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M A G A Z I N

ENCYCLOPEDIQUE ,

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JOURNAL DES SGIENCES^..^^

DES LETTRES et DES ARTs/ ■■

R E D I G i: V;,,

_, N^''.'L HAS

Par Mil LIN, Noel et Wai!.e:n-s.

II n'y a picsque plus d'ouvragcs periodiques qui scrverit de depot aux inventions nouvelles et qui letraceut i'histoire de I'esprit humain ; ceux qui OTii: cours stmblent , pour la plupart , evitcr avcc 'rttitctation tout ce qui peut aliraentcr Ic gout dc s sciences ct rtieme de la morale. Seroit-il done indi- gnc de la Convention dc s'occuper a reorganiser cctte branchc de rinstrnctioft naiionale ? Gr^GOIRe , Rapport sur Ics encouregemens , recompenses et pensions a accdrdcr aux Savans , p;:ge 16.

Vj e Journal , auqnel !a plupart des liommes qui ont uii nom distingue, une r6pnlation juslement acquise dans quelque pailie A^& arls ou de?i sciences^ tels que les citojens Bitaube , Ciienier ,' Daubexton ,

DrLILLE 5 DeSFONTAINES , DoLOnilEU 5 FOXTANES 5

PoupcROY , Hauy , Heruian , Lacepede , La- grange , L.AHARPE ,LaL^-DE^ LaIUARk', tANGLES ,

Laplace, Lesrux , Leroy^ l'Heritier , Men- telle,0berlin,Sicard5Suard, V()LN£y,etc. etc. coritributront , contiendra I'exlrait des piiucipaujc

•nvrages nati'onnnx ; on s'attarliera siir-tont h en donner iiiie analyse exacle , et a la faire paroitre le phis proniplenient possible apres leiir publicalioii. On y doiiiiera iiiie notice des meilleurs ^'crils imprimis chez i'elianger.

On y ins^rera les nie moires les y,\us intc^ressans snr loutes les parties des artset des t^cicnces;on choi- sira s jr-tout ccux qui seront propres a en acc«^lerer les progr^s.

Ony publiera les d(^coiiverfesin<;('nieu?es, les inven- tions utiles dans lous les genres. On y rendra conipte des e>:p^Tiences nouvelles, de la formation et de Ton- verture des Museums. On y donnera \m precis de ce que les seances des societes litteraires auront ofTert de plus niteressant , une description de ce que les dc'-pors d'objels d'arls et des sciences renferment de plus curieux.

On y trouveva des notices snr la vie et les ouvrages ^es Savans , des Litterateurs et des Artistes distiiigurs dont on auia a regretfer la perte , enfm ies nouvelles iitteraires de toute espece.

Ce Journal sera compose desix volumes in-fi'^. par an , de 600 pages cliacun , et au moins de24 gi'^vures en regard des articles qui en exigeront. II paroitra toas les quinze join-s un numero de 9 i'euilles.

Le prix de Tabonnem-ent est k raison dc lo .^r. pour trois mois , rendu franc de port par toute la K^publique,

On s'adrosse , pour I'abonnement, au BureaT- MagaziuEncyclopedique, rue Honore, ]N'-\ 94 ; ei pour les objcls relalifs a la redaction , aux l\edacleurs,ru@ de Provence , N^. 48.

Il_ faut aflrancijir les lettres et charger eelles aui ^nlienuent des asv'ignalii, '*

MAGAZIN

EN CYCLOP ^DIQUE.

TOME SECOND.

^.iwOO'

M A G A Z I N

ENGYGLOPEDIQUE,

o u JOURNAL DES SCIENCES,

DES LETTRES et DES ARTS,

R E D I G E Par MiLLiN^ Noel et Warens.

TOME SECOND.

A PARIS,

De I'lmpcimerie du Magazin Encycilopedique ^ rue Hoiiorc , r.' 9^.

L'an troisieme ( 1796 ).

M A G A Z IN

ENCYCLOPEDIQUE

IIISTOIRE NATURELLE.

SysTeme de la Nature , de Charles de Linne ^ classe premiere du regne animal , contenant Us quadrupedcs vivipares et les cetacees , traduction frangaise par M. Vanderstegen de Putte , ancien echevin de la ville de BruKelles , d'apres Id ji3." edition latine , mise au jour , lugmentee et corrigee par Gmelin. Se vend a Bmxelles , chez Lemaire , imprimeur-libraire , rue de Tlmpera- trice , 1793.

Cj15 grand ouvrage , intitule Systema Natures , qui est devenu le guide de tous les naturalistes qui veulent s'entendre et se concevoir r6ciproquement , n*a pas tonjours eu l'6tendue qu'il a aquise depuis 5 il ne consistoit d'abord qu'en douze pages in-folio, contenant des tables tres-concises : ce fut sous cetto forme qu*il panit , pour la premiere fois , en lySS.' Linneus n'avoit que vingt-huit ans quand il jeta la base de ce grand Edifice qu'il a elevc pour sa gloira et pour le progr^s des sciences naturelles.

Depuis cette ^poque, jusques en lySS, il j a eu »euf ^itioiis du SjsUma Natures 5 mais la neu-

A3

'6 Histoire naturdU.

vieme, piiblice a Lcide , ne formoit encore qii'un petit volume in-8." de 22,6 pages 5 ce n'eloil qu'unejeim- priession-de la sixienie edition de 1748. Le plan do rauleur ne Int complet qu'A l^poque de la nouvclle edition , en 1758. La premiere partie de cette edition, qui contenoit le regne animal , formoit a elle seule im volume de 821 pages, et la meme partie, da^is la douzieme edition , a t'tc port^e a 1827 pages. On dul regarder ceitedouzieme edition, publiee a Stock- holm en 1766 et 1767 , comme ajant ete rendiie par I'auteur aussi parfaite qu'il lul etoit possible. II n'y a decrit que les espeoes qu'il a\oit vues ,excepte dans quelqiics circonstances , et ses erreurs sont dans ee dernier cas excusables, puisque ce qu'il a avanc6 n'est fondi que sur I'autoritt* d'autrui (i).

Cctte dditionaeter(^imprim^e a Vienne,sans aucune addition , et cette relmpression, quoiquc tres-infi^rieure a i'edilion criginale ,pour la correction tjpographi- que , est devenue presqn'aussi rare et aussi cheie.

J. F. Gmelin a reforme et augmente cette trei- iieiiie Edition , on plutot il en a donn6 une quator- zieme , que I'on, peut meme regarder comme une quinzienie, en comptaiit la reimpression de Vienne pour la quatorzieme. La premiere parlie a paru en 1788, et le dernier volume va bienlot etre acbevc.

Mais cctte edition, , dont I'objet est de pre- senter dans I'ordre sjstematique 4labli par Linneus,

( I ) Voye? RcTue gcu^rale des t'erits dc Ctiarles Linneiis , ouvrag3 Iraduit de I'anglais , de Richard Pultciiey , avcc un voluni>j d'additious par A. L. Miiliu. ^Paris j Buisson , 1789. 3 vol. t3.*i

Systeme de la nature. f

Vetat actuel de nos connoissances sur I'HistbIre na- tiuelle, esi bien loin de remplir le but que I'auteur s'eHoit propose en ajoutant aux genres et aux especes- dt'^ja determines par Linncus, tout ce qu'il a regarde comme nouveau dans les livres qu'il a consultes. Cette addition n'a pas ete faite avec tout le discerne- ment et avec la ci'ilique qui auroient ete convenables*. Aussi ce grand ouvrage est-il rempli d'erreurs gros- sieres ; il presente une infinite de doubles emplois > souvent meme de triples.

Le citoj'en Lamarck en a indiqu^ un grand nombre pour la botanique seulement , dans les actes de la societe d'Histoire naturelle ; et on pourroit trouver^ en suivant la meme methode , un nombre conside- rable de pareilles erreurs dans toutes les parties de la zoologie.

Cette edilion de J. F. Gmelin est cependanfi eelle que M. Vanderstegen a prise aveuglement pour guide , sans aucun changement , sans relever aucune erreur , sansy ajouter aucuns details : i4 est vrai que la partie des mammiferes ^ par laquelle il a com- mence, est la moins faulive. Cependant ce travail ^toit tr^s-susceplible de perfectiomiement,

Le ciloj^en Poiret avoit propos6 vers 1787 une souscriplion pour la traduction des oeuvres de Lin- ncus ; sa philosopliie botanique a ete tres-bien tra- duiteen espagnol , et moins beureusement en francaia par un ciloyen de Rouen. Le Species pLantarum a ete traduit en anglais , et on a public I'annee derniere une traduction du Systema dans cette langue ; il ne paroit pas que I'auteur ait tcute d'ameliorer I'editioix de Gmelin. A 4

S" Hisioiri naiurelU.

liS tracluction cle M. Vanderstegen n'est accoin? pagn^e d'aucun pr^liminaire. II nous semble cepen- dant qu'il aurait dii rendre compte des principes d'apres lesquels il a redig^ sa traduction 5 il nous semble qu*il auroit du au moins traduire la dedicace singulierc de Linneus au comte de Tessin , qui fait connoitre Toriginalit^ de son esprit. La liste de$ ^itions du Sysiema naturce y et la nomenclature des ouvrages dans lesquels Linneus avoit puis6 les additions faites a sa douzieme edition , les principe* d'Histoire naturelle renferm^s dans quelques lignes qui terminent celte nomenclature , la preface d»- Linneus et celle de Gnielin : M. Vanderstegen ^ omis tous ces articles , que nous regardons cependant corajne essentiels , et il commence a la description de VEmpire de La nature. II omet encore la citaliori des differens passages de PEcriture et des classiqu€« latins^ que Linneus a fondus dans son discours.

II passe de-la a la description des mammif^res ; nous sommes faches qu'il ait substitu^ h ce mot le nom de quadrupede , contre lequel Linneus s'est ^lev6, et qui est entierement coutraire aux principes qu'il a ^tablis, puisque les animaux compris dans cefte classe ont tous des mamelles , et que tous n'ont pas quatre pieds.

La traduction des noms des ordres ne nous paroit pas tonjours tres-exacte. Gertainement le mot Jercs ne peut etre rendu par bites fauves / ce nom no peut convenir au herisson ^ a la taupe ^ a la be- Iette_, a la sarigue_, etc., qui sont de cet ordre. Le Biot pecora ne peut pas iion plus se traduire p<H?

Systcme de la nature. g

bjsstlaux : le cerf , le muse , la gazelle , qui sont dans cct ordre , ne sont certainement pas des bestiaux'. Nous dirons la meme chose du nom d^ordre beUucE , que M. Vanderstegen rend Y)aT grands quadrapddes: le coclion n'est pas u;» grand quadrupede , et cepen- dant il est compris dans cet ordre ; le crocodile est un grand quadrupede , et cependant il n'appartient pas H la classe des mamraiferes , puisqu'il est ovipare.

Ijes noms des genres ne sont pas toujours plus heureux que ceux des ordres.

Tout cela prouve la difficulte , Je dirai meine I'im- possibilite de traduire Linneus en francais , eu vou- lant s'attacher strictement aux mots. Personne n'aime plus que moi le sjsteme Linneus , personne n'a plus cherche a faire prevaloir la doctrine de ce grand naturaliste ; ma's il ne faut pas toujours Jurer d''a' prts La parole da mattre y il ne faut pas recevoir jusques a ses erreurs. II faut adopter ses principes ^ sa maniere de trailer I'ilistoire naturelle , raais noii pas suivre aveuglement tout ce qu'il a ^crit sur cette matifere. Ce seroit se refuser d'avancer avec la science et ne pas vouloir suivre ses progres.

II est vrai que les noms iiuposes par Linneus a ses ordres des m:immif>res sont tres-ditliciles a traduire, parce qu'ils n'expiiinent pas,comme dans les autres, les caracteres des animaux que ces oi'dres renferment.

II est certain que le nom primates convient bien a riiomme, qu'on pent regarder comme le premier des cuiimauxj 314 singe encore qui approche de sa

ro Histo'ire naturelle.

forme ; mais il cesse d'etre admissible quand on I'ap- pliqiie an vespertilion, qiioique ce mammifere ait des daviciiles ot des mamelles pectorales ; on ne se lappelle plus que le nom de cet Ordre indique seu- lement les mammileres qui out quatre iiicisiv^es pa- ralleles ; on vcut toujours qu'il designe les premiers et lesplus oxcellens, etoniie peuts*empecher de trou- ver celte deiiominalion vicieuse.

Je diiai la meme chose de hruta ; je sais bien que ce nom sigriifie seulement, dans I'acception que Linneiis lui doiiue, les mamniifercs de-pourvus d'in- cisives ; niais comme il a une acception morale tres- connue, c'est celle a laquelle on s'arrete. Dans cette acceplion ce nom peut convenir an bradj^pe , au invnne copliage , a cause de leur insensibilit6 , raais il ne sauroil etre applique avec justice a Telephant, qui de tous les mainmiferes est celui qui montre le plus d'intelligence, et au lamantin qui se distingue par sasociabilile et par son altachement naturel pour I'iiomme.

Le nom J erce J feroces, carnassiers , est bien acquis aux grands maramiferes de cet ordre , le lion , le t;gre etc., mais il ne convient pas a la belette, au phoque, encore moins a I'innoceut didelplie et meme au rat ct a la taupe , qui n'ont qu'une fureur im- puissante.

Les ruminans rc'duits a I'etat domestique sont de vrais/7eco/'ay mais ce nom paroit ridicule, applique au crrf , au dain et aux autres betes fauves,

BeUuce souffre aussila meme critique : si ce nom indique, les mammiferes d'une taille d^mesuree , coinmeut peut-il couveuir au pore ?

Sy Sterne de la nature. jy

Tons ces noms , dajis I'acceplio.i que leiir a donnt^e Xmneus, n'indiquent que I'oidre oii soiit ran^n's \cs niammiferes dont les dents affeclent la mcwe dis- position ', mais coni.ne, au lieu d'exprimer cette forme, Jls sont tires de la maniere d'etre des mamniifercs , et que C( ux qui ont des rapports pour les dents, out souvent des mauns <res-dissemb!ables, il en resulte que les noms convlennent au plus grand nombra des especes que confiennent ces ordres, mais que pour les autresleur application est evidemment fau^se. Ces noms ont encore Tinconvenient de ne pouvoir etre traduifsdans aucune langue.

M. Vanderstegen ne donne le nom trivial Linn^ea qu'en latin , el il ne cberclie point a le traduire ; ily joint seulement le nom franr;ais de Buffon. Cepen- dant comme les noms de BufTon n'ont pas toujours ele imposes d'apres les regies de la critique admise en Histoire nalurelle, il me semble que I'auteur auroit du traduire ces noms, ce qui se seroit born6 le plus souvent a leur dom.er une terminaison fran- ^aise ,et ne citer ceux de Buflon que comme sjno- iiimes.

L'ouvrage est termine par une table des noms francais : une des noms latins eut ete egalement necessaire.

Nous sommes d'autant plus fondes a regretter que I'auteur se soit borne a traduire I'edition donnee par Gmelin sans corrige:- ses erreurs , que quelques notes courtes repandues dans l'ouvrage, et qui lui sont propres, prouvent qu'it a des connoissances ve- ntables en Histoire naturelle, et que ce travail n'au- loit pas ete au-dessus dc ses forces.

u Histoire nalurclle.

Nous riferons la traduction d'un des genres les moins nombreux, pour donner une idee du travail de I'auteur.

GENRE r I L

O D O B E N E.

Point de dents Incisive s ( dans f adult e ).

Dents canines superieures soiilaires.

Denis moLaires consisiant de chaquecoteen, urb

OS ride. Corps oblong. Ijhvres geniinees. Pleds postdrieurs confondus et reunls en^ nar-

geoires. I. Le MORSE. Tricheckus Rosmarus.

Dents canines sup^rieiires saillantes et ^loign^es.

Houtt. nat. 2. p. 7. t. II. f. I. Scbreb. Saeugth. 2. p. 262. t. 79. Svst. nat. ed. 10. p. 38. Briss. quad. 48. Jonst. pise. t. 44. Worm, mus.289. Olear. Mus. 38. t. 23. f. 3. Bonau. mus. 269. f. 27. Gesn. aquat. 211. Raj. quad. 191. Ellis hudson,t. 6. f.3. Martens Spits- berg 78. t. I. f. B. Buff. List. nat. XIII. p. 358. pi. 54.

II liabite sous et pres le pole arctique , principale- ment a I'embouchure des fleuves. II mugit comma le boeuf, et ronfle en dormant. Sa longueur est environ de dix-liuit pieds ; il se defend vigoureuse- meni contre ses ennemis j il se r^unit en troupe. Pcux petites dexits incisives a la machoiresup^rieurp,

Systeme de fa nature. i3

torsque ranlmal est jeune. Dants c.inines longues , tres-eloicmees I'une de Tautre , acuminees, finement striees , pesant quelquefois (rente livres , et formant un ivoire a fibres entrecrolsces , qui ne jaunit point aisenienl , dont cependant le noyau tire sur le brun. Quatre dents molaires menues , aigues , a chaque cote des raachoires , creusees a eote de leur sommet d'un enfoncement plane. Moustaches transparentes dela grosseur d'un tujau de paille. Narines en forme de croissant. Cou epais. Cinq doigU aux piods, a ongles courts. Les Russes font de sa peau des traits de chariots , en quoi les Franrais viennent de les imiter. On estime sa graisse. Son squelette jete sur le sable , const itue en grande par tie ce qu'on croil €tre les ossemens du mammout (i). II. Le DUGON. Tdchechus Dugong.

Dents canines superieures saillantes , rapproche«s. Buff. hist. nat. t. XIII. p. 374. pi. 74- ^enn. syn. p. 338. n. 264.

II habite la mer depuis le Cap de Bonne-Esp^rance jusqu'aux iles Philippines ; il est assez semblable an '•Morse, mais il a la tete plus acuminee et plusetrolte, les narines plus amples et posees plus haul : au lieu de dents incisives il a un plan inclin^ , pressv.^ par les dents canines ; celles-ci inanquent a la machoire infe- rieure , elles sont rapproohees et Archies en dehors dans la machoire sup6rieure : dents molaires larges ,

(i) M. d'Aubenton a prouv^ que les defenses et les 03 prodlgicux qu'on attribuoit au Biammout, appartienneot C pour U plupart ) k r^l^phajit.

I^ Hisio'ire nafureltg.

distantcs , ail nombrc de qiiatre de cliaque c6t^ a la machoire d'en liaut, an nombre de trols a la machoire iuforieure. Deux matiielles pectoralcs. La chair du Diigou a le gout de la viande du bauii'.

HI. Le LAMANTIN. Tdcheclius matiatus. Point de dents canines.

Art. gen. 79. sjn. 107. Rondel, pise. 490. Gesn. 2i3. Hern. mex. 32,3. Priss. quad. 49. Cliis. exot. i33* Aklr. pise. 728. Raj. quad. 198. Buffon hist. nat. XIII. p. 277. pi. 57.

»^. a. Le La MAN TIN austral. Triclieclius nianatus au straits.

Pileux ; piedsa quatre doigts onguicules.

II hahite les nicrs d'Afrique et d'Amcrique 5 particidierement a I'embouchure des fleuves , qu'il remonte tres-souveut , sY4oignant peu du rivage. Sa longueur est de huit h dixpieds , sa largeur de six ^ sf"))t pieds , son poids de cinq a huit cents livres. Peaii d'lm ix)ir-cendrd. Dents molaires au nombre de neuf de chaque cot^ des machoires , carrees , couvertes d'nne ecorce verniss6e. Vertebres au nombre de cinquante.

v.h. Le Lamantin Boreal. Tiichechus inanatujs Bo I cat is.

Sans poil ; pieds dcpourvus dc doigts et d'ongles.

II habite le rivage occidental de I'Amerique et des lies siluees enlre TAmerique et le Kamtschatka. II reuiontc aussi tios-frequemipent rembouclinre des fleuves. XI a vingt-lrois pieds de long et pese hui^

Systime dela nnlure. i5

mille livres. Sa peau est brune lorscju'elle est fraiclie ; dessdchde, elle est noire. Un os rid6 de cliaque c6t6 dcs machoires au lieu de dents inolaires. Vertebies au nombre de soixante.

Jjes sauvages de PAnieiiq«e lapprivoisent sou- vent (i);il aime la miisique ; c'est le Dauph'in des ancicns, II est tres-vorace et mange sans cesse. Le male, la femelle et leurs ^etits vivent en 8ociote. lis sont monogames et s'accoupleiit au prinlems , la femelle fiijant d'abord le male en faisant dans Teau divers tournoiemens ; elle se renverse sur le dos pen- dant le coit. Lorsque I'aninial pait I'berbe des baa fonds , et qu'ainsi la partie supc'rieure de son corps paroit a ddcouvert^ les oiseaux s'y abattent pour y chercher de la vcrnxine. II mugit comme le bceuf. Sa vue est foible, mais il a I'ouVe d'autaiit plus aigue. Pieds ant^rieurs palmes presque comme ceux des^ tortucs de mer; au lieu de pieds postei*ieurs se trouva une queue horizontale. Point d'oreiiles externes.

(i)Gomara, Hist. gen. cap. 3T,raconte qu'on en avoit eleVe etnourriun jeune clans unlaca Saint-Domingue,pendantvingl- six ans, qu'il etoit si doux et si prive qu'il prenoit doucement la nourrilure qu'on lui presentoit , qu'il entendoit son nom , et que qnand on I'appeloit , il sortoit de I'eau et se Irainoit ea lampant jusqn'a la maison pour y recevoir sa nourriture ; qu'il sembloit se plaire k entendre la voix humaine et le chant des enfans , qu'il n'en avoit nuUe peur , qu'il les laissoil asseoir sur son dos et qu'il les passoit d'un bord du lac a I'autre sans $e plonger dans I'eau et sans lour faire aucun nial. Ce fait , ajoute M. deBuffon, ne peutelre vrai dans toutes scs circons-

tances , car le Lamantin ne peut absolumeat se trainer sur la

terr«.

i6 Hislcire naturdle.

Narlnes clistantes , r^giilieres. L^vre supc^rleure hdns- sie lie moiistaclies roicles, courb^es. Deux mamelles jieclorales. V. Dccham et SteUer. nou, comm. Petrop. V. 2. p. 2.g^ et sq. Chair tres-savoureuse. Son espece est voisiiie du genre des phoques et de Pordre dcs c^tacees.Ce que les fictions ingenieuses des s'- renes, si sou vent chanties paries poetes, peuvent avoir de veritable , naroit devoir apparteiiir au Lamantin.

Tons lesOdobenes , habitans de la mer , vivent de varec lis , de coralines, de testacees , et point de chair.

Comnie M. Vanderstegen ne s'est propose que de traduirv3 , nous aurions desire qu'il eut , dans quel- ques occasions , rendu d*une mauic're plus exacte les lermes employes par Linneus. Ses ouvrages prd- senlent j il est vrai , sous ce point de vue de grandes diUlculles 5 et il faut avouer qu'il les a le plus sou- vent vaincues : il sera infiniment utile a ceux qui, ii'ayant point la connoissance et Thaliitude de la langue Jatine , ne peuvent faire de grands progr^s en Histoire naturelle _, parce qii'ils ignorent la th^orie de cette science etablie par le naturaliste SuMois.

Un travail plus utile encore seroit un sjsteine de ia nature complet, dans lequel on feroit usage des reformes infroduites par les naturoilistes les plus justement celebres. II faudroit que la nomencla- ture franraise fat fixee , corame I'est la nomencla- ture lali::c , d'apres les principes ^tablis par Lin- neus dans sa CrUlca Botanica. La society d'His- toire naturelle avoit entrepris ce beau travail 5 elie Vendroit de nouveaux services a la science dont elle a si bien merite, en le terminant.

En

Systcme de la nature, 17

En attendant que notre vopu s'accomplisse , nous indiquons I'ouvrage de M. Vandeistegen com me pouvant etre utile dans les ^coles, nous le regar- dons comme fiiiiaimeut esiimable; son auteur md- rite notre reconnoissance pour avoir entrepris un travail aussi p^nible. Nos observations n'ont eu pour but que le progres d'une science aussi nt^cesr saire a la cullure de I'esprit et au bouheui de I'iiur nianilv^\ A. L. M.

L I T H O I, O G I E.

I>ESCRipriONde rEMERAuoE, par le citoyen DoLOMiBU , inspecteur dts mines et professeuT d'Histoire naturelle aux Ecoles cmtraUs de Farh , d'apres Us princi'^es de sa nouvdle miihodc (i).

J_i'EiVfERAunE est une pierrecomposee, dn troisieme ordre, du genre des gemmes, dont les parlies cons- tituantes essentielles sont la sUice pure , VaLuniLae et la chaux.

(2) L'Emeraude , quand elle est parfaite , quand

(i) Nous avons rendu compte dans notre tome premier page 35, de la methodemineralogique du citoyen Deodat Dolo- mieu. Cette monographle de I'Emeraude fera connoitrs la maniere dont il en^fait I'application pour i^i descrip- tions. A. L. M.

(2) Je place une espece d'exorde A la tete de toutes mei descriptions en faveur de ceux qui n'ont pas I'habitude du langage uiineralogicjue , qui oe connoisseat point la roarahf

Tom. U, '^ B

1$ Lilhoiogie.

elle possede cette belle couleur verte qui lui est par- ticuli^re , sans lui ctre cssenlielle, tient uii rang tres- distingiK^^ pariri les pierres precieiises ; et, si elle n'a ni la durete ni IVclat respl^^ndissant des pierres de dif- fi^rentes rouleurs , comprises dans I'espece du saphir , elle en est d(^doinmag6e par le j?u ravissant de sa luniiere , par la gaiete de sa teinte , plus qu'aucune autre agr^able a i'oeil. La vue se rejiose , sedelasse, se recree dans ce beau vert, auquel on ne peut comparer que celui dont la nature , dans la saison du printemps , decore les arltres et les prairies. La lu- miere qu'clle lance , dit Pline , sernble brillanter Fair qui I'en-^ ironnj , et teindre par son irradiation Teau dans laquelle on la plonge. Elle est toujours belle , toujours eclataiffe , soit qu'elle petille sous le soleil , soit qu'elle luise dans I'ombre , ou niejme qu'elle brille dans la nuit k la lumiere desflambeayx, car ils ne sauroient lui ravir les agr^mens de sa couleur qui se montre toujours pure. Tels sont les ^loges, sans doute un pen exageres , que donnent a i'Emeraude tous ceux qui ont voulu la decrire ; mais , en lui vojant taut de beautes^ quand elle est dans sa perfection , que de regrdts n'eprouve-t-on pas de

lystematique de ceUe science ; car ^ lorsqu'ik recherchent la signification d'un mot qui designe un mineral , ;e ne dois pas leur faire lire avec ennui et degoiit tous les details d'un© longue description 5 d'aulant qu'aprejlfibDir mis leur patience 9 urie aussi penible epreuve , je ne pourrois pas encore flatter de leur avoir donn^ une iflee assez juste du mineral qu'ils veulent sommairement connoilre , pour qu'ilspussent employer sa denomination dans le sen>s aui ne lui seruit pa« letalcBiept i^propr«. . ^

Description de VEmerauie. j^

ce que la nature nous la'donne aussi rareinent exe-rapte des glarur.'s ert des nuages qui la privent , en partie , de ses charnjes.

L'Emeraude tieiit aussi un des premiers rangs parnii les pierres que le luxe e ploie a ia parure.

S Y N O N Y M E S.

En grec , c-^'.a.fa.yScT.

En arabe , z^afnarut.

JEu latin , sniaragdus.

En italien , snieraldo.

En espaj.nol , esmeratdas.

En allemand et en su^dois , stnaragd.

En anglais , enteral,

Smaragdus scyticus , bactrianus ^ cegyptius- que; Plinii, natur. histor. lib. 87. cap. 5.

Limotilatls ; Plinii , natur. histor. lib. Sy. cap. 10.

Gemma neronlana , ueL domltiana , nonnul^ Lorumj antiquorum.

Borax Lapcdosus , prlsmallcus , peliucidus , pyramldibLis truncatls , vlrldis , smaragdus / Linnei. sjst. natur. III. p. 9.

Smaragdus gemma ; Cronsted , §. 48.

Gemma pelLucidisslma, duritle qulnta^ colors VLndb^ iti Lgne permanente J smaragdus ; Wal- lerii , miner, sp. 108.

Gemma smaragdus ; Scopoli , princip. mine- «al. §. 54. 5.

SUex smaragdus ; Werners , mineraj system.

sp. II.

Emeralds 5 Hills fossils arranged^ pag. 140. -Ewera/J 3 Kirvans elem of miner, cap. 8. sp. 7. arv.3. B. '

10 Li hilogU.

Emeraude , pierre gem me , verte de plusieufs teintes ; Bornn. cafal. Raab, pag. 66.

Emeraude j Vaimont de Bo metre , 2.^ ^dit. esp. 189.

Emeraude du Perou ', Ronid de LLLle , crista!, ir, pag. 245.

Emeraude du Perou 5 Sage j analyse cliimique 1 1 5 pag. 72.

Emeraude ; Lametherle j manuel de miliar. 5 §. GXIX. 5. (0.

DESCRIPTION METHODIQUE DE L'EMEIIAUDE.

Caracteres exterieurs.

* Aspect exterleur.

CouLeur. Ordinairemeiif vert de pre le plus vif.

Noia. Cette couleur, que le nom d'Emeraude rappelle com- munement , n'est cependant pas essentielle a cette pierre , il en est de differentes teintes. Voyez les varietes de premier* «orte.

Transparence, Transparente , quand elle est par- faite.

,(i) 11 me seroit tres-facile de donner plus d'etendue a ma sjnonimie , je pourrois y rassembler les uoms d'un beaucoup plus grand nombre de min^ralogistes ; mais , sans pretendre decider entr'eux aucun rang de preeminence, aucun droit exclusif k la celebrit^^ , je crois devoir borner mes citations anx ouvrages mineralogiques de diflH^rentes nations , les plus repandus ; A ceux qu'il est plus ais^ de consulter , quand on reutetablirl'identite du mineral que jed^cris, avecles especes semblables , dont il est fail m.:!ntion dans les mineralogies ^ •oit qu'elles y portent les memes denominations , soit qu'elies y aient ^te designees par d'autres noms. II manque cependant ici les citations des min(5ralogies espagnoles el italiennes que je n'ai pas maintenant sous les jeux.

Description df VEvraud'. ti

tlclat. Lcs faces naturelles sout eclalantes. Forme. Ordiiiairement r^gulicre.

Nota. La crlstalllsalion de rEmt-raude, selon les n'clierclici et les calculs d'HaA-y , a pour forme primitive le prisma hexaedre droit , et pour molecule integrante , le prisxuc Uicdr» i base triangulaire eqiiilaterale et a pans carres.

Surface. Les faces naturelles paroissent lisses. JSfota. En les examinant avec attention , on apercoit sur ees faces des petites lames qui leur sont parallMes.

** Disposition des masses. Les prlsmes d'E'neraude sont commuu6ment iso'^s enti'eux , et ordinaireraent implanles dans leur gangue par une de leurs extremiles.

*** jTolume des masses. Le volume des prismes d'Emeraude arrive jusqu*a six pouces de longueur el deux pouces de diamelre.

Nota. On a beaucoup exag(?re la grosseur des Emeraudes, comme nous le disons dans les annotations.

**** Aspect, interieur, Cassure. Ordiniirement vitreuse. Conterture. Esseutiellemeiit lamellfuse, les lames parallelesa la base du prisnie.

Kola. Les lames qui composent I'Emerande ne sont pas toujours faciles a distinguer , parce que bur tissu est extri*me- ment serre ^ et quVlles ne delerminent pas le sens dela cassura accidenlelle , laquelle d'ailleurs devient pleine qnand clle rencontre leur direction. Mais en clii'a/il cctle pierre selon la maiiiCire d'llavj , on peut ob;e lir des cassures lisses , les unit, parallcles a la base , les autres paralliilts aux faces du prisme.

Grain. Lr.pcrceptible.

B 3

^2 Lithologie.

Figure desjragniens. Indetermin^e , esquilleuse^

***** Toucker, L'Emeraucle est froide et seclie an toucher.

Caracteres physiques de l'Emeraude.

Tcsanteurspecifique, 277^2, d'apms Brisson.

Biiret6 spdcifique. Eslimee 1200, selon la me-" thode de Quist 5 i5oo, selon la table de Lamelherie.

Nota. La durete de I'Emeiaude est inferleure a cclle des _ saphirs , du rubis , de I'hjacinte et de la topase ; elle est superieure i\ celle de I'aigne-marine , du grenat et du crista! de roche ; elle raie ces dernieres pierres sans en recevoir d 'impression. La lime ordinaire ne I'attaque pas ; la lime bicu acerce I'attaque tr^s-peuet avcc dilScuite. Ellereqoit d'ailleurs nn poli vif et des plus eclatans.

SoUdite. Elle n'est pas tres-cassante.

Refraction, Double.

'Eiectriclte. Tres-electrique par le frollemcnt , et non par la cbaleur.

Magnctisine. Aucune action sur I'aiguille ai- mantle.

Parla coULsLOfi, Ni phospLorescerxe , ni odeur. Par le choc de fader _, elle dtincele vivement.

CaRACTERES C^IMIQUES DE L'EmeRAUDE.

Decomposition spontanec.

J'lgnore si la longue influence des vicissitudes de ratmosphere produit quelque alteration sur I'Eme- raudc.

Essai par le feu. * Projetee en peudre sur ua fer ckaujfi. Elle ne donne point de lueur pbosphoriqus.

Description dc tEmtraude. h$

** j^vec Le clialLimeaLL, sans addition. Fille est fusible.

JVoia. Celle qui est vert? donno un verre gris , compacte et opaque , espec,; d'email j inais queiquefois I'interieur da gloLule reste verdatre.

*** All chalunieaic ^ avec des Jondans* Dans la soude. Elle se r6cluit ea poussiere , se dissoLit diflicilement et sans effervescence , et elle produit line masse vitreuse verdatre ou jaunatre.

Nota. C'est toujouvs de I'Emoraude vcrtedont-il esiquestioa dans cet essai et daiis les suivans.

Dans ie borax. Elle se dissout plus vlte et plus completercent , et toujours sans enervescence , ct donne une massa, vitreuse de couleur verdatre.

Dans le pliospliate de soude. Elle est attaquee ienteaient et sans effervescence , et donne une masse vitreuse , opaque , de couleur verdatre.

**** A La ckaleur ordinaire da feu des fay ers,

Quelques Eineraudes vertes preniieiit une couleur lilcue, lorsqu'cUes sont mediocremenf chauffees , et la conservent tant qu'elles sont dans cette situation ; mais elles reprennent leur teinte naturelle en vefroi- dissant. Celles-la sont alors , dit-on , phosphoriques dans I'obscurile.

Nota. All degve dc ch;ileur dos chaibons enflaninn's qui ne sont point excites par Tuction des soullets , TEmeraude verte conserve sa couleur et sa transparence ; c'est ce qui a autorise M'allerius a definir cette gLunme par les mots : colore viridi ill i^nc permaneiite , caractc-re qui ne lui convient plus y quand die a cprouve une clialeur plus considi'rable.

**'** AiiJcLL dcsjournoaux d'essai.

B4

a| Vtholope.

Sous line moufle , rouble par le feu pendant plus de reux heures , I'Eir.eraude ne perd, ni son poids, ni sa couleur, ni son poli ; mais elle devieiit opaque , et ne reprend plus sa Iranspar^nre.

Poussee au feu de fuslcn, elle fond en un verre blanc opaque ou en un en ail jaiinatve.

J^ota. Au foyer du miroir ardent de Tschirhausen , I'Emc- raude s'est proraptement fondue , elle y est de venue grise et opaque , s'est boiirsoufflee , et a forme un Terre bleuatre , transparent , assez tendre.

Aveci'air oxi^hne , I'Emerande se fond f^icile- ment en globules verdatres, remplis de bules.

Nota. Les dim-rentes teinles dn vert , consetvees dans les Terres en emauxobleaus par la fusion de quelques Emeraudes, dependent sans doute de I'intensit^ de couleur , et par consequent de la proportion du principe colorant contenu dans la pierre quiaet^ soumise a I'essai , nioins abondant dans celles qui donnent un rerre Llanc.

Essais Of^ec les acides.

Les trols acides n:in6raux n'oni point d'actlon sen- sible sur I'Emeraude.

Nutc. Trente grains d'Emeraude pulveris(^e , mis en longue digestion , aid(^e i ar la clialeur , dans un des trois acides nii- ncraux , perdent a-peu-pri>s quatrs grains de leur poids. Un tiers dcs parties extraites est un oxide de fer ; le restc apparlient fl la terre calcaire. Les deux autres terres consti- taanles ( la silice et I'alumine ) resistant a toutes Taction des acides, si par une fusion anterieure dans un alkali, elles n ont pas ^te aUaquees dans leur combinaison intime.

Descrif'tion de rFmerniide. sS

ReSITLTATS de L*ANAtYSE CHI?.:iQUE.

Malibres conslituantes de I'Enieraude verte j Waprh Berginann J opusc. vol. ri, p. 96.

Terre qnartzeuse 24,00

Terre argileuse 60,00

Terre calcaire 8,00

Fer 6,0D

Perte 2,00

100,00

jyaprhs Achard ^ aiialjse des pierres pr^cieuses.

Terre quaitzense 2r,66

Terre argileuse 60,00

Terre calcaire . 8,33

Fer 5^00

Perte _5?^

100,00

T^ota. La quanlite notable de fer qui se trouve dans TErae- raude verte , I'absence de toute autre substance metallique, indiquentsufBsamment quecemeta] est le seul pricipe colorant dc cette gemme , centre I'opinion de quelques chimistes qui ont sujjpose qu'elle etoit teinte par le cobalt , pour cela seule- Jnent que par une fusion imparfaite dans le borax , I'Emeraude donne quclquefois un ^mail bleuatre , et qu'elle a pu pro- duire un vert bleu-de-ciel , dans une des experiences de Toscane , au foyer d'un miroir ardent. D'ailleurs la presence du cobalt n'a jamais ^te prouv(?e dans cette pierre , ni meme autrement indiquee. EUe est toute aussi gratuite , la-wp- position de ceux qui ont voulu qu'elle fiit color^e par le cuivre ; supposition qui ne trouve d'autre appui que les rapports de couleurs entre I'Emeraude^ et los malachites. Je na connois point d'analjse faite sur I'Emeraude blanche.

«6 Litlioloaiic,

BEJIARQtTES St-R. LA COITLEUR DE L'EMERAtTnE , ET VARIETES QUI EN DEPENDENT.

Varietes de preinlhre sortc.

La couleuT^ regardee comraecaraclerespccifiqiie, est toujours dans les pierres une qaalire douteuse et incertain?. Les belles teintes qui ont valii a I'Eme- raude tous les eloges qu'on s'est plu a lui prodiguer, ne lui sont pas essentielles 5 011 rourroit men"'e dire qu'elles sont une parure qui altere la purete de sa composition , puisqu'une composition n'est jamais plus jKsrfaite "que lorsqii'elle est reduite aux seuls if rincipes conslituans , necessaires pour satisfaire aux lois des affinites. Car ce n'est que dans 'Pexact cqui- likre de touiesles malieres admises dans une associa- tion chimique , que se trouve cette resistance a la decomposition qui bon'C les effets de toutes ult6- rieures depurations , lorsque les moyens de purifi- cation, soil ceux employes par la nature seule, soit ceux UsSites, dans le^^ arts, ont emporle lout ce qui ne se Irouvoit pas a-sez fortement.enchain^parl'energie des affinil(^^s cliimiques , pour resister a ce genre d'epreuves. On peut observer dans les pierres, comme dans les sels, que, lorsque les uns et les autres se trouvent reduitsaux seu:s prncipes necessaires pour les conslituer, ce qu'ils doivent etre esspniiellement, jls jouissent plus completerae.nt , i.° des proprielos pbysiques et cbimiques qui en font des elrc s speciii- qucment distincts de tout autre 5 2..° de toutes le> qualites d'une agr^gation parfaite , qui peut d'autaut micux s'efferluer , qu'ii ne se rencontre [oint de

Desrription de TEmtravde. 27

mihsfcincc efrangere capable de porler quelqn'alh'- talion a la forme des niolj^cules int grantes , ou de goner leur plus exact rapprochement. J'auiois de la peine , sans doute^ a faire entendre aux joailliers et aux amateurs de belles pierreries, que le beau vert veloutc^ dtis Emeraudes soit pour elles une sorte de souillure , et qu'elles ne sont reellement parfaites , que lorsqu'elles sont assez completement depo;)illees du fer qni ]es colore, pour rester entierement blancncs r ce qui Ics reduit a etre presque sans feu ; mais ce n'est pas la seule fois que la pensee du naturalisfe et du chimiste S3 trouvera oppos^^e aux spe culations dti commerce, aux idees des simples a iiateurs , et aux caprices de la mode et de la fantaisie.

Je dirai done que I'Emeraude , sans cesser de pre- tendre au nora speciflque qui lui est propre , e?t susceptible de differentes nuances et meme de diffe- r.?ntes couleurs.

*' Variete iJ^ Emeraudes vertes de differentes ]S"UANCES 3 savoir :

a. Emeraudc du vert h plus parfait et le plm pur.

Noi'a. Tel est le vert des prairies , au commencemcat da printemps ; cett©^ conleur porle meme plus particulit^remcnt ■]e nom de i-eri d'Emeraude , parce que sa bcaiite n'est com- parable a nulle autre. I.es Emeraudos qui en sent decorecs, sont regardees comma les plus ptecieuses.

b. Emeraudc dim vert ohscur t'lrmit sw le noir.

Kota. L'Emorauds dc celtc nuance parcit coaplctemcnt oolre et vcioulec ^ u la hnniere des flambeaus.

sS Litkolofie.

c. Em?r'^'iic cVun vert tir ■nt snr le hUu.

Nofa. On attiibue cette nuance aux Emeraudes de Tan* cien continent.

d. Emeran.le d'un ve'^t t'lrant snr le. jaune. Iv'ota. Ou a suppose que cette tcinte plus claire et pluf gaie , appartenoit plus particuli^reiaent aux Emeraudes du Perou.

Dans ces diflerentes nuances de vert , les Emeraudes ont plus ou moins d'inteiisit.' dans leur teinte ; celles de Ceylan, pr exeinple, dont la nuance tend au bleu , sont ordinairem^lit tres-ijeu charjees de cou- leur, ce qui, en terme de joailliers, se dit foibles en couleur,

Les belles Emeraudes de cette premiere vari^t^ , les seules qui soient connues dans le commerce , se montent sur le noir, comme les diamans, parce que \e noir, ! ien lo'n d'alterer leur couieur , la rend plus rirhe et plus veloutee. Ce fund rcussit sur-tout tres- bien a celles qui ont naturellement une teinte uu pett claire ; il produiroit un effet contraire sur des pierras de toutesaulres couleurs,

Variete 2.® Emeraudes melangees de vert et de blanc 5 ou mi-parties de ces deux couleurs.

Nota. On en voit de telles dans la collection des roi« d'Espagne a Madrid, Joseph d'AcOsta ( dans son Histoirc naturelle des Indes , pag. 157 et suir. ) parle de cette sin- guliere variety , comme I'ayant observee plusieurs fois , en il nous fait connoitre I'opinion que I'on ayoit pour lors et qu'il partageoit , sur le defaut de maturite de cette sorte de gemme ; car on supposoit que par un plus long sejour daus leurs mines , ces Emeraudes miparties vertes et tianche*

Le:cnption d^ rRmcraudc. yg

•iirolent ac^cjuis la cl«gre de perfection qui leur mancjuoir, «t qu'ellcs s'y seroi?nt compUtrment colorees; on crojoii encore que la couleur commenqoit A se developper dans 3a pierre par Tangle qui dans sa position naturelie regar- doitle soleil levaut , et qu'eile s'eteadoit progiessivemeat dans toule I'.Hendue de leur masse.

Les Emeraudes que Bournon a decouvertes dans lea mon- tagnes du Forest , sont ordinairement blanches aux deux extremites du priome , et verdatres dans le centre.

VaRIET£3.'-' E:»rERAUDE PARFAITEM£NT BLANCHE.

JS'ota. On trcuy§ au Perou beaucoup d'Emeraudes de cette Tariete , que je doi» considerer comme la plus pure et la plus parfaite , sous le rapport de la composition , puisuue leur existence prouve que la constitution essentielle do i'E- tearaude peut se passer du princi^je colorant.

J'ai d^couvert \^ne Emerande de cette variety dans lej granites de I'ile d'Elbe ; sans las autres caracleres qui la distinguent , on auroit pu la prendre pour un cristalde Xoche de plus pures.

II n'esl pas Ijors de vraisemblance , que Ton de- Couvrira encore de veritables Emeraudes qui auront beaucoup d'autres couleurs et d'autres accidens da towances, que ceux dont j'ai fait meutioii.

( La fin auXumero prochiin. )

' M E D E C I i\ E.

Froxostjciues et prorrhetioue J.d'Hippograte, avec tons les passages paralUles , ti adults par JLefebure-Villebrvne , bibliothecaire tie la Biblio- tJuque Naiionale. A Paris , chez Theophile

. Barrois,le jeune , libraire , quai des Augustins, N.® 18, au 3.e , in-i'^ , de 172 pages. Prix, 5 livrcs.

I i E succes de la traduction que le citoyen Ville- brune a donn^e des Aphorismes d'Hippocrate , Ta engasi^e a se livrera celle des ProfiosUques et du Frorrhetique , qu'il avoit promise et qu'il publie aujourd^'hui.

Le premier de ces trait^s est regard^, par tous les erudits , comme t'tant veritablement I'ouvrage d'Hippocrate , et comme le plus important de ses Merits sur la Semeiotique. Aucun caract^re d'authen- licite ne lui manque. La m^thode de cs grand homme s'j fait aiscraent reconnoitre : il contient les syrnp- tomes des maladies dc'crits dans un style aphoris- lique.

II avoit ete deja traduit en fran^ais par Pierre Verney en 1742 (i) , et par Ci:ar]es Leroy a Mont- pellier en 1776 (2)3 Pierre Low I'avoit traduit en

(i) Le livredes Presaiges , par Pierre Verney. Lyon, 1542, 4n-8^. 1 553 , in-8°.

(2) Du Pronostic dans les maladies aiguts^ par Ch. le Roy. Montpellier , 1776 , iu-8?. 1784 , ia-8^.

Les ProriOsliqu-£s (VH'ippocrate, 3t.

anglais, en 1.^97 (i), et Jean Moffat en a ^gale- ment fait paroitre, il y a quelques annt'es , dans la nieme langue , une version dans kujuelle le citoyen Villebrune dit avoir trouve plusieurs erreurs.

Le nouveau traducteur se coutente de donner inie traduction exacte et aussi precise qu'ii lui est possible sans la surcharger de commentaires ; il cite seulenient les passages des autres &Tits d'Hippo- crate sur la Serneiotique , qui ont du rappor avec ceuxqu'iltraduit, persuad'if;neja:naisunau'ieur n'est /iiieux explique que par lui-ineme.

Optimus interpres fjerborum cjuisque suorum.

II indique merhe quelquefois des passages dont les rapports paroissent plus tloignes ; mais ces pas- sages prrsentant des circonstances qui s.^ trouvent quelquefois plus oumoins etroitement liees avec les sjmptomes dont il s'aiiit, jettent dans la tra- duction un nouveau jour sur les theories.

La plupart de ces rapprochemens sent tires des Coaques ( preceptes du m6decin de Cos, patrie d'Hippocrate). Cependant ce traite est plac6 parmi les ecrits supposes d'Hippocrate , les temoignagee

(l) The booke of the Presages of deuyne Hippocrates deuyded into tliree partes. Also the protestation Which Hippocrates caused his schollers to make.' The whol newly collected and translated by Peter Low , Aurelian doctor in the faculty of thirurgcrie. Lond. iSgy. 8.

The Prognostics and Prorrhelics of Hippocrates translated from the original Greek with large annotations critical and explanatory ^ to which is prefixed a short account of the lif* ef Ilippocrales J by Johp >Io£fa,t. Lond. J788. 3®,

3i Medeciiie,

anciens et modernes lui manquent pour attester son authenticil^, et Galieu liii-raerae le regards comme faussement attribue a Hippocrate. Aitisi il ne m^rite pas de faire aulorit6 pour bien connoitre la doctrine de ce grand homme sur Ics sjmptomes des maladies.

liC ProrTliotique ou les PrecUctions , dont le ci-^ toyen Villebnme a traduit le premier livre , est ^gale- ment ref arde comme suppose. Le traducteur le croit ant^rieur a Hippocrate ; mais il ne nous apprend pas sur quoi il fonde cette opinion , qui est contraire a celle de tous les savans ; la seule qu'il allegue est la conformity de certains passages avec d'autres des Pronostiques , et son insertion presque enliere dans les Coaques. Mais n'esl-il pas aussi probable que le Prorrhetique est tire des Pronostiques que de dire que les Pronostiques sont s6uvent em- pruntes du Prorrhetiqne , et dans ce sens , Tinser- tion dans les Coaques ne pourra pas davantage deposer de son authenticity, puisque ce tra ta est un receuil des preteptes attribu^s au medecin de Cos , a Hippocrate.

La plupart des commentateursle regardent romme Pouvrage de Dracon , fils d'Hijipocrate ; d'autres Pattribuent a Thessalius. Galien pense que c'est un resume des Pronostiques , des Aphorismes et du traits sur les epidemics. Jero-re Mercurialis pense que c'est I'^crit d*un des disciples d'Hippocrate , public ensuite au temps des Ptolomees, et venduyous le nom d'Hippocrate Foes ne craint pas de I'atlri- buer a Hippocrate iui-mcme^ la majeste, lestvle,

Les Tronostiqucs d'Hippocrate. 33

les expressions, les pens^es, la concision, soiit les moPiis SUE lesquels il ibnde celte opinion. Cepen- dant tout s'oppose a ce qu'elle soit admisc : en y trouve une foule d'obscurites, des prnicip.s moms bien determines, une reunion des symptome. clihT'rens et oppos^es. Harle pense que le second hyre du Prorrhetique doit etre place, plutot que le prem.er, parmi les Merits aullientiques d'Hin-ocrate.

Quoiqu'il en soit , cet ouvrage, redig6 par son fils ou par un de ses disciples , contient n^cessairement sa doctrine ; I'ordre dans leqnel il est dispose est convenable. L'anteur y traite d'abord de la mamere de se former de vrais symptCnies ; ceux qui sont les plus utiles a cha.iue maladie sont ensuite dc- ciits .dans un ordre niellivdique.

Cet ouvrase a c^alement ete tradult en anglais par Jean Moffat. Cette enlreprise offre plus de diffi- cullcs que la premiere : les sentences du Pronbe- lique, dit le citoyen ViUebrun ^ , sont quelquefqis sJ serrees, si mystl'rieuses , qu'il est impossible d'y apercevoir mem.e un sens quelconque , si I'on n'est eulierement familiarise avec le style des m6decins ancient, sur-tout avec leur t>ieorie. Galien Ivi-meme- en convient dans plusieurs endroits , les versions lati ijes fourmillent d'errenrs.

Le citoven Villebrune a suivi dans ses annotations la meme' m^tbode que pour les" Pronostiques. II rapnrocl-.e de cbaque ai)borIsme les passages des Coacjues qui y ont leplus de rapporf.

Sa traduction nous a paru exacle ; nous lui ferons geulement le reprochs de ne^ibiger un pen tron la Tome IL ^

34 Mlfecine.

\)UTC\6 fie la langue franraise. II faiit Li respecter^ ineme dans les ecrits didactiques , qui manqueront de clart^ s'il iianquent dc purele et meiiie d'lina certaiue Elegance. On lit dans la preface d'Hippo- crate , qu'au mqyen des Pronostiques , « le medecin sera plus en (tat de discerner plus directemeut les iralades qui sero'nt dans le cas de recliapper : » celte expression commune et triviale qu'on emploie souvent dans la conversation , n'est pas aduifssible dans uii ouvrage imprime , et le citojen Villebrune I'emploie fr^^querament.

Nous df'sapprouvons aussi les citations guecques Rentes en caracteres latins , et nous sommes persua- des que sur ce point le citojen Villebrune est de Molre avis, et qu'il n'a adopts cet usage que par des consideratiors (^trangeres.

Le citoj'en Villebrune prepare encore la traduc- tion de quelques ouvrages d'Ffippocrate et une d'A- retee. L'etude parliculiere et profonde qu'il a faite des anciens m^decins grecs et latins , doit inspirer le desir de le voir bientot terminer cette importante el utile entreprise. A. L. M

A N A T O M 1 E.

Couhtb DESCRipnoN d'il\e Statue anatomiq_u£ 4jiui se dimonie tn pius de 5,ooo parties , par

I'OATANA.

Florence , 17 nlvdse.

J_iE Mus?e d'histoire naturelle a Florence, oITre, ouire Ics j-rodiiclionsde la nature dans '.ear plusgraude «^lendue , tout ce qui a rapp jrt aux sciences abstraites, I'astronomivi , la i hysique , la ci iriie , etc. On y voit encore dans i't'tat Is p!us p-:rfait une immense collection de pieces anatonii(}ues , en cir^? , qui mon- trent dans le plus grand dv tail tousles organes et toutes les parties les p'us dcliees du corps liumain : 0.1 n'y a point oublie Tart d.^ I'acjouchement , et on y voit representees jusqu au\ plus ji!;portautes operation^ de la cbirurgle. C-^^tte ro'le;tion, a cetle lieure meraej, remplit seize cabinets ; Le tout est dessine avec des couleurs naturelles, accompagne d'e. plications ana- iogues, et les dessins sont au nombrede ijSoo , tous >de format grand in-folio.

L'aulei.r de ce tres-important travail a observe que Tnalgre taut d'organes reprvsentes^ en cire , ,il mian juoit encore , pour plus praide intelligence du corpsbiunain,une partie d s plus utiles de 'a 1 lioinie, la posit'on et les liens d 's or.;nre-; entr\ux et avec le tout , c'est-' -dire, I'A niton ie de sUuation, le dessus et.le le ous cles parties , o jet le plus uiilp et le pius oifEcile qui ait rapport au corps humaia.

36 Anatomie.

Pour remt'cller a ce defaut, que ni les clrrs de detail, ni seize statues en cire, de grandeur naturelle et sur le point dVtreachevt'es, ne peuvent remplacer sufflsamment , Tauteur a foit construire , sous sa di- rection , une statue. Cette statue est en bois , de gran- d'ur naturelle. On ptut la demonter; ellepresente a I'oeil et au tact , les os, les ligamens, les muscles, les glandes , les visceres , les arteres , les veines^les nerfs et enfin les vaisseaux Ijmphatiques. Cette statue se demonte dans toutes ses parties , et se remonte de nouveau. Les parties qui se d6montent sont aunom- bre d'environ 3,ooOj et chacune de celles-ci recevant des vaisseaux Ijn'phatiques, des nerfs, ofTre a I'oeil Tune dans I'autre, environ cent autres parties, de fa^on que Poeil voit trois cent niille parties au moins, bien distinctes enlr'elles.

Cette Statue pent devenir homme et femme suc- cessivement 5 car on pent au besoin j joindre les organes des deux sexes : femme , on pent la voir tant en etat de virginity que de defloration j on peut meme , si on le vent, la voir enceinte avec son foetus et tous les organes de celui-ci , tant externes qu'internes , non seulemcnt comme foetus male, niais meme comme foetus femelle : male, on voit la situation des testicules , non encore tombes dans le scrotum , leur structure , i'usage de la -ver^e , etc.

II est impossible de donner une juste idee d'une machine si compos^e , en pen de mots ; irais il est /acile de juger des difficultes de i'entreprise et de sonutilite pour I'Analqmie.

VOYAGE.

Voyage a la Novvelle-Galles dv Sud , a Botany- Bay , Av PORT Jackson, en 1787 , 17S8, i78§,- par^JoHN Whi-ie, chirurgien en chef de Vetahlisse- merit des Anglais dans cette parlie du globe ; Ouvrage oil Con irouve de noiiveaus details sur It caraclcre et les usages des hahitans du Cap de Bonne-Espcrance , de Cile Tenerijfe , de Rio- Janeiro et de la Nouvellc-Hollande , ainsi quune nouvdle description exacte de plusieurs animaux hiconnus jusqud present. Traduit de V anglais , avec des notes critiques et philosophiques sur FHis- toire-naturclle et les men its, par Charles Pougens, A Pans 5 chez Pougin , imprimeur - libraire , rue des Peres, N.o 9 . an 3^ de la Re'publiquc, f 1795 vieux-stye ].

1 ous les Vojages aux iles de la met du Stid ont droit de nous intCresser. Les decoiivertes de Cook , les Iravaux philosophiques de Banks , de Forsler et de Solander, les- navigations de Bougainvil'e , les malheursde Lapejrouse ont rendu ces parages sufli- samment celebres , pour que tons les re< its qui les conrernent, cxcncut et altachent la curiosite.

La relation la plus consid^-able ct la plusimpor^ tante, imprim^e depuis le Voj:.ge de Cook, c^ioit le

c a

So Voyage.

Voyage clu commodore Pl^lps , tradiiit en franrais , en 1792) et pullie cliez Buisson , en un vo- lume 8.0

Celle da J. -an White Iraite des memes objets ; inaiselle est precieiise, puree cin'elle cojifirme qut^* ques details et sert a en lei'utcr d'autres. Get o!:>ser- valeur etoit cl.iiur<iien en chef de Petabhssement dcs A.i^lais au port Jackson , et par cons'jquent , tres a portc'e d'avoir des renseio;nemense::acts.

II est parti le 9 mars 1787. II indique les precau- tions pris.^s pour entretduir la salubrity sur ies vais- seaux , source } rincipae de la conservation de la sant(^ des gens de m.r ; la flotte conduisoit a Botanv- Baj les crimiaels condamn^s a la deportation ; I'equi- page d^barque a Santa-Cm z et a Rio-Janeiro. John White fait une des ription assez etendue de cette ville et d.'S moeurs des Portiigais qui I'liabitent. II donne aussi sur le Gap de Eonne-Esperance des d(^tails qui soat absolu 1 eiit les memes que ceux que Pon trouve dans les Vo3^a'.es de Sparmann 'et de Levailiant ; enfin il arr ve a Botany -Bay , Lapejaouse et ses compa^.nons J eloient alcrs , et la meilleure in- telligence areg'ie entr'eux et les Anglais.

John White s'attache principalement a decrire les pro lucth^ns naturelles du pays, et snr-tout celles du regne rninal. II est maiheureux qu'au gout de I'observation il ne joigne pas des connoissances solides et precises en histoire naturelle. L'ornitho- logic a fixe plus particulierement son attention ; mais il dome aussi des details sur plusieurs mammiferes, la plupart du genre DLdclphe. On aime encore 4

Toyigt a la NouveUe-Galks dn Sud. Sg

lire quelqiies fails relatifs aux moeurs du pays et a la maniere dont on traito les dt^portt's.

Cel!e Iriicliution a 206 p/iges ; les notes que lo citojea Pou_ens y a jointes eu o.it 206 ; eiies scmt plus considirabl^s que le texte. Eiles aimoncent un grand amour pour les rccherclics et les discussious philologiques , et d(3s connoissances variees : nous regroltons seulement que leur auieur se soil trop fie fi des dictionnqires, et n'ait pas toujours remonte aux sources ; le simple nom Linaeen, fixe avec certitude, auroit et^ souvent plus utile que de longues descrip- tions J tirees d'auteurs qui tons ne sont pas d'uue grande autorilc en histoire naturelle : aussi trouvHra- 1-on quelques notes superflues, et dont il auroit pii s'^pargner le travail. II en est cependant d'autres tres- interessantes : nous indiquerons piincipalemerit cells du N.» 97 , qui est un resume fort bien fait et fort curieux de tout ce quia ete ^crit par les Vo; ageurs les plus justcment celebres, sur l.^s arts pratiques par les sauvages.

Si nous r?prochons au citoven Pougens de n'avoir pas toujouis remonte aux sources , ce n'est pas c[u'il ne les ait souvent consult^es ; il riio le plus frequem- meut Latham pour les oiseaux , et c'est en effet Tauteur de la methode ornithologique la plus com- plete et la plusetendue. Linneus e?tau?si tres-souvent indiqu6 ; mais nous desirerions que le citoyen Pougetis ii'eut pas denature son nom , en ^crivant Linriee. Ce grand naturaliste se nomuioit Linneus. Plufeieurs noms propres danois ou suedois , tels cjue Wormius, Celsius, Olaus, Fabricius , out une leruu-

C4

40 Voyage.

liaison latine qu'ils ne perdent que qnand , api es avoir et6 anoblis, iis le font preceder du?^o/?.^ c'esl-:VcIire, de : ainsi il faut ccrire Liimeus , ©u de Linne. L'usag(i apr^valii dt; dire Linneus ou Linne.

On trom e dai;s les notv s du citoj^en Pougens des etymologies saxones , .' otLiqiies ou suedoises , fort curieuses ; nous reltverons ce'pendant une erreur sansdonteinvolo itaire, maisqui pourroit occasionner quelqne m^i rise. On lit , page 48, que choii-kraut s\^n\[\s. feuiUe de ckou- _, du nio4 allemand kraut ^ feulUe. Ce mot doit s'tcrire saur-kraut , et il si- gnifie non pas sQuXernQxAfeuiUe^ ce mot en allemand se dit blatter^ mais pLante aigrle j, qui a eprouve la fermenlalion acide : de saur ^ aigre 5 et kraut ^ plante.

Nous re:;rettons encore que quelques-unes des des- crlptions que Jolin White a donnecs des plantes et des ar.imaux^ n'aient pas e!e Iraduitesen entierj mais on a craiiU qu'elles ne parus?ent trop seclies , ce qui a engage a les ahr;5ger. Cependant il seroil a desirer que ces descrip lions fussent completes : les natura- listes qui les voudront consultcr , seront toujours obliges de recourir a I'original , qui est fort cher, et commetous les livres nouveaux anglais^ est d'une telle rarete, qu'il h'existepeut-etre en France que le scul exemplaire traduit par le citojen Pougens.'

II eiit aussi ete i\ desircr que le libraire cut jftint au texte les gravures interessantes dont Foriginal es* ac'^ompagne. II n'est pas le seul qui , dans i'espoir d'un dt bit plus facile et plus prompt , ait ainsi priv6 un ouvrage utile de grayures interessantes , et qui

Voyage a la Nouvelh-GaUes dn Sud. 41 sont absolument nccessairps a son inteUigenre. La traduction dii Voyage du commodore Philips a Botany-Bay , qui a paru en 1798 , presente ie meme inconvenient ; les gravures ont {{^ supprinu'es , et avcc plus de desagr^ment encore , puisqu'elles sont indiqu^es dans le texte par des nimicros. Cesgramres representent cependant des animaux absolument nou- veaux , et qui ne se tronvent nuUe part ailleurs. Nous invitons done , pour I'avantage des sciences et pour leur propre inieret, les lifDraires a ne plus sc per- mettra de pareils retrancliemens , a moins que les gravures ne servent que d'ornement et ne soi^nt pas necessaires pour Pintelligence de Pouvrage. Le debit des Voyages de Sparraann , de Cook , de Bruce , de Mears , etc. , prouve cjue les gravures utiles farorisent la vente d'un ourrage plutot qu'eltes ne I'arretent ; et elles ont I'avantage d'enlever aux contrefactonrs Tespoir de profiier , sans risques , des veilles d'un anteur et des premieres avances d'ua libraire.

Le citoyen Pougens est trop eclairc po'ir n'avoir pas seuti combien la suppression des grarures de- paroit son ouvrage. Maisil a faitcomme le traducteur du Voyage a Botany-Bay , il a prnse ciu'il valoit encore m'eux faire connoifre nn livre utile de celte maniere, que de ne le jtas publier. Le C Pougens est un des litte'^rateurs les plus estimal^les et les plus ]ai)0i ienv. Malgr^ de^ ijifirmit-'s qui dccourageroient line ame moins elevee , il se livre sans relAche a des travaux opiniat:es, et qui ont loujours jiour but les progres de rinslruction et Tulilile pubiique, II a dej^

Voyage.

public plusicurs ouvrages iut^ressans : le Voyage dc Forster est iiii cles plus imj)or}aiis. II est actuellemeat orcuj :e dii troisieme volume , que les gens de letires attendent avec una impatience que leur a inspir^e lA lecture des deux premiers. A. L. M.

H 1 S T O I B. E Li •'£ T K R A IP. E.

JExtRAir d'ar.e Uttrc adressee nux Ridactcurs du Ma- gasm Encyclopedique^ sur Cetat des monumens , des ohjecs de sciences et arts a Avignon.

XL N me communiquaiit le projet de votre Magasin, vous m'avez invite a vous donncT des notices sur i'elat des objeis de sciences et d'arts dans les d^- parteir.ens que je vais parcourir , autant que mes occupaliuns pcuiroDt me le permettre j je remplis deja une partie de mes engagemens ,en vous pariant d^Avignon,ou je suis depiiis nuelcjUes jours.

Je commencerai par la Bibliotheque , ci-devan^ Celestine , forraee par des ac ais pariicullers et des dons du savant Gerson. Les livres imprimes offrent pen de cboses remarc;uables.

Parmi les raanuscrlts , qui consistent principale- ment en ouvrages de theologie et de piete , un des p'us precieux est la Bible de Clement VII, in folio > sur velin.

On y trouve aussi le decrel de Gratien , donn6 en 1 588 aux Celestins parj Claire Larti ; ce ma- nuscrit paroit anldrieur au XIII'-'"^ siecle 3 ce qui

Etat des Arts a Av'gvon, 4S

le f;uf previimrr , c'est la forme de la tbiare poiu tificale c]ii\)u voit dans plusieurs des vpnettes qui decorent cet iii-fblio ; el'e ne pore point de cou- ror.ne. On ii'ij-n.;ie pas que ce fut Eoniface VIII, qui occupa le sit\^e pontifical depids 1294 jusqu'a i3o3 , qui le premier surcbargc^a la tbiare d'una ti'ij:)!^ couronne.

Ce monument calb'erapbique est de la plus grande beaute ; mais mallieui-euse;i)ent quelques vignettes en ont ete coupeesjet avc=c elles des fragmens du texle d^cr t cL iriere ces vignettes.

II existe encore dans c.-tte bibliotbeque plusieurs autres inanuscrits dont je croisdevcir pailer ; i*^- une Bible, format in-4.0 , sur velia tres-fin, a doub'es colonnes, avec des iettres majuscules enluminees ; Tecrilure est remarquable par la forme et la nettete.

2..^ Un autre manuscrit en deux volumes m- fobo , sur velin , contenant des dissertations sur S. Matbieu par frere Auguslin de Ancona, de Tordr* desfreres bermitcs de S. Auguslin.

3^. CapituLa et orationes per annum jmanusznt^ sur v(^^lin, i vol. in-folio.

Parmiles biWiotbcques particulieres on distingue celle de Spylre Caumont , oii j'ai vu un recueil, manuscrit, de lettrcs adress^es a Sevtre Caun'ont, associe de Tacademie des inscriptions et belles- lettres, par le president Boubier, I'abb^ Botbelin du Fofsy , le cbevaller Folard et d'autres savans de ce temps. On y trouveroit siirement des objtts digae« de salislaire la curiosite des bommcs iiistruits.

^4 Histoire litteraire.

On conserve dans les arcliives plusiciire cartiilai'res pr^cieux , dont le plus aucieii refiionte an commence- ment du X""® siecle , consistant principalement en bulles, privileges, donations ou litres de pro- pri(5t6 et de feodalit^ ; quelques-uns rcnferment des objels qui semblert fort intrressans pour I'liistoire, presque tous avec leurs sceaux j)assablement con- serves.

Plusieurs titres isol^s sur parcbemin , avec leurs sceanx, paroissent originaux 5 les plus remarquables datent depuis le Xlniejusqu'auXIV"^ siecle. On dis- tinglieentr'autres unc cbarte imp6riale de Cbarles IV, donnee en 1873 , a laquelle pendoit un sceau en or fin , qui d*une p rt represenoit la ville de Rome et de I'aulre la figure pedestre de cet empereur, parfaitement gravee et bien conservee 5 maiscomme ce sceau s'est trouve detacbe , ou a cru , pour sa surete 5 devoir le remettre entre les mains de I'admi- nistration du district.

Cetle cbarte imp^riale ne tend qu'a confirmer d'anciens privileges accordes par les pr^decesseurs de Cbarles IV , aux ci-devant arcbeveques d'A- vignon , depui> 82^2. II j est particulierement fait mention des Juifs que Tempereur prend sous sa protection , pour qu'ils ne soient plus foules ni vexes , Cbarles donne la terre de Bedaride a I'arcbeveque d'Avignon.

L'ecriture de ceUe cbarte est parfaitement belle.

On remar jue encore dans ces arcliives ^ sous la mcme dale de iSyS , deux protestations originales

Etat des Urts a Avignon. 4j

pnpe Barthelemy , Tune et Pautre munl^R de tretzo sceaux pendans, en cire. Cette pi^ce est egaleinent rare et curieuse.

Examiuons a present les monumens d'architecture> La construction du poitique de !a ci-devant ^glisd metropolitaine,est antique ', I'intcrieur offre des jam- beaux de pein tares a fresque que le temps a pres^ qu'entiex'ement d<^giades , entr'aulres , un Saint Georges qui d^Iivre une Yeinme d'un njonstre qui la poursuit ; la tradition^ Iransmis que ces peintures sont Touvrage d\in peinlre itaiien , an.i de P^lrarque ; que la figure de Saint Georges etoit le v(^rilabl.e portrait de ce grand poete , et que celle de la femmo ^toit celle de la belle Laure.

'L'eglise des ci-devant Cordeliers n'a de reinax- quable que la grandeur de son vaisseau et la har- ^ diesse do sa voii;e. Elle renferme les tombeaux de deux personnages celebres, celuide la belle Laure , denue de tout ornement,et celui du brave Crillon , qui est d'une assez belle arcbitecture. "

Parmi les monumens de I'antiquit^ que Toa conserve a Avignon , et qui sont en tres-petit nombre, on remarque :

Six lampes antiques , en terre. Une bouteille a buile antique, en terre. Une souscoupe antique, en terre. On a commis , ici comnie ailleiu;s , des d(:gra* dalions.

Les monumens des arts qui out le plus souffert , sont :

PluiieuVs tombeaux dans Ttglise mttropx^litaine ;

4^ Htsto're litteraire.

enlr'aiitres, iin^ de Jean XXIt, qui etoit fort remat^ t^uable.

Le bel aiitel des Domlnicains , surmoiitc cVun bal- da u'n soiitenu pj^f des colonnes.

Le magnifique tombeau de rabb(^ de Simiane Lacostr' , place dans le < liccur de I'eglise des Beiiedic- tins.' Ces ouvrages, du cJjbre Zvlalhieu Pereu, sont presque. tons delruils.

Un tombeau de la maison des Issaids , dans la ci-devant eglisp du ebapiti e dr Saint-Plcrre , repr^- senlant le Christ des endn dans Id lom'^eaii , compost de plusieurs fi^^uies colossa'es de iriarbre blaix, a ete' Jbrt eridomraag^ 5 ce monument , dusiecl^? de Fran- cois 1j^ y etoit d'un Ires-beau tr:ivail.

Tousles autres moiceaux de sculpture des eglises d'Avignon out ete ]. rises et df'truils.

Lestonibeaux des papes, dans la melropole, les calices d'or , et tout le trtsor , les ostensoirs des autres eglises , dont plusieurs enricbis de diamans^ ont ete brists ou enleves.

tin autre tombeau de marbre, repres'^nfant rine dar.e a genoux sur un prie-dieu , a ete detruit dons I'eglise des Gelestins.

La precieuse croix d'or des memes rellgieuv , d jn- nee par le roi Rene , d'un tres-bon gout et d'un travail fiui , malgr6 la barbarie du siecle ou il a ete fait, aetebrisee s-.ir la fin de 1792. On en porta un fragment a Tbotel de la raonnoie de Marseille^ 'pour coimoitre le degre de puretS de l^'or, et il fut reconnu ne contenir que tres-peu d'alliage.

A Gadagne, dans i'ec:b"se du village , le tombfeau

Etat des Arts a Avignon. 47

i^emarbre blanc, de la n::ai>on de ce no:n , corripos^ de dt'ux figiiras assez bien executees , a ele eiitiere- inent dclrnit.

Je sais , citovens . qne jVurois pu etendre p'ua loin mes observations; inais , force a d'aulrrs tra- vau\, loftemps me raanque; il me suffit d'avoir in- db|u^ aux Scivans et aux vovageurs instruils, les objets qui peu\ent etre dignes de le.ur altc;iilion.

HiSTOlRE LITTERAIRE D U M O Y E N AGE.

Notice sur Les poetes latins da ninijen ogr; , tirde des notes du po'enie anglais de H^TLEVy sur Id poesLe epique J inserees dans le 4.* volume de ses oeupres, ^ iniprimees d Londrcs en 1785 (i).

XL n'y a point en de.siecle entierement dentil de poetes ingenieiiK et elrgnns, dit le savant Polycarpe Le'SCT , a; res avoir irace patieininent les progres pen conniis de la poesie latine pendant ton-, les siecies olscur^ (2). 11 est ( eriain que le nierile de

(i) On li"ouveraquelqu''s de-tails sur les o-urrages de H&t1^J> tlans les Mc'ljng's de liltpr?.lure t'trang<>re , d'A. L. Mii n, qni .int piru en 6 volumes , Ji Paris , chez GogUJt , 1786^ VoTe!'. aussi rEs^irit d ^s journaux.

{j-i) Soji ou^rrage esl iiililule : JPolje. Lejseii hijtoria po'ildh

/8 Hisioire litter aire du mojen age.

plusieurs poe'es latins, a une ^poque ou nous supi cosons commun^ment les hommes ploughs dans la 4)lus grossiore barbarie , est singuUerenient remar- quable. Beaucoup d'eutr'eux out fait des poemes epiqiies ; et comme ils decrivent les nururs et les visages de leurs temps , un examen complet de leurs Yoemes pourroit former un ouvrage curieux et amu- sant.

Abbo , moine parisien , de I'ordre des Ben^dic- lins 5 a ccrit un poeme sur le si^ge de Paris que iirent les Normaiids et les Danois , en 886 , et auquel 31 se trouva. Get ouvrage est imprime dans le se- cond volume du Scdpta Franco rum de Ducliesne ; et quoiqu'il ait peu de merite poetiqua , ou meme qu'il n'en ait point du tout , il pent etre regarde " comme precieux pour I'liistoire. Les vers suivans , adressses a la ville de Paris, au commencement de I'ouvrage , peuveut donuer une idee de ;s@n s-lvle :

Die igitur prcepulchra polls j quod Vanea munus Libai'it tlbimet , soholes Plutonls arnica , Tempore quo prcesul dom'mi et dalcisslmus heros Gozllnus temet pastorque benignus olebat ! HiSCj inquit ,miror f narrare potest aliqulsne ? Nonne tnis idem pisisii oculis ? refer ergo : Vidi equldem , jussisque tuls parebo libcnter.

rum etpoematwn medli ceoi deciwum post annum a naio Christa quadringentesiinum , scrculorurn. tJalce 3 172.I , iia-6°. On y trouve la vie cle plusieurs poetes latins , modernes J ;ie tatalogue de leurs ouvragfs. est assez incomplet . L'ouvrage important et ciulqux que le citoyen Saint-Leger prepare suT les poetes dumoyen age, sa isfera d'jivanlage la curiosite dcs ^ateurs de ce genre dc Litterature. A L M.

Leiser

Toetes latino ^ ibiqveu 4g

I.ejsera coiifbndu ce poete avec un autre du m^me Rom ; mais F.nbriciiis a conig/^ cetle n rprise dans sa BLbtiotlihque iatlne da mo'jen age (i).

(luy , <-vet(ue d' Amiens , jo58 Jus 'u'en

1076 a corit uii poeme heioq k^ s'lr ijs^ApL>its cle Giiiilaume-le-Connuerant , dans lequel j suivaut Or- deric Vital, il a imite Virgile el Sl'ice.

Gaillaurae de la Pouille a compose, a la soil ici- talion du Pane Urbain II , un ] oeme en ciiKrli^/es, sur les guerres des Norrnands dans la Sicile , la P6iiille et la- Galabre, jusou'a la mort de Ro))ert Guiscard , leur prince , au fils duquel j! a adresse son outrage qui a ete ecrit eiitre les aniiees ic3o et 1099, imprime pour la pre 1 iere f'ois en i582, in-4^, et r6imprirae dans les Scriptores reruni ita- ilcarutn , de Muratori. Ducaiige , dais ses notes sur I'Alexiade de la princesse Anne Comnene , a , ^clairci cette liistoire par de frequentes et lon- gues citations de Guillaume de la Pouille; mais , quoiquc ce savant critique lui donne le titre d'ecri- vain distingue, sa pj6sie ne me paroit que fort peu superieure a c^41e du moine Abbo dont je ■siens de parler. Le lecieur pent en juger par le passage suivant que je rapporte non seulemcnt pour donner un exemple du sljle de I'auteur , mais encore parce qu'il montre que les femmes de ces princes guer- riers partageoient avec eux tous ' les perils de la guerre.

(i) B'hUuJieea latiua mediae et infimce laUmtaUs .

Tome II. D

Histolre litteraire dunioyen ctge.

U.ror in hoc hello Roberti Jorle sagitia Qiuklam hesajuit , qiice tnilnere territa , nullarn Dam spcrahat openi , sc pcne subegerat hasti , ]S\riie,io cujus se cominendare i^olcbat , Jnstanlis metuens 0iciiia pericula lethi : JIanc deus eripuit j fieri liidibria nolens Matronos iantce tarn nobilis et venerandce.

La priiicesse Comnene a aussi celebre le courag© que cette heroine , qui se nommoit Galta , monlra dans le combat , et il est a remarquer qu'ells a peint la noble Ainazone plus poetiquement cjue ne Ta fait Guillaume de la Pouille. Gualfredo , Italien, qui prit possession de T^veche de Sienne en 1080 et mourut en 1127, a ^crlt un poeme li^roique sur Texpeditiou de Godefroy de Bouillon , ouvrage qu*on dit etre encore aujourd'hui conserve a Sienne en manuscrit. Je crois que Gualfredo est le piemier poete qui ait trait6 I'lieureux sujet des croisades , qui a 6!e ensuite embelli par deux poetes latins, tres-clegans , Iscanus et Gundier dont je parlerai tout-cVrbeure, et qui enfin a reQu sa plus grande gioire du genie du Tasse. II j a aussi sur ce sujet im ancien poeme' latin , qui est I'ouvrage de deux ^cvivains ri^unis , Fulco et yEgidius , ^le I'exact Fa- Lricius place au commencement du XIII'°« siecle 5 le titre de leur ouvrage est : Historla gestorum vice nostri ieinporis Hiero so to niu tartar, II est im- prime dans le 4.^ volume du Scripta Francoruni, de Duchesne, et il Test encore , avec des additions considerables , dans le troisi^me volume des Anee^ data d'Jidme Marteae. Je vai« rapporter une partis

Poi-'tes latins , eblques. 5i

^u commencement de ce poeme, quels Iccteur cu- ricux pent se donner le plaLsir de comparer avet telui du Tass?.

Ardor inest , inquam , senienlla f xaque menu Wersihax et numeris transmit tere posteiitati Qualiter instinctu deitatis ^ et auspice cultu F.st nggressa t^ia m&morando iiohills acta y Qua sacrosancti i>iolanles jura sepuJchri D/'gfia recepertint meriii commercia prat>i. Incjuc suis Jrancis antiqua resurgere Troja Ccfpity el edomuit Ciiristo contraria regno.

j'ajouterai seulement le portrait de Godefroy :

Inclytits ilh ducum Godijridiis culmen honosqu* Omnibus exemplum honitatls jnililiceque-^ Sire hasta jaculans cpquaret parthica tela f Cominus autjeriens tei ebraretjerrea scuta, Seu gladio pugans carnes resecaret et ossa , Sii>e-eques atque pedts propellcret agmina densa , Hie inimiciJjis cunctis sibi conciliatis Cunctis possessis pro Vhrisli pace relictis ^^ Arripuit cal/em Christum sectando vocantein.

Le poeme finit par la prise de Jt'rusalera. Laurence de Vrrone , qui ll^urii vers I'an 112.0^ ^crivitun poeme lieroVqueeiiylivres, inxhvX:". IierLcn% in Majoricii pisaaoruni. EduiU Ugkellus , torn. 3 JtaLLce sacrce.

Mais ces anciens poefe* latins moderncs sent frt^e-infurieurs en merit et en reputation a Phi- lip-je Gault ^ler on Gttut'ii.T dj Giitaiilon , le pre- mier des po( tes latins modernes qui paroit <JVoir eu uoe eliucellc du vrai g^iii^ j>o6tique. II 6toiC

5-2 Hislolre Utterairt du moyen di;e.

prevot des chanoines de To'irntjy , vers I'an 1200 suivani .M. Warlou , qui a dohi 6 plus'eurs 6chan- tilloiis de son sijle dans la- secoiide dissertatiou qu'il a mise a Id lete de son. exceilente HistoLe de La Poesie angiaise. J'ajoutfrai seuleineiil ici que la meilLure edition de son Alexandrelde ^ poeine hcroique en div livres sur Ale^:andre-le- Grand , et celle faite' a Lejde , in-4° , en i558(i).

Le jiidicieux Warton a rgalement fait connoitre dans la dissertation dont j'ai deja parl6 , le m^rite* sup^rieur de Joseph Iscanus ou de Joseph d'Exeler ; et il n'a pas manque de parler de deux pcetes ^piques latins de la meme epoqu;' , qui ont beau- coup de merite pOur I^ ie; q :: dans iequel ils ont vecu 5 savoir , Gunther el G uiilaume de Brctagne y le premier etoit un moine dllemand , qui a ecrit apres I'an TI08 , ei a laisse plusieurs ouvrages liisto- riques et poetiques , c t jiarticuiierement deux dans le genre de Pcpop^e 5 savoir , Ic Solymaiiunv ^ poeme sur la pri;.e de J^^rusaldm par Godjlroi de Bouillon, et un autre intitule Llguruius ^ sur les exploits de I'empereur Frederic Barberousse , ouvra'ie qu'il termina pendant la vie de ce prince , le premier ii'a jamais el^iraprime, il y a eu plusienrs editions du dernier, dont une a ete donnce par le celebr^ Melanciiton en 1569. On verra par Les vers suivans , oil il parie de lui-meme . que son merite nature! etoit estimable a beaucoiAp d'(^^gards :

{i) Je crois qu'on trbuve un extrait <I« ce poeioe dana J'Aija^e liiteiaire de Freroo,

Tories lathis^ e'h^ques. 5"

Hoc <jno(jue mcjamce , si desint ccetera , solum Conciliare potest , quod jam per multa latenics Sceciila \ nee clausis prodire penotibus ausas Piet ides (.idgare pare j priscumcfue nitorem Jledderc carniinihus j laidoscjuc cllare po'elas.

Guillaume de Bretggne efoit prc'cepteur d: Pierre Charles , fils iiaturel de Philippe Auguste , roi de France ; il adressa a son pupillo un poeme inti ul6 KarLotls , qui n'a pas et- encore public 5 ma is son plus <.rand ouvrage , appcle PkUippis , poeme hc- roiqueen douzelivres , est impriine dans les collec- tions de Duchesne et de Pitlioii , et separea en t clans im volume in-4''. avec un long commentaire do Barthius. Malgre les eloges accordes a cet auteur par son savant commentateur , qui le met au-dessus detous ses conteraporains , il me paroit inferieur , pour la verve poetiqus , a ses trois rivaux , Gautier de Cuatillon , Iscanus et Gunl'icr. Cependant son ouvrage n'est point du tout a mepriser quant au stj-le , et il peut elre rcgarde comnie un precieux tableau des temps dans lesquels il a v'^cii, car il joua lal- meme un role dans un grand nombre d.^s artions qu'il dccrit. II s'est propose de celeLrer/les exploits dc Pliihppe AugustiL^ , et il termine son poeme a la moii de ce monarque , arriv^e en I223. II adrcs.se .son ouvnige , dans deux dedicacespoetiques Sv^par^es^ a Louis, successeur de Philippe, et a Pierre Char- les, son fds naiurel, qui ftil eveque de Nojon, en 1240 , et mourut en 1249. II paroit avoir ete engage a comi.oscr soji pcKMiie , p ir V Alexandrcide.

D 3

5a Histohe litrc'raire du nwyen age.

de Gai^thipr, a laquolle 11 a fait allusion dans lc5

vers sui^ai>s adresets a Louis :

Oesta duels Macedum ceJebri describere versa Si, licuit , Guoltere , Ubi , qvce sola relatu multUago docuit te 0ocijerar,ojamce.... Cur ego quce no>n , propria qu<x Iwnlne ndi , jS'on ausim magni magnalia scribere regis. , Qui nee Ahxandro minor est i'irtute , nee illo Vrli Romuiece lolum Cfui suldidit orbem ?

11 trom-e aussi Toccasion , dans deux aulres par- lies de son toeme,de rendre un nouvel bo3r-mage a Gaudner a.ui il reconro.t qu>n est inlenei.r en ta-^ lent po^tique, quoi<rae sou admirateur , Eartbius, n'en convienm pas.Leleeleur pomraiugev de leurs taltns respeetifs, eu ccmp.^uan. le passage que M, •Wartop a cit^ de VALe^aadrelde , ^vec ks veis. suivans, dans lesquels Gudlau.ue cle Bretagne se sert de la meme coniparaison que son predecesseui , m comparant Philippe , son heros , a un jcune lion,

Bex doht ereptarn comiUm sihi .Jreudit , ct irc^. Occuhare nequit leclos sub pectore motus , JSam Rubor iu vultu dupUcatus prodit aperU Quam gravis iUustiem trahiPindignaUo menicm. Qualiter in Ijbicis spumante IcuucuJo rictu SalHbus unguejerox, et dcnUbn. asper adanus , Fort's et horrisonis anno jam pene secundo j Cuit'enatcris venabula forte per armos Bescendere Uui stringentia s-uTnere. corpus , Collarigenshirsutajubis d.csc^vit in hosttm Jam retrocederitem , nee earn tetigisse polentem ^ Cum nihil exjacto referat nisi dedecus illo, $fe^ mqra nee requies , cjuin j^^n deghUat ipsum ^

Po'c'lcs latins , cpiquts^ 55

jSi pnuhns Jwstis pra'ie)ito cvspide scuio T'n'p;iiihus objecto j dum dat vestigia retro ,' In loca se relraJiat tion imimpeiida leoni , Sic piicr in comitem rex dehacchatur , el ipsurrk Subsequititr presso relegens I'est-gia gressu.

Je rappoiieral eHCore ici le passage sui snt du Xl-'i'e livre, parce qu'il coiitieiit un portra't anim6 et line comparaison plus iieiive (}ue la pr^ce- deiite.

^t leei>o in cornu , qui niiUi ivarte sccundus ^

Bolonides pugiicp insislit J cui f'axitnts iiigcns ^

ISunc implet de<rtram , rix itJli bujuhi , qualcin

Jfi BaccJii Jegtmus portasse capanea cunas y

Qitam vix JcBinineo dejecit Jupiter ictu.

Nunc culter vitce inipatjeiis , nunc sanguine pugtsi

3Iucro rubens , gemina e subliini rertive jUlgens

Cornua conus agil , superascjue eduxil in auras

E costis assumpta nigris , qiuisj'aucis in antra

Bianchia balenoe Brilici coiit incoJa pnnti /

T~t qui magnus erat magncv super add:ta mpli

3Iajorem Jaceret pliantaslica pompa vidcri.

u4c vchit in saltus scopulnsa Bier i a salta

Prcecipili niitlil ingenti corpore cerium , \

Cujiis multifidos nu/uei nut a cornibus annos ,

Jilense sub octobri nondun r e pteiti.br e per acta y

ylnnua quandit novis P'enus inciiat ignibus il.'um f

Cursitat in cervos-ramosa J'ronte inimres j

Omnibus lit pulsis rictor sub teo/nine jirci

Connubio ccrvam solus sibi subdat amatam.

Hand seciis e pcdituni medio f qtiibus ipse rotunda

Ut castro cauta se circninsepscral arte ,

J*rosiliens volat in Thi^inain, lioberllgenasquc

JDrocarum coniilcm j Belimeenumque Philippurr% . .]

JiolonidfS,

D4.

^6 His (0 ire littcraire du moyen age.

Guillaume de Bretagne fut immedfatement rem- place par i.n homme qui paroit I'avoir au nioins egal(i comrae pot (e latin. Get aufeur se nominoit Nicolas Dobrai. II t'crivit lui poeme lieroique sur les actions de Louis Vril , apres la mort de ce monarque j et il 1^' d'dia a Guillaume d'Auvergne , qui fut eveque de Paris depiris 1228 jusqu'en 1248. Pour donner un© idee de son talent dans le genre descriptif , je clioi^ sirai le passage suivant, qui^ fait partie d'uiie longu& description d'une coupe presentee au roi , lors do s'^a. avenemeiit a la couronne.

Parant intiare palatta regis Magnifici cities j gratissima donajerentcs _, Tegmina qucs ornant (Jarils inscidpla figurii ; JEt patrem pctrlce jvcundd voce salutant , F.I genihus fexls picuschlani dlila dona.....

Ojfertur crater ^ cjucm , si sit credere dignurn y Perditus ingeniojahricant Muhiher awo ; 3Targine crateris totus depingitiir orhis , Et series reriirn bret^ibus distinc/a figuris : lllic pontus erat , iellus , et pendulus aer , Jgnis ad alia volans Qxli super eminet illis ; Quatuor in partes or bis distinguitur , in gens Circuit oceanus immensisjluctibus orbem. Ingenio natnra suo duo luminajecit Fea:a tenore poli , mundifamulantia rebus.

L'auteur pdnt ensuile Thebes et Troie , telles qu© c?s deux villes sont rqpreseiilees sur cetle superle coupe ;et il termine la descrip ion de cet ouvrage, p-T Ids quatre vers suivans , assez bons pour \i sitcie dans lequel ils ont ete fajts.

Poc'trs laths , e'piques. 5j

TlTaitis adidteiium resupino margin e pinxit Mu'ulbei f et cenerem la<jiieis cum rnaite ligafif , Plitraqiie ccelassel stib rnaigine , scd piidor illl Obsiat , ct iugeiiUs renof-'atur causa doloris. '

Ce pob'me , que Pauteur paroit avoir laissd im- parfait , est imprirae dans le cinquieme voIiimig ({qs Script a Francorum cle DucJiesnP. On dit (jua I'Angleterre a produil iin autre porte iieroVqne (I'uii grand merile , qui a cek'bre en vers latins les e.xptoils de E.icba1i'd I.^f , et qui fiit nppij'le GuUeLni'ts Peregrinus _, parce qu'il suivit ce prince dans ! i Teire Sainte. Lelancl en parle , en le npmniait GuUlaume de Cantio ^ et Pitt I'appelle le premier sans contredit des poetes anglais de sox\ temps ; mais je n'ai pas pu drcouvrir que son poeme eat jamais ^te imprira6, et les diderens biographes qui en ont parI6 , ne nous disent pas on se trouve le manuscrii.

On presume ([ue la langue latiae a et6 cuUivre avcc encore plus de succes en Itaiie, et le relaV.is- sement de la pure'le de cet idiome est attribue ( u grande'partie h Alberlino Mussato , dor.t le savant auteur de TEssni sur Pope nous a fait coAnoilre le premier le mc'rite. Mussato, ne a Padoue, c'toitd'mi rang distingue , ct avoit de grands lalei'is; mais il fut rnalhcureux. II mourut en exil , en 1329 , ct laissa , indep^ndaniment d'un grand nombre de pisces moms c (Misid(?rables , un poeme beroKiue , inlitul# : Do gedtis Jtaloruiii post Henricum VII Cccsarcni , 6eu de obsidione Doinini Canis Grand is dc Verona circa inceiiia Padua ncE cicitatis et con^ Jlii^lu ejus. Quadrioj dai^s bquei je trauscr.s cei

5S Hntoire lU'ernire du moyin a^re.

titrp , flit nne cot ouv rnge est imprini6 clans le dixienao volume de Muratori ; Vossius , qui pavK' de lui comine (run lii-itorien, assure qu'il coinmanda dans la guerre qui Forme le suje! deson poi'me.

Peu d'annees anres la inort do Mu.ssato, P^trarque recut le laurier a Rome pour son poema ^pique latin , inJiiul^ JJrica : ouvrage qui a tellenient dechu de la liaute reputation qu'il a ohtemie autre- fois , que le grand admirat^ur et entbousiaste ile P^lrarqne, quia pnbli6 trois volu;nes interessans in- 4°. sur sa vie, arpelle ch poeme ufv ouijrage sa/is cliateur ^ sans irn^enUorij sans interet ^ qui red pas mime Le nierUe de La uersificatlon et duo sUjLe, et dont U est LmpossibLe de souiciiir La Lecture. Je dois cependaut observer que Le Tasse , dans son Essai sur la poesie epique, fait un tres-grand elog,9 de I'endroit de ce poeiiie oii Petrarque c^U'bre les amours de Sophonisbe et de Masinissa. En effet , la critique de c^t ecrivain , qui a rendu amplement justice an meiite de P6trarque a tous autres ^gards > me paroit infmiment trop severe. II y a dans ce poeme qni est neglige , un grand nombre d'autres endroils qui sont con(;;us aveo beaucoup de force et d'imagination , et qui sont exprim^s avec une egale ^l^gance de style. Je vais rapporter quelques vers de ce morceau que Le Tasse a honore de ses eloges. Ces vers peignent la douleur du jeune prince nuraide , lorsqu*il est contraint d'abandonner soa amante.

Vohitur inde ihoro , ( efuoniam suh pec tore pernor €(9t>ii amor ^ lacerantque truces prcecordia euros )

ToFtes latins , ' epi'jues. 5 9

Urifiir f ini'igilant moeror ^ metus , itayjiirorque ; Siepe e' gbse'Ltem lacrjmans duni stii/i^it cniicain ^ Sopjje thoro de-cilt amplexus et dulcia verba "• JPoitquam nulla I'alent i^iolentnjiceiia dolovi , Inclptty el lonQis sol{ilur dainna cjucrclis ' Cina mihi niiniuai , t^ita mihl daicior urnnl y ScpJionisba cale ! non tc , mca cw.a , uidcbo J.eniter cctlieieos pvst hue compoucre callus j Fffusosque auro religantetn ex mrtie capillos j flulcia non caelum mulcentia verba JJ:osqu9 Oris odurati sacrelaque inurmitra carpain. Solus ero 3 gelidxjiic insternam nieinbra cubili ; uitque utinam socio componat aniica sepulchro ) ilt siniul hie vctitos , illic concordiler an.nos j Contingat duxisse mihi sors optima busti. '$i cinis aniborum commix/is morte tneduUis JJnus erit y Scipio nostras non scindet ainurcsu O utinam infernis etiam nunc una lalebris Zlinhra simus J liceat pariter per claustra t>agari Jilyrtca y nee nostras Scipio disjungat ainores» Jbimus una ambo flcntes et passihus iisdem Jbiihus , ceterno oonnexijcedere ; nee nos Feiieus aut jsquos Scip-'o interrunipet amores.

La catastroj lie bien connue de riafaiiunee Sopho- nisbe est racont e d'une m-^niere riv:^ et po^lique. La fin de sa vie et sa premitre entree chez lei jnorts sout pai ticulieremenl Irappanles.

Ilia manit pateramque t^ncns et lumina coelo u4.tt aliens 3 sol alme j inquit j superiquz , valete ! Masinissa j vale ! nostri menior ; iade malignum f5eu sitiens hauiit non inotd front e renenum _, Tartareasque petit violcntus spiritas umbras.

4Vtilta magis S/jgios mii'antum ohscssa. corona I7jnbra lacus suliit j puslquam diiisa tiijoiraii

fd Histoire littcraire du moycn age.

Partibiis haud cequis stellt ingens machlna mundi, Oblutu attonifo slahanl horrentia ciiciun .Agmina Pcenarum ^ sparsoque rigentia villo Euinenidum tacitis inhiabant rictibus ova. JRegia vis oculis inerat , pallorque verendus , Fa retus egregia majestasj^rontc mavebat. Indignata tamen superis ^ irataquc inorti y Jbat , et cxiguo dejigcns luinina Jlexu,

Je terminprai par P(§trarqiie* cet examen succinct dcscjut 'urs Irop iK^gl^gi^s, qui ontdcvit des po'meslie- roiVjues fn latia pendant: Je coiirs du moyen age.

Une circonsfance partlcu! ere me force cependant a ajouler un autre nom a la Ilfte prcctxlente. Jean , abbe de Pele?borou\:h ,, t^ciivfl , sous le regne d'Edounrd III , nu po.nre h-'roiquo , inlllult' i BelUini, 'Nav'arrense _, i366 ^ de Petro rege Ara^ordce et JEdfvardo principle. On dit qtie cct ouvrage , qui conlient f^6o .vers , est conserve en maiiuscrit dans la bibliothecjue Bod'ei'^nne ; el je Tai era digne d'etre connu , pane qu'd traite un sujet sur lequel Dryden nousapprend qu'il avoit eu autrefois le projet de coinj..o er un ; o me epique.

Parrai le grand nombre de po;'mes epiques latins que les siecles plus modernes out produits, la Cliris- tiade de Vida , la Sarcods de Masenius , et le Constandn de Mairbrun meyparoissent ceux qui me- ri-tent le plus qu'ou y fasse attention ;maisces poemes mei es sont rareraent lus ; et en effet, le poete qui , dans un age cclaire , aime mieux se servir d'une langue morle que d'une langue vivante , ne doit s'atlendre^ ainsi qu'il le mi^rile peut-etre, qu'a fixer Tattentioa

Foctes latins , epiques, 6i

d'un petit nombre de snvans vivant dans la re- traite (i), A. M. H. Boulard.

B I B L I 0 G R A PHI E.

Notice sur Us travauK typograpkiqv.es et litie'paires des Anglais dans i'lnde.

iiE but de cette* notice n'e?l pas uni'queraent de rtfro-))! r una lacune dans I'iiisloire da, la bibliogra- -p'lif^^j''et de satsfaire \n cuiiosite de qiielques ^a:- vans',' nous voudrions aussi exciter I'emulat on de nos concitoyens, et iixcr leur attention sur ..ii genre de litterature dont Timportance a etc jusqu'a present

(i) Note du tradiicteur. Hailey a. adop,te ici rppinion plusieuirs ecrivains celebros de nos juurs , qui bat ^ je crois , iiui aux Icttres , en dcccuragcant ceux qui se liv-roient'a la pocsie latine. Uri grand pocte francais ( UeliHe) a observe que renlrave de la rime suffit pour rendre la poesie francais'e beaucoup plus difficile que la pocsie latine ; Scaevole de Sainte-Marte a ccnujose ua e.vcellent poaaie latin . appele \x Pcedoitophie^ Qises vers franc.ais sent pitoyablfs. Rapia ft auroit pas pu faire de vers dans notre langue , et'son poi-me des Jardins est un ouvrage tri^s-estimable. L'art poi'tique de \ida est un chef-d'oeuvre. Les pottes latins parleht la langue univcrselle des hommss ii siruits j Adisson , Buclianan , Dobson , et beaucoup d'autres ont pa^rle avec succi-s la langue de Virgile ; et tel qui peut exceller drns ce genre , no pourra pas etre boii poete dms un idi m_' moderno. Ke nous privoi s done d'uucun ti'ei;t prtcieax. Encouragons tous ceux qui essai-'nt ou i!e nous deiaiser ou^ds aaus instiuiis j et J»« decouragouus 't^ersoui;e.

Ca Typographic.

meconnuc , cA pour Irquel rous avons cercndnni ail* tant do moyeiis qu'auiJiie autre naiioii de I'Europe* Depuis qiielqiies aniiees le gouvern?ment anglais a voulu dinger la politique inlerieurc et radmi- iiislration civile de toutes ses possessions terri- toriales en Asie. Le Bengale sur-tout meritoit son atlentio!! ; -uae cour supr^^me de justice-vient d'j ^tre etabiie, et.ce royaume fa't mainienant parlie inlegranle de la Grand -liictagiie. B eitti'it il a fallu s'occuper des mojens d\'tablir une coramuni- calion facile et directe entre Ics Europeans qui gO'ii- 'Vernent et les ladiens qui ob6issent. Le langate et Tecriture sont incoutestablemeut les premiers de ces mojens ct ceux dont on s'cst jusqu'a present le inoins occupe en Europe , comnie I'observe judicieu'- sement le r,avaiit IlaltHd (r). L'elegantet fidele his- torieii de I'lnde , M. Ormes avoit appris par un long si^jonr dans ces contrees loiutalnes et par la frequentation desnalurcls , combien il est dangeareux de conficr cles iiegociations politir iies ou coramer- dales a des inlerpreles et a des courtiers du pays; il a fortement insisle anpres de ses compatriotes sul- la necessile de n'employer a leur service cpie des Anglais Lien verses dans les langves de I'lnde. Jieux ct'leLres gouverneurs-g6ncraux du Bengale , Vansittart et Hastings , ne se sont point bornes a de simples invitations , ils out pensioinie des sayans pour cju'ils se iivrassent eo»:clusivenient a cette <^tude,

(l) Aute-iir de la traduction arglaise du code des Gentovs , «t d'une gramiUHire Bei^gale , iuiptimec u Houglj , dont jaous par'.jfrons l.icritOt,

TrCivcikx typof^rapkiqnes des Anglah dans Clnle. 63

et qu'ils composassent des livres el(^mentaires. Qiiel- ques-iins de ces ouvrages furent iinprim^s a Oxford et a Londres^ mais leur expedition pour Tlnde ^pronvoit ensuite des lenteurs qui firent sentir la ji6cessite d'elever une iripri-nerie dans I'liide meme. Les Hollandajs et les rkinois avoient deja form^ I'.n ('lablissement de ce jienre des l- commence- ment de ce siecle , dans leurs coinr loirs de Tran* ^qiiebar , de Colombo et de Batavia ; ils firent cons- truire leurs presses en Europe ♦et porterent des fon- tes de Tamoule , de Malay et d'Arabe tout;=s pretes a m^ttre en casse. h^s A.iglais crcerent tout sur les lieux 5 un spul boii me executa une entreprise quiexigeoit leconcours d*un grand noml ro d'artistes ; ses coups d'essai furent des cnefs-d'ceuvre typographiques. Get bomme vraiment etonnant et dont le uom m^nte une place distinguee panri les bienfaiteurs des lettres, est M. Ch:u4es Wdivins , savant profbnden.ent verse dans le Sanskrit ,et connu depuis en Europe par deux ouvrages Iraduits de celte langue sacree des Brahmanes (r). Presse par

(0 r.e Bhagitatguita , el V Mltopedes de Vichnou Sanaa. Le premier ouvrage est un Episode du Mahahharat ( I j. grand* guerre ^Qf, g^ans centre les Diejs ) M. \'\'ilkins prepar* line traduction coaiplete de ce poeme volumineux.

J'Hilopcdcs ( iusiruction utile ) est un recueil de fabls, compost par un Brahmane uommc Viciinou-Sarma ; on re- ^arde cet ourrage dans I'lnde comme le prototype des fables attribiu-es a Pidpat , Lokman et j^sope. J'en ai donne ua •xtraitdans la premiere partiede mes Fableset Contes Indiens, prgctJt.<! d'an discnurs tur la relijJivn ^ Us antiqniUs »t /«« tnCBurs da*- HinJuuM.

64 TyhO(irap}ue.

les soHicitations de M. Hast-ngs , et sans clou te par im gout iiatnrel pour tout ce vm a rapporl^aJaliifC- lalure orientale , il s'essa"a sur les caraclei^es ben- gales ique leurs formes embarrass6es et de longueur inccale relident rel.ejlj^s aux proc^'di's tj;''pographi^ cjues. Sans alterer ces formes M. Wilkins leur don- lia plus de regularity, et narvint a taiiler un nl- pliabet .bengale d'envno) ]5o poin cons Ir^s-clc' gars et d'llu beau fuii. La ionte lui pr^'senloit de nou- yelles difficultes, il sut cgalement les surmonter en employ ant des proc dts inusitts parmi nos fondeiirs de caracteres europ^ens , coiiime de diviser une ligne en plusieurs corps , de faire cirener les leltres de maniore qu'elle enchevretejit les uae sur les autres j de les f rotter an vif , afm que plusieurs p>lombs ne former.t qu'une seule lettre sans qu'on voj/e les jonc- t'.ons, etc. M. Wilkins travaisla ensuite a la casse et forma des compositeurs. Des 1778 on publia a Hougly la grammaire bengale de Halhed , dont I'exe- cution typographique lionoveroit nos plus cclebres presses d'Europe.

Get lieureux succes d(^termina M. Wilkins a une seconde entrepfise du meme genre et non moin^ "considerable que la premiere , mais que I'expc'- rience lui rendoit plus facile. Le Per?an , dont on con- noit I'utilit^ indispensable pour traiter avec les Wibdb ou princes musulmans de l'|nde et avec leurs sujets , ciFroit une nouyelle carriere a ses talens tvpographiques. On s'est contentc jusqu'a present eii Europe d'imprimer les textes originaux de ce:te laiigue ax-ec de grotesques caracteres arabes, telle-

nient

Travaux typograpkiquEs des Anglais dansVInde. 65 rtieint d^figures que les naturels de la Perse ou de I'Jjide ne peav^nt les lire , et que les Europ(^ens, qui s'j sont d'abord accoutumes' dans los graminaires et autres livres el^inentair^s, cpiouvent des diflicuii6s decourageantes a la premier^ inspection de? m^iius- crits/Maitre de son burin, M. V^Tilkins a os^ 'nva- liser le Calame des p!ui'habiles Mo unchi/s ou (^crivains ^ersans, et 'l6s a egales. II a imagiA^ et taille ses poin-ons qui irhrtenl parfaitement le taa-- lyq ^ caractere'cursif des Persans (i), dans lequel sont Perils tons les ouvrages de littejrature , et consequem- ment tres-propre a la promulgation des actes du gouverneraent.

« L. L A N 6 L E S.

HISTOIRE DES ARTS.

}< 0 TiCE d'une gravure de 1467, trouvee a la hihUiotheqne puhlique de Strasbourg , par JtR- Jacques Oberlin , professeur et biblifthe'caire.

X ARMi les Arts dont I'inveiition appartient k la .nation aliemande , deux des plus remarquables sont I'imprimerie et la gravure en taille-douce. Elle les fit Colore I'un et I'autre au quinzieme si^cle, au terns meme oii I'aurore de la litterature renaissanta commencoit a pei^er les tenebres de I'ignorance. Oa

(i) L'impruneric uationale possMe un caract^re taaljq , plus Lean c[_ue celul des Angliis ; mais il n'a jamais servi, quolque lespoin(jons aijjut ete taille* il j a plus de i5o ans.

Tome, 11. £

6eJ Hisloire des Arts.

conserve arec soln les. premiers monumens fypo-

grapiiiquesj et on les a fait servir k moutrer par

qu'.'ls degres cet Art bienfaisant a ^Xk^ porte a sa perfec-

i-Oii.

Les amaleurs de I'Art du desslii etde tousceux qui en dependent, ne sont pas moins attentifs a recneil ir les premieres gravureset ales ranger, aidant qn'il se ]xnit , siiivant la date et les auteurs. On a d'autant )3lnsde peine a former ces colie<:lions,que cesoatpour la plu_ art des estampes isolees, qu'onavoit negligees depu is qu'elles sont sorties du burin. Eiles furent fre- que -ment emplojees a orner la partie ijntt'rieure des reliur.^s. C'est la que j'en ai trouv^ ciuelques-unes de fort interessantes dans des livres relies au X\^.™« siecle, et qui sont conserves a notu bibliolheque publique. Gelle -dont je parle ici , racriie d'autant pins i'atlenfiou des connoisseure, qu'elle porte sa data et les sigles du graveur , duquel on connoit encore quelqnes autres lieces.

La gravure a 5 pouces 8 lignet de liaut et 4pouces de large. .5ur le devant de Testarape on voit une personne a penoux ; elle est sans barbe, vetue d'une longue robe ; el'e est fort pensive, ecrivant dans un livre : a son cote pend une boite; h ses pieds on voit une ecritoire, et a c6t6 un ^lui qui y est attach^ pir une cLaine, et qui ressemble a un ^tui d'iastru- nent demusiqu?. Devant luise tient un ciigledebo'Jt. Derri^re cet1e personne est une foret dans laquelie se montrent un lion, et un clieval qui se cabre. La fjrct «st bordv'e par la mer , par laquelle S. Ci'ristople, ieriant en main un arbfe pour baton, porte Jesus^

Gravure de 14^)7. 67

Clirisf. On decouvre une ville dansle lointaio. A c6t6 seprt^sente line autre ville forlifice, au sommet d'un i-ochcr, et dans les airs la Vierge toute enlour(^e de rayons, avecl'Enfaiit J^sus dans ses bras.Au has du rocher coule une riviere dans laquelie nagent des cvenes.

Le sujel de cettep'anche paroit ^Ire tire de TApo- caljpse de S. Jean, chap, aij 011^ par une virion, la sainie cite de Jeru al m lui est montree au sommet d'une haute monlagne ; 'es rajons dont est enlouree la Vierge , seroient la pour rcpr^senter la spl?ndeur tie la cil^, i]lumin^.e par la gloire de I'Elernel. li'altitude de TEvang^^liste me paroit confirmer cette id^e. Peut-etie meme que le fleuve et la foret font allusion a ce qui est rapporte au chapitre suivant.

Quoi quM en soit, le burin est d'une grande finesse; mais le dessin a de la roideur et n'esJ pas exact. Les plis de la draperie ont des angles trop saillans.

Le nom de i'ariiste est un probleme, li Taut le deviuer par L:s sigles gothiques E S^ entre lesquelles «e lit I'annee 1467. M de Murr^ savant litterateur de Nuremberg , dans VHistoire de la grai^ure avaul le lemps cC Albert Durer ( ir.s^ree daus le «ecoud volume <.le sou Jour-bat alieuiaud Hes Arts et de la lUterature ), donne la description d'une ^utre piece soitie de la main du me:ne anteur, et marquee de la meme i^^aniere que la notre. Elle represente le mouastere d'Einsiedlen enSuiss^^j con- sacre par les an_es. L'ius Tiption porte : Dls 1st die etii^elwelli x>a unsrer UebenFraube^ den E ins Led' lea ( Gest La la consecration faite par les anges de la JSotre-Dame d'Einsiedlen. )

6g Histoire des Arts,

M. Knorr, dans son Histoire des artistes ^ a pretend Li que les sigles en question devoient s'ex- pliquer de Conrai Sckwelnhelm ; mais, outre que la premiere kttre est evidemment une E et non ua C, ce Sckwelnhelm^ n'a point et^ graveur. II est en droit de revendiquer Li gloire d*une invention fort utile encore, ajant ete le premier qui ait imprim6 des cartes geograpbiques 5 pratique qu'il pe quitta qu'a sa niort, arrives en 1478. Au terns marqu6 fleurissoit la famille des Scfioens , parmi les- quels le nommQ Martin a laisi^ beaucoup de gra- vures. Si je ne me trompe , il y eut aussi un Ernest ou Ernst Sckoen, et, cela etant , ce pourroit bien etre la I'artiste auquel appartiefit la gravure en question, selon loute apparence. Christ parle de la meme gravure, sans oser prononcer sur Texplicatjon du nom de I'artiste. Voyez sou TraltS ^crit en langue allemande ^ sur Les monogranies des pelntres ^ graveurs et autres artistes. ,

B I O G R A P H I E.

Notice sur la vie et les ouvrages de CristophE'

Gabriel Allegrain.

iN ou s V€nons de p6*rdre un de nos plus habiles ficulpteurs, Crlstophe-GabrleL AUegraln , que la mort nous a enlev6 la 17 avril 1795 ( v. s. ) 5 ^1 ^toit ag6 de quatre-vingts ans et demi^ ^tant 116 au laaois d'octobre J710.

Notice 5ur AUegrain, 6g

Cet artlite , 61ev^ dans le sein des arts , ^toit hd-« ritier d'un nom deja counu par des fableaux de paj-« sages qui avoient procure a son pere et a son ai'eul nne honorable entree dans I'academie de peinture. Jete dans une carriere plus vaste , I'artiste que nous regretlons^a rendu le nom ^ Alle grain vrai- ment celebre.

Depuis \e Paget jusqu'a nos jours, on ne con- Boit pas de sculpteur qui ait su rendre mieux que kri /d moelleiLX et la fiaesse des chairs. AUegrain tenoit de la nature seule un don si rare el si pre- cieux ; il I'avoit fait germer en copiant cette vraie iii^re dels arts , en Pobservant sans cesse , et par ra travail continuel il avoit appris a la bien choisir , et s'etoit peaetre de la plus vive ambition d'en ex- primer les beautt'-s. . J.l parvint a la satisfaire d^autant plus sureirient qu'il ne suivit aucun sjsteme ^tratager a son godt particulier.

II ^coutoit avec plaisir les avis des statuaires les plus estinlablbs de son temps ^et s|i^cialement ceux de Pigal dont il avoit Spouse la soeiir a. I'age de Z2 aus ; mais il n'a jamais renonce a la ierme volonte de ;n'altendre de progres que de sa niauit re de voii' et de sentir. Si cette luarclie dans les etudes a I'aya©^ tage de procurer uu genre de m^ri'te vraiment ori- ginal , eile a aussi le grand inconvhiient de soulevct ccHitre soi tons les liommes a Viei-lles routinosw^ m

Cependant AUegrain avoit sa vbinere les difKcutr t^s qui s'eloient oppos^es a sen- entree aTacademid *le peinture et de sculpture. J£Ue& »j remouli-odenr

7d Biograf'hU.

souvent quand on y apportoit un talent ncuf ef qu'on n'etoit done ni de souplesse xii d*adresse d'esprit. A'legrain y etoit ignore, quelqics membres xnemele n.^prisoient , parce qu'il avoitcru a la pos- sibility d'atteindre a la perfection , en faisant avec application les .ouvrages les plus communs et ks moins pajes. II disoit souvvnt qu'il avoit employe son ciscau assez long-temps pour un ctTiaiu Mart n, entrepreneur de sculptures de batimens , a raison de sept francs par seniaine, et que ce genre de tra- vail n'avoit pas ete perdu pour ses progres.

En effet il se pr^senta a racad^.mie et y fut recu en 1751 , sur une Elegante figure de j<une homme, dans laquelle Narclsse nous paroit cette fois bien excufable d'etre amoureux de soi-merae. Si la tete de cpttp fig'ire r'a pas la soLidite ni la grandeur de forme de la sculpture antique^ on n'j pent pas souhaiter plus de navvet^ , de graces etd'amabi- lit^. Les proportions du corps , I' enseni'd I e exact , rdunis a Thanronie de toutes les parties , les finesses des passages , et le choix heureux de ['attitude , rcndront loujours ce pr^citux morceau digne d'ua artiste distingu^.

Maisc'est avec une superiorite bien plus decisive en- code qu*Allegrain a manifest^ I'^tendue de son savoir dans une figure de Vdnns dont il fut charg^ pour Ma- dame Dubarry. Tout ce que Part de scu^pter pent pr^sejiter de mo/didesse et de graces, so^i dans Tcs iKcuvemens, soit dans {'execution, se trouve rassem- bl^ dans cttte statue enchanteresse.

Quelques annees apies AUegrain. fit dans son ata*

Ker I'exposition piibliqu€ fl'iihe Diane que les connoia^ Seurs les p'us difficiles jug^rent dlgne de toute leiil^ admi rat oh. Ce rouveaii di-'f-d'a-uvre avoit la meme destination que la Venus * il rend diix yeux Ie» TnoinS evercps tout ce qui pruTcaract^riser la d^ess^ de la cbasse et !a sosuf d'Apolloii , par des formes plus soutenues et par un sfjle plus gravre que I'au* teur n'en avoit enii-Ioje pour la deesse de la Voluptc'. La precision _du caracilre propre n'eAciut pas datw la belle figure dont nous par'ons, cfs touclies deli- cates , ces de'ails fins et prc^cieux , enfin cefie per^ fection de rendu si rare, qui distingueront toujours les beaux marbres d'Allegrain. .,■ .Si cet artiste -s'abandonna quelqu'efois tro-p-ft^-soft gout pour les impressions souples de la chair, et s5 par la quelques-unes de- ses^figures reus 'TOontrent .unerabonpoint un peii'pxag^r^, c'est uri defautqu*6A ne pcufe reprdclier aux magnifiqiies statues qui furehl plac^es da'nis- le jardin de Lucienne en 1780. Lent auteuT' dut,rapres un-tel surc^S'V^tre piact* au rang denes premiers statuaires , et l*on ne manqivapas delui proposer Purte de tQ^ sfcitnes de marbres d<!^ti» n^es a former la galerie dcs grands horames de la Prance, dans le ctrf^tume de Icur temps. II la refusa^ disant « qu'il n'aimoit pas a faire -t'hlbmtiie 'en robe de cli'a nbre ». En efTet , le meiife de ca vrit les beautt's du corps n*etoit pas celiH'do.'ce'^iMncl sculp eur. -Gi r . .

" Allegrain n'a point fait dVl^ves ; il es> mrrtrrt's<:i sans enfaits, qv.oiqu'il en ait'-eu plus'eu''rS'"vd»? '{JoA premier manage. Veuf depi.ii seize ans^, Il t'»poe:^l

]i4

72 Biographie.

en 17785 Utte p'ersonne (\^\ e^visagea seulewient'Bans pp^tjB union, \h bonheur qu'on n'j pouvoit tronver IC|U0 ,paF !u,n vif sentiment ;c}n prix , des talens. i

Nous lerminons ici I'eloge d' Allegrain, parce que ses ynoeujcs, ii^rent aussi siniples et sa vie interijeu^-e aussi pliscuse^que ses connoissances dans I'art du.statuair® furent etenidues, et que son merite est digEie d'eclat et de c^ebrite. ' -

El mi) uZ:\-

JsprifiS jur la vie et les qur^gts de ^^AN-jAC'Q.m-S

BARtHELEMY. •:) ">

jJ|,E.ji<Ji^J AC Q u E s B 4:B.T.H EX E M Y naqitit a Au- J»agne, dans la l^iguerie de Marseille, le 20 Janvier ji-yi^,. Jl perdit sa m«i|R ('M-agd-eleine.Ilastil) a Page f^qu^tj^l^g. Son.per^ (^Joseph BaTth^temjO'f'sieva, jefi, .e3:et^;ant de bonne li€«resa6€nsibTlitt;.'tt.Tou9 les >,j,0in3-y ©r.rivoit-il^ ux-oiS. perQ-incopscI^e' me pre- i^ ti^Qiti, p^r.-la m^ini, nje Hjeitioit dans uri endroit 3>«.foJitfiir« 5 ii mc fai&oi| aMeoiB.janpres de^ui, {an-' ^ d'^it-en' lapraes , et isn'exhortoit. a pleiirer-la pliis » tendj-e des merest Je -pleuroi^ et soulageois; sa dou^ » Ifinr., Gfs scenes attendrissante-is et pendimt iong- » teipps.i?efi"0uv:elei5s *J fipent \ine: profonde impnefsioia » smj.moii; coeiir ?>. lUen ne'«y obli^ra ; et c'e3t ainsi qu'il :s'e>pl-inn<Dit'€ncore;(JaAs les derniers temps de sa vie. .. .1 -

,Jj,es, premjeies affec'ti'bns de-: Tame ne peeis^nt j^<>.nG ja;rn,^i^. J elles, ^seides pr^p^rent et a«surent!"le fiucces de .t'educaUc?ii« GgMq de cet enfaut 'SeiisiJjkj

Noticd sur Bnrth'Iemy. fS

rj^ussit sans peine, et reponcHt ^icntot au-x e^emrxes qu'on avoit con^ues de lui. Et^nt eutrc , a Marseille , au college de I'Oratoire , il y.ihde rapides protres, sous le P. Raj-naud, maitre Labile , et conn u d«^ puis par soa eloquence dans les chaiies de la ca^ilale. II le quitt^i pour faire ses cour5 ds pliilosopiiie et de tlieologie , pendcint lesquels il s'appliqua serieuse- jrient a I'etud? du Grec et des langues orientales- II sortit du s^minaire, p^oetre, assuroitTil^.dfiS v^- rites de la religion ^ imiis saus avoir aucuue.AVJca^ lion particulicre pour Texercice du iiiinj%^re .evan^ g^lique. Le jeune Bartbelemy n'avoit 4'.4Pire': ?<-'"•- chant que eelui de IVtji^de, et d'-autre gput que ceiui des. ietti-ea. II ne.pppyoit donc,pius'Tt^$<et)en'-prciv vince, ou Vou a du temps sans mojens , des contiTav dictions ^.et point d'e/iC()ura-i,ejnens ;-roii h-si^id.'es se r^ti:e<fisspnt et les -objets s^^boUrsouflent. .Sesjeuxse tpurner^nt vecs Paris. En.j.aiwivarLt (^i) ^ Ueu* le i),QnLUew de Iropver dans le .^dvant de Buze un goide _su;;^t .un airij^ele , aupres du';utl ilvacquit une pai:^ie do ,ses,connois5^nces nujjjiignialiques, ;\" ;' : ^,j geJUes-cilui me.viteT§<it bjept&t yiae:pl«c« a:!' Aca- demic des inscrip.iqns et^ belles-lettres (2) , ct apres la niort de son ami (3), la garde du caijihct d,s jnedaiUes. Louis XV sCj^is^ta -devle nohiHier a eeite derniere plac43 5 avant me^ie qtte.d'Arg«HSQn'lui en eutfciit la proposition. ^f> mindsire ^e co^noissoit en liommes de lettres , ej, fiOUsuGrage,:, q»»fei i*on:ii*obH

' Tt) En 1744.

' '(2) £11' 1747«

(^3) Jiu 1753.

74 ^lO^rflhhig,

lenoit pas ais^ment , valoit bien celiii du aionarquei

Des-iors raccroissement dc ce precieux depot de- vint I'obj tries so ns de I'actif B.irtlY''em -. lis n'^us- sireii* au point que le nombre des medaJles anli- qii?s a tl6 doub'e par I'acquisilion de plus de vingt mille, tirees dc* differens caliiiets , fruit de ses pres- santes sollicitations aupres desministres de Louis XV et de Louis XVI. Quelques-unes assez rares soiit dues a ses recherchesparliculiei^es , dans lui vo age qu'il fit en Italie. II y perfeclionna sou gout pour lYtud:? de^ raoi umens anciens 5 s'y montra digne de sa reputation naissai.t.' , tt s'acquit I'estime d^s horn*" jnes les plus celebres de ce temps (i\ V^nuti ^ Pa- ciaudi, Gori, Passeri et O'ivleri , saVans aiitiqtifiir'es ; E4ouard Corsini, ci ronolo|^,isle lumineux ; Bosco- wits, Jacquier et Le Sueur, habilesmatbeiraticiens; Assemanri, gar e de lat' Libli'ofh>que du Vatican, si Vci's^ dans la btt^rature syriaqus ; Albanl , Pas- sionei et Sj inelli j qui 1 o.ior i nt la pourpre romaine par leur savoir ; erfin ce Mazoccbi dont notre voya- geur ad:]7iroit taut la piet6 , la modeslie et ['erudi- tion , furent ceux qu'il reel ere ha davantage, et dont il r. cut I'accue 1 le plus dislingu6.

L'es'time et la reputation ne suffisent pas pour nous rendre heureux ; c'e:^t au sein de Tamitie qu'il faut chercber les el(§inens du bonlipur. Barthclemy trouva le sien dans la cotinoissance de la conitesse de Stainville, depuis ducbesse' de Cboiseul , et de son mari , arabassadeur de France a Rome. Qua- rarUe ans d'un 'attachement aussi pir que la verlu,

CO En 1755.

Xotice snr B.irthe'hir.y. 75

n'avoient pu eflfarer ni affoiblir rinipression qua fuent alors sur lui les qualiu'-s rar?s et toucliautes de cette respectctble ainie : il en racoit lui-memCj cjiielque niois avaiil sa mort , ce portrait : « Ma- » dame la comtesse de Stainville , a feine agce »"i8ans, jouissoit de cette prol'ordo veiieratioa 15 qu'on n'accorde coiiimuiieiuent qu'a un long exer- » ci.e de vertu. Tout en elle iiispircit de I'interetj » son a^e , sa figure, la d^licatet^se de sa sant^, 5> la vivacite qui animoit sa parole et ses actions, » le desir de plaire qu'il lui <^toit si facile de satis- « faire , et donl elle rajjportoit les s.icces a un epoux, » digne objet de sa tendresse et de son culte ; cette » e treine sensibilitt' qui la rendoit heureuse ou mal- » heureuse du bonbeur ou du malbeur desauires, » enfin cette purele d'arae qui ne iui pcrraelloit

» pas de soupconner le ma^ , etc »•

Persou'ie n'ou]:ba moins s.^s a-nis dans la faveur , que le due de Gboiseul : aussi personiie n'enconserva plus dans la disgrace.'Cequi pourtantseroit un phrno- jnene dans I'liistoiiv du cceur humain, si ce!a ne teuoit pas ades ciiconslances (|u'on nous di-p.^nserade rap- peler. Appel^ au m-nistere , et jouissynt d'un grand credit , cet bommp CvlVuie ;tra au-devant du fidelo Barfhelenij , el Tacca la , comnie celui-ci se plaisoit a ie.r/peler , de bienfai s , sans amais attendre d'cn eiro sollicilr. II oJiut pour Ini des pensions sur des b'-n^fices et des journaux , la gramle tr^sorerie de iVglise de S. -Martin a Tours (i) 3 enfin il le nonfma a la pUice de s cn'tair -general des Suisses et Gri-

i^i) En 1765. Le produitnet de ce benefice etoitde 7000 U

j^ BiogrnpUie,

sons (r). tine pareille fortune ne Pdbloult pas ; il ne

iui qu'einpresse de la partager avec des gens de

iettres qti'il aimoit , et dont les besoins lui etoient

Connus. Quelqiiefois il refusoit pour qu'on leur -

donnat , et plus souvent il se depouilloit en leur ,

faveur. L^ titrs de son revenu fut ainsi sacrifie , oir

plutot , passant en d'autres mains , il ne cessa pas

d'etre pour lui un objct de jouissance. Cependant il

se trou\^oit encore assez riche , et pouvoit se procurer

toufes celles du luxe. Sa moderation Pen pr(^^serva ;

il se permit seuleinent de dire : ct j'aurois pris une

» voiture , si je n'avois craint de rou^ir , en trouvant

» sur mon chemin des gens de lettres qui valoient

« mieux que moi ». Quelques-uris d'entir'eux , Irop

ambitienx pour n'etre pas jaloux, n'epargnerent pas

neanmoins le modesta Barlhcleiny , qui ne repoussa

leurs traits k\ »e dejoua leurs intrigues que par le

fcoil usage de sa fortune. II oleva troisde ses neveux,

aida le resite de sa nombieuse famille , et vint au

secoursdes infortunes, sur-tout quand ils lui parois-

soient avoir un goiit decide pour les lettres. C'etoit a

5es jeux une puissante recommandation ; des etrangers

meme en ressentirent l^s eflets. Mais la bienfaisance

et la generosity ont leurs mysteres , auxquels I'amitio

peut etra initiee , sans avoir pour cela le droit de le*

reveler. Parsons do ic k ses travaux particulicrs , et

voj'-ons ce que la litie^rature doit a ses veilles.

Avant de parlir pour I'ltalie, il avoit hi huit m(^

(i) En Ty68. Cette place valoiL 20,000 liv. de rente , et avcil: ete creee pour un iiomme de JeUies , Malezicu , par le due da Maine.

Notice sur Barthe'lemy. 77

moires a I'Acadeinie des belles-lettres. Lesu jet da premier est peu impoiiant ; mais les autres m('ritent, de la part des savans , beaucoup d'aflention. Oa adinire sa sagacite 5 eu expliruant mie anci.ime ins- criplipn qui remonie vers Pan 600 avaiU J. C. C'est une liste des pretrc^sses du temple d'Apoilon-Amj-- cleen , ccrite en boustrophedo/i (i) ^ a laquelle les auteur> de la nouvelle diplomatique , malgre tous leurs efforts, n'avoient rien euteudu. Son essai da pala^ogiapliie numismatique ouvroit une nouvelie carriere que les antiquaires avoient jusqu'alors ne- gligee. Ses reflexions sur ^alphabet de Palniyre le conduisiient a une d6couverte , celle d'en fixer les (^k^nens ; et il demontra que les inscriplions en ca- racterepalmyrenien 5 rapportees au nombre de treize par Wood {2) , sont en langue sjriaque. Le ;n^moire qui reulerme ces observations , est un viai clief- d'ojuvre de discussion 5 jamais on n'a mis plus de critique , de savoir , de penetration , d'agrement jiieme , a trailer une mati^re si epineuse etsipeu sus- ceptible d'int^ret.

De retour en France , notre savant academicien- rendit compte a sa compagnie de ses remarques , dont quclques-unes , entr'autres celle sur la possi- bilite de retablir les inscriptions par la trace des crampons , avoient ^chapd aux observateurs. On n'avoit pu deviner le sujet de la belle mosaic;ue d^ Palestrine ; Bartlitlemj y t ouva le voyage de i'em-

(i) C'est-a-dire •que les ligacs vont alternativemenl de ^roite a gauche , et de gauche a droite.

(^2) Dans i'ouvrage intitvile : let Ruines d>: Falmjre ^ p. ^I.

7S Biographie.

pereur Hadren en E jpte ; conjectiire bien lieureuse , qu'il exposa avec aiitant de modestie que d'^rudition. Eiicoufag6 par les eloges que son travail sui* ['al- phabet de Pabnyre lui avoit merit^s , il esp^ra de t^ussir encore a I'egard de celui de Pht^nicie , bieii plus important que le premier. II en determina la valeur de la plupart des lettres , au niojen des ins- criptions et des medallles. Svyinton, docteur d'Oxford, revendiqua la priorite de quelques observations. Cela fit naitre une dispute litt^raire, a laquelle on donna peiit-etre tropde suite. Mais certainement Je savant anglais n'y remporta pas le prix de la politesse , celui de la moderation. D'ailleiirs son adversaire sut tourner au profit de la science ceUe dispute , qui lui fit nai're d'excellentes idees sur l-'S rapports des laiigues egjptienne, pb(^nicirn;ie etgre que. Pellerin, celebre antiquaire , ele a aussi quelques pretentions sur la preuve tirce des medailles parthes, en faveuf de I'opinion de Frcret , jusqu'aloi s conjecturale , concernant I'tre des Arsa'cides (r). En cette occa- fiion , r'ftinour-propre se tut Lien tot de part et d'aulre, I'amilie refusant de l'(^couter. Nous n'entrerons pas dans de plus grands details sur les autres m6moires ou dissertations , lus, pendant 45 ans d'assiduit^, aux seances de I'arademi:". lis sont au nombre de dix- sept , et tous presentent des re:herches precieuses , des vues utiles , et quelques-uns des d^couvertes lieureuses. On n'y trouve ni charlatanisme , ni discussions oiseuses. Jamais des assertions trop pro- noncees n'y indisposent le lecteur j au contraire ,

(i) Fix^e au 24 octohre 3ii a^- J. C.

Notice srir BnrthiUmj. 79

K©iivent les opinions les plus vraisertblables y sont proposees en forine de tloi t 's. Par-tout on r. marque uii clioix adinirai le de preuves et une exactitude rare dans les cilalions. U: e critique judicJeusey est toujours rf^uiiie au m^^rite du style. Et $• P rl de con- jeclur^-r fail une pariie es>enti-4ie de la logique , comme iin plilos)},hi moderne , Dalembert , I'a ddmontrc'^ , on ne peut en voir de meill urs inodele* que dans les mt^inoiivs dont nous paulo<'S.

Au milieu dos ttud/s serieus s, le labo^ieMX Bar- thelemj^ se procura un dc'lassemcni ; ce fut la com- liosiliou <i'un romau^ a la maniere grerque, el qu'il «upposa traduit du Grer. II place la scene au temps de Tlitsee , et les diHcivns exploits de ce heros for- inent souvent le nrud et le denouement dt:s a\en- tures de CarLte et de PoLi/dore. SJ , comme daus lous les ouvrages de ce genre , les incidens embarras- sent un yew la narration , i!s so it du mo. ns amines ici avec b'-aucoup d'art. L'iut:r:t est j^ur-tout tres-vif . dans le Iv ." et dernier livre. On ne pouvoit mieux finir ; et la passion s\y tiouve exprim^e av^c autant <le chaleur que de verile. EnHn ce petit roman res- pire legout sain de ranliquit.- , (*\. monii*e c;ue I'auleur la connoissoit parfailement. Du re^te , il est eciit avec une simpli. ite briliante , pleine de graces et -d'el^ganc ^ II n:^ seroii pas meme difficile d'y re?on- noitre !a plume qui devoit nous raconler le vot/a^ da jeuae AnacharsLS.

Euelfet, Barihelemy m^dit )it d/ja le plan de cet iirportant ouvrage ; et bieniot apres il Ira.ailla \ rextcuterjde ni^ni^rt:"a recouciLer av«« rtrudiUojj

•So Biographic.

les esprlts qu'en b.-vo\X diM^C^^hipkUosophlshie. Ce plan devoit tout embras-er, i|istoire ^jpeligion , philo- sophie , arts , usages de la GreCe , -avaiit le regne d'Alexaiiclre-le-Grand. II Fallot en ecarl. r les dis^ cussions penibles , et ne fatiguer jamais un lecteur accoutume depuis long.-teihps a n'txercer ni sa raison ^ ni sa memoire , et chez qui I'e tude devenoit irn tourmeut am jij:>u d'etre une jouissance. Cette. triste verite sert.a justiHer I'auteur sur la forme qu'i,! a adoptee , et doiit bien des personnes Pont blame. Une marche trop didaitique I'auroit ^loigne de soiH tut, celuide p laird en inslruisant, Auroit-il pu , d'cilleurs, continuer sur le rneme ton. que son intro- duction est ecrite 'i JN"eanmoins ce superbe propjlee ne decore point une masure , ni un batihient mesquin j c'est au contraire Tentree d'un beau temple , elev6 a la gtoire (flu .peuple le plus privilegl^ de la nature , et, par son geni.- , le preiuisr de toute I'antiquit^. Sans doute I'idee de faire venir Anacliarsis de Scjthie en Grece , pour s'y instruire et couverser avec les grands hommes de cette derniere contree , n'est pas neuve ; e!le se trouve da,ns les dialogues de Xucien (i) ; mais le^dessin de I'ouvrage francais est beaucoup plus vaste , plus varie , et I'execution en a .^t6 pr^sid^e par une intelligence bien superieure. Loind'imitercesauteursdont notresiecleabonde, qui dedaignent de s'instruire avant d'ecrire , Barthelemy emploja trente ans a I'assembler les materiaux de sou ouvrage. Plus de 20,000 citations furent la base sur

(i) Intitules: Scjtha sen hospes^ ^nac/iarsis she de gymna-

kquelle

Notice sur Bartht'lemy. 8t

liuiiic'He il bcilit. Rapportees avec une exactitude scnipuleus3, au bas de cbaqi'e ].a<ie , elles ccartent to'.Ue idee de fiction que le c:iclre pouvo t f'aire nailr.' , et fournissent un mojen fa. lie d.* vrriiicalion. Ges citations n'ont pas ete accumult^es, comine csla irarrive que trop souvent , k I'aide des compilations ou des tables demalieres, inais d'apres une lecture reflcchie des textes grecs et latins. Plusieurs articles en sont meme d'ex- ellentes apaljses ; tel ert celiii de la politique d'Aristot.^, que Tauteur assuroil lui avoir coute une annee de travail. II consul ot les p:ens les plus verses dans les lanL.ues anci nnes , sur le sens des ]^Ki<sages obscurs. II r unissoit ses amis pour leur lire diflerens inorceaux ; et il deuiaudoit a ciiacun en parliculier 5 suivant I'objet de ses t tudes , ce qu'il pensoit des endrolts quijavoient qu Ipe ra port* II exposoit les difBcultes et proposoit les doutes avec autant de grace que de clart- . Dins la discussion , il mettoit souvent de la c aleir, ct presque toujours il en faisoit -aillir di's traits de luniere. Quelquefuis il parolssoit defendre le sentiment oppose au sien , soit pour mieux s'eclairer lui-me 'iC, soit pour manager davantage I'amour-j^ropre de son contradicteur qui crojoit vaincre , en perdant sa r^use.

Quoique , depuis di\ ans , foutes ces consultations lui eusspnt 6te favorabl 's , et qu'on les cut •)our I'ordinaire terininees en I'exhortant a public- le fruit de taut de veil les , il vou'ut encore prr-ssentir Je gout du public. En conse' u.nice , il permit a ses arisde fa ir.-^im primer deux frag nens de son ouvrag.^, le preiuier sur la musique , et le second sur les fete*

Tome. II . F

Si Biographie.'

de D^los. Malgre le succes qu'eurent I'un et I'auire , il ne se seroit pas cyterinini' a mettre au jour la lotaljte , sans la mort du due de Choiseul. Danscette crise , I'esprit avoit besoin dc venir au secours du coeur, par une forte distraction ; et rien n'etoit plus capable dc produire cet effet salutaire , que la publi- cation du Voyage dii jeaae AnacliarsLs. D'ail- leurs I'auteur s'etoit ra^nag6 la consolation d'y faire revivre son bienfaiteur , sous le nom d'Arsame , et ^y rappeler I'epouse qui n'a cesse de le pleurer , sous celui de Pliediine. II avoue que ces noms ont ^te bien souvent sur le point de se meler a ces recits, et finit par y ternoigner son desir , qu'apres sa mort , sur la pierre qui couvrira sa ceadre , on grave pro- fondement ces mots : « II oblint les bontes d'Arsame » et de Predime ». Pardonronsa la reconnoissance, de meltre dans la bouclie du philodophe scythe un pareil langage.

La resolulicm ^tant prise ^ Bartlielemj travailla d'abord a revoir son manuscrit. II s'apeKjut de plu- sieuis lacunes qu'il ne balanca pas a re*nplir ; et tons les nouveaux articles , tels que ceux de Pindare , d'Aristippe, etc. ,- ne portent cerlainement pas I'em- preinte de la main d'un septuagenaire. Non seule- ment ii j fit des corrections et de.> additions essen- tielles , mais encore il eut le courage lV'j faire de grands relrancliem ens 5 espece da saciifice qui coute tant a la jeunesse , et que la vieiilesse se permet rarement. Son amour-propie , aussi actif quVclaiie , en le faisant triompher des ann;§es et de& infirmit(rs , }ui inspiroit des inquietudes faciicuses. A peine is

Notice sur Barthelemy. 83

premier volume eut ^(e imprime , qu'il voulut le supprimer. II fallut lui arraclier en quelque sorfe les suivans ; i\ couchoit liors de sa maisori , et alloil sa cacher dans celle de ses amis , pour ne pas fournir de la copie aiiv ouvriers. Enfin , au bout de troisans, fut fiiiie uiie impression qu'un autre auroit iiatee et fait achever dans })eu de mois* II disoit a scs amis , que la chute de sa trlste conipUatiO/i ^ c'est ainsi qu'il appeloit son ouvrage , ne lui seroit pas suppor- table, et qu'il la previendroit 5 en ailant s'ensevelir au fond de sa province.

Les eloges du public vinrent bientot mettre uii terme a ces agitations de I'amour-propre , d'aiUeurs justement allarm^ des circonstanc. s. Tousles esprits etoient alors prcoccupes et pcu disposes a s'eclairer. Onne vouloit plus lire que pour se con firmer dans son opinion. C'eloit a I'instant que toutes les pas- sions sortoient tumultueu?ement de I'antre de la dis- corde , pour bouleverser la surface de PEurope , I'a- breuver de sang et y entasser des mines. Quel succeg pouvoit-on done esp^rer d'un ouvrage compose en grand partie dans la paisible retraite de Chante- loup , et m^dite pendant 3o ans , sans avoir meme en I'achevant, pense a la rv^-volution francaise - Rien lieanmoins de plus complet que ce succ^s j il sur- passa de beaucoup les esperances de I'auteur. Son premier soin fut d'en porter un exemplaire au P. Raynaud qui vivoit encore. Ce respectable vieil- lard sembloit n'avoir attendu pour mourir , que de jouir de toute la reputation de son ancien disciple , place lui-meme au couchant de sa vie.

84 Biografh'e.

Elle fut assez prolong^e pour qu'il vit frofs Ml* t.ons du Forage du jeune Anacliarsis j et la Iratluclion qu'oii s'enipressa cFen faire dans Icsprin- ci ales laiv, lies del'Europc. Touly retenlil des eloges de cet ouvrage. On se disp-nsera de les rapporter ici , parce qu'ils sont Irop conuus. Encore nioins cli( rchera-t-on a les appr^cier ; le droit en appar- tient a la posU^rltL' qui les confirtnera ou les inodi- fiera , en prononcant definitivemeiit et sans appel.

Parmi les reproch.^s que cette posti^rite severe fera, peut-etre,a .'A-ademie francaise, on ne coni- plera pas celui de u'avoir pas recu Barthelemy. E.le le ftt solliciter en secret de se presenter ; il n'osoit s'v d lerininer, lorsqu'il apprit que cette ccm- pai:nie alloil , inalgre cela , proceder a son Election. Alors il reniplit sans peine k's pn'liminaires ; et fut re9u(i) d'une voix unanime, a la place de Beauz6e, homme vtrlueux et granimalrien habile. Dans le discours d'usage, il le loua en style correct et avec le ton simjio de la vertu.

Louis XVI , qui venoit aussi de lire Anacliarsis , cliart.'ea son niiuistre (2), Saint-Priest, d'offiir a son auteur la direction g^nerale de cette magnifique l.iblioilieque an service de la: u. lie il etoit attach^ depuis pres de quarante ans, en sa qualit6 de garde du cabinet des medaiile?. A]>res les 24 heures qu'on liii avoit accordces pour se determiner , il remercia le roi 5 en motivant son refus sur ce qu'accoutum^

(i) En 1789.

(^3 Eu 1790 5 apr^s la retraite de Le Noir.

Sotice sur Barfh'lemy. S5

a des (rav.- ux 1 itcraires , il iie pouvoit plus s'occu* per des affaires minu lie jses d'un si vaste d^pot.

Le sage Bartl'elemj etoit trop jaloux de son bon- heur pour se laisser seduire par l'app'\l des grand 'S places ; et il savoil trc^s-bien que la viaillesse est , prin- cipalement pour I'homme de Litres, celle de toutes les saisons de la vie oii l'6tude offre les jouissa les les plus douces et les plus necer-Faires. Au bn.it de sa renommee, ecartant toutes les distractions q-i'elle auroit pu encore lui donner, il reprit done Fes an- ciens travaux. Une inscription crecque , qu'il nt nma niarbre de ChoiseuLj en I'honneur du propiicia- e, ambassacleur de France aupr>s de la Porte O lo- mane , fi^a d'abord son attention. Tout y fut bienttt dcchiffre , et rieu n'j prt^senta plus de difficulie aux yeux d'un savant si exerce dans ce genre d'cTudi- tion , qu'il paroissoit posseder seul en France dei^ftiir la mort de Seguier (i) , digne et vertueux disciple de I'illustre Scipion Maffei. L'objel de cette inscrip- tion n*est point, a la vcrite, d'une grande impor* lance 5 mais les obseivations dont Tcdileur raccoin* pagne , sont fort Judicieuses et pleines d'una rare sagacite ; celle qui concerne I'epoque de I'iniroducticn des lettres doubles en Grece,, sur \es rtionumens publics (2), doit desormais servir de regie dans la critique lapidaire.

Avant de mettro an jour cette dissertation sur le marbre de Clioiseul , reveuant sur ses pas , il

(i) Arrivee A Nimes , en 178 4.

(2) Sous Euclide, Archonle :\ Athcpes , la tleuxl^me annJ« ac la XCIV. Olymp. ti^ av. J. C.

F 3

S6 Biographic,

avoit examine de noiiveau iin des premiers ohjets de ces etudes, I'explit ation de quelques m dailies en caracteres samari tains. Loin de la jnslifier , il rev^la des erreurs qu'elle ontenoit. « La nouvelle y> medaille , disoit-il, que je produis , prouve que 3) )e me suis tronipe. . . . ». Et , sans vouloir rien decider: « j'aiinerois mieux proposer des questions, » qu'entreprendre de l;-s rt^soudre ; et je ne basarde 5) les reflexions suivantes que pour en soUiciter de » plus propres a repandre. quelque jour sur ceite » matiere (i) ». Tel etoit le laniage de modeslie que ce savant , eclaire par une instruction profonde , u'avoit jamais cesse de teair. 11 cc ivoit encore : cc Je ne mets pas beaucoup de prix a mes produc- 31 tions , persuade qu'av( c les memes peines et la 51 merae Constance , un autre auroit ete beaucoup » plus loin (a) «. Voilacertaineraent lavraie philoso- phie du savoir , Lien opposcf^e a cette miserable va- rite d'une fouie d'anliquaires qui , se livrant aux plus frivoles conjectures, et les appuj ant de fecher- clies pueriles, s'imaginent faire des ouvrages du- rables , tandis qu'ils ressemblent a des horames oisifs , peniblement occupes a atiacber des toiles d'ara-gnee aux ailes d'un moulin a vent.

Aux seances de I'acad.'mie des belles - lettres , Barthdemy n'eut jamais d'aufre langage que celui dont nous venons ds citer quelquss traits. II n'oublia

(i) LeUre aux auteurs du Journal des Savans , du 20 aYril 1790.

(2) Letlre a Perez Bayer , du 29 aoiit 1780 3 ad calc, JS'umis Hehoeu-Sarnarit. p. aic

No tire siir Barthckmy. 87

pas qu'il s'(^toit forme dans le sein et a I'ccole de cette compagnie , et qu'il lui devoit son existence litteraire. Eii I'illustrant a son tour par ses travaux ou ses decouvertes , il crut a-la-fois s'acquitter d'une dette et accroitre sa propre consideration. A elle principalement se rapportoient toutes ses Etudes ; et a elle seule son coeur faisoit I'hommage de ses succes. La gloire de ce corps etoit la premiere do ses pensees , et ic bonlieur de ses membres , le plus ardent de ses voeux. II en eloit devenu le doj^en , lorsqu'une des- truction procliaine le menaroit. Son maintien et ses paroles exprimoient assez la vive douleur qu'il eii ressentoit. Dans les dernieres assemblees , ou se rendoit encore un petit nombre de ses confreres, on I'accueilloit avcc joie ; cnsuite on se pressoit triste>- ment autour de lui 5 on I'obligeoit a presider 5 enfiii on I'ecoutoit avec cette deference et ce respect que Page et le merite n'obtiennent pas toujours. Peut- etre que dans une adversite commune les hommes sont plus justes, ou moins susceptibles d'envie. Ce qu'on prevoyoit avec anxiete , arriva bientot ; L^s Academies, qui offrofent depuis trop long-temps I'idee fjicheuse d'anciennes corporations , furent suppritnees par le meme decret (i). Elles ont sans doute une part assuree a la reconnoissance de la posterite 5 celle des inscriptions et belles-lettres se Test evidem- ment acquise , en portant le flambeau de la critique dans les tenebres de I'histoire, en ralTermissant parmi nous les La»es du goiit , en y conservanl les dernieres

CO Du 8 aout I7g3 , sur le rapport de Ileuri Gvegoire.

8S Biographie.

6tinrelles de la same erudition , et par im legs iiiap- pre- iablt., celiu du meilleur et dn plus vaster iccucil de litleialure qui ait existe iusqu'aujourd'iiUi.

Lorsque, dai:s une tempete, lesar resqu'ombrage un clienc^ antique sont arracii^s et disperses, celui-ci reste isole et 23resque d^rarine. Tel fut le sort de Barti ^lemj , apr'^s la suppression de TAc adeirie. Cependant il voulut encore resister , et tenir a la vie par de nouveaux travaux. Ce qu^il avoit errit autre- fois sur la pal«^ographie numis atique , n'etoit qu'un e«sai ; il prit 1& resolution de I'augmenter , au point d'en faire un trait6 complet. Rien n'(^toit pluspro: re a le distraire, en ex'rrcant sa sapacite. II s'ajiissoit de classer les medailes les plus anciennes , et d'en trouver I'tpoque aproximative. Pour cela , « il fal- si lolt examiner de- suites no ; breuses de celles des M villes et d?s rois , les comparer , soit entr'd'es , y> soit avec les autrcs monumens de I'aiitiquitc , » saisir , conbiner raille rapports souvent legers et y> presque imperceptibles... ; remorter a Torigine de » la gravure des medaiPes, et, malgre le silence des » historiens, suivre cet art dans ses opt'rations ^ dans » ses prcgres et dans les revolutions qu'il a ^prouv^'es » en difr':^rens pajs ; se faire pour cbacun de ces » pa \s , des s- stemes particuliers cui se rai -portassent » tous a un plus grand, et qui fut lui-mem.e concilie » avec I'histoire ('es arts en g(^neral , et avec celle » du commerce, qui influe toujours sur le nombre, » le poids t la valeur des especes (i) "• Les motifs qui lui faisoient entrc-preridre cet ouvrage , et

(i) Acadepi. des inset. T. XXIVj p. dfi.

Nofi^e siir Barthckmj, 8g

desir qii'il avoit , sinon de le (Inir, du moiiis de I'awiriCer , soiit expriiru''s dans ui-e de ses lettres. « II faiit se lh:r;3 , y disoii-il , cles illusions ; e'en est » uiie ])oar luol du contiiiuer ii a palcograpliie. C'est » line diversion pour mes infirnijl's et pour mes » peines.... Ajoutant ensuite.... La seule chose que » je regretlerai en mourant , c'est de ne pas terminer » mes Iravaux sur les medailles. Car la carriere est » immense , et bien pen de gen- auroient la patience » de m'j suivre. Nt'annioais je continue , ayant » besoin de renipiir les longnes et eiernelles beures j> de la joui-nee. Autrefois elles me paroissoient tres- y> courtes, avec de la ieunet.se et de la sante ; main- » tenant elles out le poids d'une journee ou meme » d'un siecle , etc. (i) «. ].a pai tie de la grande Grece et dj la Sicile a ete presque acluv^e , et le reste auroil pu elre avance , sans un projet qu'il n'eut pas le temps d'e^ecuter, celui de dom.er une quatrieme Edition du Voyage (VAnacliar:^ is ^ et ua recueil de ses dilTerens n^emoires avec d.^s additions. iMais revcnons ; et qu'on s'anvle un instant sur la derniere phrase de sa lettre ; elle est assez transpa- rente. Onj.voit I'etat de son ame, moins contrisl^e par ses propres infortun. s que par I'iiorrible catas- trophe de ses meilleurs amis.

La revolution , apres I'avoir prive de 25,ooo livres de rente, e! r:duit au pli s ^-Iroii necessaire, I'exposoit encore a bien d. s dangers-. II avoit tout a ciaindre de sa reputation , dans c. tte aiVreuse crise oii le m^rite connu fut d'abord un molif de suspicion , cnsiiite un arret de mort. C 'perdant cette meme

(i) Du 2.6 prairid j I'an z de la Ri'publiciue,

go Biograj h'e.

Xi^piitation le sauva. Deiioiic6 avec plusleurs mem-i Jires de la biiilioth^que par un vil calomniateur , il est conduit aux Magdeloiiettes (i) 5 les prisonniers qui &y houvoient , appreiiant son arrivec , des- cendeut tuus au bas de I'escalier , et I'y reroivent avec une sorte d attendrissement mel^ de respect. Dans cet intervalle , Danton et Courtois , avertis de sa d(itcntion , font rougir le comite de sCirete ge- lier,;Ie de i'ordre qu'on lui avoit surpris , et a Pinstant il est revoque. Bartlielemj recouvra ainsi sa libcrte , seize lieures seulement apres I'avoir perdue. La joie qu'il tn ressentit fut courte ; chaque jour, son coeur recevot de nouvelles blessures. Personne n'j pou- voit plus verser du bauine ; cetle amie dont la vue seuJe le consoloit , venoit d'etre renferm^e dans une maison d'avret. Du moins n'en sortit-elle pas pour inontersur un echafaud, comme Bailli., Lepelletier de Rosambo , Boutin , Lefebvre d'Ormesson , La- JnoiLnon de Malsherbes,elc... cesinnocentes viclimes de la tjrannie , auxquelles il 6toit attache par d'au- cienues et etroites liaisons.

C'est alors qu'il se fit en lui un cbangement re- rnarquable. Son amour, de la gioire parut s'affolblir , et il s'euibarrassa moins de I'avenir pmu' lecjuel il avoit vecu. Xe desir de plaire , qui fut peut-etre sa passion dominante , dcvint moins sensible , et son caractere s'exaspera. Tl s'iiidignoit contre le genre humain , et lui prodignoit les epitbetes inspirees par cette nisoLtbropie qu'il est malheureuse- ment si facile d'absoudre. Dans ses acces d'hu- meur , il disoit que la revolution ^toit mal nom-

(i) Le 2 SL'ptenxbi-e 1793..

Notice SUV Barth-ilemy. qj

xnke , et qu'il falloit I'appeler une repetation. A la verite , I'action de cetle Uiade de maux qui I'alTligeoit tant , se raleiitit un pen ; mais elle I'avoit dcja trop ebraiile. Le poids de ses iniirmites s'ag- grava de jour en jour. Des accidens assez fr^quens avoient annonco , depuis qnelque temps , I'appau- Vrissement de son sang ; la fati-ue d'exister devint moins supportable, les sources de la vie etant taries. Apres une courte indisposition , il expira (i) entie les bras d'un neveu (2) auquel il avoit servi d?. pere, et qui le soignoit avec une piet^ filiale. Une heure avant sa mort , il se fit apporter Horace ^ et apres avoir hi ave.^ attention la IV.^ epiire du 1.^^- livre(3), il demanda la traduction de ce poete par Dacier , sans doute pour en consulter quelque note. A peine eut-il laisse echapper le volume, qu'il entra dans une douce agonie, etfinit ainsi tranquillemcnt sa carriere , laissant ses amis , dont plusieurs ne Tavoient pas abandonne dans ses' derniers niomens , converts des voiles lugubres de la trislesse , et abreuves de celte amertume profonde que le sensible Tibulle exprime en ces termes :

Nunc et amara dies ^ et noctis amarior umbra est ; Omnia jam trisli tempoiajelle maJent (^).

(i) Le 3o avril 1795 ( vicitT style ).

(:i) Bartheleniy tk- Courcai , garde adjoint du cabinet ^es nie'claiJles.

(3) peut-etre vellechlssoit-il k ces vers :

Onniem cvede diem tibi diluxise supiemum : did fa sujjciveniet J quae non speialitur hoi a.

U) ^- -■ Eli'S- 4- v. W et 12.

9? Biograjh'e.

Cataiogue r^Es ouvrages de J. J. Barthele-my.

Ouvrngcs iniprhncs sepai e'ment.

i.o Les Amours de Carite et de Polynore , ro- man tradiiit du grec ; 1760, iii-12.

2.» Lettre au Marquis Olivieri , au sujetde quel- ques inoiULinens phenlciens ^ pour seri^lr de re- pome a deux Lettres inserees {par Su-inton ) dans le 54.'^™'^ vol, des TransacUo/is phclosophiques* Paris _, Latour^, 1776, in-40.

3.*^ Entretien sur I't'lat de la musique grecque, pers le niUleu da IV.'^'^e slcde , avant L'^^re i^uL^ galre , in-8^. , 1777.

4.0 Voyage du jeune Anacharsis en Grece , uers Le milieu die IV.cme slcde ^ avant I'' ere vul^alre, Paris , chez Debure , 1788 , 4 vol. 111-4.° , ou 7 vol. in-8.", avec ua atlas ( dresse j^ar Barbie du Bo- Cuge ). Seconde edition en 7 vol. in-o° , 1789 > troLslenie edition ^ idem. ^ ^79o-

5.° Discours prononce dans PAcademie francaise, le mardl ^ 25 aout , 178-;.

6.° Dissertation, sur une aucienne inscription grecque , relative aux finances des ^ihenlens^ contenant l^etat des soinnies que fournlrent pen- dant une annee J les tresorlers d'une calsse par- tlcullere. Paris, ii - . , 1792. Dans le recuelL des Memo Ires de f Acadiinle des Inscriptions et belles-lettres.

l.o Recherches sur le Pactole , lu en 1748, m-

Notice sur BnrthcUmy. q3

prinid par extrait , dans La partle historlque des Mem. T. XXI.

2.« R^Hexions sur une mrda.'lle de Xerxes, roi d'Armosate , lu en 1747. T. XXI.

3.° Reinarqucs sur u le inscription d'AmycL^e 1749) ^1^0. T. XXIII. '

4.° Essni d'une PalJo^M'aphienu-nis:7iatiqiie , inSo , T. XXIV. 1 ' > >

5.0 Dissertition sur deux mcdailles d'Anligonus, roi de Judee ; 1749, T. XXIV.

6." Remar.iues sur quelques ni('(lailles publicea par differens auleurs ; 1700. T. XXVI.

7.0 Dissertation sur les medailLs aiabes: i-53. T. XXVI.

^.^ Reflexions sur I'alphabet et sur la langue dont on se servoit autrefois a Palmjrej 17.^4. T.^XXVI' Iniprlmees separement , iii-4.0 et ia-folio. Paris,' cliez Guerln et Latour.

9-*^ M^moire sur les anciensmonumens de Rome; 1757. T. XXVIIl.

lo.o Pa'flexions sur quelques monumens pheni- cienset les alphabets qui en r.^sultent \ 17.58. T.XXX.

n.° Exp icafion de la Mosaique de Palestine j 1760. T. XXX; Imprlmie sc pa re merit et a^'ec une ,!6dlcace au cardinal SpineUi - in-^.^ , a Pans, c/iez, Guenn et Latour.

12." Rf^li? ions u^uerales sur les rapports des lan- gues epyptienne, pbenicieune et jire que : 1763. .Tome XXXn.

54 " h'wp;rnhh'e.

i3.o Remarqiies sur quelques m^dallles ( des rots 'J^arthes ) publiees par differens auleurs-j 1761. T. XXXII.

14.0 Explication d'un bas-relief egyptien et de rinscriptiou ph^uicienne qui I'accompagne 5 I76i, T. XXXII.

1 5.° Remarques sur le nombre des pieces qu'on lepresentoit dans le meme jour sur le llieatre d'A- thenes; 1770. T. XXXIX.

16.0 Remarques sur les medailles d'Antonin , frap- pees en Egvpte j 1775. T. XLI.

17.0 Mcmoire sur quelques medailles samaritaines, lu en 1790, iniprlnie seutenietiit par extrait dans le ToLimaL des Savaas de cette annce ^ et reuj^" prune avec une Lettre de six pages , sur le meme suet ^ d la fin de l^ouvrage de Perez Bayer, Intitule .'Numorum Hebreo-Samaritanoruni vindicice.

JO. Plusieurs articles dans le recueil d'Antlquik's par le comte de Cajlus , entr'autres , une expU- cation des inscriptions de cinq autels grecs ; T. I, p. 6r. Conjecture sur une nioniie ; T. II, p. 18. Explication d^une medaitle de Cliio ; id. p 145. etc. etc.

2,° Deux lettres sur les raedailles plieniciennes , relativement a La dispute avec le docteur Swinion. Dans le Jourrial des Savans , aout^ 1760, et no- vembre 1763.

3.° Description des Fetes de Pelos. Hans les

Notice SUV Bar'k^I<my. gS

Voyages pittoresq Lie de La Grece ^par M.de Choi' seui-GoLifficr. C. IV, p. 5o, 1782.

4.0 Notice ~6ur des peintures iiKxicaines, eti nia- nuscrit , perdue.

Alien IE O L O G I E.

Jj E T T R E da citoijen Bussol an reprise ntant Gregoire J sur l'ancienne cite de MaN"

BEURE (r).

Xj A situation favorable du pays de Montbeliard , enfre le Jura et les Vosges , au centre des d^par- temeiis les plus abondans en productions et denrt'es de tout genre , aux bords des rivieres du Doubs ,

(t) Ce memoire est tlr^ d'un nianustrlt sur Fliistoire cle Wurtemberg et du MoalLcliard , que I'auteur a commence il y a (juelques aunc'es , et qu'il auroit peut-etre publie dans la suite, si par ses reclierches il etoit parvenu a remplir des lacunes qui re^toient , el A supplcer au defaut des chartes et des memoires qu'il n'a pu se procurer. Les circonstances et le defaut de dooumens ne lui permetffent pas de eoutinuer actuellement ce travail , et en attendant qu'il paroisse quelqu'ouvrage sur I'histoire de ces pays , il a appele I'atten- tion des savans sur ces restes ^pars de la grandeur romaine , dont il ne presente qu'un squel^le d^cliarne et sans draperie , J'ai puise , dit-il, ces details sur les lieux menies , dans les arcliives de Montbeliard , dans I'ouvrage de Schoepflin , intitule ; ^hatla illusirata y et diplomatica , dans quelques fragmens du citoyen Perreciot sur le d^^yenne d'Ajoye , uuo Ancitfiine relation de voyage , en lan^jue aik^mande , etc.

j^g Arcli/coUgk.

.Villain et de la Luzaine, en fait un st.jo,.r Ms.i aorral>!e que salubre. Les Ro^nains sV plurent, et v^■ornle.■ent divers ^lablissemens, commo I'altestent les vastesel superbos nrnesde Mandeure, Ics ,^,stes d',n. pavo ei. raosa-upe , Irouvfs , il y a pen d au- n.'es au feax ourg de Montbeliard, plusieu,-s por- tions de rout s romai,.es ,qui traversent ce pays en difirr.ns sens et se sont con.ervees jusqu'a ce,our, ainsi que d'autres n,on,„ne.,s de la glore de ce

^t:^nn:ts;::'des peuple. dn Nord le Mont- heliard a forn.e une des principa'es d.v.s.ons de rLpire,souslenunr de CouUe d'Aioye , co„u-

'"^^Lff :::":; ....... ..it . c^r .^^ dn

conue e. la rfeidence des com. s d A,oye Nous avons encore une c'.arle que Boronus, C comte de MontbcUard o„ d'Aioye ) peli.-fils d'A.bicou , duo d' Alsace, V fit reclig:r en 74B.

Ceae g;Jnde vi«e , rapp"1<^e d.ns I'i.ineran-e d'An- ,onin et dans la ta^le Thoodosienne sous e no™

latitude, dans une superbe plaine, term.nee par clllines qui s'abai.sent en amphith^A.res couve.ts de Vs et de iardins, ..oi. par sa si.ua.on un des r^n^parts dc I'empire remain e. le s.ege dun ;Ld commerce, la riviere du Doubs , alors nav:- Lble, traversant cette helle vallce , coupo,. la vd e r^d'eu. Portons P-^'^l^^Vii c.n"

rt:v:^:r:r:;£:onLtrou.een.re

Antiquites de MandeHve. q^

<Jevs vestiges. En suirant les ruiiies entassees quel'on voit encore desle village de Bourguignon , a I'ernbou- cluire du Doubs , pros du pont de Roide , jusfjues au village de Valentini&n ct au coteau de BeJieu ; on voit que la longueur de celti3 aiicicnne cile etoit d'environ deux lieues , et sa largeur d'un quart de lieue en plusieurs endroits , comnie depuis le chateau de la Motte jusqu'au rocher de la Colusse et de Va- lere^ en d'autres endroits eile etoit plus larc^e. Elle ^toit protegee par quatre forleresses ou chateaux, clui de la Motte qui dominoit presque toute la ville et avancoit dans son centre , celui de Belieu qui fennoit le passage du cote d'AUeniagne, et devant le([uel on voit encore une voie militaire qui con- duit a Besanr on et a Bale; le chateau de Chamabon , au-dessus do Mathaj, sur le bord du Boubs, et le chateau Julien , que I'empereur Jalien-l'Apostat fit bdtir pres du pont de Roide , pour fermer encore mieux le passage d'Aliemagne , et pour arreter les incursions despeuples du Nord, qui menacoient deja de ces cotes I'empire remain.

L'origine de cette ville se perd dans la nuit des temps. Suivant les religieux de Cusance , dans les Acles de S. Ermenfroi, r6dig('s vers I'an 720, elle fut ibndee sons I'empereur Vespasien penda it la guerre de Judt e ; mais il y a quelques raisons de croire qu'elle ne fut alors qu'agrandie , bltie a la romaine , et qu'elle est d'origine celtique. Au reste, sans m'arreter ici a des recherches de ce genre, je rne bornerai a faire mention de ce qui est parvenu Tome 11 G

^^g ArcJ.ceologie.

a notre connolssance clans ties lemps posterieurs , et des mines qui subsistent encore. ^

Celte cil6 magnitique , a laqnelle sa situation avantageuse devoit assurer une plus longue dur6e , ji'existe plus aujourd'hui que dans ses ruines silen- cieuses, et dans quelques villages dont on a retenu son nom. On y retrouve encore les villages de Mathaj , Majeslas-, celui de Valentinien , celui da Bourguignon , et le pent de Roide ; de ch^tives ca- banes couvrent les fondations d'un temple ou d'un palais ; la charrue se traine a travers les decombres de marbres , de tuileaux , les fragmens de colonnes et de statues. Le murmure isole des flots et la voix de quelques agriculteurs se font seuls entendre dans cette vallee jadis couverte d'une immense population , et du bruit tumultueux d'un grand commerce , des arts et du luxe. J'ai vu I'habitant de ces lieux , fouillant le sein de ce^ vastes debris , decouvrir les murs de plusieurs grands edifices , des fondemens nombreux , des portions de rues larges et droites , couples par d'autres rues transversales^ en tirer des pierres et des marbres pour batit sa cliaumiere , puis recombler ses fouilles , et ces restes de palais avec leurs colonnes et leurs marbres , et la charrue re tracer ses sillons par-dessus.

Mais , malgre un long oubli et les ravages des siecles, tout retrace ici la magnificence de la plus graude des nations. Par-toTit on foule aux pieds la brique romaine et des fragmens de marbre de toute couleur3 par-tout on y delerre des restes de batimens j

Antiquitis de M and cure,

des troncons de colonnes , des sculptures , des statues des fragmens d'inscriptions , des pieces de bois sculp- tees et a demi-brulees , des medailles et d'autres monumens. A toutes les maisons du village de Man- deure , on apefcoit des pio-es de coniiches , ou d'autres pieces d'ancieniie arciiitecture 5 on j trouve ties rn^dailles, des unies , des vas, s sculples. Une s'est meme ^tablie sur un pave de mosaVque. On trouve a Sfoulgapdz et a Besancon d'amples collec- tions de medailks et d'autres monumens provenant de Mandeure , et des amateurs, qui y out scjourne, ont form6 en pen de temps des cabinets d'antiquitcs 5 on a place dans le jardin d'Etupes cfe belles mines et des colonnes qu'on a tirces de Mandeure. En 1741 , on envoja au celebre professeur SclioepQin une co- lonne millaire, qui portoit cette inscription : IMP. NERVA. TRAJANO C^S. AUG. GERM.DIVI. JN^ERVA. I. P. M. TR. P. .-. P. COS. II.

En 1753, on J trouva la statue d'un Druide tres- i»ien conservee. Elle fut envoyee a Beiancon , ou Ton voif aussi, entre autres monumens dc Mandeure, rinscriplion d'un temple dcdie a Castor par un cer- tain Tullius ,^ CASTORI SACRVM. TULLIUS. EX VOTO ; unHerculegaulois, d'airain, uue co- lonne milliaire qui por.'e le noni de "Erajan et Vesunt, M. p. xxxxiix 5 dos amuletles en bronze, des urnes de verre et de terre cuite, des amies , des casques, des^pees, des statues. Le beau cabinet do medailles et d'autres antiquites , appartenant au due de Wurtember- a Stoulgardz , a reru de ricbes sup- plemens de Mandeure , parti.ulici-einent sous le due

G 2

100 Ardceologie.

Fr^d^rlc , qui avoit ordonne de remettre au Celebre Baubin son m^decin , tout ce que Fon y d^couvriroit de remarquable. On lui remit entr'autres une grand© table de marbre , portant que Elavius Catulus l^gua joixante et quinze niille deniers remains pour faire garnir le bain de marbre. On y trouva des medailles d'or , d'argent et de cuivre , jusqu'au temps de I'empereur Gratien ( qui fut tue en 386 ) ; les phis nombreuses furent celles des empereurs Jules-Cesar , Auo^uste 5 N^ron , Vespasien , Domitien , Antonin , Philippe , Constant , Commode , Trajan , Constantin , Gratien , Gordien , Hadrien , Alexandre , Aur^lien , Constantin le jeune ; celles de Divse Fauslinae , Plautilloe Aug. , etc. Quelques particuliers de Mont- beliard se sont forme des collections assez precieuses , corame celle du citojen Duvernoj et le medailler que I'on a envoje , il J a quelques annees , au cabinet du prince Czartoriski. H y a pen d'ann^es que 1@ citoyen Parrot , fouillant ces mines , y trouva un grand nombre de choses antiques , des medailles , des statues 5 des anneaux , des pierres precieuses , des sarcophages_, des urnes, un trident de Neptune , etc. II d^couvrit un Edifice immense, dont le has etoit conserve. Le marbre dont les cot^s ^toient plaques , les fours de brique places sous le pave , de grandes platines et caisses de plomb , des canaux de meme jn^tal qui y aboutissoient , et tout I'arrangement de ee batiment montroit qu'il avoit servi aux bains pu- blics. Plusieurs annees auparavant , on en avoit em- porte des canaux de plomb , pesant plus de dix mille livres, qui 6toient placds pres de la fontaine Mailiere,

Antiquites d"^ Mandeure. ic«

'd*ou ils porfoient I'eau dans les fonlaines de la ville et dans les bains publics , places les uns au bas de cette fontaine, les autres au-dessous dii chateau de la Motfe. On voit encore les fondemens d'un temple dans Tendroit qu'on appelle Montoile, et les restes d'un amphiteatre au milieu de la ville , contre le Doubs. Quatre families de Mandeure et de Mathay portent encore les noms de Lentulus et de Varron, et se pretendent romaines.

Tout semble attester que cette grande ville a et^ detruite par une irruption soudaine et par le feu ; mais on ignore en quel temps. Suivant une ancienne tradition du pays, Altila s'ttant rendu maitre de Mandeure , dans son passage par les Gaules , or- danna de la bruler. Eu ^-ain les preposes de la ville et un peuple immense, prosiernes dans la grande place devantce conqu^rant5!es femmesetlespetits en- fans lui teudant les bras , implorerent sa clemence ; Atlila , qui s'etoit montr^ gen^reux ailleurs , fut inflexible ; il repeta d'une voix ferme : « Qu'on em- brase cette ville ». O mandatuin durum ! comman- dementbarbare ! s'ecria ce peuple malheureux. A I'inst tant cette magnifique cite est en fiammes et ses habitaa- sont disperses. La tradition porte que ces dernieres pa- roles de la nation expirante , changerent l*anciea nom de cette cite , et donnerent a la nonvclle ville qui sortit de ses cendres ^ le nom de Mandeure.

II est vraisemblable qu'Allila ne laissa pas der- Tiere lui une place si forte , en Iraversant les Gaules. Toutes les monnoies qu'on a trouv(^es dans les rui- nes 3 sont des tcuips antcrieurs a celte epoque , ej

G 3

102 Archceolof^it.

Ton n'en a decouvert aiicune des empereurs qni Tout siiivie, ce qui sembic ajouter quclque poids h, cette date.

Mais, quoi qii'il en soil , Mandeure reparoit encore qnelques siecles apres Atlila ,soit qu'on I'eut relevee de ses mines , soil que ceilo parlie alt ete conscrv^e , ce qui paroit plus vraisembla])le , a la vue des mines que Ton d^couvre encor-. Au commencement du huitieme siecle , les religieux de Gusance en parlent comme d'une ville considerable ( dans les Actes de St. Eniienfroi 5 rediges v.^rs Ian 720 ). Nous avons deja cite un acte que Boronus y fit rediger en 748? et sur la fin du neuvieme siecle , Guj de Ravenues en parle deux fois , en la nom'mant cii'ltas Man- droda. On ignore en quel temps et par quel fleau elle a et6 detruite une seconde fois : mais ce der- nier malheur a du etrs encore plus terrible et plus durable que la furcur des barbarcs , puisqu'elle n'a pu se relever des ruines sous lesquelles elle est restee ensevelie jusqu'a ce jour ^ et que son peuple nomfcreux a et^ detruit avec elle. II n'j a , suivant Perreciot ( dans un fragment sur le Doyenn6 d'An- joy® ) ? que le bras pesant de la fecdalite qui ait pu I'antantir ainsi. Dans ces derniers temps , les comtes d'Ajoje avoient fix^ leur residence au chateau de Montbcliard , situe a une lieue de Mandeure , sur un bit de roc vif , d'oii est venu le nom de ce chateau de la ville, qui fut insensiblement donne a tout le comt^ , dont la portion du 'Porrentruj a conserve jusqu^a ce jour I'ancien nom d'Ajoye. Cet ancien comte s'etendoit ires-loin^ et compre-

Anhquites dc Mandeure,. io3

noit, outre le coint^ actuel de Montbeliard avec Ics sept terres qui en onl ete arrarliees en 1748 ,le comle de Ferrette , la ville et seigneurie de Belibrt , Por# rentruy et le pays d'Ajoye , le comte de la Roche,. la baroiiie de Granges, les terres de Clerval et Pas- savant.

Quant au village qui en a toujours fait partie , il etoit , comme tout le pavs, divise en petits fiefs d^pendans du comtd de Montbeliard. Les princi- paux etoient celui des Montagnons et celui des sei- gneuries de Grandvillers. Le premier a ete reuni au domaine direct, le second a el^ vendu ( je crois en 1222 ), avec Papprobation du comte, a Tarclie- Veque de Bcsancon : la mouvance est res tee , quoi- que ces eccl^siastiques n'aient pas continue h repren- dre de fief, les loix feodales les en ajant dispenses. Aujourd'hui il se trouve reuni a la Republique francaise , avec tout le reste du comte de Mont- beiiard (r).

(0 II esL mallieureux , qu'alnsi qu'il I'a annonce dans sa note, le citoyen Bussol ne puisse pascontinuerses reclierches et ses travaux sur Mandeure (jui est trts-peu connue et qui inerite plus d'attention. Nous ne connoissons sur cette citd que les Merits cites par I'auteur dans sa note. Cependant I'aca- demie de Besancon doit aussi possederquelques niemoires sur celte ville. Le Long , dans sa bibllothcque de la France, en cite un , ainsi qu'une dissertation de J. B. Guillaume , membre de cette academie , sur une statue antique , renjenne» dans une niche , que V oh trout'a en 17^.3 j sur le ierritoire da Mandeure. Nous saisirons cette occasion pour demander qu'on ne Inisse point perdre les meraoircs manuscrils de differenles academies , parce qu'il y en a plusieurs de trC-s-imporlaii*

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LITTRATURE L AT INK

CoNjvn.iriON DE CaTilina contre la Rc'publique Romahie, par SallusTe , noiwellemenf traduite sur les meilleurs editions de cet auteur , avec un dis- cours priliminaire et des notes litteraires et poll- tiqucs ; par J. B. L. J. Billecocii , citoyen fran- cais. Epig. Qjiafju& ipse miserrimavidi , in-i6 de iSg pages. Paris , de rimprimerie de Crapelet, an 3.*^, i-jgb {vieux-style ). Maradan , rue da Cimetiere-Andre-des-Arcs. Prix 6 liv. et 7 liv. 10 s. , franc deport par la poste.

Xj'acteur de cette traduction noiivel'e est deja avantageusemtnit conn-A dans les lettres. Jusqu'ici il paroissoit s'crre attache de preference aux ouvrages modernes, sur-tout a ceux oii I'on trouve les moeurs, les usages , les productions , les singularites des autres pays: traducteur fidele de Pallas j de le Long ^ et de Mear^ , on lui doit la justice qu'il n'a pas fait de son travail une occupation de routine , ou une affaire de librairie , ce qui nVst arrive que trop souvent dans ce genre d'ouvrages. Un stvle soign<^. , des notes curieuses , des rapprochemenspiquans pour

pour I'liistoire des vllles et des departetnens : il seroit aussi tres-important que lecomite d'instruclion publique donnatdes ordres pour receuillir tout ce qu'on pourroit retrouver k Mandeure , et en general pcur la conservation des monumens antiques , dont on s'occupe jnalheureusement beaucoup trop peu. A. L M.

Conjuration de Cntilina. io5

robservateur pbilosophe , des reflexions judicieu ses qui annoncent un esprit exerce a la meditation , carac- terisent ce que le citojen BLlLecocq avoit deja fait paroitre.

AiiJQurd'hui il presente au public un essai d'un autre genre. G'est une lutte centre un des ecrivains les plus precis et les plus energiques de Pantiquit^. Sa traduction est prccedee d'un discours preliminaire , dans lequel il expose les motif's qui Pont deci(te a I'entreprendre , il donne avec modestie son jugement sur les principaux traducteurs qui Ton devance , et rend compte des principes qui I'ont guide dans la traduction.

On compte un as;e^ grand nombre de traduc- tions francaises de Salluste. Les plus eslimees , celles qu'on lit aujourd'hui , sont celles du president Do Brasses , du citojen D.ottevUie , religieux de /'O- ratoLre^ et de Beau:i>ee. Le citojen Billecocq a eu sur les divers traducteurs , I'avanlage de vivre dans un temps plus analogue a celui oii 6crivoit Thistoriea ialin , et la ressemblance frequente de positions , de circonstances ^ de luttes et de factions , a du le mettre plusenc^-tat d'elever son stjle a la liauteur des pensees de Salluste.

On ne peut donner nom de traduction a celle du president de Brasses , qui scmble n'avoir cboisi Salluste que pour trouver une accasion de placer a la suite de ses ouvrages les supplemens qu'il avoit prepares lui-rmeme , et qu'on regarde comnie d'e.\celleiis raorceaux bistoriques.

La traduction du P. Dotici'Ute est la meilleure.

yoG Litte'rafure latine.

Fidele sans ctre litteral, il s'attaclie au texte, rnais ne s'j asservit pas scrupiileusemenl. On desireroit en Iiii plus de rapidittS dans le recit , plus decarac- tere dans \es portraits, eJ sur-tout plus demouvement dans les harangues. Mais ces d^fauts sont rachetes par un grand norabre d*expressions heureuses , par une diction elegante et pure , et par une attention peut-efre irop soutenue a Her ensemble les idees de sonauteur. Trois (Editions succesgives fontassez I'eloge des travaux de cet estimable litterateur.

Bcaux^ee , habile grammairien , et foible traduc- teur , e.^ diffus et pesant , ou sec et froid , peu noble dans son sljle, et quelquefois meme tout-a-fait tri- vial ; et ce sont precisement les defauts les plus contraires au gtnie de Salhiste et aux qualit6s n^cessaires pour le traduire.

Le citojen Bitlecoq rend compte ensuite des prfn- cipes qui I'ont dirige. Ce sont ceux d'un de nos meilleurs ipaitres , le celebre Duinarsais. lis sont exposes dans sa Metliode raisonnee pour apprendre la Langue latine ^ excellent ouvrage , dont la r^im- pression'fait honneur au discernement du libraire c[\\\ I'a entreprise , et qui doit rester sans cesse entre les mains des jeunes gens qui etudient la langue des Romains. Le resultat de ces principes est en subs^ tance, que le traducteur doit parler comine fau- tear auroit parte j s''U ai^oit ecrit en La langue dco traducteur.

La traduction nouvelle nous a paru noble , fidele, Elegante ; et il est vrai , comme le traducteur s'en flatte , qu'il j regne plus de clialeur et d'energie que

Conjuration de Catiline. JO?

clans les precedentes. Quelques moiceaiix donnrroiit line idee de sa maiiiere. Nous detachefonsle portrait de Catiliiia, son discours a ses complices , et le por- trait de Sempronie ; et , pour donner a nos Iccteurs le plaisir du rapprochement , nous placerons le te.xte avant la traduction.

Catilinae indoles. L. Catilina , nohili genert natus ^fuit magna vl et animi et corporis , scd ingcnio mala , pravoque : huic ah adolescentia bella intestina , cades , rapince , discordia civilis , grata fuere : ihiqvx juventutem suam exercuit. Corpus patiens media , algoris , vigilia supra qudm cuiquam credihik est : Animus audax , suhdolm , varius , cujuslibet ret simulator ac dissimuJator , alieni appetens , sui pro- Jusus , ardens in cupiditatibus : satis eloquentia , sapientice pariim , vastus animus immoderata , incre- dibilia , nimis alta semper cupiebat.... Animus im- purus, aits hominibusque infestns , neque mgiliis, neque quictihus se dare poterat. ltd conscientia mentem ex- citam vesahat : igitur color ei exsanguis ^ Jxdi oculi , citus modo , modo tardus incessus : prorsus in facie , vuUuqucvecordia inerat.

Portrait de Catilina. « Lucius Catilina, ne d'une famille patricienne , avoit rGcu de la nature iine ame forte et un corps robuste ; mais son esprit etoit nnechant et deprave. Des ses premieres anne'es, les guerres intestines, le ineurtre , le pillage et les dissensions civiles avoient eu des charmes pourlui. C'est au milieu de pareils jeux qu'il exerca sa jeunesse. II supportoit la faira ,

lo8 Litter ahire Laiine.

les veilles , le froid , avec iine patience Incrojable. Hardi , fourbe , souple ^ habile a tout feindre comme a tout dissimuler , avide du bien d'autrui , prodigue ^VL sien , ardent a I'excrs dans ses passions , il avoit assez d*(^Ioquence , mais peu de Juperaent. Son genie vaste asplroit sans cesse a des choses extraordinaires , mcroyables , sup(5rieures a ses forces... Ce nionstre , ^galement ennemi de Dieu et des homnies, ne pou- Voit trouver de cabne , ni dans les veilles , ni dans le repos, tant son ame inquiete 6toit bourrelee par le remords. Le visage pale , I'oeil trouble , la demarche lantot lente , tantot precipit^e , tout en lui annoncoit la m^chancete et la fureur ».

Nous n'avons a faire ici qu'une critique l^gere , encore la soumettons-nous au jugement du traducteur iui-meme. Le mot de monsire nous paroit trop vague pour rendre celui d* animus impurus , qui signifie un coeur gdt6 , gangrene. Peut-etre Fauteur , qui sans doute en a senti I'cnergie , a voulu y suppleer en report ant le mot de ni6ckanceti a la fin de la phrase, et en I'ajoutant a celui dejureur qui rend vecordia ; mais ce supplement n'est pas un equi- valent. Nous ferons la meme observation sur le mot trouble ^ par lequel I'auteur \\?idimi J oedl oculi ^ tiait d'une grande force , au lieu que trouble est foible et n'offre rien de precis.

Ca'ulinae oratio. JVi virtus f des que vestra satis spectata mihi foret , nequicquam opfwrtuna res ceci- disset : spes magna dominationis in manihus frnstra fuisset : neque per ignnviam , aut vana ingenia , m- certa pro certis cap tar em : sed , quid midtis ct magnis

Conjuration de Cntiiind. . 109

femptstatibus vos cognovi fortes Jidosqut mihi , ed animus ausus est maximum atque pulcherrimum faciitus incipere ; simul quid verbis eadcm , qua: mihi , bona malaque esse inteile\i : nam , idem vellc atque idem nolle , ca demiim jirma amicitia est. Sed ego , qua mente agitavi , omnes jam antca diversi audistis : caterum mihi in dies magis animus accenditur , ciim considero qua; conditio vitas Juiura sit , nisi nos- metipsos vindicamus in liber tatem ; nam postquam respublica in paucorum potentium jus atque ditionetn concessit , semper illis reges , tetrarchce vectigale: esse : populi , nationes stipendia pendere ; cueteri omnes , strenui , boni , nobiles atque ignobiles ^ fuimus sine gratia , sine auioritate , his obnoxii , quibus ^ si respublica valeret ^ Jormidiiii essemus : itaqne omnis gratia , potentia ^ honos , divitia apud illos sunt , aut ubi illi volunt : nobis rediquerurU pericula , repulsas .,judicia , eges tatem : qua quousque tandem patiemini , fortissimi viri ? Nonne emori per virtutem prastat , qudm vitam miseram atque inho- nestam , ubi alienee sapientia ludibrio Jueris , ptr dedecus amittere ? Veriim enim vero , proh Deum atque hominum Jidem I victoria in manu nobis est: viget cetas , animus valet : contra illis , aiinis atque divitiis , omnia consenuerunt. Tantiimmodo tncepto opus est , catera res expediet : etenim quis mortalium €ui virile ingeniym est , tolerare potest, illis divitias superare quas projundant in extruendo mari , et montibus coaquandis , nobis rem familiarem etiam ad neccssaria deesse ? Illos binss , aut amplins

310 Litterature Lat'inc.

domus continuare ^ nobis larem famillarem nusquam ullum esse : cum tahulas ^ signa ^ toreumenta emunf , nova diruunt , alia cp-dificant , postremo omnibus modis pecuniam trahunt , vexant : tamen summa lubidine divitias suas vincere nequeunt : at nobis est domi inopia , forts oss alienum : mala res , spes multo asperior ; denique quid reliqui habemus , prceter miseram animam ? Quin igitur expergiscimini ? en ilia , ilia quam sape optastis , lihertas : prce- t^ed , divitia , decus , gloria , in oculis sita sunt ; Jortuna ea omnia victoribus pramia posuit : res , tempus , pericula , egcstns , belli spolia magnijica , magis quam oratio mea vos hortenticr : vel imp'e- ratore , vel milite me utemini : ncque animus , nequ& corpus a vobis aberit : hkc ipsa , ut spero , vobiscum una consul agam : nisi forte me animus fallit , et vos servire magis , quam imperare , parati estis.

Harangue deCatilina.

« Si votre courage et votre devouenient nem'e- toient sufiisamrnent connus , en vain le moment fa- vorable seroit arrive j en vain I'esperante d'un grand pouvoir s'ofifriroit a nous , et je n'exposerois pas avec des,liommes foibles et sans caractere , le cer- tain pour Uncertain ; mais plusieurs fois et dans des temps difficiles , j'ai eprouve votre audace et votre fidelite , et c'est ce qui m'a determine a i'cn- treprise la plus genereuse et la plus bardie.

» Je sais d'allleurs, depuis long-temps, qu'il ne peat y avoir pour vous d'heureux ou de fujaesle

Canjuration de Caidina. irr

que ce qui Test pour moi-meme ; car to u] ours voutoir ou> ne pas vouloir une trume chose , Voila li solide aniilie. D6ja chacuiide vousa sdparc- ment appris de moi les projels que je medite. Mon coeur s'j enhardit de plus en plus, lorsque je r^fle- cliis au sort qui nous attend , si nous ne savons bien- t6t nous rendre libies.

Depuis que le gouveruement est devenu comme ia propriete d'un petit nombre d'hommes , desrois, des tetrarques se sont reudus leurs tributaires 5 des peuples 5 des ^lats leur paient des impots : quand a nous 5 citojens genereux et guerriers pleins de courage , nobles ou plebeiens , nous n'avons plus ii& qu'une multitude grossiere , sns credit , sans auto- rite 5 soumise a ceux-la meme dont elle eut et^ l*ef- fioi , si larepublique etoit ce qu'elle doit etre. Aiusi, puissance, lionneurs , richesses , influence, tout est entre leurs mains , ou du moins par-tout oil il leur plait : ils nous laissent a nous les dc.ngers , les re- buts , les flelrissures , la misere. Jusqu'a quand souf- frirez-vous enfia^ braves compagnons? Mourir avec courage, n'est-ce pas un sort plus digne de vous que de terminer dans I'opprobre une vie malheu- reuse et deslionor^e, tristes jouels de quelques su- perbes dominateurs ? et cependant, j'en atteste les dieux etleshommes , la victoire est dans nos mains. Chez nous , la vigueur de I'age et la force de I'ame ! cliez eux, une vieillesse acceleree par la mollesse et par les annees ! II nous suffit d'oser, te reslc se /era de sol-mime. Quel est en effet ie liornauh aucjueL U res^e encore L'encr^le d'un koninie , qui

^j2 Litter ahire Latine.

pulsse voir sans indignation ces sang-sues regorger des richesses, et les dissiper follement en batissant sur les mers ou en applanissant des moutagnes , tan- dis que nous manquons du plus etroit necessaire; clever palais sur palais, tandis qu'a peine avons- »Gus quelque part le plus humble %er ; acheter des tableaux, des figures, des va^es de prix , de- molir leur maisons toutes neuves encore , pour en construire d'autres ; enfin, tourmenter, fatiguer leurs revenus sans pouvoir , meme a foice deprodigali1^s> eonsommer leurs ricliesses ? Nous , cependant , quel est notre partage ? la misere au-dedans, au-dehors des creanciers, des affaires en desordre , un avenir plus affreux encore. Que nous reste-t-il , en un mot , L'une deplorable existencb ? R6veilIez-vous done entin : la voici , la voici , cette liberie, objet de vos 6ternels desirs , et avec elle les richesses, les honneurs et la gloire. Telles sont les recompenses reserv^es par le sort a neureux vainqueur. Que cet espoir, que la circonstance , que le danger, que les besolns, que les depouilles, eclalantes , que toutes ces considerations vous animent plus que toutes n.es paroles.' Je serai, moo , chef occ soidat ; man corps, mon ame sont tout enliers h vous; et qnel- que jour, ]e Pespere, fait consul par vous, ^e re- glerai avec vous nos interets communs, a moms foutefois que mo,, audace ne me ^--^ '^^ ^^ vous ue soyez plus disposes a re-.eNo:r la loi qua

''l^:ierveronsd'abovdquelemc.yZ..-'est .,..c exactement rendu par le u^ot UevouemeaL

Conjuration de Catilina. ll3

II faut faire attention que Catilina parle a des^gaux ; car , comma I'a dit Lucain avec tant di precison et dYnergie, faanus quos inquinat _, cequat ; et Catilina est frop adroit pour debuter par un ferme qui presenteroit une idee de superiorite de sa part j aussi se sert-il d'un mot noble ^Jides ^ qui n'exclut pas I'idee de I'cgalite.

VesperancG •'^un grand pouvoir^ esttrop va^ue. Catilira tranche le mot : La doniination , et cette esperance n'est pas une illusion : spes cert a do- tnltiationis. Je ri' expo serai pas te certain. II semble que la sev ri;e de la langue exige : je ne risquerai pas. Toujours voulolro ll ae pas vouloir une mime cho^e _, paroit marqi'er d'ele- gance et en n.erae temps d'exactitude. Cat'lina ne dit pas une meme chose. C'est Lien plus ; c'est la conformite de tons les intcrets qui peuvent aniir.er !es hommes : eadem. lis nous laissent a nous ; le traducteur a bi.'n senti la force de cette oppo- sition ; Nobis reLuquai sunt , peut-etre seroit-elle encore plus marqu.'e , si I'on commencoit comme le latin : a nouSj Us nous Laissent. Jusqu'd. quand le souffrirex^-vous enjin , braves conipagnons ? 'Enjin ne paroit pas heureusement place, llapnel- Ions-nous Boileau.

D'un mot mis en sa place anseigna pouvoii-.

Lie reste sefera de soL-meme _, ne rend pas rh^oani- ment le tour heureux du latin _, ccetera res expe- diet. Quel est eneffetle Roinain auquei U reste encore L'energie d^un homme qui pulsse , etc. y le latin est d'une simplicite plus expressive. Ce n't'st Jome II

114 Litierature Latine

pns memede t'encrgie que Catilina dismantle. C'csl iniiqiK-MiieiU te ca racttre cV ho mine j virile Lrigenuun^ On desireroit cl'ailleurs que la phrase fat dobara;see deces vclatils qui rcndeiit sa uiarche pes uile , qucL , auq el J qui. Les recompenses rdservces par te sort dil a Vheureux va'uiqueur. Ici I'epilhetii afFoiblit ; vainqueur dit tout. Ce n'est pas a un ^crivalil qui annoiice autaiit de gout que le C. Bil- Iscoq qu'ilfaut diie, avec Voltaire, que le plus grand eimeini du substaiifif e^t I'adjectif. Je serai , moi, i:'aef OIL soldat. Le traducteur reniarque dans line note qn'il a dans lesplirases suivantes tacliederendre plus sensible , i^^v les 7T>us multipl es, I'intenlioii qu'a cue Calilina de paroitre associer entJerement «on sort avec celui de ses complices, et n'avoir avea eux qu'ua seul et meme interet. Cette remarque annonce une etude approfoiidie , non pas seulement de la lettre, maJs du g^nie de la langue, et de I'ar- tiuce de I'ecrivain. Mais par la raeine raison on re- grettera de ne pas trouver dans la traduction I'art extreme qu'il j a dans ce mot , si simple en appa- rence : rae dace aat niilite utemini ^ qui semble faire dependre de la volonte des complices le role que doit joucr Catilina, et son abandon sans reserve a cette espece de decision , utemiiii.

Oil voit que*, raalgre ces critiques que nous don- nons pour notres et non pas pour bonnes 3 ce dis- cjurs a de la liberte, da la vi3 et de la clialeur, et ne paroit pas se resssntlr de la gene d'une tra- duction. Au reste nous invitons ceux de nos lact.^urs qui aiment les rapprocbemens , a mettre en opposi^

Conjuration de CatUina. 1,5

tlon celui que I'abb^ de S. Real met dans la bou.h* ^ieReaaud dans la conjuration de Venise , el qui a de grandes beautes.

Semproni^ indoles. In hu erat SemUron^ , qu^ multa scBoe vtrilis audacice ficinora commi- serat : hcBc vudier genere atque Jormd , incetereci viro atque liberh satis Jorlunata Juit ; iittens grcecis et laUnis docta ; psalUre , saltarc degantius , rjuam necesse est prober ; ,nulta alia , g.ce inslrumenta lu.iu-m sunt; sed et canora sember omnia ^ qudm decus atque pudicitia fuit ; pecumce an famae minus Parceret^ hand facile discemeres ; lubidine sic ac- censa , ut scepiits peteret vivos , quam peter etur ; sed ea sc^pe ante hac Jidem prodiderat , creditum abju- raverat, ca^iis conscia fuerat , luxurid atque inopU Pra^ceps ahierat ; verum ingenium ejus hand ab- ^urdum ; posse versus facere , jocum movere , ser- ^lone uti vcl modesto , vel niolli , ../ procaci ; prorsus mul tee facets ce , multusque kpos inerat.

Portrait de S e im p r q .m a.

«Parm. cesfemmos on comptoitSempronia , dont

see r t. ^""^ ^'"-^ --S- au-dessus de sou sexe. Cette femnie , distinguec par sa naissance et parsa beaute, henreuse epouse , heureuse mere, avoit une grande connois.ance des langues .recrrue enatme. Elle chanto.t et dansoit avec ^lus cC^ac

en" o2eT''''' ' "" '"""^ ^"^^"^^^ ' ^' P--Io't c^es mo^eu. de l^atmage. Tout enfin ctolt J.n

H 3

n6 Litteraturt Latint.

J^ius grand prix pour clle , cjue la piideur et t<% r6>ewe de son sexc. On auroit pu facilemcnt dis- cerner ce (|u'vlle in^nag'^oi! be plus , on de sa for- tune , on de sa teputalion , itaat paruenue a co point de dissolution, quVlle rechercb.oit plus soiivent ies Lommes qu'elle n'en etoit rechercliee. D^ja , plusieurs fois , elle avoit trahi sa foi , raenti a sa conscience en niant des despots , particip<^ a des as^rjssinats ; en un mot , I'amour de la debaucbe et Texlreme hesoin I'avoient precipitda dans tous Ies exces. Du reste , elle avoit un esprit agreable , com- posoit fa ilement des v rs, plaisantoit avec grace , et parioit tour-a-tour le langage de la modestie , de la tendresse , ou de la licence 5 enfin , elle ctoit rem- plie d'a;. remens et de charmes ».

Nous avons quelques legeres critiques a faire sur ce |:assag'3. Voici la premiere. Apr^s ces mots , eUe posscdoLt en outre beaucoup d'atUres taiens qui ne soai Cfue des niojjens de Libertinage ^ le tra- du. teur ajoute : tout enfin itoit d'un plus grand prix pour eUe , que La pudeur et la riserue de sonsexe. Ce tour de phrase s'emploie ordin:\irement pour terminer une enum^raiiou , el il serable que ce ii'est pas la sa place. L'auteur a commeiice par nous peindre Ies avantapes de Sempronia, et il y oppose ensuite ses vices et ses exces. Aussi retrouve-t-on dans sa phrase le signe de I'opposition. Sed ei, ca-^ riora , etc. : ce qu'il ne falloit pas manquer de rsndre , comme I'exige la suite naturelle des id^es... Cett3 traduction , La pudeur et La reserve de son sexe J manque , selon nous , d'exactitude. Le latia

Conjuration de Catilina. jtf

dit decus et pudicitia : decus est la riputation^ de La vertii qu'on exige dans les femmes, commc pa- dlcitia en est la reatite. Si I'auteur eut voulu exprimer la deceiice , il auroit employe le mot decor. La seconde critique a pour objet cetfe tra- duc.'ion, qui nous paroit presenter un sens louche et presque contra-re au sens de I'auteur : on n^auroitpio facUenient dlscerner ce qu'elle nicnageolt leplus de sa fortune oll de sa reputation. Pecuniae an, fanice minus parceret , d't Salluste. II semble qii'il faudroit lb dioinc. Un gout severe trouveroit peut-etre aussi quelque chose de repr^tiensible dans cette addition , qui rend la phrase un peu trainaute s ^tant pari^enue dice point de dissolution^ etc.

On jugera sans doute ces critiques m nutieuses. Nous n'avons pas besoin de dif-e qu'elles ne nous sont inspirees que par I'amour des lettres et par I' oteret du gout. Au reste , des remarques de cette nature tournent a la gloire d'un auteur , pirca qu'e leS prouvent moins la subtilite de la critic/ae que la } er- fection de I'ouvrage.

Le citoven Billccocq annonce la suite des ^c de Saliuste , c'est-a-dire , sa Guerre de JugurlLa^ et ses deux Lettres d Ccsar\, sur les moijeicS d'administrer la Republique ( de Republica or^ dinandd) : lettres trop peu lues , trop peu mediti'ee peut-etre , et dans It'squelles Sallujte d^^ploie un© grande connoissance des besoins d'un Etat , et des talens ntcessaires h ceux qui le gouvernent. Le- premier coup d'esscii du traducteur fait augurer favo- jublementdu reste de son travail. Nous ne pouvoua

H 3

ii8 Littirature Lathe.

que I'exhorter a le coiitinuer , et a pronver , par cet exemple , que le j^out des lettres anciennes n'est pas encore 6teint parml nous , comme il prouve , par Ics notes qui tenninent sa traduction , que , dans son esprit ainsi que dans sou cceur, I'idee etle sentiment de Liberld sont inseparables de ceux de raison , d'juunanit^ , de lumieres , et sur-tout de vertu.

MELANGES.

Penseks et anecdotes tirees dhin manuscrU d'Heha ult-Sechelles.

Quel est le pere de la gloire ? Le g^nie. Quelle est la mere du genie? La solitude.

Pour I'a^Tie qui a ('te occupee par les passions , il n'j a plus que la gloire.

On demandoit a Neivton comment il avoit pu faire ses grandes decouvertes. II repondit ; en les ckerchant toujours ^ mot sublime qui s'applique a tout.

L'esprit ne voit que les ressemblances ; le jug^ nient et le genie voient les differences. C'est que les objets se ressemblent par les cot 's les plus gros- siers ^ au lieu qu'ils different par les plus delicats.

On a bien dtfini le hasard le cours Inapercu des

Fense'es et Anecdotes.. ucy

*horp5. T! n'y a point de basard : mais nous Tap- pelons ainsi , lorsque noui; ne vovons pas la cause^

Locne a tivs-bien dit qua lo teinps if est que la succession de nos pensces.

Oui Trait iittention aux mots, trouveroit souvent braucoup d'idees dans un seul. Jc me recree n'est autre chose pour le vulgaire c|U3 juuer a la paume, aux cartes, etc. j pour le philosoplie , ii y voit une seconde creation , par laquclle on se retire soi- meme du neant.

M. Turgot avo"t fait une cliaine sjstemafique de toutes ses idees, et il liait chaque cliose a une autre. Cela peut etre fort bonj mais il faut savoir aiors de- tacher au besoin un anneau de sa ciiaaie, ct nca pas la trainer toute entiere.

Tout raisonnement juste est une dccouverte. J'ai vu applaudir de simples raisonnemens denwcs d'eloquence, mais frappans par leur justesse.

La douleur a des charmes , sans doute, et cela est heureux pour I'liomme destine presqu'exclusivement au mallieur. Mais avant d'altendrir, il faut y pre- parer ; autremcnt les larmes ne viendront pas , cl^\^QU que touchant que soit ToLjet, et des urnes sans dou- ceur , mais non sans art , o])li^•nd^ont ce que des cen^ dres reelles n'ont pu arracher. J'cn ai un cxemple sous hs yeux. A Falaise , M. de Tourny a r^- pandu dans differentes parties de son jardin les tombeaux de son lere, de sa ieiume , de sa fille^^

>t4

I20 Melanges.

de son amie et d*une momie. Crolriez-vous que le mieux enterr^ de tout cela c'est la momie ? EUe est au fond d'un noir souterrain , oii trente marches cou- duil^it , tandis que le pere, la femme, la fille, I'ami sont jetcs en plein (hamp, comme des bette- raves. Aussi , je l^avoue , quelqu'interessantes que fussent ces inscriptions : a ma feinme _, A mon pere , d niajitie _, je n'ai plear^ que la momie

La plupart des gens qui ont fait des livres, ne les ont fait que pour etudier eux-m^mes. C'est peut- elre une des raisons qu*il y a tant d*ouvrages foibles.

II J a deux especes de caracteres fermes j celui qui attaque, celui qui resiste.

II faut mettre son ambition loin de soi ; il faut la placer dans I'avenir ^ a une distance oii les hom- ines ne puissent pas I'atteindre.

II y a deux especes de g^nie ; le g^nie de Pes- prit, le genie du talent. Le g^nie de I'esprit cree des rapports, le genie du talent, des expressions j CorneiUe a le premier, Racine ^ le second.

Franklin est I'homme du slecle, dont la destin^e a ^te la plus extraordinaire. Egalement grand , ^ga~ lement cr^ateur dans les deux genres , la nature et la soci^te ; teraoins Telectrlcite et la hberle de l'Ani6- rique ; il a fait avec la finesse et I'etendue de sa raison , ce que les autres font avec leur enthousiasme. II observoit tout, il decouvroit >^ans cesse. J'ai oui dire que sou foyer nueme 6toit entoure de ses d^cou-

Pense'es et Anecdotes. 121

vertes. Homme calme, tranqiiille, liuinain, simple, etre indopeiidant , il se promit de bonne heure d# n'accorderson assentiment qu'aiix objets qu'il verroit, apres les avoir biei. regard^s. 11 pen^oit quel'uomme peut faire lui seul sa sante. II ciloit avec complai- sance cette pens^e de Salomon ; UkoininG sage

porte ses Longues annees dans sa main II

en tie dans tout moins de fortune qu'on ne croiL

Le fonds d'lm grand talent est toujours beaucoup de raison.

L'araour ne nait , ce me semble , que de la physio- nomie et des man teres.

Les grands homnies , ceux qui Ic sont , soit par leur caractere , soit par leurs talens , vivent seuls. lis en ont le besoin et k' goU. lis ne se communiquent aux autres hommes que dans leurs actions publiques et solemnelies.

II me semble voir beaucoup d'hommrs sur un toit : Ics uns tombent , et les autres glissent ; la vi^i n'est pas autre cbose.

Je regarde les cordons bleus et les cordons rouges CO in me des ficelles.

C'est un grand merite que la sagacite dans les ou- vrages d'esprit : cliez les aucieus, ou tout ctoit neuf , elle s'exercoit sur les sentiraens les plus naturels j cliez les modenies, dont ['instrument est forme, elle doit s'exercer sur les sensations les plus fi>jes et les plus dctournees. II me s^nable beaucoup plus difficile d'etre un moderne qu'un ancien.

3 2S MelnjiufS.

Que cle geMs prouvcnt q>\e Von pent etre mcVliocrp, lUQ'.ue avec de I'esprit! c'est que la grandeur et la sijpei iorile viennent de Tame.

II est important de bien dehuter. Les Lommes jugiDt toujours au ])ren-.ier coup d'oeil , et leurs jugemens ne sont gueres que la rep^iition du premier.

II V a devx sortes d'esprit philosophique , celui qui generalise , celui qui observe. Le second est en- core plus precieux et plus rare.

Pour les hommes ncs avec un pen de talent , il n y a que deux sortes de livres a lire , ceux qui font penser , et ceux qui conliennent des fails.

Diderot parloit un jour avec empbase de Sliakef^ ■pear devant Voltaire. Ab ! Monsieur, lui dit VoUaire J est-ce que vous pouvez pr^ferera VirgUe, a Racine, unmonstred^pourvu de gout? J'aimerois autant que Ton abandonnat VApoilori du Belvedere pour le Saint Ckristopke de Notre-Dame. Diderot resta un moment sur le coup ; mais ensuite : que diriez-vous, cependant, Monsieur, si vous vojiez cet immense Ckristopke raarcber et s'avaucer dans Ic* rues avec ses jambes et sa stature colossale? Voi- tairejison tourjfut atterre parcetto image imposante.

Je me trouvois un jour avec six bommes de leltres. Onse deraandoit quel etoit le plus b.^au morceau de poesie. J'opinai pour que chacun ecrivit secretement son avis sur un scrutin. Nous fumes tres-6tonnes de voir que nous nous etions tous reunis a donner la pre- ference a la peirture d'Adaai tt Eve dans le pa- radis terrestre , par JMlltorb.

Pf.nse'ei el Ane^'dote';. i^->3

Le^ pei.timens })rotlini,ept le courage aclif, el la philoso[>lKe , \^ courage passif.

Le talent a besoiii aujourd'hui da caractere , pour recevoir \\\\ iiouvl^I 6clat.

Taclte est a-la-fois 'in et fort ; nnesagacite prodi- gieuse el uiie energie egale ; et puis c'est qu*on sent qu'il se retierit , et qu'il cache toujours la moitie do ce qu'il montre. II vous dit lout , quoiqu'il ecrive en presence du ]ion. II a I'art d'e re encore plus soupconneur qu'arcu.-afeur. CVsf un hi mn.3 qui vous parle a i'oreille , qui vous eilraia et vcus cliarme, parce qu'il y a une sorle de plaisir a avoir pour. II donue, pour ainsi dire , ses idees sous le manteau. EUes sont souvent infinies, parce qu'elles ne sont pas finies. Telles ces mines dont le vojageur admire l'el6vation , el les Irois quarls sont sous la terre.

J'aime a me trouver av\^c 'es hommes qui ont concu et termine de grands ouvragcs. On se sent plus courageux , en approchant des grandes patiences.

Les bons mots, les vrais bons mots naissent blen plus du cara:tere que de Tesprit. Vo .ez lous les mots des anciens.

On demandoit a I'im.peratrica de Hassle : Com- ment avez-vous pu ^tablir tant d'ordre dans vos finances? En comptanl lousles jours, r^poudit-elle. Alexandre fit la meme le. onse a cclui (|ui lui di- soil : Cjipment se peut-il que, si ji une , vous ayie*

1 24 MeUnges.

execnic tant et de sigrandesclioses?— Enneremetlant rien an lendemain. C'est aussi le trait par lequel Lucain caracterise Cesar :

Hfil actum reputans j si quid siipci esset agendum.

Enfin Newton a fait aussi la meme rcponse. V. page 1 1 8.

Les Ecrivalns mediocres rendent leurs idees , mais ne les exprimeni pas.

On se perd dans les villes ; on se laisse a la cam?- pagne ; il est bon d'aller de temps en temps s'y 3 etrouver.

P O E S I E.

HERMANN ET THUSNELDA, Ode tradulte de Klopstock,

Thusnelda.

V>0T7VEKT de sang romain , de sueur , de poussiere^

II revient des combats sanglans. Jamais les traits d'Hermann ne furent si brillaus ^

Et jamais si vive lumi^re

Ne jaillit de ses yeux briilans.

Viens , donne celte ep^e ; elle est encor fumantej;

Varus a requ le tr^pas. Respire , et viens gouler le repos dans mes bras^

Sur la bouche de ton amante.

Loin du tonnerre des combau.

Hermann et Thu<;nelda, laS

Hermann , repose-toi : que sur ton front j'essule

Tod sang Pt ta noble sueur. Comme il brule ton front ! de Rome heureux yainqueur.

Non , jamais Thusnelda ravie

Ne sentit pour toi celte ardeur.

Non , pas meme le jour ou , sous un chene antique ^

Hermann , par I'amour emporte , FuyantBj me saisit deson bras indompte :

J'observai son ceil h^roique ^

Et )'j vis rimmortalit^.

C'est ton bien desormais. O Germains , plus d'alarmes , Germains , dent Hermann est I'appui.

Houte au divin Augusle 1 il s'abreuve aujourd'hui D'un nectar mele de ses larmes ; Hermann est plus divin que lui.

Hermann.

Laisse Ik mes cheveux. Vois , p4le et sans lumi^re ^

Le pere ^tendu devant nous. C^sar,s'il eut os6 s'ofFrir ci mon courroux ^

Seroit ici dans la poussi^r* ,

plus pale et plus couvert d.e coup»»

Thusnelda.

Que tes cheveux , Hermann , en boucles menacant«$ ,

Ombragent ton front glorieux. Ce corps n'est plus Sigmar ; ton p&re est dans le« cieux 5

Seche tes larmes impuissantes j

Tu le reverras chez les Dieux.

JPar M. J. C H K N I K A.

125 Tohie.

Fragment du poeine de La Nature , tire du r ckant^jait auant 1770.

Le sage aime a revcr dans un reduit champctre , L'agnea.i (]a'ilvoil bondir , la brebis qu'il voit paitre, Le taure;.ii (fu'II cnlend umgir dansles valtons , Le fer cultivateur luisant sur les sillons , Les forels , les coteaux et leur fertile pente , TJn ze^ihii- qui s'egaie , une onde qui serpente , Flattent plus ses vCj^ards , moUement euohantes , Que le faste indigent des profanes cites.

Eh ! que dit a nos coeurs le luxe de nos villes ? Ces palals eieves par tant de mains serviies , Ces rapides coursim-s , ces chars tumultucux , Ces dehors imposaus d'un emiui fastueux , Qu'offrenl-ils aux regards? des surfaces trompeuses , Des plaisirs inquiets , des miseres pompeuses , Le merite courbe sous le poids des tyrans , Et de nos libertes les restes espirans.

Je sals trop que Voltaire , abusant du genie , Aut chaiTipetres vertus prodigua I'ironie (i) , Et du luxe elalant les utiles progres , A d'un vers di'd^ugneux insulte nos guerets : Jeu sanglantde Tesprit! funeste badinage , Plus cruel que le fer instrument du carnage , Qui , depouillant le coeur de sa male lierle , A lamolesse , a Tor vendit sa liberty ! (l) Voltauc , dans son Mondain , son Antlmondain , ect. ajfecta de prUhcr le luxe , la nudesse , el de semer le ridicule sur les ferUis it publicaines. C'esL la qu'll se rnoque de ces consuls ei us gui laoouruunt la ierre eux-mtmes , et cju ll dit :

« Cc teniMS profane est tout fait pour nos moeusr ».

Tragment du poh)ie dc la Nature. 127

MalliouTRux, qui changeoit arcc trop d'imprnclencp,

Anx Itslins des Ivrans la sol)ie indeperulanec^ ;

Prodigieux mortel ! hoiiinie uniqu° ft divers ,

Tantot avfc les dieux plananl sur I'lmivers ,

Tdiitot , jusqu'a Zo'ile , abaisse dans la lange ,

De force et de folblesse incrojabb milange ,

Homme au-dessus des rois , s'il \e& eut ignores ,

Et le dieu des taleiis , s'il les eiit vever^s !

Mais du cygne fraocais (i) diPaimant rbariaonie ,

II courut dans le Nord tlatter la tjraunie.

Long-temps de rois en rois sou orgueil a rampe

Sous iiD joug eclalant que ses pieurs out trempe-

Enfin il guide an port d'uue craj use vie ,

H rademanie auK champs su liberie ravie,

Les champs et la naluve aaiment ses acceiis ,

Et ce premier bonhcur a sou dernier enceni.

O maison d" ^lislipye .' 6 jardiiis J' Rpic'u e /

Cast vous qu'il imploroit dans sa reliaiLe obscure-.

De ses destins errans il a fixe le cours,

Pres d'un lac et des bois , loiu d-s trompeuif'S couvi.

La , ce vieillard fameux jouit de sa m^iauii^^ ;

II rallume sa vie au flambeau de la gloire :

Cornelie (i) a vole dans ses bras genereux ;

II a tout expie puisqu'il fait cl?s heureux !

Aiusi , quaiid de Venus les tlammes sont tteintes ,

Quand de I'ambition il sent moius les atteintes,

Le cunir revole aux champs dont il fut separ^ ,

Et raoiene au bonheur son hommaga egir^.

Hwuieux qui , soulevant une chaii'.o importune , D^tache ses destins du char de la fortune , Et , sans la fatiguer de soupirs eternels,

(l) J. B. Rousseau , contie Uquel il s' acharna duns ses diinicis ceiiti.

(l) Madame Corneille j, qui V a:it9lC\ dg cejragmeit unoya a f^oltaiie , en 1760.

isS To hie.

Cultiv'e de ses mains les guerels paterncls ? Moi s envie paut-etre et plus digne d'envie, Aux mortels indiscrets il derobe sa vie. Xoiu des cris inseos^s d'un vulgaire odieux , L'innocence d 's champs rend I'homme 6gal aux dieux,

Oui , \~x our de Paies est Tasile du sage : C'est la que de son ame il fait Tapprentissage. Seul avec la nature , errant parnii les bois , II contemple de loin la fortune et les rois. Du songe des grandeurs I'image passag^re Disparoit devant lui comme une ombre 16g^re , Et tous ces dieux mortels , ouvrage de nos mains , Rentrent a ses regards au niveau des humains.

Tel, a des yeux divers , le meme objet varie ; Tel , aux jeux du pasteur couclie dans la prairie , Le chene , qui deploie un front d^mesure , Semble etre un citoyen de I'empire azur(^ ; Mais au regard per(^ant de I'aigle vigilante. Qui p^nelre des airs la voute etinceiante , L'orgueil du chene rentre au niveau des sillons , Else mele aux tapis de nos humbles vallons ; Mais cetle aigle si fiere et planant sur la nue, Des regards du soleil est a peine connue ; Et ce meme soleil n'est aux regards des dieux , Qu'une clincelle , un point dans I'abyme des cieux.

iPar LeBrUN.

'y£RS places sur le bustede Desavlt , aussUot aprts sa morL

Portes du temple de memoire , Ouvrez-vous , il I'a m^rite : II vecut assez pour sa gloire, Mais trop peu pour i'humdnile,

PiGAULT Le Bruh,

POESIES ERSES.

T R A T H A L, Poeme (VOssian.

Ce morceaujait portle d' un outrage actuellement sous presse > et qui doit seri>ir de, suite a TOssiAN c?e Le Tourneur. II renferme plnsieurs po'ernes flf'OssiAN ct de quelques auires lavdcs qui Jwent ses modcles ou sef; imitatcurs , traduits sur Id (version anglaise que John Smith en a publiee , SOUS le title de Gaelic antiquities , Edimbjurg, 1780.

FiLS du matin, les premiers pas que tu fais dans ieciel, Tapparence de ta blonde chevelurc au-dessus des montagaes de I'Orient, for ment le plus doux des spectacles. A ta vue , les colcaux sourient , les val- lees etincelautes et leurs ruisseaux azures se re- jouissent. Les arbres elevent, a travers la pluie, leurs tetes verdojantes, pour aller a ta rencontre, et tous les bardes des bocages cojebrcnt ton retour. Mais en quels lieux se retire la nuit , portle sur sesailes ten^breuses , lorsqu'elle te voit paroitre ? Ou est le sejour de I'obscurite ? Oh se rcfugient les etoiles , et quelle caverne recele leur beaute tremblanto ? Dans quel desert les bannis-tu , lorsque tu parcours les hauteurs du ciel , et comme un puissant chasseur, les poursuis a travers les campagnesdu firmament? Fils du ciel, on aime a te voir fournir au-dessus de nos tetes , ta carri^re luraineuse , et disperser loin de toi les orages. Tu plais encore , au ir.oment oii dispa- roit ta blonde ciievelure , ou tu t'eufonces dans les I'onie 11, i

i3o Toesii'i enis.

vagues do I'Occident ; et Ton cberit I'esperance de Ion reloiir. Jamais tu ne t'egarss dans les vapeuvs de la nuit ; vaiuement les lempeles s'efTorceat de contrarier ta marclie dans I'Dcv-^aii trouble. Toujours pret au si. nal du matin , tu ramenes tes aimables rajons. lis sont aimables ; mais je ne les vois point , car tu ne dissipes pas la nuit qui couvre les jeux du barde.

Mais le broullard des annees t'obscurcira peut- ^tre un jour; peut-eire , s:mb!ables aux miens, les pas de ta vieiUesse se traineront avec lenteur sur Morven. Alors, a I'exemple de ta sanu-, errant dans le cielsous la forme d'un disque sombre, luoublieras le moment de ton lever. Tu ne repondras plus a ia voix du matin. Du haut de sa coiline , le chas- seur regardera si tu viens , mais il ne te verra plus. Xes yeux baignes de larmes , « le rayon du ciel , dira-t-il a sa meute, le r. 3-on du ciel nous a de- laiss^s ». II reprendra tr'stement le chemin de sa butte. Mais la lune paroiira dans sa splendeur , ei les etoiles se rejouiront dans la place qui leur est assi- gn(^e. Oui , soleil , un jour tu vieilliras ! un jour , peut-etre , tu dormiras dans la tombe , comme Tra- thal.

O soleil ! ne te souvient-il pas de ce chef? Tu la'as pu le voir sur nos montagnes , sans elre frappe de la noblesse de sa demarche. Un jour il parcou- roit les brujeresdu Gormal , rayonnant de la beauty du jeune age. 11 tenoit une lance dans chaque main, et le bouclier de scs peres , large comme ta face iniposante , convroit sa poitrine. La couleur sombre

TrnlJinl. i3i

de son casque au,'2[me'ntoit I'^clat de ses joucs ver- meilles, et ses cii-'Viniv oidojans floHoieiit ?ur scs ^pa.iies. En m vchant , il fV donnoit !es luuanges des heros j un vieillard s pr/sente a lui ; sosyoux sunt rou- gis par les pleurs ; S3S jou 'S en sont encore liuniecL'es. «. Je viens , dit-il avec I'ac.ent de la duulear , ja viens implorer ton aide, si !u es Trntlial, roi djs lances. II fut un terns on, sur le nv^age lointain de Dula 5 une multiiude de lieros eiitendit le. son du fcouclier de Toal-Anna , et ses salles ont vu v.u^ multitude d'eti angers adtnise a ses b.nnquets. Mais les lieros n'entendent phis le son dj mon bouclier ; et mes salies , ou les bardes moduloient leurs chants antour d'un chene eaibrase, sont maintenautfroides, solitaires et silencieuses. Morardan vit la beaute da ma fille. Je n'avois point d'autre enfant qu'tl!-. 11 en fut dpris, mais elle ne rcpondit point a son an. our. il^dissimula son depit j mais un jour que j'etois sur le rivage avec Slisgala, il parut dans un esquif diri'-^e par qualre rameurs , et nous obligea d'y enirer. La tern pete nous retient sur ton rivage. Trathal , donne- moi une de ces lances , et viens combattre en ma faveur 6 toi le prem'u'rdesh()mmes » i

A ce di-^cours, la joie et la fureur s'^Ieveren! a-Ia- fois dans i'ame de Trathal. II donna la 1 nee au vieillard, et marclia sans craintv". Le bruit de sa course ressembloit au munnure d'un ruisseau cacht^. Une arm^e se dc-couvre a ses jeuM ; le vieillard se perd dans la foule des gu^rriers ; le chef, dans sa colere , Irve a demi sa lance ; mais son auie lui dit d'tpargner le vieiliesse du foib e. « O Trathal !

I a

i32 Toestes erses.

]ui dit-elle , ne souiile pas ta lance de son sang ».

Cinquante lances sont dressees ; cinquante glaives agiteut aiitour de lui leurs flammes , pareilles a des Eclairs. Colgul se montre au milieu des guerriers. Son visage est anim^ d'une joie sombre , tel qu'un feu eiitoiire d'une colonne de fumee, tel qn'un ra^- teore assis sur un nuage , quand la lune est cach^e , et que les monts charges de forets entendent le bruit de I'orage.

Colgul avoit chasse avec Trathal dans Dorinessa , et mesur^ en se jouant sa lance avec la sienne. Mais qui pouvoit chasser , qui pouvoit raesurer sa lance avec Tratbal ? La vierge aux yeux noirs, habitante de Dorinessa , poussa un soupir a la vue du chef , et d^tourna ses regards de Colgul. Colgul s'eloio^^na, renfermant sa colere en lui-meme , ainsi qu'une Ombre port^e sur son ouragan destructeur , s'e- loigne d'un chene qu'elle n'a pu briser. Dans sa caverne nebuleuse , elle attend I'occasion de retour- ner avec le mugissement des venls. Ainsi Colgul altendit trois mois , et main tenant que Trathal est seul , il vient , accompagn6 de ses mille guer- riers.

Tu es seul , o Tratlial ! maistu ne songes pas a f«ir. Ta force croitdans le peril , comrae les ondes dTnar , lorsqu'on les a resserrees. Ton ame , pareille aux vagues de TOcean , s'eleve au rugisseinent de la tempete. Ta joie est terrible , comme un Esprit nocturne qui leve sa tele ai dente au. milieu des me- lucres, et voyage de collineen coUine , sur son nuage toujours plus sombre.

, Tralhal. i33

Le bruit des rochers qui roulent du sommet des montagues , le bruit des flots quand Ics tempeles sout dechainees, le bruit des bocagjs dont la flamme en- valiit les cimes dessi^cliees pendaAt les tenebres , sont I'image de la terreur qui accompagnoit Trathal. Colgul et lui ^toient deux torrens ; le son de leurs armes ressembloita I'^cho d'unq valine ^troite , lors- qu'on abat ses pins verdojans. Leur choc est terrible. Tratlial est un orage qui rcnverse la foret , Colgul est line vague qui s'wlaiice sur le rivage. Mais la lance de Trathal atteirit le casque de Colgul , et ses yeux ^gares se couvrent d'lin brouillard. Corran a perdu son bouclier ; il est immobile , comme un roc que i'eclair a d^pouille. Duchonis arrete avec sa main le ruissc-au vermeil qui coule de son sein, et s'appuie a un tronc d'arbre. Le casque de Crusollis est a ses pieds avec la moiti6 de-sa tete, a vant qu'il ne tombe ; et les cheveux blancs de Tual-Arma foule sous les pieds des heros , sont souilles de sang et de poussiere. Colgul ecarte de ses jeux le nuage qui les couvre. II voit aulour de lui ses guerriers baignes dans leur sang. Tel que Tombre obsoure du brouillard du Lego, il marche en silence derriere Trathal ; mais Trathal Tapercoit. Colgul prend la fuite. II dirige ses pas vers Pesquif, et Trathal le poursuit dans sa force. Mills fleches sont lancees contre lui ^ une d'elles perce Colgul ; il tombe sur le rivage, a Pinstant oii une de ses mains avoit d^ja louche I'esquif. Trathal s'j Jette, et le tourne contre les guerricj-s de Colgul. Mais un coup de vent le clia.se tn pleine mer, et il tressaiila de joie au milieu de sa gloire.

13

1 34 Tocsies crses.

X'e}^tise cle Trat!;al eloit reside dans sa demeure. Deux cnfrins aimables ^]evoient au-dessus de ses geiioiix leurs teles oinbragees de boucles ondoyanles. lis se pendient sur Sj harpe, pend:^nt que ses blanches mains touclienties cordes tremblanfes. Elle s'avrete : ils r r nu -i^t eu.'^i-inernes 1'. barpe , mais Is ne peuvent ti-ouver le son ru'ilsadmiroient. « Ponrquoi , 'disent- jls, ne nous r^pond-e'Ie pas r Montre-nous la corde ou le chant reside ». Ell^ kur dii dela chercber jus- qu'a ce qu'clle soit de retour , et leurs doigts delicais errent parmi \es fits de m -tal.

Sulandona re,^arde si sou biei>-aime paroit 5 Tbeure de son retour est passee. « Tratbal, de quels ruis- seaux parcours-tu les rives? Dans quelles forets tes pas se sont-ils ^gares ? Puissai-je de cette hauteur con- templer ta stature majestueuse ! Puissai-je voir le sourire egayer tes joues verm ^illes Eutre les boucles blondes de ta jeunesse , tu ressembles au soleil du matin ».

Elle monti sur la colline , serablable au niiage biancoLimonte la rosee,lori»quesur les rajonsdu ma- tin, il s*e!eve du vallon retire-, et asJle a peine les teles brune.s des buissons. Elle dccouvrit un esquit balance sur les vagues 5 elle vit ses bords converts des lances. « Surement , dit-elle , c'est Tennemi qui dresse ses lances , et Tratbal est seul. Uu senl bomme , quelque fort qu'il soit , peut-il combattre des milliers d'hommes ? ».

Ses cris se font entendre. Les vallees et tous leurs Tuisseaux j n'pondent. 1 es jeunes gens se preci- piteiit du haut des montagnes, et marcbant d'un air

Triithn!. i35

^garc , lren)l)]ent pour leiir chef. Dan? leur col^ire ils songeoient a fond re siir les guerriers* de Colgiil; nials Tralhal ^'leva sa voix sur les vagues, et lenr commaiida de retenir leurs lances. lis se rpjouiren^ en entendant sa voix , en le vo3^ant amener son na- vire pies de la cote.

Cependant on s'assemble antour de Col^ul : mais Colgul avoit i'air sombre ^ et le feu ne jaillissoit plus de ses ycux. Ses guerriers I'entouroient, triste- inent immobiles ; irais plusieurs d'entr'eux ^toient ^tendus sur la brujere , comine les feuilles sechos sur la plaine obscure , quand les vents de I'autonine ebranleni les che nes. Nous leurs aidons a elever leurs tombes , et d'abord noHS creusons ce'le de Colgul. Un jeune homine se baisse pour placer la lance der- riere lui ; sa cotie d'armes , en se soulavant, se d<^- tache de deux globes de neige. Galmora tombe sur le cadavre de son amant. Sulindona vient et la trouv© expiree. Elle reconnut la fille cle Cornglas. Ses larraes coulerent sur elle dans le tombeau. Elle donna des louanges a la belle de Soma.

« Fille de la beaute, lu n'es plus. Une rive etrau- gere ro(^oit ta depouille ; mais tu te rejouiras sur ton nuage , car tu sommeilles dans la toniLe avec Colgul* Les Ombres de Morven ouvriront leurs sal les k la jeune ^'trangere , lorsqu'cllcs te verront approcber. An milieu des nuages , antour de la table oii cir- culent des coquillcs vaporeuses , les licros t'admire- ront, et les vierges toucheront en ton lionneur la barpe de brouillard. Tu te rejouiras , 6 Calmora ! jnais ton pere sera Irisle dans Soma. Les pas da

14

i36 Poesies erses.

sa vieilleisse vont errrr sur le rivage. Le mugisse- nient des vagues lui parvieudra des rochers loin- tains. Calmora ^ dira-t-il ^ est-ce tavoix que j^ en- tends ? Le fils du rocher lui r^pondra seul. Retire- toi dans ta demeure , 6 Cornglas ! abandonne la rive orageuse , car ta fille ne t'entend pas 5 elle che- Taiiclie loin de toi sur le^ nuages avec Colgul. Peut- Slre sur les rajons de la lune , elle visitera tes songes , quand le silence habitera Soma. Fille de la beaut6 , tu n'es plus , mais tu sommeilles dans la tombe avec Colgul ».

Ainsi I'epouse de Tratbal chanta I'intortun^e Cal- mora. Mais qui pouvoit louer Colgul ? Lui et ses gueiriers ^toient venus,comms le nuage qui sort de i'anlre de Lano et rampe a travers I'obscurit^ dans ki cabane ^>li chasseur , quand ses jeux sont fermes, et que tousles vents reposcnt. Souvent leurs Ombres ont soupire sur lestristes brumes qui rampent liumble- ment le long destombeaux. Souvent on j a entendii leurs voix solitaires. Mais tu ne les vois pas , 6 soleil elles ne viennent que lorsque la nuit envoloppe les collines , quand tons tes rajons ont disparu. Mais tu vois rOmbre de Trathal. Souvent , amidi , il marche au milieu de tes rajons , quand les monlagnes d'alen- tour sont couvertes de brouillards. Tu aimesa epan- cher tes rajons sur les nuages qui portent le brave, tu aimes a les deplojer autour de la sepulture du vaillant. Souvent je sens leur chaleur sur le lit de Trenmor , et a present meme, tu ecliaufFes la pierre grisalre qui couvre Trathal. O soleil, tute souvrens des heros ! car ils fiixent aimables en ta presence,*

Trathal. 1^7

Tu brillas sur Morveii avant qu'lls j re-nssent le jour , et tu te souviendras d'eux , 6 soleil ! dans Ics temps a venir^ quand cette pierregrisiitre seracher- cliee en vain. Oui , car tu subsislcra? encore , a dit le barde des anciens jours , apres que la mousse du iemps aura pousse dans Temom , apres que le vent des ann^es aura mugi dans Selma.

NOUVELLES LITTERAIKES.

Xj E Jury d'instruction a continue ses travaux pour le choix des professeurs aux ecoles centrales de Paris ; il a nomme les citoyens Lacroix pour les mathcmaUques J A. L. Millin pour L^hUtoLre , CuviER pour Vhlstolre naturelle.

Les citoyens MoatucLa , GaiiLard et Marmontei ont donne leur demission.

On a deja prc^^pare dans quelques dt^parlemens Forganjcation de res Ecoles ; il ne paroit pas ccpen- dant qu'elles doivent s'etablir , du moins sur le premier plan de leur institution. On n'a encore rien fait a Paris pour cette organisation , que de nomraer les professeurs. II paroit que Ton attend la publi- cation de la constitution avec ses lois organlqnes , et que le projct est d'y reunir tout ce qui ticnt a I'ins- truction publique.

La France vient de perdre encore un homme celc'Lre, el dont I'existence (^toit bien precieuse prir rapplication qu'il falsoit de ses talens au joulagement de I'humanite , le ciloyen DesauLt^ cliirurgion en clief de I'hospice de rhumanile, et , comme BarUic- lem^ J un des collaborateurs de cc journal.

i58 J^ouveilcs litter aires.

Academies e t r a n g e r e s.

I.a socu't6 nconomiqup de Florence vient de pro- po?er Irois prix, cliaciui d'uae medaille d*or de la valeiir de a.'? S'quins : le premier sera donn^, a I'auteur d'une d('cou erte utile et applicable, soit a I'agrKullure, soit aux aits ou aux manufactures en Toscane.

Le second et le troisieme seroiit d^cernes au.t meilleurs rnemoires sur les deux points suivans :

i.o Comparer les mei;leures soies de la Toscane avec les meiileures du Piemont , determiner les dif- frrenc.s de ieur eclat , de leur finesse et de leur resistance , et chercher si cette difference pro vient la difference du climat , de la nourriture et du trair- tement des vers ;

2.° Determiner si le melange des semences dans meme champ est utile , et , en cas d'affirmation , Irouver les regies que Pon doit suivre pour unir en- semble , avec avantage , dans un meme terrain, deux semonc?s ou plus encore , soit qu'elles soient du meme geiiie ou nou.

LIVRES DIVEKS. Chirurgie.

Leztoni sopra Le maiattle dellc vie urinaria del sig. Des AULT , chirurgo primario neW Hotel- Vleu, dl Pangi ^ tradotte dal francese , con alcLine annotaz^ioni , perG. G. Consini^ med. chir. inPavia; 1794, dalla Slamperia Comini , con perinisslone J b'.'^, 248 pag. Leconssuf

L'tvres dirff. i39

les TnalacVi'\s dej vcies iirinaircs iparM. Des vult , premier chirurgleii de PH6t.4-Dicu ile Paris , tra- duites du fiancais, avec quelques notes, par G. G. CoNCiNi , m^decin et cbirurgien h Pavi^ 5 Coinmi , 1794,8.", 248pa-es.

Get ouvrage , co rme le litre Tannonce , n'est qu'iine traduction. L'auteur , apres aVolr paye tin juste trihut d'eloges au Journal de chirargce du cele-re Desault^ dont il se plaint que les 4 premiers tomes aient seuls pen^'tre en Italie, et qifi! re«;arde comme un des ouvrciges les plus utiles qu'nn bomme de Part puisse consulter , a cru devoir en Iraduire une partie qui format un cours complet de lerons sur les maladies des voles uriiiairt's. Les raisous qui Pont decide , sent , dif-:l , « la maniere supe- » rieure av.ec laquelle ces matit'res y sont traitees , » Petendue des connoissances et les vues nouvelles de » l'auteur, la rarete des exemplaires du journal en » Italie , et la difficult^, pour ne pas dire Pimpossi- » bilite de s'en procurer dans les circ_onstante3 pre-" » sentes ». Je crois devoir observer , a cette occasion , que les savans d'ltalie se plaigncnt d'etre prives depuis long-temps de nos ouvra^es d^ science. J'ai ete moi-m^me temoin de leurs regrets , el je sais que les savans du Nord les parta-ent." J'invite done toul- a-la-fois , et ceux de notre pavs , et le gouvernement , a s'occuper des mojens de r'ouvrir ces imporlantes communications. Les notes dont le traducteur ac- compagne sa traduction , sont tiroes des observations faites par lui-meme dans. les divers bopifan-v: qu'il a f I equentes dans le cours de quatre ans. C'est aux gens dc I'art a les juger.

14® Nouvdhi llttcraire.

HrSTOIRE. '

'Saggio sulla rellgione de Maomettanl di Gtv* SEPPE Calza, In Venezia , 1794. Dalla nuova stamperia presso Antonio Fortunato Stella. Con permissione. 8.° 172 p. Essai sur la religion des Mahomdtansjpar Joseph Calza, Venise, 1794, in-8.o,de 172 pages.

Cet ouvrage , d6di6 an noble Alvise Querini, que le sniat vient de iiommer pour resider en France, en qiialite de nob'de , est, comine I'auteur ledit lui- meme, un «br^ge de la parlie dePouvrage du Cli«r. Muradgia, intitule : Tableau de i' empire Otto^ man, qui regarde sp^cialement la religion musul- mane. Ce qui pcut lui donner plus d'interet , c'est que Giuseppe Cal^a a reside cinq ans a Constan- tinople , attache a I'ambassade de Venise , et par consequent s'est trouve a portee de connoitre par lui-m^me tont ce qui a rapport k la legislation religieuse des Mahometans, que le prejug^ de Pi- gnorance regarde ordinairement comme priv^s de lois, et soumis au seul caprice d'nn despote, tan- dis que le despote lui-meme est plus esclave de ces lots religieuses que le dernier de ses sujets.

Geographie. £i?D Beschreibung von Asleiv tiack Bank's^ BLahe's , Cook's and Lloyd's grossein engUs- chen werke mit x>uz,lehung der bestcn neuesten, Bcisebesckrelbungeri J fur deutscke bearbeltet von August Christian BoRjrECK. GioGRA' tuiE dei'Asie, d'dpres les cdebres ouvrages da

Livres flivers. 14 r

Banks, de Cooks et de Llojd, el les meilleures des- criptions de vojages qui ont ptiru depuis , r^digee en allenlcind par Auguste-Christian B o r r h e k.- Troisieme et derniere jDartie , Dusseldorf , cliez Jean-Christian Danzer , 8.«, un vol. de 700 pages.

Les deux premiers volumes de^cette utile G^ogra- pliie ont paru en 1791 et 1792. M. Borrhek , dont le nom est bien connu dans les lettrcs , et qui professe I'histoire et I'^loquence dans i'universite royale de Duisburg en Prusse , n'a rien neglig^ pour la rendro complete, et on pent la regarder comme de la plus grande importance pour la lecture des vo\ agenrs et des historiens qui out (^crit sur l'As:e , et ])Our la parfaite connoissance de cette contrce. Le volume que nous annoncons , termiiie I'ouv' rage ; il contient la description de I'Asie meridionale ; il commence par la Turquie asiatique , et flnit par les iles de rOc^an iudien.

TOPOGRAPHIE.

Beschreibunq des s tacit arid repubLlk Bern, nebrt vieLen tULz,Locken nachricfitea furfrerade and elaheiniiscfie.Bern^ typograpkiscfieti socLetat, 1794,8.°, 355 pages. Description de la ville et de la republique de Berne , contenant plusieurs details utiles aux babitans et aux (Strangers. A Berne , cbez la societe typograpbique , 8.*^ , un vol. de 355 pages.

Tout le monde connoit I'utilit^ de ces sortes de descriptions , et combien elles sont agrdables pour les Vojageurs curieux et attentifs. On trouve dans cellc-r

142 NouvdUs litierairts.

ci line Irstjire abrej-e^ de la \ ille de Benic , dcs details sur Ls lois, lesmopurs, 'es usages, les eta- Llissemens civils et lilU'raires de cette republi(]ue. Le litre est orne d'nn fleuron qui rep resent e«l*elevalioii de la^eetlu'drale, On Irou ve a la iin de I'ouvrage deux cartes, !'un? du canlon de B* rne , I'autre de la ville elle-mcme. Cette derniere carle otrre aussi Televation de que".':n3s-iihs dcs priiicipaux balimens , tels que le po;lail de IVglise Saint-Vincent , le stift et le cons'stoire , Ti opital pour les malades , le grand greui^r , la Monnoie , et I'^glise du Saint- Eisprit.

BlOGRAPAIE.

'Adrege de la vie cles aaciens phllo so plies , con- tenant f analyse de Lcurs si/stemes physiques _, reiigieux et poiUiques , avec Le reciieil de ieurs plus belles maxinies. Par F. de Sjlignac de LA AtoTTE Fenelon. A Paiis , de I'li-nprimerie cle Honnert , rue du Colom) ier , n." 1160. 1795 , I'an 3.= de la Bcoublique. Sj vend chez Morin, libreire, rue Christine , n." 12, Prix, 8 livres et 9 i:v\ pour les deSpartemens. Get abrege se fait distinguer par le stjde net et concis , par Tor are , la pre cislon , Tagrenient et la variete qui y so .-it repartd.;s , avec ce cliarme dont Feneion a su embel ir tcutes ses productions.

Oct ouvi ai;e e?t particuliereraeni destine aux per- sonnesqui veulent s'adonner a l\'tude de la pluloso- phie. i'.lles y trouveront les divers sjslemes des dcoles de la Grerr ; cpu.\ d. PAcadi^^mio , ceux des Cjniques, desCjrc'naiques. drs Slo-cien^ j le systemede Pyt'ia-

Livjes divers, 14.3

gore sur la melempsycose ; celui de Socrate , sur I'immorialile de Tame ; celui d'Aristota , sur la pliy- sique du nioride 5 celui d'ipicure , sur ies alomes, etc. , etc^elc.

Tout ce qui a cto ecrit par rimmorte' r(^n;'lon , xi droit de nous iiileress?r ; et cetle reitii} r.^ssion d*un traite de lui , devenu rare , est asiur(§e du 4ucces.

Arch^ologie.

MiNERALOGlE des HoMER ^ UOtZ AuBI^-LoUIS

MiLLiN y aus deniFranZiOslsckea mit aniiier^ kungen and Bcnc'tlgu.agen, votz Friedricr TuEODOR Rink J dcr h^hlLosophle doctor. K-oni'^sbergunxi Leipzslgj beij FriedrLcfi Nicoto- l>Lus J 1793 J in-8*^. , 126 seiten. Mineralogte d'Honiere , par Aubin-Louis Millin , traduitedu franraispar Frederic-Thfodore Rtnk , avec des reraarques et des observations du traducteur. A Konigsberg et a Leipsick , cliez Frederic Nico- lovius , 1798 , in-8.° de 126 pages.

Les journaux out snffi>aminent rendu compte de cet ouvrage, lors dz sa publication , en 1791 , Tiicodore Rinck en a entrepris la traduct on , dit-il,a cause de I'utilit^ (loiit il pent etre pour I'intelligence des poetes et des a .ciens auleurs. A. L. Millin a ras- sembl6 dans cet ^crit , i^s details rrlatifs anx ar's melallurpiques dans la haute anti:iuit^'. L'^dition ori- ginals se trouvechezGarneri, me Serpen te, n." 17, eta la Librairie Encjclopi'dique ^ rue ^de Vaugirard ,

D.o 973.

144 Nouvelles littiraires.

Grammaire.

X^uop'o VocaboLarlo it,allario-tedesco aWaso rfe' principlanU ,coinpllato ^a Bartolombjeo Bor- RONi 5 due toinl , 8.°, ciasckeduno di 540 pag, Milano, i']()^,presso Giuseppe Gaieaz^Xii^ stam" patore e libra jo con approvaziione. Nouveau VocABULAiRE italieii et francais,a I'usage des com- mencans , compile par Bartbolorn^e Borroni 5 Milan , 1794 , chez Joseph Galeazzi , deux vol. 8.<»j de 540 pages chacun.

II existe deux dictlonnaires italiens - allemands estimes, ceux de CasleUi et de Flathe _, imprimes a Leipsick , Pun en 1782, et I'autre en 1785 , chez les h^ritiers de W eidnian. Mais s'ils ont le merite d'etre plus r^cens et plus complets, ils ont I'in- conveiiient d'etre voluuiineux et chers. C'est ce qui a d«^cid6 BartlioLom^e Borroni a enlreprendre celui-c I qui contient avec tons les mots en usage , primitifs ou composes des deux langues, des eclaircissemens propres a aplanir la route aux etudians , et qui , par son peu de volume et la niodicitd du prix , est d'un transport commode et d'une acquisition facile.

Le premier tome renferme le dictionnaire italieii- allemand , d'apves Alberti : et le second , rallemand- ilalien , d'apres jF/a/Ae ^ Ilubner , et autres auteurs classiques. L'auteur y a joint tout ce qui pouvoit facililer les efforts des commencans ; je m'en suis servi avec avanlajKi pour vaincrv^ les premieres ditli- cultesj et je crois qu'il pent e!re fort utile, sur-tout quand on veut posscder les d. u.\ kaigues.

L I V R E S D I V K R S.

L'Abeille francaise. Paris , de flmpdinerlo francaisc de Miiemorgue, rue desMirainiones, N.« io6 , e^ ckex, Goiiry Larocfie , an p assays Honorc.

Le but dii citoyen Edmond Cordfor , en com- posant ce recueil , a etc de donner des lecons da morale a la jeunesse. On ne peut qu'applaudir a son intention. Quelques-uns de ces morceaux sont tires du Recueil de la societe des neuf soeurs , intitule ? Trlbut des muses ; d'autres, des meilleurs poetea ou des meilleurs prosateurs.

La traduction de VlUstoirede la decadence de i'empire ronialn^ que nousavons annoncee dans rotre dernier numem , et qui se trouve chr^ Maiadan , libraire , nre du Cimetiere-Andre-du&, Arcs , SG vend 25o liv.

JirSTOIRE DE LA Con , URATTOy TiE RoBESPJY.nnE^

Vn vol. in-8.", de 220 pages, sur be au papier. Piiv, 7 I'V. , el 8 liv. franc de port pour les depar!'--, mens et pays conqui^-. A Paris, clirz Moriu , li- braire, rue Cl-ristinc, u." 12, cl chez ies marcliand^ flp nouveauits,

TABLE

Des Articles conteriLis dans ce Nunidro

HjSTOIRiE NAi'URELLE. g_'iaductioit JiaiH-aise (in Sjstc

ma naturce de l^iuueus , par Vanderstegen , page 5

LiTHOIiOGIE.

jjcscription de I'emeraiide } par Dolomicu , 17

M E D E CINE.

Les Pronosliques el le Frorrhe-

iiijue 1. tf Hippocrate ;, traJuil

eii froncais par Le Febure-

'Viliebruae , 3o

Anatomie.

Dcscn'iJtion d'unc statue anato-

iniijLie , par Fontana , 35

11 I S T O I R E.

S^ctjage dc John IVIiith, a Bo-

tajijBajy iiad.pai Poiigens,37

HiSTOIKE LltTEKAIRE.

Sfat des Arts a Avignon , ^2

Hist. litt. bu moyen age.

Jtk'olice sur ics Foetcs cpiijttes, pai

•Halley , 47

T y P O G R A P HI E.

jPilchlisseincr.t dfs Anglais dans Laiigl^s,

HiSTOIEE DES ARTS.

Description d'unc gr autre di

J^Sjy par Obfriin, 61

BlOGRAPHIE.

SSfotice sur Alhgrainj seulptein.

a

JS'olui -un la (--/e et !cs oucragc

de Jjiirt/uifrnj'-. Catahgue iA

its out-ragesj 7-

A R C H ^S O T. O G I E.

Jjgltre sur les aniicjuites de It

>. illi'dc lifandeurc, commumquci

par la repri'sentant Gxc'^oire ,

95

LiTTliBATTJRE LatINE.

Traduclicn de la conjuration de

Catiiinaj par "Rillecocq^ 104

lypographicjiic ins i'lndc _, pa

61

MELANGES.

Anecdotes et pciisces ddtac/u'e-tf

par H^xauU-Sech^WeSf 118

P o E s I E. Imitation de Klopstockj par M. J. Chenier, 124

Fragment du po'eme de la Nature^ par Le Erun^ I2(>

f^'ers pour le bustc de Desaiilt, par Pigault Le Bruii, laS

Poesies hi^rses. Trathalj po'eme d'Ossian , 1 29

NOUVEX.LES LiTTERAIRES. Suite de la nomination des pro- fess eurs d Vecole centrale de Paris, I'ij

Mort de Desault, premier chi- rurgiendei'/iospice de Vhuiha- nilc, , ibid.

Academies pTRANCinEs. Socictc Economique dc Florence ^ l38 LiVRES DIVERS. Chirurgie. Leziont sopra le malattic dcllc vie urinaric del sig. Desauil., tradotle dalj'rancese, con aitiu-- taxiionij perd. G.Coucini;, ibid. Histoire. Sagcrio sulla religionc de* JlTac- mettanidi Giuseppe Calza^ l.\o

Geograpnie. Erd Bcschrcibung t^on Asicn ^ i^on A. C. Borheck, ibid.

Topographie. bcschrcibung dcr siddt und tC' puhUk Bciii, I^X.

Biographic . r^ie des anciens pLilosop/ies y par Fenelon, 142

Archeeologie.

Mineraloi'ic des Homer ^ can Aut

bin-Loiiis Miliin , 143

GHnunaixi?.

Nuoi'o T'ocaholaiio itclianc-le-

d-.sco da B. Bctrom, 1 44

PE L'lMPRI^ISiaS BV MaGAZIN ENCYCtOPKDIQVB.

M A G AZIN

ENCYCLOPEDIQUE ,

OTJ /

1

JOURNAL DES SCIENCES;^;^^^ dp:s lettres it des arts,

^ t J) X o t P^r MiLLiN, NoiLet Wakens*

II ay * prcjquc phis d'ouvragcs ppiiodi^ue* qui lervcnt dc depot aux inventions oouvcllcx ct jqui Tetraceiit Thistoirc Tesprit hujfjaiu ; ccux qui ■I couTs «cmblcnt , pour la plupavt , eviter.avec StiTecution tout ct qui peut alimenicT Ic^goAt d«i icicnces et rjeme dc la morale. Scroit-il done indi- jne de la Convcniion d«e s'occuper a reorganiscj cctte lar4mche Tinstruction natiooile ?

'S%iiGX>Ilt , 'RJipJiOTi sur lis (Ticvura^emens , recompemes «| ptns'nT.i a accorder aux Savans , pag« i6.

Vj e Journal , auquel la plupart des hoimnes qui ont un noin dktingu^ , une reputation justement acquise d^Mi^qiielquepautie des arts ou des sciences ^ telsqueles citoy«ns Bitaube, Cabanis , Gaillard, Chemep ,

X)aUBENTON, DsELILLtE^DesTONTAINES , UOLOMIEO, l^ONTANES jFoURCROY , HaUY , HeRMAN , LaCE-

^EDE , Laorangi, Laharpi,Lalandf^ Lamark, Langle* , Laplacs , Lebrun , LKRor , I'Hkritier,

MeNTELLEjMoRELLET^ ObERLIW, SrCARDjSOARD,

yoLN£T,etc. etc. eontiibueroBt , conti«adra i'ex trait

iV'. VI. Tome U,

fles pvinrlpaux buvragei aatioiiaux ; ep s'attaclaera lur-tout ^enfidfiner une analyse exacte , et a lafarie paroitre le plus pfomptemenf spo^fble apr^s leur pu- blication. On J donnera u<ie notice dec meilleurt ^crit* imprim6« chex I'^tranger.

On y ins^rera les m^moires les plus int^resiani •ur toiites le< parties des artset des sciences; on choi- «ira s r-tout ceux qui seront propres 4 en acc6l^r<^ les progr^s.

Ony publiera les d^couvertejingdnietjse*, les inven- tions utiles dans tous les genres. On y rendra coropio des experiences nouvelles, de la formation et de Tou- verture des Museums. On y donnera un precis de ce que les stances des soci6t^s litt^ralres auront offert plus int^ressant , une description de ce que les dep&tf d'objfrtS" d'arts et dei sciences renferment de plus iiurieux.

On y trouvera des notices sur la vie et les ouvrages fles Savans , des Litterateurs et des Artistes distinguea dont on aura a regretter la perte , enfim les nouvelles litt^raires de touie espece.

Ce Journal sera compost de six volumes in -8'. par an , de 600 pages chacun , et au moins de 24 gravure« en regard des articles qui ea exigeront. II paroiUa tous les quinze jours on num^ro de 9 feuilles*

Le prix de I'abonnement est 4 raison de iS lir, pour, trois mois , r6ndu franc de port par ^ute It ^^publique.'

On s'ndresse , pour Pabonnement , au Bureau du Magaain Encyclopedique , rue Honor^, N^. 94 ; et poiir les objel8 relatifs k la redaction , a>ux R^dacteiirs , rue cJe Provence, W^. 48.

II faut affranchir les lettres et charter celLes qoi temtittDQeni des assi|^ats.

HISTOIRE NATURELLE.

LITHOLOGIE.

Suite de la description de VEmeravde . par D. DoLOMiEU , professeur d'Histoire naturelk , aux Ecol'es centrales de Paris.

REMARQUES SUR LA TRANSPARENCE DE L'EMERAUDE , ET VARIETES QUI EN DEPENDENT.

VaRIj^TES de SEtONDE SORTE,

JLes Emeraudes sont encore plus sujetes que les autres gemmes, a etre glaceuses, nua-euses .t mal. nettes. II est extremement rare d'en trouver qui soient exemptes de ces defauts. On peut done fixer sousce rapport trois vari^t^s'principales de TEme- raude , savoir :

Waniite i.re Emerauhe nette , pure , et aussi

TRANSPARENTE QUE LE PERMET LA GRANDE IN- TENSITE DE SA COULEUR.

Nota. II existe tr^s-peu d'Emeraudes verles, unpeu Lautes en couleur , qui aient ce degre de perfection,

VarleU 2.^ EmeHaude demi-transparente.

Nota. Tellss sont presque toutes les Emeraudes d'un certain volume ; la muliiplicite des ger^ures trouble tellement leur tiauspareuce , que la luoni^re passe i peine a travers leui luasse. ' . .

Tome 11, XT

^^5 lithologk.

VarLete 3.^ Emeraude oPAQtJE.

l^ota. Enfin le passage de la lumi&re se trouve totalement inlercepte dans certain s Emeraudes , non seulement par les pua..es et gUcjures auxquelles elles sont si suj^es , mais par destauiliuresetra-gJres.\leur composition ordinaire par d.s DK^langes de corps lerreux ou pyriteux ciui oat et6 enfermes dans leur masse lorscju'elle s'est agrc^gc^e.

Eulie ces trois varii:ies de transparence , il 7 a beaucoup de gradations iaterm6dialres qui influent surl'estirequ'onpeut faire des Emeraudes. Car ce nVst point encore autant la vivacite et I'Intensite de - leurs belles nuances vertes , que le degr6 de leur transparence, qui determine leur valeur. Vo^ez les annoUtions.

BEMA.RQUES SITR LA I^ORME DE L'^.ME- RAUDE, ET VARIETES QUI EN DEPEN- J)ENT.

Variet^s de troisieme sorte. a. Torme regulien ou dctermine'e. Les Emeraudes ont une telle tendance a Fagr^ gation r^guliere , qu'on les trouve presque toujours

cristallisees.

Quoique moins sujetes que beaucoup d autres plerres , a varier dans leur forme, quoiqu elles ne fassent jamais disnaroitre le type de leur figure pri* mitlve, elles (^prouvent cependant quelques modih- cations de forme, qui influent, et snr le corps des pxismes , et sur ses soinaiit6s , c. qui ^taUit diffe^. rentes vari6t6s.

t)escr?ption Je TEmeraude. 14^

J^afiiti i.^^ PftrsME hevaedre dboit , tkonquk

NET A SES DEUX EXTREMIT^S , ET TERMINE PAa DES plans I»ATt4.LLELES ENTr'eUX ET PEKPE.NDX- CULAIRES SUR l'uN DES PAISMES.

a. Prisme dont Us six facxs Iciteralei sont egalcs

entr''elles, li'ota. Telles sont les Eraeraudes les plus communes.

b. Fnsme comprime\ dont ies deux faces oUpOiees soril

larges , et quatre elroltes.

c. Prisjne dont trois faces larges alternent avec trois

faces etr cites.

JSfota. Ces deux dernieres modifications sont assez rates dang iles Emeraudes.

Cette forme prismatique he'-iedre est la plus, simple qui puisse r^suller de I'assemblage r^gulier des molecules integrantes de I'Emevaude. El.'e doit ^tre consideree comrae sa forme primitive , d'apn'S les belles observations d'Haiij. Mais, s'il esl ordinaire de trouver des prismes qui const rvent la face hexa- gone tres-lisse et eclatante qui les termine naturel- lement d'un cot^ , il est tres-rare dd reucoiitrer les plans naturels dans les deux extrcmit(5s opposees ; I'un des deux est presque toujours remplace par une cassure d*apparence vitreuse , parce que c'est pres- que toujours par une de ses extremites que le prisma est engage dans sa matrice. Tres-rarenient on voit des prismes, couches sur leur gangue , y adlierer pai' une de leurs faces lat6ralei,et avoir lours deux extrc^; iDit6s libres et regulieres.

K 3.

l^B Ljthologie.

C'est par des d'croissemens sur les angles du

piisme pri uitil, que I'Emeraude passe a la vari6t6 fiuivante.

P'ariibe 2.^ Prisme dodecaedre droit , TRONQui

^ET A SES DEUX EXTREMITe's.

a. Prisnie dont les dome faces sont egales entfelUs.

b. Fiisme dont les six faces ^ qui remplacent les six, aretes laterales de C kexaed) e ^ sont moitie plus petites que les faces laterales primitives.

c. Prisnie subdode'caedre , dont les faces nouvclles

commencent a ctre apparentes.

Tifota. Cette ■vari6te e€t assez comraune dans les Emeraudej du P^rou,

J^drl^'te S." Prisme dont les six angles soiides DU sommet sont remplac^s par six faces, qui

rONT AVEC LES ARETES LATERALES DV PRISWE UN AI^GLE DE 120 DEGRis.

a. Ces six faces trigones.

JVola. Aussi long-temps que ces faces ^tafclies sur les angles soiides de rextn^mite du pvisme ne s^etendent pas jus(ju'4 se toucher et ^ empi^ter les unes sur les autres , elles restent trigones , et la fa.-e sup^rieure qui , dans I'Emeraude , se coa- lexve toujours , devient dodecag^ne.

b. Cis six fares pentagones.

Zfota. LoTsque ces faces s'etendeut jusqu'a empi^ter les unes sur les autres , elles d.-vienjaent pentagones , et la faoe jupt'^rieure xedeyient hexagoive.

Description de rEweraude. i^g

Vdriite 4.^ Pristme dont les six angles solides

ET LES SIX ARETES DU SOM.MET SONT REMPLACES PAR DES FACES QUI FONT , AVEC LES FACES LA- TERALES DU PRI.SME , DES ANGLES DE l35 DEGRES.

Nota> Ces apparences de tronca lures , produitps par des clecroissemens qui se sont fails en meme lemps et sur les angles solides et sur les aretes , donnent done un sommet a treize faces , savoir , six faces pentagones sur les angles solides , six faces trapezo/dales sur les aretes , et la face supe- rieure qui est alors dodecagone.

II est possible, mais extremem?nt ivire, que les sommets des prismes de L'Emeraude devieniient plus compIiqiK^s , ou par I'addition de quekjijes nouvelles faces qui s'etai;lissenl sur les angles solides ivsullant des premiers decroissemens , ou par la division des faces qui caractc^risent. la variety ci-dessus ; division produite par le prolongement de celles des faces lat^- rales qui ont rendu le prisiue subdodecaedre , et qui peuvent s'elendre jusqu'a partager en deux les faces ^'tablies sur les angles solides de Tiiexaedre primitif. D'ailleurs ces difTtrenles faces du somnet , em- pietant inegalement les unes sur les antres , peuyent donner a ces cristaux une apparence de complication et d'irregularite qui les rend quelquefuis difficiles ^ analyser.

J'ai trouve dans les granites de Pile d'Elbe un crislal parlait d'Emerande blanc'ie qui appartient ^ celte variete , laquelle est tres-rare.

b. Forme irreguliere ou indetermine'e.

Quelquefois I'Emeraude est teliement engagt'edajis

K 3

i5o Lithologie.

ga gangiie qu'elle n*a pu prendre qu'imparfaitement les formes regulieres qui lui sont propres.

On troiive anssi dans le commerce des Emerandes en masses arrondies , dont Ics angles ont sans doute ^l^ emouss^s en roulant dans les eaux.

Matrices, gangues et substances le pltjs com-

HUNEWENT GROUPEES ET ASSOCIEES AVEC l'E- JMERAUDE.

La matrice de I'Emeraude varie beaucoup dans sa nature ; j'ai vu des Emeraudes de differentes cou- leurs adlierer a deS pierres calcaires noires,ades schistes argileux ou pjriteux , au quartz , au quartz micace , au granite de difT'iente composition. Les prismes y sont ordinairement comme implantcs.

JVota. Leplns beau groupe d'Emeraudes qui existe peut-^lrc, est celui du tresor de Lorette : pr^s de cinquante prismes d'E- meraudes verles , de deux pouces de longueur , sur un pouce de grosseur , y sonL implantes dans une masse quarlzeuse, tlanche , melee de mica argentin ; pendant que d'autres Eme- raudes sont comme empalees dans la masse meme. ( La base de I'autre groupe , qui sert dependant a celui-ci , est faclice^ ft les Eaieraudes y soul artificiellement collees ).

. Les Emeraudes se fiouvent quelquefois associees et groupees avec des cristaux de quartz , de feldspatU , de schorls , de mica , etc.

On voit aussi des prismes d'Emeraudes envelopp^es *de spatli calraire. de fijpse etc. , sans qu'on puis.rQ diye que ces malipresleur servcnt de matrice, quoiqu'elles en aent Pdpp^srence 5 mais il est evident qu'elles ^put venuts occuper des ca^-it(^3 ow rEmeraude etoil

Description de VEmefaude. i5t

i^eja toute formee , et que ce n'est qu'accidentellemenf ^n'ellesse trouvent ensemble.

Assez souvent les prismes d'EmeraucIes sont iii- crustc's et comnie saupoudres de pyrites.

Nola. Oq. nomme improprement mere d' Emerande , prima d'Emeraude , racinc d' Emeiaudc y plasma di smeraldo , des masses pierreuses de diverses sortes , telles que des prases , des quartz , schorls , feldspalh , spalli fluors , etc. lorsqu'ils out quelques nuances de vert ; non que ces pierres aient reellement quelques genre de rapport avec cette gemme , oa qu'elles aient une origine semblable et des gites communs, mais uniquement parce que leur couleur plus ou moins foncee les a fail regarder comme des Eraeraudes imparfaitcs : ces memes substances recoivent aussi le nom Aejausses Eme-^ raiides , lorsqu'elles sont cristallisees.

GiSSEMENT DE L'E.ArERAUDE.

L'Emeraiide appartient aux pa3-s dits primilifs. EUe s'j Irouve dans queliues filons sleriles qui tra- versent ou les roclies composees , ou les scliistes ar- gileux. Elle occupe aussi des cavites accideutelles dans les masses de quelques granites.

Nola. Arracliee par les eaux ou par quelques. autres accidens , I'Emeraude pent se renconlrcr aussi dans le lit des rivitTes el dans les couclics de terruins secocdairc-s ou de niatii-res de transport.

Patrie de l'Emeraude. Toutes les Emeraudes qui sunt maintenant dans le commerce , viennent du Pdrou. C'est principale- ment dnns le nouveau royaume de Grenade qu'elles se trouvent ; et parmi les mines prcf-sentement ex- ploitt'es , on designe comme les plus abondant/s , ccllas de la juridiction de Santa-l't et celles de \^

K4

1 52 Lithologle.

vall^ede Tunca^ entre les montagnes de la Nou-i veiU-Grenadc et de Pompa^an.

JVota. Lors de la d^couverte dii Nouveau-Monde , lesEs- pagnols trouvferent une immense quantite d'Emeraudes a Pue-'to-VieJo et cl Blonta , sMr la cote S\\ Pdrou , dans la pro- vince de Quito J et on les transportoit en telle abondance en Europe , que Joseph d'Acosta dit que dans le vaisseau sur lequel il revint d'Amerique, - n l585, il y en avoit deux cais- sons d'un quintal chacun. Ces premieres mines sont depuis long-temps epuisi'es , et la Condamine remarque , comme une chose singuliere , que la tradilion des lieux ou etcient ces mines , soit aujourd'hui entitrement perdue ; que des pro- vinces et des rivieres coj^servent le nom d' Esitieraldas , sans qu'on trouve aucun des anciens travaux pour la recherche de cette pierfe , dont la memoire n'existe plus chez les naturels du pays. Comme les Emeraudes qui venoient de ces anciennes mines , etoient plus parfaites, qu'elles reflechissoient un beau vert de prairie , depure , riche et bien aviv6, ce qui n'est pas ordinaire aux pierres des modornes decouvertes , on les distingue par le nom d'Emeraudes de vieille roche.

Qucique beaucoup d'autres regardent la vraie Emeraudc comme tellement propre au Wouveau- Monde, qu'ils la nomraent \o\\]o\\vs Eineraude du> V^roLh y cette gemme appiirtient aussi aux montagnes d«s anciei.s coniinens. Auciennement 'I'Egjpte , la Scjthie 5 la Bactrianeen fouinissoient ; maintenant il s'eu trouve encore a Cevlan et dans diff^-entcs con- trees de I'Asi'e et de I'Europe. En Erance , on en a d^couvert dans les montagnes du Eore«t , du Cha- rollois, et dans celles de la Bourgogne ; j'en ai ren- contre de blanches dans les granites de I'lle d'Elbe , et il est probable que les recberclies des natiiialistes en feront recoiinoitfe dans beaucoup d'autres lieux ^

Description de CEmcraude. i53

lorsqii'ils ne regarderont pas la couleiir vcrle comme uii caiactere constant et essentiel a cetle gemme.

ANNOTATIONS.

( Ann. i'^^) On a donne le nom d'Emeraude a des pierres entierement differentes par leiir nature, de la gemme que nous venons de decrire ; celle dite Emeraude cLll Br^siL ^ est une tourmaline verte, transparente , un peuenfumee , mais qui par la forme de son prisme tt de ses sommets , par ses stries loDgiludinales, par sa propriety pvroelectrique et par la plupart de ses autres caracteres exk^rieuis, pl"j- siques et cliimiciues, se distingue suffisamment de la vraie Emeraude.

La couleur a etc une source continue'le d'erreurs en denomination ^ et il n'est presque aucur.e pierre Verte qui n'ait porte quelquefois le nom d'Eme- raude. Un naturalisle tres-savant ( mon ami, La Metherie ) n'a pas lui-meme ^vite cette sorte de piege , lorsque, dans un m^moire insert dan^ le Jou nal de phvsique , de fevrier 1793, il a donne , sous le nora d'Emeraude, la description d'une pierre dont le prisme est hexaedre, mais dont la pvramide presente dcs formes et dcs decroissemens qui,n'apparliennent pas a I'Emeraude, ainsique I'a caicule le celebre Haiiy. Cette pierre, jusqu'a present innominee , n'a d'ail- leursni la duretc, ni les autres qualites de I'Emeraude, quoiqu'elle lui ressemble par sa belle couleur verte.

( Ann. 2de. ) L'ai^ue-marir.e ale rapport de forme le plus parfait avec I'Emeraude ; et connne ces deux pierres sont susceplibles de prendre ({uelque-

i54 Lithologie.

fois les memes teintes , elles sont tr^s-aisees a con- fondre ; elles ont 6[6 piusieurs fois j^nses Tune pour Tantre pardes Daturalisles; et presque tuujours on a regard^ raigue-marine comme une simplj variete de I'Emeraude 5 qui n'eh difFJroit que par la foibless'e de ses nuances. Mais en compara:it attentivement ces deux pierres entr'elles , on reconnoitra qu'elles sont des especes'dislinctes. On trouvca parmi leurs caracteres exttricurs, qua i'aigue-niaiine a tonjours de slries longiiudinales pli'S ou moins prononcc^es; les faces de TEineraude , loujours lisses Qt xemples de stries , laissent au contraire apercevoir quelques laines qui leur sor.t pai;alleles.

Mois c'est dans les caracteres | hyslcues que sont les differences les plus essentielles entre ces deux pierres, L'aigue-marine est un pen moins pesante et moins dure que I'Einernude ; elle n'a qu'une simplft refraction ( distinction bien lemarruable ) , elle de- veloppe par la collision une lueur pLospliorique et Podeur oui semble appartenir au quartz , ce qui n'arrive pas a I'Em vaude.

Enfin , dans les ess^'is cnimiques, Taigue-marine fait une assez vive effervescence , lorsqu'on la fond avec cLs alkalis fixes , et elle se trouve par son ana- lyse coiJenir une 1 ien moindre quantite d'aluniine.

Tout prouve que I'aigu''- marine est d'un genre infer eur a rEireraude 5 dans (elk-ci, la silice. plus pure , iiuUemeiii sainree du prinripe qui peut la faire passr a I'etat de quartz, a ^te susceptible d'exercer ] lus forlement ses affinitcs avec I'alumine, et d'en faire entrer une plus grande quantite daiis sa combinaison.

Description de CEmcraude. i55

( Ann. 3^. ) I-e mot Emeraude , ou un de ceux qui lui correspondent dans les differentes lan^ues , ont pr^sent^ I'id^e d'une pierre precieuse , verte , dans les livres de la plus haute antiquii^. On voit dans le livre d' Esther, que la salle d'Assuerus etoit psLV^e d'Eineraiides. Mais la longue ^nnmera- lion que les natnralistes anciens font des differentea pierres qu'ils appeloient de ce nom , le volume eAtraordinaire qu'ils suppos rt dans quelques-unes de ces pierres , doivert fuire croire que le mot Eme- raude etoit pour eux un nom aenerique , aj^plicable a toutes les pierres vertes. Cependant est-il bien certain que notre veritable Enieraude se trouvat reellement dans le nombre de ceiles qu'iL' ont pre- tendu designer ? Cetie question a paru douteuse a quelques savans , et Dutens cntr'autres a cru de- voir se decider pour la negative. Je serai d'une opinion conlraire.

Sans doute que parmi les douze esperes d'Eme-

raudes , designees par Pline , les neuf dernieres

especes n'ont aucun rapport avec notre gemme ,

que celles-ci sont ou des malachites , ou des jaspcs

verts, ou des prases, ou des spaths fluors,des ser-

pentins , ou iv.eme.des gjpses verts ^ demi-trans-

parens, pareils a celui dont j'ai vu un echantil-

lon qui vient des environs de Thebes en Egypte,

et dont les carrieres doivent etj'e voisines de rem-

placem.ent de cette ville fameuse. Sans doule aussi

que les pierres de dix coud^es de longueur, dont

parle Theopliraste , sous le nom d'En.eraude , Gt

Hpnt quatve $uflisoicnt pour laire un obelisque dQ

1 56 Lithologie.

40 pieds de hauteur, sont aussi ctrang^res a notre E'Tieraude , que le cippe d'Eraeraude du temple d'PIercule a TjT 5 dont Herodote fait mention; que les ^ravi^.Qs smaragdes ^ dont ^toient faites des co- lonnes, des slatj^es collossales , citees par Pline et par differens autres ecrivains de I'antiquite. Mais pourquoi ]a pierre dont Theophraste dit , PE/ne-' raude est rare ^ et ne se troui^e jamais qu^en petit volume J, ne seroil-elle pas notre pemme? Corairent mcconnoitre la verifabls Eir.eraude au» traits v)fs et brillans , a la description animee , et aux difltTens caracteres par lesquels Pl.ne a voulu la dtpeindre ? A quelle autre pieire verte attribuer la tres-grande durete tiue le raturaliste romain attribue a ces trois premieres e?peces , et qui eto^t telle que le fer ne pouvoit les enfamer ; duritla tanta est*ut neqaeant vuinerari? Pourquoi cetts tres-l;aute estimation des ]::lus petites Eineraudes, dont nous parlerons l.ieutot , si celte pi. rre u'avoit eu la rarete et les proprietes des vrais gemmes ? Je ne puis done douter que notre Emeraude ne soit de meme nature que les trois premieres especes de Pline , dont il dit : les plus belles j les plus hautes en couleur y celles qui sont le plus_^u4^ent exemptes de defaut , iiennent deScyilue , orh les noij-ime scL/tkiques ; les secondcs viennent de la Bactrianne ; celles d'Egypte o ecu pent le troisidi^e rang ; oti les tire des colUnes et des rockers voisins de Coptos , vLUe de la T/id' baide.

( Ann. 4.^ ) Les joaiiliers et les amateurs de

Description de CEmtraude. iS;

pierrerles , qui doniient I'^pitht'te d'(jripntales aux pierres precieuses , non pas pour dcs gner les lieux de leur ori;4iue , mais pour indiquer plus de feu , dV^claf et de transparence , et snr-lout plus de durcte, ont aussi voulu dislhi.-uer les Emeraudes en orien- lales et occidentales ; les premieres ont un plus grand brillant , pare- qu'un poli plus vif a; partient a une plus graude durel^ ; leur couleur est d'ua verd plus clair , plus gai , un peu tirant sur le jaune , k^s Enieraudes occidentales ont , selon eux, une couleur i^^lus obscure, tirant sur lo bleu. Chardiii dit au contraire que c*est TE ^ erande de couleur haute, tirant sur le noir, qui e?t I'orientale 5 et que celles-la , regardees comrae les plus dures , sont supposees venir d'Eijpte. On convient maintenant a'ssez generalement, que toutes les Emeraudes se ressemblent par L-urs quali es physiques 5 on ne distingue plus celles qui viennent du Perou , de celles qui appartisnnent originair'^mcnt aM*ancien conti- nent ; et s'il exisle reellement des pierres vertes d'un degr6 de darel6 bien superieur a I'Emeraude, elles pounoient bien appartfenir a d'autres especes. Nous connoissons des diamans verdatres ; il tie seroit point extraordinaire qu'il y en eut d'un vert plus fonce encore, qui auroient tic pris pour des Eme- raudes; il est possi' le aussi que la couleur ver'e ne fiit pas dtrangere aux sapLirs , ct alors ce qu'on nommoit Emeraude orienta'e, s'il en existe reelle- ment, appartiendroit a des especes de pierres d'un ordre bien superieur. ( Ann. 5.^ ) Les Eraeraudes trouvees de nos jours

l!)? Litkoiogie.

dans di'fft^rentes contr^es de I'Euro'pe, eti Francti* meme , et cell-s apport(^c«s de Ceylan , ne permelteiit plus de m! \'r:' eti question si cette gemme est ^Iranyere a ran-icn continent) et si elle est r(^-ser- Vee aiix seiile^ montaenes de rAm^rique m^ridio- nale , selon le raradovo de Dutens , soutenu de i'opinion de Tav^i ni;^r et de Ghardln. L'autorit6 de ces doiiv voyaiieuis est csrtainement d'un tres-grand poids , : ais elle ne tient pas contre I'existence reelle denotreg^mme daasnospropres montagnes. C^ardin et Taveroier ont done ecrit que les terres d'Orient ne prciciuiso ent point d'Emeraudes , et cependant ils conviennent nu'il en evistoit avant la dtcouverte de PAinerique ; car les anciens poi?tes persans en fjnl aienlion, en les appelant Emeraudes d'Egypte. Et du temps de ces vojageurs on connoissoit en Perse trois sortes d'Emeraudes 5 savoir , celle d'E- gj'pte , qui est la plus belle et qu'on nomnie de vieille roche; ensuite les Eiiieraudes vieilles et les Emeraudes nouvelles. Pour accorder ce fait avec leur supposition , ces vojageurs ont imagin6 que long-temps avant que nous ne connussions le Nou- veau-Monde , les an :ens Peruviens faisoiintle com- merce avec les habilans des iles orientales de I'Asie , qu'ils leur apportoient des Emeraudes , et que ces pierres , passant ensuite dans le continent et en Egypte 9 se repandoient progressivement jusqu'en Europe ; et que de-U\ venoit I'opinion qui leur attri- buoit pour lieux d'origne les pajs d'oii le commerce les apportoit. lis appuient leur supposilion de I'i- gnoraace ou I'on est d'aucune mine d'Enieraude dans

Description de VEmeraudf, f 5g

♦out POricnt , et du trafic que font encore mainte-^ ..antles Ammcains avec les habitans des Phiiippfnes, afic dans lequel les Emeraiicles brutes entrent comine o,^jet d'echange, pour ensuite se repandre dans tout I'Orient.

Je ne doute pas que , depiiis que les mines du P^rou ont fourni au luxe de toutps les parties de Tancien pjonde uue telle quautite d'Emenudes, que ia valeur en a beaucoup dimipue, toutes les m nes autr fois exnloitees n'aient et^" pix'squ'aussilot negli- gees, ta 't cellcs de I'Asie qne ce'les do I'Egv pte : oa a done bienlot perdu les traces des filons qui les don- licicnt , coinnie en Am^rique n e.ne on a t llement ouhlie k^s anciennes mines, quell fraditio'.idL'slieu?: t[\\\ 'es recc'ljient est meme perdue. Je crolsdjnc qne Ls nouvel'es Emeraudes, venues de I'Amerique, ont pu se coufjndre pir leur parFaite ressemblance avec les anciennes, qu'elles se sont substitutes a elles dans le coamierce , mais que I'Asie et l'£;-ypte ont r6el- Icment fourni celles qui ont paru avant la fameuse ddcouverte du Nouveau-Monde.

( An». 6.«) L'Emeraude etoit a un tel degre d'es- time chez les anciens , que , lorsque LucuUus , ce Roraain si celebre par ses rirhesses et par son luxe, aborda a x^ilexandrie , Ptolemee , ocrupe du soia de lui plaire , ne trouvarien de plus precieux a luiofTrir, qu'une Eineraude sur laquelle etoit grave le portrait du monarque ('^gyptien. ( PLutarcfi. in LucuUo ).

On respectoit tellement la beaut^ de cette pisi're , qu'on sembloit, dit Pline , etre convenu de ne pas rentamer avec le burin. Voilci sans doute pourquoi

i6o Lilhologie.

il est si rare cle tvouver des Hermes antiques graves sur I'Emoraucle. Cepeiidant le naturaMste roraaiii coiiviv^nl »^ue lesGiCCS I'ont quelquefois emploj^e a cet usage.

Les anciens , au rapport de Th^ophraste , se plal- soieul a porter TEmerJude en bague , afin de s'.'^gajer la vue par son ^clat et sa couleur suaves. lis la tail- loient, soit en caboclion pourfaire Hotter sa lumiere, soit en tables pour la r^flechir regulierement , solt plufot meir.e en creux, pour reunir un plus grand xiombie de rayons et pour augmenter son jeu , et cette concavite, d'un aspect velout^ , renvojoit les images renversees qui venoient s'j peindre en ra- courci ; car c'est ainsi qu'on pent entendre ce que ditPIine d'un einp.reur qui vojoit dan£ une Eme- raude, comme dan? un miroir, le combat des gladia- teurs auqucl il assistf^it.

( Ann. 7.") La valeur actuelle de I'Emeraude est diffi.ile a determiner, parce qu'elle depend raoins du Volume de cette pievre rue de sa perfection. Boece et Boot esti'Dent UEe Emeraude parfaite, de quelque grandeur qu'elle soit, la quatrieme partie du prix d'un diaraant. Savary donne une table de valeur, qui , dit-on , n'est pas exacte. Dans I'estimation de cette pierre^ on convient maintenant cue les pelites Emeraudes pures et claires valent ensemble a-peu- pres un lou s le carat. Une belle En^eraude du poids d'un carat et demi , d.t D: tens , pent valoir cinq louis, de d^'ux carats ( ix louis. Mais le prix an-dela de ce poids n'augmente pas en proportion de sa grandeur , parce (jue les grandes Emeraudes sont rarement pures et sans d J'aut. Une»

Description de rEmer.iude. 161

line Emeraude du poids de dix carats , qui aiiroit line belle couleur , de la purely et du for.d , seroit d'uii prix excessifjs'il montoit araison deson exireuie raret^ ; cardans I'estimation des diamans dits de la couronne , une grande Emeraude carree , de la plus belle couleur , mais mal nette , du poids de 16 carats , a ele portee a 12,000 livres ( C'est la plus belle qui existat dans cette collection de pierreries ) ; pendant qu'une autre Emeraude de bonne couleur, mais jilaceuse , pesant 20 carats , ne monte qu'a 6,coo l.vres.

( Ann. 8«. ) VAcosta j, dans son Histoire natu- relle des Indes , page 167 , parle de deux Emcraudes qui pesoient au moins quatre arobes chacune , ce qui faisoit plus de cent livres. Mais cette grossetu' paroit extraordinairement exageree, puisque GarcUasso j dans son Histoire des Incas, dit que la plus grosse pierre de cette espece , que les Peruviens adoroiout comme la d^esse-niere des Emdraudes, n'eloit que de la grosseur d'un oeuf d'autruclie.

On conserve encore a present dans quelqucs cn- droits de I'Europe^ avec un respect religleux et avec line estimation exag^r^e , de pretendues Emeraudes d'un volume tres-consid.'rable , lesquelles ne sont sans doute que des verres factici^s ou des tluors. Tel doit etre le morceau quadrangnlaire dit d'Emeraude , pesant 20 livres , present fait par Char emagne a Tabbaj'-e de Reichenau procbe de Constance ; et fel. est le fameux vase conserve dans le tremor de Genes , et que I'on monlre avec une si grande reserve el tant dc precaution , qu'on doit croirc que les possesseurs Tome Ih L

l6i IJthologif,

dc cetle merveille doutent euv-i-nemps dc sa grande vaieur, et craignent I'exaraen d'uii cril exerce qui en pourroit donner la vraia approciatioii. Ce vase , r\ommc S aero Cantino ^ dl snieraLdo orientate, garde sous plusieurs clefs , qu'on ne peuf voii- qu'avec line permission expresse du gouvernenient , et qu'un de'cret du s^nat defend d'approcher de trop j res , ce vase , doni le prejiige de sa vaieur esl tel qu^en i3i9, p. ndant un siege deGc'iies, il fut mis en gcige pour line somme ecju valente a 1200 marcs d'or, et retire ^ douze ans apres , par i'acquit de cetts somme , est de forme liexagone , avec deux petiies anses , d'une Foule piece. Son grand diametre est de 14 p6uces ; sa hauteur , de 5 pouces 9 lignes , et son epaisseur , de trois lignes. La couleur de ce vase est d'un vert fonc6 ; M.kle la Condamine , qui I'a examine a la luenr, des flambeaux , avec autant d'attention que pcrmettoit la distance oil on le tenoit , dit qu'il n'v a pas aper.;u la moindre trace de ces glaces , pailles , nuages et autres defauts de transparence si communs dans les vraies Emeraudes et dans toutes les pier; es precieuses d'un certain volume ; 'mais il j distingua tres-evddemment plusieurs petits vuides , semblables a des buUes d'air, de forme ronde et o])longue , tels qu'il s'en trouve coram unement dans les cris- taux ou verres fondus , soit blancs , soit color^s. ( Memoires de I'academie des sciences, annee 1767 , page 040 ).

( Ann. 9^. ) Les anciens attri' uoient de grandes proprietes a I'Emeraude ;ils croj^oient que sa couleur gaie la reudoit propre 4 chasser la trisiessc , et faisoit

Description de rEmerau^e. iRS

d'sparo'tre los fanfomes inelan(o!iques , appelej manuals esprits par le vulgaire. lis donnoient de pins a TEmeraude loiitt's les pret:'ndiies verfus sup- posees dans les autres pierres pr<^cieus:'S , coiitre le poison et difTerentes maladies. Stiduil.s par IVclat de res pierres 1 riliantes, ils s'etoient plua leur im- gmer aulaiil de vcrtus que de beautes. Mais, aiusi que- le dil BufTon , au phjsique comme au moral , les qua- iites exterieur's les plus brillanles ne sont pas tonrours I'indice du mt'rit^ le plus reel. Les Emeraud^^s , re- duilesen poudie el prises intericuremenf , ne peuvent agir aulrernenr que comme poudre vitreuse , action sans doute peu curative et meme peii salutairf; ; c'est done avec raison ( we Pon a rejete du nombre des rem^des d'usage , cette poudre d'Eineraude. et les cinq tra.miens precicux autrefois si fameux dans la inedec ne ^aleniqi:. .

Sur TEmeraiide, coasullez les differens livres de inin<iralogie ; les noles de Guettarrf ^ dans I'edition de Pline , par Poinsuiet ; i'ouvrage de Dutens ^ des pierres precieuse.s ] les voyages de Tavcmler et ceux da Charciln,

La

MA M M A L O G I E.

MtMOiBE suT ime nouvdU division des Mammiferes , ft sur Ics principcs qui doivent servir de base dans cettc sortc dc travail , hi a la sorlfte d'His- toire naturelle ^ h premier Jloreal de Van troisiime , par les citoyens Geoffruy et Cuvier.

±S ous roiis propoFons de soumetire la closse des aniinanx c^ maraelles, a ime revision pc^nerale ; de ]es ranger en ordre et en genres aussi naturelsque peiivent I'etre des agregations qui , malgre tout le soin qu'on mel: a les foimer , n'ont toujours pour base que les abstractions des naturalistes; de deter- miner les rspeces avec precision j de discuter leur synonj'mie , et d'en donner I'enumerati on la plus complete que l'6tat actuel des connoissances pourra permetlre.

Avant de soumettre a la societe le plan general de notre nouvelle distribution , nous allons lui pre- senter quelques idees sur les principes communs a loutes les branches de I'Histoire naturelle , et dont cette dislribulion sera Tappllcation immediate.

Dfes les temps les plus recules , on apercul que la no lure s'dlo't plu a r^p^ter certaines formes , ccrtaines combinaisons totales d'organes , en les difli^rencianf seulemsrt par des attributsassez lagers de couleur, de grandeur, ou de proportion.

D>s les te;pps les plus reoiilc^s , on s'habitua a donner a loutes les especes qui se ressembloient

Methode mammalogiqiu. i65

flinsi par la majority de leurs ranports, nn nom substautif commiin , et a distinguer chacuiie par un adjeclii'propre et parliculier; ainsi nous tro'ivons cliez Jes an:)iens, ie nius domcsticus ^ inus agres- tls , muf cogi/pUus J niLis alpinus _, etc. lis eui- ployerent cetle nomenclature , sur-tciut pour les petites especes, et I'apphquerenl souvent d'apres le simple coup d'oeil plutot que sur dts rapporls i^els et constans.

Les naturalistes s'eraparerent de catte i.^ee , comme exlremement propre a soulager la memoire. lis r^unirent ensemble les especes qui se ressem- bloient le plus par la tolalite de lour organisation , et en Ibrmerent les groupes auxquels on a donnj le nom de genres.

Mais comme la description de toutes les pnrties par lesquelles les especes d'un meuie ger.rc se re:- sembloient , cut ete fort longue ; et comme {'exposi- tion des petites exceptions partielles quiserencontrent toujours j.'eat rendue ditfase et obscure , on iniaglna de choisir parmi tous ces rapports d'organisation , un des plus saillans , et strr-tout des p' us exclusive- ment propres a chaque f.ea-re, qu'on exposa isole- luent , et qu'ou noijima' caracttre essentiet dib genre,

II ne pouvoit et ne devoit etre qu'un liidicciteur de la ressemblancc existajite entie toul^s les e?pec.'s du genre, uue espece dc cachet, qui ne faisoil pas le genre par lui-meme , mais n'cn etoit pour ainsi dire que Teuseigne.

Comme ou n'avoit d'abord con:u les ge.nres qutj

L 3

1 66 MammaJofi'ie.

comme cles r^miions foiidees sur la nature elle- nieme , on ii'avoit pu clioisir arbilrairv'inent leurs caracteres IndlcateLirs j mais on avoit pris ceux qu'offioil cbacjue genre , lantot dans une partie , tantot dans une autre ; en sorte qu'iis ne prt^- sentaient solivent aucun point de conlact , et ne sc pretoient a aucune comparaison ; cliaque ji,enr«3 semi;lolt isole ; il falloit I'etudier h. part; on savoit bien que tel caractere etoit cominun a ioutes les especes du genre , mals on ne pouvoit etre sur qu'il excliit toutes ceiles qiii n'j appartenoient pas.

Pour remeclier a cet inconvenient , On imagina de prendre io\\s,\Qs caracteres Indicalcurs dans les diverses conforniations d'nn organe unique. II etoit clair qu'il ne pourroit j avoir dans les coupures, ni obscurity ni incertitude ; que toutes les divisions et subdivisions naissant d'une dichotomic rigoureuse , chaque etre se trouveroit place par une necessity iiiatbematique.

Cependant cette idee, bonne en elle-meme , estce qui a fait pendant long-temps de i'Histoire naturelle une sorte d'art pueril qui ne consistoit qu'a caser les especes, d'apres dfes, regies, variables au p;r6 de chaque auteur, et avant la pluparl aussi pen de rap- port avec I'ordre de la nature , que les places qu'oc uper t les noms d'homnias dans les dictionnaires historiques , en out avec Pordre de la chronologie.

Cet o. gane unique qui devoit fournir les caracteres iridic ateurs ^ fut clioisi arbitrairement, sans egard a la valeur et a »la Constance «1es caracterf s qu'on .en tirait , ou , pour mieux dire , les Zoologistcs ( qui

Me'lho^e mnmmalcginne. 167

nous occuperont seuls ici ) n'avoient aucime idee de ce calcul des caracteres , dont cependant les botani.sles avoient eiilrevu la realite, et qii'unilliistr© niembre de ceWc societe a si bien develocp^ dans uu ou vrage dont tout.'s lesbianclies de riiis^oird riaturelle scntiront bieiUoi i'heurease iiiflueace, qiioiqu'il n'ait et6 dirigi' que vers I'uiiJ d'elles.

Celle meprise dans les bases des caracteres brouilla bientot tout. Ce ne furent plus das genres donnes par la nature, qui fournirent les caracteres iridic cateurs y ce Jurent des caracteres indlcateurs trouves d'avance, qui determineren! \^^ genres \o\x du moins , si par un r(^ste de pucleur , on altera le nioins cpi'on le put !es genres naturels , les ordres qui ne j-oat que des genres plus elev 's , genera SLunnia^ furent entierement soumis a celtenouvelle espece de Ivrannje.

II faut done revenir a I'idee originelle, suivre a la leltre le principe expose par Linnceus , et qu'il a quelquefois oublie dans la pratique , que Les genres dolvent founiir Les caracteres j et noii les caracteres determiner les genres ; genera- liser ce principe , I'appliquer aux ordres et aux classes ; enfin ne jamais perdre de vue qu'uii genre doit-etre foude sur la grande majorite des rapports ; et qu'un ordre doit coutenir tons les genres 5 et les genrv?s seule rent qui ne diflerent que par des rapports d'un degre inferieur.

Lorsqu'on aura forme ses groupes grands ct peiifs, d'apres celte regie sure et invariable , on leur trou- vera , si Ton pent, des caracteres indicateurs ; etces

L4

^^^ l^inmmnlogie.

cciracleres, fussent-ils meme impossibles h Iroiivrr il vaudroit mieuv avoiier son iiiipuissance , qt.a cle fmre des reunions ou dcs separations conlra nature.

Mais nous sommes loin d'admettrecette impossibf- lite; le but de notre m^moire est au contra ire d'iii- diquerj.ar quelles voies on peut parvenir a foiiner descoupures naturelles, et neanmoins a leurassigner des caract^res fixes et determines; a reimir eu un jr.ot les avantages de I'ordre naturel et ceux d.^ k dicholomie, qui fait toujours la base implicite ou df'veloppce de tout sjsteme artificiel.

Comme les bornes de ce iiidmoire , et le temps qye vous pouvez consicrer a I'entendre , nous res- serrent un peu, nous supposerons dans tout ce qu^ va suivre,que vous avez pr^sente ci la memoire la totahte des vrais rapports nafurels , et nous ne nous attacberons qu'a rechercher les caractcres ladica- ieurs qui servcnt d'enseigne constaute a la ressem- blance de ces rapports.

Nous n'avons pas tardc a nous apercevoir que la solution de ce probleme d^pendoit de la conuois- sance exacte de la valeur respective des caracteres; que par consequent les caracteres prunaires , secoa- dcures , ect. devoient etre cboisis selon le de-re d'imporlance des organes dans lesquels on ks "prend.

En effet , on conroil que dans un svsteme aussi bien lie que Peconomie animale, il est des organes dontla conformite entraine necessairemeut cellede

Mi'hode m:'immalo,[:iq-ue. 169

la plupart dcs aulres,et qu'ou aoit pouvoir les de- terminer pcir le raisonnement et par i'expc'rionce.

' II est clair que ces organes une fois decouveiMs , Ic'S classes , les ordres qui les auront pour eiiseigne , lie contiendroiit que des genre seinblables par la ma- jorite de Icurs rapports; en uu mot , que le probletiie d'une division naturelle , indjquee par des caracleres tranches, sera rt'solu.

Si nous considcror.s mainlenant les divers organes d'un animal, nous en trouverons qui consiiUieut son existence _, consid^rce isolement ; d^autres , qui \p jrmilent en relation avec les autres elres. II est aJsc de voir que ces dernicrs organes doivent ccder aiix premiers 5 car Taniinal est d'abord , et pui^il sent el AGiT. Or Texistence , la vie de I'auimal depeud d'aboid de la generation qui la hii doniio, et ensniie d\i moauenient regie de ses Jluides J qui la main- tient. La generation e\\a. circulation dolxent done fournir les caracttres priniaires ou indicate a rs du prt mier ordre.

Les differences essentielles dans le n)ode de la gc'-neration ne sont pas encore assez coiinues. jla seule que uous saclnuns elrc penerakment cunstanle, est celle-ci : les f(jetns de certains animaux sont. j.;en- fermcs avec une portion toute prepare© de; nqnr- riture , dans une enveloppe commune non orgauisee, de laquelle ils sortent ou eclosent , quelqucfois dans le corps , le plus souveiit liors du corps de lent mere. D'autres , an contraire , n'ont pas leur pcJrtiou a part , ni d'enveloppe inorgrinique ; is se noiuriaSint en pompant les sues du corps de kuir niero , Lt i^j le quiltent (ju'cu quit'.ant rclal d-j ialus.

170 Mammalogie.

La generation n%i done pn rournlr qu'une seuTe division ; t\st cello que cIkicuu coiiiioit entre les ani- maiix a mamelles, les seiils vraimeut vivipures , et en meine temps les plus parfaitenient organis 's dans lout le ivste de leur ^conomie ; enti'eiix , dis-je , et toutes les autres classes uniquement oviparcs ou gem- mipares.

Les aulres organes du premier rang , ceux de la circulation , presentent des caracteres plus nombreux. Jlsont servi en parlie a la grande divn'sion lin^icennf! en six classes ; mais si on leur avoit entiereai i\t obei, nous n^aurions pas ceilc des vers, espece dj classe de rebut, cii on a jet6 tout ce qui ne pouvoit se placer ailleurs, et qui est devenue par-la un ramas informe des objets les plus disparates.

Les classes elant ainsi delerminees par les organes primaiies, il a fallu considerer les organes secon- dairc's, pour la determination des ordres. Nous avons Vu qu'ils eloient ceux par lesc[uels les animaux sont en relation avec les .autres etres. Cette rel:ition est passive , par les organes des sens , et active y par ceux du mouvement, de la preliension , de la nutri- tion.

La presque totalite des mouvemens de I'aniraal est calculee pour sa conservation , c'rst-a-dire , pour le preserver des dangers et pour lui Iburnir des aUmens. La defense variant suivant les attaques, qui peuvent varier a I'infiui , nVtoit pas su:>cepiible de donner des caracleres constans. Le mode de nourriture an con- traire elant an dans cliaque espoce , devoit deter-

Methnde mammnlogique. 171

mincT cl'iine nianiere fixe les organes calcuU's pour lui. Cliacun sent, par exemple , qu'uii a .iiiial des- tine a vivre de chair, devoil etie muiii dfs inovens d'atlaquer et de vaincre ; que celui qui devcit vivre de fruit , dev oit pouvoir grimper aux arl.res ; ([ue I'hcrbivore , au coulraire, pouvoit resler coli6 a la terre.

Les organes de la nutrition sont done ceux qui de- terminent principalement les relations actuves de chaque animal.

P^rmi les or^anss des sensations, ce sens-la doit sans doute avoir la plus grande influence sur toute la machine , qui est le.plus general , le plus parlait , le plus necessaire , qui seui complete les idces acquises par les autres sens. Chacun sent que je veux parler du sens du toucher. Qui lie idee aurions-nous , sans lui , de tout ce qui nous environne ? Je reavoie sur cela aux auteurs de psj cliologie , et mc borne seule- ment a rappeler ici ce que plusi. urs d'cnlr'eiix out d^ja remarqu^ sur I'inljueace que doit avoir sur un €tre quelconque la plus ou moins grande perfection de ce sens. Quelle prodigieuse distance ne doit-il pas y avoir eutre les images que se forment des coj ps environnans, un cheval, par exemple , doiit le pied se termine en uue masse inert c et insensible , et Ig singe ou I'ecureuil , dont le? mains sont presqu'aussr divis6es et aussi delicaies que les notres ?

Nous avoiis une raison de plus d'einplojer prin- cipalement le toucher parmi les organes des relaliozis passives ; c*est qa*a lui seul il fournit des divisions plus nombreuses, plusapparentes et mieux tr^mcbtes .que tous les autres sens ensemble.

172 Mammalogie.

Ses d'vers degr^s de perfeclion dependent sur-tout de la division plus ou moins prononcee des doigts, et de leur revetement plus ou moins delicat. Qu'on prenne bien garde que je ne parle pas de leur iiombre ; le nombre des parties ne fournit en Ilistoire iiaturelle que des caracteres dt3 tres-peu de valeur. C*est I'ignorance de ce priucipe, qui a ^gare meme ceux des zoologistes auxquels une espece d'iustinct avoit fait entrevoir l'im])ortarxe des organes du toucher.

Les organes de la nutrition , consideres dans leur totalite 5 fourniroi^nt peut-etre' dvi's caracteres egau-^ en valeur a eeux du tact, ou dii'moins il seroit bien difficile d'assigner leur rang, '^ais ces organes sont internes et externes ; et, si la consideration des pre- miers pent et doit necessairement entrer dans Iri formation des ordres iiaturels , on est oblige , lorsqu'il ne s'agit.que de caracteres indicateurs , de se borner aux seconds. II est vrai que les uns ct les autres sont en rapport intime ; le manque de dents canines, par exemple , est toujours simultanc a un estomac simple* et a un enorme crcum ; le manque d'incisives a la machoire superieure, vis-a-vis de liuit a I'inferieure, indique toujours un estomac quadruple. Nean- moins , les dents n'etant qu'une partie assez petite des organes de la nutrition , nous avons soupconne qu'elles ne nous fourniroient que des caracteres du tioisienie rang , c*est-a-dire , inferieurs a ceux du lact ; et pour nous decider enlierement la-dcssus, nous avons apjiele i'experience a notre secours. Pour c^trffet, nous avons suivi I'exemple des botanistes ; nons iivons corisiderc les faiuilies recoimues de tons ,

Methode mr.v.malogique. 1^3

comme parfaitement naturelles , afin de d(?couvrIr lequel des deux caracteres (5loit le plus constant. , Que le nombrc des dents ne le soit pas , c'est ce qui nous ctoit demonlre depuis long-temps. La fa- mille des rongeurs meme varie [>our ce nombre ; car les hjrax, par evemple, out qnatre dents incisives en has ; les lievres en ont quatre en haut 5 les kangu- roos, six ou meme huit, tandis que lous les autres genres de cette famille n'en ont que deux a chaque machoire.

Mais I'existence simultanee des trois series de dents, les incisives , les canines et ks molaires , ou Tabsence d'une , ou de deux de ces sortes, ou meme de toutes , soit en haut , soit en bas , donne des ca- racteres qui d'abord paroissent anssi constans que les leoumens des doigts. En effet, dans les ruminans , Pabsence des incisives superieures ne souflPre pas plus d'exception que lespieds bisulques; dans les rongeurs, on ne trouve pas plus de canines que de sabots aux pieds , etc. , etc. Nous verrons plus bas , que meme les chauve-souris ne font pas una exception reelle a cette Constance des rapports de dents ; irais il existe uii© famille vraimenl naturelle, qui decide ab^olument la fjuestion en faveur des caracteres pris du toucher. i:ile comprend les cnq genres, elephant, rhino- ceros, hlppopotame , tapir et cochon. Onfera, si Ton veut^ cinq ordres de ces cinq genres ; car il faut avouer qu'ils ne se rapprocheiit pas autant que les genres des rongeurs, ou des ruminans, par exeinple: inais loujours faudra-t-il convenir que ces cinq ordres seront les plus voisins les ims des awtres, et qu'ou ne

174 Matiwialogie.

pent en intercaler aucuii eitr'eux. Pre.fque tout leur est coraniim , epaisseur de la peau , rarete et duret^ des polls, longueur et m(^])IIite du nez qui va croissant par degr^, du groin du cochon a la trompe de I'^le^ pbant , petitesse des yeux , forme trappue du corps , nourrilure vegetale , quoiqu'ils aient une force suffi- sante pour s'en procurer d'autre , besoin continuel d'eau ou de boue , pour humecter et rafraichir ce cuir epais qui les recouvre. Tout conspire pour de- montrtr leur grande affiiiitv^

Ell i lien: les caract^res du tact sent constans cliez eux 5 leurs doigts sont construits et reconverts de m^me , tandis que leurs dents varient a un point qu'il est impossible d'en donner une description assez abs« traite pour conver.ir a ions.

Voi!a done le rang de ces caracteres decide. Les tegumens des doigts vont aidant Les dents. Ce priiicipe une fois pose , notre marcbe est devenue sure , et vous allez voir avec quelle focilit^ nous en avons deduit des ordres aussi naturels qu'aises h d^'signer par des caracteres tranches qui ne souffreut point d'exceptions.

Division primaire , en trols embrancheniens*

Les tegumens des doigts nous fournissent d'abord trojs grands embranchemens. i." Les aaimaux ma" rins J qui ont leurs doigts r^unis en nageoires, de raaniere a ne pouvoir piesque en faire usage pour la marcbe : ils habitant dans I'eau comme les pois- sons 5 mais i!s ont besoin de respirer Pair, au moins de temps en temps ^ quoique le trou ovale du coeur

Mr'.'h'^de mammalog'ique. 17$

restant toiijours ouvert chez eux , leur pennel de plouger lon--temps sans revenir sur I'eau.

a.° Les manimlj erts d. sabots , dans lesqueb toute I'extremite des doigts qui povte a terre, est en- velopp^'C dans un etui de matiere cornee , plus ou nioins dure. Tous ces animaux sont herbivores ; rimperfection dj leur touclier , I'inflexibilite dc ieurjs doigts ne leur permettent ni de grimper aux arbres, jii de rien saisir avec leur mains, Aucuu d'eux u'a de clavicules.

3." Les inaniinijeres h ongies j qui ont Jeurs doigts libres, revetus de la peau ordinaire, et munis seulement a leur extremile d'un ongle , plus ou. moins grand. lis sont susrcjitibles de toute sorte de mouvemens , et de tous les d^^gres de perfection a regard de la prehinsio 1 . du toucher, etc.; aussi sont-ilsinlinimeut plus vcirics dausleurs formes et leur genre de vie , que ceux d.^s deux premiers enibran- chemens. II yen a , comnie nous le verrons^ de car- nivores , de frugiv'ures, cl'iierbivores , etc, etc.

Division second a ire.

i'*. Du premier einhranckenient.

Les niani mi feres inariiis _, ou a pieds en foniie de Ufigeoires , fi'nneut doux families ou deux ordres : J." Les Cetacdes , qui n'ont que les pieds de devant, hgurc's en nageolre , absolu.nent inutiles a la niarche. Les piecis de derriere manquent absoluinent. Leur queue se termino par une uageoire horizonlale. Get ordre comnrend les baleines , iiar.vals, cachalots , dauphins et marsouins.

176 Mmnmnlfl'>Je.

2.0 Lcs maminijdres amphlbies ; \h ont quntre pierls, lous en forme rle luigeoire , mais si courts qu'ils peuvent a peine leur servir n ramper sur les rJv<;ges ; ce sont lcs phoques , morses , et iainaulins.

Si le norabre des especes l'e>:igeiot , on pourroit encore subdiviser ces deux families, d'apres I'ctat de leurs dents et le genre de nourriture qui en ' ri^-snite, et ils fourniroient chacun plusieurs ordr^s fori analogues a ceux que nous observerons parmi les niamniiferes terrestres.

2.° Du second einbranckeincnt.

liv^s niainmLferes a sabots ^ on a doigts enve- lopjx's de come , forment trois families, d'aprcs le roinbre de lenrs doigts , et la plus ou moius grande afiinite qui en r^sulte entr'enx et les niamniiferes a angles. La premiere n'a qu'un seul doigt et un seul sabot a cbaque pied 5 elic ne comprend qu'im seid genre , celui des-« clievaux , animaux herbivores et munis de trois series de dents. Nous lui donnons le nom de so- li pedes.

La Ecconde faraille'a a cbaque -^laddeux doigt s' et deux sabots. G'est celle qu'on a tQujours connue sons le nom de runiinans ou pleds foiirclius. Elle *st herbivore. Tons ses genres manquent de denls 'incisives a la machoire superleure , ont quatre esto- macs, un ccrcum fort long, nn colon a plusieurs- circonvoln'ions coneentriques. Leur squelelle a une 4;rande similitude dans tous. Leurs orbites sent lou-

jours

Mehode mammnlogiqiit, lyj

jours complttement s6parh de la fosse tenrporaje? cs ii'est que pariiii enx qu'oii trouve des axiiniauit a, deux comes.

La troisi^me famille a au mollis trois , souvent quatre 5 quelquefois cinn doigts a c'aquepied,- tous revelus de sabots parliculiers , comitie dans le tci|nr , le rliiuoceros ct le coclion ; ou eir^'loppi's eusemble par une peau epaisse et calleuse, coinme dans Te- lephant et i'hippopotame.

Les dents de cette famille sont co fonr^es tres-

differerament. lu' elephant a en haul deux ^nonnes

incisives, qu'on connoit sous le noni d defenses ^

cellesd'en bas lui ^manquent , ainsi que les cuiines

des d?ux maclioires. Les rhinoceros manquent

orfthnaireraent d'incisi'/es ; leurs canines, dans les

especes qui en out, sont le plus souvent eloigndes

des raaclielieres par un espace nud. Nous avons

observe dans le sauelette du rhinoceros unicorne

J) qui fait un des morceaux les plus precieux de la

colleclion du Museum d'Histoire natui\lle , deux petftes dents incisives , de forme coiiique , qui ^ pen-* dant la vie de i'aniindl, eioient cachees sous la gen- cive. 'U hippo pot. line a a cliaque machoire quafra incisives coniques, placees d'uue maniere fort bi- 2arre , et deux canines. Dans les cochons ^ les in- cisives Vttiient Leaucoup en nombi'e , et manquen* totaiement a quclques es;:eces. Leur.; canines sont fort grosses, et soriies bors l.s levres, en forme de de- fenses. Pour le tapir , il a dix incisives a chaquel mAclioire , et point de canines. Com me nous avons dtja exposd les rapports com- Toni6 11. M

,^g . Mcunmalogie.

muns deces cinq genres , nous ne les rdp(<terons pas ici , nous observerons seulement que le cochon a des If'gers rapports avec les rumiiians , par la brievet6 et presque la nullite de ses deux doigts lateraux, et par una appendice ds sou estomac , simple dans notre roclion ordinaire , mais double dans le Pecaii. Celte famille porlera dans noire sjsteme le nom de pacliy demies.

3.0 Dll troLsihne embranch:'mcnL

Comme les inanimiftres ci ongles soiit plus nom- breuK et plus varies qu- les autres , nous ne parvien- drons aux ordres que par des subdivisions rep^^tees. Notre divisLon secDndaire sera prise des dents, ct nous serons obliges , pour la division tertlalre , de Vevenir aux organes da touclier, et d'y saisir des differences raoiiis sensilles et raoiiiS importantes que cei'.es qu3 rous avons em -levies comme caractercs prlinaires.

On les mammif^res a ongles sont munis des trois esoecesde dents, o\\ \\s> mtmquent de canines seule- ment, cu d'incislves feeulement , ou a-k-fois d'iii- cisives et de canines.

Ces trois dernieres subdivisions ne sont pas assez nombreuses en genres , et leur,> genres .se rappro- client trop pour qu'elles aient besoiu d'etre encore par^a-ees : ellesfournironl done trois ordres ^oxsja^ frillies^ savoir :

i.o Les ideates : ils.n'ont ni. i'lcisives , ni ca- nines, et souvent point de molaires. Lenrs ongle* soiit fort grnnd^ , et leur touclier pri^squs aussi i:u- pa.faa que daas ceux k su;.oir. L uv corps eutier

Methodt mammal 6'gique, i^g

tst recouvert de maniere a leiir lai^^ser peu de s;n- slbilite : dans les manls , par des (^cailles imbri'mees : dans k^s tatous , par de vraies pieces de cuirasses^ dans quelques fourmilies meme . par uu pofl diir, non flexible, presque s"mi>Iable a de Pherbe seche. JjQsmanisel \Qs,fourniULers^Q\mi\\mi^ al'evception d'une seule espece, aueuues dei.ts, se iiourrissent da fouruiis qu'ils premient au mojen de leur langue loi'gue et gluante. Les tatous se nourrisseut quel* quefoh de fruits ou de raciiies, parce qu'ils ont des molaires.

2.0 Les paresseux. lis ont des canines et des molaires, mais point d'incisivs : djs one;les fort grands, les mouvemens d'une leiUeur ct d'une fui- blesse extiaordinaire* lis grimpentaux arbrcs, vivent de leurs feuilies. Leurs manielles situ^es sur la poitrine , leur habitude de grimper et de s'cisseoiL' sur !e derricre , d'une part; leur estoimic, tres-di- vise par des etranglemens, et les pieds de devairt d'une de leurs esp^ces , qui ii'ont que deux ou^Ies de I'auire part , semblent leur donner q-ielciues rapports avec. \es quadra manes et les rununans,

3." Les rongeurs. Coaime ils ont a la place des canines un grand espace sans dents , aux rieux mu- choires, et que leurs incisives, quoiuue grandes et pointues , etant placees a l'exlremit6 du levier des machoir?s , ii'ont qu'une force mediocre, ijs ne peu- veiit saisir Mxement avec leur gueule ; i's se bornent done a ronger soit de grands corps immoljiies , soit cpux qu'ils peuveot assuj^tir avec leurs pattes do dt;vaut qui sunt biea divuiees. .lis u'attaqueut donci

o8i Mimmnlo^U.

pa«: \?% animaux v'vansj a"s ils se noiirrissent d* tallies sorta;:- tie co p , o:t v6pt'tau^, soil animaux , d'(^ orrc sou de boi ; qMehjiies-uns brouteiif Tlieibe : Ic'ur port evl6*ieur est pr i;q':e le m6me dnns tons; son princii al car^ctoie consist^ dans !a longu.^ur dii trail) de deniere, eu etard a celui du devant , quf ne periret a ranimal de courir cue par bonds. Cette d;ff,Tence dev'e t toui-a-fait demesuree dans lesgerboises et kangaroos.

Les inci3iv2s sont ordinairement au nombre de deux ; dans la lievre , celles du baut sont chacune doubles. Dans les liijrax on damans^ il y en a quatre en haf, 5 dans les kangaroos il y en a en haut liuit cu six.

A I'interieur , tous les rongeurs ont un estomac simple 5 des intesliiis fori longs, un ccecum cnorme, muni endfdas, c\nns qhdques genres, d'une val- vule spiraie. Leur cetveau n'a presque aucune cir- convokilion; les parties de la g<^meration sont tres- developpdes, et ils ont au prepuce des glandes par- ticulieres qn'on a sur-tout remarqu^esdansle castor, ou elles donnent Tonguent connu sous le noin da castoreuin.

La plupart grimpent aux arbres ; quelques-uns, m^ire ont une espece de vol, au moyen de la peaii de leurs flancs , qui se trouve etendus entre leurs jambes.

II ne nous reste a present que les mammif^res munis des trois sortes de clents ; nous a'lon^ les sub- diviser, comixie je I'ai dit,d'cpr^s la conformatioi^, de leuvs crgan.« du toucbe .

Methode mammaloglque. r^i

Les uns ont les pouces s^pare> aiix quati*e pieds; d'autres n'en ont qu*au-: picds di demure; enfm ii enest ou le pouceejt se^iblabie aux autres doigts, et place de meitie j armi ceux-ci ; Iv^s uns jv^arclieut .sur Texlremili des doigts seulcmcnt, les anlres ap- puient en marcbant , ou en ae ten uit arrel<^s , la planla enliere des pieds de derriere h terre ; d'autres liennent , en queb^ue sorte , le milieu entre qcs deux manieres. lis ont , k la verite , les doigfs seulement a terre , mais leurs tarsss et metatarses sont fort inclines. Leurs membres courts, leur corps alonge leur donnent un air tout particuiier ; nous en fjisons un ordre a part.

Parmi cenx qui appuient la plante enliere, noi?s sommes aussi obliges de separer les animaux a grande main revetue de membranes, et tenant lieu d'ailes»

Ainsi les mamuiiferes a oniles , et aux trois sortes de denis, nous fburnissent six ordrcs j savoir:

i.o Les qLiadramanes , on mammiferes qui ont les pouces des quatre pieds separes des autresdoigts, ct sr.sceptibles de leur etre opposes dans la prehen- sion. Ces animaux sont frugivores , et essentiellc- ment conformes pour grimper aux arbros , leur s'joiir ordinaire ; ils ont avec I'bomme plusieurs rapports de conformation ; mais celui-ci est or-^anis^ pour rester a terre , marcher sur deux pitds, ne saisir qu'avec ses mains. Ses extn'n^iles poH('rierifS n'otit pas de pouces separes. Le bassin ^Iroit des quadrumanes . la compression de leurs cuisses , Tin- f.M-lion tros-basse do leur muscles llMisseurs de la jambe , rarticulation vieleur.tete sur le c^u, rendent

M 3

jg2 Mammalogie.

Ja marcAic bipede tres-difBcuItueiise aux qiiadru- iTiancs ; aussi ont-'ls tous les machoiies plusou moins proemiiisntes en mnseau , et I'os incisif ou inler- iiiaxiUairc a la machoire sup^rieure. lis ont la ver<Te pendante , les mamelles peijlorales , I'es- tomac simple , le ccecum mediocre , leur orbite est complet.

Get ordre comprend les singer ( slniia. Lin,) , les maids ( lemur L. ) , les indris , genre nou- veau comprenantdeux especesdecrites par Sonnevat, qui toutefois n*a pas connu leur dentition , et rap- portees par Gmelin au genre des raakis. Elles en difrereni vjar leurs incisives inferieures, qui ne sont ou'au norabre de quatre , comrae dans les singes , rnais alongees et declives comme dans les raakis. Nous nous deterrainerons peut-eire aussi a faire uri genre a p::rt du tori ( lemur tardigradus , L. ) 5 le paresseLix pentadacili edii Bengale , de Yosmncr ( lemur cuccwg , Boddaei t ) , en fera au.ss^ un , airac- terise par deux incisives en haut , vis-a-vis dc S!-\ en bas 5 le ^hoyac , auire genre nouveau , decou- vert par «-3 ctioyen Adanson, au Senegal, et vx'n encore publie par lui , a de meme deux inci.dvts en haut et six en bas ; mais elles ont une disposilio'ii parlicuiiere . et il a I'habitus Irger et sautiiiant des gerboises , et non , comme le cucatig ^ la lenteur d'lm paresseux. Enfin le tarsier ( tcir.ur tarsias ) formri a encore un genre particulier , qui n'avant que deux incisives a chaque machoire , lie par ce xapijorf les quadrumanps aux plantigrades.

S.?. I^uu5 separons des quadrunwrics ' les an!-

Me'thode mammaloglque. i*^3

maux,qiu n'out p:is do [jouc2s aux pieds de deniere , €t auxquels nous laissons en parliculier le nom de ^pediinanes. lis en difTerent en lout le reste : or- ganes de ]a nulrition , de la peuera ion , position des mamelles : orbites incompljts , ecf. Celta fa- mille comprend deux genres ; les dldclphcs , qui ont dix incisives en liaut, liuit en has, et ouatre fortes cauines , et les phalangers , qui ont enliaut six inci- sives et quelques canines , en has, deux seuleaient j grandes et alorigees en avant , comms dans les ron- geurs san? canines. On iie onnoissoit jusqu'ici qn'une esjjece de plialanger( dldelpkls orlenialis , Pall ) : ils avoient el6 reunisavec. Irsdidelphes , auxquels ils ressemblent en effet par la poclie da;;? laquelle quelques especes de ces deux genres portent leurs peiits j mais ce caractere n'etant )^::.s constant , ne pent entrer parmi les giacrlques,

?iP Les ckirqpteres , ou animaux a grande main palnTee. Nous coinprenons dans cet ordre , deja iiomme ainsi par Blumenbacb, les cbauve-souris , et le galeopllhecus de Pallas, ow ienivr ifolans de Linne. Ces animaux pr(fsentent quelques difft^rences dans le nombre de leurs dents incisives , et meme on pourroil croire, si on s'en rr.pportoit aux descrip- tions publiees jusqu'a ce jour , que ces difference- sont assez fortes pour inlervcnnir toutes les r-'gles que nous avons l)asres sur !a coexistence des trois sortes de dents , ou I'absence de I'une d'elles. Mais nos observations sur les chauve-souris, vont au contraire les confirnier. Nou^ nous souimes assures que les deux vavielcs du fer a c\eval ( vespertiilo fctrum

M 4

J §4 Mammalogie.

equlnumXjm. )ont chacime denx inclslves en hauf. La grands chauve-souris fer de lance. Buff. siippU toire VJI. tab. 74 _, en a quatre , quoi: fue Biiffon les lui aitrefusv'es , parce qu'il n'avoit observe qu'un individu muiilt'. II est done assez probable que les autres e peces qui oiit paru raanquer d'incisives , soit en haiit ,soit en bas, le avoient seiilement , on trcs- petites , oil tomb^es par quelque accident.

Quoi (^u'il en soit, le nombre, et sur-tout la posilion respective des dents nous ont fourni des ciiractercs assez tranches, pour deviser ce genre des chanve- souris en plusieurs, qu'il seroit trop lan^T d'exposer ici 5 et sur lesqu?ls nous presenterons inccssammenl im ?nemoire a la societe.

4.0 Les plantigrades j ou mammlf-Tes a orgies et sans ponces, appujanl la plante entiere des pitds de deiriere a terre lorsqu'ils niarchent on qirils for.t debcut , sont les omx& { ursus , L. ) ; les ra;oris ( ursus lolor yjj. ) ; les coatis ( vluerrw nascLa ^ narica _, tctradactUa et {-ulpecula ^ L. ) ; les blaireaux ( ursus metes ^ etc. ) ; les ^^ouXov.s {ursus ^ido ^ luscLis J vluenxi y fasciata ^ capensis j pii- toruis y L; } ; les mangousles ( vlverra Ichtieumdn €t niungos ) 5 le poto ( pwerra caLuil volvula^ L. )> les taupes {tal-poe-j L. ) ^ {e& musar'aignes {so rex 5 L, } , et les lierissons ( erin-aceus ^ L. ).

II nous seroit impossible d'exposer les raisons des jiombreux cl angemens que nous avons faits dans les genres renis jusqu'a ce jour, et dont on vienf d\ivoir ^ne esqujs5e. Ce sera encore I'obj^t d'un raemoiro particullci, Qu'il nous sufiise d'obser^er que lous \e% -

animaux pL^ntig^arles out d s habinirlcs trisfrs , tin gout parliculier pour les cavernes et I'obscurifi^ , wm sorte de demarclie rampante 5 que beaucoup d?Q)\X\\i eu.x sont condaniubs au soinmcil pendant i'hi/cr j a rinterieur iis mraiquent Ions de cGeciim,etn'ont nu!Ii3 distinction enlre l('s intestins grelcs et les gr' s. L^i.r genre de vie tient le milieu entre Irs frii?ivons \. ies carnivores , car iJs se nourrissenl egalement de diair ^ d'oeufs , de fruifs , de racines , etc.

5.° Les mammifer3S a'ongcf^s , ci pieds courts , a ra^tatarses inclines, ont recu de Haij le nom de ver- niLnea que nous leur confervons. lis manquent de coecuni jcomme les prdcedeus, viveut de chair , sur- tout de sang et d'ceufs ; leur foraie leur dcane la facility de se glisser dans les plus petitcs ouverlure.". Nous en connoissons trois genres seulement : les belettes ou musteles ( musteia j L. ) , les moufffcttes ( vlverra mephitis , I.. ) ; et les loutres ( inusteta Ultra J Lutris at lutreola _, L. }.

Enllu les nianiiniferes a jambc^s et tcir?es releves, et n'appu^-ant que le bout des doigts , les animau-^ carnassiei?, ou betes f(Sroc(spropremenl d i les, form eiit la d:Tni6ra famille d. s onguicules munis de trois soi tes de dents.

Celte famille comprend les genres assez connus d$s cklens J des chats J et celui de la. rii^elle. Nous le placons ici , parce qu'en effet il ne marche que du bout des doigts, et que , quoique ass?z alonge , il a a rinterieur un Cdcum , dont les vtrniinea manquent. Ses on^les semi-retractiles, sa langue verruqueuse , lui douuent des rappor.s avcq les cliats , conime ga

jj;5 Mommalogit.

poche odoriKrante, sa criniere, la disposition cle ses tacUts l«f endonnen. avec les hyones. Ce!les-c, for- mcro»t aussi uii geme a part dans celte fam.lle.

II ne nous reste qn'n prc^'sant.r le tableau abregi do ,as ordres , de leurs caraci; res , ct la lisle des genres que reus fc.isons enl.vr dans cUacun.Nous prevenons que , n-ayani jas eu le lenn« ^^ ■■<'^°"- P'"''"'" '*' "' genres , ils ne sont adoptes que proviso.rement.

trais sorus de amis ; pouces scpares auo, quatre pleds.

Singes.

In fin'?,

Mak's.

Lory.

Ciicang.

K.1 qyak.

Tarsier.

Ordre IL<^ CHIROPTERES. Dolgts ongidadds; troLs sones de deals ; mciLns aiong^es, paLnw^; membrane s'tleadantdu cow eatre ies poeds ^

a l/aiTus.

Ga'copitheque.

Chauve-souris.

]Sroctilion.

Njyclere {N^ct^rls).

Rou:fsette. ( Fteropus ).

Methodc fiinmmalogique.. 187

Orpre lU.e PLANTIGRADES. Dolgts ongui^ cules ; troLS sortes de deals ; point de pouces s dp ares J plants entiere appuijee. Ours ( Vrsus ). Raton ( Lotor ). Gloutoii ( Gulo ). Blaireau ( Taxus ). Mangouste ( Mungos ). Coati ( NasLca ). Kincajoa ( Potos ). Taupe ( Tat pa \ Musaraignc ( Sorex ). Htrrlssori ( Erlnaceus. ). Ordre IV.« PEDIMANES. Dolgts onguLculcs ; tro is sortes de dents ; pouces separes aux pueds de denicre seulenicnt.

Sarigue ( Didelphis ). Phalanger ( Vliaiangista ). Orpre V.-^ VERMirOP.MES. Boigts ongiUculcs; tro is sortes de dents point de pouces separes ; corps alongcs;pieds rJappujant queles doigls^ ni^tdlarses inclines ; menibres courts. M.ox\^ei\Q(Mcpyitis). Beletle ( Mustela ). Lonlra ( Lutra ). Ordre VT.<^ BETES EEROCES, Boigts on^ui- cules ; tro is sortes de dents ; point de pouces separes; pieds nappuyant que les doigts ; menibres redresses.

Civelte ( Cii'-eita y

iS8 Mam^yirilogk.

Hyt'^ne ( Hj/O'na). Ciiiea ( Cauls )- Chat (; Fells).

Ordre VIL' RONGEURS. Dolg^s ongulcuUs ; dents LncLsii^es ct nioLaires scuLenient _, sans caiunes.

Porc-^^pi- ( Ihjstrix) ). Agouti ( Cauia ). Cri-ior ( Castor). Souvi^ ( Mus ). Marmot te {. Arctomjjs ). 'EznYem\ {ScUcrus). Loir ( GiiS ), Gtrboisy ( Dlpus ). Kauguroa ( Kangurus ). Lievre ( Lepus ). Daman ( Hjjrax ).

Ordre VIIT.« EDENTES. Volgts onguiculc's ; point (Vlncisives ^ ni de canines.

y

ronrrailier ( Myrmecopliaga ). Pangolin ( Manis ). Tatou ( Dasijpus ).

Ordre IX.-^ TARDIGRADES. Boigts ongul- cuies ; point d'incisi^'es ; des canines et dcs moLaires.

Paresseux ( Bradj^pus

liWihode mnmmn'nf^ique, jg

Ordke X.e PACHYDERMES. Feeds d. sabots ; plus de deux dolgts aux pieds.

Elephant {Etephantus). R' inocL^ros ( Rhinoceros ). I-li[>nopotame ( Hippopotamus }. Tap;r ( Taper). Cochun ( Sus ).

ORDREXLe RUMINANS. Pleds d sabots ; deu^ doi^ts a chacun.

Cbameau ( Camcius \ Chevrotin ( Moschus }. Cerf ( Cervus ). Giraffe ( CametopardaUs }. Gazelle ( AnUiope ^. Ch^vre ( Capra ). Brebis ( Ouis }. JBoGuf ( Bos ).

ORDREXII.e S0LIPi-;DE3. Pleds d sabots ; un seal doL£t. Cheval ( Equus ).

ORDREXlII.e A]\IPIiIBIES. Feeds en nageoires; ceux de denUre distuicts.

Yesixi niarin ( Phoca ). Vache marine ( llosmarus ). Lamanlin ( Manatas ), Bugong ( Trichecus }.

3 go Mammafogie.-

Ordrt; XTV.^ C^TACEES. Pleds en nageoires }

puuit iTexircniUes posle/ieures disUnctes.

B;;lei!ie ( Balana ), Cac'. alot ( P/iLjscter), Narwhal ( Mo nod on ). Dauphin ( DeLpliuius ).

E N T O M O L O G I E.

Notice des wanuscrits de Lyonet.

Jacoves Br£z ^ de la sociHe d'Histoire natuTelle de Paris ^ etc. au citoy?n A. L. Millin.

Utrecht ,17 thai 1795 , v. st. JJans ma derniere lettre , citoyen ami, je vous en annonrois une suivante , qui devoit confenir I'a- iialjse raisonnie des manuscrits postliumes du c6- le!:tre Lyoinet. Je me hate de remplir ma promesse , et Je le fais avec d'aut nt plus de plaisir , que Iss dulails que j'ai a vous comm.uniqner sont de nature a interesser vivement tous les naturaHstes, et les insec- tophiles (i) en paiticulier. Voire Magasln Encj/^

(1) Jean Brez emploie '"ce mot , parcel c|ue c'c.st cehii sous Icquel il a deiigne un ouvrage tres-ioteressant it tr^s-biea fait, de sa composition, intitule : la flore des insectophiles. Nous oLserverons cepeudant que ce nom , compose clu grec et da latin doit I'etre , d'apr^s les principcs dc la s.ine ciitiqne , banni de I'Histoire naturclle , et on doit dire , avec tous les savans de TEuvope , cntomo.logie ^ entomopjule , entomo- lo^iste. A. L. M,

Notice des mdyiu^erits dt Lyonnet. icyt

dopidique est une excellenle vole pour leur en faire \mv{ ; et je saisis cette occiision pour vous teraoigiier toule la satisiaction que j'ai eproiivee , en apprenant I'eAi.lence de ce journal, qui iraiiquoit dej uis si ' long-temps ^u\ scien-es , au\ leltres et aux arts. Vous , et vos coliegnes , avez rendu un vrai service aux sarans et aux g^nsde lettres de tous les pays, en r'oiivrant ponr ei;?: ccs mojens de conamunication qui leur sont si necessaires.

Je rcvi«iis an principal objet de cett:^ leftre.

Un ami que j'avois a La Ha-e m'apprit , il y a d^'ja phiFieurs aunees_, que Lyomst avoit l(^gu^ , en 3nourdnt^,,a un de ses neveux , des manuscrifs consi- derables sur les insectes. Comme je me suis toujourS attache de preference a cette par'Je de I'iiistoire naturelle, je n'eus rien de plus preise que de m'a- dresser directement au proprietaire , pour sav^oir ce qni en etoit , et j'eus tout lieu de m'en applaudir. II safisfit a mes deraandes , avec Li plus grande hon- lietete , et m'invita d'aller visiter moi-mt-me ces papiers si inleressans. Je fis done le vovage de I/HHaye_, uniquement pour n:e procurer cette sa- ti?ia:;tion. La r.^alit6 surpassa de b.aucoup I'attente que je m'en etois for:Ti<§e.

Vous savez, citoyen, qu'il y a dejci plus de 3o ans que le public est en posses ion du Traite an atoniiqu c de la Chenille quiron^e Le bols de sauLe j par P. Lyonet.

Get ouvrage, au«si 6toni-!ant par son origiu-dit^V, q\Tc may.nifique dans sjn execution , parut a La Have en 1764, ei ne tarda pas de s'altirer rc-stime de tous

ip2 Entomologies

les savans. Les burn.ux les plus judlcleuxretentkent de sjs eloges ; et ies piysic'.ens, dussi bien que les naUiraUstes , les moddar.i , les a atonilsles et les phi- losopLes, ]d dois mome ajonter, les graveurs et les pcintres, s'empresserent a .Vnvi de Tadmirer et le celebrer , [..arce que lous y trouvererit matiere aux ^k '*-?s les mieux fohdcs.

LroNET, qui , aux talens d'un profond observateur joignoit ceux d'un peintre aero apli et d'uii graveur qui n'eut peut-etre jamais son pareil, s\'toit d^ja fait connoitre sous ces cUverses rapports , par son travail sur la T/i^ologie des Insectes de Lesser , et par les planclies des Meinoires sur Les Potjjpes de Trembley. Mais c'eioit sur-lout dans $jn TraitS anatonugue de La ChenUte , qu'il devoit fair© brilkr ses talens exiraordinaires. Cct ouvrage est ua prodige da palience, d'jb^ervation, d'auaiornie , da peinture et de gravure. L'Histoire naturelle ne pos- sede rien d'aussi parfait h tous egards ; et les planclies, en parlieu'id, sont d'une I eaute , d'une v.'^rite , et d^un fiid qu'on cherc .eroit Vcunemaut ailleurs , et qui leurassurent I'adiviras on de la posterile. Aussi Pillustre CliarLes Bonnet^ de Geneve, juge corn- peteni en ces matlereSi s*i en fut jamais, dit-il, dans une de scs leltres a I'a-be SpaLLanzani, « qu'il a » achete ce livre comme une des plus belles denions- •» trations , eu fait ^. de re>.istenca d'une PREMIERE » CAUSE «. « Le travail qui brills dans ce » Traite ( lui ecrivo";t-il encore), surpasse lout CQ 3) que je pourrois vous en dire , et que vous pournez w.iinaeiner »*

Notice des manuscrits de Lyonet. I93

On a vu , par la preface du Trait6 anatomique cfeLa ClienULe du sauLe , que le projet de I'auteur ^loit de donner un jour au public I'anatomie de la ckrijsalldc ■:-X deVd phai^nc ^ aver autant de details que celle de la ckenUie. Nous aurions ainsi 3 vol. in-4." sur U'.ie seuieespece d'insectes ; encore ces trois volumes ne compreudroient - ils qu'une partie des mermlles que cet insecte pourroit cflfrir , I'anatomie ^tant le seul oi>jet que notre naturaliste a eu en vue. Quelque hardi que puisse paroitre ce plan , LYONEr s'eu c'toit occijpe avec ardeur, et il y auroit mis la derniere main, si un facheux (5blouisseineiit qui lui survint aux deux jeux , a Page de soixante ans , ne I'eut empeche de continucr scs rtcherclies micros- copiques. Neanmoins, comm.e il avoit deja rassem- ble un grand nombre de materiaux, et pousse fort loin son travail sur la chrijsailde et la pkaLtne ^ ainsi que sur diverses autres especes d'insectes^ il s'occupa a l( s met're en ordre vers la flu de ses Jours ; et on les a reimis sous le litre d''CEui/res postkunies sur Les Insect es , par P. Lyonet , en deux parlies.

La premiere partie contient des Kssals anatomic qucssur Li chrijsaLid& etiapliaUrie deia ckeniU& ijui range Le hois de sauLe , pour servlr de suite axL Traite anato .ique de Ui meme cheniUe. Sous ce titra trop modeste , le c:^debre Lyonet a expose au grand jcnir, et demontre , par les fa'its, tousces chan- geiiiens si considerables et si singuliersqui surviennent dans I'organisaiiou interne et extv^rne du meme ia- s^'cle, a diverses ^poques de sa vie. On s'etoit assur6, avantlui, de ces changeinens remarquables. Swam-, Tcrnie 11, N

194 Entomologie.

MERDAM , MaIPIGHI , BeaUMUR , BoNNET el DE

Geer avoieiit dit la-dessiis des choscs aiissi neuves qu'interessantes. Mais ils ignoroient , et nous ignorons encore profondement, en qiioi ces changeiiiens con- sistent. Tons les efforts que d'aulres naturalisles ont fails pour soulever cetle parlio du voile de la nature, ont dtc a-peu-pres in utiles. II etoit reserve a l'itn» mortel Lyonet de nous reveler ces profonds mjs- teres ; et il I'a fait avec une sagacite qui le met au-dessus de tous les eloges. Et s'il est vrni , comme on n'en sauroit doutcr , que la veritable science de la nature ne consiste que dans la connoissance desJaUs, I'Histoire naturelle , qui doit dej^ tant a LyoxNET , lui sera encore redevable d'un nouveau pas , et d'uu des pas les plus importans qu'elle ait jamais fails. Nous avions jusqu'ici raisonne sur les tratisforniatioris des insectes 5 disons mieux ; nous avions tdche de les deviner, A I'aide de Lyonet , jious les verrons , pour ainsi dire , s'operer sous nos jeux ; et la lumiere brillera ou regnoient auparavant pour nous les plus epaisses tenebres.

La seconde partie de ces manuscrits , que nous designerons sous le titre d'CEui^res melees sur les insectes ^ n'est pas moins interessante ; peut-e!re jTieme le sera-t-elle da vantage pour la plupart des lecteurSj a cause de la variete qui y regne. Ces csLwres melees contiennent, enir'autres , des essals anatomic] ues sur le pou du niouton ^ qui feront connoitre aux naturalisfes une structure toul-a-fait differente de cede des insectes qu'on a anatomist's jusqu'ici, et offriront en genc^ral des particularit^s jr^s-curieuse3.

Notice dei manuscrits de Lyonet. jg^

VIennent ensuite les poux des oiseaux , dont Pauteur donne la description et les figures , d'une maiiiere qui ne laisse rien a desirer. Apres eux pa- roissent les mlttes _, la tuque , et quelques essais fort prdcieux sur la nioucke de Saint-JMarc,

Les naluralistes qui se sont inslruifs a I'eccrle de Lyonet , de la maniere si singuliere dont s'accouplent certaines arafgnees , lirontici, avec le plus vif inte- ret , les nouvelles observations qu'il a faites sur ce sujet, depuis la publication de sa d^couverte,en 1742. C'est a celte occasion que Reaumur lui ecrivoit, « qu'il » auroit mieux aime avoir fait son observation sur » I'accoupleipent des araignees , que d'avoir ecrJt un » gros volume ». Qu'anroit-il done dit , s'il avoit eu connoissan-e des recherciies subsequentes quo nous annoncons?

Cetle seconde partie est terminee par des essais et des observations iUY di verses especes de coleopteres , de niouc}ies-a.-scie J de tipuLes , de LibeLLaies , do ckenUles J de papiiiotis j de phalenes ^ de phn/^ ganes , ect. ect. II contient aussi des experiences sur la muliiplication par bouture des vers de lerre , avec la description et la figure du civevat inarin.

Par ce l(fger apercu , il est facile de ju^ier que ces deux voluiv.es d'ceufres post/iumes de Lyonet reunissenttout ce que Ton pent desirer dansl'ouvrage d'Histoirg natureile le plus accompli j et qu'ils sont fails pour etre recus , avec empressement, par tous li?s savans et les vrais amis de la nature.

QQ%<xuvrcs sontaccompagnecs de cinquante-quatre planches , dont quatre ont et6 grav6es parXyo/ie^

I( a

igS Enlomologie.

meme. Ses occupations re lui avant pas permis de grivrr les auircs , ellcs I'ont ete par d'habiles ar- tistes , sous sa direction. Et quoiiju'elles soient ainsf iiif-^rieiires a celles de Lyonet, elles sont pourtant encore au-dessi:s de toutesles plaitclies d'llistoire na- turelle qui sont parvenues a naa connoissauce. Quant au tres-pedt nombre de planches que I'autcur n'a pu inspecter lui-raeme, elles Tont ^i^ par son neveu Croi- S¥.-^ , qui pouvoit seul remplacer I'oeil vig lant du B.EAUMUR HoLLANDAis , parcG qu'ayaiit v^cu fort long-tems avec lui , il s'est bien mis au fait de sa njaniere de tra\'ailler.

Tout , dans ces manusrrits , se trouve done dans le meilleur ordre; et Hs pourroient etre publies sur-le- chariip , si lescirconstances de I'Europepromettoient un d^bil propre A compenser les frais considerables qu'ii a fillu faire pour la gravure , et que necessitc- roit encore I'impression.

Mais si nos voeux se r^alisent , si nous av;ons le houheur de voir une pai:t gdnerale succeder b en- tot a la plus terrible des guerres , le propri^taire des manuscrits dont je viens de rendre compte, se- roit a meme d'en faire jouir dans peu le public j en les proposant par scuscription.

II seroit digne d'un gouvernement qui s'interesse aux progres des sciences , de faire I'ac juisiti^i de ces pr^cieux manuscrits , et de les meitre au jour, sans d^iai. J'en ai propose Tachat au ConiUe cV Instruc- tion pubUque , de la part du proprielaire ; raais ma lettre est reste^e jusctu'ici sans reponse. Les deux parties des cc:^p^rc^/?05^/i"^^e5 deLYONET

Nolice desmamiserits de Lyonct. ig,

seront pr^ct^d^es de son ^'loge historfque. J^espere que Je public saura quelque gr6 a celui qui, en % audant quelques fleurs sur la tombe du natura- liste dj 'a Haye , lui f ra cor.noitre , comme il le merite, un des hommc^ ics plus extraordinaiies o^ui aient jamais e\isr^.

Oulre ces osuvres milSes qui se sont trouvc'es dans u:. ordre pjrfait, a la mort de Lycxet, il a encore laisse un tres - grand nom! re d'observations Isoldes , sur des feuillrs volantes. Je m'occuperai a les redi^ier, pour en faire jouir le public, a la suite des OEuvres melees,

^ Ce naturaliste infatiga^.Ie avoir entrepris dc faIre V/iistolre des inscctes des siwirons de La Raye ; et il avoit d^ja rasseir.ijit- la-dessus une , tr^s-grande quanlite de mateiiaux, lorsque la mort vint I'enJever aux sciences et sur-font a celle de la nature. II a laiss6 n^anmo.ns un monument de ce travail , qui prouve tout ce qu'on pouvoit en espc-rer, et qui flit regretter bien vive:Tient qu'il n'ait pu elre acheve. Ce sont deux volumes m-/o/^ , reniplis de dessins des insectQs des environs de la Haye , et dont laplu- parl se rapportent aux obssrvafions isol^es dont je parlois il nV a qu'im moni^nt. Rlen nc peut (Valer Padmirafion dont je fus sa.si en par.ourant pour la premiere fois ce« deux mag.iifi ,ues porto-feuiiies. Ce ne sont pas , a propremei.t parler , des dessuis qui les rempbssent, ce sont de verlrables mlriLatures , et des miniatures telles qu»on n»a pu encore Iron- ver jusqu'ici aucun artiste en etat de les rendre par \^ gravure. J»espere cependant que , sous les aus-

N 3

igS Entomolos.ie.

pices la paix , nous pourrons en enricliir le pu- blic , si ce n'est dans une perfeclion egale a celle desdesslns , du moinsdans un degr^ quifera ^poque dans les annales de Pinsectologie, avec les diwres postliumes que nous annonrons.

A ces ricbesses , dont I'annonce ne peut etre que t;es-intc'ressaiite pour tons les vrais amis de la na- ture, nous nous tiouvons dans le cas d'en joindre d'aiifres. II existe panni les papiers de Lyonet , une correspondancc tres-pretieuse avec Reaumur ^ BoN^ET 5 Lecat 5 Trembley , ect. Nous la com- pulserons , et nous en publlercns ce qui nous pa- roilra meriier I'attention des savans.

Je finirai cette lettre en faisant connoitre au pu- blic un monument d*un genre aussi singulier que nouveau. Si vous avez lu la preface du Traitc ana- tomique de la chenlUe qui ronge le bols dc saule , vous y aurez vu que plusieurs personnes s't-toient permis d'elever des doutes sur la realitedes decouvertes si etonnantes de I'auleur. Onalloit m^mejusqu'a I'ac- cuser de n'avoir fait qu'un roman d'Histoire natu- relle. La probite si reconnue de Lyonet auroit du le garantir de ces soupcons ridicules j raais il n'est rien malheureysement qui puissc mettre a Tabri des censures des sots. Pour leur fcrmer la bou- che, Lyonet rep^ta ses observations les plus impor- tantes en presence de plusieurs juges que le public ne recusera assurrment pas ; Albinus , Mussen- UROECK, Allamand , Trembley virent , au micros- cope deleur collegue , les merveilie^qu'il a fait passer dans les plancbes de sou Traite anatomlque , et la calomaie meme la plus astucieuse dut se taii^.

Notice def' rn'inuscrits de Lyonet. iqq

Mais ce nVtolt point encore assez pour Lyonet. D vouloit cju'il rcstat aprcs lui iin monument vivant* »i je puis m'exprimer aiusi , qui aUestat a jamais I'au- thenticit^ de ses belles decouvcrtes ; et sa patic nee ne tarda pas a I'eAecuter. Cast le Sijstcnie neuro- logique coniplet de la CheniUe da saute ^ qu'il a eu Part de degager des autres parties , avec une dext^rite inconcevable , et de placer entre deux verres. Ce monument est inappreciable a mes jeux . il mdriteroit d'occuper une place distinguee dans la Museum national des Fianrais. J'avois pe^ne a en croire mes yeux , lorsqu'on me le pr^senta. Jen'a- vois pas cru que la patience humaine put ailer aussi loin.

C'est tout ce que je puis vous dire , pour le moment Vous insererez cette iettre dans votre Magasin , si vous Pen jugez digne.

Salut et fraternite. J. B R E Z , ^e /tz Societe d' His to I re nature lie de Paris, etc.

PHYSIOLOGIE VEGETALE.

TiiEORiE de l- evolution des houtons ajeullles et dijleurs J par Jean Sesebier ^ biUiothi* caire de La licpubUque de Genei^e,

iitJANDonavu les feuilleset les fleursdans leurbou-

toiis 3 quaud on s'est assure de la molesse de leurs

K4

«oo Physiologie vegetale*

fibres, on s'c^tonne comment ces fleurs et ces feuilles, qui ne sont presque d'abord qu'une geles organisee , peiivent vaincre la resistance que les enveloppes de bouton paroissent mettre a leur sortie ; coinment elles s'echappent malgr6 la tenacite de la colle qui agglutine les ecailles dequelquesboutons 5 comment elles surmontent Paction reciproquedcs (Ecailles pour fermer le bouton , dont la cloiure est si rigoureuse qu'elle a interdit pendant cinq mois d'hiver I'accss de I'eau dans des bonlons du maronnier d'Inde , que j'y avois tenu plongts , apres avoir couvert leur section avec la cire d'Espagne.

On a cru qu'une Iniraeur qui se distilloit alors , etoit le dissolvant de cette colle; mais on ns connoit gueres comment cetlehumeur quia nourri le bouton pendant I'annee pr^cedente , sans occasionner aucune dissolution, prend alors cette propriete dans le mo- ment oil eile paroit plus delayee : d'ailleurs eel obstacle Taincu n'ancanliroit pas les autres.

On observe que les poils qui recouvrent les (^.cailles et le duvet qui enveloppent les pelites feniiles et les petitesfleurs, sont compressibleset favorisent ainsi la dilatation des ecailles ^ sans nuire aux parties tendres des fleurs et des feuilles qui cherchent le jour; mais ces parties sont si moUes qu'elW semblent incarables de toute espece de compression ; d'ailleurs les feuilles et les petales quisortent de leurs boutons ne paroissent pas coniprim^s.

Quand on examine avec soin les Ecailles des bou- tons du poirier, on remarque bientot que cliacune d'elles est logee sur une espece de saillie forme©

Theorie de revolution des boutons afeuilles. 201 dins le bourrelst qui porte le bouton, et cVst de cette j artie de Tccorce que les ecailles semblent s'ccbapper. Au commfencement de I'iiiver ,ces saillies placees sur 1- buurrelet sont fort rapprocbees j mais lenr eloigiiemeiit s'accroit beaucoup au printemps , par raccioissem.Mit que le bourrclet prend en longueur, ce qui occasionne un cbangeme'-.t de situation entre ces c'cailles 5 elles doivent sur-tout s'ecarter alors de la feuille,par I'accroissement du bourrelet en gros- seur.

Ce double ac roissement du bourrel:^t me paroit la cause de I'ouveiture et de la diute des ^^cailles, comme il avoit e!e celle qui les avoit vepouss^es lorsque le boulon a commence de crriire. Le bourrelet qui porte les ecailles ne pent cbanger dans ses dimen- sions , sans produire des cbangemers dans la place des Ecailles qui forment I'etui de la feuille ou de la fleur : ces ecailles tirailleesa leur base par i-'accroisse- ment du bounelel engro'^seur, se d(^cbirent dans la parlie r<isistante , lorsque le bourrclet du boutoa prend un accroissement grand et subit ; les ecailles qui cessent de croitre sont mallrait es par ce tiraiile- ment , elles se refusent a c Ite extensio 1 , et elles S3 d<;^cbirent a leur base ; mais comme celte extension , de la base ct des ecailles est graducl'e , de raeme que I'accroissenient du diainotre du ):onrrelet , cctts base s'etend tant qu'elle v^^gete, et elle i:e se dtcliire qu'en cessant de vegeter. Le dechirement commence toujours par undesbords , et la partis de biree noircit en se dessetbant ; mais enfin Tecalile entlere lombe bienlot , par la me-ne raison qui a occas.'oiine ^on d^cliireiiieut.

802 Thys\olo!i:;ie vege'tn.le.

Les ecailles les plus ext^rieures tiennent plus long- temps au bourrelet, parce qu'elles sont plus robustes et plus vegetantes. Les Ecailles des boutons afeuilles tombent plus tard que !es (Ecailles des boutons a fleurs , parcB qu'elles sont raoins brusquees par i'accroissement de leur bourrelet qui se developpe plus lentement.

Avec un peu d'atlention on voit d'abord le mecha- nisme de cette operation ; les ecailles qui commencent a se dechirer par leur base n'ofFrent plus la meme resislance 5 le bourrelet en grossissant ecarte ces Readies les unes des autres , et quoique cet ecarte- ment soit tres-petit a la base , il en occasionne un tres-remarquable a leur sominet 3 ce qui ouvre la porte au Louton gonfle par les sues abondans qu'il recoit : a mesure que le bouton grossit , le bourrelet grcssit avec Ini , et I'ecartement des ecailles qui s'augmente , devient proportionnel a I'augmentation des fleurs et des feuilles , etil favorise ainsi toujours davantage leur evolution qui est toujours plus de- terra inee par les sues qui penetrant les boutons avec plus d'abondance ; enfin les ecailles en se dechirant par leur base, opposent toujours une resistance moindre aux efforts de I'accroissement du bourrelet , pour les t carter, et a ceux de la fleur ou de la feuille^ pour les repousser : en sorte que^ par cemoyen , la resis- tance devient toujours moindre que I'efTort qui doit la vain ere.

C'est ainsi sansdoute que Taction du bourrelet qui s'accroit , favorise le devt loppement des feuilles et des fleurs_ avant I'dpanouissement : les ecailles ne se

thcorh de revolution des houtons a feuill^s 2o3 Bc'xhirent pas alors, parce qu'elles prennent cl^ac- CEoissemont , et parce qu'eiles s'etendenl en croissl^nt ; mais on voit bien qu'elles se reclressent a leur 5bm- niet,etce rrdresssment ne peutetreproduit que par raiigmentahon da diametre du bourrelet sur lequet ellessonl placees ; mais elles ne tombent point , pares qu'elles sont susceptibles d'ex tension et de vegetation , et parce que les accroissemens du bourrelet sont plus pelits et plus nuances.

B O T A N I Q U E.

Do.M. CfRTLLT plantnruni regno napoUtam. Pl ANTES nires du Royaunie de NapLes , par Dominique Cyrille , profosseur de m^dec ne et de philosopbie. A Naples. Fascicule premier et second , 1793.

li E professeur Cjrille , apres avoir rellgieussment parcouru les contrt'es Napoiitaines , pour _y obsrver scrupuleusemf nt et avec regularity toutes les tribus qui apparticnnent a I'empire dc- Flore , a non seu- leinent decouvcrt bcaucoup d'especrs rares , nuns bien encore i)lusiciirs d'incdites. Je vafs en rappeler aux amateurs de Botaniquc quc-lques-unes qni ne sont point decriles dans tous nos Pbjlographes nio- dernes , el qui se trouvent dans le premier fascicule de son ouvrage. Je ne servirai dcs phrases et des dtnominaliuns latines du Professeur Cyrille.

10. Scabiosa crenata. Ses cc rollules sont den- udes 5 les feuilles radicales spatulees et a Irois dents ;

204 Boianlque.

les caulinalres pinnies ; les pinnules plusieurs fois

ti'iparlites. C'est la troisi^me planche.

20. Lainium hLfiduni. Ses fcuilles sont en coRur, acuminees ; la coroUe en cascue bifide ; les lanieres divarkjuees. C'est la septieme planche.

30. Hijpochccds mlnuna.Cene plante se distingue

par son pedunrule epais. EUe est la dixi^ re figuree.

4''. Plwrmuim buLbiferum. EUe a la hampe simple,

engrappe; les fleurs penc: ees.C'est la douzienie figure.

5«. Convolvulus stolomferus. Ce liseron est Pobjet de la cinquieme planche. II n'a ^t6 decrit jii.sq .'a present , que par le professeur Cyrilb. W.

EGONOIMIE RURAL E.

Confitures d'Airelle,

Le citojen Bosc a remis a la scciete philomalhique un pain de confitures , compose avec les hsies du vac- cinium myrtlllus ( I'airelle. ) D'apres le proced6 employe par les sauvages du Canada , pour faire leur gateaux de baiesde uaccinuun conjmbosum, Ce pro- cede consiste a faire cuire les baies dav.s un vase de fer , t a auomenter , par la chaleur du four , la dessi- cation, jusqu'a ronsistance solide. Cemojen de sub- slstance habituelle , employe par les peuples sau- vages du noi d do I'Amerique et de I'Asie , n'est point a n^gliger dans le moment actuel. Ces confitures sont tre?-aoreables au gout , et peuvent etre tres-abon- damment fabriquees d ns quelques departemens. On salt que les pL'uples chasseurs et ichtyojphages

Economic rurale. 2o5

du norcl de I'Europe et de I'Asie , les Lapons , les Sa-novedes , les Kamstchadales, les Vosliakes, les Kouriles, ramassi-rit en tres-grande abondancs les baies des rubus articus et rubus kerbciceus pour knr servir de nouiriture v^gctale pendant Thiver j raais qu'ilsne les font point desseeber, qu'Hs se contenlent de les mettre dans des vases d'ecorce et de les en- fouir en terre. Le citoyen Bosc observe que ce prc- ced(^ pourroit aus i etre employe pour conserver les bales du vacanum mijrt'dlus ; car il a rennarqud que les vignerons _, qui font usage de ces baies pour colorerleurs vins , les gardent , sansinconven'ent , d - puis le mois de juin jusqu'a la vendange , avec la seule pr^. aution de les placer a la cave , dans ^ts vases bien fernu's.

G E 0 G 11 A P 11 I E.

Letire dej. D. BARBit , anx Redacteurs du Magasin Encyclcpediquc , sur la rERRE de Kergvelen.

La terre de Kerguelen> , autrement nppeb'e tie de la Desolation J est une grand? i!e de pres de 200 lieues de tour , sitnee an micli de la niev des Indes, par les 49 a 50° de latitude austral?, et pir les 66 a 6a^ de longitude a I'orJent du nu-.idien de Paris , t'est-a-dire , par les 86 a SS"^ a I'orient du premier meridian , passant par VUe-de-Fer. Elle fut d^couverte , en 1772, par les Francais , sous la conduile de MM. de Kerguelea ct de S. Allouarn,

£o6 Geogrcfphle.

et les Franrai'sj retournerent encore , en 1778, soua la conciuite dii meine capitaine Kergue!en. Pendant ces deux vojaj^es, 011 leieva la plus graude partie de la cote meridlonale dc cette lie, toute la cote occi- dentalc el iine paiiie de la cote septentrionale. Les Anglais , a leur tour, visilereut cette ile , en 1776 ; c'eloit dans le troisieme \ oj aye du capitaine Coak , et dans sa traversee dn Cup de Bonns-Esperance a la terre de Die men. Les Anglais 'on^ereni sa cole septentrionale, et ils la releveient touie eiitiere avec assez de details, ainsi que la cote oricntale , en sorte cju'il neresie plusacomioitre qu'une tres-pttile partie de la cote meriiiionale de cette lie.

Les Anglais lui donnerent alors le noni (\^Ue de leu Desotat.'Oti J a cause de son aspect aiTreux et sterile. Eii eflet , sa partie orientale sur-tout n'est composee que de rochers a moitie brises et fracasses, qui pa- roisteut toujours prets a tomber, et qui a peine sont recouverts d'une legere verdure. Toute Tile ne pro- duit pas un arbre ou uh arbrisseau ; on n^; voit aucune trace d'habitation, et les aniraaux que I'onytrouve sont tons etrangers : car ce bont des phoques ou de.s oiscaux de mer. Des fondrieres et des torrens parois-. Sv^.nl remplJr I'interienr de File, et quoique sous une .latitude a^sez peu ^levee, le soramet de ses mon- lagnes est toujours couvert de n;ige , metne dans le plein coeur de l'et6. Ajoutez a cela , que Pile est presque toujours enlouree de brumes qui empecbent de se voir a deux pas,et le nom que lui ont donne les Anglais sera pleinement justifie. Cependant il j a de bons liavres, comme I'ont ej)rouve les Franrais

Sur la ierre de Kerguelen, 107

et les Anglais 5 et co'nrae cette ile se trouva sur la route dv3 ceuxquivont du Cap de Bonne-Espera)ice a la mer du Sud ,■ par la terre de Ditinen , et quVile peut leur servir de relache en cas de besoin , c'est cequi m'engage a examiner les delails geographi- ques de cette ile.

Nous avons dJt qu*il ne restoil plus a connoltre qu'uiie tres-petite pcirtie de la cote ineridionale de la terre de Kergueten / mais sa partie eccidentale a ju9qu'a cette Leure ete Lien mal figiiive sur les carles, si ce n'est sur celles de ceux qui I'out decouverte. Xorsque le capitaiue Cook aborda a la terre de Ker- gueieii y en 1776, il avoit Ires-peu de reuselgnernens sur les decouvertes des Francais dans cetle partie , ce qui lui donna beaucoup de peine pour les comparer avec les siennes. Cetle difficuite augmenla encore entre les mains des redacteurs ds son vojage , parce qu*ils adopterent une mauvaise carte manuscrite des decouvertes des Francais , qu'on leur communiqua, et qui n'cst relative qu'au premier vojage de M. de Kerguelen. lis fireut meme graver cette carte sur celle des decouvertes du capitaine Cook , et par-la ils donnerent une tres-fausse idee de I'etendue et de la figure de la terre de Kerguelen. A la veiite ils ne p iroissoient pas trop se tier a cette carte manuscrite, et en eff- 1 bientot les voyages de M. de Kerguelen et et de M. de Pages , qui avoient ^le presens aux de- couvertes , parurenl et vinrent detruire ^out ce qu'ils avoient fait. II ne resta done plus aux redacteurs du troisieme voyage du capitaine Cook , qu'a dementir dans des notes ce qu'ils avoient fait sur la carte de ce capitaine, et c'esl le parti qu'ils pvir.^iit.

2»8 Geographies

N^anmolns la carte du capitaine Cook existe clans soft troisieme voyage avec les d6couverte 5 ^ des Fran- ^ais , tracv'es d'.4pres cette mauvaise carte manus- crite ; et cette airte a ele una soiree d'erreurs pour les grographes qui iie lisent point et qui ne font que copier. Je ne cil: rai a ce sujet que la carte de la terrede KergueLeti ^ qui se trouve dans la nouvelle ^MncLjclopcdie niethodique j et qui n'est qu*une copiei^ervile de ci He duca-^itaine Cook. Si unnaviga- teur se fioit a cetle carte, dans quel danger ne se jet- teroit-il pas ? II se 1 ri.-^eroit sur la cote, tandis qu'il croiroit encore en eire a plus de 12 lieues. II est done bien essenliel de comparer tout ce que I'on pent connoitre, lout ce quia pu etre fait jusqu'a i'epoque oil I'on compose une carte. C'etoit la metbode des cel^bres g. ograpl;es Delisle et Danville ; mais mal- lieureuseirent on nesuit gut res leurs principesaujoi r- d'hui ; on se contente de traiter superficiellement uie matiere qui demande la plus serieuse attention , et le danger ne paroit rien a cslui qui en est ^^loign^. J'avois ueja examine toirt cp rn\ avoit ete fait sur la terre deKerguten^ r<'s t7'''6, lorsque J3 ^orrigeai la Mappenionde de Danville ; j'avois lu les v : nges de Kerguelen e^ de Pag^s , ei c'est en cons^queuce qu'on verra sur cette mappemonde , quoiqu'en bien petit, que cette terre ne ressemble qu'en partie a la figure que lui donne la carte qui se trouve d ins le troisieme vqyape du capitaine Cook. Je remarquerai encore que je n'ai trouv6 aucun article sur Xa terre de Kerguelen ^ dans le dictionnaire de geograpliie moderne de ia noupeUe EncL/clopedle niethodique,

quoique

Sur laterre de Kergnelen. «og

quolque cette terre fut connue a I'epoque ou c? diction- naire a paru.

Le point de contact des d^convertes des Fran';als et des Anglais est la ba'je de L^OtseaUj qua les An- glais ont Hpp3i6 le Ravre de, NoeL , et qui est pres <lu Cap FrancaLs^ la poiute la plus nord de la terre d& Ker^uelen.Ceite bayeaeterelex^^e, ducote des Fran- ^ais , par M. deRojhegude, actaellement depul^, •t les Anglais en ont aussi donn6 un plan qui dif- fere peu de celui des Franrals. Ceux-ci ont cru qu'il existoit ensuite un grand golfe- parce qu'ils onl vu dans Test une terre (jui s'avancoit vers le nord-est jusqu'au 48""^ degre : cependant la carte du cnpitaine Cook prouve qu'il n*existe point de golfe Hans cet endroit; mais comme le capitaine Cook , eu lono^eant la cote septentrionale j ne pouvoit voir jusqu'au 48'^'<^ degre, j'ai marqu6 en cet endroi , sur la niappe-motule de DanuUle , des petites iles pour representer les terres vues par les Fran-, ais.

II est temps actuellement de parler de rafTecta- tion avec laquclle M. de Pages semble vouloir s'at- trihuer seul la decouverle de la terre qui porte le iiom de Terre de Kergueten. Daus toute sa rela- tion il ne nomnie pas un seul des officiers de I'ex- pedition , quoiqti'il y eut 3 vaisseaux , le Roland^ gros vaisseau que commandoit M. de Kerguelen lui-meme, el sur lequel M. de Pages n'avoi: que Ic titre d'ensecgae ; la fr^-gate I'Olseau , commandee par M. de Rosnevet , et sur laquelle etoit M. do Rochegude, etla corvette /^ Daupkine^ command^e par M. F^rrou. Le Roland et la Dauphlne n\.p-

Tome Hi g

sio Geof^rajhie.

proclierent pas de terre, il ii'j eut que la fregato fOiseaii qui debarqiia du monde,etde ce nombr© fut M. de Rocliegude. D'un autre cote, M. de Pages nYloit que de la 2."'® expedition qui se faisoit dariis les annees 1778 et 1774 , quoique sa carte repre- sente les dt'couvertes faites dans I'expedition ante- rieure , parce qu'elle est copiee sur celle de M. de Ker^^,uelen ; et enlin , si M. de Pages a mis dans sa carte generale : ties noLweiles australes uues par M. de Pagh e/z 1774, il n'en est pas mo'ns vra;i que ces iL's porleront toujo rs le nom de terre de KergueLeti y et que , si quelqu'un avoit droit d'en dis- puter la decouverte _, ce ne pourroit etre que M. de Saint-A'louarn qui fit le premier voya;:,e avec M, de KergLielen, en 1771 et 1772, et qui comman- doit un des deux vaisseaux de cette premiere expe^ difion.

J. D. Barbi£_, charge de la part'u geogra-phique a la Bibliot':.iqus natiojiale.

HISTOIRE MODERiNE.

HisToiRE de la guerre de frevte an^. Par M. Freds Schiller , traduite de Vallemani , ornee d'un portrait de Gustave Adolphe , roi de Suede. Berne, chez Emanuel Haller , 1704. , 2 \oI. in-8.0; le premier de 3oo pag. , et le second de 29J.

JLi A guerre de trente ans est une des plus int^re^ sanies epoques de I'Histoire germanique, et le traito de WestpLalie c.ui la termiua, est devenu i'un des principaux fondemens du droit public de I'Allema-' gneet meme djePEurope entiere. CefutTesprit de re- ligion qui ralluma. Tons les grands evenemens da ce siecle ont eu plus ou moins de connexion avec ia revolution qu'opera la docfr ne de Luther et de Zvviugle , et il n'est en Europe aucun etat sur le^. quel cette revolution n'ait eu une influence plus ou moins immediate.

L'usage que la maison d'Espagne faisoit de ses forces imraenses jCtoit presqu'entiereraent dirig6 con-* tre les sectateurs des nouvelles opinions. Ce fut la ri^^forme qui alluma ces <iuerres civiL's , qui , sous quatre regnes orageux , ebranlerent le trone de France, at'.ir^rent des armies etrangc-resj usque dans le coeur de ce beau rojaume , et en firent , pendant le cours d'un demi- siecle, le tlu-dtre des |,liis fu- iieslcs d^cliirenens. Ce fut la r^forme qui rendit le joug espagnol insupportable aux Beiges , et leur

O2.

«I8 Histoire modnne.

inspira le desir et le courage de le secouer. Toutes les veiii^eances que Philippe II , roi d'Espagne , m^- dita centre la reine Elisabeth d'Angleterre , la guerre sangiante qu'elle soutint centre lui , ne durent ieur origine qu'au profond ressentiment du monarque es- pagnol , irrite de ce qu'elle avoit pris sous sa pro- tection les protestans des Pajs-Bas , et s*etoit raise a la tete d'une secte qu'il desiroit ardemmeiit de d^truire. La scission de I'eglise en Alleraagne fut suivie d'une loiigue scission politique , qui , si ell© r6pandit pendant plus d'un siecle la confusion par- mi les differens ^tats de I'Empire germanique, fut n^anmoins utile en quelque sorte , en ce qu'elle eleva une digue centre I'oppression dont ils etoient me- naces.

Ce fut principalement la reforme qui donna aiix ' couronnes de Danemark et de Suede , le poids qu'elles out eu depuis dans \i balance de I'Europe. Ce fut par la reforme que des ^tats presque ignores , obtinrent nne puissance qui etonna les politiques. Ainsi qu'on vit tout-a-coup de nouveaux liens unir les princes a leurs sujets, on vit aussi des nations entieres former entr'elles de nouveaux noeuds. Les premiers effets de ce bouleversemenf furent pernicieux et lerribles, Une loncue paix , souvent interrompue par I'animo- site des differens partis , fut suivie d'une guerre ruineuse qui dura trente ans , et qui du cceur de la Boheme s'etendit jusqu'aux embouchuTes de TEscaut , ravagea cent provinces , depuis les rives du P3 jusqu'aux bords de 1 Baitique , foula les moissons et mit en cendres des villes et des milliers de vil-

Guerre de trente ans. 2i3

lagcs. C. tte guerre, qui fit perir plus de trois cent jniile soldats , etei<;nit pour un deini siecle les lu- mitres que les arts et les sciences conimencoient a faire luire sur FAUemagne, et la ramena vers les siecles recules de son ancicnne barbaric ; niais I'Eu- rope devint libre par cette guerre dosastreuse , dans laquelle, pour la premiere foisjclle s*etoit envisagce comme une r^publique formee de divers dtats in- d^pendans , et I'beureux resultat des nouvelles liaisons que cette guerre etablit entre des peuples jusqu'alors etrangers les uns aux autres , sufifjroit seul ])our R-con- cilier le cosmopolite avec les maux qu'elle a entraines. li'active industrie en a successivement efTace toufes les douloureuses traces , et les effets bienfaisans qu'ells a produits sent dcmeupes.

Ce furent les opinions religieuses qui produisirent ces grands effets; elles siules rendirent possible ce que Ton a vu arriver; mais ils s'en faut de beau- coup que cl's importanles entreprises se soient faites uniqueraent pour Pamour de la religion.

Si Pinteret des souverains n'y eut concouru , la voix des theologians et celle des peuples n'auroicnt jamais rendu les princes et les guerriers aussi cons- lans, aussi z'les pour la nouvelle doctrine.

Les abus de I'egliss romaine , I'absurditt* de plusieurs de ses dogmes,etses pretentions oufrees ne pouvoient que revolter les esprits et les disposer a embrasser une religion ^pur^e 5 Fattrait de Pinde- pendance et les richesses du clerge devoient faire desirer aux souverains un cliangement dans la religion ; inais des raisons dVHat pouvoieut seules les y rcsoudrc.

03

214 Hisloire moderne.

Jamais les princes protestans de TAllemagne ne se geioient armes pour la liberto de leur culte , si Cliarles-Quint ^ dans le coui s de ses prosperity's , n'eut eiifreint les liberies et les droits dt-s (^tats Germa- jiiques. Sans I'ambJion des Guises, jamais les Cal- vinistes de la France n'eussent eu a leur tele un Conde ou i.n Coli^ny ; enjfin , saus Timposition des dixieme et vingtieme denier , jamnis le siege de Rome ji'auroit perdu les Provinces-Unis des Pajs-Bas.

Les souverains com; attoient pour leur defense on leur a^randissement , et ^e zele pourda religion leur creoit des armees et ouvroit les tr^sors de leurs pen])les.

Par un singulier encbainement , la scission de IVglise se trouva encore r<^unie a deux circonstances cans lesquciles clle a-n-oit vraisemblalleraent eu des suilps bien diJ"irr -utes . c'^ oient la pres onde- rance subite de la maison d'Autriche , qui menaroit la liberte de I'Euione , et le ze!e de cette maison pour I'ancienne fbi. La reunion de la maison d'Au- Iriciie a la ligue protestante lui eiit offert ensemble d'ineslimables a^ antages , enfr'autres celni de | ou- voir s'agrandir , a rexemple de taut d'autres sou- verains , aux de^ens d'nn clergo sans defense. Quelle consideralion put done I'empecber d'en pro- iiter? II est difficile de croire que la foi a rinfaiiii- bilite de lY^glise romaine ait eu une grdnde part h la perseverance religieuse de la maison d'Aufr'clie. Plusieurs motifs concoururent a lui faire prendre le parti du caibolicisme, et a se montrerle plusfernie appui du <ie:e de Ro re, L'Espagne et I'ltalie dont §lle tiroit unt; grande partie de ses forces, avoient

Guerre de Irente njis. 2i5

pour Rome eel attachement aveugle qui distingua ies Espaiinols des le temps des Goths. Le moiiidre j<appro( hemeiit vers la doctrine a' liorr^'e de Luther et de Calvin , auroit pour jamais fait perdre au roi d'Espagne I'araoiir de sespeuples , et peut-etre Tau- roient-ils precipite dii trone. S?s vastes ]orovances en Italie lui imposoient la meme necessile, ct il eloit contraint de Ies menager encore plus que sessujc^ts d'Espagne , parce qu^elles pcrtoient avec impatience un joug etranger qu'elles pouvoient secouer plus facilement. D'ailleurs ces memes provinces lui don- noient la France pour riva-.e et le pape pourvoisin, ce qui devoit suffire pour erapecher la cour de Madrid de se declarer en faveur d'une secte qui rejelte I'aulorite du ponlife.

La branche allemande de la raaison d'Autriche paroif avoir eu plus de liberie a cet egard mais si elle n'eprouvoit point plusieurs des enlraves qui enchainoient r£spagne,d'autrescirconslances devoient la retenir. La possession de la couronne imperiale que ne pouvoit porter un prince hcr^tique, altachait Ies successeurs de Ferdinand I. a la cour de Rome. D'ailleurs Ics princes de la branche allemande n'e- toient pas assez puis?ans pour se passer dessecours de la branche espagnole , qui Ies leur auroit entiere- ment ri'lir^s , s'ils eussent paru favoriser la nouvelle religion. La dignile imperia'e Ies obligeoit eu outre a maint nir Ies loix fondamentales de TEmpiie , que Ics proteslans s'efTorroient de renrcrser.

Tels sonl Ies motifs pr^pondc'raus qui excitcn-cnt la maisou d'Autricl.e a se placer a la lete de la

si6 His to ire mo derm.

]igtje catholique , et a soutenir ce parti aux d^penf jneiiie de ses etals hereditaires ; et telles furent les causes principales de cetle lougue gueire , souvent assoupiie en apparence et toujours renaissante , dan^ laqiielle la plupart des puissances de TEurope furent fiuccessivement impiiquees , et ou Ton vit les TiDj, les Mansfeki , les C'iiristian de Brunswick , et apres eux les Tureine, les Conde , les Luxembourg et les ,Villars , d/plojer tour-a-tour I'^nergie des plus grauds caractejes et toutes les ressources du cou«ii rage, du genie de la guerre, et de la plus profonde politique.

ParUii les guerriers qui figurerent sur ce grand theatre , il en est deux dont I'^clat obscurcit en quel-? que sorte tous les autres , et dont I'auteur s'egt plu particulier; ment a developper les rararteres ; I'un e&f i' arrogant due de Fridlande Wallenstein , gi^neral imperial, I'autre ie roi de Suede, le celebie Gus- tave Adclphe.

« Des murmures universels eclaterent dans I'ar- ni^e, dit M. Schiller, quand on y eut appris le . rappel de Wallenstein , et la plupart des meilleurs pfficiers se retirerent du service ; plusieurs suivirent le general dans ses terres en Bobeme et en Mora- vie, et il s'en attacha d'autres par des pensions considerables , afin de pouvoir les eniplojer au iJesoin.

» Son plan , e^ rentrant dans I'ctat d'un simple particulier, n'eloit rien inoins que celui d'une vie tranquille. Un faste royal qui renvironnaclans sa re-, lrait3 J parut byayer la sentence de son abaissement,

Guerre de trenle ans. 217

Six portes conduisoient au palais qu'il liabitoit a Prague, et cent maisons furent den dies pour faire place a la cour de cet edifice. II fit batir de sem- blables palais dans le resle de ses nombreuses terres. Des gentilshommes issus des plus iilustres maiscns, briguerent i'honneur de le servir , et I'on en vit rendre a i'empereur leurs clefs de chambeljaii , pour ^n venir faire les ionciionsaupres de "Waiienj^ein. Il eutretenoit soixante pages qu'U faisoit inst^i ire par les plus excellens maitres , et son anticl.amhro etoit gard^e par cinquante satellites. Sa table ordinaire n'etoit jamais de moins de cent couverts, et son maitre-d'botel etoit un homme de liaule naissance. Wallenstein fai^it-d quelque vojage , il ^toit suivi par scs bagages train^s sur cent vingl-quatre cha- riots atteles de qualre chevaux , et sa cour Taccom-i pagnoit dans soixante carosses, a vec ciuquante che- vaux de main. La magnificence de ses livrees,.celle de ses equipages et de ses appartemens repondoicnt a ce luxe. Si\ barons et autant de chevaliers entou- roient sans cesse sa personne , pour etre prets a ex^cuter ses moindres signes , et douze patrouilles faisoient la ronde autour de son palais , pour en t^carter jusqu'au moindre bruit. Son esprit, sans cesfe occupe , avoit besoin du silence. Aucun bruit dechar- liots ne pouvoit se faire entendre pres de son palais ; et souvent , a cet effet , les nies adjacentes ^toient ferm^es de chaiues ; sa personne etoit nuiette comme toutes ses approchtfs ; sombre , reuferme , impene- trable , il eloit plus avare de paroles que de pr^^ens , et le pcu qu'ifc disoit eioit prouuuce d'un ton desa^

»iS His fo ire mod erne.

grc'nl-jle ef atterrant; jamais on ne le vojoit rire , et son flegme resistoit h toiites les seductions des sens. Sans cesse ocrupe de gninds desseins , il se refusoit Ions les vains delassemens dans lesquels tant d'autres passpnt une vie oisive. Afin de se confier aussi peu que possible a la discretion d'autrui , il soignoit hii- me;re une correspondence elendue dans toute I'Eu- roj-je, et il tcri- oit tout de sa pro| re main. Sa taille etoit haute et mince ; il avoit le teint jaunatie , les cbe- veux rouges et courts, les yeux pelits, mais 6iince- lan^. Unserieux effrayaiit sieL',eo"t sur s)n front, et m prodigclil^, des recompenses [jouvoit senle retenir au^res de lui la cohorte tremblanle de ses servi- teurs.

» Ce fut dans celte fastnense obs uiile que Wal- leiiistein attendit avec calme, mais non pas oisif, son h^uYQ brillante et le jour de la vengeance , don t les victoirts d;^ Gusiave Adolpbe lui fi.ent bienlot pressentir les douceurs. Aucuji de ses plans vastes et amLiiieux ne fut a' andoiini' ; I'mgralilude del'em- pereur n'avoit fait que le delivrer d^ni frein incora- ni.ode. L'eclat eblou ssant de ta vie priv6e trahis- soit relan onjueilleux de ses vues; et prodigue en motiartjue,Ml paroissoit regarder deja comme des possessions assurees , les biens que son ambition lui faisoii: espc'rer. «

« Gustave eloit incontestablement le premier ge- neral ds son siecle ^ et le plus vaillant soldat d'une armee qu'il avoit crcee. Familiarise avec la tacti- que des anciens Grecs et des Romains , il en avoit invent« une plus pariaite , laqueile a servi depuis

Gnem de trcnte an^. 219

de modele aux plus grands capitaines qui lui out succede. Ce fut lui qui diminua les noinbreux es- cadrons, pour facililer et reiidre plus rapides les Evolutions de la cavalerie ; et dans, la meme vue, il separa les batailions par de plus grnnds espaces. II rangea sur deux lignes son arra^e , cpii aupara- vant n'en formoit qu'une scule dans I'ordie dc ba- taille , afin cpie la seconde lign? put prendre la place de la pren'iin'e , lors.que celle-ci se verroit conlrainte de plier. 11 reincdia au deiaut du Irop pt'tit nom- bre de sa cavalerie, en placant des fanlassins enlre les cavaliers , ce qui souvent de'cida de la victoire. Ce fut de Gustave cjue I'Europe apprit a council re Pimportance ' de I'infanterie. L'Aiiercague entiere a admire Texacte discipline qui distiDgu.;.it si glo- rieusement sur le territoire de I'Empire les ari: ees suedoises : ions les exc^s y ctoient srverement pu- nis , et plus ri^oureusenient encore le pillage , le jeu et le dud. Les lois mililaires de la Suede alloient meme jusqu'a prescrire la temperance et la so'iriete. Aiissi ne vovoit-on lu or ni argent dans tout le camp siu'dois , pas meme dans la ienie du nionar- que. L'o'il du general veilloit avec le meme soin sur les mceurs dusoldat,qu8 sur sa bra"'oure et sur I'exactitudc du ser\iwe. Cuaque jour tons les regi- mens, formes en cercle autour de leur aumonier , faisoient la priere du matin et celle du soir , et le roi lui-meme donnoit i'exemple de ce devoir pieuv. Une devotion sincere elevoit le courage qui animoit le copur du grand Gustave. Exempt egalement de ctn esprit d'irreli'^ion qui aneaulil \c frein ne.cssairs

2 20 Histoire moderne.

aux passions du sauvage barbare , et de cette bigot- terie avilissante et titnoree qui caraclerisoit Feidi- iiand , Gusiave, au faile de la gloire et du bonlieur, ne cessa jamais d'etre horame et d'etre cliretien , mais aussi dans sa devotion il fut ton jours roi , tonjours b^ros. II supportoit de ineme que le der- nior soldat ue son arm^e , toutes les fatigues, tons les dangers de la guerre. Au plus fort de la me\6e , son esprit ttoit calme et serein. Present par-tout par ses regards, loujours on le trouvoit affrontant les plus pressans dangers.

« Le 20 mai i63o, apres qu'il eut termine tons ses arrangemens ,et tout elant pret pour le depart, leroi pnut a Stockhoira dansl'assemblee de la diele , pour f^iire ses derniers adieux aux diff(6rens ordres de son royaume. Li\ il prit entre ses bras sa fille Cbristine, agee seulenif^nt de quatre ans , et qui au berceauavoit deja ete declaree son berltiere; il la presenta aux etatsjcomme celle qui devoit etre un jour leur sou- veraine ; il fit renouveler , au cas ou il ne revien- droit pas en Suede , le serraent de fidelite deja pret6 a ce.t eiif:int , et lire I'ordonnance relative a Fad- minislratlon du royaume pendant son absence , 014 pendant la minorite de sa fille. L'assembl^e entlere fonclit en lannes , et leroi lui-meme eut besoin de quelques raoraens pour rappeler sa fermete et se mettre en ^tat de prononcer ses derniers adieux ^ la diete. »

« Ce n'est point temerairement , dit-il aux quatre ordres de son royaume , que je me prccipite , et V<?us avec moi y dans cetie nouyelle et dangereuse

Guerre He trente ans. «2t

gaerre. Je prends a t^inoiii le Dieu tout - pw?;: ^.it, que je ne vais pas conibaltre pour satisfiiiic uiie value ardeur trueiTiere.L'empereur m'a iiif''x'iement offense dans la personne de mes amba.s. : ;;inrs ; il a donue de I'appui a mes eimemis , li jerstcute nies allies et iiies freres , il foule au.\ pieds ma religion , et il ose porter sa main jiisque sur ma couronne. Les elats oppiimes de I'A'lemagne nous appellent avec instances a leur aide , et s'il plait a Dieu , nous leur donnerons du secours.

» Je connois les dang rs auxquels ma vie va ^fre exposee : jamais je ne les ai evites; et il sera difficile que je leur ^'chappe. La providence divine m'a jusqu'ici conserve miraculeusement ; ma s enfia il faudra que je meure pour la dt^^nse de ma pa- trie. Jevous remets a la protection du Ciel. Sojez justes, sovez consciencieu?; ; raenez une vie irivpro- cha! le^ et nous nous reverrons un jour dans i'e- ternite.

» G'est a vous , senateurs de men rojatime ^ que je m*adresse d'abord. Dieu v-uiile vous 6claiier ^ vous reraplir de sagesse et diriger tons vos con- seils pour le plus grand bien de mon rojaume. Je vous recommaude j brave noblesse , a la protection du Tr^s-Haut; continuez do vous monlrer les dignes descendans dc cjs heros de la Gothie , dont la va- leur fit rentier l'a'ili((ue Rome dans la poussieie. Yous , ministres de l'<^glise , je vous exhorle a la tolerance et a la concorde : soy.^z vous - raemesle modele dcs verlus que vous precliez , et n'abusez jamais de votre empire sur les cueurs <ie mes peu-

i!2,<2 Ilistoh-i modeme,

plv'^s. Qnant a vons , mess'eurs les deputes des or-< dres des bonrgeois et des paysans, je vons souhaite les benedictions du Ciel , des r^colle^ licureus s , re- compenses de vos travaux et de votre iiiduslrie ; erne vos granges soient toujours remplies , et que vous abondiez en tons les biens de cette vie. Je fais ponr vous tons J t;int absens c,ue pivs ns , le^ voeux les plus sinceres au Ciel. Je vous dis a tous mes ten- drcs adieux. Peut-etre est-ce ponr toujours. »

Les pressentimens du vertueux monarquene furent point vaius. II trouva en efFet ,a mort dans leg campagnes de Liitzrn, mais la n-^ort glorieuse d'un soldat 5 et ce ne fut (]u'. pres avoir pousse ses con- quetes en Allemagne, des bords de la Baltique h cenx du Rliin et du Danuoe , et fait trembler Fer- dinantll sur son tro'ie imperial. Wallenslin, le rival de sa gloire et le principal obstacle au complement de ses surces , ne lui survccut pas Ion: -temps. Cc-' lui-ci mourut assassin^ par les ordres, })ul)]iquement avoues, de I'emp. reur. II est permis- de soupconner , d'apres I'auteur allemand , que Gustave I'avoit ete par des ordres secrets, 6manes de la meme autorit^«

Un grand nomjjre d'ecrivains de toutes les na- tions se sont exerct's a rapporter les ev^nemens de cette memorable guerre. Les unsse sont attaches par- ticnlierement aux details militaires , les autres telsque le P. Bougeant^ dans son histoiip du traits de JVcst- phalie ^ ont suivi le fil des negociations. M"". Scltiller a pris une marche diflerente : il ra. onte rapidement ]es faits , et developpeavec soin et sous un point de vue philosopliique , les causes qui les out produits.

Guerre de Iren'c ans. 2 23

Son onvrage est seai6 de traits de caractere et d'a- necdoctes curieuses. II est a regretterquerauteurait passe aussi rapldement sur repoque a laqiielle la France prit part a c<"ite fameuse guerre. Peut-etre a-t-il manque des inaterianx necessaires pour com- pleter a son gr6 ce'le parlie de son ouvrage , qui , au surjiliis est tres-intercssant : le stjle en esteleve <3t soutenu et la tra.luclioa paroit faite avec soiii.

H I S T C) I R E LI TT E R A I il E.

OBSERVArlo^s sur [a notice dc li Chronique dc Pierre D\iNDLO , par U ciioyen Orerun , imiree duns U Magasin Encyclopecliquc (i).

V.>ETTE C'lronique , dll le cito'.e;i Oberlin , com- mence par la cre'ation c!u mop.de , ct elle (init a I'annee 1400. Plus has, OberLn a\ ertit que cette chroiiique ne remplit que aeuj pages ^ et quV/ je pourrolt. que le manus rit decouvert ne coniiutqu'un exlrait de la cbronique.

I. Qu'est-ce qu^ur.e Chroni jue commenrant a la creation, finissaul a Tannee 1400 , ct qui ne remplit que ncuf pa^es ? Assuremciil , les fails do: vent etre bien presto's dans un si petit noinbre de p^'ges ; a peine Tauteur a-l-il j u eu iiidiqucr seulement un pe it nombre.... II est evident que ces neuf j.agesue contieuneutreellementqu'imextraittres-suecinct d'une panic de la Chroniqiie de Pierre d'Audlo , qui est

(i) Tome I , p. 216.

$24 Histoire litleraire.

encore ^trouver, quoiqu'on nous la donne cdttimii

dt^couverte.

II. Le citojen Oberlin ne donne pas une iddd assez comp ele du siisdit abreg6 ou extrait de la Chronique d'AndIo, en clisant g(^neraleraent,et sans rien arlicnler de precis, qu'il s'^tend sur les ^v^ne- mens arrives a Bale et a Colmar. Quels sont ces ^^vetiemens sur lesquels s^etead I'abrege de neuf pages? Sont-ce Ijs faits de I'histoire civile , eccl6- siastique , politique : ou bien ces faits appartien- nent-i's a I'hisl fire des sciences et des letfres? C'est ce qu'il falloit articuler. Uue Chronique , comme tout le monde s.';ii , differe d'une autre Chronique par la nature des fails qii' lie contient. Telle Chronique, a' cause des details cju'elle pr^sente sur I'histoire civile^ est prt-feree a i.^lle autre dont I'aute.jr s*6tend ou sur les homines illustres , leurs actions et leurs ouvrages , on sur 1: s productions naturelles d'un paj, s , sur les prodiges que Ton y a observes, etc. Le biographe He recherc' e dans lesChroniques, que les articles qui ont trait a la vie des illustres et des savans ; un bi- bliographe s'attache , de preference , aux indications de livres anecdotes ou perdus ; I'astronome y chercbe des observations d'eclipses,- de com^tes , ou d'autres phenomenes celestes j ie naturaliste n'j veut lire qu^ des descriptions d'animaux , de plantes ou de min^- raux : en un mot, chaque clause de litterateurs et de savans cherche dans les chroniques , de ra^me que dans les autres livre- , les faits qui appartiennent ^ I'objet direct de ses 6tudes; Ce n'est done pas indi- quer suffisamment le caract^re distinctif d'une Chro- nique y

Sur la Chronique dc Pierre d' ArifUo. 92S.

nique, que dire vaguement , et sans ariiculer rien del partlculier , qu'elle s'6tend sur les evenemeiis arrives eii: tel ou tel pays.

HI. Dans le cours de sa notice, le ciloyen Oberlin averlit qii'un ouvrage inter, ssant de Pierre d'Andlo , ,eur la constitution de I'Empire germanique, fut publie d'apres un seul njanuscrit trouve a Heidelberg , par Marquard 6<2C/^er et par Tobie Oelhafen. i.o Mar- quard Frefier ^ ^crivain tres-connu, et dont on peut voir I'articie avec le catalogue de ses ouvrages (i) , dans les m^moires du P. Niceron, tome XXI , pag. 231-248 , Marquard Freker^ dis-je, est celui qui publia I'ouvrageen question, en i6r2, a Strasbourg, in-4.° II seroit difficile de reconnoitre ce Fre/ier sous le noni de Sacker qu'on lui donne ici , je ne sais pourquoi. 2.° La bibliotli^que nationale possede uu manuscrit de ce petit ouvrage de Ccesared nionar-* chid , de P. d'Andlo; J'ai dte curieux de le voir , dans I'esperance d'j trouver quelque particularitesur

(i) Parmi les ouvrages de Frelier, il faut bien distinguet son Diiecloriam in omnesjeie chionologos , annalium scrip- tores et lusloriiios potissimum Homani (rerrnanicique imperii j livre excellent pour les lecteurs des Chroniques , dont Jean* David Koeler , professeur d'Altorf , donna une bonne editiou a Nuremberg , en 1720 , et une autre en I734. L'ouvtage a re- paru a Gottingue en 1772 , in-4.° avec des corrections et des augmentations de George-Christophe Uamberger-^el malgra «es diff^rentes Editions , il est trop peu connu en France. L'exemplaire que je possede de I'edition de 1784 , est un present du feu cardinal Garampi, qui me I'envoja de Vieane^ pendant sa noacia^ttre aupr^s de I'empereur.

Toms il. H

«2(5 Histoire liricraire.

I'auteiir, et aiissi pour comparer le volume manuscrlt avec I'imprime de Strasbourg, 1612.

Ce manuscrit latiu , cole n.o 6o3o , ollm 9980 , et Baluz. 70 , est ecrit sur deux colonnes , et il n'a que 63 feuillels. On y trouve , en tele^ u\\ Prceconium JBasUeenSLS stadii _, en 8 n-.auvais disliques , dont \ oici le premier :

Sisjoelix etj'ausio leata uimiine semper ^durea se cuinulant Basllea scecula tlbi.

L'auteur y est qualifie , decretorum doctor ^ prce^ posllus ecclesicB coUeglalw Luteinhacensls. ASus'^y a I'epoqne de la composition do ccite piece, Lautem- bacli ^toit une egUse colleglale j et non une abbaje.

A la suite des 8 distiques dont jc viens de parler , on trouve, dansle manuscrit, I'opuscule sur I'Empire germanique , public pour la premiex'-e fois par Marq. yrelier. Notre rnanuscrit dilfcre en beaucoup d'en- droits de cette edition de Freher 5 il sercit trop long d'indiquer ici les variantes 5 je me borne a avertir que les mauvais vers qui sont a la fin de la dedicace de- P. d'i^Lndlo, sont, dans notre niaimscrit , tout autre- jaient que dans Pimprime , dont je n'ai vu que Ja pre- miere edition de Strasbourg, 1612 , sans avoir pu trouver cclle de Nuremberg, 1657.

Enfin, au dernier feuillet de notre manuscrit , on lit un avis qui apprend qu'il fut donne par Jean Ottlin , dit Herrgot, vlpce vocis oraeuto ^ dum erat infinnus y magistro Jolianni Video Surgant^ docteur en droit, sou ami , le samedi ayant la Tous-

Sur la Chronique de Pierre (TAndlo. 227

saint, 1.490. Cq Je^n-VlTiQ Surgant , ou Surgand , est celui qui soigua I'l'd.iion faite a Bale par Nicolas Xesler , en 1493', in-folio , de VHomiUanum Hiero- nijnii , AmbrosU, AugusUai , etc. : Edition citee au tome i.^r , page 556, not. i , des Annales tjpo- erapiiiquei de Maitaire , qui estropie le nom de I'auleur, en I'appelant Jo. Fo/ricus Surgaa^. Je connois deux ouvrages de ce Surgant , savoir : un Manuale curatorum , imprime a Majence , par Jean Schoefrer,en i5o8, in-4.0, reimprim^ a Bale, en i5i4, raeine format ^ et un Rcglinea studloruni^ imprime aussi a Bale, en 1002, in-4.0 Get auteur etant fort peu connu, on est bien aise de trouver qu'il en soit fait mention dans notre manuscrit, comme existant en octobre 1490 , et comme docteur et droit.

Voila ce que j'ai cru devoir dire a Pocnasion de la notice donnee par le citoven Oberlin sur la Chronique de P. d'AndIo 5 cette notice ajoute quelques } articu- larites a I'article de ce P. d'Andlo , qui est dans la bibliotheque latine du mojen age , par Fabricius ; et sous ce point de vue , elle ne pent qu'interesser I'his- toire litteraire du XV.e siecle. St. L***

JP a

T Y P O G R A P H I E.

A D R E s s E de la Convention Nalionale au Feuple tranqais , decre'te'edans la seance du 18 vendemiaire , an trouieme de la Republiqiie Franqai^e^ une et in- divisible , traduite en Arahe par P. Rufin ^ secre- tairc'i'iterpnte dc la Repuhlique ^ imprimte par ordre de la Convention Nationale ^ par les soins de Lovis Laj^gles , Sous-Garde des manuscrits de la BihlioihlqueNationale , p6ur Ics Langues Arahe , Persane , Tartare-Mantchou , etc. Paris , de Tim- primerie de la Republique , an troisieme , 12 pages in-40.

J\l ous avons public, il j a qiielqiie temps, des oId- servations utiles d'lin de nos collaborateurs , Louis Langlfes 5 sur la Typographic orientale. Npus faisofts connoitre aujourd^hui un monument tjpographique, ii^it pour rendre k nos presses leur ancien eclat. La Convention nationale s'est occupee des mojens de faire renaitre Tetude beaucoup trop negligee des langues orientales ; elle a foud^ une ecole qui, nous I'espdrons , va bientot s'ouvrir , et qui , d'apr^s le nom des professeurs qui ont et6 clioisis , peut nous faire pr^sager les plus heureux su. ces ; elle a voulu tirer de I'obscurlt^ oii on les avoit Jaiss^s, les beaux caractkes qui, apres avoir servi a i'irapression de la fameuse PoL^gtotte de J Itray ^ etoient detneures depuis dans ua oubli total. La commission des rela- tions ext^rieures a senti tout le prix de ce tr^sor j ell%

Imjression Arahe. 929

n VII combien il importoit a la politlaue ef au com- merce , fie faire connoitie les principes qui clin.ent la nation franraise depuis le 9 thermidor. Aussi cette noiivelL^ production peut-elle elre eiivisagee sous le point de vue politique et commercial , et .sous I'aspect litleraire. Mais , sous ce dernier rapport ra^me, elle est egalement tres-propre a donner line idee des richesses en ce genre , que pos- sede la Republique. La traduction a ete faite par P. Rufin , et les epreuves ont ^te revues par Louis Langles : c'est assez pour faire avantageuseraent pr^- sumer de leur exactitude. Le texte fran(;ais ne laisse rien a desirer pour son execution , il est enferme dans \m cadre noir ; la traduction arabe est en regard, et enferm^e dans un cadre rouge. II est aise de voir, par I'inspertion des 'carac teres , qu'ils peuvent rivaliser avec les lettres des plus beaux manuscrits 5 ils surpas- sent merae en elegance et en perfection ceux des imprimes les plus celcbres. Lidependamment des deux corps employes dans cette adresse , I'imprimerie rationale en possede encore un plus petit. Le noaibre des poin(jons de chaque corps s'^leve a plus de dop. Le caractere persan , dit taaiik _, de cette imprimerie, est aussi beau et aussi rjche. II est a desirer qu'il soit (Egalement employ^ , et que l¥tude des langues orien- lales , remise en lionneur et en vigueur , nous procure des drogmans bnbiles , dont le nombre est aujourd'hui trop peu considerable, ce qui est tres-nuisible a la di[)iomatie et au commerce. C'est a la paix qu'i^l ap- p.irliendra de donner un heureux essor aux Etudes vie tons \qs genres \ mais on trouvera du jnoins qua

P 3

5 So Typographic.

c'est avoir bien m^rite de la patrie , que d'avoi'r , an milieu du bruit des armes , et des troubles polili- ques J ouvett une route dans laquelle on pourra de- soniiais marcher d'un pas plus sur. Nous ne termine- rons pas cette notice, sans paj^er au citojen Dubois- Lauerne , inspecteur-g^n6'al de: rimprimerie de la Republique, le tribut dV- oges qu'il merite pour I'in- telligence et le zele avec lequel il a dirige cetle impression , qui sera regardee chez toutes les nations comme un precieux et curieu?^ monument de I'Ai t Typograpliique. A. L. M.

B I O G R A P II I E.

KoriCE sur la vie ft les ouvrages de Florian,

C_j ' E s T Fannee derniere , le 26 frnclidor ( 12 sep- tembre, vieux style ), que les lettrcs perdirentFloi ian, mort dans la commune de Sceaux - /' TJnUe , age de 39 ans.

Florian etoit ne dans la ci-devant province de Languedoc , au hameau de Florian, propriete de ses percs. II etoit parent de Voltaire par $a mere. II eut, des son enfance, le bonheurde voir, d'interesser ce grand homme. Sa famille le destinoit au service ^ il J entia ; il fut capitaine de dragons, et cheva- lier de St-Louis. Le ci-devant due de Penthievre , mort il J a quelques ann(^es, eut I'avantage de se Taltacher , plus encore par I'amitie que par la charge dont Florian fut tilulaire.

Notice siir la v'e ct hs onvrages de Tlorian. 23 1 Mais CR qui nous int^TCsse ici , et ce qui I'lnte- rcssoit bcaucoup plus lui-mcme , c'est son talent llrleraire. II I'annonca des Tannee 1779, c'est-a- dire a Page de 24 ans, jiar une petite comedie en un'acte'et en prose, inlilulce Les Deux Billets ^ jouce aux Italiens , et qu'on y revolt encore avec plaisir. Encourage par le succes de cette piece, et t'clairc par la chute d'un autr^ cssai , Adequln , Moo J Dame et Valet ^ tombe le 5 novembre de la mcine annce, et jete au fen le 6 du meme mois j il fit successivement le Bon Menage , le Bon Vere , la Bonne Isle re ^ le Bon Fits ^ etc. II crut qu'il t'toit possible d'allier au theatre I'interet et le comique- Pour cela il jugoa qu'il avoit heroin A^Aiieqiiin. II adopta done ce genre da pieces ; et , sans vouloir imitcr ni Marivaux ^ m DeUsle ^ qui en avoient tiro un ]:)aiti tres-heureuK , il ctablit ie caractere de ce personnage d'apres ses idess parliculieres. On s'ac^orde a dire , qu'en lui conservant ses/aceties berganiasqiies , il trouva le mojen de Is rendre plus intcressant et plus moral. II fit rire et pleurer_, et son Arlcquin fut a-la-fois comique et respectable. Fiorian joignit au talent de composer ces petits ou- vrapes, Tagr^ment de jouer lui-meme en societe, le role d'Arlequin javec une perfection qui rappeloit Carlin. Feu d'Argenlal, ce coustaut ami de Voltaire, avoit un theatre siir lequel Fiorian et ses pieces plurent egalement a des spectateurs dont le goiit etoit dif-. iicile et siir.

L'academie francalse , en 1779, avoit projiose po.;r sujct du prix de powsie ^ un edit do ce terns ,

P4

q32 Biographie.

lequel affranchissoit tons les serfs des domaines. Le prix fut remis deux fois. Florian fit pour le tioisieme concoiirs la piece intitiilee V^ottaire at le Serf dn Mont-Jura. Elle fut couronnee.

A cette ^pociue, plus occupy du service que des leltres , il avoit a peine essaje son talent poet que. Mais dans de frequens voyages qu'il faisoit a Fernej , il avoit enlendu Voltaire parler de la niaui-morte ^vec I'indignation que lui inspiroient tous les crimes., de rotre anc'enne legislation , et gt^mir sur le sort de douze mille habitans du Mont-Jura^ soumis a cette loi atroce. II fut inspire par l'int(^ret du sujet et par le nom dj Voltaire. Sa piece, dont le cadre est heureux et dramatique , prouva , sinon un grand talent pour Part des vers, du moins quelque habi- lete dans la composition , de I'esprit , de la sensibi- lile , et ime d-ctiou raisonnable et pure, m^rite dent ses juges lui snrentd'aufant plus de gre^ qu'il devenoit tous le» jours plus rare. Quelques anni-es apres , il remporSa un autre prix de poesie, dans !es (oncours de la meme academie. II avoit tire son sujet de I'Ecriture sainte. C'est Tinteressante ^glogue de.Boo^ Ct Ruth. II envoYa au concours de 1785, pour le prix d'eloquence , \\n eloge de Louis Xll. Son ou- ■vrage n'oblint qu'une mention honorable. A I'imila^ tion de I'cloquent auteur du sublime eloge de Marc - ^urele, il avoit imagine ini plan dramaliqr.e sur le fiucces duquel il paroissoit compter beaucoup. II faisoit lou(r la clemence deceroi par la TrimouUte qui I'avoit eprouvf^e, sa legislation par le garde-. 4^s-sceaux Poacher y sa yaleur par Bajjard. i^loriau

Notice wr la vie et le^ ouvra^es de Florian. 2 j3 t\e fut point aiissi heursux que Tliomas son modMr. D'academie n'approuva point la ftjime cpi'il avoit a(1ojtt^c. En effet, si I'idee de ce plan etoil Ing^- nieuse, Tex^cution ^toit monotone. Le prix fut donn^ dans le concours suivant , a I'ouvrage bien pense et bien ^crJt dn ciio^^en Nool , actuellement adjoint a la commission d'instruction publique, et ci-devant minislre -de !a repiib'iqne a Venise.

Florian avoit une pn'dilecfion marqiu-e ponr ie genre de la pastorale. II le trouvoit avec raison peu Susceptible d'interet dans I'eglogue delacli6v". Vn re- cueil dVg'ogues lui parois?oit res-em bier a unc^ sui 10 de premi{>res scenes de comedies. II crovoit le drame pasloial, lei que VAinlnte ^ bien preferable , malgro sa froideiir pvesque ineviiabie ; mais le roman , apres le poeme, lui parut le meilleur moycn de ron- dre la pastorale vraiinent inltressantc. 11 donna sa Galalhee, en qualrelivres.Les trois premiers sent une imitation erabellie dela Galath6e de Michel Cervantes. Le quatrieme livre est entierement de I'invention ds Florian. On sait que I'auteur espagnol n'avoit point complete son ouvrage. II donna quelvjue terns apres son Estellc,en six livres. Ces d u\ romans, et sur- tout le premier , eureiit un succes qui s'rst toujours soutenu. Ge qui nous sembla caracleriser le talent de I'auteur dans ces deux productions , c*est I'accord contin»' de senti rens naturels exprimes avec finesse, et de pens^es ing^nieuses rendues avec s mplicite ; c'est aussi I'art de reveler avec grace les sensations les plus mvst^nieuses des jennes coeurs , et le doii de peindre fidelemQiit les details clioiais d|p la nature

2r>4 Biographie.

champetrc , en evitant I'inconvenienf de la pros© dans ces peintiires , cehii d'^tendre trop Ics couleurs et de Ics affoiblir en les chargeanL Enlin , a ces qua- litescjuilui sont particiilierement propres, il joignit le merile d'une narration rapide , claire et soignee y et les formes el^'gantes d'un slvle pur et raelodieux.

II osa enlre|;renclre un ouvrage dout le caractere plus grave exigeoit des conceplions bien plus fortes. II fit un reman politique : c'est son Numa Fom- piUus. Cette production , digne d'eslime, etoit peut- elre d'un genre trop eleve pour son talent. Les six premiers livres olfrent des situations et des details pleins de merile et d'iatt^ret ; mais les six derniers leur sont bien inferieurs j et en general , si nous osons le dire , Pordonnance de I'ouvrage n'a point asse,; de grandeur. Ci lies des conceplions qui, dans ce genre d'ouvrage tiennent de IVpopc'e , en sont foibles et communer.Lcs comblnaisons descaracteres produisent pen d'interet et peu d'effet. La narration est quel- quefois tellement serree , qu'elle ressemble presqne a un sommaire. Les vues politiques en sont peu ^tcndues ; mais on y distingue Part de repandre des couleurs locales. Le caractere de Romulus a de la verity , et c'est une invention tres-ingenieuse que d'avoir substilue a la njmphe Egerie, le vieux Zo- roaslre et sa fille Anais.

Elorian , qui jouissoit deja d'ane reputation bril- lanle et si bien nieril^e, fut adm'S , quoique tres- jeune encore , a I'academie franraise, le 14 mai 1788 ( vieux style ). II remplagoit le cirdinal de Lujnesj et il fut recu par le cilojen Scdaine.

]\^oUcc sur la vie ci ks ouvrngts de Florian. 23 S

II voLilut se rendrc plus digiie cncorr^ dc cplte d'.s^ tii.Ciion , a laquelle on attaclioit al rs b:aiicoun tie prix/ II pui)lia de nonveaux ouvrage.s.

Son gout pour Micbel Cerv^anles et pour la 1illr- ratufe espagnole , le porta a composer dci? Nou^ incites , genre d'ouvrages tres-culllve en Espagae. II en a donne denx recucils. Le choix et la varit'l^ des sujets, le ton proprs a rautcur et^ que nous avons iadique plus haut , en reudent la Itclure ires-inlt- ressante.

Numa Pompilius n'avoll point joui du succes (jne Pauteur avoit espi'-re. II crut qu'en choisissant ua sujet enire le roman politique et le rontm pastoral , il le traiterolt avec plus de bonlicur. Gonz^alve de CordoLie ou Grenade reconquise ^ en dix livres , n'eut pourlant pas un succes aussi briilant ni aussi sou'enu que Galatliee et qu'Estelle. Cependaiit rrt ouvrage fait encore beaucoup d'honneur a son talent ; il est precede d'un precis iiistorique sur Ics rJaurcs d'Espagne , compose avec mrr-iide ^ plein de ic-^- clierclies interes antes, et ccrit du stvle qui conviciit a I'iiistoire.

Elorian a aussi donne un volume de fables. Nous crojons que ces fables sont , avec Galailn'e, celui tie sesouvragesquidoi fairc leplusd'iionneurason esprit et son talent. EUes nous paroissent , s'il nous est permis d'enoncer noire opinion , bien superieuves a toulrs ccUes qu'on a ose publicr aprcs Lafonlaine. Gala- tliee, Estelle nieme, et ce volume de faules peuvent done assurer a Florian uae r^putatioa durable; et si Ton songe au merit j de scs aulres productions.

2 36 Biogrupkie.

et a I'age ou la mort I'a enlev^ aux lettres, on ns pent que d(5plorer la perte pr^matur^e d'un homrae qui avolt do]a fait beaucoup pour son honneur et pour nos pliiisii's ; mais qui , par cela meme, ^toit destine a plus de };!oire , et garantissoit de nouvelK-s }Ou stances aux amis dcs arts.

INous crojcns (!u'aucun d'euxn'avoit encore appele les regrets des lecteurssurcetecrivain ingenieux a-la- fois et sensible, et quia eule merite peu commundese creer,dans le genrequ'il a adopte, une maniere qni lui est prople. II avoit presque acheve un poeme , lire de Tliistoire des Hebre*ix, intitule EUez^er , et qu'on assure etre son meiileur ouvrage. L*auleur de latouchanle (ragedie d'Abufar, le respectable Ducis, digne ami de Florian , s'ctoit proiuis de lui dedier sa FamiUe arahc. II ne pent plus la dedier qu'a ses manes. Nous avons sous les jeux celte dedi- cace uon encore iniurimee. Sans doula on nous saura gre d'en extraire le morceau qui suit. 11 donnera du caractere moral de Dorian , une idee bien plus juste que ce que nous en pourrions dire ; ct lesc'oges donnes par I'amitle (t par le genie, auront a-la-fois plu,> d'int.'ret et plus d'autorit^\

« Oconiien ton Eliezer ou ton nouveau poeme M des H'breux , non connu encore , mais ton » > l)"f-d'a^uvre , mais ton plus cbarmant ouvrage, » mais ecrit sous la dictee des Graces ou de Fene- >' loo , encbantoit antour de moi , cet et - , les bos- » quets solitaire.-- , les bauts peupliers sous lesquels y> tu-in'en fis entendre la lecture !.. O combien il ho- » nore ton ame I combien il aiqute a ta gloire ! A,

Notice sur la v'e edes ouvrages deFlorian. 237 fa gloire ! Et je vois le triste cvj-res qui couvie » la cendre! N'importe ; tu ii'es pas mort lout en- » liefr. Tes ouvrages sont entre les mains des gens » de gout ; Ics meres sensibles et ve; tueuses les re- » lisent; leurs Jeunes filles a leur tour en font leurs » delices. Oui , ton nom vivra , il sera immortel 5 il >' vivra , ct sur-tout il sera aiaie. O Florian ! etoit- » re avant quarante ans que tu devois nous etre ravi ! » Repose, 6 mon ami! repose , aimable ^leve de « Fenelon, peintre enchanteur da I'innocence, de » la valeur, de Taraour , et de la vertu. Qu'd I'as- « pect de rinimble cjpres qui attend la tombe , le » coeur encore emu du souvenir de ta perte et des » douces impressions de tes ouvrages, la benut^ nais- » s.inte en approche d'un pas timide ei involontaire, » avec une douleur muette, avec un soupir, une « larme peut-etre ; qu'elle dise enfiu , en regardant » sam^reaffligee: PoUd Le cijprbs de Flo dan ! >> que ue pui.-je^ mon ami, j graver ces dernieres >> paroles qui t'^chapp^rent quelquefois dans le ■'^ pressentiment d'une mort prochaine ! Quand on " n'a plus long-temps a vlvre, it faut se hater ^> de /aire Le bien. j; V. B.

^ D D I T J 0 N a la notice sur la vie et les ouvrages de

J-J' B ARTH t L E MY.

Uepuis rinjpression de oette notice, on nous a communique un ouvrage manuscrit de Barthelemj , qui avoit eciiappe a uos reclierclies. II a pour litre :

238 Biographie.

B.efLexLons sur urie lob des aiiccens Perscs. C'est uti petit traite de morale , comj)ose , en lySS , pour rinsti-uclion du jeurie d'Auriac , neveii dii nuignanime et iiiibrlune Miilsli' rbes. Le roman de Carife ct do Poljdore avoit le meme objet. Voici le coniraciice- inent du premier da ces ecrits : « Xeuophon , parlant » de I'insiilution des jeunes Perses , dit que, pour » leur procurer de tonne heure la connoissance des » loiset des formalites de la justice , on avoit elabli » dans les ecoles publiques un tribunal ou ils venoient » s'accuser n utuellement de leurs fautes, et qu'entre » autres crimes , on j punissoit I'ingratilude avcc » beaucoup de ?everite. II ajoute que , sous le nora » d'ingrafs , les Perses comprenoient tous ceux qui se » rendoient coupables enversles dieux , les parens ,13 » patrie et les amis.

» Cette loi admirable ,non seulement ordonnoit la » pratique de tous les devoirs , mais elle remonloit » encore jusqua leur origine et les rendoit aimables. » En eiTet , si Ton ne ])eut mar.quLn- a ses devoirs sans » ingratitude, il s'ensuit qu'il faut les remplir par uu » motif de reconnoissance ; et de-la resulte ce principe » sublime et lumineux, qu'on ne doit agir que par » sentiment.

y> II seroit a souhaiter qu'un liomme de beaucoup » d'esprit eraplojat beaucoup de temps a developper y> cette grande Verite : elle est la base de la morale J) et du bonheur. Car, lorsqu'on a^uit par amour , on 39 agit sans peine ; et , lorsque I'amour est bien regl6 , on est lieureux «.

Ji'auteur , apres (juelques phrases dict^es par la

Addltkon a la notice sur Barthelemy. 239 motlestie , termine son prt-ambule en ces termes : « Relativement au passage de Xenophon , ces rd- j) Aexions auront pour objet la religion, les parens, » la patrie et les amis >\... EUes ne sout , comme il I'assure lui-meme, que « le d^veloppement de celle- » ci : c'est dans le ctEur que tout riiomme reside, 7> ct c'est la uniquement qu'il doit cliercher son « repos , sa gloire et son bonheur ». Ri^n de mieux d^veloppe que toutes les sages reflexions de Barthe- lemy. Tout est anim^ par une imagination brillanfe, mais bien r^gU^e. Une elegante simplicite repand de Pinteret sur ses lecons. Point de clioses triviales ; toutes les veiites s'y trouvent prL'sentccs sous un nou- vcau jour. Quclques-unes ir.eme doivent fixer Tatten- tion du philosophe. Telle est colle-ci : « L'amour de y> la patrie n'est autre chose que" l'amour de ses » devoirs 5 mais un amour noble , dcsiuteresse , qui, y> loin de se nourrir de I'opinion des autres hommes, » saura dans le besoin sc sufflre d Lu.l-meme «.... La reflexion suivante m^rite encore d'etre rapportee... « Voyez autour de vous une multitude erapressee , » dont les ames cherchent a se joindre \ la votre , et » dont les jeux ne vous renvoient que des regards d^ » reconnoissance et d'araour. Quel spectacle ! Non , ^ la presence des ingrats ne le troublera point ; ils » fuiront la votre ; on, s'ils osent I'affronter, vous » serez venges par la douleur int^rieure qu'ilsdprou- » veront. Car on a beau s'armer d'impudence, rien » n'elface dans une ame le souvenir d'un bienfait. » recu, et il faut qu'elle se livre necessairement aux: S douceurs de la reconnoissance ou aux horreurs

240 Biographie,

» la baine « Juste ciel I que vais-je ajouter t

L'homnie corrompu par lasoci^le, balancera rare- jnent ; il preurira ce dernier parti , et au temps des vengeances , celui il'une revolution , il (f'gorgera ou fera rgorger son bienlaiteur. Quand on lisoit dans La Rochefoucaull , qui ecrivoit apres la fronde : « Les » lioiivnes liaissent menie ceux qui les ont obliges , et » cessent de liair ceux qui h ur ont fait des outrages »... on ne vouloit pas le croire ; aujourd'hui nous pouvons en dire davantage ; mais hatons-nous de revenir ^ I'ouvrage de B.irtii^lemj.

Avec quel charme ue decrit-il pas le temple de PAmilie! « Da.is uii des plus beaux cantons de la J) Grece , s'elevoit un temple d'une architecture 31 simple, majestueuse et solide. II dtoit consacr^ a » I'Amitie , et fumoit jour et nuit d'un encens qui , » loin d'etre agr^able a la divinity , irritoit sa jalousie* 3) Sanscesse entouree d'adoraffeurs mercena^res , ellt? » ne vooit dar.s leur coeur <jue des liaisons mai » assorties et presque toutes corrompues dans leura » principes.

« Uii jour elle dit a un ami de Cresus : Porte ail- » leurs tes offrandes magnifiqups ; ce n'est pas a moi » qu'elles s'adressent , c'est a la fortune. Elle r6pondit 3) a un Ath^nienqui se disoit ami de Solon : Tes voeux » sont I'ouvrage de ta vanit6 5 en te liant avec un » homme sage , tu n'as cherch^ qu'a partager sa » gloire , et f ire oublier tes vices. Elle dit a deux » femraes de Samos , qui s'embrassoient c^troitement » aux pieds de sa statue { Le goiit des plaisirs vous ■f> unit en apparence , mais vos ca^urs sent dechires

par

Amnion a la not'ire dc Barthe'emy. 241 « par la jalousie, et b seront biv^ntot par la Lalne. » Enfiu deux Sjracusains, Damon et Pythias, vin- )v rent, en pre.-eiice de la deesse, evpriiner des senli- » mens tendres et sinceres par des sons mal arti ules. )) Jj recois voire horn nage , Irur dit-e 11' , et je le » rerois des main^ de la vertu : je fais plus, j'aban- » donne un temple trop long-temps souille par des » sacrifices impies , et je n'eu vcux plus d'aalre qus » vos ccpurs. Allez , vivez 1 eureuv , vous aure^ » bientot besoiu de iron secours, AUez montrer au » tyran de Syracuse , a Tuuivers et a la posterlte,ce 5) que pent I'amitie dans des aimes comme les volres '\.. Vient ensuilj I'aventure b^roi |ue de Damon e* de Pylliias ; elle ne pouvoit etre mieux araence. L'un et i'autre , philosophes pytbagoriciens , ne furent , dans leur devouement mutuel , que fideles aux prin- cipes sacr^s de leur ecole , sur Pamitie. Suivant notre auteur , « I'esprit n'en sauroit etre 1' unique lien, » Comme il ne cbercbe qu'a briller , et qn'il ne » pent souiTrir aucnn ranii , ni au-dessus, ni acot^du i) sien , il esl naUirellement destructeur de cette. » egalite si necessaire dans un . commerce de senti- » mens. Parmi les difK'M-entas sortes d'esprit , celui dt} » saillie et de logerete est le plus oppose k I'amitie , » parce c[u'il se nnirrJt grossierement.de son amour- » propre , et qu'il se sacrifie sans peine celui des >> autres. Elle s'awCommoderoit mieux de cet esprit « flnetdelicat, qui senible ne s'exprimer que pour « plaire, et qui laisse entrevoir plus qu'il nV^xprime. » Mais observez qu'il ne plait en effet (ju'en prenant » la tflnt-are du sentiment J ot qu'il reste toujours a. Tome II. Q

S42 Bh^^'o' h'e.

» savoii' si ses graces S'/chiisanles ne sont pas le fruit » de Tusage du mondj on de i'hj}K)crisie du coeur. JO II faul dire a-ppu-pres la meme clo'e de c<M esprit » d- sag.-sse et de rellovion . dont le sui'ra^e est « d'auUii t plus ficit eur cui'il paroit etre I'cfF.'t d'une 5) meditation profoude. Ces deux sortes d'esprit, ainsi » que le gout des arts e' d s talons , sont tres-agrcables » dans le commerce de I'amitie. lis duivent I'embellir, M et non la former »... De ces observations , Barthe- lemy conclut^ju? le coeur doil etre I'unique lien de I'amitie , et que celui des veritabl. s amis ne pent avoir d'autres fondemens que I'amour de la vertu et la conform ite des caracleres. Mais nous crojons en avoir assez dit poii;- faire desirer la pu])lica'ion de ce charmant opuscule , digne de la plume tPun discipld de Platon , ce pbilosophe eloquent , dont Barthelemy a ^te I'habile interprete (r) , et sou vent I'Leureux iraitateur.

On lit a la page 72, du dernier n.° de ce journal , que J. J. Barihclemj ^toit ne a Aubai ne , dans la viguerie de Marseille ; pour parler avec exactitvide , il falluit diie , d Cassis j prts d'Aubagne j dans la cl-deuant i^iiruerle (fAix. S. C.

"c

(i) Voyez les cliap. LIV et LIX du Voyage cl'Anacharsis,

IN U JM I S M A T 1 Q U E.

Observatioxs sur un grand nomhrt de MciailUs de LiciNius le jeune , par le citoyen Gourd in , bibliotlncaire a Rouen.

X^iciNius , siirnomme le jeuxe , pour le rlislln- giier de son pere , n'etoit age ((ue de vingt mois, liit Aure'ius Vi •lor (i) , lors^iu'en 3i7, il fut cre6 C^sar. II ne jouit de ce tilre , comme nous l'.ip- prend Theopl ane , que jusqu'a la fin de 323 qu'il en fut depouille par Coiistcinlin-le-Grand , son oncle mafeniel (2). Enfinil perdit la vie dans la douzic-me, ou, comma d'aulres le veulent (3j , dans la qua-

(i) M. Lc Beau , dans son Hislnire du Bas-Empii e , X. I p. 3oo , a prefere au temoignage d'Aurelius Victor celui 6e.& liistoriens qui font nommer Licinius . Cesar , non par son on- cle , mais par son pere, ce qui est plus nuturel. Au reste la chose est ici fort indifferente.

(2} Le traducteur , comme Ton voit, a corrige une faule <jui se trouve daiis le texle , on on lit KmgAf^i-^ au lieu de x,ci)v;eivTt)i}i- Cette faute ne se trouve point dans le manuscrit du Vatican , ni dans celui de M. Peyrez , ainsi qu'on le fait voir dans les variantes , p. 5l3.

(3) M. Le Boau fait raourir Licinius dans sa douzii-m'e annee ( Hist, du Bas-Emp. t. I , liv. 4 , p. 449 ). 11 ne devoit point etre plus age , selon Cassiodore ( in u4urel. Cassioddri- Consules , Joan. Caspiniani Comment, p. 191 ) , qui le fait assassincr un an apres son pere. Ducangc ( Faniil. Blzanliii. p. 44 ) veut que Licinius fut dans sa quatbrzieme ann^e lors- qu'il peril. 11 semLle , d'aprts les expressions d'Eutrope, qu'il

144- ' Numismalique.

torzieme ftnnee de son Age. Voila tout ceqiie I'lu's- toiie nous apprcnd de ce jeune et malhciircux prince que ses bonnes qualitcs, scion Eutrope , rcndoient digne d'un meilieur sort. Les medailles qui portent pour k'gende LICINXVS JVNIOR NOB. CAES ; et eJles sout en assez grand nomhre,n'ont pu etre frappees que depuls le premier de mars Siy , jus- qu'au commencement de 323. EUes ne devrolent par consequent offrir que les traits d'un enfant de-

etoil encore plus age : "• Piimiim necessitate proseciitus

■» egregluin rii uni , el sororis filiiun , commodoe indolis ju~ J' fenem intcij'ccit ». ( L.ib. X. ). La qualite de vir egiegius ne peut certainement convenir a un enfant de neuf a dix ans , ce qui prouve cju'il n'est point probable que Liclnins alt ete tue la meme annee que son p^re , comme quelques hisloriens le font entendre , nl meme un an apres , conune le dlt Cassio- dore , et comme on pourroit le conclure du Chronlcon Pas- chale , p. 282 , ou la mort de Crispe est placee un an apres la defaite de Licinius le pc-re. Laplupart des historiens s'ac- cordent a dire que la mortde Liciuius suivit de pres celle de Crispe , et altribuent I'une et I'autre a I'ambitiou et aux ca- lomnies de Fausta. Pompeius Laetus le dit expressement : «■ Illud sat perissimile insidiis Faiislcp clrcwnventum Crispum ■u occubuisse tie periiia in mililaiidojiliis ohesset et propterea ^ paulo post suhlatiis Licinius junior j<. ( Rom. Histor. Com- pendium ). Mai» ces historiens , comme le remarque Ducange , dans ses notes sur le Chronicon Paschale , p. 556 , ne s'ac- cordent point sur I'annee dans bquelle Constantin fit perir son fits aine. Par consequent il ne nous est pas possible de marquer precisement a quel agt^ fut assassine le jeune Lici- nius. Au reste , il nous suffit qn'il ail ele dv-pcuille du titre de Cesar, aussitot apres la defaite d- son pere , pour que ses medailles appartiennent aux epoques que nous kur avons £x6es.

Mcdailles de Litiniiis. 24. ^

puis rAQ;c de c|euv ans jiisqu'a celiii de liult 5u neuf tout au plus. Ccpeiiclant la iiieclaille qui n)'a ('ic cpmnuiui(iu-'e offre , ainsi (jue plusleurs autres gra- V('('s dans Jes JSuniismala Rom. Iniperator. de D.Baiuluii,p. 198 ,les trailsd'unndolescent ,au point que leP. Ilardouin (i) , qui a public quelques medail- les de ce. prince , n'lie&Ile pas de lui donner vingt- deuxans. ( i\'a/7uj/7i. scecuU Cotistatitlnl , p. 469). La seconde difficulte est d'appliquer a ce j.eune prince le revers de notre medaille , semi^lable a plus de vingt cinires diff^'rentrs pour la maticre ou poiu* le module , ou bieu frappees en divers endroits. Ce revers presente dsux ca})lifs assis et encliaines au

(l) LeP. 1'\ a.xAo\y\r\^^Nitn}'. sma I a scpculi ConstLinlliiian! ^■^. ^69 ) Tapporle plusieurs m^dailles de Licinius le jeune, entr'autres celle-ci : D. N. LICIN. LICINIUS NOB. C. <t Capite galcaio 3 c.)m hastd -" ( Hamero dextro iinposita , dit une note nia- iiuscrite ajoiitee a la marge de I'exeinplaire dt; la bibliotbt-que dcs capucins de Rouen ') a. et clvpco , riiltu annorum ciiciler s XXII. lOVI CONSERVATORL omnind ut in nummo

3> I.icinu pat lis. Similiter ^ decennalia vota lerU6 , ul ibi

J' injra S. M. AN. T. 11. societatis mercatorum primes Narbo- » nensis Iributum octavnm , est ex ccie ininimo in t.'icsaiiro » legio ». Ou pouiToit faire plus d'une remarque sur cette explicalion ; mais ce n'est point ici le lieu.

Lc meme autenr , apr^s avoir rapporle plusieurs medailles seuibiables a la noire, pour le revers, dit : « P^ictoriam a Liciuio j> junioi e relatam hoc anno hi nummi significant j> . Alais quelle est cette annec , et de quelle victoire s'agit-il ? C'esl ce que le P. llardouin ne dit pas, c'est ce qu'il lui eiit etd impossible de prouver par le temoignage d'aucun bislorien. Get auteur , Irunipe par I'insjection meme des m(^^dailles a prouonc^ avec un pcu Irop de precipilalion.

Q3

8 4^ Nnmismatique*

pied cl'un trofL('e;au1our : VTRTVS EXERCITVS, et dans le champ les lettres initiales de Tempo- rum I'eUcitas. Or, loutes ces cKosps ne peuvent con- vciiir III ciii fils qui ^toit un enfant , ni au pere, quoi- quMl fill grand homme de guerre^ parce que-depuis li' temps oil U ciea s-n fiJs Cesar , en 817 , jusqu'aii com i ei) eraetit d>,^ 82 , qu'il d^clara la guerre k son beau-frere et son collv gne , on ne le voit paroitre ni da"sl'arni('e(!e Cris]:)e qni dc'fit les Francs vers la jBn d 820, ni dari'- c( lie de Conslanlin qui vain- quit le? Sarraries en 822 ; qu'au contraire pendant crt ill rvalle il sp livrcit aux exces de la debauche la plu^ effrv'nee , comme Eusebe nous I'alteste (i).

Le^ monumens paroissent don? ici en conlradic- tion av c L\s bistoriens. Pour delerininer a qui nous devons ajoufer fo , j-osons qnclques priricipes.

II t si certE^in que qiiand un fait est rapporte par des bistoriens snn«; f^tre "ontredit par d'autres , il doit etie adm's. Je dis le fait en lui- reme, parce que lis c'i-corst;.iv es cpii I'acco pagnent peuvent ctre alt/ires , cban; res , denaturees meme selon Tigno- rauce , les prejugi^s , I'interet ou la passion de celui

(t) Pcm (inins Loslus semble donner a entendre, ilj.sl i,

qii'i Y a eii plusicurs guerres entre Lieinius et Conslantin : m;:is il est le seul qui s'exT rime ainsi. Tons sunt d'asca a dire que Liciuius ch'rchtjit a rendre son collegue odienx , que plusieurs fois il trama sa ^erte ; aucun ne parle de guerre entr'enx do- uis que Licinius le jeune fut cr(^e Cesar , et avant I'an 3i3. I! re f.-mt done entendre par ces mo Is : iiiodd pox , moau ;c!liirn , rien autre chose sinon qu'il ne regnoit poinJ \iue Yentahle conccrde enirc ces deux empereurs.

Mc'daillej de Lirinin<;. 24.7

qui Irs rnppoi te. Aiii>i , par example , Scins sortir de notrc sujct , Ics liistoriens s'r.cco dent a dire que .i^iciniiis ie pt'ie a 6u'' assassin". Co fait ne p"ufc e!re levp [ue eii doiite ; niais sa mort doit-elle elre aHrii:!uec a uue veugeance afroce de ConstHntiii qui jui a\ oit so!enm.dlement proir.is !a v'e ? C\'s\. sar quoi les historiens nesonf point d'arco d ( ). Cest

(r) Dans I'ouvmge inlituk' : Pnlilia SS. PP. nnslroriint rnelrop/mm's el ^l/e.randi i y doDt I'Hxtrait se trouve dans la bibliotlit-que de Pliotlus , p. i^-C^. On lit que Licinius fut tu6 pour avoir excite une sedition dan^ le lieu de son exi'.

Thcophane , p. 14 ; Cadrenus , t. I, p. 284 ; Zonaro , p. 3. , discnl de meuie que Licinius souleva les barbares. Sozomene pt Taulcur da Cluonicoii Paschale , disent sim lement quo Licinius a el.e assassine , sans entrev dans aucun detail.

Eutro e , ]iv. 10 , et Aureiius Viclor donnent ;\ entendre qu"a peine arrive a Thessaloaique il y fut elrangle par ordra de Costantin.

Pomponius Lastus , et Zonare ( p. 3 ) pretcndcnt que Cons- taulin consulta le Scnatsurct; qui' devoit faire de son pri- sonnier ; que le Senat en rcnvoya Jc jugeni-jnt aux soldatsqui le luerenT.

On rt'marque aiseraent dans ces recifs difTi'-rens I'espTil qui anime les historiens. Les ecrivains paiens, sans oser exruser Licinius , cherchent A rendre odieux Constantln , que les ecrivains chretiens ont peut-etre Irop cherche a dis- culpef dans celte occasion , comme dans plusieurs autres.

Aw teste , il seroil bien singulier qu'ils se fussent tori.<» trompps , et que Licinius txile dans les Gaules , y fut mortde inaladie; c'est cequ'as^ure Jean, Pretre de Nicomedie, dan.s la vie de Saint finsile , eveque d'Amasi'e. Sou temoignage doit etre d'un grand poids , puisc[u"il dil : T.ilten's Duiidai etsiiiipla liliucjujie sluJui <jua'cutiu/uc riJ/ , atidi>i , Jidi*

Q 4

548 Niimi'm-tuiue.

sur qiioi on pent elever des doiilos legitimes.

Mais qnaiid iin fait rrpporie prir les historiens, sp trouve contrcdil par 11 r, p'and nornhre de me- dail.'es snr P.-int quite descjiie'llf^s on ne pent avoir ancnn soiipcon , quel parli prendre ?

Eecourir aussitot a Pj^noranre , a I'iiTiperitie , k I'iiiexactitnde^ a la ivauva'se foi des morietaires ,nVst- ce point s'exposer amoi Irer souvent sa propre igno- rance , ou presumcr vn pen trop de ses connoissan- c.^s , et se tirer d'une 'J.ffi.ulle avec plus d'adresse que de sinc'rite ? Wesl-cp point donntr quelquefois du poids a i\Qs explicalior.s 1 izarres et tbrcees , a des conjee ures hasard.'es et sans fondement ?

D'une autre cote, r'j recourir jan^ais , attribuer aux niedailles une sorie d'infaillibiiite historique , n'est-ce point s'exposer a eire souvent le jouet del'er- reur on de I'im posture ?

Quand \es meedailles contredisent les hisloriens , il

En effet x avoit ete temoin des persecutions que Liciniiis avcit exercees centre les chretienSj etn'eloit par consequent point interesse a flatter ce prince -. on ne voit point qu'il le fut k .en imnoser. Voici son recjt : « Liciniinn cum J ere ad mortem » usque hiipeiator ( Constantmilis ) casligasset , regali et qua- 3> ciimque ilia priiic'ipatus poiesiate priialum in G alii am de- it mandai>ii ///«/« morte punjre noluit Ei autem , ioio

i> Senalii audienle , dixit: luge el pcpnitentiam age... iii/iilumi- M 7uts taiiitii diiina pcena i eJiementey ilium aggressa est; in ■» ea cm in regioue , ad quant missus est , dijji cilia qiicvdam -V ulcera , lemedia ejus malitice coiia,iuenlia , similem illiy j> quaui Macrimiauns passus Jueral, plagam attulenint. Cian ■>> igiiur graviter ingemiscei et et solum f>eium Deum a se lepro- ^ batumjuisse conjessus es^el^ex ]iao i^ita miser ai^uhusjuit «, ( Suvius^ 26 aprilis. )

Mf'daHlrs dc I.irnhis. 549

faut^avant lout , exa viner les ieiTirs,les circons- taiKCs dans lesquels elles out et'j frappces. En g^nic- ra!^ ceiU'squi apparticnnent a des tea-psde iroubies, dv' despotisms ou d'anarchie , doivcnt elre pi\>s- que lonjours sii^pecles.

D'aj res ces priacipes , que je crois ju^tes, il nVst pru!-etre pas loujours aussi diilicile qu'il le paroit de concilier souvent i'Lisluire avec les monuniens. Ces pnncipes vont done in'aider h r^soudre I'ospece de probleme que presente nofre ra^daille.

J'obscrve d'abord que cctfe medalle et toutes eel les qui lui resseinblent, soitpourle revers, '^olt pour I'inscriplioa ou les lettr^s qui se trouvenl dans le champ, n'ont dii etre fappees que dans le cours des annees 321 , 322, et tout au plus tard an coni- meticement de 323" , cVst-a-dire , avant la ba^aiile d'Andrinople ; parce que des cette bataille Licinius Ic [Ore fut vaincu , ensuile battu sur m:r par Crispe , eiffm defait a Cbrysopolis par Constantin , depouii!6 de la poiupre , rel^gue a Tliessalonique ou il Tut assassin(:i. Or des niedaUIes qui sur leurs revers a:i- uon'.cnt la victoirc ^ la i'cJcur des che/s et des soldats y la /ilicite des temps , une heu reuse t ra ncju lit Lie J r\G ^ewwQwi cerlainenient appaitcuir tout au plus cju'au ,oiii'n'encement de cette annee , en supposant qu'on ait voulu c61ebrer les exploits du pere sur les medailles du ills.

Mais , si le pere , comnie nous I'avo ^s deja rs- marque , depiiis cjue *on fils eut ete rie6 Cesar, n'a pris les armes (^u'en celle ainu'-e ou il a topjoui's ete vaiiicu J el s'il est peu probable que le fils ait <^l9

2'>o Nnwjsmntirjuc.

dans le campde son pere , ainsi qu'il le jTsroIt , pni's- que Liciniiis, avant la bataille do Clirjgopolis , cr a Crsar, Marti! ien , mailre des oOiciers d. son pa- ..lais (i), poinquoi ce graud nonibre de iii dailies? Car Bancii'.ri en rapporle ]-rrs de frente snr le.squelles on aniionce les vicioi res de cet en fan!. C'esf que ces ir.edailles ne presentent que des faits , si j'ose

* dire, en espcrancej c'est que Ics reveis offrent des voeuxtt nun des monuinens.

Voici sur .(|iioi je fonde cetle ex lication ^ qui, selon noi, n'est point une simple conjecture.

Conslantin travai'loit avec aideur a la popaga- tion de a rt 1 gion clireliennequ'il vcnoit d'enbrasser. Par son ordr. , dit i'liisiorien Socrate (2), les lemples

(r) " Constant-no node casira Liclnii irriimpente , Licinius " J i^i^cnn fctiit . Bizantiurnque Juoa lolucri penemt, ibi Mar^ ■»• iimanuitv ojficioium mogistium Cci-saiem cieal ». ( Auid. J^ictoris epitome. )

C-2J AaAoj Kii-js-Mrtvo; ^V) o ,Sctj-iX?'j; tu th k^i^^ (p^ov^v . . ~

(tVTois aya^.f^ara,. ( Sociat. liii.' i , cap. 3. ). " Kl Constant 'j> tihits quiJein imperaiar cundla aaehal lanquam.christianus , ^- gcnlilium'^teinpla clatidehs' oc' diiiuens et statitas in-ii.lis po- •J*^J.itas publicans ». L'expressiun ^ytyaji^um , publicans., pre- . sentji deux idees ; i.** cells de devoiler les mysteres pour en liioiUrer le ridicule , I'lnfanai- ^ et les exposer au inepris ; 2.'-^ telle de f ai re y unlive lea stalues , Jes vases places danS les Lemples : nous prelerons cette deniii^re idee , conihmeQ par ce passage du C'hionicon Paschale : tto-vtu T<Anhiha. a«i5vre£Viju Ka,rt?(^tyZ) , y.c/.i 7.-xyrci avrav u^ttXzTO rot ^f5;^«(«r<« Kcii x,TijfAairoi .y Kcii TTciTDt? ra; z:-i.K>-y,T:o!,^ th x^tsoa t7Hy.i)criv y

Tiu-Jrc&g -r'o-j; ,'V;^<5<«V'j'f. « Omnia ubique.idola dejecit , eorum- ^•» (jtie pecuniis omnibus et posscssionibiis ablatis ^ uiaii'ersas

■». Chiisti ecclesias omnesque christianos its donai.'il --^ ( p iCi.

Me dailies de L'lr'inuis. 25 1

drs faux cUeiix (^toieiit oii fermrs on alwtfus, lenrs statues vendues ail profit des e^ lisrs et (le.« c' rrti^ns. Llciiiius , ail coiitiaire , deseileur dii clirisiic.- nisme , qu'il n'avoit point enibraGS- d.^ boiinci fci , et livre , dit le nieme aiiteur , a toutcs 1 s sii[;er.s- tilons du paganisms, avoit pour les chivlit-ns une haiue qu'il porta jiisqu'a la fureur et a I'eMra a- gance , conime nous I'a.^surent Sozomene , Eu- scbe^ Tl ro[jhane , Cedren. C'est , Sclon Socrate et»- I'auteur d'un ouvrage cite par Pliotius , et coinme I'assure posltivement, apr>s les lii^toiiens du teir.ps, J. B. Egnati (i) , aux sentiniens opposes qui ani- moient ces deux empereurs, qu'il faut rapjorterla guerre qui eclata entr'eux, I'au 323. Mais, des plu- sieurs aiinees avant, Licinius Iramoit la perte de son colleguo. Les paVejisne Tignoroient pas;Ils faisoient des vocux pour le succes des entrepriscs de relui qui prolegeoit leuvs dieux et leurs autels , coinme ils de- siroieiit la pei te de celui qi.i s'en ttoit d clare Ten- iitnii. Dans les colonies, sur-tout , on montroil sans d^guisenieat le desir que I'on avoit de voir Licinius tiiomphcr de son collegue;.c'est-a-dire , de voir les superstitions paiennes se retablir sur les ruines du cbristianisiue. On se fiat toit que Licinius, a en jnger par ses dispositions , opercroit cet heureux cbange- ment.Puur I'y engager, onlui faisoit enlrevoirqu'en- fin sous le rjgne de son fils , vaincjueur de la race des Conslanlins , on gouteroit les douceurs de la paix ,de la felicite , ou , cequi etoit une meraediose , que le culle des dieux jouiroit de sou antique L- (I) Lib. I.

2 5 2 JV u m is mat'iqnt.

l)erl<^ , reprieridroit son premier eclat. Voilapourquoi sur les medailies de cct enfant , on le veil tantot cou- ro.iiie de laiiiiers, fanlot le casque en tete, ou rev^tu du paludamentuin 5 qu'on lui donne sur la noire la couronne radiale , qui est une sorte d'apotheose : voila pourquoi sur tant de revei-s on Irouve les marques de la vicfoire , qu'enfia on y lit dans le champ les leltrc-s initialesde Tenipomni FeUcitas , Beata TranqullUtas,

Ci qui m'autorise a interpreter ainsi notre medaille et toutes celles qui lui resseniblent , et a "en fixer la date aux annees 821, 322, ou tout au plus tard au commencement de 323 , c'est le sujet meme de la guerre qui s'alluma cette ann^e. Que ce soit Li- cinius,par liaine pour Constantin et pour le chrJs- tiauisme , qui Tail declaree , comme le disent Tauleur extrait par Photius, pag. 1407, et Eusebe , dans U>i\ hisfoire eccles'astique , livre X , chap. VIII 5 ou bien quece soit Constantin qui ait pris les armes pour arreter les violences que Licinius exercoitcontre les Chretiens-, comme I'assurent Socrate , livre I , chap. IV; Tli^ophane, pag. iSj Cedren, t.I ,p. 283, pen nous importe. II suffit que le motif de cette guerre fut d'un cote la defense de la religion chr^- tienne , de I'autre relle du paganisme, pour que notre ex])ljcation soit fondee. Or, outre le t(^moi- gnaie des 1 istoriens , on en a la preuve convain- cante dans !e discours mcme que Licinius tint h ses troupfs , a\ant la bataille d'Andrinople , rapport^ par Eusebe dcins la vie de Constantin. « Mes- » amis 5 leur dit-il , en leur presentant les idolcs ,

Me failles de Licinius. j53

» volla les dieux qu'acloroient nos ancetres , voila » Ics objcTs cl'un culte consacrt'! par I'antiquile des >) temps... Celui cjui lous fait la guerre , la declare »a nos peres, il la declare aux dieux memes , » etc. ».

La contradiction qui paroif re^-ner cntre Piiisfoire el les revers des medailles de LicinLus le jcunCj peut done se lever a I'aide de I'histoire meme.

Quant a ce que la tete de ce prince offre des traits au-desius d^; l'a.ie d'un enfant de liuit h neufaiis, cette dilKcnlte s'evanouit aisenient, lorsque I'oa sat combien a'crs les arts elolent declius de leur per- fection, et que I'on fait rcllexion que cos medailles ont ete frappees loin de P».oine. Celle doiit je parle I'a ele a Treves, comme on le lit dans rexergue : PercLissn TRei^lris. Or , les mom'taires des colonies copioient ordinairement les tetes des [:rinces d'apres d'aulres m;'dailles. Eh! combien un portrait ne s'al- tere-t-il point par des copiv^s sou vent peu soicncos, on faites par djs artistes mal Labiles , parnii les'juels on peut mcttre celui de Treves, si i'on examine Ig irauvais gout et Tincorrcction du dessin^ sur-lout dans le revers ?

A cette raison g^nc'^rale , on en peut ajonler une qui regarde parficulierement les medailles de Licl- nuts Ic jeune. Le mondtaire d3 TreVcS , oninu^ ceux des autres colonies, savoit que ce prince avoit ^t6 rrde Cesar en m^ms temps qua Grispe, (ils aino de Constantin ; il pouvoit done les su^jposer Tun ct Tautre a-peu-pres de meme age. II n'ignoroll point en outre que Licinius avoit ety consul avcc son

^4' NumismfiVque.

oncV , des Tan 819 (i), et qiioique dans res temps le ct)!isulat lie liil plus qu'uii nom rpii Si-rvoil seii- lemenl a iixcr la date de& actes piibliis , cepcndant ceiix qui n'cn rtoieut [.as tpnioins ne pouvoieiit guere j\na;.,nir c:r.\iii empertur 't.! (!ne Constanlin sa fut <isso:i , pour collegue dans le consulat , un enfant de Cjiiaire as.

II ii'est done point oionnant que ce moiietaire et plusieurs antres aieul donni a Llclulus les traits de radolesceuce.

Tel est Pe plication que js crois poiivoir donner de cctte medaiilp ; ({iielf ne fond(^e nu'elie me pavoisse, je la soumets volontiers aux lumieres des prrsonnes plus instruites que moi dans la science numisma- niatique.

(i) Le Chronicon PascJiale ne fait point men lion du con- snlaL (le Licinius le jeune : il esl etonnant que celte omission , ou plutot ceLte faule, ne soit point coviigee dans les notes, puis- que, dans les pieces cpii sont ajouiees pour I'eclaircisement de cat ouvrage , on trouve Licinius le jeuue , consul avec Cons- tantin. ( P^. Paschalis centum aanorum, p. 470. )

Cassiodore le met de meme consul en 32i ; il est bon cl'observer que la claronique de ce,t; auleur ne s'aecorde point avec celles des autres historiens. 11 fait donner a Licinius le titre de Cesar, en Sig, marque la mort de son p^re en 828, etla sienneen 3i9.(//J ^«'". Cassiodori ConsuUs Joan. Cuspiniani Commentar. p. 491.)

LITTEKATURE FRANCAISE.

R O M A N S.

CLLESTT^rE.ou /a Flctime r'rs r^^sages , par CuAnr.OTTE Smttu, autcur d'Anna , el dc 1 Oyh,hnc cl, Chnreau ; traduU He rAnglai. , SLir la troc sicme edition , par la crnycnne R 4 vol. in-r2 , imprimes sm- .aracl^e. ckXJ l)iclo(,et sur papier earn' fin. Vvh: , 24 iv. hro- cl.e, et 28 \\v. 10 sons , fVan cL- port par la pos c poiirles dc'parte^^.enset ponr les pavs (c>« juis! A Pans, Chez F. Bui.son , librairc , rue Hautc- Ftniille, 11'. 20.

A

-^ >^eize ans on aime les romans. Le caeiir est n-uf, la eevivp, I'imauinafon fraicLe , les emo- tions sont fK-iles; et I'a^ne encore , «re , ponr qui la vertu n'esf pas nne chimere, se repait a ec d/-- li-esdes illusions tharmant.s qii'on ne perd que trop f6t. Dans un age a-ance il n'est pas rare de revenir encore a ce gout ile la premiere jeujiesse. II sembleqne,lass6 de la trisle recrlire^, on airne h cherci.erdaus un monde deal, des elres qui fassent oublier ceuv dont la connoissance nous a si cruel- lement drlromi)es.^L'hi<toire ne nous offre que irop souvent le spectacle amigpant de 1' nfrigue en cre- dit et du crime heur-uv. C'est nn ! esoin pour I, s nmesscnMbles, de clierc!:er quelquefois dans le pa-s des fi lions , des iivagps douces et des sealimens r,f- fecluenxqui les consolent -des tableaux rembrunis , <le lY-o.snie et de la sechercsse qu'c.Ics ren ontrent

sjG Litle ratine.

dans le rronde. Les romans auront done toujoura dis lecieurs.

PaiMu les romanciers, les Anglais se sont dlstln- f[u6s par le soin qu'ils out eu de prrsenter iin ]ini-^ losoplie , des caracteres , des peintures de mcx3urs , et des nuances de senti nens et de passions qui ont contribue aenmhir I'histoire du coeur hutnain. Ciiez eux les femnies ont.aussi cultive avec succes cette I'vanche de litreralnre. Madame Behii , restima- tie auteur de Cecilia^ et plusieurs an Ires, se sent fait lire avec un vif interet. Chaiiotte Sinitk a pris 11 n rang honorab'e parmi ces auteurs. VOrpfieLlne diL chateau ^ fHerititre gaUolse avoient commen- ce sa repntalion. Le roman que nous annoncons ii'est pas indigne de ses aines. Une intrigue peu compliquee , mais naturelle , des peinturts vives, des passions , des sentimens verlueuv , nne sensibilito vraie , ces nuances delicates qu'il n'est donne qu'aux femraes de saisir , caractciisent eel ouvnige 5 c'est line femtne aus^si qui I'a traduit, et c.'es; avec plaisir que nous dirons ici que le sljle nous a paru pur et iiaturel , a qnelques expressions pres , oi^i Madame

B. n'a pu se defendre de ce neo'.ogisme qui a

deja si cruellemant defigurj la langue. Voici I'ana- Ivse du roman.

Ladj Mortimer , restee veuve a trenfe ans , passs sur le continent avec ses deux enfans, Georges et Matilde. Seduite par la siluaiion rianie ct par le beau climat d'Hieres sur la cote de Provence, elle y fixe son sejour. Dans une abbcije de Bernardines , oil elle avoit plac6 sa fille 3 ciie trouve m:e orphe-

line

Cekitine , on !a Victime des preiage^ , i'j-j

line nomm(''e Celcstine clont on ignore la naissance, el ilont l:-s graces enfantiiies lui causent le plus vif intercf. El e forme le projet d'aller arraclicr I'ai- iTiahle enfant au sort qui la menace , et apres quel- quesdi^ficul{cs que Lady Mortimer leve ^ prix d'or, ellc la prcr.d sous sa protection, quoiqu'elle n'ait ])u se procurer aucun eclaircissementsur le mjster^ de sa naissanco.

C^lcstine devenue membre de la famille , se rend

de plus en plus digne des bontes de Lady Morlimer.

Elevee avec ses enfans , la douce intimity qui regne

entr'eux allume insensibleraent , dans le coeur du

jeune homme, una passion qu'il se d^guise d'abord-

«t lorsque sa mere , au lit de la mort , lui fait pro-

mettre qu'il epoust-ra sa cousine, dont les grands

Liens repareront lo d^iabrement de sa fortune , il

voit avec efFroi qu\m sentiment plus fort que toule

Taison le rend rebelle aux dernieres volontes dt; ta

respectable mere , et que Gelestine a decide du sort

du reste de sa vie. Lady Mortimer meurt, et laisse

a Gelestine 5 pour souvenir de son attachemenl, un

legs qui assure son ind^pendance. La jeune orphe-

Lne a concu , pour Id fils de »a bienfaitrice, une

passion dont elle ne £e rend pas d*abord trop compte

a elle-raeme , mais dont ellene reconnoit la violence

qu'avec I'impossibilit^ d'etre jamais h Mortimer,

<lont le mariage, avec Lady Ossoiy, sacousine, est

annonc^comme tres-procliain. Humilice par Matilde

deveuue Lady Molineux , et ne trou\ ant plus dans

I'amie et la compagne de son enfance qu'une femQje ,

vame, dissipee, insensible, Uautaine, qui I'acoable

2 58 lAthnture.

du poids dc' sa siipbiiorile ; senfant d'ailleurs la n(5- cessite de fuirl'hommequ'elle afme,qiii luia dtklar^ sa passion, et dent le respect pour la m^moire de £.1 hieufaitrice 5 el la delicatesse lui dofendent d'en- couraj^er les esperances , elle prend la r^solniion d'ailer cherclier , dans un asyle solitaire , des forces conlre un penchant trop cber et contra le danger de rencoutrer trop soavent Mortimer. Elle execule sou dessein, et se r^fugie a Tliorp Heath avec un« jcune personne nommee Jessy , qu'elle a irouv^e dans la voiiure puhlique , el qui lui raconte ses aveu- lures.

Mortimer apprend sa fuite. Indigne de la con- duite de son beau-frere , il rompt avec la famille Ossorj qui, voulant presser le mariage, s'etoit servi de Molineux pour enlacer le jeune homme dans un piege inexiricable. Vavasour, son ami, le sert de *a bourse. Mortimer arrive h Thorp Heath, annonce a Celestine que ses engagemens sont rompus, et la presse deconronner son amour par le don de sa main, lies objections d'un coeur qui aime sont ais^nient levies par l*amour. Celestine se rend, les preparatifs «e font , la ceremonie est sur le point d'avoir lieu , lorsqu'un jour une lettre force Mortimer de parlir Lrusquement pour se rendre ^Exeter. Celestine attend sonretour avec toute I'anxiet^ qu'on peut s*imaginer j mr.is elle ne recoit que des lettres mjsterieuses qui , en la hvrant aux plus cruelles conjectures , n'offrent h son imagination aucun espoir , aucun terme a son iiijCprlitude. Dans sa derniere, Mortimer annoncoit qn*il ne pouvoit fixer le tejus sun retour.

Ci'lesline ou la Victiine des presages. «59

C^lestlne , pour distraire un cocur profond^ment al?lig6, \accepte un asile qui lui est offert ])ar un respt'clable recteur. Le plug jeuue de ses fils , nomme Monlai^ue, prend , dans ses jeux , un amour raal- lioureux qu'elle lebut.^ , loin de I'encourager , en drciajaul formellement son intention de n'^couter aiicune proposition. Pour ^ciiapper a ses persecutions , ainsi qu'a celles de Vavasour , ami de Mortimer , qui se croit en droit de le remplacer, elle fuit en Ecosse^ avec une madame ElpLinstone, femme ver- tueuse et int^ressante , dont le frere a epouse la jeune Jessj.

Dans la rou!e, la petite Verole qui prend a un des enfans de madame Elphinstone, fournit a C^lestine line nouvelle occasion de faire briller la bont6 de son coeur. Une dame d'un certain age, que le hasard conduit dans la meme auberge ^ est toucb^e de sa conduite et de sa sensibilite , et concoit pour ell* rattacliement le plus vif. Cette dame est Lady Howard. Elle presse sa nouvelle amie de la suivre a Londres j.et de passer ses jours avrc elle. L'amante de Mortimer refuse , et va enterrer dans un desert de I'Ecossc j tant de graces et do verttis faites pour 6*re I'oriiemeiit des plus brillantes societes.

Nous pas«erons rapidement sur son scjour en Ecosse , qui n'otiie d'autre a>enture remaccjuable , que I'ap- parilion du jeune Montague. Trop profondement /iprls pour renoncer a toute esp^rance , il a fui d'Ox- ford , el a suivi les pas de notre b^roine. II arrive a temps pour rendre des soins a madame Elpliins- toue, h laquelle ujii accjideut tragique enleva sou

c6o IJtferainre.

mari ; etCelestine, quoique persistant a ne pas en- courager iin amour qu'elle ne veut jamais ecoiiter, est forc^e , par la malheureuse situation de son amie , a souffrir que Montague les accompagne jusqu'a Lon- dres. lis soat rencontres par Timpetueux Vavasour qui ne voit qu'avec depit un rival dont sa vanit6 c'indigne, et Celestine ne calme ses eiiiportemens , qu'eu engageant Montague a retourner chez le rec- teur , son pere. Vavasour est porteur d'une lelfre de Mortimer , ou ce jeune liorame d^voile enfm a son amante le mvstere qui a cause son brusque depart. Une trame ourdie par la mere de Lady Anne , qui n'a pas renonce a I'idee del marier Mortimer avec 6a fille , I'a force de fuir ceile qu'il aime , dans Tin- certitude ou il est si elle n'est pas sa soeur, et jusqu'a ce moment, toutes ses recherclies ont ete vaines. Vavasour proiite de I'espece d'abandon ou se trouve Cdestine _, pour la presser de lui donner sa main. II n'est pas mieux recu que le jeune Montague , dont les vertus ont pourtant ete appreciees par Ce- lestine qui lui a vou6 l'amiti6 d'une soeur, mais dont le coeur reste toujours fiddle a son premier attache- ment.

De retour a Londres , I'orpbeline accepte un asile chez Lady Howard , qui paroit d'abord pencher en faveur de Vavasour, mais dont la predilection ns tarde pas a se declarer en faveur du jeune Montague. La nouvelle en passe la mer , et s'en repand jusqu'eii Itaiie , oil elle trouve Mortimer qui , dans son depit , pense a conclare avec sa cousine Lady Anne Ossory , Iin matiage dont ia seule idee I'a toujours fait fremir

Ce'Ieitine , on la Victim/', drs presage's , 261

d*efifroI. Differentescircoiistances presententlesamans I'lm a I'auire, comme engai^es dans des desfinees cantiaires a leurs premiers voeux , au point de se regarder miiluellement comme inlideles , lorsque I'union clandestine de Ladj Anne avec un Irlandais degage Mortimer d'un hvmen que sa reconnoissance pour son oncle le d 'cidoit a conclure contre le voeu de son coeur. II cherche des distractions dans dti nouveaux vo^^ages , et s'enfonce dans les Pyrenees , oil le liasard le conduit dans un vieuY cliAteau , dont le proprjetaire liii raconte ses malheurs et sa deli- vran: e quM doit a la revolution de France. Dans le cours de la conversation , Mortimer reconnoit avec transport qu'Jl est I'oncle de cette jeuns orpheiine ^levee a Hicres au convent _, oii un barbare grand- pere I'avoit condamnee a etre ensevelie , au moment de sa naissance. Ilrepart, ivre d'amour ct de joie, traverse rapidement la France , et arrive en Angle- terre , oil il trouve sa Celestine encore libre et ne respirant que pour lui. Lady Howard embrasse avec joie une niece dans I'enfant qu'elle avoit adopte. Un heureux hymen metuu terme a ces longuessoufirances des deux amans.

Nousne laisseronspasnos lecteursdansrinquii'tude sur le sort de l'ijil(^ressant Montagne. Le retour et lo bonheur de son rival le jettent dans une maladicqui fait craindre d'abord pour sa vie , et ensuite pour sa. raison. Les ^poux se servent , pour le gu^rir , de Tctonnante ressemblance d' Annette, cousiue de Ce- lestine, avec celle qu'il a aim^e. I J s'accoutume tel- lement a cette nouvelle Celestine jplus c )mpla;sa iie^

H 3

962 Littcrature.

plus attentive que la premiere, qu'il vient a la chhlr avec line ardeiir egale a ceile qui avoit caus6 soii mallieur ; au .retour de sa raiscn , la i-econnoissance acheve ce que I'instlnct a commenct^ , et son union avec Annette ne lui laisse plus licn h envaer a son rival.

Telle est la trame principals de ce roman. On voit que le funds en est simple , et qu'il ofFre quelques Ynoyens us^s. Mais on sait aussi que ces sortes d'oLf- vrages vivent de details 3 et les develoj^pemens, nows le repetons avec plaisir , en offrent quisont pleinsde graces et de naturel, et qui en rendent la lecture ex- tremementattachante. F. N.

P o E s I E.

}pR J GM ENT (Viine traduction de fEpttre de Pope , au docteur Arbuthnot.

Portrait d^Adisson.

\A V epoque oii cette epitre parut a Londres j ^disson j ai^- teur de la celebre ii a^edie de Caton , etoit secretaire d'eJat. JPope crut avoir a se plaindre de lui , et it s'en fcngea par Ics vers suivans. La vengeance et la satjre sont malheur eusemcnt trop communes ,• mais ce qui ne Vest pas y ct soni lesjormes ■piquantes de ce portrait oil j contre I'usage ordinaire des auienrs de ce genre, I'eloge est mile a la satjre et ne fait que la. rendre plus saillante. II a reuniles bonnes et les mauvaiscs ^ualites de son ennemi , et il est probable quAdisson en Jut d'autant plus blesse que Pope apoit ete plus juste.

Si ma muse , ^ ces minces aiueurs ,

,Veut bien donaer le i^om d'heureuat copipilateurs ,

VorlraU aAfisson. «63

Que's ens ! Oui , dlsent-iU , clans sa fureur extreme ,

li lancera ses traits contrs Adisson lui-meme.

£^1 bien ! qu'ils meurent done dans kur obscnrite.

Mais representez-TOus un ecrivain \ante , P]ein de grace et d'esprit , sachant penscr et vivre , Aimablc en sfs discourSj sublime dans unlivre, Partisan du bon gout , arnoureux de I'liorneur, Fait pour un nom celebre el ne pour le bonheuv ; Mais qui , comma les rois que I'Orient riWcre , Fense nebien rrgner qu'en etoufTanl son frCre ; (i) Concurrent dedaigneux et cei cndant jalcux ; Qui, devant tout aux arts , les persecute eu vous ; (2) Blamant d'un air poli , louantd'un ton periide , Cherchant a vous blesser , mais d'une main timide; Fiatte par mille sots et redoutant leurs traits ; Tollement obligeant qu'il n'cblige jamais j Dont la haine caresseet le souris menace ; ' Bel-Esprit a la cour et ministre au Parnasse ; Faisant d'une critique une afikire d'etat ; Ainsi que son hdros (3) , dans son petit Scnat , Reglant le peuple auteur , tandis qu'en son extase. Tout le cercle ebalii se pame a chaque phrase. Parle ! qui ne'rirait dc ce portrait sans nom ? Hais qui ne pleureroit , si c'etoit Adisson ? Et qui n'auroit pitie du contrasie bizarre D'une ame si commune et d'uu talent ai rare ?

Par Del IL L B.

(i) f^oUaire a pris ce vers a ^ddisson 3 il est juste de U lui rendre.

(2) On salt qitt Us Uttres a^oicnt Jalt la Jortunc d'^i' diss on,

(3) Colon,

" 4

Fragment cCuth poeme non linprinid intltuU : Clialon-sur - Maine , par t a b n e

d'' E G LAN T I N E.

Fahrc d' Eglantine Jit paroitre en 1786^ dans les Etrenne.t dti Parnasse J un morceau de ce poeme. 11 n'acoit pas eiicoi e pris a cetfe epoque , entre les po'eies coviiques , cclie place drstinguee que hti as sin en t principalement le Philiute de Moliere et I'lntrigu* ^pistolaire. Ceu.x qui aiment assez les rers pour les hie tons, remarquerent dans ce premier jragment , ail milieu d'ldees et d'expressions bizarresj plusieurs t^ers da suite qui annoncoient a-la-Jois de la renej du naturcl et de Voriginalite. Le morceau que nous impriwons , sur one cnpic de sa main, iffVe peut-Hi e encore plus de bizarrerie ; mais nous au'ons pease que la reputation de Vauieiir et sa dcstinee politique,ajouteroientquelqii'interct a celuique les t-crs pcuvent d'ailleurs inspiier comme essaide sapremiere jeunesscy dansun genre qui exigc bien plus de gout et d' elegance.

Cent fols je me suis dit : 6 si jamfiis le sort , Au gre de mes souhaits, me clioisissoit un port ! Je le ^oudrois ici. Ma blanche maisonnette Regardf^roit Bu«sy, Chalon , Moncoy, la Fretle. Cliarmante seulement par sa simplicite ; J'y logerois les moevirs , I'amour, la liberty. La nature , les avis , dan* cetle solitude , Seroient mes goiits cheris et ma plus douce ^tude. O quel rare plaisir, alors que dans I'ete , Vers le milieu du jour, Fair brule dilat(^ , Secouru de Biuliin , de Linne , de Barrere , (i) D'6parpiiler au frais ma moisson priutanniSre } Dechoisir, d'elaguer , par des soins amoureux , Les ramoaux d'une plante et ses appas fibrenx , Et d'un doigt delicat , au papier didactique ,

(i) Natiiralistefrancais , auleur.de la France Ec[uiaoxiale> et d'uuc Histoire dcs oiscaux.

Ch''on.^-sur-Mnrne , Po'we t65

D'oteiidre et inavier leur forme analomii^ue! I.e Velar dea chanteurs , le soucliet parfumc' , Et la Menthe gtrsde, el le Trefle embaum^, Chacun , pour se ranger dans sa verle faraillr, Auroit quitle Vordsmie ou le bois ds Cri/ziile. Des trcaors dc la terre , aiasi rechanliiloa TapLseroit sans frais mon riant pavilltni. Sans le secours du luxe fft de sa main couteus* , Mes pinceaui orneroient la SparjulJe frilleu**. Seulement, pour donner aus cadras d#s Umbiis , line forme diverse , et meme un peu de prix , Des vieui jours de Chaion , vappelant la memoire , J'j Toudrciis r«cueillir »a plui antiqje Lislcire. Ici, Turne, la lampe, ou I'arme des Gaulois , Mapprendroifnt et leur culle , et leuri moeuvs , et leura lois» Plus loin , quclque penate , ouvrage sans scie^c- , Me montreroil quels dieux se lit Ic'ur ignorajjcc. Je saurais qu'A Cbalon, et pr^s de Mtnnecy, Mercure eut des autels et Cjth6ree ausoi. Mes sludieux amis , des muses soiiiaiies y fiend voient comme moi st rendre IriLutairef , Soit qii'il fallut d'Elise , aux ciis ncirs , aui yeui pers , Resserrer les appas en un ijrique reri, Ou soit que d'une aubade , i la blonde Angelique , II fallut preparer le tribut harmonique.

Tel.t parurent, tels sent , lelis brilleront vos goiits, Chalonois : ces plaisirs sont cheris parmi tous , Une fete , un hymen, qutlque douce aventure , De vos vers chaque jour remplisscut la mesurv?. An midi de la France, aux confins montueux Qu'arrosent vingt torrens et I'Aude tortueui , Tel , doue comme vous d\m petulant genie , Tout im peuple poete , armc de I'ironie , A force de chansons , de lyriques tr^vaux , Terrasse la sottise et combat ie$ rivaux.

Loin de moi ces climats oi\ de sa main doree ^

«66 Tocsle.

Plutus forme awx Fran9ais une ame hypti boree. Des remparts lyonnais me preservent les dieux f Le multiple Bareme , A; olion de ces lieux ,

Y bouche les es; rits deson livre bizarre ,

Et d'un fraia jouvenceau compose an vieil arare, Contraiat par son talent , si quelque jeune e«prit

Y goiite de Boileau le poeilque ecrit , Plutus le desherite ; et grace k ranatherae , Lr ginie est un yice , et la rime un blaspheme.

L E T T B- E

Alix Redacteurs cLll Magasin Eacijdopddique,

■p

-L ERMETTEz-Moi, Cito}'ens , c!e rcclair.er coutre !a

fbiUe d'impres'?ion la plus etrange. Je la trouve dans

la Fragment dii poeme de la Nature , insere dans

votre dernier numero. Je dis , en parlant de Voltaire :

Degoute des rois, et retire enfin dans sa maison de

rampagne, comme dans un port, apres les orages da

ia vie la plusagitee^

Enfin il guide au port une orageuse vie ,

ce qui a un sens clair et poetique. Au lieu de cela , oa a imprlm^ :

Enfin il guide au port d'une orageuse vie , ce qui offre un non-sens , ou un &Qn& ridicule et inex» })licable.

On s'est aussi trompe dans la note, sur ce vers :

Cornelic a vole dansses bras genereux. C'est le nom que Voltaire donnoit lui - meme a M.iie Corneille ^ lorsque je le soicmai^ ay nojji d#

Lftlre I.e. n?-:n. _ 267

la ; loire, comire I'n ti\^s-blen dii Pa'issot, dedonner lui as'le ft dcs secuurs au saiij; du grand Coiiieilit; : cc flit la jeiine Mademoi-elle Conieille (jue ]^- lui envoyai,et non JMadanic Conu\'llo , comuiti \ous riiiipriniez. Elie 11' iii excite an un infi'rot.

La note snr le Moiidain et rAnti-Mondaiu u'cst pas lion plus ce f{a'elle dev; oil etre. Salut et frateniitL' ,

Le Brun.

P. S. J'ajouteqne, dans raon Eclielle des eires 5 qui termine ce fragment , il failoit iuiprimer :

Tel aux regards perraas ce I'aigle vigilarite-

et non pas , 'let au, regard percant ; pour corres- pondre aux regards du soifil ct aux regards dts Die ax.

J'ajoate aussi nn'anivs ce vers:

II a touL expie puiscfu'il fait des Iicuveux;

vers qui deiv^ande grace pour Voltaire, parce qu'ure J)onn'^ arlion repare biea des ouvrages indiscrels , il faPoit un aliuca bien niarqut^ , et ne pas I'unir aujc vers : Aiusi (juaud de ^'eiius !es flammes sunt iteiiUei , etc.

SPECTACLES.

THEATRE DE LA RUE FEYDEAtJ.

Trenilere representation de Pis on , ^tragedle en cinq actes,

Jl isoN , Iragedie en cinq actes, donnee pour la premivTe fois le i3 prairial , a eu pen de succes. L'tUiteur est le citoyen Petilot, que I'on dit tres-jeune , dont cette piece est le debut, et que Pirreusile d'uu premier outrage ne doit point decourager ; en effet , le public , toujoi^rs juste , et les amis des arts ont remarque au milieu des dcfauts de cette tragedie , quelques parties de talent sur lesqueiies on pent fon- der des esperances.

On sait qu'une tragedie , intitu](^e Epicharis j con- tinue d'avoir sur le theatre de la B.epublique le succes qu'elle obtint dans sa nouveaute. Comme le sujet d'Eplcharls a des rapports avec celui de Pison y I'auteur da la premiere a declare dans les journaux , que la piece du citoyen Petitot a efe coraposee et finie dans le meme temps que I'autre. Ce tdmoignage , rendu par le citoj^en Lc'^gouve a son jeune concurrent, est interessant a rappeler , parce qu'il est un exemple de Pemulation fraternelle qui aniiiae les hommes de lettres dipnes de ce nom.

On connoit cette conspiration de Pison contre N^ron , conspiration si terrible , dit Tacite , mais qui ^choua. C'est le sujet de la tragedie de Pison.

Voici, en apercu g^^neral , le fonds de cette piece ^

Pis on , trc^([^g. 2?Jg

dontlo pinna trop pen de m^lhode et d'ensemhje , pour (jn'on puisse TexposTT dans ses details avec regular itc.

Qiielques- iins des personnages ititeres>ans que fournit Phistoire , se retrouvent dans !a Liag.'die, tels que la veiiuHuse Octavie, le porte Lucain, el le philoso- phe S^iieque. P fson et Lucain sont a la tf'te des con- jures, parini le>quels s\'toient jeles a Pen vi, s^naleurs, chevaliers , soldats, des femmes iiieme, et par haine pour le prince, et par interet pour Piion. Dans la tragef^die, c'est par a?nour pour la patrie que Lucain conspire ; et il j joue le role que Tacite donne a Lat^ranus , consul d^signe , et Tun des conjures. Lucain veut associer S(^neque a la gloire de ses projets , tandis que les autrps conjures demandent Senequelui-memepoursecoiide victi 1 e. Maiscomme N^ron, qui avoit ropudie Octavis , vient de la rap- peler, ebparoit ainsi c^dcr au repentir, S6ieque , qui juge les moeurs de Rome trop contraires a I'esprit de I'ancienne republique , et qui foude quelque espoir sur le rappel d'Octavie, combat I'exaltation du jeune Lucain, et refuse de partager ses desseins. Cependant, lorsque la voix publique accuse Neron de I'einbrase- ment de Rome,Seneque enlre enfin dans la conspiration . Mais elle est bienlot decouv'erte par la trabison d'un affranchi de Scevinus, et Neron consomme ses ven- geances par la morl de tous les conjures. Sen^que est du nombre de ses victlmes ; il vient mourir sous les jeux nieme de Neron , et L s menaces prophttiques de ses derni^-res paroles portent un moment le troubls dans Tame du tyran.

a-t) Jheaiie dc la me Fty.icau,

La veil (able criliquo c'prouve une secrete repu- gnance, ime peine reoi'e a s'exercer sur le premier ouvrage crun ):mnr: talent, taiil un debut, meme inalheureux , a crinteret par lui-iiieine. Mais , a son tour , le vrai talent reclame la censure, comme une pi-v^uve d'cstime ; et, s'il nous est pcrmis d'enparler, I'iiiteret de Part exige tonjours I'applicaijon de ses pvincipes , dans I'appreciatiou d'lm ouvrage , cpiel qu'en soit I'auteur. C'est conformonient a ces senti- mens et a cette verite, que nous prenons la liberie^ de presenter quelques observations sur c?{\e tragedie. Les conspirations ont toujours iburni beaucoup de sujets a la scene. En general, comme on I'adit, on s'interesse au succes d'une conspiration , d^abord parce que c'est une conspiration. Si , dans les pre- r.Tiers actes de Cinna, on s'interesse conire Auguste a Cinua et a Erailie, assur^ment, dans une conjuraiion centre uu monstre tel que 5^fcTon , les conjurt s s'em- parent hien plus fortement de tout I'interct. La f^ro- cite de Neion rend pour eu\- plus grand encore lo dauger d'etre decouverts. Mais si I'on doit sans cesse trembler qu'ih ne le soient, il nous semble qu'ils cloivent point Petre, lorsqu'il n'j a point de specla- teiir qui n'ait pris dans son coeur le parti du motif qui les anime. Brutus, la Mort de Cesar, Romesauvec, ar.odeles d('^s::sperans dans ce genre , autovisent cctle opinion. La conspiration de Pison ^cboue dans la tragedie , ainsi cue dans Piustoire, On sent combieix ce resultat bislorique contrarie Pint^ret dramatique , sur-tout lorsque , par la contexture de la piece, comme dans la tragedie de Pison ^ les conjures sent decouverts

Vr.on , tra;:e.i;(. 27 1

des la fin dii qualrieme a( le , et quele cinquiomc arte etilier prcsenle le triomplie du tjran et I'exercicesan- glant de sa vengeance. Anssi le public a-t-il liau- tement manifesleson mtcontentemenl.

A vice da su jet , plus sen^i'le encore par un manque d'arl dans la coudnite de I'aclion , s'en joitil un autre plus dominant , parce qu'jl suit le cours da tout Pouvrage : c'est le caractere de Neron.

S'il a fallu tout Tart de Racine pour presenter avec fuccesei vcrile ce monstre naissant, dans la tragedie de Britaimicus, comment espdrer de faire supporter le spectacle de cet etre feroce , hideux des crimes qu'il a commis , des crimes qu'il commei; , des crimes qu'il mMite? "Nous le disons avec regret : la tragedie da Pison n'oflre point ces conceptions faites pour produire I'effet dont parle Boileau , et que I'admirabiQ llacine a si bien realise :

II n'est point de serpent , ni de monstre odicux , ^ui , par Part imit^- , ne pulsse plaire aux yeux.

Mais si I'auteur n'a point eu Tart de rem^- dier a ces deux vices de sou sujet , il a su du moins profiter des moyens qu'il lui offroit dans des personnages int'ressans par leur caraclere , tels qu'Octavie , Lucaiu et Seneque. La verite historique se retrouve daus le role de la malbeureuse et sensible Octavie. Lucaina I'exaltation de son age et de sou lal'ut ; SL'ueque a la raison d'une longue experience et le calme d'ua esprit pliiiosopbique. C'est peindre les mocurs avec vtlrit.'- : el Tauteur a joint a oe merits #elui de uietlre en cQutra;l3 ces deux personnages,

cy* Spectiu'es.

dans UKe scene bien liee a Paction , I^ien dialosuee , bien condiiite , on Ton a remai\]ue de la suite d ins les idees _, de la noblesse et de la pnrok'' dans la diction , delafermelc et de iV^isance dans la tonniure des vers. Octavie n'a point paru altacbre assez ba])i- leinent a Taciion ; et ea |j,eneral, c'est ce inanque d'liabilete dans I'oidonnance de la piece , qui a nni parti-ulieremcnt au succes de cette tragcdie. Mais I'anteur a mis quolqnefois dans la bourlie de celle ineme Octavie des vers int^ressans par le sentiment et le xiaturel.

Les observalions que nous venons de lasardcr, coniiiinent i'opinion que nous avons d'abord enoncee qu'il est dans cette tragedie quelques parties de ta- lent snr lesqnelles on pent fonder des esperances. C'est dans cette persuasion que nous osons prendre la liberte de faire aussi quelques remarqucs sur la ma- niere dont la piece a paru ecrite et versifi6e.

Tons les jours on entend dans la society des liommes de lettres vieillis dans I'e tude de Tart d'^ciire, se plaiadre et s'^tonner a-la-fois de cette s^curite , en effet etrange , avec laquelle on basarde au grand jour des ouvrages dont le genre e:>ige I'el^- gance et le cbarme d'une diction harmonieuse et pure 5 et dans lesquels I'examen le raoins seve- re trouve trop souvent la langue violee ^ et les principes du stjle absolument mcconnus. Nous n'a_ vons point le droit d'^noncer aussi bautement cetle opinion , mais nous sommes forces d'en rCs^onnoitre la v6rit^. Heureusement elle est loin d'etre entic' rement applicable k la trag(^die de -Pison, Le me-

rite

Pis on , tragedie., 278

rite de diction que nous avons cru pouvoir remar- quer dans la sc^ne doiit nous avons parl^ , entre I.upain et Sen^que , autorise h penser qi:e I'auteur en a le talent , et en sent la mcessit^. Cependant il nous semble avoir oubli^ Tun el T ulre dans deux morceaux adaiiraules dans Tacite , «.t que I'auteur de Pison a du , par cela nieme , soigner plus par- ticulierement. C'est le discours de Stne([ue a N^- ron , lorsqu'il lui demande k se retJrer de la cour ; c'est ensuite le tableau de i'incen Je de Rome. Mais, 6i nous osons le dire , le stjle , dans ces deux mor- ceaux est sans couleur et sans efFet ; la versifica- tion en est f'aible et commune. Ce dernier defaut se fait c^ussi trop senlir dans le cours d^ tout I'ou- vrage. On ne sauroit trop r^p^ter ce que V^oitaire se plaisoit a nous redire : Cest. ici que Voa volt la necessite ab^oLus de faire de beaux vers , c^est-di-dire ^ d'etre eloquent de cette eloquence pro pre au caracthre da personn,age et ci la si^ tuation j de n' avoir que des Idees jusLes et na^ turelles y- de ne passe permettre un mot vlcleux^ une construction obscure J, une syllabe rude ; de ckanner Vorellle et f esprit par une elegance con- /^Via^. Ilfaut convenir qu'ilest excessivemeut difficile de remplir ces conaitious. C'est une raison de plus de nous les rappeler sans cesse.

Totne U,

THEATRE DE LA REPUBLIQUE.

Premltre represenration de Tartuffe niro*

LUTIONKAIRE J OU La SUITE DE l'ImpOSTEUR*

JL ARTUFFE REvoLUTiojMNATRE, coTTK^^dJe en trois actes et en vers , jou^e pour la premiere fois le 21 prairlal , n'a point eu de succes. Celte piece est du citoxeii Lemercier.

L'auteu de c tte comddie est Jeune enrore , il ne se decouragera point sans doule. 11 faut qu'^il ne regarde son ouvrnge qxie comme iin troisieme essai qu'un autre plus heureux pourra suivre. II a d^ja donne au theatre una tragedie intitul^e Met^a- gre , et un drame en vers , intitule Lovelace. II avoit, dit-on, seize ans lorsqu'il fit MeLiagre , jou6 il y a dix ans. C'etoit annoncer un ialent bien pr(^- core. Loi^elace _, quoique cet outrage n'ait point reussi , a prouv^ des progres , et son Tartuffe re- volutionnaire 5 malgrc I'echec qu'il vient d'essuyer, annonceassez de dispositions pour que le C. Lemer- cier puisse se flatter d'obtenir un jour des succes dans cette carriere.

Cette piece n'est point du tout la suite de P//71- posteur , comme le PkUinte , de Fabre d'Eglan-. line , est la suite du Mysantkrope. Le Tartuffe r^- Volutionnaire n'est veritablement que la parodie du Tartuffe de Moliere. C'est le meme plan , ce sont les m^mes motifs de scenes, ce sont les meraes si- tuations. Que n'est-ce aussi le nieine style ? Seule^ jnent , au-lieu de tromper sa dupe par le nwjsqua

LeTartuJfe re'rolntionnaire. tyS

da la devotion , Tartuflfe la trompe par le ma<;r|ua du patriotis ve. C'est , si vous vouh-z , une imita- tion modeste et foibl'.? du c Lef-d'ceuvre de la scene Comiqup, mais ce n*en u'est point la suite orgueilleuse. On ne doit done pas accuser I'amour-proore de I'auteur , d'une erreur qui a pu nuire a son succes. Le sujet que le citoyen Leinercier a voulu trai- ler, exige un esprit plus mur , un oLservateur plus exerc6 j et le talent du stjle qui , a ce qu'il pa- Toit , n'est plus assez un objet d'ctude pour quel- ques jeunes ecrivains. Cependant il seroit injustede Xie pas reconnoitre dans I'idee et la composition de cet ouvrage, de I'esprit, dt^ la faci'ite , et quelques intentions comiques. Par exemple , l*auteur a pa- rodie d'une maniere assez plaisanfe, une parlie de la scene admirable ou Orgon se cache sous la table. Bans la parodie , il se carhe dans une armoir© sur laquelle on vient poser les scelles , mais ii en sortau moment ou Tartuffe va les Lriser , pour s'em- parer des efTets au porteur que Tarraoire renferme* Ce mojen de d^sabuser Orgon , est gai et thealral* Mais Id scene en elle-meme est dc'pourvue de ce bel eiise.nble , de cette unite de but , et de ces pre- parations habiles qui contribuent a faire de h scene de Moliiire un clief-d'oeuvre inimitable. La seconde repr(^sentc)tion de cette piece a eu n-.oins de defa- veiir , et on a rendu justice a ce que I'ouvrage pent offrir de louable ^ soit comme parodie, soit comire ex] ression de quelques v6rites politlques que I'indi- goation commune a deja popular.sjes.

S a

' LITTRATURE A.RABE.

T^otiCE sur La (,'le et les ollv rages du Hharyry.

Abou-Mohhammed el Qacem ben-A'ly-ben-Moli- liammed-ben-0'feman , suruomrad H Hkarijiy ( le Hliarjrien, parce qu'ilhabiloit ifAarj!/-^ pelit bourg de Perse, naquit a Bassorah, I'aii de I'begire 446 ( 1054 de I'ere vulgaire ) , et inourut en 5r5 ( 1121 ) , sous le regne de Mostarclied , vlngt-iieuvieme kbaljfe Abbacjde ; on I'a surnomme aiissi aL Baffry ( le Bassoryen ), a cause du lieu de sa naissance. II est celebre parmiles Arabes , sous le nom du Hhar^ry , pardes discours acad(^miques , qui passent encore au- Jourd'bui pour des chefs-d'oeuvre d'eloquence. Ces discours, nommes en arabe nieq&mat (i) ( mot qui correspond aux Lieux c&mmuns de nos ilieteurs ) , sent d'lm style tres-recLerche et enlremele de vers, li'auteur se flatte lui-meme , dans sa preface, d'avoir perfectionn6 Part de bien dure , et 6puise toutes les richesses et les graces de la lajigue arabe , tant6t/?oar falre coaler les Larmes de ses auditeurs ^ et tantot pour eueUler le rire sur leurslhvres. Ces discours , qui sont au nombre de cinquanle , roulent sur diffe- rens sujets de morale , et quelquefois sur des sujets erotiques, converts d'un voile si ingenieuseraent tissu, qu'on ne sauroit le penetrer sans elre profonuement ,yers6 dans la langue arabe.

(i) Ce mot revient a notre expression stance acade»

Notice stir la vie el Ic^ ouvrngcs du Hharyry. 2-jj Void 1 'anecdote a laquelle on attribue la composi- tion des meqdniats y dont un au!re auteur arabe lui avoit donn^ I'exeniple.

Le Hharyry allolt souvent s'asseoir dans le temple des Hharamjlres. Un jour il vit entrer un vieillard , convert de lambeanx, dont I'exterieur annoncoit la misere, mais qui g'expriiroit avec Elegance. Bien- totil est entoure de curieux 3 on lui deraande quelle est sa patrie ? Seroudje , repond-il : son nom ? —Abou Zeld J etc. Les a\ entures de ce vieillard en- flamment I'imagination du Hharvrj , qui entreprend aussitot de les orner des charmes de ['eloquence et de la popsie. Cette piece , qui forme le quarante-huiti^me meqamehj parvint jusqu'au visir du khaljfe , il la trouva digne d'etre mise sous lesyeux'de son maitre. iLe monarque en fut si content, qu''il accorda des re- compenses al'auteur, pour continuer de cultiver ce genre delittt?ralure.

, Les quarante premiers di^cours furent composes h. Bassorali.Le Hfearjrjlesporia avec lui aBayhdal, et les montra a plusieurs savans de cette vil(e j ceu.x- ci nierent qu'il en fut lauteur ' et les aflribuoient a un Africain c(^l^bre par son Eloquence. Le gou- verneur de la'ville le fit appeler an dyv/m , et luf demanda quelle ^toit sa profession. Je cullive les lettres, rep'ond t-il ; eh bien , compose-nous a I'ins- tant quelque morccau d'imagination. Le Hharvrj prend un c'alame et du papier , et se retire daiiS un coin du djvan , ma's le Tres-Haut ne lui ins- pire rien 5 il se leve et se retire tout confus. Plu- sieurs beaux-esprits qui avoient jele des doules sur

S 3

27 S Litterature arahe.

ses talens , ne manquerent pas de le plaisantrr stir sa deconvenue. Celui-ci leur repondit en publiant des meqamats plus ^loquens encore que les pre-

cedens.

Get ouvrage I'exposa a d'autres d^sagremens. Les dcvots Musulmans crurent y voir le dessein impie de prouver qu'il ^toit possible d'ecrire avec une Elegance egale a celle qui distingue le Koran , et il y a toute apparence qu'ils ne se trompoient guere. Quoi qu'il en soit , comme les devots de tous les temps et de tous les pajs sont des ennemig dange- reux , Pauteur crut devoir se justifier et s'attacha , dans la preface de ses meqamats , a repousser une pareille imputation,

Le Hharjry etoit d'une petite faille et d'une fi- gure desagr(5able ) ce qui Texposoit a de frequens parcasmes de la part des Arabes , qui attachent beaucoup d'importance aux avantages exte'rieurs ; il se contentoit de leur repondre : Vhomme n'est homme que par ies deux plus petltes parlies de son Indlvidu^ par sa tangue et par son coeur,

C'est toujours cet Abou Zeid , el Suroudgi qui est le heros de ces meqamats. C'est une espece d'a- venlurier , de Ousman d'Alfarache , un vrai Pi- caro , dont le metier est de vivre aux d^pens de qui il appartiendra , et dont les tours d'adre?se sont quelquefois plaisang et toujours varies. On en jugera par cette piece. L. L a n g l e g.

r

SEANCE A RAMLfl.

Quarante-cLnq Lii^me mecanie d^Hliaryry. El-Harith-ben-Hemma3I dit :

Depuis que j'ai eiitendu dire a des gons sages et ex'perimt'ntes , que les voja^^^e^i 6toient le miroir des merveilles , je n'ai jamais cesse de traverser les de- serts et d'affronter les lieux les plus perilleiix , pour cherclier a voir des choses rares et extraordinaires. Ma curiosite a (^te sou vent satisfaite ; mais parrai ce qui m'a le plus frappc dans mes courses, je me rappelle toujours avec une nouvelle satisfaction , ce qui arriva au Cadi de Kamle , dans le tems quft i'etois cliez lui. Ce Cadi etoit un honirae riche et puissant, dont les verfus honoroient le siege qu'il occupoit. Un jour il se presenta a son tribunal uii vieillard couvert de haillons, avec une femme qui pnroissoit fraicbe et belle , sous des vetemens qui annonroient aussi la misere. Le vieillard alloit com- nienceva parler et a dire sesraisons, lorsque la jeune personne , qui I'accompagnoit, Ten empeclia, et reje- tant derri^re son epaule le voile qui couvroit son visage , elle dit d'un ton ferme et hardi :

« O toi , Cadi de Raml6 , qui sais dispenser d'uue y main Equitable les graces et les chatimens !

« Mets des bornes a la coiiduite in juste d'un cpoux ■» qui jdepuisque jeJui appartiens, n'afait qa'un seul » et unique p^lerinage.

" El je ne me plaindrois point encore, si,apres >• avoir legalement rempli le preceple , il eut fait

de U'nij>s a autre les visiles de surerogatioa quq

S 4

2 So Litter nfure arahe.

3) recommande le docteur Elbi Jousouf, dans sei y> commentaires sur ce devoir religi 'uy.

» Mais , loin de la , il a toujours ppfsev^r*^ dans » son cruel s--st>'me d'indiff rence , qnoiqi.'il n'ait M jamais eu a ine rejDrocher aucun manque d'egard , » ni de complaisance.

« Ordonnc-Uii done, seigneur, ou de me donner » des preuves d'un amour conjugal, ou bien depro- 5) noncer un divorce eternel.

» Aulrement, jo ne n'ponds point que , sourde a y> la voix de I'bonneur, je ne parcoure une carriere )) ignominieuse ».

Le Cadi se tournanl vers le vieillard , kii dit : a Tu » en tends les plaintes c{\\e ton ^]-.ouse forme conJre » toi , e{ les menaces qu'elle te fait. C'est a toi a » decider maintenant, si tu veux remplir envers elle M les devoirs que te prescrit la lo; , ou bien courir » le risnne d'etre deshonore ».

Le Clieikh s'assit alors sur ses geiioux, et il rcpondit , avec une eloquence oui surprit :

a Cadi equitable , prete I'oreille a ma justification , » et ne juge pas ma conduite envers mon epouse , » anssi coupable qu'eile pent te le paroitre.

» Si je m'eloigiie de son lit , ce n'est point cer^ y> tainement, et Dieu en est tcmoin , ni par raepris » pour elle, ni par qu.^lque attacliement [criminel » do:it mon cceur soil epris,

» N*en accuse que le sort , le sort cruel , don I les M rigueurs ne cessent de s'appesantir sur moi, apies » m'avoir enleve tout ce cjue je possedois.

Ma maison est aussi depourvue des choses les

Mccame d'^Hh-^ry. 281

5) phis iK^ccssalros , que Ic con de ceHe belle est cIl- » pourvu des onienieiis qui devoient le parer.

» !C.or--qiie la fortune me rioit, aucua Arabe de la >) tribu de Ben el Uzre, n'a mieux contiu que inoi ji raniour et ses lois j mais dansl'etat oii je me frouvo , je m'6loIgne des femmes , autant que pent le laiic; « un anacliorete chaste ot pieux , qui craint la scdwc- 3) tion.

» Non , ce n'cst point par aversion quf je me >) prive de cu'.tiver mon clianip. Je crains seulement ^ les epin3s qui pourroient y naitre.

« Ne condanuie done pas un l:omme qui se trouve ji dans unc situation si deplorable ; jettc3 plulot sur » lui un regard favorable , et daigne e\cuser les pa- 3) roles indiscrefes qu'une legitime defense Pa mis 3' dans le cas de prononcer »,

A ce discours, qui parut faire impression sur I'es- prit du Cadi , la femme s'e hauffa , et S9 di>posa a le confoudre. Que la mort me delivre de toi , lui dit-elle , imbecillj vieillard , qui n'es bon ni a ma procurer d'iieureux jours, ni a me faire passer d'a- greables units! Quoil ce sont les enfansqui t'eiTiaientl et ne sais-tu pas que la Providence pend soin d.^ tout ce qui existe. Ta mefiance , ta pusillanimite , criminelles aux yeux deDieu et aux yeux des homme?, prouvent assez la demence et mes malheurs. Maudit soil le jour oii je me decidai a te donner la main ! « Femme, Femme, reprit le Cadi, un pen de » moderation. Ta cause me paroit juste , et tu la de- » fends avec tant de force et d'energie , que si l'<^- » k)quente Klausa venoit disputcr a\ec toi , lu la

«S2 L'tteralure arahe.

» forcerois an silence ; rrais si ton rpoux n'a dit que » la "^rite , et s'il n'est pas douteux a tes yeiix que » son indigence soit aiissi graiide qu'il I'expose, Iti dois un peu compatir au sort d'un homnie qui » a deja trop d'embarras a ponrvoir a ses besoins > » pour penser aux plaisirs que tu exigi^s de lui «. ]

Elle ne rejiliqua point , et se mit a fixer la terre avec un air tioub'e et des jeux enflamm('s , qui sem- bloient annoncer que des reflexions dlionneur et de pudicite alloient acliever sa defaite. Le vieillard se tourna vers elle, et lui dit: » Pese biea la reponse » qi.e tu vas fcu're , ^t prends garde de traliir la ve- » rit^, ou de d;^guiser ce que tu sais aussi bien que » moi »'

« H^Ias ! h 'las ! dit-elle , en poussant im profond » g^misse'ment , que nous reste-t-il a dire apres une » dispute si scandaleuse ? Est-ce bien a-present quM s> s'agit de taire nos secrets ? De tes levres et des » miennes il n'est sorti que des paroles de verile ; » mais en ouvrant la bouche, nous nous sommcs » couverts d'opprobreet d'ignominie. Et plut au Ciel » que nous fussions devenus muets avant d'arriver » a ce tribunal » ! En finissant ces mots, elle se couvrit le visage de son voile , pour cacher sa confusion , et elle S3 n^it a pleurer si amerement , que le Cadi ne put s'empecher de s'attendrir et d'accuser la for- tune d'injustice envers le vieillard et sa femme. A I'instant , il se fit ap porter un paquet de deux mille medins, et il leur dit, en le leur presenrant avec un air plein de bont^ : « Acceptez , je vous prie , le don » que je vous fais 3 servez-vous en pour vos besoins

i et pour vos plaisirs. Tout cc qui me res\e encore » a vous lecominander J c'est de vivr-deciornna's avec » les Vgards mutuels que prescrlveni les iiceuds c;ue » vous avei formes ».

Le Cheikh et son epouse temoigereut an C^idi leur vive reconnoissance , et ils se retirrreiit avec une apparence de paix et de bonne larmonia, qui causa a son cceut sensible et genereux , la plus douce satisfaction.

Apres qu'ils furent partis , le Cadi commen^aa faire I'eloge de leur esprit et de leur eloquence, et il deraanda a I'assem' K'e , si quelqu'un i)ar hav^ard ne connoitroit point ces deux person nagc'^.

Le premier hiiissier du tribunal pril la pnrola et dit : le Cheikb est ce fameux Surou'lji , dont le genie et les connolssanres font I'admiration de lout le monde ; et la feinme qui raccompagnoit , est sa legitime epouse. Mais quant au proces donh il a ete question entr'eux , je gagerois que cVst une ruse du Ciieikli , et un de ces tours qui lui sont familiars.

Get eclaircissement piqua vivementramour-propre dii Cadi J et mortifie d'avoir pu donner dans le pif'ge , il rerommanda avec bumeur au menie bomme qui soupcounoit leur bonne foi , de les joijidre et de les lui araener.

Celul-ci se mit en devoir d*executer ses ordres , et il partit avec precipitation. Quelque temps apres il revient, en se frappant la poitrine , en sigtie du mau\ais surces de ses tentatives. E!i bien ! lui dit le Cadi, fais-moi part de tes decouvertes et ne raede-

^S^ tilte'rature arnhe,

guise rlen , quelque chose ddsagreable que tu aies ^

m'ap prendre.

L'emissaire r^pondit : Jaloux de reussir dans la commission dont vous m'avez charge , j'ai parcouru la pkipart des rues et des carrefours de la ville , jusqu'a ce qu*enfia je les ai atteints , comme ils oommencoient deja a prendre le chemin de la plains et a s'eloiguer d'ici. J'ai mis tout en usage pour les engager a retourner ^ en leur faisant de votre part 'les plus belles promessevS. Mais le ruse vieiliard a touj )urs6te inebranlable^, 6t il m'a fait entendre qu'il croyoit plus sage de se contenter de ce qu'il avoit obtenu et de renoncer a toutes les esperances que je lui donnois. Sa femme ne pensoit pas de m#me , et elle insistoit pour qu'il prit le parti de se rendre a mes invitations. Lorsque le Cl-eikh vit son obstina- tion a lui donner un conseil que la raison et la pru- dence desaprouvoient , il la saisit par le has de sa tunique, et lui dit :

« Ma cLere amie , ccoute ce petit avis ; fa's-en ton profit ^et ^vite-moi de plus longs commentaires.

yi Lorsque tu auras enlev^ quelques dattes d'un pal- mier , prononce contre lui le serment du triple divorce.

» Et ne sois jamais ten tee d'y revenir , quand meme tu saurois que le proprietaire I'auroit livre a la discretion des passans.

» Un filou hal ile ne doit plus se montrer dans un lieu oil il s*est fait connoitre par quelque tour de son meiier.

•» Et quant a toi 5 me dit-il 5 en m'adressant la pa-^

Micame d' Hhnryry . 285

role 5 je suls fach^ da la peine que tu as pris^ ; lu peux t'en retouvnerdece pas,et,si tu le trouves a propos J djs de ma part a celui qui t'a eiivove :

« Ne regrette jamais le Lien que lu as fiiit. Les hommes cesseroieiit de t'en tenir c ompte , et le C.el jie repandroit point sur toi ses bc'ii^dictions.

» Ne t'ofTensepas d'uiie petite ruse qu'un indigent emploie pour exciter ta piti^.

» Sa situation rend excusable les mcnsonges de sa lan<;ue.

« Et si Ion amour-propre soufTre de s'etre laiss6 tromper . souviens-toi que le clairvoyant Ciieikh- El-E':h-Arin a ete iroinpe avaiit toi ».

Par ma foi, dit alors le Cadi, on ne peut rien dire di plus consolant et deplus adroit. Pr.^nds vite ces deux manteaux et cette bourse ; taclie de les atteindre , et presenle leur de ma part ce uouveau don , en les assurant de la disposition ou jc suis de me laisser toujours tromper a i'avenir pari'tloquence des gens maliieureux.

El-Haritl'-Ben-; emman , en terminant le rdcit de cette avenlure , avoue que dans tout le cours de ses voyages', il n'a rien vu de plus singulier , et que jamais meme il n'en a entendu ra.onter de sem- blable.

Venture.

LIVRES DIVERS.

BOTANIQUE.

u^NNjLS den Botanlck , herausgebeti von Paulvs JjSTERi j sechtes stuck Ain>'ales de Bo- taiiit]ue , r(^digees par Paul Usteri , sixieme partie , 1798 , in-S". 177 p.

11 y a d(^ja quelques annees que cetle collection de M. Usterl se continue avec un succes soutenu et meritc. Le premier article de ce num^ro est aq- compagn6 d'uue figure du jardin botanique de. Mantoue , par Dominique Nocca. L'abb^ Joseph Olivi donne ensuite Tex plication du ph^nomene du xnouvement progressif d'une conferve infusoire ( La nuztiere verte de 'Priestley ) vers la lumiere. M. Sennebier y insere sa theorie sur les boutoiis ^ fleurs 5 que nous avons reproduitedans ce num6ro. liC meme Nocca , d^ja cite , decrit Irois plantes nouvelles du jardin de Mantoue , sous 'e nom de Salsota hyssoplfoLia. SoLanum parvlfoiium et ■B.li>ina brasULensLS. On Irouve ensuite une disser- tation d'Alojsius Gelmelti , sur la racine appelee Vuli'airement Calaguala ^ et sen usage. M. Usieri lermine ce fascicule par une notice des principaux ouvrages sur la Botanique , qui out paru dans Tannee. ISfeue Annalen der Botanlck ^ herausgeben von

Dr. Paulvs TJstehi. Zurlck , 1794. In-8^ de

157 pages et trois planches.

Celte septieme partie des annales de Botanique.

Lhre! diven. 287

do M. Usferi , paroit sous le litre do Noiwettes An^ nates tie Boianique ^ premiere partle. Le bui de l';iii)eur est que ceux qui n'oiit pas pu ss procti- rer li-s six pren'ier^s parti. -s , et qui commenceut a rel'e-ci I'ac ui^ition de ses Auuales , .Mient cepen- danf '!u ouv .T.e complet. Ce fascicule est dedi6 .]■ ,; 1 S. .i ii'hi/r. Le premier memoire offre une ;'\;lle els';! i.ition d.'s lichens, par C. TT. Per- soon. Le viluyen Venleuat , 1 otaiiisle fran ais , dis- iin,^ue ,. s' n ojvupe depuis long-temps ; il sera c.urienx de comparer les deux melhodes. M. Usleri in. prime dans ce nuraerotou^ les memoires pu- !:<;> dans le premier voknne des actes de la so- " t '^ d'histoire iiaturelle de Paris, qui traent de ui Bolauiquej il ter:iiine par un evtrait de'diffe- rens onvrages suv cette science , et par la notice d'A. L. Millin , sur Rcmi Willemet , botanisie franrais , luort dans I'Inde ou il alia pour faiie des reel. er- dies d'liistoire nature! !e. Ce fascicule est arcom- pague de trois pla.iclies representant plusieurs es- peces nouvelles de lichens.

H I s T o I R E.

VHisTOiREclc la reuoLutlnn deFran-ce^prec^d^e de f expo s6 rapid e des administ rations successlves quifont delerniiaee. Nouv. ed tion , revue , corri- gf'e et augmontee , par deux Amis de !a l;berte.6 vol. in-i6. Prix 82 liv., el franc de port , 35. Paris, Garnery, 1 Lraire , rue Serpente , N^. 17. 1792.

II sera long-tem- s encore difficile d'^crire I'Lis- loire de la revolution francaise ; mais , jusqu'au mo-

s88 Livres fivers.

meat ou le burin d'un Tacite se salsira de ces m^- morables dvenemens , il sera utile de ramasser des faits. CV si I'avantage que presente cet ouvvage , dont la premiere edition a eu du succes , et qiii de plus a le merite de lier les faits entr'eux. L'editeuv I'a reimprime dans un format plus commode qui le rend portatif.

Avis aux Sous cri pteur s.

Ceux de nos Souscripteurs dont Pabonnement n'a ^te fait que pour les six premiers numeros ,. et qui sont dans I'intention de le renouveler, sont invites a le faire avant le r5 messidor procbain, s'ils desirent recevoir chaque nu;nero a mesure qu'il paroitra.

LIVRES DIVER^l

ECONOMIE RURALE.

3iMioth^qu^ pkysicO'dconomlque , instructive et aitiusante. Ann^e 1795 , vieux siylj , ou 14.^" anuee, conte/iant des niimoLres j observatluns-prati' Xjaes sur liiconomle rurale ; les nouvelles ad'- couvertes les plus InUres sanies dans les arts uUtes et agreables y la descnption et lajigure des aouvelles machin^es ^ des Lastruniens qa^ont peat y employer d^aprhs les expidences des auteurs qui les ont iniaginies ; des rcceiics , pratiques j procedds _, mddicamens noui/eaux externes ou internes _, qui peui;ent sennr aux kumnies et aux animaux y le nioyen d'aircter oude prdi^enir Les a<:cidetis ^d'y remidlcr , de se garantir des fraudes ; de nouvelle^ vues ^r piusieurs points d'econotjue doniestique j et crt general sur tous les objeU d^utlUte et d'agrc^ merit datis la vie civile el priu6e , etc. , etc. ; re-^ cueillie et publi^e par les citoyens Parmentikb ^ Deyeux ; a vol. in-ia , de 100 pages. Prix , i5 liv, bioclie, et 18 liv. franc de port par la poste pour I6S departemeiis et pour les-pajs loaquis. A Paris, eliez P. BcissoN, libraire , rue Hautefeuille , n.o 20.

La collection complete forme 22 volumes , avec 56 planches ou I4annees , qu'oo peul detacher ; les 20 premiers vohniK s , qui forineiit 1 5 anuses , sc vendcat cliacun 6 liv. Jiroclj^ , et 7 liv. 10 sols » franc de ] ort. La i4.« ann^e, qui comprend 2 volumei^se veud |5 (iv. J et i8 liv. franc de port.

T A B L E

Ves Articles contenus dans ce Numiro*

L 1 T H O L O O I «.^ I

tiidte Je la dtscrifjtion de I'ime-

iiude , par Dolowieu, ag. 14.5

MAMittALOOIK.

Is Dtwelle classification dcs rnam"

tnijetes , par Cuvier el Geof-

fiuj , 164

JSWTOMOLOGIE.

JVotice siir les marmsciils de

L;on«t , par 3. Brex ^ 190

Vhysiologie vkgetalb.

Siir l'ii>vluUon des houtons a

Jletirs , par J. Seunebier ,199

BOTANIQUZ.

Sf^lantce regni napclitanif autore iUoxn. Cyrillo. 3o3

ECONOHIE KUHALE.

Confitures de bales d* air ell e ,

par L. Bosc , 204

Q to G V. Kf n 11.. Sur la tsrrt de Kei ^^ucicn y pa 3. Barfcie , 2o5

HlSTOIRl MODERNE.

J-Jisioir£ de la guerre sept

arisy traduile de I'allemandj de

Sihiller, 211

HiSTOlBl LlTTtRAlRl.

Oh'eri'ations stir la notice don

nee par Oberlin , de la chroni

t^ue d'Andlo 3 par S. h. 3a3

T YPOORAPHIl.

Traduction arabe de VaJresse

Bu peuplg Jrarifais , sortie des

presses nation ales , 2uS

B106RAPHIK.

Satire sur Florian , a3o

Stippltrnent a la notice sur Bar-

tbeleifay , par S. C. aSy

NTTMISMATXQ.trE.

Ohseri-ations sur un gtan'd nom- hre de 7nt- dailies de Liciniiis h

jsune f par Gourdin. 343

Litt:6rature Fran9ais2.

Cclestine j oti la ticlime def

prcsat^es , ronran traduit dt

l' anglais , par la cil. IX,, a55

P O E 8 I E.

Fragment d'ime tiaduction do I'epitre de Pope au dncta. ■■ Ax-^ bulhnot. Fortiait d'Adi*t<ju , par Delill« , a6a

Fragment d'un\po'eme nan im-

prime y irilitule Chdlon- sur"

Marne, par Fabre d'Eglimtine,

264

J^ettre de Lrbrun avx r^dactenrs | du .Magasin encjclopediquc ^

Spectacles.

Pison f trag6diey 26S

Le Tartuff'e rh'olutionnaire ^

on la iuite d<i I' Imposteur

comedie , iy* 0

Litter ATtTAE arabs.

Notice sur la vie ct les oui'rages tlu Hhat3rTy , parhan^H 276

Seance ii Ramie ,^ truduil* par Venture , 279

LlVRE*- BITERS.

Boteni^ue. Annals den Botanick, herausgc ben von PauIu»*Usteri^ jet/Kt/f* stuck J 286

Neue annalen der Botanick, la- rausgeben vcn Dr. Paulus'Us- teii f, 286

Histoire.

Histoire de 2a ret-'olutiQn de

Ftanpe J precede e de V expose

rapide des adjninistrations si^C"

cessii^es ^ui I'onl dettrmhice ,

287

Se L'iNrRXMXRIS £¥ MA0AZI9XirCTC]kei>i9XQVS.

M A G A Z I N

ENCYCLOPEDIOUE ,

JOURNAL DES SCIENCES,

DES LETTPvES ft DES ARTS,

RE D I G i

Par M I L L I N , N o E L et W a 21 e N 5* ^^

11 n')' 9. pre»,quc plui d'ouviagcs ptfrir><ji-';u€8 qui fcivent <lc depot aux inventions uouvcI!c« ec qui retraccut I'histoirc tl« Tesprit liutnaia ; ccux qui. oat cours scmblcnt , pour la plupart , eviicr jvzc »£fcctation tout cc qui peut alimcatcr le gout dia •cicaces et r.iemc dc la morale. Seroii-il douc indi- gne dc la Coiiventioa dc s'occupcr it rcorganiscr cette braachc dc rinstruciion natioii-ile ? CuiGoiRt , Rapport sur les encevra^tmcns ., recompenses ei ptnslens r. accorda e«x Suvans , page i6.

V^ E Jo'trnal , ar.quel la r.l',ip-ivt Jes hoinmes qui ont Ui\ Dom r{i>-tifipr.6, line n^^piuailoii justemeaK-^(fq.nise «la7is(|'jelqiic: piirtie des aits ou nes sciences _, k'.'s que les citovens ^itaoei^,'' Ca»axi« 5'CTjiur. \F*r. , CrjENiFH, Daubexto??, 3>et.ilt;e,3^fsfoHtaisks,I)olomif.p,

•FONTANES , FoDRCPOr , ilAUT , i^KRJTAN , LaCF.- P KOK , L AOrx >. NCE , LaTT ARPi , L A f, AiN'D.*' j L.'>!51 AK K, LaNGLF.S, LaPI.Av;:-: , LfERHN, LfiROY , I'Mep.itier, Mi:..TKr.LE,MoftF,LLLT^OBf:RLIN, SlC AR r ,Su ' RD,

,YolCNEY,etc. etc. oontribuerout , contiendra I'extrait

jS". ViL 2ome U.

ftfs principaux ouYragea natfonaux ; ofi s'attacTier« siir - tout a en donncr iiiie aiialj.se exacte , et h. la faire paroitre le plus promptement possible api cs leur pu- blication. On y donnera une notice d«s meilleurs Merits imprimis chez Pcliaiiger.

On y ins6rera les ni^moires les ]»lus int^ressana 6iir toules les parties dcsartset des sciences 5 on choi- sira s: r-lout ceux t^iii serojit piopres ^ €u accdldrar les progr^s.

On y publiera ]es d^couvertes ingenleuses, les inven- tions miles dans tons Irs genres. On y leiidra comptc des experiences uouvelles, de la lormalion et de Pou- verture des Museums. On y donnera im precis de ce> que les sc'^unces des societes litteraires auront offert de |jhis interessant , une description de ce que les depot* d'ubjeis d'arts et des sciences reuiernient do plus curieux.

Ou y trouvera des notices siir la vie et les ouvMg«s ties Savans , des Lillerateurs et des Artistes distingu^s > dont on aura k regretler la perte, euiia les nouvelies litteraires de toute espece.

Ce Journal sera c^mposd desix volumes in-8''. par an , de 600 pages cbacun , et au tnoins dei^ gravures ©11 regard des articles qui en exigeront. II paroiitra tous les quiuze jours un num^ro de 9 feuilles,

Le prix de I'abonnement est ^ raison de 25 liv. ronr truis mois , rendu franc de port par toute U

ilepnbli(|ue.

On s'adre.sse , pour I'abonnement, au Bureau du | MngazinEncyclopedique , rue Honor^, N°. 94 ; et pour | Jes objels re'atifs k la redaction , aux Redacteurs , rut ' de Provence, N^. 48.

II faut afTrancbir les lettres ei charger celles qui «OQtieuxieai doe ai^igQats.

,1

I

PHYSIQUE.

HYDROLOGIE.

Memarques sur Les cnnnolssances physiques lies aiicienSf par M. Guillaume Falccnsr ^ McdccLii , menibrs de la SocLet^ royale de JLondres , traduUes par A. M. B. Bo ulard ( i ).

ij A superiorit '' des modernes sur les anr.!ens,dai.s la plupart d-^s branciies de Ja pliilosophienatnrelle, est gentTaieaient admise coiT-.me une v^^rile rfcon- nue , et elle est assurt meiit bie i o dee, N-'anmoins je suis porfi^ ^ croire que i'kr-orance des anc^ens a 6te e.\a^eree , et qu lis ont connu , au moins co;}i .,e fails et cjniine sujels d'observaliofi , pli'S.eurs clo- ses qu'on p nseen f'^.icral qu'ils o.»t ignor^f-s. M. Du- tens a depluye beaiicoup de sagacUe et dVrtidition sur '-e sujet dans ses rec'erc- es tres-m^cnieusrsi-i/r Vongine des d^couuerles attribueei- uu.x mode/-' nes ; je deir.aude aussi qu'il me ^oit jjerir.is d'_y ajoiiter seulemeut uii petit ncniibi'e de fais

(i) Ces remarques sonl tiree<* du prt-mler volume des nse- Xnoires de la societe lilt«rair» et ibi osophl^aed-^MaBchestpr, qui o'.it parn k L mdres ''U 178.1. Celic soci te lit.Jraire donnoit des enconratjemens aux it"unes g 5 qui, quoiqu'i# n'en fussent }-as mfmbies , lui iisoient dvJ hoa$ njurceaa^ »ur la lilterature. Note du traduclcui .

Tome IL X

Sf)0 Hydro login.

qui se sont prc'senles en lisant cet oiivrage (i);

i,° Je (Tois qu'on regarde M. Black comme ay ant decouvert le premier que I'eau qui a bouilli gele plus alsement que celle qui n'a pas subi cette op6- tation.

Mais Ics anciens savoici^t que Peau qui avoit 6t6 Ciiauffee, etoii: devenue par-la plus facile a con- ■geler.

Aristate (2) observe , u que Peau se glace plus » aisi-ment lorsqu'elle a ete cbauffee auprravant, et » que ce fait etoit meine connu de quelques peu- » pies larbares, siiu(^s sur les ]:!ords duPontEuxin, » cul faisoieut usage de la glare corame d'une es- 3) pere de cimen!: pour leurs buftes , et que I'eau )i qu'on faisoit geler a cet cfPet eloil d'abord cbauffee, » afin qu'elle put deveuir plus prompt .^ment con- » Crete » (3).

(l) II est aisc^ de voir, par I'explicallon qne I'suteur donne fle que'qncs-iuis des pheiiomi^nes dont il parle , que ce me- moire a ete composi il y a quelques annees ( 1785 ) ; cepen- daut j'ai cru devoir en accc'-.ter la traduetion qiu nous a ^le offerte par le ciioyen Boulard , parce qu'il contienl uu lap- prochement de faits ptecieux pour riiistoiredes connoissances physiques des anciens ; mais }'ai pense qu'il y f^lloit joindre quelques notes , pour detruirc les erreurs qui s'y trouvent , et qui soHt dues au temps on il a ete fait, epoque k laquelle la doctrine pneumatique n'etoit pas aussi generalement admise, et ou la revolution cliimique n'etoit pas encore totalement operee. A. L. M.

(2) Aristot. Meteorolog. L. i. Cap. 12. p. 14.5.

(3) II est probable que c-s peuples faisoient Louillir kur cau pour la prdparatiou de leur cimen t , par une autre raisoa

Connoissances de^ anchns. t^i

PlineCO P^ii'Ie anssf , conime d'utie cIcVouvprfp de

Neroii , de I'operalioii de faire bouillir I'eau «ji,'oq

se proposoitdc faire geler , afia d'accelerer sa con-

creliQii.

Ati.eiiee (2} remarque cgalemont r:ue leshabitans d.^ Pile C^mole metloienl dans leurs n^frigerans de eau qui avoir rte t'chauffee p.r les rajons u so- Itil, et qu'ds faisoient des rr'-primandes a ceux qui les servoient, si I'eau qn'il. prenoient pour la ron- verdr en glace, n'avoit pas ete cbaufli^e aupaia- vani. ^

On trouve dan^ le sixieme livre et dans la qua- trie.ne section des Epidomiqnes d'Hippocrates , un passage qui nie paroit avoir quelq ,e rapport a ce ^sujet, quoique jenemeflatte pasde T^claircir snlie- xenient (3).

II est question, dans' ce copsell , de la preparation de I'eau qui doit etre hue par le malade 5 Hippo,

que ccIlerapport^eparAristote; car le retour d'une saison moa.sr,sour*?use auroii fait foudre la glace et emporte le. Jiai itauons , et le froid qui r^gne sur les bordsdu Poat-Euxia (la mer Noive ) n'est ni asse^ fort , ni assez constant pour n avoir point a craindre un parcll retour : on doit done rm^^er ce procede au nombre des fables ; mais U recit d'Aristote prouve toujours son opinion sur ce sujet. A L. M.

CO Plinc. L. 3r. cap. 3. II faut lire ainsi dans le texte an- gluis, au lieu de cap. i3. , le livre 3i de Pline ne contient que dix chapilres ; c'cst une erreur Ijpugrapliique. A. L. M.

(2) Athenaei lib. 3. p. t^S. 124. Edit. Casaubon.

(3) f^co^ x:p,^„fty ri y,iy a; ^i^^rtii rov ui^a , to c^e ^,

T %

,02- Hydrologif..

crates ordoniie que ce soit de I'ean qui ait boiiilli, el qii'on fasse celto operation avec de I'eau exposee fi I'air , et partie avec de I'eau tenue dans un vais- seau ferm^ (i).

Le j)ut du premier de ces preceptes t'loit de faire l)ouil!ir ou de chauffer Teau , et le but du second ^toit de la r-efroidir. En effet,,je presume qu'on la faisoit bouillir pour en ciiasser Fair , et qu'ensuile on la couvroit pour qu'elle ne put pas en absorber de nouveau , ce qui auroit retarde son refroidisse- mentj suivant la tbeorie moderne (2).

(t) Quari<5 I'eau a Jjo^illi, 11 faut avoir soin que I'air puisse

enlrer clans le ralsseau , qua k vaisscau ne soit pas enti^re-

mentpleia'^qti'il ait un couvercle. Hipocrates , loco citato,

(3) Loin que I'accis de Telr soit contrairc a la congelation^

il la favorise au sootreire ; I'eau bien enfermee ne se ge'e

que Ir^^-lenteuicnt ,(3it Fottrcroy d.»ns sachimie ; etd^s qu'on

debouchc le vaisseau daos lequel elle est CQntenue , elle se

g^'e ]beaucou,p plus facUement , quelquefois dans I'instant

Meme oa clJe reroit le contact de I'oir ; la meme chose arrive

dans la cristsllisation <Jcs sels ; ainsi rbpini.>a emise par

M. Falconer^ n'est nullement, coihme ill'gvaace , conforme a

Jachimie moderse , elle "lui est contraire.La pesanleur de I'air

opposapt un obs'.acle a la diletation de i'eau , doit en efFet en

apporter rn ^ sa cono;c''ation : rien ne prouve noh plus

tru'Hi[)pocral3S recoDurande de faire bouiUir I'eau que ses

. inalades devoient baire froi4e pour acceierer sou refroidisse-

jneiit -y ne devons-nous pas presumer qu'il etab'issoit ce

pxecepte pour obteisir une eai\ moius dnre et plus , ure.

ll,es clnmisles et les mi^decioa modernes recommandent ega-

Jement defaire boui"Iii-l''".au que Ton veul boire avec securite ,

parce que rebullidon lui cal^ve le principe odorant desa-

greable qu'^l e peut contenir, et fait precipitex vine pailie des

ge'.s calcaires. Vojez Ciiimie de Fottrcroy , T. i. pago

^2A. ^. L. M.

Connoi^snnces des anrhns. 5^3

Qnoi'qiie Galien n'explique point ce passage en- iK're.nent (i) de la meme manierf que je PaF fait , il p/nsc qu'llippocrates parle de f.ire bouillir I'eaJ qn'oii doit ])oire ensuite froide, d'aulant plus qu'il lecommande ce qui est fiold, dans la phr«s3 qui precede inimediatcment celle dont nous nous occu- pons. Galien e^piique I'obscuriie de ce passage, en disant que cesouviages d'Hippocrales ne furent pas destines a etre publit^s, mais qir'il ne les t^crivit que comme des notes particulieres pour aider sa memo ire.

Gahen Ini-meme connoissoit tres - bien cette propriet<^ de I'eau bouillie , qui consistc k re- Iroidir plus rapidement et h un plus grand d.^gre « Lorsque, di^l , nou. voulons domier M'eau le - plus grand degie de Trold qu'il est possible d'ob- « tenir, nous commen.:ons par la chaufler , ensuite » nous entourons de neige le vaisseau qui la contient 5 » ou SI nous n'avons pas de neige , nous la plarons » dans iin puits cu sur le couPMnt d'lme source ,• et sa » tem])erature se change plus aisement de cette ma- » niere ».

Galien atrribue cet efiet a la rarefaction que IVnii a eprouvee auparavant; mais il est endent qu'i! se ti ompe a cet egard , puisqu'apres avoir H(' refroid^e , I'eau est aussi condensee qu'auparavant. Peui-etre la veritable cause de ce pucnomene est clle celie

(0 Cependant Galien paroh penser que IVau doit boui'lir dans un valsseuu decouvert , e. que quand elle est descei.due dansle re-ngerant, il fauU'enL-rmer de mani^re h exclura t'^ttt (ur. Qaltn. comm, m lib, ^i , g 4. Epidcm. rJippocr.

T 3

294 Hydrologie.

qiron en donne en gtMieral , savoir I'cxpnlsion de l'a,ii"5 mais comment cette expulsion contribue-t-elle a favoriser le refroidissement ? Cela vienl-il de ce qu'aprts (jiie I'eau a rte privee d'une portion de son air, une partie de ,-a c. alenr lalente est sortie avec lui , et I'a rendue ainsi plus susceptible d'etre fticilement refroidie ? Oj 1g refroidissement est - il plus facile 5 a cause de I'expulsion de Pair, parce que Fair , etant uni avec I'eau , et devant en e.tre separe lorsqu'elle gele , ;)eut , par son attraction aveo I'eau, exiger un plus grand degre de froid pour enetredega^'^, quM n'en auroit fallu pour geler I'eau , si elle n'avoit pas eu a vaincre cette attraction (i)?

II faut cependant remar uer que Galieji dit , non seulemeiit , que I'eau qu'on a fait clsauller est plus aisee a geler , mais menie qu'elle prend plus aisement claque degre de froid inferieur ^ fait qui meriteroit d'etre constate par des experiences.

2.° Je crois que le fait de la production du froid par I'evaporation des fluides (2) , est regardc conime un^^ decouverte moderne , et il me paroit ponvoir I'etre a juste titre. Cependant , il semble que, qnoique ies modernes auteurs de cette decouverte I'aient

(i) Ce phenomt'iie est probablement dd au dt^gagement de I'air : le calorjqvie que I'eau lic^uide et tr^'s-echaiiff'ee coiuient en exces, se dissi ;e plus faci'emcnt, et le rapprochement des molecules de I'eau se fait avec plus de promptitude et de force. A. L. M.

(2") Get effet depend de ce qu'un corps, qui de solide dcvieni flnide , abs.;rbe plus de calcrique qu'il n^Gn aroit avaiji^ Cliimie de Fourcroy. T. i, p. i35. A. L. M,

Conho'issancc dcs andens. 2r5

ignoi:c', ce fait ^-toit hes-connu des anciens , et non seulement des Grecs , niciis vrtrnc des Egyptlens. ^ Athenee dil que « Pmtagorides ,dans sa descrip- tion de la navigation d'Antiocl-us sur le Nil on sur TEuplirate , rapporle le mojen dont on se servoit, dans ce pajs , ponr r.-froidir les flnides , et qui consisfoit a les cbauffer d'abord en les exposant aii soleil, ensuile k les passer, et a les mettre dans dc& vases de terre , a la parfie la plus elevee , la plus decouverte et la plus expos^e du baliraent , pendant que deux enfans etoient occupes , lonie la nuit, a veiljer a ce que les parois exterieurs des \-d&Qs fussent ton jours Immides. lis conservoient en- suite ce degre de froid,en convrant ies vases avec do la paille. Ce procc^de , dit-il, refVoidi^soit i'eau a un !el point , qu'ils n'avoieut pas besoin de alaqe (I) «.

Galien dc'crit ainsi le moycn dout on faisoife usage a Ale^andrie, pour relroiuir I'cau ; Vers le couclier du soleil , on jetoit Teau qu'on avoit d'abord chanffee d.-uisdes jarres suspendues Ci\.\x par- ties les plus elevees du batiraent_, avec lesfenetres ouvtrles, a Poppositj du point d'ou le vent soutiloit. Avant le coucber du soleil , on placoit les jarres sur la lerre , on en mouilloit les parois extt^rieurs, et on les couvroit de feuilles froides ct pleines de sues , telles que celles de la laitue , afin que I'eau put con- ser\er le degre de froid qu'elie avoit acquis par cc proced(§ (2).

(r) Alhcn. p. 124.

(::) Gulen. Comm. iulib. 6. Ejnilora, Ilippcc, coram. 6.

T 4

«()6 Hydrologie.

Le moyen dont on se sert actuellcment tlans les Iiides orientales pour faire de ]a glace , ressemble a beaiicoup d'^gards a celui dont ii vieut d'etre parle. Oil creuse des {vsses dans des plaines vastcs et de- couvertes , aux endroits tivs-exposes a la circulation de I'air , ct ronstquer.mpijt a I'evaporation. Ces fosses sont joTicli^s de roseaiix , afin d'admettre la circu- lation de i'air de tons les cotes, el on place dcssus des vases de terre peu profoiids, remplis d'eau , et dont la tCvture est si poreuse qu'elle laisse filtrer I'eau a travers, de maniere aconserver I'exter eur tou- jours huii.ide , et produisent par consequent le frold par tvaporatior!. On a fait anssi houillir , auparavant , I'eau qui sert a cet usage. II n'est pas necessaire de remarf[uer combien ce procede^ ressemble a celui qui a ete ci-devant cite , et combien il est vraiscm- blable , d'apresl'i'rmutabilite des anciennes n-.cx3urs, que c'etoit un usage d'une antiquite tres-re- culee (i).

3." Queiques autres decouver'es , telles que I'eva- poration cle I'eau en forme d'air, et la facilite que la C- al !i" L't I'ag.'ation procurcnt a celte Evapora- tion ,paro'ss-nt n'avoir pas ete incoimuesdes ancicns, quoiq e 1 urs id'Vs, a cet egard, fusseut fort eloi- gnees d'etre claires.

L'huraidite , dit Aristote , qui est autour de la terre , etaiit convertie en vapeurs par le soleil , monte

dans I'atmospliere. Lorsqu'elle s'est eleveCjla cha-

(l) \oytz I'exlraitdu m^inoire snr la maniere dont on fait «Ttificieliement de la glace a Benaris , Magazin JEiicj elope- ii<£ue , torac I , p. i5i, A. L- JJI.

Connoissnnce des ancient. 297

leiir a I'aicle de laqiu lie eile y est pervenue , quilte la vapeur(ouconime diroit le docteur Black, deviant sensible), et ensuite la vapeiir reprend de nouveaii de la consistance et quitte sa fonue d'air pour rede- venir de I'eau (i).

« La raisoii , dit Aristote , pour laquelle la rosee » et la gelc'^e blanclie ne prenuent pas une forme cou- » Crete dans (\ci situat'ons ('■levees, c'est que I'air M y est tres-agite , ce qui dissout (2) la consistance » de I'eau >-. Ibid. cap. no.

La doctrine de la chaleur latente, du docteur Black', ne paroit pas avoir el6 entierement incomiue des anciens.

« La neige J dit Arislote, ne pent etre formee » sans que le froid doirine , parce qu'il y reste encore y> beaucoup de chaleur. Car une nuee ou une vapeur ^' contient beaucoup de chaleur qui est un reste de ce » feu qui a absorbe I'liumidite de la lerre ».

Aristote dit ici, que nuage ou la vapeur con- tenoit encore de la chaleur ou du feu, et il s'accorde i usque la avec le sjstene du docteur Black 5 mais ce (1(^1 ni,M- a deiouvert que , loisque la condensat ou se fait, !a chaleur qui etoit cacliee auparavaut deviv-ni alcrs seusibl (3).

(t) Mcieorol. 1. I. c. 9.

(2) Og ^ixX'ift ry^v THU'JTrjV (ru^arty. N. H. Le mot grec iraf- «5-<,' signiiie 'la consistance , la forme solidede ({uelque chose , dans sa signification primitive, et il est souvcnt applic[ue k IVau. Voyez le Lexique de Budee, au mot s-j^ua-tg.

(3) Le systeme de la chaleur latenic , du docteur Black , se rapproche beaucoup de celui du cahr;i}ue dy Lavoisier €t de*

29'^ -i^ylrologie.

4.'^ Les anriens connoissoient parfaitement la cause pour lanuelle I'air efoil plus cliaucl aupres de la terre qu'a cles n'gions plus elevees. Aristole explique ce pbeiiomene par la reflexion des rayons du soldi (i) de dessus la suiface de la terre ; c'est aussi la ra son que Seneque (2) en donne. Gependant je crois qu'ou attriljTie gen^ralement celte decouverte _a Newton.

5.0 Aristote (3) donne une cause de la concretion soudaine des grains de grele, a laquelle il attribue avec beaucoup de probabilite leur grosseur : cause que je n'ai point trouv^e ailleurs, et qui est peut-e!re la S3ule veritable. II observe cc que c'est en general daiis un temps chaud que la grele lombe en plus grande quantite » ; et c'est a ce'te premiere chaleur , qiii doit avoir affecfe la vapeur et !'eau"que cel!e-ci contenoit, qu'il attribue la congelation soudaine de la grele , de la meaie maniere que I'eau , prealaJjle-

clilmistes pneumatistes franoais. Ces deux sjstemesfont egale- ment regarder la ohalear oomme une matiere existanle par elle-meine et inherente aux corps qyu'elle pen^tre. Ce passage d'.ArlGtcte nrouve que I'o^jinicn de regarder la chaleur comrae un corps , n'est pas nouveJJe ; mais il y a loin de la a la belle theorie que Black et sar-t-out Lavoisier en ont de- duite. A. L. M.

(l) Meteor. Lib. I. c. 13. '

(2} Quod radii soils a terra resiliunt ct in se reciirntnli. Honim duplicatio proxima quceque a terrls caHJacit. Quce ideo plus hah enl t&poris , quia sohm his scutiimt.

Senkca. ISat. qiicss^. I. 4. ^ecl. 8.

(3) Mc'LcoroTog. dc Giandine.

Connoissnnre des nncien<;. 209

inent chauffee, gele plus aiseraent et plus promple- ment i).

6.''' Pareillcraoiit !e fait de la separation de Pair avec I'eau qui se trouve relVoidie par cet evcnement , lie paroit pas avoir ct(^ iiiconrui dc-s anciens. Proija- blemenf cV.-^t la cequ'enlendoit Hippocrates, lorsqu'il a dit « que Ics parties claires, L gores ct donees de I'eau s'evaporentflorsqu'elles sp gelent » : opiuion qu'ii I'aroit qu'Aristote lira de cette source.

Aulu^elle (2) explique ce passa.e d'Ari^iote , comine si I'air etoit comprise , a':;si qu'il I'est en elTet ]-)ar I'i^au , lorsque celle-ci devient concrete ; et Macrobe (3) exprime la meme chose dans des termes

(l) Lcs nrincipes de la clihnic pnenmalique c nt fait con- noitre la cause de la formalion de la grele. E'Je est due a la recompositiori de I'eau operee par la combustion iostantanGe du gas llydrog^ne ct de I'air vital, occaaionnee par I'^tin- celle electrique ; a proportiou que cette eaa perd de son ca- lorique dans les differeutes regions ou elle passe , elie ap- proche davantage de Telat de glace et elle devic :t dc la neige ou une grele plus ou moius grosse et plus ou ruoins iorte. A. L. M.

{2), Quoin'nm cum atjiia /rif^orc- aeris chirnUir , cl ccit f iiecesse est fieri evaporaiionem , et quamdam quasi aiirain tenuissiwam exprimi ex ed et cmanare : id autcm , inquit j in ed let'issiniiim est quod evaporatiir.

AuLUG. Ge'l. noct. attic. IX. 5.

(3) Omnis aqua y inquit ^ hahet in se aeris tchuissiini poi" iiuneni , qua. salutaris est : hcbet que tericawjccxem ^ qua est corpulenta post terram. Cum ergo aeiis Jriooic et oelu coacta calescity necesse est post cpaporolionem iclul cxprimi ex Hid iiuram tenuissimam j qua discedente coni^cnial in coaguluin. Mackob. Satura. L. Vll. c. iz.

3oo Hydrologie.

plus clalrs et plus distincls, et ii semble dire qn'il etoil iiecessalre que I'eau se sepamt d'avec son air*, poiir qu'elle se 'congelat.

•7.0 On s'est souvent imagine que le fait de Peau qui s'eleve a son niveau dans les tuyaux, etoit une dccouverte raoderne ; mais je crois qu'elle avoit ele faite par les anciens , et que les aqueducs qu'ils ont construits a si grands frais pour charier Teau , ri'ont pas ete construits, parce qu'ils ignoroie t quo des tuvaux auroient produit le meme eiTet, mais parce qu'ils etoient persuades que I'eau qui coule dans des tuyaux de ploiib, est moins saine que de I'eau qui passe dans un canal decouvert. Palladius prouve clairement que c'eto't la leur motif (i).

Vltruve e>prime la meme cli05.e, ouoique en Jes tcrmes beau oup j-^lus obs urs (2) ; et Pline domie des preceptes particuliersa ce sujel (3).

(1) Si cfuis mojis interjecius occurrit out per Jatera ejus aqttam ducemiis ohlicjuam , aut ad aquce caput speluncas lihra- bimus per quariim structurain perveniat. Sed si se vallis inter- serat , erecias pilas rel arcus usque ad aquce justa vestigia, construemus , aut pluinbeisj'islulis clausam dejici patiemur ct explicata valle consiir^ere. Ultima ratio cst j ylumbiis Jis- tuJis ducere j quce a./uas iwxias reddu'lL

(2) Vitruv. I 8, c. 7.

(3) L. 3i, c. 6.

M I N E B. A L O G I E.

WoY,AGES dans tes deux Slcltes et qiieiqucs parties de L^Apenaln , par L\ibbe Lazare Spallanzani y proftsseur d'Histoire Nata- reUe d L'lJnwersUe de 'Pavlc , ct surintendanA duMusee public de cette v'die. Tome 2. Pavie 1792. De riinprimerie de B.ithasar Coinmini, in-o^. avec figures.

X-iE second tome de I'excellent oiivrage du c;'lebre Spal'anzani, aiissi int'resscint que le premier, traile enSierement des iles de Lipari. Ges i!es, au no nbre de dix, siluees dans li moditerranee , entre la Sicile et I'ltaiie , portent en-.ore ies nanis de yulcanios. et JEoLice. Leur nature volcanlque, quoique connue d.-s anciens , est devenue sealement dtir.s ces der- niers remps I'objet d.?s observations des pUjsiciens , sur-tour d- > elles de M. De.luc, du chevalier Hamil- ton , pt de I):;odat Do'ou-ileu ; mais , outre que ces natnrali.-^tes n'pnt pa=5 porte leur examen sur loutes , iiseu out encore'.n<Sg]!g^: biendescirconstance.s. Notre ac.teur ^;'est charge d'eii parler d'u.'e mauiere ('ten- due , et en donne une description Iribs-fidele daiis siv rliapitres que ce tome renferme.

Notre auleur , dans le dlxieme chapitre d > I'ou- vraie , et !e premier des six que nous annoiicoris , pavle du Stroraboii. Cette ile situce a 3o niilles do Lipari et k 5o de la Sicile, a une figure coiijue doui la base , qui s3 divide en dt^ax , pr($seiite une

3os5 Minernlogie.

circonf/rence de '^o nillK^s environ , et vers le milieu desa lianteiir , uu voka^i tre:>-r.'Connu parses erup- tions coiUinuelies j il verse de ,^',rands fleuves d'o- deiir sii!j)hiireus3, et lance uue grele coniinuelle de laves .s;o;.g!'.. uses de difTv'r ^isdiiaie.'res, acconipaj^nee d'uii bruit ecl;ila,ni ' I'uue poussiere tres-fiue de scories brunitres i rjugealrv-s le-eres ^ d'une nature pTAsque vitreusi^ , et auxqu lies on donne le nom de ce.id'- s. Da -s les plus gra ides ('ruptions ,on voit en Fair pi US de mille morceaux de lave , a la hauteur d'un demi mille et quelquefois meme d'un iriille, coiiinie TauleurTa -'ppris d sinsulaires. Les moindres jets de piei res ns vont pas au-dela de 5o pieds , et sor.t touiours accompagn^s de fracas propoi tionnes. La vive luii.iere qui se developpe pendant la nuit au-dessus do volcaa j et les laves emflaramees furme}it,reun)es , des ravons divergens lonibant sur ie penchant dv^ a monagne, une grele deTeu rou- lant , repand sur le sol un beau jour et produit uii sjiecta'Je imposaiit et iiiajestueux.

Spallanzani rt^forme I'erreur du chevalier Ha- milton qui , trompe sans dout ' par I'tHoignement , avoit cru que le cratere du Siromboli estau sommet de la monia-iie , tandis que, d'apres le temoi^-^nage des habitar.s et la tradition , il resulte que , depuis plus d'un si^cle , il e>t place au milieu environ de la hauteur de la montagne. L'auteur s'est convaincu , enexaminant le volcan de pres sur la montagne meme, proche du cratere, que les intermittences des erup- tions, regardees par des vojageurs comme periodiques, eloient raremenlde trois a qualre secondes, et devoient

Voyage de Spallanz.ini. o55

j)ar consequent vire considerc'es coiiime perp,'tnelles. Pour bieu examiner ce volcan , notre courageux -auteur ne n-.^gligea aucune occasion et de jour el de iiuit. II youlut vnrin contempler I'iutorieur du cva- ti-re , pour rcmarquer les plu^noinenes cjui s'offroient a sa vue. Ajant done rencontre une pelile grotte dans une roche au-dv^ssus du cralere , lequel a 840 pieds de circonft'rence , il se confirma dans la premiere idee qu'il s'eloit formce dct son peu de proibndeur, et vit que les parois internes, incrusfes en quelqu'endrolt de subslances de couleur jaune , probablement de sel ammoniac et de soufre , se retriecissoient en descesidjut en forme de c ')ne tronque €l renverse. Jusqu'a une certaine hauteur , Je cralere est rempli d'une mati^re lic{uide emflammee, agitee seiisibleincnt d'un mouvement intesfin ct trouble, pt d'un autre mouvement cuassant en haut la matiere liijuefiJe de laqucUe s'elovoient des buDes d'un dla- me re de plusieurs pieds. Lorsque celles-ci se crevent vlhs cbassent les laves embrasnes et encore serni- fUiidesquis'unissent enti'elles lorsquelles se heurlent a peu de distance , et se brisent au moment du choc quand elles ont perdu leur fluidity.

D'apres les diverses particularitc'^s qu'offre ce vol- can , les hahitans du Stromboli predisent les varia- tions de I'atmosphere. Pendant tout le temps que notre auteur resta dans celte ile et dans I'EoIie , il trouva que les predictions n'etoient pas tolalement aver^es. Une chose digne d'observation , c'est que ce trajet de mer oii tombent le^greles du Stomboli, n'est piesque jamais rempli dti mat ere volcanique. Les

"^4 Mineralogic.

liabltans des iles Eollennes crolcnt que la mer en ce lieu est satis fond et en rendeut raison en disant que toutesles laves qui j tombenl soiit reportees au cratere par des routes ignonx^s , et qu'il se fait aussi iin flux continuel de laves du voican a la mer et de la mer au voican. XJn tel plic' nomine e xplique invec tant d'absurdite par les insulaires , s'' nlend aisement par les soins infaiigables de notre natura- liste. Les laves qui tombent en grele , sont X\<gs,- spon^/ieuses et se brojeiit facilemeni : il arrive de-la c|u;^ plusieurs d'elles sont reduites en poudre avant d'arriver a la mer, et que d'autres qui y tombent enfieres , se broveiit aussi par le choc frequent et alternatif produ't par les ondes en courroux , le inouvement des eaux t'tant presque toujours imp^- tueux dans ce bras de mer qui offre une profon- deur de plus de 124 pieds. Toutcs les scories i ensuile etaut reduites en poussiere , celle-ci est i tiansporteeailleurs p>ar la violence des courant, et de \ cette maniere ne remplit pas cet espace de mer,

Les productions du Slromboli , ob et du chapitre XI.^ on le IIi*^ de ce tome , se reduisent au sable scories , au tuf , aux pierres ponces et au fe L'ile fournit trois especes de scories. La premiere especeest tres-leLere,d'unecou[eur entre le noir et le g:is, et offre quelques peti is m.crceaux recou verts d'un ' vern's vitreux. Les autres espeCv<^s en general sont coniposees loar la plus gra;nde partie d6 fi!s vitreux ; .s^mi-lranspaiviis. Li deux ie me espece de. scone dont ' se forme la gre'e , quoique pen different? delapre- Miiere est cependaat trois fois plus pesante , sans i

fibres

ler. \

;hapitre |

)le , aux I

er poll, I

Voyage de Spallanzan'u 3o5

fibres ,et ne prcsente que de tr^s-l^gers signes de vitri- iicaiion. E!le est tres-porense , de tex ure iiniforme , d'uii. grain peu fin , de cassure irreguJiere , de mediocre dureti^ , peu scintillante avec I'acier , d'une odeur un ] eu terreuse , et attire Taiguille aiinai'lee a la distance d'une moitie de limine ou six poi'its. iCnfiti la troisieme especj de scorie est aussi legere , ren- ferme du spatli ; elle appartient a I'ancien voican, et so trouve a peu de profondeur de i'ile , sous le sable. Avant de terminer ce cbapitre ; I'auteur rap- perte quelques experiences faites en exposant a Pac- tion du feu des fourneaux divers jaspes et porpljjies de iieux non volcanises. 11 en resulie, 1.° que la base des porphjres ^gjp liens n'est certainement pas da jaspe , mais probablenient de la pierre calcaire ; 2.0 qu'en coiifrontaiit les resultats des breches por- p'ijriques alterees par le feu volcanique , avec ceux ahercs par le feu des fourneaux , les premiers out p^rJai leur premiere forme et ont 6te vitrifies 5 le feu du Slromboli ne les allere pas au point de les priver totalemeat de leur structure.

Avant d'abandonner ce qui a tra^t a I'hisfoire du volcan de Stromboli , I'auteur rapporte re qii'en ont ^crit les anciens 3 il en resulte que I'epoque la plus anclenne , a notre conuoissance, de ses incendies , est de 290 environ , avant I'ere chretienne, lors du legned'Agathocle , fameux tyran de Syracuse ; puis' ensupposant, faute de temoignages, que ce volciuiait d^s lepos de plusleurs siecles , on prouved'ailleurs oue ses eruplions non interrompues ne s'elendent pas au-dela d'un periode de 200 aus. Quant aujc

Tome 11, Y

5o^ Mineralogie.

substances qui alimentent uii feu apssi continue!, * Spallanzaniatlribue cet effet a I'iminense quantite de soufre,cle pvrotes,de fer et probableiiient encore an petiole, qiioiqu'il n'ait pu decouvrir aucuu indice de cebituiiie.

Le douzieme cliapltre ou lo troisieme de ce torae, offre une tres-coiirte descriplion de Basiiuzzo , Bollero , Lisca Bianca , Dattolo , Panaria , et des sa- lines qui out (§te deja soigneusement examinees par Deodat D lomieu. Les cinq premieres iles sont au-dessous de Li pari et de Stromboli , et quelques-unes sont plutoi des rocliers que des iles.

Basiluzzo , a deux mille de circonff^'rence et est peu elevee au-dessus de la mer. Sa superficie est seulement sii.steptible d'une tres-petite culture , Tie presentaut qu'une legere couche de lave d(^com- pos^^e 5 au-dessous de laquelle on decouvre la lave solide, graniteuse en p'lusieurs en droits, et sembiable a celles dont le reste de Pile est fonr,e.

Boltero et Lisca Bianca sont deux roc hers formes principalement de laves decomposees aulrefois par des vapeurs arides et abondantes de sulfate d'alu- niiue , ou jjien d'alun. Pres de ces rocbers I'auleur trouva dans la mer une source de gas bvdrogene sul- furise ou d'air h^patique , accompagn^ d'une cbaude exbalaison qui faisoit elever le mercure dans le tbermomclre de Reaumur, a ri8 d. et i , la tenip^ra- lin-e de I'atmospb&re 6\!int a 20 d. j , ce qui de- jnontre que sous ce lieu , qui paroit etre une conli- iiuation du rocber de Bolteio , il exisfe toujours des indices de feu.

Voyage de Spallanianl. 3 )/

A pcu (le distance de ces deux rozhers on en frouv^e un autre nomme Dallolo, forme aussi de laves encore plus decomposjes; etplus pr^s de Lipari on voit,l'ile de Panaria, coaiposee de granii volcanisi jCn partie decompose ,avec une cu-conf^'ence de plus de 8 milles, et une petite elevation sur !a mcr. D'apr^s I'exameLn de tous ces rochers et ilots , not re auteui- se range de Popiuion de Deodar Dolomieu , c'est- a-dire , cpie cliacun d'eux ne doit pas son 04;- gine a un vo'can pariiculier , mais qu'ils sont les debris d'une ile t;es-ancieniie ,ea partie detruite, et probablement de TEuoniinos , la septieme des Eoliennes , situ6e selon Strabon, a gnuc le en aliant de Lipari en Sicile, oii sont actueJIement lesilots doiit nous venons de parler.

La derniere ile que nofre auteur examine dans ce cbapitre,est celle appelee ancienuement Gem^lla, le aujourd'hui Saline^ a cause du sel coinraun pu muriate de sonde que Ton e tr.iit dans un angle de la plafie. Son circuit a plus de 5 lieues ( i5 milles ) son e tr^- mil^ se tcrmine en trois pointes , et ^st formi'e d'nn amas de laves de couches distinctes , provenant de la hauteur de ces montagnes,ou I'on \oit quelque vestige de cratere.

Le XIII« c' apitre est relatif a Vol'-ano. Cette ilea 3 lieues | ( ir milles de circonference ) et ren- ferme , par le moven d'une Ian .ue de lerre, pro- duite par une grande erupt on volcanique , un ilot dont le sol est roug^. El'e a la figure d'un triangle scalene, triangle qui a deu coles inv''<.aux , dont les deux cotes qui s'enfoncent dans la nier

V 2,

3o8 Miner alogie.

sont composes de superficies de laves haules de plu- sieurs pieds , qui , brisees paries ondes, forment main* tenant comme une muraille verticale, sur laquelle on distingue des couronnes de couleurs , nuances et pastes differentes , toules cependant pen diffe- rentes de celles des autres volcans , excepie les deux suivantes. La premiere prtsente dans sa super- ficie un vrai ciment tres-noir, tres-brillant^ tout-a- fait opaque , aisement friable, et cor.tenant du spath. Ce ciment offre encore des bosses pars;^mees de festons et de gros fils qui sont tous dans la direc- tion de la montagnea la mer. L'interieur prtsente une lave grisatre et rougeatre , apre au tact, ierreuse , d'odeur argileuse , a base de pierre de corne , et du feldspath. L'autre espece de lave se trouve sur le lit et dans I'eau , en forme de globes, avec plusieurs proprietes destufs volcaniques; mais, a la diffi^rence de ceux-ci,son grain approche du verre. L'auleur attribue la molesse de cette lave, non aux acides sulfuriques qui n'j existent pas , mais au refroi- dissement subit de i'eau lors de sa fusion , augu- rant cela des scissures qu'elle manifeste et de la friability de ses parties. Celle-ci et les autres laves paroissent etre des productions du craterc principal qui est eloign^ de 'a mer de 200 pas environ, Celui-ci est rempli de terre , et conserve encore la forme d'un cone renverse , d'une profondeur de 80 ] ieds et d'une circonference au fond de 70 picds environ, et aux bordsjd'un sixieme de mille. Autour du cratere de Volcanello s'elevent des trriin^es d'une fumee blanche 5 etdesfentes d'ou elle sort on voit

Voyage de Spallanzam. Sog

de temps en temrs, pendant la nuit , sMlever de petites flainraes.

Avant de visiter le principal cratere de Vulcano , Spallanzani voulut voir la grotte existante dans cette lie 5 assez celebre a cause de son eau thermale : son fond est de mediocre grandeur et encrout6 d'alun, de scl ammoniac et de soufre. La descente est in- commode, I'odeur de souffre , la cbaleur de I'air et la difficulte de respirer ne permettent pas d'y Tester long-temps. L'eau tliermale ne monte pas k So d. du thermometre de Reaumur ; et outre une 6iianation sulfuriquCjle sel commun et lesel ammo- niac qu'elle contient , developpentune quantity con- stderable d'acide aerien ou carbonique dans I'^tat de bulles aeriformes.

Pour demontrer que la decomposition des laves est produite par les exlialaisons acides sulfuviques , et non par I'acide murtatique , comme le pretend Lesage , dans ses Elemens de niineralogie , notre celebra auteur termine ce cbapitre en rapportant les ex-periences qu'il a faites sur cet objet en pnr- ficulier ; il en resulte que c'est a I'acide sulfurique que Ton doit la decomposition des laves , et Lesage en seroil convaincu ,si,au beu de decider de son laboraloire, il eiit visite les volcans.

Dans le XlVe cbapitre notre auteur continue de parler de Volcano, et rappelle brievement les observations qu'ont faites^e cetie montagne enflara- m6e Bartoli en 1646 , Orvi le hoUandais , en 1727 ; Guillaume Deluc qui est le seul qui ait penetrc^' dans rinterieur du cratere , en 1767 , et Deodat

V3

1 0 Mineralogie.

DolomieiT , sept ans avaiit notre natural isfe. En crmparant ccs observations avec les siennes , et consultant encore lis tciiioignages de Tlincidide, Aristoie, Po^yl.e , Stiabon , Diodorc, Fazeilo et Cluvier, Spa Innzani conclut que Volcano, semblable au Vesnvc et a I'Etna , a ^te soumis a des cLan- gemens decralores dans di verses ('rn; tio!is , niafsque depuis, Taliment du feu c'lant devenii moins abon- daut , les eruptions ont et6 plus petltes et moins irt'quenles. II resulte aussi da I'autorite des auteurs cites ci-dessr.s, cue le feu d^ cette montasne est tres-ancien , puisqu'il bru!o"t du temps de Thuci- dide qui florissoit 475 ans avanl I'ere cliretienne; I'auteur en infere avec raison que ces embrase- menS' doivent avoir une dpoque bien plus re- culee , puisque I'ile est toute form^e d'^ruptions vol- caniques. '

Cetle lie ,du cote de Lipari , n'offre a la vue an- cun vegetal ; ce nVst qu'a I'ouest et au sud qu'elle est revetue en parlie de chenes et d'yeuses.

Les divers phenomenes que pre>ente Vulcano , servent aux Lipariens actuels comn:e is servoient aux anx;ieiiS , au dire de Poljbe , pour pronostiquer les variations da I'atmosph^re , et Tespece de vents qui doit soiiffler 5 mais notre auteur, lors de son sejour dsns I'de , ne s'est jamais apercu de la ve- rjte de ces pronostics.

L'ile de Lipari forme le sujet du XV.« cbapitre que notre auteur divise en deux parties : dans la pre- miere il parle des couches de terre de cette il6 autour de la mer 3 dans la deuxieme, de ce qu'il a de^

Voyage de. Spallanxanl. Jjr

convert dans son intt'rieur. La premiere partle est seulemeut dans le tome que nous annont^'ons.

La ville de Lipari s'elend sur le ri\ age, en forme d'ampliilhealre. Son port est en avant ; c'cst de-la que notre auteur c.ommen( a ses observations. Les im- inenses debris des laves qui tombent a plomb dans la mer,et sur lesqnels est construit le cbateaude la \-ilIe, font nne vase de feldspatb , d'un grain Knet com- pact , de cassnre ^cailleuse, seche au tact, et scin- tillante avec I'acier. Pour donner une id^e plus par- faite des principaux objets dccrits dans ce tome, Tauteur I'a orne de oravures representant , i.« Vol- cano de Stromboli ; 2.0 la caverne dans Hie de Volcano ; 3.o le cratere principal de cctte ile ; ^.<> la ville de Lipari ; 5.° son cliatt au^ 6.oet 7.0 Campo- Bianco vu eu face et de cote.

ENTOMOLOGIE.

Rapport fait a la Societc (VHistoire nnturelle, sur U

CALENDRJER E\TOMOLOGJ(llJS de M, GiORNA ,

par A. L. Millin.

JL'ouvRAGE que 'a societe m'a cbnrge dVxami- Jierpour lui en rendre comp}e,est intitnl^ : Calen- DARio ENTOMOLOGico , ossla osserva&lonl suLto stagLonLproprie agC Insetti net cUina pienionfese e partLcoLarmcnte ne' I contornl di Torino. Du GioRNAfigUo. To/-mo^ 1791.— Calenhrier ENTO-

V4

5n Entomologie.

MOLOGiQrE,ou observations suricssaisons propres a chaque Insecte y dans le cLlmat pleniontals ^ et prlncipalenienL dans Les environs de Turin.

C'esl a Linneus que Ton dolt I'invention de ces petits traitcs qui an'ment loutes les parties de I'his- toire catureJle , en les faisant considerer foiis les rapports les plus singuliers et les plus capables do contenter la curiositc et de plaire a I'imaginalion, II a principalemerit appliqu6 cette nielLode a la boianique; mais il a aussi eml:elli par ce inojen toutes les autres branches de la science de la nature; et plusJcurs de ses prefaces, plusieurs de ses disser- tations peuvcnt etre considerees comme d'excellens mal^riaux pour une poelique de I'lustoire naturelU'. Tout chez lui a de la vie et du sentiment : s'il examine comment les fleurs s'ouvrent et se ferment, il paroit les avoir surprises dans leur ^om/TzetY (r); si Pheure oii s'opercnt ces differens phenomenes , est I'objet de ses considerations, il trace fhorloge de Flore (2,). Les diff(^rentes epoques de la germi- nation , de la foliation , de la floraison , de la fruc- tification , etc. forment le caiendrier de la deesse (3). S'il decrit I'uuion des sexes dans les vcgetaux , il paroit r^v^ler le mjstere de ieurs amours b'gitimes ou illegitimes , inconstans ou fideles. II semble pe- n^ter les secrets les plus caches de I'hymen, et il nous transmet les d(^tails les plus interessans de ces

(l) Somnus plantarum. (a) Horologium Fierce, (3) Calendarium Flora.

Culendrier entcmologlque. 3i3

noces riantes (i). Lcs divers cLanfiemens d'etat des plantcs , del'Iiomrae ,des insectes ,sont pour lui des nietaniorplioses {2.) qui ont au-dessus de celles des anci€ns le racrite de la vtrit^. On diroit qu'il va nous f^iiie partager le nectar (3) qu'il a puise danS les fleurs ; enfin , quoiqu'il rapporte tout a una cause .premiere pour laquelle son ame religieuse montre le plus saint respect , la mjthologe des Grecs avoit tellemcnt frappe son imagination vive et brillante , qu'il la transporte a Fliistoire naturelle^ qui autre- fois lui donna en partie la naissance. II n'ecrit sur aucun sujet sans se croire inspire par la divinite qui y preside. S'il decrit les plantes d'un pays , son ouvrage pcrte le nom de Flore. Si ce ne sont que celle d'un petit canton , celui d'une nymphe leur suffit, et c'est celui de Chloris qu'il lui substitue. S'il s'attache aux animaux , il donne a ses ecrits le nom de Faune. Si les troupeaux altirent plus particuli^ rement son attention , Pari obtient cet l.onneur , et la terrible Laches is qui file la destinee des bommes et des empires , n'en est point elle-n:eme privee , lorsqu'il Iraite des ovenemensbistoriques (4). S'il nous apprend a connoitie des animaux dont la plupartsont juiisibles, on croiroit qu'il vientd'assisteral'ouverture de la boite de Paadore (.^). Rien ne se fait pour lui dans la nature, sans Lois ^ sans police, sans ceo-

(i) Sponsalia plantarum.

(2) MetamorpJiosis humana J meCamorphofis plantarum j elc.

(3) Neclaria ftoruvj.

(4) Lac?iesis Laponica.

(5) Pendora injectorum.

3 14 F.niomologie.

nomie , ei cei ensemble de luerveiries qii'il nous pre*

•sente nous tratisporte ct nous enchante.

ToTif prend un corps , uue ame , un esprit , un visage

Chaque vertu devient une divinite j

Wiuerve est la prudence et Venus la Leaufe.

Ce n'est plus la vapeur qui produit le tonnerre,

C'est Jupiter anne pour efirayer la terre.

Un orage terrible aux yeux des matelols ,

C'est Iseplune en courroux qui gourmande les flots ;

Echo n'est plus un son qui dans I'air reteutissc,

C'est une n^-jnphe en pleurs qui se plaint dc Narcis&c,

Les an'eurs qui son! vcnus apresLiiineiis,qui sorrt sortis de sou ecolcjou qui en out adopte lesprln- cipes, out suivi la nieme mauiere de decrire et de proceder^ et ont ainsi banni de la science la secbe- resse et la monotonie. "Fabricius est un de ceuxqui, relalivemeut a la connoissance des insectes , Pont fait avec le plus de succes.

M. Giorna, le fils , a bwsfA consider^ I'iiistoire nr^lurelle, et principalement i-Eiitomologie , dont \\ s'occupe 5 sous le meme point de vue. L'ouvragequ'ii eoumet a la societe, et qu'elle m"a cliargc d'examiner , en est la preuve.

II rend compte , dans une courte introduction , d'.'s raotifs qui I'ont engage a le composer. II en- avoit insert; deux trimestes en i'^?>() , dans un journal ilalien intitide : Glornale Sclentifico Letterano. Une Ivongue maladie I'a force a interrompre ce tra- vail ; lor3([u'il a voulu le reprendre , le journal scientifique et litleraire avoit cesse de paroitre. II a Teiir.prime cet ecrit5mois parmois, dans k Biblio-

Cdendrler enlomologiqne. ji"!

thcqiie ultramontalne, Bihlioiheca uttramontana, et il I'a eusuite pii!;lie sopart-menf.

Le but de M. Giorna a rte de faire connoitre les insectes qu'on pouvolt irouvt-r dans les difltTens lieuK el dans leiirs differens erats pendant lous les temps de Tannee. II eniploie les noms laluis et iVanvais de I'ouvrage de Villcrs , qui , comme Ton sait , e^t rcdig(^ d'apres lesystenie de Linneus. II demerit toules les especes qui ne sont point inscrites dans le cata- logue de Villers, et qu'il croit pouvoir regarder comme nouvelles. Son pere qui leur a impost les noms sous lesquels il les desipne , les possede dans sa collection , et se propose d'en publier les figures et une description plus elendue.

Tous les pays ne nourrissent pas les memes insectes ; les cpoques ou ils se trouvent dans les divers cli- niats sont diflerentes ; ainsi cet ouvrage ne pent guider d'une maniere bien exacte que les compatriotes de M. Giorna; mais il peut servir de raodcle pour de semblal)les compositions appliquees a d'aulrescon- trres. Le citoyen Bosc avoit entrepris un semblable travail pour Paris , la societe doit I'encour^iger a le contiuuer.

M. Giorna indique le terns oil il a trouve cbaqre espece ; mais il ne pretend pas qu'on en doivc con- clure qu'on ne les rencontre qiraux memes epoques et que dans les lieux qu'il dt signe.

Pendant les deux premiers mois de I'annee, Jan- vier et fevrier, la campague n'offie que le triste spectacle d'arbressansfeuillages ,et de pres depouill^s

de leur verdure. Les insectes paroissent avoir perdu

5i6 Enlomologie.

leur faciilte reproductive ,'cppendant , celui qui pen-

seroit qu'on n'en pourroil pas alors faire rdcolle ,

se Iromperoit , et il perdroit I'occasion de se procurer

<ies especes qu'il clierciieroit en vain dans une aulre

saison.

A Tapproche de la saison rigoureuse , plusieurs insectes cherchent un asile dans des lieux ou ils peuvent etre a Pal ri du fiod. Ils sVnfoncent sous la lerre , se cacbent sous i'ecorce , dans i'interiewr dcs arbres , dans les coins des niaisons, dans les fentes des rochers , dans les trous des murailles , sous les pierrrs , et ilsy passent tranquillei-pent la saison des fioids , ou dans I'etat parfait , ou dans I'etat de larve ; d'aufres meurent , apres avoir depose leurs oeuf's dans difTt^i-ens lieux vers la fin de Pautomne.

On en compte peu dans la classe des Lepidoptercs qui se cachent ainsi dans leur ^tat parfait et ne sor- tent que dans les journees chaudes. Ces Papillons sont le Dore , VAtaLante ^ le C. Blanc , le FapiUon dit Nerprun et VAntiope.

11 est inutile , dans ceWe triste saison , de se munir de pinces et de raquette 5 mais , avec un couteau pour creuser la terre an pied des murs, on peut encore trouver des larves de Phalenes , desScolopendres , et plusieurs especes de Carabes. CeuX-ci se tiennent cepeudant le plus souvent sons les pierres le long des ruisseaux , a rexceplion du Carabe crepitant qui s'enfonce toujours en tcrre. Les Coccinelles se trou- vent le plus communcinent rassernbl^es dans les fentes des murs , et sur-tout , dans les embrasures des fe- cetres , oii Ton trouve encore un grand nombre de

CriUndrier cntomologinue. 817

petits Insectcs des classes des HemiptLres, des No- vroptcres et des Diptferes, aux pieds des dilTl-rens arbres. Leur creux oITrira aussi d'aulres especes de Nvinplics et de Larves , dc Lucanes , de Ceiambyx , de Scarab6s. Les vieilles masures, les cliautlerspre-. sentcnt encore a I'entomologiste le meme espoir d'une cliasse heureuse.

All mois de mars, la terre s'ccIiaufTe iin peu , la pluie et les nciges sont iiioiiis frequenles j alors paroussent un grand nonibre de papillons et \xm foulo d'autres insectes, dont M. Gioi'na donne la lislv?. Nous lie pouvohs nous etendre sur cetle nomenclaluie qui e.<t faiteavec autant de soin qiied'exactitude, et qui, quoique born/e au PiY^morit , peul encore etre api}lica- ble dans les lieux oii la temj-)eralure est a-pou-pres la meme. Le noni trivial laliu est loujours accom- pagiK^ du svuonyme francais.

M. Gibrna dj-crir , en passant, plusieiirs especes rouvelles dont il donne a la fin de son ouvrage une liste particuliere. II seme dans ses notes iXas ob- servations qui annoncent nn naturaliste aussi exerc6 qu'altentif, et un esprit tres-judicieux. II j relieve le* en\ urs d.'s mt'tliodistes dans la classifica- tion dc que'ques inseclcs , fait connoitre ds douijles emplois , si^paie des cspe es n.al - a - pro- pos rennies. II y joint raissi quelques d(*tails cu- vienx sur les nia^urs des iusectjs , la manicre de les cliassor, etc.

Dans une des notes, il cite nn fait remarqnable sur VEplienicra horaria , rEpiiemaire lioraire, nppelee ainsi , comme on sail , parce quVlle ne vit

3i8 Entomologie.

dans I'^tat paiTait qu'une null , et qu'elle meurt aux premiers myoiis du inatin.-. Le pere de M. Giorna a observe, vers le milieu de Janvier, cet iusecte fixe a la vitre d'une feneUe,ou il resla jusqu'a la fin de fcvricr, et d^s que le temps ss radoucit,;il s'envola. Le cito^-en Villers avoit dcja observe dans •sa description de VEp/iemera parpula,que I'exis- tence de tons les Epbemeres n'ctoit pas d'une aussi eonrte dur^e que celle altribuee a I'Ephemere bo- raire , et que cette circonstance se bornoit h Tespece qui sert de nourrifure aux poissons.

M. Giorna enricbit aussi I'Entomologie euro- peenne d'un sup.^rbe Lc^pidoplere , que les natura- listes avoient dit n'appartenir qu'a I'Afrique.

Le papillon JasLus , qui a ete trouvc en 1788 k Nice en Provence , ou Ton en a pris plusieurs in- dividus dans un canton. M. de Suffren en avoit fait dessiner I'oeuf , la larve et la cbrjsalide. M. Giorna nous en donne la description.

II decrit, dans un autre passage, la maniere de prendre ces beaux Lppidopteres, bl^t^qMs, Spkiax. II faut , dit-il , les surprendre a I'entrce de la nuit , lorsqu'ils sortent pour prendre leur nourriture, et qu'ils viennent se poser , le plus communement , sur la belle-de-nuit et la balsamine. On pent ainsi se procurer des especes qu'il seroit tres-difKcile d'avoir aulrement. Le clair de lune favorise beaucoup cette cbasse.

M. Giorna a insere dans son catalogue les especes cities par Allioni, dans les MisceUanea Taurl- ncusla , et qu'ii n'a pu Irouver lui-meme. Elles gont indiqu^es par une croix.

Calendricr entomologhjue. 3 [9

L'ouvrage est termine par unesynonymie ilalienne, latiiie 5 francaise et piemonlaise des phiutcs cities dans le calendiier.

Nous rpgardons ce petit traifd coniinc ties -im- portant, et nous desirous que la patience, le zele. etl'exactitudede M. Gionia trouveut des iuiilateuis.

B O T A N 1 Q U E.

Nomenclature botankijie contcnant^ i.'^ Cck plica- lionet traductioTt francaise des noms ct termcs latins^ relatifs a touta Us parlies de la plante ; 2.° C enu- meration melhodiquc des classes , ordres , genres , et de Icurs caractcrcs essentids ^ d'apres le systcvir de Linui ; 3.° la connoissance de ce systeme et la maniere de s''en servir. A Vtisage des elives de CecoU de saute de Montpellier , par GouAN ^ professeur national de Botanique et de matiere medicate ert cilte e'cole.

Iflsl utile est quodjacimns , nulla est gloria. PHiTEDR.

A Montpellier, chez G. Isar et_ A. Riciiard , imprimeurs de Tecole dc sante , place d'Enci- vade , N.o 208, troisieme anneeRcpublicaine.

I i E professeur Gouan e>t un des savans les plus illustres que la France puisse se elorifier de posse- der.Ilapubli? sur Tiiistoire naturelle, et princlpale- nient sur la Botanique et sur la Zoologie , des ouvrages d'un orJrc superieur, et Taits pour inscrir*

320 Botanique.

son nom parmi les restaurateurs de la scleace. Ami de Linneus avec lequel il a entretenu peuda -t plu- sieurs auuees une correspondance non inttrro-rpue, il a ete un des premiers a repandre ses principes, a etablir en France la veritable thdorie de I'liistoire naturelle. Son Hortus et sa Flora nwns pelicnsls ^ ses Platitoe rariores , son Ict/iyoLogie , rendent principalement sa memoire immorielle : et les noni- breux disciples qu'il a formes dans I'universit^ de Montpellier, qui, pendant long-temps a pu seule le disputera l'universit6 d'Upsal , attestent I'etendue de ses connoissances , et son zele infatigable pour la science qu'il cherit , et dont il a si bien m6rite.

Lorsque I'on a forme les t'coles de sant6 , le nom du citoven Gonan devoit se presenter un des pre- miers a la penseej et a qui pouvoit-on nueux con- fier la cliaire de Botanique, qu'a ce!ui qui a donne des preuves d'un savoir si etendu dans cette partie ? Mais quand il a voula commencer ses lecons , il s'est bientot apercu de I'impossibilit^ oii seroient f;es Aleves de se procurer des livres eiamentaires de Botanique. Les meil'eurs sont en efFel devenus tres- rares, tres-cliers et fort au-dessus des facultes p^cu- iiiaires des eSudians. II a cru de son devoir de leur en composer un , et il a pens6 que le mieux seroit de r^diger une noniericiature a leur usage.

Ce petit ouvrage , qui renferme beaucoup decboses dans peu d'espace , merite bien en effel le nom da JSoiuencAatsur. La qualification Aq Diet lonna ire ^ que le (iloyen Gouan hii donne trop modesleraent dans sa preface, ne lui couvient meme pas, puisque

les

Nomtndature loianinne. 3f|

\iis mots qii'il expliqiie sont rang(^'S dans un ordre m^- tliodique, et non pas dans un ordre alpha'.jetique : ordrc qui n'est ulilc que pour rappeler des faits oubKes, mais qui ne peut donner aux thieves la serie d'idees nccessaires pour former une science, t*

Llnneas avoit fiit Ic meme travail a la tele de son Sj/stcnia vegetabUiiun, II j doime, sous le nora de Termini J une introduction danslaquelle il explique par une courtc phrase, et dans un ordre raeiljodique, tons les termes qu'il a eaiployes dans ses descriptions. Ce petit trai^e a paru avec plus d'etendue, en 1762, sous le nom de Termini botanici. C'est la CXIII.« de ses dissertations , et elle est inseree d^ns le sixieme volume de celte intcressante collection qu'il a puLliee sous le titre di^AnieniLes acadimiques.

'Les Term^ini ont ete reimprimes pliisfcurs fbis st'paienient , principalement dans les universit^s d'Allemagne. Ce petit Iraite ofTre Pana-yse des prin*^ cipcs botaniqu3S et;yblis par Linneus dans sa preface de -VHortLis cliff'ortianus ^ dans sa Pkitosophia botaiiLc^.1 ^ et dans ses autres ouvrages.

Le c.6!ebre Forster a eteiidu ce plan aux autres parlies de THisloire naturelle. Ilapublie, en 1788, sous le titre d* Enchiridion j un manuel dans leque! il donne, dans un ordre nidthodique , Texplication desterme^ ornitho logic/ lies J des termes icIitijoLo^ giques et L\e?,termes entonioto^iqucs. Non content de presenter aux jcunes g^-ns un guide sur pour par- venir a la coimolssance dos oiseaux , des insectes et des poissoiis , il a aussi conclu son oiivrage par des Termini botanici , c'cst-a-dire 3 qii*il >i reimpiiin^ Tqiuq il X

3g8 Botaniqut.

cenx de LInneiis avec quelques changemens dans la

disposition el quelques additions.

Le citoven Gouan a profit^ de ces divers travaux ; il suit en general la derniere edition des Termini ^ r^dig6e par Forster ; il prend , avec Linneus et avec lui, les plantes depuis la racino, et s'eleve jusques aux organes de la fructificalion. II cite le terine latin etabli pour designer chaque partie 5 et, apres i'avoir traduif 5 il Texplique par une phrase f'lan 'aise.

II seroit de la derniere importance d'avoir une noraenclalnre franraise invariablement fixee pour toutes Irs parties d ' I'Histoire naturelle. Les Ang'aJs et les Esiagnolsy sont a-peu-pres parvenus dans leur Jant.'i:e , et il seroil anssi facile de le faire dans la notre. La France possede beaacoup de naturalislcs cejfhres ; Paris en renfernie qui jouisseni en Europe d'uno ct'lebrit^ merit^e ; ils devroieat rt^unir leurs effoiis pour arref^^r ce grand travail. La societe d'Hisioirena'ur.'lle s'.toit propose de IVntreprendre ; mais les circonstances ayant occupe ailleurs plusieurs de ses membres , Font empecliee jusqu'ici de s'j- livrer.

L'ouvrage du citojen Gouan est deja un pas fait vers I'etablissement d'une noruenclature franraise 5 mais je ne craindrai pas de le dire , avec le respect dii h. un aussi grand maitre , ses explications sout en ge» n^ral savantes et exactes , mais ses noms francais ne me paroissent pas avoir toujours la precision qu'oa auroit droit d'exiger.

Je pense que le nom latin doit eire le plus souvent Jfranclse, ainsi que les noms composes du ^rec, quand

Komenclaltire holamque. 3«5

Cela peut se falre d'une maniere convenable au g(^nie de noire langue. CVst !e raoyen qu3 la rfOinen^ clature fran .aise ne s'eloigne pas trop de la nornen- clatiire laline qui doit lu: servir dti rype , puiscitie c'est dan> la laugue latiiie qu'clle a etr- priiMitisement fivc-e , el que Irs rao'.s qui la canipose;>t -e doi\ '.'ril pas tire re;.,ard«"s coinnie appaiienant prc'cisf'iaoiit a la la langue laline, iiiais roiiiin*^ composart la langue pariiciiliere , r.u mcjen de iariueile tons c?\\k qui ciiltlvent I'HJst'jire nafurelle . 'enteiident entr'cax. C'est en suivant ce prinripe, que es Arglais et les Espagnuls sont ^arvenus a donner ;es meilleur-s tra- ductions cominci. do-s, onvrages fie Liivneuo.

Leciioven Gouan areccjn: u cette veiiie. Le plus sou vent il rend le inol latin par un mot fran^ais qui a prescjue la in^me consouTiance , et i! v ajoute outre i'explication un autre mot irancais equivalent. Ainsi il dit :

Perenn'is J perenne, vivace.

'Biennis J bienne, bisanni.eUe,

Ici il auroit pu traduire siinplement parj^^dceou bisannuelie J sans que le sens fut altt're ; niais il y a des cas ou rinexactjtufie de la tn.ductiori peut donner des idees fausses. Ainsi il traduit :

AphylLus y efeuili^c^ : <:e qui fair pensr^r que la planle a perdu ss feuill s , tandis que le mot apkytle indiqueroit tres-bien qu'elle n'cn a jamais eu.

Scaber ; scabre rendroit raieux ce mot que rude, Les cilojens Desfontaines et Lamarck I'ont sonveut employe , et il e.^t g^neralement recu dans la uomea-; clature i'rancaise. X 2

324 Botnnirjne.

JRecilnatimi seroit tres-bien tra iiJt par reel InS ; il semble que ces mots incLines ^ reclines j Inflichis , dejlcch Is J expriment a\ec exaciitude la direction des feuilles ou des brandies vers la racine ou vers la tige-

Panduriformc ; !e c toven Gouan traduit en vlolon : cette pedte p' rase ne devroit etre que Pex- plication du mot pandur. forme y qui peut aussi bien. passer dans la angue franca se , que cnicifornie , hy po crate rif o rnie ., etc.

Le ci oyen Gouan Iraduit les mots sagittatum , hastatum y par en fer de JLhclie ^ de pique ; les inots sagitte y hastd seroient plus simples , el sont nieme deja re us.

J- np pousSv'rai pas plus loin mcs observations, qui n'ont pour objet que de voir fixer invaiiablement la nomv nclature franraise de I'Histoire nafurelle , comTT^e le seul mojen de faire faire a cette science de veritables progres : car , quand les noms ne sont pas fi.\^s, les idees se confondent.

Apres les termes , le citojen Gouan donne les genres de Linneus , ce qui ne se trouve pas dans les Termini de Forster. II traduit le tableau qui precede le Systenia vegetabiiiuni. Ce ta! lean des genres, en offrant le caractere essentiel , celui auquel on doit toujours s'attacher pour trouver la difference, est d'une grande utilite. Le manque d'un seniblable ta- bleau rend 1' usage de la NouveUe Flore des en^ virons de Paris impraiicable. Le ciiojen Gouan donne le nom latin , puis un nom francais , el le ca- ractere en francais. Ce petit tableau est tres-proprei procurer des progres rapides aux Aleves.

Nomcncl'ituft hotnnlque. 3«5

C'est sur-tout ici qu'il convient de fiver Ir's noraj d'luie inanicre stable. La plupart des, novns francais Jie sont proprcs qu'a donner des id'es faiisses , ea allnbuan a un genre line plaute cpii appartieni a un autre. Ainsi ou appelle /)'s-^Q?a^Y/e;/^j etc. , une foule dc plantes qui ne sont ni Ijj^ j> nl ceuUlet les nums d^arbres y c^herbes soni cncoiv inultij)lies de la ma- niere la plus coiuraire aux progies de la science. Lo meilleur parti est de faire passer laiis la lan^ue fran- caise les noins generiques latins, qnand Js n'ont pai de fioms gcneriqiies correspondans. Tout le mond© es habitue a dire un solaruim , uu geranium ^ sans s'apercsvoir inerre que ces mots sont latins ; et ils vaient bien ceux moretie ^ bec-de-grue ^ ( tc. , par lesquels on les traduit. D'ou ce'a vient-il ? De ce qu'eu effet ce ne sont pas precisement des noms latins r ce sont les noins-propres des plantes ; il faut done les conserver dans ]eur intrgrii^ dans toutes les Ungues oil on les introdnil, on du moinsalterer tres-peu leur terrainaison ; et , de cette maniere, la nomenclaiure sera nioins confuse. II suflira ensuite de rapporter les noms vulgaires dans la synonymie.

Lo citoyen Gouan a en general adopts ces prin- cipes ; il conserve le plus ^DUvcBt les noms d.jns leur integriie ; mais il en est qu'il nous paroit tiaduire Jiial-a-propos par le nom ruh-aire : telsqun^/i lUrea, Y-avJltcLria , jus tic la par carinentine , utricularicu par LeiitlcLilait^ ^ crlop/wruni ]^ar Unalgrete. II ir.e senible qu'il auroit pu dire p/v; Hi rea j justicia, ulricuialre _, eriophorc y etc. , coirine ai'Ieurs il ejDploie gratiole ^ Xiixtlpkore ^ nionarde , poij/c^

X 3

3s6 Botanique.

ndme,etc.^ sans faire autr?- chose que changer im peu la termirtcn^on : ainsi il rendroit samoLus par Samola y etuonpas, comine il le f;iit, jiar /nouron d'caLb y car il sait bien que le samote n'est pas un moi.ron.

C:*s observations ne portent pas sur I'ouvrage du citoyen Gouau j il a su vi la roiite ordinaire , et dont OD commence, mais trop lentement, a s'ecarler. Ces xnoyeus d'amc'.ioralion parliculiers , (jre je propose dans !a roineucL-ture fraiicaise, peuvent t trealtaqtics et defendus ; et on ne sanroit feiiie , a juste litre , a un auteur un veiita..le repro;.lie de ne pas Ics avoir adopt^s.

Le citoj'en Goiian repvoduit a la fin de ce volume im pelit t\ril (ju'il c.voit public en 1787, etqui a pour objet rexplicalion du Sj'sleme-de Linneus (r).

Ritr. de plus utile qu'un semblcible expose faii: pnr un iionime du in('-}ite du citojeu Gouaii , et qui connoit si biea le sujet dont il traite. La lecture de ce traite pf^ut epargner a reux qui commencv iit retude de ia Botanque, et qui veulent la posseder th/oriquemeiit , Li -n des relards et des clfficultc's. II esi d'ai'tant plus precis u: , qu.^ le nombre d*aussl bon.< ouvrage eU-mentaires est trcs-rare.

Ce petit rrait(^ est le fruit de heaacoup de re- cberclieset de travau5r. L'aufeur commence par une exposition des ouvragos botaniques de Linneus. II exa- mine ensuite si ce (*rand naturaliste auroil mieux fait

(1) En voiri"" le titre : Explteation du Systemg hotanique du chevclitr Linii6, ;7our setvir d' introduction a V etude de la JBotani.jue , par M. Gouan. MontpelUer , 1787 , ia-80.

J^ovimclature hotanique. 327

de rhoislr la fleiir, on le fruit, ou la semence , pour base de son systeine. Le cltoyen Gouan est fort ploign6 cle' le penser. Les parties sexucUes etant les j)lu5 coiistantes, et olTrant un moins grand nombre de di- visions , ont mt^rite d'etre prtferees. Le citojen traite du plan general dii systeme , puis de Gouan chaque classe en particuliiM* ; il s'attache a justiBer liinueus des aberrations qu'on lui repro'^he 5 il veut prouver qu'elles sout pen nombreuses et peu embar- rassantes. II fait connoilre quels sent les caracieres sur lesquels Linneus a etabli en g^i^ral les genres da chaque ciasse , et ind cpie l.?s aberrations ; raais il en annonce si peu, qu'on ne pent pas s^efapeciier de lui soupcoiiner beaucoup do prevention ; car il est impos- sible qu'un aussi habile naturaliste que le cit. Gouan re les connoisse pas toutes. D^ms I'examen de. la XXIV^ classe , il donne un tableau trei-curieux des Iravaux sucressifs eulrepris sur les piantes cry'pto- games, pour decouvrir les par.ies de la fructification et illustrer le systeme de Linneus. Apres I'examen. detail le du svsteme, le ciloven Gouan donne lemojeu de s*en servir. II conseille de pref^Tcr le sy sterna an genera y parcequ'il iudiquelec ractere essentiel , et de ne recourir au genera que dans des cas do doute. Celte m^'thode me paroit en effet prefc'rable a cell& qu'on snit ordinairement. II donne le moyen de n'etre pas eiMbarrasse des aberrations , qui est , apr^s avoir cherche les piantes dans les classes, de voir les gt nres marques en Icttres italiques ; ce sent ceux qui font e- ception , il faut alors les chercl.er a leur pfece* Le citoyen Gouaii trace aiix commen ans la ma-

X4

328 , Botanique.

rnkre la pins commocle de d('-terminer les graniens j et les syngencsiques J dan? le si/stema de Linueus, Dans la premit^re c'dilion , il lerrainoit ce pett cu- vrage p r une explicalioii de plusieurs termes de liinneus, bien raa] dt'iiiiis dans plusieurs aulres ou- vrages modernes. Cetle partie de son travail, quoiqiie tres-courle, rtoitinfuiiment utile etciirieus;\ L'auiear n'a pas d^cldi'^ la question des ai errations ; il prouve seulemenl que Linneus nc pouvoit pas'les eviter dans son sjsterne^ et qu';..lies i. j sont pa,s aussi frequentes iii ai:ssi diffici'rs qu'on le peiise. Mais cVst pr^c'sement led.'fiuit dn svsiene < ii'i!|nc dtiend pas sur la dilace- jat'on des families et des genres les plus naturels. 11 est vrai qu'il a essaj^c de prouver que les parties sexuel'es etoient les seules que Linnsus a du clioisir pour base de son systenie. Cela suppose, il en con- clui qu'il lui ^toit impossible d'en laire moiiis. CVst preciscnient la une pctiljon de principes, et le rai- sonnenient n'est pas conLiUant. 11 r-^pporte aussi les passages de Haller, favcrables a Liniieus , mais il ne dit rien de ceux qui lui sorit contraires. II attaque avec vigucur et avec justice, dans sa premiere Edi- tion , les divers antagouistes ds Linneus qui affectent de le traiiei avec mopris. Sojons plus justes. Le &ys.- teme de Linneus a des defauts ; mais tons les autres sjstemes arlifioiels oifi'cnt les memes, et iis n'ont pas la menie precision ni la meme facbite. La v. connois- sance que lui doivent les vrais savans, durera aussi iong-te;i;ps que la science ; mais il a fonrni des armes po^^ le combaUre, e! c'est dans ses (Merits qu'ils trou- veront les moj/tus de le surpasser. Le citoven Gouan

Nomenclature hotarnqne. 3:^

avoit rngrig(^ le cifoyen B.onssc"l a enfrf.-prerdre la continualioii du Vltiax de Bauliin. I! seroil I)!o,ii a\ antaoeiix pour la Botanique , que quelqu'un voul.'it se charger de ce travail.

.Ce nouvet ouvrage du cifoven Gor.an ofTre de.st(5- moignages d'une ricf.'e erudition ].)otani(iue , cl'une connoissaiiceintin^e d s o-jvra.^^es de Linneu«. II est d'une graude uti-il6 pour Ics commenrans , et hsgens instruits j trouveront encore bien des cliosos a a^;,- preiidre. A. L. M.

ANA T O M I E.

Anatomie de La FJiine , parFiAyDRiN.

X^E citovv'^n Pinel a rendu compte a la societe d'Histoire naturellc , dans uue de ses doruieres stances, de deux menioires envoj^s depuis quel-tue temps a la soc'^te par le citoven Flandrin. Dans I'un, il donne la composition d*une liciueur propre a faire des preparations anatomiques, au moyen de la ma- ceration. Gette liqueur est un melange d'eau et d'acide sulfurique, dans des proportions lelles qu'il reste encore a I'ac ide sulfurique assez de force pour detruire le tissu celluiaire , mais point assez pour aitaquerles subslauces membraneuses , tendiueuses et rerveusesqu'il tient reunies.

Dans Tauire me'moire, lecitojen IFlandrin CM.erche a determiner, a I'aide de cettc liqueur d^ssolvante , la tcrniiiiaison de la reliiie. II a apercu disUiicleincut

33o Anatomie.

les fibres de cette membrane tres-minee s'entrelacant avec celles de la choro'de , pt s'j perdant. Le cito^en Piuel, enreridant justice a I'inleref de cettedecbii- verte , auroit desire que le cilojeu FKiudrin I'eut lyndue plus claire et plus certaine , par une pr^par^^- iiou aiialomique, iiiise sous les jenx de la societe , ou j:ar une bonne figure. L- cilo ven Flandrin a aussi cherche a prouver la division de la rctine en deux membranes 5 mais, d'apres ly rapport du ciojen •Pinel, i[ n'a pas obtenu dans ce iravail le meme sucv.es.

ANATOMIE COMPAREE.

Memoire silt le Larynx inferieur des Oiseaux , lu a la Seriiii (THistoire naiiirelle , par G. Cvvjek , Pi c- fesssur d'Histoire naturellc,

JuA pe'fectiou de la voix humaine depend sur-lout de la courbure proportionnee des voutes du nez et du palais, de la grande jflexibilitc de la langue et des Icvres 5 enfin de la forme de Touvrrlure de la bouche, qui est petite et entiereinent situt'e dans le meme plan. La plupart des quadrupedes, denues de ces avantages , ou cbez lesquels la nature semble avoir pratique certaines cavites dans le larj^nx ^exprespour denaturcr leur voix (i), n'oiil done que des cris plus ou moias aigres , plus ou moins confus,et aucuu d'eux n'est parvenu a articuler des sons.

(0 T-^e larynx ^u claeval, dc TanSj du dtochon . dj^'orang- o\JiaD2 , du sapajou ouarine , etc.

Larynn infhieur dts o'lseaux. 33 1

Les oiscaux paroissent, au premier coup d'oeil, en- core plus mal pai'lag 'S. Une bouclie de corne , sans levres, souvent presque sans cavitd, point de vrale arri^re-bouclie , uiie langiie cartilagineuse , inflexible, un larvnx nieme beaucoup plus simple que ce'ui des quadrupedes, ne promettent pas d'abord dcs effets bieii satisfaisans. Cependant cette classe d'animaux nous fait entendre les sojs les plus varies , les plus enchanteurs ; ceux ineme dont la voix n'est pas agr^able, nous surprennent par sa force et son ^ten- due ; quelques-uns enfm savent imiter la nulre et arlicuier ties paroles.

Les anaton.istes ont done dii recliercLer avec soin les instrumens caches qu'emploio ici la nature ; ils ont vu que la divrc-e et le voluine de la voix des oiseaux, avoient leur source dans les grands reservoirs a air qui occupent leur abdomen et leur poitrine ; ils ont reconnu qu*outre le larynx superieur et ordinaire , tons en avoient un autre a la bifurcation de la tra- chee ; M^^'^j si la resonnance de la voix produite par le larynx ordinaire, n'est guere considerable, celle de I'autre I'est en revanche beaucoup, vu qu'il est sus- pendu au milieu d'une cavi'^remplle d\.ir et tapissee par une m-'mbraue bieu tendue sur un os elaslique. lis ont fait senlir que cette voix, produite dans I'in- t^rieur, peut etre modiRee de mille manieres par la structure de la tracbee qu'elle est obligee de traverser, landis que cet organe n'influe nullement sur la voix des quadrupedes , qui ne se forme qu'a son issue. Aussi la trachee est-elle dans les quadrupedes, d'une I'j r.yant qu'un seul usage

3? 2 Anatomic compnree.

de trcinsmettve I'air du ] oiimrn ru 'arvnx. Dans les oiseau. , a . co itr.sir ,ou lii trac < e modiile esscDliel- lyaeiit 1 v-ix, ou ellvri liiii Je ccr,>s de I'insfrument mubicffi, sa lignrc , sa consislaiice, sa grandeur , sa courliure, variant ;') I'infini.

II \' a dcja p'usienrs observadons de piiWiees sur les drT' reus articles que je viens dVnion-cT sommai- rcireiit, et nous Jcynis toule r.connoissance a ceux qui s'en sont ocrup6s ; cependant on pent encore glanvT sur 1^ urs traces, et je crois avoir encore re- cueilli i.ueltju s epis , apres leurs riches moisons. J'espere a (tir 1' onneiir de vous coramuniquer suc- cessiv^ll:col es observations sur le larjnx superieur, sur la tr\c!.^e, etc. Aujourd'hui je ne m'occnperai que des dilTv rentes strucliir.^sdu laryi'X inferieurdans les dliTc^rentes espec. s : suj-t pres u'iutact , du moiils a ma connoissance. II en exists a la vcrit^ quelqnes descriptions ('pars s ; mai.> Je ne sache pas qu'ori en ai; djnnc des suites, ni des coinparaisons de- tailleex (i),

(i) Herissajit a donne les figures , et de courtes descrlptious des larynx *rjferieurs de I'c.ie, du canard, el d'un hare, dans les mc^nioires dei'Acad 'taie des Sciences.

Viq-d'Azyr , dans un mt^moire sur les organes de la voix des animaux , i ;s6re dans le meroe recueil , annee I779 , par'e fort bvievement du larynx inferieur d's oiseanx ; il tombe meme ^ cet ^'gard dans deserreurs assez fbrtes, notam- ment celle-ci^, que les o:seaux dojit la voix est la plus agrea- ble , ont l(?s organes les plus simples.

Ent;n lece't^bre irlityoiogiste Blocli , dans nu recneild'ob- scrvali ns ornltholog'ques , infis'r.^ parmi ceux de la Societ des Cujrienxdc la aature, de Berlia , tome III , aocee l^^3^ ^

Larynx infe'riew des eiseaufi, 333

Ce que j'en offre aujourd'liui , est , je I'aroue , pu- core bieii incom. let ; iiia's il ii'est pas facile a mi seul homme de se prourer autant d'especes qu'il faudroit pour ^erfectfonaer ce travail : celte ^baucbe poiirra du moiiis donner Tid^a a qu?lque amatiur de la icience , d'evaminer les oi;eau.\: cjui lui lomberont sous la main , et de suppleer a ce qui iious manque.

Dans tous les oiseaux , la tracli e artere est form^e d'anneaux carlila^ineux enliers , et n'a pas ces'gment membraneux qui s'observe dans les quadrupede?. Les deux broncbes an contraire sont formes d'anneaux brises , de faron que le cote par iequ>il les broucl.es se regardent , est ferme par une mem'-raue sans cartilage. Les anneaux les plus proclies de la Iracliee sont ordinairement plus grands , et toujours moins courbes que ceuK qui sont plus pres des pouraons ; ceux-ci se courbent toujours davanlage, et a Penlree du poumon ils se ferment presque cntierement. Il r^sulte de celte structure, que Tespace membraneux du bronche, qui est tr^s-etroit ve;s la poumon, s*e- largit de plus en plus, souvent assez subilement, et prend vers la bifurcation une forme ovale plus ou moins grande.

On conceit que Pair chasse des rdservoirs et du

decrltles noeuds de la bifurcation de plusicjrs oiseaux palmi- pedes , et en donnc d s figures exactes ; ilindique, plutot qu'il ne decrit , les muscles de la bifurcation du corbeau. Voili tout cc qui est venu a ma connoissance sur ceUe mati^re : jc n'ai meme connu le memoirc de M. Bloch ^ (juc dopuis 1j\ rf- daclion de celui-ci.

^3^ AnrJomie. compark.

poimion par les muscles dii thorax et de Pabdomen f venant a frapper cette ir^mbrane, doit y pioduire une rivsonnance, a-peu-pres tomme celul de Tint^- rieur d'un tan. hour cbranic par la peau supt'rieure , en prodnit une sur I'infdrieure, et que celle r^sou- nance doit varier selon que la membrane est plus ou inoins forte , plus ou moin? ^l^stique, plus ou raoins tendue.

L'air passe ensuite dans la trachee par Textr^uiite •up^rieure du 1 ronche ; et on sent que le son doit en- core eire raodifie par I'etat de rouvertnve qui la transmet, et que, si la membrane dont ie viqns de pailer reprosente une peau de tambour, rextremit^ du brouche represente les anches d'un instrument a vent.

Or non seulement la membrane et I'ouverture va- rient d'une espere a Pautre, mais eiles sont encore constituees de maniere a pouvoir varier jusqu'ii i\n certain point, au gr^ de I'oiseau : de-la ia diffcnmce des voixdesdiverses especes, et lesmodulaiious de la voix du meme oiseau.

Entrons mainfenant dans le detail de la structure. Ilj? ad'abord une paire de muscles commune a foutes les especes : ce sont les Larijtigi.ens infiricurs et extemeSjde Vicq-d'Azvr. lis ont leur attacljelive, a ia face interne des deux apo[)hjses Iriangulaires du sternum , auxquelles les coles s'arlicuient ; leur forme est celle d'un cordon cljarnu ; iis se porlent obliqueinent en liaut, en dedans et en arriere, vout

Larynx inferieur des oiseaux. 3^5

^e coller a la tracbde a que^que distance au-dcssns de sa bi'una[ion , et se conlinucrt sur la plus {.rande parlie de ia lonpiieur. L'lisage de ccs mnsc'^s est d^ibarsser le larjnx inferieur , de raccourci.- les bronches, et par cons/'quent de diminr.er la tension de la membrane ovale. I!s doivent aussi , dans qnel- ques rirconstan.es, porter la trachee en avant, et lii£

fair faire un angle avec le plan commun des deux

bronches.

Voila , pour ainsi dire , la seule partie qui se

trouve genera'ement ; tontes ies aulres varient, et

Dous allons passer en revue leurs diverses combi-

liaisons.

Commenons par la plus commune , quoiqne la plus corapliquee , celle des oiseaux clianienrs ( pas^ seres ^ L. ) : et, pour avoir un suj;^t de comparaison , prenons pour exemple celle de Vetourneaii(^stur/ius Vulgaris ).

I."* Les derniers anneaux d3 la irac'-^e , tab. i.^®, A , 1 , 2,3, a , a , se r^unissent en une piece longue de deux ou trois ligncs , ^-peu-pres cvlindrique diins le liaut, et 6va.s^e par en bas, oii elle a deux pointes obtuses , une anterieure, b, b, I'autre post^rieure, reunies par un osselet trans\ ersal , c , c, dv? facon q':e la trachee s*ouvre infc'Mieurement par deux trous oval(>s, faisant Tun avec Tautre un angle obtus 5 cha- cun communique dans nn des ! ronclies.

2.° Les trois premiers anneaux de chacjue broncbe soiit plus rapproclies et plus plats que les sui , ans ; ili vont en s'alIoDgea:>t par derriere du premier au troi-

336 An n t ami e comb arte.

si^me, defacon que I'extremito post^rieurederelui-ci faJt une especf de saillie , d , parce que le quatriome aiHieau diminue subitement. A peine leur courbure fait-elle un arc de 60 d.gres ; la corde de cat arc est remplie par la menibmne tympaiiifonne, dont j'ai parle plus I'aut , f. Le premier recourbe son extr6- irit^ anterieure, e, vers la face interne du brouche, oil elle s'articui*' avec un petit cartilage ovale, g , qui est C0II6 a la membrane tjmpani forme , f. Voila a-: eu-presle sou letre de ce larvnx. On voit que la coupe transversaie du Lronche est d'ai^ord presque circulairie ; qu'eii remonlant , elle devient un segment de cercle qui se rt'tre.it dans un sens, en s'^lar^issant dans I'autre ; qu'eufin I'entree de Tair danslatrachee se fait par deux irons ovales.

3.° Get appareil est garni de di^ muscles , cinq cbaquecote ; je vais les decrire successivement , et en indiquer Pusage.

Tab. i.'^^ A. f. 5. 6. 7. a. a. a. Le coirstdcteur Lon- gitudinat atUSrleurde La niembraae tympanic forme ,

Muscle long, situe \ la partie lalerale anterieure de la bifurcation. Son attache fixe est au corps de la trachee, a quelques li^nes de hauteur ; il colle ses ftbres a plusieurs de ses anneaux 5 descendant un pen oblic{uement en avant, apres avoir form6 un ventre sensible , r6imit ses fl: res en un petit tendon , qui ft'insere a P.* tri'm.te anterieure du troisieme demi- anneau. II fait mont^r cette e.^tr6mile, el tend par-I^ toute la partie de la membrane qui se trouve au-

dcssous

Laryjix iufcrieur des oisraw:. 33 j

dessous de cet auneau , dans le sens de sa lon- gueur.

h. h.' b. Le constrocteur. ioiigitudirMi posterieur de La mcnibrane tyniyanl/onne ^

Est fort semblahle au pri^cedent , et a-peu-pres parallel:'. II coUe ses fibres nieiiie a la parlie la- t^rale poslerieure de la trachee^ el insere son tendon a I'extremit^ post^rieure du troiaieme detiii-anneau. Son effi^t sur la membrane est pareil a lcIuI du pre- cedent. Lorsqu'ils agissent ens.M'ble , ils rapprochent la totalite des trois deini-anneaux , et font ^lisser le premier sous Tare externe de la tracliee , ce qui diminue considerablement son ouverture. ia parlie suj)crieure de la membrane doit se trouver relachee par leur action , puisque I'espace au-dessus du Iroi- sieme ynneau est diminue 5 mais c'esl a quoi rejnc'Jie

10 constricleur transversal.

c. Le petit constricleur longLtudlnat.

Ce muscle est du doul)Ie plus court que le prece- dent, et entier.Mnent cach6 par lui. II a son aliacl.e fixe a la parfie infcrieure poslerieure de la traih,:''e, et insere son tendon a I'exlremite poslerieure du second I :mi-anneau. Son action est semblable a cellc du precec'.ent.

d. Le constricleur oblique

Est situe a cot^ eten avantdu precedent, el egale- men! cache sousle constricleur longitudinal pos.'ericur.

11 va ob!i([Mementde la Iracbee « rexlr/'mite posle- ToniQ U. y

33S Anatomic comparu.

rieure dii deuxleme demi-anneau , il doit le lirer en liaiit et en dehors , par consequent paiiiciner de Faction des prec^dens et du suivant.

e. e. Le constrlcteur transversal.

Ce muscle est situe a la meme hauteur que les pr^- cedens, en partie a decouvert , en avant du cons-' trlcteur arilirleur y et en parlie cache sous lui. II n'est pas plus long que les deux pr^cedens , mais beau- coup pkis gros , ventru , et de forme a-peu-p res ovale. II prend son origine sur le dernier anneau de la h-achee , se porte obliqricment en has et en avant, et s'insere en parlie a Texlremil^ anterieuredu premier anneau , et sur-tout au petit cartilage qui s'articule sur elle. II rapproche cet anseau de la trachee, le rend moins courbe en ecartant son exircmite en dehors, et co-nsequemment il retr^cit cette parlie de la glotte ; mais sa principale action est de tirer en avant le petit cartilage , par consequent de t^ndre avec force et dans le sens transversal la partie supe- ricure de la membrane tjrapaniforme , ce qui pent etre necessaire pour certaines modifications de la voix, mais sur-tout lorsque, les autres muscles relachant cette partie superieure en meme temps qu'ils tendent le reste, il etoit besoin d'un muscle qui mit le tout a I'unisson.

Le larvnglen inferieur et externe se colle a la tra- chee , dans cette espece , entre les grands constric- teurs. II est marque , f , f,dans les figures. Ce muscle est tres- petit dans les oiseaux chanteurs ; je crois avoir remarque qu'il a plus de volume, a proportion ,

Larynx inferieur des oisenux. 30 ^

dans ceu\- dont le larynx inferieur est moins compli- que ; peut-etre qu'ajaut molns de n.ojen de changer I'ttat de I'oroaiie , I'oiseau est oblige de i'ebraiilcr plus souvent en masse etque, pourcetteraison , le musc'e con.mun grandit a mesure qn'il y a moins de muscles particuliers.

^ La structure qtie je viens de dt'crire , se retrouve a-peu-pres dans ies moineaux, les cl.ardonnerels, les mesanr^es, les plncons , Is merles, les gnves ,' les mauvis, lesbruants, les alouettes, etc. On pru', je crois, la regarder comme commune a tout I'ordre passcrcs, les hlrondelles et engoulevens evceptes Les petites differences qui peuvent se frouvef dans la grandeur respective des cartilages et des muscles seroient difficiles a determiner, et il le seroit encore plus d'apprccier leur influence sur la forniaiion de la voix. J > trouve encore la meme structure dans les corbeaux, l.s corneilles, les geais et les pies. Aussi cette partie de I'ordre plcw ^ de Linneus, a-t-ells paru depuKs long-temps plus voisine des pas^eres qnc des aulres ^enres auxquels Linn<^ I'a associt^/ Ciiacun se le porsuadera , en parcourant la cl^aine iiaturelle qmli^Acsetourneaux aux lo riots , cei^d aux rolUers, aux corbeaux et aux olseaux de pa^ radus ; mais cet objet est elranger au sujet de ce memoire.

la connoissance que nous venons d'aCquerir d.^s larynx ,rifcrceurs a dcx muscles, qui caracterisent ces o,seaax, nous explique le singulier talent de la P upan, a .miter toute sorie de sons, a apprendre h ^-baiiler des airs , enfin pourr|uoi ceile classe seule

X 2.

54> Anrtomie comparce.

r.ous fournit tousles oiseaux chanleurs. II est vrai que pliisieurs de cette meiiie classe , teJs que les corbeaux , etc., ont la voix Iros-desagveable ; maiscedefaut leur vienit de Ja duretc ds leur tracbee ; et , puisque le CO! beau , !e geai , etc. , imiteut la voix de I'bouime , ii falloit bicn que leurs organes eussent dans leur genre uu haul deur6 de perfeclion.

Nous alloiis maintenant passer a une autre struc- ture, molns bien fournie de muscles, mais plus siu- gubeie par la foriue des cartilages ; c'est celle des perroquels. On s'imagina bien que Voiseau paiieur ^pa^ excellence ne doit pas etre place dans les degrt's inferieurs, quant a I'organisation de ses inslrumens vocaux. Yol'-i ce que j'ai OAsprve dans le perroquet, iioinni6 par Bufibn ama&one d^ teie jaune ( psU- tacus oclirocephatus y L. ). Les derniers anneaux de la tracb.ee sont souries ensemble, et ferment uu tujau cyiindrique un pcu aplati par les cotes. Le dernier de to us est presque quarre , etant aussi aplati par devanl et par derriere , ou il a deux pointes assez aigurs ( tab. i. B. f. 4, a. a. ). II n'j a pas de cloison dans rintt'-rieur.

De celte ouverlure pendent les broncbes , forinant deux tubes njembraneuv, garnis des pieces cartilagi- neuses qui Kuivesil. i.'° Le premier demi-anneau : ici il est tour plat, tes-^Iargi, ajar.t presque la forme d'un croissant , dont le cote convexe seroii tourne en liaut. Ses pointes scut aigues et tournees en bas. II n'est pas vertical, mais dans une situation Ires-obli- que, son bord sup6icur s'appuj-ant coulre le bordde

Ldfyna Infer Uur dcs oiscau>!. 3|i

la traclice, et I'autre rentraivt presqne jusqu'a toiiclH r celui de son correspondant. Voyez h , b. 2.° Les trois demi-ann.aux siiivans so:it encore a; solun.ent plats, et sondes en une pla(;rte demi-circiilaire, anx extre- miles de laquelle on voit encore leur distinction. La position de cette plaqne est en tont I'inverse de la pr^cedenle ; elle s'incllne en sens contraire , et c'e.st son cote convcxe qui est toui ne en has et en debors. Vovez d, d. 3.' Les cinquieme, sixi>me et septieme demi-anneaux , c, c , sont sondes a la plaque prece- dente, etentre eux dans leur milieu seulement. Leurs exfremitcs s'ecarient en se couvbant vers le baut. I!s sont plats, et dans le meme plan que la plaqne qui les precede. 4.° Les anneanx qui suivcnl ont la forme ordinaire jusqu'a I'entree du broncbe dans Ic jfounion.

Le cote par lequel les broncbes S3 regardant , est membraneux , et les deux memln-anes s'unissent , a la bauteur des pointes du prsnuer demi-annean. De-la , jusqu'a la tracbt^e , elles ne forment qu'un •eul canal 5 et le retrecisse nent qu'il epronve enire les Lords inferieurs de ce demi-anneau , pcut eire a jus!e litre nomme la glolle dece larynx.

J'al observ6 six mus:les dans le perroqn t , trolsde cbaqne cote. Une paire relacbe I'ouverlure de la ^^lotie ;les deux autres la coutractent.

I." Le premier ( tab. i.B. i, 2, 3,e. e. )asoY>attacbe fi\e an p^nultieine anneau de la tracbre-artere. II des- cend presque perpendi nlairement , d'nbord appuye ' sur le Laxateur ^ ensuite coinine ca fair, sans tou-

Y 3

3^2 Anat,om'u comparce.

cher a rien , et va s'ijiiplanter clans le centre de ren - nio^clesanneaux cirquieme, sixitMue el septietne. II soulev-e celle parlie ;'et comme die est soudee i la plaque seiDi-circulaire , d, il ne peut prodnire cet efK't , qu'en faisant rentrer le bord supwrieur de cei:e placjue , par consequent en resserratit la gloHe. i." Le second iruscie, f, f, peut eirs nomme I'auxiliaire du precedent. Ses fibres occupent une ceitaine etendue le long de la Iraclieo , a sa foce anh'rieure ; parvenu a la hauteur de I'origine du precedent , il s'ecarie en arriers et de cote , ef s'y colle par un tendon assez mince. Je ne vois pas qu'ii ait d'autre usage que de le seconder dans ses fonctions.

3.° Le laxateur de la giotte , g, est situe sous \&s deux autres musdes. Ha son aitaJie tout le long du bord de la trachee , a une forme demi-ovale , et descend en s'epanouissant jusqu'au bord infeiieur et concave du dernier demi-anneau 5 son ef^let est d'e- carter ce bord en dehors, et d'elargir I'ouverture de la glotte.

J'observe que les deux premiers mns les, en fcr- inantla glotte, tendent en meme temps la raem])rane tjmpanifornie , puisqu'ils la tirent dcs deux cotes: ce qui doit contribuer egalement a re^dre le son plus aigu. Quant a celui qui dilate cette ouverture , il Ji'augmente pas la tension de la ?nembrane, puisque celle-ci \q. remcnte pas jusqu'a la hauteur du carti- lage en forme de croissant ; par cons^'quent il ne detruit pas , comrae il arriveroit par celle tension , le sou grave ^ elTet de i'ouverture plus grande de la gloHe=

Larynx infer ieur des oiseaux. 843

Oiidoii s'etonncr que les deux structures de larjnv, les plus compliqu^es que nous coiinoissions, soient si pcu analogues entre elles, que la nature semblc avoir travaille sur un plan different. On de.-ireroit trouver (\'s nuances intermediaires qui enchainent toutes scs },roductions ; mais il faut remarquer que le genre des perroquels est tres-eloigne de tons ceux de notre pays, que nous n'avons pas la faculle de dis^equer les toucans, les barbus, et autres genres par Icsquels ils sc rapprochenl graduellement des passeres j et ou nous trouverions pro1.>ablement des siructures de la- rynx in fcrieurs, qui tiendroient plus ou moins de ces deux extremes.

De ces larj-ux a trois paires de muscles , nous sommes obliges de passer iramcdialement a ceux qui n'en ont qu'une : je ne connois aucun larynx a quatre muscles. Ceux a deux sont nombreux ; mais ils difie- rent par le noml^.re des anneraix elargis et par la longueur du muscle. II est evident que ceux oa le muscle qui descend de ia trachee va saisir le premier anneau ou le second, ?ont susceptibles de dilalalions et de constrictions mains variees que ceux oii il des- cendroit jusqu'a des anneaux plus inftrieurs, telsqr.e le quatrieme ou le cinquieme ; par consequent ce sont ceux-ci qu'on doit regavdcr comme les plus par- faits , et , pour les ranger i-D(iihodiquement , seloa I'ordrs que nous avons adopte , nous comnieuceroni par'eux notre enumeration.

L? muscle le plus etendu se trouve dans les oiseaux dc proU nocturnes. H va saisir le seplieme anneau,

Y4

3,1^ AnrAomie comparie.

J'al observe la birurcation dans le hil ou on n;oyrn ^wc^Std'X otus , la c'oiiette ou grande cl evcche , slrlx funerca J et roffrave, strix Jlaniniea. EUe est la meme dans toules ces especes.

Le dernier anneau de la trachee est partage en deux par une cloi-^on o?s use. Lcs sept premiers deiin anneaux des bronch.^s voni en auriTientant par drrrieie, dn ptemier au s 'ptieine ; le huirieme di- ir.inue snb^te.rent. Par devant, ccs sept anneaux out un angle obtus, qui jrodult en avant de la bifurca- tion \m aplal!;-se 1 cnt ovale. Le sep'ieme demi- a neau , t:ui est le plus lorg de tous , est aussi le plus c'pais el le plas coirtpact. Un musde ong el plat s'ai'.ache a son inilieu, et , passant par-dessus ceux qui le precedent, va se coller au bas de la tracbee. SontfTet est de tendre la nj'en^.bran? tjmipaKiforme , qui :ci e^:i fort grande , ilnd et iransparentr. Le muscle laryngien inferieur couvre le prtVedent dans sa silualion nalurelle , et produit un elfet c ontraire , en relacbanl la n einbrane, comme dans tousles oiseaux. Vojez tab. i. C.

Apr^s les oiseaux de nuit Tienl le coucon , dent le larynx infc'rieur a beaucoup de rapper's avec le leur ; on sail que son cri se rapprpcbe aussi en quelque f:i on de celui du grand due , strLx bubo ( lioa-hoLi ). Cinq djml-anneaux seuleinent vont en s'clargissani , et le cinquieme est serablable au septieme des clioucltes ; mais sa courbure se dirige en sens con- traire. II n'y a pas non p'.us ici cet aplatissement ovale qu'ou remarque dans les choueties , et le

I

Lnrynx inferienr de^ oiseaiix. 345

muscle qui unit le cinqu'erae anneau a la traclu'e , se porte uu pen obiiqucnent en avant. Les larynj^iens inferieursqnittent la lra< bee , et se portent au sternum, a nne'haut'jur plus nrande que clans le^ cliouettes. Le cinquicme demi-ani eau a a rinieiieur un bourrelet de matiere graisseuse, recouvorte par la membrane interne du bronche , qui fiiit une forte sailiie , et re- trc'cit considi^rablement le pa.^saue dc; I'air. EnCn les derniors anneaux de la tracliee ne sunt pas d*une seule piece , mais formes de deux demi-anueaux 5 e* la cloison qui srpare le dern'er en deux an<hes , ne fait pas corps avec lui , et n'y tit.'nt que par les membranes quileursont communes. Voyez lab. i.D.

Le hdron , le tutor , et proba' Icment tout le j^cnre ardea , out aussi uu seul musclj constricL:iur, attache au cinqiiie:r.e d^mi-anneau.

Ces oiseaux , auxquels leur voix enorme devoit f lire supposer des or^a-.ies tres-particullers , n'ont de lemarquable qu^me grande elasticlte et unp separa- tion tres-marqude de leurs demi-auneaux , e.t une membrane tjiiipaniforme large , mince et elastique.

Des oiseaux qui out I'stla :lie moble ne leur muscle constilcteur , ius(*rc'c au cinquieme den i-anneau , je suis oblige de 1 asser aux oiseaux ou cc n uscle s'inscre au second : je n'en conrois pas 011 il soit attache aux anneaux interuu^diaires.

Troisdes genres que j'al examines , appartiennent a cet article : XespeLlcaiis , les inariins-pcdieurs et les engoulci'ens. Commcnrons par ceu\-ci , comrae ap-

346 Anatoniie comparer..

procliant , par ]e resle de Icur conformation , des paS'

seres dont nous avons deja parle.

Les derniers aiineaux de la Irachee de I'engoulevent ( caprunutgus europoeus ) ^ loin d'etre sondes en- semble , comme dans les oiseaux a voix forte , sontau contraire tres-minces, et separes par de larges inters- tices ; le dernier n'a point de do son transversale. Les demi-anneaux s'clargissenl jusqu'au sixicme ; ensiiite ils radiminuent et s'arrondissent par degres , comme dans tons les oiseaux. Le muscle constricteur va du bas de la trachee au second demi-anneau des bronchcs. ,Vojez tab. I.E.

Dans le genre pelecanas de Linne , j'ai examine le larvnx inferieur du cormoran ( petecarius carbo ) et du fou-de-bassan {petecanus bassamis ). Voici ce que j'v ai observe.

Le dernier anncau de la trachee n'a. point de cloison transversale ; il est taille des deux coles en bee de plume, et a en avant et en arriere une pointe aigu(^. Le premier demi-anneau place presqiie parallelement au bord de la trachee , est fort cpais et tres-convexe. Le second lui adhere int'mement , et donne I'altache mobiite an muscle constricteur. Le iroisieme anneau etant droit et foit plat , ii exists entre lui et le precedent un espace membraneux qui pent elre regarde comm& une seconde membrane tjmpaniforme ; elle fait une saillie convexeen dedans du bronclie. Les anneaux qui suivcnt se courbent toujours davaniage , et le neuvieme fait le cercle enlier. La memi/rane tympaniforme est done ici en

La^ynH inft'r'eur des ciseau:^. 347

] vjJnte alongee vers le has ; en hauf, clle renionli^ jiisqu'a la llgne qui va cl'ime poinle de la traclu'e a I'anlrc. Voyez tab. i. F.

Dans le martin-peclieur ( alccdoispida ^ L. ) , le dernier annean de la traclu'-e est longet diir, s'eva- sant en cone Ironque, ayant en avant et en aniere line l^gerc c'cliancrnre, entre lesquelles est siluee la cloison transversale qui le partage en deux aiiches ovaies. Les anneaux vont se "raccourcissant , et s'ar- rondissant gradnellement a mesure qu'ils descendenl. Le muscle constric teur , a , est etendu enlre le has de la hachee , et le second derai-anncau , auquel il insere ses fibres en les epanouissant. Vojez tab. i. G.

Nous allons maintenant trailer de ceu\- des larjnx a un seul muscle , oii il a son altache mobile au pre- mier d^mi-anneau des bronches. lis lont nombreuv ; j'en ai vu de tels dans les beccasses, les vanneaux , les foulques, etc. 5 et j'ai lieu de crore qu'ils se rc- Irouveroient dans tous les oiseaux de rivage {gratia: , L. ) a bee foible, tels que piuvlers y clievallers ., inauberhes y auoccUes ^ etc. Cependant il ne faut pas trop donner a Tanalogie , car nous avons dt'ja vu uans ce memoire , et nous vcrrons encore qu'elle iiVst pas toujours la meme cnlro les formes e.\tc- rienres et les structures des larj nx int^^rnes.

Dans la beccasse ( scoiopax rusiicola. L.) ^ nons lrv)uvons uno particularife que nous n'avions pas I acore remarquee. Les qualre derniers anneaux de la Iracliee sent fendus par derriere , et meme leurs

548 Analom'ic cQinparcc.

extre-mit^s s'y ^carlent considtTablement. Les AQu^z membranes tyrapaniformes se contiiuent par derriere jiisqu'a Panneau qui reste entier , de sovte que la ligne <1e leur reunion n'est pas perppndlrulaireal'axe de la trac hee , comme il arrive ordinairenient ; mais elle le coupe ol.liquement en doscendant d'arriere en avant. Le premier demi-anneau est plus large, et donne Tattac-l e au muscle. Les autres dimiuuenl graduellement. Voye? tabl. I.

Dans la beccasslne {scoLopax gallltiago)^ le dernier anneau de la trachee seulement est fcndu, et ses exfremites sont peu ^carlt'es. Onne s\tonnera pas de cette difference entre deux especes si voisinesj si on fait attention a la difference de leur son de voix.

Dans la foulque on nioreUe {JuLLca atra , L. ), nous observons quelque ciiose d'acalogue a la struc- ture de la beccasse. Les deniiers anneaux de la tra- chea sont fendus fciv derriere; mais la membrane qui les reunit , est epaisse , presque carlilagineuse , et les membranes tjmpaniformes ne remojitent pas plus liaut que les Jjrouches. Lesdemi - auneaux de celles-ci n'ont rien de parlicnlier. lis vont en dimi- nuant graduellement, a compter du premier. Celuf- ci,qui est le plus gros j s'attache au bas de la tracliee , par un muscle assez long qui s'insere k la partie pos- terieure. Vojez tabl. i. K.

Qiioique la poule (Veau ( j'uUca ckloropus ) , s>)it d'un genic! tres-voisin de la foulque, elle s'en eloigne sensiblement par la structure de sa bifurca- tion. Le bas de la trachee est soude , osseux , com-

L a lynx infer leur des ohenux. 3 _| (-^

prime lateralement, et parfa-6 par une c]oison_, en deux anches loiigiies et etroitcs. Le iriiuscle constric- teur est fort court , large et epais. II sa^sit le premier tiemi-anneau , qui est le plus gros et le plus long. Lcs aulres diminuent graduelleraent , comme dans Ics oiseaux prccedens. Vojez tabl. i. H.

Le vanaeati {tringa vanellus , i. ) , a le Las de sa trachee-artere forme en triangle Equilateral , don t un angle serolt iourne en avant. Les deux oiiverlures , en forme d'anches tres-^tro.'tes , sout paralleles aux deux cotes ant^rieurs du triangle. Elles soat separees par u.ne sorte de plancher osseux Ires - concave en dessous , de facon que la partie posterieure de la tra- chee est fort echancree. Le muscle constricleur est situE fort en arriere, et saisit I'extremite du prexiier demi-anneau. Les bronches sont conformees comme dans les oiseaux precMens. Vojez tabl. i. K.

Nous aliens malntenant passer a la derniere clasFe des larjnx inferieurs ; ceux qui u'ont point de musc'e propre. lis ne peuvent chancer d't^tal qu'au mojen du muscle laryngien inferitjur, qui est fort gros dans cjs especes J et ils ne reprenneaf, iorsque ce muscle cessed'agir, que le degre de tension que leur donne' Jeur elasticile uaturelle. Je trouve de ces sorles dij larynx dans les galliuact'S, et dans plusieurs oiseaux palmipedes ; cependanl nous ^avons deja que tons les palmipedes ne sout pas de cetleclasse, puisque nous avons trouve uu muscle constricleur au larynx du cDrmoran.

33o Anatomic comparie.

Je vals d'abord decrire la bifurcation da canard. ( anas boSckas ^ L. )• Quoiqu'elle I'ait 6te parplu- sieiirs anatomisles _, il lie sera pas inulile de la p^/f- senter de noiiveau dans ie lableau coinparalif que je donne ici. Voici ce que j'ai observe dans les ca- nards , tant sauvagcs que domestiques.

Les derniers anneaux de la Irachee sont sourlrs en un seul corps presque osseux , ou ils ne se dis- linguent que par quelques slries transversales. Voyez labl. 2. A. f. I. a. Ce c rps reste cj lindrique I'es- pace de quelques lignes ; il est cependant un peu aplali par devant. II forme ensuite deux gonflemens; I'un est a droite, peu considerable , ressenible un peu a une portion de cone tronque , dout la base se pro- longe enarriere, en angle un pati aigu ; I'autre gon- fiement , situe a gauche, ressemble a une grosse vessie irregulierement arrondie(c)5et produit ante- rieurement vers le bas une forte saillie pjramidale , B. ; sa face droite est un peu aplatie vers le bas , et le bord infcrieur y est ecnancrt- en arc de courbe. Toutes ces parlies soiit formees d'un cai'tiIaL,e opaque, tres-din', revetuexterieure^'Tent d'une cellulositeassez epaisse , abreuve d'une humeur mucilagineuse, et sur laquelle rampeni des vaisseaux sanguins.

Endessous, cette capsule a deux ouvertures ; I'une, qui donne issue a Fair vena^it du bronche droit , est sous le gonflement en cone tronqu6 , de forme alon- gee, renfennee entre deux arcs de cerv le d'environ soixante deg^eschacun. L'autre est presque circulaive ; c'est oil communique le bronciie gaucbe. Pour bicu connoitre i'intt^rieur de ce singulier tubercule , fji-

Lnryns infer'mir des oisenux. J-">i

Vons, par I'anche du bronche droit , une section pa- rallele a I'a.ve de la trac'uee. ( Vove. fig. 3 ). On voii qu'il y a unc cloison qri remonte a plusiems U.nes de hauteur , D. ilg. 3 ; mais elle ne tient a Ii imcWe que par sa partie poster;eurc. En arriere, a y a un interslice anguleux. B. fig. 3. - Coupons cette cloison , nousverrons que derriere elle, se fait la communication du bronche gauclia dans la cap^ sule , et celle de la capsule dans la trachce. Ces deuK trous sont separes I'un de Taulre par une autre cloison perpcndiculaira a la premiere, de facon que Pair venant du bronche gauche ne pent parvenir danslatraolu^e ciu'apies avoir pass6 par la capsule, tandis que celui du bronche droit y parvient unme- dialement. II a pourtant aussi une dilatation , nla.s tres-pelite , e , fig. 3, qui occupe une partie de la sadlie pyramidale.

Les entries des In-onches sont garnies de mem- branes cp^isses , an Iravcrs desquelles suinte une humeur muqueuse fort abondante , que se; aient dcs glandes fort semblables a celles qui fonrmssenl la synovie , et placecs entre la membrane et le cartilage. La face par laquelle les hrouclies se regardant , est, comme dans tons les oissaux , si implement meai- braneusc. Leur face externe est revetue de forts demi- anneaux , sans aucnn u.uscle propre. Les laryngiens inferieurs se collent a ki tra bee iaim^diatenient au- dessus de ses gonilemens.

Tel est le larjnx inferieur du canard male. Dans le moriUon ( anas JuUguLa , L. ) , ^^ ^^i^"^ de la capsule de gauche est comprime d^avant en

3.") 2 Anaiomie co nip arte.

av^i^re. Sa base posK'rieiire fait uii angle saillant, a 5 r. 2 ( tab. 2. E. ) ; Tantrrieure , b, f. i , se confourne en iin c.iiial osseux qui , iTiOntant dans la tracliee, eiablit line communJcalion enfre elle et la capsule. II y en a une au^re sous sa parol interne , f. f. 5 , longue et 6tro te. Les parois de la capsule sent mernbraneiisps, renforcees d'un reseau osseux. Voyez fig. I , 2, 3 et 5. Le septum a deux ecLan- crures, et est reiilbrcc de deux aretes osseuses sail- lantes. Vojez g , fig. 4. Les roemlDranes tympani- formes son! gras,s;^s et epaisses. Un ligament raem- braneux va de Tune a I'autre , h , fig. i. Tout I'intLTieur du canal recourbe est revelu J'nne mem- brane graissenre.

Dans le tadorne ( anas tadorna. ^ L. ) , le cartilage est d'une nature mince, cede sous le doigt,ei re; rend sa figure avec un pelt craquement. Les gonllemens sont a-pen-pres 6gaux et semblables de cLaque cote ; chacun d'eux est sopare du Injau de la tracliee par une memlirane epaisse percee d'un trou ovale ; c'est par ce Iron que i'ciir provenaut des bronclies circule dans les capsules. Les inuscL'S sont ici comaie dans le canard.

)3an3 ce genre, les femelles out leur Infurcalion autrement conformce que celle des males. Voici celie dela canne.

La derniere piece de la t^Ac^.pe, longue de qua!re liviics, s'evase fortement par en bas, lab. 2. B. f. t et 2 , a , a , en avaiit et en arriere ; son boT'd itiferleur a une ^Khancrurc arrondie. Une cloison ossense tra- verse d'une ecliancrure a I'autre, et remoiite dans le

canal

Laiyrix hfcrieur det oiseavx. 353

canal; en haut, celte cloison est ter.mn^e oLKque- ment ea courbe re«lrante , b , f. 3. L?s hroncLes sont corjform^s com.nerUns tons k^s oiseanx. Leurs demi- anueaux se raccourcisse.t et se recourbem a mesare qu'ilsapprochent du poumoii.

Un efft^t bieii naturel de cette d:-ff(:^rence de confor- mation paroit etve la difference eatre la vol. aigre et forte de la canne , et les coassemens sourds ei .vav^s ■du canard. Cependant , dans les es .eces de ce oenre dont le cri re.semble a un sifflement , teves aue anal penelops, L. , anas autumn ai U , anas krborea on trouve ^galement ces grandes ca.sules car^ilaoir Reuses qui semb'eut devoir produire un son b^n different ; , ai eu occasion de m^^v. assurer su,- Vanas penelops ',ui a exactement .on larynx n.f.^rieur cun^ torm^ comme le canard ordinaire : celui de Varus penelops femelle est le meme qn. cc lui d. no.re ranne Les hades or., aussi leur larynx inferieur bour- souflc en capsules, mais un pen autrement cue dans les canards ; 11 y a meme ici en quelaue corte quatre membranes tympaniformes , an lieu d'e de..x

Le dess.n, tab. ^. D. , et la descripiion sulvante sont faus d apres la piette , ou petit harle pie , Fergus aLbeUus, L. ; le renflement du c6t6 droit est a^.ssi petit que dans le canard. Celui du col^ .aud.e fait h 1 eAtcr;eur une espc.e de crochet, a ,• vers le i aut ii est comprime en toit dont I'angle seroit fort aigu.' Ii n a U qu»une seule arete osseuse qui fait lesommet da toit , b. Des deux c6tc's de cette aiele sont deux meir.^ brancs tres-dnes, transj ar.ntes et \:;,.n (endues. Celle dedevant, c, est piu;^ considerable que la posterieure. Tome IL 2

354 Anatomie compark.

Ce rcnnair.ent de gauche forme une grande capsule' donl la base e.-,t osseuse et sailiit en avanf el vers la traclic'e, par une convcxite sinueuse, d, d. Ea eiile- va \t la paroi anterieTire de celte siniuisite ( f. 3 ) , on voit (in'elle contient le canal, p^ par leqiiel cslte capsule communique a Panche gau( h: de la tracliee, f. Elle esi separ6o de I'or^fice du bronclie gducbe dansla capsule ( g ) , par un ^ ror.ontoire membraneux h , forme par la membrane tympauiforme de ce bronf he: ainsi , comme dans le canard, Fair ne parvient du bronche gaucbe daws latracijeCj qu'an ts avers de la capsule. Celui du bronclie droit s'y rend immediate- . liient, mais par une auclic plus etroite. Tout riate- rieur de cet appareil est garni , comme dans le canard, d'nne membrane graisseuse. II n'j a d'autre muscl» que les larjngiens inferieurs , qui prennent ioutau bas de la tracb^e.

Je n'ai pas disseque de piette feme'le. J'ai bien eu I'oiseau reprc-sente , n.*^ 450 des Pianclies eiiluini- nees _, que Brisson et Buffon donnent pour ia femelle de la piette. Corame j'6tois alors dans la meme er- reur, je fus fort surpris de-lui Irouvcr un larjnx infe- rieur , parfaitement semblaljle a celui de son pretendu male ; mais ayant continue ma dissection, je vis que cet oiseau ^toit lui-meme un male , et par cons'iquent d'une espece differente.

II a le manteau noiratre , I'aile somblable a celle de la piette , la poitrine ondee de gris , la gorge et le coii blancs, et la tete rousse. Ces carac teres suflisent pour le distinguer de tous les harles. On pourroit lui donuer

Laryns hife'rieur des oiseauK. 355

pour nom trivial niergus rnusteiarls , que lui a d<'ja impost Gessner, av. p. i33 (i).

^Lc genre de I'oie , qui paroit d'abord plusvoisin des canards que iie le sont les liarles , en diflere Cependaut davantage par la structure de sa i3;(ur- cation. Voici ce que j'eu ai observe dans Toie ( anas anser) et dans le cravant ( anas bernicla ).

La trachee qui est Fort "vosse dans le liaut , di- minuesiugulieremant vers la bifurcation ,oii elle a ^ peine deux lignesde diametre: a pres de deuv pouces de distance de 1 1 biiuication , les anneaux se sou- dent , et la trachee devient un tul)e osseux , un pen comprime vers ie k^s. Sou ex'.remite inferieure est un quarre long j sur les deux plus longs -cotes est iinpriinee un^espcce d'arcnde dent le bordest releve. Ce qnarre long est parlage selon sa longueur par une cloison osseuse en deux anclies etroites.-Les bron- cLes tiennent ciiacuu a la trach6e , par un tuvau comprime et raembraneux , sans aucunanncau , I'es- pace de quatre lignes. Le preaiier aimeau n'est in- tGrrom])u du cote interne que d'un arc d'euviroii CO ". Le second Test a peine du dixieme de sa cir- conference. Les snivans foi.t le cercle eniier , mais sont ncanmoius brisks a lenr cote interne.

Les muscles larjngiens inferieurs coaune a Tordl- naire.

(i) Pour completer les connoissances sur les noeuds de la trachee des canards el des harlcs , vojez dans le memolre dejiV cite de M. Bloch , la iigura et la description de ceux; d'anas clan<:ula, anas circ'ia , anas mmyla , anas querceduta , et de fiiergiis merganser. C'est une loi geperale , que les ii-

melles manquent de renileaiens»

Z 2

356 Anatoniie crmparce.

Dans la perdrix , le has de la traclit'e est com- prini6 d'avant en arriere. Ses aniieau.v sont mince® et ln>s-disliiicts. Le deniicr de tons a une forme; sin- j-uliere. Par derri^re i) est elargi , ct fait deux an- gles sailLuis, C, f. 2, a. a. Par devant il a une pointe b? qui se porte obliquemeni en avant el en bas , du bout de laquelie part une trav-crse osscuse, qui rc- moDte k la partie post(3rieure de Tanneau. Les demi- anncaux des bronciies sont tous rninces , sans rieii de particullL^r. J^q coc] et le diiiclon different peu (ie la perdix.

La callls a son dernier anneau formd commo de la reunion de deux , en avant et en arriere se fait rei7iarquer un assez gros tubercule , auquei tient le presnier demi-anneau ^iQs broncbes. Gelui-ci ^lant courb^ en arc , et tournant sa convexiteen bas , laissa enir© lui et la irachee un espace membraneux , G. f. 3, a. a. Les autres denii-anneaux , ainsi que les membranes tympauifonnes et los muscles larjngiens infdrieurs jOiit la structure orclinaiie.

Plusiears oiseaux tres-differens des gallinac^s , appartiennent encore a cetta classe , c'est-a-dire que leurs larynx infc^rieurs sont sans muscles propres. Teis sont les Inipes , les oiseaux do prole dluraes j (^jaicones^ L. ) , etc. Je i 6serve leur description pour la suite. J'en ai assez dit poor faire connoitre le soin avcc lequel la nature a travail 16 cet organe parliculier aux oiseaux, et la prodi^jeuse variety qui regne dans sa structure ; variete dont peut-etre an- cun autre organe ne pourroit fournir un exemple.

Lnryv.K infir'inr da oisea'ix. SS;

Ce.^ d'.'tails sufrir,oient pour faire pivsum^r que Tir^- fluence du larynx inferio-ir dc.'oit etre ties-^'r«nde dans Ics modifications de la voix dcs oisraux. J'ai V'oulu m'assuvijr, par une cxpc'rience di^cisive , qu'il pent a lui seal produire un son , une voix.

J'a' coupe a un merle vivant la trachde-ariere vers le milieu de ?a long'jeur ; j'en ai separ^ lescL-ux bouts coupe's, et d'ailleurs ils sVcartent naturellc- ment p.ir I'actlon des larvngiens infc^iieurs qui nVst phis balancte par cslle des hjo-tbyroidiens , ni par r<^lasticite da la lra::hee. A3'ant ensuits secout* Toi- seaii d*une maniere que je sa\ais devoir le faire crier, dans son ^tat ratiirel, il a crie tres-sensiblement , et a diverses reprises, quoique son cri fut beaucoup plus foible qu'anparavant.

II est done demon tr(5 que ce larvnx produit une voix qui est augment^e pai- la trachee , et encore modifiee par le larynx sup^rieur. La slmcture et les fonctions particulieres de ces deux derniers organes ^ feront le sujet d'un aulre memoire que j'aurai aussi riionneur de vous communiquer.

Je sens, mieux que personne, combienle memoirs actuel est encore imparfait ; je sais que beaucoup d'oiseaux y manquent encore ; que dans ceux qui y sont decrits , il eut fallu observer plus ex 'ctement les differences entre les deux sexes , lorsque leur voix differe, constater avec plus de detail les dimensions et I'dlat de la membrane tjmpaniforme , la con dis- tance et Telasticitc des caTtilages ; comparer les voix des diverses especes , avec I'etat de leurs organes , etc. Aussi j'espere me livrer unjour aces recherches,,

Z3

3;,8 Anatomie ccmparce.

si voiis daignez m'encourager par voire approbation , el sur-toiU si voiks jiigrz (jue ce travail merite Ifi peine d'etre corrige et reclilie par voiis.

S T A T 1 S T I Q U E.

Rexseignemens sur lAmp.rioue , lasscmlfla pnr Thomas Cooper , ci-devnnt de Manchester ^ trn- duita dc lan^Jai'^ ivecune carte ^ in-8.*^, 292 p-'^gcs. Prix ^ i-J liv. €t i6 liv. io s. franc de poi-t par 1?? poste. Paris , chez Maradrtn , rue da Gimefeiere Aridre-des-Arcs , N.o 9 , an troisicme , ijgS.

^U TTiilieu des troubjes qui ont dtsole I'Europe , les regards des amis de la liberie, de I'humaniN'^ et des arts . se sont portes plus d'lmc fois vers PAmeriqu;", comme le seul pays qui put promettre les ayantagcs d'un boil gonvernemenl , la liberie , la paix , et la mesLire d'egalile que la sociele doit adsnetire pour evitpr cett3 disproportion qui enorgueillit les uns , liumilie los autres, et aigrit ceux meme qu'elle avi'if. On a 1 eraarque que I'Angleterre seule a deja fourni ua nombre considerable d'cmigrans a I'Amerique , par la raison qire la conformite de langage et de moeurs rend leur naturalisalion plus facile. Un ouvrage qui prescnte des renseigneraens exacts sur les moj'ens et le but de celte (''iingration , pent done oilrir ini grand jnleret, ne fut-ce que par Tidce coiisolante qn'il est sur la terre un asile pour les etres souilrans , quelle (|ue soit la cause d*e leurs soiiffraaces 3 un eivsee oii les

Rcv.u^ignemens sur VAmhiqiK. Sf)

hommes sensibles et rertiieiit pouvent tronvcr une nouvelle vie riclie de repos , d'innocence et de bon- lienr. Mais ceite donee ilUision n'est pas complete ; et les details de Touvmr^e prouvrront que I'eiiiigiation et'l« premier etablissemcnt ea A-nerique supposcr.t dt'-ja des fonds considerables.

L'auteur expose clans sa prt'face les motifs qui Tont decide a pubber cet ecrit. Avec mie fortune me- diocre et une nambreuse famiUe , une grande predi- Mcclionen faveur du gouvernement americain , nr.o persuasion inlime que TacreAe polinqtie qui nQ prcvaiit deja que trop dans sa pciiiie , prut amc- ner cje fTicheux resuitals,'Tb. Coop.r prend le paiU de quitter un pays dont le svilemc poliii ;ue ne v>vut plus lui convenir. H qui'.te I'Anglelene, an mois d'aoCit 1-93 , et sVmbarque a Nexv-York , pour re- venir en Europe, en fevrier I794- « ^ "^^'^^ ^'^'^°'^^ r, d'Amerique, dit-il , je fus accable de tant de >r questions sur Petatdelasociete dans ce continent, » sur les movens d'y vivre , et snr les motii^ qui >v pouvoient engager a sV (^lablir , que je me decilai . a n'pmidre par la vole de I'impres^Jion a cellts de^. « ces questions qu'on me fai^oit le plus souvent , et ,>qai' me parurent etre de I'importance la plus g^- >, ne:ale. Voila ce qui a occcnsionne ra publication de « ctfouvrage, que ye ri'hnrois point basardee, si js « n^ivois et6 plelnemeiTt 'cimVaTnc^ que les rensei- onemens qu'il contiei.t C M^«i>^ p-eu ^tendus ) , « seroientar^rL^abies A une 'ctasse nonibreuse de » iet-treurs dans ce po'/s >■>.

L'auteur commence par discuter to;ites fcs raisons

Z 4

3"o Slatutlque,

^(:n6T^i\c9> qui peuvent engager a passer en Am^rique. II paicourt rar-ideinent tous Xef, motifs hrH du prix des terras , des denic'es et des travaux , de la consti- tution politique , des loix , du climat , etc. , qui peu- vent i:n're }:cnicber pour un ^tal plutot que pour uii an! re.

II erclut successivement les i^tats m^ridionaux , comins 1.1 Gcorgie tt les deux Carolines , k raison de I'extremc cba'eiir du rliiiat el de I'esclavage quiy doininent ; ie New-Hampsliire, le Massachusett etle Connecticut ( j compris le pavs de Vermont et la pro* vince de Maine), a cause de I'jnten^it^ et de la duree^ t\u froid 5 de la division des proprict^s et de la cherts <In terrain ; R.hode~Islarid, plus propre anx paiuragef fju'a la culture des grains, par rapport a la grande division des proprietcs et a leur tendance a diminuer de valeur plutot qu'a en augmenter ; le New-Jersej, romme Tuar^cageux , mal-sain et tourmentedefievres et de mousliques ; le Delaware , par les memes raison s auxuueiles se joignent I'intolerance religieuse de sa (onstifutioii et l*esclavage des negres ; le Maryland et la Virginie , par les cbaleurs excessives, insuppor- tables pour un tempcrainent anglais , qui regnent dans ces deux ^tals , et l*impossibibt^ de s'y faire servir autrement que par des negres esclaves.

La vallee de Shenandoah _, si recomn^andee par Brissot , est ^galement rejet^e. Les objections (in es de \a. cuaJeur du climat et de la culture par les es- claves, rcvieniient dans toute leur force, parrappoit a la plus grandc partie de cette valine , qui s'ttend depuis Wiiucliester en Virgiaie jusqu'a Carlisle et au

Rcnsei^ncjrrvs sur VAmerique. 3"i

Susquehannah clans la Pensylvanie. D'ailleurs lb ter- rain esl tiop cher pour promettre les avantages qu'offrent les pavs ou il est a b;is prix ; et coraiiie li vallee esf prinripalement peuplt-e d'AIlem nds et rle Hollandais, elle est plus convenable pour des emi- grans de ces nations.

L'impatience de nos lecteurs nous devaacc , et >e porte depuis long-temps sur le Kentucky, cet EU Dorado dont on nous fait des peinlures si s<'dui- santes. Th. Cooper ue paroit pas partaf^er tout I'en- tbousiasme des vojageurs pour cette terre promise.' Ses raisons soot , i.'' le danger des evcursions des Indiens, et les demeles frequens nvec eux, qui obli- gent au service personnel de la milice , et , en cas de reinplaceraent , a payer des taxes considerables ; 2.^ la necessity'' d'euipUiyer a la culture des esclaves lou^s par les propri^laires , qui forment environ le sixieme du nombre total des habitans ; 3.° la disette des eaux necessaires a ragriculture ; 4.0 la vente au-dessus dc leur valeur r^elle, d^s positions desirables sur le bord de rOhio , oil I'on est en surete ; 5.° les proces , fruits de la negligence du bureau des terresen Virginie, qui accorde souvent plus d'un3 patente pour le meme terrain ; 6.° I'tloignemeit des conin:\Mnications avec I'Europe ; 7.° la nature grasse du terrain et riiumi- ate du climat, qui rendrnt tres-difficile la confection des cbeinins ; et enlin la rarete et la i hert6 des comro- dites europeennes , dont il est si p^aible a \n\ Europ^en de se passer. Malgr6 ces inconveniens, i'auteur con- vient pourtant que le voyageur Imlav , qui a donne du Kentucke une si flatleuse de£cripiiou , a dit la vc-

3 '•'■2 StatistiqM.

rile, e\ redouble par-la le deslr que Ton a de voir paroitre ici une bonne traduction de ce voyage iule- ressaut. Nous in^^ilons uu homme de lettres qui s'en occupe, a presser sou travail que la publication de cet ouvra^e doll fairc attendre avec impatience.

Piestent I'etat de New -York et la Pensjlvauie ,. entre lesquels on pent se decider. L'auteur en donne les details les plus e^:acts ; agriculture , transports > jiiojens (Tindustrie , i! a tout evaraiue , et rend compie de tout avec autant de sagacite que de precision. II pousse I'exactitnde jusqu'a donner !e prix de toutesles denrees dans les differens lieux oii I'on pourroit etre le plus tente de s'etablir 5 le taux: des auberges , en un mot, tousles renseignemens qui peuvent faire juger de la cherts de la vie et dfs ressources ofTertes aux colons. II decrit de la maniere la plus circonsfanciee les maisons rusliques et les plantations americaines ; it cite toutes les manufactures, tons les metiers , toules les professions qui peuvent reussir dans ce pays 5 il donne toutes les insiructions necessaires sur la traversL^e d'Europe en Amerique ; enfin , en faveur des com- inereans, il a place a la suite de ses letlres un prix courant de Pliiladelpbie , et un autre cle Londres ; diverses tables du cbange et du cours des monnoies dans les Elals-Unis 5 des droits d'importations', que pajeut en Araerique les diverses m^ircl>andises ^ uii tiat de sa population , etc.

L'auteur profere la Pensylvani-^ a I'etat de New- York , })arce que le cli rat y est phis &ec , et par con- sequent plus favorable a la sani6 5 vin peu plus cLaud , et par consequent plus propice a la vegetation 3 et ,

Reniieievemms svr rAmhiquc 3^3

dans cette meme Peiisylvanie , il donne la prcf^ference aiix j,aities septentrionales des comtes dc Nortlimiber- land , dj la Luzerne et de Noithair.pton , et an comlo d'A!l/ganv. Ses raisons soatia proximitc' d.'s brandies du Sus([ueli,inna!i , pour IransporlvT Ks d'-nrees a riiiladelphie et a Baltiinore, I'^tal encore inhabit^ des conilL-s d'All-'ganj et de Nonimmb. rla'd , etc...

On voit que c'est un peu reslreindie i'etendue que Timagination inquiete des Europeens mal a Taise aime asefigurer. La chalf ur da I'einigration so:a encore, refroidie , si I'on observe , d'apies I'auteur , que , pour acquerir une possession mediocre , qui dor.ne tout au plus la subsistance, il fciut une premiere nii^.c d'environ cinq mille livres sterling , argent courant d'Anieri([ue , somme qin' , d'apres revaluation de I'auteur, en la multipliant par trois et divisant par cinq , donno environ 72 niille livres de notro monnoie, en numeraire. I! est vrai que ces premiers fonds , mis dans la culture et non pas dans une luanufdcture , peuvent s'aracliorer ra^^idemcnl.

Pour compltler I'ouvrage , M. Cooper y a joi t la consliiutioncdos Etits-Unis, le dernier chapitre d'uu ouvragp compose a Phiiadeloliie et pea connu en France , et un £etit 6crit du cel6bre Frauislin, destine a i'iiistruclion de cenx qui peuvent desinr de passer en Ameriqne 5 e! qui paroit plutol calcule pour ea faire passer 1\ nvie , que pour. la faire naitre.

L'ecrit dont il est quv-'slioa ici ^ a pour titre : Coup d'(jeU surles Eiats- Lhns cf Ante li que ^ insere dans une suite de paplers-aouvcLles , a dijjerens tenipSj entre Ics annccs 1787 et 1794, /.'fi/\Tonch Coxe ,

^64 ^tatlstiqne.

dePhUadelpfuCy appiuje de plbces autheailquer-^ te tout tendatU db prdsciUrr les progrds et I'ctat present de i% Uherte civile et reUgleuse, de Lipo- pLilaHoa , de PoQiiculture ^ dcs e.rportations ct Importations J, dcs peclie/ies ^ de la navigations^ de la construction des valsscaux , des nianufac^ tares y et dit per/ectlonnenient gt'neral. Get ouvrage a pani a Piiiladelphic, en 1794, '"^vec la geograihie des Elats-Uiifs, dQ Morse , que Ton peut regnrder coinme vine vcrifahlo Statis'ique, et dont la traducJion est pret3 a efre iivn'e a I'iuipression. Get ouvrage im- portant, &\[ etoit traduit, domieroit ici les idees les pins justes, les plus pnicu^es et les plus compK-tes sur j'etat actual des Etats-Uiiis. F. N.

B I O G R. A P II I E.

INoTicE sur Charles -Fra-scois Lhomond , uistituteur,

VvHARLEs- Francois Lhomon'd, ne en 1727, a Chauhips, diocese de Nox/on ,est mort le 3i decembre dernier, vieux sfjle. II fit ses etudes a Pars, an college d'lnvilie , en qualite de boursier, et i! eii devint depuis principal. Nomire professeur au college app? 1^ alors du Cardinal Lemolne^ Lhomond jll^erromp■t sa licence oii il se distinguoit , et.desce mome t , ilse consacra a I'eduratiou des cnfans dans les classes inferieures , sans avoir jamais voulu accep- ter les classes superieures qui lui furent offertes plus

Kolice sur CltarUs-Franccis thomoni. 36 S tVunc foi^. Un gout cl^cid^ ratlarhoit de prcTc'rence au.x plus jeunes enlans, dont I'txlucaliun I'a coiis- tiiiiaaient occupi^ pendant plus de 20 ans qu'il pro- fess:!. Ce gout I'a suivi jus;!ue dans sa retraite dont il a charra6 les loisirs par la composition de diflerens o'jvrages destines parliculierement a rinstruction de la jeunesse , et qui lui valurent une gratification do l*avant-djrniere asseinbiee dii clerg6 , sans qu'il Teut rechercliee, et menie sans qu'il sut (pi'ou la soUi- citoitensa faveur. Simple et modeste dans ses mceurs et dans ses jnanieres , LLoraond se refusa toujours aux benefices et aux digait^secclesiastiques.Ses (^xrits, dont voici le catalogue^ prouvent dans I'auleur un jagement excellent reuni a une piete solide.

1°. De vLris lUuslrUjus urbls Jtomce-^ in-aj. II y en a eu 5 editions.

2°.Elemens de la Grammaire latiiLe^ in-12,. J'en al vu une neuvi^ine Edition.

3°. ELcinens (tela Gramtnaire francalse , in-12. II J en a euaussi 9 editions.

4°. Epitome Historice nacres, in-12, cinq <5dit'ions. 5°. JDoctririe chrcUerme ^ iu-12, Irois Editions. 6". Abr6ge de Plustoire de ViglLse , in-12 , deux ('dilions.

7". Histolreabregde de La lieligion. Paris 17(^1 , in-12. C'e-t la premiere edition.

Ces diffcrens ouvrages ^lemenlaires ont paru svc- cessivement depuis 1780. La multitude d'^ditions que Ton en a faites , en prouveroit seule i'utjUi<^^ lis se trouv^ent tons ^ Paris, chez Colas, libraire , place Sorbonne.

St. L***.

A K C II M O L O G I E.

jRappo R T an no in ties co mites (VlnstmctLom pubUq.ue et des Finances , reunis , sur Ceta- hlissemeni du Mtiscum national des An- tiques; par Rabaut , depute da departcnient du Garden La Convention, iiationate ^ daas i a seance du so prairiai.

J^E savant Barlhelemy a torniine sa glorleuse car- riere an moment oii vous venlez de recompenscr S6S travaux et de siibvenir aux besoins de sa viei!!esse. Cet hom-.me ce'.ebre dans la Eepublique des lettres par plusieurs ouvrages sur lesantiqiiites, sur-tout par son Voyage d^ Aaacharsis ^ est mort a quatrc-vingts ans , emportant avec Ini I'eslime des bommes vertueux: et les regrets des gens de lettres. Vous avez rendu im hommage solerr.nel a sa memoire, et paje a ses travanx un tribut de reconnoissance , en renvovant an comite d'instrwction publique la demande de notre coUegue Dussaulx, relative au neveu de ce littera- teur illustre.

Le comite, qui s'c'toit deja occupe du vide que la mort du savant Enrthelemj a laiss^ dans la partle des antiquit^s, croit ne pouvoir m eux honorei sa memoire qu'en vous proposant d'ntiliser I'int^ressant d^poL confie a sa sur/eillance, et qu'il avoit aug- mentc par ses soins et illustre par ses dc^couvertes. Votre comite d'instruction va vous en presenter les moyens.

Un de ses membrcs a ete cliarg^ de vous faire

Museum des Antiques. ' 'S^)f

wn rapport sur retablissement d'un Musdum des art- tiques 5 ce rapport vous serasoumis quar.d vousaurez termini la discussion des grands objets qui vous oc ciipent.

Nous v6us proposon.^seulemenl aujourd'hui de pre- . parcT G^'tte institution, en etahlissant un pioltssiHir pour classer, ctiquctcr, decrire et demoutrer ces fuo- luiniens. Volis aurez ainsi , pour le irjoment oii la nation joniia da r.>pos que vous lui preparez ^ une science toute prete , une co!l< ction reduite ei* sj-steme ; et les monumens de tons les siecles , recueiliis et classes coniaie dans un tableau , preser)teront a TutMl , a i'e.'-prit, a la memoire , a I'iDiagination , a i'indus- tric, les invenlions que les savans et les voyageurs aiijont pu rc'cueillir chez tous les peuples et dans tous les siecle?.

La science de I'antiquit^ est absolument abandon- nee en France depuis I'aneantissement de la sociele litleraire qui en faisoit son unique occupation : et il ne faut pasqu'onait a vous reprochcr d'avoir laiss6 perir une seul?. connoissance.

Celle des antiques est d'ailleurs Ires-importante 5 on lui doit le bon ^out dans tons les arlsqui dependent du dcssin , et personne n'ignore le parti que I'An- gleltrre a su tirer de ses vases etrusques pour le per- feciionnement de ses manufactures et I'accroissement de ses revenus. Sans la connoissance de I'antiquite, le peintre , leslatuaire , I'arliste dramaliquo , riiomme de leltres , le savant, rhumme d'etat ineme,coni- ineltroient chaque jour des fautes de costinne , des anacLronismes quidcslionoreroient leurs produclion^i3

3')8 Archccologie.

queUjuVstimablesqu'elles fussentd'ailleursi sans cette (rfude ^explication des auteurs anciens seroit im- possible. Les monuniens nous pr^sentent le stjie des differento5 Opaques 5 ils nous instrnisent , en parlant aux jeux, des usages civils , religieux et railitaires de tous les peuples 5 enfin ils sont n<^cessaires a PHis- loire , dont ils c^clairent la niarche , jrcctifient les t'lreurs et prouvent les assertions.

Ce sera done rendre iin service important aux arts, aux sciences et aux leltres , que d\»xposer au public la colieclion des antiques, qui, a Texceptipn desme- dailles et des pierres gravees releguee dans des es- ]3eces de magasins ou de greniers , est actuellement sans utilite, et se trouve dispersee sans ordre aux Augustins 5 a Nesle , a Sciinte-Genevieve , a la salle d'arraes de Clianliily , au garde-meuble national et ^u depot qui est a la bibiiotlieque. Celie collection, niise en ordre , sera une des plus belles de I'Europe. Franrois pre^rier ia commeuca , les M^dicis, le car- dinal Mazaria, plusieurs savans, divers cabinets , en particulier celui de Gajlus, I'ont enrichie. Depuis peu , les collections acadtiniques, ce qui s'est trouv^ dans les e^tilises , ce qu'ont laiss6 les ^migr^s , a rendil cette collection plus nombreuse ; et il est k pr^voir qu'elle s'enrichira de ce qui existe chez plusieurs particuliers , dans les dc'partemens , qui ^ lorsque cetld collection sera devenue une ccoie nationale , s'em- presseront 5 lui en porter le trJbut.

Get ^fablissement, digne d'une nation amis des sciences et des arts , rivalihera un jour avec ies plus bi^aiix qui existent dans ce genre. Eckel a yiennz ,

Heyne

r,a;,r d^J

Larynx mf des Oiseaiix

tna^ Incirdl.^ p.'33g .ri. U

^^ d.l Larynx mi', des Oiscaiw

Museum da Antiques. 3'jg

Heviie a Gotlingue, Ernesti a Leipsick , dc^^inontrent ou out demonlie celte science avec succes : le c^- lebre Oberliii depuis treute ans I'enseigne avec (clat a Strasbourg, et y aUire une mullilude d'ctra.-!gers qui contribuent a son opulence.

Get etablissement manque sans doule i Paris; et lorsque cette s ience , qu'un homme instruit regards comma necessaire , y sera enseign^e, el!e confri- buera a multiplier le nombre dcs etrangers qui , apres la revolution, attires par 'a beautede noire climat, par les iois sages qui feront le bonheur d'un peuple libre , par les sciences qui y seront enseignees , vien- dront nous visiter ; et qui, devenus les amis d'ua peuple Lospitalier, ami des arts et de la liberte,y fixeront leur demeurc, et nous apporieront le tribut de leurs lumieres et de leur industrie.

Le respect ^;u au grand age et aux talens de Bar- tbelemy avoit empeche jus:[u'ici voire coniitc de le charger d'un travail ibrt au-dessus de ses forces phv- siques-, ou de le confier a d'autres savans. Voici le moment decomraencerrexecutiondece grand desscin. L'augmenlation de frais sera legere ; les avantages pour les progrcs de PinslruLtion seront si grands , que nous n'avous pas liesit^ a vous proposer cet (IJtablissemeut.

L'Aiclurologie, ou la science de I'anfquite , se par- tage en differeutes classes, dont cliacune suHiroit pour occuper la vie er.tiere d'un bomme laborieux. Elle reuferme les inscriptions, les diplomes, les statues le.- bas-reliefs , les pierros gravees , les peintures , les mosa\|ues, les madaillcs , les inslrumeus civilsj

Tonic IL A a

3/0 Archazologie.

religleiix et milltalres. Joignons a la connolssanca matcrielle de ces objels celle des lamuies, dcs dates, de la ^eographie ancieiine , qu'il faut avoir pour parvenfr a une explication cxacte des monumeus , et nous aurons une idee juste de I'immensite de cette diude.

Le conservateur-professeur de la collection des an- tiques sera ciiarge de classer ces divers monuinens , d'en dresser des catalogues, et de les d^crire dans des cours publics.

II traitera de la numisinaiique , de la toreutique, et de la paleo-rapbie j il ensei^nera a expliquer les iiiedailles, a reconnoilre les pierres -gravees , et si decbitlrer les inscriptions et b^s titres.

II traitera de I'art cbez les anciens ; il tracera soui histoire 5 il fera connoitre le gout et le style des differens peuples , et appliquera ces connoissances a celles de I'art cbez les modernes.

II expliquera paries monumens les mceurset les usages de tous le:s peuples ; il se transportera avec ses (Sieves dans le monde ancien , et le leur fera par- courir en iijdiquant les monumens qui existent encore, ceux qui ont ete delruits ; s'ils ont ete decrits ou figures ; s'ils sonl in d its , etc.

Le comite d'instruction publique prendra des me- Sures pour que la collection des antiques soit promp- tement expose.e au public. Cbaque morccau portera line eti(|uette qui indiquera Touvrage ou il est figure ou d^crit.

Votre comitu voys pioposQ le projet de decret suivaid ;

Museum des nnt'iqics. 3-1

La convention nalionalc, a'res avoir cnt, ndu le rapport de ses coniites d'mslru;. tion pub.iqUL- et des finances, decrete :

I. Les antiques , telles que les m^dailles , les mon- noies, les bronzes, les inscriptions , les pierrt^s gra- vees , recueillies dans la bibliotlieqnc et dans d'aiitres maisons national-^s, seroiit deposees mclhodiqu :ment et offertes an public dsns des saLes de cet etablisse- nient.

II. II sera nonune , par le comite d'inslrucljon pnblique , un conservateur-professcur et un conserva- tcnr-bibliothdcaire.

III. Le conservateur-jirofesseur se'^a charge de dis- poser la collection d'uiie maniere methodique, et d'enseigner dans des cours publics ct- qui a rapport aux inscriptions, aux medailles et aux pierres gr.i- vccs, I'histoire et les progres de Part ciiez les an- ciens, celle des ma^urs, des costumes et des usages de Tantiquit^.

IV. Le conservateur-l^ibliollijcaire sera charge des dc^'tails bibliograpliiq'jes.

V. Ces deux conservateurs auront cliacun 5ooo 1. de traitement par an.

VI. La commission d'instruction est chargee de. ] 'execution de ce decrel.

VIL Le rapport sera imprim^.

Lc comit6 d'instruciion ])ublique a nomme con- servateur-professeur le citoven Aubin-Lonis Millin, un des r^dacteurs de ce journal , et le cito^eii Bartlieicmv , coiiservateur-bibliolh^caire.

LITTRATURE PERSANE.

Memothes sur diverscs Antiqultes de la Perse , €t sur les MedaUies des rois de la dijaastLG des Sassanides ; saw Is de CHistoire de cette dynastle jtraduiie da persan de MifxKhond j, -par A. J. SiLVESTRE de Sacy ^ de fAcade- mie des Inscriptions et BeUes-Lettres. A Paris, de i'imprimeric nalionale executive clu Louvre _, M. DCC. XCIII, iii-40. 5 de 429 pages, sans Pa- verlissement et la notice sur Mirkhoisd el: sur PEmir A L I - S c H I R , de 16 p. Get on vrage se vend chez D E b u R e , libraire, rue Seipente, ]^^ 6.

X.e Journal des Savans venoit de nnir,et aucun autre de ce genre ne s'impriujoit a Paris, lorsque ces m^moires parurent. C'est pourquoi ils n'ont pas ^t^ annonces , et que pen de personnes les connois- seirthr II est de noire devoir de les tirer de cet es- pece d'oubli qn'ils ne meritent certainement pas.Lns dans les seances de PAcademie des Belles-Lettrcs, en 1787, 1788, 1790 et 1791, ils aurojent eu sans doiite le sort de beaucoup d'autres qui sent rcst^s dans le porte-feuiUe de Isurs auteurs, ce corps litte- raire etant s'lppriiiie , et la suite de son recueil n'aj ant point ete publiee , si le citojen de Sacj n'avoit point pris le parti de les faire imprimer separement.

Ces jnemoires sont au nombre de quatre : le pre- mier concerne les inscriptions et les monumens de iC^akschi-Rouslaiii 3 le second j les iiiscriptioas aral^es

Anliquites de la Terse. SyS

et pcrsanes de Tcbeliel-Mlnar ; le troisieme , Ics m^- dailles des rois de Perse de la dynastie des Sassa- nides, et le qualrieme, icsmonuuiens et les inscrip- tions de Kirmunschah on Bi-Suloiin , dans le Cur- distan. « Le premier , le troisieme el le qvialrienie , » dit Tauleur, n'ont_, pour ainsi dire , qu'iin meme >' ol»;et. Les ir.onumens que j'y explique appar- y> tiennent tons an meme pays, sont ecrits dans la » meme langue ,avec les memes caracterca, et serap- » rapportent a des epoques peu ^loignees I'une de » I'autre, puisqu'ils sont relatifs a drs princes dc la >5 dynastie des Sassanide?. . . . Le memoire qui M tienl la seconde place dans ce recueil , a pour objet plusieurs inscrijitions dont I'epoque est inoius c'loi- y> gnce ; les unesecrites en anciens caracteres arabes , >) remontcnt au quatriemesieclede I'hegire jlesautres, » ecriles enlangue arabe ou p.'rsane , et en caracteres y* modernes , sont du neuvieme siecle de la meme » ere ; les unesetles autresapparliennentades princes 3) inusulmans. Si I'on ne considere que I'ol.jet de ce» 5) inscriplions , Icur age , la langue et le caractere dans ■-) lesquels elles sont ecrites , elles n'oflrent aucun ^5 ra; port avec les menu ,]■ ens qui sont le sujet des » trois auties m^moires ; raais elles se Irouvent gravces >i sur les mines des memes edifices oii se voicnt les « inscriptions expliquees dans le premier menioire , )) et c'est ce qui m'a determine a lour donner place )) dans ce recueil «.

Apres avoir compare et discute, dans le premier memoire , les difTerenlcs copies des inscriptions qui y sont rapport^cs ,16 ciloveu de Sarv donne avec rai-

' A a 3

374 Litleralure persnne.

son la ppf^fcrence icelle qu'apuLliee Niebiihr.Il monfr(^ que ct^s inscriptions grecqucs, gravies sur les ruiues de Naksclii-Roustaiii, ne soiit que la traduction de celles en caracleres inconnus, pres desquelles on les voit placoes. E-1, s lui paroissent de deux genres dVv critiire differens , I'un tres-ap],rochant de la langue Pehlv ie , et I'autre qu'il conjecture appart^-nir a un autre particuliere aux liabitans du Dilera ; mais ricn ne pent ctre certain a cet egard, que le texte des inscriptions grecques. II est parfeitement retab'i par noire auteur qui les explique ensuite de cette nia- niere :

I'-. A. No. 3. « C'est ici la figure du serviteur d'Or- y> musd , du dieu Sapor ^ roi des rois de PIran et 55 du Touran , de la race des dfeux ; fils du serviteur y* d'Orniusd , du dieu Ardescliir , roi des rois de » I'Iran , de la race des dieux j petit-fils du dieu » Babec , roi >i.

2". B. N". 3. i< Cest ici la figure du serviteur d'Or- » musd , c!u dieu Ardescliir , roi des rois de I'Iran; » de la race des di^ux , fils du dieu Babec, roi ».

3". C. N". 3. « Cest ici la figure du dieu Jupi- » t. r ».

Les Grers , qui travestissoient la religion de toi:s les peupies et ramenoient tout a leurs idces, aiuont sans doute mis icj pour Ornuisd, le nom de Jupiter, clivinite etrangeie aux Perses. C'( st la reniarque du tr. ducteur, qi:i I'auroit pu appujer par des exeinples ,encore plus frappaus qu'on ii'en trouve dans la Cjro- pedie da Xcnoplion ; niais revenons aux denx pre- mieres inscriptions. Nulle difif^iculle sans doutCj si dans

Aniiqultes de la Terse. Syj

■^inG traduction qui doit etre scrupuleusement litte- rale, on n'eut pas qualifie S'por, roi de VIraii et du Touran , Ardeschir , ou roi des rois de Vlran , au lieu de Sapor, roi des rois des Arianietis^ et d?s Ana- rlanleiis ^ d'Artaxare _, roi de& rois dc s Arlanieiis^ etc. ^ Jesquels motsse ljse!;t dans hs inscriplions grec- ques. Le savant de Sacj prou\-c tres-bicn que , soiisle iiom d'lran , les ecrivains orientaux compronnent toule I'l'tendue ciu pays qui est renfermee entrd J'Eu- plirate ,le golfe Persique,lc Gihon et I'lndus ; comme ils designentpar le nom de Touran., toute la partie de I'Asie qui est au-dela du Gihon. Seroit-il par la autorise a inst'rer dans sa traduction , les mots /m/z, et Touran r D'ailleurs je pense qu'il a existe un grand peuple sous le nom d'Ariens ou Areiens , d'Araniens et d'Anaritniens , qu'il occupoit dans la haute Asie, au nord de la Perse , tout ce qui etoit conipris entre rinde et la nier Caspienne ; iU'toif maitre de !a Bac- triane ; Zathrausle avoit ete son legislateur (r) ; et c'estvraiserablableraent chez lui que les philosophes Sanianeens SG?\TeuX ■:onnoilre(2).Du moins les Mages de I'Arie ont ete cclebr. s 5 ils ad.reltoicnt pour cause premiere, ou principe actifde I'Univers, le Tout in- telligent (3). Ce peuple ne fut connu des Grecs qu'au temps des conquetes d'Alexandre ; il avoit gtc an- , paravant subjugue |;ar les Pc'rses : voila pourquoi leurs monarques conlinuerent de prendre le titrc dc roi des rois des Arianicns et des Anarianiens. L'Arie,

(i) niod. Sic. L. I. S. 94.

(::) Observ. prel. sur l'£zoiir-vednni. p. 40.

Q^j Diifnasctn. cxc. op. Wolf. Ajieccl, gfaecT. II.

A a 4

3-^6 Liiterdturt persnne,

proprcment dile etolt son " beir.eau , et en conserve encore aujourd'bui le nom dans celui de sa capitale , H/rat,pres de laqu'elle on voil Ics ruines d'un des plus anciens pyrc'es de la haute Asie.

Le cito\en de Sacy nionlreensuite le rapport qu'il y a entre les inscriptions du Naclschi-Roustam et les bas-reliefs cpii les accompagncnt. II trouve dans ceux-oi un tableau allegorique de ['insurrec- tion d'Ardeschir on Artaxerxe contre A rdevan , de ses combats, de sa victoire et de la defaite du prince Arsacide. « L'objet du combat entre ces deux rivaux » est repr^stnte par le diadcme que chacun d'eux » tacbe d'arrr.cber a son r.dversaire ; les combaltans » sont distingues par des caracteres qui indiquent » leur orii^ne, et oui ne pouvo'ent manquer d'etre » facilemeut saisis par les gens du pays , etc ».

Les anciennes inscriptions de TcheheL-Minar ^ I'antique Perse'polis , ne sont point robjet du second memoire, comme on I'a dc^ja dil ; c'est une enigma que I'aut.ur ne pretend pas expliquer; mais il s'at- tache a relever les meprises que des ecrivains ce- iel res an; faites sur les autres monumens ecrits , soit en caracteres cufiques ou ancien arabe , soit en langue arabe ou persane ; les premieres sonlau nombre de trois 5 etilest qnesnon, dansl'ime, de la prise d'ls- palian , en 844" de I'bfgire, ce qui necessite une digression ou Ton admire une connoissance profonde de I'bistoire de I'Orient. Dans le nombre des inscrip- tions de la seconde class:^ , on rcniarqnera celle-ci , en langue persane : « Parmi Irs souvenirs de la Perse, » depuis les siecles deFeridoun, de Dbohak et de

Antiquites de la Terse. ^77

« Djemscnld, en connois-'.ii quelqu'un dontlolrmie » ait ete a I'abri de la destruction , of ciui n'ait point y> ete rcnverse par la main de la foriune ? Le Iror.e « de Salomon ( que la paix repose sur luij n'cloit- y il pas port»' sur les ailcs des veuts le matin ct Ic >• soir ? Ne vois-tn pas cependanl qn'il s'est evanoui » et a ete reduil au neant ? Hcuienx I'hommc qui » marche accoinpfigne de la science et de la justice! » Cultive I'arbrede la vertu , tu mangeras cerlaine- » nement le fruit du parfait conlcntemenl *. . . . Au-dessous on lit , en arabe :

« Ceri a ete ecrit par Ibraliiin - Sultan , ^\s de y> Scbahrohli, en I'annec 826".

L'aufeur de cette inscription fait allusion , sulvaut la remarque du citoyen Sacy , a unc faille rapportee par d'Herbelot , dans sa BibliolUeque orienlale : « Sa- )) lomon , exerrant un jour ses chevaux a la cam- « pngne, et I'heure de la priere du soir elant venue , » il descndit aussilot de son cbeval , et ne voulut « pas permetire que I'on employat ce teras-la ale )) mener a I'ecur'e , noa plus cjue tous Ics aulres ; 3) en sorle qu'il les abandonna comme n'avant plus de )) maffrcs , elant destines pour le service de Dieii. >5 Pour r(^compcnser ce prince de sa lidelile ct de 51 son obeissance, Dieu lui envo a un vent doux ct 3) agr^able , mais fort , qui le porta, depuis cc lemrs- 5) la, par-tout ou il vouloit aller , sans qu'il eutbe- * roin de clicva! «. II est fait anssi mention de cellc faldedans I'Alcoran , sur. 21 v. 8r , el sur. 38. v. 83. Les autrcs inscriptions de cette classc sunt du memc genre ; nous ne rapporterons qu^me partic dc la cin- quiomc J de Tau 881 , cgalemcnt en persaii :

SyS L'lUrature persane.

«... Cliaque feuille d'un arbrisseaii porte I'em- » preinte du visage d'un liomme illustre (dont les » cendres nourrisseut Ics racines ) ; claque portion » de terre que le pied foule , est la cendre d'un roi. » Vis satisfait de ton sort , si tu veux plaire a ton cr^a- » teur, il tournera iin jour un visage de bontc vers » le mortel qui aura embrasse la pratique des bonnes » opuvres ». Voila le caraclereni^laucolique etreflechi des Orientaux , etleur genio seutencieux. Cortes, rlen n'est plus propre a reveiller nos idees sur les vicis- situdes huinaines, que la vue des antiques mines de Perscpolls. Le citojen de Sacj ne s'est point occupe des fcimeux bas-reliefs qu'on y voit encore. Peut-t-tre tasarderons-nous, sur cet objet interessant, quelques conjectures 5 dans un des numeros de ce journal.

Parmi les medailles des rois que ren ferment les collections pubiiques et les cabinets des curieux , il en est une classe que les autiquaires ont cru devoir range-- a la suite des mc^dailles des Parllies , et attri- i)uer aux rois de Perse de la djnastie des Sassanides, mais sur laquelle neanraoins ils n'ont eu jusqu'a ce jour que des conjectures. Le citoj^en de Sacj les change en certitude, par la comparaison qu'il a faite des carac- leres des legendes de ces medailles , avec ceux des inscriptions deNakscbi-Roustain.Cet heureux rappro- chement offre des discussions pleines de sagacil^ y mais qui ne sont gucre susceptibles d'analjse. II faut done que nous passions de ce troisieme memoire , au quatrieme fiur les monuraens de Kirmonschah , ville du Curdistan , sur la route des caravanes qui se rendent de Bagdad a Hamadau , et -eituc^e a une lieue d'une monlagne exlremement

Ant'iquites de la Ferse. 079

hiule et tics - escarpee , connue sous Ic nom de Bi-Sutonn.

C'est au pied de cette montagne que se Irouvc un ancien monument que les gens du paj's apj.elent 2ak/it-Rustam. II consi<te endessalles taillees clans le roc vif , en forme de portic|ue , sur les murai'.lcs desquolles on voil des bas-reliefs dont les figures , la plupart colossoles , soiit tres-faciles a reconnoitre. II S' roit trop long d\'n donner ici une descri['tiuii detaillc^e. EUe resulle de la comparaison que le Cit. de Sacj fait avec beaucoup de soin et di^ disccme- ment des trois lelat.ons d'Otier, d'Emmanuel de St- Albert, et de i'abbe de Beaucliamps. Quelques savans, entr'aulres le p^^ographe Danville, avoient ete tentes de rapporJer ce monument au temps de Semiramis. Noire judicjeux auleur est porte an con- traire a en meltre I'epor-ue a celle de la dvnastie des Sassanides. II en donnc d'abord pour rai?on , la tra- dition du pays , qui attribiie plusieurs de ces uionu- mens a Khosroes Parviz , des inductions fortes qu'il tire de plusieurs passages d'auteurs persans, enlin des inscriptions qu'il public d'apres la copie de I'abho de Beaucliainps. II y a reconnu les caracleres et la langued^s inscriptions de Naksclii-Roustara , et des me lailles des Sassanides. LVxplication en est snivie de discussions gvammalicales et historiques qui font infinimen d' onneur a la penetration et au savoir da cilovcn de S.icj. Ces qualitrs de I'esprit , sans la reu- nion desquelles on ne pent faire un bou onvra'^e , -.c trouvent ; ar-touldans lelnide ce jeuneet laborieux ccrivain. Elies void meme juscpa'a txciler noire admi-

38o Litteratiire persane,

ration, quelqiies efTorts que nous fassjons pour nous en garantir. Nous crojy'ons que tout lecteur instrult partagera ce sentiment, et apercevra sans peine, dans ces qualre meinoires , Taurore d'un savant du premier ordre. Puisse sa modestie nous pardonntr cettc annonce consolante pour les amis des letires, accabies des pertes successives que celles - ci out cprouv^es en France.

La traduction de I'liisloire des Perses de la dv- nastie des Sassanides remplit pres de la moitie de ce volume. C'est un vrai present pour la litterature. Nous ne connoissions auparavaut Mirkliond que par des extraits infideles et informes qu'on trouve a la suite du voyage de Teixeira. L'ouvrage de cet liis- torien tres-cclebre dans I'Orient, qui est ecrit en langue persane, a pour titre leJardin'de la purcUj ou Histoire des prophetes , des rois et des ki-.alifes, et se trouve dlvise en neuf parties, I'introduction et I'appendix y etant compris. II ecrivoit a la fin du neuvierae siecle de I'hegire , c'est-a-dire , au com- mencement du quinzieme de notre ere. Un style sec', pen nalurel et surcharge de m^'laphores , des recils exagercs ou fabuleux, des details oiseux , stcriles et frivoles, point de deve.'oppement et de suite dans la narration des fails , pen de portraits bien traces , et beaucoup de maximes triviales ; voila ccqui carac- terise tous jes bisloriers orientaux, arabes et persans, et en particuiier Mirkliond. Neannioins, pour ceux qui voudront oubiier quelques inslans les grands ecii- vains de la Grece et de Rome, et desireront con- noitre I'esprit et les moeurs des grandes nations d&

Anliquiics de la Persi.~ 3^T

I'Asie, ils ne peuvent se dispenser de lire les pre- miers liisloriens c[ue iiousvenons de iiommer. En con- sequence il seroir fort utile d'en traduira les princi- paiix; et nous iuvilons le citojen de Sacy d'achevcr sa traduction de Mirkliond. EUe est bien ccrite et represcnte fidelement I'original. L'auteur en rend menie toutes les expr.'ssions m^taplioriques ; par exemple, il y est dit qaie tousles rois s'empressereut d'envoyer cles pr^sens a Ardescliir, et « qu'ils cei- » gnirent laccinture dela soumission etde la d^pen- » dance , suspendirent a leurs oreillcs I'anneau de 5) la servitude et de Pesclavage , et jelerent sur leurs*

» epauies le havnois de I'obeissance que

» Barham arracba, jusqu'aux racines, Varbre de la

» violence et'de la tyrannie, et planta Varbrisseato

y> de la justice , etc. » . . . Parmi les exagerations

de MirkhondjOu peutrcmarquer celle-ci : « Au temps

» de Nouschirvan le souverain de la Cliine babitoit

.3) un palais pave de perles et de pierreries, dans lequel

M etoicnt deux ruisseaux qui arrosoient dcs arbres de

» camphre et d'aloi'S , dont Fodeur se r^pandoit a

» deux paransages a la ronde ; il avoit dans soubaretu

y> niilie femmes, toutes lilies de rois, etc. » . . .

Mirkliond parle encore d'une filb haute de sept coli-

dees, et dont les paupieres dcsceiidoienl juscpi'a ses

joues , envoyee des Indes a Nousd<irvan. Ce fut sous

son re<:ne que la ccnuoissance dii jeu d'eebecs vint

du menii^ p^}'"^ 7 t?u Perse. Si I'etrange anecdote de

la ra:s5ance de Schapour n'eloit pas trop lougue ,

elle luerileroit d'rire rappoitce ici ; niais finissoiis

>ar la iiia.\iiiie d'un autic priucc do ce noiu : « L^

3o2 Litterature per sane.

» mccl-anceta est iiatiirelle a tous les liommes, et * nul ii'en est exempt. Lorsque riioiiinie s'cn rend y> maltre et parvient a la vainrre, elle demeure ca- y> cli(^e ; mais si elle se rend maitresse de I'liommej 5^ alors elle paroit au-dehors ».

LITTEE.ATURE LATIN E.

HiERONYMi de Bosch Canneii de j^qaalltate hominum , c'cst-a-dire , Pocine sur l^Egallte des /lommes , par Jerome de Bosch. Am..t;ndam , cliez Pierre den Heiigst , 1798 , iii-4.0 de 80 pages.

VvE poeme plililosophique est partage en deux livres , dont nous allons presenter d'abord I'analvse sommaire.

^ Llvre premier ( de 664 vers )

Le poete , apres une invocation a Astrce et a la Sagesse, peint I'ecaljte d^ iV\?:e priraitif de ce siecle d'or , si vante dans 'a f.ib'e , ct qui , pour notre malbeur , est aujourd'hui si loin de nous. Laissant ensui'e le domaine d?s iiciions, il annonce qu'il va prendre la nalur^ , la veritc^ , la raison pour guides : I'ofateur roinaia , dont il fait un pompeux eloge , avoit parle leur langage avant lui,dans son Traits des Lois.

L'tgaliie des homines eclate dans leur commune origlne et dans la maniiTe uniforme dont ils sont in- troduits sur la scene de la vie j dans ces facuUes pre-

Tol'me sur rcgallte. 28J

Cieuses qui leur sont communes a Ions , savoir , le don de la parole, celui de la raison, ceiui des sens ex- ternes et inti-rnes, dans leur commune fragility, dans la necessite de mourir, impost'e a tons. Cependant aucun objet dans la nature ne ressenible parfa tement a un autre. Les liommes different entr'eux par leur caractere, leurs moeurs, leur constitution phjsique , leur temperament plus on moins vigoureux , plus oa moins loible, leur application, leur prudence , leur instruction. Ceux-la sont doublcment digncs d'elogcs, qui embellisseut par la vertu leurs qualites Jntel- lectuelles.

Quoique les facultes physiques et morales soienf inegalement reparties entre les hommes , la culture des sciences et des arts les rapproclie par une g^ne-» reuse emulation. La vertu est a la port6e de tous , attendu que la nature a grave dans le coeur de tous urt sentiment exquis du bon ct du beau ; ce sentiment^ riuanc6 a Pintini , porte dans tous le m^ir.e cachet , celui d'une lumiere et d'une force divines. Mais il se degrade et s'eteint par la mauvaise education ; cc qui engage I'auteur k rechercher Porigine du mal moral et celle des calamites qu'il a trainees asa suite. Pour cet efiet , il decrit les commencemens de la so- ciety humaiae. La simplicite et la bonne foi furent son premier apanage ; mais le regne de ces vertus fut: de trop courtc duree , et , a mesure qu'elles s'eclip- serent, des ;' aux inno r.brables fondirentsurle genre humain. Les desordres actuels de Petal social deri- vent de < ette source. Une reconnoissance sans borncs est due a ccvix qui s'appliqueiU a les j-epajier. ^iusi la

o'-Ji ^'' Litteratnre latine.

societe civile a pris la place de la soclele natarelle. Les loix seuks peuvent dcvenir le mainlien de ce nouvcl crdrc de clioses. Malheurs de I'iinarcliie.

L'uiiivers entier ne subsisle riu'aii nKryeii de Tordre et des lois destinees a le regler. Les loix doivent etre simples , claires , fondees siir la raison et sur la nature. Demeiice de ceux qui les meconnoissent.

Les hommes ont un besoiii indispensable les mis des aiitres. Image des rapports sociaux dans les abeiiles. L'inegalite des conditions n'exclut per- sonne de la sagesse , c!e la v^rlu , ni du bonlieur, fruit de I'une et de I'autre. Les dons de la fortune niet- tent aussi de I'in^galile parmi les bommes. Le comble de I'opprobre seroit de vendre a ce prix sa liberie.

Tableau liideux de Fes lavage. Mais une su- bordination Icgilime , dans I'etat civil aus.^i bien que dans I'etat doniestique, n'est pas incompatible avec la liherte. L'liomme libre est esclave des loix.. De- voirs respectifs des superieurs et des infc'riears.

Censure des maitres insolens , iniques ^ oppres- seurs. Les Grecs et les Roniaius , pour obvier cice d'L^sordre , avoient 6labli des fetes solemnelles , qui ofTroient Timage de I'egalite primitive. Ainsi le ^souvenir ne s'en est jamais efface parmi les bommes.

LU're second ( de 600 vers ).

Le poete, apres une nouvelle invocation a Astr^e, decrit un asile cbampetre et un sanctuaire auguste , liabitt's par la vertu. II d^couvre dans celte enceinte fortunee 1-is vrais principes de I'egcilite, et les devoirs sacres qui en resuitent. La religion recoit ses hom-

niages.

Po'nm s.ur Cei^nlite. 385

ir.ages. Son cnltc , s'il esl nf'ce^snire , n'en est pas moins essenlielleinent iibre. Elle esl le l.ea le j^lns puissatit ds I'etat social, et , an milieu cle riuegalite Desrangs,qiu en est iiiSi'^parable, elle j entretient la I'ralernite d'airections. L'aulorite supreme, d.uis I'etat social, doit resider en un seul on dans qiielmi s-!:ms. Des devoirs dc ceux appeles a ^puveraer. Jusqn'^ quel point il faut supporter de mauvais princes. Tarquin le Superbe , expul e j)ar JBrutu^, ne pent ctrc r^labli par Porsenna. Elat de Rome a cetle ^poque. Lorsqu'il s'eK^vc nn grand proces en ire luie nation et le chef qn'e'le avoit mis a ?a tele, il fant ss donner de garde que d'un cotv^ laliaine , le rossenti- nient , la calo.miie n'imposent an prince c\t-s torts controuves et imaginaires ; de I'antre, que la licence populaire ne foule a ses pieds les regies de la justice. Le pen pie doit ecouter la \oi\; des sages , ct res- pecter les autorites emantes de lui-meaie. ^ Fflicitd d'un peuple docile a ces prt^ceptes. Tableau de I'liarmonie sociale cjui en resulte. Le poefe la com- jDare a c^dle produite par des instnmiens bien accordes, et a ct'lle qui regne autre les corps c lestes. La moyen le plus assure de produire celle liarmonie, est que le cherain des lionnenrs suit egalement ouvert a tous, et que le meriteseul y conduise. La veritable noblesse est purement persoimelle. Celle que nous derivons de nos aVtMix n'est point a nous_, rien n'est plus vain que ses titres et ses decorations. Les Americains out reronuu ces veritos , et ils les ont sanclionuees par leur couslitulion. V(ihix ardeus pour (|ue I'opulencej I'anibition et unc jal«nis3 envio Tofne IL ^ b

386 Li.tterature latlne.

lie trouMent pas ce bonlieur. Consells cle la sagpsse a ct't eiFet. Rien nVst j)!us a craindrc qii'tme hai- neuse difTatnation. Admirahie loi des Perses,poLlr en ('carter l.s dangers. Pour une infinite d'aiities devoirs , il n'esl rien de m.illeur que de livrer les liommes a la droiture de leursens moral. Exemple des Scytlies Nomades. Les lois ne penvent , ni tout prevojr, ni tout prcvenir. La grande versatilite des circjnslances et la mullipli.ile de nos rapports apporteni d'ailleurs des nuances iunorabrabies a nos o'ni;. a;ior!S. Les administrateurs sur-tout ont be- soin de connoitre a fond la nature hmmaine. Cast dans i'^tude de Piiistoire , dans I'experience et dans Tobservation , bien plus que dans des traitcs scientifi- ques, qu'ils puiseront cette connoissance. L'inp-a- titude , pour ne pas tomber sous le ressort des lois, n'en est pas moins un vice des plus odieux. Devoirs respectifs des epoux, des peres, des enfans. En un mot I'obeissance seule aux lois eternelles et Im- prescriptibles de I'ordpe et de I'hairmonie universclle , peut assurer la veritable ^galite , ainsi que le bonheur de tous. Par elle seule le regne d'Astree pourra re- flenrir sur la terre.

Tel est le precis de ce poeme , dont la conception annonca encore plus de courage que I'exccution ds talent. II falloit cependant un talent tres-distiugu^; , et sur-tout trrs-rare aujourd'hui, pour remplir celte tache^ comme I'a fait M. de B. Nous savonscombien I'art est diiTicIle et la critique ais(^e. Ainsi nous ne reprocherous a I'auteur, ni ses liaisons incobereutes j^l ses transitions forcees en plu?ieurs endroits, ni les

Toi'me sur Vcgalite. 3S7

redondances fr^quentes qui Aous out frappt's dans son style , ni le technique de sa versification , qui souvent nous a semble trop sentir le tra\ ail, Un poeme didactique a sur-tout besoin d'etre animo par des images et de> faits. Nous regrettons que M. de B. en ait manque plnsieurs, qui cnlroient absolument dans son sujet, et qui aurolent pu lui fournir des epi^ sodes int^ressans. Oui , nous en voulons sur-tout k M. de B. de n'avolr pas dit un seul mot sur fes Ba- taves, ni au passt^ ni au present, ni a I'avenir. Mais, plutot que de multiplier des reproclips dictes par Peslime meme que nous porfons au c'ar?ictere et aux talens de M. de B., nous allons extraiio de son ouvrage deux on trois morceaux , qui mettront nos lecteurs a portee de lui rendre justice.

Dans l*endroitdu premier livre ou il annonce que, laissant de cole toutes les subtiles disputes des sophistes , il a de preference consult^ Ciceron sur la raatiere qu'il se propose de traiter 3 voici comment il s'exprime : ( v. no 120).

Unus me teuitit j ciijus modn J^iilmin a Ungues ,

JLngeniumqite sagax sliiptiit rnodo libera Roma j

^rpinitm in paliiam me duj:if , meque locat.it

Sub i^eteri fatem JJariance leginine quercus ;

Hie ubi naturcr nionstrat pvimordia Ifgis ;

Hie ubi disseruit , quid mentibus insita nostris

Recta relit ratio j quid coiifirmala requlrat.

TJt data sit nobis , a numine tracta Deo'rum ,

QufP y /aelenda jubens J prn/iibel contraria j ad omrnss

Iinplendiis partes ct nos inritat lioncsti.

Voici quelques vers dt laches du tableau du com*

Bb 2

3g8 Littcratv.re latine.

nieucement de la socicte. ( L. I, v. 867- 874 ).

tV ;•//// in Icvtam p'enerem genus omne animantum , Sk- quoque naius homo sociaJem dcgerc tntam , Vt J nil ardaihs calcai ibus Ictus amorls , Coiijugis ufjlatue sc se piojccil in vlnas ; JJumqlc propagandcejlagrarecupldiaeprclis Ccepis.sct J vitamaue parens curare crealiS j €onsiUo pollens legU loca lata , n.ccrcnt Isci^ejcicegcneri J ne^-e inclenientia cxh.

Uii pea plus has vieiU cs lableau. ( v. Sgi - 401. )

Cernimus innocufr qiutJes in limme pitce Dh-ersinn pueros inter se hidere ladum : In medUs jucunda jocis concordla regnat, JPinglt e t unanhnls Icneras dementia malas. Gaitdla longajorent, longce nisemina culpce Jn teneros animos amor iujccissct hahcndi. Ihmc, simul acplacait puerls les una duohus , ^mbitio placidam depeUit J.ernda paccm , ' Tamque din ignarce pertarbat corda j men tee , Donee amicitice dlsrupit amalile innclum, Fralernosque animos in mutaa prccUa misit.

Wous ne citerons qu\in seul morceau du deuxleme livre. L'auteur parlo du bonlieur donl-il suppose que PAmf rique a joui avant I'arrivee des Europeens. ( V. 319 36o ).

Talis erasjorsan , cum nondum audacter Ibems Vellficatus aquis , largosque cupidine prcedce Captus , inignotaspeneirasset, America , terras , Scque tiocum nondum trlhus adderet orlcm : Anglia rirginice , Canadce cum Gallia nondum Jura daret , nullusque eos ingressus opimos Hostls agros , fmcundco iUeclus muncre gl^bcv :

Tonne sur re;^alhL . 889

Ncc funthns grcmto pretiosa metalla prnfundo j udigcnti cupldis peragrata Peninia naiitis ; Mexico et inv,enlo nondum scnsisset in awo J'l'inicieni latitare tuam , ledasque sub viidis JPionler opes se posse capi Calijorma scuct.

M. de B. a dedit' son poc?me a son ami, M. DanieL TV ytteabach ^ prof'esseur d'histoire , d'antiquitt^s , de litterature aucienne, dVloqueiice el de poesie h Amslerdam. L'amilie de t^^ls liomraes honore la science et les letties (i) 3 leur exemj.le est nn nol>lG aigiiillon pour une jeunesse a vide de la phis belle de toutes les glolres, celle de I'instruction et de la vertn. Helas! ils pleurent encore tons les deux Icnr eleve favori, im de leiirs disciples vraiment etonnant par son genie vaste et prccoco , Pierre KLewland , mort a Leide le 14 novemi)re 1790, ayant a peine atteint la trentieme annee di^ son age. Depuis seize mois 5 il avoit ete appele a remplir dans la ct'lebre universile de cede ville nne chaire de geometrie , de phj^siqne , d'architecture civile et mi!i*aire , d'bj- draulique et d'astronomie. l.e pvofi'ssenr Van Swln^ den , successivemeut son maitre , son ami , son collegne , en a publie , en Ian;::ne liollandaise , nn eloge rempli d'intt'ret. Les miises baiaves , couverles

(i) Nous avons exjiose les pvincipaux litres littcraires de I'un et de I'aiitre dans une note coinmuniquee tl Charles JPougens pour sa traduction du voyage de Forster , et qui s'y trouve dans le deuxicme yoluine. Nous regrettons seul;-- menlque ce litterateur estimable ait mele a cjuelques-unes de nos notices des details qiiilui sont venus d'uue autre mam , el de riuexaclitude destjuels uoui no vuulons pas Olrert-sp'.'u- Babies.

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3go Litter ature la tine.

dedenil, ont jet^ d'autres fleiirs sur sa tombe. Nona nous proposons d'extraire des difftrenles productions necrologiques auxquelles cette perte a donne lieu , une notice biognipliique, qui ser? comme un modeste fleuion atlache a une iniinortelle couronnv^, et nous aimons a croire que les redacteurs du Magaslfl Encij- clopedlque ne nous refuseront pas I'insertion de ce morceau. P. H. Maron.

LITTER ATURE FRANC AISE.

LINVILLE ET FANNY,

NOUVELLE.

JliiNviLLE , abandonne par une maitresse adoree , egare par la plus vive douleur, devint injusteet bi- zarre j il pensa d'abord bien mal de la Irop aimable et perfide Zena, puis de quelqu'aulre feinmejpuis enfin de toutes. Celte injustice s'etendit sur I'huma- nil(^ entiere. Des voyages entrepris dans celle dis- position , le confirinerent dans son erreur. Trop sou- vent les objets qui s'ofFrent a no^ regards prennent la teinte de noire esprit. Un elre beureux qui vojage , voit par- tout des sites romantiques , des cbemius parsemcs'de fleurs , desruisseaux murmurans. Cbaque cabanne est I'asile du bonleur, cbaque villa celui des arts et des plaisirs ; tout a pourlui des foniies agr^abies, c'est la magie du bonheur. Est-il un elre flisez mallieureux pour qu'il i\\ii pas au moinSj

LinvilU et Fanny. ?jr)t

pendant de courts instnns , orne de quelques fleurs la liaiae peiiib'e de ses jours ? Linvillc I'avoit perdue celte erreur delicieuse, il voyageoit pendant I'ete ; li'S campagnes eloient axid&s , les c':cmias couverls 6.3 poussiere^ la thaleur excessive. Dans les cliamj^s , de ma.ieureuK nioissonneurs sea.bloicnt subir dans toute son ^tendue la peine riponreuse portee contr© tous les liommes. La mi tre s'oIBoil par-tout a ses jeux, elle eniouroit sa voiture a chaque relais. Tous; les lleux qu'il parcouroit lui offroient les memes ;:as- sions , les memes vices , I'interet personnel regnant par-toutetanimant desetresquine different en! 'eux qiie par le langage et I'liab llc'renl. Les ruines de ITtalie etoient a ses veux celles du nio!:de , lout doit finir ainsi ; le monument qui s'eleve, n'est separe de> celui qui s'ann^autit , que par un espa; e qui paroit un poiut dans la " succession des temps. Les sciences se perdent , les arts s'oublient , tout se dc'tiuit , et le bonheur aus^i5 ajoutoit Linville en soupirant ! Ls carnaval de Venise lui rappela ces bals de I'Opera^ oil le masque Svfrt de bandeau et de vol'e a I'amour ; il lui rctra';oit cct heureux hiver passe au seiii deg plaisirs, marque par des fetes elsur-tout par le bon- heur d'etre airae. Au milieu d'une foule inconnue et indlfferente , ses jeux clierchoien t avec empresse- ment des traits qui pussent ressembler a ceux de r.nfidelle Ztna , ces traits qu*il fuyoit, qu'il vculoit ha^r, et que tout pelguoit a son souvenir. Prt^s de deux annees s'ecoulerent dans cat exil volonlairc. Le temps, ce reinede infaillible, avoit dimiuue ses regrets saus cependant ics dctruire. Juti^ue de par^

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3-)2 Litterature franqaise.

coiiri'r des lieux ou il n'avoit roiit^, ni les charmes rie I'amilie ni les plaisirs de ranioiir, il se crut gu^ri parce cjiril vouioit revenir dans sa palrie, et la re- . voir sans danger. Ce;tle revoUuion lui fil eprouver iin in>!anl de ]i!aisir; depuis long-temps il ne Ic con- jioissoit plus. Les preparaiirs du voja^^^e^ leretour, la vue de vses parens , .de ses amis , des lieux qui I'avoient vu naifre , lout , dans \es premiers momens, lui fit croire que Is calme se retablissoit dans son ame , et que I'avenir pourroit encore etre agreable ■pour liii ; vricas, ce moment d'ivresse , occasionn^ par la nouveautc dos O' jets , s'evanouit quand le ]ilaL-:ir devieni habitude. Ne avec une ame ardent? , lendre , porteca la melancolie,, une imagination trop active , uiie memoire trop fidele ; il retrouvoit par- tout ks traces de son bonheur et le souvenir du mallieur qui lui avoit succede. II revit Zena ; elle lui fit pcu d'impression ; elle avoit ri de son absence , persifl;'' s:i dou'eur , sa sensiiilil^: ,et donne dans mille travers qni lui avoient aiitant niii dans Pestin e des gens senses , qu'ils avoient altere sa fraicheur et gate ses graces naVves. LinvillenePaimoit plus ; mais il I'avoit aimee. Ce nVloit plus elle qu'il regrettoit, jnais ie sentiment qu'elle lui avoit inspir^. Une mu- sique teudre le faisoit rever tristement. Le lever du soleil , une belle soiree d'ete , ces nuits oii I'astre bril- lant cpii les I'claire, semble favoriser I'amour et n'exister que poi:r lui, renouveloient sa douleur , en lui rap- pelant ses plaisirs , sans lui biisser ineme la consola- tion de les desirer encore , car il meprisoit Zena^et ne pouvoit plus I'aimer.

LinvUU et Fanny. 3-)1

Telles otolent les dispositions de Linvillc , lorsqu'il apprit c[u'utie(lesespareiites,ttabliea Paris depuis son abs.'iice , v etoit dans ce moment , et devoit bientot le quitter pour se rendre dans ses terres. L'honnetete , bien plus cpie le goiit , le condnisirent chez cetle pa- rente, qu'il n'avoit vi'.e qu'iine seule fois, dans \m autre vovage qu'elle avoit fait a Paris, depnis pres de dix ans. II Irouva pres d'elle nne jenne personne qu'elle lui-pr^senta comme sa fille ; il la salua sans y faire grande attention. Fanny n'avoit rien de ce qui fraj)pe an premier abord , elle n'eloit ni tres- grande ni Ires-jolie. Sapl'.ysionomie eloit douce , spi- rituelle et pleine de sensibilile ; mais il fal'oit I'ob- server pour y trouver tout cela. Ses traits n'etoient vraiment agreables que lorsque le plaisir les ani- n.oit et faisoit nailre le plus joli sourire. Dans ce moment 5 s lencieuse et profondement occupee, elle regarda beaucoup Linville, I'ecouta avec attention, mais sans lui parler et sans en etre remarquee.

Madaired'Holcy pria son parent de la voir souvent pendant lepeu d'instans qu'elle avoit encore a passer a la ville; il sV trouva meme engog^ par quelques services qu'il j ourroit lui rendre 'pour des affaires de fwmille. Quelques jours apres il y retourna , et n'y vit point Fanny ; il demanda de ses nonvelles : elle est sortie^ lui dit Madame d'Helcy ; je I'ai engagee, prescpie malgr6 elle , dans une partie agreable. Depuis plusieurs mois son caractere cbance^elle etoit trcs- gaie , elle ne Test plus ; apres avoir beaucoup desire de veniraParis, elle m'a vivement sollicit^e pour le quitter. La campagne, disoit-clle, r^tabliroit sa

3g4 Liltirature francaise.

sant($ ; elle en avoit besoin. Pour lui faire plaisir , j'ai abandonne plug d'nne affaire essentielle; mais depuis queique* jourt ellc ne parle plus de partir, sans en paroitre plus ^^me , plus disposee a s'amuser. Son esprit a perdu de son egalit6 , memc de ses graces ; car , si je ne craignois de vous paroitre un juge trop partial, je pourrois dire qu*elie est reelle- jiiciit aimable. Linville cbangea de conversation , parla d'affaires et sortit* II rencontre lannjr, elle rcntroit avec une amie de sa ni^re. C'est Linville, dit cette derniere, lorsqu'elles furent assises, je n& ie crojois ni de relour de se» voyages , ni gueri de ses erreurs. De ses erreurs ! reprit madame d'Helcy d'un air m^content. Peut-on donner ce noni a I'atta- cliement le plus vif , le plus vrai , a la conduite \a plus discrete et la plus honnete? Linville a pu aimer avec trop d'abandon, il a pu etre trompe, trahi ^ mais il eit incapable d'une erreur , et moinsejacore d'un mau- vais precede. L'arnie ne c^da pas , et la discussion iut longue. Fannj- purut Tecouter avec attention , mais sans J prendre d'autre part : un instant apies elle aortit , sans en paroitre plus gaie ou plus triste.

Avec une figure tres-franche , personne ne I'etoit xnoins que Fanny ; on lisolt sur sa phvsionomie ce qui lui faisoit plaisir, elle ne le disoit jamais. II eloit xnoins facile de saisir \qs nuances du chagrin et de la contrari^le , sur-tout depuis qu'une reverie ha- bituelle etoit devenus son etat naturel. Fanny tou- clioit a sa vingt-troisieme annee , et Fanny n'avoit encore rien aim^ , on le soupconnoit du moins, car daus sa conduite , rien n'en avoit dojine I'indice. Douce

Linv'ilU ft Fr.nny. ^g")

ct gaie dans son enfance , vive , etourdic dans I'a- dulescence. Sa leg^re^o et sa oi^lancolie semhloi'^nt «*etre suivis sans intermediaire , et cela sans motifs apparens , sans alteration de santc : on I'a-cusoit de caprice , de Lizanerie j n.ais pen de teirips suint |jour decouvrir une cause plus singuliere el plu^, dou- loureuse.

Depuis quelques mos oa couroit en foule h cetie piece bizarre et t^jnt cn'tiqn^e , ou I'auteur s'ecartant des regies ordinaires, a peint I'a i our dans tout son ^garement , ou ISina, sans raison et presque sans decence , interesse , emeut , enlraiue les ames sen- sibles _, les etres o ganis^s pour I'amour, et levolte ceuT qui , souiiiet!aut tout a 1' nalj'se de la raison et aux bienseanccs da tht'aire , voier.t seulemfut en elle line inseusi'e , et le delire de I'esprit dout abusa I'au- teur.

Linville , tristc et malheureux , vit Nina. 11 en fut enchant^. Comme elle est intcreisante , disoil-il chez madanie d'Helcy , celte inrortiinet que I'amour 6gare ! quelle fr^pression ! que de sentiment ! la mosique est d'une verile ! d'uue ni^'ar.colic ! . . . Jamais op^ra ne m'a Innt toucb^. ¥anny, trmoin de ses ^loges, demand© k sa ni^re de Vy mcncr, avec une viva- city qu'ell? n'avoit pas I'iiabitude do montrer pour exprimer ses dcsirs. Avec sa teTidre mere ils ^toient satisfaits aussilot qu'iis ^toient connus. On donnoit Nina le lendemain , la parlie s'urt'angea; on y va , ct Linville les ac onipagne. Pendant le spectacle , Fanny , alteniive et silencieusi? , parut nc voir , n'en- leudre que Nina. Au inomant oii cette denii^re dit

5rj6 Li It era tu re J) an ca Use.

a SMI pore : « Vous avez ure fille.... vous In rendrZ bipii heureuse ; sur-tout ne la conlnujez i)as daus le choix de son coBur I ceia fait un iiial ! . . «. A cc mot, dis-je , Fannv lit un cri , loii ba dans inie pro- fohde reverie, et parut ne ]^as entendre le resle de- la piece; elle n'en fit ni I'eloge, ni la crilique,re- pondlt par niODOsyllabes a tont ceqn'on liii dit pen- dint la soiree , et se retira le plulot qn'il liii fm pos-^ si.ble. Les jours suivans , il faiiui I'arracher de son appartement , r-lle \\'e\\ voiiloit plus sortir ; elle inontra de riiumeur, de I'impatience, tint des }}ropos sans suite et souvent inintelli^Aibles ; sa table, son secre- taire etoient converts deceltefoule d'historiettes anx- qeelles Nii a servoit de modele. Elle paroissoit les lire avec cette avidite, cet empressement q-i'on a ponr lesohjets qui frappent fortement. On ne ponvoit Ten dislraire, elle les repetoit de menjoire , lorsc n'on les otoit de des^ons ses yeiix , on sembloit ne s'oc- Cuperderien. Enfin qninze jours snffirent pour assurer la triste madame d'Helcy , que sa fille avoit aussi tolalement perdu la raison que Nina, et qn'il seroit niohis aise de la lui rendre.

L'c'garement de Fanny , la douleur de sa mere firent siir Linville nne impression- proportionnee a la vive sensibililc doni le ciel I'avoit ponrvu. La si- tuation de sen arae en angmentoit la force , et il sV- loimoit quelquefois que cet ev-enenient ent pu ajouler tant de trislesse a scs douloureuses reflexions.

Madame d'Helcy , ne vonlant ni conlrarier sa fille , ni lui faire essaycr ces remedcs inrertains et fati^ans qui aug'.ucnlcnt Ic mal au lieu de le diminuer , piil ie

LinvllU el Fvmy. 3 jj

parti de retourner a la campagne , et de tout attcndra dii temps et de la nature. Elld chargca Linvitle d'une idFaire qui exi^eoit des soins , le pria de la terminer, el de venir ensuile a sa tene. Pouvoit-il cxistcr un instant ou son aniitle Ini fuf plus necessaire ? il pro- init d3 se trouvjr le lendemain au moment du de- part. Il n'avoit point vu Tannj depuis le commen- cement de sa maladie. Avec quel inter^t ses jeiix se fixerer.t sur les siens qui paroissoient a peine Tapercevolr ! il ne Tavoil jamais trouvee si jolie : sa parure en desordre , son air egare , mais pourtant doux et sensible , lui firent ^prouver pour la premiere fois une emotion qu'elle ne lui avoit jamais faile. II reit^ra iimadame d'/jelcy la promesse de se rendre pres d'elle le plulot qu'il lui seroit possible. Fannj', dans ce moment, montoit dans la voiture ; elle s'arr^ta, porta sur sa mere et sur Linville des regards in- quiets et surpris : « II viendra, dit-elle. . . lui. . . pourquoi ? . . Qui esl-il? On n'aime pas les mallieu- reu?i , il aie viendra pas . . ». Madame d'Helcj disoit adieu a Linville et I'einbrassoit en pleurant.<t Vous pleurez, dit Fanny en joignant les mains ; vous fait- il du chagrin ? . . Ah! si vous saviez. . . si jepouvois dire. . . Mais non . . ». Illle s'arrela , rt^^rit son air sombre, et ne parla plus jusqu'a son arrivt'-e a Helcv. Gettemaisou , sitnee tians un endroit solitaire, etoit tenue avec soin. Une des ailes du chateau se pro- longeoit jusque vers un bois dont les premiers arbres touchoient presque aux fenetres du cabinet qui la terminoit ; cela donno't a cjt appartemont un air de retraite et de mclanculie, quo sa decoration au<^-

S-iS Littc'rature Jrnncaise.

jnentoit enrore. C'^to; t un salon d'etude ; on y trouvoit une bibliotheque , les busies en marbre des homines ics plus c^l^bres de la Grece et de Rome ; quelques tableaux repr^sentant les d(^saslres de la nature , des globes 5 des cartes geograpbiques, tels t^toient les or- nemensde ce salon. C'est la que Fanny vola en descen- €ant de voiture , et elle declara qu'elie a'en vouloit plus sortir. Les repr(fsi ntations Taigrirtnt, les prieres la trouverent inllexible, et il fa lut avoir pourcelte manie la condescendancequ'on avoit pour tant d'au- tres. Pendant plusleurs mois, elle y meua co';stam- ment la meme vie ; elle n'en de endoit pas I'enlree ; a. quelque hetire du jour qu'on Vy surprit, on la trou- voit a la meme place , le meme livre sous ses yeux , ouvert au meme feuillet. Quelquefois elle ecrivoit ; on trouva de ses billets, ils etoient sans suite, lea idees en Etoient tendres, tristes, mais sans objct de- termine ; on n'en pu tirer aucune luraiere sur ia cause de sa maladie et ses singuliers »ffets. \

La situation deFannj, sombre et mc'lancolique, in a is en apparen.e calme et tranquille, donaoit a. madame d'Helcj'^ I'espoir de lui voir recouvrer un jour ses cbarmes et sa raison 5elle s'en applaudissoit avec une amie ; Fanny etoit pr^-; d'elle , et sembloit , h son ordinaire , ne rien voir, ne rien entendre. On remet une lettre k niadame d'Helcj, elle est d^ Lin- ville. II annoncela fin et Pheureux succes des affaires qu'on lui avoit confiees , il vient en reudre compte, il sera a Helcy presqu'aussitot que son epitre. L'air le plus anime prit , sur le visage de Fanny , la place de son. abattement habituel 5 elle se levca ay'ec pr^*

Linvilie et Finny. S^g

cipltallon, fixa sur la lettre de Linvilie des regards ag!i(5s , ;)iiis levant Ics jeux an ciel , e!Ie dit du Ion le ( lus loucljant : « Mon Disu que je soufTre; raamanj » cachez moi. . . qtron ne me voie pointy ne ni'ex- ji po^ez pas a des rejiards qui me feroient mourir », Madame d'Helcj Fassura qu'elle ne verroit et ne seroit vue que des personnes qui ne pourroient pas la g^ner ; elle atttibua c tte vive Amotion a I'idee de son elat , et a la sorte de honie qu'elle resse:;loit dVn avoir un t'traKger pour t^moin.

L'agitalion de Fanny ne se calma point. Pendant la soiree, elle parut meme augraenter, et sa mere la quitta a regret pour recevoir Linvi!I(\ Elle lui par!a de ses chagrins ; il parut s'y interesser vivement ; niais uialgre la confiance et ramitic qui remjlirent cetle soiree ^ elle leur parut longue et bien triste. Ce ne fat qu'au bout de deux jours que Fa uix' con- sentit a voir Linvilie ; son nom la faisolt rougir, sa presence I'embarassa et parut lui ^tre penible ; raais peu-a-peu elle sembla s'y accoutumer, et ledemanda meme qudlquefois. Dans ces moraens, Fanny agit^e, ^niue , paroissoit vouloir confier quelques secrets a Linvilie; elle le regardoit d'un air liinide,le pr^- paroit a I'ecouler , lui demandoit de I'atlention et c:e la discretion; puis, parolssant s'arreter avec effort, elle s'eioi,unoit , f^s yeux se rempli.^soient de larmes , et elle le conjuroit de la quitter, de la Liisier h elle- meme.

De semblables scenes souvent rep^t(''es, faisoirnt sur Linvilie une iir.press'on que cbaciue jouraugincn- toil 3 il ne pouvoit se ivndre compte de I'espjce d'io-

400 Litte'ratiire frnncaise.

UVet que Fannj avoit fait naitie clans son ame;il crut loiig-tcmps qu'il ii'etoit ( xcite que par la pitie ; niais les traits de Fannj^ lui I'loienl tou'ours presens ^ il souflroit par-tout ou ii ne la voyoit pas. Dans ce cabinet solitaire oi!i souvent lis passo'ent des heures saus so parier, il oublioit ses nialhours, ses resolu- tions, ses projets , il oublioit juscju'a Zeiia, Fannj avoit tout cliango pour lui. Combieii il se reprochoit d'aimer un elve qui ne pouvoit r;'^pondre a sa teu- dresse 1 il en accusoit sa bizarre deslinee , il vouloit partir, ne ]a revoir jamais. . . Mais quitter inadaine d'Hclcy , TabaiKlonner a sa douleur , il j auroit de I'ingratitude, et il ne pourroit s'j deter ininer.

Apres plus de six semaines ae trouble et d'inquie- tude, celte situation devint si penibie pour Linville , que ne se sentantplus la force de la supporter, il pre- texta des affaires , et fixa le jour de son d^^'parr. On le dit a Fanny, ?ans trop de precaution, et cette nouvelle parut I'agiter plus que la surprendre. La veille de ce jour qui devoit separer, peut-etre pour jamais, doux etr^ s aussi interessausque malheureux , jFannj parut plus triste et plus sombre qu'elle ne I'a- voit jamais ete. Ses reveries avoient Pair de porter sur nn or. jet qui I'orcupoit foricment et ne I'aban- donnoit pas. Vers le soir, elle prit un air plus serein pour demander a Linville , s'il comptoit lui dire adieu le lendemain : il repondil que c'etoit son pro- jet ; n'j manquez pns , hii dit-el!e , je veux vous parier a vons seuJement j vous le ^ oulezbieii , ajoufa- t-elle , en jelan! sur sa mere un regard crainlif et timide. Apres un geste d'apprcbaiion de madame

d'ZIelcj ,

Lhiv'dle et Faiivy. 40,

tVlTc'lcy , Fnnnv reprlt; Eh l)icn ! clone, deniain ii clix hemes : laissez-moi a pr(''sciit , j'al bcsoin d'etre sen If.

Liiiville se rendita I'heure conveiuie dans I'appar- Xemvnt de Fann v ; son air abailu , ?a parure simple et neghgee, im regard incertain ou un rtste d'ega- remeiit se faisoit a peine remarqner, I'id^e qu'il la vovoif ponr la dernit-re fois, tout contribnolt a dmou- voir Lfuville. Fann.- ferma laporteavec I'airdu plus giand mystere, puis s'approchant de Linville, la rougeur sur le front, mi cahier a la rriciin, e!le le pria de le hre la , a Tinstant , mais sans la regarder sans lui parler, sans dire un mo!; elle exigca sa parole^ qu'il donna; puis, le faisant asseoir sur un fanteuil, a demi tourne vers elle , elle lui donna lo papier qu'elle tenoit,en le priant encore de le par- rourr. Linville surprls et ne sachant que penser puvrit le ca'iier et hit ce qui suit :

« Fanny a Linville.

)>La unit el le silence regncnt surTunivers, tout dorf , tout est tranquille ; moi seule agit^e par mille sentimens pcniblos, je veille ponr la douleur , ct n'exisleqneparrom] red'espoirfiuimereste.Demain, Linville , demain vous parte/ ! Incertaine encore sur ce que je dois espc'rer ou craindre , livrre an doute , a la plus vive incniielude, je vais parler puisqu'il lie m'est plus possible de me taire. Vous devez me ^olr avant voire d(5part, vous me I'aviez promis, (f Get instant, sans doute, d/cidora de mou sort... J'einploie ia unit qui le prck-tjde a tracer ceiecrit,

To/?ie J J. C c

4fi2 Llttcratnrc francahe,

il va declur'n* le voile que depuis long-temps jV^teiicls sur mes seiitimeiis , vous allez me coimoitre ; rendez justice a mon ca^ur, pardcnnez une feiiUe dont le bonheur devoit etre le p'lix , et sur-lout parcourez cet eorit avaul de dire un mo I , do jeter un regard sur Fauuj ».

Linville , t^tonn^de ce preambule ou il voj^oit tant de clioses 5 ou ii crojoit en devirier tant d'aiitres, s'arre.a pour regarder Fani^y , assise pres d'une table, ]a tele appuy6e sur ses mains , caciiant son visage ; elb' ne vit point ce mouveniv-nt , ne cLangea pas d'attitude., ce qui n'p .cla a Linville la promesse qu'il avoit faile 5 et le rainena avec un trouble marque a Tecrit qu'il lenolt.

« Mon caractere a toujoursete une^nig-iie , merae pour cette mere si bonne, si tendre, qui Teiudia long-temps pour me rendre heureuse , et n'v rtussit pas. N6e vive , gaie _, mais plus sensible enrore , mon eufance fut paisiLle , j^arce que cette vive sen.sibi- lite n't'toit pasdeveloppte ; quandl'espoir du b(.n- eur embelUt I'aurore de ma vie, je vis lous les objets sousce point de vue flatleur, dont je matin d'un beau jour etlereveii de la n iure ornent de rians pavr-ages. Cbaque jour, ckaque annee en obscure il i'eclat,et mn course ^loit a peine commenc^e, que d/ja lasse et fafguee, le courage me manquoit pourl'achever.

)^ Jugeantd'apres mon coeur, je cms a I'amour. A la verite je n'en IrouvaJ que I'ombre ; seduite par les apparences , je crus a I'amilie des ferames , j'accordai lamienne, j'aimai sincercment, et je fus trompee , cruellement trompee! Qn m'offiit des liommages ^ils

Lhw'lU et Tminy. ^r.^

enro-ent pu m'rblouir , mals le coeur n'v etolt pour rit n , !a vaniic eu laiMjit uu commerce ; et la mienne, dirigee par cPantres principes , cii m'eclairant sur ie n:otif et le but de ta- t de faussetes, ma s?rvit de sauve-oarrJe , en m'eiilevant encore une erreur qui ni¥.toit y]\hve.

« Ce c|u'oti a, pelle plaisirs dans le monde ; Cv? qui paroit le d/eii de la fonle qui le^; po.irsult, est Lien peu d;; ri;ose a I'cjeil de{roin])e qui ]. s ob^;'rve et n'y prut tror.ver le ciujrme du teu'Jre iuteiet qui en fait tout le prix. QuVst-ce qu'im ba! , une as^embl^iUa soupcr, oil toul est i:idiiTereut , oii on ne desire, oii on n'att.md rieu , oii aucuu regard ue peut porter la trouble et le pialsir dans votre ame, ou I'o.i est tour- a-tour Pobjei de la crit que ou d'elogs tronip^nirs? Je ne vis dans c: tumulte,<iu'un long ennni, ur-e fa- tigante contrajnte. NV plus slier, parut nns singu* larit- ; y porter Tbumeur et ies tristes reflexions qui m'a^.itoient , me firent paroitre aussi deplacce, aussi ennuyeuse que j'y avois i'-^ir ennuvtV. Ma mere, in- quiete pjur ma sanle, Tali nee dc's qupsliojis oisei:ses et des observat oiis mali».v"e>j rvie Ht de te-n.lres re- procbes , de vives inslanres pour lui confier mes peines. Des peines... , lui dis-je , je n'en ai point ; rien ne m'occupe , je ne desire rirn , je-n'ai rien a dire, rien a confier j le monde me deplait et ni'en- nuie , voila tout.

»Quv"lquys affaires exigeoient que M.^ d'Ke'cy se rendita Paris; j'cn teinoignai une Joie qui la decida bien pronq)tement a ce voyage. Les premi.-rs mo^ ir.en^ de mou s6jour y furent agrcables , miile objuLs

C c 2

4^4 LiiUratnre franchise.

iioiivepuxfirent diversion a mes irlees h.^biluelles. d i\d-je ? un es])oii' vague, incerlain, me coiiJuisoit par-tout ; ,1 ue tardoit pas a ni'abandonncr, inais il dounoit du ressort a moii ame , il flattoit le vocu secret de moil ca ur 5 et , toujours trompee, je crojoia tou- joiirs ne plus I'etre. G'est l:i que j' ntandis parler de yous pour la pivmicu-e fois... Jamais ma mere ii'avoit pro; once votre uom devant moi ; awroit-ells craint et prevu la vivc impressior. que vous deviez m^ faire ? J.'aventure cruelle qui ^ous avoit fait quiltrT votre palric, etoit trop rcceule, trop sin^uliere aux jeux d'un nionde frivole , pour n^elre pas rappelee quenid on parloit de vous. Je Penteudis souvent, sans y rien comprendre. On vousblv^moit, on rioil de eel exces de scnsibiiife j on persiffloit I'esprit romanepque et bizarre qui n'avoit pu supporter une iiifldtlite, qui avoit prcfcrti de se taire , de s'c'oirner, au'piaisir piquant de se venger de I'infidele. Cctte'bizarreri^ , donl je trouvois la justiRcaiion dans mon coeur, fut le premier attrait qui me porta vers vous. Les t^logesc'e jTia mere el de tons les gens senses do votre connois- sance en augmeinert-ntla-iorce. Je vous aimai sons vous connoitie. Vous futes un elre ideal , mais clicra mon cceur , auquel se rapporterent toutes mes penst-es. Alors jenVus plus rien a cberciier , et je fuscontente, sans ctre heureuse. La solitude et la retraite devinrent I'objet de mes desirs," parce que je vous y trouvois $ans trouble et sans distractions. Je pressai ma mere de retourner a la campagne, pour etre plus a moi- nierne, c'esl-a-dire , plus a vous. Quand on annoura votre relour, avec quel eiupresseuuni , quelle impa-

Lhwille et Fanny. ^o3

tience j'attenHis le monienl do vous voir ! il nrri^-a sans etro pr^^vii , sans etre annojici. Je troiivai en vous toufes les ])erfertions fjont moii imagiiialioa vous avoit orn^ ; c'eloit le son de voix que je desiiois, ]es regards que je in'etois pejnls cent fois, I'espritqni pouvoit me sedui)-e... Mais \\('\i\s\ jo ne Irouvois point dans raimable Linville celte doncc^ impalience dont je mV'tois flaltc\-. II parut a peine me voir, nj me parla point ; et j*en fus aussi loutliee, quc"*i , repondant tlepuis long-teraps a mon amour, i! eut pour la pre- miere fois cesso de I'eiilendre. Comme je retyreftai a'ors de ne pas posseJer celte beaute frappante qui subjugue an premier coup d'>i-il , cet esprit , ces ^mzes briiianles quiallirent, seduiseat^ei lout naiire I'ainour!

«Desce jour lieureuxet fa{al,}e devinsmalheureuse^ Lien mali.enreuse! Mecontente de vous, de raoi, I'nniversentier,. ce fat en connoissant I'objet de ma tendresse , que je sen lis le tourment de Tamour. Les idees les plus e.vtrr.ordinaires , les projefs les plus bi/arres m'o;cu;;oieut tour-a-tour. Souveui , apres dj longues et faligantes reveries, j'c'tois etonnee et fciciiee de relrouver ma raison 5 cent fois je desirai I'avoir perdue, pour perdre votre souvenir.

»Tel.'e ('t)it ma position, lorsque I'eoge que vous fifes de Ncncij vint m'e:lairer. Le plus singu'ier des pro;ets fut adopte , «'X(^xute , avant d'avoir tte r llechi, calcule : je n\ n vis que le piix ; je m'aveugiai sur tout iereste. Les propos dn public, la douleurd'une more trop Jendre, rinc^fitude du svcces , r"en nii m'arrcta. Inl.Tes-:er Linville , en etro aimee ! . . . . ce boidieur pouvoit-il s'acheler Irop cljsr ?

4 0 6 Liticrature fra n r. ais e :

»La vive impression que N:iia avoit faile sur pla- sieurs jcunes eroonnes , les suites fuiiestes qu'elle avoit eues, et qui, vraies ou fausses, s'etoient repan- dr.es clans le pubii. , me parureni d( s raisoius sndi- sanles ponr doniuruiiair do verity au rnie quej'allois jouer. D'ailieurs la mt'laiKoiie profcnide a laquelle on me vojoit livree depuis long-teraps, rin^ga]it(^ de mon humeur pouvoient paroilre comme ies ayant- coureurs d'une maladie que la represenlatiori de Nina avoit seulemeiitd^veioppc'e. Voussavexk^ resle. Que lie puis-J3 vous peindre Pespece de s'.utiincnt qui m'agita an moment oii , partant pour iielry , je vis vos regards se fixer sur moi , avec cet int^ret, celte sensibilite que la pitie ne donae pas, mais que I'a-* incur seul inspire ?Dans ce premier instant de surprise etdcjoift, J8 fas ssr le point de tout dire, de lout avouer; )Y.ais c'eut ete perdre le fruit da mc!s peines, et ii fallut attendre.

3) A votre arrivee chez ma mere, vous me trouvales dans le mewie ^tat , la maladie n'avoit pas fait de progn\s , n'avoit pas eprouve de dirninuiion ; j'cii reglois Ifes etfcts, et les tenois au md^e point , je crus apercevoir , duns votre conduite avec moi, un interet que vous paroissiez vous reprorher , et dont quelq«e«* fois vous vous dissimulit z la cause. Ramane #ouveat pres de la raalheureuse Fanny , vous aviez Fair de vousy plaire , \o$ r?)',ards peipnoient la teadresse 5 c'etoit a.'-scz pour flatter son espoir, mais pas asscz pour la convaincre. Auijnce quelquefois par la plus douce espiTance, je voulois parler, j'en formois !e projet 3 jc fixois le jour ^ rbeure, le moment 3 il arri-

Linvllle el Fniny. 407

■volt, et je le laissois coulvn- sans rieii dire ; prete k ouvrir la bouclie, je ne voyois plus que de Tiu- ertl- tiidt? , des tiontps allreux, ct Tijistant fatal qui alloit ancantir lout te qui ni'atraclioit a la via.

«Cetle cruelle indecision dtn-oroit encorCjSi jon'avofs ^te forc^e de la surmonter , par la crainte de vous voir eloigner sans retour. Mais, incnpable de parler, de m'expii uer raoi-nieme , j'ai voiilu vous instruire parecrit: j'ai rassemble mes idees 5 vous ventz voir mes sentiiuens, raon amour jConnoissez Ics reso- lutions qu'il m'iuspire.

p)Si la trop malheurcuse Fanny doit renoncer a I'cs- poir d'etre aimt^e de vous, si votre coeur, encore iv Ze-na, se livre au regret de I'avoir perdue, an desir de la rctrc;-ver , si je me suis trompee aux marques incertaines de votre attachement , rendez-moi cefc inutile et funeste ^crit , gardez le silence sur mon er- reur,l'lionneur vonsen impose la loi. OuMIez Fanny, tout est lini pour el!e : i'amour qui I't'-gara pouvoit seul la rendre a la raison , au bonheur , a la socleie 5 en renoncant a lui , elle renonce 3 tout le res'3 ; cette solitude sera son torab?au , un amour mailieureux et sans espoir ne tardera pas a I'y faire descendre. La toiirnure de mon caractere , I'energie qui lui est })ro- pre , la suite que j'ai niise d-uis nn s proj-'^ts , tout doit vous con' ain n'eque ce parti est prisirrevocabbment , et que vous feriez de vains efforis pour m't- n detour- ner. Mais si Linville ne fut pas s?ulement aninie' par la j)itie et la compassion , s'il sut caclier sonsxe voile des s<rntimeus dont on lui pro;net d'ecouter Tavea avec transport 3 si Fann}^ lui est cIutp , s'il I'uime

G 04

^oS littirnture francaise.

autant qu'il en est alme , un regard suffit pour Pf;is- triiire, poar lui (hire oublicr ses peines , ses chagritis, Ci com; lera ses vocmx ».

Linville leve alors sur Fanny des yeiix remplis de lannes el de la plus douce expression ; sesyeux char- mans '(^toient aussi fixes sur les siens ; leurs regards confondus dirent et expliquerent tout 5 ils s'enteudirent sans dire un mot, san> prononcer une parole. Ma- dame. d'Helry fut appelee , instruite ; Linville ne paitit point ; ils furcnt unis, se fixerei\t a Hel?y , et visitercnt souvent le cabinet solitaire ou s't^toit fait rhenr.'ux denouement. Ils le revirent tou jours avec plaisir ; ils furent lieureuxl'un par I'autre, ch^rircnt leur bonheur , et ne crurent pas I'avoir achete trop

PC) E S I E.

La Priere LifiU'erselle.

On connoit la P rid re unu'erselle de Pope. Le lecieur pent so rappel^r la traduction en vers de cet hjmne , par Lefranc de Pompiguan , ecrivain digne de beaucoup d'eslime , mais qui eut le tort et le raal- heurcl'oulra2;er, dans son discours ^Pacademie fran- raii^e , des homraes de lettres et des pbilosopbes dout les talens el les travaux honoroient la France. Vol- taire 5 qui lui avoit pardonn^ le larcin du plan d'Alzire, ne lui pardonna point I'insulte qu'il osoit faire a ceux meme paruii lesquels leurpropre volonto

LaPiicre im'vr.rselle. 409

venoit de le placer. Lefranc de Pompignnn fnl long- temps tounn^- en rirlicule. Voltaire iie til \nAn\ grace a la Iraihutioii dc la Priere univcrsi^'lle. II nrpporte cetle pi^ce dans SL'S a?uvres, voUnnc drsFacelies, et il I'a accoinpagnec d'o'^servalious curieuses. Et sans doiitc riniperfecion de la piece de Lefranc avoit engage Turcot a traduire de nouv'eau cet hymne du poete anglaig. Nous sommrs a«sez heureux pour poll voir ofTrir aux locteurs cede traduction nou coiinue du puLlic, et que nous avbns ecritc de la main nieine de I'auteur. Turgot, comnic on le voit dans les m<'^- moires sur sa vie, par ie citoyenDupont ,cjUivoit ia potsie, en meme teir.ps qu'il se livroil aux etudes dz rhom me d'etat, lantilv ad'accord, disoit Yoltairf? dans ses conseils a an. journallste ^ entre I'csprit de» belles-lettres et celui des afTairVs! Celte Priere universelle de Pope est duo vrais?mblab!einent a Vhijmne de CLcaiitJie. Comme lacomj'araison;ue la piece du poete grec peul elre int('res?anie pour les eixwh de rantic[uite et de la potsie , nous crovorsqu'oii nous saura gre d'v-n presenter aussi una traductio!i en vers, par Bougainville. Tre^peu de persouiies connoissent cclte traduction. On a eu , il y a quelqus temps, beaucoup d'ln-mnes a TEtre-Supreme. Uno ou deux de ces pi'ces peuvent meriter d'e're rappro- cliees de I'byume de C!e uitlio el de celui de Pope. Mais il est asscz sif>gnl'er qu'a cc^tle t'poque, prrsonne jTait son^e aux vers du poelo grec , niaceux du poi'te anglais. IS'ote des redacteurs.

410 Tocsie.

DEO OPTIMO MAXIMO,

Au DiEU TOUT-PUISSANT 3 INFINIMENT BON.

X £HE de tout , o tol qu'en tout temps , en tout lieu ^ Out adore les saints , ]es barbares , les sages ! Sous inille noms divers objet deleurs bommageSj Jeliovah , Jupiter , ou Dieu !

Eire cacW , source de I'elre , Impenetrable Majesle ! A ma foible ruisun toi qui a'as fait connoitre Q'«^e sa foiblesse et sa boutc !

Tu m'as donne dii nioins, dans celte nuiL obscure. Be voir le bien , le mal ; k defense et la loi : Tandis que tes decrets enchainent la nature , Tu m'a^ fait libre eomine toi.

Que tnon coeur dans lui-meme et dans sa propr^ cslime , Trouvant un jugc? austere et jamais corrompu , Redoute moins I'cnfer qu'il n'abhorre le crime; Desire moins le ciel qu'il n'airpe la vertu.

Loin de moi cette erreur impie Qui m^connoit tes dons , qui tremble d'en jouirl Goiiter , cherir les biens dont tu s^mes la vie , C'est payer tes p^^sens , te plaire et t'obeir.

jVIais je ne eroirai point que ta munifi-cence A ce globe ou jerampe ait borne ses effets , Qu'errantautonr de moi dans IVtendue immense^ Mille mondes en vain appellent te* bicnfaits.

Que jamais men orgueil , usurpant ton tonnerre, l^e s'arroge le droit d'eu dirigcr les coups , De lai;cor I'anatheme et de juger la lerre , Jjiterprel^ ignorant d(? ton secret courroux.

LaTriere universeUe. 411

Si je marche dans la justice,

Jtiscfu'au termt' affermis mes pas ; Si mon coeurs'e^ara driiis le.s stnti.TS du vice , Monlre-inoi le cliCTnia ({ue jt; ne connois pas.

Quclt£u«.s biena quVi mes voeiix refuse ta sagessc, Ou que verse sur m>u ta libv-raiite , Du innrmMre insolent preserve ma foiblesse ; Et defends ma raison conlre la vanite.

Si tu m'as vu , st-nsible aux malheurs de mes fretes , Preler ik leur deumts un voile officieux , Adoucis a ton tour tes jugemcns severes , Sois indulgent pour moi, si je le fus pour eux,

Je connois mon n^ant , mais ;e suis lonouvrage.

Quel que joit aujourd'bui mon sort , Sois mon apnui , mon guide , et soutiens mon courage,

Ou daus la vie ou dan* la mort.

Donne-moi le necessaire ,

La subsistance et la paix : Si de tant d'aiilres biens quelqu'un m'est salutaire , Tu le saii , tu peux tout : j 'adore , et je roe lais.

Ton temple est rimmenslte memo : Tes autels sont le ciel et la terre et !cs mers. (>ha;ar des etres , chantcz votre mailre supreme ! Eduto , bj-mne eternel j Ordrc de I'Univcrs !

par Turcot.

Traduction de i'hijnine de C/caalhe , par Bougainville.

X KRE et maitre des Dieux , auteur de la nature , Juniter , 6 sagesse ! 6 loi sub'i'Tie et pure ! Unite bouveruine u qui tons ies mort^-'is ,

4'« Foe'nf.':

Sovs wV.h nom? divers, ^It-veiit des autels ;

^ Jp t'fid( re , rius caurs te dolvent leur homrnage ,

Kous 3o:;wu^s tds fufani , ton ombre , ton image ; !>•■ t lit vp qui r?«i,ire , anime par tes mains , 4- c->l(-br r la goire invite les lujm<iins. B?n; soi.s a jamais ! ma voix rt c ..nnoissante C nsocre ses accens a tabont-> puissante. Tu regis i'uuivers. Ce toul-ilimite Qui re ferme la ti^rre en s n immMisile , Ce tout barm.)nieux , einune de loi-meme, S'applaudit d'obc'ir a ton ordre supreme ; Ton souffle iulciligent ciroule en cc grand corps , En fcconde la masse , en raeut tuus les ressorls j La fondre et'ncelante en ta main redoutable , Porte un ctTroi vengeur dans i'arae (Ju coupable. Present a tons les temps , tu remplls lous les iieux , La terre , I'ocean , le ciel I'oiTre a mes yeux. Tout derive de toi ^ j'en exeepte nos vices ,

J Nos injustes projots , nos fureurs , nos capiicGS.

Par toi r ordre naq^it du chaos (^Ignce ; Chaque etre tient le rang ; ar loi seul assigne : Par toi des {•ItJ'mi.'ns la discorde est bannie , , Et des biens et des maux la constanle harmonie , Les enchainant entre eux par lui secret lien , Forme de leur accord un rrniude ou tout est bien. L'homme insense qu'aveugle un jour periide et sombre j Cherclie par-tout ce bien et n'eu saisit que I'ombre ; T.'i loi s?nle •; ta loi , vrai Hambeau des humains ^ De la feiicile leur monljre les chcmins. JViais I'un dorl inutile au sein de la paresse ^ L'autre boit de Venus la coupe encbanteresse : J^e la soif des grandeurs cet autre est dc-vore , Ou sCrche aupri^s de Tot dont il est altc're. Grand Dieu , pi're du jour et mai;re da tonnerre , Du crime el de I'erreur daigne purgc^r la terre, AiTraucliis la raison du j';n.g dc ses I Trans , Parie , laisse eutrcyoir aur la'-'iieLs ignora;is

Hy mn t de Clen nthe. 4.3

Dcs ^terneres lois le plan s.^ge et sublime. Puisse a'ors cle aoi coenri; le concert uuanime Te rend re un pur hommage t'g;ii a tes bienfailS , El {ligne enlin de toi , s'il peul I'etre jamais. Ame de Tunivers , Dieu , par qui tout respire , Qu'a celc'brer ton noni le monde entier conspire ; Que la terre a I'envi s'unisse avec les cicux : C\kt it devoir de riiumme 9t le bonheur des Dieui.

Note.

Zcnon , aiiteiir de la secte des Stoicieiis, eiil pour siiccesseur dans son ecole , Cieantlie qui se rendit celebie par ses pot''sies philosopliiqucs. Clement d'A- lexandrie nous en a conserve un fragirent precieux s;.ir le Bien ou Bon, ef Stobee, Ectog. Phys. , I'lij^Tine cju'on vient dc3 lire. II est plein de I'orce et d'eleva- tion , et on en peut difficilement rendie \es expres- sions heureuses , prises dans la langue de I'imft- ginalion , celle des Grecs. Nous avons sous les vxn'X deux aulres traductions de ce bei liynine ; la pre- miere, en latin , de Jacob Duport ^ habile lieMenisle d'Anglelcrre ; et la >econde ^ en italieu y de Jerome Pompei, noble Veronois. Ce!le-cin'"cst qu'uce para- phrase ; et quoique I'aulre soit plus lillJ'rale , ell« manque encore de precision. Ala verite , Boujrainville lie s'ecarte pas absolument du texte; mais toujours foible et inexact , il n'en offre que I'Dmbre. D'ailleurs il n'a rien entendu au principe igne j et a cefle raison cu loi universelle du systeme stoicieu . sur latjuello le judicic'ux Musheiiri ne s'est pas Irompe ; voyez fa savunte note concemant un passage de eel hyiiiiiej

414 Pocsie.

In Cudjvortli. syst. datell. T, l^p. 664. A^ anl do traduire de semblaliles }.ieccs , il Taut se pcnoirei* des idecs de leur auteur, approfoiidir Ics do,'!i;ii,es de leur secie, el c'tst inali eureusem.-nt ce que Bou- gainville e\. beaucoup d'autres, avaut et apres lui, n'ont pas fait. II resuhe de la , qu'en lisanl sa fra- duction , on seroit porte a I'atlriijuer plutot a u:i plii- losophep'atonicien, qu'au second maitreduporti'jue , si le nom de Cleantlie ne se Iroiivoit pas au titre. Malgre ces observ^alions , on ne peut qu'applaudir aux efforts de Bougainville^ et y reconnoitie son talent pour la poesie. Des Tape d? 25 aus , il avoit compose une Iragedie sor la mort de Pii lippe , pere d' Alexandre. De beaux vers qui en out efe pu: lies , font regrettor que tout I'ouvrage n'alt pas ]?aru. 11 n'auroit pas ete vraisemblablement condamne a Pou ] Ji, si une mort premaluree n'eut pas enleve aiix leltres, a I'amitie et a la vertu , cetestima})le ecrivain , dans sa quarante-unieme annee, le 21 juin 1763. Voy. son eloge par le Beau , son ancien maiire , et sou successeur dans la place de secreiaire de rA> ad i;;ie des Inscriptions et Belles - Lettres , torn. XXXI 5 pag. 374. S. C.

NOUYELLES LITTER AlilES.

J-^ ou s ap]:>renons par une letlre de Constantinople, que les naturali.stes francais, Bruguiere et Olivier, soEt partis de cette ville a la fin de septembre der-^

Nouvelles Vitlernires. 41 5

Tiiov , avec les fn-mans necossalres pour Icur surete et pour faciliter leurs rCcherclies.

Outre ces voyageurs , il existe encore dans le Lv^vanl uu artiste inlinimeiit pr^cieux par ses con- noissauces sur les monumeus rle Ja Grece et des pays voisins , le citojen Fauvel : sa passion pour les arts et pour I'antiquite lui a fait ii\er sa resi- dence a Atl-enes ; il faut csperer que le comil6 d'iustruction prendra des mojens pour rend're scs travaux utiles a la R6publique.

Lycee des Arts.

Seance pubtique dtu 20 pralriaL.

II y avoit long - temps que le Lvc'e des Arts ii'avoit eu de sea'ice puLlique , & cau^e des r J- pa- rations faites a la sallc.

La seance du 20 prairial a attire un graad nombre de spectateurs.

D'apres le rapport des citovens Maimer e et Lu- nel , on a decerne une inedaille au citoven Gar- deur , pour des ardoises artificieiles ^ fabriquc'es au mojen d'uneespece de feutre compose des parties filamenteuses de plusieurs plantes, telles que le TournesoL _, la Grande Ortie et autr> s , con- solid^ par dumacbefer pile et d'autres ra::tieres em- ployees dans la compositon ordinaire des cimens; cnfin, lie et rendu impt'metrable a I'eau , au moyeii d'une buile siccative qui aclie.e de lui donuer la consistance n^cessaire pour etre employd comme les ardoises ordinaires. Cette composition forme

^i5 Nouvflles littn-rAvfS.

line loiinrc tros - Ic'gcre , e^ Fartiste a. fourm (le« tcliajitillons de diverses pariios A'auvent , ainsi que de decorations exterieures d' edifices , qui, n'avaiit encore pour preiiueie base que de la mati^Te de vieux cartons pU6. , ii'ont souffert aucune aUera- ticn sensible depirs vin^.t anne^s. Une poriion de Faiivent qui est a Teulree i\n Lycee des Arts, est couverte avec ces nouvelles ardoises ariilicielles ; et, lualgre la riguenr de I'liivcr dernier, malgre GuVUcs n'aicnt encore pour base que du c^rtonj pUe, le degel, les pluies et la grande ardeur du soleil u'j out produit aucune allevalion sensible.

Le citoyen Dillon a lu un vappcrl sur les trav. ux du citoven Touroude , ariiste mecaiicien , ci-de- Tanl facteuv de piano, et dont le genie s\st povte tout a coup vers les besoins urgens de la Rcpu- blique : il a construit plusicurs forcries dc canons; jl a imag-ne une macbine a tourner les loiu- lions; t'lilin un r.owP'Cflw. soujiet de forge dc canipagnc, fait en bois , qui ne pent pas etre alK're par les iBJures de I'air, et pour lequel il ne faul que la di-^ieu^e partie de la peau qui est employee dans l.-s soumels ovdinaires. 'J'ous ces perfecbonnemens ne prescntenl que des applications beureuses de jnovens d(^ja connus; mais iis prouvent le zeie.au- taut que rinlelligence de barliste. Le Lj cee lui a aussi donne une medaille.

Le citoyen Lefebvre, agent g6i6ral de la ci-devant soci^^tci d'agriculture , a lu uu M6moire inleressant , sur ia culture de rolivier.

Le

JS'ouvelles litter ail fs. 417

Le sec'/'lalio a exprlmL* les rc-nels du L"C(5e sur la perte clu citoyen Dassault.

On a accordo la mention honorable a une shn- plificilion d'avanl-train ])0!i:- les c ariots rl,' I'ar- mee, par le ciloy n SchniU/i y ouvrier c arron,

Sur le ra]:>port du cito.en Desaudray, luie me-i dniilc a ete deceriiee au citnjeji ParmeiitLer {i) ouvrier toi:rnrur en ivoire et en os, pour des, rou~ ieaux cannelcs qui suppl/ent parfeiterfient a -eax en acier et en ciiivre, employ(^s si disppiidieusement dans les filatures de cotorj a I'ang'aise.

Uue autre a ete donnee an ciXo-^ew .Juhert ( 2) , ser- rarier, pour diiferen-es serrures de suret ', f^rniettn-esa bascules et auties ouvrnges dc'lleais de serruren'e dan- lesquels le genie inv-cntif esl ac ompagne da I'eecution la plus parfaite ^.\ du poli le pius b?au de TaciiT. Le rapport a eie iait par Ics citojens Trou- ville el Du : as.

Lecitoyen Beauvllet, sculptenr, a fait l^o-^^mage au Lycee des Arts d'une statue de la lijjertt'. On irrvlte les amaleurs a venir la voir.

Le secretaire a annon e Pouvertur,^ des seances do la societ:'' nationale d'a. rculture, commerce et manufaclure, ^tailie au L; c^e des A.rts.

Sur le rappor: du citoy. n Da en, uue couronna a ete decc-rnee au cilf)ven OLU'ier^ manufacturier , faulourg Antoine, rue de la Roqu tt«,poursa fa-

(i) Le citoyen Piirmrntler dompurorue dc ]a Tixeranderle, cliez le ciloycn Foiilaine, meroii^r.

{2) Le citoye.i Auhert. demeure rue des Lombards. ToniQ 11. D d

4iS Kouvellas llilhmres.

brication impoiianle cL; niLniurn on tnine orange ^ indiisliie prccieuse qu'il a enlevdC aux Ani;lais , et (ju'il a iondee avec une in cll^enre et ties delails de peiTeclion diiznrs dj la plus sL!ieii>.e attention.

lid seance a el6 Jeimlni e pur un. concert dans 1 cpiel les jeunes artistes Laiioml el BonClier ont execute de la maniere la plus saiislaisante un con- ceito de violon de Vio li ; il a ete termine par des conp'ets snr la mort du rcjjit'seniant Feroud, clian- Xds par le citoyen Clienard, avec cetle i'acilils qui caracterise le viai ialent.

Les sr]e'n:~es et les arts out perdu , le 14 prairial , im de 'eurs amis les plus cliers , dans la personne du citoyen Daiiibourney , raort a sa maison de cam- pagne d'Oissel , oii il s'Ltoit retire depuis plusieurs annees.

Tout le nionde sait et pent apprecier avec quel zele infatigable et guide par les seules hunieres d'un genie fait pour inventer et perfectionner , il tira une science du neant^ reduisit a des print ipes fixes les proc^des pen surs de Part du teintiu-ier , interrogea la iia!ure, Ti.it a conlributiou tons les vegetaux qu'elle nourrit , les- tbrra de se dt5pouiller de leurs parlies colorantes , el , par des combinaisons sans nombre, de- cupla celui ties couleurs les plus usitees dans nos manufactures d'eloITes e:i lain.'. La reconnoissance pui^liquen'oublierapas ceque nous devonsases soins, pour la culture de la garance en pariicuiier ,et pour tant d'autres innovations utiles qu'il seroit Irop long d'cnumercT. Artiste savant ct litterateur , il juignoit

Koiivt'U'i littirahfu 419

a ces avantages reujoueinent et raniabilit:!' qui e;i doublent encore le pri^ ; les ;irti et •l(?s liunmies iravoient point de nieilleiir ami.

Le cabinet du Stalbouder est arrive en griiule paitie do la Hollande ; i5o caiss s out et p')riees an mns6um d'Histoire natiiielle , et on en a le:.d en- core un grand nombre. Toute la zoologie i\ ('ij l ree des caisses, elL^ est exposje dans I'amplrib ..Ire : on y remarque tons ces aniniauK si bien dt'-criis par Bodaert , Alkcmand, Camper et Vosmaer; plusieurs de ceux apportcs de I'fnde et figures dans les i;rands Ouvrages de Seba , de Martyn , etc. Oa y \ oit nii squelette de rhinoceros, deux peanv et un sjueletle de giraffe, un squeletle de sin^^e sansqu. ne, inronnu, un singe satvre , et une foule de mamniifercs no:i- veaux qui sfront bienlot connus 1 ar les soiiis du savant et infali^.able proiesseur GeofTroj. L'oruitlic- logie est cgalemeut fres-precieuse ; les oiseaux sont enfermes dans des cages particulieres ou sous des b 0- caux , et sont en grand nombre; mciis la quanlite d'insec'tes pris au Cap , a Batavia a Suriua;n, est prodi;:ieuse ; ce sont ceux qui out servi auv grands ouvra.es de Merian , de Cramer el de Sepj). 0:i voit aussi nn nombre considerable de bo a'ux ren- fermant des iimj^hibies, lelrap des o.i s^n-pe ns : le savant Lacepede j trouvera des matc'riaux po r u'l supplement a son ouvrage. La quanlite d'oeufs, da peaux et d'oi.j. ts ace 'Ssoires est considerable. La mi- neralogie i^-e^t pas ciicore debad-J^.^

D d 2

LIVRES DIVERS.

A S T R O N O M I E.

AiyTPONOMisciiES Jalirbuck fur das Jalir i'-/(^i*

ALMANACHaslroiioniiqiie pour /'aiuiee 1797, par J. E. Bode. Berlin , 1794, 8.« , s52 p.

IIlSTOIRE NATURELLE. BOTANIQUE.

IcoNES plantarum sponte ncsccntium in rcgnis Danlcc el Noivcgicc j el la ducatlbus Slesvici , JloUaticE et Oldenburgij ad U lust rand a in opus de iUdem plantls ^ reglo jussi.i exaranduin ^ florcc nomine inscriptum y edUce ii Mabthsio Vabl j pi'Oj, regio. Volum. VT , conti- nens Jasclculos XFJ, XVII, XVJU,sevL tabulas DCCCCI-MLXXX, in-folio , 1792.

Figures des plantes qui croissent spoiila- nement dans )es royaumes de Dai:iejijarck et de JSfo'werge , etc. , ouvrage fait par ordre du roi, et public pai- Martin V/sHI. , professeur royal, pour JCiiire suite a la Flore danoise, conteuant les fasci- cules XVI-XVIII , c'v st-a-dirc , de la plaiiche DCCCCI a celle MLXXX , in-folio, 1792.

Tout le T-nonde connoit le iDagnifique ouvrage des profess; urs Oedcr el Muller. Les fascicules que nous aiinonronsen sont 1) conlinuaticn , e! le merite du p^oie.-seiir Val.l est un snr ^.arant que cette bel e enirej.rise ne degf'nerera pas.

^EVES Magax:in f'ur dic botanik in i/irem

IJvre<i divers. 421

ganxien umfange herausgegcberi j von J. J. RcEMER y ersicr band _, 336 s. , i"}'-)^ , t"-" NonvEAU Maoastn botanique , daus lout" son ^teiidue , r^'d-g ' par J. J. Romer , premiero panic, lie 335 pa.es, 1794 , 8.°

Cet ouvrage est absoluinent dans le meme genre que celiii du professeur Usteri, que nous avons an- nonce , tome II , p. 286.

Mais ce champ ne se peiU. tellement moissontiev , •Que Ton xx'y trouve encor ^uelv^ue chose a glnaer.

Les articles les plus curienx , contenus dans ce au- m^ro, sent un supple;!ient a la Flore aliemande , par M. BoRKHAUSEN J un fragment d'line disposiiioii systemaiique des ver^taux , par Jos. Gaertner ; un esSfii d'une melhode des cbampignons , par C. H. Persoon ; quelques descriptions de planies, tirees ales manuscrits de Gaertnep. j des observaiions botaniques du professeur Nocca 5 fragmens biblio- grapbiques pour la connoissance de la lilt^-aliire bolanique anglaise , francaise et ilalienne , dans Panntk^ preredenie, par le redacleur ; oi:ser\'alIons failes par le professeur Vahl, pendant ses voyviges dans les parties septetilrioniles de la Norwege : les pi ncbes sont tres-bien exccutees.

AusTVAHL scoehner uad scJtener geuwckse , ais eine for1setz:>ung der Ainerikanischen gs^ U'crchse. Erstcs hundert ^tab. t-5o_, 1795, 8.'' Choik des plus belles plantes d'Ameritpje , pi-e- niicie ceuturie, plancbe i-So, 1795, 8.°

422 L'wrea divers ^

I/auUm a rlioisl ]cs pins rares , et les a copiees d'cipres les iiieilleurs originaux.

Tb^ite de-s planlcs les nioins fnquenfes , qui croLssent fuiiurellcmcnt. dans les cnvLrons des i^illcs dc Cufid , d'Alost , de Temionde et Bru:rcl!cs J rapportees sous les ddnonilnallons des .-node rues et des ancieiis ^ et arrangees sui- uanlle sysicine de LLnneus : auec une expU- cation des tcrnies de la nomenclature botani- qi^c , les no ins -rancais etjlaniands de chaque planle y les lieux posltlf^ oil elles croissent'j et des observations sur leurs usages dans la me- decine y dans les aiiniens , dans les arts et niitiers ; par M. Roucfl. A Braxelles , chez L'jPiairo ^ iniprimeur-libraire , rue de I'lmpera- trice ; et a Paris, chez MM. Bossaage et compagnle, 1794, 8.% 118 pages.

L'academie des sciences'el belles-lettres a Bruxelles ])rop^)sn , ea ijS'], ceite question : « Quelles sont les i> plamcs qui croissent spontaueraent dans les Pays-Bas » autrlcliieiis, dont il n'a ele fail mention par aucun » des auteurs, tant anciens que modernes , qui ont » t'crit sur la Botanique desdites provinces ou des » pays voisins >?. C'esl ce programme qui a engag^ M. Roucel k publier cette Flore. On j remarque f rincipalement 27 especes , que les auteurs qu*il a cousuliv's n'oni pas connues , ou qu'ils ont regardees comn'c eiiaugeres. II seroit adesirerque les amateurs de la Bolanique composassent ainsi des Flores parti- culiei-es des cantons qu'ils habilent. Ce seroit le vrai

moyen crnvoir un systcmo n^'-in'ra! y.]n^ complot. L'ouvrage de M. Roiicel est ni rc'il' d\m dictionnair.i des iermes t.-chni'Mies, et t r riiu' pir deux tHbU-'S, I'une Ifitino, rcuiliv flaniande , des jzenres et des es- pece^. Mais il y manque (ef;ui rent rcdre un otir^_^ vraie de celt.- ualuiv, rtil- lOur les co iimeu ans , line table syslemati lue qui imisse faiie ais;'m;iit Irouver le genre , en u'orrrant que son caract>ie esscniiel.

Vdkasttjt. e!c. c a. r!. Essai: rl'un (raitc l ti- me ntaire de Botanique^ tradu it ea f/anoLS, sur raiUioii allemande ^ ei enrlchi d' observa- tions et d'une notice concemant rUcstoirc Uttd- raire de ceite science en, Danemarck ; par Henri Stfifexs. A Copenhaguo , chez Bu h, 1794, in-o°. de 400 pn-fs, avec ^rav. Nous n'orfi-ironsanos lecleursque Tesqulsse de V^U- toire litteraiie de la Eolanique en Daiicniavck ^ enonc.ee sous ce titre.

Le premier ecrivain danois qui ail rcnl sur la botanique, est Henri Smith , bour?.iiemestre et pre- ]H)S('' auK poids publics a Malmoe, a'lebre dans sort temps par scs connuissances empyriques en medecine et en holani(;ue. Scs ouvrages publies depuis i52o jusquVn 1527, ne s.)ut guere qu^^le compilation sterile. II y'parle d^ni certain Clas (on Nicolas) Vrne^(\\\\ des-lors avoit plants un javdin l^otanique a Schonem. Au commencement du dix-s-plieme siecle( ir)02-ir,39), un nomni^ Votmiz:er, pvopa- tlement allemand de nation, publia ?i Co]ienl'ague ,

D d 4

424 IJvrr^ d'vers.

nil recnell ds bolaniriue; et vers le meme lemps. Christian IV accorda ini terrain pour la i iilture dcs plantes exotiques, doiit ii confia rinspectioii a uii professour de phvsi uc. 11 en cliargea iin autre de vojager dans le pays, ct d'e>ainiiier les plaiites in- digenes.— Olaus IJ Grniins se dislirajnia dans cette carriere. 11 recueillit un c;jbinet d'liisioire itaturelle Ires-nir eiix , dont nne <:rande partiese conserve encore dans le Cabinet des Arts Simon Paati^ appele de Nostock a Copenna* u." en 1689, p >ur y cnseigner la botanioiie, I'arsaloinie et la chiriirgie, passa pour un des plus savaus botauistes de son temps. II a, le premier, onvert uu cours de botanique, et faisoit avee ses ele^es de freqnentes excursions a la cam- pagne. II mourut en 1680 , age de 7^] ans ; niais depuis long-temps ses forces ne lui pennettoient pas de couiinuer ses travaux , et il fut reni})lace par Olaus 'Sorrichius. Celei-ci est autcur d'un discours de cxperinieniis botanicls , qui prouve la vaste ^^f lidue de se.s connoissanc; s. - Peder KL/liing^ daiiQis, lui snccecla, et ii n'etoit pas sans m:'^rite. Les deux Buchi^ald ^ VA-re et Ills, qui er.se.'<inoient la botj- niqne an coinraenceraeDt de ce siecle, eiuient des ]]OiTimes foit ordinaiies. Holm^ eleve de Luine ^ qvA pen de temps apres (u'il eut (^tr norame ]>ro- fesseur d'economie , mourut en 1759 , et dont la perte prc'inaturee fut nn mallieur reel pour ( ette science , est du moins , qu-nnt a la partie des plautes, prefe- rable a Oeder , quoicuie celui-ci ait acf;nis nne repu- lation raeritee par sa Flora danica. Get ouvrage^ a cte continue par Olton~J' redenc Muller^ ixUeimmd,

Livrcs divers. 4^.^

et on dcrn-cr liaii j-ar f^ahl , Tiin des plus illustres bolanistes de nos jours. La botanique a, en gthieral , troiive dans ces derniers tt ms plus de protection et d'encoiiragemeut , et elle a de:^ o ligations particu- liere> a la societt3 d'Histoire naturelle, form('e en 1788 , par AbUdgaard. Sou elude est cependant toujours n('<iliopo^ comme nVlant pa^ du nombre de ceiles qui meuent le plus surement a la fortune.

Beaux-arts.

ISeues Museum fur ki'mstler und ■unsdleb- liaher , keraasgcgcben i^Ofi Joh. George MEL'SEL^erstes and z^uet/tes stiick Nouveau Museum pour les arts et pour les arlislPS , redig6 par George Meusel , premiere etseconde parties , Leipsic, 1794, 8.0

Chaque Iriuicstrr doit voir paroitre una partie de cet inU-ressant recneil ; los deux que nous aniioncons, renferment plusieurs articles tres-curieux pour I'liistoire df sarts. Les prinrinaux sont uu traite sur Tart de modeler en cire , j^ar M. Exgelschall ;

sur Ic Christ et Is douze A:)oires de RapH'^el ;

sur un tableau de Wouvermans, galerie de Manneim ; sur un paysage de Gera rd Laipessf, dans la meine galerie ; notice sur la vie et sur les ouvrages de Gottfried Mathias Eichler , graveur a Berne ; ra.'porl de la bible avec I'ant que ;

ca alugue alphab^lic.ue des artistes de Dresde ;

sur quel([ues morccau.\ orJgiii:iux d'ALUERT Pi'Riia, etc.

4^6 L'wrc.5 divers.

ECONOMIE POLITIQUE,

Xe commerce ct le gonvcrnenicnt , conslda'ej rclatweineiit fun db Cautre. Ouvrage elenieii' taire , par Cabbe de Condillac , de L\icade- fiUc francaise ., et tncnibre de la socieLe royaLc cPagricuUure d'' Orleans- Prix 12 U(;.j et fianc t^e poet i3 Uvrcs 10 s. Nou telle euttion, A Paris, clez Lelellier , rue Haufe - Fciiiiie , W.° 34 , ( t Mara an y lihraire, rue du Ciuictirre- Andre-des-Arcs , nii troisieme ( 1796 ).

Cet ouvragp est trop connii pour que nons en. cfonnioiis uiie analyse exacle. Nous nous contenle- rons de rappelcr q I'il est divise on trols parties. J>ans la pre nirro , Tauteur donne sur le commerce «v^s notions elt-menlaires', qu^il determine d'apres des siTppositions , el dcveloppe les principes de la science t^conomfque. Dans la deuxicme^il fait craut res su-)- positions pour juger de I'influence que le commerce el le gouvemenient peuvent avoir i'un snr Paulre. I^ans la troisieme, il les considere tons di^.wx d'apres les fciits, ofin de s'appuyer sur rexperience , aulant que sur le raisonna.reut.

On doit sav'oir g e anx libraires de s'aUacher a la ri^impression de pareils ^-crits qui peuveiit donner des notions utiles dans un moment ou Fon songe serieihsement a recomposer I'ordre social. Nous ne decidons pas entre les ^conomistes et leurs adver- ^iires ; mals nous croyons I'ouvrage de Condillac digne d'appeler toute ratlentiou du legislateur et de rhominc d'etat.

Livifi divers. 427

E C O N O M I E D O M E S T I Q U E.

De panis nuiltifarici matena. Mollrro pronre a fairedu pain ck* divcrses sortcs, luir Ciiarlks CHRisTrANFLEiscHi-.R, cU: MailH^boiug , conseil- ler-medecin, 1793, iii-4.^' , Wertomberg.

Ce rfest pas ici line eniimeralion simple , arulc et seclie , des yegc^tauN: iu'ces<aires et propres a la paiu- fication : Ton y trouve iion seuleraent leur I istone naturelle, iTinls bien cncori I'analvse de leuvs pi 111- cipes pliysicpies et mrdicinaux, la qual'.te de cliaque espece de pain, avec des vemart[ues infliiiment inte- ressanles. II y est d'abord question des nrain.s ce- reales ordinaires ; ensemble des plantesqui donn^nt des seraences parasites qui se melent avec les fromen- tacees , et qui cependant ne sont pas nuisibles ^ la sant^ ; viennent ensuitcles aiitres plantes distnbuc'es par classes ; savoir , les semences d^ bcauconp de graminees , divers?s sorles de noix , de baies farineuses , de fruits legnniineux , les glands^ les

graincs huileuscs , les racines tuberensci , el la nio. lie

sechee de cerlains fruits.

M o 11' A L E.

Instruct TON stlrecs de I'e.xempte des animaux, SLir les devoirs de ici jeunessc , d i'usagc des 6coies priniaires ; ouvrage auUiiit uttiequ'a- musaiit, nouu. edit, revue , corrl^ee el auQ- mentee , a.wec celte rpigraphe ; Vade ad for- nicamo piger jconsidera uUis ejus. Prov. iu-i6 ,

42 S Livres divers.

194 p. Paris , chez Maradan, rue du Cimetiere- Andre-des-Arcs , N". 9 , an troisieme.

La premiere edition de ce petit ouvrage a el^ enlevee rapidejnent , et il nous a paru meriter ce prompt dei)i! , par le clioix des exernples que I'au- teur cmpioic, et par la maniere de les prv'^senter.

Sermons sur le prLx des clioses Les plus inipor^ tq^nies de ce mon.de , traduits de L\iUemand de ZoLLiJWFEii , pas tear de fegUse rc^ Jormee de Leup suck ^ par 31. de LafeauXj 2 vol. grand in-S". A Lausanne , cbez J. P. Heubach et conipagnie.

Ces sermons, au nombre de vingt , roulent snr la solitude , la vie fhampetre , le prix de la sanfe 5 des peines et des adversites, des luniieres parmi les liomnies , de la vie active , du boniieur domestique , de la vie sociale, de I'amiti^ , de la science, du commerce , des ricliesses, de I'iinportance du corns de la vie liumaine sur la terre , de la s6nsibilite , des plaisirs des sens, des plaisirs spirituels, desbon- neurs , de la vertu , et sur la maniere d'apprecier les Glioses du monde.

Chorographie.

Itineratre dii pays de Vaud , dci goiwer'- nenient d^'ALjle et du comte de NeufclidteL et VaUengin. Benie , chez la nouvelle Societe ty- pographique , 17945 in-8". , J 16 pages.

M. Derdiout Yan Barclieai a doun^ , en 1790, im

Lwrfs diver f. 429

Illneraire de la valk'e de Chaumouu! , d'ane partie da has Valais ct des moiit;:gnes voislnes. II a cu du siK ces, et on a siiivi pour celui-ci le meme plon. L'ati- teiir donne dans ciiaque arlicle des indications sur la lo})o;^irapliie , le commerce , i'histoire nalurelle et les moiiumcnsde cliaque canton : c'est un ^uide aussi sur qu'agreable.

ARCRyEOGR

A P H I E.

'All' excellent.""'" architetto Lf.oneDufourny sopra uti'antica JiguiL/ia ^ leitera rt't Antomo GuATTA.vi roniano assessors delie antlchitct ant'uj uarlo dl S. M. Lire di Fotonia. Leftre d'ANToir^E GuATTAM, antiqiiaire dii roi f!e Po- lopne 5 a ['excellent archifecte Dufourny , sur \\\\ vas? antique de lerre, 1792, in-j.'. , 21 pages, avec une plane!. e.

Ce vase appartenoit a rer.vovc de France a Naples; il a c''t('^ trouvv dans la Si ile , et II poiie de ces fi ures perpcndiculaires et sveltes auxquclks on donne le nom d't'trusques ou plutot de grccques ancicnnes. Ces figures sont an nombre de trois; les deux ante- iiuires qui font principal ment I'objet de cctle disser- tation sont en regard, l*une vetue d'une longuerobe , la tete couverle d*i.n casque, la lance a la main, et ajnnt nn bouclier orne d'une couronne de laurier, tient a la aiain droite un vase j^lat dans lequel une figure de feaime ailce, roetFec d'une espece de diademe de plumes , et tenant de ia main gaucli^ un caducec, verse une liqueur. M. Guatlani discule savair.ment les attrii5uts de chaque figure , ct il ^tablit , par diflc-

43o Livres divers.

reus rapprocliemens , que la fij',ure arnide esl M'nerve vfctorieiis ^ , a laquelle le genie de quelque cit6 puis- saiile de l-i Sirile , verse de I'eau pour laver le sang doiit ses mains sont teintcs , apres liii avoir procure line n)('morc;bIe vlcloire. Le lieu ou le vase a a ('\& trouv6 , son siyle^, le sujet et le culte que les SvracusaiiisiendoientpliisparticuiiereinentaMinerve, lui font conjecturer que la vicloire dont il esr ici question, est celle reinportce avec le secours de la deesse par les S^'racusaius , centre les cliefs des Athe- iiiens , Nirias, Alcibiade et Lamacus. Si les preuves de M' Guatlani ue sont jias ceriain?s, elles sont du moins ingeuieuses. L'ariisie auqnel cette disser- tation est adressee , est francai^, c'est le citojen Du- for.rnv , arrive depuis peu de Rome avec une foule d'objets precieux pour l''.istoir3 des arts. Iljav^cu long-temps, et il y a meme laisse des monuraens, entr'autres I'Ecole et Le Jardin botanlque de Pcu' lernie , dovit M. Guattani dit que I'on pourra fairo dater le r<^tablisse:nent de I'ancien stjle dorLco- grec , perdu depuis tant de siecles. La dissertation est terminee par une plauche qui represente le vase de demi-grandeur, et les figures de grandeur na- turelle 5 et quelques m^dailles de Si He, necessaires a l'e>:pli cation.

La troisienie figure , plar^e sur le derriere du vase, enveioppec dans son mauteau , ress>?mble a c:s figures sans nombre qui so reiicoutrent ordinairement der- riere le sujet princ'pal p'.^int snr les vases grecs applies elra^ques. Qi:e ce solt le proprii'taire ou Parllste , c'es! cj cpi'on peu! pr.'su.mer , mais ces figures

^ I.ivrcs d'.fcys. 4^1

n'ont enrove cle expliquees nulle part, crune ma- nicre salisfaisaiite.

Voyages.

Travels through, north and south Carolina^ c/.r- Voyages dans la Caroline sejjlentrlonale tt ineridlona'e, la Geor^ie , la Fiords orientale (* occidentale , le p^ys dcs Iroquois, le terriloi. c eteudu des Muscogulges on de la cor.federatlon dcs Creeks, dans la contr(5o des Cliadaws , contp- nant iin expose du sol et des productions de ccs regions , avec des observations sur les niceurs des Indiens, et des planches en taille douce ; i^ar GuiLLAUME Bartkam ', 8.« , de 020 i^ges. A Londres J chez J. Johnson , 1^95.

Ces Voyages ont ete publi's a Pliladelphie , en 179.) ; ils furent commences en 1778 , et n'ont ete <icheves qu'en 1778. Le but de leur entreprise etoit d'observer et de decouvrir les productions rares et utiles de la nature dans les trois regnes. Barlram doil elre avantageusemcnt connu desnaturalisles. Son p t* a ^le c<^lebre parmi les botanistes ; el il a non seule- j-nent profite de sl^s instructions , niais encore heritc de son ardeur pour les reclierchcs d'objets naturels. Anx d'jscriptionsdes diverses produciions de la nature qn'il a rencontrees , il a soin d'ajonier un precis des inoenrs,des coutumes,des usages et du goavftrnemenl des prin ipales hordes de sauvages qui habiteal L'S pays Uniilroplies des provinces nieridionales de*

432 Lhres divers.

Etats-Unis de PAmericrue ■^eptenfrionale. II regue^ dans tout cet ouvrage, une amtnite qui ne pent man- qiier de plaire a tons les lecteurs. Bartram paroit rieu rapporter_, qu'ii n'ait vii et exa r.in^ \m nie:iie, Quatre sections divL^ent cos Voyages, et chaciin© d'elles offre didtrens ciiapitr^^s. Elles ouvrenl par une jjreface et une iniiodiittion. Dans la premiere section, Bartram rend comple de son vojaie de Philadelphie, et de tons les endroiis qu'il a parnonrus dans I'Ame- rique seplenlrioriaie. La seconde section conlieit ses excnrsions dans l'e5t de la Floride, et la descrij»tion des etablissemens indie^is snr les deirieres de cette province. Cetie partie est !a rlus considerable et la plus interessanie. La troisieme ren'erme le voyage cliez les Iroqnois,les Greeks snpc'rieurset les Cbactaws, en remontant le fleuve du \'ississipi, le midi de la Georgia, et en res enantaPliiladelpiiie. Laquatrietne section comprend un precis des usages, 'des moeurs, des coutumes et du goaveniemeiit de ces dilferens peuples.

LiLLERATURE.

IBiBLiOTHECA CLASSIC J _, sLuc LexLcon nianuale ^ quo noniina propria pleraq ue _, a pud scrcptores grcecos et roinanos inaorlme classLcos obuia y iUustranUir. Deventer 1794 , in -8.'^

C'est la traduciion de I'ouvrage aiiglais de Lempriere , mais corsidcTablement augmente et ameliore.

le prix f'e I'abonnement , pour I'elranger, est, fra. c d port :

d(- 9 ri dillers en or , |

df 36 hvres en es.^tcs, f pour I'ann^e.

de 20 floiins de Hollaude , J

de 5 rixdallers eji or , ]|

1 i. V I pour 6 mois, ou IZ

d 20 livres en esj).5ces , J. ^ '

de II florins d:' Holl nde , J

On s'abonne , pour la Suisse , a Basle , chez J. R. Preisvep.ch ; a Berne , chez la SocietL- typographique.

Pour les Pajs-Bas et Liege,

a Bruxclles , chez- Horgnietz.

Pour Ja Hollande, a La Have , chez Van Cleef 5 a Lejde , chez Murray , freres ; a Amsterdam, chez ChaxVglion.

Pour TAllemagne, a Leipsick , chez Voss et Compagnie.

Pour le Nord _, a Hambourg , chez Hoffmann. Pour ritalie , a Livourne, chez Masi et Compagnie.

Pour iMnglet-erre , a Londres J chez Johnson 3 St. Paua Church Yard;

u'r

f

T AB L E !Bes Articles conlenus dans ce NutnAro.

HyDROLOGIE. I NOUVELLES LlTTERi^IKEj. -

Connoissances /lydi ologiifUcs des] p'oyo^eurj natuialLtejfj 414

anciens , parGr.Td\concT,-z2)C\ Lvei'e des ^^its , 4^5

MiNERAl.ociB. ■Mortde'DdiVahontvxs.j J 418

iP^0Y0s.e dans Les Deux»Siciles , Cabinet du Siathoudcr a Paiis ^

yor Spallanzani , 3oi , ^icj

En'tomologis. I Litres diveri.

Rjpporl iur le Calendrier entn~\ Astrojvomie.

7>:ologiquc de M, Gibrua, 3ll Z ,-^.^o^t,A,t,onov,nsc}us Jar^ B o T / N I Q u >:. , i,,,,,y,,,

ISomenciaienr Hninmqm , pav -^ Botauique.

^°"^"-, ^^^'^ YsLh\,JconeiplantarumSiteci(X,

^natomieaciuK.i :rc,parm^n- j j_ Roej^er marazinjur'^d?^

AnATOMIL COMPAKl^E. _^V„e,-iA«„i;rcA<J« G^ivc^c/^.e 4'il

5»/ /c; i>an/7.T i/,/er.V,7r af^ o.- Roucel^ PlanUs dss eni>iron, c.s

scaux.parG.CnvMT, 33o Biuxelles, 421

bxATiSTlovE. H. Slaphtns, Tmi7t' t7t?mf«/. c'^

;^a;- Cooper, ^5b Eeaux-Arls.

BiOGRAPHlE. J Q Meusel, Bluseum Jiir

X^.^Lce snr Charles - Francois ^Uristh-r , 423

Jjhomond , mstitutew . par ^. . ,..

c T ' 36 ' i.conoraje /'oiidfiuc.

ArcHj^elooie. CoiidiJJac , ^t; Canut.eice et I0

Snr I'^iahlis semen Ufun Mushori <^'>" vemement, 4^6

des ^diitUjues, var Rabant ,( Ecouomie dcinostifino.

3(36 Pan is vmltijnua mate.ia, 427

LlTTI^^RATtTRiB PER^AKNJS. Morale.

udnticiiiites de la Perse j pa: Si!- Instructions tuees de VexempJe

vestreSacy, 373 dcs auimauxj ,^27

LlTTERATURE LAri?!E. Zoill Kofer, 6"<?77/:on.r , 420

jPoi'-/,.e .v.vr riigallt^ ,,par JA- Chocograrl.'if-.

rdmedeBosci, 382 ^^'''-'■^"^^"/'^r^ -3

I.ITTERATURE FrANCAISE.' ArehiSog''

lLini--llleetFannj ynoutcUe. par -^^ Guatlani ^ j, , .; ///.■ .7/;< ca lacil.J...., :;-o Jg'dvia, 429

, P O ^ 6 I E. Voy-ges.

Xiz Priere wiifersef'le j traduits Bartraru^ Ttaicls) 481

</« Pope, />ar^ur]rot , 408 LiiUhalure.

Traduction de I' hyn'^ff^deC.lean- Blhliotheca classica j 483

//(*_, /j^? Bougal

M A G A Z I N

ENCYCLOPEDIQUE ,

o u

JOURNAL DES SCIENCES,

DES LETTRES et DES ARTS,

R E D I G E

Par M I L L I N , N 0 E L et W A R E N 5. Va

II u'y a presquc plus d'ouvrages pcriodlques qui jeivent Jc depot aux inventions nouvcllcs el r.i xetraceut I'liistoirc dc I'cspril liuniaiu ; rcux qui. OBt cours sciiiblent , pour la plupart , eviter uvcc ;iffcctation tout cc qui pent aliiiicnier le gout, df » sciejices ct r.ieme dc la mora.Ic. Seroit-il done indi* {^nc ds la Convcntioa dc s'orcuper a reorgauiscr cctic branchc dc I'instiuciioii nationalc ?

GRf.colKS , Rapport sur Us encoxiragcvinis , ruomper.ses tt

s;oni a ntcOrder aux Savans , in'ee iG.

< J E Journal , aiiquel la plupart cics iioinrjies qui out WW iioin distingue, uue reputation justemcnt aajuise (lausqueicine partie ties arts ou de.s sciences ^ lelsque ies cilovens liir.xr'UE, Cabanis , Caillard , Ghemi:r ,

DaUBENTON', D£MLrE,DF.SFONTAINES, JJoLOiMIEL', I^'ONTANRS , FoURCROY , HaUY , 1£eRMAN , LaCE-

PLDK , Lagrange, Laharpe,Lala.M)E^ Lamark,

L ANGLES, La PL A>CK , .LeBRUN, LeROY , i'HKRlTIER, Mj:NTELLi£,MoaELLKT J ObERLI.V, SiCARD ,SjARr,

VoLNEYjete. etc. Gaiilribiieront , coutieudra TeAUait

iV-. nil. Tome IT.

1

8<?s pvlrtcipaux ouvrflges r.ationanx ; on s'altachera sur- torn a en doniier une ciualjse exacle ,et a la falre paroitre le plus prom])temciii possible apres leiir p'!- * hlicatioK. On y donueia nne iiolice des meilleurs'| (^ci'ils imprim6s cliez i . ,■

On 3'- ifisorcra les ni('nj(i.'res les plus int<^ressans snr toutes les parties desarlset des sciences; on clioi- Sira swr-tout ceux qui serciil proprus a en accelerer \c& progres.

Oil J ]5iil)]Lera les deconverfes ingr^iienses, les inven- tions utiles daii.s Ions !. - "; V reudra coniple « des experiences uonve!! .niion et de Pou- verture des Mnseuuis. Un _y (ioiiueva nn precis do ce Cjiic les seances des societes litleraires auroiil oflert do })!u> interessant , une drscription de ce que les depots d'ohjets d'ai Is et des sciences reni'ernient de plus cnr:ee.x.

Om y tronvera des notices sur la vie et les onvrnpjes

fles S.unns, des Lilterdleiirs el des Artistes distingi'es d'vit on aura a r'^< '■'■'"■ -v '-'i perie , eiilin les nouvelles iairiiiircs dc low!

Ce Journal sera oivipose desix volumes in-8°. par an, df! 600 pnii^es cli.ui;i) , <■!: au inoins de 24 ^.'ravuves en regard des ail ides f|!ii en exigei-ont. It paroilra tous les quinze jours un nuuiero de 9 f'euilies.

Le prix de I'cibonneinent est a raison de 25 liv. pour trois mois , iendu IVanc de port par toule la llepublique.

On s': 1 -.^ -^ , pour rcbonnemeut , au Biirenn dn Mfigf»/n'n E!;rvc!()j>ediqut , rue Horiore, IN". 94 ; el pour ' ^es objeis relatiTs a la redaction jaux Rcdacteurs, rua - <le Pro; - ''V'. ^\.

II fail! ..iMruiciur !.'s ^eltres et charger cclles qui ot)ulieuiie«l des assicuats.

H E L M I N T 11 O I, O G I E.

Second Memoire sar L'orgaaLsalLon et Les rap- ports des aniinauxci sang blanc _, dans ieqaei orttraile de la structure des ^oli.usques et de leur decision en ordre , tu h La societe d^liis- toire tiatureUe de Fans y Le ii pralrial ^ aru trolslbine ^ par G/CuriER^professeur d'llis- toLre natureUe.

O E vous al preseiite , dans mon dernier meraoire, des considtrations geiitrales sur I'ojgaiiisation et les rapj.orts de tons les aniiiiaux a sang blanc, des- qu?Uos il nous a paru resjlter qii'o i dsvoit en faire six: classes, toutes distingiiecs par la co .for- mation des organes da premier van? , des premiers mobiles de la vie aniinale , du cotur et du cer- veau.

II s''a;"jt aujourd'hui de descendre a la considd- ration particuliere d'une de ces classes, et j'ai clioisi celle que j'ai determinee sous 'e no n de nioilusques , comme la plus jDarfaite , et cependaut la moins connue pariii celles oil les obscM'vatioiis anatomiques sont possibles.

Nous sav^ons dcja que tons les moLLusques ont un C'cenv musculaire , et uu systeme complet de vaisse:iux , et qu'une partie de ces vaisseaiix Torment un r6>eau expose a I'clement ambiant , ou , en uu sen I mot , des branch les.

Tome 11. E e

434 Helm ill lliol o^ici

Ici , commc drais !;• 2-cr-le cb la nr.liirc; , celfc rouformitt'' chins les organes primaircs, eii enfraiiic line pnreills dans la inajoiile des aulrcs, el nous ai.'ous cxposer a la suite de ci caraclere central tt essentiel , uiie infinite d'aufres carac^eres qui ner sont sans douto que des resuliats , des especes de consequences plijsiologlques du premier , quoiqne ]eur di^pendance mutuelle ne nous paroissa pas tonjoiu's sensible. Cestainslqus dans les mamnaiferes , du seal caraclere C\\\nQ gen'ralion reellement vivi- pare _, on en c!edail unein'iniie d'aulres projirietes: la lactation , la ijilocularite du c:rur, lacbaleurdu S9.v.^ , les quaire pieds , I'exislence des levres , la langue cliarnue , la naiiive des legumens , etc. etc. Connoissez seulemcnt le caracttTa primairs &'un elre , vous coanoissez de suita prcsque tons s3s ca- racleres secondaires.

II y a cepejulsnt une observation imporlante a, faire ; ell^ a et,' bion developpce pour la bolaniqiie, par le citqyen Jussieu ; c'est que , a raesurc que les caractercs bnisscnt d? raug , iLs diiniiiuent aussi de Constance: aiiisi, da!:is les inammiferes , I'exislence des p eds u'elant qu'un caactere serondalr.i , n'cst a la verite j mais totaleraent en defaut , mais se trouve ccpendant raasquee quelquefois , ronirre dans les ailes des cliauve-souris , et les nageoiri^s post/'iieures des pboques j on meme elie se trouve d(^naturee dar.s I'usage, comme dans ies nageoir^s pcct v)raies des cetact'es : rieu ne prouve raieux ponr- lant la rigueur des lois auxqnelles la nature seml^le assujelie, que ces especes de delours, si on ose paiier

Aniniatix a sang hlanc. 435

.'iinsi ; ricn 11c ri'n'|:(jchoit , ]^ni^qu'il fal!cit des Jiapeoires iiux retr.ct'xs, de les fcrmer dr la ninnirve la plus fiirple, par des osscU ts, comirie cellos des poijs^ons. Cependant elle ii'a joint pr!s c lie \o\q ; (•lie leura laisse de veritaMes bras, m iinis d'.uiM'rr.s, jadius , cubitus, d'os du carire, de pi.alanges , etc. die a rendu lout cela inutile a la prt'heibiou ef a la iranlie , Ta er.\ elopjx' d'une seule ni ml rane jiou decoupee 5 eii uu mot ; ellt* a fait uiie na-eoire avec un 1 ras.

Vous vojez done qu'i! 3' a toujours une scrte de Constance dans les c<-iracleres secondaires , malfir^ leur d(^'guiscmcnt ; les caractere.- teiiiaires, ou du troisieme rang, en out bien moins : les po;l< , ] ar excm])le , quoiqne oislant dans presque tous les anan.inifcrics, manquent cependanl dansquelques-uns, les cetactes, ou v sont en parte remp.Iaces j^ir des t'pines ou des ecailles , comma dans les tatous y les manis , les /i6rLssons , etc.

J'cspcre qu'on n.e pardonnera de commc nrcr par une dicrcssion ; tons ks m^moires generaux quo j'ai presc ntt's jnsqn'ici a la socii'te , ayant eu pour oh'el ra]'plirat;on a la zcolojAie, du principe, aussi fee ord (jue sur , de la subordination des raracteres , je } cnse cpie tout ce qui contribue a eclaircir ou ii dcu.onlrer le principe, va direclcmcnt a raou ],:ut.

Rcvcnons a la structure de- niotlusqucs.

Art. I. ciLi niaiilcau.

La parlie de leur corj^s la pins app:u-ente ^

E e 2

436 Helnilntfiologie.

i'extci'Ieur , a (^4e nominee le manteau. II est com- pose d'une double membrane , doiit l'interval!e est rempli d'mi parenchjme plus ou I'noiiis lerrae , de vaisseau-: el d;i fibres musculairoS ; sa forme , ses altaclies diifereni bsaucoup , comme nous le verrons ; mais il est toujours done d'uiie ssnsibilite exquise _, et merae garni, dans plusieurs especes, d'or- ganes parlJculiers deslinc^sau toucher.

L"^ manteau existe g^neralement dans tons les molLLLnqiies que je connois, et je ne me rappells j3oint d'en avoir obssrv6 dans d'autres classes. Nous aurions done ici un car.'5ctere ext;'rieur , indicaleur des primaires internes , comme les polls le sont dans les quadrupedes , les plnraes dans lesoiseaux, les Readies dans lespoissous, les enveloppes cornees dans les insectes. llapp?lez-vous ici , citoyens , c^ que je vous ai dit precederament snr i'imoortance •de tons les carac teres pris des organes du toucher , et voj'ez comment des princip^sune fois bicn etabli- , donnent des conchusions sures et Inmineuses.

Gonsiderons le mantea i d'aborddans les bivalves, ou il est presqne toujours mieux developpt^. Ily est forme de deux grands lol;es, tonjours rrunis par le dos. Tel est-il dans les huirres , ou sa bordure est un muscle epais , j^iarni par-tont , et comme frang6 de tentacules \ dans les acardes et les monies , ori sonexhvmite infcrieure seulement est garjn'c de tenlacules 5 dans les bucardrs, les cames , c^tc. , ou son extr^^'mii^ inf^'-ricure forme d.'ux anneaux ou tules plus ou moins susceplibles d'alongament qu'on a pris pour dts parti s*du corps rcem'j , mais

'Aiiiniaux a sang blanc. 437

qui ii'appartienneiit ccTtaiuenieiit qu'aii manfeau. li'un tie ces tubes , contiuu au rectum , sert ri'anus ; I'autre est une espcce de Irouipe pour aspir^r I'eau ou I'air, lesftiire passer sur les hrancliies , et de la a la bouche qui est a I'extrt'^miie ()j)posee de I'aninial.

Dans un grand iiombre de <c;!res, le manteau n'est pas ouvert par-devaut, comine dans ceu:; que nous venous dc cit;a-, mais ferme en tujuu , ct ouvert seulement aux deux extrcuiifc's ; telssontles teredo , pluSieurs p/ioLades , et je crois les salens ^ ou niauclies de coulcau.

Ou duit aussi regai'der !es ascldies et l^sbiphores comjiie des moliusques dont le manteau. est ferme par-dcvant. II est ouvert aux ^leux extremites dans les blfjliores , et a une seulement dans !es ascidies,

Mais daus tons les a):inia;ix dont nous venous de parler , le manteau est coUe entierement a la tete , ou du moins a la partie qui peut porter ce nom , parce qu'elle conlient la bouc e , I'enveloppe comrae un capucuon , et la rend immobile et incapable de se monlrer au dehors.

G'est ce oaractere precis , et de la plus grande imrortan e ' dans reconomie de I'animal , par la fuiblesse et rimperlection qu'il lui donne , que j'ai iidople pour former mon troisienie ordre , coamie jioiis verrons plus bas.

Eaus !es aulres moLlusques ,ceux qui ont la !efe libre et m.obile , le manteau exftite ^gnlement , quoi'Mi''ave,-. moins d'ainpleur et des formes dii!i-- lenlcs ; ainsi , dans les patelles il est ovale et rvXouvre. tout le corps j dans les poicellaincs , il pent en SQ

Ke 3

^38 Heimitithoiogle.

repliant , envelopper la coquiile ; dans les tliely?^ il ne ivcoilvre que le dessus do la tet3 par-delei laquelle il s'eleijd comme iin voile; dans'les lapljsies, il vz\ tc ancre siir le dos et comme fendu presquo jus ju'a la qume.

Dans K-s liina^ons, il est rogne de pres,€t forme une cavile assea serr^e qui contient les branchies ; ccU.3 cavite qui dans les liniar-ons serroit de pres le§ branchies , est dans les seiclies d'une ampleur ^norme et regne jusqu'a re-iremite posterieure : car la par lie (i 'on a nonirate jac dans les seiches , est leur man. lean ; ce qu'on a noinm^ nageoires sont ses lobes, et ce qu'on a nommc le dos est vraiment, quant a la posiiion , analogue an p'pd du limaron , quoi.su'il i^e serve pas a marcher , p-irce que les tentacules de la seiche lui sont plus commodes^;;* pour cot effet ; le vtai dos est le devant du i-a: : pent-; tie s'ctonnera-t-on que dans la marche de la seich.e, ce que j'appelle le dos aille en avant;mais j'observe que si , comme cet animal , nous marchions snr Iv-S mains , et les pieds en I'air , ce seroit aussi le dos qui iroit en avant.

Art. II. Des hranc/iles.

Si nous passons a la consideration des branchies dci mullus sues , nous y trouverons egalement iden- tile d.:; Conformation essentielle , el varicr6 infinie de foriH' s exterieures.

De.ns les bivalves et les aJcZ/i/^j" , cesont quaire feuilkls paralleles, semllables a ceux des poissous. Les arlciioles et les venues pulmojiaires j formenl.

Anlniaux ci san.^ bltir.c. ^^

ties strles pamlleles eiitr'elles et perpcn:iiciilaiies a la longueur des fcuiiiets. Ccs branclii.-s soiit situees (los deux coit's , eiitre le corps c t le nuiiiteau , dn la ir.eaibraue iut^^rne duqucl dies soiit desduplivd- tures.

'Di\v,s les patdles , e'.Ies entoureiit aussi lecor;:s ; mais ce soiit une iiiiiuite de petits fcuiliels Iriangu- laires , Ibrmant une espece de cordon sur ki srrlkce iiiferieure du maiiteau.

Les Limacoas les ont comme un plexus, a!laci:es au\ y.ar^is d'une cavite partlculiere dans laqueile I'elei.i'^'.it ambiant entre piir uue ouveiiuie elroite , s'ouvran; et se lennaiU alleniativement.

Dans les Lapiijsles ^ les brancliies sout des feuill.^ts pliCv's dans la graiide echaucruro d\i maiileau , et rerouvertes d'une piece cartilagineuse et mobile.

Les doris les out entleremeiit a djcouveri;, siir I'extremile posterieure du maiiteau.

Nous uo connolssons pas bien celles d.^s thctU, Je pense qu'e.les sont dans une cavite comme celles des liii.acoiis.

Da.'.s les selckes , il y en a ^qxx^ paquets , iiu de cliaque cote du corps ^ dans la cavi'.e du sac.

C-'tte revue grneraie nous apprciud que les nioUusques ont tous leuu brancliies absolument separees des autres vis.-er^s, soitqu'elles aicut una cavite particuiicre , ou qu'elles soicnt lotaKnient a decouvert.

Celte circonsfancc ne Lur est commune qu'avec les cruslacees. Ell^ rappro.he ccs deux class: sil'ani- jiiaux 5 des animaux a s^iiig rouge , en les dilleren-

1:04

440 HeLmintkotogle,

ciant des autres animaux a sang blanc , qui out fo;is leursorgancsrespiraloires meles et cnlrelaces dans la meme cavje avec ceiix de la digeslioii.

Art. III. Organes dec mouvement.

Les organcs du movvcment piogressiF de li pliipart des inoliusques , coDsislent en un disqiie iTiusculeux , ovcile , gUi^ineux , qui leur seit de pied , et doiit les moLivQjneiis ondulatoires produisent una espece de rainpcnient. Tuns ceux de la fainilledes Uniacons en sont doues. II eviste an»a dans la plupart des bwatves :, souvent clles I'ont enrorebien mieux organise, et propre a former des fils;carla partie qui file dans les bucardes , les nioules , etc. , est veiitablement le pied , dont rtxlremJe , sil- lonnee d'uiie goultieie, saisit une inalieiertsineuse produite par des glandes ])ropres ^ et la tire en Icn^s fils 5 par un procc'de semhlable a celui qui nous founiit dcs fils mctalliqnes. Le pied man ne toia'e- lement a quelques bivalves , et je crols que c'est toujours a celles dont les valves sont ia(S;ales ; dii nioii;s je ne connois p:r. encore de coqnille in^qui- valve dont I'animal ait nn pied. Si ce fait est un jour reronnn pour genenil, outre qu'il formera une belle ioi zoologique , il confirmera ceriaities divisions forniL-es sur les coquiiles seules.

On pourroit en iniagini.ji' une raiscn rlan?ib;e ;

c'est que les vai /es sunt inegnles daos "les espo es

qui doivent rrsfer au me.ne lieu, afin que I'une 1 j

maintienne par sonpoids, et qua i'aulre qui doit

seule s'ouvrir tt se^ former , toii \\wi faciieuieiif mobile

;, raiscn do sa likitrcte. ax •-'

Anlinaux h sang bianc. 44T

Les bivalves cyliiidriques, a nianleau feniu j)ar clevant , font s ;itir leur pied par uiie des exti\' miles do leur co',;iiiilv^ ; il f:e leur sorl poi t a ramper , mais ssuleiiieiii as'eiifoncer d vis certalnes m:itler?s , ou a en soriir. C't'st le cas des soLens ^ des teredo _, etc. C; tie parliculr.ritt'" fournini encuro c!esf;aract^resg<'- Ileliques , crautaKt ]^liis beaux qu'ils seront en rapport intimp avec les principaux traits des mueurs des auimwux.

Le moiivcmciit progress:!" des seicliPS s'exuculc rar des inojens Lien diiferens. Elles out autoiir do la bouche des orga'ies niusculaires , en coaes alonges? tres-raobiles , d'luic longueur et d'une grossc'ur de- mesurees . garnjs j ar-!out ;!e sucoirs en forme do venfonse. Cliaqiie parlie de cr-s organes , auxquels on a ]ai.ssi" le t!o;n trop vague dii tentaciiles , pent s'attacher fi\^ment , par le moyen de res suooirs , aux corps eirangers , et I'aniinal s'ensert comme de pieds et de nageoircs ; c'cst sur cette considv'Tation que je separe les sciclie's des iitnacons , ct que j'en ferai nil ordre a part 5 que je placerai le premier , a cause de sa plus grancie pprfevlion.

Art. IV. Organes de la digestion.

Les differences dans les organes de la digeslion _, soni ,coninie loulcsles autres , reparliesselon ccrtai ;es lois.

D'abord,JMie Ironve d2 mandibulescornees d;uis fiucun animal a let-:! im mobile. Comme i!s ws peuvent se nouirii; que de Teau c^u'iis poriipci.t on que les nets leur apporleii" , des mandibules kur

44^ Helniintkologte.

t?usi.enl c'!3 iautiles. Leur bouche est f^iife en sncrtii',

et ellc a an pi arjiix uiic valvule fort sciisiLIe dr.rrs

rin:i[rc.

Jc cTjis an rontraire que tons les molljsqiies a tele iriobile ont cU^s mnchoiiv^s , soit en forme de hec . comma 1 s .^tirl^es, soit d'arc denleJe , co me les limacons , soit de courhe carlilagineuse, comtiio Ics patel!es. Si co lait so tror.ve gejiojal , iioiis aiiroi^s enrore li un strp, r:,o caiv.r}->re dlsiiuciif. Notre i^.ro- jnier ordro so distinguait parsespieds iiombreux' des deiix suivcU's. Le troisieme se distingiiera des deux premiers , par i'absencc cei irandibuies.

Ties seiches^ dont !a houche a des armes si Icri-ibies-^ senourri,<^ei;t de cabps ,dVcrevisses , de cociuilL'iges. Si leur bee bris3 ess animaiix , leur estomac est bi?n confbrme pour l:^s brojer. C'esl un vrai gi^^zier sem- blable a ce!ui des oisc'aux,et muni e;:alemeut d\ine velouk'e prcscjue cartilapueuse. Pour rendre la resseir.iyance plus co;rp!ete , ils ont en avant d3 ce gcvjer un veritable jalot, on dilaSalion glau- duleuse de I'a sopbage. Une Ibis le pvlore pass^ , j;ous {.'ouvons ia stiucUire des poissons ; je veux dire ijiiC le canal intestinal revolt, pr€s de son origine , t;n grand ceecum glanduleux , comme ily en a tant daijs bcaucoup dj ];oissous qu'on a supjiose rcmpiir c:Iiez eux les foiiciions de j^ancrc'-as. Ces reunions de caraciercs pris dans des cUisses si dirpiirales , clof.nent toiijours le nafuraliste.

Dans les autres mollusqnes , le canal intestinal est genera.'ement plus simple. Cependant rhujire a un sejoi.d csloiiiae , de forme coiiique et ride longitu-

Aninia.iLx a san'i^blanc. 44^

clinalcmer.f, qui a ^-( s olJice^ J'eiUrcc et tie soriij a la me:nc3 exhenVite.

Le Ibie existe dans tens Irs m:)lIt5sqM?> , com-nc nous Tavous VII (hns mon djnKcir inen:o:r?. Dans \^s s3Lcltcs J il est sinipc, st';)arc (b I'i'Uer.Ji:! , et y versc3 la bile par deux canauv. Dr.ns Is Uniacofis et leurs analoguei , il est divisd en lub^s , eii'.re les'uels ies inleslins ravnpeijt, et il vers^ sa liqirur par nil canal unique. Dans les biwahcs , c\i:t unc s.ulc; ir.asse dans riiUc'riLHir de !aquelie I'iutcslin fUit ses circonvolntion-^ , le foie v verse sa liqueur par nne inCihile de pores.

Le i;enve dQspatclles^ quoicpie d'ailli^urs riussem- hlabk^ aux limarons , a nraiunoins le loie cl sis caiiauv excreteurs comma ^ les bwaUcs ; or, ces patellcs se rapprorlient aussi des bivalvjs par la stri:ct;!ve de leurs braxi.ies, comme je Fai erpo-;*? plus haul. Eappv lez-vous , je vous prie, ce qu- j'^i dit dans men dernier memo're sur la c oexisli^nce conslante du foie et des brancbies : vous n'eii screz que plus frappi's Aw nouveau rapport q'^e nous dc'couvroas ic: enlre ces deux orpan .v. C'c.,t ainii que la r»liy- siolo. ie , I'ar.aioniieiel la zo.^do, ie . 'aideronl muSufl'-c- ment , lors ru'ca Ijsctudira sous leurs vraio pcii:Uci.3 \ ne.

Je ne. liouv.^- poi.it de mm: n:6scii!ero duns la plupait des n-o'lu?ques. Tl me siMVib'e que Ci:xi\s cenx dont rintislin ranq:>e davs le foie , les veined rac-rae du foi3 , portent le cJijle au cceur. Les ariimaux a sa!ig blanc, n'auroijnl-iis ^a.; de vraij c/icuUi- lion san£,uii:e ? Leur eocur seroii-ii siii^p'ciueiit une

444 Helnilnt/iologle.

sorte de cisterna c/iyti , qui transmettroil aux parties le fluide Ijn phatique que lui auroieiit apporte les vaissraux al^sori ans ? J'avoue que j'ai pense dcpuis lonp-temps que le hiatus ^^norme qui est entre les animaux a sang rouge et ceux a sang blauc , iiuli- quoit dans la princii:)e de la vie; de ceux-ci , des differences plus graiides que celles qui j sont appa- rentes ; p;tr 1^ on expliqueroit la cou'enr hjanclie de I^ur fluide noui ri:ier, c t rimpossibilite qi:'!! y ^ eu jnsqu'ici de ti'ouver I'oripine de la gia)\'e circulation dans k^s liniacons et les blvahes..

Les vaisseaux puunonairos des liniacons , qui sont ccrtainemcnt. tons vt-ineux , ne nous ^toni-croient plus^ puisqu'ils ns ?eroient, conuiie toutesles autres veines, que des vaisseanx absorhans.

On concevrait Tusa.e du vaisseau dorsal des inscctes et des vers , et son defiiut de branches. Co seiolf un reservoir recevant le chyle iramediale- ment des inles;ins, et dans lequel les vaist^eaux ab- sorbans le pomporoient par leurs racines , beaucoiq? irop delites pour efre apper.ni?s ; on cntreverroit k-s raisons de la position extraordinaire du caiur de beaucoup da bivalves, au milieu duquel traverse le canal mtestinai. Si le coeur doit simplement rece- voir le chyle, coinmentpouvoit-iletre lnicu^ place? le cajsal intestinal rAi qu'a transsuder , ct le cceur sj reniplit. Certes , cette cause Hnale seroit plus a.briis- sible que de supposer , comme le font quelqnesaua- tomistes , que fe coeur entoure l*inleslin pour kivo- riser le niouvement perista'tifjue, conime si les {i]3res tirculaires de r.nlestiii iiVlO'eat pas suilisruil.spouv cela.

'Aiuinaux a sang hlanc. 44$

Enfin, la distance entre les animaux a sang blanc

qui ont un Cijpur et ceux qui en sont totalem nt de-

pourvus , scroit diininuee ; ce Si3ruil un saut de moins

enlre les families nalurelles.

L'id.^e que je viens de developper est peut-etre t^m/raire ; aiais ie nevous U donne quccotnin:' une liypolhese. Ne pardonneriez-voiis pas a un homins occu!)e de rjcliei\hes souvent peniljles et rebutantes , de se reposer quelqucfois pas des reves ?

Un3 objection forte est sans doute la circula- tion Ires-paiTaite des seiclies ; mais atissi obs.^rve-t-on dins les seiches un rudiment de m^'sent>re , des glandes blan iiatres , rao!l^s , fort considc'rab es , silu^es dans Ie voisin.ige de i'intesUn , colleges a la veine-rave , et s'y d ■gorgiant p ir plusieurs canaux fort visibles. Peut-etre est-ce encore ici une de ces nuances qui lient les classes les plus disparates ; peut- ^tre la seiclie se rapproc'. e-t-elle acetegard, co . me a laut d'autres , des arimaux plus pari'aits.

Pour achever ce qui rega de la d'gestion , je vais dire deux mots de I'anus. II est remarquabl- que dais tousles moUasques , il est Ires-pres des bran- ciiies , ou du moins de I'endroit par ou Ie fluide ambiant s'y rend. On avoit bien quelques exemples analogue- dans certains poissons , dans les larves de quelques dipit'res , etc. 5 raais dans aucune classe celte" proximity n'elojt aussi genc'rale.

Art. V. On]anes des sensations.

Je ne m\'irrc:erai pa<; beaucoup a dccrire les ter- tacules. C^ sont les parties les mieux conuues d.s

44^) Ilel/nuU/i olog'e.

inoUiisqiics ; on s'en os\. mene sorvi po'ir divisor en i^enre les aniinaux; d.^s uIli'.■alv^s, quouju'll y nit des caractrTes bien plus iinpyrlaiis, coinme nous le verrons dans la suite.

J'obs'^rve seulemenl c\\\?. les d^ux ordi-es a Jcto' mabiie ont leurs lent ;c d \s a la iv'ta ; C3u-: doiit !a tet3 e;t enveioppee , n'ri;i avoiant pas besJm la, ils les ont a I'anus.

Vous ro nioissez deja snmsamm?nt les yenx et los oreilles das seiches. Dans i'ordi\^ qr. les suit , los llmaco.'is it analogues, on na d ^co ivr3 q e d.}s veux , encorsextrenir^ment p^elils. Dans no. re troisleme ordre il n'j a iii yenx ni orsilles.

Art. VI. Organ cs de la gi:i6ratlon.

I.^,s diflL^rences dans la g-'ner:itlon, se trouventrv'- parlles selon les me'-nies Irois coupures qua tons les caracteres nonsindiquent.

Les seicbes ont les sexes Sr'pares , le m:\le arros3 de sa kite les oeu fs pond us par la feinelle ; on n'est pas bien sur encore s'il n'j a pas un accomplenient preliminaire.

Les limacons et lenrs analogues reunissent les denx sexes dans le m^me. individu ; mais ils out ]jesoin, pour c I re fecond^?, d'un accouplem^nt reci- proque ; cependant la liquetir senu'nale de rnnnese porte pas sur les orufj de Pciulre , car il esl demontre parTarialoniie , que ( ela ne se pent. La verge n'est point percre , et le teslicule so d'c'iarge d?.ns la lualrice mtme et fort loin de la verge 5 mais rirritation produile par le spasme venerien est

Aiiiinaux a sang blanc. 447

JUS doulG necGosaira pour faiv3 desctiiclre lc5 uiafs ri la semence dans un r»'ceplacle coimnun , qui ( st la malrice.

Lg troisi-m?, ordre, l:^s bivalves et h^nr analogue^, n'oiit point d'accouplement, ils sont fjconds isuL- nienl , ct tons Ics individns pondonl d.-s a-ufs-en cer- taines saisoiis. II est assez singalier que les ocnCs d:i mUiUis analimus, du mjja pictoruni , tt s.vii doutfi de boaucoiip d'autres , se trouvent places cii crrlaines paisons dans la duplicalure d:s brriUCliics. Mcrv I'a observe le proaiicr ; il doMnoit menit; aux branchies le iiom d'ovaire , et ciicercliail le ]^oum(Ki dans un lout antre lieu. .Te I'ai vu egalcment , cl j'ai appris depuis peu que c i:e remar.iue a encuic; ulo faile par d'autres personnes.

Assuremtnt un amcTteur d'craliliiC:S"s auroit dequoi s'exercer sur un animal sans tele, dont le r.cluni traverse le cccur , et qui a son poumon poiir ov i- duclas. C'e^ ponrlant le cas d^ la -yioule. Aucun moUusque connu n'est pemmipare. .Te rt^sume toutes les consideralions repandues dans ce meraoire ^ ct j'en tire les caracteres de la classe et de ses ordres.

Les JioLLUSQUEs soni une classe d'animan?v- quia ])Oiu' caraceres inlerieurs la p,eneration ovipare, le sang lilanc, I'exislcnce du ccrur , des vaisseaux et des lirar'.cbies , le foie ; c-t pour caracteres cxlc^Micurs , le nianlean cl les leiitacu^es.

Cetfe classe doit se diviser en Irois ordres : i*^. Les CEPiiALOPODES. Lcur t.'le est lil^re , mo- bile el couronnec de jirauds lunlaculcs sur lesquels ils

44? Ilclniinthologie.

niarclient. La cavite dcs Ijrancliies repr^senle im sac dans lequel la tete pent s'eiifoncer j)lus ou molris. lis ont des yeux grands , pouivus d'iris , de procps ciliaircs , da crislallins , de vilre , de clioro/de , ct de sclv^rotlque ; des oreilles a sac sim ■' et a uii seu* osselet ; des machoives cornees, ties - forles. Leurs sexes sont separ^s.

Cet ordre comprend les seicb.es , quo je divlse en seiches et en poulpes. Je presu i e qii'il faudra y rap; ortei- aiissi les clio , mals n'-^n a^^ant po'nt dis- s/'que, je ne piiisraffiniier positivenie;5t.

2°. L?s GASTEROPODES. L'lir tete est libre, mo- bi-le , et porte deux ou quatre ,^etits tentacules; ils rampent sur un disque musculeux place sous leur corps longitudiualement ; leurs branchies varient en position et en figure. H J a deux yeux fort petits ; im renforceraent corn6 unique a la levre superieure. Ils sont hermaphrodites, et ont le besoin et les organes de I'accouplenient r^ciproque.

Get ordre comprend les I'unax y les LapLijsies ^ jcs dorls J les thetys ^ les tnjjxliies j les ducwes _, les pLanaires J les, chitons j les patelles ^ el loutes les coquiiles univalves contournees en. spirale , k s nautlles except^'s , s'il est vrai que la seiche qu'on J trouve ne soit pas un bote parasite.

3". Les ACEPHALES. Leur tete est cclL'e et enve- loppee dans la partie superieure du sac , comme dan^ im capuc'ion , ou , pour mieux dire , ils n'ont pas de tete du tout, mais seulement une Louche, sanS dents ni mandibides. On ne leur trouve ni veux ^ r.i oreilles. Leurs branchies sont quatre feuilleis sXvl'^s

transversalement

"Anlmaux du sang blanc. 44^

transversalement ; leur pied, une masse chnrnue, sitiK^^e entre les braiicljies, c[ui mancjue quL^lquefois. lis se ff'coiident isoltMiient et ; omlei t dtis ueufs.

Get ordre compreud les ascidies ^ \.'?, bipkores ^ toiites les bivalv.'S sans exception , et paniu les muLlivaLvcs J \es phoLades j les teredo ^ el proba- blement aussi les balanits et les anatiftres.

M I X E R A J- O G 1 E.

Plerres Jle.rib ies.

J_iE cito^^en FLcurLau de Bellevue a presente a la sociele d'Hi?toire natur 'lie , d;in^ nwe dc >es der- iiieresseajices, des pieiTesai.xqiK'll s il a c'')mmun que la propriete d'etre flexibles, }.av d s | r ;ced s ties- simples , et inseres dans la Journal de Piiys'qae d'auut T792. 11 a et6 con Uiil a cette d;'coiiverte j^ar vm marhre flexible, qu'il tronva sur le m(,nt Saint- Goihard 5 on ne connoissoit encore qir- deux pi'erres flexii)les, dont on ignovoit absoluinent le gissement : la premiere , un gres fri;ib'e micac? , qui vient, dit on , du Bresil ; la seconde , uu marbre blanc du pala's Bor^lie;-e a Borne. Le narbrecpril venoitde f.-ouver, avoit tons les caracleres d." cekii du palais Boigliese. Le ciloven Fieuriau en examina avec sjin la siluntion et la nature. II vit n'i! et.-il place vers le sommet d'une nionlagne et e\])osc^ a u!i dessecli3ment con- tinual ; UP son i rain etoit cristallin et f )rf gros ; enfin il y a reco'snu la propriete des dolomies , de ne se dissoudie que lentement dans les abides , et avec une Tome IL i' f

*4^o ^Uneralogie.

effervrsceUce tres-l(^gere. II aconclu , avec Dolomleu ,' que la flexibi]itc des pierres etoit due a un tcartemenk tres-con^iderable de leurs molecules cristallines ; et les movens qu'il emploie pour leur communiquer cette propri^le, prouvent encore celle assertion : ils con- sistent a faire eprouver , par un feu capable de les faire devenir rouges , un long desst'cbemsnt aux pierres que Ton veut rendre flexibles , ct a les amener, par une flexion L'gere et gradue^e entre les doigts , a la flexibility qu'elles doivent conservcr. II faut qu'elles aient un grain cristallin. Celles a cassure terne ou vi- treuse n'acquierent jamais cette propriete. Le feu , en ecarfant les molecules crisiallines pendant un long temps bors de Icur sphere d'al traction , ne leur permet pas de se remettre , par le refroidissement , dans !eur premier etat. Alors b s corps soumis a cette action acquierent un volume plus considerable, absorbent I'eau en assez grande quantite , et leurs molecules ne tenant plus , pour ainsi dire , pTr attraction , mais seulement par enlacement, ils deviennent tres-fragiles. Le citqyen Fleuriau a present^ a la so: iele du marbre de Carareetdu gres, devenus flexibles par ce precede.

M E D E C I N E.

Observations medicAles sur la Suisse ^ faltes oaiis un vojjage dans pLusieurs cantons^ par Le cUoijeii Drloubs.

On s'esi beiucoup elulie en Me 'eoine pour pro- noiicer sur ^influence ae I'at Aiosphere sur le corps

I

OhsercatLons sur la Suisse. 40I

humain ; dcpuis Hipt-ocralcs, des liomnies C('l;^bres ont siiivi scrupulcusement les temperatures qui se succedoient pendant une suite cl'muees, et out dd- tmillc les efT.-ts cju'ils croyoieu! en eire les resultats.

Les iaslruclions que nous off eut leurs monumens, mtrilent notre juste reconnoissaiice ;cependant, puis- que, de I'aveu meme de ces illusires obsenateurs, la meme constitution aerienne , observ^e a differentcs epoques, n'a pas produit les memes maladies, et en a meme engendre d." contraires ; et com nu' nous vo. ons les fruits des memes arbr-s diffe- er en quelque cliose fLaque annre , il paroit que i'mflueiice de Tat- mospbcre y a fort pen de pari.

Ma reconnoissanc ' euvers ' es liommes qui m'ont instruit, me porte a reco.nmander le m^me travail aux amis du genre humain. Je pense que chaque endroit a une temperature , une constitution qui est locale ; eile ne depend point de la con.stiiution gene- rale, mais elle peut en etre modifiee : o"\ diroit que Pair ne conserve cette quali ^ qu'aulant qu'il y croupit ; a mesure qu'il en est chasse , il perd ce caractere local pour se laisser inlluencer par le ter- ritoire voisin ^ qu'il inonde. II j a done une constitu- tion generale qui v.iri.- snivant les saisons ; rautreest pa: ticuliere , locale, et depend de cans s locales.

On obsv'rve cette difference bien marquee dans le caractere de-; maladies ; om verra dans le cours de celtedisscrlation , que I'on rei'contre la fievr.' bilieuse, parexempe, avec un c inct^re malin dan> un en- droit, taiiciis que cette meiiicfievresera treL-benigaa a une pv.tile diitauce de la.

Ffa

'4.^2 Medeclne.

La constitution locale depend en partie des emana»» tlons des veg^taux qui viennent sur les lleux , et des jTiineraux qu'on y rencontre : le site lui-meme con- tribue encore a l¥tablir.

Apres avoir coup^ une grande quantite de gero- fliers dans Tile de Ternate, Pair en devint mal-sain. li'odeur de Vapfiron doit, assure Pline , occasionner ie retour d'une maladie quelconque. L'air des mon- .tagnes de la Suisse est sain 5 on le doit a sa iegeret^ 5 mais le baume des vegc'taux n'j entre-t-il pour rien ? On sait que l'air du Perou dissout le plomb ou augmente son poids 5 dans les lieux oii il y a beaucoup de mines de cuivre, les liabitans ont les dents g^ne- ralement affect^es ; les mines d'arsenic du Cap de Bonne-F«p^rance, si elles sont long-temps ouvertes, corrorapent l'air a faire perir les animaux des envi- rons. Corabien ne co npte-t-on pas de grottes en Europe , oil les exhalaisons souterraines reunies s'e- cliappent et font perir tout ce qui les approche ? Les montagnes calcaires , suivant le t 'moiguage de Black et de Priestley , exiialent une grande quantite d'air nie[Jiytique ; la marne se dissout facilement dans Pair , qui se trouve necessairement surcharge de ces differens principes , et devient par-la plusou moins salubre.

lie site lui-raerne j contribue encore ; je me borne- rai dais ce Tiioment a uuseul exemplequi m'a frapp6 plus d'uiie fois.

Clii:;pis est m\ village du Valais , dans \? dizain de Sirre ; il est situ6 a I'embouchure de la vallee d'An- lievie^ et doiiiiC par cette grande vallee dont le*

Observations sur la Suisse. 453

jnontagnes peuvent avoir six t cuts tois;'s d'elevalion. Ces mo'itagnes tr;^s-fer!iles sont occupies pendant r^te par un ^'randnombre de l^estiaux. II semble one les exhalaisons de ces animaux devroieiit se dissiper par un air continuellement agile, et suivre I'impul- sion des vents ; cependant tons ceux qui passent a CIn'i pis pendant l'('te , rencontrent cette meme odenr qu'oii sent dans tous les clialelsde lamontagne, et qui > lent aboulir la par sa pesanteur specLfique , et pes r sur les liabiians de ce village , qui sont petils , laids, et coninie «'crases d'un pareil fardeau. Si oi» jelfe un coup d'oeilsur tous les habitans d?s embou- chrres des \ allons valaisans , on observera les memes resnilals ; le crelinisnie le plus complet j regne , les liabitans sont petits , laids et parosseux. Mais d'oii vieiit que le cr ti-nsine de Tvlartiguj^ passe aujourdliui a Moulhai , qui en e,st eloigne de quatre lieues?

Les liabiians de la Suisse , situes au pied du Jura , ofTrent d s varieics bi^n frappanies : en sortant de Neuc' atcl pour rentrer dans le canton ds Berne, a peine a-t-oii passe le pont de Bienne , qu'on trouve un a!:lre p.npip, un autre lan.age, un autre habil- len.ent. Qui pourroit en designer ies causes topogra- pliiquesr E '. suivant la n^cme chaine de montagnes pour entrer dans le canton de Soleure, on observe un changement marcjue dans deux portions du meme village ; dans la paiiie qui appavtienl au canton de Soleure, lonl par^it mieux ; le sang y est deja beau, on y trouve d'ai:tres fi;iures : en sorlanl de ce nieuie can! n uour alier a Aran , on rencontre encore un iiOLiveau changcmciit 3 les belL's Ancinandes tout

4.')4 Medeclne.

phis rf^fl 'cliiVs. Les causes ;vorales , je le sals, poiivent

y contribuer ; mais je voudrois encore qu'iui nalura-

liste in'en e pH uint !es causes nlivsiques, Duisque la

menie religion ne produit pas d'uiie nvuiiere uniTovme

ces memes effets dans lout le canton ou elle est

exerc^e.

Quplquesba'iles me lecins de Neucliatel out obs'erv6 que les rera'des qui leur ont r^ussi dans cette capi- tale^ n'ont ]'lus prodnit le erne effet dans les raemes maladies a Bienne, qui n'en est qu'a cinq lieues de distance : dans cliafjue locality , les maladies pre- sentert a I'oeil observateur des difT^'ences marquees dans les symptoi^es et dans les moyens d'obvier a ces memes maladies.

Quand les medecins auront-ils determine ponrquoi les ecrouelles sont end;-Miioues siir la coie d;i lac de Geneve el a Geneve meme (i)? j^ourqnoi le s'^orbut a aussi sa localite (2) ? pourcjuoi il j a pen d'ecrouelles

(i) Pourquoi I'hyihropisie de cerveaii seroit-elle plus com- Jnune a Geneve ? pourquoi n'observe-t-on ii Bienne ni guitre ni gravelle ? I'eau de Bienne est la meilleure qu'on co;,noisse.

(2) A Lenzbourg les fievres se i rolongcnt facilement , pavce que la constitution y est scorbulique : ]a plitysie puru- iente s'y annonce au printenis , ou en automne ; il y a encore dans ce pays beaucoup d'liydropisies de cerveau : i! n'y a point de lievres intermitientes a Berne, et on n'y connoit pas les fievres lentes nerveuses. La fic^vre quarte est pins o; i- niatre a Sarnest, canton d'Unerwa den , que par-tout ailJeurs. Les ph uresies entrent ici encoxe plus facileiuent "en suppura- tion , cl sci liubiiujs out une tlisposltiou aux bernies.

OhscrvatLons sur la Suisse. 455

a Neucbatel (i)? pourquoi on observe peu de fievrcs tierces a 01 ten (2) et a Berne (3) , et beaucoup plus a Saint -Aubain et h. N.'ncliatel? pourquoi les maladies de poitrine entrent plus facilement en suppuration dans un endroit que dans un autre ? Pourquoi a Saint- Aubain on n'observe pjint d'epidemies, ma's scu'e- meiit d^s maladies de saison ? pourquoi le ja':;p reus- sit-il mieux a Yverdun que par-tout ailleurs? Quand les medecii;s sauront determiuer les causes de i'ende- inicite des maladies, ils en developperont par-la I3 caractere , et la raaniere d'3' obvier sera bien claire et sure. II paroit qu'une correspoudance exacte et suivic

(1) Les bydropisies sont tres-frequentes a Neuch;Uel ; on diroit que les habitans y naissent avec une Jispositiou parti- cu'iere k de teiles ma'adies ; on y observe une molesse , ua air d'apathle chcz les femmes , qui ont les pieds tr^s-gros. Les Bernolses sout mieux prises , eUes ont les pieds mieux fails et sont moins exposees a celte maladie. Les aperitifs ne leusissent nulle part mieux qu'a jS^euchateL

(2) On n'observe presque jamais la petite verole a Oltcn ; quoique dans cette villa la constituti'JU bileuse et pituitcuse y predomine , cependant TeraJt-q-ie n'y tcuSsit pas comme en Valais , il y faut des purgaiifs. Les habitans d'OIten qui ont ete travailles par des afieotions d'ame , tnoubenl , la plus faciiement qu'aiileurs , dans la pbtyiic quo suit bieul6t I'bydrupisie.

(3) Pourquoi la dysscntcrie seroit-elie end^-mique k Aran , el n'observc-t-ua pas l;i drs ibumatismcs ? Les Auctions de poitrine y suppurcnt tr;'s-facilemcnt , ce qui est rare i Aig'e dans le pays do Yaud. A Baden la phlysic est iu- coiinue.

If4

456 MMeclrie.

pourroit ^claircir tous les doutes , du moi'ns en granda partie ; tiitiis c" aqiie medecin a sa faron de voir et de sentir , d'apres lacpelle il jiige et prononce ; car quelles graiides vari t^\s d\>pinion ne renconfro-t-on pas siir le nieme cas? W faudroil done que le meme ceil vit tout par lui-nieme 5 el , pour prendre ^^s ren- seignexeus plus i^octiC- , il f.uidroit uii sejour plus on moins loi!g. Jo fis, en 1794, un voyage de ce genre dans toule la Suisse ; mais je n'ai pn poursuivre bien Join mes recher; hes , a;"ant ^\.b oblig6 d'abr(^ger mes s^'jours. J'esperois que le zele de, mes confreres auroit sup; Ine a ce manque de temps ; mais ces medecinsde mauvaise bumeur , qui , par leurs duretcs, ontraleuti mon zele , doivent enfia sentir que leurs pro- cedrs ne iresont pas personnels, malsqu'ils respirent im egoi'sme qui ne s'allia jamais avec le v.^ritable amour de rhu ^aii te. Considerons maintenant les localites sous un autre point de vue.

La terre,Mui dimnoit naissance s'lr les monldgnes de la Suisse a des aromates, transportoe sur les cotes du ]ac de Gw^neve , lournit d'autres sinqDles qui sont Lien differens des premiers. Une puissance , encor? inde-^ terminee par c.s naturalistes , paroit dt'teruiiner la nature d: s vegetaux. Le mUlefoLlum desmontagnes a une essence bien dififerente du nuiU'foiiuni des pajs plats. Les animaux des montagnes sont plus gais que ccux des plaines ; qu'on mette en parallele un boeuf qui pait sur les bords du lac Leman , avec celui qui descend du Sibe thai et du Gessenai : quelle diffe- rence ? Le heurre fait sur les Alpes est bien plus exquis que celni qu'on fait a Geneve, ou aillcurs.

Ohsen'alions sur la Suisse. 4^7

^vec .mecreme.ramrorl^e avec soin de nos mem-- tagnes ; il y a un je ne sa s c,uoi , u„ p,inc.p. local r) caelum q„rM,l:.i...... Hn„. On n. peu, aUr.U.er ces ,, -

„ome„es a I'iull.eMCe <te l'al,.o. lu-re ; ,lj a des ,.y » oi, les fo -Ciuns se font a m rveillo , et d'autres ou ,es crudit.'\s paroisseut par-font.

On allrftuem peu:-e..c. pour canse de re, crudW-s, Iceanx ;' on in ulpera les lerre. par lesquelles les eanv fiUren, : ,.ai,, on s. lo p^- ^' 'f^^ '^■' "* memo nature louv.iisieat tie la bonae et de la mdu-

vais.- ean.

La hauteur de nos montagnes , le p-u de temps pendaat lequel le soleil ^lardc scs Rayons sur les hab.- tans de nos vallons, pourroit passer pour otre cause de res n'sullats ; niais I'observation prouve le con- iraire. Les habiia .s de Sierre , qui out le ^f^^J'''^ Leurecpar jour plus long-!emrs que ceuK de Marli- .uy. n'en sent pas moins stupid.s. Faudroit-i latln- Wala:eg.r.,ede,^ur,ouasasd3UUte les^^^

p^nc'trantdesiTiontagnaids: cct air qui peuelre plu.> faci!e,r.e.,t les en' rallies de la terre , vivifie lout , et esl I'agent de tout ce qui s'opere ?

(r) D'ou vientqu'auVourg d. S.Int-Pierr. en Valais , oh ron vU p.u, de frou.35. 4ue dins ^^ -Ues paro^ss. de I'Eatrcmont, trouvc-t-o„ , plus qu'adlcurs , des enfans crui o.t une anlipathle raturelle pour le fromage

r es ulcires aux jambes sont commun a Aigle et en \a a:s. ov'i le scorbutetles ecrouelles font ravage ; b fievre lemc nerveuse en ravage tour-a-tour les parois.ses. La l^pre es dans certains districts du Valal.. A Zmich , luuUe m^ndo a

4'"^^ Medeclne.

M. Grunnor pretend qu'on clofl la non-apparlMoii c^e la pr, te e:i Suis-e depuis Tan 1629, a Paugmenfa- liori des glaciers 5 mais il se trompe : les observations que j'ai iailes d^posent contre lui. On verra dans uii de rnr« m^moires sur la peste, qu'elle j existoit il n'j a pas si long-t mps ; elb HoW a la v<§rit^ peu r^pandue ; niaisPairdes montagnes, lorsrjue les <;r.:mdes foi-tes de nei.:e ont li.:ii, ergendre loiijours des maladies d'un mauvais caractt're. Lanj^lioiis croit , avec Beau- coup d'autres physiciens, que I'eau de glace est la plus legere ; mais en iisant les experiences d'llippo- crates a cet f'gard , on verra qu'on se trompe' Ne seroit-ce point a la leg^rete de Pair qui se mele avec lese^ux , qu'on doitaltribuer leur bonte ? cette qualite de Pair influe sur les fruiis , qui pourrissent facilement OQ Pair est pesant , et abondent f n acide on la legerete est plus dccidc^.'Le sale des montagnes ds !a Suis e doit encore a cet air sa qualite. Vojons actuelleracnt Pinfluence de Pair sur le moral.

li'esnr t est plus pur sur les monlagnes , les facultes de I'ame ont plus d'energie j vojez les cliants po^- tiques du crlehre Haller ; mais d'oii rerurent, les Suisses, leur esirit et leurs loix ? Suivant le rapport de plusieurs savans , \vs Ht-lvetiens sont des Celtes. HetvL^ terme celtique qui signifie chasseur^ annon- ceroii que ce peuple n'est poiiit tine nation celte qui se r^^fugioit sur ce territoiro, mais une nation indigene qui vivoit dec basse j les animaux qu'on y ren:ontroit , les forets immeuies qui s'y trouvoient, pouvoient suffire a cette pelite penpladc. Si ('eutete une emigration des Celtes, clle ne &y seroil pas

Observations sur la Suisse. 4^)9

porl.'e, d'lin terrain cultiv^ et civilis<^ , dans des forets , pour n'j vivre que de la chasse : si les Celtes, suivant I'opinion de Debo .ijat , ont su bap- tiser lome la Suisse , il leur fant necr:^Sairement ac- corder un grain de sel ; or , t omment ce peuple se seroil-il d^Muiiure jusqu'a ne coiiuoilre que les res- sources de la chasse ? Oa doit al andonner , j^' pense, ces opiiiions ; et pourquoi lair? sortir fcous les peuples les uiis (!e.^ aiMres .' La ualure est par - tout feconde , et .'•i elle a su produire des goitres en Suisse, pourquoi n'auroit-elle pas d'eile-meme fait sortir la tige de ce chairpignon (i)?

Les Hetuis ^ depourvus de loule idrereliiieus? , eurent de la peine (nsuite a distinguer I'Elre Su- preme, avec 'a deciidence de la nature ou lesrevers du sort, ils les envisageoient conme les ouvrages d'un cs[irit malin. Dans le quatorzi^me siecle e j:ore , ils faisoient intenter, jar Belial , un proems a J. C. Le demon (2) v 6toitpresque ador' , alin (ju'il ne fit pas du mal aux bnb'tans. Get esprit de crtdulite n'a pu etre dclruit ni par les Celtes , ni paries Car-

(i) La mnnie de faire sortir ]es nations !ps un.?s des autres, a gagne aussi un fameux auteurdenos jours, qui croit que les Samoy^dej sent sorlis de lu Finlande; mais les Samoy^des sent plus ancier.s que cos Labitans de la Finlandt; ; je m'en xappoTle a un auU-ur qui a ecrit 400 ans avanf I'ere vu!- gaire.

(2) J'ai un 111-4 o ^'" quatorzl&me sii^cle , qui fraite au long de CO I'ameux procL-s , et dit que Dieu i- p<' re remit la cause de son liJs a TarbiUc de SiiiQuiuu , dc Mojsc , d'lsaii ct d'Ariiiule.

4^o Medecine.

^hacinols , ni par ]es Roniciins , qui vi'nreiit succes- 5ivement dans nos contrecs. Les .HeU'is ^ enrerevant Ic nt cle ces nations, conscrvert^nt lenrs superstitions 5 et la religion de ceux-la plioit sous ie joug du culle de cen>-ci ; les arts et les sciences penctrerent dans les Gaules avec beaucoup de difficultcs, et lout ce qui y paroi.^soit avoit ie sceau mystique. Ce que les Utivls ont Ie plws soigneuseraent conserve , c'est i amour qu'i's ont encore aujourdljui pour les montarnes, leurs premieres meres r.ourricieres. Le besom guidoit leurs vues, et dans ur.e grande partie I'Helvttieon mtfnage, encore actuellement , plus ies animaux que les bommes 5 la sortie de ceu.\-ci est encore permise.

Parce qn'on rencortre cbez les Helvetiens quelques rils qu'ils ont appris dcs Gebes ou des Romains 5 pourra-t-on inferer de-la que les Helve- tiens descendent des Geltes? On se fait un crime? dans .quelques districts de la Suisse , de tuer certains animaux ; mais ce peuple seroit-il descendu de Py- thagore? Dans un vieux manuscrit que j'ai , il est simplement dit que Ijs Celies arriverent dans les Gaules a difft'rentes reprises, ce qui cmnonceroit des petites recrues, et non pas une emigration com- plete.

Une naiion tartare venere ^es liaules montagnes, les Gaulois et les Romains avant eux, eurent aussi une veneration pour les montagnes. Mais , quoi de plus ^tonnant que de I'observer encore de nos jours ? Tous nos pelerinages sont dans des lieux escarpes , s'iis veulejil faire fortune. Des moiiies se logerent ,

Observations stir la Suisse. 4^1^

en i3i8, dans des troiis pratiques dans des rocs, et on y observe en Suisse encore des cellules.

En feuilletant les ouvrages d'Hippocrates , et en apprcciant dilTerens passages, on seroit porte a croi'.e que cette veneration est I'efiet de la loi naturtile. Ee feodalisme , en conslruisant des cha- teaux sur des pains de sucre , peut en imposer ; non seulement I'em placement de la forteresse , mais encore Popinion , qui considere tout ce qui est eleve au-dessns de la sphere commune , quoique les forces plijsiquesj manquent souvent. II n'y a pas de pays on il ait en autanl de guerre qu'en Valais, parce que chaque riche particuher y t-ouvoit des emplacemena iavorables pour cor.struire des chateaux 5 k's eveques avoient aussi Ls leurs.

Tons les hommes aiment les montarnes , parce que rhomme est ne sauvage , et que la mor.tagne nous approche d^ la condition primitive ; tons les habitans des campa-nes choisissent , ]>our I'^tabhsse- ment d.; leur demeur? , on une co'.line, ou une ele- vation : sortez rhomme de cetle sphere, \e hemve le snivra par-tout; il vent borner les operations de son intelligence a la circonference que la nature tra-a k son berceau. La perspective de s'etahlir ailleurs gagne fort peu de montagnards , qui n'oc- cupent cependant pas le site le phis commode dc la Suisse. L'asperite du sol les rend rustres , et ils ne rencontrent rieu oii ils puissent mieux reposer leur imagination , que la ou la nature prit le limon pour les iormerj la, d'oii Prom^ih^e atte.gnit U

I

462 Medecltie.

soleil pour en arrachcr une etincelle et les ani-

mer (i).

Demander d'ou sortirent les premiers liabitans de I'Helv^tie 5 c'est demander d'ou sortirent les loups , les mouclies et les insecles de la Suisse. Si la meme terre ne produit pas par-tout les memes aromates , pourquoi toutes les nations auroient-elles la meme origine , les memes prrjuges, L^s n emes supersti- tions ? Les nations non civili.ees qui formerent peu k peu un efat social , adopterent d'elles-memes diffe- rens r'ts et differentes opinions 5 celles qui ss rap- procherent a cet egard, ne descendent pas plus les unes des autres , que la reaoncuLe glaciate de la SIberie ne descend de la renoacLiie gtaciale du Valais.

(i) On serolt tente de croire que la nature des rayons du tfoleil n'est pas par-tout ia meme , qu'elle vavie ainsi que ses cfiets; ondiroit,a en juger d'apres quelques observations, que ie soleil a pour chaque pays une intlu;^ijce pjrticuli^re ; I'in- tensite et I'effet de sa clialeur dependent et du corps qui ali- mente le feu , et de la nature de ceiui qui le recoit.

ARTS C II I M I Q U E S.

Kecueil de procedes et d'expLTLences sur les teiaiures soLUies que nos vcgclaux Lndlgtiies coniniuniquent aux laities el aux lainages j, par le cUoj^en Dambour^ey ^ negocuant ch KoLiea. NouveUe idition ^ revue ^ corrigce ^ et dans laquelLe se trouve rcjondu Le supple^ merit qui a puru depuis. A Paris , chez Aubry , libraire, rue Baillelte , N." 2. A Rouen, cbez veuve L. Dnmesnil et Montier, rue de Socrates, N.o 6 , an 2..^ de la Ropublique franraise , ( 1793 ). Iii-8.° de 389 pages , saus les tables.

Xj'historiquk litterairc de cct ouvrage exig-^ le preaml)ule suivant :

II J a plus de quinza ans que le citojen Dambour- nev , alors secretaire de la ci-devant academie des sciences , arts et belles-lettres de Rouen , m'entrete- noit de ses operations cbiraico-tinctoriales. « J'ai fait , » me disoit-il , pendant deux ans , des experiences 21 assez inutilement, pour exlraire la fecule bleue de » nos plantes, dans lesquelles je crojois reronnoltre « quelqu'analogic avec Tanil. Je vi^ns ausi de m'oc- « CLiper d.' la rec'.crc' e des plantes qui contienneut y> assez de nitre , tout form^ , pour fulminer ou ful- >' gurer en Ijrulant , et la liste en est ^Ja considerable. « Mais comment en extraire ce nitr , sans le decom- » poser? C'est a quoi e n'ai pu parvenir. E )ullition , « infusion J putrefaction, simple expression, evapo-

464 ^Arts cliLinlques.

» ration tres-lente, meme an solcil , iie ir'ont clonn6 » que des sels denatures , dans lesqu, is !e nitre dumi- » noit , mais que la base alkaline n'a pu retablir. y> Cependant cbacune de c?s plantes en poudre m'a 3) donne beaucoup d'acide nitnc[ue , par Pintermede J) d'acide suirnriqu?. Mon but etoit d'afTrancbir la » nitridcalion des longneurs et de la puaateur qu'elle enlraine par Li voie ordinaire. Je vois le nitre » prrsque par-tout , sans pouvoir le sa'sir. Les extraits » ne m'offrent que des sirops, dont l\''paisseur s'op- » pose a la cristallisalio j ' et a peine -a fermentation, » memeputride, detiuit-elle celte raucosit^ ».

An commencement de 1780, le citoven Dambonr- jiej me f'oisoit part ciu'a i'instir de ma ])-:ytogra]diie economique , il en redigeoit uiie qui cjntenoit un cours d'e^ pc^riences , i^our faire voir quelles cou eurs solides peuveut procurer sur ies laines les ois, fruits, fleurs et racines indigenes, 'e me trouve dej;; , isoil- il, i36 bonnes couleurs ou nuan es, et a peiuesnis-je entr6 dans la carriere. Cela nous prouve cjue les tresors de la nature sont inepuisables ; il ne nous manque que le couiage tt le loisir de les tirer de sou sein. Sur la fia de la meme ani'.ee, le cilojeu Dam- bonrnej avoit ol tenu 821 nuances de couleurs solides sur laine 5 extraites de veg'taux du dt'i-arlernent du Calvados. II ne me manque plus, dit-il , c i!e du bleu pour complc^ter ma fuco-grapliie, je chercbe vainement depuis une ann^e actuellement revolue. Mais la decouverte etla facilite d'employer en grand le vert natif et solide , sans melange de bleu et de jaune, m'encournge a poursuiyre mou travail , qui

d a lieurs

Couieurs i-'cgttaies. 465

iVai'leurs m'amuss beancoup pnr la vnricte des plie- nomenes imprevus qu'il me pivsenle. Je compte niaiiiteaant ( en 1782 ) plus de 700 produifs soliiles Mir laine ; vous yoyez que ma phytogiaphie indigpna tinctuiiale avance. Ma s, depuis ce temps, Ic citoyen Danii.odrney s'est perseveramnient orcupc^ du meitie travail ; il a portc^ a plus de i.^oo nurincrss solides ses iiiporlantes decuuvc^rtcs.

Ce rcrueil , pivcieux au\ arts et auK .sciences , indique done avec certilude a nos ma ^uCaclures les fruits, les fleurs , les bois , les plautes et les raciues indigenes ou naturaiise's, propres a suppleer les raa- tic'rcs colorantcs que I'elranger ne nous fouri it (;u'a grands frais. II ensei^ne avec clarte des proctdi's simples par lesquels on ])eut aiseinent inultiplieu leurs nuancps et consolid'. r leurs couieurs. Le citoyen I>ambourney n'a ^pargi e ni rcclierches, ni travaux , iii veilles , ni depenses , pour trouver dans le sein meme de sa patrie des moyens fac'les et pen dispen- clieux, de donner a hos manufactures une preponde- rance sur celles qui nous environment. II a reussi.

La premiere Edition parut en 1786 ; deux ans apres, le citoyen Dambourney fournit unsuppb'ment. Cetle nouvelle edition oifre toutca les experiences primitives et consc^cutives, classees par ordre alpb'a- betique des no.ns francais d< s vegetauxquiont fourui des nuances. Une ta})le gen^rale et alphabetique des couieurs , ainsi qu'une autre t:ible des v^-getaux , ter- minent cet ouvrage^ ct lacilitent Us dilTerentes re- cbercbes.

Je leruiiiicra! cet article, en rappflant quelques loiii.e 11. . O g

i^df, ''Arts chlnilqaes.

traits du Jiigement p ononce siir ce livre par les com- inissaires de la ci-devant acadeniie de Rouen , les citoj'Pn Pinard , Gosseaume et Mezaize.

« Avec quelle sensibility le cifojen Dambourney at-il du voir son travail fructifier dans ses mains, et les substances , les plus viles en apparence , lui fournir les plus riches et Irs plus solides couleurs!

» Qu'il s'applaudisse des produits s 'duisans de la fumeterre , du pcuplier d'ltalie , du sarrazin , du bouleau, du noyer, de la bruvere, de la gn ranee, et sur-tout des taics de la bourdaine. II faudroit tout citer, d^tailler, pour montrer I'ciendue de la recon- noissance qn'il merite.

» C'est dans celte ]:elle suite d'operalions qu'il est interessant de le voir interroger sans cessela nature, revenir avec empressement sur les couleurs les plus faites , par icur 6clat, pour temp.Ter son ardeur i^r— J3atiente» les combiner, essayer meme de les decom- poser, dans la vue d'en extraire de nouveaux tresors. Mais que ci'ennuis devores ne supposent pas de si nombreuscs experiences ; Les racines , les fleurs , les fruits Iss plus coJores , sont toujours ceux qui t ennent le moins ce qu'iis semblent prometire , ou blen la couleur la plus s^duisaute s'evanouit a i'epreuve qui doit en certifier la solidite. Qu'on reflecliisse mainte- nant aux tenlatives lieureuses on infruclueuses que le citoyen Damhourney a dii faire, el dont les nuances qu'il prdsenle ne sont que le r^esullat ^ et Ton commen- cera a prendre une juste idee de I'etendue de ses operations.

y Saus perdre de vue sou o])jet principal , il a

Couleurs u^gctaies> 4^

chercli6 tous les moyens de roinmiuii{;ucr an fil ct au colon les riches couleurs qu'il a su fixer siir la laine ; et I'inulilite ineme de s^s operations est une acquisi- tion reelle pour la science , puisqu'elle dispense a i'avenir d'une infinite de tentatives fastidieuses et sle- riles , les personnes qui se proposeroient de parcourir, apres lui, cette nouvelle carriore.

» Observateur atteutif , r(5dacleurfidele, lecltoven Dambourney ne paroit occup^ , dans tout le rours de son ouvrage , que du soin de transmettre daris toute leur integr le les procedes qu'il de rit, les n-anipula- tions particuiieres qui lui out reussi le mieux ; dv- !aire passer enfin son exactitude, son intelligence, s'il est possible , dans l'an:e de tons ses lecti^urs.

» On relrouve par-tout dans cet ouvrage cette pre- cision , ce!te cltU'tc -ui decelent un artiste maitre de son travail, I'iutcret qui fait estinier la srience, la candeur et la modeslie qui font clierir le savant.

WiLLEMET.

B E A U X - A R T S.

P E I N T U R E.

FrJgmens (Van manuscrlt de Diderot ■, sur le. saioti de Peinture _, de I'jGS (i).

Premier fragment. Servandoni.

C_^E Servandoni est un liomme que tout I'or dii Perou n'enrichiroit pas. G'est le Panurge de Rabe- lais, qui avoit quinze niille mojensd'aniassereitrente jnille de depenser. Grand macliiniste , grand arclii- lecte ^ bon peintre , sublime decorateur ; il n'j a aucun de ces talens qui ne lui ait valu des sommes immenses. Cependant il n'a rien , et n'aura jamais rieri. Le roi , la nation , le public , ont renonce au projet de le sauver de la misere. On lui aime autant les dettes qu*il a , 'que celles qu'il feroit.

(i) Quoique ces reflexions aient pour sujet les tableaux exposes a un tres-ancien salon , elles ont cependanl un rap- port direct a la theorie generale de la Peinture. Nous n'avons d'ailleurs extrait que les rcinarques sur les tableaux les plus connus , faits par les luaitres les plus distingucs , il est inte- ressant de savoir le jugement cju'en a porte un homuie aussi cel^bre que Diderot , d'apprecier son gout en Peinture , do juger de la mani^re dont il s'exprime , en parlanl des arts , et de pescr les motif sur lesquels il appuic ses decisions.

Salon de 1765. 4^9

Deux dessus de fortes. Tableaurt de 4 pled^ 8 pouccs J sur 2 plcds 4 pouces de liaut.

L'lni represente des ruincs et mi tropliec d'ai- mes. L'effet de la lumiere en est beau , il est bien colorie; mais je lui pief6reroIs celui oii Ton voit un tombeau avec des roclu rs , et une chute d'e:iu: quoiqu'on puisse ecrire au-dessous de tons !es deux, ca^ jiiots qui reufermeut un des mjsleres de. Part : Par- vus viderl , sentiri niagnus. On sent grands des objets qu'il a peints petits.

Si I'Hercule Farnesen'est qu'une figure colo?sale oh. toules les partiesde detail, la tete, -ec ol, les bras, le dos , ]a poitriiie , le corps , les ; uisses , les jarabes , les pieds, les articulations, les muscles, les veincs, ov.l suivi prc- porliDiinellement i'exageralion dela grandeur ,ditcs- inoi pourquoi celte figure , reduile a la hawleurordi- liaire, reste toujours un Herculc ? Pourquoi , re- duite a quinze pouces de hauteur , c'est encore un Hercule ? Cela. ne s*expli/,ue point, a moins qu'il n'y ait a ces productions enormes quelques fjrmes afierlees cjui gardeut leure<ce;, taud s que les au- tres le jierdeut. Mais a ({U.-lles parties dc ces figu- res appariient cette cxageralion permancnte quisub- siste au rrilieu de la reduciiou proportiounelle des autres ? Je vais taoher de vous le dire. Pcrmeticz que je romp? par quelqu'ecarl qui nousdvlasse, la nionoloaie de ces descriptions et reinuii d s mots para.-ites, heurti ^ empale _, vrai , naturci , bleiv colnricy been cclaire J cliaudement fait , frold ^ dar . sec J nioldleux j rpie vous avez t:jiit entcndus, Si.ns tc quo vous les cnler.diez encore.

470 Beaux-Arts.

Qu'est-ce que rilercule de la fable ? C'est im hoiv.me fort ct vigoureux , qu'elle arme d'une massue, et qu'elle occiipe sur les grands chemins , dans les furets , sur les raontagnes, a combatlre des brigands et a ecrascr des nionslres. Voila I'eiat donne. Sur quclli^s par'ties d'unlvomrae de cet etat, Texageration pennan-nte doit-elle principalement lomber.'^ Sur la tele ? 'Now : on ne con\l)at pas de la tete , on n'ecrase pas de la tete. La tete gardera done a la rigueur sa proportion naturjlle , conformement a la hauteur de la f]£,ure. Sur les pieds ? Non : il suffit nue les pieds portent bien la figure ; et lis lie feront , s'ils sent aussi a-peu-pres proportionnes a ia hauteur. Sur le col ? Oui , sans doute. C'est I'origine des muscles et des nerfs ; et le col sera exageie de grosseur un peu au- dela de la ; roportion donnee. J'en dis autant des ei"^aules, de la poitrino, de lous les muscles de ces parlies, mais sur-tout d^-s mufTJes. Ce sont les bras qui portent la massue et qui frappenf. C'est la que doit etre vigoureux un tiie!;r d'hcmmes, un ecraseur de beies. II doit avoir dans les cuisses quelque exces const^^nt et de Peiat (i) , - puisnu'il est destine a grimper des rochers, a s'enfoncer dans les forels , a rodvT sur les grands chemins. Tel est en effctl 'Here ale de Gljcon. Regardez-le bieu , et vous y reconnoiirez

(l) Ct3ci rappeile un mot'de feul'abbo Arnaud sur lui de nos acteurs cjiii jouisil crlors avec succt^s dans Ja coioedie et dans ja trcgc'die. Qucicpi'un vantoil son talent dans ce deriiier genre. A ia boKne heure , dit I'abbe avce son accent meridiona! tp.ii pjoutoit eiicure au piquant de S(-.s snillies , a la bonuuhenr*' ; mais il n'a pastes cuisses tragittues. li'ote des r^Jacteuis,

Salon de 1760. 471

un svsl^me exag^re dans ccrta^ncs parties d -'sign cos ]^ar la condition de I'iioiiiine : exag-'^raiionqui,s'arioi- blissant insensibleineiit , s'en va avcc im art , un gout , un tact sublimes, recherclier les jjroportioiis de la nature commune a ses deux exlr^mitc's et a loutes les 2>arties quo la condition de I'homme laisse sans Ibnr- tion. Supposez a present que , d'uii Hercule de huit a iiruf pieds de baut , vous en iassiez , sur une echelle p'us petile, nn Hercule de cinn, pieds et demi. Cesera encore un Hercule ; parce qu'au milieu de la reduction de ton les \es parties d'une nature ordinaire et com- mune, il J ei a d'autres (lui , quoiqu'aussi reduit-s proportionnelleinent , garderont cependant leur exces. Vous le verrez pel It ^ vous le sentirez grand. Plus la peTiie non evageree d'une nature onliuaircet com- mune sera voisine de la pariie qui garde son exces , plus vous la trouverez afToiblie ; plus , an coulraire , la distance enlre la partie exageree et la partie non exageree sera grande , moins vous en apercevi ez la disproportion. Tel est encore le caractere de I'Hercule de Gljcoiu C'est de la tele au col , el non des cuisses aux pieds , qu'on sent forlcment le passage d'une na- ture a I 'autre.

iMaintenant,a cote de cet Her.ule , imaginez quei- ques-unes de ces natures k'geres, elegant, s, sveltco; uniMercure, par ex.^mple. iFait.s d^croitrc Tune dt> ces figures , en meme proportion que vous fere/^ croitre I'aulre. Que le Mercure prenne successivemefll Ion I ce que I'Hercnle perdra dc son exagc ration per- ii>nnente,et (jue THcrcuie prenne anssi successivemewt lout ce quo Ic Mrcure pcrdri* de sa iegerete de coa-

G g 4

47^ Beaux-Arts.

dition ei d'etaf. Suivez cette met.miorphosG fdeale, jus^ju'a cc que vows ciyez deux figures reduiles, qui se resscnd^Ient pan'aiteiriont ; et vous aurez rencontre les proportious de i'Aulinoiis. Qu'esl-ce done que PAndnous: C'esi un ho mi me ([ui u'esl d'aucun t'tat ; c'est un faineant qui n'a jaaiais rien f^iit , et dout aucune des fonctions de la vie n'a allere les piopor- lions. L'H.rcide e^t I'exiieme de I'homme laborieu?;, I'Anlinoiis est Pextrenie de I'homme oisjf. II csl ne grand com ;>e il est. C'cst un mo .ele prirailif et con.iL.un ; c'est la figure tsiie vous choisirez pour la plier a toutes sortes de conditions, soit par I'exogera- tion de quelques parties pour les natures fories, soit par Paiioiblissement de cas parlies pour les natures legeres ; et c'est la conr.oissance plus on moins pro- fonde , plus ou moins cxacte que vous aurez des cou- dilions , qui determinera les parties sur lesqucdles rexccs ou I'aiToib'issemenl doii tomijer. Le diiliciiede la chose ne consiste pas dans ce choix 5 ce n'est pas la le sublime de Glycon. Ce que je vous deinar.d- ^ c'est que votre sjsteme aiile insensiblemeiit , drs pf;r!ies que vous aurez afloihlies ou exng 'rees , se con- fondre dans la nal.ire (ommuue des antres parties, avec tant d'art et de scieftce , que , f;rand ou petit, je reconnois?e toujours voire soklat , si c'est a I'efat ndiita:re que vous ajez condn"t I'Antinoi's ; votie porte-iaix , si c'est un portj-f.iix que vous en iivcz fail.

Mais si c'est le diru de la lumiere, si c'e.U le vain- quenr du ser; eat Pitlion , si I'etat exi^e de la (bice, *de la grace , de la grandeur el de la vtluciie 'i

Salon de 17').). 478

A.lors vous lalssercz a I'Antinoiis loules ses propor- (ious dans les pariies sup-rieurcs : je dis ses propor- lions, et noil son caractere 5 car cc sont dvux riioses (livrrses ; et en repandant I'alteralion seule:i'ent>sur les janibes et les cuisses , d'ou elle ira recherclier par gradation les parties su])^'rieures de l'Antino''is , vous aurez I'Apollon du Belvedere : vigoureux d'enhaut, veloce par en has.

C'est ainsi qirun maquignon experimentf' se foririe I'idee d'un beau clieval de bataJIle. Le cbeval ds ba- taille est une nature moyenne entre le clieval de trait le plus vigoureux et le clieval de course le plus leger. Et soyez sur que deux bommes consoinmes dans le maquignonage, ont,a de Ires-peiites diuerenccs pres, la meme image dai.s la fete, ct avec lous les relours delicats de Texag^ration ou de raiToiblissenicnl a la na- ture ordinaire et comuuine.

Voila, mori ami, ua (^c iiantillon de la melaplij- sique du dessin. Toule science, lout art a la sieune, a laquelle Je genie s'assu;6tit par insfirct sans l9 savoir. Par instinct? Oh! la belle occasion de mc(a- plijsiqtior encore! Ce sera pour une autre fois, vons ii'y perdraz rien. II ;. a sur le dessin des cbo«es plus fines eu.ore , que vous ne perdrez pas davanlage.

B A U D O U I N.

Pcintre en ir.iniature, lion garron ; qui a de la fi- gure, de la douceur, de I'esprit ; uii peu lihertin , K mais qu'vS;-ce que cela fail? Ma fenime a s?s qua- rnnle-ciiiq ans passes , et il n'aj proc era pas de ma iiiL: , ni lui. rxi ses coinposiiio.is.

474 BaiLx-Arts. ^

II J avoit au salon line qnantilede peh'ts tableau:* de Biiudouin , places dans I'embrdsure d'line fenetre; et toules les jeunes filles, apres avoir promen^ leurs regards djstraifs siir quelqiies tableaux , finissoient K iir tournee a I'endroit ou I'on vqyoit la paijsanne quereiUe par scJmkre , el le cued Lear de cerises. A un certain age,Non lit plulot uu onvrajie lihreiiu'im bon ouvrape , et I'on s'arrete plutot devanl nn tableau ordurier quo da van t nn bon tableau. II y ameme des vieillcjrds qui sont punis de la conlinuite de leurs debauches, par b gout sterile qu'ils en out conserve. Qr.elques-uns de crs vieillards se Irainoient aussi, be- quille en main , dos voute , lunettes sur le nez , aux petites infcuiiies de Baudouin.

L E C O N F E.S S I O N N A L.

Un confessionnal est occup6 par un pretre. II est enloure d'un troupeau de jeunes filles qui vienuent s'acciiser du pecbe qu'elles out faii , ou qu'elles feroic nt voloniiers : voila pour Toreille gauche du confcsseur. Son Oreille d; oite entendra les sotiises des vielllcs , des vieux, et des petits morveux qui occupent ce cote. Le basard ou la pluia a fait entrer deux grands egril- lards daus I'egiise. Les voila qui ruent tout a travers le troupeau des jeunes penitentes. Le scandale s'eleve. Le pretre s'elance de sa hoite 5 il s'adrcsse durement a nos jeunes elourdis : voila le moment .lu tableau. Le pretre est a moitie bors dii confessioimal ; il a Pair indigue. Un de ces jeunes gens , la lorgnette a la main , I'airironique et mej^risant, la iete retournf^e vers le coafcoseur^ est tent^ de lui dire sou fait. Son cama-

Salon r!e 1765. 475

rnde, qui prcssent que raffaire p^ut devenir grave, cherche a I'entrainer. Les jeunes filles out la pUipnrt les yeux hypocrilemenc baisses. Les vieilles»et les vieillards soiit qohitouccs. Les marnioiisjts , places <lern>.re leurs parens , sourienr. Cela est pUisanf ; Ilia's la piet ' de nulre archeveque qui n'entcnd pas la plaisanteric, a foit oter ce morceau du salon (r).

Greuze s'est fait peintre predirafeur des bonnes iiiCEurs ; Baudonin , peintro prc'dicateur d-'S mau- valses ; Greuze , })eintre de famille et d'honnetes gens ; Baudouin , peintre da petites maisons et de libertins. Mais hcureusement il n'a ni dessin , ni genie , ni ( ou'eur ; et nous avons du genie , du dessin , de la couleur , et nous serous les plus {"oris. Biuidouin .me disoit un jour Ic sujet d'un tableau. II vouloit montrcr cbez ur.e sage-fenirne nne fille qui vient d'y accouclier claMdestinemcnt 5 et que !a misere for- oit d'ahandonner sou enfaot aux eurans-trouvcs. Eli I que ue placez-vous, lui reporulis-je, la scene da;is uii prenier, et que ne me n^onlrez-vous un lionnt'te femme ^jue le meme motif coutraint a 1 1 nenie artiou ? Ce^a sera plus beau , plus toucbant et plu> bonnete. Uii grenier prete plus au talent que le laud 3 d'un;; sago-femme. Quand il u'eu codf^ aucun saciilice a Tart, ne vanf-il pas miiuv metlre en scoric la verlu prv lerablernent au vice? Voire composition n'ins-

(i) No»r, vfiio la plcte eclairee du prelat n'a pas ete choqure dn cueilleur da ceiisef , ni de \aL fiilc que-eUz* y inals seulc- MiLjil du '.onJ(ssionnal. ( Note a'g M. G.)

47^ Beaux-Arts.

pirera qii'une pilic sterile ; la mienne Insplrera le meme sentiment a\^ c fruit,... « Oh! Gela est trop serien*. Et puis , des niodeles de filles , j'en ircmverai tant qu'il mc plaira «... Eh bien ! voulez-voiis uii sujet <:ai ?... v Oui, et me.ne un peu gravelenx, si vous ponvez : car Je ne m'en dt'feiids pas , j'aime la gra- vehire, et le public ne la Lait pas «... Piiisqii'il voiis en faut , il j en aura , et vos mocleles seront encore rue Fromenteau... « Diies, dites vite «... Tandisqn'il se froltoit les mains d'aiss, imaginez, continuai-je , iiD fiacre qiii s'en va entre onze heures et midi prendre le chcmin de Saint-Denis. An miUcu de la rue Saint- Denis 5 unc des soupentes du fiacre casse , et voila la voiture siir le cote. Les glaces de. ])ois se baissenl , la portiere s'ouvre , et il en sort nn inoine avec trois filles. Le Uioine se met c\ courir pour se soustraire au\ regards du pu])lic. Le caiiiche du fiacre saute« d'a cote dg son maitre, suit le moine , I'atteint , et saisit des dents sa longue jaquelte. Tandis que le nioine se demene , pour se debarrasser du chien , le fiacre qui ne veut pas perdre sa course , descend de son siege, ct va au moine. Cependant, une d -s filles pressoit avec sa main, ou avec la lame de son couteau, Tine l:oss3 cpi'une de ses compagnes s'etoit faile au front ; et I'autre a qui Paventure paroissolt comique , loute debraillee et les mains sur les cotes , eclatoit de Tire. L: s marchands et les marchandes en rioient aussi soug leurs portes 5 et les polissons qui s'etoient assembles autour du moine, lui crioi^ent : « Ah!il a chie au lit ^ ah! il a chie au lit ».... Cela estorcellcn^, ditBaudouin »,... et meme un pcu moral , ajoulai-je :

Salon de 176.". 477

C'est du moins le vice puni ; et qui salt si le moine a qui ce coutre-lemps est arrive , il y a liuil jours, fai- saut un tour au salon , ne se reconnoitra pas , et ne rougirapas? Et u'cst-ce riea que d'avoir fait rougir

un moine ?

G R E u z E.

Voici votre peintre el le mien ; le premier qui se soit avise parmi nous de dormer des moeurs a Viv t , et d'encLaiuer des evenemens d'apies le.-xjuels il seroit facile de faive uu romaii. II est un p.^u vain, n.jire peintre ; mais sa vanite est ci lie d'un enfant , c'cst I'ivresse du talent. Otez-lui cette naivet'- qui lui fait dire deson propre ouviage : « Voy z-mo; cela , cVst cela qui est beau « ! vouslai oUm-.-z la verve , vous (^teindrez le feu, et le genie s\ clipsera... Je Grains bien/, lorsqu'il devi.nidra modeste, qu'il n'ait raisoa de l^etre. Nos qualites, certaines du moins, tienn-nt de pres a nos dt'fauts. La plupart des honnctes fi^/nmcs ont de rhunieur : Ics grands artiste; out un petit coup de haclie a la tete. Prescpie toutes les femmes galantes sont genereus?s ; les devotes , les bonnes meme, ne sont pas exemptes de la mt'disance, II est difficile a un maitre qui sent qu'il fait le bien , de n'etre pas un pen despote. A qui passera-t-on les defauis , si ce n'est aux grands hommes? Je hais toutes CCS petites bassesses qui ne montrent qu'uiie ame abjecte ; mais je ne hais pas les grands crimes : prcmierement , parce qu'on en fail de beaux tableaux et de belles tragedies ; et puis, c'est c|ue les grandes ct sublimes actions et les grands crimes portent le meme caractere dYnerg e. Si un hommc u'eloil y-as

478 Beaxu-Arts.

capable d'incendicr vine vi!le, uii autre homme ne seroit pas capable de se prccijriler dans un goulTre, pour la sauver. Si Tame de Cesar u'eut pas ete pos- sil^-le, celle de Caton ne Tauroif pas tte davantage. X-'homme est ne citoyen , tan tot du T^nar? , lantot de rCljmpe. C'est Castor et Pollux , un beros , uii sce- lerat ; Marc-Anrele , Borgia : dlvenls sIluUIs ^ ovo prognatus eodem.

La Jeune filte qui pi.eure son oiseau : Ta- bleau ovale J de deux pleds de liaut.

La joHe elegie! le cbarmant poeme ! la belle idjlle que Gessner en feroit ! C'est !a vignette d'un morceau de ce poete. Talleaii delicieuxl le plus agr<^abie , et peut-etre le plus intcressant du salon. La pauvre petite est de face 5 sa tete est aopujee sur sa main gaucbe. L'oiseau mort est pose sur le bord sup^rieur de la cage, la tete pendante, les ailes trainantes, les pattes en I'air. Le job catafalque que cette cage ! que cette guirlande de verdur , qui sei-p^nte antour, a de grace ! La pauvre petite, ali I qu'elle est affligee ! qu'elle est naturelle/t^ent p'acce ! que sa tele est belle ! qu'elle est elegamment coefTee ! que son visage a d'expression ! Sa douleur est profondr. EHe est a son maltieur jelle j est loute entiere. O ia beHe main! la belle main I le beau bras ! Vojez la verite des details de cpsdoi^it-, et ces fossettes , ct cette mo'esse , et cette teinte de rougeur dont la pression de la tete a colore le bout de ces doigts dtlicats, et le cbarme de tout cela. On s'approcberoit da cette main pour la baiser, si on ne respecloit cette enfant et sa douleur.

Salon de 1765. 4^5

Tout cnchante en elle, jusqu'a son ajustement. Ce nioiK-lioir de col est jet(^ d'une mani'n-e! il est d'uno souplosse et d'uiie legc^rete ! Qucind on apcrroit ce tableau , on dit : dv'licieux ! Si Ton s'y arrete , ou qii'oii J revienne , on s'c'cri'." : delicieux:, dclicicux ! Bientol on so surprend conversant avec ceile enfaiit, et la consolant. Cela ei^t si vrai , qu3 voici cs que jc me souviens de lui avoir dit a diflf.' rentes reprises :

Pauvre p tile, votre doule-ur esf I'ien proforide, bien rc'flt'clnel Pourquoi cet air reveur et melancoli- c]ue? Quoil pour un oiseau 1 Vous ne p!eui*ez pas; vous etes atHi'gee , et la pensce accompar ne voire aiTlirtion. C"] , pelite , ouvrez-moi votre v(jeur , parlez- iiioi vrai. Est-ce bien la mort de c.^t oiseau qui vous retire si fortement et si tristement en vous-meine ?.... Vous baissez les jeux ; vous ne repondez pas. Vos pleurs sont pr6ts a couler. Je ne suis pas pere , je ne suis ni indiscret, ni severe... Eh bien! jeleconcois: il vous aimoit ; il vous le juroit, et le juroit depuis si long-temps ! II soadVoit taut I le movc^n de voir soulfrir ce qu'on aiine!.... Eh! laissez-inoicontinuer ; pourquoi me fermer la louciie de votre main?... Ce 37^.atin-l^.... par malheur, votre mere eloit absente. II vint. Vonsetiez seule. II 6toit si beau , si passionne, %i tendre , si charraant! II avoit tant d'a nour dans lesyeux , tant de v6rit(' dans les expressions! II disoit de ces mots qui vont si droit a I'ame ! et en les disant , il tloit a vos genoux... Cela se conc;oit encore : il tenoit une de vos mains. De temps en temps vous y sentiez la chaleur de quelquv-^s larmos qui tomb )ient de ses yeux, et qui cou:oient le loj)g de votre bras.

4H0 ' Beau.r-Artu

Voire mere no reveuoil toujours point. Ce nVst pas voire faute ; c'cst la faute de votre mere... Ne voilii- 1-il pas que vous pleurez de plus belle?... Mais ce que je vous en dis , u'est pas pour vov:s faire pleurer. Et pourquoi pleurer? II vous a proniis ; il ne manquera a rien de ce qu'il vous a promis. Quand on a Pt(' assez heureuvpour|rencontrer une enfant charmanle conime vous, pour lui plaire, pour s j attacher, c' st pour lontela vie...« Ei nion oiseau «?.. Mon ami , ellesouril. Ab ! qu'elle ^toit belle '. Ah ! si vous I'aviez vu sourire (3t pleurer!... Je coatinuai : Eh bien! voire oiseau ? Quand on s'oublie soi-merae, se souvient-on de son oiseau? Lorsque Tb^ur-* du retour de votre mere ap- procba , votre tendre ami s'en alia. Qu'il eut de peine a s'arr jcher d'aupres de vous'... Vous me re- £>;ardez ? Eb ! oui , je sais tout ce!a. Combien il se leva et se rassit de fois '. combiea il vous rb's et redil adi,-u , sans s'en aller 1 combi-n de fois ii sorlit et renlra! qu'il eloit bnuvux , contnl, Iransporte ! .Te viens de le voir cbez son pere. II est d'une galte cbarmanle , d'une gaite qu'ils parlatent tons sans pouvoir s'en defendre... Et ma mere? Votre mere? A peine f t-il parti , qu'elle rcntra. Elle vous trouva leveuse comme vous I't tiez tout-a-1'lieure ; on Test toujours comme cela. Votre mere vous parloit , et vous u'entendiez pas ce qu'elle vous disoit ; elb- vous conimandoit une chose, et vous en faisiez une autre. Quelques pleurs se presen'.oient aux bords de vos paupieres ; vous les reteniez de voire mieux ; on bien vous d;'lourniez la tete pour les essuj-er furtivcment. Vos di?tractions conlinues impatienterent votre n>ere 5 elle vous

£roiida

Salon de 176.'). 481

gronda ; et ce vous fut uue occasion de plourcr sans contrainte et de soulager votre coeiir... Continuerai-je,' petite ? Je Grains que ce que je vais dire ne renouvelli votre peine. V(his le voulez?... Eli bien! votre bonric in6re se reprorlia de vous avoir alllig^*e ; fl'e s'appro- ch I de vous r, elle vous prit ies mains 5 elle vous baisa le front et Ies joues ; et vous eu pleurates Lien davan- tage. Votre tete se pencha sur elle , et votre visage , que la rou^^ieur coniiivencoit k colorcr... tenez , tout comme le voila qui se coiore... alia se caclier dans son sein. Combien cette bonne mere vous dit de choscs deuces, et combien ces choses douces vous f.iisoient de mail Cependant votre serin avoit beau s'e^osiller, vous avertir , vous appeler, batire des ailes, se plaiudra de votre ou! li ; vous ne le voyiez point, vous ne Tentendiez point ; vous eti'Z a d'autres pensces. Son eau et Sd graii'.e ne furent point ren<;:vplees , et ee matin I'oiseau n'etoit plus... Vous me regardez en- core ? Est-ce qu'il me reste encore quelque chose a dire? Ah! j'entends, petite. Get oiseau , c'est lui qui vous Tavoit donn^. Eh bien ! il en retrouvera uu autre aussi beau... Ce n'est as touteucore. Vosyeux se fixent sur moi et se remplissent de nouveau de larmes. V"'y a-t-il done encore 'i P. irlez : je ne saurois vous deviaer....^ Etsi la mort de cet oi?cau n'etoit quo le presage!... Que ferois-je , que deviendrois-je , s'il ^toit ingrat » ? Quelle id<^e I ne craignez rien , pauvre petite ; cela ne se pent ; cela ne sera pas.,. Quoi \ mon ami, vous nie riez an nez ; vous vous moquez d'un grave pcrsonuaga qui s'occnpe a cousoler un enfant en peinture , dela pejte de son oiseau , de la Jo me II. H il

•482 Beaux- Arts.

pcrte de toul ce qu'il voiis plaira ? Mais voyez done comme elle est belle , comme elle est iiiteressantel Je ii'aime point a alHiger ; inalgro cela , il ne me d^plai- jrolt pas Irop d'etre la cause de sa peine.

Le suje; de ce petit po^.ne est si lin , que beauconp de personnes ne I'onfpas entendu ; ils ont cru que cetle jc'une fiile ne pleuroit que son serin. Greuze a deja peint une fois le meme sujet. 11 a place devant ini3 glace feU'e une grand.^ fiUe en satin blanc , pe- Ii6tree d'une profonde m<-lanco1ie. Ne pcnsez-vous pas qu'il y auroit autaat de betise a attribuer les pleurs de notre jeune fille a :a perte d'un oiseau , que la in^lancolie de I'autre jeune fiile a son niiroir casse ? Cette enfant pleure autre cbosi^, vous dis-je. D'abord vous I'avez entendue, elle en convient, et son afflic- tion reflecbie le dit de rest?. Tant de douleur ! a son Sge '. et pour un oiseau !... Mais quel age a-t-elle done ? Quelle question m'avez-vous faite , et que repondrai- je? Sa tete est d? quinze a seize ans ; et son bras et t-'a main , de dix-liuit a dx-neuf. C'est un defaut de cette con^.position , qui devient d'autant plus sensible, que la tete 6tant appuj4e contre la main , une de ces parties donne tout contre la mesure de I'autre. Placez la main autrement, et Ton ne s'apercevra plusqu'elle est un pen trop forte et trop caracterisee. C'est que la tete a et6 prise d'apres un modele , et la main d'apr^s im autre. I)u r. ste elle est tres-vraie cette main , tres- belle, tres-parfaitement color:ee et dessinee. Si vous voulez passer a ce tableau cette tacbe legere , avec un ton de couleur un pen violatre , c'est une cliose tres- telle. La tete est bien eclaiiee, de la couleur la plus

Salon de 1765. 483

agr('^al)lc qiTon puisse domior a une blonde , car el^e est blonde notre petUe. Peut-elre dennaiuleroit-oii que cet'e tele fli un pen plus le rond de bosse.... Le mouchoir ray6 qirelle a autonr du col , est large , Icger, du plus beau transparent : le tout fortement touc.be , sans nuire aux finesses d3 detail. Greuze peut avoir fait aussi bien , mais pas mien v.

Lorsque le salon ful tapissd. on en fit les premiers lionneurs a M. le marquis de Marigny. Le direct, ur ordonnateur des :irts s'y rendit avec le cortefie des artistes favoris qu'il admet a sa table ; les aulres s'y trouverent. II alia, il resarda , il appronva , il de- daigua. La Pleureuse de Greuze I'arreta etlesurprit. Ccla est beau , dit-il A I'artiste f[ui lui repondit : Monsieur, je le sais : on me loue de reste , mais je manque d'ouvrage. C'est, lui repondit Vern't , que vous avez une nuee «i'ennemis ; et , parmi ces en- nerais, ily en a un quia Tair de vousaimer alafolie, et qui vous perdra. Et qui est cet ennemi ? lui de- manda Greuze. C'est vous , reprit Vernet.

G E 0 G R A P H I E.

Proposttton d'une nouvclie metfiode pour enseigiier la Giographie ^ par J. D. Bahbik cfiarg6 de la partie gco^nipulque a La bLbiio^ theque natlonale.

JLiE but d'une mctbode, dans une science quelcon- que 5 doit elre de conduire ceiui qui IVtndie , giadut;!''

H h a

4^4 Giogrnpfile,

lement et com me pas \ > as, par toiites les veriteS que cetle science ren'erme, jusqu'a la plus sublime, s'il ejt poss'ble ; fon po'nl de depart doit etre celui qui est le plus h | or;ee d;s ^I>ves ; sa marclie doit etre «im];ile el naturel e , et l<\s qualites qu'on exige d'elle S!>i;t !a clarle et la precision. Toutes ces conditions se trouvent r^unies dans les meliiodes que Pon emploie depuis quelque temps pour enseigner la chimie , la phvsique et les matliematiques 5 aussi ces science* so: t-eiles ties-suivies ; dans la demi^re sur-tout , les 1/as- s sent des ver l6s qui ne peuvent etre meconnues de Pf'^tre le moins intelligent : d.^^a on s'^ leve par de- grees , 1a sphere s'agranclit ,etlVtudiant p. rvient5sans s'.n douter , au plus liaut point de la science. En Gtograpliio , ta marche est diamelraltment opposee ; on coir.meuce par transporter son cleve au plus baut point de la science , et de-'a , par des routes qui lui sont in onnues, on le ramene au point d'ou il auroit di'i partir.

C.^lte marcbe n'; st certainement pasnaturelle ; elle ne lient point a I'esprit d^analyse , qui vent qu'on ne juj2,e que par coraparaison 5 et comment les ^leve^ |o;irr^ient-ils jnger par co.i^paraison , lorsqu'ils ne connoissent pas les oLjels qui sont le plus pres d'eux? Voila ' ouf tant comment on a ense)ga6 la G 'ograpliie jusfjn'a pre?e:it. On me dira, peut-etre, que I'^tudeda la G6>^ra lii;^ etant se( h„ ct monotone, il falloit sur- prer.dre Prittention des eleves pour une science dont ils aurojent pu d^lourn. r l.s yeux , par de grandes expositions, paries tableaux des grands effets de la nature, et^en les iVappaul ainsi d'etonnement , les

Mitkode d'easelgaentent. 4^5

forcer pour ainsi dire de se livrer a un genre dY'tn. I0 qui deiiiaiidc dvi I'lipplicalioii et du travail. Jecon ois que toiiles ccs expositions, tons ces iabltaux peuvent €tre utiles dans un traits part culi r ; mais je ne ciois pas qu'il faille commencer par- la dans une m^thode qui doit etre simple comnie la nalnre , et (jui doit prindpalement etre adaotee aux connoissances de Pt'leve pour lequel elie est fa'te.

Eneffet, la marche que Ton a toiijours sn-vi^en G^ograpliie, est plus capaile de surprendr I'atten- tion que de la captiver. Tons ces grands princip?*; , tons ces rapports de la terre avec le c\A , frapiient l'ima«ination d s eleves , mais ils ne la flxeut pas ; re sont autant d'^clairs i\\A eblouissent et qui disjinrois- sent , parce que rien ne pr-'pare a en souteair Teclat ; tientot apres ^ Peleve se Irouve engag6 dans desd tails qui sont d'antant plus obsrurs pour lui , qu'il n'a noint d'objet de comparaison , et enfin il ne se re(oitio't que lorsqu'il est airive an terme d" sa carrifn\\ C'est un hommt' que l*on a fa't voyager p nla.t l.^ nuif , et auqnel il ne reste presqu'aucun sonven'r de son TOjage. On sent coinbien une pareille methode doit insfirer de dc'goiifs pour la science qu'e'le en egne, combien clle doit causer d'cnnnis k celui ({ui la s'u't. De-la vient sans doute I'indiff rence de bien (Xes, ^pws pour une science qui n'est pas la premiere , ^^ als qui ae lie k toutes les autres , et dont le besoin se faltsentir dans tons les momeni de la vie.

En mathematique^, dont Tetnde n'tst ]^ps "ous s^che et nioins monotone cjuecellf d ia Gcog-ap' jV , la marciie est bieii ditf«rente 5 on fail passer '^ n el6v«

Hh S

4B6 Giograp/iie,

du connu a I'inconnu , on le mene de d^couTerte en dfconveite , I'interet va toujours croissant, et enfifi il parvient aux v^rit^s les plus sublimes. En Geogra- pliie , n? pourroil-on pas suivre la me e marciie? II lie peul y en avoir qu'une pour toutes les sciences, Vanalyse ^ et ourquoi ne I'appliqueroit- on pas A la Gdo„rap";ie ''* Dira-t-on que cette inarc'ieseroil bonne poui' p^rfeiMionner cetie science , mais qn'elle ne pent serv'ir pour i'enseignv^r , II seroit etrange que le cliemin qui doit mener a la perfection d'une sciene , ne ftit point crlui qui put servir a I'enseigner. S'il y avoit ainsi deux routes oppos^es, alors toutes mes idces se- roient brouill^es , et je dirois : cessez d'enseigner, car il v^aut mieux reculer ies bornes de nos connoissan^ es que de nous trainer ti)ujours dans le sentier de I'en- iiuveuse routinc\ Maisje crois que VanaLyseesi aussi applicable a la Geograipiiie qu'aux autres sciences.

Voici done comme.l je procederois :

Je connn^nccrois par les details. Je ferois re' on- iioilre a mes f leves ce qu'ils out sous les jtux ; je leur indic;uerois les quatre points cardinaux du monde ? ])ar leur position meme 5 je leur presenterois ensni'e un plan de la commune qu'ils habitent ; je leur ferois cliercher sur ce plan leur demeure , et je leur ferois juger de la distance d'u 1 point a un autre, par celle qu'ils connoissent. Je leur expliquerois ce que c'est que I'^clielle d'un plan ; et , en leur pr^s^^niant un pied on un n)etre , je leur ferois juger de la proportion di.ns laquelle on est oblig^ de reduire ce pied ou ce metre , pour pouvoir faire , sur une ft uille de papier , im plan assez eteudu 3 je leur ferois remarquer les

Melliode d'enscigiiement. 487

rivieros, los ruisseaux , les arbrcs , et je leur feruis comparercusobjets aveclcs ol>jets iiemes.

De-la je ferols passer mes el^ves a I'etude cl'une carte topo|2;rapluqiie conteiiaiit une [ins graude cten- due de I>a3's. Je leur montrerois leur co 1 mane re- duite au point de n'y poiivoir pkis reconnoiire leurs niaisons ; je leur ferois remarquer la proporliou dans laquelle les objcts du p'ari sont lY^duilssiir cede carte ; je leur parlerois de IVclielle ; je leur ferois remarqtier les rivieres et les ruisseaux qu'ils aurolent vus sur le plan , et coinbien ils sont devenus petils stir cette carle j je leur ferois juger des autres rivieres et ruis- seaux, par coriiparai.^ou avec ceux qu'ils coinioilroieiit dcja ; je leur apprendrois a juger de la distance res- pect ve des diOergns objels, par I'ecliLlie.

Ensuiie je passerois a une carts cliorograi hique. La, leur commune ne seroit plus (ju'an point ; je leur expliquerois les diETerens signes dont on se sert pout dislinguer les objets ; je leur montrerois les montagnes , les bois , les ports de mer , les bancs de sable , etc. ; je leur indi'^,uerois ce que sign'fient les fiies de points, c'est-a-dire , les divisions ;et je leur dirois qu'il ini- povte lorl p«u de quelle couleur est lave nn pa;, s, pourvu que ces couleurs ne se < onfondent pas ; fju'il lie faut pas croire, comme plusieurs personnes se i'i- magiuent , qu'une couleur est affeclee a un pays plutot qu'a uu autre. La, je leur ferois un petit ta:}leau de riiisloire du }'avs et d' ses productions, jnais Ires- k'ger , pour ne pas Irop cnipleter surd'aiitres scienc;es.

De la , je Iransporterois mt'S Aleves sur la carle d'uii grand pavs , comme la France. I i\ kur com-

H h 4

488 Gdograp/iue.

mune lie seroit egalement qu'un point , ou meme elle ne paroilroit ])lus 5 je leur ferais jugerde ce que reiil'erine cetie carte, par comnaioisonavec ce qu'ils auioient vu sur la carte ciorograpbique ; je leur expliquerois ce que c'est que le millaire ou la iieue; je leur dounerois une idee, mais tres-legere, de la lougiiudu et de la latitude , pour j revcnir lorsque nous en serious a I'appliratiou de i'aslronomie a la Geo^'rapliie ; je leur frrois ainsi pa: courir succinc- te:nent TEurope , sur differentes cartes des grands paj's qui la composent 5 je leur parlerois des diffe- reutes mesures d'usage dans ces pays , et ;e leur dirois uu mot du gouvernemeut et des moeurs des -ha! itans du pav"".

Qih'ind ines eleves en seroienf la , je leur mettrois sous les yeux une carte d'Europe ; je leur ferois refoHnoitre Ics diff^rens pays dont nous aurions parle ; je les leur ferois comparer entre eux , pour en connnitre la grandeur respective; et j'ai lieu de cioire qu'ils en coa:prendroi«nt facilement I'elen- due , puisque nous serions partis de points qui leur sont ties-connu3 , de la connois auce de leur com- mune et de la proportioa dans laquelle on est oblige de rcduire le pied ou le , metre , pour donner des cirles plus ou moins generates. Apres la carte d'Eu r jpe , je leur prc-«cnterois successivement I'Asie , I'AiVique et J'A'i'erique.

Je leur mettrois ensuite sous les yeux une mappe- monde. On voit que je vais toujours en sens inverse des luetliodt^s , qui descendant des tableaux les plus gf'neraux aux particuliers j pour moi , je conduis

Meikode d*enseignenient. 489

mes ^Ifeves des tlclails aux objeta generanx* , et Ton sent que par cg mo^en ils ne cessent d'avoir des points de compare! son. Je leur explitjuerois ce qu'? c'est qu'une uiappemoiide ; je leiir ferois recon- noitre, snr cctte niappemonde, I'Europe , TAsie , I'Afvique et l'Am(f^rique ; je lour ferois comparer entr'elles ces quatre ])arties du mond<^' , fwnr en connoiire I'etcndne rpsp«ctjve , quoiqu'il y ait bien qiielque cliose a dire par rapport au relrecissement quVprouvent les mappemondes , an centre de chaque hemisphere 5 je leur ferois remarqner les lies et le grand continent de la Nouvelle-Hollande, qus I'on ne pent represcnter siir les carles particu- lieres des qua I re parties du n.onde ; je Icnr ferois remarquer qu'il y a plus de terres vers le nord que vers le sud , et je leur ferois mesurer le cercle entier de la terre. C'est alors que je leur expllquerois en d(§tail ce que c'est que la longitude et la latitude ; pourquoi elles sent ainsi nomnu'esj et comment on est oblige d'avoir recours a I'astronomie pour fixer la position de differeiig lieux sur la terre.

De-la 5 preuant un globe , je leur ferois com- prendre que la terre est ronde , et il me semble qu'ils sentiroient cetle vt'rit^ d'une maniere d'autant plus sure, qu'ils auroienl etudie tons les details des terfes immenses qui couvrent le globe. Ce ne seroit plus pour eu\ un paradoxe , comme cette verity le devient , lorsqu'avant d'etre prepares on leur po>e en fait que /a lerrc est ronde. I/'liomme ignorant, I'enfant , qui ne voi^'ut de tout Tunivers que leur foiUe horizon , ue peu\enl concevoir CL^tte hvpo-

49^ Gcograpli he.

thes':'; tout leur sembL> ii)cliqucr Ic contraire , le niveau dcs caux , ra-pli/ip.b di^s nia;sons , leur TIT arc e r. eiiu ; el &'il en e-\ quehiucs-iujs clout la curiosil^ se trcnve ]){(|u.e par cettc? su; position, et qui cbercheut a en pen. Irer les raisons, ombien j en a-t-il ij(^n se lontei tent tie ce c|u'on leur en dit, etcjui craignent de s'erga cr tlaii,^ les details d'une seience qui n'uffre que fles d^.outs et de robscurit6 ?

Ensute je Jeiir expliquerois les cercles de la sphere je leur parlerois des cinq zones ^ je leur dirois quelque chos- de la rotation de la terre sur son axe j je leur expliquerois pourquoi le jour et la iiuit, I'ete et I'iiiver reg«:^nt en nieme-teraps sur la terre , et je leur ferois faire quclques operations sur le globe, pour ciierclicr la difference d'iicure enlreplusieurs lieux.

C''est la oil finit le domaine de la G6ogra])liie ; ce qui est au-dela appartient entierement a i'astrono- inie. Cependant , pour mettre mes eleves dans le cliemia de cette science , je leur parlerois succinc- tement de la revolution de la terre autour du soleil , de celle de la June autour de la terre , des eclipses de soleil et de lune , et eniin de la place qu'occupe la terre dans le syslenie du monde. Je les quitterois la.

Je pourrois ensuite reyenir sur differentes branches de la Geographic, comme , par exemple , sur la Geographie physique et la Geographic ancienne, qui lie sont pas autre chose que des applications de la Geographie a la phjsique el a I'histoire , et j'ai lieu de croire que iiies eleves y feroient des progres

Mithode d'ensclgneincnl. 491?

d'ciufant plus rapides , qu'ils seroient d^ja tr^s-ins-' triiifs dans la Gvogrnphie positive. II v auroit encore qiielques autres petiles branches de la Geographie , que Ton poiirroit e:''ploiter , comiiie la Geogra liio polltijiie, et rijydrugrapliie. La Gccgripliie poli- tique presenteroil aom un meme,,/o;nt de vue la descr){jiion des deferens pavs app^irtenant a une meme p issaiice ; elle en incliqueroit les relations respectives ct cc-lles que ces pays peuvent avoir avec d'autres puissances, et par ce rtioven elie pjurroit elTe t;vs-utile a la diplomatic; I'liydrograpliie ren- fermeroit lonles les connoissances g^ograpiiiques qui sont n(^^cTssaires a la navigation.

Voila la niethode tjue j'avois h. proposer pour I'enseigneinent de la Gt'-ograpliie. Elle tient essen- tie!l'/ment a la mdrche analijtlque de tontes les sci nces , et c'est par cette raison que je la crois beaucoup p'us utile que toutes celles que I'on a suivies jnscpi'a present. J'espere que I'on ne s'ima- ginera pas- que c'est dans I'intention d'innov^er que j'en fais Ici la proposition ; cette m^tliode est le fruit de mon experience a moi-me-ne , et c'est en la suivant que j'ai appris la Gt^ographie seul et sans maitre.

H I S T O I R E.

VotAge d'Egypte ET DE jVuBZEj parFBFDEBIC* Xouis JVoRDEy J noLwette ddltion _, soigneuse- meat conferee sur rnngLnate ^ ai^ec des notes et des additions tlrees des auteurs anciens et niodernes j et des gdographes a rates j, par L. L Angles J sous-garde au.x manuscrots de to, BihiLothhque nationale. pour iesianguesarabe, persannCj tarLat*e r/iantckou y etc. j nienihre de ta CommissLcn tcmporaire des arts ^ adjointe ciLL comit6 d" Instruction pubUque j trois vol. gravd i!i-4.'> orn-s de i6o planches. De I'inipri- n^erle de P. D'^dot , Taiiie.

Xje voyage de Fr^dtTic-Loiiis Norden est suffi- samment coiinu de t(-us les amateurs de I'antiquite. L*exactitude avec laqueiie. 11 a figur^ j la naivelw avec laquelie il a d4cin 'es r-ionumens de I'E- gj'pto , Tout fait recliercher avec empressement par les savans et les curieir:, et W a ^[6 traduit dans pluieurs langiies. II est en effat de la dernitire im- portance, puis'que son auteurest le seul Europ^en qui aft cntrepm jnsqiri.i ua voyage de la liaute et basse EoJpf3 ? et e ]:,lau d'apres k'f.juel il I'a execute, a ^te suivi depuis Kii par tons ceux qui out d^crit et dessin(^ les monuniens de rarchitecture des anciens, CVst Ini qui a iu agine de donner ces ^I^vatious , res coupes g^ometrales et tons ces details qui serablent nous d^convrir le secret de rarcliitecte , et doat les artistes connoissent hlen toute I'utilite. Le texte scs relations ome de pr^cieux eclaircisgemeiis sur

yoijage en Egypte, 49S

les d.^scriptions qu ' les ancleus nous ont transmises des njinbreuv et immortcls moiiumeus de I'Egj'pte, Nordeii ii'a cenendant pas consacrd unique ment son cravou a nous rctra er les productions de I'art ; 159 planches soi^nc^usement executees, ofTrent alterna- tivenient le cours du Nil avec tout s ses cataractes et tons sc's details, des ruin.-s iniposantes, des Edifices anl^rieurs aux siecies coniuis et qui ont fali^u6 IcS efrorts d. 1 temps , des cit^s nombreuses , de riches plantations de])a]miers, des chanins ferliles sans cul- ture' , et d'arides d.'sei ts. Plein de coiifiance dans un guide aussi sar , on s'engage avec lui dans les (a- naux ^Iroils des pyiamid.^s pour arriver jusqu'a la cLambresupulcLrale etau sarcoj.hage : de leursom- met vous vontem^ lez les canipagr.es verdoyantes du Delta , qui contraste.t si fortement aveo Paride plaiue des momies. E;nbarq e sur le Nil dans un letter qandjali , la curios le vous appelle souvent a terre. Alexaudrie , M mphis, Syene , la ville du Soleil , I'antique Thebes aux cent pories, ne sont pas encore aneanties, et on trouve un sujet in^^puisablede medita- tions dans ces mines imperissables.

Tel est I'inttTet souteiiu que I'oii trouve dans la lecture de ce vo\age, ([ue Pun peut regarder comiue un des pus utiles et des plus curieux que ce siecle aitproduits. Norden Pentrei rit en ^l"^! -> P^i' Purdre de Christian VI , roi de Danemarck , qui avoit distingue son talent. II avoit alors 29 ans 3 il ^toit , dit son biographe , sage , eclaire , d'un courage qu*aurnn peril ni aucune fatigue ne rebutoit ; ob- ^ervateur habile , grand desainateur et bon mathe-

494 ULstoire.

nnalicien , et joignoit a toutes ccs qualitcs un gout delicat et sur. Une forle envie d'examiiier sur les lieux les raerveilles cle I'Egypte , avoit pr^venu en lui I'ordre qu'il en recut , et il s'etoit prepare a ce voyaae par des lectures, par des etudes et par des excursions daus les (tifrerentes parties de la France et de !*iralie les plus uliles a connuitre , et par des liaisons avec les artistes et les savans les plus dis- tinpuc's de PEurope, parmi lesquels out peut prin- cipal;') tient citJT ie baron de Stoscli , celebre par sa collection de pieces gravies ^ et plus encore par i'araitit^ de Winckelman.

II revint en Europe le 21 fevrier i-^SS , appor- tant avec lui un ample recueil de dessins et un grand norn'ore de m^moires et d'observations sur des feuiiles separees. Le roi voulut qu'il rcdigeat aussitot la relalion de son vojage , afin qu'elle put etre pnbliee pour I'instruction des curieux et des gens de lei ties.

II revit ses memoires et ses dessins ; mais I'assi- duite avec laqueile il se livroit aux devoirs que lui imposoit son etit d'officier- de marine , retardoit beaucoup I'ouvrage ; divers voyages I'interrom- pirent , et nne mort prematuree I'enleva a Paris , en 1742, a I'iige de 84 ans.

II eut la prevojance de j.remrttre ses manuscrits dans des mains fideles. Daneskiold se montra zele pour la gioire de son ami ; le roi ordonna d'achever I'ouvrag'^, et que les dessius fussent graves par le celebre Marc Tuscb- r de Nuremberg , artiste qui joignoit k ses taleus le goul de Tauliquite , et qu-

Voyage en Egijpte. 495

avolt ete I'ami de I'aufeur. Quoi ju'll eut formc^ le projet de renonccr absolament an burin , il con- sentit cepcndanl a se charger d'lin travail qui pon- voit honorer la raemoire de son ami , er il vii;t pour cet effet a Copenhagiie , ou la mort I'a ega- lei7ient euleve au milieu de sa cavriere ; il avoit eii cependaut le temps d'achever toutes les planches , a I'exception de la i59.« qui represente la vue de Deny, du portrait de I'auleur , et de la mcdaille qu'il avoit imagn^e pour ilUislrer sa memoire.

Les savans charges de la redaction de I'ouvrage s'en acquitterent avec la plus grande fidelite 5 ils r.e se permirent au. nne addition, aucun change- ment. II lut puljlie en francais. Le premier volume parut en 1752, le second eu 1755 (i). Les journaux les plus accrddites dans I'Europe s'empress^rent de I'annoncer et d'en faire I'e oge.

Un savant anglais, Templeman , en entreprit la traduction et I'a publi^e en 1767 (2). Cette edition snlendide ne laisse rien a desirer , elleest pent etre meme plus belle qne I'^dition originale. II I'enrichit de notes courantes dans lesquelles il rapporte ce qui

(0 Voyage d'Egyple et de Nubie , par Frederlc-Louls Norden. Ouvrage enrichi de cartes et de figures dessinees sur les lieux. Copenhague 1732. 1755 , 2 vol. grand in-folio.

(2) Travels in Egypt and Nubia, by F. L. Norden trans- lated from the original published by command of the King of Denmark , and enlarged with observations from antient and modern authors , that have written on the anti- quities of Egypt. By D. Peter TempUman. London , 1757, in-fo!.2 vol. et 8.^ 2 vJ. Cette traduction a el6 ellc-meme tradiiite en allemand.

496 HLstoire.

pouvoit le plus illuslrer son auleur ; mais ccs notes, qiioique remplies d'erudition, prouveiit qu'il ii'otoit pas beaucoLip plus vers6 que les edileurs danois dans la litt^nature orientale , sans cela il auroit Joint aux citations des auteurs grecs et latins celles des nombreux ouvrages des Arabes sur TE- g^ypte.

C'est ce que le citojen Langl^s a fait pour cette rouvelle edition francaise; il a resi ect6 scrupuleu- s°ment le texte , mais il I'a rectifi^ dans des addi- lions ; toutes les notes de Templeman ont et© conservees , mais il les a rejetees vers la fin de I'ouvrage avec celles qu'il a tirees d'Abulfedha , d'Abdelatif et de Maqrizy ; ii les a toutes fondues dans la table p,eograp!!i(jue , pour ne point detour- iier I'atlention du lecteur , et pour donner a ces tables plus d'interet ; nous crojons cependant que celte forme qui force de tenir continueilement deux volumes a la main u'est pas la plus commode, et qu'il auroit 6te preferable de mettre , comme l*a fait Templeman , les notes au-dessous du texte.

N'ajant pas voulu herisser ses notes de caracteres Strangers , le cilojen Langles a rassembld: tous les mots et les passages arabes sous le titre ^additions e\ corrections, Cjelte portion de son ouvrage a t>te itnprimee, d'apres la permission du comite d'instruc- tion , a I'imprinierie de la Republique , avec les ma- gniiiques caracteres arabes de Vitray (i).

(l) Magazia^ t. II, p. i28,'!jgne anti'penulti^me, lisez poly-^ glof/e de le Jqv , impriincut par f-^ilraj , au lievi de poljglvlte de yitraj,

r^ous

Voijagcen EgLjpte. ^gy

Nous observeioiis qu'il est vcrita lenient lioiitc^nx pour les plus celobres imprimcurs d(^ Paris et meme do lu E.epuLliquc, tels que lesDitlot, Ivs Pierre, et autres, de iie point posseder uii seal caractere d s laiigiies oricntales vivintes. On sait c-u;? la p'upart des iniprimeriesd'Augleterre, d'AlieM;agne, d'I:alie et meme d^ Madrid, sont nuuiies au moins de font3s d'arabe. Naus ne parlous pas des riohes collections rle caracleres orientaux de la Propagande, de Bodoni k Panne, de Br«it-Kopf a Leips'ck , des presses de Clarendon a Oxford , qu3 nos or-.ueilleux arti.-tes croient elmcer, en taillan. avocplas de grace quelqnes kttres de I'alpliab.t fmncais.

Les geogra plies remarqueiont sans donts av.^c plaisir les additions faites anx cartes donf la directioa est due aw ci.toyen Brion pere , connn dej^uis lona- tenips par ses lalens et ses nonl)rr'ux travMux. I! a trace d: ssus les dcgr^s de longitude tt de latitude ; les premiers, suiva.it la double maniere de les conrter du meridien de IMsIe-de-Fer et du m( ridien dt- Paris. On troMvera aussi , sur la carte generate du cours du Nil J les ^chelles des ditf '-r. nt 's mesures itine- raires d'E.i:ypte et de France, dressee.-; par le meme geo: raplie. La disrosition inverbe de ces cartes, oii le nord se Irouve en !>as et le inidi en liaut, a du i^tre conservee : i'anteur les a dessinees ainsi en remontant le Nil , pour donuer im.' idee plus j'iste d-^ sa marche, L'ediein- a copie Hdelement sur ces memes cartes les noms de lieux , tels que Norden les a dounes avec le soin d'en indiquer la v/rltabl" prcKn- cialion dans a tabb- ^^^ograpiiique , et v.eme d ms le

To /tie IL I i

4<)8 lUstoLre.

cours du texte, enlre deux parentheses. Qiiant aux

mots aiabes , I'aiteratioii trop sensible d^s caracteres

autorisoit a ies ecrire plus corrcctement et sur-lout plus

lisiblement.

On a eu pour le dessin le menie respect que pcur le texte ; I'avtiste s'est fait un devoir de n'ajouter aucun ornement et de ne supprimer aucun detail. Nous clevons cependant a la verite , d'avouer que leur exe- cution n'est pas en g(^n^ral assez soignee , et qu'il s'en faut bien qu'a cet egard I'cdition francaise puisse le disputer anx editions danoise et anglaiso j la suppres- sion des vignettes, des fleurons et des autres ornemens disperses dans I'in-folio , et leur reunion dans des ■planclies scpar^es , ne sauroient non plus ^tre ap- prouvees ; ces vignettes sont faites pour \qs places qu'elles occupent, et en priver I'ouvrage , c'est lui faire perdre de son elegance et de sa majeste.

L'exccution tjpograpliique , due au citojen Didot l'ain^,est aussi soignee qu3 tout ce qui sort de ses presses justement celebres.

Ce premier volume que nous annonrons , contient la preface avec la vie de I'auteur , sa correspondance avec le baron de Stoscli , Ies details sur I'anciejme et la nouvelle Alexandrie , sur le nouveau Caire , sur Ies pyramides, avec Ies remarques sur la pyramido- graphie de Joim Greaves. Les planches qui accom- pagneat cette tioisieme partie , sont au nombre de59.

Le prix de chacun des trois volumes de eel ouvrage est de 120 liv. pour le papier ordinaire , et de 3oo liv. sur papier velin. A. L. M.

EcLAiRcissE.uENT sur ies Vdpres slcUoe

'fines.

l^E massacre des Franrais en Sicile , connu sous le iiomde ye^prcs.uUcennes.esi mi cn'cniement qui pour etrc arnve plus de en-, siecles av.nf nous, n'cu me-ntepas moms notre attention. II o'Sve unc^ le on salutaire a res hommfes .ue la prosp.rile po, fe roujours a la licence, et qui, dans leu:- d.^I,re , oul.li..„t ce'fe * important.^ v^r.te que /. jour des vengeances est ie LeademaLn de i' injure. Le re it que l.s in.fo- nens out fait de cet evenement, ne s.lsfair point un lecteur eclain^ II re.u te d. leur redr des diili- cultcs qu. m'ont paru conme autant de proUemes et pour la solution de.^ ncll^s je .n'adressois a' i hunime le plus vevs6 dans h'-tude do I'hi.toir'^ le savam Brequigny. L'c< laircissement qu'on va lire est la reponse a mes quesiions. Tout s'v trouve M saoement discute , qu'on me saura gre L I'avoir pubhe. Ce n'est pourtanl .u'avec un sentin^ent de douleur , parce qu'd nie r«ppell. la perte raceme de I auteur de cet ecrit , arrivee le i5 messidor ( 3 juil, et ) , dans sa cpialre-vingt-deu^ieme annee. Pendant Je cours de ^a lor.gue carnere , I.vre sans cesse a des jravaux utdes etm6me necessaires, i[ n'ambi.icma ni la fortune, ni la renommee. Le plaisir de b.n /aire fntson umquebut; et ceLn" de communiquer ses Inmicrcs , sa seule sau.faction. La s .here de se. vasles co-moissauces nVtoit eiroii<3 nu'aux yruv de sa modeslie. Jamais il n'eut m enviJu>c ni ennemi.. Aucune parsion ne troubla le cauue de sou ame ,

li 2.

'5oo Hlstoire.

et rameiiile de ses moRiirs fut inalterable. De cnielles soufFrances remplirenl les derniers momens de sa vie ; il les supporla avec courage et sans que la douceur de son caractere se deincntlt. II est mort au sen de la tendresso et de la verln, c*est-a-dire , tntre It s bras de ses respect<)ble.s filles. Mais I'amitle que je lui avois vouee me fait onblier ici que le droit de le louer apparticnt a son digne eieve , au Z('le coop(^rateur de ses tiavaii'^ , en un mot, a son heritierlitt^raire. Aussi s'cst-il charge de nousdonner une notice sur la vie et les oiivrages du sage et rnodeste Br^quignj,laquelle doit elre inseree dans un desnumeros de ce journal. S. C.

JJkpuis votrelelfre du 24 juillet, mon cber ami, j'ai relu tout ce qcie -j'ai trouve a ma portee sur Les Vepres siclUcnnes j j'ai eu recours anx annales d'ltalie , de Muratori ; a I'i.istoire de Sicile , par Fazelli 5 a I'histoire des rois des Deu>-Siciles de la maison de France , par d'Egli 5 a I'histoire gene- rale de Sicile, par Burigny ; a I'hisvtoire de Naples, par Giannone 5 aux histoires d'Espagne , par Ma- riana , d'Herreras ; au\ h sloriens de Provence Gauf- fridi et Papon 5 j'ai meme confere avec ce dernier sur le point d'iu'stoire dont il s'agit , qu'i! avoit exa- mine avec grande attention. Tons ces auteurs citent exactementlc pen d'ccrivainscontcmporains qui nous xestent , Malaspina , Barthelemj de Neoccistro , Vil- lani qui ecrivoit environ 60 ans apres eux , et uue ancienne chronique de Sicile , imprim(^e dans le troi-

Vvpres SLCLUeniies. 5or

siemp volume du Tr.\«;or des anc.doles do Martcne. Ell com]»incJiit leiiis recils , voivi cc qui ine paroit en resuller :

La r(H'olutioii qu'oii deslgne coiniiuinc'ment sous Je nom de Vvpres sicUlennes ^ et qui euleva la Si- cile a Ciiarles d'Aiijou , en 1282, avoil etc pivparee d'assez loin , niais 1% xplosion eu f'ut suJiite, et I'ius- tant n'fn fut determine que par uue circonslauce imprevue. EUe n'eclaia pas meine dans loute Pile, en meine temps, cximme on le dit ci'ordiiiaire ; et on auroit pu en interrompie Teffet, ^i on avoil pro- file de pres d'nn mois qui s'ecoula avant que cet efTet se fut propag^ de Palermo a Messine. Je \ ais enlrer dans quelques delaiis.

On sait que C aric:- d'Anjou , frere de Sainl-Loiiis , avant ac.ep'.e du Pape I invesl'ture du rovaume de Si(i!c, en a\oit depouiile Mainfrov , tue, en 1266 , dans uue halailte qui avoit deci le du sort de i'lle. II eloil dv' la poliliqu > de Charles d'ecarter ceux qui avoieut paru les plus de\;;ues a Main'Vov ; niais il les persecuta avec acbarnement (i). II confisqua leurs biens et lesdi.-iribua aux Francais qui I'avoienl suivi. II accaljla d'impots ses nouveaux sujels ; et ce qui les iiriloit plus encore, il autorisi , par rimi)uuittS la licence la plus revoltante a laquelie se lirerent sesFvaui-ais , dans mi pavs qu'ii spmbloit ai)and;nner a leur disc^-etion. Les bistoriens cout.Mnporains attc^- lent t'enorinii^ de ces exces. Des bulles de Cl(^-

(0 Kx Malasplin , lib. 3 , c. 16 , IMuratori , ivinal. , torn* 7. / . 3j2 J Fa^elli , dc rebus SUiUa- , />. ^5o.

li i

^02 Hisioire.

mcnif TV (i) ]iii reproc! ent sa condniie tyranniqae, et hii en rcpn'sentcnt le danger. Ces sages remon- trat.cv-s lie le toi'c: ereiit point, et il devint de plus ei ] his odi<'u\ auv Sicjlieiis.

Paimi ceux qui avoieiit le plus de sujets de se plaiidre (2; , etoitnn nobie citoyeii de Salerue, Jean- de Procida , air si apyel- paiee . ii'ii etuit seigneur d'u e petite ile de ce notu. 11 avoii ele fort attacbe a Mainfiov ^ c-t en consequeiice J^es bi.-i:s, qui etoieiit consi I6rables,av )ientet'jco fisque^.OnprT'tendineme que 1' onneurde y^ f( mme n'avoit point ete respecte. Pi\>foiuleraeui bless , brulant du desir de se venger,. assez ;;abile pour en s^isir roccasion/mai; assez patient ]jour Tatten're , il trouva sans peine nn asile aupres du roi d'A:ra on, dosit le fils aroit epouse Constance , tiile de Maiiifn^y son ancien mailre , et mon!a sur le trone d'Arra:ion , en 12-^6, sous le roni de Pierre III. Sa femme lui a^ oit porte ses droits snr celui de Siciie ; et Nicolas IITqui avolt -te nomm6 Pape, en 1-^78, ne laissoit point esperer a C' arles les niemes secours que ctux dont il eloit assure sous les papes j reced?ns. Ce concours de cifconstaiices, joint 'au meconlentement des Siciliens,qui croissoit toujouis , parut a Procida la conjoncture la plus fa- vorable a ses resse:>timens.

EUe ne Tetoit pas moins aux droits du roi d'Ar-

(l) Epist. Clem. JP^ } thesaiiy. annec. toni. 4 , p. 448 y etc^ Haliialdtis, aJ aim. 1266 , u."^ 17 , etc.

(2) ?*Tnrolori ^annal. /. 7 ^ p. 537- Costanzo, hist. sicuK lih. 2. Gianuone ^ Jtist. di JS^opol. lib. 20 , cap. 5. Fazelliy^uM supra.

VCprcs, sicUiennes. 5o-3

ragon sur la Sicile , s'll vou^oil Ics faire valoir. Pro- cida I'y excita Ibitoinent. Ce prince i'rcouta ; ma'S il alleguoit le dcfaiit de moycns. 11 iiiariquoit sur-loiit d'argent , et il en falloit beaucoup pour tenJer nne pareille entreprise. Procida so cl<ar^ea d'en obfeilir de Michel Palt'ologne 5 emperenr de Conslanliiiople, a qui il savoit que Ciiarles prujeloil de faire la gnerrc , pour soutenir les ]ir^tentions a I'empire de Constan- tinople que reclamoit Philippe, devenu son gei.dre , depuis 1273.

Le projet de Prorida pint au roi d'Arragon , ct Procida (i) ] arlit si.v-le-cliamp, degnise sons Tlia- hit de cordelier , de peur d'etre reconnu eu Sicile , oil il crut devoir [)as>er d'abord pour sonder tacite- teinent les dispositions des SicilJens. II les Irouva aussi irritf's centre les Fran^ais qu'il le souliaitoit. II se rendit aussitot a Constantinople : ( 'ctoit en 1279. II etoit muni de letti^es de creance du roi d'Arragon ; il obtint de Teraperenr une audience secrete; il Ini decouvrit les projels fo;mes contre lui par le roi de Sicile ; il lui fit sont'r en meme temps les moyens de les faire ecliouer , en snscitant a son en- nenii une guerre dans s-^s ]-;roprPS etat«, soit par la rcvolte des Siciliens, qu'on 3^ porteroit aist ment , soit par une invasion du roi d'Arragon qui s'y en- gageroit , si on lui fonrnissoit quelques subsides. L'em- pereur adopta ce plan, en siq^posant la n'alite des vues hostiles de Charles, dont il voulnt prealable- ment etre assure. Procida n'eut pas de peine a Tert convaincre ; et il en obtint non sculement des pro-

(i) Fazelli et Muralori ^ nhi supra.

li 4

5o4 Ills to ire.

in.sses fIV.rgeiit r.iais dcs L ttrrs pour le pape arc* qi.i ii iwo'ii I'U lie ^.Tandes relations aw >i,jvl de la n '.M'ioii d.' i'egljso g[\ cque a i'cgHse latiiK\

Procida 5 ir.uni de ccs i tiros, pa>sa aupies du pa; e dc:n! i: \vA ' ien acciuilH, ct lo m\X dans les ii.t'relo du i oi d'Ar:agO!i, d'iiutaiit \\\\s aisroent, que ]e pape eloit persomic llement mecoiitrMl du roi de Sici'c. Procida relourna en ore dans celte ile , ef vexlni b. Con^lantuiopl.^ ou i' aclK va >a i!('go ia- tlon avec Tei- percnir ; enfin jl en paiiit.en 1281 , avcc uii envov e d.' ce r riiice , charg? de p irter an roi d'Arragon une assez ^jaze £o;:!ime d'argent. Durant ces courses rau.llipliees, qui a oient consume b^'uicouji de kinps, il c'toit arrive un cveuement qui po ivoit dtVoncert r !cs projeis de Procida. Le pa])e Nicola? Ill ctoit mort des le mcis d'aout 1280 , fc! on uvoit eJu , ea sa piace , 1j 22 fVvrier de I'an- jn'e siiivajite, Llarliii liT, aussi ailache a Cbarlcs que Nico'.is kii eloi! con'raire ; niais ce coiilie-teinps n'avoit point arrt te 1\ mpereur , et m changea rien aux ei^gagenuMis du roi d'Arragon , qui , des qu'il eut jdcu le secoiiis d'argen! (:ucreiriperenr lui euvojoit, s'occu;)a d'armcr une tlo te, sons ' reti:'^ le de pojter la g-ierre en Afrioue contre les Sarrasins , mais en off t j-our pratiter d'u;;e r?volle en Sicilcj que Pro- cida lui aniion^oil cjmme prochaine.

L K i d France et !e nouveaii l^ape, devoues au

roi de Siciie , inioraus de cet ar. 'ment,en tiront

d mander le molif au roi d'Ariaron. lis se coiiteu-

toreiil du prtlexte, e! C arl;\< sj cvoyant lien a!T;>rmi

. tur son troiia , ne prit au une mcsure ni coutre I'in-

Veprcs slciUennes. 5o5

vasion d'liii souverain piiiss.uit , qui avoit des pr^'len- tiojis foiidct'S, iii coiiire le sou'ev.^metii deses j5roi)res sujets exc^dt's par des ve ations de joiT en jour plus iiUoleral^es. Pro:ida , toujours d-'^guis/', parcouroitla Si'.ile, >.'xc!laii!, ei)tieleiiant p.ir-loul la f( iMienialioii qui dcviiit extreme. II avoit ci.arge la mine ; luais ce fut ie hasard Cjui eii causa I'explosioii.

L'liistorieii de Sicile , Fa/elli, avoue (jue , selon ropin on commune adoptee de son lemps sai-iout par les t'crivaiiis fran'ais, la revolution fut roxcculion d'uu j)laa trace' par Procida. EUe sui:j)ose qucle jour et I'lieure oii il devoit s'execuler, etoieiit convenes ; que le signal etoil le sou de la cloche c[ui annoiiceroit riieure dts Vepr!\s, ef qn'a I'lustanl tous les Francais seroient ei:orues dans Telenflne de Tile. Mais Fazelli ajoute que les liistoriens miv-ux instruils, particulie- remeut ct ux de Sicile, deientent celte opinion. II cite meme (i) un diplome du roi de Sicile Pierre II, d'ou U r(';;uile (jue cetle revoluiion n'eclata d'abord qu'a Palji me et aux environs, etque ce ne iut qu'a d; verses reprises que les autres lieux de Pile secouerc nt le joug des Francais.

Voici, selon ces i.isloriens , comment les ciioses se passerent. CYtoil I'usage a Palerme d'aller , tousles . ans , la derniere des fe!es de Paques (2) , a I'heure de Vepres ^ visiter ca devatio!i et en grande foule la ci.a})t-lle du Sai!it-Es;)rit , a 600 pas de la ville. L'autCLir que je cite , dit qne.cet usa.u- S'.ibsisloit

(1) P. 455 et 161. I,e diplome est du 19 mai ij+o.

(2) Tcilio dominiccc vauncct.onii d:c , Fa2v.'lii j p- 433.

5o6 Ilbstolre,

encore do son temrs. Cette fete, en 1282, tombofi ill! 3r mars. Les habitans de Paierrae (i) sortirenE done ce jour-Ia (2) a V eiire des Vepres, et sf^ ren- dirent a la ciianelle, selon la coiitume. S^iiis doute la fermenlalion qui r/^noit parmi Je peu,)le , faisoit craindrfi quelque desordie , et le gouvernemmt avait fait defendrc^ qu'on vint a rassernb'ee aver des arines. L :s Franra's c'.ari:;^s de veiller a I'exenition de ret ordre , pr;'t.- ndire;it que la defens." sVteridoit aux femmcs comrre aux horaraes ; et , sous prt'te.xte de s'assurer qn'elles n'avoi?nt pas d'armes ca; hees sous leurs habits , iLs se comporterenl avcc une licence insultante.

Un d'eux s^'lant adrefse a une femme de qualite , les Siciliens indi_^nes assommerent Tinsolent a coups de pierres. Ses conipatriotes voulurent prendre son parti , et le iuniulte devint pen^'ral ; on courut a Pa- lerrae , en crian! aux ar nes contre les Francais. On Jes rrassacra dans la ville. Ceux qui ^foieut dans la citadelle J furent forces et tues. Avant la fin dn jour, on en ^gorgea 5obo. Les jours suivans, les Palermi- tains se repandirenl dans les lieux voisins, et y con-

(1) Fazelli, ]Mnratori , d'Egli , hist, du rqy. de Sicihj t. 2 _, /». 2.02. Papon , /list, da proi>. t. 2. y Z , p. 70 , etc.

(2) Plusieiirs protendenl c[ue cc fat le 3o mars , et Fazelli le clit aussi , maiiilajoute que c'etoit la troisieme fete de Paques , ce qui dcsigne le 3l mars , j.uisqu'en 12.2)2. Piiques toinboit au 29 de ce mois. II n'y a gut-re d'apparence qu'ii se soit trouipe sur les feles , pnisqu'il parle d'un usage annuel qui avoit lieu de son temps ; inais il a pu se tromper sur le ealcui du jour ou Lomboil la Paque j en liiSa.

Vcp res sicLlicn n es. Soy

tlniiorpnt le ma?saciv , sans dist'nction dMge ni do sexe. lis a!loic:it m^me, di!-on, cliei\ her les enfaiis desFranrais jii^qu^; dans le s'^in de Unirs m(M-es. On reconrioil a cetie rajie le car.icljre atroce d'luie ven- geance loiig-lemps conccntr/c.

II n'est fait ancune menlion d- Pro ida diirant cette insnrrcciioi sondainc. Ce qui venoit de se passer etoit si pen I'efK^t d'une conjuration doiil la uiarcbe eiit ete combinee, que les Palerm'tains , apres le massacre des Francnis, ne savoienl a qui S3 donner. lis eleverent la banniere du pape , et le p'-oclamerrnt leur souverain. lis igiioroicnt que ce pape toit I'ami declare du roi dont ils venoicnt de briser le joug, et qu'il reietleroit icur ofTie. Ils ignoroient I'appui que l ur pn'paro t 'e roi d'Arragon , et le> droits fju'il alloit rcclamer. Procida n'avoit rien laissv^ tran-pir^r d^^ ce secret important. Peut-etre meme n'ctolt-il pas alors dans Pile , ou il ne restoit jamais qu'a I'abri d'nu d^guisement. Le souievementdes Palermitains n'ctoit done jusqne-la qu'une revolle tumuliueuse , sans plan et sans chef.

Ils ne laissercnt pas de la sonteuir, et entrcprlr:^nt de la rendie gent'rale. lis foreeient les nostes oii il y avoit d-sFianais, qn'iis pass>re:it an fd de IVpee. Le gonvcrneur de M'S:riiie lenta vainement d'a-.roter leurs progres ; scs -..aleres et sos troupe^ furent rcnons- sces ; et Messin- r-sta s?ule continue queitpie teinjis par la gan.ison. Mais les Fraujaisqui lacomposoi'iit, conlinuoient d'irriter les Labilans par la maniere d.nit ils les traitoient , ct Mcs.^ine prit enfin le iiieme parli

5oH Hlstoire.

quePalerme (r). Le 29 d'avril , les Messiiiois ahat- lirent le drapeau de Ciiorle.s d'Aiijoii , el (fdeverenten la place reteiidard de la croix ( c'etoit celui de leur ville ). lis dt^puterent aussitot vers les Palertiuiains , pour leur aiinoncer qu'ils se reuuissoient a eiix ; ils t^ier nt tons lo.^ Fran aisqii'ils j-encojitrerent ; le reste sVnfuil et se disii a (2). Le massacre ne Put done pas grndral , com 11 e a Pilerme ^ m:iis il u'y eul que deux Franrai;, dans toule la Sicile, qui f:ireni volontaire- iiieiit ^j-arg;!('s.

Tous les historlens out iionimc \^ prem'er , ce fut GmWawme Desporcelets (3), cleva'ier provencal, qui commandoit i\ Calassasiiii , dans le val de Maz- zara, du role de Palenno. L'autre, beaucoup moins connu, efoit Philippe Scalainbre (4), gouvirnrur du val deNoto, au Midi de Catane. lis durenl I'un €t Pauire la vie a la rcpulaion dv- leurs vertus. Aiusi la verlu etoit encore respcctee cliez les Siciliens ^ au nnlieu de leurs fnreurs; ct cela prouve bien que Peaces de leur vengeance ne vim quo de I'exces de I'oppression. L'espoir d'un gouvernemeiit plus doux

(i) Fazelli, Miu-atori.

(2) Colla morte ed espulsione di quont'i Francesl si troi-'oi ono in quella parte. Muratori , p. 489. Leandre Albert! suppow aussi cjue le carnage , quoique grand , n'cuveloppa pas tons les Francais qui eloient dans le canton. Dcscvill. della isola diSicil.JoI. 33.

(3) Barthelemy di neo Castro , cp. i5 , ct Papon , hist. jPjoi'. t. 3 f p. 72,

C4) Burigny . IL^t, de Sicile ^ t. 2 , p. 186.

Vei'Tes sicUienn.es. 5oq

aiiroit prt'venu In revolte ou rappele la soum'ss on ; mais Cliarlrs ne connoissoit point cv.s in^Miagcnieii.s, que la violence dc son carat tere ne liii permit jamais d'emplovcr.

II otoit avec le pape a M >ntt'fi iscone (r), lors- qu'il a prit la d'Tection d.' la Siiile ciiliLTC. II tomba dans le plus violent acces de coli're j il donna sur-le- champ ordre a la flotte qii'il avolt prepar^e conir? rempeicur de Constantinople, de iTiettre a la voile, et partit ponr assiet;er Mcssine 5 il comp!oit snr les secours <:u-'il envova demander roi de France , et le pape I'aida des fonds qu'U avoii dans ses trc.os. Les Si ili^^ns fnrt'ut effrayes ; le pa;;e ne Is voular.t point pour sujets, ils se reduisirent a le pri -r de sol ii iter lenr pardon anpres de Chr.rles ; et les Messinois assicgf^s ofiiiPvfnt de capituler. Toutes lenrs propositions furent re- jetees avec duretc. C' arles vouloit qu'ils se ren- dissent a discretion , et ils resolurent de se defendre avec I'opiniatrete du desespoir. On etoil alors au mois d'aout , et ils ne se dontoicnt pas encore des secours (jue Procitla leur avo.'t pr.^parc's. II sent t que c'efoit I'mstant oii les Siciliens ne ponvoient balancer a se jeter dans les bras du roi d'Arra^on , et oil ce prince ne devoit plus drllerer de les lei.r Guvrir.

II etoit parti de Catalogue des le 6 juln (2) avec

(1) Fazelli , Muratori , etc. ai ubi suyra.

(2) Fazelli , Muratori , ubi supra. Ileneras hist, d' Espni^ne , t. ly J p. 33o de la liuducl.JiaiiJai^t.

5io lUstoire.

uiic flolte nombreuse , cnargee de troupes de de1)ar- que:!;!. lit 5 et masquaut toiijoiirs ses vrais desseins sous rappareuce d'une.' guerre contre les Sarrasins d'Afiiqu^', il avoit pris terra a A'-Coll , pros de Couslantiue, oli , apres quelques legeres hoslililes , il allendoit des nouvelles de Procida j qui s'etoit glisse cbns Palerme. Celui-ci fii pari aux i riucipaux liabilans de Tile de.-; ressources qui s'ofFroient , et d:s conditions. Eiles furent acceplees avec empres- seineiit. II fut conveiiu qu'ils reLonnoitroieiit le roi d'Arragon pour n aitre. Aussilot Procida se jeta dans un petit batiment (i) avec trois Sicillens , qui, eii qiialile de syndics de I'ile enticre , etoient de- putt's aupres du roi d'Arragon p(>ur I'mvitdr a venir en prendre possession, lis furent accueiilis comme Procida le leur avoit proniis. Le roi d'Arragon fit sur-Ie-champ partir pour Palerme deux envojds, charges de recevoir le ser.v.ent des Si.ilicns, tant en son nom , qu'au iioin de la reine Constance sa femme, a qui la souveraine 6 de la S/cde appar- tenoi! , cornme fille ( t 1 ertiere de Mainfrov. Le serment fut pr^le par les ! abitans d_^ Palerme et par les seigneurs de Tile , qui s'y etoient rendus. Des que le roi d'A ra_on en eut rern la nouvelle, il ]^assa lui-mr-me a Palerme, ei v fut couronne roi , le ID aout,

Prrt de qu'tter TAfrique , ilavoit eci if a Edounrd I , roi d'An<.'leterre , une Kllre oii U lui faisoil part de la deputalion des Sicilieus, et de la resolution qu'il

(l) IL^d J etc. Ginmioiie , ubi sups a , y. 62. Fazelli _, p. 4,54.

Vcprcs siclllctincs. Srr

avo.t prls3 (I'eiii! rasser cei:e occ.is'on de recou- vrtr un ro aume sur lequcl sa femine et ses iils avoient des drolls incoatestable-;. Celte leilre est iin- priinc^e dans le recueil de Ryuicr (i) , et confirine en grande ]jar!ie ce que ja viens de dire.

Le roi d'Arragon ne tarda pas a nuirclier vers Messine , dont le sii'-ge fut leve. II y eiitra les premiers joirs d'octobre (2),apres que sa flotte eut bath) (3) celle de Charles , qui se vit lorce de quitter Ja Si.ile ; et les liabitans soumis au roi d'Arragon, Pierre III , n'eurent plus a redouter que les foudres de Mariin I, dont ils s'efTra) erent assez peu : « Vous » nous ave/ juges indignes, lui disent-iis, de la » grace de St. Vierre et di la voire. Celui qui a » soin des grands et des pelits a envove a uotre » secours un auire Pierre que nous n'attendionspas ». Nouvelle preuve que la n<^gociation avoc ce prince, qui avoit dure plus de deux ans , s'etoit faite par Procida , sans que les Siciliens en fussent instruits.

On ne s'accorda pas sur le nombre des Fiancais massacres par les Siciliens ; les uns le font monter •a 28,000 J les aulres diniinuent ce nombre de plus de moitie. On en compte 5ooo (f^gorges dans le mas- sacre de Pak'rme , et 3oo > dans celui de Messine. II est probable qu'il en p^rit moins dans les autres. lieux , d'oii ils »urent le loisir d'ecliapper , car^ de Taveu des bistoiiens , il s'en ^chappa. Aiusi je me

(i) Rymcr , t.\., part, a , p. 20G.

(2) La 2 octobre selou Henerag , etlc 10 selon Giannone.

(3) Fazelli , p. 453.

5t2 Hist aire.

ranuerois volontlers de ropiiiion do rruv qui crcl'iil qn'oii peut seduire la pcrte tolale des Fraii- cais a doiize iiiil'e.

Je crO!S_, mon cl;er ami, fine ce qi^e je viens de dire repond a loutes les questions que vous m'avez faites , sur ce qn'on a jupe a propos de nomnur les T'cpres SicLlicnnes. Ce rom convenoit a: s?z a ce qui se passa , en 1282, a Pcilerme et aux environs, le snr-leodemaln de Paques. Mais c'est mal-a-propos qn'on ' etendn cette denomination a la revolution gcnernle qui en fnt la snitr\ Cette rrvolntion ne s'J'tant faite qn'a plusieurs reprises , a des intervalles ess?7. eloi^ines les uns d':'s autres, et avec des cir- constances absoluraent differentes , cette denomina- tion commune a p-oduit une telle confusion , qu'oii a cru que le massacre qui s'etoit fait a Palermo, a r eure de vipres ^ s'^trvit fait par toute la Si ile a la meme lienre ; ce eni a conduit a supposer qii'il s'etoit fait a nn signal conveiiu 5 et ce nom de Vtpres s icUie lines ^ dont on se servoit pour de- signer cet affreux cvenement , a donn.e lien d'ima- giner que ce signal avoit ^t6 le son de la cloclie des vepres.

On voit , p'?r le recit exact des faits, combien to"tes ces suppositions sont ^loignees de la verite. li'insurrection de la Sicile ne fut point nne con- juration : il n'v eut point de conjures. Ce ne fut point nn plan concerte pour etre execute a certain signal , et par-!ont en mom© temps ; ce fu! I'ex- piosion sondaine vi tumuliuense d3 haines accu- mulees J comiiie presque loutes les iusurectioris

con I re

Veprcs SLcUiennes. 5r3

rontre les gouvernemens onpresseurs. Procida la prc'vit , sans doiit;^ , et la liata en ccliauffant Is esprits, mais il ii'en d<'terinina ni I'liistaiit , rii lo mode. EUe se seroit tentee saus lul ; mais sans lui, cll3 auroit cclioue. Carles factieiix fureiit un mo- ment decoiira.czc-s , et demandoient praco , qiuiiid Procida leiir annonca les ressources qu'il leur av oit menagees a leur inscti. Giannone et la phipart des historiens bnt done admis bien gratiiitenienl le secret qn'ils supposent que les Sicillens gaiderrnt mer- veilleusement sur ces ressources. On ne leur en fit part que lorsqu'il u'y eut plus do secret a garder : on n'aurait pu meme leur en fai:^ part plutot, puisque Is roi d'Arragon avoit resolu de ne se declarer que lors^ju'il n'y auroit plus , de !eui- part, rien a craindre. Mais ce qn'on doit admirer , c'esl I'adress", la Constance, I'aclivite de Procida, durantpres dc trois ans de negocialions et d'intrigues, dont il sut cacher I'objet a ceux qu'elles intt'res- soient le plus, et qui al-outirent a-la4bis a v^enger tes injures personnelles , a affranchir ses concitojens d'un joug tyrannique , et a servir les li.'ritiers legi- times de son ancien sou^erain.

Brequigny.

Tome 11. K. k

HISTOIRE LITTERAIRE.

OnsERrATiONs du citoyeii Oberlin surles obser^ vatioas dtt cLtoyea Si. L*** Inserees dans Ic Magaslfi EncLjcLopedLque J tome II ^ p. 2,23.

.1 i A critique , en fait de litl6rature , sert a decoumr des vtrites, a eclaircir des doutes, a relever cles er- reurs. C'est iiii service que les litterateurs se rendent inutuellement. G'estace tilra que le cltoyen Si. L*** a droit a ma recomioissance. II me semblecependant qu'il auroit pu s'epargner la peine de nous dire com- ment ii falloit s'j prendre pour donncr une notice complete d'une cbronique dunt on fait la decouverte. Personne m I'ignore. Mais dans le cas dont s'agit , je n'avois promis qu'unc notice sar la decoiuverte de la chrojiique de P. d'Andlo , d'apres les renseigne- mens.que raon ami m'en avoit Fournis. Je ne pourrai sitisf ire lacuriosit^^du citoyen St. L*** etla mienne, que Icrsqne.j'aurai I'ouvra^.re memesous les jeux.

Le citoyen St. L*** appuie beaucoup sur une er- reur" par laquelle le nora do l:relier ^ si connu , a et6 converii en cekii de Sacker. II ajoule , qu'il ne salt pourquoi? II preiend qu'il est lien difficile cl'j re- con iioitre le nom de Freker. Je parie qu'aucun litt6- r-'iteur n'aura de la peine a faire la decouverte qu'il a faite. D'ailknirs, quant an pourquoi ^ il n'avo t qu^a s'adresser aux redacteurs du Magasin , qui lui au- roienf appris que c'est une faute d'impression 3 que , dans moil manuscrit, il y avoit Freherj et que je

Heponss ducltoi/cn Obeiiln. 5i5

nV'US pasplutot iu rarlicle imprime, que je Ics priai de mettre dans les errata deux fautes Irop grossieres pour ii'efrcp as relevees, celle dont il s'agit, et une autre qui se tronve a la page suivante , oli il faut lire , do gpt die welt gesc/iLiff ( loisque Di.u crca le monde }.

Je finis par une rcniarque v^ faire sur le nom d"* Ulricas Surgantj dont il est 'ait mention dans les observations du ciioyen St, L***. Surgaut j dans Maittaire, est une faute d'impresslon. Le nom de P^ol^ rlcLis n'est point fau!if. Dans le dial h te suabe , on fait sooner avec 1'^^ ou oll alleniand un o ^ que i'on avoit coutume autrefois de placer ou au-dessus de i'a ou v , ou a cote , de facon qu^ Uolrlcus ou Volrlcus se prononce Ouolrlcus. Nj connoissant pas celte ma- iiiere de prononcer , on a trfmsforme dans VHl^tolre lltteralre de France k' nom de I'eveque Uto encelui de Voto. C'est de I'o place autn^fois au-dessus de Vuj que vient I'usage^de metlre dans Tecnture alienianda un demi-cercle sur Vu.

Kk 1

B I O G R A P H I E.

JVoTicE siir JM. de HEnTZBERG J minlstre d'etat et ciiratcur de L'Accidcnile des sciences de Berlin,

_l\(Io^steuR le comte de Hcrtzkerg, minlstre d'elat et du cabinet de S. M. !e roi de Prusse, chevalier de I'orrire de I'Aiglo-Noir, etoit originaire d'une an- cieime faiialle d'AIIeuiagne , ctab;ie depuis le trei- zieme siecle en Pom^ranie , ou ses ancetres se dis- lini.;uereiit par les services les plus eciatans, reiidus aiix electeurs de Brandebourg.

Les electeurs n'ayaiit point assez de troupes sur pied, la noblesse poraerMnienne, ctant extremement no. "ibreuse , alioit servir les souverains efrangers. Le pere de M. le comte de Hertzberg passa an service ciu roid.? Sardaigne, ets'y distingna pendant la guerre dela siiccession et dans loules les balailles auxquelles il se trouva presque loujours. Ala paix^M.deHertzberg revint vivre an milieu de sa famille, et jouir deS esp^ianccs que lui donnoit son fils, clonl la facility pour acquerir tontes les connoissances Immaines , etoit elonnante. II I'envoja de bonne hc-nre h Pnniversite de Halle , on Is jeune eleve cut le bonbeur de I'en- conirer des professeurs ceUbrcs , des pbilosophes , des jnrisconsultes , des savans dislingnes. VoKT , Bobe- iier, Lndierq, Schmaiis elevercnt son genie aux pins liautes conceptions. Le droit public devint sur-tout son etude favorite, et c'est dans I'bisioire ancienne et iTioderne qu'il alia saisir Ic lil des revolutions sur lesquelles s'appuie le droit pul^lic des nations 5 c'es

Notice sLir M. dc Jicrtx^herg. 5i7

la qn'il snivit la-marche des enpires, et qu'il aperrut ces donnees , plus c irconscritps qii'-m ne pense , qui scvvent de l-as;>. a la morale et a la politique toujouis versatile des elafs.

Danscetage oil les passions parlv-'t>llmpcvlcuseirienr, ou on glisse sur Ics superficies , oii , avec de. la forlnne ct dela iialssance , on se croit dispense de former son cceur et de cultiver son esprit , ou vil sortir dr la plums de M, 1q conile de Hertzler-; des ('^crits lumineux sur les points les plus imporiaus dn droit public ct de riiisloire d'Alleaagne (i). Le miimtre de Berlin ne crut pas devoir laisser le jeune auteur loin de la capitale et loin dcs affaires. Fiodt'ric le Grand , qui savoit non senlement apprecier les i.omnies de m^^riie , mais deviner ceux qui pouvoient le deve- nir, plara, en 1740, le jeune de Hertzberg dans le departement des affaires etrangeres ; peu apres , il I'envoya , en qualite de secretaire d'amijassade , a Francfort-sur-k-Mein , pour assister a rclection de Fcrapereur Francois prcMr.ier.

A son retour , M. de Hcrtzber.?-, contlnua do tra- vail ler an departement des afTaires ^tranG:.eres et aux archiv s ; ( 'est la qu'il agrandit la spbere de ses connoissances , et qu'il se n,it <\\ clat de pouvoir defendre un jour les drolls et les pretentions de Frc- di'ric le Grand. II avoit dc'ja commence de foJiruir an roi les savans e:< traits sur lesquels cc monarqne composoit I'iiistoire de Brandebourg , et a ecrit dans la suite Thistoire de son temps. C^^ travail le rap-

(i) De (tnionlba; ct coniitiis d^jUxclibus. J::j pitlucun*.

5 1 8 Blograph ie.

proclia du roi qui ne laissa plus echapper ancnne ocrasion de liii temoignersa confiance et de le charger des j)Uis iiiipoiiaiiles rotnniissions.

En lyao, moiirut le conseiller prive d'YIjern ; Ie roi donna aussilot a M. de ISerlzberg la direction des archives secrc tes de tiat . Le dv sordre y regnoit ; mais , grace a re.«piit methodique du noiivel adini- nistrateur , la co ifusion disparut , et on ne vit jamais un depot aussi bien tenu.

L'Acadcmie de Berlin ayant propose un prix sur I'aiicipnne pcpulcition de la Maiclie ele-ctorale de Brandebourg , M. de Hert/.berg remp'it le Vfru de I'Academie qui lui adjugea Ie prix, et qui, suffisam- ment instruite de I'ei-udiiion et des talens du jeune Candida t , Ie rectit an ncn;bie de ses n^einbres. Dans le meine tt mps , Ie roi le nomn.ason conseiller priv6 d'ambassade.

Trois annccs apies , il fut noramr premier secre- laiie d'etat. I.a conimenca , pour ne plus finir, ?a carriere po'itiqsje et une cliaine non ioterromjjue de travaux dont I'Europe a souvent leconnu Fimpoi- tance. De sa plume >ont sorlis des memoires et des depe'clies les plus inttressanlcs de ce teiTps, qu'ou regardeia comme un monument j recic-ux , ton tes les fois que la politique cberchera des lumiorcs et uii guide sar dans les i'eciierciies des laits.

Ce fut (n 17.^3 que se pr^para celte cj^joque si 3T)^morabiC poui- les anna'es de TEurope^ et si glo- liCuse pour ia Prusse , epOf:iie terrible qui promena dans tcute PAilemaciie ie iL au dc la guerre , et qui doiina ii?u au -rand Frcueric de deploj'er ses taleas

Notice sur 31. de Jicrtx.-bcrg. 5jq

niililairos, son courage el tuiiles les ressoiircos de son gdnie. C'csl alors que le roi , deji recomman- (Inble 1 ar son amour pour les sciences et pour ks arls , odVit nux mis un gn.nd niodMe , un lieros (|ui d.^voit effacer les plus puissans iiioiiarcjucs et laiiscr line renommee ('Mernelle.

Ce fut en 1756, que le roi, inslruil d'une ligue formee contre lui, vouhinl Juslifier ses deniarci;es aux jenx de I'Europe , rotnii a M. de Hertzberg les pieces qui serrircnt an nanifeste qui preceda son invasion en Saxe. Ce nionarque ayaiit trouvd dans les arc:.ives de Dresde la ccrr( snoiidar.ce secrele de la cour de Sa>c, dcpuis 1706, ordonna a M. do Hcrlzberg els composer _^ce niemoire qui a ck'- si univtrsellenient esfime , avant pour litre .- Mc- moire raisoiine sur La conduite des cours de Fierine et de Saxe ^ el sur tears desseins daii- gereux contre le roi de Prusse , apec les pieces originates et justificatiues (i). On n'a point ou- Ll.c quelle sensation il produisit dans tons les ca- binets el sur les etranger> , et avec qut-lle r.i[,id;t.i il clla^^^ea I'opinion publique a IVgard du grand Fr/'d.'ri-.

Pendant que ce monarque condjattoit avec lant de glo.re a la te e de son annee , j^our conserver sa courjnne et son existence politique , M. de Herl;d)erg prouvoit aux j)iinces d'Alleniague coni- ])i(Mi il t^oit dangereux que le svsterae de i'eni])iie flit (h'truit , et qu'il le scroit par Ic renversenient

(i) On vendit A ^'^icaue aiOjOOOCxeinplairos de ce lut-iuoii*', dans un jour.

Kk 4

520 Biographle.

dc la monarclilt"^ prussienne , qui seule etoit assez forie }oiir rc'sist.T aiix puissances qui teiiieroicuit d'alleicr sa conslilutiou. Cc n'etoit point sculcmeut le ir.inistre d'elat qui parloil , on retrouvoita cliaque page l'e{ anrlien:e!it d'uu palriote parfaitonient instruit c!e la i aiure tt do ia constituiiou genna- iiiqiie. '

Ce patrlotisme r\e s'exhaloit pas loul cnlicr dans scs cciiis, M-. de Hertzbcrg en n'servoit uuc grande pariie pour voler au secours de I'tlal. En 1758, la Pomeranie-Ultcrieure et 'a foiteresse de Stvrlhn furcnt nieuacejs d'une invasion par Irs Suedcis ; les tionpes re<.n!iere3 conibalioierit sous Frc'dcric 11, dans les canr-.agnes de la Silc'sie ; il ne re.stoii a Siellin que queiqnes bataillons, M. de Hertzherg ne perd pas un moment , il a^spmb'e les elals de Po- meranie, et les eagage a lever douze balaiilons d'inranterie ; le roi lui euvoja des officiers pour \:s exercer, ct la ;/a:■ni^o^ de St^'tiin fut bien'ut en ela! do braver i'erinenii. M. de Hertzberg ne quilla pciint la ];iume, lant que dura celte guerre desas- ■{leuse ; il prrparoit dans tous les cabinets, c}\^z toutes les nailors , des revolutions utiles a Frederic, la mort de PimpE'rairxe ElisabeiU kii procura un succes si long-temps et si secrerernent mesiage. La fa.-e des e.da.ires clirrr.gca , !e successeur d'Eiisabcth etoit pnit'lrc des motifs dont M. deHcrlzbrrg I'a' oit instruit 5 les pnissanctsbelligerantcs, ^clairt'es a leur lour el epuistks, desioiejit la paix 5 la conr d.3 Sa-e jarla la preiniere , et la prjpesa eii Alle- iiih'gne ; etle fit des inst -nces au:r cours de Yienno et de B(.^riia.

\

Notice sur M. dc Ilcrtx^her^ 1^21

Ces Irnis puissances convinrent enfin cronvojer leurs pleiiipotentiaires an cliateau cl' Hubertsbourtj,. M. ck; Herlzhjig fiit cliarge de concliire , au noni de son inaitre , ceUe paix memorable. Apies qucl- ques difiiciiht's qm le miiiistre prussien eut la gloire d'aphmir , die fr.t sig".<?e , It; i5 fevrier 1768. Cclle paix, qui est un d.'s pla=; grands soutieiis de la consfifution germaniqi;c , sera a jamais glorieuse , puisqu'elie relablit , apres une lutte opiniatre centre I'Europe enliere , le grand Frederic dans tons scs etals , et qu'e le ramcna le caliiie en Europe. Une guerre ausii coiiipliquee dans son origine , et qui annoncoit na r^nivcrsement total dans I'ordre poli- tique, flit tcrminre par unc negocialion courle , gracj a I'liabilete de M. dc Hertzberg ; Fred(^n'icII lui tcnioigna son contentement par ces paroles :

Vons av^ez fait la paix co:nme j'ai fait la guerre, un centre trois.

A j-JC-iiie le roi fn!-il rentrs dans ses rtats , qu'il nomma M. de Hert/.berg son ministre d'etat et dii cabinet. Depuis ce temps I'Europe a connu son mdrite de plus pres , toufcs les cours out apprecie la justcsse de S3s plans , et rccounu la sagesse de scs operations.

L'Aulriclie , la Russie et le roi de Prusse avant j(^?olu de faire vaioir leurs droits sur une partie de la Pologne, M. do H?rtzberg prouva , d'ur.e ma- iiiere incontestable (i) , ct par des faits averes , les

(i) Get ecrit a pour liir« : Expose des droits de S. M. le roi de Prnsse , sur le duche dc PomorcUie et snr plusieurs aiilr 's dlsiricls da Ilojaumc de Pol- guL" , ivcc les pieces justlftcatives.

522 BLographie.

droils dn grand IFnVit'vic sur le diic'l'^ de. Poir.c- rellie , dont ses aiicelres avoient ct^ depoiiilles, et sur le port de la Visiule. II eut^ ]iar le liaile de 1773. J le plaisir de voir n'unir a sa palrie , 11011 seulement toute la Prusse occideiitale , inais encore le dislrict annexe aiitj-efois a la Nouvelle-Marclie , avec la ville de Dav.tzlck. Par cette acquisition , les parties essenlielles de la monarchie prussieniie furent rapprocliecs , ct composent un corps de puissance stable , en etat d'entretenir des correspondances suivies.

La inort de I'elccteur Maxirailien -Joseph de Baviei's (i) donna lieu a ces prc^tentions trop conniies de la cour de Vienne, qui attirerent touie I'atten- tion du grand Frederic. M. de HertzLerg porta le flandjeau dans ces contestations , que I'interet per- sonnel prenoit plaisir a rendre obscures ; ses in6- nioires p^uvent etre rCijardes comme le plus ex- cellent code du droit public d^Allemagne el de sa constitution actuelle (2) 5 on y voit briller en outre ime logique male , un ton ferme et noble , une clarte et une precision qui sied si bien quand on fait ecrire, parler, ou penser un roi.

Le grand Frederic, convaincu des talens eminens de M. de H?rlzberg_, iie cessa de le consulter dans toutes les alfraires d'etat. II eut la plus grande iii-

(i) Expose des motifs qui ont engage S. M. prussienne i s'opposer au clemembrPiucnt de la Baviere. Consideration sur ]a succession de Baviere.

(2) M. le comte de Hertzberg a compose d'aulres c^crits sur eette discussion j qui £«ut dans ^1 iaiigive aliemande..

Notice sur M. de Hcrt^hcrg. r>i''^

f\ucncc sur les delineations qui se tiuivnt pendant I'liiver a Berlin , et sur les r/'gociatbns qui pr6c( - derent la paix de Tescl.en , a laquelle il ent ^ecre- tcment une part si decidee , que le grand TrM- r,c consacra, par un monument allegorique , la mc- moire du nt'-gociateur ct de la paix.

Pendant le se^our que FnWric Ht a Breslau , ce mouarque se plmsoit a aoitcr , durant son diner , des points de litlerainre et d'liisioire ancienne ; M. da Herlzberg saisit I'occasion que, le roi lui offrit enfin, de soufeuir Pexcellence de Ic^. langue et de la littprature alieniande, dontle raonarque n'eloit point persuade'. Celtj dispute donna lieu a une cor- respondance entre le roi el son ministre, el produisit la disserlaliou sur la litl('ral':re allemande, qui se trouve dans le recueil de I'academie.

Le roi avant soutenn que rAUeniagne n'avolt point t'le anci nnement la^ palrie de ces peuples qui out delrnil Tempire ron.a'.u , M. de Herlzberg prouva le coniraire, d'apres les anciens l.i.>tor;e;is , dans un dis.ours qu'il piononra a racademi d;?s science?, le 24 Janvier 1780. IS'ous pouvons atErmer que celie diss rtalion s-ra coiVipiCe pour une des n;e lleures productions historiques- de ce siecle ; on y voit dis- cutcr sans pe^lanlerie, sans une surcharge oiseuse dc citations, wn poinf important d'ldsloirc tivs-dil- ticile £i i'tlaircii- , el que pea de savans eussent ap- prof;jndi avcc clartc et mtlhode. Depuis celte /e,>oque^ M. de Hcrtzberg sVst impose I'obligation di-^ lire lous les a-isd s dissertations intercssantes, la p-bipart desL^uellds sout un compte rendu de sjn mi-

5^4 Biograp/iie.

nislere , et un tableau annuel des ameliotatlons

onlonm'es par ¥it cL'hic.

M. de Hortzbcrg le fait connoitre sous une forme pivcieuse; on aime a descendre avcc lui dans tous les details de la vie privee du grand Frederic ^ et irouver I'ljomme sensii>le , simple, cccupe sans re- lache du soin de multiplier sa population , en donnant a ses peuples des mojens d'etre heureux. Quand on a la connoissance morale du caractere de M. de Herlzberg, on ne doute point que le ministre n'ait souvenl dirige les vues bienfaisantesdu roi.

La publicile que M. de Hertzherg a donnee par ses disserlaiions aux operations de la monarcbie prussienne , a cerlainemeut conlnbu^ a lever ce voile dont les gouvernemens de ['Europe crojoient devoir s'envelopper 5 ils se mouvoient dans le cercle obscur d'une politique sourde et secrete. M. de Hertzberg a fait sentir qu'un bon gouveniement 5 loin de perdre , a tout a gagner par une sage pulili- cile. Ces discours tiendront lieu d'annales pour les dernieres epoques du regne du grand Frederic, et bonorcront la memoire de ce roi, bien plus que de vains elogesj M. de Hertz]5erg , en parlant de lui, ne sait le louer que par des faits averc^s.

II est pen de rois qu'on puis5?e comparer au grand Frederic; il est pen de minislres qui osent s'assi- miJer a M. de Hertz ';erg. II en est pen qui aient fourni une carriere aussi longue et aussi active. On n'aura point de peine a croire que le ministre du grand Frederic, durant un regne si aiiite, et doiU le ministerc a etc tenu dans une continuelle observa.-

Notice sur M. de Hertz^her^. 525

tion, a da etro oc.up6 tout entier ; tiiai's c^ qui est difficile a croire, c'est qu'il ait Irot've des momens pour cuhiver les Ictties , pour enlr'prendrft des recherclies qui demaudent toute ['attention d'un Lomme oisif et tranquille. Ses com oi?>ani e.s econo- miques et ses plans pour ran.elloratioii i\o rasrieul- ture, feroient seuls I'eioge d'uu citoyen qui se seroit consacr6 a une pareille etude : non seulemeut les details de I'industrie nationale et du coinm rce lui sont famlliers , mais il est encore le cn'ateur de C€tte branche nourriciere de la prospi'rite desttals. II entretient en outre une correspoudance presque universellc dans toutes les ]-)ai-ties de i'Eiirope. II regne dans ses lettres un fonds d'amt^mite qui an- nonce un bon coeur , une ame droite et un carac- tere uni , aussi eloign^ des pretentions du rang et de la Kaissance , que de ces maneges avec lesquels on parvient a ediafauder ces renommees viageres qui s\'^vanouissent avec I'homme et aveo le credit du moment. Nous pouvons affirmer que dans tout ce que je viens de dire sur M. de Herlzberg , nous m^ritons d'en etre crus 5 la correspoudance qu'il veut bien entretenir avec moi , en offriroit des preuves non (Equivoques ; mais , pour n'etre point accus^ de trop de prevention ,je vais transc rire I'eloge qui en a ete fait par un alleuiand, fameux par ses malliours, par Treiik , dont le livr:' est dans toules lc5 mains.

«f A peine fus-je arrive a Berlin, dit-il, que le grand et tr^s-renonnne miuisire d'elat, comte llertzberg , me re:;ul avec toute la bonte imaginable ; cjuiconnoit comme moi cct liomme respectable , fchcil-jra I'elat

K26 B'ographie.

qui sait I'esfimer et i'e'n|-)loyev ; son liabilete clans les affaires, son erudition litteraira et politique, sa connoissaiice ties laugues et sur toulesles sciences dans lesqnellcs il est tres-verse , sonl Ires-dlgnes d'ad t ira- "lion 5 son parler est uiiv3 ^'locution epurc'e ; son carac- fere noble , son coeur pt^tri de sentimens elevc's, sou zele effervescent pour la patrie , son amour ; our le sotiverain ne sont point fondes sur des prejuges ; on le distingue enrore a son assiduite infatigable dans le travail, a sa fermel6 mab' , a son amabilita dans la socitHe ; sa maison est le premier bospice des etats ; il parle au paysan avec affabilite , aux pau vres necessi- teux avec bonle.

»L'ennemi de la patrie merae pent compter sur sa parole ; la duree de la puissance prussienne est son unique but , mais sou coeur est incapal^le de mettre en usage la politique de Machiavel ; il sait eluder les ruses de ses adversaires, recevoir les gens baulains avec iierte , et eloigner avec prudence I'orage 5 il jemplit par lui-meme tous les grauds devoirs de son poste. II ne chercbe pas a mani fester sa grandeur par de splendides repas , ni par de brillan^ Equipages ; il enricbit I'etat autant qu'il peut ; il cousent a vivre comme un simple citojen , pourvu qu'il voie tout le mondehenreuxautour de lui. Brukbick, sii maison de carapague pres Berlin , n'est pas Chanteloup, raais c'est un modele pour les patriotes qui desirent ap- prendre P^conomie 5 c'est la qu'il se delassy , tous les niercredis , de ses grandes occupations. Ses services importans ne content annuelleraent que cinq mille 6cus au moiiarque 3 il v'it avec econoniie , et il bribe

Kotoce surM. dc Ilertx^herg. [\2'j

lorsque la biensc'ance Texige ; alors il piiise dans sii caisse , et non clans le tr^'sor piil)lic '\

Telles sont les expressions non sii'^p'^cffs d'lin liommc qni , dans son otivra^ie, sarrifle loules les considerations ^ la plainte et ou r ssontiinent de se^ inalheurs. Qui ne desireroil de retroiivrr h la tefe <]cJ radministralion dc sa patrie un minisire cIoik^ de ta-it de qnalif(^s? Qui n'enviera M. le comte de Hertzberg alaPiusse?

x^Lpres la qnerellc sur la Baviere , M. do Ilert/.b^rg €ut une brillanle occasion de donner luic nouvelle preuve de son habilef(5 ct des ressonrces deson g"nie, en fixant pour ain<i dire le s^stenie de I'Allemagne et presque celui de I'Europe ; il discr.ta les droits de5 princes de rempire gersnanique, dtvi loppa los prin- cipes flottans e! compliques de e vaste corps dV'tat ; et de cette di-;cnssion il^en est resu't,4 V union germa- nique J dont le but est de conserver I'cquilibred^ I'empire. On ?ait a^ ec quelk^ clialeur il a negocie , lant eu Hollande qu^a la cour d.^ France, pour piv- venir les suites d.?s dissentions qui troubloient la palx interieure des Provin es-Uuies.

Lor.^que le *!,rand Frederi- senllt approcher le lerme de sa vie, il a])p?!a , six seaia^ines avaiit sa mort , ISI. de Herizberg a Polsdam,oii il s'entretcnoit tons les jours avec lui. Ce ministrey resta jusqira son dvT- uicr mo nent , ety recueillit le dernier soupir du roi.

Frederic-Giiillau'ne a suivi, d'une nianiere cjuifait honneur a son coeur , les int?ntions de Fr/deric le Grand, en conferant a M. de Hertzberg son ordre de TAi^le-Noir. et eu lui accordiul toute sa confiance 5

SaS Biograpkie. ^

M. de Hertzberg I'accompagna dans toutes les pro- vwices, ]-our y pomvoir a la solemnito dosliominages qiroM read a ciuique roi , n son avenemonl an tione ; il alia, en qualitv' decomniissciire prini^ipa!, cnPomc- ranie, pour (aire prcter au roi le serment da cette province. DiiTerenL'S preslaiions fnrent successive- meiit faites aver, beancoup d'oidre , par les sages mesnres que M. de Herlzberg avoit prises. II fit frapper a ses d(''peRS les niedaiiles dii regne, qu'il dis- tribuaen Prnsse , en Pomeranie , en Sil 'sie, et dans relec-torat d^', Brandebourg, oii il remplissoil les fonc- tions de Ghaffcelier. Le roi hii confera, a son retour, le titre de coi;>le, et, pen de t mpsapn^s , le nomma curalenr de I'aca.'iemie des sciences ; la voix publi- que lavoil deja appele a celte prcsidence , dont il eloit si digne. Les sciences et les muses oni rarement des protechHirs d'un mcrite au;-si eminent.

Depuis ce temps, sa favear chancela qne^qnefols ; mais son merite re fut jamais ni meconnr} , ni eclipse j -et en monrant dans un age avance , il a emporte les regrets du royaume et meme de la coiir.

M. de Hertzberg est mort a Berlin , le 27 de mai 1795 , a la suite d'une raaladie de nerfs , ag6 de soixante et dix ans. II avoit e^e miaistre pres d'lui demi-siecle.

Cette noiice est tiree d'un ouvrage nouveau par M. de Meyer J dont voici le titre : CEuvres polLti- ques de M. le co'tnte de Hertz>bergy miaistre de S. M. le roi de Frusse ^ precedees d^une notice sursa personne et si.ir Les emplois qLi^lL a succes- swenient rempLis ; 3 vol. S.*^ , prix 3o 1. , et 36 1.

franc

Notice sur M. dc Hcrt:iberg. 529

franc de port par la poste. Berlin, et se trouvc a Paris, cliez Maraclcm , rue du Cinutiere-Aiiclie-dL's-Arcs , N.o(j, ail troisiome ( 1795).

Le ]5rejnior volumo coiilleat des dissertations sur divers objels (U^ politique et (riiistoir.^ ; eiles sout trailecs avec autant de phiiosophie que d'erudi- tion , el n'ofrreal que de grauds resultats, des bases fondaiaeutales el des raalieres iiiiportantes et pro- Ion des.

On tro ivc dans le second toutes les pieces publiqnes de la cour de Berlin , depuis 1756 5 1'iiistoire poiilique de la guerr3 de 7 aus , celle de Bdviere et du par- tage de la Poloiine , et toutes k's graudes o|)erations du regne de Frederic IL

L3 troisieme renferme des pi>ces et actes diplo- matiques. 11 est termine par deux memoires , I'un sur le vrai carav-^tere d'une bonne hisloirc , et I'autre sur I'administration intf^rieure de la Prusse pendant I'annee 1788. Get ouvraze offre des notions utiles aux diplomates et aux liouimes d'ciat.

A il C li. /E O L 0 G I E.

JExTnJj'r cVuiie tcttre de J. J. Barthelemy y an Comic d' A hues son- ^ sur les aiiiiquLtcs de La France merUiionale.

J\! ous n'avons pas voulu pc'Mi^'trer en Italic, sans Jeter un coup d'ceil sur b^s anliquites (|ui sidj^isteut encore dans les parties mtridionales d.' Id France. Tonic 11. L 1

53o Arclia^ologie.

ALjon, nous avons vii plusieurs inscriptions qui out dt ja ^te pnbliees , et d'aufres qui ne Tout jamais 6t6 , line entr'autres d'un particniier qui faisoit tout le marili , il naissoit le inaidi , il inoaroit le n ardi , il s'efoit marie le mardi , elc.

Nous avons vu l'arc-de-triomp1ie d'Orange ; il est com] os6 de Irois arcades el charge de bas-reliefs representant des combats, des trophees , des instru- mensde guerre , des tridens, des bees de navire, etc. Xes antiquaires sont partag's sur le temps et Pobjet de ce monument ; les utis le rapportenl a Marius apres la defaile des Cimbres, d'autres a Jidcs Cp?ar apres la conqucte des Gauks ; d'autres enfiu an siecle d'lla- drien. Le gout du Iravail et d'autres petiies circons- tances nous out fait juger que la s.conde de ces opinions etoit la phis probal-le. Ce monument a ete grave plusieurs fois , et ne Pa jamais et<'^ exarJem.ent.

On Irouve encore dans cette viile les reslps d'uu theatre an^nen ; les gradins sont presque tousdctruits , mais la scene est demeuree dans son entier. C'est uu niur d'environ no pieds de hauteur et de pres de 828 de lom'ueur, orne d'arcades , et co.!!struit avec des pierres d'environ deux pieds en ouarre , taillees et imies ensemble avec un artinfini. Le gout, la soU- dil^ , la grandeur , tout se trouve reuni dans ce monu- ment pr('cieux.

Si I'impression qu'ou en reroit pouvoit etre effacee, ellele seroit sans doute par le pont du Gard et les an- tiquitGS de Nimes.

Le pont est un ouvraf!e des plus grands, des phis beaux et des plus hardis qi.e les RomaJns uoiis aieut

Antlqultes de la France mirldlonale. 53i laiss('^s ; et I'imngidation est e{fiajee, quand on pense que ce moiiiiineiit n' 'toit destine qu'a SDtitcnir tin atjuediic ])onr transporler la pelite liviei'/ d'Enra aupres d'CIzes jiisqu'a Niines, ou I'on ir.iuvoit I'Aiil- leuis les eaiix abondantes d? cetio font.'.ine c/'lebrequ^ ne farit jamais et (}ui siihsisfoit dii temps des Roniuint^

Maisc'est a Nimes prinipa-emnil , ou tout devicnt «n o! jet d'admiraffon pour \\\\ ai;iiquair(\ C'est la qu'oD. trouve I'ainphillit'atre ie iiiieux consaivt^ de Ions ceux qui subsist nt, et celte maison quair(!fe cpi'on regarde depuis long-teinps co.unie Ie chef-d'teuvrede rarchitectiire ancieiiiTe et Ie desQspoir de la ninderiie. Cependan on ne jouit de ce spectacle qu'avec une s'^rfe de douieur. CJn peuple irossier, lo/' dans I'interieur et sur les gradins nieme de I'ainphi.litaire , Ie drgrade sans cesse, et detruit inipun^nienr ce que les flaninies avoienl epargne tlu temps deCliar'es Mnrtel.

Dans lis tra\-au\ de la nouvclle fontaine, on a vu des onvriv-rs barbares rautile des sEatues , des. Fno^aiques, et rLM)longt'r dans les londemens des ins- criptions que Ie h.isard lenr laisoit d6cou\Tir. \a?.s sbins de M. 'Ie S!. Priest enoutsiuve quelques-uiies de la iurour de ces i( ouociasles ; rais ces sums, i|ui s'etend^iit sur tons les mouimiens de Nimes, ne sau- roient tn'ompher dj la negliv^enra dus s;:i.ahernes. Plusieurs personnea d-^ gout it digues de foi nous out attesl^ qu'oii a vu quelquefois des enTans assit^ger la maison quairee , el detruire les ornemeiis d'archi- teclure qui la decDr.int , pour y prendre des nids ti'oiseaux. On nous a nioi)ti\'; les traces de ces di. - prcdatioiis \ nous avr^ns vu Ivi belles f'eailles d'acau*

Li i

55^ 'Arcluvoiogie.

tliC qui forment fes cliapiteaux d?s coloiines, brisees a coups de pierre, et nous avons irgrette qu'un si heau monument ne ful point a ecu vert de pareilles insultes. Ind^pendamment des outrages des hornmes , la maison quarrec a beaucoup soufRnt des injures dii lemps ; un (\es, murs a perdu son a-plomb dans Ja paiiie du milieu , vraisemMablement par le toit dont on I'a Tecouvert,et paries ouvrages qu'on a construits en dedans de I'edifice, lorsqu'on avouluen faire une ('glisp.

En sorlant de Ninies, nous avons vu a Si. Remy tui arc-de-triomphe en I'hov-neur ^'un general romain , et son lombeau place lout auprcs. Ces deux monu- mens , dont on n'a donne que di^s dessins inforraes , meme, dans les memoircs( de Tacademie des belles- lettres 5 meriteroienl d'etr^ dessines plus exactement, etr. ...

De Marseille , le 3o aoijt , lySS. AddiTioisi, Les plalntos que Baribele:ry fait au ministre, dans cetle icltre , sur les de^graclations de la maison quarr^e a Nimes, C-loieiit Ires- fondles ; mais la gen^rosil^ de Seguier a depuis tout i-^par^. I! entendit un jou*- 3nettr3 aux enclicres ])ou»- i5oo liv. la reslauration de ce monument. Jr-ipp6 du danger qui Je menacoit , il parla au conseil de ville , et fit cesser ces eacheres. En- suite , malgr^la modicite de sa ibrtune , il en emploja plus 6.^ 14,000 liv. i faire les reparations ncfcessaires , «ou6 «a seide direction ; et , }2,race a ses soins , ce 1 eau znonumeui est aujourd'hui en bon c'tat. StSguier avoir ^llemeatfollicitu'le d^'biaiemeat des arenes, et offert,

'^AiitiquiUs dii la France nicrUlLoiialc. 533 pour y contribucr, deux inaisons qii'il possedoit dans reiict'irite. Cl^ lie fiit iicanuioiiis quo peu dc te;nj)S avarit ]a r^xohifioii , qii'ou se d(;tormiiia a celte vv.~ treprise si desir^^e par Bartaeiemy ; j'i^iiore jus^^u'ou on I'a po tissue.

Dans des notes manuscritcs de ce dernier sa^^lnt , on troiive luie addition a ce qn'on vient de lire dans sa lettre , sur les anli^uil^'s de Saint-Remy , Tan- cien Glanutn. II explique rinscription da muusole on cdnotaphe , SEX. L. M. JV'TJEI C. F. PA* RENTIBVS SVEIS , j^ar ces rnols , SexUus , Lucius J, Marcus ., Julll Call filii ^ parent Ibus suis.J)cL\\s ce c;inton , on ecrivoil , d'npres la pronoii- cialion , EI pour I ; riiiscription de I'arc d'.i Saint- Cl:amas en fournit la preuve. Celui da Sainf-Remy avoit ele erige en rhoiineur de Cains Julius , auqnel ses trois fils, Sexlius, Lucius- et Marcus elcerent le tonibeau qui est a droile aupresdu monument de sa gloire. II est place sur un teitre qui domiue une grande plaiue , dans laquello vraisemblablein?nt ce Julius avoit remporto qnelque avantage signale .vir les ennemis. L'arc d'Orange sa trouvea-peu-pr^sdans la nienie situation.

Ces deux arcs et celui d:^ Carpentras , cpntiiuic Bartlu'lrniy , sont du memo travail ct du nienie gout. Pour fixer le temps oii ils ont hx construirs, il faudroit connoitra Page de ce CaVus. Or uons voyons sur les medaille^s attribuees vulgairemcnt ii C^sar, un tropl:<:^e orne de boucliers et d'autres armes Fort semblables a celles qu'on Irouve gur lo« monumeiis dont il es( ici question , lesquelles portent cetle legende ! IMP.

LI 3

534 ^ArchccologLe.

Cv'ESAR. Peut-elrc ces medaiiles pourroient se rap* poi tor a revcLeinont cjui a fait elever ces arcs , et qu'elles appartieiment a ua cUs ancelres cle Juks

Cc^sar.

MejiArques sur ii/ie l/iscripllon decourerle a Ninics'.

Uatvs Ips malli;>urf^ux fronblos qui ont apitc- la ville d?Ni., es, qiielque.s catliolicjues s'etoie.it vefirjic^s et def:'r.(ius dans in:e tour voisijitj de la salle de spec- la-.-le ; pour safisf;iire le peuple , on abaltil, en 1790 , cetic tour, qui cachoit ujie ])aitis de inur aiiliquc?, et line porie an-dtssus de laquelie on lisoit rinscriptioii ci-Jointc.

La premiere li-ne de cette inscription n'ufifi-e auciine diiliculte irammati' ale. II n'en est pas de iT'cnie du dernier n ot de 'a seconde : COLonloi DAT ; ceia na ire paioit pas du style lapidaire. II fciudruit (|u'il y eut EEG.l.T ou P.EFECIT , comme Fun \oit S(;r lous -ei n.oiiumeas de ceile esjiece. D'aiilenrs on pent cruire qu'U aianque a la liu qucl- ques mots ow letlres. Ncaumoins le sejis n'en est pas Oouteux 5 et nous apr>Luoas par la , qu'Aupusle fit <f-lev»^r a se^ dq ens les mars et les portes de la ville ds Nimes.

Les litres qu'on domie a ce prince , mdrilent quel;;ues observations. Je remaiquerai d'abord que c;(!iui (X*IniperLiUjr e^^t ruclcjueibis suivi d-J (,1'JiTres roniains J mais alors A se hoiive icp;'i6 dans .'ins- ciiption, et pU.ce .siez ordiiiain-nK'nt apies ia puis- sance IribiUjiLiciiiie : ce qui bO \ oit entry autrcs sur

|. llldcfoj Sncyd.

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injcri/ition t/c

nu^oj SncyU I U. p . .f .74 .

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INPC/^£SmDlvhFA'(»S.COS-XI-TRlBMESTVI[I

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in,\-riphi>n Jc /a vor/e Jc Nu

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IncrifUoii de N lines. 535

celledeNnples, TLUBVNIC. POTEST. XXXU ,

IMP, XVI MVRVM TVRHIiIS^Vh: llEFE-

CIT (i). \,K^^ habilans (L- Nini^s negligerent celle ri'petitioii , sans doute glorieuse, puis^iu'eile df-siaioit le nombre d;js victoiies. A celle ^po.ue , Augusts avoit deja rec-u plusieurs ibis uu pareil iioiuieur ; maii ce mot n'ctuit deveiiu son jn-cnom que Ireize ans auparavant I'an 720 de la fV)iuiatioii de Pvonie(2).

Cependant , ni la dale aiouk'e au mot iniperator ^ ni celle du consulat iie servcut a delenniiier les cve- nemeus publics 5 cei a\ anlage est da a la connoissance de I'aniiee dans laquelle ies enipereurs exerroient I3 puissance iribnnitienue. Getle anm'e,toujours marquee sur leurs monnmeus, est d'une grande ulilit.^ pour la chronolo-ie(3).Toutefoisilscoiilinuoier.tad..il. rdeleur dernier consulat ; de maniore qu'entre le XI et le XII d^ ceu.\ d'Augnste 5 il y a un esnace de dix-sept aus , lequelse irouverempli par autaut d'ann^es d'exercice de la puissance tribunitienne. II est fait mention de la VllI-, et du XI^ consulat, sur Tinscnption de Wimes : ce c(ui prouve qu'elle se rapporte a i'an 788 on 73'-; de la meme ere , ce prince ayant ete , liuit ans aupaiavant, invesli de celte puissance pour touts sa Vie. Taclle dil qu'Auguste eul , trente-sepl aimees consi.'cn lives, la puissance tribunilienne (4) : ce qui sj Irouve conlirnie par Tiuscription du pont dc Ri-

(l) ^(j. Spot! misc. p. 265.

(li) Di'j Cass.l. XLlI,s. 41.

(3) ScNViirU dc ^-Jug. Cas. Tiib. pot, s. 20.

U) Auu.l.I.c. IX.

"36 ^Archcco Logic.

mini , et par I'epoqiie de sa niort , arrivee Tan 767* On cloit encor^" observer que ces annt'Cs tribuni- tieuncs fl*e!oicnt pas comme cfelles des autres charges r dans )esquelk i on cntroit en fonction 011 aux Idesde fl«^cembrc on imx Kalendes de Janvier ; l(.\s eniperenrs lie datoient Pexercice do leur piiissance iribnnit.enne qne du jour oil ils y avoient tte promus. Un passage uc VelifrusPcir:ercaUis fi) nous ajjprend qu'Auguste i^'en ful revc'tu que le V des Kalendes de juillet ; de sorle qu'on ne peiit fixer precisenient ia date de Tins- crlption de Nimes , laquelie aura ete posee on les six derniers n:!ois de I'an 788 , ou les six premieis de I'dnn^^esuivante. Ce prince efant mortle XIV des Ka- lendes de septembve (^), on peut done supposer qu'il avoit commencd la 38.^ aniiee de si puissance tribunilienne. Il ne s'en demit jamais, il la partagea seulement d^abord avec Agrippa , ensuite avec Tibere. Mais il conserva loujours en entier le sou- verai-n ponlilicaf ^ dont il entra en possession apres la iiiOrt de Lepide( 3 ), postcrieure de troisans a Tins- cription de Nimes , ou par consequent le tilre de Pontifex-Maxiinus ii'a point ete doniie h Auguste , comme sur tous les autres monmiiens, depuis cette epoque. Cclni de Pater Patrice ne potivoit ^ga- leivient lui etre decerne , puisqu'il ne le prit que I'an 75ii , suivaat laremarquedu savant Noris(4}.

(i) Hist. 1. II, c. cm. F'id. Hyppol. op. t. I, p, ic^ i-S) Dio. 1. LVI, s. 3o

(3) 33io Cass. 1. LIV5 »• 27.

(4) Ccuolaph. Pisdu. c. Hi_

Inscription de Is tines. 537

Les murs, dont il est qucslion dauscclle Inscription , sont ceux de I'ancienne enreiiile de la ville de Niuies. Ellc avoit environ trois mille toi^es do circonfcTence, si, coinine on le croit ordinairemen.t , la Tour- Magiic e;i faisolt parlio. Ces nuirs fureut elevt's k)rsqu'Aii<^nste y envoya nne colonic romaiac , ct detruite dans presqne tonte son etendne par Charles Martel,qui,eu737deJ.C.^milh'feuauxportcsctc\nx arenes(i). Ge qui en reslcdul ctie incorpore dans !a iiouvellB enceinte que les habilans formerent , d'upi os la permission qn'ils en obtinrenl par nne chartc par- ticulicre do Raimond V , comic de Toulonse(2}. Cesdernicres murailU'Sont snbsislc jusqu'aujonrd'hni, Tnalt',re les nouvcUes foriifical ons qnc Ic due do Rohnn fit construire a Nimes , et la demolition qui en fut ordonn^c par Louis Xllf , en i63o.

La gdnerosite d'Augusle a Tcgard des habitans de Tancienne ville de Nimes, devoit n^cessaircment exciter leur reconnoissance ; el il est trcs-probable qn'ils la pousserent , dans cet age de servitude, jusqu'a I'exprimtr par des momimens d'une cou- pable adulation. Ce qui sembleroit favoriser les ing^- nieuses conjectures de Sc'guier sur la dedicace du temple appele vulgairemeut 31aison quarrce. II s'est flatte d'y retrouver sur le frontispicc les noa)s do Lucius et Caius ., His adoplils d'Au^iuste. E:i ap- plaudissant a la sagacite de ce respectable savant, jo n'ai pu me dissimuler les dilllLuit^s qu^oU're son

(1) D. Valss. hist, dc Lang. t. I , p, 40^.

(2) Menard , hisl. dc liinics , i. L

538 Airha'ographie.

explication. On iie trouvc pasd'exeirple cPiin leinple consacre aux fils ou aiix j^difs-lils dcs empereurs ^ pendant Ic ngtie de cciix-ci , dont il f'alloif lu'ces- sairenienl avoir la permission , el ]v doule qu'ils I'eussent von In donner. Qnoiqno la villc do Pi*e ii^oubli :t rien pour houoicr la memoire de Lucius i t de Caius , dont le premier ^toit son pairon , e!le ne leur (^leva point de temple , raaisnu simple cenotaphCy n^ec un autc'l ])our y iaire des Jibatioias , dts uf- frandes et des sacrifices funebres (i). Parmi les nionumens qu'Auguste et Livie corsacrerent a !a nie- iijoire de leurs pelit£-lils, le principal qncnousremar- qnonspst nn I;ois d'arbres touiours veris,appele Nenius Ccesamm {£). j^Udle partonne voit c[ue des temples leur eussLiit eUi dedies, ni pendant leurvi« , ui apres leur mort. Les vifs reprets que CMusa li perte de Germanicns^ dans tout i'erapire , dont il etoit la j^loire et le soutien , ne lirent pas imaf^iner de pa- reilles consecrations , uniquemenl reservees aux enqjereurs et aux imperatrices.

On nie repondra sans doute que ^'argument dont ie me sers ici n'etant que negatilV, ne deanit point I'explicat on de Seguicr. En veriie , je serois bien portL^a me la persuader moi-meme ,si lous les trous de la frise et de i'arcliitrave eussent eie employes dans la combinaison des le.tres, el si par-la I'iiiscriplion qui en r^sulte ne nous preseutoit pins aucun^ diiiicult^. Mallieureusement il reste nn ii,raud nombre de ces

(i) Decret. Pisaii j ad L. Cics , etc.

C^) t^uL Nuru Ceiiotapli. fh. C XVIIL

Inscription dc ytmes. .').'^9

trous, sur lesqiiels Siguier s'expHque en c<*s term fs : « L'ouvricT ii'ayant pas fait lei trous h la liauleur » proportioniicUe des tenons, avoit tfe ob'ige cWn » iaire d'antres loisqu'il voiilut i^cser les lettrf^s , » atin qu'ellfs ne fii?sent iif Irop haiites ni tro)) » basses .... cela ne nic causa, ajonle-t-il, plus « de peine, ce fut une nouvelle preuve rie ma de- ») couverle (i). . . » N'en concluroit-on pas le con- traire? L'artiste avoit sous les ytux les letfr.'Sj et les pla:;oit les unesa}. res lesautres ; il pouvoit prendre mal ses niesures pour une ou i'.eux : nmls il est dif- ficile de croire qu'il con'inviat de tromper jiisciu'a la fin. C'est sur-tout la premiere ligne qui se troupe surchargee de ccs faux tiousj et on j voil m.caie les traces de lettres diiFtTentt's de celles que St'i^uier a cboisi.s. Je dois le dire pour son bonneur, il n'eioit pas lui-menie anssi cowvaincu de la certitude de sa decuuverte, qu'il le paroit dans sa dissertation. Les magislrals de Kimes en ajant t^te frapp^s , et la crovau'i cerfaine, iui prcposerent de Iaire r(^^tahlir, sur la facade du temple , I'iiiscription t^-lle qu'il venoit de I'iinaginer. II ne voulut pas y cons.ntir ( t les exliorta a ne point adopter si l^^ren^ent son expli- cation. Ce Irait^caie je ticnis de lui-meme , e.^t I'effi't de celle sage meiiance etde cette rar." mode^tie dont il ne se di'parlit jamais. Les doutes sur sadecouverte I'em- pecb>rent meiue d'en puljlier une autre de ce genre i et faite d'apres les nieir.es procc'dc's ; je \ cnx parlor de cc^le de I'inscription t[u'ii suppoj.oii nvclr exiite au frontispicc de I'ancien temple da Vieuue eu (_!') Dissjrt. iur la mjibcu '^uarrce.

540 ^ArcliceoLogie.

Daiipliin.^ , cLargc jadii en t'glisc , sous le noili de K. 1). de la /7e.

Uii voja^cur tjes -instruit , Henri Swinburne, tipres avoir expose ropiniou de Seguler , ajoiite : « Cos ar;^uiliens sont plausibles; mais , i mon avis , » il en esld'autres qui niG paroissent sans replique, » qu'on pi lit deduire d'un e; amen exact de I'inte- » rieur do ce temple , et qui les dcfruiscilt entiere- » ment* La comparai.son que j'.ii iaile entre ce > bAtinient et les nionunicns leconuus du siecle » d'Aupusle 5 me persuade absohnnent -qu'ils ne « sont pas du meme temps, et qn'il s'est passe an » nioins wn siecle entre les didit^rentes epoques de

* leur conslniclion. Dans la maiscn quarree , j'r<p- jf) perrcis luic p'ofusion et nne recherche d'orne- y> mens qu'on ne Ircuve' point dans I'archilecture » plus 5iinpie du siecle d'iki'guste ; il y a aussi une

* grand? dilTcience dans les proportions. L'expli- « cation de M. Set:,uier auroit en plus de poids sur y> mon espri , si je n'avois pas vu claiiement que '^ la disposition de$ trons n'tioil pAs toujours nni- " forme a la rc'petition de la mcme let(re , et qu'il « y en avoit aussi pkisieurs dont il n'a poisit fait » usage, en placant les lettrcs. 11 rend raison de 5) cetle redondanre , en suppo^ant qn'iis sont ce que >j les peinlres appeilent penttmentL ^ on des erreura ■y> que les ouvriers rectifioienl ensnite , en en taillant » d'aulre^ (r) «. Les observations de M. Swinburne sar le temps do ia coustruclion de laraaiyon quarree »era3 paroissent pas, comme ^ lui , sans replique^

Inscnptlon de Humes., 5:^tf

!es artistes ayunt reconnu cet Mific© disne , pav la, justesse de s.'$ proportions , .dj Ti^-ociuc^ 1 1 plus brillaulc de Part cbez les roaiains, Mais, fiit-il , suivaut raiicicniio opinion j du rigne d'lla- drien , cela viendroit eacore k Tappui de mos rc- marqiiee, qui n'oat point entierement cchappe a la sagacit6 du voyagcur ani^lais.

Peut-6tre que des inscriptions dinercatesr ont ^te pos{'es succeislveaient h la frisa do la maison quarree ; ce qui aura ^te la cause d^ co gi'and norabre de tr©us , et de la diHijuU^ qu'il y a da les employer tous. D^ pare'llea variations sur les jiionumcns publics , ont <'t6 PefTet de la kaine ou ctilui de I'adulatiou. L'bistoire en ofire un grand nombre d'exemples qu'il est inutile de rapporter ; o:i.. se conlentera ^eulement de remarquer qua dans der,nier cas le changement devpit etre adopts d'au- tant plus volontiers qu'i! c^pargnoit de ^raudi frai«. de construction. S. C.

LITTERATUKE GllECQUE.

Vie de Xenofhon j suivie (Vun ecctraii kLsto- rique el raisonne de ses oiivrages : ou se troupe La traducUon de pLusieurs opuscules de cet auteur y qui n'oal pouit encore pa ru en J^raa- cais J tels que fapoLogie de Socrates j terminee par la traduction complete et nouueUe i du Banquet de JLenophon, A paris , chez Gail , au coll^gc3-de-France 5 place Gambrai, et Nyon jeune , li! raire , pavilion cles Quatres-Nations , an 3/' da la Republique Francaise , in-8.o de 5o pages.

jliN rendant compte de la traduction du professeiir Gail , dont les amaleurs de la litteratnre grecque desirent la continuation , nous avons atinonce qu'un savant disiingue, que les lettres disputt-nt aux mathe- matiques ^ le C. Fortia, s'occiipoil d'une vie de Xenopbon et d'une notice de ses ouvrages ; cette vie a paru depuis , c'est celle dont nous publions I'exlrait.

Ce sera un fort beau pr6ambule a la traduction des oRuvres comyjletes de cet ecrivain grec , pbilo- sopbe , lilti'rateur et guerrier. Le citoyen Fortia a enirepris un travail fort etendu sur son auieur, et cette monograpliie d'iiistoire littcraire est un des ouvrages Ls plus curieux et des mieux faits qui aient pari! en ce genre.

Le C. Fortia rend compte lui-nieme , dans uue courle preface , des principes qui I'ont dirige pour

Notice lies ouvrages de X^nnpfwn. r^jfl Pex^xution. II a rejete toute citation , tout apparcil scieiitilique. On ue pent nit r ce] endant que , sans imiter ceux qui font , par cLs cital'ons multip'iees el fdoiles, un grand etalaue d'tTuilition , il est utile d'indiquer avec precision les passages sur le.squels on a'ppuio ses femaic[ues , pour leur (iorincr plus de credit, et eviti r des poines a cen < qui out le temjis d ! recourir au< sources. Sans parler des savans du dernier siecle , de reux de I'Allemagne et do I'Au- gleterre, cjui out rendu auv lettrcsdesi ^^-raud? se;-vices, et qu'on affecteeu grneral uu peu troj) de ni('priser , le celebre traducleur cVHcrodote , le C. Larclier , rimmcvtel auieur des P'oijages du jeune Ana- ckarsis ^ Bart:,eleiTvy , se sent asiervis a cef usage, et leur conduite a cet egai'd peit faire autorite.

Le citojen Fortia a suivi ave.. rai.son la mediode du profond lielieni;t8 LardiLn- , en ecrivant la letLre s a la fin des mots dont la tenninaison est en e , cowwnc Soc rats sS\ J AsUagcs yil faudroitquo Vow jnit aussi dive: JMaiidane ^ llerodotos \ mais ces ter- n\inaisons seroieat trop contraires a rnsage» Cepen- dant celui de denaturer ainsi lesnoms projiresest Ires- inal imaging, il leur fait p-rdre la physionomie da leur pays ; il est certain cpie Vcs fXm Grccs et. \lls des Latins se coiifondent dans notro e nuit't , et que , sans nne instruotion preliminaire , on ne devineroit pas lecjuel d'Arsace , dL^ Laius on fV Ho- race est perian , gr^-X ou roinain. O i ue >auroit trop dire pourquoi on ne prononc.^ pas VirgdiLLS roaiiiui on fait Brutus ; uiais un ouvva e renipli dj ces nonis rendusa leur termiuaison priaiitivj , devien Iroit au-

544 Ijitteratnre prcquC.

joiird'hiii clioquant par le roncours Irop nombrPn:isf tie SODS Insolites^ il vant mieux vSe conformer .• iix usages recus. La rectification dc^ja introduiie par le C. lurcher pent elre jiourlant admise sans incouve- uienl , sur-loiit nyant I'araiitage d'avoir 6le aiissi adopt(^e par un litteralcur du iiKhile du C. Fortia. Revenoiis a son ouvrage.

II comnirnce par nn expose tics-bien foit de la vie de Xcnophon , de ses etndes i)hiiosopliiques sous ia conduite de So rates ^ de ses e.vploits niilitaires , de sa fameiisc' relraite a la tete de dix m;lle Grecs fju'il ramen€ dans leur palrie,a travers niilJe dan- gers ; de ses travaux ]KiMr venger la memoire de son inaitre clieri 5 (':e plu^ieiu's des act'oiis de sa vie priv t e , ct enfni de sa n^ort , dor.t ii fixe I'epoque a I'annee 3^9 avant notre ere. II discute ave ^ aii- tant d'erudition que de clarte les opinions des savans qui ont eu sur ces eveiienicns (\e^ idres differentes des, siennes. Prinripalement celle du C. Larclier , cpii n'admet point qne Xeiioplion ait ete saiiv6 par Socrates a la batail!e de Delium , parce qn'i) cette epoque il ne devoit avoir que cinq ans ; chacun d'eax se fondo sur un point de cbronologie qn'ils etablissent difl 'remment ; on sait conibien il est dif- ficile d'accorder entr'eux les chronologistes , les ^tymologistps ct les gcologues.

Une autre opinion qne le G. Fortia atlaqne t'^ale- ment , c'est cclle de Voltaire sur la retraite des dix iiiille. Celui ci n'altaclie ]3oint autant d'iinportancs que les antres ecrivains a cette action niilitaire ; il croit la retraite de Prague , par le marecnal d3

Bel.'sle

Notice des outrages de Xcnophoti: 545 Belisle tivs-supuri.ure ; le C. Forlia regaidc , au coutraire ,1a ic'lraitede Xuioplion coinine iin d 'i |.la^ hauts fails qui aient pu illiK.iier 1111 j.c::eial ; il y a , je crois , iiiojeii de les concili.;r tons lus deux ; la retraite de .X^nophon est uii des grauds evene- mens rnilitaires de i'auliquite , considtiee rclative- meiir aux connoissances qu'on avoit alors de la tac- tique , et I'opin on de Voltaire ;^'est ui:e erreur qu'eu ce qu'ii I'apprecie d'apres les coiinolji^auces mo denies.

Le C. Fortia relevc avec les t'gords dus a u;i grand ^crivain , quelques erreurs cchappees a Voltaire; mais son euthousiasme pour son auteur le rend quelqiiefois injuste a son tour 5 ainsi il reproclie a Voltaire d'avoir dit que Xenoplion (f-toit un apen^ lurler. Lui qui^ dii-il , avoit decouvert le premier ie mojen de r^diger en corps de morale la docirine deSocrates ! Cependaut Volltiiry n'a suremen' pas en- lendu ce mot aveiitunerd-ans lesensbas et abject qu'on lui donne pour designer un liomme qui fait loutes sortes de metiers , entreprend toutessorles d'affuires pourvu qu'il y trouve son profit ; mais ce mot a toujoursservi a designer les hommesqui , conduits par une inquietude naturelle , vont ch^rcher les combats dans une terre ^trangere, et ^ en ce sens, Xpnoplion^ qui abandonne sa palrie et s'arrache a Tamiti^ dd Socrates pour servir dans i'armoe du roi de Perse peut meriter le noni d^aventurler.

Si je voulois discuter a mon tour les dilTerentes opinions disttut^cs par le C. Foriia , il me laudio.t

Tome XL M m

546 Liticratitre grecque.

faire aussi un livre , et ce ne scrolt pas avec aiitani

de talent et de Succes.

De la vie de Xeiioplion il passe a une notice de- tailL'e de ses ouvivigps, de leurs dlflf.':rentes editions, des dilTerentes Iradiictions laliiies et fran. aises qui eii ont ete fc!it>?s , dv s imitations auyquel'es ilsontd nne lieu, desdisserlatio; sdont ilsontete I'objet. M.HarleSj dans ie tome troisienie de sa nouvelle t^dition de la Bii.liolbe que grec ue de Faltricius, avoit deja en- trepris le meine travail; niais celuidu C. Fortia a I'a antage d'etre complet relativetnent aux ouvrages francdls , et ce litterateur a su donner h son livre une forme qui pent le faire lire avec plaisir et avec in- ti'ret. II est mal.;eureux qu'il ix'y ait pas fait entrer un extract des travaux des Anglais , des Allemands , des Ita'iens , etc. sur Xenophou. Ce defaut rend en- core celte mouograpliie d'hisloire lltiv'rnire incom- plete , et ob iv^era tou;olirs le "Franrais qui voudra counojtre ce que les elratigers out ecrit sur Xeno- plion , de rt courir a la B bliotlieque grecque, si consi- derablera> nt enricbie par le savant ITarlef..

En exposant son opinion sur les ecrits relatifs a Xenophon , et les motifs qui lui font prc'^ferer une tra- duction a u!;e autre , le C. Fortia est guide par une saine critique , el s'exprime toujours avec celte ame- nite dont le verita!)!e bomme de letlres ne doit ja- mais s'ecarter , lant qu'il n'est dirige que par un amour vrai^ d;^ Part qu'il cullive. Son stjle a de la noblesse et d^ la coriect'on , et il sait altaclier dans les parties qui en paroiss^nt le moins susreptibles. Or trouve a la fin de I'ouvrage nu catalogue ds

Notice des outrages de Xenophon. 547 119 edilionsou traductions lalines et {Vancaises des dil^Rrens ouvrages de Xciioplioii , et encore peul-on liii reprocher quelqu'omis«ion , inais il est plus aisede trouver une fautj! dans des listes qui exi-ent autanl depalienceet dereclieiches, quede les compo- ser; le ijlaisir de decouvrir une legere errjur dctnsles tvavaux qui ont a'osorbe plusieurs ann^cs de la vie d'un savant distint^ue, ne peut couteuter que I'igno- rance et la mediociite.

Le citoyen Fortia a insere dans cet ouvrage la traduction de quelques morceaux com p lets non encore traduits en francais a I'epoque oii il a ei^ Compose, tels que VApoLogie de Socrate j traduite d.-'puis par le savant professeur Gail ; et le Banquet de Xenophon J tr:iduit par un de scs amis , littera- ieur eslip.::a]:le, Pierre Lamonlagne.

Eti traitaiit de la Cjropedie, il a rassevbl^ les divers traits de I'liistoire dePanlht'ej qu'Jlar-unis ensuite pour en composer une histoire plus suivie et plus detaillee de cette epouse fidele et gt'n.Teuse* Ouoique cette liinoi:e se trouve dans toutcs les tra- ductions de la Cjrop^'die et dans le Voyage d'Ana- chavsis , de Bartiielemy , !e citoven Fortia I'a iraduito et presentee avec tant d'cloquenve ; elle a nn carac- tere si noble et si fouclianl, que ceux qui ne la con- roissent point sevont assurement bien aises de la lire, et que ceux qui Tojit di'-ja lue ne seront pas facht's de la retronviT sons cette nouvelle forme. Nous la dou- nerons dans un de nos prochains uumeros.

Mm a

IJTTERATUKE ANGl.AISE.

Lettres de MrLAnr Montague , pendant ses VOL/ages en Europe ^ en Asie ei en. Afilque , contenant 3 entre autres relations carieuses , des details siir La reL'bglon J Le go uv erne meat et les niceurs des Tares ; traduction nouvelie , avec pLusieurs additions tirees de La dernihre idltlon anglaise ■> imprunee a Paris chez, Theoplule Barrels , en 1790, deux volumes. A Paris, chez Bailly , libraire , rue St.-Honor6, baiTiere des Sergens , I'au 3". de la Republiqu , 3795.

X/Es Lettres de Milady Montague ont ete tradultes d-ins toutes les lanpnes ; nous en avons deux versions fran aises , et tnules deux so«t infideles. La premiere, imprimee en 176,3 , a Amsterdam , est la plus exacle , mais le style n'en est pas supporla] le ; la seconde , rublieeaParisen 1764, et reimprimee eu 1788, est d'une main plus exercie ; le style est assez aise et assez correct; mais on peut lui reprocher des omissions importantes qui d.'naturent I'ouvrage et ne laissent qu'une aride description des voAages , au lieu de faire connoitre les tournures d'esprit de la Scvigne anplaise. Les plus importantes de ces omissions sont les morceaux de poesie inseres ]iar Milady Montague dans ses Lettres , et qui pcuvent faire appvecier sou merite pour ce genre de .talent ; I'autre omission est celle des plaisanlorics t-u'elle se permet quelquefoia

Lett res de Mlladij Montague r)49

siir !es reliqucs et sur des points de discipline , on siir des ceremonies de lY^glise de Rome, ain>;i que snr les mceurs franraises. L'auteur a sans doute cle force par les censeurs a relranchcu- ( es legeres epigrammes, souvent tres-justes, toujoiirj pardonnahlcsaune pro- testante et a une Anglaise , qui font encore appr^fier la dt-Iicatesse de son jugement et la fin'^sse de son esprit. II etoit n^ce«saire , dans ceft.Mi juvelle traduc- tion , de rendre a Milady Monla^.ue tout ce qui lui apparlient.

L'ancientradncteurnpconservoif lias les expressions franraises de Miladj Montague, c t nous ]-rivoit ajnsi du plaisir de juger comment elle pensoit quelquefois en francais.

La preface de i'^'diteur anglais , celle de I'am.ie de Montague , sont ^galement suj)pri;i.ees. On j trouve aussi une foule d'inoxacti'.udes. Celle d'ap- peler Ce Heros l\imante du passionne Leandre , Hero J dont I'Listoire est si coniuie, n'cst pas la m.oins considc^rahle.

L.^s lelires de Miladj Monlajzue m^ritolcnt qu'uu homme altcntif et exerce a e. r:'re en donnatune nou- velle tradiiciion. Nous ne ferons pas l*analjso d\iu ouvrnge si connu : il siillit d^ rappeler qu'aucun ou- vrige ue peint les Turcs dans lour iiiterleur , avec d?i; coulours plus vraies et plus inti-ressantes. El'e a vu ce qu'une femrne seule pouvoii voir, et son esprit etoit capable des ol servation.-s les plus Knes ; c'esi aelle que nousdevons I'inoculalion, don I, a son relour, elle pro- voqua la pratique en Angleterrc. Eiifin ce:te amLas- ' M lu 3

55o LUtl(^raturc an^lalse.

sailrl-e, liee avec tons les homines distingocs par quehjue genre de mcrile que ce fat, qui parloit toules les langues moderuas , poss.^doii les laiigues aucip.nnos et reunissoil des coiuioissances ires-variees , est iine femme tr: s-ceiebre a jusle titre ; et lout ce c;ui tend a la faire blen oonnoilro , ne peut etre que Ires-avanla- geuseraent re^u.

La nouvelle trarkr tion est du citoyen A., conini par dcs travaux uliles d.:ns i'assembiec tu-itionai.^ cons- ti^uaiito , dont il eloit imeinbre, et oii il s'^st, princi- pa'emeiif occiine des finances; comme Turgot , li <ultivoit la poefcieen vneme-tenvps qu'il se livroil aux eludes de I'l^omtne d'etat; quelques pieces fugitives^ quolques chansons du citoyen A., com poseesseu le- nient pour la socitte, ont paru assez agreables pour francb'r le cercle anquel elles eloienl desiinees , et pour devenir popalaires. C'est encore le c;is de rc- peter le mot que nous avons cile de Voitair-, clans ses conseils a uii jourcalisle, qu'ii ,v a beaucoup d'accoid eutre 1 esprit des belles lettres et celui des affa res. tons les grands orateurs gre-.s et romains ont ete bomraes d'etat. Xenopbon cloit !itterate-ir et guerrier ; Cesar , bistorl;^! et general ; l^Hopila? , Lamoigr.on, etc., ont ete litlerateurs et n agisjrats. Le citoyen A- . . , oblige de se cacber pendant les ^n'enemeus de I'annee 1794, a fait de I'etuds des laugues I'occupeition de sa solitude. La iradu:- tion est en effet le travail qui convient le mieux dajis celte posiiion , il exige peu de Hvros , on peut le repreadre et le c|uitt«r a volonle j il distrait des

Lett res de MUodjj Montague. ^fii

pens(5es tristcs , melancoliqiies , sans priver tofa!e- nient du charme que , loin de tout ce qu'oii alme , on eproirX'e quelquefois a s'y livrer ; enfin , r.Hiteur que Ton traduit devient , pour ainsi dire j notre consolateur et notre ami , le plus clr. r compagnun de notre solitude.

11 est fiise de voir que le ciloyen A. s'est beaucoup ailache au sien. II ne s'est permis aucnne otTiission , il a resiitue a leur veritable place le< six letlres de rnilady Montague , qui out paru si'parer, en! , en 176M. Nuns avons comi.are sn tr;:cluLtiou sur I ori- ginal, et ele nous a paru par-loul Ire.^-HclM'^ , saus que le stjle peniil rimde la correction et de TeK- gr.nce qui lui cou\ if nt.

C'esl sur I'edilio^ide Tlieophile Barrois, de 1790 , que le ciloyen A. a fait cette traduction ; il en a adopie jusqu'au forn-'at , ahu que djns les bi!;lio- tliecjues on put les placer a cote I'une de Pautre. Cet Guvrage, ainsi tralte , outre son merile lilt^raire et ragrenieut qu'il procure };ar sa lecture , peut de- venir utile a ceux qui vculent etudier ia langue anglaise sans luailre , par la facilite qu'il lour doa- nera.

Le cifoyen A. . . a imit-.' en vers tous les nior- ceaux de poesie ; inais , alin de ne rien faire pcrdre deson ori^iinal, il a aussi traduit ir meme morceau en prose, ligne par ligne. Sf's traductions en ver* sent en gerun-al henreusement fail-js ; nous alloiig citer le n orceau qui nous a paru avoir le plus o«* n.eritej c'est aussi le plus cou::idcral;!e.

M ai 4

552 LUterature anglaise.

T^ERS composes a Vera ^ dans un Kiosck dont la vueit'etcrid, sur la vlUe de Constantinople _, a la fin duniols de decembre 171 8 j par milady

Montaigne.

Oui , grand Dieu^ e'en pst fait, je borne mon en\ie A terminer ines jonrs dans une metaiiie Qui s< il oliancle en hirer ;,qu'" j'y scnimeille en palx ; Qu'unbois , pend;inl I'ete ^ rn'oiTre un ombrage eials j Qu'du print:>m])s , d'un rocher crouse par la n;iture , Coule paisiblement une onde vive et pure. L -i:! dc moi ces fossi's , ces su;:erbes caiiaux , Ces tubes arrondis pnnr tourmenter les eaux ; Je ne veux ni bssssins , rii gevbes , ni cascades. Ces cuvrages de I'art sont FeHToi des naiades. Si Pcnijne sourit a mon pelii jardin , Jc n'ai plus q^u'un d?sir , c'est un air doux et sain.

Paries vents destrucleurs notre ile dominee. Sous le poids ties giacons gomit emprlsonnee ; Les arbres Qepouilips dans nos sombres cHmats, Oat change leur verdure en de Iristes frimats. T,:s ciseaux cperdus vont , loin de leurs aslles , Cliercber ua ciei plus beau , des forels plus tranc|uilles ; La TomisK n'a pJus d'un fleuve que le nom , . Sa nyrn- he so-iiajre en pleure Fabandon ; Dans l^s ^ rc'-s blanchissans plus de danse riantc , Les jeux sont eblouis de leur paleur brillanle.

Mais ds I'aslre du jour les rayons bienfaisans , De cons tan res mcissons couvrenl ici les champs ; L'ete , favorlsant ces plaines fortunees , Avcc le priutems senl partage les aunees ; Et rautoinne , a jaai-ija reunie avec eux , De I'hiver ne craJut point le retoiir nebuleux. Si la reine des flenrs avec le jjnir expire , II o'est point d'interregne en so^j aimable empire ;

Letlres de Milady ]\f(uUague. 553

Et , plus frais que lent mere , on voil ses rejctons

Eiiibeliir les bosquets de leurs jeuiies boutons.

Pres d'eiix mot]cslement nait I'humble violelte ,

Ce motlMe fjuchant d'uae vcrtu parfaite ;

Sa douce oflt-iiv sVxhalc tvec simplicite ,

Et sa liciie ooiileur dccore la beaute.

La jonqiiille , avcc Tor de son riche petale ,

De I'aiirore naissanle ose elre 'a rivale.

Les oiseaux font entendre a ton'.e lieure , en tons licux,

Daus !cs plaines de I'air leurs clianls melodieux ;

Dcs limpiJes ruisseaux , sous un cii.'l sans nuages ,

Le cristal u'esl jamais terni paries orapes ;

D"s vallons , des coteaux les gazons sont charmans ;

Toujours I'orubre des bois prolAge les amcns. Quel spectacle ! la mer , de fertiles campagnes ,

Une vaste cite , I'Asie el s^s montagnes ,

Qui;sorit de ce tableau le cadre interessaut.

Je vjis sur tous res monls un sommRt imposant ,

C'est rOlj'mpe , ou souvent les puissances celestes

Donnerent aux mortels des exemples funestes.

Je ne me lasse point d'un spectacle si beau ,

A mi?s yeux etonnes il est toujours nouveau.

En contemplant ces tours j ces aigui'ies antiques ,

Tous ces croissans dores , ces domes magniiiques ,

Je me dis : U repose un stupide sultan

Confondu dans la tombe avec le conqu^rant;

L'un ne pour le mepris , I'autre vainqueur du monde;

Tous deux onldisparu sous leur voutc profonde.

Ce temple se vantoit jadis d'etre clirelien ;

De son notn , de sa gloire il n'existe plus rien ;

Ses aiitels reyer(5s , donl la noble structure

Devoit moins son I'clat a \\>x qu'a la sculpture ,

Par un z'le bavb.ire onl ete venversi'S ; Je cherche vaincment leurs rosles dispersi'-s, Tu fus seule epargnee , o celebre Sopbie , Ton nom oemesur vit ; oiiii* qncL? ignouiinie!

5v^4 LittcratLire angtalse.

Au Heu cle tam de rois dans tes murs prosternej , Tu vols par les dervis tes manes profanes. Vo Id ta desiinee , 6 yille impti-iale , Qui du nionde voulois etre la canitale ! Que soni i's dcvenns cea imruenses palais Par taia cle souverains eJeves a grands frais , On ies arts de la GnH-e , avant leyr decadence , Prodig.joient a 'eiivi ie luxe etl'e egance ?

La iix^rerit hnirs cnurs des rois volujjtaeux ; Et d'a litres , ;i t;.i voi.v ci'un primal org-ueilleux , Bassemtnt traver.tis i*n pauvies solitaires , Cuaiig.-rc'nt ces pa cis en triste.? moiiujitres.

Ou sunt tie i'.tuj c^s fails Ies aiiciens mon-iniens ? T'f nunb.re , I'ciiralu meme est i rise par le teiups ; Le inAmf coin de terre enseveJit suns Tlierbe Le> noTiis du ; fyice obscnr ^ di^naonarqiie superbe.

La de tout I'uaivers , pouvvcT i;}!ustes lauri^iTs , TJne seconde Ilel^ne asseniLIa Ies guf rrJcrs ; Sa beau'ie ne fut poial I'excuse cle leurs araies , Mais Ta religion emploie aussi ses charaics. Tel d'enlre eux , dont le bras du trone ^ut i'appt3i , Ryugiroit pour son ncm , s'il vuyoit aujourd'liui Ses foibfes d^scendans plonges dans la misere, Leurs Veux pourroient encore inspire- un Homtre ; Mais chez Ies Grecs , fletris par de gr^ssiers travaux , S'il est quelques beautes , il n'est pas nu iieros.

Oublions ces debris de ]eurs grandeurs passees j Sur Ies lisurpateurs proinenor.s nos ]>ensees. Quelle rariete d'arnies , d'hahiicmens ! De fourrures du nord , de perles , de turbans , Je vois se deoloyer la pompe orientale ! Seroit-ce d'un Su tan la marche Iriompbale ? Ce n'est que son visir , maisnon mcins redoute. Son panacbe flottant marque sa dignite , Sc'g etriers sent d'or ; et mille pierreries De sa vicliy parure ornent Ies Lroderies^

Lett res de MUadij Montague. 555

5ix esclavcs k pied , v t is superbemt-Dt , Chercbent a contcnir sou coursier petulant : II resifite i\ des uiiiins qu'il > atoit meconnoitre , II senible ^ artoger loiiL I'oigueil do son uuilre. l)e gardes ; rt-s de lui quel nombrcMix oscadron ! Voyez , au gve des yenis , voliigv-r sur leur front Les J lumagos brilians Ai'!, oiseaux de I'Asie ; Ilsmo(itt«iit des coursiers que fuurnil I'Arabie. Le peujde , k cet aspect , courb^ , respectutux , Conserve eii sa bassesse un air reHjiieux. Au.ssi mor u! que lui , le cortege en silence Vers I'auguste Divan tr-inquillement s'avance. Sur des objets plus gais ramenons nos regards ;

Cent vaisseaux sur la n|Nr yoguenl de toules parts ;

Ce melange eclatant de mats et de dorure ,

De palais , de jardins , de domes , de verdure ,

De CCS tableaux divers rirr.^gaiarife ,

Dans sa cunfusion plait a l'a;i! enchante.

S'ils emeuvent men ame au milieu de I'tlude,

C'est qu'ils sont loin de moi , loin de ma solitude.

Ici d'un sr.eleral , ou d'un fat ennuyeux ,

Les insolens sncces ne choquent point mes yeux ;

Je n'entend.s point sifflcr les serpens de i'envie ;

JV^cbappe au fade encens de I'humble hypocrisie ;

Periide adulateur , je ne veux rien de toi ,

La retiommce a peine arrive jusqu'a moi.

A I'abri du scandale el de rimperlincuce , Je ne crains plus enifnTaffeusemedisance , Dont la langue cfuel e aime tant a noircir La jeunesse qui fuit les atlraits du plaisir.

Los autrcs i-norc?au's so;t diveives iniilations des autours anciens , iiue d^claralioit d'a;r:oar turqiio, et les vers de Pope sur miladj Montague.

Le dtrnitr volume est termini )Dar des notes tiCi- cuurtes, servant a riiitcUigci'ce de la traduction ou

5o6 Lute rat are anglause.

du texte , et par une tcible dps chapltres , pour re- tracer plus aiscmeiit les d^lails que les leltres ren- ferment.

Nous ne pouvons qu'encourager le citoyen A. a s'extr.er snr dautres auteurs, et a cul liver un genre de lilti'iaUnv utile, et plus difficile qu'on ne le croit. A. L. M.

p o E s I :e,

V E R T U 1\T N E E T P O IM O N S ,

FRAGTiJENT (ILL jCIVj- Uvrc clcs Metamorpkoses d' Ovule (i).

-t OMONE , SOUS Procns , c1(n-nier roi d.-'s Altains , Fit fleurir i'arl; Iieureax de ooigner les jardins,

(i) On sait que le cltoyv-iO S'. Ange est occupe depnis long - temps de la trc.ductioti des iietiimorphoses d'Ovide, dont il a deja puLlie piusieyrs livres ; il louche a la llu de rouvlage , et 11 va bipnlot dormer le cjualorzieme livre , dans iecfuel se IrouA^e celte fable Ae' F'eriumne et Pomone ; c'est le premier morceau sur lequel il s'est essay^ ; ce fut son succes qui le delermina a se charger d'une si longue et si difficile entreprise. Ce morceau fut insc're alors dansle Journal de lec- ture ; mais il I'a retravaille encore pour le faire reparoitre dans son quatorzit'ine livie. II i:'y a qu'unc cjuarajitauie de Ters qui subslstent tels qu'ils out ete imprimes , il a rt'taLli I'e; isode d'Anaxarllle qu'il avoit alors supprime. Cette his- toire , et les changem?ns considerables fails :i ce fragment de traduction , le reudent absuluincnit neuf , rt c'egt ce qui nous engcgt' a roiTiir a r4'v.s kcteur^. A. L. M.

VerlLiinne ct Pomone. 55^

Jamais dans les vergers une main plus habile

IVe cultiva des fruits la richcsse lorlile ,

Kp sut mieux diriger un flexible arbiiss;'au,

L'etcndre en espalier , le.courber en berceau.

Amanle des enclos eiiriohis par rautoniiie ,

EUe dut a ces soins le beau nom de Pcmone.

Sur le bord des etangs , dans le fond des forets ,

La ligne , ou Tare en main , on ne la vit jamais

S'adonncr a des jeux tjui n'onl pas su Ini plaire.

Armee , au lieu de traits , d'une serpe leg^re ,

Dans I'ecorce entr'ouverte elie insure un bouton ,

Du rameau , cjui I'adopte , Stranger nourrissoa ;

Et des jets dereglcs reprimant la licence ,

Emonde avec le fer leur sterile abondance.

El'e sait d'une source ^ en pavtageaut son cjurs ,

Eiitre ses plants divers , menager les secours ;

Et conduisaut son onde , A leuri pi.-ds altiree ,

Abreuvevde fraicheur la racine alteree.

Ce sont la tous ses soins , %^^s plaisirs les plus doux.

Son amc effarouchee au seul nom d'un epoux ,

Des faveurs de Venus craint la trompeuse amorce.

Pour ^carter loin d'elle et la ruse et la force ,

Un rempart de verdure enferme ses jardins ,

Enclos impenetrable aux amoureux S3'lvain3.

Tous les Dieux des hameaux envlolent sa cjiiquet*.

Pan , qui du sombre ; in se couronne la tele ,

Les Faunes bocagers , et ce dieu dent la faulx

De nos fruits murissans ecarte les oiseaux ,

Des Satyrcs badins la riante jeunesse ,

Sylvain plus jeune encore en sa verte vieillesse ,

Essayerent cent fois de lui plaire ; et centfois ,

Pour cacher leurdepit , s'enfuirent dans les bois.

Verlumne , dieu des frnils que septembre colore. Sans etre plus aime, I'aima plus qu'eux encore. O que n'invenla point son amoureux espoir Pour altirer sa yua , et sur-lout pour la voir !

558 Po^sle.

Tanlot d'nn moisonneur rcrabrnni par le linle ,

II pr.>nd I'habil rustlque el ]a rudosse male,

£a gerbe sur sa tete est chargee en faisceaux ,

Et son bras demi-nu s'est armc^ d'line faulx.

Tanlot tel qu'un faneui- , des tresses de verdures

lEnftelacent sans arl sa noire cbevelure.

Si d'un fouet qui fend Pair il fait sifflf-r les noeiids,

Vous diriez qu'il revient de deteler scs boeiifs.

Porte-t-il une epoe , iineserpe , uneligne ?

li est soldat , pechenr , ou faconne la vigiie.

Un jour couvrantson front sous de faux cheveux gris, Emprnnlant d'nne vieille et I'age et les habits , Courbe sur un baton , dans I'endlos de Poinone II entre , et voit ses soins dans lesdoa* de I'Automne. Admirant et ses fruits , et son teinl , et s^s jeux , Oui , vons etos plus bflle encor que ces beaux lieux , I>ui-dil~il, et Ini donne , en louant son ouvrage , Des baisers qui n'ont point la froideur du vieil age j Puis sur un verL gazon , va s'asseoir a pas ients , A I'ombre des rameaux sur sa tele pendans. La domine un grand ornie ; uae vigne I'eiubrasse , La grappe autotir ele lui serpente et s'entrclace. Voyez , lui-dit le dieu ; vojez ce couple heureux : L'orme , epoux de la vigne , emlielli ar ses noeuds , Charge de ses raisins , et sans elle steri e , N'aurnit que la baute d'un feuillag^e inutile El la vigLie qui monte el s'eleve avec lui , Arrachee a ses bras , ramperoil sans appui. Un exemple si bc-au n'a-t-il rien qui vous louche Et faut-i: que toujours I'hymen vous efiarouche ? Ah ! ne resistez plus a des noeuds si charmans. Helt^ne et Penelope aurojit eu moins d'amans. Que dis-je ? a tous les vceux ce cour inaccessible , Que) coeur a-t-il trouve , qu'il n'ail rendu sensible ? Morleis , dieux , demi-dieux , dedaigues tantde fois , Tout aspire ^ vous plaire j d vivie sous vos ioix.

Vertunine et Pomonc. 5:T9

Mais si vous eles sage , et consu'lez vous-m?me

Ma vieillesse prudenie , et moii caur , c^ui vou:, i-ime...

Plu« que tons vos amans , et que vdus ne pen^ez

Fuycz un noeud vu'gaire: uiin-z , mais choisissez.

Quel autre que Vertunine est digne de Pomone ?

Je Ic connois : suivez I'avis que je vous donne,

II n'cst pas mieux connu de lui meme... el c'est moi

Qui reptmds de son coeur^ qui repouds de sa foi.

Jamais on ne le vit , de rivrge en rlvagc ,

Porter i viiigt beautes un indiscret honima<re.

Cet heureux coin du mondeest pour lui I'uuivers

Et ce ruissoau voisin , la Larri.'^re des mers.

II vous vil, et c'est vous qu'il aima la premiere ;

C'est vcus, vous que Vertunine aimera la dcmiere.

Que lui faut-il de plus pour etre voire epoux ?

Comme vous il est jeune , uimabic comme vous :

"V'lngt fois changeant de forme, a vous plaire docile,

Ordounez , et pour vous tout lui sera facile.

Reunis par vos goiits , unissez vos dcstins..

Comrae vous il habltc , il aime les jardins ;

Et si du so'n des fruits vous faites vos delices,

Dea fruit* , sur son aulel . il recoitlos premices.

De ces foibles presens s'il a ; aru jaloux,

C'est qu'offcrts par vos mains , ils deviennent plus dou»,

Mais, et le don des fleurs, et le tribut des p antes,

Qui croissent k I'envi sous vos mains diligentcs

Et 1 hommage des fruits par vos soins cullivcs.

Quel cLarme ont-ils encor , our ses sens captives ?

A son cosnr qui soupire , il faut une autre ofTrande.

C'est votre amour enfin que son amour demonde :

Oui, croyez que resent aux lieux oii je vous vois ,

Celt lui qui vous implore, et parle par ma voix.

Craignez s dieux vengeurs, Venus etsa colere,

Et Nemesis, tonjours aux ingrats sisert-re.

Quand on abeaucoup d'age , on a beaucoup aopris;

Et je veux vous «iter^ pour vaincre tos mepris ,

S6o Poesle.

\]n exemple effrayant , conuu de Chypre entiere , Et qui doit vous lleclui.- , et vous rendre moins fiere.

Par-toutd'Anaxar^te on raiUoit la beaute. Iphis la vit J Ipliis , nc dans I'obscurite , El ra^lgre les aieux . qui la rendoieut si vaine , Ne put voir , sans rainier , cette belle inluimame. II combattit sa fiamme et voulat I'etouffer, Mais, belas! sa raison ne put en triompher.

II va chercher V bjetqui ca live son ame ; D'abord a sa nourrice il dt-clave sa flamme, ' Auiir(>s d'Anaxarfete esp^re son secours, L'im loreau nom des soins qu'elle a pris de ses jours, Flatte le raoindre esclave admis a son service , Et tache , a ses desirs, de le rendre propice.

Interprete timide , un amoureux billet , Souvent est de ses feux le messager discret. Quelquefois , a la porte il suspend des guirlandes , De pleurs et de baisers liumecte ces offrandes ; Et la unit , sur le seuil , couc^e jusqu'au matin , II se plaint aux verroux, qu'il injurie en vain.

Plus sourde que la mer qui se gonfle et qui gronde, Quand I'aslre des cbevreaux s'abaisse dans son onde , Plus dure que le fer dompte sous les marteaux , Pins dure que le marbre, aux rocliers de Pares , Son amante , insensible aux tourmens qu'il endure , Joint rinjure aux refus , et I'outrage a I'injure , Le condamne a souiirir , et lui defend I'espoir. Cen est trop : pour Iphis , mourir est un devoir ; Et sur le seuil barbare , a sa maitresse altiere , II adresse , en ces mots , une plainte derniC-re :

Je cMe , objet ingral , je cede , et ne veux plus T'importunpr encor de mes voeux superllus. ^ B.ejwuis-toi , cruelle ! et prepare une fete : Trioxnphc, etde laurier vas couronner ta.tete. Tuleveux : je reno '<e a la ciarte du jcur. Si ton orgueil long-temps s'est plaint vxon amour ,

Rcdevubla

Vertumnc ^t Pomone, S6i

Redevable k ma main qui va finir ma via,

Tu me loucras du moins de t'avoir bicn ser/ie ;

Mais a ma deruicre beure, ^pris de ta beautd ,

Crois qu'avant roon amour" je perdivii la ciaite.

Et ne presume : oiut <jue pat la reo -nimee ,

Des appreU de ma mort tu seras iiiftrm^e :

Je serai devant toi ; temoin de raon malbsur ,

Tu pourras eu repailre ct tes yeux et ttu coeur.

O vous , dieux inimorteLs ! si vous dai^at'<c m'entendte,

Vengez au moius le nom de Tamaut ic plus ttudre j

Qu'il vive J quaiTd je meurs , et qu'uja long souveuir

Transmette ma memoire aux sicclei a venir.

II dit; et sur la porte encore de {leurs uraee , De fleurs doct tant de faii ses maii'.A I'ouL ccuronn^e ,

Atlaclie, Tail en pleurs el les deux bras tendus,

D'liomicides JIcms aux barreaux suspeiidus,

Le» voila ces festons digues de toi , ciuelle ?

Bit-il ; et q-and il meurt, encor tourn6 vers elle,

Dans Ic cordeau fatal , qu'il serie par son pcids,

Demeure suspeudu sans Laleine et sans v.ix.

Deses pieds tremblotans la douleur convuiiive

Ebraule les verroux At la porte plaintive.

On ouvre ; on voit les nc8«ds , instrumens da trepag ;

On vcut les detacher ; chacun s'empresse.... Helas !

II a'est p'.us temps : Iphis a vu sa dernier^ beure.

On le porte ^ sa mere , en sa triete demeure.

E;ie lerre en ses bras son malheureux Iphis j

Dt cent fois i la mort redemaudant son lils,

EUe dit, elle fait tout qu'en sa mise-re,

Une mere e«t capable et de dire et da faire. Elle accompagne enfin la pompe de sun dcuii,

Etsuit, en sanglolant, le funebre cercueil.

ha marche du convoi , lugubre et gcmijsante.

Passe devant le seuil d'ui-e insensible amante Qr.'un Dieu punil deja par des reurords vengeurs-

A/iaxar<^te amend les sauglou et ics pleura.

Tornc IL N a

B6i^- Podslt.

Voyons , dit-elle , an moins la pompe fun^raire.

Mais enfin son orgueil eut un juste salaire.

Tourn^s vers le cercueil, ses yeux sont obscurcis ;

Elle vent reculer, ses pieds sont endurcis :

Elle s'efforce en vain de dc'tourner la lete

Seg muscles sont roidis j son sang glaee s'arrete.

Tout son corps , autrefois si vain de sa beaute ,

ipe son coeur insensible a yris la dureti^.

Ce n'est point une fable ; et Venus , dans son temple ,

A Salaraine encore, ofFre ce grand exemple. -Ou y voit la statue j elle instruitles ingrats. Profilez de Texemple , ct ne I'imitez pas.

II dit ; et, depouill^ de sa fausse vieillesse, Le dieu chang.e etparoit revetu dejeunesse. Beau comme le soleil , quand , d'un nuage obseur , II sort etincelantde son feu le plus pur. Peut-etre il eut suivi son araoureuse audace , Peut-etre.... Mais lanyraphe , eprise de sa grace , Deji\ tremble, soupire, et ressent tous ses feux. C'cn est fait : elle cMe, eL Vertumne est heureux. Par Saint-Ange.

N. B. Ceux qui veulent se procurer les six premiers Hvres , dej4 publi6s , de ceite traduction , sont prc?enus que, depuis la mort de Valleyre , aine , on doit s'adresser k Cailleau, im- primeur - libraire , rue Galande, eta Moutard , im^rimeur- librairs , rue des Mathurins.

NOITVELLES IJTTERAIRES.

JURY DES ARTS. Avis aux Artistes et aiix amateurs des Arts.

Xj'assembl^e du Jury des Arts se proposant de ft'occuper iucessamment de la discussion et redaction

Jiiry dcs Arts. 5??

d*iin sijstimc g6neraL d^'^nscigncnient et iV encou- ragement pour les arts du dessin , qui , eij K*s ro- gencrant , pui.'^se les porter an (fegr^ de peiTecJioti (lont i!s sout susceptibles , et assurer a ja ! ais eur prospeiitc'' ; considt^raiit combiv-n il irhpor'eaa su.ces de son cnlroprise , de r,-unir anx luinieies(]ii\'li\' peut trcuver dans son sein , dies dc tons les ciloyens qui \ par etat on par gout, se soiit occupf''s dcs arl> , a" arrcte, d:ins sa s.'ancc du ii messivloi- , qu'il seroft fait en son nom , par la voie des journaiix: < i papiers publics, nne invitation aux artistes et amalems des arts,de voulo'r bien contribuf-r de toutes ieurslaniieres a la perf-'ction d'un travail aussi iniporlatil.

En con^-eqii'-nc3 les artistes, les amat'urs, et of'- neralement tons les citoj^rns qui , n V'ta?it ])as etrangers aux arts, et s'lntc'ressant a lenrs progres, ont r^ih'chi sur les niojens et les iuj-t'tulions les plus propres a en favoriser la culture vt a les faire fleurir, sont invites a communiquer an Jury le rt^sullat de lenrs mediia- tiohs, soit en venaut eux-memes en doiuier 1 Ttnre dans ses seances qui se tiennent pul liqu>ment au Louvre dans la salle duliaocoon , tousles priaiidisde cbaqne decade , depuis six heures du soir jusqu':^ neuf, soit en envojant a I'adresse du president die Jurij des Arts ^ seant au Loui^'re j lenr nK^moifes avec leurs noni?,patrie et dem -ure ,afiu que, dans 'e cas on le Jnrv f/roit usage de ces malerlau; , il puii^e I'aiie lionneuracLacun de ce qui Ini appartient.

Leon Pufourny, secn-laire.

N u a

M6^ T^ouvette lUtiralre.

LYCEEDESARTS. Siance publique du 20 messLdor.

C^HARLES Desaudr\T a ouvert la seance par un dii- Cours sur la necessi.^ cle porter sur les objets de simpte perfect CO nnement dans Les arts et manLi" factureSj un regfird aussi vigilant que sur les sublimes invetitions et les d^rouverles qui indirjuent , il est vrai, la supeiiorite du genie, mais dont les fruits sont lents et difficilenneiit coristat(^s par I'operience , tandis que les prewTiers viennent sans cesse ameliorer la concur- rence dans nos echanges avec I'^tranger, et peuvent finir par d(5cider en noire faveur la balasce avec le reste de rEurope.

Le citoyen Iloiiel a lu nn rapport %\ir les nom- breuses industries qui concouren! a la fabrication des papiers-tentun s, sur bi ■[■crfection de leiir ensemble dans les irsnnfactuve^ des ci-devant ReueiUoti et Arthur ; et mention honorable des c toy ens Jaque- xrart , Benard et Robert, qui ont port^ dans ces fa- iriques , acluellem nt superieures a ton les celles d*Ang;elerre , rt-cononi^e, !e bon ^out, el la variel^ des dessias qui en font justement la reputation,

CI arlesDesandray a fait un rapport snr une prepa- ration des aidoises 01 Jinaires a la raaniere anglaise , •! lur un crayon an nioyen duquel en peut ecrire et chiffrer sur ces ardoises aussi long-tempi qu'on veut 5 avec la faciiite d't ffiicer cbaque fois ce que I'on t trace ; par lo cit yen CoUbert ^ rue Poupde , ii»o 3. ^ Get objet , qui paroit d'abord assez peu in-

t>ycee des Arts. S6S

t^ressant, fst pourtant, selon !e rapport(*ur, le niln- cip'-' de la l^gM'U* de la main et de Id Jxillc denture des Anglais j d'ailleurs , dans im moment oil le papier est si cher, celte m^thode devie .t tr s-i'Couo nique poiir leseiifans, el scroit d'un usage trej-avantageux dans les ecoles prima ires.

Le citoyeii Mai/ierbes a fait un rapport sur des toiles vernies a la ii^anii^re angiui^e, par I'artiste de flarmc , rue Laz^are. QA artiste a obtenu la men- tion honorable et la m^dailie.

Le citoven MUet-Mareau a fait un rapj)ort sur I'art de rimprinerie, el pai ti, uliere.reut sr.r la su- perl^e t'ditiou de la derniero adresse de la Couvenlion a la Nation Francaise, traduite en arabe ^ dansle« plus beaux caracteres, et doe aux soins des cito3^ent Kirfin J I.angles , et Vuboij -Lav erne iuspec- teur-g neral de Pimprimche de la Rc^nuLlicjue. Le livcee lenr a decerne la mention iionorabie et des xn^dailles.

Charles Desaudra^ a lu nn rapport sur d^ nou» vc'Ues jambes mi'caniqnes , en hois, e.t'tiittes par le C. Sonneck Ivanest ^ artiste Jiu'catiirien , dcmeu- Tdiit rue de Greueile-Germain, n." 82. Ces jnmbes ont tous les mouvemens nalurels dans le gcnouil , le larse et le mefatarse. Elless'attachent tres-faci lenient, ne genent point dans la marciic , sont d^me tres- grande l^g(^rel6 ^ dispensent de s'aider de bequiiles, ii'exigent pas nieme une canne , et remplacent par- faitement une jambe coupe e an-dessus du genouil, ou merae jusqn'au haut de la cuisse. Pluijieiirs de- fenseurc de U .patiie, cbaxg^ de ces houorablet

Nn 3

$66 ^"ou velles Lutera Ires.

blessures , ont paru et marche clans la salle ;, ^vec tant d'aisance , que I'asserabl^e en a tt^moign^ §a surprise et sa satisfiiction par ies pliis vifs applau^i disscnieus. L'artiste Soniicck a obteiiu la mention honoi\ib!e et la in^daiUe;

Le meme rapporteur a fait connoifre line nouvelle construction de cuves et lo^:neaux de forme carree , qui pruvpnttlre ('tallis dans le plus petit village , paries ouviiers Ies plus ordinaires, aumei'leur marche po.> sible, pour remplacer Ies tonneau\ et cuves ordi- naires qui manqu nt de tout cote , et dont Ies ouvriers sont,Jres-rarcs dans Ies- campagnes. Les cuves ont cela d'avantageux quVlles ont an fonds nobile, qui cbsce'jd ires-fac;lement a mesure que Fon en tire le yiii , de nianlere qu'il ne reste jamais en vidange. —• Ce perjecllonnement deyient d'auiant plus utile dansce moment, que nous apprenons que, faine de tO:^neaux,on prepare en Bour.ogne et a Orleans des fosses en terre glaise pour y pouvoir conscrver levin de la r^colte p:ochaine. Gotte invention a eu la mention honorable.

Chailes Desaudraj a invite le public a ailer voir la rc.eute ediicaiion de vers a sole , suivant la m^- thode de Beihezen , qui va etre commencee par la C.« Laplass;e , aux ci-devant FeuiilanJines , rue

Jacques.

II fait un rapport, sur Pappli-alion des meca- r-iques auglaises ^ Xa fi^^a^ture de La laLne , par I'ar- tisle ir^^yre-r, m^caiitcien jobjet du plusgraud iiit(het pour ies cair^paiue, et pour la France , celle uou- ■veiie industrie se tvouvant ibudee eulieremeut sur

Liures divers. $6j

une matiere premiere , pour laquelle il ne sera plus necessaire de s'adrcsser a rc'lrn:;g;^r.

II en a lu un autre, par Desaudraij , sur Ics divcfs systemes dc fortifiiHlions dos places fortes, et particulierement sur celni de la Joriijlcation perpcndicuLalre^ et des batteries casematdes.

DIscours du general Moutalep. bert a ce sujet. Get inger.ieur a obtenu la raen ion honorcil)le.

La seance a ete termini'e par un concert dans lequel la C.® Carori a execute sur U; piano un concerto qui a ete generalement applaiidi.

LIVRES DIVERS.

Theglogie morale.

Lettres sur La religion ^ par Desalignac de Lamotte Fenelon ^ Lin volume in-12. ^ lm~ primd sur beau papier. Prix 5 liv. 10 sols , et 6 liv. franc de port par la poste. A Paris , chez Morin, libraire et commissionnaire, rue Christine, n.o 12. II faut afFrancbir les leltres , et faire charger a la poste celles qui contiendrout das as5igr-ats.

Tout ce qui a ete ecrit par I'immorfel auteur de T^lemaque, est recherche a juste litre. Quelle que soit, sur le sujet qu'il traite, la differer.ce d.s opinions, on le lira avec interet , comme on app!audit aux vers par lesqu'^ls lo citoj'en C .^niera si bien peiut son ca- ractere dans la piece qui porte son nom,

Statistiqui.

Le commerce et le souvernenient conslder^s reld^

N n 4

568 Zlvres divert,

tiverncnt Pun d Uaatre ; ouvrage cUrnentalre , par M. Cahb^, dc Condtllac j de I'acadimlc Jrancalse y et niemhrc de la socidtc rotate d'agriculture d'OrUans j nouveile iditipiv j

T^is covsili expers male niit srut : f^'itn tgmperctain di quoqu6 protehuitt Jn majns . ; . »

J vo!. A Paris , c}iez Blanchon , libraire , rue Haute-fcuille , n.^ 14 , an 3.

]S[ous avons deja annoric^ utie aiitre edition de cet onyrage,rhez iin autre libraire : I'^mpressftment qu'on met k le reimprimer , prorve sa reputation et son

utilite.

Morale.

Xb Vatriotisme da coeur et de Vesprlt , oa 0 Accord des devoirs et des droits de Ckommc pour le bonlieur coniinun,

Zes MalAbtes du coeur et deCespsltj par le cit. Leclfrc , auteur de I'Hisloire physique , morale , civile et politique de la Russie , et de plusleurs antics ouvrages, 2 vol. in-8^, prix i5 1. pour Paris, et i8 liv. , franc de port, pour les departemens. Versailles , cliez Leb'anc,- imprimeur, rue Cliance- lier-l'Hopital , n''. 14.

. Et se trouve a Paris, chez A. CI. Forget , impri- meiu-librairc , rue du Four-Honore , n°. 487.

B O T A N I Q tJ E.

'IcoNEs et descrvptiones pLaiitarum ^ quas aut

Liwres divers. 569

sponte on Hispania c re scant ^ aut in hortls hospitantur. Descriptions et (igures des ['laiitca qui croi«ent spontandinent en Espa^ue , et de celles qu'on y ,cultiv e dans les janiins. TtMiies premier et second. A Madrid J de I'lmpruncrie ro^aic , 1791 , 1794 , in-folio.

L'ab;*6 Antolne-Joseph Cavanilles , de Valence, en Espagne , docteur en theologie , mp.rahre de I'a- cad/;i.nie des sciences d'Upsal , corres])ondant de la society d'agriv ulture da Paris , da la socic't6 es- pagnole de Basagonde , connu dans Pempire de Flore par dix cxcellentes dissertations sur difTt^rens genres de plantes difliciles a connoitre , vient d'en- treprendre iliistoire de la botanique d'Espagne. La description des plantes des deux preinifrs volumes presente par-tout, dans I'aiiteur, ua plijtographe zel^' pour la sciene, et en menie-temps infiuimeut 6claire. Le second volume traite de presque toutes les plantes indigenes et naturelles au rovaunie Valence. Apres la description et I'histoirenaturelle de cliaque plante, on trouve des assertions qui rcpandeut beaucoup de jour sur plusieurs points es'jentiels de la botanique , apres quoi il donne des details pli/- siques sur \e& nioatagncs de Penagolosa , Aiiana, Mariola , Enguera , et de la vallee de Cofigr.tes.

Le 4 avril 1796, 1'abbe Cavanilles ecrit de Madrid , qu'il vient d'iionorer un de scs genres nf.uveaux du nom de son ami M. Willdenow , savant liotaniste yrussien. Ce nouveau genre se trouve gravodansla planchs 89. de son volume iconologique ^ oii il est

57® Litres divers.

nomme TVlil 'enoiva glaadulosa. La plante eit

channaiite , ■. e ^eiire est vokin de celui des Ta-

gcies.

BiBLIOGRAPHIE.

^LLGEMEixEn Biicfier ieoclcon yetc. Diet ion naire. hihUograp/iiqiie generaL ^ ou, catalogue aipha- betique des livres unprinzes en ALieinagne eC dans les pays adjaceas j avec les noms des libra ires el leurs prix j par GuillAumb Heinsius. a Leipsic k , dans rimpriiiierie de I'auteiir 5 5 vol. 111-4.° ^79'^> ^794-

HEi]^srr7s,qni est tont-a-!a-foIs Tauteur et le llbraire de ce recueil lexiqiie, a employ^ les noras des au- teurs par ordrc aJpLab^tique , comme ^tant le plus facile a !a recliercbe (\qs lecteurs. II promet, pout les annt'es 1797 et 1798, un voluine de supplement.

Voyages.

Hetsen in verschiedene provinx^en des Ka-nig" reiclis Neapel. Voyages en differentes pro- vinces du rojaunie da Naples ^ par Charles Ulisse pe Salis Marschlins, tome premier, avec figures, a Zurich , chez Ziegleretfils, grand in- S"*, de 442 pages , avec dix figures , dont quatre re- preseeJent des obj ts d'histoire naturelle j elles sent enluminees j les autres sout noires.

Fm du tome second.

TABLE DES ARTICLES.

A S T R O N O M I E.

J. E. Bocle Aslronomischcsiahrbucb, filri7g2. . Page 420

II I S T O r E E N A T U R E L L E.

Cabinet du Stathouder a Paris 419

Htdrologie.

Connoissances hyclrologiques des anciens , par G. Fal- coner 289

M I N E R A L O G r E.

Description de TEmeraude J par Dolomieu 17

Suiie de la description de I'Euieraude , par Dolomieu. I45

Voyage dans les Ueux-Siciles , par Spallanzani. . . . Sot

Sur les Pierres flexibles, par Fleuriau de Bellevue. . . 449

B o T A N I Q u E.

Nomenclatenr botanique, par Gouan Siq

Iconcs planlarum , aut. Cavanilles 568

Plantaeregni neapolitani,autoreDom Cyrillo 2o3

Annals der fcotanick herausgegeben von Paulus I'sleri ;

Sechstes Stiick 286

ISeiJe annalen dcr Botanick, faerausgegcben vcn Paulus

Usteri zQS

J. J. Rcemer magazin fiir die botanick 420

Vabl , Icones plantarum Daniae 420

Boucel , plautes des environs de Eruxellcs ^21

Amerikanisclie Gev^'a:chsc 421

H. Stephens , Traite elenienlalre de Botanique. . . . 423

P H Y S I O L O O I E V E G E T A J, E.

Sur i'evolulion des boutous a Heurs , par J. Senntbior. 199

S^ Table des articles.

MAWMIFinES.

TridnctioB francaise du Systema naturae de Linneo* , par Vandi rst<'gen 5

Ko»velIe ela^sificatioD dps Mantimif^r«.i ^ par Cuvier et GeofTruy jg^

Ektomologie.

Notice «UT les manuscrlts de Lyonet , par ^ean Brex. . I90

Ka|»j;ort »ur le Calendri.T ent"mol'.»git£ue de M. Giorna. 3lX

K E. L M 1 N T B O L O G I S.

Organ isaiio-B des animaiix a. f.:v:z, biano ^ par G. Cuvier. 433

A N A T O M I E. B»srn.ption d'nne statu? auatcinic]:ie , , ar Fontana. . S5 itnatemie de Ja Ketine , av Eiandrin 3^9

pHYSIOtOGTE COMPARJ^E.

Sar le Ljrrynx infcri'?ur des oiseaux , par G. Cuvier. . 33o

M E D E C I N E.

Iic* pronostiques el le prorraptiqup i crHippocrateSj tra- 4niis en l'ran(^;ais par V? Febvre VilleLrnne. .... 3e

tgsioai .<iopTa le rnalattle deile rie urinarie del sig. De- sauU , tradotte dal francese , con ftnnotazioni , per G. G. Coiicini /^.

Observations nn^dtrales suv la Suisse, parDeloges. . . 45a

E C O N O M I E D O r.J I S T I 0 X7 J.

Soc:"(?te econorait'i'.e de Flcfence l38

C .nSturrs d:^ b?.*?s d^airelle, par L. Bosc. .... ^04 Pa:iis raultlfaria maferisr 427

A K T S C H t M T 0 U E S.

Sar la tejjiture tire? des vi'geta»jx , par Dambournej. . 463

Statistique.

Conutjsrce et Gouverneraent, par Gondii Jac. .... 563 Cocidillao , Cojom^rc* »t le G<"-iveirjieiBent. . , . 426

Ta b l€s desa rttcles, 573 Theologie moral k.

Lettreasutla religi D , parFeu^Ion 5^7

Philosophic.

Vie dea ancieBS philosopheSjparFeneloo I4J

Morale.

patriotisma du cceur et de l>s;>rit, par Lecicrc. . . , 563

Anecdotes ot pensees d6tach»''«j , par Ildrault - i)echell«5. Ii3

Instru-clious tirees del'exeuipjedes animaux. . ^ . . 4217

Beaux-Arts. description d'ane gravure de 1.^67 , par Oberiin. . . 65

J. G. Mcusel , Musoam fiir Kuriiller. 4^5

Traginens sur le lalvjn de peinlure de I765 , par Dide- rot 468

Geographie.

Nouvelle m^thode pour ensciguer la gJographie, par J.

D.Babid 483

Erdbesclireibung von Asicii , von A. G. BorbecV. . . lb,

Sur la terrede Kergue]en,par J. Barbie 2oi

T o p o G R A p n I E.

Beschreibung der stadtund republik Bern 14I

Itineraire du pays de Vaxid 4i8

Voyages.

Kouvelle Edition du vojage de Norden ,par L. LanglJj. 494

Bartram's Travels 43i

Reisen in d?s Kopnigreich ISeapel. 670

Voyage de John. W'bith , k Bjtany-3ay , tradult par

Pou-ers 37

Rensei^nempiis sur l'x\in^ric£ue, par Cooper 358

J.ettres dt' miliidy Montague , traduites par A. . . . S^S

H I S T O I R E.

Observations snr les Vepri>s siciliennes , par Breqtiigny. 499

Sag^iosullj religlane de Irraomettani di Giuseppe Cal^a. l^d Hiitoire d? Ja guerre de sept ans , traduit^deraUeinand

S-hiliw «l<»

574 Table des articLes,

Hisloire (3e la tevolution de France , pr^cedee de I'expos^ rapide des administrations succcssives qui I'onl deter- mia^e 287

BlOGRAP HIE.

Nolice surle mlnistrellertzberg , par M. Meyer. . . . 5i6

Notice sur Allegrain, sculpteur 68

Notice sur la vie etles ouvrages de Bartlielemj, Cata- logue deses ouvrages : . . . 73

Notice sur Floriau. 2?>o

Supplement a ]a notice sur Bartludeniy , par S. C. . . 287 Nolice sur la vie et les ouvrages du Hhar^'ry , par Lan-

gles 276

Notice sur Charles-Francois Lhomond, iustiluteur , par

S.L 364

HiSTOIRE LTTTERAIRE.

H^ponse du cit. Oberlinaucit. S. L 614

Guili. Heinsiua aligemeiues Biicher lexicon 670

Jijcee des Arts 564

Etat des arts a Avignon 43

Suite de la nomination des professeurs, a I'ecole centrale

de Paris iSy

Mort de Desault , premier chirurgien de I'hospice de

I'humanite. lb.

Observations sur la notice donnee par Oberlin , de la

chronique de d'Andlo , par S.L 223

Vojageurs naturalistes 414

Lycee des Arts 415

Mort de Dambourney. .^^18

Jury des Arts 563

BiBLIOGRAPHIE.

Bibliotheca classica ^33

Typographie. JEtablissemcnt typograpliique des Anglais dans I'lude , par Langlcs 6i

Table des articles. 5j5

Traduction arate de I'adresse aa Peu le Fianqnls ,

sortie des presses natlonales. 228

ARCHiEOLOGIE.

>Iineralogie des Homer, von Aubin-Louis Millin. . . 143 Sur I'elablissement d'un Museum dej autu|ues ^ par

Rabaut. . . « ZCG

Auticjuites de la Perse , par S3'lve4re Sacy 3^73

Arch^ographie.

Letlre de J. J. Barthelemj , sur les antlquites de la France meridionals 529

Lettre sur les antiquites de la vllle de Maudeure , com- muniqu6e par le representant Gregolre 95

A. Giialtani , sopra un'antica figulina. .' 429

Remarques sur uuc inscription decouverie a Nimes , par S. C 534

N U M I S M A T I Q U E.

Observations sur un grand nombre de medailles de Li-

cinius le jeune , par Gourdin 24S

LiTTERATURE ARABS.

Seance a Ramie , traduit par V..'riture. ..... 2'JQ

LiTTKRATURE GRECQtlE.

Kotice sur les ouvrages de Xencphon , par Fortia. . 54a

Litter A" TURE latin e. Traduction de la conjuration de Catilina , par Billecoq. 104

POE SIE LA TINE.

Poeme sur I'egalite , par J(5r6me de Bosch 38a

G R A M M A I R E.

Kuoyo Dizzionario italiano-tedesco da B. Borroni. . . 144

POESIE FRANCAISE.

Imitation de Klopstock , par M. J. Chenier 124

Fragment dn poeme de lu nature , par Lc Biun. . . 126

Vers pour le buste de Desault , par Pi^aultLs Brufl. . i^g

576 Table dcs articles.

Fragment d'ufte traduction de I'^pitre de Pope au docteur Arhuthnot. Portrait d'Adisson , par Delilie. . . . 26%

fragment d*un poome non imprime, intitule : Cbalons-

sur-Marne , par Fabre d'Eglanfine ^64

Lettre de Le Brun aux redacteurs dii Magasin Encjclo- pedique 266

La Pri^re universelle , traduite de Pope , pag- Turgot. . 408

Traduction de rhjmne de Cleanthe , par Bougainville. 411

Veriumne et Pojiione , fragment du XIV livre des Me- tamorphoses d'Ovide , par St. Ange 556

Vers composes k Pera , dans un kiosck , par milady Montague 55a

Po^SIE ERSE.

Trathal , poeme d'Ossian laj

Romans. Celesline , on la Victime des prejug^s , reman traduit

de I'anglais , par la cit. R a55

Linville etFanny , .nouveile ,par lacit. J 890

T H ]S A T R Ev

I/fi Tartufie.revolutionnaire, ou la suite de I'lmposteur,

comedie ^74

Pison , trag^die 268

Fin la taih du torn* ttcond.

5^.

Le prlx do I'abonnement , pour I'etranger, est, franc de port :

ir I'annde.

de 9 rixdaLers en or, 1

de 36 I ivres en es;-.^ces , r pou:

de 2o florins de HoUande , j

de 5 rixdaliers en or , "J

de 2o livres en espoccs , l P°"^ ^ ^^'^^ "" ^*

de II florins de HolLmde , j ""'n^^i«s-

On s'abonne, pour la Suisse , a Basle , cliez J. R. Preisvebch ; k Berne , cliez la Socit'te tjpographique.

Pour les Pajs-Bas et Liege, a Bruxelles , chez Horgnietz.

Pour la Ilollande, a La Have , cliez Van Cleef j a Lejde, chez Murray, freres; a Amslerdam, chez Changuiqn.

Pour TAllemagne, a Leipsick , chez Voss et Compagnie.

Pour le Nord, a Harabourg , ci.ez Ho;ffmann. Pour I'ltalie , a Livourue, chez Masi et Compagnie.

Pour I'Angleterre , aLondres,che2 JoHNso:NaSt. Paui, Church Yard.

TABLE

Des Articles conteiius dans ce Nunidro.

II E r, M 1 N T H 0 I- 0 G 1 E. .Bcmarqiies stir line insc, iptwn On-yni.uifion des auim^vx a dJcoiuertv a J\h,ies , .>J4

.ariM hlanc. par G. Cuvior,' LlTTi^RATUKU GUICCQUE

e ^33 JS'uticc siir Us ouprm^es ac vit- j iiophnn ) par Ic ('. i'-rliH , ..14a

MlNERALOGIE Siir les pleri i's fUxihi'-s

C. rieui iavx Bel

M E D E C I N E.

Ohscrvalions mcdicnh-.-: siir la Suisse, par le C. tel;^^"^ 3 •h'o

Arts chimiqvks S

parle LtTTKiiATU , ,_ L^ fires de A

1 44*5

' '^ Iraduct. rioii.

Pers coinpos: s . K'osck J par

P O K

.Ji/7^.t>' ^^"^■■

'^ji

ur la ieintarc llrce des rea^. VertumncelJ'onroncJra^n^ent

'^ . I scs d Oi'idi 3 par le C. Saint-

B E A u X - A R T s. ^ ! At f-e , 556

:fras.niens sur le salon de pc in- jsfoUVELLES LlTTEiVAlRKs.

iure de into , par Diderot^ 46B j^^^y. ^^^ ^^^,.f^ , 553

G i5 O G R A P H I E. j Lycee des Arts , !ju4

Ji^owelleinethodeponr e.-iseigner> LiVRES BIYER.S.

/<,• Gcogiaphie, par J. D. Bar-j Tlu^ologie morale.

hie J

Voyages.

J^ou^'elle edition dti P'ojage de

iVo7dcn J par LangUs , 492

H I S T O I R E,

y.claircis semens sur les f^t'pres ^uciliennesypar BTcquigny ,499

HiSTOIRE littx^raibe.

Tiiponse du C Oberiin aa C.

'S.L. ^1-^

B I O G R A P H I E.

Jfotlce sur le j>iiiiislrc IJcrts- lerq ; par ill. Meyer , 5i 6

ARCK.T.r.OGiK. J^ettre de. J ..J. BarlJu-Ien^- , sur hs antiquitcsde la France me- ridian ate y ''^-,<

Addition cicetts hitrc y ^S2

^" Zeitres sur la Religion _, pai Feneion , ••'07

Stalistique

Le Conimeiof et le Goueeme-

nient J par Condiiiac , 667

Morale. Pattiotisme du co-ur , 563

Les maludi'cs du carnr el de- l'i\''- prit . par le C. .Le C trc , 563

Bolajiii|i!.e^ Icones plantaruni Hispaniir , autoie Cavanilies , 50d

Biogra);bis. Guill. Ileiu.sius AUgerndncs Buclier lexicon , ^'/O

Voyages, B.ciscn in eerschiedcne prerrnjen des Kucnis^reich Neapels , 573

PE L'I.J^PRIMSRIF. BVMAeAZIN ENCTCLOPiDI'^UE.^