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Thermidor an VI. a. ny Ch LE ic ES: PS 9 ? JOURNAL DES SCIENCES, on DES LETTRES sr DES ARTS, 7 Jar É DT QE FRS EST T PR RE ei | |AVIS DES ÉDITEURS.. ; Le prix de ce Journal est fixés Ki: à o francs pour trois mois, EC Li 18 francs pour six mois, LE BST et PAL" 36 francs pour un an, PSE PAST BR E tant pour Paris-que pour les Départemens, frans de port, 1.0 x peut s’adresser au Bureau du Journal peur se pro= . “eurer tous les Livres qui paroissent en France et ehez ” T'Etranger, et pour tout ce qui concerne la Librairie an- eienne et moderne, ( RATE s a : C: Journal, auquel la plupart des hommes qui ont nnorm distingué, une répulation justement acquise ! dans porn partie des arts ou des sciences, telsqueles æltoyens DauBENTON , Doromieu, DrSGENETTES , SiLvesrre DE Sacy, FourcroY, HALLÉ, HERMANN, _ SCHWEIGAAUSER , LACÉPÈDÉ, LANGLÈS, LALANDE, Lacrance , Lesrun , Manrton , MENTELLE : . Barsrer-Dugocace, Morezcrr, NOEL, OBERLIN, .CrarDon-La Rocuerrs, CAtzLarD, SAINT-LÉGER, Van-Mons, TRAULLÉ , LÉVEILLÉ, Cousin, Cuvisn, . Tome IL. ( 4e, An. ) Ts L Grorrnoy,VENTENAT, CAVANILLES, contient l'extrait des A ouvrages nationaux: | on s’atiache sur-tout à én donner une analyse exacte, | et à la faire paroître le plus promptement possible | après leur publication. On y donne uné notice des meilleurs écrits imprimés chez l’étranger. » : On y insère les mémoires les ‘plus intéressans sur toutes les parties des artset des sciences: on choi= : sit sur-tout ceux qui sont -propres à en accélérer rs les progrès. + PO. On y publie les découvertes ingénieuses , les iaven= : tions utiles dans tous les genres. On y rend compte … des expériences nouvelles. On y donne uñ précis de T que les séances des sociétés littéraires ont offert de plus intéressant ; une déxsription de ce que les dépôts d'objets d’arts et des scénces renferment de plus curieux, ak Née | On y trouve des notices sur la vierét lee auvrages des Savans , des Littérateurs et des Artistes disu. "és. dont on regrette la perte ; enfin , les nouvelles Lité- raires de toute espèce, K te, Ce Journal est composé de six volumes én -8°. par an , de 600 pages chäcun. Il paroît le premier de : chaque mois. La livraison. est divisée en deux nu« méros, de chacun 9 feuilles. so AL On s’adresse, pour l’abonnement à Paris, au Bureau :* du Magasin Encyclopédique , chez le C. Fucus , Las braire, rue des Mathurins , hôtel Cluny. chez la veuve Changuion et d’Hen À Amsterdam 1 che Vo Gobe. ” he: > À Bruxelles, chez Lemaire, Ve À Florence , chez Molini. AE À. Francfort-sur-le-Mein , chez Fleischer. chez Manget. PA A Genève, chez Paschoud, 3, Ha Rn € À Hambourg , chez Hofimann. Es À Leipsic, chez Wolf, NV À Leyde, chez Les frères Murray, À Londres, chez de Boffe, gerard Strest. AUS À Strasbourg , chez Leyrault, : mé ' À Vienne, chez Degen. | [1288 À Wesel , chez Geislér, Directeur des Postes. dr ? Ë U faut afiranchir les letirese +4 MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE. IV. ANNÉE TOME SECOND. pi te % À M LAN UT rs YU RS VU ti TR Mine ce SA ER EE UE Penn. y: ne \ MAGASIN £ENCYCLOPEDIQUE, Oo U JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES er DES ARTS, RÉDIGÉ PAR A. L MILLIN, ConsenrATEUR du Muséum des Antiques à la Biblicthèque nationale, Professeur d’ Histoire et d'Antiguites ; des Sociétés d’Histoire natu- réelle et philomathique de Paris, d’ Emulation deRouen,de Boulogne et d’ Abbeville; de l’Aca- démie des Curieux de la Nature à Erlang; de l’Académie de Dublin, de la Société Linnéene de Londres , de celles de Médecine de Bru- æelles ; des Sciences physiques de Zurich ; d'Histoire naturelle d'Iena. IV. ANNÉE. TOME SECOND. À: 2P. AS ITS: Chez Fucus;, Libraire, rue des Mathurins, maison de Cluny, n°. 334. AN VI.— 1798. 77: NME se sioyis Lente ES Lis MON 3 ME ro Sais So ion Mount cr du cé | hrs Nr. . à FR ù cape mer ré ed MENT ASE Pnne à érmnde UE E à du ‘a no «1 ON Re. MOT - DL E É n eeqee . RSR cor Dee ame ee 268 tn PE) ANT $ De be de 4} We... CénisviteN ep opt {orties mou sado NE: NRC PE 4 €8 da quo 29 no ! Ru à a ps rs Pr on, « P ‘7 ’ fe #2 Le": He : y LL + A 2 an PE : F8 LS \ ‘ LE 2 de Lu Lx LL | x” Aeli AVS OC LE T'E D'HISTOIRE NATURELLE D'IENA, HOMMAGE DE DÉVOUEMENT ET DE RESPECT. MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE. MINERALOGITIE. OsssnyrATIONS surles noms imposés aux Pierres. nouvellement découvertes , blues à l’ouverture du cours de Minéralogte , Le zer. floréal an VI, par le citoyen D'AUBENTON , de l’Ins- titut national, professeur au Muséum d'His- toire naturelle , eic. | L: choix d’un nouveau nom n’est pas indifférent en histoire naturelle : on peut faciliter l’étude de cette science en donnant à ses objets des noms qui aient quelque signification relative à leurs qualités ou à leurs propriétés , afin que le nom rappelle la. chose , et que la chose rappelle le nom. ” Il faut tâcher de trouver des noms dans sa propre: langue : on doit travailler pour ses compatriotes , sur-tout lorsque la nation dont on est membre 4 favorise les progrès de la science , et indemuise les professeurs pour l’instruction publique. Si l’on est obligé d'employer des noms qui ne soïènt entendus que par les savans, on nuit au plas grand nombre des géns de son pays on les prive de Putilité et du plaisir qu'ils pourroient. tirer de l’histoire natu- ë Minéralogie. 5 relle sans être naturalistes, si les dénominations des objets de celte science avoient plus de rapports avec l’idiome qui leur est familier. La langue de l’hise toire doit être simple et facile, autant qu’il est pos- sible , afin que tout le monde puisse l’entendre comme sa propre langue. Il y a des agriculteurs, des fa- briquans , des gens de métier , qui ont besoin de prendre quelqu’instruction dans lhistoire naturelle. Je vois des gens qui voudroient s’occuper agréable ment de cette science dans des momens de loisir ou dans l’état de repos où ils se trouvent, après avoir fourni leur carriere dans la profession qu’ils avoient embrassée. Lorsqu'ils sont attirés par quelque pro= duction de la nature qui excite leur curiosité, si un nom trop savant les repousse, ils s’'imaginent que les connoissances qu'ils cherchent leur coûte- roient trop de temps ou trop de peive , et ils restent privés de cette jouissance : si ce nom avoit été à leur portée , il auroit eu quelqu’attrait pour eux. Par exemple : | Le citoyen de Saussure ayant reconnu qu’une pierre que l’on prenoit pour du feldspath, en dif- fère essentiellement, Pa. appelée smaragdite, parce qu’elle a une belle couleur verte qui approche de celle de l’émeraude : ce nom est dur et étranger dans notre langue ; il rebute la plupart des gens qui ne savent pas que smaragdite est dérivé de sma- ragdus , nom latin, ou de smaragdos, nom grec de l’meraude. Si la pierre avoit été nommée éme raudite, ce nom auroit été bien reçu dans la langue française, et le citoyen de Saussure n’auroit pas pris Terminologie. 9 la peine de remonter au latin et au grec pour avoir un nom savant; il en auroit au contraire eu un dans Pidiome de la langue française, qui est répandue dans toute l’Europe , et beaucoup plus loin. Plusieurs chymistes français et d’autres nations, ont découvert de nouvelles pierres par de nouvelles analyses, soit que ces pierres eussent été absolu+ ment inconnues jusqu’à présent, soit qu’elles fussent connues sous des noms qu’elles partagoient avec des pierres d’une autre nature. Les auteurs de ces découvertes ont été obligés d'imposer des noms à leurs nouvelles pierres. J’ai pensé qu’il seroit agréable aux étudians, de voir ces noms appliqués aux mi- néraux qui les portent ; c’est pourquoi je les ai ras- semblés dans un même lieu avec leurs étiquettes. Il y a trois lignes sur chaque étiquette : dans [a première ligne est le nom en encre noire; dans la seconde ligne se trouve l’explication du nom en encre . rouge : lorsque j’ai trouvé des noms qui m’ont part plus commodes et plus instructifs que ceux qui ont déjà été donnés, je les ai proposés dans la troisième ligne de Pétiquette , en encre verte. : . Ce que j'appelle un nom plus: commode qu’un autre, c’est célui qui a le plus de rapports avec les expressions de notre langue, ou avec les noms con- aus, et dont il est plus facile d’entendre la signi« fication : le nom le plus instructif est celui qui donne quelqu’idée des qualités ou des propriétés de la bee dénommée. Il est bien certain que l’auteur de la Éralgrites d’un minéral a bien le droit de lui imposer un noms 10 Minéralogie. il y est même forcé pour le faire. connoître au pu- blic. Il a enrichi la science : tous ceux qui la cul tivent lui doivent des remercîmens, et tout le monde lui doit l’estime que l’on méiite lorsqu’on à contribué au bien de la société. Il seroit donc fort injuste de blâmer ou seulement de critiquer l’auteur de la découverte d’un minéral, parce qu’il lui au- roit donné un mauvais nom, ou parce que l’on auroit pu en trouver un fibiileur. Des pierres nouvellement découvertes ont été nommées adulaire, tremolite et sommite > parce qu’elles ont été trouvées sur le mont Saint-Go- thard , appelé. Adula en italien, ou sur le mont ‘Fremola ; un de ses rameaux, où sur le mont Somma. près du Fésuve. Ces noms sont très-mau- vais, parce que chacune de ces montagnes a beau- coup d’autres pierres que celles que l’on vient de nommer de leurs noms, et qu’il se trouvera de ces mêmes pierres dans beaucoup d’autres pays : mais quand même ces deux objections ne seroient pas fondées , les nouveaux noms dont il s’agit n’en vaudroient guère mieux , parce qu’ils ne désignent aucune qualité ni aucune propriété des pierres aux- quelles on les a données, Les noms d’andreolite, de prehnite , de do- tomie ; dérivés des noms des hommes qui ont dé: couvert ces nouvelles pierres, sont encore moins bons que les noms qui viennent de ceux des lieux où ces pierres ont été trouvées , parce qu’il seroit plus utile, pour avoir ces pierres, de connoître un des lieux où ik y en a, que le nom des hommes qui,les ont 4 o f Ferminologie. 2 découvertes, Ces hommes méritent la reconnoiïissance du public : il faut la témoigner tout au long, et non par un mot jnutile qui occuperoit la place d’une dénomination instructive. D’ailleurs, la postérité se rappellera-t-elle , en prononçant le mot prehnite , qu’il est dérivé de celui du capitaine Prebh ? Ne saura-t-elle pas mieux le nom du citoyen Dolomieu, par ses observations sur la do/omie, que par le nom que cette pierre porte à présent ? L’auteur trou- vera mieux que tout autre un nom instructif, en ce qu’il sera relatif à ses observations. Un minéral qui porte le nom de sa couleur est mal nommé, parce qu’il n’est pas mieux dési< gné qu’un autre minéral qui est de même couleur : tels sont la /eucite et la leucolithe , qui signifient blanches pierres; la chlorite, substance verte, et la cyanite substance bleue. La langue grecque permet de réunir plusieurs mots en un seul, et par conséquent plusieurs idées en une seule expression : on, a employé ce moyen pour faire de nouveaux noms. Voici des exemples de ces noms, avec leurs significations en grecs Actinote, substance rayonnée. Amphibole, équivoque , ambigu. Avalcime , sans rigueur. Axinite , aminci en fer de hache, Chabasie , nom tiré d’un mot grec qui désignoit une certaine espèce de pierre. Dioptase, ssible au travers. Idocrase , forme mélangée, Fyroxene , éfranger dans le domaine du feu, 12 Minéralogie. _Stilbite, corps qui a un certain luisant. Staurotide , croiseite. Thallite, feuillage vert. Je sais qu’il est le plus souvent fort difficile de trouver ou de faire des noms qui donnent quel- qu’idée d’un caractère distinctif pour un minéral souvellement découvert, mais il me. semble qu’il n’est guère possible d’en avoir de pires que ceux dont je viens de faire mention * il n’y en a au- cun qui donne quelque notion particulière de l’objet dénommé , excepté l’axénite, qui a beaucoup de ressemblance par sa forme avec celle d’un fer de hache d'Allemagne. Il y a bien des minéraux rayonnans, comme l’ac- tinote ; visibles au travers, comme la dcoptase à de forme mélangée ; comme l’udocrase ; étrangers au domaine du feu, comme le piroxene , où qui ont un certain luisant , comme la séélbite. Il n’y a que trop de minéraux équivoques ou ambigus, comme l’amphibole. Quelle idée a-t-on de l’enal- cime , en disant qu'elle est sans vigueur, ou du thallite , en le comparant à un feuillage vert, ou de la chabasie, par un nom tiré d’un mot grec qui désignoit une certaine espèce de pierre ? Il n’y a que Paxinite dont la signification soit instructive, en ce qu’elle exprime la forme de l’objet dénommé. On voit par cet exposé, que de onze dénomina- tions tirées du grec, il n’y en a qu’une qui ait une bonne signification : il en est de même de la plu- part des étymologies. On croit communément que Terminologie. 13 l'intelligence de la langue grecque nous est néces- saire pour bien entendre notre propre langue, parce qu’elle a un grand nombre de dénominations dérivées du grec : je crois au contraire qu’il est inutile de savoir deux langues pour connoître la sigoification d’un mot. Dès que les enfans commencent à ap prendre la langue de leur Pays, ils comprennent aussi bien la signification des mots dérivés du grec, que celles des mots des autres langues, Par exemple , si un enfant demande ce que sipuifie le mot agonie, la bonne répondra que c’est l’état vioæ lent d’un malade qui se meurt. Si Penfant s’étoit adressé à quelqu’un qui eût su les élymologies grèce ques , ‘cet érudit auroit répondu qu’agonre ‘vient de #ye, qui signifie combat. La réponse de la bonné me paroît meilleure que celle du savant grec, parce que cette explication ne donne pas l’idée du com- bat d’un mourant contre là mort. Le mot géo= graphie est dérivé des mots grecs y et ypaDesr y Qui six guifient £erre et décrire. Ainsi la géographie com- prendroit tous les écrits qui auroient rapport à la terre. Cette explication est (Top vague, parce que nous n’entendons par le mot géographie , que la description de la terre. La Plupart des étymologies ue donnent que des idées confuses : il ne faut donc Pas perdre son temps et sa Peine, pour apprendre une langue en vue de connoître des mots de notre propre langue. D'ailleurs, ceux qui voudroient que l’on apprit le grec à cause des étymologies > Parce qu’ilsles croient fort utiles, devroient > Pour plus grandë utilité, étymologies des T4 Minéralogie. conseiller aussi d'apprendre les langues qui ont pré- cédé la langue grecque , afin de connoître les éty+ mologies des mots grecs; car ils ont aussi la leur: il faudroit savoir les langues hébraïque, égyptienne, celtique , etc. Je dois exposer les raisons qui m’ont déterminé à proposer quelques noms à la place dé cèux que Von vient d'imposer aux pierres, et autres mihé raux nouvellement découverts. Voici d’abord la co- pie desétiquettes que portent ces minéraux dans la salle de‘minéralogie, au muséum d'histoire natu- rellé ; j’ai mis sur ces étiquettes, comme je l’ai déjà dit , le nouveau nom , son explication, et le nom Dr je propose de substituer comme plus intelligiblé ou plus instructif. Actinote: Substance rayonnées Rayonnant. Amphibole. ÆEquivoque ou ambigu. Anthracite. Composé de charbon de iérre. Houillite, Axinite. Arninci en fer de hache. Fer de hache. Beril. Nom indiens Aigue-marine. Terminologie. ” 15 Corindon. Mot chinois. Adamantin, Dioptase. Visible au trasers. Idocrase. Forme mélangée. Hyacinthine, Leucite. * Corps blane. Grenatite. Smaragdite, Qui tire sur l’émeraude. Emeraudite. Staurotide, Croiseite, Croit. Telesie, Pierre parfaite. Pierre orientale. Zircon. Terre zirconienneé. Hyacinthe. ÆActinote signifie une substance rayonnante. J’ai- merois mieux appeler cette substance rayonhante qu’actinote : ce nom s’entendroit mieux , mais ne seroit pas plus instructif, parce qu’il y a bien d’au tres substances rayonnantes que l’actinote. On a nommé anthracite une substance que l’on croit composée de charbon de terre, quoiqu’elle 16 Minéralogie. « en difière à plusieurs égards. Les Grecs appeloient anthrax le charbon de bois. Je ne sais pourquoi on a étendu ce nom au charbon de terre , dont le vrai nom est houille. Donnons à l’anthracite le nom de houillite , puisqu'il entre de la houille dans sa composition : le nom sera moins savant, mais plus facile à entendre et plus doux que celui d’an- thracite. | Æxinite est composé de mots grecs qui don- nent l’idée de la forme du fer de la hache, dont le tranchant n’a de bizeau que d’un côté, et que l’on appelle hache d'Allemagne. Le crystal du minéral nommé axinite , est à peu près de la même forme sur ses bords ; ainsi ce nom est bon en ce qu’il est instructif, parce qu’il exprime un caractère ; mais je le trouve mauvais en ce qu’il n’est pas com- mode. Pourquoi recourir à des étymologies grecques, tandis que, sans sortir de notre propre laugue , nous avons une dénomination très-convenable au minéral dont il s’agit , en l’appelant fer de hache ? La pierre gemme, qui a pour l’ordinaire une cou- leur mélée de bleu et de vert, est généralement connue sous le nom d’aigue-marine : les Grecs Pappeloient du nom de beril , que l’on croit venir de la langue indienne ; maïs on ne sait pas ce qu’elle signifie, Plusieurs auteurs modernes ont mis ce nom en concurrence avec celui d’aigue-marine, Aujour- d’hui quelques minéralogistes voudroient préférer le nom de beril, parce qu’il y a dés pierres qui ont des teintes de jaune et de rouge, et qui sont de même näture que celles dont la couléur est mêlée de bleu Terminologie. 17 — bleu et de vert : ilsen concluent qu’une pierre jau- nâtre ou rougeâtre ne peut être appelée du nom d’aigue-marine , agua marina , qui ne donne que Pidée du bleu et du vert, et que les différences de couleur indiquent des variétés qu’il faut rassem- bler sous le nom générique beril. Ainsi'on diroit beril , aigue-marine , pour désigner la pierre qui a des teintes de bleu et de verts beril jaune, pour la pierre qui a des teintes de jaune ; beril rouge , celle qui est rouge, etc. Voilà un genre et . ses ‘espèces , un nom générique et des noms tri viaux , une sorte et ses variétés ; voilà des distri- butions méthodiques. Il faut se rappeler que tous les objets qui sont placés dans ces méthodes, au dessus ou au dessous de l’espèce, ne suivent que des règles arbitraires auxquelles la nature met beau- coup d’exceptions. La méthode n’a aucun égard aux qualités particulières à l’aigue-marine ; mais la nalure la distingue , puisqu’elle la produit plus fré- quemment que les autres variétés du beril. L’opi- nion des hommes distingue aussi cette variété, puis- qu’elle la préfère aux autres pour sa beauté, et la met à un plus haut prix. L'histoire naturelle doit corriger l’art en donnant à toutes les variétés du beril , le nom d’aigue-marine , et en indiquant les couleurs qui ne seront ni le bleu ni le vert. Par ce moyen, on fera remarquer à tout le monde qu’il y a des pierreé de même nature que laigue-ma- rine, qui ont des couleurs différentes du bleu et du vert, et l’on ne sera pas plus surpris d’entendré parler d’aigue-marines jaunes ou rouges, que de gre- Tome Il. | B 18 Minéralogie. nats verts et de grenats jaunes; quoique le mot gre- nat indique une couleur rouge ; Car il est dérivé de la couleur des semences de la grenade , qui sont rouges. On dit aussi porphyre noir, sans que per sonne s’en plaigne, quoique le mot porphyre signi= fie en grec une couleur rouge. On apporta de la Chine, il y a quelques années, une pierre nouvelle pour nous: on y vit d’abord quelques rapports avec les spaths, et on dit qu’elle étoit employée à polir le diamant ; en conséquence on lui donna la dénomination de spath adaman- tin ; mais on reconnut bientôt que sa dureté étoit de beaucoup moindre que celle du diamant, et Fon apprit que cette pierre ne servoit qu’a scier du crystal, des pierres gemmes , etc. alors on l’appela corrindon , du nom qu’elle porte à la Chine. Ne vaudroit-il pas mieux lui laisser le nom d’adaman- tin, au lieu d’en prendre un à la Chine, dont nous ignorons la signification ? Le mot adamantin rap- pelleroit la dureté de cette pierre, qui, quoique moin- dre que celle du diamant, doit égaler celle de l’é- meri, puisqu’elle entame les pierres gemmes. Le mot dioptase a été donné à une pierre trans- parente , dans laquelle on voit de petites lames qui peuvent faire un caractère distinctif ; c’est pourquoi on a appelé la pierre dioptase, nom qui est dérivé du grec, et qui donne l’idée d’une chose visible au tra- vers d’une autre, Cette dénomination est aussi fau- tive qu’incommode, parce qu’il y a plusieurs autres pierres transparentes dans lesquelles on voit des Terminologie. 19 Égures, et qu’il n’est pas facile à tout le monde de savoir que dioptase signifie visible au travers. Il n’est pas plus facile de savoir qu’idocrase signifie une forme mélangée ; cependant c’est le nom que l’on a donné à une pierre qui se trouve parmi les produits des volcans, et dont les crystaux ont des rapports par leur forme, avec ceux de l’lya- cinthe, quoiqu’ils en diffèrent à quelques égards; c’est pourquoi on a dit qu’ils étoient de forme mé- Jangée,et l’on a appelé la pierre «ndocrase.Le citoyen de la Métherie l’avoit mieux nommée du nom d'hya- cinthine , sans le seéours du grec, puisqu’elle a des rapports de forme avec l’hyacinthe, On a donné le nem de /eucife , qui signifie corps blanc, à un crystal si ressemblant au grenat, qu’on le prenoït pour tel avant que l’on eût reconnu qw’il étoit d’une autre nature. Je pense qu’il vaut mieux Pappeler grenatite que leucite, parce qu’il y a beau- coup d’autres corps blancs. Lorsque l’on peut avoir dans notre langue pour un minéral nouvellement connu une bonne dénomina- tion qui soit entendue de tous nos compatriotes, faut-il la traduire en grec pour nous Ja présenter dans un idiome étranger que peu de gens entendent ? Fal- loit-il changer le nom de la pierre de croix, en lui substituant celui de staurotide ? Nous r’écrivons pas Phistoire naturelle pour les Grecs; s'ils veulent la lire, ils pourront la traduire dans leur langue. On a donné à la pierre orientale le nom de télésie, pour signifier pierre parfaite; cependant elle n’est pas plus parfaite qu’une autre pour un paturaliste : B 2 20 Minéralogie. elle a moins de dureté et de brillant que le diamant, par conséquent elle est moins parfaite et moins belle. La dénomination de télésie étant dérivée du grec, est moins commode que celle de pierre orientale, et tout aussi fausse, puisque la pierre dont il s’agit n’est pas plus parfaite qu’orientale sans exception, puis- qu’il y en a de plus brillantes, et aw’ils’en trouve en Occident. On a reconnu depuis peu que le jargon de Ceylan étoit de même nature que Phyacinthe : on a décou- vert de plus par l’analyse chymique, que cette pierre est composée de silice $ d’oxyde de fer et d’une terre particulière que les chymistes ont nommée xvr= con ou gircontenne. Les amateurs de nouveaux noms, et sur-tout de noms savans, ont conclu de cette découverte,qu’il falloit proscrire lès noms d’hya- cintheet de jargon de Ceylan, pour mettre à leur place celui de zércon. Que l’on supprime le nom de jargon de Ceylan, c’est très-bien fait 3 mais pour celui d’hyacinthe , il me semble qu’il doit être con- servé. Les naturalistes ne peuvent pas admettre un nom dérivé de celui d’une partie intégrante de la pierre dénommée , qui n’est visible qu’après- des opé- rations difficiles et destructives de l’état naturel de la pierre. Le nom d’hyacinthe est de la plus haute an- tiquité , et connu de toutes les nations policées ; il est répandu dans le commerce des objets les plus pré- cieux ; il est familier aux gens qui aiment les pierre- ries,ou quien portent: il ne faut pas que lés savans s’imaginent que l’on se prêtât dans le monde , à substi= tuer le nom de zircon à celui d’hyacinthe. Terminologie. 21 « Nous réunissons, dit le citoyen Haüy, dans Pex- trait du traité élémentaire des minéraux (1), sous ce titre ( silex), les différentes substances quart- Zeuses que l’on a nommées agathes, calcédoines , cornalines, cailloux, etc. et nous regardons le jaspe comme une simple variété du silex , dans laquelle la matière siliceuse est empâtée d’argile, avec une certaine quantité de fer, qui ordinairement rend le jaspe capable de donner des étincelles à l’approche du doigt , lorsqu’on le met en communication avec un conducteur électrisé, » Certainement les pierres que je viens de nommer ne sont en effet que des variétés du silex ; mais ces variétés sont plus importantes que beaucoup de pierres, qui sont des espèces distinctes. La plupart sont recherchées dans les arts, et portées à un grand prix dans le commerce : on en fait des bijoux, et dans tous les temps les plus ‘habiles artistes se sont exercés à les tailler, à les graver et à les sculpter. Les naturalistes ne doivent pas être surpris qu? les chymistes regardent ces pierres comme des cailloux ; mais ils ne doivent pas être moins attentifs à ex- poser les rares qualités de ces minéraux , la beauté de leurs couleurs, la netteté de leurs substances, que l’on appelle leur pâte dans le commerte. Ainsi, je ne ferai pas, comme le citoyen Haüy , du “mot agathe, une dénomination générique, ni du jaspe uns variété du caillou : je traiterai ces pierres comme des espèces qui ont chacune leurs variétés. (:) Journal des Mines, numéro28 , page 256, B3 22 Minéralogie. Tintelligence de la langue grecque seroit nécessaire aux naturalistes, par rapport aux ouvrages d’Aris- tote, de Théophraste, etc. s’il n’y en avoit pas des traductions qui peuvent suffire pour l’ordinaire, Dans les cas particuliers où l’on veut s’assurer de Pexactitude du traducteur, on peut consulter les gens qui sont familiers avec le grec, les savans éru- dits, les poëles et les orateurs, qui doivent con- noître le génie, et sentir les finesses de cette belle langue en lisant Homère et Démosthène : les natu- ralistes perdroient à l’étude du grec, un temps mieux employé à l’étude de la nature (2). (2) Nous ne sommes pas entièrement de l’avis du citoyen Daubenton sur l’em-loi de la langue grecque dans la compo- sition des noms scientifiques. C’est peut-être même un malheur de voir un homme dont le nom peut faire autorité, soutenir une proposition propre à favoriser la paresse, et à faire perdre aux jeunes gens le goût des lettres qu’ils doivent unir au goût des sciences s’ils veulent avoir l’esprit cultivé , et ex- primer leurs idées avec clarté | justesse et méthode. Je pense qu’on peut plutôt reprocher aux noms que le citoyen Dau- benton a pris pour exemple , d’être composés d’une manière opposée à la philosophie du langage, et à la construction de la langue grecque, que d’avoir élé pris dans cette langue. Du reste , on sera bien-aise de comparer son opinion avec cêlle qu’un autre grand homme, Linneus, a exposée dans sa philosophie et sa critique botaniques. Ceux qui liront l'extrait de l’ouvrage de M. Sprengel sur les antiquités bo- taniques que je donnerai plus loin (p.29), verront à quoi peut être utile la connoissance des langues , unie à celle de l’his- toire naturelle ; et en réfléchissant que Tournefort, Vail- Jant, Haller et Linneus ont été profondément versés dans la connoissance des lang ues , ils ne croiront pas inutile de les étudier. A. L. M, Terminologie. 23 L'intelligence de la langue latine est absolument nécessaire aux naturalistes, parce que c’est l’idiome par lequel les savans s’entendent mutuellement, et que plusieurs académies publient leurs méroires en latin. Cette langue étant la langue des savans, chaque nation est libre de prendre des noms dans sa propre langue pour l’histoire naturelle , sans craindre de n’être pas entendu des autres nations, Les naturalistes peuvent donc parler à leurs con- citoyens dans l’idiome qui leur est naturel , et avoir dans le latin un interprète chez toutes les nations policées : au moyen d’une table de synonymes, on se fait entendre de tout le monde. PCT TO DOUCE Hrsrorre naturelle des poissons , par Le citoyen LacérÈne, membre de l’Institut national, et professeur au Muséum d'histoire naturelles Tome I, in-4°. de 530 pages et 25 planches. Prix, 15 liv. 12 sous, Paris , Plassan. An VI. L'ouvracr que nous annoncons est du petitnombre de ceux qui sont faits particulièrement pour fixer attention du public, et par l’importance du sujet, et par la réputation de lauteur. L’illustre Buffon avoit retranché de son vaste plan, l’histoire des ani- maux à sang blanc et celle des végétaux ; il n’a- voit pas pu terminer celle des animaux à sang rouge. Aidé du vénérable Daubenton et de Montbeillard , tout ce qu’il put faire fut d'achever la description des quadrupèdes vivipares et celle des oiseaux 3 mais ce grand homme s’est montré soigneux pour sa gloire, jusque dans le choix de son successeur. Le citoyen Lacépède a déjà publié lhistoire des quadrupèdes ovipares et celle des serpens ; il publie aujourd’hui celle des poissons. Ces productions ne dépareront pas le monument littéraire qu’elles doi- vent complèter : on y trouve même un mérite de plus, c’est d’être rédigées d’après un plan qui con- vient mieux à la méthode des naturalistes, méthode sans laquelle la science n’ofire qu’incohérence et Ichtyologie. 25 incertitude , et ne mérite pas d’être considérée comme une véritable théorie. L’éloquent et habile hisiorien des amphibies com- mence par tracer à grands traits l’histoire natu- relle des poissons en général, avant de présenter cha- cun d’eux en particulier. Il fait d’abord sentir l’u- tilité et les agrémens de l’ichtyologie ou histoire naturelle des poissons. Nous ne trouvons, dit-il, aucune classe de ces êtres vivans, plus digne de nos soins et de notre examen , que celle des pois- sons : diversité de familles, grand nombre d’espè- ces, prodigieuse fécondité des individus, facile multiplication sous tous les climats , utilité variée de toutes les parties. Dans quelle classe rencontre- rions-nous, et tous ces titres à l’aitention , et une pourriture plus abondante pour l’homme, et une ressource moins destructive des aulres ressources , ét une matière plus réclamée par l’industrie, et des préparations plus répandues par le commerce ? Quels sont les animaux dont la recherche peut employer tant de bras utiles, accoutumer de si bonne heure à braver la violence des tempêtes, produire tant d’habiles et intrépides navigateurs, et créer ainsi pour une grande nation les élémens de sa force pendant la guérre , et de sa prospérité pendant la paix ? Quels motifs pour étudier l’histoire de ces remar- quables et sinombreux habitans des eaux ! Le citoyea Lacépède indique les caractères qui appartiennent à la classe entière des poiséons, avant de passer à ceux des différens groupes dans lesquels il doit la distribuer. Ce caractère ne consiste, selon 26 Ichtyologie. lui, ni dans le nombre des écailles ni dans celui des pageoires, puisqu'il y a des poissons sans écailles et sans nageoires ; ni dans la forme des organes de la circulation, puisque cette forme est la même dans certains poissons que dans d’autres animaux à sang rouge: il est donc impossible de déterminer cette classe par un caractère unique : il en est cependant un qui est constant , c’est l'organe de la respiration. On ne donnera donc le nom de poisson qu’aux êtres organisés qui ont le sang rouge, et respirent au mi- lieu de l’eau par des branchies. Le citoyen Lacépède, après avoir défini ce carac- tère général, passe à la description des différentes parties intérieures et extérieures des poissons en par- ticulier. Il décrit la manière dont s’opèrent chez eux les différentes fonctions dont l’ensemble constitue lexistence,et donne des généralités sur leurs mœurs. Nous ne pouvons le suivre ici sans nous engager dans des détails qu’il faut lire dans l’ouvrage même, dont nous ne devons qu’indiquer la marche et le plan. Notre auteur donne ensuite un exposé de son systtme. Il divise la classe des poissons en deux sous-classes, 1°. celle des poissons osseux ; 2°. celle des poissons cartilagineux. Chaque sous-classe est elle-même par- tagée en quatre divisions, d’après l’absence ou la pré. sence d’un opercule ou d’une membrane placée à l’intérieur , et servant à compléter l’organe de la res- piration, Chaque division renferme quatre ordres, ce qui fait en fout trente-deux : les ordres sont établis d’après l’absence ou la présence des nageoires inté- JIchtyologie. 29 rieures, et d’après la position des nageoires jugu= laires , pectorales et ventrales, Chaque ordre coutient un nombre de genres plus ou moins considérable, etil ya même des ordres qui ne présentent aucun genre décrit; maïs le citoyen Lacépède les a établis pour donner à son plan toute la régularité dont il étoit susceptible : tout son systême est résumé dans une table méthodique et synoplique qui facilite beaucoup la recherche des espèces. Le citoyen Lacépède passe ensuite à l’indication des espèces. Ce volume ne contient que les huit premiers ordres de la classe entière des poissons. Les genres qui y sont décrits sont les petromyzon, les gastro- branches, les raies, les squales, les aodon, les lo- phies, les baleines, les chimères, les accipensères, les ostracion et les tétrodon : on voit qu’il reste encore à notre célèbre ichtyologiste une longue tâche à rem- plir ; mais ce volume sera bientôt suivi de deux au tres, qui compléteront l’histoire des poissons. Ce volume n’a aussi que vingt-einq planches; les deux suivans en auront environ cinquante chacun. Le citoyen Lacépède a adopté avec empressement l’usage de très-habiles naturalistes du Nord, qui ont désigné plusieurs espèces nouvellement observées par des noms de'savans, et particulièrement de natura- listes célèbres: il a désiré avec eux consacrer ainsi à la reconnoissance et à l’aclmiration des espèces plu- tôt que des genres, parce qu’il a voulu que cet hom- mage fût presque aussi durable que leur gloire, les noms des espèces étant pour ainsi dire invariables, et ceux des genres pouvant au contraire changer avec ® JIchtyologie. lesnouvelles méthodes que le progrès de la science. engage à préférer. Nous observerons à cet égard, que c’est un usage louable de consacrer ainsi la mémoire des natura- listes célèbres, Linneus en a donné l’exemple ; maïs. il est insolite et peut-être inconvenant de mettre ce nom au nominatif, à moins qu’on n’en fasse un adjec- tif; ainsi on dit bien pyralis Bancksiana , la pyra lis bancksiene , pour consacrer un insecte à l’illustre Banckss emmodites Tobianus , l’ammodite de Tobie; /eptocephalus Morisici, le leptocephale de Morisss gobius Gronovic, le gobius de Gronow ; mais on n’avoit pas dit jusqu'ici la pyralis Bancks, lammodite Tobie, le leptocephale Moriss, le Gobius Gronow. Nous croyons que la première manière de former les noms, celle qui a été établie par Linneus dans sa Critica Botanica , est la préférable, . Cette légère observation ne porte point sur le fond de l’ouvrage ; c’est même une affaire d’opiuion, et qui ne peut influer en rien sur celle que l’on doit avoir de son mérite. Il est fait, comme les autres écrits du citoyen Lacépède , pour consacrer sa répu- tation , comme profond naturaliste et comme élé- gant écrivain, À. L.M. BOTANIQUE. ANTIQUITATUM botanicarum Specimen pri« mum , auctore CurTIO SPRENGELIO , Medi- cinæ doctore , etc. Accedunt tabulæ II æneæ,. Lipsiæ , 1798 ; in-40. de 110 pages. Cr ouvrage est celui qui m’étoit annoncé de Berlin par mon respectable ami le citoyen C.... , et dont j'ai promis de donner un extrait aussitôt que je l’au- rois reçu : il mérite infiniment d’être connu, et par l'importance du sujet, et par la manière dont il est traité. . C’est une chose fort difficile, que d’éclaircir la botanique des anciens et toutes les parties de l’his- toire naturelle , parce que les modernes, en s’em- parant des noms qu’ils avoient créés, les ont ap- pliqués à des espèces qui souvent n’appartiennent pas même au même ordre que celles à qui ces noms ont été primitivement imposés. Le désir de traiter un sujet aussi curieux est ce qui m’avoit engagé à me livrer à l’étude de l’histoire naturelle et à celle des antiquités ; mais j’ai été détourné de ce premier projet, pour lequel j’ai rassemblé une grande quantité de matériaux , par différentes occupations. J’ai cependant publié quelques essais (1) sur l’his- (x) Mémoire sur le Thos ; mammifère souvent nommé par Homère et les anciens poëtes. Journal de Physique, année 7788. — Minéralogie homérique , ou Essai sur les miné- 30 Botanique. toire naturelle chez les anciens, et j’en prépare encore quelques autres, quand mes travaux actuels me per- mettront de les terminer. Plusieurs savans distingués se sont , dans ces der- niers temps, livrés à des recnerches sur cette partie intéressante de l’histoire littéraire des sciences. M. Schneider, dans ses notes sur Oppien, dans son édi- tion des anciens auteurs qui ont écrit sur l’agricul- ture ; dans son excellent dictionnaire grec et alle- mand, et dans son ichtyologie d’Artedi, a éclairci plusieurs points curieux , relatifs à l’histoire naturelle chez les anciens : il en discutera encore bien davan- tage dans l’édition des Œuvres physiques d’Aristote, qu'il prépare. Moldenhawer a tenté d'expliquer Théophraste, M. Lichtenstein a donné un traité sé- paré des singes connus des anciens : M. Schreber raux dont il est question dans les poëmes d’Homère. Paris, 1790, in - 8°. — Dissertation sur les variétés de l’es- pèce humaine, indiquées dans les poëmes d’'Homère.Magasin Encyclopédique , première année , tom. IV , p. 159. — Dis- sertation sur les objets d’histoire naturelle, figurés sur les médailles grecques. Même année , tom. VW , p. 495. — Dissertation sur l’anneau de Polycrate. Id., tom. IIT, p. 343. — Dissertation sur la chasse du sanglier dans les temps hé- roïques., Magasin Encyclopédique , 1792, p. 362. — Disser= tation sur les manuscrits de Dioscorides , conservés à la Bibliothèque nationale. Journal d’histoire naturelle, année 1792 , tom. II , et Magasin Encyclopédique , année II, tom. XL, p.152. — Dissertation sur un moyen employé par les anciens, pour calmer les flots de la mer. Mélanges de littérature étrangère, t. III, p. 77. —Enfin , la partie miné- talogique de mon introduction à l’étude des pierres gravées, A. L. M. * Antiguités botaniques. 3t a savamment traité de leur métallurgie. Le ci- toyen Ameiïlhon, en France, s'est aussi occupé des arts chymiques et physiques chez les an- ciens ; et l’illustre Beckman, outre son excellent traité De Historiâ naturalr. veterum , a encore donné une foule d’observations curieuses dans ses essais pour servir à l’histoire des inventions , dans son Journal économique , et dans ses différens écrits sur la technologie. M. de Veltheim a aussi éclairci plusieurs points relatifs à la minéralogie chez les anciens, dans ses essais sur les réformes de MM. Karsten et Ver= ner , sur la statue de Memnon, sur les vases mur- ice et sur les onyx de Ktesias. De toutes les parties de Phistoire naturelle. À plus difficile à traiter sous ce point de vue, es peut-être la botanique ; c’est aussi celle dont on s’est le moins occupé. Bauhin a le premier introduit la confusion en rapportant aux espèces qu’il décris voit, des synonymes anciens qui ne leur convenoient nullement. Saumaise , dans ses notes sur Pline ; 4 compilé des. passages anciens ; mais ne connoissänt pas la botanique , la finesse de sa critique, il a sou veut échoué sur des points qu’il auroit éclaircis avec succès s’il avoit été instruit dans éelte science, Le grand Olaus Celsius , à qui les amis des lettres doivent une éternelle reconnoissance , puisqu’ils lui doivent Linneus, a été plus heureux dans l’expli- cation des plantes bibliques , parce qu’il joignoit la parfaite connoissance de la botanique à celle des langues orientales. Mais la botanique a fait depuis 32 s Bo tanig UEe lui de grands progrès, et par l’introduction des noms triviaux elle a acquis une précision qui la rend plus applicable aux recherches de cette espèce : ces pendant on n’a encore tenté que de commenter certaines plantes. M. Heyne, dans l’édition de son Virgile; Martyn, dans sa traduction anglaise des Géorgiques ; M. Voss ,,dans sa belle traduction alle- mande, ont tâché de déterminer les plantes virgi- liennes. Schneider, dans ses commentaires sur les Autores rec rusticæ veteres ; a déterminé les plantes de Columelle ; de Varron . etc. Nous avons encore quelques traités isolés, comme ceux de M. Schreber sur la Persea ( cordia myxa), du citoyen Desfon+ taines sur le lotus, arbre ( zesyphus lotus ), etc. Le professeur Shibtorpe avoit promis un travail gé- néral sur les plantes citées par les auteurs grecs : cet habile botaniste avoit parcouru la Grèce pour voir par lui-même sur les lieux, les plantes ins diquées par Homère, Théocrite \ Fhéophrasté, Dioël corides , etc. etc. mais la mort, en l’enlevant, à mois sonné nos espérances. .… Cet exposé rapide de l’état pe 4 l’histoire litté- raire de la botanique, relativement aux connoissances des anciens, suffit pour faire sentir toute l’importancë du travail du professeur Sprengel. Nous allons ac< tuellement analyser son ouvrage , et démontrer ainsi combien l’auteur a de droits à la reconnoissance publique, et pour le projet, et pour lexécution. Cet opuscule d’environ 100 pages, n’est qu’un premier essai. L’auteur, dans une courte préface, dit quelques mots des ouvrages anciens qui ont été e perdus, Antiquités botaniques. 33 Perdus, et qui pourroient le diriger dans les re- cherches qu’il se propose. Il Indique aussi des ma- nuscrits précieux d'ouvrages arabes qui se trouvent dans les bibliothèques de Séville, de Madrid et de Paris, qu’il lui seroit important de consulter, Il a divisé son ouvrage par chapitres isolés, et ces chapitres ne sont rangés suivant aucun sysième, Si l’auteur, au lieu d’un essai, présentoit son grand ouvrage , nous imaginons qu’il classeroit ses familles et ses genres d’après une des méthodes accréditées; il ne donne ici que des observaliôns sur quelques genres choisis au hasard. Le premier chapitre traite des iolettes.Les Grecs appeloient Ze la violette (10/4 odorata ); ils la nommojent aussi quelquefois Hthdvior, parce que le violet de ses pétales tire sur le noirâtre. Théophraste distingue deux sortes de mthänor ; l’une qu’il appelle dygror, l’autre ÿuspoy; il paroît que,le premier nom appartient à la 60/4 canina. Les anciens ont souvent parlé de la pâleur de lPéor : alors il ne faut plus entendre notre violette, mais la giroflée jaune (checranthus cheiri), que les Grecs classoient avec la violelte, à cause de la douceur de son parfum ; du reste, les violettes étoient si agréables aux anciens, qu’ils les cultivoient dans des jardins particuliers appelés wcoliers , jun ; ils en tressoient la plupart des couronnes dent ils ceignoient leurs têtes dans les sacrifices et les ban- quets. Cratinus, dans Athnée, donne lénurécation de différentes fleurs dont les anciens faisoient des Couronnes. Je rapporte cette énumération , parce Tome II. C 34 Botanique. que M. Sprengel a joint à chaque nom grec le nom linnéen ; ce qui la Fend curieuse. Acigior ( lilium candidum PE \ys blanc ; Hgivay (lilium martagon), le martagon j xordoméydænor (Lilium bulbiferum), le lys bulbifère ; ‘eds ( rosa centifolia), la rose à cent feuilles; » (»ola odorutà }), la violette 3 iiügbeses ( mentha genti- lis s. aqguatica), la menthe aquatique ; æcuovar xénvxts meivai ( anemone coronaria ), l’anémone ; emvrne (thymus serpyllum ) , le serpolet3 xgôxos , (crocus vernus seu autumnalis), le safran; ÿéxstos (delphinium ajacis ) , le pied d’alouette, s. scillàa amæna 5. hyacinthus ortentalis ; galxeres (gnaphalium orientale), sivévty (Siam græcum ) , ümteoxaænñis (liltum chalcedonicum) , l’hémérocalle 3 pexïaogos (trifolium melilotus ita- lica ), le mélilot; xd7iss ( medicago arborea ). — Mais comme les Athéniens faisoient servir plus particulièrement les violettes à cet usage, Pindare et Aristophane les appellent ioségaros, couronnés de violettes. Nous avons vu que les Grecs confondoient la gi- roflée avec les violettes : ils nommoïient àeuxsior , violette blanche , notre giroflée jaune, blanche et panachée ( cheiranthus annuus , et cheiranthus cheirc ). L’épithète awxe, blanc, qui entroit dans la composition du mot ; venoit de le blancheur des feuilles , et non de celle de la corolle, dont la cou- leur varie dans ces espèces. Comme Théophraste a attribué à cette plante une racine bulbeuse , Linneus Antiquités botaniques, 35 à donné son nom à un de ses genres, le léucoium vernum , perce-neige 3 de sorte qu’il paroît que le genre /eucocon de Théophraste , si on peut s’expri= mer ainsi, renfermoit les deux genres chesranthus ; giroflée, et leucotunt , perce-neige, Plire , parmi les violettes blanches, nomme encore la calthiana ou calatina , originaire de Galata , vi le d’Italie. M. Spreugel pense que C’est la gentiana verna : il ne faut pas confondre la calatha avec la ca/tha de Pline et de Columelle , qui paroît être le souci des | vignes ( cal/endula officuralis ). Pline indique en- core une autre espèce qu'il dit habiter sur les bords de la mer, peut-être le Çhecranthus maritimus ; la giroflée de Mahon, dont les feuilles sont incanes, M. Sprengel, après ce genre curieux, en attaque un plus difficile , celui des chénes : il donne d’abord le catalogue des espèces de l’ancien Monde , à l’ex- ception de quelques-unes particulières aux Indes, au Japon et aux Gaules, qui paroissent avoir été in- connues aux anciens. $es recherches le conduisent à penser que le chêne, vanté en général pour sa force et sa dureté, est le guercus robur et le quercus pedunculata (2) : çe sont ceux dont les anciens ont (2) Le quercus redunculata est parfaitement représenté sui un beau bas-relief du Museum capitolinum , tom.IV , pl. 24. Il auroit été à désirer qué M. Sprengel eût consulté les monu- mens figurés , et les eut discutés comme il a fait pour les monumens littéraires, et qu’il eut déterminé ; autant qu’il est possible, sur ehacun d’eux, les espèces qui y sontreprésentées; c’est un travail qu’il laisse à faire , mais qui ne sera qu’une suite du siea, et quien augmentera la gloire. À. L. M: C 2 36 Botanique. . rapporté tant de fables, qui ombrageoient l'antique forêt de Dodene, et qui servoient d’asile aux Naïades, aux Hamadryades et aux Epimeliadesr Le quercus robur est celui que Théophraste nomme xauriguans: l’éores des Macédoniens en est une variéié. Quant au quercus pedunculata , sa force et son élévation le rendoient propre aux constructions ma= ritimes : le navire Argo étoit de ce bois : on en fabriauoit les images des dieux. Du temps de Théo« phraste, les habitans de l’Ida appeloient ce chêne aiylawY, Il ne faut pourtant pas lé confondre avec notre ægilops , qui est une espèce toute différente. Le quercus æsculus vient ensuite ; c’est celui que les anciens nommoient @yyes, de Qæyii, manger. Son gland fut la première nourriture des Arcadiens après le règne de Pelasgus. Ces peuples ne vivoient avant lui, que d’herbes et de racines; il leur apprit à se construire un abri, à se faire des vêtemeus de peau de sanglier et à se nourrir de gland. Théo- phraste vante la saveur de son gland. L’œxigaors de Théophraste est le guercus cerris. Pline remarque très-bien que son calyce est épineux. Clusius l’a mal à propos confondu avec l’ægilops : ce dernier est celui dont on apportoit des galles de la Comagène. Au temps de Pline, on le nommoit en grec mmepis , ETumodpus. L'aeiQuaror d'évdeor de Théophraste est noire guer- cus suber ( le liége }. Pausanias appelle seulement Dénhor. LA qd, Les variétés du guercus tlez ( l’yeuse ) sont très-nombreuses. {1 n’est pas étounaut que les an- Antiquités botaniques. 7 ciens l’aient désigné par diflérens noms. Homère appelle son gland &xvaos, et il est du nombre des fruits que Circé présente aux compagnons d'Ulysse. Pline confond le quercus ilex avec le houx , (é/ex aquifolium) , qui ne porte pas de glands, mais des baies. Ce nom, aquifolium, vient d’exspuaaer, qu signifie feuilles pointues. C’est mal à propos que Pline traduit le xeéqeyes de Théophraste par aquifolia ; le xeéqaryos Où xgaqaryay de Théophiaste est une plante aquatique, polygonum persicaria. Théophraste décrit deux variétés de lelex. Il nomme l’une ing, l’autre peaaédgus. Le smilax des Arcadiens étoit un arbre de la nature de l’ilex , dont le bois n’avoit point de solidité 3 ainsi le œe/aez de Pausanias, dont il dit qu’on faisoit les statues des dieux, ne sauroit donc être la même plante, c’est le buis ( taxus buxus ); encore employé aujourd’hui à faire toutes sortes d’ustensiles, à cause de sa dureté. Le @eracdtus tient le milieu, dit Théo- phraste , entre le guercus et l’ilex. D’après sa des- cription, M. Sprengel le regarde comme le quer- cus ex décrit par M. Cavanilles. Il ne lui reste plus à décrire que le guercus coccifera , le chène qui porte le kermès , espèce de coccus, appelé gagixn par les anciens, à cause de la Lelle couleur écarlate qu’il produit. Les Hé- breux n’ont guère pu le ‘counoître avant leur trans- port à Babylone ; ainsi leur couleur rouge est celle qu’ils tiroient de vers à coquille, tels que le buc- cenum lapillum et l’helix ianthina. Une des voiles qu’Egée avoit donnes à Thésée allant. corm- C3 : 38 Botanique. battre le Minotaure , étoit teinte eh rouge avec les kermès. Théophraste aphetle le gwercus coccifera , $ æeivog Tôy x GX 0) Presses Dorvixour , le chêne qui porte le coccus rouge : cela donne lieu à M. Sprengel de corriger avec Paulmier, un passage de Pausanias, où il lit æeios , JQUErCUS ; au lieu de œxios, lLentiscus. Dans le noyen âge , l’usage de la couleur pourpre s'étant plus répandu , on employa pour cette tein+ ture le coccus de Polagne , coccus polonicus | qui se trouve abondamment dans ce pays et dans la Poméranie, sur le scéeranthus annuus. Eutin, ‘on a trouvé dans le Nouveau - Monde la cochenille {coccus cacte )., qui a fait tomber l’usage du coccus slicis et du coccus polohicus. Après avoir traité des chênes , M. Sprengel s’oc- cupe des cyfeses. Il n’est pas étonnant, dit-il, que ce genre ait été mal déterminé par les anciens, puisque le cytise des modernes n’a jamais été bien dé- fini. Il'cite les preuves àlappui de son assertion, T1 rapporte ensuite les éloges donnés par les an- ciens, au cytise dans les pâturages : sa propriété de faire coaguler le lait, et d’en donner un plus abon- dant aux animaux qui s’en nourrissent ; son exce!« Jence your les ‘abeilles; enfin, son ‘agrément ‘em: ployé dans les ‘couronnes. Le cytise &es anciens étoit = il un ‘arbre , ‘une plante annuelle, un ar- brisseau ? Quel est-il? Miller, M. Voss et M. Schneider ont différé d’opinion à cet égard. M. Spren- gel, qui avoit d'abord pensé que le cytisus de Théo -phraste étoit l’ebenus cretica, etle cylise de Pine, L. L 4 Antiquités botaniques. 39 la medicago arborea ; pense aujourd’hui que cette dernière plante est le cytise de Théophraste ;' de Columelle, de Pline et de Dioscoride : il faut chercher dans sa dissertation les preuves de son Opi= pion , qui paroît très - admissible. On sait d’ailleurs qu'aucun des cytises des modernes n’est le cytise des anciens. | : Les Lotus font ensuite le sujet des observations de M. Sprengel. Les fautes multipliées, commises à l'égard de ces plantes par les antiquaires, prouvent la nécessité de l'union de l’histoire naturelle et de l'archæologie. Du reste, ces erreurs ne doivent pas surprendre, puisque Théophraste et Hesychius ont déjà prévenu que l’on confondoit sous ce nom, des plantes de pays très - distans l’un de l’autre , et de formes très-différentes. Pour mettre de l’ordre dans ses observations, M. Sprengel les partage en trois sections. Il traite d’abord des lotus arbres : ce nom a été donné à trois plantes différentes. Celui qui est célébré dans les livres hébreux , sous le nom de du- daim , est le rhamnus lotus : arbre décrit par Théophraste, sous le nom de Lotus ; est le celtis australis. Il se distingue aisément de l'espèce afri- caine cont parle Homère, qui est un rha@mnus, ( rhamnus lotus ). Pline le confond mal à propos avec l’autre espèce, qui est un celiis. C’est avec le celtis que se faisoient les images des dieux : c’étoient les fruits du rhamnus lotus que les compagnons d'Ulysse trouvoient si doux, qu’ils né vouloient plus retourner dans leur patrie : et c’est de l’usage de. Ca : 40 - … Botanique. ù ce fruit, que les peuples de cette partie de l’Afrique ont été nommés lotophages. Mais le citoyen Des- fontaines a très-bien indiqué qu’il falloit séparer le rhamnus en deux genres : le genre rhamnus et le genre xexyphus. Le lotus arbre, dont nous ve-. nons de yarler, appartient à ce second genre : ses drupes servent à faire un vin qui ne peut pas se garder plus de deux jours, Les fruits, appelés nabka et seder par lesArabes,sont ceux du zsyphus lotus. Ii y a encore un autre arbre à qui les anciens ont donné le nom de Lotus, c’est le diospyros lotus : il ne convient point à la description de Théophraste ; mais c’est la plante nommée par Pline, faba græca ou lotus. | - Nous voici parvenus aux lotus aquatiques : c’est la partie la plusdiffcile-de ce sujet, parce que, sous le nom de lotus , les anciens ont confondu trois plantes, nymphæa lotus , nymphæa nelumbo , arum colocasia. La nymphæœa nelumbo , dont les feuilles rondes et les belles fleurs rouges sortent de l’eau avec le soleil , et y rentrent à son coucher, attira d’abord une atiention superstitieuse. La nym- phæa lotus , dont les belles fleurs blanches pro- duisent le même effet, la partagea bientôt : on dit que ces plantes annoncoient l’arrivée et le départ d’Osiris ( le soleil }. Harpocrate fut assis sur une feuille de lotus : les prêtres s’en couronnoient ; et les mythologues ægyptiens ajoutèrent que le commerce d’Osiris avec Nephté fut découvert, parce qu’il avoit laissé chez elle sa couronne de lotus. Cette plante est également consacrée par la superstition indienne , 1] Antiquités botaniques. 41 sous le nom de tamara , sirischa et kamala. Brahma nage dans Pabyme sur un tronc de tamara : Lakschmi , déesse de l’abondance, vogue dans une feuille de Lotus , et Wischnu a des yeux qui res semblent à cette plaute ; elle est en honneur jusqu’au Thibet. Duschmanta , dans le drame intitulé Sa- contala , compare cette fleur rouge avec l’œil de sa bien-aimée : ses anthères répandent une si grande quantité de pollen, que les rivières dans lesquelles nagent les bons génies, en sont teintes en jaune : on voit cette fleur sur les vases à boire, sur les éventails. Dans le même drame, les fibres de ses «For Vi 4 hispides servent à Faite des bracelets. : Théophraste donne une description exacte de cette plante sous le nom de xuapos Aiyurqiexos. La cap- sule multiloculaire de son fruit, comparée avec de petits vases, lui a bientôt après fait donner le nom de xi6œg10r. Nicandre confond cette plante avec la nymphæa lotus. La description que Strabon fait des fèves œgyptiennies qui portent les ciboires , mérite d’être lue. Les banquets se célèbrent, dit-il, dans des barques qui portent des lits, et qui voguent entre ces plantes : les feuilles, dont les pétioles ont presque dix pieds de haut, servent d’ombrage. Le fruit, qui ressemble à un vase, sert au même usage domestique ; et le commerce qu’on en fait à Alexan- drie, est d’un produit considérable. La nymphæa nelumbo doit être la plante qui fournissoit les couronnes antinoienes dont parie Callixène de Rhodes, quoiqu’il leur attribue une cou- leur rosée ou bleuâtre ; ce qui ne convient guère à 42 Botanique. la nymphæa nelumbo. Ce nom de couronne an- tinoïene vient de ce que Pancrates , poëte d’Alexan- drie , offrit à Hadrien , qui revenoit de la chasse d’un sanglier æthiopien , une fleur qu’il dit avoir été teinte du sang de cet animal, et à laquelle il donna le nom d’Antinoüs, le favori de ce prince. Les mé- dailles nous offrent Antinoüs paré de cette fleur. Les Æthiopiens lotophages se nourrissoient des fèves de cette plante, que Galien dit ne différer des nôtres que par la grosseur ; i:s buvoient l’eau PHRyiale ren- fermée dans les capsules ou ciboires. Les Arabes ont nommé cette plante termos ; ils l’appellent aussi rélu far et nu far , d’où nous avons pris les noms vulgaires new far et Le nufar, donnés à lespèce de nymphæa FHTARERE (nymphæa lutea ). Venons & Îa nymphaa lotus. Hérodote est le premier auteur qui l’ait fait connoître : il la nomme lotus ; elle croit dans les lieux inondés par le Nil. Sa fleur est blanche ; sa capsule semblable à celle du pavot ; elle a les mêmes incisions : ses semences sont plus peiites que celles de la fève ægyptienne (nymphæa nelumbo ) ; elles ne sont pas plus grosses que des grains de millet. Les Ægyptiens , selon Hé- rodote et Théophraste , réunissoient les capsules en monceaux. Quand l’enveloppe étoit putréfiée, ils en séparoient les semences par le lavage ; et après les avoir fait sécher, moudre et pétrir, ils en faisoient des pains. Diodore de Sicile et Galien attestent éga- lement l’usage de cette plante pour faire du pain: Antiquités botaniques. . 43 les tiges se mangent ; celles de la nymphæa nelumbo he se mangent pas. Cetie plante , appelée xoaoxérior par les anciens et les modernes, a souvent été confondue avec la colocase (arum colocasta).Leurs feuilles ont en effet beaucoup de ressemblance,et les racines de cet arum se mangent comme celles de la 2ymphæa lotus , ap- pelée xégoror. Quoique d’un gott âcre ,elles se servent comme les radix. Ceite plante a été transportée en Italie par les Romains; c’est le niliacum olus de Martial, l’aguatica lotus d’Ovide , et la colocasia acantho ridenti mixta de Virgile. | Les anciens ont aussi donné le nom de Lotus à une plante qui le conserve encore, c’est celle indiquée comme un excellent pâturage dans lTliade «e 776. Il paroît qu’on la cultivoit au temps des Homérides. Les anciens poëles nomment souvent cette plante avec le cy erus (scyrpus maritinus , ou schœnus mariscus ). Ce lotus est cité avec le cytise par Virgile, pour donner aux bestiaux une grande quantité de lait. Dioscorides , Galien, Paul Ægiuète , ont dit que cette plante a troisfeuilles : rien ne s’obpose à ce qu’on adopte le sentiment de Mat- thiole, qui dit que c’est le melilot (tréfolium mes- bilotus )}. Du reste, dans le système de Tainneus, plusieurs plantes nommées /o!xs par ses prédéces- seurs, ont passé dans desgenres très-différens, aux- quels en flet elles appartiennent. M. Sprengel , après avoir ainsi détermmé d’une manière précise la violette douce, aimable et odo- rente, le chêne robuste , nourrissant et hospitaliers 44 Botanique. le lotus si cher aux anciens peuples de l'Orient , passe à l’examen de ces plantes , que les poëtes ont répandues autour du sombre empire des morts ; des asphodèles ; qui, selon Homère, croissent dans les marais voisins des enfers , qu’Hésiode a comblées de tant d’éloges , et qui, malgré leur célébrité chez les mythologues, les historiens et les auteurs qui ont écrit sur la matière médicale , ne sont pas encore bien déterminées ; car, à l’exeption de Murrhay, qui en traite spécialement dans une excellente disser- tation imprimée parmi les mémoires de l’académie de Gottingue , aucun des critiques ne s’étoit aperçu que l’asphodèle d’Hésiode et l’asphodèle de Galien ue sont pas la même plante. M Sprengel établit parfaitement ceite différence : il pense tiès-bien que les caractères désignés par Hésiode, Homère et Théophraste, conviennent à l’asphodelus ramosus, tandis que l’asphodèle de Galien est l’orncthoga- Lum pyrenaicum. | Les questions précédentes appartienent toutes uni- quement à la botanique ; les deux mémoires quisuivent oùt également rapport à la botanique et à la matière médicale. Dans le premier M. Sprensel cherche à démêler ce que c’étoit que le xéyrauov,cancamium des Grecs : ce mot vient de xxyzuiverw, brûler. C’est une gomme dont Dioscorides nous a le premier donné la connoissance.Pline place te cencamum par- mi les aromates ; Paul Æoinète répète ce que Diosco- rides en a dit. Selon Hésychius, on le trouve dans les Indes ; c’est un aromate qui découle d’un arbre: M. Sprengel pense que le Cancamum a dû être in- Antiquités botaniques. 45 connu aux Grecs, jusqu’au temps où il leur est par- venu par la voie du commerce établi par les Ptolé- mées avec l’Orient. Les Arabes interprètes des Grecs ont pensé dif- féremnent sur ce produit. Selon Maserdschawah . c’est la lacque ; selon d’autres, une gomme qui dé- coule du sorbier, sorbus domestica. Après avoir savamment discuté les différentes opinions des Grecs ‘ des Arabes et de leurs commentateurs , et avoir dé- mêlé dans leurs divers récits, que le cancamum est une gomme d’une saveur vireuse , d’une odeur suave, dont les anciens faisoient des fumigations ; qu’il est d’une couleur rouge, ce qui lui a fait donner le nom de lacque par les Arabes; qu’il ressemble à Ja myrrhe; qu’il distille d’un arbre de l’Arabie, abon- dant sur les rivres du golf: persique ; qu’on es- time que c’est le sorbier, et qu’il a beaucoup d’af- finité avec la gomme élemi, M. Sprengel croit, avec beaucoup de vraisemblance,que le cancamum est une gomme qui découle d’une espèce d’amyris;lamyris Kata f ou Pamyris kafal deForskæl,qu’il est très-dif- ficile de distinguer lune de l’autre. Ce arbre se trouve abondamment dans la région de l'Arabie appelée abu- arisch : il est élevé , son bois est blanc ou rouge ; ses feuilles sont ternées et pinnées , sciées à l’extré mité , et ressemblent assez à celles du sorbier , d’où découle un baume très-odorant. Il approche beau- coup de celui qui donne la myrrhe. Chaque année , dans la saison des pluies, cet arbre se gonfle et se couvre d’une poudre rouge et odorante, dont les fennues se poudrent la tête et se fontides lotions. Le 46 Botanique. . bois de kafal est un grand objet de commeres + où le transporte en Ægypte ; on impreigue de sa fus mée les cruches à eau , pour leur donner une odeur qui les fait rechercher plus volontiers des Ægyptiens. Sa gomme donne la diarrhée et dissipe les obs- tructions : tous ces caractères conviennent au C&/ñ* camum de Dioscorides. Le dernier chapitre de M. Sprengel a pour objet les myrobalans. Aucun auteur , avant Théophraste ; n’a parlé de ce fruit ; qui ne fut apporté dans la Grèce que du temps des expéditions d'Alexandre, La plante qui produit ce fruit est appelée mo: ringa dans l’Inde ; elle est alexipharmaque, et ses vertus, sous ce rapport, sont plus vantées que celles de la corne de rhinocéros et du bedezabar. Rumphius a donné une ample description de cette plante , Linneus l’a placée dans sa décandrie sous le genre guilandina( guilandina moringa) : depuis ce temps Loureiro a établi un nouveau genre (anoma }, et il y a placé la moringa. Cet arbre est celui que Forskal a aussi trouvé en Arabie, et qu’il a nommé hyperanthera peregrina. Martin Vahl nomme cette espèce Ayperanthera semide- candra. Lamarck l'appelle gymmocladus ara: bica. Cette plante, connue sous ces différens noms indiqués par d’habiles botanistes , est donc le avgoëé- amvos Où le Banæos pugsdixn des Grecs, et la n7ux Behen.des Arabes. - Mais quel est le myrabalan des Arabes ? C'est ce qui reste encore à examiner ; et ce qui est plus difficile, Ils l’ont nommé beliledsch , emblica et Antiquités botaniques. 47 bellirici (3). Ap ès avoir confronté les passages et ré- sumé les opinions avec beaucoup de critique et de sagacité, M. Sprengel pense que ce myrabalan est le phyllanthus emblica L.,terminaliæ chebule de Reitz , terminalia glabrata de Forster. Des tables des plantes et des auteurs cités ter- minent cet opuscule, qui peut être mis au nombre des ouvrages les plus importans , sinon par son vo- Jume, du moins par son mérite. Nous aurions dé- siré que l’auteur eût donné une table synoptique, et sur-tout synonymique de toutes les espèces dont il fait mention ,| et qu’à la tête de chaque chapitre il eût placé les synonymes de la plante qu’il traitoit, comme il a fait en tête de celui sur les my- robalans. M. Sprengel est heureux de pouvoir mener de front avec autant de supériorité deux sciences qui procurent tant d’agrémens; de cultiver , avec un pareil succès , la botanique qui intéresse le cœur, et la philologie qui pique Pesprit par les difficul- tés qu’elle lui présente à résoudre. C’est aussi un grand plaisir d’avoir à rendre compte, de sem- blables ouvrages, et je témoigne à M. Sprengel toute ma reconnoissance de m’avoir adressé celui-ci, A. L. M. (3) Comme les Arabes ont commenté les auteurs g'ecs avant la renaissance des lettres en Europe , la connoissance profonde que M. Sprengel a des langues orientales , lui est de la plus grande utilité pour résoudre des difficultés insurmon- | tables sans ce secours, A. L. M. VO T'APCETE: Voracs dans l’intérieur de la Chine et en Tartarie , fait dans les années 1792 , 1798 »' 1794, par lord MacarTNer , ambassadeur du roi d’ Angleterre auprès de l’empereur 4e La Chine , etc. SECO Kp° EX T'RATT. Novs avons fait connoître les motifs qui détermi- uèrent la cour de Londres à envoyer une ambassade solennelle à l’empereur de la Chine (r); nous avons donné quelques détails sur la manière dont elle fut ac- cueillie; nous avons parlé des succès qu’elle avoit eus : nous allons faire part à nos lecteurs, comme nous V’avons annoncé, des observations que des hommes. instruits dans plusieurs sciences, qui faisoient partie de cette ambascade, eurent occasion de faire , soit pen- dant leur séjour , soit en traversant ce vaste royaume. On sera convaincu alors combien ceux qui ont voulu nous instrüuire sur la religion, le gouvernement, les mœurs , les usages , les sciences, les arts de cet ancien peuple, depuis Marc Paul jusqu’à Sonnerat, les ont imparfaitement connus. Il y a trois religions pratiquées en Chine; celle de Fo, quiest celle de l’empereur. Les mandarins, les lettrés , parmi lesquels sont choisis les magistrats, ré- (x) Supra tome I, page 466. vèrent Voyage èn Chine. dj vèrent Confucius , etse rassemblent pour honorer sa mémoire dans des édifices très-propres, mais d’une Construction simple. Les classes nombreuses et infé= rieures ont autant de cieux qu’elles croient en avoir besoin pour veiller sur leurs personnes, sur Îcurs pro: priétés, et présider aux objets extérieurs dont l’effet peut être sensible. Les temples chinois ne sont guère plus élevés que-les maisons ; ils servent dans l’occa+ siou de logement, et c’est ce qui arriva lorsque le lord Macartney fut parvenu à deux milles de Pékin, Toute sa suite remplit un de ces temples , et les moines se retirèrent dans un autre monastère peu éloigné. La présence des étrangers n’empéchoit pas laffluence des dévots. L’interprète chinois, qui étoit zélé chrétien, et même prêtre, voyoit avec re- gret les Anglais examiner curieusement les images, et assister aux cérémonies de la religion de Fo ; car il craignoit qu’ils ne fussent frappés de la ressem- blance qu’il y a entre les formes extérieures de cetie religion et celles de l’église romaine ; ce qui a fait conjecturer .aux missionnaires, que les Nestoriens avoient autrefois porté en Chine, par la Tartarie, quelques lueurs de christianisme. Sur autel d’un temple chinois on voit souvent , derrière un écran, une statue qui ressemble à celle de la vierge Marie , et qu’on nomme Shin-mo , c’est-à-dire, la mère sacrée ; elle est assise dans une alcove, et tient un en- fant dans ses bras. Une auréole qu’on appelle le cercle deloire , est autour de sa tête ,; et des cierges brûlent sans cesse devant elle. Les lon gues et grossières robes des 4o-chaungs ou prêtres de Fo, etleur cein- Tome IL, D ÿo P'oyage, ture de corde , les fait ressembler aux moines de saint François; ils vivent comme ces derniers, en céliba- taires ; demeurent ensemble dans des couvens, et s’im= posent quelquefois des pénitences volontaires et une rigoureuse abstinence. Les temples de Fo renferment encore plus d’images que les églises romaines, et la plupart ont plus d’analogie avec la religion des ane ciens romains , qu’avec celle des nouveaux. La doc- trine de Fo, admettant une divinité subordonnée pour ehaque genre de vœu que l’esprit humain puisse former , n’a pu ne pas avoir beaucoup de prosélytes parmi les classes du peuple qui ne sont point con- tentes de leur sort, Le gouvernement ne s'oppose point aux progrèsde cetté secte, et ne se mêle jamais des opinions particulières ; il ne défend que les croyances qu’il croit pouvoir troubler la tranquil- lité de Pétat. Nul peuple n’est plus superstitieux que le com- mun des Chinois, Non-seulement des offices habituels attirent dans les temples les prêtres et les femmes, mais tous les disciples de Fo s’y rendent lorsqu’ils sont à la veille de se marier, d’entreprendre un long voyage ou de conclure quelque affaire importante ; ils croient qu’alors il leur est nécessaire de consulter la divinité tutélaire, Il n’y a point de religion domi-+ nante. Les prêtres d’aucun culte ne sont payés, pré< férés et encouragés par l’état. L'empereur professe une religion , plusieurs mandarins en suivent une autre,et la majorité de la nation ne porte passes vœux sur d’autres objets que sur ceux qui ont rapport aux avantages de cette vie; cependant la religion de Fo 4$ Voyage en Chine. St _bprofesse la doctrine de la transmigration des ames, _ et promet le bonheur à des conditions qui sans doute se bornoïient , dans l’origine , à la pratique des vertus morales, mais qui depuis ont été remplacées par deë contributions pour l’édification ou les réparations des temples , pour l’eutretien des prêtres, et par une at- tention stricte à des règles particulières. Ceux qui négligeront de remplir ce devoir , disent les prêtres, en seront cruellement punis. Leurs ames passeront dans le corps des plus vils animaux, et les souffrances qu’elles éprouveront seront proportionnées aux fautes qu’elles auront commises sous une forme humaine. On a voulu persuader que les édifices élevés et circu- laires qu’on a nommés pagodes > Étoient employés au culte religieux : rien n’est moins vrai ; c’est entière- ment à des usages différens qu’ils sont destinés. L'édifice religieux le plus considérable de ceux que V empereur ait fait construire est le grand temple de Fo, situé près de son palais de Zhehot ; il diffère de tous les autres édifices chinois; il est quarré, et a deux cents pieds sur chaque face ; les dehors ressemblent beaucoup à la façade d’un édifice européen ; il est très-élevé : on y compte ong£e rangs de fenêtres; ce qui suppose un pareil nombre d’étages. Au milieu est un quarré où chapelle dorée entourée d’une ba= lustrade ; là sont trois autels richement ornés, sur les- quels sont les statues colossales de Fo ; de sa femme et de son fils: derrière l’autel , dans un endroit obs- cur , est le tabernacle, qu'une lampe solitaire éelaire; . le toit et l’avancement couverts de plaque, qui, comme: les statues placées sur les autels, sont d’or massif. D z 53 .… Voyage. Huit cents lamas sont attachés au service du Poo- 12-la , et destinés aax cérémonies extérieures de la religion. Les courtisans prétendoient que l’excessive dépense que l’empereur avoit faite pour les temples de Fo , quoiqu'il ne fût pas prodigue, étoit Pexpres- sion de sa reconnoissance pour cette divinité ; et en considération de la durée et de la prospérité extraor- dinaires de son règne, ce prince s’est insensiblement imaginé que sa divinité favorite Fo a daigné sin- carner en sa personne. « Il y a à la Chine quelques religieuses païennes qui font vœu de rester vierges ; et quoique ce soit contraire aux maximes générales de politique et de morale adoptées dans l’empire, on a, pour ces filles, l'admiration qu’inspirent ordinairement les personnes qui, à force de persévérance, réussissent à exécuter des choses difficiles. Les catholiques romains répan- dus dans l’empire, et que les missionnaires sou- tiennent dans leur zèle, sont, à ce qu’on croit, au nombre de deux cent mille. » | | « La propre religion des Chinois w’ayant rien d’exclusif, ils auroient en grand nombre embrassé le christianisme s’ils avoient pu l’accorder avec leurs autres préceptes. Les jésuites qui vouloient per- mettre à leurs néophytes de pratiquer leurs anciennes cérémonies dans les demeures de leurs ancêtres, au- roient bien mieux réussi que leurs antagonistes. Cette dispute de jalousie, d’animosité, de persécution même qui a occupé si long -teps la cour de Rome, que son autorité n’a pu calmer, et qui a enfin forcé le gouvernement chinois de chasser les deux partis Voyage en Chine. 53 de ‘tout le royaume, a fait connoître combien les -opinions théologiques, aiguillonnées par lamour-pro- pre et la rivalité, éloignent du vrai esprit du christia- nisme. Les sacrifices de troupeaux, de volaille, d’huile, de sel , de farine , d’éncens dont fait men- tion le /épitique , sont connus et pratiqués par les Chinois ; ils ont aussi leurs lares et leurs pénates. Ce penchant des Chinois pour toutes les religions leur fait admettre dans les temples de Fo des prêtres d’une secte étrangère à ce culte, mais qui est assez répandue dans l’empire ; c’est celle de Lao - Koun, dont la doctrine diffère peu de .celle d’Epicure. Ce Lao-Koun disoit que vivre heureux étoit le premier but de l’homme, et qu’une indifférence absolue pour tous les événemens étoit le plus sûr moyen d’atteindre au but; qu’il ne falloit pas vainement réfléchir sur le passé ou s'inquiéter de l’avenir, parce que la plus sage occupation étoit de jouir des momens passagers de la vie. À ces maximes, qui, fussent-elles vraies, sereient impraticables , les prêtres ont ajouté beau- coup de rites qui ont un but opposé ; mais ils ont été obligés de le faire pour obtenir la confiance popu- laire. Ils prétendent pouvoir prédire l’avenir , et fournir des moyens de se garantir du mal. Ils ont leurs sectateurs et leurs temples, et portent un ha- billement qui les distingue des autres ; ils sont d’ail- leurs réunis avec les autres sectes, contre la religion naturelle ou plutôt la raison morale de Confucius. On voit dans les temples de Fo , outre la représenta tion de cette divinité et de sa famille , les statues des êtres moraux, comme celles de la paix, de la guerre, D3 54 Woyage. de la tempérance, de la volupté, de la joie et de la mélancolie; des figures de femmes représentant la fécondité et le plaisir. Devant les statues on place tantôt un, tantôt plusieurs vases de bronze, dans les- quels les prêtres et les dévots brûlent des mèches parfumées et du papier couvert de feuilles d’étain. » Il n’y a aucune taxe légale qui ait rapport à la re- ligion ; elle prescrit cependant des cérémonies qui prennent du temps, et elle ordonne des offrandes qui exigent de la dépense. Ces offrandes ont lieu à la nouvelle et à la pleine lune, au printemps, en au- tomne et au commencement de l’année : dans cette, dernière occasion sur-tout la dépense est considé- rable ; mais elle produit souvent quelque bien : des, amis brouillés se réconcilient , des liaisons interrom- pues se renouvellent. Les Ghinbte n’ont cependant point de jours fixes pour un repos périodique, et le travail ordinaire des Chinois n’est point interrompu, ou ne l’est que par la fatig gue ou par sa volonté. Leurs temples sont également ouverts chaque jour, et les dévots peuvent s’y rendre lorsque leur dévotion les y appelle, sans attendre qu’un jour privilégié les y conduise, parce qu’il n’y a aucune division qui ait quelque rapport avec les semaines. | | Les voyageurs anglais furent témoins d’un acte de la superstition chinoise au moment où leurs yachts devoient quitter le canal impérial pour traverser le fleuve jaune , dont la rapidité peut causer quelqué accident fâcheux. Le pilote, entouré de tout son équi- poge fit un sacrifice à la divinité du fleuve , afin de s'assurer un heureux passage. Flacé sur le devant du Voyage en Chine. 55 yacht, et tenant dans la main droiteun coq, il lui ar- racha la tête, la jeta dans le fleuve, et arrosa de son sang le bâtiment , en y attachant quelques plumes de la victime : plusieurs grandes jattes remplies de viande furent rangées sur le pont en ligne transver- sale ; au devant de ces jattes étoient une coupe rem- plie d'huile, une de thé, une de liqueur spiritueuse et uue quatrième de sel. Le pilote s’inclina trois fois, prononca quelques prières en tenant ses mains éle- vées. Pendant ce temps on battoit avec force le /o0 ( ce sont des plaques de cuivre rondes, mêlées d’étain et de zinc pour les rendre plus sonores , qu’on frappe avec un maillet de bois) ; des mèches allumées étoient élevées vers le ciel, du papier couvert de feuilles d’étain ou d’argent étoit brûlé, et l’équipage faisoit partir un grand nombre de pétards. Le pilote s’a- vança ensuite Vers la proue , fit des libations au fleuve en y versant les coupes. Les jaites de viande furent livrées à l’équipage, et on brava ensuite le danger avec confiance. Indépendamment des offrandes jour- nalières et des adorations qui se font à l’autel placé au côté gauche de la chambre , on fait des sacrifices solennels pareils à celui dont on vieut de parler, pour avoir le vent favorable ou pour écarter un danger imminent. La ville de Pékin n’est pas aussi grande , relati- vement au reste de la Chine, que l’est Londres pro- portionnément au reste de l’Anegleterre. Elle est divisée en deux parties : la principale est /a cité: tartare; elle fut bâtie au treizièine siècle, sous ka pre mière dynastie : elle forme un parallélograme , don, D 4 56 Voyage. les quatre murs font face au quatre points cardinaux ; ils font une aire de quatorze milles carrés, dans le centre duquel est le palais impérial, qui occupe en dedans du mur jaune au moins un mille ; l’autre partie de cette ville, nommée la cité chinoise, est occupfe par les habitans des provinces qui sont altirés à la capitale pour leurs affaires, Ses murs, qui tombent en ruine, renferment un espace de neuf milles carrés qui ne sont pas entièrement oc- cupés ; c’est là qu’est le Scen-non-tang , c’est-à- dire , l'éminence des vénérables agriculteurs : l’em« pereur y vient au printemps pour y labourer ; il est accompagné , dans cette cérémonie destinée à honorer. la profession de laboureur, par un groupe de paysans chantant des hymnes à l’honneur de l’agriculture. Les pripces et les grands officiers de l’état conduisent, à l’exemple du souverain, cette charrue ; ils sont tous, ainsi que l’empereur, vêtus d'une manière analogue aux travaux du jour. C’est aussi dans l’enceinte de la cité chinoise , qu’on a élevé le tien-tan, c’est-à-dire, l’éninence du ciel : le tien, ou le caractère qui désigne le ciel, est tracé sur le principal édifice de cette éminence. Sa forme est ronde, par allusion à la voûte des cieux, qui paroît telle à nos regards. Le teé-tan ou temple de la terre est carré , parce que les anciens Chi- nois croyolent que la terre étoit un carré parfait. Dans le solstice d’été, l’empereur se rend en céré- monie dans le premier de ces temples, pour re- mercier le soleil de sa bénigue influence : dans le solstice d’hiver, de pareilles cérémonies ont lieu Voyage en Chine. 57 dans le temple de la terre. Cette double adoration n’a lieu que de la part de l’empereur seul : ce prince paroît dans plusieurs autres cérémonies que l'intérêt de la politique et de la religion a inven- tées. Pékin n’est d’ailleurs que le siége du gouver- nement : il m'a ni port, nicommerce, ni manufactures; ce n’est pas non plus un lieu de plaisir ni de dissipation, malgré une population de trois. millions d'individus. Il n’y a proprement que trois classes d'hommes à la Chine ; les lettrés, parmi lesquels on choisit les mandarins ; les agriculteurs et les artisans, dans les- quels les marchands sont compris. C’est à Pékin que les derniers degrés dans les lettres sont accordés à ceux qui, dans un examen public, montrent qu’ils ont approfondi les sciences morales et politiques , telles que les anciens Chinois les ont enseignées, et avec lesquelles l’histoire de leur pays est intimé- ment mêlée. C’est parmi les gradués qui forment plusieurs classes, suivant leur capacité reconnue, que l’empereur distribue tous les emplois civils et militaires. Les grands tribunaux sont placés près du palais impérial ; c’est à eux qu’on rend compte de tout ce qui se passe dans l'empire ; ils rappor- tent aux conseils particuliers, avec des avis mo tivés, les affaires courantes : l’empereur se conforme à ces avis. Îl y a un tribunal qui examine les talens et les qualités des mandarins développés dans l'exercice de leurs emplois , et. propose le déplace- ment de ceux qui manquent de capacité et de Justice, Ua autre a pour objet la conservation des mœurs et 54 Voyage. de la morale de l’empire. Le plus sévère de ces tribunaux est celui des censeurs 5; il examine l’effet des lois subsistantes, ainsi que la conduite des autres tribunaux , des princes, des grands officiers de l’état, de l’empereur même. Un pareil tribunal seroit né- cessaire dans toute société politique ; il en seroit lé soutien, la force et l’ornement : il y a ensuite des tribunaux inférieurs, tels que ceux des mathéma- tiques, de médecine, des travaux publics, de lit- térature et d’histoire. Le tout forme un système qui remonte à la plus haute antiquité, et qui a passé à travers un grand nombre de dynasties avec très peu d’altération. La dynastie actuelle n°y a fait d’au- tre changement que d’admettre dans ces tribunaux, autant de Tarteres que de Chinois. Il y a un corps de doctrine composé d’après des ouvrages écrits dès les premiers âges de l'empire, confirmé par les lé« gislateurs et les souverains successifs, et transmis avec une vénération toujours croissante, Cette doc- trine dirige les jugemens des tribunaux ; elle est principalement fondée sur les grandes bases de la justice universelle, et sur les principes d’humanité les plus purs. La police entretient le plus grand ordre dans Pékin. Malgré son immense population , il est rare qu’on ait des crimes à punir : chaque dixième mar+ chand est obligé de répondre de la conduite des peuf familles voisines. Dans l’intérieur des murs, il y a autant d’ordre et de sureté que dans un camp; mais il y règne aussi la même contrainte : c’est dans les faubourgs que sont tolérées et enregistrées Voyage en Chine. | 59 les filles publiques ; elles y sont en petit nombre, c’est-à-dire, en proportion du peu de célibataires et de maris absens de leurs familles qui se trouvent dans la capitale. Les Chinois aisés se marient de bonne heure: pour les pauvres, le mariage est une mesure de prudence , parce que les enfans , et par= ticulièrement les fils, sont obligés d’avoir soin de leurs parens. Tout ce qui est fortement recommandé est toujours regardé comme un devoir religieux. Les jeunes Chinois se marient aussitôt qu’ils ont l’es- poir de faire subsister leurs enfans : cet espoir ne se réalise pas toujours, et alors les malheureux en- fans sont quelquefois abandonnés par les auteurs de leurs jours. Les philosophes chinois ont inculqué dans les cœurs , avec autant d’habileté que de suc- cès , les maximes de la piété filiale ; ils ont voulu que l’affection parternelle eût son influence natu- relle, pour fortifier les dispositions à l’obéissance fi- liale. Les lois fournissent les moyens de punir la violation de ce devoir, en laissint aux pères un pouvoir absolu sur leurs enfans. La vie semble n'être vraiment précieuse qu'après avoir duré assez long- temps pour donner à l’âme le temps de se déve- lopper ; mais l'existence , à son aurore , peut être sacrifiée sans scrupule : ce sont les filles qui sont ordinairement choisies pour cet horrible sacrifice ; leur perte est regardée comme un moindre mal, parce qu’elles ne sont regardées que comme appar- tenantes à la famille dans laquelle on les marie : les fils au contraire continuent à vivre dans la leur, et deviennent le soutien et la consolation 60 | F'oyage. de leurs parens. Les enfans sont exposés immédia- tement après leur naissance , avant que leur figure paroisse animée : on espère d’ailleurs qu’ils pour- ront être dérobés à une mort prématurée, par les personnes que le gouvernement entretient pour re- cueillir ces innocentes victimes, afin de pourvoir à la subsistance de celles qui vivent encore, et en- terrer celles qui ont déjà expiré. Les missionnaires partagent avec zèle cet acte d'humanité : un d’eux avoua qu’à Pékin on en exposoit chaque année en- viron deux mille, dont le plus grand nombre pé- rissoit, Les missionnaires prennent soin de ceux qu’ils peuvent sauver , et les élèvent dans les principes rigoureux du christianisme. Les maisons, à la Chine, sont extrêmement basses, même dans les villes d’une grande population : il faut peu de place, il est vrai, pour une famille d’une classe inférieure ; elle n’a jamais d'appartement superflu. Une maison chinoise est ordinairement en- tourée d’un mur de six à sept pieds de haut. Dans celte enceinte on trouve souvent une famille de trois générations avec les femmes et les enfans : une petite chambre suffit pour les individus de chaque branche, qui couchent dans différens lits, séparés seulement par des nates suspendues au plafond : il »’y a qu’une chambre à manger commune. Cette coutume de réunir les différentes branches d’une fa- mille sous le même toit, a les plus importans effets : lPautorité et l'exemple des vieillards rendent la jeu- nesse plus modeste et plus réglée dans sa conduite, et tous ensemble subsistent avec plus d'économie et Voyage en Chine. 6r d'avantage. Malgré cela, la classe qui travaille est réduite à se nourrir de végétaux ; et si elle mange de la viande, c’est peu et rarement dans tous les pays : lé peuple sait se contenter pour son travail, d’un salaire proportionné au prix des denrées. Le principal objet du gouvernement est de maine tenir la tranquillité et le bien-êire général, et ül semble s'occuper peu de la sécurité personnelle, Quand un homme est accusé d’un crime qui mérite la mort, on assemble une cour de justice pour le ju- ger : les preuves orales ne sont pas regardées comme bien importantes si elles ne sont appuyées par des circonstances particulières ou par des documens écrits. Lorsque l’accusation n’est pas très-grave, un serment solennel, accompagné de cérémonies reli- gieuses, suffit pour se justifier. L’usage barbare et in- suffisant de la question est quelquefois empioyé. Une peine capitale est rarement infligée sans que l’empereur ait confirmé la sentence ; quelquefois elle est exécutée par ordre du vice-roi dans les cas extraordinaires , comme ceux de rebellion ou de sédition. Tous ceux qui sont condamnés à mort sont conduits à Pékin ,; où leur procès est revu par le grand tribunal institué pour cela. Les coutumes de l’empire , qui supposent le souverain doué des plus grands principes d’humanité , exigent qu’il prenne l’avis du conseil pour savoir s’il peut, sans danger pour l’état, éviter de faire exécuter la sentence de mort. L’exécution de tous les criminels se fait dans le même temps : le nombre est rarement de plus de deux cents; ce qui doit étonner dans un em 6: Foyage. pire de trois cent cinquante-trois millions d’habi- tans. Le plus souvent une amende, l’emprisonnement, le fouet, l’exil, sont les peines qu’on inflige : on ne punit a mort que les crimes contre Pétat, contré Pempereur , ou lorsqu'on a versé le sang : il n’y a même aucune distinction entre le meurtre pré- médité et l’homicide invo'ontaire. Le vol nest point puni de mort , excepté qu’il n’ait été commis avec violence et avec cruauté. Cette modération dans les châtimens prouve que le crime est rare; et il l’est en effet, excepté dans les temps de famine, temps où la sévérité des peines n’arrêteroit pas les cou= pables. Parmi les divers supplices en usage à la Chine , celui de la corde est regardé comme moins infâme que la décapitation : la perte d’une partie du corps est pour les Chinois une honte excessives L'administration des prisons est très-bien entendue : les coupables et ceux qui sont emprisonnés pout deties, habitent des lieux séparés ; ils ne se com- muniquent point ; parce qu’on regarde comme ims politique et immoral d’associér le crime avee l’im- prudence et l’infortune. Les deux sexessont également séparés : l’emprisonnement pour dette n’est que pré- caire ; mais si, après que le débiteur a livré tout ce qu’il possède à ses créanciers, ils ne sont point sa: tisfaits , on le condamne à porter sur le cou un joug pendant quelque temps ; pour engager sa fa- mille à solder ses dettes et à mettre un terme à sa honte, Si le débiteur s’est rendu insolvable par le jeu ou par inconduite , il subit une punition cor- porelle et lPexil en Tartarie. Il est des cas où un Voyage en Chine. 63 bomme peut se vendre lui-même, comme pour payer ce qu’il doit à la Couronne, pour assister son père s’il est dans la détresse, ou pour le faire enterrer d’une manière convenable, Si celui qui s’est vendu sert son maîlre d’une manière irréprochable, il est en droit de demander sa liberté au bout de vingt ans ; s’il se conduit mal il est esclave toute sa vies ainsi que les enfans qu’il peut avoir vendus avec lui, Lorsque les débiteurs de l’empereur le sont frau- duleusement , on les étrangle ; mais s’ils ne le sont que par suite d’infortune, on se contente de vendre leurs femmes, leurs enfans et tout ce qui leur ap- partient , et on les envoit dans les nouveaux éta- blissemens chinois en T'artarie, Les intérêts de l’em. Pereur sont toujours au dessus de tout : aucuné propriété n’est assurée contre ses droits, La préfé. rence donnée à celui qui jouit d’un pouvoir illimité pourroit être justifiée jusqu’à un, certain point , en Considérant que celui qui est le plus. ‘exposé : à la fraude , doit avoir les moyens les plus. efficaces de s’en garantir et de punir. | Les différens entre les individus > relativement à leurs propriétés, n’excitent pas beaucoup de discuss sion. Les formes et les plaidoiries n’y sont pas multipliées : la décision d’un procès n’attend pas des années. De quelque manière que le procès soit jugé, on le perd bientôt de vue. La propriété, quelle qu’elle soit , est dans une tenure trop simple pour que le droit qu’on y a occasione beaucoup de contestations : il n’y a ni douaires, ni substitutions. Les causes des dissentions sont rares chez les Chinois, 64 V'oyage. par le peu de commerce qu’ils ont avec les étran- gers, par l’uniformité de leurs principes, de leurs coutumes, de leurs idées; par l’espèce de commu nauté dans laquelle vivent la plupart d’entr’eux, et sur-tout par l’union des familles, Quelquefois des lettrés se chargent de défendre la cause des pupiles, des orphelins, de ceux qui sont jeunes, ignorans ou incapables ; mais il n’y a point d'hommes qui s’enrichissent à faire le métier de procureur et d’a- vocat , et qui, par ce moyen , parvienne aux di- gnités. Ce qui doit être regardé comme un phénomène politique , c’est l’ordre ; la tranquillité et l’ensemble de l’administration d’un royaume, dont la popula- tion, calculée sur des registres exacts, est de plus de trois cents habitans par mille carré, pris l’un dans l’autre; ce qui excède d’un tiers le nombre de ceux qu’on trouve ‘par milles dans les contrées les plus peuplées de PEurope. Les quinze anciennes provinces de la Chine-contiennent plus de douze cent mille _ snilles carrés, c’est-à-dire, plus de huit fois l’é- tendue dela France. Le nombre des habitans est régulièrement pris dans chaque division d’un dis- trict ; par chaque dixième chef de famille: ces re- levés sont rassemblés par des officiers qui résident si près des lieux où ils ont été faits, qu’ils peuvent en corriger les erreurs ; ils sont ensuite déposés dans le grand registre de Pékin ; c’est un grand et éton- nant spectacle , qu’une si nombreuse partie de la race humaine , liée par un système de politique cons- tamment suivi dgpuis deux mille ans, soumise à un Voyäge en Chine: 65 uñ seul souverain , aux mêmes lois , aux mêmes mœurs, au même langage, diffère essentiellement de toute autre nation, et n’ait aucun désir d’être en relation avec le reste du monde, Les revenus publics de la Chine propre s'élèvent à un peu moins de deux cents rnillions d’onces d’ar- gent, qui font quatre fois autant que les revenus de la Grande-Bretagne , ettrois fois autant que ceux de la France avant la révolution. Le produit des impôts sert à payer , dans les lieux mêmes où ils sont perçus, tous les officiers civils et militaires, ainsi que toutes les dépenses ordinaires ét extraordinaires. On prend ces sommes dans le trésor particulier de chaque province, et le surplus est remis au trésor impérial à Pékin. En Supposänt que l'argent représente la propriété, et qu’il ait la même valeur qu’en Europe, relativement aux denrées de première nécesssité, on peut dire que les Chinois sont , en matière d’impôt , bien autrement fa- vorisés que la plupart des nations européennes ; car si la totalité du revenu public éit répartie en capitation ,; chaque Chinois ne paieroit que cinq sche- lings , tandis que, par un calcul pareil, les habitans de l’Irlande en payoient huit, les Français seize sous l’ancien gouvernement , et les Anglais trente- quatre. Nous nous sommes un peu étendus sur les formes du gouvernement paternel de la Chine et sur les diverses branches de son administration, parce que nous croyons que bien de nos gouverne- mens y trouveroient des exemples à suivre et des institutions à imiter. Les mœurs et les usages des Chinois offrent aussi Tome 11. E 66 Voyage. | des particularités qui méritent d’être observées, L'in- dustrie et l’activité règnent dans tout l’empire : la nécessité et le désir des récompenses forcent au tra- vail: personne ne paroît s’en dispenser ; personne ne demande l’aumône. Les hommes paroissent tou- jours occupés ; les femmes sont sédentaires : on sait que presque toutes, même celles des classes les plus inférieures, ont les pieds extrêmement petits ou plutôt mutilés ; il semble que le bout en a été coupé par accident, et que le reste conserve sa grosseur naturelle ; elles les couvrent de ligatures, comme si on leur avoit fait une amputation. On- äa coutume, dès l’enfance , d’arrêter la croissance du bas de la jambe aussi bien que du pied : on laisse l’orteil dans sa position naturelle , et on courbe les autres doigts jusqu’à ce qu’ils restent compri- més sous la plante des pieds , et qu’ils ne puissent plus s’en séparer. Les dispositions naturelles à croître si cruellement contrariées , doivent occasioner de vives souffrances ; ces victimes de la mode sont long= temps obligées de se faire soutenir pour marcher, et ensuite lorsque les pieds ont acquis leur petitesse symétrique , elles ne marchent qu’en chancelant, et en n’appuyant à terre que le talon. Cet usage doit certainement influer sur la croissance de leur corps , et nuire à leur tempérament, Quelques- unes des dernières classes , lesquelles vivent dans les montagnes ou loin des grandes villes, ne se sou- mettent pas à une coutume si contraire à la nature; mais ces femmes sont traitées par les autres avec le plus grand mépris, et ne sont employées qu’au service le plus abject. On ne sait quelle est l’ori- Voyage en Chine. 67 gine de cette mode singulière ; elle n’a pas le même motif qui rend les femmes invisibles en Turquie et dans l’Indoustan , puisque les femmes chinoises ne sont point condamnées à la retraite. Une, pra- tique si absurde n’a pu s’introduire que lentement par les conseils et l’exemple de celles qui s’y étoient soumises les premières, comme on voit tous les jours des modes aussi absurdes et moins décentes se répandre parmi nos élégantes de nouvelle création. Les personnes d’un rang élevé sont si difficiles sur la Qualité de l’eau » qu’elles ne boivent que celle quiaété distillée, Tous les Chinois font infuser du thé ou quelques autres Végétaux dans l’eau dont ils font usage ; ils la boivent ordinairement chaude, ainsi que le vin et les autres liquides : dans l'été cependant ils font usage de la glace ; ils s’en servent pour rafraîchir les fruits et les confilures, On sert des morceaux de glace entremélés avec des amandes d’abricots et de noix ) Où des graines et des tranches de la racine chevelue du lien-wha , qui est le y phea nelumbo,et peut être le Lotus des Egyptiens (x). Quoique le thé soit le breuvage général des Chi nois, qu’ils en fassent usage à loutes les- heures du jour, qu’ils en présentent à ceux qui les visilent, ils aiment les liqueurs fortes > Sur-tout dans les provinces du nord. Les mandarins sont adonnés habituelle- ment aux recherches de la table 5 ils font divers re- (1) On a vu ci-dessus s P- 40 , que le nymphea nelumbo et le xymphæa lotus sont les deux plantes aquatiques appelées lotus par les anciens. A, L. M. E 2 68 Voyage. pas par jour avec des viandes fortement assaisonnées, et chaque repas à plusieurs services ; ils emploient une partie de leursmomens de loisir à fumer du tabac mêlé avec des substances odoriférantes , et quelquefois même avec un peu d’opium , ou bien ils mâchent des noix d’arèque. On a remarqué que les Chinois, qui vivent en si grand nombre sur les rivières dont souvent les eaux sont bourbeuses ou mal-saines , ont une méthode de les épurer que la chymie ne leur a pas ceitainement apprise ; mais que la néces- sité leur a découverte : ils mettent dans un bambou percé un petit morceau d’alun ; ils remuent pen- dant quelques minutes l’eau avec le bambou, les particules terreuses se mêlant avec l’alun sont pré- cipitées au fond du vase , et l’eau qui est au dessus ‘reste pure et diaphane. Les habitations des paysans ne sont pas réunies en villages ; elles sont répandues dans la campagne ; leurs cabanes sont propres et commodes ; elles n’ont ni claies ni portes, et le vol ne s’y commet que rare- ment. Les femmes de ces paysans sont l’ame de leur ménage : indépendamment de l’éducation de leurs enfans, elles font tous les travaux de Pintérieur ; elles élèvent des vers à soie ; elles filent du coton, qui , parmi les gens du peuple, est d’un usage gé- néral pour les deux sexes; enfin elles font leurs _étoffes , car les femmes sont les seuls tisserands de Pempire. Toute lutilité dont elles sont dans la fa mille n’adoucit pas l’autorité extraordinaire des maris sur elles ; ils les tiennent à une grande dis- tance d'eux, et ne leur permettent pas toujours de s’asseoir à leur table. Cette supériorité despotique Poyage en Chine. 69 est cependant tempérée par des maximes de dou- ceur dans leur conduite, maximes inculquées dès l'enfance dans toutes les classes de la société. Les hommes âgés qui vivent au milieu de leur famille, modèrent l’impétuosité et la violence des jeunes gens : cette influence est le résuliat des sentimens de la nature, de l’habitude , de l’obéissance, des préceptes, de la morale en harmonie avec les lois, des soins continuels , et de l’art louable qu’em- ploient les parens à cet effet. Dans chaque maison sont écrites des sentences de morale, et il y a toujours quelqu’un en état de les lire aux autres ; les bons exemples de leurs ancêtres sont souvent cités. Les descendans d’une même race visitent en- semble, à des temps marqués, les tombeaux de leurs pères ; ces soins communs unissent les parens les plus éloignés; ces liens heureux entretiennent un ju- térêt réciproque, Le fils doit travailler pour l’entre- tien et le soulagement de son père et de sa mère, le frère doit prendre soin de son frère et de sa sœur sils sont dans l’infortune. Tout homme ré- duit à l’indigence par maladie ou par tout autre ac- cident, a droit d’avoir recours à ses parens mêmes les plus éloignés. Les mœurs, bien plus fortes que les lois, et une affection créée et nourrie par l’iu- {mité , assurent des secours à celui qui a besoin ; voilà pourquoi on ne rencontre point des malheureux excitant la cowpassion ou implorant la charité ; aussi les institutions publiques de bienfaisance sont- elles inutiles dans un pays où la chaîne qui unit tous les membres d’une famille , leur fait trouver entre ES 70 Voyage. eux, sans humiliation, tous les secours qu’ils peu+ vent désirer. Si les infirmités des hommes et la foi- blesse des enfans ne leur donnent pas par le travail la subsistance’ qui leur est nécessaire , ils trouvent dans les manufactures établies dans les maisous, les moyens de se procurer avec peu de force ce qui leur manque. Le respect pour les morts et la somptuosité des funérailles distinguent les Chinois des autres peuples de lPinde, qui célèbrent ce triste événement avec des cérémonies et un appareil trop négligés dans les républiques nouvelles. Dans une de ces pompes funèbres , le corps du mort étoit dans un très-beau cercueil carré, au dessus duquel étoit un dais peint de couleurs très-gaies et l:ès-jolies , précédé par des drapeaux de soie mélançsée. À la suite de ce cer- cueil venoient plusieurs chaises à porteur couvertes de drap blanc, et contenant les femmes de la fa- mille du mort : la couleur blanche est le signe de l’affliction , aussi est-elle soigneusement évitée par ceux qui veulent manifester des sentimens contraires. Dans les mariages, la jeune épouse qui n’a pas en- core été aperçue par son époux, esi portée dans une chaise superbement dorée, ornée de guirlandes de fleurs artificielles, suivie par des parens et des domestiques chargés de son trousseau , seule dot qu’elle ait en se mariant. : Les vêtemens des Chinois, soit ceux qui touchent leurs corps, soit ceux qui sont destinés à la parure, sont en général d’une couleur obscure, et n’exigent ni qu’on les renouvelle , ni qu’on les lave fré- Voyage en Chine, 71 quemment, Les Européens au contraire qui se servent de linge blanc , sont forcés d’en changer et de laver ? l'ampleur des habillemens asiatiques permet aussi de les porter plus long-temps. Les Chinois n’ont point adopté l’usage du linge : leurs tables vernis- sées, ne pouvant être pénétrées par l’eau ni gâtées par la poussière , n’ont pas besoin de nappes ; ils ne se servent pas de draps de lit, et la plupart ne font usage de toile de coton blanc, que dans très- peu d'occasions : pour leslaver, ils les font trem. per dans une eau alkaline qui les dégage des mal- propretés qu’elles contiennent. L’alkali avec lequel ‘ils composent cette lessive est fait avec un fossile blanc très-commun dans les environs de Pékin; ils n’en emploient jamais d’autre, excepté pour se nettoyer la peau; à cette occasion, ils font usage de beaucoup de préparations cosmétiques. Il est vrai- semblable que lusage du linge , qui a préservé les Européens des maladies cutanées , sera adopté par les Chinois, très-sujets à la lèpre. C’est la seule des maladies pour laquelle il y a des hôpitaux régulière- ment établis : on la regarde comme trop contagieuse, pour souffrir que ceux qui en sont affligés com- muniquent avec le reste de la société. L'usage du savon s’élablira avec celui du linge par les relations de commerce avec les Européens; d’ailleurs, les in- grédiens qui entrent dans sa composition se trouvent également en Chine. Un Chinois épouse rarément , ou plutôt il n’épouse jamais une femme qui porte son nom de famille ; mais les fils et les filles de deux sœurs mariées à des E 4 72 Voyage. hommes d’un nom différent se marient souvent en- semble ; ceux de deux frères qui portent le même nom ne le peuvent pas. Les noms n’annoncent ja- mais aucune distinction. Il s’y a point de noblesse héréditaire ; cependant chacun fait beaucoup d’atten- tion à sa généalogie. Celui qui jusqu'à une époque re- culée peut citer ses ancêtres comme s'étant distingués par des vertus privées ou par des services publics, et par les honneurs qu’ils lui ont obtenus du gouverne- ment , est plus respecté que des hommes nouveaux : nous croyons que c'est là la vraie noblesse. Ceux qu’on croit descendre de Confucius sont toujours traités avec une considération particulière. L’ambi- tion d’une origine illustre est si générale, que les em- pereurs ont souvent donné des titres aux aïeux morts d'un homme de mérite. Une institution que les gou- vernemens européens , jaloux d'encourager les bonnes actions et d'empêcher les mauvaises, devroient imi« ter, est l’établissement d’un registre public noramé le Livre du mérite , dans lequel on inscrit tous les exemples frappans d’une conduite estimable , et dans les titres d’un homme on fait mention particulière- ment du nombre de fois que son nom a été inséré sur ce registre ; d’un autre côté, celui qui commet des fautes est dégradé, et non-seulement son titre est ré- duit, mais encore il faut qu’il joigne à son nom le fait pour lequel il a été dégradé. C’est ainsi que, par l’es- poir de la louange et la crainte du blâme, on excite à la vertu , et on répand les bonnes actions. _ Le caprice et la mode n’ont aucun pouvoir sur les Chinois, même sur les dames chinoises. L’habille- F'oyage en Chine. 73 ment qui convient à l’état d’un homme et à la saison de l’année est toujours fait de la même manière. Les femmes n’adoptent de changement que dans l’arran- gement des fleurs et des autres ornemens qu’elles mettent dans leurs cheveux ; elles ont communément un réseau de soie qui leur tient lieu de linge , et elles portent par dessus une veste et de grands calecons de soie qui, lorsqu'il fait froid, sont garnis de four- rure. Une longue robe de satin rassemblée avec grace autour du corps, et nouée avec une ceinture , est pla- cée sur la veste, Les diverses parties de leurs vête- mens sont de couleur différente, et le goût de celle qui les porte se montre dans le choix et le contraste de ces couleurs, Quoique les dames chinoises mettent : l’embonpoint au rang des beautés d’un homme, elles le regardent comme un grand défaut dans leur sexe, et elles s'efforcent de conserver la délicatesse et la finesse de leur taille ; elles laissent croître leurs on- gles, mais elles ne conservent de leurs sourcils qu’une ligne arquée et très-mince. Les femmes chiuoises, de quelque rang qu’elles soient, sont presque toutes privées de l’avantage de lire et d’acquérir des con- noissances, Leur ignorance, leur inexpérience , leur relraite, leur crainte de ceux qu’elles regardent comme leurs supérieurs, les empêchent d’être les amies et les compagnes habituelles de leurs maris. Le goût même que leurs charmes inspirent diminue in- sensiblement , et l’on a moins d’horreur pour des crimes contre nature, lesquels, quoique poursuivis par les moralist:s, le sont rarement par les lois. Par- tout où les femmes ne font pas partie de la société, 74 Voyage. les hommes plus libres dans leurs mœurs se livrent à des allusions déplacées, à des propos grossiers. La politesse extérieure des Chinois est très-cérémonieuses elle consiste en divers mouvemens du corps, en incli- naisons de tête, dans la manière de plier le genou, de tendre la jambe, de joindre et d’écarter les mains. Toutes ces grimaces d’éliquette sont la perfection d’une bonne éducation. Ee célibat est rare à la Chine, même parmi les militaires, et rarement la population est diminuée par la guerre, l’émigration,la navigation étrangère : il est vrai que les mariages sont aussi fé- conds que précoces , ce qu’il faut attribuer à l’établis- sement du système pairiarchal, qui est bien opposé aux vices et aux excès de toute espèce. Nous donnerons encore , dans un troisième et der- nier extrait , quelques détails sur l’agriculture , l’his- toire naturelle, les sciences , les arts, A; J D. BB, CARE RERREESEPRECE PU PEU SAUT ONE VTENERTE PISE RNNENT IIS ONE NPRET TEINTE PHILOSOPHIE. Ds 14 Rérusrique ou Du merireur GourEr- . NEMENT , Ouvrage traduit de Cicéron , et ré- tabli d’après les fragmens et ses autres écrits, avec des notes historiques el critiques , et une dissertation sur l’origine des sciences , des arts, de la philosophie, etc.chexles Romains. A Paris, chez J. J. Fuchs, libraire , rue des Mathurins, hôtel de Cluny, n°.334. An VI, 1798: un vol. in-8°. de 504 pag., sans y comprendre le discours préliminaire de 61 pag. Pinur les ouvrages de Cicéron, dont nous déplo- rions la perte, son Traité de la République tenoit le premier rang. À la vérité nous en avions d’assez nombreux fragmens ; mais tous réunis, ils ne pou- voient nous donner une juste idée de ce traité. Le citcyen B. a voulu réparer les injures du temps, et nous redonner un £i précieux ouvrage, en le sup- pléant d’après tous les autres que l’orateur romain nous a laissés , entreprise très-dificile, et dont l’exé- cution mérite les plus grands éloges. Jusqu’à présent on n’avoit suppléé que des histoires, celles de Salluste, de Tite- Live, de Tacite, de OQuinte-Curce, etc. et malgré les talens de Freinshemius, de Brotier et du président Desbrosses , on est encore embarrassé de décider s'ils ont bien ou mal employé leur temps à ce travail. On ne peut sans doute refuser à Bro- æ 76 Philosophie, tier le talent d’écrire en latin, et d’imiter assez heu- reusement le style du Tacité ; mais cet historien auroil-il tenu toujours le langage que lui prête son éditeur : les exemples en sont trop nombreux et trop connus, pour,n’être pas dispensé de les rapporter. Comment un des écrivains les plus concis, et qui s’at- tache le moins aux détails superflus, se retrouveroit- il dans les longs et savans supplémens que Desbrosses s’est permis de faire à l’histoire de Salluste ? D'ailleurs, il n’est pas difficile de rassembler des faits, et de les intercaler : il en est aulrement des pensées et des raisonnemens. Voiiä néanmoins ce que le citoyen B. vient d’exécuter avec une rare sagacité. Il est pos- sible que Cicéron n'ait pas dit la même choses mais il n’auroit jamais désavoué ce qu’on lui fait dire. C’est ici sa doctrin® religieuse, morale et politique ; c’est encore sa manière de voir et de s’exprimer., Que peut-on demander de plus, après avoir perdu son ouvrage sans espoir de le retrouver ? Cette doc- trine étoit éparse : on la réunit de manière qu’elle en saisit tout l’ensemble, et qu’elle est capable de faire beaucoup plus d'impression. Nous exliortons les hommes réfléchis et impartiaux de méditer conti- nuellement ce livre, qui renferme ‘les ‘oracles de la raison humaine, et sux vérités duquel on n’ev a pas ajouté depuis une seule importante. Ce que Machia= vel, Hobbes et tant d’autres écrivains , aussi pervers etmoinsexcusab'es, ont voulu y opposer, au grand pré- judice de ja société et à l’éternelle honte de l’esprit humain , n’est qu’un tissu de paradoxes révoltans et de ù dont l’absurdité devient encore plus Origine des droits, etc. 77 évidente par la lecture de ce traité de Cicéron. Nous n’en citerons aucun passage , ayant déjà inséré le quatrième livre en entier dans le tom. 31,p. 46r,de la troisième année de notre Magasin : nous allons en donner une connoissance plus étendue , et ce sera sur-tout en suivant l’auteur dans son excellent dis- cours préliminaire. Cicéron étant à sa camp:gne de Cumes, l’an 699 de la fondation de Rome, y commença un Traité Sur le meilleur gouvernement , et sur Les devoirs du citoyen : il devoit être en forme de dialogue, et les principaux interlocuteurs étoient le second Afri. çain, Lœlius, Philus et Pætus Manilius. Quand il eut achevé les deux premiers livres, il en fit la lecture à quelques-uns de ses amis dans sa maison de Tusculum. Salluste, qui étoit de ce nombre , le blâäma de n’avoir point suivi la méthode didactique d’Aristote, et de ne s'être pas attaché assez directement aux graudes révolutions que la république romaine avoit éprou- vées depuis l’époque du second Africain. Cicéron fut si frappé de ces observations , qu’il fut tenté de changer son premier plan : néanmoins il y persista, en réduisant à six seulement les neuf livres qu’il s’étoit d’abord proposé de composer. Ce Traité, pu- blié sous cette forme, passoit pour être le chef- d’œuvre de Cicéron, qui l’affectionnoit beaucoup. C’est le seul ouvrage de politique que la littérature ro- maine ait produit, Souvent , dans ses autres ouvrages, il rappelle les matières qui y étoient traitées dans celui-ci. Il n’avoit même fait son ouvrage des lois, que pour donner plus en détail celles qui dérivoient: 78 Philosophie. des principes qu’il avoit établis dans sa république : ce qui étoit purement théorique, devoit être le même dans les deux Traités. D’après toutes ces réflexions, le citoyen B. a entrepris de lier les fragmens qui existent encore de la république de Cicéron, par des passages analogues tirés de ses autres écrits ; et il y a parfaitement réussi sans autres secours étrangers que des fragnens de Salluste, et quelques passages très-courts de Tite-Live et de Florus, que la liaison des faits l’a obligé d’eniployer. On ne trouvera plus à la vérité, dans ce livre, la forme de dialogue ; mais en faisant parler Cicéron directement, l’on 4 suivi l’idée que Sailuste lui avoit suggérée, et dont il paroissoit s'être écarté à regret. Par ce moyen, on y fait entrer tout ce qui s’éloit passé à Rome , depuis l’époque de Scipion, où le premier plan de Cicéron l’avoit forcé de s'arrêter , jusques après la mort de César, qui touche de près à celle de Cicéron. C’est à cette dernière époque que ce nouveau Traité est censé écrit. Les ouvrages de Ci- céron ont encore fourm des matériaux pour remplir cette période. Quoique Cicéron fût sont; dans le Traité de la république comme dans celui des lois, aux prerniers principes du droit, il s’étoit principalement attaché à montrer l’excellence des institutions romaines, La même vue a dirigé le rédacteur du nouveau Traité : c’est d’après l’indicatios des fragmens qu’il a arrangé ses matériaux ; et quand un pareil guide Îui manque, il suit l'esprit général de l’ouvrage. Par ce moyen, il a pu yÿ faire entrer tous les priacipes , ou si l’on Origine des droits, etc. 79 veut, toutes les pensées politiques éparses dans les divers ouvrages de Cicéron. Outre les fragmens du Traité de la république , il en reste de plusieurs autres écrits de Cicéron, qui sont également perdus : le citoyen B. a employé presque tous ceux qui méri- toient quelqu’attention. De cette manière, il a mis à portée d’être mieux connus une infinité de lambeaux précieux dont on ne faisoit que peu de cas, à cause seulement qu’ils étoient isolés. Le Traité de la république ainsi restauré, con- tient, comme l’ancien , un tableau historique des institutions romaines : elles forment le sujet principal du premier et du second livre. Par une suite de Punion que Cicéron, à l’exemple des anciens sages, avoit établie entre la morale et la politique, les prin- cipales questions de lune et de l’autre se trouvent souvent traitées ensemble. Dans le troisième livre sur-tout, on discute ce qui a été dit de plus essentiel sur des objets si importans : on y remonte à l’origine de la société , à l’essence de la loi et des devoirs, à ces principes incontestables pour tous les vrais phi- losophes, qui déterminent la différence éternelle du bien et du mal, les fondemens du bonheur public et particulier. C’est dans ce livre que sont placés les fameux argumens de Carnéades contre la justice, que Lactance a conservés, et qu’il jugeoit , avec raison, - insolubles à la raison humaine, destituée du secours de la religion. On a cependant tiré des autres écrits de Cicéron , des réponses qui , sans être péremptoires, sont du moins fort plausibles. Dans le même livre on trouve cette belle définition de la loi natu- 80 Philosophie, relle, dont tous ceux qui ont écrit sur la même ras tière n’ont jamais manqué d’embellir leurs ouvrages. La nature et le caractère des divers gouverne- mens y sont également definis : l’on y parle des orages inséparables du gouvernement populaire , ainsi que du triomphe tard:f peut-être , maïs presque toujours assuré de la vertu injustement opprimées L’inflience du climat qu’on croyoit une découverte moderne , quoiqu’Hérodote, Hippocrate et Aristote en aient parlé d’une manière très- précise, n’est point oubliée dans ce même livre. La nécessité de l'éducation , les règles qui doivent la diriger , les devoirs du magistrat et du citoyen, le respect réel et non simulé dû aux propriétés, occupent presque tout le quatrième livre. Le cinquième commence par un très-beau fragment , le seul même qui soit resté de ce livre, sur la force des mœurs anciennes, et lPappui qu’elles prêtoient à la république. Après avoir fait un tableau tiès-détaillé de ces mœurs, on indique l’époque et la cause de leur décadence, et l’on montre ce qu’eiles éloient devenues à l’é- poque où ce traité est censé avoir été écrit. Les œuvres de Cicéron sont une mine très-ri- che d’érudition, qui n’est pas encore totalement épuisée : il avoit fait sur-tout ure étude très-appro+ fondie des dogmes de l’école de Pythagore et de celle de Platon , qui étoient en partie, et sous cer- tains rapports, ceux de l'ancienne philosophie ou de l’ancienne théologie. Outre divers passages concernant l’existence de Dieu, l’immortalité de VPame répandue dans les autres livres , Les dogme, religieux | Origine des droits , etc. ëi religieux de Pancienne philosophie sont tous expo< sés et récapitulés dans le sixième , consécré unique ment à ces matières. Le songe de Scipion qui le termine, est’ un excellent abrégé de la doctrine pla- tonicienne sur cet objet important, Ce livre montre sur-tout l’emploi que la politique romaine avoit fait du ressort puissant et nécessäire de la religion. Lejudicieux auteur présente encore , dans son dis- cours préliminaire > ue analyse des principes poli- tiques qui sont la base du traité de la république. Ceite analyse est suivie d’un tableau rapide de Ja vie civile et politique de Cicéron, d’après ses pro- pres écrits et l’excellente histoire qu’en à faite Mideleton. ERA On trouve encore dans cet ouvrage les opinions de l'antiquité sur la liberté , l'égalité, le cas que l’on doit faire du commerce, ainsi que des autres arts et professions # il y est question de l’influente de la musique et de la poésie, | Disons à présent quelque chose des notes et de la dissertation qui les suit, Ces notes renferment d’a- bord une indication exacte des pässages de Cicéron, qu’on a employés dans la rédaction de l'ouvrage. . Comme la plupart de ces passages étoient très- Courts, et ne donnoient pas toujours une notion bien claire ; sur-tout pour les personnes qui w’a- voient pas fait une étude apptofondie de l’histoire romaine , des objets dont ils parloient, on y a joint des développemens, Par ce moyen , on peut se faire une idée fort riette des institutions romaines. Quoique le champ fût très- vaste pour étaler beaucoup » Tome 11. FE 8 Paitoroph d’érudition , Pauteur en est cependant très-sobre ; ‘ilne dit que ce qui est nécessaire , ct ne rappellè les témoignages des anciens, celui même de Ci- céron , qu'avec le discernement “dé la critique. ïl indique quelquefois les erreurs et les contradictions dans lesquelles cet écrivain est tombé comme tous les autres. Il prouve sur-tout combien il y a peu à: compter sur les premiers monumens de l’histoire romaine. Dans quelques occasions > il rapproche très- bien les institutions romaines de celles des plu célèbres républiques de la Grèce. Sa dissertation a pour objet d'examiner uné assèr. tion qui est souvent répétée dans les ouvrages de Cicé= Ton, que les lumières qui éclairoient la grande Grèce avoient pénétré jusqu’à Rome dans les premiers temps de sa fondation, et y avoient répandu des connois- sances que ceux qui regardent ses premiers habiläns comme un ramas de fugitifs et de bannis ne seront pâs tentés de leur accorder. On remarque d’abord le mystère et la réserve avec lesquels on cultivoit les sciences chez les än- ciens peuples. Les prêtres ; et les philosophes après eux,quien furent les dépositaires exclusifs, ne les corà- muniquèrent qu’à ceux de leurs disciples, de la dis- crétion des quelsils s’étoient assurés par des épreuves réitérées. Après cette observation , l’auteur recherche ce que c’étoit que la gr ande Grèce et la docirine qu’on y enseignoit : il n ‘oublie rien pour môntrer que cette doctrine étoit antérieure à Pythagore, auquel on l’attribue communément : qu ‘elle étoit connue de Numa qu’on a fait mal à propos son disciple, plis À LS | ! l + re Origine des droits, éte. 83 qu’il l’a précédé d'environ deux siècles. Les premiers fois de Rome étoient instruits dans l’art de la divi- hation et des augures; qui n’étoit point de leur temps, comme il le fut crsuite, une science mensongère, ais une connoissance tfès-profonde de la nature. Les prêtres en furent les dépositaires après eux. Le foyer de cette science étoit dans l'Étrurie; où, comme dans la grande Grèce ; on la cultivoit avéc soins Les monus+ . fnens existans encore dés anciens tois de Rome, les lois par lesquelles ils jetèrent les fondemens de sa prospérité, cellés qu’on ÿ ajouta sous les premiers Consuls , semblent prouver que ceux qui fondèrent la république n’étoiént päs inoins habiles en politique que ceux quila détruisirent.Les prêtres charges du dé- pôt précieux des sciences, le laissèrent dégénérer ou & perdre par négligence. On ignore l’époque de cette honteuse décale ce. Le citoyen B. fait voir ensuite par un exposé suc- &inct de la philosophie moderne des G ecs, qu bien loin qu'elle ait poli et éclairé les Romains, comme où le croit communé:nert, elle ne servit qu’à les cor- rompre, effet qu’elle avoit déjà produit sur les Grecs eux-mêmes. Cicéron a été encore le principal guide ‘qu’il a sufvi dans cette partie de l’ouvrage, On à regardé comme un paradoxe ce qu’a dit un philoso- phe moderne, que les progrès du luxe et de la cor ruption nesuivoient toujours celuideslettres que parce qu’on a pris pour des progrès la prostitution que l’ou a faite de la science. L'auteur de la dissertation se flatte de justifier ce prétendu paradoxe par l’exposé de la dépravation, des brigandages, de la mollesse, KE 2 84 … Philosophie... du luxe , de l’égoïsme , du méptis de ses devoirs, si envers la patrie, soit envers ses concitoyens, que l’o vitse propager d’une manière aussi rapide qu £ frayante du moment que Îles principes de la philoso- phie des Grecs , et sur-tout de celle d’Epicure, se furent introduits à Rome. | En applaudissant à ces dernières observations, et après avoir reconnu tout le danger de prostituer la science, nous osons être d’un avis différent du citoyen B. sur les prétendues connoissances des premiers Ro- mains. La vanité nationale, toujours fertile en men- songes , a fait soutenir à Cicéron ce paradoxe desti- tué de fondement. On ne cultive les lettres que dans le sein de la paix: tout peuple essentiellement guer- rier est ignorant, et le régime militaire entretient ou amène la barbarie. Ce ne fut qu'après la seconde guerre Punique, lorsque l’Ttalie cessa d’être le théâtre de la guerre, que les Romaius, jusqu’alors de vrais barbares, eurent queiques notions des arts et de la littérature : s’ils élevèrent des monumens, ce n’étoit pas leur ouvrage, mais celui des Fa, a On trouve des preuves multipliées de ce que nous avançons, et P Spinien commune est à cet égard très - bien fondée. Nous n’avons dissimulé ausune des raisons contraires, etnous avons fait les fonctions d’un fidelie rapporteur en parlant de la dissertation du citoyen B. Il seroit trop long d’en discuter tous les points. Nous ne pou- vons encore être de son avis, sur ces connoissances primitives qu’on suppose avoir été conservées dans les mystères d’Eleusis et de Saämothrace. C’étoit un rêve des Stoïciens et des Epicuriens ; mais comme … Re TS es _ Origine des droits, etc. 85 nous en avons parlé dans un ouvrage partiçulier, et que nous y reviendrons encore, il seroit superflu de nous y arrêter ici. D’ailleurs, de pareilles questions ne se décident point par des hypothèses sénérales, dont une étude approfondie de l’antiquité d‘“montre pres- que toujours la fausseté ou l’insuffisance. Cette ré- flexion n’est nullement applicable à la dissertation du citoyen B., où règne une critique savante et éclairée. Le style de cet ouvrage est clair, facile et naturel, et quelquelois il a plus d’agrémens que celui des traductions de d’Olivet : en un mot, il donne du clioyen B. une grande idée, et lui mérite la recon- noissance de ses contemporains et de la postérité. Au reste , l’exécution de cet ouvrage fait honneur aux presses du citoyeu Lottin, $. C. & F3 BIOGRAPHIE. Mémorrxs de Paur Jones, où il expose ses principaux services , et rappelle ce qui lui est arrivé de plus remarquable pendant Le cours de la révolution américaine, particulièrement en Europe, écrits par lui-même en anglais, et traduits sous ses yeux pur le citoyen ANDRÉ. À Paris, chez Louis, libraire, rue Saint- Séverin, n°, 110, An VI, 1798, ( In-16 de 244 pag. , outre 79 de préface }. J ouN-Pauz Jones est le premier marin de l’Amé- rique septentrionale libre, Celle-ci n’étoit que sa patrie adoptive, Il étoit né en Ecosse; aux environs de la terre du comt- de Seiki k, on ne sait au juste en quelle année. Le 8 août 1776, sa commission de capitaine de la marine des Etats-Unis lui fut remise par le président du congrès, qui n’en avoit encore accordé aucune autre depuis la déclaration de l’in« dépendante , faite le 4 juillet précédent, La cons- truction de 13 frégates avoit bien été ordonnée ; mais il n’y en avoit aucune en état, et Paul Jones eut ordre de mettre en mer seul, et d'agir contre l’en-. nemi de la manière qu'il jugeroit la plus favorable aux intérêts des Etats-Unis. Il monta la Provcdence , bâtiment de peu de force, ne portant que 7a hommes et r2 petits canons, En six semaines et cinq jours de temps, il fit seize prises, sans y comprendre les bâ- fimens détruits; soutiat konorablement deux combats Mémoires de Paul Jones. 87 -contre des forces très-sup/rieures , et ravagea les pé- cheries anglaises à l’île Madame. Il rendit de nou- veaux services aux Etats-Unis, comme commandant de Alfred. Le 5 février suivant le congrès lui ex- _ pédia des ordres de Philadelphie , pour éommander et conduire une expédition secrète ; maïs la jalousie de M. Hopkins , nommé commandant de la marine américaine, fit avorter le projet. Peu de temps après, le congrès chargea Paul Jones d’armer le Ranger, frégate de 18 canons , pour aller prendre en Hol- lande le commandement de Indienne , qui y étoit en construction pour le compte des Etats-Unis, et auprès de laquelle il auroit gardé le Ranger pour l'accompagner. — Le 2 décembre 1777 il apporta à Nantes l’importante nouvelle de la capitulation du général Burgoyne, qui avoit été obligé de se rendre ‘à Saratoga avec toute son armée. Cet événement dé- ‘cida la France À reconnoître l’indépendance améri- caine, et à conclure avec les Etats-Unis un traité d'alliance , Signé à Versailles le 6 février 1778. Dans la suite de ces Mémoires, Paul Jones rend compte de plusieurs projets et entreprises qu’il conçut ou tenta successivement pour la cause commune de la France et des Etats-Unis, ainsi que des obstacles qui entraversèrent plusieurs. Fr mois de février 1776, le parlement d'Angleterre avoit autorisé Georges ITI à traiter tous les Américains pris en mer les armes à la main, comme traîtres, pirates et felons. « Cette » cree ce , dit Paul Jones, me rendit, plus » qu ’aucun eutre , l’ennemi déclaré de la Grande- F4 , Ee Biographie. » » » » 6 Y °° N- v. 3 Bretagne. — Dès le commencement de la guerre en Amérique, l’échange des prisonniers pour le ser- vice de terre avoit été arrêté entre le général Washington et les généraux anglais : malgré tout son orgueil, la Graude-Bretagne avoit été obligée de se plier à cet arrangement. — Mais il n’en étoit pas de même pour le service de mer : être pris les armes à la main contre elle sur son empire pré- tendu de l'Océan, e’étoit un crime irrémissible. — Si, à l’époque de cet acte du parlement d’An- gleterre, continue-t-il, on compare les forces de la marine anglaise avec celles de la marine de l’Amé- rique , on trouve que le rapport de celle-ci à la première n’est guère que d’un à cent. Noblesenfans de la liberté , que ceci soit la base de votre glos rieuse renommée ! Puissent vos ennemis se ressou- venir à jamais combien furent vains les excès de leur cruauté ; que, loin d’abattre votre courage, ils n’aboutirent qu’à vous forcer de soutenir, par des prodises de valeur, le pavillon américain sur cet Océan que l’auteur de la nature créa libre ! » Justement indigné du traitement barbare que les Anglais faisoient éprouver aux Américains, Paul Jones résolut de tenter les plus grands efforts pour les venger. Il n’avoit point reçu d’ordres pour la réparation de ces malheurs ; il n’avoit même pas communiqué ses desseins aux ministres américains résidans à Paris, maisil ne s’en proposa pas moins de faire une descente dans quelque partie de lAn- gleterre, d’y brüler ses bâtimens marchands , et sur- tout de faire prisouuier quelque personnage de dis- Re D PTT PR ST APE VE SRPTES a Mémoires de Paul Jones, 89 tinction qu’il pourroit retenir comme ôtage pour sureté de la vie et du rachat des Américains pour lors prisonniers en Angleterre, Il mit à la voile de Brest , malgré les oppositions de ses lieut: nans, plus avides de gain que d'honneur 3 il réussit le 22 août , à eflectuer la descente dans le port de White-Hcaven, dans le duché de Cumberland , à l’entrée du golfe de Solway , près de PEcosse. Il engagea avec beau- coup de peine trente volontaires à l’accompaguer à terre, et avec celte poignée de monde il quitta le Ranger à onze heures du soir ; il envoya la plu- part de ses canots au nord du port, pour mettre le feu aux bâtimeng marchands étrangers et autres, qui y trouvoient au nombre d’environ 400. « Je » m’avancai, dit-il, au midi avec l’autre canot, » pour me rendre maître du fort de la batterie. Le », fort fut enlevé d’assaut : on ne se servit point pour » celà d’échelles ; mais on monta sur les épaules des » hommes les plus grands et les plus robustes , et l'on » entra par les embrasures, Comme c’étoil moi quicom” », mandois celte opération , je fus aussi le premier qui » entrai dans le fort. La niatinée étoit froide, les » sentinelles s’étoient retirées dans leur corps-de- » garde , ne s’atiesdant pas à une visite ennemie. » M’Ctant assuré de leur poste , il n’y eut point de » sang répandu ; les trente-six canons du fort et » de la batterie furent encloués sur le champ, et » je m’avançai enfin vers la partie méridionale du » fort pour y brûler les bâtimens, quand, à mon » erand étonnement , je vis que le canot envoyé au » nord étoit de relour sans avoir rien exécuté: o Biographie. » Ceux qui le montoient , s’étoient laissés intimider % par certains bruits. — Je réunis mes petites for- » ces pour lâcher de faire au midi un feu si con- sidérable, qu’il pût devenir général. En eflet, le feu se communiqua et s’éleva à une grande hau- teur ; mais, comme il étoit à peu près huit heures du matin, et que les habitans accouroient par milliers, je-ne pouvois plus différer ma retraite : je la fis en très-bon ordre, Quand tout mon monde fut rembarqué , je me mis encore pendant quelques wiinutes sur le mole extérieur, pour voir à mon aise la terreur panique des habitans, qui, au nombre pour le mains de dix mille, restoient immobiles commes des statues ; ou courojent çà et là comme des insensés , pour gagner les éminences au-delà de la ville, » De retour à bord du Ranger , le vent étant fa- vorable, Paul Jones fit voile pour les côtes, d'E- cosse. Son intention éloit de faire prisonnier, et de garder pour ôtage le comte de Selkirk. Pour cela, le même jour, vers midi, n’ayant avec lui dans un seul canot que deux officiers et une petite garde, ‘il descendit dans la terre de ce seigneur, qui mal- heureusement se trouva absent ; ce qu’ayant ap- pris , Paul Jones voulut de suite retourner à son bord ; mais cette conduite modérée n'étoit pas du goût de son monde. Il falloit trouver un biais qui satisfit à la fois la cupidité de son équipage, et secondât les ménagemens que le capitaine croyoit devoir à lady Selkirk. « Le moyen, dit-il, qui me » parut le plus propre à tout concitier, fut d'ordonner Mémoires de Paul Jones. 91 » aux deux officiers de se rendre au château avec » ma garde, qui devoit rester en dehors sous | $ » armes, peudant qu’ils entreroient seuls ; pour lors » ils devoient den ancer poliment l’argenterie de » famille, acc-pter ce qu’on leur donreroit, et reve- » nir aussitôt sans se permettre aucune recherche, » Je fus obéi ponctuellement. » Paul Jones savoit que la frégate anglaise, le Drake,étoit à l’ancre à la rade de Carrak Fergus (au nord de l’Irlande, vis-à-vis la côte méridionale de PEcosse ). Elle portoit deux canons de plus que le Ranger (20), et presque le double d’hommes. Le combat eut lieu à la portée du pistolet ; il dura avec une grande vivacité peudant une heure cinq minutes , après quoi la frégate anglaise baissa pavillon , ayant eu son capitaine et son lieutenant blessés à mort : quarante-deux hommes furent de plus tués ou blessés à bord du Drake, et le vais- seau fut fort endommagé dans ses mâts et ses agrès, Avec le Ranger, le Drake et une autre de ses prises , Paul Jones arriva à Brest le 7 mai, n'ayant été absent que vingt-huit jours, ayant fait plus de deux cents prisonniers , et brûlé ou coulé à fond plusieurs bâtimens. Nous renvoyons aux Mémoires mêmes de Paul Jones ceux qui voudront prendre connoissance de tous les projets qu’il concut successivement pour Tutibté du service dont il éloit chargé, ainsi que des contrariétés et des dégoûts qu’il ÿ éprouva. Nous ne voulons plus parler que du fait militaire qui 92 Biographie. mit le sceau à sa réputation ; savoir, son combat avec le Sérapuis , le 23 septembre 1579, à la hau- teur du cap de Flamborot gh. Le Sérapes , vaisseau neuf anglais > qui pouveit monter 56 canons et qui en montoii 44, et ceux balteries, dont une de 18 livres de balles, escortoit, avec la Comtesse de Scarborough, frégate neuve. rortant une batterie de 22 canons , une floite ang'aise revenant de la Bal- tique. Paul Jones commandoit alors le Bon-Honime Richa!d, frégate de 34 canons, dont la batterie étoit de douze livres de balles. Il n’est guère possible d'imaginer un combat plus inégal, plus acharvé et plus glorieux : il en faut voir les détails dans Île récit de notre héros. Le Bon-Homme Richard recourut au dangereux expédient de jeter le gra- pin (1) sur le Sérapis , et les deux vaisseaux se battirent bord à bord, et cnflammés l’un et l’autre : Ja bataille dura plus de quatre heures, Eufin, le Sérapis amena son pavillon et se rendit. Le lende- main le Bon - Homme Richard coula à fond 3 et Paul Jones ayant pris le commandement du Sérapis ; gegna au out de dix jours le Texel, où il resta dans la position la plus critique jusqu’au 27 seplembre , époque à laquelle il parvint à trom- per la vigilance des Anglais avec la frégatte !” 41- lance , qu’il conduisit au port de lOrient le 10 (1) Jeter le grapin. Des matelots se plaçent à cheval sur la bout des vergues, armés chacun d’un grapin enchainé,; qu'ils acerochent dans les haubans de l’ennemi, tandis que ceux qui sont dans les hunes font pleuvuir les grepades sur son pont : c'estle evumbat le plus terrible qu’on eonnoisse sur mer. Mémoires de Paul Jones. | 93 février 1780. Louix XVI lui conféra peu aprèsson arrivée l’ordre du mérite militaire, et le gratifia d’une épée d’or, sur laquelle étoient gravées ces paroles : | FVindicati maris Ludovicus X WI Remunerator Strenuo vindici, Ce témoignage de bienveillance consola Paz! Jones de beaucoup de nouvelles contradictions qu’il eut à essuyer jusqu’à son départ pour Philadelphie, sur la frégate l Ariel , qui n'’étoit que de 20 canons. Il fut de retour dans sa patrie vers la fin de fé- vrier 1761. Le 14 avril de la même année , le congrès passa un acte par lequel il approuvoit toute ia conduite de Paul Jones, le remerciant « du zèle, de la pru- » denté et de l’intrépidité avec lesquels il avoit sou- » tenu l’honneur du pavillon américain; de ses en- treprises heureuses et hardies pour racheter de la captivité les citoyens d’Ainérique , tombés au pouvoir de l’ennemi. » Quelques temps après le congrès fit frapper une médaille d’or en l’honneut de Paul Jones : il étoit le sixième officier améris cain honoré de cette marque de distinction (2); maïs toutes les cinq médailles antérieurement accordées (2) Les cinq autres furent les généraux f'ashingion, Gates, IVayne, Morgan et Green , pour diférens faits mili- taires d’une importance majeure dans la révolution améri- caine. “ ü4 Biographie. l’avoiént été daris ün moment d'enthousiasme. Paul Jones eut la satisfaction unique de recevoir le même honneur, par la voix unanime des Etats-Unis en congrès , le 16 octobre 1787, en récompeusé des services qu’il avoit rendus huit ans auparavant, De nouvelles intrigues suspendirent , et enfin la paix générale signée à Paris le 3 septembre 1783, termina le cours des valeureux exploits de Paul Jones: Le congrès Pautorisa, par un acte passé à Pi ince-Town le r novembre suivant ; à repasser eñ France pour y exercer des réclamations importantes: T1 ne paroît pas qu’il soit retourné depuis eh Amé+ rique ; et ici se borne le récit de ses Mémoires, auxquels son éditeur , le citoyen André, a seule- ment ajouté qu’ mourut à Paris, rue de Tournen, âgé d'envrron 56 ans.( Préface ; pag. 16 ). Nous nous rappelons qu’il fit un voyage en Russie, d’où il re: int en France assez mécontent ; ét que la Con- vention nationale assista , par une députation 50- lernelle, à ses obsèques,qui eurent lieu au cimetière des Protestans , le 20 juillet 1792. L’auteur de cet article y prononca sur le bord de sa fosse un court éloge. Dans la préface de l’éditeur, nous sbcééilléronts encore sur Paul Jones les traits suivans : ïl étoit petit, mais fort et robuste, d’une concep- tion vive, et d’un caractère plus près de la moro- sité que de l’enjouement. Son caractère impérieux ét avide de gloire le rendoit tyran sur son bord : capäblé de concevoir les projets les plus hardis, il n’étoit jémèss embarrassé sur les moyens d'exécution. Mémoires de Paul Jones, 95 Ïl possédoit dans l’action un sang - froid admirable : les réclamations relatives à ses prises, dont ses Mé- moires sont remplis, prouvent qu’il w’étoit rien moins qu ‘indifférent à l'intérêt. Cependant on connoit de Jui plusieurs traits d’une générosité peu commune. Son courage si audacieux sur mer , étoit à terre plus qu'équivoque : il y fut plus d’une fois l’objet de pro- vocations sérieuses, auxquelles il n’eut rte de ré- pondre, — Parmi les traits de sa, vie qu’on aime à citer, le suivaut est d’une grandeur admirable, et annonce un homme qui sent toutes ses ressources et toute sa dignité. Après son combat avec le Sérapis , il s’étoit, comme on l’a vu, rendu au Texel : les vais. seaux ennemis qui vinrent aussitôt en assiéger l’en- trée, ne lui permettoient plus d’en sortir sans courir : Je AT imminent danger d’être pris et exposé à de cruelles vengeances. M. de Faudreuil lengagea, pour sauver sa frégate, à prendre une commission française : il refusa, parce qu’il avoit fait sa dé- claration comme officier aréricain, et qu’il ne vou- loit point avilir le pavillon des Etats-Unis, que lui- même le premier avoit arboré de ses mains. Nous prendrons encore dans les Mémoires mêmes de Paul Jones les deux traitssuivans: il rend raison, pag. 154, pourquoi il ne se rebuta point par des passe- droits etdes affronts qui eussent été inadmissibles dans un service bien ordonné. « Je ne combatiois pas, dit- » il, pour la préséance de rang : mon ambition se » Portoit vers la liberté de l'Amérique , et j’étois » disposé à faire les plus grandssacrifices à cette causes » je me considérois mêrnè moins comme un officier 96 Biographie. du congrès , que comme un homme qui combat pour la cause du genre humain, | » L'intérêt, dit-il pag. 187, ne fut jamais la source » de mes actions publiques ! j'avois de plus nobles » motifs; et loin de m’enrichir par la révolution qui » s’est faite en Amérique, j’ai consacré à ce grand La Li) s- » objet les dix plus belles années de ma vie, et sans interruption , ainsi que mon repos, une partie de » ma fortune et mon sang. » Nous avous été charmés sur-tout de trouver parmi les pièces justificatives qui sont à la suite de ces Mémoires, une cor respondance que nous con noissions depuis long-temps entre Paul Jones et un illustre patriote batave Van de Capellen tot de “Pol, dans laqueile Paul Jones se lave des re- FREE qui lui avoient été faits par les Auglais, rela- tivement à sa descente à White-Heaven et à sa con- duite envers la comtesse de Selkirk. Rien ne paroît plus étranger au caractère que, du vivant de Paul Jones, lui prêtoit l’opinion vulgaire , que ses lettres au baron Jan de Capellen, à Jaquelle il faut réunir celle à la comtesse de Selkirk elle-même, n°. XXII. Elles annoncent à la fois l’homme sensible, géné- reux, le penseur philanthrope, et elles sont dignes en quelque sorte de la galanterie et de la délicatesse de l'antique chevalerie. On voit que Paul Jones ne descendit à White-Heaven,que dans l'intention d’en- lever lord Selkirk pour le détenir jusqu’à ce qu’on eût, par son moyen, effectué un échange général des prisonniers, tant en Europe qu’en Amérique ; qu'ayant appris de quelques gens qu il rencontra à terre L4 Mémoires de Paul Jones: 97 terre, que ce lord étoit absent, il s’en retournoit à son bord , déterminé à quitter l’île; mais que quelques- uns de ses officiers exprimèrent leur mécontentement à ce sujet, attendu la manière très-diférente dont les Anglais se conduisoient envers les Américains 3 qu’il ne trouva pas de moyen plus convenable de sa- tisfaire ses officiers, qu’en leur permettant la mise en réquisition de l’argenterie du lord , accompagnée toutefois de tous les procédés les plus honnêtes et les plus loyaux, et avec la ferme résolution de devenir acquéreur de cette argenterie quand elle seroit ven- due , et de la rendre à ses légitimes possesseurs; ce qui eut lieu en effet sitôt que la chose fut possible. Nos lecteurs nous sauront gré de citer au moins quel- ques passages, « Bien que j’aie tiré l’épée pour le soutien Ne » droits de l’homme, écrit Paul Jones à lady Sel- kirk , je ne suis cependant pas sous les armes, seu- lement en qualité d’Américain, ni dans l’intention d’amasser des richesses. Ma fortune est suffisante, n’ayant ni femme ni enfans, et ayant vécu assez pour savoir que les richesses n’assurent pas le bon- heur. Je fais profession d’être citoyen du monde, absolument étranger aux distinctions de climats ou de pays, qui diminuent la bienveillance du cœur, et mettent des bornes à la philanthropie. Avant le commencement de cette guerre j’avois, dans le printemps de ma vie, abandonné le service de mer , afin de jouir en paix de l’étude et des dou- » ceurs de la poésie. J’ai non-seulement fait le sacri- » fice de mon projet favori d’existence , mais même Tome Il. G W'LLV VU 29 VON ss a Sd 08 Biographie. » des plus tendres affections de mon cœur et de ma » perspective de bonheur domestique. Je suis encore » prêt à sacrifier ma vie, si ce sacrifice pouvoit rendre » la paix et lPunion au genre humain. « J'espere que cette cruelle contestation sera bien- tôt terminée ; mais dans le cas où elle continueroit, je ne ferai jamais la guerre aux belles ; je recon- nois leur puissance , et me prosterne devant elles avec une profonde soumission. Que l’aimable com- tesse de S:lkirk ne me regarde donc pas comme un ennemi ; je recherche son estime et son amitié, et je ferai tout ce qui sera compatible avec l’hon- neur pour les métiter , etc. » Ces Mémoires, écrits de la propre main de Paul Jones ; n’étoient pas destinés à l’impression. Il se pro- posoit d’en faire tirer cinq copies, pour le roi, pour les ministres de Castries, Vergennes , etc. Ils ont été traduits sous ses yeux par l’éditeur, le citoyen André , traducteur de l’Histoire abrégée de l’em- pire britannique , par Plowden, 2 vol. in-8°, On a choisi le même format des Vies des plus célèbres marins, par Richer , afin qu’ils puissent faire suite à cette collection estimée. P. H. M. GÉSRNRUPEALIRSACEE D OCEAN ER GC RREN ANT PT PTE SET PT TT BIBLIOGRAPHIE. Norrce d’unroman très-rare de RENÉ BERTAUT, sieur de la Grise , intitulé la Pénitence d'Amour. L, Pénitence d'Amour , sans nom de lieu et d’imprimeur, 1537, in-16, feuillets non chifirés, mais signaturés, depuis @ jusqu’à 2 inclusivement, caractèsre ronds , avec figures gravées en bois : c’est un roman écrit en prose des amours de Lancelot, chevalier français , et de Lucrèce, fille du seigneur de la Roche. L’auteur feint qu’en octobre 1530 , « re- » tournant d’un voyage d’Italie à l’endroit de Parme, » tirant à Rochebiuncque, » il rencontra un gentil- homme qui lui demanda sil avoit entendu parler d’un jugement rendu à tort et contre raison, contre un chevalier, et contre une demoiselle qui auroit dù porter une peine plus rigoureuse que le che- valier. Ce récit paroissant fort énigmatique à l’au- teur , il prie le gentilhomme de lui raconter l’his- toire en détail ; ce que celui-ci fait longuement et d’une manière à fatiguer souvent le lecteur : voici le canevas du roman. Un chevalier français, nommé Lancelot , devient éperduement amoureux de Lu- crèce , qui, pendant long-temps , refuse de l’écou- ter , et qui finit par donner au chevalier un rendez- vous de nuit dans sa chambre : les deux amans y sont surpris par le père de la demoiselle , qui entre en fureur , les fait arrêter tous deux , assemble un conseil où l’on décide que tous deux seront enfermés G 3 760 Bibliographuiess 7 + 00 er00 0 pendant sept ans, séparément l’un de l’autre. Le temps de la captivité fini, le’ père de la demoiselle cousent à la niarier avec Lancelot, qui en a un fils et une fille, Fêtes, tournois à l’occasion de ce ma- riage ; la journée du bonheur des deux époux ne fut pas longue , puisque Lucrèce mourut bientôt : le mari est inconsolable ; il veut se tuer, et il‘refuse toutes consolations. Cette prison de sept ans à la- quelle furent condamnés les deux amans, et le parti que prit Lancelot après la mort de sa femme, de s’établir auprès du lieu où elle étoit enterrée pour y faire pénitence du crime qu’il avoit commis en sé- duisant Lucrèce, crime que la justice divine avoit puni par la moit d’une épouse qui faisoit son bon- keur, c2s deux faits ont autorisé l’auteur à intituler son livre {a Pénitence d'Amour. Ce roman est-il traduit ou imité de litalien ? Plusieurs endroits me portent à le croire. Lancelot, éconduit d’abord par Lucrèce, s'adresse (feuillet b ij ) à Dieu , qu’il prie de le mettre en bon chemin , etc. idée ront à fait ita- lienne. Il s’enhardit à écrire à sa belle, et il accom- pagne sa lettre « d’une chaîne et d’un tableau d’or, » auquel sont Les quatre évangélistes , avec cette » légende autour : Je dois à voslouanges ce que » ces quatre ont dit de vérité de la Trinité.» Comme il mwavoit pas été écouté favorablement, il se détermine à récrire, et il joiut à sa seconde lettre une bague d’or qu£ étoit une sépulture d'or; et La mort étoit auprès , avc eette légende : La malheureuse ve fait que le corps ne mé- rite sépulture , pour être mort désespéré. Lucrèce - Notice sur Bertaut. deb se détermine enfin à écrire au chevalier ; maïs d’un ton fâché de sa hardiesse , en joignant à sa letire une viellesans cordes , avec ces mots : Ne tiens point plus d'espérance d'atteindre ce que tu penses , que de faire résonner cet instrument sans cordes. Autre letire du chevalier à sa belle, avec une médaille d’or de la représentation d’un prison- nier erferré par le cou , etc. Toutes ces idées, celle sur-tout du tableau des quatre évangélistes, et plusieurs autres du roman, sentent assurément le génie italien. Mais que notre Pénitence d'Amour soit italienne d’origine, ou qu’elle ait été originai- rement écrite en français, le livre n’en est pas moins long , traînant, ennuyeux , et rempli de détails mi- sérables, sur-tout ceux des colloques entre le cheva- lier et deux de ses confidens , Thenot et Michel!et, qui citent Sénèque à tort et à travers. Mais ce ro- man français étant très-rare (1) , il est à propos d’en donner la description typographique. Sous le titre du livre , le frontispice a pour fleuron une gravure en bois, représentant dans un ovaie, un homme barbu avec des ailes, qui a l’air de vo- ler entre le ciel figuré par ie soleii , et la terre-et Jes mers qui sont au dessous de lu'. Le mot m2é{L0- crement est coupé par la figure. On lit au baut de l’ovale : NE HAULT , et au dessous : NE BAS; et tout au bas : SIC IN FATIS. Au verso du f:on- (x) Jene le trouve pas dans la bibliothèque d:s romans par Lenglet, et dans la nouv Ile biblio ‘que des romans, non j;lus que dans les cat. logues les mieux fournis en ceitæ espèce de livres. G 3 102 Bibliographie. tispice, avis portant que la Pénitence d’ Amour con- tient « plusieurs persuasions et réponses très-utiles et » proufitables pour la récréation des ésperits... et les » occasions que les dames doivent fuyr de complaire par trop aux pourchatz des hommes , et impor- tunités qui leur sont faites sous couleur de service, » dont elles se trouvent ou trompées ou infames » de leur honneur. » Cet avis est signé des deux lettres R. B. Il y a ensuite une longue dédicace de l’auteur « à la dame pour laquelle a esté escript ceste » histoire. » Le roman commence au feuillet sixième . dela signature a , précédé de {’argument de l’œuvre, et il finit au septième feuillet recto de la signa- ture » , par la souscription : « Ci fine {a Pénitence » d'Amour, nouvellementimpriméeM.D.XX XVII » (1537). » Un verso de ce dernier feuillet est la gra- vure en bois d’un militaire debout, et couvert d’un bouclier à face humaine. Cette notice faite, je m’avise d’ouvrir la biblio- thèque française de Duverd'er , édition in-4° , tom. 3, pages 439 et 440 , article R. B. pe LA Grise, et j'y vois que ce René BERTAUT , sieur de la Grise, a traduit d'italien en français la Pénitence d'Amour, imprimée à Lyon , in-16, à La marque de l’Icarus , en 1537. C’est précisément notre édi- tion , mais je ne crois pas que Bertaut ait traduit son roman de l’italien ; je pense qu’il l’a seulement # écrit dans le genre des romanciers de ce pays-là: nulle part il ne se dit traducteur. POS y Ceres ST tt EDR PEUR IEEE EURETON TE EN MENACE AIR MELANGES. Rescue tiré du porte- feuille d’un rentier, con- tenant quelques poésies fugitives , et des épi- grammes choisies de l’ Anthologie, traduites du grec en français , par le citoyen P. S. S., avec celte épigraphe : Latrantem stomachum bene leniet emptor. A Paris, chez l’auteur, Place de lIndivisibilité, u°, 207. La publication de ce recueil ingénieux et agréable est la suite des circonstances qui ont renversé la for- tune de cet estimable auteur, dont nous souhaiterions que les talens fussent employés, soit dans les écoles centrales, soit dans une de nos bibliothèques natio- nales. La Monnoye , Ménage , d’Olivet, auroient ap- plaudi à ses essais, que sa trop grande modestie lui faisoit renfermer dans son porte-feuiile : nous l’en- gageons à l’ouvrir encore , et à publier la suite de sa traduction de l’Anthologie grecque et des Maximes de Syrus, ainsi que sa traduction en vers grecs de l'épi- sode d’Aristée de Virgi'e. Nous savons que la poésie grecque n’est plus à la mode; ce qui prouve que Pétude de la littérature ancienue west plus assez culti- vée : caril seroit difficile à des littérateurs, ayaut beau- coup étudié les vers d'Homère , d’Hésiode, de Theo- crite et de Pindare , de ne pas êtie tentés d imiter des G+ 04 Mélanges. accords aussi harmonieux dans l’une des langues les plus pittoresques qui aient jamais existé. Chivot, professeur au collége de Montaigu de Paris , mort il y a environ dix ans, est le dernier professeur de PUniversité de Paris qui ait fait des vers grecs ; Huet, Boivia et Fraguier sont les derniers membres de l'académie française qui aient eu ce talent : enfin, le citoyen Poan Saint-Simon est le dernier élève du collége de Beauvais de cette ville, qui se soit essayé aussi dans ce genre. Nous allons présenter ici un quatrain de ce litté- rateur, qu’il a composé en latin, en grec et en fran- cais. Trop peu versés dans la littérature grecque, nous n’énoncerons aucune opinion sur les vers grecs; mais ses vers latins el français nous ont paru élégans et faciles. Sur LA BRIÉVETÉ DE LA VIE. Quid quereris celeri ; quod mors cita nunc volet ald , Tardo incedebat quæ modo olauda gradu ? Servit amica tibi ; cilius nam vivere quandù Desinis , et citius desinis esse miser. Es rauv vu mégeqer mltporrc y prolpu Ti utpPh His mpiv vole x@hos tout mod, ‘Ev pañe cou Praixas TpoVOËL, Far Toy yæp g7ær La Agyns à agf ANYEIS Tarroy du GixTpe Toywv. La mort, qui d’un pas lent se trainoit vers nes pères, À du rapide oiseau pris les ailes légères. Ne l’en plains pas, mortel : sa bienfaisante faux, En abrégeant tes jours, abrége aussi tes maux. Poésies fugitives. 105 Voici sa traduction de plusieurs pièces de l’Antho- logie : Comme devant mourir, use , ami , deton or ; Comme étant immortel , ménage ton irésor. Voilà les deux bassins où le sage balance, Et l’argent qu’il épargne , et l'argent qu’il dépense. Voleurs, allez plus loin : j’ai , pour ma sureté, ÆEa perle des gardiens. Eh! qui? La pauvreté. Dans ce dernier vers nous préférerions que l’auteur eût mis /e meilleur des gardiens au lieu de la perle. Les vers, Te spectem suprema mihl cùm venerit hora : Te teneam mortens deficiente manu , que l’auteur attribue, pag. 49, à Properce , sont de Tibulle. Racine le fils, dont les poésies ne sont n1 aussi lues , ni aussi'estimées qu’elles méritent de l'être, les avoit mis au bas de son crucifix; mais les gens de goût ont blâmé cet emploi de vers profanes aussi connus, et faits oricinairement sur un sujet d’un genre si opposé. Voici comme le C, de Saint-Simon a rendu plusieurs ‘maximes de Syrus et de Sénèque : Qui statuit aliquid parte inaudité alteré , Æquum licet statuerit , haud æquus fuit. SENEC. Une sentence despotique À jugé mon procès sans qu’on m’ait entendu : Qu’il soit très-juste au fond le jugement rendu, J’y consens ; mais le juge en est-il moins ivique ? 106 Mélanges. JIngratus unus ; omnibus miseris nocet, Sxrus. En resserrant la main d’un ami généreux, Un seul ingrat fait tort à mille malheureux. Le citoyen Clément de Dijon a rendu cette der- nière pensée de la manière suivante : L’ingrat est l’ennemi de tous les malheureux. Ni l’un ni l’autre de ces traducteurs n’ont parfai- tement réussi : les mots, est l’ennemi , dans la traduction de M. Clément, sont peut être trop forts. Quant au citoyen de Saint-Simon , il n’a pas rendu Pomnibus du latin. Nous engageons le citoyen de Saint - Simon à continuer sa traduction en vers fran- çais des meilleures pièces de l’Anthologie grerque, et d’en donner uu recueil avec la traduction latine littérale : il pourroit consulter les deux recueils choisis qui en ont été donnés, l’un à la Flèche, chez Hé- bert, en 1624, et autre dont nous ne nous rappe- Jons ni la date ni le lieu de l’impression, mais qui contient des imitations en vers latins, par Henri Etienne , Erasme , Obsopée, Melissus, Schedius, Belicarius et autres (1). Nous devons encore au ci- toyen de Saint-Simon la traduetion qui a paru , il y a environ un an, du Traité de la Tolérance de Traut- (1) Le ciloyen Boulard auroit pu ajouter à cette lettre le nom célèbre de Grotius, dont M. de Bosch a publié l’Antho- logie traduite en vers latins. Le Magasin a parlé plusieur® fois de cette traduction. Voy. seconde année, tom. III,p. 118. Poésies fugitives. 107 marsdorf | évêque de Kænigsgratz. Nous engageons le gouvernement à employer les talens du citoyen de Saint-Simon, ainsi que ceux, tant du citoyen Lotin le jeune , qui a entrepris l'Encyclopédie britan- nique , que du citoyen Louis- Théodore Hérissant (2), qui a commencé un abrégé chronologique de lhis- toire du Bas- Empire , ouvrage difficile qui nous manque , et dont l’auteur mérite d’être encouragé. L’amour de notre pays nous fait aussi désirer que le savant de Guignes, auteur de l’histoire des Huns, soit récompensé, et puisse nous donner l’important ouvrage sur l’histoire du Commerce des Orientaux, auquel il travaille depuis lonc-temps. hu js ré A. M. H. B. y (2) Les vastes eonnoissanees bibliographiques du citoyen Hérissant le rendroient sur-tout précieux dans une biblio- thèque publique. Le citoyen Hérissant a publié à Paris, en 1779, des principes de style , en un volume in-12. Cet ouvrage , dont tous les journaux ont fait avee justice le plus grand éloge, sans que les journalistes en connussent l’auteur, manque actuellement. L’auteur y a fait beaucoup d’améliorations. Le libraire qui le réimprimeroit, rendroit uu grand service au public et aux écoles centrales. NCA ER SR D ETES E T CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES. La grande route de Lieusaint à Melun vient d’être le théâtre d’un travail extrêmement intéressint, et qui fera époque dans l’histoire des sciences, On sait que, pour fixer invariablement l’étalon du mètre, deux astronomes célèbres , les citoyens Delambre et Méchain, ont &é chargés de mesurer l’arc du mé- ridien par le moyen d’une suite de triangles de- puis Dunkerque jusqu’à Barcelone (1). Pour calcu- ler les côtés de ces triangles, il faut partir d’une base prunitive, Aucune de celles mesurées pour la mé- -ridienne de 1740 , ne l’avoit été avec une exacti- tude assez scrupuleuse , et l’on y soupconnoit quel- ‘ques erreurs. De plus, la base la plus voisine de Paris entre Villejuif et Juvisy , n’offroit qu’une lon- gueur d’un peu plus de cinq mille toises (2). On lui (1) On avoit projeté d’étendre ce travail jusqu'à Mayorque; mais cette dernière station n’a pu avoir lieu à cause du trop grand éloignement des signaux. (2) Le travail dés citoyens Delambre et Méchain ayant pour but d’établir le rapport entre les anciennes et les nou- velkes mesures, ce travail ayant été d’ailleurs commencé en Nouvelles littéraires. 10g a préféré, avec raison , la route de Lieusaint à Me- lun , qui donnoit par apercu une longueur de 6076 taises en ligne presque droite et avec très-peu de différence de niveau. Pour préparer le toisé de cette base , on a élevé d’abord les deux siguaux ou obser- vatoires que l’on voit maintenant , l’un à la sortie de Lieusaint , l’autre à l’entrée de Melun. A la base de chacun de ces signaux, au milieu d’un massif de ma- çonnerie, est une grosse pierre dans laquelle on a scellé une masse de plomb, et dans le, plomb un cy- lindre de cuivre d’environ 14 lignes de diamètre, dont le centre correspond perpendiculairemént à la pointe des signaux et au centre supérieur des obser- vations. La ligne de base formant vers son milieu un léger coude, on a mesuré l’angle qui a été trouvé de 179 ° 11 min. à l’horizons ce qui produit, sur la lon- gueur totale, une différence de 10 pouces +. En partant du sommet de cet angle ,on a placé, de cent loises en cent toises, des jalons d’alignement dirigés sur chacun des deux signaux. Au pied de chacun de ces jalons , on a enfoncé en terre un coin de bois, assez profondément pour que rien ne pût en faire va- rier la position. La place de chacun de ces coins étoit marquée par des répaires le long de la route, 1791 , a dû être fait en toises et fractions de toises, dont l’usage ne devoit expirer qu’au moment de la fixation rigou- reuse du mètre. La commission des poids et mesures a donné, d’après les anciens calculs, un mètre provisoire dont l’ap- proximation est plus que suffisante pour les besoins ordinaires, On sait que ce mètre surpasse la demi - toise, de 11 lignes 44 centièmes. 110 Nouvelles littéraires. Après ces travaux préliminaires , le citoyen De< lambre a commencé l’opération du toisé le 5 floréal , à la base du signal de Melun. Les instrumens cons- truits pour cet effet sont quatre règles de platine, cha- cune de deux toises de longueur ( à une température donnée), et d’environ 6 lignes de largeur, sur À de ligne d’épaisseur , pour éprouver ni travail ni flexion , et recouvertes à trois pouces de distance, d’un léger toit aussi en bois, aux deux extrémités duquel s’élèvent deux pointes de fer servant de mires d’alignement. Sur la règle de platine est po- sée une autre règle de cuivre de la même force, mais d’une longueur un peu moindre, qui sert à mesurer la dilatation du platine. On sait par expé- rience, que les dilatations du platine et du cuivre, à chaleur égale , se font dans une proportion qui re- vient à peu près au rapport de 12 à 25. Les deux règles sont fixées l’une sur l’autre d’une manière invariable par leur extrémité antérieure , afin que l’effet de la dilatation se porte entièrement à l’autre extrémité. Les règles étant plongées dans la glace fondante , et par conséquent à o du thermomètre, l’extrémité du cuivre coincide sur le platine à une ligne marquée ; mais aussitôt qu’ils se trouvent ex- posés à une autre température, le cuivre se pro- longe sur le platine à raison de l’inégale dilatation des deux métaux. Une construction ingénieuse éta- blie sur ce principe , donne le moyen d’estimer la dilatation du platine à :-5::5 de toises près , avec le secours d’un nonius et d’un microscope qui y cor- respondent. Cette même construction forme en même Nouvelles littéraires. III temps un thermomètre métallique très-sensible , dont Chaque partie ou degré (2) correspond à une dilata- tion de 9:000,009,245 de toise sur chaque rècle de platine. Les quatre règles se placent au bout l’une de Pautre, portées sur des trépieds de fer mon- tés sur trois vis, pour mettre les extrémités corres- pondantes à hauteurs égales, et alignées sur des mires placées successivement sur les coins de bois dont nous avons parlé. Si chaque règle étoit posée en Contact immédiat avec sa voisine s On Courroit risque , en, en plaçant une , de produire un re- cul sur les précédentes, et de plus le contact ne seroit jamais parfait, Pour prévenir cet inconvé- hient, on a so u de laisser un peu d’intervalle d’une ‘règle à l’autre; mais l'extrémité de chaque règle est munie d’une petite régle ou languette de platine, qui se pousse dans: une coulisse pour remplir l’inter- valle, et former contact parfait avec la règle sui- vante. Une échelle munie de son nônius vu au mi- croscope , mesure la longueur de la languette à ‘350555 de toise près. Mais en mesurant ainsi une ligne sur un terrain qui souvent monte ou s’abaisse insensiblement, il faut avoir égard aux différences de niveau, Pour cet eflet le toit de chaque règle (2) ‘T1 n’est pas iei question des thermomètres ordinaires = mais des thermomètres métalliques nouvellement iuventés , et divisés suivant une nouvelle échelle décimale » dent il faut 2,316 pariies pour correspondre à un degré de Réaumur. Ainsi, pour rapporter à ce degré la dilatation du platine , il faut multiplier 0,000,009,245 par 2,916, ce qui doune un peu plus de 0,00002, 113 Nouvelles littérairési porte , à distances égales de ses extrémités, deux dez de cuivre qui s'élèvent à hauteurs égales sur le plan des règles , et sur lesquels on pose les deux branches d’une équerre portant un niveau d’air. Ce niveau , placé deux fois sur chaque, règle, dans les deux sens contraires, donne l’inclinaison moyenne à moins d’une minute près; ensorte qu’avec une formule très-simple , chaque mesure se trouve ré- duite à la ligne horizontale , et la suite des obser- vations donne en même temps le nivellement to- talde la base, En commençant l'opération, ka pre- mière règle ia été placée de manière qu’un. fil à plomb, cuspendu, à son extrémité antérieure, tom- bât parfaitement sur le centre du cylindre de cuivre dont nous avons parlé , qui formoit le point de départ sous le signal de, Melun. Les règles 2, 3et 4 ont été posées à la.suite de la. première . et alignées comme elles sur la mire, On.a poussé les languettes pour rerm= -plir les intervalles :.les longueurs: de ces languettes, ainsi que les dilatations de chaque, règle , et les ob- -servations de niveau , lues par le citoyen Delambre , ont été écrites sous,sa dictée par deux personnes qui lui servoient d’aides, et tenoient chacune un registre par colonnes, préparé pour cet eflet.. À près quoila première règle a été enlevée et placée à la suite de la règle 4, et ainsi de suite, en s’alignant toujours sur Ja mire que l’on reculoit de cent toises en cent toises, et observant, à chaque nouvelle règle , de * lire la dilatation , la longueur de la languette et les deux observations de nivean, Cette manœuvre , répélée 3o2r fois, a nécessité par couséquent es mme Nouvelles littéraires. 113 conséquent 6042 lecturés au microscope et autant d'observations de niveau. Le travail étoit continué san$ interruption pendant le jour ; et lorsque l’ap- proche de la nuit forcoit à l’interrompre, voici com- ment on s’y prenoit pour fixer le point d’arrêt qui, le lendemain , devoit former le point du départ, Vers l’éxtrémité de la règle qui se trouvoit la der- nière, on enfoncoit en terte un pieu de fer autour düqüel on creusoit un {rou assez profend. On enlevoit le pieu, et à sa place on enfonçoit un coin de bois ; sur la sürface duquel on clouoit une lame de plomb. On placoit la dernière règle de manière qu’un fil à plomb bien centré, suspendu à son exirémité, tombât sur celté lame ; on marquoit + le plus exactement possible , lé point de retombée avec la pointe de l’a- plomb , et l’on défendoit le coin par un fort cou- vércle de bois couvert lui-même de terre ; en sorte que les voitures pouvoient passer dessus sans rien dé- ranger. Les choses restoiént en cet état Jusqu’au tra- _Vail du leidemain, qui recommencoit de la même manière que celui du premiér jour. L'opération en- tière à duré quarante jours, dont trois seulement d'interruption. On faisoit ordinairement 88 longueurs de règles par jour. Le 15 prairial à midi » le citoyen Delambre est arrivé au cylindre de cuivre formant l’autre extrémité de la base sous le signal de Lieusaint; lextrémité de la dernière règle s’est trouvée dépasser lé cenire juste de 48 lignes £. Cette défalcation faite, ainsi que tous les calculs de réduction > il en est ré- sulté une longueur de 6,075,784,689 toises. Quoique ces détdils soient suffisarns pour Juger'de Tome 1I. H ‘274 : Nouvelles littéraires. la précision extrême apportée à cette opération, Îe citoyen Delambre y a joint beaucoup d’autres pré- éautions savantes et délicates qu’il seroit trop long de rapporter , et qui assurent à son travail le plus haut degré d’exactitude auquel on puisse prétendre. J’ajouterai seulement que , par le perfectionnement des méthodeset des instramens , des erreurs de pouces et de secondes sont en quelque façon aussi peu pré= sumables dans la manière actuelle d’opérer, que ne . l’étoient autrefois des erreurs de toises et de mirutes, Ce perfectionnement est dû en très-grande partie aux travaux du citoyen Borda. En attendant que les citoyens Delambre et Méchain publient eux-mêmes l’exposé de leurs travaux, j'ai pensé que quelques personnes verroient avec plaisir ces details sur une opération très-curieuse que Île voisinage m’a mis à portée de suivre assidument, Je dois l'exactitude de ces détails à cette complaisance communicative et infatigable qui caractérise le ci- toyen Delambre. Personne n’est plus fait que lui pour propager les lumières, en se prêtant à la foiblesse de ses auditeurs, et en même temps pour rendre la- science aimable par l’amabilité du savant. F. C. ut Lecitoyen Baudin , commandant de l’expédition botauique aux Antilles, vient enfin de terminer sa campagne laborieuse, commencée au mois de ven- démiaire de l’an V. « Le souvenir des contrariétés » sans nombre que j'ai éprouvées, écrit-il, ne me rend Nouvelles littéraires. 113 s que plus sensible au plaisir d’avoir surpassé l’at- » tente du gouvernement dans la mission qu’il m’avoit » confiée. » Il avoit dirigé sa route pour le Havre, comme le lieu le plus commode au transport de ses plantes à Paris. Mais au moment d’entrer dans ce port, la division anglaise qui en forme le blocus, l’a contraint à reprendre la mer pour chercher ail- leurs un lieu de débarquement ; il a choisi la rade de Fécamp comme la plus voisine des bords de la Seine ; et y à jeté l’ancre le 19 prairial. Quinze jours après son départ de Puerto-Ricco, presque toutes les plantes concentrées dans l’entre pont de son navire perdirent la plupart de leurs fleurs et de leurs feuilles pour en produire d’autres moins brillantes, et qui disparoîtront peut-être en= core au changement d’air qu’elles vont éprouver : mais le citoyen Baudin et les naturalistes de Pexpé. dition espèrent que leur séjour à Fécamp sufhra pour les rétablir, et qu’elles arriveront à Paris avec tout l'éclat qui leur convient. Le nombre des plantes vivantes étoit , au départ de Puerto-Ricco, d’environ 3500. Plusieurs ont péri en route , et l’on devoit s’y attendre ; mais on n’a perdu aucune espèce entière, Seulement le citoyen Baudin et ses compagnons regrettent de superbes fougères en arbre; de 20 pieds de haut ; celles qui leur restent: n’en ayant que sept. Mais les choux palmistes, disent- ils, les cocotiers ; les palmiers épineux, les avocatiers, les papayers, les parkinsonia acculeata, etc. fe- ront l’étonnement de la capitale par leur beauté et par leur élévation. H 2 116 Nbèlles littéraires. Quoïqu’ ils n’aient point encore visité les herbiers, les semences, les oiseaux , les insectes., les madré- pores, ils sont portés à ce que {fout est en bon état, n'ayant rien négligé pour la conservation de leur PAT la plus belle en ce genre, et la plus fiche sans RCE qui aitjamais paru en Europe. LeTrre adressée par le ministre des relations extérieures, à tous les agens CP ÉEAREE RE de la république française. « Le directoire m’a transmis, citoyen; un arrêté de l’Institut national, dont l’objet est d’inviter les gou- vernemens des puissances alliées et neutres, à en voyer à Paris des savans qui se réuniroïent aux com missaires de l’Institut, pour la fixation définitive de Punité fondamentale des nouveaux poids.et mesures, Toutes les opérations préliminaires à cette fixation seront terminées au plus. tard le 15 veñdéiniaïire prochain. C’est donc avant cette époque qu’il seroit nécessaire que lessavans puüssent être rendusici, Vous voudrez bien faire connoître au gouvernement près de qui: vous résidez:, lé vœuidu gouvernement fran Gais à cet égard: Cette commission.intéresse à la fois lai gloire des sciences: et celle de ‘læ république ; je ne puis douter du zèle que vous mettrez: à la bien remplir. ,» | Sighié CA. Max. TALLEYRAND. Nouvelles léttérarres. 117 CITOYEN, J’ai lu avec beaucoup de plaisir la lettre du citoyen P....., insérée dans le tom. I, pag. 396 de cette qua- trième année du Magasin Encyclopédique : elle Prouve que le citoyen P..... n’est pas du nombre de ceux qui méritent les reproches que vous faites à Vos compatriotes dans la note à l’article sur La grammaire et l'étude de la langue allemande. ( Mag. Encycl., troisième année, tom. V, pag. 439 et 440 ). On voit au contraire qu’il sait bien appré- cier les mérites de la littérature étrangère : j'ai pensé que plusieurs de vos lecteurs, et c’est peut-être le ci- toyen P..... lui- même, dont je ne fais que suivre lPexemple, seront bien - aises de lire les notices sup- plémentaires que je vous adresse sur les auteurs dont le citoyen P..... a parlé dans sa lettre, d’autant plus qu’il est évident que, dans la note ci-dessus citée , vous n’aviez pas , comme le citoyen P... paroît le croire , l’intention de donner la liste complète de tous les écrivains célèbres de la nation allemande, mais que vous ne vouliez qu’en indiquer quelques- uns des plus marquans, pour faire sentir qu’une na- tion qui, dans l’espace d’un demi-siècle , a pro- duit des écrivains aussi distingués que Lessing , Wieland , Heyne , Winckelmann , Goëthe , Herder , Schiller et tant d’autres, est digne sans contredit de l’attention des littérateurs étrangers. Peut-être que, dans quelque temps d’ici, je pourrai cominuniquer aux lecteurs du Magasin Encyclo-. pédique le plan d’un ouvrage qui méritera leur at- H 3 118 Nouvelles littéraires, tention, Le but de cet ouvrage est de faire connoître à la nation française tout ce qui se rapporte à l’Al- lemagne : il doit former 5 volumes d’un format de dictionnaire de poche , qui permettra même aux per- sonnes qui voudront voyager en Allemagne, de les prendre avec eux comme une petite bibliothèque de voyage. L’impression sera telle que, dans l’espace le moins grand possible, an donnera le plus de ma- tière qu’on pourra, Cet ouvrage doit contenir une grammaire allemande avec un petit dictionnaire com- posé d’après un plan particulier + la géographie avec la topographie des principales villes de l’Allemagne, ce qui lui donnera une très- grande utilité pour le voyageur ; son histoire politique, ainsi que celle de la littérature allemande, de ses progrès, des prin- cipaux auteurs allemands, avec une caractéristique de leurs principaux ouvrages ; enfin, une chresto- mathce ou choix des morceaux les plus distingués de littérature allemande dans les différens genres, avec une traduction française interlinéaire, Dire que la partie grammaticale sera de M, Campe à Brunswic, la géographie de M, Ebeling à Hambourg, l’his- toire politique de M. Hegewisch à Kiel, et la partie littéraire de M. Eschenburs à Brunswic, c’est assez pour faire savoir à ceux qui connaissent la littérature allemande, que le fond de Pouvrage sera traité par des maîtres. Quant au style français, le libraire a déjà pris des arrangemens avec des gens de lettres à Paris, qui retoucheront le manuscrit avant qu’il »çoit livré à l’impression. Dans la première note, le citoyen P.….. demande E + r , Nouvelles littéraires. 119 pourquoi on n’a pas traduit la seconde partie de Bianca Capello de Meissner (r). Les détails suivans sur les auteurs de la traduction d’Alcibiade, et de Ja première partie de Bianca Capello , seront la meilleure réponse à cette question. Un habitant du Sundgau , faisant aujourd’hui pärtie du département du Haut-Rhin, ayant été transplanté par différens accidens dans le pays de Sta- velot près de Liège, se vit obligé de rester pen- dant deux ans à Paris pour y faire des réclamations auprès du gouvernement français : c’étoit sous le mi- nistère de Calonne, qui, par un édit bursal, avoit voulu gêner l’industrie des habitans de ce pays, qui consiste principalement en transports. Pour soutenir pendant ce temps son existence, il entreprit la tra- duction littérale des ouvrages cités de Meissner, qu’il vendit ensuite à un littérateur français, qui la refondit et la publia. Cette traduction étoit donc due aux besoins pressans de celui qui en avoit fait le mot-à- mot : apparemment que sa situation a changé de- (x) M. P..... a parlé dans sa lettre,pag.397,des contes et des esquisses do M. Meissner. Le citoyen Noël a donné dans le tom. I de la première année du Magasin, p. 244,la traduction d’un de ces contes , le Chien de Melaï , qui est de l'intérêt le plus touchant. Un de nos meilleurs littérateurs , que je ne nommerai point parce qu’il est peut - être dans le cas aujour- d’hui de recevoir des services des gens-de-lettres allemands , qui avoit prétendu et écrit que les auteurs de cette nation n’avoient jamais rien produit de bien , ne put s'empêcher d’admirer ce pelit conte : il se persuada ensuite que c’étoit une traduction prétendue ; et ne fut convaincu que quand on lui montra l'original. À; L, 18, H 4 120 Nouvelles littéraires. puis, et que c'est là la cause de ce que la seconde partie de Bianca Capello v’a pas été traduite. Le ciloyen P.... pourroit avantageusement remplir cette lacune. Quant à M. Schiller , je vous transmets ici quelques notices exactes et plus détaillées sur sa vie et ses ouvrages. Il est né le 10 nov. 1759, à Louisbourg en Wurtemberg. À peine âgé de 20 ans, et n’ayant vécu jusqu'alors qu’à Pacadémie militaire de Stoutt- gard, où il n’avoit pu ni lire ni voir que ce que ses professeurs lui avoient permis, il écrivit sa pièce cé- lèbre {es Foleurs, qui parut en 1761. Schiller fut là-dessus obligé de s’enfuir de Stouttgard : il se re- tira à Mannheim, où il eut en 1782 la place de poëte du théâtre. M. Goëthe, qui tant de fois a déjà su déterrer des génies cachés , apprit à le connoî re dans cette retraite, et lui fit accorder en 1784 le titre de con- seiller du duc de Weimar, son ami et l'élève de Wieland. En 1785 il con mença à écrire un journal intitulé Thala : il vécut dans la suite à Leipsic, puis à Dresde ; enfin en 1787 il se fixa à Weimar. Il y resta jusqu’en 1789, époque à laquelle il fat nommé professeur de philosophie à l’université de Jena. Quant à l’anecdote des jeunes gens de Freybourg, que le citoyen P.....cite, il faut y ajouter que c’éioient de jeunes praticiens qui formoient l’a:sociation en question, et que sans celte circonstance aucun d’eux sans doute n’auroit échappé à la peine capitale. D'ailleurs , on aura quelque peine à croire à l’au-' Nouvelles littéraires, 121 thenticité du propos de Schiller sur ses Voleurs , cité par le citoyen P... Il me semble que si Schiller pouvoit revenir à l’âge de vingt ans, il se croiroit trop heureux de composer encore une fois une pièce telle que Les V’oleurs. Parmi les autres ouvrages de Schiller, La Conju- ration de Fiesco ( die Verschworung des Fiesco) auroit plutôt mérité d’être placée à côté de Don Carlos que l'Amour et la Cabale (Kabale und Liebe) citée par le citoyen P... comme son pendant. Dans cette dernière pièce les caractères s’éloignent beau- coup trop de la nature, pour être comparés à son chef- d’œuvre Don Carlos. M. Schiller publie aussi depuis quelques années un Æimanach des Muses très-estimé (2). M. Schulz (dont le citoyen P... parle ensuite) à vécu pendant quelque temps à Mietau en Courlande, non pas à Riga ; il s’est fixé à présent à Weimar. On a de lui plusieurs ouvrages intéressans, entr’autres Je ue citerai que son voyage à Paris fait au commence- ment de la révolution, qui est très-curieux , mais dont il n’a paru que le premier volume. | M. Jfland n’est pas seulement auteur drama- tique, mais il est en même temps, comme Molière, ‘excellent acteur. Ses pièces se caractérisent entr’au- tres par un ton léger de conversation, dégagé de dé- clamations et de tirades, qui ne font trop souvent que (2) Le citoyen P..... a cité dans sa lettre l’excellentouvrage de M. Schiller sur la guerre de sept ans : nous en ayons donné un long extrait dans ce jourmal. Première année , tom. IL, “pag. ait. À. L. M. 128 Nouvelles littérarres. retarder la marche de l’action. Pour; Jouer ses pièces, les acteurs sont absolument obligés de bien savoir leurs rôles ; puisque l’action est rapide , et qu’il y a de ses pièces où aucun des acteurs n’a des réparties de plus de six lignes (3). En parlant de M. Poss, ilne faut pas oublier ses ouvrages principaux, et par lesquels il a établi sa réputation: tels sont sa Traduction d’Homère, qui est un chef-d'œuvre de fidélité et de beauté, En 17861 il ne donna que l'Odyssée, qui a été accueilli avec le plus grand succès, même par les contre- facteurs. En 1793, il donna enfin sa traduction en- tière des ouvrages d’Homère , à Altona , en quatre volumes grand in-8°., avec trois cartes g{osraphi- ques. En 1789, il publia sa traduction des Géorgiques de Virgile, à Hamboure , chez Bohn, grand in-8e. Le grand but que M. Voss se propose dans ses traduc- tions est de réunir toujours la plus grande fidélité à la beauté et à la perfection, Sa traduction des Géorgiques a autant d’hexamètres allemands que l'original qui est imprimé en regard de la traduction en a de latins. La langue allemande est peut-être la seule parmi les langues modernes, qui permette un travail sem- blable. Elle est susceptible de l’hexamètre par la quantité prosodique des syllabes. L'auteur de génie peut de plus, dans cette langue, en observant l’analo- gie,composer des mots nouveaux avec la même faci- (3) Mon ami, M. Boettiger , a composé sur le jeu de M. Ifland un ouvrage curieux , dans lequel on trouve , dit-on, des remarques littéraires et philologiques , fort intéressantes. J’espère pouvoir en donner une notice à mes lecteurs. A.L.M. | | Nouvelles littéraires. 123 lité que dans la langue grecque , et il a, quant à la construction, presque autant de liberté que dans la langue latine. La traduction des Géorgiques par M. Voss, dont jai parlé, est de plus accompagnée d’un commen- taire qui prouve que son auteur a des connoissances aussi profondes et étendues qu’il est bon poële (4). Je ne parlerai pas de son poëme charmant en trois idylles, intitulé Louise ; je me contente de renvoyer à ce que le citoyen Schweighæuser en a dit dans sa notice sur Herrmann et Dorothea de Goëthe (5). Dans ce moment-ci M. FVoss est occupé d’une traduction des Métamorphoses d’Ovide , qui sera digne d’être placée à côté de ses traductions d’Ho- mère et des Géorgiques. Par le commentaire qu’il y joindra, cet ouvrage sera en même temps un cours de Mythologie, sujet qu’il a déjà traité d’une manière distinguée dans ses lettres sur la Mythologie (Mytho- logische Briefe, 2 vol, in-80.) (6). Je re finirois pas si je voulois dire seulement quelques mots sur beaucoup d’autres auteurs qui le méritent sans doute aussi bien que ceux qui ont été cités dans la lettre du citoyen P... C’est sous ce rap- port entr’autres, que surement l’ouvrage dont j'ai (4) M. Voss s’est attaché à déterminer les plantes virgi- Jiennes. M. Sprengel , dans ses Antiquités Botaniques , dont j'ai donné l’extrait, le cite souvent avec éloge. A. L. M. Cr V. Mg. Enc., troisième ann.,tom.IV,p. 216. A. L. M. (6) Cet ouvrage vient de paroître. Voyez les nouvelles Bttéraires du numéro suivant, A. L, M, ‘ 124 Nouvelles littéraires. parlé plus haut sera très-intéressant, puisqu’il fera connoître avec un détail suffisant la littérature alle- manrle et le génie propre à chaque auteur. Josua Reynozps, mort il y a à peu près cinq ans , n’étoit pas seulement célèbre comme peintre, mais aussi comme bon auteur , juge compétent des ouvrages de l’art et grand littérateur. Jusqu’à présent on n’avoit de lui que plusieurs de ses discours qu’il prononça comme président de l’académie de pein- ture. Malone , connu comme commentateur de Shakspeare, a depuis publié toutesles Œuvres de Rey- nolds , en 2 vol. in-4°., imprimés avec luxe : The Works of sir Josua Reynolds. London, chez Cadell and Dav. ( r Liv. sterl. 16 sh. ). Dans cette collection se trouve le voyage de Reynolds, par la Hollande et la Flandre, qui n’a pas encore été imprimé, ainsi que le commentaire , écrit de main de maître, sur l’art de la peinture de Dufresnoy. L’é- diteur y a encore ajouté une biographie de Rey- nolds, et une caractéristique de ses travaux, comme auteur et comme artiste : si l'ouvrage eût été im- primé moins splendidement, on auroit pu réunir tout dans un seul volume. L'année passée il a paru à Londres une descrip- tion des ruines et des antiquités de Rome et de ses environs. ( Remarks on the Antiquities of Rome and its environs , beiug a classical and topographical survey of the ruins of that celebrated city, by Andrew Nouvelles littéraires. 125 ZLumisden, Esq.…... de l’imprinerie de Bulmer. Lon- dres, chez Nicol. 1997, grand in-4°., avec beaucoup de planches ). C’est un ouvrage qui mérite l’attene tion dés antiquaires , même après ceux de Donati, de Nardinc , de Saurbæuf , etc. Par une annonce insérée dans la gazette litté- raire de Jéna , il paroît que plusieurs littérateuré et artistes allemands , dont plusieurs vivent à Rome, se sont réunis pour puüblier une Roma novantiqua, dans laquelle on trouvera fondu ensemble, non- seulement ce qu’il y a d’essentiel dans les ouvrages cités de Donati, etc. mais sur - tout dans celui de Lumisden , et dans l’excellent travail de l’Abate Guattané (1). Colmar , 14 prairial an VI, CITOYEN, Votre Numéro du premier floréal m’étant tombé éntre les mäins, je viens d’y voir que le citoyen Lancelin va donner au pablic le mémoire qu’il avoit présenté à lPInstitut national, pour le courant du 15 fructidor , sur la question : de l'influence des signes sur là formation des idées. Je vous in- forme que je suis aussi décidé à publier le mémoire que j’avois présenté pour le même concours. Comme, par l’effet des diverses circonstances, j’avois été forcé de le composer très-précipitamment ; il m’a paru convevable d’y ajouter quelques développe: mens , en sorte qu’ilne pourra guère être sous presse que dans deux ou trois mois, (1) Seconde année , tom. VI , pag. 563; j’ai donné une notice de cet ouvrage. À, L. M. 126 Nouvelles liktéraires. «Je me bornerai à vous rappeler que ce més » moire est celui dont le citoyen Garat a dit , dans » son rapport , qu’il étoit annoncé comme l’extrait et » l’ébauche d’un travail complet sur la psycologie, » etque sice travail étoit achevé de la même manière, » il n’hésitoit pas à dire qu’un jour le nom de son » auteur sera prononcé au sein de l’Institut ; à côté » de celui des Lockes et des Condillac, » as L s : Jacquor ou L’Écorr nes Mères, que l’on vient de jouer à lOpéra-Comique Rational ; a eu du succès. Le sujet est tiré du conte moral de Marmontel, intitulé La mauvaise Mère. Ce drame ne nous représente point Jacquot persécnté et sacrifié à son frère , mais il nous offre Jacquot qui revient au bout de plusieurs années, qui retrouve sa mère souflrante, malheureuse , et dévorée de remords, des mauvais traitemens qu’elle lui a fait soufrir, ét qui est assez heureux pour lui faire partager sa for- tune en recouvrant son amitié. Les auteurs sont les citoyens Després et Rou- get de l’Ile, et le citoyen Della Maria. La petite pièce intitulée Jean-Baptiste, jouée 4 au théâtre Feydeau , est du citoyen Beffroy de « Reigny ; connu sous le nom de Cousin Jacques. Voici quel en est le sujet : Al s’est écoulé environ seize ans depuis que Jean- Nouvelles littéraires. _ 127 * Baptiste, porte-balle , ayant été dépouillé dans une forêt par des brigands, a trouvé dans une maison voisine de cette forêt un asile et un secours de trente louis qu’il n’a reçus qu’à titré de prêt, pour continuer son petit commerce. Depuis ce temps on n’a point eu de ses nouvelles ; mais ses affaires ont réussi , et il revient s'acquitter de sa deite, en offrant le partage de sa fortune à l’honnête paysan qui l’a secouru, et qu’il retrouve entouré de sa fa- mille , et réduit au plus strict nécessaire, Tel est tout le fond de cette petite pièce, qui doit son succès à de jolis détails, et à quelques scènes épisodiques : on regrette seulement que le Cousin Jacques se soit chargé de la musique , qui n’est ni assez neuve, ni assez piquante. Cet ouvrage a pourtant un fond d’originalité qui rappelle l’auteur singulier des lunes. Le théâtre du Vaudeville vient de réunir Jeans Jacques aux grands hommes qu’il avoit déjà célébrés. C’est lui que les citoyens Piis , Barré, Rades et Desfontaines introduisent sur la scène, dans la pièce intitulée La vallée de Montmorenci , ou J.-J. Rousseau à l’Hermitage. L’action de cette pièce est trè-simpie : une jeune villageoise de la vallée aime Vernier , jardiniee de Jean-Jacques ; ils sont prêts à s’épouser , lorsque la mère de la jeune,personne apprend que Vernier est protestant, et par.ce motif refuse de lui don- 128 Nouvelles littéraires. ner sa fille. Rousseau finit par lui persuader qu’il ne faut hair personne pour son culte et sa foi, et qu’un protestant peut rendre sa fille heu- reuse out comme un autre. Ce canevas ne présente pas de quoi ir De trois actes ; mais les épisodes servent à mettre Jean- Jacques én évidence , et à retracer plusieurs de ses opinions. On voit enir’autres une mère coquette et frivole, qu’il fait rougir du peu de soins qu’elle prend de ses enfans, et un jeune étourdi à qui il donne une lecôn sur le mot de citoyen, dont il a l'air de se moquer. Aïr dé'lh Pipe dé Tabac. D'un pareil ton, j’aime à le croire , Monsieur se seroit défendu, Si ce titre , dont je fais gloire, Etoit par lui mieux entendu. Servir l’état, quoi qu’il en coûte, Suivre les lois , faire le bien, A Genève, et par-tout sans doute, Voilà comme on est citoyen. Nous citerons un autre couplet très-joli, dans lequel on rend compte à Jean- Jacques du succès de ses ouvrages. Air: Ta, la; # nt > violons. Marc-Michel Rey : votre. libraire, De vous compter ce numéraire M’a fait un devoit capital. ! Votre Héloïse ; votre Emile ; Nouvelles littéraires. 12 Se débitent toujours par mille; Votre Système musical , Chez les savans ne prend pas mal ; De vos Lettres de la montagne La vogue de jour en jour gagne ; De votre Contrat social Le suecès est toujours égal, Et votre Devin du Village De tout le monde a le suffrage ; Votre brülant Pygmalion Fait une vive impression ; Mais ce qui va vous plaire , c’est que De votre lettre à l’archeyêque, On a triplé l'édition... C’est une bénédiction ! Cette pièce a réussi: on peut cependant lui res procher d’être un peu froide , et de sortir un peu du genre du Vaudeville, où l’on va plutôt pour Voir des ouvrages gais et plaisans, que pour pren- dre des leçons de philosophie. ANroïne-Nrcor4s DuesesNe, professeur d’hiss toiFe naturelle à Versailles, au citoyen 4. L. Mririn, rédacteur du Magasin Encyclopé- dique: | Il y a déjà quelques décades que j'ai provoqué Pattention des botanistes de la société d’Histoire na- turelle, sur une observation printanière : la sécheresse de la saison a dû être peu favorable à la production de mon Nostoc ile la Sabine; toujours rare , et Tome Il, I 130 Nouvelles littéraires. le temps en est entièrement passé ; maïs rien n’est ples commun ni plus facile à saisir , que l’observa- tion que je viens réclamer . elle a seulement besoin d’être rendue fort générale pour en tirer quelques résultats, Il s’agit de l’état des sexes dans l’asperge. Tour nefort , en caractérisant ce genre, ne l’a nullement . indiquée comme ayant deux sortes de fleurs. Linné traite également l’asperge d’hermaphrodite : cepen= dant je n’ai jamais vu dans les environs de Paris, que des asperges unisexes. Les pieds qui doivent porter graines ont des fleurs évidemment femelles, dont les étamines sont avortéess les autres ont des fleurs mâles à étamines fortes , et pistil très-abortif. Cela n’auroit-il lieu que dans les races des grosses asperges? En existe-t-il encore dans quelque canton de la France, qui soient hermaphrodites, comme il est à croire qu’elles ne l’étoient pas toutes lorsqu’on a commencé à observer. | : Le tamier ({amus communis ), genre assez ana- logue à l’asperge , plus connu pour sa racine dite R. Vierge, et R. à La femme battue, est annoncé unisexe. Pourquoi l’asperge ne l’est-elle pas de même ? | “ Cette question uve fois résolue, il en résulte une lecon de pratique, qui deviendra, ou générale, ou au moins particulière pour les races des grosses as- perges unisexes. Rien n’est plus ordinaire que de voir les plantes qui n’ont pas de fruits à mourrir, sura- bonder en bourgeons, Voilà ce qui arrive notamment à l’asperge qui ne porte point de graines,parce qu’elle = rh En 5 EF 4 roi 2 PT NRA ER SE Nouvelles littéraires. 13r est hermaphrodite mâle. La quantité des pousses qui sortent des racines est beaucoup plus nombreuse ; aussi ces pieds mâles sont lcs plus productifs. Pour se procurer la récolte la plus abondante, il convient donc de planter un carré d’asperges un: fois au moins plus dru qu’on ne veut le conserver : puis, dès que les sexes sont reconnoissables,d’arracher tous les pieds hermaphrodites-femelles, hors ceux que l’on voudra conserver comme porle-graines. Il est vrai que les tiges de ces femelles sont quelquefois un peu plus grosses, et qu’on y enpourroitrecueillir quelques beaux brins ; mais les autres sont peu inférieurs, et la diffé rence dans la quantité leur mérite décidément la préférence. Draguignan, le 1 floréal an VI. LapsrÈze , ingénieur des ponts et chaussées , au citoyen MrcriN , rédacteur du Magasin Encyclopédique. Je n'ai pu lire qu’aujourd’hui le numéro 5 de la troisième année de votre journal, et j’y vois avec surprise, dans un extrait d’un mémoire du citoyen Coulomb , relatif à la circulation de la sève dans les arbres, que des observations qu’il a faites en faisant couper de grands peupliers, il ait conjecturé que la seule circulation qui ait lieu dans les arbres se fait par les parties qui avoisinent te canal central de l'arbre ,etc..… L's 132 Nouvelles littéraires: J’ai une objection si forte à mon sens à opposer à cette conjecture, que j’ai cru devoir vous la com- muniquer, pour que vous la soumettiez aux botas nistes , ainsi que le citoyen Coulomb leur soumet son expérience, J’ai remarqué dans diverses parties de la France, des arbres de différentes espèces , plus ou moins gros , plus ou moins vieux , à diverses expositions, sur des terres de diverses natures, qui avoient perdu non-seulement les parties qui avoisinent le canal central de l’arbre, mais même tout leur bois, et qui ne vivoient que par la communication établie entre les racines et les branches au moyen de l'écorce, souvént mème d’un quart de son écorce ; et néanmoins ces arbres étoient très - vigoureux, prenoient de lPaccroissement , produisoient tous les ans beaucoup de fruits, et vivoient dans le même état depuis plusieurs années. J’ai dit que j'avois vu des arbres de diverses espèces dans ce cas; mais je citerai particulièrement le châtaigner, qui est fort sujet à perdre complétement le bois de son tronc ; et dans le moment où je vous écris, j’ai sous mes yeux un olivier qui depuis vingt ans et plus est dans cet état, et qui est pourtant bien vigoureux et en grand produit. Je demanderai maintenant aux botanistesqui vou- droient adopter la conjecture du citoyen Cowlomb, comment ces arbres peuvent vivre , puisqu'ils se trouvent privés des organes par lesquels ils voudroient que pût se faire La seule curculation que ait lieu dans les arbres. : he. : Nouvelles littéraires. 133 Si ma letire n’étoit déjà bien longue , je tirerois de fortes objections contre la conjecture du citoyen Coulomb, des diverses facons de greffer les arbres, et de l’attention qu’il faut avoir de bien faire ren- contrer les écorces pour réussir ; et en suivant avec attention les progrès de la naturalisation du sujet greffé sur le tronc auquel il a été joint, il est facile de s'assurer que la principale circulation se fait par l’écorce , et non par les rayons médullaires. Je crois d’ailleurs qu’elle a lieu dans toute l’épaisseur de l’ar- bre, mais qu’elle est d’autant moins forte dans chaque partie, que ceite partie approche plus de la moële ; en sorte que dans l’écorce elle est plus abondante que dans l’aubier, dans celui-ci plus abondante que _ dans le cœur , etc. LADEVÈZE. Paris , 30 ventôse an VI. P. H. Marron à L. 4. Mraecrx , salut et fra- | ternité. Les friands de latinité qui de jour en jour deviennent davantage au milieu de nous so... Pauci quos æquus amarit Jupiter ; ceux qui ne croient pas qu’il soit aussi impossible aux modernes, qu’on a bien voulu le prétendre , de marcher sur les traces des poëtes du siècle d’Auguste, . parce que, dans le fait , la langue latine n’a jamais 13 134 Nouvelles littéraires. été et n’est pas encore une langue morte ; ces ama- teurs clair - semés ont vu avec plaisir dans votre journal les heureux efforts de M. Hoeufft pour répéter les chansonnettes d’Anacréon sur le luth de Tibulle (r). Je viens vous présenter mon ami rivalisant avec le même succès la muse de Mar- tial dans la traduction de quelques épigrammes de P'Anthologie grecque. M. Hoeufft ne l’a pas tra- _duite toute entière, comme Grotuus , son immortel compatriote , dont enfin le travail est mis au jour au bout de près de deux siècles d’attente ; mais il en a traduit une bonne partie, et je prendrai pres- qu’au hasard dans les communications qu’il m’a faites. Je n’accompagnerai ces petites pièces d’au- cune traduction francaise : elle déprécieroit trop l’ori- ginal aux yeux des célettrés ; pour les autres, elle seroit superîlue. L. I, tit. III, ep. II. ( Brunck, t. IL, p. 14.) Splendentes clypeos ; expertia sanguine tela, Cassidis inlactæ quis mihi vota tulit ? Quis cultu inculto veneratur numine Martis ? Ornamenta mea talia toile domo. Hæc magis imbelles poterant ornare popinas ; Martis debuerant non enerare tholos. Me lacerala juvant spolia et fædata virorum Sanguine : Mars bipedum sum populator ego. L.I,5,1. (Br. III, p. 247.) ÆEz acie lictis ubi gnatum cerneret armis In patriam profugum ferre Lacæna pedem , (1) Troisième année , tome IT, p. 237. SD 2e ME NE un RE me Nouvelles littéraires. Zrruit occurrens , jecur et transverberat haste ; Hæe super exanimem mascula verba sonans : I, morere , 6 patriam proles mentita genusque ! Sparta tibi haud patria est; haud tibi mater ego. L'T,7,1I CBr'E, p. 175. ) Pieris in Paphie : Venerem colitote, puellæ ; Æut in vos puero siat dare tela meo. Piecrides Paphiæ : dictalia garrula Marti ; In nos aligero deficit ala tuo, L. T,7, IL. (Br. I, p. 175.) Jupiter : eripiam tibi spicula cuncta, Cupido, Ille : tone, rursum 14 mibi cycnus eris, L. 1,1 87, ep. II. (Br. Ill, p. 244.) Zenibus Iliacis , media inter spicula, tollens Æneas , nalo pondera sancila , patrem , Tangite ne, dizit Danaïs, ne tangite ! parva Luera senez Marti ; mazima lucra mihi. L. IT, 50, XI. (Br. III, p. 336.) Divitias locupletis habes , animum sed egeni. Haredi locuples à , sed egene tibif L.IV ,18, X. (Br. IIL,p.23.) 135 Quorsum Amor in cyatho? Non corda sat urit Iacchus ? Ignibus à ignes addere parce novos ! L. VI,7, X. (Br. I,p. 228.) H@c Pani agricolæ | hœc evanti dona Lyæo, Datque senez Nymphis Arcas habere Biton : I 4 136 Nouvelles littéraires. Hoœdum Pani recens natum , cum matre jocantem ; Aique hederæ Bromio germina torta vageæ ; ÆEt varios Nymphis , autumni munera , flores » Et de sutilibus lutea serta rosis.. Vos augete senem ; corpusque rigate senile , Naïs , aquis : tu, Pan, lacte ; Lyæe ,; mero. L. VI, 7, XI ( Br. IT ,p. 304. ) Pani hœdum , Nymphisque rosam , thyrsumque Lyæo 4 Fronde sub arborea , dat, tria dona , Biton. “ccipite hœc ; Divi, semperque augete faventes, _ Pan, pecudes ; Jfontem , Naïs ; Iacche, Jjocos. L. I,ep. I. (Br. I, pe 25. ) Duloe sonas , mea Zenophile, quum pectine ludis ; Nec, per Pana , minus guîture dulce sonas. Quo fugiam ? Cuncti circumdant undique amores, Nec respirandi vel breve tempus adest. Hinc me forma trahit; canor hinc; hinc gratia raptaë. Et quid plura ? Tgnis nil nist fotus ego. L. VIL, ep. XVI. (Br. I, p.26.) Preco adsum. Fugit ferus ille , audite ; Cupido , Mane torum liquit viz modo virque meum. Sunt lacrymæ puero dulces , risusque protervus à Garrulus, intrepidus » teliger » ales Amor. Nil de patre datum mihi dicere ; Poibte! œther , … Terra Jretumque sui sanguinis esse negant. Omnibus ille odio est omnis. Circumspice, caute 3 Forte animis plagas ne paret ille novas. Et jamjam latebras tenet,, ecce ! ! sed haud latilat m6 : Zenophilæ ex oculis clam sua tela vibrat. ce É : SE IE ED UN RES UD'E VERS. ARTS CHYMIQUES. L'ART du blanchiment des toiles , fils et coton de tout genre , rendu plus facile et plus gé- néral au moyen des nouvelles découvertes , avec La méthode de décolorer et de ramener à un état de blancheur parfait, toutes toiles peintes ou imprimées ; sutvc des procédés Les plus sûrs pour blanchir les.soies et les laines , et des découvertes faites par l’auteur dans l’art de blanchir les papiers ; orné de neuf grandes planches ïin-4°. , représentant tous Les ustensiles et Les différentes manipulations du blanchiment : ouvrage élémentaire com posé en faveur des fabricans , des blanchis- seurs , des teinturiers , des imprimeurs en toiles et des papetiers , par PAJOT-DES- Charmes, ancien inspecteur des manufac= tures. À Paris, chez A. S. Dugour et Durand, libraires , rue et hôtel Serpente. An VI de la république , 1798. Scheele a reconnu le premier dans l’acide mu- riatique oxygène, dont on lui devoit déjà la dé- couverte, les propriétés d’enlever les couleurs des végétaux. Le citoyen Bertholet, en appliquant ce principe à la décoloration des substances végétales dans les fabriques, a rendu un important service aux 138 Livres Jibere. arts. Le C. Pajot-des-Charmes , ancien inspecteur des manufactures , publie les moyens nouveaux qu’il a employés, pour tirer de ce procédé le plus grand avantage possible, Cet ouvrage est fait pour lui mé- riter la reconnoissance de ses concitoyens: MATIÈRE MÉDICALE. Hisrorre des plantes vénéneuses et suspectes de la France ; ouvrage dans lequel on fait connoitre toutes les plantes dont l'usage peut devenir la source de quelques accidens plus ou moins graves , où on indique les signes qui caractérisent Les différentes sortes d’em- poisonnement , et Les moyens les plus prompts et les plus efficaces pour remédier aux acci- dens causés par les poisons végétaux , tant à l’intérieur qu'à l'extérieur, par M. But- LIARD ; seconde édition. Paris, chez A. S. Du- gour , libraire, rue et hôtel Serpente. An VI de la république, 1798. Cet ouvrage a déjà paru dans un format in-folio , avec lherbier de la France ; ainsi nous sommes dispensés d’en rendre un LE détaillé. On le trouve ici dans un format plus portatif et plus com- mode : il commence par un très-long discours pré- liminaire sur l’effet général des poisons et leurs an- tidotes ; puis il indique les plantes vénéneuses de France, par ordre alphabétique. Cet ouvrage ne peut donc être utile que pour connoître les plantes vénéneuses de France, On trouvera toutes les plantes bn ds 2 | Livres divers. 139 Vénéneuses indiquées par Puhn , dans sa Materia medica regni vegetabulis , ouvrage que M. Bul- liard n’a pas cité. Voraczxs. Voraces de La Perse dans l’Inde , er du Ben- galeen Perse , le premier traduit du persan , le second de l’anglais, avec une notice sur des révolutions de Perse ; un mémoire hisio- rique sur Persépolis , et des notes , par L. Lawczrës, deux vol. in-16. Paris, Crapelet. An VI Ces deux volumes sont la suite d’une collection que le citoyen Langlès forme des voyages qui n’ont pas encore été traduits en français. Il en existoit déjà un volume contenant le voyage de l’Inde à la Mecque, par Abdoul-Kerim, favori de Tahmas- Qouly-Khän , et il y a sous presse actuellement le vovage dans l’Inde par Hodges, traduit de Pan- glais sur la deuxième édition. Le prix de chaque volume est de 3 francs: on pourra acquérir chaque ouvrage séparément , et l’isoler de la collection, en supprimant le premier feuillet de chaque volume. HISTOIRE. Lours XV et Lours XV1 ; par A. Fanrrx- Desopo4rps , avec cette épigraphe : Statui res gestas . ,, ... quæque memoriæ digna vide- bantur perscribere , eo magis quod mihi à spe et 140 - Livres divers. metu . «4... . animus liber erat. S4zz. Belle Catilin ; 5 vol. in-80. de 22%0 pages , impri- més sur carré fin et caractères cicéro Didot. Prix, 21 liv. broché ; et 27 francs 5o cent., franc de port par la poste. À Paris, chez Buisson , im primeur-libraire, rue Hautefeuille , n°. 20. On retrouve dans cet ouvrage l’histoire de la révolution, déjà publiée par le citoyen Desodoards ; elle est précédée de celle du règne de Eouis XV , et du commencement du règne de Louis XVI: on connoit d’ailleurs la manière et le style de ce fécond écrivain par différens ouvrages. BIOGRAPHIE. FWrze des Enfans célèbres, ou Monères du jeune âge, suwt des plus beaux traits de la piété Jiliale , pour servir de lecture et d'instruction à la jeunesse, par A. F. Y. FRÉVILLE ; 2 vol. in-12. Paris, chez Dugour et Durand , rue Ser- pente. An VI. Le but de l’auteur est louable : c’est celui de pré- senter à l’enfance des modèles à imiter. La plupart des histoires rapportées par le citoyen Fréville sont intéressantes : nous lui reprocheronsseulement d’avoir coupé chacune d’elles par une suite de sommaires qui, réunis, sont aussi longs que les histoires elles- mêmes. Ce livre est de nature à être mis avec avan-. tage dans les mains de la jeunesse. Livres divers, t4t ARCHÆOGRAPHIE. Garer1Ee antique , quatrième livraison , chex Deltêtre ei Boutrois , graveurs , rue et maison Serpente. Prix , 5 francs. Cette livraison contient la suite des antiquités d’Athênes. Le plan du temple d’Erechtée et de Mi- nerve Poliades, son élévation septentrionale et occi- dentale, la façade du Pandrosium , ses détails, et deux Caryatides, vues de différens côtés, GRAMMAIRE, Manuez latin , contenant un choix de compos sitions françaises , et un recueil de fables et d'histoires latines ; l’un pour préparer à La traduction des auteurs latins ; l’autre pour faciliter L'intelligence des écrivains de La haute latinité , avec cetle épigraphe : Nocturna versate manu , versate diurna, par le citoyen J. E. F. BorNFrrILirers , pro fesseur de belles - lettres , et membre de La société libre des sciences , lettres et arts de Paris : ouvrage destiné sur-tout œux écoles centrales. À Paris, chez Barbou, libraire, rue des Mathurins; et Nyon, place Mazarine. Prix 1 franc 5o centimes. Noureau Dictionnaire portatif de la langue \ française, composé sur La dernière édition 142 Livres divers. de l’Abrégé de Richelet par Wailly, entière- ment refondue d’après le Dictionnaire de l’Académie , celui de Trévoux, et Le Diction- naire critique de la langue française par Féraud ; le Dictionnaire de grammaire et de littérature dans l'Encyclopédie méthodique , etc. On y a joint, 1°. Un extrait des Syno- nymes français par Girard, Beauxée , Rou- baud, etc. 2°. Une méthode de prononciation aqusse facile que sûre, appliquée à tous Les mots àäe La langue ; 3°. Les mots nouveaux et les autres changeïnens introduits dans La langue par la révolution française ; 4 Un Vocabulaire géographique , augmenté des noms latins de chague lieu , par GC. M. GATTEL , professeur de grammaire générale à l’école centrale du département de l'Isère. A Lyon, chez Bruyset aîné et compagnie , im- primeurs- libraires 3 et à Paris, chez L. Périsse, libraire, rue de la Barillerie, n°. 4, près le pont Saint-Michel : 2 vol. in-8°., chacun de 800 pag. à 2 colonnes, en petit texte. Prix, 15 francs. Cet ouvrage nous.paroît être aujourd’hui le meil- leur de ce genre. Le citoyen Gattel a profité de tout ce que ses mo- dèles avoient fait de mieux pour s’en enrichir, et de toutes leurs méprises pour les éviter avec soin. Il nous offre la commodité du format, la modicité du prix; et dans l’espace de deux volumes in-8°., un nombre d’avantages réunis plus considérables, l’exac- Livres divers. 143 titude, la clarté, la précision des définitions , dans lesquelles il améliore, rectifie, corrige et réfute un très- grand vombre d’articles, de passages et d’exemples inexacts, fautifs ou incomplets ciez les autres lexi« cographes ou grammairieus. Par le moyen de la plus grande concision dans les articles, de marques typoe graphiques sagement employces, l’auteur évite des longueurs et des répétitions inutiles et fastidieuses 5 et par-là il a su, dans un dictionnaire d’un format por tatif de deux volumes seulement, nous procurer un recueil plus abondant et plus riche de huit à dix mille articles ,et, dans ce court espace, plus complet en quelque sorte que nos grands dictionnaires de Trévouz , de l’Académie, de Richelet , in-fol., et plusieurs autres vocabulaires justement accrédités. Rien, dans le dictionnaire du citoyen Gattel, de ce qu’on pouvoit y désirer n’y est omis : il rend suranné et inutile l’abrégé de Richelet,qu’il seinbloit ne vous loir que reproduire ; et son travail, quand il sera aussi connu qu’il le mérite, aura place dans toutes les bibliothèques et deviendra classique. . Romans. Les Onze Journées , conte arabe , traduction posthume de GALAND , révue et corrigée par J. B. CLÉmENT , de Dijon, 1 vol. in-12 avec Jigures. Prix , 2 liv., et 2 liv. 10 sous franc ‘de port pour les Départemens. À Paris, chez Carteret et Brosson , libraires , rue Pierre-Sarazin , uos. et 13. t44 Livres divers. : Ros4, ou la Firre MENDrANTE et ses bienfats teurs, traduit de l'anglais de mistress Ben- nett , auteur d'Anna , ou L'héritière galloise ; par Louise Brarer S.- Léon, 4n VI ,1708, n vol. in-12 d'environ 480 pages chacun ; sur caractère cicéro Didot aîné , dits du onxe ; carré d'Auvergne ; figures en taille-douce , dessinées par Chaillou , et gravées avec le plus grand soin ; par Coigny. Prix, 15 liv.; et 22 liv. franc de port par la poste: Le même ouvrage sur carré fin d'Angoulême ; 18 live, et 25 liv. franc de port, Le même, carré fin d'Angoulême satiné , figures avant la leitre, 24 liv., et 3r liv. franc de port. À Paris, chez Pougens, imprimeur - libraire, rue Thomas-du Louvre , n°. 246. AUVIT 6 On peut s’adresser au Bureau du Magasin Encyclopédique, pour se procurer toûs les Livres qui paroissent en France et chez l'Etranger , et généralement pour tout ce qui concerne la Librairie arcienne et moderne. On s’y charge aussi de toutes sortes d’impressions. Les Livres nouveaux sont annoncés dans ce Journal aussi= tôt après qu’ils ont été.remis au Bureau, c’est-à-dire, dans lo Numéro qui se publié après cette remise. Le Magasin paroît régulièrement le premier de chaque mois. ! On prie les Libra’res qui envoient des Livres pour loi ane noncer ; d'en indiquer toujours le prix, | PORTE - FEUILLE Des Enrans , mélange intéres= sant d'animaux, fruits, fleurs, habflemens, més de des réductions comparatives ; acco . NON / \ Ov ya Aens pe td éparey , 6m auyév d'erproy 4x7) Pucuetvor mAesvmy EAAdd‘E. mais à Elaor ; Dialosue entre un Passant et un Mort. « O toi, qui dors d’un sommeil d’airain ; dis- moi qui tu es, quel est ton pays , ta race! — Rhalles est mon nom, — Je connois ton aimable famille; Pillustre Byzance est ta patrie : apprends- moi comment tu as perdu le jour à la fleur de tes ans. — Je rougis de le dire; mais... tu Pexiges ? sache que je suis tombé du haut d’un toit. Hélas! cette circonstance est plus cruelle pour moi que la mort. Mars ne m’a pas moissouné dans les rangs destinés à repousser le joug appesanti sur cette Grèce c célèbre... Quelle mort ignominieuse ! » 4 PA wma rod aeéamvit; Ti dégropor ; — lnmo dr Kaï moX£es. migi cos buiuz ré Ayxidan; Hi, xégis meeomaor monts xAGVOS ; PTT AE LOUE ‘Huiqeeu xevcear Teaipaa rap xuAVCar. Ir yes mtgiberbe y T méAAETE 3 Bsri AAUE Kai Taxuy és moAtuus titAdoi]e de ouov" "Aude EyoyE rade , xu7 av ao vrny DE AE , "OrAicoua. Ti wobeis xÉVIcoy teeuxd'opeos ; VEUË ve anyyt Bévois UT Eyxti » dioroT ; dJaeros Qux 7e pe üvoss xçaurve dimxdpérer Lr701 Megiseri Opsonia. 209 Taxe éxeis Fauger. Bäs rroquus > Îxxos agoTger Térqa d'EranN snieye ra rü meedr ar. Dialogue entre un Passant et un Chéval. “ Que vois-je? Deux chevaux attelés à la charrue! — Tu ne te trompes pas , ce sont des chevaux : etil y en a plus de deux. Cela étonne, Ancbhalise Ah ! tels sont les bienfaits de l'homme ! le tu- multe de la guerre, les chars, la mêlée, les bles- sures que nous fait le fer meurtrier. Cavaliérs” que tardez-vous ? Jetez un frein à la bouche des bœufs, et faites-les voler rapidement au combat, tandis qu’endossant leur harnois ; Je trainerai le long de ces sillons le fer tranchant de la charrue, Mon mai: tre, PE appuyes-tu l’aiguillon sur mes flancs ? Tu n’as besoin ni du fouet ni de l’épée pour hâter ma course. Que le taureau soit désormaÿs ton coursier ; le cheval , deveru bœuf , labourera ; - ainsi chez l’homme tou les travaux seront inter- vertis, » Maittaire, dans ses Annales typogr., tom, II, pag. 303 ; Clément, dans sa Bibliothèque Curieuse, tom. I, pag. 363, not. 67; Goetz, dans ses Merckwurdig- keiten des konigl. Bibliothek zu Dresden ( Les choses remarquables de la bibliothèque royale de Dresde), tom. I, pag. 30; Lessing, pag. 139 de l’ouvrage cité dans la note 4, font mention d’une prétendue édition des Aldes, du mois de novembre 1517 ; mais M. Harles conjecture avec raison que cette édition n’a Tome 11. Q RTO Philologte. jamais existé : on a seulement rafraïîchi le titre de celle de 1503 et oublié de changer la date du mois, qui est celui de novembre. On a laissé passer le bout d'oreille. | En 1519 parut à Florence , chez les héritiers de Philippe Junte, une réimpression de l’édition d’Alde: elle a 410 feuillets in - 8°. ( celle d’Alde n’en a que #90 ). Eile est belle pour l'exécution ; mais les fautes y sont en gfand nombre. Du reste, comme je l’ai déjà dit, c’est une répétition pure et simple de celle d’Alde, avec toutes ses additions et ses variantes, C’est là que commence la confusion qui, dans quelques éditions , rend inintelligible le poëme de Paul le Silentiaire. Comme ce sont des demi- iambes, Alde les avoit imprimés sur deux colonnes parallèles, . de manière qu’il ne falloit pas lire la première avant la seconde, mais passer du premier vers dela première co- lonne au premier vers de la seconde, et ainsi de suite. Alde avoit fait ses deux premières colonnes corres- pondantes de vingt-six vers chacune ; les quatre sui- vantes de trente, et les deux dernières de huit. Les héritiers de Junte, croyant queces colonnes selisoient l’une après l'autré, pe comptèrent point les vers de chaque colonnè d'Aldé {ils firent les deux pres mières de vingt-quatre au liéu de vingt-six, lés quatre suivantes de vingt-huit au liéu de trente, et les deux dernièrés de quatorz2 âù lieu de huit. Ainsi le pre. mier vers de là première colonne né trouve plus à côté de lui sur la seconde le second vers du poëme, mais le quarante-neuvième, et ainsi du reste, Léssing est lé prémier qui dit observé, pag. r40 du recueil Megiseri Opivnid: - ‘| ét déjà indiqué; que cette étrange confusion avoit pris haïissance dans cette édition de 151g. Un moyen fa- cile et sûr pour remeltre en ordre ce poëme dans lès éditions où il est ainsi bouleversé , c’est-à-dire, dans celle des Juntes, d’Ascensius ; de Froben, d'Henri Etienne et des héritiers de Weshel , c’est de faire huit colonnes séparées : les deux premièrés seront _composéés de vingt-six vers chacune ; les quatre sui- väntes de trente, et les deux dernières de huit. $i on ne veut pas sauter continuellement d’une colonne à l’autre , on n’a qu’à espacer les lignes de chacune dés colonnes de gauche , et y intercailer celles de la colofné de droite, de manière que le premier vers dé là seconde colonne soit placé dans le premier vuide de la première, et ainsi de suite. Pour éviter touté erreur, voici les têtes de chaque colonne. Ï. IL. Bas: pabtir arbeaxs Oiepe or terre e:ouæ III, I V. "Odu ro rar duAgries. Es di ping Tai] Vs VE Arasuirss sx650e Dig Rome dE ur V 1L VIA. 'Ag'énorrsTémrsusor à Kéopeus Qégor x Bles . Du reste, comme ce poëme est curieux et qu’il n'entre point dans mon édition; je le publieraï à part, Ârsenius avec le pape Paul , et sa soumission à l’église ro- > mainele rendirent si odieux aux Grecs schismatiques , qu’il 3 fut exeommunié par Pachome, patriarche de Constanti- » nople …. Les Grecs disent qu’Arsenius, après sa mort , fut > Broukolakas , c’est-à-dire, que le démon venoit errer à > l’entour de son cadavre æt l’animoitençcore. Je yous parlerai Tome II, P 226 ! Philologié. | > une autre fois de la folle opinion des Grecs modernes tou- > chant les Broukolakas. » Guillet n’a pas tenu sa parole; mais beaucoup d’autres en ont parlé. La su. erstition fait croire à une partie des Grecs modernes que cette espèce de revenans , appelée Besxéauas , BsAx6A&- nas , Bsexohaxus ; BseCsharus , Bedyhaxes ; Beixohauxes s se plait à tourmenter les vivans , à venir les appeler par leur nom ; que s’ils répondent au premier appel le spectre se re- tire, et qu’ils meurent bientôt après; que si au contraire ils‘ ne répondent pas , il ne leur arrive aueun accident. Ce sont Fr. selon eux, les personnes mortes dans les liens de l’excommu-« nication , qui viennent ainsi apparoîlre aux vivans. Tant que, | cette excommunication n’est pas levée, leurs corps sont in- corruptibles , mais enflés et résonnans comme des tambours; dès qu’elle est levée, ils tombent en poussière. C’est pourquoi dans la prière solennelle qui se fait sur un mort pour l’ab- soudre de l’excommunication , on demande que son corps re- tourne aux élémens dont il fut eomposé , et que son ame soit reçue dans le chœur des Justes, To péy cœpa dimAvO ver Eis Tu té a cuve]édm > T#y D uxcur xauyæy vas ev To oeù To? Auxalwy (a). Pour empêcher ces Brucolaques de sortir de: leurs tombeaux , on leur enfonce de gros et longs clous dans: les tempes ; on leur arrache le cœur; on met leurs corps eu» pièces ; ou bien on leur coupe latête. : On peut consulter, sur le démêlé d’Arsenius avec Pachome, la Turco-Græcia de Martin Crusius, liv. II, pag. 146etsuiv.: on y trouvera quelques pages curieuses pour l’histoire de la superstition et du fanatisme. Leo Allatius , dans sa lettre au médecin Zacharie Zacchias , de Græcorum hodie guorundam. opinationibus ; imprimée à la suite du Traité de Templis Græcorum , Cologne , 1645,in-8°., a consacré aux Bruco- laques les paragraphes XII—XVIIL. Mais le chapitre le plus singulier, selon moi, celui qui montre le mieux jusqu'où (a) Evnonéyior To pi ya Venise, in-4%. , 1775, pag: 165. Mepiseri Opsonia. 227 peut aller , touchant ces prétendus revenans, la crédulité en- fantée et nourrie par le faux zèle et la superstition , c’est le chapitre XV , pag. 208 et suiv. de la Relation de ce qui s’est passé de plus remarquable à SANT- ERINI, île de l’Ar= chipel, depuis l'établissement des Pères de la compagnie de Jésus en icelle , etc. par le P. Fr. Richard, missionuaire de la même compagnie. Paris , Seb. Cramoisy , 1657, in-8°, Ce chapitre est trop long pour trouver place dans celle note ; cependant comme le livre du P. Richard n’est pas commun, et que ce chapitre ne doit pas rester inconnu-aux commissaires que le directoire envoie dans les îles jadis vénitiennes pour ÿ organiser l'instruction et les débarrasser des préjugés qui pèsent sur ellés depuis tant de siècles , il sera ré mprimé em entier dans le Numéro prochain. D. Calmet , dans son Traité sur lApparition des Esprits et sur les Wampires , Paris, 1751 , raconte , pag. 131 du second volume , d’après Tourne- fort, l’exhumation d'un de ces Brucolaques faite en janvier ‘x701 dans l’île de Mycon , en présence de cet illustre voya= geur. « On a peire à se persuader , dit D. Calmet dans la pré- » face de ce volume , qu’une nation aussi spirituelle que la » grécque, ait pu donner dans une idée aussi extraordinaire » que celle-là : il faut que l’ignorance ou la prévention soit » extrême parmi eux , puisqu'il ne s’y est trouvé ni ecclé- » siastique ni autre écrivain qui ait entrepris de les détrom- » per sur cet article. » — On peut, je crois , indiquer l’ori- gine de celte superstition , qui souvent n’est que ridicule , mais qui quelquefois aussi conduit à l’atrocité, c’est-à-dire , à la violation des tombeaux , la plus barbare et la plus infa- mante. Socrate dit à Cebès , dans le Phedon de Platon , que les ames , pendant le long séjour qu’elles ont fait dans les corps, ont contracté je ne sais quoi de pesant qui les fait gra- viter sans cesse vers la matière ; qu’épouvantées à l’aspect des ténèbres et des enfers, elles sont entrainées vers la lumière ; que , si l’on en croit des bruits populaires, on a vu quel- ques-unes de ces ames errer autour des tombeaux, sous la forme d’ombres et de fantômes ; qu’elles sont visibles , ,arce P2 (l ’ à28 . Philologie. qu’eiles traînent encore avec elles des particulesterrestres. Ce pe sont pas, ajoute Socrate, les ames des bons qui erreht ainsi aulour des monumens, mais celles des méchans : elles portent Ja peine de leur vie dépravée , et attendent, toujours errantes, que la partie corporelle qui Les suit toujours et qui presse leur réunion, les fasse rentrer dans les corps qu’elles ont quittés, et qu’elles puissent reprendre leurs anciennes habitudes (2). æ Voilà bien , si je ne me trompe, l'origine des Bruco- laques. Platon avoit tracé les premiers linéamens de la figure; la superstition l’a dessinée en grand et enluminée. (3) On en trouve la traduction française par l’abbé de Bel- legarde , à la suite de celle des Fables d’Esope, de Gabrias, d’Avienus , de Philelphe, ete. Paris, chez Brunet , 1703, in-8°. , avec les fig. de Raymond : tom. II, pag. 302, et dans les éditions qui ont suivi celle-ci. (a) lessing , l’un des plus grands hommes qu’ait produit l'Allemagne moderne , prétend que cette Pythia est l’Æski- sher dont parle Paul Lucas (e). Je discuterai ailleurs cette opinion, qui me paroît la plus vraisemblable. Cet ouvrage de Lessing, intitulé Zur Geschichte und Litteratur, aus den Schactzen der Herzoglichen Bibliothek zu Wolfenbuettel , (Pour l'Histoire el la Littérature , tiré des trésors de la Bi- bliothèque ducale de Weoltfenbuttel ) , Brunswig, 1773—B1, in-89, , six parties, mériteroit bien que la partie allemande fût traduite en français, et que les autres pièces grecques, la- tines, espagnoles qui l’aceompagnent , fussent réimprimées correctement. J'en dis autant de ses Mélanges ( Vermischte Schriften }, dont il publia lui-même le premier volume à Berlin chez Woss en 1791 , et dont les trois autres furent pu- (à) Plat I, pag. 81, C.E., édit. d'Henri Etienne ; I, pag 185 , édit. de Dé Pout J (c) Voyage fait par erds du roi. Mt 1714, tom. I, ‘pag. 163. / Megiseri Opsonia. 229 bliés après sa mort, arrivée en 1781 (il étoit né en 1729), pat son fils Charles, le deuxième et troisième en 1784, et le qua. ième en 1785 , in-12, Quant à ses Mélanges de Littérature { Kollectaneen zur Litteratur ), publiés par Eschenburg à Berlin, 1790, 2 vol, in-12, je les traduirai, et nous les com- menterops : 1l y a d'excellentes choses; mais il y en a peu où il n’y ait à ajouter ou à reprendre. (5) C’est ainsi que, dans ce même catalogue , mème page, arrès avoir annoncé l’édition des Aldes, 1550 , on met immé- diatement après: Zd. cum interp. lat. Lubini , in-8°., Rosto- chii, 1600. Qui ne croiroit, en lisant cette annonce , que c’est une Antholegie entière ? Ce n’est cependant que E premier livre; je possède même cet exemplaire avec les armes d'Emeri Bigot. (6) Le citoyen J. B. Grainville a publié l'an Vles Hymnes de Sapho , nouvellement découvertes, et traduites pour la pre- mière fois en français, avec des notes et une version italienne » in-12. Voici l’histoire de cette prétendue découverte. Un gé- néral napolitain , le maréchal don Vincenzo Imperiali , pu- blia à Naples en 1784 une brochure in-8°. de 110 pages , sans date ni nom de lieu , et cachant le sien sous ces lettres ini- tiales S. J. P. À. , Sosare Jtomeio, Pastore Arcade , intitulée La Faoniade di Saffo , tradotta in italiano. Il avoit envoyé son manuscrit de Madrid où il résidoit alors , chargé d’une mission importante de sa cour, et l’avoit adressé à son ami et confrère parmi les Arcades , Licofonte ‘rezenio , le due de Belforte , poële aimable. M. Imperiali dit dans son avertissement, qu’un navire russe, qui faisoit voile pour la mer Egée, ayant été forcé d’entrer à Sainte-Maure, l’ancienne Leucade , l’une des îles vénitiennes qui nous sont échues en partage , M. Ossur, célèbre littérateur russe, voulut s’assurer s’il n’existoit pas encore quelques restes du temple d’Apollon; qu’il découvrit en effet quelques ruines de ce temple ; qu’une inscription lui apprit que l’infortugée Sa, ho y avoit été en- P3 230 Philologie. terrée ; que la euriosité lui fit faire quelques fouilles dans Île voisinage , et qu’enfin il trouva une caisse de pierre contenant quelques papyrus , du nombre desquels étoit celui dont il donne la traduction. Je n’ai pas besoin d’avértir que tout cela est une fiction , quoique l’auteur termine ainsi son avis au lecteur : « Qui auroit jamais dit qu'à une princesse du Nord , » légis'atrice et guerrière, prôtectrice des sciences et des sages, » étoit réservée lagloire de déeouvrir après vingt-quatre siècles » les ouvrages d’une poëtesse grecque ? » Le poëte napolitain a tiré parti de quelques fragmens de Sapho , recueillis pat Clrét. Wolf, Hambourg , 1733, in-4°. , et en a composé cinq hymnes et cinq odes qui ont de la grace et de la mollesse À mais qui se sentent trop de la mignardise italienne ; ce sont ces différentes pièces que le citoyen Grainville a traduites en français, ignorant probablement le rom de l’auteur, son confrère parmi les Arcades, 1 meme cn MBOEÉSIE FRANCAISE. Les Souyenrrs, la SÉPULTURE et la M£ELAN- cou1e , par G. Le, GOUrTÉ , associé à l'Institut national, seconde édition. Paris, Lemierre , rue Jacob, n°. 12 ; Huet, rue Vivienne, n°. 8 (1). Drvis que tout le monde fait des vers, la poésie est tombée dans une sorte de mépris. Comment dis- tinguer en effet, quelques ouvrages dignes de Pes- time publique, à moins qu’à l’aide d’un nom déjà ‘célèbre , ils ne se distinguent eux-mêmes de, cette foule dé productions dont tant de versificateurs igno- rés couvrent les avenues du Parnasse ? En vain les journaux s’efforceroient, par des éloges , de rehausser l'éclat de ces poésies éphémères : trop souvent guidés par la partialité de Pamitié , ils prodiguent dans leurs analyses des louanges peu méritées que démentent leurs citations. Pour nous, délerminés à ne jamais tromper nos lecteurs, nous gardons le silence sur la plupart de ces vers de société, de ces recueils sans intérêt que les auteurs s’empressent de publier ; in- sensés qui, trop avides de renommée, ne pensent pas qu’on doit préférer l’obscurité à la triste réputa- tion dont ils s’accablent! Trop impartiaux pour Îles louer, nous ne pourrions, en parlant de leurs ou- Iyrages, qu’inviter les gens de goût à ne les pas lire: et certes , ils n’ont pas besoin d’un pareil avis. (x) Cette seconde édition est la seule que l’auteur arous,; la première est fautive. P 4 332 | Poésie francaise. Mais il ne faut pas que le dégoût qu’ils inspirent au Pre pour le plus aimable des arts, s’étende jus+ qu’aux productions dignes d’un meilleur sort, Com- battre ce dégoût, réveiller l'amour de la bél'e poésie en appelant l’attention de nos lecteurs sur les écrits qui doivent leur en faire sentir tous les charmes, tel est notre devoir, êt c’est pour le remplir que noue nous empressons de leur faire connoître les trois poëmes remarquables du citoyen Le Gouvé. Le premier a pourtitre: Les Souvenirs » ou Les Avantages de la mémoire. Quel cadre pour le poëte ! Combien un pareil sujet ne lui offre-t-il pas de tableaux variés, de contrastes heureux , de ré« flexions philosophiques et set LS Par les souvenifs , le vieillard r'ôuvré sa car- rière ; Et dans l'illusion dont son ame est ravie; Il repousse sa tombe et s’attache à la vie. L'infortuné, tombé dela splendeur dans l’indigence, se souvient qu’il fut le protecteur de la foiblesse et du mérite : Il se croit riche au moins de ses nombreux bienfaits, Et reste heureux encor des heureux a a faits. L'amant solitaire retrouve encore l’objet dont il est séparé ; comme Saint-Preux, qui, dans les monts du Valais, franchit, par les souvenirs, l’intervalle Sy À s P 3 Y qui le sépare de Julie; il se croit tantôt dans le | Les Souvenirs , etc. 233 bosquet de Clarens , dans le -chaleë qui dut le rendre heureux : Il trompe son exil, il charme son ennui, Savoure du bonheur l'ivresse renaissante, Et remplit les déserts de sa maîtresse absente, L'homme, dans les bras du sommeil , goûte en- core par les songes les douceurs des souvenirs : ils lui retracent ses plaisirs les plus doux ; ils lui rendent les amis dont la mort l’a privé. Ils prêtent un nouvéau charme à tout ce qui s'offre à ses regards. On aime à revoir ceux qui pour nous ont tout fait : L'aspect d’un bienfaiteur est un nouveau bienfait. Ils embellissent tous les,arts ; ils fournissent aux peintres ces grands accidens de la mature qui n’é- toient pas sous leurs yeux lorsqu'ils les tracoient sur la toile. Non : ils n’étoient présens qu’aux yeux de leur pensée. Si Euripide, Alcée : Tous ceux de qui les vers si doux à retenit, Ont captivé leur siècle et eonquis l’avenir , S’ils ont , sous des couleurs fidelles ; éloquestes , Tracé du cœur humain les passions brülantes, C’est qu’ils avoient senti ee qu’ils ont exprimé : Pour bien peindre l’amour, il faut avoir aimé. C’est au souvenir que nous d-vons les bienfaits de Phistoité : c’est lui qui créa son flambeau. Avant qu’on vit briller sa lnmière féconde , Les temps 5e suecédoient dans une auit profonde ; - Poésie françause. Les peuples , tour à tour par l’oubli dévorés, | Surla terre passoient l’un de l’autre ignorés : | Les grands événemens n’avoient point d’interprètes; Les débris étoient morts , et les tombes muettes ; L'histoire luit : soudain les temps ont reculé ; L’ombre a fui; les tombeaux , les débris ont parlé; Les générations s’étendent et s’instruisent, Et de l’esprit humain les travaux s’éternisent. O charmes de l’étude ! Ô sublimesrécits! Dans quels transports le sage, à son foyer assis, Suit les nombreux combats et d’Athène et de Rome , À travers deux mille ans applaudit au grand bomme, Consulte l’orateur et le guerrier fameux , Partage les revers des peuples grands comme eux , Voit l'empire romain sous le fer des Vandales, De ses vils empereurs expier les scandales, Et, bientôt déchiré par divers potentats, Son cadavre fécond enfanter cent états ; Retrouve en d'autres lieux , sur la sanglante arène, Marcius dans Condé , Scipion dans Turenne; Et, rempli des héros et des faits éelatans , Ainsi que tous les lieux embrasse tous les temps. Si quelquefois l’histoire nous retrace des souve- . nirs affligeans, nous y puisons encore des leçons pré- cieuses ; elle nous apprend Que le crime ne put même après le remord, S’absoudre et se cacher dans la nuit de la mort, Elle effraye le coupable Dans ces jours de forfaits où , creusant nos tombeaux, Un vil tyran sur nous fit régner les bourreaux : < L’impunité, disois-je , au meurtre en vain l’excite 3 » Il est du moins puni lorsqu'il songe à Tacite : » Il palit , effrayé de ce hardi pinceau 3 Quai du crime à Néron sut imprimer le sceau , . Les Souvenirs, etc. 235 » Etse voit comme lui , rar de mâles peintures , » Renaïire tout sanglant chez les races futures, » Mais l'Univers est encore vivante histoure. Le voyageur qui le parcourt interroge Trébie, Canne , Thrasymène | tous les lieux illustrés par de grands hommes , par de grands événemens : l’Tta- lie lui rappelle Marius, Scœvola , César, Pompée, Horace , Virgile : la Grèce lui retrace les jeux olympiques ; il pleure avec Ariane , avec Sapho; il suit Léandre aux rives d’Abydos. Et sur ces bords rendus à leur splendeur première, L’antiquilé renaît et brille toute entière. Dans Europe moderne, les champs de Fleurus st: d’Arcole inspireront au guerrier les plus glo- rieux souvenirs : Dans ces lieux «Tout viendra du Français flatter l’ame attentive.; Il entendra des morts gémir l’embre plaintive ; Et,.foulant ces gazons de leur sang illustrés, Sentira tressaillir leurs ossemens sacrés. Combien sont doux encore les souvenirs que fait naître l’asile où s’écoulèrent les béaux jours de 1 is enfance ! ! { Ce mur que je frappois d’une balle docile , Cette pierre applanie ; où d’une corde agile , Sous mes pieds bondissans ma main doubloit les tours , Chaque objet me ramène à ces aimables jours Où #4 plaisirs sont vifs , les peines sont légères ; Où l'on croit tous les cœurs généreux et sincères ; 236 Poésie française, Où l’ame viergeencor , dans le sommeil des sens j Des folles passions ignore les tourmer Où l’on ne connoît pas l’orgueil de l’opulence, Je redevieus enfant aux lieux de mon enfance. Mais le souvenir qu’on An après soi a des charmes p'us vifs encore ; c’est l'espoir de ces sou- venirs qui créa les grands hommes : le désir de vivre dans la postérité électrisa Voltaire, Jean Jacques, Raynal. L'espoir d’un souvenir conduit même aux vertus. Cetillustre vieillard proscrit par Anitus, Intrépide martyr de sa haute sagesse, Eût-i] dans les eachots bu la mort sans foiblesse 7 S’il n’eût eru que le monde , bonorant son tombeau , D'un opprobre éternel flétrirait son bourreaû ? Quand Brutus, s’immolant , sut dompter lauature, Il se sentit d'avance en sa grandeur future ; | Et Barnevelt, frappé comme un vil criminel, Voyoit son échafaud se changer en autel. Le grand homme a seul droit de briguer cet hommage Qui dans tout l’avenir consacre son image; Mais d’un tribut plas doux l’homme obseur est épris; Il veut le souvenir de ceux qu'ila chéris. Qui ne se dit , tout près de perdre la lumière: « Ma fille de ses pleurs baignera ma poussière: » Le long deuii d’une épouse attestera sa foi : » Quelquefois mes amis s’entretiendront de moi : » Je reste dans leurs cœurs, je vivrai dans leurs larmes!» Ce tableau de la mort adoucit les alarmes , Et l'espoir des regrets que tout mortel attend. ; : Estun dérnier bonheur à son dernier instant. Fel est le plan du poëme des Souvenirs. On sent qu’il n’étoit pas susceptible de beaucoup d'ordre. Il Les Souvenirs , etc. 237 devoit être l’image des souvenirs eux-mêmes qui se succèdent sans observer une marche régulière, C’étoit sur tout par les contrastes que l’auteur devoit atta- cher l’imagination ; ils sont heureusement saisis, et le poëme est infiniment varié. Il est du nombre de céux qu’on loue mieux par des citations que par des éloges. On a pu remarquer dans les vers que nous avons transcrits, une grande correction de style, un choix d’expressions toujours heureuses , et cette sorte de facilité que le poëte ne peut atteindre que par un pénible travail. Le poëme de la Mélancolie est moins varié. Le ton en est plus uniforme. Il devoit l'être. Ce sujet ne présente qu’une suite de pensées toutes à peu près du même genre, et c’eût été s’en écarter que de vouloir Porner par cette variété brillante qui fait le charme des Souvenirs. Il y avoit donc ici plus de difficultés à vaincre, et sous ce rapport,/a Mélancolie mérite- roit la préférence sur les Souvenirs , puisque le style en est aussi pur, la poésie aussi soignée et l'intérêt aussi soutenu. Nous ne suivrons pas ici les pas de l’auteur. On ne peut analyser un ouvrage dont chaque pensée ne sauroit‘être détachée de celle qui la précède. Nous nous bbrnerons à quelques citations. L’astre majestueux qui verse la lumière , Peut un moment de l’homme attacher la paupière, Lorsqu’inondant les cieux en son cours agrandi, 11 déploie à longs flots la splendeur du Midi ; Mais l’œil qu'ont ébloui ses brülantes atteintes, Démande à reposer sur de plus-douces teintes : 238 Poésie française. T1 se plaît à chercher dans des nuages d’or L’astre qu’on ne voit plus et que l’on sent encor. Ce jour a son déclin, la nuit a sa naissance ; L’ombrage des forêts qui dans les champs s’avance , La chanson de l’oiseau qui par degrés finit, La rose qui s’eflace et l’onde qui brunit; Les bois , les prés dont l’ombre obseurcit la verdure, , L’air qui souffle une douce et légère froidure , Phœbé , qui seule encore et presque sans clarté, Au milieu des vapeurs lève un front argenté, Et semble, en promenant son aimable indolence , Un fantôme voilé que guide le silence ; Le murmure des flots qu’un entend sans les voir, Et le cri du hibou dans le calme du soir, Combien de ces objets on goûte la tristesse ! Que sous son crêpe encor la nature intéresse ! A l’heute où la journée approche desafin, Le sage en soupirant contemyle ce déclin, Et , ramenant sur sei sa pensée attendrie , Voit dans le jour mourant l’image de la vie. Nous ne craignous pas de fatiguer nos lecteurs par les citations : en voici une autre dont nous pensons qu’ils nous tiendront compte. Après avoir parlé des Laissons ces vieux débris , sépulchres des cités , Que sont-ils aux regards du rêveur solitaire , Près de ce ténébreux et profond monastère , Sépulchre des vivans , où , servant les autels , Au sein d’un long trépas respiroient les mortels ? La raison a parlé : tous ces réduits austères villes fameuses détruites par le temps, l’auteur dit :. Ont dépouillé leur deuil, leurs chaines, leurs mystères ; Mais quoique leurs parvis , leurs autels, soient déserts , Au cœur mé:ancolique ils restent toujours chers. : Les Souvenirs, etc. 239 L’œil avide recherche , en ces saints édifices L Les cellules , témoins de tant de sacrifices ; Ces formidables mots , Néant, éternité, Dont s’obscurcit encor le mur épouvanté ; Les voûtes où , d’un dieu redoutant la sentence, Le front pâle et courbé, prioit la pénitence ; La fosse que , docile au plus cruel devoir, Creusa l’infortuné qu’elle dut recevoir ; Et le nocturne airain dont les sons despotiques Arrachoient de leurs lits ces pieux fanatiques, Qui, dans l’ombre entonnant de lugubres concerts, Perdoient seuls le repos que goûtoit l'Univers. L’amour donne sur-tout un charme à ces retraites ; L’amour gémit long-temps sous leurs ombres muettes : De Rancé, de Comminge , ah ! qui n’a plaint les feux ! Tous deux veufs d’une amante et ioujeurs amoureux, Embrassèrent en vain le froid du sanctuaire : Ils brûloient sur le marbre , ils bräloient sous la hairé; Leur flamme que le eloître et le jeune irritoit, Jusqu'au pied des autels à Dieu les disputoit; Et leur voix trop souvent dans leur profäne ivresse, . Aux chants sacrés mêla le nom de leur maîtresse. De l’amour , du devoir , à rigoureux combats ! La paix étoit près d’eux, ils ne la sentoient pas ; Mais de qui sait aimer leurs maux font les délices. J’erre dans ces réduits qui virent leurs supplices : Je demande à l’écho le bruit de leurs douleurs; Je demande à l’autel la trace de leurs pleurs. Mes pleurs mouillent le marbre où leurs larmes coulèrent , Mon cœur soupire aux lieux où leurs cœurs soupirèrent; Et je me peins, touché de leurs revers fameux, ‘Les jours où je brülois , où je souffrois eomme eux. En voilà sans doute assez pour inspirer à nos lec- teurs le désir de connoître ouvrage entier , et d’ap- précier le talent du poëte qui, prenant Delille pour ‘ 240 Littérature. modèle, s’est montré quelquefois le rival d’un sigrand maître. On aura sur-tout reconnu sa manière dans la description du crépuscule du soir,et l’on retrouvera la pureté de son style dans les trois poëmes que nous annonçons :on y remarquera même souvent, comme dans ce poëte , des formes simples, une versification harmonieuse et une grande richesse de poésie. L’impart alité cependant nous ordonne de relever dans le poëme des Souvenirs , quelques transitions négligées , telles que : C’est peu de rajeunir le vieillard étonné , L e e e. 2 L2 e L1 e e La L1 L e e L’auteur a mieux évité ce défaut dans ses deux autres ouvrages ; mais nous y reprendrons un petit nombre de touraures ou d’expressions forcées , comme dans ces vers : Voyez-vous , pour entendre Emilie , Orosmane , Phèdre en proie à l’amour qu’elle-même condamne, Comme un peuplenombreux dans le cirque est pressé. -Voyex-vous , pour entendre ; embarrasse la pensée , qui eût été plus claire si l'auteur, conser- vant son inversion, avoit pu dire: voyez-vous comme, pour entendre ; et “ji Ce eût-il mieux valu en- core que l’inversion n’y fût pas. Nous citerons encore un vers dont l’heureuse idée perd de son mérite par une construction vicieuse : Et sur la page humide une larme est tombée. Au moment où cette larme est tombée la page n’étoit pas encore humide. Mais Poésie française. 241 Mais n'est-il , pour l'esprit de s’instruire jaloux, Que la voir de Clio P . . + a. . . . . 0 . . . . o ù . È * Mais si l’on doit aimer son propre souvenir, Le souvenir qu’on laisse a-t-1l moins droit de plaire? La foiblesse de ces vers est d’autant plus remar- quable , qu’ilscommencent ou suivent des tirades très soignées. Mais lorsque la critique s’arrête sur des défauts si légers et si raies, on aperçoit son impuissance, et l’on est d’avance forcé d’estimer l’ouvrage qui, parmi tant de beaux morceaux , lui laisse si peu d’oc- casions d’exercer sa sévérité. Nous en trouvons cependant une autre que sa res- semblance avec celle que nous venons de saisir, ne nous permet pas de laisser échapper : #rrosent chaque jour leurs tiges abreuvées. Si déjà les plantes dont parle ici l’auteur étoient abreuvées, pourquoi les arroser ? Nous trouvons ce vers dans l’ouvrage qui a pour titre /a Sépulture. Ce morceau, sur lequel nous ne croyons pas devoir nous arrêter, parce qu’il est déjà connu (r), et que l’auteur ne le publie qu'avec un très - petit nombre de changemens , est moins un poëme qu’un discours dans lequel le citoyen Le Gouvé a voulu appeler l’attention des législateurs sur l’in- décence avec laquelle ies vivaus se séparent des morts. Son ouvrage est écrit comme doit l’être un discours ; (1) Il est imprimé en entier dans le Magasin , deuxième année ,tom.IIT ,p. 510. A. L, M. Tom. 11. Q 242 Littérature. aussi le lecteur y trouvera-til moins ce luxe de poésie qui caractérise les deux autres, mais il sera souvent ému ; et si la douleur de quelque perte récente a cessé d’affliger son cœur , il se plaira à relire un ouvrage qui réveillera doucement ses regrets et lui demandera encore quelques larmes. | Mais le citoyen Le Gouvé a su parler aussi au cœur dans ses deux autres poëmes : tous les tableaux, toutes les descriptions mêmes, sont accompagnés de quelques réflexions qui respirent la plus douce phi- losophie. Aussi l’ami des lettres et l’ami des mœurs trou- veront-ils un plaisir égal à lire cet excellent recueil qui, contribuant à la fois à ranimer l’amour de * la vertu et à relever l’honneur de la belle poésie, ajoute une palme nouvelle à celles que le citoyen Le Gouvé a déjà cueillies dans la carrière tragique. PascHAL BUHAN. EE NAT V. E'L'RETS E T CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES. Le 15 messidor l’Institût a tenu une séance pu blique. Après la lecture des travaux du trimestre précé- dent , le citoyen David Leroy a lu un Mémoire Sur les petits navires de Buerre des anciens, qu’il a considérés depuis la première guerre punique jusqu’à la bataille d’Actium ; il a choisi cette époque comme étant celle qui offroit les perfectionnemens les plus remarquables, et sur laquelle on a le plus de lumières. Il a fait sentir les aVantages que possédoient ces bâtimens extrêmement étroits pour leur longueur, plusieurs d’entr’eux ayant été huit et même dix fois plus longs que larges; ce qui leur permettoit, quoi- qu’à rames seulement , d’aller avec une grande cé- lérité. Le citoyen Leroy pense que le perfectionne- ment de nos voilures n’auroit pas dû nous faire autant négliger les rames, et que des bâtimens de guerre du genre de ceux-là Pourroient encore, sur- tout dans les calmes, nous Procurer de grands avan tages. On à lu pour le citoyen Delambre , occupé dans ce moment près de Carcassone à la mesure du mé- ridien, un détail des moyens employés pour mesurer avec une grande exactitude une portion de l'arc Q 2 244 Nouvelles littéraires. entre Melun et Lieusaint. Nous avons donné les mêmes détails (tr). Le citoyen Fieurieu a communiqué des conjec- tures, peut-être un peu trop hypothétiques, sur la manière dont a pu se peupler la côte du nord - ouest de l'Amérique , et une vue générale de cette côte et des deux Amériques sous le rapport de la civi- lisation. Ce mémoire étoïit par-tout empreint des. vastes connoissances de son auteur. Le citoyen Colin-Harleville a récité un dialogue entre l'Homme et sa Conscience , où l’on a re- trouvé son talent aimable et naturel. Plusieurs traits de sentiment ont été vivement applaudis. Dans ce dialogue , la conscience de l’homme lui reproche ses plus légers défauts, ceux qu’il croit pouvoir le mieux se dissimuler. | Le citoyen Chaotal a communiqué un mémoire sur la couleur jaune, la seule pour laquelle où n’est pas parvenu jusqu’à présent à réunir un grand éclat à la solidité. Il a indiqué le procédé chymique au moyen duquel il est possible d’y parvenir , et il a saisi cette occasion de faire sentir les obligations que les arts ont à la chymie. Le citoyen Monges a donné ses vues sur les deux statues antiques, le Gladiateur mourant et le Gladia- teur combattant, dont les belles copies en bronze sont à l’entrée du parterre des Thuileries, et dont les originaux vont arriver pour embellir notre Muscum des Antiques (2). (1) Suprà, p. 108. (2) Voyez année IV , tom. I , p. 414. t Le Nouvelles littéraires. 245 Le citoyen Lalande, après avoir rappelé que l’ai- guille aimautée ne se dirige pas exactement vers le pôle, a conclu, de plusieurs observations qu’il a com- mMmnniquées à l’assemblée , qu’elle se dirige vers un endroit de la surface de la terre, qu’il croit approcher beaucoup de l'entrée de la baie de Baffo , au nord du continent de l'Amérique. Le citoyen Molé a ln, pour le citoyen Ændrieux , ‘un conte en vers, intitulé le Doyen de Badajos. . L’Insrrrur national a partagé le prix qu’il a pro- posé en l’an IV , et dont le sujet étoit A La construction d'une montre de poche propre à déterminer Les longitudes en mer ; En obser- vant quelles divisions indiquent les parties dé- cimales du jour; savoir, Les dixrièmes > Mil- lièmes ; ei cent millièmes ; ou que le jour soit divisé en dix heures, l'heure en cent minutes A et la minute en cent secondes (x). Entre deux montres, n°. r et n°. 2, portant pour épigraphe : N°. 1, Ma liberté fait ma constance ; No. 2, Au temps gui instruit. Le citoyen Louis Berthoud est l’auteur de ces deux montres. (x) Le programme est inséré dans le tome I, deuxième année , pag. 298 du Magasin. À, L. M. Q 3 246 Nouvelles littéraires. LA classe des sciences mathématiques et physiques de l’Institut avoit proposé dans l’an IV , pour sujet d’un prix qu’elle devoit décerner dans l’assemblée publique de vendémiaire de l’an VII, les usages du foie dans les diverses classes d’animaux (2). Les mé- moires devoient lui parvenir avant le premier ger- minal de cette année , parce que la classe avoit jugé nécessaire de se réserver six mois pour l’examen des travaux et la répétition des expériences qu’elle attendoit des concurrens. Ce sujet si important, que l’Académie des sciences avoit proposé en 1792, et que l’Institut a cru de- voir continuer d'offrir aux recherches et aux médita- tions des savans, n’a point été traité comme il l’es- péroit : il ne lui est parvenu qu’un seul mémoire, dans lequel la question n’est pas même ébauchée, et dont l’auteur , qui n’en a senti ni le but ni le véri- table état , s’est égaré dans le vague des anciennes hypothèses, et n’a mis à contribution aucune des ressources anatomiques et chymiques que l’Institut avoit indiquées dans son programme: Cette disetie d’ouvrages sur un sujet qui intéresse une des plus belles et des plus utiles branches de la physique, a fait penser à l’Institut,que la grandeur et l’étendue de cetie question , la série des recherches nécessaires pour la traiter convenablement , et sur« jout la difliculté de trouver réunies dans un seul (2) Le programme, publié déjà par l’Académie des sciences en 1702, et par l’Institut en l’an IV ( 1794) , se trouve dans 4e tome II de la seconde année du Magasin , pag. 260. A. L. M. Nouvelles littéraires. 247 homme les connoissances anatomiques et chymiques que sa résolution exigeoit, étoient les causes qui en avoient écarté les concurrens. Sans renoncer à off:ir au zèle des physiciens une question d’un si grand intérêt, il a pensé qu’il devoit la partager en deux branches et en faire le sujet de deux prix, en y con- sacrant , avec la médaille qui devoit être décernée dans l’an VIT sur la totalité de la question déjà in- diquée, celle dont il peut disposer pour cette annte : en conséquence il propose pour sujet de deux prix, de déterminer les fonctions du foie, en séparant ce qui a rapport à la structure anatomique du système hépatique, de ce qui appartient à l’examen chymique des liquides et des solides de ce système. Le premier de ces prix aura pour objet /a forme , la situation , La grandeur , Le poids comparé et La description du tissu, des vaisseaux, des canaux , des appendices du foie considéré dans les principales classes d'animaux, depuis homme jusqu'aux insectes , aux mollusques et aux vers. L'Institut , en rappelant aux concur- rens ce qu’il a déjà énoncé sur ce sujet dans le pro- gramme publié pendant l’an IV , désire spécialement une comparaison des organes hépatiques dans toute Pétendue des êtres animés ; la différence de forme, de masse, de couleur , de structure intérieure du foie; celle des vaisseaux qu’il reçoit, des organes acces- -soires qui l’environnent, de ses connexious el de ses rapports avec l’estomac et les intestins, de ceux qui existent entre le système biliaire et les systèmes de la digestion et de la respiration. 1l invite les anato- Q 4 248 Nouvelles littéraires: mistes, qui savent combien les dissections, poursui« vies dans toutes les classes d’animaux, jettent de jour sur la structure de l’homme, à ne pas négliger non plus les considérations importantes que le foie, ses annexes, son appareil vasculaire, présentent dans le fœtus ; et s’il n’exige pas qu’on devine ou qu’on sup pose , d’après la structure comparée de ce viscère, le rôle que la nature lui donne à remplir dans Péco- nomie animale, il attend au moins des lumières des concurrens et de lassociation de la saine physique aux connoissances anatomiques, quelques données tirées immédiatement de sa structure mieux connue , qui embrassent toute son influence sur la nutrition, la digestion, la respiration , les secrétions , et en gé- néral toutes les fonctions des corps animés. Il espère encore que les concurrens ne négligeront pas, en pro- ftant de toutes les recherches déjà faites par quelques modernes, et spécialement dans le sein de l’Institut, de faire servir à la solution du problème qu’il sou met à leur sagacité, les écarts de la nature, les chan- gemens morbifiques, les altérations quelconques dues aux maladies qui peuvent quelquefois développer d’une manière si év.dente la structure viscérale. Quant au choix des individus sur lesquels les con- eurreps porteront spécialement leurs recherches ana- -tomiques, l’Institut , en leur laissant la plus grande latitude, s’en réfère cependant à ce qu’il a déjà proposé dans le premier programme de l’an IV, dont l’extrait est placé à la suite de celui-ci. Le second prix aura pour objet l’analyse de la éile hépatique ou cystique dans les diverses - Nouvelles littéraires. 249 classes danimauzx dont il a été parlé. Il n’y a “encore eu que la bile humaine et celle de bœuf qui aient été examinées avec quelque soin. La nature comparée de cette liqueur dans les autres animaux, dont les organes et les fonctions diffèrent à beaucoup d’égards, est encore inconnue , et doit jeter beaucoup de jour sur ses usages. Les chymistes, en s’occupant de son examen, y joiïudront , autant qu’il leur sera possible , celle du sang hépatique, soit de celui qui arrive au foie, soit de celui qui en sort. Les concré- tions de ce viscère et de la vésicule du fel devront être aussi le sujet de leurs analyses, en raison des rapports qu’elles offrent avec l’humeur qui leur donne naissance. Le parenchyme ou tissu propre du foie , comparé à celui des autres viscères, enirera encore dans le plan de leurs recherches, et ils y met- tront à contribution les ressources précieuses que les nouveaux moyens de la chymie pourront leur four- nir, Enfin ils auront soin de décrire l’action de la bile entière sur diverses matières organiques, pour déterminer sa véritable influence daus les fonctions animales. Les résultats de leurs travaux, ou lapp'i- cation de leurs expériences à la pliysique animale, . n’admettront point d’hypothèse, et ils devront être d’accord avec les phénomènes que l’observation offre sans cesse aux physiologistes dans les animaux vi- vans. Les changemens de nature que les maladies font paître dans les humeurs et dans le parenchyme hé- patique, sans être exigés par l’Institut pour la so- lution de cette question , seront regardés par les auteurs comme des secours accessoires qui pourront 250 Nouvelles littéraires. aider leurs pas dans cette carrière aussi neuve encore que difficile, Quoique les considérations exposées ci-dessus aient engagé la classe à partager le sujet proposé depuis plusieurs années en deux questions, les physiciens qui croiront devoir cumuler les secours de l'anatomie et de la chymie pour concourir à la solution du pro= blême général qu’il renferme , pourront prétendre à réunir les deux prix par un seul mémoire où une seule dissertation , pourvu que les deux méthodes d'interroger la nature s’y trouvent employées avec assez de sagacité pour remplir le but vers lequel l’Ins- titut cherche à diriger leurs efforts. Mais cette réunion que PInstitut désire, ne doit point détourner les ana- tomistes et les chymistes de travailler en particulier, jes uns à la description isolée des organes du Sys- tème hépatique, les autres à l’analyse de la bile ét des matières qui y ont rapport, et de concourir aingi en particulier à chacun des deux prix proposés. L’Ins- titut saura bien distinguer un travail suivi et plus ou moins complet dans l’une ou l’autre de ces parties, qu’il regarde comme également utiles à la physique animale , d’avec les simples essais ou les expériences et les dissections trop peu soignées ou trop peu exactes et trop peu nombreuses, qui, malgré leur accord apparent, n’offriroient qu’une esquisse impar- faite ou un travail trop peu approfondi. En un mot, VPlnstitut, en laissant à cet égard toute latitude aux auteurs, soit pour traiter la question générale dans un seul ouvrage , et sous le double point de vue anatomique et chymique qu’elle embrasse, soit pour Nouvelles Littéraires. 257 en fraîter isolément la partie anatomique ou la partie chymique , croit cependant devoir avertir les con- currens que ceux d’entr’eux qui voudroient traiter tout l’ensemble , auroient plus d’avantage d’en réunir les deux branches dans le même ouvrage, à cause des rapports immédiats ou des points de contact qui se trouvent entr’elles. Les mémoires destinés à concourir à l’un ov l’autre de ces prix , ou à leur ensemble par un seul ou- vrage , seront envoyés, francs de port, au secrétaire de la classe des sciences mathématiques et physiques, avant le premier nivôse de l’an VIII. Le prix de chaque question sera une médaille d’or du poids d’un kilogramme. Il sera proclamé dans la séance du 15 germinal de l’an VIII. Les savans de toutes les nations, excepté les asso- ciés républicoles de l’Institut , sont invités à s’occuper de cette belle question et à concourir au prix. Les ouvrages seront écrits en francais ou en latin, ou en telle langue que les auteurs voudront em- ployer (3). La classe de littérature et beaux-arts propose, pour sujet du prix de poésie : La Liberté; ode, poime, discours en vers, ou épitre. La pièce ne pourra pas avoir moins de cent vers. (3) Tout le monde connoît la manière à suivre pour en- voyer les ouvrages au concours : elle est d’ailleurs indiquée dans le tome II de !a seconde année du Magasin , pag. 258. A. L. M. 352 Nouvelles littéraires. Le prix sera une médaille d’or, du poids de cinq hectogrammes : il sera distribué dans la séance publique da 15 germinal de Van VII. Les auteurs de tous les pays ; les membres et associés de l’Institut exceptés, sont admis à con- courir. Les ouvrages ne seront reçus que jusqu’au 30 pluviôse de la même année : ce terme est de ri- gueur. La classe des sciences morales et politiques avoit proposé , pour sujet du prix de l’an VT , la question d’économique suivante : Pour quels objets et à quelles conditions con- vcent-ul à un état républicain d'ouvrir des em- prunts publics P Les mémoires envoyés au concours n’ayant pas rempli les conditions du programme, la classe pro- pose de nouveau le même sujet pour Pan VIL. Le prix sera de cinq hectogrammes d’or frappés en médaille : il sera distribué dans la séance pu- blique du 15 vendémiaire de Pan VIII de la répu- blique, Les ouvrages ne seront reçus que jusqu’au 15 mes- sidor de l’an VII : ce terme est de rigueur. Les savans de tous les pays, les membres et as- sociés de l’Institut exceptés, sont admis à concourir, La même classe propose pour sujet de prix de science sociale : Quelles doivent être ; dans une république Nouvelles littéfaires, 258 bien constituée , l’étenducet les limites du pou- voir du père de famille ? Le prix sera de cinq hectogrammes d’or frappés en médaille : il sera distribué dans la séance pu- blique du 15 vendémiaire de l’an VIII de la répu- blique. Les ouvrages ne seront reçus que jusqu’au 15 messidor de l’an, VII : ce terme est de rigueur. Les savans de tous les pays , les membres et associés de l’Institut exceptés , sont admis à con- courir. Pour sujet de prix de géographie. Détermirer guels sont Les grands changemens arrivés sur le globe, et qui sont, soit indi- qués , soit prouvés par l’hustoire. Le prix sera une médaille d’or du poids de cinq hectogrammes : il sera distribué dans la séance pu- blique du 15 nivôse de l’an VIII de la république. Les auteurs de tous les pays, les membres et associés de l’Institut exceptés , sont admis à concou- rir : les mémoires seront remis avant le 15 vendé- . miaire de l’an VIII : ce terme est de rigueur. Pour sujet de prix de morale , la classe des sciences morales et politiques avoit proposé , pour sujet de prix de l’an VII, la question suivante : Quelles sont Les institutions les plus propres à fonder la morale d’un peuple ? Les mémoires envoyés au concours n’ayant pas 254 Nouvelles littéraires. rempli les conditions du programme ; la classe pro+ pose de nouveau le même sujet ; elle annonce qué; dans la séance publique du 15 vendémiaire an VIT, elle publiera dans un nouveau programme quelques développemens sur celte question importante. | Le prix sera de cinq hectogrammes d’or frappés en médaille ; il sera distribué dans la séance pu- blique du 15 nivôse de L'an VIII de la république: Les ouvrages ne seront reçus que jusqu’au 15 VEN- démiaire an VIII : ce terme est de rigueur. Les savans de tous les pays ; les membres et asso- ciés de l’Institut exceptés, sont admis à concourir. On a ensuite distribué le programme suivant sur La continuation de ta notice des manuscrits. L'établissement de ce travail eut lieu dans l’aca- démie des belles-lettres en 1785. Son objet fut de faire connoître par des notices exactes et des ex- traits raisonnés, les manuscrits de la bibliothèque qui portoit alors le nom de royale ; de traduire, et même de publier en leur langue originale , les pièces qu’on jugeroit dignes d’être imprimées en entier. Huit membres de l’académie en étoient spé ciälement chargés : trois devoient examiner les ma- nuscrits orientaux 3 deux; les manuscrits grecs ei Jatins ; trois, les manuscrits relatifs à l’histoire de France et aux antiquités du moyen âge (4): (4) I a paru irois volumes publiés par eetle commission , sous le titra de Notices des Manuscrits de la Bibliothèque Nouvelles littéraires. 255 Mais indépendamment de cette mission parti- culière donnée à huit membres de l’académie , tous les autres académiciens étoient invités à y concourir ; il avoit même été adressé une invitation générale aux savans, tant de la capitale que des provinces, de faire connoître les manuscrits renfermés dans les dépôts publics et particuliers où ils pourroient avoir accès. L’Iostitut national annonce au public, qu’en exécu- tion de l’article XXV de la loi du 15 germinal an 4, qui le charge de continuer la notice des manuscrits, il a repris ce travail ; que plusieurs notices déjà rédi- gées par ses membres vont être remises à i’imprime- rie de la république , pour y être imprimées d’après les ordres donnés par le directoire exécutif. Pour ac- célérer cet important travail , et le rendre d’un inté- rêt plus général, l’Institut adresse à tous les savans les mêmes invitations qui leur ont été faites en 1785 ; il leur propose le même plan. La bibliothèque na- tionale, déjà riche de ses propres fonds, à multiplié ses trésors en recueillant le fruit des victoires rem- portées par la république. Des manuscrits en grande réputation dans le monde littéraire, d’autres non -«mo'ns précieux quoique moins connus, sont arrivés ou sont sur le point d’arriver : lès membres de l’Ensti- tut s’empresseroût de les examiner, de les étudier, et de communiquer au public le résultat de leurs re- cherches. Dans les départemens, un grand nombre du roi , ete. Voy. le Magasin , troisième auuée , tom. VI, Page 479: 256 . Nouvelles lnares: de manuscrits enterrés dans la poussière d’archives ou de bibliothèques trop peu fréquentées, ont élé rap- pelés à la lumière. Des savans ont été instruits de leur existence jusqu’alors ignorée: les notices qu’ils publieront de ces monumens empêcheront qu’ils ne retombent une seconde fois dans Poubli. Le choix des maruscritssur lesquels le travail por- tera est laissé entièrement à la discrétion des per- sonnes qui s’y livreront : il est facile de sentir que ce choix doit être déterminé d’après leur goût , leurs études habituelles, les circonstances qui fixeront leur attention sur un livre plutôt que sur un autre. L’unique recommandation que leur fait l’Institut est de préférer les manuscrits propres à intéresser, soit parce qu’ils traitent des sciences d’une grande uti- lité, soit parce qu’ils sont le dépôt de recherches, de découvertes, de faits, ou absolument ignorés, ou connus de peu de personnes. À ce double titre, les manuscrits arabes et persans qui traitent de l’astro- nomie, de da géographie , de l’histoire du moyen âge ; les recueils originaux sur l’histoire, particuliè- rement sur l’histoire de France, seront ceux dont les extraits piqueront davantage la curiosité des savans. L'ordre général à observer dans les notices con- siste d’abord dans une description exacte du manus- crit, de son âge, des caractères qui le rendent au- thentique et précieux : ces détails constituent ce qu’on peut appeler lhistoire du manuscrit. Il con- vient de remarquer ensuite si l’on a fait déjà quelque usage du manuscrit; si on l’a publié en entier ou par extrait; si l’on en a tiré des variantes. Dans ce cas, la - Nouvelles littéraires. 257 la notice aura moins d’étendue, parce qu’il s’agira seulement, ou d’annoncer la conservation du manus= crit, ou de suppléer à l’imperfection, soit de la con= moissance qu’on en auroilt donnée , soit de l’usage qu’on en auroit fait. | Sile manuscrit n’a point encore été examiné, si Pon n’en a encore tiré aucun parti, les notices seront plus dévelcppées, Ce n’est pas assez d’annoncer en général Putilité dont:il peut être ; il faut mettre les savans à portée de jouir des avantages qu’il promet, en indiquant, par exemple, lorsqu’il contiendra les œuvres d’un ancien auleur, les fecons propres à éclaircir ou corriger le texte: s’il contient le récit de faits peu connus ou les traces de quelques décou- vertes, on extraira ces détails intéressans pour les lettres, l’histoire, les sciences et les arts. Un cata- logue sec des titres des manuscrits ne rempliroit pas les vues de Institut ; mais on s’écarteroit également de ses intentions si l’on prenoit sujet de l’ind'catiox de variantes pour écrire des commentaires, ou si, au lieu d'extraire des anecdotes intéressantes et authen- tiques , on copioit des écrivains futiles, sans autorité et sans goût. * Les notices rédigées par les savans qui ne sont pas membres de }’Institut, seront adressées à l’Institut ou remises à son secrétariat : il insérera, avec le nom de leurs auteurs, dans les volumes qu’il publiera ,- celles qu’il aura reconnues propres à intéresser le public. Tome 11. R 258 Nouvelles litdraires, Ox vient de donner au théâtre du Vaudeville, une comédie intitulée /e Moulin de Sans-Souci. Tout le monde connoît l’anecdote qui fait le su jet de cette pièce , êt dont le cit. Audrieux a fait un conte fort agréable (1). Frédéric vouloit acheter un moulin qui le gênoit pour l’exécution du plan de &#s jardins; mais le possesseur du moulin, ne vou- lant pas consentir à le vendre, répondit au roi, qui le menacoit de son autorité : Cela seroit bon s’ü n'y avoit pas de juges à Berlin. Le roi, enchanté de ce trait de franchise et de bonhomie, et de ce que ses sujets croyoient la justice faite pour lui comme pour eux, ordonne de respecter le moulin, et fait changer ses plans. L'auteur a joint à cela une scène fort plaisante , et qui montre à découvert le caractère de Frédéric; c’est celle où la fille du meunier le prend pour nn vieux capo- ral , père de son amant , et lui anprend que le roi veut se faire meunier. Cette piéce a eu le plus grand succès. Le citoyen Ferpré a rendu le rôle de Frédéric avec une vérité étonnante, et le citoyen Duchaume a joué avec beaucoup de gaieté celui du meunier. L’auteur a été demandé; c’est le ci- toyen Dieu Lafoi , dont cette pièce est le premier ouvrage. 2 LAURENT VAN SANTEN , qui vient de mourir à Leide , a légué le soin de recueillir ses poésies latines , et de les faire réimprimer dans le même (1) Il est imprimé dans le Magasin , seconde année , tom. VI, pag. 523. Wouvélles litièraires, 259 format que celles publiées chez Didot, à son ami Jacques-Henri Hœufft,dont rious avons fait connoî= tre depuis peu la double traduetion d’Ænacréon (1): il lui a de plus laissé, comme gage de son estime, une bague antique qui avoit appartenu à Burman, Il seroit à souhaiter que le citoyen Hœu ft se char= get aussi de la publication du T érentianus Maurus et du Catulle, Sad dE Uxz société d’économie rurale vient de se former à Carpentras, dans le département de Vaucluse, Les objets dont elle s’occupe, sont Pagriculture propre- ment dite, les maladies auxquelles sont plus partis culièrement ex posés les cultivateurs, le mode d’édu cation qui convient à leurs enfans, le soin des bes+ tiaux tant sains que malades et autres animaux utiles, la destruction des animaux nuisibles » l'influence des phénomènes météréologiques sur la végétation, l’utik lisation des différentes productions de la nature ; enfin, toutes les parties qui ont un rapport donné avec l’économie rurale : elle a délibéré de fäire par venir chaque année le résultat de ses recherches aux sociétés savantes dont les travaux ont quelque rapport avec les siens; elle les invite à en user de même avec elle. RER Tr 2 en L’AcADÉmI£E royale de Madrid propose celte année, pour sujet du prix d’éloguence , un discours où on démontre influence de l'instruction publique sur (3) Magas. encyc. trois. ann, t, II ,p, 237, et t. VI, p. 210, ; R 2 260 Nouvelles littéraires: la prospérité d’un état ; pour la poésce. une tragédies Elle invite à choisir un sujet tiré de l’Histoire d'Es- pagac. Le concours sera fermé le 31 décembre 1798. EEE L'AcanËmre royale de médecine-pratique de Bar- celone avoit proposé ; pour sujet du prix, l’indication, d’une méthode propre à prévenir et guérir le trisme des nouveaux-nés. Le prix étoit de la valeur de 375 réaux : comme aucun des mémoires envoyés n’a paru le meriter, l’Académie a cru devoir proposer un autre sujet. | | Un autre prix avoit été proporé sur Pépidémie de l’armée. L'Académie a cru devoir faire une mention honorable dans sa séance du 10 avril, d’une descrip- tion de la fièvre vermineuse qui a affligé l’armée de Guipuzcoa en 1793 et 1794, par D. Joseph-Anto- nio de Ostolara. L'Académie auroit désiré que l’au- teur ; dans la seconde partie de son mémoire où il traite des moyens d’empêcher la propagation de cette maladie et de purifier Pair, donnât des raisons et rapportât des expériences fondées sur la chymie pneumatique. Le troisième sujet étoit la description d’une épi- démie arrivée en Espagne en 1785 : l’Académie n’a trouvé aucun mémoire digne du prix. | La même Académie propose le sujet de prix sui- yant : Déterminer si les bains froids , administrés comme préservatifs et comme remèdes aux poitri= naires, sont utiles ou nuisibles ; quels pourront être Nouvelles littéraires. 261 leurs effets et leurs avantages selon les cas et les cir- constances? Le prix sera une médaille d’or du prix de 375 réaux. Les mémoires doivent être envoyés avec les formalités ordinaires au secrétaire de l’Aca- démie , dans le courant du mois d’octobre 1799. L'Académie propose une médaille d’or de 35 réaux à celui qui, avant le r janvier 1799, donnera une description exacte de épidémie des armées dans les années 1793, 1794 et 1795, et indiquera ses moyens curatifs les plus certains. . Ox tient de donner sur le théâtre de l'Opéra co- mique , avec beaucoup de succès , une petite pièce intitulée Opéra comique : voici quel en est le sujet. Un vieux Métromane passe son temps à composer des opéra comiques ; il a une jeune nièce qui en fait la musique, et il est en train de faire un plan pour un de ces opéra. Un jeune homme qui en fait aussi, est amoureux de la jeune nièce , et il parvient à se faire recevoir de l’oncle, sous prétexte d’idées qu’il a à lui communiquer pour le plan dont il s’occupe. En effet, le plan étant tracé, il s’agit de faire ensemble la répétition de quelques morceaux : on est préci- sément le nombre qu’il faut; le jeune homme et la _ jeune personne répètent une scène d’amour. Le vieil oncle les surprend : on se jétte à ses pieds pour im- plorer sa pitié; mais il s’aperçoit qu’on ne joue plus la comédie et que c’est tout de bon qu’on lui parle. Il rejette rudement le jeune homme, et lui reproche sa ruse au moment où celui-ci sort désespéré : | R 3 262 Nouvelles littérarres. il le rappelle gaiement , en lui disant qu’il y a en< core une scène à répéter, qui est celle du dénoue+ ment , et il unit les deux amans, Nommer le citoyen Ségur et le citoyen Dupati, c’est faire d'avance l’éloge de la pièce : la musique est très-agréable. La pièce a été parfaitement jouée par Les citoyens Chenard et Elleviou!', et par la ci. foyenne Saint-Aubin. | LA petite pièce d’Ærlequin Sentinelle au Vaude- ville, a reçu du publie un accueil favorable : c’est une de-ces pièces dont les saillies et les couplets font le mérite, et dont on doit juger l'intrigue avec peu de sévérité. , _ Arlequin est en faction à un poste vis-à-vis la maison de sa maîtresse, qui ne le connoît que de ré- putation et pour lavoir vu au ‘spectacle où il est acteur. Le père, allant souper en ville, laisse sa fille seule : celle-ci descend , et Arlequin, qui se fait con- poître , apprend qu'il est aimé. Le père revient, et, instruit de l'amour mutuel des deux jeunes gens, il ve fait pas difficulté de les unir, d'autant qu’il est employé au même théâtre qu'Arlequin, où il fait, dit-il,. /e fond des pièces (.il est peintre de dé- corations ). Joignez à cela une petite épisode : Gilles qui s’est échappé du corps-de-garde, et qui donne une #érénade.camique à Delphine , dont il est aussi amoureux. À Ja pièce offre de jolis couples Nouvelles littéraures. 263 "Le citoyen Garneriu a fait, le 22 messidor, un voyage aérostatique avec une jeune personne : il s’est élevé du jardin Mousseaux. Ce spectacle singulier avoit attiré un grand concours de monde ; voici le ‘détail qu’il en a donné lui-même. Paris, 25 messidor an VI. Le public, qui s’est intéressé si vivement à la jeune personne qui m’a accompagné dans mon voyage aérien , lira sans doute avec plaisir le détail qui y est relatif. L’ascension des ballons d’essai et l’expérience du parachute s’étant exécutées aux applaudissemens des spectateurs , la citoyenne Henri vint se placer dans le char. Le citoyen Lalande lui donna la main pour monter. Sa contenance ferme et assurée fut admirée du public et m'inspira beaucoup de confiance : elle refusa de prendre des liqueurs spiritueuses qu’on vint nous offrir. Enfin, le citoyen Lalande et mon frère abandonnèrent l’aérostat , et nous nous enlevämes au son de la musique et au bruit des acclamations du public. Notre machine, en s’élevant , fit révolution sur son axe. À mesure que le globe terrestre se déve- loppoit à nos yeux, j’examinois mou aimable et inté- ressante compagne ; elle nz me parut éprouver que de Pétonnement et de l’admiration. En effet, rien n’est délicieux comme la sensation dont on jouit en s’élevant avec un aérostat; il est impossible de ré- sister au charme inexprimable que Pon ressent, Toutes les facultés de Pâme semblent se suspendre pour se remplir d’admiration : rien n’est beau, rien n'est R 4 264 Nouvelles littéraires. majestueux comme. le spectacle de l'Univers; qui double encore de beauté et d’étendue pour le voya- geur aérien. Bientôt tout s’obscurcit-autour de nous : nous tra- versämens d’épaisses vapeurs, et nous passâmes au dessus des nuées. Antant étoit beau le spectacle que nous perdions de vue, autant étoit horrible celui qui s’offroit à nos regards, Qu’on se représente deux êtres suspendus sur une mer en fureur, dont les vagues énormes se heurtent , se brisent et ne: présentent qu’abimes, et l’on aura à peine une légère idée du tableau de notre situation, Ma courageuse compagne ne s’en effraya pas. Nous étions alors à 800 toises de hauteur environ : de son consentement , nous nous élevâmes encore de 660 toises au dessus des nuages, qui nous laissoient quelquefois apercevoir la terre entre leurs intervalles. D’après les observations baro- métriques que J'ai faites, et les calculs du citoyen Lalande , nous nous sommes élevés à 1460 toises. Nous n’avons pas atteint une si grande hauteur, sans avoir beaucoup souffert du changement de tempéra- ture et de la raréfraction de l’air, qui nous causa des tintemens d’oreilles très-désagréables. Nous:rencon- trâmes des courans d’air qui nous firent éprouver un rouli semblable à celui d’un vaisseau; ce qui m’in- commoda beaucoup et me fit craindre pour la jeune personne. Je demandai à ma compagne commsnt elle se trouvoit ; elle me répondit : Très-bien ; et se mit. à chanter. Cependant notre position n’étoit pas rassurante , car notre machine épfouvoit beaucoup d’oscillations et tournoit très-rapidement, Mon indis- Nouvelles littéraires. 265 position s’accrut encore ; enfin, je ressentis un si grand mal de cœur, que je faillis me trouver mal, J’avalai quelques goûtes de Cologve , et je profitai du reste de connoissance que je conservois, pour ou vrir la soupape de l’aérostat. Nous descendimes alors assez vîte, Près d’atteindre la terre, je jetai un ancre que j’avois, et nous descendimes dans la plaine de Dugny , près le Bourget. Nous fûmes très-bien recus des habitans : l’agent municipal nous demanda nos passe-ports, et nous eûmes beaucoup de peine à lui faire entendre raison. - Tel est le résultat de notre voyage aérien, qui fait le plus grand honneur à la citoyenne Henri ma compasne, à peins âgée dé 21 ans : son rare courage lui a fait braver tous les dangers du voyage et tous les dégoûts des obstacles qui l’ont précédé , et sur-tout ceux d’un long et ennuyeux :interrogatoire que le bureau central s’est cru en droit de lui faire subir quelques jours avant notre départ. : Je ne dois pas passer sous silence que sa place fut vivement enviée par plusieurs citoyennes , et sur- tout: d’une dame étrangère et d’une jeune personne - de dix-sept ans, qui s’étoit placée dans.le char aux applaudissemens du public, et qui n’a pu retenir ses larmes lorsqu’elle fut obligée d’en sortir. .. J’avois annoncé, pour le lendemain , un voyags de long cours que je suis obligé de différer ; il sera entièrement consacré aux sciences. Salût et considérations. G'ARNERIN, LIVRES DIVERS HYDRAULIQUS=z.. . ARCHITECTURE hydraulique , théorique et pra: tique , fondée sur l’histoire et l'expérience ; ouvrage en langue allemande , Pr ee par Souscription. s L'importance de Parchitecture hydraulique ; prise dans toute l’étendue du terme, est trop générale- ment connue, pour avoir. besoin de développemens. Le bonheur , la sureté, la prospérité des empires dépendent de son exécution; c’est par elle que le citoyen trouve souvent de ‘vraies ressources pour défendre la patrie; c’est elle qui peut décider du salut et de la perte de nations entières, Les fautes et les erreurs en ce genre ont diflérentes causes : la nature des rivières est encore trop peu connue ; les architectes ont quelquefois préféré les moyens com- pliqués aux moyens simples ; ceux qui ne sont que théoriciens ont donné trop de confiance ‘aux résul- tats de leurs calculs, en leur appliquant les solutions pratiques des problèmes ; ceux au contraire qui ne sont que praticiens", ont trop méprisé la théorie, fiers de leurs expériences souvent peu conséquentes et peu étendues. C’est dans l’un ou l’autre de ces extrêmes que sont malheñreusement tombés la plu- part des hommes employés jusqu'ici à Éeniiser : des ouvrages de cette nature. Livres divers. 267 Les souverains, les gouvernemens , les macistrats, les hommes d'états et les offiriers , les architectes, les ingénieurs, une fois pénétrés de ce@ vérités, se _ convaincront bientôt de l’importarce de consullet la nature ; de faire des expériences , de les soumeitre à de rigoureux examens, et d’en prendre conseil ‘dans toutes les en:r-prises, Avant de commencer un ouvrage hydrotechn'que , il faut connoître ceux qui existent en ce genre , il faut savoir comment on les a executés pour les faire répondre à leur but; dans quels lieux ils ont réussi parfaitement ou “mparfaitement ; il faut comparer ces qualités lo- cales , et examiner les endroits plus ou moins propres à les imiter ou à recevoir des changemens avance tageux. C'est sur-tout de cette manière que l’expé- rience doit servir de guide dans cette science non moins sublime que difficile, Pour faire des expériences de ce genre , pour examiner les résultats et les ouvrages qui existent, et. pour tirer parti des expériences faites , il ne suffit pas d’avoir des connoissances élémentaires des mathématiques, que malheureusement les di- recteurs et inspecteurs en place n’ont pas toujours , ÿ faut encore connoître jusqu’aux subtilités du calcul hydraulique. Nous ne conseillerons pas d’entre- prendre un ouvrage important d’après les résultats de ces calculs, mais nous sommes intimément per- suadés que celui qui ose s’attribuer le nom d’ar- chitecte hydraulique , montreroit la plüs crasse iyno. rance en demandant à quoi sont utiles ces profondes théories des Newton, des Bernoulli, des Euler, 268 __ Livres divers. des Kæstner ,; des Karsten, des Prony , des Za Grange, des Langsdorfet de tant d’autres. Les ou< vrages de ces hommes célèbres sont des monumens éternels de la grandeur de l’esprit humain. Ces con- noissances Hot id font naître des idées neuves ; elles distinguent l'essentiel des expériences, de ce qui est moins nécessaire ou seulement. accessoire ; elles fixent les bornes dans lesquelles on peut attendre des effets de la nature. L'architecte hydraulique doit avoir une connoissance intime de ces ouvrages 3 au moius doit-il les comprendre et être en état de calculer d’après eux, quand même il ne pourroit aspirer à faire de nouvelles découvertes. Mais (qu’on noës pardonne la hardiesse de l'expression } c’est peut - être aussi le seul.point de vue : sous les quel doivent être jugées les théories dans leur ap- plication aux ouvrages hydrotechniques. Elles ne doivent y servir qu’après avoir été soigneusement comparées avec la nature , elles ne doivent jamais nous écarter trop légérement des routes tracées depuis long-temps par l’expérience. Si le célèbre Thunberg avoit moins subtilisé en construisant le bassin de Carlscrona, la grande digue ne lui auroit certainement pas causé tant de désa- grémens. Il s’y prit ensuite d’une manière connue depuis long-temps, et il réussit. Si en France on p’avoit pas préféré. l’ingénieux à lutile, si Cessart s’étoit contenté d’être heureux imitateur plutôt qu’in- venteur , si au lieu du ridicule projet de construire le port de Cherbourg avec des cônes difficiles à faire couler au fond de Peau , il avoit voulu éta- Livres divers. 269 blir une digue de fascines , la France auroïit eu un port sans perdie tant de millons. Les ouvrages du grand Brünings dans le Texel » vulgaire. ment nommé Hieuen-Dip,: où il a construit et con- duit dans le Süder-Sée une digue de fascines de la longueur de 1200 perches, et charsée de pierres, prouvent que l’entreprise eût été d’un succès infail- lible, | L’enclavement de l'île près de Dusseldorf, qui conduit perpendiculairemeut sur le rivage le tor- rent et les glaces du Rhin, déjà assez rapide par lui-même, prouve assez que les praticiens opèrent toujours à l’aveugle. Que cet exemple nous suffi.e pour démontrer que la théorie et la pratique doivent toujours aller de pair, pour rendre larchitecture hydraulique d’un avautage réel aux nations. On.voit qu'il nous manque encore un ouvrage également utile , et pour la théorie , et pour la pra- tique. Celui qui rendroit compte de toutes les pro= ductions et de tous les chefs-d’œuvres connus de Part hydraulique > qui dans leurs effets examineroit la théorie | qui nous guideroit, soit pour en faire l'application > Soit pour nous en écarter, seroit donc d’une importance majeure. Il aura toutes les qua- lités requises si, dans tous les cas où la théorie rigoureuse r’est point applicable , il donne des règles fondées sur des expériences , et dont l’appli- cation n’exige que la connoissance du local. I1 doit montrer évidemment les fautes et les erreurs com- mises , en expliquer les suites fâcheuses > €t in= diquer les moyens par lesquels on pouvoit s’en ga- so Livres divers. rantir, eton pourroit encore y remédier. S'il remplié cette tâche , ii sera également utile au théoricien et au praticien 3 il sera nécessaire à l’architecte hy< draulique, au financier , à toutes les autorités coms pétentes pour juger les choses de cette nature; à tout officier , à tout homme quelconque qui aime sa patrie et son bonheur; #4 sera agréable à tous ceux qui prennent part à l’entreprke d’un canal, à tout amateur de connoissances utiles Les matériaux pour un tel ouvrage sont bien nom breux. Les excelleus mémoires de Hollande, ceux qui existent sur les travaux hydrauliques du Rhin, du Danube, la Raccolta et d’autres ouvrages ita+ liens sur les travaux de leurs rivières et de leurs ma“ rais, les ouvrages sur les canaux et sur les ponts par La Lande , Hogrewe , Phillips » Perronet , Belidor , joints à ceux sur les ponts anglais, et à ce grand noinbre de descriptions hydrotechniques de: travaux particuliers , fournissent assez de matières pour travailler sur toutes les parties de l’architec- ture hydraulique , en suivant le plan développé ci dessus, sans avoir recours à des Hppotheeet età des plans fictifs. Le sentiment de ce qu’il faut en ce point nous a déterminés autrefois à présenter au public nos vues sur les moyens de remédier aux imperfections ds ces connoissances intéressantes ; il nous porie au jourd’hui à publier un système d’architecture hy« draulique , théorique et pratique , d’après l’histoire et l’expérience. Voici les articles contenus dans notré Quyrage 3 ÿ PES «dt oil Livres divers 271 2 Moyens de mettre à l'abri des inondations l’agriculture et Les métiers, savoir : 4°, L’hydrotechnique des fleuves et des rivières , comprenant la construction des digues , les moyens d'assurer les rivages , la correction des rivières par des saignées et des coupures , par l’enclavement ou sl le déplacement des îles. °, Moyens de prévenir les dommages du flux et du fs: digues , assurance des rivages, correc= tion des rivières. 3°, L'hydrotechnique des mers : digues, assurances des rivages. | 4. Moyens de mettre les villes à l’abri des inon< dations. 11. Desséchement. - 1°. Ecoulement des eaux ayant uñe pente natus< sis par des fossés, des écluses, etc. . Evacuation cs eaux sans nf, > par des ma- an 111. Construction des écluses. 1°. De pierre, 2°. de bois, fondemens, moutons. I PF. Construction des canaux. 1°, Moyens de rendre les ‘rivières navigables, 4°. Canaux artificiels. V. Construction des ponts. 1°. Ponts de pierres. 2°. Ponts de bois: 3°. Ponts #72 Livres divers de fer. 40. Pontstournans, 5°. Ponts volans. 6°. Ponts de bateaux. 7°. Ponts de guerre. VI. Construction des ports. 1°. Ports de rivière. 2°, Ports de mer, préparés par la nature , où abandonnés à Part seul, 3°. Chan- tiers. 4°. Fanaux. F 11. Moyens d'employer les eaux à la for- tufication. 1°. De pays entiers; 2°. de places isolées, 3°. de retranchemens d’une grande étendue, V 111. Aqueducs à l'usage des villes. | 1°. Machines hydrauliques, pompes aspirantes et foulantes, pompes à feu , etc. pour élever les eaux à une certaine hauteur. 2°, Dispositions ten- dantes à répartir les eaux suivant les besoins. TI X. Machines. 1°. Machines à l’usage des mines. 2°. Machines à l’usage des salines. 3. Moulins à LA à sciage , à poudre, etc. 4° Forges. | X. Moyens d'utilité pour l’agriculture et les métiers. 1°. Arrosement des spé 2°. Arrosement des blan- chisseries, XL. da: ° Livres divers. 73 XI. Droit de digue et de rivière. 1°, Examen de celui existant. 4. Proposition d’un houveau. XII. La construction des chaussées ; l’établisse- ment des trottoirs Le long des canaux, La di- rection des routes pour le tommerce , et Le pa- vage des ponts, quoique étrangers à l’archi- “lecture hydraulique ; sont trop souvent con- Jiés à l’hydrotecte, pour ne pas entrer dans cet ouvrage. Nous nous hasardons avec d’autanit plus de con- fiancée à publier un ouvrage conforme à ce plan, que déjà un grand nombre de mätériaux précieux se trouve rassemblé, que les sources les plus abon- dantes nous sont ouvertes; et qu’on peut toujours comptet sur l’appüi de tous les hornmes intéressés aux progrès des arts et des sciences, lorsqu’on s’oc- cupe d’une entreprise utile. Nous invitons publis quement tôus ceux qui, sür l’une où l’autre des par- ties que cet ouvrage comprendra, auroient quelques maiériaux dont nous ne pôurrioñs avoir connoissance de vouloir bien nous les adresser, et prenons l’enga- gement solennel dé leùr payer dix rthirs (équivalent à environ 40 francs de France) d'indemnité par feuille imprimée , de tout ce dont nous ferions usage. Notre travail ne peut avoir la perfection néces- saire, sans être d’une étendue considérable. Il sera en six volumes in-4°. de 72 feuilles d’impression cha Tome 11. $ 274 Li vres. divers. cun. Chaque volume aura environ 30 grandes plan- ches bien gravées. Les cartes hydrographiques seront pareilles à. celles qui ant déjà été publiées par M. Wicbeking ; s sa voir, le Bas-Rhin, en dix feuilles ; les provinces d’Hollande et d'Utrecht , en huit feuilles ; ; le duché de Berg, en quatre feuilles ; celui, de pe en vingt-cinq feuilles, etc. Les autres gravures étant confiées à des artistes distingués , seront dans le genre de celles qui.se trouvent dans les excellentes Œuvres de Perronet : : on ne fournira que des épreuves choisies, Le texie sera imprimé en langue allemande, avec les caractères de Didot. On wy trouvera que des plans réalisés ou près de l'être. Rien ne sera négligé pour mériter à l’ou- vrage un accueil fayorable. Ce n’est que par une entreprise de ce genre qu’on pourra enfin diminuer les difficultés et les incertitudes d’un art aussi utile au genré humain et faciliter les progrès dignes d’un siècle éclairé. | VIEBEXINK, : KROUKE. Inspecteur des ouvrages hydrotechniques du Haut-Rhin à Dramstädt. Conditions de La souscription. 1°. On paiera d'avance pour chaque voulume, 84 francs de France ou 38 florins d’empire ; lorsque le premier volume sera fourni, on paisera d’avance le se- cond,et ainsi de suite jusqu’au dernier, qui sera fourni gratis; il sera libre néanmoins à chacun 'd?s ‘souss Livres divers. 275 tripteurs , de suspendre son abonnement à tel vo= lume qu’il voudra. 2°. La liste des souscripteurs sera mise à la tête de l’ouvrage , dans l’ordre des souscriptions. 3. Le terme pour la souscription et le paiement d'avance est fixé au 15 fructidor an V (premier sep= tembre 1797 v. st. ). Passé ce terme chaque volumë coûtera 57 florins d’empire ou 126 francs. Il ne sera tiré en tout que 500 exemplaires ( dont nous destinons 160 exemplaires aux savans nos amis, hommes des lettres ou de l’art qui auront efficace ment secondé cette entreprise ). Les éditeurs voient, avec une satisfaction bien grande, les encourageinens qu’ils reçoivent : déjà des nombreuses souscriptions leur parviennent des différens pays, Le premier volume pourra paroîre vers le pre- mier prairial au VI ( juin 1798 v. st. }; On a pris les arrangemens nécessaires pour faire suivre un volume d’année en année, jusqu’à entier complément de l’ouvrage. La publication de chaque volume sera annoncée dans les papiers publics. Lorsque les six volumes auront paru , on publiera, si les amateurs le désirent, deux autres volumes plus petits, dont l’un renfermera une table générale des v'ätières de tout l’ouvrage , et l’autre un dic- tionnaire hydrotechnique , contenant tous les termes de l’art en langues allemande, française, italienné, anglaise et hollandaise, | La souscription pour cet ouvrage est dès à présent ouverte en France, dans La librairie de S z 276 Livres divers. R Mreuttel e Würiz à Strasbourg ; et dans la mêrné librairie à Paris. On prie d’affranchir les lettres et l’argent. BOTANIQUE. Fior4 Atlantica , sive Hisronria Plantarum guæ in Atlante, agro Tunetano et Algeriensé crescunt ; authore Renaro DrsroNTAIxES , Instututi nationalis scientiarum Galliæ socio, necnon in Museo Historit naturatis Pari: swnsis Botanices professore. Fiore Atlan- tique , ou Hrsrorre des Plantes que croissent dans le Mont-Atlas et dans les campagnes de Tunis ét d’ Alger ; par le citoyen RENÉ DESFONTAINES , membre de l’Institut national de France ; et professeur de Botanique au Muséum d'Histoire naturelle de Paris. Cetie Flore renferme la description d’environ seize cents espèces de plantes que l’auteur a observées sur les côtes de Barbarie, pendant les années 1783, 1784 et 1765. Dans le nombre il en est plusieurs dé communes à l’Europe ; d’autres sont peu connues : il s’en trouve à peu près trois cents nouvelles, dont deux cent quarante ont été dessinées et gravées avec beaucoup de soin par des artistes habiles, les citoyens Redouté , Maréchal et Sellier. L'ouvrage, écrit en latin , et disposé suivant le sys- ième de Linné, paroîtra en huit livraisons, qui con tiendront chacune trente gravures avec cent à cent vingt pages de discours ; grand in-4°. Livres divers. 277 . Pour ne fournir que de bonnes épreuves, on ne tirera que cinq cents exemplaires, dont quatre cents sur papier grand raisin fin, et cent premières épreuves sur papier grand raisin vélin. Les livraisons se feront en feuilles dans des car- tons. La première et la seconde sont en vente ; la tyoisième paroitra le 10 thermidor prochain; les autres se succéderont très-promptement , et l'ouvrage sera publié en moins d’une année. _ Le prix de chaque livraison est fixé à 23 francs pour le discours et les gravures , sur papier grand raisin fin ; et à 46 francs sur papier vélin, jusqu’au 10 thez:midor prochain , passé lequel temps il sera porté à 3o francs pour chaque livraison, en papier grand raisin, et à 60 francs en papier vélin, On paiera le prix de la seconde livraison en re- tirant la première, et il en sera fait état sur la der- nière , pour laquelle on n’aura plus rien à payer. L'ouvrage se délivrera chez l’éditeur, rue Haute- Feuille, n°. 14 ; s'adresser au citoyen Prcard- Tonnys. On affranchura les lettres de demande et l’ar- gent ; les frais de port seront à la charge des acquéreurs. MÉDECIN %. Vape-Mescum Medicum in duas partes di- pisum ; quarum prior nosologiam cullinæam , . postérior compendium materiæ medicæ et pharmacopæiæ, exhibet, quibus subjungitur systema formularum recentissimarum ad nor- S 3 \ 278 Livres divers. mam chymiæ recentis ordinatum ; aucfore Gurr. Tazewezc. Lutetiæ Parisiorum , Dugour et Durand, viâ Serpente, anno VI, 1798, inx12, 210 pages. | Ce petit ouvrage est véritablement un Vade-me- cum : il commence par une nosologie d'après les définitions de Gullen ; on trouve ensuite une petite pharmacopée tirée de celle de Londres. Les noms modernes sont en regard des noms anciens pour les préparations chymiques, et les noms linnéens en face des noms officinaux pour les substances natu- relles. On trouve ensuite une table posologique , c’est- à-dire, indicative des doses des médicamens et du temps où ils doivent être pris ; enfin, une matière médicale systématique où les médicamens sont classés. d’après les effets qu’ils produisent sur le corps hu- main , puis une des formules adapsées à cette ma- tière médicale. Le tout est terminé par un index étymologique des différens noms employés dans ce. petit traité. k L’auteur dit ensuite pourquoi il a préféré d'écrire: son ouvrage en latin, c’est qu’il voit avec regret. abandonner cette langue qui est lid ôme universel des savans, et il pense qu’on remédieroit à cet aban- don si on recommencoit à écrire en latin les ouvrages qui sont faits pour toutes les nations. D'ailleurs, dit-il, je n’ai pas besoin d’être lu par les charlatans ;. par les médecins sans connoissances et sans prin- çipes, mais par ces jeunes gens qui joignent l’étude Livres divérs. 270 ‘des stiences à celle des lettres, qui rendent lesprit nee et poli. Ce pétit ouvrage, vraiment élémentaire , ést fait Pour réussir. ARS RER MÉTROLO crE terrestre , ou TABLES das nouveaux poids > mesures et monnoies de France ; les rapports qu’ils ont avec Les poids , mesures et monnotes Les plus connus de l’Europe , et ceux-ci réciproguément comparés avec eux et avec ceux de Paris ; Les dimensions et autres enseignemens sur la fabrication et le com- merce des nouveaux poids et mesurés de la république française , les changes des prin- ‘ cipales places de l'Europe, et l’arithmétique lénéaire, avec untableau ou échellegraphique, et l’éxposition des moyens qui en facilitent la pratique ; par L. E. Poucaer , de Rouen, membre du conseil des Arts et Manufactures : nouvelle édition considérablement augmen- | tée , etc. etc. Se trouve à Rouen, chez les citoyens Guibert et Hermens, rue Nationale ; à Paris, chez Düpont, imprimeur - libraire, rue de la Loi, ns, 1251. in-8°. C’est la troisième édition que cet auteur publie sur les poids et mesures républicains : on y trouve Papprobation de la première par la Commission tein- poraire des poids et mesures, et celle du Bureau de consultation des arlset méliers , qui, reconnoissant là S 4 280 Livres divers. mérite des échelles graphiques, lui accorda pour cet objet le maximum des récompenses nationales. La section de l’Institut national, qui compose le Bureau des longitudes , s exprime ainsi sur la seconde édition, à la page Bit de la connoissance des temps, sixième année républicaine, Il a paru encore cette année un bon ouvrage sur les mesures républicaines, dont voici le titre : Echelles graphiques des nouveau poids et mesures de da république française , par L.. E. Pouchet ; se- conde édition, augmentée d’un traité sur les changes et d’un d'arithmétique linéaire. Cette troisième édition étant considérablement aug- mentée, l'auteur a aussi voulu donner de l’extension à son titre : il fait des rapprochemezs entre la com- position de notre système numérique avec le nouveau systè me métrique , qui ajoutent à à fout ce qui a été dit sur les avantages qui résulteront de cet établisse- ment , non- -seulement en faveur du commerce, mais encore pour le progrès des sciences , des arts et des mœurs , et il établit les rapports de l’ancien calcul avecle nouveau, et ceux des anciennes mesures avec es nouvelles, par la solution d’un grand nombre de problèmes c curieux et utiles; qui démontrent avec la plus grande évidence toute la supériorité du nouveau système sur l’ancien. Bien que les échelles graphiques aient reçu les éloges dont il est parlé ci-dessus, elies étoient bien inférieures au tableau graphique par lequel on les supplée dans cette édition , puisque les résultats ne s’obienoient que par des rapprochemers qui se fai- Livres divers. 281 soient d’une échelle sur une autre à l’aide du compas, Mais aujourd’hui ces rapprochemenps sont faits sur les échelles mêmes, et tous les problèmes s’y trouvent résolus par la rencontre de trois lignes tirées en diffé- rentes directions, parce que chacune des trois ma rque un terme de problême, c’eët.à.dire ; Que si c’est uné muliiplication que l’on fait, Pune marque la multipli- cande , une le multiplicateur et autre le produit ; et si c’est une division, une marque la dividende, une le diviseur et l’autre le quotien. Cette nouvelle arith- métique a sur celles de Nepper , de Sanderron et de Pascal, l'avantage d’être portalive, et de pouvoir être pratiquée par ceux mêmes qui ne savent ni lire ni écrire, | BrocraAPurzres. Wire de L. Hocur , général des armées de la république française , par A. Roussectn s suivie de sa Correspondance publique et-pri- vée avec le gouvernement, les ministres Mes généraux, etc. dans ses divers commandemens des armées de la Moselle ct du Rhin, des côtes de Cherbourg , de Brest , de l'Ouest et de l'Océan , d'Irlande et de Sambre et Meuse ; seconde édition, corrigée et augmentée de trois planches gravées en taille - douce > représen- tant le déblocus de Dunkerque , l'affaire _ de Quiberon et le Théâtre de La guerre sur e Rhin. 2 vol. in-8°. de 1000 pages , imprimés Sur Carré fin , avec le portrait de L. Hocwe. Prix, 10 francs broché, et 13 francs franc de port 262 Livres divers. par la poste; en papier vélin, 24 francs. À Paris, chez F. Buisson, libraire, rue Haute - Feuille , n°. 20. Deux volumes in-8°., formant 1000 pages, pour la vie du général Hoche ! Quinte- Curce n’en a pas employé la moitié pour écrire la vie d'Alexandre; Arrien est encore plus bref, La vie de Buorna- parte formera donc une bibliothèque. Peut-être eût- il été facile d’abréger beaucoup cel ouvrage, en retranchant des pièces qui n’ont d’autre intérêt que celui du moment : c’est le vœu que pourront former ceux qui, dégagés de tout esprit de parti, ne le jugent que sous le rapport littéraire. Réduit alors à un plus petit volume, il trouveroit un plus grand nombre de lecteurs. à ex VÉARETERS RS LA T I NE Poëmes sur le Phénix ; traduits du latin de ‘Läctance , de Claudien , de Lermæœus et d'Ovide. À Paris, chez Dagour et Durand, rue et hôtel Serpente. in - 12 de 154 pe Ge petit recueil a son agrément : on voit avec plaisir ces quatre poëmes latins réunis ainsi que leurs traductions. Celle de Lactance est du citoyen V., instituteur et ami de Florian : le morceau de Ler- mæus est tiré de sa traduction en vers latius de la semaine de Du Bartas. On trouve aussi dans cet on- vrage deux vies intéressantes de Lactance et de Clau- dien, ainsi que des réflexions sur les poëmes de Livres divers. | 283 Lermæus et d'Ovide. L'auteur de ces morcéaux éciit bien et à de Pérudition. À. M. H. B, PoËsre ESPAGNOLE. Ozris de Sapho , c’est-à-dire, Œvrnes de _Sapho , Erinne , Alcman , Stésichore, Al- cée , Ibicus , Simonide > Bachilide, Archi- loque, Alphée, Pratines > Ménalippide , tra- duites du grec en vers espagnols , par D. Jo- . SEPH Et D. BerNAsé CANcA Ancurirs. A Madrid , chez Sancha » 1797 ; in-8°. de 157 pages. Ces douze poëtes, qui ne nous ont laissé pour la plupart que quelque peu de pièces ou de fragmens, font suite à PAnacréon , publié un an auparavant par les mêmes auteurs, et ils vont être bientôt sui- visde Pindare. MM. Canga ont classé les œuvres de chaque poëte sous les titres d’odes , chansons, épigrammes , fragmens , etc. Cependant à une rapide inspection des analecta veterum poetarum &'æCorum de Brunck , il nous a paru qu’ils n’ont Pas, à beaucoup près, traduit tout ce qui nous reste de chacun des poëtes nommés dans leur titre. Poste ALLEMANDE. Æusrranr Deutscher Litteratur ; elc. ’est-à-dire, Cnorx de différens morceaux de littérature 284 Livres diverse . allemande, en vers et en prose ; avec La tras duction française , par le citoyen Werss, professeur de langue allemande au Lycée républicain de Paris. À Pais, chez Drisonnier, au VI, 1798, 1 vol.in-12 de 323 pâges. AuserLesene Gedichte , etc. c'est-à-dire, CROIX de poésies allemandes à l’usage des Français, recueillies par le même. À Paris, de l’impri- _merié de la république 3 prairial an VI de la répu- blique; in-r2 de 60 pages. | | Ces deux articles se trouvent réunis dans le même volume. Il y a un peu plus de cent ans que le P. Bouhours mit en problême Sc un Allemand pouvoit avoir de l'esprit, et il ne prouva pas le sien par cette question injurieuse , contre laquelle Jean-Frédéric Cramer fit un in-folio en latin. De- puis le P. Bouhours les Allemands ont acquis tant de titres littéraires, que le même doute seroit infi- niment plus injurieux encore à élever aujourd’hui, Les traductions d’Huber et d’autres ont singuliè- rement contribué à répandre parmi nous le goût de la littérature allemande , et les circonstances actuelles rendent la connoissance de l’idiôme germanique plus intéressante que jamais. On ne peut donc que savoir gré au citoyen Weiss de son zèle à concourir à ce but, tint par ses leçons que par ses écrits. Celui que nous anponçons offre le texte original et la traduction de quelques fables de Lessing , de quel- ques Idylles de Gessner , de quelques morceaux Livres divers. 285 d’ Auguste Lafontaine , Vauteur du roman de Claire et Clairant ; de Wieland ; de Schiller, de Gæthe,de Klopstock et de Hagedorn.Dans le choix de poésies allemandes ; nous distinguons les noms de Ramiler, Gleim , Zachariæ ,Gellert. Jacobi, Salss, Wagner, Hælty et Lamey. (Ce dernier ; int‘ressant jeune homme , est employé avec le ci- toyen ÂVesss à l’agence nationale de la traduction des lois}: L’ Anthologie( où Blumentese) de Ram- ler a été principalement mise à coutribution et quel- ques traductions d’Ænacréon nous y ont sur-tout fait plaisir. — Tous ceux qui ont à cœur d’ap- prendre la langue allemande ou de s’y perfection- ner, s’empresseront de se procurer ce volume: RomzxnmSs; BrsirioraèQue Des RomAns. On regrettoit avec raison la discontinuation de la Bibliothèque des Romans ; nous anuoncons avec plais sir qu’elle doit reprendre. Voici lextrait de son nouveau Prospectus. Il a été remarqué ; avec raison , disent les nou veaux éditeurs, que les romans portent toujours le cachet du siècle où ils ont été écrits, et, sous ce point de vue, ils appartiennent à l’histoire de l’es- prit humain. Ce sont , pour ainsi dire , des médailles historiques où un antiquaire attentif retrouve la pein- ture des mœurs, des usages , des travers, et la trace de Pesprit dominant qui a distiugué chaque siècle og 286 Livres divers. chaque période; Ce rapport philosephique n’avoié point échappé à Voltaire, qui le premier fit servir le genre romanesque de passe- port à des vérités har- dies lorsqu'il sanctionna de son honorable appro- bation le projet d’une Bibliothèque des Romans, On peut voir dans la lettré qu’il écrivit à ce sujet aux coopérateurs de cet ouvrage , qu’il èn concevoit tout l’iutérét. Le suffrage du public suivit le sien, et la Bibliothèque des R:mans ; qui commença au mois de juillet 1775, se soutint longtemps avec succès. f: Il est inutile de faire l’éloge de cette collection que les esprits les plus aimables se plurent à enri- chir, et qui reçut des meilléurs juges l’accueil le plus flatteur. On n’assignera pas les causes qui la firent cesser en 1789 : on se borne à dire que, sur l'avis, sur les instances mêmes de plusieurs gens de goût , uue société d’hommes de lettres a pris la résolution de continuer celte entreprise, et de suivre, dans toui-s ses parties, l’ordre et la division qui ont été précédemment observés. : Ils ne se permettront que deux innovations ; la première est que les volumes doubles qui se distri- buvient à chacun des mois qui finissent les trimestres seront uniquement employés aux extraits des romans nouveaux , sans exclure ceux-ci des autres volumes, Ou a cru que cette disposition seroit plus agréable au public, qui paroît accueillir ce genre d'ouvrage, et que c’étoit un moyen de répondre à l’inpatience du lecteur avide de connoître la foule de nouveautés qui se succèdent si rapidement ; et de lui évitér Livres divers. 287 aussi upe dépense considérable de temps et d’argent. . La seconde est qu’on s’attachera à présenter, dans chaque volume, un extrait complet, pour ne pas nuire à l'intérêt en faisant atieudre pendant un mois la suite et la fin de l’ouvrage. On s'impose la loi de ne rien emprunter de ses Méanciers , de sorte que ce recueil soit absolument détaché de l’ancien, et forme une suite toute neuve, qui d’un côté n Er dconE redite , et de l’autre entraîne pas la nécessité d’acheter le premier. Une table des extraits qui composent l’ancienne collection, rangée par classe, sera distribuée aux sous- cripteurs, et garantira les engagemens que prennent les auteurs de la nouvelle. Les premiers éditeurs avoient pensé que des notices littéräires et des anecdotes piquantes sur les auteurs et leurs ouvrages ne pouvoient qu’ajouter à l'intérêt de leur travail, par le double mérite d’une critique sage et d’une érudition légère : ce sont deux obliga= tions qu’ils ont transmises à leurs successeurs, et qu’on doit s’efforcer de remplir. Comme eux encore on se fera un devoir de res- pecter le gouvernement et les mœurs, et l’on suivra l'imagination jusque dans ses écarts | sans jamais quitter le voile de la décence. On se flatte, on désire du moins d’obteuir le suffrage de ce jésé aimable qu’on ne peut pas plus exclure du roman que de la scène de la vie, ét Ponu est convaincu que l’on në peut mériter le sourire des Grâces qu’en écartant avec soin tout ce qui pourroil les faire rougir. Il y aura , comme anciennement, par année, seize 285 Livres divers. vol. in-12, dont un sera livré chaque mois, et deux dans les derniers mois de chaque trimestre. Le pre= hier volume paroîträ au mois de thermidor an VI Le prix de l’abonnement , pour les personnes qui voudront s’assurer la livraison successive, sera, par ännée, de 25 francs pour Paris, et de 35 francs pour les départemens , franc de port par la poste, ättendu Paugmentation des droits. Le public aurà le choix de prendre une souscrip- tion et d’en déposer le prix en la recevant, ou de se faire seulement inscrire en signant un engagement de prendre les 16 volumes et d’en paÿer le prix au moment où ils paroîtront. On s’adressera , pour le fout, au citéyen Paffe, à la Librairie rue André-dés-Arts, n°. 46, a Paris. NN. B. Lesleitres et l’argent doivent être afiranchiss ErRRAT A. Päge 37, ligne 17, tarus buzus , räyez fazus. Page 203, lig. 23-5 , lisez : de ce Michel Apcstolius , qui mous a laissé un recueïl de proverbes grecs , dont l’édition pré arée par P. Pantin , polie par André Schott , fut donnée à Leyde , chez l's Elzéviér , en 1619, in-4°., par les suins dé D. Heinsius. Le frontis ice fut rafraîchi en 1653. . Page 206, lig. 22, lisez : quelque part ) sur les Thermes de Pytra x Page 208, lig. avant-dernière , lisez : daprov. ; Page 222, lig. avant-dérnière, au lieu de l'édition, etc. lisez . le livre sur lequel M. Harles a des doutes , n’à rien dé & nœun avec le second , qui n’est autre chose que l’édition ü: 1604. Les buit premières lignes de la page 241, doivent être placées à la page 249 , avant l’alinéa L'auteur a mieux évité. A N NOMN:C ES GruNpniss einer allgemeinen Logik nach Kan- . tischen : Grundsatzen zum Gebrauch für Vorle- :. sungen, begleitet mit einer weitern Ause inander - setzung: für die jenigen die Keine vorlesungen daruber horeu Konnen von KtEs£\ETrER , doc. u. prof, der philosophie, Zweite vollig umpearbers tete und vermekrte auflage. Berlin, bet F. T. La- garde, 1705 et 1796 ,2 vol. in-8°., c’est-à-dire, Erémens de la logiqué générale, d’après les prin- , … cipes de Kant, à l’usage des cours publics, accom- pagnés d’une explication pour ceux qui wont 1 + pont occasion de suivre des cours sur celte partie de la philosophie ; par KisseweTrsA, docteur et professeur en philosophie , deuxième édition s revue et augmentée, Berlin, chez Lagarde, 17 ÿ et1796,2 vel. in-89, de 579 et 458 pages. | On sait quelle célébrité ont acqnis en Allemagne Ni les principes de Kant, Dans Îles universités dé cé pays, les profésseurs donnent des cours sur 0e Sÿs- ième , comme on peut le voir daus les programmes _de quelques universités de l'Allemagne, qui ont été … insérés, à différentes époques , dans le Magasin En- go M. Kieswetter, ami et disciple de M. Kant, a composé, pour l’usage de ses courss des élémens de Logique générale , c’est-à-dire, de Vart de penser, cousidéré dans toute sa géuérar lité, sans l’appliquer à une science : sont but étoit : de donner un ouvrage tout à fait élémentaire sur Ja logique, qui püt servir dans les coiléges où gym _… mases, Il a suivi le même ordre qu”: a observé dans. #1 7808 Elémens de la logique générale ; de sorte: que ce dernier ouvrage pourra en même témps Eire regardé comme commentaire dè sa logique à : l'usage des écoles. . ê strait d' L À er ge VE organes de Mere dan Archive ne #65" les oiseduz, . RE à Toroc APE. à ur No r Lam Méde | "G. Staunton. Foyage dans G. Tarewell ade-mecinete. wi de intérieur de la Chine et dela] Medicum. 1e 277. à. ENT NS EE 172 Métrologie. es... LOLO 6 x-2 : JB. E. Pouchet. Métrokz : : ‘+ ré de Chardon-| restre » > ele. Le we ette à M.S.-L***.201 Biographie. de a FRANÇAISE. Jean. Rousselin Wie de I. Eu” “{ es souvenirs » la chë, edit Et CR mélancolie.231 Littérature latine. F CORRESPON— Poésies sur le Phénix, etc.282 | LITTÉRAIRES. AC és espagnole. L RNE Ke Œuvres dé apho, etc, 283. V'auder. le Moulin "0€! al emande. | + no + “258 Weiss. | de ‘différens | Sentinelle, 2ÔR mororan Btrératire a os , van : 158 | ibid, ‘ Re n société. d'éco= Choiz de Pare allemandes S norde rurale à Carpuntas le par lemêéme. : 264 osé par l Acadé Romans, “ arabe à 4 é id. “ibid. BréRerèq de Romans, uit À ee 4 PME 1% a,» ets ANRT S : Ars Er sr po RE A 4 E Le ÿ va » } L 2 fr le P : ST ‘ hs TA De AI .. « { s 1" y