, qui s’évanouissent dès que sa‘bague les touche; il prie le génie Orad, ministre de la vérité, de ter- iner les épreuves et de lui rendre celle qui doit faire son bonheur. A peine il achève sa prière, qu’il tombe sur la terre, et se retrouve dans sa patrie , où Motialem est revenu avec sa fille; il les revoit, dé: sire être berger, refuse:le trône , vaquant par la mort de sonpère, et épouse Pinnocente et modeste Héli, — La fête de l’hymen est simple et champêtre. Les époux restent seuls. « J’essayerois en vain ; dit l’an- » Livres divers. 469 teur , de tracer la scène qui suivit : Almuza fixoit Héli, mais n’osoit en approcher; Héli restoit à l'endroit où Mottalem l’avoit quitiée. Voilà bien le tableau du véritable amour, respectueux et ti- mide; c’est alors qu’on arrive au bonheur par toutes les routes graduées du plaisir; l'embarras, la crainte , les refus, les combats qui mènent à la plus douce des victoires. » Le lendemain Héli ne 2 A . 1 peut s’empécher de rougir en revoyant son père ; Mot- talem fit semblant de ne pas s’en apercevoir ; et dans un discours qu'il adresse à son fils, il lui dit: « Tu as » .} 2) » » » » » vu partout Héli dans ton voyage; c'est qu'Héli étoit pour toi le vrai bonheur, et que la Vérité, à chaque épreuve faite sur toi, ne pouvoit mieux choisir pour t’entrainer que l’image du seul objet de tes pensées. C’est ainsi que tout mortel séduit , soit-par la volupté, soit par des arts inutiles, voit toujours pour but le vrai bonheur qu'il désire, et chacun le voit sous la forme qui lui plaît le mieux. — Connois dès ce jour, Ô mon fils! le vrai bon- heur : ilest dans l’asyle de la vertu, sous le chaume; dans les bras d’une épouse vertüucuse, auprès d'un bon père , et loin du spectacle de toutes les folles - passions des hommes. Goûte la volupté pure de l'amour ; respecte un Dieu visible pour ton âme , suis la religion sacrée; aime les sciences et lesarts, mais.ne te donne exclusivement qu’à ton Héli, qui est pour toi la félicité, l’épouse du cœur. » Les livres ne font ni bien ni mal, disoit Voltaire: il est vrai qu’ils font peu de bien ,, mais ils peuvent faire beaucoup de mal. Heureux les auteurs dont on n’a point. à! se plaindre. Quel éloge pour leur ou- vrage ! celui-ci enseigne à être juste, à être bon, à aimer. la retraite, à être fidèle à la compagne qu'on s’est choisie, par qui on doit se voir revivre dans une 470 Livres divers. nombreuse postérité. Aussi quoique le livre ne soit qu’un conte semblable à ceux des Mille et une Nuit , on peut sans crainte prédire avec Piron , que La mère en prescrira la lecture à sa fille. Du moins si elle ne la prescrit pas, elle la permettra ; et quel triomphe, digne d'envie, pour un romancier. Aug. »E L. MELANGES. Parsons and GazieNaNrs british library in verse and prose , etc. C'est-à-dire: BrrzI0THÉQUE Bri- tannique de PARSONS et GALIGNANT, en vers et en prose, ou Collection des meilleurs Auteurs anglais , la plus étendue qui ait paru jusqu'ici, même en Angleterre, N°. 41 et 42. In-12. Paris, chez Parsons, Galignani et C°., rue Vivienne. Le premier des deux numéros contient : /es Visions, poëme burlesque de Vathanaël Corron, et une No- tice biographique sur ce poëte. L'autre est une conti- _nuation des Æssais de Hüwe. Co.ne Civir. Cor Nuarozéon, 11°. partie, Procédure Civile , (seule Edition avec des Sommaires ) imprimé sur le éexte original et officiel de l’Tmprimerie Impériale , précédé de Sommaires à chaque article où numéro, qui en indiquent clairement le contenu , et terminé par une Table des Matières très-détaillée , par ordre alphabétique ; par M. Levasseur. Prix br., in-8°. , 3 fr., et franc de port 3 fr. 80 cent.; in-12, 2 fr., et 2 fr. 60 cent. franc de port; 27-18, à fr. 50 cent. , et 2 fr. franc de port. À Paris, chez la Veuve Gueffier, rue Gallande, n°. 61, et chez Delance, rue des Mathurins , hôtel Cluny. ex 0 TABLE DES MATIÈRES. ASTRONOMIE. Prix d'Astronomie décerné par l’Institut à M. Svanberg, suédois. 200 GÉoLoGtE. Proposilions géologiques pour servir d'introduction à un ouvrage sur les Elémens de la Chorographie, etc. etc. ; par Henri-Gottfried Oberlin. MINÉRALOGIE, Cabinet de Minéraux du docteur Kreylon. 440 169 Journal des Mines, ou Recueil de Mémoires sur l'Exploi- tation des Mines, elc.; par MM. Coquebert-Montbret, Haüy, Vauquelin, Baillet, Brochant , Fremery et Collet- Descotils. 439 BOTANIQUE. Vertu singulière d’une plante nommée Matrunka. 169 Double Flore , ou Description des plantes qui croissent na- turellement aux environs de Paris ; par J. D. D.... 206 Jardin de Berlin, où Figures et Descriplions des plantes rares et peu connues qui sont cullivées dans le jardin royal de botanique de Berlin ; par M. Willdenow. 208 Novæ Hollandiæ plantarum specimen ; auciore Jacobo- Juliano Labillardière. Zo00LOGTE. Découverte d’un squelette complet d’éléphant. 169 Squelette pétrifié, trouvé en Angleterre, dans le comté de Glocester. if 44 402 .. L Histoire naturelle de la Taupe, ses espèces et ses varié- tés, par J. P. Buc’hoz. : 441 IcCHTYOLOGIE Catalogue de quelques poissons du Japon. 182 472 Table des matières. AR® VÉTÉRINAIRE. 4% | Observations sur un Mémoire relatif à PArtv VétErDaiTe. 364 Mémoires vétérinaires sur la manière de réduire les frac- tures des jambes des chev aux , etc. ; par J.P. Buc hoz. 453 Puy s1QUE.! Expériences relatives à la chaleur de l’intérieur de la _ terre, 160 Journal de Physique, de Chymie et d'Histoire naturelle et des Arts; par J. C. de Lamétherie. 436 Nouveau Dictionnaire de Physique, etc. ; par A: Libes. 457 CHYMIE Anmales de Chymie, rédigées par MM. FAR Monge, Berthollet, Fourcroy, etc. etc. 45 ANATOMIE. Sectiones Cadaverum Pathologicæ, eruditorum examini sub- mittit C. Joann. Xneppelhout. 209 Ecole pour les préparations anatomiques, modelées en cire , établie à Rouen. | 428 MÉDECINE. Journal de Médecine, Chirurgie, Pharmacie , etc. ; par MM. Corvisart, Le Roux et Boyer. 209. 451 De l'influence de la nuit sur les malades, etc. 446 Moyens de conserver la santé des habitans des campagries, etc.; pdr madamé Gacon-Dufour. 452 MAGNÉTISME ç) Expériences relatives au Magnétisme ; par le professeur Ritter. 160 VA CcCcINE. Séance publique de laSociété de Vaccine d'Amsterdam. 403 Médaille frappée pour l’Encouragement de la Vaccine ; sa description. ; 162 PHYs10LOGIE. à Essai sur la strugture et:les fonctions du foie ; ; par Charles- Guillaume Vbersaal. du 4&z BE ET TES ET ET RE DORE RTE DR UT ee OU TE Table des matières. 473 Des Monstruosités et Bizarreries de là nature , etc. etc. ; * par G. Jouard. 445 ODONTOLOGCIE De la Sémiologie buccale, ou Exposé des signes qu’on trouve à la bouche, etc. etc.; par L. Laforgue. 446 MÉCANIQUE. Machine nouvelle inventée par M. Dodemant , professeur à Lyon. 428 TECHNOLOGIE. Société d'Enconragement pour l'Industrie, nationale ; prix proposés par elle pour l’année 1807 et 1808. 187 Annales des Arts et des Manufactures; par R. O’Reilly. 455 Bulletin de la Société d'encouragement pour l’Induslriena- tionale. IV‘. année, n° 22e 456 AGRICULTURE: Culture de YIndigo introduite dans le département de Vau'- cluse. 423 PoLiTiquE. Considérations relatives à un ouvrage qui a pour titre : Essai de morale et de politique. 456 FINANCES. Sur la Banque de France, les causes de la crise qu’elle a éprouvée, et les moyens d'en prévenir le retour; par M. Dupont ( de Nemours). 210 Des différentes Banques de l’Europe. 211 MORALE. Elémens de Morale à l’usage des maisons d'éducation; par M. l'abbé Cassegrain. 7 914 Traité sur la Phÿsionomie par le sophiste Adamañtihs; suivi d’un éloge de Lavater, comparé avec Diderot; par M. Meister. 239 Cebetis tabula sive vitæ humanæ pictura , etc. 486 Essai sur l’art d’être heureux; par Joseph Droz. Hbid. 474 Table des matières. MORALE RELIGIEUSE. à Ascétique, ou la Connoissance des moyens de vivre dans le bonheur et la sainteté ; par Ewald Xist. Lu, 240 " GÉOGRAPHIE. Riche collection de Cartes géographiques de M. Schulz, dé- posée à la Bibliothéque de l’université de Halle, 372 ToPOGRAPHIE. Carte topographique de la Suisse, levée par des Ingénieurs français. 417 VoyaAces. Copie d’une Lettre écrite d'Athènes le, 20 frimaire an XIV, par M. Fauvel, à M. Barbié du Bocage. 116 Voyage de M. Benjamin Bergmann dans le Thibet. 169 Nouvelles de l'ambassade russe en Chine; vaccine propagée dans le Mogol par M. Rehmann; petité pharmacie porta- tive en usage au Thibet, 169. 170. 408 Lettres du docteur Langsdorf. , relatives à son voyage au Japon. 171 Voyages en Italie et en Sicile; par M. Creuzé de Lesser. 318 CHRONOLOGIE. Concordance de lère des Français; décrétée le 5 octobre 1795 , avec les années du Calendrier grégorien, depuis le 1°. vendémiaire an 11 jusqu'au 1°. pluviose an xxvI inclusivement ; par L. M***. 213 HY3STOIRE. De la Demande du Consulat, où Essai sur la Candidature, adressé à Marcus Tullius Cicéron par son frère Quintus ; suivi des fragmens du discours prononcé par Cicéron sur sa Candidature ; traduits par Eusèbe Salverte. 5 Monumens français inédits, pour servir à l’h’-toire des Arts , etc.; dessinés, coloriés, gravés et rédigés par N, X. Willemin. 223 Description de Paris ct de ses Monumens , etc ete.; par J.G. Legrand. À 225 hs mn) Lai srties ot ns. Cote del a Si à : : Table des matières. 475 Notice sur les Poëtes Alsaciens ; par M. Arnold. 241" Histoire de la Chüûte de la:dynastie des Ommiades et de lavénement des Abbassides au Khalifat. 282 Histoire du Gouvernement hollandais, etc.; par Adrien K luit. 460 MYTHOLOGIE. Les Monumens antiques expliqués par la mythologie, en forme de dictionnaire ; publiés, dessinés et gravés par Laurent Guyot ; rédigé par Alexandre Lenoir. T.I. 214 ANTIQUITÉS ET ARCHÆOLOGIE:. Galeri ie antique, où Collection des "chefs-d'œuvres d’archi- teclure , de sculpture et de peinture antiques. 228. 461 Antiquités d'Herculanum, gravées par Th. Piroli. 229. 463 Les Monumens antiques du Musée Napoléon, gravés par le même. Ibid. Question intéressante d’antiquité à résoudre, proposée par le programme de l’université de Copenhague. 406 Note sur le Muséum du Vatican. 420 Monumens autiques inédits ou nouvellement expliqués ; par M. À. L. Millin. 46% NÉCROLOGIE ET BIOGRAPHIE. Notice sur la Vie et les Ouvrages, tant imprimés que ma- nuscrits, du P. Houbigant , de l'Oratoire. 125 Note biographique sur I. M. Cels , membre de l'Institut. 428 Notice biographique sur M. Remacle Zsssoir. 429 Mort de M. F. de Sonnenberg , poëte allemand. 159 Mort de M. Côme Colini, directeur du cabinet d'histoire naturelle de Manheim, 159 Notice biographique sur Frédéric-Auguste duc Cd R Œls ; note de ses ouvrages. 163 Mort d’Elizabeth Carter, poëte anglais, et de la savante duchesse de Devonshire. 192 Note biographique sur M. Barry, peintre de l’école an- glaise. 401 476 Table des matières. ‘Mort de M: Rung, médecin du roi de Stède! : 406: Mort du-professeur Philippe-Gabriel PE M médecin du roi de Danemarek. wi 407 Mort de Jean. Nieuwénhuysen!, fondateur de la Société ba- tave. han 163 Mort du professeur Frédéric-Guilltume Pestel, à Leyde ; noté sur ses ouvrages. . 155 Mort de M. Piérre Van Damme ; vente de sa belle biblio- #théque et de son riche cabinet. 157 Mort de M. Christian Brurings , fameux hydrauliste hol- - Jandaïs; son monument sépülcral, et sôn éloge proposé pour sujet de prix. 158 Extrait d’une notice sur la vie et les ouvrages de Joseph * Fratrel, peintre français; par M. de Klein. 360 Mort du célèbre professeur Christophe Saxe, a Utrecht. 403 Mort de la savante düchesse Julienne Giovane. 162 Détails biographiques sur M. Herman Cannegicter , et M.J. P. Klein ; par le professeur Te Water. 40% BiBLIOGRATHIE. Cours élémentaire de Bibliographie; par M. Æchard. 227 HisToiRE LITTÉRAIRE. | Institut de France. Séance publique de la Classe d'histoire ‘et de la littérature ancienne. 185 76°. séance publique de l’Athénée des arts de Paris. 194 Académie des jeux floraux rétablie à Toulouse ; prix pro- posés par elle. 424 Inauguration du buste de Clémence Zsaure. 425 MM. Lacépède et Cuvier nommés membres de la Société royalegle Londres. 431 Lettre du sieur Berr-Isaac-Berr, à M. Grégoire, sénateur. 457 L'Institut de Génes change son nom en celui d’Æcadémie impériale. 427 Rentrée et succès du jeune Roscius au théâtre de Drury- Lane. 152 »“ : Table des matières. 477 Usage particulier établi dans V'école, de Saint-Pierre, à Westminsler. Le e Ibid. Société batave : prix décerné par ee à M. Visser : rappel du poële HAUUr el sOHsCrIELUR proposée en sa fa- | veur, à 153 Société teylérienne de Harlem : prix proposé par elle. 154 Société nationale d'Economie des Pays-Bas’ , séante à Har- ete prix adjugés par elle à M. Zuiscius, de Delft, ét à M. J. de Vries. . 155 Séances de la Société de littérature hollandaise de Leyde. : : 157. 404 - Résignalion du rectorat de l’aniversité d'Utrecht par M. Van * Geuns, à M. Phil. Guill. Van Heusde. "| 403 Succès de la doctrine du docteur Gall ; à Amsterdam et à , Leyde. 403 Prix proposés par la Société de Goerlitz. : 199 Séance de l’Académie des sciences uliles à Erfort. 166 Voyage aérostatique de M. Jungius, .de Berlin. 371 Don fait à la bibliothéque de Halle par. la veuve de M. le chancelier Hofmann. 373 Distribution des prix de l'université de Gœttingue , fixée au mois d'août. 373 “Notice sur les Iravaux des membres de luniversité et de l'académie de Gættingue, pendant le cours de 1805. 374 Séance de la Société royale des sciences de Copenhague. 407 Legs fait par un Danois pour deux prix, annuels à adjuger aux deux meilleurs sermons. | L 407 Prix adjugé par l’Académie impér jale d'Exlangen, à à M, Guil- feld, médecin. 408 l'hs particulier établi par PAcadémie ire sciences de Pé- tersbourg. 3 169 Histoire de l’Académie impériale des sciences de Péters- bourg , pendant l'année 1804. è . 409 Paysan russe né aveugle et poète, ri 408 478 Table des matières. Sociéié savante dé Bombay ; nole à son occasion. 422 Société économique établie aux îles de Bahama. 423 © LITTÉRATURE ORIENTALE. Recherches asiatiques , ox Mémoires de la Société établie au Bengale , etc. ; trad. de Panglais par A. Labaume, etc. 303 LITTÉRATURE SACGRÉE. Commentaire de l'Epiître de saint Paul aux Romains; par Paul Bosveld. gs 216 Ïsaie traduit et expliqué par J.:H. Jan der Palm. 217 LANGUES SEPTENTRIONALES. Analyse de la nouvelle édition des Fragmens d’'Ulfilas , pu- bliée par M. Zahn. ! ! 61 LANGUE ANGLAISE. À Dissertation on Language, etc. - 69 LANGUE RUSSE. ‘Projet de règles pour la manière d'écrire les mots russes avec des caractères étrangers. :° 7408 POÉSIE LATINE. | Deliciæ poëticæ , edente Theodoro Fan Kooten. Fasc. 8. 230 POÉSIE FRANÇAISE. Réponse de Voltaire à une dame qui reprochoit à La Dix- merié d’avoir maltraité dans ses Contes les femmes de quarante ans. L 150 Le nouveau Parnasse chrétien, ou Choix des meilleures Poésies chrétiennes. 231 Œuvres complètes de Gilbert. 283 Le Voyage du Poëte, poëme ; par J. B. de Saint-Victor. 325 Traduction de la onzième Elégie de Tibulle ; par M. Xéri- valant. 3 La Bataille d’Austerlitz, poëme. 467 POÉSIE ANGLAISE. Poëtique anglaise, par M. Hennet, 467 Table des matièresi 47d : POÉSIE ALLEMANDE. Les Odes d’Horace, imilées en vers Nbr ur" par Pierre Van Winter. 237 PHILOLOGIE.. Lettre deM.F.S, F.à M. Millin, sur les Lettres de Paie. a%. - BEAUx-ARTS. Sur la Galerie de Salzthalen, et l’état des Beaux-Arts à Bruns- wick; par M. Bruun-Neergaard. 83 Riche et nombreuse collection de manuscrits, médailles , monnoies, armes et autres monumens orientaux du major * Ouseley. . ; 151 Vies et Œuvres des Peintres les plus célèbres de toutes les éceles; publiées par C. P. Landon. 22%. Étiienæum, où Galerie française dés productions de tous les arts , publiée par M: Baltard. 222. 458 Exposition par J Académie des Beaux-Arts de Dresde..404 Vente à Stockholm'de tableauxetd’ouvrages de sculpture. 406 Note sur l’Académie de France à Rome. 418 Concours proposé par l’Académie royale des Beaux-Arts de Milan. 42x Annales du Musée et de l'Ecole moderne des beaux-arts; * par C. P. Landon. He 457 PEINTURE. Tableau de M. Devosge, de Dijon ; sa descriplion. , 185 Corrections ‘et additions pour un ouvrage de M.Fiorillo, sur l’histoire de la peintureen Francé'; par M. Neergaard. 532 Galerie de Rubens, dite du Luxembourg, etc... + 465 ' Mus1QueE Nouvelle Composition de Chérubini; son succès à Vienne. 168 Idées sur la Musique, et particulièrement sur le Mode hel- lénique, etc.; par M. Fabre-d’'Olivet. 297, THÉATRES DE PARIS. THÉATRE DE L'OPÉRA Nephtali, ou les Ammonites. 200 480 Table des matières: © THÉATRE, DE L’'IMPRÉRAMRICE. Le Père rival, où l’Amant par vânité ; par M. Dupaty. 20% Ia Comédie aux Champs-Elysées. 202 Un Jeu de fortune , ou: Lex Menanmes, comédie, par M. Picard." 432 Témoignage de satisfaction. donné mass. M. l'Empereur à - M: Picard ; à Yotcasion de la pièce: précédente, : :434 OPÉRA-ComiIQusz: / Uthäl , opéra-imité d’Ossian. 1) 648 THÉATRE DU VAUDEVILLE. Rubens dans sa jeunesse. 203 Ea Belle Hôtesse. |, 20% Agrès Sorel, par MM. Bouilly et dB Ibid. Brutal} parodie ;:par MM. Pain et Vieillard. 434 Noir.et Blanc; par MM. Vreillard et ** * | Jbid. Voltaire chez Ninon; par MM. Moreau,el Lafortelle. Ibid. É THÉATRES ÉTRANGERS. BErz1N. — La Fiancée de Messine, tragédie de Schëller. 370 M: et madame Tatillon ; de Picard, jouée sous le titre des :Brouillons pacifiques. Ibid. Le Retour dans la Patrie, drame. ! Mb Ibid, Là Phèdre de Racine, traduile de Schiller ; et jouée sur le même théâtre. . | 371 Richard.:Cœur-de-Lion ; opéra: Ibid. Drespde.—-Blänche de Torédo, drame; par Théod. ele. 401) : Rom 4 Nes. Madame de Maintenow, pour servir de suite à la Darhass de La Vallière ; par madame de Genlis. 108 Vôyage d’Almuza dans l'ile de la Vérité ; par: 3,B. Dubois et - Girard Propriäc. 467 MÉLANGE S: Bibliothéque brilannique de Parsons et Galignani. N°. 35 # 57, “et 42. 240 el 47o DE L'IMPRIMERIE DE: DELA NCE, -rue des Mathurins, hôtel Cluny. . Mammiféres. Histoire naturelle de la Fan etc. ; par J. P. Buc’hoz. 441 + Physiologie. Essai : sur la structure et les fonctions du foie; par Chrarles-Guil, Uber- saal. : 449 “Des Monstruosités ef Bizarreries de Ma nature, etc.; par G. Jouard. 445 De l'influence de la nuit sur les ma- lades. 446 RUE : Jo urnal de Médecine, Chirurgie, Pharmacie, etc.; par MM Cor- wisart, Le Roux et Boyer. Maï et ‘Avril. 806. 451 ‘Moyens de conserŸer la santé des ha- bitans des campagnes ; par madame : Gacon-Dufour. 452 Odontologie. De la Sémiologie buccale, ou Exposé des signes qu’on trouve à la bou- ‘che, etc.; par L. Laforgue. Art vétérinaire. | Mémoires vétérinaires sur la manière de réduire les fractures des jambes des chevaux, elc, etc. ; paï J. P. Buc'hoz. Ibid. Chyÿmie, : Mntaies de Chymie, rédigées par * . MM. Guytor, Monge, Berthollet, - Fourcroy , etc. Tom. VII. Ibid. Technologie. Annales des Arts et Manufactures ; "par R. O’Reilly. N°. 69 et 70. 465 Bulletin de la Société d’Encourage- ment pour l’Indusirie. nationale. N°. 22. Avril 1806. 436 Politique. . Considérâtions relatives à un ou- vrage qui à pour titre : Essai de morale et de politique. Jbid. .… Morale. : Cébetis Tabnla sive vitæ humanæ “ pictura, ed. Schweighœuser. Ibid. à Éssai sur VArt d’être heureux ; par . Joseph Droz. + . + Lbid. ; Létire du sieur Berr-Isaac-Berr à M. Grégoire, sénateur. 457 2 Suite de la Table du Numéro. 453" à Beaux - Arts, Annales du Musée et de l'Ecole me! derne des beaux-arts; par: C. P. Landon. Tome XL. *Tbid. ‘Athenæum , ou Galerie française des productions: de tous les arts, pu- blié par M. Bültard. N°',4et5, 458: ‘ Histoire. *: Histoire du Gouvernement hole dais, etc.; par Adrien X{uit. 46e” Antiquités. Galerie antique , 04 Collection des. éhofs-d'œuyres. d’ärchitecture , de sculpture et de peinture antiques. 2°. livraison. » 461. Antiquités d'Herculanum, gravées par Th. Piroli. 24°. et 25%. liv. 463’ Les Monumens antiques du Musée Napoléon, gravés par Th. Piroir. 25°. et 26°. livraisons. Ibid. Monumens antiques ou’ nouvelle ment expliqués, etc.; par À, L. Millin. Tom.Il, 6°. livraison. 464 Peinture, Galene de Rubens, dite du Lüxem-. 465 bourg. 3°. livraison. Poésie, | Poétiqueanglaise par M. Hennet. 466 La bataille d’Austerlitz, pe en dix chants, , 467 . Roman. Voyage d'Atoss dans l’ile de la VE rilé, par 3. B. Dubois, Ibid. * Mél Bibliothéque bri itapnique de Parsons et Galignani. N°. 41 et 42. FA Code civil. Code Napoléon, Il°. partie, Te dure civile ( seule édition avec des sommaires), imprimé sur le texte . original et officiel de l’Imprimerie 5 impériale ; ; précédé de sommaires à chaque article où numéro, qui en indiquent clairement le conte- nu, et terminé par une table des matières. très-détaillée , par ordre alphabétique ; par M. ’Levasseur.. Ibid. ET, 200000000220 0000 000" CH D Ta e @ ROAD PNA OVaR TRI MS Q sDescenerres, DEsauzr, DEsronTAINss, Du RIL, FON- craNes, Fowronoy, GrorrroŸ, Hazcé, Haüy, HenmaNx, Basouisse, Dactrène, LAGRANGE, LALANDE, Lamanck,, à 2 Lt. t y” EPP Eanezès, Déerux , L’Herrrier , Lévernré, Mannon , Menrecut,; Monezuer, Noëz,; OsErin , Sainrr-CRôtx, Sonwrcnæuser, SIcaRD, SILVESPRE DE SACY, SUARD, | Travüzé, Vax-Mons; VenrEeNar, Visconti, VILLOISON; Usréri, Wiremèr, Wincxcer, et d’autres Savans ou Littératèurs estimables. Où y insère les Mémoires les plus importans sur toutes les parties des Aris et des Sciences; on choisit principa- Tement ceux qui sont propres à en accélérer des progrès. On y publie également les Découvertes ingénieuses, les Inventions utiles dans tous les genres. On y rend torhpie des Expériences nouvelles. On y donne un pré- eis de ce que les Séances des Sociétés littéraires ont oftert de plus intéressant ; une description de ce que les dépôts ra d’objets d'Arts ét de Sciences renferment de plus curieux, On y trouve des Notices sur la Vie et les Ouvrages ‘des Savans, des Liltérateurs et des Artistes distingués | dont où regrette la perte ; enfin les Nouvelles littéraires de toute espèce. La correspondance que le Rédacteur entretient avec plusieurs Savans étrangers, et principalement en Alle- . magne, lui procure beaucoup de Notices qu'on ne trouve point'ailleurs. … ê On s’adrésse, pour l’abonnément, à Paris, chez Drcancer, Iraprimeur : Libraire, rue des Matburins, hôtel Cluny. chez la veuve Changuion et d'Henget. ARIANE $ chez Van-Gulik. À Bruxelles , chez Lemaire. A Florence, chez Molini. À Frañcfort-sur-le-Mein , chez Fleischer. 2 chez Manget. 2 CES $ chez Paschoud. A Hambourg, chez Hoffmann. A Leiïpsic, chez Wolf. À Leyde, chez lès frères Murray. ve, À Londres, chez de Boite, Gerard Streeks A Strasbourg, chez Levrault. A Vienne, chez Degen. A Wesel , chez Geisler, Directeur des Postes: «+ 71 faut affranchir les lettres. « EERSTERT, AY OPEN GALL TT ONPPIOC, So) marrer SADETESCER? FRET ETUETETETETE CE h. JE T Ro took BESFERES Ro) ETATS TEeNIE { 4 Pie £ Lire mS: : Ses #1 LES