AE EUR AA t AE AL _ L t \! XY ONE + AAA | ALAIN EEE tte L * L HUMEUR 7 re ACHATS Le LA A AREA LE \ SEAT OPEN NS ES (UE LÉCEOX EE LADA IEEE CUT PCA AONA LAVAL LS LC UE X Vo LC Lun AO EE DA LADA A ee A AC A SANT dé Lu! CV ELEERRE ENE DR RENE De Le LA DA AAC EU ANNE RAT ET NACECSEC ECO EEE SEL OCR PERD DES SAC) HS LA Et SPC DA ER DE DA He DAC VAE DATES LA LAS ECTS (AC 4 AMEL DS MIE LR VRP UE SES A AA LAS UP AY SANTO ARUAEX CHEUYUR D Lu \ » AN YO XL AUS HOUUE CRC US VASE UT LENUE LEE SD ES 1.4 LE 27 en ee Lee LA LA AE RUES DAC SE LA! 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M à ACTE PCIECHE LE QE LE DEL LEON CAEN RAGE DCS BR EL AU ANA MEME ES OA EE EN VIVEMENT Ie PA TARA AO Nr PS Pet AA LE MURS EE APN D ra er A A HA Lee De LAS AL Le LR RTE LAN Eee De A 4 D BA SA EE SOL TEE À DEMI PP A PL De EE D Ve Vi 4 Da | AAA AGE ETES A VILA SETIT EESE ‘ * YU AVENUE LULU AUTEUR hat outer» ve! 44 be! 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SEA É x Journal S'atepel la plupart ds Hénin. qui ont un non distingné, ue RÉ PUtau on justement acquise dansquelquepar tie des arts ou des sciences , tels que les értoyens Birarsé, Casanis ; CATÉLARD , CHENIERS "DaüsENTos, Dérinre DÉSFOx TAINES, Doroutu, FOoMLANES Founchoy > HADE , Hénman , Lacz- PEDE , LAGRANGE, Lamañpe Latantes à ÉANARK, . LANGLÈS ; LaPLAGKR à LEsRuN ang; Phlenurien, Menrerte, MoneLier ; OERLIN, SICARD,SUARD. "More ,cte. etc gontribueront ; RE ni Pextrait te 1% Home Li. LL NL PS M Cour it gd art WPELAR ESF À y LL AU © Ees principaux otivrages hationaux 3 of s’attacherd sur: - tout à en donner une analyse exacte ;et à la faire aroître le plus promptement possible après leur pu lication. On y donnera une notice des meilleurs écrits imprunés chez l'étranger. | … On y insérera les mémoires les plus intéressans sur toutes les parties des artset des seiencés ; on choi= _éira s.r-lout ceux qui seront propres à en accélérer l:s progrès, Nes On y publiera les découvertes ingénieuses, les inven- tions ütiles dans tons les genres. On y rendra compte des expériences nouvelles ; de la formation et de l’ou- verture des Muséums. On y donnéra un précis de ce que les séances des sociétés littéraires auront offert de plus intéressant , une description de ce que les dépôts ji d'objets d’arls et des sciences renferment de plus Curieux, | he RARE On y tronvera des notices sur la vie et les ouvrages Ües Savans, des Littéraleurs et des Artistes distingués dont on aura à regretter la perte, entin les nouvelles littéraires de touie espèce. Cé Journal sera COMPOSÉ de six volumes in-6°, par an, de 600 pages chacun , et au moins de 24 gravures en regard des articles qui en exigeront. Il paroiira tous les quinze jours un numéro de 9 feuilles. Le prix de labonñement est à raison de 25 liv. our ‘trois mois , rendu franc de port par toute la épublique,, 7 ie | On s'adresse, pour l’abonnement, au Bureau du Magazin Encyclopédique, rue Honoré, N°. 94; et pour LR NS LT es les objets relatifs à la rédaction , aux Rédacieurs,rug de Provence, N°. 48. I} faut affranchir les letires et charger celles qui gontiengelu des assignals, er RER AE ag è "= LD ’ < Re : PR STE A Tue CERN SOA ETS LP Re ven € ge mt co 22 MAGAZIN ENCYCLOPEDIQUE. FOMNTE) TROFTSTEME ” Fu talgr de né 2 » A bn é sen CORP LT CARS LODEErR ARS Cette "+ & | pt MAGAZIN ENCYCLOPÉDIQUE, QT JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES xr DES ARTS, RÉ DIGÉ : Par Mizzin, NoEL et WVARENS, qq P'OM EE TO LS IEME À De l’Imprimerie du MaGazin ENCYCLOPÉDIQUE, rue Houoré , n.° y4. L’an troisième ( 1705 }. 4 it f uen ter nt mg rt : 2 MAGAZIN ENCYCLOPÉDIQUE. PAPY OUL CITE Essars DE Pursique, par M. A. Picrer, professeur de Philosophie , etc. à Genève ,t.T, avec cette épigraphe : lala est ars ab experimento. QUINTIL. À Genève, chez Barde et Manget, libraires, 1790 , et à Paris , chez Cuchet, libraire , rue et hôtel Serpente. Essac sur le feu. \ Gi ouvrage, quoiqu’imprimé à Genève en 1790 , Sera nouveau pour nos lecieurs, parce qu’il parut dans une époque où l'attention publique éioit presque exclusivement portée , en France, sur des objets po- litiques , et que dès-lors les circonstances ont été de plus en plus défavorables, soit au commerce littéraire avec nos voisins, soit à la culture des sciences chez nous ; il est temps qu’un état de choses aussi forcé ét aussi nuisible finisse, et que la république fran- Caise prenne , dars la république des lettres , le rang et l'influence que ses guerriers lui ont acquis dans le monde politique. En attendant que nos savans étendent nos con< À 4 6 Physique. ME 2 quêtes littéraires par les travaux personnels qu'ils commencent à reprendre, il est du devoir des jour- nalistes de recueillir celles qu’ont faites les savans étrangers, pendant qu’un sommeil de mort engourdis- soit en France tous les talens, en même-temps qu’il y glaroit tous les cœurs. c L'auteur de l’ouvrage que nous annoncous , étoit déjà connu pour un habile astronome , lorsqu'il fut appelé ,en 1786 ,à succéder au célèbre De Saussure, dans li chaire de plilosophie à Gënève ; et il s’est voué particulièrement, dès cette époque, à la branche expé- rimentaie de la jhysiqre. Son Essar SUR LE FEU est le pre er ouvrage dans lequeï il ait publié les résultais de ses e:périence. 5 il le dèdia à la société ro ale de Eondres, dont il est membre, Cet ouvrage renlérme , en 212 pages , plus «’idées et de faits qu’on n’en rencontre souvent dans beaucoup de volumes; il a été traduit en trois langues , ét est beaucoup plus cognu dans l’étranger.que chez nous, malgré nos rélations de voisinage et de commerce avec Ge- nève. yer L'auteur résume, dans un premier chapitre, les d'verses modifications du feu, qu’il : lasse sous quatre chefs où points de vue différens ; 1° dans un état de liberté parfaite; 2.0 lésèrement attaché aux di- verses substances avec, lesquelles il a une affinité d’adhésioirplus ou moins forte , à laquelle on a donné le nom de chaleur spécifique ; cette modification esi clairement développée, et distinguée avec soin de celle qu’on a appelée chaleur latente, et qui forme la troisième des modifñcations du feu ; celle-ci est Essai sur le feu. 7 ‘caractérisée par sa faculté, et, pour ainsi dire , son unique fonction , d'entretenir Pétat liquide ou létal aëriforme des substances fusibles ou vaporisables , et l’auteur propose, pour éviler équivoque entre la chaleur spécifique et la chaleur /atente, qu’on dé- “signe désormais celte dernière par l’épithète particu- lière qui lui convient dans l’un et Pautre des deux cas dans lesquels elle agit , et qu’on appelle chaleur de liquidité, chaleur d’évaporation , la portion de fea employée à former et entretenir ces pre mo- difications bien distinctes ; de même qu'on nomme eau de cristallisation, Veau essentielle à une subs- tance en tant que cristallisée. 4° Enfin le feu prin- ‘cipé ou combiné , qui non seulement ne se manifeste par aucun signe thermométrique, mais il ne s’é- chappe par aucune rupture déquiibre , ou par ‘aucun re‘roidistement connu, tant il est fortement enchaîné par les liens de laffinité ckcmique ; Vauteur distingue essentiellement cêtte aflinité de ce qu’il appélle affinité physique où de la smple adhé- sion, qhin’ä lieu, selon lui, qu'entre les molécules intégiantes des corps, ét qui agit sans produre de décomposition tandis que Paffinité chimique s'exerce entre les molécules constituantes ; et pro- duit toujours des décompositions ; cetie distinction nous a paru {out au moins très-utile pour classer les phénomènes , et pour tracer la ligne de démarca- tion entre la physique et la chimie, que les décou- vértes modernes ont si étroitement unies Le chapitre Il renferme les détai's dés ince destinées à recherthér si le feu n’a point une ten- À 4 8 Physique. dance particulière @ntigrave ou de bas en, haut. L'appareil en est fort simple ; c’est un tube de verre qui renferme uxe verge de cuivre dans chacun des bouts de laquelle est logée la boule d’un thermo- mètre ; après avoir fait le vide dans ce tube, on le fixe verticale rent , et on dirige le foyer d’une forte lentille de vérre sur le milieu de la verze de cuivre , tandis qu’on observe la marche des deux thermomètres qui indiquent l’arrivée de la. chaleur : aux deux extrémiés de la verge; on conçoit aisé- ment , d’après cetle disposition, que si le feu a réellement une tendance anligrave, le thermomètre supérieur doit monter plus rapidement que le ther- _momètre inférieur et il paroît effectivement , d’après le résultat moyen entre quatre expériences faites avec le: précautions. convenables , qu’un même degré, de chaleur est annoncé plutôt d'environ 54 secondes où près d’une minute par le thermomètre supé'ieur, que par Pinférieur. L'auteur invite les physiciens à répéter ces expériences, et à vérifier ce résultat mportant, qui expliqueroit bien des ph£ nomènes C1: te rement des faits relatifs à la végétation. On trouve dans le chapitre TITI une suite d'expé- riences qui constatent la réflexibiité /de la chaleur obscure, ou absolument mdépendante de la lumière: ces expériences sont faites avec des miroirs concaves de diflérentes matières et de d'fférentes dimensions. On voit que la chaleur pure est réiléchie comme la lumière, qu’elle est absorbée comme elle par les corps noirs. mais que, tandis que la lumière traverse le verre avec une extrême facilité: la chaleur est Essaisur:le feu. : (e] très-efficacement interceptée par cette substance qui fournit ainsi , comme un {amés propre à séparer les deux émanations dans les cas où elles rayounent en- semble hors d’un même corps. Les appareils imaginés jar lPauteur s’emploient commodément pour déterminer, jusqu’à un certain point , la vitesse de la chaleur rayonnante; 4l trouve Sa propagation tellement rapide, qu’à la distance de 69 pieds elle est comme instantanée , ct que rien ne prouve qu’elle n’égale pas la vitesse du son , ou peul- être cèlie de la lumière elle-même. Il essaie avec ces mêmes appareils la réflexion du froid, et trouve , à sa grande surprise, que le froid paroît se réfléchir, comme laschaleur; le fait n’est point douteux ; mais l’auteur Fegplique par la simple réflexion du feu, sans être acheminé à supposer que.le froid soit une qualité positive. Cette expli- cation convient également à l’ hypothèse dans laquelle on considéreroit le fen come réfléchi à la facon des vibrations sonores de Pair dans le phé nomène de Pécho, et à, celle où tous les corps échauffis à diverses températures , sont considérés comme pé- nétrés dun fluide qui les abandonne ea rayonuant de chacun vers. chacun , et en procurant ainsi entr’eux des échanges dont l'égalité, lorsqwelle a finalement lieu, constitue l'équilibre de température. L’auteur se propose ensuite d'appliquer les moyens d'expériences que lui offre la réflexibilité de la chaleur ; à observer la transmission de ce fluide au travers de quelques fluides élastiques; le chapitre IV renferme, la description des appareil ingénieux 10 Physique. qu'il a employés à cetté suite particulière d’expé riences ; le principal est un ballon de verre d’environ 3200 pouces cubes de capacité ; son centre est oc- cupé par la boule d’un termomêitre, et il renferme dé plus, un Clectromètre, un hygromètre à cheveu ét un manomètre ; ces divers instrumens sont destinés à indiquer les modifications simnitantes des divers fluides élästiques soumis aux expériences. L'auteur trouve le moyen, par une disposition particulière de déux bougies et de déux miroirs concaves, placés au dehors du ballon ; defaïre réfléchir la éhaleur #niquement sur le thermmomèire au centre, et d’é- chaufier ainsi cét instruinient jusqu'à ‘un certain marcninm , Mmitpendanment du flüide ambiant ; la marche observée ‘dans lé r'chautment et le refroidissement du thérmometre, à raison des diffé- rens fluides dont le ballon peut-être successivement remph, fournit un champ très-vaste d’expér.ences 5 . et ajrès avoir donné dans le chapitre V , les résul-. tuts de quelques essais préhmimaires pour détermi- ger l'influeïcé des circonstances accessoires", l’au- teur procède , dans le’chäpitre VIT, à examiner la ifarche du réchauffement et du refroidissement du thermomètre dans le vide sec, dans 'le vuide hu- mide , das le vide rempli de vapeurséthérées, et enfin dans le vide ‘saturé de fluide électrique : les détails des résultats passeroient les bornés d’un extrait, et doivent être consultés dans l’ouvrage même; nous regretions que l’auteur n’ait fait pour ainsi dire gw’ouvrir ici un premer sillon dansle vaste champ qu'il a mis sous nos yeux. Le chapitre VIT qui ren- Essac sur le feu. IT ferme-diverses expériences relatives à la vaporisa- tion et à Phygrométrie en général , n’est pas un des moins intéressans ; en admire la précision et la sen- sibiliié de l’hygromètre à cheveu., employé dans ces expériences. et l’on se sent entrainé avec rau- teur, à croire que le feu est l’asent unique dans tous les phénomènes de la vaporisa‘ion , et à renon- cer à l’idée de lair agissant dans ces jhénomènes à la manière des disso:vans chimiques, idée adoptée par plusieurs physiciens du premier mérite : et sou- tenue par des argumens spécieux dans l’hygromètrie du célèkre De Saussure. Ce chapitre est terminé par des recherches manométriques auxquelles ce même appareil du ballon se prête avec avantage, et par quelques observations curieuses sur les phénomènes qu'offre la vapeur éthérée. Les expériences renfermées dans le chapitre VITT, sont antérieures de 9 ans à la plupart de celles que renferme l'ouvrage ; l’auteur en, communiqua , en 1779 , les principaux résultats à M. de Luc, qui les inséra dans le V.e vol. de son Histoire de la terre ; elles , ont été répétées par un: physicien anglais (M. Six), etil a obtenu des résuliats analogues. . Ces recherches avoient pour objet le perfectionne- ment de la mesure des hauteurs par le baromètre, sur laque:le la température de l’air dans lequel on observe, a, comme onsait, une influence très-marquée et dont il faut pouvoir tenir compte ; or on ne peut faire les observations ordinaires de température que dans la couche d’air voisine du sol, et on‘en conclud cepen- dant la chaleur moyenne- d’une coloune verlicale 12 Physique. enticre ; on s'expose ainsi à une erreur dont il im= porte de connoître la nature et les limites ; l’appareil employé dans ces recherches consistoit en un mât de 75 pieds de hauteur, élevé en plein air, et portant à son extrémité un thernomètre qu’on pouvoit faire descendre assez rapidement pour l’observer sans qu’il eût changé sensiblement de température. Ta compa- raison des observations faites dans diverses circons- tances et à diverses-heures de la journée, au haut et au pied de ce mât, fournit à l’auteur les résultats les plus piquans et les plus inattendus ; il découvre entre aufres, que ; pendant Îles crépuscules et la nuit, et par un temps calme et serein , le thermomètre observé: à 5 pieds et méme seulement à quelques pouces au- dessus du sol, indique constamment une température plus froide que celle du sol lui-nrême et que celle des couches supérieures de air jusqu’à une certaine hauteur. 1! trouve dans ces faits la cause d’une ano= male qu’avoitobservée le célèbre Deluc,en appliquant sa formule barométrique au* observations faites vers le lever du soleil et dans le moment le plus chaud du jaur, Le chapitrétest terminé par des réflexions météo= ! rolosiques importantes sur la rechérche de la tempé- raiure moyenne de Patmosphère dans un lieu donné, et uue détermination de lPépoque de la journée dans laquelle une seule observation du thermomètre donne à très-peu pres la température moyenne des 24 heures, Cette époque a lieu aux eavirons de 8 heurès du matin en toute saison. Le chapitre IX et dernier renferme les détails d'expériences très-neuves sur la chaleur produite par, Essai sur le feu. 13 le frottement ; l’appareil inventé par auteur , se prête à des essais très-variés, et amène des résultats inat- tendus, mais plutôt négatifs que positifs ; il montre _ que ce m'est point à la présence de l'air qu’est due la chaleur excitée par le frottement, ni à la dureté des substances frottantes ; et auteur ne peut découvrir quelle est la qualité des corps de laquelle dépend cette production. En intitulant son ouvrage Essais de physique , tome I, l’auteur a pris en quelque sorte avec le public l’engagement de lui faire patt de la suite de ses travaux ; nous craignons que les circonstances dans lesquelles sa patrie a été elle-même enveloppée, ne les aient interrompus, et nous l’invitons eu ce cas bien fortement à les reprendre. LALANDE, directeur de l'Observatoire. ——— — HISTOIRE NATURELLE: ŒzLÉmMEnNSs D'HISTOIRE NATURELLE, Par A. L. Mrruin. Avec cette épigraphe : En ces temps-là , l’on apprenoit les sciences en langue maternelle , tellemeut que , dès les tendres ongles , les enfans commencçoient à entrer en l’école desmuses, et pénétroient ès plus beaux secrets d’icelles, ayant en leur langage les arts et belles disciplines.décou- vertes jusques au front : au lieu que maintenant le meilleur de notre âge se passe à apprendre des mots ; et quand il faut entrer en ja connoïssanee des choses, la mémoire est accablée, et le jugement altéré d’une infinile d'objets qui, comme sauces diverses, ont plus souvent renversé son droit gout:si que presque ordinairement l’on voit qne nous prenous plaisir , pour la plupart, à entasser lettres sur lettres ; et qu'après une grande provision de mots étrangers , nous nous trouvons enfans et denués de la solide connoissance des choses. PLUTARQUE , Hommes illustres , tome IT, page 1191 , traduction d’Amuot, A Paris, chez Agasse, rue des Poitevins , N°18, l’an troisième de la République , une et indivi- sible. Lez citoyen Millin est un des rédacteurs de ce journal ; le jugement que nous porterions de ce nouvel ouvrage, pourroit être suspect de partialité : nous nous contenterons d’en donner une analyse, et de faire connoître fidèlement la marche qu’il s’est pres- crite, D 4 ban, =) ri 4 Elémens. 15 L'Histoire naturelle n’est qu’un pur empyrisme , quand sa marche est vague et incertaine ; elle de- vient, avec le secours de la méthode, ure théorie philosophique. Aucune étude n’est plus propre à donner à l’esprit de la rectitude et de la justesse au raisonnement. L’habitude de classer, de distribuer systématiquement les êtres , fait naïtre celle d’une sorte d’arrangement dans la mémoire, et d’un ordre précieux dans les idées. On a publié en français de très-bons traités sur quelques classes de l’histoire naturelle, mais aucun n’a encore été mis à la portée des jeunes gens, et on n’a jamais réduit cette science en un cours élémentaire et complet. A. L. Millin a pensé qu'il falloit , dans cet ouvrage, établir des bases constantes , w procéder d’après des principes fixes , qu’il suffira de développer dans les livres destinés aux citoyens d’un âge plus avancé. Il ne s’est point livré à des digressions, il a princi- palement cherché Pinstruction exacte et solide. IL s’est sur-tout appliqué à ce que son style clair et précis exprimât beaucoup de choses en peu de mois, afn de rerfermer un grand nombre de faits dans le plus petit espace possible. Après avoir défini histoire naturelle, et donné une idée de la méthode qui sert à différencier et à classer les êtres, il commence l'examen de ces êtres eux-mêmes, qu’il divise en corps célestes €b corps terrestres. | 16 Ilistoire naturelle. Il ne parle des corps célestes qu’en naturaliste, ef laisse les détails plus circonstanciés à Pastronomie. Le citoyen Millin examine ensuite, sous le nom de corps terresires, toutes les substances qui appar- tiennent à la planète que nous habitons ; maïs il éta- blit entre elles deux grandes divisions : la première contient les substances inorganiques , celles privées des organes nécessaires à la vie ; la seconde , les subs- tances organiques, celles qui en sont pourvues. ÏI a choisi, pour les différentes classes de ces deux divisions, les méthodes qui paroissent les plus faciles, les plus claires et les plus simples, parmi celles établies parles plus habiies naturalistes , et ily a fait les correc- tions qui lui ont semblé nécessaires pour les mettre plus à la portée de ses jeunes lecteurs. Les substances inorganiques ( les minéraux ) sont rangées d’après la méthode de Daubenton, fondéesur les caractèrés extérieurs les plus sensibles et les plus frappans. A. L. Millin a établi avec le plus de précision et de clarté possible les caractères des classes et des ordres. Cette connoissance sufht au premier etau second degrés d'enseignement , celle des genres est réservée au troisième. Cependant quelques notions sur les productions les plus usuelles de la nature, étoient nécessaires. Tl'trace une description succincte des espèces principales , c’est-à-dire , de celies qui servent à des usagés utiles , etil indique la manière de les y employer, ce qui donne aux jeunes gens des idées générales sur les arts et les métiers. Ainsi, en parlant des substances mi- nérales , Elém ENS : 7 nérales, il dit un mot de Part du potier, du fondeur, du salpétrier, du mineur, du métaliurgiste, En trai- tant des végétaux , il s’arréte un peu à la cul'ure du blé, de la vigne, à l’art de faire le pain, le vin, le sucre, etc. Enfin, en traitant des animaux, il insiste davantase sur les plus atiles , il éntre dans quelques détails sur les travaux des abeilles, sur ceux de la chenille qui file la soie, etc. etc. Pour faciliter dans chaque ordre la recherche de espèces, À. L. Millin ls a séparées eu petites sections, d’après des caractères très-prononcés, Les substances organiques sont partagées en deux divisions : 1.0 celles qui ne peuvent pas ‘hancer de pla:e à volonté, Les végétaux ; 2.0 celles qui seu-ent changer de place à vo'onté, Les animaux. De ceite manière ; l'enfant, après avoir pris une connoissance des corps célestes qui se meuvent cla:s l’espace , étudie la nature du globe, les miséraux Gui forment sa croûte , observe les végétaux qui le vêtissent et lembellissent , et enfin Les animaux qui parcourent sa surface. | Les préliminaires de la division des végétaux offrent des élémens de botanique convena::les à de: jeunes gens et aux parens qui se chargeront de les leur faire lire. L'auteur a évité, autant qu’il a été possible, les terms hérissés d’étymologies grecques et latines, [! n’a cepen- dant pas dû dénaiurer la science, en la privant des mots qui lui appartiennent et qui composent sa 'angna particulière ; il les a placés dans le d'scours, de ma- nière qu'ils s’'expliquasseut , autant qu'i! étoit possible, par leur position. Après avoir aiusi dé rit toutes les Tome LIL. B 18 Histoire naturelle. parties des végétaux , il examine leurs fonctions , leur organisation pliysique , les principes que l’art chimi- que eu sait extraire, et enfin leurs mœurs et leurs ha- bitudes particulières. | I! a adopté, pour la distribution des végétaux, la méthode de Jussieu, en traduisant ses noms ; il a seulement regretté qu’il n’ait pas donné à chacune de ses classes un nom univoque , ce qui aideroit beaucoup la mémoire ; mais il n’a pas osé porter une main té- méraire sur ce beau travail. Avec les classes il a adopté aussi les familles principales, celles que l’on peut saisir avec facilité, telles que les graminées , les ombellifères , les composées, etc. ; mais il n’a pas indiqué les autres, qui ne sont pas aussi aisées à distinguer. Les plantes de ces familles sont placées dans les classes qui leur conviennent, sans être sou- mises à d’autres distributions. Il a donné une coute notice des plantes indigènes les plus utiles ; il a indiqué les espèces exotiques dont usage est le plus répandu. Les substances organiques locomobiles ( les anci- maux ) sont distribuées en six classes, d’après la méthode de Linneus. Chacune est précédée de géné- ralités semblables à celles sur la botanique. Les mammifères sont séparés en cinq ordres, d’après la forme des pieds. L'enfant trouvera dans les sénéralités de cette classe des idées de physiologies il y apprendra en peu de mots ce que c’est que la res- piralion , la circulation, la digestion , etc. Les oiseaux sont distribués d’après là méthode de Linneus, avec quelques légers changemens. Elémens. 19 Lés amphibies sont partagés en deux ordres : les tétrapodes , qu’A. L. Millin nomme ainsi, Parce que le nom de quadru} ède est plus communément ap- pliqué aux mammifères » Ct les serpens. Il range les poissons selon la position de leurs pa- geoires, d’après la méthode de Linneus rectiñée par Daubentou. Il à pris pour les £nsectes les ordres d'Olivier , dans une série diiérente, et s’est sur-tout a'ta hé à faire connoître leurs mœurs s: amusants, si Variées, et leurs étonnantes méta morphoses. Les vers sont classés d’après la méthode de Bru- guière. II dit peu de choses des intestinaux , dés mol- lusques et des z00phytes. T1] s'attache plus précisé ment aux testacées , et donne dans les généralités des élémens de conchyliologie, Cet ouvrage renferme ainsi une méritée choses, et les principes yraäiment élémentaires de toutes les parties de l’histoire naturelle. L'auteur a fait usage des nouvelles nomenclatures qui Ont établi la langue des sciences physiques sur des bases philosophiques. Comme il parle printip lement à l’enfance qui n’est encore imbue d’aucuus préjugés , il est plus facile de lui inculquer dans la mémoire les mots dont elles se composent. Ces mots ne paroïitront pas aux enfans plus étranges que d’autres, puisuue leur esprit est écalement neuf pour tous. À, L. Millin a donc peusé qu’il étoit temps de les substituer à ceux qui ne sont propres qu’à doaner des idées fausses. Il a cependant conservé les noms vul- gaires, parce qu’ils sont nécessaires à savoir, et il les à cliés cornme Synonymes. B 2 20 Histoire naturelle. Lorsqu’il a eu À exprimer des dates, des poids, des mesures, des monnoies , les degrés du ‘herromètre, ete. il s’est servi des divis’ons décimales, d’après le nouvtau systême métrique. Il a fait précéder l'ouvrage d’une table des cha- pitres, et la terminé par une autre des matières, dans laquelle il a fait entrer toutes les espèces citées, leurs synonymes et les termes employés à les décrire. Ainsi la première table est une méthode, le cours de l'ouvrage est une narration s, stématique et suivie, et Ja dernière table est un dictionnaire. C’est aux parens , aux instituteurs, à diriger les jeunes gens dans la lecture de ces élémens ; car il ne faut pas présumer qu'aucun traité didaciique puisse être utile à l'enfance abandonnée à elle-même. Mais l'auteur d’un ouvrage élémentaire sur les sciences, doit présumggavoir atteint le but qu’il desiroit , si, conduits ont par son livre , eeux qui élèventles enfans , peuvent leur enseigner les connoissances qui y sont répandues. Les instituteurs qui auront la faculté de se pro- curer des figures , hâteront beaucoup les prosrès du jeune élève ; ceux qui lui feront comparer la nature avec les descriptions, les avanceront encore davantage. Telle est la méthode que le citoyen Millin a suivie dans la composition de cel ouvrage élé- mentaire qui manqçuoit à Péducation. Nous pourrons citer un des articles qui traitent des géntralités, pour faire counoître sa manière; nous finirons cel extrait par le morceau qui termine sa préface. ' à Elémens. 21 « Ces élémens ont été compos’s, dit-il, pendant la lougue captivité où j'ai BST avec tant d'hioinmes vérlueux et instruitsdont jai été à la veille de partage le sort. Je les avois LES s au concours ; et plus la persécution contre Îles savans et les hommes de lettres étoit violente, plus ses effets étoient rapide $ , plus je metiois de constan-e et de tenacité dans mon travail, plus j'étois impatient d’en accéiérer la fin: je Pachevai au terme prescrit. J’avois re- noncé alors au bonheur de sortir de ma prison, de revoir ceux de mes amiséchappés à la p'oécrip- tion , qui les avoit presque tous envéloppés, de dou- ner à la yicillesse d’une mère adorée les sains “weélle avoit pris de mon eufance ; mais j'y Constrvois lorgucil de reudre, du moins, mes derniers momens utiles. Je pensois que l’imjporiance des ouvrages élémentaires pour i’éducation , engAechglt le jür, à hâ'er ses décisions ; je me flattois que se jug'mens dévanceroient peut-être les arrêts sauglaus du tri- bunal révolutionnaire ; je me berçois de Pidée d’être couronné par l’un avant d’être tmmélé par Paatre et quand ses lenteurs eurent fait évanouir cet espoir, celui d'obtenir après ma mort un prix qui reveilic- roit Sur moi quelques recrets, me consoloil encore. » Depuis cette époque , les membres du jury ox presque tous Cté dispersés sans rendre aucun juge- ment ; Jai repris mon ouvrage, por le porter au grand jugement de l'opinion publique. » Je ne terminerai point cette préface d’un livre que j'ai composé. au milieu de vous, sans jeier quelques fleurs sur votre tombe, sans donner encure B 3 22 Histoire naturelle. x iciques pleurs à votre fin malheureuse , innocentes et sénéreuses victimes ! Roucher, littérateur distin- gué et père de famille si respectable! André Chénier, toi dont Pame avoit tant d'énergie , dont le goût éloit si sûr, dont l’érudition étoit si brillante et si vaste! Et toi, brave et loyal Zcron , dont les bienfaits soulageoient secrètement l’indigence de tes compa- gnons d’infortune , et qui aimas mieux périr sur l’échafaud que d'essayer de t’y soustraire ,en portant le premier, contre le monstre qui t’y a conduit, une accusation évidente et légitime, tant la dénonciaz tion révoltoit ton grand cœur! Aimable Trudaëne, arraché à tes pinceaux, enlevé avec ton frère à la culture des arts, malgré l’austère pureté de tes mœurs et l’aménité de ton caractère !, Estimable et laborieux Dormesson, porté au tribunal de sang sur ton Lt auquel un mal cüisant et incurable f’avoit fixé sans rétour , environué de tes livres et de tous Jes trésors de la littérature orientale, qui souffris la mort comme Socrate, après avoir supporté Ja dou- lsur comme Epiciète! Combien jen pourroisnom- mer d’autres, dont le souvenir ne sortira jamais de ma mémoire ! Peut-être trouvera-t-on ces détails étrang-rs à mon suje!; ils le sont en effet; maisils soulagent mon ame, Les vrais amis des arts, des taleus et des vertus, partageront mes sentimens , et me les ont dé;à pardonnés ». AN ATOM EE. OBSERPATION communiquée par les ciloyens L£sverzré et Mourzzer , chi Urghers à l’Hotel- Dieu de Paris. Man - Hércène Mamaën , âgée de. trente - huit ans, native de Bussy, département de ja Côte-d'Or, entra à l’Hôtel-Dieu de Paris , le 15 ventôse dernier, pour y être traitée d’une maladie interne dont elle mourut le vingi-neuvième jour. Cette malheureuse éloit mère de huit enfans, et,en portoit encoye un de huit mois dans son sein. À louverture du cadavre , nous avons trouvé dans la matrice un fœtus bien conformé , et de la grandeur qu'il devoitavoir à cet âge. Derrière ce viscère , se voyoit une lumeur contre nature, qui fixa b: entôt notre attention. L’ovaire du côté droit la formoit en entier ; il étoit déjeté en arrière et en Las, entre la partie postérieure et inférieure du corps de la ma- trice , et la partie antérieure du rectum. L'intérieur de cette tumeur offrit à.nos yeux une mole grosse comme un œuf de poule , et un s-cond fœtus aussi bien conformé que le premier, dont il ne difléroit que par sa grandeur qui n’Cioit guère que celle d’un fœtus de trois mois et demi. Il étoit facile de dis- tinguer son placenta , son cordon ombilical et ses membranes. Voici ce que Desault proposoit aux physiologistes : 1.° Les deux fœtus sont-ils le produit d’une seule conceplion ? Alors pourquoi cette différence dans B 4 "TT" me Anatomie. leur développ ment, et quel obstacle a pu empêcler celui de lovaire de croîire dans la même proportion que l’autre ? 2.0 &j lPon aime Lmieux admettre deux concep- tions successives, comment expliquer ce fait ? Le C, Léveillé, élève de cet illustre professeur, répord en peu de mots à ces deux questions emtar- rassan es. Il pense que ces deux fœtus peuvent être le produ:t d’une seule et même concep'ion , el que leur développement ne peut ri ne doit être le même. En effet, la matrice est p'us volumineuse que Povaire, ses parois sont plus épaisses, el sa cavité est plus considérable. Eu jeiant un coup d'œil sur sa struc- ture intérne , ne voil-on pas que ce viscère a plus de moyens pour se. développer ? Son épaisseur nous offre des cavités plus ou #oins larges, qui commu- uiquent les ures avec les autres, quise gorgent'de Sang arterislet veineux, et Gui, dans certains temps de la ve, sont teaucoup plus apparentes que dans d’autres. Ces cavités sé nomtmeht les sinus de la mairice ; leur existence n’est: pas encore d‘montrée dans les ovaires. D’après ceite différence dans la structure de ces parties, on concoit donc a sément pourquoi le fœtus cortenu dans Povaire étoit plus petit nie celui que cônteuoit la matrice. Cependant, on ne doit pas encore r.jetér l’idée de. deux coneept'ons successives et 1? rest qu'une circonstance qui puisse le rendre adaissible. TT faut que-Povatre soil fécordé lé brégier ; autremeu' , com- ment HA l'iuer ce fait? Sile contraire avoit Trou’, ptréonhe ñe concoit comment la matrice, à cecu- 4 DT ’ ’ Observations de Léveillé. - Re pée, pourroit se préter à une superfétation si extraor- dinaire. J'avoue que ces deux solutions permieltent encore de dire : adhuc sub judice Lis est; elles ne décident pas si les deux fœtus sont le fruit d’une seule concsption ou de deux successives. Je me con- tente d’adnetire la possibilité dans les deux cas ; je-la crois fondée , et c’est aux physiologistes labo- rieux/à faire des recherches plus étendues et capables d’asseoir une opinion. st a mm mm ECONOMIE. DOMESTIQUE. Muxière de faire du pain de farine de ris, tirée d’un ancien journal imprimé à la Haye. Li dictionnaire de:Ghomel dit que l’on peut faire du: pain avec du riz, et s’en tient à ceite simple énoncialion. La Maison Rustique va un peu plus loin, et apprend que ce pain se fait en mêlant en- seiñble,de la farine de seis'e et de riz. Mais le pre+ mier de ces livres est censé ne rien dire, puisqu'il n’enseigne point la facon de faire ce pain, ouvrage dont onne viendroit jamais à bout, si l’on travailloit la farine de riz, qui est sèche et rude comme de la cendmg ou du sablon, ainsi que l’on fait celle de fro- ment ; et le Second ne remédie qu’en apparence au besoin dans lequel on peut se trouver. Enéffét, quand on n'æpoini de seigle; on ne peut, selon lui, faire du pain avec du ri ; puisqu'ii y fait nécessairement entrer moitié dé fariu: de seigle. Or , dausles pays 26 Economie domestique. où l’on ne recueille point de seigle , lorsque la disette se fait sentir, comment pourra-t-on faire du pain avec du riz, si on n’a pas cette autre farine prescrite: pour la mêler avec celle de riz ? Je'crois done devoir, en bon citoyen, ile au défaut essentiel de ces deux livres , et indiquer la ma- mière de faire du pain excellent avec la seule farine de riz, comme je l’ai apprisé des naturels de lPAmé- rique. pi La première facon que Pon donne au riz est dele réduire en farine, ce qui se fait par le moyen d’un moulin, ou, quand on wen a pas, de la manière suivante : On fait chauffer de l’eau dans une marmite ou chaudière ; lorsqu'elle est prête à bouillir, 6n y jette du riz en grain à discrétion. On retire aussitôt le vaisseau de dessus le feu, et on laisse tremper le riz du soir au matin. Le riz tombe au fond ; on jette Peau qui le surnage , el on le met, pour égoutter, sur une table, que l’on a soin auparavant de disposer en pente. Lorsqu'il ‘est sec, on le pile et on le réduiten. farine , que l’on passe par le tamis Le plus fin que l’on peut avoir. On prend de cette farine ce que l’on juge à propos, et on la met dans le coffre qui sert ordinairement à faire le‘pain , et que l’on nomme, suivant les lieux, huche ; mêt ou pétrin. En même - temps gm fait chauffer une quantité d’eau suffisante dans une chau- dière , où Pon jette quatre jointées ( les deux mains jointes) de riz en srain, que l’on fait bouillir et crever. Lorsque cette matière s'uante et épaisse est un peu refroidie, on la verse sur la farine , et on pêtrit le Pan de farine de riz, 27 tout ensemble , en y ajoutant du sel et du levain. On le couvre ensuite de linges chauds, et on laisse lever la pâte. Dans la fermentation , cetie pâte, de ferme qu’elle étoit , devient liquide comme de la bouillie, et paroît ne pouvoir être utilement employée pour foire du pain : mais voici de quelle façon on doit se conduire. Pendant que la pâte lève, on a soinde faire chauffer le four; et lorsqu'il est convenablement chaud, on prend une casserole étamée, emmanchée dans une perche assez longue pour qu’elle puisse atteindre jusqu’au fond du four. On met un peu d’eau dans cette casserole, on laremplit ensuite de pâte, et on la couvre de feuilles de chou , ou d’autres grandes feuilles, où d’une feuille de papier. Les choses étant aiusi disposées ,‘ on enfourne la casserole ; et lors- qu’elle est dans le four, à la place où l’on veut mettre le pain , on la renverse promptement ; la haleur du four saisit la pâte, l’empêche de s’étendre, et lui conserve la forme que la casserole lui a äonnée. C'£st ainsi que se fait le pain de riz pur, qui sott du four aussi jaune et aussi beau que les pâtisseries que lon a dorées avec le jaune d'œuf. Il est d’äussi bon goût qu’appétissant à l’ceil , et se trempe cans le bouillon de même que le pain de froment : cepen- dant , je dois avertir que sa bonne qua'ité dimmue considérablement lorsqu'il est un peu rassis. A. cette méihode de faire du pain de riz , nous pourrions joindre t1ôis autres facons de préparer le riz, inconnues en France, et que l’on trouve dans le A Se Q . . À LA fa “7 r même journal. Si ce premier extrait ést juge utue, :8 Economie domestique. . nous les donnerons dans la suite. La première facon donne du riz toujours prét à employer, soit dans le bouillon gras, soit dans le lait, La seconde est celle des nègres de la Guinée , qui nomment couscouche le riz ainsi préparé, et qui en font leur plus grand régal. La troisième consiste à faire une boisson fer- mentée que ces mêmes nègres nomment du deguet, qui est très-agréable et très-salutaire. Nous remarquerons seulement ici que la manière dont on emploie, en France, le blé de Turduie, ne peut donner , et ne donne en effet que de mauvaise pite et de mauvais pain. Pour l’employer utlement, il veut étre traité comme le riz, et peut servir alors pour la boulangerie , et même pour la pâtisserie. AE SION EL EE MET O'U RS: Teinture du marbre. Fer L,me soit nermis de n’adresser à vous , Citoyens, et à tous les savans par la voie de votre Journal, pour obtenir lexplication d’un fait qui me semble intéresser les sciences et les arts. Je copie mot à mot mon auteur : « Un prince... est parvenu » à donner au marbre blanc une teinture fixe de » Couleur quelconque ; teinture qui pénètre toute la » masse , quel qu’en soit le volume. Nous vimes un » chapeau de carilinal ainsi teint. À côté étoit un » morceau brut de pareil volume, et qui avoit passé » par la même Gpération. On le cassa en rotre pré- Teinture du marbre. + Wen » sence , et toutes les parties internes éto'ent d’un » aussi beau rouge que la superficie du bloc. Une » chose encore plus merveilleuse en ce genre, est un » cube, aussi de marbre blanc, de deux pieds de » surface en tous sens. Sur Pune est peinte une viêrse » qui se retrouve sur toutes les lames que la scie » déiache de ce bloc. C’est ce même prince de San- » Sepero qui a retrouvé le secret des lampes inex- » tinguibles des anciens. Nous en vümes une ailuinte » dans, un souterrain hermétiquement fermé. On » nous assura qu’elle brüloit depuis dix-huit mois, » sans que l’on eût renouvelé la matière qui entre- » noit sa lumière, etc.» ( Observations sur l'Italie, par deux gentilshommes suédois ; 3 vol, in-12, Jean Nourse, 1764, tome IIT, page 91 }: II seroit eurieux de savoir si quelques auteurs ont parlé depuis de ces découvertes de San-Seyero. L'art de teindre aussi profondément le marbre, of- firoit de grandes ressources aux arts, Le secret des lampes inextinguibles , bien constaté, dérangeroit nos idées sur la théorie du feu. Il ne seroit pas indigne du zèle philolosgique de quelqu'un de vos coilabora- teurs, de présenter au public des recherches sur ces fameuses lampes , dont l’existence, attestée par bien des auteurs graves, a trouvé plus d’incrédules encore. E. SALVERTE. À A MÉTAPHVYSLOUE CuAPITRE PRÉLIMINAIRE d’un ouvrage sur l’art dunstruire les sourds-muets, par le citoyen SrcARD , tnstituteur des sourds-muets de naLssance. 19 LLE n'exixtera bientôt plus entre Je sourd-muet et Phomme qui parle, cette barrière que personne n’avoit encore osé franchir. L’homine de la nature et l’iomme de la société seront enfin rapprochés et réunis. Recevez noire premier hommage, Ô vous qui fûtes le créateur de cet art qui a produit une merveille si étonnante. Qu'il doit nous étre cher, en effet, le nom de cet ami de humanité qui se consacra tout entier à cette belle œuvre ! La classe nombreuse de ces iufortunés à qui il donna une nouvelle vie et un nouvel être, le béniront à jamais comme leur père ; et la postérité reconno scante s’unira- à eux pour honorer sa mémaire. Les imi- tateurs de son zèle , les propagat:urs de son œuvre, qui ajouteront à ses heureux essais de grandes dé- couvertes, qui étendrout et perfectionneront sa méthode , travailleront encore pour sa gloire; et quelque chose qu’ils fassent , ils s’estimeront hcu- reux d’être placés à côté de ce génie prodisieux , qui n’eut ni guide ni modèle, et dont les pre 1ers succès Ctonnèrent et la capitale et l’Europe sa- vante, | Cependant cl se tratnoit servilement sur Les fr / pas de Restaut ; cétoit à la faveur de cette PPS. CT ELA ‘ ” Instruction des sourds-muets. ; 14 B'arnmaire ; st éloignée des formes simples , de celles de la naïure, qu’il voulut instruire cet homme de la nuture ; et lui faire exprimer les conceptions et Les affections naissantes de son ame. Sans doute il n’atieignit jamais qu'imparfai- tement ce hut, parce qu’il se renferma dans des bornes trop étroites , parce que , trop défiant où trop modeste , il n’osa donner l’essor à son génie, et créer la grammaire des sourds-muets, comine il avoit créé quelques-uns de leurs signes, Il crut néan- moins l’avoir aiteint : il se fit illusion à lui-même, comme il@lèn faisoit aux admirateurs de son £énie. Ses élèves parurent, non seülement À ses yeux, mais encore aux yeux des observateurs et des savans de toutes les nations , des grammairiens inteilisens. Que n’auroit pas fait ee grand homme, sil avoit eu des prédécesseurs, s’il avoit hérité de leurs dé- couvertes, sil avoit pu profiter de leurs erreurs, et mesurer, à l’aide de leurs premiers aperçus, toute la carrière ? Sa théorie alors eût été com- plète , et il n'eût laissé à ses successeurs que le mérite de l’imiter et de suivre ses procédés. Mais quelle est la découverte que l'inventeur ait jamais poriée au dernier degré de perfection ? L'art d’instruire les sourds - muets exigeoit trop de talens et de connoissances pour qu’un seul bomme pût se flatter de l’inventer et de le perfec- tionner , au point de ne laisser rien à faire aux instituteurs phlosorhes qui s’occuperoient après lui de cette précieuse découverte. IL me seroit bien doux de m2 livrer à tout ce que la reconnoissance : 32 Métaphysique. L: doit m’inspirer pour ce bienfaiteur de Phumanité, qui est aussi le mien; de retracer les difcultés presque insurmontables qui ont dù Parréter dans sa marche , et qu'il a vaineues avec autant de patience que de courage; mais cet hommage n’ajouteroit rien à sa gloire. Dépositaire de ses secrets, je ne pis mieux payer le tribut que je lui dois ; qu’en montraut ce qu'il a fait et ce qui restoit à faire lorsque la mort l’a enlevé. Jusqu'à qu 1 point de per- fection a--it porlé celte précieuse découverte ? où s'est-il arrêté, et dans quel état a-t-1l laissé les élèves qu’il a formés ? Ce n’est qu’apiiès avoir pris ses leçons et avoir long-temps réfléchi sur sa mé- thode , aprèsen avoir fait usage moi-même, pendant plusieurs années, que j'ai pu, guidé par l’expérience et éclairé per le flambeau d’une métaphysique sure, apprécier les succès de linventeur, et mesurér toute” P’étendue de l’art dont il fut le créateur ef Le père. Voici quel a été le résultat de mes réflexions:! Toute langue, me suis-je dit, a deux parties essen- tielles qui la distinguent et qui la rendent propre à peindre la pensée dans tous ses développemens ; 1.0 la nomenclature qui en forme le diciionnaire; 20, la valeur relative des mots, qui suppose lPin- fluence qu'ils ont les uns avec les autres, ce qui constitue la phrase. L’une de ces deux parties peuf subsister sans lPautre ; mais une langue qui n’auroit que la première, ne présenteroit que des images isolées , sams enchainement et sans liaison ; chaque mot peindroit un objet, sans doute, mais on man- quercit de ce mot, dont l'absence prive ceux qu’on écrit & Le + ù s. J gt _Cune peine à écrire les mots pour les Instruction des sourds-muets. 33 écrit les uns à la suite des autres , de cette couleur qui leur donne la vie, en formant de cêlle suite de mots une phrase complète. IL faloit trouver ces deux avanta:es dans la langue des sourds-muyets ; c’étoit s’arréter au wilieu de la J “ 3 course , que de se contenter du Premier, ou de ne pas chercher à perfectionner le second. Le célèbre inventeur trouva Mans les différentes combinaisons des signes , l'équivalent de chaque idée physique'et morale , ainsi tous Îes mots de | : langue francaise eurent leurs correspondans dans cetles des sourds-muets ; rien ne fut plus facile que de faire passer dans leur mémoire les mots et les siones à la-fois. Il ne falloit pour cela qu’une attention ordi- naire , puisque chaque sisne acCo M pagnoit toujours la combina son constante des lettres qui forment ‘e mot “Correspondant ; et que le signe étoit pour le sourd- muet ce que le son est pour nous. Le dictionnaire une fois rétenu par les élèves, ils dûrent n'avoir au- sigues , et à es pages entières t Copiées par eur, sous la simple dictée des sisnes ; la valeur de mot détaché ayant passé, dans ieur tateur , et le maitre lui-même AT | faire les signes pour les mots. D des livres les plus abstraits furon chaque esprt, le spec- ûrent croire que le sens des phrases étoit COMPTIS, puisque tous les mots , pres un à un, l’étoient parfaitement. Mais est-il vrai que les phrases le’ fussent, et que les élèves cômprissent en effet notre lingue ? pouvoit- on en être sûr parce qu'ils en écrivoient les mots ? Qu'avoit à faire leur Jugement daus ces deux 0j éra- Tome III, C : Ld 34 Métaphysique. tions purement mécaniques ? Quel effort exigeoit le souvenir d’une combinaison de lettres indiquée par un signe ? Des animaux exercés pour la curiosité et Pamusement , n’ont-ils pas quelquefois présenté à l'admiration des spectateurs , des phénomènes aussi étonnans? Quelle difliculté pouvoit-il ÿ avoir d’écrire des phrases entières, en dictant tous les mots un à un ? Conment cette did eüt-elle indiqué la liaison, la contexture de la phrase, quand on avoit manqué de la faire passer dans l’esprit? Le verbe lui-même, sans lequel il n’y a pas de phrase, puisqu'il renferme la liaison , le verbe n’étoit pas distingué des autres mots; 1! wavoit pour ls é èves que la valeur qu’il a à Pinfi- nitif. C’étoit à cette valeur qu’il étoit réduit, malgré les signes de temps dont le sigre radical étoit suivi 5 il eût fallu leur démonirer la nécessité de la L'aïson que ie verbe étre établit dans la phrase. Il eût fallu dé- composer les verbes adjectifs , et faire voir que chacun d’eux est l’ellipse d’une qualité active et du verbeétre. Xl ent fallu leur donner le secret de nos inversions, pour leur faire éviter le danger des méprises qu’elles doivent occasionner à ceux qui ne comprennent que des phrases construites dans l’ordre naturel ; et, pour cela , il étoit nécessaire d’inveutet un moyen de dis- tinguer chaque partie du discours. 11 falloit exercer les élèves à composer d’eux-mêmes des phrases sim- ples, et décomposer à leurs yeux celles qui ne l’étoient’ pas. Ils auroient vu que. toutes les phrases peuvent, par lanaiyse, se réduire à des phrases semblables à celles-c: : La terre est ronde , Dieu est bon. Alors ils u’auroient Conné de he réelle qu'aux mots qui 3" : Instruction des sourds-muets. 35 en ont une, et les conjonctions n’eussnt plusélé pour eux que des termes parasités, dont le signe ne peut jamais faire passer dans lesprit leur vaïeur conven- tionnelle ; enfin il falloit faire devant eux des actions, et leur apprendre à en rendre compte par écrit. Voilà ce qui manquoit aux découvertes de l’inven- teur, ce qu'a dû trouver à faire celui qui lui a‘suc- cédé, et sans quoi les sourds-mueis n’eussent Jamais été que des machines. « Mais, dira t-on, comment » Pinventeur n’a-til pas vu ce que vous voyez de » limper'ection de ses moyens »? C’est que, satisfait de ses premiers succès dgjà si étendus , si étonnans, et effrayé de tout ce qui restoit à faire, son cæuravoit besoin de jouir et de se reposer , à re terme si hénreux de sa course. « Comment, dira-t-on encore, ses ad- » mirateurs n’ont-1:s S Das HcObS ert cette im perfection it » de sa méthode 5? C’est que ses adiirateurs n’ont vu quedes résuliats, sans réfléci ir que tous les jours on peut transcrire, sous la simple dictée des signes convenus, des discours dans une langue qu'on n’en- tend pas, et que, dans la ptriection de cette trans- criplion, celui qui sait la langtie n'a aucune supé- riorité sur celui qui lisnore. C’est que le resnect et Padmiration enchaïînoient toutes les lansues de eux qui paroissoient pour la première fois aux lerons de cet homme c“lèbre, et qu’on s’interdisoit jusqu'aux moindres doutes qui auroient pu affoiblir l'enthou- siasme religieux qu’il produisoit. Personne w’étoit à l'abri de Piilusion que faisoit aux philosophes même cette merveille unique 3 loin d’a avoir des objections à faire, on se reprochoit de re pas compr ndre assez, C 2 \ 4 " 3 NUL? d'u. 4 si « r \t } 140) #4 ; | ' : “AE Métaph ysique. pour admirer Cavantage (r). « Comment, ajoulera= . » t-on , linventeur wa-til jamais soup:onné qu’il _» m’étoit pas toujours compris »? C'est qu'il desiroit toujours de Pêtre, et que l’on èroit aisément ce qu’on desire ; c’est que ses élèves avoient Pair de le com- prendre, parce qu’un mot écrit à côté d’un autre, dé- terminant assez souvent la signification du second , et le second celle du troisième , des à-peu-près suffisent quelquefuis pour donner lintelligence d’une phrase: entière. L’inventeur ayant négliscé dé former ses ! élèves à compo:er d'eux-mêmes, se priva du seul moyen qu’il ayoit de sortir de cette flatteuse , mais funeste erreur. Il crut avoir tout fait, quand il eut inventé le dictionnaire des mots isolés : s’il ajouta des s'anes pour indiquer les temps, les nombres et les personnes des verbes; ces sisnes, destinés à caractriser des absiractions, ne pouvant êire pris dans la nature des objets , comme les signes physiques » ne servirent 1] } . : qu’à varier les combinaisons des lettres, sans donner (x) 11 n’en étoit pas de même lorsque quelqu’élève de l’abhé de l'Epée répétoit ses procédés. Un de eeux qu’il avoit formés ici, l’abbé Store , établit une école à Vienne. Dans un exercice publie où tout le monde paroissoit enchanté de Voir - les élèves écrire, sous la dictée par signes, tout ce qu’on deman- doit , un journaliste de Berlin qui ne partageoit pas cet enthousiasme, proposa à l’instituteur de faire devant eux une action quelconque , en lui demandant de la faire écrire sans en dicter les expressions. Alers le jourualiste frappa de sa main sa poitrine : le sourd-muet écrivit ces deux mots , rain 3 poitrine ; il n’en fallut pas davantage au journaliste pour an- noncer dans ses feuilles , que la méthedo de l’abbé de lEpée se bornoïit à la simple nomenclature des noms des objets, à " BE Gi à ds je ; - le M nr Ed Las x au mat. n TS Cube ne US RSS RS LS Se LR. 7 & \ ARE ser) Instruction des sourds-muets. 37 aux sourds-muets la véritable idée de la diversité des ‘temps. fout ce qui manquoit à l’instruction des sourds- 124 CA muels ,est-il aujourd’hui déc uvert? Avons-nous un | _ système complet de ce précieux enseignement ? f/ou- vrage que je vais publier bientôt, et dont quelques n extraitsont paru dans le journal des écoles NoRMALES, 1 renfermera-t-il tous les secrets et ious les procédés de N cette mémorable décou‘erte? J’ose le croire, ei jen ë donne pour garant les élèves de mon école, qui ré- h pondront à toutes les Giflicuités qu’on pourroit faire l | ». surce qui manquoit à la méthode de mon 1llustre Dré- : décesseur. Je dois le dire néanmoins : si le publié, témoin de mes succès, n’eût exigé que je fisse im- primer un ouvrage qu’il desiroit dé posséder, je me serois encore occupé long-temps, dansile silence, des ‘moyens de donner à ma théorié d’enseignement une plus grand2 simplicité, pour en rendre lexécution plus facile. Aitentif à conser:er tous les procédés qui naissent des eforts journaliers que je fais dans l'instruction de mes élèves, j’aurois un jour rassemblé tous ces matériaux , et de leur collection seroit résulté louvrage qu’on avoit droit attendre du successenr du père! des sourds-muets. Mais, au moment où la Convention nationale vient de donner à cette intéres- sante institution une base solide et à jarnais durable, il ne convient pas que l’art de les instruire ne repose que dans Ja tête de celui qui a succédé à ce célèbre - ‘inventeur. Il faut un corps de doctrine qui rassure et ceux à quinous devons une fondation si importante, et les philantropes de tous les pays, qui ne uous par- i ! C 3 38 Métaphysique. 1, : , 7 Gonneroïent point d’avoir abandonné au hasard des événemens une découverte qui honore ma patrie , et qui doit être transmise à la postérité J'ai donc dû faire t'ire tous mes scru.ules, et ne pas attendre d'avoir atteint le point de perfection que je vois sans cesse devant moi. Je dois prouver qué mon ensei-. gnement n’a rien de vague et d’incertain, qu'il est même le plus parfait que ’on connoisse , et qu’il peut par conséquent contribuer beaucoup au perfec#onne- inent de toutes les autres théories. | Quel ordre dois-je suivre dans un développement aussi difficile ? Le but de cet ouvrage va nous l’in- diquer., Ce ne doit être ni un traité systématique et purement spéculatif, composé seulement pour rendre compte aux savans, d’une théorie ingénieuse ; ni la solution d’un p: APE de métaphysique sur la marche de Pessrit humain dans ses opérations les plus délicates 3 ni un traité de grammaire où se trouveroit l’analÿse, froide et sèche, de toutes les parties du, discours; mais ce sera linstitution d’un sauvage, mise sans cesse en action , dans laquelle Piustitutenr,, assez. adroit pour profiter du très-pelit nombre délétiens coraus de: la, grammaire. de cet homme de la nature , créera pour ainsi dire, ,étendra, refera la sramniaire de Phommé civilisé ; comme s’il p’existoit absolument aucune srammaire, conme si Part de cominuniquer la pensée. étoit ‘erçore à naiire ; comms sin ?-xistoit aucune lansue , comme s'il n’y avoit pas d’iprimerie., que dis-je? pas même, d'écriture, pas même de langage. Je suis donc bien loin de penser qu’il faille introduire sur- LA …. PR ER EE PU 1 0 -S ’ ‘ Instruction des sourds-muets. 39 le-champ le sourd-muet dans la société, et qu’il faille lui montrer des mots quiseroient ls no ns ou les signes des objeis. Eh! aue co rprendroit à ce rapprochement , qui seroit leffét d’une conention qu'il n’a pas faite ; cet Lomme jeté au milieu de nous ? Pour lui tout est mystère. Il ne sait pas, et ilne peut le savoir encore, que notre écriture est la traduction de nos signes parlés, et ceux-ci la traduc- tion de pos signes manuels. IL n’existe pour [ui - d'autre communication que celle des signes pliy- siques. Il ne connoit que trois époques de temps ; il n’a dans sa langue «ue deux sortes de mois, et vous voudriez le faire conjuguer , luiapprendre l’emploi des temps absolus et relatifs des peuples qui ont le plus perfectionné leur langue let vous voudriez lui faire un cours de syntaxe! Atiendsz qu'à limi- tation de vos enfans qui ont su faire dés phrases avant d’avoir appris à en disséquer les elémens , il sache aussi faire des phrases simples; attendez qu2 la gramimaire naisse de la nécessité, et que l’élève, pour composer la sienne, passe success vement par tous les milieux par où nos pères ont passés qu'il apprenne comme eux les formes du langage ; quil arrive à ces formes, comme ils y sont arrivés, èn partant toujours des élémens connus et noneliipsés, et en allant de ceux-ci à d’anires moins connus, jusqu’au résuitat qni est Pellipse. Ainsi vous ne présen- terez le mot combien au sourd-muet | que quand üil aura appris que bien est, dans ce mot, le signe de nombre ; que nombre esi le synonyme de plusieurs ; plusieurs celui de uns ; uns celui de plusieurs L C 4 14 s 40 | Métaphysique. unités écrites les uns sous les autres ; que lorsqu'il _saura que com , qui est le premier flément de ce nême mot, est l’altération de gu-om où se trouve le radical gue qui est la racine de toute interrogation 5 que par conséquent dns combien il y a deux élé- mens, le mot 2omé6re, etla question sur ce nombre ; comme si l’on disoit, quel est ce nombre. Voilà , en passant, un modèle de notre marche dans © cette sorte d'instruction. | | Ce ne sera donc jamais la phrase de l’homme civilisé qu’il faudra montrer au sourd-muet ; on le porteroit dans une terre inconnue, tandis qu’il faut au contraire aller le ch>rcher dans la sieuhe, et l’ameser très-doucement dans celle où noussommes. De-là naît naturellement et sans efforts Pordie qu’il faut garder dans'son éducation. Nousne suivrons donc pas dâns cet ouvrage, le pan des livres élémentaires connus - LR nos jours: Dans notre a chaque élément de la phrase viendra à son tour prendre la place que lui indiquera le besoin que nous en aurons. Nous supposerons 1 comme je l'ai déjà dit, qu'il n’y a point encore de grammaire, et notre Conjugaison ne nous présentera , pendant long-temps, qu° des tem2s absolus. Nous renverrons les temps relatifs à une époque où nous aurons fait une moisson plus abondante , et où, devenus plus richés,, nous aurons appris Part de grouper nos pensées et «établir entre Îles propositions subor- données et la principale, la ‘liaison qu’elles avoient das notre esprit. Ce 4 partie. sramrnx sAcass aura un ain d’orisinalité , Qui ue seroit point éxCusé , 5 +1 \ + Instruction des sourds-muets. AT n'étoit fondé sur Pordre qu’on Yerra bien que jai dû suivre. nécess'‘irement dans l'instruction de mes \ élèves. Elle ne doit donc pas être lue, comme on lit les autres gran:maires, où l’on trouve toutes les parties du discours parfaitement classées. Si j’avois Suivi les formes communes èt ordinaires , mon but auroit été manqué ,et l’art de faire passer les idées dans esprit du bdurmiet. füt encore resté un secret et mon secret. J'ai cru aussi que cet ouvrage ne devoit pas être une simple indication de la route que Javois déjà parcourue, mais qu’il devoit étre la route elle-même toute tracée ; qu’il ne devoit pas être un simple plan, un simple tableau de tout le pays que ] ’ai eu à pareourir ; Mas _qw il devoitétre le pays lui-même ; qu’il devoit réssembler à ces jardins modernes, enfans du luxe et fruit de lime tation de nos voisins, où Part imite si lien la na- ture , qu’on ne voit absolument qu’elle , et où l’on admire autant la simplicité de ses formes que la fécondité de ses productions. On me verra donc toujours en scène, en. aelion avec mon élève , mais dans des rôles bien différens ; mon élève sera le seul savant, parce qu’il sera toujours Le seuil chercheur , et moi suivant mon élève et ne le précédant jamais. : J'ai choisi pour acteur srincipal Massteu , comme celui dont lPinstruction justifie Le plus complètement ma métlode. Jogoindrai à cet ouvrage un résultat qui en sera le précis $ret c’est ce précis élémentaire, expäqué : par les ‘applications q'i auront précédé ; qui s'ra î a graumuire des sourds-nueis. On y trouvera an 42 Métaphysique. développement anal’tique de tous les élémens qui forment la proposition acc mpagnée de tous ses complémens, Ce précis sera donc une espèce de réca- pitulation de la partie grammaticale, et comme une suite de pomits fixes qui formeront dans la tête de l'élève une £rammaire complète. Les définitions y seront ei claires , que Pélève maura besoin , pour les comprendre , d'aucune explication étrangère. {C’est cette partie qui sera spécialement pour les élèves; mais on ne la confiera à leur mémoire que quand ils seront parvenus, par l’analyse , à chacun de ces poinis fixes, où résultats, | Mais quel moyen emploierons-nous pour rendre nos procédés sensibles à nos élèves, et pour les con- duire, de degré en derré, dans le labyrinthe obscur de la grammaire ? Condamnés à ne jamais entendre un son, quel communicateur intermédiaire pourra suppléer à tout ce qui leur manque ? Ce sera la pan- tomime , ou, l’art des signes, non des signes arbi- traires et de pure convention, mais raisonnés , pris dans la nature même des choses qu'ils doivent re- présenter, et véritablement analytiques. Voilà notre moyen de communication avec le sourd-muet ; moyen à sa portée, qui peut suppléer à tout et remplacer parfaitement le langage. Il a même sur lui une su- périorité bien marquée, et qui consiste à n'être borné par aucun idiome particulier ; il constitue lui-même une espèce de langue universelie , qui, bien pro- noncée , peut étre entendue par les homnies de tous les pays et de toutes les nations. Je ne sais même si la Spécieuse de Lieibnits , ou cette langue univer- Re 7 Instruction des sourds-muets 43 selle qui Pa si long-t mps occupé, mavoit pas son fondement dans cette pantomime dont nous | arlons. _ On n’ignore pas du moins que les anciens , sur-tout les Romains, l’avoient portée très-loin, et qu’ils étoient parvenus à jouer des pièces de théâtre, où, sans prononcer un seul mot, ils captivoient Vatten- tion des spectateurs, qui les snivoient avec autant et peut-être plus de plaisir que s’ils s’étoient énoncés PS As as a de PE EE dans leur propre lansue. Si les premiers hommes ne s’étoient exprimés que par des signes , les sourds- * muets ne formeroient pas une classe à part, et leur éducation marcheroit sans aucure différence , comme celle des autres hommes. Faudra-t-il done renoncer à tous les moyens de | communication avec EUX, Le que celui dont les 4 hommes ont fait usage jusqu’à pr'sent, leur manque ? © Ce moyen est-il donc le seul? Le sourd-muet n’est 4 pas long-temps à nous faire observer qu’un autre \ aussi sûr , saus étre aussi Das , est à la disposition Y de son ame impatiente de s'ouvrir à la nôtre ; nous 4 avons écouté le bruit des objets sonores, etnous Vavons inuté par des sons. Jl considère les formes de ces é:: \ objets, et il les imite par une pantomine moins équi- k _voque ei plus séneslles T ’avalogie nous a Fait imaginer …_ quelques rapports de ressemblance entre les objets À sonores et les autres o!jets. D'autres sons"co: rmbinés , ont enrichi notre nomenclatüre. Fa même analogie . # peut également enrichir la nomenrlature mimique du F sourd-muets Sinous avons cru pouvoir peindre par F des sons des idées qui étoient aredeià an règne des choses sensibles, pourquoi n’aura-t-il pas le droit 44 Métaphysique. d’avoir aussi des signes manuels pour ces mêmes idées ? Des signes physiques, puisqu’ils sont l’expres- sion des accens de la voix, seroient-ils plus propres aux idées morales que d’autres signes convenus ? L'homme avoit deux moyens pour peindre ses idées , la vois ct leg ste. L'une éloit circonscrile aux objets sonores ; l’autre embrassoit tout le monde matériel. Dé même que la voix ne soie imiter les formes des Pt de mêrne le gesté n’en pouvoïit imiter le son. Lequel de ces deux moyens méritoit une juste préfé- rence ? Supposons un instant où l’homme eût pu ‘choisir : quel chôix devoit-il fire ? Quel de ces deux moyens, du reste où de la voix, étoit le ps fécond et le plu: naturel? Pour ré At ce problème, exa- minons de quelle nature étoient les idées à peindre et à commu nique r. Les idées de l’homme pouvoient se rapporier à {rois facultés principales : au corps, en embrassaut toutes les actions sensibles ; au cœur, en embrassant toutes ses affections ; à Pesprit, en em- brassant tout ie méchanisme dés peus‘es. Or quel Täpport pourra-t-on établir eutre les affections de Parme et les sons de l'organe de la voix? Quelles ex- pressions c'oisira-t-on pour peindre la crainte, lamour. ou la haïne, l'espérance ou le desir ? Les sous choisis. per un «peuple seront-is compris et avoués par un autre ? On conviendra sans doute , sans une plus grande discussion, que la langue hé se refuse à Pexpression des sentimens, et que c’est ici le triomphe de la lagune des signes, h! dans quels pays, deux ‘veux où se >eionent la naine et la vengeance, la crainte où le desir, Pespérance où la vour; pour ) { " 4 Lee, “ ‘ i 4 Instruction des sourd-muets. 45 roient-ils n’être pas entendus? La lansus parlée est donc nulle, et la langue des signes est la véritable peinture, A il s’agit des seniimens du cœur. Et n'est-ce pas là le premier besoin de l’homme ? N’eut- il pas dû choisir celle-ci, dont la piysiononie lui fournissoit les accens éloquens ? Si nous passons aux idées purement physiques, c’est-à-dire, à tous les objets qui nous frappent, ou par la boue de leurs formes , ou par leclat varié _ de leurs couleurs, quel rapport avec ces couleurs et ces formes auront encore des sons? Quel peuple pourra se vanter d’avoir sisbien cioisi le véritaole signe parlé de telle action, de telle couleur , de telie forme, qu’il soit entendu par tous lee auir:s puples à-la-fois ? Chaque peuple sera muet au-delà des limites de son territoire. Maïs celui qu‘, par legeste, peindra , figurera les forines des objets, ne sera muet nulle part. Sa langue sera La lai, u: de toutes les -halions. Qu'il y a loin en effet du son, CARRÉ, aux 4 côtés égaux d'un objet de cette forme Qu on € dilemme entendu, quand de ses #:ux mains on trace 4 côtés égaux pour exprimer CARRÉ! Qu'il y a loin du mot AGNEAU à l’animal qu'il dési ne! Qu'il y a près du signe de la douceur et d:s jzux d : l’azreru bosdissant dans Ja prairie , à cet ani ual dont au:un mot d’au- cune langue ne peut retracer l’image», Notr: langue des signes est donc la véritabl: lanire des id£es sen- sibles et des idées mortes 5 il nous reste les idées purement abstraites et métaphysiques, les idées qui apparkenrent à Pintelligence pure, qui n’ont absolu- C) 46 Métaphysique. ment aucun rapport avec les sens. Tci la langue parlée est tellement en défaut | que tous les mots qu’elle fournit à Pexpression de cette classe d'idées, sont des composés physiques. Quelles idées en effet sont plus abstrait:s, sont moins du domaine des sens, que les idées sui’antes : ame , esprit , idée , Atiéfiét ot ré flexion, pensée , intelligence ; compréhension ? Eh bien! tous ces mots son! physiques, comme je le fais voir dans le chapitre où je traite des opérations de lame. Mais si chacun de ces mots est le rappel d’une opération sensible , ne nous se ra-t il pas permis de substituer à chacun de ces mots Le sine de l’opé- ration sensible? Et cesigne ne sera-t-il pas plus géné- ralement compris que ce mot? Le signe sera le mot de tous les pays ; le mot parlé sera le signe convenu du . peuple qui Paura adopté. II est donc vrai que, même pour l'expression des idées métaphysiques, la langue des siones pouveït du = moins remplacer la langue parlée. Mais si ceile-là Te D Se EC à pouvoit être sans nulle convention la langue de touies les nations si elle fût restée toujours pure, sans avoir. rien à craindre de la rouille des siècles, pourquoi les premiers hommes lui ont-ils préféré FA sons articul”s qui les ont nécessairement isolés et divisés en peu- plades, au lieu que la langue des signes, en devenait la langue universelle, eut peut-être fait de toutes “es nalions une grande fanulle où les vertus des premiers âges se fussent conservées avec les premiers signes qui en auroient retracé le souvenir, et eussent passé des pères aux énfans. El eût donc été possible de communiquer ses idées Instruction des sourds-muets. 47 en employant les signes au lieu des mots parlés ; cette sorte de langue eût été plus vraie , plus riche et plus fidèlement imitairice. Ce que nos pères n’ont pas fait, il est beau sans doute, il est humain, il est philoso- ‘phique de l’avoir essayé en faveur d’un peuple ex- _clus de la communication générale. fHâton:-nous de communiquer ce bienfait à cette classe infortunée, après nous être convaincus de la nécessité de le par- tagèr avéc elle et de doubler a'nsi nos propres jouis- sances. | Mais ne peut-il pas se trouver quelque sourd-muet pour qui cette commuri:ation deviendroit in poss:ble? Si le sens de la vue manque aussi à quelqu’un d'eux? Si, dans l’ordre des excep:ions ce la nature ,si, parmi. -ses mutilations afiligeautes., nous trouvions sur nos pas un sourd-muet et aveugle à-la-fois, quels seroient nos moyens pour rétablir danÿ ses droits ce maiheureux î < > 7 « ay £ lui e I ] | enfant , pour communiquer avec lui, et lui apprendre Part de communiquer avec nous? A quelle distance inconnue ne seroit-il pas de la société des hommes ses semblables, cet être si cruellement dégradé! Qu'il seroit gra: d et difficile à combler l’int:rvalle qui se trouveroit entre lui et nous! Quel instituteur donner à cet fufortuné si dissgracié de la nature? Seroit-ce celui des souräs-muets ? Mais tout l’art de cet insti- tuteur se borne à rendre la pensée visible, à repré- senter à l’organe sensible de la vue matérielle, toutes les opérations de l’œil intellectuel 5 et l’être dont nous parlons, n’a que cet orgare , sans en avoir le sens, Confierions-nous son éducation à celui qui imagina de rapporter au tact opération de l’œil sensible, en - | - 48 Métaphysique. facilitant aux aveugles, à la faveur des caractères ei reliefs, l’art de lire et d’écrire ? Mais comm: nt , avec: uu être qui ne peut ni entendre, ni voir, convenir de la valeur d’un signe ? Que pertla main de Pinsiitu teur sur la main de élève, quand la langue est muette | et que la physionomie garde aussi le silence ; quand l'ame enfin n’a, pour entendre et pour parier, que . l'organe du tact ? | Je crois avoir prouvé que l’homme avoit, dès le commencersent, deux moyens'de man de le tableau de la pensée ; qu’au lieu de se déterminer en faveur des signes sonores , imitateurs des objets so= nores, il eût pu choisir « pantomine imllätrice des formes des ohjets. Mais si l’homme eñt préféré les signes manuels pour lexpression de sa pensée, celui qui eût pu ou imiter ces signes, ou remplacer cessignés , eût-l eu pour lexpression de la sienne moins de inoyens que ce!ui-là? Non, sans doute, Ah ! si Pessai que nous voudrions en faire n’étoit pas sans succès ! . .. Si je pouvois donner une ame au sourd-muet-aveu- gle , une pareille découverte me rendroit plus heu- reux que ne le seroit lêtre infortuné qui én seroit l’objet ! Eh ! pourquoi ne pas l’espérer? Mon illustre prédécesseur osa bien s’en flatter, avant même d’avoir atteint le degré de perfection dont sa méthode étoit susceptible. Ti ne craïgnit pas d'offrir, par la voie des journaux , d’ertreprenare une éducation qui, jnsqu’ici, a paru imposs ble , et voici les moyens qu'il me communiqua. Un alphaïet, fait en fr poli, devoit servir à for- mer Instruction des sourds-muets. 49 mer fous les noms des objets physiques : les lettres qui le composoient étoient faciles à istineuer, TL espéroit de familiariser Les mains de l'élève avec ces “aractères , et de faire faire par là, à ses mains, l'office de ses yeux ; de lui montrer lobjet et: le nom à-la-fois, en appliquant lune de ses mains sur le nom formé avec les caractères et l’autre maiu sur l’objet , dont le nom éto le signe de rapp:l. Son génie inventeur n’avoit pas fait un pas de plus : il se flattoit, sans doute, que ses essais lai serviroiert à développer cette première idée, et qu’il arriveroit aux mêmes résuliats par cette route parallèle à celle qu’il auroit entrepris de parcourir. Je ne dissiqule pas que les dif-ults naîtioient ici àchaque pas. Car , comment convenir avec l'élève du rapport à établir entre l’objet et son signe? Ja croirois devoir ici ini(resser son instinct, Je ne Jui donnerois un ob et asréaile qu'autant qu'il travai!- leroit à en retenir le nom » à en faire le sine, à en combiner les caractères. | Ce premier pas seroit bientôt suivi d’un second , qui seroit celui de la distinction des qualités ou des modes des objets. Les couleurs n’entreroient pæ , sans doute , comme élémens dens notre échelle. Les sons ne seroient pas c5n plés non plus : les couleurs , ni les sons ne sont pas du domaine du tacts; mais les formes des corps seroient les Lases de cet:e métaphy- sique nouvelle, Et comme, par analogie, les qua- lités qui frappent le sens de la vue o t conduit les Sourds-muets à la découver:> des qualités purement abstraites, des qualités morales et des quulit's intel- Tome 1/1. D 5o Métephysique. lectuelles ; les qualités qui frappent le sers du totts cher nous mèneroient au méme but. Les procédés, dont nous allons offrir le tableau dans cet ouvrage, n’auroient besoin, pour servir aux aveugles-sourds- muets , que d’être présentés en relief, La théorie de la phrase pourroit rester la même. Les chanvemens qu'il faudroit faire, nous Seroient Commandés par la nécessité. L’aveugls-sourd-muet deviendroit, comme la été le sourd-muet » l’instituteur de son instituteur : ses progrès’ traceroient la marche. T1 faudroit sans cesse ; au lieu de parler à loreille ou aux yeux, ne s'adresser, ne parler qu’à la main. Puisse un pareil système n'être Jamais qu’un objet de pure spéculation > €t la pratique n’en être jamais nécessaire ! Puisse ne Jamais naître un enfant assez malheureux pour n'avoir que la main pour oreille el pour œil ! Mais comme un pareil écart de la na- ture , quelque rare qu’il soit, n’est encore que trop possible, sonseons d'avance aux moyens de le ré- Parer. Rendre un homme de plus à la société PQ (< rendre à ses semblables, rendre pareillerent ses semb'ables à un infortuné .….. . c’est une jouissance top douce pour en rejeter l'espérance, % L ee, cn dt < / MR AU XLA RTS. Surre du fragment d'un manuscrit de Dineror, sur le Salon de 1765. ! TABLEAUX D'ÉGLISE. TL me semble que les tableaux dont on décore les temples, n'étant faits que pour graver dans Ja mé- moire les faits et gestes des héros de la religion , et accroître la vénération des peuiles, il n’est pas indif- Térent qu’ils soient bons ou mauvais. À mon sens ,un peintre d'église est une espèce de prédicateur plus clair, plus frappant, plus intellisible ; plus à la portée du commun des hommes, que le curé et son vicaire. Ceux-ci parlent aux oreilles qui sont souvent bouchées ; le tableau parle aux yeux comme le spec- tacle de la nature; qui nous a appris presque tout ce que nous savons. Je pousse la chose plus loin, et je regarde lés iconoclastes et les contempteurs des pro- cessions , des images, des statues et de tout l’appareil du culte extérieur, comme des ex{cuteurs aux gages du philosophe ennemi de la superstition , avec cette différence,que ces valets lui font bien plus de mal que leur maître. Supprimez tous les symboles sensibles ES 9 et le reste se réduira bientôt à un sahimathias méta- physique qui prendra autant de formes et de tournures bizarres, qu’il y atra de têtes. Que lon suppose , pour un instant, que tous les hommes dévinssent aveugles, et je gage qu'avant qu’il soit dix ans, ils disputeront et S’extermineront à propos de la forne, de l’effat et de la couleur des êtres Les p'us familiers de l’univéers, De même , en religion, supprimez ‘toute réprésenta- 1772 52 Beaux-Arts. t'on et toute image, et Lientôt ils se brovilleront et s’entr'égoreeront sur les articles les plus simples de leur-croyance. Ces absurdes rigorises en religion ne connoissest pas l’eflet des cérémonies extérieures sir le peuple. Ils n’ont jamais vu noire adoration de la Cro x le Vendredi-Saint, Penthousiasme de la multi- tude à la. procession de la Fête-Dieu , enthousiasme qui me gagne moi-même quelquefois, Je n’ai jamais vu cette longue file de prêtres en habits sacerdotaux, ces Jeunes acolytes vêtus de leurs aubes blanches, ceints de leurs L'rges ceintures bleues, et jetant des fleurs devant le Saint-Sacrement, cette foule qui les précède et qui les suit dans un silence religieux, tant d'hommes le front prosterné contre la terre ; je n’ai Jamais entendu ce chant srave et pathitique, entonné ar les prêtres, et répondu affectueusement par une iufnité de voix d'hommes , de fermes , de jeunes files et d'enfans , Sans que mes entrailles pe s’en soient - émues, n’en aient tressailli, et que les larmes ne m’en soient venues aux yeux. Il y a là-dedans je ne sais quoi de grand , de sombre, de solemnel, de méian- colique. J’ai connu nn peintre protestant, qui avoit fait un long séjour à Rome, et qui convenoit qu’il avoit jamais vu le souverain pontife officier dans Saint-Pierre, au milieu des cardinaux et de toute la prélature romaine, sans devenir catholique 3 il re- prevoit sa religion à la porte. Mais, disent-ils, ces images, ces cérémonies conduisent à l’idolâtrie. Il est plaisant de voir des marchands de mensonges, craindre que le nombre n’en auemente avec l'engouement. Mon ami, si nous aimons mieux la vérité que les ! Sr 1e , 2 Salon de 1765. 53 beaux-arts , prions Dieu pour les iconoclastes. PR ENG, Fr. AVar. Je vous ai promis quelque part un mot sur le plagiat en peinture. Rien, mon ami, n’est si commun , et si difficile à reconnoître. Un artiste voi une figure ; c’est use femme qui lui plaît de position. En deux coups decrayon, voilà le sexe changé et la position prise. L'expression d’un enfant, on la transporte sur le vi- sage d’un adulte. La joie, la frayeur d’un adulte, o7 la donne à un enfant, etc. On ouvre son porte-feuille d’estampes. On détache ici un bout de paysage , là un autre bout de site. On dérobe à celui-ci sa ci.au- mière , à celui-là sa vache et son mouton, à cet autre une montagne, ou son étang, ou son ruisseau ; et de toutes les pièces rapport‘es on se fait une grande fabrique générale , précisément comme on dit que feu le maréchal de Belle-Isle s’étoit fait sa terre de Bisy. On a encore la ressource de jeter daus l’oinbre ce qui étoit dans le clair , et, réciproquement , d’ex- poser à la lumière ce qui étoit dans Pombre. Je veux qu’un peintre, qu'un poëte en instruise, en ivspire, en échauffe un autre ; et cet emprunt de luinitres et d'inspiration m’est point un plagiat. Sedaine entend dire à une femme décrépite qui se mouroit dans son » fauteuil , le visage tourné vers une feuêtre que le soleil éclairoit : Ah! mon fils, que cela est bsau , le soleil! T1 s’en souvient , et il fait dire à une fille étroite ment resserrée par un jaloux , la première fois au’e'!2 voit les-rues: Ah! ma bonne, que c’est beau les rues! Voilà, en petit, comme il est permis d’imiter en graud. D 3 54 - Beaux-Arts. LES Siceuv te re via aie J'aime les fanatiques, non pas ceux qui vous pré- sentent une formule absurde de croyance , et qui, vous portant le poignard à la gorge, vous crient : Signe , ou meurs! mais biex ceux qui, fortement épris de quelque goût particulier et innocent, ne voient plus rien qui lui suit comparable ,.le défendent de toute leur force , vont dans les maisons ei les rues , non a lance, mais le :syllog'sme en arrêt , sommant tous ceux qu’ils rencontrent , ou de confesser leur ab- surdité, ou de convenir de la supériorité de leur Dulei- née sur loutes les créatures du monde, Ils sont plaisans ceux-ci ; ils m’amusent ; ils m’étounent quelquefois. Quaud par hasard ils ont rencontré la vérité , 1ls Pex- posent avec une énergie qui brise et renverse tout. Dans le paradoxe , accumulant images sur images, appelant à leur secours toûies les puissances de l’élo- quence , les expressions figurées , les comparaisons hardies , les tours, les mouvemens, s'adressant au sentiment , à Pimagination , attaquant l’ame et sa sensibilité par toutes sortes d’endroits, le spectacle de leurs efforts est encore beau. Tel est Jean-Jacques Rousseau, lorsqu'il se déchaîne contre les lettres qu’il a culivées toute sa vie, contre la philosophie qu’il professe, contre la société de nos villes corrompues, au milieu desquelles il brûle d’habiter, et où 1l seroit désespéré d’être ignoré, méconnu, oublié. Il a beau ferincr la fenêtre de son hermitage qui donne du côté de Paris, c’est le seul endroit du monde qu’il voie. Au fond de sa forêt, il n’y est pas , il est à Paris. Tel n Salon de 1765. 55 est Winkelmann, lorsqu'il compare les productions » des artistes anciens et celles des artistes modernes. b | . Que ne voit-il pas dans ce tronçon d’hosme qu’on appelle le Torse! Les muscles qui se gonflent sur sa poitrine, ce.n’est rien moins que les ondulations des flots de la mer. Ses larges épaules courbées, c’est une grande voûte concave qu’on ne rompt point, qu’on fortifié au contraire par les fardeaux dont on la charge. Et ses neris ? Les cordes des ballistes an- ‘ ciennes, qui lancoient des quartiers de roches à des distances immenses, ne sont en comparaison que des fils d’araignée. Demandez à cet enthousiasme char- mänt, par quelle voie Glycon , Phydias et les autres sont paryenus à faire des ouvrages si beaux et si par- _ faits? Il vous répondra : par le sentiment de la liberté qui élève l’ame et qui inspire de grandes closes ; par les récompenses de la nation, la considération pu- blique , la vue, lPétude , limitation constante de la belle nature, le respect de la postérité, l’ivresse de l’immortalité, le travail assidu, l’heureuse influence des mœurs et du climat, et le génie. Il n’y a sans doute aucun point de celte réponse, qu’on osät con- tester 3; mais faites-lui une seconde question, et de- mandez-lui s’il vaut mieux étudier Pantique que la nature, sans la connoissance , l’étude et le gout de laquelle les anciens artistes, avec tous les avantages particuliers dont ils ont été favorisés , ne nousauroient pourtant laissé que des ouvrages médiocres ? L’anti- que, vous dira-t-il sans balancer, l'antique ; et voilà tout d'un coup Phomme qui a le plus d'esprit, de chaleur et de goût, la nuit, tout au beau milieu du 56 | Mere Toboso. Celui qui dédaigne l'antique pour la naturé, risque de n'être jan ais que petit, foible ét mesquin de dessin, de caractère, ce draperie et d’expression. Celui qui aura négligé la nature pour lantique , ris- qu: ra d’être froid , sans vie , sans aucun? de ces vérités cac: ces et secrèles qu’on n’ajercoit que dans l? na- ture’ même, Il ie semb'e qu’il faudroit étudier lan tue, pour apprendre à voir la nature, Les artistes modernos se son! révo'tés contre l'étude de antique , parce qu'elle leur a été prêchée par des amateurs ; et les littérateurs modernes ont été les dé- fenseurs de Pétude de l’antique, parce qu’elle a été attaquée par des philosophes, Ilme semble, mon ami, que les stituairestiennent p'us à l’antique que les ;eintres. Seroitce parce que les anciens nous ont laissé quelques belles statues, et que leurs tableaux , au contraire, re noussont connus que par les descriptions et le témoignage des écri- vains? Il y a une grande différence entre la plus belle ligne de Pline et le sladiateur d’Acasias. Il me semble encore qu’il est plus difficile de juser de la sculpture que de la peinture ; et cette miènne opinion , si elle est vraie, doit me rendre plus cir- copspect. I! n’y a pres ‘ue qu’un homme de Part, qui y Ï i 2 puisse discer:er en sculpture une très-belle chose d’une chose commune. Sans doute l’athlète expirant vous touchera , vous atteindra, peut-être même vous frappera si v olemment, que vous ne pourrez ni em séparer, mi y attacher vos regards. Si toutefois vous aviez à Choisir entre cette statue et le £ladiateur, dont l'action, be le et vraie certainement , n’est pourtant \ Salon de 1765. 57 pas faite pour s'adresser à votre ame , vous feriez rire Pisal et Falconnet, en préférant la première à celle-ci. Une erande figrre seule et toute blinche, cela est si sinple ! I! y a là si peu de ces données qui pour- . roïent faciliter la comparaison de Pouvrage de Part avec celui de la nature! La peinture me rappelle par cent côtés ce que je vois, ce que j'ai vu : il n’en est pas ainsi de la sculpture. J’oserai acheter un tableau sur Ion goût, sur mon jugement ; s’il s’agit d’une siatue , je prendrai l’avis de l’artite. Vonk croyez donc, me direz-vous, la sc nee plus difficile que la peinture ? Je ne dis pas ce: FR Juger et faire sont deux choses. Voilà le bloc de marbre : la figure y est, il faut Ven tirer. Voilà la toile : elle est plane, c’est là-dessus qu’il faut créer ; il faut que l’image sorte, s’avance, prenne le relief, que je tourne autour , moi, si elle estmodelte ; mon œil, si elle est peinte. Mais si elle est modelte, il faut qu’elle vive sans aucune de ces ressources qui sont sur la palette et qui donnent la vie... Macs ces res- sources mêmes, direz-vous, est-il si aisé d’en faire usage ? Le sculpteur a tout, lorsqu’il a le dessin, Pex- pression et la facilité du ciseau ; avec ces moyens, 1l peut tenter avee succès une figure nue. La peinture exige d’autres choses en:ore. Quant aux difh:ultés à vaincre dans les sujets plus composés, il me semble qu’elles s’accroissent en plus grand nombre pour le peintre que pour le sculpteur. L'art de grouper est le même, l’art de draper est le même ; mais le «lair- obscur , mais l’ordonnance , mais le lieu de la scène, mais les ciels, mais les arbres , Mais les eaux, mais Re ‘4 58 Beaux-Arts. | F* les accessoires, mais les fonds, mais la couleur et tous ses accidens ? Sed nostrum non est tantas compo 14 nere lites. La sculpture est faite pour les aveugles et pour ceux qui voient ; la peinture ne s’adresse qu'aux j Jeux. La sévère, grave et chaste sculpture choisit, Elle joue quelquefois autour d’une urne ou d’un vase,, mére dans les compositions les plus crandes et les plus pathétiques. On voit en bas-relief des enfans qui folâtrent sur un bassin qui va recevoir le sang humain, Mais c’est encore avec unesorte de dignité qu’elle joue ; elle est sérieuse, même quand elle badine. Elle exagère sans doute, Peut-être même Pexagération ui convient-elle mieux qu’à la peinture. Le peintre et le sculpteur sont deux poètes 3 mais celui-ci ne change jamais. La sculpture ne souffre ni le bouffon, mi le burlesque, ni le plaisant ,rarement même le co- mique. Le marbre ne rit pas. Elle s’enivre pourtant avec les Faunes et les Sylvains. Elle a très-bonne grace à aider les Satyres, à remettre le vieux Silène sur sa monture, ou à soutenir les pas chäncelans de ? son disciple. Elle est voluptueuse , mais jamais ordu- rière. Elle garde encore, dans la volupté, je ne sais quoi de recherché, de rare, d’exquis, qui annonce: que son travail est ren ; pénible, difficile ; etque, s’il : est ÿérmis de prendre le pinceau pour anis la tue une idée frivole qu’on peut créer en un instant et effarer d’un souffle, 1l n’en est pas ainsi du ciseau, qui, ‘A déposant la pesée de l'artiste sur la matière dure, rebelle et d’une éternelle durée , doit avoir fait un choix réfléchi, original et peu commun. Le crayon est plus libertin que le pinceau, et 18 pinceau plus‘li- - s Salon de 1765. + #60 bertin que le ciseau. La sculpture suppose un enfhou- siasme plus opiniâtre et plus profond, plus de cette verve forie et tranquille en apparence , plus de ce feu couvert ei secret qui bout au dedans : c’est une muse violente, mais silencieuse et cachée. Si la seu'pture ne souflre point une idée commune, elle ne souffre pas davantage une exécution médiccre. Une lésère incorrection de dessin, qu’on daigreroit à peine apercevoir dans un lableau, est impardon- nable dans une statue. Michel-Ange le savoit bien : où il a désespéré d’être parfait et correct , il a mieux aimé laisser le marbre brut.. . . . Mais, direz- vous, cela prouve que la sculpture ayant moins à faire que la peinture, on exige plus strictement ce qu’on est en droit d’en attendre.. . . Je l’ai pensé comme vous. De quelques questions que je me suis faites sur ia sculpture , la première , c’est : pourquoi la chaste sculpture est-elle pourtant moins scrupuleuse que la peinture, etmontre-t-elle plus souvent et plus franche- ment la nudité des sexes ? C’est , je crois, qu'après tout , elle ressemble moins que la peinture. C’est que la matière qu’elle emploie est si frode, si réfractaire ; si impénétrable ! mais sur-fout parce que la principale difficulté de son imi- tation consiste dans le secret d’amollir cette matière dure et froide , d’en faire de la chair douce et molle, d'exprimer les contours des membres du corps hu- main , de rendre chaudement , et avec vérité , ses veines ,:ses muscles, ses articulations , ses reliefs, ses méplats, ses inflexions , ses sinuosités, et qu’un ! 6o Beaux-Arts. bout de draperie lui épargne des mois entiers de travail et d'étude, C’est que peut-être ses mœurs plus sauvages et plus invocentes , sont meilleures que celles de la peinture, et qu’elle peuse moins au moment présent qu'aux temps à venir. Les hommes n’ont pas toujours été vêtus, qui sait s'ils le seront toujours ? La seconde : c’est pourquoi la sculpture ; tant an- cienne que n.oderne e-t-eledépouillé les femmes de ce voile que la pudeur de la nature et Pâge de puberté jettent sur les parties sexuelles, tandis qu’elle la laissé aux hommes ? . A \ Je vais tâcher d’entassrr mes réponses, afin qu’eiles se dérobent les unes par lesautres. La pro preté, l’indisposition périodique , la chaleur du cli- mat, la commodité du plaisir, la curiosité libertine, lusace établi parmi les cour:isannes qui servoient de modèle dans Atkènes et dans Rome : voilà les ra sons qui se présenteront à tout homme de sens, et je les crois bounes. Il est simple de ne pas rendre ce que lou re trouve pas dans son modèle; mais Part a peut-être des motifs plus recherchés. I} vous fera remarquer la beauté de ce coniour , le charme de ce serpentement , de cette lonoue, douce et légère sinuosité qui part de l'extrémité d’une des aines, et qui s’en va s'abaissant et se relevant alternativement , jusqu’à ce qu’elle ait atteint Pextrémité de l’autre: aine. Il vous fera sentir que le chemin de cette ligne , inBniment agréable, seroit rompu dans sou cours par ne touffe interposée ; que celte touffe isolée ne se lie ärien, et fait tacle dans la femme, au lieu que dans l'homme , cette espèce de vêtement naturel d'ombre, l Salon de 1765. 6x assez épaisse aux mamelles, va, s’éclaircissant à la vérité, sur les flancs et sur les côtés du ventre ; mais y subsiste cependant , quoique rare, et va s’inter- rompre, se rechercher elle-même, ylus serrée, plus fournie autour des parties naturelles. IL vous montrera ‘les parties nature les de l’homme, dé- pouillées conme unintestin grêle , ua ver d’une forme déplaisante. La troisième : pou quoi les anciens n’ont-ils jamais drapé leurs fig res œu’avec des linges mouillés ? C’est que , quelque peine que l’on se donne pour caractériser en marre une étofle, on n’y réussit ja- mais qu'isparfaitement ; qu'une étoffe épaisse et grossière dérobe le nud que la sculpture est plus jalouse encore de proroncer que la peinture, et que, quelle que soit la vérité de ses plis, eile conservera je ne sais quoi de lourd’, qui, se joignant à la nature, CRE de la pièrre , fera prendre äu tout un faux air de 9 Ï rocher, La quatrième : Pourquoi le Laocoon a-t-il la jambe raccourcie plus longue que l’autre ? C’est que , sans cette incorrection hardie de dessin H la figure eût été déplaisante à lPœil; c'est qu'il y a des effets de nature qu’il faut ou pallier, ou négliger. J'en apporte un exemple bien commun et bien simple , dans lequel ie défie le plus grand artiste de ne pas pécher contre la vérité ou contre la grace. Je/suppose une femme nue , assise sur un banc de pierre. Quelle que soit la fermeté de ses chairs, cer- tainement le poids de son corps, appliquant forte- ment ses fesses contre la pierre sur laquelle elle est 62 | Beaux-Arts. assise , elles boursoufleront désagréablement par les côtés, et formeront jar derrière le plus ini pertinent bourreie! qu’on puisse imaginer : et l’arrète du banc ne tracera-t-elle pas à ses cuisses, en dessous, une très-profoude ettrès-vilaine coupure ? Que faire done, alors ? Il n’y a pas à bilancer ; il faut ou fermer Les yeux à ces effets, et supposer qu’une femme a les fesses aussi dures que la pierre, et que l’élasticité de ss chairs ne peut étre vaincue par le poids de son corps, CE qui mest pas vrai, où jeter tout autour de sa fiaure quelque draperie qui me dérobe en même-, temps et leffet désagréable , et les parties de son corps les plus belles. La cinquième , c’est : quel seroit l’effet du coloris le plus beau et le plus vrai de la peinture sur une statue ? Mauvais, je pense. Premièrement, il n’y auroit autour de la siatue qu’un seul point où ce coloris seroit vrai. Fin second lieu, il n’y a rien de si déplai- sant que le contraste du vrai mis à côté du fau: , et Jamais 'a vérité de la couleur ne répondra à la vérité de la chose. La chose , c’est la statue s'ule, isolée, soli-le , prête à se mouvoir, C’est comme le beau : point de Hongrie, de Roslin , sur des mains de bois; son beau satin, si vrai , sur des figures de mpnrequin. Créusez l’orbite des veux à une statue , et remplissez- Ja d’un œil d’'émail ou d’une pierre coloriée , et vous n'en supporterez plus l'aspect. C’est ce que les an- ciens n’gnoroient pas. On voit même, par la plu- part de leurs bustes, qu’ils aimoient mieux laisser le globe de l'œil uni et solide , que d’y tracer Piris et fie LC mn 5 _ LA Salon de 1765. 63 ®@y marquer la prunelle, et qu'ils préféroient de laisser imaginer un aveugle , à Pinconvénient ce montrer un œil crevé. Et n’en déplaise à nos mo- dernes, les anciens me paroissent , en ce point , d’un goût plus sévère qu’ils ne Pont. La peinture se divise en ihecnique et idéale, et Pune et l’autre se subdivisent en peinture en portrait, peinture de genre, et peinture historique. La sculp- ture comporte à-peu-près les inêmes divisions, et de même qu’il y a des fermes qui peignent la tête, je ne trouverois point étrange qu’on en vit paroître incessamment une qui fit le buste. Te marbre, comme on sait, n’est que la copie de la terre cuite. Quelques-uns ont pensé que les anciens travailloient d’abordle marbre ; mais je crois que ces gens-là n°y ont pas assez réfléchi. : Un jour que Falconet me montroit les morceaux des jeunes élèves en sculpture , qui avoient concouru “pour le prix, etqu’il me voyoit étonné de la vigueur d’expression et de caractères, de la grandeur et de la noblesse de ces ouvrages sortis de dessous les mains d’enfans de dix-neuf à vingt ans ; attendez-les dans dix ans d'ici, me dit-il, et je vous promets qu’ils ne sauront plus rien de cela. C’estque les sculpteursont besoin plus long-temps encore du modèle que les peintres, et que, soit paresse, soit avarice ou pau- vreté, les uns et les autres ne Pappellent plus, passé quarante-cinq ans. C’est que la sculpture exige une “simplicité, une naïveté , une rusticité de verve qu’on ne conserve guère au-delà d’un certain âge ; et voilà. la raison pour laquelle les sculpteurs dégénèrent plus Ca 64 | Beaux-Arts. vite que les peintres, à moins que cette rusticité ne leur soi: naturelie et de caractère. Pigal est bourru , Falconet l’est encore davantage; ils feront bien jus- qu'à la fin de leur vie. Si vous rencontrez un sculp« teur poli, doux, maniéré, honnête, dites qu 11 est et qu'il restera médiocre. Le plasiat est aussi possible en sculpture ; mais il est rare qu’il soit ignoré. Il n’est ni aussi facile à pratiquer , ni aussi facile à déguiser qu’en pein- ture. Lss GRAVEURS. Si vous pensez, mon ami, que parmi cette mul- titude innormbrable d'hommes qui tracent des carac- tères alphabétiques sur le papier, il n’y en a pas un qui n’dit sa manière d’écrire assez différente d’un aulie, pour cu’un expert, qui sait son métier, n’en puisse aitester par serment, et former la sentence du juse , vous ne serez pas surpris qu’il n’y ait pas uu graveur qui nait un burin et un faire qui lui soient propres. Et vous ne le serez. pas davantage, que Mariette reconno'sse tous ces burins et faires particuliers, lorsque vous saurez que Jaquemin , Lempereur, ou tel autre joaillier du quai des Or- févres ,a si bien dans sa tête toutes les pièces de quelque importance, cwil a vues dans l: commerce, ew’on chercheroit vainement à les déguiser à son œil expérimenté, en les faisant repasser sur la meule du lapidaire. 5 " I! y auroit un moyen de se connoîitre assez prompte- meui en gravure. Ce scroit de se composer un porte- feuille Re bn ti de , Salondexr65. 65 Yeuille d’estampes choisies pour cette étude ; et ne croyez pas qu’il en fallüt beaucoup. Le seul portrait du maréchal de Harcourt, aw’on appelle le Cadet à la Perle, vous apprendroit comment on traite la plume, la chair, les cheveux , le buflle, lasoie, la broderie , le linge, le drap, le métal et le bois. Ce morceau est de Masson , et il est d’un burin hardi, Ajoutez -y les pélerins d’'Emmaüs, qu’on appelle La Nape. Ramassez que'ques morceaux capitaux d’Edelink, de Vischer, de Gérard Audran, etc. ; n’o- mettez pas sur-tout /a Vérité portée par Le Temps, de ce dernier. Ayez pour les petits sujets queluues estampes de Calot et de Labell:. Ce dernier.est riche et chaud ; et puis exerc:z vos yeux. En attendant que votre porte-feuille soit formé , je vais vous ébau- cher les prem'ers linéamens de l’art. On grave sur les métaux ; sur le bois, sur la pierre, sur quelques substances animalés, sur le verre, en creux et en relief. Sculpter , c’est dessiner avec l’ébauchoir et le ci- seau ; graver, C’est dessiner, soit avec le burin, soit avec le touret ; ciseler, c’est ‘'essiner avec le mattoir et les ciselets. Le dessin est la base d’un grand nom- bre d’arts ; et il est acsez cormuu de dessiner facile- ment avec quelques-uns de ces instrumens , et de s’en acquitter médiocrement avec le crayon. Toutes ces manières de dessiner font le sculpteur , le modeleur, le graveur en taille douce, le graveur en bois, le graveur en pierra fine, le sraveur en médailles , en cachet , et leciseleur. Il re s’agit ici que du traduc- teur du peintre , du graveur en taille douce. Tome IIZ, E 66 ._ Beaux-Arts. Le graveur en taille douce est proprement un pros sateur , qui se propose de rendre un poëte d'une langue ‘ daus une autre. La couleur di paroit; la’ vérité, le dessin , la composition , les caractères, l'expression restent. Il est Bien sinoulier et bien fâcheux que les Grecs, qui a oient la gravure en pierre.fine, n’aient “pas songé à la gravure en cuivre. Ils avoient des ca- chets qu’ils imprimoient sur la cire , et il ne leur vint point en pensée @étendre cette invention, Songez qu’elle nous auroit conservé les chefs-d’œuvres, en peinture , des grands maîtres de Pantiquité. Deux découvertes qui se touchent dans l'esprit humain, sont quelquefois séparées par des siècles. La gravure tue le peintre qui west que coloriste ; la traduction tue l’auteur qui n’a que du style, En qualité de traducteur d’un peintre , le graveur doit montrer le talent et le siyle de son états On ne crave point Rapha Il comme le Guerchin, le Guer- chin comme le Domiriquin , le Doiminiquin comme Rubens , ni Rubens comme Mic'el-Anse. Lorsque le graveur a été un homr'e intelligent, au premier asp ct de le:tumpe , la manière du peintre est sentie. Entre les peintres , l’un:demancle un Eurin franc, une touche hardie , un ensemble chaud et libre. Un autre veut être plus fini, plus moëlleux , plussuave, plus fondu de contours, et der ande uñe touche plus indécise : et ne croyez pas que ces ner soient incompatibles avec la bonuesravure. L’esquisse même a sa manière, qui west pas celle de Pébauche. “PAP Salon de 1765. 67 \ Si quelques ‘principes réfléchis n’éclairent pas le +. graveur, s'il ne éait pas analyser ce qu’il copie, il j n'aura jamais qu’une rouline qu'il mettra à tout ; et pour une estampe passable, où sa routine s’accordera avec la manière du peintre , il en fera miile mau- vaises. Lorsque vous jetterez les yeux sur une gravure, et que vous y verrez les nêmes objets traités di: erse- ment, vous n’attribuerez donc pas c?tte variété à un goût arbitraire , b'zarre et fantasque. C’est une suite du genre de peinture ; c'est la convenance du sujt, C’est qu’un même genre de peinture, un mê resujet, ont offert des oppositions , dés tons de couleur, des effets de lumière , qui ont entrainé des effets opposés, ? . Ne pensez pas qu’un graveur rende tout également bien. Baléchou , qui sait conserver à ses eaux la transe parence des eaux de Vernet ; fait des montagnes de velours. IN’estimez ni un travail propre, égal et servilement conduit , ni un travail libertin et dér'elé. Iln’y a là que de la patience ; ici, que de la paresse, ou même de l’insuffisance. Il y ades artistes qui affectent une gravure losange; d’autres, une gravure carrée. Dans la gravure los sange , les tailles dominant s, «ui établissent les formes, les o:bres ou les demi-lcintes , se croisent ob! iquergent:. Dans la grâvure carrée , elles se cou- pent à angles droits. Si lon place les unes sur les autres, des tailles trop losances, ces fieures trop alongées en un sens, trop étroites dans l’autre, pro- duiront une infinité de petits blancs qui s’eufileront: E 2 68 Beaux-Arts. 1 We: \ de suite , et qui interrompiont , sur-tout dans leg : masses d'ombre, la tranquillité et le sourd qu’elles demandent. Les uns £ravent serré ; d’autres sravent làche. La gravure serrée peint mieux, et donne de la douceur, La gravure lâche alourdit, ôte la souplesse et fa- tigue l'œil, Ce sont deux étoff:s, l’une tramée gros, et l’autre tramée fin. La dernière est la précieuse, C’est par les entre-tailles qu’on caractérise les mé- taux , les eaux, la soie, les surfaces polies et lui- santes. Il y a des tailles en points; il y a des points semés dans les tailles. Les points empâtent les chairs. Il y a des points ronds et des points couchés qu’on entreméle selon les effets à proûuire. Si l’on forme, avec une pointe aïguë, des traits ou des harhures, sans recourir à l’eau-forte ni au burin , cela s'appelle sraver à la pointe sèche. La pointe sèche ouvre le cuivre, sans en rien détacher. On l’emplote dans le fini, aux objets les plus tendres, les plus légers, aux cie's, aux lointains; et son tra- vail, contrastaut avec celui de leau-forte et du butin, est toujours heureux et piquant. Fe Si, dans la gravure à l’eau-forte, cette esclave ca- pricieuse du graveur a tracé un EE peu profond, et qui ait encore le défaut d’être plus large que pro- fond , attendez-vous à voir cet endroit ris, relative- ment au travoil du burin. L’eau-forte fait la joie ou le désespoir de l’artiste, dont elle allonge ou abrège J'ouvrage , tandis qu’il dort. Si elle a trop mordu , et que la taille soit aussi profonde que large, cette taille prenant autant de noir dans son'milieu que sur TA Salon de 1765. 69 ses bords , le pauvre irprimeur en taille douce aurai beau fatiguer son bras et - user la peau de sa main à frotter sa planche, le ton sera aïgre, noir, dur » sur-tout dans les demi-teiites. S’l arrive aux tailles de pr ndre trop de largeur , les espaces blancs, resserrés , se confondront, Tout le travail du Eurin n’empéctera ni l’acreté ni les crèvasses. Que l'artiste tienne ses lunicres larges, il sera toujours le maitre de les restreindre. Si vous «tlachez vos yeux sur use gravure faite avec intelligence , vous y discernerez la taiile de Pébauche domiuante sur les travaux du fini. Ce sont les secondes et troisièmes tailles qu; donnent a la peau sa mollesse. Voiez les points se ress.rrer vers les ombres ; voyez-les s’carier vers la lumière. Regardez chaque point ‘omme un rayon de lumière éteint. Les points ne se sèment pas ind s- tinctement ; ils correspondent toujours à ‘’iutervalle vide et blanc de deux points collatéraux. Laissez-moi dire, mon ami. C’est à l’aide de ces petits détails techniques que vous saurez pourquoi telle estam;e vous plaît, telle autre vous déplâît, et pourquoi votre œil se récrée ici et s’'afïhse là. Porter les touches à leur dernier degré de vigueur, est le dernier soin de l'artiste. Un principe commun au dessin , à la peinture et à la gravure , c’est que les plus grands bruns ne peuvent être aments que par gradation. , L'eau forte est heureuse , lorsqu’elle laïsse peu d’ouvrage au buria , sur-tou dans les petits sujets. Le burin , grave et sérieux ,ne badine pas comme la E 3 70 Beaux-Arts. pointe. Qu'il ne se mele que de Pa-cord général, Je dirai au sraveur : que les formes soient bien rendues par vos tailles; que celles-ci se dégradent donc scrupuleuse ::ent selon les plans des objets. Que celles qui précèdent coromandent toujous celles qui suivent. Que les endroits de demi-leinte auprès des lum'èrer, coient moirs chargés de tailles cue les refleis et les ombres. Que les premières, secondes et troisièmes {essent avancer ou fuir de plus en plus. Que claque chose ait son travail propr& Que la figure , le paysage, Peau j les draperies , les métaux en soicnt caractérisés. Produisez le plus d’eflet avec le moins de copeau’. Un mot encore, mon ami, de la gravure noire et de la gravure au crayon, et je vous laisse. La gravure noir: consiste à couvrir toute une surface de petits joints noirs qu’on adoucit , afloib'itsamollit, efface. De-là lesomires, les r.flets , les teintes, Îles deini-teintes , 16 jour et la nuit. Dans la tatile-douce , tout est éclairé ; le travail introduit FPombre et la nuit. Dans la gravure noire , la nuit est profonde, le travail fait poindre le jour dans cette nuit. La gravure au craÿon est l’art d’imiter les dessins au crayon. Belle invention, qui a sur tous les genres de gravures, lavantage de fournir des exemples à copier aux élèves. Celui qui dessine d’apres la taille- douce, se fait une manière dure, sèche et arrangée. Le procédé de gravure au crayon, diffère peu de celui de la manière noire. Ce sont des points variés, sans ordie, qwon laisse séparés ou qu’on unit en les écrasant; travail qui imite la neige, et Salon de 1765. 7 donne à l'estampe l’air d’un papier sur les petites éminences dnquel le crayon a déposé sa poussière. C’est un nommé Francois qui Pa inventée ; celui qui l’a perfectionnée s’appelle Marteau ou Des- marteaux. La gravure conserve et multiplie. les tableaux ; la gravure au crayon multiplie et transmet les dessins. Je ne dirai de la gravure en médailles , qu’une chose , c’est que la gloire des souverains est intéressée à l’encourager. Les beaux médaillons, les belles monnoies, donveront un plus grand lustre à leur règne, Plusils auront exécuté de grandes choses , plus 1is ont droit de penser que les hommes à venir seront curieux de voir les ima;:es de ceux dont l’histoire leur transmettra les haut faits. VO ARPOUAELAG: VorAcEs chez différentes nations sauvages de lA- merique septentrionale ; renfermant des détails cu- Ticux sur les mœurs > USAGES, cérémonies religieuse: , le système militaire etc: des Cabnuagas , des Indiens des cing et six nations » Mohawgks, Connecedagas > ‘lroquois | ‘etc. : des Indiens Chippeways » él AUTES sauvages de diverses tribus ; Sur leurs langues , les Pays qu'ils habitent | ainsi que sur le commerce de belletéries ct fourrures qui se fait chez ces Peuples , avec un état exact des Postes situés sur le Jleuve Saint-Laurent s le lue Ontario, etc. etc. ; par J. LONG, trafiquant et inécrprète de langues indiennes ; traduits de l'An- glais, avec des notes et additions intéressantes , far F9 Pr 2 Bizrecocg, citoyen français. À Paris. chez 'Prault, ‘Taie » Imprimeur , quai des Augustins , à l'immortalité s N.9 44: et chez Fucbs, libraire . même Quai, au coin de la rue Git-le-Cœur, N.° 28 « deuxième année de l'ère républicaine, in-8.e de 320 pages , avec une caïte géographique. Lez citoyen Billecocq, traducteur francais de ces intéressans voyages, donne , dans une préface rai- sonnce , l’énumération des principaux ouvrages pu- bliés sur l'Amérique septentrionale ; il en apprécie judicieusement le mérite ; Mais ne dissimule pas que Amérique septentrionale. 73 les voyages de J. Long ne sont pas moins dignes de l’attention du public. Un Européen , dit-il, sorti, dès sa jeunesse, du pays qui l’a vu naitre, pour aller trafiquer avec les sauvag®s ; encegé, Far Les besoins mêmes d° sa profession, à vivre long-ieins au milieu d'eux ; doué d’ailleurs de cet espr't d’ob servalion si nécessaire à celui qui visite des cirmats : ‘habités parles hommes de la naturc; cet Européen, dis-je , n’a pu composer qu’un journal singulièrement curieux. L'objet seul de ses courses longues et pé- rilleuses , l’état qu’il avoit embrassé, la mis à portée d'acquérir et de répandre des eonnoissançes tout-ü fait neuves sur le commerce de pelleteries et fou- rures qui se fait avec les iudiens de Amérique sep- tentriouale ; et son ouvrage auroit déjà, sous ce rap- port, des droits à la curiosité publique. Mais J. Long ne s’est pas borné à des détails de commerce ; quoique fort intéressans par eux-mêmes ; son journal est rem- p'i d'instructions utites sur les mœurs, les usages » les opinions relisieuses et politiques, les cérémonies y les jeux même des divers tribus de ces peuples parini lesquels il a vécu. On y lira, avec intérét, Pliss toire simple de ces hommes qui doivent à l’orgueil des nations de l’ancien continent, plus peut-etre qu’à leur vie grossière, le nom de sauvages, dont la"plupart démentent souvent par des actions nobles et touchantes, cette injurieuse dénomination. On admirera dans les idées de plusieurs de ces peupies nés bons, et qui ne deviennent féroces que dans l'excès du rhuin, cette liqueur , préseni fatal des Euro- -péens; dans la simplicité de leurs hommages à la divie 74 Voyages. mté et du culte par lequel ils henorent «a puissances dans leur amour de P’indépendan :e ; dans leur ma= gnanime mépris des tourmens et de la mort; enfin , dans presque toutes les circonstaices de leur vie , des princ'pe: purs des effets sulimes qui rendent plus sensibles eucore le cont aste remarqué depuis Jon:-temps, des {umières et des mœurs des nations civilisées. Le si;l2 de J. Long est toujours celui qui appar- tient au suje! qu’il traite; ses descriptions sout pitlo= resques Coinme les lieux mêmes, ses discussions rem plies diutérét. La morale, la politique , l’histoire natu ele, tout est de son ressort ; toujours quel- qu’anec ote, touchante on récr'ative, est entre- melée au récit de ses voyages. Souvent encore il sarrète et fixe l’aitention du lecteur, par des ré- flexions pleines d’une douce morale , qui reposent Fame et plaiseat à Pesprit. En un mot, il raconte comme 31l a vu, s’e> prime comme il a senti, sans prétention, sans exagération, observateur attentif, écrivain sincère. , J. Long commenca ses voyages en 1768, et les termina en 17073 ils furent imprimés en 1795. L’on ÿ. irouve, dans une distribution méthodique de seize chapitres, non-seulement tous les o! jets précédem= ment détaillés, mais encore ce qui lui est arrivé depuis son départ de l’Angleterre jusqu’à son séjour dans le pays des sauvages ; ses amples observations portent spécialement sur le commerce, le caractère , les inclinations , le courage, l'habitude, les coutumes, la population, la chasse, la pêche , la religion, les Amérique septentrionale. 75 alimens, les vêtemens, la parure, les établissemens, la navisation , la danse, les animaux sauvages, et la galantrie de ces diverses hordes de sauvages. Parmi tant d'objets curieux, il ne faut rapporter que des traits et des fragmens capables et dignes de fixer - Paitention des lecteurs, Je viens précédemment de citer le rhum , comme liqueur nuisible à ces Aommes de la nature. Il est devenu aujourd’hui ua objet essentiel et mème indispensable dans tous les traïtés avec ces peupies- Ils se plaignoient autrefois assez souvent, de ce que les trafiquans introduisoient parmi eux des liqueurs fortes dont l’usage étoit dangereux pour les jeunes geus, et cependant ils n’ont pas pris encore, jusqu’à présent, le parti de se les interdire. Ils s’en sont même fait une telle halitude , une telle n‘cessité , qu’ils regardent comme chose indispensab!e dans tout échange, de s’énivrer, et se livrent d'avance aux charmes de.cette ivresse avec un extrême p'aisir. Le scalpage, genre de supplice particulier aux aux Indiens, est d’une atroce barbarie. Quand ils scal- Pen un ennemi mort, ou hors d'état de se défendre, iis lui mettent un . sur le cou, entortillent ses cheveux autour de la main gauche pour retirer la peau qui couvre le sommet de la iéte, et de l’autre . main, tirant de leur sein un couteau qu’ils tiennent toujours en bon état pour faire cette cruelle opéra- tion ; ils enlèvent en deux ou trois coups, donn's avec adresse, tout le péricräne. Ils sont si expédi- tifs, que souvent 'une minute suffit. Si cette horrible opération est exécutée sur un vivant , le patient souffre 76 Voyages. "4 alors d’affreuses douleurs , et cependant ne perd pag toujours la vie. I! v a plus d’un exemple de ersonnes l JAP { P de l’un et l'autre sexe , encore vivantes en Amérique, qui, ayant subi ette opération , porten!i une calotte d'argent ou d’airain sur le som. et de la tête > pour la earantir du froid, jouissent d’ailleurs d’une bonne santé, et ressentén! rarement des douleurs. Lorsqu'un sauvage expire , ayant la chevelure ainsi enlevée ; les [udiens tirent encore parti du cadavre. Ils lP’habilient , le peignent avec du vermilion, le portent ensuite conire un arre avec des armes dans les mains > Pour faire croire anx autres Indiens que c’est un ennemi en sentinelle, Ils enfoncent des pieux à l’entour da cadavre, jusqu'a fleur de terre, de «maniere qu’on ne puisse les apercevoir. Les lidiens Voient un home conire un arbre , et sont inpa- tiens de le faire prisounier. Dans l’ardeur qui les änime , ils se précipitent sur la pointe Ge ces pieux, et se trouvent hors d’état d’av ncer , ils sont bien- tôt faits prisonniers eux-nêmes. L’anecdote suivante démontre les inclinations san- Euinaiies de ces sauvages. Un missiunnaire jésuite , di J. Long , me raconia , à ce sujet , un trait qu’on ne peut entendre sans frémir. « Une femme indienne » aveG lag eile il deïneuroit pendant sa mission, » GOnnoit à imanser à ses enfans, lorsque le mari : » lui a ena un an.lais fait prisonnier ; elle lui coupa » le bras sur-leci amp, et offrit à boire à ses enfans » le sang qui en ruisseloit. Le jésuite lui représenta » la cruauté de cette action ; sur quoi, lui jetant un » 1ecard firouche, je veux, dit-elle, en faire des FC RT 7 2S- l A À | Amérique septentrionale. 77 » guerriers ; je dois donc les nourrir de chair hu- » mäaiue ». Je vais donner un échantillon de la médecine de cesIndiens : « Une jeua e fille indienne tomba malade » très-langereusement ,et privée de prompts secours. » Le médecin qui la soienoit, assura que leinauvais » esprit avoit mis sur elle des griffes d'ours, et que » ses remèdes l’en débarasseroient. On prépara une » cabane , et la jeune fille fut d'pouillée de tous ses* » vétemens, e ceplé Ce sa jupe ; on la peignit en- » suite avec du verinillon , onu la barbou:lia de suie » et de graisse d’ours , et on la fit suer a:ondamment, »ce qui ne tarda pas à caliner son mal. Pexdant » l'opération , le médecin s’adressoit lui - même au » maître de la vie, implorant son secours, et lui » rendant sraces de ce qu’il lui avoit donné les con= >» uoissances nécessaires pour lui rétablir la santé ; »il ordonna ensuite, pour la jeune malade, une » décoct on de racines, et fit ue cure parfaite ». J. Long ne pouvait s'empêcher d'admirer son ha- bileté et sa manière de proc“der , quoiqu’il r’attri- _ bue la guérison qu’à l'aboudante transpiration qu’avoit éprouvée la malade, Aussitôt qu’un enfnt est né, si c’est en été, la mère descend dans l’eau, y plonge lenfant ; elle l’enveloppe dans une petite uverture , l’attache sur une planche, couverte de mousse sèche ; dans la forme d’un fond de corbeille, avec un cerceau sur le sommet, où la tête repose, pour la préserver des injures du temps. En hiver, on l’habille avec des peaux aussi bien qu'avec des lanses. Dans les 78 | Voyages. chaleurs de lété, on jeite uue gaze sur le eune - sauvage, pour le préserver des moustiques , qui sont : très-incommodes dans les bois. La planche sur la- quelle l'enfant est plact, est attachée au front de ? la mère avec un large ceintu:on de laine filée, et lui pend derifère le dos. Parmi les Indiens civilisés jusqnes à un certain point, les femmes nourrisse:it leurs enfans avec une bouillie faite de bled iiden et de lait, si Von peut * s'en procurer; mais dans les parties plus septen- triona'es et plus éloignées des Européens, on subs- titue du riz et des graines sauvages dont on Ô e l’é- core, qu'on pile entre deux pierres , et cu’on fait ® bouillir dans eau avec du sucre d’érable : ce mans” gfT passé pour très-nourrissant , et avec du bouillon* fait de chair d'animaux et de poisson, qu'on est souvent à portée de se procurer, il ne peut manquer de soutenir et de fortifier l’enfaut. l Lorsqu'un Indien desire prendre uné fernme, et Pa déjà choisie dans son cœur, il s'adresse au père de lä jeune fiile, et demande son consentement dans les termes suivans : « Mon père j'aime votre fille: voulez- vous me » l’accorder , afin que les tendres racines de son »* Cour puissent se mêler avec celles du mien , de’ » manière que Le sohffle du vent le plus rude ne les: » sépare jamais ? » Sile père consent , on arrête une entrevue, À laquelle l'amant se prépare par une transpiration. Il paroît ensuile en présence de sa maîtresse, s’assied sur la terre et fume sa pipe ; tout en la fumaut, äl s’oc- Amérique septentrionale. 79 cupe à lui jtér de petits morceaux de bois, d’en- Viron un pouce de longueur , un à un, Jusques au nombre de cent. Autant elle peut en ait a er dans une lasse d’écorce , autant-son amant Coit faire de Présens à son père ; et ces présens, le père les resarde comme le prix de sa filles le Jeune suerrier donne ensuite un re: as auquel il invite touté la fahil'e, Lorsque le festin est termivé, on danse et on chante des chassons de suerre, Après les réjouissances et les échanges de présens entre l’aimant ét jes proches de Sa prétendue , le père les couvre l’un et l’autré d’ure ro e de castor , leur donne un fusil neuf et un canot dé bouleau, et c’ist ainsi que finit la cérémonie, I! me reste à donner quelques fragmens relatifs à l’histoire naturelle de ces contr'es. “1° Sur les b:ncs du Mississipi , vit un animal exlraordina re, tenant du loup et du lion ; par la tête et la taille il re s mb'e au premier, sa queue et ses griffes sont comme cel'es du se ond 5 On assure que cel animal attaque tous les autres, mais on ne dit point qu’il ait ja : ais fait m-1 à l’homme ; il porte au l'uefois sa | roie sur son dos, et, lorsqu'il a sa< tisf it son app‘tt, cache le reste sous des feuil'es ou sous tout au're couvert ; tous les autres alITaux le redoutent à tel Loint, qu’ils ne toucheroient point à uu morceau de sa proie qu’il auroit laissé ; cet animal tient du tigre , r ais plus pelit e! moins tacheté , il est connu pour être la panthère ( felis pardus , L. ). 2.° Le castor ( castor fiber ) est'un animal cu- rieux ; on le voit rarerrent pendant le jour ; il quitie * 80 Voyages. son habitation après lé coucher du soleil, et sort, soit nour travailler, soit pour chercher sa nourriture. I choisit anssi ce moment pour se baicner. Mais la ‘singularité la plus remarquable de cet animal, est qu’il laisse toujours renoser sa queue dans Pau, afin d’empécher qu’elle ne devienne roide. Sa chair est très-Lonne , soit bouillie, soit rôt'e ; mais la meilleure partie, c’est la queue. 8.9 Le grand ours blanc, communément appelé l'ours terrible ( wrsus maritimus , Li) (1). Lorsque les Indiens veulent en faire la chasse, ils vont ordi na remeut sif où huit par bandes ; des Pinstant qu’ils en voient un, ils tâchent de l’entourer en formant un grand cercle ; s’il est en marche, ils t'rent dessus ; mais on le trouve le plus souvent , en hiver, oc:upé à smcer ses griffes ; dans ce cas, ils Paporo- chent de plus près, et forment un double rang pour que l’arimal puisse le traverser. Un des assaillans est envoy% alors hors des rangs ; il tire sur l’ours, et Je blesse assez ordinairement , ce aui extite l’animal à poursuivre Indien, qui prend alors sa course à travers les rangs, et le resie de la bande tire sur Panimal et l’a bientôt expédié. 4. Le buffle ( bos bubalus , 1.) est un animal dune force extraordinaire 3 les [Indiens disent que sa tête est à l'épreuve des bo:lets ; ils ne tirent donc jamais que sur le corps de cet animal, diriseant toujours leurs coups vers le cœur. Lorsaw’ils sont à (1) On voit deux ours marilimes vivans , à la ménagerie pativnale ou muséum d'histoire naturelle. sa Amérique septentrionale, 81 sa poursuite, ils construisen! en différ. ns endroits de petites cabanes. de neige d'à-peu-près un mille, de chaque côté de la route. Dans chacune de ces huit:s se tient un Indien ariné d'un ar: et de flèches, pour tirer sur l’auimal à ‘on passase. Ts préferent ce moyen à la poudre et aux Lalles, en ce qu’il n’effraie point le reste du troupeau. La neige empéche le buffle de sentir l’Indien; quoiqu'il ait Podorat très- fin et très-pénétrant. A Pinstant où Panimal tombe, ils l’achèvent-ave le1r hache d’ar ne. | Indépendaimment de ces mammifères , ces contrées oflrent aussi le renne, le daim; le lynx, le renard, Pécureuil, le pêcheur , la loutre, le wartin, le chat sauvace, leraton, le loup, le rat musqué, etc. 5. Le lumme { colymbus troile ; L. ) est un oiseau très-remarquable par la conformation de ses pieds. ; ïis sont faits de manière qu’il peut à -peine marcher. C’est pourquoi on le voit rarement sur terre. Par le temps caline, il s'élève de l’eau avec beaucoup de peine , #t vole come poussé par .e vent dont il s:mb e avoir besoin. Le moyen ordinaire emp'oyé par les Indiens ponr tu°r ces oiséaux, est de placer une grande branche à la tête du canot, pour se cac! er eux-mêmes et se glisser tout douce- ment près le lieu où ils son. Lorsqu’ils se trouvent à une distance corivenable , ilstirent leur coup, souvent sans succès. la précaution que cet o seau met à se montrer le rendant très-difficile à tuer. Tis font sé- cher la peau qui est très-dure et très-épaisse, et s’en servent comme de fourreaux pour leurs fusils , afin de les préserver de l’humidité. Tome IIL EF 82 | Voyages. Des notices sur les serpens à sonneltes et sur plu: sieurs autres de ce On sont également intéres- santes ; enfin le tout réuni présente un volume très- curieux , propre à tenir place dans les collections utiles. WILLEMET. _ BLOGR APHFE HisrTorre D’Orrvrer Cromrrerz , par Jeupyr Ducour , 2 vol. in-16. Paris , l’an troisième de la République. Chez lauteur rue Jacques , hôtel de Lyon, et Gaboï, libraire , rue des Cordeliers ; prix 6 liv. pour Paris, 7 liv. pour les départe= mens, et 60 liv. en papier velin. IL n’y a point de suiet qui ait plus exercé la plume des historiens , que la vie de Cromwell. Leti, Raguenet, John Banck l’ont écrite avec beaucoup de details ; et dans toutes les histoires du temps où il a vécu , on tronve toujours un long article con- sacré à décrire les actions de cet usurpateur. On a aussi publié différens ab égés de & s ouvrages : le dernier , qui paruten 1789 , ‘ous ce titre : Core obtnt assez de succès : les faits y étoient présentés avec ordre et d’une manière vive et piquante. Cette époque de l’histoire d'Angleterre a trop de rapport avec celle où nous vivons, pour ne pas être souvent rappelfe et citée : mais peut-elle être elle- même écrite avec sincérité ? Pas plus que l’histoire contemporaine , par cela seul qu’elle offre avec elle Vie de Cromrrell. , 83 beaucoup d’identité. L'auteur du livre intitulé Crom- well , semble avoir eu pour objet de le comparer avec un homme ‘d'état dont ambition paroissoit alors à redouter. Le C. Jeudy Dugour d'r'ge sa comparaison sur un autre ambitieux qui a péri av-c les siens, à la suite de la révolution cu 9 thermidor. Nous en concluons que jamais époque ne fut moins favorable pour écrire cette histoire, que celle où l’historien ne peut pas se déjouiler entitrement de toute es- pèce de partialité. L: C. Jeudy Dugour a eu pour objet de réunir dans un petit espace tous les événemens de ce temps mémorable. Les faits sont tracés avec c'arté , et l’ou- vrage divisé avec m thole. Le style de la narration est facile; simple et rapide , et se fait lire avec in- térèt. Les réfl xions dont il a semé son ouvrage, sont justes , mais peut-être pas exprimées d'une mauière assez piquante. Les vimiés les plus communes sont assurément les plus utiles; mais elles ont au moins besoin d’être rajeunies par l’expression. Aïnsi, cette pensée ne me paroît [as exposée d’ine manière assez neuve: « Pour assurer leur empire, les tyrans veu » JL nt toujours abrutir les peuples ; ils sent:nt “u’ils » ne peuvent dormir en repos que lorsiu’ils ont ré » pandu sur eux un éalisman dimiéce llité ». Cutre que Pon ne répand pas un lalisman, cette pen ée a été reproduite vingt fois, et toujours d’une facon plus neureuse, « Il est bien peu d'exemples dans l'histoire, que » les armées aient négligé de profiter d’s d sordres F 2 64 . … Biographie. > d’un état: elles l’ont toujours nés dans les fers j » lorsqu’elies se sont éru assurées du ‘succès ». On asservit un état, mais On ne le met pas dans les fers. Malgré ce défaut; lPouvrage du: citoyen. Jeudy Dugour a le mérite de rassembler , en‘peu de mots , ce aw’il importe le plus de savoir sur cette époque : dé l’histoire d'Angleterre’, à la réserve de la terrible catastrophe de Charles L.°* , sur laquelle il'a passé un peu irop légèrement; sacrifice qu'il s’est eru, sans doute, obligé de faire au temps où il écrivoit, ef ‘qui confirme notre précédente observation. Il a re- produit, à la fin du second volume, quelques pièces ét anecdotes intéressantes ; telles que le préambule de l’acte d’accusation qui nommoit les juges de Charles IL.er ; — l’arrété de la chambre des com- munes pour labolition de la monarchie en Angle- terre 3— la déclaration de Cromwell pour le soula- gement des débiteurs dans le royaume d’Ecosse ; __ la déclaration et les ordonnances de Cromwell , sur un jeûne d’action de graces pour la conclusion de la paix avec Îles Provioces-Unies. — Des extraits de Pouvrage intitulé : Killing no Murder. Ces deux petits volumes sont d’un format portatif , joliment imprimés, avec dés fleurons , et précédés du portrait de Cromwell. A. EL. M, NOTICE SUR PIERRE LYONET. Pauz HEenrr MarroN, aux rédacteurs duw | Magasin Encyclopédique. , * ” : Le citoyen Bres vous a adressé, Citoyens, une notice très-curieuse des manuscrits de Lyoneé, et vous l’avez insérée dans le 6.° N.2 de votre journal. Il annonce un éloge historique de ce savant naturaliste, qni sera placé à la tête de ses œuvres posthumes: En attendant qu’elles paroissent, jai cru que vous accueil- lcriez avec plaisir un court articie de biographie, qui, en faisant connoitre plus particulièrement à vos lec- teurs mon illustre compatriote, rendra d’autant plus empressé le desir de, l'entière publication de ses mo- numens littéraires. Pierre Lyonet naquit à Mastricht, le 2r juillet 1707. Son père, Benjamin Lyonef, étoit pasteur de lég'ise française de Heusden. La famille Zyonet, ancienne et distinguée dans la ci-devant province de Lorraine , en fut expulsée par les persécutions reli- gieuse des 16.2 et 17. siècles. à Par des soins bien entendus, la première éducation de Pierre Lyonet eut pour objet la formation de son tempérament et le développement de ses forces phy- siques. La nature Favoit doué d’une constitution ro- buste , et il se distingua , dès l’enfance , par sa souplesse et «on agilité dans tous les exercices du corps. Bientôt lPétude des langues eut pour. luisun attrait particulier Au Lout de son cours académique , à la counoissance F 3 L'ETer Biographie. de sa langue maternelle il avoit ajouté celle de huit auires , tant vivantes qne mortes. Destiné au m ristère sacré , il apprit le latin, le grec et l’hébreu , qui font essentiellement partie, en Hollande , des études to» logiques. Le francais, l'italien, lPe:pasnol. Pallemand et l'anglais lui devinrent aussi très-faruiliers. L! cu!- tiva ave: succès les sciences exactes ; enfin les aris ne lui furent point étrangers, et il fit même des progrès peu commun dans ceux de la musique , du dessin et de la peinture. La sculpture en bcis eut son tour. On conserve de lui un ouvrage cité comme un chef- d'œuvre (1). C’est un bas-relief en buis, représentant Apo lon et les Muses. Parvenu au terme de ses études théologiques, il se décida à entrer dais une autre carrière, savoir, celle de la jurisprudence. Il s’y livra avec tant d’ardeur, qu’au bout d’un an, il prit ses degrés en droit; etil publia, à ceite occasion, ne thèse académique sur Le légilime usage de la question ou de la torture , estimée comme un des meilleurs traités sur cette matière, Après avoir, pendant quelque temps, suivi le barreau à La l'aye ,il fut nommé secrétaire des chiffres de Leurs Hautes-Puissances, ainsi que leur traducteur juré pour le latin et le français, et chargé de l’expé- dition despaten'es émanées d'elles. Ce fut à cett’ époque , que le coût de Phistoire na- turelle , et spécialement Pobservation' des insectes, (1) Le peintre Fangool l’a qualifié ainsi dans son Nouveau Théâtre des peintres bataves. ( En hollandais Jt. IE, à l’art. Lyonét, | ) : | "R : Iotice sur la vie et les écrits de Lyonet 87 devint en lui une sorte de passion. flentreprit décrire l’histoire des insectes qui se trouvent dans Les environs de La Haye. Je n’ajouterai rien à ce que l’auteur de la notice de ses manuscrits vous a marqué sur l’étonnante perfection à laquelle il a porté ce travail. 3 I! enrichit de notes savantes et de deux planches gravées d’après ses dessins, là Iraduction française de la théologie des insectes par Lesser , qui parut à La Haye, en 1742. Ces notes, bien plus que le texte, engasèrent Réaumur à réimprimer cet ouvrage à Paris. | En 1744, parurent à Leide les Mémoires de Trembley , pour servir à l’histoire d’un genre de polypes d’eau douce. Cet ouvrage, au-dessus de tous les éloces, a fait époque dans son genre. Lyoneë entre en légitime partage de la gloire de son auteur, pour la manière dont il a dessiné et gravé les figures qui l’accompagnent. }Wandelaar , artiste distin- gué (1), avoit gravé les cinq premières planches ; mais les difficultés et la lenteur qu'éprouvoit ce tra- vail, ayant épuisé la patience de Lyonet , celui-ci osa lui-méme s’armer du burin , instrument absolument nouveau entre ses mains inexpertes. [Il ne prit de Wandelaar qu'une seule lecon d’ure heure ; mais lardeur qu’, mit à son entreprise, fut le gage du succes. Les huit dernières planches ne déparcillent pas les cinq premières. Trembley , dans sa préface, a rendu justice à son collaborateur. () L’anatomie lui a sur-tout des obligations pour Les planches dontilaenriehiles ouvrages du célèbre B.S. Albinns. F 4 88 Biographie. La société roxale de Londres le mit au nombre de ses membres ,'en 1748. | Il commença à former, en 1749, sa collection de coquilles, qui ne tarda pas à devenir une des plus riches de PEurope. La société hollandaise des sciences, siégeant à Harlem , se l’assrégea en 1753, et celle de Rouen, en 1757. Lecat , fondateur de cette dernière, s’ho- nora d’en ouvrir les portes à Lyonet , dont il avoit eu occasion de voir en manus-rit le Traité anatomique de la chenille qui ronge Le bois de saule. Cétie production , aussi étonnante par son origi- palité, que magnifique dans son exécution , parut à La Haye, en 1764. Je renvoie vos lecteurs à ce que l’estimable Brez en a dit dans sa notice. Les académies de Berlin, de Vienne et de Péters- ourg inscrivirent sur leurs dyptiques le nom de Lyonet, en 1769, 1761 et 1762. | L'auteur de la notice a rendu compte des autres projets entomologique: que concçurent le génie et la patienre de cet imnumortel Batave. Ses œuvres pos- thumes ajouteront un nouveau fleuron à sa couronne. Puissent les vœux des naturalistes en hâter la publi- cation, ains que celle de sa correspondance ! Ce qui a emyeéché Zyonet de mettre lui-même au jour la dernière partie de ses recherches et de ses dé- couvertes, ce fut un accident qui, à Pâce de 60 ans, lui survint à la vue. Elle en resta affciblie au point qu’il lui fut impossible de continuer , au gré de ses desirs, ses infatigai lee travaux, On le verra aussi, dans la préface de son Ana- Notice sur la vie etles écrits de Lyonct. 89 tomie de La chrysalide et de la phalène, se plaindre des tracasseries et des chagrins qu’il éprou a dans ses occupatiops politiques, et dont les d'tails nous sont inconnus. Pendant les r5 ou 20 dernières années de sa vie, en même temps qu’il enrichissoit ses autres collections , il forma un cabinet de tableaux, qu’il a portés au nombre de 560 pièces. Il y trouvoit le charme des ennuis de sa vieillesse : le choix faisoit honneur à son goût. Tous les amis des sciences et des arts avaient des droits à son amitié, et étoient sûrs d’être bien reçus chez lui. Dans tous les âges de sa vie, ses mœurs furent irréprochables. Scrupuleux observateur de ses devoirs, la vertu , la rel'gion, la patrie eurent éga- lement à pleurer sa perte. Il fut chrétien de bonne foi, parce qu’il l’étoit avec connoissance de cause , comme Newton, Boyle, Locke,Haller, Trembley, Bonnet ; ce Charles Bonnet, parmi les ouvrages duquel on a néaligé de mentionner dans votre journal (IN.° IV, pag. 489-502 ) ses Recherches sur le christianisme , imprinées d’abord séparément, et qui se trouvent à la suite de sa Palingénésie philo- sophique ; dans le 16.° volume.de l'édition complète de ses œuvres , in-8.° La mort moissonna Lyonet, dans la 82.° année de son âge , à La Haye, le 10 janvier 1769. ——_— MIdIOIRE CETTE ATP NOTE sur JEAN-BAPRISTE FIERA. D: le supplément au Dictionnaire historique de Ladvocat, publié chez le citoyen Leclerc, libraire, 6h 1769, ilesi dit, à l’article de F'£era ( Baptiste), que tout ce qu’on rapporte de ses poésies la- nes, doit s'entendre de celles du Mautouan J. B. Spagnuolo ou Spagnuoli, général des carmes. Ceite erreur est assez pardonnable et peu surpre- nante entre deux auteurs aussi peu lus Pun que VPautre, portant le même nom de bapiême, appar- tenant à la mène ville, et tous deux comparés à Virgile pour leurs poésies latines , lesquelles ne mé- ifoient ni cet excès d'honneur , ni le profond oubli qui semble y avoir succédé. Jules Scaliger, au chap. IV du 6. livre de sa po‘tique, maltraite b:aucoup plusle carme que son compatriote , auquel 1l ne reproche qu’un peu de dureté dans ses vers, en lui accordant le titre de potte très-savant et très- soigné. Je crois utile à l’histoire des lettres et à Pémulation de ceux qui les cultivent, de relever cette méprise ou confusion déplacée entre Jean- Baptiste Spagnuoli , dit le Mautouan , né de 1444 à 1448, mort en 1516; et Bajtiste F'iera de Mantoue, né en 1469 et mort en 1538. Ni JulesScaliger, dans Pouvrage cité, ni Adrien Baillet, dans ses Juge- mens des savans , article des poëtes modernes, TAIV , n.%5 5247 et 1267; ni les continuateurs de Note sur J. B. Ficra. g1 Moréri, édit. de 1714 et de 1759, ne les ont omis ni confondus ; bien que , suivant la juste remarque de l’académicien Lamonnoye , il soit échappé au même Baillet d’aitrituer à Fiera la pièce de Spagnuoli contre les potes impudiques. Ainsi, cet avis pourra servir aux philologues et lexicographes , lesquels ne doivent plus ignorer ni douter qu’à ses ouvrages estimés de médecine et de philosophie , Bastiste Fiera en jo'gnit plusieurs de poésie latine , qui certes n’{toient pas sans mérite , quoiqu'il y ait à rabaitre de la ma:nifique épitaphe inscrite sur sa tombe , et dont copie fut envoyée, par le père Visconti, avant la révolution , à la branche de sa famille, passée en France sous François fer, et naturalisée par Henri IIT. Marulle écrivoit le nom de ce poëte, Færa , Giraldi Fera ; et c’est cette dernière ortographe et prononciation qu’ont retenue les Fera de France, dont Brantome et autres avoient aussi francisé la terminaison, en parlant de Carille Fera , négo- ciateur et guerrier distingué , qu’ils appellent Fere, comme ils appellent Æge/le, Strojx;e, Gonzjague et Caracciol , ses alliés et contemporains ; A. Agello, Sitrojgji; Gonjaga et Caraccrolr. Lits 2. ARCHÆOLOGIE. RewrArQuESs sur La connoissance que Les Anciens _avocent du verre, par le docteur F'A4rcONER , tra- duite de l’anglais par 4. M. H. BouLArp (1). ‘ J E crois que le plus ancien des écrivains grecs qui aient fait mention du verre , est Aristophanes, qui, dans sa comédie des Nuées, présente Socrates comme ayant appris de Strepsiades le moyen de payer ses dettes, en plaçant une substance transpa- ente entre le soleil et les écrits qui servoient de sureté pour les sommes empruniées, et en les con- sumant de cette manière. Mais il n’est pas absolu- ment certain que, dans ce passage , l’auteur ait voulu exprimer le verre artificiel , puisque Yæaoc signifie cristal, et même, suivant quelques-uns, lambre trassparent. Si cependant c’est le verre dont il y est question, il en résulteroit qu’il doit y avoir éié porté à une perfection considérable , tant à égard de la lucidité, que par rapport à l’art de lui donner une forme convexe , propre à transmettre et rass°im- (x) Ces remarques sont tirées des mémoires de la société littéraire et philosophique de Manchester, quiont paru à Londres , chez Cadel , en 1785. On trouvera une lettre sur l’origine et l’antiquité du verre, dans le tome LV des variélés littéraires de Suard et Arnaud , qui ont paru à Paris en r760. Le tome IV des mémoires latins de l’académie de Gotlingue, contient un ouvrage de Michaelis, intitulé : Æés/oria vitri ins- . . - Fr T 2 4 " fn © trumentique pitret apud Hæbreos. Note du traducteur. “ Du verre chex les Anciens. 93 bler les rayons, et à, produire cet effet. On trouve dans Aristote (1) deux problèmes relatifs au verre; le pretuier , tendant à expliquer sa transparence , et Je second ,,son défaut de malléabilit:. Mais les savans croient ces deux passates supposés ou COITOMpPUS. Alexandre d’Aphrodisée , autre ancien écrivain grec, parle Ru du verre et de sa trans- parence. Galien fait mention u verre dans différens en- droits (2). Il paroit avoir bien connu cette matière, et la manière de la fa! riquer. Il nous dit qu’on la _faisoit avec du sable fondu dans les fourneaux, et qu’on exigeoit que celui-ci fût pur, parce que , si quelque matitie métallique sy trouvoit mêlée, la glace avoit des taches. Les personnes occupées dans ,ces manufactures connoissoient , en regardant le sable > S'il étoit propre à remplir leur but. Dans d’autres endroits, il conseille de conserver les mé decines d’un cenre corrosif, dans des vases de verre, parce qu’ils ne sont susccptibles: ni d’en recevoir d’impression , ni de communiquer aucunes mauvaises qualités. | ! Du temps de Galien, le verre servoit aussi pour les ventouses, d’une manière qui ressembloit beau- coup à celle actuelle. Dion Cassius (3) rapporte que, du temps de Ti- bère,, un homme apporta devant cet empereur une coupe de verre, qu’il jeta ave: beaucoup de force à ‘Q) De simpl. medic. facultate , 1, o ; de terré samiä. (2) De antidotis , L. 6.c. 8. de comp. pharmac. secund. dec, 1. 8.0.5. (3) L. 58. 04 Archæologie. terre sans la briser, et du’il répara, sur-le-champ, les bosselures qu’elle avoit sub'es , en la pressant de ses propres mains devant tous les spectateurs. Il ajoute cependant que cet hommé perdit la vie pour sa découverte. | | Piutarque paroit avoir aussi connu lé verre, pu's- qu’il nous apprend que le bois de Tamarisc étoit le plus propre à brüler pour le fondre. : “Les écrivains latins donnent plus de détails. Lu- crèce (Tr) connoissoit incontestablement le verre et ses qualités. Dans son quatrième livre, il remarque la différence qui existe entre les sons et les images des objets, les premiers pasant à'iravers toutes les on- vertures , même celles qui ont des courbures et des détours; mais les dernières se brisant et se confou- dant , si les passages qu’elles ont à traverser ne sont pas droits ou directs. 11 donne en exemple le verre, ‘dont il suppose les pores directs ou reclilinéaires. Quoique cette dernière ‘assertion ne soit vraie qu'avec quelques restrictions , elle prouve qu’il avoit des connoissances assez étendues sur ce sujet. Horace (2) parle de la clarté et du brillant du (1) Fox per. flexa foramina rerum Incolumis transire potest, simulacra renulanñt. Proscinduntur enim 3 nisi recta foramina tranant, Qualia sunl sitri species quæ transvolat omnis. Lucrer. L. 4, v. 598. (2) Perlucidior vitro... HOnRAT. Carmin, 1. od. 18. Splendidior »itro..…. HORAT. Carmin ,1.3, od. 13. Cn ennoît les vers de Corueille sur la fortune : Œi comme elle a l’éelat du verre, Elle en a la fragilité. Du verrè chex les Anciens. 95 verre, dans des termes qui montrent que l’art étoit arrivé à un haut degré de perfection: Martial (1) parle aussi du verre, de manière à nous apprendre qu’on en faisoit un grand usage de son temps, pour en falriquer des vases propres à boire, dune texture si claire et si transparente, qu’ils pérmettoient d'examiner avec exactitude la liqueur qui y étoit contenue. Sénèque connoïssoit bien la propriété du verre de grossir les objets, lorsqu'on lui a donné la forme convexe. Un globe de verre, dit-il, rempli d’eau, fait paroître plus larges et plus Frillantes (2) les lettres qu’on examine au travers. Le pouvoir de grossir du verre, considéré comme un milieu plus dense, et par conséquent plus réfrangible que Pair, ne’ lui étoit pas inconnu. Les fruits (3), dit cet auteur , vus à travers uneplace, paroïissent beaucoup plus gros , et les intervalles qui sont entre des co- lonnes , examinés de même, paroissent plus larges, Les étoiles paroïssent aussi agrendies dans un at- mosphère humide, Si on met un anneau dans un gobelet de verre , il paroït être plus proche de Peil, ou, en d'autres termes, on le croit grossi , ce qui, suivant l'observation du même philosophe, est le (:) Nos bibimus vitro, tu myrrha Pontice , quare ? Prodat perspicuus ne duo vina calix. MART. epigr. IV. 86. (2) Literæ quamvwis minutæ etobscuræ per vitream pilam aquä plenam maÿores clarioresque cernuntur SENEC. Quest. nat. I. 6. (3) Quæst. natur. EL, 3.6. 96 Archæologte. cas de tous Les corps vus à travers un fluide. Sénèque dit ici expressément que Peau, comme milieu, pros duit le même eflet que le verre. Il y a dans Sénèq ue (1) un passage remarquable , , relatif à l’effet que le verre , taillé-angulairement ou en forme de prisme , produit ; savoir : de séparer les rayons de la lumière, lorsqu'il est tenu transversale- ment aux rayons du soleil. D’après l'expression dont il se sert à cet égard, nous pouvons penser que de pareils instrumevs n’étoient pas rares. Pline .paroït avoir eu des connoissances très complètes sur le verre. Li ait que cette matière étoit d’origine phéni- cienne, comme beaucoup d’autres grandes décou- vertes. On la fabriqua d’abord avec du sable trouvé dans la rivière Belus ou Belcus, petite rivière. de Galilée, coulant du pied du mont Carniel; ainsi qu’il est confirmé par le témoignage d’un grand nombre d'auteurs (2). On dit que l’invention .en.est due à quelques maichands, qui, y étant venus avec un vaisseau. chargé de nitre.ou d’alkali fossile , en employèrent quelques pièces à soutenir les chaudières dans lesruelles ils appréioient leur nourriture sur le sable ; par ce moyen, il s’opéra une vitrification du sable au-dessôus du feu, .et cela donna l’idée de ce genre de fabrication. (x) Senec. Quest. nat-1. 1. 8. (2) Stabôn..: 1776: Joseph, 1% Ne."10, v: 2. Plin. Est, natur. , 1. 36, c. 26. Tacit. Histor. 1. 5-, e. 7. Nous invitons le gouvernement à faire imprimer la traduction de Sirabon, de Brequigny et des traductions de Dion Cassius et d’Appien. . Noie du traducteur. On Rs Du verre chez les Anciens. 97 On employa aussi des cailloux fins, des coquilles, et d’autres genres de sahleset de fossiles. On seservit , dans PInde , de crystal de roche , et cela fit Dréférer le verre indien à tout autre. On le fondit d’abord avec de l’alka'ïi fossile , dans la proportion de trois . parties de cette dernière matiè:e contre une de la première ( ce qui a cont nué, d’être la manière de rendre fusible la matière du verre, depuis les lemps les plus reculés jusqu’à nos jours), et on le r‘duisi its dans des fourneaux , en masses d’un noir foncé, Ces masses étoient fondues de nouveau par les rafineurs ; qui en formoient un verre coloré > ou teint de la couleur qu'ils trouvoient convenable. Ta matière grossière , après la première fusion , paroît avoir été appeliée ammontirum,iet probablement elle ne dif- féroit pas beaucoup de la yierre obsidienne , qwon dt avoir été d’origine éthiopiene, ou (gyptiene, On croit que c’étoit une espèce de substance noire vitreuse, mais encore transparente , dont on se ser- vot pour fabriquer de grands ouvraces. Plise dit qu'il avoit vu des statues solid's , de empereur Au- guste, faites de cette matière 5 ,et le même empereur -dédia quatre éléphians de la n'ême substance dans le capitole, Il päroît qu’elle étoit connue dès la plus grande antiquité, puisque Tibère , lorsqu'il cou- verna celte conirée , trouva une statue dé Ménélas, de cette composition. Pareillénent, Xénocrate , sui- vant Pline , parle de la même composition, comme étant usitée. dans l’{nde , l'Italie et l'Espagne, SCOR dans la Phénicie | a été, dès les te ps les plus reculés, fameuse pour ses verres. Du temps Tone IE" j G A 98 Archæologie. de Pline, on préféroit celui de la baie de Naples, Les Romains connoissoient l’art de graver sur le verre ou de le tailler, car Pline en fait une mention expresse, et cela est confirmé pat les pâtes antiques qu’on trouve si souvent. On y parvenoil, en soufflant le verre avec un tuyau, en le travaillant avec un tour, boule mettant dans un moule comme le métal. Les éouleurs qui étoient principalement usitées , étoient un verre d’un rouge sombre , ou plutôt celle de la poterie, qui étoitappelée Aæmatinon ; un mélange de différentes couleurs, appelé myrrhinum ; un rouge clair, un blanc, un bleu , et même beaucoup d’autres couleurs. Lè verre parfaitement clair étoit cependant le plus estimé. Néron donna, pour deux coupes qui n’étoient pas d’une grandeur très-extraordinaire , et qui avoient chacune deux anses, plus dé six mille sesterces , où plus de cinquante mille livres sterlings. Maïs quoique les plus belles espèces de verre fussent si précieuses et rares , cependant je croirois, d’après la fréquente mention que Martial fait du verre, et d’après ce que Pline en dit, que, pour les vases servant à boire , le verre remplaca presque Por et Pargent, de sorte que les espèces inférieures doivent avoir été assez com mures. Pline fait aussi mention des effets produits par des globes creux de verre, en concentrant les rayons du soleil au point de mettre le feu à toutes les matières combustibles sur lesquelles le foyer tomboit ; et ïl rapporte que plusieurs chirur;iens de son temps en faisoient usage, comme d’un caustique , pour les ulcères etes blessures. Du verre chez Les Anciens. 99 ” Ylconnoissoit aussi la différence de dureté des pierres précieuses et du verre, puisqu'il observe que la pierre obsidienne ne peuvoit rayer le verre. IL parle aussi de l’art de contrefaire les pierres précieuses naturelles avec le verre, comme d’un art très-lucratif(r) , porté de son temps à un haut point de perfection. Cette assertion paroit confirmée par Trebellius Pollion (2). Vopiscus dit que Firmus meubla sa maison de pièces quarrées de verre, attachées ensemble avec du bitume. ou d’autres substances ; mais on ne Voit pas, si-eles étoient destinces à servir de fenêtres, ou à réfléchir la lumière et les objets. Comme les miroirs ou les métaux réfléchissans ont, de nos jours, quelque rapport au verre | êt comme on en faisoit beaucoup d’usage chez les anciens , ‘je joindrai ici quelques mots sur ce sujet. L’ancieuneté des miroirs ou des métaux réfléchis sans doit , suivant Plutarque , êire très-grande. Il nous dit, dans sa Vie de Numa (4) , que ce fut une des ins- (:) Plin. hist. natur. 1. 37. ec. 12. (2) Trebell. Poll, Gall. duo, (3) C’est une chose digne d’être remarquée , que Pline in- dique pour les vaisseaux de verre brisés, le même ciment qu’on emploie aujourd’hui, savoir le mêlange de b'anc d’œuf avec la chaux vive. Il parle aussi du fait suivant, qu’une expérience récente a confirmé , savoir qu’on peut mettre sans danger de l’eau chaude dans un vase de verre, pourvu qu’un inslant auparavant on ait couvert les ; arois de ce vase d’eau froide. (4) Vie de Numa. On croit que c: prince a vécu 708 ans ayant Jésus-Christ, G 2 100 Archæologie. tisutions de ce prince ; que, si le feu sacré des vestales venoit à s’étéindre, il seroit rallumé par le moyen des rayons du soleil rassemblés par un miroir de métal, poli et concave. Aulugelle (r) cite quelques vers de Labérius, con- teimporain de Jules César, où il est question d’un mi- roir ardent de métal , qui avoit été construit par Démocrite d’Abdere M fete d’ Iippocrate « célèbre physicien, qui vivoit environ deux cent cin= quante ans après Numa (2. Les miroirs qui réflé- chissent , étoient très-comimuns du temps de Plaute (3), comme ôn le voit par différens passages, et il paroît que la plupart étoient fabriqués avec un argeut où il entroit beaucoup de cuivre (4), puisqu'il en resto:t de l'odeur aux mains de Ceux qui les frotoient. Vitruve (5) paroït avoir bin connu la bonne ma- nière de construire des miroirs ; car il observe qu’il étoit nécessaire qu’ils eussent une épaisseur cons dé- rable, sans quoi ils éloient sujets à se plier et à réflé- chir des images confuses des objets. (ad Bé101, 0.19: (2) Archimède , qui a vécu environ deux cents ans après Démocrite, connoissoit parfaitement bien les ‘miroirs ardens, ainsi “re par ît par un de ses ouvrages qui nous est resté, où il démontre que la figure parabolique est celle qui est t la lus propre à ie former. - (3) Most. act. 1. scen. 3. passim. Epidic. act, 3. sc. 3, (4) Ut specnlum tenuisti , meluo ne oleant argentum manus. Most. , act. I. scen. 3. 6) L.7, c. 8 Du vèrre chez les Anciens. 107 Sénèque (r) éloit encore mieux instruit dans ce genre. Il connoissoit la propriété qu’ont les miroirs concaves qui réfléchissent , d’agrandir les objets , et il parle de plusieurs autres genres de miroirs, qui di- minuoient ou qui présentcient divers autres change- mens bizarres de la figure hu vaine, Il savoit aussi qu’une portion de sphère creuse étoit la figure qui convenoit pour les miroirs qui agrandissent. Il con noissoit également les miroirs qui PROS , dont 1l fait une mention particulière. Pline donne encore de plus grands détails à cet Cgard. T1 dit qu’ils sont d’étain et de cuivre, composition qui est la même que celle dont on se sert en général aujourd’hui. Il rapporte cependant, que les miroirs d'argent étoient préférés, et furent d’abord introduits par Praxitèle, du temps du grand Pompée. Je pré- sume qu’il entend ici argent pur : car il paroît, par le passage de Plaute c'-dessus cité, que l’argent faisoit au moins partie de leur composition , dans des temps fort reculés. Probablement on peut s’en être servi comme métal blan:, pour remplir le même but auquel on emploie maintenant l’étain, celui de blan- chiret de durcir le cuivre. Les miro rs d’argent étoient cependant ,; suivant Pine , si communs , que Îles esclaves en faisoient ordinairement usage. [I dit que la (x) Suntque ista à quibusdam ita composita ul possini detor- guere in pravum ; nam ; ut dixi, sunt specula quæ Jaciem prospictentium obliquent ; sunt-quæ in infinitum augeant ; et humanum habitum: excedant, modumque nostrorum corporum. SENEC. natur. quæst. L. 1. c. 15. Sectæ pilæ pars — SENECA vat. quæst. |. 1.0. 4. G 3 LES ; . 102 ÆArchæologie, proportion de Pétain au cuivre étoit deux parties du premier métal à une du second , proportion qui paroît avoir été la plus estimée. Il y avoit d’autres propor- tions : l’une consistoit en des parties égales de cuivre, de plomb et d’étain (r) ; une auire consistoit en deux parties de cuivre, deux de plomb, et une d’étain ; mais celles-ci étoient regardées comme très-infé- rieures, parce que le plomb faisoit beaucoup de tort à la qualité de la composition. Il parle des différentes formes (2) de miroirs dont on faisoit usage , tels que les concaves, les convexes , les multipians, ceux qui rendent difformes , etc. (3). Leur propriété de brûler , lorsqu'ils étoient exposés aux rayons du soleil, étoit aussi connue de Pline. Auluselle parle aussi de plusieurs propriétés de miroirs, qui montrent qu’on connoissoit bien alors leur nature et leur construction , telles que la non-inversion des objets, Papparition d’un objet au centre du miroir concave , et plusieurs autres (4). G)ili33 co: E2) 1366077. (5) 1° 18e. 107 (4) En terminant la version de ce morceau , le traduc- teur ne peut s'empêcher de souhaiter, qu’un plus grand nombre de personnes se livrent à la traduction des nombreux et exceliens ouvrages qui existent dans les langues étrangères. Ce travail peut s’allieravec celui des divers états de la société , et on peut s’y livrer à la ville et à la campagne , avantage que n’ont pas plusieurs autres genres de convoissances où l’on à besoin de secours, qu’on ne trouve que dans les grandes villes. Pour répandre dayaptage la connoissance des langues , éch. @es DS ic, de à LITTÉRATURE GRECQUE. Norrcez de deux manuscrits de RAcINs. Lss orands écrivains nous intéressent dans leurs plus foibles essais ; ceux même de leur première jeunesse doivent mériter quelque attention. On y apercoit pour l'ordinaire leur goût naissant , la marche de leur esprit et le germe de leurs talens. Cela m’a engagé à faire quelques re berches sur les écrits de l’immortel Racine. Le Franc de Pompignan poss“doit plusieurs auteurs anciens, la plupart sortis de Pim- primerie des Etiennes, chargés de notes marginales, de la main de ce grand poëte. Sur les exemplaires de Sophocle et d’Euripide , il y avoit même quelques morceaux traduits en vers ou en prose. J’ignore ce que sont devenus ces livres précieux ; mais jai trouvé à la bibliothèque nationale deux petits yolumesin-124 souhäitons qu’on publie promptement des traductions inter- linéaires dans chaque langue , même dans les langues orien- tales, en y adaptant , s’il se peut, des caracières plus - simples et qui se rapprochent des nôtres, comme Voiney vient d’en donner un modèle dans son ouvrage intitulé : Simplifi- cation des langues orientales. Quand ces traductions qui peuvent être dans le genre de celle de Luneau-de-Boisjermain et de la Grammaire allemande de Gerard-de-Pamfeld seront terminées , il seroit important qu’on en mit deux ou trois exemplaires dans la bibliothèque publique de nos départemens et des villes qui contiennent plus de 20,000 babitans. Il y a lieu de croire que le comnmerce , les arts, les sciences et l'humanité , retireroient de grands ayantages de l’exécutiom de ce projet. G 4 D “ 104 Littératurè grecque. dont l’un renferme quelques éxtraits de ‘Virgile , d’Horace, elc., saus aucune remarque ni traduction, suivis de notes explicatives des odes Olympiques de Pindäüre. L'auteur tâche d’en pénétrer le sens ; en quoi il réussit, ef c’est où il se borne, Ces notes rem- plissent 57 pages, et°on ne peut douter qu’elles r’aient ‘été écrites par Racine , étant parfaitement semblables, “sour le Caractère, aux remaraues sur les X premiers P 2 À { p livres de l'Odyssée, lesquelies sont contenues, en 126 ‘Pages, dans Pautre volume. A la tête de celui-ci, ot ‘htce qui suit ?: « Quand mon père a écrit ces remar- >» ques, en 1662, il avoit 22 ans. Il écrit à Uzès ». L'auteur du poëme de-la religion avoit done eu ce = volume entre les mains, et, à sa mort , il aura passé à ‘’la bibhothèque. » > S Voici ce que Racine cbserve d’abord : « Horace loue ‘e Comimencement'de ce poïme dans son art poétique ,-et dit qu’Homère est bien éloigné de la conduite: de ces po’tes qui font de grandes pro- messes à l’entrée de leur ouvrige , et qui donnent après cela du nez.en terre ; au lieu qu’Homère commence modestement, et montre ensuite de srandes choses. Hômère laisse Ulysse dans Pile de Calypso, durant tous les quatre premiers livres , et de ce qui se passe entre les Dieux au sujet d'Ulysse, et décrit L'état où étoit sa maison à Ithaque. Ulyssé est toujours persécuté , et toujours sous la protection de Pallas et il'wya que ces deux divinités qui soiént opposées lir:6 à lPautre dans POdysséé, au » leu que, daus Plliade , tous lé Dieux sout divisés - | | e Notice sur deux manuscrits deRacine, 105 » en deux partis jet l’on voit même que tout se passe » fort doucement entre Neptune et Pallas qui n°088 » ouvertement résister aux. desseins de son oncle , » comme on voit au livre XIIL.e, où elle dit en pro- » pres termes à Ulysse qui se plaicnoit, qu ’elle l’avoit » abandonné depuis.la prise de Troye ». | Racine transcrit ensuite les vers qui Pont frapré dans chaque livre, et c ’est loujours avec beaucoup d’exactitude. Il traduit et explique ces vers avec autant de goût que de sagacité. Il compare souvent Homère avec les poëtes ét les romanciers anciens et modernes. Son fils observe, dans une note : « On voit » que mon père, dans sa jeuness? , étoit plein d’'He- » liodore qu’il cite souvent ». Il paroit aussi avoir aimé les romans satyriques de Barel j, dont il rap- porte quelques traits. Mais Viroile es: sur-tout l’auteur qui lui fournit le plus de sujets de comparaison. Il se rend com, te à lui-même de ce qui le frappe davan- tage “e cet ouvrage du poëte grec. Pour faire connoîfre sa manière de voir et de semlir, citons-en plusieurs exemples. | Au premier livre, il dit : « Ce st une belle chose de « voir comment l Rottall é est exercée dans POUd;s- »-sée , et la véncration avec laquelle on y recoit tous » les étrangers. C’est ce qu’on voit bien au lous , au » livre ViL.e, dans l’ile des Phéaques, où Ulysse est » reçu comme un roi, sans qu’on le count , et au » livre XIV , où il est reçu par con fermier, sous la » figure d’un pauvre vieil homune... Peut-être Ho- » ruère {tanterrant, comme il étoit, et n’ayant point ‘» de pa) s Certain , à voulu être bien recu dans les pays 106 Liltérature grecque. » étrangers ». Cette conjecture n’est point, fondée, Plus on se rapproche de Penfance des sociétés, plus On y voit l’hospitalité en honneur. Les Grecs, en se civilisant , furent assez heureux pour conserver très- long-temps cette vertu que nous ont fait perdre le luxe, légoisme, et cette politesse tant vantée , qui rend Phomme si faux, si dur , etc. « Homère décrit admirablement ( au IV. livre } » Parrivée d'Hélène. Et, sans mentir, c’est un plaisir » de voir comme il s’entend à faire une description. » Il remarque les plus petites choses, et les fait toutes » paroitre devant les yeux. Ainsi on croit voir arriver » Pénélope avec toute sa modestie, quand il décrit » qu’elle vient ; tout de même, quand Télémaque se » va coucher ; et ici on voit Hélèné paroître avec » éclat et avec majesté, quoiqu'il la décrive en mé- » naoère ». Ce qu'Homère dit d'Hélène , soit dans Pliade:, soit dans Odyssée , seroit l’objet d’observa- tions curieuses ; et certa nement la matière n’est pas encore épuisée. Racine, qui avoit été sans doute aussi bon fils qu’il fut bon père, s'attache principalement à Pénélope, et remarque les égards que Télémaque avoit pour elle. « On voit là, dit-il, un bel exemple » du respect que les enfans doivent avoir pour leur » mère ; car qu'y avoit-il de plus juste , ce me semble, » de faire sortir Pénélope dela maison d'Ulysse, qu’on » croyoit mort, afin qu’elle se mariàt, et qu’elle n’a- » chevât pas la ruine de la maison ? Cependant Télé- » maque dit que celte parole’ ne sortira jamais de sa » bouche, etc. »…. Uiysse est représenté, au V.e livre de l'Odyssée, Notice sur deux manuscrits de Racine. 07 allaut pleurer seul dans un endroit solitaire de l’ile de Calypso. Là-d:ssus Racine observe : « On ne peut, », pas mieux décrire un afligé. Il est assis, dit Homère, » sur le rivage de la mer, où il nourrissoit sa douleur » de larmes, de gémissemens et d’inquiétudes, versant » des pleurs dans la mer sur laquelle il avoit toujours » les yeux attachés. Il semble qu’on voit un homme » qui cherche la solitude pour pleurer , etqui regarde » la mer à cause de la passion qu’il a pour son refoure » Ainsi Virgile dit des Troyennes, au V.° livre de » PEnéide : L” ......cunctæque profundum Pontum adspectabant flentes. On remarque , au VIe livre de l'Odyssée, Nausica demeurant ferme , lorsque ses compagnes fuyent à la que d'Ulysse. « C’est une marque, ajo:te Racine, » d’un esprit bien né, de n’etre pas timide ; ete’est ce » que Barcläi exprime fort bien, en la personne de » Polyarque qui éloit avec une troupe d’enfans de son » Âge ». J’ai oublié les paroles ; c’est vers les derniers » livres. Ainsi, au VIILe de lEnéide, Pallas, fils » d’'Évandre, vient hardiment au-devant d’Enée ». Les observations relatives à notre langue méritent encore plus d’être rapportées ; venant d’un homme tel que Racine à qui elle doit sa perfection , sur-tout en poésie. Pour construire un vaisseau ; Calypso donne à Uiysse, dans le V.: livre de l'Odyssée, entre autres choses, un villebrequin ef des clous. « Tant » Homère est exact à.décrire les moindres particu- » larités, ce qui a bonne grace dans le grec ; au lieu 108 - Littérature grecque. » que le latin est beaucoup plus réservé et ne ‘amuse » pas à de si petites choces. La langue sans doute 6st ». plus stérile, et n’a pas des mots qui exprime si héu- _reusement les choses que la langue grecque. Car on diroit qu’il »”ÿ a rien de bas dans le grec : Jés plus viles choses y sont noblement exprimées. ïl en va de méme de notre langue* car elle fuit une ment de s’alraisser aux particularités , parce quel les oreilies sont délicate es, èt ne peuvent souffrir qu’on ; nomme des’ choses HAT dans un di IsTours Sérieux, » comme une coignée , une scie et un- villebréquin. CPR DR 5H OR: » L’italien au AE au grec,etexprime » tout, comme on peut le voir dans l’Arioste;qui est, » dans son genre, un caractère tel que celui d'Ho- » mère ». Racine va trop loin 3 notre langue n’est pas si difficile ; ou bien, grace à ses soïns , elle a sb, changé. Rien n’est plus imprudent, dit Homère ‘au VIL.e livre, que ventre affamé. « La » lasgue francaise, continue notre illustre auteur, ne » soufriroit pas dans un poëme héroïque cette fâcon » de parler, qui semile n’élre propre qu’au burles- » que. Elle est.ordinaire dans Homère. En effet, nous » voyons que, dans nos poëmes et même dans les » romans, or ne parle non plus de manger, que siles- » béros étoient je dieux qui ne fussent pas assurétis » à la nourriture ; au lieu qu'Homère fait fort bien » manger les siens à chaque accasion , et les garnit » touiours de vivres, lorsqu’ils sont en voyage. Virsile » en fait aussi mention, quoique plus rarement ; et il » ue le fait que dans des occasions importantes... » Mis, dans Homère, il en est fait mention presque ‘ Notice sur deux manuscrits de Racine. 109 .ÿ par-tout , et plus encore daus l’Od'ssée } parce » qu'ici Homère ne, parle, presque que des: affaires » domestiques, au lieu que liliade est pour les ac- » tions publiques »... Le. Xe. livre de l'Odissée est rema quable par. la métamorphose allégorique des compagnons. d'Ujysse ; chez la magicienne Ciréé ‘Revenus à leur premier état, ils témoignent une vive Joie qu'Homère, compare à celle ‘des jeunes veaux, lorsqu'ils aperçcoivent leur mère, au relour du patu-. rage. « Cite comparaison, assure Racine, .est:fort », délicatement exprimée ; car ces mots de veaux et » de vaches ne sont point choquans chez les, Grecs, comme ils le sont dans notre langue qui ne,veut presque rien souffrir, et qui ne soufrroit pas qu’on fit des eclogues de vachers, comme Théocrite , ni » quon parlàt du porcher d’Ul-sse ,'cornine d’un, » personnage héroïque. Mais ces délicatesses sont de * + [2 ÿ véritables foiblesses ». Aussi en som:n.s-nous beau coup revenus ; el peut-être même que nous re tarderons pas de tomber dans le défaut opposé. Tout change avec les mœurs , et les nôtres ne,sont déjà plus celles de nos pères. Au jargon des cours pourroit bien succéder l’idiome des camps. D'ailleurs, le style révo- lutionnaire ne se perdra pas entièrement 3 il reste toujours d’assez fortes tracé$ deS grandes révolutions. dans la langue des peuples qui les ont subies. Ce sujet seroit intéressant à traiter ; mais contentons-nous de l'indiquer , et hâtons-nous de revenir aux remarques, de Racine. Quelques unes concernent Péxplication dés termes mplo,és pir Hoi ère. On sait que ce poëte denne: 110 Littérature grecque. souvent à Minerve lépithète dé yaæsxämis, cest, suivant notre illustre auteur , « comme diroient nos » vieux traducteurs, Minérve aux yeux pers, c’est » entre le bleu et le vert:’ear ce: n’est pas bleu tout- » à-fait, comine on voit par ce passage de Cicéron , » L 1. de Nail. deor., Lasios Minervæ , cœruleos » Neptunc, etc. On voit cette couleur dans les » yeux du chat ; d'où vient que quelques uns Pont appelée félineus color; mais beaucoup mieux dans Ÿ 5 ceux du lion, De-là vient que les poëtes donnent # ces yeux à Minerve qui étoit une guerrière. En un » mot, ce sont des yeux forts, reluisäns et perçaus ». Racine fait des remarques à-peu-près semblables sur les épithètes particulières à Junon , à Vénus, etc. Les Scholiastes avoiént déjà épuisé ceite matière ; et il est inutile de s’y arrêter davantage. Dans la description de l’ile de Calypso, Homère dit que les prés étoient parsemés d’une plante, à la- - quelle ilidonne le nom de cesse, « C'est, assure » Racine, ce qu’on appelle, en latin, apium , du » persil ; cest une lrerbe de jardin , et qui n’est pas » champêtre. Ainsi, ces prés-là doivent $’entenüre » aussi pour des‘ jardins ; et on peut dire que cette 3 belle île étoit en partie inculte et en partie cultivée, » ce qui fait un beau mélange. Aussi, ajoute-t:l, » qu’un dieu Pauroit admirée avec plaisir ». Cette ex- plication me paroit peu naturelle. Homère parle en cet endroit de l’éxcotaisor paludapium , Pache des marais, dont Théophraste fait mention, Hist. Plantar. |. VIT, e. VI. Mais pour éclaircir cet objet, ainsi que toute la nomenclature des plantes nommées par Homère, il faudroit composer une Notice surdeux manuscrits de Racine. 11t botanique homérique, avec le même goût et le même savoir que À. L. Millin a montrés da:s sa minéra- logie homérique. Son plan nous paroît excellent, et le seul qu’on doive suivre. Les écrits d'Homère sont , comme il le dit fort bien , l’encyclopédie des temps héroïques. En conséquence , Jacob-Fréd. Reimiman avoit cru faire suffisamment connoître, dans un ou- vrage imprimé en 1728, avec ce titre énigmatique , Jlias.post Homerum , l’état de toutes les sc'ences et des arts au temps de ce grand poëte. Il a point atteint ce but, faute de connoissances et de méthode. D’ail- leurs , il oublie entiérement la botanique, la zoo!c« gie , la minéralogie , et plusieurs autres sciences qui devoient être traitées chacune en particulier. Racine n’a pas été au-delà du X.° livre dé POdys- sée. Je viens de rapporter un assez grand nombre de ses remarques, pour qu’on puisse s’en faire une juste idée. Elles pourroient être sans doute de quelque utilité pour ceux qui commencent à étu lisr Homère. Mais un pareil avantaze ne me paroit pas canable de déterminer à livrer à l’imnpression ces essais de la jeunesse d’un grand homme. 11 s’en étoit occupé pour sa propre instruction , et non à dessein de les rendre publics. La cupidité et l'ignorance n’ont que trop souvent outragé la mémoire des écrivains cé lèbres , en publiant leurs écrits posthumes. Respec- tons sur-tout celle de Racine , qui, ‘prèsivoir long temps travaillé , avec Boileau, à traduiré en vérs Homère, livra aux flammes ce qu’il en avoit fait, Certainement, il n'auroit pas épargné ces retnara ques , s’il avoit pu imaginer qu’on fût tenté un jour de les imprimer. S, C. 112 Littérature grecque. 0 — ms " Œurres mORALES de PiuTARQUE , traduites en , francais ; par Dominiçue RrcarD , tomes! XVI, et XW IT. À Paris ;chez la veuve Desaint , libraire , rue du Foin', Jacques, l'an troisième de la République (1795 ),in-12 , le premier de‘488 pages, et le second de 508. \ + Cérorr une srande entreprise due de traduire les œuvresmoralés de Plutarque. Le citoyen Ricard Pa suivittavec persévérance et la exécutée avec succès. Ecoutons-le , rendant compte lui-même de son tra vail, page 81, tome XVIT. » Après avoir rempli » la tèche lougue et pénible que Je:m'étois imposée , » qu'il me soit permis, de reporter un instant » mes regards sur la, carrière que j'ai parcourue: » De tous les écrivains de Pantiquité , dont le temps » a respetté les ouvrages , Plutarque est un de ceux » qui méritent, à plus just: titre ;, d’être universelle- » ment répandus, et de devenir familiers à toutes » les classes de lecteurs ; mais beaucoup moins connu comme philosophe ; que comme historien des hommes illustres de la-:Grèce et de Rome , les traités de morale étoient presque oubliés , ou n’é- toient guere lus que de quelques savans, qui les Nr MeY rU citoient à l’appui de leur opinions ,:ou pour » l’éclaircissement de quelques point d’antiquité et de littérature. Tout le monde lisoit les vies des » grands hommes, où Péclat des actions , Pagrément ÿ » du recit ,.le déve oppement des caracières , et 2 9 » sur-tout les comparaisons qui les terminent, et qui grands RÉ Traduction de Plutarque. 113 _» sont , incontestablemeat , la plus belle partie de » cet ouvrage, exc tient l'intérêt des lecteu:s, Mais » ses écrits philosophiques étoient rarement lus ; et, » il faut en convenir, un grand nombre de ces » traités offroient des diificuliés capables d’arrêter , » de rebuter même tous ceux à qui des motifs par- » ticuliers ne faisoient pas un devoir de les sarmon- » ter ». Le judicieux traducteur divise ensuite ces traités en trois classes, la première composée de ceux purement moraux, la seconde d’éerits phi'osophiques, et la troisième de ceux relatifs à desobj:ts d’antiquité, de mythologie ou a des usages peu connus, comme ap- partenant à la vie privée des anciens. « Les tratiés de » la première classe sont presque tous d’une lecture fa- » cilé; mais ceux des deux autres classes, sont en » général hérissés d’épines, et ne peuvent être éclaircis » que par des recherches lonsues et pénibles, que » par un travail dificile qui exige un temps, une » patience et une application que peuventseulement » s'imposer ceux qui ont entrepris de les traduire ». Il parle ensuite d’Amyot et lui rend justice, Sans doute que si la traduction Ces vies des hommes illustres, faite par cet baiïñle horiime, auquel notre langue doit beaucoup, a conservé bien des charmes ; d’un autre côté celle des œuvres morales est presque insupportable et souvent inint:llisible. Anyot avoit pas autant de secours que le la orieux Ricard, qui s’est trouvé heureusement à porié> de consulter piu- sieurs excellens manuscrits de la bibliothèque natic- nale, et a profité des travaux d’un grand nombre de savans sur différers traités. Le principal mérite Tome LIL. H 114 Littérature grecque. d’une semblable traduction est celui d’être fidèle et écrite avec clarté ; c’est ce qu’on ne peut refuser à celle des œuvres morales, parle citoyen Ricard. Nous croyons même qe son travail sera fort utile au savant Wyitembach qui , depuis vingt-cinq ans, $’0c- cupe d’une édition grecque de ces œuvres. On nous assure qu’elle est actuellement sous presse en An- gle'er e. ; Notre traducteur , malgré son amour pour Plutarque , ie juge néanmoins avec beaucoup d’im- partialié. « Quel ues-uns de ses traités ne sont que » des compilations sans ordre et sans choix, où sou- » vent lës mêmes faits et les nèmes opinions sont » rapportés d’une manière différente , selon jes au- » teurs qu’il suit. [l paroït qu’il en avoit extrait un » grand nombre sur claque matière ; et qu'avant de » composer , il ne se donnoit pas le temps de com- » parer, le flambeau de la critique à la main, les » diverses traditions qu'il avoit recueillies, pour les » apprécier, les juger, et éviter ainsi les contradic- » tions que Pon trouve entre ses divers ouvrages. Il » cédoit trop facilement au besoin impatient qu’il » avoit d'écrire, etc... Je dois cependant dire ici, » à sa décharge, que les traités, où ces défauts se » font le pus remarquer , ne passent pas pour être » de lui, et qu’en effet on ne pourroit; sans injus- » tice, les attriu:r à un auteur aussi judicieux et » aussi sensé que Plutarque. Tels sont, en parti- » culier, ses histoires parallèies, grecques et ro- » maines, ses opinions des philosophes, son traité » des fleuves et des mouiagues, et peut-être ses mn, | gge MAS A ; Traduction de Plutargue. 115 » apophthegmes. Quelques autres paroissent être » l'ouvrage de sa jeunesse , et de ces déclamations » qui servoient à exercer les jeunes gens dans les » écoles. C’est le jugement que j’ai porté des discours » sur la fortunedes Romains, sur la vertu d'Alexandre » et sur, la gloire des Athéniens : ses ouvrages de » physique et de métaphysique contiennent des » erreurs qu’il faut imputer à son siècle, plutôt qu’à » son ignorance. [Il est des traités où il a montré une » partialité étonnante, où il a oublié ces principes » de modération et d'équité, qui, en général, ca- » ractérisent les jugemens qu’il porte. Mais, malgré » ces défauts, Plutarque sera toujours un de ces » écrivains qu’on relira sans cesse, parce qu’on ne » peut le lire sans éprouver le desir de devenir » meilleur ». Rien de plus juditieux que tout ce qu’on vient de lire, et peu de traducteurs sont animés d’un esprit de critique aussi sage. Mais si le citoyen Ricard ne croit pas, avec raison, que les histoires parallèles, les opinions des philosophes et le traité des fleuves, ne soient pas de Plutarque , il auroit dù les rejeter à la Sin, sous ce titre : Ouvrages faussement attribués à Plutargue. Nous croyons encore que les trois derniers traités cités sont de la même classe; on a sur-tout montré, dans l’£xamen critique des historiens d'Alexandre , que le discours sur la vertu de ice prince est évidemment supposé. Le traité sur les fleuves et les montagnes n'est pas moins indigne de la plume de Plutarque. On peut seule- ment le regarder comme un monument curieux de la H 2 116 Litlérature grecque. vanité extravagante et mensongère des Grecs, qui vouloient ra; porter à eux Porigine de toutes choses. À la suite de la traduction de cet écrit, on trouve celle de plusieurs fragmens. Elle auroit été plus com- plète, si l’auteur avoit eu connoissance de ceux qu'a tirés des manuscrits d’Arsenius, et rassemblés C. Fr. Matthæi, à la fin de son édition des tra tés de la fausse honte et de la fortune , imprimés à Moscou, 1777, en cinq pages in-8.0 Ce XVIL.: et dernier volume des œuvres de Plutarque est terminé par une excellente table des matières, ce qu’on né- glige trop dans nos meileurs ouvrages. Maisrevenons au XVIe, qui renferme le fameux traité d’Isis et d'Osiris. Non-seulement ce traité est précédé, comme tous des autres, d’un somaire ou analyse raisonnée , et accompagné de notes au bas des "pages ;: mais encore il est suivi d’un long commentaire , où l’auteur rap- porte les diflérentes explications du texte de Plutarque. T1 auroit fourni la matière d'un sros volumein-fo0/10, s’il avoit fallu tout dire. Ainsi l’on doit lui savoir gré d’avoir été si court. Il paroît cependant adopter trop facilement les idées de Gébelin et de Paw. Celles du premuer l'ont séduit ; ce ne sont pourtant que les rè- veries d’un homme d'esprit, qui avoit plus d’imagi- nation que de véritable savoir. Nous trouvämes un jour Sur sa table ce même traité d’Isis et d’Osiris, et aussitôt nous nous empressâmes cle lui faire quelques questions sur les erdroits dil'ciles du texte ; il nous répondit avec franchise, qu’il ne le bsoit que fous la traduction anglaise de Squirre. Les lançues qu’il vou- Traduction de Plutarque. 117 loit ramerfer à une origine primitive et commune , ne lui étoient connues que par les dictionnaires. On Pau- roit souvent convaincu d’ignorance, si, par ses amis, il n’eût pas engagé des critiques judicieux et :nstruits à se taire. Il avoit fait les frais de gravure et d’im- pression de son volumineux ouvrace ; il étoit sans fortune ; on ne vouloit pas le ruiner. Comment peût- on se flatier de pouvoir réduire en un seul systéne la mythologie des Egyptiens et des Grecs , composée de parties hétérogènes, et dont l’amalzame est inpos- sible ? Jamais les savans ne se guériront donc de cette manie systématique, qui fait rétrosrader sans’ cesse l'esprit humain ; ils s’opiniâtreront donc éternellement à compiler des traditions mythologiques, à les pré- senter sous toutes les faces, à re:sasser des passages répélés jusqu’à la nausée ; à remplacer les, vieux rêves par des nouveaux, le tout pour amonceler du sab'e sur la plage orageuse ds l’opinion. Le savant Ricard auroit dû se défier encore davantage des oh- servalions de Paw ; quelques-unes sont à la vérité ingéuieuses, mais la plupart ne renferment que des paradoxes si révoltans , qu’elles commencent à avoir perdu le droit d’être réfuté?s. Nous parlerons autre- met des “onjectures de Jablonski ; elles ont beaucoup de vraisemblance ; et son ouvrage, Pantheon ægyp- tracum , est le meilleur qui ait paru sur la religion des E_yptiens. Peut-être que le citoyen Ricard auroit du se borner aux explications qui s’y trouvent. Du reste sa traduction réunit le mérite de la clarté à celui de la fidelité, ce qui étoit assez difficile. fes morceaux de ce traité que nous pourrions transcrire , le prouve= KH 3 + 116 Littérature grecque. roient évidemment ; mais ils n’offriroient que peu d'intérêt, Citons plutôt deux passages tirés des frag- mens de Plutarque. : | Le premier est dans eè qui nous reste de l'écrit sur la ñoblesse, attribué à ce philosophe. « Il est juste, » dit-1l, que les nobles soutiennent la gloire de leur » origine ; m@LSs de manière cependant , qu’elle ne » leur inspire pas de Parrogance , et qu’ils n’insultent » point aux roturiers. Ils doivent se souvenir qu’ils » sont nés pour Ja destinée commune à tousleshommes, » et qu’ils peuvent éprouver un jour Île sort de Poly- » dore; dans Euripide , plaignant Hécube sa mère : Ma mère ! ah, que du sort la rigueur vous outrage! Fille de tant de rois, vivre dans l’esclavage ? Quel dieu vous arrachant du comble des honneurs. Se plut à vous plonger dans l’excès des maiheurs ? Le ciioy n Ricard écrit ésalement bièn en vers et en prose. Mais nous n’approuvons pas le terme de ! L roturiers qu’il emploie dans la traduction de ce pas- sage., Il est impropre, les anciens n’ayant aucune idée de ce que nous appelions roture, Voici le second passase : « Le proverbe dit : Ne donnez pas une »-épée à un enfant. Et moi, je dirai: Ne donnez » pas des richesses à un enfant , ni de l’autorité à un » homme sans instruction. Esope disoit que le moyen » que tout allât au plus mal, c’étoit que tout le » monde voulüt se mêler de tout », Ah ! que cet Esope avoit de bon sens ! Mslheureusernent les hommes ne profitent guère de ses lecons. Encouragé par le succès de sa traduction des # Traduction de Plutarque. 119. œuvres morales, le citoyen Ricard travaille à celle des vies des hommes illustres. Malgré les charmes 8 qu’on trouve encore dans le langage suranné d’Amyot, malgré la réputation de fidélité qu'aroit acquise n_ Dacier, nous ne dou'ons pas que notre laborieux écrivain ne fasse entièrement oublier ce dernier traducteur, et moins lire le premier. En louant le goûtet Pérudition qu’il a montrés dans ses notes sur les œuvres , nous l’exhortons à faire encore plus : d'usage des écrits des différens savans , sur les vies, dans les remarques critiques et historiques , dont elles seront vraisemblablemeut accompagnées. POESTE ÉD Nu A -TiA L BE AU TE: . FracmEenT dun poëme sur l'imagination. Le: que l’antiquité fit éclore des ondes, Qui descendis du Ciel, etrègnes sur les LL ; Toi, qu’après la Dünie l’homme chérit le mieux ; Toi qui nacquis un jour du sourire des Dieux, Beauté , je té salue ! Hélas ! d’épais nuages, À mes yeux presqu'éteints, dérobent tes ouvrages. Voilà que le printems reverdit les coteaux , Des chaines de l’hiver dégage les EEE Rend leur feuillage aux bois, ses rayons à l’aurore. Tout renait ; 3 pour moi seul , rien ne renaît encore , Et mes yeux, à travers de Re. vapeurs , Ont à peine entrevu ces tableaux enchanteurs. ï 120 Poésie. Plus aveugle que moi , Milton fut moins à plaindre, Ne pouvant plus te voir, il sut au moins te peindre ; Et lorsque par leurs charts, préparant ses lransports , Ses filles avoient fait entendre leurs accords ; Aussitôt , des objets , les images pressées 7 . En foule s’éveilloient dans ses vastes pensées ; Il chantoit , et tes dons, tes chefs-d’œuvres divers, ŒÆclypsés à ses yeux ; revivoient dans ses vers. Hélas ! je ne puis pas égaler son hommage ; Mais , dans mes souvenirs, j’aime encore ton image, Souxce de'volupté, de aélices , d’altraits, Sur trcis règres divers tu répands tes bienfaits. Tantôt, loin de nos yeux, dans les flancs de la terre, En rubis en‘lammés, tu transformes la pierre, Tu. donnes en secret, leurs couleurs aux métaux, Au diamant ses feux , et leur lustre aux crystaux. Au sein d'Antiparos , lu filtres goute à goute Tous ces glacons d’albätre ; ornement de sa voûte, Edifice brillant , qui dans ce noir séjour, AÂAttend que son éclat brille à l’éclat du jour. Tantôt, nous étalant ta pompe éblouissante, Pour culorer l’arbuste , et la fleur, et la ylante, D'or, de pourpre el d'azur, tu trempes tes pinceaux ; C'est toi qui dsssinas ces jeunes arhbrisseaux, Ces élégans tilleuls et ces platanes sombres, Qu’habitent la fraîcheur , le silence et les ombres. Dans le monde animé, qui ne sent tes faveurs ! L’insecte , dans la fange, est, fier de ses couleurs. Ta main, du pson superbe étoila le ;lumage, D'un souffle tu créas le pa:illon volage ; Toi-même , au tigre horrible , äu Lion indompté, Donnes leur menacante et sombre majesté, à Tu départis aux cerfs le souplesse et la grace, Tu Îe plus à parer ce coursier plein d’audace, Qui, relevant sa tête et çadencant ses pas, Voie et cherche Les prés, l’amour et les combats. Poëme de l'imagination. 121 A l’aigle , au moucheron , tu donnas leur parure ; Mais tu traitas en roi le roi de ia nature, v£ L'homme seul eut de toi, ce front majestueux, | Ce regard tendre et fier, noble , voluvlueux, Du sourire et des pleurs lintéressant langage, È Et sa compague enfin fut ion plus bel ouvrage, | Pour elle tu choisis les trésors les plus doux , Cette aimable pudeur qui les embellit tous, Tout ce qui porte au cœur, l’attendrit et l’enflamme ; Et je graces du:corps ; et la douceur de l’ame ; L'homme seul contemploil ces globes radieux ; Sa compagne parut, elle éclypsa les cieux ; Toimême t’applaudis en la voyant éclore ; pr Dans le reste on t’admire , et dans elle on t'adore. | Que dis-ja? cet éclat , des formes , des couleurs , O Beauté ! ne: sont pas tes plus nobles faveurs. Non, ton chef-d'œuvre augusie est une ame sublime, C’est l’Hopital si pur, dans le règne du crime ; C’est Molé , du coup - d’œil de l’homme vertueux , Calmant , d’un peuple ému , les flots impétueux; C’est Bayard, dans les bras d’une mère plaintive, Sans tâche et sans rancon , remettant sa captive ; C’est Crillon , c’est Sully, c’est toi, divin Caton, Tenant entre les mains un poignard , et Platon, Parlant et combattant et mourant en grand homme, Et seul resté debout , sur les débris de Rome. D'ELALZL L'E; LE PARRICIDE. Imilation d'une ancienne ballade écossoise. EDOUARD, WINIFREDE. WINIFREDE. O mon fils , mon cher fils! rassurez votre mère, , - ont | ; : 3 Pourquoi ce front lugukre el ce poignard sanglant ? E D OU AR D. \ Aigri par vos discours , transporté de colère, Là-bas dans la forêt , d ma mère, ma mère ! * J'ai, sur le noble oiseau que je chérissois tant ;, Puni l’ingratitude etles torts de mon père. WIiNIFREDE. O mon fils, mon eher fils! vous trompez voire mère. Lè-haut sur cette tour je l’apperçois vivant. E D Oo U A R D. Ma perte en est plus grande ; Ô ma mère , ma mère! C’est mon beau desirier dont j’ai percé le flanc. WH IN FRE D E. Quoi ! cette foible perte ainsi vous désespère ! Votre beau destrier commençoit à vieillir; Et n’en avez-vous pas d’aussi beaux à choisir ? Ou calmez vos regrets, ou soyez plus sincère. IH6D ONU A RAD: .C'est feindre trop long-tems , à ma mère, ma mère ! L'oiseau , le destrier sont vivans tous les deux. Le sang que vous voyez est celui de mon père. Le Paricide. 123 WINIFRED E. O mon fils, mon cher fils ! que prétendez-vous faire ? Qu’allez-vous devenir après ce coup affreux ? ÉTDLIOÉTR AUEMD: Dans ce bateau fragile , ô ma mère , ma mère! Je vais fuir pour toujours ce rivige odieux. VVUTENSECEN RUE DRE, Vous fuirez le manoir bâti par vos ancêtres, Des trésors du printemps ce parterre émaillé, Ces fertiles coteaux et ces vallons champêtres ? Ein:-0: v: À ‘x D. Ah! déjà le manoir bâti par mes ancètres , Des trésors du printemps ce parterre émaillé , Ces fertiles coteaux et ces vallons champêtres Me reprochent le sang dont mon bras est souillé. La loi voudra bientôt que j’en sois dépouillé Et je les abandonne à de plus dignes maîtres. WIINIFREDE. Mais le touchant objet dont vous êtes l’époux , Vos äimables enfans , que leur laisserez-vous ? E » o Uu A & D. L’opprobre de mon nom, les pleurs et l'indigence. Le ciel doit sur ma tête épuiser son courroux ; Et sentirois-je assez le poids de sa vengeance, Si j’attendois pour eux un avenir plus doux ? WW INIEF KR E DE. Ne réservez-vous rien à yolte tendre mère , Dont l'unique desir fut de vous rendre heureux ? 124 Poësie. E 510 ÿ'A'R D. Je laisse , en frémissant , à ma coupable mère, Les malédictions de l'enfer et des cieux , Pour avoir fait de moil’assassin de mon père. SPP CT TAC TC ES, + THÉATRÉE DE LA‘'RUEFAVART: Prerrière re; r'sentation du BricanD , drame à ariettes , en trois actes el en prose. , à | Carre pièce, jouée, pour la première fois, le 7 thermidor , a eu beaucoup de succès. Le potme est de Hoffmann, auteur de Siratonice, la nusique est de Kreutzer. La Ou, si celle-ci ne suflisoit pas seule, en faisant en méme-temps usage d'équations, empurigües , déduiles des observa- tions; et. comme. les observations, faites sur les troi- sième et quatrième satellites, sont moins exactes et moins fréquentes que celles des deux autres, la so- -citté se contenteroit que. Pauteur salisfit à ce qwel'e . demande > Principalement par rapport aux premier L 5 134 Nouvelle Litéraire. et second satellites, les observations dont ils sont susceptibles ayant le plus d'influence sur la navi- gation et la géographie. »' : La socicte verra avec plaisir que les auteurs alrë- gent lenrs mémoires, autant cw’il leur.sera possible, en retranchant tout ce qui ar pas essen- tellement à la question. © Tous les mem res ont la liberté de se mettre sur les rangs, pour obtenir le prix proposé, à condi- tion que lears mémoires, comme aussi les billets, qui renferment la devise , seront marqués par la lettre L. Toutes les réponses aux auestions proposées, de même:que le dessus des billets, doivent ètre écrits d’une autre main que de celle de auteurs, et sans que leur nom et Fleur demeure y soient exprimés 3 mais elles sero't soussignées d’une devise , et accom- pagnées d’un billet cacheté , qui porte la même de- vise en dehors, et dans Pintérieur duquel le nom et l'adresse de l’auteur soient pleinement exprimés et écrits de sa propre main. De plus, ces réponses doivent êlre écrites très-lisiblement en hollandais, français, latin ou allemand ( mais en caractères laüns ), et envoyées à M. van Marum , secré- ‘taire de la société. Les réponses, proposées pour un fémps indéter- -miné , doivent être envoyées avant le r.°T novem- bre , puisque les mémoires qui arriveront plus tard ne pourront pas ‘concourir pour cette année. Le prix destiné à celui qui, au jugement de la so- citié , aura le mieux répondu à thacune des quëstions : Société de Haarlem. 133 mentionnées ci-dessus , est ( °xcepté celles pour les- quelles on:offre un prix double ) une médaille d’or, frappée au coin ordinaire de la socié ‘16, au bord de laquelle sera marqué le nom de l'auteur et l’annte de son couronnement ; ou trente ducats (1), au choix de la personne à qui la médaille d’or aura été décernée. Il ne sera cependant pas permis à ceux qui auront remporté le prix , ou un accessil, de faire in primer leurs dissertations , soit en entier ou en partie, soit à part ou dans quelque autre ouvrage, sans en avoir obtenu expressément Paveu de li société. | Il sera permis à un chacun de remettre ou d’en- vVoyer à l’un des directeurs, ou au secrétaire de la société ,; un ouvrage quelconque qu’il dés reroit placer dans la collection de ses mémoires, muni seulement d’une devise, pourvu qu'on y joigne un billet cacheté , dans lequel le nom et la derneure de l’auteur soient marqués. LÆN RES D ENV ER S: SIG ENG. His M, MO IT'S, Konwer. Vetenskaps academiens nya Hand- lingar , etc. — Nouveaux mÉmorres de l’aca- démie des sciences de Stockolm, mois de janvier, février et mars, de l’année, 1703; à Stockholm, chez Lindhrys, 1793 ,in-6°. Ce trimestre offre les articles suivans : (1) 330 1. L4 136 Livres divers. . 1°. Introduction à la connoissance des vers en gé- néral, par M. Modcer. 2°: Briques propres à bâtir des fours de fonderies; par M. Swab. Pour ces sortes d'ouvrages il faut une matière qui résiste à ce degré de chaleur qui est né- cessaire pour mettre le fer et le cuivre en fusion. La plupart des pierres crèvent ou se calcinent , et les briques ordivaires se vitrihent. M. Swab propose des briques faites de scories des fonderies : pilées , et d’une argile pâle, roug-âtre, des bruyères; composj- tion qui, d’après les expériences réitérées de l’auteur, s’est trouvée inaltérable au feu. 3°. Expériences pour employer. les lichens, à la teinture; par M. Westring, L'auteur donne le résultat .de ses ‘expériences, sur les l'chens des montagnes ( lichenes umbilicati) dont il a tiré de la couleur rouge, à différentes nuances, supérieure à Porseille, et approchant de très-près de la cochenille, dont il se fait en Sucde, tous les ans, une importation de cent aille livres pesant ; ces objets feroientune épargne annuelle d'environ cinq cent mille rixdales. 4°. Description de deux nouvelles espèces de poissons, du genre de la perche; par le chevalier T'unberg. Ce sont les perca.3 lineata, et 7 fas- ciata , habitans les mers du Japon. On en voit la figure gravée en taill: douce. | 5°. Description d’une nouvelle espèce de mouche, par M. Biércander. L'auteur done à cette espèce le nom de musca subcuianea. Elle se trouve sur la tige et sur les feuilles du bled oùses traces kont marquées par des iignes Jaunâtres et fané es. La naçure as. ni avec une planche. Livres divers. 137 ayant voulu mettre des bornes à la multiplication de ces insectes nuisibles , leur a donné un ennemi qui en détruit les larves. C’est un petit ichnéumon, repré- senté sur la planclie deuxième de ce cahier , aussi bièn que la mouche et ses larves. 6°. Relation d’une excroissance squirreus: sur la langue, guérie par la sigature. Par M. Biverckland, 7°. Description d’une nouvelle espèce de Jlaiche, trouvée en Suède ; par M. Liljeblad. L'au- # teur nomme ceite plante carex obtusata , et en donne le dessin sur une planche , il en avoit déjà fait mention dans sa nouvelle Flore suédoise; mais ayant cru de plus grands détails nécessaires. pour constater lPexistence d un nouvel individu , dans un genre aussi nombreux, et où les espèces ne sont pas toujours. faciles à rs il en donne une description plus étendue. 8. Observations sur la déclinaison de lPaisuille aimautée, durant l’apparition d’une aurore boréale., le 4 avril 1791, prises à Vleabore; par M. Julien. On ,saitique Gassendi a donné la description d’une aurore boréale, d’une étendue et d’une magnificence xtraordinaire, en.162r. Ferier et Bergmann avoiënt observé des phénomènes semblables en 2751 et 1764. Celle qui fait l’objet, du mémoire de M. Julien n'est pas moins remarquable. M'A TITRE MÉDICALE. MemomrA sulla forge dell’ alkali fluore per Jerniaresl'emorragia, de’ rasé arteriosé e.ve- 1 138 Livres divers. nosiy etc. — Mémorre sur la vertu de l'all ali volatil fluor, pour arrêter hémorragie, des vais seaux arterriels et veineux, par le doct ur JosEPH- Marre Larrma, et par GAETAN Lapira, son fils, publié par ordre du Roi, à Naples, in-80. de 47 pages. Le hasard nous a servis dans mille occasions. Le ‘égéieur. Lapira ayant coupé la crête à un coq, ilen esFurvenu une | émorra. ie que rien n’a pu arrêter. Pér un pur hasard, il fit ton'ber quelques gouttes d’alkali volat 1 fluor déliyé dans de Peau, aussitôt Ph 'morra, ie ce sa. Depuis cette découverte, on a tenté plusicurs expériences pareilles ; la première a été faite sur un mouton, à qui l’on a coupé Par- | * 714 | . 4 À - 4 L] 1 Y À 4 À tère crurale; un plumaeau, trempé dans Palkali volatit fluor, dé ayé dans de l’eau, et appliqué sur Ex plaie , a sur-le-c! amp arrête l’hémorragie. Pour s’assurer ensuite si cètie cessation ne provenoit pas de I contraction spontanée des muscles et dé la ré-- traction de/larière, le doct:ur Lapira, en répé- tant cétte expcrience sur une chèvre, à fait tenir Païtère, au moven d'un crochet, pay un aide ; maïs maloré la violence de l’hémorragie, Papplication du reriède a suffi pour là faire cesser ; encouragé par ses cuccès, il invita plusieurs gens de l’art à assister à de nouvelles expériences qu’il alloit faire sur un bouc ; elles réussirent également. Alors, il fut un mémoire sur ce sujet, dans une séance pu- blique du collége d’Av zzini ; on y amputa la cuisse à un bouc, et l’auteur arrêta le sang sans difficulté. * ve * Livres ‘divers. 139 “Quelque-temps après. le docteur Lapira fut appellé pour secourir un paysan, attaqué d’une a'ondante hémorragie du nez ; l’alkali volatil fluor Parièta à Pinstant ; mais trois héôures apres, Ce sdisnement re- “parut plus fortement que la premiè’e fois; l’appli- cätion du même remède le fit disparoître pour ue plus revenir. Cette liqueurstiptique ctoil préparce “avec quatre onces d’alkali volatil fluor et une livre d’eau. WG VAI GE $. Rerse von Presburg durch Mæœhren ,etc. VoyAce de Presbourg pour aller en Travsylvanie par la Moravie, les deux Siciles et la Hongrie ; en trois païties. Franclort et Leipsick, 1793, in-8.° La première partie rend compte du voyage par la ‘Gallicie jusqu’en Transylvanie ; la seconde regarde “lé séjour de l’auteur dans cette pr'ncipauté ; et la tro sème, son retour d'Hermstadt à Presbourg. L'ouvrage est aussi amusant qu’instructif. Un s‘jour de deux ans -dans la Transylvanie a mis ce voyageur en état de donner sur ce yays des renseisnemens. plus essentiels que sur les autres qu’il n’avoit que parcourus. C’est là, dit-il, que Pon resonnoit les anciennes mœurs * hongroises qui, dans la Hongrie mème, se trouvent perdues par le mélange avec les Allewa ds. Il y a . peu de familles hon’roises de quelque considération , qui ne tiennent par des alliancss à des familles autri- chiennes, au lieu que les gentilsiommes transylvains regarderoieut presque comme un déshonneur d’épouser 140 Livres divers. une étrangère. Au lieu de se modeler sur les manières européennes , is sout plus enclins à imit-r la morgue et le despotisme de leurs voisins les Valaques. Ils ne tiennent à PEurope que par le luxe. Les riches font enir de Vienne tout ce qui convient pour leur habil- Jement et pour Pameublemen: de leurs maisons, quoi- qu’ils aient des f briques de draps, de toiles, etc., et de très-bons otivriers. ». pays abonde en eaux miné- rales, et jourroi. en faire un article considérable de cominerce , aussi bien que de l’huile de noix que leurs bois fourniroient en très-srande quantité. La dernière guerre conte les Turcs a facilité les communications par plusieurs bonnes chaussées que Por doit aux soins de l’empereur. Joseph IT. Les Transylvains, sans aimer la mémoire de ce prince , lui paient un juste tribut d’admiration. OBSERVATIONS , and remarks in @ Journey through Sicily , etc. — Observations et re- marques faites dans un voyage en Sicile et dans la Calabre , l’année 1793 ; par Brian HrzLc. Nouvelle édition, 1794 > à Londres, grand in-6°, Cet ouvrage a paru pour la première fois en 1792. L’on y trouve , entre autres objéts remar- quables , la description du tremblement de terre qui a plongé la ville de Messine dans le deuil , et Plus- toire de PEtna, E Livres divers. 141 Voraces intéressans pour l'instruction et l’amu- sement de La jeunesse, dans le goût du recueil . de M. Camre. À Utrecht, 1792. . M. Campe a publié, sous ce titre, un recueil de voyages rédigés pour les enfans , qui a eu un très-grand succès. Celui-ci, dont il wa encore paru que les premiers volumes, nous a été adressé par un &e nos plus gélés correspondans , le citoyen Brez, naturaliste et philologue distingué, résident à Utrecht, qui en est l’auteur. Il contient la relation, des îles Pelew. On sait avec quelle avidité les jeunes gens liseat les relations de voyages ; et l'impression que leur font les aventures de Robinson et d’autres également imaginaires. Accomoder des relations de ce £enre à leur âge et à leur intellizence, substituer pour leur instruction des faits réels d’où puisse sortir une morale pure etinstru:tive, à des faits imaginaires, c’est leur, rendre un véritakle service. Le citoyen Brez se pro- pose de réimprimer ce volume, et d’en publier deux nouveaux. Nous ne pouvons que l’encourager à exé- éutèr ce projet utile. : jo LITTÉRATURE GRECQUE. AsciEerrADIS BITHYNI FRAGMENTA , digessit et curapit Christianus Gottlieb Jumpert. À Wei- mar, au Bureau d'Industrie, 1794, in-8°. de 188 pages. Le travail de l'éditeur mérite les plus grands éloges. On peut lui reprocher cependant un peu trop de prévention en faveur de son auteur. L 142 Livres divers. . . GRAMMAIRE. Iz DrsrocnrsTaitaliano-tedesco ossta raccolia di molic dialoghu famigluart sopra divérsc og- getii , con un estrato di proverbé, frast, sentense , preceté moralt ;'ed rstorietté pia- cevoli per wso della gioventi , ete, con alcune favolette del Tessing >; w'tuito. compilato in amendue le Lingive da BARTOLOMMEO BORRONNI; Milano, 1794, presso Giuseppe Galeazzi "con approvazlone , 8.0, 360 pag. — Le Dialogiste italien et allemand, ou recueil de dialogues fami- liers sur divers sujets, avec un choix de proverbes, de yhrases, dé pensées, de préceptes moraux, d’historiettés amusantes, ét.de quelques fables de Lessing } comnilé pour Pusare des commençans , dans les deux largues , rar BARTHÉLEMI BoRRONr ; Milan, 1794, chez Joseph Galeazzi, 8.°, de 369 Cette compilation peut être ulile à ceux qui veulent s'exercer à-la-fois dans les deux langues, et la variété des objets qu’elle contient amuse et intéresse, L'auteur _a donné en 1783 une grannmaire italienne-allemande , imprimée à Milan, dont la brièveté et la clarté ont assuré le succes. POÉSIE HOLLANDAISE. Les Arevruness de Friso, roi des Gangarñides et des Prasiates , poëme en dix chants, par G. pe Harew , avec quelques autres pièces du même auteur , Le tout traduit du Hollandais Er « x Lipres divers. \ 143 par FH. J. Jansen. Paris, «hez H. J. Jansen et com}a: wie , imprimeur-libraire , place du Mu- séum, Pan 3 de la République. Cette éaition n’est qu’une réimpresfion d’un livre fait pour avoir du succès. Le poëme de M. de Haren sur l’ori ine de la Hollande est suffisam- ment connu par les etraiis que Clémient en a publiés. C’est un des beaux ouvrages qui aient été faits en ce genre. Le fond en est un peu romanesque ; mais les situations sont neuves ,'les caractères nobles et bien soutenus, et les sentimens pleins de justesse et d’élé- valion. Le citoven Jausen a rendu un service essen- tel à la littérature, en le faisant passer dans notre langue. Ilest pr'cédé d’une notice d’histoire littéraire sur la poésie hollancaise, ef terminé par différentes pieces fusitives du niéme G. de Haren. Nous pourrons don:ier que'que jour une notice détaitlée sur la vie et les écrits de ce poëte batave. " THÉATEREZ s U É DU IS. Srsr Brane, oder die neugierigen. Sisx BRAuE, ou lés Curieuses, dra” e en trois actes, par feu le roi de Suède, traduit du suédois en allemand , par M. GRUTSCHREIRER » secrétaire de l’ambassade prussienne à Stockholm. Berlin, chez Unger , 1794, avec le portrait de Gustave IT. Les auteurs de ce rang trouvent bien des admira= teurs pendant leur vie, mais il est rare qu’on les tra- duise après leur mort. Cette pièce est le fruit des 144 Livres divers. heures de loisir d’un prince dont l’activité égaloit le génie et les lumièr-s, et qui, enlevé à la fleur de son âge, avoit déjà moissonné tous les genres de gloire. Une pièce de théâtre est généralement regardée comme une lecture frivole ; mais qu’on se garde bien d: considérer celle-ci comme us simple sujet d’amu= sement. C’est un trait historique qui présente un ta bleau fidèle des mœurs et de la politique du temps où : les personnages sont placés, et où l’aurore de Gustave Adolphe promettoit déjà desjours heureux à la Suède. La connoissance du cœur humain, jointe à celle de toutes les ressources de l’art dramatique, en a fait un spectacle qui a produit un: très-bel effet au théâtre. Les traits saillans de politique , de morale et d’huma- pité, dont l’action est parsemée, doivent ouvrir à ce drame l’entrée de la bibliothèque de tout homme qui a des connoissances et du goût. ! Le prix de l’abonnement, pour étranger, est, franc de port : de 9 rixdallers, en or, de 36 livres en esnèces, pour l’année. de 20 florins de Hollande , de 5 rixdallers én or, de 20 livres en espèces, su II forins d. Holl:nde, } sa DUR On s’abonne , pour la Suisse, pour 6 mois, Où 14 Basle , chez J. R. PrrisvERCR ; erne ; Chez la Société typographique. Pour les Pays-Bas et Liége, à Bruxelles, chez Horcnrerz. Pour Ja Hollande s La Haÿe, chez VAN CLrer ; Leyde, chez Murray, frères; Amsterdam, chez CHaAnGuIoN. BD 6 0 Pour l'Allemagne, SE «: LIN Leipsick, chez Voss'et Compagnie. | . Pour le Nord, à Hambourg, chez HorFMANN. Pour Pltalie, Cond : à Livourne, chez Masr ét Compagnie. Es Ste 1 6 Pour PAnpgleterre, à Londres, chez Joxnso» ,St Pauz Church Yard, L SP D m2 ER, V : } 4 vn, TAUX Fu 7. ie © Des Articles contenus du. ce Fon LE #! x PRES LE : OR QU A an Æ. > {rad par Domin. Ricard , tra Æssai sur ljeu, par | M. ee A PAS Me DD VE CC TERRE SL te, pag" 1 F; maè d'la Beauté, pr: Des : HisToirE NALURELÉE. de, #49. Ælémens d' Histoire natureile , Le Larneice, u Een d'une. par À. L. Mila ,. 14 ancienne ballade écossaise; par" ie ANATOMIS. ANG DEP EU, AS TRES = | OAcereotion sur ure Conception SPECTACLES: 2 - singulière, par l'Eveille et Théâtre dela rue Favart. Le: Mouillet, 23 Brigand', doarie a artéltes ; par” ECONOMIE DOMESTIQUE. Hulimanne/Krentzée , 5e 124: Manière Aeieit du pain dertz, NOUYÉLLES L:r% ÉRAIRES. LR 24. Bavrele des solences dé Haüiiemns ARTS CHIMIQUES. 426 Léttresur la L'eintüre du marbre, LIVRES DIVERS. par BE. Salverte 7 142871" Sétences et Arts LE US MÉTAPHYSIQUE. ‘ Mémoire de l'acadéiniede Stoke Préliminaire de lonrrage sûr holm à 135 : l'instruction des sourds-inucls ae :. Matière édieate, ET E par Sicard, RS 30 Sulla for za gel. 'alkalifluvre per. “J BE AUX- ARTS. | Jermare l’emorrag: a de” pasi arm . Suite des observations sur le sal- er io e panosis dall.$ $.M.ba- - : don de 1765 , par Diderot , OL Pas PR 137 Tableaux d'Églisés Dé La CU Voyages: : h Seculpteurs ; 54 Æeiseron Pr esburge durch Hæbz Graveurs ; POLE TERS. 139: VOYAGE s. Observalions ir fout ney through Voyage de J. Longdans lAmé--Sicily by Brian Hill, 140 rique Sepleñtrionale’, trad. par Fo oÿages intéressans pour la jeu J. B. L:J. Billecotq, 72 nésse; par. J. Bréz, LLAR, | BroëernAPAIE. |: Litteralüre grecque. Pie d'Orvier Cromwell , par Asclepiadis Biky nifrcementa, Jeudy Dugour, 62 edent, Christ. Goitijeb J'umperr,. MNotice sur La vie et les écrits ar A6 ou 1e Grammaire. d A1) Dialoghisia ilaliaro- PR HISTOIRE rt à 1 da Bartolommeo Botroni ,' 142 “"MWoticesur J.B.Viera , ! 90 Poésie holandoise: De fs ARCHÆOLOGIE. (Les. Aventures dé Friso, par G. Connoïssance que. les anciens! Haren, poëme tradut par 5 “avoient du PATES PET Fa! coner, |.J: Jarsen, 143 ga! L'héatre suédois, LITTÉR Arvi GRECQUE. Sri Brahe ouiles Curieuses, par: dVotice de ÿleux manuscrits del feu le roi de Suède, 'ubiten lacine , : 103! allemand, par M. Grutschreis (Æusrés morales de PF: utirq ue, ber, | 5 De 2 P.Lyonnet, par P.H. a ee # T1 MS Su y SARA à } c ñ Le ; De L'Imraimeris DU MAGAzIN ENCYCLOTÉDIQUE. ENCYCLOPÉDIQUE, - JOURNAL DES SCIENCES, 7 DES LETTRES er DES ARTS, {À Par Mivrin, NoëLet WAREn< * me FH a'y a presque plus d'ouvragés périodiques qui * 5 1 [#7 servent de dépôt aux invéntions nouvelles et qui Pr rétracent l'histoire, de l'esprit humain ; ceux qui 7. Tue À Me Provence, “N°. 48: Tl EN afragcbie, les. tee et char ge cel ai 4 FATORERE. ds mu | ji ML AE D —— 2 ——4 SCIENCES ET ARTS. ExmrRArT d'une lettre de P. MAscacnr, docteur’ en médecine et professeur public d'anatomie en l’université de Sienne , à R. DEsGENETTESs , médec'nien chef de La divi- sion de droite de l’armée äe La République Française , en Italie. 2:51 | Sienne en Toscane , le 30 juin 1795, Laxarone , la chimie et l’agriculture se par tagent , à ordinaire , tous mes mamens. Je suis maintenant occupé à publier une seconde édition de mon ouvrage sur le système complet des vaisseaux lymphatiques. Cette édition sera en deux volumes in-8.° , et par conséquen d’un format beau- coup plus commode et plus aisé à se procurer que la première. Déjà le premier volume est imprimé : il contient la première partie, et Jai eu soin d’y insérer les rotes que j’avois renvoyées dans la seconde partie 3; jy ai anssi ajouté quelques articles hnportans, et un catalogue des préparations anato- miques qui se trouvent dans ce moment dans notre école. Le second volume s’imprime actuellement ; il cont endra les trois premières planches de mon ichuographie , et uns d'atrine tendante à confirmer par, des expérièuces et de nouve les observations ce que lai avancé, et que vous avez également sou- Tome III, : K / 146 Sciences e£ Arts. tenu , sur la continuation e artèrs avec les veines dans toutes les parties du corps ; et eufin à bannir entièrement des fonctions animales les artères exha- lantes et les veines absorbantes. Quant à la suite de mes recherches chimiques sur les Lagoni, jen ai été un peu détourné par mes autres occupat'ons. Cependant en examinant le sel sédatif concret ,-j’ai trouve un borax naturel, composé d’ammoniaque et d’acide séda if ou bora- cique 5: C't combinaison n’est point surprenante * puisque lon trouve ces deux principes dans les va peu:s et e eaux des Lagon: On cultive b aucoup d'’puis quelque temps en Toscane le sainfoin , onobrychis italica , et la luzerne , medicago sativa. J'ai aussi beau oup propagé la culture des pommes de terre. Il ya deux ans qu’on en fait du pain, on les méle à la farine de froment à la dose d’ux tiers. Dans la cuisson on donne un feu plus lent et moins vif qus pour le pain ordinaire. Ce mélange m'a paru plus san que le pain de froment pur. Il est d'autant plus int ressant d'étendre cette branche de culture, qu’il est rigoureusement prouvé qu’un terrein planté en pommes de terre, rapporte de quoi nourrir quatre à cinq fois plus de personnes, qu’un terrein égal semé en froment. Toute l’Europe plus éclairée , s’empressera un jour d’ cult ver cette plante, don le plus précieux qu’-l'e ait recu de l'Amérique. Votre grande nation qui saisitavec tant de sagacité tout ce qui est utile saura en profiter , sur-tout dans les circonstances où el'e doit se {rouver. C4 6 ae : 7 2 OO. O:G\I E! Mémoïre sur les rapports naturels du Tarsier, ( Didelphis macrotarsus Gm.), /« à La société d'Histoire naturelle , le 21 messidor, an troisième , par les citoyens CurFrEeRr et GEOFFRO FT. Novs ne connoissions encore qu'une espèce de Tarsier, nous n’avions même vu que l'individu dé- crit par le citoyen Daubenton, lorsque nous avions déjà annoncé dans notre mémoire sur la classifica- tion des mammifères que le tarsier devoit former un genre parlicuher dans Pordre des quadramanes, etque cegenre lioit , à quelques égards, les animaux à quatre mains ave” les cheiropières ou chauve- souris. C’est ce que nous nous proposons de démontrer plus évidemment , aujourd’hui, que, graces aux pée mibles travaux des savans Thown et Faujas, la collection stadkouderienne est réunie À ceïle du Muséum d'histoire naturelle , sans que dans son transport elle at éprouvé le moindre accident , et que nous avons pu y observer un autre tarsier conservé dans la liqueur. Si, avant nous, les naturalistes se sont si souvent mépris et contrecits, par rapport à la place que doit occuper le tarsier dans la grande chaîne ces êtres naturels , il faut avouer que cet animal ne leur étoit pas assez connu. Le citoyen Daubenton n’en avoit vu qu’un individu , desséché et en assez mau- vais état; il n’er aycit donc donné qu’une descrip= | K 2 148 Zoologre. tion incomplète, n'ayant pu décrire ni ses organes sexuels, ni ses mamelles, ni la forire des ongles de’ses pieds de derrière, ni même la structure sin- gulère de ses oreilles, cui, parc: qu’elcs ébient racoruies , ne lui avoient paru que conme une grande conque nue et membraneuse : enfin, ce savant, si clèlre, et si utile par la précson et l'exactitude de ses descriptious, na pas fait nention de deux dents dont l’exisience est néanmoins de quelqu’importance pour la détermination des rap- ports. Ce sont deux incisives , extrêmement petites . placées vers le haut, et sur le côté des autérieures de la mâchone supérieure’, presqu’emtièrement ca- clées par la senc ve, et que le citoÿen Dautenton wauroit pu appercevoir qu’en délruisant un animal si rare, que, depuis le temps qu’il Pa publié, per- sonne n’a eu les occasions de faire, ou du moins ma publit de nouvelles observations qui l2 fissent : mieux connoîre ; car les individus, observés par “ Pallas dans le muséum de son ami Schlosser , ap- partiennent évidemment à une autre espèce, comme nous aurons occasion de le faire remarquer dans la suite. Lé tarsier a donc été balotté, de genre en genre, par tous les zoologistes qui ont essayé d’en déter- miner Les rapports. Bulfon, Zimmerman et Pennant en out fait une gerboise : Blumenbach , Bodiiaert et NE Ve SO Erxleben lout cowpris dans le cenre des Makis ; entin, dans la dernire édition du uses nalturæs par Gmclin, on trouve le tarsier rangé parmi les didelphis. ce Eine drones dd à here ei en _n Sur le Tarsier. ” 149 Examinons si tous ces naluralistes ont rapporté l'es èce du tarsier à son véritable genre. 1.0 Les uns en ont fait une gerboise, parce qne les jambes de derrière sont beaucoup plus longues ‘que celles de devant : cep ndant coms ent réunir dans le même gerre les gerboises, de l’ordre des rongeurs, qui n’ont que deux mcisives à chaque mA hoire ; qui wanqu nt de camines , et dont toutes les molaires obtuses appreurent qu’elles sont fru- givores, et le tarsier, dans le suel nous trouvons les: . trois sortes de dents, et dont loutes sont conformées de manière à nous fare croire que cet animal se nourrit d’insectes ? Les orsanes de la génération n’offsent pas moins de différences ; les mamelles sont, dans les ‘erboises , situées à la région adomirale, et à la poitrine dans le tarsier. Si nous descendions aux différen es qui se trouvent dans ‘eurs claipentes osseuses , nous trouverions la tête ds gerboises sem- blab'e à un sphéro.de allongé , applati sur les côtés ; . Jes veux p'acés vers la partie antérieure et litérale ; | la fosse critaire confondue ave: la temporale, etc. ; | et pour le ta sier, une face pleine, les yeux très- | près l’un de Pautre , occupant sur le devant de la «tête un orbite ex essivement grand, et néanmom distinct de la fosse tempora'e; mais il nous sut de démontrer que les extr‘mités de derrière , dont la consi léralion a pu seule et a vérita! lement dé- terminé Buffon , Zimmer an et Penuant, à faire du tarsier une espèce de gerboise, quoique sem- bla les en anparence , sont n'armoins co p’sées d’éiémens très-différens. En eff.t, dans les gerboises K 3 a Zoologie: l’allongement excessif des jambes de derrière dé- pend sur-tout d’un os assez oros ; extrémement allongé, qui, à lui seul , remplace tous les os du métatarse ;: conformation assez singulière , dont Panalogue se retrouve dans les ruminans et les soli- pèdes, et qui a conduit les Arales, observateurs très-judicieux, à comsarer les pieds des .gerboises avec ceux des gazelles. Bien loin que la forme des pieds du tarsier rentre à quelques égards dans celle des animaux ruminans, ils ressemblent entièrement à ceux, de, tous les autres quadrumanes. Le tarse et le métatarse sont composés d'autant d’os, et tous ces 05 soui de même forme, également articulés, et n’ont qu’une grandeur proportionnelle au volurie de la main , si Pon en excepie deux seuls, le sca- phoide et lé calcanénm qui: ont une longu-ur dé- mésurée, et. telle que leur grandeur est au volume des mêmes os, considérés dans les autres quadru- manés , à-peu-près dans la proportion de huit à un. Quoique toutes ces observations, si intéressantes pour juger des rapports du farsier, soient encore:inédites, nous ne les présentons pas ici dans tout leur dé- veloppèment , parce que nous comptons revenir sur cet objet, lorsque nous publisrons Panatomie et le squelette de ce précieux animal. Enfin, Îes mains des tarsiers et des gerboises offrent aussi trop de aifftrences pour faire croire à lidentité de genre entre ces animaux. Dans le ‘tarsier , toutes ont un pouce ‘très-distinct, et des ongles applatis: dans la gerboise , il n’y a pas de pouce distinct : les doigts des côtés, noï.-seulement sont'irès-éloignés des frois « da Surle Tarsier. 151 intermédiaires, mais ils sont pressw’adhérens à los du tarse : ils ne peuvent donc pas servir au mouve- went progressif de l'animal, lorsque les mains du tarsier lui donnent toute fe ité pour grimper aux arbres, s’y atlacher, etc. 2.9 Le tarsier n'appartient point au genre didel- phis. Il en différe par tous les or, anes de deu ième et troisième valeur : nombre des dents, position des mamelles, organ s du toucier, forme de la téte, du corps, des extrémités, de la queue, etc. Dans les didelphes, les organes sexuels sont modifiés , non-seulement dans leur forme, puisque Re toutes les parties en sont doubles, mais même dans leur vode : toujours ces animaux naissent avant ierme ; et pour recevoir ses petits fétus, la feme!le a sous le ventre un sac ouvert et fermé par des muscles, et soutenu par desos, quisont particuliers à celte famille; il n’est rien de semblable dans les tarsiers : ils ne sont donc pas de même genre, 3° On a rangé le tarsier parmi les mais ; c’est aussi avec ces animaux qu’il a le plus de rapport. Nous nous sommes assurés que les organes externes de la génération sont en tout semblables : verge pendante au devant d’un scrotum très-volumineux, deux mamelles pectorales placées sous les aisselles » co-existence des trois sortes de dents , mains e} doists parfaitement détachés ; pouce distinct, mc bile séparément; ongles applatis, etc. fl n’y a jas jusqu’à cet ongle long , courbe et creusé en gout- tière, qui ne se trouve au deuxième doist des pieds de derrière ; mais ce qu’il y a de remarqua- S 4 RE 152 Z oologie. ble, c’est qu'il s’en trouve un tout semblable au troisième doigt. Ces deux doigts sont plus courts que les autres. Quoique tant de caractères se réunissent pour ra- mener le tarsier parmi les makis, il est encore impos- stble de le laisser dans le même genre. On se rappelle que les dents incisives fournissent un caractère de 3.me importance, un carattrre générique; et ici les inci- sives sont très-différentes pour le nombre, la forme et la position. Si déjà cette considération nous dispose à faire un genre du tarsier, la longueur extraordinaire du tarse, la forrne des orei les composées de lohule et d’oreillon, comme celles des chauve-souris et des Loris , la grandeur excessive des yeux, les mam-'les placées non en avant de la poitrine , mais sous les aisselles , la longucur de la queue, couvert:, dans ses trois quarts supérieurs, d’écailles et de poils verticilés et, dans le reste de sa longueur, de poils plus longs et plus fournis, viennent nous confirmer dans ceite opi- mion. Ces différences sont même si frappantes, que l’on seroit tenté dscroire qu’il y a loin de la forme des makis à celle d s tarsièrs, et qu'ici, la marche de ia nature s’est faite pa: un saut brusque, Maïs nous con- noissos deux espèces d'animaux qui, également en rapport avec les makis et avec les tarsiers, nous mènent par nuances insensibles de ceux-ci à ceux-là. Cesanimaux sout, 1.° le paresseux peniadactile du PENSAIE s Vosmaër(tardisnadus cucang. Bodki, j. Cette ::pèce a deux incisives supérieures lrès-écartées, six inférieures rapprochées et déclives , les membres courts ; elle est leuté.et paresseuse, La 2.° espèce est . «Sur le Tarsier. 153: entièrement nouvelle, connue seulement 4’ Adanson ; et rapportée par lui du Sénégal. Ses dents incisives sont semblables, pour le nombre et la position, à du paresseux pentadactyle de Vosmaër ; mais ses 2 membres de derrière soni.conformes conme ceux du tarsier ; elle est vive, agissante, g'impe aux arbres, et se nourrit déni. Ces deux espèces devront former deux genres nouveaux, d'autant qu’Adanson nous d' assuré avoir distinc ué au Sénégal deux autres espèces différentes de celle dont il a rapporté la dé- _‘pouille. Il y a deux espèces de tarsters: Celui indiqué par Pallas , dans ses G/ires , page 275, est év demment différent du larsier décrit par le citoyen Daubeuton. Les incisives ; dans le premier , sont oLtuses , les intermédiaires supérieures aussi longues que ceiles d’en-bas ; dans le tarsier de Daubenton, toutes ces -dents Des pointues , les intermédiaires supérieures beaucoup plus longues : dans l’un, les canines infé- rieures sont plus courtes ; dans le second, elles ont plus de longueur. Le tarsier de Pallas a aussi une dent molaire de moins-;le nez est beaucoup» plus large , les organes.de Ja génération sont plus rawpro- chés du thorax ; Paila: ne donne res te des-couleurs du poil, parce qu'il n'aura pn'les dis- tinguer sur des individus conservés dans la liqueur. Il, dit seulement que l’oreilion on tragus est blan- châtre 5 il étoit brun dans notre tarsier. C'est par lui, que nous savons que ces animaux se trouvent dans les. îles les plus éloignées, de l'Océan indien, sur-lout à Amboine et à Macassar, ct qu'ils soit connus des 154 Physiologie végétale. habitans de cette dernière île ; sous le nom de Poe. 18 C'est de ces deux espèces de tarsier , que nous pro, osons de faire un genre dans lordre des quadru- mares, caract(risé par les dents incisives au nombre de 4 a la machoire supérieure , et de 2 à l’inférieure. Ce genre peut être considéré comme le chaïînon qui unit les quadrumanes aux cheiroptères ou chauve- souris. Il se rapproche de lun des genres de ce der- nicr ordre, par le nombre et la forme des incisives supérivures, par la position des mamneiles, les organes de la génération, et les oreilles ayant le tragus détaché en forme d’oreillon. Les unes et les autres se nour- rissent d'insectes. Eufia ; nousjugeons, à la grandeur des yeux, que les tarsiers sont aussi des animaux nociurnes. ee PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE Le citoyen Girod Clantrans a communiqué a la société philomatique un commencement d’observa- tiens sur la nature du Brssus velutina. Lin. Cette substance, qui croit abondamment sur les murs dans les heux ombragés , est constamment de couleur verte. Une plaiue , considérée au mycros- cope, paroiît composée d’une multittde de petits tubes entrelacés irrégulièrement , qui ‘ous ont une de Jeurs extrémités ouverte et tournée vers ‘a surface exiéricure. Ubservations sur le Byssus velutina. 155 : L'intérieur de ces tubes est complettement rem- pli de corpuscules presque ronds, qui, à une cer- taine époque , s’'échappent par l'ouverture et se répandent sur leur surface extéri-ure, où ils donnent sans doute naissance à de nouveaux tubes. Ces tuses ainsi vidés se fl'irissent , et leur couleur, considéra- Llement ahérée: finit 4 devenir jaunâtre. Un tube de : »yssus, isolé sur une tuile, n’a pas montré d'apparence d’ascroissement , mais la saison trop avancée en est probablement Ja cause. Plusieurs tubes placés sous Peau , et exposés au soleil, ont laisst désager une multitude de bulles trausparentes, qui s’élevoiënt continuellement à la surface , emmenant avec elles des portionsde byssus qui se replongeoient aussi-tôtque la bulle étoit crevée. Ce phénomène n’avoit pas lieu ou ne lavoit que très- foiblement la nuit et MM EE les journées obs- cures. On n’a pas pu constater la nature du gaz qui forme ces: bulles; mais l’anologie indique que c’est le gaz oxygène. . L’acide nitreux attaque le byssus avec efferves- cence, cependant une portion reste indissoluble. Le hi ssus se brûle assez diflicilement ; il donne beaucoup de furnée, el répand une odeur animale sémblable à celle de la corne. Son incinération est encore plus difficile, et ses cendres forment plus du tiers du poids de ce qui -a été braié. Le citoyen Girod Chantrans regarde le hyssus velutina comme un polype, et soupconne que bs espèces de bouquets formés par des corpuscules 4 2 = . La « À ul 11128" * k NY #2 : ; j TA Y a h N L L d vd D | . 156 Medecine. amoncelés à l'ouverture des tubes, sont des bras. II pro vel une suit: à ces observations , lorsque le rer ouvellement de la belle saison lui permettra de les reprendre avec utilité, MÉDECINE. ExrTrair d’un mémoire sur la manie , Lu à la société d'histoire naturelle, par le citoyen PINEL. | Lzs citoyen Pin l'a lu, dans une des dernières s'ances , le résult:t de sesolservations d’une année, sur les varittés que présente la manie, dans l’hos- pice des fous de Bicêtre, et sur les principes du régime physi ue et moral qu’il a fait ado ter pour | concour:r à la guérison de ceux qui en sont suscep- tibies. Des exemples nombreux qu’il a rap orlés font voir que les divers ordres de sivans et d’ar- üistes paient , charue année , leur tribut à cet hos- pice; il étab'it aus:i la distinction bien caractérisée de la manie continue , et de celle qui. n’est qu’in- termittente ou périodique , et il fait remar uer les diffir nces qu'offrent lés accès dars leur invasion y leur marche et leur terminaison brusque ou graduéé. Où ne peut qu'envier à l’Angleterre les asyles publics que la philosophie a consacrés aux. ma- . Mia ues, €t l’art profond! de les diriger de manière à produire les cures lés lus inéspérées. Mais les faits que le citoyen Pinel rapporte, et les règles Sur la manie. 157 qu’il fait mettre en pratique dans l’hospic® des fous ” de Bicètre , indi umt qu’on y est déjà sur la voie des \ rais principes , et qu’on doit tout attendre pour Pa enir de son zèle et de son expérience. Il fait voir les soins qu’on prend pour préparer aux in sensés ue nourriture d’une Fonne qualité, le ton de fermeté et les moyens de douceur qu’on emploie tour-à-tour pour les contenir ; eufin, les innocens artifices qu’on met en usace pour préveuir leurs emportemens fougueux. On doit desirer que les obs- tacles divers qt’opposent enc re d’an iens préjugés au bien que le citoyen Pinel veut opérer, soient entièrement levés. Puisse aussi le corps lég s'atF, comme il le dit lii-méme, reconnoîtr: la né essité _dexconsacrer aux insensés un asyle séparé qui r'- ponde à tous leurs besoïns ; et aui annonce , par une sase ordonman e , le respect u’on doit au malheur et à l’infortune. Be He Sup. 0 USE OzserrATION de feu M. SrLBERMANN , facteur d’orgues à Strasbourg, sur Le branlement de La flêche de la ci-devant cathédrale de cette ville ; communiquée par Le citoyen OBERLIN. Av rapport de Shaw, dans son voyage en Barbarie, on préte d qu’au village de Seedy Occuba, qui porte le nom d’un fameux sénéral arabe , et qui est situé dans l’ancienne Mauritanie, 1l se trouve une 158 Ph ysique. tour à côté du monument sépulchral de ce général, laquelle trembie lorsqu'on crie : Tremble pour l& tête de Seedy Occiwba. Ce conte mérite confirma- tion. Mais | est assez conau que des clochers se re muent au branle des cloches. L'exemple de la Char- lotte de Reims ne laisse aucun doute là-dessus. Borch , dans ses lettres sur la Sicile, en cite ‘un autre de la ville de Marsaila. Feu M. Silbermann, artiste, si justement reuommé par les belles orgues: de-sa facon , porta son attention sur toutes sortes d'objets dans ses momens de loisir. Voici une ob- servalion qu’il m’a communiquée en 1778, et qui vient à l’appui de cétie expérience. ÆElle mérite d’éire conservée. C’est Silbermann qui va parler. « J’avois mesuré la cathédrale en 1753, le 27 mai. J’année suivante, le 16 juin, vers les neuf heures du soir, la fôudre tomba sur la flèche, et jeta en-bas la pomme de cuivre doré, qui avoit été posée sur celle de pierre en 1751. Le coup emporta le pilastre de la pomme, épais de 7 pouces, et la moitié de la croix. Pendant qu’on étoit occupé aux réparations de ce dommage, je montai sur ia cathédrale , le 23 septembre, en compagnie de mon ami Otinann, docteur en médecine , pour mesurer la largeur et lépaisseur de la partie supérieure, à laquel'e on travailloit. Je sortois de la couronne, pour "onter plus haut, lorsqu'un maçon , qui se tenoit au-tessous, s’apouyant contre un pilastre de la couronne | commenra à branler de toutes ses forces, et co nmuniqua une douce commotion à la tour. Je n’en ap; erçus avec étonnement ; j'appel- . “ / | . | Branlement de la flêche de Strasbourg. 159 lai M. Kamm , qui (toit jlus bas, priant le ma-on de répéter le branlement. La teur branloit de nou- veau. Etant grimpé.plus haut ; nous nous p a-âmes sur les barres de fer qui ient la croix ; le macon répéta le branlesent dans la couronne. IL fut si fort dans ce moment-ci , que lPami Ottmann, qui grimpoit en-haut , et n’en savoit point la causé , en fut saisi de frayeur, ce qui nous enyagea à le faire cesser. » Pour me convaincre encore mieux de cette obser- vation , je la rép'tai en 1756, én compagnie de M. Wencker, membre du magistrat d'alors. Nous nous avisämes d’en appeler au témoignage de nos Jeux. Pour cet effet, nons prîmes avec nous un carafle , à demi-remplie d’eau. Arrivés dans la con- ronne , nous la posimes sur le degré le plus haut ; un maçon , qui nous avoit suivi, embrassa le pilier sur lequel repose la pomme. Nous ättendimes que Veau de la caraffe fût dans le plus parfait repos $ alors le maçon commençant à branler avec force : Veau remuoit fortement , et nous sentimes branler la flêche comme d’un tremblement de terre. La répé- tiion produisit le même effet plusieurs fois. Laà- dessus , le macon descendit dans la couronne ) qui est à 32 pieds 9 pouces de la pomme, et fit de nouveau la même expérience. Ayant laissé le maçon dans Ja couronne , nous descendimes au-dessous de la lanterne, à 69 pieds r pouce : de la pomme ; ayant fait signe au macon, il recommenca le bran- lement , que nous ne sentimes guère ; mais l’eau de la caraffe remuoit sensiblement. MIE TR O!L'ONG'T'E. Ayrs iNsrruoTrr sur la fabrication dés mesures « : | de longueur à "lusage' des ouvriers ; par l'agence temporasre des poids et mesures. Ex conformi'é des décrets rendus successivement par les trois assemblées nationales, l'unité des me- sures de longueur, dans toute la république, sera le mètre. Sa longueur est fixée à 3 pieds 11 lignes :* du pied di d ri, ce qui fait à- peu-près 36 Haba 11 lignes ? Toutes LE autres msures de longueur , soit plus grandes, soit plus petites, seront réglées d’après le mètre. En vo ci quiques-unes des plus usuelles. On verra que leur nom indique clairement leur valeur, ce qui est un des nombreux avantases dé ce nouveau système que ls honmes insiruits.et les amis d’un commerce loyal s’em:re;s ront d'adopter. NoMs ET USAGES DES MESURES. Décamètre. Il est dix fois aussi lons que le mètre, et vaut 30 pieds 9 pouces 16 lignes 4 Des :chaînes de cette Joueueur sout commorles pour mesurer les terreins d’une (tendue ordinaire, Double mètre. T! seen à deux mètres on 6 pieds T pouce 10 ligues :£. Ainsi le double mètre peut reuiplater ‘a toise Mesures de longueur. 16r oise pour la mesure des terreins d’une petite étendue, JWtre. C’est la mesure qui remplacera l’aune 3 il/peut SeTVIr aussi à remplacer le pied et 1 a toise dans la mesure des ouvrages de construction et autres. Enfin, la longueur du mèire est celle d’une canne Ordliaire, Demi-mèrre. ILest la moitié d’un mètre ou r pied 6 pouces $ Lignes 18, longueur d’une rèsle ordinaire dé bureau, ; Double décimètre ou Juintimètre. x Il est le cinquième du mètre » C8 qui fait 7 nouces 4lisn-s , On pourra avoir me de «cs mesures dans sa poche , saus qu’elle soit brisé 5 tlle peut remplacer TE ; Pusage du pied. Décimitre. Il est le dixième du mètre > ft équivaut à 3 pouces ülig'es:!. Cette mesure est d’une lon: ueur commode pour étre mise dons un étui > COMME seroit aussi Le double décimètre à charnière, Comment le mèire doit être divisé. Le mètre ne se divise pas seulement en d IX Partieg ou décimètres. Chacu e de celle: -ci est divisée en dix autres parties qui sont alors les ceulièmes de mèire, et qu'on a; pelle par conséquent des centimètres ; et chaque centimètre peut se diviser encore em dix autres Jome III. L 163 . Métrologie. parties qui sont alors des millièmes de mètre, et quo app-Île en conséquence des millimètres (x). | Pour les usages ordinaires du commerce , comme pour mesurer les étoffes fil suflit de diviser lé mètre en 100 parties. Or le mètre Ctant plus petit que l'aune, et celle-ci n'ayant été divisée qu’en 32 parties au plus, où aura, en faisaot usage du mètre, un plus gra:d degré de précision dans Pachat ou la vente des étoffes , que l’aune n’en pouvoit donner (2). Fabrication de mètres. Nous supposerons d’abord qu’on veuille construire des mètres en bois pour remplacer les aunes, et nous dirons brièvement les srincipales attentions qu’it faut avoir pour qu'ils soient propres à cet usage. Nous parlerons ensuite de la construction des autres mesures linéaires ou de Jongueur. Les bois qui conviennent le mieux à la construction de ces mèires et, en général, de toutes les mesures linéaires, sont ceux qui sont suflisamment durs, se dressent proprement , et nese courbent pas señsible- (x) Le centimètre équivaut à 4 lignes 2° et le millimètre à 4 de ligne. 3 de hgne (2) Celui qui avoit besoin de plus d’un quart d'étoffe en achetoit ordinairement un tiers , parce qu’il n’y avoit pas de degré bien marqué entre ? et. Dans la nouvelle division , 2 répondra à 25 centièmes , et + à 33 centièmes. Or , depuis 25 + jusqu’à 33 , on peut choisir à volonté 26 , 27,28 d.et ainsi yrendre la quantité d’étofle nécessaire saus faire une dépense superilue, CESR = RES pe es * ceci Mesures de longueur.” … 163 ÿnent par l'effet de l'humidité et de la sécheresse : tels le chêne , Le noyer, le corinier et Palizier, pourvu qu'ils soient bien ses. ë 4 ) A ;rès avoir dressé les bois, so't quarrément, soit à pas, soit en forme de canne, on les coupe de lon- gueur. La figure quarrée étant Ta p'us ficile pour le dres age, en devroit Padopter de préférence ; et en donnant à chaque face du mèire la largeur de deux cestimètres ou de 9 lignes ervi"on, il aura toute 1a solilté et la l'aéreté nécessaires. Pour couper le mètre de longueur, on pourroit prendre avec un pie : dit de roi, ou sur une torse, 3 pieds 11 lignes + Mais c>'moyen est su'et à erreur, parce que le pied de roi, de même que la toise en usage dans les arfs, ont'rare.nent une grandeur bi n juste. Il vaudra beaucoup mieux se procur2r la vraie longueur du mètre, arlemo eu des mèties modèles qui seront répandus et envovés en quantit® suffisante dans i+s départemens. Les artist s ea irouveront près des autorités constiuées et entre les mains de t us les ingénieurs civils et mil taires, et ils leur seront com- mmuniqués sans d'fhculté. Tes enir-\reneurs et fabri- cans pourront aussi s’en; rocurer drerte ent, en s'adressant à l’a, ence tem; orairse dés poids et mésures, Pour empêcher les mètres en bois de s’user trop vite à leurs bouts, il est hon de les carir d'un étrier de fer battu ou de tôl-. Mais 1l faut tenir comte de , Pepaisseur de ces étrie s daas la lonsu ur totale. & l'épaisseur de la tôle est d’une ligne, 1 faud'a que le bois so t coupé à deux lisnes de moins que la lonsueur du mètre modèle. L 2. \ r64 Dei rologie. Les étriers s’adapient aux bouts du mètre, et s'y fixent par le moyen de petits élous. Mais avant d’en- foncer tout-fait ceux-ci, on s’assurera si la longueur du mètre est d’une extrémité à l’autre con‘orme à celle du modèle. Une erreur en plus ou en moins de la valeur d’un millimètre ( qui est un peu moindre d’une demt-ligne ), feroit rejeter La mesure , lorsqu'elle sera présentée au vérificateur pour êire potnconnée. À Division des mètres. Pour diviser le mètre, on peut employer plusieurs moyens. Le plus simple seroit d’avoir une bande de tôle d’un pouce de largeur, de deux millimètres ou une ligue environ d’epaisseur, qui'eut exactement la ‘longueur du mètre et 100 petites denis espacées éga- lement. Chacune de ces dents auroit un côté d’équerre avec la longueur de cette bande de tôle ou calibre ; et la :ongueur de ce côté seroit de deux centimétres, qui est, comme nous l'avons dit , la laryeur qu’on eut donner aux mètres en bois. En appliquant sur le mètre ce calibre, on y traceroit promptement et exacienent les ceniimètres au moyen d’une pointe qu’on £lisseroit le long de chaque dent, en appuyant un peu dessus. [l faut que ces divisions du calibre soicnt faites bien exactement. Car si une ou plu- sieurs d’'élies prodursoient en plus où en moins une erreur d'un millimètre, la mesure ne seroit point adnuise. Ces tra.ts faiis à la pointe ne sont que des indica- fious de divisions. Il faut que celles-ci soient plus RAR Tnt D ste à “ut de EH l4 JMesures de lLonsueur. 165 © visibles ét plus durables. Pour cela, on peut faire usage d’un c s’au de menuisier non tranchant et d’un marteau pour marquer sufhisamment chine trait dans le bois. - De dix en dix centimètres, on fichera au milieu des traits dont nous venons de parler, un petit clou ; et on en mettra {rois au trait du milieu, pour indiquer facilement les deux moitiés du mètre. Enfin, pour fac liter usage du niètre, on pourra marquer sur une des fa es contiguës à celie qui est divisée ,) les pariies de lPaune qui y entreront ; mais elles seront indiquées seulément par des traits en- foncés , semblables à ceux des centimètres, et n'auront point de c'oux. | Le fabricant est tenu d'imprimer en creux sur la mesure le mot mètre , et en outre son nom et prénom, ou leurs lettres initiales, où sa marque (1). On sait qu’on imprime de cette manière au méyen de poinçons et d’un marteau. ' Tout ceci étant fait, on présentera le mètre au vérificateur. Si, dans sa construction, on a suivi les conseils que nous avons indiqu's, il ne refusera pas de l’admettre et d’y appliquer le poin:on d :la Répu- blique. Sans cette marque , aucune nouvelle me- sure rest légale. Elle ne peut donc être employée dans le commerce. 4. - Des mètres cannes. Si on vouloit construire des mètres en forme de (x) Ces conditions de même que celle de l'apposi‘ion du poinçon. de la République , dont il est question plus bas, sont exigées dans toutes les nouvelles mesures en gérérah L 3 \ 166 _.. Wétrologie. | _cannes ; il faudroïtsnivre une méthode un peu diffé rente de celle qu * nôus venons d'exposer. Larcarhe dvroit être garnie en haut et en bas de matières cuine ’ugnt pas facilement. La longueur du mètre se trouveroit ‘omprise e:tre l'extrémité supérieure de la garniture d’en haut et l'extr mité iuf rieure de la garniture den ba: ; et celle-ci devroit avoir un clou trèssaillant pour garantir cette même extrémité. Si on faisoit c'aue s1rnitvre de la canne en deux parties, se réunissant à m tre pourroit alors être : emprise entre lesexiréirités vi, et à écrou,.la 'ongueur du des aties fixes, Klle ser it donc toujours la même, et la partie mobile de la garniture supérieure pourroit être saill nt: en fo me de pom re ou de toute autre chose. Mis cette constrn tion exise des | r'cautions, et produit une augmentation d'ouvrage et de prix dont on peu! se : asser (r). Pour que la sur ace de la canre soit es et qu’om re s’aper-oive pas facilement qu’elle est en même temps une mesure, on peut ne la diviser qu’en déci- = (1) Si la garniture inférieure de la canne étoit à vis et’à écrou et en fe”, on auro t de la jeine au bout de quelque temps, -&’en séparer la vartie mobile, à cause de la rouille que lhunridité produit sur le fer Pour empêcher cet effet, on pourruil faire Ja vis et l’écrou en cuivre ; mais à moins de 8onner à la vis une longueur suffisante et un : as très-fin , on risque de rendre la partie mobile , attendu que les secousses riiiéré:s qu’elle recoit en faisant usage de la canne, l’ouvrent un peu ch aque fois. Il est possible cependant aies cet autre incopvément , au moyen d’un ajustage particutier de la vis & de l’écrou. Nous en parlerons dans la note suivante, ‘ Mesures de longueur. #67 mètres, subdiviser le seul décimètre d’en haut en dix autres parties, n'emplover, pour marquer toutes ces ‘divisions, que d_ petites chevil'es en cuivre, en bois ou en os, dont la couleur tranche sur celle de la canne, et les couper à fleur de la surface de celie-ci. Des doubles mètres. Peux cannes de ce genr:, maisayant à leur extré- mité, la première une vis, et la seconde un écrou , formercient par leur réunion le double mètre. Dins ce cas, leur garniture à cuaque extrémité pourroit étre en cuivre (r). | Des décamètres. … Nous avons remarqué plus haut que le décamètæ est la longueur qu’on donne aux chaînes pour mesurer les terreins d’une étendue erdinaire. On sait que ces ‘chaînes sont faites avéc un gros fil de fer. On peut donner à chaque chaïnon la iongueur de deux déci- (1) Pour donner plus de solidité au double mètre , dans les parties qui se joignent , et pour empêcher qu’elles ne se séparent facilement, on pourroit construire la vis et Pécrou de la mavièresuivante. L’écrou doit-être pratiqné dans un canon ou cylindre d'in diamètre plus petit que celui de la garniture à laquelle il appartient , et la vis doit se trouyer iso'ée de sa garniture d’une distance égale à l’épaisseur du canon, par ce moyen , pendant que la vis se place dans l’écrou , Le canon entre dans cet espace , et il en résulte que la vis se trouve entourée de l’écrou ou cylindre et d’une douille ou virole , ce qui rend cet ajustagé très-solide , et que le donble froite- ment de la vis dans l’écrou , et du D un dans la douille 4 empêche que les deux mètres ne se séparent aisément. L 4 168 Métrologie. mètres, en y CR euant Panneau ou sorte de S , qu£ üuit ces chairons. Ma's nous conseillons d'employer de préférence Li s anneaux, parce que l’expérien e a prouvé que les chaipes qui en sont garnies, se tendent :etse pléient ples facilement que lorsqu'elles ont des S. On sait aussi cue le nremier et le dernier chaînon doivent avoir wne main pour tendre fa ilement la chaire et pouvi oir y fixer des piqets. Ii est donc né- céssaire que la longueur de cette nain Pen arte de celle du ci:ainon auquel elle est r'uuie, ç ést-à-dires que la main et le « hainon où elie est at lapt ‘e, fassent æensemb'e la !: êne longueur que celle, des autres chainons. Quant aux moyens de construiré ces chaines, ils se réduisent à couper de longueur et à courber exactement le Lout des c'iainons, les anneaux et les mais. D y a dés ch aînes d’une longueur double de celles dont nous venons de nous occuper, ou de 61 pi: ds n pouces et À de ligne, qui servent pour la mesure d'+ terreins.d'une grande ét:ndne. On appelle ces chaines des doubles décamètres, et leur construction ue diffère de la précédente , qu’en ce que le fil de fer doit étre plus gros , et que les chiainons peuvent avoir un deini-mètre de longueur. É Des mètres et parties de mètre divisés en mulia mètres. Les artistes qui voudront construire des mètres , des derri-mètres, et autres parties du mètre dans la division décimale et divisées en millimètres (1), (x) Les parties du mètre qui dans cette division présentent — ‘ En Mesures de longueur. 169 pourront examiner les mesures qui seront émises , _portaut le nom de modèles. La division ,; pour qu’elle soit exacte , est ce qu’il y a de plus difficile dans la construction de ces mesures. Et le moyen de la faire avec précision et promplitude , est de se servir de machines. La plus simple de toutes, et par conséquent la moins dispendieuse , seroit de construire un oulii Où espèce de poincon, de la hauteur d’environ 15 certi- mètres ou 5 à 6 pouces à-peu-près. Sa partie infé- rieure auroit deux centimètres de largeur et environ deux millimètres d'épaisseur. Cet outil devroit être construit en très-bon acier. On le détremoeroit à la manière oydinaire ; et, dès qu’on auroit donné à sa partie inférieure les dimensions que nous venons d’indiquer , on y traceroit les millimètres. Puis, avec une petite lime, on l’év deroit pour y pratiquer des dents semblables à celles d’une scie, ayaüt bien soin dé ne pas entamer avec la lime les iraiis dont nous veuons de parler , lesquels doivent ètre les extrémités des dents. Ceci étant fait, on retrempe lPoutl. I est alorsen état d’être employé. Mais , pour bien diriger l’outil sur la mesure: à diviser, il faut qu’il ait un guide sûr. Ce guide est une régle en cuivre, posée de camp, et ayant dés fentes verticales tiès-minces et à deux centimètres de dis- tance. Dans ces fentes on introduiroit deux talons, qu’onsauroit eu le soin de pratiquer à Poulil, ou ce qui seroit préférable , dans une boëte en fer où loatil “des longueurs commodes pour la constr ction des mesures, sont le demi-mèêtre , le double-décimètre et le décimètre. 170 Métrologie. se trouvero't fixé, Enfin, sur l’ ‘ta°li où on auroit fixé cette régle ; on sebte dés vis de pression , pour piacer la mesure à diviser et l’empêcher de varier, Par ce moyen, cette mesure seroit firée nvarialle- ment 3; et introdnisant successiv ment de la main gauche l'outil dans les rainures de la régle, et saisis- sant de la main droite un petit ma:t au avec lequel on frappeéroit sur l'outil, on diviseroit promptement €teracterent la mesure pro 'osée (r). Fu examinaut les modèles dont il a été parl, on verra que les traits qui indiquent le 5,°, le r5.,. le 25.° millimètre, etc, , sont un peu plus longs que ceu: d's autres millimètres, à l'exception des traits qui répondent aux centim'tres qui sont un peu plus Tongs que les premiers. On y verra aussi que les cen- tivètres et les déc mètres sont indiqués par des chiffres. Si on vouloi que ls mesures en question fussent di- visées de cette manière, il fäudroit construir: loutcê en conséquence , etavoir de petits poinçons pour mar- quer les chiffres. Nous ne parlerons pas de la fabrication des mesures de lorgueur en métai, Il suffira aux artistes qui les font ordinairement, de voir un modèle, pour qu'ils 1 imitent par faiteme ut dans la constr éd des mesures (x) Le mécanisme dont nous venons de rarler, ainsi que le calibre en tôle que nous avons conseillé pour la division des nètres qui doivent remplacer les aunes, ont été imaginés et exécutés par le citoyen Lencir, ingénieur en instrumens ‘de mathématiques, dont les talens distingués égalent som zèle pour tout ce qui peut contribuer au bien général. Poyages. 17£ de ce genre. D'ailleurs, nous serions o"ligés d'entrer dans beaucoup de détails que ne comporte pas léten- “due de cet avis. 0 he mm V:9:Y À.G ES. ZLerrres d’un voyageur , deux parties , à Amster- dam , et à Paris, chez Maradan, libraire , rue du Cimetière-André-des-Arcs. Ces lettres doivent aroïr été écrites vers la fin de la gu rre d'Amérique. L'auteur s'embarque sur un vaisseau hollandais po::r le cap de Bonne-Essérance ; après une navigation de moins d’un mois, ce navire est pris par un vaisseau de guerre anglais, et le voya- geur esf emmené prisonnier en Angleterre. Un séjour très-court dans un villaÿe nommé A‘resfort, quatre jours seulement passés à Londres, ne lui dorment pas le temps de s'étendre sur cette ile célèbre ; il ne peut ‘juger que de l'aspect du pays, de la magie des Jar- dius, parcourir les monumens les plus connus, ceux qui attirent le plus les étrangers, et retrouver dans quelques conversations le caractère original qui dis- tingue ce peuple. Il revient en France, débarque à Calais, passe à Boulogne , et se fixe quelqu. temps dans la vallée de Montmorency. L’élose quil en fait, est senti par tous ceux qui l'ont parcourue ; il parle sur-tout de l'Hermitage , de ce lieu solitaire où Jean-Jacques composa son Héloise et commença l’Emile. Le voya- 4 278 2) .…. Voyages. geur y lit à regret des vers composés par la personne qui avoit oflert un asyle au p'ilosop! ‘e , et qui, piquée de le voir Paba donner, sâta tous ses bienfaits par ce reproche d’ingratitude. Au commence ent du second volume , l’au'eur reprend ses premiers projets d: vorage ; il parcourt la Bretasne avec assez de rapidité, visite Brest, y passe quelque temps , et finit par se r'ndre à la Rochelle, où il doit sembarquer de nouveau pour le cap de Bonne-Hspérance ; il paroît qu’à ce second Vo: age, il commandoit des trou es qu’on euoyoit dans l’Inde. Après une course à lile d’Oleron , il S’einbarque sur un vaisséau franra s. Alors la paix étoit faite, et il ne crai t plus la rencontre ds en- nemis. La navisation est longue, peril'euse ; il parle d’une violente tempête ; quel est le voyageur quiv’en orne pas son vo age? Après avoir passé laligre, 1 est pris par des cahnes, les vivres el l’eau s’épuisert, il est obligé de relâciier, et cest à Pile Æanobon qw'il prend terre. Cette île, situte à un degré 30 minutes : de latitude sud, et quatre degrés 45 minutes de longi= tude orientale, peu connue des pgéographes, moins visitée par les voy'geurs, ne paroît pas éloignée des côtes d'Afrique. Elle est habitée par des nègres et pourroit offrir une relâche très-désirable aux vaisseaux dont les vents coniraires auroient retardé la marche. L'auteur s'étend plus sur le séjour qu’il y a fait, que dass aucune antre partie de son'ouvrase ; il ne dit pas lé temps qu’il y est resté, mais, après avoir vu ré tablir tous les malades et rempli le vaisseau de pros visions fraiches, ils reprennent leur route : c’est ici Le en re n ll LES Ê RE Frise 5 + Fe Ze J A La Leitres d’un voyageur. 173 que le voyage finit ; car, au bout de deux jours, le voyageur tombe n'alade d’un abcès à la‘tête, occaz _sionné par une chute de cheval &:u’il avôit faite avant de quitter Pile d'Oleron ; abattu, languissant, presque sans connoiïssante , ilne peut plus faire aucune ob servation ; c’est dans cet état qu’il arrive an Cap. Il promet d’autres lettres, sisa santé se rétablit. Comme celle-là termine ’ouvrage , on doit présumer qu'il a suc ombé à sa maladie, Cet ouvraie est écrit en général d’une mañivre agréable et facile. Il y a ceendant des phras s re- cherchées, quelques comparaisons déplacées on tirées de trop loin, ce qui paroît d'autant plus étonnant, que l’auteur cite souvent Montaigne , et paroît sentir le mérite de cette simpli-ité d'expression, que, sous uu vieux langage , on trouve toujours Jeune et fraîche. Pour donner une idée de la manière d'écrire de l’au- eur, nous citerons difffrens morceaux de son ouvrage, Ses tettres sont adress es à un ami qu’il traite cepen- dant assez froidemert., Voici ce qu’il lui dit: « Vous voyez, Monsieur, comment les hommes » se nourrissent d'illusions. Je vous parle > Sans que » vous puissiez m'’entendre ; je vous écris , Sans savoir » si vous me lirez jamais. Au moins ai-je une conso- » lation, celle de peuser que, si le plaisir de m’oc- » cuper de vous fait mon bonheur , il ne vous est pas ». tout-a-fait indifférent. Tilusion pour illusion , celle » du senthnent n’en vaut-elle pa: bien une autre ? » Nous répondrons à Pauteur, que c’est même la seule que l’on puisse nourrir sans danger, parce qu’en la perdant ; €lle laisse encore le charme des souvenirs. 374 Voyages. Voici comment il peint les campagnes de PAngle- èrre : « « J! est impossible > Monsieur, de voir un paysage plus aimable ; pus doux que celui dés environs d’Alresfort. Laissez errer votre imagination sur tout ce que vous ayez jamais vu de plus graci ux dans re seure. Formez-vous le tableau de plusieurs vallons, enchaïînés les uns aux autres par des rüis- eaux limpides, coulant dans de vertes prairies sous les voites du plus beau feuillage. Voyez Les détours ces collines occués par des moulins et des ‘fermes ; leurs somm ts couroanés de ma'sous char- mantes ; sur leurs penchans, des 'artins sans art, des parcs ferns, non par ces énormes p'eux qui font ress-mbler les encéintes des nôtr:s à ceiles du chemin couvert d’une ‘ortersse , mais de ces petites ; palissades vertes, qui, sans rien derober au coup- d'il, se marient avec là fraiche r des. gazons. Voyez le fond de ce riant ta! leau , animé par des troupeaux de daims qui bondisseut en liberté, par d:s chutes d’eau quise préc pitent du sommet d’un mont aridé et pelé. En ceci, les Anglais, imi ateurs des Chinois, les ont surpassés en s’ reveuir. » Lorsque nous fumes arrivés à Ja cabane de ce » nouveau philosophe, il n'invita à y entrer ; jy » trouvai deux enfans et sa femme , aussi Jolie » qu'une ncgresse puisse l'être, et je vous assure, » qu'à la beauté idéale du teint près, Je n’ai Jamais » vu de plus aimable figure. Avec tous les traits par- » faits, sa physionomie annoncoit tant de douceur, » de sensibilité, d’innocence , que dans le temple » de Vesta même on l’eût prise pour la plus pure » de ses vierges. » Une espèce de table , quelques ustensiles de » ménase, une natte tendue sur huit pieux, et ser- vant 1 Lettres d'un Voyageur. T7 vant de lit à toute la famille > Composoient le mo » qui est bien simple pour un loinmme sul a vu Je » luxe de l’Europe. Oui, répond le negre 5 mais » c’est aussi moins cher et moins embarrassant, » Peu-de blancs seroient aussi philosophe & En abordant à l'ile d’'Annobon, plus de deux cents 4 la plupart dans un cta: désespéré, Un nègre , touche ( de leurs souffrances > assura qu’il possédoit un re- mède infaillible contre ce fléau des na: igateurs. Que ce remède fort sinple élit composé dure terre grise et friable, délayée dans de huile de palniier, et que, pour un léger salaire, il se charseroit de guérir tous Jes malai. Ces derniers furent plu- sieurs fois par jour frottés de cette drogue , et les plus malades furent mis en état de marcher au bout de deux jours. 7 couverte aussi précieuse pour lhumanité n’ait PaS aïtiré d’avantace l’atten- tion de l’anteur. Il auroit pu exaniiner cette terre, en recounoitre l’analogie avec quelqw'autre , et mettre Il est étonnant qu’une d: les chimistes dass le cas de perfectionner ce re- mède si utile aux nav ga. urs de toutes les na- tions. Une observation singulière , faite par le voyageur, c'est que, dans tous les endroits occupés par les Orangers et les itronniers", en creusant la terre à plus d’un pied , il Jui a Consiamment trouvé la Couleur jaune , et le goût ains que le parfun d’une compote d'orange. Cela vient sans doute des débris, Tome III. M » bilier, Voila , dis-je au maïtre de la maison > Voilà, matelots ou soldats éto ent aftaqués du scorbut, et 378 Voyage. des fleurs et d°s feuilles qui forment un sol nouveax au pied des arbres. F : Voilà en sûbstance ce qu’il y a d’utile ou de cu- rieux dans cetouvrage. Rien n’est approfondi ; c’est un apperçu fait avec esprit et grace ; mais qui n’as joute rien à la somme des connoissances que les autres voyageurs ont moissonnées pour l’utilité ou l'agrément de leur patrie. HISTOIRE LITTÉRAIRE. OPsERVATIONS sur quelques articles du Magasin ÆEncyclopédique. Tom. IT, pag. 30, 47 et 72. JL. Tnanvorron des Pronostiques et du Prorrhetique d’Hippocrate. On dit, pag. 30 du Magasin , que les Pronostiques avoient déjà été traduits en français par Pierre Verney , en 1742. La note sur cet en- droit, porte: à Lyon, en 1542, in-6°. Laquelle de ces deux dat s est la véritable ? C’est ce que se demande le lecteur. Un hom »e instruit voit bientôt que c’est la deuxième. En effet, le fameux Dolet imprima cette traduction à Lyon, en 1542 ; mais elle avoi: paru dès 1539 , dans la même ville, chez Pierre de Ste.-Lucie; ce qu’il n’éloit pas inutile d’ajouter. TI. Norrce de quelques poëtes latins du moyen âce , par Hayley, pag. 47 et suiv. du Magasin. Cet article, qui m’a intéressé très-particulièrement , me fournit les remarques suivantes : | NT 1 Observations diverses. ‘179 * 10. ABBON, pag. 48. « Son poëme est imprimé dans le second volume du Scr pt& Francorum de Duchesne ». Il falloit dire des Seriptores Franco= rum. La même faute de citation est répétée deux fois, aux pag. 50 et 57. — Avant ou depuis cette édition d’Abbon, par Duchesne, il en a paru si: ou ept, dont la meilleure est celle qui est à la suite des Nouvelles Annales de Paris, jusqu’au règne de Hugues Capet, par Dom Toussaint Dup'essis, bénédictin de la Congrésat on deSt-Maur. Paris 1753, in-4% L'éditeur y ajoute les gloses entières d’Abbon lui-même, sur son poëme, et de bonnes notes de sa façon — Dans les sept vers de ce poëme, rapportés là, deux fautes d'impression rendent le passage in- intelligible. Au quatrième vers : beniænus Olebat, corrigez Alebat ; au vèrs suivant : ffæc, inquit, miror, narrare potesi aliquis re? Pouciuez ainsi = Hæc ; inguit, miror. Narrare potest aliquis ne? Au titre du livre cité, a la rote, de Polyc. Levser , il faut lire decem.… sæculorum , au lieu de deci- mur. 20. Pag. 49. Gux , évêque d'Amiens, de 1058 à 1076. Son article dans la hiblioti èque latine du moyen âge, par Fabricius, tom. 3, pag. 126 et 127 (1), (1) Edition de Padoue 1754, in-4.° , 6 volumes. C’est la meilleure, et on la doit aux soins de Jean-Dominique Hansi, - mort archevèque de Lucques ; en septembre 1769 , à l’age de 77 ans, auteur de plusieurs ouvrages. Mansi a fait au livre de Fabrioius des additions et des eorrecliens importantes ; mais son édition est épuisée. J'y ai fait moi-même , depuis 20 ans, beaucoup d’addiuons et de corrections nouvelles L M'A 180 Histoire littéraire. est curieux ; mais il est bon d’y joindre ceux qui se trouvent au tome 8, pig. 29 et suiv. de l'Histoire littéraire de la France, par les Bén'dictins ; et dans le tome vinytième, pag. 477 et suiv. de l'Histoire des auteurs sacrés, par Dom Ceillier. On y voit que ce poëme de Guy est perdu, ou, du moins, si bien caché dans quelque bibliothèque, que lon ignore dans laquelie il se trouve. 30. Même pag. 49. GUILLAUME DE LA POUILLE ‘: Son poëme, imprimé pour la première fois en 1582, in-4.° ( Il falloit ajouter à Rouen ), a été réimprimé dans les Scriptores rerum Italicar. de Muratori. ( Tome V, falloit-il encore ajouter ) : Mais il y en a encore deux autres éditions indiquées par Fabricius , «bc suprà , tom. ITT ,'pag. 136. 4°. Pag. 5o. Guatrrenus , évê ue de Sienne. Ce qu’en dit ici M. Hayley , est extrait de Polyc. Leyser et de louvrage cité de Fabr cius, pag. 110. 5°. Pag. 51. LaurENT de Vérone. Son poëme a pour titre de bello Balearico, sive rerum in Ma- Jorica Pisanorum ac de ecrum triumpho Pisis anno 1115 habito, Libre VII. Uehelli l’a publié dans le tom. ITT de lPJtalia sacra, ancienne édition ; n'ais il est réimprimé encore dans le tom. X de la nou- velle. qui sont prètes à paroître , dès que les circonstances le permet- tront. Mes additions qui seroïent fondues dans le texte et à chaque article ,augmenteroient l'ouvrage d'un demi-volume ; quelques connoisseurs à qui je les ai communiquées ; ont jugé qu'elles ne seroient pas inuliles. Observations diverses. 18f Go. Ibid et pag. 52. Gaurrer de C'ätillon. « La meilleure édition de son poëme e:t celle fate à LEype, en 1558 in-4% », Lisez: à Lyon, chez Rob-rt Granjon , en lettres cursives, dont le même Granjon, qui les avoit gravées, se servit pour lim- 4 pression de quelques ouvrages français. Une note sur cet article , porte : « Je crois qu’on trouve un extrait » de ce poëre dans l’Année Hitéraire de Fréron ». | Le fait est sûr ; et ‘1 est encore vrai que, dans le 1 tom. f, pag. 216, année 1760 de ce même journal | de Fréron, il y a une lettre critique de cet extrait. (J'ajoute, 1°. que l'abricius donne-un bon article à Gautier de Châtillon, wbr suprà , tom. TITI. pag. 112 et r13. 2°. Que la bibliothèque nat'onale seule possède 19 manuscrits de PÆlexandrei ‘e , surles- quels le feu P. Daire, bibliothécaire des Célestins de Paris , avoit revu le texte latin , qu’il m’a dit plu- siérrs fois devoir redonner, accompagné d’une i{ra- duction francaise de sa facon. 3°. Que dans le jour- nal des Savaus, Avril 1760, il y a, de M. de Fon- ceimagne, une letire curieuse sur Gaut er ‘et sur un anuscrit de son poëme, alors conservé à Tours ; lettre dont M. de Fo cemagre me donna , quelq e temps avant sa ort, la minute avec des additions manuscrites de sa main. 4°. Enfin, que c’est dans cette Æl/erandreide aue se trouve (liv. V , versle milieu) le v rs devenu proverbial , et que beaucoup de gens cilent sans savo r de qui il est: Incidit in Seyllam cupiens vitare Charibdim. Seulement ,il est bon d’observer que le poëte, adres- …_ sant, en cet entioit, la parole à Darius, lui dits D Jncüutisin, etc. | 182 Histoire littéraire. 7°. Pas. 52. Guntmer. Le titre ( Ligurinus) de son poëme où il célèbre les exploits de Frédéric Barberousse, en Ligurie, contre les Milanai, ce titre, dis-je, a été pris par plusieurs binhiogriphes, pour le nom de l’auteur du poëme. Gibbon, dans son “Histoire de la décadence de l'Empire romain , cite souvent ce poëme. La traduciion française de Gibhon fait dire À cet auteur (pag. 222 du tom. XVTID), à propos de trois vers de Gunther, la-phrase suiraante qui sera une énigme pour bien des lecteurs : « Il faut applaudir à ladresse de Ligurinus, qui tire un compliment délicat du nom anti- -poétique de Ligu- rinus». — Fabricius qui donne (tom. 3, pag, 174 et WE ) un bon article sur Gunther et son Ligurin , parie d’une édition plus correcte que les précédentes, promise par Withof. Dans mon exemplaire de Fa- bricius, Jai fait sur cet article plusieurs notes, en- ir’autres celle-ci que je mets en francais : « Corneille- Valère Vonck,dansses Lectiones Latinæ,imprimées à Utrecht, en 1745, in-6°. , donne , liv. IT, chap. IV, plusieurs corrections importantes sur le poëme ‘Ligurinus ». 80. Pag. 53. Gurrraume de Bretagne. Ce poëte Guillelmus Brito , se noïñïme, pour 1 ordinaire , en français, Guillaume Le Breton ; sur lequel il y a, de M. Sainte-Palaye, dans les Mémoires de l’A- cadémie des Enscriptions , tom, VIII, page 536, un bon et très-curieux morceau qu Fi du abregé le P. Niceron, tom. XXVIIT de ses Mé- moires , et Chaufepié, dans son Dictionnaire histo- sque, aux articles qu’ils ont donnés sur ce poële. J . | » Observations diverses. 183 _ Avant les trois éditions de la Philippis ; Jacques Meyer avoit publié , à part, un fragment de ce poëme, contenant le récit de la guerre de Philippe-Auguste avec l’empereur Othon, en 1197. Ce fragment fait partie d’un volume in-8°. qui contient aussi des poésies mélées de l’éditeur Meyer , dont je donne un extrait dans mes Notices des poëtes latins mcdernes.Le poëme Carlottis où Karlotis , composé par le même Guil- lause Le Breton, à la louange de son élève , Pierre Charlot, bätard de Phiippe-Auguste, évêque de Noyon (r), n’est point dans le catalogue imprimé des MMss. Bcbliothecæ regiæ Paristensis ; je l’ai inutilement cherché jusqu'ici ; ce qui me persuade qu’il n'existe plus, et que peut-êire Lauteur ne le finit-1l jamais. Mais cette Carlottis me rappelle deux autres poëmes, à-peu-près du même titre. L’un , qui dans le manuscrit, in-8°. sur vélin , n°. 6266 de la Bibliothèque nationale , est intitulé : « Liber primus » Carolidos , sive carmen de miseriis guerre Anglo- » Trum », et qui commence (sans aucun avertisse= ment ni préface ) par ces vers: Illustris Karolus Francorum regius heros Sceptrigeros aliis in regnis nobilitate Transe He Reges super omnes atque fideles Summus , etc. QG) Mort près de l’ile de Chypre , sur le vaisseau qui le menoit, à la suile de Saint-Louis , à la première expédition maritime de ce roi. Voyez son arliele dans le nouveau Gallia Chrisliana des Bénédictins , tome IX. col. 1009 et Iolo , où l'on rapporte deux longs morceaux de la Phrlippis qui re- gardent cet évêque, ainsi que son épitaphe en huit Hegamèires Léonins ou rimés. M 3 LA à , a. AUD TE ARE ECO STE ONE \ » ge 1 re 184 … Histoire littéräire. Je soupconne que c’est, peut-être, le seul pre- m'er hvre dun poëme de Huinbert de Montmoret, imprimé à Paris, « œædibus Ascensianis ad VI. Kalenitas febr. 1512, in-4°. de 6o feuillets, sous le titre: Bellorum Britannicorum a Caroto Fran- corum rege FIL. In Henricum Analorum regem , Jelici eventu, auspice Puell& francä. gestorum lcbrs VIT (x) ; mais je n’ai pas eu encore le loisir. de vérifier mon ‘sou)con; parce que le poëme im- primé m’est pas à la Bibliothèque nationale , mais dans un autre dépôt de Paris, que les circonstances actuelles rendent inabordable ; ce qui me contrare beaucoup, attendu que je ne peux compléter Par- ticle très-étendu , et j’ose dire assez piquant, que j'ai * donné à Humbert de Montmoret, dans mes Notices de poëtes latins modernes. | L’autre poëme dont je veux parler, est intitulé : Karolellus jou Gesta Karoli magni Francorum regis, imprimé sans nom de ville (à Paris) oper& magistrorum Joarnis Bouert et Guillermcé Bou- chet , sans date ( vers 1496 que Jean Bouyer et Guill. Bouchet, imprimèrent un autre livre cité par Lacaille, qui n’a pas connu celui-ci), in-4°. carac- tères goth. L’exciplaire que J'ai de ce poëme , m’a été prété par un ami, n'ayant ni préface si aver- (x) C’est ce poëme de Humbert de Montmoret, dont une lettre insérée dans le journal des Savans ; décembre 1788, pag. 789 , ,annoncoit une nouvelle édition , ace: mpagnée de la traduction francaise; projet qui, jJusquici, m'a pas eu d'exécution , faute d’un libraire qui ait voulu se charger d’un pareil ouvrage. 3 p tissement : ; je suppose qu’il est défectueux des feuil- ïS. lets liminaires; en ie DE 5] ’en cherche un ‘ autre exemplaire, que je n’ai, jusqu 1C1 > point en- core trouvé. Vo:ci tou jours le commencement du prologue de ce poëme qui a sept livres par'agés chacun ex chapitres : 5 Tnclita quo memori teneas cbr Khrotell: Scripta | metris paucis stringo ; quod ipse gerit. . 7 Hec lege qui claros Karoli vis nosse trumphos De Sarracend quos gente truce-tulit , etc. Ce prologue est précédé du titre : Gesta Karolc magni Francorum regis , au-dessous duquel est une gravure en bois, représentant Charlemagne assis, tenant de la main droite l’épée nue , et de la gauche un globe ; devant lequel est un RL à genoux. Après le prologue, on trouve l'argument, en vers hexamètres , des huit chapitres du premier livre qui cominence ainsi X : Versibus exametris insignia gesta virorum Seribere proposui, validissima corporae quorum ; Christus in Hÿyspanis occumbere pertulit oris Quos illustrarit divint fervor. amoris ; A Sed quia me r:prim vperis sublime grasamen A Implorare sum :5mseilor ; Christe, juvamen : LES Wellifivors mihi cvrÿer apem, promploque fervore k = Perfics quo cumple: 2 luo delector amore , etc. | Le poëme entier « ! en pareils vers léoninssetil ‘# \ WA fuit par les trois suvaus : Æf qui daseripsi hreviter tam nobile bellum ; Et quia gesta tanef Æaroli brevis iste libellus E Imponatur ei propriun nomen KAROLELLUS. 14 DRE 166 Histoire littéraire. Je reviens à la suite des poëtes latins mentionnés par M. Hayley, dans le Magasin Encyclopédique. 9. Pag. 56. Nicolas DEBRAI , en latin de Braia. Dans son poëme de 1800 vers environ , il ne parle | ni de la mort de Louis VIII, ni de la prise d’A- : vignon ; ce qui est fort-remarquai.le. : 10°. Pag. 57. GuILLELMUS PEREGRINUS. » PIiTT | Vappele le premier des poëtes anglais deson temps ». C'est Pirs, en latin Piiseus , Jean, morten 1616, à dont le livre de Æcademiis et illustribus Ængliæ Scriptoribus ne fut imprimé, à Paris, qu’en 1619, in-4°. ; mais ce n’est pas la meilleure source à Con- sulter sur les écrivains de Añeleterre ; il faut ouvrir encore les ouvrages de Jean Leland , de Jean Balée ( Baleus ) et la Bcbliotheca Britannico-Hibernica de Thomas Tanner, imprimée par les soins de Da- vid Wilkins, à Londres, en 1748, in-folio ; sans parler de la Biographia Britannica , 7 volumes in-fol. , imprimés à Londres , de 1747 à 1763 ; et dont il y a une seconde édition, augmentée par ‘André Kippis , laquelle n’est pas encore achevée (x). 119. Pas. 57. ArrerTiIN Mussaro. Son poëme de Gestis lialorum , etc. , en douze livres, avoit paru ave: deux tragédies du même auteur, «t ses autres ouvrages, en vers et en prose, à Venise, chez Pinelli, en 1636, in-folio; puis en 1722, dans | (1) Au moins n’ai-je vu que les 4 premiers volumes de cette deuxième édition ; un , le premier, imprimé à Londres en 1778, etle quatrième ( contenant les lettres CO-DAV jen 1789. 11 y a de la première édition uue traduction allemande, revue et corrigé» par le célèbre professeur de Halle, Jean-Salomon f Semler , mort à la fin de Mars 1791. A CAE CRAN Jere A TIRICECES - Jtaliæ de Graevius. Effin Muratori le redonna , en 1727, avec dès Variantes lirées des mahuscrits , TR “ letome X deses Reruwm lalicar. Seriptores. C’est - ce que Fabricius détaille très-bien dans sa Bb. Lat. … med.ætatis,tom.T, pag. 39 et 40, oùil ne parle pour- tänt pas des Eire de l’auteur, quoique Polyc. Ley” ser en eût dit un mot à la pag-1141 ( chiffrée par erreur 2041 ) de son Histoire des poëtes du moyen âge. Cet auteur , plus connu sous son nom vulgaire Mussato , “estquelquefois nomméenlaiin, Muxatus, Musac- tus, et même Mextatus. Sa vie tirée de Xiccus » ‘ Polentonus, est dans le, volume cité de Muratori. C Juste Reuber en à donné une autre d’après les ou- L ‘ vrages de Mussatus , dans ses Scriptores rerurn Ger- manicarum., Francof, 1726, in-folio, pag. 834- 640. On nous dit ici que & Vossius qui parle de Mussatus cemme d’un historien (Est-ce qu’en | effet il ne l'étoit pas ? ) assure qu’il commanda M das la guerre qui fait À sujet de son poëme ». . _. Vossius dans sonouvrage de Historicis Latinis,onne, liv. III, pag. g25et 726, édt. de 1627, in-4°. ,un article curieux sur notre auteur, où il dit de lui: « Rebus ipsis inter Patavinos suos et Cæsarem atque D >» alios gestis interfuit, s£e etiam præfuit; ut ex 4 » non unoipsius Mussati loco cognoscere licet » ; ce - qui ne signifie point du tout que Mussato commanda » dans la guerre qui fait le sujet de son poëme, où , comme l’énonce son tiire , est décrite la guerre qui suitit la mort de l’empereur Henri VIL 20. Pag. 58. PÉTRARQUE. Sén poëme héroïque 188 Histoire littéraire. ÆAfrice en 9 liv., est imprimé parmi les œuvres la= unes de l’auteur, dont il y a plusieurs éditions. En outre , ilse retrouve encore avec la traduction Ita- lienne , £a citara rima, qu’en publia le Siennois Fabio Marett, à Venise, en 15%o, in-4. Dans le manuscrit latin, n° 8124, de la Bibliotièane na- Honale à Paris, ce mé. e poëme est intitulé: Sccpias , sive de bella Punico et gestis S'etpionis Africani. Le grand admirateuret enthousiaste de Pétrarque, qua publié (en 1764) trois volumes intéressans sur sa vie, est l’ablé de Sade, descendant au dixième degré, d’un des enfans de la célèbre 1 aure qui avoit épousé ITugues de Sade , noble citoyen À v'gnonais. Pourquoi n'avoir pas articulé ces circonstances ? 13°. Enfin, Jean, ablhé de Peterborough, rage 6o , « écrivit sous le règne d’Edouard III, le poëme Bellum navarrense , 1366, etc. ». Est-ce le même dont Fabricius, wb£ suprà, tom. IV, page 46,et Tomas Tanner, pag. 431, donnent Parti le, mais sans parler de ce poëme ? M. Hi yley auroit bien dû faire consoitre autre chose que le seul litre de cet ouvrage , puisqu'il n’est pas imprimé, ITTI. La notice d’une gravure en taille douce, datée de 1457, est très-intéressante pour l’histoire de l’art. Ofer in, qui l’a rédigée , apprendra donc avec plai- sir, a nsi que tous les amateurs, que la Bibliothè ue nationale , de Paris, possède le perdant de la gra- vure gardée à Stras ours. Ceite pièce rare esi au cabibet des estampes (1), dans un grand vol. relié (x) Je saisis avec plaisir cette occasion d’apprendre au pu- blic, que la garde de ce dépôt vient d’être rendue au citoyen . Observations diverses. 189 en maroquin rouge , cotté pieux maitres , tom.IL., n°. 9. jlle représente Pimage du Sauveur tenant de la main gauc e le clobe du monde | surmonté d’une croix , avec. la Kgende suivante, coupée en deux : : | Sanctus Salfidor. Tout au haut, on L t les caractères suivans, aussi gravés : à. Bi 4 6 78: Les deux lettres majuscu'es gothiques, E , S , sont les init'a!'es du nom du graveur ; et les autres carac- tères ind quent l’année 1467, marquée par des ciiffres Arabes , dont le 29. etle 4°. sont figurés à la manière du bas âgr. Cette pièce, qui fait partie de la collec- > tion de l’abbé de Marolles, a cmq pouces quatre ligues de haut, su: quatre pouces quatre lignes de large ; ainsi De est du mê :e maitre, de la même année et, à très-peu de choses près, de la même dent que cel'e de Strasbourg. Il est incroyable qu’elle ait ÉSRAPRS à l’a tention du baron de Heiï- neken, qui m’a dit sou ent avoir t 1 t et tant fouillé dans le cabinet d’Estampes ( alor: ) du Roc; et qui, cependant, ne jarle pas d’une pièce si remar- quable dans son {dée d’une collection d’estampes , in-8.°, rare et curieux, imprimé à Leipsick en 177E; Voilà donc deux estampes du même maitre et de la même année, gravées sur métal , et antérieures de Joly , fils, à qui elle avoit été ôtée , il y a quelque temps , au grand regret des amateurs qui connoissent Jes services très-étendus , rendus à ce dépôt par Joly père et fils. 199 Histoire littéraire. dix ans à celles qui existent dans le Monte Santo di Dio d'Antoine Bettini ( imprimé à Florence, en Septembre 1477, In-4°., grand format ) , «et que Von regardoit jusqu'ici comme les plus anciennes. On peut voir là-dessus la première de mes Lettres à D. le baron de FH, ( Heiss), sur différentes éditions rares du quinzième siècle , imprimées à Paris, chez Hardouin, en 1783, in-8°. Voici maintenant quelques notes sur divers endroits de la notice rédigée par le citoyen Oberlin : . 1°. Il dit que PEstampe dont M. de Murr donne la description , est sortie de la même main et mar« quée de la même manière que celle de Sirasbourg. Dans son journal cité, M. de Murr cit bien que lestampe de Nuremherg est marquée des leitres, E, S ; masil ne dit pas qu’el'e soit datée , et que la date y so't placée, comme dans les deux autres, entre les déux lettres. La pièce de Strasbourg rest donc pas marquée de la même manière que les deux autres. | 20. « Schyveinheim est le premier qui AIT IMPRIME » des Cartes géographiques ; pratique qu'il re » quitta qu'à s@ mort ARRIVÉE EN 1470 ». Il est très- vrai que Conrad Siweynheym (cest ainsi que cetimprimeur a imprimé Îui- méme son nom ) s’occupa de la manière de graver sur métal, les Cartes géographiques, et qu’il a droit à lhon- meur de cette invention 3 mais jamais il #’1m- prima lui-même des Cartes géographiques ; le Pto- lémée orné de ses cartes (il y en a 27) ne parut à Rome) qu’en 1478 ; et Sweynheym éioit mort dès Observations diverses. 19? - 1474. La préface anonyme de cette édition du Pto- Jémce (1) , porte expressément que Sweynheym com- menca le premier à apprendre le méchanisme de Vart , et à démontrer comment on pourroit imprimer avec des planches de métal... ; mais qu’étant décédé au bout de trois ans de travail dans ce genre, Arnold Buckinck.… succéda aux veilles et à cette partie des occupations du défunt, et en reprenant , cet ouvrage, Pa-heva enfin entièrement, C’est donc ce Buckinck qui emprima le premier, en 1478, ces Cartes géographiques auxquelles avoit travaillé Sweynheym , mort en 1474, et dont le dernier livre imprimé , qui porte son nom , esi le Polybe daté du dernier décembre 1473. | 3°. « Ernest Schoen, dit encor Oberlin, pourroit bien être l'artiste auquel appartient , selon toute » appa-’ence ÿ la gravure de Strasbourg. Christ parle de la même gravure, sans oser prononcer sur l’ex- » plication du nom de l'artiste. Voy. Son traité écrit _» en Allemand, sur les monogrammes, etc. ». Je n’ai pas le traité allemand de Christ , mais bien son Dic- tionnaire des Monosrammes, traduit en francais par Sellius , et publié, à Paris, en 1750, in-8°. Or, à la page 100 de ce livre, on lit ce qui suit: « Un » Eet un S vothiques ou aller.a: ds ,sont la marque » d°très-anciennes gravures d'Allemagne , en cuivre, » portant année 1467 ». Plus bas , le même Diction- ÿ ÿ (x) Heineken rapporte ce morceau-ci de la préface , aux pages 143 et 144 de son Id‘e d’une collection d'éstampes. Le P. Audiffredi le rapporte aussi dans son catalogue, Romanar, Edition. sæc. XV. pages 229 et 2.0, 192 - Histoire littéraire. | paire porte: « Un E formé dans un S, caractère » romain ,est la marque d’£;rard Schoen, et non » Ernest, comme certains auteurs Pappelent mal-à- » propos. Ce maïtre étoit très-halile. Il travailloit » vers 1590 et 1540, et, selon moi, ilest auteur des » belles figures qu’on voit dans l'édition allemande » de Vitruve de Gualterus H. Kivius, imprimé à » Nuremberg , en 1548 ». Le Sigle d’Erhard Schoen west pas le même que c:lui des deux estampes de Strasbourg et de Paris, où les deux letires, romaines, sont réunies en une seule ; au heu que dans les deux estampes én question, les lettres gothiques sont sé- parées par la date. En outre, ce Shoen travailloit vers 1530 ef 1540, peut-être même encore en 1548. Il n’y a donc aucune probabilité que les deux es- tampes de 1467 , soient de lui. IV. Ex tête du catalogue des ouvrages de feu Barthélemy , qui esi à la suite de Péloge, très-bien fait , de l’auteur, on indique (pas. 92 ‘nu Magasin } les amours de Carite et de Polyiiore , roman pré- tendu traduit du grec, et imprimé à Paris , en 1760, in-12. Ce joli roman passe , depuis long-temps, pour être ouvrage de Castanier d’Auriac ,avocat-général au grand-Conseil , mort de la petite vérole , à l’âge de 22 ans , au mois d’août 1762. La France littéraire de 1769, donne cet ouvrage à cé jeune magistrat, dont il est fait mention honorable dans la préface mise , par le P. Paciaudi, en tête du roran grec de Lonsus, de la belle édition de Parme , par Bodoni, 786 ,in-4°. ; préface où Paciaudi regarde aussi d’Au- rlac % Mn Observations diverses. 193 Yiac comme auteur du roman en question. Or , Pa- ciaudi , ami de Barthélemy | connoïssoit assez aps Paris où il avoit beaucoup de correspondances, pour devoir être informé sur un fait de cette nature. Néan- moins, l’estimable rédacteur de l’article sur la per- sonne et les ouvrages de Bart lemy ; Paroit si bien instruit sur ce double objet , que je n’ose le contre- dire positive-rent. Je me borne donc à dire que Bar- thélemy est certai ement au eur d’une Lettre sur des médailles trouvées à Vieille-Toulouse , imprimée (avec da gravure de ces pièces ) , dans la Dissertation sur les origines de Toulouse, par l'abbé Audibert, pu- bliée à Avignon et Toulouse , en 1764,in-8°, C’est un article a ajouter au catalogue des écrits imprimés (r} de Barthélemy, que Caristophe Saxius a placé, comme si! fut mort dès 1790, dans son Onomasticon lutterarèum, "part. VIT, pag. 12r. 11 est vrai qu’à la page 289 de ce même volume, M. Saxius corrige ceite méprise à l’occasion MA sacs qui faisoit alors beaucoup de bruni. J’avois parlé à Barthélemy lui-même de cette mévrise de M. Saxius ; il nonblia ‘ le fait : et en m’envoyant , quelques mois après, plusieurs exemplaires de sa Été tation sur le marbre de Choïiseul , avec prières+de les faire passer à nos (1) Parmi ces écrits on indique , pag. 93 , l'explication de la Mosaïque\de Palestrine , imprimée séparément , in-4.°, à Paris, ajoutez: « et encorein-folio à la suite du Æecuerl de pein- » lures antiques , publié par le comte de Caylus et rar Ma- » riélte; recueil qui, à cause de son excessive rareté (1: n’avoit » été tiré qu’à 30 exemilaires) , fut réimprimé à Paris çhez » Mini et Lamy , en 1787., in-folio , 2 vol. Tome Ill. N LI 194 " Biographie. amis communs, il eut soin d’en destiner uñ pouf M. Saxius, qui s’étoit si fort pressé de l’envoyer dans Vautre monde ; ce dont il est juste, dit Barthélemy ; de tirer vengeance , en lui faisant lire ma disserta- tion. i sa Paris, 26 juën 1795.». st. . ST.-L**e BLOG RAT ATLEE NoTice sur la vce et Les écrits du docteuñ Henry, historien anglars. Le docteur Robert Henry, auteur de L'histoire de la Grande-Bretagne , écrite sur un ROUVELEED plan , étoit le fils de Jacques Henry, fermier à Muirton, dans la paroisse de Sant Niniant, et de _ Jeanne Galloway , fille de N. Gallowäay , de Burrow Meadow , en Stirling-Shire. Il naquit le 18 de février 1718. Ayant pris de. bonne heure la résolution de se livrer à une profession littéraire , il prit les premières leçons sous un M. John Nicholson , à l’école de paroisse de Saint Ninian , et durant quelque temps à l’école de grammaire de Surling. Il com- pléta son cours d'etudes académiques à l’université d'Edimbourg, et devint ensuite maître de l’école de grammaire d’Annan. 1 obtint sa hcence pour la pré- dication le 27 de mars 1746, et fut ordonné à Carlisle dans une congrégation de presbytériens non _gonformistes , au mois de novembre 1748. Il resta “dans cette place l’espace de 12 ans, et le 13 d’août Historien anglais. 195 2760 , devint pasteur d’une congrégation non-confor- ruiste , à Berwick sur la Twveed. Là il épousa | en 1763, Anne Balderston , fille de Thomas Balderston ; chirurgien de Berwick , de laquelle il n’eut point enfans , mais avec qui il jouit jusqu’à la fin de sa vie de tous les charmes du bonheur domestique, De Berwick ,il fut appelé au ministère à Edimbourg, au mois de novembre 1768, fut ministre de l’église de New Grey Friars , depuis cette époque ; jusqu’en novembre 1776, devint alors œllègue du ministre de la vieille église , et occupa cette dernière place jusqu’à la mort. En 1770, il avoit pris le dégré de docteur en théologie dans Puniversité d’Edimboursg, et en 1774, il fut élu à l’unanimité, modérateur de Passemblée générale de Péglise d’Ecosse. Ces faits qui coutiennent les traits généraux. de la vie du docteur Henry , promettent une foible moisson au biographe. Quoique distingué parmi ses amis intimes, jusqu’à l’époque de sa translation à Edimbourg , il avoit eu peu d’occasions de se faire cennoître du public. Pendant sa résidence à Carlisle, la composition des sermons occupa la plus grande partie de son temps. Mais dans cet emploi même , il trouva du loisir pour d’autres études , et la litté- rature classique dans laquelle il excelloit , le mit bientôt en état d'acquérir des connoissantces assez étendues pour pr qe quelque chose de plus import nt. Bientôt, après son établissement à Berwick, il pu- blia un projet dont Pobjet étoit de former un fonds pour lentretien des veuves etdes enfans de ministres N 2 p. : NE Biographie. protestans non-conformistes dans le N. de PAngle= terre , à exemple de ce qui se pratiquoit en Ecosse, Ce plan n’étoit pas sans difficulté. Mais l’activité du docteur Henry en triompha, et ce fut par ses efforts que celle utile et bienfaisante institution commenca vers l’année 1762. La direction lui en fut confiée perdant plusieurs années , et le succès passa son ‘attente. Dans les derniers temps de sa vie le docteur Henry en parloit avec complaisance et avec la satis- faction que laisse dans l’aime le souvenir d’une bonne action. , C’est probablement vers Pannée 1763, qu’il concut l’idée de son histoire de la Grande-Bretagne , ouvrage qui a pr.s son rang dans l’opinion publique, et. qui sera regardé par la postérité , “on-seulement comme un écrit qui a agrandi la sphère de lhistoire, et qui satisfait notre curiosité sur une Îcule d’o'jets qui ne se rencontrent pas dans les limites prescrites par ses devanciers , mais encore comme un des dépôts les plus exacts et les plus authentiques de renseignemens hisioriques qu? Angleterre ait jamais produits. Le plan , adopté par le docteur Henry , lequel lui apar- tient incontestablement, est suffisamment développé däns sa pr face généra'e. Dans chaque période, il range sors différns chapitres l’histoire civile et miliiase de la Grand:-Bretacne , l’histoire de la rehigioù , celle de la constitulion , du gouvernement, des lois et de: cours de justice, celle des sciences et des savans, et des piincipaux établissemens qui les concernent , l’histoire dés ar:s, du commerce, de Ja marine , de la monnoie et du prix des denrées ; Es ns te Re et celle des mœurs » des vertus, des vices, des usazes, du langase, des habits, de la table et des amuse- mens. Il falloit certainement une erande dose de courage littéraire pour traiter sur un plan si vasie, un sujet aussi confus et aussi étendu que lhistoire de la Grande-Bretagne depuis invasion de T. César. Le succès et la réputation de Pouvrage ent prouvé que Pauteur n’avoit trop présumé ni de ses moyens ni de son activité. * IL s'appercut bisntôt que, son séjour à Berwick étoit un obstacle insurmoatable aux recherches de toute espece qu’exigeoit Péxécution du plan. Saré dence en cet endroit le privoit des moyens de consu - Ste ter les autorités dans leurs sources > et quoiqu'il essayät d’y trouver accès par le moyen des amis qu’il / Historien anglais. 197 avoit dans la République des lettres, ei qu'avec leur Secours 1l eût avancé son ouvrage, ses renseignemens se lrouverent si incomplets qu’il lui parut in possible e suivre sou plan d’une manière satisfaisaute, et qu'il se vit enfin obligé d’y renoncer. L'amitié de Gilbert Laurie, écuver , lord prévôt d’Edimbourg , et un des commissaires de lPexcise en Lose, qui avoit épousé la sœur de Mistriss Henry, lui donna les moyens de se transpoiter à Edimbourz s et c’est à cet événeinent que le publie doit la conti- nuation de l’histoire de la Granile- Bretagne. Dès ce moment, 1l profita de son accès aux bibliothèques publiques, et des matériaux qu’elles lui offruient, avec faut d'activité et de persévérance, que le pre- Mier volume de son hisloire ; in-4.° , parut eu r771 , le second en 1774, le troisième en 1777 , le quatrième ‘ N 35 198 Biographie. en 1781, etle cinquième ( qui va jusqu’à l’avénement de Henri VIT )}, en 1785. Ces volumes contiennent les époques les plus embarrassées et les plus obscures de l’histoire anglaise ; et quand on considère le peu dé matériaux épars que le docteur Henry avoit à re- cueillir , et les détails exacts et circonstanciés qu’il donne dans chaque chapitre , on ne peut que se former une haute idée du savoir et de l’activité de l’auteur : sur-tout quand on fait réflexion qu’il n’em- ployoit pas de secrét ire, et qu’à l’exception du pre- mier volume ; tout l’ouvrage a été imprimé, tel qu'il est, d’après la copie or'ginale. Toutes les corrections y ont été insérées dans les interlignes , ou en revoyant les épreuves. Il s’étoit vu obligé de se borner à la première copie, par un tremblement de main, qui rendoit pour lui l’action d'écrire extrêmement pénible : ce qui le réduisoit à le faire sur ses genoux au lieu d’une table, et qui malheureusement s’accrut à tel point, que, dans les dernières années de sa vie, il étoit souvent incapable de prendre de la nourriture , sans lassistance de queiqu’un. Après la publication de son premier volume, il essaya d'employer un se- crétaire, mais sans succès. N'ayant jamais été accou- tumé à dicter, il lui fut impossible de contracter une habitude nouvelle. Ces détails ne sont pas sans intérêt pour qui Compare les difficultés que le docteur Henry surmonta , avec l’étendue et l'exactitude des recher- ches qui caractérisent son histoire, et doivent ajouter beaucoup à l’opinion conçue de son mérite, parmi les hommes qui sont en état d’en juger. Mais ce ne furent pas là les seules difficultés que le Les. Hit hs à Historien anglais. 19 Gocteur Henry eut à vaincre. Les dissimuler aujour- d’hui, seroit s’exposer au double reproche d’injustice et d'affectation. L'auteur n'ayant pu traiter à sn satisfaction avec les libraires, avoit publié les cinq prenuiers volumes à ses frais. A l'apparition du pre- mier, il fut censuré avec une aigreur et un acharne ment sans exemple. Mag. ‘ns, reviews , et même papiers-nouvelles,, tout fut rempli d'observations malignes et d’invectives, et l’auteur et le livre furent traités avec le dernier mépris. Quand un auteur a sounus ses ouvrages au jugement du public » ina plus le droit de se plaindre de la juste sévérité de Pa crilique. Mais le docteur Heur; eut à lutter contre l4 malisnité. Enfin elle se trahit elle-même par l'excès de son emportement ; les moyens employés pour nuire à la réussite du livre, ne firent que donner plus d'éclat au succès. La vente rapide du premicr vo- lume , l:s éloges des premiers hommes de lettres de Angleterre, dédommagèrent l’auteur : l'ouvrage fut établi dans Popinion du public, et fit concevoir à l'E crivain espoir d’une célébrité dont il eut le bonheur de ouir de son vivant. Voici comment s’exprime , sur les deux premiers volumes, un auteur anglais son contemporain, qui à écrit Ph'stoire des mêmes temps, et dont Pouvrags jouit de la plus grande réputalion. « Le premier volume de l’histoire du docteur ITenry est estimé par tous ceux qui l’ont lu, pourvu qu'ils soient juges compétens d’un ouvrage de celte nature, et qu'ils aient une idée des dificu!tés qui accompa- gnent une telle entreprise. Je crois pouvoir inviter à N 4 4 » 200 Biographie. la lecture du premier volune tous ceux qui sont curieux de counoître l’état de la Grarde-Bretagne, dans une période qui a jusqu'ici été regardée comrie obscure , peu abondaïte en écrivains, et qui »’en a pas un seul bon. Il est étonnant que des matériaux qui prorettoient si peu, aient pu fournir au docteur Henry un ouvrace aussi iñstructif et mêne aussi inté- ressant: Tarim series juncturague pollet. Quand on voit ces âges l'arbares tracés par une plume si ha- bile ,\ on admire la bizarrerie et la singularité des mœurs, des usages, des opinions, etc. ; et on se croit introduit dans un nouveau monde. | » L’oljet de écrivain, qui se propose d’éclaircit ces antiquités, a été communément distingu de celui de l'historien. Notre savant auteur a su concilier les deux caractères. Sa narration historique est aussi pleine que ces temps éloisnés peuvent l’exiger, et en même témps ses recherches sur l'antiquité ne laissent rien pa ser de ce qui peut être un objet de doute ou de curiosité. La clarté, la propriété, les vrais orne- mens de ce genre d’écrire règnent dans l’un et dans l’autre. Les embellissemens superflus y sont évités avec soin, et le lecteur trouvera difficilement dans notre langue uix ouvrage qui réunisse au même decré les deux grands points de l’art d'écrire, utile et Pa- gréable (1). » Le succès de Phistoire du docteur Henry lui valut, entr’autres suffrages honorables, la connoissance et l'estime du feu comte de Mansfeld, Cet homme res- (1) L’auteur de ce ‘morceau est mort ayaut la plublication du troisième volume, enr” . ol sstt Bd): = ae n OR AE nn NE di Tr pËtr cons Iestorien ang olaës. . 207 pectanle fut si péaétré de lim; Haute de son tar ail, qu'après la publication du quairième volume, ‘1 sa dr.ssa, sans en être sollicité , au roi, et le ie d’ac- corder à l’auteur quelque marque de sa satisfaction. En conséquence ; une lettre de lord Stormont , alors secrétaire d'état, informa le docteur Henry , que Tin tention du roi étoit dé lui conférer, sa vie durant, une pension de 100 liv. st.,« en considération de ses talens distingués, de son mérite iitéraire et de l'importance de l'ouvrage utile et pénible dans lequel il s’étoit si heureusement engavé. » 1} jouit de cette pension jusqu’à sa mort, et la regarda comme une nouvelle oblig: ation de persévérer courageusement dans la conti- nuation de son ouvrage.{,/écition in-8.° de son lusloire, pub'iée en 1788, fui dédiée au comte de Mansfeld, dont il resut plusieurs auires iémoignages d'estime, et comme l'omme, et coinme auteur. L'édition 42-4.° avoit été dédiée au roi, Jusques-là, auteur étoit resté propriétaire de louvrage ; au mois d'avril, il en céda la propriété. Le résultat de ses ventes partielles, et de sa der- ière transact on , se trouva monter à une souime de 3,300 liv.st., preuve"frappante du mérite réel d’un ouvrage qui conquit l’esiime publique, en dé- pit des efforts de la malignité. La continuation de cette histoire fut, pendant trente, années ,. lPobjet favori du docteur Henry. Quoiqu'il ft. d’une forte constitution , ses forces baissèrent sensiblement depuis l'année 1785. Cepen- dant il n’en persista pas avec moins de courage à pas parer son sixième volume , lequel conduit Phis- 202 Biographie. | toire jusqu’à Pavénement d’Edouard VI, et qui est publié aujourd’hui par ses exécuteurs testamentaires ; ils se flatient qu’il recevra du public le même ac- cueil que les précédens ; ils croient au moins’que ce volume posthume sera un monument durable de la vieueur de ses facultés, ét de l’activité littéraire qui n'a eu d’autre tèrme que celui de sa vie. Le plan original du docteur Henry s’étendoit de- puis Pinvasion de la Bretagne par les Romains, jus- qu'aux temps actuels. On doit regretter qu’il n’ait pu l’exécuter 3 mais il a du moins fini les parties les plus difficiles de son sujet : car les époques qui suivent l’avénerent d’'Edouard VI offrent des ma- tériaux plus amples, mieux digérés, et plus à la portée du commun des lecteurs. Les cinq premiers volumes de cet important ou- vrage ont été traduits par Boulard , notaire à Paris, qui a déjà enrichi la littérature française de plu- sieurs autres productions estimables de la littérature anglaise. Il est à désirer que le public jouisse bientôt de la traduction du sixième volume, et qu’il le doive : à la même main. On a dit, depuis long-temps, que Phistoire d’un auteur est presqu’en entier dans ses ouvrages. On aime cependant à retrouver quelques-uns de ces traits qui appartiennent à l’homme. Mais la mort du docteur Henry est trop récenté pour qu’il ne soit pas nécessaire de se renfernsr dans des généralités. Au milieu de ses occupations littéraires, le doc- tour Henry trouva toujours du temps pour ce qu'il croyoit des objets d’utilité publique , aussi bien que Historien anglais. 203 pour les devoirs de l’amitié. Il fut toujours uu des mernbres les plus utiles et les plus infatigables des sociétés publiques d’Edinmbourg ; y assista régu- | dièrement, tant que Péjat de sa santé le lui permit , et toujours eut des intentions pures.. Mais ce fut en servant , en assistant ses amis particuliers, qu’il déploya, pendant tout le cours de sa vie, ue ar- deur, une activité plus. intéressantes que la plis brillante renommée littéraire: Les enfans de ses an- ciens camarades pouvoient compter sur {ous les sc- cours ‘qui étoient en son pouvoir, s’il les en croy oit dignes , et nulle considération ne pouvoit le déter- miner à abandonner un homme qu'il estimoit, où qu’il croyoit avoir des droits à son amitié. Les jeunes gens, qui vouloient suivre un cours d’études plüs étendu , étoient sur-tout l’objet de son attention. Ii avoit lui-même éprouvé des dificultés'dans s2 jeu- nesse , etil les citoit souvent comme des motifs irré- sistibles de venir au secours du mérite dans les autres. Il obiigeoit avec un empresserrent et une ET « nt Ed tt VB = 0. LE ee 2 à - put Sel oO lt Vilar) grace qui donnoit un nouveau prix au service. SES * parens étoient nombreux et peu fortunés ; il partagea ses ressources avec eux , ‘aussi-fôt que le produit de son ouvrage lui permit de leur être utile ; et à l’exception d’une apnuité pour sa femme, et de quelques petits legs , il leur laissa tout son bien. Aimant maturelle:ent la société , 1l étoit fait pour elle , et s’attachoit aux personnes aimables et inté- ressantes., par-tout où ii les rencontroit, sans avoir égard à celte différence d'opinion , qui souvent di- + vise les hommes les plus faits pour se rapprocier et + +) Co Biog sraphie. eL se convenir. Des connoïissances étendues, un fonds inépuisable de saillies et d’anecdoles , une églité d'humeur qui ne se démentoit jamais, rendoient son commerce acréable , sa conversation amusante et toujours variée : son caractère se soulint jusqu’à la fin. Il conversoit avec l’ardeur, et même la gaîté de la jeunesse ; long-temps après que ses forces vorporel'es avoient suceoômbé sous les infirmiés de l'âge ; et même peu de jours avent sa mort, il éloit encore capable de méler la pla: santerie et les anecdotes aux discours les plus sérieux. Durant plus eurs années , il avoit passé: une partie de chaque saison à Milnfield , maison de campa ne située à 20 milles d’Edimbourg. Là, il suivoit ses éludes sans interruption, et s’amusoit, dans sa pe- üte ferme, des amél orations ou des changemens que la convenance ou le caprice lui suggéroit. T1 avoit fait bâtir une petite bibliothèque qu’il avoit environnée d'arbres , avec cette inscriplion : O&0 et musis , et réservé une place pour un bain froid, dont ses médecins lui avoient recommandé Pusage , sur la porte duquel il avoit écrit : $e contenter aisément , mot qui caractérisoit la disposition de son aime dans ls circonstances ordinaires de la:vie. Sa santé avoit décliné graduellement depais Pannée 3785. L'été de 1790, sans maladie particulière, un affoiblissement général l’avertit que sa constitution étoit épuisée, L'état de sa fcmme , qu’une cataracte priva sans retour de la vue, vint ajouter encore à. la privation de ses forces, et il sentit qu’il n’avoit plus que peu de semaines à vivre, Personne n’at- Historien anglais. \ 205 tendit la mort avec plus de calme et de courage, fl en parloit souvent et sans peine , comme d’un événement qui, dans sa situation , éloit plus à dé-. sirer qu'à craindre. Il conserva jusqu’au dernier moment l’entier usage de ses fa-ultés , et l’on n’au- roit pu remarquer aucune altération dans ses wa- nières ou dans sa conversation avec ses amis. Il ne fut jamais obligé de s’alter, et causoit encore à sor ordinaire peu d heures avant sa mort. Peu de jours avant, il disposa , par un acte par- 1! ticulier, de sa bibliothèque en faveur des magis- traits, conseil de ville et presbytère de Linlithgow , pour servir de fondement à une Pibliotheque pu- blique, qui pourroit contriuer à répandre le goût des connoissances dans le pays. Cette idée lui avoit été sugotrée par l'expérience qu'il avoit faite lui- même de l'utilité de pareils établissemens, formés à Berwick et à Kalso. Les magistrats de Linlithegow ont pris toutes les mesures convenables pour rem- plir les vues pures et respectables du fondateur, et se sont conformés aux ré: lemçns qu’il a prescrits. Enfin , après avoir mis ordre à toutes ses affaires, et même dicté la liste des amis dont il désiroit que son convoi fût accompagné, il mourut le 24 no- vembre 1790, daus la 73.° année de son äge. Il a été ent rré dans le cimetière de Polmont, où lon a élevé un monument à sa mémoire. LITTÉRATURE GRECQUE. Rérzex1ons sur la Nécyomantie Homère (x). Pin un heureux mélange de la poësie descriptive 2 la poëste sentimentale , Homère sait à-la-fois altacher l’esprit et intéresser le cœur. Nulle part, sans doute, il n’a mieux rempli ce double objet, que dans le XIe livre de POdyssée, appelé par les Rapsodes et les Scholiastes, la Nécye , ou Nécyomantie, c’est- a-dire ,.l évocation des ames. Aussi la peinture s’em= pressa-t-elle de s’y enrichir. Mais elle ne peut en tout, . mi colorer Ja pensée, ni nuancer le sentiment. Ces avantages appartiennent essentiellement aux grands poëtes, qui ont encore l’art de faire retentir dans notre cœur les accens même de la nature. On voyoit à Delphes un grand tableau , sur lequel Polygnote de Thase avoit représenté Ulysse qui ar- rivoit aux enfers pour consulter l’ame du devin Tiresias (2). Dans l’impuissance de copier exactement le récit d'Homère , l'artiste avoit étendu sa composi- ton, en empruntant plusieurs détails, de différens autres ouvrages, tels que la Minyade sur la mort de Meléagre , celui intitulé le Retour des enfers, un poëme d’Archiloque, etc... Il montra par-là toutes les ressources de son pinceau ; mais je soupconne qu’il négligea l’unité d’action, ou qu’il surchargea beau - Gr) Lues à l'académie des inscriptions et belles-lettres , le 5 juin 1703 , par S. C. (2) Pausan. Phoc. ce, XXVIII—XXXI. - “si r 4 Nécyomantie d’Homère. 207 coup trop son tableau. Néanmoins Polygnote étoit regardé comme un fidèle imitateur d’Homère, en ce qu’il s’é oit prescrit pour règle, de peindre les hommes meilleurs qu’ils ne sont ordinairement (1). Nicias d'Athènes s’étoit également évertué sur ce voyage d'Ulysse aux enfers. On ignore la manière dont il avoit traité ce sujet, si diene d’exercer les talens des plus grands maîtres. Son tableau avoit sans doute des beautés bien frappantes, puisqu’Attalus , roi de Persame, lui en offrit 6o talens (300,000 iv. » qu'il refusa généreusement pour le donner à sa patrie (2). : Parmi les artistes modernes, Bouchardon a très- bien senti qu’il fallait sarder cette unité , vraisembla- blement négligée par Polyanote , et tenir les yeux fixés sur l’action d'Ulysse. Cet homme célèbre, dont Pame fut si vivement affectée à la première lecture d’Homère (3), a retréci sa composition, et s’est borné à dessiner le moment de Pévocation ; lorsqu'Ulvsse, avec son épée , écarte les ames, du sang de la victime, afin que Tiresias soit le prémier à en boire. Effective- (x) Aristot. Poe. c. II, (25. Pia, L'XXXV et XL.” (3) Ce fameux sculpteur, à la première lecture d’une vieille traduction d’Homère , fut saisi de la fièvre. Le savant le Beau le trouvant au lit, lui demanda la cause de son indis- position ; Bouchardon répondit: il m’est tombé soûs la main uu livre qu'on appele Homère, je l’ai lu; aussi-tôt les hommes m’ont paru changés, et la nature humaine s’est agrandie à mes yeux; j'ai succombé à l’mpression soudaine qu'il ma faite, 208 Littérature grecque: : ” ment ce devin paroît s’y précipiter et s’en désaltérers Jobserve, à regret, que la gravure de ce morceau, faite à l’eau-forte, et quoique retouc'.ée au burin, ne répond point assez au beau dessin de Bouc!ardon. Malheureusement il r’étoit que sculpteur, et ne fit jamais de tableau. Du reste la figure de femme que cet artiste place à gauche d'Ulysse, ne seroit-elle point Anticlé®, mère de ce héros ? ce qui s’éloianeroit peu du récit d'Homère, sur lequel je vais fixer toute mon allention. Tirésias se retire, après avoir instruit Ulysse de ses destinées et lui avoir indiqué la manière de pré- venir les malheurs qui le menacent. Elle consistoit à empêcher ses compagnons de tuer les troupeaux con- sacrés à Neptune. Sans cet avis, le héros-grec devoit être représenté dans un fatal accablement ; ou le noëïte donnoit de lui l’idée d’un aventurier irs.nsé. Ce qu'il évite encore, avec beaucoup d’art, par le doute (rJ% qu’il suppose, dans son esprit, sur l’exécution de: décrets du.ciel, au moment même qu'il s'y résisne. Ulysse avoit d’abord aperçu Anticlée sa mère (2), Jaissée vivante à Ithaque, lors de son dé; art pour Troye. Ses yeux s’étoient mouill. s aussitôt de larmes 3 mais ilne lui permit pas de s'approcher, avant d’avoir entendu Tiresias. L’ombre de ce devin ayant disparu, Anticlée boit du sang de la victime, reconnoit son fils, et l’interrose sur l’objet de son voyage. Celui-ci, après avoir satisfait à cette question, lui demande (1) V:138 op ue, Joite ; cela est évident. (27-V. 94, 85: des Nécyomantie d'Homère. 209 des nouvelles de son père , de son propre fils, enfin s’informe sisa femme lui est resté fidèle, et a eu soin de l'éducation de cet enfant, fruit d’une tendresse mutuelle. Antiélée le rassure, et lui aporend ue sa femme pleure nuit et jour, en secret, ses destinées ; que Télémaque son fils est o:ligé de se livrer aux plaisirs que Pamour du peuple lui offre, mais que Laërte son: père gémit seul dans un cruel délaics2- ment. Rochefort fait là-dessus cette réflexion judi- cieuse : « Quel peintre a su jamais représenter, comme » Homère , les mœurs , les âges et les conditions ? » Le vieux Laërte pleure son fils dans la solitude de » Ja campagne ; Pén:lope pleure son époux au fond » de son palais. Télémaque regrette aussi son père ; » mais la vivacité du jeune âge permet des distrac ions » à1sa douleur. Il assiste aux féstins où son peuple » linvite (1) ». La mère d'Ulysse s'arrête principalement sur le triste sort de son vieil époux. Il ie peint sans secours, sans consolation ,; manquant d’habits et étendu Phiver, comme un esclave, sur la cendre ; ramas- sant l'été, de ses propres mains , des feuilles pour se faire un lit à terre. « Là, dit-elle, déplorant ton > sort, sa douleur auemente chaque jour , et Le poids _ » fâchieux de la vieillesse l’accable de plus en plus. .» Ainsi j’ai succombé à ma destinée. Diane né m'a point percée subitement de ses traits, et une maladis de langueur n’a point séparé l’ame dé mon corps. ÿ ÿ ÿ ë Mais le desir de te revoir ; la privation de tes soins (x) L’Odyss. trad. en vers, t. I. not. p. 448 , de la remière édition. Tome III. re) 210 | Littérature grecque. 5 et le souvenir des marques de ta tendresse m’ont » arrachée aux douceurs d: la vie (tr) ». La langue d’Homère est , comme on la très-bien remarqué, la langue du ART par excellence 5; et il est impos- sible de rentre les dernières expressions que ce poëte inimitable met dans la bouche d’Anticlée : , e , r ’ AY ! , » pa A’ pre cos qe roles, où re proie, Qæidim O ducrto 21 f s. : K À 4 JéyaroDpocury meninore bupor amuse Quelle connoissance du cœur humain ne montre-t-il pas, par le long réeit et les détails que fait cette femme de la situation de son mari? Quand deux époux sont près du tombeau, ils éprouvent un abandon total ; leur cœur se flétrit et se glace ; ils ne le raniment plus que pour se soutenir mutuellement ; alors ils se rap- prochent , s'inclinent , et s’appuyent lun contre autre. La tendresse du besoin remplace en eux la tendresse du plaisir ; ils se pénètrent et sé consolent. Le sort qu'éprouve lun, menace toujours. Pautre ; Pamour d'eux-mêmes ne tolère plus l'indifférence ; il faut nécessairement qu’ils s'aiment encore, qu’ils resserrent leurs anciens nœuds, avant de mourir et de iméler leurs cendres. C’est douc ce sentiment d'intérêt, ramené par l’âge, s’il a disparu, qu’Homère a voulu exprimer dans le discours d'Anticiée. Ceite épouse tendre , cite mère respeciable se retire ; son fils veut l’embrasser, et ne peut saisir une ombre fugitive.c Il s’en plaint amèrement : alors sa mère lui explique conne Pame, détachée du corps, {1) V. 194 — 203. Das «À Nécyomantie €Hom ère. ot n’est plus qu’un vain songe, et l’exhorte à retourner bientôt dans le séjour des vivans, en fui recomman- dant de conserver le souvenir de ce qu’il voit ou er- tend , afin de le raconter un jour à sa femme. C’est la résolution ordinaire des héros d’'Homère , et leur consolation dans les périls ; et c’est en quoi ce noëte se montre toujours PART à exprimer les sentimens "de la nature, qui nous ramènent sans cesse à là vie domestique et à la so:iété conjugale , vraies sources de notre bonheur, trop empoisonnées par nos mœurs Æactices ou corrompues : ce n’est donc point comme Plutarque Pimagine (1), parce que les fables sur les enfers , ne sont bonnes à conter qu’à des femmes ; réflexions triviales et peu dignes dé. ce philosopie. Une foule d’ombres se présentent ensuite à Ulysse, qui racontent ia naissance et les ayentures de chacune d'eiles. Toujours les charmes de {4 po: sie relèvent ces détails intéressans pour les Grecs, auxquels ils retraçoient la mémoire des temps héroiques de leur nation ; par-tout des coups de pin- ceau animent , vivifent le tableau ; par-tout ils décè- lent le dr ds Homère est certainement celui des peintres , comme le remarque un ancien Criti- que (2) ; mais ce poëte excelle dans l’art difficile des transitions, dans la manière dont il sontient ou ré- veille l’attention de ses lecteurs | et dans Ja réussite des moyens. Chez lui, le mélange heureux d’ombre (1x) De aug. poet, , ce. II. (2) Aponym. sive Dion. Halye. de vif. et poes. Hom. sub Jin. "à D: 212 Littératitre grecque. et de lumi're détache les objets, et les relève avec éclat ; jamais les règles de la perspective ne sont vioiées , la potsie ayant les siennes comme la peinture. Ulvsse paroît vouloir terminer son récit ; il de- made à prendre le repos de la nuit, et à être ramené dans sa patrie. Les Phéaciens, dont il excitoit de plus en plus la curiosité ; font de vives instances pour qu’il continue ; et Alcinoïs, leur roi, veut savoir si° le héros grec n’a point appercu quelques-uns de ses co npagntns d'armes qui, après l’avoir suivi au siége de Trore , fussent morts, n’ayant pu éviter leur des- tinée : c’est où l’attendoit Ulysse, et sur quoi il pré- paroi! sa réponse. Apamemnon, Aclilleet Ajax, voilà les trois grands personnages qui devoient nécessairement occuper la scène. En effet, Pombre du premier s’avance d’abord pour boire du sang de la victime , et reconnoït Ulysse qui linterroge sur son malheureux sort. Agamemnon Jui raconte les forfais d’Egysthe et de Clytemnesire, et w’oublie aucu:e des circonstances qui peuvent ins= pirer de lPhorreur sur la barbare perfidie de ceite dernière. Uu critique de lPantiquité remarque avec raison ; qu'Homère a donné en cet endroit le vrai modèle de la tragédie (r). Pour rendre plus odieux le crime de Clytemnesire , il ne manque pas de fair: dire à son mari, qu'il Pa épousée dans la tendre enfance (2) ; union alors d’autant plus douce et même plus ferme, que l’amour en jette les fondemens, {1) Anonuym. ut supra. (2) V:429. MNécyomantie d'Homère. 213 Euripide a bien senti ce lrait ; et, afin de détruire Pimpression qu’il produit, ce poïte orec met dans la bouche de Clytemnestre ces reprociies à Agamem- non : « Vous m’avez enlevée de force {et p'acée, maleré » moi, dans le lit nuptial, après avoir tué Tantale, » mOn époux (r). » Mais ce qui distingue Homère ; c’est l’art des con- trastes ; jamais il ne fut employé avec plus de succès. Agamemnon se hâte de rassurer Ulysse sur sa des- tinée ; il lui parle de la fidélité de Pénélope, qu’à son départ pour Troye, il avoit laissé nouvellement ariée et ayant un fils à la mamelle. Il serrera entre ses bras cet enfant chéri; tandis qu’à lui Agamemnon, il n’est plus permis d’embrasser le sien. « Ma cruelle » épouse m’empêcha de le revoir ; je tom! ois sous » Ses Coups, avant d’avoir satisfait ce pressant desir. » Mais je ten avertis, grave-le profondément dans » ton esprit : fais en sorte que ton vaisseau aborde se- » Crètement dans ta palrie ; on ne doit plus se fier » aux femmes. Parle-moi avec vérité, et a} prends- »* moi, Si tu as oui dire que mon fils vécüt encore et » fût où à Archomène, ou à Pylos, où enfin auprès » de Ménélas à Sparte... » Qu’on médite ce discours, et lon admirera cette transition par laquelle A&gaz memnon donne à Ulysse le prudent avis de se méfier des femmes, Il a lesprit'tout occupé du complot de la sienne , dont la noirceur le frappe. d'autant plus vivement, qu'il l’a privé de la vue de son fils: Il re vient aussitôt à cet enfant chéri ; en demande desnou- vells, et ne paroît plus inquiet que de son sort, QG) Jphigen. in Aul, y, 1149 O à 514 Littérature grecques Voilà la marche de la nature : jamais elle n’est plus près du but, qu’au moment où elle semble s’en éloi- sner davanta:e. Les ides ne peuvent étre suivies, dans un homme pénétré d’une profonde douleur ; wais celles qui lui échappent en désordre, interron- ht du discours, sans s’écarter de l’objet essen- . En un mot, ce sont ies élans du cœur , et non les eflurts supprimer les deux vers qui renferment l’heureuse transition dort je parle , vers qu'aucun ‘éditeur ne s’est encore avisé de sunprimer, et sur lesqueis Eus- tathe n ême n’a pas formé le moindre doute ? « Ils » mont paru, dit Rochefort, déplaçés dans l’ori- » oinal, en ce qu'ils interrompent #al-à-propos la » suite «les pensées qui occupent le plus Agamem- » non (1). » S'il v avoit réfléchi moins légèrement, il aurot changé d’opinion, et ne se seroit pas permis un péreil retranc'ement, liberté dangereuse qu'il se denne trop souvent dans sa foible traduction. Mais cet avis, qu'Homère met dans la bouche d’A:amemnon, n'est-il qu’un trait satyrique contre les femmes ? Non, ce grand poëte , scrutateur habile du cœur humain, a eu d’autres idées. La perfidie dont Acamenuron a été la victime, le rend extrème- ment mcfant ; quoiqu'il loue la vertu, il a de la peine à y croire. Il soupçonne par=tout le crime , et voudroit en gerantir son ami; dût-il faire naïtre des doutes orageux dans son cœur, sur la fidélité d’une femme à la vertu de laquelle il vient de rendre témoignage Voilà ce qui arrive aux hommes qui ont éprouve toute (1) Odyss. trad. vol. I , p. 466. e l'esprit. Comiment Rochefort a-tl osé- vr L je * \ Nécyomantie d’Homère. 215 la méchanceté de leurs semblab'es ; et voilà ce qu’IHo- mère a voulu exprimer. | Achille paroit ensuite; il soupire et reconnoît Ulysse , et lui témoigne de la surprise sur son &r- rivée dans le triste séjour des murts. Celui-ci ne manque pas de lui rappeler son ancienne gloire. « Les Grecs, dit-il, thonoroient, de ton vivant, » comme un Dieu ; à présent , sans doute , tu exerres » une grande autorité parmi.les ombres. » Achille réplique aussi-tôt : « J'aimerai mieux étre aux gages » d’un pauvre laboureur, que de régner sur les » morts (1). » Il nest point étonnant que Platon, dans l’endroit de sa république où il préche le mé- pris de la mort , où il dit que tout bomme libre doit la préférer à la servitude ; il n’est pas étonnant , dis-je, que Platon ait voulu effacer ce passage d’'Homère, comme flattant trop agréablement l'oreille du peuple , et pouvant faire sur son ame des im- pressions dangereuses(2). Cependant pour êire Juste, il ne devoit pas ainsi séparer astncieusemen: ce mot d'Achille, et quelques autres semblables, de ce qui les suit ou les précède, Il falloit, au contraire , ex- poser avec imparlialité , Ou ne pas dissimuler son opinion sur le véritable sens du passage d’Homere dont nous parlons. Platon éloit trop éclairé pour ne pas le connoître ; mais il vouloit, par une sévé- LL entendue, décrier la morale de ce poëte, s anciens et les modernes ont tâché de le dis- (1) V. 488 — 89.— go. (2) Plat, de rep. 1. III. init. | O 4 216 Littérature grecque. culper, en prétendant que son dessein avoit été de nous donner une leon salutaire sur la vanité et le néant des grandeurs humaines. Homère étoit cer- taimement bien éloigné de voulor rendre Achille plilosoihe après sa mort. Ïl a eu seulement inten- tion «üe conserver à ce héros, parmi les morts, le caraciere qu’il lui avoit donné pendant sa vie. C’:st ce qu’il observe exactement à Pégard de tous ses autres personnaces. Lucien me paroît avoir tres-bien saisi l’idée du poëte. Dans un de ses dialogues des morts, il sup- pose qu'Antiloque , fils de Nestor , reproche à Achille le propos qu’il a tenu à Ulysse, comme indigne du fils de Pélée, « Tu démens par- là, » ajoute-1-1l, les grandes actions qui ont illustré ta » vie, et ce beau trépas que tu préféras à de longs » jours passés sans gloire sur le trône de Phtie. » Achille répond entre autres choses : « Les moris » sont tous égaux. Notre beauté, cher Antiloque»> » et notre force ne nous accompagnent point ici. » Couch‘s dans les mêmes ténèbres, nous ne dif- » férons en rien les uns des autres. Les ombres des » Troyens ne me craignent pas ; celles des Grecs ne » cherchent point à me flatter : une égalité parfaite » règne dans Ge séjour, où un mort, qu’il ait été » brave ou lâche , ressemble en tout à un autre. » Voilà ce qui me tourmente, et je suis au désespoir » de n’être plus en vie, dussai-je être merce- » maire (1). » Oui, parce qu’il auroit eu espoir de (1) Lucian. Dial. Mort. XV... LV Nécyomantie d'Homère. 217 quitter ce mélier ,; et de jouer encore un grand rôle. . L'égalité chacrine Achille: le sentiment de sa su- pétiorité l’agite ; 1l ne peut plus faire usage de ses forces | et toute vue d’ambition lui est désormais interdite. Plongé dans le désespoir, il le manifeste par un propos que sou cœur désavoue bientôt après. N'est-ce : pas ce qui arrive aux hommes dans les accès de colère et dans le trouble des passions ? Prend-on à la lettre ce qui sort alors de leur -bou- che ? Ou y a-t-il pas toujours une manière de Pin- terpréter , conformément à leur véritable facon de peuser ? Le contraste de nos idtes, dans les mo- mens orageux , est un moyen sûr de connoître la situation de notre ame ; et il en révèle mème les : plus secrets replis. Le propos d’Acüille étoit un ancien proverbe, usité chez les Crientaux , comme chez les Grecs : « Il vaut mieux, lit-on dans l'écriture, être chien » vivant que lion inort (1). » Les poëtes Pont rendu et appliqué chacun à leur manière, suivant les cir- constances , et le caracière des personrages. Par exemple , Euripide-le met dans la bouche d’un es- clave Phrygien qu’Oreste paroïit vouloir tuer (2), et dans celle d’Iphigénie, demandant la vie à son père (3) ; mais aucun d’eux ne l’a employé plus à propos, et ne l’a exprimé avec plus de noblesse, (z) Eclesiast. c. IT , v. 7. (2) Orest. V. 1508 , et 1523. (3) Iphig. in Aul, 1252. à CORRE COR RU VANNES : NA ENT à v f 216 Littérature grecque. que Virgile ; dans la descente d’Enée ‘aux enfersæ Il suppoée que cet ardent cesir du retour à la lu= mière , même pour vivre dans la misère et les plus durs tie » existoit chez les ombres qui avoient été les infortunées victimes de Paveugle et he fureur du suicide (1); moralité bien placée , et disne d’un poite philosophe. J’ai avancé que le cœur d'Achille désavouoit le propos dont je parle, à Pinstant même qu’il lui échappoit. On s’en convaincra aisément par ce qu’il ajoute tout de suite : « Mais parle-moi donc de la » conduite de non ocnéreux fils Se montre-t-il au » premicr ra 9 dans À s combats , où ne l’y voit-on « pas? Dis-moi aussi si tu as oui-dire quelque chose -» du respectable. Pélée ? Conserve-t-il encore, chez » les Myrmidons , toute son autorité , Où ne Jouit-il » plus fes égarus qui lui sont dus dans la Grèce et », la Pitie, parce que la vieillesse paralyse ses mains » et ses pieds ? Non, je ne suis plus ce défenseur » intrépide des Grecs, qui ; à la clarté du soleil et » dans les champs de Troye , faisoit tomber sous » ses coups un peuple valeureux. Ah ! si, tel que »'Jai été , Je revenois un instant dans la maison de » mon pere, ma présence seule inspireroit Phorreur » et la crainte à ceux qui le violentent ou luï ra- » vissent son autorité (2). » Voila comme Achille dexoit expriner le vif intérêt qu’il prenoit au sort ce son père. Dans lIliade, au milieu de ses fu- (}) Æneïd, 1. VI. v. 435 — 36. (2) Odyss. L. XI. y. 494 — 505, tt LOT Nécyomantie d'Homère. 219 reurs, transporté de colère ; ne respirant qre l& . vengeance , il s’attendrit sur ce même père. Son souvenir l’appaise, le console, et il attend avec im= patience le moment de le revoir. Ce n’est qu’an dernier degré de corru;tion, après que le luxe a étouffé en nous les plus doux sentimens de la na- ture , que ia’ piété fil'a!e s’efface de nos cœurs. Peut-Ctre même n’y a-t-il alors que celui d'un céli- bataire dur etpervers , qui éprouve une ob! tération totale. La vue seule du berceau de nos en'ans nous avertit d’aimér nos pères et mères. Nous avons recu des uns ce qu? nous donnons aux autres, hélas! la vie. À l’approche de la mort, tous deviennent le tendre objet de nos sollicitudes. Les anciens connoissoient trop bien le cœur hu- main, tel qu'il est sorti des mains de la nature, pour ne pas meitre de pareils sentimens dans la bouche de leurs héros, même les plus farouches. C’est pourquoi Sophocle , imitant Homère , nous représente Ajax , le fougueux et intraitable A'ax, dans ses violens accès de rage et de dé'ire, au mo- ment de se donner la mort , occupé de son fils, de sa femme , et des autemr% de ses jours. « O mon » fils! Sécrie-til, scis plus fortuné que ton père ; » pour {out le reste, ressemble-lui , et tu ne seras » pas un homme méprisable, Combien aujourd’hui » Je te porte envie , toi qui ne sens aucun de mes » maux! Etre exempt d’inquiétudes, quelle douce -» vie! Vivifié jar Phaleine des zéphyrs, passe ton 2 2 enfance au milieu des jeux, et fais les délices de ta 220 Littérature grecque. » mère.» S’adressant ensuite au chœur, composé de ses soldats : « Dites à Tcucer de conduire mor fils dans » mes foyers, de le présenter à Télamon , à Eribée, » ma mère, afin qu'il les nourrisse dans leur vieil- » lesse , jusqu’à l'instant où ils descendront au séjour » des morts (1). » Rien n’est plus difficile à rendre que ces douces pardles : * LA d s - * * Tews de :05@ots TYEVELETIY Corus s VEY Fox y CAPAVOTIE HATpi rade AIT ETE Tout ce morcéau étincelle de beautés , et est ter- miné par l’apostrophe sublime qui commence en ces térmes : « O soleil ! lorsque tu éclaireras la terrë » qui m'a vu paître, retiens tes superbes coursiers ; » et annonce mes maux, ma destinée , à mon vieux » père, et à cette infortunée dont le sein m’a al- » laité (2), etc. » L'intérêt qu’Ajax prend à son fils, à sa femme, à sa mère et à son père, devoit avoir des nuances que le poëte saisit parfaitement, et exprime de même. D’ailleurs , quels heureux con- trasies ? c’est l’art des grands maïres. Nous l'avons presque perdu, faute d'étudier la nature et de con- sulter ses premiers interprèles. Revenons à Achille; Ulysse, après avoir assuré qu'il n’a rien oui dire de Pélée, lui raconte les ex- ploits de Néoptolème, son fils, et comment il a eu grande part à la prise de Troye. À cerécit , l’ombre dAclille, pleine d’alléoresse, fuit et marche à (1) Ajax, v. 628 — 639. (2) Ibid, v. 857 — 660. di nee — ER 3 Nécyomantie d Aomère. 221 grands pas vers les Champs-Elvsées. Le héros grec devoit éprouver une trop vive sensaiion pour qu’il répliquât encore à Ulysse. Aussi Homère se garde- t1l bien de lui faire prononcer un seul mot; ce qu’un poëte médiocre n’imiteroit pas certainement. Du reste, la joie que témoigne Achille, en appre- nant les actions héroïques de son fils, prouve en core assez que le désespoir de n’étre plus rien, ou VPinertie à laquelle il étoit condamaé, selon la re- marque d’un ancien critique (1), lui avoit arraché la maxime proverbiale dont nous avons parlé. D’autres ombres s’approchent ; chacune s2 plai- gnant de son sort; celle d’Ajax se tient seule à Pécart, et Ulysse lui adresse ce discours : « Ajax, » fils du généreux Télamon, même après ta mort , » tu ne cesseras donc pas de nourrir contre moi » de cruels ressentimens , à cause de ces funestes » armes. Les Dieux ont voulu punir les Grecs : » toi, leur ferme rempart ; toi, légal d'Achille, » tu as succo bé. Nous déplorons vivement ta perte. » N’accuses personne de ce malheur ; Jupiter , par » la haine violente qu’il porte aux Grecs d’une » valeur dist nguée , est Funique cause de ta des- » tinée. Avance donc, prince , jus'u’ici. Que ton » ame altière se laisse enfin fléchir (2). » Ajax s’é- loigne sans répondre. « Cependant , ajoute Ulysse , » quoiqu’enflammé de colère , il m’auroit parlé, si » Je n’avois pas désiré ardemment de voir d’autres (1) Dionys. Hal. de poes. Hom, S. 17. (2) V. 549 — 67. tt 222 Littérature grecque. » ombres. » Il cherchoit du moins à se le persuader , son amour-propre étant trop humilié du silence dé= daigneux de son ennemi. Homère montre en cela beaucoup de sagacité, suivant la remarque d'Eus- tathe (r}. Ajouions que ces traits de caractère, puisés dans la connoïssance réfléchie de Pesprit humain, - n’échappeni jamais à ce poëte. Quel art admirable n'offre pas le discours d'Ulysse ? L’idée de la vic- toire de ce héros sur Ajax est écartée avec soin ; forcé de prononcer le mot «ares, il accompagne d’une épithète qui fait sentir ses propres rærets, Læs malheurs d'Ajax sont ceux des Grecs; il ne les en sépare point ,.el se hâte d’en attribuer la cause aux sentimers de haine et de vengeance que Jupiter respiroit contre les plus braves d’entre les Grecs. Ajax ne paroïi pas méme l’écouter , et l’on est frappé de son silence , que Longin appelle, avec raison; grand el sublime (2). Polygnote n'avoit pas cverché à rendre ce s'lence dans son tableau ; mais il imagina de rassembler en un méme heu tous les ennemis d'Ulysse, parmi les- quels Ajax est représenté ne prenant ancune part aux jeux dont quelques-uns s’oc upent (3): Ulysse se trouve fort éloigné de ce groupe (4); disposition sage qui moutre assez l’idée du peintre. Silius [ta (1), In Odyss. ed Rom. p. 1698. (2) De sublim. $. IX. (3) Paus. Phoc. ce. XXXI. (4) Foyez Acad. des inser, Hist. t. XX VIL. p. 57. “ÉCre l'en RS RS n # ; ] ue e + ATLAS ’ x \ Nécyomantie d’'Homère. 293 2 Vous auroit dû appercevoir cette convenance , et ne point mettre aux enfers Âjax dans le même groupe que celui d'Ulysse, et de tous les autres héros du sièse de Troye (1). Mais ce poëte latin mérite à peine qu’on fasse mention d? lui ; il ra su imiter, ni Homère, ni Vireile, dans la descente de Scipion aux enfers ; c’est un épisode également dénué d'invention et d’intérèt. La remarque d’un écrivain anelais, auque! la vertu, la raison et le £soût doivent beaucoup , le docteur Johnson , est disne d’être rapportée : « Le silence ». qu'Homère fait garder à Ajax , a beaucoup plus de » force que les argumens qu’il auroit pu employer en sa faveur, parce que ce héros n’étoit pas assez élo- ». quent pour les faire valoir, et qu'étant naturellement » courageux et hautain ; il n’en connoissoit pas d’autre » que son épée. Ce silence dédaigneux , qu’il af- » fecta devant un homme qui l’avoit vaincu par la » volubilité de sa langue, est infiniment plus pi- » quant que les raisons qu’il auroit pu alléguer ; » d’ailleurs, il empéchoit par-là son ennemi de » faire briller son éloquence (2). » Je crois qu’Ajax, plein d’un violent ressentiment , ne doit pas penser à ce dernier trait de vengeance. Il étoit trop au- » Le4 dessous de lui, et il ne faisoit pas assez de cas de Part de discourir. Lorsque | dans lIliade , il est obligé de parler , comme dans sa dépntation, à Achille (3), il le fait brusquement et en peu de mots. Il ne prétend même pas entamer un discours ; (:) De bell. pun. \: XHT , v. 609 — 4. (2) Rambler. Disc. CXXI. (3) liad. 1. IX , v. 620 — 38. 224 Littérature grecque. il semble n'avoir pris la parole que povr avertir Ul;sse et Phœnix de mettre fin à leurs harangues et de se retirer. Pourquoi , d’après cela , Ovide prête -t«+il à d’Ajax un plaidoyer de cent dix-huit vers (1), pour réclamer les armes d'Achille ? J'avoue que ce discours et celui d'Ulysse, son compéliteur, renfer- ment de grandes beautés. Maïs n’y retrouve-t-on pas toujours le bel esprit de la cour d’Auguste, et l’auteur qui ne peut se résoudre à cacher son art, à ne point étaler les fleurs de son imazination, aux dépens dû caractère convenu de ses héros ? Ce reproche regarde principalement le plaidoyer d’Ajax, où Pon ne vou- droit pas rencontrer queleçres détails et des expressions plus dignes d’un rhéteur que d’un guerrier. D'ailleurs il est trop log, et Ovide semble le reconnoître par les dernières paroles qu’il met dans la bouche d'Ajax, lesquelles finissent cependant par un défi courageux , tel qu’on devoit Patiéndre de l’émule d'Achille. Denique ,'guid verbis opus est ? speclemur agendo : Arma viré jortis medios miltantur in hosles ; Inde jubete peli , et referentem ornate relatis (2). Sans avoir, ni les talens, ni l’esprit d’Ovide , un poëie grec, Cointus de Smyrne , a traité le même sujet (3). S’il lui est fort inférieur du côté de lPinven- (1) Métam. 1. XIII. v. 5—122. CO NUNTMEONIE2T 122 8 (3) L'auteur de la petite Ihade , Lesches de Mrytilène, avoit débuté par là ; mais nous n'avons que les summaires des quatre premiers livres de son poëme. Procli chrest. op. Tyschen , ineédita , p.35 , 36. tion , Nécyomantie d'Homère. 235" tion, il dit néanmoins des choses qu’Ovide a négligées, et quine sont point déplacées dans le discours d’Ajax. Je veux sur-lout jarler du reproche que ce héros fait à Ulysse, d’avoir été la cause de la mort de Palamède, qui le surpassoit, selon lui, en courage et en pru= dence (1). Mais Cointus est également trop long ; et il fait mal-à-propos répliquer les deux contendans Pun à Pautre (2), faute qu'Ovide n’a point commise. Les écrivains m‘diocres | en voulanf\ épuiser leur sujet, ne laissent dans l’ame aucune impression ; leur esprit est un vase vide qui rend beaucoup de son. Dire deux syllabes de plus qu’il né convient , süivant le poëte Philémon, c’est être prolixe. Dans tant de milliers de vers, ajoute-t-il, Homère ne se l’est pas permis’? aussi personne n’a osé l’accuser de ce dé- faut (5). Peu de mots suffisoient à Ajax : « Vous me » décerniez le second rang après Achille 3 ilest mort “4 » ses armes m’appartiennent ; si Ulysse ou quelque » autre ose me les disputer, jettez-les au milieu des » ennemis, et nous verrons Celui qui ira les y enlever.» Cette dernière idée appartient à Ovide qui n’auroit eu garde de s’en contenter. Peut-être étoit-il encore pessible de mieux faire ,en supposant qu’Ajax avoit refusé d'entrer en lice, et que Teucer, son compagnon et son ami, s’étoit em- pressé de plaider sa cause? Cela auroit été une ini- mitation heureuse d’Homère , et je soupconne le (1) L. V. v. 198, 199. (2) L. id. v..292... et 306... (3) Fragm. ap. Stob. Tit. XXXVI. Tome IIL B V1 226 Littérature grecque: peintre Timanthe de C'thnos, d’avoir eu une idée _ à-peu-près semblable ; la manière dont il représen'a Agamemnon, au sacrifice d'Iphigénie , et plusieurs autres sujets (r), donne quelque probabilité à cette conjecture. On sait qu’il remporta à Samos le prix, au sujet de cette dispute , ‘oncernant la possession des armes d'Achille, sur Parrhasius d’Epiièse (2), célèbre par la justesse des proportions et la beauté des con- tours. Ce ne peut donc être qu'un trait vif, neuf et frappant, qui ait fait donner la palme à Timanthe, son rival. Le silence éloquent qu Homè re fait garder à Ajax, n’est point resté sans imitateur ; et Vie a Cru que Didor , rencontrée aux enfer. par Ente, devoit aussi ne pas lui répondre, « Mais, dit un traducteur du » poëte grec, ou je me trompe, ou celte scène si pa- » thétique entre Ulysse et Ajax perd bien de son ex- » pression entre deux acteurs tels qu'Enée et son » amaute. Enée, après avoir abaudonné la malheu- » reuse Didon , n’a que de mauvaises raisons à lui » alléguer, et ce sont encore les mêmes dont il avoit » ennuyée en la quittant. Mais ici c’est un héros qui » en regreite un auire, et qui maudit en quelque sorte » la victoire malheureuse qu’il a remportée, et qui a » privé la Grèce d’un komme tel qu'Ajax. Ces sen- - (1) … Sunt et alia ingenii ajus exemplaria... atque in unius) Hujus operibus intelligitur plus semper quam pingifur + ef cum ars summa sit , ingenium tamen ullra artem est. Pln. 1. XXXV,c. XXXVL. (2) Plin. 1. XXXV , ce. XXXVI, Ælian.l IX, c. XI. Atbën. 1. XI , p. 643, elc. NC ) Nétyomante d'Homère. 227 » imens, ce semble, tiennent à une élévation d’ame » bien plus touchante que les larmes du pieux Enée, .» et que le silence de son amante (1). » Le docteur Johnson reproche à Virsile de n'avoir pas toujours jnité avec assez de discernement Homère ; et il en cite pour exemple le silenée de Didon. «il s’en faut » bien , assure-t-il, que ce silence ait la même dignité, :» ni qu’il soit aussi expressif que celui du héros grec. » Elle auroit pu , sans blesser la bienséance, s’exlaler » en plaintes et en reproches ; mais Virgile, qui avoit _» Pimagination pleine d’Ajax, n’a pu gagner sur lui » de prêter à Didon une autre fason de té 1oïgner son » ressentiment au héros troyen(2).» Ces observations me paroissent justes jet je crois qu’une reine m{prisée, une anante offensée, une femme irritée ne pouvoit rester muette, ayant une si belle occasion de se sou- lager par cette éloquence de seutimens et cette véhé= mence de passions , qui déviennent des armes bien puissantes pour son sexe , contre les ingrais, ies iufi- dèles et les parjures ; tel qu’étoit à son égard le pieux Enée. | | . Mais si Virgile s’est ainsi leissé séduire par l’imita- tion, avouons du moins qw’il s’en tire habilement. Ce poëte, en représentant Didon enflammée de colère et avec des yeux hagards, qu’elle tenoit ensuite fixés àterre , a voulu exprimer à-la-fois la profonde indi- gnation de cette princesse , et ce sentiment de pudeur qui deyoit se manifester chez elle, à la vue d’'Enée. (x) Rochefort. not. sur l’'Odyss, t. I , p. 472 — 734 (2) Rambler , dise, CXXI. P 2 Le 228 Littérature grecque: Inflexible et dure comme les rochers de Marpesse ; elle s'arrête un moment ; mais toujours irritée ,_elle gélance bientôt après, et s'enfonce dans le sombre bois , où Sichée étuit resté conservant pour elle son aucien amour. Lo Talibus Æneas ardentem et torva tuentem Lenibat dictis animum , lacrymasque ciébat. Illa solo fixos oculos aversa tenebat : Nec magis incæpio vultur sermone movelur Quäm si dura silex aut stet Marpesia cautes. T'andem proripuit sese ; atque inimica refugif In nemus wmbriferum , conjuz ubi pristinus illi Respondet curis, œquatque Sichœus amorem (x). Quel heureux contraste ne forme pas celte mention du premier époux de Didon' que d'idées ne révelile- t-elle pas! Il est vrai que ce trait ad mireble auro:t pu subsister, quand même cette héroïne n”.uroit pas gardé le silence. D'ailleurs il auroit détruit tout l’effet des larmes qu’Ente répand en voyant son amante, si l’oh r’étoit pas déjà accoutumé à cet attendrissement du bérostroyen beaucoup trop pleureur pour un con- quérant..Je finis cette digression par remarquer que ; dans l’attitude de Didon , Virgile semble avoir plutôt imité la Médée d’Euripide (2), que l’Odyssée d'Homere. Après la fuite précipitée d’Ajax ; le premier objet qui frarpe les yeux d'Ulysse, est Minos, qui rend la justice aux morts, et les condamne aux peines éter- (:) Æn I. VI , v. 467 — 74. (2) V.27, 28. Nécyomantie d’'Homère. 22q _nelles qu’ils ont méritées dufant le cours de leur vie. Un vaste champ se présente à l’imagination d’Homère, mais 1l se garde bien d’épuiser un sujet si fécond. Toutelois il nous donne des détails suflisans sur les . tourmens que Titÿe, Tantale, Sisyphe, etc.,endurent. Par-tout il se montre crand peinire et poëte sublime, Par exemple, rien n’est plus digne d’admiration ,que de voir comme il a su rendre l’image du supplice de ce dernier, par la construction des mots et l’har- monie imitative. Denys d’'Halicarnasse en a déve- ‘loppé tout l’art avec beaucoup de sagacité (x). Avant lui, Aristote n’avoit pas montré moins de goût et de discersement, en faisant remariuer (2) ce beau pas sage d’'Homère. Enfin Eustathe et les autres commen. -afeurs anciens et modernes n’ont pas manqué de payer leur tribut d’admiration à cet immortel pote. Il ne rassemble én cét endroit tous les fameux scé- lérats de Pantiquité, coupables d’impiété, et ne décrit leur supplice avec tant dé soin , que pour imspirer la crainte des dieux, et inculquer davantage le dogme salutaire des peines à venir. Celui des récompenses est seulement désigné par ce aw’il dit de la considéra- tion dont ombre d’Hercule jouissoit aux enfers “et de la félicité dont son ame avoit été récompensée au ciel. Je r’entrerai point dans aucune discussion sur la différence de cette ombre et de cettè ame: cela tient à une croyance qu'il n’est pas trop facile d’éclaircir. ! Suivant Cicéron , les anciens ne pouvant comprendre (x) De constr. Orat.S 20. (2) Rhetor. 1. III, c. I. P3 230 | Littéra Lure srecque. une ame dibstsiauté par elle-même, lui avoient donné ” une forme, une figure : de là, toute la' fab le d'Homère : ,. / sur les tre (1). Cette opinion ne peut être ici exa- ÿ mine , etje repréens mon sujet. | DEV Hercule reconnoît aussi-tôt Ulysse, ‘et ‘ne: Jui * : parle que des pénibles travaux, auxquels il s’étoit soumis pendant sa vie , entre autres de Penlèvement .: de: Cerhère. Le poëte n’a, sañs doute, imaginé ce discours que pour raniner Je courage de son héros. | Celui-ci n’y répond pas, et celte marque de respect de sa part doit étre remarquée. Homère ne manque jamais aux co:venances, et c’est à tort que des cri- tiques modernes Pont accusé du contra re. Il sup- po:e à Ulysse le désir ardentde voir Théste et Pi- rithoüs ; mais comme ces illustres personnages Pen- tréineroient dans des détails qui l'éloigreroient du b: ot ? principal qu’ils'est proposé, "celui de préparer le on de son poëme, il se hâte de pénétrer AS Ulysse de la crainte des ordres de Pro‘erpine, et reut lui faire précipiter son retour à la lumière. Cette fiction, dont je viens de relever les beautés, a eu bien des imitateurs (2); le plus heureux de tous, est, sans doute ; Virgile. Il a beaucoup ‘tendu ce sujet, et l’a enrichi de toutes les idées que la reli- gion, le culte et la plilosophie des Esypliens (3), des: Grecs (4), out pu lui fournir. Il y a fait entrer (1)... Inde Homer tota VExUsee. Tusc.l.1I, ce: XVI. (2) Fid. Heyne ; exe. ad 1. VI. Æn. p.784. (3) Serv. ad. Virg sn. LVL, v. I. (4) Sur-toutcelle de Platon.-Heyne , ere. L. p. 787. " Nécyomantie d'Ho mère. eur tout ce qui pouvoit intéresser la eloire de sa patrie. La force de Pimacination , les graces de Pesprit et les charmes de l’élocu ion, concour. nt également à faire de cet épisode un chef-d'œuvre de poésie ; et si nos Wavions pas le IV. livre de PEnéide, on ne balanceroit pas à regarder le VIe, dont je parle, comme le plus digne de notre admiratiom Virgile , en marchant sur les traces &’ Homère, n’a rien oublié pour s'élever au-dessus de son modèle: Fulgeat ut magni exuvras indutus Homert (1). I y réussit dans les détails inconnus ou néol'gés par celui-ci. F’avoucrai eucore que sa fiction en général étoit plus mtéressante pour les Romains, dont elle flat- toit la vanité ; mais il sera d Mile de me persuadér qu’elle l'emporte du côté de la noblesse sur celle d’Homère , comme quelques ‘critiques l'ont pensé. C’est évidemment confondre le noble ave: le magni- fique et le pompeux , qui existe, sans dout:, en poésie. Viruile en a fait usage dans ce livre , qui respire la majesté du peuple dont il annonce les hautes destinées (2). Ce poëte y est néanmoins fort inférieur par le pathétique, lPéloquence et l'art de donner un caractère sou enu et bienprononcé à ses héros , art dans lecnel Horère excelle. Ectie opposition admirable que Virgile met entré les lieux de tourmers où T'artare , etles lieux de dé- . lices ouciamps Elysées, ne pouvoit guère se trouver G) Vida , Poet. L. IT , v. 686. €) V. 847 — 853. P 4 232 | Littérature grecque. ‘ dans la tête d'Homère , parce que l’idée. qu'on avoit de ces derniers étoit, de son temps, très-confuse. Pindare est le premier des écrivains grecs et latins qui en ait eu une distincte ; il les place dans les îles fortunées (r): Il étoit beaucoup moins diflicile aux hommes d’imaginer le supplice des méchans que de concevoir le bonheur des justes en l’autre vie; , CE | 4 , CE . . c’est pourquoi ils ont pensé si tard à celui-ci, et si tôt à l’autre. \ D'ailleurs, la crainte faisant tou- jours plus d'impression que l’espérance , les anciens législateurs ont dû nécessairement répandre davan- iage ce qui tenoit à la première ; ; Inais On ne sauroit trop louer Virgile d’avoir si habilement saisi et fait sentir l’opposition dont je viens de parler. Etant de la secte d’Epicure , il ne devoit pas chercher à l’ac- créditer 3 an contraire ; oubliant ses opinions parti- culières, il n’a vu que ceiles dont la croyance étoit nécessaire au genre humain , sur-tout dans un siècle aussi corrompu que le sien. En conséquence, par sa description , aussi morale que poétique desenfers, il rend très-sensible: le dogme sacré des peines et ré- compenses à venir (2). Quoiqu'Homère se soit peu @) Olymp. Od. IT, v: 128 , etc. {2) C’esi sa doctrine exotérique ; il écrit en cet endroit pour le peuple. Mais dans ses géorgiques ; il parle en Epicurien, et adresse aux philosophes ces vers si connus : 4 Felix qui rerum potuit cognoscere causas ,N AMtque imetus omnes el inexorabile falum 1 - - PA e L L4 L] Subjacitpedibus , strepitumque ÆAcheronti avars. L, IL, v. 490 — 93. 2 Nécyomantie d'Homère. nn arrêté à celles-ci, ou les ait presque laissées À de- viner , il a pourtant fourni une grande partie de ja iction , sous laquelle tout ce dogme est enveloppé ; et en cet endroit, comme dans le reste de l’ épisode, il conserve l’empre nte d’un génie vraiment créateur : ee + + + + + + CUJUS 6x-0re profus0s » Omnis posteritas latices in carnkna du sit, “mnemque in, tenues ausa est diducere rivos , Unis fecunda bonis..: . 1 43. an | Manil. Æstron. Li: IT , v.8—11. RE — Correcrron des anciens Moralistes; renfermant 1. ÂPOPHTHEGMES des Lacédémoniens extraits de PLUTARQUE , suivis des pensées du même auc- leur sur la supeYstition, par P. Ch. LErESQur, in-18.° de 196 ; 2. Pensées morarrs de Pru- TARQUE ; recueillies et traduites par P. Ch. .. NE vol. in-18. : Le premier de 199 pages, et le second de 172 ; 3° \V7es et APOPHTHEGMES des philosophes grecs; re .cuecllis et traduits par P. Ch. LEryEsQuE , ën-18.° de 192 p. À Paris, ch°z Debure, l’aîné, rue Serpente ;-et chez Didot, l’aîné, imprimeur, rue Pavée , André-des-Arcs , l’an troisième de la République , 1794. Fe commodité du format et la beauté des carac- tères n’ont pas peu contribué au succès de cette col- lection , qui avoit été long-temps interrompue, après la publication des treize ne es. précédens , dont f , / fr : : 234 Littérature grecque. | huit étoient également ds aux veilles du ciloyen Lévesque. Il’reprend aujourd’hui ce travail par les quatre qu’on viept d'annoncer, et nous en ‘promet uue suite d’autres. En aoplaudissant à son zèle , nous devons lui observer qu'il seroit bon de $arrêter avant de fäti uer le publie; et il se lasse des/meil- leures choses ; quand onles lui prés! nte trop souvent sous la même forme. On auroit dons dû se faire un pan, et le circonscrire dans des bornes raisonnables, Donner la morale de tous les auleurs , queile entre- prise ! sûr-tout en commencant par Homère. Mais il est bien’ étrange que le premier des moralistes, Salomon , n’ait pas une place dans cette collection. Son traité, dui porte le nom de proverbes, devoit seu] Jui mériter cet l'onnéur ; et son livre de PEc- clésiaste , qu’on peut recarder comme lu/timatum du sage, auroit dû y tenir un rang distinguË. En le terminant, il dit : factendi plures libros nullus est finis, c. XIT, v. 12, ce qui a rapport aux ou- vrages de morale , qu’il est si facile de multiplier. Bvitons cet abus, afin qu’ils fassent plus d'impression. Le cto;ÿen Lévesque s'exprime en Ces termes, dans une note : « En faisant paroître , dans notre »‘langue , les penses choisies de Plutarque , je ne » me suis pas asservi à toute la précision dont je me » Serois fait un devoir, si J'avois entrepris la tra- » duction de ses œuvres, ou même de quelqu’un de ses ». traités. C’étoit ses idées qu’il falloit rendre , plutôt » queres expressions ; 1mâis si je me suis donné quel- ÿ que liberté, je n’en ai usé qu'avec beaucoup de ÿ réserve, » Lorsqu'on ne rend pas exactement les bi 7 nr rs | idées qui tiennent essentiellement aux mots, nousrie 4 | saurions trop le répéter. Ces sortes de libertés sont | toujours dangereuses, et il en, résulte souvent qu’on doune ses pensées au lieu de celles des autres. Plufarque offroit une récolte abondante, et le ci- toyen Lévesque nous paroît avoir fait un bon choix. Rapportons-eu quelques exemples : … « Exerce ta curiosité sur les phénomènes de la » nature : maisils n’ont, pouf toi, rien de piquant, » ‘parce que tu ne saitrois y trouver rien de mal, Eh » bien! s’il faut absolument que ta curiosité nes’exerce » que sur le mal, si tu ressembles à ces reptiles impurs » qui ne vivent qu’au milieu des plantés vénéneuses, » et qui en tirent leur aliment , tourne ta curiosité du » côté de l’histoire ; c’est là que tu trouveras une » grande abondance de maux; des hommes préci- » pités du faite du bonheur, leur vie subitement » attaquée; des femmes violées, des esclaves ten- -» dantdes pièges à leurs maîtres , la jalousie , envie, ‘» les prisons , les maisons renversées, Les chefs des . » nations massacrés : rassasie-toi, jouis sans trou- » bler , sans chagriner ceux qui vivent avec ‘toi. e Mais, non; la curiosité n’aime que les maux » récens , il faut qu’ils soient encore jout chauds ; » elle ne se plait qu'aux tragédies nouvelles. » “Le babil accompagne nécessairement la curicsité. » Comme le curieux a beaucoup de phisir à tout en- » terdre, il en a de même à,tout redire. Ce qu’il » vient de recueillir, il se fait une joie de le ré- » pandre. » À lappui de cette réflexion , citons Îe / 236 . Littérature grecque. trait suivant , raconté par le même Plutarque » « Athènes venoit de perdre , en Sicile, sa flotte. et » son armée. Ce désastre n’étoit pas encore connu, » Un barbier l’apprend , au Pirée , d’un valet d’un » homme qui étoit échappé au maiheur commun. » Aussi-tôt il quitte sa boutique , court à la ville, » Graint de n’arriver que le second . et de se voir » enlever l’honneur de publier le premier cette nou- » yelle. Il arrive, il parle : le peuple se trouble ;, » se rassemble, veut remonter à la source de ce » bruit. On amène le barbier, où Pinterroge. Il ne » peut dire quel est celui dont il tient la nouvelle s » c’est un inconnu dont il igrore le nom. Le peuple » sirrite, pousse de grands cris \: qu’on arrête ce » scélérat , qu’on lé mette à la torture ; c’est lui qui » à forgé cette nouvelle. Quel autre en a entendu » parler ? On apporte la roue , où y attache mon » homme. Dans le moment, arrivent des fuyards » qui confirment ce qu’on vient d'apprendre. On se » sépare, on se disperse ; chacun ne pense qu’à ses. » maux, et tout le monde oublie le barbier , qui » reste garotté sur la roue. Ce ne fut que fort tard » qu’on pensa à le délier. Mais, tant l'habitude du babil est incorrisible , pendant qu’on le détachoit, Ÿÿ » il demandoit encore au valet de la justice : Eh! saveni-ils aussi comment on a fait périr ce pauvre Nicias? » Su.vant notre judicieux philosophe, « la maladie du babillard est de ne pouvoir ni écouter, » ni se taire. Il est sourd par choix : je crois même 2 cv 2 > D > 4 da qu'il accuse la nature de lui avoir prodigué deux oreilles, et de ne lui avoir accordé qu’une » langue ». < 2 LA y Q | | : | | \ | Let L . a 4 r RL Es Collection des anciens Moralistes. 237 _ On voit, par ce que nous venons, de rapporter , qu'il seroit possible de mettre une certaine Jiaison dans les matières. Le citoyen Lévesque ne l’a pas cru nécessaire. Il auroit au moins dû citer, au bas des pages, les traïtés dont chaque pensée étoit tirée. Mais ce savant laborieux n’a pu se livrer à de pareils soins, étant occupé d’un important ouvrage, la traduction de Thucydide, Elle ajoutera beaucoup à la réputation que l’auteur s’est faite, sur-tout par son histoire de Russie et une de France, sous les cinq premiers Valois. Celle-ci , écrite avec beaucoup de sagesse (r), peut nous offrir des rapprochemens cu- rieux et des réflexions toujours utiles , et quelquefois consolantes. Elle mérite d’être lue davantage, dans les, cireonslances où nous nous trouvons. (1) On la trouve aussi , chez Debure. ÿ | - | + 1) “ LITTERATURE LATINE TrAipucrron d'une lettre de CrcrroN à Mirivs et dela réponse de Marius à Cicéron, qu'on trouve àu lir. XT des Epistol® ad famihares , dans Les œuvres de CrcÉRrG\. Pour les restes les plus précieux de lantiquité on compte, avec raison , les leitres de‘ Cicéron à Atticus et aux plus grands personnages de son temps, ainsi que celles au’il recoit deux. De bons écrivains les ont fait passer dans notre langue. La traduction des lettres à Aitieus par Pabbé Mongault de Paca démie francaise, est un beau travail, et celles de Pabbé Prévot et de lPabbé'd'Olivet, ne: sont pas sans mérite ; mas en lisant les originaux, un homme de lettres est souvent-tenté de prendre Ja plume et de rendre à sa manière ce qui le frappe le plus, C’est ‘ainsi que M. de la Harpe a traduit la fameuse et- tre dans laquelle Brutus rejette , avec tant de hau- teur, et je ro s plus volontiers de faste , Pamnistie que Cicéron lui propose désrecevoir d'Octave. J'écris ceci à propos d’uñe autre lettre qui vient de me tomber sous les veux, en parcourant les Æpis= tolæ ad familiares. C’est celle de Matius à Cicé- ron. Ce Matius étoit ami de Jules César, et fut depuis compté parmi ceux d’Auguste. On voit par/la lettre de Cicéron qui donna lieu à la réponse de Matius, et par cette réponse même, que ce dernier étoit un homme très-Cistingué, de sent‘mens très- élevés, de beaucous d’esprit , de talens, de con- es { {\ - Lettre de Cicéron à à Matius. 239 | hoissances ef de goût, et son Ctroite liaison avec les a deux p'emisrs Césars le rend intéressant par cela » même que le choix d’un tel ani jette une lumière favorable sur le caractère moral de ces deux grands ! hommes. k Middleion, dans son exceliente vie de Cicéron, _ n’a pas négligé cette pièce , et l’a insérée tout au long dans son ouvrage, où il n’a fait entrer qu’un court extrait de la lettre de Cicéron. Je m'’aiderai de sa tiaduction et des remarques qu’il y a jointes pour rendre , s'il m’est possible ; l’original avec quelque force et quelque fidélité. | Cicéron , dit Middieton , ayant appris d’Atticus, qu’Octave avoit donné au peuple romain des fêtes et des jeux en l’honneur des victoires de son oncle, ce qui indiquoit le projet de relever sa mémoire et de venger sa mort, et que Cneius Matius avoit pris sir Jui le soin d’ordonner et de conduire ces fêtes, en avoit conçu de fâcheuses impressionsconire Matius ét les avoit communiquées à Brutus. Matius en fut instruit et se plaignit à Trébatius, leur ami commun, de lopinion défavorable et du procédé désobligeant de Cicéron. C’est ce qui donna lieu à une lettre apo- logétique de Cicéron adressée à Matius, et àla ré- porse de celti-ci. LE Le mécontentement de Cicéron paroît ayoir porté encore sur un äuire fait qui est , que Matius avoit appuyé de son suffrage une loi de César qu’on croit avoir été relative aux débiteurs , et désavantagense aux créanciers et au rétablissement de certains con- damnés par une loi de Poñpée. C’étoit vraisembla- 240 Littérature latine. biement une de ces lois de César , dont Antoine avoit . obtenu depuis sa mort qu’elles seroient exécutées. Beaucoup de sénateurs en souffroient- et Cicéron et sès amis étoient peut-être du nombre. Cictron s'efforce de persuader à Matius qu’il n’a parlé de lui que d’une manière qui peut se conci- lier avec l'amitié qui a toujours été entre eux, Cicéron à Matius , Salut. Je né me suis pas encore b'en éclairci à moi même si notre cher Trébatius, cet homme si obligeant et sur Pamitié duquel nous pouvons, vous et moi , comp- ter également, ne m’a pas causé autant de peine que de plaisir en venant me voir à Tusculum. J’y étois de la veille au soir. fl arrive lé lendemain matin ; foible encore de la malad® qu’il vient d’es- suyer. Je le gronde de ‘ce qu’il ménage si peu sa santé. Il s’excuse sur l’empressement qu’il avoit de me voir. Qu’y a-t-il de nouveau, lui dis-je ? Sur cela il me rend les plaintes que vons faites de moi. Avant d'y répondre, permettez-moi une courte pré- face. | Autant que je me rappelle le passé, je ne me con- nois pas d’ami plus ancien que vous ; mais Pancien- neté peut être commune et la même entre plusieurs amis , sans que le degré d’attachement soit le méme. Je ‘vous ai aimé du jour que je vous ai cohnu, et j'ai jugé dès-lors que vous m’aimiez aussi. Finsuite, votre éloïgnement qui a duré long-temps, notre marche dans la route de l’ambitign , et la différence de notre genre de vie, n’ont pas laissé se former entre nous cette ‘1 5 à É. Lettre de Cicéron à Malius. SAT wette habitude qui unit plus étroitement les ames. Cependant, plusieurs années avant le commence- ment de la guerre civile, César étant encore dans les Gaules, j'ai éprouvé votre bienveillance dans les soins que vous vous êtes donnés et qui ont pro- duit leffet que vous en attendiez , de me faire aimer et considérer de César , et de mé faire compter par. lui au nombre de ceux qui lui étoient attachés ; ce que vous avez cru devoir m'être infiniment utile et de quelque avantage pour lui-même. Je passe sous silen:e le commerce intime et familier que nous avons - eu ensemble vers le mêine temps, en conversation et par écrit, pour venir à des circonstances plus impor= tantes. Au commencement de la guerre civile, lorsque vous alliez rejoindre César à Brurdusium , vous vintes me chercher à ma maison de Formies : démarche dont j’ai senti tout le prix, sur-tout à l’époque où vous l’avez faite. Croyez-vous que j aye oublié aussi vos sages conseils, vos discours consolans, l'intérêt que vous me monträtss ? Demandez-le à Trébatius qui éloit présent. Je n’ai pas oublié davantage les. lettres que vous m’écrivites , lorsque je vins au-devant de César aux champs de Trébula. Bientôt après je rejoignis Pompée , entrainé par le soin de ma répu- tation , ou par le devoir ou par l’empire de la destinée, et alors même vous m'avez servi absent, en même temps que vous n'avez cessé de rendre de bonsofices à ceux des miens qui ne m’avoient pas suivi, et qui tous ont pensé que nous ne pouvions avoir eux et moi un meilleur ami que vous. Je revins enfiu à Brundusium È et je ne puis oublier la promptitude avec laruelle Tome IIL Q 242 Littérature latine. vous accourutes, s-tÔôt que vous eutes appris qué j'étois à Turente, m1 votre assiduiié auprès de moi, ni les soins que vous prites pour relever mes esprits abattus par la crainte des maux dont nous étiens tous menacés. Enfin , nous nous retrouvames à Rome, Queile liaison a été alors plus étroite que la nôtre ? Dan: les circonstances les plus importantes, c’est tou- jours de vous qu? j'ai pris conseil, pour régler ma conduite avec Cfsar , et quant aux autres soins de Pamitié, à qui, si jen exceple César, avez-vous donné l’avantage de vous recevoir plus souvent dans sa maison? Avec qui avez-vous passé plus d’heures employées à d’agré:bles conversations ? N'est-ce pas vous, si je m'en souviens bien, qui m'avez engagé à composer plusieurs de mes écrits philosophiques ; et, après le retour de César, qu’avez-vous eu de plus à cœur que de me faire admetire à son intimité,etn’en êtiez-vous pas venu à bout ? Mais que! est le but de ce discours, qui s’est étendu plus que je ne le prévoyois. C’est de vous faire juger à vous-même, qu.1 a du être mon étonnement d’ap- : prendre que vous, à qu' tous ces faits ‘sont connus, avez pu croire qué je fusse capable d’ou lier ou de blesser une amitié si consiante. Outre ces motifs qui sort mamif sts et publics, il en e:t de moins connus que je puis difficilement expriner par des paroles, et que je ne vous :endrai qu’#n vous d'sant Que tout en vous rest agrable, maïs sur-tout votre constance ep am tié, votre sagesse, la fermeté et la disnité de votre caractère, la bou é de votre cœur, les charmes, les graces et Pinsiruction de votre esprit. Je reviens donc aux sujets de vos plainies. Lettre de Cicéron à Matius. 243 Je n’ai point cru que vous eussiez concouru par votre suffrage à la loi de César ; et si je l’eusse cru, ] ’aurois pensé en même temps que Vous en auriez ou de justes raisons. Mais je vous ferai obser-er que la considération dont vous jouissez , attire l’attention publique sur tout ce que vous faites, excite en même temps la malveillance à présenter votre conduite sous des couleurs plus dures que cel'es de la vérité. Si cette man ère de vous juger n’est pas arrivée jusqu’à vos oreilles, je ne puis m’en servir pour m’excuser au= près de vous; mais ce que je puis vous assurer , c’est que toutes les fois qu’on emploie en ma pré- sence , je vous défends avec le même zèle que vous avez coutume de montrer pour ma défense contre ceux qui sont injustes envers moi. Je nai donc jamais donné lieu à ce premier re- proche, relatif à la loi de César ; et quant à la direction des jeux , J'ai dit qu’en cela vous vous étiez laissé conduire par des motifs estimables, votre bonté naturelle et voire attachement à la mémoire de César. Mais vous êtes trop éclairé pour ne pas convenir que , si César s’est fait roi, comure je le crois moi- même , votre devor et voire conduite, en cette oc- casion, peuvent être le sujct d’une discussion , dans laquelle on peut avoir deux opinions diff rentes et opposées : : l’une qui est celle que jai coutume de soutenir , et qui loue la fidélité et la sensibilité que vous montrez pour l’ami que vous avez perdu ; Pautre, embrassée par un certain nombre de per- Q 2 2.44 Littérature latine. sonnes qui prononcent qu’il faut préférer la liberté de sa patrie à La vie de son ami. Je voudrois que mes conversations , sur ce sujet , vous eussent été fidèlement rapportées. On vous eut dit que personne ne rappelle plus volontiers , et plus souvent que moi, les deux grands mérites que vous avez à nos yeux; celui d’avoir détourné , tant que vous l’avez pu, César d'entreprendre la guerre civile, et celui d'avoir contribué à lui inspirer la modération qu’il a montrée après la victoire , éloges que je ai jamais oui contester par personne. Je sais gré à Trébatius, notre ami, de m'avoir donné cette occasion de vous écrire, Que si ma justifica- tion ne vous persuadoit pas entièrement , il faudroit que vous me regardassiéz comme ayant manqué aux devoirs-et aux sentiwens de l’amitié, imputation la plus douioureuse pour moi que je puisse essuyer, et que je crois tout-à-lait étrangère à votre cœur. Cneius Matius à Cicéron. Votre lettre m’a fait un grand plaisir , en me faisant connoître que vous avez de moi l’opinion dont je me flatiois et dont J'étois jaloux , non que j'en doutasse, mais parce que le grand prix que jy attache méle quelque sollicitude au désir que j’ai de la conserver toute entière. Je me rendois le té- moisnage de n'avoir rien à me reprocher qui pût me nuire dans l'esprit des gens de bien ; à plus forte raison étois-je porté à croire qu’un homme aussi éclairé que vous, qui connoissez lPamitié qui m’attache à vous depuis si long-temps, n’avoit pu 7 Lettre de Matius à Cicéron. 245 me juger si légèrement. Mais puisque je suis encore _ plus certain que vos sentimens sont tels que je les __ dsirois, je répondr i aux reproches que votre - bonté naturelle et votre amitié pour moi vous ont fait déjà repousser souvent. Je m’isnore pas ceux qu’on a élevés contre moi depuis la mort de César. Certaines gens me font un crime de la douleur et” de l’indignation que je ressens de la perte d’un ami qui me fut si cher , parce que, disent-ils, Pintérêét de la patrie doit l’emporter sur les sentimens de l'amitié ; comme s’is avoient prouvé déjà que la mort de ce grand homme éoit utile à la patrie. Mais je vous le dirai sans détours, jé ne me pique pas de cette haute vertu. Ce n’est point César que J'ai suivi dans nos dissensions civiles; c’est mon ami que je n’ai pas voulu abandonner, quoique je n'approuvasse pas tous ses projets ; car j'ai cons- - famment combattu celui d’une guerre civile, et travaillé de tout mon pouvoir à étouffler, dès leur naissance , les germes de nos dissensions. Après fa victoire de homme avec lequel jétois _si étroitement lié, je ne me suis laissé tenter ni par l’appât des honneurs, ni par le désir des richesses où je pouvois prétendre, tandis que beaucoup d’au- trgs, qui avoient près de César bien moins de crédit que moi, se sont fait prodiguer toutes les favenrs de la fortune, La mienne , au contraire, a souffert squelque diminution par la loi de César, à laquelle Ja plupart de ceux qui se réjouissent aujourd’hui de sa mort, doivent de vivre encore à Rome et parmi nous. J’ai travaillé pour obtenir le pardon des vaincus Q 3 246 Littérature latine: comme si jeusse défendu ma propre wie; et com= ment pourrois -jJe, moi, qui ai voulu le sa ut de tous, nc jas déplorer la perte de celui près de qui je le sollicitai et qui me Paccorda , en ÿ comprenant ces mêmes hommes qui ont été depuis ses détrac- teurs et ses meurtriers? Æh bien ! disent-ils, vous serez punc de l'audace avec laquelle vous blä- mex notre action ! Quelle insolence , jusqu’à pré- sent inouie ! et conment supporter que, tandis que les uns se glorifient d’un forfait, il ne soit pas permis aux autres d’en gémir ? Cette liberté ,auine fut jamais Ôôtée aux esclaves, de craindre, de se réjouir et de sattrister d’après leurs propres sentimens, et non à la volonté d’un maïtre, des homes, aquise donnent pour les restaurateurs de la lierté, veu- lent nous Parracher aujourd’hui par la terreur. Mais leurs efforts seront vains; ni les n'enaces, ni les dangers ne m’écarteront de la route que me tracent le devoir et amitié, parce que non-seulement je nai jamais pensé qu’on dût craindre une mort ho- norable , mais j'ai toujours cru qu’en beaucoup de circonstances on pouvoit la désirer. Après tout, comment sont-ils blessés de ce que je montre le désir qu’ils se répentent de leur action; car je sou haite, en effet, que tout le monde vois , ainsi que moi, la mort de César comme un inalheur ? je dois, disent-ils, vouloir avant tout, et de toutes mes forces, 4e salut de la république : si mon zèle pour la patrie ne s’est pas montré dans tout le cours de ma vie passe, et s’il ne se montre pas dans la suite de ma carrière, sans que je le dise ; je ne le prouverois pas à. Lettre de Matius à Cicéron. 247 Par mes discours. C’est à ma conduite que j’en ap- pelle ; et c’est parelle , et non sur des paroles, que je vous prie instamment de me Juger. Sivous pensez que, pour un homme comme mo:, rien ne peut étre expéd ent que'ce qui est juste, soyez persuadé que je n'aurai jamais aucune liaison avec les méchans. J’ai pratiqué ces maximes dans ma Jeunesse même, lorsqu’elle eut pu excuser mes erreurs ; m’en écar- teroisJe dans la maturité de ’age ? Chanzerois-je et refondrois-je aujourd’hui m n caractère ? non. Je ne ferai rien qui puise être Llâmé > Sans m’absienir , pour cela, de déplorer la perte d’un grand homme qui fut mon ami. Si j’avois d’autres sentimens, je ne m'en cacherois pas da vantage, et Je ne m’attirerois pas ie reproche d’is:probité en faisant le mal W 5: celui de foiblesse et de vanité en m’en cachant. On me blâne d’avoir pris la direction des jeux qu'Octave à donnés au peuple , en mémoire des victoires de son oncle, Mais c’est-là une action privée qui ne touche pas à la chose publique. D'ailleurs , je n'ai pu refuser ce bon office à ce jeure homme, qui donne de si srandes esprances , et se montre déjà di; ne de C‘sar, ni cet hommage à la mémoire de mon illustre ami. Je rerds aussi, dit-on, de frésuentes visites à Marc-Antoine. Vous pouvez ê.re instruit aussi bien que moi, que ces gens qui me taxent pour cela de ne pas aimer la patrie , le visstent sans cesse , non pas comme "oi uniquement pour remplir les simples devoirs de la so:ifté, mais pour o’tenir de iui des races ; et quelle prétention insolente dans ces hommes Q 4 mA ‘à Littérature latine. de m'interdire la liberté que César ne m’a jamais refusée , de pratiquer les personnes dont le commerce me convenoit, parmi celles-là mêmes qu’il w’armoit pas , ei après m’avoir enlevé mon ami, de vouloir m'empêcher, d’aimer ceux dont la société peut adoucir pour moi ceite perte ! Enfin , je vousle dirai, je me tiens bien sûr que la réserve dans laquelle jai ioujours vécu , et dont je ne nr'écarterai jaiais, fera taire dans la suite mes calommiateurs ; et que ceux qui me baïssent, parce que je demeure fidèle à l’amitié qui m’unissoit à César , voutlroient avoir pour ami un homme tel que moi, plutôt que celui qui leur ressemble, Si mes souhaits sont remplis, Je passerai le reste de ma vie à Rhodes, loin des aflaires ; si le sort en ordonne autrement, en me retenant à Rome, je désirerai constamment que le bien sy fasse. Je remercie notre cher Trébatius de m’avoir fait connoître vos dispositions bienveillantes , et de m’avoir ainsi fourni de nouvelles raisons de cultiver et d’honorer un homme que j’ai toujours anné. Portez-vous bien, et aimez-moi. Observations. Je ne puis me refuser quelques observations sur ces deux pièces. Les commentateurs variorum remarquent qu’il ÿ a un grand art fans la lettre de Cicéron ; mais s’il mest permis de le dire, il ya plus d’art que d’a- dresse, parce que. l’art n’y est pas assez caché. Il me semble que l’apologie de Cicéron laisse voir assez clairement que les plaintes de Matius n’étoient pas Obser». sur Les Lettres de Cic. et de Mat. 249 … sans fondement, et la réponse de Matius qu'il n’est pas demeuré convaincu. D'abord , -je n ’aime pas cette énumération si dé- “taillée des soins que Cicéron a recus de Matius, et à à asotene le premier sent lui-même qu’il a donné | trop d’étendue. Je trouve que c’esi-là battre la cäm- pagne pour retarder le moment de se trouver aux prises avec l’ennemi. Je vois quelque vanité dans la récapitulation de toutes les avances qu’on a re- cues, et J'y soupçonne même l’arricre-pensée d'en tirer une espèc ode reproche à Matius, en mettant sous ses yeux une contradiction dans la condüie d’un homme qui , après en avoir us de la scrie avec Cicéron, demeuroit en une opposition si pro- noncte avec Cicéron et ses amis, que celui-ci ap- pelloït hautement du nom de destructeurs de la tyrannie et de restaurateurs de la liberté. Je ne vois pas; d’ailleurs, que ce détail serve beaucoup à la justification de Cicéron. Le raisonne- ment de celui-ci consiste à dire : Voilà ce que Matius a fait pour:moi. Comment aurois-je pu oublier des soins si constans et des ser- vices si signalés ? Mais à cela , Matius pouvoit répliquer : vraiment , je sais bien que j’ai toujours montré à Cicéron une tendre amitié; aussi me suis-je étonné le premier au rapport qu’on mwa fait de ses propos et de son procédé. Mais la question git en un fait; et jusqu ’à ce que Je sois assuré que ce fait n’est pas tel qu ’on me J’a dit, l’étalage des marques d’amitié que jai 250 Littérature latine. données à Cicéron ne me prouvera pas qu’il n’ait point manqué à celle qu’il me devuit. | Ët ce qui confirme cetie explica‘ion , est le si- lence absolu que garde Matius sur cette lonsue énumération ces soins qu’il a rendus à Cicéron, comine sur les éloges très-flatieurs, et, si joe le dire, un peu. cruds, que lui prodigue celui-ci ; si- lnce qui équivaut à dire que tout cela ne fa:t rien à la question. Qui ne voit aussi dans la lettre de Cicéron un aveu où l’équival nt d’un aveu qu'il sest laissé aller à blâmer Matius ? il lui dit nettement que sa conduite peut être int-rprêt'e ésalement bien de deux manières opposée:, dont lune fait Matius cou- pable envers la pa'rie. Ou m’avouera que, dans les;rit d’un l'omme qui pense de la orte, il ny a pas loin de Pidée que la conduite de son ami peut être blâmée à la trouver soi-méme biämable ; et véritablement il est fort : aiurel de croire , et Ma!'us devoit bien le penser , que Cicéron , intimémeni lié avec Brutus et Cassius , ls assassins de César , con- venoit quel: uefois avec eux que Matius n’éioit pas un bon patriote. Je ne puis croire non plus que Mat us soit de- -mCuré persuadé par les protestations #t les compli- mens de Cicéron, Je vois clairement que argument de celui-ci, tiré de ce que, si César s’est fait roi, comme Cicéron déclare en être convaincu , on peut trouver Matius coupable de mavor pas préféré la patrie à son ami; que cet argument, dis-je, n’a point du tout touché Matius. IL déclare nettement Obser». surles Lettres de Cic. et de Mat. 2 qu’il ne se pique pas de cette prétendue vertus il resarde la mort de César comme funeste à la patrie ; il indique ies ennernis.de César comme des ingrais envers César et envers lui-même; il traite leurs menaces «Linsolences ; il se moque de leurs préten- tions au ‘itre de restaurateurs de la liberté, en même temps qu’ils cherchent à contraindre } je u’aux sen- üimens qu’on laisse libres chez les esclaves ;'1l pro- teste qu”! n'aura jamais aucune liaison avec les mé- chans qui, dans sa pensée, sont sur-tout les meur- triers de César; et Brutus et Cassius, avec lesquels Cicéron demeuroit étroitement lié , liaison qui n’étoit pas ignorée de Matius, tout cela n'est pas d'un homme qui eût trouvé bowne lexcuse ou explica- tion de Cicéron ; mais Matius p2sse la c''ose au gros sas, il ne veut pas s’appesantir sur cette tracasserie ; il a montré son inécontentenent à Trébatius. Cicéron lui envoie une sorte de désaveu. Cela lui suffit ; et sims changer en rien la conduite que Cicéron a blâmée , il lui écrit qu’il est content de ses expti- cations, et qu’il compte loujours sur son amitié. Mais je ne vois là que la facilité de caractère de Matius, ou plutôt une dignité qui empêche d’at- _tacher une grande mportance à l'opinion de ceux qui blätñent ure conduïie et des sentimens aux- quels il ne prétend pas resoucer. Je finis par observer , à l’occasion de cette lettre , quelie foule d'howm: s, à grand caractère et à grands talens , a produit ce ME de la fin de Ja république et du conimencement- de la domiration des Césars , puisque celui-ci, qui n’est connu que par unc lettre RS “ r |” AE _ D NN PC een D , UNDER 252 Littéraire latine. échappée , s’y montre sous des traits si PRESS si aimabies et si intéressans. Envoi à mon ami M. B*'*. Mo N cher ami, jai traduit pour vous la belle letire de Matius à Cicérpn , que vous m’avez trouvé lisant la dernière fois que vous m’êtes venu voir , et que noûs avons relue ensemble. J'y ai joint celle de Cicéron ; et je vous adresse ma traduction, non pas que vous ayiez besoin que j2 vous explique le texte que vous eniendez mieux que noi, mais ‘parce que vous avez de la bienveillance pour le traducteur, et parce que cette beauté ancienne, que nous aimons Pun et l’autre, nous plait sous toutes les formes de vétemens sous. D elle se présente à nos yeux. Je suis encore conduit à vous offiir ce petit travail par quelques rapports que je trouve entre ce Matius etvous. Que votre modestie ne s’effarouche pas. Vous êtes d’abord un homme d'état , ni plus ni moins que Malus, en votre qualité de citoyen francais, et depuis que nous sommes tous égaux et partie du Souverain. $i vous netes pas, comme lui, ami de César et dAu zuste , c’est que nous n'avons ni Césars ni Augustes , qui nous {2voient pouriant grand besoin, soit dit entre nous. Vous avez, comme le Romain , un excellent esprit, un tendre altachement pour Vos anus, beauçcou» de connoiïissances et de goût ; enfin , vous alliez à tout, cela comme , lui un épicu- réisme délicat , mérite qu'on ne démèle pas dans tt, Sadéés hSÉ —. — éte à ji eh. À = Envoi des Lettres de Cie. es de Mat. ‘ 353 les lettres que je vous envoie; mais que d’anciens et graves auteurs nous font connoïtre en Matius, et qui achève d'établir entre vous deux une ressem- blance qui justifie Je rapprochement que je fais. Vous connoissez l’homme public, Pami des maîtres du monde, l’homme d’un grand et beau caractère S l’homme éclairé > Pomme de goût > l’homme dé bien , il me reste à vous faire connoître l’Epicurien, Vous saurez donc que mon Matius, l’un des Premiers citoyens de Rome, l’ami et le conseil de César et d’Auguste, se déroboit aux affaires pubh- ques pour cultiver et embellir : ses Jardins , qu’il perfectionna et propasea plusieurs espèces de fruits, qu’on croit lui devoir quelques méthodes de greffer, et qu’il alla même jJusques à écrire un traité COIM- plet de la bonne chère. Et pour vous prouver que ce n’est Pas gratuitement que Je lui prête ce mérite et ces talens, Je vous ren- voe à Pline, Lib. XIE, 702€ 'oùvous trouverez que Cneius Matius , chevalier romain, ami d’Au- guste, a imaginé le premier de tondre certaines es- pèces d’arbres , pour en faire des promcCnades plus | ombrageuses , ce qui > n’en déplaise aux amateurs des jardins anglais et de la nature » au nombre desquels je me compte moi-même > P'ut avoir son avantage - sous des climats chauds. Vous Lirez aussi ) Au Liv. XV, ces paroles de - P’historien de la nalure ; parlant des diverses sortes ._ de pommes : Pourquoi négligerois-je d’en faire une énuméralion exacte » lorsqu’elles ont éternisé la mé- * moire de ceux qui les ont fait connoitre ; et n'est-ce 254 Littérature latine. pas un mérite que Pinvention de propager et de perfectionner les espèces par l’art d’enter et de refler ? Il n'y a rien de si petit qui ne puisse donner quelque gloire. Je dirai donc que diverses espèces de fruits doivent leur origine à Matius, à Sextius, à Manlius, à Claudius, etc. Vous verrez encore dans Columelle, au liv. V.s de re rusticä, dans l’énumération de diverses es- “pèces de poinmes , celles qui étoient appellées mala mattana. Enfin ,; vous apprendrez du méme auteur, au liv. XIT, ch. 44, que Pi'lustre Romain poussa plus loin encore l’art de vivre voluptueusement. Après la vendange , dit Columelle , il faut s’oc- cuper de la préparation et de la conservation des pro- ductions de l’automne. Je ne me propose pas de recueillir ici tout ce que C. Matius a écrit avec un très-crand soin sur uu plan beaucoup plus étendu, celui d'enseigner la manière de fournir nos tables à la ville, et de faire bonne chère. C’est à cet effet qu'il a composé trois livres, ayant pour titre : Le Cuisinier , le Porissonnier, le Confiseur. Quant à moi, je ne veux parler ici que des préparations les plus faciles, L:s moins couteuces , et qui se con- cilient avec la simplicité champêtre , telles que sont les diverses manières de con:erver les fruits. Nec cenoro plurima in hunc lihrum non esse collata quæ Cneius Matius diligentissimè prose- cutus est. ( Notez diligentissimè. ) Hi enim propositum fuit trhanas mensas et lauta con- vivia instruere. (Notez Lauta }) libros tres edidié à Envor des Lettres de Cic.et de Mat. 255 quos inscripsit nominibus Cociet Cetarii et Fal- gamari , etc. Vous voyez donc bien, mon ami, que j'ai eu raison de vous dire que Matius fut, comme vous, vo up'u-ux et dilicat ; il lui falloit même à son petit couvert , et sans avoir César à souper , la meilleure huile de Venafre et le plus leau poisson du lac Lucrin ; comme à vous, la m“illeure malvois'e de Mad're et le jlus vieux ca'é du Levant. Si vous n'avez }; as fait comme lui un traité complet de la cuisine et de l'office, c’est que , quoique ssez ouur- mand pour l’entreprendre , vous êtes trop pares- seux pour Pexécuter. É Enfin , vous serez sans doute frappé, comme moi, de cette idée, combien ce soùt d:<‘’occupations cham- pêtres, et cette recherche des moyens de jouir mieux des bienfaits de la natur: et de rendre la vie plus douce, sont des di+positions aimables dans ami et le conseil de César et d’Auguste, dans Phomme que Ci éro= consultoit sur ses ouvrages, dans celui dont il loue, avec des expressions si fortes, la bonté, lesprit, les connoissanc:s et le bon goût ; ans celui que les men:ces des meur- triers de César n’empéchent pas d’honorer la mé- moie de sôn ami, et de lui rester fidèle ; enfin, dans l’:omme en qui cette uni ue leitre nous montre un carictère si noble et si int‘ressant. Lis:z do c ma traduction ; co 1parez-la à lori- ginal. L:ditquez-moi les fautes que vous pourrez y reconnoitre , ©t nous aurons déroïé, vous et moi, quelques momens au sentiment des calamités qui 256 Litltérature latine. nous environnent, et que le commerce de l'amitié peut seul adoucir. #’ale et me ama, pour finir comme nos Romains. 1703.. ME L'AN G ES. Sur l'erreur , par Bourrzns. Vous me demandez si l’erreur est utile aux hommes. Il falloit le demander de la vérité. T’une n’a ja- mais que des closes agréables, et l’autre que des choses tristes à nous dire. Sommes-nous heureux ? Verreur nous fait croire que cela durera, et la vérité nous prouveroit que cela va finir. Sommes- nous malheureux ? la vérité nous fait voir que c’est par notre faute et pour toujours ; l’erreur , au con- traire , nous persuade que cela est injuste et passager. Entre deux glaces, dont l’une vous montreroit pleine de graces, et Pautre pleine de défauts, laquelle choisiriez-vous ? La vérité, qui ne change point, est par-là même étrangère à l’homme qui change toujours. L'erreur, au contraire, varie à l’infini, et s’accommode mieux à notre naiure Variable. Remarquez même qu’elle a toujours cœueliue chose de conforme à notre vo- lonté ; car notre jugement est sur-tout égaré par ros passions, et nos erreurs finissent toutes par se plier à nos goûts. L’ambitieux espère tout ce qu’il désire ; lavare jouit de tout ce qu’il se refuse ; Pamant ! ér. >: ne È Sur l'erreur. : 257 Vamant rêve qu’il est aimé ; chacun 58 trompe à sa fantaisie. ! , _- Comment ne nous SU ET pas ? tout y ‘concourt. L'erreur esten nous; nos percentious sont … fausses; nos jugemens sont s'rpris, ef nos connois- *. sances sont le r‘sultat de nos illusions. L’érreur est à la réalité ce qu’un tableau de paysage est à une _çarte topographique. Dans da carte, rien n’est à sa place apparente; ans le paysage, rien n'est à sa .… place réelle; mais l’un plaît et Pautre ne fait qu’ins- tru re. à … L'erreur est encore plus utile qu’elle n’est agréable. C’est elle qui soumet les peuples au joug, en leur persuadant qu’ils sont plus foibles que leurs maîtres. Elle établit la paix et lunion dans les sociétés et dans les failles, en cachant à l’un qu’il est mé- prisé, à l’autre qu'il est haÿ, à l’autre qu'il est trompé. Tous les étais, tous les âges lui doivent leur bonheur. Maisremarquez Que moins onse roidit contre » elle ,’et mieux on s’en trouve. Jugez-en par la joie | païve du peuple qui se livre à Perreur, et par la tristesse du philosophe qui la Combat ; jugez-en par * les deux plus douces saisons. de la vie, l’enfanc: et la jeunesse ; dans. l’une on ne connoît rien , dans Er l’autre on est trompé sur tout. Voulez-vous mieux ici bas que Passaisonnement de tous les biens et le contre-poison de tons les maux ? Nous les devons à » erreur. D’uve main elle enivre lé riche sur la pour 5 pre, de Pautre elle console le misérable sur la paille. es la fée protecuice de l’omme. Heureux oy Juaireureux , elle ne l’abaudonne jamais ; «elle te | dome II], - OURS : € 1 \ 258 Mélanges. berce à sa naissance , elle le flatte pendant sa vie, et lui sourit encore sur les marches de la tombe. Tout n’est qu’erreur. L’enfant baise sa poupée avec tran-port ; le jeune homme estime la courtisane qui le corrompt; le pere de famille caresse des en- fans étrangers ; le vieillard aime encore ; le mori- bon1i sème son parc et trace le plan d’une nouvelle demeure. Sans l’erreur , toute la vie seroit triste ; parce qu'on verroit toujours la mort devant soi; c’est l'erreur qui nous la cache et qui nous fait jouir , en nous persuadant que nous en avons le temps. » P'O ES E.E Tranucrion de quelques odes d'Anacréon (1). D EVE Qu'il faut s'amuser. Divoc ILLONS ce myrte odorant , Formous un lit de son feuillage , ‘Pour y reposer mollement ; L'amour même daas un instant Va nous verser un doux breuvage. Il vient ; que ce nœud de ruban Reiève sa robe avec grace ! (x) Ces odes sont du citoyen A. , auteur de la traduction des lettres de Nilady Montague que nous avons annoncées dans notre numéroF_ III. La traduction complète des poésies d'Ana= créon , dont il s'occupe depuis long-temps ; et dont plusieurs morceaux lus dans la société ont obtenu les suffrages des hommes de goût, paroîtra incessamment. Nous nous emprés- serons d'ên rendre compte. A. I. HT. LEUR NOR te LÉ ai EN WE 4 PE Odes d'Anacréon. Allons , amis, buvons gaîment, À peine nous suivons la trare D'un char loin de nous emporté ; : Plus grande est la rapidité Du cercle léger de la vie, Quand notre cendre refroidie Sous a tombe reposera , L'amitié la parfumera ; Pourquoi sur un marbre insensible Réyandre ces douces odeurs ? C’est moi qu’il faut couvrir de fleurs, Avant que la parqueinflexible M'enlève du milieu de vous. Sombre chagrin , fuis loin de nous ; Viens dans mes bras , 6 mon amie! Et puisqu'il faut descendre un j ur Vers les danses d’une autre vie, Soyons y guidés par l’amour. ODE X'E V. Combat avec l’ Amour. Je veux , je veux aimer ; ’Amour Me le conseilloit l’autre jour ; J’écoutois avee négligence ; Alors'il éloit désarmé ; Je restais dans l’indiférence. Mais bientôt je fus alarmé ; Je le vois d’une main agile Bander son are ; il vient à moi : Je te provoque , .défens toi , | Dit-il. Moi , comme un autre Achille, Je prens , avec un air guerrier, 4 Lance , cuirasse , bouclier ;, À quelques pas je vais l'atiendre ;. n Contre un dieu j'ose me défendre; J’eus même d’abord des succès, Il lance sur moi tous ses traits ; KR 3 LL +. 260 Poésie. Adroïitement je les évite , Et son carquois est épuisé. ; | Du combat je crus être quitte ; Mais aussi-1ôt l'enfant rusé Comme un trait lui-même s’élance ; Il pénètre au-dedans de moi ; Alors je suis saisi d’effroi, Une subite défaillance Eteint mon héroïque ardeur. Au dehors vaine est la défense, L’ennemi combat dans mon cœur. ODDEL XV. Sur le moment présent. ' QuE m'importent de vains honneurs, De Gygès même la puissance ? Ce n’est pas à l’or, aux grandeurs’, Ce n’est pas aux rois que je pense. Mais ce qui m'intéresse bien , e C’est que ma tête fortunée , De fleurs soit toujours eouronnée ; C’est sur-tout de ne perdre rien Du temps présent , de la journée ; Sommes nous sûrs du lendemain ? Ce jour est pur , il est serein ; Songe au p'aisir , et sacrifie Sur l'autel du tiant Bacchus. Trop tôt la pale maladie Te dira : Tu ne boiras plus. O0 pee ROLL TL Sur L'or. S1 Plutus avee son or Pouvoit prolonger la vie, J’amasserois.un trésor ; Et quand quelque maladie | M’annonceroit de la Mort | La visité formidable, - % ë Lt Odes d’Anacréon. 261 Jelui dirais: prends ect or , Et laisse-moi ; mais le sort De l’homme est irrév cable. À quoi bon pleurer, gémir, Et prendre pour compagnie Le chagrin, l’économie ? Pour qui doit bientôt mourir C’est sottise et duyperie. é : Divin Bacchus , mon avis Est qu’il faut jouir sans cesse, Dans le jour, de ses amis, Et le soir, de sa maitresse. ODnE XXXTIII. La nichée des amours. HIRONDELLE mon amie, Aux approches de l'hiver Je te vois passer la mer Prendre ton vol vers l’Asie, Et jusqu’au fleuve fameux, Qui descend d’ŒEthiopie , Du soleil suivre les feux. Quand ici naît la verdure Tu viens , sous un ciel plus doux, Instruite par la nature, Faire ton nid parmi nous. Dans mon cœur toute l’année L’amour établit le sien ; La saison ne lui fait rien, Et nombreuse est sa lignée. s Tandis que l’on yrend l’essor D'une aîle mal assurée, » L’autre naît à peine , et sort. À moitié de sa eoquille; Un autre y repose encor. Le plus grand de la famille A 262 Poésie. ° Alimente le moins fort, e Qui bientôt deviendra père, Mais ce qui me désespère , C’est qu'ils font sans cesse un bruit, Etqu’ils ont on appétit Difficile à satisfaire : Ils s’accroissent tous les jours. Je ne sais plus comment faire Pour suffire à tant d’amours. On) ER LUE. Songe. CrrTe puiten sommeillant Je er:yois avoir des ailes ; Devant l'Amour avec elles Je fuvais rapidement Ï 2 Sa marche paroisseit lente ; D'un plomb la masse pesante Chargeoit ses pieds délicats; Bientôt contre mon attente Je me trouve dans ses bras, Non, ce n’est point un mensonge ; , P 3 Je te comprends , heureux songe ; J'ai de mes autres amours Brisé la chaîne légire ; 2 Mais les nœuds de la dernière Vont me:fixer pour toujours. On Æ LT Sur un disque représentant Vénus. Qu’rz est sublime ie talent , Qui sur ce médaillon d’argent Répandant la vague fluide , Sut fixer la plaine liquide , Et graver l’humide élément ! O toi, qui-tentas cet ouvrage , cs 2® d'états | ad nn. “6 PA SE “cu { _ Odes d’'Anacréon. As tu dérobé dans les cieux + Cet art, qui place sous nos yeux De Vénus l’adorable image ? Vénus , qui charme tous les dieux, Vénus l’ame de la nature! Ta main téméraire , mais pure, Rend modestement sa beauté ; Elle est décente , quoique nue ; £t l’onde cache à notre vue Ce que l'artiste a respecté. La déesse paroît se plaire ui A fendre l’écume légère, À se promener lentement. Les flots paisibles la soulèvent ; Ils la balancent mollement ;, Aucups de ces flots ne s’élèvent Jusqües aux roses de son sein. À ce colravissant , divin, Ne touchez pas , vagues discrètes, C’est bien assez , que sans pitié De tant de beautés si parfaites Vous vous réserviez la moitié. Comme au milieu des violettes Eclate la blancheur du lis , Tele ici la blonde Cypris Brille sur la mer azurée. Voyez l’amour et le désir, Guidant d’une main assurée Ces dauphins , qu’ils font obéir Eu jouant près de Cythérée ; Ces ministres de ses autels Conspirent contre la foiblesse , Et les vains projets des mortels. Voyez autour de la déesse Des mers les nombreux habitans ; Les Tritons joyeux , bondissans , R 4 263 264 Poésie. Les Néréides À la nage ; Coivrie eu suuriant à leurs jeux Elle s’avance au milieu d’eux, Et semble approcher du rivage ! S PE C'FEAV"C'L:ENS. THÉATRE DE LA RÉPUBLIQUE. Prémière représentation de Quintus Fabius, tragédie en trots actes. La preinière représentation de Fabius, donnée le 16 thermido: | a obtenu un succès complet et mérité. Cette pièce est du citoyen Eégouvé , auteur de deux autres tragédies , la mort d’Abel , ét Epicharis , qui ont eu une égale réussite. Un poëte italien, Apostolo Zéno, a traité le même sujet , en opéra, sous le titrede Lucius Papirius. Sa pièce parut en 1719. Le même pofte a faitun Fabius, dont le sujet est encore la discipline militaire ; mais c’est un autre Fabius , et un autre trait de l’histoire romaine. Le Lucius Papirius d’A postolo Zéno, et le Quintus Fabius de Légouvé, sont tirés de Tite-Live , première décade, livre 8. Voici comment cet historien rap- porte le fait qui a fourni Le sujet de ces deux tra- gédies. L. Pap rius Cursor, dictateur, an de Rome 430 , chargé de la guerre contre les Samnites, étoit retourné à Rome pour y reprendre les auspices, d’après les ee la cavalerie O. Fabius Maximus Ru: liinus ,avec ordre de se tenir renfermé dans ses lisnes , et dé- fense expresse de combaitre en l'absence du dicta- teur, 4 Après le dévart de Papirius ; le jeure Fabius, que l'entière sé:urit: des Samnites flatioit de l'espérance, dune victoire facile, marcha en bataille ransée du côté d’'Embrin um. EL. Cominius, tribun des soldats, contribua beaucoup à la défaite’des Sa mnites, par le conseil donné aux cava'iers, d débrider leurs che- vaux qui renversèrent tout sur leur passage. Fabius r’infors a point directement Papirius de celte vicioire; il n’en transmii la nouvelle qu’au sénat. Le dictateur lPapprit avec indignation , protestant que, si la déso- béissahce de Fabius restoit i:punie, on pourroit bien dire qu’il avoit vaincu ce jour-là non seulement les légions des Samnites, mais encore la majesté du com= mandement. Fabius, instruit du courroux de Papirius, assembla l’armée et conjura les sol:tats de le défendre. Ceux-ci répondirent qu'is perdroient tous la vie où sauveroient la sienne. Le dictateur ayant fait appeler Fabius au pied de son tribunal, croy: z-vous, lui dit-il, que l’autorité du dictateur éiant absolue, que les consuls, que les préteurs n'ayant jamais résisté à ses ordres , le maître de la cavalerie soit obligé de lui obéir, ou non? Je vous demande encore si, sachant - que j’étos parti de Rome avec des auspices douteux, jai dû exposer la République au danger d’une ba- taille. Enfin ,je vous prie de me dire si le maitre de la cavalerie a pu, comme s’il ne dépendoit ni des 266 Spectacles. hommes, ni des dieux, former des projets , et les exécuter sans être retenu par les motifs qui ont arrêté le dictateur jui-même , etc. Il n’étoit pas aisé à Fabius de se justifier, Il fut alternativement, dans sa ré- ponse, son apologiste et son accusateur. Eufin, Papi- rius ordonna qu’on préparât les faisceaux et la hache. Fabius s'étant arraché des brasides licteurs, se réfusia à Rome, où, par le conseil de son père, Marcus Fabius, il assen bla le sénat. Il commencoit à se plañidre du dictateur, lorsque Papirius lui-même arriva , et ordonna qu’on se saisit de Fabius. Le dic- tateur résisiant aux premiers du sénat qui demandoient grace, Fabius le’père sadressa à Papirius. Puisque vous n'avez égard, dit-, ni à l’autor té du sénat , ni à la vie esse d’un citoyen à qui vous voulez ravir son fils, j’implore contre vous les trisuns du peuple. On alla donc du s'nat à l'assemblée du peuple. Aiors, en présence de cette assemblée, le vieux Fabius, fon- dant en larmes et tenant son fils embrassé, prononça uu discours plein d’indignation éontre l’orgueil et la cruauté de Papirius. Il avoit pour lui l’autorité du sénat, la faveur du peuple, le secours de ses tri- buns, etles vœux de l’armée absente. Papirius ré- pondit, en faisant valoir la majesté du peuple romain, la discipline militaire , la puissance du dictateur , Pexemple de Manlius. Les tribuus, étonnés de la fermeté et des menaces de Papirius, étoient incer- tains, lorsjue l’assemblée du peuple lui-même les üra d’afiaire, en conjurant Papirius, d’un consente- ment unanime , d'accorder au peuple romain la grace du maitre de la cavalerie. Papirius ayant fait faire Quintus Fabiu , tragédie. 267 silence : Je suis content, dit-il , Romains ; la majesté de l’empire et la discipline mi itaire sont enfin victo- rieuses. On reconnoît Fabius coupable ; mais on de- mande sa grace , et je l’accorde au peuple romain : je l'accorde aux tribuns qui emploient pour Pobtenir, non leur puissance / mais leurs prières : vivez, Fabius, ! plus heureux d’avoir mérité que toute la Républiqme s’intéresse à votre sort, que d’avoir remporté la vic2 toire qui vous rendoit si fier. A Pégard du peuple _ Tomaäïin à qui vous devezla vie, la plus grande recon- noissance que vous puissiez lui témoigner , c’est de n’oublier jamais l’obéissance due aux puissances 1 | | ; y Légitimes aussi bien dans Ja paix que dans la guerre. D’après cet extrait du récit de Tite-Live ; On peut E apprécier le deoré d’intérétdece faithistorique converti en action dramatique. On peut aussi se faire une idée du parti que l’auteur a eu le bon esprit de tirer des dis- Cours pleins de mouvement , d’éloquence et de raison méêlés à la narration de Tite-Live. Offrons maintenant un apperçu de Ja pièce ita- l'enre d’Apostolo Zéno. Lucius Papirius, dictateur, se dispose à quitter DR EE PR PT PEER je D / Rome , où il a pris de nouvean les auspices, et à rejoindre l’armée, Le vieux Fabius , dont le fils est maitre de la cavalerie, engage le dictateur à ne pas différer son départ. Bientôt la nonvelle d’un combat livré aux Samniies par le jeune Fabius, et de la victoire remportée par l’armée romaine, est apportée au Sénat. La fille du dictateur est l'épouse du jeune Fabius; elle 69 sa à fille étant l’épouse de Falins. Mais la joie est * générule, et Cominius fait a Pépouse du vainqueur : le rtcit du combat et de lavctoir e. Cependant , à Parrivée de Quintus Fabius , le consul l’interroge , lui prouve son crime , et le condamne à mouiir. On en appelle au sénat ; qui dans son incertitude, renvoie à l’assemblée du peuple. Papirius veut dé- fendre invariablement la disc pline militaire, mais il voudroit que le jugement du peuple fät favorable _ à son gendre. Il recommande au vieux Fabius de * lutter fortement conte l’a cusâtion dans l'assemblée du peuple 3 on recueille les voix, une m jitié con- damne Fabius, Vautre moitié labsout. Les tri- _buns s’en remettent au consul pour la décision. Papirius, de nouveau char;é de prononcer sur un coupable qui lui est sicher, se fait apporter lPépée du vainqueur et la couronne civique. Il ea pare Fabius, pour honorer sa victoire, et le ivre aux lic- teurs, pour punir la violation de la discipline mili- taire. Fabius se dérobant à la douleur dé son épouse évanouie , ne regrettant La vie que pour e: ile, et se consolant par les marques de gloire dont le consul Pa _ décoré, marcie à la mort. Mais biexôt on vient ap- 4 prendre à Papirius., que Cominius, tribun des soldats, a voulu sauver Fabius, que celui-ci a résisté au mou- vement généreux de son ami, qu’alors Cominius s’est donné la mort ; enfin, que le vieux Fabius, ep J’éloquence de & douleur , de la vieillesse et de la pa- ternité, a fortement ému le peuple, qu'on CTL Una nime a prononcé la grace du jeune Fabius. En effet, celui-ci arrive près du copsul , et veut encore remettre | | 270 Spectacles. entre ses mains la vie que le peuple lui a conservée. Le consul cède avec joie à la volonté du peuple, et Fabius jure d’être désormais soumis aveuslémen: aux lois. Cet apercu général de la contexture de cette trasédie fait reconnoître une ressemblance frappante avec le pian de Lucius Papirius, à l'épisode près. L'expôsition est entièrement la même. On a vu que, pour donner plus d'intérêt au sujet, Apostolo Zeno a fait le jeune kabius gendre du dictateur. Le citoyen Légouvé a heureusement emprunté cette idée , et nous croyons qu’il a donné au rôle de l’épouse de Fabius un caractère beaucoup plus touchant. Il a in- troduit, à i’imitation du pote italien , le ;ersonnage ce Cominius, et il nous semble qu’il Pa embelli. Enfin , Apostolo Zeno lui a fourni la belle scène où Papirius donne à Fabius la couronne civique et len- voie à la mort ; et l’auteur français à traité ceite situation en homme fait pour la créer. Mais si le citoyen Légouvé a cru devoir suivre la marche d’'Apostolo Zeno, il ne l’a point fait en imi- taieur servile. Le dictateur , dans la pièce italienne, me voit jamais son gendre dans Fabius. Paprrius, daus la pièce française, est tour-à-tour consul et père. Cette alternative a paru répandre pius d'intérêt sur la situation des personnages. L’auteur de Fabius a ima- «iné le moyen d’un partage égal des voix du peuple pour et contre Fabius, incertitude qui remet encore entre les mains de Pap rius la vie ou la mort de som gendre, Ce moyen produit, à la fin du second acte, une suspension très-théäirale; mais, s’il nous est permis de le dire, nous croyons que ce moyen est d’une LE BCE + + AK Quintus . > tragédie. 271 combinaison un peu trop artificielle. Peut-être la con- | damnation même de Fabius par le peuple, suivie du Fr droit de fa're grac?, remis au consul par les tribuns, _auroil-elle été un moyen plus conforme aux mœurs TOmaines , sur-tout à l'esprit du sujet, et en même temps plus naturel et aussi dramatique. La mauière dont l’auteur amène le dénouement > lui appartient. #4 Mais nous prendrons encore la liberté de soumettre ” au lecteur ct à l’auteur une observation à cet ésard: È On a vu que, dans lPhistoire, le rigoureux Papirius _ accorde pourtant la grace de Fabiusaux prières seules _ dwpeuple. Ce fait, qui prouve à-la-fois et Je respect du peuple romain pour ses lois, et le sentirent de __ cetle Justice naturelle qui rectife les lois elles- nêèmes, et cet ascendant de tout un peuple, lors même qu’iise | borne à la prière , étoit intéressant à conserver. L’au= | teur, en s’'écartant de histoire, n’a paru gagner que i Pavantage de faire un beau récit ; et il est tombé dans _ l’inconvénient de donner au mouvement généreux du peuple qui sauve Fabius, un caractère de d'sobéis- sance au jugement porté par le consul, à la décision duquel ce même peuple s’en étoit rapporté, par l’or- gane de ses tribuns. Le dénouement historique est , il nous semble , Lien plus neuf et bien plus frappant. Si nous av. ns pris la liberté de hasarder ces légères observations, nous sommes loin d’avoir la prétention de les présenter comme intontestables. Mais nous sommes bien sûrs de ne point nous tromper en re- marquant le talent dramatique , manifesté À un très- haut degré dans ce nouvel ouvrage. 81 l’auteur n’a paint le mérite de l’invention , relativement au plan LA 272 : Shechocles: $ * et aux situations, il a celui d’une imitation habile sil a su aussi s'emparer avec succès des beautés de rai- s sonnement et d’éloquence, répandues dans les dis- cours de Tite-Live à :e sujet. On sent que nous ne pourrions parler du style avec certitude, que d’après la leetüre de fa pièce. Cependant nous croyons qu’il | inérite beaucoup d’éloges. Il est plus aisé d'apprécier : la versification; elle à paru en général réunir l’éner- gie, la facilté et l'élégance. Lorsque Voltaire prit la résolution de commenter les trazédies de Corneiïile , un home qui honoroit sestitres par-des talens distingués, lui écrivit: Fous prenez donc Tite-Live et Tacite pour des poëtes tragiques.-Ce grand homiwe observe , à ce sujet, qu'il faut bien distiiguer les intérêts de l’état et les intérêts du cœur. El désiroii que ses réflexions per- suadassent les j'unes auteurs, « qu'un sujét politique » n’est point un sujet tragique ; que ce qui est propre » pour l’histoire, l’est rarement pour le théâtre ; qu'il » faut dans la tragédie beaucoup de senti ‘ent et'peu » de raisonnemens ; que lame doit être é:ue par » degrés ; que, sans terrear et sans pitié, uul ouvrage » dramatique ne peui atleindre au but de Prt. » LE Mais 11 pensoit saus doute qu'un sujet peut étre à-la- dois politique et tragique set, s’il ne l’a pas dit, il a S ..- su le prouver dans Brutus et la Mort de César, les modeles de ce genre. Nous en avons eu depuis d’autres preuves, dorées par des auteurs encore viv ans; et, à à cel Égai rd, Virginie doit être pariculièrement pis Éanbndaut L'obeeciatio de Voltaire n’en paroït pas moins devoir éire présenie aux auteurs dramatiques, dans (4 > Co Quintus Fabius , tragédie. 273 dans la recherche de ces sujets ; et, pour revenir à Quintus Fabius, le citoyen Légouvé a sans doute re- connu cette vérité, puisqu’il n’a pas négligé les moyens de répandre sur un sujet peu tragique tout l’intérét dont il étoit susceptible. On trouve dans le septième livre des aventures de Friso, poëme hollandais, de Guill. Haaren, que nous ayons annoncé , page 142 de ce volume , un épisode sur ce trait d’histoire. Le poëte hollandais a rendu le jeune Fabius très-intéres- sant, en supposant qu’il se dévouoit à la patrie , lors- qu’il désobéit au dictateur, bien sûr de recevoir la mort pour prix de la victoire. La pièce est jouée avec l’ensemble et l’excellent ton de déclamation qui distinguent les artistes de ce théâtre. d NOUVELLES LITTÉRAIRES. PVCE ÉDVES ARTE Séance publique du 20 Thermidor. Lu séance a été ouverte par un discours de Charles Désaudray , secrétaire-général , sur la nécessité de mettre promptement à profit ‘es premiers momens de la paix, pour revivilier les arts, le commerce , et or- ganiser l'instruction. Les travaux ont été partagés entre les objets sui- vans : 1.0 Réception des jeunes républicains du Lycée de Tome IIL. S 1 274 Nouvelles Litérarres. la citoyenne ’Orphelin , établi rue des Champs- Elysées ; rapport sur cet établissement ; une jeune élève recoil une couronne de fleurs. 2.0 Réception des jeunes défenseurs dela patrie , blessés aux-différentes armées, et qui, quoique privés, pour la plupart, de leur bras droït, ont acquis au bureau de l’enseignement Ges invalides dirigé par le citoyen Brard , un tel talent, qu’en 14 mois, sur 500 qui ont été re:us, déjà deux cent occupent des em- plois au moyen desquels ils peuvent pourvoir à la subsistance de leur famille, ( Mention honorable de ceux qui se sont lie plus distingués ; médaille décer- née au citoyen Brard ). 3.0 Rapport sur la première partie d’un ouvrage du citoyen Suë, professeur national, intitulé : Ælé- mens d'anatomie , ornés de planches et gravures. Ce traité peut être de la plus grande utilité pour tous ceux qui travaillent aux arts d'imitation. — La partie de l’exainen des impressions que’ les différentes pas- sions laissent sur noire visag®, y est traitée sur-tout d’une manière neuve et profonde. Cetouvrage obtient la mention honorable , avec le regret d’étre obligé ( vu les réglemens } de se borner à ce témoignage d'estime de la part du Lycée, dont le citoyen Suë est membre. 4.° Exposition des superbes cocons provenant de la première éducation des vers à soie , suivant la mé- thod: de feu Berthesen, par ia citoyenne Lap asse. Les amateurs sont invités à suivre la deuxième édu- cation qu’elle va commencer aux ci-devant Feuillan- tines , rue Jacques. L- - dans telle dimension que lon désire : Nouvelles littéraires. 278 5.0 Nouvel essai du métier de Kayser , pour la fi: Jature de la laine. — Cette épreuve est couronnée dun entier succès, et obtient les plus vifs anplaudis- semens, par l’intérèt que présente une industrie fondée sur ne matière première que ROUS RE SOMMES pas obligés de tirer de l'étranger. 6.° Rapport sur les procédis utiles dus au citoyen Pelletier, de la ci-devant académie des sciences, pour la fabrication de la cendre bleue , que nous étions obligés de tirer de étranger ; et pour celle de Pa musif , dont l'emploi est si asréable dans ia peinturé du décor. ( Le directoire est forcé de se borier à une “mention honorable, le citoyen Pelletier étant membre du Lycée }, L 7° Médaille décernée à un jeune artiste , âgé de 14 ans, élève du citoyen Kreutzer , nommé Laffont , après avoir été vivement applaudi dans un concerto de vioion. 8.° Rapport, par le citoyen Mi/et Mureau S'eur une machine très-incénieuse ; imaginée par l'artiste Jecker, demeuraut rue de l’Eperon > n11,et dont le but est de tailler les vis dela manière Ja plus exacte, objet du plus grand intérêt pour la perfection de l'horlogerie et de la mécanique en général. ( Médaille décernée > 9-° Rapport du citoyen Gaurherot sur un nouveau modèle de syueleite à ressorts , devant servir à former un mannequin dont tous les mouvemens sont calculés sur ceux de la nature ; par le citoyen Gaëllois , mé- chanicien , qui en démontre toutes les positions , aux $S 2 276 Nouvelles liltéraires. applaudissemens réitérés de l’assemhlés. ( Médaille décernée ). 10.° Rapport du citoyen Houel sur divers ouvrages du citoyen Beauvallet, sculpteur ; particulièrement ; sur une statue représentant la peinture, et sur celle de la üiberté, qui orne le salon des arts du Lycée. Le pubhe a vu sur-tout avec le plus vif intérêt 3 dessins faits à la plume , seule ressource qui restoit à l'artiste persécuté et détenu pendant ro mois. — Les sujets de ces dessins sont pris dans les événemens les plus inté- ressans de la révolution. Voilà, s’est écrié L: rappor- teur , comment l'artiste Beauvallet conspiroit dans les prisons ! Ce mot a été vivement applaudi, ( Médaille offerte à l'artiste ). 11.9 Rapport de Malherbe sur les différentes in- dustries qui sont portées au plus haut degré de perfec- tion dans la manufacture de crystal anglais et verrerie restaurée, à Muntz-Thal, par le citoyen Jourdan ; et sur la nécessité de porter un prompt secours à cet établissement , qui est situé à la dernière extrémité de la frontière , et où les ouvriers, privés de tous les moyens de subsistance | peuvent d’un moment à l’autre passer à Pétranger. ( Médaille décernée }. DésaAuDprAy. RAR TN ES DEN ER:S. SCT a NC ES ET /A AR Ts. Tue TRANSACTIONS of the ro al irish academy. Mémvurres de l’académie royale d'Irlande. Lon- dres, cl:ez Elmsley, 1793, in-4.°. Ce volume est divisé en troïs parties : celle des sciences, celle des belies-lettres, celle des antiquités. La première commence par un traité sur la force des acides, et la proportion des ingrédiens, dans les sels paturels ; par R. Kirwan, chevalier. On lavoit déjà vu dans les Transact'ons philosophiques de Londres ; mais ici 1l paroît avec des changemens que l’auteur y a faits depuis qu’il a adopté le système auti-phlo- gistique, Le second méroire a pour titre : Décou- vertes et recherches chimiques, ::ar Percival, docteur en médecine , concernani le produit de la distillation des acides muriatiques et nitriques ; et le troisième, par le méme auteur, rend compte d’une inv: ntion de fourneau à lampe pour les expériences chimiques, et qui doit étre extré:.ement agréable pour les amateurs dé la science. Un baromètre portatif, décrit par Gilbert Austin, offre des avantages. Les o servations sur les variations de Paiguille aimantée, publiées par Thomas Harding, sont très - curieuses. La marche de ces variations a été uiifors: e à Dublin. Depuis 1657, époaue où elle étoit nulle, elle a augmenté, dans la progression de douze minules et vingt secondes, année moyenne ; de sorte S à 278 Livres divers. qu’en 1791 , elle étoit de 27 desrés23 minutes à l’ouest, La description d’un instrument, à l’aide duquel on peut faire l'opération du trépan avec plus de facilité et de sûreté que par la voie ordinaire, par Samuel Crokerking , écuyer ; un essai pour déterminer avec précision quelles sont les lésions de la tête qui rendent l'application du trépan absolument nécessaire , par Sylvestre O’Halloran, chevalier ; et deux mémoires de chirurgie, par G. Buroxves, docteur en médecine : sont faits pour intéresser ceux qui, par état, sont dévoués à cet art aussi pénible qu’utile. Le docteur Young donne ensuite la démonstration du théorème de Newton, pour corriger les erreurs provenant de la forme sphérique des verres du télescope. Pour corriger ces erreurs d'optique, Newton avoit projeté de rapprocher des verres, de man ère que l’espaceinter: médiaire fût rempli d’eau.Le docteur Mathieu Young explique la manière de tirer parti de cette invention, et démontre les principes sur lesquels elle est fondée.La partie des belles-lettres commence par une dissertation sur un passege du sixièmeælivre de PIliade, parle mon- sieur Edward Ledwich. Il est dit dans le passage en question, que Prætus, roi d’Arsos, avoit envoyé Bellérophon près de Jobates, roi de Lycie, avec une lettre, par laquelle ce dernier fut prié de mettre à mort le porteur : de-là, on pourroit conclure qu’Ho- mère a voulu faire entendre que l’art d’écrire étoit déjà inventé à l’époque de cet évènement. Les scho- liasies grecs et Joseph l’listorien soutiennent que, du temps d'Homère, les Grecs n’avoient point encore d’alphabet, Ledwich est d’une opinion différente. Livres divers. 279 En effet, Diodore de Sicile atteste que les Pélagiens avoient un alphabet beaucoup plus ancien que celui de Cadmus, qui probablement n'a fait que perfec- tionner un art déjà connu, et en appliquer plus par- ticulièrement les élémens à la langue grecaue. Il n’est pas vraisemblable que les Grecs aient négligé de s'approprier une invention aussi utile, connue des peuples avec lesquelsilsétoient en relation continuelle de commerce, Le mémoire suivant est un système d'éducation nationale, par le docteur D'ckson , qui avoit été couronné au concours prorosé par laca- démie à ce sujet. Dans la partie des antiquités, on trouve , avec les descriptions de divers anciens usten- siles d’un usage in‘onvu , un essai sur l’origine et les progrès du jardinage en Irlande, par Joseph Wal- ker ; l’ancienne musisjue plaintive des Irlardais, par W. M. B:auivrd ; et des observations sur l’histoire romanesque d’[r'ande, par le révérend E. Led ich. Ce dernier mémoire est très-curieux. Il montre com- ment l'esprit romanesque, introduit en E-pagne avec les Arabes, a traversé le continent de l’Europe et . passé en À -érique et dans les Galles, où il fut ac- cueiili avec enthousiasme, et se communiqua bientôt à Irlande, par les relations intimes qui ont toujours exisié entre ces deux pays. Ce qui nous reste du dou- zième et du treizième sièel?, porte Pempreinte d’une imagination fortement e-altée. Ledwich conseille aux historiens de son pays, de n’admettre d’autres faits historiques , que ceux dont l’authenticité est ap= puyée sur des monumens non suspec!s. WILLEMET. S 4 260 Livres divers. ASTRONOMTE. ABRÉGE d' Astronomie, par Jérome LaLanvr ; directeur de l'Observatoire » et inspecteur du collége de France ; 2e édition > augmentée. À Paris , chez Firmin Pidot » rue de Thionville, n.° 116, 418 pages in-8,°, avec 16 planches. Prix 30 liv., broché. Cet abrésé du grand ouvrage d’astronomie du citoyen Lalande parut en 1774 ; il a été contrefait dans plusieurs endroits » t traduit dans plusieurs Jan- gues ; c’est le seul ouvrage qui soit employé pour les colléges , dans presque toute PEurope ; mais les pro- grès que l’asironomie a faits depuis vingt ans, exi- geoient une nouvelle édition ,; où cette science fût présentée dans son état actuel de perfection : c’est ce qu'a fait le citoyen Lalande. Le cours d’astronomie qu’il fait au collése de France > depuis 34 ans, l’a mis à portée de simplifier l’étude pour les commen- Sans ; et tous ceux qui ont fait usage de cet abrégé, ont eu lieu d’y reconnoître cet avantage. Ce cours d'astronomie recommencera > au mois de novembre, pour le bureau des longitudes, que l’on vient d’éta- bbr, et qui a chargé le citoyen Lalande de remplir cetle partie des obligations portées dans cet établis- sement, À Levres divers. 261 N'APVIT GANT TON Aprééé de navigation historique ; théorique et pratique , où l’on trouve les principes dé La manœuvre et ceux du pilotage, les mé- thodes les plus simples pour se conduire sur mer , par longitudes et latitudes , avec des tables horaires pour connoître le temps vrab _parla hauteur du soleil et des étoiles , dans tous les temps de l'année et à toutes les La- titudes , par Jéroms LALANDE , des académies de Paris, Londres, Berlin, Pétersbourg , Stockholm , etc., inspecteur du collége de France et directeur de l'observatoire. A Paris chez l’auteur , au coillége de France , place Cambray ; et chez Dezauche, géographe de la marine , rue des Noyers, 1793, 380 pages in-4°« Quoique cet ouvrage ait paru il y a deux ans, il nous a semblé assez important pour être annoncé dans notre journal, pu'squ’alors il n’y en avoit pas qui fit propre à faire connoître dans l’Europe les productions mouvelles dans les sciences. Ge livre contient l’histoire de la marine et le catalogue de tous les bons livres qui en traitent. T’auteur y a rassemblé en abrégé les principes et les règles de la manœuvre des vaisseaux, de la construction, de Varrivase et du pilotage ; la méthode des longi- tudes, avec des formules nouvelles qui wavoient point été démontrées ailleurs; enfin, on y trouve 300 pages de tables horaires, pour avoir, par la 282 Livres divers. hauteur du soleil ou d’une étoile , l'heure qu’il est sur un vaisseau. C’est une partie du probléme des longitudes, et la seule pour laquelle on n’eût pas procure aux navigateurs le secours des tables , c’est- à-dire des calculs tout faits. Il y a aussi une mé- thode rouvelle pour jauger les vaisseaux , avec les tables nécessaires pour en faire usage; elle est du citoyen Bora, géomètre célèbre , et à qui la ma- rine à des obligations de toute espèce, et à qui Pon doit sur-tout Pusage du cercle entier, soit sur mer, soit sur terre. Le livre du citoyen Lalande est donc l’ouvrage le plus important et le plus utile que l’on puisse con- seiller aux navigateurs de tous les pays- ST LATE ENS MEL T IQUUVE: J. F. Zorriners ,etc. Briefe iiber Schlesien, etc. Lettres sur la Silésie . Cracovie, Wieliezka, et le comté de Glatz, écrites pendant un voyage fait en 1791 ; par Zoellner, 1793. Berlin , chez Mau- rer , grand in-8°. Ces lettres ont pour objet principal l’économie politique , dans ses relations avec les manufactures- et les arts ; matière assez sèche ; mais que le siyle de Zoellier a su rendre agréable. Son opinion sur la population de Cracovie diffère beaucoup de celle de plusieurs voyaseurs. Il ne donne à cette ancienne capitale de la Pologne que 7 à6c00 habitans. Pour le reste, il doune sur les nn: 4 Livres divers. 283 monnmens et les curiosités de cette ville, les détails les plus exacts. \ La description des salines de Wieliezka , est très- intéressante. On admire les soins de la nature , qui forma ici dans les entrailles de la terre une denrée nécessaire , qu'ailleurs elle tire du sein des eaux. Le grand éloignement de l1 mer rendroit ici Pacquiti- tion de notre sel commun trop difficile, le produit de ces salines est évalué un million de florins par an. L MILLE D'ELCII IN €: TaéoPnanr Nonwr epitome de curatione mor- borum, græcè et latinè. ope codic. Miss. recen- suit notasque adjecit Joh. "Steph Bernard. A Gotha, chez Ettinger 1704, in-8°, de 463 pages. Theophane Nonnus, aussi appellé Nonus , composa ce pelit traité sr la guérison des maladies à la demande de Constaniin Vil Porpyrosenete à la » personne du quel il étoit attaché comme son médecin , et (à ce qui paroît aussi) comme maître de sa garderobe pa oberrapy ss ( voyez George Cedrenus à la ». 625 de sa Chronique, ed. de Paris sur l’an 917.) L'ouvrage est extrêmement médiocre en Jui- | même, Pérudition qui brille dans le commentaire osthume de l’éditeur , en fait le principal mérite. 3 Ï Î rm tas, die _ Seulement elle y est quelquefois un peu prodiguce sur des mois et des tours de phrase, et même —. sur les choses. 264 Livres divers. VoyYyAGEs. Vor4ce au pays de Dahomé , état silué dans l’intérieur de la Guinée, par Robert Norris. On y a ajouté des observations sur la traite des nègres, avec une description de quelques parties de la cite de Guinée, durant un voyage fait en 1767 et 1788 avec le docteur Sparmann et le capitaine Arrehentius ; par C. B. Wadstrom ; ouvrages traduits de l’an- glais. Paris, 1793, in-8°. de 243 pages. Les Dahomans, nation puissante et guerrière de V'Afrique , située à l’est de la Côte-d'Or, n’ont point échappé aux recherches des géographes modernes, dont ils ont attiré Pattention par la grandeur de leurs états, qui s'étendent jusques aux côtes mari- times, et auxquels fut réuni , par droit de conquête, le royaume de Juda, pays si important par son commerce, que les Francais, les Anoglais et Is Portugais y maintiennent des forts pour la défense de leurs comptoirs respectifs. Il n’y a guère plus d’un siècle que les Dahomans wétoient qu’un peuple très-peu considérable , mais redouté cependant de ses voisins à cause de sa valeur et de son adresse dans les combats. Robert Norris n’omet rien de tous les détails qui euvent intéresser sur ce qui regarde les habitans de ces contrées éloignées. x Le pour et le contre, sur la traite des nègres, se trouvent ici discutés, et développés avec beaucoup d’intelligence. 4 # | l (Livres divers, *. 285 Je vais présenter les productions commerciales qu'offre le pays de Dahomé. Ce pays n’est pas dépourvu de productions pro- pres au commerce et aux manufactures. Parmi celles qui ont le plus frappé Pattention des négo- cians européens, sont : La plante de l’endigo , qui est extrêmement com- mune, mais que les naturels ne savent et n’ont ni aptitude à savoir préparer pour mettre en vente. Le tabac y croit de lui-même dans plusieurs en- droits ; cette plante n’exige pas moins que l’autre la manipulation des Eurojéens, pour pouvoir de- venir un objet de commerce. Les naturels, non-seulement y cultivent le coton , mais ils en font même des toiles pour leur usage. Le poivre y croit en une espèce très-semblable , et qu’on a peire à distinguer , par l’odeur et le goût, de celui des Indes orientales. Il y croit une espèce de bate , qui sert de sucre aux naturels. Ce fruit est insipide en lui-même, quand on le mâche ; mais il laisse après lui dans la bouche une certaine douceur. L'huile de palme est encore une autre produc- tion naturelle fort essentielle ; l’on en exporte une très-erande quantité pour l'usage des cégraisseurs de laines et de savonneries. Les fourrures , telles que les peaux de tigre et de léopard , et, ne sont pas d’une grande impor- tance ; mais si l’on considère ia profusion i nn ense d'autres productions utiles que la nature répand dans ce pays stérile, on ne peut s’emjêcher de déplorer 286 Livres divers. l'extrême indolence des naturels, qui ne connoissent pas , ou qui voient d’un œil indifférent tous Les biens et les trésors qui les environnent. Les hommes de Dahomé passent leur temps à dormir et à fumer ; les f:mines, sur lesquelles roule tout le travail de Pagriculture , se contentent de semer, une fois lan, un peu de bled daus la terre. Telest, en général, lengourdissement qui car:clérise ce peuple , et qui sembleroit justifier une remarque commune , que, dans l'Afrique, les habitans ont de Paversion pour le travail, en proportion que le sol est stérile. WILLEMETA te A RCHÆOLOGI.E. 1 ANTIQUITÉS nationales , ou recueil de monu- mens , pour servir à l’histoire générale et par- ticulière de La France , tels que tombeaux, inscriptions, statues, vitraux , fresques, etc. etc. , tirés des abbayes, monastères, châteaux et autres lieux devenus domaines nationaux. Par Augin-Lours MiLLIN , conservateur, pro j'es- seur du muséum des antiques à La bibliothè- gue nationale , professeur dhistosre aux écoles centrales , etc. etc. . Il en paroit déjà 4 vol. in-4°.; chaque volume est composé de 4 à 5oo pages, et d’environ 60 es- tampes. [Il ne se vend qu’en feuilles, à 800 liv. les 4 volumes, pris à Paris Ceux qui voudront s’en procurer, indiqueront leur correspondant dans cette L | 1 x Livres divers. 287 ville où ils voudront qu’ils soient déposés. Ceux qui | ; | n’y auront pas de correspondant , indiqueront la voie par laquelle ils désireront les recevoir ; alors ils 2 paieront , pour les frais de caisse et emballage , 15 1, pour un eempiaire , 20 liv. pour deux exemplaires, et ainsi de suite pour un plus grand nombre. Le cin- quième volume est sous presse, et sera de beaucoup supérieur aux quatre premiers ; il contiendra des descriptions des monumens de la ville d'Amiens, de celle de Chartres et des ci-devant Chartreux de Paris. (Cet ouvrage réunit dans son en- semble les monumens anciens et modernes, L’intérét qu'il présente est d’autant plus pi- quant, que les tro s quarts des monumens qui y sent recueillis sont déjà absolument détruits , et le reste dégradé. Rscurrcues sur les costumes et sur les théâtres de toutes les nations , tant anciennes que modernes , 2 vol. in-4°., papier superfin , belle typographie, ave: 55 estampes , gravées au lavis, par P. M. Alix, dont 44 en couleur, 300 livres en feuilles. Ces deux ouvrages se vendent, à Paris, chez Marie - Francois Drouin, éditeur et imprimeur- libraire, ci- devant rue Christine , n.° 2, et ac- tuellement rue de Vaugirard , n.° 1348 , fauxbourg Saint-Germain. 682 Beaux-Arts. GRAVURE. PorTrAiIT de Jean Silvain Bailly, de 9 pouces sur à, de forme ovale , gravé au laves en couleur , par P. M. Alix; faisant suite à ceux de Voltaire , J. J. Rousseau, Mably , Montaigne ; Mirabeau , Lirné, F nélon, Buffon, Helvétius Diderot , Raynal , Montesquieu ,; Descartes , Lucius Junius Brutus , G. Tell, Francklin , Solon Tiycurgue, Charlotte Corday , et Jean-de-Lafon- taine, celui de Lavoisier est sous presse, il est peint ainsi que celui de Bailly , par Garnerey , d’après David. Prix, 35 liv., ex- cepté ceux de Lafontaine , de Ba Ily et de Lavoi= sier, qui ont été faiis depuis l’excessive augmen- tation des matières premières. A Paris, chez M. F. Drouhin, éditeur de cette précieuse collection, rue de Vaugirard , N°. 1548, en face du Jardin des Carmes. PE * CE A AS EE, À Û Lit 1 L LIÉE . de e. de prix de labonement , pour étranger, est, Ë. DES L ts ue 9 oise en or, | |. de 36 livres en espèces, f pour l’année. de 20 florins de Hollande , R ” de 5 rixdallers en or, de 2o livres en espèces , "46 1: ‘florins de Hollônde , On Ê ’abonne ; pour Ja Suisse à. pour 6 mois, Où 14 numéros. b Fi He, chez J. KR. Preis vERCE ; à Berne , chez la Société typographique. ! Pour les Pays-Bas et Liése, ke: à Bruxelles ; Chez Honenierz. À Pour la Hollande, La Haye, chez Van CLer 3 Léyde, chez Murray, frères; Amsterdam, chez CHancuiox. * DA £ A [LE LE Pour l’Allemagne, : Leipsick , chez Voss et Compagnie. Pour le Nord, Hambourg , chez Horrmanx. Pour l'Italie, nn a), 7 du 25 RS PR fe A à Livourne, chez Masr et Compagnie. Pour lPAneleterre’, à Londres, chez Jogxson, St. Paur Church Yard, ‘8 SCIENCES 145 Ode FE GARE faut s Nimoire: Sur. le: Lars: > Par, XIF. ones RARE TRE Sur la nature du Byssus sel) XX XLLE La Nichée dé MoS. .fina; par Girod Chantrans, 154: of; nt ‘sur les ‘mesurés de Notice sur Thomas Éeury, his- , RÉferions. sur la Nécrémentie Lors 5; Des Aricles contenus dans ce Numël ro. ScrencEs ET ARTS. ee op à Men: : Lettre. de { : 28 Mascaghi » sur\ Traduction. de. quelque différens sujets relais aux. F1 Anacréôn 5 “par À, MAN FÈRES. « ÿ Cuvier el: Geofrôy » 147 XV”: Surle moment présent PARysIOLOGTE VÉGÉTALE: \XX1 HE. Sur L'Or, A MES MÉDECINE. x à" ; 1XLEIF. Songe ts Pa ie hs Su “la Marie 3 "par: Pinel, 156 LT. Sur ur Di que FERRER 11 PH Y.sDQU'E: | Vénus, Disidiion sui de branlement SRROTAGLES. Le de l'église de Strasbourg ; 157. 4 ES MÉTÉROLOGIE.. rer. tragédie. NouvELuEs LINTÉRAIRE Séance du Lycée des: Arts, #27 longueur par l'agence tempo-! ‘raire des poids et mesures ; 160 VoyaAGEs: LC DENAES: DIVERS. fs Lettres d'un 0 DIREReE ares it ee Sciences! et Arts. F 172. Ty PR AT ‘ansactions of t}, à HISTOTRE. LITTÉRATRE. |: academy + PRIT Dis ‘Observations surguelques ar Li" fs Roue p . ‘du Magasin, par St-Léger,. 178. B 0 GR À PH LE. he régé "À Astronomie , par. Laiande, RG Lo dorer anglais 5 Karigation.. D. LITTÉRATURE GRECQUE. LAbrégé: de Navigätion 3 par Je d'Hénière , DT *Statistique. | raduction des moralistes grecs, JT: FT Zoe! Iners. Briefe GE par V Evesque . HÉREUSE) Schlesien: TO TER» LITTÉRATURE LATINE. Fe * Médecine: À Leélires” de Cicéron #1 Mtiue ‘L'heophant Noni epitome , 28 traduites du lotir, par Morel- Pine EMMSEEN te Er CU 4 Het, 239 F'oxage à Dotômes KIT AS GS Lètre de Cicéron , RS ARAO Archæologie. à : Réponse de AT FFt lc SA M biputese nationules ; par: oOpse Yalions go aus 248 LS Maillin ; CALE © Tnvot à AT; TE D ee MaLanNces, | Me: eu Pen AS ES US Sur L Frs Re 256 Portrait Se J. NE HU ; 12 : Di L'IMPRIMEATE DU Maeazin TE EU DES LETTRES ET DES ARTS, CARE É D1G É. ar Mintin, Nonr ef: Waksst il AY a ac plus d'ouvrages périodiques qui retfacent Thistoire de l'esprit hüm£in ; ceux quÊ vo À sciences et mème deli morale: Serôit-il donc indi 1 L cette branche de l'instruction nationale ? €rcone Rapport sur. Les éncaura gemens F récompenses Œ nsions a accorder aux Satars page 16. ! quelque partie des arts ou des sciences , tels que leg ens BILAUBÉ, CABANIS , CALTLARD , CHENIER, UBENTON, DELICLE, DESFONTAINES | DoLoursds ; Laën ANG , LAnAurE À D ALAN DE, L'AMARKy L LËS, LAPLACE , LEBRUN, Leroy, PHenrrrzrs MENTEE, #, Monerrer, OBERLINS SAC AR D >SUARD y RENÉE >.etc. éic, coutribuent : ; contient leztraib servent de depôt aux ‘inventions nouvelles et quê. : | ent cours emblent, pour la plupart , éviter avéc affectation tout ce qui peut alimenter le goût des : gne de la Convention de s'occuper a réofgaiser : E der auquel la plupart des hommes qui. ont nom distingué, né réputation justement acquisæ NTANES TourcRor , Hauy, Heanran à, Lacie. : da principaut oirigei tatrosane £ “en: patte -éur- tout àen donner une analyse exacle , et'Àfa fai ee | paire le plis prompiement possible après leur par! lication. On y dome une notice des meilleurs k “Écrits imprimés ehez Pétranger. Li M pe: i ‘On y insère les mémoires les: sue ailes sur toutes les parles des a:ts ét des éciences ÿon choi-Mi sit sur -lout Coux qui RGrORR ie à eR _n n. | les progrès. AS à me On ypublie les A en npétieuses les invew-. tions, utiles, dans tous les ‘genres. On y.rend compte! des expérieñces nouvelles, de la formation et de Pou-# : verlüre des. Muséums. Où y dobis un précis de cef que les séances des sociétés Bitéraires out offert de Plus intéressant , une description de ce que les dépôt . «objets d'arts êt- des sciences reuferment de Le ‘curieux, SES HR D ren À ES On y tronve des notices sur las vie et ouvrages | me: les Savans, des Littérateurs et dés Artistes distingués. 4 ont on regr ette Ta perte, enfin , les ee hitié- raires de doute ass 4 | he Ce Journal est conf OSÉ dur vélumes i in - - go. pari &r, de Goo pages chacun, et au mioins de 24 grayure æ: “regard. #9 s ärticles qui en Re al paroït tou es quinze jours un numéro de 9 feuilles. | Le prix de labonnement est à raison de 25 liv.i Ko trois mois , es 7 de : PE par toute 1e | publique. ce He ar. On s'adresse. % pour Débéanéaent, au Brent du We gagin fncyclopédique; rues. Honbré, N°, 04: vis-i à-vis le passage $. Roch ; et pour les übjets rélalifs àÿ ‘le rédaction ; aux Rédacteurs ; rue de Provence Us A io) il Du ae ee Rétiras et changer | celles ç qui . Goatienvent des sie À pren AC LAN RS. Ps M, ‘AH MOT ET SU ME Fe AE 0 C1 EN CG s + x s] j : { SCIENCES ET ARTS. ‘TRANSACTIONS of the American philosophical society for promoting useful kno wledge , volume 3. — Transactions de la société philoso- phique Américaine , instituée ‘pour étendre les connoissances uliles, D tt > 1793, in-4.0 : vol. 3, de 340 p. e CE volume commence par une introduction ‘sur Les recherches les plus importantes à faire pour Vavantage des Etats-Unis de l'Amérique ; par Nicoras Corzrx. Ces recherches sont de différentes sortes ; elles ont rapport à la médecine , à l’écono- mie rurale, à la physique, aux mathématiques, à l’histoire naturelle et à la météorologie. L'auteur a, négligé celles qu’on pouvoit faire, sur la popula- tion, les établissemens publics, les mœurs , les usages et sur les différentes parties de: la statistique , quine nous parôissent pas d’un moindre intérêt que celles qu’il indique. On trouve ensuite la liste des membres résidens et étrangers, de la société, et. la table des mé- moires contenus dans Ce volume ; ils sont au nombre de quarante-deux, Le premier contient des dans de BENJAMIN FranckLin sur la formation de La terre ; il con- sidère la partie intérieure comme composée d’un as plus dense et d’une pesanteur spéciäique plus Tr ome III: RENE k ' ‘20° Sciences et Arts. considérable que celle d’aucuns des flnides que nous conuoissions et qui, par conséquent, doiveñtsurna- ger les premiers. La surface du globe est une coque qui peut être brisée par le mouvement du fluide sur lequel elle repose ; ce fluide qu'il regarde cemme un air condensé ; S’'échappe et produit différens effts. Noûs ne suivrons pas’ plus loin Benjami in Francklin dans ses raisonnemens ; ce que fous avons dit sur les romans cosmogoniques (1), nous dis- pense de rien ajouler. Le même auteur expose une Houe qu’il appelle neuve et, ct urieuse de la /umière dé la chaleur. T1 ja or de comme un fluide qui, en entrant dans une, matière solide ; produit l’écartement des molé- cules, et la rend fluide ; quand Les corps la contiennent en abondance, ils ÉPrOUVEnt la sensation du chaud; quand ils en sont privés , ils éprouvent celle du fro d. Cette théoïie est cellé que les chünistes français ont adoptéetrelativement au calorique , et il my a rien là de (eur et d’inconnu. | I décrit la manière dont Les Chinois fabriquent leur papier, abec une surface dace et lissé. Ce procéde est le même que celui indiqué dans les méuoires, des Chinois ; il approche assez de ceux + que les anciens emplo\oient pour la fabrication du IPAPYrus. Le même propose des questions et es conjectures “relatives au magnétisme. Ilre garde | a terre comme magnétique , à cause des grandes masses de feu qu’elle contient ; connne les pôles de Paimänt peuvent (1) Tome IL, p. 434. 1 | Transac. de La Société de Philadelphie, 29I 104 Etre changés par des aimants plus forts, le passage D": de quelque. comte à pu autrefois dérang:r les pôles de notre globe et caus>r un désordre Benjamin Francklin appliq PN v'à la théorie de la terre. ‘Benjamin Francklin avoit observé L\ dans un vase d2 l’eau et de Phuile A mouvement considérable pevdant que Phuile étoit MA" caline PAT, Com haräison. M! Paierson esfaie de donner üne nouvelle ‘explicätion de ce pi 11 la trouve dans la Consistance tenace et glütineuse de l’huile et dansla grande différence d spécifique: avec celle de Pair, RosEñt! CAUSLIEN décrit une substance /e général ; ue encore celle proposition que si on agitoit > l’eau avoit un ë Sa p?santeur VEUSE trouvée près'de la chute de Niagara. Cette des * . cription est accompagnée de celle de la chute méme, WitLiau Barton communique un travail étendu |. sur les probabilités de La vie humaine et sur les progrès de la population en Amérique. Ce mémoire est accompagné des tables des na.ssances et des mor talités. | > Davin Rirrennousr CoMmunique, une lettre d'André Eilicott, datée de. Pittsburg, du mois de .. novembre 1787, qui contie t quelques observations W faitessur le lac Erierelatives à un phénomène appelé par les matelots Looming. C’est l'effet d’une double ) réfraction qui leur fait voir une île et des arbres dans \ -un lieu où il n'y a jamais eu de terre. À BensamtN Rusx donne une description de l’arbre UN à sucre et de la manière den tirer le produit. L'arbre dont parle Benjamin Rush, est l’érable ïénomène. | LU \ : ae “ 292 ! Siences et Arts, - Ÿ à À : à sucre , acer-sacharénum. Il y a long-temps que Yon oonnoît l’usage et la manière d’en extraire le » sucre ; mais jamais on n’avoit donné sur ce sujet des recherches aussi étendues, et nn travail aussi com t plet. Ben;janux Rush décrit d’abord les lieux où _ cet arbre est le plus abondant, les bois où il se trouve. La couleur de son fruit est blanche, ce qui le distingue de Pacer-rubrum, Vérable rouge , dont le fruit est rouge. Son bois est très-inflam-" mable, et Ml est ehoisi de préférence ; pour faire du feu , par les chasseurs : ses Hranches sérvent à la nourriture des bestiaux pendant la saison où le four- rage nest pas abondant ; il faut vingt ans pour qu’il ait pris foute sa croissance. Les incisions ne lui font aucun tort ; au contraire , lus on luien fait souvent . plus on obtient de siro ‘P » P P5 un seul arbre en a Édhrve quarante-deux dans un même nombre d’années , et 1! n’en apas moins fleuri. L'effet de lé ec annuel de la sève est dé- montré par la supériorté des arbres qui ont été piqués en cent endroits par un insecte qui s’en nourrit : les arbres qui ont été blessés de cette. manière, distillent le reste de leur suc sur le sol, etaprèsils acquièrent une couleur noire; cette sève est pläsdouce et donne üun sucre plus abondant que celle des arbres quin ’ont pas été piques de cette manière. Vinyt-trois gallons et un quart de cette sève ont été tirés eu vingt aeures de deux de ces arbres qui acquièrent une couleur noire ; ils ont fourmi une livre treize onces de beau sucre. j Si l’érable à sucre étoit cultivé é avec soin dans les lieux les plus convenables et débarrassés des autres x A Transat. de La société de Philadelphie. 293 arbres qui les environnent dans les forêts, lexpé- rierice a. prouvé qu’ils acquéreroient une sève plus abondante, Pendant l’été Pérable à sucre fournit une liqueur peu propre à faire du sucre , mais très-agr éable dans les grandes chaleurs , et qui peut, dans quelques cire onstancés , remplacer le rum. ‘Il y a’trois mahodes deréduire l’érablé en sncre: par lPactüon du froid, pe Pévaporation spontanée, par l’éballition, Pour ce dernier PrOcÉdÉ ; on ue doit pas garder la sève plus de ving-quatre ‘heures ; plus la bassine est large, plus Ja quantité de sucre qu’on obtient est considérabie. Le sucre est plus beau davs les vaisseaux de cuivre que dans les vaisseaux de fer. Rien n’est plus facile que la fabrication de ce sucre ; le temps où l’on peut s’y livrer est celui où tous les travaux de Pagriculture sont impraticables x c’est alors que les fermiers des Etats-Unis en font Vobjet de leurs travaux, et ils y sont aidés par leurs femmes et par leurs enfans tce sucre est ensuite : raffiné à la manière ordinaire. Ce sucre a l'avantage d’être, préparé, dans une saison où aucun insecte ve peut s’y mêler ; tandis que ceux qu se trouvent dans lescannes de sucre sont frès-nombreux : il a la même saveur. ; L'auteur ter mine cet essai par, quelques considéra- tions. dié tétiques et médicinales sur FaRe du sucre en vénéral ; nous ne nous arrélons qu'à ce qu'il nous apprend du su:re d’érab'e, L’érable à sucre , hi. acer-sacharinum , couvre des milliers d’acres da T à ri \ 294 : . Sciences et Arts. terre. Jai cru devoir m’étendre d’avantage sur cet article, parce que l’érable à sucre pourroit être aisé | . p Ph ment nalturalisé dans la république qui en retireroif un gran avantase, | À ce méroire succtdefit des observations mari nes de JoNATHAN Wirsiams, sur l'usage due thermomètre pour estimer les hauteurs, etc. On à remaraué que l’eau étoit plus froide sur les bancs que daus Ja pleine mer, et qu’en général elle étoit plus froide en proportion de ce que: l’eau est’ moins profonde ; que l’eau sur les pe'its bancs est moins froide que celle des grands bancs, qu’elle est ‘plus chaude, sur lès bancs voisins de la côte que sur ceux -qui en sont plus éloignés, mais plus froide que dans la pleine mer. M. Williams n’a pas manqué de faire des observations thermométriques pendant le “cours de son voyage ,; et il les publie dans cé mé- moire , auquelil a joint une carte, sur laquelle il à marqué les divers degrés du thermomètre, relative- ment à tous les parages qu’il a parcourus. Te boiquira , ou serpent à sonnettes, crotalus æ ELA A \ À 0 horridus L, est peut-être, sans excepter le naia, coluber naia L, le reptile qui renferme le poison le. plus actif, Heureusement, son odeur fétide et le bruit de sa sonnette avertissent de s’en préserver. Ce serpent est extrêmement commun dans l’Améri- que septentrionale. BENJAMIN SMITH BARTON ne dique les moyens Les plus efficaces , employés pour prévenir les effets délétères de sa mor- sure. On a déjà fait plusieurs essais sur ce sujet. Oh a prétendu que les Américains se servoient , \ 4 \r i { * Transac. dé la sorièté de Philadelphie. 295 ‘contre la morsure du boiquira , d’un emp'âtre com posé, aveë la tête même du serpent écräsée, D’autres ont dit qu ”il fuyoit les lieux où croit le dictamue da . Virginie. On a fait long-temps mystère dun autre antidote que l’on vendoit sous le nom de bois de _ Couleuvre , lisnum colubrinum , et que M. Tein- (mint, médécin écossais, a démontré être une espèce * de polygala , le polygala senega. M. Barton a fait a de nouvelles recherches ; ‘il décrit d’abord la mé- ; thode ordinaire des babitans. Ïl a vu pratiquer les | ligatures au-dessus de l'endroit mor lu , la scarifica- tion de la blessure , et Pappli:ation dé écorce de noyer blanc, Juglans alba I:,en prenant intérie rément des borsons véuctales et be ucoup de lait, cette pretl;ue est _ celle que Pon suit contre la mor- sure de tous les sérpens quels qu’ils soient. M. Barton regarde en effet la ligature et les scarifications comme les moyens les plus efhcaces. Il conseille d'appliquer sur la plaie du sel , de la poudre | ‘à canon, de l'écorce de noyer blanc, Juglans aba L, du garou daphne gnidium L, ou jante qu'autre substance cautérisante, pour entrainer le venin avec la sérosité qu’eile attire ; enfu, des bois- sons sudorifiques , telle qu’une Aion de ruë ; ruta graveoleus. Il n'y a point de voyageur qui n'ait indiqué quelque recette contre la morsure de ce redoutable serpent. M. Barton traine sa disser= tation par un catalogue des végétaux , employés in- | mnépriese lé . 179 Wa. térieurement ou extérieurement par les naturels ou les colons. Le nom Linnéen est joint au nom anglais. Il présume que la guérison de la morsure du millet, T4 296 ; Sciences et Arts, crotalus miliarius L, et du durissus | » crotalus durissus L, peut Fes par les mêines moyens. ANDRÉ Errico®r donne le calcul de l’ascension droite et de La An de 8 Bootes., et de l'étoile polaire. Ce calcul est suivi de quelques dé- tails > publiés par MM. Ritténhouse et Paterson, sur différentes maisons frappées de la foudre dans Philadelphie > Le 7 juin 1769. Des expériences de C. Wisrar, sur l’évapora- tion de l'air froid”, leur SN CE ; Françors HopkiNsoN, donne un nouveau systême de notation pour la musique ; W, Warre , des observations sur L@ théorie des moulins à eau ; Davip Rrrrennousr, des observations astrono- miques ; et Henri MuncexsEerc , | index dela Jlore de La province de Lancastre , selon le sys- k ‘- tême de Linneus. É Le docteur Parker a imaginé un moulin. JAMES Rumsey en publie la figure, et en calcule la force, À ce mémoire succède un extrait des observa- tons thermométriques , faites sur l’atmos- phère et sur La nber, dans lecours d'un voyage du capithine Brzzine , &Oporto à Phuiula- delphie. ; : Parsssor pe Brauvors, après s’être fait cohnoître en France par quelques dissertations sur la fructi- si Bcatioa des plantes er; ptogamiques , -et principale- | ientsur celies de l’ordre des champignons, fus Lo) TE x a passé à Philadelphie, où il est déveuu mémbre (1) Le mémoire sur les champignons , plein de recherches utiles ; estinséré dans le Lome I de l'Encyclopédie. Part. 2. pt) # \ Ÿ 3 | k À Fa ». / : 310 ee” 4.3 2" / 5 A _— ë ‘ …: Transac.de lasocièté de Philadelphie. 297 - 1 de la so-iété, Le mémoire qu'il publie aujourd’hui dans ce recueil , sur les plantes cryptogamiques, est la suite de ceux qu’il a présentés à l’académie des sciences pendant son séjour à Paris. , Palissot de Beauvois porte aujourd'hui son atten- *. tion sur la fructification des mousses, musci. Cet ordre de la cryplogamie -qui a exercé la sagacité de tant de botanistes célèbres , qui se sont eflorcés . de découvrir les organes sexuels de ces plantes, et ! le mystère de leut reproduction que Ja nature sernble . vouloir cacher à tous les veux. On sait que c’est ce mystère "dont leur hÿmen s’environne, qui a fait donner à cet ordre le nom de cryptognmie, mot qui, par la composition de ses radicaux, signilie .NOCES cachées. Müicheli travailla le premier sur cette matière 3 il soupçonna l’existence des organes sexuels dans les mousses. 1 : Linneus reconnut pour calyce une écaille qui se L sésare de la feuille, éclate d’un côté, et sous la- quelle on trouve un ou plusieurs globules portés » sur des péduncules. Il prit d'abord ces globules pédunculés pour des anthères recouvertes d’une _ calotte; mais les observations qu’il fit ensuite sur … la buxbaumse lui firent soupconner que ces mêmes | ‘corps devoient être .plutôt récardés comme les cap- » sules, et leur poussière comme la semence de ces plantes. f £ à / A 9 Dillenihs a cru les mousses dénourvues d'organes | sexuels ; il pensoit qu’an lieu de fleurs, elles avoient . des capitules contenant une fariie fécondante , \ " 298. Scientes et Arts. ke 0 dont ai feuilles supérieures oo la faculté de se propager. | Haller qui paroit douter de l'existence des sexes | dans les mousses, mais nou de la ressemblance des mousses avec les plantes dont les organes reproduc- teurs sont apparens,, avoue que ces capitules tien- -ment lieu d: fieurs et de semences. Hill et Mee/e ont cherché à déterminer l'usage des parties renfermées dans ces capitules ; ils ont cru que des cils ou les dents qui sont placés sur le _ : bord de ces capitulés étoient les anthères, ét ils ont avancé qu’elles en avoient p! usieurs , qu’elles étoient poly andres, Schreïer, dans sa dissertation sur le genre phas- : cum, à développé le sentiment de Lieneus ; il ne fait arcun donte que la poussière ne dans les capituies est la véritable semence des MOUsSeS » que ie petls (srains renfermts dans les capitules et qui contiennent ceite poussière , sont de vraies capsules. El compare la pointe du’ couvercle ou des . cayitules au style, et son extrémité au siygmate ; il pense aussi que ces cils articulés, ple cés au bas de : la soie, sont les anthères. | Oecer pense qu’il y a des mousses vivipares ; mais qu'il y en a @autres dont on ne peut attribuer la : prodigieuse mullipliéation qu’à des graines dont: 16 capitule est le vrai réceptacle. Tournefort, Adanson et Necker , ont nié l’exis= fence des organes sexuels dans les mousses, M. E edvig , ‘dans son histoire des mousses, a fait Voir tes organes sexuels dans un si grand nombre | 7 4 ‘ + " Transac. de la société ie Philadelphie. 299 d'espèces qu’il ne peut plus rester de doute à ce sujét. à Selon lui la capsule de Dillenius , qui, étoit appeilée $. * Fr , k | { À = par Linneus anthère, et qué ces. deux auteurs croyoient contenir la poussière fécondante ; n est autre chose que le fruit. et la poussière qu’«ile rénferme est la semerce. Il prouve aussi que les parties que Liuneus et d’autres botanistes avoient _ prises pour les organes femelles, sont les fleurs “mâles. | M. Palissot de Beauvo's admet existence du sexe dans les mousses ; mais il ne l’admet pas de la même manière que les botanistes dont j’ai cru d’abord de- voir exposer les opinions avant de faire connoitre la sienne selon lui. Les mousses ont les mêmes organes de-fructifica- tion que les auires plantes, elles ont une fleur. Cette fleur a deux parties essentie.les qui paroissent être les organes de la généralion. Ces parties sont le pollen ou poussière fécondante et une capsule . contenant les semences. A Elle a encore des parties accessoires relatives à sa construction. Celles destinées à protéger les orranes sexuels encore jeunes, sont la coëlfe , l’opercule et les cils. Celles dont lPobiet est de prévenir l’émission trop rap de des semences, sont les cils internes. Celles qui doivent diminuer l’'impétuosité du pol mu et le retenir un moment à l’orifice , sont les cls ex- ‘ternes. Rues L urne paroit être une fleur bisexuelle , contenant - Dafive , ainsi que dans le lis bulbifère.. ‘300 Sciences et Arts. ‘une capsule plus où moins peinoulées selon Ia Ion gueur du tube. . mn. L'étoile a’été reg: rdée par quelques botanistes comine Por, ane fe “nelle > par d’autres comme l'or: ‘ane, minâle. Il est certain que Jes petites glandes renfermées sous les folioles des branches, ont une faculté repro+ ductivé ; mais M. de Beauvois les regarde comme ces fleurs semi-sexuell :s qui & rencontrent ayec plusieurs fleurs bermaphrodites , ainsi due:dans Pordre de la polygamie superflue de la clasce des « syn£énésiques, ou : P comme ces glandes placées sur les Rues de quel- ques plantes, et qui sont douées d’une facullé germi- f Les expériences Citées par M, de Beauvois dans de Paris, en présence des citoyens Adanson, Jussieu et Lamaré. Ce mémoire est RAA d’une planche quirejrésente les or ganes sexuels des mousses, d’après le système de M. de Beauvois. Le major JonarHAn HrarT puble des observations Sur quelques anciens ouvrages de l'art. des na- Zurels du pays. Quelques vestiges de ces ouvrages son mémoire , ont été faites à l’académue des sciences % oni été gravés et publifs dans le Columbian MmAgA- . ; gjine ; ce ne sont que des ruines d’après lesquelles « / A \ . on ne peut se former aucune idée du soût des Indiens pour Parchitecture. Ce mémoire est terminé par quel- ques détails très-superfciels sur les fossiles du pays. Huevrs Märrix décrit les prin pales couleurs. employées par Les Américains ; ées couleurs sont “outes végétales. A’ l’exception dé Pindigo dont. ils tirent le bleu du Sumach, et du white valnut > "MT. Re AS À Cd À d' Ponge, de la sociêté de Philadelphie. 307 :: : castanea alba TL, dont ils tirent le noir, M. Martin | w'indiqueles différens végétaux que par Eu nor amé- L ricain , sans y joindre le nom Linnéen ; ce qui rend | 4 L 12 , _ lereste de son mémoire inintéllisible pour les habi lans À : des autres pays. Cette attention de joindre aux noms | « - de pays celui que les productions de la nature ont "Wran fans le système , est si importante , que nous ne sau- é L “rions trop la recomman‘er. (4 | James Gasenway décrit léspèce de casse nonainée, _ dans le système ; cassi@æ chamæchrista. Les babe 4 tans la sèment avec l’avoine, pour refaire la terre et ! > y semer ensuite du blé. Un officier du continent donne quelques dé tails sur | une montagne qu croit avoir été un volcan ; le LA » peuple, l’apyelle en eflet bursted hell ; elle est près de la rivière Dan. James Greexway fait connoîlre une plante _ vénéneuse qui croit spontanément dans les parties » mméridionales de La Virginie. Cette plante est la À cicuta venenosa L , qu’il faut bien se garder de con-" . fondre avec la ciguë des anciens 5 le suc de la eccut@ venenosa est corrosif ; on présume que la ciguë, em» \ « | ; D ployée par les anciens, est notre Concum maculatun; 3 mais son suc est également corrosif , et la cigaë des 4 AU AT à ta Ad EPS anciens donnoit la mort sans Su : c’Ctoit un Tre= * froidiss- ment succinct, qui gagnoit successivement “toutes les parties du corps, et finissoit par ané antir ‘toutes les fonctions vitales. Théophraste dit que le 1 + médecin Thraseas avoit inventé une composition qui cäusoit la mort sans douleur : € ’étoit un mélange de ‘ciguë et de pavot. ‘La ciguë des ancie# toit pruba- - blemeni une combinaison se mblable,. + 302 ‘ 4 AY ciences et dis f François Hopkinson décrit une: Rubi tO) pour me- : surer la route d’un vaisseau. AA Le N.° XX XI offre des recher ches sur cette ques- tion : L’abeille qui donne le miel, apis mellifica , est-elle naturelle à l'Amérique ? Nous donnerons la traduction entière de cette dis- sertation , qui nous à paru très-intéressante. | A ce mémoire succède la dissertation qui a rem- porté , en 1793, le prix fondé par Magellan ; elle est ititulée Capuus, ou tracté sur les élémens di Lan- gage, écrit suivi d’un essai sur Pinsir uction des sourds- muets. L'auteur de ce traité, WILLIAM THoRNTON, examine la nature et la puissance de chaque lettre. nl indique de nouveaux caractères hi exprimer de nouveaux sons. | Un autre mémoire, impriiné dans ce recueil, a encore été honoré de la médaille de Magellan : c’est celui de Paico FRANCKLIN ,sur le conducteur élec- trique. Des observations sur ls moyens de dissiper les va- peurs nuisinles qui sont dansles mines, par EBENEZER Rogrnson ; d’autres sur les rigoureux Aivers de 1779 et1780,par Marnews WILson, succèdent à ce mé- moire. Joan Cooxe décrit un nouvel étalon pour les: mesures ; Benjamin Barton, dans une lettre'à Charles Thurberge , donne la description du Podophyllum Diphyllum LE. Le volume est terminé par des observations sur a construction des hôpitaux , par Lenor, de l'académie ‘ des sciences de Paris, et par une liste des présens faits à la société. AE M. PA M ; PIHLOSOPHIE BOTANIQUE. ne A pe 1 ‘ : - F TA d'un mémocre. sur La précision avec t { . h : laguelle on doit observer et déterminer les différens organes du végétal pour l'accéléra-: ton des progrès de la botanique ; et pari _tinguer le calyce de La coroile , lu à la société d'histoire naturelle, par Venrenir, biblio- thécaire du Panthéon , et professeur de bota- nique au Lycéeyrépublicasn. ù culièrement sur les/meilleurs no yÿens de dis- # | Puisque les progrès de la botanique sont attachés , : à l’emploi des caractères les plus essentiels, fournis _ par Îles orvanes les plus importans du vézétal, les L' organes doivent être bien distingués, et les carac- | tères doivent être exprimés avec cette précision ‘et » cette exactitude risoureuse qu’exigent les sciences fondées sur l’observation. Les botanistes, qui n’ont pas calculé la valeur des caractères, n’ont pas été toujours assez difficiles sur le choix des expressions ‘4 A] * | qui désignent les caractères , ou qui indiquent les ù différences des organes. Les exemples suivans que nous choisissons parmi les organes de la fructifica- 4 tion , eu fournissent une preuve (1}# Ve di + MOOME)ATE y a bientéfffo an que j'ai cédé à un libraire un traité élémentaire de botanique , dans lequel j’ai cru devoir M à à à , \ ’ A Son ut Philosophie botanique. ;\ . 1.0 Les expressions qui désignent la position de l'ovaire, par rapport au calyce résentent des diffi- ? SNS cultés dans dau circonstances ; la première, lorsque VAR l'ovaire est en partie engagé dans le/alyce , tandis qué l’autre partie est libre, comme dans le sa- NS molus, l’hedere, etc. la seconde, lorsque les ovaires, simplement recouverts par le calyce, soft à | supérieurs, quoiqu’ils paroissent inférieurs , et qu'ils ’ soient réputés tels par plusieurs Fotanistezs, comme | dans lagrimonta et quelques rosacées. Il nous semble que la position delovaire ne seroit point em- : barrassante à déterminer, si Von substituo't aux ex= pressions d’ovatre supérieur et d'ovaire inf. érieur à \ celles d’ovaire Libre et d’ovaire adhérent. ° La position de la corolle, par rapport à l’o- vaire, ne paroit pas non plus déterminée avec assez dexactitude. Linneus ne reconnoît que deux posi- tions de la corolie, lune supérieure et l’autre in- férieure ;, mais il est évident que ce célèbre. botaniste confond alors l'insertion de la corolle sous l’ov aire * avec Pinsertion de la corolle sur la base du calyce ; changer quelques expressions de tuens > qui indiquent les différentes CoRdéRaEns des organes. J’avoisentrepris cet ouvrage pour rendre l'étude de la botani- queplus facile. Je comptois qu'il paroîtroit en germinal,époque oùcommencentles cours de botanique.Ilestsans doute imprimé, puisque le libraire m’écrivoit le 19 fioréal : la dernière feurlle est sous presse; avec une table de ma façon; car j'ai eu des idées à ma seule mawière. Îl a été impossible, à moins de payer ÿ un homn le à la Jjounnée , de vous faire. passer les épreures Ainsi men ouvrage parcîtra quand il pl&ira au libraire , avec une table. de sa jayon, et sans que j'aye corrtgé les épreures. de ÿ Calyce et Corolle. 305 | de même qu’il confond Pinsertion de la corolle sur ‘Tovaie, avec l’insertion de la corolle au sommet du calyce , lorsque celui-ci fait corps avec le fruù. Pour éviter cette confusion, il faut admettre avec Jussieu trois positions différentes de la corolle, par rapport à l’ovaire , savoir : l’épigyne , la périgyne et lAypogyne. 3.° Linneus a distingué sept espèces de calyces ; mais celle qu’il appelle périanthe est la Le qui paroisse devoir porter ce nom. En effet, le 0/14 ou la bourse des champignons, le calyptra ou la coëfle des mousses n’ont aucun rapport avec l’or- gane nommé calyce. Le chaton, amentum ; est un vrai réceptacle. La balle , g/uma ; et la spathe, spatha , ne sont point des calyces, puisque les enveloppes plus intérieures sont regardées, par plu- sieurs botanisies , comme de vrais calyces. L’invo- ccre et l’involucelle ne doivent pas non plus porter le nom de calyces, puisque les fleurs des ombelli- fères ont réellement un petit calyce qui est plus ou moins apparent. 4° Linneus donne à plusieurs corolles monopé- tales irrégulières le nom de rngens ; mais il est impossib # de déterminer le vrai sers de cette ex- pression. En effet, tantôt elle est employée pour dé- signer les cor es: irrégulières , fendues transversale- meut en deux parties ou lèvres rapprochces, comme dans l’antirrhinum , etc. tantôt Linneus s’en sert pour désigner la corolle des sauges , dont les lèvres sont écartées ; tantôt le nom de réngens est donné aux corolles des ajuga , teucrium , dans lesquelies Tome IIT. V 5-6 Philosophique botanique. il ne paroît y avoir qu'une seule lèvre. Le sens de l’expression réngens n’est donc pas déterminé d’une manière précise, puisqu'elle est employée à carac- tér ser des corolles, dont le limbe est d’une struc- ture différente. C’est probablement la ra son pour laquelle le citoyen Jussieu ne Pa jamais Te : dans son genera. 5.° Le calyce et la corolle sont des organes très- différens. Cependant il paroît que Tournefort et Linneus n’ont pas eu une idée précise de la diffé- rence qui doit exiter entre ces deux enveloppes, Tournefort, après avoir donné le nom de corolle à l’enveloppe de la éulipe et de Phyacinthe , appelle calyce celle du narcisse et de Peris. Linneus donne le nom de calyce dans le rumex à la même partie qu’il appelle corolle dans le rheum. De plus, il em ploie souvent, dans la description de ses genres, les expressions suivantes : corolla , ni calycem maris, la corolle , si vous n’aimez mieux le calyce; ce qui prouve que , dans ces circonstances , il étoit incer- tain si l’organe qu’il décrivoit étoit un calyce ou une corolle.' Ii éloit réservé à Jussieu de déterminer avec précision les différences qui existent entre ces deux enveloppes. Ce botaniste, après avol: observé V’origine de la corolle , après avoir remarqué sa grande afinité avec les étamines , ‘son usage et sa chute prompie après la fécondation , la définit en ces termes : « La corolle est cette enveloppe de la » fleur, qui, rarement nue, et presque toujours re- » couverte par une enveloppe extérieure (calyce ), » est une continuité du lvber du pédoncule, et non A / - Calyce et Corolle. . 307 » de son épiderme , ne dure point au-delà d’un » certain temps , mais tombe ordinairement avec les » étamines dont elle n’est qu’un appendice, entoure » ou couronne le pistil, mais ne fait jamais corps » avec lui, et présente le plus souvent ses divisions, » disposées alternativemeni avec les étamines, quand = leur nombre est le même. Lorsqu'il se trouve » quelque difficulté dans Pexamen de ces parties, » alors l’observ. tion des plantes analozues donne la » solution du problênie. » Il suit de cette définition de la corolle que la prin- cipale différence , qui existe entre les deux enveloppes e la fleur, vient de ce que lue tire son origine de l’épiderme du pédoncule, tandis que l’autre est une continuité du /cber. Des raisons physiologi ues pa- roissent venir à l’anpui de cette vérité. On sait que les trachées ou vaisseaux en sprale, ces vaisseaux qui contiennent l'air, aussi nécessaire à la vie des végétaux qu’à celle des animaux , n’ont pas été démonirés d’une manière rigoureuse dans l’écorce. Grew en avoit soupconné l’existence ; Daubenton a reconnu dans l’écorce du chêne des points brillans qui annoncent la présence des tra- chées ; mais il n’a pu parvenir à dérouler entière- meñt un de ces vaisseaux , opération néanmoins ab= solument nécessaire pour constater leur existence : ainsi, quoiqu'il soit probable que les‘trachées exis- tent dans Pécorce, néanmoinselles n’y sont pasaussi apparentes que dans les autres parties de la tige, qu’il sufiit de briser et d’écarter en sens contraire, pour les voir d’une manivre bien distincte. V 2 3oë Philosophie botanique. Ce principe posé, ne peut-on pas raisonner ainsi: puisque le calyce est une prolongation de Pépiderme, et que la corolle est une continuité du liber , la pré- sence des trachées ne doit pas être aussi sensible dans les calyces que dans les corolles ? Quelques expé- riences , quelques ol servations, auxquelles nous nous proposons d’en ajouter plusieurs autres par la süite, viennent à l’appui du raisonnement, et prouvent que les enveloppes de presque toutes les plantes, r: gardées comme apétales par Jussieu , sont de vrais calyces. Pour découvrir la présence ou l’absence des tra- chées dans les enveloppes de la fleur , nous nous sommes bornés à déchirer transversalement ces en= veloppes, et à considérer avec attention leurs bords, les yeux armés d’une forte loupe ; mais si, dans cette opération, nous n'avons pu distinguer les tra- chées, nous avons eu recours à la macération pour constater leur présence ou leur absence. La plupart des enveloppes ; regardées comme ca- lycinalés par Jussieu , ne nous ont jamais présenté la moindre apparence de trachées, et un grand nombre s’est réduit en bouillie, après avoir séjourné quelque temps dans Peau : au contraire , les enveloppes , que Jussieu recarde comme des corolles , nous ont pres- que toujours laissé apercevoir des trachées. Dans les unes , nous les avons reconnues à la vue simple; dans les autres, nous avons distingué les trachées après quelques heures de macération, et les enve- lopres ne se sont point réduites en bouillie ; il est néanmoins des enveloppes où les tracliées ont cons- NÉE) Calyce et Corolle. 309 : tamment échappé à nos regards , probablement. d’après les raisons que nous exposerons. Les enveloppes des plantes de la famille des /oncs sont, les unes glumacées , les autres pétaloïdes ou colorées. C’est à ces dernières que nous nous somnmes attachés ; nous les avons examinées , de même que plusieurs de celles qui appartiennent aux familles des asperges , des lis , des asphodèles , des narcisses et des cris. Il n’eu est aucune où la pré- sence des trachées se soit manifeste. On pourroit néanmoins être induit en erreur, si l’on se conten- toit d’un léger examen ; car quelques envelonpes, comme cell:s du éradescantia ephemerum , du butomus wmbellatus , de Vhemerocallis jiara , de l’anthericum liliago , etc., offrent des appa- rences de trachées. Mais en observant avec atten- tion ces prétendues trachées, on voit que ce sont des filamens formés par la matière mucilagineuse qui abonde dans les vaisseaux lymphatiques de ces en- veloppes. Nous nous en sommes assurés, 1.° parce que nous n’avons point reconnu de spirales dans ces prétendus vaisseaux ; 2.° parce qu'ils étoient moins reuflés dans leur longueur qu’à leurs deux extré- mités qui formoient deux globules ; 3.° parce qu’en pressant fortement les bords des enveloppes d'chiréés, et en les observant avec la loupe, nous avons vu sortir des vaisseaux lymphatiques une liqueur giai- reuse qui se prêtoit à extension, et qui formoïit des filamens , lorsque nous écartions les deux doigts aux- quels la liqueur s’étoit attachée. Si l’on déchire len- véloppe de l'hemerocallis java , lorsque la fleur V 5 210 Philosophie botanique. n’est pas encore développée ; on appercoit dans toute l’étendue des divisions ,; sur-tout à leur bas:, dans la partie tubulée où ces mêmes divisions se réunissent, un grand nombre de filamens produits par la liqueur mucilagineuse, Maïs si l’on attend que la fleur soit avancée, on distinguera avee peine les filameus , parce que la liqueur mucilagineuse est alors moins al ondaunte | ou peut-être parce qu’elle a changé de nature. [1 n’existe donc point de trachées, ou du moins ces vaisseaux ne sont pas visibles dans les enveloppes coloréés des plantes monocotyledones, c'est-à-dire des joncs , des asperges, des lis , des asphodèles , des narcisses et des érès. Nous avons ensuite soumis à nos recherches les enveloppes colorées des plantes qui appartiennent aux familles des nyctages , des dentelaires et des ou- curbitacées. Dans presque toutes les plantes de ces families, nous n’avons point distingué de trachées. Il n’en existe aucunetra:e dans les séatices , méi- rabilis , plumbago , momordica , cucumis ; cu- curbita. On aperçoit quelques filamens dans le brionia. alba ‘et dans les passiflora rubra et cærulea. Nous nous sommes convaincus que ceux du brionca alba étoient produits par la liqueur mucilagiueuse , comme dans les enveloppes des li- liacées ; mais il n’en est pas de même de ceux des passifiora ; ils nous ont paru étre de véritables tra- chées ; ils étoient roulés en spirak , et doués d’une certaine éiasticité. De plus , les enveloppes, après avoir séjourné dans Peau, ne se sont pas réduites en bouille, à la manière des calyces, Ainsi, ou le Calyce et Corolle. SIT passifiora doit étre recardé comme faisant ex- ception, ou il ne doit pas être rangé parmi les -apétales. Si les trachées ne sont pas visibles dans la plu- part des enveloppes ; que Jussieu r°garde comme des calyces, on ies distingue aisément dans le plus grand nombre des corolles. Nous les avons observées dans celles de Pantirrhinum majus-; justitiæ adathoda ; atropa belladona ; scutellaria al- pina ; knautta ortentalis ; iberis sempervirens ; cmpaliens balsamina ; viola tricolor ; alcæa rosea ; althæa officinalis ; sida cristata ; La- vatera gallica ; hibiscus spinifex ; grewia ortentalis ; œnothera biennis ; citrus auran- tium ; lathyrus tuberosus ; des scabiosa ; Loni- cera ; gerantum sonale, inquinans , crispum ; malva silvestris, capensis ; rosa, ete. etc. , et dans les demi-fleurons de l’helianthus altissi- mus , et du rudbeckia laciniata, etc. Il est cependant des coroïles où les trachées se dérobent aux regards ; mais en .examinant la struc- ture de ces corolles, on ne doit pas étre surpris que les trachées soient difi iles à apercevoir. En eflet , ces enveloppes colorées sont parsemées dun LS plus ou moins grand nonbre de nervures loneitudi- nales ass:z saillantès ; et la résistance que ces ner- vures, ou vaisseaux lymphatiques , opposent à la rupture du pétale, nécessite un effort qui suflit pour briser des vaisseaux fragil:s comme les tra- chfes. Les pétales ne se déchirent pas sur une . même ligne , ils se divisent obliquement en suivant V 4 312 Philosophie botanique. la direction des nervures, et il est alors très-diffi- cile de décou rir les trachées. L’explication que nous venons de donner paroît confirmée par les raisons suivantes : Lorsqu'on découvre les trachées dans plusieurs es- pèces d’un genre très-naturel , il est probable qu’elles. existent évalement dans les autres espèces du même genre. Les trachées par exemple sont visibles dans les geranium xonale , inquinans, crispum , et Cependant nous n’avous pu les découvrir dans les £erGntum prostratum et sanguineum : de même, nous avons obstrvé à la loupe les trachées de l’an- térrhinum majus ,et nous n'avons pu les découvrir dans l’antérrhinum linaria | même après plu- sieurs jours de macération ; mais si l’on compare enh’elles ces différentes corolles, on verra que les rervures sont plus saillantes dans eelles où/les tra- chées ne sont pas visibles. Les corolles , dans lesquelles nous avons eu le plus de peine à distinguer les trachées, ‘sont celles des plantes de la famille des composées. Les fleurons étant trop pelits pour être soumis à l’observation , nous nous sommes attachés à considérer les demi- fleurons. Dans le plus grand nombre , nous n’avons ju observer les trachées ; nous les avons néanmoins découvertes à la vue simple , dans quelques espèces d’un genre, tandis que nous n’avons pu les aper- cevoir dans les autres espèces du même genre. C’est . e f s CR , - ainsique les trachées, très-visibles dans le rudbeckiæ laciniata, L. ne peuvent se distinguer dans le rud- beckia. purpurea L. En comparant les denui-fleu- ‘ Calyce et Corolle. | 313 _. rons dé ces deux espèces, on verra que les nervures | très”saiHantes du rudbeckia purpurea doivent s’op- poser à la manifestation des trachées. | D’après les observations que nous venons de rap- porter, et que nous soumeltons aux lumières de fa société , il semble que nous pouvons conclure , L 1.9 qu'il est nécessaire | pour Paccélération des pro- . grèsde la botanique, d’observer , non-seulement avec précision les différens organes du végétal, mais en- core de les déterminer d’une manière Le et nré= cise ; 2.°-que des raisons physiologiques viennent Pappui des raisons botaniques, pour prouver que Venveloppe colorée est souvent un vrai calyce 3 3.0 que Jussieu a eu raison de ranger parmi les it D non-seulement plusieurs plantes qui n’ont qu’une seule enveloppe colorée, mais encore plu- sieurs autres qui , étant munies de deux esve- » loppes, pourroient passer pour avoir un calyce et une corolle. qq li A NCAUTE" O'MECTEUF SUR LE SYSTEME LYMPHATIQUE. R.DESGENETTES aux rédacteurs du Mages encuclopédique. Antibes , le 15 thermidor , an troisième. 1 \ OUS avez inséré, ciioyens, dans Je preimiet volume , n.° IV , ‘page 457 et A un rap- port fait au ML Al consultation ,-des arts et J14 Anatomie. métiers, sur les travaux anatomiques et les pièces artificielles de Laumonier , par Desault et Hallé. Les auteurs de ce rapport, en invoquant mon té- moignage , mengagent à publier quelques détails sur cet objet. Desault n'existe plus, et ma foible voix s’unit ici, avec plaisir et reconnoissance, à celle de tant de disciples, pour honorer sa mémoire : Hallé, qui lui survit, ne me saura pas mauvais gré des re- marques que j'ajoute à leur travail. Sans vouloir LA ie avec complaisance mes re- cherches sur le systême lymphatique , je me: vois obligé d’en détailler la suite, suivant Pordre des temps où je les ai publiées, parceque je les crois liées à l’histoire exacte de cette branche de Pana- tomie parmi nous. Il y a maintenant plus de dix ans que je vis et étudiai soigneusement , en Angleterre , ce qui étoit alors connu sur le sy:tême des vaisseaux lympha- tiques. Les travaux de William et de John Hunter, e Hewson, de Falconer , de Shelden , de Kruik- shank , m’avoient pénétré d’admiration avant de voir Vitale. Mais je trouvai à Pavie, à Florence , à Sienne, dans les préparations de Rézia, de Scarpa et de Mascagni, des découvertes plus étendues ; enfin , lPensémble du système. De retour de mes voyages, au commencement de 1789, époque à laquelle les auteurs du rapport font mal-à-propos parür, je publiai à Mont- pellier une dissertation qui avoit pour titre: Tenta- an À | Systême lymphatique. 315 | men phytlologicum de vasis lymphaticis, Mons- 87 anno 1789; etije répandis à cette occasion, à Montpellier, la méthode d’injecter les vaisseaux lymphatiques, qui y étoit inconnue. | - En 1700 , e lus à la société des sciences de Montpellier une suite d’observations sur la faculté d’absorber , que conservent les vaisseaux lymphati- ques après la mort des animaux. Ces observations, confirmées depuis par plusieurs autres analomistes, furent imprimées , dans la même année, dans le journal des éciences utiles, dans celui de médecine et dans l’esprit des journaux , suivies d’un rapport des commissaires de la société , qui paroissoit m’as- surer quelques droits au souvénir de l’école de Montpellier. Je publiai en 1791, d’abord dans un journal de médecine , imprimé à Montpellier, ensuite , dé- tachée de cet ouvrage périodique , une analyse du systéme absorbant ou lymphatiq ue ; Monipel- » lier, 1791. J'essayai d’y réunir à l’historique des découvertes , la description anaïomique , les fonctions et les applications à l’art de ouérir. Cet opuscule parat , fourmillant de fautes d'impression : maïs Je n’eus le droit de n’en plaindre à per‘onne, car j'avois revu les épreuves, cenre de travail auquel j'avoue volontiers que je suis peu propre. L'incorrec- tion de cet essai m’engagea à le faire reparoitre avec quelques chancemèus. En 1792, j'ai fait réimprimer dans le journal de médecine.de Paris, volume XC , ensuite, isolée de celte collection, l'analyse du système absorbant 316. Anatomie. ou lymphatique ; Paris , 1702. Cet opientee té | annoncé avec un extrait dans un grand nombre d'ouvrages périodiques, et en particulier dans la gazette salutaire de Grunwald , le journal des savans, celui de physique et les commentaires de. Leipsick, année 1792. J'ai, au reste, suivi dans ceite seconde édition le même plan que dans la première. À l’époque où j'allois faire paroître cetié analyse Pacadémie des :eiences de Paris s’occupoit, con- formément à un décret de lassemblée nationale conslituante , à adjuger un prix annuel de 1200 liv.. *à l’auteur de la découverte la plus utile aux progrès des sciences et dés arts, soit qu'il fût francais ou étranger. L’académie n'ayant pas pu, par des cir- constances particuheres, s’occuper du prix de 1701, se trouvoit dans le cas de décerner deux prix : ele en donna un à Herschel pour ss découveries en astro- noue, et l’autre à Mascaoni pour son ouvrage sur les vaiss’aux ly mpbatiques. J’assistois irès-réculière- ment aux séances particulières de l'académie , et je contribuar beancous à fair: donner le prix d’ana- _tomie , en coufiri.ant des découvertes qui trouvoient des incrédules el méme des contradicteurs parmi les juges de ce concours. On peut consulter, à €e sujet, le journal des savans, cahier de juillet 1702, article proclamation du prix d'utilité nationale , lue dars la séance pu‘ tique de Pacadém'e des sciences, le 18 avril 1792, par Hauy, faisant les fonctions de secrétaire. Vicq-d'Azir, Sabathier, Portal s’empressèrent de …._ _ Systême lymphatique. 317 4 me demander des détails que je leur donnai ; et Le F premier, avec lequel j’eus de longues conf‘rences sur cet objet, daigria n’associer aux grands travaux qu’il préparoit, et dont une mort prématurée devoit priver les sciences. C'est dans ces circonstances que je fus désigné pour médecin des hôpitaux de l’armée de la répu- blique en Italie, et que je partis, dans les nremiers jours de 1793, pour le quartiér-général de Nice. Cette nouvelle carrière ; que je croyois terininer plutôt, mais où le sentiment et le devoir m’enchai- nent, m'a forcé de diriger toutes mes idées vers un autre objet, et de me Concentrer entièrement dans la pratique de la médecine. Cependant, dans les loisirs peu nombreux que m'ont laissés les fonctions pénibles dont j’ai souveut été chargé à l’armée, j'ai voulu consacrer encore quelques momens à Pobiet de mes anciennes études chéries ; j'ai écrit des réflexions générales sur | l'utilité de l’anatomie artificielle , et en parti- culier sur La collection de Florence , et la né- cessité d'en former de semblables en France , | } publiées dans les journaux de physique et de méde- cine, année 1793. C’est à ces réflexions, dictées par une impar- btiale vérité qui s'élève au-dessus des rivalités na- | tionales et individuelles , que Je renvoie ceux qui » voudront connoître dans ces détails la collection de Florence, ouvrage de l’infatigable et savant Fon- > tana Jui seul , si l’on en excepte la partie du sys- “ téme lymphatique qu'il &t dimiger par Mascagni. LL 318 Anatomie. Je ne énéteres point ici ce qu’on peut lire dans les réflexions dont je viens de parler. Les travaux de Laumonier méritent aussi les en- couragemens d’un gouvernement qui veut lier étude des sciences à la prospérité publique. T?anecdote honorable pour lui, et qui me concerne , rapportée par Desault ct Hallé , est très-exacte. Je navois point aussi attendu ce moment pour lui rendre la justice que je lui dois sous tant de rapports; on peut en juger par les deux passages suivans : J’écrivois à J. C. Delametherie, dans une lettre publiée dans le journal de Physique, cahier de décembre 1792 : « Laumonier, chirurgien-en chef . to 0 . » du grand liôpital de Rouen, est le seul que je » connoisse en France qui ait étudié et approfondi » le systême absorbant. Ses recherches et ses in- » jections remontent à 1780 , et je n'ai ancun doute » que, sil eût publié le résultat de ses travaux, il » auroit laissé derrière lui des auteurs qui se sont » fait un grand nom, et il n’auroit eu d’autre émule » que le célèbre Mascagni. » Dans mes réflexions , etc., publiées en 1793 : « Un: anatomiste d’un grand mérite, Laumomer, » qui a déposé au cabinet national d'histoire na- » turelle à Paris une suite d’injections supérieures » à tout ce qui a paru dans ce genre, $’occupe » aussi, depuis quelque temps, de modeler lPana- » tomie en cire , et il a déjà exécuté-quelques mor- » ceaux très-précieux. » J'apprends qu’il s’est encore perfectionné depuis Pépoque à laquelle j’écrivois. PET Système lymphatique. 3r9 Je finis par une observation ‘sur le rapport, c’est que je n’ai pas l’avantage d'être tout-à-fait aussi jeune qu’on pourroit se le persuader en le lisant, R. DESGENETTESs. QUE EM LE Expériences nouvelles pour essayer les bonneset mauvaises farines ; el découvrir Les terres qu’elles pourrotent contenir ; par MÉSAIZE , officier de santé , pharmacien. Le bled est la semence d’une plante rangée dans la troisième classe de Linneus ; on la réduit en poudre, connue sous le nom de farine. | Les circonstances ont fait monter le prix des farines jusqu’à quimze et vingt francs la livre. La différence du pain qu’on en a obtenu, a déterminé plusieurs ci- toyens de cette commune à faire exaiminer leurs fa- rines ; les unes ont soutenu les épreuves, parce qu’elles étoient bonnes ; les autres n’ont pu y ré- sister : On en a séparé la terre que la cupidité y avoit fait mettre pour en augmenter le poids, sans avoir (x) Ces expériences du citoyen Mésaize , déjà connues par différentes analyses très-bien faites et quelques petits traités de botanique et de chimie, viennent d’être, publiées par les soins de la société d’émulation de Rouen , qui s’occupe avec succès de tout ce qui peut accélérer les progrès des arts utiles. À. L. M. 320 Chimie. £ \ ’ . s L \ égard à la santé de nos concitoyens, particulièrement a celle.des enfans et celle des personnes d’un tempé- rament délicat. Farine, Nolï. Première opération. Mettez dans une cazsule ou une assiette environ une once de farine, formez-en une pâte avec suffisante quantité d’eau. 2e Opération. Prenez un' grand verre en forme dé cône renversé, connu sous le nom de verre à bierre ; remplissez-le d’eau ; lavez-y la pâte que vous avez aite, en la tenant et la retournant continuellement dans vos doigts, en appuyant un peu dessus, afin que l’eau des lotions sépare et enlève tout Pamidon et le son, jusqu’à ce que le gluten, qui restera dans les doists, ne blanchisse plus l’eau. Ce gluten a beau- eoup de ténacité et d’élasticité. 3.° Opération. Mèlez énsemble les lotions ; agitez et laissez déposer un instant. Décantez l’eau blanche, ajoutez de nouvelle eau , remuez, laissez précipiter et décantez un instant après ,répétez les lavages jusqu’à ce que Peau en sorte claire et qu’il ne reste que le son au fond du verre. 4. Opération. Mettez sur une laine de fer un peu de farine ; placez-la sur les crarbons, jusqu’à ce que cette lame soit rouge ; la farine brulera , en répandant au commencement une fumée blanche , ensuite de la flamme ; retirez-la du feu , lorsqu'elle sera réduite en un charbon spongieux : ce charbon écrasé ne présente 4 CA aucun point blauc dans son intérieur, PE ER PS ES mice 27 ur dus: | “DES Analyse de la farine. 32T Ces opérations prouvent que cette farine ne contient -Que l’amidon , le son et le gluten. FARINE, Ne II. Cinquième opération. y é On mettra dans une capsule ou une assiette environ une once de farine ; on en formera une pâte avec une suffisante quantité d’eau , comme au No r. 6. Opération. Lavez cette pâte dans un grand verre d’eau, en la tenant et la retournant dans les doigts, comme au N.° 2, ayant soin qu'il ne s’en sépare pas de portions de pâte, qui tomberoïént au fond du vase. L’amidon, en se séparant , blanchit Peau ; en même temps on voit se précipiter des molécules terreuses , plus ou moins grosses, et beaucoup plus pesantes que Pamidon et le son. Une partie de ces mo'écules étant interpobées dans le gluten, on les voit s’en séparer sur la fin de l’opération, lorsque l’eau ne blanchit presque pius. 7.° Opération. Mèlez les lotions ensemble, remuez et laissez déposer pendant un instant ; alors astée l’eau blanche contenant Parnidon ; lavez le précipité à murieurs eaux, jusqu? à ce qu’elle sorte claire, en ayant soin , à chaque lotion, de laisser tomber le précipité blanc au fond du verre. Il est mêlé de son à la partie supérieure ; enlevez le son par plusieurs lotions È ensuite mettez sécher ce précipité blanc ik un papier à filtrer. | LL 8.° Opération. Mettez sur une lame de fer un peu de cette farine , et rejetez l'opération comme au Ne 4, Tome LL X 322 - Chimie. il reste un charbon qui est pesant ; en l’écrasant ; on apercoit dans l’intérieur des points blancs plus où moins gros. 9. Opération. Mettez sûr une lame de fer un peu de précipité blanc obtenu par la 7.e opération ; placez- la sur Les charbons, jusqu’à ce que la lame soit rouge ; il ne se répand pas de fumée blanche ; il n’y a pas de flamme comme au N.° 4. Relirée du feu, la matière refroidie est la même qu'auparavant ; elle a seulement ‘une couleur grise. | 10.° Opération. Cette substance terreuse mise dans un verre avec l’acide actteux , il s’en dissout une parie sans effervescence, il se forme de l’acétite de chaux. 11. Opération. Mettez de cet acétite de chaux dans un verre à vin, étendez-le avec un peu d’eau distillée 3 versez dessus quelques gouttes de potasse mélangée de carbonate de potasse en déliquescence, il se formera un précipité, preuve qu’une partie de cette terre est de la chaux. II résulte des opérations ci-dessus ; 1.° que la farine, N.° r, ne contient aucuns corps étrangers: ainsi, qu’elle est de bonne qualité ; 2.° que la farine, N.v2, réduite en pâte et lavée , m'a donné un dépôt terreux ; que celte terre n’à presque pas changé au feu; qu’elle est en assez grande quantité , mais que le poids n’en a pas été déterminé , parce qu’il n’y avoit pas assez de farine aux échantillons, pour faire toutes les opérations nécessaires à ce sujet. Enfin, j'estime que cett: farine estmélangée d'environ un l'uitième de sulfate de chaux et de carbonate de chaux, * | VOYMGES. ù | Ernree BericurTen etc. , c’est-à-dire, quelques notices concernant les monarchies Prus- sienne ,; Autrichienne et Sicilienne , et Les états qui y confinent , 4 vol. 1n-6°. À la Haye, chez J. Van Cleef, 1793 et 1794. Le | | Laureur de cet ouvrage, M. de Meerman, fils ! du célèbre bibliographe de ce nom , publia en 1787, . sous un titre également modeste, un itinéraire très- estimable en Angleterre et en Irlande. Nous en avons rendu compte dans le Journal Encyclopédique du 75 septembre 1786. Nommer l’auteur, c’est garantir à tous ceux qui connoissent ses qualités personnelles et son mérite littéraire , une production utile et intéressante (1). Les voyages dont il rend compte ont été faits dans les années 1791 et 1792. L'auteur ÿ avoit pour compagne de route, comme dans le premier, son épouse , femme d’un rare mérite , et également distinguée par ses connoissances. (1) Outre une dissertation académique très-savante sur les ” 4 anciennes relations de l’empire Germanique e! de la Hollande, L- nous avons de M. de Meerman un mémoire, couronné en 1784 par l’académie des inscriptions et des belies-lettres , sur Les principaux traits de rapport entre la ligue Achéene , læ con- | J'édération Helvétique et l'union des sept Provinces des Pays-* Bas , et une histoire de Guillaume ( le deuxième du nom }) , 4 comte de Hollande , roi des Romaïns (1235-1256 ), en hollan- ‘4 dais ; 3 vol. in gr, A la Haye , 1783 et 1766. 4 X 2 324 Voyages. Dans le mois d’août 1791 , M. de M. se rend d’abord , par la Westjhalie, dans le pays d’Ha- novre. Il décrit succe:sivement, et avec plus où mo ns de détail, les villes de Bentheim, d’Osna- brug , d’'Hanovre. De-là , il se rend à Gottingue. Il traverse le Hartyÿwald, ou la forêt noire ( la forêt Hercynienne des anciens ), et arrive à Wol- fenbuttel. Brunswick , Helmstadt, Masdebourg , Brandebourg, Spandau, Berlin, Potsdam, Wit- tenbers , Leipsic, Meissen , Dresde, reçoivent tour- à-tour sa visite, et fournissent à son ouvrage au- tant de chapitres séparés. Telle est la matière du premier volume de 329 pages. Le second ( de 272 p. ), rend compte de Prague, de Vienne en Autriche, de Gratz, Laibach, Ela- genfurt , Trieste , Laintz, bass , Ratisbonne, Nurenberg, Wurtzhourg, et du retour de l’auteur er Hollande par Francfort-sur-le-Mein , , d’où il desceud le Rhin jusqu’à Cologne , pour se rendre ensuite par terre à Clèves. Le troisième volume ( de 324 p.) commence la description du voyage de l’auteur à Rome et de son reiour. M. de M. passe par la Lombardie , par Vétat de Venise ; il ne nous dit que quelques niots, en passant, sur Udine, Venise , Padoue , Modène , Bologne , Florence, Sienne, Arezzo, et sur Ja cascade de Terni. Il consacre ensuite autant de chapitres séparés à Rome et à sesenvirons, à Ca- serlte , à Naples. Dars-le quatrième volume {de 388 p. ) il décrit Palerme, Alcamo, Casklvetrano, le temple de Voyage en Prusse. 325 Ségeste , qui est entre ces deux endroits ; les ru nes de Sélinonte, Sciacca , la Cattolica, Girgen ti, Lie cata, Modica, Avola, Svracuse , Augusia ou Agoste, Catane, le mont Eina, Taormina, Mes- sine , Reggio , Paterno, Saint- Philipe d’Argiro, Leonfort:, Castro-Giovanni ; Calatascibeita, Ali- mene , Calatavechiro » Termini, et pas MR que treize mois ont suffi à l’auteur pour ce double voyage, c’ést assez Ads à entendre qu'il n’a pu fire en ‘aucun en‘roit un bien long séjour , et qu’ainsi il à été généralement très-pressé de voir et de consulier. De: cette manière de voya- ger , il ne pourroit résulter que ‘des notions super- ficielles, et souvent de grossières bévues, pour un Voyageur moius icstruit que M. de M. Cet incor- vénient n’est pas le même pour un homme gui, par-tout où il arrive, sait d’avance quels sont les objets les plus essentiels à voir ; queis sont les hommes les plus distingués par leurs consoissances, leurs talens, leur réputation ; qui, dass son nom seul , porte par-tout un titre de recommandation avec lui. La litiérature francaise étant comparativement bien plus riche en ouvrages sur PItalie et sur toutes les merveilles de la nature et des arts qu’elle otire à la curiosité des voyageurs, qu’elle ne Pesi sur les coùtrées septentrionales, nous alions de préférence extraire quelques morceaux des deux premiers vo= lumes de l'itinéraire que nous anunonrons. En parlant de la ville d'Hanovre, l’auteur décrit un monument qui veucit d’y être érisé en Phenneur X 3 326 _ : Voyages. de Leibnitz. « Les remparts de la ville offrent, sur une éminence bien choisie, une rotonde ou- verte. Douze colonnes de l’ordre ionique, élevées de quatre marches au-dessus du sol, supportent le dôme. Au milieu d’une balustrade, on voit sur un piédestal le buste de Lecbnits, parfaitement exé- cuté en marbre blan:, mais peut-être dans des proportions trop petites relativement à l'ensemble. Où lit sur le devant : Leibnitz ; à gauche : Chris- tophorus. Hewetson, Hibernus , fectt. Dans la frise du temple, vers une large esplanade : Genco Leibnitzii. De chaque part, des promenades ; dans le £enre anglais , ornent le monticule. » Gottingue possède sans contredit une des uni ersi= tés les plus florissantes aujourd’hui. L'illustre Miinch- hausen Va fondée , il n’y a guère plus ‘d’un demi- siècle. En France, où la littérature étrangère est en général trop peu connue , quelhomme, un peu initié dans les secrets des sciences et des lettres, ignore les noms et les ouvrages des Heyne:; des Meiners, des Kaëstner , des Gmelin ; des Schloezer, etc. ? — X’observaloire de Gotlingue attend un meilleur emplacement. La pièce la plus remarquable qu’on y trouvet, est un tube de dix pieds de longueur ; de la facon d’Herschel. — Quelle que soit sa vertu pour rapprocher les objets, on prétend que le iube de sept pieds , fait paï le même astronome, nest suère d’un moindre effet, Il paroît déjà une carte de la lune, d’après les observations d’Herschel , irès-difiérente de celle publiée par Didot. A moins que l’imagination - n'ait joué un grand rôle dans cet ouvrage, une des Voyage en Prusse. 327 proéminences de cette planète représente une tête de femme grecque > aussi parfaitement: dessinée que celles qu’on admire sur les médailles du temps d'A- lexandre. Cette année ( 1791 ja vu paroîire un ou- vrage curieux , sous le titre de Fragmens séléno- topographiques ( Gottingue, in-4.°, avec un grand nombre de planches). ScAroeler, son auteur, s’est contenté, pour ses observations, du tube de 7 pieds. On y trouve entr'autres une table, qui détermine la hauteur des montasnes et la profondeur des valiées de la lune , et qui les compare avec celles de-noire globe. Le résultat de cette comparaison.est que, dans une planète aussi inférieure en grandeur à celle que nous habitons, la plus haute montagne lPemporte au moins de moitié sur celle qui s’est :cquise la même réputation chez nous ; que plusieurs autres s’y élèvent proportionnellement, et que non-seulement de pro- fondes vallées règnent entre ces montagnes, mais qu’. Îles s’affaissent infiniment au-dessous de la surface de la lune même. Nous observons que , n'étant point astronomes, nous laissons la responsabilité de ces détails toute entière à M..de M. L'auteur nous apprend à eonnoître , à Helmstadt , un homme bien extraordinaire , le professeur Beireis , conseiller aulique. « Né à Muhlhouse , mais depuis trente ans établi à Helmstadt,, il réunit actuellement sur sa tête le professorat de sepi scien- ces ; et, d’après son propre récit, donme tous les jours de la semaine , le dimanche seul excepté, ‘quinze leçons. Il n’a besoin que de d£ux hewresuie X 4 326 Voyages. | sommeil sur les vingt-quatre ; et dans le même in- tervalle , un seul repas restaure ses forces, épu'sées _par le travail, la méditation et le discours. Etu- diant , il renonca , en faveur de ses frères et sœurs, à sa part de la succession pa!ernelle ; maïs il acquit, par ses connoissances de physique etde chimie, une: fortune , qui l’a mis en état de former treize ca- binets de curiosités de’divers genres. Editions an- ciennes, monnoies et médailles , tableaux , okjets d'histoire naturelle, préparations anatoriques, etc. on ma qu'à choisir aÿeclui. J’indiquerai seulement , ‘dit M. de M. , quelques échantillons. Mes lecteurs me s’attendent pas, saus doute, à trouver ici un ‘diamant brut; auprès duquel le Pitt et le Régent ; ceux de la couronne du roi de Portugal et du grand Mégol os roient à peine se montrer. De la grandeur, à-peu-près , d’un œuf de poule, et pesant plus de mille carats, sa valeur intrinsèque, en suivant le -caleul ordinaire, ne sauroit être fournie par tous les monarques de l’Europe réunis. Sa forme permet- troit dé le tailler! en brillant ; mais cette opération couteroit seule ‘un demi-million ( probablement de florins }. Le professeur assure l'avoir soumis à toutes ‘les épreuves propres à constaler sa qualié , et il dit se l’être procuré directement de PInde, sur l’im- dication d’un Anslais, qui avoit eu le bonheur de le découvrir. » : « Mais {continue M. de M.) une propriété bien plus ulile que cette pitrre romanesque , dans la- quelle Pœil ne découvre qu’un morceau de crystal brut, et: dont la valeur ne sera jamais -qu'imagi- Voyage en Prusse. 329 naire , est une petite caisse d’infusions ou d’injec- tions, préparées à Berlin par le célèbre anatomiste Lieberkuhn , et achetées , après sa mort, par le professeur Beireis. Jamais l’art ne fut porié au- delà. Les oljets, chacun de trois lignes à-peu-près en carré , collts sur verre , sont d’une telle finesse que l£lustre préparateur, pourpouvoir lesobserver, a imaginé un microstope qui les agrandit trente- six mille millions de fois. — Un discours du pro- fesseur :Becrets roule sur cette collecfion : elle #p- prend ,‘en quelque sorte, à connoiître l’homme sous un nouvel aspect ; et le professeur s’écrie souvent , dans son enthousiasre, que depuis que Helmstaat possède ce trésor dans ses murs, on ne sauroit de- venir médecin ailleurs, — Je ne citerai qu’un seul de sestalleaux, peint par Raphaël, etreprésen- tant Jésus-Christ et St. Jean-Baptiste , enfans. Un | étranger a fait plusieurs voyages à Helmsiadt pour ce seul morceau. » — Une machine d'aritsmétique | automate , le-fluteur et le canard de F’aucanson , » la salle d’instrumens de physique , et celle d'oiseaux _ empaillés, obtiennent encore, parmi les richesses , du professeur Becreis , une mention honorable de . M. de M., qui, cependant exprime quelques regrets … sur l’arrangement et l’entretien @es dernières. En rendant justice aux hommes de mérite, qui, dans tous les wenres ornent encore l’université de LLeipzic , M. de M. regrette, après vingt-deux, ans d'absence , de n’y plus trouver £rnesti et Gellert , » dont sa jeunesse a reçu les lecons et les conseils. \« Le monument, élevé au dernier dans l’église dé ‘ 330 | Voyages. St. Jean, est peu digne de lui. Cependant le bas: relief de bronze , modelé sur la figure de Gellert , quinze jours avant sa mort , rend avec uvre vérité frappante les :raits dn respectable vieillard. Mais un libraire , cui s’étoit enrichi avec Pimpression des ouvrages de Gellert, a eu un meilleur soin de sa mémoire ( si toutefdis aucur monument est capable d'ajouter à son illustration ). M. Wendier a placé dans son jardin une colonne de marbre tronquée, surmontée d’une urne funèbre et de trois génies en p'eurs, dont un de chaque côté de l’urne et un au- dessus. Ils sont parfaitement groupés. Un médail- 4 lon au bas de l’urne représente, en profil, la tête du grar :d homme ; le dessin de ce monument fait honneur au goût de M. Deser, président de l’aca- démie de peinture, sculpture et architecture de Leipzic. » Prague et Vienne doivent à l'humanité de Jo- seph ET des établissemens pour l'institution des sourds et muets, semblables à celui de Paris. L'article de Trieste offre des détails intéressans sur le commerce de cette ville. Jusqu'à 2800 vaisseaux fréquentent annuellement la rade de cetie rivale de Venise. Le port de Naples est, parini ceux d’Halie, 4 celui avec lequel elle a le plus de relations. Elle en a anssi de très-actives avec le Levant. La navigation del PInde et de la Chine y est entièrement tombée. « Ce qu’il y a de plus remarquable à Ratisbonne 1 c’est Phôtel-de-ville , non point parce que le bitimente même mérite aucune attention; le St-Empire romain n8M renferme peut-êire dans aucun de ses cercles unes | re en Prusse. 1. 3x _véà menaçant ruine : on Ne distingue à peine au- lhors, d’une maison ordinaire ; mais parce que c'est dici que cette république bizarre, formée de la réunion de tant d’électorats, nr , COMIÉS » évéchés, ordres équestres, villes, bourgs, etc. etc. , l'empereur à sa tête, se régit elle-même par ses dé putés ; ; que c’est d’ici que As moins pour ce nue con faire la loi à des rois qui font trembler l’Europe en- t ière ; que des souverains, indépendans dans l'étendue plus ou moins v2ste de leur domination , reconnoissent ii dans le chef de l'empire, mêue alors qu'ils sont en guerre avec lui, leur supérieur et leur maitre ; fandis que celui-ci, dans sa qualité d’emperèur , est subordonné de nouveau à ses sujets couronnés. Si Chaque membre intégrant de cette république se faisoit re présenter par un envoyé à-part, le nombre de ces envo: és rempliroit seul une ville de moyenne £ran- deur ; ais il se rassemble à peine à Ratishonne 20 à 24 envoyés ; ceux des états les plus considé ahles sont n même temps les organes des moindres. — On voit ei trois pièces , dans lesquelles les envoy és ce élec- eürs , des prinoes et des villes, s’assemblent séparé- n ent, quand il s’agit d’affaires elasivestà leurs coiléges especlifs. Les affaires journalières se traitent dans une latrième pièce, où siégent tous les envoyés PORPAeES sans distinction de rang , distinction qui, à cela près; sl t'comptée pour beaue oun à Ratishonne. La srande alle ne sert que pour ies solemnités extraordinaires , telles que la réception d’un ambassadeur. Les cours 332 Voyages - de France et d'Angleterre refusent de se soumettre à! “ce cérémonial, » Nous ne donnerons pas plus d’étendue à l'extrait de … ce nouvel ouvrage de M. de M. Malcré cé que nous . avons observé ci-dessus, nous ne pouvons nous em 1 pêcher de regreter qu’il ait parcouru avec ün penis trop de précipitation les contrées qu’il décrit, Les \ voyageurs aussi ne devroient pas oublier ceêt adage latin : Sat cit , sc sat benè. P. H. Marron. HISTOIRE LITTÉRAIRE: Norrcsg sur létat actuel de la Littérature à Mae L Eur AN est un grand exemple en faveur du sys à tème physiocratique; cette ville florissante par sa! Fr où et son opulence , présente, à lœil. ob= servateur, un contraste remarquable du côté de l es- : prit et de l ps de ses habiïlans. La diversité fraprante qu’on remarque entr’eux, et le commuaW des Iialiens, est un phénomène qui ne paroît guère M possible parmi des enfans d’une même naton ; mais en recherchant de près les causes de cette diversité, M on s’appercoit aisément œw’elle provient principale-W ment de la nature du climat, de la nourriture , et d’autres causes physiques qui ont une si grande in= | fluence sur les qualités orales et intellectuelles des h | peuples. Le: besoin, ce puissant aisuillon de l'in dustrie et du génie des uations, ne peut avoir au- É #0 4 Etat de la littérature à Milan. 353 1 cune activité dans un pays où l’abondance et la fer- … tilité du sol fournissent , jusqu’à l’intempérance , les _ moyens lés plus aisés de subsistance. C’est par ce motif, sans doute, qu’on reproche aux Milanais ce défaut de sobriété qui semble encourdir toutes . leurs facultés. L’insouciance et Phabitude de la pa- . resse ont donné à leur tempérament une sorte de matérialité et une humeur tranquille qui sont le plus grand obstacle au développement des talens et des grandes passions, Aussi, l’histoire des Milanais n’offre point le spec- * tacle imposant des actions héroïques et brillantes qui ont été si communes à la plupart des peuples h de Plialie 3 et Ja guerre contre Frédéric Barbe- n rousse, le seul véritable effort d’énersie et d’intré- - pidité , corime s’il avoit épuisé à jamais toutes leurs de … forces, n’a servi qu’à les plonger dans une langueur … plus humiliante ; en les rendant plus dociles à sup- « porler les chaînes que les Visconti, les Torrians, : les Sforza leur ont tour-à-lour imposées. » La mollesse, qui éteint daus le cœur de l’homme les sentimens qui donnent aux peuples un caractère et de la vertu, n’a pas moins influé sur le déve- loppement des facultés intellectueiles des Milanais. On peut voir dans la bibliothèque des écrivains “milanais, par ÆArgelati, une foule d'auteurs aussi minédiocres qu’obseurs ; mais on y chercte envain pee Me nom de quelques hommes chers à la philosophie D Caralieri, le disciple de Galilée, et l’ami de Toricelli, est, depuis la renaissance des lettres , le + poëte supérieur qui puisse siéger avec honneur sus J ion publique et au soutien des établissemens lit- 4 s pa Lu VAS rs | ( RE M SM Histoire littéràire. ! # seul homme de génie dont Milan puisse se vanter 3. car je ne compte point dans ce nombre, ni le ju« risconsulte Æ/cialt , ni l'étrange et cédiilé Cardan. | Les ouvrages d'imagination $ont ceux pour lesquels F les Milanais paroissent avoir le moins d'aptitude ; À et ; à la vérité, on ne compte parmi eux aucun le parnasse italien. 4 La décadence des lettres et du goût sétoit COn= | s'dérablement accru: , lorsque le feu comte de Fir- mian s’eu déclara , de nos jours, le restaurateur. Ce : ministre plénipotentiaire ; voulant mettre Milan au 4 niveau des autres villes d’Italie , appela du dehors ‘ al la plupart des professeurs qu'il destinoit à Pinstruc=\ téraires qu’il venoit de foriner. Cette époque a été, sans doute , brillante , et l’on ressent encore aujourd’hui les avantages de la pro \ iection accordée pee ce ministre aux sciences et aux “ arts ; mais tete Lu ’une Phare Énai nu on. ténvbres et à Rd ! Le collége de Brera, destiné à l'instruction pus blicue . est à Milan ce que l’institut est à Bologne ,M Lui q D 11 le centre et le rendez-vous des gens de lettres dus pays , et AE RARES qui M ci ou y trouve savans et les amateurs des sciences et. Ph arts,' Cat , indépendamment d’une bibliothèque , riche de üow mille volumes depèi s 1 on y a fondu ceiles de \ Etat de la litératureà Milan... 335 établissement renferme un observatoire, üne acadé- mie de beaux-arts et une société patriotique (1). Les bibliothécaires actuels sont le marquis Alphonse . : Longo, et Don Ange F’ecchi de Sienne; ils sont __ tous les deux chargés de la censure des livres et ils ont pour adjoints le théologien Frenini, et Don Louis Lambertershi pour les matières politiques. . Milan passoit, depuis l’administration du comte … de Firmian, pour une des villes d’Italie où la presse et le commerce de la librairie étoient les moins gênés ; mais depuis la révolution de France , le gou- vernèment a fort restreint cette liberté. L'observatoire est très-bien fourni d’instrumens , et dirigé par d’habiles astronomes, les abbés Preosio de Gêns, de Cesaris et Oriani. Dans le même collése de Brera se tiennent les assemblées de la société patriotique , destinée à lPencouragement de . » Paériculture, des manvfactures et des arts 3 mais _ Von est surpris de trouver parmi ses membres, à la place d’artistes habiles_et irdustrieux , nombre de gentilshommes qui n’ont que le titre, trop commun, de la naissance et de la richesse. Le secrétaire de la … société est l’abbé Charles Amoretti d’Oneglia, qui 1 _est chargé de rédiger les méinoires qu’on. lit à la société , et que l’on fait imprimer. Dans la même enceinte du collége , il y a un jardin de botanique, . dirigé par le père f’iteman de Florence > Ci-devant ÿ £ professeur à Pavie. Le secrétaire de l’académie des " beaux-arts est Pabbé Bianconi de Bologne; les pro- + (1) Le but des sociétés patriotiques en Lialie, est d’en- … Gouragcer l’agriouliure , les manufactures et les arts. e SAN PA SE PIOMENT MR «ini DORE à ALES ex. Era + AN NL: mt "M À Rat” PEN ui if ; “ A FR PR DL ET UT ; Se $ A * 4 s 336 . Histoire littéraire. fesseurs Fraballesi et Franchi sont directeurs de l’école de peinture et de sculpture ; Piermarini l’est de l’école d’architecture, et Albertoli de celle de l& décoration : ils sont tous les quatre étrangers. Da nombre des professeurs des écoles supérieures de Brera, un des plus laborieux est le père Soave , Somasque, bon métarhysicien, et écrivain! correct , | tant en prose qu’en vers. C’est lui qui a mis à la portée des Tialiens la philosophie de Locke, tra — duit les Tdylles de Géssrer et les Géorgiques de . Virgie,et donné une Grammaire philosophique, pour le moins aussi bonne que celle de Panglais Harris. Le professeur de belles-lettres est labbé Parini , si connu par les deux premières des quatre parties . du jour , “ mattino ed il mezzo gtorno. &e père Raccagns , professeur de physique , et Giannella, professeur de géométrie, sont tous les deux très- estimés. Avec autant de movens, on croiroit que Pinstruction pub'ique est florissante dans ce collége ; mais outre que la plupart de ces institutions sont manqnées, on voit parmi l:s Jeunes gens une telle insouciance pour létude, et un tel découragement parmi les professeurs, qu’il ne faut jamais s’attendre qu'il puisse se former dans cette enceinte des élèves habiles. L'abbé Y’encnc , poëte lyrique, et l'abbé Passerons de Nice, auteur d’un singulier poëme, enottava rema, sur la’ie de Cicéron, sont, après larbe Parim , les meilleñrs poëtes qui soient à, Milan. On compte d’ailleurs dans cette ville un grand nombre de rerconnes aui écrivent en vers et en prose, et qui se fo: t imprimer ; maäis réstreints dans \ Histoire de la littérature à Milan. 337 dans les bornes de la médiocrité, ils ne méritent guère d’être cités. Les trois savans qui ont Joui, de nos jours, d’une plus grande réputation à Milan : sont le marquis Beccaria, le comte Verr: , et le comte Carli, vénitien. Les deux premiers étoient de la célèbre société qu’on a#ppelloit du Café, parce qu’elle donnoit un ouvrage périodique sous ce ; titre, dans le goût dun Spectateur d’Zdésson. Ces à trois noms ne sont pas également connus chez l’étran- ger ; Car aucun des nombreux ouvraces de Carli, ; ni de Verri , n’a eu le prodisieux succès qu'a eu gelui des délits et des peines de Beccaria. Les phi- L lantropes déplorent, depuis plusieurs mois > la perte à de cet illustre ami de Phumanité. Le comte Carl 3 ne lui a survécu que peu de tem's; et le comte _ Verri, dégoûté des affaires publiques , depuis son premier volume de l’histoire de Milan, vient de renoncer peut-être pour toujours à la carrière des lettres. L'histoire naturelle, la chimie et 1 “lbs cp. in. a physique , sont maintenant les sciences les plus cultivées dans’ la Lombardie. Le médecin Moscati > ex-profes- seur à Pavie ; le chevalier Manilio Landriani , le père Pint , monseigneur Possi > le prévôt Car- telli, Mainardi, san Giorgio ; Purati , Annibale Beccaria ; et plusieurs autres ; Sont auteurs de différens ouvrages estimés > et mêre inventeurs de quelque nouvelle macline. Ils ont la plupart des mémoires imprimés dans le recueil degli Opuscoli scelti di Milano ; ouvrage périodique qu'on publie depuis plusieurs années avec succès. La congrégation Tome LIL, 4 ne LE à cie — 3360 . Histoire littéraire. d’une espèce de clercs réguliers, qu’on nomme oblaii, est à Milan ce que les oratoriens étoient autrefois à Paris. Leur principale maison est unie à la célèbre bikliotheque ambroisienne , qui étoit regardée comme la première avant que celle de Brera eût recu les accroissemens dont nous avons parlé ci-dessus. Cette congrégation n’a pas été ‘illustrée par des savans fort rencmmés ; mais elle compte plusieurs sujets babiles dans la littérature orientale , dans l’histoire ancienne et celle dés arts. Car, outre l’abhé Ol- irocchi ,; on estime particulièrement les abbés ‘Branca, Bugatti et Bonsignori, qui se sont fait con-, noître par des ouvrages imprimés. Donna Mara Agnest mériteroit une place distinguée parmi les savans de Milan, par son bel ouvrage des enstitutions analytiques ; mais de- venue misantrope par superstition , on doit la regarder depuis long-temps comme perdue pour les sciences et la société. Je relis ma relation littérair: de Milan, et je crois y devcir ajouter quelques réflexions. Les nobles à Milan soit très-riches, et par cela même oisifs. Le peuple, pour vivre aisément dans un pays fertile ; n’a qu’à s’occuper de leurs vices, et cha ouiller, avec d's arts de luxe et des moyens d’'ariusement , leur paresse héréditaire. Voilà pour- quoi tout ce qi appartient à la table , à Pécurie , au théâtre , est traité avec intelligence par les artistes anilanais ; on travaille à Milan des carosses aussi bien qu’à Paris avant la révolution , et les nobles con- duisent un beau char dans le corso , aussi bien Histoire de La littérature'à Milan. 39 qu'Alcibiade dansies jeux olymoiques. Les théâtres sont d’une magnificence peu commune,et les tables des seisneurs ne le cèdent pas en gourmandise à celles des Apicius de Paris sous l’ancien régime ; la plupart des . comtes et des marquis mulanais se font une gloire d’avoir des dettes , et d’honoïer leurs repas plu- ribus uwmbris. Personne n’a mieux défini Milan qu'un savant Allemand de mes amis. Tutti man- gtano, ed à signoré Si fanno mangiare. Parmi ces convives, il y à grand nombre de gens de letires qui vendent leurs talens et leur suffrage à qui les fête le r'ieux , et à qui leur fait faire meil- leure chère. Voiià fourquoi la plupart d’entre eux sont sans énergie, et perdent le temps à comi oser des vers -nsipides, ou à encenser des vices titrés. | Parini composa, il y a plusieurs années, sur ce sujet, le Mattino , et le Mex=0o-Giorno, qu’on a5- - pela petits poëmes, mais qui ne sont que deux saivres où l’xonie d'Horace se mêle adroitement à la force et au styie de Juvenal. Le comte de Belgiojoso, jeune homme de Ja première naïssan-e , fat choisi pour modèle des petits-maîtres milanais, et si bien peint, que toute la noblesse rit à ses dépens, sans s'apercevoir qu’elle ressembloit à Bel: 19,050. Ce jeune comte, bien Join de se corriger de ses ridicules, frémit d’ ndivna- tion de les voir décrier ; et, saus la protection d1 conte de Firmian, Parini auroit peut-être payé de sa vie sa réputation littéraire ; La Sera , autre satvre du même genre , qui devoit alors paroître ,'resta dans son jorte-feuille, et limitaieur de Juvenal tourna ses talens à Gatter des protecteurs qui lui devenoient Y'a 340 Histoire littéraire. nécessaires, Après la mort de Firmian, l’archiduchesse devint son Mécène, et obtint de lui plusieurs sonnets qui, pour le style et la beauté poétique , méritent Phonneur de la presse, mais qui sont dégoûtans d’adu- lation. Il n’y a pas long-temps que ses odes ont été élégamment imprimées par Bodoni ; mais nos savans ne les ont pas bonorées du même suffrase que le Mattino et le Mezxzo-Giorno ; le style n’y est pas assez correct, mais dur et inégal ; les sujets ne sont pas assez grands , ni parsemés de cette charmante philosophie qui communique tant de grace aux odesdu premier iyrique des Latins. Quelques traits de satyre y décèlent le caractère de lauteir. Le père Soave , jadis gouverneur du neveu du comte de Firmian, mérite , après Parini, une place distinguée dans le parnasse milanais. Sa traduction des 1dylles de Gessner est aussi naive que l’erigimal, et lon s’apercoit que tous les vers de Soare sont en- fans d’un cœur sensible et vertueux. Sa traduction des Géorgiques de Vigyile est exacte, mais elle man- que souvent de la force et de la majesté de Poriginal. Si la métaphysique n’avoit occupé la plupart de ses jours, Soafe auroit pu, avec ses vers faciles et har- monieux , se livrer à la composition de petits contes moraux pour les enfans et à des chansons utiles à l’éducation , et bien mériter de l'humanité. Venini, jadis Jésuile , est un éloquent orateur ; ses sermons imprimés méritent d’être lus, mais il est très-mu diocre poëte ; sa traduction des odes d’'Horace est bien peu de chose. Passeroni, auteur d’un poëme comique, intitulé, Histoire de La littérature à Milan. 341 La vita di Cicerone , et d’un fatras de lettres fami- Jières en vers, qu’en Italie on appelle Capitoli, a su amuser ses lecteurs par la peinture des vices de Milan, placés mal-à-propos dans les temrsde Cicéron. La plupart de ses vers n’ont d’autre mérité qu’une surprenante facilité, et ne diffèrent de la prose que par la mesure. Quant au marquis Beccaria , je me contenterai d'observer qu’il est regreté avec raison, que son nom sera cher à jamais à tous les philantropes, et qu’un jour l'Italie sera orgueilleuse "de lui avoir donné la naissance. Les ouvrages économiques de Car i méritent d’être plus connus des étrangers ; et je crois que les Français devroient en profiter , par une bonne traduction. Tout ce qui regarde les monnoies, y est très-bien traité 5 et on peut l’appeler l’apendix de l’ouvrage que Barthélemy , Intieri et Pascal Carcani compo- _sèrent sur cette matière, et que l’abbé Gagliani eut Vimpudence de faire annoncer sous son nom, p:rtous les journaux de l’Kurope , comme si il en avoit été l’auteur. | Je crôts aussi qu’il seroit utile pour les Francais , de profiter de quelques mémoires de gli opuscolé scelté dé Milano, où Moscati, Landriani et plu- sieurs autres donnent souvent des articles intéressans.. [4 Y > CLIN PAT OP E DE l'anneau de PorrcrATes et de La première époque connuc de la gravure en pierres. fines &ans la Grèce, par A.L. Mrzzrn, pro fesseur d'histotre aux écoles centrales , at conset- vateur-projesseur du Muséum des antiques. Rs de Polycrates çst suffisamment connu ; tout le morde en à lu lPhistoire, racontée par Hé- rodote dans son troisième livre. Ce prince, fatigué de son imperturbable prospérité, et voulnt con- traind'e la fortune à méler quelque d'sgrace à ses faveurs, espérant éviter ainsi des malheurs plus erands, j'ta dans la mer un-anneau de prix qu'il avoit au doigt ; mais peu de Jours après , il retrouva cet annenu , à sa table, dans lestomac d’un pois- con qu'un pêcheur lui avoit offert en présent. Polycrates est mort peu de temps après cet évé- nement, dans la troisième année de la LXIV.e olym- piade, 522 ans avant l’ère chrétienne (r). Depuis cette époque , selon Pline (2), l’anneau qu’ôn disoit avoir appartenu à Polycrates avoit été porté à Rome, où on le voyoit de son temps. Rien ne paroitra plus puérile à ceux qui sont toujours prêls à mépriser les travaux d’érudition , qu’une pareille discussion , élèvée , au bout de 1300 (x) Larcher. Canon. chronol. p. 571. (2) Lib. XXXVIL ENST. UT ONE VTT IT 2 “ Cube. mn 5, LR, : re nn “ee td Mn on DA à cs DU ét D DS ‘ 44 < Anneau de Polycrates. 343: ans, sur un sujet, en apparence , aussi frivole, et beaucoup de gens seront tentés d’alord d’étre de leur avis; mais si on réfléchit que cette qustion est liée à l’histoire des Gemmes , à celle de Part en général , à celle de la gravure en pierres fines en particulier , il faudra bien la juger de quelque im- portance, Examirons d’abord le récit d'Hérodote. D’après cet historien, Polycrates chercha parmi toutes ses raretés la chose dont la perte rouvoit lui être le plus sensible (r). Il portoit au doigt un cachet dont Panneau étoit d’or, et qui contenoit une pierre smaragde : celle-ci étoit l'ouvrage (2) de Théodcre de Samos, fils de Télecles. Ce fut cet anneau qu'il sacrifa. , Rhæcus de Phie, et Théodore, fils de Télecles, de Samos , sont les premiers qui aient coulé des statues. « Or , c’étoit, dit Pausanias, un ouvrage » de Théodore, ce cachet sur une pierre de sma- (1) H°v ct cPpyyts Tuy eDopes Lourod eos » Eucsaeyds me Aids gra > %» dE éayoy Occd aps Ts TyhezÀ os Eupriss. Herod. JIL, 41. (2) Larcher traduit, étoit gravé mais fidèle à l’exacti- tude dont un traducteur ne doil pas s’écarter , il avertit de ee changement dans la note. J’ai eru devoir rendre les pas- sages des anciens avec la plus rigoureuse fidélité , en conser- vant leurs expressions et leurs inversions , paree que toute la discussion portant sur l’examen des passages, 1l fant mettre celui même qui ignore la laugne en état d’appréeier notre opinion, Y 4 ee") on) ÉD us VUE Ÿ ap OT al OUR \ | | oh © TR LS Ag °° | Glyptique. » rägde , que D ; tyran de Samos, avoit » in de porter (1). » D’après ces deux se. il est bien établi que le cachet de Polycrates étoitsravé sur une smaragde ; montée en or,et que ce cachet étoit l’ouvrage de Théodore de ns Cicéron (2) et Valère-Maxime (3), Lucien (4) et d’autres auteurs, racontent la même histoire , Mais sans parler de la pierre ni de l’artiste. Strabon vante la beauté de la pierre et la perfec- Uon du travail; mais sans indiquer la qualité de la pierre , sans décrire le travail. Pline , qui en traite avec plus détendue, contredit les récits d’Hérodote et de Pausanias sur Panneau de Polycrates. Après avoir raconté cette histoire, ainsi que ces divers auteurs , il ajoute : « On convient générale- ment que cette gemme étoit une sardonyx (5); on montre même, s’il faut le croire, cette pierre en- chassée dans une corne d’or, présent d’ Auguste (6), (1) @rod'ope dt épyor 4 ét 15 As rs réapeyds cDparyise Paus. Arcad. (2) De finibus. Lib. 5. 3) Lib. VI. ce. 9 (4) AuxTurior A8 494 Yhvemaos moïvreXge. Sirab. @) Sardonychem ea gemmam Juisse constat ; ostenduntque Rome, si credimus, in Concordiæ delubro, corne aureo Æugusti dono inclusam, el no vissiinum prope locum tot prælalis oblinen- "tem. Pline, XXXV 1 EEE (6) Par cette corne d’or , Pline entend sûrement une corne abondance, avec laquelle on représente la eoncorde et MNT! NPA The j F vie LA + Anneau de Polycrates. 345 dans le temple de la Concorde. Elle est placée pres- que dans le dernier rang, après celles qui y ont été précédemment dédiées (r). Ainsi, la gemme de Polycrates n’est plus une smaragcde, mais une sardonyx. Solin adopte l'opinion de Pline, et fait de la gemme de Polycrates une sardonyx ; selon lui , elle avoit té apportée de l'Arabie, et c’est par elle que ce genre de luxe commença à s’introduire. Tzetzès se range de l’avis des’auteurs grecs. Po- lycrates , selon lui, possédoit un anneau de smaragde d’un grand prix , anneau que le graveur en cachets, Théodore de Samos, fils de Télecles, avoit gravé avec beaucoup d’habileté , etc. (2). $ que l’empereur y avoit consacrée, comme autrefois les rois de France consacroient une re/ dans l’église de Paris. (4) Jault, qui dans la traduction de Poinsimet , s’est chargé du trente-septième livre , y a fait bien des contre-sens. Il treduil ces derniers mots : zovissimum prope locum tot præ- latis obtinentem par , » c’est presque la moindre d’un très- grand nombre d’autres sardonyx que l’on voit dans ce tem- ple.» Pline veut dire qu’elle éloit dans un rang inférieur à toutes les autres pierres , déposées dans le temple , et qui étoient également enchassées sur la corne donnée par Auguste. = € 02 LA n e , (2) © Hoaugpaîns Toryapsy deivas emTomuevos 5 Nr | NAME ANR c Ov 4% moh1Tipyioy ax juaoy cuapeyds Ov Texas ETOPEyLIEY 0 d'uxuaroyAvDos Oc0d »p0s 0 >anuiws vios 78 Tyaexhess Enhus tis cuaQos , EppeŸev cis pêriy ru medaygs Chil. 7, hist. 121. 346 Glyptique. Clément d'Alexandrie dit que Po! iycrales cache= toit avec une lyre (r), et Junius en conclut que c’étoit prebablement son sione, La plupart ds auteurs ont adopté le sentiment d’'Hérodote et de Pausanias. Saumaise réfute, à cet écard, Solin (2°3 d’autres > Mais en, moins grand nombre, ont su'vi Popinion de Pline, cu du moins n’ont rien décidé. M. Klotz , dans son traité des pitrres gravées , a voulu n iontrer, par l’exemple de l'anneau de Pol crates , qu’i: dit être une émeraude, que Îles anciens gravoient sur les gemmes dès les temps les plus rculés (3): et M. Lssing , dans ses lettres, à essayé de proiver que, si c’étoit une éme- raude, ell: n”{toit pas gravée (4). Avant d’enirer dans l'ex ‘amen de cette question, Xamhinons pourquoi le térmo; ignage des auteurs grecs 4 prévalu sur celui de Pline et de Solin. Lors de la décadence des arts et des lettres , ce sont les moires qui nous ont conservé les ouv ages des anciens , et quelques notions d'histoire naturelle : : mais ils n’applitnèrent leurs connoissances qu’à lin terprétation de Pécriture sainte ; chaque mot fut dis- cuté et commenté : les pères de l’-glise eux-mêmes dissertèrent sur les pierres précieuses qui ornoient le rational du grand-prêtre des juifs, et sur celles qui (1) Clément d'Alexandrie. Pædag. 1. III. cap 2. (2) Solin polyhist. p. 303. a. E. GE EURE (4) Briefe antiquzrischen inhalts, t I, p. 151. D A RTS nes Anneau de Polycrates. 347 sont citées dans le livre de Job et dans lPApoca- lypse. Ils tiroient leurs autorités des auteurs qui pou= voient leur fournir quelques détails sur ces matières; et comme la plupart de ces pères, de ces moines , de ces écri vains ascttiques étoient grecs, écrivoient em groc ou le comprenoient , ils ont principalement fait usage des auteurs grecs, et adopté leurs récits p réfé- rabiement à ceux des auteurs latins (r). Le récit des Grecs mérite en effet, dans cette cir- constance , plus de confiance que celui de Pline. Hérodote et Pausanias avoient été à portte de re- cucillir des traditions plus anciennes, ‘et dans le pays même où le fait s’étoit passé. Ceux qui s'appuient du témoignage de Pline , peu- vent s’autoriser de ce que il avoil pu voir lui-même cette pierre ; et en effet, il Pavoit vue, et il assure que de son His elle étoit entière et intacte (2). Mais parce qu’il avoit vu , dans le temple de la con- corde, une sardonyx , qu’on disoit être la pierre de Polycrates ,; en peut-on conclure que cette pierre étoit véritablement une sardonyx ? Pour prouvir que la pierre de Polycrates éioit une sarconyx , il fau- droit établir que cette sardonyx étoit celle de Po- Jycrates. Les prêtres qui avoient la garde du temple de la Concorde , et qui en montroient Ie trésor, racon- (1) Born, Versuch über die Topas der Alten. Privat-Ge- sellschaft in Eœhmen, zWeiter basd , p. 15. (2) Polycralis gemma que demonstratur illibata intactaque est. Plin. XXXVII , 13 ad calc. 348 . Glyptique. toient bien cette histoire , en faisant ÿoir la corne donnée par Auguste ; mais le degré de confiance qu’on leur accordoit dépendoit du degré de crédulité de Pauditeur, Il paroît que Pline lui-même n’ajou= toit pas une srande foi à ce récit ; car, en le rap- portant , 1l ajoute (1) : Sc nous devons croire ce gu’on er raconte. Solin , qui wa fait que copier Pline , ne peut pas décider la question. I! résulte donc de ceci que le témoignage des au- teurs grecs, à la tête desquels on compte Hérodote, est préférable, et que la pierre de l’anneau de Po- lycrates étoit une smaragde. Mais étoit-ce une émeraude , une émeraude dans le sens que nous donnons aujourd’hui à ce mot ? c’est ce qui reste encore à décider. La confusion vient ici de ce qu’on a toujours tra- duit les mots owæpæydrs et smaragdus par éme- raude ; ce qui supposeroit démontré, non-seule- ment que les anciens ont connu notre émeraude, mais encore que par-tout où ils ont mis ces mots, ça été d’elle aw’ils ont entendu parler. Lorsque les naturalistes modernes ont eu à im- poser un nom à un genre ou à une espèce , et qu’ils m'ont pas pu le tirer de celui du pays où on les trouve , ou les composer de mots racines qui exprimassent univoquement leurs caractères, ils ont cherché dans lés auteurs anciens un nom qui se trouvât à-peu- près avoir été donné à des espèces du même ordre ; (1) SC credimus." LS Anneau de Polycrates. 349 ainsi , il suflisoit qu’un nom eût été donné à une pierre précieus: ou à un insecte , etc., pour être imposé par eux à une pierre précieuse Où à un in- secte, sans que ce fût pour cela la pierre précieuse ou l’insecte dont les anciens avoient voulu parler. Les traducteurs n’ayant pas toujours fait attention à cette manière de procéder , ont embrouillé toutes les notions, et enfin, pour citer comme exemple les pierres précieuses, on a cru que les mots éme- raude , topase, agathe éloient synonymes des mots Smaraglus , topajon , achates , quoique parmi les douze smaragdes, citées par Pline, il n’y en ait que trois qui puissent être regardées comme notre émeraude , que notre topase ne soit pas celle de Pline, qui étoit une pierre verte ; et qu’erfin l’achates des anciens ne soit pas notre agathe, qui étoit, au contraire , leur sarda. Ainsi, en traduisant les auteurs qui ont parlé de l'anneau de Polycrates, il auroit fallu établir que sa smaragde éloit notre émeraude , avant d’em- ployer. ce mot ; c’est ce que M. Klotz auroit dû faire avant de prétendre prouver par l’exemple de cet anneau l’ancien usage , chez les Grecs, de graver sur les gemmes , et principalement sur l’éme- raude. Les Grecs réunissoient, sous lenom de smaragde, un grand nombre de pierres vertes ; telles que des prases, des jaspes verts, des malachites, des spaths fluors , des serpentines, et même des gypses verts (1) ; (x) Magasin Encyclopédique , t. IT, p. 159, 350 G; ptique. c’étoient de ces pierres qu ’étoient faits ces ouvrages d’une si graude portée, cités par Hérodote et Tiéo- phraste ; mais les Grecs connoissoient-ils notre éme- raide ? la connoissoient-ils au temps de Polycrates et d’'Hérodote ? Dutens a avancé que lémeraude ne se trouvoit qu’en Amérique ,»et que , par conséquent , les an- ciens ne pouvoient en avoir eu connoissance. Romé de Lille, Bruckman, Dolomieu , et d’autres savans , ont très-bien réfuté cette assertion, Hérodote, il est vrai,ne décrit aucune smaragde de manière à ce que nous y juissions recounotire notre émeraude ; mais certes, l’anneau de Polycrates wauroit pas Heu aussi précieux à ce prince), s’il avoit été fait d’aue pierre dout on trouvoit des morceaux de dx coudées, dont quatre, au rapport de Théophraste, auroient pu suflire pour faire un obélisque de «ua- rante pieds de Hauteur (1). Il falloit bien , au con- traire , que ce fût une simaragde qui ne se trouvoit que rarement el en petiis morceaux. Hérodote, qui fait mention du grand cippe de smaragde du temple d'Hercule à Ty , N'auroit pas lur-même parlé de l'anneau de Polycrates comme d’une grande rareté , s’il lPeut présumé fait de la même matière ; mais Théophraste dit aïlleurs , après avoir parlé de ces s-andes smaraedes, qu'il ne regarde pour la plu- part lui-même que comme de fausses smarasdes, que la smaragde est rare, et ne se trouve jamais qu’en petit volume : cette smaragde est probable- 4 (1) Yeudoorapaydos. Pet FD ann ne nl" > dre AN Anneau de Polycrites. 351 ment celle que nous nomimons émeraude. Théo- phraste piace ces mots après avoir parlé des cachets de smaragdes gravées ; celle espèce de smarasde étoit donc celle dont on faisoit &es cachets > et c’éloit très-Lro ablement celle qui ornoit l’anneau de Po- lycrates. Nous pouvons donc raisonnablement pré- sumer que l’anneau de ce ‘prince étoit fait avec une smaragde, et que cette sima 1ragde étoit noire émeraude. Cette émereude étoit-elle gravée ? c’est ce qu'ont pensé tous les auteurs grecs. Hérodote et Tzetzès disent que cette sravure étoit l” ouvrage de Théodore de Samos : ce d'rnier lappelle graveur en ca- chets (r). MT, Klotz s’est appuyé sur ces autorités pour prou- ver la haute antiquité de la gravure sur les: semmes, et principalement sur l’émeraude. M. Lessing a em- ployé toutes les ressources de son esprit et de son érudition pour prouver le contraire. Examinons chacun de ses raisonnemens. Il discute d’abord le passaze Hérodote ; Mais la manière dont il le présente, plus Én cibie ,il est vrai , à sa traduction et.à la conséquence qu il entre, n’est pas tout-à-fait exacte. ; Il lit : Po- lycrates portoct un anneau, travaillé en Or ; c'étoit un ouvrage de Théodore > Jus de Té. lectes de Samos. {1 omiet le men ea intermédiaire de la phrase: c’étoit une pierre d’émer aude ; et le dernier membre de eette phrase , en diet ti) Aou At0y AvPos. 392 Glyptique. subsister le premier , peut aussi bien indiquer que le travail de la pierre d’émeraude étoit Pouvrage de Théodore, ou bien que celui de l'anneau in- crusté en or seul lui appartenoit. M. Lessing conclut de ce passage ainsLtraduit, que Théodore n’avoit pas gravé la pierre, mais qu'il avoit seulement travaillé l’anneau. M. Larcher , dans son excellente traduction d’Hérodote, a très-bien prévu cette objection ; aussi, quoiqu'il ait traduit, elle étoit gravée ; parce que c'es! son opinion, il avertit, dans la note, quele grec dit seulement, « c’éloit l’ou- rage.» Mais ces mots, ELLE étoit gravée , prouvent qu’il a aussi rapporté ces expressions à lémeraude, et non à Panneau , et que c’étoit elle qui étoit Pouvrage de Théodore. Or, il ne pouvoit que Pavoir polie , taillée, montée ou gravée. À l'exception du beryl qu’ils tailloient à six faces pour lui donner plus de jeu, nous né savons pas que les anciens ayent taillé les autres pierres précieuses. Le travail de la monture, celui du polissage n’étoient pas assez iniportans , pour qu’on en nommât l’auteur. Ces mois, c’étoil l’ou- rage, ne peuvent donc indiquer que la gravure ; et en effet la tradition étoit, que T'héodore avoit, non pas poli, monté, ou serti cette émeraude , mais qu’il l’avoit gravée. Pausanias dit que cet ouvrage étoit &r cachet sur une pierre d'émeraude : or; ce ne peut être autre chose qu’une gravure. Strabon dit que cet anneau étoit parfait pour la pierre et pour la gra- vure (1). (tx) Tor duxuaor Ails , wo] yAvmmaes modvrehgs. Ed. Strab, Olearii, p. 949. B. M. Anneau de Polycrates. 353 M. Lessing tire encore un autre argument du nom de lartiste auquel on attribue cet ouvrage, et du temps auquel il a vécu. Ce Théodore étoit architecte et statuaire. Nous avons vu qu’il avoit inventé , avec Rhæcus, au rapport de Pausanias, Part de : Guler les statues ; il avoit ciselé la grande coupe d’:rgent , en- voyée en présent à Delphes par Crœsus 3 roi -de Lydie. Théodore étoit donc ciseleur et statuaire , et non pas graveur ; mais 1] étoit aussi devenu architecte, Pourquoi ne se seroit-il pas appliqué aussi bien à la Glyptique ? Part de ciseler les métaux avoitassez d’a- nalogie avec celui de graver sur les pierres ; et ce ne seroit pas le seul exemple d’artistes qui auroient pra- tiqué à-la-fois plusieurs arts relatifs au dessin. Sostrate étoit également graveur en pierres fines et statuaire. D'ailleurs, Pline nous dit qu'i avoit inventé le tour, tornum (1). Par ce mot fornum , ne voudroit-i] pas parler ici de tour à graver, du touret, et n’en atiri- bueroiït-ou pas l’invention à ce Théodore ; parce qu’il étoit le premier graveur connu ? : L’épithète donnée à Panneau de Polÿcrates , peut autoriser davantage Popinion de M. Lessins, et il est étonnant qu’il ne lait pas remarqué. Hérodote le nomme r?yeyle mpvoodt7os , qui signifie littéralement : attaché, lié avec de l'or, Cest-à-dire, serti en or à monté en or. Cette attention de part r de la monture, pourroit faire présumer que c’étoit cette monture qui étoit précieuse et qui étoit l’ouvrage de Thé dore, (x) Pline , L VI, c. 57. Tome III. Z 354 Glyptique. et il n’est pas en effet croyable que la pierre de ce prince ait pu être montée autrement : mais Pambi- ouité du passage d’Hérodote subsiste toujours ; elle n’est expliquée que par le passage de Pausanias , qui dit présisément que ce travail de Théodore étoit sur une pierre d'émeraude. T'héopiraste dit que les petites émeraudes servoient à fire des cacliets gravés ; mais on répondra que Théophraste vivoit plus de cent ans après Hérodote ; et celui-ci a vécu plus de cent ans après Polycrates. ependant il me paroit que l’on peut admettre, avec beaucoup de savans et d’historiens, que Théo- dore étoit à-la-fois architecte, statuaire, ciseleur, et. graveur en pierres fines (1) ; qu’on peut le placer au nombre des anciens maîtres, et faire remonter jusques à lui Phisioire de l1 Glyptique dans la Grèce et le tra- vail sur l’émeraude. Quoique Théodore ait gravé la pierre de Poly- cratss et ciselé le vase de Crœsus, il ne faut pas croire qu’il ait été contemporain du tyran Polycraies, niqu’il ait vécu du temps de la prospér té du roi de Eydie ; ces deux princes ont pu posséder ces ouvrag£s, sans les avoir pour cela reçus de Théodore même. Pline place lexistence de cet artiste , long-temps avant l’époque où les Bacchiades furent chassés de Corynthe par Cypselus, dans la vingt-neuvième o'ympiade. Sans cela, où ne pourroit le regarder comme ayant enseigné dans ‘a Grèce l’art de couler des statues, puisqu'on voyoit des statues d'airain dans cette con- (1) Tzeizès le nomme Dacuylioglyphe , graveur en an- neaux. Anneau de Polycrates. 355 trée, et même dans l’Italie, long-temps avant le règne de Polycrates. M.:Lessing s’autorise fortement, pour placer la première époque connue de l’art de la gravure eu pierres fines, dans la Grèce, du passage de Pline, où il dit: La gemme de Polycrates, celle que l’on montre , est intacte et entière ; il paroît que c’est au temps d'Ismensas, plusieurs années après, que l’on & commencé à- gruver les émeraudes. Ge passage paroît en effet concluent pour son opinton ; mais il ne faut pas y puiser ce que Pline n’a pas voulu dire. Ces mots, guæ demonstratur , si-nifient di moins celle que l’on montre ; et comme on ne mon- troit dans le temple de la Concorde qu’une sardonyx, M. Les ing n’en peut rieu conclure, relativement à Pémeraude : d’ailleurs, quand , selon Pine, on n’auroit commencé à graver sur l’émeraude , qu’au temps d’Tsmenias , ce ne seroit pas une raison pour placer à cette époque celle de la gravure en pierres fines. En admettant, avec Lessing , cu’Ismenias soit mort vers la 105. olympiade , cette évoque n’est pas assez éloignée de celle à laquelle Théophraste a vécu, pour que cet auteur, qui parle de l’usage de graver. sur l’émeraude et d’en faire des cachets, n’ait pas ajouté quelques mots qui fissent voir que c’étoit une invention récenle. É M. Lessing cite Pexplication que Pollux donne au mot c@pæyis y Pour prouver que ce mot ne signifie pas torjours un ca het, On nomme ainsi, dit ce grammairien , des anneaux sigillaires, ceux qui por- Z 2 256 Clyptique,. tent un cachet ou une pierre ; mais Pollux n’établit pas ici une distinction entre vn cachet où une pierré simple. J'ai compulsé tous les passages de cet auteur ; dans lesquels se trouve le mot spreyis 3 et le plus souvent , il le met en opposition avec le mot Auëxjomer , parce que par l’un il entend un cachet, par l’autre un anneau (1). Mais, quand il n’est ques- tion que des cachets, comme quand il parle de leur contrefacon (2), il n’emploie que le mot cppæyis. Le mot pps signifie un anneau à cacheter , voilà la proposition bien établie, un de ces anneaux qui ont un signe Ou une pierre., c’est-à-dire , un signe sur le métal même, ou une pierre qui le porte. Au- trement ce ne seroit plus un cachet, et la première partie de l’explication sero t fausse. On entendoit si bien par cppayis un cachet, que ce mot signifioit aussi Pempreinte du cachet prise sur la cire. Enfin ce n’est que dans les temps très postérieurs à leur invention, que les mots prennent différentes ac- ceptions, par les usages qui s’établissent ; et certes , on auroit pu, au temps de Pollux, étendre la signifi- qu’au temps d’Hérodote , sa signification ne füt plus restreinte, et seulement employéeadésigner un cachet. Pausanias, qui avoit fait des arts le principal objet de ses recherches et de ses études, ne laisse point sub- (x) Voyez la table des mots dars l'édition d’Hemsterhuis. (2) Liv. VIIL S 26. Anneau de Polycrates. 357 sister d’ambiguité dans le mot d’Hé odote 3 il l'ex plique, il le traduit, pour ainsi dire , par cette phrase, un cachet sur une pierre d’émeraude. On peut do'c, avec beaucoup de vraiser:blance, admettre qu'Hérodote a parlé de l’émeraude de Po- lycrates, comme d’une pierre gravée , et re’arder Théodore comme l’auteur de cetle pierre, ‘et par conséquent rapporter au temps où i! a vécu , la pre- mière époque connue de la GI, ptique , ou de l’art de graver en pierres fines. Celte assertion est d’antant plus probable, que Polycrates étoit ami des aris. On sait de quelle faveur Auacréon jouissoit auirès de lui, et combien il favorisoit les gens de letires-et les ar- tistes. L’émeraude travaillée par Théodore de Samos, à laquellé il attachoit un si grand prix, ne pouvoit donc être qu’une éméraude gravée. Pline place l’existence de Théodore long-temps avant Pexpulsion des Ba:chiades par Cypselus , évé- nement arrivé, sélon le savant Larcher, dans la se- conde année dé la vingt-neuvième olympiade, 663 ans avant lPèfe chrétienne, 142 ans avant la mort de Polycrates. Mais comme ces mots, /ong-temps avant, ne nous donnent aucnne idée déterminée , il faut nous reporter au-delà de l’époque des premières ‘statues. jetées en fonte, puisque Théodore inventa cet art dans la Grèce, c’est-à-dire, au temps de Romulus qui avoit fait faire sa statue en airain , 740 ans avant l'ère chrétienne (x). Il ne nous reste plus, en adoptant Popinion que (1) Winckelmann , hist. de l’art, t. I , p.16, édition de . Jansen. Z 3 358 Gliptigué, l’émeraude de Polycrates étoit gravée, que de voir si on eut déter imcr le signe qui y étoit représenté. Tous les historiens ont gardé le silence à cet égard. On trouve dans beaucoup d'auteurs, que Glément d'Alexandrie a dit que c’{toit une lyre ; mais cet écris vain n’a jamais avancé ce fait : il a seulement dit que Polycrates cachetoit avec un anneau dont le signe étoit une Îyre , et que c’étoit probablement son signe ordinaire. C’est Junius qui en a conclu que c’é oit l’objet gravé par Th‘odore sur Panneau du souverain de Samos, et on a depuis répété que Théodore avoit gravé une lyre sur Pan eau de Polycrates (1). Ou sait que , dès la très-hiute antiquité, on se servoit de cachets simplement de métal ; ainsi le récit de Clément d'Alexandrie peut être exact, sans, pour cela, croire que, parle cach:t de Polycrates, il ait entendu parler de l’émeraude gravée par Théodore. I! n’est pas pr'sumable qu’un artiste de l’habileté de Tiéodore se soit contenté de graver une lyre, et que Polycrates ait regardé un sem! lable ouvrage comme un objet si précieux. Le musicien Tsménias auroit eu plus de goût que lui ; car au moins son émeraude représentoit Amymone, fille de Danaïüs. Clément dit que cette lyre étoit peut-être le signe adivaire de Polycrales : raison de plus pour qu’il füt sur un ça: het particulier, et sur-tout pour qu’il ne le jetât pas dans la mer. On ne peut donc rien conclure du récit de Clément dAlerandrie sur le sujet de la gravure faite par T'uéodore. (x) De pict. vet. p. 210. onde. Anneau de Policrates. 309 T1 résulte dé tous ces détails, que le récit d’Héro- dote , de Pausanias et des auieurs grecs doit être adopté préférablement à celui de Pline et de 8olin ; que la pierre de Panneau de Polycraies m’étoit pag une sardonyx , maïs une smaragde, et que cette sma- rasde étoit notre émeraude ; qu’elle avoit été gravée par Théodore de Samos, qui vivoit vers le temps de Romulus, 740 ans avant l’ère chrétienne , et que c’est à ce temps qu’on peut rapporter la première époque connue de l’art de La gravure en pierres fints , Gaus la Grèce ; que Cl'ment d'Alexandrie n’a pas dit que le sujet de cette cravure fat une lyre ; qu’il n’est pas à présumer que c’en fût une, et qu’on isnore quel ik étoit. , r LITTERATURE GRECQUE. OBSERVATIONS sur La nouvelle traduction D'ATHENEE , publiée par le citoyen L£&rEvRe- V'ILLEBRUNE (1). V EN OTRE journal embrasse tous les objets relatifs aux sciences et à l’érudition. Quelques notices sur quelques (1) Personne n’a été plus déerié que l’abbé de Marolles, pour ses traductions , celle d’Athenée lui mérita sur-tout le mépris de tous les hommes instruits. Adam, de l’académie française , s’occupa toute sa vie à traduire ce même Aïhenée hérissé de difficultés et plein de détails curieux. Le citoyen Villebrune , ayant eu connoissance du manuscrit d'Adam , a conçu l’idée de suiyre son projet , et il l’a exécuté avea ù 360 , Littérature grecque. troductions d'auteurs £recs et latins ont prouvé que ce cenre de litérature ne vous est pas étranger. Depuis plusieurs années tous lesjournaux, presqu’en- térement Hvrés à la politique, louent ces sortes d'ouvrages sur parole, sans discuter leur mérite. El est temps de porter enñu le flab:au de la critique sur cette partie comme sur les autres, et je ne doute pas que vous ne donniez une plice à ces observations sur la nouveïle traduction d’Athenée, Le citoyen Villebrune se :.ble n’avoir connu aucun des ouvrages philologiues modernes qui fournissent des milliers de corrections ou de restitutions, plus ou moins heureuses | mais toutes intéressantes , su les passage viciés du texte d’Athenée. Par exemple, Pauimier de Grentmaisnil , Pun des critiques mo- dernes les plus estimés, pouvoit lui fournir seul plus de cent corrections ou remarques critiques , insérées dans le volime qui a pour titre Éxercitationes ,etc., et qui est eutre les mains de tout le monde. On persévérance et avec courage. Aucun journal n’a parlé de cette traduclion : un des plus habiles hellénistes actuels nous a adreisé des observations Que nous ne pourrions supprimer, venant d’une parei.le main , sans être accusé de partialité et d’ignorance. Nous aurions voulu adoucir quelques traits ; mais nous n'avons pas cru devoir porter une main téméraire sur le travai! d’un bttérateur distisgué , dont la réputation est solidement éteblie. Noire journal a d’ailleurs pour but d’ou- vrir un cham;: libre à ces sortes de discussions , pourvu que les auteurs se renferment dans les bornes dont les érudits se sont malheureusement trop souvent écartés. Cet article n’est que le préliminaire d’un second , qui jraroîtra dans Le Huméro guivant, Lote des rédacteurs, Traduction d Athénée. ‘ 36r doit être persuadé que le citoyen Villebrune ne con- noit pas même l'existence de ce recueil d’observa- tions critiques : car , indépendamment des lumières qu’il en auroït tirées pour l’éclaircisse ent de tant de passaces ob curs de son auteur, il v auroit encore puise la jouissance de pouvoir taxer Casaubon d’er- reur en plusieurs endroits où Paulmir de Grent- maisnil lui auroit indiqué, que Casaubon pouvoit s'être trompé. Il est vrai qu’en même temps Paul- amier de Grenimaisñil lui auroit appris comment les Bttérateurs doivent penser et parier sur le compte de ce grand homme : voici comment celui-ci termine ses remarques sur Athenée. Non dubtto , lector caniWile ; ulures fore , quibus mirum etinsolens pidebitur , me in his ad Athenœum notis , sæpissime & Casaubono , viro talc, dissentire. Sed, cogites , me tantum 38 vel cerciter locos notasse in quibus non mihi visus est tam bene Lutasse ivrroyia Sed cæieros qui ; ut puto , duo vel tria millia restant , me silentio meo approbasse , et nunc verbis expressis profiters , me in cœteris surmmi dllius virt monsuaterer €b éyxivnes mirart, et in ejus notts me dedicisse centies plura quam in his exercitationtbus nie notasse plures fortasse mirabuntur ; et id omni- bus publicè testatum hoc loco volo. Le citoyen Villebrune semble “calement n’avoir pas soupconné l'existence des diférens ouvrages criliques que nous avons sur les fragmens de Ménaudre et de Philémon, poëtes tant de fois cités dans l’ouvrage d’Athenée , sans que le traducteur ait * 362 Littérature grecque: cherché à s’aider des notes de rotius , de Leclerc, de Bentley et autres , sur des passages où il s’est pres+ que toujours trompé, Nous jouvous dire la même chose à l’ésard de toutes les citations d’Anacréon, de Sappho, de Pin: dare, d’Æschile, de Sophocle, d’Euripide. Cepen: dant les commentaires de Valkenaer, dont le citoyen Viilebrune se vante d’avoir été le disciple, sur PHip- polyte, sur les Phæniciennes, sur les fragmens d’Eu- ripide ; pouvoient lui fournir Pour ainsi dire un millier de notes ow de restitutions pour le texte d’A- ibence, 11 n’en a pas mêine peut-être indiqué une seule, Les éloges que le citoyen Villebrune donne à d’au- tres critiques phitvloiues, sont pour ainsi dire aussi mal fondés que ses déclamations contre Casauhon et queiques autres qu’il ne nomme pas, mais parmi les- quels doivent éire complés Turnèbe et Scaliger, qui servent si fréquem ment d’auiorité à Casaubon. « Les » érudits auxquels Casaubon renvoie, dit le citoven » Villebrune ( page 4 }, n’en savoient pas plus que » Jui et, sans sa morgue je le trouverois excusable » d’avoir écrit trois fois plus de notes que l’ouvrage » d’Atlenée ne contient de texte. Saumaise, Bochart » r’avoient pas encore montre quel est le vrai but des » connoissances littéraires. Un gros vojume étoit un » grand ouvrage..... La connoissance des choses a » donc heureusement succédé. à celle des mots ; et » lon a cessé dadinirer avec stupeur ces érudits qui » avoient tant abusé de leur temps. C’ést à Saumaise, » cet homme étonnant, que les sciences en seront à Traduction d’Atlenée. 363 »jamais redevab'es. Malgré ses fréquentes erreurs, » c’est lui qui a déchiré le voile, et qui, le premier, » a montré le vrai but de léridition. Depuis ses tra- » vaux, on a vu dans les anciens les choses que la » science des mots my avoit pas présentées , etc. » Assurément , personne , plus que nous, ne rend um hommage sincère au mérile de Saumaise et de Bo- chart. Nous savons, comme le citoyen Villebrune, que les lettres ont et auront ct-rnellement des obliga- üons immenses à ces deux grands hommes. À Dieu ne plaise, que nous pr‘tendions altérer de la moin- dre nuance le respect relisieux qui est dù à la mémoire de pareils hommes : et nous des rerions que le citoyen Villebrune lui-même profitât davantage de leurs : u- vrages, pour rendre son travail moins défectueux. Nous sommes en état d’aflirmer et de démontrer que Saumaise et Bochart fournissent une quantité innom- brable de remarques sur Athenée, dont à n’a pas fait la moindre mention. Mais, tout en payant à ces hommes immortels le juste tribut d’admiration qui leur est dû , il n’en est pas moins permis de dire , que le point de vue sous lequel Le citoyen Villebrune veut les faire envisager, et mettre Casanbon si fort au- dessous d’eux , n’est nullement celui par lequel ils se sont effectivement ie plus distingués. Particulièrement Saumaise , auprès de quiconque aura étudié sérieuse- ment ses différentes productions, ue passera jamais pour avoir, à proprement parler, écarté La science des mots, your y avoir substitué la science des choses , et montré plus lumineusemeut, plus strcc- LA tement qu'un autre, le rrac buc de l’érudition. En 364 Littérature grecque. effet, quiconque aura lu attentivement l’Éxercita- ones Piincanæ , les divers commentaires de Sau- maise sur diff rens auteurs anciens, On pourroit dire, fous ses ouvrages sans exceplion, conviendra que si le mérite intriisèque et incomparable, d’ailleurs , de toutes ces productions pouvoit permeitre d’en crili- quer la forme, on seroit en droit de reprocher à Sau- maise, plus Hautsné qu’à tout autre phiiolosue, de s'être un peu trop abandonné à la facilité dents des preuves de son iminense lecture et de son érudi- tion ; de n’avoir pas assez déterminé le véritable objet de ses observations ; de n’en avoir presque ja- mais fait ressortir net ement le résultat ; de sorte que souvent la difficulté de démélér au travers d’une mul- ttude de citations ;* quelquefois répétées à trois ou qualre endroits différens, le véritable but de ses dis- sertalions , empêche d’en tirer des notions claires et distinctes, Ce seroit un utile, mais pénible, tra- vail , qui reste encore à faire , que de réduire en abrégé ces vastes compilations, et de donner ce que nous pourrions appeler un esprit de Sauinaise. Peut-être Boc! art, quoique plus précis dans ses ré- sultats, et moins diffus dans ses détails que Sauma:se, ne seroit-il pas entièrement à l’abri d’un reproche semblable , .qui, au contr ire, ne sauroit être jamais fait à Casaubon. Car, Paie son commentaire sur Perse, qui, de tous ses ouvrages en ce genre, pourroit prêter Le plis à la critique, comme trop vo- lumineux , il’se distingue encore par la netteté des idces et la liaison des raisonnemens. Malgré Ja peine que nous ont causée les sorties ” Traduction d_Athenée. 365 déplacées du citoyen Villebrune contre Casaubon , nous aurions été fort aises de pouvoir trouver sa ver- sion sans défauts ; mais, sous quelque point de vue qu’on la considère, elle est loin de pouvoir plaire à aucune classe de lecteurs. Quant au style, il est incorrect, la langue y est blessée à chaque instant, le sens est coupé mal-à- propos , les liaisons ÿ sont inopportunément pla- cées. | Quant à la fidélité, à tout instant le véritable sens du texte est manqué; par fois le texte même est tronqué; ailleurs , il est allongé par des sup- plémens , des transitions | des conjonctions, non- seulement inutiles, mais même nuisibles au sens et à la distribution des matières. Du côté des éclaircissemens et de la philologie , on n’y trouve aucune remarque intéressante , ni sur Vüistoire, ni sur la chronologie, ni sur la littérature, nisur la biographie , etc. On y rencontre, il est vrais quelques notes sur certains objets relatifs à l’histoire naturelle ; notes dans lesquelles le traducteur décide avec-trop d’assurance , dans des matières qui, comme on sait , prêtent toujours à la plus srande incertitude. D'ailleurs, les écrivains qu'il cite le plus fréquem- ment , etsur quiil s'appuie avec le plus de complai- sance , tels que le citoyen Camus, dans ses com- mentaires sur l’histoire des animaux d’Aristote, ne font pas encore autorité dans la littérature. Villsbrune n’a pu dissimuler que le travail d'Adam, depuis long-temps connu de réputation, lui a été communiqué sans réserve. Il s'annonce pour ayoir "866 Littérature grecque. + collationné soigneusement tous les manuscrits d’Athe- née, acluellement existans dans la bibliothèque, dont le soin lui est présentement confié ; il prétend eu avoir trouvé deux qui sont d’une grande utilité, quoique nous ne voyons point que lui-même en ait tiré dix variantes tant soit peu intéressantes. De x ou sept mille, soit correchons, soit expli- cations , soit remarques, sur le texte d’Athenée, dues à Casaubon , il n’y en a peut-être pas quatre cents dont le traducieur n’ait profité comp'ètement. Parmi celles qu’il s’est permis de critiquer , qu’il a prétendu réfuter , et dont le nombre, comme on vient de dire, ne s'élève peut-être pas à plus de quatre cents, il n’en est pas vingt qu'il ait juste- ment altaquées. A Ja troisième page de l’avertissement, le citoyen Villebrune dit: Casaubon sé comporte , à l'égard de Dalechamp ; comme ün crocheteur des ports, l'appèle vesanum , insanum , Tiresiam , etc. D'abord , on peut défier Villebrune de citer un seul passage où Casaubon ait appliqué à Dalechamp les épithètes de vesanus , insanus ; dans le sens où le dit Villebrune. Si , en quelque endroit, Casau- bon s’est permis de dire que les interprètes , en général , plutôt que Dalechamp en parti- culier | lui paroissoient ressembler à Tirésias ; cette manière de s'exprimer, qui, en latin, esten- core,moins aigre et moins piquante qu’elle ne le pourroit paroiltre en français , n’est nullement une injure de crocheteur. D'ailleurs, ce reproche.même prouveroit que Viilebrune a lu le commentaire de | Traduction dAthenée. 367 GCasaubon avec trop peu d’attention. La chaleur, qu’en certaines occasions, assez rares ,; Casaulon semile avoir mise dans ses expressions | tombe dés observa'ions critiques qui avoient été ha-. sar dées contre lui-même avant la publication de son commentaire , lequel ne parut point en même- temps que son édition du texte même d’Aihenée. Daus le même avertissement, on lt en ore : « Casaubou, qui réunissoit une éfudition fort éten- » due , done très-mal digérée, convient lui- » même qu'il s'est quelquefois endormi dans la » SAS carrière qu'il a parcourue avec Athenée , # Liv. I, ch..@& Les savans de nos jours, qui veu- » leñt, avec raison , des closes et non des mots, » ont avoué que cet infalisable compilateur avoit » que trop souvent Gormi., » Casaubon n’a point dit ce que le traducteur lui attribue ici; seulement dans un endroit il se permet de relever une erreur de Turnêbe, dont , par-tout ailleurs, il ne Be jamais qu'avec éloge et respect ; pour éviter le soapçon de q:elque malignité, il ajoute , ce qui auroit dû servir de lecon au traducteur: Negue hoc dico, ut magni virt, guos veneror , manels violem : pyrsre @ihoy Ati Tarot yévosro ? sed ut œguioribus doctis viris utar DR: guando in tam lonço opere somnus irrepens nos opprimat. Tout le reste de ce que centient cet avertissement, sur le compte de Casaubon, est absolument et dir, cteiment contraire à la vérité. Il n’y a pas un seul des philologues modernes, les plus estimés , tels que Valekenaëg , Rhuackenius, 368 Littérature grecque. Heyne , etc., qui n’aient parlé de Casaubon avec Pestive et le respect dus à sa mémoire. On n’en ex- cepte pas Tib. Hemsterhuys et Pearson, cités par le tradu teur, et qui , lorsqu'ils ont relevé quel- ques erreurs de ce grand homme , n’en ont pas moins rendu justice à son incomparable mérite , et parti ulièrement à ce que le traducteur avance au sujet des citations d2s manuscrits de Strabon. Que Pon ouvre le premier volume de la nouvelle édition de Strabon, commencée par le savant Bréquigny , on y trouvera , presque à cha=ue page, la preuve que Casaubon , par une sagacité toute particulière, avoit deviné la plupart des lecons qui se trouvent dans le précieux manuscrit , rapporté d’Orient long-temps après sa mort, par l’albbé Sevin. Mais jusiüfons, pair des res arques particulières, le Iu9e- ment que nous venons de porter de cette traduction d’#thenée. | A Pag. 28. Il suffit de ‘eter un coup-d’œil sur la dispo- sition de la version du citoyen , pour se convaincre qu’il a tres-mal compris le sens de toute la citation du passage de Platon le comique. Visiblement il ttribue à ce po'te même la majeure partie des frao- mens d’un poïme de Philoxène de Leurade, que Platon le comique faisoit lire par un des interlocu- 03 teurs qui dialoguoient , dans la scène citée par Athe- née. On est fondé aussi à croire que Villebrime n’a point reconnu des vers hexamètres dans ces frag- mens de P ïiloxène, lus par l’un des interlocuteurs ; car, dans une note, dent il lui plait faire Lo'meur à Adam, jour distinguer lé poëte Pailosène de Leucade, nn 6 (4 _ Traduction d'Athenée. - 369 Leucade , cité ici par ‘Athenée > d’après Platon le comique , du poëte Philoxène de Cytière, il dit ex- pressément que Philoxène de Cythère avoit écrit en vers hexamètres. Il dit : Un autre Philoxène de Cythère , également ami de La table | & écrit envers hexamètres. Il ne faut pas les confondre. Adam. Nous ne connoissonsle travail d'Adam que sur la foi du citoyen Villebrune. Mais soit qu'Adam eût commis réellement > OU non, cette erreur, il est certain que le citoyen Villebrune n’auroit pu adopter une pareille note, s’il se fût apperçu que les frag- mens de l’ouvrage de Philoxène de Leucade , que lisoit un des interlocuteurs de la scène de Platon le comique , étoient écrits en vers hexamètres. On est également étonné de Pobstination du tra- ducteur à soutenir le contre-sens palpable que pré- senite sa version du dernier vers, lorsu’il veut absolument que ces mots : cwoprios dé TUUTEIÉYE Corvuare) 3 roy Th@XTOY UrEeAË&y doivent signifier : Quant au Scorpion de mer, appliqué en pes- saire ; il calme aussi les sens ; et en note : C’est EN vain qu'on veut trouver ici une allusion à La peine de l’adultère, dont Æristophane , Catulte et Juvenal ont parlé. 1 Jaut prendre le sens littéral ( V. Pline 511.52, chto Le SCOrpion marin & réellement Passé pour avoir une vert calmante, appliqué en cataplasme. Pour nous, il nous semble évident qu'il s’agit ici précisément de cette peine de Padulière, dont parlent Aristo- planes, Catulle et Juvenal, Les termes: ze Fpux Toy Tome III À a ‘ 370 Littératuré grécqué. urehbay, ne peuvent signifier : appliqué ‘en pes- satire. D’ailleurs, très-positivement Pine , à l’en- droit cité , ne dit rien de ce que le traducteur lui fait dire. Nicomède ( p.35 ), alors très-éloisné de la mer, avoit grande envie de manger d’un petit poisson qu’on appelle aphye. Son cuisinier , ne pouvant en avoir, contrefit si bien ce poisson , que Nicomède y fut trompé. Voici comment Euphron fait parler un cuisinier, à ce sujet, dans une de ses pièces : « Je suis élève du fameux Sotéride, cuisinier du » roi Nicomède. Ce prince , étant à douze journées » de la mer, désira de manger de l’aphye. Soté- » ride, au milieu de l’hiver, lui en servit, pour » La première fois ; une si délicate, que tout le » monde en publia la bonté. » Et en note : Je con- serve Prooton que Casaubon veut changer de la manière la plus absurde. J’auteur veut dire que jamais on ne s’étoit avisé d’un pareil stratagème. Adam lisoit Prootos ; mais gardons le têxte.. Nous restons persuadés que la faute est toute en- tière du côté du traducteur , qui, d’ailleurs, après avoir dit : Gardons Le texte, cependant le boule- verse pour en tirer le sens que présente sa ver- sion, telle qu’elle est. Casaubon soupçonne que, dans le texte, rpo7ov est altéré, et propose de lire pos gpxror, vers Le Nord. De manière que le sens du passage seroit : Je suis élève de Sotéride , qui , vorant que Nicomède, en un lieu éloigné de la mer de douze jourrées de chemin , au fond du Nord, désiroit de manger une 1! Traduction d’Athenée. 371 aphye, au milieu de l’hiver , lui en servitune à la vue de laquelle tous les ass'stans enchantés se récrièrent. Assurément, rien de moins absurde que de supposer un pareil sens. On voit que le poête insiste sur ce que la scène se passoit en hiver ; c’est ajouter à espèce de miracle , que dire de plus au fond du Nord. Cette idée est même confirmée par tout ce qu’Aristote ( Hist Anim. Lib. VE, cap. XV, pag. 872. À ) dit: sur la manière dont s’engendroient les aphyes. Sur quoi nous observerons , en passant , que le citoyen Can us, dans ses notes sur le passage d’Arisiote | dont nous voulons parler ici, s’est exprimé d’une étrange ma= nière. Ce citoyen paroît d'abord avoir ignoré qué Salamine étoit une ïile ; ensuite avoir cru que le Pyrée appartenoit à Salamine, et qu’elle étoit située à l'occident, non à l’orient de PAttique. « Les aphyes , dit-il ( Tom. II, Pag. 99), se forment dans les lieux ombragés et marécageux, lors- gue les jours sont beaux et sereins. On Le voit aux environs d'Athènes, de Salamine , vers cette partie du Pyrée qui porte le nom de Thémistocle : à Marathon»£ten note: Salamine et le Pyréeétoient sur Ja côte orientale de PAttique ; Marathon, sur la côte occidentale. | Le traducteur paroît avoir ienoré qu’en une infi- nité d’endroits , pour ne pas dire ha) ituellement , les particules 4: et #2 sont purement ce qu’on appelle explétives , et par conséquent , ne peuvent ni mêie ne doivent pas être rendues dass notre langue , qui n’a aucun moyen d’y répordre. l'resque à a a 372 Littérature grecque. toutes les fois qu’il rencontre de ces particules au commencement d’une phrase , il ne manque guère de chercher à les rendre par quelque m@4s ou or, ce qui lie après le reste de sa phrase à ce qu’il a dit précédemment, bien que la plipart du temps, ce qui a précédé n'ait, en aucune manière, rapport avec ce qui suit. C’est particulièrement dans les deux premiers livres, qui sont composés unique- ment d’excerpta , totalement coupés , et indépen- dans les uns des äutres , qu’on ne sauroit nombrer les niaiseries que présentent ces mais et ces or, employés par le traducteur, pour répondre aux particules dé où #2, lorsqu'il les rencontre dans le texte. Voyez page 37, et ailleurs. MÉLANGES. Force à Montbart en 1785 ; par HrRAuLT- S'ECHELLE. € / J'avars eu une extrême envie de connoître M. de Baon. Instruit de ce désir , il voulut bien m'écrire uve lettre très-honnête, où il alloit [lui-même au-de- vant de mon impatience , et m’invitoit à passer - dans son château le plus de temps qu'il me seroit possible. Il est à propos, comme on le verra dans un mo- ment, que je fasse ici mention de la lettre que je lui Foyage à Mbntbart. 373 répondis. Elle finissoit Par res mots : « Mais quelle. ” que soit mon a idité, M. le comte, de vous voir » et de vous entendre, Je respecterai vo: oCCupations, » c’est-à-dire, une grande partie de votre Journée. Je » Sais que, tout couvert de gloire, vous travaillez ? encore ; que le :énie de la natura monte avec le » lever du soleil au haut de la tour de Monibart, et » n’en descend souvent que le soir. Ce n’estiqu’à cet » instant , que Jose solliciter l'honneur de vous en- » lretenir et de vous con:uiter. Je regarderai cette » époque come la plus glorieuse de ma vie, Si vous » voulez bien m’lonorer d’un peu d'amitié, si l’én- » terprète de La-nature daisne que'quefois commu » miquer ses pensées à celui qui devroit être l’inter- » prête de la société. » Je me rendis en effet à Montbart 5 Mais, à mon passase à Sémur, qui nn est distant que de trois lieues, j’appris que M. de Buffon enduroit des douleurs de pierre e: cessives » qu'il srincoit des dents et frap- poit du pied, lui qui a toujours affecté d’être plus fort que là douieur ; qu’il étoit enfermé dans sa chambre : et ne vouloit voir absolument pe Sonve, pas même ses gens ; qu'il ne souflroit auprès de lui aucun de ses parens, ni sa sœur, ni son b.au-frère ; et qu'il per- mettoit tout au plus à son fils d'entrer pendant quel- ques minutes. Je ; ris donc le parti de rester quelques Jours à Sémur, n’osant pas même envoyer savoir des nouvelles du malade, de peur d’être importun en lui aunoncant mon arrivée. Maloré mes précautions je ne restai que trois jours V à Séinur. M. de Bufon apprit, par une lettre de Æ a 374 Mélanges. Paris, que j’étois parti pour sa terre ; ; il eut aussitôt, au milieu même de ses Couleurs, l’attention de m’en- yoyer un exprès, de me faite de que , quoiqu'il ne vit personne, il vouloit me voir ; qu’il n'attencdoit chez lui, et me recevroit dans l’intervalle de ses souffrances. Te paris à l'instant. Quelle paloitation de Joie me saisit, lorsque ; ’apperçus de loin la tour de Montbart, 1 terrasses et les jardins qui lenvi- ronnent ! J’observois la position des lieux , la colline sur laquelle cetie tour s'élève, les montagnes et les coteaux qui la dominent, les cieux qui ia couvrent. Je cherchois le château de tous mes yeux. Je n’en avois pas assez pour voir la demeure de l’homme cé- 1èbre auquel j’allois parler, On ne peut découvrir le chäteau que lorsqu'on v est ; mais, au lieu d’un chà- teau |; vous vous aasieerté entrer dans quelque maison de Paris. Celle de M. de Buffon n’est annoncée par rien ; elle est situe dans une rue de Montbart qui est une petite ville. Au reste, elle a une très-Lelle apparence. En arrivant, je trouvai M. le comte de Buffon fils jeune oficier aux gardes, qui vint à ma rencontre et me conduisit chez son père (r). De quelle vive émo- tion jétois pénétré en moutant les escaliers , ‘en tra- (1) IF a péri sur l’échafaud, qx uelques jours avant le 9 ther- midor, en prononcçant ayec fade el avec dignité > ces mots : citoyens, je me nomme Buffon. Quoiqu'il pât dire avec Hy- polite : k Et moi fils inconnu 5 un si glorieux père : ces mots prouvent qu’il avoit l’ame élevée et la conscience du respect que son nom devoit inspirer à tout autre qu'à des assassins et à des bourreaux. A. L, M. Voyage à Montbart. 875 versant le salon , orné de tous les oiseaux enluminés, tels qu’on les voit dans la grande édition de l’histoire naturelle! Me voici maintenant dans la. chambre de Buffon : il sortit d’un: autre pièce ; et je ne dois pas omettre une circonstance qui m’a frappé , parce qu’elle marque son caractère : il ouvrit la porte ,-et quoiqu'il sût qu’il y avoit un étranger dans son appar- tement, 1l se retourna fori tranquillement et fort- long-temps pour la fermer , ensuit: il vint à moi. Seroit-ce un esprit d'ordre qui met dans tout la même exactitude ? C’est la tournure de M. de Buffon. Seroit- ce le peu d’empressement d’un homme qui, rassasié d’hommages, les attend pluiôt qu’il ne les recherche? On peut aussi le supposer. Seroit-ce enfin la petite adresse d’un homme célèbre , qui, flatté de l’avidité qu'on témoisne de le connoître | augmente encore avec art celte avidité en reculant, ne fût-ce que d’une minute, celte même mioute où il satisfait votre désir, et se prodigue d’autant moins que vous le poursuivez daveuiage? Cet artifice ne seroit pas tout-à-fait in- vraisemblable dans M. de Buffon. Il vint à moi ma- Jestueusement, en ouvrant ses deux bras 5 je lui ba!- butiai quelques mots, avec Pattention de dire toujours, M. ïe comte ; car c’est à quoi il ne faut pas manquer: où m’avoit prévenu qu’il ne haïssoit pas cette manière de lui adresser la parol® ; il me répondit, en m’em- brassant : « Je dois vous regarder comme une ar- » cienne ConnoIssaace , Car vous avez marqué du désir » de me voir, et j’en avois aussi de vous connoitre. IL » y a déjà du temps que nous nous cherchons. » Je vis une belle figure, noble et talme. Ma!sré A a 4 376 Mélang es. son âge de 78 ans, on ne lui en donneroit que soixante ; et ce qu'il y a de plus singulier c’est que, venant de passer seize nuits sans fermer l’œil, et dans des souffrances inouies qui duroient encore , il étoit frais comme un enfant, et tranquille comyne en santé. On m'assura que tel étoit son caractère. Toute sa vie il s’est efforcé de paroïtre supérieur à ses propres aflections. Jamais d'humeur , jamais d’impatience. Son buste, par Houdon , est celui qui me paroît le plus ressemblant ; mais le sculpteur n’a pu remdresur la pierre ces sourcils noirs qui ombragent des yeux noirs très-actifs, sous de beaux cheveux blancs. Il étoit frisé lorsque je le vis, quoiqu’il füt malade. C’est ià une de ses manies, et il en convient. flse fait mettre tous les jours des papillottes, qu’on lui passe au fer plutôt deux fois qu’une ; du moins autrefois, après s'être fait friser le matin , il lui &rivoit très- souvent de se faire encorc f iser pour souper. Cn le coëffe à cint petites boucles flottantes ; ses cheveux, attachés par derrière , pendoïent au milieu de sondos. Tl'avoit une robe-de-chambre jaune , parsemée de rayes blanches et de fleurs bletes. Il me fit asseoir , me parla de son état, me fit des complimens sur le peu d’indulgence dont il prétendit que le public me favorisoit : , sur Péloquence, sur les di ISçours oratoires. Pour moi, je Pentretenois de sa gloire , etne me las- sois point d'observer ses traits. La conversation étant tombee sur le benieur de connoitre jeune l’état au- quel on se destine, il me récita sur-le-champ deux pages qu’il avoit composées sur ce sujet, dans un de ses ouvrages. Sa manière de réciter e:t infiniment _ us 1 Voyage à Montbart. 377 simple et commune, le ton d’un bonhomme, nul ap- 0m levant iibnent tantôt une main , fa: List ‘une A1u- me. > disan! comme les choses lui viennent, mélant cu queltues réfle: ions, Sa voix est assez forte pour son âge, e elle est due extrême familiarité ; et en général, quand ;l parle, ses yeux ne fi ent rien , ils errent au hasard, soit parce : w’il a la vus basse, soit plutôt parce que c’est sa manière. Ses mots favoris Sont {out ca et pardieu, qui reviennent continuel- lement; sa conversation paroit n’avoir rien de saillant, mais, quand on y fait attention, on re marque qu " par le bien » Qu'il y a même des choses très-bien expri- mées, et que, de temps en temps, 1l y sème des vues de ee Un des premiers traits de son caractère, c'est sä vauité. Elle est complète, mais franche et de bonne foi. Un voyagéur (M. Target ) disoit de lui : voilà un homme qui a beaucoup de vanité au service de son orgueil. ‘On sera curieux d’en connoître quelques traits. Je lui disois qu’en venant le voir, j’avois beaucoup lu ses ouvrages. — « Que lisiez-vous ? me dit-il. » — Je répondis : « les Vues sur la nature. » « Il y a là, repliqua-t-il à l’instant, des morceaux de la plus haute éloquence! » Ensuite il parla nouvelles et politique, contre son ordinaire , ce qui lui donna occasion de me faire lire une lettre qu'il venoit de recevoir de M. le cornte de Maillebois sur les événemens de la Hol- lande. Tien vintun moment après à la mort du pauvre M. Thomas , pour me faire lire une lettre que son fils avoit reçue de Madame Necker, lettre étrange, où Madame Necker paroit déjà ésiholée de la per te de 378 Mélanges. son ami intime, mal.ré lai, hase et l’entlousiasme qu’elle met à la décrire , en s'appuyant sur M. de Buffon qu’elie célèbre avec plus d’empsase encore. - Il y a une phrase qu’il me fit remarquer avec com- plaisance. Madame Necker, mettant un moment em para lèle ses deux amis,dit, en parlant de M. Thomas : l’homme de ce siècle ; et en parlant de M. de Buïüon: l’homme de tous Les siècles. Le comte äe Bufjon, fils, venoit d’élever un monu- ment à son père, dans les jardins de Montbart ; auprès de la tour, qui est d’une grande élévation, il avoit fait placer une colonne , avec cette inscription : Excelsæ iurrs, humilis columna. Parents suo , filius Buffon, 1785. À LA HAUTE TOUR, L’HUMBLE COLONNE. À SON PÈRE, BUFFON , FILS à 1765. On m’a dit que le père avoit été attendri jusqu'aux larmes, de cet hommage. T1 disoit à son fils : Mon fils, cela te fera honneur. II termina poire pre vière entrevue, parce que ses douleurs de pierre lui reprirent ; il :1’ajouta que son: fils alloit me mener par-tout, et me feroit voir les jardins et a colonne. Le jeune comte de B/:ffon me conduisit d’abord dans toute ja maison, qui est très- bien tenue, fort bien meublée ; on y compte douze anpartemens complets ; mais elle est bâtie sans réeu- larité ; et quoique ce défaut dût la rendre plutôt com- mode que belle, el'e à encore de la beauté. De la maison, nous parcourumes les jardins qui s’éièvent au-dessus. Ils sont composés de treize terrasses , aussi irrégulières dans leur genre que la maison, mais d’où Voyage à Montbar. 379 Les on découvre une vue immense, de masnifiques as- _ pecis, des prairies cou pées par des rivières , des Vigno- bles, des coteaux Drillans de culture, et toute la ville _ de Montbart ; ces jardins sont mélés de plantations de quinconces de pins, de platanes , de sycomor®s, des charmiiles, et toujours des fleurs parmi les arbres. Je vis de grandes volières où Buffon élevoit des oiseaux étrangers, qu’il vouloit étudier et décrire ; je vis aussi la place d’une grande fosse qu’il avoit comblée , et où il avoit nourri long-temps des lions et des ours. Je vis enfin ce que j’avois tant désiré de connoitre , l&cabinet où travaille ce grand homme ; il est dans un pavilon que l’on nomme la tour de Sasnt-Louëis. On monte un escalicr, on entre par une porte ‘verte à deux battans , mais on est fort étonné de voir la simplicité du laboratoire. Sous une voûte assez haute, à-peu-près semblable aux voutes des églises et des anciennes cha- pelles, dont les murailles sont peintes en vert, il a fait porter un mauvais secrétaire de bois au mil'eu de la salle qui est carrelée, et devant le secrétaire est un fauteuil ; voilà tout. Pas un livre , pas un papier. Mais ne trouvez-vous pas que cette nudité a quelque chose de frappant? On la revêt des belles pages de Buffon, de la magnificence de son style et de Padi- ration qu’il inspire. Cependant ce n’est pas là le cabi- net où il a le plus travaiilé ; il n’y va guère que dans la grande chaleur de l'été, parce que lPendroit est exbrémement froid. Il est un autre sanctuaire où il a composé presque tous ses onvrages, le berceau de l'Histoire naturelle , comme disoit le prince Henre qui voulut l'aller voir,:toù Jean-Jacques Rousseau 3680 Mélanges. se mit à genoux et baisa le seuil de la porte. J’en par- lois à M. de Bxffon. Oui, me dit-il, Rousseau Vi fit un hommage. Ce cabinet a, comne le premier, une porte verte à deux battans. Il y a intérieurement un pa avent à chaque côté de la porte. Le cabinet est carrelé, Loisé et tapissé des images des oiseaux et de quelques quadrujèdes de l’histoire naturelle. On y trouve un canapé, quelques chaises antiques couvertes de cuir noir, une tablé sur laquelle sont des manus- cris, une petite table noire ; voilà tous les meubles. Le secrétaire où il trava lle, est dans le fond de l’ap- partement anprès de la chemiate. C’est une pièce grossière de bois de noyer : il éioit ouvert ; on ne voyoit que le manuscrit dont B4ffon s’occupoit alors, c’éloitun Traité sur l’aimant ; a côté étoit sa plume, au-dessus du secrétaire éivit un bonnet de soie grise, dont il se couvre. En face, le fauteuil où il s’assied, antique et mauvais fauteuil sur lequel est jetée une robe d NE bre rouge à raies blanches. Devaiit lui, sur 11 muraille , la gravure de Newton. Là, Buffon a passé la st AT et la plus belle portion de sa vie. Là, ont été enfants presque tous ses ouvrages. En eflet, il a beau:oup habité Monthart, et il y restait huit mois de l’année ; c’est ainsi qu’il a vécu pendant plus de quarante ans. IL alloit passer quatre mois à Paris, pour expédier ses affaires et celles du Jardin- du-roi, et venoit se jeter dans l’étude. Il m’a dit lui- méme que c’étoit son plus grand plaisir , son goût domivant , joint à une passion extrême pour la gloire, Son exemple et ses discours m'ont confirmé, que qui veut la gloire passionuément, finit par Pobtenir, AAC Voyage à Montbart. JOI du du moins en approche de bien près. Mais il faut Vouloir , et non pas une fais ; il faut vouloir tous les Jours. J’ai oui dire qu’un homme qui a été maréchal de France et grand général, se promenoit tous les Matins un quart d'heure dans sa chambre , et qu’il employoit ce texups à se dire à lui-même : Je veux être maréchal de France et grand général (1). M. de Buffon me dit à ce sujet un mot bien frappant, un de ces mots capables de produire un homme tout entier. Le génie nest qu’une plus grande aptitude à la patience. Il suffit en effet d’avoir recu cette qualité de la nature : avec elle on regarde long-temps les objets , et l’on parvient à les pénétrer. Cela revient au mot de Newton. On disoit à ce dern'er > Comment avez-vous fait tant de découvertes? — Æhn cherchant tou;ours > répondit-il ; et cherchant patiemment Remarquez que le mot patience doit s'appliquer à tout: patience pour chercher son objet, patience pour résister à tout ce qui s’en écarte , patience pour souffrir tout ce qui ac-ableroit un homme ordivaire. Je tirerai mes exemples de M. de Buffon lui- même. Il rentroit quelquefois des soupers de Paris A à deux heures après minuit, lorsqu'il étoit Jeune , et à cinq heures du matin un savoyard venoit le tirex par les pieds, et le mettre sur le carreau , avec ordre de Jui faire violence, dût-il se ficher contre lui. Il m°a dit encore qu’il travailloit jusqu’à six heures du soir, j'avois alors, me dit-il, une petite maitresse que j’adorois , eh bien; je me for- {1) Ne seroit-ce pas M. de Belle-Isle ? Mote de l’éditeur. 382 Mélanges. çois d’attendre que six heures fussent sonnées pour Pal'er voir, souvent même au risque de ne plus la trouver. À Montbart, après son travail , il faisoit venir une petite fille , car 11 les a toujours beau-oup aimces, mais il se relevoit exactement à cinq heures. Il ne voyoit que des petites filles, ne voulant pas avoir de femmes qui lui d‘pensassent son temps (1). Voici maintenant comment il distribuoit sa journée, et on peut même dire comment il la disiribue encore. À cinq heures, il se lève, s'habille , se co‘ffe, dicte ses lettres, règle ses affaires. À six heures, il monte à son calinet qui est à l’extrémité de ses jardins, ce qui fait presque un demi-quart de lieue , et la distance est d’autant plus pénible qu’il faut toujours ouvrir des grilles , et monter de terrasses en terrasses. Là , ou il écrit dans son cabinet, ou il se promène " (1) M. de Buffon a toujours été fortement occupé de lui- même , et préférablement à tout le reste. Comme Je savois que beaucoup de femmes avoient reçu son hommage, je de- mandois si elles ne lui avoient pas fait perdre de temps. Quelqu’un qui le connoissoit parfaitement , me répondit : M. de Buffon a vu constamment trois choses avant toutes les autres ; sa gloire sa fortune el ses aises. Il a jresque toujours réduit l’amour au physique seul. Voyez un de ses discours sur la nature c'es animaux, où, après un portrail pom- peux de l’amour , il l’anéantit d’un seul traitet le dégrade en prétendant prouver qu'il n’y a que du physique, de Ja vanité, de lamour-propre dans la jouissance. C'est là qu'est son invocation à l’amour. On l’a mise à côté de celle de Lucrèce , me dit-il , un jour. Les femmes lui en ont voulu à la mort, de cet effort ou de cet abus de raison. Madame de Pompadour lui dit à Versailles : vous êtes un joli garçon. Voyage à Montbart. 383 dans les allées qui l’environnent. Défense à qui que ce soit de l’approcher : il renverroit celui ‘dé ses gens qui viendroit le troubler. Sa manière est de relire souvent ce qu’il a fait, de le laisser dormir pendant quelques jours ou jendant quelques temps; cl importe, me disoit-il, 4e ne pas se presser : on revoit alors les objets avec des yeux plus frais, et l’on y ajoute, ou l’on y change toujours. Il écrit d’abord : quand son manuscrit est trop chargé de ratures il le donne à copier à son secrétaire jusqu’à ce qu’il en so't content. C’est ainsi qu’il a avoué au théologal de Sémur, homme d’esprit et son ami, qu’il avoit écrit dix-huit fois ses époques de la na- ture , ouvrage qu’il méditoit depuis cinquante ans. Je ne dois pas oublier de dire que M. de Buffon, qui a beacoup d'ordre , a placé ainsi son cabinet loin de sa maison non-seulemment pour n’être pas distrait(r) ; mais parce qu’il aime à séparer ses tra- (x) A l'égard de ces complaisans , de ces courtisans , de ces adorateurs , j’ai une réflexion à faire que je n'ai lrouvée nulle jart. Outre qu’il est bien difücile à un grand homme de vivre sans cette espèce de cercle qui s’attache à lui natu- rellement , soit par la curiosité ; par l’admiration , par l’era vie de l’imiter , comme font les jeunes gens , soit par la væ nité, et l’idée que l’on est quelque chose lorsque l’on tient du moins à un grand homme , ne pouvant l’étre soi-même ; pour moi , Je ne suis pas révolté de voir un tel homme aimer à élire entouré. Je ne dirai pas seulement, c’est une conso!a- tion de ses eHorts , un adoucissement à ses fatigues , une res- source qui lui rappelle sans cesse la gloire au milieu même de ses maux et de ses souffrances ; je dirai de plus, c’est un encouragem:nt mème pour ses études , et 1] seroit possible - 384 Mélanges. vaux de ses affaires. « Je brüle tout, me ditsoit-il g » on ne Me trouvera pas un papier quand je mourral, » J'ai pris ee parti-là, en cousidérant qu’autrement » je ne m'en tirerai jamais. On s’enseveliroit. sous » ses papiers. » Il ne conserve que les vers à sa louange , dont j'aurai oc-asion ‘le- parler dans un no:xent. Auss, dans sa chambre à coucher , on re trouve que son lit qui est, comme la tapisserie , de satin blanc asec un dessin de fleurs, Auprès de la cheminée es! un secrétaire , où l’on ne voit auprès du tiroir d’en-haut qu’un livre, qui est apparemment son livre de penses. Auprès de son secrétaire , qui est toujours ouvert, est le fauteuil sur lequel il est toujours assis, et dans un coin de la chambre est uie petite tabl. noire pour son copiste. Il ne prend la plume que lorsqu'il a long-temps médité son sujet ; et encore une fois, n’a guère d'autre pa:ier que celui sur lequel il écrit. Cet ordre de papiers est plis nécessaire qu’on ne croit ; M. Nec- ker le recommande avec soin dans son livre ; labbé Téerray le pratiquoit de même. L'ordre que lon coutesnple auteur de soi se r'pand, en effet, sur nos productions. Si un écrivain aussi célè: re , etsur-tout qu’il en reçût une nouvelle facilité. Ces admirateurs vous rappellent sans cesse la ;résence de votre génie et de votre grandeur. Duitleurs, il est de fait que l’on a plus de supériorité avec ses inférieurs eux-mêmes; on a remarqué que la con- versation devenoit plusriche, plus libre, lus abondante ; il ÿ plus d'aisance dans les manières , et la liberté y fait beaucoup. Ainsi, loin de trouver une pelitesse dans le cortège qui peut environner un mme célèbre , J'y découvre sou- vent une excuse , et un moyen d’être fidèle à sa renommée. St Voyage à Montbart. 385 si deux contrôleurs - généraux aussi laboriéux , ont donné un pareil exemple , il seroit bien dite qu’il restât des préter'es pour ne point Pimiter. Je Fons journée d: Bxffon. An uf heures, on lui apporte à déjeüner dans son cabin 1, où , quel- quefois , il :e prend en s’ha!illant. Cé Habates est composé de deux verres de vin, ét d’un morceau de pain ; il travaille ensuite jusqu’à une ou deux heures. Il revient alors daus sa maison. 11 dine, il aime à diner long-temps ; c’est à diner qu’ils net son es; rit et son génie de côlé ; là, ils TONER à toutes les gaietés, à toutes les folies qui lu passent par la tête. Son grand plaisir est de dire des polissonneries, d'autant plus plaisaänies qu’il reste toujours dans le calme de .son caractère , que son rire, sa iei lesse forment un contr:ste piquant avec l: sérieux et la gravité qui lui sont natur.lles, et ces plaisanteries sont souven: si fortes que les femines sont cbligées de déserter. En général, la conversation de Buffon £ est tres-négligée (r). On le lui a dit, et il a répordu Go) Sa mavière est ordinairement peu de suite ; il aime mieux les conversations coupées. Il est une raison de cette manière de converser , que l’on peut alléguer eu faveur des gens de lettres: Premièrement, ils n’ont plus , comme autre- fois , cette habitude qu’avoient les philosophes de converser sous des rlaianes avec leurs disciples , el de rendre eomite dedeurs idées. En second lieu, leurs idées sent bien plus come binées et plus ré échies que celles des. philosoyhes anciens. On a besoin de pensées neuves; le Jecteur et les auditeurs les demandent , lhomme de génie inméxorable pour lui-même $ ge se permet dune qu’un ; elit nombre de phrases, qu’il place de lemps à au re dans sa conversation , à moins qu’il ne soit Tome LIL. 2 B b 366 Mélanges. que c’étoit le moment de son repos, et qu’il im< portoil pedque ses paroles fussent soignées ou non, Ce nest pas qu’il ne dise d’excellentes closes, quand on le met sur l’article du style ou sur Pistotre na- turelle ; il est encore très-intéressant quand il parle de lui, il en parle souvent avec de grands éloges. Pour moi, qui ai été témoin de ses discours, Je vous assure que loin d’en être choqué , j'y trouve du plaisir. Ce n’est point orgueil, ce n’est point vanité ; c’est sa conscience que l’on entend, il se sent, et se rend justice. Consentons donc quelquefois d’avoir de grands hommes à ce prix ; tout homme qui n’auroit pas le sentiment de ses forces, ne seroit pas fort. N’exigeons pas des êtres supérieurs une modestie qui ne pourroit être que fausse. Il y a peut-être plus d’esprit et d'adresse à cacher , à voiler son mérite ; il y a plus de bonhomie et d'intérêt à le montrer. Au reste, il ne se loue pas, il se juge ; il se juge comme fera la postérité, avec cette différence qu’un auteur a plus que qui que ce soit le secret de ses productions. Il me disoit : « J’apprends tous les jours » à écrire; ily a, dans mes derniersouvrages , infi- » niment plus de perfection que dans les premiers. » Souvent je me fais relire mes ouvrages, et Je » trouve alors des idees que je changerai, ou aux- » quelles j’ajouterai. Il est d’autres morceaux que » je ne ferois pas mieux.» Cette bonne foi a quelque chose de précieux , d’original, d’antique et de sé- duisant. On peut , d’ailleurs , s’en rapporter à M. de frappé , entraîné par l’attrait de quelque vue soudaine qui de domine, et dont il ne puisse éluder l’ascendant. Voyage à Monthart, 387 Buffon ; personne n’est plus sévère que lui sur le style , sur la préc sion des idées, qu’il regarde comme le premier caractère du grand écrivain , sur la ius- tesse et la correspondance exacte des contrastes que les idées demandent entr’elles pour se faire valoir, ou des développemens qu’elles exigent , pour se ma mifester. Je lui ai entendu discuter des pages entières, avec une raison, un sens admirable ; mais en même- temps avec un sens inexorable. « J’ai été obligé , me » disoit-il, de prendre tous les tons dans mon ou- » vrae; il importe de savoir à quel degré de l'échelle >» il faut monter.» Par une suite naturelle , il exige dans un auteur de la bonne foi, de la lienséance dans la suite de ses opinions, et sur-tout qu’il soit conséquent. Il ne pardonne pas à Rousseau ses con- tradictions ; ainsi, l’on peut dire qu'il calcule sa phrase et sa pensée comme il calcule tout ; qualité remarquable qui a pu naître de ses connaissances dans les mathématiques, et de Phabitude de les expliquer. Il m'a dit qu’il les avoit étudiées avec soin et de bonne-heure ; d’abord , dans les écrits d’Euclide ; et ensuite dans ceux du marquis de l’Hopital ; à vingt ans, il avoit découvert le binome de Newton, sans savoir qu’il eût été trouvé par Newton, et cet homme si vain ne l’a imprimé nulle part, j'étois bien aise d’en savoir la raison. « C’est, » me répondit-il , que personne n’est oblige de m’en » croire. » Il y a donc cette différence entre sa vanité et celle des autres , que la sienne a fait ses preuves, si l’on peut s'exprimer ainsi, Cette différence vient de la trempe de son ame, ame droite , qui veut par Bb 2 \ 388 Mélanges. d tout la bonne foi, et proscrit l’inconséquences Il me disoit, en parlant de Rousseau : « Je laimois assez 3 mais lorsque j’ai vu ses confessions , ÿ (2 j'ai cessé de l’estimer. Son ame m'a rérolté, et il » nrest arrivé pour Jean-Jacques le contraire de » ce qui arrive ordinairement. Après sa mort, J'ai » commencé à le mésestimer, » Jugement s'vère, je dirai même injuste, car j'avoue que les confessions de Jean-Jacques n’ont pas produit sur moi cet effet, et cependant j'ose penser que je suis tout aussi suscep- tible qu'un autre de Pndisnation qu’excite la mal- honnêteté. Mais il se pourroit que M. de Buffon n’eût pas dans son cœur l’élément par lequel on doit juger Rousseau ; je serois tenté de croire que la nature ne lui a pas donné le genre de sensibilité | nécessaire pour connoitre le charme, ou plutôt le piquant de cette vie errante, de cette existence abandonnée au hasard et aux passions. Ceite sévérité, ou plutôt ce défaut aul'se trouve peut-être dans l’amé de M. de Buffon , en annonce, sous un autre rap port, la beauté et même la simplicité. Aussi, par une suite naturelle, il est facile à tromper , quel que soit l’ordre extrême qu’il met dans ses aflaires, et on vient d’en avoir la preuve. | Il y a un an que le directeur de ses forges lui a fait perdre 120,000 livres. M. de B«J/on , depuis trois ans, avoit consenti à n’en être pas payé, et s’étoit abandonné à tous les prétextes et tous les sub- terfuges dont la fraude se coloroit. feureusement cet événement n’a point altéré sa sérénité, ni influé en rien sur sa dépênse et sur l’état qu’il en tient : il a dit Voyage à Montbart. 389 à son fils : « Je n’en suis fÂché que pour vous, je » voulois vous acheter une terre , et il faudra que je » diffère encore quélque temps. » Il a toujours une année de son revenu devant lui. On croit qu’il a cinquant: mille écus dé rntes : ses forges ont dû beaucoup l’enrichir. Il en sortoit tous les ans huit cents milliers de f.r ; mais il y a fait, d’un autre côté, des dépenses énormes, Cet établissement considérable lui a couté cent mille écus à créer ; elles languiesent aujourd’hui à cause durocès qu’il a aveccedirecteur. Mais ,lorsqwelles sont en activité, on y compte quatre cents ouvriers, Il n’est pas étonnant que M. de Buffon , avec une ame aussi simple, croie toùt ce qu’on lui dit; il ya plus , il aime à écouter les rappo ts et les propos. Ce grand !omme est quelquefois un peu commère ; du moins une heure par jour, il en faut convenir. Pen- dant le temps de sa toilette , il se fait raconter, par son perruquier ef par ses gens, tout ce «ui se passe dans Moutbart, toutes les histoires de sa maison. Quoiqu’il paroisse livré à ses hautes pensée, per- sonne ne sait mieux que lui les petits événemens qui lentourent. Cela tient aus i peu -étre au coût qu’il a eu toujours pour les femmes, ou plutôt pour les pôtites filles ; il aime la chronique scanda'euse ; et se faire instruire de cette chrpnique dans un petit: pays, c’est en apprendre presque toute l’histoire. Cetie habitude de petites filles, ou bien aussi la crainte d’être gouverné , a fat aussi qu’il a mis toute sa confiance dans une paysanne de Montbart, qu’il a érigée en gouvernante , et qui a fini par le gou- Bb 3 … 399 Metanges. verner ; elle se nümme mademoiselle Blesseau : cest une fille de quarante ans , bien faite, et qui a dù être assez joke. Elle est de; uis près de vingt ans auprès de M. de Buffon. Elle le soigne avec beaucoup de zèle. Elle participe à Padministration de sa maison, et, comme il arrive en pareil cas, elle est détestée des gens, Ils racontent que son tempérament et sa santé sont usés , parce que M. de Buffon Jui a souvent donné des drozues pour éluder la fécondité. Madame de Buffon, morte cepuis beaucoup d’années , n’ai- mot pas non plus eette file ; elle adoroit son mari, et l’on prétend qu’elle en étoit d’une jalousie extrême. Mademoiselle Llesseau n’est pas la seule qui com- mande à ce grand homme, Ti est un autre original qui partage Pempire , c’est un capuëin :'il se nomme le père Ze#nace. Je veux m’arrêter un instant sur l’histoire d’Jenace Prouxot, né à Dion. Ce moine possède éminemment l’art, précieux dans son ordre, de se faire donner, si bien que celui qui donne semble devoir lui en êre bien obligé. Ne me donne pas qui veut, dit souvent le père Ignace. Avec ce talent, il est parvenu à faire rebâtir la capucinière de Sémur. Ce mérite est assez ordinairement celui des gens d'église. Fai vu un curé, rival d’Ignace , dans ce genre de gueuserie; il ensorceloit de vieilles femmes , au point qu’elles se croyoient trop heureuses de lui donner ce qu’elles avoient , et souvent plus qu’elles n’avoient. Les gens d’un caractère semblable ont aussi de l’inteHigence. Ji: aiment à se mêler , ils ont de l’exactitude pour les aflüires et pour les commissions ; l’activité ne leur Voyage à Montbart. 391 est pas étrangère; ils sont aussi attentifs à ne pas déplaire aux laquais , parce qu'ils ont besoin de se faire pardonner les profits qu’ils leur dérobent , qu’à plaire aux maîtres dont ils s’occupent à capter les faveurs : tel est Ignace. Si vous voulez vous faire une idée de sa personne, vous vous représenterez un gros homme à tête ronde, à-peu-près s:mblable à un masque d’Arlequin de la comédie ilalienne, et cétte comparaison me paroit d'autant plus juste, qu’il parle précisément come parloit Carlin. Même accent , même patelinage. C’est à ce révérend père, curé de Buffon, village à deux lieues de Montbart, que M. de Buffon abandoune une grande partie de sa confiance , et même sa conscience, s’il suflisoit de s’en rapporter à l'extérieur. En effet, Ignace est le confesseur de M. de Buflon, il est tout chez lui, il s'intitule : Capucin de M. de Buffon. 11 vous dira, quand vous voudrez, qu’un jour M. de Buffon le mena à l’académie francaise , qu’il y attira tous les regards, qu'on le placa dans un fauteuil des quarante , que M. de Buffon , après avoir prononcé le discours, . le ramena dans sa voiture aux yeux de tout le public , qui r’avoit des yeux que pour lui. M. de Buffon Va oté comme son ami dans l’article du seren , il est aussi son laquais ; je l’ai vu le suivreen promenade, tout en clopinant derrière lui, parce qu’il est boïteux , ce qui faisoit un tableau à peindre , tandis que l’au- teur de l’histoire naturelle marchoit fièrement, la tête haute , le chapeau en l'air , toujours seul, _ daignant à peine regarder la terre , absorbé dans ses B b 4 L 7 * 392 Wélanges. ne pensées , semblable à l’homme qu'il a dépeint dans son jistoire de l’Aomme, sans doute d’après lui- même , (lk nait une canne dans sa main droite, et appu nt avec 1m ajesté Pautre main'sur sa : anche gasche. Je lai vu, lorsèu. les valets étoient absens, Ôter la semi ite à son maitre, et: la ptue table sur lasçuelle 11 venoit, d: d ner. Buffon lui répondoit : Je te remercie, mon cher enfant ;&t Ignace, preuant une humble af tude , avoitPair plus domes- tique que ‘es domestiques eux-mêmes. Ce méme Jgnace., capucin- Fa est encore le laquais-conf:sseur de M. de Buffon. I m'a conté qu'il y a trente ans, l’aute r des E ogues déve na'ure, sachant qu 1 >réchoit un caréi ae à Mont- ; Î bart, le fit venir au temps de Pâques ,"ët se fit con- ’ P 3 Û fesser par lui dans son laboratoire , dans ce même lieu où: développoîït le matérialisme ; dans ce même Lieu où Jean-Jacques dévoit venir , Mes années arrès, baiser respectueus'irent le seuil de la porte. Ignace me contoit que M de Buffon , en se sou- me tant à cette cérémonie, avoit reculé d’un moment, « effet de la loiblesse l umaine,» joutoit-il, et qu'il avoit voulu faire confesser son valet-de - chambre avant lui. Tout ce que je viens de dire vous étonne peut-être. Oui, Buffon, lorsqu’l est à Montbart, commuoie à Pâques, tous les ans, dans la chapelle seieneuriale ; tous les dimanches , il va à la grand?- messe, pendant laquelle‘il sort quelruefois pour se promeier dans les jardins qui sont anpres, et revient se monirer aux erdroms intéressaus. Tous les di ran- ches, il donne la valeur d’un louis aux différentes queteuses. 4h Voyage à Montbart. 393 C’est dans cette chapelle qu’est enterrée sa femme, femme charmante, qu’il a épousée , à quarante-cinq ans, par inchnation, et dont ila tonjours été ac oré, malgré les nombreuses infilélités qu’il lui faisoit. Elle étoit r'lésuée dans un couvent de Montbaït ; de bonne naissance , mis sans fortune, il lui fi la cour penclant deux as ,; et, au bout de ce temps, il l’épousa , ma'gré son père qui vivoit encore , et qui, étant ru né , s’opposoit au mariase de son fils par des vues d’intérét. Eile se n mmoit mademoi- selle de Saint-Blin. Je tiens de M. de Buffon qu’il a pour principe de respecter la religion, qu’il en faut une au peuple, que dans les petites villes on est observé de tout le monde , et qu’il ne faut choquer personne. « Je suis » persuadé, me disoit-il, que dans vos discours vous : » avez soin da ne rien avancer qai puisse être remar- » qué à cet égard. J'ai toujours eu la r:ême attention » dans mes livres; je ne les ai fait paroître que les » uns aprè les autres, afin que les l'oinmes ordi- » paires ne pussent passaisir la. chaîne de mesidées. » J'ai toujours nommé le créateur ; mais il n’y a » qu’à OÔter ce mot, et mettre mentalement à la » place, la puissance de la näture qui résulte des » deux grandes lois, l'attraction et l’impulsion. Quand » la Sorbonne m’a fait des chicanes, je n’ai fait » aucun: difficulté de lui donner toutes les satisfac- » lions qu’elle a pu désirer ; ce est qu’un persiflage, » mais les hommes sont assez sots pour s’en con- » tenter. Par la même raison, quand je tomberai » dangereusement malade, et que je sentirai ma fin 394 : * Mélanges. » s'approcher, je ne balaïcerai point à envoycr chercher les sacremens, On le doit au culte public. Ceux qui en agissent autrement , sont des fous. Il ne faut jamais heurter de front, comme faisoient Foltaire, Diderot, Helvétius. Ce dernier étoit mon ami, 1l a passé plus de quatre ans à Mont- bart, en diflérentes fois ; je lui recommandois cette modération, et s’il m’avoit cru, il eût été plus RÉUTENX. pr On peut juger, en effet, si cètte méthode a réussi à M. de Buffon. Il est clair que ses ouvrages démon- trent le matérialisme , et cependant cest à l’impri- merie royale qu’ils se publient. « Mes premiers volumes parurent, nvajoutoit-il, en même-temps que l'Esprit des lois ; nous fumes tourmentés par la Sorbonne, M. de Mon- tesquieu et moi ; de plus, mous nous vimes en butte au déchaïinement de la critique. Le prési- ON ee a # | # % y Ÿ W dent éloit furieux : Qu’allez-vous répondre, me doit-il? rien du tout, président , et il ne pouvoit concevoir mon sang-froid. » Lorsque M. de Buffon se trouve à Montbart , an temps de Pâques, il communie à la paroisse, dans sa chapelle, Je lui lisois un soir des vers de M. Tho- mas , sur limmortalité de l’ame, il rioit : « Par- C1 [1 » «ieté , la religion nous feroit un beau présent , si » tout c& étoit vrai!» Il critiquoit ces vers sévère- ment, mais avec justice, car il est inexorable pour Je style, et sur-tout pour la poësie qu’il n'aime pas. Ii prétend qu’il est impossible , dans notre langue, décrire quatre vers de suite sans y faire une faute, F'ovage à Montbart. 395 sans ‘blesser ou la propriété des termes, où la jus- tesse des idées. I1 me recommandoit de ne jamais faire de vers. « J’en aurois faittout comme un autre, » mé disoit -il; mais jai bien vite abandonné un » genre où la raison ne porte que des fers. Elle em » a bien assez d’autres, sans lui en imposer encore » de nouveaux. » ; Ces vers me rappellent un petit mouvement de vanité, plaisant, qui les suivit. Le matin du jour dont Je parle ,M. de Buffon , sous le prétexte de sa santé, qui ne lni permetioit pas de se fatiguer à parcourir des papiers, m’avoit prié de lui faire la: lecture d’une multitude de versqu’onluiavoitadressés; il les conservoit presque tous , quoique presque tous fussent médiocres. Quand on l’appelloit génie créa- teur, esprit sublime : « Eh ! eh! disoit-il avec com- » plaisance , il ya de l’idée, il y a quelque chose là. » Le soir, en écoutant les vers de M. Thomas , il me dit, avec une naïveté charmante : « Tout ça ne « vaut pas les vers de ce atin. » Je veux joindre ici un autre trait du même genre : « Un jour, me » 5 Re que J’avois travaillé long-temps , et que » J'avois découvert un systême très- ingénieux sur la » génération, j'ouvre Aristote , et ne voilà-t-il pas » que je trouve toutes mes idées dans ce ma heureux » Aristote ? Aussi, pardieu ! c’est ce qu’Aristote a » fait de mieux. » Le premier dimanche que je me trouvai à Mont- bart , l’auteur de l’histoire naturelle demanda son fils la veille au soir ; il eut avec lui une longue conférence , et je sçus que c’étoit pour obtenir de 295 Mélanges. moi que j’allasse le lendemain à la messe. Lorque . son fs m'en parla, je lui répondis que je m’em- méesserois très-volontiers , et que ce n’étoit pas la peine de tant co nploter pour me déterminer à une action de la vie civile. Cette réponse charma M. de Buflon, Lorsque je revins d2 la grand’messe où ses douleurs de, pierre lavoient empêché d'aller, il me fit un imillion de remercimens de ce que j’a- Vois pu su} porler trois quarts d’heure d’ennui ; il me réptta que dans une petite ville , comme Mont- bart, la m ste étoit d’obligatiôn. Quand Buffon sort de l’offiice , il aime à se pro-. merer sur la place, escorté de son fils, et entouré de ses paysans. Il se plaît sur-tout à paroitre au milieu d'eux en habit galonné, Il fait: le plus grand cas de la parure, de la frisure, des beaux babits » lui-même il est toujours mis comme un vieux! sei- gneur ,'et gronde son fils, lorsqu'il ne porte qu’un frac à la mode; je savois cette manie, et je m’étois muni pour m’introdaire cliez lui, d’un habit galouné, avec une veste chargée d’or. J’ai appris que ma précaution avoit réussi à merveille ; il me cita pour exemple à son fils, voilà un homme, s’écrioit-il; et- son fils avoit beau dire que la mode en étoit passée , il n’écoutoit rien. En effet, c’est lui qui a imprimé, au commencement de son traité sur Piomme, que ros hab'ts font partie de nous mêmes, Notre machine est ‘tellement construite que nous commencons par nous pré’enir en faveur de celui qui brille à nos yeux; on ne le sépare pas d’abord de son habit ; l’esprit saisit ensemble le vêtement Voyage à Montbart. 397 et la personne , et ju’e par le premier du mérite de la seconde. Cela est si vrai que M. de Buffon a fini par s’y prendre lui-même, et j’ai opéré sur lui avec mon habit, Pilusion qu’il vouloit communiquer aux autres. Que s-ra-ce sur-tout si nous connoissons déjàle personnage dont nous approchons , si nous sommes instruits de sa 2loire ÿ de ses talens ? Alors le génie et l’or cons; irent ensemble à nous éblouir; et l’or semble l'éclat du génie même. Buffon s’est tellement accoutimé à cette magni- ficence, qu’il disoit un jour qu’il ne pouvoit tra- vailler que lorsqu’il se sentoit bien propre et bien arrangé. Un grand écri ain ‘assied à sa table d’é- tude,comme, pour paroitre dans nons ac tions solem- nelles , nos produi*ons nos plus beiles }arures. Il est seul, mais il a devant lui l'univers et la posté- rité. Ainsi les Gôrgias et les Sophistes de la Grète qui étonnoient des peuples frivoles par Péloquence de leurs discours , ne se montroient jamais en public que parés d’une robe de pourpre. Il me reste à terminer la journée de M. de Buffon. Après son diner il ne s’embarasse guère de ceux qui habitent son château , ou ds étrangers qui sont veus le voir. {1 s’en va dormir une demi-heure dans sa chambre, puis il fait un tour de promenade toujours seul , et à cinq heures, il retourne à son cabinet se remettre à l’étude jusquà sept h-ures ; alors il revient au sallon, fait lire ses, ouvrages, les explique , les admire, se plait à corriser Îles productions qu’on lui présente , et sur lesquelles on le consulte. Telle a été sa vie pendant cinquante ans, 398 Mélanges. 1 disoit à quelqu’un qui s’étonnoit de sa renommée , j'ai passé cinquante ans à mon bureau : à neuf heures du soir il va se coucher et il ne soupe jamais. Cet infatisable écrivain menoit encore cette vie la- borieuse jusqu’au moment où Je suis arrivé à Mont- bart, c’est-à-dire, à 78 ans ; mais de vives douleurs de pierre lui étant survenues , il a été obligé de suspendre ses travaux. Alors ,; pendant quelques jours , il s’est enfermé dans sa chambre , seul, se promenant de temps en temps, ne recevant qui que ce soit de sa famille, pas même sa sœur, et n’ac- cordant à son fils qu’une minute dans la journée. j’étois le seul qu’il voulût bien admettre auprès de lui ; je le irouvois toujours beau et calme , dans les souffrances , frisé, paré même ; il se plaignoit douce- ment de sa santé, il prétendoit prouver par les plus forts raisonnemens que la douleur affoibhssoit ses idées. Comme les maux étoient continus, ainsi que lirritation des besoins , il me prioit souvent de me retirer , au bout d’un quart d'heure , puis il me faisoit rappeler, quelques momens après. Peu-à-peu les quart d'heures devinrent des heures entières. Ce bon vieillard m’ouvroit son cœur avec tendresse ; tantôt il me faisoit lire le dernier ouvrage qu’il compose, c’est un traité de Paimant , et en n’écou- tant il retravailloit intérieurement toutes ses idées, auxquelles il donnoit de nouveaux développemens, ou changeoit leur ordre , ou retranchoiït quelques détails superflus ; tantôt il envoyoit chercher un volume de ses ouvrages, et me faisoit lire les beaux morceaux de style, tels que le discours du premier | Voyage à Montbart. 399 homme , lorsqu’il décrit P!istoire ‘de ses sens, ou la peinture du désert de PArabie dans l’article du chameau , ‘ou une autre peinture plus belle encore ; selon lui, dans l’article du Kamichi; tantôt il mM’Ex- Pliquoit son systéme sur la formation du monde , sur Ja génération des êtress, sur les moules inté- rieurs , etc. etc. ÿ tantôt 1l, me récitoit des lambeaux entiers de ses Ouvrages, Car il sait par ccur tout ce qu'il a fait, et c’est une Freuve de la puissance de sa mémoire, où plutôt du soin extrême avec lequel il travaille ses Compositions. Il écoute toutes, les objections qu’on peut lui faire, les apprécie, et s’y rend quand il les approuve. I[ a encore une manière assez bonne de juger si ses écrits doivent réussir. C’est de les faires lire de temps en temps Sur son manuscrit même, alors si, maloré les ra- tures , le lecteur n’est point arrété , ilen conclut que Pouvrage se suit bien. Sa principale attention pour Je style, c’est la précision des idées, et leur cor- respondance ensuite , il s’appiique, comme il le recommande dans ‘son excellent discours de TÉCEp= tion à l’académie francaise, à nommer les choses par les termes les plus généraux : ensuite vient lharmonie , qu’il est bien essentiel de ne pas négli- ger ; mais elle doit étre la dernière attention du style. C’est de l’histoire naturelle et du style qu’il aime le mieux à s’entretenir. Je ne sais même si le style n’auroit pas la préférence. Nulhomme n’en a mieux senti la métaphysique, si ce n’est peut être Beccaria ; mais Beccaria , en donnant le préceplte, n’a pas 400 Mélanges. également donné exemple comme M. de Buffon: « » » 2 2 Le style est l’homme même, me répétoit-il sou- vent. Les poëtes n’ont pas de style parce qu’ils sont gênés par la mesure du vers qui fait d’eux des esclaves. Aussi, quand on vante devant moi un homme , je dis toujours : voyons ses papiers. Comment trouvez-vous le style de M. Thomas ? lui demandai-Je? assez bon , me répondit-il, mais trop tendu , trop-enflé. — Etle style ce Rousseau ? beaucoup meilleur ; mais Rousseau a tous les défauts de la mauvaise éducation; il a linterjec- tion, l’exclamation en avant , l’apostfophe con- tinuelle. » » Donnez-moi done vos principales idées sur le style. Elles sont dans mon discours à l académie, au reste en deux mots; il y a deux choses qui forment le style , linvent'on, et l'expression. L?in« vection dépend de la patcence ; il faut voir , re- garder lon:-temps son sujet, alors il se déroule et se développe peu-:-peu , vous sentez comme uu petit coup d'électricité qui vons fra)pe la tête, et en ême temps vous saisit le c'eur ; voi'à le moment du sénie, c’:st alors qu’on éprouve le » plaisir d: travailler , plaisir si gra d que je pa:sois 2 douze heures, quatorze ‘heures à l’étude ,; c’étoit tout mon plaisir, En vérité je m’y livrois bien plus que je ne m’occupois de la gloire, la g'oire vient après si elle peutg et elle vient presque toujours.’ Mais voulez-vous aug: enter le plaisir et en même temps être original? quand vous aurez un sujet à » traiter, n’ouvrez aucun livre, tirez lout de votre . téte » » » » » » 2 Le ES Voyage à Montbart. 407 tête , ne consultez les aut'urs que lorsque vous sentirez que vous ne pouv:z plus rien produire de vous-même. C’est ainsi que j'en ai toujours usé ; on jouit véritablement par ce moyen quand on lit les auteurs ; on se trouve à leur niveau , ou au- dessus d’eux, on lesjuge , on les devine , on les lit plus vite. À l'égard de Pexpression . il faut tou- jours joindr> l’image à l’idée. Il faut méme que l'imase précède l’idée pour y préparer l'esprit ; on ne doit pas toujours employer le mot propre, parce qu’il est souvent trivial, mais on doit se ser- vir du mot auprès ; en général une comparaison est ordinairement nécessaire pour faire sentir Pidée ; et , pour me servir moi-même d’une comparaison, Je me représenterai le styl2 sous l’image d’une dé- coupure qu’il faut rognr, nettoyer dans tous les sens, afin de lui donner la forme qu’on lui désire, Lorsque vous écrivez , écoutez le premier mouves ment , c’est en général. le meilleur , puis laissez reposer quelques jours ou même quelque temps ce que vous avez fait. La nature ne produit pas de suite , ce n’est que peu-à-peu qu’elle opère, après le repos et avec des forces rafraichies ; il faut seulefnent s’occuper de suite du même objet, le suivre, ne pas se livrer à plusieurs genres ; quand je fesois un ouvrage je ne songeois pas à autre chose. J’excepte cependant votre état , me dit M. de Buffon, vous avez souvent plusieurs plai- doyers à composer à-la-fois, et dans des matières peu intéressantes ; le temps vous manque, vous ne pouvez par'er que sur des notes ; dans ces cas, Tome IIl. Ce 402 Mélanges. » au lieu de correction , il faut donner davantage » à lPéloquence des paroles , c’en est assez pour des » auditeurs. Pardieu , pardieu , la lettre que vous » m'avez écrite ( j'en ai cité la fin au commence- » ment de cet article, pour avoir occasion d’en » parler maintenant ) fourniroit un beau parallèle » entre l’enterprète de la nature et l’interprète de » {a société. Faïes cela dans quelques discours ; » ce morceau produiroit un effet superbe. Il seroit » curieux de considérer les bases des opinions, et » de montrer comb'en elles sont RARE dans la » sOCiélé. » | Je demandaïi ensuite à M. de Buffon auelle seroit la meilleure manière de se former ? il me répondit qu’il ne falloit lire que -les ouvrages principaux, mais les lire dans tous les genres et dans toutes les sciences ; parce qu’elles sont parentes, comme dit Cicéron, parce que les vues de l’une peuvent s’ap- pliquer à l’autre, quoiqu’on ne soit pas destiné à les exercer toutes. Ainsi, même pour un jurisronsulte, la connoissance de l’art militaire et de ses principales opérations ne seroit pas inutile. C’est ce que j'ai fait , me disoit l’auteur de l’hcstoire naturelle. Au fond, l'abbé de Condillac a fort bien dit, à la tête de son quatrième volume du cours d'éducation , si je ne me trompe, qu’il ny a qu’une seule science, " science de la nature. M. de Buffon. étoit du même avis, ‘sans citer l'abbé de Condillac, qu’il maime pas, ayant eu jadis des discussions polémiques 1 avec lui ; mais il se que toutes nos divisions et classifications sont arbitraires , que les mathématiques Voyage à Montbart. 403 elles-mêmes, ne sont que dés arts qui tendent au, même but , celui de s’appliquer à la‘nature et de la. faire, connoître. Que cela né nous effraye point au surplus. Les livres capitatix dans chaque genre ; Sont ,rares : et au total ils pPourroient peut-être se ré duiré à une cinquantaine d'ouvrages qu’il suffroit de bien méditer. C’est sur-tout la lecture assidue des plus crands génies que me recomma:doit M.:de B:ffon. 11 en trouvoit bien peu dans lermonde. « Fl yen a suère » que cinq, me disoit-il. Nexton', Bacon, Lecbnitz, », Montesquiei et mor. A l'égard de Newton il » a découvert un grañd Prlücipe, Mais 11 4 passé » Loute sa vie à faire des calculs pour le démonir-r , » et par rapport au slyle il ne peut Pas être d’une » grande utilité. Il faisoit plus de cas de Leihnits que de Bacon lai-:1ême ÿ il prétendoit que Lecbnits emportoit les choses à la pointe de son génie ; AU lieu que chez Bacon les découvertes ne naissent qu'après de profondes réflexions : mais il disoit en même temps que ce qui. moñtroit le mieux e génie de Leibnitz n’étoit Jeut-être 2 pas dans la coll:ca tion de ses Ouvrages, qu’il falloit le clercier dans les mémoires de l'académie de Berlin. En citant Montesquieu , il parloit de son génie > €t non pas de ‘on style, qui n’est pas toujours parfait , qui est trop écouté | qui manque de développement. « Je » lai beaucoup connu ») me disoii-l, et ce défaut » tenoit à son physique. Le président éloit presque » aveugle , et il étoit si vif que la pluoart du temps » 1] oublioit ce qu’il vouloit dicter , ensorie qu'il étoit | Cc2 404 Dlélanges. » obligé de se resserrer di ns le moindre espace pos: » sible.» Enfin, jétois bien aise de savoir ce que M. de Buffon me diroit de lui-même, comment il s’'apprécioit; et voici le tour dont je m’avisai. 11 m’avoit demandé à voir de mon style ; je crai- gnois ce moment ; cependant Pextréme envie d’en- tendre ses observations, et de me former par sés cri- tiques, me fit oublier les intérêts de mon amour- propre. Je lui récitai donc la seule chose dont je me souvinsse pour lors; je vis avec plaisir qu’il ne corrigea qu’un seul mot, qu’il critiqua avec rigueur , mais a-ec raison ,etil me dit, avec sa franchise accou- tumée : « Voilà une page que je n’écrirois pas mieux. » Euhardi par cette première réussite, il me parut plaisant décrire une autre page sur lui-même, et de la lui présenter. Il étoit téméraire d’oser ainsi juger le génie en présence du géuie même. Je pris le parti de comparer invention de M. de Buffon avec celle de Rousse au , me doutant pour qui, sans injustice , pencheroit la balance. Voilà donc que je m’enferme le soir dans ma chambre , je prends l’Æmule et le volume des vues sur La nature , je me mets à lire alternativement une page de l’un , une page de Vautre ; j’écoutois ensuite Î.s impressions que Je res- sentois intérieurement. J’en comptois les différentes espèces ; au bout d’une heure , je } ar ins à les réa- liser et à les écr're. Le lendemain, Je portai cette page à M. de Buffon. Je puis dire qu’il en fut pro- dicieusement satisfait. À mesure que je la lui sois , il se récrioit ou bien il corrigeoit quelqres mots ; enfin , il passa cinq jours à relire, à retoucher lui- Voyage à Montbart, 405 même ce morceau (1). Continuellement il me faisoit (1) Voici ce morceau : ï Parallèle de J.J. Rousseau , et de DT, de Buon , considérés sous le rapport de la pensée, En lisant , dans le dessein de comparer, les morceaux phi- losophiques du celèbre Rousseau , et de l’illustre auteur de l’histoire naturelle , voici le parallèle que j’ai cru pouvoir établir entre ces deux grands écrivains : Rousseau a l’éloquence des passions ; Buffon la parole du génie. Rousseau analyse chaque idée : Buffon généralise la sienne , et ne daigne particulariser que l’expression. Rousseau déméle et réunit les sensations qu’un objet fait naître : Buffon ne choisit que les plus grandes et combine pour en comparer de nouvelles. Rousseau n’a ren écrit que pour des auditeurs : Buffon que pour des lecteurs. Dans les belles am lifications auxquelles s’est livré Rcus- seau , on voit qu’il s’enivre de sa pensée ; 1l s’y complait, el tourne autour d'elle jusqu’à ce qu’il l’ait épuisée dans les plus petites nuances ; c’est un cercle qui, dans l’onde la plus pure, s'élargit souvent au point de disparoitre : Buffon, lorsqu'il présente une vue générale , donne à ses conceptions Je mouvement qui nait de l’ordre , et ce mouvement , plus il est mesuré , plus il est rapide ; semblable à une pyramide immense dont la base couvreia terre , et dont le sommet va se perdre dans le ciel , sa pensée audacieuse et assurée recueille les faits, saisit leur chaine invisible , les suspend à leurs origines , élève toutes ces origiies les unes sur les autres, et se resserrant au lieu de croitre , s’accélère en montant, et ne s’arrête qu’au point d’où elle embrasse et domine tout. Rousseau , par une suite de son caractère , se fait presque toujours le centre de ses idées; elles lui sont plus personnelles, qu'elles ne sont propres au sujet , et l'ouvrage ne produit , ou plutôt ne présente que l’ouvrier : Buffon , par une connais- C'cà 406 Mélanges. appeler pour me demander si j’adhérois à tel change: ment ; je le combattois quelauefois, je me rendois presque toujours. M. de Buffon , depuis ce temps, ne mit plus de bornes à son affecton pour moi. L'antôt 1! s'écrioit : « Voilà une haute conception ; » pardieu , pardieu ! on ne peut pas faire mieux » une Comparaison , c’est une page à mettre entre » Rousseau et moi, » Tantôt il me conjuroit de la miettre au net de ma main et de la signer , et de permcttre qu’il l’envo; ât à M'. et Madame Necker. T'antôt 1l m’ensageoit à la faire insérer, sans me nommer, dans le journal de Paris, ou d'ns le Mer- cure. Voulant me divertir us peu de la bonne et franche vanité du personnage, je lui demandai si je ne ferois pas bien ‘d’énvoyer en même-temps aux Journaux l’iascriplion que son fils venoit de lui dédier au pied dela colonne qu’il lui avoit élevée. « Pour » une autre fois , me répondit-il ; il ne faut pas » diviser l’attention. » Ce sera le sujet de deux lettres. Enfin , ne sachant quelle fête me faire, ni comment me témoigner sa joie, voici ce qu’il me dit un jour. Je ne devrois pas le dire, car je vais tomber dans un amour-propre bien plus ridicule , et bien moins sance de plus ei du suiet et de l’art d'écrire , rassemble toutes les opérations de l’esprit pour révéler les mystères, et dé- velopper les œuvres de la nature ; son style, formé d’une combinaison de rapports , devient alors un style nécessaire ; il grave tout ce qu’il peint , et il féconde en décrivant. Enfin , Rousseau a mis en activité tous les sens que donne la nature ; et Buffon , par une plus grande activité, semble s'être créé un sens de , lus. Voyage à Montbart. 497 fondé que lé sien; mais la fic élité de la narration exi2e que je dise tout ; je parlerois même contre moi, si cette même narration l’exiseoit. J’entendis donc un matin sa sonnette , dont il sonne toujours trois coups, et linstant d’après son valet-de-chambre vint me dire : M. de Buffon vous demande. Je monte, il vient à moi, m’embrasse et me dit : « Permettez-moi de vous donner un conseil ? » Jene savois où 1l en vouloit venir ; je lui promis que tout ce qu'il voudroit bien me dire seroit recu avec une entière reconnoissance. « Vous avez deux noms, me » dit-il; on vous donne dans le monde, tantôt lun k » tantôt autre, et quelquefois tous les deux ensemble. » Croyez-moi, tenez-vous-en à un seul; il ne faut » pas que l’étranger puisse s’y méprendre. » Il me para ensuite avec passion dé l’étude, du bonheur qu’elle assure. T1 me dit qu’il s’ ‘toit tou- jours placé hors de la société, que souvent il avoit recherché des savars , crovant cagner beaucoup dans leur enirelien, qu’il avoit vu que, pour une phrase à quelquefois utile, qu’il en recuei!loit, ce n’étoit pas la peine de perdre une so re entière ; que Île travail étoit devenu pour lui un besoin, qu’il espéroit sy livrer encore pendant trois ou quatre ans qui lui restoient à vivre | qu’il n’avoit aucune crainte de la mort; que l’idée d’une renommée immoitelle le consoloi! ; que s’il avoit pu cherc! er des dédo nma- gemens ‘de tout ce qu’on apelle des sacrifices au travail, il en auroit trouvé d’atondans dans Pestime de l'Europe et les lettres flaiteuses des principales tétes couroniées. Ce vieillard ouvrit alors un ti:oir , Gc 4 408 Mélanges. et me montra une lettre magnifique du prince Henri, qui étoit venu passer un jour à Montbart, qui l’avoit traité avec une sorte de respect, qui, sachant qu’après son diner il avoit coutume de ormir, s’étoit assujetti à ses heures; qui venoit de lui envoyer un service de porcelaine , dont lui-même avoit donné les des- sins , et où des cignes sont représentés dans toutes leurs attitudes, en mémoire de l’histoire du Cigne que M. de Buffon lui avoit lue à son passage ; enfin, qui lui écrivoit ces paroles remarquables : « Sij’avois » besoin d’un ami, ce seroit lui, d’un père, encore » lui, d’une iniIlisence pour m’elairer ; eh ! quelie » autre que lui, » M. de Buflon me montra ensuite plusieurs lettres de l’impératrice de Russie , écrites de sa propre main, pleines de génie, où cette grande femme le loue de la manière qui lui a été la plus sensible, puisqu'il est clair qu’elle a lu ses ouvrages , et qu’elle les a compris en savant. Elle lui mandoit : « Newton » avoit fait un pas, vous avez fait le second.» En effet, Newton a découvert la loi de l'attraction, Buffon a démontré celle de l'impulsion, qui, à laide de la précédente, semble expliquer toute la pature. Élle ajoutoit : « Vous n’avez pas encore » guidé votre sac au sujet de l’homme. » Faisant allusion par-là au systême- de la génération, et Buffon s’applaudissoit d’avoir été plus entendu par une souverai:e que par une académie. Il me montra aussi des questions très-épineuses que lui proposoit limpératrice sur les époques de la nature ; ül me confia les réponses qu’il y faisoit. Dans cette r oyage à Montbart. 409. haute correspondance de la puissanre et du génie, mais où le génie ex2rroit la véritable puissance , je sentois mon ame attendrie » élevée ; la gloire parois- soit se personnifier à mes yeux; je m’insaginois la toucher , la saisir, et cette admiration des souve- rains , forcés de s’humilier ainsi eux-mêmes devant uue grandeur réelle, touchoit mon cœur comme un hommage bien au-dessus de tous les honneurs qu’ils eussent pu décerner dans leur empi e. Je quittai, peu de Jours après, ce bon et grand homme, emportant dans mon cœur un souvenir profond et immortel de tout ce que J'avois vu, de tout ce que javois entendu. Je me récilois, en m'éloignant, ces deux beaux vers de PŒdipe de Voitaire : L'amitié d’un grand homme est un bienfait des dieux ÿ Je lisois mon devoir et mon sort dans ses yeux. Ïl étoit dit que j’aurois encore une f is le bonheur de le voir. En quittant Sémur, pour retourner à Faris, la posie ine ramena par Monthart contre mon attente. Je ne pus m’empécher, quoiqu'il fût sept heures du matin ; d'envoyer mon valei-de--hambre savoir des nouvelles de M. de Buffon. Il me fit dire qu’il vouloit absolument me voir. Lorsque je le revis, je me jetai dans ses bras, et ce bon. vicillard me serra lony-tenips Contre son sein avec une tendresse paternelle. Il vou- lut déjeuner avec moi, remplit ma voilure de provi- sions, et me parla pendant trois heures avec plus de chaleur et d’activité que Jamais. Il sem! loit m’ouvrir son ame , et my laisser pénétrer à loisir. L’amou: de l'étude ne fut point oublié dans cet entretien. 410 Mélanges. Je consultai M. de Buffon sur un projet d’ouvrage que J'ai formé, ouvrage sur la législation, qui occu- peroit, il est vrai, une grande partie de la vie, et peut-être la vie toute entière. Mais quel plus beau monument pourroit laisser un magistrat ? Nous en rai- sonnämes long-temps. Il s’agiroit de-faire une revue générale de tous les droits des hommes et de toutes leurs lois, de les comparer, de les juger, et d'élever ensuite un nouvel édifice. Il approuva mes vues, m'encouragea. Il augmenta mon plan, et en fixa la mesure. ÎLre persuada , comme c’étoit mon projet, de ne prendre que les somimités des choses, capita rerum , mais de les bien développer quoique sans lon- gueur, de resserrer l’ouvrage en un volume in-4.° où deux tout au plus, de le travailler sur quatre parties: T.° Morale universelle, ce qu’elle doit être dans tous les temps et dans tous les lieux ; 2.° Législation uni- verselle , prendre Pesprit de toutes les lois qui exis- tent dans l’univers. Comme je lui disois qu’il y auroit un bel ouvrage à faire sur la manière de rédiger une loi, en suivant toutes les circonstances possibles où la raison humaine pourroit. avoir à s’exercer , il me dit que ce seroit la troisième partie de mon ouvrage. 3.° D’une réforme qu’il faudroit introduire dans les différentes lois du globe ; 4.9 enfin, il m’ajouta qu’il y auroit une magnifique conclusion , qui seroit déter- minée par un grand chapitre sur la nécessité et sur Pabus des formes. Par ce moyen, on embrasseroit tous les objets possibles qui peuvent concerner la légis- lation. Ce plan, quo‘qu’immense dans le détail, ma \ . . . . , A parû très-satisfaisant, et je me suis proposé de l’exé- ‘vs EU A Voyage à Montbart. AIT cuter. Je sais tout ce qu’il men coûtera 3 mais un grand plan et un grand but laïssent du bonheur dans Pame, chaque jour qu’on se met à l’œuvre. M. de Buffon ne me cacha point, et je le sentois bien, que Jaurois plus à travailler qu’un autre, ayant en outre à re : phir les devoirs de ma charge qui suffisoient pour absorker un homme. Mais quelle supériorité une pa- reille étude constamment suivie ne me donneroit-elle pas, même pour remplir ces mêmes devoirs ? 3l me conseilla donc de ne les point négliger ; mais il m’a- vertit qu'avec de la patience et de la méthode, m’apercevrois chaque ; jour du progrès et de la vigueur de mon intelligence. Il m’exhorta à faire comme lui, à prendre un secrétaire uniquement pour ce travail. En effet, M. de Buffon s’est toujours beaucoup fait aider ; on lui fournissoit des observations, des expé- riences, des mémoires, et il com! inoit lout cela avec la puissance de son génie. J’en ai trouvé une fois la preuve dans le peu de papiers qu’il avoil laissés dans un carton. Je vis un mémoire sur l’aémant , auquel il travaille, envoyé par le comte de Lacépède , jeune homme plein d’ardeur et de connoissances. Buffon a raison ; il y a mille choses qu’il faut laisser à des manœuvres, autrement on seroit écrasé , et on n’erriveroit jamais à son but. Il me dit que, dans le temps de ses plus srands travaux, il avoit une chambre remplie de Cartons, qu’il a depuis bbrülés. I me fortifia dans la résolution de ne point consulter les livres, de tirer tout de moi-même , de ne les ouvrir que quand je ne pourrois plus aller plus loin que le point où jé me trouvo:s. Encore, parmi Les livres, 1l 412 Mélanges. me conseilla de ne lire que l'Histoire naturelle , l'Histoire et les Foyages ; il avoit bien ra son. La plupart des hommes manquent de génie, parce qu’ils pont pas la force ni la patience de prendre les choses de haut ; ils paitent de trop bas ; et cependant tout doit se irouver dans les origines. Quand on connoit Plistoire nat. relle de l’homme et ensute lhistoire naiurelle d’un peuple , on doit trouver sans peine queiles sont ses mœurs, quelles sont ses loix. On trou- veroit presque son histoire civile toute ettière. Mais quand'on connoit de plus son histoire avile, on doit encore plus aisément découvrir et juger ses lois, en les combinant ; soi! avec sa constitution, soit avec les évènemens. « Je se suis pas en peine de vous, me disoit M. de C4 Buffon , pour la première partie, savoir, pour la morale universelle. Vous vous en tirerez bien. IL ÿ ÿ sufit d’avoir une ame droite et un esprit pénétrant » el juste ; mais c’est lorsqu'il s'agira de découvrir et » de classer cette multitude inno:nbrable d'institutions et de lois : voilà un grand effort , et digne de tout ÿ » le courage humain. » Je ne pus m’empêcher de lui faire une observation délicate : « Et la religion ? » Monsieur, comment nous en firerons-nous ? » JL me répondit ; « Il y a moyen de tout dire ; vous re- » IMarquérez que c’est un objet àä-part ; vous vous » envelopperez dans tout le respect qu’on lui doit, à » cause du peuple. Il vaut mieux étre compris d’un » petit nombre d’intellisens, etleur suffrage seul vous » dédommage de n’être point compris par la multi- » tude. Quant à moi, je traiterois avec un égal respect Voyage à Montbart. 413 » le christianisme et le mahométisme. » Ainsi s’écou- loient les heures dans ces entretiens de gloire et d’es- pérance : le ne pouvois arracher du sein de ce nouveau père que la science et le génie m’avoient douné. Il fallut enfin le quitter : ce ne fut pas sans être resté long-temps dans les plus étroits embrasse= mens, et sans une promesse réitérée de me nourrir beaucoup de ses ouvrages qui contiennent toute la philosophie naturelle , et de le cultiver en même temps avec une assiduité filiale, le resté de sa vie. Voilà tout ce que je sais sur M. de Buffon. Comme ces dé- tails ne sont que pour moi, e m’y suis étendu avec complaisance et avec une sorte de vénération. N. B. Ce voyage est tiré d’un manuscrit dont nous avons déjà pubiié plusieurs articles. 11 a été imprimé en partie ; Mais distribué seulement à queiques amis de l’auteur. Ceux qui en ont eu des exemplaires verront qu’il avoit omis beaucoup de traits qui se relrouvent ici. Tout ce qui sert à faire connoître la vie rrivée des hommes célèbres, intéresse trop vivement toutes les classes de lecteurs , pour que nous ne soyons pas assurés que ces anecdotes biographiques , sur l’immortel Buf£- fon , seront bien accueillies. PRO EST LE ROI JEAN ET L’ABBÉ DE CANrTorRgéey. Imitation d'une ancienne ballade anglaise. de Ü N Abbé de Cantorbéry Etoit si dru, si bien nourri ; ù Sa table étoit si bien servie, Et sa garde en si bel arroi ; De la manse de l’abbaye I1 faisoit un si noble emploi, Que chacun lui portoit envie. Le bruit en vint jusqu'au roi Jean, Le plus imbécile tyran Dont l’Angleterrc ait souvenance. Soudain il mande au bon prélat De comparoître en sa présence ; Et le prenant par son rabat, 11 lui fait cette remontrance : Damp (1) Abbé, vous osez , dit-on, Plus que moi , dans votre maison, Vous piquer de maguificence. Or de vassal à suzerain, C’est prendre par trop de licence. Quiconque mène un si grand train Est l’ennemi de ma puissance. (x) Voyez pour cette expression , le roman du Petit Jehan de Saintré , non dans la pâle contrépreuve qu'en a publiée res- San , pour l’habiiler à la moderne , mais dans le texte original, chef-d'œuvre de naïveté, &e grace et de bonhomie qu'il ne Jalloit pas altérer, Note de l’auteur. Ballade Anglaise. 415 — Sire , je mange bien ou mal 9 Mais toujours en sujet loyal ; Les produits de mon bénéfice. Je les donne à mes envieux L S’il est prouvé par leur malice 4 Que d’un projet ambitieux Je sois l’auteur ou le complice. — Damp Abbé, votre crime est grand ; Et vous serez , mon Révérend, Décapité pour celteaffaire , À moins que , sans sortir d’ici p Vous empressant de satisfaire 4 Aux trois demandes que voici Vous ne désarmiez ma colère. Et d’abord , sur ce trône assis, Vétu de ces pompeux habits, Maitre d’accabler qui l’offense , Maître aussi de distribuer Les dignités et l’opulence , A combien peut s’évaluer Un homme de mon importance ? Combien de temps, si quelque jour Du monde je faisois letour, Emploirois-je à cette Odyssée ? Quand vous aurez sur ces deux chefs Votre intelligence exercée , Vous serez blanc de tous griefs Si vous devinez ma pensée, — Le Pape seul viendroit à bout De répondre ainsi tout d’un COUP ; Mais veuillez , prince débonnaire, M'octroyer vingt jours de ré it, J’y metirai tout mon savoir-faire. 416 Poésie. Au marché le roi consentit , Et l’Abbé s'éloigna grand’erre. Aux murs de Cambridge et d'Oxford , I] crut trouver du réconfort ; Mais les docteurs de ces deux villes , Après maints colloques latins , Après maints efforts inutiles, Le renvoyèrent aux devins Qui ne furent pas plus habiles. Comme il alloit, d’ennui ronge , De ses moines prendre congé , Il trouva Son berger Tobie. — Soyez le bien venu , Mylord. Vraiment , j'ai l’ame réjouie Que vous arriviez à bon port. out va-t-il selon votre envie ? — Hélas ! hélas ! bon serviteur ; Sur Ja foi d’un bruit imposteur , Le roi Jean me cherche quereile. Avant trois jours , à l’échafaud J1 m’enverra comme un rebelle , Si quelque rayon de là-haut Ne luit dans ma pauvre cervelle. Peins-toi l'excès de mon malheur ; Pour me sauver de sa fureur, Je dois deviner ce qu’il pense , En combien de temps il feroit De l’univers le tour immense , Et quelle somme achéteroit Un homme de son importance. — Ainsi soit, repart Je berger, Je prends sur moi tout le danger ; C'est moi qui partirai pour Londre. Notre Ballade Anglaise, Notre monarque a de l'esprit ; Mais je w”engage à lui répondre. Plus d’un savant , à ce qu’on dit, Par maint lourdaut s’est vu confondre, Or qu'il vous plaise seulement Me prêter votre accoutrement , Vos valets et votre monture. Nos deux mères ont fait de nous Deux vrais jumeaux pour la figure, Et je puis me donner pour vous, Saus craindre d': mésaventure. Dès que le faux Abbé paroit, Votre exse itude me lait, Lui dit je roi sans ‘utre enquête. Vous savez nos cond tions ; Comme il y va de vitre tête, Sans doute à mes trois questions Votre répouse est toute prête. - Et d’abord , Sur ce trône assis , Vétu de ces pompeux habits, Maitre d’accab.er qui l’offense , Maitre aussi de distribuer Les dignités et l’opulence , A combien peut s’évaluer Un hmme de mon importance ? — Puisque Judas vendit Jésus Trente deniers et 1er de plus, Vingt-neuf jour vous doivent suffire: Car, tous vos clercs m’ea sont témoins , Dussent vos barens m’en dire, Vous valez certes un peu m ns Que le roi du céleste empiie. Jean s’écria : par Saint-Mathieu , Scene croyois valoir si peu! Tome LIT. D d 417 ar Poésie. Allons ; prodige de science, Instruisez votre humble éco!lier. Combien dureroit mon absence, Si-je voulois du monde entier Parcourir la circonférence ? — Suivez le soleil pas à pas ; Vous aurez vu tousles climats , Eo cheminant deux fois douze heures. Sur ma parole, ditle roi, Votre recette est des meilleures ; Mais il faut la garder, je croi, Pour les occurrences majeures. De quel front douter à présent Qu'un personnage aussi savant Ne liseau fond de ma pensée ? — Ah! j’y vois ma témérité Par le succès récompensée , Pourvu que Votre Majesté Ne s’en tienne point offensée. Vous pensez avoir devant vous L’Abbé qui vous met en courroux ; Mais je ne suis qu’un pauvre hère Chargé du soin de ses brebis ; Et j'ai quitté ma pannetière Espérant que sous ces habits Je fléchirois votre colère. — Comment! tu vaux ton pesant d’or, Et tu sers un pareil butor ! Je te nomme à son abbaye. — Sire , c’est pour moi trop d'honneur. Je n’ai prestance ni elergie. Si j’acce tois cette faveur, On me taxeroit de folie. > a 16 té Ballade Angl afsé. ne — Eh! bien. Sur mes propres deniéts, Chaque. jour de mes trésoriers Tu recevras une couronne. Ton Abbé n’est qu’un glorieux D’humeur intrigante et félonne ; Mais pour le bien que je te veux , A mes périls je lui pardonne. Par A.G.EL. BON SOIR. Imitation de l'Allemand. Bon soir, Céleste objet , sensible créature Qu’avec amour , par son divin pouvoir , Voulut former l’auteur de la nature Pour m’enchanter ; pour combler mon espoir { Bon soir. Bon soir. Nous nous quittons ; mais tu sais bien qu’en songe, Les vrais amans ne cessent de se voir. Pour nous bercer du plus heureux mensonge ; À nos chevets nos anges vont s'asseoir. Bon soir. Bon soir. Des voluptés dont je tressaille encore L’illusion viendra nous décevoir Jusqu’au moment où la yermeille aurore S’éveillera sous son frais reposoir. Bon soir, Dds 420 PFoéstés È Bon soir. Regarde aux cieux ces brillans luminaires ; Ils nous ont vu donner et recevoir » De notre amour les marques les plus chères, Gages charmans des baisers du revoir. Bon soir. Bon soir. Quand cette nuit seroit ma nuit dernière, Nulle terreur ne sauroit m'émouvoir , Car nos plaisirs , car notre vie entière * De l’innocence ont été le miroir. Bon soir. Bon soir. Sur des amans vertueux et fidèles Lorsque la mort jette son crêpe noir , Leur ame monie aux voûtes éternelles. — Toi, que là haut jesuis sûr derevoir ! Bon soir, Par F. NoTARts, x” SE B CFA C LES. THÉATRE DE LA RUE FEYDEAU. Première représentation d’'Agnès et Félix ou les deux Espiègles, opéra comique en trois actes: LC La première représentation de cet opéra, donnée le 5 fructidor , n’a poiat eu de succès. Le poëme est du citoyen Dumoustier, auteur du Conciliateur ; la musique est du citoyen Devienne, auteur de celle des l'isitandines. Une jeune personne et son très-jeune amant cher- chent à tromper la surveillance de leurs parens qui s’opposent à leur union. La scène est dans un vieux ch'teau. Le jeune homme, par suite d’une première espièglerie, est enfermé par son père dans la prison du château. Agnès, sous Phabit du soldat en senti- nelle, parvient à délivrer son amant. Le père, qui vient pour voir son prisonnier , est enfermé lui-même par lPespièelerie d’Agnés d‘guisée en soldat. Les jeunes sens ont pris la fuite ensemble. Ils se sont ré- fugiés dans la-maison d’un ferrier qui va unir son fils à une jeune fille qu’il aime. Les parens des deux jeunes mariés promettent à Félix et à A;:nès d'obtenir pour leur union lé consentement paternel. Les cleux pires arrivent en eflet , et touchés par le tableau du iariage qui se prépare dans la ferme , ils consentent à unir aussi Agnès et Félix, D 43 a22 Première représent. d’Agnès et Félix. Le public n’a trouvé dans cette pièce ni intérêt, ni gaielé ; ni intrigue , mais l'intention de tout cela. Il a donné des preuves bruvanies de son méconten- tement. On a remarqué dans la musique quelques morc au: qui ont rappelé le talent distingué du citoyen Devienne, Les spec'ateurs ont fait généralement une oPserva- tion qu’il est utile de retracer ici. Un des acteurs, le cito.en Juliet, connu par un jeu très-gai et très-ori- ginal, remplit dans cet opéra uit rôle d’ivrogne. Il rend en général ces rôles avec beaucoup de vérité; mais il s’habilue , grace à des applaudissemens de quelques spectateurs, à prolonger les scènes par des redites de mots et par des expressions triviales ou insi- smifiantes, au point de fitieuer et de dégoûter même ceux qui rendent le plus de justice à son talent plein de naturel. L'art de la comédie n’est point de contre- faire, mais d’imiter. Sans le sentiment de cette dis- tinction , on tombe dans la trivialité des parades. Nous croyons devoir finir par une observation rela- tive au poëme. Sans doute lamorale ennueusedoitêtre bannie de la scène ; mais l’immoralité doit plus encore en être é-artée. D’après ce principe, on n° peut s'empêcher de désapprouver des couplets que l’auteur a mis dans la bouche d’Agnès au premier acte, et ceux que chante le citoyen Juliet au setond. Les spectateurs reprochent toujours à l'auteur la risée que leur inspirent involontaisement ces équivoques, quel- que bien iournées qu’elles puissent être, - ” A NOUVELLES LITTÉRAIRES. LETTRE aux auteurs du Magasin Encyclopé- dique , sur quelques nouveautés étrangères. Basle , le premier auguste 1795. re | \ OUS m’avez prié de vous annoncer ce qu'il y auroil de nouveau en littérature (1), et dans les scien- ces; voici ce que j'ai été à portée de recueillir. Le volume XIV des mémoires de Suède,ne contient absolument rien d’astronomique , il v’y a que Juin qui donne une notice d’une au rore boréale remar- quable observée à Uhléaborg , le 4 avril 179I , pen= dant laquelle on remarqua des mouvemens singuliers dans l’aiguille aimantée ; cette lumière étoit superbe, haute et embrassoit dans le ciel un arc de 1192. M. Hülphers donne des extraits de vieux alma- nacbs de 1657 ju’qu’à 1779 , avec des réflexions mé- téorologiques ; elles ne valoient guère la peine d'étre imprimées : au reste, ce volume ne contient pas grand chose pour les autres parties, voilà ce qui peut-être en est le plus digne de remarque. M. Swab annonce une invention de construire des (:) Nous faisons la même invitation à tous nos abonnés ; nous les prions de devenir aussi nos correspordans,, et de noys transmeitre tout ce qui pourra concourir à l’améliora- ü_n de ce journal et à l’entière exécution de notre plan. Note des éditeurs. D d 4 424 Nouvelles liliéraires. briques qui résist'nt mieux à l’action du feu, et ne sé vitrifient ou ne se calcinent pas si vite que les briques o:dinaires -; le secret consiste a méler avec l’argile dont on fait les briques ou tuiles , des sco- ries de fer bien concassées et pilées ; on emploie cette sorte de brique avec succès dans la construction des fournaises e«posées au grand feu , comme dans les verreries , les fonderi:s et Les autres manufactures de ce genre. M. de Westrins rapporte ses expériences, pour ex- traire de la plupart des lichen qui croissent en Suède, des couleurs propres pour la:teiniure des sois et des laines , il y a treize espèces de lichen en Suède , la plupart donnent une couleur rouge, très- brillante et très-belle ; elle surpasse même celle qu’on extrait du lichen fartareus si vanté. Le lichen pustulatus de la Suède ; donne une couleur si belle ; qu’elle ne le cède pas à celle qu’on re- tire. de la co‘henill:, cependant on importe en Suède 100,000 livres de cochenille par an, la livre à cinq écus d'Allemagne ( à-peu-près 16 liv. 105. darsent de France). L'auteur de ce mémoire dit bien qu’on peut extraire de très belles couleurs du lichen de Suède , maisse fixent-elles sur la soie , sur la laine, y restent-elles permawentes, et ne changent-elles point avec le temps ? voilà cé qu’il ne nous dit pas. Te second volume des mémoires asiatiques de Ben- gaie, imprimé à Calcutta ( ascatick researches), à paru en Europe. Voici ee qu’il y a de plus remar- quable : une méthode très-bien décrite , avec laquelle ! "Nouveautés étrangères. 425 les médecins indiens réussissent à guérir Péléphan- tiasis. Ce mémoire est d’Atiar A'i-Khan, de Debli ; il y a dans ce mémoire deux faits qui méritent d’être rapportés. 1.° Dans l’Indostan, on connoit le mal véuérien depuis un temps inmmémorable ; 1l y est connu sous le nom de feu persan ({ the persan fire ; dit Poriginal}), ét cette maladie y est très--ommune. 2.9 On regarde dans ce pays, comme antidote de Parsenic, la cendre des cuirs brülés ; on prend de ces cendres quatre fois la valeur de l’arsenic qu’on auroit avalé, on délaye cette quantité de cendres dans de l’eau , et on prend cette potion. Ce remède vaudroit au moins la peine d’être constaté par des expériences qu’on pourroit faire sur des animaux. Ce qu'il y a de plus remarquable dans cette médecine singulière, c’est que, dans le remède maintenant très-conru du frère Côme contre la gangrène, il entre aussi des cendres de vieilles semelles de souliers brulées. Le c‘lèbre naturaliste et voyageur Jean Reinhold Forster, père de celui mort à Paris, où it étoit allé en qual té de député de Mayencé, et qni avoit aussi fait le voyage arec Cook, a publié un cuvräge minéralo- giqué fort ntéressant, dont on fait très-crand cas, comme d’un ouvrage qui doit faire époque dans cette science. Il mauquoit à cette partie une nomenclature systématique , on ne se servoit jusqu’à présent que çais, etc... il vient d’introduire des noms scienti- fiques composés ( comme Linneus a fait pour la botanique ), pour que leur réunion devienne une langue universelle , et on dit qu’il a réussi à merveille: < 226 Nouvelles littéraires. par exemple, dons vos mémoires , année 1787, page 86, le citoyen Daubenton parle du pechstein des Allemands; il traduit fort bien la pcerre de poix , mais PAn;lais ve comprend ni pechstein, ni pierre de poix ; et M. Forster lui dira , dans sa lanue savante et étymologique , que c’est du pittalithas :, et tout Savant naturaliste de:ine sur-le-ci'amp ce que c’est ; le trapprisse sur lequel on voit la fisure comme de gradins, vient du nom allemani! treppe , escalier ; Forster l’appelle c/ematites ; la tourbe, il Pappelle caustogea , mot tros-heurcusement composé du grecs et comme qui droit, terre à brûler. Ce que les natu- ralistes allemands appellent eésenglanx, les Francais, je crois, l’appellent galène de fer ; Forst r appelle, dans sa langue générale , séderolæmpis. Une no: menclature pareille facilite et abrège beaucoup létude d’une science des mots. Qu’en seroit-il, si chaque iation donnoit dans saipropre langue un nom à chaque étoile ? Il faudroit alors qu’un Lalande inventât, comme Forster, une nouvelle langue : heureusement nous »’en avons pas besoin. Le titre de l’ouvrage de Forster est : Onomatologia nova systematis oryc- tognosiæ vocabu/!is latinis expressa, Halæ, 1795. On vient de faire à Berlin des expériences télégra- phiques à très-grands frais, et dont l’académie a fait la dépense , qui ne servent à rien du tout ; Achard a dirigé tout cela ; les expériences finies , les choses en sont restées la, on n’en a retiré aucune utilité, on n’a pas même eu le mérite de Pinvention ou de la nou- veauté ; car, eu bout du compte , on ra fait que singer les Français ; si M, Chappe w’avoit fait le pre- Nouveautés étrangères. RE nier télégraphe, personne n’y auroit songé + c’est comme avec l’œuf de Christophe Colomb , depuis que la chose existe , (out le monde savoit cela. Le télé- graphe français a fait éclore une prodigieuse quantité décrits sur cette matière. On vient aussi d'achever une superbe édilion d’Æbulfedæ annales muslemici arabicè et latinè, en ciq volumes ; le dernier a paru, il y a quelques semaines, à Copenhague. Ce travail est du céièbre J. J. Reïiske, professeur de Leipzig, qui, de son vivant, n’a jamais pu parvenir à faire imprimer cet important ouvrace. M. le baron de Suhm, cham- bellan du roi de Danemarck et son historiographe particulier , très-riche et très-connu dans la république des lettres, l’a fait imprimer à ses frais ; l’édition a été soignée par un habile professeur de théologie à Copenhague, M. Adler 3 les critiques sont très-con- tens de cet ouvrage ; on y a beaucoup consulté et employé les ouvrages de M. de Guignes, sur-tout son histoire des Huns. Il y a trois index à la fin : un des mots arabes difficiles et peu usités ; le second , index historique ; et le troisième , un index géographique. Les Anglais envoient une seconde ambassade à la Chine, mais elle ne sera ni si pompeuse, ni si nom- breuse que la première ; c’est le colonel Stauton qui doit y aller. On a envoyé du Ganada trois hommes à l’ouest de PAmérique ; pour faire des découvertes géographiques, dont un, nommé Slavelake, est par- venu jusqu’à Ccoks-River et de-là en Kamtschatka, M. Furner a été envoyé, pour le méme ojet, de la Compagnie de En ; on n’a ricn appris de :ui, a 428 Nouvelles lfttéraires. Je ne vous dirai pas grand chose du V.e volume des mémoires de Turin , années 1790 et 1791 , avec les mémoires présentés : car je crois que vous les avez en France. Je vous d'rai seulement en peu de mots, que le mémoire du citoyen Delambre , sur l’usage du calcul d'fférenti:1 dans la construction des tables astronomiques, y est inséré. IT y a aussi les obser- vafions de Maraldi, depuis 1789, 99 et gr. Il y rap- porte qu’il vit les bandes de Saturne très-nettement , quoique l’objectif fût devenu humide ; cela me rap- pelle ce que j'ai ouï dire à Herschel, que le meilleur état du cicl, pour bien voir, étoit lorsque Pair étoit un peu humide ; cet état de l’air écarte |:eut-être quel-’ ques rayons, et contribue a l’achromatisme des lu- nettes ; la nature fait ici en partie ce que le docteur Blair, dont je vous ai parlé, obtient par l’art, etc. 5 à L'ÉNRÉE SUD V FRE Go NO: M IE LR EUR -A ER Et RArroRT du citoyen Auber, administrateur , commissaire du bureau d'agriculture du dépar- tenrent de La Seine-Inférieure , sur les moyens à prendre pour améliorer les troupeaux et per- fectionner les laines dans le département de l& Secne-In/férieure et dans La république ; avec des pièces et des notes y relatives ; in-4.° de 90 pages, À Rouen, de l'imprimerie du journal du Livres divers. 429 département de la Seine-Inférieure, rue Bcffroi, N.° 40, 3:° année. Le citoyen Auber , également auteur de ce rapport, donne une histoire fort bien faite des progrès qu’ont faits l'amélioration des troupeaux et celle des laines chez les anciens et chez les modernes, principalement en Espagne et en Anzleterre. Il fait voir que, si nous ne pouvohs pas adopter tous les usages des Espagnols, parce qu’il y en a qui tiennent au climat et au natuiel des habitans , il y a cependant des n éthodes qu’il est très-utile de suivre , pr'ncipalement celle de la tonte et du lavage. Il insiste sur-touf sur le croisement des races. Le citoyen Auber indique ensuite les moyens que le gouvernement doit prendre pour encourager dans le département de la Seine-Fnfér eure le perfec- tionnement des troupeaux et des lain:s. On trouve, à la suite de ce rapport, des notes trè--instructives des cito ens Grandin , Morin, et d’autres cultivateurs , sur divers objets relatifs à Paméloration des bêtes à laine. Il y a entr’autres lextrait d’un mémoire très - important sur lengrais qu’on obtient du mouton: A GRICULTŒURE. RäArrorr du citoyen Auber, admintstrateur , commissaire du bureau d'agriculture, sur Les prix nationaux d’agrieulture , dans le dépar- tement de La Seine-Inférieure , avec des notes y relatives, in-4°. de 48 pages. À Rouen, de Pimprimerie du journal du département de la Seine-Inférieure , rue Beffroi , n°. 40 , troisième année, 40 Livres divers, Le département de la Seine-Tnférieure vient de distribuer le prix que le gouvernement accorde aux agriculteurs qui se sont d'stingués par leurs connois- sances et l'utilité de leurs travaux, ces prix ont été décernés sur le rapport du citoyen Auber , rapport intéressant et bien fait, qui annonce dans son au- teur des vues saints et étendues et un grand amour du ben public. Le citoyen Auber fa't d’abord sentir l'utilité des récompenses nationales , et il indique les causes qui ont retardé en France les progrès de l’agriculture et les moyens d’y remédier. Il nomme ensuite les citoyens qu'il croit avoir droit aux récompenses proœæ posées ; il cite les noms, les ouvrages et les travaux des citoyens qui, dans le département de la Seine- Inférieure , ont le plus concouru aux progrès de Pasriculture et de l’économie rurale. Cette partie du rapport du citoyen Aubcr contient . d’excellentes notes pour l’histoire littéraire du département , rela- tivement à ces connoissances. Il termine son rapport par jeter quelques fleurs sur la tombe du célèbre Dambourney. Le rapport est accompagné d’un tableau indicatif disposé par districts, des agriculteurs du dé- partement qui peuvent avoir droit aux récompenses. Le d‘partement a adopié en entier les ides du rap- port. NAVIGATION INTÉRIEURE. Mémorre sur le gisement des côtes du départe- ment de la Sesrc-Inférieure, sur l’état actuel Levres divers. 431 de ses ports, tant sur La Manche que sur la Seine , sur les moyens de les perfectionner , et surles canaux qu’il seroit utile d’y établir pour faciliter la navigation intérieure ; par Le citoyen Auber, administrateur, commissaire du bureau d'agriculture du département de la Serne-Inférieure, in-4. de 34 pages. A Rouen, de l’imprimerie du journal du département de la Seine-Inférieure, rue Beffroi, n°. 40 , troisième année. Ce mémoire est aussi du citoyen Auber : le titre indique suffisamment son objet. Il passe en revue les différens ports de la Seine-Inférieure , le Tre- port, Dieppe , Valery, Fecamp, Yport , Etre- tat et le Havre, et il indique les moyens d’en tirer le parti le plus avantageux pour la république. Nous citerons quelques faits historiques relatifs au port de Dieppe, dont le rapprochement paroîtra sans doute intéressant à nos 1 cteurs. Le port de Dieppe a rendu les plus grands ser- vices à la marine. C’est à Ferrand, Dieppois, qu’est dû, au moins chez nous, l’art de saler le hareng, et de bien appréter la morue , découverte importante que les Flamands attribuent à Bucke!z , leur com- patriote ; et qui peut, comme toutes les autresinven- tions utiles, avoir une double origine. C’est peu après la’ sortie d’Arques , leur mère patrie, que les habi- tans de Dieppe s’élevèrent au rarg des plus célébres mariss, au point d’être appcilés par le véridique de Thou, les héros de la marine : penes guos , dit-il, prœæcipua rei nautiçæ gloria semper fuit. 432 Livres divers. En 1340, si l’on ajoute foi aux annales toposra- phiques de Dieppe ; trois vaisseaux dieppoisrevinrent des Indes orientales , chargés d’arsent et de riches marchandises ; en 1364 , d’autres Dieppois foudèrent le petit Dieppe sur la côte de Guinée, et en rappor- tèrent de livoire que les Dieppois travaillent entore avec tant d’art ; ils disputent donc avec raison aux Portugais le mérite de la découvere de: Indes orien- tales, En 1508, Thomas Auber, Dieppos, décou- vrit le Canada. En 1520, les frères Parmentier abordèrent l’île de Fernamboure. Et en 1564, les capitaines Guérard et Roussel , Je Maragnon. Enfin + R baud ‘ut victime de son zèle à la Flor de , : t Lam- bert fonda les premières habitations françaises au Sénégal. La science hydrographique leur doit aussi sa per- fection, ils ont inventé les cartes réduites, et c’est de leur école, une des plus anciennes de la France, que sont sortis les maîtres qui ont été professer et enseigner à Toulon, à Brest, et dansles autres ports, Part si utile de connoître le véritable point qu’un vaisseau occupe sur la surface du gl:b ,et d’en dis- tinguer le rapport et ies distances avec les autres points vers lequel le navigateur veut diriger sa route. Ils ne sont pas moins célèbres par leur intrépidité et leur intelligencs dans les combats de mer ; c’est un de leurs marins, Pierre Legrand , qui, avec un bateau, monté de :8 hommes, et armé seulement de quatr: pièces de canon, s’empara du vice-amiral | des gallions d'Espagne, Tout le monde connoit les baut faits de Duquesne. 4e. # y x : « 2 je Le prix de b abonnement ; pour + Pétréoger: est; franc de. CN AT UE Re” we 9 ‘rédällers en or; | Q | “de 36 livres en espèces, pour Pannée, de 20 florins-de Ho! lande 5 | © de 5 sixdallers én or, de 20 livres en espèces, de. it forins ac Hollinde, On $ ’abonne, poux la Suisse, $ : Basle ke chez J R. PRrisvErHS | * à Berne $ chez ‘la Société wpographique. pour 6 mois , où 13 BUMÉEOS, : Pour. les Pays-Bas et Liége, ; à Buse, chez Horen:erz. : Pour:la Hollande, é ? Le La Haé.: ne Van CLEEr 3 à Leyde, chez Murray, frères; | à | Amsterdam , éhez CHANGUTON, : 4 $ Pour l'Allemagne, à Mad, au Voss et Compagnie. É Pour le Nord, ie Hambourg ; chez HorrmANx. Pour PItalie ,° à Livourue, chez Masr'et Compagnie, SE a * Pour l'Angleterre ; à Landes, a chez J OHNSON ! st ne Church-Yard, 11 ÿ sat Lis ce Numéré. ë Ÿ ge NU SL Fe Es | o* PQ Transactions 0} the American Ta: roi Jeañ et. l Met SRE À laSiciet} at Bhiladelphy;} 289: sata vis: Hatiade. | |: Pruosotuz Botanique. vk x Mn LE Sur la distinet®n durcal} de | te: Bon Sois uritaiion. ä AFS la coroile; par V éntenat. ; 2! hr Fe où pee RE de A p ANN A OR de ARTE | Œattre sur. de. sYstéme. Dora pie et ne ; SERRE Fes por. R. Desgenertes, DE pürles oi SUR À 4 Ge € n +4 LAN PART . Devienre, # | spérienes “sur les. nouvelles. NOUVELLES TRÉR + * yarmer, par Mesaize , ue Lite Letiie sur quelques Lu à SA AN TUE GE EE 0 Rate Ce UE Lise | Poyage en. Allérnogue ‘et en” “ee VRES DIV Ens à Lialie , par Meérma , | ! Sas Fe Évanquie rurale} | ie DA . :BTsTOIRE LIXTÉAATRE, PN AS mor: € sûr l'état RAS . ta! le “Lin érèlure à Milans, 35 NA dGrvrerious. | à | “que l'anneau de Hu el Ah os, rÉprEne, dei Le cu Te Le FE SE, de mOYERS ‘d ‘iôrer Les oupeaur ; ee FR AeS REA da ot ra a es à PURES Si | Qhprrations sûr 24 Menée Me à PE une, Lefèvre Va brune, Fe A . 2 7 a ti 350: | Mävancre, A A &. 4 = Froye ‘à Mombart en 3785, a Da Fete >. “Ne 14 # Que. les. e roux qu xl servit utile: 4 pr us par le re Seine inférieure et M SAS GC. A 7 + Ne 4 ENCYCLOPÉDIQUE AA LHC LOU : & te DES SCIENCES, DES LÉTUIA ES ET DES ARTS, de NE RES Ë VA | G 51 : à tu n ny 4 . d'ouvrages périodiques qui. , L'ans [7 servent de dépôt aux inventionsnouvelles et qui “ av 1; retracent l'histoire de esprit humain ; ceux qui | Ëe * : ont cours semblent, pour la plupart, “éviter ave . affectation tout: ce qui peut alimenter le goût des : sciences et riéme dé la morale, Seroit-if donc indie Van gne de la Convention des "occuper à réorganiser © 4,1 cette branche de Pinstruction nationale ? Rutcone. Rs sur” les nEOUTASENENS recommpenses #4 Le 117 Gi £ rit. End la plupart des Ho qui oft un nom distib eue une répuliation justement. acquise dansqueique partedés arts ou des sciences, telsque les. Citoyens Brraué, CaBAñts VCAICLARD, CHENITR, : DausEnTon, DeLrere, DESFONTAINES , DoLoñreu, HATRONTANES , Foveatioy ; HAUT, HERMAN , Lars RERO » LAGRANGE, LAHARPE, DALANDE s-LAMARK, HAE CHLANSEES, LAPLAGE , LEBRUN, EROY), L'HERITIER, Ly | Manrerse, MoneLier, OBÉRLIN, SEC RD, SUARD, ie Se 4 ; etc. etc. ébütribuent ; coutient lexträit At. AL. ‘Lomé Li NAT X Pc pl LA des principaut buvtages hate con. curés \ six - tout à en donner une analyse ( exacts : » età lei LA EE le plus promptement possible après leur pure loation. On y donne une npticé des : wie Écrits imprimés chez Pétranger. PART RE La On y insère les mémoires lès. plus best eur toutes les parties. des arts et des sciences; où Chôte sit sur - tout ceux sout ie à en accélérer des progrès, CE % Fu On y publie les déémvertes ingénieuses , Les invens tions utiles dans tous les génres. On y rend compté des expériences nouvelles, dé la’ formation ét de, Pous te verture des Muséuins. Où donne un précis de ce” que les séances dés soçiétés ñ itéraires. opt offert : de plus intéressant , une description dé‘ce que es dépôts * objets d'arts et des sciences reuferment de: plus. EUTIUx | Ou: y trouve des notices sur la vie et ee re êles Savaes ; des Litiérateurs.et des Artistes distingués | - doni on regrette la perte, enfin , les nouvelles litté- nn paires de toute espèce, | ds ne: Ce Jemnal est composé de six volumes it in- 89. par ‘an, de 600 fes acun , et au moins de 24 gravures en regard ds sc qui en exigent. El paroit ious les quinze jours un numéro dè 9 euilles. Le prix de Pabeitsernent est À raison de 3 37. live | Yo sous pour trois niois, rendu RARE. de port 7 joute Ja République | On s'adresse , pour l'abonnement, au Bureau du Magazin Encyc opédique, rue 8. Honoré, N°,04, vis... à-vis le passage 8. Roch; et pour les objets relatifs à. la rédaction , aux Rédacteurs ; Tue de FROYENES : . IN. 48, ‘< F1 faut nb les étre et 1 carge cles qu | spxticunent des ch si à | : à mn RES \ Li SA F j ü + . 1 « BU LEO MÉTRLE Rapport sur la vérification du mètre qui doit servir d’élalon pour La fabrication des mèsuwres républicaines ; par les commissaires chargés de La détermination de ces mesures. ‘EMEA pationale constituant”, avant voulu établir un système de poids et mesures qui eût sa base dans la nature, et qui, par sa simplicité -etsa génralité,, pût mériter d’être adopté par toutes les nations instruites ; décréta que lés mesures et. lés . poids seraient tous SARROTÉES à une unité principale des mesures linéaires, et qu’on prendrait pour cette “unité, qui seroit appelé mètre , la. dix-mui liouième partie de la distance comprise depuis le pôle de la terre jusqu’à Véquateur. Cette distance étoit: déjà connue avec une assez grande précision , Vaprès la mesure de la méridienne qui traverse la France, faite à la fin du siècle dernier et dans Clui-ci, par les astronomes de l’académie das sciences: mais dans une opération aussi importante que celle de déterminer une mesure qui puisse ‘ être présentée à toutes les nations , il convenoit d'employer les moyens de précision que les sciences et les arts ont acquis depuis les anciens travaux de l'académie ; “il convenoit aussi > pour obtenir des résultaë plus exacts, de mesurer un arc du méridien plus grand que ceux qu'on avoit mesurés anciennement : ‘en Tome IIT. E e “ “ 434 . Géométrie. FH conséquen-e l'assemblée nationale décréta que dés commissaires nommés par l’académie des sciences ;, détermineroient, par des opérations géodésiques , la distance depuis Dunkerque jusiu’à Barcelone, qui comprendenviron neuf degrés et demi terrestres , et de laquelle on pourra conclure avec beaucoup de préci- sion la distance du pôle à l'équateur, qui doit servir de base au nouveau système. Deux astronomes, les citoyens Méchain et De- ambre ont été chargés de eette grande opération ; le premier a déjà mesuré la partie de l'arc du mé- ridien qui se tronve comprise sur le territoire d’Es- pagne, depuis Barcelone jusqu'aux montagnes des Pyrénées ; il continue maintenant son travail en-decà ‘des Pyrénées, et se rapprochant du centre de la France, il vient à la rencontre du citoyen Delambre, ‘qui de son côté a coinmencé sa mesure à Dinkerque ‘et est déjà parvenu à Bourges, après avoir mesuré environ quatre degrés terrestres. Lorsque les optra- tions de ces deux astronomes seront achevées, on en conclura l’unité des mesures linéaires ou le mètre, et alors on formera un étalon invariable auquel toutes les mesures seront rapportées. Mais l'assemblée conventionnelle, voulant dès à ‘présent faire jouir la nation des avantages du nou- veau système des poids et mesures, a pensé qu’en attendant la fin des opérations, il convenait de faire un étalon provisoire , qui seroit déterminé d’après l’ancienne mesure de la méridienne de France, faite par l'Académie des sciences, étalon dont la préci- :sion sera suflisante pour tous les besoins du commerce, Vérificalion du Mitre. 435 et auquel d’ailleurs il est probable qu’on ne sera obligé de faire que de très-lésères corrections. lors- que étalon définitif aura été déterminé. Les conmis- saires des poids et mesures, que la convention a chargés de former cet étalon provisoire , ont cru ne devoirnégliger aucun des moyens qui pouvoient don- ner de la préc'sion à leur travail; ils vont rendre compte ici, avec beaucoup de détail, des procédés qu’ils ont suivis, procédés qui pourront être em- ployés dans la suite, lorsqu’il agira de former l’éta- lon définitif, Vérification du Mètre qui doit servir d'étalon provisoife. La longueur de ce mètre , relativement à la toise, devant être fixée d’après l’ancienne mesure de la méridienne de France , on a pris les résultats de cette mesure, qui ont été donnés par la Caille, dans les volumes de lPacadémie des sciences, année 1758. Ce savant a trouvé ; en comparant entre eux lés différens arcs mesurés de la méridienne , que la longueur d': 45°. degré de latitude , est égale à 57027 toises : d’où on conclut due la distance depuis le pôle de la terre jusqu’à Péquateur , qui est égale à go fois la longueur du 45. devré , est de 5132439 toises ; et comme, par le décret de l’assemblée na- tionale constituante , le mètre doit être la dix-mil. . lionième partie de la distance du pôle à l’équateur, ” IO il s’en suit qu’il doit être égal à 0,513248 ; ce qui, E c2 436 Géométrie. \ réduit en subdivisions de la toise, donne B pieds 1* lignes #*:. . La toise dont il s’agit ici, est celle qui est connue sous le nom de toise de l’académie, et qui a-servi pour la mesure des bases de l’arc terrestre au Pérou, et pour celle des bases de la méridienne de France. Cetie toise est de fer,,et l’on doit remarquer que les deux bases ont été mesurées lorsque la tempé- rature étoit à 13d du thermomètre de Béaumur ; d’où il est ciair que le mètre doit être rapporté à la ioise prise à cette température : mais on peut desirer que létalon ait la longueur requise, lorsque le ther- imomètre marque un autre degré que 13. La com- mission des poids et mesures a pensé qu’il conve- noit de prendre pour point fixe, la température à dix degrés du thermomètre centigrade (1) ; elle a peusé aussi que létalon devoit être en cuivre, pour éviter l'inconvénient de la rouille. D’après cela, la question proposée aux commissaires vérificateurs , étoit de faire un étalon de cuivre qui, étant supposé à 10d du thermomètre. centigrade , contienne 3 pieds x lignes + de la toise de fer de l’académie, sup- posée à 13d du thermomètre de Réaumur; et voici les moyens employés pour cette détermination, Nous dirons d’abord que pour toutes les compa- raisons de mesures que cett: opération a exigées , on s’est servi d’une grande règle de cuivre exécutée 1) Nous appelons thermomètre centigrade celui dans lequel l'intervalle entre le terme de la glace et celui de l’eau bouil- ) Jante est divisé en 100 parties égales ou degrés. Dans le ther- momitre de Réaumur cet intervalle est divisé en 8o degrés. [4 éréfication du Tètre. 437 par le’citoyen /e Noir, au moyen de laquelle on détermine avec beaucoup de précision les petites différences qui se trouvent entre deux mesures qui sont à-peu-près égales entr’elles : Pour cela, on applique une des mesures > Par un de ses bouts ; contre un petit cylindre vertical > Qui est fixé sur une extrémité de la grande règle et qui sert de heur- toir ; on ‘ramène ensuite contre l’autre bout de la mesure un petit chariot cu curseur qui porte une: rècle divisée en dix-trillièmes de toise , lac uelle cor- respond à différens verniers tracés sur la grande segle dont les subdivisions sont des cent-millièmes de toise , et alors on observe le nombre de parties données par le vern'er. Lorsqu'on a fait cette ob- servalion sur une des mesures, on-en fait une pa- reille sur celle qu’on veut lui comparer ; et enfin, retranchant le nombre de parties qui a été marqué par le vernier dans la seconde observation , de celui Qui avoit été marqué dans la première , on a l’excès de la première mesure sur la seconde , exprimée en cent - millièmes de toise. ? C’est au moyen de semblables COMmparaisons faites entre différentes mesures, qu’on est parvenu à la Vérification de Pétalon. Pour cela , on a d’ab@rd fait faire un mètre qui avoit à-peu-près la longueur re- quise , et ensuite‘trois autres mètres peu différens du premier, mais un peu plus longs, parce qu’on Soupconuoit que le premier étoit {rop Court ; et après Jes avoir comparés eatr’eux sur la grande règle , de la manière que nous venons d’expl'quer, on a mis ces quatre mètres bout à bout pour les comparez Ee3 { Î 438 _ Géométrie. tous quatre ensemble , avec deux toises de fer mises _ aussi bout à bout, dont le rapport avec la toise de l’académie a été déterminé par de semblables com- paraisons : mais comme les quatre mètres étoient plus longs que les deux toises, on a ajouté à celles- ci une pelite pièce de cuivre dont on a ensuite dé- terminé la longueur par des opérations particulières. Enfin, d’après toutes ces comparaisons ‘on a établi le vrai rapport du premier mètre avec la toise de Pacadémie, et par conséquent celui des trois autres imètres avec la même toise. Nous allons donner le détail de ces comparaisons. Comparaison des quatres mètres entre eux. Avant appliqué contre le heurtoir de la grande rèsle un des bouts du premier metre qu’on appel- lera M , et ayant ramené le curseur contre Pautre bout, on a trouvé que le vernier marquoit sur les divisions du curseur 493 parlies ( Chaque partie é‘ant comme nous Pavons dit. un cent - millième de toise }. ‘Une seconde observation a donné la méme quantité et ensuite ayaut fait une opération pareille sûr le second mètre Qui étoit étiqueté n.0 1, on à trouvé, par deux PET ‘ fois, 497 :, d'où il suit que le mêtre n,9 1 = M + Comparant après cela de la même manière,'et, toujours avec le même mètre, les deux autres mèétres V érification du Mètre. 439 étiquetés n.° 3 et n.° 2, on a trouvé, par plusieurs observations répétées, par D02 —,/M'+ 400: n°2 UT + 4,25; d’où on trouvera que les quatre mètres pris ensemble par sont égaux à 4 ZM + 13, 17. Comparaison de La toise de l’académie avec les deux autres toises de fer. Ces deux toises, que nous appellerons N n. r et IV n°. 2, appartiennent au citoyen Le Nour ; on a trouvé, par un grand nombre d’observations qui s’accordoient très-bien entre elles, que la toise M par n.° 1, éloit plus petite de 3, 15, que la toise de l'académie qu’on appellera À ; c’est - à - dire que par N ne. 1— 4—3,15. On a trouvé aussi, par un milieu pris entre plusieurs obstrvations , que M par n°2 — À — 3, 38 ; d’où il suit que les deux par toises N n.0 1 + N no 2 — 2 A — 6, 53. 440 ah” Géométrie. gueur de la toie de l'Académie, dont nous joignons ici Le dessin figu- ralif a été prise entre deux points distance des angles m et n, parce que nous avons supposé que les y ar- ties m à ei n b voisines de cesangles, MS se sont mieux Couservéesque les par- üies & c et b d qui ont pu s’user en entrant souvent dans l’étalon : nous nn ; Nous remarquerons que la lons avons trouvé qu’en prenant la lon- oueur de la toise entre les ponts # et £ placés au tiers des lignes c m» et 4 n, la toise étoit FA courte d’une LH et demie , qu’en la pre naui emtre les points a et b. Comparaison des quatre lWVètres avec les deu toises IN n.° 1, et AN n°. 2. On a dit que, pour pouvoir comparer Îles quatre mètres avec les deux toises, il a fallu ajouter à celles- ci une petite pièce supplémentaire : cette pièce, que nous appellerons & ; avoit à-peu-près 45 lignes de longueur. On a d'abord placé les quatre mètres sur la grande rècle, et on a trouvé, par un milieu a et b placés à environ une liene de % #, j PET 2, v D a. : Vérification du Mètre. 4AT pris entre plusieurs observations, que le vernier par , marquoit 602, 25 ; placant ensuite les deux toises ef par - avec elles la pièce supplémentaire , on ‘a eu 576,6 ; enfin , ayant fait une seconde fois la comparaison, par on a trouvé pour les quatre mètres 602,25 comme auparavant, et pour les deux toises plus la pièce par $ supplémentaire 576, 10. IL suit de-là que les quatre mètres étoient plus grands que les deux toises plus la pièce supplémen- par taire, de 26, 15. Pendant ces comparaisons on a observé plusieurs fois deux thermomètres centisrades à mercure, qu’on plaçoit sur les extrémités des mesures comparées. Ces thermometres n’ont pas varié pendant les ob- servations , et ils ont constamment marqué + 161,2. On se servira dans la suite de cette observation pour rapporter l’étalon au degré de température demandé. Détermination du rapport de la petite pièce supplémentaire avec La toise de l’Acadé- mue. Pour trouver ce rapport, on a fait faire cinq autres pièces de cuivre que nous appellerons 6 ,c, d,e,h, et qui, ajoutées à la pièce & , formoient une longueur peu différente de celle de la toise. Ces pièces avoient entre elles les rapports suivans. La piècee 8 étoit à très-peu-près égale a la pièce & ; la pièce c étoit / , , Cr: f 442 Géométrie. ? étale à 6+ & ; la pièce d étoit égale à c + a; la pièce e à d + à, et la pièce hàd+esr a. On a établi des com paraisons entre toutes ces pièces, | comme on lavoit fait pour les premières mesures , et on a eu, par des milieux pris entre les obser- Vations, les résultats suivans. l Parties données par le vernier È par pour &..... Sora7ly 2 DS 1 HPR (0 AT à 776,16 À par — . . 774%0ofe -a+6— 1,66. . . . —2a— a + d sale ide 732,87 d | #4 €... 735,62{° DE 270 20 AIG ME et 7 797,62 | par h...).745,5o0fh= a +d+e— 12,126 a— d’où on trouvera que les six pièces &, b,c,d,e,h, f par prises ensemble } sont écales à 19 QA— 13,94. Eniin, on a comparé ces six pièces avec la toise IN n°. 2, et le vernier a donné les quantilés sui- vantes , savoir: Far Pour la toise N'n.02.,, 2299, À F \ Vérification du Mètre. 443 Et ponr les 6 pièces. . 2900,5 ; donc les 6 pièces sont plus grandes que la toise NN par n°. 2, dé 6or,5. Mais nous venons de trouvér que les 6 pièces é par étoient égales à 19 a—13,,4 ; et nous avons vu ; dans un autre comparaison , que la toise AN n.° 2, : : : pe + étoit égale à la toise de l’académie — 3,38 ; d’où il par Suit que 19,& — 4 + 612,06, et par conséquent & par CT 38 vi! Résultat des comparaisons. On atrouvé, par la première comparaison , que les quatre mètres pris ensemble étoient égaux à 4 M par + 19,17. Par la seconde comparaison , lé deux toises V n.° 1 et N n°. 2, prisesensemble, ont été trouvées rar égales à deux fois la toise de l’académie — 6,53, c’est- De à-dire, N fo r + Nno2—2 4 6,53. Par la troisième CAN TE , les quatre mètres à étoient plus grands de SOS que les deux toises plus la pièce supplémentaire @. Enfin, par la dernière opération , on a trouvé que par cette pièce supplémentaire étoit égale à + À + 32,2r De ces différens rapports on couclura aie les quaire 444 Géométrie. 7 par par mètres ou 4 M+ 13,17 — 2 A-—6,53+ 79 4+ pet par 32,21 + 26,15, et par conséquent, == 22 4 40 par 0,66 : mais nous avons dit que chaque partie est un cut millième de toise ; donc M— A x0 5132545 > lg. et réduisant la toise en lignes M— 4434519, kg. ou À — 3 pieds 11,4519. TI résulte donc de notre vérification, que le mètre AT est plus long qu’il ne devroit étre d’une quantité kg. — 0,0119, c’est-à-dire, d’un peu plus d’un centième de ligne. Mais il reste encore à faire à ce mètre les réductions relatives à la température. Noùs avons vu que, penclant la comparaison des qualre méires avec les toises, nos thermotrètres p] degrés répond à 1 22,06 du thermomètre de Réau- centigrades marquoient 164,23 or ce nombre de mur, ce qui diffère très-peu de la température de 15%, à laquelle on doit rapporter la toise de laca-, démie : on peut donc se dispenser de faire aucune correction à la IDREUS ur des deux toises 1V n°, 1et. IN n°. 2 5 mais l’étalon du mètre , qui est de cuivre, doit être réduit à la température de ro du ther- momètre centigrade , c’est-à-dire , à une température qui est 64, 2 au-dessous de celle qui avoit lieu lors de la comparaison. Or, on sait que pour une dimi- nution d’un decré dans le thermomètre de Réaumur, te cuivre jaune se raccourcit, à très-ptu-près , d’un DRTT 4 l (e P'érification du ètre. 445 43000° , ce qui, pour 62, 2 du thermomètre centi- grade, donneroit un 8760; ainsi l’étalon vérifié étant réduit à la tepérature de 104 du thérmo- mètre cenlisrade , seroit plus court qu’il n'étoit lors de la comparaison, d’une quantité égale, à la 8760 partie de sa longueur totale, laquelle était de 51325 “parties, d’où l’on trouvera qu’il seroit raccourci de par. 5 93: Mais nous avons vu ci-dessus qu’à l'instant de Hig. da comparaison il Ctoit trop long de o,or19 ce qui : par. équivaut à 1, 36 : donc à 101 du thérmomètre cex- Pi tigrade le mèire, /H se trouveroii trop court de 4; 54. Mais nous remarquerons que parmi les autres mètres que nous avons comparés au mètre JM, 5 s’en trouve un qui est plus grand que le mètre A7, de la même quantité à très-peu-près dont celui-ci est trop petit; savoir le mètre n°, 2 que nous avons ar. dit être égal à A7 + f' 59'; la différence est, comme Pon voit, insensible et fort au-dessous de ce que peut donner Pobservation : d’après cela on peut prendre le mètre n°. 2 pour létalon provisoire, Lg. 4 contenant 3 pieds 11, 44 de la toise de l’académie et égal à la dix-millionième partie de la distance du pôle de la terre à l'équateur. C’est cet étalon que les commissaires croient devoir étre présenté au ca- mité d'instruction publique. | . On remarquera que ce même mètre pris à la tem- érature des caves de l’observatoire, c’est-à-dire à 101. 2 446 Céométrie. du thermomètre de Réaumur ou 124 ? du therme- un ; 8 mètre ceutigrade, auroit 3 pieds 11, 46 et qu’à 1344 du thermomètre de Réaumur ou 174 © du thermo- hg. mètre centigrade , il auroit 3 pieds r1 + Paris , Le 18 messidor, an troisième, de La, ré- publique. Signé BoRrDA , BRrisson. Ce rapport ayant été présenté aux commissaires des poids et mesures, ils en ent adopté les résultats, et ils ont arrêté qu’il seroit signé et présenté par eux au comité d'instruction publijue. Paris , Le 18 messidor. Signé LAGRANGE, La- PLACE, PRONY , BERTHOLLET, BonrDa; BrIsson. Le AO La Gi LUE, Lerrrs de F. EL. Moner aux rédacteurs du MAGAZIN ENCYCLOPÉDIQUE , SUr ul tlinéraure lithologique du Mont St-Gothard. Lausanne , le 9 juillet 1705. Crrovens, C’est une charmante idée , que de faire connaître un pays dans ses rapports les plus intéressans avec l’histoire naturelle , en même temps qu’on en décrit la topographie, et d’offrir ainsi sous un petit cadre, et d’un seul coup-d’œil , aux amateurs de cette f MM. Exchaquel, Struve et van Bérghem Ber Tiinéraire du Mont St. Cothard. 447 science, tous les o'jets vers lesquels ils doivent par- ticulièrement tourner leur attention et d recherches. Charpentier est , Je crois, Pait Conçue et réalisée d’une manière salisfaisante , dans sa Carte pétrographique de la Saxé. La direction des chaînes centrales de la Snisse ct de leurs dépendances 3. — Celle de leurs coucties : — l& nature des substances qui les composent , iriger leurs le prem er qui — ‘le nom des fossiles rares qui les accompagnent ét dont cette contrée est si riche 5 — Pindication exacte des gites auxquels ils appartiennent 5 — CE qui concerne les routes qui y conduisent 5 — en un mot. . importe de savoir pour rendre un pareil tructüf et agréable : voilà ce que Pon trou sement exécuté pour le Saint-Gothard > la Fourche k et les sources du Rhône > du Rhin, du Téssin et de la Reüss , etc. , dans uue carte lythographique que tout ce qu’ voyage ins- ve ingénieu- thout ckel de auteurs et du en ont dressée, et que le burin du citoyen Me Bâle vient de rendre digne de ces public. ; Pour donner à cette carte une utilité générale, et là mettre à la portée de tous les Voyageurs , l’Éditeur Y a joint un Ztnéraire tiès-bien fait , ouvrage du professeur Struve qui-a souvent donné au public des Preuves de ses connojissances distinguées en minéra- Togie et en chimie ; 1i renferme dans un petit v d’une impression soignée, ce qu’il faut Connoiître sur les routes du Saint-Gothard > QUI peuvent se rapporter à ces 6 points de départ, Lausanne, Bellinz One , Berne, AU, Disseniis s Domo ét Genève. olume 448 | Lihologie. : On y trouve, pour chacune d’elles, la topographie et la description des lieux, leurs distances et leurs hauteurs principales ; — celle des aspects intéressans qu'ils présentegt ; — des observations sur la minéra+ logie, la botanique et d’autres parties de lhistoire naturelle ; — et des notes historiques sur antiquité et les arts. Ces détails sont suivis d’un catalogue raisonné des fossiles que fournit le Saint-Gothard, disoosés selon le systême oryctognosinue du célèbre Werner ,: fait sous les jeux de ce célèbre minéralogiste par le ci- toven Berthout. Enfin, l’ouvrage est terminé par une table des ma- tières. La publication de ce travail est un service essentiel rendu aux mintralog: es suisses, et peut , sous tous ses rapports, servir de modèle à ceux que l’on entrez prendra sur d’autres contrées. Je v’en doute pas, Citoyens : ce motif vous déter- mincra à accorder à cette notice une place dans le Journal que vous avez consacré aux progrès des sciences et à l’ulilité publique. Recerez, s’il vous plait, avec l’expression de la reconnoissance qui vous est si.justement die à cet égard , celle des sentimens fraternels de F. L. Money. IN. B. La Carte lithographique et l’Itinéraire du Saint-Gothard ,.etc., se vendent, à Bâle, chez le citoyen Meckel, graveur, et membre de plusieurs acad#mies ; Et à Lausanne, chez François Lacombe, libraire au café littéraire. ; BOTANIQU E: f. BOT AN. LOUE. DescrirTION exacte et détaillée de La tremelle glanduleuse , par Le citoyen Léreriré % chirurgien , de l’'Hôtel-Dieu de Paris. Tremella glandulosa subrotunde , pulrinata , fusco-nigricans , superficie mammosé. Bu 1 1. hist. des champ. t. I, pl. 420, fig. I. Tremella difformis , subrotunda , sinuata 3 gelatinosa , 1. sp: pl. 1204 Tremella arborea. Horrmax. Crypt. 37, tab 8. fasc. I. | Liver production prend naissance sur des branches d’arbres pourris, entre l’écorce et l’épidernce qw’elle: soulève d’abord par un point à , peine visible; à mesure qu’elle prend de l'accroissement . l'éviderme: s'étend et se brise. Ceite petite plante offre alors une figure hémi-sphérique et paroît sessile au premier coup-d’œil; mais si l’on détruit avec précaution la mousse ou le lichén qui Penvironne ; Si lon écarte avec soin Les lambeaux de Pépiderme , on voit aisé- ment qu’elle se termine en un court pédicule lésère- ment re'réci à sa base qui adhère au tissu cellulaire de l’écorce , à-peu-près comme la verrue implantée dans le tissu de notre peau. Certe tremelle: se développe ensuite aux dépens de son pédicule qui semble disparoître , selon qu’eile approche plus de son parfait développement. Elle s'étend plus en largeur qu’en hauteur , au point qu’eile Técouvre une t'ès-grande étendue du vévétal qui la Tome III. | E f a Botanque. i produit, sans, pour cela , n’y adlérer que par mn seul point. | ‘Davus $on premier âge, sa surface est totalement - lisse et dun blanc tirant sur le noir. On la voit bien- tôt se couvrir de petifs tubercules qui la font paroître comme mamelonnée, On ne peut inieux comparer ces corps, qu’à des «landes d’abord éparses et qui se vnultiplient par la suite. Lorsque cette plan!e appro- che de ‘son dépérissement, les glandules changent de forme, sont, pour ainsi dire, pédiculées et parois- sent à l’œil nud'comme de petites pointes:enfin, sa surface au lieu d’être lisse, mamelonnée , est ru- gueuse , échinée et plissée à larges carreaux. L'intérieur de cette plante n’est qu’un mucilage épais, imitant parfaitement la gelée : sa transparence permet de distinsuer une couleur bianchâtre tirant: sur le gris. Presse-t-on cette gelée entre les doigts? Son volume diminue’ d'une manière sensible , de sorte qu’il ne reste plus qu’une pellicule très-mince, qui est celle dont l’extérieur est couvert des ma- snelons dont je viens de parler et qui forme une espèce de bourse qui contient ce mucilage. Ba saveur est insipide et la même que celle de cette espèce de gomme que l’on trouve sur les fruits. :: à L’élasticité est une. propriété très-remarquable dans ceite plante. En la pressant de haut en bas, ou de la circonférence vers le centre , son volume diminue et recouvre sa forme première dès lins- tant que l’on cesse toute pression. Cette plante n’est plus, dans sa vieillesse , qu'um \ LT Tremetle élanditeuse. 45 Je | Æorÿsinollaisé, noirÂtre,! qui téng'les doicts lorsçu’on d la touche , qui se dessèclie ‘au sblefliet ne laisse plus: sur le-'morcéan de bois ‘qui Pa produite » 4: «qu'une tadhe noire comme Pencre” et’/luisante en gnènrie temps. ! «°° DUT LL SLI RP ALES en} a Te WEtrer ra a M A M MA Le es G L: ke. in ? lisrorns NATURELLE DES on Our ANGS. Par Er. Grorrror , professeur de xbolügie au Miséum Histoire nétrérelé, et G: Currer, ‘professeur d’ Histoire natisrelle aux RL D à ROSE LR CRE LONT ARÉS EH , 1489 dy AUS É: pe ce qui péivent se Er € dvi ser les | MURALE singes. Le re ovntan Globrelianhelsers son Lo é LP singes, .ces. êtres singuliers, dans la formation desquels la nature semble s'être plue à faire une car- ricature grossière de la figure de Phomme, ont quel- quefois embarrassé le philosophe, par la difficulté de poser une limite certaine entre les actions que produit chez eux la: ressemblance de leurs arganes avec les ; nôtres, el cle qui dé iyentichez nous d'une faculté sprriene a Hs n ’embarrassent pas moins le naturalste, par la difficulté de lesdistinguer exactement les uns d’avec les T2 452 | Mammalog TA autres, et d'en RrÉRnE les diverses espèces selon leurs vérita’ les rapports naturels. ; Les singés, ainsi que les perroquets, ces autres imitateurs de l’hoinme, peuplent les forêts de la zone torride dans les deux hémisphères. Les premiers les a: iment par leurs gambades et par leurs mouvemens p‘tulans etridicules , comme les seconds les remplis- sent de leurs cris rauques, éclatans et continus. Les uns ét les autres élonnent autant par la variété des espèces, que par le nombre d'individus de chacune, L’abondance et la qualité nutritive des fruits qui leur servent à tous de npurriture, a, du leur donner de la fécondité ;'et comme les! singes partagent avc les perroquets la faculté d'échapper à la plupart des bêtes féroces, sinon en volant, du moins en grimpant aux arbres, leur séjour ordinaire, eten sautant avec agilité d’un arbre "à us autre "ils ont'plusieurs causes de destruction de moins à redouter que les autres quas drupèdes foibles. Voili pourquoi lés fndividus sont si nom'TEUx, NE Or; c’êst une loi ass£z généraie de la nature, que le nomire des espèces d’ un genre est à-peu-pr ès en raison de la fécondité de chactmie 4 elles ; s' soit que ce que nous appelons des espèces , ne soft que les diverses dégénérations d’un même type , lésquettès out dà s> multipliér en raison desenäissrites plus où moins fréqueniés $ Soit que beaucoup d’entre ‘elles soient nées de l'âcéoupl ement d’espè: es voisines, ét que lefficacité de ces sortes de mélanges dépende dé la force génératrice des espèces mélées. Les ordres des rongcurs, des canivores, nous fournissent aussi T4 DUO) 7, Orangs-Outengs. | 453 bien que celui des quadrumanes, de nombreuses ap- plications de cette loi: Les espèces si fécondes des singrs devoïent donc être très-multiplites, et elles le sont en effet, Maloré les recherches assidues des plus grands naturalistes (Y, il est rare de parcourir une collection un peu rom- breuse, sans y distinguer quelque espèce ou varitté sonpeltét et il n’est pas douteux que si leurs diffé- rences étôie nt plus apparentes, si elles portoient Per exemple, sur des couleurs bien tranchées 5 COS Cabi- nels en seroient encore mieux fournis ; iaïs des 2 nuañces peu variées , de 2ris, de ! run on de Étape à des changemens lé cers dans x longueur du museau ; la forme du crâne et les proportions des parties, né tient pas propres à frapper le commun des ! VOva- geurs. Ils ne se sont arrêtés qu'aux différences extrêmes ; el c’est un pur hasard, 1 iorsque , dans’ les objets qu ] rapporte > Le naturaliste House de ces espèces qui ont des ous ropres, quoique sem blables, au premier Coup-d’œit, à celles quon Con noissoit déjà. Cepétaté la fréquence de ce hasard démontre évidemment combien ces espèces sont nom breuses ,'et combien dés reclerthes e: atreprises pour cette Gi! > fous en feroient encore cornoitre (4) Lex (x) Buffon et Fennart Sont ceux qui se sont oceunés des singes aycc le plus de succès. (2) « Un de mes amis, revenu d'Amériqne où ila séjourné > pendant quelques années , m'a dit qu'il y avait plus de > quatre- vingtespèces de sapajous et de sogcins. » Allamiuud. supl. à Bufon ; éd. de IHoll., tome XV, Ff3 RE |: Mammelogie: périence répélée Jque nous en avons faite sur des À singes vivéhis où émpaillée, nous a convaincus de l’im- possibilité d’en éclaircir l’histoire, si nous ñe recher- chions d’abord, pour la distinction des espèces , des, caractères plus précis, et plus faciles à saisir que ceux qu'on a éemplorés jusqu'ici, Mais conure l'esprit humain est trop Horné pour comparer à-la-fois un si grand nombre d’objets , -çoiume 1l ne procède qu’en généralisant, et qu’à peine a-t-l aèruis quelques idées, qu’il les réunit en! grou- pes, et forme de ceux-ci des sroupes plus élevés, pour redescendre ensuite par deprés, de ces divisions. générales, anx subüivisious particulières, nous avons, dû commencer par faire dans celte grande famille! des s! nses des coupures assez nombreuses ; ét afin qu'elles ne donnassent-point d'idées fausses ; quelles ne réunissent point des espèces fort différentes en en séparant de très-semblables, il a fallu en chercher, les tases dans les différences les plus importantes de Ja éonformation, dans celles .qui ont la plus grande idfluence ser tout le système animal. Nous ne pouvions pas employer celles des zoolo- oistes préc Pour en tirer la conclusion, que la guillotine doit être un geure; de mort horrible, ù Daos la tête, séparée du corps par ce supolice , le sentiment , la personnalité, ke moi resie vivant pen fant quelque temps, et ressent l’arrière-douleur dont le col est affecié. Développons cette vérité en fiveur de ceux qui pourraient la trouver moins éviden: ; faute d’avoir G 5 à 470." Physiologie. ure connoissance exacte des deux principes d’où elle découle, De la preuve que le siéxe du sentiment se trouve dans le cerveau , résultent lès observations suivantes : 1°. L'expérience atieste que, lorsque le cerveau resté intact, il n’est pas de membre, de viscère, d’organe , qui ne puise étre détruit , sans que ni le sentiment , ni la faculté de penser, ni la volonté, nila mémoire en souffrent. La moële épinière même pourra êire blessée , ou dans un état de compression ) sans que lPentendement et la faculté de sentir en soiént :déiruiis. 2°. Il y a des vices ou des maladies de cerveau, qui lui fout perdre la faculté de sentir | d’apperce- “voir et qui nuisent à la faculté de penser: La pres- sion d’une goutte de sang ou d’un fragment d'os, un souvent à l'instant même la faculté de sen- tr et d’appercevoir. 3. Aussitôt qu’on fait disparoître le mal, dont le cerveau est ainsi affecté, qu’on lève la pression, SRE Ôte los, le sentiment et la faculté de penser se ré- iablissent tout ‘e suite, à moins que le cerveau n’en ait été esseutiellesrent détérioré. 4°. T1 arrive souvent qu’un doigt malade, oblige d’ampuler la main , et celui qui a subi l'opération, se plaint des douleurs qu’il croit ressentir dans le doigt qui r’existe plus. Si donc le principe, que le siége de la Dr de sentir est dans le cerveau ne peut être con- testé, voici la conséquence qui en résulte. Aussi long-temps que le cerveau conserve s@æ # ’ Des Ld : Sur Le supplice de La Guillotine. 471 force vitale le supplicié a le sentiment de son Existence. Des phénomènes frappans, remarqués par un grand nombre d’observateurs , disnes de foi , et dont ous avez été vous-même le témoin > prouvent que da tête conserve sa force vilale, long-temps après être séparée du corps: C'est ici le lieu de citer l'autorité de quelques écrivains respectables, < Harrer di: E/ementorum Physiologiæ , tomo 4, PAS: 35. « In homive legimus caput resertum , » mire torvum respexisse , cum disitus in medul'am » spinalem : immitteretur. » - Weicanp, célèbre médecin d'Allemagne , a vu se mouvoir les lèvres d’un homme dont la tête étoit abattue, | | ) Foyez .philosophische artz, 1790 , pag. 2214 Leveling à souvent , sur les lieux de supplice , fait Pexpérience d'irriter la partie de la moële épi- nière, qui étoit restée attachée à la tête après la séparation ,- et il assure que les convulsions de la tête ont été horribles. Voyez Hallers grundriss der physiologie , pu- bliée par Leveling 1795, p. 330. Je. regrette de lavoir moi-même engagé à faire ces expériences , avant d’y avoir bien réfléciii. D'autres! m'ont assuré avoir vu grincer les dents, après que la tête était séparée du corps; et je suis convaincu que si l'air circuloit encore régulièrement par les organes de la voix, qui n’auroient pas été détruits , ces têtes parleroient. G£ga 472 Physiologie. Vu Ce qu'il y'a de sûr, c’est que des Eénicibe à qui le col wavoit été coupé qu’à demi, ont crié. Je ne cite pas ici mes propres expériences , sur des têtes d’animaux coupées, et où j'ai remarqué la force vitale dans les muscles de la tête , après le délai de plusieurs minutes. Quoiqu’elles prouvent la même chose, je ne les citerai néonmoins pas, parce que dans les animaux ; lerapportdu cerveau à la tête, difière trop du rapport qu’on observe dans l’homme enire ces mêmes parties. On peut cependanttous les jours se convaincre , dans les cuisines et dans les boucheries , que les têtes d’atimaux sut vivent à leur sé paralion Get le reste du core ; Si donc dans la tête de l’homme, ainsi séparée , fe cerveau «st resté perdent quelques temps s actif et à un si haut degré, qu'il ait pa mouvoir les muscles du visage ai ie Es conservé, pentant ce mème intervalle, ke sentiment , on ne peut plus douter qu’il n'ait aussi et la faculté d’appercevoir ; mais la darée de cet élat ne peut pas encore être fixée exactement, À. en jugcr d’après les expériences faites sur des membres ämputés “d'hommes vivans, ét sur lés- queis on a essayé le moven d'irritation de Galrant, il est vraisemblable qu: la sensibilité peut durer &r quart-d'heuwre:, %w que la tête, à causé de son, épaisseur ct de sa {orme ronde, ne perd- pas sitôt sa Ghalcur. | On sait que trés-souvent la faculté de produire du mouvenient a déja cessé, que la faculté de sentir subsiste encore, Ceux qui s’observent eux-mêmes , { Sur le supplice de la Guillotine. 473 se sont trouvés quelquefois dans un état où la force de mouvoir les muscles leur Mauquoit, pendant que les sen’ations qui leur parvenoient par les cr- gänes restoïieut les mémes. Le froid > par exemple, gèle les doigts au point de les rendre incapables où au moins inhabiles à écrire , quoiqu'il leur reste du sentiment. Les mourans voient ef entendent lone- lemps après avoir perdu la faculté de mouvoir les muscles. On a même des exemples que des per- sonnes jugées mortes > Ont entendu et apperéu tout ce qu'on faisoit autour delles, sins qu’elles aient eu la force de mouvoir aucune parle de leur corps. Uïe autre considération qui se présente à mom esprit, c’est que la guillotine frappe à lendroit de notre Corps qui est le plus sensible, à cause des nerfs qui Y Sont répandus et réunis. Le col renferme tous Îles verfs des membres supérieurs , les branches de tous les nerfs des viscères | ( le sympathique, le vagus', le phremius ) etenfin là moële épinière, qui est la source même des ne rÉS qui aspartiennent aux membres inférieurs; par conséquent la douleur de la séparation, et selon la manière dont jai vu agir la auillotine , je dirois la douleur du érisement ‘ Où de l'écrasement du col fr), doit être la plus violente ; la plus sensible > la plus déchirante qu’il soit possible d’éprouver. En effet , il faut connoitre ces nerfs, il faut les avoir vus dans la näture Pour se faire une idée de la violence de ces douieurs. (t) I ne faut pas s'imaginer que cet instrument coupe ; cela est linpossible , à ciuse de Ja colonne verlébrale osseuse. 474 | Physiologie. Et si elles ne eontinuent que pendant quelques secondes, ce qui n’est pas du tout probable, selon ce que nons avons dit plus baut, il restera tou- ‘ Jours la question de savoir : sc La courte durée pêut compenser lintensité horrible dela souf- france? | À tuoi aboutiroisnt done ces affreux tourmens qu'on fait éprou er aux malheureux, pour ainsi dire après leur mort ? Ce n’est pas sans peine qu? j'ai entendu bien des personnes estimables dire; que si elles devoient périr par le supplice , elles préf{reroient de mourir par la guillotise, Elles énonçoient précisément le contraire dé leurs vœux. N LA LA Le suplice par le tranchant de l'épée ou par la kache a la mème barharie. : fieureusement ces deux genres de mort n’existent plus, que dans des pays remarquables par fa stupi- dité et la brutalité de leurs loix. Dans les états éclai- és où jusqu'ici j'ai eu le bonheur de vivre , la peine capitale n'étoit plus en usage depuis une trens ‘laine d’années; et j'espère que lhorritle guillotine , ce jeu atroce ; ce passe-temps abominabie des bours Teaux et de 11 populace, yrrestera éternellement inconnue, Il est superflu de faire sentir aux ames honnêtes, combien ce nouveau genre de supplice déshonore l’humanité. Ceux qui peuvent s'y plaire et en parler avec une.sorte de délices, sont des xonstres qu’un homme raisonnable r’entreprendra pas de convertir; il faut les déporter chez les can- nibales. à os Lost té Sur le supplice dé la Guillotine. 475 La question qui se présente raturéllement à la suite de ce qui précède, c’est de savoir que’le espèce de supplice , quel genre de mort est le plus doux et à cet égard préférable aux autres ? La pendaison. Tous ceux qui se sont pendus eux-mêmes, où qui ont été pendus par d’autres, mais qui sont revenus à la vie, et j’en ai connu plusieurs, disent qu'on peut se figurer le sentiment que fait éprouver ce genre de mort , comme un doux sommeil. Dans le mo- ment d2 l’élranglement, le sommeil mortel sétoit ‘emparé d’eux sins douleur particulière , sans le sen- timent d’une angoisse quelconque, et ils en sont sortis comme d’une foiblesse délicieuse, I n’est pas de médecin d’une pratique un peu étendue, à qui un pareil casme se soit présenté plus d’une fois, et qui rar conséquent ne soit en état de fournir des témoignages incontestables pour soutemur la vériié de ces faits. | Cette preuve à posteriori est donc irréfragable, puisqu'on cornoit des personnes revenues à la vie, après ce genre de mort, et qui peuvent dépeindre ‘un sentiment , qu’il est impossible de connoitre de la même manière dans le cas de la décapitation. Mais on na qu’à réfléchir un peu pour trouver également & priorc la preuve de ceite vérité. 1’homme à qui Pon comprime le cerveau avec le do'gt, a un endroit où un morceau du crâne manque , par la suite. de quelque blessure, s'en- dort sous La main. Le même phénomène arrive quand le cerveau est 476 Physiologie. comprimé par un amoncellement de sang. Dans um penda le sang s’amoncelle : | 19. Parce qu’il y entre par les artères vertebral»s qui, traversant les canaux osseux des vertèbres du col, ne peuvent pas être comprimés 3 2°. Parce que tendant à refluer par les veines du col, il se trouve arrêté par le li:n qui noue le col et les veines; Par conséquent il comprime le cerveau, et pro- duit, én peu de secondes, un sommeil qui bientôt après se change en anéantissement, en véritable mort, car il est prouvé que la facalié dapperce- voir où la conscience des sentimens, cesse dans le mple sommeil, | Les convulsions qui dans ces cas ont quelquefois | lieu , mais n'existent pas toujours, ne sont pas la preuve d’une angoisse ou de quelque autre douleur. Vouloir prouver à des hornmes qui peusent, que c’est un préjugé que de voir quelque chose de plus inf&ant dans ce geure de supplice, ce seroit une folie. Vons avez été témoin vous-même, mon cher Œisuer, des convulsions lorribles des guillotinés ; vous avez vu Pappareil affreux , les liens atroces , la b'deuse coup: des cheveux , les nudités indécentes, le sang couvrant Je cadavre mutilé , et Pexécrable bourreau; vous-avez vu toutes Jes horreurs bar- bares de cette boucherie, toutes les infamies qui Géshonorent Phumanite et qui ac ompagnent ce genre de supplice douloureux et cruel. Des sajiues aussi abomisables ne deyoicut pas avoir lieu parmi les Sur Le supplice de la Guillotine. 477 sauvages : et ce sont des républicains aui les donnent et qui y assistent !!! Lrancfort, 20 mac 1795. SŒMMERING. nt P MA < 74 : ARCHITECTURE THERMALE. Mémorrx sur les eaux minérales et Les établis- semens thermaux des Pyrénées , comprenant Læ recherche des moyens Les plus propres à recuerllir et conserver Les sources minérales , el la description des monumens à élever , pour utiliser ces eaux salutaires à la guérison des blessures des défenseurs de la république ; cmprimé et publié par ordre du comité de salu public, un volume 8.° et 4 planches, D établissemens thermaux sont infiniment au- dessous de ceux des anciens. Corsidérés comme mo- puimens de l’art, rien n’y rappelle lélégance qui les distinguoit autrefois ; et comme établissemens médi- cinaux, rien ne s’y ressent de nos progrès dans l’art de guérir. Ceux des Pyrénées principalement se trouvent dans un état de dépérissement tel qu'il seroit bientôt suivi d’une destruction totale, si l’on n2 se hâtoit de les restaurer. Le citoyen Lomit, ipgénieur des pon:s et chaus- - ‘ é 0 478 Architecture thermale. sées , et instituteur à l’écolé centrale des travaux publics, a été chargé par le comité de salut public de prendre connoissance de tout ce qui concerne les eaux minérales de Barèges, de Bagnères et autres sources des Pyrénées, et de lui présenter ses vues sur les moyens utiliser ces eaux salutaires. Ce mémoire est le résultat de ses travaux et de ses recherches. Il y donne une notice détaillée de chacune d:s sources qui ont fixé son attention. Il compare leur état actuel avec celui où elles pouvoient être. Il fait voir com- bien elles ont souffert de la négligence de l’ancien gouvernement, et indique les moyens d’en réparer les effets. Il y enseigne à parer aux dangers qui les | menacent, aux lavanges, aux irruptions dés torrens, à l’altération des sources. Les changemens et les amé- liorations qu’il propose, sont toujours basés sur lex périence acquise et sur une parfaite connoissance des lieux. Il termine son ouvrage par des réflexions sur le mérite particulier de chature des sources qu’il a observées, et donne ses motifs de préférence pour quelques-unes. T! indique aussi plusieurs autres sources. dont on n’a pas encore fait usage, et qui lui parois- sent recommandables par leurs vertus et par leur situation. : Une partie très-iniéressante est celle des travaux proposés pour cet établissement. Ces travaux sont distingués en travaux de, conservation et d’améliorae tion qu’on ne sauroit pousser avec trop d'activité, et eu travaux qui puissent en faire des monuimens dont la durée et la noble simplicité soient dignes de la nation chez laquelle ils auront été entreprise pis Fan # Bains de Barège. 479 Le citoyen Lomet se fait un devoir de témoigner publiquement sa reconnoissonce envers le citoyen Ramond, traducteur de W. Coxe, qui l’a secondé de toutes les observations qu’une lonsue étude de la nature et une grande connoissauce, des principales \ montagnes de l’Europe l’ont mis à portée de faire. Au fond d’une prison où il langui-soit depuis quinze mois » dans un temps où sa mauvaise santé faisoit craindre pour ses jours, le citoyen Ramond se con- soloit de ses maux, en concourant à un travail qu’il savoit devoir être utile au soulagement des malheu= reuses victimes de la guerre. Le mémoire est accompagné de trois planches dessinées par l’auteur , et cravées avec beaucoup de -soim par P. K. Tardieu. La première offre le plan de Barèges ; la seconde , celui du monument thermal que le citoyen Lomet propose d’y construire ; et la trois ème , quelques-uns des détails de ce monument. | A |; el v BIBLLO GR AP HER Suite de la Notice sur les travaux: typogra- phiques etlittéraires des Anglais dans l'Inde, par EL. LanGLes (1). Société Asiatique de Calcutta. À vaxr de pr'senter le cataloque des ouvrages sortis des presses de Calcuïta, il west pas lors de propos de parler de la société littéraire établie dans la même ville ; les savans qui la composent, n’out cessé d’ali+, menter ces presses, dont les mémotres sont vérita- blement un trésor inappréciable d’érudition asiatique. Plusieurs Anglais, résidant depuis long-temps dans l'Inde , imaginèrent d’établir une société sur le même plan que celles qui subsistent chez les principales nations cévilisées de l'Europe. Ils pensèrent qu'il ny avait pas de meilleur moyen de centraliser toutes les notions intéressantes qu’on pourroit recuciilir en Asie, et de conserver en même temps une foule de peutes brochures ou de notices curieuses que les auteurs ne voudroient pas publier séparément. Ils ne se dissimu- loient pas cependant combien la manière d’être des Européens, leurs occupations dans ces contrées el le climat même sont peu favorables aux Travaux litté- raires. Tous les employ{s de Padministration, les (1) Magaz. encyclop. , tome I, pag. 229. çCimmMITeaus C4 FO baous des Ahntitès dans l'Inde. 481 | / Æomméroans et les artistes ont peu de momens à con , Sacrer à Pétude. Si leurs occupations leur laissent \ quelques instans de libres, il faut les employer à Ja | _ promenade. Car l'exercice est indispensable pour con- server. sa santé dans le Bengale. Mais ils consois- soient en même temps le génie actif des Européens ; _ aucun climat, aucune situation ne peut le dénaturer ot entièrement ; et, pour nous, le changement de tra- _ vail est un repos. *" Vingt-trois Anglais, parmi lesquels on distingue le chevalier William Jones , si avantageusement pet xonnu en Europe par difflérens ouvrages p'eins de 4, J - . ep . fe s ca goût et d’érucition, M. Francois Gladwin, traducteur élégant et fidèle, M.-le major Davy , éditeur des 7 4 SAT TT 1 / ; - instituts de Tamerian, se réuxirent sous ie nom de 1. société pour faire des recherches dans lhisioire “civile, naturelle, les antiquités, Les arts , Les Sciences ct la Hrdra iture de L Asie. Lis tinrent leur ” + première séance à Calcutta: le 15 janvier 1764 ; et n .* “bientôt ils eurent Ne des matériaux sufBsans ; dd © 3 . À : _ pour deux volumes de transactions où mémoires. Ils firent en même temps un appel à tous les natu- | : ralistes, chimustes, antiquaires ét savans des diffé- k rentes contrées de l’Asie ; Européens ou naturels 5 et … als chünrent des uns et des autres des notes de la dernière importance, comme on le verra par l’ana- . ‘ÿse des trois premiers CAFE de ces mémoires, ni) qui ont déjà passé en Europe. La présidence de cette Ye) 2: RE : J à As istre 1 erte d’un accord unanime à NA. illustre société fut offerte d accord una M, Hastings, qui eut la modestie de la refuser , et qui -emiploya néanmoins le pouvoir dont il éloir revètu , Tome III. | H h 4B2 Bibliographie. à la protéser et à favoriser ses travaux. Les suffrages se réunirent ensuite sur le chevalier Will, Jones. Quelque rivalité, j’ai presque dit, quelque ani- mosité qui divise nos deux nations, je ne craindrai point de payer un juste tribut d’admiration et d’éloges à celle qui a réussi à établir une colonie de savans au- delà de l’Indus, et à rivaliser , dans leur pays nême, l’antique et docte caste des Brahmanés. Désormais les docteurs de Benarès et de Kasi iront étudier dans une factorerie angla se des sciences dont ils possédoieni les ‘premiers élémens plusieurs milliers d'années avant nous. Puisse ce foible dédommagement effacer dans leur cœur ulcéré les ressentimens trop bien fondés , ue leur a inspirés la conduite tyrannique des ET sntes nations européennes ! Quoique nous ne transcrivions pas la liste des mem- bres de cette savante société, nous devons prévenir le lecteur que la plupart des auteurs cités dans Île catalogue suivant, en font partie. Les autres sont des agens de la compagnie des Indes, trop occupés de leurs fonctions administratives pour entreprendre des ouvrages suivis. Mais leurs relations, feur place, et leurs courses dans l’inde leur procurent une foule d'observations qu’ils se contentent de jeter sur le pa- pier, et dont les gens de lettres peuvent faire leur profit, | Catalogue raisonné des ouvrages imprimés pet Les Anglais dans l'Inde , depuis 1778 iusqu ’eru 1789 (x). * L 4 grammar of the Bengal language ; by (1) Comme ces ouvrages sont extraordinairement rares ÿ CRE ee Ps Travaux des Anglais dans l'Inde. 483 - Nathaniel Brassey Halhed. ( Grammaire de Ja 1 ngue benyale, par Halhed ; Houglÿ au Bengale, 1778 ; in-4.° ). Le bengale est, à certains égards, un dialecte du sanskrit ; il est même impossible de bien le posséder, sans avoir une téinture de cette langue sacrée des Brahmanes. C'est l'unique moyen de correspondance que l’on aitavec les Hindoux , qui habitent le royaume affaires , ét n’en connoissent guère d’autres. Les agens de la compagnie étoient obligés d’avoir sans cesse auprès d’eux des interprètes bengäles , et le retard de leurs opérations n’étoit pas le seul désagré< ment que leur causoient ces employés mercenaires , souvent infideles, et toujours disposés à favoriser leurs compatriotes au détriment des étrancers. Cette langue estmême aussi nécessaire que le persan, pouf traiter avec les oiliciers et magistrats du souvernér ent mos ghol , lequel ne publie presque jamais d’acte en per- san, sans y Joindre une traduction beneale. Un autre avantace qui a quelque poids auprès des négocians, c’est que les chiffres bengales ressemblent beaucoup à ceux adoptés généralement en Europe, tant pour la forme , qüé pour la manière de les poser. La plus grande difficulté de cette langue consiste dans le nombre des lettres et dans la variété de leurs en Europe (la bibliothèque nationale de Paris n’én posside que deux, qui sont, le deuxième volume des Hecherches asia tiques et l’ Histoire de l'insurrection, etc.) , j’aicrn qu’il ne -seroit pas inutile d'indiquer par un astérique ceux que je me suis procprés par mes relations dans l’Inde. Hh 2 “484 Bibliographie. combinaisons. Du reste, les règles en sont mL an et. elle a peu d'anomalies. * IL. The forms of. Herkern , corrected from a variety of manuscripts , LR wilh the distinguishing marks of construction , and translated into english , etc. (Les formules d'Her- kern, corrigées d’après plusieurs manuscrits , aug- meviées des indices d> construction , et traduites en anglais avec une table des mots arabes, expliqués et disposés sous leurs racines particulières ; par Balfour; Calcutta, 1781 , IN-4.°, I volume ). L’intention de M. Balfour étant de faciliter l'étude du persan à ses compatriotes, il a choisi pour livre élémentaire un ouvrage que les naturels eux-mêmes mettent dans les mains de leurs enfans ; outre leur utilité grammaticale, ces formules doivent avoir un genre de mériie aux yeux des diplomates. C’est de les imitier dans le style-de la chancellerie persane et indienne. Tous ces vains protocoles que nous avons reetés avec plus de philosophie que de prudence, sont de la plus haute importance quand il s’agit de tra ter avec les souverainsde l'Asieouavec leurs agens, On trouve ici des modèles de firmans, de requêtes, de lettres et de contrats de toutes espèces. Dans le cas où nous voudrions songer sérieusement à renouer nos correspondances politiques et commer- ciales avec l'Inde, il seroit indispensable de donner une nouvelle édition de ces formules , avec une tra- duction française et une glose grammaticale. CL 1 j la: ; *. ‘Travaux des Anglais dans l’Inde. 485 IL À narrative of the insurrection which _ © happenedinthe Zemeedary of Benaris in the monthof august1781 , and of the transactions of the governor-general in that district j«vith an appendix of authentic papers, etc. ; Calcutta , | 1702, prunted by order of the governor-general , 1782; — Charles Wilkins , super-intendant of the press. ( Mistoire de P’insurrection qui arriva dans le Zemindary de Bénarès, au mois d’août 1767 , et de la conduite du gouverneur-cénéral dans ce canton, avec un appendx conlenant les pièces authenti- ques, etc. ; Calcutta, 1782, imprimé par ordre du gouverneur-général ; — Charles Wilkins, surinten- dant des presses , Ln-4°. 1 vol.). : M. Hastings annonce lui-même , dans une courte préface qu’il a fait imprimer , ces pièces pour mettre en garde l'esprit de ses supérieurs contre les soupçons + « inséparables des grands mouvemens politiques,de ceux sur-tout quise passent à une grande distance des ob- servateurs, et qui sont liés à de grandes révolutions et à des convulsions dusgouvernement , telles que celles qui ont eu dernièrement lieu à Bénarès.... « Si ».jen’avois ici, dit-il, d'autre motif que de faire pa- » rade de mon importance politique , j’aurois à coup sûr choisi d’autres circonstances de ma vie pubii- * » que. Je ne prétends pas me faire un mérite d’avoir » surmonté par une heureuse activité et avec des ns » secours étrangers, des troubles depuis long-temps fomentés, mais dont mes propres opérations ont häté explosion, Ils n’ont point au moins entravé les mains au quelles j’avois coufé le gouverrement H'h3 486 Bibliographie. : » Ar ei ils ne m'ont jamais fait désespérer un » seul ano:renf ‘lu salut de ma patrie». “Cet ouvrage est in‘érissant Eu l’histoire des opé= rations politiques des Anvlais dans l’Hindoustan ; c'est nne des pièces les plus eurieuses du fameux procès d'Hastines, * IV. Aÿeen #hbert, or the institutes of em péror Akber, transtated from the original per- sian ., by Fran: Gladwin ; Calcutta, 1783- 1786, in+4°. 3 vol (Ayim Akbery.{r), ou institutes d’Akbar, trad. du En par Gladwin.) C'est le tableau religieux , historique, civil et phy- sique de lPIude ancienne et moderne, composé par une société de gens de lettres sous les auspices du grand mogho!-Akbar, rédigé par Aboulfazel son pre= imicer visir. Li D'après le témoignace des savans de l’Inde et de V’Argléter ik cet ouvrage, unique en son genre ; €st le plus complet et le plus exact que l'on ait jamais écrit sur ln , sur les antiques @dorateurs de Jihrma , et sur les Moghols, leurs maitres. La multitude dés obiets, la difficulté : de rassem= bleret d’employer'tani de ruatériaux Givers, exigéoient ‘ “ À le éoncours d’un srand nombre de savans et d’ar=. Le tistes : cette magnifique entreprise ne pouvoit être eoncue et exécutée que er un puissant protecteur des. aris. On trouvera peut-être quelque ressemblance entre PAyin Akbery et notre e ncyclopédie par ordre de {1) Lutéralement, le riroir d’Afkbar, LAN GLÈS. Travaux des ‘Anglais dans l'Inde. 487 mâtières ; mais le plan de l’ouvrage indien mé paroit _ ‘encore plus vaste, et l’on pourra en juger par le rapide aperçu que je vais présenter. #3 _ Ilest divisé en trois parties. } La première contient une description exacte et très- déiaitlée de toutes les provinces, villes , forteresses , villages de l'empire moghol ; la dimension de ces pro- vinces mesurées par Coss, et le nombre de bygas ou …. y … d’arpens de terres labourables qu’elles renferment ; leur latitude et leur longitutle des Esles Canari ; le | revenu de toutes les places ; le nombre d’hommes pr que doit fournir chaque province ou gouvernement ; : les différentes espèces de grains ou de denrées qu’il produit ; un abrégé historique des souverains aux- quels il fut successivement soumis, et des peuples qui l’habitèrent. Dans la deuxième partie, on trouve un état exact de l’armée du grand Moghol , le titre des charges et le montant des appointemens de ses officiers, la ma-. nière de dresser, de panser tous ses éléphans , ses chameaux, ses mulets, ses chevaux, ses bœufs , etc. , avec l’énumération des valets chargés de ‘tout ce détail ; un tableau circonstancié des dépenses journa lières des domestiques du harem 3 une liste des dis- tinctions impériales en usage tant à La cour qu'à la guerre , telles que les sceptres, les étendards , les timballes, les trompettes , les haches , le nom, la forme de toutes les armes fabriquées dans PHiu- dousian ; avec leurs prix ; l’énumération des il - férentes espèces de poids, de mesures, de monnoies 5e LL h 4 ‘ 488 ” Bibliographie. WA 2? : \ \ : \ aÿant cours dans l’empire, avec la méthode de batfre des pièces d’or et d’argent , dans les monnoies itpé= riales , les inscriptions , le poids et la valeur des pièces ; l’assaisonnement des plats que l’on sert sur la table du souverain ; la recette de différentes espèces de parfums employés dans le palais ; le nom des fleurs , des bois de senteur | des gommes odorifé- rantes, de toutes les herbes , des fruits, etc., avec leurs prix, leurs saisons et le nom des pays qui les produisent, ; une description de la chasse du grand Moghol, les exercices, les combats d’éléphans et les autres divertissemens ; les cérémonies observées aux mariages des princes du sang, leurs fêtes, leurs ré- jouissances, etc. ; les différentes espèces d’ornemens et de joyaux portés par les bommeset par les femmes dela cour ; les audiences du Mogho! au divan ; sa manière de recevoir les visites et d'employer son temps et les honveurs qu’on lui rend. La troisième partie, consacr“e à l’Hindoustan pro- pement t lit, mérite une attention toute particulière. Pour en dopner une idée plus juste, j'indiquerai le contenû des principaux chapitres. Description de lHindoustan. Différentes opinions des Hindoux sur la créa- on, du monde. Un traité assez détaillé de leurs connoissances en asironone et en géographie. Des quatre tribus des Hindoux. Des langues de l’'Hindoustan. Des différens animaux de cette contrée. Travaux des Anglais dans l’Inde. 489 Des poids et des mesures anciennes et mo- dernes. De la philosophie morale et scholastique des différentes sectes des Hindoux. Un catalogue raisonné de leurs meilleurs livres. | Des dix-huit principales sciences des Hin- doux , de leurs arts , tels que la politique ; l& | Jurisprudence , l'écriture , la danse, la must= que, etc. | Leurs quatre degrés de discipline. Leur culte envers La disinié. Des aoutars ou incarnations de La divinité. Des choses imprcres. Des habits indécens. Des alimens défendus. Des purifications. Des cérémonies qui doivent précéder les repas. Des jeûnes. Des crimes. Des lieux consacrés au culle divin. Des mariages. Les -habillemens. Des joyaux. Des artisans. Des cérémonies pratiquées à la naissance des enfans. _ Des.fêies , des cérémonies , des dites iles eb des honneurs funèbres. Des différens suicides méritorres. Cet imporiant ouvrage est terminé par un abrégé 490 Bibliographie. - historique de la Perse , la vie de plusieurs sa’'nts Musulmans, lès paroles rem rquables d”’4#bar et Phistoire de la famille d’ Aboulfazel, vizir d’'Ak- bar , et clargé par ce souverain de la rédaction de Payin _4/béry , et même de tout ” 44ber nameh., ou histoire générale du ri gue d'A! bar, laquelle est divisée en trois parties. La première contient la vie des ancêtres 4e Pémpercurs la deuxième , les évé- remens de son règne jusqu’à sa quarante-seplième année ( époque de la mort du rédacteur ) 5 la trois sième est PAyin Akbers. Par une ridicule affectation d’érudition , Aboulfazel voulut imiter le style des anciens auteurs, et se ren- dit presqu’inintelligible pour ses contemporains qui ne parloient qu’un persan très-mélangé d’arabe. M. Gladiwin a donné un extrait plutôt qu’une traduction complette de PAyn Akberi. On regrette aussi qu’il at été trop avare de notes, elles étoient cependant très-nécessaires dans un ouvrage qui traite d'objets si nombreux et si variés. fl en est plusieurs sur lesquels des auglais très-instruits , et qui avoient séjourné long-temps dans Pinde, n’ont pu me donrer des éclaircissemens satisfaisanss mais on doit lui savoir gré d’avoir inséré les trop courtes uotes de M. Reuben Barrow , mathématicien an elais , qui s’est livré à l'étude du Sanski pour mieux approfondir Pastronomie des Hiidoux. Cet ouvrage est le plus rare de tous ceux qui sont sortis des presses de Calcutia. | * V. The Memoirs of Khojeh Æbdulkurreem , @ cashmertan of dislinction , who acconpas b, à : Travaux des Anglais dans l’Inde.: 49% nied Nadir Shah , on his return from Hindos- tan to Persia ; from whence he travelled to Baghdad , Damascus , and Alepo , and after visiting Medina and Moca , embarked on @& ship at the port of Jeldeh, and sailed to Hooghly in Bengal ; including the history of Hindostan ; from A. D. 1739 bo 17493 with an account of the European setlemeénts in Bengal, and on the coast of Coromandel ; translated from the original Persian , elc. (Les mémoires de Khodjah ( ou maître), Ab- doul - Keryin, personnace de distinction, natif de Kachmir, qui accompoagrna Nädir Chäh à son re- tour de lindostan en Perse , d’où Ne à Bagh- dad, à Dames, à Alep æ ensuite à Medine et à la Meïke ; s’embarqua sur un vaisseau au port de Djiddah , pour se rendre à Hougly dans le Ben- gale ; on y trouve l’histoire de l’Indoustan, depuis 1739 jusqu’en 1749, et des détails sur les établisse- mens des Européens au Bengale et sur la côte de Maälabar ; trad, par Glad vin; Calcutta , chez Wil. Mackay 1788 , in-8°. x vol.). Ces mémoires, écrits avec élégance et sagesse , renferment des anecdôtes neuves et piquantes, re- lativement à diverses expéditions et au personnel mêime de Nädir Chäh, plus connu en Europe sous le nom de Tahmas Oouli Khän. Mais ce qui me paroïît devoir leur donner une nnportance ma- jeure , c’est un itinéraire bien soigneusement dressé par heures et par Farcanos, à travers le désert, depuis Baghdäd jusqu’à la Mekke. On sait que cette 492 Bibliographie. ville est située dans une province de PArabienom: mée l’Hhedjäxs , dont l'entrée est interdite à tous les non-musulmans ; les voyageurs européens les plus actifs et les plus zélés, tels que Pockoke , Nicburh , etc., n’ont ju la parcourir, et ont été obligés de räpporter ce qu’ils avoient appris de quelques misérables pélerins. D’après le soin avec lequel Abdoulkérym a recueilli et dressé ses obser- vations , je nai pas hésité à insérer sa relat'on dans un recueil dont je m'occupe depuis long-temps , intitulé : Voyages à la Mekke et à Medine , par différens. Musulmans et Rénégats , avec une description de l'Hhedjäs et les itinéraires des principales faravanes. — Mais revenons à notre auteur ; voici un fragment qui donnera une idée de sa manière de voir et d'écrire. « Pendant notre séjour à Bokhärä, notre souve- rain envoya son neveu à Samarqand , pour enrôler huit mille Oûzbeks ; et ayant entendu dire que la. pierre sépulcrale de Tymour passoit pour un objet très-curieux ; (quelques-uns assuroient que c’étoit un vézoar) il ordonna qu’on la transportât à Mech-hed , « avec les portes d’airain du collée qui en dépend (1). En levant cette pièrre :on la cassa en quatre; et comme Je connoissois particulièrement la personne chargée de celte opération, j’en obtins un morceat que je portai avec moi dans lHirdoustan, pour le montrer à mes amis. Combien est étonnante la Vicissitude des choses humaines, que Dieu permet (r) Peu de temps après, Nädir fit reporter les débris de cette pierre et Les portes de bronze à Samarqand, L, Travaux des Anglais dans l'Inde. 493 | pour l'instruction du genre humain ! Il fut un temps où l’Emyr Tymour (1) exerçoit un pouvoir despo- tique. Pour intimider et humilier l’empereur Otho. “man , il lui faisoit cette menace : « Je livrerai la » Turkie en proie à mes tatars , et j’en transporterai » la terre dans le Tourân (2)». En efiet, après la con- quête de la Turkie , il envoya à Samarqand quarante chameaux chargés de terre de Constantinople. Mais à peine la mort l’a-telle enlevé à ses travaux mon. dains, qu’un morceau de pierre suflit pour eouvrir ce géant, et cette pierre est maintenant réduite en poudre! « Pourquoi l’œil avide d'instruction ne pé- » netre-t-il pas dans le palais des rois , » Pour y contempler les ravages du temps! « L’araignée garde maintenant la chanbre » de Khosrou , » Et le hibou faut La sentinelle dans le palais » d’'AÆAfrâcyäb (3), etc. « Le Djihhoun (4) coule du sud au nord, plus près de Tchardjou que de Balkh ; il est la moitié moins large sur les limites du Khowârezm, et on le passe à gué pendant l'hiver. On doit attribuer sa grande diminution à la multitude des saignées que lon y fait. Dans le désert de Qapuhäp et dans le Qarahqalpäq , toute son eau se trouve absorbée (1) Plus connu sous le nom de Tamerlan. L. (2) C'est-à-dire la Transoxiaue. (3) Ancien roi du Tourân , qui conquit la Perse, et qui fut chassé et tué par Kay-Khocrou. L. (4) L'ogus des anciens, L. , f 494 Bi liogravhie. border, le surplus se perd dans le sable. Quelques auteurs anciens se sant irompés, en assurant que le trop pl'in s’épanchoit days le lac de Khowâ- rent (1). «Le Sÿhhoun (2) qui coule à l’est de la T'ranso xiane , vient du nord de Kodjend et de Benâgat, communément appelé Tachend , d’où il prend son cours vers le Turke:tan, et se perd dans les sables, comme le Djyl houn ; maintenant on nomme le. 5 Oyhhoun la rivière de Kliodjend , ou la rivière de £hâch. Je m’appesantis un peu sur tous ces détails, afin de prouver que les grands tanaux tirés de ces deux rivières prennent diférentes routes, et que loin de pénétrer jusques dans le Mäzendrân , comme tivement que le Djyhhoun se décharge dans le lac de Khowä- rezm ( le lac Aral) vers le quatre-vingt-huitième ou quatre- ing-cixième degré de longitude ; et le quarante-troisième de latitude ; mais on n’en délournoit peut-être pas alors Les eaux (1) C’est en effet l’opinion d’Aboulfédä, qui nous dit posi- pour ia cuiture, A (2) Le Cydnus des anciens, selon quelques géosraphies, et le Jaxartes , selon d’autres , mais je penche en faveur de cette opivion , d’après un passage de Pline, qui nous apprend que les soldats d'Alexandre, et ce conquérant même, prirent Je Shyhhoun pour le Tanaïs : Flumen J'axartes quod Scythæ , Sikyrn(lege Siboun ) vocant Alexander militesque ejus Turn putarere esse. Plin, hist. nat. , lib. WT, cap. 16. Aboulfédà dit que ce fleuve se jette, dans le lac de Khowärezm ( le lac Aral } vers le quatre-vingt-dixième degré de longitude, et le quarante uurème de latitude. Voyez son Traité des fleupess LancLès. ‘ par l’arrosement des terres , et ‘si elle vient à dés RE EE D 5 \ Travaux? des Anglais dans l'Inde. 495 __, quelques auteurs l’ont prétendu , elles ne vont pas même jusqu'au lac de Khowarezm. J'ai obtenu tous ces renseisnemens d’un des principaux x ha bitans du pays. Un autre motif qui m’a déterminé à comru- niquer ces remarques à mes lecteurs, c’est que le Sind , le Gange, l'Euphrate » le Tygre et toutes les des rivières que jai vuss » Se jettent dans la mer, tandis que les eaux du Djyhhoun et du Syhhonn sont entièrement employées à la culture. « Le territoire de la Transoxiane, situé à l’est du Dyhhoun , renferme Bokhärâ. Samarqand Ù Tachkend , Hhissärd-Chädmän, Kech ou Chehr= Sebz, Nekhchel > Maintenant appelé Qarchy , etce Les eaux du Djyhhoun ne sont pas moins salu- taires que celles du Gange et de PEuphrate. A l’ouest de cette rivière est situé le Kboräcân dont dépend la ville de Balkh, eic. ». La partie géographique de ces mémoires, a été traduite en allemand par M. Paulus, ef insérée dans le tom. IT de son excellent Repertorium für die morgentändische litieratur, 1787. * VI The history of Hindosian during the reigns of Jirhangir, Shah Jehan and MONS zebe , etc. ( L'histoire de PHindoustan pendant les règnes de Djisanguyr , Chakdjihan et Aurengzéb ; par F. Gladwin. Calcutta, imprimée par Stuart et Cooper, 1788 , in-4.°, tome Ier ). Cette histoire d’une des plus belles époques de l'empire des Moshols dans l’Hindostan commence à Pan 1007 de l’hégire, 1598 de l’ère vulgaire, c’est- ä-ire, vers la fin du règne du sultan Setym , et doit 496 Bibliographie. finir à la mort d’Aurengzeh, arrivée en 1705 de l’ère vulgaire. Je ne possède encore que ‘le premier vo= lume , qui contient le rèune de D'ihanguyr. Les auires auront sûürement paru, depuis que la guerre a inter rompu toutes mes relations littéraires avec l’inde et PAneleterre. | M. Gladw'in, dont j’aieu souvent occasion de citer 1e nom avec toute l’estime qu’) mérite, a travaillé sur une volumineuse collection de maruscrits persans , recueillis à grands fiais pendanl un séjour de 32 ans dans l’Inde ; et, pour la satisfaction de ceux qui cul- tivent les langues orientales , il a fait imprimer en ca- ractères persans les textes mêmes.des édits , lois, et autres réglemens utiles pour lPadmiuisiration, ou qui ont un intérêt littéraire. À nsi on voit que son cuvrase est un précieux supplément à la fin du dernier volume ce lHistory of Hindoostan, de Dow qui s’est con- tenté de tréduire Ferichta, et qui ne paroît pas avoir eu d’abondans matériaux pour la continuation qui forme une foible partie du troisième volume de la se- conde édition. Je ne dois pas oublier d'indiquer au lceteur deux pièces intéressantes qui terminent ce premier volume. L'une est un catalogue des pièces de monnoies frap- pées sous Djihanguyr, avec des inscriptions arabes et persanes. L’autre offre l'itinéraire des principaux voyages de ce prince. Les distances des lieues y sont indiquées par Journées et par coss. Les géographes sentent tout le parti qu’on peutentirer, pour la connoissance de lintérieur de PHindoustan. * VIL À concise accountof the climate , etc. / | À Travaux des Anglais dans l'Inde. 497 of Pegu , etc. etc. ; by Hunter. ( Description du climat, des productions, du commerce, du souver- nement, des mœurs et usages du royaume de Pécou, avec des remarques morales et politiques, et un ap- peudix renfermant, 1.0 Des recherches sur la cause de la variété des laines des moutons sous différens : limats. 2.° La description des caves d’Eléphanta, d’Ambola et de Canara). Le tout recueilli dans un voyage fait par ordre de la compagnie des Indes orientales > par W. Hunter, chirurgien ; ivprimé à Calcutta, et réimprimé à Londres, 1765 et 1789. Cet ouvrage curieux aété traduit en francaiset publié sous le titre de Description du Pégu , etc. ; chez Ma- radan, 1702, in-6,°, 1 vol. / * VIIL. À narratwe of the transactions cr Bengal during the Soobahdaries o )f Âxem LS Shan, etc. etc. ( Evénemens du Bensale sous Pad- mimistration des Soubañndar Aazem , Jafferkhan , etc. ; traduits du persan par G adwin. Calcutta, 1788, iu-6.°, 1 vol.), C’est un fragment historique très-utile pour l’hjis- toire des différentes nations asiatiques et eur péennes, établies dans l’Inde, IX. Letters of Cossim Ali Kan, and others , persian and english, litterally translate, by dieut. J. L. A. Mulock. ( Lettres de Cossim Aly Klian et autres, en persan et en anglais, traduites litté= ralement-par le lieutenant Mulock , 1787 ou 88. X. Anenglish and bengal rocabulary, together Tome II Ji s A 498 | Bibliographie: with à grammatical introduction and à collecz on of phrases and _familiar dialogues. (Voca- bulaire anglais et bengal , avec une fHitrO uction gram- maticale et une collection de phrases et de dialogues faniliers ). XI: Persian vocabulary ; by Gladwin. (Voca= bulaire persan , par Gladwin ). XU. 4 Journal with occastonnal remarks madeon a trip from Aleppo to Bassorah across the great desart of Arabia ; by Henry Abbot. Journal avec des rernarques de circonstan’es, faites ] en allant d'Alep à Bassora par le grand désert. d’Arebie ). XIII Chañses against Warren Hastings. { Cliarges conire We Hastings }). A perpetual almanach by which maÿ be found in two or three seconds of time the day of the month in any Jear to come. ( Almanach perpé- tuel, avec lequel on peut connoître en deux ou trois Les le jour du mois d’une année future quel- conque ). Les cinq ouvrages ci-dessus ne m'ont point passé sous les yeux. f * XIV. Sacontata, or the fatal ring, an in- dicn drame , by Calidas , translated from the original sanscrib and pracrit. ( Sicontala, ou la basue enchantée, drame indien, de Calidas, traduit du sanscrit et du pracrit en anglais, par M. Wil Jones ). : Un de nos littérateurs, qui joint le goût à Pérudi- tion, le citoyen Pougens, a donné, dans le Journaé PP a M Travaux des Auglais dans l'Inde. ‘99 es théâtres , une excellente analyse de ce drame indien. * XV. The asiatic miscellany , consisting of original productions , translations ; fugitive breces | imitations and extracts from. curious publications. ( Mélanses asiatiques, consistant en productions originales, traductions, pièces fugitives, imitations et extraits d'ouvrages curieux ). Ca!cutta , 1785 et 1788 , in-4.° , 2 vol. * XVI The neyr asiatic nuscellany. N°, I containing : 1. À hymn to Lachsnu. 2. An introduction to the history of the per- stan poèêts. 3. Pancha Retnant, orthe five gems. À. À leiter from the emperor Ækber to Ab= dullah Khan, the Usbeck , ruler of Turan. 5. Of the religion of the Parsees. Nouveaux mélanges asiatiques, No, fer. , juillet, 1789, renfermant : 1 Un hymne à Lakchmi , ou Sex la Cerès des Judiens, l’épouse de Vichnou, c’est le pouvoir conservateur de la nature, la bonté divine perso- nifiée. 2. Une introduction à l’histoire des poëtes per- sans, ( morceau biograrhique et littéraire très-cu- rieux ) par le capitaine Kirk Patrick. 3. Pancha Retnant , ou les cinq perles. Ce sont cinq stances sanscrites, composées par cinq poëtes de la cour d’Asidoura roi du Bengale... 4. Lettre de l RARE Akbar à Abdoullah Khân 4 1 2 boo Bibliographie, des Ouzbecks, et gouverneur du Tourân ( partie de la Tartarie }, composée par Aboufazel , et traduite par J. Stonehouse. < 5. Le Dabistan ou l’Ecole des mœurs , traduite par Francois Gladwin. | « Cet ouvrage-ci, selon les expressions de l’auteur lui-même , ( Mohhammed Mobhsin ) renferme un exposé impartial de la science, de la philoso- phe et des opinions religieuses des différentes na- tions. ( Les Persans, les Hindoux , les Tibetains, les Juifs, les Chrétiens, les Musulmans , les Sady= kiens, les Unitaires, les Rocheniens, les Théo- logiens, les Philosophes, les Soufys ). Calcutta, juillet 1789 , in-4°. The new asiatic miscellany. N°. Il, contai- ning ? 4 1. À continuation of the dabistan; 07, schoo! of manners. 2. The death of Mohammed. 3. The death of Fatima. 4. The institutes' of Ghäzânkan , emperor of the Moghuls. 5. Description of an oriental banquet. 6. An Indivi ode. 7. Doctor Franklins celebrated parable against persecuiLon ; compared with & passage in the Bostan of Sâéi. | 8. The preface to the Bostan of Sädi. (Nouveaux mélanges asiatiques, N°. If, 197. dé= cembre 1789, contenant : 4 LE Travaux des Anglais dans l'Inde. 50% 1. Suite du Dabistan , ou école des mœürs, du Cheykh Mobsin. 2. La mort de Mohhammeï tirée du Deh-med- jelis, espèce de légende des mustilmans. 3. La mort de Fathime, tirée du même ouvrage, 4. Les instituts de Ghazân Khan, empereur des Moghols. ( Morceau précieux pour l’histoire et la … politique. ) Trad. par Kirk Patrick avec des notes curieuses. 5. Descriition d’un banquet oriental, de l’arabe, d’un natif de Damas, paraphrasée en vers anglais. 6. Raikhtah ou ode Hindoue de Woully. 7. Parallèle d’un apologue du docteur Franklin contre la persécution , avec un passage du Bostan de Saädy. 6. Préface du Bostan , (ouvrage moral et politique de S'ady. } Calcutta, 1er. décembre 1789, in-4°.) Les premiers mélanges asiatiques ayant été aban- donnés par les propriétaires, M. Gladwin les a continués dans le même format, mais sur un pa- -pier moins grand et moins beau; on voit par ces deux numéros qu’ils ne le céderont pas aux premiers pour la partie littéraire. Quatre n°s. doivent faire un votume. Le prix de la souscription est un mo- hour d’or. \ * XVII. Ascatic researches , or transactions of the society institated in the Bengal, for inquiring into the history natural and civil ,. the antiquities , arts, sciences and litterature of the Asia.( Recherches asiatiques , où mémoires de la société établie au Bengale , pour faire des ree Ji So% 1 … Bibliographie. cherches gaie l’histoire natureïle, civile, les anti-. quités, les sciences, les arts ét la ifétuite de PAie, F Calcutta, 1788— 1793, in-4°. 3 vol. Nous rous proposons de donner une notice dé- taille de plusieurs extraits des trois recueils ; qui fornent d ae comme on voit, six volumes SE Ce n’est pas dans PI de seulement que les anglais culivent fée Faire orientales, 1ls les étudient en- core dans les univers ités d'Oxford et de Cam- bridge. La compagnie des Indes accorde des aug- menta ions de traitèmens à ceux de ses employés qui s’y livrent avec succès. Elle fait même imprimer des livres NRC à ses frais, ou bien souscrit pour un certain ,noxrbre d'exemplaires. Tout en renclant jusiice au zèle de la plupart des membres dè cette comprgnie pour les progrès, des lettres , il faut convenir qu'il n’y a que de grands motifs d'in- térêt capables de les déterminer à faire des dé- penses aussi considérables. Je crois avoir démontré dans. plusieurs onvrages successivement, que les mêmes motifs doivent nous exciter: à les iiter et à les rivaliser. La multitude de nos ports :et de nos co sax rs, les productions de nos manufactures , la situation avantageuse de deux îles qui sont pour ainsi Fa les barrières du continent au-delà du Cap, notre alliance avec les Hollandais ; qui nous done un lire accès au Fe même et dans toutes les iles de la Sonde, les propositions de Typou, enfin la bienveillance que les naturels ont tauours témoi- gnée envers la nation frontaite; voilà, je crois, des out bien BH PEUT dirig:r notre attention sur Travaux des Anglais dans l'Inde. 403% FInde, et pour employer tous les moyens de nous impatroniser dans cette riche portion du globe. L, L'ANG£ËSs. PT are lose 2 EE A 2 1 LR EN A TNT Tete STE EP EP EN ORNE PRET CUS AAET ENV ENTA BE O'GR AP HÜT Norrcr surl& vie et Les écrits de D'inrpourver é° par le citoyen Gowrpin , bibliothécaire de la ville de Rouen. Ille bonis flebilis oecidit. Æor. Ruben Dawrourney naquit à Rouen, le Tomai 1722,d'une famille distingnéedansle commerce etoriginaire de Lyon. Au sortir du collée , ilse livra à l’étude des aris agréables, avec ce désir dy ex- celler qui fait tou! oublier même ce qu’on avoit appris. C’est ainsi qu’un jour le jeune Dambourney éprouva que Pirtelligence de la langue latine s’étoit comme perdue chez lui, il en fut humilié , reprit létude de cette langue trop néglisée et si nécessaire 3 Dieniôt il la posséda assez parfaitement ‘pour être souvent cousulté. À cette occasion, il regardoit comme una chose indispensable que les jeunes gens, au sortir du collége , recommencassent eux-mêmes leur Ours , et il leur en donnoit volontiers le conseil. Excellent musicien, il devint le premier violon d'accompagnement des sociétés ; peintre asréable , il faisoit les portraits de ses amis, et le sien est de 114 504 Biographie. sa main. La culture des fleurs les plus rares étoit l’objet de ses délassemens ; son ame active vouloit embrasser tous les ob'ets ; il aimoit à juger saine- ment de tout , et par conséquent à s’instruire de tout , aussi étudioit-t-il jusqu'aux arts méchaniques. Destiné au commerce, ilsentit la nécessité de voyagers il désiroit une chaise de poste. Faites-la, lui dit son père, Je vous en fournirai les matériaux. Aussitôt, le voilà clarron, serrurier etc. "etd8 ses mains sort une chaise ausst élégante due solide. T1 avoit ving-cin: ans lorsow’il partit pour visiter les grandes places de commerce, Lyon, Marseille, etc. Son oncle , M. Horchole, homme d’nn mérite distingué ; dont la maison étoit le rendez-vous des gens de lettres de la ville, lui fit promettre qu'il lui enverroit le journal de ses voyages. Le jeune Dambourney tint au-delà de sa parole; les observa- tions les plus sérieuses sur le commerce, les manu- fa:tures, les arts, étoient égayées par des vers dignes de Chapelle et de Bachaumont. À peine étoit-il de retour, qu’on vit se former à Rouen, une socicté , sous le nom des. Hilaristes , elle étoit composée de jeunes gens qui cultivoient les lettres et les arts.agréables ; nul n’y étoit reçu qu’après en avoir éte jugé digne par ses talens, ses connois- sances et ses productions ; Dambourney en étoit secré- taire. L’agrément que chacun savoit y répandre, justifioit le nom que cette petite société avoit pris; sans cela , d’après la nature des objets qu’on y traitoit, ce nom eût été une sorte d’imposture, En 1758 , l’académie des sciences ; belles-lettres et arts établie à Rouen en 1744, proposa pour sujet PT Notice sur Dambourney. 5o5 du prix d’éloquence , cette question : Comment et à quelles marques les moins équivoques pouvons nous connoître Les dispositions que la nature nous a données pourcerlaines sciences ou certains arls, plutôt que pour d'autres ? Aucun des discours, présentés en 1759, n’ayant mérité la couronne , le prix fut remis à l’année sui vante. Alors, entre les concurrens, deux balancèrent long-temps les suffrages des commissaires. Les deux discours furent relus, examinés et jugés en pleine séance. Le prix fut accordé à l’abbé Beliet , de l’aca- démie de Montauban ; mais en même temps il fut décidé que les secrétaires ouvriroient le billet attaché au discours qui méritoit l’accessit, et qu’ils écri- roient à l’auteur pour savoir s’il vouloit être nommés Cet émule si redoutable pour lacadémicien de Mon- tauban, se t ouva être L. A. Da:mhourney. L’académie, fâchéede n’avoir point un second prix * à lui décerner, lui en offrit un auquel il fut plus sensible ; eile se l'attacha , et viugt-quatre jours après Jui avoir adjugé l’accessit , elle le recut au nombre de ses membres dans la classe des belles-lettres. Le-nouvel académicien, à une éloquence douce et persuasive , sur-tout à celte grace simple qui donne à tout ce qu’elle a ce charme qui séduit et entraîne, joignoit des connoissances approfondies dans plus d’un genre. | Il auroit pu se distinguer dans la carrière des lettres; il sembla les abandonner pour se livrer à des recher- ches utiles. Servir sa patrie et sur-tout le pays qui Pavoit vu naître, étoit un besoin de son ame. Toutes ses, pensées , tous ses tiavaux, jusqu'à ses amuse“ 506 : Biographie. mens meurent jamais d’autre fin que lutilité pus blicue. Le premier mémoire qu’il lut à l’académie, le 19 novembre 1760, traite de la culture de La ga- rance qu'il venoit d’aclimater en France. Le lazard en avoit fait rencontrer deux plantes Sur les rochers d’Oissel, à deux lieues de Rouen. Le citoyen Rondeaux, père, les cultivoit dans som jardin de botanique, le citoyen Dambourney en prit quelques boutures et, par curiosité, les planta dans le sien. Le mémoire de Duhamel , sur cette plante, axent paru, le citoyen Dan:bourney essaya et réussit à la cultiver en grand. C’étoit un service bien impor tant rendu aux manufactures de Rouen, puisque les teiniuriers trouvoient sous leurs mains une garance Supérieure à celle de Hollande, et égale à celle de Smyrne. é à Mais que ne peut la force du préjugé et de l’hae bitude! A: peine le mémoire du citoyen Dambour- neÿ fit-il, dens sa patrie ; la moindre sensation. Il en fut dédommagé par les étrangers, qui l’accueil- lirent, et le traduis rent dans leur langue. En Angle- terre , en Suisse , les sociétés d’asric RER lui Pénoi- gnérent leur reconnoissance en lui ei àvoyaat des lettres d’associé ; et les cultivateurs de la garance des en virons d'Orange et d’À visnon, instruits par ses lecons, : venoient, à Oissel, lui prouver leur gratitude, lem= bresser comme leurpère, et le remercier des sommes considérables qu’ils emportoient tous les ans d’ine ville devenue leur tributaire par l’entétement de ses pré] ugés. s ? / Notice sur Damoournes. 507 Dans un nouveau mémoire , le citoyen Dambour- ney enseigna la manière la plus économique de pul- vériser la garance ; il y donna la description d’une machine de son inveution,qui, mue par deux hommes, en broye à la fois une quantité considérable. dans huit morbers, et fait en même temps agir des tam s pour passer la poudre faite par les pilons. Cette ma- chine qui réduit la main-d'œuvre à un tiers des frais ordinaires , est d'autant plus utile qu’on ne peut y employer l’eau, vu que la poudre s’humecle par le seul voisinage de ce fluide ,et qu’alors elle n’est plus friable, Il publia jusqu’au tableau des frais et des produits de la garance. : Dans cés divers mémoires l’auteur ne dissinule ni les méprises ni les erreurs dans lesquelles ila pu tomber avant que de parvenir à des résultats heu- reux. Cette candeur, cette ingénuité, cette bonne fui étoient bien faifés pour lui concilier la confiance. Cependant, lorsqu'il découvrit que les racines fraî- ches de la garance employées dans la teinture, avoient sur les racines desséchées et mises en poudre, Pavau- tage d’un produit double , de pouveir pousser le bain jusqu’à Pébullition sans craindre les coups de feu, enfin de procurer une couleur supérieure à celle de la plus belle sarance de Hollande en poudre , ce ne fut point à Rouen, mais à Beauvais que les teinturiers vérifièrent un succès si intéressant, et en envoyèrent les échantillons au conseil. M. Tschiffel, , de lu société de Berne, qui devoit à 508 Biographie. À M. Damboutney de cultiver lui-même -la garañice dans son pays, se häta de rendre hommage à la gé- nérosité avec laquelle il venoit de publier une décou- verte aussi utile. La principale source du préjugé qui sembloit régner à Rouen, étoit l'intérêt personnel de deux ou trois fabricans qui seuls teignoient en rouge des Indes et pour leur propre compte. Le citoyen Dambourney avec son jeune ami Delafollie établirent une petite manufacture à Bapeaume, à une demi-lieue de la villes ils y firent teindre pour le public. L’exemple a plus de force que le précepte. Bientôt cette pet:te manu- facture devint comme la mère d’un grand nombre d’autres. C’est ainsi que le citoyen Dambourney em pêcha des millions de sortir de France pour tirer d’Andrinople des cotons flés et teints, qui sont et Moins soyeux et moins éclatans que les nôtres. l’académie, dès 1761, avoit nommé le citoyen Dambourney intendant de son jardin de botanique, Pun des, plus riches de la république ; il occupa cette place jusqu’en 1771 , qu’il fut nommé secré- taire pour la partie des sciences et des arts utiles. On sait que chaque science, chaque art a, pour ainsi dire , un idiôme qui lui est propre. Un secré- taire doit les posséder ious, il doit de plus avoir saisi les principes généraux et essentiels. La corres- pondance du citoyen Dambourney , comme secré- taire , prouve qu’il wétoit étranger à aucune sciences mais celle qu'il cultivoit par prédilection, celle qui, comme une amante fidelle, Paccompagnoit dans sa retraite d'Oissel, celle qui adoue ssoit les Notice sur Dambourney. Sc9 maux d’une goutte cruelle. dont il fut tourmenté pendant un grand nombre d’ännées de sa vie , ce fut la chimie tinctoriale. | Dès le 5 septembre 1764, en voyant au jardin botanique , dont il étoit alors intendant , des racines de cruciata lusitanica, latifolia , .glabra , Jiore albo ; il soupçonna, par leur ressémblance avec celles de la garance, une certai analogie dans leurs propriétés tinctoriales , l'expérience lui démontra la vérité de ce qu’il avoit conjecturé, et cette racine lui ayant procuré une coëleur aussi belle que la garance, il s’occupa de la culttre d’une plante vivace qui peut nous dispenser de tirer à grands frais d’Andrinople le coton teint en beau rouge. Il montra en 1772 du velours de coton, sur le- quel il étoit parvenu à appliquer un rouge de ga rance de toute-solidité, et plus brillant que celui d'Andrinople , et en 1773, des mouchoirs, tout fil, eints de même, et qui d’après l’usage et l’expé- rience ont'conservé lPintensié de leur couleur plus long-temps que ceux des Indes. Le. succès de ces différens essais, lui fit désirer d'obtenir des ieintures des plantes, arbres et arbustes du pays. Le 24 novembre 1779 , il lut un mémoire relatif à cet objet, et dès les premiers mois de Parnce suivante , il offrit des essais pratiques de la théorie qu’il avoit établie dans son mémoire. Chaque jour voyoit s’accroître je nombre de ses échantillons , il en avoit déjà communiqué plus de 900 , lorsqu’en 1781, Roland de la Platière et un Bro ; Biographie. : autre membre de l’académie de Rouen, qi gara doit l’anonyme ( l’abbé Cotion des Houssayes ), an-- noncèrent à la compagnie qu’its se disposoient à donner un ouvrage théor que et pratique sur les teintures tirées des vésélaux. L'un et l’autre dioient bien capables de remplir la tâche qu’ils. en Dambourney crut voir dans cette en- #reprise üle violation d'la propri té, il réclama la pr orité de sa découvert? sur l’analogie et li dentité des couleurs que: donnent lés : Lantes de chague famille, continua paisiblement ses essais, et demanda des commissares à l’acadéimie ; ils attesièrent l’antériorité de sa découverie. Ÿ Leut utilité porta l'académie à inviter son pro- fesseun de botanique, à démontrer dans ses leçons , les propriétés tinctoriales des plantes , en indiquant les procédés du citoyen Danibourney ; et le citoyen Mesaize dans le projet de cours de botanique qu’il a publié, projet vraiment intéressant ; et seul ca= pable de former des élèves , fait entrer cette partie comme une des plus intéressantes de Pétude des végétaux, sur-iout pour une ville manufacturière comme ceile de Rouen. | Le gouvernement , pour récompenser les décou- vertes du citoyen Dambourney, lui accorda en 1783 une pension de 1000 livres, et en 1769 fit imprimer , à ses frais, le recueil des procédés. et expériences de M. Dambourney , sur les tein-: rures solides que nos végétaux indigènes com- muniquent aux laines ei aux lainages. In-4°. et 8e,, chez Pierres. x PEL.” Eu 1ü Notice sur Dambourney. 5tt Trois ans après parut le supplément. Il a été # yelondu dans lPédition de 1793 , chez la veuve Du- mesnil et Montier , à Rouen (1). Quoique la chimie tinctoriale fit l’occupation de prédilection du citoyen Dambourney ; cependant il aimoit à s’en distraire , lorsqu'il se présentoit à son esprit quelque sujet utile à traiter , où lorsque l’oc- casion lui offroit quelque découverte à faire. C’est ainsi qu’en 1761 , il montra que le’ joyau de ruscus , torréfié et bouilli comme le café, en a l’odeur et la couleur , mais une saveur légèr 8 — ment acide ; que ce même noyau , infusé dans l’eau- de-vie et le sucre, donne une liqueur plus parfaite que le café. La même année il communiqua à l’académie un essai sur la nécessité d'encourager la profession de matelct , et de tâcher de parvenir à en di- minuer le nombre sur nos vaisseaux, à l’e- æemple des nations étrangères qui en emploient beaucoup moins que nous. En 1777 il lut un supplément au mémoire de M. le comte de Tressan , dans lequel il confirme, par sa propre expérience , que l’usage du Tafa avec la somme de Gayac est utile dans les accès de goutte ; il lut encore un mémotre sur La cons- truction d'un nouveau four à chaux. Il est inventeur d’un AA produit le même effet que le ciment pour retenir les eaux. En 1783 l'académie des sciences de Paris, qui ' L (1) Voyez Mag. encyclop. ,n°.1 , pag. \ Bre Biographie. avoit proposé pour sujet d’un prix /a fabrication du salpêtre , en couronnant le mémoire du citoyens, Thouvenel , cita celui du citoyen Dambouruey avec éloge , et invita l’auteur à se faire connoitre. La société d'agriculture ; en se formant à Rouen en 1762, s’agrégea ‘le “citoyen Dambourney , qui y lut , dès les premières séances , un mémoure très- jatéressant sur La Gaude et sur Les moyens de læ ou Éurr à Oissel. En 1765 cette société le nomma son secrétaire, et la partie historique du 3e. et dernier volume qu’elle ait publié est de la main du citoyen Dam- bourney. Cette partie, dans les deux preiniers vo- jumes, est en forme de journal , forme sèche et mo- notone ,:que le nouveau secrétaire a cru devoir abandonner, pour lui en donner une plus historique et par conséquent plus intér:ssante par la classifica- tion des objets, par les détails qu’elle permet et qui satisfont toujours plus la curiosité du lecteur. Comme membre de la société d’asriculture, le citoyen Dambourney a rempli la tâche que son cœur sembloit imposer à son esprit et à toutes les facultés de son être , celle d’être ut le sur-tout à son pays. C’est lui qui un des premiers a cultivé en Normandie les pomrnes de terre, il y a introduit plusieurs végétaux , tels que l’orse nue , Porge d’E- gypte ; le chou ou nave et lapon. C’est lui qui a pr ouvé LI 2 a L] par l’expérience , que le bled peut se garder pour les semences jusqu’à {rois ans, mais qu’à la qua- 9 { trième année il a perdu sa vertu reproductrice ; ; que le blé re: rait, ridé, et qui semble n'avoir que lé- COICcE y | Notice sur Dambourney, br3 torce, produit | semé en: concurrence avec le blé le plus beau, des épis aussi longs et anssi fournis, * C’est comme agriculteur GU°il a appris que le moyen de feriliser un champ sabloneux est d'employer 14 Marne même qu’il renferme ; Sion a le bonheur d’y En trouver ; que la marne dissonte dans une parte d'huile de vitriol et soixante parties d’eau, séchée âu soleil et calcinée au feu comme 1e plâtre, forme une sorte de gypse artificiel propre! à féconder. les terres , et que ce 8Ypse peut être emplo;é frais et cuir lieu de plâtre pour les éndifite. On lui doit encore la construction d’une espè-e dé grange , ou meule.de gerbes, au-dessus‘ de laquelle est un toit de léoère charpenté , couverte d2 paille, qui se lève etse baisse à volonté. L'air qui circule autour de cette sorte de range sèche les gerbes qu’on Y amonceile dans les années où les pluies intera rompent la moisson, À cet avantage cette grange en joint un autre, cest que Îles gerbés y sont à l’abrt des rats et: des souris , parce que les tablettes shx lesqueiles on ‘net les premières gerbes, posent sur desdez de ma-onnerie qu’elles excèdent de six pouces, et qu'elles ont doublées de fer-blanc. Ur serviée bien important qu’il a essayé de réndre à lrépuMique , est celui de tirer le bleu du past-] ; iragina que ‘par le moyen du feu, on pourroit Porter la fermentation à sa perfection , et cette idés à él accueillie avec reconnoissance par des habitans de Saint-Dômingne. Lo! jet de ses derniers vœux s celui. qui loccupoit encore quelques jours avant sa Tome 111. K k 814 + Biographie. mort, étoit de voir nos départemens méridionau#% s'occuper de l’indigo. Voilà les objets vraiment utiles dont le rovbn Darwmbourney oceupoit ses loisirs dans sa’ solitude d’Oissel , et par lesquels il cherchoit à charmer en quelque sorte les douleurs aiguës d’une goutte qui lui donnoit peu de’ relâche. Tout , jusqu’à ses amusemens > prenoiït chez lux un caractère d’utilité. C’est ainsi qu’il avoit imaginé et formé une cressonnière au milieu de sa mare, et que dans son jalfin , au centte d’un superbe légu< mier, il avoit éfabli une colonie de lapins et créé une gurenne artificielle , dans laquelle , comme il le disoit, il concilioit trois intérêts, celui de Pagriculiure, qui proscrit les lapins ; celui du commerce qui en reclame le poil pour suppléer au castor; et enfin, celui de la subsistance qui désire une viande saine et à bas prix. La place de secrétaire de l’académie.qu’il a digne ment rempli pendant plus de vingt ans, lui impo+ soit le triste devoir de jeter quelques fleurs sur la tombe de ses confrères que la compagnie avoit la douleur de perdre. Il s’en acquitioit toujours avec cette éloquence du sentiment qui touche lame des auditeurs, et les intéresse en faveur de ceu:-mêmes qu’ils n'ont point connu, fl possédoit Part d'analyser leurs ouvrages avecclarté et précision, et de répandre de Pagrément et desgraces jusques sur les matières les plus abstraites et les plus arides. Leurs mœurs, leurs babiode: leur caractère étoient téujours tracés D, Notice sur Dambourney, 515 @un pinceau délicat et brillant, qui embellissoit la vérité saris l’altérer ou la déguiser, Un de ces éloces offre une anecdote qui prouve toute la bonté de son cœur, toute la sensibilité de son ame, M. Delafollie ; jeune encore, s’étoit attach6 à l’étude de la chimie , étude alors peu cultivée dans la ville de Rouen (x). Il en avoit fait l'application à la teinture, et étoit inventeur d’un mordant pour fixer les couleurs sur les étoffes. L’analogie des goûis le rendoit cher au citoyen Dambourney ; un accident le lui enleva , et l’enleva aux sciences à la fleur de son âge. Le secrétaire fut obligé de faire l'éloge fu nèbre de son confrère , 1l remplit cette douloureuse fonction , il fit de son ami le portrait le plus touchant et le plus vrai ; mais sa sensibilité l’empécha de lire cet éloge même dans unie séance particulière ; les sanglots étoufloient sa voix ; il fallut à la séance pu- blique, qu’un de ses confrères lui prétât son orsane pour le lire, et pendant. cette lecture, des larmes pressées couloient de ses yeux. Tribut précieux que Pamitié payoit à l’amitié. Si les corporations académiques n’eussent point été supprimées Far la loi, le citoyen Dambourney auroit eu à faire d’autres éloges qui eussent couté à som cœur. Ce sont ceux du cit. Poulain, oncle du citoyen Delafollie et du citoyen Scanegati. Ce dernier lui étoit sincérement attaché, Sans doute, avec son élo- quence iusinuante et persuasive , il eût vengé la répu= tation de ce physicien dont les talens éloient trop peu (:) Le citoyen Mesaize est le premier qui en ait fuit des sours publics dans son laboratoire, K k 2 516 . Biographies connus , trop peu estimés, il l'eüt vengé du jugement. qu’en portoient quelques personnes quine prononcenf sur le mérite des hommes que d’après les succès, comme le vulgaire ne juge des choses que d’après les évènemens. | Le citoyen Dambourney accoutumé dès sa jeunesse à contempler, à étudier la nature , vouloit être bien faisant et utile cou.me elle ; c’est pour cette raison qu’on le vit, après avoir disserté sur les en coura- gemens à accorder aux cttoyens qué , après avour rempliles charges municipales de Rouen , dési< rerouent se retirer à là campagne, abandonner sa chère solitude d’Ossel , pour venir à la ville se livrer tout enter aux objets d'administration qui occu- poient l’a:semblée provinciale. Quoique d’abord il ne fût poiut de la commission intermédiaire , il en suivoit foute les séances. Cette assiduité volontaire Jui mérita, de la part de ses collègues , la récom- pense qui seu'e pouvoit le flatier , il fut unanime- ment nommé membre de cette commission s et il pl la plus grande part à l’excellent Mémoure sur L'agriculture et le commerce qu’on lit dansle procès- verbal de 1787. D'après les détails que nous venons de donner de travaux du citoyen Dambourney , on seroit porté à croire qu’il a consacré exclusivement ses jours aux. sciences et aux lettres ; ; cependant, depuis sa Jeunesse jusqu’à sa mort, l'occupation essentielle de sa, vie a été le commerce et particulièrement la partie des assurances, Cette partie qui demande une grande étude, des conno ssances approfondies et sur-tout une trobité à. toute épreuve, Une occasion singulière se s. Notice sur Dambourney. 517 . présenta au citoyen Dambourney de montrer la sienne et de prouver toute la délicatesse de son désinté- ressement ; un de ses correspondans de Dunkerque le charge de, faire assurer pour lui une somme ds . Soixante mille livres sur un de ses navires le navire fait naufrage, le citoyen Dambourney notifie cette perte à la chambre qui ne se croit point obligée au remboursement. Il soutient le contraire. L'affaire est portée aux tribunaux , un avocat de Dunkerque envoie un long et HORS + mémoire , le citoyen Dam- bourney le réduit ou plutôt en fait un nouveau avec cette force de moyens, cette énergie, cette vérité que doone la bonne-foi ; la chambre est condamnée et le citoyen Dambourney paie avec Joie sa part _des soixante mille livres. Depuis le mois de novembre 1788, ses infirmités le retenoient à Oissel ; il ne parut plus à l’académie, il dut être moins affecté de sa suppression. Déjà , il avoit vu s’éteindre d’elle-même la société d’agri- culture. Il semble «u’il étoit de sa destinée de sur- vivre à ces corporations comme à plusieurs de ses plus chers amis. Il mourut le 14 de floréal, an troisième de la république francaise, âgé de 73 ans, bien smcère- ment regreté de tous ceux qui l’ont connu , em- portant dans le tombeau l’estime des honnêtes gens ; et ce qui est bien plus consolant , le sentiment intime d’avoir consacré tous les momens d’une longue vie au bien de son pays. y . 518 Biographie. ESssAr sur la vie de J. J. Barrnéremr , par Louis Jure Barson Mancrnr NrrerNors. Paiïs, 1795, lan troiième, chez Debure , ru@ Se pente, n° 6, in-6.e de 7o pages. « À PRÈS avoir passé une longue vie à servir mon pays et à cultiver les litres, je crois devoir encore ‘leur sa rifier mes derniers jours , en tracant l’esquisse fidèle d’un homme doit la mémoire leur doit être étérnellement chèr: ; je vais-écrire avec simplicité la vie de Barthéley. Des mains plus habiles que les miennes répaudront sur sa tombe les fleurs de l’éloquence. . .» Tel est le ton simple en effet, mais éminemment torchant, que le citoyen Nivernois conserve dans cet essai, il doit plaire à toutes les ames honnêtes et sensibles ; il doit plaire à ceux qui aiment la pureté du siy 1 sans recherches el sans affectation. Nous ne pouvons donner une analyse de cet ct parce que la plupart des faits qu’ils contient, ont été consignés dans la notice que nous avons impri- mée (1), Nous nous contenterons de citer quelques anecdotes qui nous étoient échappées, et qui contri= bueront à faire entièrement connoître cet homme un dés ornemens de son siècle, qui laisse auxtsa- vans de toutes les nations un exenple à suivre , aux hommes de tous les licux et de tous les ri un modèle à imiter, Barthtles y avoi. beaucoup de lois sir c'ez les jésuites où il faisoit sa théologie , et il en proïla pour apprendre larale, Un jeune (1) Tome il, page 724 \ Notice sur Barthélemy. 519 Maronite , élevé à Rome, s° trouvoit alors à Mar- seille, auprès d’un oncle qui faisoit le commerce du Levant. Il se lia avec Barthéleroy, devint son maî- tre de langue , lui enseigna Parabe à fond, et l’ac- coutuma même, dans les conversations journa- lières : äle parler facilement. Alors ïl lui proposa : de rendre un service à des Maronites, des Armé- miens, et d’autres catholiques arabes , qui n’enten- doient. presque pas le français : cétoit de leur annoncer la parole de Dieu dans leur langue. Ce jeune homme avoit entre les mains quelques sermons arabes d’un jésuite. prédicateur de la Propagande, Barthélemy qui ne pouvoit rien refuser à un ami, ni se refuser à aucun genre de travail , en apprit un ou deux par cœur, et les prononca Kiel succès dans une grande salle de séminaire , où sès auditeurs orien- taux furent si enchantés de lui, qu’ils le prièrent de vouloir bien les entendre en confession ; mais sa complaisance n’alla pas jusques-là , et il leur répon- dit qu’il n’entendoit pas la langue des péchés arabes Dix ou douze des. principaux négocians de Mar- seille lui amenèrent un jour une espèce de mendiant -qui étoit venu les trouver à la bourse , pour implo- rer leur charité, leur contant qu’il étoit juif de nais- sance, qu’on l’avoit élevé, pour son grand savoir, à la haute dignité de rabin ; mais que , persuadé par ses lectures de la dignité de l’évangile , il s’étoit fait chrétien, se disant enfin profondément instruit dans les langues orientales, et demandant que , pour en avoir la preuve, on le mit aux prises avec quelques savans. Ces messieurs n’eu cherchèrent pas d’autre K k 4 520 Biographie. que le jeune Parthé emy , qui n’avoit alors que vingt- un ans. il eut beau leur dire qu’on wapprencit pas ces lan ves-là pour les parler, ils le pressèrent d'entrer en con ersation avec l’érudit oriental, et celui-ci se pressa lui-même de la commencer. Heuréusement Pabbé, q i savoit L's pseaumes de David par cœur, s’appercut que son int rlocuteur récitoit en hébreu le premitr pseaume , il l’interrompit après le 'pre- mier verset, et r posta par une phrase arabe tirée d’un de ces dialoçjues qu’on trouve dans toutes les gramimaires, et dont il n’avoit rien oublié. Le Juif reprit son pseaume hé!reu , l'abbé continua son dia- loue arabe, et la convers:tion continua sur ce ton jusqu'à la fin du pseaume. C’étoit le nec plus ultià de lérudition du Juif qui se tut. Barthélemy voulut avoir le dernier, et ajouta encore, en forme de jéroraison scientifique, une ou deux phrases de sa grammaire arabe, après’ quoi il dit à messieurs les négocians, que cet inconnu lui paroissoit digne d’intéresser leur bienfaisance , et de son côté, le Juif leur balbutia, en mauvais français, qu'il avoit par- couru FEfpagne Pltalie, l’Allemägne, l'Egypte, et qu'il n’avoit rencontré nulle part un aussi habile Homme que cè jeune abbé, à qui cette ridicule aven- ture fit un honneur infini dans Marseille, Ce ne fut _pa sa faute, car ihm’avoit ni vanité nicharlataneric ; et il raconta naïvement à tous ses amis, comment la chose s’étoit passée 3 mais on ne voulut pas le croire, et on s’en Unt opiniätrément au merveilleux. Barihélemy désiroit. passionément de pouvoir pré- senter aux savans de France qui s'occupent de la % Le! Notice sur Barthélemy. S21 paléographie , un échantillon de la plus ancienne écriture employée dans les manuscrits grecs. Il sa- dressa au docte Mazocchi son ami , et à M. Pademno, garde du dépôt de Portici; mais tous deux lui répon- dirent qu’ils avoient ordre exprès de ne rien commu niquer ; celui-ci seulement voulut bien lui permettre de jetter les yeux sur une page d’un manuscrit qwon avoit coupé de haut en bas, lors de la découverte. Elle contencit 28 lignes. Burthélemy les lut cinq ou six fois avec une attention extrême , et soudain, conme inspiré par la passion qui sait quelquefois sugocrer de l’arlifice aux simp es, il descendit pré cipitamment dans la cour, sous un prétexte qui ne permit pas de le suivre, et là il traca de mémoire, sur un papier , le précieux fragment qu’il vouloit voler. Il remonte alors, il compare mentalement la copie avec l’origiual dont il w’avoit rien oullié, et il le rend parfaitement conforme , en corrigéant intérieurement deux ou trois petites erreurs qui lui étoient échappées. Ce fragment contenoit quelques déiails de la persécution qu’avoient éprouvte les phi- losophes en Grèce, du temps de Périclès. Barthé- lemy emporte sa proie sans scrupule , et lenvoie , le même jour à Pacadmie des belles-lettres, mais en recommandant le secret, pour ne pas compromettre Mazocchi et Paderno. Le 30 août 1793, il fut dénoncé sous prétexte d’aristocratie (accusation qui pouvoit surprendre un homme à qui la langue grecque étoii si familière),et son feveu partagea cette inculpation,ains; que cinq ou six autres de leurs coopérateurs àla Biblio- B24 - «+ Biographies thèque, La dénonciation étoit du nommé Duby, com= mis à la Bibliothèque , etconsisnée dans une lettre de lui au nommé Chrétien, limonadier, membre de la section dont est la Bibliothèque, qui lut cette lettre à la section d’abord, et ensuite à la communs, Duby ne connoissoit pas Gl rétien ; Chrétien ne convoissoit pas : Duby; Barthélemy n’avoit jamais vu n! Pun ni Pau- tre ,eliles! aisé Ge juger qu’il n’étoit pas mieux connu d’eux. Dans les temps de trouble, où la défiance paroît de première nécessité, tous les dé- monciateurs sout écoutés, et toutes les dénoncia- tions sont recuek. Celle-ci eut son effet, et les pré- venus furent conduits à la prison des Magdelo- meties. On alla chercher Barthélemy chez Madame ‘de CI ioiseul, où il étoit alors, Ti fit promptement ses adieux à sa protectrice, qui Îles recut avec un attendrissement qu'il partagcoit, mais qu'il’ne lui montroit pas. C’est de là que ce respectable wvieil- lard fut mené au lieu de sa détention, où ül trouva son neveu Courcay, qui avoit annoncé à ses camarades l’arrivée prochaine de son oncle. La vic- time ne tarda pas, et s’offrit au sacrifice avec la séré-" mité peinte sur à Trees Son ame aussi élevée que ee et modeste, jouissoit du caline que donne la conscience d’une vie sans reproche. Ce n’étoit pas quil pût se cacher le danger de sa situation combi- née vec son grand âge et, ses infirmités. EL sentoit e pourroit résister que peu de jours aux incom- modi vu une prison où il manqueroit des secours qui lui étoient nécessaires. Il le sentoit, et il le dit à son HEVEU ; mais il se résiguoit en paix à sa destinée Notice sur Barthélemy. . 523 | passé, qui agravent souvent le malheur des prison sans se troubler par des réflexions, des souvenirs du niers. L'époque d: son arresialion n’avoit | asé.-happ6 à observation de ceux dont il devenoit le ca rarade. C’. toit le 2 septembre, l’anniversaire trop. mémora- ble d’une journée aue nos neveux : ffaceront sils le peuvent des fastes de la France. Ce triste souvenir sembloit étre un mauvais augure du sort de Barthé? lemy ; mais aucun des prisonniers n ’eut lPindis- crétion de le lui rappeler. Ils vinrent ‘tous au- deyant de lui avec émpressement à la jo te de. la prison, et l’accueillirent avec les témoignages d’une véné:ation profonde et d’un attendrissement siu- cère. Son entrée dans la maison de deuil et de larmes avoit ’air d’un triomphe. Le concierge nommé Vau- bertrand , et dont il est iuste de conserver le nom, eut pour lui des attentions touchantes, et lui mar- qua tous les égards qu’il pouvoit lui marquer. On le placa dans une petite. chambre avec son neveu qui lui prodigua les soins les plus tendres, et ce fut là qu’il recut dans la soirée la visite de Madame de Choiseul, cette femme si délicate dont une extrême sersibilité use les ressorts, mais à qui l’avitié fait toujours trouver des forces , n’avoit pas perdu un moment pour éclairer la religion du gouvernement sur l'erreur commise dans les bureaux ,; qui avoit fait arrêter ce respectable vieillard. . Des amis zélés, obligeans et sensibles l’avoient aidée, et n’avoient pas eu de peine à réussir. Le comité, qui n’ignoroit ni l’âge, ni la réputation de Barthélemy, ai la pureté de sa conduite, n’avoit jamais eu Pinten- 824 Biographie. tion de le comprendre dans l’ordre général qui frap- poit sur les emploÿés à la Bibliothèque, et son arres- tation étoit un mal-entendu , une erreur qu’on répara sur-le-champ. Tous les commis s’empressèrent à l’envi à expédier l’ordre d: sa sortie, avec lequel on alla le réveiller sur les onze heures du soir, et à mi- nuit on le remena chez sa tendre et constante pro- tecirice, d’où on l’avoit arraché le matin. Ce ne fut pas sans une peine sensible qu’il laissa dans la prison le C. Courcai, ce neveu si digne de sa tendresse , et il eubla douleur Ge ne lui voir recouvrer la liberté qu'après quatre mois de détention. T'els sont les traits que nous croyons devoir ajoûter à la notice que nous avons déjà publiée. Le citoyen Nivernois, en parlant de Barthélemy et de ses parens, dit qu’une succession de vertus a honoré cette respec- table famille bien plus que n’auroient pu faire les titres et les décorations dont la vanité fait tant de cas, héritage précieux, ajoute-t-il, que les neveux de Jean-Jacques Barthélemy étoient bien dignes de re- cueillir, et qui ne dépérira pas entre leurs mains. Ceux qui les connoïissent comme nous, savent aussi comme nous combien cette opinion du citoyen Nivér- nois est justement fondée ; Pun est actuellement imi- nistre plénipotentiaire de la république, et se distin- gue par ses talens diplomatiques et par une droiture de caractère qui commande Pestimie pour sa personne et assure le succès de ses négociations. T’autre, Île citoyen Barthélemy Courçay, est conservateur du ss 1 4 )® L] ! ge , . müséum des antiques : c’est faire assez son éloge de dire qu’il est digue de son oncle. Après lui avoir Notice sur Barthélemy. 525 prodigué toute sa vie le soin le plus tendre et Pavoir secondé dans sestravaux , Ce savant, qu’on ne peut s'empêcher d’estimer pour sa probité sévère , et d'ai- | ner sincèrement pour l’anénité de ses mœurs et de son caractère, se propose de donner dans quelque temps la suite du travail de son oncle sur la paléo- graphie -numismatique , travail si important pour la connoissance et l'explication des médailles. À. L. M. La PRE CRETE CRE RE ES RE RP | ARCHÆOGRAPHATIE. Les antiquités d'Athènes , mesurées et dessinées par James Sruarr et Nicor4s REFEITT, peintra et architecte : ouvrage traduit de l'an glais , revu el augmenté de plusteurs notes historiques et criliques , tirées des auteurs anciens et modernes ; par J. D Bargeré. Trois volumes grand in-folio, avec environ deux cent cinquante planches. P:v de personnes connoissent le mérite de lou- vrage dont le citoyen Barbié prépare une édition, parce qu’il n’a pas encore été traduit, et qu’il y em a peu d'exemplaires répandus en France. Le pre- “mier volume parut à Londres en 1762, et arriva en France quelques temps après; le second fut pu- blié en 1787, et ne vint en France que depuis la révolution ; enfin, le troisième , qui a été publié depuis, n’a point encore paru en France. Cepen- dant ceux qui ont vu les deux premiers volumes , 526 ÆArchæeographie. savent combien cet ouvrage peut être utile aux sas vans et aux aristes : ils le placent à côté des im mortelles descriptions des ruines de Palmyre et de Ballec ; et en effet, il ne leur est point inférieur : et il peut leur servir de pendant, Son auteur, James Stuart, voyageoit dans la Grèce avec Wocd et Dawkins dont il étoit l'ami» il recevoit leurs avis et leur co: muniquoit les siens $ et c’est de la réunion des connoissances de ces hommes vraim. nt savans, que se sont formés les beaux ou- vrages que nous admirons, ct parmi lesquels les antiguttés d'Athènes tiennent une place distinguée. Cet ouvrage , à la rérité , n’a pu être terminé par son auteur nême. Siuart est mort après avoir donné Je premier volume ; 1 ais un assez grand nom're de } lanches des deux autres étoit déjà gravé 5 le texte étoït en jartie fait, er il ne s’agissoit plus que de mettre de l’ordre dans c:s matériaux. Sa veuve , Elizabeth Stuart . s’est chargée de ce travail ; et, aidée des plus savans hommes d’An:leterre ; elle a mis au jour les deux derniers volumes, qui nelle cédent guère au premier. Les antiquités d'Athènes nous retracent {ons ces beaux monumens dont parle Phistoire, avec une vérité et une fidélité que les anglais atten- doient des connoissances et des taléns distingués de MM. Stuart et Revett, mais qu’ils n’osoient espérer d’un pays où les étrang rs qui annoncent la moindre curiosité, sont entourés de la méfiance et du soup- con. Cependant MM. Stuart et Reveti sont parve- nus à lever presque tous les obstacles : ils ont me- Le A Antiquilés d Athènes: 529 suré et dessiné les ruines d’Atènes vec la plus grande exactitude ; et de leu:s mesures renaissent les monumens mêmes qui étonnent encore jar leur majesté et par leur beauté. C'est dans cet ouvrage qu’Atlènes repatoît dans tout son éclat et sa splen- deur. En le voyant, on se croit transporté au milieu de cette superbe ville : les divinités semblent encore habiter feurs temples ; et l’on se sent pénétré d’ad- miration pour une cité jadis si célèbre, et dont les ruines sont des chefs-d’œuvres. Ici sont les modèles de cette superbe architecture grecque!, de ce bel ordre dorique , dont on trouve tant de restes dans les ruines de Pæstum et de la Sicile , et que l’on n’a pas encore assez observé (x1)5 mais ce qu’il y a d’intéressant , c’est qu’à côté de. ces monumens sout, Comme pour leur servir de com= paraison , ceux de la plus riche architecture xo- maine , ceux dont les empereurs romains s'étoient plu à décorer Athènes. Il semble que, jaloux de la ‘gloire de l’antique Grèce , ces priuces aient cherché 5 Ï à rivaliser le siècle de Périclès ; mais alors la liberté n’étoit plus ; et quoiqu’ils aient employé dans leurs édifices leplus bel ordre et la plus r che composi- tion , les monumens des anciens Athéniens ne perdent rien à la comparaison, et la richesse des uns ne fait que relever la beauté et la simplicité toujours ma- Jestueuse et mâle des autres. ù (x) Le P. Paoli nous a donné les ruines de Pæstum avec.le plus grande exactitude. Un artiste français , distingué par ses connoissances ; le citoyen Léon Dufourny , architecle , quia long-temps séjourné en Sicile , nous promet un ouvrage inté- ressant sur les monumers de cetie ile , qu’il a tous mesurés 528 “Archæographie. MM, Stuart et Revett ont dessiné et mesuré ces: deux sortes de monumens , avec tout le goût d’ar- tistes nourris de lPautiquité, de sorte que l’on est sur actuellement d’avoir les dessins exacts du temple de Minerve dans la citadelle d'Athènes , de celui de Thésée, des Propylées, du temple d’Erechthée, et de tous les monumens qu'Haädrien avoit clevés dans Athènes. Ci ouvraze est tellement d'épos“, que l'on trouve d’abord des vurs générales de la ville d’A- ibènes ou de quelques-unes de ses grandes parties, ensuite des vues particulières de chacun des monu- mens dans l’état de ruine où ils sont actuellement : de-là suit le plan de chaque monument , ensuite viennent les détails géométriques , et enfin, les des- sins de tous les bas-reliefs qui se trouvent sur ces difiérens monumens. f En parcourant tet ouvrage, on verra que ce n’est pas à tort qu'Atiènes étoit appullée la mère des beaux arts ; car, outre les monumens d'architecture, . ses ruines offrent encore par-tout des modèles au peinire et au sculpteur. Quelle quantité de bas-re- liefs et de siatues ne trouve-t-on pas dans cette ville? Nulle sutre, si ce n’est Rome , n’en présente autant. On ne peut rien voir de plus beau en bas-rebiefs, que ceux de la Tour-des-Venis et du joli monumeut que, l’on appeile faussem nt la Lanterne de Démos- thènes. M. Stuart, dans ses dessins, a mis chaque figure , pour ainsi dire , dans une planthe particu- lière, ei par ce muyen tout est développé et ritn nest perdu pour l'artiste. Les dessins des bas-reliefs des temples de Minerve et de Thésée, sont aussi faits Antiquités d Athènes. 529 faits avec la plus scrupuleuse exactitude > etiln’ya que les moules qu’en a fait prendre depuis l’am - bassadeur Choiseul-Gouffier, qui puissent leur € re: préférés. Mais ce qui fera le plus grand plaisir aux artistes, ce sont les figures exactes de ces superbes | Caryatides qui se trouvent dans la citadatle d'Athènes. Le feu de l'antique a, pour ainsi dire > passé dans les dessins de M. Stuart : la beauté des formes, la régularité des contours s’y font remarquer, et il n'est personne qui, à l’aspect de ces déssins ; ne brûle du désir d’alier voir les originaux. Les vues du pays et des ruines sont: faites aussi avec la pus grande sévérité. M, Stuart s’est ascuz jetli à peindre les objets qu’il avoit sous les yeux , “et à ne poindre que cela ; et s’il s’est permis d’ajou- ler quelque chose à la nature, ce ne sont que des personnages sur la vérité des costumes desquels om peut encore compter. Pour le texte, il est encore l’ouvrage de M. Stuar 5 il n’a rien d’inutile, Ce sont de courtes discussions , à la vérité très-savantes, et appuyées de citations sur les monumens &@A- thènes , et souvent il n’est que lexposition de ce que contiennent les planches qui Paccompagnent. Il est divisé par chapitres , et chaque chapitre est précédé et suivi d’une vignette et d’un cul-de-lampe dont les sujets tiennent essentiellement à l'ouvrage ; ce sont des médailles ou des inscripiions , ou bien même des bas - reliefs détachés, et trouvés dans Athènes. Dans le second volume est le portrait de James Stuart. | Enfin ,on ne sauroit fair: un plus bel éloge de cet Tome III. 1 AQ 530 - Lütérature grecque: ouvrage , qu’en disant qu’il a été très-utile à l’aua teur du Voyage du jeune Anacharsis , qui le cite en plusieurs endroits. Cependant , comme en tra- Vaillant ce Voyage d'Anacharsis ; l’auteur, ainsi que le citoyen Barbié qui en a composé les cartes, ont rencontré sur les monumens d’Athères des dif- ficultts que M. Stuart n’a pas entièrement levées däns son texte, le citoyen Barbié a cru devoir jo'ndre à la traduclion de cet important ouvrage , des notes dans lesquelles il a réuni lé sentiment de l’auteur du Foyage d'Anacharses et le sien. Il a cherché à expliquer tous les bas-reliefs et les ins- criptions, et 1l a mis en tête , dans une préface, une notice de tous les ouvrages qui ont été faits sur les ruines d'Athènes. Le citoyen Barbié pense que ces notes seront d’autant plus utiles aux artistes, pour reconnoître les anciens monumens d'Athènes, qu’elles tiennent à un assez grand ouvrage sur la topogra= phie de Pausanias, qu’il prépare en ce moment. Cette traduction sera de n ême format que lori- ginal, c’est-à-dire, en trois volumes /n-folio , et les planches seront de même grandeur que celles de M. Stuart, afin que le public ne perde rien des détails p cieux qui sy trouvent. Il est inutile de dire que ces planches seront gravées par les plus habiles artistes s mais ce qu'il importe de savoir , c’est que le citoyen Moreau le jeune veut bien y donner ses soins , et que la partie de l’architectüre sera resue par le même citoyen Léon Dufourny , qui a é 6 précédemment cité dans la note. Le talent de ces artistes est un sûr garant de la belle exécution Antiquités d'Athènes. 53r le cet ouvrage. La traduction du texte à été frite avec soiuÿ elle a été revue par le citoyen Bar'ié s et quant à la partie typographique , il suftira de dire qu’elle ést confiée aux presses du citoyen Didot le jeune, dont les caractères et les belles éditions sont connus. On tirera cette édition à cinq cents exemplaires sur papier vélén , et chaque volume sera mis au jour à mesure qu’il sera prêt. Mais comme on ne peut se dissimuler que dans les circonstances ac- tuelles cet ouvrage exizera de très-fortes dépenses, on propose à ceux qui voudront souscrire, de dé poser la somme de 2,000 liv. ui leur vaudra d’au- tant sur le prix de l'ouvrage entier. La souscription est ouverte à Paris chez Sauorain, übraire, rue du Jardinet. Les cinq cents numéros une fois remplis , la souscripüon sera irrévocable- ment fermée , et il n’en sera pas tiré un seul exem- . plaire de plus que le nombre indiqué. LITTÉRATURE GRECQUE. SuirTE des observations sur La traduction d’Athenée. JL faut avoir sous les yeux le texte grec et l1 ver- sion latine , LT, c. VII, p.8. A. Athenée, ou pour parler plus juste, son abréviateur rapporte la cita- tion d’un passage de Pune des pièces de Cratinus, ÿassage dans lequel Le poëte s’égayoit sur le compte Li a 322 Archæeographies d’un certain parasite , fils d’Ischomachus , surhoinmd le Myconien , à cause de son extrême avarice ; et en suite il cite d’autres passages du même genre, tant d’Archiloque que d’Eubule. Le ci toyen traducteur , s’attachant à suivre la ver+ sion latine et la disposition rpographique de ce texte ; a traduit ainsit « Voilà pourquoi Cratinus appelle » Myconien Ischomachus , qui étoit extrêmement » avare. A. « Comment serois-tu He toi qui es fils d’Ts= » chomachus le Myconien ? B. » Mais je suis honnête homme , et en cette qua- w lité je suis venu manger chez d’honnêtes gens : » entre amis tout est commun. À. » Oui, en buvant bien et f’enivrant de vin pur, æ mais sans payer Pécot. Tu viens sans être prié, » en ami certainement! C’est ton ventre qui porte » ton esprit ef ta raison à cet excès & dpi » Selon Archiloque ; Eubule le conan disoit d’un semblable personnage : « Nous avons à manger deux terribles acteurs, etc.… » En note, le bic tte dit : « Casaubon lit ecsee- »'negkas (irmeyxas) au second vers: ce qui fait un » spondée au quatrième pied , conire toutes les règles » de Ja poésie, qui veut trois brèves ou un iambe à » ce pied ; mais il falloit ôter Paugment du parfait, » selon la liberté qu'ont les jpoëtes. En général À » Casaubon est pitoyable lorsqu'il veut toucher aux » vers grecs. Îl en ignoroïit absalument les rythmes = » ilen donne preuve sur preuve. Adam n’a pas laissé » passer cette erreur, J'’abandonne donc les prétendus : Suite de la traduction d'Athenée. 533 » rétahlissemens que. fait Casaubon dans ces vers : » j'aurois une note à écrire presque à chaque pas- » saze. » Voyons maintenant comment le citoyen traducteur a pu dire fout ce que contient cette note, Nous ne dirons rien de la mauière avec laquelle il parle ici légèrement de {a mesure des vers : matière épineuse pour tout le monde, mal éclaircie même par les plus habiles critiques, sur laquelle aucuns d’eux'ne s’ac- cordent, et sur-tout inutile à entamer, puisque le cit. ne prétend pas substituer aucune restitution à celle qu'il proscrt. Mais nous ferons observer un assez kon nombre d’erreurs de sa part en un autre genre. 1.0 Ïl attribue à Casaubon de lire éromeyxes. On voit que cette lecon n’est point de Casaubon , c’est la propre lecon du texte. Cela peut étre juste en uux sen:, Mais je penche fortement à croire que Casaubon, d’après Turnèbe, avoit dessein de lire effectivement #cyxa;, au participe de laoriste, non au parfait sans augment, comme le C. le veut ; on sait que malheu- reusement le commentaire de Casaubon sur Athenée, de lPédiGion de 1621 , donnée après sæinort , fourmille de fautes typographiques. 2. Il dit due Casauton met ce mot au second vers. Casaubon le laisse à la place où le texte le présente, ce qui le met au cinquième des vers Que prétend trouver ici le cit. traducteur. 2.° Il attribue à Casaubon la restitution de mesure dans les vérs qu’il lui plaît de condanmer. Cette restiintion , quelle qu’elle soit, bonne ou mauvaise , west point de Casaubon, Ce grand homme, sincère L13 534 Littérature grecque. et modeste , avoue qu’i doit lescorrections nécessair-s dans ce passage, à Turnèbe, 4.° On voit évidmment que, pour irer du t’xte le sens expriiné dans sa version , qu | qun soit le mauvais ‘style, le C. a adonté toutes ls restitutions proposées par Casaubon d’a ris Turnèbe, Mais il e sarde bien d’en avertir le lecteur. 5° Le citoy " Villebrune, malgré l’aver- tisse rent de Casaubon, ne s’est point aeércu que la citation de Cratinus finissoit aux mots Koswaæ y cp Tu TO Piaar, et que tout ce: qui suit, à commencer des mots moAñer de mivey, étoit une citation d’Archiloque, et devoit ête lu dans une seule et même plirase, 6. Toujours trom:é par la mauvaise dispos tion ty- posrap ioue du texte, le citoyen Villebrune à cru qe Pauteur où lPabréyiat ur avoient fait citer Eubule par Archiloque l'ui-rême. Selon Archiloque , Eu- bule le comique disoit , ete: Si le C. eût seulement connu le cenre des compcsitions dans lesquelles on sait qu'Ar:hiloque s'étoit exercé, il auroit d’abord senti que diffi ilement on pouvoit lui attribuer use citation de celte nature, Mais ce qui est encore moins pardonnable, c’est d’isnorer la distance considérable qui sépar: l’âge d’Archiloque de celni d'Eubule, et d’avoir supposé qu'Archiloque, qui florissoit dès la XV. olymp'ade, avoit pu citer Eubule, dont la célébriti date seulement de la ror.° olympiade. Au reste, ce ne sont pas là à beaucoup près toutes les fautes que présente cette seule et même page de 36-37 de la version-du citoy n. On y voit encore : x.° qu'il a con'ondu ‘al ment uue citation d’'Amphis avec celle d'Eubule, et qu’il a supposé parcilement FT AS te de la traduction d’Athenée 535 qu'Amphis avoit été cité par Eubule, lequel avoit été cité lui-même par Archiloque. 2.2 Immédiate- ment après, il confond encore deux citations qu’il donne comme/une seule et même citation de Chry= sippe. 3.9 Tlne s’est pas même apercu que , de ces deux citations, l’une étant un vers hexamètre dont il a méconnu la mésure, ne pouvoit être la suite de autre, ni appartenir à Chrysippe. 4.2 Toujours induit en erreur par la mauvaise disposition typogra- phique dun texte , il confond plusieurs ercerpta diffé- rens , et les présente comme un seul et même extrait de quelque drame d’Antiphanes, ce qui forme un imbro:lo auquel on ne sauroit rien comprendre. 5.0 Pour tirer de tous ces passages si mal-à-propos liés et cousus l’un à Pautre ; le sens que sa version exprime, il adopte les restitutions proposées par Casaubon Fe mais constamment il n’en avertit point le lecteur. Pag. 40. Dans le cours de l’ouvrage d’Athenée, il se rencontre un assez grand nombre de passages d’auteurs anciens, qui sont cités plus d’une fois ; de ces passages, 1l n’en est pour ainsi dire aucun que le C. rende uniformément dans les divers endroits où ils sé trouvent. Telle est, par exemple, la citation de Ménandre, qui se rencontre au Liv. [, ch. VITE, tom. [, pag. 40, et qu’on retrouve ensuite, 1.° au liv. IV, ch. IV, tom. IE, pag. 185 2.0 auliv. XX, ch. LIT, tom. IV , pag. 43r. Dans aucun des trois endreits, le GC. ne Pa rendue de même, On est fondé à croire qu’il n’a jamais connu , ni l’édi'ion des Frag- mens de Ménandre donnée par Leclerc, ni lacritique de cette édition par Beniley , ni la réponse de Philars Lila 536 Littérature grecque. gyrius. Jamais il ne fait aucune mention des remar= ques et dis restitutions que présentent ces trois ou- vrages philologiques set on voit que, particulièrement pour la citation dent nous‘parlons ea ce moment, il a isnoré comp'èiement qu’elle appartenoit à la pièce in- titulée Trophouius. Sinous voulionsrelever toutes les méprises que, faute de connoître les pofmes d’'Homère, le citoyen traduc- teur à commises dans sa version, particulièrement en cet endroit où l’auteur s’étend sur les leçons de sagesse et de tempérance que fournit le prince des poëtes, il nous faudroit transcrire et discuter plus de la moitié du premier livre de sa version. Mais nous ne crai- gnons pis d’aflirmer , et nous somnies en état de démontrer que , de tous les nombreux passages de lPIFade et de l'Odyssée, auxquels se rapporte ce que di Athenée dans tous ces morceaux, :l n’y en a pas la dixième partie qu’on puisse supposer avoir été connus du tradncieur, et dont il ait saïsi le sens. Enfin, son ignorance à cet égard est telle, dre, daus un des endroits où 1} se trompe le pius évidemment, il a fait ressortir par le caractère italique le mot. même qui constate son erreur. Nous voulons parler de l’endroit, pag. 45, où il est Gusstion de la mort d'Antinois ; le texte G’Athente porte, io 494 rpaîdets drrwXtqo, é7e xraqar ro moquer. Le cit, dit : se b/essé lui-même, et meurt le verre à la main, marquant le mot blesse en caractères jialiques, comme pour nous attester que Jui seul peut-être ignore com'nent Homère ( Odyss. lib. XXTI, X, v. 8 et seq. )ifait mourir Antinoüs, blessé par Ulysse, d’un coup de fièche, à linstant où RATE Suite dela traduction d'Athénée. 537 îl alloit porter à sa bouche une coupe qu'il laisse tomber de sa main , lorsqw’il est frappé au gosier. Le citoyen traducteur ne connoit pas plus 'Thusy + dide qu'Homère ; la preuve en est dans la manièré dont il rend la citation Gsxii47s eur Nixouero sœ dagiorey wamiaqsa. Les paincus se découragené brentôt. Thucydide a voulu dire précisément tout le contraire. Il suflit, pour s’en convaincre, de se rap- -peler Pendroit où se trouve cette phrase. C’est(lib.I, $. 70, pag. 47, édit. Du: k. ) dans le discours par le- quel les Corinthiens veulent engager les Lacédérro- niens à déclarer la guerre aux Athéniens. En parlant de ceux-ci, les Corintliens disent : vainqueurs, ils arancent davantage ; vaincus , ils se découra- ragent le moins possible. Le citoyen traducteur ne connoît pas mieux Xéno- phon qu'Homère et Thucydide. On voit, ch. XIX, pag- 23; B. du texte g., 86 de la v. fr., qu’il n’a poiut reconnu combien la citation que le texte d’Athenée présente comme tirée de l’Œconomigue , estaliérée. Il suffit, pour s’en convaincre, de se rappeler ce qui se lit dans le traité dont il s’agit, ch. VIII, S. VIII. Le citoyen traducteur ne connoît pas plus Euri- pide qu'Homère , Fhucydide et Xénophon. Ehid. ch. XIX , pag. 23 du t. g., 86 de la v. fr., il n’a point reconnu que le vers du Cyclope , d’Euripide , cité par Athenée, se lisoit différemment das le texte d'Euripide. P’id. Cyclop., v. 410. Le citoyen traducteur connoît encore moins Ca!li- maque que les autres auteurs cités précédemment. S'il eût lu les notes de Bentley , de Rhunke- _ *“ 538 | Littérature grecque. nius et d’Ernesti sur les fragmens de ce poëte, indus bitablement il auroit senti la jnstesse de la correction que les deux derniers de ces habiles critiques ont pro- posé de faire dans le ets cité par labbréviateur d’Athenée, pag. 24 A. du texte grec, où on lit pts dE aaraium #or. Rhunukenius et Ernest dé- montrent pour ainsi dire évidemment qu'il faut lire tres fi) et, 61e ro [e KR À IVi Et F. à | . our lemonde a lucle récit des voyages de Godin des Odonets et de sa femme , pubiiés dans divers jJoursaux, dans plusieurs recueils de voyages, et no- 51 ie — pr à LB- += tamme:t dans celui qui a paru chez Couret : lya un an. Godin des Gdonets a passé beaucoup de tempsau Pérou ; il est revenu en France, où il est mort, il y a trois ans: Il avoit travaillé à un dictionnaire péruvien el à une grammaire de cette langue. Le représentant Grégoire a désiré savoir où en étoient ces ouvrages, (1) La crainte de surcharger notre journal de caractères grecs, 2ous à fait retrancher beaucoup d’autres remarques sur ce pre- nier livre. Celles relatives aux quatorze suivans , sont encore plus 'ombreuses. Nous avons eu sous.les yeux les cinq vol.in-4°: de la nouveile traduction d'A thenée, dont les marges étoient si remplies de DR qu’elles pourroientfournir la matière de deux volumes in-4°. , d’environ 700 pages chacun. Nous exhortons le critique , qui a eu la patience de faire ces anno- tations , de travailler à une autre édition du texte d’Athenée , laquelle seroit bien accueillie des gens de lettres. Depuis loc g- temps on paroïît la désirer , et elle ne peut tomber en de meil« leutes mains. Note des rédacteurs, ji PER PR UE 2 CAT Langue pérurienne. 539 - et il s’est adressé au district d: 8. Amand, où Godin s’étoit retiré. Il nous a communiqué la réponse qui lui a été fa té, et un échantil'ox d' cette graminaire, - Nous pensons que cet essai sera ag éable à ceux qui aiment à comparer les idiomes et les mœurs des nations. Copie d'une lettre adressée au représentant GRÉGOIRE. L Libreval , autrefois St-Amand , le 20 plu 2 vièse, an troisième de la république française. , Aussitôt après Ja réception et la lecture de votre lettre , je n’ai rien eu de plus pressé que de répondre a votre invitation, Je pense avoir à-peu-près réussi dans mes démarches, Le citoyen Godin des Odonets, qui véritablement habitoit S.-Aman®, y est mort depuis environ trois ans. Îl avoit un neveu nommé Piot-Villers, établi dans cette ville, qui a demeuré long-temps avec lui, eta écri:, à ce qu’il m'a dit, sous sa dictée, et la grammaire dont vous me parlez dans votre lettre, et lédictionnaire péruvikn. Il est actuellement membre du comité révolutionnaire de cette commune. Je ne me suis pas content deses dires ; j’ai voulu voir par moi-même, et me suis transporté chez lu', J'ai vu le dictionnaire péruvien en manuscrit, El n’est pas d’une grande étendue , et m'a paru entier depuis ja lettre A jusqu’à la lettre Z. Il-est compris en uze main de papier environ. La grammaire m’est pas aussi en ordre. L s feuilles étoient détachées et éparses daus un üroir. Je vous envoie copié d'un morveau que \ 540 Grammaure. j'en ai tiré ; et si j'en crois le citoyen Piot-Villers, i a tuut ce qui concerne l’un ét l’autre ouvrase. Une des proches parentes du citoyen Godin dés Odonets m°’a dit que lui-même, en certain temys, avoit été à Paris pour y faire imprimer les ouvrages en question, et qu’elle pensoit .que les inanuscrits y étoient restés. Piot-Villers dit au coniraire que ce sont ceux qu’il a entre les mains. Telles sont, Citoyén Renréseniant, les découvertes que jai faites sur la grammaire et le dictionnaire péruviens du cilo;en des Odonets. Voici l'échantillon de la grammaire que je vous ai promis. 3 Des verbes défectifs dans La langue péruvienne. I y a dans cette langue quelques verbes défectifs. Le premier est, cupuhuan. Îl veut avant 50, le nominatif ; il s'applique à louges les personnes et à tous les nombres, et se conjugue dans tous les modes. Il a les inêmes modes et les mémes temps que les verbes trausitifs ; il signifie ce que nous disons en latin, meus est, j'ai cæla, ceci est mien. | Cachai mi capuhuan , ÿai un habillement. Cachai quim capunun qui, tu “us Labille- ment, Cachai mi capun , ila un habillement. On conjugue d: la même manière le verbe qu pihuan, avoir de l’hameur, ainsi que les suivans :, Sic si huan, souffrir, avoir quelque douleur. Chagui huan , avoir soif. Jareca huan, avoir envie de manger. dis qui huan , slaire à quelqu'un. / Minerve. Il est clair ? en faire le récit à sa mère Déjan re. Lots spectateur ne voit que Trachinium ; mais de 'Trachinum au -promontoire Cénée, il peut y avoir soixante Langue péruvienne. 34x Pician chaquin ; qu'est-ce qui a soif? Les Indiens se servent du verbe Auacan, pour exprimer le son des animaux et des choses ina- nimées , comme cavaliom huacan, le cheval hennit. Huarlpaur huacan ; le cog chante. Cam- panaim huacan , la cloche sonne (1). ‘ART DRAMATIQUE: ÆFragmens sur les unités de Jour ct de lieu dans Les poèmes dramatiques. Marasrase a prouvé jJonguiement, mais d’une manière convaincante , que les anciens ne se croyoient point obligés d'observer les unités de jour et de lieu. Ouvrez les Eum‘aides d’Eschyle. Une moitié de la pièce se passe à Delphes, dans le temple d'Ap- pollon ; l’autre moiti lans Athènes , au temple d 4 fui] y a changement de lieu. Daws les Trachiniennes de Sophocle , Déjanire qui demeure à Trachinium , donne à Jacas une robe empoisonnée pour la porter à son époux Hercule, qui est sur le promontoire Cénée. Licas exécute sa commission. Hillus, fils d’'Hercule , est témoin des eflets de ce fatal brésabe Il court à Trachinium , d'Italie, et dans le cours de la pièce, on fait (1) On trouve à la fin de la description da Chili par Mel traduite par Gruxél, un diciionuaire de mots chili ns relat à l'histoire naturelle, À. L. M. 542 ‘Art dramatique. fois ce voyage : l’unité de jour est certainement violée, | yag ] Dans Ajix porte-fouet du même Sophocle | Ajax fait ent:ndre aux spectateurs qu’il veut chercher pour se tuer un endroit plus soli aire , afin de r’être point empêché par le‘chœur qui l’environne ; il part et reparoît bientôt, mais non plus entouré du chœur. I! a trouvé le lieu qu’il cherchoit , et il se tue. Ce lieu ne sauroit être celui dont il est parti. Dans les Oiseaux d’Aristophane , l’action cemmence sur la terre et finit en air dans la ville de Néphé- lococcygie. Dans la Paix du mê:e auteur , lascène se passe d’abo d sur lAtinon , puis en Pair, puis au ciel, puis sur la terre devant la grotte où la Paix et enfermée. Est-ce là garder Punité de lieu ? Le P, Brunoi a donc eu tort d’affirmer que les Grecs rejettoieit tous les sujets qui ne pouvoient s'allier avec la risueur des trois unités. L'abbé d’Aubigñac avoit eu ce tort-ayant lui. Mais comment le P. Brunoi , qui a traduit | grecs , ne s’est- il pas apperçu qu’ils ont évidemment ignoré ces lois prétendues ? | Dans l’Aululaire de Plaute, Euclion dit à la fin du troisiè ne acte, qu’il veut aller ca: her son trésor dans le temple dela Fidilit. Au quatrième acte, Fuclion se trouve au lieu qu’il désiroit. Ur: a donc \ Can. ernent de lieu. Dans l’Eautontimorumenos de Térence , il se. passe un jour du commencement de la pièce jusqu’à la troisième scène du second acte. Au septième vers de cet acte, il comm : ce à faire nuit: #'esperascet. Au premier vers du troisieme acte, le jour ven.it : 2e oc jam. Il s’est écoulé ban l’intérs 5 1 à ot Unilé de jour et de lieu. 543 valle une nuit entière consacrée aux fêtes de Bac- chus , et il reste encore trois actes pour que la pièce Soit dénouée ; il ny a donc pas unité de jour. Mé nage avoit fait cette objection dans le dernier siècle, Madame Dacier a prétendu que l'Eautontimoru=- Meños Commence à l’entrée de la nuit. La preuve du contraire est ce pEsperaseit, au second acte. Ménage et Métastase , après lui, n’ont pas trouvé dans cette pièce l’unité de lieu mieux oPservée qué Punité de jour. En effet, dans la première scène , on voit le vieillard Ménédeme occupé à labourer la ‘erre, Il croit que lexcès de sa rigueur a réduit son fils au désespoir; il croit avoir perdu son fils, et voulant se punir lui-même > il s’est condamné à des travaux pénibles, Tout le reste de la pièce se passe : dans la rue. Certainement on ne laboure pas dans la rue. Madame Dacier répond à cette objection de Ménage, que Ménédeme ne travaille pas daus ce . moment, mais qu’il rentre chez jui en révenant de son travail. La preuve du contraire est éncors dans À .- . 1 ‘ x ’ . Térence , témoin ce que dit Clirémès à Méntdeme + \ ÆAtistos rasiros interca tamen Depône, ne laboïa. Il faut remarquer que l£autontimorumenos est traduit de Ménandre > et l’on peut conclure de ce fait que les poëtes grecs de là comédie moderne , w’éloient pas plus SCrupuleux observateurs des unités de jour et de lieu, qu’Aristophane et Les potes tragiqies. L'unité de jour est-bien observée dans nos pièces célèbres. Quant à l’unité de lieu > je crois pouvoir -ailrmer qué lenvie de l’observer rigoureusement a 544 | rt dramatique. fait rejetter de fort beaux sujets à nos poëtes {ra giques , et plus souvent des beautés supérieures dans les sujets qu’ils avoient choisis. Je crois encore pou- voir allirmer que , malgré tous leurs efforts , ils ont souvent violé cette prétendue règle. Peut-on supposer qu’'Emilie s’entretienne librement avec Cinna d’une conjuration coùtre Auguste dans la chambre où ce même Auguste tient conseil un moment après avec Maxime et Cinna ? Peut-on suppo- ser que César et Cléopâtre se tiennent des propos de galanterie, Sig mo à dans la salle du conseil du roi Ptolomée ? L’unité de lieu n'est-elle pas évidemment violée Abus le Cid et dans Horace ? Mais laissons là Corneille , sur lequel beaucoup de gens passeroient condamnation quant à cette partie. Peut-on supposer qu'Hermione vienne s’entretenir avec sa confidente dans la même chimbre où Pirrhus a recu lambassadeur des Grecs ? Peut-on supposer que Néron donne audience à sa mère dans l’espèce d’anti-chambre où Burrhus l’a retenue au commen- cement de la pièce ? Peut-on supposer que Phèdre vienne avouer à Œnone la passion qui la tourmente, dans le même endroit où l’on a vu , au commence- ment de la pièce, Hyppolite et son gouverneur , et où lon verra venir au second acte , Âricie et sa con- fidente ? Le premier acte de l'Œdipe de M. de Voltaire M se passe dans un vestibule. Est-ce aussi dans un ves- tibule que Jocaste raconte à sa confidente Egine, ses vieilles amours avec Philoctèie? Fe beau premier gcte de Brutus se pare au sénat. Est-ce encore au sénat Ünité de jour et de lieu. 545 fénat que se passent les scènes entre Titus ét Tullie 2 Quelques scènes de la Mort de César se passent évidemment dansla place publique ; la dernière, par exemple: est-ce dans la place publique que César assemble les sénateurs au premier acte? Zamore et ses compagnons sont-ils transférés de leurs prisons dans la chambre même où l’orgueilleux Gusman vient de parler d'amour à la fille de Montèze ? Je pourrois pousser plus loin cet examen, et ja nai cité que des ch:fs d'œuvres. L'unité de lieu n’est peint gardée dans quelques- unes de nos comédies estimées ; par exemple, dans le Bourgeois Gentilhomme , dans le Médecin mal- gré lui, dans Démocrite amoureux, dans l’Avocat Patelin. On demande s’il est possible que l’appar- tement d'Angélique soit le même endroit où le valet du Joueur attend son maitre , le même où le : Joueur engage le portrait d’Angélique ? On demande s'ilest naturel que le jaloux de Ecole des Femmes qui Cache si soigneusement sa pupille , et que d’ailleurs Horace a instruit sans le connoître de l’amour qu’il sent pour elle , on demande sil est raisonnable qu’Arnolphe fasse asseoir Agnès au milieu de la rue, qu'il s’asseoye auprès d’elle, et que là il lui tienne de fort longs discours sur les devoirs d’une femme mariée ? On demande si la bienséance, l’ac- tion particulière de la pièce, et le caractère Ê Ar- nolphe n’exigeoient pas que celle scène se passât dans l'intérieur de sa maison ? On observera cependant qu'il n’est pas trésdi ffi- cile de resserrer une comédie entière dans les Tome III. M m 546 “Art dramatique. bornes d’une rue, d’un parc, ou d’un salon ; pour la tragédie, c’est presque une chose impossible de garder l’unité du lieu , sans rendre la pièc? ou mes- quine ou invraisemblable. Cette extrême différence vient de ce que dans l’action comique , il s’agit des intérêts d’une ou deux familles de particuliers, et que dans action d’une véritable tragédie, il s’agit presque toujours des intérêts d’un peuple entier. Il est bien sirgulier que deux hommes d’un mé- riie fort co mun, incapables d’écrire convenable- ment dix vers de tragcdie, soient devenus les lé- gislateurs du théatre français. Ces deux hommes sont l’abbé d’Aubignac et Dacier. Ils ont répété si souvent ,et pour me servir du mot propre , avec tant d’effronterie , «les anciens ont toujours observé les unités de tems et de lieu», qu’on les a crus sur leur parole. Tous les successeurs de Corneille ont suivi les lois de l’xbbé d’Aubignac. Ils auroïent craint de contester un moment aux anciens une perfection qu’on leur supposoit. Il wy'a pas un mot sur unité de lieu, ni dans Horace ni dans Aristote. Quant à lPunité de temps, Aristote dit seulement que la tragédie se renferme dans un tour de soleil vao puær meprocloy #us, Où du moins excède peu cet espace ; y mixpoy éœanarer. Il ajoute que l’Epopée n’a point de durée déterminée , ce qui n’est pas l'opinion des critiques modernes. Il ajoute encore que , dans les premiers temps, la tragédie ressembloit en cela même à Pépopte 3 Toi To MPATOY OpLOIWS EV T&Is Tpharywdiieis TsTo EmoisY, +94 uv Tois EnETt. On feroit très-bien de s’en tenir à la pratique et Unité de jour et de lieu. 547 à la théorie des Grecs. On obs rveroit mieux l’unité d'action. On garderoit lPunité de jour, sans croire que ce fût un grand d'faut de s'étendre jusqu’à deux jours , si cetfe icence produisoit de véritables beau- tés , ou si elle étoit nécessaire dans un sujet, d’ailleurs bien choisi. On ne croiroit pas non plus que ce fût uu défaut de se renfermer dans l’enceinte d’un villle, quelquefois même d’en sortir, On se garderoit bien de changer souvenj le lieu de la scène, ce qui devien- droit fatisuant et pénible. On se garderoit bie: plus de passer d’un royaume dans un autre, de rnfermer dans une pièce toute la vie d’un héros, ou même de s'étendre souvent au-delà d’un jour. L’indispen- sable unité d’action est le principe qui saura guider Je poëte. Une action simple , comme doit être celle des poëmes dramatiques, peut se nouer et se dénouer naturellement dans un seul jour ; maïs je le répète, une action importante pour un peuple entier, ne :peut avoir que bien rarement tous ses progrès dans un palais , jamais dans une sèule chambre. CHÉNIER. POÉSIE. Le Jour des Morts dans une campagne. as *NorTe. C: poëme est composé depuis plus de dix ane. Le sujet et qu-lques détails peuvent rappeller une pièce anglaise de Gray , intitulée {e Cimetière de cam- pagné ; mais le plan du poëte français a bien plus de régularité, d'étendue et d'intérêt. M m 3 348 RL Poésie. l’auteur, le citoyen Fontanes , connu par une excellente traduction en vers de F Essai sur l’homme, et par plusieurs autres ouvrages, dont le caractère a paru neuf dans la poésie française, a bien voulu . nous coifier son Jour des Morts , et en permettre la puillication dans notre journal. Il seroit à désirer que le citoyen Fontanes fit plus souvent part au public des morceaux qui sont dans son por feuille. On se rappelle le mot de Voltaire à un jeune poëte qui le consultoit sur le parti qu’il devoit prendre dans un ouvrage sur Dieu: Le parti de Dieu , c’est Le plus poétique. Entre les idées religieuses qui peuvent émouvoir l'ame et intéresser l'imagination, {a fête des Morts est particulièrement propre à pro- duire cet effet. Dans tous les temps la commémora- tion des morts a fait partie de la rel'gion de tous les peuples, et la poésie à su profiter de ses effets sur l'imagination. Les ouvrages de Sophocle , d’lomère et de Virgile sont remplis de ces souvenirs. Et si l’on joint à cette puissance des idées religieuses le charme des tableaux analosues de la nature, on est sûr d’at- teindre le véritable but des beaux-arts, c’est-à-dire, de toùcher et deplaire. L'auteur du Jour des Morts , y a complettement réussi. Nous ne sommes plus au temps où frère Girard, jésuite , d’après frère Rébadenerra , ne voyoit dans la fête des Morts que la gloire de St-Odillon , abbé de Cluni, qui linstitua 3 et la fleur des saints de frère Girard , a beau raconter la chose en détail , nous ne sommes pas tentés de Py chercher. Nous aimons mieux présenter tout de suite au lecteur le poëme du citeyen Kontanes sur ce sujet intiressant, Le Jour des Morts. 549 Nous nous félicitoas de pouvoir ainsi rendre ce ‘our- nal le premier dépositaire des beaux vers que l’on fait encore de nos jours. Ceux-ci sont faits comme on les faisoit dans le bon temps. V. 3. Le Jour des Morts dans une campagne. D: dù haut des cieux le cruel sagittaire Avoit tendu son arc et ravageoilt la terre ; Les coteaux , et les champs, et les prés défleuris, N'’offroient de toutes parts que de vastes débris ; Novembre avoit compté sa première journée. Seul alors , et témoin du déclin de l’année, Heureux de mon repos, je vivois dans les champs, Et quel poëte , épris de leurs tableaux touchans., Quel sensible mortel, des scènes de l’automne N'a chéri quelquefois la beauté monotone ? . O !'comme avec plaisir , la réveuse douleur , Le soir , foule à pas lents ces vailons sans couleur, Cherche les bois jaunis, et se plait au murmure Du vent qui fait tomber leur dernière verdure! Ce bruit sourd a pour moi je ne sais quel attrait; Tout-à-coup si j’entends s’agiter la forêt, D'un ami qui n’est plus la voix ,Jong-temps chérie, Me semble murwurer dans la feuille flétrie. Aussi, c’est dans ces temps où tout marche au cercueil, Que la reiigion preud un babit de deuil ; Eile en est plus auguste, et sa grandeur divine Croit escore à l’asrect de ce monde en ruine. Aujourd’hui ramenant un usage pieux, Sa voix rouvroit l’asile où dorment nos ayeux. Hélas ! ce souvenir frappe encor ma pensée. L'aurvre paroissoit : la c'oche balaucte, M w 3 550: ‘41 Poésie. Mélant un son lugnbre aux sifflemens du Nord, Annoncoit dans les airs Ja fête de la mort ; / .Vieiilards , femmes , enfans , accouroient vers le temple, Là , préside un mortel dont la voix et l’exemple Mazintiennent dans la paix ses heureuses tribus, Un prêtre ami des lois , et zélé sans abus, Qui, pen jaloux d’un nom , d’une orgucilleuse mître , Aimé de son troupeau, ne veut point d’autre titre ; Et des apôtres saints fidè'e mitateur , À mérité , comme eux , ce doux nom de pasteur. Jamais dans ses discours une fausse sagesse, Des fêtes du hameau n'attrista l’allégresse. Il est pauvre , el nourrit le pauvre consolé. Près du lit des vieillards quelquefois appelié, Il accourt , et sa voix , pour calmer leur souffrance à Fait descendre auprès d'eux la paisible espérance. » Mon frère, de la mort ne craignez point les coups, » Vous remontez vers Dieu, Dieu s’avance vers vous ». Le mourant se console , et sans terreur expire. Lorsque de ses travaux l’homme des ch:mps resjire, Qu'il laisse avec le bœuf reposer le silon, Ce pontife sans art , rustique Fénélon, Nous lit, du Dieu qu'il sert , Les touchantes parules. Ji ne réveille point ces combats dés écules, Ces tristes questions qu’agiièrent envain Et Thomas , et Prosper , et Pélage , et Caïvin. Toutefois , en ce jour de grâce el de vengeance, À ses enfans chéris que charmoït sa présence # Il rappela l’objet quiles ressembloit tous; Fy, loin d’armer con!r'eux le céleste courroux, 11 sut par l'espérance adoucir la tristesse, - « Hier , dit.1l, nos cliants, ncs hymnes d’aliégresse, » Célébroient à l’envi ces morts victorieux, >» Dont le 2ôle cnilammé sut conquérir les oicux.' > Pour les mänes plaintifs, à ia douleur en proie, » Nous pisurons aujourd'hui; notre deuil est leur joie. Le Jour des Morts, | 554€ x La puissante frière a droit de soulager 4 > Tous ceux qu’éprouve encore us tourment passager. » Allons donc visiter leur funèbre demeure ; » L'homme hélas ! s’en approche , y descend à toute heure. » Consolons-nous pourtant : un céleste rayon » Percera des tombeaux la sombre région. > Oui : tous ses habitans, sous leur forme première, > S’éveilleront surpris de revoir la lumière ; » Et moi, puissai-je alors vers un monde nouveau 2 En triomphe à mon Dieu ramener mon troueau ! » Il dit , et prépara l’auguste sacrifice. Tantôt ses bras tendus montroient le ciel propice, Taatôt i! adoroit humhlem-nt incliné. O moment soiemnel ! Ce peuple prosterné, Ce temple dont la mousse a couvert les portiques , Ses vieux murs , son jour sombre , et ses vitraux gothiques , Cette lampe d’airain qui , dans l’antiquité, Symbole du soleil et de l’éternité , Luit devant le très-haut , jour et nuit suspendue, La imajesté d’un Dieu parmi nous descendue, Les pleurs , les vœux , l’encens qui montent vers l’autel , Et de jeunes beautés qui sous l’œil maternel Adoucissent encor, par leur voix innocente, De la religion la pompe attendrissante ; Cet orgue qui se tait , ce silence pieux , L'’inyisible uniou de la terre et des cieux, Tout entiamme , agrandit , émeut l’homme sensible ; Il cr it avoir franchi ce monde inaccessible Où sur des harpes d’or l’immortel Séraphinr , Aux pieds de Jéhova, chante l’hymne sans fin. C’est alors que sans peine un Dieu se fait entendre; I! se cache au savant , se révèle au cœur tendre ; I! doit moins se prouver qu'il ne doit se sentir. Mais du temple à grands flots se hâtoil de sortir La fou'e qui déjà par groupes séparée , Vers le séjour des morts s’avançoit éplorée, M = 4 552 | Poésie. L'étendard de la croix marchoit devant nos ras, Nos chants majestueux consacrés an trépas , Se méloient à ce bruit précurseur des tempêtes : Des nuages obscurs s’étendoient sur nostêtes, Et nos fronts attristés , nos funèbres concerts Se confurmuient au deuil et des champs et des airs. Cependant , du trépas on atteignoit l'asile. L’if, et le buis lugubre, et le lierre stérile, Et la ronce, à l'entour , croissent de toutes parts; On y voit s'élever quelques ti leuls épars , Le vent court en sifflant sur leur cime flétrie. Non loin s’égare un fleuve ; et mon ame attendrie Vit dans le double aspect des tombes et des flots , L’éternel mouvement et l’éternel repos. Avec quel saint transport tont ce peuple champêtre , Honcrant ses aÿeux , äimoit à reconnoître La pierre ou le gazon qui cachoit leurs débris! 11 leur parloit encor : mais au sein de Paris, Des parens les plus chers , de l’ami le plus tendre , Où pent l'œil incertain redemander la cendre ?- Les morts en sort a leurs droits sont violés, Et leurs restes sans gloire , au hasard sont mél és. Ah! déjà contre nous j'entends frémir leurs mäpes, Tremblons : malheur aux temps , aux nations profanes, Chez qui, dans tous les cœurs , affoib'i par degré, Le culte des tombeaux cessa d’être sacré! Les moris ici du moins n’ont pas recu d'outrage; Ts conservent en paix leur antique héritage. Leurs noms ne chargent point des marbres fastueux; Un pâtre , un laboureur, un fermier vertueux, Sous ces pierres saus art, tranquillement sommieille, Elles couvrent peut-être un Turenne , un Corneille , Qui dans l’ombre a véeu de lui-même ignoré. Eh bien ! si de la foule autrefois séparé, Hustre dans les camps , cu sûblime au théâtre, Sou nom eharmoit encor l'univers idclätre, Le Jour des Morts. 553 Aujourd’hui son sommeil en seroit-il plus doux ? De ce nom, de ce bruit dont l’homme est si jaloux, Combien, auprès des morts, j’oubliois les chimères ! Ils réveilloient en moi des pensers plus austères. Quel spectacle! d’abord un sourd gémissement Sur le fatal enclos erra confusément ; Bientôtles vœux , les cris, les sanglots retentissent , Tous les yeux sont en pleurs , toutes les voix gémissent. Seulement j’apperçois une jeune beauté , Dont la douleur se tait , et veut fuir la clarté. / Ses larmes cependant coulent en dépit d’elle , Son œil est égaré, son pied tremble et chancèle; Héias! ele a perdu l’amant qu’elle adoroit, Que son cœur pour époux se choisit en secret, Son cœur promet encor de n’être point parjure. Une veuve , non loiu de ce tronc sans verdure, Regrettoit un époux , tandis qu’à ses côtés Un enfant qui n’a vu qu’à peine trois étés , Tgnorant son malheur , pleuroit aussi comme elle. La ;, d’un fils qui mourut en suéant la mammelle, Une mère au destin reprochoit le trépas , Et sur la pierre étroite elle attachoit ses bras. Ici , des laboureurs au front chargé de rides, Tiemblans , agenouillés sur des feuilles arides, Venoient encor prier , s’attendrir dans ces lieux Où les redemandoit la voix de leurs ayeux. Quelques vieillards sur-tout, d’une main languissante, Embrassoient tour-à-tour une tombe récente, C’étoit celle d’Hombert , d’un mortel respecté, Qui depuis neuf soleils en ces lieux fut porté. Il a vécu cent ans, il fut cent ans utile. Des fermes d’alentour le so] rendu fertile , Les arbres qu'il planta , les heureux qu'ila faits, À ses derniers neveux conteront ses bienfaits. Souvent on'les vanta dans nos longues soirées. Lorsqu'un hiver fameux désoloit nos contrées , # 554 . Poéste. Et que le grand Louis dans son palais en deuil, Vaiucu , pleuroit trop tard les fautes de l’orgueil, Hombert, dans l’âge heureux qu'embellit l'espérance, Déjà d’un premier fils bénissoit la naissance, Le rigoureux Janvier, ramepant l’aquilon, Détruit tous les trésors qu’attendoit le siilon, Sur les champs dévastés la mort seule domine ; Deux mois, dans nos climats, la hideuse famine Courut seule et muette en déyorant toujours. Eembert désespéré , sa lemme sans secours, Voyoient le monstre affreux menacer leur asile ; Hs pleuroient sur leur fils ; leur fils dormoit trac quille, O courage ! à vertu ! renfermant ses douleurs “ : Hombert pour la sauver fuit une épouse en leurs. Soidat , il prend le glaive , il s’exile loin d’elle ; Mais , du milieu des camps , sa tendresse fidèle, À sa femme , à son fils se hätoit d'envoyer Ce salaire indigent noble prix du guerrier. On dit que de Villers il mérita l'estime ; Et mème, sous les yeux de ce chef magnanime, _Aux bataillons d’Eugène il ravit un drapeau. La paix revint, alors il revit son hameau, Et pour le soc paisible oublia son armure. Son exemple éclairant une aveugle culture, À pprit à féconder ces domaines ingrats ; Ce rempart tutélaire élevé ; ar son bras, Du fleuve débordé contint les eaux rebelles. Que de fois il calma les naissantes querelles ! Lui seul para ces monts de leurs premiers raisins, Et même il transplanta sur les muriers voisins, Ce ver laborieux qui déroule er silence Les fragiles réseaux filés pour l’opulence. Tu méritois sans doute , à viei lard généreux , Les hopneurs de Ce jour, nos regrets et nos vœux ! Aussi le prêtre saint , guidant la ,ompe auguste, S’arrèla tout-à-coup près des cendres du juste. Le Jour des Morts. 553 Là , retentit le chant qui délivre les morts. C’en est fait , et trois fois dans ces. pieux transports, Le peuple a , arcouru l’enceinte sépulcra'e, L'homme sacré, trois fuis y jeta l’eau lustraäle, Et l'écho de la tombe aux mânes satisfaits, Répéta sourdement : Qu’ils reposent en paix. Tout se tut , et soudain, à fortuné présagef Le ciel vit s'éloigner les fureurs de l’orage , Et brillant, au milieu des brouilla rds entr’ouverts, Le soleil jusqu’au soir cousola l’univers. FOonNTANES. * NOUVELLES LITTÉRAIRES. L A convention nationale a décrété que les citoyens qui se livrent à Pinstruction publique pouvoient , s'ils réunissent divers emplois relatifs à l’instruction, en cumuler les traitemens. Elle a accordé, sur le rapport du citoyen Villar, divers encouragemens à des hommes de lettres et à des artistes, PREMIERE CLASSE. Trois mille livres à chacun des citoyens : - Abeille , homme de lettres. Agus , compositeur de musique. Arquetil-Duperron ; auteur de la Lé- gislation orientale. Arnould ,auieur dela Balance du. cominerce. Charpentier, mécanicien. Desau- drais , membre-du bureau de consultation des arts. Dewailly, architecte. Doublet, chirurgie, dans la personne de sa veuve. Duriral ; auteur d’une Description de la Lorraine, Ehrnan (de Stras- 556 Nouvelles littéraires. bourg), homme de lettres. Fénélon , dans la per- sonne de ses nièces. Fontanes , homme de lettres. Gaÿtgné, musicien. Giroust, musicien. Gouan , (de Montpellier), botaniste. Houdon, sculpteur , Janson, l'aîné , musicien. Julien, sculpteur. Lesure, ancien cousui de France. Lebrun (Ch.), peintre, dans la personne de sa petite-fille. Magny , méca- nicien. Pajou , sculpteur. Peyron, peintre. Ro- dolphe , musicien. Roubo ; architecte , dans la per- sonne de sa veuve. Roucher , homme de lettres, dans la personne de sa veuve. Sabbathier ( de Châlons), homme de lettres. : D'RouU x HÈ ME CLASSE Deux mille livres à chacun des citoyens : Ænselin, graveur. Bertholon ; professeur de physique expérimentale, à Montoellier. B/ondin , professeur de langues française et étrangères. Bon- nepille, homme de lettres. Berruer, sculpteur. Uaraccioli, homme de lettres. Carbon - ins , Lomme de lettres , auteur du Réveil d’Eriménide. Clodion , sculpteur. Cordier-Desgranges , auteur de plusieurs ouvrages d’économie politique. Des- fontaines ; homme de lettres. Desgraces ; ancien secrétare de la ci-devant académie des inscriptions et belles-lettres. Désodoards (Fantin}), continua- teur du Président Hénaulit. Desoria , peintre. Digaræ professeur de mathématiques à Orléans. Ducreux , peintre. Îlurieu , auteur d’une Méthode élémentaire de musique. Durillard:, rmathiéma- Nouvelles littéraires. 557 ticien. Gérard ( Théodore), auteur du Tableau social, Gibrat , g‘ographe. Gourdin, homme de lettres. Grunwaldi, rédacteur de la Gazette salu- taire. Guy, mätiématicien. Gurllard , auteur dra- matique. Guyard (la citoyenne), peintre. Hubert , graveur en taille-douce. Labenne , auteur d’un ou- vrage sur l'éducation. Lachabeaussière |, homme de lettres. Larre, homme de lettres. Lamettrie , physicien. Larouméguerre , auteur d’un Essai sur la métaphysique, Lasaigne, géographe. Lavallée, homme de lettres. Leclerc, dessinateur à Lyon. Lemasson Lesolf ( citoyenne }, artiste. Lesuire , homme de lettres. Loaisel-Tréogate , auteur dra- matique. Lucas , conservaieur du muséum de Tou- louse. Malherbe, historiographe des états de Lan- guedoc. Martini , musicien, Monsigny , musicicu. Mulot , homme de lettres. Nougaret , homme de lettres. Palomba , traducteur italien. Pasumat , ingénieur géographe, Picard , auteur dramatique. Pingeron , homme de letires. Punto , musicien. Puysieux (la ciloyenne ) ; auteur de plusieurs Let- tres. Ranson , dessinateur aux Gobelins. Reguier, traducteur. Toustain , homme de lettres. Facllant, père, rédacteur du #’oyage de son fils chez Les Caffres et les Hottentots. Vigée, homme de lettre. TR OotSsTE ME CLASSE Quinxe cent livres à chacun des citoyens. André , rédacteur de différens journaux. Arnaaut , auteur de Marius à Minturnes. Baullot ( Pierre}, FM 558 Nouvelles littéraires. de Dijon. Beaumier ( de Rennes ), auteur d’un Tableau. des mœurs du siècle. ‘Bertin, traduc- teur. Blignières, ancien incénieur invalide. Bois< Jolin, homme de lettres. Castex, sculpteur. Char pentier Longchamps, homme de lettres. Clary , homme de l'tires. Courtalon , auteur d’un Has d'Allemagne. Duhamel, 'omme de lettres. Famin, professeur de plysique. Gadbled, mathématicien , dans la personne de la citoyenne Ribert, sa nièce, Goussu, grammairien. Gr{bal, homme de lettres, Henriguet, graveur. Lacombe | auteur d’un Dic- tonnaire du vieux langage, dans la personne de sa veuve. Lambert , peintre d'histoire. Laville- Leroux ( citoyenne }, peintre. Lefebyre, auteur dramatique. Marchass\, peintre de paysaces. Mer- cier (de Compièone ), homme de lettres. Âessier, peisutre d'histoire. Miger, auteur de la Morale des -Orientaux. Monjoie, peintre. Paraud, traducz teur de plusieurs ouvrages, Perry, astronome. Por- quet , homme de lettres. Prévôt, auteur drama- tique. Atestout , peintre. Robert (de Dijon ) , géo- graphe. Rose, auteur d’Ælémens de orale: Rosier (Hubert), arnurier à Maubeuge ; et ancien contrô- leur de la manuiacture d’armes. Serieys, homme de lettres. Soulaire, auteur de l'Histoire du Lan- guedoc. Touroude ; mécanicien. Fiel, graveur. Les cours de langues orientales qui doivent avoir lieu à la Bibliothèque nationale, vont bientôt com- mencer, Le département a donné sa sanction à la Nouvelles littéraires. 559 “ nomination des professeurs fait: par le jury, eton jouira dans peu de cet utile éta!lissement. Nous donnerons , dans le prochain numéro, la liste des artistes qui ont obtenu des prix d’après la déci- sion du jury des arts. LIVRES DEV ERS. PriLOSOPHIE. Les Verres rafosorniques ow Essais sur La morale expérimentale et La physique sys- tématique , par À. L. ViLLETERQUE. Paris, l’an troisième (1795), 2 vol. in-8°., prix 60 liv. et 72 liv. franc de port, chez Fuchs, libraire, Quai des Augustins, n.° 28. Le but de l’auteur de ces vei!lées est de combattre les systèmes en morale et dans les sciences. Ce sont des dialogues entre une femme qui lui a rendu des soins dans une maladie , et lui. Cette femme se nomme Fatalita, et ce nom indique assez quelle est la pature des erreurs que l’auteur veut combattre en elle. La fatalité, le matérialisme , l’athéisme ont fait le malheur de sa vie. L'auteur entreprend sa conversion, et on pense bien qu’à la fin des deux volumes elle est opérée. L’auteur termine cet ouvrage par une réfutation du système de Bernardin de St- ‘Pierre, sur les glaces pôlaires. Chaque volume est accompagné de notes dans 1 squelles l’auteur a rejeté les citations des auteurs philosophes qu’il approuve ou qu’il combat. 560 Livres divers. MÉLANGES. DE Fo NE PRorrEn , ©. a. d. Journal des Dames. À Amsterdam , chez J. Allart, 1795, in-9°. , n°. I. Fe Il en paroïtra un numéro de deux en deux mOISe Les Hollandais possèdent un excellent journal sous le titre de Recensent ; puisse celui qui a emprunté le même nom , mais en le destinant particulièrement à l'instruction des femmes, avoir le même mérite que son ainc! | ÆCOoRRESPONDANCE Er de Carriror Durar, rédigée d’après,les pièces originales , et publiée par une socrété de littérateurs lor- rains : avec celte épigraplhe : Ne vous étoñnez pas de vour les personnes simples croire sans raisonnenens. Pensées de PAscAr, chap. VI. In-8°. de 236 pagés. À Paris, 1795. L'auteur prétend que les lettres qui forment cette correspondance ont été écrites à Caillot Duval, ou du moins au personnage qui se cachè sous ce nom. 1 les attribue à une foule de litiérateurs isnorés, ou à des hommes qui ont fait du b uit dans le monde par leur originalité. On y trouve des détails sur les bauquets de Dellon et d’Hervier, sur les déjeüners et le souper de la Reynière, sur des intrigues de coulisses et des aventures de café. Il est malheureux que l’auteur , qui annonce de lesprit, car dans ce mélangé de choses bizarres et frivoles, il y a des lettres gaies el assez piquantes , quoique souvent beau coup Livres divers. 561 æoup trop libres ; ne se livre pas à quelque ouvrage plus digne d’exercer la plume d’un homme de lettres, et qui puisse lui concilier les suffrages et l’estime de ses concitoyens, Les Avenrures de Messire ANSELME , cheva- valier des loir , avec cette épigraphe : Qui adipisei veram gloriam volet justitiæ fupgatur officiis. Cicer. 2 off. n. 43. Seconde, édition , Paris, 4 vol. in-8°., avec fig., chez les libraires qui vendent les nouveautés. Cet ouvrage est suffisamment connu par les divers extraits qui en ont été publiés dans les journaux. L'auteur en promet deux nouveaux volumes ; nous reviendrons sur le tout quand ils paroitront. T'R'É0 E O 6 I E. V'ERAANDELINGEN , etc.,c. à. d. Mémoures relatifs à la religion naturelle et révélée , publiés par la branchethéologique de la société Teylérienne de Harlem, tome XIV. A Harlem, pour le compte de la succession de feu PIERRE TEyLER van Huzsr , chez J. Enschedé et fils, et J. Van Walré, 1795, in-4.° La société Teylérienne avoit proposé cette ques- tion , qui, nous semble sentir bien fort l’antroporor- phisme : | a-+1l de bonnes raisons pour attribuer à Dieu l'es passions ? et , en cas d’affirmative , est-il posible d’en expliquer les effets de manière quuls n’inXuent point sur son infince béatitude ? Wiltet-Bernt rd Je/gersma , docteur en philosophie, Tome IIj. Des #62 d Livres divers. et ministre du S. Er. à Boxum et Blessum en Frise 5 Allard Hush ef, docteur en philosophie , et pasteur anabaptiste à Amsterdam , et Paul van Hemert, professent en philosophie , au séminaire des Abe trans à Amsterdam, sont ‘les trois savans, dont la société Teylérienne a publié les réponses. Le premier a obtenu le prix, consistant en une médaille d’or. Nos lecteurs ne seront point fächés peut-être de trouver ici le contenu des 13 volumes antérieure- ment publiés par la branche théologique de la Société Teylérienne : Tome I. Sur le caractère distinctif de la révélation chrétienne, sur ses rapports avec les religions na- turelle ei judaïque , par Daniel Hovens ;, Gérard Hesselink ; Pierré Loosjes, Corneille de Fries et Frédéric F’aster. + IL. Sur la providence spécile de Dieu, par Kré- déric de Castillon: Joseph Pap de Fragaras , Jean van Gilse , un ancnyme et Jaeques Haute TI. Sur la liberté morale de l’homme , par Joseph Pap de Fagaras, Archibald Maclaine, un - anonyme et Corneiliegan den Bosch. IV. Sur les opinions des anciens philosophes concer- pant l’état des ames après la mort, par Daniel JF yitenbach , Jérome de Bosch et un anonÿme. Ÿ. Sur l’état du christianisme à l’époque de la pré- dication de Mhomet, par Michel Pap Szath- mary , Jérome de Pr P. À. Hugenholtz. et Vaience S/othouier. VI. Sur l'aflinité réciproque de la vraie philosophie avec la révélation chrétienne, par César Mor- à TRS. ER = | “Livres divers: 563 gan, J. E. Lentz, Pierre Verstap et Laurent Meyer. VIT. Sur l’absurdité du scepticisme et des décisions magistrales et sur le milieu qui les sépare, par W.L. Brown,G. Hesselink et J. van Voorst. VIII. Corgbien est déraisonnable l'indifférence sur les doctrines religieuses , et quel est le zèle éclairé de la vérité ;, par Jeän Kops , Henri van Voorst, W. L. Brown et Jacques Kuiyper. \ IX. Sur l'excellence de la législation civile de Moïse, au-dessus de Lycurgue et de Solon, par Jérome van Alphen jun anonyme et J. van Voorst. X. Sur l’immatérialité de l’ame humaine, par Allard Hulshoff, Jean Rochussen, un anonyme et Henri van loorst. XI: Sur le droit et l’obligation de juger pour soi- même dans des matières religieuses, par Pierre van Hemert , J. Kuyper, W. B. Jelgersma ; W. de Vos et P,. Weiland. Ar Jésus-Christ, dans sa prédication , et les évan- gélistes et les ets , dans leurs écrits, se sont ils prêtés quelquefois aux opinions populaires, recues de leur temps? par P. an Hemert et W. de Vos. | XEIT. Dass quel sens les hommes peuvent-ils être dits être égaux, et quels sont les droits et les devoirs qui profluent de cette égalité ? par H. C. Cras et W. L. Brown. - Nous observerons que le srand-pensionnaire actuel de Hollaide, Pierre Paulus , auteur de plusieurs excellens ouvrages d'histoire et de jurisprudence , ! N us ÿ64 Livres divers. s’étoit aussi proposé de concourir pour ce dernier prix, mais que n’ayant pu finir à temps son mé- moire , il l’a depuis fait impr mer séparément à Har- lem, chez Corneille Plaat, 1794, in-8°. de 214 pages. La seconde branche de la Société Teylérienne, qui embrasse plus particulièrement les sciences na- turelles et les arts, a fait imprimer huit volumes ou, cahiers , dont nous allons ésalement offrir le con- tenu : I. Sur les airs phlogistiqué et dÉbbloeen eu ; pat M. van Marum. TI. Sur les règlès de la poésie, par Jérome de Bosch. III. Description d’une machine électrique d’une gran- deur extraordinaire, placée dans le Muséum de Teyler, et des expériences auxquelles elle a servi par M. van Marum. IV. Première suite des mêmes expériences, par le mêmes | V. Sur le goût national de l’école hollandaise, en fait de peinture et de dessin, par R. van Andes VI. Mémoire de théorie politique sur l’Iliade Hg mère, par Jérome de Bosch. VII. Sur la véritable détermination de le crédibilité d'Hérodote, historien , par C. W. de Rhœr. VIII. Sur les grandes révolutions arrivées à la sur- face de la terre et sur l’ancienneté du globe, par François-Xavier Burtin. On y a joint la deserip- tion de la tête d’un poison trouvée dans la mon- tagne de Saint-Pierre , à Maëstricht , et conservée [2 Livres divers. 565 dans le Muséum de Teyler, par M. van Ma- l'US + “h AE T ST OI RE, V’anErLANDscuE HISTORTE , c. a. d. Histoire de la patrie, par J. WaAGENaar, tom. XVII. Nouvelle édition, enrichie de supplémens, par H. van Hyx, N. C. LanuerrcarseN, A. Mar- rit et E. M. Excerpenrs. À Amsterdam, chez J. Allard, 1795, in-8°. L'histoire de Hollande par Jean Wagenaar, de son vivant historiographe de la ville d’Awster- dam , où il étoit né en 1708 et où il mourut en 1793, est un des priucipaux ornemans de la littéra- ture hollandaise. Egalement recommandable par la sagesse des principes , par la profondeur des recher- ches, par la pureté de la diction et par la clarté du style , elle remonte aux temps les plus reculés des Bataves, des Cattes, des Sicambres, etc. (un peu au-dessus de Jules-César-) et descend jusqu’à l’année 1751. Elle forme ainsi 21 volumes in-8»., tous émanés de la plume de agenaar ; les deux premiers parurent en 1749, les deux derniers en 1759. Dès l’année 1752 , le libraire Tircon , en com- mença une seconde édition, ornée, ainsi que la première, d’estampes, de cartes, de portraits; ces derniers du burin de Houbraxen et parfaitement soignés. Les hommes de lettres , qui enrichissent de _supplémens l'édition que nous annoncons , ont fait leurs preuves de connoissances et de talent, et leur travail ne peut qu’ajouter à l’intérêt de cette entre- Nn3 566 “y Livres divers. 2 prise. Qn peut se procurer séparément les supplé- mens en quistion. Nous présumons qu’il ne sera pas désagréah! le aux lecteurs du Magasin encyclo- pédiguüe , ‘de Trouver encore «ici quelques rensei= gnemens sur, le Caractère personrel et sur les autres productions liltériir s de Pagenaar. La pureté de ses mœurs, son hum ité et sa philantropie n’étoient pas au-dessous de son mérite d'écrivain. Patriote éclairé, la haine du despotisme, il joignoit l'amour de l’ordre et un juste respect pour les Kgitiines au- torités, Partisan sincère de la relision ,il n’avoit garde de la confondre avec une prétendue orthodoxie hai- neuse et perséculrice , et il distinguoïit aver sagacité Por pur de Palliage, Outre plusieurs traductions esti- males, ses principaux ouvrages sout un Etatactuel des Provintes- Un Les , 12Vol.in-8”., Amsterdam, 1739 et suiv, —/Une Désthhios historique de la ville d'Amsterdam, Amsterdam, 1760, 3 volumes in: folio. = Des Fnstructions sur la véritable ma- nière d'interpréter la Bible, 1752, in-8°. — Une Histoire de la naissance et des premiers. pro- grès du christianisme, ENDLSATÉS comme une preuve de S@ divinité," 177 79, in-6.0 — Ün traité sur le’ baptême des enfans en bas êge, 1740 , in 8,0 — Une apologie du caractère de Jean de Fit, 1758. WPagenaar ÿ confond un vil bro- churier qui, l’année précédente, avoit distillé le . A . : 321? ; poison de la ‘calomunie sur la mémoire de Pillu:tre | craud-peusionnaire, La poésie charmoit quelquefois ses loisirs, et l'on distingue parmi ses productions une salÿré . ingénieuse , où , sous le nom Î { Livres divers. ‘ 1567 de Marchis van Rossem , il terrassa , comme d’un dernier” coup de massue:, les d'ffamateurs stipendiés de ce noin consaré à jamais dans les annales de la liberté. On a recueilli à Amste dam, en 1 vol. in-8.0 ,1776, plusieurs des Opuscules historiques et politiques. de AFagenaar ; et la même année y a vu parpître une parlie Ge sa correspondance , précédée de isa: vie. ‘ARCHÆOLOGIE. REISE VAN DEN JONGEN ANACHARSIS, etc. C. à. d. Voyage du jeune Anächaris en Grèce , traduc- tion du francaisde lPabbé BarTHÉLEMY, par M. SitarTe Amsterdam , chez J. Allart, 1705, in-8°., tome IT. Anacharsis Barthélemy .est heureux d'avoir trouvéaun traducteur dans un écrivain aussi distingué que le citoven Séuart , pasteur d’une des églises ana- baptistes d'Amsterdam. Il est auteur d’une Histoire de lPempire: romain, dont on nous a fait les plus grands éloges, et que nous ätténdons avec la plus vive impafience ; il travaille aussi, à ce qu’on nous a assuré, à une Histoire de là révolution fran- caise. L’hôaneur de la littérature batäve est inté- réssé äce que le premier de ces ouvrages ne tarde pas à être traduit en francais , et $i nous en croyons notre, correspondance, on s’én occupe: AGRICULTURE. Mävver pratique dulrboureur , suivi d'un traite msur lestubeilles, par le citoyen CuaAsovizté, 568 Livres divers. avec figures, in-8. de 224 pages. À Paris, chez Fuchs, libraire, quai des Augustins, n°. 8., de 290 pages. C'est d’après des expériences que le cit. Cha- bouillé a rédigé ce manuel, terminé par un très-bon annuaire pour la direction des travaux agraires ; il a joint à la description de ses nouvelles ruches s une planc'e qui en démonire toutes les parties. Rosrrcr LATINI VOLGARIZZATI , C’està-dire tra- duction en langue vulgaire ( italienne) des au- teurs latins sur l’agriculture, savoir M. P. Caton , avec des notes, tome premier , in-8e. de 320 pages ; et L. J. M. Columella , avec des notes, tome premier , in-B.o de 271 p. À Venise, chez les héritiers Perr:na, 1793 et 1794. CuLTURE DES A RBRE.S. Turcs raisonnée des arbres fruitiers ,et autres opérations relatives à leur culture, démontrées clairement par des raisons physiques ; tirées de leur différente nature et de leur manière de végéter ct.de fructifier ; par C. Butret , jardi- nier. À Paris, chez Viller, libraire, quai des Augustins, n.° 41 ; prix, 6 liv. pour Paris, et7 live 17 sols, franc de port, pour les départemens. | Le citoyen Butret cultive, depuis 5o ans, lesarbres fruitiers, et les cultive en observateur instruit. Ce pelit ouvrage est le r/sultat de ses travaux et de ses expériences. Après avoir parlé en général des arbres fruitiers, qu’il distingue en arbres à pepirvs et arbres Livres divers. 569 à noyaux, il passe aux différentes opérations du jardinier , la taille, Péboureeonnement, la grefle , le palissage ,elc, Il applique ses procédés aux différentes espèces d’arbres fruitiers ; mais le, pê her paroît être celui dont il s’est le plus occupé, et son livre sera principalement utile pour la culture de cet arbre. Il a joint à son ouvrage une plaiche qui indique la meil- leure manière de ie tailler. MÉDECINE zT ANATOMT7rE. DENKIWURDIGKAITEN , etc., c. à d. Phénomènes mémorables pour la médecine et l’art des accou- chemens, par FRÉDÉRIC-BENJAMIN OSIANDER pro- = ù non à 1 ' fesseur à Gottingue. À Gottingue, 1794, in-8°. partie IT, tome I. JoANw. GEORG. J. BerNuorpr , philos. et Med. D. initia doctrinæ de ossibus et ligamentis cor- ports humancs tabulis expressa , cum intro- ductione generalt in anatomen universam. Accedunt opuscula rarissima medicci vetusti Cophonis ; ars nempe medendi et anatome porct. À Nuremberg, 1794, in-12. ConsPeCTuspræsentaneæ morborum conditionis, auctore Carolo ALzLrrONro.A Turin, 1793, 1n-6.° Cet ouvrage , fruit d’une expérience de 40 ans, est essen:iel pou la connoissance des maladies endé- miques du Piémont. 570 Livres divers. F'ensucn' einer chronologischen ÉberthE: etce c. à d., Essai d’üne revue chronvlogique de tous les instrumens relatifs aux accouchemens , avec les noms de leuxs inventeurs , la description et le perfectionnement progressif de chacun d’eux , lin: dication des écrits qui s’y rapportent , depuis “ik pocrate Jusqu'à l’année 1792, par Auguste-Heim- bert Hinze. À Liesnitz et à Leipzic, 1794, in-8.0 LT L'extréme renchérissement des matières pre- mières et de La main-4 œuvre , NOUS force à une augmentation dans le prix de ce journal. En Conséquence, nous prévenons n0S Abonnés, qu’à Compter du 35 vendémicire prochain, le prix de la souscriplion sera de 37 li. 10 sols pour érots mocs , et que nous ne recevrons d’abonne- mens. ni jour plus ni pour moins de trois mois dia faisas \ins Les Souscripteurs, dont l'abonnement expire au, 15 gendémiaire prochain, eb qui désirent Le renouveller, sont invités à Le faire avant cet!e épogue. LS Fin du iome ITE. 1 à a FABLE DES ARTICLES TS tante Des | SCIENCES ET ARTS. Société des Sciences de Harlem. SD Ts Page rô Mémoires de l’Académie de Stockholm. :°. + + Lettre de P. Mascagni sur différens sujets relatifs aux Soeonmen nano |: Le, RNA SES AN TENTE Séance du Lycée des Arts. RE EUR ET le CARE Transactions of the royal Jrish Academy. . . PE Transactions of the American Society ‘at Philadelpby. * THÉOLOGIE. Mémoire sur la religicn naturelle et révélée, par la So- ciélé Tey'érienne. NOR PNR LP DE 7 À Le. GÉOMÉTRIE. Rapport sur la vérification du mètre qui doit servir d’étalen pour la fabrication des mesures républicaines, “par les commissaires chargés de la déter mivation de Ces M Nes EM UMP TER SPACE Re M-É TR O EL O G'IE. ‘ Instruction sur lés mesnres de longueur par l’Agence un temporaire des poids et mesures. .. + + + + © * HirsTorre NATURELLE: Élémens d'Histoire Naturelles, par À. E.Millins + + - LiTHOÔOLOGIE Lettre.de L. F: Money aux Rédateurs du Magasin Fn- cyclopédique sut un Itinéraire litelogique du mônt St- dd 1 RO RE sf ne SR TS ,B'o T'ANIQ-U Ë. Sur la distinction du calyce et de la corolle, par Ven- FR UNE PPUE DA AO HT LAS RENE SENTE ER Descri tion exacte et détaillée de la tremelle g'andu- Jeuse , par le citoyen Léveillé, chirurgien de l’{ôtel- Hieude Paris a mate Ep oe EESTR ee M'AMMIFÈRES. Mémoire sur le Tarsier, par Cuvier ci Geoffroy. « : 135 145 273 27% 289 160 T4 446 303 449 147 EAN Table des articles. Histoire Naturelle des see a , par Et. Géoffroÿ BE Ge Cuenca A Er TRUE: ANATOMIE. Observation sur une conception singulière , par Léveillé CRDANTIEE. LUN CO MEL ET eee PRE Lettre sur le système lymphatique, par R. Dédgiièties 313 CEUX SH 0 ENONCE LE. Sur le supplice de la guillotine , par le professeur Sœm- Mer ne td 0 AN LOS TR I Cr ge ve ENS C'H:T MUNIE, Expérience sur les nouvelles farines, par Mesaize. . . 319 M'ANDICE RE MIE prlc A LE. Sulla forza deil’alkali fluore per fermare l’emorragia de” vasi arteriasi e venosi, da J. M. Lapira. +. . . . 139 MÉDECINE. Sur la Marie, jar-Pineliie Hé 4 UNE eut NE de DE Theophani Noni Epitome. , . Re rar ROPEUE 1903 Phénomènes mémorables , par Prdérie- Ben). Déibtidhs 569 Conspeclus præsentaneæ morborum conditionis , aut. Gas Abenios LS SNS 7e bn «a à 16570 4e if RES Versuch einer chronologischen- übersieh ; von À. H. Ar CT APP URES VNE ÉA ES PONS ES PAU AN RE able BÉRERAS: N SUNTS CET NOR AUS 7 ER QUES A:°G'R 7:0 D ED DRE: Rapport sur les Prix d'Agriculture décernés par le Dé- partement de la Seine - Inférieure , par le citoyen Aubert 9e sn NES Manuel du PRES par Chabouillé. Se EN ONE ON Rustici latini volgarizzati. M. P. Cato , L. J. M. Colu- melini Ar à : ; ‘ NÉS ET SE Taille raïsonnée Àcs fra fruilies > PAT C. Butret.: : "48, EconoïtreE D OM E ST [1 Q U €, Manière de faire du pain de riz. ©: 4! 6. 432088 ÉCONOMIE RURALE. Rapport sur les moyens d’améliorer les troupeaux , par Table des articles. “le citoyen Auber. ARTS CHIMIQUES. Lettre sur la teinture du marbre , par E. Salverte. P'H Y sL'Q 0 &. Ÿ Essai sur le feu , par M. A. Pictet. = Observation sur le branlement de l’église de Re. bourg. . ASTRONOMIE. Abrégé d’astronomie , par J. Lalande. NAVIGATION. Abrégé de navigation, par J. Lalande. NAVIGATION INTÉRIEU R E. Mémoire sur le gisement des côtes du département de la Seine-inférieure et sur les canaux qu’il seroit utile d’y établir, par le citoyen Auber. PHILOSOPHIE. Les Veillées philosophiques , ou essais sur la morale expérimentale et la physique systématique , par À. L. Villeterque. . Ü - L . . . MÉTAPHYSIQUE. Préliminaire de l'ouvrage sur l’instruction des sourds- muets, par Sicard. . L NI IE FSI F4 BEAUx-ARTSs. LAN T Suite des observations sur le salon de 1765 , Diderot. PO ON ARS Tableaux d’église. Sculpteurs. Graveurs. Portrait de J.S. Bailly. 3 . . _ . 0 . . ° . . . ARCHITECTURE THERMALE. Mémoire sur les eaux minérales et les établisse- mens thermaux des Pyrénées , par le cit. Lomet. HISTOIRE. Vaderlandsche Historie van J. Wagenaar. . 431 477 565 74 Table des articles, ARCÇCHÆOLOGTE. Connoissance que les anciens avoient du verre, paf SE TS PA à REA A SA LR Recherches: sur les édatumes.:.!, "4" A0 OU To Re’se von den Jongen Anacharsis. 4 . / . 4. « 567 ARCHÆOGRAPHIE. Les Antiquités d’Xthènes mesurées et dessinées par James Stuart , Nicolas Révett , peiutfe et architecte , traduit de Papglaiss: pan: LD BAND DAS LT NERO Antiquités nationales , par À. L, Millin. . . . . . 286 GOL'V P'TONQUU EE, Sur l'anneau de. Polyerates et l’origine de la gravure’ enpiertes "fines ;:par A, Million. cs VoYAGESs. Voyages de J. Long dans l’Amérique septentrionale , traduit par J, B. L. J. Billecocq. END PNEU (7 | Reise von Presbourg durch Mæhren. … . : . A > Observations in a journey throug Sicily, by Brian Hill, . 140 Voyages intéressans pour la jeunesse, par J. Brez. . :12r Léitres d’un voyageur à Paris: , à: L n . . , . 17É Vhyage au Dahome "ir UT SU va Sa TT RO Voyage en Allemagne et en Italie, par À AE RP: D BL Dr OCR) AP A TE Suite de la Notice sur les travaux typographiqueset litté- raires des Anglais dans l’Inde, par L. Langlès. .. . 480 BIOGRAPHIE. Vie d’ Olivier Cromwel , par Jeudy Dugour. LS LAS Notice sur la vie et les écrits de P. Lyonnet, par PLU Marron. à 1, Re ee ANT Ne DRE SSP Notice sur Thomas Henry, historien anglais. . . 194 Notice sur la vie et le écrits de RATE , par le citoyen Gouïdin. 4... dus tale DOS ÆEssai sur là vie de J. J, CT. par Louis- Jules Barbon Mancini Nivernois. , . . ,. . . 518 H=xiS ir OL RE DIT ÉTÉ A AT AUX Notice ‘sur "By Pieyas 2/5. LUS PS sn Le ga | Table des articles. Observations sur quelques articles du Magasin, par * St-Léger. LT a : APE PRE TASSE Noûüce sur l’état actuel de la littérature à à Milan, . . Lettre sur quelques nouveautés étrangères. ANGES ÆEncouragemens divers accordés par la convention à plusieurs hommes de lettres et arüstes. . “ x: Lit TÉRAT Ü RE G BE C QU E. Notice de deux mapuscrits de Racine. , , M d'e Œuvres morales de Plutarque , traduites par mt Hacardi en. ri . : ; Asclepiadis Bithyri tre A PAR Christ Gouilieb OR OR PAS air 0 Mu Se Os ue Réflexion sur la Nécyomantie d’Homère. . . . L Observations sur l’Athenée du citoyen Lefévre- Ville 575 178 33» 423 LEE ARS AE CAN AE MT DURE BOAT DURE L'ATÉT NE. Lettres de Cicéron et de Matius, traduites du latin, par 117 Jt PAS CONS SAT ES Re 0 RS OPAIEES Pélrede Cicéron. 5 "lun Ha Réponse :de-Matius, 227000, AT Me tee MST A PAS 1000 ER Re fe 3e MR AM B LD ENT S NNTERS e E 1 PONS GRAMMAIRE. I Dialoghista italiano -tedesco da Bartolommeo Bor- ron). r . . . . . . . . . . . « . Grammaire Férdtisnne. RON LR ME LE: gi 3 le PoÉSszxE CA EC QU E. Traduction de quelques Odes, Riel à PA AS à: 2 Ode VI. Qu'il faut s'amuser. . . . . . « . Ps XIV: Combat avec l'Amour. . : . « .:. . XV. Sur le moment présent, . , +. . . . AAUI lSueROr LS L'n eR. Ver, XXXILT. La nichée des Amours. . . . . . . TAF à JR ASIN NIET TEE SES, D LI. Sur un Disque représentant Véñus. . + -. . 258 576 Table des articles. # POÉSIE FRANÇAISE. Fa Hymre à la Beauté, par Dedille. . . . . «1 PR Le Parricide, imitation d’une ancienne Ballade Ecos- saise., par. AG, LENS er : 124 Le roi Jean et l’abbé de Cantorbéry , Ballade anghlisé , par AG: Le | Re fi, a RASE IV Bon Soir, imitation de Valédall à par F: Notaris. . . . 419 SE bur es Morts dans une campagne , par Fontanes. 547 et Sutre P Oo ËÉ'S L'E°H O LL A'NID A'TS'E. Les aventures de Friso, par G. Haren, poëme traduit par El: J| Fansens 85e 2 AU eo Se FRS IEREeS ART DRAMATIQUE. Fragmens sur les unités de jour et delieu dans les Poëmes dramatiques, par Chénier. . . . . 4 . . + . 544 THÉATRE FRANCAIS. Le Brigand, drame à ariettes, par Hoffmann et NRC LzERS D LU . LEE Va NAN ER 0 UN Quintus-Fabius , tragédie de To. past 4e ja NT OU Agnès et Félix, opéra-comique, par les cit. Demoustier et Devienne. . - . ,e ie ° . e. Bi 178 ° e L 421 Ter É A TRUE SUUÉ D.0'1IS. Sisi Brahe, ou les Curieuses , par feu le roi de Suède, traduit en allemand par M. Grutschreiber. . . . . 144 MÉLANGES. Sur l'erreur, par Bouflers. . . . . ‘ »'. } TENNIS Voyage à Montbart en 1785, par Hérault-Séehelles. 11373; Corresnrndance philosophique de Caillot-Duval. . . 560 Aventures de Messire Anselme. . . : . . « «+ +. 561 Fin de la Table du Tome III. AVE prix A l'bonsement ; pour P rue est; | franc de po 4 de rixdallers en or; * de 36. livrés en ésiè’es, ‘p POUr l’année, :de'2o flous de Ho anus s des rixdallers en or 3! S > pour 6 6 mois, ou Is © de (20. livres en. espèces : $ _ 11 foriis da Hollmde, J.:: Rovers DU < Ons ù S’abonne , pour la pos 3 | . ‘à Bad, êbez JT. R. PRersVER CH; | LR à Berne , ces la Société typographique. 5, ee RAR Pour les PaysiBas et Liége, fs Fi es, chez Horonrtze x Pour la Holande , M. | “TA days , Chez Van Crers 7:20 0 ù à Leyde; chez Mueray, fièress LAREE À na Chez CHANGUïION. "esse g 21% Pour l'Allemagne, _à Lelpics ass Voss et Compagaie. | ee 4 ie | Pour le Nord , ST NN è à Hambbihé, chez HoFFaanse | a re Pour l'Ltalie ee e _à Livourne, chez Masr ct Compagnie. 5 Pour PAngeleterre ; F à Londres, chez Jonxson x 38 Paur Chürch-Yard, KALE Ponge FL) Money Lib Bo ra NE | d nn. di _ Rens Es vk nb sur dés Dre à D Hléber: #6 thermaux des Pyrénées, és doués Sen RUES Lomet, ARS np ANA PT “ ne ion hatiin ER BrALIOGR APRTE. Re Mémoires sta da, rÈ igion na 1 bios sur les. fravaur typo TE fe phiquesctiirtér ares d : nn a res L. te » e “ je FRPUe Brocna: $ à a | Notice sur la pie el Les" \Lérét | R . ‘Aishedlee ; AM NA Meme par, ‘Gourbin , LHepe be ni era ed Pi Sos charsis , RE Tab À A rene sur a vie de ane 1 lAgéoultare ra À (1 par, Lôuis = Jules - aaboa Perl dun: Fe A À d $ - Mancini Niverndis; 1 448} 27e ouillé, pie SO AR ARCHÆOCRAPAIE. (ue laine tante ce Ve Antiquités &'Aihène;. de Vouarail Cato EL J M mela | ge en: tenant, arbres he “rer. S2 fit Cabaret | 56@ ME Médecine. FAR ps Phéhos ménaratlee y par. Frédéric Benÿ. Osiéhdee, 56). jConsixcens proseniance LMQTe Born, Frs à aut.\ Ca AAROE EP LAN RAD ROME A ” érsuulr écrer à | chronologischen KA PC CLIC les Phèties dan de Ne ‘bersièl ‘ts vu ee 559 Nav er Chémier, # 54Ÿ Lab, FR ? x traduites par JD D. Barbié, £2ù j LITTÉRATURE GRECQUE, LE es ité dés obsérrétitts sur la 1pa> .‘düction, d'Aihence, : HUE RARES 5 Lettre au représentant Grégorrel sur la Grammaire Pénivieine ‘dé Godisides Odonets, |, 554 ART Das a TT OUT sde ès unité $ Uejonr ébsdés Pier: MES Fo BASE F4 Et FE (Dr MEN À re = D n? CR \* WARS PY v r (EU EVA SA TA r LRO VU A 1! VAN Let oo Le % 1 x 4 \R ( % | C Ÿ \ \ \t LES: Fr LS ne # E œ Le