VE ADAM AT EU IAE) AVAL DAUE \] dit MAY \ 1: FOR AREAS AAA CS …— So D û ti va! FA V4 AN e 4 A - n 0 CHERE \ tt Le te FLRP \ seu JAN CRPAOA | Le * L LEA Les A Here LANELEL à 0 AOL S tx ‘ +4 AU WT tt + 4} ARTE EU ÿ ‘ D'UTL À Ja TR “+ = LT 4 2] 1 ? Ca . s "A U "T4 TR . Sepienbre 1807 > FF RéDIGé PAR À; Le MILLIN, des ‘Médailles’ ; des PURE gravées èt ae ARE de la } ous Impériale ; Professeur d'Afchæolo Der Membre j5 Vent pour Pate que. pour les: : franc Fe tu VE A punis dv NE FH AUE de far ran cs. $ rrre rome rire rherrerer es ie les plus célèbres dans chaque “partie des ices et de la : iliératüre, se sont ]ue à: coopérer étnireprise utile, et la collection dés onze années | du tgan Encyclopédique est devenue précis eusé, en ice que présente tneréunion de Mémoires intéressans, {qui à ne se trouvent. poiit ailleurs ,etdônt/les Auteurs ‘jouissent d’une, grande: éputation: On Ytrotve en effet, des Dissertations, des Mémones ou des Opuscules dé S MM. ALIBÈRT, Barre BarDié py Boccacr , Basr, À Bromar, Carciand ; Ci LARDON LA ROCHETTE, Covisr ; Deus, DrscENETTES. HS DESFONTAINES , Dur ; FON- A TANES, FouRRoY, # Grornor, ; Pr: EEE > LASouissE, _——. 32 S SF: (e) ? SR TT Table-des Articles contenus dans ce Numéro. - Hirsrotre. VaniérÉés , NouvELLes Er Histoire critiqué de la république CoRRESPONDANCES LITTÉRAIRES. romaine ; par P. C. Levesque. 5 Seconde lettre de M. Cousinery , à M. Rostan. 51. Nouvelles étrangères, — d'Angleterre 152 — de Londres. Ibid, — d'Autriche. 153 ZooLocte. Rapport fait à la première classe | __ de Prusse. 154 e l’Institut, sur un nouveau Mé- | __ 4u Duché de Weimar. Ibid. moire de M. Ceoffroy Saint Hi-|__ 4e Bavière. Ibid. laire. , 39|— de Wurtemberg. 156 | |— de Westphalie. Ibid. MÉ£xancrs. — de Suède. 187 Le Chef-d'œuvre d'un Inconnu, par | ri cn dE M. le Docteur Chrisostome Ma- |T de RS sé thanasius;l avec des Nôtos del" % 10/08n6- 184 P. X. Lescheyin. 45|— de Vo ne — de l'Amérique Méridion. Ibid. PALIER A : |— des Peu Den 187 Les Beaux - Arts en Angleterre , | Nouvelles de France. 190 traduit de l'Anglais de M. Dai- laway, par M.***, publié et aug- menté de Notes par A. L. HMillin. THÉATRES. 89 | La Folie musicale ou le Chanteur IcHnTYOLOGIE. en prison. 202 s ; “ Lina ou le Mystère. Jbid. Mémoire sur l'Odorat des Poissons; | Le Volage ou le Mariage difficile. 203 Quitte à quitte ou les Jeunes Vieil- lards. 20 L’Hôpital Militaire. Ibid: par M. C. Duméril. 99 BrocRAPHIE. Eloge de M. Willemet, prononcé à la séance publique de l'Académie de Nancy, le 20 août 1807 ; par le Docteur Haldat. 11 Livres DIVERS. Sciences et Arts. Journal de Physique, de Chimie et : d'Histoire naturelle ; par J. C. de la Métherie. 206 Bulletin de la Sociétéphilomatique. * Ibid. Poésix. Mes adieux à Dillembourg, et ma visite aux mines de Müssen ; par M. À. Jullien. 134 P Minéralogie. H Le . SUR Journal des mines; par MM Co- quebert-Montbret, Haüy, Fau- Tableau physique desrégions équa- : quelin. 268 toriales,. 139 MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE, ÀÂNNÉE 1807, TOME Y. RE SP ES RE A end on à ip % a 5 24 t MAGASIN. ENCYCLOPÉDIQUE, OU JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS; RÉDIGÉ PAR À. IL MILLIN, Membre de l’Insrirur et dela Lécron d’Howneur, Conservateur des Médailles , des Pierres gravées et des Antiques de la Bi- bliothèque impériale, Professeur d’Archæologie, Membre de là Société royale des sciences de Gœttingue, de celle de Turin, de celle des Curieux de la Nature à Erlang , des Sciences phy- siques de Zurich, d'Histoire naturelle et de minéralogie d’Iéna, de l’Académie royale de Dublin, de la Société linnéenne de Londres, des naturalistes de Moscou; de là Société Italienne; des Sociétés d'Histoire naturelle, philomathique, galvanique, destaiistique, celtique,médicale, d’émulation, de l’Athénée des arts de Paris, de l’Athénée de Lyon; des Académies de Rouen, d’Abbeville, de Boulogne, de Poitiers , de Niort , de Nismes, de Marseille, d’Alencon , de Caen, de Grenoble, de Colmar , de Nancy, de Gap, de Strasbourg, de Mayence, de Nantes, de Soissons , de Bésancon et d’Evreux. ANNÉE 1807. L'ORPETW. PARIS, DE L’IMPRIMERIE BIBLIOGRAPHIQUE, rue Giît-le-Cœur. LE LA L ‘ F1 sy VA Bi DA LD CL À, Von MM \ TROT, 4 1 Mn ré 2. @iv) À d À PTT E DL LS LOC, FUN ù ‘# pi fi 7: tué nuit "l RS à ENT NULS ‘ fiat Mt J À au ni ” # CN Ce * LS NE ÉLUS UT RE 47 MR TRE \ À PL Le 1y Û t ER TN LAC DPF PONT Le : : id, dEnir rio! re: CRE \ Le Let: t MTL D 1 MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE. HISTOIRE. HisrTorre critique de la République romaine; ouvragé dans lequel on s’est proposé de détruire des préjugés invétérés sur l'Histoire des premiers siècles de la République, sur la morale des Romains , leurs vertus, leur politique extérieure, leur constitution et le caractère de leurs hommes célèbres ; par Pierre - Charles Livrsque, Professeur de morale et d'histoire au Collége de France. 3 vol. in-8.° Paris, chez Dentu, Imprimeur- libraire , quai des Augustins , n,° 17. —1807. Lx plupart des écrivains qui nous ont transmis les souvenirs de Rome au temps de la république, ont été les panégyristes de cette période, la plus glorieuse de son histoire. De grands objets s’of- froient à leurs regards ; etle spectacle d’un peuple, qui d’une origine foible et obscure s'élève comme un colosse, enchaîne et soumet presque tout le monde connu, étoit aussi propre à frapper l’ima- gination par une si haute fortune, que: digne de fixer l’attention des philosophes par les causes d’un si vaste accroissement. Tout un peuple de héros, une succession de 6 Histoire. généraux qui semblent tous participer au mêmé génie et aux mêmes talens , et ne former pour ainsi-dire qu’un seul chef de têtes si diverses et si multipliées ; une certaine lenteur dans la sujétion des peuples, accomplie par Fétonnante activité d’un gouvernement qui travaille sous ces retar- demens apparens, pour consolider ses conquêtes ; ane politique toujours semblable dans ses vues et dans ses moyens d’agrandissement ; une consti- tution formée et perfectionnée par l’expérience , qui maintient dans les ames Famour de la gloire et de la patrie, par l'attrait puissant de la. li- berté ; tels sont les traits généraux qui servent dans leurs développemens , à marquer ceux de la grandeur de Rome. L'histoire de la république romaine a cet inté- rèêt particulier , de nous montrer assis pour ainsi dire sur le trône du monde le peuple le plus ja- loux de sa liberté, et de nous faire voir, dans le conflit même de ses passions, une des plus grandes causes de cet excès de puissance. C’est par des causes et des moyens si étranges que l’histoire de tous les peuples finit par se lier à celle de Rome. La volonté de la république règle celle des monarques ; elle dirige à son gré tous les mouvemens politiques ; elle enchaïne l'esprit comme les forces des nations ; telest en un mot le haut'ascendant de cette puissance consolidée par les siècles que pendant le temps de sa longue dé- cadence , aucun peuple ne conserve assez d’éner- gie pour revendiquer son indépendance, et qu'il Rome: 7 faut que des To des barbares sortent des con- trées où elles vivoient ignorées , pour renver- ser son immense empire, en démembrer les parties ; et proclamer sur ses débris la liberté du ‘ monde. Les résultats de l’histoire nous offrent en gé- néral deux considérations entièrement opposées mais également importantes : d’un côté le bon- heur et la force, fondés'sur la sagesse et la vertu; de l’autre le spectacle des erreurs, des vices et des maux qu’ils traînent à leur suite. C'est dans l’histoire du plus puissant empire que nous pouvons trouver ces grandes leçons. Car si ja- mais les vertus publiques ne se déployèrent avecun caractère plus grand et plus sublime qu'au temps de la république ; jamais aussi on ne vit de mons- tres plus:odieux qu’à l’époque où Rome, en se relâchant de son austère civisme, donna pour ainsi dire, le signal aux destructeurs de.sa liberté. Tant de circonstances également importantes se réunissent donc en faveur de l’histoireromaine, a n’est pas surprenant qu'elle. ait fixé , plus qu'aucune autre, l’attention des historiens. philo- sophes. Comme l’objet particulier de toutes leurs études est d'enrichir leur esprit de connaissances utiles, ils ont,dû trouver, un attrait puissant à se reporter aux temps où tant de grandes choses venoient frapper, leurs regards, et où surtout ils découvroient d’une manière si claire leur en- chainement. % Histoire ” Quoique la puissance romaine ne brille avec tôut son éclat que dans les premiers siècles de l'émpire ; ‘cependant, dès lés commencemens, elle ännonce ‘par le caractère de ses fondateurs, toute la splen- deur où elle devoit atteindre. C’est sous ce rap- port spécialement que’ l'histoire des premiers temps de la république offre un spectacle si in- téressant, et'cet intérêt augmente sans doute par le contraste des siècles qui succédèrent. Mais quelque Poids que puisse avoir Pautorité des écrivains célèbres qui ont trouvé dans le gou- ‘vernement ‘et le éaractère du peuple romain ; au ‘temps de la république une matière digrie de leurs éloges ;' se peut’ néanmoims qu'il y ait ‘encore quelque FoaRe E LE en Pate ‘Jéur sentiment.” : j Ë % Pour 'jugèr sainément ‘des ERGES! il faudroit tujours les considérér en elles- mèmes , et par abstraction de‘toute opinion étranière ; maïs le “Plus souvent là prévention précède l’examen de ce «ur en fait Pobjet , et dans la‘ recherche de la eyérité } c'est une opinion ‘déjà toute faite ; du’on 7 dirai plutôt à à confirmer qü’à soumettre au “éreuset d’une saine critique. Chacun juge selon #ses! dispositions individuelles | et'rarement selon ‘la règle générale du vrai. De la viennent ces con HAE qu'on croiroit existér dans les mêmes “choses , si on estimoit leur natüre selon le sen- timént detéhaque individu! :Ün ré peut diséon£ venir que, par une prévention toute particuz - Rome. 9 lière, plusieurs historiens ont en quelque sorte déifié les Romains ; tout leur a paru chez ce peuple également admirable ; ils n'y ont aperçu pour ainsi-dire aucune trace des foiblesses hu- maines : aujourd’hui l'historien estimable dont nous faisons connoître l’ouvrage , en porte un jugement bien différent, et après avoir rappelé quelques traits propres à le justifier , il ter- mine par ce vœu : « Si, dit-il, par la peinture » des maux, des désordres , des atrocités et de » la dégradation de la dignité de l'homme , qui » furent , dans la république romaine, les résul- » tats du caractère national et de la constitution, » je puis affoiblir dans quelques esprits Penthou- »:siasme qu’elle a trop long-temps inspiré, je » croirai avoir bien mérité de ma patrie et de » Phumanité » (1). Nous ne doutons point que ce jugement porté sur lepeuple le plus célèbre de l'antiquité, ne soit le fruit d’une profonde méditation, mais si l'autorité d’un écrivain si recommandable vient contredire celle des Montesquieu, des Mably et de tant d’autres qui se sont à la vérité beaucoup plus restreints -dans leurs éloges que Pauteur ne le fait ici dans sa critique , ilnous sera permis de mettre quelque précaution à embrasser ses idées et de nous tenir en garde contre son sentiment, autant que contre l’opinion contaire. Cette idée générale ,: l’auteur. la confirme assez fréquemment dans le cours de l'ouvrage, (1) Pref. p. 38. 10 Histoire. par les jugemens particuliers qu’il énonce à la suite des événemens principaux, mais le plus sou- vent d’une manière extrêmement concise. L’exa- men de quelques-uns de ces jugemens peut offrir une matière digne d’attention , puisqu'on y voit condamnées des choses auxquelles on s’accorde assez généralement à payer un tribut d’admira- tion. Avant d’entrer dans quelques détails à cet égard, nous allons tracer brièvement le plan d’a- près lequel l’auteur a traité son ouvrage. Tant d'écrivains se sont occupés à retracer le tableau de la république romaine , et l'ont fait avec un tel succès, qu’un nouveau travail sur cette matière paroîtroit peut-être superflu ,s’ilne s’annonçoit par un caractère particulier , comme par exemple de détruire des préjugés invétérés. Cependant l’auteur ne s’est pointattaché a un long examen des opinions qu’il combat. [la mis à la vé- rité dans le choix des événemens, toute la criti- que qu’on doit attendre d’un écrivain judicieux 3 mais ce n’est-là qu’une critique de faits : quant à Ja critique morale , que le titre semble promettre plus particulièrement, le lecteur nedoit point s’at- tendre à trouver de longues discussions; Pauteur, en énonçant son opinion, ne l’appuie, comme ille dit lui-même,que deraisonnemens fort courts. Mais il nous fait désirer par l'intérêt qu’offrent ses réfle- xions, qu'il fut moins resté fidèle à cette méthode, La plus grande partie de la préface est con- sacrée à une très-bonne critique des sources de PHistoire romaine,où M. Lévesque montre d’une Rome. Il manière très-précise l’incertitude qu’elles offrent relativement aux premiers siècles de Rome. Cette matière a déja occupé plusieurs plumes savantes, La dissertation de M. pe Pouiczy, dans les Mé- moires de l'Académie des inscriptions , etc., et sur- tout celle de M. DE BraurorT, renferment des recherches très-ingénieuses et des raisonnemens extrêmement forts sur ce point ; mais la discus- sion de M. Lévesque doit se trouver surtout à sa place , à la tête d’une histoire critique. Tout ce qu'il rapporte des premiers monumens histori- ques , de l’origine de écriture , des premiers instrumens employés pour cet art, etc., est très- intéressant, En marquant ainsi l’incertitude des monumens écrits de l'Histoire de Rome, l’auteur distingue avec soin ceux dont on ne peut méconnoitre l’au- ‘ thenticité , et qui sont suflisans pour nous faire distinguer dans l’origine la marche de la consti- tution des romains, leurs relations avec les peu- ples voisins , l’état de leur puissance , leur reli- gion , l'esprit de leur politique, etc. Tous les esprits judicieux se sont accordés de- puis long-temps à considérer comme des fables les merveilles dont on environne le berceau de Rome. À commencer de sa fondation et des pro- diges qui l’accompagnent, les événemens qui ren- dent si dramatiques ses premières histoires , les actions magnifiques de ses premiers héros, tout nous fait voir que Rome, ainsi que la plupart des anciens peuples, avoit ses mythes que la tradi- 12 Histoire, tion s’est plu à embellir, et que ce n'est qu’en séparant des événemens principaux tous ces accessoires fabuleux qu’on peut se promettre d'obtenir la certitude d’un petit nombre de faits. Ce qui surprend particulièrement l’auteur dans le récit de ces premiers événemens , c’est qu’en admettant Popinion vulgaire sur l’origine de Rome, on ne peut concevoir qu’une peuplade formée de la réunion de quelques hommes sans aveu , ait pu se soutenir contre les peuples puissans qui Penvi- ronnoient , et qu’elle soit parvenue, en si peu de temps, au point de splendeur où elle paroît sous les derniers rois. ['invraisemblance de ces faits le porte à présenter une supposition au moyen de laquelle tous les succès de Rome s’ex- pliqueroient facilement par l'appui qu’elle auroit trouvé dans la protection des Etrusques dont elle auroit été une colonie. Selon cette hypothèse, l'auteur présume encore qu'on doit reculer de beaucoup Porigine de Rome;lesrègnes de Romulus et de Numa lui, paroïssent imaginaires : il pense d’après la ressemblance des noms de Romulus avec fur qui signifie la force, et de Numa avec le mot véues qui veut dire loi, qu’on aura attribué allégoriquement à /a force et à la sagesse la fon- dation de Rome , et que ces êtres allégoriques furent admis depuis comme réels. Ce qui peut rendre raison , selon lui, de la puissance des ro- mains sous le règne de Tarquin l’ancien, c’est que ce Prince, déjà souverain d’une contrée d'Etru- Rome: 13 tie, vint établir sa résidence à Rome qui dépen- doit de ses états ; et que c’est par cette translation de résidence, que Rome parvint à toute la gran- . deur où l’élevèrent ses derniers rois. Enfin lau- teur pense que toutes ces hypothèses se justifient d’une manière évidente par les rites religieux, les usages civils , en un mot par toutes les cou- tumes que Rome avoit copiées des Etrusques, et qu’elle n’auroit point adoptées sans une intime relation. Nous ne devons pas oublier de dire que l’au- teur présente cette opinion ingénieuse avec toute la modestie possible. On reconnoit le savant qui ne cherche que la vérité , et c’est ce qui nous en- hardit à lui soumettre quelques réflexions. Il nous semble que son système présente encore des objections difficiles à résoudre, car sans parler du danger que court une hypothèse qui doit con- tredire le récit de tous les historiens, il paroîtra assez difficile de concilier celle de M. Levesque avec ce qu’on peut reconnoître de probable dans Vhistoire des rois et des premiers temps de la ré- publique. Nous remarquerons d’abord une difficulté qui se présente dans le récit même de l’auteur. En parlant des travaux qui furent éxécutés sous le règne d’Ancus-Martius, il observe que ces moni- mens ne peuvent être ni beaucoup plus anciens ni beaucoup plus modernes que l’époque sous la- quelle ils sont placés. « On ne sauroit, dit- il, les attribuer à la république, car son orgueil 11 Histoire. les eût révendiqués; ils ne pouvoient être noû plus fort antérieurs à l’état de grandeur et de puissance dont Rome jouit sous les trois derniers rois». Et cependant c’est l'impossibilité où Rome dût se trouver , même sous le règne de Tarquin ; de construire les fameuses cloaques, qui a inspiré à M. Levesque l'idée de reculer l'époque de la fondation de cette ville. Nous ne pouvons donc concilier ces deux opinions sans admettre que Rome, dans ces temps supposés de son anti- que existence, jouissoit d’une puissance bien supérieure à celle où elle fut élevée par Tar- quin l’ancien; que déjà sous ses premiers rois elle dût être considérablement déchue ; puis- qu’on ne peut supposer raisonnablement que le pont Sublicien , l’aqueduc de lAqua-Marcia , les fortifications du mont Janicule, etc. soient d’une construction antérieure au règne d’Ancus; que Rome reprit, sous ses derniers rois, une partie de la puissance et des richesses dont elle avoit joui auparavant ; qu’elle la repérdit au commen- cement de la république pour la reconquérir dans des temps postérieurs et ainsi de suite : voilà assurément , dans la fortune des Romains, des variations propres à inspirer tout au moins de l’'étonnement. Mais si Rome, en effet, remontoit à une si haute antiquité, comment se fait-il que ses insti- tutions , autant qu’on peut en juger par le récit de tous les historiens, portent à un tel point lem- preinte de leur nouveauté? pourquoi son système Rome. i5 politique et religieux a-t-il si peu de consistance ? comment la royauté , dans ce long espace de temps, n’a-t-elle pas cherché à établir sa puis- sance d’une manière plus solide? les lois qui rè- glent les élections sont si peu prévues, qu’à la mort de Romulus onne peut pas même procéder avec quelque ordre au choix de son successeur. Les arts sont tellement dans leur enfance sous les premiers rois , que pour les constructions les plus simples, on est forcé d’avoir recours à des artistes étrangers. Rome ne possède pas même dans son sein des Prêtres et des Devins qui puissent présider aux rits religieux dans les grandes solemnités. Enfin on la voit réduite à une enceinte si mé- diocre sous les premiers rois, elle a si peu Pair d’une ville , elle offre tellement les marques d’une origine foible et récente, qu’il ne doit rien paroître de moins vraisemblable que cette haute antiquité qu’on lui suppose; et pour juger ce qu’elle étoit avant le règne d’Ancus, il suffit de considérer le peu d’étendue qu’elle devoit avoir avant les agrandissemens que ce Prince y fit. Au reste, quand nous pensons que Rome n’é- toit point un état ancien, nous ne considérons pas précisément le lieu où elle fût fondée , et qui pa- roît avoir déjà été occupé auparavant par quel- ques habitations (1); mais nous n’envisageons ici (x) C’est ce qu’on doit conclure d’un passage de Denys d'Haric., 1. 92., et du rapport que Prurarque donne des mythes qui existoient sur la fondation de Rome. V. sa Wie de Romulus. Les observations de M. de Pouizxr, Mém. de 16 . Hisioire. que la colonie qui, en allant occuper le terri- toire de Rome, doit être envisagée comme la vé- ritable fondatrice de cette ville, et comme ayant donné la naissance à son peuple puissant. D’autres difficultés se présentent contre la seconde supposition de l’auteur sur l’origine étrusque des Romains. Il faut, en effet, pour l’admettre, rejeter entièrement le rapport des historiens qui nous montrent Rome très-sou- vent aux prises avec les Étrusques ; à commencer même du temps de Romulus ; car qui pourroit, penser qu’une colonie osât ainsi méconnoître ce qu’elle devoit à sa mère patrie. Il faut, de plus, prétendre qu'ils nous ont tous transmis la même erreur lorsque, par leur accord presque universel, ils font descendre d’Albe, qui étoit une ville La- tine, la première colonie qui vint fonder Rome. D'où vient, d’ailleurs, que nous voyons Ancus- Marcius fortifier le Janicule,! non pour ser- vir d’agrandissement à la ville, qui n’en avoit pas besoin à cette époque , mais uniquement pour être un boulevard contre les ennemis, non ino- pia loci, dit Tite-Live, sed ne quando ea arx hostium esset ? or ces ennemis étoient précisément les Etrusques qui touchoient de ce côté au terri- toire de Rome. Cette précaution étoit très- peu nécessaire; si, comme le suppose l’auteur, des liens si puissans unissoient les deux peu- L' Acad. des Inscript., tome vj, p.23, donnent aussi fortement à présumer la même chose. V. aussi Srnaor , Liv. v, chap. 3; $. 2. Rome. 17 bles. Mais enfin que peut-il y avoir de plus fort contre cette hypothèse, que la différence de lan- gage qui séparoit ces deux nations. On sait que la langue étrusque ne devenoit familière aux Romains qu'après une étude spéciale, et d’ail- leurs toutes les anciennes inscriptions étrusques, mème celles qui sont en caractères latins, prou- vent assez qu’il est impossible de supposer que la langue ait été la même. Voila donc les Ro- mains qui nous seroient représentés sortant d'E- ‘ trurie et parlant la langue latine. Il est certain qu’on retrouve, dans les usages civils et religieux des Romains, une foule de rites copiés de ceux des Etrusques; c’est le rapport de Tite-Live lui-même. Rome eût des Devins étrusques ; ses jeux furent imités de ceux de ce peuple ; elle lui devoit jusqu'aux ornemens de la royauté , la pompe triomphale, la chaire cu- rule ; mais tout s'explique lorsqu'on sait que Rome vit régner dans ses murs un Monarque venu d’Etrurie, et que l'introduction des rites étrusques date particulièrement de cette époque. M. Levesque propose constamment cette dif- ficulté : comment les Romains n’ont-ils point été anéantis dès leur origine par les nations puis- santes qui les environnoient ? Je ne disconviens pas que si tous les peuples s’étoient levés ensemble pour abattre une nation qui fut si foible dans ses commencemens , ils y auroient réussi sans peine ; mais on doit remarquer que Rome n’eût, dans les premiers temps, à combattre que contre des Tome VW. Septembre, 1807. 2 18 Histoire. peuplades qui n'étoient guère plus puissantes qu’elle. Cette confédération des Etrusques , que l’auteur prétend avoir été si formidable, pouvoit l'être en effet si elle eut agit avec quelque concert dans ses opérations, mais l’histoire nous mon- tre Rome presque toujours en guerre avec des parties de ce corps redoutable. Les peuples alliés, qui le composent, semblent fort peu s'inquiéter de l'intérêt général, et ce fait se confirme sur- tout à l’expulsion du dernier Tarquin, qui pût intéresser à son sort quelques Princes étrusques sans réussir cependant à remonter sur le trône. Comment penseroit-on que les Romains auroient été capables de résister, si toute la confédération avoit témoigné le même accord pour le rétablir dans ses états? On n’est donc guère porté à croire que cette confédération existät encore à l’époque de l’origine de Rome, et la conjecture de Stra- bon (1), qui paroit être de cette opinion , acquiert beaucoup de poids, pour peu qu’on réfléchisse sur la suite des événemens. L'auteur rapporte les témoignages de Pline et. de Strabon, qui attestent par plusieurs monu- mens de l’art chez les Etrusqnes , les richesses et la puissance de cette nation : c’est particu- lièrement par ces témoignages que M. Levesque tâche de démontrer linvraisemblance qu’il y a à supposer que Rome ait pu s’agrandir aussi im- punément, ayant près d’elle une nation si puis- sante; mais quoi qu’on puisse dire que ce ne sont (1) Strabon, Liv. v, chap.2, fi. 2. Rome: 19 pi les arts ni les richesses qui font la valeur des peuples , le point le plus essentiel reste tou- jours indécis, et c’est en eflet dans l’accord des peuples de l’Etrurie qu'il faut nous prouver lim- possibilité des succès de Rome. On supposera encore moins d’union entre les autres peuples voisins de Rome, si l’on s’en rap- porte au témoignage de Strabon. Rome se voit entourée, à l’époque de sa fondation, par des peuples entièrement indépendans les uns des autres ; ce-sont les Eques , les Volsques, les Herniques, des peuples aborigènes , des villes libres, etc., etil ajoute encore : quidam libere per pagos habitabant nulli communt subjecti genti. Or voilà des peuples de la puissance desquels il est impossible assurément d’avoir une haute opi- nion , et la surprise que pourroient produire les premiers succès de Rome, doit beaucoup s’affoi- blir, puisqu'ils s’expliquent d’une manière si plau- sible. On voit même comment ses accroissemens purent être si rapides par l’afilluence de ces hordes vagabondes auxquelles elle offroit un asyle; et si elle se vit attaquée , dès les premiers temps, par les peuples au préjudice desquels elle cher- choit à s'étendre, on s'explique peut-être mieux que de toute autre manière, par cette origine de ses premiers habitans, la valeur et les efforts qui lui assurèrent son existence ; du moins est-il cer- tain qu’on est forcé d’admettre quelque événe- ment extraordinaire qui sépara d’une manière si visible le caractère du peuple romain de celui 26 Histoire. des peuples qui l'environnoient. Par quelle catise ; si Rome ne fut qu’une colonie protégée de quel que nation ; déploya-t-elle, dès les premières épo- ques où l’histoire nous en transmet le souvenir, une énergie si extraordinaire, tandis qu’à juger de lesprit pacifique qui laissoit exister ainsi indé- pendans ces petits peuples de l'Italie, sa prospérité lui’eût été plutôt assurée dans le repos que dans lé tumulte des armes? Rome , fondée au sein de l’ad- versité, entoura son berceau du courage, de la bravoure , de la constance dans les travaux. Ces vertus, entretenues par les Rois, qui s'an- noncèrent tous par un grand caractère, acquirent encore un ressort plus puissant sous le gouverne ment républicain. Transmises à la postérité par des exemples sans nombre , elles formèrent l’ame de toutes les entreprises , et fixèrent parmi les Romains, les premiers titres de gloire. Des- lors on est moins surpris de voir sortir du sein de cette ville célébre, les chaînes qui lui asservi- rent l’univers. Quant à la conjecture de M. Levesque sur les noms de Romulus et de Numa, il ne nous paroit pas juste de vouloir renverser tout un système historique sur de si foibles données. Ce qui proba- blement a inspiré à l’auteur ces rapports de mots, c’est ce qu'on lit dans Plutarque au com- mencement de la Vie de Romulus, que, selon cer- tains historiens , les Pelasges après avoir couru la plus grande partie de la terre et subjugué beaucoup dé nations, s’arrêtèrent en cet endroit, Rome: 21 c’est-à-dire, au lieu où Rome füt bâtie, et que pourmarquer leur puissance et la force de leurs ar- mes, ils appelèrent Roma la ville qu'ils ÿ fonderent. Platasque ne place ce trait qu’au nombre des fa- bles qu’on a débitées sur l’origine de Rome : on “voit donc qu’iln’est guère pole de lui accorder quelque poids. L'auteur consacre une section particulière aux institutions quiappartiennent aux temps des rois. Les réflexions qu’il fait sur le gouvernement de ces chefs de l’état, les limites de leur pouvoir en temps de paix, leur autorité en temps de guerre, le partage de l’autorité supérieure confiée à un corps d’illustres citoyens, les points de rapports de l’ancien gouvernement de Rome avec celui des états de la Grèce au temps où ils furent gou- vernés monarchiquement; en un mot toutes ces réflexions sont d’une extrème justesse, mais elles prouvent encore que Rome füt, dès son origine, un état indépendant, et qu’elle-mème se donna ses rois, sans l'intervention d’aucune autorité étrangère. Le droit d’élection ; qui fut conservé au peuple , ajoute encore à cette assertion plus de vraisemblance ; et ce qui paroît le plus en, sa. fa- veur, c’est que la première constitution de Rome receloit déjà tous les germes de la liberté que le peuple revendiqua depuis, et dont il sut si bien tirer avantage. Les causes qui firent tomber la monarchie, font voir que ce n’étoit en quelque sorte qu'un gouvernement provisoire, tant elle étoit peu étayée. Tel est le gouvernement que 22 | … Histoire: se choisit un peuple qui, libre dans l'élection de ses chefs, dont chaque citoyen est auparavant légal, pourvoit assez au maintien de sa liberté pour n avoir point à redouter l'abus des pouvoirs qu’il leur confie. * M. Levesque dévelappe parfaitement les chan- gemens qu "opéra Servius-T'ullius dans la distribu- tion du peuple, et dans la manière dont il émettoit son suffrage, Nous auriôns transcrit ce morceau, écrit avec beaucoup de clarté et de précision, si son trop d’étendue ne nous eût fait sortir des bornes dans lesquelles nous devons nous renfermer. La critique de l’autéur s’exerce justement sur les #événemens dont les’ historiens ont embelli les premières guerres de Rome républicaine. }l est vrai qu’elles contribuërent beaucoup à en -flammer la Yaleur guérrière; l’auteur nous pré- sente les choses sous leur vrai point de vue, lors- qu'ilnous montre Rome prête à être accablée par ses ennemis , qui profitent de là circonstance pour venger leurs défaites précédentes, et Porsenna, un des Souverains les plus puissans d’'Etrurie, pour lui imposer des conditions de paix humiliantes. C’est vers le temps de cette redoutable guerre qu'on doit placer l'origine de la dictature. Les historiens n’ont pu en déterminer l’époque pré- cise. Tite-Live est très-embarrassé dans le parti qu'il doit prendre. M. Levesque remarque, avec raison, combien on doit se défier des anciennes dla dires , lorsqu'on voit des faits de cette nature encore HER OPEE de tant d’incertitudes. «Ce qu’on Rome. 23 peut admettre, dit-il, c’est que la dictature étoit établie avant que le peuple eût obtenu d’avoir ses Tribuns. En effet, des hommes qui restoient sans pouvoirs quand la république étoit sans fac- tions, se seroient opposés à la création d’un Magis- trat absolu, terrible aux factions , etc. ». Nous remarquerons, que selon le récit de T'ite-Live, il ne peut y avoir de doutes à cet égard, puisqu'on voit que le peuple se révolta d’abord et que Ma- nius-Valerius-Publicola , qui étoit Dictateur , le ramena à l’obéissance pour combattre les Etrus- ques et les Sabins; or ce fut après leur défaite que la dureté des nobles et des créanciers conservant toujours le même caractère à l'égard du peuple indigent, celui-ci, révolté des fausses promesses qu'on lui avoit faites, se retira sur le mont Sacré. On sait qu’alors le Sénat, pour vaincre son opi- miäâtreté , lui accorda des défenseurs de ses droits tirés de la caste plébéienne. Cette barbarie , que les créanciers avoient exer- cée, étoit en quelque sorte autorisée par la loi, Elle leur permettoit de se saisir de leurs débi- teursi, de les traiter en esclaves, de les contrain- dre aux plus durs travaux , et de punir par les verges leur paresse ou leur désobéissance, M. Le- vesque fait , à cette occasion, une réflexion extré- mement juste. « Cette loi, dit-il, résultoit de la nature même de la chose.Chez un peuple agricole ou pasteur , lemprunteur, qui ne peut acquitter sa dette en signes représentatifs , n’a plus que sa force ou son industrie à donner, et elle ne lui ap- 24 Histoire, partient plus ; car tout ce qu'il a est devenu la propriété du créancier... La même loi existoit chez les Athéniens, chez les Français, chez les Germains, chez les peuples du nord. La loi des modernes est plus conforme à leur situation ; mais elle s’accorde moins avec la nature de la chose; elle condamne le débiteur insolvable à la prison, et il devient inutile au créancier , à lui- même et à l'Etat; mais aussi que feroit le mar- chand , le bourgeois, de la personne de son débi- teur qui lui seroit remise »? Cette observation excuse en quelque sorte des peuples chez qui les droits des particuliers n'ont pas encore été par- faitement déterminés, et chez qui la législation ci- vile n’a point encore revendiqué toute l’étendue qui lui convient. D’après les principes actuels de la société , il est impossible qu’un particulier puisse s'approprier des droits qui regardent l’état civil en général ; et le premier de tous est celui qui touche la personne de chaque citoyen. Il faut remarquer cependant , que chez les Ro- mains , lorsque le Code eût été rédigé par les Dé- cemvirs, le créancier étoit obligé, avant d’user de la liberté que lui accordoit la loi, de faire comparoître son débiteur devant le Juge, et qu’enfin le débiteur pouvoit toujours avoir son recours contre l’abus que le créancier auroit fait de sa personne, Ce fut l'excès des mauvais traitemens, auxquels les débiteurs étoient exposés, qui donna lieu aux premières révoltes du peuple, et amena enfin Rome. 25 la création des Tribuns. Ces Magistrats , quoi- qu'ils ne fussent décorés d’aucun ornement ex- térieur , et qu'ils attendissent à la porte du Sénat qu’on leur en communiquât les délibé- rations , n’en jouissoient pas moins d’un très- grand pouvoir. « C'étoit, dit l’auteur, cet état’ même de foiblesse apparente et d’humilité qui les rendoit plus dangereux, puisque n’ayant par eux-mêmes aucune force pour soutenir leur opposition et la faire respecter , toute leur puissance consistoit à appeler légalement le peuple à l’insurrection et à troubler l’état avec impunité; aussi l'institution des Tribuns füt-elle cause de presque tous les désordres de la répu- blique, et nous voyons ces magistrats concourir puissamment à sa ruine ». On ne peut douter que les Tribuns n’ayent contribué vivement à agiter état. La plupart des troubles furent leur ou- vrage; maisils ne dégénérèrent en combats san- glants que vers la fin de la république, c’est-à- dire dans un temps où la liberté se précipitoit vers sa ruine. Ce seroit sans doute une ques- tion très - intéressante d’examiner si, d'apres la marche que prenoient les choses avant la créa- tion de ces magistrats , il est probable: que l’état se fût soutenu longtemps, et eût acquis cette vigueur qu'il déploya surtout lorsque le peuple finit par partager , avec les nobles, les dignités et les pouvoirs les plus impor- tans ; or on doit regarder ces derniers ré- 26 Histoire. sultats de la constitution comme l’ouvrage des Tribuns. « Les constitutions mixtes, dit ailleurs M. Le- vesque, sémblent avoir les avantages des trois gou- vernemens , et les tempérer tous en ne laissant à aucun d’eux toute son activité. Mais comme un parfait équilibre ne peut jamais se maintenir con- tre lestrois pouvoirs, elles réunissent en effet les in- convéniens qui sont attachés à chacun d’eux, sans recueillir complètement d'aucun les avantages qui lui sont propres ». Nous ne disputerons point sur cette proposition; chacun peut avoir ses vues en politique, et ilest presqu’impossible de déterminer cé qu’elles offrent de juste au d’erroné sans con- sidérer les temps et les peuples auxquels elles doi- vent s'appliquer. Mais il nous semble qu'ici l’au- teur décide la question d’une manière un peu trop générale , et que le lieu qu’il choisit pour établir son principe, ne lui est pas tout-à-fait favorable; car enfin dans quel gouvernement l'équilibre des pouvoirs se marque-t-il d’une manière plus admi- rable?J’avoue que le gouvernement de Rome n’a pu résister à l’mfluence des siècles, et que sa perfec- tion n’a pu arrêter le torrent qui renverse toutes les institutions humaines. Mais encore l’empor- te-t-il, par sa durée, sur la plupart des régimes républicains; et enfin , si nous le jugeons dans sa nature , si nous considérons combien les pouvoirs correspondoient les uns aux autres et se soute- Rome. 27 noient réciproquement ; comment il fut admira- ble par le caractère publie qu'il inspira à tous les membres de l’état, par la vigueur et Pactivité qu'il communiqua à toutes les parties de ladministra- tion , par l'esprit généreux dont il anima tout le corps des citoyens, et qui sembloit toujours s’agrandir selon l’étendue des périls , certes il nous sera impossible de ne point revenir de la dé- cision que M. Levesque annonce d’une manière un peu péremptoire; et il semble, en effet, que Rome parvint, par un perfectionnement suc- cessif, à un idéal de constitution que ne pourront peut-être jamais inventer les plus belles théo- ries. Il n’est pas toujours juste de nous pein- dre, avec des couleurs si sombres, ces agitations civiles du peuple romain ; elles eurent le plus sou- vent l’heureux résultat d’abolir des abus et de per- fectionner la constitution ; car c’est ainsi que fu- rent portées les lois les plus salutaires dePétat. Le peuple n’avoit que ce seul moyen pour contrain- dre la noblesse à renoncer à ses prétentions. Aussi voyons-nous toute cette fermentation s’éteindre pour ainsi dire avec l’inégalité des pouvoirs , et dès le temps ou les plébéïens partagèrent le con- sulat et le sacerdoce jusqu'aux troubles des Gra- ques, c’est-à-dire, dans un espace de deux cent quarante ans environ, l’Etat éprouva fort peu de troubles intérieurs, Mais ce qui témoigne, de la manière la plus évidente en faveur de ce gouverne- ment, c’est qu’il est impossible de trouver, dans les bases sur lesquelles il reposoit, aucune des 28 Histoire. causes qui ont accéléré la chûte de la république: A moins qu’on ne veuille considérer comme étant inhérente à sa nature, la puissance à laquelle il éleva le peuple romain , et qui véritablement peut être regardée par son excès comme une des principales causes de sa décadence, ilest nécessaire de rechercher celles - ci dans des circonstances extérieures, et particulièrement dans les relations de Rome avec les peuples vaincus. Dans les commencemens de la république , Rome, affoiblie par la défection de plusieurs de ses alliés, et par les guerres continuelles qu’elle eut à soutenir, vit sa population diminuer consi- dérablement ; mais elle reprit de prompts accrois- semens lorsqu’elle eût fait sentir à ses ennemis ce que peuvent le courage et la valeur fondés sur un ardent amour de la liberté. Ainsi le cens de l’an 256, dix ans après l'expulsion de Tarquin , donnoit cent cinquante mille sept cents citoyens; celui qui fut fait quatre ans après , cents dix mille, celui de Fan 279 , cent trois mille; et l’an 288 on retrouve déjà une population de cent vingt-quatre mille citoyens. Ces variations n'ont rien d’étrange lorsqu'on les rapporte aux événemens qui les modifièrent; l’auteur trouve une chose bien plus surprenante dans la popula- tion des ennemis de Rome. « L'histoire, dit-il, nous montre lés Romains toujours avec de petites armées et remportant toujours des victoires. Ce n’est plus la population de Rome qui m'étonne, c’est l’inépuisable population de ses ennemis. Ce- Rome, 29 pendant, ajoute-t-il ensuite, à considérer les cho- ses selon la vérité, souvent ces expéditions guer- rières n’étoient que des excursions de brigands qui pilloient, ravageoient , se retiroient chargés de butin pour souffrir à leur tour le pillage et la dévastation ». Or c’est précisément parce que ces expéditions étoient si peu considérables, qu’il n’est pas étonnant de voir les ennemis de Rome en état de les renouveler si souvent. Si les guerres de ces prémiers temps se fussent poussées avec la même vigueur que celles des époques postérieures, ces peuples n’auroient pas occupés si long-temps la scène de l’histoire , et quelques campagnes au- roient décidé du sort de l’un ou de l’autre des partis. « Maïs on a lieu de croire, observe ailleurs M. Levesque avec beaucoup de probabilité, que chez les peuples voisins de Rome, chaque citoyen faisoit aussi la guerre à ses propres dépens , et que peu de jonrs voyoient commencer et finir les expéditions... Quand on dit que les Volsques, les Sabins, etc. faisoient la guerre aux Romains, il faut entendre la partie de ces peuples la plus voisine de Rome, etc. ». Nouvelles raisons qui rendent moins surprenans les premiers succès de Rome, et qui détruisent la supposition contraire au récit des historiens, qu’elle eût besoin d’un -secours étranger pour se soutenir au milieu des peuples puissans qui Penvironnoient. Rome témoignoit la même ardeur pour maintenir ‘sa liberté au-dedans, que sa puissance et sa supé- riorité sur ses voisins. La loi agraire sembloit ten- 30 Histoire. dre particulièrement à ce premier effet, puis< qu’en prévenant l'inégalité trop grande des ifor- tunes , elle prévenoit aussi les abus qui pou- voient en résulter. On est surpris que cette loi, sujet éternel de disputes, n’ait jamais pu re- cevoir son exécution par les Tribuns du peuple, qui réussirent souvent dans des entreprises tout aussi difficiles. L'auteur explique, d’une manière très-ingénieuse et très-vraie , les causes qui y mirent obstacle. « Quelque-fois, dit-il, le but auquel les Tribuns sembloient tendre avec obs- tination, n'étoit pas celui qu'ils se proposoient d'atteindre. En paroissant appuyer la loi agraire, pour plaire à la multitude , eux-mêmes y pre- noient peu d'intérêt. [ls étoient plébéiens, mais en général ils n’étoient point de la classe indi- gente , et la querelle étoit moins celle des deux ordres que celle des riches et des indigens, On peut croire que les Tribuns auroient été fichés de voir réussir la demande dont ils faisoient tant de bruit ». Il n’est pas surprenant qu’en lais- sant toujours empirer les causes qui avoient fait naître la première idée de cette loi, son exécution ne devint à la fin entièrement impraticable. Aussi les efforts des Gracques entraïnèrent des troubles sans succès, et toutes les modifications qu’ils ap- portèrent à la loi furent encore insuffisantes pour vaincre l’opiniâtreté des propriétaires , qui se fon- doient sur la légalité de leurs acquisitions. Mais si des intérêts particuliers s’opposèrent à l'établissement de la loi agraire, tous les in- Rome; 3i térêts s’unissoient pour l'adoption d’un code gé- néral. Selon le rapport de Tite-Live et de Denys d'Halicarnasse, on envoya en Grèce des commis- saires qni furent chargés de recueillir les lois de cette contrée célèbre. L’auteur ne penche point à admettre cette mission (T. 1, p. 179). Mais je ne vois pas quelles raisons peuvent s'opposer à la vraisemblance de ce fait. Si Rome libre vou- loit se donner des lois, c’est naturellement vers des peuples libres qu’elle devoit tourner ses regards, et l’on ne peut pas croire qu’une ville qui avoit tout au moins une marine marchande, qui avoit fait un traité avec Carthage, ait pu ignorer entièrement ce qui faisoit un des pre- miers titres de gloire des républiques de la Grèce. On dit qu’un certain Hermodore d'Éphèse, fit: connoître aux Romains la législation de la Grèce. Il devoit donc leur inspirer le desir dela con- noître plus à fond, et il étoit raisonnable que pour établir un code qui devoit régler les in- térêts des membres de l’état, on ne s’en rap- porta pas aux interprétations d’un seul homme, mais qu’on allàät puiser aux sources mêmes. A la création des décemvirs toutes les charges furent suspendues et les pouvoirs confiés exclu- sivement en leurs mains. L'auteur remarque avec raison: « qu’on n'auroit pu mieux faire si l’on avoit voulu qu’ils fussent détournés sans cesse, par les affaires de l’état et par celles des tri- bunaux, du grand travail qu’on leur imposoit en qualité de législateurs ». Il auroit pu ajouter 32 Histoire, encore que, pour la perfection de leurs lois ; c’étoit une très-grande faute de n’avoir choisi les décemvirs que dans la classe des Patri- ciens. Il étoit à supposer que l'intérêt de leur corps ne seroit point sans influence sur l'esprit de leur législation. Aussi vit-on la coutume qui séparoit les Patriciens des Plébeïens , confirmée par une loi positive, et la défense du mariage entre les deux ordres établie comme une des bases fondamentales de l'état: De plus, on leur accorda avec trop peu de prévoyance la puis- sance dictatoriale sine provocatione, c’étoit leur ouvrir le chemin à l’usurpation, et en effet il fallut un soulèvement pour renverser leur pouvoir: L'auteur consacre’ un article particulier aux Lois des douze Tables. Il rapporte celles qui offrent le plus d'intérêt et les accompagne de discussions et d'explications très intéressantes. En parlant d’une loi sur les dommages ,: l’au- teur fait un rapprochement assez curieux d’une loi semblable des établissemens de St.-Louis: Voici le texte de la loi romaine : $ un animal Jait quelque dommage , que le propriétaire offre l'estimation de ce dommage ou s’il l'aime mieux , qu'il abandonne l'animal. « Dans le code qui porte le titre d’établissemens, dit M. l’evesque, St.Louis ordonne que le propriétaire d’une bête qui a mordu quelqu'un , jure qu'il ne lui connoissoit pas ce vice et paye une indemnité. S'il n’osoit faire ce serment , il étoit battu , si la bête tuoit quelqu'un , elle étoit confisquée, et le maître Rome. 33. päyoit une amende de cent sous ; mais s’il avouoit ‘qu’il connut le vice de la bète , il étoit pendu: Lesexpressions du législateur sont remarqua- bles: Et.se ïl estoit si fox, que il deist que il seust la téche dela beste, il en seroit pendu pour la recognoissance, (et sil étoit assez fou pour dire qu’il connoissoit le vice de la bête, il en seroit pendu pour la reconnoissance ). . La loi contre ceux qui avoient insulté un citoyen portoit qu’ils lui payeroient vingt-cinq as. M. Lévesque remarque que c’étoit une peine très-grave, relativement à la fortune que possé- doient les Romains. [as étoit à cette époque de la valeur d’une livre de cuivre de douze onces, et on la pesoit dans les payemens. Or cette monnaie subit de nombreux changemens : à la se- conde guerre punique, la loi papiria la réduisit à la valeur d’une once, et enfin vers l’an 575, elle fut réduite à une demie once (1). « La loi qui condamnoit alors à une si légère amende dut naturellement tomber en désuétude : un romain nommé Nératius ; homme riche, se plaisoit à donner un soufflet aux gens qu’il rencontrait. Il étoit suivi d’un esclave qui portoit un sac de petite monnaie , et il leur faisoit compter vingt- cinq as. L’insolence de Neratius fit abroger la loi ». La censure fût établie quelques années après la suppression du décemvirat. On sait de quelle (1) V. Nieuport, Ritus romanorum, ed. 1743, p. 560. Tome V. Septembre, 1807. 3 34 Histoire. importance étoit cette charge par lé pouvoir qu’elle accordoit à ceux qui en étoient revêtus, de scruter l'intérieur des familles et la con: duite des particuliers. Est-il bien certain , comme le pense M. Lévesque , que ce fut par une am- bition naturelle que les censeurs étendirent leur autorité et le pouvoir de leur charge, et cette revue des mœurs, n’appartenoit-elle pas de droit à la nature de leurs fonctions ? Quoiqu'il en soit on sentit bientôt qu’une dignité si importante devoit être restreinte, sinon dans l’étendue de sa puissance ; du moins dans Pétendue de sa durée (1). C. Furius et M. Geganius, se vengèrent du dictateur qui limita ainsi la durée de leur charge, en le dégradant de sa tribu. On voit donc qu’on auroit une prévention bien fausse si lon pensoit que ceux qui étoient appelés à veiller à la moralité des citoyens étoient toujours di< gnes d’être proposés comme des exemples de mo- dération. Mais M. Lévesque ne porte-t-il pas un peu trop loin la sentence qu’il semble pro- noncer contre la censure. « On a beaucoup loué dit-il l'institution de la censure parce qu'il faut louer tout ce qui appartient à l’ancienne Rome ». Une décision de cette nature mérite quelque dis- cussion, pour ne point avoir l'air d’être énoncée au hasard, et c’est par des faitsqu’elle doit être (1) Maxima custodia libertatis est, dit Tite-Live, si magna imperia non sunt diuturna , el temporis modus imponitur quibue juris imponi non potest. Rories 35 äppuyée. L'auteur abandonne cependant cette recherche aux soins du lecteur, mais je doute que l’histoire puisse offrir des témoignages fa- vorables à son opinion. Il estcertain que la cen- sure n’arrêta en aucune manière la marche de la constitution, et que loin de devenir funeste à l’état , elle servit au contraire à arrêter les progrès de sa décadence. « La censure , dit Montesquieu, contribua beaucoup à maintenir le gouvernement de Rome. Comme la force de la république consistoit dans la discipline, l’au- torité des mœurs et l’observation constante de certaines coutumes ; les censeurs corrigeoient les abus que la loi n’avoit pas prévus ou que le magistrat ordinaire ne pouvoit pas punir. C’étoit une institution bien sage , etc., ». Ce jugement se confirme à chaque pas qu’on fait dans l'étude de l'Histoire de la République Romaine. Les anciens qui étoient plus à même d'apprécier l'utilité de la censure, s’accordent en général pour l'importance qu'ils attachent à cette charge. Du reste on sait combien les Romains eurent! soin de ne confier cette fonc- tion si importante qu'à des hommes considérés tant par leur âge que par les places qu'ils avoient occupées. Il n’étoit donc guère probable qu'après des précautions si scrupuleuses, les cen- seurs pussent abuser de leur puissance, quelque latitude qu’on lui donnat, et en effet on voit très-peu d'exemples d’un pareil abus. 36 Histoire. | / Nous ne suivrons point l’auteur dans le détail des guerres puniques; cette partie de l’ou- vrage mérite les plus grands éloges, tant sous le rapport de la critique, que pour le mérite du style : l’auteur s’est attaché à remonter aux véritables sourcés, on le suit avec cet intérêt qu'inspire un écrivain judicieux qui ne se borne point à compiler sans réflexion les auteurs qui lui fournissent ses matériaux. Ce fut vers la fin de la première guerre pu- nique que les lettres prirent quelque faveur chez les Romains, et que les Muses commen- cèrent à faire entendre leur voix sur un sol qui n’avoit retenti que du cri de la guerre. L’in- tervalle qui s’écoula entre la seconde et la troi- sième guerre punique, fut illustré par les progrès que firent les Muses latines ; c’est à cette époque que parurent Ennius, Cœcilius, Plaute et T'e- rence , Fabius Pictor et Caton l’ancien. Lés re- cherches de M. Lévesque sur ces premiers essais , sont très-intéresssantes ; il fait connoître le juge- ment que portoient de ces premières productions les plus illustres des Romains. Il est remarquable que Plaute ait été jugé d’une manière si opposée par des écrivains également célèbres. Horace ne goûtoit ni ses bons bons, ni la mesure de ses vers. Cicéron ; au contraire , louoit l’élégance ingénieuse de son style, et Varron disoit que les Muses auroientempruntéle langage de Plaute, si elles avoient voulu parler latin, _Romne. 37. Ce fut par des annales que les Romains débu- tèrent dans la poésie ; leurs premiers essais en prose eurent aussi pour objet le récit des évé- nemens qui illustrèrent leur histoire. Fabius Pictor ,. qui obtint ce surnom pour avoir orné de} peintures le temple de Salus à Rome , écrivit l'histoire de son pays pour les siècles qui la- voient précédé. Il fut suivi de près par Lucius Cincius qui mit beaucoup de soin à la re- cherche des anciens monumens. Caton l’ancien, qui fut Consul cent. quatre - vingt - quinze ans avant l’èrè vulgaire , rechercha les origines des villes d'Italie. Ainsi se préparoient ces grandes époques où. Rome, après avoir soumis le monde , devoit voir Dr à côté du laurier de la victoire celui d’une gloire plus aimable et plus douce , et couronner, en même temps que ses héros , ceux qui trans- mettoient d’une manière si brillante leur mémoire à la postérité. 1 Nous ne suivrons point l’auteur dans le récit des guerres célèbres de la république romaine, ni dans le détail des troubles civils qui commen- cèrent sous les Gracques. Notre but n’est point de donner un abrégé de cette Histoire. L'auteur a peint les objets avec leurs couleurs naturelles ; Nous devons les plus grands éloges à la manière dont il traite son sujet, à l'intérêt qu'il sait y ré- pandre , à la concision, à la sagesse et à l’élégance de son style. On sent fort bien qu’en réfutant 38 Histoire: quelques jugemens de M. Lévesque, qui ne se sont point accordés avec notre façon de voir, nous sommes loin de déprécier le mérite d’un ouvrage qui nous paroît au contraire digne, sous tous les rapports, de lattention des lecteurs. Quand on n’approuveroit pas toutes les opinions de l’auteur , il ne perdroit cependant, aux yeux des hommes sensés, aucun des titres de respect qu'il a mérités depuis si long-temps et à si bon droit , comme écrivain philosophe : une critique littéraire ne sauroit porter atteinte à une réputa- tion si solidement établie; et c’est ce qui doit dis- siper toute crainte tant pour celui qui en est l’ob- jet , que pour celui qui se hasarde à la faire. D. ZOOLOGIE. RAaPPORT fait à la première classe de l'Institut, sur un nouveau Mémoire de M. Gsorrroy Sainr-Hirarre , Membre de la classe, et Professeur de Zoologie au Museum d'histoire naturelle. à A classe a chargé MM. Lamarck, Lacépède et Cuvier.de lui faire un rapport sur le mémoire de M. Geoffroy Saint-Hilaire , intitulé : Considé- -râtions sur les pièces de la téte-osseuse des animaux vertèbrés et particulièrement ‘sur le crâne des oi- seaux. - Nous avons déjà entretenu plusieurs fois la classe de l'importance qu’ont pour l’histoire na- sturelle philosophique ces rapports frappans de structure. qui s'étendent tantôt sur toute une lasse , tantôt même sur les quatre classes réu- nies d'animaux vertébrés. Nous avons considéré .récemment , à l’occasion des mémoires précédens -de M. Geoffroy , les plus généraux de ces rap- ports, ceux qui embrassent tout un membre ou -tout un organe quelconque. :: Le sujet que ce naturaliste traite dans-son mé- -moire actuel , appartient à un ordre de rapports beaucoup plusdétailléset beaucoup plusprofonds. Il s’y agit des diffèrentes pièces qui composent un seul et même organe , comme:la tête ou même seulement.le crâne , et l’on ÿ voit que ces pièces conservent une analogie plus constante encore 49 Zoologie: un que celle de la présence ou de l'absence même de tout un membre. Maïs pour saisir partout cette analobie , il faut suivre chaque animal dans les différens périodes de son existence ; suivant la belle méthode si Bien mise en pratique par:M. Tenon. Depuis long-temps les anatomistes savoient , par exemple, que l'os frontal , qui reste composé -de deux pièces dans'la plupart des quadrupèdes, s’unit presque toujours de bonne heure en une seule dans l espèce humaine: D’autres os qui sont déjà réunis dans de très- jeunes enfans , ne se trouvent séparés que dans le fétus, tandis que, dans certains animaux, ils demeurent séparés pendant toute la vie, quelque- fois même par des articulations mobiles. so Ces réunions et ces séparations ne sont donc alors que deseffets de l’âge, et il n’y en avoit pas moins dans le plan primitif de la nature , ou dans la direction originaire de la nutrition des par- tes ; un même nombre de points d’ossification, et par: conséquent une AR RE, de structure, De tous les sujets qui traitent des sciences phy- siques , l’origine: des corps organisés ‘est sans contredit le. plus obscur et le plus mystérieux. Quelqu’attaché que l’on soit aux méthodes rigou- reuses , aujourd’hui introduites: avec tant de rai- son dans les sciences, on ne peut empêcher de penser que s'il:y a quelque espoir d'arriver jamais » fi! Zootomie. 47 à un peu plus de lumière sur des questions si dif- ficiles, c’est peut-être dans la constance de ces analogies que l’on devra en chercher les premières étincelles. Cette constance est en eflet indépen- dante de tous les usages, et par conséquent elle ré- ‘sulte uniquement des forces qui ont déterminé la formation du corps organique ; elles font donc présumer que cette détermination est due , au moins en partie, à quelque principe commun. * Mais nous n’engagerons pas la classe plus avant dans cet ordre de réflexions , et si nous nous per- mettons de les lui indiquer en passant , c’est pour lui faire sentir l'intérêt majeur que les recherches détaillées, du genre de celles que M. Geoffroy présente dans son mémoire, peuvent avoir un jour. Pour en venir.au tableau complet et uniforme des correspondances entre les crânes des divers animaux vertébrés , il a examiné des crânes de - chaque ordre dans tous les âges ; 1l a détaché par la macération les os dont ils se composent dans l’état adulte, et les pièces dans lesquelles chaque sos se-divise dans Fenfance ou le fétus. Rapprochant ensuite ces diverses Pièces, éclair- -cissant par l'exemple d’un genre ceqüui avoit pu -rester obscur dans les genres voisins , employant “même avec adresse les analogies dés classes très- éloignées; il est parvenu à ce résultat général, que les pièces osseuses du crâne et de la face se æetrouvent dans tous les animaux vertébrés, avec 42 Zoologie, des connexions à-peu-près semblables, maistantôt mobiles ou séparables pendant long-temps, tantôt réunies ou soudées de bonne heure. Quelquefois même une partie de ces piècés » qui auroient dù appartenir au crâne, s’en déta- chent pour entrer dans la face ; d’autres fois elles forment en-dehors quelqu’organe accessoire et mobile. Mais il est toujours possible de les re- connoitre ou par leur figure et leur position immé- diates, ou par la succession des dégradations ou des développemens par lesquels on les voit passer, en observant un certain nombre d'animaux ran- gés sur une même ligne. Nous ne ferons pas suivre à la classe toutes les comparaisons auxquelles M. Geoffroy s’est livré dans son mémoire. {l nous suffira d’en citer un résultat pour exemple , et nous choisirons exprès Pun: des plus paradoxaux, afin de mieux mon- trer combien 1l a mis de sagacité à le saisir. La mâchoire inférieure des:oiseaux n’est pas articulée immédiatement au crâne comme celle des quadrupèdes ; mais au: bas d’un os mobile qui s'articule lui-même avec le crâne par son extrémité postérieure, 7 Hérissant et Vieq-d Azir qui ont décrit cet os avec soin , l'ont pris pour l’analogue de la-bran- che montanté de la mâchoire inférieure." E’untde nous avoit à peu-près adopté ce résultat dues ses ouvrages imprimés. M. Geoffroy ; après en avoir facilement dérôhs tré la fausseté, par cette considération que toutes Zootomie. 43 les parties de cette branche montante existent déjà à la mâchoire même, avance cette propo- sition singulière : « Que cet os répond à la portion du tem- » poral qui contient l’articulation, le » cadre du tympan et los stylaïde ». L’anatomiste , que nous venons d'indiquer , éprouva d’abord beaucoup de doutes sur une as- sertion aussi éloignée de l’opinion reçue. Il est obligé de reconnoître ici, qu'ayant suivi, d’après les indications de M. Geoffroy, les diverses mé- tamorphoses de l’os temporal dans les animaux ; il s’est convaincu de la justesse de cet énoncé. Déjà dans l’ornithorinque, ce genre singulier de quadrupède décrit, pour la première fois, par M. Blumenbach , le canal osseux externe de l’o- reflle n’est point soudé au reste du crâne. 1’apo- physe styloïde ne l’est presque jamais ; elle ap- partient le plus souvent à los hyoïde. Dans tous les reptiles comme dans les oiseaux, letynpan ou ce qui en tient lieu, suit toujours l’os carré à quelque distance qu’il se porte de l'oreille externe. Seulement lorsque l'os carré est fort allongé, l’osselet qui remplace le marteau sal- longe à proportion. Aussi dans les serpens qui n’ont point de tym- pan, et dont l’os carré est extrêmement long, l’osselet malleïforme va fixer sa racine à la peau près du bord de cet os. Enfin dans quelques tortues comme la mata- mata, l'os carré servant à l’articulation de la mâ- 44 Zoologie: choire, conserve néanmoins la forme tubuleuse qu'il a comme conduit auditif. M. Geoffroy fait des rapprochemens, non moins inattendus , des diverses portions du l’ethmoïde, du lacrymal, des apophyses ptyrégoides inter- nes, etc. etc.; et tous ceux de ces rapprochemens que nous avons essayé de vérifier , nous ont paru au moins très-plausibles. Nous regardons en conséquence le mémoire de. M. Geoffroy , comme immédiatement utile à los. téologie comparée , et comme pouvant conduire à: des vues plus élevées encore dans la théorie gé- nérale de l’organisation. | … Il a , d’ailleurs , le mérite incontestable de pré- senter.des faits nombreux auxquels les anatomistes avoient donné peu d'attention jusqu'ici. Ainsi nous n’hésitons point à proposer à la classe d’en. courager les recherches de ce naturaliste par son, approbation, et d’ordonner l'impression de son. mémoire, | Le mere nee dore ER en MÉLANGES. Ls CHEr-D'ŒUrRE D'UN Inconnu, PFoëme heureusement découvert et mis au jour; avec des remarques savantes etrecherchées, par M. le Docteur Chrisostome Mathanasius. Neuvième édition, dans laquelle on trouve, outre les pièces qui ont paru dans les édi- tions précédentes , l’Anti-Mathanase , ou Critique du Chef-d’œuvre d’un Inconnu, une Notice sur la vie et les ouvrages de de M. de Saint-Hyacinthe , et des Notes ; par P. X. Lescuevin. Paris, /mprimerie Bibliographique ,rueGît-le-Cœur; Barrois, Vaîné et fils , rue de Savoye; Renouard , rue Saint-André-des-Arcs; Colret, quai Vol- taire , au coin de la rue du Bacq; Delaunay, palais du Tribunat , 2e. galerie de bois. Petit in-8°. 2 vol. : le 1.er de cxlvüij et 353 pages, Je°2:e/de 558. Prix, 'o fr: et 12 fr: 50 cent. franc de port (1). 153 succes étonnant qu'eût dans sa nouveauté le Chef-d’'œuvre d'un Inconnu,doit êtreattribuémoins à la gaîté qui règne dans cet ouvrage, qu'aux traits satyriques dont le public , toujours malin, ne manqua pas de faire l’application à quelques critiques de mauvaise humeur qui vivoient alors, (1) On peut voir dans le Magasin Encyclopédique. ann. v, tom. 111, une assez longue dissertation sur le Chef-d’œuvre : d'un [nconnu, par l’auteur de cet article. 46 Mélanges: et à quelques autres personnages ridicules. Lors- que les uns ét les autres eurent disparu de la scène littéraire , l’enthousiasme dut nécessaire- ment se refroidir , et l’auteur fut obligé de le ré- chauffer par des additions considérables. La pre- mière édition de 1714 formoit un modeste ii- douze de deux cent trente-deux pages en gros ca ractères ; celle de 1716 en remplit trois cent vingt- une en caractères ordinaires. Enfin ce nombre fut porté à cinq cents vingt-huit dans l’édition de 1752, divisée en deux volumes , Ja dernière à laquelle l’auteur ait présidé. Ce nombre paroissoit irrévocablement fixé , les éditions suivantes ayant copié celle-ci page pour page ; mais M. Lescne- vin, touché de l’espèce d'abandon dans lequel languissoit, depuis un demi-siècle, le Chéf d'œuvre, a pris la noble résolution de lui donner une nou- velle vie, en l’accompägnant d’un commentaire excellent. On peut dire, en effet, que l’éditeur a épuisé la matière, et que si le fameux Marra- NASIUS revenoit au monde, il seroit sans doute étonné tout à-la-fois et flatté en voyant qu’une plaisanterie qu'il s’étoit permise pour son amu- sement et celui du public, avoit fourni la matière d’un savant commentaire dans lequel on trouve des renseignemens précieux et des anecdotes qu’on chercheroit difficilement ailleurs. L'auteur du Chef-d'œuvre est, comme on sait ; Hyacinthe CorpoNNiER, plus généralementconnu sous le nom de T'nÉmisEuiz DE SAiNT-Hy ACIN- Tue , né à Orléans le 24 septembre 1684, et mort Mélanges: 4? ën Hollande en 1746 , après avoir latté toute sa vie contre la mauvaise fortune; c’est hélas ! le partage ordinaire des esprits caustiques et tur- bulens qui ne savent vivre en paix ni avec les au« trés ni avec eux-mêmes. Saint-Hyacinthe est au+ teur et éditeur de plusieurs ouvrages ; il est par< ticulièrement connu par celui que nous annons çgons; mais je ne crois pas qu'il soit entièrement de lui. Le Chef - d'œuvre fut probablement com- posé, comme l'ont été, de nos jours, les Diners du Vaudeville, ét les amis de l’auteur peuvent en révendiquer une partie ; surtout Van-EFFEn ; auteur de la Dissertation ingénieuse sur Homère et sur Chapelain, qui se trouve dans toutes lesédi= tions. M. Leschevin a mis à la tête de la sienneune notice très-détaillée sur Saint-Hyacinthe et sur ses ouvrages. Sa querelle avec Voltaire y occupe beaucoup trop de pages. On ne doit dire qu'un mot de ces misérables querelles qui consolent l'envie et amusent la malignité ; encore feroit-on beaucoup mieux de n’en point parler du tout, parce qu’elles diminuent la considération due aux lettres et à ceux qui les cultivent. Le but de Saint-Hyacinthe, en composant cet ouvrage, fut de jeter du ridicule sur ces commen- tateurs des anciens qui éclaircissent longuement des passages très-clairs, et qui négligent ceux qui offrent des difficultés réelles ; mais il ne s’est pas aperçu que son livre , uniquement écrit pour amuser les gens du monde , confondoit à leurs yeux et rendoit également ridicules les compila- 48 Îélanges. teurs instpides ét ces hommes laborieux qui, à force de veilles, de collations de manuscrits , . nous ont donné des textes purs , ont éclairci les endroits obscurs , et procuré aux lecteurs pares- seux ou légérement instruits le plaisir de lire des ouvrages qui, sans les travaux de ces savans , auroient été pour eux des lettres closes. Malheu- reusement le mérite de ces utiles commentateurs n'est guères apprécié que par ceux qui n’en ont pas besoin ; ainsi la longue plaisanterie de Saint Hyacinthe prouve , selon moi, que l’érudition de l’auteur étoit très-superficielle , et je pense que l’on apprend beaucoup plus de choses curieuses dans les remarques de M. Leschevin , que dans le joyeux commentaire de Saint-Hyacinthe sur une chanson ridicule. Le nouvel éditeur a pris beaucoup de peine pour en épargner à son lecteur ; allusions, mots composés , noms tirés du grec, de l'anglais , du Hollandais, de l'allemand , il explique tout avec un très-grand soin, mais 1l à été un peu em- barrassé à trouver la véritable étymologie du nom adopté par l’auteur, Mathanasius ; il pense que ce nom est dérivé de deux mots grecs, ou d’un mot grec et d’un mot français. Selon la première opinion, les deux mots grecs seroïent maby du verbe neféw j'apprends ; et évérrw je règne, ce qui signifieroit le prince des commen- tateurs , le commentateur par excellence. Selon la seconde conjecture , le premier mot seroit éga- lement #añé mais le second seroit le mot pro- Mélanges. 45 vençal et languedocien aze, âne , c’est-à-dire , le docteur aux ânes. J’adopteroïis d'autant plus volontiers cette dernière opinion , que les deux supports de l’écu du docteur Mathanasius sont un âne et un paon. Cet écu , où, si l’on veut, les armes du doc- teur sont remarquables, on y voit ün soufflet en champ de gueules ; les supports , comme je viens de le dire , sont un âne et un paon; le cimier est surmonté d’un perroquet ; ce qui signifie , si je ne me trompe, que le docteur Mathanasius est ignorant comme un dne , vain Comme un paon , rempli de vent comme un soufflét, et qu’il répète comme un perroquet tout ce qui a été dit avant Jui. On lit autour de son portrait à mine renfro- gnéeet rébarbative, telle que doit être celle d’un critique ; CHRISOSTOMUS MATHANASIUS. Da Q. $. M. D. L. L. Les Savans ont cherché longtemps à deviner le sens énigmatique des let- tres initiales qui terminent cette légende ; et ils ont cru qu’on pouvoit les interpréter ainsi : Doc- teur qui se moque de la littérature. L'éditeur a trouvé cette interprétation sur un exemplaire qui avoit appartenu à M. de Boisge- lin ; elle lui paroïît peu vraisemblable; pour moi je la crois très-vraie , et je l’avois imaginée long- temps avant d’avoir eu connoissance de l’exem- plaire de M. de Boisgelin. | M. Leschevin a rendu un grand service aux admirateurs du Chef-d'œuvre , en joignant à son édition l’anti- Mathanase , brochure in-8.° de Tome V. Septembre, 1807. 4 5o Mélanges: 150 pages , qui parut à Utrecht en 1729, et qui” étoit devenue fort rare. Elle se fait lire avèc plai- sir , et contient des anecdotes curieuses. Le second volume est terminé par une table des matières rédigée avec soin ; ainsi l'éditeur n’a rien négligé de ce qui pouvoit rendre son édition préférable à toutes celles qui l’ont précédée, et la seule qur doive trouver place aujourd’nui dans la biblio thèque de l’amateur qui se contente d’une seule bonne édition de chaque ouvrage. Le caractère et le papier sont beaux. Les citations grecques , latines , italiennes, auroient été plus correctes si: ce livre eût été imprimé sous les yeux de l'éditeur. M. Leschevin en avoit envoyé le texte corrigé d'après les meilleures éditions , et le compositeur n’a pas négligé ses corrections ; mais il n’a pas apporté le même soin à copier fidellement les passages auxquels on n’avoit rien changé , parce qu'ils étoient sains dans toutes les éditions précé- dentes. Au reste , le lecteur qui entend la langue de ces textes , les corrigera facilement, et comrne la traduction française les accompagne presque: toujours , la grande majorité des lecteurs ne s’ap- percevra point de ces fautes , qui lui sont indiffé- rentes, ou, si elle s’en apperçoit, elle y attachera peu d'importance. CuARDON DE LA ROCHETTE. HISTOIRE. SECONDE LETTRE de M. Coüsiwrry , à M. Rosran, Membre de l’Académie dé Marseille (1 ). L Minorité de Ptolémée r. Yi tâché , mon cher ami, de vous prouver dans ma précédente lettre que l’inscription de Rosette a eu pour objet de transmettre à la postérité la déification de Ptolémée v, et que l’intronisation de ce Prince à Memphis n’y est mentionnée qu'ac- cidentellement. Je crois avoir suflisammnent dé montré que le mot le plus propre à désisner l'acte qui :élevoit chez les anciens un homme encore vivant au rang des immortels , est celui de déifi- cation , et que le mot apotheose doit être réservé pour indiquer l'hommage religieux par leque].un homme,après sa mort, étoit- placé parmi les dieux, Après-vous avoir: communiqué mes réflexions sur ces deux objets , je; veux faire en sorte de déterminer l’époque à laquelle les prètres égyp- tiens déifièrent Ptolémée v. Devons-nous.éroire qu'ils lui décernèrent cet honneur suprème lors- qu'il étoit à peine âgé de treize ans, comme l'ont pensé les savants qui ont écrit sur ce sujet ? N’est- il pas plus vraisemblable qu'ils ne lui accorde rent cet hommage éclatant que lorsqu'il eut at- teint l’âge de vingt-cinq ans, ainsi que Polybe (1) Voyez la première dans le ton. IF ;pag. 106 , année 1807, 52 Histoire. nous le fait entendre (1)? Pour adopter la pre: mière de ces opinions , il faudroit nous persuader que les tuteurs de Ptolémée v, avoient eux-mêmes, par la sagesse de leur administration , mérité au plus haut degré la reconnoissance publique, et que les prêtres de Memphis, par une adulation excessive, auroient décerné au jeune Prince l’hon- neur qui n’auroit été dû qu’à ses tuteurs. Je vous rappellerai dans ma troisième lettre, la longue suite de grandes actions et de bienfaits qui moti- verent la déification de ce Prince : il paroîtra sans doute évident qu'il ne put commencer à méttre en exécution tant de grandes choses avant d’avoir atteint sa majorité , ou, pour mieux dire, la plénitude de sa raison (2). Je vais prouver plus particulièrement dans celle-ci , que sa minorité fut extrêmement orageuse ; Que ses premiers tuteurs, bien loin de s’occuper du bonheur des peuples, ne cherchèrent qu’à se supplanter les uns les autres ,;et à dilapider les finances de l'Etat ; qu'ils eurent à soutenir des guerres désastreuses ; que le dernier d’entre eux , dont les intentions étoient pures, eut à peine assez de moyens pour calmer les maux les plus pressans ; et qu’enfin ce Prince fut trop heureux, dans de pareïlles circonstances , de con- server sa vie et son royaume. Ces recherches me donneront l’occasion de re- lever des erreurs faites par quelques historiens modernes , au sujet de cette minorité. La plus (1) Exec. Vales. pag. 113. (2) Ce prince fut déclaré majeur à treise ans” Ptolémée r. 53 notable concerne M. Æmilius Lepidus, que diffé- rens écrivains croyent avoir été tuteur de Ptolé- mée v, et qui ne le fut en effet que de ses deux fils , l’un nommé Philometor, et l’autre Evergète rr. L'’illustte auteur de l'Histoire ancienne (3), et les savans Anglais qui ont composé une His- toireuniverselle , justement estimée (4), n’ont pas donné assez d’attention à cette partie de la tutelle de Ptolémée v; trop occupés par la quantité des monumens historiques qu’ils avoient rassemblés, ils n’ont'pas pénétré assez profondément dans les sources où ils puisoient : on sent que la discussion eût été longue et que leur tâche auroit été bien pénible, s’ils eussent voulu examiner avec détails des faits que l'insuffisance des matériaux rendoit souvent très-obscurs. Il y auroit autant d’injustice que d’'ingratitude à les juger rigoureusement sur ce point. On doit être surpris que Vaillant , qui a écrit l'Histoire particulière des Ptolémées , n'ait pas fait servir plus utilement la connoïissance des médailles à applanir un grand nombre de diff- cultés que cette Histoire renferme. Son ouvrage est plutôt un amas de citations faites mot à mot, ainsi qu’il le dit lui-même (5), qu’une narration exacte et suivie : il sembleroit qu’il n’y a pas ap- porté cette critique éclairée dont il étoit si capa- ble; aussi le savant abbé Éckhel considère-t+il (3) Rollin, t. viij pag. 213, 229 à 231. (4) Tome xiv , pag. 364 et suiv. (5) Alligare me volui, rejerendis solùm auctorum verbis , pref. Hist, Reg. Ægypt. SA Histoire: cette production comme le plus foible ouvrage de éé célèbre numismate (6). Parmi les différens objets où la négligence dé” ce savant se laisse reconnoître , je pourrois faire remarquer qu’iln’est nullement fondé à supposer, comme l'ont fait bien d’autres, qu'Agathocle, tuteur du jeune Roi, eut péri dès la première année. de la tutelle qu'il avoit usurpée , ainsi que la régence. Rollin avance avec moins de droit encore, d’après le seul témoignage de Justin, que ce régent perdit la vie immédiatement après Ja mort de Ptolémée Philopator , père d’'Epi- phane. Je n’ai pasété moins surpris de l’erreur de cet estimable savant , lorsqu'il confond ensuite Sosibe le fils avec Sosibe le père , et qu’il fait de Tlépoleme un des ministres de Philopator (7). Parcourons rapidement l’histoire de la mino- rité de Ptolémée v, et celle des années qui avoient précédé, en remontant jusqu’à Soter 1.er Après de longues et de sanglantes querelles (6) Vegligentiæ verd ; summæ passim in hoc opere lucu- lenta habes specimina , ut cum in canone chronologico Epi- phanem constanter appellet, qui Evergetes est ; et cum Clecpa- træ postremæ historiam sic finit. Romani diem quo capta Alexandria... J'aurai occasion dans mes lettres subséquentes, de démontrer ‘avec la plus grande évidence , combien Vaillant a été induit en erreur dans cette histoire , au sujet des descen- dans de Soter, notamment à l'égard du portrait de Ptolé- mée 171 (Evergète 1), qu’il attribue tantôt à Ptolémée xr, et tantôt à Ptolémée x11, et ce qui est encore plus remarquable relativement à l’objet qui nous occupe , en prenant la tête de Ptolémée v , pour celle de Ptolémée x111 , frere malheureux de Ja, dernière Cléopatre. (7) Histe Anc. t. viij, pag. 213, Piolémée r. 55 entre les généraux d'Alexandre, et après l’ex- tinction totale de la race de ce conquérant en ligne directe (8), Ptolémée, surnommé Soter, ‘ un de ses plus heureux et de ses plus braves ca- pitaines , s’empara de l'Egypte, de la Phénicie et de la Célésyrie, prit le titre de Roï , gouverna son royaume avec autant de sagesse que de prudence ; et donna , deux ans avant sa mort, un exemple bien rare de tendresse et de confiance envers son fils Philadelphe, en abdiquant la couronge. Cette abdication eût lieu , suivant le Canon chronologi- que de Vaillant que je continuerai à citer, la troi- sième année de la cent vingt-troisième olympiade (9) ; la deux cent quatre-vingt-quatrième avant J. GC. (10); la trente-huitième de l'ère des Lagides et de la fondation de Rome 466 (11). Ptolémée-Philadelphe soutint glorieusement la (8) Suivant divers auteurs, Ptolémée Soter étoit fils naturel de Philippe , dont Lagus avoit épousé la concubine. Cette femme étoit grosse de Ptolémée Soter lorsqu'il l’épousa ; par - conséquent la race de Caranus, premier Roi de Macédoine, dont . Philippe étoit issu, ne s’éteignit qu'à la derniére Cléopatre. Par la succession féminine cette race se prolonge jusqu’à Antio- chus, surnommé Philopapus, petit fils d’Antiochus 1v, dernier roi de la Commagène. Voyez Spou, Weller, Stuard, et surtout Gli atti e monum. de frat. Arvali, du savant Abbé Gaëtano Marini, tom. 11, page 725 à 750. (9) Hist. reg. Egypt. canon. chron. (10) Le Père Fræœlich place cette abdication en la 185 an. av. J. C. Ann. reg. Syr. p. 12; et l'Abbé Eckhel en la 182. Doct. num. vet., tom. 1V, p. ÿ. (11) Suivant les fastes de Panvinius , du côté gauche où se trouve l’époque Varonienne, 56 Histoire, majesté du trône ; il s’appliqua à faire fleurir le commerce , à protéger les sciences et les beaux arts : son goût et sa magnificence honore- rent beaucoup un règne qui dura quarante ans. Ce Prince mourut la troisième année de la cent trente-troisième olympiade ; deux cent quarante ans avant J. C. (12); l’an 78 des Lagides, et de Rome 507 (13). Ptolémée-Evergète son fils, pour venger la mort de sa sœur Bérénice , à qui Séleucus 17, avoit Ôôté la vie (14), entra avec une puissante armée dans la Syrie , et la soumit toute entière. Nouvel émule d'Alexandre, il poussa très-loin ses con- quêtes dans l'Orient (15). Il rentra plusieurs fois en triomphateur à Alexandrie, couvert de gloire, chargé des dépouilles des nations qu’il avoit sou- mises ; et après avoir ouvert par ses victoires de nouvelles routes au commerce de l'Egypte , il Jaissa à son fils Ptolémée-Philopator , après vingt- sept ans de règne, des états immenses et floris- sans. Il mourut la première année de la cent qua- rantième olympiade, deux cent dix-huit ans avant l'ère vulgaire ; la cent quatrième année de celle des Lagides , qui coïncide, suivant Panvinius déjà (12) Suivant le Père Frœlich, Loc. cit., page 27, la mort de ce Roi auroit eu lieu l’année première de la même olympiade , 247 ans avant notre ère. L'Abbé Eckhel a suivi le même caleul. (13) Par ce calcul, Vaillant fait régner Ptolémée Philadelphe quarante-un ans, tandis que d’autres ne le font régner que trente-neuf. (14) Ann. reg. syr. Frælich, p. 28, (45) Inscript. d’Adulis Chishul, ant, Asiæ, p.85. 2 Ptolémée r. 57 cité, avec la cinq cent trente-troisième de la fon- dation de Rome (16)... Entre les douze Rois qui succédèrent à Soter, Philadelphe et Evergète seulement soutinrent la noblesse de leur origine. La malheureuse facilité d’accumuler dans une seule ville les trésors de presque tout l'Orient, y produisit bientôt ce luxe voluptueux qui dénature les meilleures institu- tions , et qui empoisonne les sources de la morale. L'éducation des Princes loin de les habituer à leurs devoirs , leur apprit à les mépriser (17) ; tous les vices ensemble attaquèrent le trône comme autant d’ennemis qui devoient en consommer la ruine. Après le règne d’'Evergète, la cour d’Alexan- dre devint un théâtre scandaleux de débauches, un foyer de violences et de cruautés. Des Princes presque toujours abandonnés dès leur enfance à des tuteurs corrompus, à de lâches courtisans , à des Reines ambitieuses ou sanguinaires, ne furent plus que d’indignes rejetons d’une race illustre, sans en excepter Ptolémée-Epiphane, auquel un enthousiasme momentané fit dégerner"les hon- neurs de la déification. Ptolémée-Philopator, né pour être la honte de ses pères, avoit dissimulé ses perfides inten- tions en montant sur le trône (18). Il prépara, (16) Suivant le père Frœlich, Ann. reg. syr., p. 34, ce Roi mourut la troisième année de Ia même olympiade , 221 ans avant J. C. L’Abbé Eckhel a suivi la même supputation. (17) Un auteur célèbre a dit que l'ouvrage le plus difficile des Rois est de résister à leur éducation. (18) Polyb. Excerpt. vales, pag. 63. 58 Histoire. par ses vices , la décadence de l'héritage brillant qu'ils lui avoient transmis. Forcé d’opposer une barrière à l'ambition du célèbre Antiochus, il avoit vu fuir ce jeune Prince devant ses soldats depuis long-temps aguérris ; mais après la bataille . de Raphia, la victoire lui offre en vain de nou- veaux trophées ; trop lâche, trop efféminé, pour aimer la gloire et le bonheur de ses peuples, il pré- fère les attraits de sa capitale pour y régner sur les cendres de ses plus proches parens , de ses amis et de ses plus fidèles sujets. Justement accusé d’un affreux parricide , il ajoute à ce forfait les meurtres de sa mère Bérénice, de son frère Ma- gas, d'Arsinoé sa sœur et sa femme, témoins im- portuns de ses infames déréglemens ; sa cruauté n’épargne pas Cléomène, hôte illustre dont la no- blesse, le courage et les malheurs avoient telle- ment touché Ptolémée-Evergète, qu'il lui avoit promis solemnellement de le remettre sur le trône de Sparte. Enchaîné par des amours insensés , il partage son trône avec Agathoclée sa maîtresse, et avec Agathgcle son jeune et indigne favori. Les trésors sont dissipés, les charges les plus émi- nentes deviennent la proie de ce favori et de ses protégés; et les grands du royaume, indignés où proscrits, font soulever des provinces entières. Philopator (19), affoibli par ses déréglemens habituels et accablé de mépris, perd enfin la vie après dix-sept ans de règne, la deux cent-unième année avant notre ère ; la deuxième de la cent {19) L’Abbé Eckhel observe qu'il fut aussi surnommmé Tryphon et Gallus. Doct. num, vel. Tom, 1v, pag, 14. Piolémée 7: 5g quarante - quatrième olympiade qui coïncide: avec la cinq cent cinquantième de Rome (20), etla cent vingt-unième des Lagides. Il laissa Ptolé- mée v, son fils âgé de cinq ans, et ses états livrés à une fermentation qu’il avoit honteusement pro- voquée. Les auteurs anciens nous ont transmis peu de détails sur l’histoire des premières années de ce dernier Prince; mais l'inscription de Ro- sette et les fragmens de Polybe, si nous les exa- minons avecattention, et si nous les rapprochons les uns des autres , pourront nous donner de nou- velles lumières, Je vais, avec ce secours , essayer de rétablir les faits. Régence de Sosibe le père et d'Agathocle. Ptolémée-Philopator mourut sans qu’on sût peut-être , dans son propre palais , qu'il fût sé- rieusement malade. Sosibe le père , que Polybe qualifie de oxxpes, homme à longue vie, mi- nistre cruel qui avoit suivi aveuglément les vo- lontés les plus injustes d’un Prince corrompu et de ses indignes favoris (21), Sosibe, dis-je, et la famille d’Agathocle cachèrent quelque temps la mort de ce Prince ; ils s’'emparèrent du trésor de la couronne , et s’entourèrent des nombreuses créatures, que la faveur dont ils avoient joui, avoient placé aux premiers emplois civils et mili- (20) Suivant la chronologie du Père Frœlich, 204 ans avant 3. C., Cette opinion est conforme à celle d'Ussérius et à celle d’Eckhel Il y a par-conséquent trois ans de différence entre ce ealcul et celui de Vaillant qui est réellement fautif. (21) Rollin, t. xiij, pag. 44. 60 Histoire. taires ; ils publièrent enfin que le Roi n’étoit plus; et qu’il leur avoit confié en mourant la tutelle du jeune Roi ainsi que la régence. On conçoit qu'il eût été aussi difficile que dan- gereux, dans l’état de délabrement où se trouvoit le royaume , d’opposer de la résistance aux me* sures que ces faux tuteurs {22) avoient sçu pren- dre. On reconnoît, par un des fragmens de Po- libe (23), que les esprits, quoiqu’aigris et alié- nés, avoient été forcés de préférer les chances de cette honteuse tutelle, aux risques d’une lutte inégale. Le parti le plus sûr avoit été d’attendre quelque circonstance favorable que le méconten- tement général pouvoit faire naître. Après avoir qualifié Sosibe de FAUX TUTEUR , Polybe ne fait plus mention de lui en parlant des griefs des Alexandrins contre Agathocle. Il est aisé de conclure de ce silence, qu’à la mort du vieux Ministre, le jeune favori resta seul chargé de la tutelle et de la régence ; on peut aussi pré- sumer que Sosibe , qui figuroit depuis quatre règnes consécutifs (24) à la cour d'Alexandrie, parvint à arrêter, pendant quelque temps, les dé- règlemens d'Agathocle. Affermi dans son autorité, celui-ci crut d’a- (22) C’est par cette dénomination de faux Tuteur. ( euderé= pores) que Polybe designe Sosibe le père et Agathocle. Excerpt. Vales. pag. 65. Don Thuillier traduit le mot par Faux-Tu- teurs et par Faux-Ministres. Polyb. de Folard 1. vj, pag. 448 et suivantes. (23) Excerpt. Vales. , pag. 6b. (24) Id. 1bid. Ptolémée r. ôt berd pouvoir se livrer impunément aux vexations et aux débauches auxquelles il avoit présidé sous le règne précédent. Son audace lassa bientôt la patience des Alexandrins ; des murmures se firent entendre de toutes parts; frappé du danger qui le menaçoit , 1l n’écarta l’orage qu’en substituant l'hypocrisie au scandale, et en faisant payer exac- tement la solde des troupes. Agathocle étoit trop foible et trop corrompu pour soutenir long-temps un rôle aussi opposé à ses inclinations. Une fois le calme rétabli, il éloigna, sous toutes sortes de prétextes , les personnages les plus marquans, ne distribua les emplois qu’à ses créatures, et rassuré par ces nouvelles me- sures , il se livra à de nouveaux désordres. Rien ne fut plus sacré pour lui; dans son délire or- gueilleux, il attenta même au repos et:à l’hon- neur des familles , il viola l'asile de la chasteté et de l'innocence. Enfin l'agitation et les murmures se renouve- lèrent à Alexandrie plus que jamais; mais faute d’un bras assez fort pour renverser ce: faux tu- teur, la nation supportoit encore une tyrannie révoltante qui menaçoit l'Etat d’une ruiné pro- chaine. Cependant les yeux étoient fixés sur Tlé- polème, qui avoit séduit le peuple par sa bra- voure et par son éloquence (25). Ce guerrier avoit vécu avec Agathocle dans une grande intimité (26); mais dévorés l’un et l’autre par l'ambition (25) Id. pag. 65 et 66. (26) Vaïll. Hist. reg æg. pag. 72 62 - Histoire. de dominer , leur amitié n’avoit pas été de longue durée. La faveur dont Tlépolème jouissoit auprès du peuple et auprès des gens de guerre , ayant donné de l’ombrage à Agathocle, celui-ci, plus inepte encore que méchant, crut qu’en dénonçant son rival comme un traître qui n’aspiroit à rien moins qu’à s'emparer du trône, il parviendroit à le faire périr; mais il a beau convoquer la garde macé- donienne et les plus notables de la ville; il a beau verser des larmes sur le sort futur du jeune Prince, qu’il soulève entre ses bras, et faire paroître des témoins qui déposent contre l’accusé alors absent, il ne reçoit des Alexandrins que des témoignages de mépris et de haine. Il veut fuir, mais rien ne seconde son dessein tardif ; 1l tente de rassembler son parti, de massacrer ses ennemis et de s’em- parer de Ja tyrannie, mais cette fureur n’aboutit qu’à lui faire maltraiter Danaé , belle-mère de Tlépolème et à aigrir de plus en plus les esprits. La confusion devient extrême ; le soldat refuse d’obéir ; tout annonce enfin au superbe Agatho- clé que le térme de ses forfaits’ est arrivé ; il se croiroit trop heureux de conserver la. vie ; ôn ne l'écoute pas ; on enlève le Roï de son palais; on le montre au peuple au milieu des applaudis- semens et des cris d’allégresse; Sosibe ; fils de l’an- cien Ministre, reçoit de ce Prince enfant Parrêt de mort de l’indigne tuteur, et Agathocle est traîné dans la place publique où le peuple lé- gorge avec toute sa malheureuse famille. Ptolémée r. 63 1 Deuxième régence : Sosibe le jeune et | Tlépolème. Après la mort d’Agathocle, So EeN qui avoit contribué à à son arrestation, et Tlépolème, qui avoit obtenu les suffrages Ê la multitude, furent chargés de la tutelle et mis à la tête du gouver- nement. On ne peut révoquer en doute cette seconde régence ; elle est prouvée par le témoi- gnage de Polybe (27); mais ce même historien nous dit en mème-temps qu’elle resta bientôt sans partage à Tlépolème, quoiqu'il en eût déjà exces- sivement abusé (28). Il paroît que la popularité de ce nouveau tuteur, et son ascendant sur les gens de guerre, l’emportèrent sur les griefs pu- blics qu’on avoit contre lui, et sur l’estime dont Sosibe j jouissoit auprès des principaux du royaume: celui-ci fut obligé de remettre l’anneau royal à Tlépolème > qui dès ce moment gouverna le royaume à son gré. Kai rally FaptiAnŸas 6 o TAYZOAE0SS Aoiroÿ 5 aéyle Ta zpéynale zac T4 av]s Zpouipecus exrpal= 7 (29). Troisième régence : Aristomène. On n’a pas déterminé jusqu’à présent la durée des deux premières régences; les historiens ne nous disent ni à quelle époque arriva la disgrace de Tlépolème, ni de quelle manière Aristomène fut élevé à la dignité de tuteur et de régent. Je (29) Exec. Valesii, pag. 83. (28 Zd. Ibid. (29; Id, Ibid. 64 Histoire. proposerai bientôt quelques éclaircissemens à cet égard ; je continue ma narration en me réservant de prouver les faits que j’avance. Lorsque les dissipations et l'incapacité de Tlé- polème eurent fait ouvrir les yeux aux Alexan- drins, et qu’au dégoût qu'inspiroit sa conduite se joignit l'inquiétude causée par l'ambition et par les victoires d’Antiochus, on fit enfin le choix qui convenoit le mieux dans la crise où se trou- voit le royaume. Un étranger, Acarnanien , gé- néralement estimé, Aristomène (30), fut choisi pour administrer la tutelle et la régence. On ne peut nier qu’il n’eût été l’un des flatteurs d’Aga- tocle ; mais comme il se fit remarquer long-temps par sa prudence et par ses vertus; qu'il fut le plus ferme appui du trône, et enfin la victime de son dévouement pour un Prince auquel il avoit tenu lieu de père, on est forcé de l’admirer ; tan- dis qu’on ne peut éprouver , à l'égard du Roi son meurtrier , que le sentiment qu’inspirent lingra- titude et le parricide (31). Quoique l'administration d’Aristomène méritât de la confiance , l'Egypte étoit toujours menacée au - dehors par le Roi de Syrie, et-agitée dans l'intérieur par les:mécontens ; les troupes ne con- noissoient plus de disciplines on manquoit de chefs pour remettre l’armée sur l’ancien pied. Il fallut recourir à des guerriers étrangers. Scopas, Ætolien, irrité de ce que ces compatriotes lui (30) Polyb. 1. xv. (31) Diod, Exe. Vales., pag. 294 etsuiv, Piolémée r. 63 avoient refusé de le confirmer dans sa préture (52), et dévoré de la soif des richesses , avoit jeté les yeux sur l'Egypte comme sur le théâtre le plus convenable à son ambition. Accueilli par la Ré- gence , il en reçut une somme considérable pour aller lever des troupes dans l’Ætolie. Il ÿ rassem- bla bientôt six mille soldats , élite de la jeunesse ætolienne ; et sans les représentations de Damo- crite, il ne seroit resté personne pour la défense du pays (53). Scopas, revenu en Egypte, se met à la tête de l'armée, et part pour recouvrer la Célésyrie et la Palestine. Il y trouve les généraux d’Antiochus qu'il défait ; il s'empare de plusieurs villes, et ren tre à Alexandrie chargé d’un riche butin (34). L’année suivante, obligé de se remettre en campa- gne, il est complettement battu par Antiochus lui- même , qui reprend les villes que ces généraux avoient perdues, et notamment Sidon où Scopas s’'étoit renfermé avec dix mille hommes. La ville est prise mälgré les secours qu’Aristomène avoit _ envoyés sous le commandement d’Æropus, de Menoclés et de Damoxène, et Scopas en sort ne conservant que la vie (35). Le Roi de Syrie desiroit pousser ses conquêtes dans l’Asie; mais il craignoit les Romains. Dans ces (32) Liv. lib. Ixxxj, n.° 43—Polyb. Excerpt. Wales, , pag. 65. (33) Liv. Loc. cit. (34) Flav. Joseph. lib. xij. = Hieronym. in cap. x1. Daniel, (35) Id. Ibid. Tome F. Septembre, 1807. 5 66 Histoire. conjonctures il lui parutindispensable detraiter de la paix avec Ptolémée. Les conditions furent qu’il donneroit sa fille Cléopâtre à ce jeune Prince , et qu’à titre de dot il lui restitueroit la Célésyrie et la Palestine, à l'époque du mariage. Les pertes causées par la défaite de Scopas, et la nécessité de se prêter aux desirs d’Antiochus pour conclure la paix, sont des preuves de l’im= puissance où étoit alors la cour d'Alexandrie de rétablir le bon ordre dans l’intérieur. Polybe observe que pour parvenir plutôt à ce but, tous les vœux se réunirent pour demander que le jeune Roi montât sur le trône avant d’avoir atteint l'âge fixé par la loi, afin que son autorité im- médiate eût plus d'iufluence sur la prospérité du royaume; et il ajoute que Polycrate, qui fut ensuite adjoint à Aristomène , ou qui l’étoit peut- être déjà, convaincu de la nécessité d’employer ce moyen, contribua beaucoup à le faire adop- ter (36). Au moment où ce projet alloit s’exécuter, ou du moins vers cette époque , une conspiration que les désordres intérieurs rendoient plus facile, mit de nouveau l’Etat dans le danger le plus im- minent. Scopas, malgré ses mauvais succès , n’a- voit rien perdu de sa considération à la cour d'Alexandrie. La paix, que l’on venoit de faire avec le Roi de Syrie, laissoit oisifs les soldats grecs qui étoient à la solde de l'Etat. Le général æto- lien, qui avoit le commandement de ces troupes, (36) Polyb. L. xvij, pag. 5o7. Vind. 1763. ; Ptolémée r. 65 conçut le projet de s’en servir pour s'emparer du gouvernement ; il avoit heureusement , suivant le témoignage de Polybe; moins de talent que d'ambition: Ses plans , mal concertés ; furent découverts. Traîiné devant le conseil du Roi, alors âgé de treize ans ; accablé de l’indignation de ce Prince, et même de celle des étrangers, il fut jeté dans une prison où Aristomeène le fit empoisonner (37). Ce fut immédiatement après la mort de Scopas; dit encore Polybe (38) , qu’on se prépara à célébrer les fêtes d'usage désignées sous le nom d'æaxnnlipe , et que le père Froelich reconnoît bien justement pour être celles de l'installation Téva poowaou primi inscensi throni (39). + Ainsi finit la minorité de Ptolémée v : Aristo- mène et Polycrate demeurèrent auprès de lui, en qualité de ministres. Polycrate s’étoit distingué à la bataille de Raphia , il avoit ensuite été nom- mé gouverneur de Chypre ; pendant tout le temps de la minorité, il étoit resté fidèle à son jeune sou- verain ; il lui avoit apporté depuis peu de temps des sommes considérables amassées pendant son administration ;, et qu’il n’avoit pas osé envoyer en Egypte jusqu'alors : aussi ce gouverneur étoit- il accueilli comme le méritoient ses services , sa “sagesse et son intégrité (40), et il ne faut pas être surpris qu’un pareil personnage parût digne (37) Id. Ibid. (38) Zd. Ibid. (39) Ann. Reg. Syr., pag. 444 (40) Polyb. L. xvij. pag. 508. 68 Histoire: de partager avec Aristomène les fonctions déli- cates de ministre. Je passe maintenant aux divers motifs qui con- courent à appuyer la réalité des trois régences, et leur succession immédiate ; je terminerai mes ob- servations par examiner si la tutelle de M. Æmi- lius Lepidus peut-être rapportée au règne de Pto- lémée v, plutôt qu’à Ptolémée Philometor son fils; Preuves de la régence et de la tutelle de Sosibe le pere, et d'Agathocle. Cinq personnages marquants figurent pendant la minorité de Ptolémée v , Sosibe le père, Aga- thocle , Sosibe le fils, Tlépolème, et Aristomène. Il est reconnu qu’on a souvent mal entendu et mal établi les faits qui les concernent. Il s’agit de prouver de quelle manière ils se succédèrent dans Padministration. Quoique Vaitlant avance que Sosibe le père eut cessé de vivre la quinzième année du règne de Philopator , je n’ai pu admettre une assertion dé- . nuée de preuves , et qui est démentie par Polybe | de la manière la plus précise (41). Quoique Justin avance que la mort d’Agatocle suivit immédiate- w ment celle de Ptolémée Philopator (42), je n’ai 4 pu méconnoîitre l’association de Sosibe avec ce « favori pour le gouvernement des Ltats du jeune l héritier du trône d'Egypte, et leur qualité de tuteurs de ce Prince. Polybe auteur contemporain , reconnoit d’une (4x) Excerpt. Vales., pag. 65. (42) Justin. Lugd. Bat, 1960. pag. 562 Ptolémée r. 69 manière bien évidente que ces deux courtisans exercèrent l’un et l’autrela tutelle, puisqu'il les dé- signe tous les deux par la dénomination de Faux- Tuteurs Yeaiezes, De quelque manière qu’ils se fusssent emparés de l’autorité, cette qualifica- tion prouve suffisamment qu’ils en jouirent. Le même auteur nous donne des preuves plus étendues de la tutelle d’Agathocle, soit dans le détail des désordres que causa la tyrannie de ces faux-tuteurs (43), soit dans le reçit des circons- tances qui accompagnèrent sa mort. (44). Justin sur la foi duquel la plupart des écrivains modernes révoquent en doute cette première ré- gence , est le seul des auteurs anciens qui affirme qu'Agathocle perdit la vie sans avoir exercé les fonctions de tuteur. Il avance en même-temps qu’à la mort de Ptolémée Philopator les Alexan- drins firent périr ce jeune favori, et que déjà i ins- truits du dessein de Philippe Roi de Macédoine et d’Antiochus Roi de Syrie de partager l'Egypte, ils se hâtèrent de demander aux Romains, par une ambassade , qu’ils donnassent un tuteur à leur jeune Roi (45). Pour accorder quelque croyance à ce récit , il faudroit se persuader qu’'Agathocle avoit gouverné (43) Excerpt. Vales. p- 65. (#4) Polyb. L. xv. , (45) Morte regis, supplicio meretricum velut expiata regni infamia, legatos Alexandrini ad romanos misere orantes ut tute- lam pupili susciperent, tuerenturque regnum Egypti, quod jam Philippum et Antiochum, facta inter se pactione, divisissa dicebant, wo Histoire: TEgypte en qualité de ministre sous le règne pré- cédent. Or nous ne voyons nulle part qu'il ait été “en éffet ministre de Philopator, et nous savons au ‘contraire qu'il étoit le plus jeune de ses favoris. De plus, Polybe qui exposé avec détail les crimes dont il se souilla dans son administration, non- ‘Seulement le qualifie de faux-tuteur , ainsi que je viens de le dire, mais il ne parle jamais à ce sujet ‘dé Ptolémée Philopator. Si Agathocle n’eût pas “exercé durant quelque temps les fonctions de tu- teur, auroit-il pu dire aux Macédoniens, qu'il vouloit intéresser en sa faveur: « Il y a long- temps que ceux qui connoissent à fond Tlépolème ‘s’apperçoivent qu'il chéfche à s'élever plus haut “qu'il ne convient à un hommie de sa sorte; mais “maïntenant il a fixé l'heure , le moment où il veut ‘s'ëmparer du diadème (46) 5? Peut-il tomber sous ‘les sens que Polybe ait voulu dire que déjà, sous le ‘règne de Philopätor , le jeune Tlépolème , eût manifesté une aussi ridicule ambition ? Le même auteur auroit-il dit ensuite : « comme depuis Tong-temps on nésouhaitoit qu’à se révolter (47) » ? Enfin pourroit-on se persuader qu’'Aristomène eût osé mettre sur la tête d’Agathocle une cou- ronrié d’or; dans un repas qu'il donna à ce ré- gent (48)? Un courtisan aussi prudent qu’Aristo- mène ne pouvoit se porter à cet excès d’adulation qu’envers un homme revêtu du pouvoir souverain (46) Polÿb. de Follard, , Liv. vi. (47) Id: Ibid. (48) Id. 1. xv, pag. 420. (Piolémée 7. TL. et assez puissant pour le faire parvenir aux pre- mières dignités. Comment croire d’ aleuté qu’à l'instant même où Ptolémée Philopator venoit d’expirer , An- thiocus et Philippe eussent déjà formé le projet de partager les Etats de son fils , et que ce pro- jet fût déjà connu du peuple d'Alexandrie ? Po- lybe, Appien, Tite-Live ne parlent d’aucune ambassade à Rome pour un pareil motif. N’est-on pas forcé de dire ici avec le savant et judicieux M. de Sainte-Croix : « Justin sem- » ble mépriser la chronologie, et confond presque » tous les temps (49) ? L’invraisemblance du récit de Justin n’a point échappé à Vaillant ; cet illustre antiquaire place la mort d’Agathocle , dans son Canon chrono- logique , à la seconde année du règne de Pto- lémée v ; mais il me paroît lui-même tomber dans l'erreur , lorsqu'il avance , d’une part, que Tlépolème administra la tutelle conjointement avec Agathocle (50), et de l’autre, que Sosibe le père mourut la quinzième année du règne de Philopator. La premiere de ces erreurs provient de ce qu’il a rapproché des faits totalement séparés dans Polybe. Il auroit pu remarquer que Constantin Porphirogenète, qui nous a conservé ces frag- mens , suit, ainsi que l’historien , l’ordre chrono- logique ; et que le passage où il s’agit des malver- (49) Exam. crit. pag. 117. (50) Hist, Reg. AEg., pag. 72. 72 Histoire. sations d'Agathocle, se trouve à la page 65, tan- dis que le second , où il est question de Tlépo- 1ème , est à la page 88. Quant à Sosibe le père, l’assertion est absolu- ment dénuée d’autorités, et démentie par Polybe de la manière la plus précise, lorsqu'il désigne le même Sosibe par la qualification de faux tuteur. IL est bien plus naturel de croire qu’à la mort de Ptolémée rv, Sosibe et Agathocle reconnurent la nécessité de leur réunion, et que les artifices du vieillard suppléèrent à l’inexpérience du jeune et orgueilleux favori , pour comprimer la haine des Alexandrins. Preuves de la régence et de la tutelle de Sosibe le fils, et de Tlépolème. Dans le récit que fait Polybe de la coupable administration d’Agathocle , on voit clairement que Tlépolème est l’objet des vœux des Alexan+ drins , et le seul génie tutélaire qu’ils puissent invoquer pour être délivrés de leur tyran (51); il n’est pas moins facile de se convaincre que leur impatience , autant que leur enthousiasme pour ce jeune guerrier, le portèrent au rang qu'il ambitionnoit. Mais , s’il n’y a aucun doute à élever contre la régence de Tlépolème, s'il est certain qu’il avoit réuni, les suffrages du peuple, il est éga- lement prouvé que Sosibe le fils eut aussi son parti parmi les Grands du royaume, pour lui (br) Excerpt. Vales., pag. 65. N Piolémée r. 7à être associé. Il fit oublier par les avantages de Sa naissance , par ses richesses et par son mérite, les vices et les crimes de son père. Ne le voit- on pas , auprès du jeune Roi, recevoir l’ordre de faire mourir Agathocle (52)? Ne s’aperçoit-on pas ensuite que l’orgueil de Tlépolème se lasse d’un païtage qui le gêne, et que sa popularité et son ascendant sur les troupes , Paffranchissent -d’une rivalité qui lui donnoit de l'inquiétude ? Sosibe enfin n'est-il pas forcé de remettre à Tlé- polème le vrai signe de la tutelle , l’anneau royal (53) ? et Polybe ne reconnoit-il pas que ce nouveau régent étoit incapable par lui-même de conserver le rang auquel la fortune l’avoit élevé (54) ? Il est bien constaté , malgré l’assertion de Rollin, que Tlépolème ne fut jamais Ministre d'Etat sous le règne de Ptolémée 1v (55). On ne peut croire que Sosibe le père, Agathocle et sa sœur Agathoclée, qui gouvernoient entiè- rement le royaume, eussent souffert que ce jeune militaire eût disposé des finances à son gré, eux qui en avoient usurpé le maniement exclusif. Tout est forcé dans l'interprétation qu’on a voulu donner aux divers passages où l’on a cru voir des (2) Polyb. L. xv. (53) Ker TévTnv upeihnpas à Taymodtuos Rom 90 male Ve mpéyuule Lula Iny d01S zrpodipeis ézparley. Excerpt. Val. p- 56. (54) ‘H x Tagios # puovoy érDyaer da 2 Ty GariAtiay HAëT+ Turc. Id. p. 82. (55) Rollin, Hist. anc. t. viij, pag. 45. 74 + Histoire. preuves de son ministère ; et tout rentre au con- traire dans l’ordre naturel , quand on reconnoît dans Tlépolème, qui fut indubitablement employé à l'administration de l’État, un des tuteurs de Ptolémée v, et le successeur si desiré d’Agathocle. . Preuves de la régence et de la tutelle d'Aristomène. La régence et la tutelle d’Aristomène ne sont pas contestés, mais l’embarras consiste à assi- gner à ce tuteur un rang chronologique dans histoire de la minorité. Cette difficulté présente deux questions, On peut demander d’abord quelle fut la durée des deux premières régences, et à quelle époque de la minorité commença l’admi- mistration d’Aristomène ; il faut examiner ensuite si M. Æmil. Lepidus fut envoyé par le Sénat de Rome à Alexandrie , en qualité de tuteur, avant la régence d’Aristomène , ainsi que Vaillant paroît l'avoir entendu, Pour éclaircir la première question , il m’a paru qu'il falloit s’arrêter à la dernière expédition de $Scopas dans la Célesyrie et dans la Palestine, c’est- à-dire à la bataille de Panias. Les écrivains de nos jours qui ont parlé de cette bataille, en ont diversement envisagé l’é- poque. Les auteurs de l'Histoire universelle la placent à l’année 202 avant notre ère (56); Rol- lin (57) et le Père Froelich (58) , à l’année 198; (56) Tome xv, pag. 90. (57) Tome viij, pag. 259. (58) Ann, Reg. Syr. , pag. 38. Ptolémée Fr. 73 Vaillant la rapproche de quatre ans; il sup= pose qu’elle se donna en l’année 194 avant J. C., Ja cent vingt-huitième des Lagides , la première de là cent quarante-sixième olympiade, et la cinq cent cinquante-sixième de la fondation de Rome, temps où , suivant ses calculs, Ptolémée avoit atteint sa onzième année. L'erreur des premiers est évidente : on peut aisément reconnoître qu'ils ont suivi la chronique d'Eusèbe. Cet écrivain place en effet la première expédition de Scopas à l’année 202 avant J. C.; mais ils ont confondu cette première expédition avec la seconde que la bataille de Panias ter- mina ; etils n'ont pas remarqué qu'Eusèbe met un intervalle de cinq ans entre l’une et l’autre. De plus, Eusèbe lui-même a été induit en er- reur, lorsqu'il a supposé que les deux expéditions avoient duré cinq ans. Les auteurs reconnois- sent unanimement qu’elles ne remplirent que deux campagnes consécutives ; et il suit de-là du'én admettant avec Eusèbe que la bataille de Panias se fût donnée dans lan 197, la première expédition n’auroit commencé que l’an 198. Rollin et le P. Froelich paroïssent avoir adopté l'opinion d’Usserius (59), qui sur ce point n'est pas d'accord avec T ite-Live. * Cét historien nous apprénd que vers la fin de l’année 552 de la fondation de Rome, qui coïin- cide avec la troisième du règne de Ptolémée v, la cént vingt-troisième des Lagides, la quatrième (59) Ann. 1. 1, pag. 274. 76 Histoire. de la cent quarante-quatrième olympiade, et 199 ans avant J, C. , Scopas fut envoyé par la Régence d'Alexandrie pour lever des troupes dans l'Æto- lie. En reconnoissant cette autorité, on ne peut varier beaucoup sur l’époque de la bataille de Panias, On est fondé à croire que Scopas ne re- tourna en Egypte avec les six mille hommes qu'il avoit pris à sa solde, que vers le milieu de l’année suivante, 555 ; qu'il porta la guerre dans la Cé- lesyrie et dans la Palestine en l’année 554 , et que Vannée 555, vers le printemps, obligé de se remettre en campagne , il fut vaincu par Antio- Chus. Cette année 555 de Rome correspond avec la 196.° avant notre ère. : - Ce calcul qui s'accorde avec la chronologie d'Eusèbe , (60), et en mème temps avec l'His- toire de Polybe , me paroît le plus propre à indi- quer l’époque où finit la tutelle de Tlépolème. On ne voit en effet, dans les détails qui concer- nent les expéditions de Scopas , aucune circons- tance qui puisse faire présumer que ce Ministre prodigue y aiteu la moindre part; on remarque, au contraire, que toutes les opérations de cette guerre appartiennent au même plan. Saint Jérôme, que j'ai déja cité , nous dit que Scopas étoit assiégé dans la ville de Sidon, et que ce fut Aristomène qui lui envoya de nouvelles troupes d'Alexandrie : nous pouvons croire par conséquent que vers la fin de l’année 199 avant J. C., la troisième année de la minorité de Ptolémée v, on avoit déjà établi un (Go) Eus. Scal. pag. 144. Ptolémée r. 77 conseil de régence présidé par Aristomène , où bien qu’on avoit revêtu cet Acarnanien du titre de régent ; et il suit de là , que les deux premières administrations ne comprennent qu’un espace de trois ans. Suivant le témoignage de Polybe , Tlépolème ne se soutint pas long-temps au rang où il s’étoit élevé (61). Agathocle, au contraire, lassa la patience des Egyptiens : il est vraisemblable que la régence de Tlépolème dura un an ou environ , et celle d’Agathocle à-peu-près deux ans : toute la minorité de Ptolémée v, qui embrasse une pé- riode de huit ans, fut donc administrée de la manière suivante : Régence d’Agathocle, depuis l'an 201 avant J. C. , et de Rome 555 , jusqu’à la fin de lan PSE D ont, LAERRE HARFUR 2 ans. Régence de Tlépolème. . . ..... 1 Régence d’Aristomène . . . ..... 5 ROME EN DEAN HA 8 ans. Il mereste à examiner si on est fondé à placer dans ces huit années la tutelle de M. Æmil. Lepidus. Tutelle de M. Æmil. Lepidus. Il est incontestable que cet illustre Romain, deux fois consul , six fois honoré de la présidence : du Sénat, et que ses grandes qualités avoient fait élever à la dignité de souverain Pontife, fut envoyé en Egypte à deux époques différentes. Dans sa première mission, en l’an 551 de Rome, la seconde année de la minorité de Ptolémée v, il fut chargé, (61) Excerpt. Vales , pag. 82. 78 Hisioire. conjointement avec C. Claude Neron ét Publ, Sempron. Tuditianus, » d'apprendre au jeune » Roi la défaite d’Annibal , de le remercier de ce » que, dans un temps où les Romains avoient » été abandonnés de leurs alliés les plus voisins , » il leur étoit demeuré fidèle, et de lui demander » la continuation de sa bienveillance et de son » amitié pour le peuple romain 'qui ne prenoit » les armes contre Philippe , que pour venger » les outrages qu'il en avoit reçus (62) ». — La seconde mission eut pour objet particulier de gouverner l'Egypte, et de prendre sous sa tutelle un jeune Ptolémée. Valère Maxime, T'acite et Justin font mention de cette tutelle, et une médaille de la famille Æmilia (65), frappée pour en conserver la mémoire, dissiperoit tous les doutes, s’il pou- voit en rester. Pighius (64) est le premier qui se soit élevé contre l’opinion généralement reçue , que cette tutelle eût eu lieu pendant la minorité de Pto- lémée v ; il se fonde principalement sur la mon- noie déjà citée , où ce tuteur est qualifié de Consul pour la seconde fois, et de souverain Pontife (65) ; il fait remarquer que Lepide ne jouissoit pas de ces titres lors de la minorité de (62) Tic. Liv. lib. xxx). (63) Ursin. fam. rom. pag. vi}. Eckhel. doct. num. yet. t.w, pag. 123 et seq.— Vaillant hist. reg. Egypt., pag. 87. (64) Ann. rom. t. 2, pag. 404. (65) ALEXANDREA caput muliebre turritum :ff: 21. Piolémée Fr. Le Ptolémée v, et il couclut que cette tutelle con- cerne Ptolémée Philometor. L'opinion de Pighius me paroît juste, mais il l’a si mal discutée, qu'il a donné lieu à la critique de Vaillant (66) , et à celle de l’abbé Eckhel , qui eux-mêmes ne sont entrés à cet égard dans aucun développement historique et n’ont rien éclairci. L’abbé Eckhel prouve que les descendans des illustres familles de Rome auxquelles le droit de faire frapper des monnoies étoit dévolu, em- ployoientquelquelois des types et des légendes ana- chroniques ; pour renfermer dans un même cadre tous les titres honorifiques de leur famille, et il con- clue de cette observation, ainsi qu’Usserius, cité par Vaillant (67), que la famille Æmilia peut avoir donné à M. Æmilius Lepidus, sur la médaille dont nous venons de parler, les titres de souve- rain Pontife, quoiqu'il n’en jouit pas encore à l’époque de la tutelle. Il s'appuie en outre sur un passage de Tite-Live, pour prouver qu’un souverain Pontife , une fois établi dans ses fonc- tions , ne pouvoit plus sortir de Rome. En com- battant Pighius , le savant antiquaire de Vienne ajoute qu’on ignore la véritable époque de la tu telle dont il s’agit; « T'utela, perfunctus Lepidus, » quo temporeignoratur » (68). Vaillant la place à LEPIDUS. PONT. MAX. TV TOR. REG. S. C. Lepidus togatus stans regi togato adstanti et dext. hastam tenenti dia- dema imponit. (66) Loc. cit. (G7) Id. Ibid. (68) Eckhel. Doct. num. vet.t.v, p. 126. 8o Histoire. la troisième année du règne de Ptolémée v, (69); et le père Froelich à la cinquième (70); mais je pense qu’en reconnoissant la justesse des observations de l’abbé Eckhel, on peut encore rejeter sa consé- quence. Justin, ainsi que je l'ai dit, est le seul parmi les trois auteurs cités, qui avance que cette tu- telle fut demandée par les Alexandrins, immédia- tement après la mort de Philopator; mais nous avons vu que cet historien est démenti par des faits incontestables, qui paroissent avoir forcé Vaillant et le Père Froelich à reculer de quelques années le second voyage de Lépidus à Alexandrie. Valère Maxime s'exprime en ces termes : «cum » Ptolemæus Rex tutorem populum romanum » filio relinquisset, Senatus M. Æm. Lepidum » Pont. Max. bis consul, ad pueri tutelam ge- » rendam Alexandriam misit, amplissimique et in- » tegerrimi viri sanctitatem Reip. usibus et sacris » comparalam , externæ procurationi vacare vo- » luit, ne fides civitatis nostræ frustra petita » existimaretur : cujus beneficiis, regia incuna- » bula conservata , pariter ac decorata, incertum » Ptolemæum reddiderunt, patris ne fortuna ma- » gis, antutoris majestate gloriari deberet (71) ». Rien n’est inutile dans ce passage. On peut bien penser que Valère Maxime , en donnant à Lépidus les titres de Consul et de Pontife, parle dans le même esprit que ces illustres familles de (69) Canon. Chron. (70) Ann. reg. syr. pag. 38+ (71) Val. max.l.iv chap... = Ptolémée. r; 81 Rome dont il a déjaété question; mais lorsqu'il fait mention des qualités personnelles de ce Sénateur; de sa majesté, de sa sainteté, ilest évident que ces qualifications ne peuvent pas se rapporter à un jeune homme: Or Lépide m’avoit que vingt-deux ans ou environ, lorsqu'il fut envoyé , pour la pre- mière fois en Egypte, au commencement de la munerité de Ptolémée v. Ce fait, prouvé par les diverses circonstances de sa vie, est d'accord avec le récit de Tite-Live. Lépide, après avoir quitté Ja cour d'Alexandrie ; fut envoyé par ses collègues dans l’'Héllespont, pour déclarer, aunom du Sénat, à Philippe ; qui faisoit alors le siégé d’Abidos, que Rome le traiteroit comme un ennemi s'il ne renonçoit à.ses entreprises contre les possessions de Ptolémée y. Tite-Live, en racontant ce qui se passa dans l’entrevue de Philippe et du jeune Ambassadeür met ces paroles dans la bouche du Roi : Ætas,;, forma, et super omnia romanum nomen te ferociorem facit. « Ton âge, ta beauté, ».et plus encore dle:nom de Romain t'inspirent », trop d’audacei«:Ges mots de Philippe nous don: nent bien le-portrait d’un jeune: homme (32). ‘IL est enfin impossible de supposer que le Sénat ro main ,composé de tant de vieux guerriers et d’ants ::1(72) Le premier voyage de Lépide:à Alexandrie est de l’an de ‘Rome 550; ilfuteréé prince du Sénat pourla sixième fois l’an 599; de sorte qu ’en SUPRPAUE qu'il füt âgé de 22 äns,lors de sa pre ‘mière ambassade, il, seroit entré dans la soixante-onzième année, lors de sa dernière nomination à la présidence du Sénat : par ce calcul il est aisé de reconnoître encore mieux combien Lépide étoit jeune lorsqu’il fut envoyé vers Ptoléniée v et vérs Philippe. Tome F, Septembre , 1807. 6 82 « Histoire) ciens magistrâts:; eût fait choix d’un jeune homme de vingt-deux ans pour une mission aussi impor- tante que.celle du' gouvernement de ie 10 et: dela tutelle du jeune Roi: or | - Nous ne saurions expire avec Ussérius, et d’a- près lui, avec, les auteurs: de l'Histoire umiver- selle, que Valère:Maxime ait écrit: sur Päautorité unique de la mèdaille des Æmiliens. Nous devons lui rendre là justice de croire jé il avoit consulté des historiens dignes de foï..:7 … Maïs si Justin s’est notoirement trompé sur l’ob- jet du premier voyage de: Lépide; si Valère- Maxime est précis sur l’âge et les qualités person- nelles de ce Sénateur; enfin si Polybe, si Tite- Live, si Appien ne parlent nullement de cette tutelle, Tacite ne doit-il pas nous ‘aider à tran- cher toute difficulté, lorsqu'il diti' lisque nor adultis, Trebellenus Rufus præturafunctus dätur qui regtiun interim tractaret, exemplo qu ma- jores nostri M. Liepidum Ptolemæi Kberis tuforem in. Ægyptum miserunt, de: mot ‘liberis , qui n’est employé élégamment que pour le pluriel; ne sau- roit être une erreur de copiste, et'avoir été pris pour filiis. Pighiuss qui a soupçonné une ‘erreur semblable; : à. l'égard des manuscrits de Valère- Maxime, n'a pas remarqué. qu’ al n'y a erreur ni dans le-texte derce dernier auteur, ni dans celui di fFacite; CERN -@ s’est expliqué plus clairement, ais Paûtre ne s’est pas trompé. Valèr e-Maxime n’a Considéré éque l hé ritier dutrone. d'Egypte, et Ta- cite: a voulu désigner les deux fils de Ptolémée v. Piolémée ». 83 Philopator né laissa qu'un seul fils. Le témoi- gnage de Tacite se joint donc à celui des au- teurs que je viens de citer, pour prouver que la tutelle de Lépide ne concerne point Ptolémée y , mais ses deux enfans. L'histoire dé l'administration du royaume d’E- gypte se réunit à toutes ces autorités , pour démontrer ce fait jusqu’à lévidence. Si Lépide eût en effet exercé la tutelle depuis la première année de la minorité de Ptolémée v, nous ne verrions figurer, en qualité de tuteurs , ni Sosibe le fils, ni Tlépolème, ni Aristomène. Tous les actes du gouvernement auroient été faits au nom de Lépide et des Romains , et il n’existe aucune trace de ce pouvoir étranger. Le Sénat de Rome accepta la tutelle des en- fans d’un Ptolémée, non à l'invitation des Ale- xandrins comme le veut Justin; mais en vertu d’un testament, comme Valère-Maxime l’assure avec plus de vraisemblance ; or ce testament ne peut concerner Ptolémée - Philopator. Si ce Roi méprisable eût été capable de quelque prés voyance au sein de ses débauches, comment sup- poser que les usurpateurs de la Régence, Sosibe le père et Agathocle , qui avoient si bien pris leurs mesures pour cacher sa mort, n’eussent pas détruit toutes les traces d’une disposition qui contrarioit si ouvertement leur dessein ? Favorisés par leurs nombreux partisans, et soutenus par les richesses dont ils disposoient , 84 Histoire. n'étoient-ils pas à portée d'empêcher jusqu’au moindre rassemblement qui pût leur donner de lombrage ; et si l'ambassade n’eût pas été deman- dée par les tuteurs eux-mêmes, n’auroit-il pas fallu faire marcher Lépide à la tête d’une armée ? Comment supposer que l’orgueilleux "Flépo- lème eût consenti à cette ambassade ? pourroit- on se persuader encore qu’Aristomène se fut dé- terminé à faire demander un tuteur aux Romains pour Ptolémée, tandis que les Egyptiens ne lui contestoient pas la tutelle ? I] faut aussi en convenir , Rome à cette époque, n’avoit point encore osé s’immiscer ouvertement dans les affaires intérieures de l’Asie ; elle y ten- doit par une marche presque insensible, et par les mêmes mesures qui lui avoient ouvert le che- min de la Grèce et de la Macédoine. Elle sou- tenoit alors une guerre cruelle contre Philippe, et elle redoutoit encore la puissance et la réputa- tion d’Antiochus. Si ce Prince eût voulu envahir l'Egypte, la présence d’un tuteur romain ne l’en: auroit pas empêché. Après la bataille de Magnésie , qui fit does au jeune Scipion le nom d’Asiatique , les armées romaines, en menaçant de plus près les Rois de Syrie, donnèrent à ceux de l'Egypte une plus grande confiance dans la protection du Sénat de Rome. Cette protection devenoit de jour en jour d'autant plus nécessaire, que la puissance des Lagides étoit déja ébranlée et tendoit vers sa Ptolémée Fr. 85 -chûte. En comparant cette nouvelle position de l'Egypte avec celle des règnes précédens , qui ne conviendra que la prévoyance qu’on voudroit at- tribuer à Ptolémée - Philopator, dût naître bien plutôt dans l'esprit de son fils Epiphane # cause des circonstances où ce prince se trouva ? A peine monté sur le trône, ce jeune Roi re- çoit de la part des romains , une ambassade flatteuse ; ils s’empressent de garantir ses états contre les forces de Philippe et d’Antiochus, et pendant tout le temps de son règne, il ne cesse de leur donner des marques du plus grand dévoue- ment , au mépris même de certaines bienséances : il n’est donc pas surprenant qu’aux approches d'une mort prématurée , et par une suite de ce dé- vouement et de son peu de confiance dans ses plus proches parens, il fit un testament par lequel il laissoit au Sénat de Rome la tutelle de ses deux enfans. L'époque de la mort de Ptolémée v. s'accorde avec cette opinion. Vaillant la fixe à la deuxième année de la cent cinquantième olympiade , cent -soixante-dix-sept ans avant J.C.;la cent quarante- cinquième année des Lagides et de Rome Ja cinq cent cinquante-quatrième (75). Le Père Froelich la place à la troisième année de la cent quarante- neuvième olympiade, cent quatre - vingt -un ans avant J, C, ; la cent trente-deuxieme année des Sé- leucides, et de Rome la cinq cent soixante-onzième (74) ; et l'abbé Eckhel à la première année de la (73) Canon. Chron. (74) Ans. reg, syr. p. 42. 86 .… Histoire: cent cinquantième olympiade, cent soixante-dix- huit ans avant J. C., et la cinq cent soixante- treizième année de Rome. Il seroit peut-être aisé de reconnoître d’où pro- vient cette différence d'opinion; mais il suffit de remarquer que le Père Froelich soutient sa chronologie , relativement à cette époque , par une observation astronomique : « Mortis ejus » (regi Ptolemæi-Epiphani) annus certus est, ex » eclypsi lunæ, kalendis maji observata anno vix » Philometoris) » , et il cite Ptolémée-Almageste et le Canon chronologique d’Eusebe. M. Æm. Lépide fut nommé Grand-pontife lan de Rome 574 , et Ptolémée v, mourut l’an 571. Or il n'y a aucune difficulté à supposer que l’illustre Romain, appelé à Alexandrie par le testament d’'Epiphane, eût déjà commencé à exercer les fonctions de tuteur, lorsqu’après la mort de Caïus- Servilius Geminus , il fut élu Souverain-pontife à la place de ce dernier , et que cette nouvelle di- gnité ne l’empêcha pas de terminer les affaires de l'Egypte. Y auroit-il de la difficulté à supposer encore que le Sénat l’eût laissé le maître de diffé- rer son retour ? si cette supposition est admissible, si elle est mème probable, elle nous conduit à une époque remarquable qui est celle de la mort de Cléopâtre , mère du pupile Ptolémée-Philomé- tor. Dès-lors la nomination d'Eulaïus etde Lenæus (75) pour:la continuation de la tutelle, paroît (25) Frœlich Ann. pag. 46. OP ù 0» Piolémée 7. 8? devoir être l'ouvrage de L.épide, que son électiô au-souveraih pontificat rappéloit à Rome. ’ Que s'ilipouvoit paroître difficile d'admettre la chronologie du Père Froelich, malgré Fautorité dont ilis'est apppuyé,, et qu’on préférât celle qui estadoptée:par l'abbé Eckhél, il ÿ ätroit toujours un‘an de différenééetitre’ le pontificat de Lépide et son voyage à AléKandrie, ce qui ne produiroit qu’un léger changement à la durée de la tutelle de ce Sénateur; surtout si, comme on peut aisé- ment l’imaginer, sa nouvelle dignité ne l’obli- geoit pas rigoureusement à un prompt retour à Rome. Quoi qu’il en soit, il paroît, à l’appui de tant de circonstances réunies, que le souverain pontificat de Lépide dut être précédé par la com- mission que lui donna le Sénat de Rome, d’aller régler les affaires de l'Egypte après la mort d'Épi- phane. Nous avons vu, enfin, que Valère-Maxime en parlant de cette tutelle , peint Lépide comme un homme très-grave et très-saint. On ne sauroit croire, par conséquent , que ce vénérable Romain ait rempli une charge aussi importante avant d’a- voir atteint un âge où ces qualifications pussent Jui convenir. J’ai lieu d’espérer , mon cher ami, qu'il ne vous restera pas de doute à cet égard. Je souhaite que vous trouviez aussi quelque justesse dans les preuves que je vous ai données de Ja réalité des trois régences qui se succédèrent à la cour d'Alexandrie après la mort de Ptolémée-Philo- pator.Avant de vouscommuniquer mon opinionsur ni , 88 . Histoire. la véritable époque de l'inauguration de Ptolémée Y, il étoit nécessaire que je misse dans le plus grand jour tout ce qui concerne les troubles de sa minorité. Par ce moyen il me sera plus facile , dans ma prochaine lettre, d'expliquer la: diffé- rence qui existe entre les fêtes de l'installation célébrées à Alexandrie , et.celles du couronne- ment religieux qui * suivant les anciens usages de YEgypte, devoient se faire à Memphis. Je suis, etc. , $ BEAUX-ARTS.. Les BEAUX-ARTS EN ANGLETERRE, ouvrage dans lequel on trouve des Notices raisonnées des principaux monumens d’Ar- chitecture anciens et modernes , et des ouvrages remarquables de Peinture et de Sculpture qui sont dans les collections publiques et particulières de Londres, d'Oxford , et dans les châteaux et maisons de campagne ; une indication des statues s des bustes et des bas-reliefs extraits récem- ment des fouilles faites au compte des An- glais à Rome, et des tableaux qui ont été achetés pour eux sur le continent ; une Zzistoire de l'Architecture , de La Peinture et dela Sculptureen Angleterre ; des Anec- dotes sur les plus célèbres Artistes anciens et modernes : Ouvrage propre à servir de guide aux Amateurs qui voyagent en An- gleterre, traduit de l’ Anglais de M. Dar- LAwWAY, par M. ***., publié et augmenté de Notes par A. I. Mirrin, Membre de lPiInstitut , de la Légion d'honneur ; Conservateur du cabinet des médailles, antiques et pierres gravées de La Biblio- thèque impériale. Deux vol. in-8°. de 638 p. Paris, chez F. Buisson, rue Giît-le-Cœur , 90 Beaux-Arts. mi: ci n°. 10, — 1807. Prix, ce fr. et o fr. franc de port (1). C: n’est point une histoire systématique des arts en Angleterre que l’on doit s'attendre à trouver dans cet ouvrage, mais une notiéé étendue et dé- taillée des principaux objets d’arts répandus dans ce pays, et pour ainsi dire enfouis chez les sei- gneurs et les riches particuliers. | M. Darraway a résidé neuf ans à Oxford, que l’on peut nommer l’Afhènes de la Grande- Bretagne. Il a. parcouru une grande partie de l'Angleterre, visité beaucoup de châteaux et de maisons de campagne, et il étoit plus en état que tout autre de tracer le tableau intéressanit des pro- ductions des arts que possède son pays. Son ouvrage renferme quelques erreurs, des mexactitudes et des jugemens un peu légers. M. Marx a porté sur ces fautes les lumières de Ja critique; il a joint à cet ouvrage des notes rela- tives à l'Histoire des arts, surtout chez les an- ciens. Il a indiqué, dans beaucoup d’endraits , les ouvrages dans lesquels on trouve les figures gravées des monumens cités ou décrits par M. Dallaway , afin que les amateurs pussent y re- recourir et vérifier la justesse dés observations de l’auteur anglais. Il a combattu quelques opinions fondées sur la partialité plutôt que sur l’igno- rance ; en un mot cet ouvrage, refondu par lui, (1) Voyez Mag. Encycl, ann. 1807 tom. IV; pag. 211. . … Histoire. ‘9 devient presque nécessaire ; il est du moins d’une grande utilité pour les artistes, pour les personnes qui s’occupent de l'Histoire des arts, et pour les voyageurs curieux qui, faute de guide, ne sau- roient où trouver les précieux monumens que leur goût les porte à rechercher. Une bonne table des matières ajôute encore à l'utilité de l’ouvrage. La première partie étant consacrée à l’architec- ture, l’auteur‘traite d’abord de l’origine de l’archi- tecture dite gothique, quiaétéattribuéesansraison aux Goths. Ce genre d’architecture existoit avant qu'ils eussent conquis les provinces méridio- nales de l’Europe , et plusieurs des beaux édifices de ce genre furent achevés longtemps après que ces contrées eurent cessé d’être sous leur puis- sance. L'établissement du christianisme et le droit de bâtir des églises date à peu-près du même temps que les incursions des Goths ; c’est de-là que vient le préjugé commun que ces barbares avoient anéanti l'architecture grecque pour ÿ substituer celle de leur pays. L’auteur s’étend sur l’histoire de cette architecture en Italie, en France , en Allemagne; il traite du style gothi- que, lombard et sarrazin, puis il passe à l’his- toire de l'architecture en Angleterre, au style -saxon ; il décrit les différences de ces styles et en cite les principaux exemples. Il arrive à la ma- nière qui distingue le quatorzième siècle , et qui, dans son état de perfection , est ce qu’on appelle maintenant le gothique pur. Mais au quinzième siècle le goût changea encore, le style saxon fut 02 Beaux-Arts: altéré ; on chercha à l’assimiler au gothique. Les évèques, les abbés, étudioient la géométrie et : Vart de la décoration, et donnoient eux-mêmes les plans des édifices qu’ils faisoient construire. C’est à cette époque que l’on peut rapporter cette manière particulière de bâtir que por a nommée le gothique fleuri. L’Angleterre imita surtout les productions de Brunelleschi et de Palladio, qui réformèrent l’ar- chitecture en Italie ; mais les imitateurs restèrent loin de leurs modèles. Ils épuisèrent bientôt toutes les formes de fleurs , de roses, de feuillages, et ils y mélèrent alors des figures d’anges qu’ils grou- pèrent de diverses manières. L'incroyable légèreté des murs et des voûtes, leur hauteur et leur peu de consistance apparente, inspire un moment d’effroi aux spectateurs. Rien n’est plus hardi en ce genre que le fameux édifice de Westminster, où le go- thique, déjà sur son déclin, semble avoir épuisé toutes ses ressources; mais les ornemens y sont telle- ment multipliés que l’æil étonnése fatigue en ad- mirant. Après quelques considérations sur l’archi- tecture du règne d’Edouard 51 et d’Edouard #17, et sur le style gothique en-général , l’auteur passe à l'architecture domestique , décrit quelques chä- teaux et différentes maisons particulières ; il dé- peint le style du temps d'Henri vin; ses chan- gemens sous Elisabeth et Jacques 1.€* : il décrit les beaux bâtimens d'Oxford, la cathédrale, New- Collége; le collége de la Madelaine; il arrive bientôt à la fin de l'architecture gothique et au Histoire. 03 style entremêlé de gothique et de grec. C’est alors qu'il décrit un grand nombre d’édifices où l’on distingue les divers caractères de cette époque. Par une digression assez imprévue , il parle du fameux tableau du jugement dernier de Michel Ange du plafond du palais Barberini et des allé- gories de Rubens. Ilrevient à son sujet et parle jee ponts que l’on trouve en Angleterre. Il donne à son pays la su- périorité sur toutes les autres nations, en disant « que l'Angleterre est célèbre pour ce genre d’ar- » chitecture , et que les ponts sur la T'amise sur- » passent, en étendue et en magnificence , non » seulement ceux bâtis sur la Seine, mais tous » ceux d'aucune espèce en Europe ». Il paroît qu’il n’a point vu , comme le remarque M. Millin, le pont du Saint-Esprit sur le Rhône et celui de Neuilly. La première partie se termine à la res- tauration de l’architecture gréequé en Italie sous les Médicis: L'auteur fait à ce sujet un retour sur l’origine de l’architecture , sur l’architecture grecque et romaine; il revient à limitation que les Français ont faite du genre italien, et traite de l'architecture en Allemagne et en Angleterre.: C’est ici qu’il place la description de ces beaux édifices qui décorent la ville de Rome, et entre autres de l’admirable église de Saint-Pierre ; chef- d'œuvre souvent imité, sans beaucoup de succès:: La sculpture occupe la seconde partie de lou- vrage. On y trouve des détails historiques sur cet art, son origine , et sur ceux qui l'ont cultivé; on 94 Beaux-Arts. y suit ses progrès , sa décadence et ses diverses ré: volutions, comme on l’a fait pour l'architecture: L'auteur trace rapidement une histoire de la sculp- ture dans la Grèce; il nomme ses différentes écoles et les noms qui les ont illustrées; il cite les beaux ouvrages qui ont traversé les siècles et sont par- venus jusqu'à nous. L’asservissement de la Grèce; les arts transplantés à Rome; le déclin de la sculp- ture et l'extinction totale des arts, remplissent les chapitres suivans. On les voit renaitre par degrés et briller sous les Médicis. : Ce n’est que dans le dix-huitième siècle que lé goût des antiques prit quelque faveur en An- gleterre. Les premières collections que l’on y vit; furent celles d'Arundel et de Pembroke. Les or- nemens les plus communs, des jardins et des bi- bliothèques ; étoient des statues ou des bustes exécutés par des sculpteurs modernes et répétés en plâtre; malheur à une antique en marbre lors- qu’elle tomboit entre les mains de quelques bour- geois.. Un honriête homme, ‘peu connoisseur , en’ fit peindre deux pour plaire sa fémime ; qui vou loit, qu'au moins, sh eutéent Pair d'être de plombs!'ea ne 19 sa fs Plusieurs chapitres sont consacrés’ à la des- cription des belles collections dé sculptures formées par des amateurs. Ce n’est qu’une es- pèce de catalogue ; dans’ léquel les notes de M: Millin sont fréquentés ; soit pour rectifier les descriptions inexactes, soit pour corriger les er- reurs , surtout dans les dénominations sur les Histoires | 95 quelles M, Dallaway n’est peut-être pas assez sévère. + On ne lira pas, sans intérêt, la notice de la riche et curieuse: collection de M. Townley. M: Millin a considérablement augmenté cet ar- ticle ; sa correspondance ; avec ce savant ama- teur , l’a mis à même de connoître ses richesses ; M. Townley lui avoit adressé les gravures de ses plus beaux monumens, et des empreintes de ses pierres gravées les plus précieuses. Les Anglais ne possèdent chez eux aucun monument de la belle antiquité qui ne vienne d’une terre étrangère. Les arts furent peu cul- tivés chez eux, et les artistes de la Grèce et de Rome n’eurent aucune communication avec ces peuples, qui restèrent barbares longtemps encore après que l’Europe eüt reçu dan son sein le/germe des arts et de la civilisation qui ne tar- dèrént pas à:y fleurir. Quand l’amour de l’an- tique vint régner en Angleterre, plutôt peut- être par ostentation que par un goût véritable; il fallut que les'amateurs eussent recours à cette terre fécondée par les arts, qui couvre des siècles d’opulence et de talens , ‘à cette terre de Rome où Rome est ensevelie. Les débris des siècles entassés inspirent une triste admiration: Leschefs-d'œuvres mutilés arrè- tent le soc de la charrue; les chaumières se bâ- tissent avec les restes des palais; de fastueuses colonnes soutieunent l’humble toît du laboureur : 96 Beaux-Arisi dans les tombeaux des Rois vivent dé pauvres paysans. C’est-là, que chaque jour encore, on trouve de quoi.orner de monumens les palais de tous les Princes de l’Europe. Ce fut la que l'Anglais alla porter son or en échange de ces ruines sacrées, et qu’il remplit son île de frag- mens qu’on n'y avoit jamais vu briller dans leur entier. Les premières fouilles furent faites en 1771} par M. Lolli, sur le terrein de la villa d'Hadrien: Les noms de M. Hamilton et de M. Hope ne sont pas inconnus à ceux qui cultivent ou qui chérissent les arts ; leurs collections sont jus- tement célèbres. Plusieurs Lords possèdent encore de très-beaux morceaux provenant des fouilles faites en Italie à diverses époques, et dont M. Dal- laway donne une notice étendue. 19 Cependant la vue du bel antique inspira des artistes. -Les uns , enflimmés d’émulation ; cher- chèrent à suivre les traces de leurs maîtres ; d’au- tres les copièrent servilements ::: : Rysbrach mérite d’être distingué ; M. Dallaway cite ses meilleurs ouvrages. :Il nomme:encorerles artistes qui ont fait le plus d’honneur à son pays ; et parmi lesquels se trouvent: des femmes pleines de-talent , entre autre Madame Siddons, célèbre actrice tragique; qui a exécuté son propre buste et celui de son frère avec une vérité étonnante; il rend ;aussi, en passant, un justé hommage à M. Flaxman, et termine la seconde partie par + Histoire: 07 ua éloge du goût ét de la munificence des Seigneurs et des hommes opulens de l'Angleterre qui ont en: richi leur pays de tant de précieux monumens. Si M. Millin a supprimé une sortie peu décente con- tre les Français, il les venge en rendant aux An+ glais la justice qui leur est due, et en leur payant un tribut d’éloges sur le libéral emploi de leur fortune et la protection qu'ils accordent aux arts. La troisième et dernière partie traite de‘la. peinture, M. Dallaway suit pour guide: Horace Walpole;. qui a publié l'Histoire de la peinture en Angleterre.de. Georges Vertue. Il cherche. à fixer l'époque de l'introduction de la peinturé sur verre.que Vertue fait remonter au temps des croisades ;, temps auquel des émailleurs grecs:sui- virent les croisés en Europe ; et furent protégés surtout; en Angleterre. La peinture à fresque fut pratiquée particulièrement par les ecclésiastiques: Les religieux, dans les premiers temps de:leur institution, étoient encouragés à cultiver les.arts Libéraux; ils excelloient dans l’écriture que peu de personnes possédoient alors, et ils enlumi- noient eux-mêmes leurs missels : ils apprirent à peintre, à broder, et leurs ornemens , leurs vi- traux, tout fut leur propre ouvrage. Des Pays- Bas où s’élevoit une école de peinture, il leur vint des maîtres, et leur dessin acquit une cer- taine régularité ; ensuite se formèrent les Jaruis , les Forest, les Pearson, et enfin M. Eginton dont cinquante ouvrages ont prouvé les talens et la fécondité. Tome V. Septembre , 1807. 7 08 Beaux-Arts. En suivant la marche qu’il s’est prescrite; . M. Dallaway passe de l'Histoire de la peinture aux collections. Il cite les noms des possesseurs, ceux des pein- tres célèbres, et décrit ceux de leurs ouvrages marquans que possède l'Angleterre. C’est surtout des portraits que les Anglais sont curieux ; ilpos- sèdent aussi de beaux tableaux d'histoire et de paysage ; cinq sections ou chapitres sont em- ployés à leur description. M. Dallaway fait un pompeux éloge de l’école anglaise qu’il met au- dessus de toutes celles de l'Europe, et termine là son ouvrage , qu’il appelle modestement un aperçu. Il le soumet au jugement du public, et . promet beaucoup de corrections et d’augmen- tations si son plan est approuvé. * Cet ouvrage manquoit à notre littérature. C'est un catalogue raisonné, un répertoire utile aux littérateurs, aux artistes et aux voyageurs , enri- chi de notes historiques et de dissertations utiles. T D. L ICHKTHYOLOGIE. Mäémorre sur l’Odorat des Poissons. | Lu à l’Institut national le 24 doût 1807: P:: RESQUE tous les poissons observés jusqu’i ici ont des narines (1). On donne du moins ce nom à deux cavités peu profondes qu’on remarque , le Plus ordinairement, ‘entre les yeux et Les levres ‘sur la tête de ces animaux, Ces enfoncemens ont un orifice unique et étroit; leur intérieur est ta- pissé d’une mémbrane muqueuse à replis nom breux, dans l'épaisseur de laquelle pénètre. ) se ramifie et se términe Le dr paire de nerfs Jément destinées à rh de P SRE comme dans tous les autiès animaux à vertèbres. C'est contre cette opinion, adoptée par tous les natu- ralistes et les physiologistes , que je viens cepen- dänt présenter dés faits ét quelques réflexions qui ‘sembleront peüt-être plus d'accord avec nos con- noissances! de physique et d'anatomie comparée. Je me propose d'établir, dans le: cours de ce Mémoire, que l'organe du goût n'existe pas et ne pouvoit pas même exister dans là bouche des poissons , par une suite nécessaire de leur manière de respirer; que les organes, regardés jusqu'ici comme propres à l’odorat dans ces animaux, sont (1) A l’exception des Cyclostomes, tels que les Lamproies et les Sphagebrariches, quine sont pas de véritables poissons comme ie le prouverai ailleurs. TOO IORRPTORE F3 destinés À! pefdevoir! âne’ sensätion analogue à celle des saveurs; enfin au ‘il ne peut y avoir de véritabé odeur pour un animal habituellement One dan$'un°hquide: il n’en est pas de l'organe id goût, chez les ani- maux à vertèbres, comme,de ceux de la vue, de loue et de Jodorat dans lesquels l'anatomie a a s y rendent les" troncs spécialement FRS à transmettre BE sensation. On, sait, à la vérité, que c est à la. surface de la langue, au moins chez les mambifères , que réside la faculté gustative mais comme cette partie charnue participe à d° au- tres fonctions , et qu'en particulier elle est liée, ‘par ses mouvemens > aux organes dela voix.et de la EE EAU A elle reçoit. des perfs, nombreux et Tetris différentes du. cerveau. 'abtedo 5195 S11n0D Les anatomistes n'ont. pu. déterminer. encore, d une manière très-précise 5: si la sensation est dénnée par l'intermède, du rameau. lingual de Ja cinquième paire, par .le, nerf. glosso-pharyngien ou par, le grand. hypoglosse. es ù Le plus grand. nombr e des auteurs s ‘accordent, “à la vérité L pour regarder la branche linguale ‘du nerf maxillaire Feed comme la seule qui puisse transmettre l'idée des saveurs , et la plu- part rapportent en faveur de leur opinion l'ob- servation de Colombo (a), qui ne trouva pas cette branche de nerf dans un homme privé de (2) De re anatomicé , Liv. xv. pag. 483: | | Ë Odoratdes Poissons: for l'organe du/goñt: Cependant Soëmmering (8) ré- voque,en doute-les circonstances de ‘cé fait, et d’un autre analogue-cité par Rolfink :(4). D’un autre côté ; quelques physiologistes , à la tête des- quels ôn doitnommer le grand Boerhaave (5); ont attribué la faculté gustative au nerf grand hypo- glosse;.ils ont. aussi ‘appuyé leur sentiment de quelques observations ;anatomiques, et surtout d’un cas de pathologie cité par Hevermann (6), où l’organe du goût fut détruit à la suite de l’ex: tixpation d’une glande; avec laquelle on avoit enlevé le nerf appelé alors grand gustatif ou de la neuvième paire. _ILe-cas particulier de physiologie et d’anato- mie comparée quinous occupe, pourra donc jeter quelque jour sur: cette question Ep nest pas encore entièrement résolue. Quoique leisens du goût soit essentiel aux’ ani- maux, let qu’il doive être nécessairement le der- niera s’oblitérer, puisque de ses jugemens dépend la conservation de l’espècé qui s’instruit ainsi de la nature des substances propres à l’alimenter, et du choix qu’elle doit en faire. Il sembleroit ce- pendant ; au premier aperçu , que les poissons en sont privés, si toutefois, et par analogie, l’on re- cherchoit cet organe dans les parties où il a le plus ordinairement fixé son siége. - En effet, l’intérieur de la bouche du poisson -(3) De Corporis humani fabrica. tom. 1v pag. 235. (4) Dissertationum academ. \ib. iv. cap. 35, p. 733. (5) Præleotiones academicæ. (6) Physiologia. 1. ij. 702 “ Zchthyologies est tapissé d’une membrane épaisse, lisse et polie à sa surface ; son tissu est très-serré , analogue à celui dé la peau, et coloré le plus souvent comime elle. Quelquefoïs cette membrane est absolument détachée des os du palais ; ou retenue seulement par quelques vaisseaux ; ainsi que nous avons eu occasion de l’observer dans les gades, les bau- droies , les cottes, les rayes, les squales; et elle ne nous à jamais offert de papilles ou'de glandes salivaires. . La langue des poissons est rarement mobile ; un os règne et la soutient dans toute sa longueur; jamais sa pointe ne peut se retourner en arrière, ni se porter sur les côtés. Le plus ordinairement les lèvres, le palais , la langue et les ares branchiaux sont couverts de lames ou de pointes osseuses de formes diverses, qui s'opposent: au contact in- time des substances portées dans la bouche. A la vérité on trouve dans les muscles de l’hyoïde et des ares branchiaux placés à la partie infé- rieure de la bouche, tous les filets de nerfs qui proviennent de la cinquième paire , ainsi que ceux fournis par la première branche du nerf vague qni tient évidemment lieu du glosso pha- ryngien, Cependant nous n'avons jamais pu recon- noître le nerf grand hypoglosse dans les pois- sons (7), malgré les recherches les plus atten- tives que M. Cuvier et, moi ayons faites à l’é- poque où j'ai eu l'avantage de rédiger ses le- çons d'anatomie comparée. D'ailleurs comme ce fait étoit très-important pour l’objet de ce Mé- (7) Lecons d’Anatomie comparée , t. ij ; page 241. ne 2 US PHP EL Odorat des Poissons, 103 moire, je crois devoir annoncer que je m’en suis assuré de nouveau par des recherches anatomi- ques dont j'ai conservé les pièces préparées, et je m’empresserai de les soumettre à l’examen de MM. les Commissaires que la classe voudra bien me désigner. On conçoit enfin facilement que l’eau par son trajet continuel dans la bouche, et par la com- pression qu’elle ÿ éprouve toutes les fois que le poisson détermine sur elle le mouvement de dé- glatition nécessaire pour la forcer de traverser les branchies, doit exercer un frottement si souvent répété, que par cela même il doit avoir émoussé toute la sensibilité dont ces parties pouvoient jouir. - Puisque les tégumens de l’intérieur de la bou- che sont coriaces , sans glandes salivaires, sou- vent hérissés de dents ou de pointes de corne ; que la langue est adhérente, osseuse, non mo- bile ; qu'il n’y pas de nerf grand hypoglosse, et que l’eau exerce un frottement habituel sur ses parois, il est tres-probable que l’organe du goût ne peut pas y exister. Tel est le premier point de la question que nous nous proposions d’exa- miner dans ce Mémoire. . Comme l’organe propre à discerner les saveurs ne paroît point résider dans la bouche des pois- sons , et que ce sens est cependant indispen- sable aux animaux , nous devons le rencontrer ailleurs. Or puisque les saveurs ont, en général, beaucoup d’analogie avec les odeurs ; examinons Yo4 Tchthyologie. si le sens de l’odorat ne seroit pas, jusqu'a un certain point, converti en celui du goût. Mais ayant de nous.livrer à ces recherches , étudions la nature de ces deux sortes de sensations. Les physiciens, les chimistes, et par suite les physiologistes attachent, en général, à idée des odeurs, celle de l’existence sensible de molé- cules substantielles d’une extrême ténuité. Quoi- que nous n’ayons pas encore imité par l’art, un instrument aussi parfait que celui qui se rencon- tre à l'entrée de l'organe respiratoire chez les ani- maux qui vivent dans l’air, nous avons cepen- dant quelques moyens de prouver chimiquement l'existence matérielle de celles des odeurs dont nous connoissons le mieux la nature. C’est ainsi que les exhalaisons qui proviennent du gaz ni- treux , des huiles volatiles et de l’éther , par exem- ple , peuvent être détruites par la combinaison de quelques-uns de leurs principes avec l’oxigène, et que le gaz acide muriatique rend sensible à la vue, les particules de l’ammoniaque qui cessent d’être odorantes au moment où cet acide s’en empare et s’y combine dans l’athmosphère. Les animaux les plus parfaits , ceux qui jouis- sent à-la-fois des cinq sens , sont organisés de manière à percevoir les principales modifications des corps qui les environnent. Ils ont la vue pour jouir des effets de la lumière; le toucher pour apprécier la solidité des objets palpables; louie pour ressentir les vibrations des corps élastiques ; le goût pour discerner les qualités des substances Odorat des Poissons: 10 qui peuvent devenir liquides , et l’odorat, enfin, pour recueillir les émanations desmatières qui ont les propriétés des gazs. La lumière n’exerce son action que sur l'œil, et non sur la langue, sur les narines, l’oreille, ni la peau. Il en est de mème de la plupart des odeurs qui n’agissent pas sur la vue, le goût, l’ouiïe ou le toucher. Chacun des organes des sens a donc sa fonction spéciale fixée et déterminée d'avance par la disposition de ses appareils ; car le principe sentant paroît être identique et placé pour ainsi dire en observation dans l’intérieur de chaque instrument , afin de receuillir et de transmettre les moindres modifications dans les qualités des corps. Les odeurs et les saveurs sont cependant celles des sensations qui ont entre elles le plus de rap- ports, et par leur manière d’agir sur notre corps et par le but, au moins apparent, pour lequel la nature semble nous avoir accordé les organes des- tinés à les percevoir. Les molécules odorantes et sapides sont en- trainées ou avec les gazs qui servent à la respi- ration , ou avec les alimens solides et liquides qui doivent parvenir à l’estomach. Arrêtées sur leur passage dans les narines ou dans la bouche, ces particules touchent et avertissent ainsi de leur présence des nerfs distribués sur ces mêmes parties. Ceux-ci font naître aussitôt l’idée de la sensation qu'ils éprouvent, et nous portent soit 106 .… TIchthyologie. à recueillir soit à repousser l’air ou les alimens; suivant que l'impression produite sur l'organe est agréable ou non. Les qualités sapides et odo- rantes des corps sont donc jugées telles par la langue , lorsqu’elles sont contenues dans un fluide liquide, et par la membrane pituitaire lorsquelles sont suspendues dans un fluide aëriforme. D’après ces considérations générales sur la na- ture des odeurs et des saveurs, il paroît que les hquides ne peuvent point avoir intrinséquement d’odeurs, puisque cette qualité des corps est in- hérente à leur état de gaz ou de vapeur. On est donc en droit de penser qu’un animal qui, par s& nature , doit être plongé dans un liquide pendant toute sa vie, ne jouit pas d’un sens dont il n’au- roit pu faire aucune application ; c’est absolument le cas dans lequel se trouvent les cétacés , les pois- sons, la plupart des mollusques, un grand nombre de crustacés et de vers, et tous les zoophytes. J’ai indiqué, dans le Mémoire que j'ai euspré- cédemment l’honneur de soumettre à la classe, et dont celui-ci est la suite, l'espèce d’analogie qui existe entre les cétacés et les poissons sous le rapport du mécanisme de la respiration (8). C’est pour ainsi dire par une conséquence de cette ma- nière de respirer , et par leur séjour forcé dans Peau, que l’organe de l’odorat paroît avoir été anéanti chez ces animaux; car, ainsi que la- voient observé d’abord, et sur quelques espèces {8) Ce mémoire sera imprimé dans le prochain numéro. Odorat des Poissons. xo? seulement ; Daniel Major (9})et John Hunter (10), et comme l’a fait depuis M. Cuvier (11) d’une ma- nière générale et avec beaucoup de plus détails , il n’y a point de nerfs olfactifs, ni même de trous ethmoïdaux dans les cétacés. La membrane pi- tuitaire qui tapisse leurs narines est lisse , sèche et coriace ; elle paroît être devenue msensible par le frottement habituel que produit sur elle l’ac- tion rapide et violente de l’eau qui traverse la cavité des narines. Au reste, il paroît que l’or- gane du goût remplace ici celui de Podorat; comme il pourroit se* faire que les nerfs olfactifs des poissons , par une légère modification des or- ganes, ayent un autre usage et soyent destinés à leur faire connoître les saveurs. Il suit nécessairement des idées que nous nous sommes formées de la nature intime des odeurs, que les poissons ne peuvent point en recevoir une im- pression semblable à celle qu’elle exerce sur les animaux qui respirent l'air. Cependant on sçait que les poissons sont attirés par les émanations qui s’échappent de la surface d’un grand nombre de substances plongées dans l’eau, ainsi que le prouvent les différens appâts qu'on employe dans la pêche ; comme la résure d'œufs de morue et de maqueraux ; la chair grillée où corrompus de certains animaux ; le fromage rance et beau- (9) Ephem. éurios. natur. dec. 1. ann. 3. (10) Transact. philosoph. tom. liv et Ixxvij, p. 382. (11) Mémoire lu à l’institut en l’an VII, lecons d’anat. comp. t. ij p. 40 , 670 et suiv. 108 =. Jchthyologie.. :; coup d’autres matières fort'odorantés: Aristote connoissoit la plupart de ces faits; il.les rap- porte même avec détails dans son Histoire -des animaux. Cependant il dit positivement ; comme on le verra dans le texte que je place en note (12). «, Les poissons n’ont point .d’organe distinct. de ». l’odorat , car. les ouvertures qu’ils ont dans » la région des narines n’ont qu’un seul orifice» ; et ailleurs (13) : «on ne leur voit au-dehorsaucun » organe pour les sens de l’ouie et de l’odorat , » ; pas même de conduits ouverts ». M. Schneider, dans sa Synonymie des poissons d’Artèdi, sem- ble à cet égard faire un reproche à Aristote d’as voir eu cette opinion (14), après avoir d’ailleurs si bien décrit les nerfs et l’organe olfactif dans ces animaux. C’est donc en quelque sorte du côté de l'opinion d’Aristote que nous nous rangerons ici , si-nous essayons de prouver que toute émana- tion dans l’eau doit produire sur les nerfs avec les- quels elle se met.en contact , une sensation ana- logue à celle de la saveur. (22) Tôs orQphrtwr, #0 Export Qavipoy airbnripar. © ap Qi A # \ A … 4 L] ‘ &y Tioiy eivut Ooese Aura rés Tonss Toy puxbmpay. . . à. . co Tapeiy TUpha + X 3 ÉTEpU. Aristot. H. A. Lib. iv, cap. 8 » édit. de Camus, p. 212. | (13) Id, ibidem. pag. 87, lib, 11, cap. 16. T5y A’ airhyra- , PEU 7 [Os 7 \ Ye sn. À ” \ / | Pi@y Toy (Er œÀ y 80ty ExeTt @axtpoy, ST AUTO, STE TS TOP#S à ds 5" # JS 3 s #T dx0YS , ET oTppArEoT , ses. X 3 ÉTEPU (14) PETRI ARTEDI, synonymia piscium , in-4°. page 297. Quod si vero piscis cerebrum Aristoteles tam, curiose rimatus erat , merito me cum mirabuntur lectores ; quod sit, quod alibi piscibus nares negasse videlur. ÉD Er RES ce ris Odorat des Poissons: fôg -{Puisqu'ilin*y'a ‘point de véritables odéürs dans cts les éxhalaisons F4 s? PARRRERE des corps qu’on y plonge; tantôt s'élèvent à la! surface sous la forme’ de gaz qui ne restent par conséquent point dans le liquide ; tantôt ces 'émanations y sont suspendues où combinées , et° elles partiels pent alors de toutes lés propriétés des liquides. Cépendant äiles qualités de ces particules ainsi dissoutes; doivent être perçues, elles rentrent né- vessairement comme telles dans tes mêmes cir- constancesque-les corps sapides ;’il étoit doné inutile que les poissons, qui’ vivent habituelle: ment dans pe fussent Es _ Es de Podorat: 4 se S jt où j 184 Pour prouver RER Ge ce raisonnement, h: est nécessaire de rechercher re de Pap- pareil nerveux qu’on a/regafdé jusqu'ici comme destiné à percevoir la sensation des odeurs; ‘et nous allons:y procéder | en le’ faisant connoître avec plus de détails que nous n'en avons dorinés aucommencement de ce Mémoire: 138% -Lies cavités ; dites nasalés, sont toujours situées ‘au - devant des yeux, dans l'intervalle que lais- sent entre eux les os nazaux et les labiaux supé- rieurs. Quelquefois | dans’ l’épaisseur même des os du nez (15), ou entre ceux-ciet les pièces qu’Ar- tèdi a nommé hypophtalmiques (16) , les poissons “‘hétérosomes comme les pleuronectes et les achires, (15) Schneider. Syn. Pisc. p. 341. (16) Philosoph. Jchth. partes pisciwm, p.61 éd't . Walbaum. 410 … Æchthyologies.: seules espèces d'animaux à vertèbres dont le corps ne soit pas symétrique , sont aussi les seuls dont les narines soient situées d’un même côté du corps etinégales, tantôt à droite tantôt à gauche, Enfin, quoique la plupart des espèces ayent ces cavités placées au-dessus de la tête, sur le front , on les voit cependant en dessous et. le plus souvent communiquant avec Ja bouche dans tous les pla> giostomes , comme les raies, les squales, etc. Dans tous les poissons , ces fosses représentent une sorte de sinus ou de cul-de-sac à ouverture étroite, le plus souvent divisé en deux portions, quelquefois en trois (17), (comme dans languille}, par une lame membraneuse , diversement con tournée , que les ichthyologistes ont souvent ob- servée, pour en tirer des caractères spécifiques. : On sait, par les observations-de. Monro (r8), que ces sortes de valvules ou dé pavillons peuvent être mis en mouvement suivant Ja volonté de l'animal , et que, dans quelques ciréonstances, par exemple , cette conque peut en couvrir pres- que tout-à-fait l’orifice. Il est facile de l’observer sur des poissons vivans, ainsi que je l’ai vu sur les ceyprins dorés et sur, les épinoches, On-remarque alors évidemment que le mouvement de la conque semble être la suite de celui de la protraction des (15) Artédi. descript. piscium, pag. 66 n°. 4, édit. de Linné. (18) Their organ of smelling is large, and they have a power of contracting and dilating the: intry into their nose as they. have a occasion. = Essay ou comparative Anätom. pag. 127. Odorat des Poissons: 111 lèvres, puisqu’à chaque inspiration la cavité s’ou- vre et se dilate, tandis qu’elle se rétrécit et se recouvre toutes les fois que la bouche se ferme ; d’où il semble résulter qu’à chaque inspiration , le poisson fait entrer de chaque côté une petite quantité d’eau qu'il soumet, pour ainsi-dire, à l’analyse. ; Chaçun de ces enfoncemens offre dans son in- térieur une cavité fort spacieuse , relativement à son orifice et là se trouve étalée la membrane sen- sitive, enduite de mucosité et dans l'épaisseur de laquelle se perdent en entier la première paire des nerfs cérébraux et un ou plusieurs rameaux très- gros de la cinquième , suivant l'observation de Collins (19) citée et rectifiée par M. Cuvier (20). Enfin nous n’oublierons pas de rapporter , comme une circonstance très-notable , que ces prétendues fosses nazales sont toujours séparées du conduit de la respiration, et que ce n’est que chez les raies et les autres genres voisins, qui ont des évens, qu'on les remarque presque dans la bouche. On conçoit en effet que le liquide , en les traver- sant, auroit émoussé la sensibilité de leur surface par la rapidité de son mouvement et par le frotte- ment de ses parties. Toutes les particularités de conformation que je viens de rapporter sont-elles donc de nature à nous faire abandonner cette première opinion, (19) À Sytem, of anatomy. volij, pl. xx. (20) Lecons d’anat, comparée , t. ij page 657. 112 + Æchthyologie. fournie par la physique , qu’il ne peut ÿ avoir d'o2 deur dans l’eau ? et ce prétendu appareil dé l’or- gane de l’odorat dans les poissons , ne seroit:il'pas plus propre à faire naître en eux l’idée des sa- veurs ? C’est ce que nous ‘allons maintenant éxa- miner. Les saveurs et les ec sont à-peu-près de même natüre : ces deux sortes de sensations sünt produites par les qualités physiques et chimiques des corps. On sait en effet qu'il se détache ‘conti- nuellement de la masse de certaines substances de très-petites parties qui; sans se décomposer ; viennent se mettre en rapport immédiat avec l’ani- mal et dansle seul point de‘sa surface où elles} pou- voient manifester leur présence. Ce phénomène a lieu par l’intérmède d’un véhicule fluide et par une sorte de faction(21). | Toutes les conditions nécessaires pour que l’im- pression où là sensation de la saveur ait lieu , se rencontrent donc réunies dans l'organe que nous examinons ét dans la nature des corps qui penvent la produire, premièrement l’organe est situé et mis à l'abri dans une cavité ;° il s'ouvre et se ferme à la volonté de l'animal , il repousse ou re- cueille les émanations à son gré : secondement, la surface sensitive reçoit des nerfs nombreux et (21) J'ai dejà eu occasion d’exposer ces idées générales dans un mémoire sur l'organe de l’odorat des insectes , que J'ai pu- blié il y a dix ans ; et qui se trouvé inséré dans le tome second du Magasin Encyélopédique , page 435 etsuivantes, Odorat des Poïssons: 113 très-volumineux de la cinquième paire, elle est humide molle et muqueuse ; elle présente une très-grande shperficie dans un petit espace: troi- sièmement enfin, elle paroît jusqu’à un certain point tenir lieu de l’organe du goût, qui ne pouvoit plus exister dans la bouche des poissons par suite du mécanisme même de leur respiration. Il semble donc résulter de toutes ces, circons- tances que l'organe du goût, chez les poissons, ne réside pas dans la bouche ; que la sensation des saveurs leur est probablement donnée par l'appareil qu'on a regardé jusqu'ici comme propre à percevoir les émanations des corps odo- rans ; enfin qu'il n'y a point de véritable odeur dans l’eau. T'elles sont les conséquences que nous croyons pouvoir tirer de ce mémoire. C. Dumériz. Tome F. Septembre , 1807. 8 PO EE BIOGRAPHIE. Erocz de M. NVirrrmtt , prononcé à la séance publique de l'Académie de Nancy, Le 20 août 1807, par le Docteur Harpar, Secrétuire de celle Académie. R EMLWILLEMET, doyen des pharmaciens, professeur d'histoire naturelle, directeur du jar- din des plantes de la ville de Nancy, membre de la Société académique de la même ville, du Conseil d'agriculture du département de la Meur- the , et d’un grand nombre de Sociétés savantes, nationales et étrangères, est né à Norroi, le 18 septembre 1735. Ses parens , Suédois d’origime, avoient peu de fortune ; ils lui firent cependant commencer des études à l’Université de Pont-à- Mousson , mais elles furent interrompues , à ce qu'il paroît, et son éducation négligée sembloit le destiner à une carrière bien différente de celle des sciences, lorsqu'il y fut ramené par une cir- constance qui a influé sur toute sa vie. M. Willemet avoit un oncle J'ésuite à Nancy, qui étoit chargé de la direction d’une pharmacie très-accréditée ; il appela son neveu pour le for- mer à l’administration de cet établissement. I commença , comme tous les étudians, à se fami- hariser avec les noms et la physionomie de ces substances si nombreuses et si variées, dans les- quelles la foible humanité cherche des remèdes à ses maux ; il acquit la connoissance pratique des Willemet. ïi5 règles relatives à la récolte , à la conservation, aù mélange des drogues : mais que sont ces pra- tiques routinières pour celui qui veut exercer avec honneur une profession de laquelle dépen- dent la santé et la vie des hommes. Le jeune pharmacien sentit bientôt leur insuffisance, et chercha, dans les livres, les connoissances théori- ques qui lui manquoient. L'histoire naturelle des substances médicamenteuses , la science de l’ac- tion intime et réciproque que plusieurs exercent les unes sur les autres, et des produits qui en résultent , celle de leur puissance sur l’économie animale , piquerent vivement sa curiosité et lui montrèrent l’étendue et les difficultés d’un art dont :l ne connoissoit encogäque la partie mé- canique. Une connoissance &onduit à une autre; il n’avoit encore vu que les débris informes et altérés de ces végétaux dont il tiroit tant de merveilles, et 1l voulut faire connoissance avec les êtres auxquels ils avoient appartenu ; il devint ainsi botaniste : ses loisirs employés à parcourir les environs de Nancy, lui firent bientôt connoître les plantes utiles qui s’y rencontrent, et l’exercice auquel cette étude le força, fortifia une santé dont il a longtemps joui sans altération. Une excellente mémoire, une ardeur infati- gable pour l'étude, procurèrent promptement à M. Willemet , non seulement assez d'instruction pour être utile à son oncle et à l'établissement dont il partageoit les soins, mais encore pour faire desirer qu’il en devint le directeur principal. 416 Biographie. Les Jésuites , si habiles à connoître les hommes ; lui proposèrent d’entrer dans leur ordre ; aucun des moyens propres à l'y déterminer ne fut épar- gné , les douceurs de la vie monastique , l’hon- nête liberté dont jouissoient les membres de la Société, la considération dont ils étoient entourés, lui furent présentés avec art; la foiblesse de sa santé, qui le condamnoit, disoit-on , au célibat, fournissoit encore d’autres argumens également spécieux : il eût cédé peut-être aux sollicitations des religieux , dont il avoit reçu beaucoup de témoignages de bienveillance, aux desirs d’un oncle qui étoit son bienfaiteur , lorsque la Société des Jésuites fut supprimée. Rendu à lui-mê il chercha à utiliser les ta- lens qu’il avoit acquisBil traita avec l’un des mem- bres du Collége de Pharmacie , qui lui céda son privilége. La concession du privilége donnoit bien la propriété d’une pharmacie , mais non le droit d'y exercer les forletions de pharmacien ; on ne l’acquéroit qu’en donnant des preuves de savoir, et les membres du Collége en étoient juges. M. Willemet se présenta, pour se conformer au réglement ; ses examinateurs, qui craignoient ap- paremment une concurrence qu’ils imaginoient ne pas devoir leur être avantageuse, lui opposèe- rent les statuts de leur corporation, qui exigeoient du candidat une attestation de trois années d’é- tude chez un maître de la ville, également reçu, et d’une année en pays étranger. La difficulté fut portée au conseil du Roi de Pologne qui gouver- . ® Willemet. 117 noit alors la Lorraine, Stanislas le bienfaisant , ce prince philosophe, qui connoissoit également le respect dû aux lois conservatrices des intérêts communs , et l’abus que l’on en fait lorsqu'on les employe à servir des passions et des intérêts par- ticuliers, accorda une exception en faveur du bon témoignage qui lui fut rendu sur les mœurs et linstruction du candidat. Il lui permit de faire preuve de ses connoissances, ce qui remplissoit également le but de la loi, à quelque source qu’il ait pu les puiser. Ce fut alors que ses examinateurs irnités lui suscitèrent une multitude de difficultés. Les épreuves ne furent pas seulement”"rigides , on les surchargea, à dessein, de formalités inutiles et ridicules ; on éloignoit les examens sous des prétextes vains, on les différoit ; on altéroit la forrne des substances et la nature des remèdes qu'on lui présentoit à deviner comme autant d’é- nigmes ; cela dégénéra enfin en de véritables pué- rilités : mais tous ces moyens peu dignes du Col- lége , ne servirent qu'a mettre plus en évidence les connoissances du jeune pharmacien, et à con- vaincre ses examinateurs de linjustice qu’il y au- roit à l'empêcher d’exercer un état dont il réu- -nissoit toutes les qualités. Il fut admis en 1762, ét, bientôt après, la pharmacie dont il prit Pad- ministration , devint une des plus employées ; le public voulant le dédommager ainsi des tracas- series qu'il avoit éprouvées. Assuré d’un état honorable et lucratif, M. Wil- lemet se remit à l’étude avec une nouvelle ar+ 118 Biographie. £ deur ; il approfondit les connoïissances phar- maceutiques , dont il venoit de donner des preu- ves ; il se perfectionna dans l’histoire naturelle, et surtout dans la botanique qu'il aimoit avec passion , et qu'il a cultivée pendant toute sa vie avec des succès si connus des savans, que le Collége de médecine de Nancy lui décerna , en 1766 , le titre de démonstrateur de chimie et de botarique. Dans le même temps , l’Académie de Nancy couronna sa Dissertation sur la racine de houblon substituée à la salsepareille du Pérou. Un début aussi flatteur dans la carrière des scien- ces, ne pouvoit que l’encourager ; 1l publia par la voie des journaux plusieurs Dissertations qui attirèrent l’attention des savans et déterminèrent plusieurs Académies à le choisir pour correspon- dant. La Société patriotique de Hesse-Hombourg le nomma directeur du Comité établi à Nancy, et le Landgrave lui écrivit à ce sujet une lettre qui contient les expressions les plus flatteuses ; Haller le présenta à la Société économique de Berne , et Vicq- d’azir à celle de médecine de Paris. Ainsi s’'accumuloient sur lui des titres aca- démiques d’autant plus fiatteurs, qu’ils n’avoient pas été sollicités. Il en réunit dans la suite un grand nombre d’autres que lui décernèrent la plupart des Sociétés savantes de l’Europe (1). 7 (1) Il étoit membre de l'Académie Impériale des Curieux de Ja Nature , d'Allemagne , des Académies de Dijon, Rouen, Bordeaux, Orléans, Arras, Mayence, Goettingue, Stockolm, des Sociétés Économiques , Botaniques etPhysiques de Suède, Willemet. 119 Le desir d’étaler de vainstitres, qui souvent font ressortir davantage la petitesse du personnage qui les porte, ne l’avoit pas engagé à les ac- cepter ; ilaimoit les Sociétés savantes, par amour pour les sciences ; bien différent de ces hommes qui n'ayant pu se faire une réputation par d’u- tiles travaux, la cherchent et croyent la trouver en répandant un vernis de ridicule sur les éta- blissemens au sein desquels sont nées la plupart des découvertes dont s’honore l’humanité. Il sa- voit combien la réunion des lumières est utile dans la recherche de la vérité; combien les in- yentions nouvelles se perfectionnent par la dis- cussion ; combien l’émulation est propre à vaincre cette paresse si naturelle à l’homme ; combien enfin sont capables d’exciter de nobles senti- mens ces réunions, qui, sans être composées de membres qui puissent tous produire, le sont tou- jours d'hommes éclairés.et capables de juger des productions des autres. C’étoit sous ce point de vue qu'il considéroit les associations savantes ; personne n’en remplissoit plus exactement les de- voirs : il payoit, non seulement avec une exacti- tude rigoureuse , le tribut que chaque membre doit au corps , mais il établissoit même des rela- tions entre les Sociétés nationales et étrangères, de Leipsik, de Bâle , de Benghausen , etc. ; des Sociétés de Mé- decine, d'Histoire Naturelle, Philomatique ; Galvanique et d'Agriculture de Paris , de la Société Linnéenne , des Sociétés d'Agriculture , Arts et Commerce de Montpellier, de Lyon, de Vaucluse, des Sociétés de Médecine de Toulouse, de Mont- pellier , d'Evreux. 120 Biographie. auxquelles il appartenoit, et leur servoit d’inter- médiaire pour l'échange des découvertes qu’elles faisoient entre elles. En 1774, lPAcadémie de Lyon avoit proposé aux médecins et aux naturalistes de rechercher dans les plantes indigènes celles qui pourroient étre substituées au séné , à l'ipécacuanha et au kinkina. Donnant ensuite plus d'extension à son programme , elle avoit généralisé la question et doublé la récompense. Le sujet étoit trop ana- logue aux études de notre collègue, pour ne pas attirer son attention. La connoïssance des formes extérieures , à laquelle s'arrêtent uniquement beaucoup de naturalistes, n’ayant été pour lui que le moyen de s'élever à une science plus im- portante , celle de leurs propriétés , il rassembla d’abord les connoissances éparses sur les vertus des plantes indigènes analogues aux exotiques les plus marquantes; l'air de famille que lon remar- que souvent entre les végétaux qui ont des qua- lités semblables , l’analogie tirée de la compa- raison des propriétés physiques et chimiques lui servirent à déterminer d’autres espèces propres à remplacer les espèces étrangères. L’analogie, si utile dans les recherches physiques , eût peut-être suffi dans une question moins importante ; mais , dans celle-ci , ce n’étoit pas assez qué les végétaux, que l’on vouloit substituer les uns aux autres, présentassent des traits de réssemblance exté- rieure, pour qu'ils eussent des propriétés commu- nes ; il falloit encore que des expériences directes Willemet. 126 servissent à constater l'identité entre les propriétés médicamenteuses. M. Coste (Président du comité des inspecteurs des armées) alors médecin de l’hô- pital militaire de Nancÿ , se chargea de cette tâche importante. Chaque végétal indigène fut essayé comparativement aux végétaux exotiques auxquels on vouloit le substituer. Lorsque les expériences furent en assez grand nombre, les deux savans réunirent leurs travaux, et l’ouvrage fut présenté à l’Académie de Lyon, sous le titre d'Essais botaniques, chimiques et pharmaceuti- ques sur quelques plantes indigènes substituées avec succès à des végétaux exotiques ; auxquels on à joint des observations médicinales sur le même sujet. Les deux auteurs partagèrent la cou- ronne décernée à leur commune production, et le public eut l’avantage d’en jouir sous le titre de matière medicale indigène, etc. (2). Affranchir la médecine de l’usage des médica- mens étrangers , dont mille circonstances peuvent nous priver , que la cupidité et la mauvaise foi altèrent si souvent ; rapprocher le remède du ma- lade , en diminuer le prix , lui montrer la Provi- dence occupée à lui fournir des soulagemens dans le lieu même où se trouvent les causes des ma- ladies , c’étoit rendre un grand service à l’huma- nité , à la médecine , à la philosophie ; aussi cet ouvrage eut-il beaucoup de succès , les Journaux (2) In-8.° à Nancy chez la veuve Leclerc, 1793. 122 Biographie. nationaux et étrangers retentirent longtemps des éloges que l’on devoit à un travail si louable, et qu, pour n'avoir pas rendu absolument inutile Je commerce des drogues étrangères , nous avoit cependant montré chez nous des ressources pré- cieuses ignorées jusqu'alors, et nous avoit fait connoître ce que des recherches ultérieures pou- voient nous promettre. Deux éditions de cet ou- yrage s’épuisèrent promptement ; il fut traduit en plusieurs langues ; les administrations de plu- sieurs grands hôpitaux s’empressèrent de profiter de découvertes qui ; en diminuant le prix des remèdes , permettojient de secourir un plus grand nombre de malheureux. -: 1 Académie de Nancy, couronna en 1779 un nouvel ouvrage de M. Willemet, intitulé Phyto- graphie économique de la Lorraine (3); l'académie de Lyon accorda le même honneur, en 1787, a un mémoire intitulé Lichenographie economique, ou histoire des Lichens utiles, ete. (+). Eten 1790 à un second, à sa monographie, pour servir à Phistoire des plantes étoilées. Dans tous ces ouvrages, l'auteur a rassemblé des connoissances qui nous rendent précieux des végétaux, que le vulgaire foule inconsidérémentaux pieds et nous attachent davantage à la conservation et à la propagation (3) In-80. Nancy, chez la veuve Leclere, 1780. (4) In-80. Lyon, chez Piestre, et de la Mollière , 1789. | Willemet. 123 d'êtres, qui ne sont pas destinés seulement à servir de parure au sol que nous habitons, mais encore à fournir à nos besoins et à nos plaisirs. Des succès aussi nombreux sembloient présager au savant modeste , à l’homme modéré dans ses goûts, le plus heureux avenir ; mais la fortune ne semble souvent nous favoriser , que pour nous rendre plus terribles les coups qu’elle nous pré- pare en secret. M. Willemet avoit un fils ( Pierre Remi françois de Paule), dont il avoit extrème- ment soigné l’éducation ; des connoissances très- précoces, dans J’étude des langues anciennes et vivantes, de l'antiquité, de la médecine et surtout de l’histoire naturelle, l’annonçoient au monde savant, sous les plus heureux auspices (6). Médecin des hopitaux militaires de Strasbourg, membre du collége de médecine de Nancy et de plusieurs so- ciétés savantes, déjà des cours de physiologie et de botanique , dans lesquels il avoit montré de grandes connoissances jointes à la plus heureuse facilité, Pavoient fait connoître avantageusement; déjà plusieurs dissertations sur des sujets de mé- decine , ou d'histoire naturelle , accueillies et goûtées du public, promettoient à la Lorraine un autresavant , qui eût fait le bonheur de sa fa- mille et de:ses amis, si, moins tourmenté du desir d’accroître ses connoissances et de l’amour de la gloire , il eût voulu se contenter de la chercher par des chemins plus longs, mais plus sûrs. Il ne (6) Voyez le premier volume des Actes de la Société d'His- voire naturelle de Paris , page 127 ; par M. Mirurn. 124 Biographie: croyoit pouvoir la trouver que dans un voyage lointain , qui eùt acquis à la science un grand nombre de faits nouveaux; elle ne lui sembloit suf- fisante que lorsqu'elle avoit été acquise, par de grandes fatigues, par une entreprise hardie et périlleuse. Depuis longtemps son imagination Fentrainoit hors des bornes de l'Europe, dont les productions, trop connues, lui sembloient ne pou- voir offrir au naturaliste l’espoir d’une moisson abondante de nouvelles découvertes. Les ambas- sadeurs envoyés à Louis XVI, par Tipoo-Saïb ; roi de Misore , alloient retourner dans leur pays, (1788) ils desiroient emmener des savans et des ar- tistes qui, transportassent chez eux les sciences d'Europe : le jeune Willemet se présenta et fut accepté avec joie. Ses réflexions et les conseils de ses amis , les sollicitations de ses parens, lesregrets de son père ne purent l'arrêter. La gloire des Forster, des T'unberg , des Desfontaines , etc ; lui faisoient oublier les malheurs des Coock, de la Pérouse, des Monges, des Lamanon; il partit. L’ile de France où il relacha,fut le premier théâtre de ses recherches, il recueillit un grand nombre de plantes dont le catalogue fut envoyé à monsieur Millin (7), mais qui n’ont pu être publiées, les échantillons destinés à la vérification des espèces 7) M. Maizuix a publié ce catalogue sous le titre de Zerbarium Maurianum , auctore P. R. Willemet, Turic. anno 1796 , in-8°, Il est précédé d’une notice sur Pierre Remy Willemet , écrite en latin, l'extrait de cet ouvrage et la traduction francaise de celle-ci se trouvent dans le Mag. Encyclop., ann. n,t: x, p. 1924 Willemet. 125 ayant été perdus. Arrivé dans les états de Tipoo, en 1790, il fut envoyé par le prince à Séringa- patam, et chargé de la santé de ses femmes. Livré à une pratique considérable dans la ville, s’abandonnant sans mesure aux excursions botani- ques dans lesquelles il s’exposoit aux plus grandes fatigues et à tous les périls dontelles sont accompa- gnées dans ces climats, ilsuccomba à de si grands travaux. Îl avoit, dit-on, prévu sa mort(8), et avoit envoyé son herbier au musée Impérial d'histoire (8) Je ne puis m'empêcher de rapporter ici le récit que M. Bezin pe Bazzu, associé de l'institut, met dans la bouche de M. Bellac, dans un livre intitulé Mémoires et Voyages d’un émigré, je ne sais jusqu’à quel point sont exacts les détails qu’il ren- ferme , mais ils sont propres à peindre le jeune Willemet : « resté seul avec M. Willemet , dit M. de Bellac, je lui té- » moignai combien j’étois reconnoissant des services qu’il m’a- » voit rendus : je suis satisfait, me répondit cet excellent jeune » homme, d’avoir réussi à vous obliger , j'aurai terminé ma vie » par nne bonne action , je sens que le terme n’en est pas » éloigné , ma poitrine est considérablement affectée, mes $ forces diminuent de jour en jour , je ne dois plus m'attendre à » reYoir ma patrie, retournez y, cher de Bellac, reportez à mes » compatriotes , à mes amis et principalement à mon père le regret que j'ai de mourir si loin d'eux , que celui-ci me par- donne d’avoir préféré mon amour pour la science à la sagesse de ses conseils, Surtout que mes richesses botaniqnes ne pé- » » » » rissent pas, je vous en fais dépositaire, je vous remettrai mon » herbier à votre départ , conservez-le précieusement et le » publiez, ou du moins déposez-le au cabinet d'Histoire Natu- » relle de Paris, etc. ». HarDar. Ces faits sont tous de l’invention de M. Belin de Pallu , ils lui ont été inspirés par son attachement à M. Willemet dont je lui ai fait faire la connoissance , le goùt de la langue grecque et de la botanique en eut bientôt fait deux amis. A. L. M. 126 Biographie, naturelle, de Paris ; il n’y est pas arrivé. Ainsi périt ce jeune naturaliste, aussi distingué par ses grandes connoissances , son ardent amour pour la science, que par les qualités de son cœur. La nou- velle de sa mort à pénétré M. Willemet de la plus profonde douleur et a répandu sur le reste de sa vie, une teinte de mélancolie d’autant plus inévitable, que tous les objets de la science qu’il cultivoit, lui rappeloientconstamment ce fils chéri. Le soin extrême qu'il a pris de conserver au-de- dans de lui un chagrin qu’il savoit ne pouvoir diminuer en le partageant , nous donne la mesure de son malheur. A cette époque, accablé d’ennui, miné par une douleur d’autant plus désespérante, qu'il étoit dans la nécessité d’en dissimuler la cause à une épouse à laquelle il avoit lieu de craindre qu'elle ne devint funeste, ce malheureux père sem- bloit ne plus s'occuper de sa réputation, puis- quelle devenoit inutile à un fils auquel il destinoit cet honorable héritage. D’autres sources de cha grin, vinrent encore se joindre à celle-ci ; la révo- lution avoit éclaté, la France, naguerre si calme et si florissante, n’offroit plus qu’une vaste arène où les partis, sous les armes, n’attendoient que le moment de se précipiter les uns sur les autres; la fureur des passions substituée aux principes de la raison et de la justice; les échafauds' dressés de tou- tes parts et préparés aux hommes les pluséclairés et les plus honnêtes, les écoles abandonnées , les sciences proscrites, les familles désunies, tous les liens de la société relâchés et prêts à se rompre, Re Willemet. 127 avoient converti, pour lui, sa patrie en une terre étrangère. Quel rôle pouvoit jouer, sur un sem- blable théatre, le bon, le sensible WVillemet ? H gémissoit en secret des malheurs de ses compa- triotes, et cherchoit, dans la culture et dans l’étude des plantes, des moyens de se distraire de pensées aussi affigeantes (9). Cependant, fatigué de leurs fureurs, les partis devoient s’éteindre , les passions s’amortir , et de excès du mal résulter un ordre meilleur; les ténèbres diminuées, on sentit de nouveau le besoin des lumières et la nécessité de rétablir des corps enseignans, qui pussent rattacher à l’étude des ‘sciences, à la pratique des vertus, une jeunesse ‘silongtemps négligée, et lesécoles centrales furent instituées. L'histoire naturelle si propre à déve- lopper l'intelligence des jeunes gens, à former leurs mœurs par la contemplation des merveilles (o) M. Willemet racontoit dans ses cours à l’article de la fa- mille des Rhus une-anecdote bien propre à peindre ces temps malheureux , et qui peut faire pendant au certificat de civisme accordé au berger Daubenton. Elle concerne le docteur Du- fresnoy de Valenciennes. Ce médecin qui a fait beaucoup d'ex- -périences sur les vertus médicinales du Æhus radicans , ayant perdu le plan qu’il cultivoit , écrivit à un de ses amis à Cambray, de luienvoyer d’autres Rhus, sa lettre fut arrêtée et les membres du Comité qui se connoissoient mieux en exploits révolution maires qu’en histoire naturelle , y virent un appel aux armées Russes , le malheureux naturaliste fat jetié dans un cachot, Joseph le Bon , aux yeux duquel c’étoit un grand crime d’avoir parlé de Rhus , l’avoit désigné à ses bourreaux, et il eùt péri si ce tigre altéré de carnage n’eût été lui-même arrêté quelques jours après. 128 Biographie: de la nature ; occupoit avec raison, l’un des pre= miers rangs dans l’enseignement de ces écoles. La réputation de M. Willemet, son caractère l’ap- peloient à la chaire d’histoire naturelle, mais une circonstance dont la ville de Nancy ne peut que se glorifier, ne permit pas qu'il l’occupât seul, un autre candidat également recommandable, M. Ni- -colas, ancien professeur de chimie , à l'Université de Nancy, associé de l'institut, etc, s’étoit mis sur les rangs ; le jury, desirant conserver à l’enseigne- ment deux savans dont la réputation étoit propre à en assurer le succès, les y attacha l’un et l’autre. M. Willemet fut chargé de la botanique, et bientôt après, par la retraite de M. Nicolas, il réunit toutes les parties de cetenseignement. Le jury le nomma sans concours , convaincu, comme il le dit alors, qu’il ne pouvoit y avoir aucun avantage « à y ap- « peler le public; notre collègue ne pouvant ren- & contrer d’émule ». Le jardin botanique de cette ville , dont il de- vint directeur , fut le premier objet dont il s’oc- cupa en entrant en fonction. Abandonné long- temps aux soins d’un jardinier sans traitement , ce beau monument de la bienfaisance et des lu- mières de Stanislas, m’offroit plus qu’un vaste champ à défricher ; les plus belles espèces étoient dégradées ou perdues : le zèle du directeur y suppléa d’abord par les espèces du pays qu’il y fit transporter , et bientôt , par les secours de ses savans amis, le jardin recouvra toutes les plantes qu'il avoit perdues. Walh et Timberg lui envoyè- Willemet. 129 tént les plantes du nord, Cavalier celles du midi, et M. Thouin celles de France qui lui man- quoient. Cet établissement, augmenté depuis par’ les soins et la bienveillance de M. Marquis, préfet de ce département, s’est encore embelli, et doit être compté au nombre des jardins les plus riches de France. Bientôt après, 1l ouvrit des cours d’histoire na- turelle qui réunirent beaucoup d’élèves ; la bo- tanique qu’il cultiva toujours avec une affection particulière, fut surtout suivie d’un grandnombre ’étudians et d'amateurs. Sa première leçon étoit consacrée à l’éloge historique de Linnée, dont il a constamment enseigné la méthode, comme la plus généralement admise , et surtout la plus commode pour acquérir promptement la con- noissance de la physionomie des végétaux. Dans cet éloge qu'il prononçoit avec l'expression du sentiment , 1l relevoit les grands services que ce beau génie avoit rendus à l’histoire naturelle, et s’attachoit surtout à faire ressortir 'les qualités du cœur de celui dont il se nommoit le disciple avec orgueil , il le peignoit bon, généreux, com- patissant , modeste , complaisant pour les élèves, inaccessible à lPenvie , assez grand pour souffrir la critique , sans jamais l’exercer : il le carac- térisoit enfin par ces qualités qu’il sembloit s'être proposées pour modèles , autant que les écrits de ce grand naturaliste. Dans la seconde séance, où il exposoit les principes du système sexuel, il Tome V. Septembre , 1807. 9 130 Biographie. faisoit l’éloge de la science des végétaux ; il en parloit avec l’enthousiasme d’un amant qui peint sa maîtresse : « Je dois, disoit-il, à l’étude des » plantes, de douces jouissances que j’aurois vai- » nement cherchées ailleurs ; elle m'a consolé » dans mes chagrins , m’a soutenu dans mes » malheurs, et m'a préservé de ces passions vio- » lentes qui obscurcissent la raison, altèrent la » santé et troublent l’ordre social. » Lors de la suppression des écoles centrales, M. Willemet se seroit trouvé éloigné de lensei- gnement ; M. le Maire de Nancy , animé du desir de conserver parmi ses admimistrés le goût des sciences physiques, proposa au Conseil municipal de rétablir la chaire qu’il occupoit. Ce projet fut adopté par le Conseil et approuvé par M. le Préfet avec cette bienveillance qu’on devoit at- tendre d’un magistrat et de citoyens aussi éclairés: notre collègue continua à donner ses soins à ces végétaux nombreux qui sont pour la plupart ses enfans ou ses élèves ; il reprit ses cours de bota- nique avec la même assiduité, et la mort, qui vient de nous l’enlever (le 21 juillet 1807) l’a surpris au milieu de ses utiles travaux. Son zèle pour l’histoire naturelle étoit infatigable ; il ne se contentoit pas de se tenir au courant des nou- velles découvertes , par les ouvrages périodiques qu'il recevoit en grand nombre, il entretenoit encore avec beaucoup de savans nationaux et étrangers une correspondance qui ne lui laissoit . Willemet. 13 æien ignorer des progrès de cette science. Pen- dant longtemps, il a concouru à la rédaction de plusieurs Journaux (11); 1l donnoit en même temps, dans plusieurs autres ouvrages périodi- ques , des mémoires, des dissertations sur l’his- toire naturelle , la matière médicale et la phar- macie ; des analyses d'ouvrages nouveaux , des notices historiques et critiques sur diverses pro- ductions ; enfin il fournissoit à l'Encyclopédie méthodique des articles pour la rédaction du dic- tionnaire de pharmacie ; l’âge n’a pas même di- minué cette activité : il a publié, en 1805, sur les plantes de notre pays, un ouvrage très-étendu sous le nom de Phytographie encyclopédique de l'ancienne Lorraine, dont les savans ont parlé avec éloge. En outre, il a laissé un grand nom- bre de manuscrits, dans lesquels on distingue un Dictionnaire bibliographique et biographique des auteurs naturalistes, plus complet que tous ceux qui ont paru jusqu’à présent , et auquel il a tra- vaillé pendant toute sa vie. Ses vastes connois- sances dans ce genre doivent faire desirer que cet ouvrage , dont l'utilité est sentie d’avance , soit un jour donné au public. Des travaux aussi nom- breux et aussi utiles lui ont établi dans le monde (11) Le Magasin Encyclopédique , le journal Encylopédique de Bouillon , la Gazette Salutaire de la même ville, celle im- primée à Deux-Ponts sous le nom de Gazette Littéraire , les commentaires latins sur l'Histoire Naturelle , la Physique et la Médecine , publiés à Leipsick, etc. 132 Biographie. littéraire une réputation à laquelle plusieurs sa= vansont fait hommage de leurs productions ou de leurs découvertes. M. Millin lui a dédié un volume du Magasin encyclopédique (12), M. Usteri un tome des Annales de botanique (13), M. Neker, directeur du jardin des plantes, etc. de l’Electeur palatin, lui a consacré une plante sous le nom de Villemetia hieracioïdes. M M. Durande, De- larbre et Godfrin lui ont fait de semblables dé- dicaces. M. Willemet avoit toutes les vertus sociables ; bon citoyen, bon époux, tendre père, il faisoit le bonheur de sa famille ; généreux , confiant , toujours disposé à obliger, il servoit ses amis avec chaleur; sa bibliothèque , qui est nombreuse et bien choisie , étoit une propriété dont il ne vou- loit pas jouir sans eux, ils y puisoient à leur gré, et, ce qui ne leur étoit pas moins avantageux, sa grande érudition les guidoit sûrement dans leurs recherches. Des qualités aussi précieuses le feront regretter à jamais, je ne dis pas de ceux qui lui étoient attachés par les liens de l’amitié, mais de tous ceux qui avoient eu avec lui quel- ques relations ; j’en atteste ces larmes abondantes et vraies que vous avez vu gouler sur sa tombe , lorsque l’un de nos collègues lui adressa les der- niers adieux de l'amitié désolée. Sa constitution n’étoit pas de celles qui disposent aux passions (12) Ann. v,1.1. (13) vir.e partie. Eee . Willemet. nd | violentes ; aussi n’a-t-il pas eu , à la mort, ces douleurs qui la rendent quelquefois terrible ; dans le cours d’une maladie de vingt-quatre jours, le principe de la vie s’est éteint par degrés, il a cessé de vivre enfin plutôt qu’il n’a péri. Que dis-je! il a péri ? non, Messieurs, il vit encore parmi nous; les bons exemples qu’il nous a laissés , les connois- sances dont il nous a enrichis , nous conservent pour toujours la meilleure partie de lui-même. PF PORSTIT. MES ADIEUX À DILLEMBOURG, ET MA VISITE AUX MINES DE MUÜSSEN. Dr la Dille, à regret, j'ai quitté les rivages, Où sont, Ô Dillembourg ! tes fortunés bocages ; Et tes vallons fleuris, et tes rians coteaux, Animés par le chant des amoureux oiseaux ; Ces jardins, embellis des mains de la nature, Et qu’ornoit le printemps de sa jeune parure ; Ces femmes, de tes murs les plus beaux-ornemens, Dont les folâtres jeux , les doux amusemens, Les danses, les chansons et les courses légères De Gessner à mes yeux retracoient les bergères. Hélas ! loin de ces lieux qui plaisoient à mon cœur, Je me vois exilé dans des lieux pleins d’horreur : Sur les tristes confins de l’âpre Westphalie, J'ai visité du fer la sauvage patrie : Ici, de noirs sapins, des rochers sourcilleux De leur sinistre aspect épouvantent les yeux. Le sol dur et noirûâtre , au laboureur rebelle, N'offre d’autre tribut que le fer qu’il recele , Et ce fer, travaillé par de savantes mains, Utile tour-à-tour et funeste aux humains, Fournit les instrumens qu'emploira l’industrie , Ou des guerriers sanglans sert l’horrible furie. J'ai vu ces lieux déserts, ces landes, ces guérets, Ces rochers calcinés , ces antiques forêts, Dans le creux des valons ces étangs solitaires, Sur le penchant des monts ces arides bruyères , Qui servent de pâture aux bélantes brebis, Et sur un roc voisin de vieux pâtres assis, _p e—- & Poésie. 195 Pour tromper leurs ennuis , sur des pipeaux rustiques De leur religion entonnant les cantiques. Je rappelois alors à mes sens agités Ces fêtes , ces concerts , où de jeunes beautés De leurs divines voix unissant l’harmonie, Par un pouvoir magique échauffoient mon génie ; Inutiles regrets ! le bonheur et l’amour N’ont point suivi mes pas dans ce triste séjour. Depuis plus de neuf mois , éloigné de Sophie, Dans un pénible exil je consume ma vie : Privé de ses regards, de ses soins caressans, Pour mon ame affligée il n’est plus de printemps, La nature, à mes yeux , a perdu tous ses charmes, Rien ne sauroït tarir la source de mes larmes, Je demande Sophie aux rochers d’alentour ; Leur vain son ne rend point Sophie à mon amour. De ce nom adoré ces déserts retentissent ; Ma bouche le répète, et les rochers gémissent , Les ruisseaux des vallons , témoins de mes douleurs, Recoivent dans leurs eaux le tribut de mes pleurs. Près de moi, cependant , un compagnon fidéle ,. Partageant mes chagrins, vient signaler son zèle ; Sox aimable entretien et sa douce pitié Pour les peines d’un cœur dont la seule amitié Réussit à calmer les biessures profondes , Embellissent pour moi nos courses vagabondes. Jeune encore et sensible , il porte an cœur humain, J'aime à pouvoir verser mes regrets dans son sein, Mon cœur , avec le sien toujours en harmonie, Déplore librement l’absence de Sophie : L’amour et l'amitié sont des besoins pour lui ; Quand Sophie est absente , il lui faut un appui. Dans ce cœur , pénétré d’une douleur amère L'amitié verse enfin son beaume salutaire. Tous deux, nous parcouron5 ces agrestes climats, Où règne encor l'hiver entouré de frimats. 1 36 …. Poësie, : De la nature en deuil écoutant le silence ; Dans un ravin profond lentement je m’avance, Une porte a frappé mes regards étonnés ; Deux hommes sont auprès, aux mines destinés, Du séjour souterrain l’un deux ouvre l'entrée ; Par cinq lampes de fer la voute est éclairée : Nous suivons un sentier étroit et ténébreux , Et glissons quelquefois sur un terrain fangeux, À nos yeux le métal , incrusté dans la pierre Offre , au sein de la nuit, une vive lumiére ; Et la foible lueur de nos pâles flambeaux Nous permet d’observer l'horreur de ces tombeaux. Déjà nous arrivons dans une grotte immense Où règne de la nuit le lugubre silence : L'un sous l’autre creusés , douze vastes caveaux De dix siècles entiers attestent les travaux ; Des masses de rochers , avec art conservées, Servent à soutenir leurs voùtes élevées, Vingts sentiers différens , dans leurs nombreux contours; Du fameux labyrinthe imitent les détours, Et paroissent ouvrir autant de noirs abîmes, Tels qu’on nous peint les lieux où sont punis les crimes. Nous marchons , et bientôt un sourd mugissement , Dans ces noirs souterrains , nous annonce un torrent , Qui, roulant avec bruit ses eaux ferrugineuses , Fait retentir au loin les voûtes ténébreuses. L'eau, qui s'ouvre un passage à travers le rocher, Mélée avec le fer, ne peut s’en détacher, Et, présentant à l’œil mille formes brillantes , Demeure suspendue en pointes menacantes, Nous admirons ailleurs les étranges effets, Que de mille couleurs produisent les reflets : Ici, le roc nous offre une teinte rougeâtre ; Plus loin , il est couvert d’une couche verdûtre. Du métal qu’il renferme empruntant ses couleurs, Son éclat rivalise avec l'éclat des fleurs ; Poésie: 197 Et, loin des feux du jour , la féconde nature, Méme en ce lieu d'horreur , fait briller la verdure. Tout-à-coup aux mineurs le signal est donné : On suspend les travaux. Par le fer faconnné, Un trou large et profond se remplit de salpétre, Et recèle déjà le feu prêt à paroître, La mêche est allumée : aussi prompt que l'éclair, Le foudre souterrain s'échappe avec le fer ; Et des masses de roc par la poudre chassées, Volent en longs éclats dans les airs dispersées. A cette explosion de la terre en courroux, Dont le sein déchiré s’ouyroit autour de nous, Par un contraste heureux , dont l’oreille est ravie , Succèdent les accords d’une douce harmonie. Sous ces antres obscurs , image des enfers, Dont la porte se cache au milieu des déserts, Et qu'habitent la nuit, l'horreur et l’épouvante, De six musiciens une troupe ambulante , Par nos soins amenée accompagnant nos pas, Fait entendre soudain les hymnes des combats ; Puis , par une plaintive et tendre mélodie, Invite nos esprits à la mélancolie : Tel, Orphée amoureux descendit chez les morts, Et charma les enfers par ses divins accords. Du son des instrumens, dont les cordes frémissent , . Les voûtes des rochers lentement retentissent. Ce nocturne concert, par son charme puissant , Enivre tous nos sens d’un doux ravissement. Mais un objet nouveau, prodige du génie, Attirant nos regards, de l’humaine industrie Nous apprend à bénir l’audace et les travaux. Un art ingénieux dans ces sombres caveaux À su faire descendre un soufle salutaire, Qui d’un air infecté dégage Vatmosphére. Deux énormes tonneaux , l’un dans l’autre enfoncés , Par un contraire effort l’un vers l’autre poussés 133 Poésies Dans un conduit profond qui, du sein de la trie, Communique au séjour qu'embellit la lumière , Aspirent tour-à-tour et chasssent la vapeur, Qui produit de la mort le germe corrupteur ; Puis, des poulmons humains imitant l’artifice, Et rendant à la vie un semblable service , Attirent du dehors un air pur et serein , Qui circule partout dans ce lieu souterraine De ce J’entiluteur le bienfaisant usage A l'air extérieur ouvre un libre passage, Le mineur, loin du jour, respire en sûreté: Ainsi, l'art s'ennoblit, servant l'humanité. Aux Mines de Müssen , en Westphalie , le 10 mai 1806. M, A. Juin, Inspecteur aux revues, chargé de l'inspection de la première division de dragons de la Grande-Armée. PH Y S I QUE. 1 TABLEAU physique des Régions équato- riales , dressé sur des mesures et des observations faites sur les lieux, depuis le dixième degré de latitude boréale, jusqu’au dixième degré de latitude australe , pendant les années 1799, 1800, 1801, 1802 et 1803. Ds ce tableau qui fait partie du tome pre- mier de la Physique générale, M. de Humboldt réunit l’ensemble des phénomènes physiques que présentent les régions équinoxiales depuis le ni- veau de la mer du sud jusqu’au sommet de la plus haute cime des Andes. L’auteur ne présente ce tableau que comme le résultat général de ses travaux, et c’est dans la suite de ses ouvrages qu’il offrira les développe- mens des objets dont il ne marque ici que les prin- cipaux traits. Cet essai ne laissera pas d'offrir un grand intérêt par les rapprochemens qu’il don- nera occasion de faire à ceux qui s’occupent de la physique générale. Dans ce tableau M. de Humboldt embrasse les phénomènes physiques qu’offrent la surface du globe et l’athmosphère depuis le 10° degré de latitude boréale, jusqu’au 10° degré de lati- tude australe, Il n’a pas étendu cette zone plus près des tropiques à cause de la grande différence que l’on-observe non-seulement dans les produc- tions du.sol , mais surtout dans les phénomènes 140 Physique. météorologiques entre le 10€ et le 23° degré de la= titude. Depuis la côte occidentale de l'Amérique, dans cette région , jusqu’à la chaîne des Cordil- lières , on trouve une plaine très-étendue du nord au sud, mais qui n’a que 20 à 3o lieues dans sa plus grande largeur. C’est à 1° 27° de latitude australe que s'élève le Chimborazo qui forme la cîme ka plus haute de l’immense chaîne des Andes. D’après les mesures barométriques de M. de Hum- boldt, qui ont été calculées sur la formule de M. Laplace , cette montagne auroit 6536 mètres, (8354 toises) d'élevation au-dessus du niveau de la mer. Ce calcul offre une différence de 180 mètres, . (92 toises) de celui de M. de la Condamine qui n'ayant pas eu égard à la température , a du trouver une hauteur naturellement plus petite. Dans la carte qui accompagne ce tableau, et où M. de Humboldt a figuré le plan vertical du Chimborazo , on remarque, derrière, la cime du Cotopaxi, volcan dont l'élévation est presque cinq fois plus grande que celle du Vésuve, et dont les mugissemens se firent entendre, en 1744, à deux cent vingt lieues de distance, c’est-à-dire, comme du Vésuve à Prague ou à Dijon. Plusieurs physiciens célèbres ont cru que la pente occidentale des Andes étoit beaucoup plus rapide que ceile qui regarde à l'Orient. M. de Humboldt a pu vérifier le contraire de cette assertion , en traversant cette chaîne en entier et en plusieurs endroits. La partie de ce tableau que l’auteur consacre à la géographie des plantes, Physique. 147 présente des vues absolument neuves : ce sa- vant a marqué, sur le plan du Chimborazo, les noms des végétaux qui le couvrent, selon leurs différentes hauteurs qu’il a pu déterminer exacte- ment au moyen des observations baromètriques. Le rapprochement qu'il fait des plantes qui croissent aux mêmes hauteurs sur les Alpes et les Pyrénées, est extrêmement curieux et trace par- faiternent le plan que d’autres naturalistes pour- ront suivre dans un travail analogue au sien. IL marque même les degrés de hauteur auxquels les plantes parviennent selon leur position et leur élevation topographique , et dans toutes ces ob- servations intéressantes, M. de Humboldt profite de celles qui lui ont été communiquées par les naturalistes de tous les pays avec lesquels il est en relation. L'auteur fait suivre cet article d’une série d’ob- servations sur tout ce qui est variable en raison des hauteurs auxquelles on s'élève au-dessus du niveau de l'Océan. Ces observations forment une suite d’échelles. Celle qui traite des variations de la température, présente le maximum et le minimum de chaleur que le thermomètre centigrade indique de cinq à cinq cent mètres. On voit que le froid des Andes n’est pas très - considérable, quoique plusieurs causesle rendent difficile à supporter. Sur le Chim- borazo le thermomètre ne montre, à 5908 mètres, que — 1° 8. Dans les régions les plus chaudes 442 Physique. sur les bords de Amazone, de la Madeleine, etc.; la température moyenne est de 27°, mais le ther- momètre atteint rarement les extrêmes de chaleur où on le voit souvent dans le nord de l’Europe. Dans les régions équatoriales les termes extrêmes de la plus grande et de la moindre chaleur , sont éloignés de 16 à 20 degrés, et en Europe de plus ! de 62 degrés. Il résulte de toutes les observations de M. de Humboldt, faites sur la Cordillière, que le décrois- sement du calorique , est en raison de 5 :3, plus rapide au-dessus de 3500 mètres , que depuis le : niveau de la mer à 2500 mètres; mais on doit re- marquer que les inégalités de la surface de la terre influent beaucoup sur ce décroissement, et qu’un physicien qui s’élèveroit aux mêmes hau- teurs dans un aerostat trouveroit des résultats différens. I’échelle baromètrique fait connoître diffé- rentes hauteurs au-dessus du niveau de la mer, calculées d’après la formule de M. de Laplace, publiée dans sa mécanique céleste. M. de Hum- boldt s’est élevé sur le Chimbarazo à une hauteur telle qu’il a vu descendre lemercure à o, 37717 mèe- tres ( 15 pouces 11, 2 lignes ), la hauteur baro- mètrique au niveau de la mer, ayant été fixée à o, 76202 mètres et la température étant à 25 de- grés du thermomètre centigrade. Elle diffère done quelque peu de celle qu’adoptoit Bouguer, qui étoit de o, 76022 mètres. | | . « Physique. 143 .… L’élasticité de l’air des zones tempérées, varie dans le même lieu , quelquefois jusqu’à.o, 0450 mè- tres. Sous les tropiques elle ne varie au bord de la mer que de o, 0026 mètres. M. de Humboldt in- dique dansune échelle particulière, ces variations aux différentes heures où elle se font remarquer. La marche de ces variätions sous l'équateur et au niveau de la mer, en supposant le terme moyen du baromètre—7Z, , donne le tableau suivant : à 21 heures. = Z + 0,5 | à 11 heures. — Z + o,: à», 4, D = Z—o,4 | à:16h. = Z — 0, 2 Ces variations horaires , ne sont pas remarquées dans nos climats , à cause de la multitude de causes locales qui font monter ou descendre irré- gulièrement le barometre, M. de Humboldt termine ses observations sur l'échelle barometrique par quelques remarques physiologiques sur les rapports de la respiration avec lé degré d’élasticité de l'air. Il paroît que les hommes des plaines , accoutumés à une pression égale à 28 pouces, peuvent supporter le plus faci- lement ces variations de densité de l'air ; ils s’ac- coutument aisément à celle de Quito qui répond à 20 pouces 1 ligne, et d’autres lieux plus élevés où le mercure descend à 17 pouces 4 lignes. Dans ses observations hygromètriques, M. de Humboldt s’est servi, tantot de l’hygromètre de Saussure, tantot de celui de Deluc, mais tous les résultats ont été réduits aux degrés de l’hygro- mètre de Saussure , en les corrigeant pour la tem- 144 Physique. pérature, et les réduisant à 2,503 du thermomètre centigrade. Sur le sommet des Andes, où l’'hygromètre baisse jusqu’à 31° 7, il reste encore une très-grande hu- midité , et la fraîcheur que conserve la végétation, prouve assez qu’elle tire de l’eau vaporisée, lali- ment qui la soutient au milieu de l’extrème séche- resse, L'eau vaporisée , qui se présente sous la forme de masses, paroît conserver une hauteur à peu près constante. D’après toutes les mesures de M. de Humboldt, la couche inférieure paroît se soutenir à 1169 mètres et la couche supérieure à 3300 , au- dessus du niveau de la mer. Quand à ces petits nuages qu’on nomme vulgairement des moutons, il est très-remarquable qu’ils s’élèvent ordinairement à plus de 7800 mètres. M. de Humboldt, estime la quantité de pluie qui tombe annuellement sous les tropiques, à plus de 1,89 mètres, tandis qu’en Europe elle n’est que de 0,48. L’échelle électrométrique fournit plusieurs ré- sultats non moins curieux que ceux que nous ve- nons d'indiquer. La tension électrique augmente considérable- ment à mesure qu’on s’avance près du sommet des Cordillières. Les régions équatoriales depuis la . mer jusqu’à 2000 mètres de hauteur, sont peu ées de ce fluide, mais il s'accumule dans les 8 nuages et y cause de fréquentes explosions. Elles char j l sont périodiques ordinairement deux heures après Physique. 245 la culmination du soleil, et on sait quelle Yiolencd elles ont dans les climats dont il est question. Vers trois mille mètres de hauteur, il se forme beaucoup de grêle, l'air est ordinairement chargé, à cette élé- vation, d'électricité négative. _ Onsait qu'avec la dilatation de l’air, augmente dans le même rapport lintensité de la couleur azurée du ciel. M. de Humboldt a cru remarquer qu’en général, cette intensité étoit plus grande sous les tropiques, qu'a hauteur égale en Europe. Il attribue, ce phénomène à la dissolution par- faite des vapeurs dans l’athmosphère équato- riale, Le cyanomèêtre de Sausure marquoit sur les Andes 460. Le décroissement de la lumière est plus fort en raison de l'intensité des couches d’air : il est donc beaucoup moins grand au sommet des hautes montagnés. Sous les tropiques en général la lumière est beaucoup plus vive qu'à la même “hauteur en Europe. Cest ce qui se confirme par les reflets que la lune totalement éclipsée, renvoye vers la terre, et qui sont dus à l’in- flection des rayons solaires par l’athmosphère terrestre. Cette grande vivacité de la lumière agit probablement sur les productions végétales, et contribue à leur donner sur la cime des monta- gnes, ce caractère résineux et aromatique qu’elles présentent. Peut - être exerce-t-elle aussi son action sur les nerfs ; les habitans de Quito éprou- Tome V, Septembre, 1807. 10 146 Physique. vent un sentiment de foiblesse chaque fois que le soleil darde sur eux. Bouguer avoit calculé que la hauteur de l’athmosphère réduite dans toute son étendue, à la densité de l’air correspondante à zéro de tem- pérature et à une colonne de 0,76 de mercure seroit de 7820 mètres : l'observation du cré- puscule indique qu’à 60 mille mètres, la den- sité des couches d’air est encore assez grande pour nous renvoyer une lumière sensible. M. de Humboldt présente dans son mémoire quelques résultats des expériences faites par lui et M. Gay-Lussac, sur la composition chimique de l'atmosphère. Les parties constituantes de l’air sont d’après ces expèriences, 0,210 de gaz oxigène, 0,787 de gaz azote, et c,005 de gaz acide car- bonique. Si cette composition de l’athmosphère varie, il ne paroît pas que ce soit au-delà d’un millième d’oxigène , et M. Gay-Lussac l’a trouvée la même à 7000 mètres de hauteur. | Nous passons à une article où M. de Hum- boldt nous offre une belle suite d'observations géologiques dont nous regrettons de ne pouvoir marquer ici tous les détails. La hauteur des plus grandes montagnes est si peu considérable, relativement au rayon de la terre , qu'elle a très-peu influé sur les grands phénomènes géologiques. Mais elle se fait re- marquer, par rapport à une petite partie de la surface de la terre et à la loi d’après laquelle Physique. 147 se superposent les différentes formations des ro- ches, au-dessus du niveau de la mer. Les régions équatoriales présentent à la fois les cîmes les plus élevées et les plus grandes plaines. Ainsi on ne peut pas attribuer à la rotation du globe la cause de cet agroupement des montagnes. D'ailleurs la chaîne des Andes s'étend à ses deux extrémités vers les pôles jus- qu'à 29 ou 30 degrés de latitude. Cette chaîne est très inégale : souvent elle n’excède pas 200 mètres de hauteur ; mais quatre fois elle atteint une hauteur colossale ; sous le 17°. degré de la- titude australe ; sous l’équateur dans le royaume de Qüito ; au Mexique sous le 19°. degré de latitude boréale , et vis-à-vis de l'Asie, sous le 60°. degré de même latitude. Cette hauteur varie de 5 à 6ooomètres. La chaîne des Andes étonne autant par sa masse que par sa hauteur. M. de Humboldt à trouvé près du volcan d’Antisana à 4ooo mètres une plaine de 12 lieues de cir- conférence. Dans certaines parties, cette chaîne offre une largeur de 40 à 60 lieues. Le Chimborazo forme l’extrémité d’un groupe colossal. La chaïne qui s’étend au sud , s’avance tellement vers l’océan , qu’on peut considérer les ilots qui l’avoisinent , comme des fragmens qui en sont détachés. Au nord, la Cordillière se divise en trois chaînons. Le plus oriental forme le groupe de Sainte-Marthe et de Mérida. La branche la plus occidentale qui fournit le pla- tine , forme dans les environs de la ville du 248 Physiqié: Mexique, ün groupe dont quelques cîmes, comme le Popocatépec et le Pic d'Orizaba excédent 5300 mètres. Cette chaîne s’abaisse ensuite con- sidérablement , mais dans le voisinage de l'Asie elle forme un quatrième groupe dont le Pic St.- Élie qui en fait partie, a 5512 mètres. C’est dans ces parages que les Andes paroissent avoir une communication souterraine avec les volcans du Kamtschatka. Quant à leur structure intérieure , les monta- gnes de l'équateur réunissent à-peu-près toutes les espèces de roches qu’on découvre sur le reste du globe. La disposition des couches est aussi parfaitement analogue. Le granit forme fa base de la chaîne des Andes ; leur crête est partout couverte de formations porphyritiques, de ba- saltes, de phonolites et de roches vertes. Mais un phénomène particulier aux montagnes équa- toriales, c’est l'immense hauteur à laquelle s’é- , q lèvent les roches postérieures au granit. Cette base est presque entièrement recouverte par ces formations plus récentes, et le point le plus. élevé où M. de Humboldt l’ait découverte est a 3500 mètres. Les sommets du Chimborazo , d’Antisana etc. à 6572 ,mètres de hauteur , sont de porphyre. M. de Humboldt indique encore ROFPRY d pour les autres stratifications, les diverses hau= teurs où on les rencontre. Les débris de corps organisés sont assez rares sur les montagnes qui 5 5 avoisinent l'équateur, par le peu d’abondance de pierre calcaire. Cependant on en a trouvé à Physique. 149 4300 mètres de hauteur. Quant aux os d’élé- phans fossiles'que M. de Humboldt a rapportés, il ne les a trouvés qu'a environ 8000 mètres d’é- lévation. Les grandes masses de soufre qui abondent dans la Cordillière , se rencontrent souvent loin des volcans , dans des reches primitives. C’est dans la chaîne des Andes que l’on trouve le plus grand nombre des volcans. Il en existe plus de cinquante, depuis le cap Horn jusqu’au . mont Sant-Elie, qui jettent encore des flammes. Quelques-uns vomissent des laves, d’autres, par exemple, ceux de Quito , lancent des roches sco- rifiées, de l’eau et de Pargile. Le volcan le plus récent est celui de Xorullo, qui sortit de-terre le 14 septembre 1759, dans une. plaine du Mexique , et parvint en peu de, temps à 486 mètres de hauteur. MM. de Hum- boldt et Bonpland sont descendus au fond de son cratère, pour y recueillir de l’air qui contenoit plus de 0,05 d’acide carbonique. Sous l’équateur ; la limite inférieure des nei- ges est un des phénomènes les plus constans qui existent. D’après les nombreuses mesures qu'il a faites, M. de Humboldt l’estime à 4795 mètres. La Cordillière des Andes n’a point de glaciers ; c’est probablement l'effet du peu de neige qui tombe sous les tropiques ; mais au Chimborazo, on trouve , en creusant dans la terre , des neiges d’une très-haute antiquité. 150 Physique. M. de Humboldt marque, dans la description qu’il donne des animaux qui habitent les Andes, les diverses hauteurs où on les trouve; mais, comme il ne peut présenter dans un tableau général , qu'une simple nomenclature , nous ren- voyons, pour ces détails , le lecteur à l’ouvrage même. L'auteur fait ici, pour la géographie des animaux, ce qu'il a fait plus haut pour la géo- graphie des plantes. _ Dans un dernier article, ce savant naturaliste considère la culture du sol dans les régions dont il trace le tableau. Plusieurs villages qui occu- pent la pente des Andes, sont construits à une très-srande hauteur ; en sorte qu’on peut juger des succès de chaque branche d'agriculture selon ces diverses positions. Depuis le niveau de l'O- céan jusqu’à 1000 mètres de hauteur , on cultive des bananiers , du maïs et du cacao. Cest la région des fruits les plus délicieux. Les Euro- péens y ont introduit d’autres plantes , le sucre, lindigo et le café. Cette dernière plante se plaît dans des endroits pierreux et élevés. Le froment croît le plus abondamment à Quito et au Pérou, depuis 1600 jusqu’à 1900 mètres d’élévation. Les grands plateaux de la Cordillière des Andes sont surtout favorables aux blés d'Eu- rope ; le sol de ces régions, facile à labourer, annonce qu’ils ont été les fonds d’anciens lacs. Depuis 3000 jusqu’à 4000 mètres de hauteur, l’objet principal de la culture est la pomme de Physique. _ 151 terre. Plus haut , les hommes vivent au milieu de nombreux troupeaux de lamas qui s’égarent souvent jusques dans la région des neiges. Tel est Faperçu des idées principales que ren- ferme le tableau physique des régions équato- riales. M. de Humboldt a accompagné ce travail inté- ressant d’une planche destinée à retracer à l'œil les phénomènes généraux qu’il a développés dans son mémoire. Cette planche représente le Chim- borazo et le cône du Cotopaxi. L'auteur a marqué sur le plan de cette montagne les noms des plantes, aux différentes hauteurs où on les trouve. Aux deux marges de la planche , sont rangées , sous plusieurs colonnes , les échelles barométriques , électriques et autres, selon leur correspondance à ces mêmes hauteurs. Enfin on saisit d’un coup- d'œil le résumé général de toutes les observations de l’auteur, et cette nouvelle méthode de retracer l'ensemble des phénomènes d’une même région, réunit à l’élégance , toute la clarté qu’on peut desirer. D. : IVARIÉTÉS, NOUVELLES Fate | PEUR | CORRES PONDANCES LITTÉRATRES. NOUVELLES ETRANGERES. ’ PANGLERERRE. On doit au docteur. WWOLLASTON une invention très ingénieuse. Il a composé due chambre claire, camera lu- cidæ , dans la construction de laquelle il a Mn aux deux miroirs des instrumens à réflexion , un prisme irrégulier , au wioyeén duquel ün fait tomber sur Île papier Pimasce d’un objet qu'on peut éopier avec la plus grande exactitude: Cette chambre claire est construite d’a- prèsies principes des instrumens de réflexion de HLADLEY* L'auteur a obtenu-une patente. L'usage de cet instru- ment deviendra: probablement général ;' parce qu'il est d’une grandesimplicité et d’un volume très-peu embaras- Sant. "LonxDres. M. Nicolas Canzisue, secrélaire de l’Académie des Anti- quaires, fait imprimer un Dictionnaire) Topographique de lPAngleterre. Lors de la prise de Seringapatam , les Anglais en- voyèrent, comme on sait, à Calcuta , la bibliothèque de Tipoo Saïb. Le capitaine SrewarT qui y enseignoit alors la langue persanne , en dressa un catalogue exact en 1805, et joignit à la description de chaque volume une notice sur son auléur. Le supplément dont il a augmenté son ouvrage, après son rétour en Angleterre, contient des passages des auteurs persans les plus célèbres , avec leur traduction en anglais. Le supplément et le catalogue s’im- primeut à présent à Londres , chez Longman et cumpa- Nouvelles littéraires. 153 gnie; ils formeront un volume in-4°. de trois cent pages, et l’on n’en tirera qu’un petit nombre d'exemplaires. Le nombre des manuscrits de la bibliothèque de Tipoo-Saib est de deux mille, La Botanique et les Antiquités jouissent aujourd’hui de la plus grande faveur en Angleterre; elles forment même un objet de spéculation. M. Sazissuryx , proprié- taire du jardin botanique de Brompton , vient d’en éta- blir un à Londres même dans le S/oane Stree. I] y a joint une bibliothèque de botanique , et pour compléter l’éta- blissement , il y fait faire des cours par d’habiles pro- fesseurs, Le libraire Philipps a annoncé qu'à dater du 1. oc- tobre il publieroit un nouveau journal ( 7he antiqua- ry°s magazine), uniquement destiné aux antiquités, et particulièrement à celles de l'Angleterre. On doit à M. VEspewoon l'invention d’une nouvelle machine à copier , pour laquelle il a reçu une patente. On peut au moyen d’un stylet de métal, propre à tracer les caractères, et des feuilles couvertes d’une matière noï= râtre, faire à la fois six copies d’une lettre. Sa découverte ne pourra être long-temps secrette | car tout dépend de connoître la matière noire qui sert à représenter les ca= actères sur les feuilles de papier blanc auxquelles elles s'appliquent. Le prix de ces machines varie: de deux à cinq guinées , selon leur perfection. AUTRICHE. M: Trarrix publie à Vienne, chez Geistinger, la Description des champignons comestibles des états autri= chiens. Le texte estaccompagné deïgravures parfaitement bien exécutées, et de reliefs en cire colorée qui donnent une idée complète de la forme de,ces végétaux, 154 Nouvelles littéraires. PrRuSSs Er. L'Académie des arts mécaniques de BERLIN, a reçu parmi ses membres, M. Simon sculpteur de cette ville, et M. Huzcuanx directeur des Beaux-Arts et de la nou- velle Académie de Hollande. On attendoit avec impatience la première représen- tation de l'Opéra d Ulysse et Circé. Elle a enfin eu lieu eta surpassé l'attente du public. Les applaudissemens ont couronnés plutôt la musique de M. Romsere, que le poëme qui est plein d’invraisemblances et de choses de mauvais goût. Le sculpteur Scrapow a exécuté un buste extrêmement ressemblant du célèbre historien Mürrer. Le prince royal de Bavière a chargé le même artiste de plusieurs ouvrages en marbre de Carare , destinés à enrichir la ga+ lerie des illustres Germains. | Ducné DE WrtrmMar. M. le professeur Frrnow , ci-devant bibliothécaire particulier de la duchesse Douairière de Saxe- Weimar, conserve la pension que lui faisait cette princesse, et s’oc- cupe d’une nouvelle édition des Œuvres de WiNcKEL- MANN, dont le prospectus paroîtra bicntôt. Cette édi- tion sera accompagnée d’un nouveau commentairede l’il- lustre savant qui la publie. BAVIÈRE. Les jeunes gens du royaume qui embrassent la carrière des lettres, sont invités à faire tous leurs efforts pour se rendre dignes des chaires de professeurs qui peuvent leur être confiées, et prévenir ainsi la nécessité de recourir à des savans étrangers. Ceux qui se distingueront par leurs falens et leur zèle seront protégés par le gouvernement , qui leur donnera la faculté de visiter les universités étran- Nouvelles littéraires. ne gères. On parle déjà de plusieurs voyages qui doivent être entrepris aux frais du gouvernement; on nomme même plusieurs personnes qui en seront chargées. Cependant il n’est pas probable qu'aucun savant ait été désigné. La sage méthode qu’à adoptée le gouvernement de ne rien décider qu'après un concours , ne laisse du moins rien présumer de semblable. M. P. P. Wozr, vient de publier le second volume de Phistoire de Maximilien 1.7 et de son temps. On voit en tête Le portrait très-bien gravé d'Herwarrs de Lies, Ce volume donne de nouvelles preuves des nombreuses sources où l’auteur peut puiser et du parti qu’il sait en tirer, M. Wolf s’est chargé de la rédaction de la Gazette Politique, que publioit autrefois Hüsner et dont on avoit vuavec peine la suppression. La nouvelle Académie de Municn, vient d'obtenir des avantages considérables, par les établissemens qui lui ont été accordés par le roi. A labibliothèque qu’elle possédoit déjà,on a réuni immédiatement le cabinet d'Histoire Natu- relle, le cabinet d’instrumens de Physique et de Mathé- matiques , le cabinet Polytechnique , le laboratoire de Chimie , le cabinet des Médailles et des Antiques. Toutes ces collections précieuses seront disposées dans peu, selon larrangement qui leur convient. On a détaché de la galerie, un certain nombre de tableaux qui ont été transférés à Augsbourg , et déposés au palais du Conseilde cette ville. Jls sont destinés à former un musée. On remarque dans ce nombre le massacre des enfans de Béthléem , par Rues, et plusieurs morceaux de chasse de ce célèbre artiste. Cette collection renferme aussi plusieurs chefs-d’'œuvre de peintres Italiens. On se dispose à présenter ces tableaux dans l’ordre le plus con- venable. 156 ne Nouvelles liltéraires: - L'aniversité de Laxpsaur prend chaque jour plus de ‘consistance. Le gouvernement Bavaroisn’a rien négligé. pour lélever à une splendeur digne de ses vues libérales. Plusieurs professeurs célèbres ont été appelés des univer- sités étrangères , entre autres MM. Koprex et MANNERT; cependant on aura de la peine à réparer la perte qu’elle a faite , par le départ de MM. F'euerbach et Breyer , qui ont fixé leur séjour à Munich. WüÜmTEMBER C. M. l'abbé Vocrrr , le plus habile organiste de l'Eu- rope, s’est fait entendre, il y a quelque temps, sur Porgue de l’église des Charireux d'Avéssoure, qui est du célèbre faétèéur Srrrx. Le jeu de ce grand musi- cien a produit sur les auditeurs, un effet admira- ble; et rarement l'illusion peut se porter à un plus haut point. Le morceau où M. Vogler a peint les jeux d’une troupe! de bergers interrompus par un orage, a sur- tout excité lé plus vif enthousiasme. Ce célèbre har- moniste , qui conserve à l’âge de soixante ans, toute sa vigueur etsa vivacité, est de retour à Tubingue où il dirige l'exécution d’un orgue de:son invention, ef auquel on travaille depuis plusieurs années, WESTPHALIE. , M. Wozr va publier incessamment l'Odyssée et les Hymnes d'HouÈrr faisant suite à son Iliade. Il se pro- posé aussi de donner une nouvelle édition de PLAroN! avec des notes; elle sera la meilleure de toutes celles” qui ônt paru jusqu’à présent, ei bien supérieure à célle’ d'H. Etienne. : , *'T vient de paroître à Vesel un dictionnaire de tous” les néologismes qui sont actuellement ‘en usage dans” les journaux et'autres ouvrages périodiques. M. Hru- BERGER, rédacteur de la Gazette de Vesel, est l’auteur Nouvelles littéraires, 197 de cet ouvrage, bien supérieur à tous ceux qui ont paru jusqu'à présent en ce genre. M. J. Et. Pürrer, le plus ancien membre de l’Aca- démie de GogrriNeuE, est mort à sa quatre-vingt-troi- sième année. Sa Biographie écrite par lui - mème , qui parut en 1798 en 2 vol. in-8°,, est un ouvrage ‘très - précieux, où le cœur et l'esprit humain se mon- trent sous un aspect extrêmement intéressant. L’AI- lemagne lui a de grandes obligations, il éloit un des plus illustres publicistes de ce pays; le mérite ‘ét l’im- portance de ses ouvrages lui vaudront constamment une nouvelle recommandation. M. le Baron d’'Ascx est mort dans le mois de juin dernier à Pérerssoure. Ce savant, qui contribua d’une manière s1 efficace à faire fleurir l'Université de Gort- TINGUE, Y avoil fait ses Ctudes sous le célèbre Haller. La Bibliothèque, le Musée , le Cabinet des médailles et le Jardin botanique ont été considérablement enrichis par ses libéralités. La Bibliothèque lui doit près de cent manuscrits orientaux, une grande quantité de livres russes imprimés, des gravures, des cartes et des des- sins. Le Cabinet des médailles offre actuellement la suite la plus complète des monnaies de la Russie, de la Sibérie, de l’Inde , du Japon, de la Turquie et de la Prusse. Le Jardin botanique lui doit un grand nombre de plantes de la Sibérie et de la Crimée; le Musée s’est “enrichi d’une foule d'objets extrèmement curieux d’his- toire naturelle et de pièces relatives à l'Histoire des peu- ples de l'Orient. M. Heyne a consacré, dans un écrit particulier (1), la mémoire d’un homme qui a tant de (x) De obitu Georgij L. B. DE Ascx, ad viros amantissimos Jo. Frid. Bzumenzacx ét Jo. Day. Reuss , scripsit , Chr. ? P Goutl. Hexxe. 4°. 158 Nouvelles littéraires. de titres à la reconnoissance des membres de l’'Uni- versité. Surre de la Notice des'travaux de l’Université et de lA- cadémie des Sciences de Goettingue pendant 1806 (1). » La distribution des prix de l’Université avoit été trans- portée au 3 août, jour de naissance du roi de Prusse ; elle a eu lieu ainsi ce jour là. Les questions étoient, pour la théologie: Ut doctrinæ de jure jurando, in ecclesia christiana, Historia exponeretur. Contre toute attente, la faculté n’a pas reçu de mémoires. Pour le prix homélitique: Quantum fides in Jesum Chris- tum ex sensu litterarum sacrarum valeat ad virtutem hu- manam promovendam. Le prix a été décerné à M. Jean- Jacques Sack d'Hanovre, et M. George-Othon-Diederich Konig, de Zell, a eu l’accessit. Pour la Jurisprudence : Que sint , jure novissimo here- ditatis, civilis et bonorum possessionis , {um convenientiæ tum differentiæ principes. La faculté a reçu quatre mémoires ; le premier porte pour devise : Au ApIaTEVEY ) UTERpOyOY EpeEVat GANG Le second : Dubitare et aliquid nescire ausi sunt. Le troisième : Speremus ,agamus. Le quatrième: /n magnis voluisse sat est. L'auteur du second mémoire, M. George-Guillaume Plank , de Goettingue, a eu le prix; et l’accessit a été donné à l’auteur du troisième ; M. Édouard Gmeun , aussi de Goettingue. Pour la médecine : Cum certo constet quædam tum ali- mentorum tum medicaminum genera , eorumve partes ; per vasa absorbentia ipsi sanguinis Jfluento admisceri , alia contra, his quasi respuuntur, nunquam eidem hac via affundi, desideret ordo medicus plenum quantum fieri (1) Voyez la Notice précédente, ann. 1805, 1. v, p. 143. ‘Nouvelles littéraires: _ 159 polest et accuratum racemum eorum quibus sive tubo ali- mentärio siné ingesla, sive communibus corporis intepu- mentis applicata , ingressus in systema vasorum sangui- Jerorum aut concessus à natura aut negatus si. Le prix à été décerné sur quatre concurrens, à M. Jean- Frédéric-Lucrèce Azerecar , d'Hildesheim. Pour la philosophie : Première question ordinaire : Zn- terpretationis philonianæ principia el elementa ex ipso Philone elicere et declarare. M. Zouis-Henri Pranx, de Goettingue, a eu le prix, et M. Michel Magyar, de Hongrie l’accessit. La seconde question extraordinaire, éloit : ad reli- gionum Latit veteris domesticarum notitiæ è libris fas= torum Ovidii eruendas etex aliis scriptoribus illustrandas. L'auteur du mémoire couronné est M, Ernest Span- genberg, de Goettingre. On lut ensuite les nouvelles questions proposées pour 1807. La faculté de théologie, demande : U£ ex documentis à Gregorio, Pontifice romano relictis , ejusque potissinum epistolis accurate quantum fieri potest, describatur status fundorum et patrimoniorum quæ ad ecclesiam romanam sub finem seculi VI pertinebant tum quoad provineias in quibus sita erant , tum quoad reditus inde coactos, tum quoad modum qui in reditibus dispensandis et fundis ad- ministrandis obtinuit. Elle propose ensuite pour prix homélitique. Quid intersit inter fidem quæ non solum sensuum testimonio nititur et fidem quam vocant cœcam. La faculté de jurisprudence propose : An servitus in Jaciendo consistat tum secundum jus romanum , tum secundum jus sermanicum. La faculté de médecine demande : Quid sexus conferat ad morborum ortum et indolem , ipsorum genikalium morbis exceptis. 160 Nouvelles littéraires: Enfin, la faculté de philosophie propose : Urtrinarum linguarum , vasconum ; beloarum et celtarum , quarum reliquiæ in linguis vasconioa, et gallica supersunt, comparatione solerler instituta disçrimen et diversa cu- jusque indolis doceatur. M. Himzy lut, le 9, à la Société un mémoire de per- foratione tympani. I doune d’abord l'histoire de cette invention. Déjà, en 1797, à Brunsvick , il recommanda cetle opération pour une espèce de surdité, qui est produite par la clôture de la trompe. dEustache, et il la fit même sur un chien vivant, et ensuite plus souvent sur des cadavres. IL en parle encore dans un second cours , de 1799 à 1800 , ainsi avant Cooper qui, en juin 1801, mit sous les yeux de la Société royale de Londres son mémoire alors si connu. M. Himly fut conduit à cetle idée par des réflexions sur la manière dont la clôture de la trompe d'Eustache prive de louïe; et par ce qu’il savoit de la manière de percer le pro- cessus mastoideus , qui rend souvent le sens de Pouïe , en fournissant une nouvelle issue à l’air renfermé dans la cavité du tympan (ce qui apprit aussi, à Lo/ffler, que la surdité revenoit à mesure que l’ouverture dans le processus mastoideus se fermoil) ; enfin par les expé- riences variées qui prouvent qu’en perçant fortui- tement le tympan, la surdité est quelquefois guérie, etenfin par le peu de danger qu’entraîne cette opération. M. Himly peut prétendre à l'honneur d’avoir donné d’a- bord cette idée, mais M. Cooper, favorisé par son séjour à Londres, et qui étoit placé au grand Æopital , eut le bonheur de l’exécuter plutôt (en décembre 1800). Ce mérite de l'exécution appartient donc incontestablément à Cooper. M. Himly n’eut l’occasion de faire cette opé- ration dans son institut de clinique qu’en 1805, ainsi beaucoup plus tard que Cooper, mais un an avan’ Nouvelles littéraires. 16ï M. Michaelis à Marbourg. Il est vrai que les occupa tions de M. Himly ne lui out pas permis jusqu'ici de communiquersau public ce qui s’est passé d’intéressant dans son institut. Æiolan et Cheselden ont demandé si lon ne pourroit pas guérir la surdité en per- gant le tympan, mais ils ne proposent pas cette opéra- tion pour le seul cas convenable , l’obstruction de la trompe d’Eustache; ils en parlent pour des maladies où elle est inutile. Riolan la conseille pour la sur- dité innée, et Cheselden pour les maladies du tympan. Le fils de Æaller écrivit aussi de Paris à son père : Est Lutetiæ homo quidam , Eli dictus, qui surditatem eurare audet , dummodo malum non à paralysi nervi septimi paris oriatur, En vero ejus methodum : TYmP4- Num EXCINDIT et subpositium immitlit. Fecit experi- imenta quædam quæ satis bene ipsi cesserunt. La der- nière circonstance de cette cure , subpositium immittit , étoit probablement une illusion ou une charlatanerie dEli , mais du moins il ne veut pas faire croire que son opération puisse être utile , lorsque le défant est dans le nerf auditif. M. Himly n’est pas entré dans plus de dé- fails sur l’histoire plus récente de cette cpération , parce que l’on n'a pas encore assez réuni de preuves et d'observations. Pour asseoir un jugement sur cette opération, l’auteur du Mémoire passe ensuite aux signes qui en indiquent la nécessité ; il faut qu'on soit sourd et qu’on ait un tympan sain. On ne peut pas employer ici ce principe: si cela ne fait pas de bien, cela ne fait pas de mal ; le tympan ne ressemble pas au bout de l’oreille que lon peut indifféremment avoir percée ou non percé. On né doit pas non plus le comparer avec la lentille de l'œil, mais seulement avec la cornée. On devroit aussi donner un peu d'attention aux tentatives et aux asscrtions de Tome IF. Septembre, 1807. 11 162 Nouvelles littéraires. Willis, Holders, Duverney , d’après lesquels, quelques mois après qu’on a percé le tympan, la surdité revient insensiblement. Duverney dit clairement : l’'oure se con- serve , mais elle s’affoiblit insensiblement et elle se perd enfin tout-à-fait. Valsalva a fait il est vrai, des contre- expériences qui n’indiquoient pas le même résultat; mais on en trouve la raison dans Morgagny. M. Himly cite un cas qu’il a observé lui - même : un jeune homme avoit le tympan percé depuis plusieurs années; l’eau lui entra dans ses oreilles en se baïignant ; il snrvint une inflammation qui lui causa des douleurs vio- lentes et se termina par la suppuration et par une surdité complète. L'abus de l'opération auroit aussi un autre désavantage, c’est que le peuple finiroit par ne plus croire à son utilité. Il y a décidément plusicurs sortes de surdité contre lesquelles elle ne peut rien. Le véritable cas pour cette opération est quand la trompe d’Eustache est bouchée , et alors elle promet un résullat assez heureux , pour que toutes les objections contre ce procédé disparoissent. Du reste, M. Himly recommande que dans les cas incertains on ne fasse pas une ouverture semblable à celle que l’on feroit si l’on étoit sûr de son fait. Dans des cas pareils il perce le tympan avec une aiguille à tricotter un peu pointue; cette ouverture laisse entrer assez d’air et se referme. Si opération n’a pas produit d'effet, on n’y peut rien; mais si elle a été utile, alors on fait une plus grande ouverture avec un instrument préparé pour cela. Pour l’opération même, M. Himly a fait deux remar- ques. La première est qu'il est trés-nécessaire de voir le tympan. Chez quelques personnes cela est très- aisé, mais chez d’autres il faut la lumière du soleil. J1 lui est aussi arrivé de ne pouvoir, à aucun jour et dans au- cune position, apercevoir le tympan , parce que le con- Nouvelles littéraires: 163 duit auditifétoit totalement courbé; alors pour faire l’o- pération il faut un instrument recourbe. La seconde remarque ;, plus importante , concerne la guérison du trou fait dans le tympan. M. Himly ne peut dissimuler que.c’est justement dans le seul cas où l'opération est utile, que le tympan se guérit le plus facilement. Croyant d’abord que l'instrument qu'employe Cooper n’étoit pas tel qu’il Le falloit , il fit faire une sorte d’emnporte-pièce, avec lequel il emporta véritablement un morceau du tympan qui resta dans l'instrument; mais comme la blessure s’étoit guérie’, il fit encore une autre grande ouverture, et Ze onzième jour elle étoit déjà refermée. M. Himly craint de dissuader quelques personnes de l'opération en communiquant ces réflexions, il croit cependant avoir parlé en sa faveur. Seulement on ne doit pas en exagérer l’effet comme on l’a fait jusqu’à présent , parce que cette opération manquant souvent, finiroit peut-être par perdre tous les avantages qu’elle peut promettre ; il faut qu’on en examine attentivement les résultats, en la considérant sous plusieurs points de vue et en la traitant de différentes manières, Lorsque M. Himly aüra fini son troisième numéro de la Bibliothèque ophthalmologique, il donnera à ce Jour- nal plus d’étendue, et il compte y traiter de tous les sens. Dans la séance du g août, M. Himly a lu à la So- ciété, des recherches sur les ovaires des acéphales par M. Oken , associé. On trouve, comme on sait, dans les acéphales, un ovaire qui avec le foie remplit tout le corps; on sait aussi que dans le temps du frai de ces animaux , leurs œufs sont entre les deux feuilles des branchies et les gonflent. Depuis un siècle on a cherché le chemin par lequel les œufs pas- sent dans les branchies, non seulement il est resté ca- 164 Nouvelles littéraires. ‘ ché; mais même aucun naturaliste n’a pu indiquer la manière dont les œufs se déposent. Les anciens les faisoient sortir par le boyau culier, par la bouche, ou en faisant créver le ventre; mais outre la contradic- tion que présentent ces différentes explications, on ne poñvoit concevoir comment ces œufs se trouvent dansles branchies. Parmiles modernes, Ralhke, Poliet Cuvier , | \ se sont le plus occupés de ces animaux; mais ils ont laïssé le problème sans le résoudre ; ce dernier dit même qu'il ne connoît pas la manière dont les œufs sortent des branchies. M. le docteur Oken a communiqué à la Société sur cet objet les remarques suivantes. Entre l’attache du bord intérieur des branchies et le dos du corps , il y a le long du bord de ces branches un organe cylin- drique auquel on attribue ordinairement la fonction de séparer la chaux et de la porter à la coquille par des voies inconnues. Les trois naturalistes nommés ci-dessus reconnoissent cet organe , quoiqw’ils ayent regardé la véritable réparation de la coquille comme répondant au mucus de Malpighi. Elle ne peut être qu'un filet muqueux , endurci , placé entre l’épiderme et le manteau , et on my peut pas découvrir: d’orgaue. Le mucus de Malpighi est préparé dans un intestin particulier , ainsi cet organe cylindrique ne peut être un organe à chaux. En examinant souvent cet organe dans la moule des peintres ( mya pictorum}, M.Oken ÿ a vu une pelite ouverture qui est res- serrée comme par un sphincter ; elle est à son ex- irémité supérieure derrière le muscle constricteur su=l périeur ( c’est - à -dire , celui qui est le plus près de É 4 bouche }, dans l’enfoncement des fossettes où l’ex= trémité supérieure des branchies s'attache à la partie dus corps saillante en arrière. 1} conjectura sur le - champs Nouvelles littérairess 165 que c’étoit Mentrée du passage de l'ovaire; il essaya des injections, elles pénétrèrent à travers tout l’organe cylindrique; mais il ne put pas les conduire jusque dans le corps, parce que le cylindre créva. Il n’avoit donc plus rien à faire que d'ouvrir ces acéphales dans dif- férenstemps, pour trouver celui où l’animal va déposer ses œufs, el cela lui a réussi. Il a vu les œufs sortir lun après l'autre par cette ouverture, el suivre une seule ligne, sur le cylindre entre la branchie inté- rieure et le corps, vers le muscle constricteur pos- icrieur , ou plutôt vers les canaux des branchies ; alors il n’y eut plus de doute que cet organe à chaux ne füf l’oviductus. La liaison du canal avec lovaire n’est pas encore démontrée anatomiquement; seulement M. Oken indique au hasard que les œufs sortent de la pointe la plus postérieure du ventre, où il a trouvé intérieurement le commencement d’un grand canal : par le moyen de canaux dans le tégument intérieur du ventre, qui se distingue là par une bande blanche comme sil étoit plein d'œufs , ils se rendent des deux côtés au cylindre vers le haut et le bas. Le cylindre Jui - même est d’un rouge brun, épais d’une Higne et long de neuf environ; il est dans sa position naturelle entouré tout -à-fait, mais d’une manière lâche, par le feuillet antérieur de la branchie intérieure, de sorte que tous les œufs doivent nécessairement être exprimés de l'ouverture de l'ovaire entre les branchies, et par conséquent dans les loges. de ces branchies où ils restent quelque temps; alors ces œufs entourés du mucus des ouïes; prennent la forme plate siliqueuse sens laquelle ils sortent par les canaux des branchies et tombent dans l’eau: Pendant que ces acéphales dépo- -suient leurs œufs, le feuillet intérieur de la branchie n’é- toit pas attaché àl’oviductus, mais seulement tendu dessus 166 Nouvelles littéraires. lâchement ; de sorte que les œufs pouvVoient sortir très- facilement dans les canaux des branchies par V'attache des quatre branchies au muscle constric- teur postérieur. Dans d’autres, M. le D. Oken a trouvé réellement ces feuillets attachés ; ainsi il ne peut rien dire de positif à cet égard ; mais il engage à exa- miner ces organes dont la fonction est à présent connue, afin qu’on puisse les décrire anatomiquement. M. Oken remarque aussi que louverture de l'ovaire, quelque dis- tincte qu’elle paroisse dans certains individus, ne peut pas être aperçue dans tous. Cette observation fut faite dans le mois de juillet, M. Heyxr,aannoncé le c'iangement de pro-recteur, par un programme intitulé : Censura Boethii de Consolatione Philosophica. Dans un temps où presque toute l'humanité souffre des malheurs de la guerre , il n’est rien qui soit plus avidement recherché et desiré, que la consolation , lorsqu'on est obl'gé de renoncer à l’espérance d’être délivré de ses maux. Sans doute la meilleure manière de consoler est celle de délivrer du mal, maïs si cela ne se peut pas , il ne reste plus qu'à diminuer le sentiment de la peîne , en éloigner lesprit, et le diriger vers d'autres objets et surtout vers ceux qui, par des idées justes et une volonté ferme, peuvent être opposés au sentiment du mal. M. Heyne daus son programme, ap- précie d’après ces idées çt analise l'ouvrage de Boéce. Il vient de paroitre une seconde édilion des mémoires pour servir à l'Histoire Naturelle, par M; BLUMENBA0K. On y trouve entre autres objets nouveaux, une section sur les collections Anthropolog ques. M..Blumenbach fait remarquer qu'il nya pas longtempsque lés naturalistes se sont occupésde l’histoire naturelle de homme, propre- ment dite, dé la détermination et de la comparaison de { | Nouvelles littéraires: 167 ses races , des caractères nationaux , etc. Il répond en dé- tail à la question très-naturelle qu’on lui a faite souvent en voyant sa collection de cent vingt-huit crânes de peuples étrangers : quel résultat intéressant cette collection offre- t-elle ? À la fin de louvrage se trouvent trois nouvelles additions. 1.° Sur la chaîne des êtres dans la nature ; 2.° sur les époques des différentes catastrophes de la terre, et 3.° sur ce qu’on nomme les causes finales. Dans la séance du 25 août, M. BzumMEN&AcH a montré à la société, une cinquième décade de crânes de peuples étrangers , par le moyen de laquelle les vuides qui existoient dans sa collection , sont si heureusement remplis, qu’il peut presque à présent la regarder comme complète. | 1.° Deux de la race du Caucase : XLI: Le crâne d’un Arménien de soixante sept ans. Présent de M. le professeur Hacquet , à Lemberg. C’est une tête très-caractéristique ; elle porte le caractère dis- tinctif de la race originaire du Caucase, et offre parfaite- ment le type primitif de la conformation Arménienne. -— XLIT. Lecrâned’un ancien Guanche convertien momie. M.Blumenbach possède le corps entier venant d’une des cavernes de Ténériffe, il lui a été donné par M. Banks. La conformation du crâne ressemble à celle des anciens Égyptiens ; à celle que l’on remarque le plus souvent sur les Sarcophages de bois de sycomore, aux idoles, etc. Les dents antérieures ont aussi chez les Guanches , les cou- ronnes émoussées et obtuses, comme on les trouve dans beaucoup de momies d'Égypte. 2.° Deux de la race Mogole : XLAIIT. Celui d’une Laponne. M. Blumenbach le doit à M: le chevalier T'hunberg ; ainsi que celui d’un Lapon ; tous deux offrent au premier coup - d'œil leur carac- tère national. 168 Nouvelles littéraires: XLIV. D'un Chinois de trente ans. M. Jassôy médeciæ en chef des hopitaux de Batavia, a envoyé à M. B. six crânes de différents Indiens morts à l'hopital ou exécutés. Il y a joint des notices exactes sur chacun d'eux, tirées des rapports officiels. Le crâne de Chinois qui se trouve parmi ces six, se distingue par up arrondissement singu- lier, presque en forme de boule, dela partie antérieure, de la machoire supérieure , à laquelle correspond aussi une courbure particulière des dents de devant qui y sont encore. Déjà Duhalde a remarqué que les dents.ont chez les Chiuoïis une direction singulière, et Osbeck y cherche la raison des difficultés que trouvent les Euro- péens à imiter leur prononciation. 3.° De la race Æthiopienne : | XLV. Le crane d’une Hottentotte ;, envoyé par M. le pasteur Hesse, du Cap de Bonne-Espérance. Ce crâne confirme la remarque de M. Thunberg, que la phy= sionomie du Hottentoi a quelque chose de celle du singe ; ce qu'annonce surtout le menton qui est plus reculé encore que chez Les nègres;( cependant beaucoup moins, sans coms paraison, que chez lOrang-Outang, dont M. Blumen- bach a un crâne qu’il a reçu de M. le docteur Yan Marum.) 4. Trois de la race Américaine : XLVI. Le crâne d’un -ancien, Zturien des::cata= combes de Alto Arinoco. Donnépar M.de Humboldt. XLVIL Toute la têle parfaitement conservée: d’un Brasilien ; M. Blumenbach la reçut de M. Mello Franco; médecin ordinaire du roi ; à Täisbonne , avec deux crânes, l’un d'homme et l’autre de femme , appar+ tenant aussi à des Brasiliens. Cette tête est singulièrement conservée avec sa peau el sescheveux, même avec sa cou- leur nationale cuivrée ( copper colour }, etelle est ornée à la manière indienne. Les cheveux noirs et plats, sont coupés court et tondus en rond sur le sommet de la tête, Nouvelles littéraires: 169 On ne voit plus de sourcils, on distingue seulement sur la lèvre supérieure et sur le menton, quelques poils de barbe durs et roides.(Margrave dit : indisenæ brasilienses barbam habentraram aut nullam. Multi tamen dantur qui barbas habent nigras ). Les yeux et la bouche sont plems d’une résine noie et compacte. Sur les premiers, pour indiquer les paupières fermées , on a attaché deux petits arcs en os, apparemment faits avec des dents du Caviæ Capybara ; et de ka bouche sortent deu x bouts d’un cordon de coton long de deux pieds. On a mis aussi aux oreilles percées pour. cet effet, de gros glands, également de coton. La coëffure est composée des belles plumes du Ramphastos tucanus, du Tantalus ruber, des Psittacus mzacao et Ararauna. XLVIH,. Le crâne de la Brasilienne répond parfai- tement à celte tête, la forme arrondie, surtout le front bombe , le nez cassé. etc. : 5.” Deux, crânes;de la race Malaye : | é LXVINE Un Bu goinèse d'environ trente ans, du midi de l'ile Célbhos: C'est aussi un présent de M. Jassoy. Le cräne de ce peuple remarquable qui se distingue des autres Macassars , même pour la langue et la, manière d'écrire, réunit, d’une manière singulière, les traits de la confor- mation æthiopienne, avec ceux de la Mogole, il a del wie la machoire supérieure très-proéminente et la direction oblique des dents antérieures d’en haut , et.de l’autre les pommetles desjoues larges etéloignées,les cavités des yeux ixés-ouvertes et séparées l’une de l'autre par un vaste os cribleux. Les couronnes des incisives d'en haut sont, du «ôté antérieur, applaties par l’art, et toutes les dents sont, xecouvertes. d’une croûte: noire , par la mastication du betel. L. Le crâne d’an habitant des iles Marquises, envoyé par M. le docteur Langdor, qui faisoit partie de l’expé- 170 Nouvelles littéraires: dition de M. de Krusenstern. M. Langdorff l’a acheté à Nukahivah, la plus grande des nouvelles îles Marquises, d’un de ces cannibales belliqueux et d’une taille superbe, qui y habitent. Ce sauvage le portoit à sa ceinture comme le trophée de sa victoire , sur un ennemi qu'il avoit as- sommé ; c’est pourquoi la machoire inférieure est attachée d’une manicre singulière par un lien d’écorce de coco, qui pasce par le nez. La conformalion du crâne, répond par- faitement à celle du Oaititien représenté dans la troisième décade. Joh. Frider Blumenbach Geschichte und Beschreibung der Knochen des menschlichen Korpers, c’est-à-dire , His- toire et description des os du corps humain, par Jean-Fré- déric Blumenbach; seconde édition considérablement augmentée, avec gravures; Gocttingue chez Dieterich. Le 15 novembre, la société Royale des sciences célèbra le cinquante cinquièmeanniversaire de sa fondation. Dans cette séance solemnelle, M. Osiander lut un mémoire in- titulé: Vera Cerebri Humani circu basin incisi imago cum observationibus, de cerebro et medulla spinali, novaque nervos ac plantarum vasa hydrargiro implendi methodo. La première partie du mémoire combat les assertions du docteur Gall, et réfute sa théorie. Dans la seconde, M. Osiander expose sa manière d’injecter les nerfs avec du vif- argent , il en fait voir plusieurs préparations: Mais outre l'injection des nerfs, il a aussi essayé d'in- jecter les vaisseaux des plantes; d’abord ïl ne réussit pas, mais enfin continuant sés expériences, elles ré pondirent à son attente. Il injecta les vaisseaux de la Nymphœa - alba, et dé la Nymphœa lutéa, ainsi que quelques feuilles daloës, et il a onvert ainsi une nou- velle route aux naturalistes, pour confirmer leurs dé- couvertes dans la phytologie et la physiologie végétale. À près la lecture de ce mémoire, M. Heyne fit le rapport Nouvelles littéraires. 171 des travaux dela société pendant cetteannée. Il fit précéder son récit de quelques réflexions sur ce que les ministres de l'instruction et les professeurs, particulièrement à Goet- tingue, doivent faire et observer dans les temps actuels, non-seulement pour le présent, mais encore pour l'avenir, pour la postérité, et pour les destinées futures de l'Al- lemagne , relativement à la culture des lettres et des sciences. La classe mathématique avoit proposé la question sui- vante pour le mois de novembre 1806. Quelle influence ont le gas oxigène, le gas azote et d’autres gas ( ou leurs bases) sur l'électricité par frottement , et comment les autres phénomènes électriques, par exemple la propriété d'attirer et de repousser les corps, les étincelles , les ai- grettes, se comportent-1ls dans les principaux gas ? La société n’a reçu qu'un mémoire en français, avec la devise : Non fingendum aut excogitandum, sed in- veniendum est quid natura faciat. Ce mémoire offre ane série d'expériences neuves et intéressantes, qui ré- pondent assez à l’objet de la question, cependant ces expcriences ne sont pas assez décisives pour que nous puissions nous accorder avec l’auteur, sur la fonction de l’oxigène dans les apparitions électriques. La so- ciété croit pouvoir opposer aux conséquences que tire Pauteur, plusieurs autres faits el des observations «qui les détruisent., Ainsi. elle a jugé que ce mémoire, -du reste très-estimable et très-instructif et qui mérite toute Vattention possible, n’épuise pas assez l’objet .desla question pour que le prix puisse lui être décerné. -Eù, remettant le prix à 1809 , la société espère obte- nir des résultats plus exacts et moins équivoques sur -cetie question. | ‘La :question économique donnée poux la seconde fois 172 Nouvelles littéraires. à pour le mois de novembre 1805, étoit : be ,5 La meilleure histoire de l’exploitation des terres en Allemagne depuis les temps les plus anciens jusqu'aux plus modernes. La société a reçu un mémoire excellent avec la devise amené meminisse periti, auquel le prix a été décerné. À louverlure du billet, on a vu que l’auteur est M. le professeur Huzzmanx de Francfort sur l’Oder ; déjà connu dans le monde littéraire par plusieurs ou- yrages inléressans. Voici les questions pour l’année suivante : Pour le mois de novembre 1807 : Quæritur quæ fuerit natura et ambitus commerciorum urbis Constantinopolis, expedilionuwm sacrarum vel cruciatarum tempore, adeoque et ante et post wrbem à Francis captam: Optat itaque so- cietas ut exponatur, que fueritralio mercatwrae byzantinæ élla aetate in universum et quas vicissitudines subierit ? 2.” Quæ merces maxima tum ex Asi& tum ex Europa in © £ [nd 227 228 230 232 Geschichte der Christlich - Kirchlichen Gesellschaft Verfassung. Histoire de la constitution de l'Eglise chré= tienne, par G. 3. PLaxk, docteur en théologie, conseiller du Consistoire et professeur à Goettingue , première sec- tion du quatrième volume. 1806. Hanovre. Ce volume comprend l’espace depuis le milieu du onzième siècle, jusqu’à la fin du treizième, et la seconde période prin- cipale de l’histoire des papes dans l’église occidentale. Geschichte der Litteratur von ihrem Anfange bis aëf die neuesten zeiten. C'est-à-dire , Histoire de La litté- rature depuis son commencement jusqu'aux temps les 176 Nouvelles littéraires: plus nouveaux; par Jean Godefroy ErchHonx. Pre- mier vol. 1805; second vol. 1806. Goettingue , chez Vandenhock et Ruprecht. Cet ouvrage important, que M. de Stapfer traduit en français, sera divisé en trois périodes. La première dure quatre cents ans depuis 1050 jusqu’en 1450; la seconde deux siècles, depuis 14506 jusqu’en 1650 ; la troisième dure encore. La première de ces périodes est traitée dans la première partie du second volume; on a annoncé le plan et la disposilion de cet ouvrrage , et des parties qui en sont déjà exécutées. Le nom de M. Eichhorn ré- pond du mérite de cet ouvrage. Von den Elementen des national Reichthums, undvoñ der Staats Wirthschaft nach Adam Smith. C'est-à-dire, des Elémens de la richesse nationale et de l’Economie politique, d’après Adam Smith ; par Georges SARTo- æIUS , professeur à Goettingue. Chez Rower. Goettin- gue ; seconde édition. L'auteur a tâché de rendre fidèlement en abrégé les idées de Smith. Quelquefois il est d’une autre opi= . nion que le célèbre écrivain politique; cependant dans son Extrait il a suivi exactement l'original, par des rai- sons qu’il croit satisfaisantes, et qu’il a exposées dans un Avant-propos. Du reste il a donné ses propres idées sur l’économie polilique, dans un ouvrage qui à paru aussi à Goettingue chez Rower, et qui est intitulé : Abhandlungen die Elemente des national Reichthums und die Staats Wirthschaft betreffind. C’est -à- dire, Traité sur la richesse nationale et l'Economie politi- que. Le premier concerne la valeur et le prix des choses; il est dirigé contre Smith, et particulièrement contre sa mesure invariable de la valeur des choses, c’est-à- dire le travail. Le second et le troisième Traité se rap- portent à un nouvel ouvrage du comte de Lauderdale ; Nouvelles littéraires: 177 ces deux Traités concernent l'effet de l’économie sur Vaugmentation de la richesse nationale, et la différence. entre cette richesse et la richesse particulière. Dans le dernier de ces Traités on examine aussi la question : dans quelle proportion est avec la richesse nationale la bausse ou la baisse du prix d'échange des choses ? ces trois Traités sont particulièrement théorétiques. Le qua- trième et dernier Traité est tout-à-fait pratique; il con- cerne l’économie politique dansle sens le plus spécial , et discutecette question difficile : jusqu’à quel point le Gou- vernement peut-il et doit-il coopérer à favoriser la ri- chesse nationale? il occupe la moitié de tout l'ouvrage et est dirigé tant contre la liberté illimitée proposée par Smithetd’antres, que contre le rôle passif de quelques gou- vernemens à cet égard , sans cependant vouloirdéfendre la malheureuse activité, et cette fureur de tout régler de quelques autres. L'auteur promet de continuer ces Mé- moires. Les premiers, quoique ne paroissant qu’à présent, ont été écrits il y a assez long-temps; c’est pour cela qu’il n’a pas pu avoir égard à quelques ouvrages qui ont été publiés plus récemment. La Société royale des sciences a reçu, de M. le-doc- teur Ozsers résident à Brème , un Mémoire manuscrit avec des gravures excellentes représentant six pièces rares de sa collection : 1. Lecrâne d’un jeune morse dans lequel on peut distin- guerla suture, et en même-temps voir la proportion singu= lière des os. î * 2. Le larinx d’une Balæna mysticetus. La proportion ét la forme de ces parties, que l’on nomme chez les hommes et les autres mammifères, le cartilagoericoidea, et Le cartilaso arytaenoidea guturina, offrent une ano- malie singulière. Dansce larinx le cartilage ericoide a la Tome V. Septembre, 1807. 12 178 Nouvelles littéraires: ressemblanced'un pelit pot presque en forme d’entonnoir, qui eñ avant et en bas (cela s'étend d’après la position horisontale” de Panimal}, se termine en manière de goulot cambre , et les arytænoïdes sont droites au bord supérieur et antérieur, comme deux plaques ovales qui tiennent entre elles à leurs bords antérieurs par un li- gament transversal assez fort. 3. Une synchondrose d’un bassin d'homme fortement ankylosée vers le haut et lé bas. 4. Dés ankyloses scices des vertèbres dun cheval, pour expliquer l’absorption insensible des cartilages in- tervértébraux, et de la croûte épaisse de Pos des apo- physes et des facettes articulaires. 5.-Uñne nekrose remarquable à un squelette de cheval avec la partie de los qui y reste à moitié rongée. 6. La vessie pour ainsi dire double d’un cochon ; elle forme au fond un élargissement plus petit et ovale. Aprés un mauvais tentps continuel, pendant lequel nous n’eûmes pas d’un mois une nuit sereine, le matin’ du 8 décembre fut le premier où la comète, découverte le 10 décembre par M: Pons à Marseille, put être observée À Lilicnthal: Elle étoit déjà avancée dans la constellation de la coupe , et sa clarté avoit tellement augmenté qu'on pouvoit la distinguer à l'œil nu. Avec son excellent reflecteur de quinze pieds, M: Schroter remarqua run noyau clair et scintillant, et une queue tournée au soleil ;: de laquelle on pouvoit suivre là lon- gitude jusqu’à un degré. La comète étoit près de deux étoiles de huitième grandeur , avec lesquelles Bessel Ya comparée quelquefois; il se trouve qu’à 17 # 17° 45” temips moyen , son ascension droite —177° 17° 87” 6, et sa déclinaison australe — 13° 53 14° 4: Seulement le 12 décembre le matin là comète put . R Nouvelles littéraires. 179 être encore observée entre les nuages, et six observa- tions qui s'accordent bien entre elles, donnèrent pour 19h 36 44” temps moyen, ascension droite — 175° 10? 38” , 7 déclinaison australe — 19° 7° 10”, 8. Le mauvais temps déroba à d’autres observations, la comète mar- -chant vers le sud avec une rapidité toujours croissante, Cependant ces données, jointes aux premières observa- tions de Marseille et à celles reçues ensuite par M. OI- bers , étoient suffisantes pour calculer l'orbite de cette comète, et fonder sur ces calculs une éphéméride de son cours futur. Bessel trouva les élémens suivans : Passage par le périhélie . . déc. 29, 30274 Longitude de l’aphélie . . 96° 28° 6”, r } de l’equinoxe du nœud ascendant. 322° 8° 1”, 3 — moyen. Ircobnaison HENTAI. USM 103217 Log. de la plus petite dé- WALLON Le Le del e st où A 0, 33112 Mouvement. . . . . SET rétrograde. On pourroit conclure, d’après ces points déterminés de l'orbite , que la comète marcheroit vers le pole sud de lécliptique, avec une vitesse toujours croissante ; qu'un mouvement continué dans la même direction la rameneroit au nord et même sur l’horison de nos ré- gions septentrionales , et qu’enfin elle conserveroit une force de lumière suffisante pour qu’on pût l’observer encore. La comète doit être devenue très-claire au ciel austral , le jour de sa découverte. Sa clarté — 07168 , le 12 décembre 1,257, le 31 décembre 4,069, le 25 janvier 0,551 , le 30 janvier 0,400. Le 18 janvier la comète devoit commencer dans la constellation de la machine électrique , pour reparoître sur l’horison de Lilienlhal, et quelques jours plus tard on pouvoit penser à la re- chercher. La position basse de la comète au ciel austral, couvert par un bois voisin, nécessita le transport d’un 180 Nouvelles littéraires: réflectéuxr de sept pieds sur la galerie très-ouverte du télescope de vingt-sept pieds; là elle fut observée encore dans la. belle soirée du 27 janvier. Sitôt que l’obscurité le permit, Bessel trouva la comète très-pale, posée assez bas dans les vapeurs de l’horison , exactement à l'endroit où elle devoit être, d’après les élémens. Son lieu étoit en effet pour 6 40° 51° temps moyen, 19° 19° 44? ascension droite, et 28° 19° 11” déclinaison australe , différant à peine de l’éphémeride calculée d’a- vance. M. le docteur Obers a vu aussi ce jour la co- mète , et aussi le 28 sous les nuages. L’harmonie du calcul avec les observations donne une preuve frappante de la justesse de la supposition que lon a faite du mou- vement parabolique de la comète ; elle paroît aussi ga- rantir la bonté des observations : cependant Bessel se réserve, avant la fin de l’apparition de la comète , de corriger encore une fois les élémens et de les ajuster à toutes les observations. M. le Docteur O/bers à Brème a annoncé à la Société des sciences que le 29 mars, à 8 heures du soir, dans la constellation de la Vierge, presque exactement à l'endroit où justement il y a cinq ans (28 mars 1802) , il trouva Pallas, il a découvert une nouvelle étoile errante , qui très-vraisemblablement est également une planète restée inconnue jusqu'ici dans la région entre Mars et Jupiter. Le hasard qui nous a fait connoitre les trois aste- roïdes découverts plutôt , n’a rien à prétendre dans cette remarquable découverte, elle est au contraire la suite du zèle constant et des recherches infatigables de M. OI- bers, qui. depuis long-temps cherchoit ce qu’il a enfin trouvé. Car déjà , depuis trois ans, M. Olbers exami- noit tous les mois , le côté boréal de la Vierge et la Baleine , régions que son hypothèse connue sur la na- Nouvelles littéraires: 181 ture et la formation des astéroides désigne comme celles où les corps doivent tous passer. Une connoiïssance exacte de toutes les étoiles de ces régions devint la suite de ces spéculations , et de cette manière, le 29 mars, M. OI- bers put reconnoître à la première vue le corps nouvel- lement arrivé, dont le mouvement conjecturé se trahit par les observations au micromètre, et le fit reconnoître comme l’astéroïde attendu depuis long-temps. Ces observations et celles du soir suivant, quoique peu favorisées par le temps, donnent provisoirement la position de la nouvelle planète : Brème Temps moy. ÆAsc. droite app. Déclin. appar. 1807 Mars. 29 8h21. 184° 8. 11° 47. au nord. 30 12 33. 183 52. 11 4. Avril. 1 9 5o. 183 98. 12 09: Cette planète a été aussi obervée ici avec le micromètre et au mural. Le dernier donna les résultats suivans : Goettingue. Temps moyen. Asce. droite appar. Décl. appar. 1807 5. 11b 57” 2°,784. 18a° 33° 10”,92. 12° 24° 19”, 1. Avril. 6.xr 12° 16”,022. 182 20 47, 91. 12 27 54, 4. Cette nouvelle planète paroît comme une étoile de la cinquième ou sixième grandeur et a un éclat blanc et vif. Au moyen du télescope de dix pieds , elle se montre déjà avec un grossissement de 150 fois un petit disque pla- nétaire dont le diamètre apparent est estimé = 2” 7, jusqu’à 3, SOULANGES ARTAUD, professeur de philesophie à lUni- ver sité et de la Société des sciences de Goettingue. SUÈDE, On a célébré à Ursaz, le 25 mai dernier , une fête sé- oculaire en l’honneur du célèbre Linnée, professeur de botanique dans l’Université de cette ville, né le 24 mai 1707 , et mort en 1778. 183 Nouvelles littéraires. DANEMAROK. Deux nouveaux établissemens ont été créés du consen< tement du roi. L'un est une Société vétérinaire. L'autre est destiné à recueillir et à expliquer les antiquités du: Pays. Parmi les membres de ce dernier, on compte le premier maréchal de la cour, M. Hawon et MM. les professeurs Munrer , Taorcacrus et Nyerur. Tous lés pasteurs de la campagne sont invités en particulier à veiller à la conservation des monumens qui seront découverts dans leur paroisse. La société doit proposer les moyens qu’elle jugera les plus efficaces pour les recueillir d’une manière convenable. On a aussi in- vité plusieurs savans étrangers à concourir à cette noble entreprise ; des lettres et des diplômes ont été envoyés à Paris à MM. Syzvesrre DE Sacy et Mir. La collection d’antiques qui se trouve réunie à la bi- bliothèque de l’université s’augmente tous les jours par le zèle des amis des sciences. On remarque parmi les nou- veaux objets dont elle s’est enrichie ; 1°. un harpon à la manière groenlandoise , qui étoit en usage avant l’arrivée des Européens; 2°. La ceinture précieuse dont il est question dans l’Aistoire de Danemarck par Suam; Tom. VIN , elle porte une inscription : Help ghot unde Maria Anna, Dieu aide et Marie Anne. 3°. Une cassette de plomb avec des ossemens des onze mille vierges ; elle a été trouvée en 1802 dans une Eglise de la Seeland. 4°. La belle collection des antiquités du nord , de M. de la Calmette qui jusqu’à présent avoit été dans Plle de Moen , a été transportée à Copenhague. La bibliothèque de l’université s’est enrichie de 13 pièces tirées des archives de Rosenholm, relatives à l’his- toire de la patrie. Nouvelles litiéraires. 183 Il a paru au commencement de cette année un cata- bgue raisonné de la galerie des tableaux du consul Wesr cet ouvrage est d’un grand intérêt et digne de l'attention des artistes et des amateurs. La collection de M. West offre plusieurs morceaux excellens. Tout le monde jouit de la facilité de la voir. M. Baccesen a publié un nouveau volume de ses poésies. Il annonce, dans un avertissement, qu’il a renoncé au genre satyrique et comique pour se livrer tout entier à un genre plus sérieux et plus conforme à son âge. IL paroïtra bientôt un nouveau poëme de sa composition qui aura pour titre: Odin. M. Baggesen a abandonné la carrière qu’il vient de quitter à un jeune poète, M. Oellenschlager qui promet de la suivre avec le même succès. Il existe dans la ville de Curisrranra une Société topo- graphique qui doit son établissement à M. le comte de Mozrxe. Elle a pour but de rassembler et de répandre des connoiïssances plus exactes sur la Norwège. Les tra- vaux qu’elle publioit autrefois par cahiers, paroîtront désormais par volumes, sous le titre de Mémoires de la société Topographique de Christiania , M. le professeur Rosted est chargé de la rédaction. Russrrx. L’ Académie des sciences de Pérerspouc, avoit proposé, vers la fin de l’année 1805, le sujet de prix suivant : « L’ Académie Impériale a jugé avantageux à l’avance- ment des sciences , de proposer un prix de 500 roubles, qui sera décerné au physicien qui aura fait et qui aura communiqué la série la plus instructive d'expériences mouvelles, sur la lumière considérée comme matière; sur Jes propriétés qu’on pourra lui attribuer, sur les affinités qu’elle pourroit avoir avec d’autres corps, soit organiques, ‘184 Nouvelles littéraires. soit non organiques, et sur les modifications et phéno- mènes qui se manifestent dans ses substances, en vertu des combinaisons dans lesquelles la matière de la lumière est engagée avec elles ». Ce prix a été partagé , en février 1807 , entre deux mé- moires, l’un du P. Placide Heinricn, à Munich , et l’autre du professeur Lixx, à Rostock. POLOGNE. La société des amis des sciences, de VARSOVIE, a tenu, le 13 décembre dernier une séance publique. M. T’évesque ALBERTRANDI a annoncé à la société, que le mémoire sur la peste , envoyé au concours, par M. Levnerr, à élé cou- ronné ct que l'impression du grand F’ocabulaire Polonais de M. Linpe, a été commencée. M. Boausz a lu ensuite un mémoire sur la langue des Lithuaniens, ete. Le prince Alexandre SArisnaunautre mémoire sur les Slaves. Mon- sieur l’ Abbé Srasic a terminé la séance par la lecture de sa traduction polonaise du vingt-deuxième livre de l’Iliade. SUISSE. Une société d'artistes et d'amateurs, s’est rassemblée pour la seconde fois, à ZoriNGEN en Argovie; elle est composée de trente et quelques membres de divers cantons. Tous ont pris Pengagement formel, de se réunir chaque année au même lieu pendant les beaux jours du printemps. M. Lyrers poële et dessinateur , qui a rendu de grands services a l’histoire de l’art et des mœurs dans sa patrie ; a été nommé président de l'Académie naissante , chaque membre a promis de présenter désormais aux assemblées annuelles ,quelque ouvrage de sa composition. On a dressé le plan d’un journal général des beaux arts en Suisse, et pour reconnoître l’accueil bienveillant qu'à reçu la société des habitans de Zofingen, elle a résolu de placer, dans PRE. Nouvelles littéraires: 185 -leur bibliothèque un livre blanc, ou chaque membre sera tenu de donner un échantillon de ses talens d’artistes ou de poëte; avec sa signature au bas. C’est ainsi que s’étoit formée la société de Schintznach. ITALIE. . Il vient de paroître à Rome un ouvrage du célèbre jé- suite Vincent ReqQuENo : il a pour titre Tamburo Stro- mento di prima necessita per regolamento delle truppe perfezionato. L'auteur pense avoir présenté les moyens de changer le bruit du tambour en sons harmonieux et propres à se marier avec la voix. Ce même auteur vient de publier un supplément à ses essais sul ristabilimento de l’arto di dipingerea Facousta. M. Boxpt connu par une excellente traduction de PÉ- néide , a publié sa traduction des métamorphoses 'Ovive. On fait beaucoup d’éloges de cette version. L’ Académie de Lucques, avoit proposé un prix pour le meilleur ouvrage qui lui seroit présenté sur le mérite littéraire , d'Azriert1. Le mémoire couronné, est de M. CarmicNant, professeur de droit criminel, à Pise. Ïl est à remarquer que ce concurrent dit plus de mal que de bien du poëte. AMÉRIQUE MÉRIDIONALE. « La frégate Za Pala, appartenant à la compagnie des Philippines, et commandée par D. Jean-Baptiste Mox- TEVERDE, allant de Manille à Lima, a découvert le 18 février 1806, un groupe d’îles dont la plus méridionale est située par 5 degrés 29 minutes de latitude du nord, et 162 degrés 5 minutes de longitude à lorient de Cadix. Ces îles, au nombre de vingt-neuf, occupent un espace de dix lieues du nord-est au sud-est, et sont séparée par des canaux d’une ou deux lieues de large. Elles sont 186 Nouvelles littéraires. basses et coupées de forêts et de ruisseaux. Leurs habi< tans sont de l'humeur la plus pacifique. Ils s’approchèrent d’abord de Ja frégate au nombre de vingt-un, partagés en deux pirogues; lorsqu'ils ne furent plus qu’à une portée de fusil ,ils cessèrent deramer et présentèrent aux Espagnols des noix de cocos , en criant et en faisant des signes. La frégate cargua ses voiles et hissa pavillon espagnol. Cette manœuvre ayant inspiré quelque frayeur aux insulaires, le pavillon espagnol fut amené et on arbora un pavillon blanc , en criant et en faisant signes aux pirogues d’ap- procher. En effet, elles accostèrent la frégate, et les in- sulaires donnèrent aux Espagnols des noix de cocos , sans rien demander en échange; mais aussi sans qu'aucun d'eux voulût monter à bord. T’équipage de la frégate leur distribua alors de vieux couteaux , des anneaux de fer, des morccaux de drap rouge, et cette libéralité causa une joie et une reconnoïssance si vive à ces bonnes gens , qu'aussitôt ils vidèrent leurs pirogues pour faire des pré- sens aux Espagnols ; leurs filets, leurs hameçons, leurs nasses, leurs vases de cocos , qui leur servoient de tasses, leurs énormes chapeaux de feuilles de palmier, tout passa dans un instant à bord de la frégate, et les in- sulaires finirent par vouloir se dépouiller de l'unique vêtement qui entouroit leur ceinture, pour témoigner leur gratitude à leurs bienfaiteurs. Ils n’étoient même pas encore contens d'eux-mêmes, et firent comprendre aux Espagnols qu’ils alloient se rendre à leur île pour y chercher de nouveaux présens, priant la frégate de les attendre. » Ces Indiens sont grands et bien faits, robustes et agiles. Leur couleur est olivâtre ; ils ont le nez applati, des cheveux noirs et frisés , mais assez longs. Dans cha- que pirogue étoit un vieillard vénérable, nud comme: les autres , et qui paroissoit être leux chef. Une chose fort | | { Nouvelles littéraires. 187: extraordinaire , c’est que ces deux vieillards étoientblancs _ et avoient le nez aquilin. Ils avoient plutôt l'air d'Es- pagnols que de sauvages, Le capitaine Monteverde ajoute que ces insulaires et leurs vieux chefs avoient beaucoup de ressemblance dans leurs traits et dans leur conduite avec les Indiens des îles de St.-Barthélemi et de celles de Cafa et d’Adictai , où ce même capitaine ahorda en 1800 sur la frégate la Philippine, commandée par D. Juan Ibarguitia ». ÉTars-Unis, La SoctÉËTÉ AMÉRICAINE DES MATHÉMATIQUES a été ins- tituée par une réunion d'amateurs des sciences mathé- matiques, le 2 juin 1806, à Parzanecrnre. M. Robert Parrersor a été nommé président; M. Samuel B. WYx1®, secrétaire, M. Joseph CLay , trésorier, et MM. Cray, Wyxre et de Lamar , membres du bureau de la corres- pondance. La Société, ainsi organisée, a proposé les deux prix suivans : 1°.un prix de cinquante dollars pour la meilleure Méthode pratique de larpentage ; 2°. un prix de trente dollars pour Ze meilleur Mémoire sur la théorie de la construction des arches. * Le terme de l’envoi des Mémoires éloit fixé au 15 avril 1807. Le congrès de PHiLADELPHIE a destiné une somme de 50,000 dollars pour la mesure exacte des côtes de l’A- mérique. Les cartes qui seront dressées à cet effet, doi- vent indiquer tous les bas-fonds qui se trouvent dans une étendue de 20 mille anglais des côtes. On publiera à New-York, par souscription, deux. gravures , l’une représentant /a mort du général Warren à M bataille de Kunkers-Hill , et l’autre celle du général Montgomery à l'attaque de Quebec. 188: Nouvelles littéraires. On a traduit en anglais les Anecdotes originales de ÆFrédérie , publiées par M. Turégaur. Cette traduction vient d’être réimprimée pour l'Amérique chez Kronson, à Philadelphie. L’athénée établi à Barton depuis le mois de mai 1807, est composé : 1°. D’un cabinet de lecture, où l’on trouve tous les pa- piers publics qui paraissent dans les États-Unis. Les jour- maux scientifiques et littéraires anglais, français, etc- Les mémoires des sociétés savantes de Londres et de Paris; les journaux politiques de ces deux villes; la liste de l’armée et de la marine de Stecle; le naval Chronicle; les catalogues des principaux hbraires de Londres et de Paris; les débats du parlement d’Angle- terre; les ouvrages bibliographiques , les journaux , lois et arrêtés du congrès des États-Unis ; les voyages modernes les plus intéressans , des cartes géographiques, plans , etc. 2°, D’une’bibliothèque destinée à contenir tous les ouvrages de sciences et de littérature dans toutes les langues , et principalement les ouvrages rares et pré- cieux, qu'on se procure difficilement en Amérique 5 les encyclopédies françaises et anglaises : les diction- naires des langues modernes; les dictionnaires critiques et biographiques ; les ouvrages d’une utilité genérale et les meilleurs auteurs anciens et modernes de toutes les nations. Cette bibliothèque renferme actuellement à-peu-près | 1,200 volumes, et le nombre en augmente chaque jour. Elle est ouverte tous les jours de la semaine, de même que le cabinet de lecture. On se propose de joindre à cette établissement par la, | Nouvelles littéraires: 189 suite un musée des arts, un laboratoire et un appareil d'instrumens de chimie , de physique , d’astronomie et de géographie. On vient de former à Wesrrornt , dans l’état de New-York, et sous la protection des États-Unis. Une Société militaire-philosophique. Le but de cette société est le pérfectionuement de la tactique ; le colonel Wizezrams a cté nommé président. L'’académie des Beaux-Arts de PENSYLVANIE , a été ouverte le 15 avril 1807, sous la présidence de M, George Clycner, qui a prononcé à cette occasion un discours sur l’utilité des Beaux-Arts, leur mfluence sur la civilisation , et sur les moyens les plus propres à en répandre le goût en Amérique, La salle étoit décorée d’une collection choisie de ta- bleaux et de statues des meilleurs maîtres de l'Europe , arrangée avec goût, et dont l’acquisition a été faite au moyen de dons volontaires, de plusieurs membres de Vacadémie, et d’autres personnes qui s'intéressent aux progrès des Beaux-Arts. Lo Dans une des autres séances , les directeurs de l’Aca- démie ont pris à l’unanimité. les-résolutions suivantes : I. Que les droits et propriétés de la.société seront di- visés ‘en trois-cents lots ou billets. . Il. Que chaque souscripteur qui aura payé la somme de 50 dollars et une contribution annuelle de 2 dol- lars, recevra un certificat propriétaire pour la valeur d'un billet, qui sera transmissible à perpétuité à ses héritiers ou à toute autre personne qu'il voudra dé- signer. è UT. Cette transmission des billets pourra se faire ou par le propriétaire en personne , ou par procuration, avec lapprobation d’un des trois directeurs et en pré- 190 Nouvelles littéraires, sence du trésorier de la société. Le propriétaire du billet aura ensuite l’entrée libre à l'académie à toute heure , sans attendre celles des expositions publiques. IV. Les fonds provenant des souscriptions seront em- ployés , 1°. )aux besoins actuels de la société ; 2°.) à la construction d’une maison propre à y placer acadiiee 3. ) à l'extinction des sommes dues par la société; 4°.) au payement des employés, et 5°) à l'acquisition de nou- veaux objets des Beaux-Arts, | V: Ceux qni ont souscrit jusqu'ici pour moins de 5 dollars, seront invités à completter cette somme. On leur délivrera un billet d'entrée franche , et ils jouiront de tous les droits. et priviléges énoncés daus ce régle \ ment, sans cependant être regardés comme fondateurs de la société et propriétaires de billets. FRANCE, La Société des sciences, belles-lettres et arts de Bor- peaux, a tenu le 15 septembre 1807 sa séance publique , voici le programme qu’elle vient de publier. $- 1%. La restauration du port de BORDEAUX , prin- cipale base de la prospérité commerciale de la ville et des départemens environnans, a été depuis long-temps » objet des sollicitudes de la société. C’est dans ces vues L qu’elle proposa, dans-la séance publique da mois d'août | 1805, la question suivante : Quel est le moyen le plus sûr de soulever les corps submergés ; à une profondeur déterminée , quelle que soit leur pesanteur , dans un endroit où le flux et reflux se font sentir? Divers mémoires ont été adressés à la société sur’ ce sujet ; mais aucun d'eux n’a entièrement rempli ses vues, Cependant elle a distingué particulièrement celui coté A, N°1, portant pour épigraphe : /n omnibus ferè minûs valent præcepta quàm experimenta. Nouvelles littéraires. tgt Cet ouvrage est écrit avec clarté et méthode : les tra- vaux préparatoires proposés par l’auteur pour soulever les corps submergés, et qui ont pour objet de dégager le fond du navire des attérissemens que le temps ef les courans y ontamoncelés, sont bien conçus, et l’en- semble de ce travail est aussi simple qu’ingénieux ; mais parmi les moyens qu’il propose, quelques-uns ont paru insuffisans. Par exemple, il ne sufliroit pas d’avoir dégagé le bas de la carène à droite et à gauche, il faudroit encore pouvoir réussir à introduire , sous la quille du vaisseau , le mat ou cylindre qu’il propose, et l’on ne pourroit yÿ parvenir qu’autant que le navire submergé seroit placé de telle sorte que l’une des extrémités seroit libre et laïisseroit un intervalle entre la quille et le fond : car sans cela il seroit impossible de trouver une force sufli- sante qui pût y parvenir , et füt-on même assez heu- reux pour réussir, il resteroit toujours à vaincre le poids de lextrémité opposée, qui seroit d'autant plus enfoncée que la pesanteur seroit entièrement réunie sur ce point. L'auteur avoit bien senti cette difficulté , aussi avoit-il proposé d’autres moyens ; mais quelque ingénieux qu'ils soient , la société les a jugésinsuffisans. Enfin, un des objets sur lesquels l’auteur n’a pas assez porté son attention , c’est la poussée verticale que le flux où mon- tant procure , et qui rendroit inutiles et même dangereux les treuils dont il conseille usage ; car l’effort du cou- rant entraîneroit avec violence les leviers sur lesquels les hommes épuiseroïent leurs forces inutilement. Mal- gréces imperfections , la Société convaincue des avan- tages de quelques-uns des moyens proposés, à arrêté qu'une médaille d’or de la valeur de trois cents francs, seroit décernée dans la séance de ce jour à M. Grorcrr, e L4 ingénieur en chef de première classe, à Carcassonne , x92 Nouvelles littéraires: département de l'Aude, auteur du mémoire; Mais dé- sirant avoir la solution complette de cette importante question , la société a arrête que le concours seroil pro- rogé d’une année , espérant que l’auteur profitera de ce nouveau délai pour perfectionner son mémoire par un nouveau travail dont elle le croit capable , et qu’elle pré- sentera à d’autres savans l’occasion d'entrer aussi dans la carrière et de concourir avec lui, par leurs efforts et par une noble émulation , à donner la solution de la question suivante: Quel est le moyen le plus sûr de soulever les corps submergés, à une profondeur déterminée, quelle que soit leur pesanteur, dans un endroit où le flux es reflux se font sentir. ? La Société croit devoir rappeler qu’en proposant cette question , elle a principalement pour but de retirer du fond des rivières les navires submergés qui les embar- rassen! ; elle désire qne les concurrens s’octupent sur- tout des moyens de les saisir , quelle que soit leur position. CN Le prix sera une médaille d’or de la valeur de 600 francs ; il sera; décerné, dans la séance publique du mois d'août 1808. Les mémoires doivent être parvenus à la Société avant le premier juillet de la mème année. Ce terme est de rigueur. # $. II. La Société avoit proposé . pour sujet dun prix de poésie qui devoit être décerné dans la séance de ce jour, la campagne des trois mois de l'an 14. Neuf pièces lui ont été adressées sur ce sujet; trois n’ont pu concourir : l’une , portant pour épigraphe : Quis:Martenr tunicd tectum adamantin4 Dignè scripserit ? Hor. Od. ayant déjà été imprimée; une seconde, sans épigraphe, Nouvelles littéraires. 193 Qui portoit le nom de l’auteur; enfin , une troisième; ayant poux devise ces vers : | Mais qui peut, dans sa course , arrêter ce torrent ? Atchille va combattre et triomphe en courant. parce qu’elle n’est parvenue à la Société, qu'après l’époque qu’elle avoit fixée pour la remise des mémoires. Parmi les six pièces restantes, aucune ne lui a paru mériter le prix, et la Société a vu avec regret que, dans un nombre aussi prodigieux de vers, il n’y en a pas un qui renferme une idée politique, pas un de con- sacré à exprimer le but éminent, la sublime pensée de l'Empereur dans ses conquêtes et dans ses victoires , dans la paix qué commandent de concert son génie et la force de ses armes. Cependant elle en a distingué deux qui lui ont paru dignes d’être citées honorablement : la première , cotée G, N°. 7, ayant pour épigraphe : Son courage affamé de périls et de gloire ; Court d’exploits en exploits, de victoire en victoire : Souvent ce qu'un seul jour lui voit exécuter , Nous laisse pour un an d’actions à conter. BorzEau. Et la pièce N°. 3, ayant pour devise ces mots de Na- POLÉON-LE-GRAND : So/dats.….. qu’un coup de tonnerre anéantisse l’orgueil de nos ennemis ! Lorsque la société proposa ce prix , l'EmPerrur venoit de terminer la gnerre contre PAutriche par la mémora- ble bataille d’Austerlitz. Elle desiroit payer à nos armées et à leur auguste chef; un léger tribut de son adrmira- tion pour des faits qu’elle regardoit comme impossible de surpasser ; mais les événemens survenus depuis cette époque ont prouvé que rien m'étoit impossible à nos invincibles phalanges et au grand capitaine qui les com- mande ; en conséquence , elle a arrèté que le prix de Tome. F Septembre, 1807. 13 194 Nouvelles littéraires. poésie sera adjugé , l’année prochaine, au meilleur où vrage en vers à la gloire de nos armées, qui lui sera adressé. Le prix consistant en une médaille d’or de la valeur de 300 fr. sera décerné dans la séance publique du mois d'août 1808. Les pièces doivent être parvenues à la Société avant le 1°. juillet de la même année, Ce terme est de rigueur. | $. III. La Société avoit proposé , pour sujet d’un prix qui devoit aussi être décerné dans la séance de ce jour , la question suivante : Quelles sont les espèces de bois que l’on pourroit faire concourir avantageusement avec le chêne, pour la fabrication des barriques ? Parmi les mémoires qui lui ont été adressés sur ce sujet, aucun ne lui a paru mériter le prix; mais les travaux auxquels se sont livrés quelques concurrens lui font espérer qu’en redoublant d'efforts, et sur-tout en multipliant leurs expériences, ils pourront atteindre le but proposé; en conséquence la Société a arrêté que le concours seroit prorogé d’une année , et qu’il seroit fait une mention ho- norable du mémoire coté À , n°. 1, ayant pourépigraphe ce vers de Virgile : © fortunatos nimiùm , sua si bona norint, Agricolas ! Le prix consistant en une médaille d’or de la valeur de 300 fr. sera décerné dans la séance publique du mois d'août 1808. Les mémoires doivent être parvenus avant le 1°. juin. Ce terme est de rigueur. $. IV. La Société n'ayant reçu aucun mémoire sur la question relative à /a fabrication des goudrons ; a arrèté de réserver le prix et de retirer la question. $. V. Un des plus habiles administrateurs que notre ville ait eu le bonheur de posséder, M. de Tournyx , Nouvelles littéraires: 195 père, intendant de Bordeaux, y a laissé des embellise- mens qui sont un monument durable de son activité éclairée et de son affection pour cette cité. La Société saisit une occasion favorable d’acquitter la dette de ses concitoyens , et de fournir un modèle aux successeurs de ce magistrat, en proposant son éloge pour sujet d’un prix d’éloquence ; de la valeur de 600 francs , qui sera décerné dans la séance publique du mois d’août 1808. Les fonds de ce prix ont été fournis par un membre de da Société , qui desire n'être pas counu. Les mémoires devront être parvenus ayant le 1er. juillet, $. VI Enfin, la Société rappelle à ses concitoyens qu'indépendamment des prix proposés , elle décerne chaque année des médailles d'encouragement aux agri- culteurs, aux artistes et aux littérateurs du département, qui, par d’utiles travaux , se rendent dignes de ces hono- rables récompenses. La Société profite de cette circonstance pour réiterer Vinvitalion qu’elle a déja faite à messieurs les maires , de lui faire connoître les agriculteurs et les artistes qui leur paroitront yavoir des droits. La Société des Sciences Arts et Belles- Lettres de Sots- sons a tenu, le 12 août , sa première séance publique qui a eu lieu dans l’ordre suivant : 1°. Discours de M. le Pré- sident. 2°. Rapport sur les travaux de la Société pendant l’année 1807, par M. Missa secrétaire perpétuel. 3°. Mémoire sur l’origine , l’objet et les avantages des Sociétés littéraires , par M. Drersuvery. 4°. Notice sur les travaux agricoles de MM. J. Brayer et DAxzé par M. 3. Revrrry. 5°. Traduction en vers françois de la troisième satyre de Juvenal, par M. Al. Mrcnain. 6°. Dissertation sur Le Soissonnois, par M. Dre. 7°. Mémoire distorique sur l’abbaye de St.-Médard, par M. Derovizzx 196 Nouvelles littérairés- fils. 8°. Fable intitulée: le chardon , le maître et le jardi- nier, par M. Carasre associé correspondant. La Société propose, pour sujets de prix , au concours de l’an 1808, le deux questions suivantes. 10. Déterminer les rapports qui existent entre les beaux arts, et ce que chacun d'eux emprunte ou prête à l’imagination. 2°. Donner l'analyse des terres-houilles du départe- ment de PAïsne ( vulgairement cendres noires) , avant et après leur combustion : déterminer leur influence sur la végétation en général, et plus spécialement sur la culture du département. Ces deux prix seront décernés dans la séance publi- que du mois d'août 1808. Le premier sera une médaille . d'or de la valeur de 200 francs. Le second , une médaille d’or de celle de 150 francs. Les mémoires écrits en latin ou en françois seront adressés, port franc, à M. Mussa secrétaire perpétuel, avant le 1°. juin 1808. La classe des beaux arts de l’Institut de FRANCE a tenu sa séance publique le samedi 3o octobre 1807. Voici quel a été l’ordre de la séance. 1. Notice des travaux de la classe depuis le premier octobre 1806 , par le secrétaire perpétuel. 2. Observation sur le concours de composition musicale, par M. Gossec. 3, Éloge historique de M. Suvée, directeur de l'École de France à Rome, membre de la Légion d’hon- neur, correspondant de lInstitut national, mem- bre de lancienne Académie royale de peinture, de sculpture , et professeur dans ses Écoles , par le secrétaire perpétuel. Nouvelles littéraires; 197 4. Distribution des grands prix de peinture, de sculp- ture, d'architecture et de composition musicale. 5. Exécution du chant d’inauguration de la statue de S. M. l'Empereur et Ror. Les paroles sont de M. Anxaurr ; et la musique de M. Méuuz, membres de l’Institut. / 4 Grand prix de peinture, Le sujet donné par la elasse des beaux arts étoit, : hésée, vainqueur du Minotaure , au moment où les jeunes Athéniens et Athéniennes, dé- voués au monstre, témoignent leur reconnoissance au héros libérateur. Le premier grand prix a élé décerné à M. François- Joseph Herm, né à Belfort, département du Haut-Rhin, âgé de vingt ans , élève de M. Vincent , membre de l'Institut. be second grand prix a été accordé à M. François- Alexandre Caminape, de Paris, âge de vingt-deux ans, élève de M. David, membre de l’Institut. : La classe des beaux arts, satisfaite du concours en général et du tableau désigné par la lettre G:, a arrêté de décerner à son auteur une médaille d'encouragement. Co tableau est de M. Alexandre - Charles Guicremor, né à Paris, âgé de vingt ans et demi, élève de M. David, membre de l'Institut, La classe a arrêté, par une délibération particulière ; de demander à Son Excellence le Ministre de l’intérieur d'envoyer à l'École de: Rome , en remplacement de MM. Harrigrr et Gaupar , morts avant l’expiration du temps accordé à chaque élève, M. BLonpez, qui a remporté le premier grand prix de peinture en l’an xt, et quia continué de faire preuve d’un talent distingué . depuis cinq ans. M. Broxper est élève, de M. Regnault, membre de Plnstitut. 198 Nouvelles littéraires: Grand prix de sculpture. Le sujet du concours étoif ‘Archimède de Syracuse , Vun dés plus grands géomètres de l'antiquité , et parent du Roi Hiéron; figure de ronde bosse, d’un mètre de proportion. Le géomètre paroîtra méditer quelques-unes de ses découvertes , telle que la vis à faire monter l’eau, ou la comparaison de la sphère avec le cylindre, ete. Le compas, la règle, un rouleau sur lequel seroient tracées des figures de géométrie, peuvent être dans ses mains ou près de lui. Les Grecs de la Sicile, du temps d’Ar- chimède, ne portoient point de barbe. Il ne doit pas, quoique parent du Roï, avoir de bandeau sur la tête, la figure sera presque nue, ajustée d’un manteau. Le premier grand prix a été décerné à M. Jean Ca« LOIGNE , n€ à Bruges, département de la Lys, âgé de vingt-six ans , élève de M. Chaudet, membre de l'Ins- titut. Le second grand prix a ‘été accordé à M. Nicolas- Augustin Marre, né à Paris , âgé de trente ans , élève de feu M. Monnot et de M. Dejoux, membre de l’Institut. Grand prix d'architecture. Sujet du concours. Un pa- dais pour l’éducation des jeunes Princes de la famille vmpériale. Cet édifice, que l’on suppose placé dans un des parcs voisins de la capitale et sur les bords d’une rivière , sera isolé, précédé d’avenues, entouré de vastes plantations et clos d’une enceinte de fossés revètus. Une avant-cour, à l'entrée de laquelle seront placés des corps-de-garde , renfermera les écuries ‘et remises, un manège avec ses dépendances , et les logemens des domestiques et des employés. Cette avant-cour sera suivie d’une grande cour d’hon- neur ornée de fontaines, et au pourtour de laquelle seront distribués vingt-quatre logemens destinés à l’ha- CE UT CN NT ONE Nouvelles littéraires. 199 bitation séparée des Princes et des jeunes gens qui, aux iermes du décret impérial, doivent être éleyés avec eux. Ces logemens pourront être isolés ou contigus; leur rez-de-chaussée aura un vestibule, un escalier, un salon et un cabinet d'étude. Les chambres à coucher de l’é- lève et de son précepteur seront au premier étage, et dans un attique au dessus les logemens des domestiques : un petit parterre sera joint à chaque habitation. Au fond de la cour d’honneur s’élèvera un vaste corps de bâtiment consacré à l’enseignement, et à renfermer lout ce qui est nécessaire pour l’éducation complète des élèves qui s’y réuniront pour recevoir les divers degrés d'instruction. A cet effet le rez-de-chaussée de ce corps de bâtiment offrira trois grandes salles propres à l’enseignement des sciences , des lettres et des arts, et dans lesquelles les maitres professeroient tour à tour ; elles seront accom- pagnées d’antichambres et autres dépendances, et dé- corées des instrumens, des livres, ou des modèles né- cessaires aux démonstrations et aux cours qui s’y feront. Le rez-de-chanssée offrira en outre une sa/le à manger, uue salle de récréation, une chapelle et de grands es- cgliers. On aura soin que toutes ces pièces soient bien éclairées. Au premier étage il y aura un appartement d'honneur, et en outre ceux du gouverneur , de deux sous - gouver- neurs et des maîtres. Il faut un jardin spacieux qui puisse offrir la réunion de tous les exercices, divertissemens et jeux gymnasti- tiques , ainsi qu’une grande pièce d’eau pour les bains et la natation. Le terrain sur lequel les bâtimens et les cours de cet établissement seront projetés n'aura pas plus de 90,000 mètres de superficie; mais le jardin et les plantations 200 Nouvelles littéraires: environnantes pourront être pris hois de cette mesure. Pour les esquisses, les concurrens feront le plan gé- néral détaillé du rez de chaussée de tout l'édifice, avec le plan du premier étage du bâtiment principal , et de “plus l'élévation générale et la coupe principale sur une ‘échelle d’un millimètre pour mètre. 1 Pour les dessins mis au net l'échelle sera de quatre mil- limètres pour le plan général détaillé du rez-de-chaussée ‘de tout Pédifice, avec le plan du premier étage du bâ- “timent principal L’élévation et la coupe seront sur une “échelle de huit millimètres. Pour les dessins rendus on ajoutera un plan général (en masse seulement) de Peédifice avec les jardins, les plantations environnantes et autres accessoires , sur l'échelle d'un millimètre. Le premicr grand prix a été décerné à M. Jean-Nicolas Huvor, né à Paris } âgé de vingt - cinq ans, élève de M. Peyre ,: membre de PInstitut. Le second grand prix a été accordé à M: Achille René-François Le Crerc ; né à Paris, âgé de vingt-un. ans, élève'de M. Percier. Le concours étant, comme cs de peinture, plus salisfaisant que ceux: des précédentes années, la classe des beaux arts a décerné aussi une médaille d’encourage- ment à un troisième projet qu’elle a jugé méritér cette distinction. L'auteur ‘ést M. Lôuis-François Girousr 1 né à Paris, £gé de vingt'ans, élève de M. Percier. Grand prix de gravure en médaillés:-Ties concurrens quiisse sont présentés ayant été jugés, dans les concours préliminaires; n'avoir! pas encore-assez 'modelé d’après mäture , le concours définitif wa pas'eu heu, et le at a été remis à une autre année. Grand prix de composition musiéale. Le ke du concours a. élé, conformément ‘aux réglemens de: la classe des beaux arts : Nouvelles litéraires: 20Ë 1°. Un contte-point double à la douzième et à quatre parties; È 2°. Un contre-poiut quadruple à trois parties; 5°. Une fugue à trois sujets et à quatre voix ; 14°} Une cantate composée d’un récitatif obligé , d’un cantabile , d'un récitatif simple , et terminée par un air de mouvement, La classe a jugée qu’il n’y avoit pas lieu à décerner de premier prix , mais elle a décerné deux seconds grands prix égaux: À M. Joseph Daussoiexr, né à Givet, département des Ardennes, âgé de: dix-sept ans et demi, élève de M. Méhul, membre de l'Institut, Æt à M. François-Joseph, Feris, né à Mons, dépar- ment de, Jemmapes,, âgé de vingt-trois ans, élève du Conservatoire et de M. Bethoven. Elle a décerné aussi une médaille d'encouragement & M. Auguste-Louis BLONDEAU , né à Paris , âgé de vingt- un ans , élève de M. Mébul, membre de l'Institut , pour le mérite très-distingué de la fugue, des contre-points, et pour des beautés qui ont été remarquées dans le chant. * Les tableaux , les figures de rondes-hosses , dessins et plans d'architecture qui ont remporté les grands prix, vont élé exposés le jour de la distribution des prix et le Tendemain, dans la salle d'exposition, au Palais des beaux arts. La classe de La langue et de la littérature françaises , a nommé, mercredi dernier, dans sa séance particulière, ‘aux deux places vacantes, par la mort de MM. Portalis et Lebrun. M. Laujon, auteur de / Amoureux de 15 ans ; a'été nommé à la première place, et M. Rainouard, auteur des Templiers , à la seconde, RS 202 .Nouvetles diliéraires. TERTRES THÉATRÉ DE L'OPÉRA-COMIQUE. La Folie musicale ou le Chanteur en prison: Un homme qui chante toujours sans rime ni raison, qui ne veut pas sortir de prison, pour y chanter plus à son aise : est-ce là une idée bien comique ? Non, puis- que Martin même, na pu la faire supporter. Un oncle qui ne connoît pas son neveu, un jeune homme qui ne connoît ni son oncle, ni sa cousine , ni ses créanciers , tels sont les ressorts qu'à employés l’auteur pour éta- blir des quiproquo. Le principal est celui qu'il a faiten prenant sa pièce pour un bon ouvrage. C’est un jeune homme qui a de l’esprit et qui en a donné des preuves, mais {el brille au second rang... La musique de M. Pradère prouve encor bien cet axiôme. De jolies ro- mances , de petits airs de piano, ne suffisent pas au théâtre. Lina ou le Mystère. Rien w’étoit plus difficile peut-être que de mettre en scène ce sujet. Lira quia été surprise par un jeune auda- cieux , qui l’a ensuite épousée sans savoir que c’est. de lui qu’elle a un enfant; une femme altière et jalouse qui veut perdre Lina et la justifie elle-mêmeaux yeux de son époux en lui montrant écharpe qu’il lui laissa pour gage , dans celte nuit où elle fut sa victime : Quelle adresse ne fal- loit il pas pour présenter cela , sans blesser les mœurs ni la vraisemblance? L'auteur y a réussi, son ouvrage est fait avec art, il doit attirer; les premières représenta- tions ont été brillantes. La musique de M. Daleyrac porte toujours son cachet, elle est savante et gracieuse; on a re- marqué le petit air chanté par Madame Gavaudan, et sux- Nouvelles littéraires: 203 tout un très-beau Duo au troisième acte ; chanté par Paul et Gavaudan. Madame Paul-Michu a joué Läna avec grace et sensibilité, Madame Crètu à sçu faire applau- dir le rôle de la méchante comtesse, et la bonne Gontier a été, comme à l’ordinaire, bonne. THEATRE DE L'IMPERATRICE. Le Volage ou le Mariage difficile. La comédie devient de jour en jour plus difficile à traiter, c’est un champ, où tant d’autres ont moissonné qu'il nous reste à peine à glaner. Un sujet qui a lap- parence d’être neufesl une mine précieuse pour un auteur: rarement il trouve à en exploiter qui ne l’aient pas été par ses devanciers. On a mis en scène bien des volages, mais on n’en avoit pas fait le sujet de ce qu’on appelle une pièce de caractère, (C’est ce qu’à entrepris M. Caignez. Son volage, Valmont, a jusqu'à l’âge de trente ans voltigé de belle en belle sans songer à se marier. Le testament d’un vieil oncle, lui assure une succession de cent mille livres de rente sil se marie à cet âge, mais le déshérite s’il le passe d’un jour sans avoir fait un choix et s'être fixé. Du caractère de Valmont et de cette clause singulière nais- sent les difficultés qui font le comique de la pièce. IL ne voudroïit pas perdre les cent mille francs, mais chaque femme qui paroît lui semble plus belle que toutes celles qu’il a vues. Ses irrésolutions le mettent en danger de perdre la succession ; il va , pour la conserver , se sacrifier et épouser une Duègne de cinquante ans, lorsqu'une femme qu’il aimoit, et qu’il croyoit mariée , lui apprend qu’elle n’est que la belle sœur dé celui dont il la croyoit l'épouse. Les détails de cette comédie sont agréables. Elle n’est 204 Nouvelles littéraires: peut-être pas menée assez vivement , écrite avéc assez de précision; on voit que c’est l'essai d’un homme fa: milier avec un'autre genre , mais cet essai est celui d’un: honime d’espritet doit l’'engager à continuer. Clozel à très-bien joué le rôle principal. ©:THÉATRE DU VAUDEVILLE. Quitte à quitte ou les Jeunes Vicillards. : Petite pièce à traveslissemens. Imitation de Défiance et Malice. Les auteurs n’ont pas eu grand peine à inventer; le public ne s’en est pas donné beaucoup pour applaudir; ainsi, quille à quitte. I, Hopital Militaire. Ce n’est point lé spectacle d’un hôpital d’infirmes décoûütans et de soldats mourans , que l’on doit sat tendre à trouver dans cet ouvrage. Le titre est modeste et la pièce tient plus qu’il ne promet. La garnison d’A4s4i s’est rendue : on a oublié dans la capitulation le chateau de Aonte Calvo, où sont enfer- més une cinquantaine de soldats français blessés. Ces braves, indignés du peu de cas que l’on semble faire d'eux, jurent de:se défendre et répondent fièrement à Venvoyé du général Piémontais que puisqu'ils n’ont point été compris dans la capitulation , ilsne se rendent point. ‘On voit ces soldats quoique blessés, transporter sur les crénaux de vieux canons, apprèter des lances et des sabres qu'ils trouvent dans un coin de leur hôpital. Ils : nomment parmi eux un général, c’est le plus brave qui doit les commander: une jeune italienne à qui un aimable soldat françois a sauvé la vie, endosse l'uniforme et jure de ne point le quitter même sur la tranchée. Enfin le gé- néral aïrive lui-même, rend le tribut d’admiration qu'il Se 2e Nouvelles littéraires: 20) doit à la généreuse valeur des soldats français , et leur ac- corde la plus honorable capitulation. Ils ont tous les hon- neurs de la guerre et vont rejoindre l’armée française, Ce tableau militaire à fait le plus grand plaisir. On a particulièrement applaudi la scène ou le vieux Va-de- bon-Cœur fait répéter à ses enfans , jeunes tambours, un catéchisme militaire. $S. Léger à joué ce rôle avec cha- leur. On a trouvé charmante la jeune Berzi en mili- . taire, et les deux sœurs Minette et Augusta en petits - tambours. l’auteur , vivement demandé, est M. de ÆRougemont. LE LIVRES DIVERS (). SCIENCES ET ARTS. Journaz de Physique, de Chimie et d'Histoire naturelle, par J. C. nr za MÉTHERIE , août 1807. On trouve dans ce numéro les articles suivans : sur de quartz fétide ; par F! ArruauD: — sur une chaux Jluatée fétide : = Mémoire sur un nouveau genre de co- quille de la famille des solénoides ; par F. J. B. MEnARD DE LA GROYE : — Extrait d’un Mémoire de M. le capi- taine Wixrorp, sur La Géographie de l'Inde : — Ana- dyse de l’analcime et de la sarcolite; par M. V AUQUELIN : — De la Haïyne; par M. NerrGAAD : — Géologie des montagnes de la Sarmatie : par M. l’abbé Sraszte: — Second Mémoire sur l'électricité ; par M. AvocrADo: — Tableau météorologique ; par M. BouvarpD : — Second Mémoire de M. 'THÉNARD ; sur l’éther muriatique. Buzzrerin de la Svciété philomatique. Les fâcheux événemens qui ont causé tant d’embarras dans la librairie, interrompirent la publication du Bul- letin des sciences de la Société philomatique, en mars 1805. La reputalion de ce Bulletin est si établie, et son utilité est si généralement reconnue, qu’on est dispensé d'en faire l'éloge. IL réunit aux avantages communs à tous les Journaux , celui de faire connoître les décou- vertes et les faits nouveaux relatifs aux sciences, avant même la publication des mémoires, et des ouvrages par lesquels leurs auteurs doivent les communiquer au pu- (1) Les articles marqués d’une * sont ceux dont on donnera un extrait. Livres divers. 507 blic; il se borne à un extrait fidèle pour l'annonce des livres nouveaux dans toutes les sciences. Son petit vo- lume et la modicité de son prix le mettent à la portée du plus grand nombre des personnes qui s’intéressent aux progrès des sciences, et qui, par leurs études, sont en état d'y concourir eux-mêmes. Les membres de cette Société ont fait connoiître que leurs moyens et leur zèle étoient proportionnés à l'étendue de leur entreprise, et ce Bulletin a été long-temps un des moyens les plus efficaces et les plus estimés pour mettre en circulation les découvertes au moment même, pour ainsi dire, où elles étoient faites. Les embarras qui avoient été la cause de son inter- ruption n’existant plus , le desir des savans, surtout dans étranger , s'étant manifesté pour que l’on reprit un Journal dont ils avoient longtemps joui , et dont l’inter- ruption même leur avoit fait vivement sentir l'utilité, la Socicté philomatique se détermine à le recommencer le premier octobre 1807. Au lieu d’une feuille, comme par le passé, les sous- cripteurs recevront deux feuilles in-4.°, caractère cicéro, le premier de chaque mois , à dater du premier octobre . 1807. L'abonnement finira le 30 septembre 1808. Le prix de l’abonnement sera de 13 fr. pour Paris , et de 14 fr. franc de port, pour les départemens. On s’a- bonne actuellement chez BERNARD , quai des Augustins, n.° 25 , éditeur des Annales de Chimie. On ne reçoit pas d'abonnement de trois ni de six mois. Si les anciens souscripteurs expriment le desir de voix Ja lacune de mars 1805 au mois de septembre 1807, rem- plie pour compléter leur collection, de concert avec la Société philomatique , le nouvel éditeur s’empressera de seconder leur vœu. 203 Livres divers MiNÉRALOGIE. Journ4z des mines, par MM Coqurserr-Moxrerrr; Haüy, VavQuEux, etc. à Paris, chez Croullebois, rue des Mathurins ; n.° 17, mai et juin 1807. Les articles contenus dans le n.° de mai, sont : Notice minéralogique et géologique sur quelques substances du département de la Loire inférieure; par M. Bicor DE Morocurs : — De la Haüyne, nouvelle substance miné- rale ; par M. NiercaarD — Notice sur les avantages que présente dans la fonte des minérais de plomb le nouveau procédé de MM. p£ BLuMENsTEIN ; par M. Hericarr DE Tuury : — Mémoire sur Les moyens de juger la qua- lité du verre ; par M. Guiron DE Morveau : — Des- cription du procédé employé en Angleterre pour l’afli- nage du plomb ; par Joux Sarver : — Note sur le gis- sement de l’anthracite ; par M. ToNNELLIER. Articles du n°. de juin : Rapport de l’Institut national (classe des sciences physiques et mathématiques) sur l’ou- vrage de M. André, ayant pour titre ; Théorie de la sur- face actuelle de la terre : — Remarques sur la théorie de la surface actuelle de la terre,de M. André; par M. Bro- CHANT : — Siatistique du département du Lot : — Notice sur la dispostion des couches du côteau de Durbuy , par M. Omauus DE Iazzoy : — Sur là blende ; par le pro- Jesseur Proust. BOTANIQUE. Nova Hozranpixæ plantarum specimen auctore JT. J. Lagrrarpière , Institut nationalis Socio. Fasciculi 24 — À A] _ 26 1/2. Parisiis apud Dominam Z/uzard, via de VE peron , n°. 7. Ces livraisons complettent le second et dernier volume. : Le 24° Fascicule offre la description de plusieurs es- p” | | Livres divers. 20g bèces qui appartiennent à la roLyGAMIE Monœcir : le Spinifex hirsutus ; Dissarenum antarticum ; Spermaxy- dum phyllanthi; Mimosa cochlearis, salisna suaveo- lens, sophoræ, nigricans. Les cahiersysuivans contiennent la eryptogamie, un ap- pendice général, et une table systématique des classes, des genres et des espèces. Les espèces décrites dans la CRYPTOGAMIE sont : Gram- _smitis heterophylla; Polypodium scundens, rugosulum ; Asplenium obliquum, obtusatum;ÿ Cænopteris appendi- culata; Püeris esculenta, vespertilionis ; Ænoclea nuda ; B'echnwm procerum ; Lindsæa lanceolata;, Adianthum trigonum ; Dicksonia antarctica; Hymenophyllum fla- bellatum, cupressiforme; Schirzaea fistulosa ; Lycopo- dium densum, uliginosum; Tmesiptéris tannensis; Leskea pennata; Hypnum comosum ; Jungermannia fläbellata ; Bæomices reteporus ; Fucus obtusatus, gladiatus , pota- torum, comosus, caudatus, flaccidus , retroflexus , ce- phalornithus , moniliformis. Ici se termine cet excellent ouvrage. Les articles que nous avons donnés suflisent pour faire juger de son importance ; il contient les figures de 265 plantes nou- velles dont les descriptions sont faites de main dé maître : enfin cet ouvrage est indispensable pour tous . ceux qui veulent connoître véritablement le vaste em- pire de flore. À. L. M. ComMMERCE: RérzexroNs sur La librairie , dans lesquelles on traite des propriétés littéraires , des contrefaçons et de la censure , etc.; par P. CArTineau-La-Rocue, ancien imprimeur à Paris. Fontainebleau , de l'imprimerie de M°. Catineau-la-Roche , 1807, in-8.° de 91 pages. Tome F. Septembre , 1807. 14 210 Livres divers; TURISPRUDENCE. Inpicarion des changemens faits au Code civil dans la nouvelle rédaction décrétée par le Corps Législatif , le 3 septembre 1807, sous le titre de Code Napoléon, brochure i»-8.° de 50 pages, à laquelle on a joint le rapport fait par M. Chabot (de l'Allier ), orateur du Tribunat , et où se trouvent développés les motifs des changemens décrétés. Prix 60 cent., et 75 cent. franc de port par la poste. Au moyen de cette indication , les personnes qui ont fait des notes en marge de leur exemplaire du Code civil, pourront facilement y transcrire les changemens décrétés. Le libraire prévient qu’il répond de la fidélité des changemens décrétés , dont il public la copie exacte. À Paris chez Fr. Buisson, libraire, rue Git-le-Cœur, MIO: ‘ Il va paroïître à la même adresse ure Edition cor recte et textuelle du Code Napoléon, 1 vol. in-8.° de plus de 45o pages, sur caractère neuf de philosophie. Prix 3 fr. 50 cent, broché, et 4 fr. pour le recevoir franc de port par la poste. TRAITÉ- PRATIQUE de toutes espèces de conventions , contrats , obligations et engasemens qu’il est permis de passer sous seings-privés ; avec les formules de chacun des actes qui les constituent , des instructions sur ceux qui ne peuvent être passés que pardevant notaires, tels que les Donations , Contrats de mariage; et des notes qui expliquent les termes de lois peu usités : terminé par deux tables, l’une des malières, l'autre alphabétique raisonnce., Ouvrage ‘utile à toutes les personnes qui veulent gérer où conduire elles- mièmes leurs propres affaires ; par À. G. DAuBANTON , Livres divers: 211 licencié en droit, ex juge de paix à Paris, auteur du Dictionnaire du Code civil, de celui de Procédure , du Formulaire général des Actes judiciaires , etc. 2 vol. in-12. Prix 5 fr. broché, pris à Paris, et 6 fr. 20 cent. franc de port par la poste. A Paris chez Æ. Buisson, Bbraire , rue Git-le-Cœur , n.° 10. Core pe Commesrcs, précédé des rapports faits au Corps législatif par les Orateurs du Conseil d'Etat, MM. Recnaup dE SaiNT-JEAN D'ANGÉLY, BÉGOUEN, Sécur , Trerzmarp | Manet et Corverto ; édition textuelle , collationnée sur l’exemplaire officiel déposé aux aïchives du Corps législatif. On y a joint une table dés livres, titres, etc., et une table alphabé- tique raisonnée dgs matières. 1 vol. in-8.° imprimé sur caractère de cicéro gros œil. Prix, 2 fr. 50 cent, broche , et 3 fr. 20 cent. pour le recevoir fr@nc de port par la poste , dans tout l'Empire français. Le même ouvrage , 1 volume format 22-12 , sur carac- tère de cicéro, avéc les motifs présentés au Corps législatif, par M. Regnaud de Saint-Jean d’Angély; terminé par une table des livres , titres, etc., et une table alphabétique raisonnée des matières. Prix, 1 fr. 5o cent. broché, et 2 fr., franc de port par la poste. 4 Paris, chez F. Buisson, libraire , rue Git-le-Cœur , n.° 10. GÉOGRAPHIE. GÉOGRAPHIE ÉLÉMENTAIRE , avec tous les change- mens politiques survenus en Europe depuis 1789 jus- qu'au mois de juillet 1807 ; suivie d’une chronologie élémentaire , et dédiée à madame Sophie Debré, par Cross, professeur de géographie et d'histoire , 27-12 de 822 pages , Prix , 2 fr. 5o cent. pour Paris, et 3 fr. franc de port par la poste pour les départemens. 4 212 Livres divers: Paris, à la Librairie économique , rue de la Harpe ; n°. 94, ancien Collége d'Harcourt. Hirsrorrex. Tome quatrième et dernier de la CAMrAGKE Des ARMES FRANÇAISES en Prusse, en Saxe et en Fologne, sous le commandement de S. M. l'Empereur et Roi, en 1806 et 1807 ; ouvrage destiné à recueillir les grands événemens qui s’y sont passés, et les actions d’éclat des généraux , officiers et soldats. On y a joint des notices biographiques sur ceux qui ont péri dans cette mémorable campagne , ainsi que des détails historiques et militaires sur les siéges et batailles qui ont eu pré- cédemment lieu dans les contrées où les Français viennent de porter leurs armes. Ouvrage orné de deux grandes Cartes et de vingt Portraits gravés en taille douce , tant des principaux Commandans, Généraux et Officiers nationaux et étrangers, que des personnes qui ont accompagné Sa Masssré. Tome 1v , in-8.° de 5oo pages, avec une carte nouvelle, coloriée, du théâtre de la guerre ct de la marche des armées, et les portraits des Maréchaux Lefevre , Augereau , et de l'Empereur Alexandre. Ce volume est terminé par une ample table générale des matières, par ordre alphabétique pour les 4 volumes. Prix , 7 fr. broché , et 8 fr. So cent. franc de port par la poste. Le tome 1 coûte 5 fr. et 6 fr. franc de port; le tome ur, 6 fr., et 7 fr. 50 cent. franc de port; le tome 117 , 5 fr. broché, et 6 fr. franc de port par la poste. Il reste encore, de tous ces volumes , quelques exemplaires en papier vélin., dont le prix est double du papier ordinaire. A Paris , chez F, Buisson, libraire, rue Git-le-Cœur, n.° 10. Livres divers: 213 BrIEVYEN en negotiatien, etc., c’est-à-dire, Lettres et négociations de Me Laurent-Pierre VAN DER SPIEGEL, dans sa qualité de Grand-pensionnaire de Hollande, durant la dernière guerre de la République des sept Provinces-Unies, avec la République française. On y a joint nombre de pièces authentiques propres à jeter du jour sur ces Lettres. À Amsterdam, chez J. Allart, 1803, 3 vol. in-8°.; le 1.9 de 385; le 2.° de 394; le 3. de 367 pages. L'éditeur pense que les contemporains font mieux de recueillir des memoires et des documens authentiques pour les historiens à venir, que d'écrire eux-mèmes les événemens passés sous leurs yeux. Des pièces officielles ou confidentielles de ceux qui ont joué un rôle plus ou moins distingué dans ces évé- nemens, méritent surtout d'entrer ici en ligue de compte. Les années 1793 et 1794, forment une époque singu- lièrement remarquable dans les annales hollandaises, Ce qui est émané de la plume du principal Ministre ou du Grand-pensionnaire durant cette époque ; ne peut donc qu’intéresser vivement; et c’est le motif qui a dé- terminé l’éditeur à publier ce recueil. M. Vax per Sr1Ecer avoit publié plusicurs ouvrages très-estimables sur l’histoire de sa pairie, et honorable- ment rempli plusieurs charges avant d’être créé Grand- pensionnaire. Son administration, comme tek, pendant des temps extrêmement difficiles , a été fort orageuse. Il a reeueilli , pour prix de ses peines, la perte de sa li- berté individuelle , et peut-être une mort prématurée. L'éditeur présente ces mémoires comme un modèle d'ordre, de lucidité , de simplicité. Ils offrent la mise en pratique des règles de l’art du gouvernement, que M. V. D. S. avoit tracées à l’usage de quelques-uns de 214 Livres diverse ses concitoyens destinés à fournir cette carrière , et dont il avoit permis la publication. Il apprit trop tard à ap- précier le beatus ille qui procul negotiis , d'Horace. Les puissances liguées contre la France ayant commencé par avoir quelques succès , il est curieux de voir M. V. D.S$. s'occuper, avec la sollicitude la plus politique , de la part que, dans un prochain démembrement de la France, sa patrie pourra obtenir. Ce n’est que vers la fin du premier volume qu’il se décide à rabattre un peu de ses espérances. Il écrit à M. Van -Kinkell, Commissaire du gouvernement hol- landais auprès de l'armée, le 4 septembre 1793 : « L’ex- » périence commence à prouver que l’idée de marcher » sur Paris pour rétablir, à main armée, l’ordre en » France, ne sera pas d’une exécution aussi facile ; ..… » mais ( ajoute-t-il ) quand les alliés se seront emparés, » des principales places fortes de la frontière , et qu’ils » auront ainsi bouché les cratères du volcan, il ne me » paroît plus impossible alors de cerner tellement les » républicains, qu’ils en viennent à s’entre-détruire dans » leur propre sein, jusqu’à ce qu’il se présente un parti » assez raisonnable pour mériter lattention des puis- » sances alliées ». Au second volume, p. 3, quand la Prusse se montre peu disposée à s’engager dans une troisième campagne, l'auteur prévient que cette puissance finira par être dupe de sa politique. Progressivement les plaintes se multiplient ; elles rou- lent, p.9,12, surles gazetiers anglais, qui se permet- toient de déprécier la bravoure hollandaise. Au milieu de ces grands intérêts politiques et mili- taires , il est assez plaisant de voir le Grand - pension- naire, dans une de ses dépêches à M. Wan der Hop, r “Livres divers: 215 Ministre de leurs Hautes-Puissances à Liége , lui témoi- gner sa reconnoïssance pour le tonneau de pommes et de poires superbes qu’il venoit d’en recevoir , et qui ne lui étoit jamais si bien parvenu que cette année (t. 2. p:27 ). IL est fort question, dans la suite de ce volume, du subside à trouver pour déterminer la Prusse à une nou- velle campagne. A la page 33, le grand Pensionnaire émet l'idée de billets de confiance que son Gouvernement pour- roit créer. Ce papier auroit été remboursable à la paix et hypothéqué sur la France. I] fait cependant honneur de cette découverte à M. le baron de Rhède , Ambassadeur des Etats-Généraux à Vienne. Il s’agit à la page 42, d’imaginer l'indemnité de la Hollande sur les colonies françaises. / Le 6 janvier 1794, M. Vau der Spiegel écrit en français à lord Malmesbury , et finit ainsi la lettre : «Ne » nous le dissimulons pas : la crise de l’Europe est ef- Ÿÿ froyable , et si nous ne parvenons à nous assurer des » moyens nécessaires pour commencer une troisième » campagne , c'en est fait de tous les Etats de notre » hémisphère. » j Vienuent ensuite des plaintes sur le défaut de con- cert et presque de confiance , défaut qui ne peut être que du plus mauvais augure. Le traité de subside entre l'Angleterre , la Prusse et la Hollande, se conclut le 19 avril 1794; il se trouve à la page 202. L'article 6 porte : « que toutes les con- » quêtes faites par cette armée , seront faites au nom » des deux puissances maritimes, et resteront à leur » disposition pendant le cours de la guerre et à la paix, » pour en faire tel usage qu’elles jugeront alors le plus » convenable. » La page 210 offre une anecdote honorable poux la 216 Livres diversi mémoire de M. Van der Spiegel ; elle est extraite de la Revue de son propre ministère | qu’il écrivit pendant sa détention à la Haye, et qui a été publiée depuis. « Chacun sait ( dit-il) qu'il est d'usage dans les Cours » européennes, à l’occasion de la signature d’alliances » ou de traités, d’ofrir des présens à ceux qui les ont » négociés, M. le greffier F'agel ayant été, ainsi que moi, » employé au Lraité de subside , il nous fut aussi offert » des présens , et qui même étoient considérables , sur- » tout de la part de l'Angleterre; mais , un et l'autre, » nous les refusàmes poliment , d’après la promesse ver- » bale que nous nous en.étions donnée , tant parce que, » par notre acceptation , nous aurions mis notre Gou- » vernement dans le cas de les réciproquer aux Mi- » nistres Anglais et Prussiens, que parce que nous trou- » vions honteux pour nous-mêmes de recueillir un » profit d’un traité qui n’étoit, en aucune manière , » avantageux à notre patrie. Les succès brillans de l’armée française contre les alliés, commencèrent au mois de juin de cette année, et se succédèrent sans interruption jusqu’à son entrée en Hollande, six mois après. La frontière du sol Batave étoit menacée de près; le 9 Septembre le grand Pensionnaire écrivit à M. Fan Kinkell : « Je pense que si l’on ne perd pas la tête dans » l’intérieur , une bonne défense n’est pas impraticable, » et qu'on peut tenir l’ennemi hors du pays; les alliés » auront pour leur tâche de le repousser plus loin. Mais » une autre question est, si lon peut compler sur La » tranquillité du dedans. Le resserrement des bourses l'inquiète fort; à peu près à la même époque (15 septembre). Peu après (le 23 ), il exprime le desir d’un accom- modemenL. Livres divers. 217 Au mois d'octobre , l'Angleterre fournit un secours. Au mois de novembre, Maestricht capitule, Ni- mègue succombe, etc. * Il est question d’un accommodement parliculier avec la France , aux moins mauvaises conditions possibles. La conduite des troupes anglaises excite un mécon- tentement général. F Bois-le-Duc est rendu. Le 18 novembre, on envoye quelqu'un de confiance à Bois-le-Duc pour sonder le terrein auprès des repré- sentans du peuple français. Ceux-ci renvoyent au Co- mité de salut public, mais en faisant espérer la cessa- tion de démarches offensives ultérieures jusqu’à obten- tion de réponse du Comité. Le 11 décembre, il n’y avoit pas encore de réponse, et les Français avoient repris l'offensive. La nuit du 15 au 16, la réponse si impatiemment atten- due arrive, mais elle est vague et verbale. (Voy.t.xtr, page 226 ). Deux commissaires, MM. Gerard Brantsen et Vesler Rapelaar, sont envoyés à Paris pour travailler au réta- blissement de la paix, ou pour négocier un armistice ; leurs instructions se trouvent p. 233-239. A la fin de décembre , les glaces facilitent l’entrce des Francais. Le 18 janvier, le grand Pensionnaire écrit aux com- missaires susnommés , qu'ils sont antorisés à terminer la guerre du mieux qu'ils le pourront; maisil ne croit pas qu'on puisse vouloir en France une c//fance offensive , attendu /’épuisement militaire de la Hollande , qui la rend impossible. Il leur assure dans la même dépêche qu’il n’y a point d'influence anglaise qui domine la Hollande, « Cette » nation ( dit-il } s’est fait ici une réputation si odieuse, 218 Livres divers, » qu’un siècle entier ne sauroit effacer. » Il les instruit enfin du départ du Stathouder et de sa famille, C’est-là la dernière dépêche de ce recueil, que sui- vent sculement encore quelques pièces relatives aux né- gociations parisiennes, etc. » é M. Van der Spiegel, grand Pensionnaire, nous semble une nouvelle preuve de ce vers si connu : Tel brille au second rang, qui s’éclipse au premier. On peut encore très-bien appliquer à ce recueil la moralité de la fable du Pot au lait du bon La Fontaine. PH, ANTIQUITÉ. Gazzriz ANTIQUE ou Collection des Chefs-d’œuvre d’ Architecture et de Peinture antiques, gravée au trait, et accompagnée d’un texte historique et des- criptif, par M. LrcranD , architecte des monumens publics ; douzième livraison , formant le complément du premier volume consacré aux Monumens de la Grèce. À Paris , chez TFeuttel et Würtz , rue de Lille n° 17; et à Strasbourg , même maison de com- merce. Cette livraison contient les quatre dernières planches des bas-reliefs de la frise du monument de Lysicrates où lanterne de Démosthène ; plus, cinq autres planches qui contiennent tous les détails d’un portique d’ordre dori- que érigé à Athènes du temps d’Auguste. On remarque dans cet ordre des différences sensibles avec celui du Par- thénon et ceux des Propylées. Le texte donne la description de ce portique que l’on n’oseroit affirmer avoir appartenu à un temple , un pré- toire , un agora ou marché public. L'importance et la quantité des monumens, types ori- Livres divers. 219 ginaux de l'architecture grecque, que renferme ce vo- lume ne’ peut que le faire infiniment rechercher des amateurs, et l’on peut dire que seul il compose un cours complet , où les trois ordres grecs, dorique, ionique et corinthien, sont démontrés par les plus beaux et les plus riches exemples. On en sera convaincu par la seule énumération des monumens , tels que le Parthénon , lcs Propylées , l’'Erechtéum , les temples de Minerve Poliade et de Pandrose , les monumens choragiques de Trasillus et de Lysicrates , le plan de l_Acropolis , la Tour des vents, enfin le Portique d’ Auguste, dont nous venons de par- ler. Telles sont les richesses architecturales offertes, dans ce volume, aux amis de l'étude et du beau. La dou- zième livraison , qui en forme le complément , ren- ferme le titre et la table, afin que les souscripteurs puissent , s’ils le jugent convenable, faire sans délai re- licr leur volume. Le prix de chaque livraison de l'ouvrage est de 8 fr.: papier grand-raisin ordinaire , de 12 fr, les planches au lavis à l'encre de la Chine, de 40 fr. BrOoGRAFHIE. GALERIE historique , des hommes Les plus célèbres de ; P sous les siècles et de toutes les nations ; publiée par C. P. LanDON, peintre , éte.; Paris, chez Landon, quai Bona- »P > , parte, n.° 1. Tom. 1x, 2.e livraison. On trouve dans cette livraison, les biographies de Jac- ques Molay, Chardin , Jeanne reine de Naples, La Bour- donnaye , Mairan, Clairault, Lachaussée, Nicole , Mont- calm , Jean Hennuyer, Benoît XIV, Burnet, Cohorn , Riquet, La Chalotais, Petau, Turgot, Agrippine, Blanche de Castille, Forbin, Cumberland, Claude Lorrain, 220 Livres divers. Penu, le Bailli, deSuffren, Thompson, Aristide , Justi- nien, Ovide , Necker, Ruysch, Périclès, Fontana , Bou- chardon, Gérard Dow, le Dominiquin, le Corrège. Axnazrs Nécrorociques de la Zégion-d’Honneur ou Notices sur la Vie, les Actions d’éclat, les Services Militaires et Administratifs, les Travaux Scientifiques et Liltéraires des Membres de la Légion d'Honneur, décédés depuis l’origine de cette Institution ; dédiées à 5. M. l'Empereur et roi, Chef supréme de la Légion d'Honneur , et rédigées d’après des Mémoires authen- tiques , par Joseph Lavallée, chef de division à la grande Chancellerie de la Légion d'Honneur, secrétaire perpétuel de la Société Philotechnique de Paris, Membre de l'Académie Celtique et de celle des Enfans d’Apollon, de la Société Royale des sciences de Gocttingue, des Aca- démies de Dijon, Nancy, etc. Vol. :7-8°. de 420 pages, imprimé sur beau carré fin d'Auvergne, et sur caractère neuf de philosophie, graude justification ; avec quinze portraits de Légionnaires, gravés en taille-douce, et dont les dessins ont été fournis par les familles des Légionaires; prix, 8 fr. 50 cent. broché, prisà Paris; ei 10 fr. par la Poste fganc de port. En papier vélin , 16 fr. sans le port. Cet Ouvrage étant par ordre alpha- bétique , fait suite au Dictionnaire des Hommes cé- lèbres. À Paris, chez F. Buisson, rue Git-lc-Cœur, fe 10: " On imprime la liste des souscripteurs, qui leur sera délivrée gratis; on invite d'écrire son nom lisiblement. Le sujet seul de cet ouvrage en assure le succès, l’es- prit et le talent avec lequel les articles sont rédigés, con- tribueront encore à le répandre. Chaque famille voudra posséder un livre dans lequel elle trouvera consignés les faits glorieux et les actions utiles qui ont fait inscrire plu- Livres divers: 221 Sieurs de ses membres parmi les braves qui ont défendu l’état, et parmi les magistrats, les littérateurs, les hommes d'état qui l’ont bien servi. Dovuzrèmes et dernière livraison de l’histoire des Généraux, qui se sont illustrés dans la guerre, ou le Cornelius 5 Nepos français, par A. Châteauneuf ; prix des douze nu- méros qui composent toute la collection , 15 fr. et 18 fr. franc de port. On peut acheter à part chaque volume 1 fr 50 cent. et 1 fr. 80 cen. par la Poste. Après un mois, aucun volume ne sera vendu séparément, pour ne pas dépareiller la collection , et le prix de tout l’ouvrage sera porté à 18 fr. pour les douze numéros. Ilse trouve à Paris, rue des Bons - Enfans , n° 34, chez tous les directeurs des Postes et les principaux libraires des départemens , et de l'étranger. Ce dernier volume con- tient les Généraux, Pichegru, Hoche, Beysser et Van- damme. LANGUE FRANÇAISE. OBsERVATIONS sur un ouvrage anonyme, intitulé Remar- ques morales, philosophiques et srammaticales sur le Dictionnaire de l’Académie Française; Paris , à lim- primerie des Sourd-Muets, rue St.-Jacques, n.° 256, 1807, broch. in-6.° de 79 pages. PoËsre. ‘Suzurs, ein alt-orientalischer Hochgesang der Liebe. Cette intéressante production Allemande n’est pas, comme le titre semble l'indiquer , une traduction ou simple imitation du Cantique des Cantiques : c’est un ouvrage aussi original en son genre , que chaque poëme moderne où l’on a employé quelques idées et une forme antiques. Quoique anonyme , l’auteur ne le désavoue “point , et il auroit tort de le faire. C’est le Professeur BurMasn , Directeur de l'Académie de Commerce à 599 Livres divers: Mannheim. M. Delalande a fait connoître aux Fran- çais son Ostens Mystenschule (x), école dés initiés d’'O- rient , grand poëme philosophique rempli d'imagination et d’érudition, bien écril malgré l'extrême assujettisse- ment des strophes régulièrement rimées ; de huit petits vers trochées chacunes. Si l’on y trouvé une teintesouvent trop lugubre , il en ést tout autrement de Sw/mis où elle est riante , au point qu’on doit dire avec Boileau : Heureux qui, dans ses yers, peut, d'une main légère, Passer du grave au doux, du plaisant au sévère ! Le petit poëme dont nous rendons compte aujourd’hui est un épithalanie dans tonte l'étendue du mot , car com- meneant la veille et finissant le lendemain des noces , il en embrasse et les préliminaires et les conséquences. On peut reprocher un peu trop de volupté au poète, mais il est pourtant si sagement gazé en mélaphores orientales qu’il ne souille pas l'esprit du lecteur ; comme tant d’autres productions érotiques. Il a sauvé l’indécence que cette espèce de poésie efleure toujours, en plaçant la scène dans un temps de mœurs simples, en se bornant aux chastes plaisirs de l’hymen, et en alliant ingénieu « sement la piété à l'amour. Sulmis est un drame en cinq petits àctes dont les in- terlocuteurs sont à peu-près, comme dans le Cantique des Cantiques, deux amans fiancés ; des chœurs de jeunes hommes et de jeunes filles, el en outre un chœur de génies aériens. L’éponse sensible ‘et ingénue aime éper- duement, mais elle est vertueuse; l’époux, fils de la na- ture non corrompue, est un Asiatique toujours exalté, ardent et respectueux à-la-fois, sa tendresse est adoration ou jalousie Il en résulte, dans une action simple, des contrastes heureux et des situations alternativement tou- (x) Magas. Encyel. , janvier 1805. Livres divers. 223 chantes et vives. Les vers qui changent de rhythme avec le sentiment à exprimer, sont faciles et soignés. Voici trois strophes que Sulmis récite en s’éloïgnant de l'amant dont l’embrassement trop tendre commence à inquiéter sa pudeur ; elles feront plaïsir à ceux qui enten< dent lallemand. Allgeliebter, o vergieb «Pardonne, 6 mon bien Nan der Tuügend stärkerm Trieb, aimé, si la vertu qui m'est Der mich deinem Kuss entreisset plus chère que toi même, Und die Schwestern suchen heisset. m’arrache de tes bras, et m'oblige de chercher mes compagnes. Wenn die Losen, die gern späh’n, » Si leur pétulente cu« Mich allein beym Schônsten säh'n, riosité me découvroit à l’é- Q sie konnten, müssten denken , cart auprès du plus beau Was mich todtlich würde kränken. des hommes, elles pour roient , elles devroient penser ce qui m'affligeroit mortellement. Deiner würdig sey dein Weib : » Que ton épouse soit Rein vor Gott an Seel’ und Leib, digne de toi : pure devant Nie befleck’ an ihr ein Tadel, . Dieu, d’ame et de corps, Keïn Verdacht des Weïbes Adel. qne pasun reproche,pasun soupcon ne souille en elle la noblesse de la femme ». Le rêve de l’époux futur, qui croit l'être déjà, méri- teroit ici une place, si, hors de la scène , il étoit suscep- tible de traduction , et si la prose n’effaçoit tout le charme des vers. La pièce finit par un cantique pieux de l'époux dont les esprits aëriens répètent la dernière strophe. «Amour, » volupté pure et sublime dans le cœur vertueux, les » êtres supéricurs ne vivent que pour vous; les mondes » vous doivent leur existence ». Cette strophe et les deux précédentes pourroient paroître fortes dans la bou- 224 Livres divers: che d’une dame européenne; mais Sulmis parle er Asie. La préface et les notes montrent J’érudition de Pau- teur. Il prouve, dans ces dernières , par des exemples tirés du grec, de hébreu, de l'arabe, du samskrit, du péruvien , olaïtien, elc., que la rime est aussi naturelle à l’homme que le chant. Une lettre française sur la poésie termine ce pelit ouvrage si riche en pensées. En sous- crivant à la plupart des idées de M. Burmann, nous ne dé- ciderons pas cependant comme lui, qu’il est plus facile de versifier en français qu’en allemand. Si la première de ces langues est plus coulante et plus riche en rimes, la seconde a l’avantage de composer ses mots. M. B. invite, de précepte et d'exemple, ses compatriotes, à bannir les mauvaises rimes d’ä avec z, d'6 avec 4 ete, qui datent du temps où l’allemand n’avoit pas de prononciation nor- male. Nous le louons de ce qu’il cherche à extirper ce reste de barbarie; mais nous lui prédisons le sort de W'erlhof qui avoit proposé la même réforme, et qui n’en retira que l’inimitié de tous ceux qui étoicnt inté- ressés à défendre la rime imparfaite. Nous avons remarqué quelques négligences dans le poëme. Comme l’auteur les a presque toutes indiquées lui-même dans la préface; nous ne nous y arrèlerons point, et nous nous bornerons à relever une faute dans la première note. C’est le Prince turc Sig qui vint en Suède avec les Ases, et non Gy/fe qui en étoit Roi depuis longtemps. En lisant Vaimable Sulmis on ne se douteroit point que le poète est un profond géomètre. après le tc- moignage des connoisseurs, ses pièces de haute analyse brillent d'invention, et son arithmétique commerciale ( Contor-Encyclopädie, etc. ), ne se distingue pas moins par la richesse des applications que par les nombreux per- Livres divers. 225 fectionnemens de théorie ; on regrette seulement que ce livre ait tant de fautes d'impression. M. Burmann a aussi écrit sur plusieurs autres matières. L'ouvrage intitulé : Musophélie ou de l'avantage des sciences pour l'État,est de Jui , ainsi que différens écrits français et allemands moins considérables dont je ne me rappelle pas les titres. Il tra vaille ; depuis long-temps, à réaliser le projet favori dé Leibnitz , la Caractéristique combinatoire. Mais nous lui conseillons de ne pas imiter cetillustre savant qui, pour avoir promis un ensemble trop au-dessus des forces d’un individu, ne publia rien du tout, et emporta son plan au tombeau. Cependant les essais, les fragmens sont précieux même dans une partie si difficile; nous savons de bonne part que M. B. a plus que cela, et qu'il a fini la Pasi- graphie syntactique , qui est pour ainsi dire le portail de l'édifice. /nitium plus quum dimidium operis est. Il peut paroître surprenant qu'un homme, qui est en même temps instituteur public, puisse réussir en tant de genres différens; mais M. B. consacre à l’étude les heures que d’autres donnent aux récréalions et au soin de la santé. Pour se distraire d’un travail il passe à un autre ; des mathématiques ifanscendantes , à la poésie; des sciences commerciales, à la philologie ; des affaires, à la littérature. Craignant de perdre du temps il n’a de so- ciété que sa femme et ses enfans ; c’est sans doute pour vivre si retiré, et pour négliger absolument ce qu’on ap- pelle le monde, que ce’‘savant , très-connu ailleurs, l’est si peu dans la ville qu’il habite, qu’on a de la peine à y trouver sa maison. Nous nous permettons ces particu- larités, parce que nous croyons qu’elles plairont aux lecteurs qui aiment à retrouver dans l’auteur le carae- tère de ses ouvrages. De KLEIN , correspondant de l’Institut. Tome F. Septembre , 1807. 15 226 Livres divers: PLEMNNET ‘UVR ES PEINTURES du cimetière de Pise ravées d'a rès Les 2 originaux par Charles LasiN 10. Un des monumens les plus célèbres, disent les auteurs du prospectus de cette intéressante collection , que puisse se vanter de posséder l’Italie et en particulier la Tos- cane , depuis la renaissance des arts, est incontestable- mentjle cimetière de Pise. Cet édifice d’une riche archi- tecture , destiné à renfermer les cendres des citoyens les plus distingués de cette ancienne et puissante républi- que , et à perpétuer ainsi la mémoire de ces hommes célèbres qui l’ont si fort illustrée dans les sciences , dans les arts et dans la guerre, fut construit d’après le dessin et sous la direction de Jrax DE Pise; et ce fut en 1283 qu'il fut terminé. Les Pisans, voulant décorer de belles peintures l’en- ceinte intérieure de ce superbe édifice , appelèrent les artistes les plus renommés de ce temps. Les premiers qui y travaillèrent furent Giotto et Buffalmacco. A près eux, les deux Orgagna , Laurali, Simon Memmi, An- toine dit Le Vénitien , et Spinello, Chacun de ces peintres célèbres y laissa à envi les plus hautes preuves de son savoir. Ce fut un très-grand bonheur que Buffalmacco ne prolongcèt pas plus loin son travail au-delà de la troisième histoire du vieux Testament , parce qu’un siècle après, Benozzo Gozzoli étant venu à Pise , on le chargea de terminer l’ouvrage commencé par Buffal- macco ; ce qu'il fit en très-peu de temps, et tout de sa main , comme Je raconte Vasari , qui donne à cet ou- vrage le surnom de redoutable, capable d’effrayer et de décourager une légion de peintres. I doit paroître étrange que des peintures d’un mérite si distingué , citées par- tout comme telles, et par Vasari lui-même , qui dans ee + © de Livres divers. 227 lés Vies de leurs auteurs , en parle avec le plus grand éloge , ayent élé pendant si longtemps négligées et lais- sées exposées aux injures des saisons. Mais crtte négli- gence et cet abandon , on doit les attribuer plutôt aux circonstances , qu'aux personnes qui en avoient la sur- intendance et la garde. Le grand soin qu’on prend au- jourd’hui pour leur conservation , depuis qu’elles ont. été réparées avec la plus exacte attention , prouve ce que peuvent produire les bons conseils dans quiconque aime el apprécie ce qui appartient à sa patrie. Mais ce qui doit d’abord bien surprendre, et c’est une réflexion que chacun est en état de faire , c’est que tant d’arlistes et tant de connoisseurs ayent visité cetle antique et superbe galerie , et que néanmoins ces peintures , si dignes d’être connues par la richesse de la composition, par la beauté de l’expression , et par la variété des grands faits qu’elles présentent d’après na- ture, n’ayent pas encore été données au public. On cessera cependant d’en être surpris si on fait attention que ceux qui étoient le plus dans le cas d'apprécier ces ouvrages , manquoient peut-être des moyens nécessaires pour en faire ou favoriser la publication. Peut-être en- core sera-t-il arrivé que plusieurs de ceux qui ont visité ce lieu , l’ont parcouru sans beaucoup d'attention, comme font communément bien des personnes que la cu- riosité attire pour voir des anciens monumens , sur les- quels elles se contentent de jeter quelques legers re- gards , et ainsi ils n’auront pu voir les beautés et les richesses qui sont contenues dans ces peintures , dont quelques-unes échappent à la vue , à cause de leur élé- vation, d’autres sont endommagées par le temps, d’autres ne produisent pas tout leur effet, par défaut du clair- obscur et de la perspective; ce qui exigeroit et du temps, et une grande attention, 228, Livres diversi Il peut.se faire encore, ct c’est une dernière raison: qu'on en peut donner , que la grandeur .et la difficulté, de l’entreprise ait arrêté dans l'exécution ceux qui en, auront pu avoir.la pensée, En effet plus. de quarante grands tableaux , dont plusieurs contiennent au-delà de cent figures, et il en est peu qui n’en renferment que. cinquante , qui représentent toutes les plus beaux ca-. ractères avec la plus grande expression, et qui consé- quemment peuvent difficilement être transporlées et rendues avec la mème vérité et la même touche par le moyen de petits traits vifs et énergiques dans les teintes uniformes de la gravure; tout cela présentoit un en- semble de choses capables d’effrayer et de décourager le plus hardi. Enfin, par un concours des circonstances les plus heu- reuses, nous nous trouvons dans le cas d’espérer que non seulement, par nos soins et par notre travail, paroîtra au jour une collection complète de ces superbes pein- tures, mais encore que la réussite sera de beaucoup su- périeure à l'attente de la plupart; témoins les sept dessins qui sont déjà finis, et la première planche gravée, qui ont excité l’admiration de beaucoup d'artistes célèbres qui nous honorent de leur amitié. Un mérite particulier, dont peu d'entreprises de ce gènre peuvent se vanter, et qui est propre à la nôtre, c’est que les planches seront gravées d’après les originaux; Sa Majesté la Reine, notre très-gracieuse Souveraine , ayant daigné permettre au S.7 Charles Lasinio, pro- fesseur royal de gravure à Florence, d'aller s'établir à Pise, pour pouvoir plus particulièrement s'appliquer à Pexécution de ce grand ouvrage qui , d’après les premiers essais qu’il a donnés , pourront le mettre à mème de re- cevoir pour la première fois une récompense de son tra- ail, plus proportionnée à ses lalens. ZLipres divers. 229 © Cotartiste, qui malheureusement n’étoit guères connut que par la grande célérité avec laquelle il étoit forcé d'expédier une immensité d'ouvrages de nul prix pour Part; n’a yéh£ÿbrsonne qui sût ou’ püût l’employer dans quelque chô##/de mieux , animé plus qu’effrayé de la grandeur de lentreprise et de son étendue énorme, a développé un génie et une intelligence si peu commune, qu'il a paru à beaucoup de personnes qu'il ne pouvoit se trouver un travail plus convenable et mieux adapté à son talent. Car, dans un ouvrage comme celui-ci , il ne suffisoit pas de suivre mécaniquement les traces des contours ét la disposition des figures , il falloit de plus’se revêtir et sé pénétrer de l'esprit et de l'expression que cés grands maîtres ont su prêter à chaque figure, à chaque atti- tude ; en un mot se rendre, propres leur esprit ‘et leur imagivation , afin de transporter sur la carte l'empreinte du caractère et du sentiment que le pinceau a laissés sur éés murs merveilleux. Si Pauteur, qui lui-même a des- siné les figures , y a réussi, ceux qui ont confronté la copiousur loriginal-, tète par tête, figure par figure, peuvent le dire avec connoïssance. Ils en partirent com- blant deloges Pauteur , lui présageant l’heureux accom- plissement d’une entreprise commencée avec tant de suc- cès ; dont l’annonce seule avoit été taxée de témérité: Et comment pouvoit-elle ne pas l’ètre ? Si les dessins de divers tableaux d'Antoine dit le Vénitien, de Giotto et de Spinello } entre autres, peuvent s'appeler, pour ainsi-dire, une conquête sur lé temps, qui consumera en entier ces derniers restes précieux où l’on va recher- cher les traces d’un des plus grands ouvrages qu'ait faits Giotto , dont la réputation lui procura l'honneur d'être appelé à Rome , comme le remarque Vasari, par 230 Livres diverse Je Pape Benoît xir , qui le fil travailler à l’église de Saint Pierre, | ÿo Les graces due Benozzo sut si bien répandre dans ses charmantes peintures , seront dessinées par un élève du célèbre Pierre Benvenuti , sujet qui done les plus grandes espérances, et qui a commencé à se faire con- noître à l'Italie, l'année dernière, par le prix qu’il a rem- porté dans l’Académie des beaux arts de Milan, pour un dessin qui lui a acquis une réputation peu ordinaire; Le Sr François Nenci, cet élève si estimable, dessinera donc toutes les histoires de Beno7zo, et les autres le seront par le S.7 Charles Lasinio , qui gravera les unes et les autres. 'ERE | C'est sous, ces auspices que nous. nous faisons gloire d'annoncer à l'Europe la gravure.d'un des plus grands monumens de l'antiquité > qui va lous les jours en ‘dé- périssant. Une fois connue par celte voie , lors mème que la trace, en sera cHacée , elle montrera toujours combien, grands furent les pères de l'École Toscane, et; quel. préjudice ont porté à l’art ceux de nos auteurs qui ont abandonné l'étude des ouvrages de ces hommes à jamais célèbres, pour suivre les atlitudes compassées et une certaine symétrie affectée dans les compositions ; qui ne seront jamais celles de la vérité, parce qu’elles ne sont pas celles de la nature. Quel vaste champ d’é- tude pour les artistes modernes ! Quel accroissement d’une juste admiration pour les anciens ! Non, nous ne croyons pas nous tromper dans l'espoir flatteur que nous avons que la publication de ces peintures fera époque dans l’histoire des arts. Nous terminerons ce prospectus par avertir que notre but principal est de donner dans, leur état présent les tableaux des divers auteurs qui ont travaillé à cette ER Livres divers: 935 galerie. Il ne sera fait aucun changement dans les en- droits qui paroïissent défectueux ; il n’y sera jamais rien suppléé , hors le cas d’une nécessité indispensable ; il n’y sera ajouté aucun ornement étranger qui leur donne plus de grace , comme on le:voit souvent dans les gravures des modernes qui représentent plutôt la manière du dessina- teur que le caractère et le sentiment du peintre. Chaque planche sera accompagnée de son explication dans deux lettres. Dans l’une , on parlera de l’auteur , de Pinvention et de l’histoire du tableau , et de l’état dans lequel il se trouve. Dans l’autre , il sera traité des beautés et du mérite du sujet représenté , et des secours que l’art pourroit retirer de chacune de ses parties. Nous croyons ainsi satisfaire également et le génie des amateurs et celui des artistes. Instruits, comme nous le sommes déjà , que de toutes parls on a accueilli avec applaudissement notre projet, comme très-capable de ramener à ses vrais principes ; négligés peut-être et peu étudiés par plusieurs , l'art dif ficile de la peinture , nous annonçons qu'après avoir icrminé le présent ouvrage, il sera gravé par le même Charles Lasinio, avec lequel nous en avous passé le contrat, la chapelle de Masaccio dans l’église des Carmes à Florence , la chapelle des Espagnols de Gaddi et de Memmi dans l’église de sainte Marie Nouvelle , le chœur de cette même église, el la chapelle de Saint François dans l’église de Saïnte-Trinité, tous deux ouvrages de Ghirlandaja ; outre plusieurs morceaux anciens qui se trouvent dans diverses villes de la Toscane, Le tout se livrera à un prix modique, mais proportionné au travail, Nous nous obligeons, quel que soit le nombre des sous- cripleurs , à fournir la collection complette de toutes les peintures qui se sont conservées dans le cimetière de Pise, 232 Livres divers. contenant 40 ou 42 planches, y compris la vue de l’ar- chitecture intérieure , gravées de la même manière que l'est le triomphe de la mort d'André Orgagna , qui se trouve chez nos correspondans , et comme a été exécuté un fragment d’un tableau de Laurati, que nous joignons à ce prospectus. A moins des cas fortuils, nous nous obligeons à don- ver celte collection dans quatre ou cinq ans, à com- mencer en décembre 1806. Chaque planche imprimée sur beau papier, sera de la largeur de B.° et 4°. en- viron. Sa hauteur y correspondra. Elle sera livrée aux souscripteurs au prix lrès. modique de dix paules floren- tins pour chacune, après les lettres, et quinze paules avant les lettres. Celles-ci seront sujettes à une aug- mentation de prix, ne devant en être tiré qu'un cer- tain nombre déterminé. C’est pour cela que nous en limitons la souseriplion au mois de juin 1807. La sous- cription pour les premières sera ouverte jusqu’en dé- cembre 1807. Nous entendons ensuite que les souscripteurs reçoi- vent toute la collection entière , en payant les planches à mesure qu’elles seront publiées, toute exception et tout prétexte levés, laissant au reste la liberté de faire les réclamations que pourroit occasionner l’inobservation de çe que nous avons promis. On souscrit chez les principaux libraires de l’Europe et au bureau du magasin. Sujets et Auteurs des peintures. ri Le crucifiement de J. C., par PurrArmAcGo. pis Le Triomphe de la Mort, par André Orcacwa. III Le Jugement dernier et l'Enfer, des deux OrcAGvA: XV. Les bons ouvrages des Pères du Désert, de Pierre Lau- RATI. N. Trois Histoires de St. Ranier, de Simon Meuur. Livres divers. 233 Trois Histoires du même Saint, d’Antoixe dit le VÉ- NITIEN. Trois Histoires des SS. Ephèse et Potito, de SriNEzLO D'AÂREZzO. VIII. Trois Histoires de Job, de G10TTo, Deux Histoires d'Adam, et une de Noé, de BurraL- MACCO. Deux Histoires de Noé, La construction de Babel, Quatre Histoires d'Abraham, XIII. Deux Histoires de Lot, XIV. Deux Histoires d’Isaac, XV. Deux Histoires de Jacob, RE VVI. Deux Histoires de Joseph, XVII. Quatre Histoires de Moyse, XVI XIX. Si tion IT. Une Histoire de David et une de Salomon. Le Chaos, de Burrazmacco : l’'Adoration des Mages, de Benozzo : la Ste. Vierge, de Simon Mewmwr. quelqu'un desire avoir les planches séparées de la collec- il les payera selon le prix suivant : Les N.os III, XI, XIII, XV, XVI et XVIII, pour chaque, paules . . . . 1430 Les Nos I, II, IV, VIII, X, “XIE, XIV, XVII et RE et adnese meos Ne rase étaler Se CE La vue intérieure du cimetière . . +UMRTE Pour toutes les autres, pour chaque . . + , . . 15 Les épreuves ayant les lettres ne se donnent pas séparément FA la collection. Gazsrre de Rubens, dite du Luxembourg, de format grand in-folio, avec le texte historique, et faisant suite aux Galeries de Florence et du Palais Royal. Cet ouvrage sera publié en treize livraisons, qui paroitront successivement de mois en mois, soit en couleur , soit en noir: les estampes en couleur représentent, autant ; P 1! ) q ue possible , les superbes couleurs de Rubens, et don- 234 Livres divers. nent une juste idée des tableaux déposés dans la Ga- lerie du Luxemhourg. Chaque livraison est composée de deux estampes et d’une feuille d'impression au moins, Le texte est rédigé par M. Morrnrr, artiste, et revu par M. Casrez, auteur du poëme des plantes , etc., et imprimé par Ch. Crapelet, sux ses beaux ca- ractères. L’impression des épreuves, soit en couleur, soit en noir , est confiée à M. Finot, avantageuse- ment connu. Le texte et les figures sont tirés sur de très-beau papier vélin et satiné (1). À Paris, chez Desève ; dessinaleur et graveur, rue des Fossés-Saint- Jacques , n°, 1, au coin de celle du faubourg Saint- Jacques; et chez Déterville, libraire, rue du Battoir , n°. 26, quartier Saint-André-des-arcs , quatrième livraison. Cette livraison contient deux estampes , les Parques. — Marie de Médicis et Minerve. On paye en retirant chaque livraison, et rien d’a- vance, ARCHITECTURE. Des ANCIENNES ÉTUDES DE L'ArcHITECTURE. De La nécessité de Les remettre en vigueur , et de leur utilité pour l'administration des batimens civils ; par ©. F. Viez, architecte de l'Hôpital général, membre du . conseil des travaux publics du département de la Seine, de la Société des sciences, lettres et arts de Paris , broch. in-4°., de l'imprimerie de A. Perron- neau. Se trouve chez l'auteur rue du faubourg Saint- Jacques , près du Val-de-Grace; Tillard fils, Hbraire, (1) Le prix de chaque livraison est, pour les figures en noir avec le texte, de 8 fr.; pour les épreuves en coulenr, 16 fr.; pour les figures avant la lettre, en noir, dont il y a 12 exem- plaires, 18 fr. ; pour les figures avant la lettre, en couleur, dont il y a également 12 exemplaires, 36 fr. Livres divers. 235 rue Pavée Saint-André, n°. 16, Cœury, libraire, quai des Augnstins, n°. 43. Prix, 3 fr. L'auteur, en 1797, a annoncé un ouvrage enrichi de planches, sous le titre : Principes de l’ordonnance et de la construction des bâtimens, en trois volumes. Le premier qui parut alors contenoit 44 chapitres, dont M. Viel rapporte, dans l’ouvrage que nous annonçons, les titres des huit derniers, savoir : Le 34.e traitant des dangers et de l’abus de la science du trait dans la construction des édifices; — le 35.e, du nouveau pont construit par Perronnet ; — le 36.2, du Pan- théon français ( Sainte Geneviéve ); — le 37.e, des cau ses de la destruction de la coupole de ce temple; — le 38.e, des effets principaux de destruction; — le 3g.°, ob- servations; — le 40.2, raisons d'augmenter le volume des supports du dôme; — le 42.2, de la cause du petit nom- bre de chefs-d’œuvres en architecture …, etc. Le second volume, publié successivement par cha- pitres, de l’année 1800 à 1806, comprend : Le 1.%, de la décadence de l'architecture à la fin du 18.6 siècle ; le 2e, de l’impuissance des mathémati- ques pour assurer la solidité des bâtimens; —le 3.9, de la solidité des bâtimens puisée dans les proportions des ordres d'architecture ; — le 4.e, des fordemens des édi- fices publics et particuliers ; — le 5.9, des points d'appui. indirectes ; — le 6.e, de la construction des édifices dans l'emploi du fer; ==1le 7.e, construction des entablemens et des plafonds; — le 8.e, de l’usage du fer dans les bà- timens particuliers. Le troisième volume est composé de la collection des planches gravées, auxquelles l’auteur réunira les dis- cours suivans : des Anciennes études de l'Architecture qui font l’objet de notre annonce. Ensuite M. Viel don- 236 Livres divers. nera des notices sur les édifices composant la collection, et il joint trois mémoires sur le monument de Sainte Geneviéve ; l’un déjà publié en 1797; le second en 1798, et le troisième en 1806, Les titres ci-dessus sont suivis de cette note : « Je dois » livrer à Vimpression les Dissertations ou rapports sur » la construction d’une coupole /projettée pour la halle » au bled de Paris , que j'ai faite au Conseil des travaux » publics du département et à la Commission spéciale , » au ministère de l’intérieur , années 1806 et 1807. » Ces dissertations essentiellement liées à la science » de la construction des voûtes , intéresseront sans doute » les architectes et les amateurs des arts pour Le fond , et » le public en général, eu égard à leur objet ». ex: Après cet exposé M. Viél entre dans son sujet. Il dé- plore la nésligence que l’ôn apporte aujourd’hui dans les études de l'architecture , soit qu’on considere ce bel art du côté de ce qui constitue les belles formes , le bon goût et le caractère propre du sujet, soit qu'on l’envi- sage du côté de la science sans laquelle on ne produit rien de raisonnable ni de solide. = « On se contente , dit- » il, dans nos écoles, de faire des dessins sans connoître » les traités de nos grands maîtres ; ..:. par cette pratique » on est parvenu à tracer.en quelques semaines des com" » positions immenses, .… €t cependant un grand; un » bel édifice ne peut être conçu, figuré en dessin avec » célérité, puisqu'il est le produit des qualités les plus > rares chez l'artiste, de la réunion dela pénétration à » la justesse, de l’alliance d’une imagination vaste et » féconde à un esprit éminemment judicieux ». L’anteur combat ensuite quelques assertions qu’il trouve erronées, semées dans divers écrits, et qui ten- dent à dénaturer le caractère propre de Part de bätir Livres divers. 237 pour le réduire à un métier de pure pratique, et à de séches combinaisons , en avançant que c’est à tort qu’on Va rangé au nombre des beaux arts. Après avoir examiné ces systèmes, M. Viel combat le mode des concours, et les désordres qui existent dans la manière d'étudier son art. Puis il établit une forme dont les élémens doivent paroître infiniment préférables à tout esprit juste. On jugera.de même des idées qu'il présente sur le mode d'administration convenable pour éviter les abus de tous genres dans la construction et l'entretien des monumens publics. Il indique les règles tracées par des hommes célèbres, tels que les Mansard , les Bullet, les Desgodets : et en rappelant le nom du grand Colbert, il montre tout ce que peut produire d’avantageux à l'art et aux artistes, la marche suivie dans le temps le plus brillant de la France. M. Viel termine cet ouvrage, dans lequel on ne peut reconnoître qu’un zéle ardent pour le beau et le juste, appuyant ses principes et ses vues sur ce qui constitue la bonne architecture, d’une pensée tirée de l’ouvrage intitulée : es Beaux arts réduits à un même principe. « Toujours la régularité des plans, la sobriété des or- » nemens, l’usage discret et sage des combinaisons de » la mesure et de harmonie... ». On doit louer la clarté, la droiture des intentions, la chaleur et la pureté du style qui règnent dans la pro- duction que nous venons d'annoncer à nos lecteurs. R. Puniset ses monumens , ou collection des édifices publics et particuliers , les plus remarquables de cette capitale , mesurés, dessinés et gravés par B41TARD, architecte ; avec des descriptions historiques , par M. Awaury 238 Livres divers. Doraz. 22e livraison, à Paris, chez l’auteur, rue du Bacq, n.° 100. Cette livraison est consacrée à la description du château de Fontainebleau ; la première planche représente la cour ovale, près de la purte dorée. On voit en profil la colonnade qui est disposée sur ses côtés. Les trois autres planches of- frent les peintures à fresque du Primatice , qui ornent la salle du festin , du côté de la cour et des jardins; ainsi que les camées ou peintures qui se trouvent dans les voussures de la même salle. Ces planches sont toujours exécutées avec l'exactitude, le goût et la perfection qui caractérisent cet ouvrage. Quand la description du château de Fontainebleau sera terminée, nous en donnerons une analyse géncrale,comme nous avons fait pour la belle description du Louvre, et celle du château d'Écouen, Nous donnerpns bientôt les notices des trois numéros qui composent la description du château de St.-Cloud. A. L. M. THÉATRE. Les causes de la décadence du théâtre et les moyens de Le faire refleurir ; mémoire présenté à l’Institut de France, par CaizxmavA, l’un de ses membres, à Paris, chez Moronval , place St.-André-des-Arcs, n.° 30, 1807, in-8.° Roman. Contes des Fées , par Perrault de l’Académie Française, contenant : e Chaperon rouge, les Fées, la Barbe bleue, la Belle au bois dormant , le Chat batté, Cendrillon, Riquet à la houpe, le Petit-Poucet , l’adroite Prin- cesse, Griselidis, Peau d'âne, et les souhaits ridicules, nouvelle édition ornée de douze charmantes vignettes, 2 vol. ën-12 très-bien imprimés sur beau papier. Prix, Livres divers: 239 2 fr. pour Paris, et 2 fr. 50 cent. franc de port par la poste, Les mêmes , papier commun , avec une seule vignetle, un gros volume ë7-18., 60 cent. pour Paris, et un franc, franc de portpar la poste. Les mèmes papier vélin, dont il n’a été liré que 50 exem- plaires, 4 fr. pour Paris, et 4 fr. 5o cent. franc de port par la poste. A Paris, à la librairie économique , rue de la Harpe, n°. g#, ancien Collége d'Har- court. Cuarzes MArTEz, ou la France délivrée , poëme hé- roique en douze chants; par M. TarpiEu SAINT- Marcez, Colonel d'infanterie , membre de l’ Athénée de Vaucluse. À Paris, chez Marié et Compagnie , rue de Savoie , n.° 12, 1806, 1 vol. in-8.° Prix, 5 fr, et 6 fr. 25 cent franc de port. Papier vélin 9 fr.» 10 fr, 25 cent. franc de port , avec la double gravure à Veau forte , 10 fr., 11 fr. 25 cent. MÉLANGE. Tar Monrnzx Repertory of english litterature , vol. in-8. Paris, Sold. by Parson et Catignani. Cet ouvrage périodique, très-bien imprimé, paroît chaque mois , par cahier de,120 pages; il y en a déjà trois numéros qui sont très-intéressans, Dans un temps où les difficultés de la guerre ne permettent presqu’à personne en France de se procurer les livres et même les journaux littéraires anglais, il ne peut être que fort agréable à tous ceux qui possèdent la langue anglaise, de pouvoir se procurer à Paris, au prix très-modique de 30 francs par an , un journal qui contient les meilleurs arlicles de tous les ouvrages périodiques qui paroïssent à Londres, et l'annonce exacte de toutes les productions de la littérature anglaise. Parmi les ouvrages les plus nouveaux et les plus inté- 240 Livres divers: ressans dont on trouve la notice dans les numéros qui ont déjà paru, on distingue : {Histoire de la Grande Bretagne , depuis 1688 jusqu’à la paix d'Amiens, en 1802 , par M. BezsmA , in-8.° 12 vol.; /’Histoire d’Ir- lande jusqu’en 1801, par 3. Gorvox ,in-8.° 2 vol.; les Recherches sur l’agriculture et le commerce du Bengale, in-8.° 1 vol.; Histoire de l’origine et des progrès de la marine royale d'Angleterre, par ©. DErRICk, in-4.° 1 vol.; l'Isle de Malte ancienne et moderne , par Louis ne Bots- GELIN , Chevalier de Malte , in-4.° 2 vol. avec gravures; les Mémoires sur la vie de Priestley, et le Tableau des progrès des sciences, des arts et de la littérature pendant le dix-huitième siècle, par S. Mixer , in-8. 3 vol. On souscrit chez M. Calignani , éditeur et propriétaire, rue et cour des Filles Saint-Thomas, vis-à-vis la rue Vivienne. AVIS. F A dater du r.er janvier 1807, le Bureau pu Macasix ÆEcycroréÉniqQuEe étant transféré A L'ImrrimEriE Brpriocra- rHiQue , rûe Gît-le-Cœur, n.° 7, c’est à cette adresse que doivent être envoyés , franc de port, les abonnemens , an- nonces , ouvrages, et généralement tout ce qui est relatif à la composition de ce Journal. Il ne sera rien négligé pour qu’à lavenir, il ne puisse y avoir lieu à aucunes plaintes. Cependant , si quelques-uns de MM. nos souscripteurs en avoient à faire, nous les prions de vouloir bien nous les adresser directement, et non autrement attendu que nous avons été à portée de reconnoître que celles qui ont eu lieu par le passé, n'ont été occasionnées que par l'inexactitude ou la négligence de quelques correspondans. Le service des années antérieures nous est totalement étran- ger : si néanmoins quelques réclamations nous étoient adressées relativement à ce service, nous nous chargerons volontiers d’em suivre l'effet auprès de M. Delance, notre prédécesseur. Suite de la Table du Numéro: | ._ Botanique. Nova Hollandiæ plantarum spe- cimen auctore J. J.Labilardière, Ibid, * Commerce. | 4 #7 Ra Réflexions sur la librairie; par P Catineau-la-Roche. 209 Jurisprudence, Indication des changemens faits au ‘Code civil. 210 Traité-pratique de toutes espèces ide conventions ; contrats, obliga- tions et engagemens qu'ilestper- mis de passer sous seings-privés; par À. G, Daubanton. Ibid. Code de commerce , précédé des (rapports faits au Corps-législatif ‘par les Orateurs du Conseil d’'E- tat, MM. Régnaud de Saint-Jean d'Angély , Bégouen , Ségur, Treilhard , Maret et Corvetto. 213 Le même ouvrage, avec les motifs présentés au Corps-législatif, par “M: Régnaudde Saint-Jean d'An- gélr. Ibid. Géographie. Géographie élémentaire ; avee tous ‘les D latens olitiques sur- venus en Europe depuis 1589 jus- 2e mois de juillet 1807; par . Cross. Ibid, Histoire. Tome quatrième et dernier de la Campagne des Armées francaises en Prusse, en Saxe et en Polo- e, sous le commandement de $.M. l'Empereur et Roi, en 1806 ; et 1807. 213 Brievemen negotiatien, etc. c’est- … , à-dire, Letires etnégociations de Me. L.P. Jan der Spiegel. 213 Antiquité, Galerie antique, ou collection des Chefs-d’œuvre d'architecture, et Qu de peinture antiques, par M. Le- grand. 21 Biographie. Galerie historique des hommes les plus célèbres de tous les siècles: et de toutes les nations ; par C. P.: Landon. 319 Annales nécrologiques de la Légion d'honneur, ou Notices sur la vie, les actions d'éclat, les services militaires et administratifs, etc. 220 Douzième et dernière livraison de: l'Histoire des Généraux qui se sont illustrés dans la guerre ; par À. Châteauneuf. 221 Langue francaise. Observations sur un ouvrage ano- nyme. Ibid. Poésie. s Sulmis , ein alt -orientalischer Hochgesang der Liebe. Ibid. Peinture. Peintures du cimetière de Pise, gra- . vées d’après les originaux; par C. Lasinio. 226 Galerie de Rubens. 233 Architecture. Des anciennes études de l’Archi- tecture ; par C.F. Piel, 234 Paris et ses monumens; par MM. Baltard et Amaury Duval. 237 Théâtre. Les causes de la décadence du théà- : tre ,.et les moyens de le faire re- fleurir ; par M. Cailhava. 238 Romans. Contes des fées; par Perrault. Ibid. Charles Martel ; par Tardieu Saint Marcel. 239 Mélange. The Monthly Repertory of englisk litterature, ; Ibid. LA Lacéripe, Lacrance, Lamancx, Lanczès, 1 Lévenié, Mannox, -Mexrrrze, MorécLér, Sannre-Onorx, Sorweicræusen , SicARD, SILVE pE SAicy, Suarn, Tnrautzé, Vax-Mons, VENTENAT, : Vrsconer, Usrenr, WiLvemwer, d'autres Littérateurs esti- mables , et de plusieurs Savans que la mort a moisson-. nés, dont les principaux soût MM: Cavawisies, Dav=. BENTON, DesAurr, L'ILERirIER, HERMANN, LALANDE, MencrerSainr-Lécer, Oserzin, Vicroïison, WiNckLEr. On y insère les Mémoires les plusimportans sur toutes les parties des Arts et des Sciences; on choisit principa- lement teux qui sont proprés à en accélérer les progres. Fr Î à a Ou y publie également les Découvertes ingénieuses , &) | les Inventions ntiles dans) tous Îles genres: On y rend &D compte d. à Expériences nouvelles. On:y donne un pré- & | cis de ce que les Séances dés Sociétés littéraires ontoffert |: * déplus intéressant; une description de ce que Les dépôts” “dobjets d’Artset de Sciences renferment de plus curieux, On y trouve des Notices sur Vie et les Ouvrages | 4 des Savaus, des Littérateurs et.des Aïtistes distingués. dont on regrelte la perte; enfin les Nouvelles littéraires” de toute espèce. RE ES La correspondance que le Rédacteur entretient avec plusieurs Savans étrangers , ét principalement enAlle- magne, lui procure beaucoup de Notices qu’on ne trouve point ailleurs. * | On s'adresse, pour l'abonnement, à Paris, à M. Dovrrer, à lImerimenit BriiocrariQue, rue Git-le-Cœur.. Chez la veuve Changuion et d'Henget. A Amsterdam 4 { ehez Van-Gulik, # RER TRUE F “ A Bruxelles , chez Lemaire. A Florence, chez Moliui. AR . À Franctort-sur-le-Mein , chez Fleïschier. œ, 2 À Genève, chez Manget et chez Paschoud. ? À Hambourg, chez Hoffmann. "A Léipsick, chez Wolf. À Leyde , chez les frères Mufray. . À Londres, chez de Boffe, Gerard Strect. À Strasbourg, chez Levrault. A Vienne, chez Degen.' À Wesel, chez Geïsler, Directeur des Postes. : Et chez les Directeurs de Posté en France, N a" dlfaut affranchir les lettres. TI %, SA 2 h M = CE » w# ? #+ 52 GESELEESE y 7 Ve S (S €) EX # . { Octobre 1807. + * M ne | MACGAS | ENCYCLOPÉ *; ù + TO [JOURNAL DES SCIENGES , |# DES LETTRES ET DES ARTS: Un nedutes ; 1€ PAR A MILLIN, Ca PRMERNON ES : AL HET Membre de l’Ixsrirur et de la Légion d’Honnear, Conservatet . ‘des Médailles ÿ-des' Piérres gravées et des Antiques de la + x Bibliothèque Impériale, Professeur d’Archæolegie, Membre * de l'Académie de Gœuingue, ec: etc. Prix de ce Journal, tant pour Paris qüe pour les , _ Départemens , franc de pott : pour {rois mois. AR RA TE et CUT AO 60 cent, Pour Six MOIS sad ue à à 414 9e : ai franésss ? pouButan uses tant a UN à 43 franest }” 1 : Les hommes les plus célèbres dans chagne partie des @à | Sciences et dé la iltératufe, se sont, plû-à;660pérer æ |. cette entreprise utile, et là collection des onze années an |'du Magasin Eneyclopédique est-deyenne précieuse, en 1 ee qu'elle présente une rétiièn de Me moiresintéressans, qui ne se trouvent point'ailleurs, et dont les Auteurs PRRÉTIEATECTE € Table des Articles contenus dans ce Numéro. Hirsroire. Poésie. Principes de physiologie ou Intro- duction à la Science expérimen- tale, philosophique et médicinale de 'Homurfe ; par L. Dumas. 241 Les Ah en pas E. de TA 366 Variétés , NouvELLES ET BIOGRAPHIE. CORRESPONDANCES LITTÉRAIRES, Notice biographique sur Ph. G. Hensler; par J. B. re Nouvelles étrangères, 2 à-dire, 1l voudroit périr d’une mort glorieuse > tué par: la main d’un dieu. Nous avons vu, » de plus , que Pythagore le Leontin a fait un » Apollon tuant un serpent à coups de flèches ». Pour répondre aux argumens du Père Har- douin , il faut réfléchir que la mythologie n'offre (7) Vocem eam Apollinem admonitu codicum regii à, Coz- ‘Bert 3, vel DazEcawr aliorumque in libris hactenus vulgatis prætermissam restituimus. Favere ei lectioni videtur etiam Mantiauis, hoc signum describens lib. 14, epig. 172, oué titulus Sanroctonos Corinthius ; Ad te reptanti puer insidiose lacertæ Parce : cupit digitis illa perire tuis. cupit ea nimirum nobili fato: perire, nece à Deo illata. Simile conflasse signum Pyruacoras Leontinus dicitur hac ipsa sec- tione 4 , Apollinen serpentem sagittis conficientem. 262 —.Ærchœæologie. pas un seul trait qui eût pu autoriser un ar- tiste à représenter Apollon tuant un lézard; car confondre l'énorme et pernicieux serpent Python avec un animal aussi petit et aussi peu dange- reux qu’un lézard , cela auroit été une altération de la fable (8) qu’on ne pardonneroit pas à un artiste d'aujourd'hui, et qu’on ne doit pas seu- lement supposer chez un ancien. On ne donnoit jamais d’autres surnoms aux divinités que ceux qui étoient reçus, et adoptés par les poètes les plus célèbres et les plus an- ciens. Ce fut pour éviter toute innovation à cet égard , que quelques poètes plus modernes se don- nèrent la peine de rassembler et de mettre en vers tous les surnoms que les anciens poètes avoient donné à Bacchus et à Apollon (9); mais parmi soixante - quinze différens surnoms d’A- pollon contenus dans ces vers, celui de Sau- roctone ne s’y trouve pas, et je conclus de là qu’il n'appartient pas à l'antiquité. Si le Sauroctone de Corinthe dont parle Mar- tial avoit été un Apollon, ce poëte l’auroit appelé (8) Pausanwras , lib. x, cap. 6, croit que les tyrans et les usurpateurs qui de temps en temps venoient piller le temple et les maisons des riches particuliers de Delphes, ont donné lieu à cette fable. Quand les habitans adressèrent leurs vœux à Apollon et le conjurèrent de ne pas les abandonner dans un danger si pressant ; l’Oracle répondit : Apollon décochera une fléche contre le bandit du Parnasse et l’étendra ‘à ses pieds. Ce bandit étoit le fils de Crius, homme puissant dans l'ile d'Euboée. (9) Anthologie, lib. x, cap. 38, n.° 2. Apollon Sauroctone. 263 par son véritable nom, ou bien il auroit fait allu- sion au trait de la fable auquel la représentation serapportoit, comme on le voit dans l’épigramme suivante, où il parle d’un tableau qui représen- toit la mort d’Hyacinthe tué par Apollon d'un coup de disque (Lo). Le trait de l’épigramme consiste dans le desir que le poète suppose au lézard de périr par la main d’un aussi beau garçon; ce n’est pas l’ambi- tion de périr par la main d’un dieu, mais c’est “l'amour qui lui fait rechercher la mort. Cette licence poétique est justifiée par le penchant na- turel pour l’homme que les anciens attribuoient au lézard ; on connoît l’histoire du lézard qui ré- veilla un homme endormi sous un arbre pour le sauver de la morsure d’un serpent prêt àatomber sur lui. Quant aux manuscrits on sait qu’ils ne sont pas exempts d’interpolation et de fautes ,etcommeils ont été copiés les uns sur les autres, on conçoit facilement que deux manuscrits, qui contiennent une leçon suspecte, ne doivent pas l’emporter sur un plus grand nombre d’autres qui ne la contiennent pas. Les premières éditions de Pline, qui ont été faites à Venise en 1469, et à Rome en 1470, et toutes les éditions suivantes jusqu’au temps du Père Hardoum, n'ont pas cette (10) Æyacinthus in tabula pictus. Flectit ab inviso morientia lumina disco Œbalius , Phæbi culpa dolorque puer. a Ærchæologie. leçon ; ce qui prouve que les manuscrits de Florence et de Rome ne la contiennent pas non plus. Dalechamp fut le premier qui, dans son édition de 1587 pag. 808, plaça le mot Apol- linem parmi les variantes qu'il fit imprimer à côté du texte, en se rapportant au manuscrit de la bibliothèque du Roi. Enfin Hardouin se crut autorisé , par les raisons que j'ai alléguées à le faire entrer dans le texte. Je suis donc persuadé que ces raisons suffisent pour prouver que le mot Apollinem doit être rejetté, et que la leçon des manuscrits du Va- tican et de Florence mérite la préférence sur les autres. J’ajoute seulement que le mot puberem devient inutilé et oisif devant Apollinem, parce qu’Apollon est toujours représenté dans l’âge de la puberté , à moins que ce ne soit Apollon enfant assis sur les bras de Latone sa mère ; cette leçon est donc indigne de Pline dont le style, extrèême- ment concis et serré, n’admet aucun pléonasme, aucun adjectif inutile et surabondant. WiNkELMANN (11), en déférant pleinement à autorité du Père Hardouin , a cependant établi une opinion particulière; selon lui il faudroit lire, impuberem Apollinem ; « les anciens statuaires , » dit-il, ne représentent jamais les statues d’A- » pollon et de Bacchus avec les signes de la pu- » berté, c’est-à-dire, avec ce tendre duvet dont » la nature revêt les parties destinées à la géné- (11) Histoire de l’art. Apollon Sauroctone. 265 » ration, c’est pour rendre visible d’une manière ». frappante , l'éternelle jeunesse que les poètes » attribuent à ces dieux, et c’est par cette raison » que Pline, qui apparemment a fait la même » remarque sur son Apollon Sauroctone lappele » impuberem «. Mais autant l’observation que Winkelmann a fait sur les statues est vraie, au- tant la conséquence qu'il en tire est fausse. Ce ne sont pas ces signes externes négligés à dessein par les artistes , mais c’est la faculté de la géné- . ration qui détermine l’âge de la puberté, etce seroit faire injure à Apollon et à Bacchus, de les appeler impuberes | eux qui s’étoient rendus célèbres par tant d’exploits amoureux. Considérons maintenant la leçon, comme elle se trouve dans les manuscrits de Florence et de Rome : fecit et puberem subrepenti lacertæ co- minus sagitta insidiantem. Il] y a là quelque chose qui va mal; une oreille faite à la bonne lati- nité, n’est pas encore satisfaite ; l’adjectif puber peut s’employer substantivement, mais on ne s’en sert qu’en opposition avec impuber et dans les oc- casions seulement où il s’agit de la faculté généra- tive. En parlant du portrait d’un jeune homme, on ne dit pas ce tableau représente un homme dans l’âge de la puberté, on dit ce tableau repré- sente un jeune home ,un jeune garçon. La langue latine pour rendre la même idée, s'exprime de la même manière. Pline en parlant de la représen- tation d’un enfant qui étrangle une oie, ne dit pas impuber , mais infans anserem strangulans. En 266 … Ærchæologie. parlant de jeunes gens, il ne les appele pas puberes mais pueros. Ainsi il dit : duos pueros, rudos , talis ludentes , deux garçons qui jouent aux osse- lets; ilappele celetizontes pueros ,des jeunes gens à cheval; pueros distringentes se, des jeunes bai- gneurs qui s’essuient ; puerum sufflantem languidos ignes , un jeune garçon qui souffle le feu ; puerum suffitorem , un jeune homme qui brule de Fencens; pourquoi dans la seule représentation du Sauroc- tone , ou du jeune garçon qui tue un lézard, se seroit-il servi du mot puberem au lieu de puerum? Quand on réfléchit combien ces deux mots se res- semblent et que les six lettres dont le mot puerum est composé, se trouvent toutes dans puberem ; il devient très- vraisemblable que ce dernier mot a été subtitué au premier, par l’inadvertence d’un copiste ? Qu'on lise: fecit et puerum subrepenti lacertæ cominus sagitta insidiantem , et Pline sera non-seulement conforme à sa propre manière de parler , mais aussi à celle de Martial qui ne donne à son Sauroctone aucune autre qualité que celle d’un jeune garçon, puer. C’est cette méprise d’un ancien Scribe qui a donné occasion à quelque savant ou demi savant, qui présidoit aux copistes du moyen âge, d'ajouter le mot Apollinem, pour donner un substantif à l'adjectif puberem , qui paroissoit dénué d'appui. C'est cette même méprise qui a égaré le père Har- douin et YVinkelmann. a MŒURS ET USAGES. RscuzrcHes historiques sur l’emploi des faux cheveux ct des Perruques, dans les temps anciens et modernes , extraïtes d’un ouvrage Allemand de M.Frédéric Nicoraï, par feu M. Winckcer (*). Anis avoir parlé de l’usage des faux cheveux chez les Grecs et les Romains, et avant de traiter de leur emploi dans le moyen âge, et dans les temps modernes, il sera nécessaire de faire men- tion des différentes étymologies du mot perruque , qu’on s’est efforcé de dériver des langues an- ciennes, quoiqu'il ne se trouve dans aucun auteur grec, ni latin. Son usage ne date que d’un temps peu reculé, et l’acception dans lequel on le prend aujourd’hui, ne remonte guère qu’à la fin du sei- aème siècle. Il n’y a pas de mot sur lequel les conjectures des étymologistes aient été moins heureuses ; toutes les étymologies qu'ilsen ont proposées sont si forcées, que souvent elles deviennent plaisantes. On ne sera pas faché de trouver ici réunies, les opinions des différens savans qui se sont occupés d’en rechercher l'origine. MÉNAGE, dans son Dictionnaire Etymologique, (*) Voyez Magasin encyclopéd., année 1805, t. v, p. -62, la première partie de ces recherches , où il est question de l'emploi des faux cheveux chez les anciens. Dans cette seconde partie, il est question de cet usage chez les modernes. 268 Mœurs et usages. de la langue française et dans celui de la langue italienne ; dérive ce mot tantôt de l’hébreu perah, ou du chaldéen pervah, qui signifient cheveux de la tête ; tantôt d’un certain Pierre « qui s’en sera » servi le premier, ou qui les aura bien ajustés. » M. Guyet, ajoute-t-il, dérivoit ce mot du » grec mr, Qui signifie la même chose, et qui > se trouve avec cette signification dans les Dialo- » gues des courtisannes de Lucren ; et il le dé- » TriVoit Ainsi , mx, penica, perica, peruca , » perruque ». Mais malheureusement les mots pe- nica et perica, ne se trouvent point dans les lan- gues , latine, italienne , française et espagnole. Ménage pense que la meilleure étymologie est celle qui dérive ce mot du latin, pilus. « Pilus, » dit-il, pelus, pelutus, peluticus , pelutica, pe- » rutica»; on observera que ces cinq mots n’ap- partiennent à aucune langue, et qu'ils ontété arbitrairement imaginés par Ménage (r), « pe- (1} Aucun de ces cinq mots, pelus, pelutus, peluticus , pe- lutica , perutica , ne se trouve ni dans Durneswe, ni dans Carrentier; ils ne sont pas de la bonne latinité : Ménage les a donc composés arbitrairement, pour arriver de pelus à peruca , et pour trouver une étymologie du mot perruque. Il suit une méthode semblable à l'égard du mot pelouse, pour la dérivation duquel il imagine gratuitement cinq mots semblables ; il dit : « pelouse , de pilus , pelus , pelutus, peluti, pelutitius, peluti- »tia, pelouse.» Mais même en italien , où l'on trouve le mot pelo formé du latin pilus, il n’existe pas de mot, peluto, ni pelutilio, ni aucun autre semblable, qui signifie velu ou cou- vert de poils; au contraire on y trouve le mot peluzzo , qui signifie des cheveux minces. Ce n’est qu’en espagnol et en por- tugais que peludo siguile velu ; cependant les Portugais ne dé- Perruques. 269 » luca, perruca, perruque». Au sujet de ces éty- mologies on peut dire : JL a bien changé sur la route M. Decuerce (2), dérive ce mot, moitié en plai- santant, moitié sérieusement,de deux mots de lan- gues différentes ; de la particule grecque #4, et de l'arabe nucha, qui doit répondre au français nuque , péri-nucha, ce qui est autour de la nuque. Nos lecteurs ne seront sans doute point tentés d’a- dopter cette barbare étymologietirée contre l’ana- logie de deux mots de langues différentes. Dans les origines linguæ italicæ, par Oitavio FERRARI (3), on trouve au mot PeruccaA, le passage suivant : » perucca, galericulus,capillamentum adscititium, » apilo pilucca ; nam ab eodem, piluccoitali floc- » cum appellant et congestum in vertice capillum». Ce passage fait voir combien un homme d’ailleurs très-savant, peut se tromper,même dans sa propre langue , s’il veut donner une étymologie à un mot dont l’origine est obscure ou inconnue. Pi- ducca , pilucco et même pelucca , ne sont pas des mots italiens mais ils ontétéimaginés par FERRARI sans aucun fondement, comme avoit fait MÉNAGE signent pas une perruque par le mot peluca , ils l’appellent pe- ruca ou cabilliera. Dans le latin du moyen âge, pilus ne signifie pas un cheveu , mais un pieu , ou une ffèche, et pelu est une espèce de pelisse ou manteau garni de fourrures. Voy Carrsx- TERIy Glossarium , t. 111, p, 230. (2) Eloge des perruques , p. 49. (3) For. O. Farraru , Origines lingueæ italicæ , Patav. 1776, foi. p. 236. 270 Mœurs el usages. pour les mots latins dont il a été question. Danse Vocabolario della Crusca, onne trouve, ni pilucco, ni pilucca; on peut donc assurer que ces deux mots ne sont pas italiens, puisque ce dictionnaire contient aussi tous les mots qui avoient vieillis du temps de Dante et même avant ce poète, Cepen- dant FERRARI ne dit pas que ces mots, imaginés par lui pour établir son étymologie, ont vieilli, maisil cite pilucca, comme un terme usité,dont il veut dériver perrucca. Maïs une touffe de cheveux arrangée sur le sommet de la téte,ne ressemble pas trop à une perruque, et une touffe (floccus), s’appele en italien bioccolo ou fiocco et non pas pilucco. Si ce dernier mot étoit en effet dans la langue italienne , il ne pourroit point signifier une touffe de cheveux} car piluccare veut dire cueillir les grains d'un raisin l'un après l’autre pour les manger; dans le langage languedocien le mot peluca a encore la même signification. Dans le vieux langage français , péluc signifie le grain séparé de la balle. Dans la langue italienne, piluc- care a encore un sens figuré, et se dit de tout ce qu’on fait lentement ; un piluccone est un vil égoïste qui aime à s’attribuer le bien d'autrui. Les Italiens appelent peluzzo dé pelo, un cheveu mince'et isolé; c’est par conséquent le contraire d’une touffe de cheveux que Ferrari prétend être la signification de pilucco. On pourroit par ana- logie dériver notre mot de pelo en italien peluccio; mais une chevelure épaisse et laide n’a rien de com- mun avec une perruque. En espagnol,une perruque Perruques. 271 est appelée peluca, mais cela ne tient qu’à la pro- : nonciation espagnole de la lettrer.STiELEr dans son Trésor de la langue, publiésous le nom Spate, tranche la difficulté et établit que ce mot est d’o- rigine allemande ; mais sa dérivation n’est pas ad- missible. Il écrit Barücke, et prétend que Bar est un vieux mot gothique qui signifie téte, et que Hücke veut dire voile. Ces deux significations sont imaginaires. Le mot Bar se trouve en effet dans les -langues suédoise, anglo-saxonne ; et le vieux alle- mand ou tudesque; mais loin de signifier téte, il est constant qu'il veut dire nud, qui n’est pas cou- vert et de là vient encore un mot usité aujourd’hui dans la langue allemande ; barfuss, c’est-à-dire, nud pied ; Bar est donc l'opposé d’une per- ruque. Heuke ou hoike, au contraire,signifioit au- trefois un manteau, et est encore en usage dans le dialecte connu sous le nom de plat-allemand , qu’on parle dans les parties septentrionales de la Basse-Saxe (4). Le hoike sert donc pour couvrir l’épaule et non pas la tête, et Stieler n’a pas été plus heureux que Ferrari dans cette étymologie. Autrefois les étymologistes aimoient assez à dé- river tous les mots du grec, dès que dans cette langue ils trouvoient un mot d’une prononciation (4) On dit à Hambourg et à Brême : den Hoiken up beeden Schuldern tragen (porter le manteau sur les deux épaules), Hoiken und hood verspeelen ( perdre le manteau et le chapeau) ; voy. Bremiscx ÎViederteutsches Woërterbuch, c'est-à-dire Dic- tionnäire du dialecte de Bréme et de la basse Allemagne; tar, p. 644. 272 Moœurs et usages. un peu analogue. Damm (5) a imaginé assez plai- samment d'écrire en grec le mot perruque , au moyen des mots rt-faras, expression employée par Hésycaius; mais il na pas cru sérieuse- ment que le mot perruque fut d’origine grecque: SkiNNER au contraire dans son Etymologicum ginguæ anglicanæ prétend d’ériver le mot anglais périwig (6), du grec rtpoyn , parce qu’elle entoure la tête. I] ajoute : s’il étoit permis de plaisanter ; on voit qu'il propose cette étymologie assez sérieu- sement. Lemon (7), le dernier étymologiste de la langue anglaise, a poussé la manie bizare plus loin que tous ses prédécesseurs. Il dérive du grec et de la manière la plus ridicule , tous les mots anglais les plus connus et qui viennent évidemment de l’anglo- saxon ou du latin. On ne sera donc pas étonné (5) Damwm, Glossarium homericum , voce Enin p: 2467. (6) Dans son Etymologicon linguæ anglicanæ , Srkixner dit au mot Peruke : « Vox fæcialis, pura puta gallica, idem quod » Periwig«. Ou ne comprend pas trop bien ce qu'il a voulu dire par vor fœcialis. Le Pontifex fœvialis,chez les Romains portoi£ un Galerus ; mais nous avons vu (Voy.la première partie de cette dissertation, Magas. encyclop. 1805, t. v, p. 28) que ce n’étoit point une perruque. Comment SriwNERr a-t-il pu dési- gner comme une pox fœcialis le mot, perruque, qui étoit . tout-à-fait inconnu aux Romains. (7) English Etymology or a derivative Dictionary ofthe En- glish tongue, by the Rev. G. W. Lemon , 1783, grand in-4.°. On est étonné de la quantité énorme d’étymologies ridicules qui sont données avec un grand appareil d’érudition, dans ce gros volume assez inutile. — Perruques. 273 est si inconnue. » Perwicke et perruque est pour » ainsi dire selon lui peregrina rica, par contrac- » tion per-ric, ou per-ruke ou per-ruque, c'est- » à-dire , velum capitis muliebris , voile de » tête d’une femme; ricaest dérivé de jeses, Cin- » gulum muliebre capitis (8) ; ce qui sert aux » femmes pour ceindre leurtête ». WacnTer (9) tire aussi très - sérieusement ce mot de la langue grecque. Après avoir fait voir le ridicule de l’étymologie donnée par Stieler, il ajoute gravement : « ce mot est formé de ® üépjixes, fulous, parce que les premières fausses » chevelures étoient de couleur jaune doré, et » qu'onles faisoitavec des cheveux achetés dans la » Germanie ». Au premier coup d’æil la grande simplicité de cette étymologie la fait paroître probable, mais en l’examinant de près on voit bientôt qu’elle ne peut se soutenir. Pour appuyer son étymologie Wachter avance que les premières fausses chevelures png nié chez les anciens , ont été de couleur d'or , et qu’ on les apportoit de la Germanie ; cela n’est pas exact. Les Grecs ont porté re chevelures postiches Jongtemps avant les Romains ; mais ils n’ont pas connu les chevelures de couleur jaune doré des Ger- mains; en général ils ont regardé comme belle (8) Ce qu'il y a de plus fâcheux contre cette étymologie , c’est que jexos ne 5 signifie point chevelure de téte, ni rien en général qui ait rapport à la tête. Selon Suipas , ce mot est synonyme de Lave , TT , Cest aonc une ceinture qu’on place autour du corps. Rica est une espéce de voile. r (9) Wacurer, Glossar. Germ. ;t. 11, p. 1187. Tome F. Octobre, 1807. 18 274 © Mœurs et usages: la chevelure de couleur noire. Anacréon veut que son amante et son Bathylle soient peints avec des cheveux noirs. Au surplus le mot xéjjsyes n'est em- ployéen général qu’en parlant des animaux; jamais les auteurs n’ont indiqué par ce mot la couleur des cheveux de l’homme. Tnéocrire parle de taureaux qu'il désigne par lépithète xoppiyor, et ARISTOTE, dans son Histoire des animaux, em- ploye le même mot en parlant des brebis; les commentateurs pensent que dans ces deux pas- sages le mot sjjuyes ne signifie pas la couleur, mais la patrie de ces animaux : selon eux c’étoient des taureaux et des brebis de P Épire dont le Roi Pyrrhus a le premier amélioré la race; c’est ainsi que le motzijjsyes est appliqué à une danse ap- pelée pyrrhique,parce que linvéntion enestattri- buée à Pyrrhus ou à Pyrrhichus. mg {ur signifie exécuter la danse pyrrhique, et non pas teindre en blond ou én rouge. En parlant de cheveux roux des hommes on ne se sert pas du mot réjjiyes , mais de #ujjes dont est dérivé mujpstuë,aux cheveux roux. Il est difficile de croire que les Grecs et les Ro mains ayent aimé des cheveux couleur rouge de. feu , ni de ce rouge sale quiest la couleur du poil 4 des itahreaissetsdestbrebish Pour déti gner xne » belle chevelure d’un jaune doré, ils se servoient du mot £wos (10). | (10) CartimAQUE, lorsqu'il s'adresse aux jeunes filles grec- ques , les aprelle £eybeu : | Zvcde vuy © Euvdes cards Irrmoyiadèse | Hymnys in lavacrum Palladis, v, 4. _ Perruques, 275 Les Romains, il est vrai , en parlant de la che- velure des Germains, ‘employent outre le mot flavus celui de rutulus; mais il est certain qu’ils n’entendoient point désigner par ces mots des cheveux roux, auxquels pourroit convenir l’ex- pression #wjjsyu,mais des cheveux blonds Zaytor. Les cheveux rouges de feu n’étoient pas regardés Milto ou Aspasie , l’esclave chérie de Cyrus , avoit les che- veux blonds: Ty» xounr! Éay0y ; xar !sAn Tus TRIXAS ypEua , c’est-à-dire des cheveux blonds, d’un jaune doré, et bouclés agréablement. AErran, var. Hist. lib. xinr , cap. 1. THéocrrre désigne Ménélas par l’épithète de Baveobpië. Il est vrai que Zaybos est: quelquefois employé pour indiquer le teint foncé du yisage d’un homme souvent exposé au soleil et au grand air. Il est en général difficile de bien déterminer les ulenrs : d’après les expressions cproyé ées par les anciens auteurs ; il paroît cependant constant qu’en parlant des cheveux , le mot £uylos à signifié la belle couleur dorée, ce qui a tue donner au dieu du soleil le surnom de XpuToxouys à darchevelure d'or, et non pas celui de æubfos. HéroDrew, pour contredire la tradition recue que l'Empereur Commode parsemoitses cheveux de poudre der; etpour assurer que sa chevelure étoit d’un blond éclatant, c’est=à-dire d’une cou- Jlenr dorée, dit xoun Te Pure Eayôy. (Foy.Hr RODIAN 4, Aise, 1.7 et Tæéocrit. /dyll, xviu , 1, et, 78). Un passage déjà où del Onomasticon de Pozzux (lib.11. cap. 3, (+35) nous prouve au moins que quand il est question des cheveux, £4,905 désigne une couleur claire ; car il oppose HOTTE ET: 7h Lou teindre sa chevelure en blond, au mot penœuve Sat la teindre en noir ; c'est encore là ce qui est prouvé par un passage de Zonaras, dont'il sera question plus bas. Le Scholiaste d’Aristophänes , cité par Suipas, compare la couleur blonde £,,45$ à celle du miel. Cela s'accorde encore avec l’expression d’'Homère Lay Anpenrp. (Iliad, y. 500) , la blonde. Cérès, lorsqu'il vewc parler du blé. 276 Moœurs el usages. comme une beauté par les Romains. Clitophon > dans TÉRENCE (11), refuse d’épouser la fille de Phanocrates, parce qu’elle a les cheveux roux, et une épigramme de MarTiaL (12) vient à l’ap- pui de notre opinion. Les femmes grecques et les femmes romaines ne portoient point exclusivement des perruques blondes , ainsi le nom n’a pu être dérivé de la couleur , comme Wachter le suppose. Nous avons vu plus haut que les femmes grec- ques savoient teindre en blond les cheveux noirs, et teindre en noir les cheveux blonds (13). Enfin il n’y a pas un seul passage qui prouve que les Grecs ou les Romains ayent employé ces mots æuppixes Où pyrrichus, pour désigner une chevelure blonde, soit naturelle soit artificielle. Juvenal, pour désigner une perruque blonde, se sert de l’expression flavus galerus (14). D’après ces observations on croira difficile- ment queles Italiens et les Français des temps mo- dernes, pour désigner la fausse chevelure dont ils faïisoient usage, se soient servis d’un mot grec que (ai) —Rufam ne illam virginem ? = Non Possum. Terenr. Heautontimor., act. v, sc. 5, v. 17. (12) Crinerruber ; niger ore , brevis pede , lumine læsus. Rem magnam præstas, Zoïle , si bonus es. ManriaL. lib. xxx, épigr. 54. (13) Juoz. Porrux, Onomasticon , 1. 1,3, 35. (14) Juvena, Sat. vr, 120. Perruques: 277 les Grecs et-les Romains ne prenoient point dans cette acception. Ainsi il est évident que l’origine du mot perruquier, en le dérivant de æwprxes , n'est fondée que sur une ressemblance fortuite , et que cette étymologie est aussi forcée que celle qui se tire de xpixe-Quaux. Le mot perruque: me vient donc ni des Grecs ni des Romains , puisque ces deux peuples se servoient de mots tout-a-fait différens pour désigner ce qu’il signifie. Avant que d’exposer mon opinion sur létymo- logie de ce mot, il sera bon de rechercher dans quel temps et dans quel lieu cette expression a été employée, et surtout quelle en a été la signi- fication dans les temps où on s’en est servi. - Le mot perrique se trouve dans la langue ro- maire ou walone, encore à moitié celtique, dont la langue française s’est formée vers la fin du dixième siècle ; c’est-là sa plus dncienne trace : mais alors il ne signifioit pas de faux cheveux. Dans le Dictionnaire roman, walon, celtique, et tudesque , rédigé par un religieux Bénédictin de la Congrégation de St. Vannes( Bouillon 1777; gr. in-4.°), on trouve à la p. 233 cette explica- tion du mot perrike : « longue chevelure de ses » cheveux propres ». Aucun des auteurs qui ont écrit sur les perruques n’a encore fait attention au sens primitif de ce mot , et cependant on peut en tirer des conséquences importantes pour son étÿ- mologie. La langue italienne nous offre encore un autre exemple de l'emploi de ce motàune époque reculée. 278 _Moœurs et usages, Selon le Vocabolario della crusca, on trouve dans les Œuvres de Bernardo BerriNcionr, poète florentin de la seconde moitié du quinzième siècle, le passage suivant : «+. . + « Son tutte opinioni I bei capei ; cercate sale in éucéa. Perche Assalon mori per la parrucca. Nous voyons par ce passage qu’au quinzième siècle ce mot ne désignoit pas, en Italie, de faux cheveux, mais une chevelure forte, naturelle et longue , telle que devoit être celle d’Absalon ; de même que chez les Grecs le mot spores ne dési- gnoit qu’une boucle de devant, et que chez les Laïins la véritable signification de capillamen- tum étoit celle de chevelure naturelle. Lie Vo- bolario della crusca ; et d’après lui les autres dic- tionnaires italiens vulgaires ajoutent que ce mot est employé aujourd’hui pour désigner de faux cheveux ; cependant on n’a pas encore cherché à découvrir quand et comment ce changement de signification s’est opéré, et lorsqu'on a voulu expliquer ce mot , on ne s’est pas rappelé sa signification primitive. d On trouve encore dans la langue italienne une trace de cette ancienne acception. Caperrucciæ et capperruccio désignent la partie du bonnet qui couvre la chevelure ; c’est comme qui diroit cappa di perrucca, bonnet de chevelure. Le Vocabolario della crusca cite les vers suivans d’un poète florentin du seizième siècle. Piu non si fan le bionde pastorelle Coi sacchi a’ rozzi crin’ la capperruccia, SSL € RÉ RS ee mn — … Perruques, 279 Et il a été employé dans le même sens parV arc, dont la prose a été regardée comme classique par les Italiens. En France, le mot perruque a été pris dans l’acception de cheveux naturels, jusqu’au seizième et au commencement du dix-septième siècle. À cette époque , on se servoit toujours de l’expres- sion fausse perruque, pour désigner ce que nous ap- pelons aujourd’hui simplement une perruque (15). (15) C’est ce qu’on peut voir par les anciens Dictionnaires qui avoient paru alors. //enri EsTienxE , dans son Thesaurus linguæ græcæ, imprimé en 1555, dit dans le tom. ir, au mot Devaë : D Devexy - . « coma adulterina. Bun. Galericulum et » capillamentum ex Surronio ; addens id esse quod vulgus 4 nostrate vocat fausse perruque. » Guillaume Bunés, dont il est question dans cette citation, a véeu de 146% à 154o:j'ai cher- ché ce passage dans ses Commentarii linguæ græcæ, mais je n'ai pu le trouver ni dans l'édition de Bâle, 1330, ni dans celle de Robert Estienne, Paris 1548; dans ses Ænnotationes in Pandectas (1514, folio 155; et 156, fol. 182), il y a une ex- plication semblable du mot Qeyuxy qu'il compare avec le æiudey dont parle Démosthènes; mais l'expression fausse per- ruque ne s'y lit point. Les mots cités plas haut, se trou- vent dans le Lexicon sive Dictionarium græco-latinum G. Bu- pær1; J. Tusant, R, Consranrtins , Paris 1562 , fol, d’où Henri Estienne pourroit les avoir empruntées. Voici ce qu’on y lit à la page 1894 : « Devuxy, rxm, LUCIAN. xeplerm « Porzux, etc. Capillamentum ct Galericum SuEton. Coma « adulterina , vulgo faulse perruque. » Les mêmes expressions se retrouvent aussi dans le Assxoy ‘EAyropwuaïinor, Bale 15774 fol. — Dans le Dictionarium octo linguarum , Ambr. Ca- LEPINI, Basil. 1584, fol. , à la page 180, ôn lit : « Capilla- » menta dicuntur ipsi capilli, rpixapale, gall. chevelure, perru- « que; ital. crini ; allem. die Haar. Dans les éditions posté- rieures de 1605 , etc. om trouve non seulement ce passage , mais 280 Moœurs el usages: Les théologiens de Louvain ont donc eu raison ; au seizième siècle , de traduire dans le passage d'Isaïe , Cha. 111, v. 17, le mot crines par per- ruque , ainsi qu'il a déja été dit (* );mais Tiers auroit dû mieux connoître l’histoire de sa propre langue , et ne pas en tirer la conséquence que ces mêmes théologiens ont voulu indiquer par là, que les perruques étoient déjà en usage au temps du prophète Isaïe (16). Cela prouve encore que -encore l’article suivant : « Capillamentum ,quod vulgus falsam » perruquam vocat ». Il est vrai que M£ÉNAGE , dans son Dic- tionnaire étymologique de la langue francaise, et M. DEeurRrtE, dans son Eloge des perruques, rappelent que dans l’origine, le mot perruque n’a signifié que chevelure naturelle ; mais ni l’un mi l’autre n'ont tiré de cette observation les conséquences né- cessaires , ni recherché l'époque à laquelle on a commencé à prendre le mot perruque dans le sens de fausse perruque, et celle où on a distingué avec soin ces deux significations. Dans un poëme francais du quinzième siècle , cité par M. Deguerle, la perruque est désignée par l’expression perruque feinte. En espagnol , il paroît qu’on emploie encore aujourd'hui, du moins en badinant , le mot perruque pour désigner les cheveux na- turels. Le Dictionnaire espagnol de l’Académie de Madrid ne xapporte pas, ilest vrai, cette signification , maïs il cite le pas- sage suivant d’un poëme héroiïi-comique de dom Joseph DE SaLvEsTr», intitulé : ÆL robo de Proserpina (l'enlèvement de Proserpine), qui fut publié en 1731; il y est question de l’oc- casion sans cheveux : Un gran trecho los dos fueron iguales, , Mas la occasion, que nunca trahe peluca, Dexdse asir del moño de los males (*) Voyez la première partie de cette dissertation , Magasin encyclop. 1805, vol. déjà cité. (16) Le célèbre prédicateur de Strasbourg , Gzizer DE Kar- nn ss ne tien te Perruques. 287 le mot perruque ne doit pas être dérivé du mot grec rw, ( peniké), ainsi que Menage et quel- ques autres l’ont prétendu ; en effet, comme on a vu plus haut, muy veut dire constamment des cheveux postiches et étrangers, et le mot perruque signifioit anciennement une forte chevelure natu- relle. L’acception que nous lui donnons au- jourd’hui de fausse chevelure, ne date que d’en- viron 280 à 240 ans. Mais pourquoi , dès le temps où la langue fran- çaise et la langue italienne commençoient à se former , a-t-on désigné par les mots perrique, per- ruca, perruque , une chevelure naturelle? En comparant les témoignages de plusieurs historiens anciens, il paroît prouvé que la langue des Celtes s’est étendue beaucoup plus loin qu’on ne le croit communément, et que , dans la partie de la Germanie connue des Romains, du temps de César et de Tacite, on ne parloit pas les lan- gues gothique , théotisque et allemannique , mais une langue semblable à celle dont les restes se sont conservés dans la principauté de Galles et dans les montagnes de l’Ecosse ; les mœurs des peuplades à moitié sauvages de la Germanie paroîssent aussi avoir beaucoup ressemblé à celles des habitans des montagnes de l’Ecosse. On peut, d’après cela, concevoir comment presque tous SERSBERG , mort en 1)10, cite cependant aussi ce passage d’Isaie, contre l’usage que ses contemporains faisoient de faux cheveux. PVoy. ses Sermons sur le Warrenschif ( c’est-à-dire, la nef des foux,) page 28. 282 Moœurs et usages. les noms germaniques qni se lisent dans les écrits de Jules César et de T'acite peuvent facile- ment s'expliquer par la langue erse ou celle des habitans des montagnes de l’Ecosse , et par celle des habitans du pays de Galles; cela peut s’appli- quer à beaucoup de dénominations de fleuves , de montagnes , de l'Allemagne, qui n’ont au- cun sens en‘allemand , mais dont on saisit la signification, si on connoiît l’une ou l’autre des langues que je viens d'indiquer , et qui toutes sont dérivées de l’ancienne langue des Celtes (17). En supposant même que la langue celtique ne se soit pas étendue jusqu’au nord de l’ancienne Germanie, il n’en sera pas moins vrai qu’en Italie, en Espagne et dans les Gaules, le peuple a parlé (17) On trouve des exemples de pareilles dénominations , explicables seulement par les langues dérivées du celtique, dans le Voyage de Nicozaï en Allemagne, t, x1, p.15 à 22, et l'4p- pendix xi1, page 3 à 57; tom. x1t, p.1 à 17, 19, 20, 20, 26, 30 à47;.l Appendix xt, 1, p. 3 à 26; et les additions au tom. x1, ibid, pag. 130 à 138. Le savant Écossois , M. James Macnowazo , of Sout-Uist, aussi versé dans la connoiïssance de la langue allemande , qu'il a approfondie pendant son séjour assez prolongé en Allemagne ; que dans celle des montagnards de sa patrie, regarde ces dérivations comme dignes de l’atten- tion de ceux qui s'occupent de recherches sur les langues. Foy. le Mercure allemand (1798, n.° 8, p. 344), M. Borrricenr a publié quelques détails biographiques sur ce savant Ecossais qui actuellement est ministre de l’évangile dans le comté de Fife en Ecosse. Il s’est fait connoître en Allemagne par les intéressantes observations , dont il a accompagné la tra- duetion allemande du Voyage en Angleterre, en Écosse et aux Hébrides de M. Fauras DE St. Fonv, publié à Goettingue, 1509 , in-8.°. Perruques. 283 des dialectes celtiques , c’est-à-dire semblables à Ja langue irlandaise ou du pays de Galles, même à l’époque où la langue latine étoit universelle- ment répandue dans l’empire romain. SUETONE, auteur du premier siècle, et Fesrus, auteur du quatrième , qui citent plusieurs mots gaulois ou celtiques , sont à cet égard des témoins irré- cusables (18): Tous les auteurs quitont fait des recherhes sur les origines de la langue française actuelle, s’ac- (18) Suerowe , dans la Wie de Witellius, chap. 18, nous apprend que le compétiteur de cet Empereur étoit né à Tou- louse, et qu’il y avoit été désigné , pendant sa jeunesse , par le sobriquet becco , qui, dans la langue du pays » signifie bec de poule, à-peu-près de même que nous disons blanc bec. Selon le même auteur, Vie de Galba, ch. 3, on croyoit que celui de la famille Sulpitia qui le premier porta le nom de Galba, fut appelé ainsi, à cause de son embonpoint, du mot gaulois ow celtique galba , qui signifie gras ; encore aujourd’hui, les mots calb ou galb signifient en bas-breton gras, épais. Voyez le Dictionnaire français =celtique du P. RosTenex. L'Empereur Marcus-Aurelius Antoninns , né à Lyon, plus connu sous le nom de Caracalla , reçut ce surnom , parce qu'il portoit habi- tuellement le manteau des soldats gaulois, que l’on désignoit par le mot celtique caracalla. Encore aujourd'hui, un sxrtout ou manteau s'appelle carrachallamh dans la langue erse. FEstus, de ling lat. lib. ur, dit que cimber, dans la langue celtique, étoit synonyme de Zatro , c’est-à-dire soldat, et que bardus signifioit un chanteur, ibid. lib. rr, Plusieurs autres mots que Festus veut faire passer pour appartenant au vieux langage la- tin, se retrouvent encore aujourd'hui dans la langue erse et dans celle du pays de Galles ; tels sont , entre autres, ocr, nom d’une montagne escarpée, lib. x111; runa , espèce de flèche, selon Exxivs, lib. xvr. Rin et run signifient une pointe dans la langue erse. ‘284 Mœurs et usages: cordent à dire qu’elle a adopté beaucoup de mots celtiques. Les dénominations de beaucoup de “villes, de villages, de montagnes , en France, en Espagne, en Italie et en Suisse, en sont des preuves indubitables ; on ne trouvera donc pas étrange de chercher dans cette langue des anciens Gaulois, l’origine du mot perruque, qui dans le vieux français , et dans le vieux italien, a d’a- bord eu la signification de forte chevelure natu- relle , et qu’on ne peut expliquer raisonnablement par aucune langue connue. Le Vocabulaire ou Dictionnaire provençal fran- çais ( Marseille 1785, grand in-4.° tome 11, page 487) dit expressément que le mot perruque est dérivé du celtique, mais il n’indique pas com- ment. Le Dictionnaire roman, walon, celtique et tudesque déjà cité, dit également que ce mot est d’origine celtique. Dans la langue irlandaise, barr signifie la chevelure , et uc ou uch veut dire grand , élevé, considérable (19); barr-uch seroit donc une chevelure forte et élevée, et cette signi- fication conviendroit parfaitement à l’épaisse che- velure d'Absalon, que BELLINCIONI appele dans ses vers la parrucca. Cette dérivation est donc la moins forcée, puisqu’elle est tirée de l’ancienne langue des pays où son acception primitive se trouve à une époque très-reculée. (19) Dans la langue a pays de Galles, le mot barug signifie la gelée blanche qui enveloppe les arbres comme une espèce de chevelure. Perruques: 285 Il est encore curieux d’observer que le mot latin galericulus a passé dans le vieux langage français. Dans-le Dictionnaire du vieux langage français ; par LacomsE (Paris 1766. in-8.°) , on trouve à la page 236 , galéricule ou galicolie , perruque de femme , c’est-à-dire, en prenant le mot perruque dans lacception que nous lui donnons aujour- d'hui , et qu'il n’avoit pas anciennement, ainsi que je l’ai démontré plus haut ; et c’est précisé ment ce qui a engagé à adopter le mot latin dans le vieux langage. Après cette digression sur l’étymologie du mot perruque , il nous reste à donner , d’après des | sources authentiques, l’histoire de l’emploi des perruques, depuis le moyen âge jusqu’à nos jours ; ce sera le sujet d’un article que je réserve pour le numéro suivant. VOYAGE. ZeTrres sur la Calabre et la Sicile j par M. Jean Henri BArTrezs (1). LETTRE PREMIÈR E Naples, août 1786. Mon parti est pris, dans peu de joursje pars pour la Calabre. Depuis longtemps j'en avois formé le projet, malgré les représentations d'amis, peut- être trop craintifs, quine cessent devouloir m'en détourner parle récit de dangers,queje crois ima- ginaires. Ces amis ont sans xp is été effrayés par tout ce qu'on raconte de défavorable sur cette partie de l’Italie ; je ne me laisserai point épour vanter par ces bruits sans les approfondir. Il ne me manquoit qu’un ami qui partageñt avec moi les plaisirs et les désagrémens du voyage: si M. Herren (2) n’avoit pas été retenu à Rome, (1) Ces lettres et le Voyage de M. Muxrer sont les deux ouvrages qui font le mieux connoître la Calabre et la Sicile. M. Winckler avoit entrepris la traduction de celui de M. Bar- tels;j en donnerai quelques lettres qui feront connoître cet inté- ressant voyage , fait en 1786 : celle-ci est la premicre , elle traite des motifs qui y avoient déterminé M. Bartels, et du plan qu’il s’étoit tracé pour l'exécuter. (2) Arnold-Hermann Ludwig HEEREN à présent professeur de philosophie à Goettingue , né à Brême le 27 octobre 1760, est un des plus habiles philologues et des meilleurs esprits de l'Allemagne ; il est autour de plusieurs excellens ouvages qui lui ont assigné une place distinguée parmi les savans ; il a passé D Calabre: 287 il m’auroit accompagné dans la Calabre , comme il avoit fait dans l'Italie supérieure. J’ai trouvé pour compagnon un jeune anglais, et rien ne peut me retenir. J’éprouve l’impatience d’un homme ardent qui a pris une résolution vive , et qui voit ceux qui l’environnent, juger son entreprise, avec un sang froid insupportable, et réunir leurs efforts pour l’en détourner, au lieu de lui donner les conseils et les secours qui lui sont nécessaires pour Tentreprendre. Mais tout ce qui intéresse le napo- litain , l’occupe sans cesse , etil vous faut écouter un assez long temps en Italie, où il a été accueilli par feu le ‘cardinal Borgia, sur lequel j’ai publié une notice. On lui doit une belle dissertation sur une inscription renfermée dans le riche Museum de cet illustre ami des lettres, et une autre disserta- tion sur un bas-relief du Musée Pio-Clementin , représentant le matricide d’Oreste, Ces dissertalions ont été réimprimées ayeo plusieurs autres également importantes dans une collection in- kéréssante intitulée Bibliothek der alten Litteratur und Kunst, Bibliothèque d’ancienne littérature et des arts, que M. Heeren publioït avec le savant Treusen , et dont il n’a paru que dix numéros. Outre les écrits dont je parle ici , et plusieurs autres, tels qu’une dissertation sur les chœurs de tragédies grecques’, ‘une édition d’un traité des encomii de M£xanvre , le Rhé- teur , t. 8., on lui doit un bel ouvrage sur le commerce des prin- cipaux peuples de l’antiquité , dont il a déjà fait parcîlre ce qui est relatif aux Carthaginois , aux AEthiopiens , aux AEgyptiens et aux peuples de l'Asie. Le premier volume de cet ouvrage vient d’être traduit en francais. Il a encore donné d'excéllentés dissertations sur la connoissance que les anciens et principa- Aement les Grecs avoient de l'Inde. On voitpar Jà combien il devoit être intéressant de voyager, avee un homme :tel que M. Héeren , et combien M. Bartels, qui avoit eu cét avan- tage dans l'Italie supérieure , a dà être fiché de se séparer d’un semblable compagnon. A. L. M, 288 Voyage: ses raisonnemens et ses avis absolument vides de sens. Cependant Naples renferme aussi beaucoup de bons esprits; leur proportion est comme celle du bled à l’ivraie dans un champ bien cultivé. Les homme de mérite de cette nation, s’empressent de contribuer au succès de mon entreprise, de lever les obtacles qu’elle éprouve, et font leurs efforts pour rendre mon voyage aussi instructif qu’il sera possible. Je crois devoir vous développer encore les mo- tifs qui m'ont déterminé à ce voyage, pour que vous sachiez ce que vous devez attendre de mes observations sur la Calabre , et pour prévenir vos quéstions sur mon opiniâtreté à réaliser ce projet. Vous me connoissez assez, pour savoir combien je suis ennemi de cette froide prévoyance , qui cherche par indécision des difficultés où il n’y en a point, et de cette promptitude inconsidérée, qui se précipite dans les dangers. Vous vous rappelez sans doute , mon ami, l’a- mertume de nos regrets , lorsqu’en parcourant la vaste scène du monde, nous voyions les contrées les plus fertiles de l'Europe, celles qui ont donné la naissance aux grands hommes, à qui nous de- vons presque toutes nôs lumières , retombées dans la Barbarie. Nous nous efforcions vainement de trouver la solution de ce problème. Lesrépubliques les plus florissantes de la Grèce sont devenues barbares ; Carthage est anéantie ; Rome énervée ne nous présente plus qu’une ombre de sa grandeur passée ; nous trouvons partout les causes évidentes de ces rév olutions, tantôt c’est la Calabre: 289 situation du pays, tantôt ce sont les changemens survenus dans le système politique et dans le gou- vernement. Nous ne pûmes jamais concevoir com- ment une des provinces les plus heureuses de l’'Eu- rope, qui encore aujourd’hui est en relation avec les pays les plus florissans, qui par sa situation semble pouvoir aspirer à l'empire des mers, qui par son heureux climat pourroit produire les plus beaux génies, est dans une si grande déca- dence; nous fûmes obligés de remettre la solution de ce problème à un autre temps. Combien de fois nous avons souhaité de lever un coin du voile qui couvroit ce secret ; à mesure que j’approchais de la Calabre ce désir devint plus ardent : voilà mon premier motif. Le second étoit d'apprendre à observer ces ter- ribles révolutions de la nature, qui dans un moment ont dévasté les ouvrages les plus solides, et en- séveli des nations sous les ruines de leurs propres travaux. Je voulois voir de près ce fléau du genre bumain , qui surpasse infiniment tout ce que la na- ture offre de plus terrible (3), et dont nous autres (3) Je cède au desir de citer ici un très-beau passage de SENÈQUE , où il montre, par des rapprochemens heureux , qu’un tremblement de terre est l'événement le plus effrayant que nous connoissions : « À tempestate nos vindicant portus : » nimborum vim effusam et sine fine cadentes aquas tecta pro- pellunt ; fugientes non sequitur incendium ; adversus toni- trua et minas cœli, subterraneæ domus et defossi in altum specus remedia sunt; ignis ille cœlestis non transverberat terram , sed exiguo ejus objectu retunditur; in pestilentia mutare sedes licet ; nullum malum sine effugio est; Nunquam Tome F. Octobre 1087. 59 D y EC x 290 Voyage. habitans des contrées septentrionales ne pouvons nous faire une idée. Etudier l’homme, pleurer avec lui ses malheurs, connoître les consolations qui soutiennent encore son courage; voir ce que le gouvernement a fait » fulmina populos perusserunt ; Pestilens cœlum exhausit, urbes » non abstulit : Hoc malum (scil. terræ motus) latissime patet , « inevitabile , avidum, publice noxium. Non enim domos solum » aut familias, aut urbés singulas haurit , sed gentes totas , re- » gionesque subvertit, et modo ruinis operit, modo in altum » voraginem condit, ac ne id quidem relinquit, ex quo appa- » reat, quod non est, saltem fuisse : sed supra nobilissimas » urbes , sine ullo vestigio prioris habitus , solum extenditur, » SEexeca in nat. quest. lib. vi, c. 1, note de l’auteur.» Je join- drai ici la traduction de ce passage par LAGRANGE , pour ceux à qui la langue latine n’est pas familière. « Les ports sont un » asyle contre la tempête , les toits un abri contre les Lorrens » du ciel et la fonte continuelle des nuages ; l'incendie ne pour- » suit pas l’homme dans sa fuite contre les tonnerres et les me- » naces du ciel en courroux ; on trouve un remède dans des de- » meures souterraines et des cavernes profondes ; en effet les » feux dé l'atmosphère ne pénètrent point la terre, et sont » Éémoussés par le moindre obstacle de sa surface ; dans la peste, » on peut changer de climat. Il n’y a point de calamité à la- » quelle on ne puisse se dérober ; jamais la foudre n’a consumé » des peuples entiers ; la peste dépeuple des villes, mais re les » détruit pas; le fléau dont nous parlons est le plus étendu, » le plus inévitable, le plus insatiable , le plus général de tous » les fléaux. Ce n’est point des maisons, des familles, des » villes, qu'il attaque; ce sont des nations, des régions en- » tières qu'il détruit; tantôt il les couvre de leurs propres » débris; tantôt il Les ensevelit dans des abîmes profonds , sans « laisser la moindre trace qui fasse juger que ce qui n’est plus, » a du moins existé ; le sol étendu sur les villes les plus puis- » santes, fait disparoître jusqu'au moindre vestige de leur état > précédeut.» A. L. M. Calabre, 291 ‘pour soulager les malheureux habitans de la Ca- labre ; ce qu’il fait encore, et quel est le degré d'activité qu'il y met; voilà mon ami, ce qui m’engage à entreprendre ce voyage. J’observerai scrupuleusement , et avec la plus grande impar- tialité, et je vous communiquerai les résultats de mes observations. J'ai encore un troisième motif, que je ne dois pas vous cacher. Vous connoissez les idées défavora- bles, répandues dans nos contrées, contre les habi- tans de la Calabre ; mais vous voustrompez, sivous croyez qu’elle ne doivent leur origine qu’au grand éloignement ; par la distance au contraire , les couleurs se sont affoiblies ; le napolitain lui-même regarde son voisin presque comme un sauvage tou- jours disposé à détruire, à piller et à tuer, et qui mérite plutôt sa haine que sa compassion; cepen- dant l’expérience que j'ai pù acquérir jusqu’à pré- sent , ne me montre pas une dépravation si géné- rale qu’elle puisse autoriser ce jugement. Je crois donc rendre un service essentiel à l'humanité, en saisissant l’occasion d’examiner, si en effet la na ture a livré à la dépravation les habitans de ce pays charmant, autrefois si policé, ou si nous sommes égarés par des préjugés ? Je m’abstiendrai de tout jugement, avant d’avoir bien observé, mais plus jy pense, plus la Calabre me paroît dans la situa- tion des autres pays qui ont été injustement dif- famés par ceux qui les ont décrits (4). (4) Les exemples dont parle M. Bartels sont en effet nom- breux et anciens, Mon savant ami M. BoETTicER a prouvé dans 292 Voyage. Je ne connoîs que deux sources, où un préjugé si injuste et si général, ait pu prendre naissance. On ne connoît pas bien le pays et ses habitans ; ses histoires imparfaites sont défigurées par des fictions , et bien des gens ont intéret à cacher la vérité et à répandre de faux récits. Dans un éloignement aussi considérable que celui qui nous sépare de la Calabre , les détails incomplets sont facilement défigurés, quoique les communications ne soient même pas entravées ; car une foule de circonstances peuvent contribuer à dénaturer ces récits, avant qu’ils viennent à notre connoissance. Mais si cette prévention existe entre deux pays aussi peu éloignés l’un de l'autre, que Naples et la Calabre, quoique d’ail- leurs les points de contact soient aussi multipliés qu'ils doivent l'être, puisque ce sont des pro- vinces du même royaume, je crois qu’on peut avancer que les rapports sont entravés par quel- que grand obstacle. Voilà précisement le cas de la Calabre : la nature a entassé à son entrée des montagnes difficiles à franchir, et l’art a négligé jusqu’à présent , d’y frayer des routes, d’y cons- une belle dissertation sur La flüte et sur le Mythe de Marsyas , inséré dans l’article Museum de M. Wicland ,t.1, p. 279et traduite en francais dans le Magasin encyclopédique , année vn,t. v, pag. 296 que plusieurs traits de l’histoire et de la mythologie ont été défigurés par les préjugés que les Æthé- aiens avoient conçus contre leurs voisins les Bæotiens, et il étendra même cette idée dans d’autres dissertations. On pour- roit, dans l’Histoire ancienne et moderne, trouver beaucoup d'exemples semblables. A. L. M. Calabre: 293 truire des ponts pour faciliter le passage des ri- vières nombreuses qui en croisent les vallées, en un mot, d'y répandre ces facilités indispen- sables pour encourager les communications. Je conviens qu'il existe toujours des liaisons de commerce , mais elles ne contribuent en rien à faire connoître l’intérieur du pays ; toute l’expor- tation se fait par eau, dans de petites barques qui suivent les côtes. D’ailleurs il est prouvé par lhis- toire de tous les temps, que le négociant ne s’in- quiète que de ses spéculations commerciales et du calcul de ses intérêts (5); il ne reste donc de moyens de communications avec ce pays, que les courriers, qui sont obligés de le parcourir plu- sieurs fois la semaine. Quoique Naples et la Calabre soient gouvernés par le même souverain, et d’après les mêmes lois, cela n’a point d'influence sur les relations de la masse du peuple. L'établissement des couriers contribue plutôt à augmenter, qu'à diminuer cette ignorance , qui à l’aide de lPimagination doit produire une foule de préjugés. La plupart des voyageurs et (5) IL n’a pas besoin d’autre chose pour atteindre son but. On auroit donc tort si on croyoit que ce que je viens. de dire contient un reproche. Les négocians nous ont procuré de tous temps les premiers moyens de communiquer avec d’autres pays; leur activité nous les facilite encore. Le commerce a donc toujours été et sera toujours l'appui le plus important du monde politique , aussi bien que de la République des lettres. 294 Voyage. surtout ces mèmes couriers (6), qui parcourent la Calabre, exagèrent les dangers et les désagrémens d’un voyage dans ces contrées peu fréquentées , soit pour intéresser par le merveilleux de leurs récits, soit pour rehausser l'opinion qu’on doit concevoir de leur courage; et pour être sûrs que leur secret ne sera pas trahi, ils représentent les avantages qu'on peut retirer de ces voyages , comme très-légers et presque nuls. Il est donc cer- tain que si les voyageurs et ces courriers ne sont pas animés d’un amour sincère de la vérité , ils contri- buent plutôt à répandre des préjugés, qu’à les dé- truire, d’ailleurs le peu de renseignemens qu’on ob- tient sur ce pays, ceux qu’on peut regarder comme authentiques, ne font mention que de pillage et de meurtre. L’imagination ajoute à ce tableau les couleurs les plus sombres ; rien de plus naturel alors , que de croire à l’exactitude de tous ces rap- ports. Je vous citerai seulement d’après ma propre expérience, quelques exemples qui prouvent la vérité de ce que je viens d'avancer, car jene finirois pas , si je voulois vous dire combien de fois les voyages imprimés m'ont fourni l’occasion de faire de semblables observations. L’Abbé B.... (7), au- (9) Ces couriers sont ordinairement des personnes qui ont recu une éducation soignée, et ils ont l’accés dans la meil- leure compagnie. Ils se donnent même beaucoup de peine pour obtenir ces places, et, si je ne me trompe, ils sont obligés de fournir une caution considérable. (7) Si un de mes amis me demande le nom de quelque per- sonne que je n'ai indiquée que par une lettre initiale, je n’hési- Calabre. 295 qnel j'ai parlé à Rome et ensuite à Naples, lorsqu'il traversoit cette ville pour aller en Sicile, tâcha à différentes reprises, de me dissuader de mon voyage en Calabre , tantôt en plaisantant, tantôt sérieu- sement; il me répétoit toujours qu'il avoit eu terai pas à le lui dire; mais je me garderai toujours de nommer publiquement un homme auquel ce que j'en raconte pourroit être défavorable, ou lorsque les faits que je cite mont été com- muniqués seulement par un des mes amis. Si Brydone avoit usé de cette discrétion, il auroit épargné au respectable Recupero plus d’un désagrément. ( Vote de l’Auteur ). Il est hon d’instruire le lecteur sur la vérité de l’anecdote ra- contée à l’occasion du chanoine Recupero. BRYDONE, Leitre I.re sur la Sicile, traduct. francaise, 1, 158, cite l’opinion de ce cha- noine sur les éruptions de l’AEthna ; il lui fait dire que la pre- mière éruption de lAEthna doit avoir eu lieu il y a 14 mille ans, et il fait remarquer cette opinion dans un prêtre catholique. La Borpe , note première de sa traduction francaise des Voyages de SwiINBURNE, Lom. 11, p. 71, prétend que le cardinal archevêque Branchiforte avoit défendu à Recupero de publier cette opinion, et que l’indiscrétion de Brydone l’a fait plonger à perpétuité dans un affreux cachot. Doromieu ( Mémoires sur les Isles Ponces, p. 470), dément cette anecdote : Recupero, dit-il, ne méritoit ni la haute opinion qu’on a eu de son savoir, ni les doutes élévés sur son Orthodoxie. Il savoit la nomenclature des éruptions de l’AEthna et avoit lu sur ce sujet quelques mé- moires à l'académie des AEthnéens de Catane. La cour de Naples, loin de le persécuter, lui donna des éloges et lui accorda une pension : il se plaignoït, il est vrai, de la réputation que Brydone lui avoit faite très-mal à propos; mais il n’a été ni recherché ni emprisonné. Après sa mort, la cour de Naples voulut avoir ses manuscrits pour les faire imprimer, mais il furent trouvés trop peu importans. M. Bartels a donc raison d'appeler désagré- mens ce que La Borde nomme persécutions ; l’indiscrétion de Brydone n’en est pas moins répréhensible, et la retenue de M. Bartels trés-louable. A. L. M. 296 Voyage. l’occasion de connoître le caractère fourbe et dis- simulé des Calabrois; et voila ce qu’il m’en ra- conta : » un jour j'allois de Messine à Reggio ; » à peine avois-je mis pied-à-terre, qu’une foule » d'hommes d’une physionomie sinistre m’entou- » rèrent; ils se narloient à l'oreille, et parurent se » concerter pour me surprendre et m’'assommer , » lorsque je serois dans l’intérieur de la ville. Je » me hâtai de regagner ma barque, que je fis » éloigner de terre; je provoquai alors ces coquins » en les menaçant de ma canne, tandis qu'ils me » repondoient par une grêle de pierres. Comment se persuader que sans aucun espoir de gain ( car c’étoit en plein jour et dans la ville} on ait voulu insulter à M. l'abbé B... sans qu'il y ait donné occasion ? sans doute en me racontant ce fait, il ne s’aperçut pas que les caractères de fiction étoient trop visibles. Je ne lui cachaï pas que selon moi une terreur panique lui avoit fait voir une attaque de brigands où il n’y avoit que du badinage, ou qu’il vouloit plaisanter sans doute avec moi. Mais plus je riois de sa poltron- nerie, et plus il confirma la vérité du fait, et il finit en disant : « si vous vous obstinez à ne pas suivre de bons conseils, je m’en lave les mains, et le danger que vous courez est pour vous » ? Voici encore un autre exemple. Un de mes amis m'a accompagné ce matin chez le dernier courrier revenu de la Calabre, il y a quelques jours, dans l’espérance qu’il pourroit me donner quelques avis utiles ; mais je ne fus pas longtemps Calabre. 297 sans m’apercevoir que je m'étois mal adressé. Celui-ci commença par me dire beaucoup de chose sur l'air, qu’il assura être plus mauvais en Calabre que partout ailleurs ; il m’annonça donc des fièvres putrides, et la mort même d’un ton si sérieux et d’un air si assuré, qu’il auroit finit par n’effrayer, si l’expérience ne m’avoit pas déjà suffisamment démontré la véritable valeur de ces avis généreux. A la vérité les personnes les plus dignes de foi m’assurent que les mala- dies, qui naissent du mauvais air, sont encore plus fréquentes en Calabre que dans les environs de Naples, qu’en un mot elles sont affreuses. Le corps du malade, de quelque âge qu’il soit, devient d’un jaune foncé, et s’enfle au point que toute espèce de mouvement est presqu’impossi- ble. Cet état est suivi de fièvres, de consomp- tion, ou de fièvres putrides, et même quelque- fois de mort subite ; mais quelques terribles que puissent être ces maladies, la crainte qu’elles ins- pirent ne pourra jamais me détourner de mon voyage. Des médecins habiles m'ont assuré qu’a- vec un Corps sain et robuste on n’a rien à craindre, pourvu qu'on se garde de passer la nuit dans des contrées infectées d’un air délétère et pestilentiel ; ce que le courrier me disoit ne fit donc aucune impression sur moi. Il me régala ensuite de ré- cits de pillage et d’assassinats commis dans la Calabre ; il me raconta que les brigands se tien- nent cachés dans les broussailles, que sans être 298 Voyage. aperçus ils tirent sur les voyageurs; qu'il ne: devoit qu’à son escorte considérable de n’avoir pas été attaqué; que déja beaucoup de ses ca- marades avoient été leurs victimes. Il se résumoit en ajoutant : fuiti, tutti sono malviventi, malan- drini ! ( tous , tous sont des filoux et des scélé- rats !) Ce qu’il y avoit de vrai dans son récit, c'est qu'il n’y a pas longtemps qu’un courrier a été dévalisé près de Nicastro, et qu’un autre a été tué aux environs de Castrovillari; mais je n’ai pas besoin de vous dire que ces faits isolés ne peuvent pas faire juger d’une nation entière , d’au- tant plus que ces exemples sont assez rares. Si on vouloit apprécier ainsi toutes les autres actions de l'Europe, n’auroit-on pas autant de raison de nous appeler des voleurs et des assassins? mais ici on juge d’après ces récits, et on y est pres- que forcé puisque ce sont les seuls détails qu’on obtienne de tous temps sur la Calabre. Il est évident que tout cela ne peut qu'’augmenter les préjugés et l'ignorance des Napolitains sur ce pays , et la vivacité de leur imagination contribue encore beaucoup à les accroître. Je vais vous montrer encore l’autre source de ces préjugés. C’est celle dont sont nés ceux des Allemands contre les Italiens ; préjugés que plusieurs voyageurs modernes semblent encore avoir pris à tâche d'entretenir et de pro- pager. Les négocians de l'Allemagne qui, dans le moyen âge , trafiquoient avantageusement Calabre, 209 avec les grandes villes commerçantes de lItalie, craignoient que la concurrence ne leur enlevât cet avantage; 1ls tâchoient de les dégoûter de PI- talie en leur peignant le caractère des habitans avec les couleurs les plus affreuses : ils réussirent, en effet, à répandre des préjugés qui, encore aujourd’hui, n’ont pu être entièrement déracinés. Vous voyez à présent comment cela peut s’ap- pliquer à la Calabre. Le Roi de Naples ne connoît pas lui-même ses possessions. Îl aime mieux prodiguer des sommes considérables pour d’autres voyages d’amusemens, pendant que ses ministres font ce que bon leur semble. On m'a dit plus d’une fois à Naples : « ce n’est » pas la faute du Roi, car si ses ministres lui ins- » piroient le desir de faire un voyage en Calabre, » il ne tarderoit pas une heure à partir. » D’après tout cela n’est-on pas fondé à soupçonner qu'on cache la vérité, et qu’on s’efforce de répandre des mensonges ? Je ne prétends pas cependant que les habi- tans de la Calabre n’ayent donné aucune occa- sion à la mauvaise réputation qu'ils ont chez leurs voisins. Il est incontestable que des bandes de vo- leurs infestoient autrefois ce pays ; c’est ce que prouvent la quantité de noms de célèbres chefs de brigands connus chez les Napolitains. Ces bandes ne paroissent plus être si considérables n1siredou- tables qu’autrelois ; on ne parle plus de troupes t 300 Voyage. entières de voleurs, mais seulement de coups har- dis faits par quelques téméraires réduits à lextré- mité. Cela n'empêche pas que le souvenir de ces bandes de brigands ne subsiste, et que la mauvaise réputation des habitans de la Calabre ne soit tou- jours la même; mais elle la perdroit enfin si elle n’étoit pas perpétuée par une autre cause. L’imputation la plus grave des Napolitains contre les habitans de la Calabre, est celle-ci : sono ladroni ! ( ce sont des coquins!) Quand j'en demandois la preuve on me racon- toit d’abord de petites ruses, et des escroqueries que les habitans de la Calabre s’étoient permises envers les habitans, pour les tromper dans leurs affaires de commerce , et on ne parloit qu’ensuite des coups de mains qu’on leur reprochoit. Partout j'ai entendu les mêmes récits ; ce qui me fait croire que le Napolitain qui , à ce qu’on sait, a la renommée de surpasser les autres nations de l'Italie dans l'art de l’escroquerie, est parti- culièremeut humilié d’être prévenu par un autre, et dans le même moment peut-être où il espéroit avoir la primauté. Je pourrois citer une foule d’exemples de ce genre dont j'ai été témoin, ou dont je devois moi-même être la dupe. Je me bornerai à vous en raconter un seul. Il y a huit jours à peu-près que j'ai été voir la grotte de Pausilippe. Le voi- turier qui devoit m'y conduire et me ramener me demanda d’abord une grosse somme ; je con- Calabre. 301 vins avec lui d’un prix qui étoit encore de quatre carlins (8) plus fort que le prix ordinaire. Le rusé Napolitain se réjouissoit déjà de son gain, et oublia de me demander combien de temps j’ÿ resterois ; il supposoit sans doute que je ne ferois qu'aller et revenir. Mais mon dessein, au con- traire, étoit de passer en même temps au moins une heure chez un de mes amis; c’est ce que je fis aussi. Jamais je n’ai vu un Napolitain dans une pareille fureur, ni proférer de plus horribles insultes accompagnées de gestes vio= lens, lorsque je lui payai la somme dont nous étions convenus. Il s’en alla d’abord sans accepter l'argent , revint une heure après encore aussi em- porté qu’il avoit été, et voyant enfin que tout cela ne faisoit aucune impression sur moi, et qu’il ne réussiroit pas à avoir davantage, il mit la main à son couteau (9) (c’est la menace ordinaire), me montra les dents et dit en s’en allant qu’il me traiteroit autrement si j’étois son semblable, etc. Il paroît que les habitans de la Calabre, ne cè- dent en rien à leurs voisins , pour ces petites es- croqueries; ils ont même souvent occasion de déve- lopper leur adresse lorsqu’ils apportent leurs mar- (8) Un peu moins d’un demi ducat ; le ducat vaut 10 carlins, le ducat 41.3 s. 4 d. A. L. M. » (9) C’est une arme que portent tous les Napolitains, malgré la défense du Gouvernement : tantôt ce couteau est pendu à la ceinture sur le côté , tantôt on le mct dans une poche latérale des culotes. 362 Voyages chandises à Naples, qui est le seul poirit de com- munication entre ces deux nations. Je crois qu’a- présent la haine des Napolitains contre les habi- tans de la Calabre, ne doit plus vous surprendre. Je reviens à mon premier sujet. Pour voir par mes propres yeux, et pour m’'assurer par ma propre expérience, à quel point mes conjectures sont fon- dées, je crois devoir faire le voyage de la Calabre, puisque l’occasion s’en présente. J’espère y puiser des instructions précieuses, et apprendre à con- noître davantage les hommes. L'idée de contribuer en quelque sorte à détruire des préjugés qui dés- honorent l'humanité , est trop douce pour y ré- sister; et j'espère que l’ardeur qui m’anime me fera retirer quelqu'utilité de mon voyage. Si jen ai le temps et l’occasion, je vous mar- querai ce que j'aurai vu et observé dans chaque endroit. Je vous laisse le soin de faire un ensemble de ces différens matériaux. Je tâcherai de rester fidèle à mon dessein, de ne raconter que ce que j'aurai vu, sans jamais me permettre des conjectures hasardées , et je vous prie de m’avertir et de me redresser toutes les fois que je m’écarterai de cette route. Il me sera impossible de parcourir tout le pays, mon temps ne me le permet pas; cela n’est même pas nécessaire pour atteindre mon but. Je me suis donc proposé de passer par, Saférno, Castrovillari, Cosenza, Nicastro, Lo-Pizzo , Monteleone, Semi- nara, Bagnara, de voir la Scylla, et de m’embar- Calabre. 303 quer à Reggio, pour aller en Sicile. Vous voyez que les détails historiques, géographiques et sta- tistiques que je pourrai vous donner n’embras- seront que les provinces de la Calabre , situées le long de la méditerranée. J’ai choisi ces contrées parce qu’elles ont été, ou négligées tout-à-fait par nos voyageurs, ou seulement parcourues à la hâte. Vous desirez peut-être encore quelques détails sur ma manière de voyager ? Je sens bien qu’il me faudra renoncer pour quelque temps à plusieurs de ces commodités, qui sont presque devenues des besoins pour nous; mais ces petits sacrifices con- tribuent même à augmenter mes jouissances. J’ai toujours la maxime que vous me connoissez, mon ami, qu'il eff flatteur de vaincre et d’avoir vaincu des obstacles qui font reculer les autres. Vous n’ignorez pas que la Calabre manque ab- solument de routes frayées, qu’il y a au contraire beaucoup de montagnes à franchir. On n’y peut donc voyager qu’à pied ou à cheval. Au lieu de chevaux , on se sert souvent .d’ânes. En Sicile on voyage de la même manière ; ce seront sans doute les circonstances qui détermineront chaque fois laquelle sera la mienne. Ceux qui sont fermement persuadés de la vérité de tous les assasinats qu’on raconte , se font escorter ici et dans la Sicile; par deux ou trois cavaliers armés de fusils chargés. En Calabre on donne à cette escorte le nom gé- néral de guardia, en Sicile son nom est campieri ; 304 Voyage: comme vous le savez déjà par les lettres excellentes de RiEDEsEL sur la Grande-Grèce et la Sicile, BryDonwe et d’autres voyageurs. Mais quoique BryDoNE puisse dire du peu de sureté que les voyageurs trouvent en Sicile, pour donner à son ouvrage l’air plus romanesque , tous les voyageurs modernes auxquels j’ai parlé, m'ont assuré qu’il n'y a pas de pays où le voyageur ait moins à crain- dre, et quil n’y a pas d'argent dépensé plus mal- à-propos, que celui qu’on donne aux campieri. Ne seroit-ce pas aussi le cas de la Calabre? Mon com- pagnon , un jeune anglais, nommé Joseph-Bou- chier -Smith (10), respectable par les qualités de son cœur et de son esprit, est parfaitement d’ac- cord avec moi, d’essayer du moins de nous en passer absolument. Nos pistolets sous le bras ou pendus à notre bête de somme, et notre petit porte- manteau en croupe; voilà tout l’équipage dont nous nous chargeons et qui doit nous suflire pour braver les voleurs et les assassins. Comme notre dessein principal, est de connoître le pays et surtout la nation, nous sommes bien ré- solus de ne pas prendre des lettres de recomman- (10) Dans le moment où on réimprime cette première lettre, je recois la triste nouvelle que ce respectable ami, avec lequel j'ai passé les momens les plus heureux de ma vie, est mort dans le printemps de sa vie. C’étoit un des hommes les plus estima- bles que j'aie jamais connu, la nature l'avoit doué des talens qu’elle ne donne qu’à ses favoris ; sa figure étoit noble et belle, son caractère droit et honnète. Paix soit à ses cendres ! Calabre, 305 - dation pour les gouverneurs du paÿs, oùdu moins de ne pas les remettre, si les circonstances ne nous y obligent pas; puisque nous sommes persuadés que leur connoissance en nous procurant à la vé- rité, quelques aisances, ne serviroit qu’à nous en- lever la confiance des habitans; ce qui nous feroit manquer le principal but de notre voyage. Tome P. Octobre, 1807. 29 oo 2 LITTÉRATURE ANGLAISE. Leire à M. Mix , sur l’Universal Prayer. Monsieur, De tout temps la littérature a été une passion pour moi; jy ai passé bien des nuits, et tout jeune que j’ai été je me suis fait une habitude de me rendre compte de chacune de mes lectures. Pour peu qu'un ouvrage me plût, un pamphlet, un journal, une critique éphémère, etc., c’étoit une analyse , un extrait ou un court excerpta qui entroit dans mes recueils. Aujourd’hui même encore, malgré l’extrème paresse que j’ai d'écrire, je n’ai point abandonné cette habitude. Dernière- ment les deux volumes de la Poétique anglaise de M. Hennet m'ont fourni cent trente articles ; et entre autres ouvrages, le Dictionnaire de M. GarzcLArD, ses Mélanges, et les Poëmes de M. Derire, un très-grand nombre d’articles ; les Fastes de M. pe SainT Ace, quelques-uns; et ses seules Métamorphoses, plus de 300 pag. in-8°, de manuscrit. Aussi quelquefois, pour me . délasser et m'instruire, je m'amuse à faire des rapprochemens , des comparaisons d’Ovide , et de ses autres traducteurs, gaulois, français, an- glais, italiens , etc., auxquels je joins des imita- tions par le poète latin, d’Homère, de Virgile, de Lucrèce , de Tibulle, etc.; et quelquefois les traductions en vers de ces mêmes passages, par - Universal Prayer: : 807 Porr, DRYDEN, Annibal Caro, Bonpr , etc. (1). Si je faisois parade de quelques succès litté- raire, ce seroit une sorte de vanterie ; mais je ne parle ici que de l’amour de l’étude, de mon avi- dité d'apprendre, et surtout de la manière que j'ai toujours regardée comme la plus profitable. Extraire un bon ouvrage pour soi, sans y ap- porter cette correction qu’on doit au. public, c’est se pénétrer de sa substance et être sûr d’en conserver longtemps la mémoire. C’est une mé- thode que j’aime à rappeler à la jeunesse ; et queje lui conseillerai toujours avec confiance ; et j'invite les maîtres à en inspirer le goût à leurs élèves. Aujourd’hui la Poétique anglaise de M. Hew- NET (2), qui nous offre une belle traduction en vers de la Prière universelle dé Pope, m’a fait ressouvenir que j'avois quelque part dans un de mes cartons, un court Examen des beautés de cette superbe Ode sacrée. J’avois fait pour moi cet Essai , qui n’étoit pas destiné à voir le jour ; je hasarderai aujour- d'hui, Monsieur, de vous adresser cette baga- telle, à laquelle je ne mets aucune importance, et dont vous pouvez faire usage si vous le jugez à propos. J’ai honneur d’être, Monsieur, etc. (tr) D’après cette abondance de matériaux, j’avois eu quelque envie (et je le pouvois) de donner une Mythologie poétique et pittoresque en vers, en cinq langues , ornée de figures. Cette idée neuve et riche en poésie polyglotte , de morceaux choisis de plus de cinquante poètes différens , auroit pu être agréable aux peintres, aux poètes, en un mot à tous ceux qui aiment et qui cultivent les arts de l'imagination. Mais. . . (2) Foy. ann: 1806, p. 290. 308 Littérature Anglaise. The Universal Prayer. LE. Father of all in ev’ry age, In ev’ry clime ador’d, By saint, by savage , and by sage, Jehova , Jove, or Lord! (*) T1E Thou great first cause, least understood } Who all my sense confin’d To Know but this, that thou art good, And that myself am blind. TITI. Yet, gavest me; in this dark estate, To see the good from ill ; And binding naturc fast in fate, Left free the human will. EM What conscience dictates to be done, Or warns me not to do; This, teach me more than hell to shun; That , more than heav’n pursue. EI PS EE SEE (*) Quamobrem te summe rerum stator, cujus tot nomina sunt quot gentium linguæ esse voluisti. . . . On a prétendu que ce passage d’un panégyrique de Constantin , par un auteur peu connu aujourd’hui , avoit pu fournir à Pope le fonds de cette strophe et cette heureuse énumération de Jehova , Jove , or Lord. Non, c’est une erreur. Une idée est belle , grande et sublime , dès-lors elle appartient au génie et lui vient sponta- nément. Le génie imite peu et copie encore moins. Racine et Corxetzse ont essuyé les mêmes reproches. Cornrizre fut accusé d’avoir pris à Marmerse l’idée des deux vers suivans. Les deux poètes parloient de la félicité mondaine : Universal Prayer: 309 La Prière universelle. I. O toi qui créas tout , à qui l’on rend hommage, O toi qu’en tout temps, en tout licu, Ont adoré le saint , le sauvage , le sage, Jehovah , Jupiter ou Dieu! y) 1: Principe universel , essence inconcevable ; Ebloui de ta majesté, Pour moi tout est secret, tout est impénétrable, Hors ma foiblesse et ta bonté. Id TE Vers le bien ou le mal , dans cette route obscure, Tu me laisses ma liberté ; Et la fatalité qui régit la nature , N'’enchaine point ma volonté. , I V. Ma conscience parle, et cette voix intime Dirige mon cœur combattu : Ah! fais-lui voir Fenfer moins affreux que le crime, Le ciel moins beau que la vertu. D ———————— ———— —— ———————————————— Et comme elle a l’éclat du verre, Elle en a la fragilité, MALHERBE avoit dit avant lui : La lumière est un verre , et sa faveur une onde. Et Racixe devoit à un mauvais ct ancien tragédien, disoits on, ces vers sublimes : Aux petits des oiseaux il donne la päture, Et sa honté s'étend sur toute la nature, 310 Littérature Anglaise. . V. . What blessings thy free bountyÿ gives, Let me not cast away; For God is paid when man receives, T'enjoy is to obey. V. I. Yet not to earth’s contracted span Thy goodness let me bound ; Or Think Thee lord alone of man, When thousand worlds are-round. M he Let not This weak, unknowing hand Presume thy bolts to throw, And deal damnation round the land, On each I judge thy foe. Ve: Laks If Tamright, thy grace impart: Still in the right to stay ; If I am wrong, o teach my heart To find that better way. TX. Save me alike from foolish pride Or impious discontent : At aught 1hy wisdom has deny’d, Or aught thy goodness lent. X. Teach me to feel another’s woe, To hide the fault I see ; That mercy Ï to others show, y That mercy show to me. DOUÉ Mean tho’ I am 3 not wholly so Since quick’ned by thy breath ; O lead me wheresoe’er I go , Thro’ this day’s life or death. « Universal Prayer. 3rr V. Que ma raison jamais ne dédaigne l’usage Des biens dont un Dieu m’enrichit ! En recevant tes dons , l’homme t’en fait hommage ; En jouissant , il t’obéit. VI Mais dois-je seul prétendre à ces biens ineffables ? Non, le Dieu de l'humanité Est encore le Dieu des mondes innombrables Répandus dans l’immensité. À AN A Ne permets pas, grand dieu , que mes mains impuissantes S’arment de tes foudres vengeurs, Et que j’ose vouer aux flammes dévorantes Ceux que je crois tes détracteurs. À 7084 LUE 5 1 Lorsque je fais le bien, daigne affermir encore Mes pas touiours mal assurés ; Lorsque je fais le mal, vers ce bien que j'ignore, Ramène mes pas égarés. I X. Heureux ou malheureux , que mon cœur ne connoisse Ni murmure ni vanité. Fais-moi , dans tes refus, adorer ta sagesse , Dans tes dons chérir ta bonté, x Que prompt à compâtir aux malheurs de mon frère, Je sois lent à le condamner; Et lorsque je pardonne un injuste adversaire , Daigne , grand Dieu , me pardonner. X I. L'homme est vil, il est vrai, mais l'homme est ton ouvrage, L’homme encor doit s’enorgueillir. Ah ! sois toujours son guide , et l’homme avec courage Saura vivre et saura mourir, \ 312 Littérature Anglaise: XA I. This day, be bread and peace my lot : All else beneath the sun, Thou know’st if best bestow’d or not, And let thy will be done. XV To Thee, whose Temple is all space, Whose altar , earth , sea, Skies, One chorus let all being raise ! Al nature’s incense rise ! Cette Prière universelle est le sentiment d’un homme religieux profondément touché des bien- faits de son Créateur, qui seul ne se croit pas suffisant à louer , à célébrer ses dons, ses gran- deurs , et la magnificence de ses ouvrages ; cette magnificence qui parle à tous les êtres. Au divin chantre de l'Éternel s’unissent ici l’homme instruit et non instruit de la révélation, le chrétien, et les différens sectaires du Christ; le sauvage , l'idolâtre , homme simple et ignorant comme l’homme civilisé et savant ; tous font chœur avec lui pour exalter les merveilles augustes de son règne éternel, la sagesse, la toute-puissance de ses œuvres, et par dessus tout, la bonté infinie du Souverain de l'Univers. Strophe 3: yet gavest me to see, est un excellent idiotisme emprunté du latin : Ænéïid. 1. 66. Et mulcere dedit fluctus et tollere vento.…. idiotisme , que les Latins ont reçu des Grecs et des Hébreux. La Bible est remplie de cette locution. Darux estillis bellum facere. Apoc 13,7. Datum Universal Prayer. 313 LT. Je demande aujourd’hui que ta bonté suprême M'accorde le pain et la paix ; Sur le reste je dois m'en remettre à toi-même ; Prononce et remplis tes décrets. XAME Tes autels sont les cieux, et la terre et les ondes ; Ton temple c’est l’immensité. Chœurs des êtres, chantez , brülez encens des mondes, Célébrez la Divinité, est illis æstu affligere 16, 8; et mille autres exem- ples traduits littéralement de ces deux langues anciennes. Mème Strophe, les meilleures éditions anglaises portent gave à la troisième personne, et celle de M.Hennet, celle même de Barrois,Paris,1782,2vol, in-12, estimée pour la correction, et rare aujour- d’hui; mais des littérateurs quine manquent point de goût , préfèrent ici , avec quelque raison, la se- conde personne gavest. Ce n’est point un récit, c’est une prière; comme dans Virgile, celle des Salliens à la divinité du lieu : Tu nubigenas invicte bimembres… TE Stygii tree muere lacus. Te janitor Orci, etc Æn. 8, 2098. Et pour preuve que ce seul mot gave, à la troisième personne , est échappé aux éditeurs de Pope, c’est que dans toutes les autres Strophes de l’Ode, c’est d’un bout à l’autre le ton d’un homme qui prie, et non qui raconte : Ty bounty, Tuou know’st, to Tue, etc, etc, 314 Littérature Anglaise. Les deux premières Strophes et la dernière ont quelque chose de saint, d’auguste et de sublime, qui élève l’âme vers le Souverain de l'Univers. Les Strophes, 3, 4,5, 6 et 7, sont d’un style humble et soumis, qui inspire la crainte et le res- pect, et qui rappelle à homme la distance infinie entre la créature et son Créateur. La dixième Strophe , et la douzième offrent une paraphrase riche et poétique des demandes de lOraison dominicale : dimitte nobis debita nostra, panem nosirum quotidianum da nobis. Fiat voluntas tua. La onzième, Lead me, etc, est une version noble et élevée du Ve nos inducas in tentationem. This day's life est une expression très-belle à remar- quer ; notre vie, l’espace d’un jour. La dernière Strophe enchérit en beautés sur toutes les autres. Elle semble réunir à la fois, le lyrique et la poésie de Pindare et d’Horace,le su- blime et l’élévation d’Isaïe, et en même temps ce qui doit étonner, sans nuire à. la clarté et à l’har- monie, la précision de Salluste et de F'acite, pré- cision qu’on ne rencontre guère que dans Ja prose. Toute cette Strophe si éclatante, est cependant Vexpression brillante de ces mots si simples dans la prose du Pater, qui es in cœlis, sanctificetur nomen tuum. Voyez comme les choses les plusnues, le génie poétique sait les revêtir d’une parure noble et solemnelle, de tous les ornemens et de toutes les richesses de l'imagination, embellie par Universal Prayer. 315 le plus brillant coloris. Partout la pompe lyrique de cette Ode répond à la majesté et à la grandeur du sujet. Quant à l'élégance , ce n’est point ici celle de Racine, ni même en général notre élégance fran- çaise en poésie. Pope emploie deux fois dans un poëme aussi court, deux épithètes de suite sans la conjonction, and: great, férst, weak, unknowing Strophe 2 et 7;etau commencement du dernier vers de la dernière Strophe,où la conjonction paroïit né- cessaire;omission qu’on ne voit guère chez nos bons poètes modernes , ni chez les meilleurs poètes an+ ciens, si ce n’est dans quelques circonstances d’une harmonie imitative et pittoresque, comme : Monstrum horrendum, informe, ingens, cui numen ademptum. AEx II, 658. M. Derrrre a conservé dans notre langue le mouvement du Poète latin : Un monstre imense, informe ; aveugle, horrible à voir. Et ailleurs : Terribilem cristis galeam , flammasque vomentem ; Sanguineam , ingentem. VIII. 620. Et chez le Tasse : De LE PEdiare: D'ira , di rabbia immoderata, immensa. 2. 11. Egli scuote la virga aurea , immortale. 16. 40. Strophe 6e: When thousandworlds are round;le mot are n’est peut-être pas assez poétique pour ex- primer une aussi grande et magnifique image d’un millier de mondes qui brillent et roulent sur nos 316 Littérature Anglaise. têtes. Strophe 2, on rencontre de suite plusieurs mots durs et rocailleux ; c’est un re proche qu’on a souvent occasion de faire à la poésie anglaise. To know but this, that thou art good And that myself am blind. Beaucoup de mots se trouvent répétés dans cette Ode, les uns près des autres dans une pièce si peu étendue, et avec une langue qu’on dit être si abon- dante: good Strophes 2 et 5, etgoodness Strophes, Get 9; teach Strophes 4, 8 et 10; round6et 7;days et day en deux vers qui se touchent , Strophes 11 et 12, et quelques autres répétitions semblables. On sait encore que la poésie anglaise est plus indulgente et beaucoup plus commode pour le versificateur que la française. La plupart de leurs rimes ne sont exactes, ni à l’œil, ni à l’oreille : à Vœil Strophe 4 done et shun ; do etpursue; 5 way et obey ; 7 throw et foe ; 8 impart et heart; 10 woe et show; 15 space et raise, riseet skies. Dans la poésie française, nous n’admettons point en rimes le plu- riel avec le singulier ; enfin aucun mot terminé par unes, avec un autre qui n’en a pas. Et à l'oreille, il y en a plusieurs que la poésie anglaise admet, et que la nôtre rejetteroit. Le vérificateur anglais enfin, se permet un nombre d’élisions, de contrac- tions que le français s’interdit et qu’il renvoie au style poissard de Vadé. Strophe 10. La copie de M. Hennet porte : to hide the faults I see. Dans l’édition de Barrois et les meilleures de Londres, on lit et avec raison, the Universal Prayer. 317 Jault I see. Ici le singulier est plus expressif, la faute, la moindre faute que j’apperçois. Strophe première,édition de M. Hennet, in every âge, lisez ev'ry , autrement le vers n’y seroit pas. Father | of all [in ev’ [ ry age. ' Ces variantes, la plupart arbitraires, ne doivent point déprimer l'impression de la poétique anglaise de M. Hennet, dirigée avec beaucoup de soins, et recommandable surtout par la plus exacte correc- tion, comme tout ce qui sort des presses de M. Va- lade, qui s’est fait un nom par de belles éditions grecques et autres. Je saisis avec plaisir cette oc- casion de rendre cette justice à un habile impri- meur qui se distingue par l’amour de son art, et par les talens qu’il exige. Voyons comment, entre les poètes modernes, celui qui passe pour être le plus énergique , le Dante a su traduire à sa manière, l’Oraison domi- nicale, cette prière prosaïque dans l'original, et qui ne respire que la plus grande simplicité. Ce rapprochement poétique de deux grands peintres pourra faire plaisir à quelques personnes. O Padre nostro che ne’ Cieli stai, 1. Non circonscrilto, ma per pit amore Che 2° primi effetti di là su tu hai. Laudato sia ‘1 tuo nome e ?1 tuo valore 2. Da ogni créatura, com ’ë degno Di render grazzie al tuo dolce vapore. Vegna per noi la pace del tuo regno, 3. Che noi ad essa non potem da noi S’ella non vien , con tutto nostro ’ngegno. - 318 Liliérature Anglaise. Come del suo voler gli Angeli tuoi 4: Fan sacrificio a te cantando ozanna , Cosi facciano gli huomini d'’e suoi, Dà oggi a noi la cotidiana manna, 5. Sanza la qual per questo aspro deserto A retro va chi più di gir s’affanna. E come noi lo mal ch’ avem sofferto 6. Perdoniamo a ciascuno ; e tu perdona Benigno, € non guardare al nostro merto. Nostra virtù che di Jeggier s’adona , 7. Non spermentar con l’antico avversaro , Ma libera da lui, che si la sprona, Purcar. XI. Le Dante et Pope ici , ne peuvent guères être comparés ensemble. Chez le poète italien, c’est un poëme en dialogues que l’auteur appelle même Comédie; chez le poète anglais, c’est une Ode dont le ton doit être élevé et sublime. Le purga- toire d’ailleurs et le Paradis du Dante, sont très- inférieurs à son Enfer, où la haine, la rage, la vengeance et la satire la plus mordante avoient inspiré à sa Muse une vigueur et une énergie qui ne se trouvent point dans ses autres poëmes. Le passage cependant du panemnostrum quotidianum, le pain de chaque jour, ce mot si utile et si trivial en même temps, et rébelle en quelque sorte au ton de l’'Ode, Pope l’a rendu par ce vers; This day be bread and peace my lot, Vers où le lyrique anglais, et d’après lui ses tra- ducteurs n’ont guères pu ètre que prosaiques. Le Dante, au contraire, dans son troisième ter. Universal Prayer. . 319 cet, a su relever cette idée commune d’une ma- nière ingénieuse et poétique à la fois : Dà oggi a noi la cotidiana manna, Sanza la qual per questo aspro deserto A retro va chi più di gir s’affanna. Quatrième tercet , le Dante rend encore assez bien, en poète, le Santificetur nomen tuum, sicut in cælo et in terra; et toujours par des ex- pressions tirées de l’Ecriture , comme a fait le grand Racine toutes les fois que l’occasion s’en est présentée (*). E. B. (*) Cette poétique anglaise de M. Hennet, 1806, 2 vol. in-8.° , qui a donné lieu à cet article, se trouve chez Théophile Barrois fils, libraire , quai Voltaire, n.° 5. ARR PTE OU D D D 2 DC LITTÉRATURE ORIENTALE. RECHERCHES Asiatiques ou Mémoires de la Société établie au Bengale, pour faire des recherches sur l’histoire et les an- tiquités , les arts, les sciences et la lit- térature de l’ Asie ; traduits de PAnglais par À. LAsEAUME : revus et augmentés de notes, pour la partie orientale , philologique et his- torique, par M. Lancrès, Membre de lIns- titut, Conservateur des manuscrits orientaux de la Bibliothèque Impériale, etc.; et pour la partie des sciences exactes et naturelles , par MM. Cuvitr, DEcamere , Lamarcx et Ozrvier, Membres de l’Institut , etc. (*). Notice de la partie littéraire, par M. Séprzior, Secré- taire de l’ Ecole spéciale des Langues orientales. Le s communications que le commerce établit entre les hommes, les conduisent insensiblement à échanger leurs idées ; et les connoissances de chaque peuple, devenant communes à tous, comme les produits de leur sol et de leur in- dustrie , le domaine de l'esprit humain s’accroît sans cesse de toutes les découvertes particu- lières. Cet accroissement devient plus rapide si, pour étendre les communications, on joint au com- (*) Deux volumes in-4.° de l’Imprimerie impériale, avec 44 planches gravées en taille-douce, chez Treuttel et HWurtz, li- braires, rue de Lille, n © 17. Prix, 72 fr. broché. Asie, 321 merce , deux autres moyeris non moins puissans, l’envoi des colomies et les conquêtes faites par des peuples civilisés. L’antiquité nous en offre d'illustres exemples ; mais, sans remonter aussi haut, nous en avons d’assez brillans dans les éta- blissemens modernes des Luropéens dans les deux : Indes, et l'Angleterre nous en présente un, sans contredit , des plus remarquables, sur le conti- nent de l’Asie. _… Une compagnie commerçante devenue en peu d années puissance territoriale ; ; et à ce titre, obligée d'entretenir un nombre considérable d’em- ployés de tout grade , a transporté dans le Ben- gale des hommes déjà munis de Pinstruction eu- ropéenne , et dont l’activité sait rendre utiles les momens de loisir que leur laissent leurs fonctions civiles ou militaires. | . Vingt-sept. d entre eux, dont les noms sont ho- norablement consignés dans les mémoires dont nous allons rendre compte, frappés des avantages littéraires qu’ils pouvoient retirer de leur séjour dans une contrée qui,a longtemps passé pour le berceau des sciences et des arts, se réunirent le aBjanvier 1784, pour former une société savante, sous la protection, de sir Warren Hastings, gou- verneur général, et des membres du. conseil du fort William, dépositaires de l'autorité exécutive dans les possessions de la compagnie. , M. William Jos, qui avoit conçu le plan a. l'établissement , fut nommé président , et la Société , Sur sa proposition , prit le nom d’Asia- Tome PF, Octobre 1807. 21 322 Litiérature. tique, pour faire Connoîtré qu’elle avoit le desséir d’étendrée ses récherches sut toutes les partiés de PAsie. La 4 b Déjà huit volumes in-{.° de ses Ménibiés ont paru, et à l'édition originale de Calcutta ‘ont succédé deux ou trois nouvellés éditions faites à Londres. - M. Adrien Driquésnoÿ, l'U un des maires de Paris, et dont le nom, lié à toutes les institutions phi- lantropiques , est cher aux amis de l’hümanité , et ne doit pas l’être moins aux amis des lettres, jaloux de faire jouir la France d’üne collection qui mérite l'attention des hommes éclairés , s’est proposé d’en donner une édition française , et il a eu la satisfaction de voir concourir à ses des- seins plusieurs de nos académiciens les plus dis- tingués , qui ont bien voulu se charger de revoir les traductions , et d’y ajouter tous les éclaitcis- Semens qu’exigeoient une littératuré nouvellé et les détails relatifs aux sciénces exactes et à Phis- toire naturelle. st , Les deux premiers volumes sont sortis: ‘des presses de l'imprimerie impériale et les aUdi “tons qu'ils renferment , én font: pour ainsidire un nouvel ouvrage, téllement" qu il est hors de ‘doute qu’elles seront eh grande partie t'ansportéés dans les éditions uléééfeuts qi PES en tte 19 2 faites en Angleterre. Ces deux volumes complément es travaux de la Société asiatique ; pendant les sept premières années de son institution. Hs'sont composés d’en- 1 L Î \ Asie, 323 iron soixante mémoires qui se partagent natu- rellement en deux classes, selon qu’ils se rappor- tent à l’histoire et à la littérature anciennes,ou aux sciences physiques et mathématiques. Nous ne parlerons aujourd’hui que de la partie purement littéraire , et nous commencerons par l’histoire ancienne de l’Asie. Histoire ancienne de l'Asié. M. William Jones s’est particulièrement oc- cupé de cette branche importante et trop peu connue de l’histoire générale ; il y a consacré six dissertations qui sont remplies de recherches et d'observations sur les langues et la littérature des nations asiatiques , leur philosophie , leurs reli- gions et leurs monumens. Ce n’est cependant pas un corps d’histoire qu’il nous donne , mais seulement des matériaux his- toriques sur lesquels il établit un nouveau sys- tème sur l’origine des peuples. La Perse lui paroît être le pays le plus anciennement habité, duquel a dà sortir la population du reste de l'Asie, et par suite celle de l'Europe et de l’Afrique. Il étend mème ses considérations jusque sur l'Amérique, où il croit appercevoir quelques vestiges d’une ancienne communication avec la presqu’ile de J'Inde. Ne pouvant le suivre dans tous les détails qu’exi- geroit le développement d’un système aussi éten- du , nous n’en ferons connoître que les bases, et mous examinerons si C’est avec raison que ce sa- 324 Liliérature. vant Anglais s’est flatté de donner la solution des trois questions suivantes : Quels sont les peuples qui habitent aujourd’hui le continent de l'Asie? A quelle époque s’y sont- ils établis , et d’où venoient-ils ? La première est une question de fait dont nous avons tous les élémens sous les yeux. Il suffit, pour la résoudre , de classer les Asiatiques selon les familles auxquelles ils appartiennent, et M. W. Jones en porte le nombre à cinq, qui sont les Arabes , les Persans , les Indiens , les Chinois et les Tartares , regardant les Hébreux et les Chal- déens ou Assyriens, comme des familles arabes. I] motive cette division sur la position géographi- que de ces peuples, et sur l’analogie ou la dif- férence absolue de leurs langues. Il n’avoit pas de même les élémens nécessaires pour résoudre la seconde question, et il n’é- toit pas probable qu'il pût jamais déterminer les époques auxquelles se sont formées les cinq nations entre lesquelles il partage toute l'Asie. La chronologie des premiers temps est, chez tous ces peuples, une chronologie fictive inven- tée pour remplir les espaces qui ont précédé les premières annales , et lorsque M. W. Jones a voulu en fixer les époques, comme il avoit an- noncé qu’il le feroit, il s’est vu forcé de se ré- tracter et de convenir que l’ancienne chronologie de ces familles primitives ne présentoit rien de satisfaisant ; aussi n’a-t-il donné sur cette partie de son système que des conjectures très-vagues, Asie. 325 qui ne jettent aucune lumière sur cet important sujet. La troisième question présentoit les mêmes dif- ficultés. Le défaut de monumens historiques la rend également insoluble. Cependant M. William Jones a pensé qu’il pourroit la résoudre par la comparaison des langues , et que ce moyen lui suf- firoit pour démontrer que les Arabes, les Tartares, les Indiens , et par ceux-ci les Chinois , sont ori- ginaires de la Perse. Nous ne parlons pas de ses observations sur les institutions civiles et reli- gieuses , parce qu’elles ne sont présentées que comme un témoignage accessoire. Quoiqu’on ne puisse attibuer un tel projet qu'à une erreur de son imagination, la réputation que ses rares connoissances lui ont méritée, même dans son pays, nous fait un devoir de l’examiner. Personne d’ailleurs n’étoit plus en état que ce savant Anglais, de comparer entre eux les prin- cipaux idiômes de l'Asie. À la connoissance du turc, dans lequel on retrouve le langage des Tartares occidentaux, qui, sous le nom de Scythes, furent autrefois les maitres de l'Asie, et sous celui de Huns , ravagè- rent l’Empire romain ; il joignoit celle de l’arabe, dont l’hébreu et le chaldéen ne sont que des dia- lectes. Le persan et le samskrit , ne lui étoient pas moins famillers ; le premier est en grande partie, composé du zend ; la langue de Zoroastre et du Pehlyy, qui a été parlé dans les provinces occi- -dentales de la Perse, et le second est mêlé, depuis 326 Littérature. bien dés siècles , aux premiers idiômes de l’In- dostan , et à ceux des îles de l’Asie , depuis les Maldives jusqu'aux Philippines. Nous laisserons un moment les Chinois, parce que M. W. Jones a traité séparément de l’origine de cette nation. La comparaison des langues tartares, de l’arabe et du samskrit , lui fit connoître que ces langues n’avoient rien de commun , ni dans leur vocabu laire, ni dans leur grammaire; et cette différence | absolue qui prouve que les Arabes, les Tartares et les Hindous sont trois races très - distinctes ; indiquent en même temps que ces peuples ne peu- vent être sortis de la même contrée, a moins que, dans cette contrée , il n’y eut eu aucune espece de langage avant leur émigration. On vient de voir que la langue persane est en partie composée de pehlvy et de zend ; M. W. Jones y ajoute un mélange de tartare, et1l fait voir qu'il y a dans le pehlvy un grand nombre de mots chaldéens ou arabes, et dans le zend une pro- portion plus considérable encore de mots sams- krits ; et de cette composition de la langue per- sane, il conclut que la Perse est la contrée d’où sont sortis les Arabes , les Indiens et les T'artares. Ainsi , c’est dans un langage bigarré , qu'il re- connoît celui du peuple qui a donné naissance à trois grandes nations, dont les langues n’ont entre elles aucune analogie. Pour appuyer cette conséquence déjà fau$se par elle-même, M, W. Jones fait remarquer que la sie 327 Perse est située entre l'Arabie, la Tartarie et l'Inde; que les Arabes ne se rappellent poiñt d’a- voir été en Perse ayant Mahomet ; et qu'avant l’in- vasion des Mèdes(1); les Tartares ne paroissent pas avoir quitté leurs plaines et leurs forêts ; enfin que les anciennes lois des Brahmanes , ne leur per- mettant pas de sortir du pays qu’ils habitent main- tenant ; ils n’ont pu venir dans la Perse qu'avant d’habiter au-delà de l’Indus. De ces quatre assertions, la première n’avoit aucune valeur; car la position centrale de la Perse est aussi bien une raison d’envahissement pour les nations qui l’enyironnent , qu’une raison de croire que ces nations en sont sorties ; la seconde et la troisième sont appuyées sur des idées fausses, et la quatrième est purement conjecturale. En effet , nous savons par l'Histoire que des rois arabes ont , même avant Sémiramis, régné dans la Chaldée , et que les Chaldéens ou Assyriens , que M.,W. Jones regarde comme une branche arabe, ont possédé une partie de la Perse; elle nous fait également connoître que les T'artares ont été maï- tres de cet Empire 1400 ans avant l'invasion des Mèdes, comme on le voit dans l’Abbréviateur de Trogue - Pompée (2); sielle ne dit rien des Hin- dous , il est probable, ou qu’ils avoient étendu leur domination sur les provinces qui touchent à (x) Vers l’an 886 avant Jésus-Christ. (2) Voyez Just. Histor, lib. 11, cap. 3. Les peuples de la Tar- tarie portoient alors le nom de Scythes. 328 Litiérature: leur pays, ou que les sectateurs de Brahmah qui ont porté le samskrit dans l'Inde, et que les Hin- dous eux - mêmes, disent être venus du Nord, avoient d’abord conquis et habité long-temps une partie de la Perse avant de passer au-delà de l’In- dus. Ainsi, on auroit plus de raisons pour attri- buer la composition de la langue persane à cette succession de dominations étrangères, que pour la regarder comme une preuve de l’origine persane des Arabes, des T'artares et des Indiens. Ce que M. W. Jones avance à légard des Chi- nois, n’est pas mieux fondé. Il n’a fait qu’ajouter à tous les systèmes qui ont été formés sur leur ori- gine, celui des Hindous , qui se croyant autoc- thones, sont persuadés que les autres nations ne sont que des familles d’une caste hérétique, qui, après avoir abandonné les préceptes des Brah- manes, se sont retirées dans les pays qu’elles habi- tent aujourd’hui. M. W. Jones, fixe entre le douzième et quin- zième siècle avant J. C. l’époque de l'établissement d’une de ces familles , dans les provinces nord- ‘ouest de la Chine; et il ne balance pas à faire des- cendre de quelques Hindous dégradés, l’immense population de ce vaste Empire, et comme il pres- sent les objections qu’on pourroit lui faire, à cause de la différence absolue des langues et dela religion des deux nations; il répond d’avance qu’il n’est pas impossible que les Chinois aient oublié totale- ment leur ancienne religion, et la langue qu'ils ASIE, 329 parloient dans l’Inde, et qu'ayant aussi perdu le souvenir de leur écriture alphabétique, ils Paient remplacée par les hiéroglyphes, dont ils se servent aujourd'hui ; c’est-à-dire , qu’un simple état de dé- gradation, auroit en quelques siècles, anéanti dans une colonie, jusqu'aux plus faibles traces du lan- gage et des institutions de ses ancêtres, et que cette colonie auroit consenti à échanger ce qu’il y a de plus simple et de plus parfait dans l’inven- ton des signes pour une écriture symbolique com- pliquée , au dernier degré, composée de plus de “cent mille caractères, et dont le moindre défaut est de ne constater, ni les variations, ni les fluc- tuations du langage, parce qu’au lieu de peindre les sons elle représente les idées. Telles sont les solutions que M. W. Jone#pré- tend donner des plus grandes difficultés de l’'His- toire, et qu'il a pris soin d’orner de tout ce que peut fournir la variété d’une érudition, qui lui fait parcourir avec une extrème facilité,tous les monu- mens conservés par les anciens peuples. # On est tenté de croire en lisant ses dissertations, que s'étant lui-même apperçu du peu de justesse de ces conséquences, il a voulu par un grand dé- veloppement de connoissances suppléer à la soli- dité des preuves, plutôt que de renoncer au des- sein qu'il avoit formé, et dont il avoit cru pouvoir annoncer l'exécution. Il vouloit faire voir que, par des considérations étrangères aux récits de la (Genèse, on pouvoit dé- montrer que tous les peuples sont sortis de l’Ar- 330 Littérature. ménie, où les traditions ont placé Noé, immédia- tement après le déluge. Il a donc étendu la Perse jusqu’à la chaîne du Caucase , qui sépare la Mer- Caspienne de la Mer - Noire, et jusqu'aux limites occidentales de l'Asie mineure , afin d'y com- prendre toute l'Arménie, et de pouvoir appliquer à cette contrée ce qu'il dirait de la Perse en gé- néral ; et après avoir ainsi déterminé le but de ses recherches, il ne s'est plus appliqué qu’à en faire cadrer les résultats avec son opinion préalablement établie , sacrifiant à cette opinion et les règles de l'Histoire et le caractère de l'historien , dont l’es- prit doit être libre de tout système et de toute ‘prévention. Quoi qu'il en soit, ses dissertations peuvent être -regdrdées comme un ample recueil de matériaux historiques (3), au milieu desquels on distingue (3) C’est ainsi, ce me semble, que les a considérées M Lan- glès. Sans s’arrêter à la partie systématique, ce savant orienta- liste s’est principalement appliqué à développer les idées po- silives d& M. W. Jones sur la différence des langues et sur les .monumens. Ses notes sur les deux dialectes arabes, hémyaryte et coraïchyte , et sur ceux de la Tartarie, de la Perse et de l’In- dostan ; sur les lettres musnades et sur le caractère d'écriture que les Oïghours communiquèrent aux Moghols, aux Kalmoucs et aux Mantchous, méritent d’être distinguées. Les détails qu’il a réunis sur Cyrus, nommé Kaïkhosrou par les Persans, et sur les inscriptions de Persépolis ne sont pas moins curieux. La partie géographique des additions de M. Langlès supplée aux éclaircissemens que la nature des dissertations de M. Jones ne lui permettoit pas d’y insérer. Les descriptions du Kiptchâq;, de la Perse et du Kermän, l’une de ses provinces, et beaucoup d’autres notes sont tirées des auteurs Persans , Arabes et Turcs: | | Asie. 334 à moins la trace des anciennes communications dés nations asiatiques , si on n’ÿ découvre pas celle qui peut conduire à leur origine. Les premières familles du genre humain, seront toujours enveloppées d’un voile impénétrable , et la découverte des races primitives est un de ces pro- blêmes historiques dont on ne doit plus espérer la solution. C’est en vain qu’on auroit recueilli tous les documens conservés par les anciens peuples , et qu’on seroit doué de toute la sagacité necessaire pour en faire usage; où les monumens cessent, 1l faut s'arrêter, et les monumens ne datent pas de bien loin. Je‘parle de ceux qui sont dus à l’industrie de l’homme, et que le temps peut effacer; car il en est d’autres qui nous font infailliblement con- noître que la terre a été habitée dans des temps bien antérieurs à ceux dont nous avons conservé le souvenir, et il suffit pour s’en assurer, de jetter un coup d'œil sur les immenses débris d’animaux marins que nous retrouvons au milieu des conti- Les ouvrages les plus estimés dans l'Orient, et cités dans les Mémoires , ont été aussi l’objet de notices quelquefois très: étendues, On lira avec intérét celles de l’histoire ‘de Moghols de Rachydeddyn, du Firhâng Djihänguyry, Dictionnaire universel de la langue persane, et particuliérement celle du Dabistän, traité précieux s’il est authentique , qui prouveroit l’existence d’une dynastie persane, celle des Mahabadiens, antérieure à la dy- nastie des Pichdadiens, jusqu’à présent regardée comme la plus ancienne, même par la majeure partie des écrivains orientaux , et qui feroit en même temps connoître que les anciennes insti- tutions des Persans avoient beaucoup de rapport avec les institu- tiôns actuelles des Hindous. 332 Littérature. nens, sur l’ivoire qu’on nous rapporte des contrées septentrionales , et sur les squelettes nouvellement recomposés d'animaux dont la race ne subsiste plus. Ainsi c’est aux sciences physiques et non pas à l'histoire, à nous apprendre à quelle distance on doit placer les origines ; mais toute lois ces sciences nous laissent dans l'incertitude sur les époques. Chronologie Hindoue. Nous avons déjà parlé des chronologies qui ont été imaginées pour suppléer à la connoissance des premiers temps; celle des Hindous qui n’est pas la moins remarquable, a été l’objet d’un mémoire fort étendu de M. W. Jones. Leurs supputations chronologiques, se rappor- tent à la vie de Brahmah, qui doit durer cent ans, composés chacun de 360 jours, dont un seul com- prend quatre millions trois cent - vingt mille de nos années. Celui où nous sommes actuellement , est le pre- mier de la cinquante-unième année de Brahmah ; on le divise en quatre âges, et le commencement du quatrième qui a eu lieu l’an 3102 avant J.-C. , est l’époque astronomique des Hindous. On sait que M. Bailly a proposé de regarder comme des jours, le nombre des années de ces quatre âges et que les ayant réduits par là à 12,000 ans seulement, il a négligé les deux premiers âges et fait voir que la durée des deux autres, se rap- Asie: 333 proche beaucoup des périodes conservées par les autres peuples de Pantiquité. Cette réduction paroît à M. W. Jones, assez bien fondée, mais ne voulant pas, comme M. Bailly, perdre les deux premiers âges, 1] présente pour les conserver, deux nouvelles hypothèses qui ne nous ont paru en aucune manière pouvoir balancer celle du savant astronome français. Ce que nous avons trouvé de plus remarquable dans ce mémoire , se rapporte à la précession des équinoxes. M. Bailly avoit été obligé d’admettre la période de 24,000 ans, indiquée dans les tables indiennes qu’il a discutées. M. W. Jones laisse entrevoir que* les Hindous ont eu connoissance d’une autre période de 25,920 ans, beaucoup plus ‘exacte que la première , et dont on déduit pour ‘l’époque où elle a été reconnue, une précession moyenne de cinquante secondes. La précession des équinoxes est un peu plus considérable au- jourd’hui et elle va en augmentant. M. W. Jones parle aussi de la période tartare -de 180 ans, qui multipliée par 144 donne le même nombre de 25,920 ans. Cette observation n’avoit pas échappé à M. Bailly ; on la retrouve dans ses |° Lettres sur l'origine des sciences, et dans son |" Traité de l'astronomie indienne: et tout le monde communes à différens peuples de l'Asie, M. Bailly -reconnut qu’elles n’avoient pu appartenir qu’à un 4 "système d'astronomie d’une grande perfection ; et 334 Littérature, qu’il en conclut l'existence d’un peuple civilé an- térieur à tous ceux que nous cConnoissons, La justesse de cette conclusion, qui a éprouvé quelques mauvaises critiques ; vient d’être portée jusqu’à l'évidence la plus parfaite, par le rétablis- sement de la carte copiée par Eratosthènes. M. Gossellin, l’un de nos plus savans géogra- phes, a fait voir que cet ancien astronome nous avoit transmis sans les connoître lui-même, des mesures en-longitude de plus de cent degrés ‘qui se rapprochent tellement de celles qui ont “été faites par les modernes, qu’on ne sait pas en- -core si l'erreur est du côté des anciens ou du nôtre , et ces observations ne nous permettent plus de douter qu'il n’y ait eu sur le continent de ‘PAsie, à une époque extrêmement reculée, d'im- mensesconnoissances et des communications très- étendues. Mythologie Hindoue. La mythologie hindoue nous fournit de nou- velles preuves de ces communications. On y re- trouve la plupart des divinités-de la Grèce et de l'Italie, et on les y voit réunies avec les dieux de l'Ægypte, de la Syrie, de la Perse et des contrées septentrionales. Cette réunion de presque toutes - les théogonies dans celles des Hindous , ne pou- voit manquer de fixer l’attention de la Société asiatique, et M. W: Jones s’est hâté de tracer ‘une esquisse des traits les plus frappans des dieux |! Asie. 883 de l'Inde, et de leurs rapports avec. ceux du Pan- théon grec et latin. | Ganésa y paroît le premier. C’est le dieu qu’on invoque en commençant les sacrifices , les céré- monies religieuses, tous les ouvrages sérieux, toutes les affaires importantes. Son image est pla- cée sur les portes des temples et des maisons par= ticulières ; il préside au commencement de toutes choses : c’est le Janus des Latins. Le nom et les attributs de ces deux divinités sont absolument les mêmes. -! Mais Ganésa n’est, comme Janus, qu’une divi- nité inférieure. Celle du premier ordre et peut- être la seule que reconnoissent les hommes éclairés parmi les Hindous, est une substance intelligente, éternelle, immatérielle et sans bornes, nommée Bréhm qui anime toutes les parties de l’univers comme l’amé de-l’homme anime son corps. Quoi- que toùte-puisssante ce n’est pas une divinité créatrice, les élémens matériels du monde existent de ‘toute éternité comme Brehm. Il est même inactif suivantiles Hindous qui disent qu’il a dé- Hégué l'exercice dé sa: toute-puissance à Brahmah Vichnou et Siva, le formateur, le conservateuret le destructeur; et! le pouvoir qu’ils attribuent à Brahmah consiste àdonner de nouvelles formes ‘aux élémens de la matière , toutes les fois que la puissance de Siva:cessant d’être balancée par celle de Vichnou,, l'ordre de l’univers est totalement détruit. | C'est de ces trois personnages allégoriques, 336 Littérature. emblème des trois principaux actes de la nature ; la formation , la conservation , la destruction où plutôt la reproduction sous de nouvelles formes , que descendent la plupart des autres divinités hindoues. Les unes président aux différentes actions de l’homme, et ne sont , comme chez les Grecs et les Latins, que ses passions ou ses facultés personni- fiées ; telle que l'Amour représenté par Cama, ou Dipuc armé de l’arc et des flèches de Cupidon; l'Avarice sous le nom de Couvera, le Plutus in- dien; la Force ou Elercule sous le nom de Karti- keya, et la Beauté sous celui de Rembha avec son cortége d’Apsaras. C’est Vénus et les Grâces des Grecs. tort Les arts et les sciences ont de même leurs divinités protectrices. L'agriculture est honorée sous le nom Lakchmi ou Sri, la même que Cérès ; Nared, fils de: Brahmah, a les attributs d’'Hermès ou: Mercure Trimégiste.. Dourgà :est comme Pallas la déesse de l’art dela guerre et de la valeur, et Sarésoutati, comme Minerve; celle des beaux-arts, de.Ja'science et de.la sagesse. | VE biÿ Sept autres divinités dirigent les mouvemens du soleil et des planetes. Elles ont-donné leurs noms aux jours de la semaine dans l'ordre que nous leur assignons, ordre qui étoit le mème chez les Ægyp- tiens, quoiqu'il ne soit établi ni d’après les dis- tances ou les grandeurs respectives des planètes, ai d’après la durée de leurs révolutions: Asie. 337 D'autres président aux constellations, et toutes ces divinités astronomiques sont sous l'inspection d’un dieu plus-puissant , Indra , le Jupiter Olym- pien, et soumis comme celui-ci aux ordres irré- . vocables de Destin. Les apparitions de Vichnou, sous différentes formes , sont aussi l’objet du culte des Hindous ; et relativement à la mythologie grecque les deux plus remarquables sont Räma et Krichna. Le premier, aussi nommé Dionysa, et qui a fait la conquête de l’Inde avec un armée de singes, paroît répondre à Bacchus surnommé Dionysios , qui étoit accompagné de satyres lorsqu'il fit la même expédition. Le second est un des emblêmes du Soleil comme l’Apollon grec, Osiris ægyp- tien , et le Mythra des Perses et des anciens ado- rateurs du#eu. . M. W. Jones, après avoir peint Krichna, le dieu favori des femmes indiennes, sous les traits d’un beau jeune homme élevé parmi les bergers, ajoute que « dans sa jeunesse il mit à mort un énorme serpent , et une multitude de géans et de monstres ; et que dans un âge plus avancé, il tua son cruel ennemi Kansa et alluma la guerre mé- morable qui est décrite dans le Mahäbhärat. » Il est impossible, continue-t-il, de ne pas découvrir dans ce portrait l’Apollon surnommé dans la Grèce Nomios le pastoral, et Opiféer en Italie, qui fit paitre les troupeaux d’Admète , et tua le serpent Python ». _ À ces détails nous ajouterons une partie de ceux Tome. F. Octobre, 1807. 22 338 Littérature. que M. Langlès a réunis dans une note sur la même divinité. « L’Apollo Nomius , dit ce savant académicien, naquit et vécut dans les montagnes de l’Arcadie. Krichna naquit au pied du mont Vindhyà dans l'ancienne ville de Madour, que Ptolémée ap- pelle la ville des Dieux, laquelle est située sur le Djemnah , entre Agrah et Dehlÿ, et renferme éncore aujourd’hui d'immenses ruines de temples indiens. Apollon tua le serpent Python, et cette victoire lui valüt le surnom de Pythien. Krichna perça de ses flèches le serpent Kalinga qui sortoit du fleuve Yamouna (le Djemnah ). Les Grecs célébroient la victoire d’Apollon entre le 7 et le 15 janvier ; les Malabars celle de Krichna au mois de décembre (4). » Apollon avoit Jupiter pour pèré: celui de Krichna se nomme Ananda Vaäsoudéva, c'est-à- dire, dieu de l’éther , infini , sans bornes. » Un tyran nommé Kansa, c’est-à-dire, avide, qui ne peut se rassassier d'années ( c’est ici le même que Saturne ), poursuit le jeune Krichna : il envoie pour le tuer Asoura , Rakchasa , Dé- vada (les géans , les tirans et les démons ), que le jeune dieu trompe et détruit par différens moyens. C’est à cause d’une semblable victoire qu’'Apollon est nommé Titanicida par Orphée, ét Krichna reçoit le nom de Kansaradi et Mad- (4) Ces deux époques relatives au cours du Soleil dont Krichna est l’emblême, se rapprochent également du solstice. d'hiver. Asie, 339 houradi , destructeur des tyrans Kansa et Mad- hou. » Fandis qu’Apollo Nomius et Jupiter Arcadius venoient au monde , les Corybantes battoient le tambour afin qu’on n’entendit pas les vagisse- mens de Venfant : au moment de la naïssance de Krichna , les Brahmanes battoient le tambour et jouoient des instrumens dans la ville de Ma- cour , afin que les cris du jeune dieu ne parvins- sent point aux oreilles des espions du tyran Kansa, etc. » On ne peut offrir des traits plus caractéristiques pour établir une comparaison entre les divinités de deux peuples aussi éloignés l’un de l’autre; comparaison qui seroit sans doute encore plus exacte si les poètes , qui nous ont conservé les mythologies anciennes , n’eussent pas cherché à embellir plutôt qu’à transmettre avec exactitude les traditions de ce genre, qu'ils ne considé- roient peut-être qu'a raison du merveilleux qu’elles répandoient dans leurs écrits. La mythologie et la littérature hindoues sont'si peu connues , que nous aurions desiré donner un précis de toutes les autres additions que M. Lan- glès a faites à ce Mémoire. La variété des objets qu’il a traités ne nous le permet pas ; et nous ne pouvons qu'indiquer les articles les plus remar- quables ; tels sont ceux de Ganésa ; Iñdra, Lak- chmi ou Sri, Kartikeya, Câmadèva et Räma, et les notes sur Saturne et Ÿama ou Minos, sur le lotus et l’amrita (Yambroisie de lOlympe indien), et 340 Littératures sur la naïssance de Brahmah, ainsi que celles sur les monts Mérou et Hymalaya, l’Imaüs des Grecs, et sur le Tsampou et le Brahmah-Poutre qui pa- roissent ne former qu’un seul et même fleuve qui, sous le nom du ‘Fsanpou prendroit sa‘source au- près de celle du Gange, etiaprès s'être éloigné de ce fleuve, de près de 300 lieues vers lorient , s’en râpprocheroit de nouveau sous le nom de Brabmah - Poutre et verseroit ses eaux dans le golphe du Bengale, par la mème embouchure. Dans ces additions comme dans celles qui ont été faites aux dissertations de: M. W: Jones sur les origines , M. Langlès paroït s'être principa- lement attaché à augmenter la masse des faitset à nous faire connoître ce qu'il y a de plus remar- quable et de plus exact sur l’objet de chaque Mémoire dans les autres écrits qui traitent des choses de l'Inde. Le nombre des ouvrages'que ce savant orientaliste a été obligé de consulter dans le cours de ses recherches est même si considéra- ble, que si l’on en réunissoit seulementiles titres avec les notices qui-les accompagnent, onpour- roiten faire la base d’une excellente bibliographie indienne ; recueil qui manque à notre littérature, et dont la nécessité se fait appercevoir dès qu’on veut approfondir quelque point de l’histoire de la géographie, du commerce même ét de la poli- tique des pays situés au centre de l'Asie , et par- ticulièrement de la partie soumise à la domination britannique. L’affinité de la mythologie des Hindous avee © Asie. 34r celles des Grecs et des Latins, conduit à deux questions que la Société asiatique résoudra sans doute: dans quelle source ces trois peuples ont- ils puisé ? ou bien s'ils sont eux-mêmes les au- teurs de ces allégories, auquel des trois faut-il en attribuer l'invention ? Ces deux questions nous paroissent d’autant plus dignes de l’attention des hommes de lettres, que la langue samskrite offre les plus grands rapports avec les langues grecque et latine, et que les Hindous assurent que le sams- krit leur a été apporté du Nord. Ruines antiques sur la côté de Coromandel. Le Mémoire de M. W. Chambers sur les ruines de Mavalipouram pourroit jeter quelque lumière sur ce sujet , en ce qu’il semble donner aux dieux de l'Inde une antiquité beaucoup plus reculée que celle que nous attribuons communément aux divinités de la Grèce et de l'Italie. Mavalipouram, qui n’est plus aujourd’hui qu’un -simple village connu des marins sous le nom des Sept-Pagodes , est situé auprès d’un rocher assez élevé et presque entièrement recouvert de sculp- ‘tures relatives à la mythologie hindoue, et d’édi- fices taillés dans le roe, dont l’architecture dif- -fère de celle qui est en usage aujourd’hui dans l'Inde. Les ruines que lon voit à quelque distance -au milieu des eaux, font même présumer que ces anciennes constructions ont dû s'étendre jusques sur les plages recouvertes à présent par la mer. Deux pagodes, aussi taillées dans le roc ; d’en- 342 Littéralure: viron trente pieds de long sur vingt de large, et à,peu-près autant de hauteur , se voient aussi à une demi lieue au sud de Mavalipouram, et près de là un éléphant de grandeur naturelle et un lion dans des proportions très-fortes , tous deux d’un seul bloc et assez bien exécutés. Le pere Paulin de Saint-Barthélemi qui avoit visité ces ruines, pensoit qu'il avoit fallu plu- sieurs siècles pour terminer les travaux dont elle ne donnent encore qu’une foible idée, et M. Cham- bers remarque « qu’on ne rencontre auprès de ces monumens , ni dans aucun endroit du voi- sinage , les déblais qui ont dû résulter de ces sculptures extraordinaires, ensorte, dit-il, qu’on n’a aucun moyen de vérifier le degré de travail, le temps que ces monumens ont exigé , ou le volume des rochers dans lesquels ilsont été taillés, ce qui les rend encore plus étonnans. » Ce savant voyageur croit que Mavalipouram, dont le nom signifie la ville du grand Bali, a dù être autrefois la résidence d’un prince très-puis- sant, conjecture très-probable, puisque d’aussi grands travaux ne peuvent avoir été faits que dans un temps où les arts étoient très-cultivés et la po- pulation très-nombreuse, La manière dont les Hindous en racontent l’ori- gine et la destruction, fait voir qu’il n’ont con- servé de ces deux époques qu’un souvenir très- confus. Elle est en partie fondée sur l'autorité du Mahäbhârat, dont M. Chambers a extrait et inséré dans son Mémoire l'épisode relatif à cette Asie. 343 ville. C’est un récit plein de fables et d’allégories mythologiques, mais vraisemblablement fondé sur des faits, comme tout le reste du même poëme, et le passage relatif à la situation de Mavalipou- ram peut être de quelque utilité. L’auteur du Mahäbhârat dit que cette ville étoit située à deux cents yodjens au sud du Gange, et à cinq yodjens à l’ouest de la Mer-Orientale, Si cette estimation est vraie, elle donneroit d’une part une valeur approchée de l’yodjen , d’une lieue et demi (5), et de l’autre elle feroit connoître que la mer a dû s’avancer de plus de sept lieues sur la côte de Coromandel, depuis la fondation de Ma- valipouram. Quoique cet envahissement de la mer soit peut-être trop considérable pour être unique- ment attribué à son mouvement général d'Orient en Occident, s’il n’étoit réellement dû qu’à cette progression constante des eaux sur les côtes orien- tales , 1l pourroit servir de base à quelques con- jectures sur l’époque où a dû fleurir l’une des plus grandes et des plus anciennes villes de l'Inde. Il indiqueroit en même temps que les excavations des îles deSalcette et d’'Eléphanta à la côte occi- J (5) L’yodjen dont il est souvent question dans les livres samskrits , n’a pas encore été déterminé d’une manière précise. Les astronomes hindous disent que la circonférence d’un grand cercle de la terre est de 5o59 yodjens. L’yodjen ne pourroit donc avoir plus de sept quarts de lieue, et l'évaluation qui ré- sulte de ce passage du Mahâbhärat n'ayant été prise qu'à l’ou- verture du compas sur la carte de Danville, s’éleveroit peut- être à un sixième de plus si on avoit la mesure exacte depuis Mavalipouram jusqu'à l'embouchure du Gange. 344 Littérature. . dentale, sont d’une construction beaucoup moins ancienne ; et comme celles d’Elora sont du mème genre, quoique bien plus vastes et situées au cen- tre de l’Indostan,on en conclueroit également que leur antiquité n’est pas aussi reçulée que celle de Mavalipouram. M. Chambers parle aussi de plusieurs voütes en ogive , mais comme il ne dit pas si ces voûtes sont formées de plusieurs pierres, ou simplement taillées dans l'épaisseur des rochers, on ne peut “encore savoir si, comme il paroît le penser , l’'ar- chitecture gothique a été réellement connue des Hindous. M. Anquetil du Perron a vu aussi à Kenneri, dans l'ile de Salcette, une caverne voûtée de plus de 80 pieds de long sur 5o d’élé- vation et 21 de large, dont la voûte est soutenue par 82 colonnes , et il seroit bon pour l’histoire de PArchitecture d’avoir de plus amples détails sur ces édifices. | Littérature hindoue. Si les ruines de Mavalipouram font présumer que les Hindous possédoient avant les Grecs, les fables communes à ces deux peuples ; lexamen de la littérature indienne fait aussi penser que la plupart des systèmes philosophiques de la Grèce ont été puisés dans l'Inde , et que ce n’est pas sans raison que ce préjugé subsiste depuis si long- : temps dans toute l’Europe. | Un pandit nommé Goverdhan-Kal , avoit#tra- duit du Samskrit le premier chapitre d’un ouvrage intitulé Vidyadersa, Aperçu de la science ; M. W. Asie: * 345 Jowrs a présenté cette traduction à la Société et Va accompagnée d’un commentaire qui en rend la lecture plus facile et en mème temps plus satis- faisante. Le Vidyadersa, comme son titre l’annonce, est un tableau raisonné de toute la littérature hin- doue, laquelle se divise en dix-huit parties prin- cipales dont nous allons donner une idée. 1. Quatre Védas. Les trois premiers traitent des devoirs de l’homme , et le quatrième des lois divines. 2.9 Quatre Oupavédus, ou additions aux vêdas; sur la médecine , la musique, la fabrication des armes et des machines de guerre , et sur soixante- quatre arts mécaniques. 5.° Six Angas ou corps de sciences, dont quatre ont pour objet les sons et les articulations , la grammaire , la prosodie et l'explication des pas- sages obscurs et difficiles des Vèdas, et les deux autres le culte et l’astronomie. 4.° Quatre Oupangas ou additions aux Angas. Le premier sur les institutions et cérémonies reli- gieuses , et les trois autres sur la métaphysique, la morale et la législation. _ L’explication de ces trois derniers Oupangas a donné lieu à différens systèmes et fait naître plu- sieurs écoles que M. W Jones compare à celles des Grecs, et où il retrouve la philosophie de Socrate et de Platon , celle d’Aristote, la secte Jonienne de Thalès, l’Italique de Pythagore et le Stoïcisme de l’école de Zénon. Il faut lire tous 346 Littérature. ces détails dans l’ouvrage même ; ils feront sans doute desirer que la Société asiatique nous pro- cure des traductions de ces différens traités, et nous mette à portée de juger avec plus de certi- tude de la philosophie indienne , et de savoir posi- tivement quelles sont les idées que les Grecs peu- vent y avoir puisées. Les additions faites à ce mémoire dans l'édition française, ont été tirées en grande partie d’une his- toire du Grand-Mogol Akbar , écrite par Aboûl Fazel son visir, qui avoit eu ordre de recueillir les opinions religieuses et philosophiques des dif- férens peuples de l'Asie. On voit qu'il s’étoit procuré beaucoup de renseignemens sur celles des Hindous et les nombreux extraits de son ouvrage que M. Langlès a placés à la suite du Mémoire, en y joignant le texte persan, pour- ront faire juger des connoissances et du style d’Aboül Fazel, dont la grande réputation dans l'Orient faisoit dire que les monarques de l'Asie étoient encore plus effrayés de sa plume que de l'épée d’Akbar. La division générale des sciences n'est pas ex- posée par Aboûl Fazel, dans le même ordre que celui du Vidyadersa ; il observe aussi que ceux qui suivent la doctrine du Meïmensa , le troisième Oupanga, ne regardent pas Brahmah, Vichnou et Siva comme des divinités, mais comme des personnages qui se sont rendus célèbres par leurs actions. Suivant cette secte, les corps sont composés ! Asie. 347 d’atômies, et il n’existe aucune substance ; le monde est éternel, et il n’y a ni peines ni récompenses à venir. Les sectateurs du Beydanta ont quelque rapport avec les Pyrrhoniens ; ils prétendent qu’excepté la Divinité, rien n’existe, l'Univers entier n'étant qu’une apparence sans réalité. Si Aboul Fazel étoit bien instruit sur ces deux doctrines, M. W Jones auroit eu tort de compa- rer le Meimansa et le Beydanta à la doctrine de Platon , qui leur est toute opposée, puisque le philosophe grec enseignoit que le monde a été créé ; que l’ame est immortelle, qu’elle sera punie ou récompensée ; qu’il y a quatre substances élé- mentaires , et que, loin d'admettre les atômes dans le sens du Meïmansa, il ne regardoit comme tels que les derniers élémens ou molécules indivi- sibles de ces substances. On trouvera dans les autres notes de M. Langlès des détails particuliers sur les Védas , les Poura- nas , les Sastras ou corps de lois ; sur le Mähab- härat et le Ramayan , poèmes tres-célebres dans l'Inde; sur l’art dramatique et sur les traités de rhétorique et de grammaire, On ne verra pas non plus sans intérêt ce qui concerne Amara-Sinha, auteur d’un vocabulaire samscrit, dont la bibliothèque impériale possède un exemplaire, précédé d’une grammaire avec une traduction latine, incomplette à la vérité, mais dont la lecture laisse entrevoir que la langue 348 Lütérature. samskrite doit être l’une des plus riches et des plus parfaites que l’on connoisse. C’étoit le sentiment du pere Paulin de Saint- Barthélemi qui en avoit fait une étude particu- lière. « Le Samskrit, dit-il dans le Sydharub- ham , possède presque tous les mots imagina- bles, et on ne peut en excepter que ceux qui sont inventés successivement pour les arts et les sciences , à mesure qu’elles s'étendent et se per- fectionnent. L’abondance des noms et des verbes est prodigieuse, et le nombre des termes dé théo- logie, philosophie, histoire naturelle, physi- que , grammaire , et des autres sciences , est immense. Mais ce qui est très-digne d’observa- tion , c’est que tous ces termes existent dans le Samskrit de temps immémorial. . .. . Il est même à présumer que ceux que nous avons reçus des Grecs, leur avoient été transmis par l’école des Brahmes. » (6) « La langue samskrite, quelle que soit son » antiquité, dit aussi M. W. Jones, est d’une » structure admirable, plus parfaite que le grec, » plus riche que le latin, et plus raflinée que » l’un et l’autre ; on lui reconnoît pourtant plus » d’affinité avec ces deux langues , dans les raci- » nes des verbes et dans les formes grammati- » cales, qu’on ne pourroit l’attendre du hasard. » Cette affinité est telle en eflet, qu’un philologue (6) Voyezle Sydharubham , seu Grammalica samscredanica, pag. 16. Asie. 349 » ne pourroit examiner ces trois langues , sans » croire qu’elles sont sorties d’une source com- > mune, qui peut-être n'existe plus.» Le même savant pense que la composition des Angas, dont quatrè sont purement grammaticaux, a dû précéder l’an 980 avant J. C., et c’est une nouvelle preuve de la haute antiquité de la lan- gue samskrite. Tout le monde sait que les peu- ples n’ont commencé à étudier la théorie du lan- gage qu'après avoir déjà cultivé avec succès les autres sciences, et même composé des chefs-d’œu- vre de littérature. Ce n’est que depuis Louis x1v. que la grammaire générale est étudiée en France; elle ne le fut à Rome que vers le siècle d'Auguste , et déjà les plus beaux temps de la Grèce étoient passés; lorsque parurent les premiersiessais de Platon sur la nature des mots et l’arrangement du discours. L'analyse de l'alphabet: tnk és que M. W; Jones a inséré dans une-dissertation sur lortho- graphe des mots orientaux , semble indiquer qu'une connoissance approfondie de la nature des lettres a dû présider à sa formation. Dans le corps des mots les voyelles perdent une partie des traits qui les composent lorsqu'elles sont ini- tiales, et cette partie est précisément pour huit d’entre elles la figure même de l’A, c’est-à-dire, le signe d’une articulation aspirée. Les voyelles initiales y sont donc de véritables caractères syl- labiques et en cela l’usage est, chez les Hindous, 250 Littérature: parfaitement conforme à la théorie des sons et des signes orthographiques. Nous n’avons plus que peu de choses à dire sur la partie littéraire des Mémoires asiatiques ; nous ne ferons qu’indiquer la dissertation sur les orda- lies, épreuves judiciaires à-peu-près semblables à celles que nous connoiïssons sous le nom de juge- mens de Dieu , et nous passerons aux inscriptions, La plus ancienne date de l’an 25 avant notre ère. C’est un acte de concession du territoire et de la ville de Mesika près Monguir , par un Prince in- dien à un savant Brahmane. Il n’y a d’excepté que les biens déjà consacrés aux dieux, ou donnés à d’autres Brahmanes. Cette inscription, gravée sur une planche de cuivre, a été trouvée dans des ruines, et traduite par M. Wälkins, le premier européen qui ait su le samskrit: Le même savant a aussi donné Ja traduction de plusieurs autres inscriptions ; l’une marque la gé- néalogie d’un Prince mort sans postérité, et qui paroît descendre de celui qui a faitla donation ci- dessus. Elle est sans date, et a été copiée sur le fût brisé d’une colonne sg erte auprès de , Bouddhal. 4 Une autre contient la donation d’un village à « la déesse Bhavani, dont un des attributs est de " présider aux accouchemens. Elle est aussi sans « date. | Les autres sont relatives à l'érection de plu- ; sieurs statues et monumens en l’honneur de diffé- % Asie. 36r rentes divinités, et quelques-unes traduites par un pandit hindou ont été copiées sur un obélisque élevé près de Dehly, et connu sous le nom de la Canne de Fyrouz-Chäh, Prince musulman, qui régnoit en cette ville vers le milieu du quator- zième siècle. M. Alexandre DAvisTonN, ex-gouverneur de Madras, a aussi communiqué à la Société la no- tice de deux médailles romaines, l’une d’Adrien , et l’autre de Faustine, trouvées à Nelloure dans le Carnate , à trente lieues nord-ouest de Madras. Ces médailles et la plupart de ces inscriptions ont été gravées et jointes aux mémoires explicatifs. Nous nous sommes particulièrement attachés à faire sentir l’importance des recherches de la So- ciété asiatique pour l’histoire des temps anciens. On doit espérer qu’elles ne seront pas infruc- tueuses. La littérature hindoue paroît aussi riche que celle des Grecs et Liatins , et sur l'ancien Con- tinent c’est la seule que nous ne connoissions pas. Peu familiarisés avec les allégories des Hindous, leurs poésies mythologiquesne peuvent avoir pour nous le charme des chants d'Homère, de Virgile et d'Ovide; et leurs divinités ne seront jamais : comme celles de la Grèce, les compagnes de nos premières études. Nous ne trouverons pas non plus parmi leurs historiens des Thucydides.et des Tacites, mais ce n’est pas une raison pour les dé- daigner , et pour ne pas chercher dans leurs an. nales des données’historiques qu’eux seuls peuvent nous transmettre, [faut d’ailleurs un aliment aux 352 Littérature: esprits avides de découvertes, et, sous ce rap* port, les écrivains Grecs et Latins sont, pour ainsi dire, épuisés ; non pas qu’on soit encore parvenu à rendre leurs pensées avec leur précision et leur élégance inimitables; mais depuis cinq siècles qu’on les étudie, qu’on les commente et qu'on les traduit, on en a tiré tous les faits im- portans pour l'Histoire, et toutes les idées mo- rales qui peuvent contribuer à éclairer les esprits comme à polir les mœurs. La littérature hindoue nous offre de nouveaux objets d'étude, et présente une brillante carrière à parcourir à ceux dont l'imagination aime à s’a- vancer à travers les siècles, jusqu'aux temps où le flambeau de l’histoire cesse totalement de nous éclairer. Les premiers pas sont faits : déjà nous avons commencé à recueillir une partie des tra- ditions conservées par les Brahmes, et bientôt nous pourrons puiser dans les écrits mêmes de ces célèbres gymnosophistes , dont les ouvrages ne seront plus pour nous des monumens inutiles et des recueils de caractères énigmatiques. Nous réservons pour un second article l’ana- lyse des Mémoires relatifs aux sciences exactes et paturelles, dont la traduction a été revue par MM. Deramere, Cuvier, Lamarck et Ozr- VIER, mais nous ne terminerons pas cette notice sans parler de la partie typographique de Pou- vrage. Elle est digne , à tous égards, du magni- fique établissement où il a étéexécuté. Les pas- sages arabes, turcs, persans, indiens, éthiopiens, | | SPAIERS Asie. 353. tartar-mantchous , répandus dans les notes de M. Langlès, sont imprimés en caractères origi- naux dela plus grande beauté, avec le goût et l'exactitude qui caractérisent toutes les produc- tions de limprimerie impériale. Félicitons les sayans assez heureux pour avoir à leur disposition d’aussi nombreux et d’aussi puissans moyens, et votons un tribut de reconnoissance au Gouver- nement protecteur des lettres, qui a formé le plus riche muséum typographique qui ait jamais existé, en augmente chaque jour les richesses , et en facilite l'accès aux personnes capables d’en faire un digne usage. à Tome ; Octobre 1807: I 23 BOTANIQUE. LETTRE à M. A. L. MILLIN. Cotignac, 15 octobre 1807. Monsieur, J’ai lu dans le Magasin Encyclopédique, de l’année 1805, tome 1v, une lettre dans laquelle on annonce .qu'il a été publié un recueil de quelques lettres de Linnæus, Dans l’idée qu'on pourroit donner un jour plus d’étendue à cette collection, vous en avez inséré une, adressée par ce grand Naturaliste a M. l'Abbé Duvernoy. Pour correspondre aux mêmes vues, je vous envoye la copie de deux lettres que cet auteur, à jamais célèbre, m’avoit écrites, il y aura bientôt cin- quante ans : si les bornes de votre journal ne vous permettent pas de les insérer en entier , vous pouvez en retrancher les catalogues des plantes. La dernière lettre est surtout intéressante par » lopinion que Linnœus émet franchement sur di- vers botanistes contemporains et sur leurs ou-" vrages , aucun de ces auteurs ne vivant plus, je pense qu’elle peut être publiée sans inconvénient. La devise de Linnæus qu’on voit empreinte sur son cachet, n’a pas été exactement rendue dans la note de la lettre que vous avez insérée : au lieus du mot extendere, il faut lire extollere. Dans le champ de ce cachet, on a représenté la. plante à laquelle Gronowius a donné le nom de Linnæus. l GérARD, Correspondant de Linnœus Mélanges: 355 PREMIÈRE LETTRE. Vüro acutissimo experimentissimo D. D. Ludovico GERARDO medicinæ doctori S. P. D. Carolus Linnæaus, Equ. Pridie tuas accepi, vir experimentissime, litteras datas pridie kal. decembris præcedentis anni ,una cum rarisshna centuria plantarum exsiccatarum ex thesauro pulcherrimorum seminum. Tam dives erat epistola encomiis et elogiis ut flectere po- tuisset ipsos deos; utinam potuissem obtinuisse fidem quam quæsivi anxius; at video quôtidie nævos pessimos quos continud emendare opus ha- beo;videotamen ex litteris tuum in me,prorsus non méritum, animum benevolum, mitem et amicum. Ego potius miratus sum quomodo eo potuisti penetrare ut noveras omnes plantas vestrates apud nos quæ deficiebant , et quomodo potuisti dete- gere omnes rariores quæ lucem rei herbariæ ad- ferrent ; verbo ex his suflicientissime persuasus sum, quod sis solidissimis principiis innixus, ut tuis aculis æque fiderem ac propris. Posses itaque tu, si velles (et cur nolles), qui tanto sudore eo per- venisti, rite examinare ea quæ etiamnum manca persistunt , quæque tus pedibus exposita sunt. Utinam tu mihi concederes tuos oculos ad exami- nandum plantas mihi dubias in vestra patria , vel étiam ipse hoc in te susciperes onus. Doleo quod etiamnum hæréamus boreales circa plantas nas- centes in florentissima scientiarum patria vestra. Ingenue fateor quod plura ab hac tua collectione 906 : Botanique. plantarum didici, quam sæpè a libris plurimis ; im his vidi quæ attentissime observasti , ex iis species varias obtinui pro augmento scientiæ, T'uam mihi expecto tanto magis gratiam, quo a te mihi plura polliceor feliciter addiscenda. Studio, pietate, fide, amicitiäm tuam semper colam. Expecto avidissime germinantia semina rarissimarum om- nium plantarum, sed sero sata metuo quod pauca floreant. Ad plantes missas primum observo sequentia. 7. Reseda Ægyptia verosimile prognata ab Eu- ropæa, sed calyx Æ gyptiacæ brevis et hepta- phyllus, cum in Europæa specie MAS ES et tan- tum hexaphyllus: | 23. Gentiana perfoliata. Egoïin Belgio sæpis= sime vidi plerumque 7 seu 8 ‘partibus floris ; nec est tua diversa. 27. Companulæ rotundifoliæ forte varietas, digna esset quæ semintbus-serérétur ut constarét utrum solo aut natura talis sit.” © CRE CS 6o. Antirrhini origanifolii planta ex seminibus deberet seri cum seminibus antrrrhini mINOVIS cut differentiæ clarius observarentur. : leu 64. Lepidium. procumbens. Si primus racemus seu scapus è radice prognoscatur $emper ‘uti, ex specimine misso patuit, utique optimam différen- tiam subministraçet hæc nota: rie 68. Cardamine multum dubium movet ; similis est Cardaminæ impdtienti:, sed! folia multo:mi2 nora ; flos cnm corolla longe minor ; sed vereor quod hæc fuerat male ab'antecessoribüs combit | | Mélanges: 357 nata cum nostrata apetala , cum tamen duæ sint distinctæ. In hanc quæso inquiras ulterius. 76. Geranium fætidum. Quod hœc planta gerat plures quam duos pedunculos dubium non est cum stamina quinque sint, sed ex loco sterili tantum paucos habet pedicellos. Videntur mihiscapiomnes è radice prodire in tua plantà, et quod careat ipsa planta omnibus caulibus præter scapos. Si hoc constans utique erit eadem cum Geranio ro- mano BARREL ic. 1245 quod habeo in horto, et hoc in petalis duobus nullas habet ad basim ma- culas uti Geranium cicutarium. 96. Crassula rubra. V ellem lubenter scire utrum huic quinque vel decem stamina. Si se sistat Buffonia quæso examines utrum ha- beat duo stamina, an quatuor? Sequentes plantæ inter Monspelienses etiam- num obscuræ sunt quas Macworrus in botanico Monspeliensi enumeravit quasque nullus te melius explicaret (1). Produit nuper Brownir Higoria Jamaicæ , pulchrum opus. Ecris Corallinæ ibidem Londini prodiit quo carere nequit ullus in locis maritimis degens. Accepi nuper GINNANI opera posthuma. Ve- netiis 1755 fol. nullius usus. Sudat tertius tomus Amænitatum academicarum mearum. (r) Le reste de ce catalogue ne contenant aucune observation, j'ai cru devoir le supprimer. A. L. M. 358 Botanique: Edidi nuper Floram suecicam , edit. 2. auctami Paro Itinerarium Palæstinum beati Hasser- QUITII. Edam V. D. proxime Systema naturæ maxime auctum omnibus speciebus animalium mihi no- torum, Dissertationes quas intra annum emisi fuere sequentes. Metarmorphosis plantarum. Somnus plantarum. Novis pulchris observatio- nibus dives. Fungus melitensis. Pauca de structura floris. Flora alpina ex omnibus alpibus descriptis. Centuria plantarum 1 et 2 quæ non habentur in speciebus. Calendarium floræ forte visu dignum, præsertim œæconomicis. Flora Palæstinæ lecta ab HAssELqQuiTI0. Fundamenta valetudinis diaeteticæ. Specifica Canadensium. Mat. Med. Acetaria cruda diætetica. Lubenter has ad te mitterem si scirem quo- modo. Remotus enim a mare habito. Si me responso beare velis inscribatur societati regiæ scientiarum Upsaliæ cujus litteras omnes ego aperio et certus obtineo. Dabam Upsaliæ die 29 juni 1756. Mélanges. 359 SECONDE LETTRE. Viro acutissimo vereque docto D. D. Ludovico Grrarpo Med. doct. S. P. D. Carolus Lin- næus Equ. Quam ad me dederas epistolam, die 15 augusti, hodie primum accepi , nec capio ubinam in iti- nere tamdiu delituerit. Adeo dives hæc erat amicitiæ documentis nt verba non reperiam quibus respondeam ; sed alta mente calidoque pectore hæc recondam. Ex omnibus video quam acri acumine mentis omnia perpendis et examinas, quæ ad naturæ solidam cognitionem faciunt. Ad questiones primum tuas me accingam. 1. Hortus Cliffortianus quoad ornamenta , am- bulacra , opera topiaria, statuas, et ornamenta adhuc fulget. Plantæ hodie nullæ nisi quæ in hybernaculis ubique vulgares , cum meo discessu quæ curiosiores erant plantæ discessere. Liber non amplius prostat. Burmannus, botanices professor , Amstelodamensis novam editionem li- bri dabit. À me petit additamenta, quæ mittam proximo vere ut prodeat è novo. 2. Royenus reliquit hortum leydensem, praxi medica mancipatus; tradidit eum successori , fratris filio, quem dicunt nihil omnino valere. Ego eum non novi. Certus sis quod senior Roye- nus nihil dabit a meo discessu. Elaboravimus quidem Ericas africanas , sed non prodiere. -360 Botanique: 5. GLEnrTsrus satis bonus botanicus ; scripsit de fungis , sed non sufficit. Nescio num aliquid ulterius dabit. | s 4. Russiæ peregrinatores HriNrzEeLman, GEn- BERUuS, MessercHmiIDIUS , conScripsere floras parvas singuli in sua provincia quas habeo ma- nuscriptas, sed vix merentur prodire. 5. Gmerinr Floræ Sibyricæ duo volumina . prodiere. Author præterito anno occubuit ; utrum : reliqui tres tomi prodeant dubito. Plerasque ego in speciebus enumeravi qui ab amicissimo viro habui specimina facile omnium ejus plan- tarum. 6. Sismrorpius nunquam edet SxERARDI et Divienn pinacem, qui in botanicis non valet; dicunt Angli ipsi cum non legere posse quæ scripsere priores, minus intelligere, quod si verum, dolendum. 7. GESNERI opera per Trewium non vidi, nec in Suéciam pervenere. 8. Discipali qui exteras terras adiere fuere : TERRASTRIN qui primus peteret Chinam ; _obut in itinere versus Malabariam, sed non “multum valuit. | | Torenius qui petit Malabariam, duplici itinere , redit. In epistolis ad me datis de- scripsit totum iter cum suis observationibus ; ‘hisce vix ad umbilicum perductis moritur. Hæc edam lingua suecica hac hyeme. Osseck qui Chinam adiit, numerosissimas- qué plantas legit , pluresque novas invenit , er “Mélanges: 361 ‘vir est acutissimus et theologus. Conscripsit iter linguâ suecicà multi cum eruditione, quod etiam hoc anno promisit se daturum. Kazmrus qui petiit Philadelphiam, Canadam, redux edidit itineris duos tomos in-8°, Suecice, quorum alter ante octiduum prodiit; dabit ad- buc tres reliquos tomos continuati itineris, neC non floram canadensem. Professor est hodie Aboensis. SozANDER qui duplici itinere petiit Alpes Lap- ponicas, 1754 Pithoenses, 1755 Tornoenses , inquisivit pulchre in naturam plantarum , reperit circiter 4 plantas à me ibi non lectas; in zoolo- gicis pulchras comparavit observationes, quas dabit juvenis egregius, botanicus non fævis. RoLanper nuper rediit Surinama, dives plan- tis rarissimis et insectis numerosissimis , in insectis a Reaumurio certe secundus. Sed etiamnum hæ- ret Holmiæ, quotidie expectatus Upsaliam. Korurerus Hetruriam, Apuliam, Siciliam petüt ; etiamnum hæret Romæ. 9. Hortus Upsaliensis alit inter 3000 et 4ooo ‘plantas sub cælo durissimo, et climate nover- cante. 10. HEBENSTRETIUS cum Sociis missus a Rege Poloniæ in Africam accessit, in Barbariam, dum Rex moriebatur, et iter revocabatur, adeo- que nihil fere præstitere. Dissertationes mittam, etiam Amænitatum tertium tomum qui nuper produit Hedysarum tragacanthoides dixi Hedysarum 362 Botanique. (spinosum) foliis pinnatis linearibus, caule fru- ticoso , spinis divaricatis, leguminibus monos- permis, lævibus, quod satis convenit cum tuo nomine. Carlinam lanatam non vidi. Etiam columna caule unifloro eam delineat. Forte dici posset carlina caule unifloro flore longiore, lanato. Vel inquiras ulterius si occurrat. Campanula foliis linearibus a me visa in Got- landia et Lapponia. Video esse insignem varie- tatem , non tamen crederem distinctam speciem. In Seseli speciebus pro differentia mihi ipsi non sufficio. Utinam aliquis in solo natali plantas legeret et examinaret attentissime. Rutam tenuifoliam habeo vivam et intueor. Video faciem diversam , sed notæ non sufficiunt. Ononis. Tua certe est viscosa, scilicet ex figura Barrelieri. Magnolii citata ( cum hæsita- tione ) planta videtur, ononis alopecuroides , modo apud vos crescat. Sthælinu videtur ex flosculis distincti generis ; nescio quid peregrini ferat, nec mihi safficiunt exemplaria , nec vellem speciem esse serratulæ ; facies ita abludit. Utinam posses intueriflosculos. Lupinus. Vix video differentiam ab hirsutissi- mo ; habeo plurima specimina sylvestria ut non reperiam limites inter has species. Lepidium procumbens. Ex tuis seminibus egre- gie excrescit. Si durat in proximum tempus ver- nale, ipse facile obtinebo omnia quæ deside- rantur. Mélanges. 363 Saxifraga cuneifolia, an non dici posset Saxi< raga foliis cuneiformibus obtusis, repandis, aule nudo, paniculato. Est Cotyledon altera lim Mathioli. J. B. 3. pag. 684 , at vero, Geuni olio subrotundo minore , pistillo rubro. Macx. ort. 85 tab, 88 , forte distincta planta est quam isit illustris Sauvaces , foliis majoribus, mol- ioribus, similibus , sed acute dentatis. Cardamine excrevit è tuis seminibus , floret, et semina perficitf, est omnino distinctissima planta a Cardamine impatiente. Forte dici pote- rit, cardaminé (parviflora) foliis pinnatis, ex- stipulatis, foliolis lanceolatis, obtusis, floribus corollatis. Synonyma sunt, Harturtium pratense parvo flore. C. B. prod. 44. Nastulutium pratense ‘Hosculis minimis Moris præl. 290. Annua nec ut impatiens biennis. Tberis (Saxatilis) foliis lanceolato linearibus carnosis, acutis integerrimis, ciliatis, ramulis suffruticosis. An bene ! Iberis ( Linifolia ) fois linearibus integerrimis, |caule paniculato , corymbis hemisphæricis. An recte | Solidago doronicum est dicenda , Senecio (do- ronicum ) corollisradiantibus caule simplicissimo , | subunifloro , folis indivisis : radicalibus ovatis, subtus villosis. An non? Geranium fœtidum et ex seminibus SAUvVAGESIr, et tuis duplici anno enatum radix primo anno absque ullis ramis aut caulibus extulit pedun- culos plus quam biflores semper è radice enatos ; 364 Botanique: altero anno ramos prodit diffusos, simillimos Geranio cicutario , sed petala duo superiora non habent ad basim maculam. His floribus absolutis perit et radix ante autumnum in horto ut in veris biennibus. Simillima cæterum planta Ge- ranio romano BarreLiert, sed illud ; 1.0 foliis et floribus fere duplo major ; 2.° perenne ; 3.° non altero vel reliquis annis promit caules, sed sem- per à caule, quod non fœtidum à nobis visum, nec in horto nostro fœtet. Hedysarum aquense. Puto esse solam varieta- tem Hedysari onobrychidis, ex solo mutatam, imprimis eo perductus ex singulari corollà ono- brychidis quæ semper gerit alas ipsà carinà et ! exillo longe breviores , quâ differt ab omnibus ejusdem generis , et convenit tantum cum He- w dysaro aquensi; tu judices in solo natal utique constitutus. | Turritis hirsuta. Vulgatissima apud nos planta et omnino absolute eadem cum tua , eadem ac Turritis minor, Macn. Bot. 27°. Turritis Los. in, 220, longe alia est. Galium pusillum videtur esse ista Galii species seu Aparine Bot. Monsp. app. Sed flores dicit magnol. herbaceos; an tales in tua? Generosissime offers te inquisiturum in plantas obscuras Languedociæ : en itaque insignem ca- talogum earum ex botanico Monspeliensi de- promptarum- quæ mihi obscuræ (1). Vel valet D. D. Aymen quum ab eo per lon- (1) J’ai supprimé ce catalogue. Mélanges. 365 gum temporis spatium nullas litteras habuerim , ap. ægrotat ? Chamædrys alpina antea mihi nota non erat, pulchra descriptio ut etiam centaureæ Ma lonicæ. | Hieracium tuberosum non vidi. Th actis Holmensibus quæ hodie prodiere des- cripsi Gauram , alius æœconomiam castoris, alius coccum aquaticum. A Vidisti procul dubio Browxwrt historiam natu- ralem Jamaicæ , opus vere pulchrum, et egre- gium. | Quid vestrates quod Burmannus edat icones PLUMERIT plantarim americanarum cCujus ope- ris 106: tabulas hodie accepi? Utinam vestrates ederent historiam manuscriptam quæ continet ejusdem authoris déécriptiones , loca , usus. Quid novi in re herbaria apud vestrates ? Ante duos dies primum slt noctes glai ciem aquis- induère. Quotidie occupor in conséribéndo editionem novam sysfemaëis naturæ Cum synonyÿmis anima- Hum. Si poteris quidquam communicare circa species animalium ubique nominis tui auctorita- tem allegabo. EULLEEL F0Vale, vive diu felix. Dabam räptim Upsaliæ 1756. d. 24 octobris. POESIE. Zzss Rosr-CRrOIX, poëme en douze chants ; par E. pe Parny. Un vol. in-12. Prix, 2 fr. et 2 fr, 5o c. par la poste. Impression de P. Didot l'aîné. À Paris, chez Debray, barrière des Sergens ; et A. A. Renouard, rue St.- André, jh à BULLE, infidèle à ses amours, eût -1l cessé de consacrer ses vers à Délie, pour célébrer les combats de Salamine , la défaite des Perses par les Grecs, ou les ruines de Thèbes ? Cependant ne blâmons point M. pe Parny de son audace, C’est en ne consultant point ses forces, qu’on ignore de quoi l’on peut être capable. Combien de grands peintres ont commencé d’une manière foible , fausse, ou mignarde, et qui ne s’en sont corrigés que par l'étude et par le travail. A la vé- rité, M. de Parny, dès son début, |s’assit.au rang des maîtres , au point que Voltaire, arrivant alors à Paris, en 1778, dit à Laharpe qui venoit de rendre compte de ses essais avec beaucoup d’é+ loges : Pourquoi distraire l'attention publique ? — Mais si M. de Parny s’étoit contenté, en chantant son Eleéonore, d’égaler et même d'e acer son ami Bertin ; aurions-nous eu cette Journée cham- pétre, poëme érotique si agréable et si excellent : Ë aurions-nous le + uses à si intéressante, et tant d’autres chefs-d’œuvre dont la liste seroit trop longue ? Mais il y a loin de ce genre volup- Les Rose-Croix. 367 tueux etsuave, au genre énergique et pittoresque de l'épopée ; et certainement l’italie n'eut point mise en problème la supériorité du Tasse sur PArioste, si parmi ses badineries 'Arioste n’avoit prouvé par ses fortes peintures, l'étendue de son talent et la facilité de son imagination aussi fé- conde que riante. De jolis vers auront toujours leur mérite, surtout quand ils renfermeront d’in- génieuses idées et de gracieuses images ; mais pour un poëme, il faut encore, ainsi qu'Horace l’ob- serve, que toutes les parties soient unies ensemble, series et junctura, et que le plan, judicieusement établi, marche toujours vers un but déterminé. Celui des Rose-Croix l’est-1il ? Quels sont ces Rose-Croix ? J'ai songé d’abord aux Francs-Ma- çons, ensuite à ces illuminés dont toute l'Europe s'occupa au dix-septième siècle; maïs je me suis trompé. La lecture m'a appris que les Rose-Croix _étoient. un ordre institué par Elfride : de sorte que si l’auteur eut voulu chanter d’autres exploits, ceux par exemple des Chevaliers de la jarretière, il eut intitulé son poëme : la Varretière ou Honni soit qui mal y pense} plaisanterie qui prouve en passant la singularité du titre, et combien il est mal choisi. Lesthéros du poëme sont bien plus. mal choïsis‘encore :ce sont de terribles noms,que ceux de Nolk, d'Odrock, de Fraull, de Rudier, de Rinard, de Roëland, ete. et ils sont un peu contraires à l'harmonie. Cependant on est tout surpris de voir combien, malgré-.ces entraves, M. de Parny a su adoucir son style ; quel dommage 363 … Poésie, qu'il nait pas eu à chanter des noms plus doux à l'oreille et plus favorables à la poésie ; mais nous aurions voulu aussi qu’il ne.se fut pas permis le nombre de négligences qu’il s’est pardonnées si volontiers. Est-ce à un talent aussi pur , aussi par- fait à donner de mauvais exemples? et cependant combien de véritables fautes de costume etde goût gâtent le plaisir qu'on a à lire ce poëme! En voici quelques unes : Les quatre Anglais sont battus et reculent. Quatre plus forts repoussent les Danois; Vingt Irlandais accourent à lalfois ; Sur eux:du pont, s’élancent vingt Gallois ; D'Oswal, d'Eric envain tonne la voix, Tous leurs soldats et sans ordre et sans choix, Autour de l'arbre en cercle s'accumulent. . Quelle règle poétiqne permet une telle accumu- lation de rimes, surtout dans un poëme, et lors- qu'elles n offrent aucune beauté du genre imita- tif? Mais voici une autre faute bien plus con- € sidérable : Il vole:» Amis, laissez à ma va/eur, 21,144 0 !; » De ce.combat , le péril et l'honneur bad © Ainsi son ordre éloigne ses soldats ; Quel oubli, et peut-il être pardanrable sous, [a plume d’un auteur déjà classique de son vivant, ainsi que M. Garat l’a remarqué? d’autant que ce n’est pas le seul. Je lis encore : De se$ amis le ris vengeur éclate.‘ Harold accourt essayant son coura ge; Un jeune Anglais lui ferme le passage. Les Rose-Croix, 369 Et plus loin : Vort oublier la lointaine patrie. Séparément ils marchent sous l’ombrage, Paulin d’abord trouve un riche village. Certainement une faute pareille, trois fois répétée, ne peut pas être une distraction du prote, car cet ouvrage est imprimé chez P. Didot aîné , aussi célèbre par la beauté des caractères qu’il emploie, que par la correction des textes. C'est aussi parce que M. Didot a une grande réputation , et parce qu'il la mérite, qu'il ne doit pas imiter l’insouciance de quelques-uns de ses émules qui ne seront jamais ses rivaux : aussi nous le prévenons qu'aux pages 183 et 185 on a imprimé Chant vr, au lieu de Chant xr qu'il falloit mettre. — Une autre négligence de style aussi formelle est la fréquente répétition du même terme ; quand cette répétition est peu né- cessaire : Frault et Ghesler dans la forêt profonde Restent cachés; leurs soldats sont près d’eux; Là, leur audace en ruses si féconde, Forme déjà vingt projets hazardeux, La belle Osla sans projet et sans guide, etc. L’élégance du discours ne tolère pas ces inad- vertances. En voici une autre pareille : Le coureur fuit en vain. Le bois lancé de ce guerrier timide, Brise aussitôt la jambe si rapide, Adieu la course et tous les prix futurs ,ç—— Quel coup heureux pour ses rivaux obscurs! Tome V. Octobre, 1807. 24 p 370 Poésie. Volant au bruit d’une lutte nouvelle, Et des héros compagne trop fidèle, Sur les deux camps l’infatigable mort S’arrête et plane ; et trompeuse d’abord, Baissant la taille et retenant sa rage, D'un voile obscur couvrant son corps hideux, Elle promet d’épargner le courage Et le desir des lauriers hasardeux. Ce terme d’obscur est revenu autre part d’une manière bien impropre. Citons toute la phrase : Mais de la nuit les voiles étendus Couvrent le ciel , les deux camps et la plaine ; Tremblant encore et respirant à peine, Paul et Yenny de l’arbre descendus, Joignant leurs mains, baissant leurs voix discrètes, Marchent obscurs sous leurs ombres muettes. Le Racine de l’Elégie a-t-il pu s’oublier au point d'écrire un néologisme? on marche dans l'obscurité, mais on ne marche point obscur quand on marche dans l’ombre. C’est tout au plus ce qu’on pourroit dire figurément d’un poète mé- diocre : Il marche obscur vers la gloire, et encore même faudroit il dire obscurément. Ce n’est pas ainsi que LE Franc a employé ce mot dans son joli Voyage du Languedoc et de la Provence; il diten parlant des arènes que les romains éta- blirent à Nismes : Monument qui transmet à la postérité Et leur magnificence et leur férocité. Par des dégrés obscurs sous des voûtes antiques Nous montons avec peine au sommet des portiques. Là nos yeux étonnés promènent leurs regards 4 Sur les restes pompeux du faste des Césars. Les Rose-Croix. 371 : Ailleurs, je trouve ce vers singulier et brisé d’une manière si contraire aux règles, et si peu harmonieuse , L'’affreux Oldar, Saisit son fer qu’il rompt , saisit son corps Et le renverse après de longs efforts. Dans les citations précédentes on a pu voir que le style de M. de Parny est quelquefois trop coupé, trop sacadé, et qu'il présente rarement de ces périodes abondantes qui délassent l’atten- tion du lecteur. Trop de précision est souvent nuisible à la clarté et à l’élégance; elle entraîne la dureté et l’amphibologie, comme dans ces vers: Votre pays reclame tous ses bras. Engirth aux siens veut laisser son courage, Le fer enfin que léve sa lenteur. Mais tout-à-coup l’appercoit l'héroïne. P *apperc Cette inversion est-elle agréable et naturelle ? — Mais c’est assez chicaner un de nos meilleurs poètes. Je n’ai pas craint de me montrer sévère envers lui tant par amitié que par reconnoissance. Je m'honore d’avoir su mériter le suffrage et l’es- time de M. de Parny; c’est aux vers charmans qu’il adressa jadis à son Eléonore que je dois mon goût pour la poésie érotique; c’est lui qui m’apprit à peindre mes sentimens, et je l’ai regardé comme un modèle inimitable dans son genre, et comme mon maître. Aussi je me suis hâté de me débar- rasser de tous les graves reproches que j’avois à 372 Poésie. lui faire comme critique. Madame de La Suze a prétendu que Dans l’équipage d’une belle, I] faut un amant maltraité. Pour me dédommager d’avoir completté l'equi- page, passons vite aux éloges. Il ne me sera pas difficile de chercher les passages qui en méritent beaucoup. Voici un tableau digne de l’Albane ou du Corrège ; peut-être est-il un peu imité de ceux où le Tasse peint le jardin d’Armide, et l'Arioste le séjour riant et trompeur de la fée Alcine. Quoiqu'il en soit , il peut sans peine sup- porter le parallèle avec eux. Je w’en rapporte qu’un fragment. Roger est dans une forêt en- chantée où de jeunes nymphes viennent le bercer d'illusions , de desirs et de jouissances. » La gaîté vive un instant peut séduire, » Se dit bientôt le volage Roger; » Mais elle annonce un cœur froid et léger. » L’amour sourit et connoît peu le rire ». Du pavilion il reprend le chemin. Là triomphait sa jeunesse amoureuse. Le premier jour fut rapide et serein . Mais l'inconstance est rarement heureuse. » Pourquoi dit-il , ce riche ameublement , La pourpre et l'or, les feux du diamant, Et de ces lits l’incommode parure ? L'art, toujours l’art et jamais la nature ! Ce vain éclat refroidit le desir: C'est sur des fleurs que s’assied le plaisir ». Il revient donc au bosquet solitaire Où l’attendoit l’amoureuse bergère. Les Rose-Croix. 373 Mais au plaisir succède la froideur. » Non disoit-il, le langage du cœur Ne suffit pas à celle qui veut plaire. L'amour s'endort dans la tranquillité; Pour l’éveiller l'esprit est nécessaire : Adieu les fleurs et l’ingénuité ». Raoul arrive; il est presque séduit par les mêmes prestiges ; 1l croit voir sous ses yerx Emma qu'il aime. Il jette un cri. Viens , répond elle; une Emma t’abandonne, Qu’une autre Emma te console ? Jamais !.. Pret à frapper il marche : Za prétresse Entre ses bras fe retient et le presse. Voilà pour lui les vrais dangers #ces traits, Cet abandon , ces plaintives allarmes , Ces yeux si beaux et noyés dans les larmes, Ce long sopha qu’éclaire un faible jour, Ces bras tendus, ce voile qui s’entrouvre L’albatre pur qui s’enfle et que recouvre Un lin flottant , ce désordre d'amour; De ce regard la langueur carressante, Et dans les pleurs la volupté naïssante , Tout de Raoul allume les desirs, Tout des desirs favorise l'ivresse, Tout à ses yeux embellit la prétresse, Êt tout promet le mystère aux plaisirs. Cependant il résiste , et frappe. L’idole tombe et le charme est détruit, De la forêt cesse alors le prodige. Il faudroit citer tout le onzieme chant, si l’on ne vouloit rien retrancher de tant de descriptions voluptueuses et de tant de détails qu’on admire. L'auteur y déploie tout son talent ; tout celui qu'il reçut (pour parler son langage, ) d’Apol- 374 | Poésie. lon et de l’amour. Le chant dixième offre aussi une situation bien attachante. Harol a fait Isaure prisonniere ; en la voyant il s’est enflammé poux elle. Il se prépare à combattre, Eugist. Pour l’attaquer Harol de jour en jour De ses soldats attendoit le retour. Ils airivoient : moins avide de gloire, "RS Il semble encore différer la victoire. LL Un seul penser l’occupe; c’est l'amour. I1 veut l'hymen , mais libre et sans allarmes ; La résistance allume son courroux ; Sensible et fier, il menace à genoux; D'Isaure il craint et fait couler les larmes. Un jour enfin près d'elle supliant, Er des refus bientôt impatient, Calmant soudain sa naissante colère , Les yeux longtemps attachés sur la terre Et se levant il dit : » c’est trop prier, C’est trop souffrir et trop s’humilier. Quel long combat ! quel trouble dans mon âme ! ; Trouble honteux ! pour qui ? Pour une femme. I] en est temps, Harol, reviens à toi ; Sur des lauriers tu recevrois la loi! Isaure ici je peux parler en maître ; Je l’aurois dû, je le devrois peut-être ; Mais vois l'excès de ma lâche bonté : Quand j'ai des droits à ta reconnoissance , Quand tes refus irrilent ma puissance, À tes attraits je rends la liberté. J’étois tranquille, heureux , avant qu’Isaure ;.… Que maudit soit le moment cher encore Où j'accueillis La fatale beauté ! Porte bien loin , fille trop séduisante, Ces yeux si doux, cette voix si touchante , Ce front si pur , tout ce charme vainqueur ; Va, la raison te chasse de mon cœur. Les Rose-Croix. 375 Gardes soumis, et toi dont la sagesse Avec amour instruisit ma jeunesse, Erdal, je rends cette femme aux chrétiens. Au camp d’Eugirth , ouvrez-lui le passage, Et respectez sa foiblesse et son âge : Allez; vos jours me répondent des siens ». Si l’auteur change de palette, ses couleurs ne sont pas moins brillantes , ni ses touches moins heureuses. Avec un peu plus d’art dans l’ensem- ble , moins de confusion dans les détails , plus de rapidité dans l’exposition , plus d’unité dans la marche, et peut-être aussi la suppression de quel- ques-uns de ces héros dont le nom est si barbare, 1] feroit de ce poème une des richesses de la langue françoise. Voici un discours remarquable qui se trouve au onzième chant; car je reviens malgré moi , et entrainé par un charme irrésistible , dans la Forét enchantée. Tous ceux qui y pénètrent éprouvent mille visions fantastiques. Charles plus loin, recoit un diadême, Environué de ses nombreux sujets, Suivis des grands, élevés sous le dais, » Peuple, dit-il , l’autorité suprême Est l’œil ouvert, le bras levé des lois : Pour commander, l’injustice est sans droits. On le sait trop ; dans ses desirs flottante, L'obéissance est souvent mécontente ; Souvent aussi le pouvoir est jaloux. Qui voit l’écueil évite le naufrage : Peuple, je dois achever votre ouvrage, Par vous je règne et régnerai pour vous ». Voilà sans doute de l’éloquence ; et heureuse la nation qui peut se dire : Ces discours et cette 376 Poésie: promesse ne sont pas aussi imaginaires qu'ils Je paroissent. Plus je laisse parler mon auteur et plus mon extrait s’embellit. Il faut cependant mettre des bornes à tout ; mais je ne puis m'empêcher de rapporter une de ces comparaisons à longue ; queue, dont M. de Parnÿ a quelquelois fait usage à limitation d'Homère. Celle-ci a le double avan- tage d’être bien décrite et de rappeler le char- mant Voyage de M. de Parny à l'ile de Bourbon. Les Danois et les Anglais se battent; ceux-ci sont inférieurs en nombre ; mais deux chevaliers Français viennent à leurs secours , et le combat change de face. Viens, brave Arthur , d'Elfride noble appui. Ainsi voguant vers la lointaine Afrique , Mes yeux voyoient sous le brûlant tropique, A l’horison naître un nuage obsour ; Bientôt il monte, et léger, sans orage, Seul , et volant dans les plaines d’azur , Des aquilons il concentre la rage, Et devant lui laisse un calme trompeur , Pousse et retient les vagues mugissantes , Brise les mats sous leurs vergues penchantes, Et tout-à-coup se dissipe en vapeur. Comme il n’est pas de combat sans blessure ; M. de Parny a encore imité Homère sur ce point ; et ilne manque presque jamais de nous .appren- dre le genre de mort du vaincu. Eric et Raoul sont en présence. Éric redouble, et sa lance est trompée , Et du Français l’atteint la prompte épée. Les Rose-Croix: 377 Terrible alors de sa gloire jaloux, Il précipite et rapproche ses coups : Un glaive adroit rapidement les pare, De rage en vain palissoit le barbare. En reculant son adversaire alors Baisse le bras et découvre son corps ; Ainsi la ruse à la valeur est jointe : Elle triomphe, et le crédule fer Pour le percer, part semblable à l'éclair : Crédule est bien hardi; et voila un éclair bien pesant. De la main gauche il détourne la pointe, Qui toutefois déchire cette main, Et sans effort l'acier qu'il tend soudain Va traverser le muscle solitaire, Plus délicat, plus vivant que le cœur ; Organe heureux qu'avertit et resserre , L’étonnement, la joie ou la douleur. Cette description est achevée, et je doute qu'on püt en composer une meilleure. Par son poëme d’Isnel et Aslega et par d’autres ou- vrages que je n'ose, nommer , M. de Parny a prouvé qu’il étoit capable d’élever son génie au-dessus du genre érotique. Ce n’est pas que la muse de Tibulle me paroisse méprisable : au contraire, je crois que M. de Parny sera plus connu dans la postérité par les chants que lui inspira son Eléonore, que par ses poëmes, qui ne sont pas aussi parfaits. Si Virgile doit marcher avant Tibulle, parce que l'épopée est plus difficile que Péiégie, Tibulle à son tour doit avoir le pas sur le poète épique qui obtien- droit le second rang, parce que la perfection: du 378 Poésie, style compte toujours pour quelque chose et mème pour beaucoup. Je suis donc surpris qu’un homme d'esprit, parlant naguère de Bertin, l'ait désigné fort légèrement , comme un faiseur de madrigaux : la belle raison pour lui refuser des éloges. Si Bertin ne vit point autant que Tibulle, Properce et Parny , c’est qu'il est très- incorrect , c’est qu'il s’est permis beaucoup de négligences , beaucoup d'expressions impropres, et non pour n'avoir composé que des madrigaux. I a fait mieux que cela dans plusieurs de ses pièces fugitives, et dans son Voyage en Bour- gogne. Au reste, je ne crois pas que la gloire d’un bon madrigal fut si fort à dédaigner , même dans ce siècle. Beaucoup de doctes critiques se con- tenteroient d'être aussi connus que St.-Aulaire , qu'un seul quatrain rendit célebre. Chaulieu fut grand par de petits couplets. . Anacréon , Catulle et Chapelle seront plus long-temps cités que beaucoup de ceux qui af- fectent de les mépriser , ne pouvant atteindre à leur réputation, Ils s’en vengent par en médire, Ainsi qu'un poète l’a observé. — Les Rose- Croix sont dédiés, à la dernière page, à M. Fran- çais de Nantes, Directeur - Général des Droits réunis et Conseiller-d’Etat ; heureux Mécène, de plusieurs hommes de lettres , qui lui doivent et leur loisir et leur aisance. Auc. DE L. VARIÉTÉS, NOUVELLES E T CORRESPONDANCES LITTÉRAIRES. NOUVELLES ETRANGERES. ANGLETERRE. Les Instituts des sourds-muets se multiplient en Angleterre. 11 y en a un à BermonDsey, près de Londres, qui est public et qui se soutient par des contributions volontaires. On en compte trois autres aux environs de Londres, dirigées par M. Brarnwoon, M. Terrarr et M. l'abbé BÉLor ; mais ce sont des établissemens particu- liers , où l’on ne reçoit que les enfans pour qui l’on paie une pension. Il y en a un quatrième de ce genre en Ir- lande , sous la direction d’un M. Sruxerers. M. Duxcan AMPBELL , écossois, avoit formé il y a quelques années, ‘mn pareil Institut à Londres, mais étant muet lui-même, il ne pouvoit enseigner à ses écoliers que la langue écrite, et leur apprendre à épeler les mots sur leurs doigts. On a essayé de dérouler , au moyen dela vapeur , un des six manuscrits d'Herculanum , dont la cour de Na- ples fit présent , il y a quelques années , au prince de Galles; mais cette tentative a fort mal réussi , l'écriture a été attaqué et en partie effacée dans l'opération. La Societé de Médecine de LoNprEs propose la mé- daiïlle d’or de Fothergill, pour chacune des questions suivantes : Pour l’année 1807. La meilleure relation des fièvres épidémiques qui ont régné en différens temps, dans l'Amérique Septentrionale , en Espagne et à Gibraltar depuis l’an 1793. 380 Nouvelles littéraires. \ Pour l’année 1808. Quelles est la meilleure méthode de prévenir et de traiter la dyssenterie épidémique ? Pour l’année 1809. Quels sont les moyens de distinguer les maladies épidémiques contagieuses de celles qui në le sont pas ? Pour l’année 1810. Quelles sont Les qualités de l'at- mosphère les plus favvrables dans les différentes cir- constances de La consomption pulmonaire ? L'Institut Royal a commencé à publier un journal sous le titre de 7e Director : ce journal paroît chaque semaine , et contient des analyses des mémoires lus à PInstitut. Un autre journal sera publié par M. Woonpwarp, auteur des Zxcentric excusions. Le docteur Girzies, annonce une Zistory of the HPorld, où Histoire du Monde, depuis le règne d’A- lexandre jusqu’à celui d Auguste , comprenant l’histoire des royaumes Grecs en Asie et en Afrique, depuis leur fmdation jusqu’à leur destruction , avec un aperçu pré- liminaïre des conquêtes orientales d'Alexandre. Après avoir fait publier plusieurs ouvrages théolo- giques et de dévotion , à Pusage du peuple, la Société des Unitaires vient de mettre sous presse üne grande et belle édition du Nouveau Testament; d’après la traduction anglaise de l’archevèque Newcomse. M. Mirrorp va publier sous peu une nouvelle édi- tion , considérablement augmentée , de son ZZistoire de la Grèce, depuis les temps les plus reculés jusqu’à la mort du roi Puilippe de Macédoine ;. 4 vol. grand i7-8.° M. fanson , gentilhomme anglois , qui a résidé qua- torze ans en Amérique, y a recueilli un grand nombre de matériaux intéressans sur l’état de la Société et les Nouvelles littéraires. 381 mœurs de cette république. IL va les mettre sous peu en un vol. ën-4.°, accompagné de beaucoup de planclies. M. Brzrour , traducteur des Fables Litéraires et du Poëme sur la musique du poëte espagnol YRrARTE, se propose de donner une nouvelle édition de la traduction de D. Quichotte, par Jarvis , avec de superbes estampes et des notes historiques, critiques et littéraires, prises des meilleurs commentateurs. IL y joindra des remar- ques sur la vie et les écrits de Cervantes , ainsi que sur l'état des mœurs et des lettres dans le siècle où il a vécu. M. Suiv a présenté à la Société des Antiquaires un anneau d'argent, d’environ un pouce de diamètre , avec douze pointes semblables aux dents d’une roue de montre, et sur l’une desquelles étoit une espèce de molette proë- minente sur les autres. M. Smirx présume que cet an- neau servoit de chapelet dans le temps où la religion catholique prévaloit en Angleterre ,et que chaque pointe désignoit une prière, pour suppléer à la mémoire , ow pour l’usage de ceux qui ne savoient pas lire. M. FraxMaAN, qui a déja publié des dessins tirés d’Homère, va enfin faire paroiître ceux du Dante , qu'il a composé en Îtalie pour M. Thomas Hope, dans le porte- feuille duquel ils étoient restés jusqu'ici. Ils formeront en tout cent neuf sujets. IL publiera également des compositions sur lOraison dominicale et les actes de charité, et des dessins tirés d’'Hésiode. IL s'occupe dans ce moment des sujets de sculpture sui- vants : 1.° Un monument pour le. comte de Howe. 2.° La statue de sir Josuah Reynolds. Ces deux pièces sont des- tinées pour l’église de Saint -Paukà Londres. 3° La statue de M. Pitt, pour la ville de Glassow. 4.0 Un mo- 382 Nowvelles littéraires. nument public pour sir Josial Webb , destiné pour les Indes Orientales. Il vient de terminer la statue du Rajah de Tanjaoure , pour le même prince, et pour le monument du révérend F. Sr artz , missionnaire , mort dans les états du rajah. Le Voyage de M. MANNiNG à Cuiras, imprimé d’abord à Calcutta d’une manière très - défectueuse, a été réim- primé plus correctement à Londres. Le second volume de ce voyage contient un aperçu de la littérature persane, et une analyse critique de la poésie. M. Kiop a publié un ouvrage intitulé : Opuscula Rhunkeniana. M. SrewarrT a fait paroître une traduction anglaise de Salluste. Une autre faite par Murpuy suivra incessam- ment , de même qu’une traduction complette des Oeuvres de Cicéron. M.Wizxinsa imprimé une nouvelle éditionaugmentée du Dictionnaire de la langue persane, de RicxaRDsON. L'imprimerie de Clarendon à Oxror» , a donné une nouvelle édition de plusieurs Æarangues de Démosthène; texle grec, accompagné de notes et observations cri- tiques. M. Corqnoux, auteur d’un excellent ouvrage sur la police de Londres, qui vient d’être traduit en français, se propose d’en composer un autre sur les maisons des pauvres et les moyens de remédier à la mendicité. M. CLarxsoN a publié'un ouvrage sur la secte des Quakers, sous le titre de The portraiture of Quakerism, 3 vol. in-8.°, Londres, chez Longman, prix 1 liv. st. 7 sh. Le docteur Scorr prépare une nouvelle édilion des Nouvelles littéraires: 383 Mille et une Nuits, traduite sur le manuscrit arabe de M. Montague , et enrichie de notes. On dit que beau- coup de contes qu’on n’avoit pas encore traduits ne le cédent en rien à ceux qui ont fait une si grande fortune dans toute l'Europe. Ou v’avoit eu jusqu'à présent de traduction anglaise de cet ouvrage que celle qui avoit été faite d’après la version française de Galland. On annonce une nouvelle édition augmentée de l’ou- vrage du lord Orror», intitulé : Royal and nobles au- thors. C’est M. Park, éditeur des Nugæ antiquæ de Hanineron, qui s’est chargé de cette nouvelle entre- prise. Il continuera l’ouvrage jusqu’à l’époque actuelle : et donnera de nouveaux portraits des royaux et nobles auteurs, ainsi que des échantillons de leurs productions Httéraires. LI Le docteur Nathaniel Hurme , l’un des plus savants médecins de l'Angleterre, et membre de la Société des Antiquaires , est mort dernièrement à Londres, âgé de 75 ans. Il publia en 1768 un petit ouvrage en langue latine, sur la nature, les causes et le traitement du scorbut, Ce livre est encore très-estimé aujourd’hui , quoiqu’on ait fait postérieurement beaucoup de recherches sur cette maladie. Il donna ensuite un traité de la fièvre puerpérale, dans lequel il fixa le premier le véritable point de vue sous lequel on doit la considérer. Il fut reçu en 1774, membre du Collège royal des Médecins, et publia peu après un discours qu’il avoit prononcé sur la médecine en général et sur le calcul en particulier. L'ouvrage qui contribua le plus à étendre et à affermir sa réputation, fut un Mémoire qui remporta le prix proposé par la Société de Médecine de Paris, sur les causes de l’endurcissement du tissu cellulaire, auquel 384 Nouvelles littéraires: plusieurs enfans nouveaux nés sont sujets, et sûr le traitement préservatif et curatif de cette maladie. Le docteur Hulme a fourni aussi différents Mémoires à la Société royale de Londres dont il étoit membre , et lon remarque dans les Transactions de la Société des Anti, quaires , à laquelle il fut aggregé en 1795, une descrip- tion très-curieuse qu’il y fit insérer,d’une brique trouvée dans les ruines de Babylone. HoLzrANpe. M. le professeur J. H. Van per Pam avoit acheté la bibliothèque du célèbre H. A. Schultens ; mais la fa- mille s’étoit réservé la collection des manuscrits qu’a- voient rassemblés le père et l’aïeul de ce savant orien- taliste. Ses enfans étant morts en bas âge, et n'ayant pu marcher sur ses traces, les curateurs de l’Université de Leyde ont fait l'acquisition de tous les manuscrits pour la bibliothèque de l'Université. On remarque parmi ces ouvrages; 1.° deux exemplaires du Dictionnaire arabe de Gorivs avec des notes; 2.° deux exemplaires du Dictionnaire grec de Scapura avec des notes; 3.° le Trésor de la langue latine de FABer chargé de notes ; 4° une copie de la traduction des Proverbes de Mr- pay, par £. PocokEe, corrigée d’après son propre ma- nuscrit , par H. A. Schultens, pendant son séjour à Oxford. M. Mernmawx a obtenu de la bibliothèque de Linkoc- ping en Suède, des lettres inédites de Grorius, écrites pendant le temps de son ambassade en France. Ce savant en promet la publication. Il donnera en mème temps les Voyages de Charles F, par VANDENEsse , d’après un manuscrit de la Bibliothèque impériale de Paris. La seconde Société Teylérienne , établie à HARLEM , a proposé, pour le premier avril 1808, la question sui- Nouvelles littéraires: 38à snivante ? » Quelle est la cause qui fait que l’école fla- mande , qui a produit tant de grands maîtres dans presque tous les genres, a fait de tout temps si peu de progrès dans le genre historique? et quels sont les moyens de former de bons élèves dans ce genre en Hollande » ? Le prix est une médaille d’or de 400 florins. Les Mé- moires , seront écrits en langue hollandaise, française, anglaise , latine ou allemande ( cette dernière en carac- tères latins), et adressés avant le premier avril 1808 à la fondation de Teyler à Harlem. - La même Société a décerné un prix à M. Vax Kamrenx de Leyde, pour son mémoire sur /es varia- tions de la poésie chez les différentes nations civilisées. ‘! La Société des Sciences de la Zéelande , établie à M1n- DELBOURG , s’est réunie le 22 octobre pour procéder à la distribution des prix proposés en 1806. Le premier prix, sur l’ensablement du port de Mid- delbourg , a été décerné à un mémoire de M. THomas SPELEVELD , Capitaine du génie. Le second prix, sur Apollonius de Tyane, a été adjugé au mémoire de MM. À. Lorz et./9. TypEeman DE FRANEKER. Un autre mémoire français de M. S. De CHavrerie, de Delft, a obtenu laccessit. La Société propose pour le premier janvier 1808, une histoire littéraire abrégée de la physique en Hollande ; et pour le premier janvier 1809, wne histoire littéraire abrégée de la logique et de la métaphysique en Hollande. Les mémoires écrits en hollandais, latin ou français, seront adressés à M. J. de Kanter, secrétaire de la So- ciété à Middelbours. M. MEERMAN VAN DALEM a été nommé directeur-gé- nérai de l’instruction publique et des sciences en Hol- lande , et président de la commission pour l’encourage- Tome F. Octobre, 1807. ; 25 386 Nouvelles littéraires. ment des sciences. Cette commission est composée de MM. Carxorn, conseiller d'état; Van LeyDEN Wesr- BARENDRECHT, membre du corps législatif; PErron- cHer, membre des ci-devant états de la province d'U- trecht ; Camrer , curateur de l’université de Franeker ; et Van WESELE SCHOLTEN , membre du tribunal dépar- temental d'Hollande. AUTRICHE, Il a paru peu de productions nouvelles sur les théâ- tres d'Allemagne. Le Ballet d'Hélène et Pâris, re- présenté sur le théâtre de VIENNE, n’a ‘éu ‘qu’un succès médiocre. M. Watssenrnurx à traduit un de nos mé- lodrames , la Forét d’Hermanstadt ; qui a été accueilli au défaut d’autres pièces. ! On représente depnis quelque temps sur le 1/éatre de VrEenNE une pantomime dans le: genre italien, qui obtient beaucoup de succès. Elle a pour titre : Ærlequin et Colombine sur les Alpes. Cetouvrage est de M. Scaorr- maurr, de Munich, qui y remplit lui-même un rôle. Les décorations: soñt d’un très-bon gotit, et présentent des sites L’Archiduc Jean ‘ qui se livre beaucoup. à l’étude + Yhistoire naturelle » S’Occupe en ce moment de la rédac- lion d’un grand ouvrage de botanique , dans lequel il donne la descri iption d’un grand nombre de plantes in- connues , qu’il a recueillies dans ses voyages en Tyrol, en Carinthie et dans le pays de Salzbourg. Quelques cahiers de cet ouvrage, qui est orné de beaucoup de planches, viennent déjà de paroître ; mais les libraires nobtiennent past permission ‘de les-débiter. S. A: I. destine l'édition entitre à ses amis et à quelques savans distingués. Le même prince vient d’ächeter le bean ea- g F Nouvelles littéraires. 387 binet dé minéralogie du professeur Jacquin ,'de Vienne, pour la somme de 24,000 florins. N On doit agrandir le Theresianum, qui est destiné à recévoir plusieurs jeunes gens de Galizie , à Pinstruction desquels le Gouvernement veut pourvoir. Un couvent de bénédictins à Tynietz, doit être consacré au même but. M. Chrétien de Mrcuet , déja connu avantageusement, a publié depuis quelque temps deux tableaux qui indi- quent les différentes hauteurs des Montagnes de la terre, de la lune, de Vénus et de Mercure. Des Physiciens cé- lèbres ont contribué à cet intéressant ouvrage : ce sont MM. de Humsocpr , de Saussure , Ramonp , de Bucx, Trarzes, Scurôrer et Bons. Ces hauteurs sont dispo- sées dans un ordre qui rend la comparaison très-facile. La première feuille est accompagnée d’un texte expli- catif de M. de Humsozpt. A la seconde se trouvené jointes des explications de M. Bopt. M. François Mornar se propose de publier plusieurs ouvrages trouvés parmi les papiers de feu François Hunyapr, parmi lesquels est, 1.° une histoire de l’é- glise réformée en Hongrie; 2.° la Paix de Vienne et de Linz, avec des éclaircissements historiques en langue hongroise ; 3.° Preuves que le christianisme a été intro- duit de l'Orient en Hongrie. M. Kis a donné le second volume de sa collection de Romans Hongrois , qu’il publie sous le titre de Flora. Il contient Rosalie, histoire sicilienne. . M. Georges Feres a publié une Anthropologie en lan- gue hongroise. Prussr-r. La Société Jablonowsky s'est tenue le 25 avril à à + 388 Nouvelles littéraires: Leipsick, pour examiner les mémoires envoyés au con cours pour les prix proposés en 1806. La question historique éloit :, d'examiner les anciens rapports qui existoient entre la Thuringe et la Franconie orientale. Le mémoire envoyé n’ayant pas rempli les vues de la Société, ce prix a été remis à l’année 1808. Le prix de mathématiques étoit : /a théorie du bélier hydraulique fondée sur des expériences. Ce prix, con- sistant en une médaille de 24 ducats, a été adjugé à un mémoire de M. 7. G. Busse , à Freyberg. | La Société n’avoit reçu aucun mémoire sur le prix de physique ; la question étoit, d'examiner si la théorie de Volta suffit pour expliquer tous les phénomènes du gal- vanisme. Un sayant Français, pharmacien en chef, attaché à la grande armée, M. Simon Morrzror, ancien profes- seur d'histoire naturelle et de chimie pharmaceutique à Paris, membre de plusieurs Sociétés savantes , a signalé son séjour parmi nous, par un cours gratuit de chimie et d'histoire naturelle, qu’il a fait en français avec une ardeur infatigable , dans la salle d’andience de M. l’as- sesseur Flaubeld. Nou-seulement il a déployé dans ce cours une cOnnoissance approfondie de son sujet, et un talent dans lequel on ‘réconnoissoit aisément le coopéra- teur et l'ami dés Guyrox et dés VAUQUELIN; mais il a su prêter encore des charmes à une sciénce qui, de sa na- ture, n’en est guère susceptible, des expériences nom- breuses et toujours soignées , des explications claires et toujours saisies , an style souvent brillant et toujours pur, tout se réunissoit pour fixer, l'attention de: ses nombreux auditeurs, parmi lesquels on comptoit M. le prêteur , les professeurs les plus distingués de la ville, plusieurs amateurs d'histoire naturelle, et une foule d’étudians. C’est avec Le plus vif.regret que tous ont vu Nouvelles littéraires: 389 finir ces leçons instructives, dont le souvenir restera long-temps gravé dans leur mémoire, et le départ de M. Morerror, auquel ils aiment à rendre l’hommage qui lui est dû, en lui payant publiquement ce juste tribut de leur reconnoissance. M. Huzrmax, conseiller d'état du roi de Hollande et directeur de l’Académie des arts , a été nommé membre honoraire de l'Académie des arts et sciences mécaniques de Berlin. Le graveur AsrAHAMsoN vient d'exécuter deux mé- dailles sur l'Entrevue des trois Souverains. Loos en a terminé une sur la paix; mais elle n’a point encorè paru. Le célèbre prédicateur et professeur en théologie, M. Scuzeyermacuer , de Halle, donne actuellement à BerxiN des leçons sur la philosophie grecque qui sont très-suivies. Il trace une histoire des différens sys- tèmes , qu’il accompagne de développemens critiques. Les sermons qu’il a prononcés dans cette ville ont jus- tilié la haute opinion qu’on avoit de ses talens et de son éloquence. Ducré pEe B1AbDez. Il à paru à TuginGue , chez M. Cotta, une nouvelle édition de la Louise de M. Voss. L’autenr a augmenté cette édition de plus de neuf cents vers , et a dé- veloppé plusieurs caractères qu’il w’avoit fait qu’esquis- ser dans les éditions précédentes. 11 annonce qu'il a mis la dernière main à cet ouvrage, qui intéressera toujours ceux qui connoissent la langue et les mœurs alle- mandes. BAVIiÈRE. Le second volume des Mélanges d’ancienne littérature 300 Nouvelles littéraires: allemande de M. Docex vient de paroître à Municrg Ce recueil offre plusieurs morceaux de poésie et de phi- losophie inédits et très-intéressans. Il offrira des maté- riaux nombreux et choisis aux écrivains qui voudront s'occuper de l’histoire et de la littérature allemande. Voici les conditions exigées par le gouvernement de Bavière , pour le concours qu'il a ouvert relativement à la composition d’une grammaire générale de la langue allemande. © Toute personne qui voudra concourir, ne doit pas seulement présenter une grammaire de la langue alle- mande , basée sur les principes de la philosophie et ren- fermant toute les parties du système de cette langue dans toute leur étendue , mais il doit y joindre un abrégé de ce même ouvrage à l’usage des écoles. L'auteur de l’ouvrage destiné au concours en aban- donnera complétement l'usage au gouvernement, afin qu’il l’établisse pour base de l'instruction publique dans tous les états de S. M; mais il lui sera permis de la faire publier dans tous les autres pays. Le terme du concours est prolongé jusqu’an premier janvier 1809 , afin de donner les moyens de concourir aux Savans qui sont entravés dans leurs travaux litté- raires par des affaires publiques ou des emplois. Dans le cas où les plus habiles grammairiens allemands seroient empèchés d'envoyer leurs productions au con- cours , et que par conséquent il ne se trouvât point d’ou- vrage qui méritât le prix promis, il sera accordé à l’au- teur du traité qui remplira le mieux les vues de la pre- mière condition , un dédommagement proportionné à l'étendue de son travail, et qui pourra être porté de 50 à 150 ducats. Avant la publication de l'ouvrage qui aura remporté Nouvelles littéraires. 39€ le prix: ou obtenu une récompense, l’Académie royale des Sciences , à qui les présens règlemens seront adres- sés, déposera au Ministère de l'intérieur les écrits en- voyés , avec le jugement qu’elle en aura porté. S. M. a ordonné une révision totale de la grammaire allemande. L'auteur qui présentera le meilleur plan, recevra un prix de 200 louis d’or. Le célèbre astronome de la cour, le conseiller SEvr- FER, vient de publier une description extrèmement détaillée de la comète qui attire maintenant tous les regards. Il fait observer qu’elle forme avec le diamant de la couronne du Nord et l'étoile Arcturus , un triangle presque équilatéral. M. Serre y joint une autre obser- vation que l’on n’avoit pas été à portée de faire depuis 1744, c’est qu'à un degré de la tête de la comète, la queue se partage en deux branches principales, puis en une quantité de petits rameaux. La longueur totale de la queue est de 3 degrés 12 minutes. DucnHé pr GoT.x A. On s'occupe actuellement des réparations qu’exige l'Observatoire de Seeberg, près de Gotha. Tous les ins- trumens qui s’y trouvoient, lorsque M. de Zacn en avoit la direction , y sont encore, à l’exception de quelques- uns qui appartenoient à cet habile astronome. On croit que lorsque ces réparations seront achevées , l’Observa- toire sera confié à un nouveau directeur. WEsTPHALIE. Les amis de la religion et de la concorde, appren- dront avec plaisir qu'il vient de paroïître à Brunswick une nouvelle traduction allemande du Nouveau Tes- tament , destinée à l’usage de toutes les communions chré- tiennes. Elle à été faite par deux bénédictins, Charlee 392 Nouvelles litiéraires: et Leandre Van Ess, et les critiques éclairés conviennent qu’elle est une des meilleures qui existent en langue alle- mande. On en a fait deux éditions à-la-fois, lune pour les catholiques et l’autre pour les protestans ; mais la première ne se distingue de la seconde que par quelques ‘additions prises de la vulgate : toutes deux ont été ap- prouvées par les Théologiens des communions respec- tives. Les deux savans Bénédictins s'occupent à traduire l'ancien Testament, d’après les mêmes principes. Le grand vase d'Onyx qui éloit dans le musée de Brunswick, a été transporté à Pétersbourg avec les prin- cipales pierres gravées et médailles du même musée. Ce vase est celui qui a été expliqué par Egeling. Voyez ce que M. Brun -NErRGAARD en a dit récemment dans sa Notice sur la galerie de Salzthalen (1). D’après les calculs de M. Gauss, à Brunswick, le temps de la révolution de la nouvelle planète Yesta, est de 1321 jours et 12 heures; son plus grand éloignement du soleil de 25,625 ; le plus petit de 21,514. L’incli- naison de son orbite est de 7° 8 34°, la longitude de son aphélie de 69° 57° 52”, l’époque de sa longitude moyenne est le 2q mars à minuit, à Brème, de 192° g 54’. Cette planète est donc plus rapprochée de celle de Mars que Cérès, Pallas et Junon. Le docteur OLsers a découvert le 29 mars à Brême, une étoile de la cinquième ou sixième grandeur, dans l'aile septentrionale de la Vierge. La même étoile a été observée par M. Bopr à Berlin , les 11, 12et le 13 avril, comme une étoile de la sixième grandeur ; elle se trouve également dans la région de Cérès, Pallas et Junon, entre Mars èt Jupiter; et les autres astronomes l’ayant (5) Voyezle Magasin Encyclopédique, ann. 1806, t. 111, p. 83. — Nouvelles littéraires. 393 reconnue pour planète, le docteur Gauss lui a donné le nom de Vesta. SUÈDE. Un naturaliste suédois, M. Guxe, a découvert le “plus petit desmammifères connus; c’est une espèce de souris, qu’il nomme sorex caniculatus , et qui pèse à- peu-près une demi-drachme. Le 20 décembre 1806 , l’Académie de Stockholm a cé- lébré lPanniversaire de sa fondation par une séance pu- blique. On s’y est occupé d’abord de la distribution des prix de l’année 1803. MM. Steenhammer et Jean Troner ont obtenu le second prix de poésie ; le premier pour sa traduction du Tombeau de Pallas, et le second pour celle d'Orphée et d’Euridice dOvine. On a remis ensuite, pour l’an 1807, les deux prix suivans;, Prix d’éloquence : lÆloge du chancelier À. Oxenstiern. Les sujets des prix de poésie seront laissés aux choix des concurrens, cependant l’Académie propose les sujets suivans : 1.° Les Épisodes d’Aristée et d’'Orphée, ( Georgi- ques de Virgile, liv. IV , v. 315 à 556). 2.° La Des- cription de la tempête, (Eneïde, liv. T, v. 16à 214). -3.° La Description du bouclier d'Énée, (Encïde, iv. VIII, v. 618 jusqu’à la fin). 4.° La Fable de Deu- calion et Pyrha, (Métamorphoses d'Ovide, liv. I, v. 124 à 415). Le prix est une médaille d’or de 26 ducats, et les Mémoires seront adressés à l’Académie avant le 28 oc- tobre 1807. La bibliothéque de feu M. »'Hrermsrierx, dont il a paru un catalogue en 2 vol. in-4.° de 1782 à 1785, a été offerte par ses heritiers au Roi ,qui a ordonné qu’elle seroit 394 Nouvelles littéraires. réunie à la Bibliothéque royale de Stockholm, et conservée dans des armoires particulières, avec inscription Biblio+ théque d’Hielmstiern. Elle consiste principalement en manuscrits et ouvrages rares sur l’histoire de la littéra- ture des Danois, des Normands et des Holsteinoïs. DANEMARCK. La terrible catastrophe que vient d’éprouver la ville de CopreNHAGUE, a été funeste à plusieurs établissemens consacrés aux lettres et aux sciences. Le Collège de Mé- decine a été entièrement la proye des flammes. MM. les Professeurs Kieruzr et Russrien ont perdu leurs pré- cieuses bibliothèques. M. Russricx , beau-père de M. Tnorzacivs, dont il a été souvent parlé dans ce Journal , fait une perte irréparable, celle de sa Biblio- thèque, qui contenoit une collection précieuse de plus de 11000 volumes, M. Boecr a sauvé les deux tiers de sa Bibliothèque et de ses instrumens. La Bibliothèque de L'Université et le Cabinet d'histoire naturelle n’ont heureusement souffert aucun dommage. Dans le nombre des ouvrages manuscrils, on regrette particulièrement une partie du Supplément du Glossaire Shio- Gothique de Inre. auquel un savant Irlandais, M. OLarsex, avoit travaillé près de vingt ans , et que la Société des Sciences faisoit imprimer à ses frais. Le célèbre M. Münrer n’a éprouvé aucune perte. Sa Bibliothèque et son intéressante collection de médailles ont été sauvées de l'incendie; maïs on peut se représenter le désordre qui doit y régner. Toutes les médailles ont été jetées pêle-mêle dans des sacs et enterrées dans des caves. Les amis des lettres ne peuvent espérer que du temps la réparation de pertes si considérables. 11 en est même qui ne sont point susceptibles d’être ré- parées ; mais dans le sentiment du malheur général ces Nouvelles littéraires: 395 pertes particulières perdent beaucoup de l'importance qu’on y attacheroït en d’autres temps. M. Urban J@RGENSEN a présenté à la Société d’Eco- nomie rurale de CoPENHAGUE un thermomètre de métal de son invention , avec une échelle de 80 degrés de cha- leur et de 4o degrés de froid. Ce thermomètre est en forme de montre, et Péchelle est indiquée sur le ca- dran, où une aiguille marque le degré de chaud ou de froid. M. OuzseN a lu à la Société Scandinave un Mémoire sur la question, s’il vaut mieux traduire les anciens poètes en prose qu’en vers ? M. Ramvus a lu ensuite une notice. sur quelques anciennes monnoies danoises. Sur la proposition du comte de Daxesxtozp , cette Société a proposé un prix de cent écus danois pour la meilleure description de l'ile de Samsoé. Ces cent écus seront donnés par le Comte, qui s'offre d’en ajouter encore cent autres, au cas que l’auteur de la description juge nécessaire de faire un voyage dans l'ile pour la perfection de son travail. Le Mémoire doit contenir en même temps l’Aistoire ancienne et moderne de l’ile jusqu'à l’an 1675, y compris celle des vieux chà- teaux de Braitingsberg , Visborg, Blafferholm et Hier- tholmshuus , qui tous étoient situés dans l’ile , et dont on y trouve encore des ruines assez considérables. La Société royale des Sciences de Copenhague a cou- ronné le Mémoire sur la théorie du parallélogramme des forces | envoyé an concours par M. Memo, profes- seur de mathématiques à l’université de Coïmbre. Un article inséré dans la gazette de commerce de Co- peuhague, avertit que la farine tant vantée des os ne se convertit en gelée qu’en assez petite quantité , et que la majeure partie qui reste esl un capué morluum ; qui ne 396 Nouvelles littéraires’ contient rien de nonrrissant, et dont on ne devroit pas se servir pour faire du pain. Russie. M. Carrez, très-connu par sa belle fabrique de mo- saïque , a invente pour les planchers, une nouvelle ma- nière de sluc, qui peut être comparé à celui qui étoit anciennement en usage en Italie. Jusqu'à présent on n’en a fait que de légers essais, mais ils ont donné l'espoir du plus grand succès. M Jules KrarrorTn , qui avoit entrepris un voyage aux frontières de la Chine , a été nommé, après son retour à Pércrssoure , membre honoraire de l Académie des Sciences , avec le titre de Conseiller de cour et une augmentation de traitement. Les mêmes faveurs ont été accordées à M. Wisniewsky , après son retour de la Tauride, où il avoit été envoyé pour faire des obser- vations astronomiques. Le Ministre de lintérieur a communiqué à lAca- démie Impériale de PérerssourG un rapport sur une pierre météorique , du poids d'environ 160 livres, tom- bée dans le cercle d'Ichnow, gouvernement de Smolensko. Voici l'extrait du rapport. Dans l'après-midi du 13 mars 1807, les habitans de la contrée susmentionnée entendirent un coup de tonnerre extrémement violent, Deux paysans du village de Timo- chim, étant allés dans les champs revinrent peu après, et rapportèrent que le temps étant devenu très-sombre, ils entendirent un coup de tonnerre effroyable, et virent dans le méme instant, tomber à quarante pas d’eux une pierre noire, d’une grosseur considérable. [ls restèrent étourdis pendant quelques minutes, et ayant repris leurs sens, ils coururent vers l'endroit où la pierre étoit tombée; mais ils ne pouvoient la découvrir, parce qu’elle étoit Nouvelles littéraires: 397 enfoncée à une assez grande profondeur dans la neige. Sur le rapport de ces paysans, plusieurs habitans du même viliage se rendirent au lieu désigné, et en reti- rèrent la pierre enfoncée dans la neige de plus de deux pieds de France. Cette pierre étoit äe forme oblongue, de couleur noirâtre comme. celle du fer roulé, très-polie sur toutes ses faces, et ressemblant d’un côté à un cercueil. Sur les faces plattes on observa des rayes très-fines , ressem- blant au fil darchal. La cassure éloit d’un gris cendrée On transporta cette pierre au gymnase de Smolensko; où un Professeur de physique n’hésita pas de la ranger parmi les pierres ferrugineuses’, sur la simple observa- tion quelle étoit extrêmement friable et qu’elle tei- gnoit les doigts. Les particules dont elle est composée contiennent beaucoup de chaux. et d'acide sulfurique! _ L'Académie s’est chargée d'examiner cette pierre avec la plus grande attention, et de chercher à expliquer toutes les particularités de ce phénomène. SUISSE. Le docteur Zay ayant adressé à l'Empereur d’Au- triche sa Chronique de la vallée de Goldau, S. M. I. en a fait témoigner sa satisfaction à l’auteur , et a envoyé au canton de Schwitz une somme de 2000 florins pour être distribuce aux habitans qui ont été ruinés par les suites du terrible éboulement qui a comblé cette vallée, M. Ocus, ex-directeur de la République Helvétique, vient de publier à BALE une tragétie française en cinq: actes et en vers , intitulé l’?nca d’Otaiti. Beaucoup de Suisses ont trouvé, dans cet ouvrage, des vers qui ne seroient pas indignes des meilleurs tras'ques français. Ils rangent cette pièce parmi les tragédies politiques. L'action se passe au seizième siècle, et l’auteur, en 398 Nouvelles littéraires, dépit de l’histoire , fait paroitre à cette époque nn amiral Vénitien dans la mer du sud ; il va même plus loin en supposant des communications entre les européens et lés îles de l'Océan pacifique , dès le temps de l'Empire ro- main ; on ajoute qu'il a donné ‘ses principaux pérson- nages , beaucoup de philosophie et d'idées libérales. ITALIE. On publie actuellement à Rome les bas-reliefs anti= ques de cette ville et des environs. Les planches sont exéculées par Thomas Pinorx. Le texte explicatif est rédigé par M. Zore4, et l’ouvrage paroît sous format grand in-4°., publié par P. Prranesi. Les planches sont gravées au simple trait, mais avec la plus grande exactitude. , M. W. G. Gmetix , habile paysagiste allemand, vient de terminer une nouvelle gravure qui représente la cascade de Tivoli. Elle diffère de celle qu’il avoit publiée en 1791, sous le titre de Cascatelles de Tivoli. Celle qui vient de paroiître porte cette inscription italienne : V’eduta reale delli grande Cascatelli di Tivoli. ® Ce même artiste travaille actuellement à une vue du vallon de Tivoli ; qui servira de pendant à celles des Cascatelles. Cette vue est prise de la vi/la d’ Horace. On découvre de ce point les deux cascatelles , la ville de Mécène et une partie de la ville de Tivoli. Le fond se perd dans la campagne de Rome, où l’on apperçoit l'extrémité du dôme de Saint-Pierre. L’ Université de Bologne a conféré le grade de docteur en droit à la signora Magdalena Canedi. Il a paru à Lucaxo, en langue italienne, un Drc- tionnaire historique raisonné des hommes illustres du Nouvelles littéraires. 399 canton du Tessin; par le R. P. Ovorxzr DE Mexprisio, de l’ordre des Frères mineurs , réformés de Saint-Fran- çois. Cet ouvrage a d’abord excité la curiosité, d'autant plus vivement, qu’on ne soupçonnoit guère que le canton du Tessin eut produit assez d'hommes illustres pour remplir de leur histoire vingt-six feuilles d’impres- sion. Le célèbre imprimeur Boponr, de PARME, qui & publié les belles éditions de Longin, Anacréon, Calli- maque , Horace, Tocite, Virgile, Dante , Pétrarque et Tasse, s'occupe actuellement d’une édition d’Æomère , en quatre volumes in-folio , et d’un Manuel typographi- que , qui contiendra plus de cent-vingt types tant latins qu'italiens. M. Pietro Berriuini vient d'achever à RromE, pour M. M. Artaria, célèbre marchand de livres et d’estampes : à Nuremberg, une belle estampe du superbe tableau du Scutpont , qui représente la Madeleine pénitente assise sur un rocher au pied d’un arbre, dans un lieu solitaire ; elle soutient avec une main sa tête languissante et de la main gauche elle essuie ses yeux baïgnés de larmes. Un enfant tient le vase de parfam ; et un autre un collier et quelques livres que M. Artaria a voulu qui fassent substitués au Tesson Feschio , que cet enfant tient dans le dessin original. Ce tableau n’est plus à Rome, maïs il y en a une répétition dans la riche collection de M. le'sénateur Lucien Bonaparte. Le même artiste aura bientôt terminé la gravure du Palamède reconnu innocent, du célèbre Canova : il doit bientôt commencer la gravure du 7riomphe de Judkth\, qui montre aux habitans de Béthulie la tête du redoutable ÆHolopherne. Ce tableau de M. Pietro BENRVENUTI est à présent à Arezzo, patrie de Auteur. 400 Nouvelles liltéraires: M. Bettilini devoit se fixer à Florence dans la com pagnie Pagni, mais celle-ci va au contraire s'établir à Rome, au palais Nunez, dans la rue Condotti. PorTucaz. Le prince régent de Portugal a décoré de l'ordre du christ , le célèbre graveur BARTOLOZZ1, qui, malgré son grand âge de 82 ans, continue toujours de s’occuper de son art. ARCHI.PE L. Grorixo, artiste qui a fait un voyage en Grèce avec, M. Bartholdy etlord Aberdeen, a découvert au pied du Sipylus l’ancienne ville de Smyrne , près de Burnabad ; et un peu plus haut sur la colline, à péu-près cent tom- beaux et un sarcophage de terre cuite. Le capitaine Lzr examine actuellement Maina, et M. THorier a découvert un grand théâtre dans la proximité de Janina. ATEUR T QU E- Nous avons parlé des voyages entrepris par lord Vaten- riA , pour faire des recherches dans l’Inde eL dans, quel- ques autres contrées, soit de l'Asie, soit, de l'Afrique. Aux détails que nous avons donnés à cet égard, nous pouvons ajouter ce qui suit : Après avoir quitté le Gange , lord Valentia cotoya la péninsule de l'Inde, abordant aux lieux principaux situés sur les côtes, et visitant les endroits du voisinage qui pouvoient offrix quelque chose de curienx, À son retour, ilentra dans la mer Rouge, qu’il parcourut, ainsi que les parties de l'Afrique adjacentes, faisant partout des recherches , et recueillant des faits qui donneront à son ouvrage un gramd intérêt. Déjà M. Arrowsmirm, sous la direction de lord Valentia, a dressé une carte de cette mer, qui fait augurer favorablement :de limportance et du prix des observations de cet illustre voyageur. Nouvelles litiéraires, 401 ÉTarTs-UNrs. M. Norrnmore s'occupe d’un Poëme épique, en dix Livres, intitulé Washington , ou la Liberté Reconquise. Ce. Poëme sera entièrement fondé sur des faits histori- ques. Il doit paroitre de M. Æ/ex. WicsoN une Ornithologie (Américaine , ou Histoire Naturelle des oiseaux des ÆEtats- Unis, parmi lesquels se trouve un grand nombre d'oiseaux terrestres et aquatiques, non encore décrits, classés d’après la méthode de Latham. L'ouvrage paroïtra par cahiers, grand in-4°. , sur papier vélin, Chaque cahier sera composé de trois plan- ches de treize pouces de haut sur dix de large. Toutes les figures seront dessinées et colorices d’après nature. Cet ouvrage formera à peu-près cent trente planches, ou deux volumes in-4°. , qui paroitront par “souscription, chez Bradfort , à Philadelphie. L'ouverture de l’Académie des beaux arts de Pensyl- vanie , fondée à Philadelphie, à eu lieu le 15 avail dernier. M. Georges CrYMEr, président , a prononcé à cette occasion un discours sur lutilité des beaux arts, leur influence sur la civilisation et sur les moyens les plus propres à en répandre le goût en Amérique. La salle étoit décorée des tableaux et dés statues des meilleurs maîtres de l'Europe, dont l'acquisition 2 été faite au moyen des dons volontaires de plusieurs membres de l’Académie, et d’autres personnes qui s’in- téressent aux progrès des beaux arts. Le congrès a destiné une somme de 50,000 dolars pour la mesure exacte des côtes de l'Amérique. Les eartes qui seront dressées à cet effet doivent indiquer tous Tome F. Ociobre, 1807. 26 402 Nouvelles littéraires. les bas fonds qui se trouvent dans une étendue de vingt milles anglais de tour. M. W. TuornroN, a parcouru en 1806 les terres qui appartiennent à la compagnie des Indes, dans la Caroline septentrionale. Le sol lui a paru extrèmement fertile , et surtout propre à la culture du bled ct du coton. On y trouve un grand nombre de sources miné- rales ferrugineuses , et plusieurs ruisseaux qui charient de l'or. L'examen de ces derniers étoit le principal but de son voyage ; mais la saison n’étoit pas favorable, tous ces ruisseaux étoient à sec, et il falloit souvent trans- porter le sable et le gravier à la distance de plus d’un mille avant de trouver de l’eau pour le laver et en retirer l'or. Malgré ces désavantages , les recherches de M. Thorn- ton, appuyées dés faits que lui ont racontés différens particuliers , offrent les résultats les plus satisfaisans. Si l'on pouvoit réunir tous les filets d’eau, les sources , les ruisseaux , les simples dépressions du sol dans lesquelles on a trouvé de for sur le terrain-de la compagnie, on ne douterait pas de la justesse d’une opinion générale- ment Ctablie dans la province, que le sol qu’elle possède présente de l’or sur une surface de près de cent mille carrés. Il est certain que l’on pourroit, dès ce moment, exploiter avec profit les endroits déjà connus; mais il n’en seroit pas moins utile de, procéder d’abord à un examen ultérieur; car on peut s'altendre à des profits immenses , si les opérations sont bien conduites dès l'origine. D’ailleurs les dépenses seroient si peu considé- rables , que tou l'appareil nécessaire ne couteroit pas 200 dolars. Nouvelles littéraires, 403 FRANCE. M. Michel Liarocne, docteur en médecine, ancien - médecin du Lazaret, membre de l’ancienne Académie de Marseille et du Collége de médecine de la même ville , est mort le 20 octobre 1807, et a été inhumé le -22 du même mois au milieu d’un grand concours de peuple , de parens et d’amis qui bénissoient sa mé- moire. Programme des prix proposés par l'Académie de Marseille. Prix proposé pour l'année 1808. L’AcaDËmiE pe Mar- SEILLE , dans sa séance publique du mois d'août 1808, “décernera un prix au meilleur mémoire qui lui sera adressé sur la question suivante : D’ Après les changemens qui s’opèrent dans le sys- téme politique des nations, quels seront , à l’époque de la paix maritime , les moyens les plus propres pour ra- ‘nimer à Marseille le commerce et la navigation, et pour en étendre les rapports ? Le prix est une médaille de 300 fr. Les mémoires doi- vent être adressés , franc de port, à M. Acmanp , secré- taire perpétuel de PAcadémie , avant la fin de juin 1808. Ce terme est de rigueur. Prix pour 1809. On se plaint généralement que les affections pulmonaires sont beaucoup plus com- munes depuis plusieurs années, qu’elles ne l’étoient autrefois dans les contrées méridionales de la France, baïgnées par la Méditerranée. Des ctrangers et des ha- bitans des départemens éloignés , au nord et au nord- ouest , atteints de la consomption pulmonaire, viennent ordinairement habiter nos plages méridionales, et quel- ques-uns de ces dernières régions s’en éloignent, 404 Nouvelles littéraires. Lorsque cette maladie redoutable est formée , on ob- tient communément si peu de succès des remèdes ad- ministrés selon les règles ordinaires, et d’après les meil- leurs auteurs , que l’humanité réclame de nouvelles re- cherches , des moyens mieux adaptés aux localités, et un plan de traitement plus heureux. D’après ces considé- rations , l’Académie de Marseille propose , pour le con- cours d'août 1809 , les questions suivantes : 1.9 Rechercher quelles sont les causes prochaines et éloignées de la phthisie ou consomption pulmonaire , dans l'espace compris depuis Perpignan jusqu'à Nice, et depuis la mer jusqu’à dix lieues dans l'intérieur des départemens situés dans cette ligne ? 2.° Dans cette étendue, y a-t-il des lieux où la pul- monie se manifeste plus fréquemment , et quelles classes d'individus en sont le plus communément affligées ? 3.° Quels sont les meilleurs moyens de la prévenir chez ceux qui y sont disposés , et lorsqu'elle est dans sa première période ou dans son état de formation ? quels sont ceux qui peuvent la guérir, ou au moins la pallier , lorsqu'elle est déjà formée ou présumée l’être ? 4° Quelles sont les espèces d’affections chroniques de la poitrine qui exigent l'éloignement des plages ma- ritimes ? quelles sont les saisons où ce changement est rigoureusement nécessaire, et quels lieux sont les plus favorables à la guérison ? Les concurrens sont invités à rechercher si, dans la plupart des cas, les affections pulmonaires ne sont pas liées à une débilité générale, ou sous l’influence d’un état morbide de tout le système, et jusqu’à quel point elles alternent avec d’antres maladies. Dans la solution de la troisième question , ils exami- neront les avantages et les inconvéniens du régime to- nique et du régime débilitant; de la gymnastique ou du Nouvelles littéraires. 405 travail corporel, de l’équitation, de la navigation et du balancement. Ils rapporteront les observations que leur pratique leur aura fournies sur les effets de quel- ques remèdes nouveaux, et notamment de la digitale pourprée. Dans la quatrième question, ils indiqueront la na- ture ou lespèce d’atmosphère à laquelle il convient de donner la préférence , selon les degrés de la maladie. Les mémoires ne seront reçus que jusques à la fin de juin 1809, à l’adresse ci-dessus et affranchis. Ces con- ditions sont de rigueur. | Le prix est une médaille d’or de la valeur de 300 francs. Monsieur le préfet de Lyon, non-seulement a rendu une ordonnance pour empêcher de dégrader à Pavenir ? les beaux restes des superbes aqueducs de Chaponost, mais encore il a ordonné de rassembler dans le cloitre de l’église de St.-Pierre , où est placé le conservatoire des arts, toutes les inscriptions et les monumens antiques , qui sont épars dans la ville. Aïnsi le vœu exprimé par M. Minis, dans son Voyage dans les départemens du midi (1), sera rempli. Presque toutes les inscriptions qui ont été décrites par Parapin, CorontraA, MÉxes- Tk1ER et Spon, ont été détruites ; toutes celles qui ont été découvertes depuis et en assez grand nombre, sont consignées dans le voyage de M. Mizzin, mais depuis ce temps même, quelques unes ont déjà disparu. "Les sages dispositions de M. le préfet, doivent prévenir pour la suite de semblables dévastations. On doit s’en rapporter au zèle de M. Arrau», auteur de la belle des- cription de l’intéressante Mosaïque, recemment dé- couverte à Lyon (2), et directeur du conservatoire, (1) Voy. Magasin Encyclop., ann, 1807, 117, 300 , et 1V, 914 (2) Idem. 1806, 1v, 168. 406 Nouvelles littéraires pour leur donner le meilleur arrangement possible, TI a déjà rassemblé un grand nombre de cyppes de sarco= phages, de pierres votives et de bas-reliefs, qui sont distri bués dans les deux aïles de ce beau cloître , dont les colon= à: nades forment d’élégans portiques. Plusieurs particuliers qui voient le soin que l’on prend aujourd’hui de ces mo- numens , se sont empressés de donner tout ce qu’ils pos- sédoient. M. Dutilleul a fait présent de la belle inscription taurobolique qui étoit dans son jardin , rue Masson, et qui avoit été copiée et publiée pour la première fois, par M.Mizran, ainsi que troisautres inscriptions très-intéres- santes. Lorsque tout sera rassemblé , M. Artaud donnera un catalogue de ces monumens. Nous observerons pour- tant qu'ils sont encore exposés à un autre danger: Les portiques de St.-Pierre sont accessibles toute la journée au public et aux enfans, et c’est Le lieu où se tient aujour- d'hui la Bourse. Il est à craindre que ces restes précieux de antiquité, n’éprouvent continuellement des mutila- tions , quelque précaution qu’on puisse prendre pour les en garantir. Le plus prudent seroit de placer la Bourse dans un autre local ; car quoique Mercure soit aussi une des divinités des Gymnases , les asiles consacrés aux muses ne sont pas propres aux opérations commerciales. M. Artaud se propose de graver la curieuse Mosaïque de la maison Cassaire, rue du Gourguillon , que Spon a fi- gurée, et dont M. Millin a donnéunenouvelle explication. Ï1 seroit à desirer qu’elle pût être déplacée et transportée au conservatoire. Le mêmeartiste s'occupe aussi de donner le dessin d’un très-beau suovetaurilia ou sacrifice d’un bé- lier, d’un porc et d’un taureau, qui étoit à Beanjeu , et dont Duchoul, dans son traité de la religion des anciens Romains, p. 326, n’a publié qu’un fragment. Nouvelles littéraires. ‘407 Lerrre à M'. A. LL. Miccin. Toulouse ret, octobre 1809. * L'Académie des jeux floraux, a tenu sa séance publi- que à Toulouse , le 3 mai, suivant l'antique usage des Mainteneurs du gai savoir. Si je ne vous ai pas rendu comple alors, mon cher ami, des diverses pièces qui ont été lues, c’est que l’Académie avoit déhibcré de faire paroîlre en deux volumes son recueil, et je l’attendois. Il vient d'être publié, avec un petit abrégé historique des révolutions de celte Académie , la plus ancienne de l'Europe. Vous savez que Clémence Isaure ne l’a point fondée , mais c’est elle qui l’a restaurée et mise au point où nous la voyons. Jusqu’en 1324, sept troubadours com- posoient le college de la gaie science ; à cette époque le verger ou ils tenoient leurs séances , ayant élé détruit pour la défense de Toulouse, ils furent reçus à l'HGtel-de- Ville où ils distribuoient les prix institués, et dont les capitouls firent Les frais, jusqu’en 1500; à cette époque le collége doté par Clémence, fille de Louis Isaure , quides- cendoit de l’illustre famille des Isaures , comme le ditson épitaphe latine, perdit son nom, ses usages, son idiôme , son ancienne manière d'être et s’'appella Académie des jeux floraux . et lidiome toulouzain fut remplacé par la langue française. L’éclat que les troubadours ont jeté dans l’histoire littéraire , et les comtes de Toulouse dans l’histoire po- litique ; la singularité des anciennes coutumes; ce verger délicieux , consacré à la science; ces ballades , ces virelais, ces questions d'amour, ces combats poëtiques ; ces fleurs légères offertes à des poètes, par une jolie vierg-; tous ces souvenirs se réunissent pour ajouter leurs charmes à cette vieille institution , dont s’honnorera sans doute à jamais Vancienne capitale des Tectosases. 408 . Nouvelles littéraires} Le prix de One est une amaranthe d’or; celui du Dr cours une églantine d’or ; celui de L'EpirrE une violette d'argent; celui de 1’ELécrE un souci d’argentet le Lys est consacré à un Sonner en l'honneur de la Vierge. L’Aca- démie n’a pas été heureuse cette année: elle a reçu 175 ou- vrages; deux seulement ont été couronnés , ce qui laisse 8 fleurs à distribuer en 1808. Une Ode sur /a Fable, par M. Léonard du Tisser, n’a reçu d'autre honneur qu'une mention favorable. » Sil » avoit suit de faire preuve d’un beau talent, a dit » M. Poitevin secrétaire principal, l’auteur de cette Ode » eut été couronné, mais l’amaranthe d’or ne pouvoit être SJ » acquise que par une Ode dont toutes les parties enchaf- » nées formassent un ensemble dans la juste proportion » qu'indiquent la raison et le goût ». Jai dit ailleurs ce que M. Poitevin nous avoit annoncé dans son discours, que pour le moment de ce concours, il a fallu qu’un Poëme qui, par le mérite de sa versification avoit vaincu la répu- gnance de Académie, pour le genre descriptif, ait été publié avec le nom de l’auteur , tandis qu’il réunissoit tous les suffrages dans le secret de l’examen académique 3 et qu’on aït été obligé de rejeter une épitre, qui vraisembla- blement auroit obtenu la joie de la violette, si l’auteur n’y eût inséré plusieurs traits de satire personnelle. Le sujet du discours étoit : quels ont été les effets de la décadence des mœurs sur le théâtre Français. TI est pro- posé pour l’année prochaine. M. Porrevix observe que » celui qui croiroit que la liltérature n’est pas soumise » à l’influence des mœurs, ou qui penseroit que c’est » la corruption des mœurs qui favorise les progrès des » lettres, pourra absolument faire un beau discours, » et donner un nouvel exemple de labus qu’un homme » à paradoxe peut faire de son talent et de son esprit; » mais il iravailleroit inulilement pour lPAcadémie. Nouvelles liltérairess 409 » On peut dans les questions indifférentes que la Pro- » vidence a livrées à la dispute des hommes, ne se » prononcer pour aucune opinion, et donner le prix du » combat à celui dont les armes ont paru meilleures. » Mais pour tout ce qui appartient à la morale et aux » lettres, l'Académie repoussera toujours les produc- » tions qui tendroient à en altérer les principes, ou » qui seroient en contradiction avec les faits, comme » par exemple, si l’on révoquoit en doute la décadence » progressive des mœurs, et de la littérature dans le » dix-huitième siècle. » Je me suis arrêté beaucoup à ce discours, parce qu’il n’a point été imprimé dans le recueil de l'Académie, et qu’il renferme de sages prin- cipes etde judicieuses observations. M. Poitevin n’a parlé ni de lélégie , ni du sonnet, pour ne prévenir en rien l'opinion du public éclairé qui alloit entendre la lec- ture des pièces couronnées , et casser ou confirmer le jugement des pontifes d’Isaure. M. Mricevoye a obtenu le prix de poésie. S'il n’étoit point habitué à de fréquens triomphes , si cette élégie étoit son début, nous lapplaudirions sans réserve; mais il a trop de talent , et son talent nous inspire trop d’in- térêt pour que nous lui cach'ons notre sentiment. Ecrit-on des vers maniérés sur la tombe d’un père, concentre- t-on ses larmes , ses soupirs , ses regrets! RÉPANNENVIVAETRNS AMIRRNE Dix ans sont écoulés Je revois la journée Où l’âme de mon père aux cieux est retournée. Jour au deuil consacré | Jour triste ! Jour fatal! Du lugubre cyprès pour toi ceignant ma tête, Je veux te saluer d’un hymen filial ; Je veux que dans mon cœur, la dou/eur ait sa fête. Il y a beaucoup de fautes dans cet exorde. Si âme du père-de l’auteur est relournée aux cieux , comme nous 410 Nouvelles littéraires. sommes tous mortels , ce jour n'est plus si triste , si fatal pour lui; il ne l’est que pour celui qui reste dans le deuil; mais voilà ce que le sens n'indique point. Peut- on ensuite saluer d’un hymen? Cela est à prétention, ainsi que celte /£te, annonce de joie et de plaisir, qui se trouve réunie avec douleur. Quoique le vers suivant soit un peu sacadé, je pense que lélégie commenceroit mieux de cette manière : L'heure sonne, j'écoute ! 6 souvenir cruel! Quand cette heure sonna je n’avois plus de père : C’est à la manière d’Young. Il s’étoit endormi du sommeil éternel. Les derniers mots ne sont-ils pas en opposition avec L’éme aux cieux retournée. Et je baignois de pleurs, les genoux de ma mère. Je répétois souvent : » il n’est done plus d'espoir ; » Je ne pourrai donc plus l’entendre ni le voir ». Ces détails me semblent un peu froids dans la circons- tance. Mais du fatal airain lorsque la voix sacrée, Maïs est inutile ; jour fatal, fatal airain , négligences. Annonca qu'un mortel avoit quitté le jour ; Chaque son retentit dans mon dme navrée. Tout venoit m’avertir du départ sans retour. Ces temps de verbe s’accordent-ils ensemble, venoit , retentit, et m’annonça; du départ sans retour est bien ossianique. Tout ce qui m'entouroit me racontoit ma perte. Quand la nuit dans les airs jeta son crépe noir, Jeter est-il le mot ? on a mieux dit: » L'ombre du haut des monts, descendoit dans la plaine ». Mon père à ses côtés ne me fit plus asseoir , Nouvelles littéraires: AIX Et j’attendis en vain à sa place déserte Une tendre caresse et le baiser du soir. Ici il faudroit être difficile pour n’être pas touché de ce souvenir, Ce sont de pareils traits qui ont mérite le suf- frage de l’Académie : nous aurions desiré par amitié pour M. Millevoye, que toute la pièce fut aussi bien pensée. L’obscurité muette augmenta ma souffrance. Longtemps j'appelai le repos, Et Morphée, ami de l’enfance, Pour la première fois m’envia ses pavots. On ’envie point ce qu’on possède , on le refuse. P , Enfin il abaissa ma paupière lassée, Son effort ne dut pas être fort pénible. Mais l’essaim des songes heureux Ne caressa plus ma pensée, J'expiai mon sommeil par des songes affreux. Comment peut-il se faire qu’un bon auteur ait de pareilles distractions ? Un essaim de songes pourroit caresser une pensée , etn’est-ce pas une tendresse trop poétique ? N’en est-ce pas une aussi de l’accuser coupable d’un sommeil nécessaire ? on n’expie que les fautes ou Les crimes. Mon père, O! que de fois ton ombre auguste et chère M'’apparut dans le sein des nuits, J’allois trainant mes longs ennuis ; .. + «+. - un moment auprès de ma mère. Le temps sur son aîle légère N'a point emporté mes douleurs. Ta tombe aprês dix ans, me demande des pleurs. Ces vers là tombent trop ; l’idée en est vieille , et l’ex- pression ne les rajeunit pas. Mère et père riment quelques vers plus haut. 412 Nouvelles littéraires: Ce fils joyeux qui vole au devant de son père, Porte dans tous mes sens un trouble involontaire; Je dis en soupirant : » j’avois un père aussi » Quand il me revoyoit, il m’embrassoit ainsi ». Qu'ils étoient beaux ces jours, où non loin de la ville, Nous allions, prolongeant des entretiens chéris, Aux paisibles hameaux demander un asile. Demander est ici plus à sa place que dans l’image d’une tombe qui demande des pleurs , maïs asile est-il bien le mot? Le poète et son père étoient-ils fugitifs ? Là, reposant sur moi tes regards attendris, Pu confiois d'avance à ma raison débile Les longs projets de ton amour Que peut-être ton cœur eut accomplis un jour ; Ta voix encourageant ma muse adolescente, Lui permit de prétendre à des lauriers lointains... Ces deux derniers vers pourroient subir un long com- mentaire. Hélas ! quels que soient mes destins Tu ne survivras point à ma gloire naissante. Le premier vers offre une incertitude modeste, et le second annonce une chose positive. Mais je ne veux point ici chicaner , parce que les succès de M. Millevoye ont | justifié ses pressentimens. Je t'ai perdu; ta tombe elle-méme est absente. Son père est-il mort exilé, ou la-t-on enterré dans les airs ? L. Mais ma bouche le jure à tes manes chéris, } Quand la mélancolique automne De la parure monotone Couvrit les champs défleuris , Nouvelles littéraires: 419 Loin de la riante Lutèce J'irai promener ma tristesse Aux lieux où dorment tes débris. Que de fautes! des manes qui sont des débris, et des débris qui dorment. Il falloit bien se garder d'emprunter à M. Delille cette expression qui est mauvaise ; il a dit de Minturne et de Marius: » Etces deux grands débris se consoloïent entr'eux ». Quand les grands maîtres de l’art se permettent de pa- reilles licences, il faut bien se garder de les imiter. Approuverons-nous davantage cette parure des champs défleuris , et cette opposition de riante et de tristesse, qui vient à la suite de mélancolique automne ? Le monument paisible où ta cendre repose Ne sera point chargé d’éloges fastueux : Le nom du mortel vertueux Suffit à son apothéose. Fort bien. O mon père ; ton fils d’une modeste fleur Ornera ta tombe sacrée Et sur la pierre révérée, Redira ce chant de douleur. Voilà beaucoup d’r , c’est finir d’une manière peu “harmonieuse. J'ai transcrit en entier cette pièce, pré- cisément parceque je n’y ai pas reconnu l'élégance et la facilité de l’auteur de l’invention poétique ; des déjeuners, des plaisirs du poète et de plusieurs autres opuscules. M. Millevoye est jeune; il falloit l’avertir de se défier de la fécondité de son imagination. Évitez de Bernis la stérile abondance s À dit le roi de Prusse , et le conseil est fort bon. Il faut qu’il se défie aussi de ces expressions recherchées et néo- logiques ; ces deux contrastes que le goût désaprouve. 414 Nouvelles littéraires. IL est des cas où il faut tout bonnement se borner à être naturel. Le comble de l’art est d'oublier quelquefois ses règles et sa petite mesure. Le bourreau, disoit Racine de Tourreil , 4/ donnera de l’esprit à Démosthènes. Il seroit trop long , mon cher ami, de s’arrèter à toutes les pièces qui sont dans les deux volumes. Le vieux Chène , Idylle, par M. A. Soumer , a été distin- guée. Le sonnet à la Vierge, qui a été couronné , est de M. Caarmanri. On ne dit point à qui appartient lAymne qui avoit balancé les suffragés. Les discours de réception sont un vieux bout-rimé, qu'il est presque convenu de ne plus juger sévèrement. Ainsi nous ne nous y arrêterons pas ; et nous finirons par extraire quelques vers d’une épitre de l’urbanité française. Elle commence ainsi : Oui, c’est le doux printemps , c’est Flore, c’est l'amour, Qui des fêtes d'Isaure , annonce le retour. Sous l’aubépine en fleurs, le jeune oiseau s’éveille; La rose au sein des airs, monte en coupe vermeille Et mille frais boutons caressés. du zéphir Nourissent l'espérance à côté du plaisir. Ces vers là , pour parler le langage moderne, sont peut- étre un peu trop cerclés ; mais ils sont fort jolis , surtout le quatrième , dont l'expression est très-heureuse, Tou- Jouse est riche en productions littéraires. MM. de La- rRÉcHE et Lormaan ont été distingués par Thahe et par Melpomèue; et M Treneuiz par la Muse de lElégie ; MM. Auguste Gaune, Carré, EL. BorreEau,se montrent les dignes favoris d’Erato; l'Histoire naturelle;! les sciences physiques et morales n’y sont pas négligées. D'où je conclus que ?”’ Académie des Jeux floraux pourra facilement conserver le rang qu’elle avoit en Europe, et reprendre son antique splendeur. Auguste DE Laxouissx. Nouvelles littéraires. AtS M. Poxrnter, vétérinaire au Haras du Pix , a observé dernièrement un taureau et une anesse sans poil. Quel- que temps auparavant, on avoit également vu à l'Ecole vétérinaire de Lyon, une jument sans poil. Il paroît que cette disposition tient à une maladie analogue à Valopécie , et que les animaux qui l'ont présentée m’avoient pas toujours été dans cet état. La jument dont il s’agit a fait un poulain qui , actuellement âgé de quatre ans , commence à se dépilér , ainsi que Va fait sa mère. Paris. M. Jean-François Micez, docteur en médecine de Ja faculté de Montpellier, est mort le 27 octobre à Paris, dans sa 81.° année. IL étoit élève et ami du célèbre -Bordeu , qui le fit venir à Paris en 1757 , et lui confia, même de son vivant, une partie de sa clientelle. Il fut accueilli avec distinction à la cour de Louis XV et à celle de Louis XVI, dont il dévint le médecin et le pensionnaire. Cet habile praticien a exercé noblement sa profession pendant 60 ans. Sa profonde érudition le faisoit rechercher des savans, et son caractère le faisoit : chérir de ses malades. L'on voit dans l’église de PAssomption un tablean destiné pour l’hôpital de Lyon; il mérite d’attirer les ‘ regards des vrais amateurs des arts. Ils verront, avec plaisir , Îles progrès toujours croissans de notre école qui doit faire revivre un jour les beaux temps de la pein- ture. M. CuarorD , jeune encore , augmente les espé- rances que son bean portrait avoit fait concevoir de lui à la dernière exposition. Ia traïté le sujet qui lui a été donné d'ure manière toute particulière. Chacun connoît Ja parabole du Samaritain plus humain que le prêtre «et le Lévite , il descen! de son cheval et répand du baume 416 Nouvelles littéraires. sur la plaie de l’homme souffrant et abandonné. Voilà le moment que M. Chabord a choisi. Le Samaritain, après avoir atlaché son cheval à un arbre, soutient le corps presque expirant du malheureux jeune homme. T1 lui verse du baume sur ses plaies avec toutes les mar- ques du plus grand intérêt , il jouit déjà du prix de sa charité, le remède opère, et le malade tourne les yeux vers son lbérateur en signe de reconnoissance. L’ex- pression du Samarilain est bien sentie, les draperies en sont larges , simples et de bon goût. L’académie du jeune homme est élégante, l'anatomie en est savante et sage- ment expliquée. Les accessoires ne laissent presque rien à desirer, et l’ensemble du tableau est grand et harmo- nieux. M. Regnault doit être bien satisfait lorsqu'il sort .de son école ,. des élèves dont les succès rendent justice à son grand talent et à son excellente manière d’ensei- gner. L'ancienne école de la faculté de médecine deParis vient de perdre M.Bacner,un deses membresles plus distingués par une grande étendue de connoïssances en médecine et en littérature médicale, M, Bacher avoit tenu long-temps et avec distinction Ja plume du Journal de Médecine. On pourroit observer ici en passant , que depuis plus \ de cinquante ans il y a toujours eu pour le Journal de Médecine une succession nou interrompue d'hommes du premier mérite, à commencer par M. Vandermunde , qui fut suivi par M. Roux , le chimiste, auquel succé- dèrent MM. Dumangin et Bacher, maintenant rem- placés par MM. Corvisart, Leroux et Boyer: ce qui rappèle le rameaux de Virgile. Uno avulso non déficit alter : ÆAureus , et simili frondescit virga metallo. M. Bacher à publié un ouvrage sur les hydropisies, Nouvelles littéraires: 417 on lui doit d’avoir ramené à des principes sages, raisonnés, le traitement d’une maladie livrée à un empirisme aussi aveugle que meurtrier, M. Bacher eut dans la pratique, à cet égard , des succès flatteurs que la bonté de son cœur méritoit de goûter. J'ai été plus de trente ans dans l'intimité de M. Bacher, et quoiqu'il ait étonné par son érudition et la tournure piquante et vrai- ment originale d’un esprit gai et abondant en saillies, c’est principalement du côté du cœur qu’il m’a le plus intéresse ; car il est difficile d’avoir une plus belle ame que celle qui lui étoit tombée en partage. M. Bacher ne laisse pas de fortune; pour en savoir la cause , il ne faut qu'être initié dans les secrets de sa bienfaisance. Si un grand mérite avoit besoin d’être relevé par des titres, je dirois, qu’il avoit la place de médecin de S. A, I. Ma- dame, mère de notre auguste Empereur; mais avec des titres comme avec toutes les qualités du cœur et de l’es- prit on ne s’affranchit pas de la loi qui nous regarde tous, Omnes una manet nox Lt calcanda semel via lethi. M. Bacher laissera dans l’âme de tous ses amis des re- grets pour le reste de la vie, et moi qui, dans l’ordre commun de la nature, devoit le précéder dans la grande route que nous devons tous faire , je me rappèle le mot si touchant parti de l’ame aimante de notre immortel Fénélon : « Tous les bons amis devroient s’entendre pour s’en aller tous ensemble. » C.... Les sciences et la médecine viennent de perdre M. J. B. Jumeuix , docteur régent, professeur de la Faculté de Médecine, professeur de physique et de chimie au Lycée Impérial, auteur de plusieurs bons ouvrages, entr'autres d’un Zraité élémentaire de Physique et de Tome F. Octobre, 1807. 27 418 Nouvelles littéraires. Chimie (1 vol. }, qui parut l’année dernière ; un second volume qui devoit traiter des sciences physico-mathéma- tiques ; est resté dans son portefeuille, Il étoit considéré comme médecin, comme physicien et comme voyageur. Comme médecin , il s’oceupa à reconnoître par des expé- riences les effets que produit l'électricité sur l’économie animale; ceux de l’usage des styptiques sur Pirritabilité, et l’action des liqueurs énivrantes sur la mème faculté. Comme physicien, il inventa un moyen de prendre l'eau au haut des syphons recourbés , san$interrompre le cou- fant établi dans le syphon; une machine pneumatique d’une structure particulière , et une pompe à feu nou- velle. Comme voyageur, il fut du nombre des savans qui accompagnèrent M. de Choiséuil-Gouffier à Cons- tantinople. Il fit dans la capitale de Empire ottoman, avec l’abbé Spallanzani, des expériences microscopiques très-curieuses , ét ce fut Jui qui &écouvrit lés ruines de Githium , sur lesquelles il'a donné ün mémoire à l’Ins- titut. Il avoit aussi fait un voyage autour de la mer Noire. 11 fut fait prisonnier au commencement de la guerre qui éclata entre les Turcs et la Russie , et son manuscrit a été perdu. M. Pierre - Louis CHASTENET DE PuysÉeuRr , ancien lieutenant-sénéral des armées françaises, ancien ministre de la guerre , et auteur d’un ouvrage sur le Magnétisme animal (un vol. in-8°. ), avec des notes de M. Duvar D'ÉsPrEMENIL, est mort à Rabastéens, département du Tarn, à l’âge de 81 ans. M. de Puységur avoit été président , et un des membres les plus zélés de la Société d’Emulation, que celle d'encouragement remplace au- jourd’hui. ch are litiéraires: 410 D sur is Dane de la eT d'Histoire. et dé . Litiétature anoiénnes" de: lInstitué, impérial ; : pan .M.Guiweuené, Membre. de la: Classe. is: on tes Messreuns, art classe. d'histoire et de liftéra ature-anciennes, fidèles ment attachée. à l'exécution deinos réglemens., qui font des quatre divisions de l’Institutqne seule et grande fa- mille, m'a fait l'honneur de me choisir pour vous rendre, aux termes del 'articlex 1, de l'arrêté du Gouvernement Q le compte annuel de,ses travaux: :: et ot À As ont, pour objet, dans, la plus gr ie pat. de nos D ne antiquité, dans l’étude de laquelle y a tonjouus et des leçons à puiser, ei des dé couvertes à faire: Ce est par les travanx:de cctte espéces auxquels on pouxroit: bien quelquefois donner le titre. da découvertes que je commencerai ce Rapport. M. Mon, persuadé. que rien n'est indifférent dans y ‘étude des anciens; que le sens précis c des mots qui parpiss sent les moins importaus, est souvent lié à l’histoireides usages ou à, celle des, arts , a remarqué quele mot éreca étoit employé » Par, les. meilleurs auteurs atins, dans. des sens très-- différens 5 que les philologues étoient partagés! sur sa véritable 5j ignification ; que quelques-uns seulement lui donnoient le. ;méme sens, que le mot craie a dans notre: langue, tandis, que Je: plus grand nombre le traduisoit pas le mot équivalent à r otre mot argile. IL s’est proposé, de, fixer l'opinion, sr. cet. objet. sg JV DOS SN rc of Il commence son mémoire par quelqnes, notions PER minaires de minéralogie, sur: les - différentes espèces :de terres désignées:en français par les noms d’aroile, de ortie (1) Du 3phavibse an 114! 420 Nouvelles littéraires. et de marne ; il leur assigne à chacune des propriétés qui les caractérisent , et qui les distinguent entre-elles. Ces distinctions posées ,ilétablit : 1.° que largilla des Romains est notre argile-ordinaire, etille prouve par plusieurs pas- sages de Pline et de Columelle ; 2.° que le mot creta étoit le plus souvent synonyme d’argi/la ; que la creta w’étoit point ce que nous appelons de /a craie, maïs de l'argile. Différens passages de ces deux mêmes auteurset de Caton, de re rusticä ; ne sont pas ses seules preuves; il en rap- porte aussi de Virgile dans ses Géorgiques, de Plaüte dans une de sés comédies ; et surtout uh beau passage du poëte Lucrèce, dans lesquels le mot creta ne peut avoir de sens raisonnable , si on ne Jui donne la même signification qu'au mot argilla. Il cite ensuite d’autres passages où le sens du mot creta n’est pas aussi clairement déterminé, mais dans lesquels il est visible qu’il désigne une matière friable et privée dés caractères distinétifs de P argile ; enfin, il en rapporte d'autres où ce môt , Employécomme il Yést, et accompagné des épithètes qui fL modifient, in- dique la substance que nous nommons ‘la marne, et He les Latins nommoiént aussi mar. jutx amor 89! L'auteur conclut de toutes ces explications , que les Romains ont désigné par le mot ay. gilla et par ses dérivés, la même terre que nous appelons aroile Où glaise ; qu’il en ést de même de la marne, marga, dont ils connurent les qualités et propriétés diverses ; depuis qu ‘ils eurent des éommunications avéc 165 Gaulois !, ; qe” quand at mot éreta ; il doit être traduit en français or diraifement par le mot argile , souvent par le mot #74rnb}°et qelquefors, mais rarement , par le mot craie. #7 0000 «Le choïxentre ces troismots; dit M!Mbngez, dépend » du sens de la phrasé lalinie! dans lältiélle lemot crer » estemployé, et de Pusage qu’en fait habituellement l’au- Nouvelles littéraires. A21 ÿ teur que l’ontraduit,enfin lorsqu'on n’aura aucun moyen ÿ'pour fixer le véritable sens d’un des trois mots latins, » il faut le traduire par Pexpression vague £erre blanche ». Si aucun mot n’est à négliger dans les écrits des anciens, on peut dire qu'aucun fragment, aucun débris même de meuble ou d’ustensile , n’est à dédaigner dans les objets d’antiquité que des fouilles nouvelles ou que le hasard peuvent nous offrir. Un second mémoire de M. Moxcerz en fournit une preuve frappante. C’étoit, en apparence, une chose bien peu digne d’attention, que l’oreille d’une vieille écuelle d’étain, retrouvée parmi des ruines. Nous allons voir cependant qu’elle n’étoit pas sanÿ importance, et qu’elle sert à la solution d’un doute que les sciences chi- miques n’avoient pas encore entièrement résolu. D’après quelques essais faits dans le dernier siècle, d’une mine d’étain de Saxe qui contenoit de l’arsenic, il s’étoit répandu en Europe ; sur l'emploi de Pétain dans Pusage domestique, des craintes que des expériences pos- térieures , faites par des chimistes français, doivent avoir dissipées. Cependant il pouvoit être utile, il étoit au moins curieux de savoir si létain des anciens contenoit de V'arsenic, du cuivre, ou quelque autre substance métal- lique. M. Barailon, correspondant de la classe, ayant découvert dans Paneicnne ville Romaine de Néris, 4quæ Neriæ ; célèbre par ses eaux thermales, située dans le dé- partement de l'Allier, des vases détain, que lon croitavoir servi à des soldats Romains, a fait passer à M. Mongez Voreille d’une écuelle d’étain faisant partie de ces décou- vertes. Le résultat de l'essai qui en a été fait avec la plus scrupuleuse exactitude par M. Anfrye, inspecteur gé- néral des essais à la Monnoie, a été que l’étain trouvé à Néris, forme un alliage d’étain et de plomb, tenant entre le quart et le tiers. Ainsi les Romaïns n’ont pas craint de faire un usage habituel d’ustensiles d’étain , dans lesquels le plomb entroit pour les quatre dixièmes, 422 Nouvelles litiéraires: De ces faits, notre confrère passe à l'explication d'un passage de Pline, où il est dit (2) que l’on altéroit de so temps l'étain de deux, maires, soit avec un tiers de bronze blanc, ,æs candidum ; pour en faire le plumbum eme : ou plomb blanc, soit en mêlant à égales parties le plomb et l’'étain, q où résultait ce que quelques ouvriers appeloient plurpaim argentarium. M fait voir que, même dans le premier de. ces deux alliages; le plomb entroit pour, une quantilé assez forte, et montre le rapport qu'ils ont tous les deux avec ceux: que létain subit de nos jours dans les divers usages où on l’emploie. Cherchant ensuite à dé- terminer Ja nature de ce que Pline appelle dans ce passage: æs album, æs candidum; il croit xeconnoître cet alliage. dans celui que nous appelons potin gris ; ou simplement potin. Enfin, il rapproche l’étain trouvé à Néris du plum- bum album des Romains , alliage confondu souvent avec le stannum , V'étain pur, et il voit de très-grands rapports entre l’un et l’autre. k Une question s'élève sur ce morceau d’étain trouvé à Néris; c’est de savoir à quelle époque il a été travaillé. M. Mongez examine cette queslion , en rattachant , pour ainsi idire , l’histoire de ce débris de métal à celle de la ville même où on la trouvé, Il conclut de, cet examen , qu'al faut attribuer aux Romains l’étain trouvé à Néris, en le faisant remonter, soit au-delà du 4. siècle, époque de Ja première destruction de Néris, ce qui paroïtroit vraisem- blable d'aprés Ja forme, de la construction et la profondeur des ruines d’où on l’a tiré; soit du: moins avant la fin du 8e. siècle, époque où cette ville ancienne fut détruite pour la seconde fois; ce qui rendroit encore l'analyse de ce dé- bris curieuse et-instructive. Une autre découverte, faite dans le cimetière de Saint- Trénée de Lyon, a fourni à M. Moxcez le sujet d’un troi- {@) XXXIV , ec. 48. Nouvelles littéraires. 423 sième mémoire. Sur un tombeau déterré en 1778 , par le curé de cette paroisse, enfoui une seconde fois par les suites de la révolution, et déterré de nouveau, étoit gravée une épitaphe latine, très-bien conservée, commençant par ces mots : Memoriæ œternæ Exomni Paterniani quondam centurionis lesionarii, etc. L’explication littérale de cette épitaphe, offre quelques difficultés que lève l’auteur du mémoire, Il reconnoit que le nom du romain pour qui elle est faite, est Exomnius Paternianus. Mais la qualité de ce Romain présente une difficulté plus importante. Que signifie au juste, ce titre de centurio legionarius, qui lui est donné ? Que signifie ce même titre dans une autre inscription où il est joint de même à celui de centurio ? c’est ce qu'on ne trouve dans aucun des Mémoires de LE Beau sur la Légion romaine ; pas même dansle 16.°, con- sacré presque en entier aux cenlurions, et ce que M. Mon- gez a clairement expliqué par la distinction qui existoit entre lescenturions légionnaires et ceux des troupes auxi- liaires. La constitution très-différente des légions et des troupes auxiliaires, fait comprendre l'intérêt que la famille d’un centurion pouvoit avoir à rappeler sur son tombeau, que c’éloit dans les légions qu’il avoit obtenu ce grade. La lésion n’étoit composée que de citoyens et d'hommes de naissance hbre : s’il y eut à cela des exceptions, elles furent peu communes avant les 3e. et 4e. siècles de notre ère. Les troupes auxiliaires étoient formées , au contraire, d’hom- mes sortis de peuples différens par les mœurs, la discipline militaire, et dont le nombre n’étoit pas déterminé comme celui des soldats de la légion. Enfin les auxiliaires ne prê- toient serment qu'entre les mains du tribun qui les com- mandoit, tandis que le général même recevoit celui des légions. La considération dont jouissoient les officiers de es deux sortes de troupes, étoit donc fort différente; et 424 Nouvelles littéraires: la vanité qui préside toujours plus ou moins à la rédaction des épitaphes, ne pouvoit pas oublier cette circonstance dans celle de Paternianus. La pierre sépulcrale qui porte cette inscription , offre encore une particularité remarquable. Sur cette pierre est gravée une tessère ou table carrée-longue, qui contient l'inscription latine, et qui est garnie, à ses deux extré- milés, de deux espèces d'oreilles on de tenons. Sur chacun de ces tenons, l’un à droiteet l’autre à gauche, sont gravés, en caractères grecs, deux noms propres grecs, avec le mot grec qui répond à notre mot adieu sur Fun, et celui qui répond à notre mot salut ou je sous salue sur autre. La même particularité se retrouve sur deux autres tombeaux découverts dans la même ville de Lyon; et ce contraste d’une épitaphe latine, flanquée, pour ainsi dire, de deux inscriptions grecques, n’a jamais été expliqué. M. Mongez pense que les deux inscriptions grecques ont été gravées postérieurement aux épitaphes , et qu’elles Pont été par quelques-uns des chrétiens Grecs d'Asie qui établirent les premiers le christianisme à Lyon. Ces chré- tiens auront enseveli leurs morts dans les tombeaux qui avoient servi à des païens, en laissant subsister leurs épi- taphes , lorsqu’elles ne contenoient rien qui fût opposé à la nouvelle croyance; et sur ces tombeaux , à côlé de ces anciennes épitaphes , ils auront adressé des souhaits et des adieux anx chrétiens dont ils venoient d’y renfermer les corps. Cet usage , attesté par d’autres pierres sépul- crales , suffit pour rendre raison de ces formules et de ces noms grecs placés à côté de l’épitaphe latine d’un cen- turion Romain. Les ruines isolées des monumens antiques procurent, à mesure qu’on les découvre , quelques nouvelles con- noissances que l’on ajoute à la masse de célies que nous possédons déjà sur l'Antiquité. Mais il est peu de ces dé- Nouvelles littéraires. 42) couvertes qui se lient l’une à l’autre, pour fournir un corps de preuves à quelqu’une de ces idées neuves et bardies qui jettent un jour inattendu sur l’histoire des anciens temps. Il ne suffit pas, pour faire éclore une de ces idées , que les monumens subsistent , ni même qu'ils soient connus, il fant encore qu’ils soient examinés par un esprit éclairé , attentif, capable de s’élever des con- sidérations parliculières à des conséquences générales , et peu disposé à seffrayer de cette accusation d’esprit de système , qui semble inventée par les esprits timides ou bornés , pour décréditer ceux qui ont de l’étendue et du courage. C’est d’une idée de cette espèce que M. Prrir-Rapez est occupé depuis long-temps. I/Institut et le public mème connoissent maintenant la théorie qu’il a tirée de ses observations sur les restes de constructions Cyclo- péennes, répandus en grand nombre , tant en Italie qu’en Grèce , et dans plusieurs parties de l'Europe. Con- duit par l’ordre de son travail à examiner des questions sur l’origine d’Argos, il s’est trouvé, pour la seconde fois, sur plusieurs points fondamentaux , en contradic- tion avec le docte Fréret , et obligé de le combattre : il Vétoit d'autant plus, que l’opinion de ce savant a été adoptée dans tous les ouvrages d’érudition composés depuis sur ces matières, notamment dans plusicurs Mémoires de l'Académie des Inscriptions , et dans le célèbre Voyage d'Anacharsis. En effet, l’érudition seule peut , comme la lance d'Achille , guérir les maux qu’elle a faits , et re- dresser les erreurs que l’érudition a propagées. Fréret a prétendu que la fondation d’Argos par Pho- ronée , fils d’Inachus , est due à une colonie Egyp- tienne, et que c’est des Egyptiens que les Greus reçurent les premiers élémens des arts qui constituent la vie civile. M. Petit-Radel pense, au contraire, que cette ville fut 426 Nouvelles littéraires. fondée par des Grecs , que la colonie de Danaüs , la troï- sième ; selon Fréret, est la seule qu’on puisse avec fon- dement regarder comme la premiere qui se soit portée de PÉgypte vers l'Europe , et que les Grecs avoient des arts qui leur étoient propres avant leur communi- cation avee les Égyptiens. Avec tous les égards dus à celui qu'il nomme Ini-même un colosse d’évudition , il prouve d’abord que Fréret a trop légèrement inculpé Ja véracité de Denys d'Halicarnasse , qui rapporte que , dix-sept généralions avant la guerre de Troie, ce qui remonte à lan 1837 avant notre ère, une colonie grecque s'étoit dirigée, par mer, sur llialie ; fait constaté par tous les monumens géographiques et historiques ; tandis que lui-même avance, plus lésèrement encore, que la colonie Egyptieune qui alla sétablir sous la conduite Inachus au fond du golfe d'Argos , éloit composée de pasteurs qui ,.chassés d'Égypte par Sésostris, se répan- dirent dans PAfrique , le long de la côte voisine de P'É- gyple, passèreut ensuite dans Pile de Crète, et de là dans le Péloponnèse. Fréret attribue done, sur de simples sup- positions , une navigation de cent vingt lieues à des Égyp- Üens qui, dans ce temps, n’avoient, de son propre aveu, que l'usage de quelques bateaux pour traverser les bras du Nil , et refuse d'admettre, sur les autorités les plus positives, un trajet de dix lieues, postérieur de cent trente trois ans à l’époque qu'il envisage. Autre contradiction non moins palpable. Fréret at- tribue à la colonie Égyptienne d’'Inacbus, l'introduction en Grèce des arts les plus nécessaires à la vie, et dans le même mémoire, il présente les Curètes, les Telchines ou les Cyclopes, comme ayant répandu dans la Grèce les premiers élémens de ces arts. Ainsi, dans le même temps qu’il fait voir comment les arts étoient indigènes parmi les Grecs, puisqu'il en attribue l'invention à ces races Nouvelles littéraires: 427 primitives que l’on désigne par le nom de Cyclopéennes, il peint les anciens Grecs comme entièrement étrangers aux arts jusqu'au moment où ils leur furent apportés par la colonie Égyptienne. M. Petit-Radel rassemble enfin sous un seul point de vue, les diverses contradictions où sont tombés et Fréret et Barthélémi : « et ce Lissu de contradictionsépalpables constituoit, dit-1}, l’état de nos connoissances historiques sur lesmonumens desorigines grecques, avant que j’eusse fait connoître mes recherches, que j'eusse défendu la vé- racité de Denys d'Halicarnasse, etc. » L’examen de toutes les sources historiques dont l’auteur d’Anacharsis appuie l’origine égyptienne d’Inachus et de sa colonie, le conduit au même résultat, quiest qu'Inachus, fondateur d’Argos, n’étoit point égyplien , mais grec. De cette discussion négative ou contradictoire, l’auteur du mémoire passe aux raisons positives qui lui font con- sidérer le fondateur.d’Argos comme un autochtone Eu- ropéen. Enfin , il ne laisse sans examen et sans réfutation aucune des raisons alléguées par Fréret,etsurson autorité, par l’auteur d’Anacharsis, pour établir que le fondateur d’'Argos , Inachus, étoit venu d'Égypte , et qu'avant l’ar- rivée des Ég ptiens, les Grecs étoient plongés dans ligno- rance la plus profonde des arts essentiels à la vie; réfu= tation , encore une fois, d'autant plus importante, que ces erreurs, appuyées d’une autorité si grave, se sont glissées dans toutes les histoires Grecques écrites depuis Fréret. Après avoir écarté cet obstacle imposant, qui s’élevoit , pour ainsi dire, contre les résultats de ses recherches , M. Petit-Radel en poursuit le cours, et arrive toujours aux mêmes conséquences. Sa conséquence générale, est de considérer notre hémisphère historique , comme par- tagé originairement en deux zones de monumens très- différens : la zone des monumens qu’il nomme Cyclopéens, 428 Nouvelles liütéraires: formés selon le système des arts de l'Europe, c'est-à-dire, de blocs énormes, taillés en polygones réguliers, assemblés sans ciment et par la seule finesse du joint des pierres; et la zone des monumens formés dans le sysième des arts nés en Asie, ou autochtones asiatiques, qui consiste en pierres taillées en carrés parallélogrammes. Il ne connoît, dit-il, jusqu'à ce jour, aucun exemple qui ne le confirme dans la hardiesse de cette pensée. Les monumens delItalie et de la Grèce où l’ona observé 1è mélange des deux espèces de constructions, ne changent rien à ce résultat, ou plutôtilsle confirment, puisque par- tout c’est la construction cyclopéenne qui sert de base à la construction asiatique. Tous les monumens de l’Ar- golide , de PAttique et de la Béotie, Soumis au même examen , se rangent comme naturellement dans la même théorie. Partout les constructions autochtones ou primi- üves, sont Cyclopéennes, et les constructions de forme asiatique , se trouvent avoirété introduites en Grèce, à la suite des colonies Égyptiennes et Phéniciennes, comme elles paroïssent l’avoir été en Italie à la suite des colonies Pélasgiques et Tyrrléniennes. Notre confrère, sans pouvoir entrer dans tous les dé- tails qu'il a développés dans son mémoire , sur l’accord de sa théorie, avec tous les faits des premiers siècles de Vhisioire grecque, en a cependant assez dit dans notre dernière séance publique, pour me dispenser de n’étendre davantage sur les résultats toujours uniformes de toutes les parties de cet immense travail. Les arts qui en sont l’objet, sont ces arts de première nécessité, sans lesquels la société humaine n’eût été com- posée que de hordes errantes; c’est l'architecture primitive, qui eut pour but la sécurité et la défense. Les monumens des arts inveniés pour l’ornement et pour les jouissances de la société perfectionnée, attestent quelquefois , par leur / Nouvelles litléraires: 429 destination , que ce perfectionnement ne s’étendoit pas jusqu'aux sentimens d'humanité, qui devroient être la base de toutesles institutions publiques, Tels furent, chez les Romains , ces magnifiques amphithéâtres, où tout um peuple venoit s’endurcir par le spectacle de l’effusion du sang, et de ces combats à mort que des gladiateurs se li- vroiententre eux, ou qu’ils livroient à des bêtes féroces, uniquement pour:son plaisir. S Ce n’est pas sous le rapport de l’art que M. TouzoncEon a considéré les amphithéâtres Romains. Dans un mémoire sur leur régime et leur discipline, il a évité de redire tout ce qui est connu de leur construction et de leurs formes. IL s’est attaché à la partie morale de ces. élablissemeus qui présentoient un mélange étonnant de servitude et de courage, de bassesse et d’intrépidité. Il s’est princip:lement étendu sur ce lieu appelé Spoliarium, où l’on achevoit de sang froides gladiateurs blessés qui donnoient peu d’es- -poir de guérison; sur cette férocité nationale qui remettoit aux Vestales le droit.de décider, par un simple signe, de Ja vie ou de la mort des vaincus (3); enfin, sur cette dégradation qui fit, à une époque postérieure , descendre dans l'arène des, jeunes gens des premières familles de Rome, pour l’amusement de leur Empereur (4). Le mêmeM. TouroNcron a communiqué à la classe une notice sur les commentaires de César destinée à l’im.- pression, et qui doit-précéder une traduction nouvelle de ces commentaires, qu’il se propose de publier: . + La classe avoit confié à M. SizvessrrepESxcy,une mis- sion importante, que ses profondes connaissances dans les (3) . . s 2.0. Pectusquerjacentis V'irgo modesta jubet converso pollice rumpi. JuvénaL. (4) Vidimus illos juvenes, quos ex nobilissimis familiis luxuria in arenam conjecit. SENEC, ( I 430 Nouvelles littéraires, langues Orientales , le rendoient singulièrement propre à remplir. Lors de la réunion de Gènesà l'Empire Français, on yavoit découvert des archives, jusqu'alors secrètes, où étoient renferimés ; disoit-on ; ün' grand ñombre de ‘ma- müserits Oriéhtaux: M. de Saéy' s’étant réndu à Génés, en conséquence des arrêtés de la clässt'et dés ordres du Gott- vernement , ha pas 6bténu de sc$ Péèherthes les résultats que l’on avoit cru pouvoir éspéréie TF4 fait connoître , dans notre séance püblique, dot at AE A est parvenu, et dont le plus satifisant est le PURE ETE, Anti il “d'a lu que l'extrait (5). "b'inol Josmig or oi 11 M: Bird du Bocaër a lu das la ième séancé! pu- blique l'extrait de là notice d'un atlas hydrographique de la bibliothèque de 8. À. 8.‘lé Pince de Bénévent, dessiné dans le xvr.e siècle. Après avoir parlé des manus- crils géographiques de la même époque ; il à fait voir que ces manuserits offrent les côtes de la Nouvélle-Hollande, que lon eroyoit découvertes postérieurément- par Tes Hollandais ét les Anglais, que vétte découverté appar- tient réelleméht aux Portugais, et que Ja cohnoïssce s’en est perdue pour lé Portugal par Pin fidéliLé d'an fivori du Roi qui enleva tous les PES _ étoient CONS HEES les découvertes des Portugais (6). 104 C'est sur les antiquités du nord'que M. Poücexs à principalement dirigé ses études. Une divinité pet con- nué jusqu’à ce jour s'est présentée lui dans ses reélier- ches : c’est'Hiduessé Nehalem 'revérée particulière- mént en Zélandé dans Le re SIL de notre èré On ‘n'en ‘conndissoit “pts hrètie TEirom avant Je milieu! du xvir. siècle, les monumenseot ele est représentée et les (5) Grub a ét arte dans si > 1807, t.1v, P- 123. j F (6) Cette notice a haie à été insérée dans le Magasin cette année 1807, id. p. 148. Nouvelles littéraires. 43% diverses inscriptiôns en son honneur n'ayant été décot- verts près de Dombourg, que le 5 janvier 1647. Plusieurs savalis Hollandais , Flamands et Anglais, écrivirent à ce sujet des dissertations , où ils parlèrent diversement dé cette déesse inconnue. Elle est représentée , dans tous ces monumens, vêtue d’une longue robe , quelquefois debout , plus souvent assise, ayant près d’elle et pres- que toujours sur ses genoux une corbeille de fruits ; un chien est couché à ses pieds : quelquefois un de ses pieds est appuyé sur la proue d’un vaisseau ; quelquefoïs elle est accompagnée de la figure d’'Hercule Maguzain , plus souvent de celle de Neptune. Sur tous ses autels , ont remarque des fleurs , des fruits, souvent des corues d’a- bondance , et, ce qu’il est: bon d'observer , sa coiffure est partout semblable à celle que portent encore de nos jours les paysannés de la Nord-Hollande. Ces savans ont cherché à découvrir Pétymologie dx nom de Veélialennia, ainsi que les diverses attributions de la déesse. M. Pougens , apiès avoir rapporté toutes ces opinions, et en avoir démontré la fausseté ou l'in suffisance , établit qu’on n’auroit pas'dü cherchér , soit dans la langue grecque, soit dans les langues orientales , Porigine du nom de cette divinité révéréé par des peuples septentrionaux. 11 lui paroît plus naturel de le dériver: 1.° d’un nom donné par les peuples du nord aux uym- phes ou divinités tutélaires des eaux, ét que l’on re- trouve dans l’'Edda , le Voluspa , etc.; 2.° du monosyl- labe hall, qui, dans les anciennes langues du nord, signifie temple , palais , salle, veslibule , et en général lieu couvert, 1l conclüt , d'après un grand nombre d’ins- criptions et de monumens, et surtout d’après le costume de cette déesse, qui est encore en grande partie celui des habitans de la Nord-Hollande , que la déesse Neha- lennia est une divinité locale ou indigène chez les an- 432 Nouvelles littéraires: ciens peuples du nord, que c’est une déesse ZLäre , qu’enfin c’est la déesse qui présidoit en Zélande à la na- vigation commerciale, et surtout aux marchés publics. Lorsque de l’étude de l'histoire et de la littérature ancienne on descend à celle de l’histoire du moyen âge, on y trouve peu d’époques plus mémorables que celle des croisades. Tout ce qui est relatif à ces expéditions, pieuses si l’on veut, mais toujours dévastatrices et san- glantes, ne peut, même dans les plus petites circons- tances , manquer d’inspirer quelque intérêt. Pour re- concilier les amis de l'humanité avec ces émigrations armées qui lui firent de si horribles plaies, les histo- riens s'efforcent de faire valoir l’influence qu’elles ont eue relativement aux aris, aux sciences, en un mot, aux progrès de la civilisation en Europe. Nous n’avons pourtant point encore une bonne histoire des croisades. Les sources où il faudroit puiser pour débrouiller la : suite des événemens , sont dans un état encore informe qui réclame les soins les plus attentifs du critique avant que l'historien en puisse faire usage. On doit donc savoir gré aux hommes de lettres qui, pour parvenir à ce but, s'appliquent à éclaircir quelque fait contentieux , ou à détruire quelque erreur accréditée. L'époque d’une assemblée tenue à Chartres, relati- vement à la croisade de Louis-le-Jeune , a paru à M. Brraz être de ce nombre. Les savans de la première réputatiou s'accordent à placer cette époque en l’année 1146. M. Brial s’est proposé , dans un mémoire , de démontrer que cette assemblée, qu’on décore du titre de Parlement du royaume , n’a été tenue qu’en 1150; que l’objet de sa convocation étoit tout différent de celui pour lequel on avoit tenu des assemblées en 1146 et 1147 , à Bourges, à Vezelay , à Étampes ; que , dans ces assemblées , on s’étoit occupé des préparatifs de la LR ntm s Nouvelles littéraires. 433 croisade , au lieu que dans l’assemblée de Chartres il étoit question non seulement de porter des secours aux chrétiens de la Terre-Sainte , prétexte dont on se ser- voit toujours pour ces expéditions, mais encore de venger les désastres qu'avoit éprouvés dans sa marche l'armée des Croisés, par la perfide politique des Em- pereurs Grecs; que ce fut dans cette assemblée , ei non en 1146, que saint Bernard fut choisi pour être le chef d’une nouvelle croisade , qui devoit être entreprise aux frais du clergé de France, le Roi et les Seigneurs du royaume , à peine de retour de leur expédition , étant trop épuisés d'hommes et d'argent pour en entreprendre une autre ; qu’enfin cette assemblée n’eut aucun résultat; que cette nouvelle croisade ne fut qu’un projet presque aussitôt abandonné qu’il fut conçu. Le même M. Brraz a cherché, dans un autre mé- moire , à éclaircir un passage de l'abbé Suger , relatif à l'Histoire du Berri. L'abbé Suger a parlé dans la Vie de Louis-le-Gros , d’un Humbaud , seigneur de Sainte- Sévère, dans le Berri, que Louis avoit assiégé , pris dans son château et constitué prisonniér à Étampes. Ce Humbaud, inconnu à l'historien La THAUMASsIÈRE, qui connoissoit si bien les familles du Berri, n’est-il point le même que Humbaud, seigneur de Meun ou Mehun- sur-Yèvre , dont il donne la généalogie ? M. Brraz cher- che à prouver cette identité par un passage d’Ives de Chartres, où il est parlé d’un Hugues de Meun, Æu- | gonem Maidunensem. Ce nom de Hugues aura été mis par les copistes à la place de celui de Humbaud, qui - m’étoit désigné que par la lettre Z7, selon l'usage trop cemmun dans les monumens du moyen âge, de ne dé- signer les noms des personnes que par la lettre initiale , usage qui à été la source d’un nombre infini d'erreurs de noms dans les copies de ces monumens. Ce qui ap- Tome W. Octobre , 1807. 28 434 Nourelles littéraires puie cette conjecture, c’est que dans la généalogie de la maison de Meun il ne se trouve aucun personnage appelé Hugues, ni comme chef de famille, ni comme puine. En admettant cette correction dans la lettre d’Ives de Chartres, on peut expliquer le passage de l'abbé Suger. On voit pourquoi Ives s’intéressoit si fort à ce seigneur, qui étoit prisonnier à Étampes, et en faveur duquel il écrit à Leger, archevêque de Bourges, qui , d’après le texte de la lettre, paroît avoir été la cause de sa déten- tion. L’anteur de ce mémoire ne se flatte pas d’avoir levé toutes les difficultés. IL propose son opinion. Il lui suffit d’avoir indiqué la source d'où peut venir la confusion qui couvre ce point de critique, et d’avoir mis sur la voie ceux qui travailleront à l'Histoire du Berri , Histoire qui, selon M. Brrar, auroit grand besoin d’une main habiie. La plus habile, en effet, auroit de la peine à vaincre les difficultés qui naissent , dans la plupart de ces His- toires particulières , de la triple obscurité des événe- mens, des personnages ct des sources, et à tirer de ce travail quelque moyen d’intéresser ou d’instruire : quel- quefois , au contraire, l'Histoire particulière non seule- ment d’une province , mais d’une maison , se lie à celle de l'Europe entière, et il suffit, lorsqu'on s’occupe d’une famille qui a cette importance historique, de nommer le sujet de ses recherches, pour éveiller l'attention. Telle est cette célèbre Maison d'Autriche, qui a dominé Îles deux mondes, et a été mise récemment à de si terribles épreu- ves. M. MENTELLE a lracé, dans un essai historique et statistique , le tableau des accroissemens et des pertes que cette Maison a successivement éprouvées depuis l’avéne- ment de Rodolphe de Habsbourg à l'Empire , jusqu'aux traités de Presbourg et d'Austerlitz inclusivement. Nouvelles littéraires, 435: “Cet Essai on Mémoire ést divisé en deux parties. La | premitre renferme les événemens qui ônt contribué à la grandeur de la Maison d'Autriche depuis Pélévation de Rodolphe en 1273, jusqu’à la mort de Charles vi ,en 1740 ; là seconde, depuis cette époque jusqu'aux derniers _ traités , en 1806. Les faits historiques relatifs à Pagrandissement de cette Maison sont assez généralement connus. Les dé- tails statistiques le sont mOINS 3 et cétte considération , - jointe à l'intérêt particulier que ces sortes d'objets ont aequis, a engagé M, Mexrezce à s’en occuper digue lement. Lorsque Rodolphe fut appelé à l'Empire, il ne pos- sédoit guère de domaines qu’une éténdue de 179 milles carrés d'Allemagne , répondant à 495 de nos lieues car rées ; (On laisse ici, comme dans le réste de ces éva= luations , les fractions de lieue ). Rodolphe paroît avoir’! sénti dès-lors toute l'importance du principe auquel ses descendans ont donné de si grands développemens, c’est que le moyen le plus efficace pour conserver lempire dans sa famille, étoit de se procurer une grande masse ! d'Etats héréditaires. 11 donna tous ses soins, pendant Jæ durée de son règne , à laccroissemeut des siens. Albert 1° son fils, dont on a dit qu'il ne voyoit le boñheur que dans la puissance , et la puissance que dans le despo-" tisme , se proposa le même but, et tous les moyens lui parurent légitimes pour ; Y parvenir. A sa mort, l’étén- due de ses domaines’ montoit à 125 34 milles cairés où 3418 lieues carrées. Après que la couronne impériale , que lon avoit craint dè conserver dans la famille de cét Albeit, devenu odieux à tout l’Empire, eut passé successivement dans quelques autres familles , elle revint , en 1438, à la Maison d'Autriche, dans la personne d'Albert 11. Sous les règnes précédens , les biens de cette Maison n'avaient 436. Nouvelles littéraires: point. cessé, de,s’accroître ; le règne de Frédéric xrx ; son successeur , fut, sans utilité, pour. l'Empire, mais non pour l'agrandissement de sa Maison. L'événement! qui. y.contribua, le plus , fut le mariage de lArchiduc Maxi- milien avec, la Princesse Marie , fille et unique héri- ; tière du dernier Duc de Bourgogne , Charles-le-Témé- raire. Ce.maxiage.fit passer à la Maison. d'Autriche les dix-sept provinces des Pays-Bas. Le total des domaines , héréditaires de cette Maison, s’éleva ; sous l'empire de Maximilien ; à 3613 milles, carrés, ou environ : 10,109 lieues carrées; ainsi , en moins de trois cents ans, ces biens avoient été portés à plus de vingt fois l'étendue : qu'ils avoient d'abord. à Là 541 Le mariage, de; Philippe, fils de, Maximilien , avec, Jeanne, infante d'Espagne , fille et héritière de Ferdi- nand,et d'Isabelle, augmenta si prodigieusement celle masse , et elle s’accrut encore tellement, sous la domina= tion presque universelle de, Charles-Quint, leur fils » qu'on la fait monter, à, cette époque, à 16,085 milles carrés, qui font plus de 46 ,217 lieues carrées, en y com, prenant ious ses élats de l’ancien et du nouveau, monde.r, Quelques tables de statistique portent même celte masse, à un ou deux milliers de milles plus haut , et le nombre des sujets de Gherler Quint plus de, 31, : millions. : | À | La DOTE | . La division de ls. maison d'A dtriche en pre bran-, ches diminua les possessions de Ja, branche allemande, réduites, sous Ferdinand I, frère de Charles-Quint , ETA 6,402 milles carrés , ou 17,733 lieues carrées. Cependant. de nouvelles acquisitions . porièrent cette étendue , sous le règne de Charles VI, à 14,573 milles carrés; mais à sa, mort il n’en xrestoit plus que 10,935. Sous es règne de Marie- Thérèse , le total fut porté un peu plus haut, il augmenta, encore sous Léopold ; et même au commence- ment durègue de FrançoisILil étoit de 13,994 milles:mais Nouvelles litiéraïres. 437 a puissance de sa Maison ayant diminüé par les derniers événemens , voici à quels résultats actuels, s’arrète M. Mentelle, sans se dissimuler que | malgré les soints qu'il à pris, et rnalgré les renseignemens directs qu’il à reçus des savans les plus distingués de PAllemagne, la con- moissance de matériaux plus exacts peut faire parvenir- encore à des résultats plus complets. Étendue , 10,738 milles carrés , où 29,842 lieues carrées. | ® Population , 22 millions 4,800 ames. Revenus, de 103 à 104 millions de florins. Une autre puissance Européenne a fixé l'attention de M. Duronr de Nemours ; il a lu dans nos séarices’ quel- ques chapitres d’une Histoire des financesde l’ Angleterre, travail relatif à Pune des attributions les plus précieuses de a classe , celle de l’application des sciences morales et politiques à l’histoire. Parvenu au système de finances établi en Angleterre par le roi Alfred , quelques observa- tions qui ont été faites à notre confrère, lui ont fourni le sujet d’une dissertation sur les constitutions domaniales de finance. À quelque point que ces constitutions puissent être imparfaites , il leur trouve un avantage remarquable , celui de fonder le service public par une seule concession, au moment où l'utilité de cette concession frappe tous les esprits, et de telle manière que les propriétés privées peuvent demeurer, et si la concession a été suffisante, demeurent effectivement exemptes d'impôts. L'histoire présente des exemples de trois sortes de constitutions domaniales de finance. La plus ancienne est celle à partage de terres. Diodore de Sicile nous fait connoître qu’elle a existé en Égypte, où le tiers des terres avoit été donné aux lPharaons, et un autre tiers äux prètres. Les rois de plusieurs autres nations ont eu aussi des domaines de cette espèce. 438 Nouvelles littéraires: La seconde constitution domaniale de finance est & partage de fruits. IL y en a deux grands exemples, lun chez les Hébreux, l’autre chez les Chinois. M. Duroxr fait connoître les différences qui existent entre ces deux genres, de constitutions domaniales , toutes deux de la même espèce. IL démontre les inconvéniens, tant de cette seconde espèce que de la première, ou de celle qui fut en usage chez les Égyptiens. Enfin, la troisième constitution domaniale de finance est à partage de revenu. Elle n’a encore été tentée que par l'assemblée constituante de France. Cétte assentblée avoit décrélé que les terres payeroient le cinquième du revenu, après defalcation préalable de tous les frais de culiure , et que tout prapriélaire qui pourroit avoir été taxe à plus de ce cinquième, obliendroit un dégréve- ment; mais cette disposition n’a été. observée que pentlant une armée seulement. M. Duronr regarde ce plan de constitution domaniale de finance comme très-supérieur à celui des Égyptiens , des Hébreux et des Chinois. Il s’est trouvé engagé dans une autre discussion , à l’occasion d’une attribution qui a élé rendue à la classe d'histoire et de littérature anciennes, et qui étoit une des principales de l’Académie des Inscriptions et Belies- leitres. En vertu d’une lettre de son Exe. le Ministre de YIntérieur , la Classe a dû s'occuper de présenter au Gouvernement des projets de médailles ; pour consa- crer les glorieux événemens dont nous sommes té” moins. Deux opinions contradictoires se sont élevées sur la manière dont tes événemens doivent être repré- sentés. Quelques membres de la Classe pensoient que Von pouvoit s'approcher de la vérité dans la manière de rendre les actions, les personnes , les costumes et les objets matériels, en sorte que-l’on pût voir, sans le se- cours des inscriptions, pour quelle nation et dans ‘quel temps ces médalles auroient été frappées ; d’autres se Nouvelles littéraires. 429 tenoient aux principes généraux reçus parmi les artistes et les amateurs de l'art, qui autorisent dans la repré- sentation de tous les sujets que traite l’imitation des arts du dessin , une manière emblématique ou figurée de re- présenter les choses, sans égard aux temps, aux lieux et aux personnes. M. Duroxr, qui s’étoit fortement déclaré pour la pre- mière opinion , a expliqué ses motifs dans deux Mé- moires. Les médailles, dit-il, dans le premier , ont d’a- bord été des monnoies sur lesquelles ceux qui les fai- soient frapper ont voulu rappeler des événemens dont ils trouvoient utile on honorable de conserver le sou- venir. Ce n’est que dans les temps modernes qu’elles sont devenues de simples monumens historiques. Il trouve quelles sont d'autant plus obligées d’être historiques, c’est-à-dire , de donner, sans aucune équivoque, une idée de l’événement qu’elles rappellent, du temps et du lieu où il s’est passé, des grands hommes dont on vent qu’elles perpétuent le souvenir. 11 juge en conséquence, 1°. que les légendes et les exergues de celles qui sont proposées doivent être en françois ; 2°, Que ces médailles doivent, dans les accessoires et dans les costumes, offrir une idée monumentaire de nos sciences, de nos arts, de nos mœurs. Il désaprouve qu’on y voie des trirèmes , quand nous avons des frégates et des vaisseaux de guerre qui sont beaucoup plus beaux , et que nos héros ont réellement montés; que des armes antiques y remplacent nos canons , nos fusils, nos dra- peaux, dont l'effet ne lui paroït pas moins pittoresque. Notre costume militaire, sur-tout, qui moule le corps et les membres, lui paroît aussi avantageux et plus fidèle que la cuirasse antique. Les Anciens portèrent dans leurs médailles et leurs bas-reliefs une vérité locale, sans laquelle nous igno- 440 Nouvelles littéraires. rerions quels étoient leurs meubles, leurs vêtemens, leurs armes. M. Duronr veut que de mème nos médailles puissent être comprises par nos contemporains et par nos descendans , sans effort , sans commentaire , et que ce ne soient pas pour eux de véritables énigmes. Enfin les médailles lui paroissent faites pour l’histoire et pour la gloire des nations et des princes , encore plus que pour celle des artistes. Le second mémoire n’étoit que l'application de cette théorie à quelques-unes des médailles proposées. La Classe n’a point partagé ses opinions, et M. Qua- TREMÈRE DE Quincy a expliqué la théorie qui est con- traire , dans un mémoire étendu , dont il a lu un extrait dans Ja séance publique. Voici quelle est, en peu de mots , la substance de cette théorie. Chaque art, ou chaque genre d'imitation , n’est, en définitif, que le résultat d’une manière de considérer la nature dans un de ses aspects , ou sous un de ses rap- ports particuliers. Ces diverses manières sont très -nom- breuses ; mais elles se divisent facilement et évidemment en deux principales , dont l’une consiste à voir les objets dans leur rapport positif et matériel, et l’autre à les con- sidérer dans leur rapport intellectuel ou moral. En cor- respondance avec ces deux manières opposées de consi- dérer un sujet, les artistes reconnoissent quatre modes ou styles dans les ouvrages de Part; savoir, le style trivial, le style naturel, le style noble et le style poétique. M. QuarremMÈRE donne des exemples de ces quatre styles et de la manière dont le même sujet peut être traité dans Pun ou dans Pautre. Il établit ensuite qu’il n’y a aucune raison ni aucun moyen d’excepter de celte théorie, et de soustraire à la rigueur de ses conséquences aucun sujet moderne ou national. Toute cette discussion est Pobjet de la première partie. I s'attache , daus la seconde , à développer la théorie Nouvelles littéraires. ÂAT abstraite des procédés poétiques par lesquels imitation des arts du dessin parvient à faire passer les sujets que traite l’artiste de l’ordre de choses positif à l’ordre de choses idéal, ordre qui autorise ou plutôt nécessite le style poétique ou figuré. Ce style ne peut exister que par un changement apparent dans l'extérieur et les formes des actions, des choses et des personnes. Les deux procédés poctiques par lesquels ce changement s’opère dans les arts du dessin, consistent dans l’action de généraliser, et dans l’action de transposer où la méta- phore. L'auteur explique fort en détail la nature et lem- ploi de ces deux procédés, sans lesquels il ne pent exister dans les arts de style poétique, ni par conséquent de moyens d'élever les objets de l’ordre positif à l’ordre idéal. IL emploie spécialement sa troisième partie à déve- lopper les moyens pratiques par lesquels l'artiste opère Vimitation métaphorique , et les changemens qu’il fait subir aux sujets qu’il traite; et il applique ces notionsen particulier à la composition des médailles et des monur- meus honorifiques. Il traite, dans la quatrième , de la Liberté que les Grecs et les Romains employèrent dans la représentation de leurs costumes et de leurs sujets his- toriques. Enfin, il analyse les différences de l’habille- ment antique et de l’habillement moderne , et fait voir que l’un fut aussi favorable à limitation que l’autre y est contraire. Je finirai ce rapport en observant que je n’ai dû y faire entrer ni les travaux de plusieurs de nos confrères qui n’ont pas jugé à propos de leur donner cette sorte de publicité ; ni un mémoire historique et géographique de M. la Porre-pu-Tueiz , sur l'Ile de Salamine , parce que son auteur ne le regarde que comme destiné à faire partie d’un plus grand travail; ni un autre mémoire de 442 Nouvelles littérairesé M. de Sarnre-Croix, sur le tombeau de Mausole, parce que la description de ce tombeau n’est plus aussi qu'une partie accessoire d’une dissertation qui embrasse la chro- nologie des Dynastes ou princes de Carie , que notre confrère a terminée depuis, et dont il n’a encore que commencé la lecture. Je n’y ai pas compris non plus les Observations de M. Dupuis, sur le Zodiaque de Ten- tiris ow Dendera , qui ont été imprimées à part, ainsi que ses nouvelles Æxplications du Zodiaque chronolo- gique et mythologique. Pour la même raison , j'ai passé sous silence les Recherches de M. Laxczès sur l’Origine, l'Histoire et les Travaux littéraires des Tatars-Mant- choux, qui sont destinées à une publication indépen- dante de celle de nos Mémoires; et enfin , l’Antroduction générale à la première partie de l'Histoire littéraire mo- derne , que je me dispose à publier , et qui contient le tableau de la destruction des Lettres par l'invasion des Barbares en Italie , et des vicissitudes qu’elles y épronvèrent jusqu'au XIe siècle, première époque de leur renaissance, Notice des travaux de la classe des beaux arts, depuis de premier octobre 1806 , jusqu’au premier octobre de l’année suivante ; par Joachim LE BRETON, secrétaire perpétuel de la classe des Beaux Arts, membre de la classe d'Histoire et de Littérature ancienne, et de la légion d’honneur.Lue à la séance publique du 3 octobre 1807. La classe dont j'ai l'honneur d’être l'organe , s'occupe sans relâche de préparer le Dictionnaire de la langue des Beaux Arts. Cette entreprise, conçue par le zèle , éloit déjà devenue lobjet de nos travaux habituels, lorsque S. Exec. M. de Champagny nous transmit , avec les formes aimables qui caractérisent sa correspondance, un décret Nouvelles littéraires. 443 impérial, da& du camp de Finkenstein (1), par lequel S. M. daignoit l’approuver et l’encourager. Cette faveur spontanée nous causa moins de surprise que d’admira- tion pour l’universalité prodigieuse d'attention et de dis- cernement qui s’occupoit , aux confins de la Pologne et en présence de cent mille ennemis, d’un ouvrage utile aux arts. De semblables encouragemens méritoient que nous redoublassions d’ardeur. Aussi pouvons-nous an- noncer aujourd’hui que la seconde lettre du Dictionnaire est commencée. Sans ralentir ce travail , la classe des beaux arts s’est livrée à l’examen de plusieurs concours dont un surtout, celui pour l'achèvement de la Madeleine ; étoit de la plus grande importance. Les juges ont regardé comme une récompense des soins attentifs et scrupuleux qu'ils y ont consacrés , le plaisir de voir naîlre , dans l’espace de quelques semaines, quatre-vingts projets de monument, parmi lesquels un assez grand nombre ont laissé la per- suasion que si le programme avoit accordé plus de temps et de liberté, le résultat en seroit encore plus heureux. Mais les talens qui se sont montrés subsistent et se re- trouveront pour exécuter les hautes pensées du chef de l'Empire. Le concours pour le tableau qui doit présenter le champ de bataille d'Eylau, quoique beaucoup moins nom- breux que le précédent, parce que le monument a moins d'importance comme ouvrage d'art, a obtenu pourtant un plein succès, puisque l’exécution du tableau a été déférée à l’artiste qui a peint la peste de Jaffa et la bataille d’Aboukir (2). Après lui encore , on auroit pu la con- fier aux peintres qui ont mérité les deux accessits (3). (1) Ce décrêt est du 23 avril :807. (2) M. Gros. (3) MM. Reynier et Thevenin. . 444 Nouvelles littéraires: * Quant aux concours annuels, consacrés à entretenir TVémulation dans les grandes écoles des arts, vous les entendrez proclamer pendant la séance (4). Leurs effets sont toujours intéressans , car ils meltent en évidence des talens encore inconnus ; et cependant assez formes pour être plus que des espérances, Cet intérêt, attaché aux premiers triomphes dans les beaux arts , est si réel, qu'il existe, quoique les succès ne soient pas entiers. Ainsi le concours de musique, qui ne recevra point aujourd’hui toutes ses palmes, vous sera pourtant recommandé pour avoir montré plus de science peut-êlre que les précédens ; maïs il faut surtout du charme au plus séduisant des arts. S'il admet la science, c’est à condition qu’elle sera voilée, qu’elle servira sans ambition personnelle, que ses moyens seront aux ordres de la mélodie qui est la véritable en- chanteresse. Les observations que la classe croit utile de faire pour Pintérêt de l’art et des jeunes compositeurs, vont être présentées par le patriarche de notre école musicale (5). L'opinion seule de ce savant et habile maître seroit une autorité respectable. Le but des grands concours annuels est, comme vous le savez; d'obtenir l'avantage d’aller se perfectionner à Pécole de Rome , dont j'ai contume de vous retracer les travaux , en même temps que ceux de la classe. Aujour- d'hni je n'aurai que des regrets à exprimer sur la mort de artiste qui dirigeoit cet établissement , et sur l’inter- ruption qu’elle a causée dans nos relations les plus essen- üelles , car elle a surtout empêché lPenvoi des travaux d’émulation qui doivent être soumis à l’examen dç la classe, et celui du rapport sur l’état des études. {4) Voyez le numéro précédent, p. 196. #) {5} M. Gossec. Nouvelles liltéraires: 445 On ne peut cependant reprocher ces omissions ni au nouveau directeur qui , à peine arrivé à Rome en ce moment , n’a pu encore 45e contracter l’obligation de remplir ses devoirs, ni à l'artiste désigné par l'estime générale (6) pour ciriger l’école , pendant l’interim. Attendant chaque jour le titulaire , il ne devoit pas se croire chargé du compte officiel de toute l’année. Sans avoir donc à inculper personne, nous sommes forcés , pour la première fois , de priver le public d’ane partie de notre rapport qui a le plus de droits à son intérêt , de suspendre les témoignages de salisfaction que les maîtres se plaisent à donner aux élèves distingués qu’ils regar- dent comme les héritiers et les soutiens de la gloire des arts en France. J'ai tant de plaisir à être l’interprète de ces sentimens, que c’est aussi pour moi une privation personnelle: | | Après les travaux qui intéressent la prospérité de nos grandes écoles , la majesté de l'Empire et Ja gloire du Monarque , ceux dont la classe aime le plus à s’occuper, sont les ouvrages que les membres, les associés et les correspondans de l’Institut veulent bien lui communi- quer; ceux que les sociétés savantes ou les particuliers lui font connoître; ceux enfin que lPindustrie de la presse met dans la vaste circulation des idées, et qui. présentent quelque genre d'utilité ou quelque degré d’iü- térêt pour les arts. Quand ces communications sont abondantes , Ja classe en tire de bons présages. Sous ce (6) M. Paris, del’ancienne Académie royale d’architecture, se trouvant à Rome lorsque M: Suvée mourut, a été prié par MM. les pensionnaires et par M. l’Ambassadeut de France, de preudre la direction de l’école, jusqu’à ce que la classe des beaux arts de l’Institut ait choisi un nouveau directeur, et que Sa M. ail approuvé ce choix. M. Päris a rempli cette fonction, peudant six mois, avec-autant de dévouement que de capacité, 446 Nouvelles litiéraires, rapport l’année a été favorable. La guerre elle-même ; que les beaux arts ont tant de raisons de craindre, les a enrichis : de nouvelles dépouilles opimes assiégent nos Musces devenus insufisans pour les contéñir. Les grands ouvrages de gravure n’ont point été inter- rompus, malgré les circonstances difficiles poux ce genre de luxe. Ainsi la belle Description du Musée Napoléon, due au courage , à la constance de MM. Laurenr et RonirrarD - PeroNviice; celles des ZLiliacées, par M. RepourTé, des monumens de Paris et de ses envi- rons, par M. BazranD (7), s’achèvent , en même-temps que de nouveaux ouvrages également somptueux se com- mencent. Parmi ceux qui ne sont qu'utiles et soignés, la classe a distingue des Zlémens de perspective, par M. LAvir, pro- S Pp 5 ; | fesseur à l'École gratuite de dessin, qui a traité cette partie des sciences mathématiques avec tonte l'étendue et l'exactitude dont elle est sasceptible (8 M. Vizorrau s’est proposé de servir aussi l’art qu'il cultive par des recherches très-ctendues sur l’analogie de la musique avec les arts qui ont pour objet limitation du langage (0). MM. PerciEeR, FONTAINE et BERNIER, qui donnent depuis vingt ans, le rare et bel exemple de condisciples dont l’amitic s’est fomentée, en mettant leurs travaux en commun, ont offert à la classe l’intéressante description des palaïs et maisons de Rome, dessinés par eux pendant P D leur séjour en Italie, Ils ont prévenu ainsi l’exécution de (7) Voyez la notice que nous donnons chaque mois, des dif- férentes livraisons de ces belles entreprises. A, L M. (8) Ces Élémens se trouvent chez Firmin Didot. (9) Ce travail qui atteste un homme dévoué à l'étude, a été imprimé à l'Imprimerie Impériale, avec beaucoup de soin , en deux volumes ia-80. re Nouvelles littéraires. 447 Vordre donné d'acquérir cet ouvrage pour la bibliothèque de l’Institut. Le Recueil de monumens français inédits que publie M. Wiccemis , pour servir à l'Histoire de nos arts, pa- toît d'autant plus digne d’intérêt , que l’auteur, auquel on doit déjà un ouvrage estimé (10), a la sagesse de ne pas donner trop d'extensions à ses entreprises. Un autre artiste français, M. Baliazard Solvyns, qui a passé quinze années dans l’Inde, a fait hommage à la classe d'une Description des Indous, comprenant les détails de leürs usages civils et religieux, dessinés par Jui, d’après nature , et gravés aussi par lui-même. Une commission a examiné tous les dessins originaux , et Jeur a reconnu le rare mérite de conserver aux objets , surtout aux figures, l'originalité locale qui disparoît presque toujours sous les crayons des dessinateurs euro- péens, asservis aux types de leurs études habituelles (11). Enfin la classe a reçu l’hommage de la nouvelle édi- tion que publie M. Prunnomne , de l'ouvrage de Lava- ter , sur les physionomies. Ce livre, qu’on a pu juger plus extraordinaire que savant , plus curieux qu’utile, étoit susceptible d'acquérir beaucoup de ce qui lui manquoit, par une meilleure classification, et par l’addition de ce que la médecine et la physiologie ont observé sur cette matière. C’est ce qu’a fait M. le docteur Moreau ( de la Sarthe ), qui a préparé cette édition. Il a réuni la subs- tance des observations de la Chambre , de Porta, de Camper, elc., aux faits qu’on a recueillis depuis, de (10) Description des costumes civils et militaires, des peuples de l'antiquité, en deux petits volumes, petit in-folio. Celui sur les Monumens français, n’en aura pas d'avantage. N. B. Voyez les notices que nous avons données de ces intéres- sans ouvrages. À. L. M. , (17) I a paru quatre cahiers de cette curieuse desgription. 448 Nouvelles littéraires: sorte que sans changer de nature , l’ouvrage est mainte4 nant plugdirigé vers l’utilité et instruction. Dans ses rapports avec l’art d'exprimer par la peinture les passions, les physionomies et leurs caractères, seuls rapports dont nous soyons juges, l’auvrage aura surtout gagné beaucoup par les soins qu'à bien voulu y donner M. Vincent. M. Lanpon continue la Wie des peintres célèbres , avec leurs œuvres gravées au trail. Il en est à celui Ra- PHAEL, dont la classe agrée la dédicace. 11 a aussi publié 158 planches de Œuvre du DominiQuis. En ouvrages inédits, la classe a eu communication de plusieurs Éloges d'anciens peintres français, par M. le CarpenTier, professeur à l'Académie de peinture de Rouen, et qui est plein de zèle pour la gloire des grands arlisies. M. Casrezrax nous a lu un Voyage , en forme de let- ire, sur la Morée et les îles de Zanthe, de Cerigo, d'Hydra. L'auteur, artiste lui-même, et ayant obtenu des succès dans un genre aimable (12) ;a cru, avec rai- son, qu'il nous intéresseroit, en exprimant ce qu’il avoit vu et senti sur ce sol de l'antique Grèce qne des siècles de servitude , de misère et d’ignorance n’ont pas pu dés- enchanter. Les lettres de M. Castellan contiennent des détails exacts et variés sur le climat, sur les sites; sur les mœurs des Grecs qui habitent les côtes du Péloponèse et quelques îles voisines; sur des rapprochemens avec la géographie ancienne (13), et sur des ruines de monu- mens. mUATS Le paysage. (13) La note suivante que m'a communiquée M. Barnier pv Boccacz , si versé dans la connoissance de la Grèce, pouvant être utile aux voyageurs, qui visiteront la même contrée que M. Castellan ; j'ai cru devoir la publier, mais en observant que ae Nouvelles littéraires. 449 Les estampes, en assez grand nombre, qui doivent accompagner le texte , et qui ont été mises sous les yeux de la classe, sont faites d’après les dessins de M. Castel- M. Castellan et ses compagnons, n’avoient pas pour but de faire des découvertes, et qu'ayant reläché presque par hasard en Morée; ils étoient aux ordres du navire qui les transportoit ; que très-souvent il leur falloit renoncer , par cette raison, à des excursions qu'ils se proposoient et dont le résultat pouvoit être d’un grand intérêt (*). (*) Nos voyageurs arrivés à Cérigo , l’ancienne Cythtre, exa- minèrent les curiosités qui se trouvoient le plus près du port de Saint-Nicolo -d'Avlemona , où ils étoient abordés. Ce petit port étoit celui de l’ancienne ville de Scandée , port des habi- tans de l’île de Cythère. La ville de Cythère étoit éloignée de ce port, selon Pausanias, de dix stades. Dans cet espace, ils virent des carrières antiques; une grotte avec des stalactites, qui avoit déjà été visitée par MM. Spallanzani et le Chevalier, dans leur voyage au Levant, et enfin des tombeaux taillés dans le roc, et dont je ne sache pas qu'il soit fait mention ailleurs. Enfin , ils arrivèrent sur l’emplacement de l’ancienne ville de Cythère, qu'ils auroient pu visiter dans un plus grand détail, et où ils n’auroient pas manqué de trouver le peu de monumens décrits par Pausanias. De là, ils s’enfoncèrent dans l’intérieur de l'île, où ils virent les restes d’un temple qui ne peut être que celui de Vénus Uranie 5 qu’avoient vu également Spon et WW heler, mais dont aucun autre voyageur n’avoit parlé après eux. Arrivés dans la rade de Napoli de Malvoisie, ils jetèrent l'ancre au port qui est appelé AZinoa par Ptolémée. Ce port est près d’un cap qui est également appelé Minoa par Ptolémée, et Pausanias ; ce cap étoit surmonté d'un château dont on voit en- core les ruines. Jusqu’à présent, connoissant fort mal cette côte, ou croyoit que ce cap de Minoa devoit être représenté par l’île, dans laquelle est située la ville de Napoli de Malvoisie, et que cette ville représentoit le château qui étoit situé sur le cap ; M. d’Anville et moi-même avions fait cette faute ; mais Pausanias et Ptolémée disent bien que Minoa étoit un cap et non une île. Tome F. Octobre, 1807. 29 450 Nouvelles littéraires, Jan , et ont été gravées encore par lui. Elles augmente- ront l'agément de ce joli Voyage qui ne formera qu’un volume'ordinaire. : La correspondance avec les étrangers a été plus riche en résultats que l’année dernière. M. Tacrraricai, architecte de l'Académie de Gènes, et Jun des plus zélés correspondans de Ja classe, lui a fait connoître qu'il avoit dessiné et mesuré, dans lintention de les publier , les principaux édifices de cette ville re- nommée par sa magnificence. Ce sera un service rendu à l’art qui manque d’une description exacte de ces mo- Ainsi la découverte de ce cäp ét des ruines qui sont dessous , n’est due qu’au voyage de M. Cästellan. D'ailleurs le nôm le Monenvasia que les Grecs donnent à la ville de Malvoisie, ne ‘ me paroît point venir de Minôa, mais d’un monastère qui aura ‘été bâti dans l’île, et que les Grecs auront appelé Monè Emvasia, Ja solitude Emvasia. Dans le fond de éette rade , sont dés ruines de murs éonstruits én polygones irréguliers , ét qui paroissent étre ceux dela cita- delle d'Ébidaurus Limera. Aù milieu de ces murs, sont d’autres ruines plus récentes ét qui peuvent être celles des temples que Pausanias décrit dans cette citadelle. Ces ruires sont appelées par les habitans du pays Palæa Emvasia, par opposition à Ja ville de Napoli de Malvoisie, qu'ils appellent Honémvasia. Les ruinés de la ville d'Énidaurus Limera , devoient être dans la vallée au nord, et si nos voyageurs dvoient bien cherché , je ne doute pas qu'ils n’eussent reconnu l’'émplacement de cette ville. Ils ont vu un petit monument ancien près du port, que l'on ap- peloit Le port de Jupiter sauveur : il est malheureux qu’ils aient négligé de le mesurer. Mais ce qu’ils oùt remarqué et qui confirme l'emplacement de l’ancienne Épidaurus Limera dans cet endroit, “c’est que le lit d’un torrent ou d’uné rivière qui n’a point d'eau dans l'été et qui passe auprès de ces ruines, étoit rempli de cail- loux de différentes couleurs, tels que Pausauias les décrit sur la plage d'Épidanrus Limera, Nouvelles littéraires, 41 numens d'architecture. Le projet de M. Tagliafichi trou- vera saus doute les encouragemens qu'il mérite. Dom François Amoros , secrétaire de S. M. le Roi d'Espagne , et de S. A. le généralissime Prince de la Paix, ayant appris, par la notice de nos travaux de l’an der- nier , l'intérêt que la classe prenoit aux recherches sua les constructions cyclopéennes, na transmis des détails très-intéressans, extraits d’un Voyage inédit fait à Pile de Chypre par ordre de S. M. C. , et irès-encouragé par le Prince de la Paix. Entre autres objets de cette com- munication, qui respire le zèle le plus noble, sont des dessins des ruines du temple antique de Vénus à Paphos. Les blocs de ces ruines n’ont pas la forme polygone irrégulière.qui caractérise les monumens cyclopéens; ils présentent ,au contraire, la forme parallélogramme qui paroît, selon M. Louis Petit-Radel , appartenir au sys- tème des constructions asiatiques (14). Nous offrons ces indications nouvelles aux érudits qui s’occupent de recherches relatives à ces antiques monumens, et surtout aux savans criliques de l’Alle- magne, qui avoient annoncé une controverse sur ce sujet. En attendant qu’elle s’ouvre, l’origine et l’iden- tité du monument de Paphos confirmeroit, avec beau- coup d’autres , l'opinion de M. Louis Petit-Radel , savoir Vantiquité de l’époque à laquelle la construction paral- lélogramme asiatique auroit succédé en Grèce à l’usage européen des conslructions cyclopéennes, (14) Srnasow a parlé de la belle construction du temple de Paphos , fondé par Agapenor , après la dispersion qui suivit la prise de Troie, et Pausanias dit que ce même Agapenor étoit un prince Arcadien ; que la fondation du temple de Paphos étoit constatée par des dons que la princesse Laodice sa fille, envoya à l'égée. 452 Nouvelles liltéraires. Dom Amoros donne d’autres renseignemens aussi cu- rieux, mais auxquels j'ai préféré ceux que je viens de citer, parce qu'ils appartiennent à des questions pour lesquelles la classe des beaux arts a montré beaucoup d’intérèt. | D. F. Amoros termine par une sorte de table des articles dont se compose le Voyage en Chypre qw’il s’oc- cupe de publier. On ne peut, d’ailleurs, qu'adhérer à hommage qu’il réclame pour la libéralité que montrent le Roi d’'Es- pagne et le Prince de la Paix en encourageant ces recher- ches sur l’antiquite. Mais parmi toutes les offrandes déposées dans le sanctuaire des arts, il en est une qui a particulièrement excité l'estime et la reconnoissance de la classe : c’est un livre peu volumineux , et cependant riche en excel- lentes vues, en observations exquises. Il est intitulé : Périclès, ou de l’Influence des beaux arts sur la félicité publique. Son illustre auteur, qui n’a voulu inscrire sur le fron- tispice que le titre modeste d’associé étranger de l’Ins- titut de France , pour prouver, a-t-il dit, le haut prix qu'il attache à ce titre, est S. À. Em. le Prince-Primat ; qui pourroit à la vérité s’en rapporter, pour les hom- mages publics, aux sentimens qu’inspirent ses lumières et les hautes qualités qui le distinguent (15). (15) Ce rapport se termine par une notice de ce bel ouvrage, dont nous avons déjà donné une analyse. Woyez ann. 1806, L,1Y, p.109. Nouvelles littéraires. 453 RAPpoRT sur le concours de compcsition musicale , fait à la séance publique du 3 octobre 1807, par M. Gossec, membre de la classe des beaux arts de l’Institut et de la Légion d'honneur, l’un des inspecteurs des études du Conservatoire de musique. Depuis que le Gouvernement a institué le grand prix de composition musicale, il y a eu cinq concours, dont deux n’ont obtenu que des seconds prix. _ Le premier concours, qui fut couronné en l’an 12, est encore jusqu'ici le plus satisfaisant. Le jeune AxproN, dont nous regrettons la mort prématurée , ne laissa à ses juges que des éloges et des encouragemens à donner. Immédiatement après le concours, il se rendit à l’École de France à Rome où le célèbre GucztEzut ne cessa de lui prodiguer ses conseils, et de le traiter comme son enfant. Mais six mois s’étoient à peine écoulés que cet intéressant jeune homme fut enlevé à l’art qui atten- doit beaucoup de lui. Il étoit élève du Conservatoire, et avoit remporté le prix à l’âge de dix-huit ans. L'année suivante ( an 13) MM. Gasse et DourLess, élèves aussi du Conservatoire, obtinrent des seconds prix, mais de manière à promettre qu’ils remporteroient la première palme au prochain concours, présage qui fut justifié en lan 14. Ces deux artistes sont maintenant à l'École de France à Rome, où malheureusement ils m'ont plus les soins paternels de Guglielmi. L'année dernière, M. Boureizzer eut aussi l'honneur dun triomphe complet, et M. Gustave Ducazon (1) obtint la seconde couronne. Cette année, le concours n’a pas atteint le premier prix, mais comme les concurrens deviennent plus nombreux , que ceux-ci ont montré des connoissances acquises, des dispositions dignes d'encouragement et même de récom- (1) Fils des deux célèbres acteurs, de ce nom. 454 Nouvelles littéraires: penses, la classe, avant de leur distribuer celles qni leur sont décernées, croit leur prouver le plus grand intérêt en leur faisant connoitre les motifs qui l’ont dé- terminée à leur refuser la première couronne. À leur âge et avec leurs moyens, il suit de connoître ses er- reurs pour savoir les éviter une autre fois. Des quatre concurrens qui se sont présentés dans la lice , Pun s’est retiré , pour cause d’indisposition, après onze Jours de concours. Ses travaux ne pouvant pas pré“ tendre aux prix , n’ont point été jugés, ni même connus, ainsi nos observations ne le concernent point. Les trois autres ont montré beaucoup de talent et de connoissances dans la partie scientifique de l’art, savoir : dans le contre-point et la fugue; mais non seulement ils ont trop laissé à desirer du côté du chant, ils ont encore fail craindre qu’ils n’eussent une tendance vers un système erroné, dont le résultat est de sacrifier la mélodie à une prodigalité d’accompagnemens qui en dé- lruit tout le charme. Ces reproches ne sont pas égale- ment mérités sans doute; mais comme la tendance que on bläme est plus ou moins l’erreur du moment parmi les jeunes compositeurs , nous leur laisserons le conseil en commun; d’ailleurs tous peuvent en profiter. L'harmonie est sans contredit une parlie essentielle de notre art; mais la mélodie, qui en fait le charme le plus séduisant, ne doit pas lui être sacrifiée. Une profu- sion d’accompagnemens pénibles et trop souvent bruyans sans motifs, joint à un flux de modulations détour- nées , feront toujours le lourment d’une oreille déli- cate et sensible. Cette manière de composer et d’écrire la musique, au lieu de prouver la force du génie, en atteste la stérilité et la sécheresse. Quand on accor- deroit même que telles de ces combinaisons sont des beautés musicales, clles resteront toujours sans effet , ou n’en produiront que de fâächeux, quand elles ne Nowelles littéraires, 455, seront point en accord avec le sujet ni avec la couleur locale , si je puis m'expriimer ainsi. Les maîtres et les chefs-d’œuvres de l’art existent en grand nombre , et peuvent être facilement consultés. La bibliothèque du Conservatoire contient tous les modèles italiens , allemands et français : ce sont là les exemples qu'il faut étudier et suivre, et non des fantaisies bizarres qui , fussent - elles plus accréditées, n’en seroient pas moins préjudiciables à l’art et à ceux qui s’y livrent. Ce n’est point aux concurrens seuls que ces avis s'adressent ; nous desirons qu'ils servent à tous les jeunes compositeurs qui veulent parcourir la carrière dans toute son étendue. Ceux qui vont être couronnés nous ont donné des gages pour de plus grands succès; nous les attendons à une autre lutte, avec le desir et Pespoir de les féliciter des nouveaux efforts qu'its auront faits. La palme qu’ils remportent aujourd’hui est assez belle pour soutenir leur courage et honorer leur jeunesse. L° Athénée de Paris, établi depuis vingt-deux ans, rue du Lycée, n.° 2, place du Palais du Tribunat, va re- prendre ses cours. 1/enseignement de l’an 1808, se composera de deux grandes divisions , dans lesquelles dix cours distincts seront distribués. La première division comprendra les cours de PAysi- que expérimentale, par M. Trémery ; de Chimie, par M. Tnénarp; d'Histoire naturelle des animaux, par M. Cuvrer,; de l'Organisation de l’homme , par M. Pa- RISET; de Physiologie, par M. RicuErann ; d'Hygiène, par M. Esrarron; de Cosmographie et de Géographie , par M. Dreren. La seconde division comprendra ceux de Zittérature française où Séances littéraires; de Langue anglaise ; par M. Roserts; de Langue italienne; par M. Bozpont. 456 Nouvelles littéraires. THÉAINR ES. THÉATRE FRANCAIS. Ou continue à recruter des Princesses. Aucun théâtre n'en réunit pourtant un aussi grand nombre que le théâtre. Français. Mademoiselle Degotty vient de dé- buter avec quelque succès dans Adélaide Duguesclin et dans Monime. Elle a paru mieux placée dans ce dernier rôle, soit qu'il fut plus dans ses moyens, soit qu’elle l'eut travaillé davantage, soit enfin que la crainte d’un premier début étant passée, elle ait eu plus de courage. On lui a trouvé beaucoup d'intelligence , mais aussi de la foiblesse : elle s'élève peu et si elle tombe ce ne sera pas de haut. On avoit besoin d’un débutant dans les rôles de pre- miers comiques. M. Thenard, qui a joué avec succès cet emploi à Lyon, a débuté par le Pasquin du Dis- sipateur et Desmasures de la Fausse Agnès. THÉATRE DE L'OPERA-COMIQUE. Au succès de Zina, s’est joint, pour amener les bonnes recettes, la continuation des débuts de Ma- dame Belmont et de Julien, et la rentrée d'Elleviou. On va voir cet aimable comédien avec d'autant plus de plaisir, que l’on craint de le perdre à Pâques. On prétend qu'il veut quitter le théâtre, où il ne sera pas facile de le remplacer. THEATRE DÉ L'IMPERATRICE. Les Souvenirs des Premières amours. Encouragé par le succès de son Volage, M. Carenrez a donné une autre comédie; mais quelle différence ! Nouvelles littéraires. 457 Un jeune homme retrouve une femme qu’il a aimée : elle est encore aimable; mais sa fille l’est davantage et la bonne maman la cede volontiers à son ancien amant, en dépit d'un vieux rival assez complaisant aussi. Le valet retrouve de son côlé une vieille duègne à qui il a fait une promesse de mariage ( comme Figaro à Mar- celline }): elle fait beaucoup de bruit, et cède pourtant bientôt son infidèle à une jeune jardinière; voilà tout. Peu de traits dans le dialogue, très-peu de comique, encore moins d'invention , un dénouement aussi brusque que peu vraisemblable. Si c'est là une comédie , ce n’en est pas une bonne. THÉATRE DU VAUDEVILLE. Le Petit Maître au Mardis, ou une Lecon de bonnes gens. Cette pièce a été jouée daus un calme peu flaiteur. On Pa retirée à la seconde représentation. Pauvre Jacques. Trois actes, au Vaudeville, annoncent de la pré- tenlion. Pauvre Jacques n’a pas été fort heureux. Sa maîtresse est folle, comme Nina, une seule chose peut la guérir, c’est le retour de Pauvre Jacques. I revient : la pièce doit finir là. C’est bien peu de chose pour trois actes qu'un semblable sujet. Les auteurs y ont mis tout ce qu’ils ont pu d’esprit et de gaité ; mais sils ne réduisent pas leur ouvrage , il n’aura jamais grand succès, Malgré quelques opposans, on a nommé MM. Se- wrin et Chazet. LIVRES DIVERS &) MÉDECINF. JourNar de Médecine, Chirurgie, Pharmacie, etc. ; par MM. Corvisarn, Lrroux, BovEr. Paris, chez Méquignon , rue de l'École de Médecine, n.2 3.- Sep- tembre 1807. On trouve dans ce numéro les articles suivans : Pré-. cis historique de l'épidémie qui a résné à Boulogne- sur - Mer à la fin de 1806 ; par M. Barrzy. — Obser- valions météorologiques faites à Montmorenci; par M. Corte. — Zxtrait du Traité des accouchemens ; par GanDiEx.— Extrait de la nosographie philosophique; par NT. Pinez , etc. MÉDECINE pps ANIMAUX. IvsrrucrioN sur la manière de conduire et de gouverner les Vaches laitières , imprimée par ordre du Gouver- nement; par MM. Crarrrr el Huzarp , de l’Institut de France, de la Sociéte d'Agriculture du département de la Seine, 3.e édition augmentée. Paris, chez Ma- r dame Æuzard , rue de Eperon, n.° 7. - 1807, broch, .. do ie in-8.° de 8# pag. MiINÉRALOGIE. JourNaz des Mines ; par MM. Coqueserr - Montrer, Hauy, VauquEerix, etc. À Paris, chez Croullebois , libraire , rue des Mathurins, n.° 17. — Juillet et Août 1807. Les articles contenus dans le numéro de Juillet, sont : Suite de la statistique du département du Lot; par (x) Les articles marqués d’une * sont ceux dont on donnera un extrait. Livres divers. 457 Louis Corvirr.— Zxtrait d'un mémoire de M. Movcnez sur la fabrication du fil-de-fer et d'acier. Les articles contenus dans le numéro d’août, sont : Analyse de l'eau des salines et des produits de la saline de Moutiers; par M. Berrater. — Description minéra- logique de la vallée du Mein, entre Hanau et Franc- fort; par M. Lronmarn. — Note sur quelques-unes des principales substances renfermées dans une suite de laves du Vicentin ; par M. Tonnerter. — Notice sur un gypse primitif, par M. Dausuisson. MoraALzeE. Lrs Bienrairs de la Religion chrétienne , ou Histoire des effets de la Religion sur le Genre humain chez les peuples anciens et modernes, barbares et civilisés, ouvrage traduit de Panglais d'Édouard Ryan, vicaire de Donoghmore, sur la seconde édition publiée à o 2 Dublin en 1802, etsuivi de V lose de Marie Gaetanc- ? 8 Acuvesi, demoiselle célèbre par ses grands talens dans 5 ; P 8 les mathématiques, par sa piété et sa bienfaisance. A Paris, chez Garnery , libraire , rue de Seine, 180 2 » 2 2 » 2 vol. gr. in-8.°, chacun d’environ 440 pag. Prix, 11 fr. Ce n’est point ici un Traité de dévotion ascctique et religieux , qui conviendroit à très-peu de personnes au- jourd'hui. C’est une section de l'Histoire ( celle de la Religion ) qui, dans tous les temps, intéressa les fon- dateurs et Iégislateurs des peuples, les plus grands phi- losophes; en un mot tout homme qui réfléchit , et dont les pensées se sont élevées au-delà des temps et des bornes étroites d’une vie courte, passagère, et le plus souvent tourmentée. Cet ouvrage , fruit d’une lecture immense, appro- fondie, choisie, distribuée avec beaucoup d'ordre , nous 2 458 Livres divers. présente un fil historique ct religieux , instructif et at- tachant depuis les premiers siècles du monde jusqu’à Los jours. Son but est de démontrer ia vérité, l’excel- Jlence et la supériorité de la religion chrétienne. Si ÿé- tois évèque d'une église chrétienne, catholique ou pro- testante , j'aimerois que chacun des membres de mon clergé eût dans sa bibliothèque, cette « Histoire des effets » de la Religion chrétienne sur le Genre humain chez » les peuples anciens et modernes, barbares et civilisés ». Je voudrois du moins que chacun de mes ecclésias- tiques eût lu ce livre, je pourrois dire cette bibliothèque portative. Je conseilleroïs aussi la lecture de cette Histoire des bienfaits de la Religion chrétienne , aux adminis- trateurs des hôpitaux, des hospices, des asyles de la vertu, des refuges du repentir, de toutes les maisons de secours; aux personnes qui, de leur bourse et de cœur, où par état, ont le bonheur d’être associées au Gouvernement on au service de ces maisons de bienfai- sance, Je voudrois même qu’il y eût toujours un exem- plaire de ce livre dans la salle du conseil de ces retraites hospitalières. Les véritables amis des indigens, des ma- lades souffrans et mourans, remarqueroient, dans ce recueil instruclif et attachant pour toute ame sensible , un grand nombre d'idées neuves , ingéuieuses, singu- Lières, curieuses, quelques-unes originales, mais toujours utiles et libcrales. Elles pourroient y découvrir des res- sources inconnues jusqu'ici pour adoucir le sort des pri- sonniers, des condamnés à la chaîne ; en un mot, tous les moyens imaginables de faciliter et de perfectionner la science de faire du bien à ses semblables ; cette science touchante et sublime pour l'homme , qu’elle élève et qu’elle rapproche le plus de la Diviniteé. L, | Livres divers, 459 GÉOGRAPHIE. AzLzGEMEINE Geographische Ephemeriden, c’est-à-dire, £phémerides générales géographiques, rédigées par une Société de Savans;publiées par F. J. Berrucu,n.es d'avril et de mai 1807, à Weimar, au Comptoir d'Industrie. Le numéro d'avril contient ua Mémoire de. M. de Horr sur l’Æydrographie des forêts de la Thuringe. Parmi les ouvrages dont on trouve l'analyse, on remar- que The history of the Orkney-Islands de G. Barry. — Une /ettre de M. Echasseriaux sur le Valais. — Le Dictionnaire de Berlin, par M. J. C. Gxnixe. On y trouve aussi l'analyse d’une carte particulière du pays d’Eichsfel& , par M. J. G, LancEémanx , et d’un Æ44/as de l’empire d'Autriche. Dans le numéro de mai, on ht un Mémoire du doc- teur /7. Laicurensrein sur le pays des Beetjuanas , et les analyses des ouvrages suivans : G. 7. D. Goss de Statistices ætate et utilitate commentatio. — Coup-d’'æil sur la Hollande. — Voyage en Italie et en Sicile; par M. Creouze DE Lesser. — Description des possessions Bavaroises ; par J. G. PRAENDEL. — Guide pour servir à une statistique générale; pax G. Scnorrr. DissERTATION sur l’expédition du Consul Suétone Paulin en Afrique, et sur le fleuve Nicer de Pline, ou le Nisir de Ptolémée; par P, A. LaTrtizze, cor- respondant de l’Institut ; de la Société linnéenne de Londres, de celle des naturalistes de Moscow, ete. Paris de l’imprimerie de Delance , rue des Mathurins- St.-Jacques, hôtel Clany. 1807. Broch. in-8°. de 34 p. Dans un chapitre de sa géographie physique, M. Du- REAU DE LA Marre, en rgpportant,un passage de PLINE sur l'expédition de Suétone Paulin, penche à croire que 460 Livres divers. ce Consul s’avança, ainsi que Pline l’affirme, jusque sur les bords du Niger (1). Cette opinion a donné Tieu à la dissertation de M. Larrerze. Ce savant, en approfondissant ce point intéressant de la géographie ancienne , se propose ces deux questions : Le Consul romain Suétone Paulin s’est-il avancé dans son expé- dition jusqu'au Niger des Modernes? Quel étoit le fleuve Niger de Pline ? Relativement à la première proposition , il trouve bien surprenant qu'une armée ‘entière soit parvenue à traverser les immenses déserts qui séparent le Niger de l'Aths, et que les Romairs , si jaloux de deur gloire, n'aient laissé aucun monument propre à perpétuer le souvenir de cette étonnante expédition. Le passage de Pline offre d’ailleurs d’autres difficultés. On lit dans plusieurs manuscrits le mot Ger au lieu de Niger, et plusieurs illustres éditeurs, entre autres J. Harpuix , adoptent cette première leçon. Or les géo- graphes s'accordent à désigner par ces deux noms deux fleuves différens. La question exigervit donc lexamen d’un point de critique; mais M. Tatreille, en admettant que Pline ait voulu parler du même ‘fleuve désigné par Ptolémée sous le nom de Niger, examine plus parti- culièrement le passage de l’auteur latin. D’après son récit, dit M. Jatreille, le Général romain m’atteint l'Atlas qu'au dixième campement, et il paroît presque aussitôt au bord du Niger (2). 11 est le premier qui se (1) Il a même tracé, sur une carte de l'Afrique qui aecom- pagne son ouvrage, la route que doit avoir suivie ce Consul. . (2) Nous observerons:cependant que Pline ajoute : Per soli- tudines nigri pulveris eminentibus interdum velut exustis cau- tibus, loca inhabitabilia fervere quamquam hiberno tempore expertum. Qui proximos inhabitént saltus, refertos elephan- torum , ferarumque et serpentium omni genere Canarios appel- Livres divers. 46: rsôit avancé au-delà de l’Atlas de quelques milles. Ce- pendant il avoit à franchir un espace d'environ 450 lieues , et quelque extension qu'on veuille donner au sens de Pline, il n’est guères possible de supposer que le Consul romain ait dépassé l'Atlas de plus d'une vingtaine ou d’une trentaine de lieues. Pline dit encore que les peuples de ces contrées sont nommés Canary , et qu'il est assez constant que cette nation coufine à celle des Ethiopiens, qu'on appelle Pcrorses. IL s’agiroit donc pour mieux reconnoitre le fleuve. dont Pline veut parler, de pouvoir marquer avec quelque précision la situation de ces peuples. Or M. L'atreille trouve, d’après deux passages de Pline (3), que les Perorses habitent des contrées siluées entre le grand désert: de Sahara et lPAtlas. Nous ne rappor- terons pas ces passages. -Le lecteur pourra les voir avec plus de détaïi dans Pline lwi-mème. Il est vrai qu'il fait habiter les Perorses près du fleuve Palsns et sur les confins de la Mauritanie. Conséquemment les Canarieus voisins de cepeuple, doivent être placés dans les contrées “adjacentes à l'Atlas, ‘et le Niger qui arrose ces régions, se trouverôit ainsi à très-peir de distance de celte mon- tagne. Telle est l’idée principale-de l’auteur qu’il étaye de plusieurs calculs et dé raisonnemens très-judicieux. IL faut donc, selon lui, distinguer du Niger des mo- dérnes le fleuve du même nom dont parle Pline, et placer celui-ci dans le Biledulgerid , qui correspond .à - J'ancienne Getulie. Passons à la seconde partie de la dissertation de M. La- treille. Ilse propose de déterminer à quel fleuve.Pline lari ,‘ete.; mais ilne faut sans doute pas pénétrer bien avant dans le désert pour y observer un semblabie spectacle. (3) Pline, hist, nat., 1. v, 1 et 8. 462 Livres divers. et Ptolémée ont denné le nom de Niger. D’après les descriptions que ces écrivains ont données de son cours et des contrées qu’il arrose, on peut admettre avec beaucoup de probabilité que c’est le même fleuve qu'ils ont désigné chacun par ce nom. Il s’agiroit donc , d’après la description de Ptolémée , qui est la plus détaillée, de reconnoitre les points de rapport qu’elle offre avec ce que nous connoissons des fleuves qui arrosent les con- trées voisines de PAtlas. Selon Ptolémée, le Niger est formé de la réunion de plusieurs rivières, dont deux paroissent venir de la Lybie intérieure; la plus occidentale et la plus courte se termine près dAnygath; Vautre ou orientale part du mont Thala. Dans cetie même contrée, Ptolémée indique deux lacs, le Nigrites Palus et un autre dans lequel passe le fleuve Srachir. Or du revers méridional' du mont Atlas, entre les neuvième el sixième degrés de longitude occidentale, sortent quatre rivières; le Dras où Darah, la rivière de Tafilet, le Zis et le Ghir: Ces quatre rivières, et surtout les trois dernières, sont assez rapprochées à leur naissance , ‘elles coulent vers le grand désert où elles se perdent dans des lacs. Voici maintenant la manière dont M. Latreille pense que Ptolémée aura formé le cours supérieur de son Niger. Pour rendre plus exactement ses idées, nous copierons ses propres expressions. » Nous pensons, dit-il, que ce dernier lac (celui où Ptolémée fait passer son fleuve Sta- chir}), est celui où s'écoule le Darah, rivière que ce séographe a ignorée, où qu'il a peut-être réunie à son Slachir , dont il allonge trop le cours. La rivière de Tafilet, celle qu'on nomme Zis et Ghir, étant très- rapprochées vers leur origine , auront été confondues en. une seule; ct tel est le Niger de Ptolémée pris dans son Livres divers: 463 couts supérieur. Il commence par la rivière de Tafilet et le Nigrites Palus est le lac dans lequel elle se perd; le Ziz est cette brauche du Nigir que Ptolémée fait naître au mont Sagapola , division de l'Atlas, et qu’il termine un peu plus bas qu'Anygath. Le Ghir verse ses eaux dans le lac Bem-Gomi ; Ptolémée aura réuni le Ziz et le Ghir, et cette rivière qui part au midi du mont Thala ne sera que le Ghir inférieur ». : Pour le cours inférieur , M. Latreille remarque que Ptolémée n’ayant pas assez avancé au nord l’inclinaison de l'Afrique propre, a du, pour accorder ses mesures ; reculer vers le midi toutes les positions. Ainsi la ri- vière du Chevreau , l’Adje-Dee ou le Wad-Jiddi sont descendues plus bas et sous le parallèle des rivières dont Ptolémée a composé son Niger. Il en est résulté une autre confusion; le Wad-Jiddi a été combiné avec le Niger, dont il forme le cours inférieur. Sur ses bords doivent être placées les villes de Panagra, Dudum de Ptolémée. La montagne Usargala doit répondre aux monts Ammer et Lowet, et le Lybia Palus au lac Melgig. Telle est l'hypothèse de M. Latreille. Ellé ne sera pas sans intérèt pour ceux qui s'appliquent à la géographie ancienne. Elle écartera de grandes difficultés, si les connoisseurs ne jugent pas qu’elle en renferme d’autres. Véritablement c’est une opinion difficile à soutenir que cette identité du Niger des anciens avec le fleuve que nous désignons aujourd’hui par. ce nom , d’autant plus que, selon toutes les relations, les anciens ne doivent être parvenus sur ces bords, qu’en partant de la côte nord de l'Afrique, c’est-à-dire, en choisissant la route la plus difficile et que nous regardons encore aujour- d’hbui comme impraticable, D. Tome F. Octobre ‘1087. 30 464 Livres divers, HisTotrrt. Hisroire du Bas-Empire, par M. Lr Bravu , continuée par M. Amriznon, membre de l’Institut et de la lé- { gion d'honneur, tome 26, vol. in -12 d'environ 600 pages, prix 3 fr. et 4 fr. 20 c. franc de port par la poste. À Paris chez Crapart, Caille et Ravier, Libraires , rue Pavée St.-André, n.° 17. On trouve chez les mêmes libraires'les vingt-cinq premiers vol. pour le prix de 63 fr. Tous les volumes de cet ouvrage se vendent séparément deux par deüx. Ce volume conduit cette histoire depuis la reprise d’Andrinople par Cantacuzène , jusqu’au retour de Jean Palæologue; c’està-dire, depuis 1352 jusqu’en 1439. Les princes dont on y donne la vie sont Jean Canta- cuzène, Jean Palæologue I, Manuel Palæologue et Jean Palæologue IL On y lit avec intérêt le récit des rapides conquêtes d'Amurat I, de la mémorable défaite de Bajazet par Tamerlan, et celui du siége de Constan- tinople ; l'origine de plusieurs nations, la décou- verte de plusieurs inventions utiles qui ont eu lieu dans les temps dont M. Amriruon écrit lhistoire. Son ou- vrage se distingue par la clarté , la justesse des idées, le choix des preuves; le goût et l’érudition sy trou- vent réunies, et M. Le Brau ne pouvoit avoir un plus digne continuateur. A. L. M. Covr-D’ærr Historique sur la ville et l’église de St- Denis; sur les monumens principaux qu’elle renfer- moit avant 1790 ; sur son origine ; sa destruction eË sa restauration ; sur le rétablissement de la sépulture des Princes français, par ordre de Napoléon I.°* ; où sont détaillés tous Les travaux qui viennent d’être exécutés ; avec le plan gravé. Pzax de Paris et de ses environs, du côté de l'Ouest, Livrés divers 465 _&véc le détail de ses nouveaux embellissemens, pro- _Jeliés où exéculés dépuis le règne de Napoléon E°° Ce.plan nouveau s'étend jusqu'aux bourgs de Sèvre, Saint-Cloud , Neuilly, Courbevoye , le bois de Bou- logne, Longchamp, Passy, Auteuil, la plaine de Grenelle, et le canal de lOurcgq ; le tout démontrant l’ensemble des nouveaux embellissemens qui y sont figurés, aussi curieux qu’utile à chacun des proprié- taires , artistes et amateurs de bien connoître. A Paris chez Collin, carrefour Bussy, n.° 4., maison du Mercier. Prix des deux ouvrages ensemble, broches, . Format in-4.° avec gravures, 5 fr. Mowvwmens français inédits pour servir à l’Histoire des Arts, et où sont représentés les costumes civils ef mi- ditaires, les instrumens de musique, les meubles de toutes espèces et les décorations intérieures des mai- sons ; dessiné, colorié, gravé et rédigé par N. X. .WizzemiN. 1806. In-fol. Deuxième et troisième livraisons. HisrorrE des généraux qui se sont illustrés däns ‘la - guerreypar À. CnATEAUNEUr, treizième livraison. Prix de l’abonnement pour les dix-huit numéros , 24 fr., et 28 fr. par la poste. Ce treizième volume contient les généraux Blanche- lande, Alex. Beauharnais , Deflers, Houchard, Stenzel, Alex. Dumas, Delmas, Gardanne, Andréossi, Krieg, Cilmam , Soult, Marescot, Hatry, Hédouville, Dom- brouski, Souham, Rusca, Jardon, St.- Hilaire, Watrin, Destaing, Jablonoski et Dugua. ASTRONOMIE,. REecHERCcHESs sur l’origine et la ‘sionification des constellations de la sphère grecque ; par C:G. S:; tra- 466 Livres divers: duites du Suédois ; avec cartes'et planches. Prix, 4 fr., et 4 fr. 75 c. franc de port. A Paris chez Migneret, imprimeur, rue du Sépulcre ; faubourg S1.-Germain, n.° 20. BirocRAPHILE. Eroce de G.J. B.Tarcrr, ancien Avocat au parle ment de Paris ; magistrat en la cour de cassation , membre de la légion d'honneur, etc. etc ; prononcé en l'audience publique de la cour de cassation , pour la réception de M. fieu, nommé à la place vacante par le décès de M. Tanerr; par M. Muraïre, con- seiller d'Etat, premier président de la cour de cassa- tion, grand-officier de la légion d'honneur. Brochure in-8.° de 34 pages d'impression. A Paris, de limpri- merie de Xhrouet, rue des Moineaux, n.° 16. NumMiIsMATIQUE De Trallensi-Tulliano tetradrachmo musei Theupoli ad Reverendiss. p. ab. SANCLEMENTIUM Apologetica. Scripsit Felix C4RONNUS , cl. R. S. Pauli Medio- lani. Typis F. Sonzsogno 1806. Cette lettre est précédée de la gravure des trois me- dailles qui en font le sujet. L'une est un Moyen bronze de Magnésie en Lydie, connu depuis long-temps et qui représente la têle de Crcéron , avec cette légende : MAPKOE TOYAAIOZ KIKE- PAN , et au revers, MATNETON. AIO. ZITYAOY. @roA@rOZ. Une main droite tenant une couronne , un épi, une grappe de raisin et une branche de laurier.: Les deux autres sont des cistophores d'argent, l’une de Laodicée de Phrygie, l’autre de Tralles de Lydie. Celle de Laodicée porte pour légende : M. TVLL.IMP. AAO _ AABAZ , IIYPPOY. M. Caronni a. cru lire sur celle de Tralles TVLLI Livres divers: 467 PROCOS. Il l'a rapprochée de celle de Laodicée, afin de, soutenir son opinion par la comparaison des deux médailles. IL cherche ensuite à prouver que ce n’est point Quintus Tullius, frère de l’orateur ; mais bien #. Tull. Cicéron lui-même, dont le proconsulat est in- diqué sur cette médaille. Ildonne pour raison de ce que la lettre M ne s'y trouve point, que le bord de la . médaille est tellement endommagé que lon ny voit qu’à peine le bas-des lettres du mot TVLLIT. Il s'étend ensuite sur les différens titres que prenoient les gouverneurs ou les prêteurs envoyés par les Ro- mains dans les, provinces qui leur étoient soumises. En rendant justice à l’érudition de M. Caronni, je ne crois pas devoir partager son opinion sur la médaille de Tralles. Lui-même, en lexaminant plus attentive- ment et en la comparant à celle de Pulcher , proconsul , qu'il-cite à celte occasion , auroit pu voir que c’est ab- solument la même, Celle du cabinet impérial de France est parfaitement conservée , et ‘on y lit distinctement, PVLCHER. PROCOS. TPA. APICTOKAHC: Le bord dela médaille. de 'Fralles, citée par M. Caronni, est usé ; et il y a si peu de différence entre le bas des lettres de PVLCEH et de TVLLI, que je ne doute pas que le mot endommagé ne soit le mot Puroner. A seroit étonnant que jusqu’à ce jour on eût ignoré que: Cicéron ait été proconsul en Lydie. Lui-méme , dans ses lettres, parle de, ses différentes “missions ; il eut en partage la Cilicic, l'ile de Cypre, et une grande partie dela Phrygie. IL commanda. aussi dans-la Pisidie et la Pamphylie. Cest dans.la Phrygie seule, que son souvenir a été conservé sur les médailles, par celles de Magnésie et de Laodicée, dont nous avons op plus haut. M. Caronni s'appuie encore sur la ressemblance du 468 Livres divers. type de la médaille de Magnésie, avec celle de Trallea où on voit à côté des serpens enlacés , une main, un ra meau d’olivier; mais cette main existe de même sur la médaille de Pulcher et ne se retrouve point sur celle de Laodicée , où il est incontestable qu'il y a M. TFLL. D'ailleurs, ces signes monétaires w’avoient pas plus de rapport aûx Magistrats nommés sur les médailles que tous les autres symboles du revers. : | Je crois donc que là médaille a été mal lue, ce qui est d'autant plus facile à croire qu’elle n'est pas entière; et qu’il ne s’agit dans la légende , que du proconsul Pulcher et non pas de Quintus Tullius ou du célèbre orateur romain. T. D. GRAMMAIRE. GRAMMAIRE abrégée de la langue allemande, consistané en tableaux, règles et exemples; par Jean Severin VarEr, professeur en philosophie et en théologie. Strasbourg, chez Levrault , 1807 ; in-8°. L'auteur a suivi pour cette Grammaire une marche absolument semblable à celle de'sa Grammaire polonaise. Elle consiste également en tableaux des déclinaisons ét des conjugaisons ; et pour fournir un'plus srand nombre d'exemples, l’auteur y a joint des catalogues alphabéti= ques-pour les terminaisons caracteristiques des mots. Par ce:moyen on recôfnoit sans peine à quelle décli= maison ‘chaque substantif. appartient. Les principales règles: de constrüction sont aussi” développées dans des thèmes qui présentent dés moreeanx/choïsis des écri- vainseallemands lés’ Plus estimés. Les tableaux nous semblent un peu chargés. Ils sont d’ailleurs très-embar- rassans. auteur aûroit pu facilement prévenir cet in- convénient, en reporlant dans le format ordinaire les longues remarques qui sont rangées sur les marges: TABLE DES MATIÈRES. SCIENCES ET ARTS. Journal de Physique, de Chimie et d'Histoire naturelle; par J. C. De la Métherie. 206 Bulletin de la Société philomatique. Ibid, MATHÉMATIQUES. Mémoire .sur la théorie du parallélogramme des forces; par M. Melo. 395 ASTRONOMIE. “Etoile découverte par M. Olbers, dans l’île septentrionale de * la Vierge. 392 Description d’une nouvelle comète; par M. Leyffer. 391 Calculs de M. Gauss, de la nouvelle planète de Vesta. 392 Récherches sur l’origine et la signification des constellations de la sphère grecque. 466 Réparation de l'observatoire de Seeberg. 391 PROS TIQUE. Tableau physique des régions équatoriales; par M. De Hum- boldt. 139 Thermomètre de M.Jœgersen. | 395 - Chambre claire inventée par le docteur Wollaston. 152 Tableaux des hauteurs des montagnes, publiés par M. de Mechel. 387 Ë MiNÉRALOGIE. Journal des mines; par MM. Coquebert-Jfontbret, Haüy, Vauquelin. 208, 456 “Rapport sur une pierre météorique, présentée à l’Académie de St.-Pétersbourg.. - 396 Zoorocire. Taureau et ânesse sans poil, observés par M. Ponthier. 4x5 _ Sorex caniculatus, mammifère découvert par M. Gung. 393 L 470 Table des matières. ORNITHOLOGIE. Ornithologie américaine ; par M. Wilson. 4oŸ IcHTyoLoGcIiE. Rapport fait à la première classe de l’Institut, sur un mémoire de M. Géoffroy de Saint-Hylaire. 39 Mémoire sur POdorat des Poissons ; par M. C. Duméril. gg BOTANIQUE. Lettres de Zinnœus à M. Gérard. 354 Novæ Hollandiæ plantarum specimen auctore, J. J. Labillar- dière. 208 Description des champignons commestibles , des états autri- chiens ; par M. Trattinik. 153 Ouvrage de botanique , préparé par l’archiduc Jean. 386 CHirmiE. Lecons de chimie données à Leipsik, par M, Morellot. … 388 MÉDEGINE. Journal de Médecine, par MM. Corvisard, Leroux, Boyer, etc. 456 Prix proposés par la Société de Médecine de Londres. 379 MÉDECINE DES ANIMAUX. Instruction sur la manière de gouverner les vaches laitières ; par MM. Chabert et Huzard. 1% 436 PHyxs10LOGIE. Principes de physiologie ; par M. Dumas. 24x JuRISPRUDENGCE. Traité-pratique de toute espèce de conventions ; par À. G. Daubanton. 210 Indication des changemens faits au Code civil. dbid. ComMmMERCE. Code de commerce, précédé des rapports faits au Corps légis- latif par les Orateurs du Conseil d'Etat. 2° Table des matières: 474 Le même ouvrage, avec les motifs présentés an Corps légis- latif; par M. Regnaud de Saint-Jean d'Angely. Ibid, Économie: Sur les maisons des pauvres; par M. Co/qhoun. 382 TEcHNorocte. ‘Réflexions sur la librairie ; par P. Catineau-la-Roche. 209 Nouvelle machine à copier, inventée par M. f’edgwood. 153 BEaux-ARrTs. Ouverture de l’Académie des Beaux-Arts de Pensylvanie. 4ox Galerie de tableaux transférée à Augsbourg. 155 Œuvres de Winckelman, publiées par M. Fernow. 154 Les Beaux-Arts en Angleterre , traduit de l’Anglais de M. Dal- laway, par M.***, publié et augmenté de Notes par A. L. Millin. 89 Notice des travaux de la Classe des Beaux-Arts de l’Institut ; : par M. Zebreton. 442 Séance publique de la Classe des Beaux-Arts de l’Institut. 196 ÂRCHITECTURE. Des anciennes études de l'Architecture; par C. F. Piel. 234 Parisetsesmonumens; par MM. Baltardet Amaury Duval. 237 DeEssrnx. Dessins du Dante, publiés par M. Flaxman. 38r PEINTURE. Peintures du cimetière de Pise, gravées d’après les originaux, par C. Lasinio, 226 Le Sacristain charitable , tableau de M, Chabord. 415 Gravure de la Madeleine pénitente de Schidoni; par M. Bet- -tilini. 399 Catalogue des tableaux de la galerie’de M. West. 183 Galerie de Rubens. 233 SCULPTURE. Ouvrages de Sculpture exécutés par M. Flaxman. don: |: 472 Table des matières. Buste du célèbre historien Müller, par Schadow. 154 GRAVURE. La cascade de Tivoli, gravure de M. Gmelin. 398 Æntrevue des trois Souverains, gravure, par M. Æbrahamson. 389 Mosaïque. Fabrique de mosaïque de M. Catel, 396 Musique. Rapport sur le concours.de composition musicale ; par M. Gossec. 5B 0 453 Concert du célèbre organiste J’ogler. 156 Tamburo perfezionato , par Vincent Requeno. 185 MorAze. Anthropologie , par M. Fejes. 387 NAGER RCRE: Lettres sur la Calabre et la Sicile ; par M. Bartels. 286 Voyage de Manninz à Chiras. 382 Détails sur le voyage de:lord 7’alentia: 4oo Voyage de M. Thronton dans la Caroline. 402 GÉOGRAPHIE. Géographie élémentaire, avec tous les changemens politiques survenus en Europe depuis 1789 jusqu’au mois de juillet 1807; par M. Cross. 211 Dissertation sur l'expédition du Consul Suetone Paulin en Afrique ; par M. 'Latreille. , 459 Allgemeine geographische Ephemeriden, Ephémérides.générales de géographie; par M: Bertuch. * Ibid, Groupe d’Isles découvert dans la Mer du Sud; par J. B: Hon- teverde. Mhr85 : Mesure exacte des côtes de l’Amériqué, ordonnée parle congrès de Philadelphie. 187 Dictionnaire topographique; par Nicolas Carlisle. 152 Coup-d’œil historique sur la ville et l'église de St.-Denis. 464 Plan de Paris et.de ses environs. 9 Us! 2»! 465 Table des matières, 473 H1:isTorreE. History of the World, par le D. Gillies. 38a Histoire de la Grèce; par M. Hitford. Ibid. Histoire critique de la république romaine; par P.C. Zevesque. 5 Histoire du bas empire ; par M. Æmeilhon. 464% Histoire de Maximilien L.er ; par M. Wolff. 125 fre - Ê Campagne des Armées francaises en Prusse, en Saxe et en Po- logne , sous le commandement de S. M. l'Empereur et Roi, en 1506 et 1507. 212 The portraiture of quakerism ; par M. Clarkson. 382 Chronique de la vallée de Goldau ; par M. Zay. 397 Brieve en negotiatien , ete. , c’est-à dire, Lettres et négociations de M.e L. P. Jan der Spiegel. 213 Recherches historiques sur l'emploi des perruques ; par M. Æi- colaï. 267 ANTIQUITÉS ET ARCHÆOLOGIE. Monumens français inédits ; par Willemin. 465 Bas-reliefs antiques, publiés à Rome par MM. Piroli et Zoëga.: 398 Ancienne ville de Smyrne , découverte par M. Gropino. 4oo Anneau d'argent que M. Smith présume être un chapelet. 38r Grand vase d'onyx de Brunswick, transporté à St.-Pétersbourg. 392 Galerie antique, ou collection des Chefs-d'œuvre d’architec- ture, et de peinture antiques; par M. Legrand. 218 Collection d’antiques de l'Université de Copenhague. 182 Ordonnances du Préfet de Lyon, concernant les antiquités de cette ville. . 40$ NuuISMATIQUE. Seconde lettre de M. Cousinery à M: Rostan. 5t De Trallensi-Tulliano tetradrachimo , a F. Caronno. 466 ‘ Ne crndeorn) er Raph enr Eloge de M. Target, par M. Huraire. 466 Mort de M. Pacher. 417 Mort de M, Jumelin. Ibid. 474 Table des matières: Mort de M. Chastenet de Puységur. At Mort de M. Michel. 415 Mort du D. Nathaniel Julme. 383 Mort de M. Laroche. 403 Mort de M. J. E. Pütter. 157 Mort de M. le Baron d’Æsch. Ibid. Eloge de M. Willemet, prononcé à la séance publique de l'Aca- démie de Nancy, le 20 août 1807 ; par le Docteur Haldat. 114 Notice biographique sur Ph. G. Hensler. 254 Dictionnaire des hommes illustres du canton du Tessin. 398 Koyal and nobles authors; par le lord Orford. 383 Galerie historique des hommes les plus célèbres de tous les siècles et de toutes les nations; par C. P. Landon. 219 Annales nécrologiques de la Légion d'honneur; par J. Lavallée : 220 Histoire des généraux qui se sont illustrés dans la guerre; par A. Chéteauneuf. 221, 465. HrsToiRe LYTTÉRAURE. Rapport sur les travaux de la Classe d'Histoire et de Littérature anciennes de l’Institut ; par M. Ginguené. 419 Nomination de MM. Laujon, Rainouard et Picard à la Classe de Httérature francaise de l’Institut. 201 ‘ Lettre sur l’Académie des Jeux floraux de Toulouse. 407 Séance publique de la Société des Sciences, Arts et Belles- Lettres de Soissons. 19 Séance publique de la Société des Sciences, Arts et Belles- Lettres de Bordeaux. 190 Prix proposés par l’Académie de Marseille, 403 Cours de l’Athénée de Paris, pour l’an 1808. 455 Instituts des Sourds-Muets, en Angleterre. 379 Nomination de M. Meermann van Dalem à la direction géné- rale de l’instruction publique en Hollande. 385 Acquisition de ja bibliothèque de H. A. Schultens, par l'Uni- versité de Leyde. 384 Prix proposés par la Société de Teyler à Harlem, Ibid. Prix proposés par la Société des Sciences de Middelbourg. 385 Table des matières: 475 Séance de la Société Jablonowski à Leipsik. 387 Suite de la Notice des travaux de l'Université et de l’Académie des Sciences de Gæœttingue , pendant 1806. 158 Prix proposés par l’Académie de Gœttingue. 171 Etablissemens cédés à l’Académie de Munich. 155 Concours, à Munich, pour la composition d’une grammaire allemande. 390 Voyages des étudians de Bavière, entrepris aux frais du Gouver- nement. 155 Progrès de l’Université de Landshut. 156 Réunion de la bibliothèque d’Hielmstiern à la bibliothèqne royale de Stockholm. 394 Prix proposés par l’Académie de Stockholm. Ibid. Détails sur les établissemens littéraires de Copenhague, pen- dant le siége de cette ville. 3093 Societé topographique de Christiania, fondée par M. Moltke. 183 Nouveaux établissemens littéraires fondés en Danemarck. 182 Prix proposés par l’Académie des Sciences de Pétersbourg. 183 Séance publique de la Société des Amis des Sciences de Var- sovie. 184 Société d’artistes et d'amateurs de Zofingen. Ibid. Prix remporté par M. Carmignani sur le mérite littéraire d’Al- fieri. 185 Prix proposé par le comte de Daneskiold. 395 Athénée établi à Barton. 188 Prix proposés par la Société américaine des mathématiques. 187 Ouverture de l’Académie des Beaux-Arts de Pensylvanie. 189 Société militaire philosophique, fondée à Westpoint. Zbid. Tréozocire. Les Bienfaits de la Religion chrétienne ; par E. Ryan. 457 Traduction du Nouveau Testament, publié par la Société des Unitaires. 380 Traduction allemande du Nouveau Testament; par M. Van Ess. 39: GRAMMAIRE. Dictionnaire de néologismes; par M. Heuberger. 156 476 Table des matières. Grammaire abrégée de la languüé allemande ; par J.S. F'ater. 468 LITTÉRATURE ORIENTALE. Catalogue de la bibliothèque de Tipoo-Saïb;par M. Stewart. 152 Recherches asiatiques, ou Mémoires de la Société établie au Bengale. 320 Nouvelle édition du Dictionnaire de la langue persane de Æi- chardson. 382 : LITTÉRATURE GRECQUE. Edition d’Homère, imprimée chez Bodont. 399 Nouvelle édition de l'Odyssée et des hymnes d’Homèére ; par M. Wolf. 156 Harangues de Démosthène , publiées à Oxford. 382 Cours de philosophie grecque, par M. Scheyermacher. 389 LrnTÉéRATUNRE: LATINE. Opuscula Rhunkeniana , publiés par M. Kidd. 382 Restitution d’un passage de Pline sur la statue de Praxitèle , appelée Sauroctone. 259 Traduction anglaise de Salluste; par M. Stewart. 382 Traduction des Métamorphoses d’Ovide ; par M. Bondi. 185 LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE. Mélanges d’ancienne littérature allemande ; par M. Docen. 390 Ouvrages posthumes de F. Hunyadi. 387 The Monthly Repertory of english litterature. 259 POÉSIE FRANCAISE. Les Rose-Croix; par M. de Parny. 366 Charles-Martel; par Tardieu Saint-Marcel. 239 Mes adieux à Dillembourg, et ma visité aux mines de Müssen; par M. A. Jullien. 134 PoËsiE ÉTRANCGÈRE. Lettre sur l’Universal Prayer. 306 Washington , poëme épique ; par M. Worthmore. 4or Sulmis, Ein alt-orientalischer Hochgesang der Liebe. 221 Nouvelle édition de la Louise de Zoss. 389 Table des matières. 477 THÉATRES: THÉATRE FRANCAIS. Les causes de la décadence du théâtre, et les moyens de le faire refleurir ; par M. Cailhava. 238 Débuts de Mademoiselle Degotty et de Thenard. 456 THÉATRE DE L’OPÉRA-COMIQUE. Rentrée d'£lleviou. 456 La Folie musicale où le Chanteur en prison. 202 Lina ou le Mystère. Ibid. THÉATRE DE L’IMPÉRATRICE. Les Souvenirs des premières amours. 456 Le Volage ou le Mariage difficile. 203 THEMMRE, DU, VAUTDEVILLE. L’Hôpital Militaire. 204 Quitte à quitte ou les Jeunes Vieillards. Ibid. Le Petit Maître au Marais. 457 Pauvre Jacques. Ibid. THÉATRES ÉTRANGERS. Ulysse et Circé, opéra du théâtre de Berlin. 154 Ballet d'Hélène et de Päris, représenté à Vienne. 386 Arlequin et Colombine sur les Alpes, ballet représenté à Vienne. ibid, L'Inca d’Otaïti, tragédie, par M. Ochs de Bale. 397 | Romans. Mille et une Nuits, nouvelle traduction anglaise, par M. le docteur Scott. 38a Contes des fées; par Perrault. 238 Traduction anglaise de D. Quichotte, publiée par M. Belfour. 387 Romans hongrois, publiés par M. Æis. 387 478 Table des matières: MÉLANGES. Observation sur un ouvrage anonyme , etc. 222 The Director, journal publié par l’Institut royal de Londres. 380 Excentrice excusions, par M. Woodward. Ibid. Lettres inédites de Grotius, publiées par M. Meermann. 384 Le Chef-d’œuvre d’un Inconnu, par M. le Docteur Chrisostome ÜMathanasius ; avec des Notes de P. X: Leschevin. 45 À ë AVAS: Le succès du Magasin encyclopédique ; rédigé par M. Milhin, est assuré aujourd’hui, il ne lui manquoit que de paroïtre avec plus de régularité , et, jusqu'ici , l'attente du Souscripteur a toujours été trompée sur ce point. On n’auia pius sujet, à l'avenir , d’avoir de pa- reilles craintes à former. M. Tourneisen fils, Libraire, s’est chargé de cette entreprise (1). Son commerce aatif; des relations étendues, des mesures prises lui promettent et garantissent l'exactitude des livraisons. Les exemplaires seront remis exactement à la poste, du 15 au 20 de chaque mois. Conditions du Journal. Pour six mois, franc de port, tant pour Paris que pour les départemens. . . . . . . 24liv. POUr (inetanriée cu EN ANNE al Lors T'en (x) A dater du premier janvier 1808 , le Bureau du Magasin Encyclopédique sera chez M. TouRNEISEN fils, libraire, rue de Seine, n.0 12, à Paris. — Lettres et paquets francs. Livres DIVERS. Médecine, Journal de médecine , chirurgie , pharmacie, ete. par MM. Corvi- Sarl , Leroux, Boyer. Juin 1807. ‘1456 Médecine des Animaux. Instruction sur la manière de con- duire et de gouverner les vaches laitières; par MM. Chabert et Husard. Ibid. Minéralogie. ‘Journal des mises; par MM. Co- quebert-Monibret, Haüy, Vau- quelin. Tbid. Morale, Les Bienfaits de la religion chré- tienne ; onvrage traduit de l’An- glais. 457 h Géographie. Allgémeine Geographische Ephe- meriden; par F. J. Bertuch. 459 Dissertation sur lexpédition du Consul Suétone Paulin en Afri- que; par P. A. Zatreille. Ibid. Histoire. Histoire du: Bas-Empire; par M. Le Beau. 464 Ve de la Table du Numéro! Coup-d'œil Historique snr la ville et l’église de St-Denis. 46% Plan de Paris et de ses environs. à de Ibid. Mouumens francais inédits pour servir à l'Histoire des Arts; des- siné, colorié, gravé etrédigé par N.X. Willemin. 465 Treizième livraison de l'Histoire des Généraux qui se sont illustrés daus la guerre ; par A. Château- neuf. Ibid. Astronomie. Recherches sur l’origine et la signi- gnification des constellations de la sphère grecque ; par, C. G.S. AQU Biographie. Eloge de M. Tarjet; par M. Mu- raire. " 466 Rouet 2% De Trallensis - Tulliano tetra- drachme musei Theupoli ad Re- verendiss p. ab. Sanclementium - Appnlogetica. Scripsit Felix Ca- ronnus. Ibid. Grammaire. Grammaire abrégée de la langue allemande ; par J. S. V’ater. 466 COCECTTIECOOLEOCECE bacérins, Lacrance, Lamañcx, LANGLÈS BA LEBRUN ,? LÉvVEuLÉé, Mannox, Menretre, Monéréer, Nosr | 231 SaINTE-CROIx, SCHWEIGHÆUSER , Sicann, SnvErne ta DE Sacy, Suarp, Trauzié, Van-Mons, Vextenan: | ViscoNri, Usreri, Wiremer, d’autres Litiératours.esti-cf (A) mables, et de plusieurs Savans.que la mort a moisson | @) | nés, dont les principaux sont MM. Cavawiurms, Data. “sENTON, DESAULT} L'Henirier, Hermann, Lazanne, | ù | Mercier Sainr-Lécrr, Orenciy, Viuoisox, Winckzen. | © ère les Mémoires les plus importans sur toutes les partiés des Ants et des Sdici on choisif principa- ‘lement ceux qui sont proprès À en accélérer les progres. _ On y publie Également lés Découvértés ingénieuses , | ‘ les Anventions, utiles dans: tous 185” senres: On y rent | Rs des, Expériences nouvellés. On'ÿ donne un pré- cis de ce que les Séances des Sôciéles littéraires ont offert CCeCCeCecEce | @) de plus intéressant ; “ue description de co fue les dépôts. | | & d'objets d'A ris ele Sciencés renferment de plus curieux: pe e 4 me dd LS A Le ar AE A Florence ; chez Molini. ! À Franc{ott-sur-le-Mein , chez Flcischer. : A Genève, chez Mangetet chez: Paschoud. #5 À Hambourg, chez Hoffmann. : “A Leipsiek, chez Wolf. À Leyde ; chez les frères Murray. A Londres, chez de Boffe, Gerard Street. A Strasbourg, chez Levrault. : A Vienne, cher Degen. pit À Wesel, chez Geisler , Directeur des Postes. Et chez lés Directeurs de Poste en France. Il faut afjranchir des lettres. À CS à SPL Œ) Ve) MARNE DECO TOLCODECECSEE CEE ii : 1 i v ET. Pl : pie PEUR AT AN A *; di: 4 id l; r Fe F dE Leth LI ° L's 5 Ÿ Ce 1 NI, \ Dh : 2! } à %Œ MT D PT ER NT LD 3 #r 2 nu +7 AVE VERRE MATE US ‘ Vite tr °f4 mn FOIX L : del pt h CU d- e 1, € D . Ê NE : EU ne Nb DEN R, ; À CEA M : ) 4" * Re i A Es 4 : < ‘4 : e dE n “ v “y fa L 244 ; . | LE a . * ; , Let 4 " - ' 4 ‘2: en: rc Lt JUS 4 \ Qi = s4 pre Fr ; : d ”. Le n ‘ AO EA FR ad 1" £” | 4 à — # - ta 4 : . ; ‘ s1 {] es "À ss de - re h ) ' + . . pl LE v ”, ra s% PERTE ES AS DEL s vw. = 4 CEL* S ON 4 DA M Pr ATT : È A L LL | : "RAA k à » . vr F. . cp =) cé ee Û » : £ CE" à LES 7 Le k su Avr: AL FRUE * ANA es $ \ tu UN NUE Me x Cu L \ \ +4 + (\ à L + ENS Li A OA LEE LE NE 4% nv (AUS si LA AU Lo X Rs 4} us LD AUS ot AS ALU Me "à at \! 4! Ü