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M AGASI N. |ENGYCLOPÉPIQUE, de me” . d ñ PF . e & À a: je NE ve À ÿ 3e : | Dos NEA Us TN " ï M re À 4 ns 4 ‘ai 6 sawvñat, - NE ns sb sobre | 12 Soi so. : > LA LNSNoM En sn ss sos de ue LÉ pe JE san soit benoit, 29h 4 Lu e sk'hés 5% 120 a: aoinla ee" » AS SL sù CL RNNS Sr ay NY 5 shss Se so" Se Had te a Vs shgstictehniso ss LE, AE snblo#s Si DD RAA) 28h 8140 Te 6 +: ennsnot-siooe HAS sance sh sumbhpo 4 : 22 LRO sb Saab SF 26 nf AUOT A sn . - cash usant 0 SANS où r2sllss 9h, : PIS loun see ÿ ne HN Sp LOUER Gr rssste | ; LT ETES EN SES. sé :. £ AAA AS ME tt SCT ES MM AUDE vi “AM SI Ére “HMO'T, Fr : es LR T1 | resuielf eh eur gi # 00% ES EEE tnt sb. posistt Ce QUE ï + 4h À G. Gr Ve ET OR 3 PROFESSEUR D'ANATOMIE COMPARÉE AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE, PROFESSEUR D'HISTOIRE NATURELLE AUX ECOLES CENTRALES DU DÉPARTEMENT DE LA SEINE, MEMBRE DE L'INSTITUT NATIONAL di Le DE DIVERSES SOCIÉTÉS SAVAN TES DONT LE GÉNIE POUR LES DÉCOUVERTES, ESPRIT CULTIVÉ, L'AME SENSIBLE, ONT FAIT UN ÊTRE HEUREUSEMENT CRÉÉ PQ U.R PS SR ENENN CE 8 LES LETTRES, ET BAM TP: #: ; ps AS E ser enxdoà au Le FRE ei amie Aï 10 rss sr se ve : “4 : AMOTA A FUI ITA ar ta BRU. Fa D de: krti0 de é | À à M: oo me RENE 4 CA LTAT Gone end pudt sue ax TES vi PAU ER FARM RE rase te a M AA | + a ON 4 an sm rs Fa | À \ 4 _ MT rs A, 4.0 # ; x & È Sa à AH RE AURT { . RARTTAA UE » « r'OMES 0 LA y + { M À * 5 + Se | qe À | + 14 EL £ ru “ a à ns ; LA * ‘ ÿ “ ! J L LL ê ! . à Le t F, n M ++ L we " .+ MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. Exrrair d'un Mémorre contenant des recher- ches sur la durée de la gestation dans Les femelles d'animaux , lu à l’Institut natronal, par le citoyen Tessrer. L'Avreur rappelle d’abord les discussions qui ont eu lieu il y a une vingtaine d’années, entre les Physiologistes, sur la possibilité des naissances tar- dives, Bouvard et Louis opposoient à Bertin et à Petit Pinvariabilité de la gestation dans les animaux ; mais ce fait n’étvit point constaté. Dès-lors le ci- toyen Tessier concut le projet de le vérifier, et il établit une correspondance et des journaux très- exacts à cet effet. Le résultat qu’il a offert à l’Ivstitut est le fruit de ces recherches; il divise son travail en autant d'articles qu’il a pu suivre d’animaux. Article Ier, Vaches. 160 ont été observées : 14 ont donné leur veau du z41e. au 266e. jour, c’est-à-dire , dans l’espace du $e. mois au 8e. mois 26 jours, 3 le 270e. jour. : 50 du 270e.au 280e. / I] y a doncici 68 du 280e. au 290e. 67 jJours'entre 20 le 300e. jour, les deux ex- : 5 le 308e. trèmes, 160. Tome PF. À À Anatomie et physiologie. Art. II. Jumens. {02 ont été observées : 1 3 ontpouliné le 311e. jour. x le 314e. Ce qui donne une la- 1 le 325e. titude degestations de 83 1 le 326e. jours, et il ya entre les 2 le 330e. ou à 11 mois | vachesetles jumens cette juste , de 30 jours. observation : qu’il y a 47 de 340 à 350. | plus des premières qui 25 de 350 à 360. ont pouliné ayant le ge. 21 de 360ù 377. mois , que des secondes 1 à 394 jours. \ avant le tie, 102. Art, III. Truies. 15 seulement ont été observées : 1 a fait des petits qui ont vécu le 109e. jour , c’est - à -dire , 3 | mois 19 jours. Ainsi aucune d’el- 10 du 110 au r20e. les n’a porté ses 2'le r21e. petits au-delà de 4 1.le 122e. mois. 1 le 123e. » 19 Art. IV. Lapines. 139ont été observées pendant les années 4 , 5.et 6 de la répub. . x le 26e, jour. 2 le 27e. 3 le 28e. 53 le 29e. | Bo k oc. L’extrême est ici de 7 jours. 21 le3re. 9 le 33e. 139. L’auteur se propose de faire les mêmes recherches sur les œufsiges oiseaux. Ilcite à cet égard une ob- servation curieuse, publiée par le citoyen Darcet; L Géographie. £ la voici : des œufs d’une même couvée , 1 est écles le 13°. jour, 2 le 17e. , 3 le 18e., 5 le 19°. et le 20 ; les autres n’étoient pas fécondés. C.D. GR'OCRHAPHLE DescrrPTion des territoires d’Epidaure et de … Tréxène en Grèce » lue à la séance littéraire du Lycée républicain > Le 6 plupiôse ; par le citoyen MenrTeirz, membre de l’Institut national. Crroxzns , JE vais avoir l’honneur de vous entretenir quel- ques instans d’une petite portion de ce pays, le plus célèbre de la terre. Quel homme , au seul nom de la Grèce, ne sent pas réveiller en soi le sentiment des Beaux - Arts et l'enthousiasme de la liberté | car aucun peuple ne porta jamais aussi loin l'amour de sa patrie et le goût des, connoissau- ses qui ajoutent à son lustre ? Aucun pays , non plus, ne renferma dans un si petit espace , autant de lieux célèbres par des événemens politiques ou militaires , autant de chefs-d’œuvres du génie, eur le sol même qui les avoit vu éclore. J'ai doné pensé qu’une desciiption géographique de la Grèce ancienne pourroit n’être pas sans intérêt pour Jes 10 Géographie. amateurs de l’antiquité ; et que même, sous um autre rapport, elle pourroit 4voir un but réellement utile. Si, par une de ces révolutions merveilleuses, qui cessent presque de nous étonner , parce qu’elles sont faciles aux armes françaises, la Grèce , arrachée enfin au peuple barbare qui l’opprime depuis près de quatre siècles , alloit être confiée à la protection d’un peuple éclairé, ne seroit-il pas alors un avan- tage précieux ponr les vainqueurs , de savoir , au moyen d’une bonne carie , quelle étoit la position à peu près exacte de tant de lieux illustres , et d'apprendre , par une bonne description , quels mo- pumens y étoient renfermés, et quels chefs - d’œu- vres on peut encore se flatter de sauver de ses ruines ? L’immortel auteur du voyage d’Anacharsis, a bien, en effet , effleuré celte malière. Mais moins occupé des lieux dans lesquels il conduit son jeune Voyageur, que des peuples dont il se plait à faire connoître les lois , les mœurs , les usases, la phi- losophie , la littérature , il traite bien plus des hom- mes que des pays Mou but est le contraire du sien, et ce n’est pas la seule différence qui exis- tera entre sa production et la mienne, car quelle élude peut atteindre & son érudition, quel talent a la fraîcheur de son pinceau ? Jl a traité son sujet ei homme de génie ; je vais décrire et simple nar- rateur, Dans cette description de tant de petits pays qui ont obtenu une grande renommée , je choisirai deux morceaux dont la célébrité me fera, je l’espère, Épidaure et Trémène. 11 pardonner la sécheresse. L’un est le territoire si long - temps consacré au dieu de la médecine ; l’au- tre , celui qui fut témoin de l’innocence et de la fin tragique du malheureux Hippolyte. Ces deux pays se trouvoient sur la côte orientale de lArpgolide, située dans le Péloponèse : on «ait que ce nom désigne cette presqu’ile que l’on nomme aujourd’hui Moerée , et qui n’est séparée du reste de la Grèce au nord que par le golfe de Corinthe. On appeloit aussi csthme de Corinthe, la partie de terre qui joint cette presqu’ile au continent. Afin d’épargner à votre attention, citoyens ,aulant qu’il est en moi, la sécheresse d’une description , je vais supposer un voyageur faisant route , en partant de la Mégaride , qui , sur le continent , se trouvoit entre l’Attique à l’est, et les montagnes qui formoient à l’ouest la longueur de l’isthme. Ces montagnes ne laissèrent pendant long- temps qu’un passage étroit entre elles et la mer. Des bri- gands avoient profité des dangers qu’elles offroient par. elles-mêmes, pour les rendre encore plus fu- nestes aux voyageurs. On cite entr’autres le bandit Sciron ; qui, non content de dépouiller ceux que leurs affaires ammenoient dans ces défilés, les for- Çoit encore à lui laver les pieds sur un de ces ro- chers scabreux, d’où, sans effort et d’un seul Coup, il les précipitoit dans la mer. Là se nourrissoient de chair humaine, les tortues qu’il engraissoit ainsi pour les rendre plüs propres à saiisfaire sa glouto- mérie. Ce monstre fut, dit-on ,taé par Thésée, aussi bien que le féioce Sinis, que lè genie de 12 Géographie. _ cruauté qu’il avoit adopté, fitsurnommer Pithyo- campie ou le courbeur de pins. Ce scélérat, après avoir dépouillé les voyageurs , les attachoit par les pieds et par les mains , à des branches de plus, courbées avec un grand eflort , et qui, relâ- chces ensuite, emportoient en se redressant , lesmem bres qu’elles avojent séparés du corps. Sije ne cralgnois de trop émouvoir voire sensibilité , je vous parlerois encore de cet autre scélérat qui, voulant assujettir la taille de tout voyageur tombé entre ses mains, à une dimension déterminée, Les fai: soit étendre sur un lit de fer, puis leur. coupoit: les extrémités des jambes , lorsqu'elles dépassoient le lit, ou les faisoit tirailler avec des cordages jusqu’à ce qu’elles en atieignissent la longueur. Ceux - Ià seuls étoient bien traités, qui se trouvoient être de la longueur exacte du lit (1). Mais quitions ces horribles lieux où Thésée fit justice de tant de crimes , el, parcourant la côte, hâtons-nous d’arriver à Epidaure , car nous étions ici sur des terres appartenantes aux Corinthiens. On sait que ce peuple actif etindustrieux dut sa gloire C1) M. Boœttiger , dans ses Fasengemælde ( descrip- tion des peintures de vases grecs , tome I, n°.2,p. 149) a établi par des conjectnres très-probables ,que ces divers bri- gands pe Sont que le même qui s’appeloit Sciron , et qu’on surnomma Sinis , le scétérat, et auque! on donna encore les différens surnoms de Procuste , Damastes , Pithyocampie, pour indiquer les différentes mavières dont il exerçoit ses cruautés. Voyez Magasin encyclopédique; aun. IV , tom. III, pag. 470. : À, L. M. Épidaure et Trézène. u3 ét ses richesses à Pactivité de son commerce. Il avoit sur le golfe saronique un port äppelé Cen- “éhrées , d’où les vaisseaux corinthiens passoient aisé- ment dans la mer de l’Archipel ; èt sur toutes les côtes d'Asie, Æn quittant cé territoire et longeant la côte par la -direction de nord-ouest au'sud- est h*arrivoit enfin à Epidaure | aujourd’hui remplaëé par un petit lieu nommé :Pidaura. . Le territoire d'Epidaure ; qui n'étoit guère plus -grand que. la plaine de Saint - Denis, étoit réputé “saint. On n’étoit pas d’acéord ,chez les Grecs > Sur -lorigine d’Æsculape. Les Eléens le disoient fils de Æélops: un'auteur ancien lui donnoit pour père ‘Argus, fils de Jupiter; mais les Bpidauriens pré- ‘tendoïent qu’il étoit fils d’Apollon , et cette opinion, -quira quelque chose de plus brillant, est celle qui “est-réstée, et qu'ont adoptée les poëtes modernes ; “tar /c’est sur-tout ‘dans leurs archives, que’se trou= event ces suités de -généalogies. Æsculape étoit cru fils d’Apollon. Une ancienne opinion en avoit fait le dieu de la médecine. Des fourbes adroits ‘avoieit prétendu que ce dieu manñifestoit plus vo- lontiers :et plus habituellement sa puissance à Epi- -daure que. dans tout äutre lieu. De combien d’er- cretrs le commün, des hommes n’a:t-il pas été le qouet, depuis l’oracle de Dodone » celui de Delphes et-enfin le temple d’'Epidaure , jusqu’à la maison 1#ainte de Lorette, ou la béatification du mendiant . Labre ! On concévra donc aisément comment des prêtres 14 … + Géographie. avoient réussi à faire de la ville et du territoire d’R- -pidaure, un objet de vénération pour toute la Grèce. Sous prétexte de préserver cette ville et cette vaste enceinte de toute souillure , il étoit défendu d’y laisser accoucher aucune femme , d’y laisser mourir au- cun malade. On démêle ‘bien que le véritable motif étoit de préserver le dieu de la médecine du re- proche d’avoir laissé périr , sur son propre .do= maine, des hommes qui venoient y chercher leur guérison. Ainsi pendant douzë siècles au moins , les femmes à. la veille de leurs couches, les mala- des parvenus à un état désespéré, étoient trans=< portés au loin et sans même de grandes commodis tés. Enfin Antonin, qui n’étoit alors ‘que sénateur, et qui, comme on sait , aima beaucoup la Grèce:, fit élever, des bâtimens , pour que les malades: y fussent déposés lorsque leur mort ; démontrée prochaine, annonceroit qu’ils couroient risque de. souiller le territoire. Cet Antonin devint empereur l’an 130 de l'ère vulgaire. Ce ne fut pas le seul avantage que sa munificence sut procurer à ce lieu : nous le ver- rons bientôt. | | Tout ce que: lon sacrifioit.au dieu, et l’on sait que les sacrifices des anciens :consistoient en ani- maux ,tels que les brebis, bœufs ; eic. tués quel- quefois par centaine ; tout cela, dis-je ; devoit se consommer dans l’enceinte sacrée. Il est aisé d’en conclure que les prêtres ÿ dépensoient peu pour leur nourriture, et qu’ils savoient y pourvoir par ce qu’ils obtenoient de ces nombreux sacrifices , et ce n’étoit pas à cela seul que se bornoient les Épidaure et Trézène. 15 avantages de leurs places, D’un autre côté, ils in- terposoient leurs bons offices auprès du dieu, en fa. veur des malades. On y voyoit sa statue moitié or et moitié yvoire : c’étoit l’ouvrage de Thrasimède de Paros. Æsculape étoit représenté assis ,tenant d’une main, un bâton, et ayant l’autre main placée sur la tête d’un serpent, avec un chien à ses pieds. Cette statue ayant été faite dans les temps où la sculpture avoit acquis en Grèce un grand degré de perfection , on peut croire qu’elle étoit fort belle ; aussi des hom- mes, accoutumés à voir des chefs-d’œuvres , la re- gardoient-ils avec admiration. Il paroît que le dieu _ étoit assis sur un de ces espèces de siéges grecs que les poëtes appellent trônes , et qui offroient laspect d’un massif. On avoit orné ce trône de plusieurs bas-reliefs qui représentoient , les uns, les exploits de Bellérophon combattant la Chimère; lesautres, Persée péirifiant tout antour de lui par but à effrayant de la tête de Méduse. Au-delà du templeon avoit construit des maisons propres à loger ceux qui venoient implorer la pro- tection d’Æsculape; car , n’en doutons pas, ce con- cours devoit ressembler assez à ceux que nous con- noissons à Spa , à Parège, à Plombières, Mais dans ces diflérens lieux modernes ; on n’a presque songé bâtir que pour y obtenir plus où moins de com- modité, Chez les Grecs , au contraire, dans les beaux siècles, on, s’occupoit en même temps de magniticence. Tout près de ces bâtimens , il y avoit un monument, espèce de rotonde, qui paroît n’a- x6 Géographie. voir en d’autre destination que d’offrir un lieu coms mode d’exercice à l’abri du grand air: on lenom- moit le tholos ; il étoit de marbre blanc. Entre les péintures qui le décoroïent ; on admiroit deux ou- vrages de Pausas. Ce peinire étoit de Sicyones, contemporain d’Apelle , et ,; comme ce dernier, élève de Pamphile. Ses ouvrages devoient être très- estimés , puisqu’Horace , au milieu des richesses que Rome avoit enlevées à la Grèce , en parle avec éloge (Il. IT , sat.7). L'un des tableaux de ce grand peintre paroît avoir fait allusion à l'hommage rendu à quelque grand talent en poésie , à quelque femme célèbre peut-être. C’étoit un joli amour qui, re- jettant au loin son arc et ses flèches , s’étoit seule- ment &rmé d’une lyre. Le Lycée a vu des séances où l'on eût fait très - naturellement l’application de cette ingénieuse allégorie. L’autre tableau , comme si lé peintre eût voulu rapprocher les extrêmes, re- présentoit l’Zuresse. C’étoit une femme buvant à même une bouteille. Pour donner quelque intérêt à ce sujet, l’auteur avoit donné au verre l’effet d’une transparence telle, que l’on démêloit très-bien la phy- “sionomie d’une femme , quoique placée du côté op- posé au spectateur. Afin d'étendre la réputation d’Æsculape par les soins imposans de ceux qui l’étoient venu consulter , aulant que pour lui assurer de nouveaux succès, un 2rand nombre dé colonnes étoient destinées à recevoir les noms des dévots malades qui s’étoient présentés à ce temple, sans doute , sur-tout, de ceux qui se trouveient d’un rang ou d’un nom assez connu pour Épidaure et, Trézène. 24 pour fixer l’opinion des consultans. C’est ainsi que nous avons vu nos chapelles de Liesse, de Lorette, etc. notre Géneviève même de, Paris , offrant des ex-voto, des grands tableaux mêmes, hommages d’une, ignorante crédulité ; respeciables seulement sous ce point de vue, qu’ils annoucçoient des cœurs, pénétrés d’une des plus précieuses vertus qui soient données aux hommes, la tendre et vive r: connois- sance. Les ex-voto d’Epidaure étoient pareux-mêmes moins insigoifians , que ceux des dévois modernes; mais, d’un autre côté, ils fesoient moins d’honneur à la puissance du dieu ;,car en même temps qu’ils contenoient les noms des malades, ils présentoient aussi, et le genre du mal dont ils étoient alors at- teints. et les remèdes qui avoient concouru à leur guérison,, On sait que le célèbre Hippocrate recueillit un grand nombre de ces observations ; qui lui pro- curerent l’avantage d’une expérience de plusieurs siècles. Ainsi nous pouvons présumer, par ce fait connu , et attesté par ce que l'antiquité a de plus respectsble, qu’en mème temps que les prêtres semblaient aunoncer tout haut que l’on guérissoit par la puissance du dieu, ils ne négligeoient pas d’y joindre les ressources de Part. On n’étoit pas aussi bien traité dans les pélérinages modernes, On en revenoit quelquefois plus content , mais jamais ceux qui en rapporloient de la santé ne s’y étoient rendus sans être malades ; au lieu que les prêtres d’Epidaure, ne pouvant pas tenir parole sur les iniracles, cher- choient au moins à faciliter des cures. J’ai déjà comparé le territoire d’Epidaure au sé- Tome FI. B 18 Géographie. jour de Spa, de Bath, etc. et ce n’est pas sans quelque fondement. Si le mal y amenoit des infirmes, le plaisir. probablement y amenoit aussi bien des oisifs. L’anteur qui nous a le mieux fait éonnoître ce temple du dieu de la médecine , Pausanias , ne nous dit pas qu’il yeut une phârmacie, ni quel étoit le régime prescrit aux malades ; mais il nous parle d’un très-beau théâtre qu'aucun autre n’effacoit pour l'élégance ; et qu’avoit construit architecte Poly- clète , également auteur de la rotonde dont j’ai parlé. Les plaisirs du théâtre n’étoient même pas les seuls délassemens offerts aux malades, puisqu’il ÿ avoit un bois sacré pour la promenade et un stade pour, les jeux athlétiques. Dans le bois étoit un temple .de Diane, une statue d’Epioné, et deux petites chapelles , l’une à la beauté ; sous le nom de Venus ; l’autre à la justice, sous celui de Thémis. Près du stade ,on avoit recueilli fes eaux d’une source fraiche , dans un bassin très-orné, et couvert d’une voûte d’une consiruction infiniment agréable. Dans des temps postérieurs aux beaux siècles de la Grèce, mais où l’on sentoit encore le prix des ouvrages d’un bon style , on avoit fait construire des bains sous le nom de bains d’Æsculape ; un temple à Hygiée, c’est - à- dire, à la déessé de la bonne santé; quelques autres encore, entre lesquels il en étoitunà Æpollon-l’ Ægyptien : c’étoit en quelque sorte reconnoitre que les premiers établissemens de cette côte venoient de PÆsypte. La ville d’Epidaure étoit dominée par deux mon- tagnes qui avoient aussi leurs monumens, Le mont Épidaure et Trégène. 19 Cynirtion avoit non-seulement une fontaine , mais de plus une citerne, ouvrages dus aux bienfaits d’Antonin. | Mais parmi ces productions de la libéralité d’un prince et du génie des plus habiles artistes , qui ne pouvoient guère être appréciées que par des hommes éclairés et instruits, les prêtres n’avoient pas perdu de vue les moyens d’entretenir les erreurs populaires, et d’avoir aussi des objets de curiosité à la portée de la multitude. On voyoit sur cette même mon- tagne , un arbre dont la tige, sans doute par l'effet naturel d’une mauvaise croissance ou par la violence de quelque orage , paroissoit avoir été tordue. Rien n’eût été si simple aux yeux du naturaliste : aux yeux de la multitude, c’étoit Hercule lui-même qui s’étoit plu à tordre ainsi cet arbre, pour donner apparemment une grande idée de sa force. Sur le haut de la plus élevée de ces montagnes étoit un temple consacré à Diane Coryphée , c’est- à-dire, /’Elevée , qui domine. N'est-ce pas comme quand nous disions chez nous : Saint-Etienne-du- Mont? | | L'intérieur de la ville étoit moins intéressant que les dehors ; cependant elle n’étoit pas non plus sans monumens. On est même étonné de trouver si rap- prochés un aussi grand nombre de temples, teis que souvent ils se trouvoient dans les différentes villes de. la Grèce. Mais il y a deux réflexions qui dissipent les premiers nuages qu’élèveroient à cet égard lin- crédulité. 1°. Ces temples , excepté quelques-uns en Sicile, n’étoient pas à beaucoup près aussi grands B 2 20 Géographie. que les nôtres pour l’étendue, et aucun n’étoit aussi | élevé. Les anciens avoient très-bien senti que la hardiesse n’est pas le goût, et que ces voûtes , portées à une hauteur telle qu’elles ne peuvent être bien vues qu’aufant que l’on a renversé la tête presqu’horizon- talement; font perdre à la totalité de lédifice, le premier mérite de touie production des arts, l’Lar- mônce. Leurs temples n’étoieut bien entendus qu’au- tant que le même coup-d’œil embrassoit l’ensemble, J'ajoute que, 2°. presque tous les ouvriers étoient des esclaves, dont le travail coûtoit infiniisent moins que chez les nations modernes. Nous n’avons pas de grands détails sur le gouver. nement de ce petit pays. On voit seulement, par un. pañséee de Plutarque, qu’un conseil de 180 citoyens y avoit Padministration des affsires. Je passe au territoire de Trézène, qui se trouvoit au sad de celui d'Epiäaure. Du pays de Tréxène. Ce petit pays, sur lequel les beaux vers de Racine appellent notre curiosité , R’avoit guère que l’étendue de celui d'Epidaure : (’avoit été cependantun royaume fondé probablement aussi par une colonie ægyplieune, car on citoit un prince nommé Horus , entre les plus anciens rois de Trézène. Au reste, les Grecs de ioutes les contrées, de toutes les villes, connoïssoient bien mal Phistoire ancienne de leur pays ; mais une imaginatou féconde avoit suppléé au savoir réel; et ne sachant pas trop quels hommes avoient été. Épidaure et Trézène.' “ ar leurs ancêtres, leur vanité en avoit fait des dieux. Les Trézéniens, par exemple , prétendoient que leur pays avoit d’abord recu d’Horus le nom d’Orée, mais que sa fille Léis ayant eu de Neptune un fils nommé A{thepus , la contrée en avoit prislenom d’Althépie. Si nous avions un grand intérêt à re- chercher ce que l’histoire peut offrir de véritable dans cet ancien récit, nous verrions sans doute qu’un étranger s’étant emparé du pays, le laissa à son petit-fils, dont Païeul , pour l'honneur de sa fille, eut quelqu’intérêt à cacher la véritable naissance. Les prétendus dieux des Grecs ont caché plus d’un mystère de ce geure. Chez Léis, on avoit supposé Neptune : ce fut Jupiter chez Danaé. À cette première marque de bienveillance du dieu des mers, puisqu'il avoit donné un roi au pays, Neptune en joignit une autre : ce fut de vouloir concourir avec Minerve, à s’en déclarer le protecteur. On sait que la même dispute avoit eu lieu pour Athènes, et que Minerve y avoit remporté l’avantage, Les Trézéniens, moins modestes, prétendoient que l’une et l’autre de ces deux divinités, n'ayant pu | fixer leur choix , étoient restées par ordre de Jupiter, ensemble et conjointement, les patrons du pays. Ainsi le génie allégorique des anciens avoit enveloppé sous des fables brillantes, quelques vérités fortsim- ples : c’est que, dans les commencemens , Athènes, fondée sur une montagre, à 40 stades de la côte, s’étoit abord content: de l’industrie qui soignoit l'olivier ét en obtenoit l’huile, C’étoit alors la seule Minerve ; au lieu qu’à Trézène , situé sur les bords B 3 as Géographie, ” ’ de la mer, on avoit joint cette culture à un petit commerce maritime, C’est à l’industrie de Minerve , joindre les ressources de Neptune, On sait que la presqu’ile où se trouvoit l’Argo- Hide, avoit quitté l’ancien nom d’Æpia pour celui d’ile de Pelops ou de Péloponèse , lorsqu’elle eut été conquise par Pélops, fils de Tantale , et qui étoit passé de Phrygie en Grèce. Un des fils de ce prince, nommé Trœzen , s’étoit établi dans l’Althopie, avec son frère Pithée. À ce prince, nous commencons à nous rapprocher de Phistoire d’Hippolyte 3 maïs jetons un coup - d’œil sur le pays. La ville de Trézène avoit été formée de la réunion de deux bourgs par ce même Pithée, fils de Pélops. Il avoit senti que le pays y trouveroit de la force et des moyens d’acquérir des richesses. C’est ainsi que lé roi d’Athènes, Thésée, avoit réuni douze bourgades pour n’en faire qu’une ville. Pithée avoit placé sa nouvelle ville à l'embouchure d’un petit fleuve, auquel on avoit donné le nom de Chrysor- rhoas , c’est-à-dire, Fleuve d’or où aussi précieux que l’or. La raisou suffiroit, ce me semble, pôur donner la même épithète à tous les fleuves ; car l’eau est sans contredit la préinière des richesses ; mais à Trézène on croyoit avoir un motif de plus. La re- connoissance se plaisoit à rappeler, par ce nom, que pendant une sécheresse de neuf ans, ce petit fleuve n’avoit pas cessé de donner une eau limpide et abondante, | Dans la place de Trézène, on voyoit un temple et une slatue de Diane Sotère ou conservatrice. Épidaure et Trézène. 23 C’étoit un hommage, disoit-on, de Thésée , qui croyoitdevoir à cette déessele bonheur d’avoir échapé à la fureur du Minotaure, et d’être sorti du fameux labyrinthe habité par ce monstre. A ce'petit trait de fable qui défigure aux yeux de l'historien les récits faits sur Th sée, les Tré- zéniens en joignoient de bien plus considérables con- cernant leur pays. Dans ce même temple, élevésur leur place publique , on voyoit ou plutôt on n’ad- miroit qu'avec un saint effroi deux ouvertures caver- neuses et t&ès-profondes , qui, selon eux , commu- niquoient avec les enfers. Par l’une , disoit-on , Bacchus avoit ramené sur terre sa maîtresse Sémélé; par l’autre, Hercule avoit fait voir, pour la pre- mière fois, le jour à Cerbère. Ce qui devoit désabuser un peu les sens de bon sens, c’est que l’on faisoit les mêmes contes de beaucoup d’autres grotles, même de quelques-unes quai n’étoient pas très-éloi- gnées de celles-ci. Dans les temps modernes, nous avons moins consulté les prêtres que les naturalistes sur les richesses des cavernes , et nous nous en sommes bien trouvés. c Derrière le temple on voyoit le tembeau de Pit. thée , et un peu au dessus, trois siéges de marbres, sur lesquels ce bon roi, accompagné de deux con- seillers, venoit écouter les plaintes des mécontens et leur rendre justice. On avoit conservé pour ce prince une estime si profonde ; qu’au temps de Pau- sanias, l'écrivain qui parcouroit la Grèce dans le deuxième siècle de notre ère, on montroit encore un Jivre dont on le disoit l’auteur : il pe dit päs de quoi B 4 24 | Géométrie. traitoit Cet ouvrage, mais je présume que c’étoit de L’Art oratovre ; car Pausanias cite le livre de Pit- thée, immédiatement après avoir dit que ce prince en avoit donné des lecons dans un temple des Muses, fondé par Ardalns, inventeur de la flûte, et fils de Vulcain. Je saisirai cette occasion de faire observer combien Racine *etoit exactement conformé aux Opie nions des anciens, lorsqu’il veut nous faire connoître le mérite de Pithée ; ce qu’il fait en ces deux vers : . Pitthée estimé sage entre tous les humains, Daïigoa m'instruire encor au sortir de ses mains. Ce même Ardalus, inventeur de la flûte , avoit fondé un autre temple à Trézène, et l’avoit dédié, non pas au sommeilet aux mûnes , comme l’ont cru quelques auteurs (2), mais aux Muses et aux Sommeil, et cette dédicace n’étoit pas, de la part de çet artiste, une épigramme 'contre| ces coteries prétendues litté- raires, qui en eff2t appellent le Sommeil où d’abord elles n’avoient annoncé que les Musess c’est parce que, chez les anciens , on étoit persuadé que les songes étoient envoyés par les dieux , et qu’il étoit précieux aux poëles d’êire, pendant le Sommeil > favorisés par les Muses, | © Pausanias ne dit rien de l’éteudue ni de la forme du théâtre de Trézène ; il ne parle de ce monument que pour indiquer qu’assez près Hippalyte avoit élevé un temple à Diane Lycéenne, c’est-à-dire , Louvétière : il ajoute que l’on ignoroit l’origine de ce nom 5 Je présume que c’étoit une suite de son goût pour la chasse. Nous ne nous y arrêterons pas ,: (2) Voyez les premières éditions du Foyage d'Anacharsiss Épidaure et Trégène. 25 mais nous observerons qu’en face du temple étoit une pierre que l’on regardoit comme sacrée : c’étoit là, disoit-on, qu’Oreste avoit été absous du meurtre de sa mère, par neufs personnages des. premiers habitans de Trézène. Ce n’étoit pas le seul monument qui rappelât le nom de ce héros grec. Il existoit un peu plus loin une petite maison que l’on nommoit le tabernacle d’O- reste ; et selon la tradition du pays, il y vécut sé- paré de toute société, depuis le meurtre de Cly- temnestre, jusqu’à ce qu’enfin il en fût purifié par des cérémonies religieuses. Ainsi, tandis que quelques auteurs prétendoient que ce fils parricide, agité par les Furies, avoit porté en cent lieux différeus les re- mords de son crime, les Trézéniens, pour s’illustrer par quelques rapports avec ce héros , prétendoient qu’il avoit vécu chez eux dans une obscurité dou- loureuse. Il n’avoit été permis à personne de com- muniquer avec ce coupable ; mais l’humanité avoit pourvu à son existence : on lui avoit fourni le boiré et le manger. En retrouvant ici Oreste, qui ,comme je l’ai dit, se rencontroit en beaucoup d’autres lieux , on se rappelle ce trait de l'abbé Longuerue , auquel, dans ‘üne petite ville, on montroit le chef de Saint Jean. Comme un ami s’étonnoit de son air persuadé , 1l répondit : Eh! comment ne le croirois-je pas ? c’est la trentième ville où J’aile bonheur de le rencontrer. L'esprit le moins attentif saisit d’abord pourquoi, chez nous , des prêtres ou des moines cherchoient à égarer la foi des bonnes gens, en leur : 26 Géographie. | offrant le chef ou le bras de quelque prétendu saint : il en résultoit un plus grand concours, de fi delles, un plus grand revenu en argent ; car enfin, il falloit bien payer quelques prières , quelques cé- rémonies religieuses. Rapprochons cette conduite de celles des prêtres de l’antiquité, nous verrons que c'étoit le même esprit, là même marche ; car au- près de cette maïson qui rappeloit le souvenir d’O- reste tourmenté par les Furies , et de cette pierre , autel de son absolution , des Trézéniens , espèces de prêtres qui se disoient issus des neufs personna= ges dont j’ai parlé, pratiquoient encore descérémo- nies qui avoient le même objet, et faisoient des re- pas réputés saints, dont probablement la crédulité publique faisoït tous les frais. Les mêmes hommes assuroïient de plus qu’un laurier que l’on montroit encore après plus de 20 siècles, avoit crû au lieu même où avoit été mis dans la terre tout ce qui avoit servi à la purification d’Oreste, et le peuple le croyoit. Si l’orgueil humain s’indigne que les bom- mes aient pu être égarés à ce point , je répondrai que d’autres peuples ont adopté et défendu des er- reurs encore plus absurdes. Maïs pour ne m’en tenir qu’à ceux dont jai honneur de vous entretenir , J’'ajouterai qu’ils montroient à la même époque un olivier dont l’existence selon eux remontoit an temps d’Hercule, Ce héros avoit planté dans ce lieu sa massue , et peu après elle s’étoit transformée en un bel'arbre, Près de la ville étoit un emplacement consacré à Hippolyte. Il ‘y trouvoit un temple avec une statue Epidaure et Tréxène. 27 très-ancienne, au temps de Pausanias. On en attri- - buoït ja fondation à Diomèdes , qui, le premier parmi les Trézéniens, avoit rendu les honneurs di- vins à ce héros. Un prêtre y exerçoit un sacerdoce qui duroit tout le temps de sa vie. Entr’autres cé- rémonies qui s’y pratiquoient, dont quelques - unes se répétoient chaque année ; il en étoit qui étoient accidentelles : tel étoit l’usage , religieusement observé par les jeunes filles, d’y consacrer Jeurs chevelures lorsqu’elles alloient se marier. Mais que devenoient tant dechevelures ? Qu’y gagnoit-on ? Faisoit-on des coiffures pour les jeunes femmesavec les chevelures des jeunes filles ? C’est ce que l’anti- quité ne nous apprend pas. J’ai dit que l’on avoit élevé un temple à Hippolÿtes il falloit donc qu’il fût placé au rang des dieux. Aussi les Trézéniens, disoient-ils qu’en effet ses chevaux , effrayés à la vue du monstre , l’avoient emporté, renversé de son char , mais ils ne convenoient pas qu’il eût étéen- terré comme un simple mortel. Selon eux, il avoit été enlevé au ciel, et c’étoit lui que les astronomes y connoissoient sous le nom de la constellation du cocher , qui effectivement sy voit encore , mais qui n’est pas pour nous l'Hippolyte des Trézéniens. On sent bien que ce héros devoit avoir ici plus d’un monument ; aussi le stade portoit - il son nom, et au dessus de ce stade, un temple avoit été éleyé à Vénus, avec l’épithète de Catascopie, ou la re- gardante. On prétendoit que c’ètoit en ce lieu que se plaçoit Phèdre pour voir Hippolyte s’exercer à la course » Avantage qu'elle exprime si bien dans 5 1e | Géographie. les deux beaux vers de Racine, auquel cette circons- tance n’avoit pas échappé : Quand pourrai-je , à travers une noble poussiére , Suivre de l’œil un char volant daus la carrière ? Il falloit , an suiplus, que les Trézéniens fussent bien ignorans des effeis les plus ordinaires de la na- ture, ou bien vains, pour adopter: tous les contes absurdes qui pouvoient flatter lcur amour-propre ? Nous avons vu qu’ils croyoient qu’une vieill: massue avoit pu produire un jeune arbre. Dans le licu où nous nous sommes transportés en ce moment , ils montroient un myrihe dont les feuilles paroissoient avoir éproué de petites piqûres. On les attribuoit à Phèdre, qui, cherchant à se distraire des égare- mens de sa coupable passion , avoit, dit-on, pi- coté ces feuilles avec une aiguille. On croyoit cette princesse enterrée près de ce myrthe ; et pour le prouver, on montroit un tombeau que lon disoit être le‘sien ; aussi dans le même lieu il s’en trou- voit un second. Ceux qui n’avoient pas la foi assez v.ve pour croire Hippolyte placé dans le ciel, assu- roivnt que c’étoit là qu'avoit été enterré ce héros ; mais ce dont peroune ne doutoit, c’est qu’une mai- son que on fit voir à Pausanias, avoit été celle de ce jeune prince. Eu face étoit une fontaine qui portoit le nom d’Hercule, parce qu’elle avoit été dé ouv-rte par ce héros, À quelque di tance , dans la campazsne, on voyoit aussi des troncs d’arbres où Pon “isoit quegs’étoit accroché le cliar d'Hippolvte , lorsqu'il fut emiporté par ses chevaux. | Épidaure et Trézène. + 29 Je n’ai pas dû, citoyens, risquer de fatiguer votre attention par une énumération scrupuleusement exacte, mais, par-là même, très-séche , de tou- tes les statues ni de 1ous les temples reafermés dans Trézène : d’où l’on peut conclure qu’elle avoit dû être une ville considérable ; car enfin, je né dis pas quel bourg , mais même quelle ville di second ordre én France , a jusqu’à présent renfermé autant de’ productions des arts, Ne désespérons cepenclant pas de les voir sé inultiolier chez nous, puisque noùs avons, comme. on les eut chez les Grecs, le génie et la liberté. . En terminant je me permetirai une réflexion qui saus doute ne vous aura pas echappé , c'e que qudnd on est parvenu , après une longue étude des auteurs anciens , à connoitre les monumens, lessta- tues, les täbleaux mêmes que renfermèrent ces villes de la Grècé, on régrete que ces mêmes auteurs ne nous aient presque rien dit des habitans, de la po= pulation ,: des moyens de subsistance ; et même des productions du sol, d’une manière un peu particu- lière. J’ai consulté à la bibliothèque nationale les manuscrits d’un savant célèbre, Pabbé de Fourmont, qui avoit voyagé daus le pays où exista cette Tré- zène que je viens de décrire «Les montagnes y sont, dit-il , jusqu’à une certaine hauteur, couvertes de vignes , d’oliviers , de grenadiers et de myrthes. Vers le sommet on trouve, comme chez nous , ces productions que l’on nomme alpines, parce qu’elles croissent plus particulièrement à une certaine elé- vation ; c’étoieat des pins et des. sapins, « 30 | Biographie. J'ajoute qu’à peu de distance de la côte est une petite île que l’on nommoit Calaurie , et à la- quelle on ne peut penser sans un sentiment de douleur , quepd on se rappelle que ce fut dans cette île que s’empoisonna Démosthène , pour ne pas tomber au pouvoir &@’Anlipater, roi de Macé doine. Il avoit osé démasquer aux yeux de la Grèce l’astucieuse politique de Philippe , et ses vues dan- gereuses pour la liberté: vingt ans après, un roi féroce en vouloit tirer Vengeance ; mais ces lyrans n’ont pu éteindre sa mémoire ,'et son génie a triom= phé de leur férocité. BIOGRAPHIE. Norrce sur Prerré DesautTr, médecin, par Tourwon , menvbre de la société de médecine de Bordeaux, associé du Lycée de Toulouse, etc. La médecine n’offre pas une carrière propre à mener à la gloire : celui qui veut la parcourir doit être vertueux , savant, et jouir d’un tact particulier , don précieux de la nature. Ses travaux seront obscurs et pénibles, ses succès modestes et d’une utilité partielle ; mais de quel prix n’est point aux yeux du philosophe et de l'homme souffrant , celui qui sait calmer la douleur, prolonger la vie , et consoler son semblable? De grands accidens peu- Notice sur P. Desault. 31 vent faire mieux apprécier le médecin habile. Hippocraie sauvant son pays de la peste, est aussi grand que le plus célèbre des héros : l’officier de santé peut encore transmettre au public ses obser- vabons , ses découvertes ; et si ses écrits traversent une longue suite d’aunées , s’ils obtiennent Pappro- : bation de la postérité , alors il a doublement mé- rité de. sa patrie. L’unanimité de sentiment en fa veur des talens de Desault , les lumières que j’ai puisées dans ses écrits , le succès qu’elles m’ontf valu dès'le début de ma carrière médicale, m’inspirè- rent l’intention de faire un jour son é/oge, et de payer publiquement à sa mémoire le tribut de ma juste reconnoissance. C’est dans ses ouvrages que je trouverai les preuves de son savoir , de son géuie ; il me fournira lui-même des traits énoncés avec simplicité, qui prouveront , qu’aux qualités d’un médecin habile , il joignoit les vertus d’un homme sen‘ible et bienfaisant. Pierre Desault naquît en 1675 a Arzac dans la Chalosse (1), de dame Daubaignan et de Fr. Desault, qui exerça la médecine à Pau (3): ce fut dans l’université , jadis célebre , de cette ville, qu’il fit ses premières études (3). IL vint ensuite à Bordeaux pour suivre les cours de médecine, sous (1) «Je répondis à cette belle physique en peu de lignes, 2 que les eaux de Barèges ne m’étoient pas étrangères , puis- » gas j'élois natif d'un bourg qui en étoit plus près que Baï- » gnères, » Diss. sur la goutte , par Desuult , pag. 288. (2) Diss. sur la phthisie , par le même, p. 384. (5) Zd, sur la rage , p. 288. 32 Biographie. les professeurs, Teris et Fartas , qui lui donnèrent L le grade de docteur (4). Eu 1697 Desault se rendit à Paris pour y perfectionner ses connoissances ; il assisla aux savantes leçons d’anatomie de Duver- ney (5) ; il suivit l’illustre Tournefort au jardin des plantes, dans ses herborisätions (6), et l’école de médecine n’eut point d’auditeur plus attentif, Ses. talenset son amabilité le lièrent avec les médecins les plus célèbres , tels que Bouvart , Sidrobe , fernage, Enguchart, Falconet, Bompart, etc... Desault ayant acquis les connoissances accessoires, que doit avoir un jeune médecin , et suivi pendant quatre ans les praticiens des hôpitaux, revint à Bor- deaux, où il fut agrégé au collége des médecins le 25 janvier 1704. Il seroit intéressant , je l’avoue, de pouvoir suivre ‘Desault dans sa carrière médi- cale ; il seroit satisfaisant de le voir porter au sein des familles éplorées la consolation et la santé : plus d’une fois sans doute, un père respectable , une mère tendrement aimée , lui dûrent le bonheur de vivre encore parmi leurs enfans. Miis ces faits ap- partiennent à ses contemporains , et nous n’en avons que la juste présomption. Desault fut très-lié avec les hommes les plus instruits dans les trois ordres de la médecine : sa probité et ses talens reconnus lui méritèrent l’estime et la confiance de ses confrères; il fut pendant les années 1718, 19, 20, syndic du (4) Diss.sur la phthisie , p. 342. (5) Jbid. p. 348, 380. (6) Diss. sur la pierre, par Desault, p. 202. collége + ‘ Notice sur P. Desault. 33 collége des médecins (7). En 1729 il présida à la savante thèse d’aggrégature de Campagne (8). Un caractère tel que celui de Desault ‘w’étoit pas sus- ceptible des petites passions qui dégradent les hom- mes ordinaires. Jamais la rivalité, la jalousie ou Penvie, n’eurent prise sur sa belle aive, Un in- cendie violent consuma en 1731 la maison du chi- rurgien Dugarry : on n’avoit rien pu sauver, tout avoit été la proie des flammes, Desault , pénétré des malheurs de cet infortuné , assembia extraor- dinairement le coilége des médecins , et en obtint une somme de trois cents livres, pout servir à ré parer en partie les peries qu’il avoit faites. Jamais sa bienfaisance active ne laissa échapper l’occasion d’être utile. Desault venoit de perdre un de ses confrères : il s’apercut bientôt de l’état de dé- tresse où la mort de son ami avoit laissé sa veuve et ses enfans ; il assembla de nouveau le collége des médecins, et fit accorder à cette famille mal- heureuse , une pension viagère de cent cinquante livres. HR Desault avoit une si haute idée de la profession du médecin , qu’il croyoit que les soins d’une fa- mille étoient incompatible avec la tranquillité et la méditation qu’exige l’art de guérir. Il vécut céli- batäire (9). Desault fut trompé par l’amour de son (7) Registres des médecins de Bordeaux. (8) Voyez une notice sur ce médecin botaniste , dans le Journal de Santé et d’histoire naturelle de Bordeaux NOT Ts p. 43. (9) Préface de la diss. sur /a pierre , p.16, 19. Tome V1. C 34 Biographie. état et de ses semblables: le mariage est un devoir qu’imposeut la nature et la société, et Le philoso- phe le plus austère est forcé d’avouer qu’une partie du bonheur dont peut jouir un mortel, se trouve dans le sein d’un ménage bien assorti, Si Desaull ne laissa pas de postérité, au moins il ne mourut pas. tout entier : il légua: au public une partie de son existence intellectuelle , et ses ouvrages lui mé- riteront à jamais l’estime et la reconnoissance de la postérité. Après trente ans d’exercice dans sa profession , Desault fit imprimer en 1735, son trailé sur les Maladies vénériennes (10). Sa publication fut une preuve de son savoir et de son courage: il proposoit des innovations , il frondoit une méthode reçue , dont le savant Æstruc étoit le défenseur et le pa- négyriste. À cette époque la salivatson étloit la crise qui jugeoit les maladies vénériennes: au mal heur d’avoir pris la vérole , succédoit un traite. ment qui éloit un vrai supplice. En effet, il falloit passer 25 ou 30 jourssans prendre que du bouillon, \ (ro) Dissertation sur les maladies vénériennes ; contenant une méthode de les guérir sans flux de bouche, sans risque et sans dérense , avec deux dissertations , l’une sur /a rage, l'autre sut la phthisie, et la manière de les guérir radicale- ment , par Pierre Desaul!, docteur en médecine , agrégé au collége des médeciusde Bordeaux. À. Bordeaux, Calamy, 1733, x vol. in-12. Je ne donnerai point uve analyse détaillée du système de chaque dissertation de ce médecin; elle seroit fastidieuse pour ceux qui possèdent ses ouvrages, et inutile pour ceux qui, ne les ayant point , peuyent se les procurer aisément. ES des bé à PT os D DS dE pe bi" M à Notice sur P. Desault. 35 supporter dans la bouche une puanteür affreuse, avoir les gencives enflées et déchirées par une sali- vation abondante, les dents devenoient vaccillantes: linflammation du gosier ; l’enfluré de la tête, le spasme de la face ,:{ la bridure } exposoiont très- souvent les malades à être défigurés où à perdre la vie, Desault frappé de ces graves inconvéniens, crut pouvoir proposer une méthode moins doulou- reuse ; elle étoit plus sure et plus facile. Il publia que les frictions , les bains et les purgatifs intercalés, guérissoient eHicacement la vérole. C’est presque la méthode par extinction, que proposa depuis le doc- teur Haguenot , professeur de la faculté de Mont- -pellier (11). L'observation onzième , prouve la dou- - ceur et la bonté de Desault, et avec quel désinté- ressement , il se chargeoit de la curation des ma- : lades, pour le traitement desquels certains chirur- _giens avoient demandé des sommes considérables. Ce praticien intelligent employa le mercure con- tre les obstructions, les maux des yeux , les ulcè- res , la teigne , maladie familière dans les landes de Bordeaux ; ét que Descult regardoit comme endémique parmi les habitans des côtés de lO- céan (12). Il fut conduit à l’application de ce re- mède dans ces affections, par son système sur les vers, qu’il regardoit comme la cause première de L@ vérole et de plusieurs autres maladies (13). De- (11) Mémoire conéernant une nouvelle méthode de guérir la vérole. Montpellier , 1734, in-88. (2) Dissertation sur les maladies vénériennes , p. 213. (13) Le citoyen Guerin ; chirurgien célèbre et praticiex G 2 36 Biographie. sault avoit puisé cette doctrine dans les conférences qu’il avoit faites chez Renealme de Lagarenne , professeur de la faculté de Paris (14). Ce système le conduisit à croire que les vers qui se trouvoient dans le virus de /a rage ; pouvoient être la cause de la propagation de cette affreuse maladie (15). La lecture des auteurs qui avoient écrit sur lhydrophobie, l’ouverture des cadavres forti- fioient sa conjecture; et si son opinion parut erronée , au, moins eut-elle l’avantage de présenter {a rage sous un aspect susceptible de guérison (16). L’ana- logisme lui facilita létiologie de cette maladie. Desault , en proposant contre elle l’usage du mer- cure, ne fut pas inventeur, mais il réveilla l’at- tention de ses confrères sur l’emploi d’un remède que Palmarius avoit indiqué en 1578. La publis cation de cet ouvrage servit à détruire un préjugé distingué de cette ville , fut consulté par un particulier, ‘dont le scrotum et les aines étoient rongés rar un uleère depuis plus de deux ans. Ses réponses affirmatives ne lui . laissant aucun doute sur la pureté de sa conduite, il examina l’ulcère avec une forte loupe ; il y aperçut une myriade de morpions qui avoient dévoré les parties affectées. Quelques illinitions d’onguent mercuriel, en faisant mourir cette ver- mive , délivrèrent le malade de ce dégoütant ulcère. Cette observation confirma le citoyen Guerin dans la croyance que les insectes pouvoient être la cause des maladies contagieuses. Voyez la dissertation de Linné, Exanthemata viva , ejusd, de mundo invisthilri. _ (14) 1bid. sur les maladies vénériennes , pag. 39. (15) Diss. sur /a rage , avec la méthode des ‘ai HÉRSLT rie et guérir , par Pierre FES etc. (16) Ibid, pag. 270. Notice sur P. Desault. 37 qui, en inspirant une sécurité perfide, réservoit les enragés à une mort inévitable , par la confiance que donnoïient les bains de mer , quoiqu’ils n’eussent guéri personne. Le praticien de Bordeaux n’eut point la satisfaction de voir sa méthode couronnée de succès, en guérissant un malade atteint de /& rage confirmée ; mais il eut honneur de préparer un triomphe au prince des pathologistes , le grand Sauvages (17). _« La multitude des malades , dit Desault , que » j'ai vu mourir de /a phthisie (18), du nombre _» desquels étoient mon frère ecclésiastique , ma sœur » religieuse au couvent de Saint Joseph de Bordeaux, » plusieurs personnes de l’un et de l’avtre sexe, que » j'honorois et respectois , m’a engagé à étudier cette » maladie avec application , à la contempler avec » exactitude , à rechercher ses causes et son remède, » par un travail assidu , soit dans la lecture des » livres qui en ont parlé, soit dans l’ouverture des » cadavres de ceux qui en sont morts, soit enfin » dans mes méditations et mes réflexions. » Depuis 35 ans que j’exerce ma profession , je n’ai guère été content de mes premières expé- » riences , ni des idées dont on envisage /a phthisie , » ni des remèdes qu’on a coutume d’y apporier. » (17) Diss. sur la nature etla cause de Za rage, dans laquelle on recherche quels en peuventêtre les préservatifs et les remè- des ; pièce qui a remporté le prix de l’académie royale des sciences de Toulouse , en 1584, par F. de Sauvages, profes- seur à Montpellier. (18) Zbiv. sur la phthisie , dans le vol. des malad. vén. C3 38 Biographie, En effet, à l’époque où écrivoit ce médecin, la définition inexacte (19) de /@& pulmonte, faisoit regarder l’ulcère du poumon comme la cause de cette maladie, tandis qu’il en étoit le résultat et le symptôme. C'est d’après ce dernier aperçu, que Desault établit son nouveau plan de curation, Nourri de la lecture des FPillis , Sydenham , Mor- ton , il perfectionna leur méthode, et employa avec succès le mercure, le mars et les cloportes, Il est le premier qui ait aperçu que Pobstruction du foie étoit un symptôie concomitant de cette funeste ma- ladie qui attaque et immole ses victimes au prin- temps de leur vie. A pareille époque périt celui qui, pendant quaire ans, m’avoit fait goûter les douceurs d'une amitié pure et sincère. Ah! sans doute si son mde:in eût connu les œuvres de Desault , il n’eût point suivi la routine ordinaire, et mon ami vivroit encore (20). ' (19) Phthisis est corporis contabesosntia et consumptio car= poris ab ulcere in pulmonibus oriunda. | (20) Hilaire Devaisse naquit à Hauterive. Ses parens allè- rent s'établir à Toulouse, pour soigner l'éducation de leur fils. Un homme instruit et méthodique lui donna les premières notions des belles-lettres. Il ne parut au collége que pour faire sa rhétorique ; il s’y distingua. Deux ans après il soutint à l’Esquile une savante thèse sur toutes les mathématiques. La précision , la clarté et l’exactitude de ses caleuls étonnèrent ; sa diction pure et cicéronienne lui méritèrent tous les applau- dissemens. Une place de collégial (Boursier ) vint à vaquer , Deraisse la disputa : les suffrages ayant été douteux, il fallut interposer l’autorité des lois. Devaisse fut son propre défen- seur;son éloquentplaidoyer découragea ses concurrens, etmon + | ” t = ‘Notice sur P. Desault. 39 - Desault avoit » résolu de ne pluséerire qu’en latin » pour n’essuyer que la censure des médecins et des gens » de lettres ; néanmoins ,en faveur des goutteux de » sa nation, il mit sa dissertation en francais(2r). » ami eut un nouveau triomphe. Généreux et désintéressé , il laissaune année de revenuaux parens peu fortunés de celuiqu'’il venoit de remplacer. J’en fus le seul confident, Son ardeur pour l’étude augmenta avec ses nouveaux moyens : un Comn- pendium qu’il rédigea sur les institutes de Justinien, lui valut Papprobation unanime des savans professeurs de droit. A 19 ans Devaisse sentit les premières atleintes de la phthiste ; sa gaité naturelle diminua , sa respiration devint diff- eile ; il fallut suspendre nos promenades journalières et nos herboïisations : exercice lui parut pénible, fatigant ; il ne sortit plus. Un médecin fut appelé ; il ordonua la diète blanche ; dès cet instant les symptômes augmentèrent , sa voix forte et sonore s’enroua , les pomeites des joues devin- rent saïllantes et colorées |, les épaules se voütèrent , et sa maigreur fut bientôt extrème. Il fut obligé de s’aliter ; et tout en formant des projets pour le printemps suiyant , cel intéres- sant jeune homme exhala le soufle de la vie en septembre 1787. Ainsi perit à 20 ans celui que des talens précoces avoient déjà distingué, qui devoit être ie soutien d’une famille nombreuse et un ami précieux. (21) Diss. de médecine , tom IT , contenant une dissemta- tion sur /a goutte , et la méthode de la guérir radicalement ; aver un recueil d’observations sur les maladies dépendantes du défaut de la perspiration , par Pierre Desault. Paris, Guerin, 1735 , 1 vol. in-12. Jd. Paris , Guerin ,1738 , 1 vol. Le citoyen Caillau, à qui j'avois communiqué mes inten- tions sur Desault, acheva de lire , le 25 nivôse courant , À la société de médecine de cette ville , une analyse déraillée , avec des extraits des œuvres de ce médecin ; elie sera placée à la suite de la dissertation sur la goutfe | qu’on va réimprimer à Bordeaux. C 4 4 . Biographie. Ce savant praticien regardoit comme un préjugé funeste , la croyance répandue de l’incurabilité de d@ goutte. I1 pensoit que les hommes chargés, de La santé publique devoient redoubler d’efforts pour diminuer le nombre des maux réputés incu- rables. II s’occuna des moyens propres à guérir /a goutte ; et cette tentative, eût-elle été infructueuse » feroit encore l’éloge de sa philanthropie. Ses médi- tations eurent pour base , les aphorismes d’Hippo- crate, les observations de Sydenham , les expé- riences de Sanctorius et les faits anatomiques dont W inslow venoit d’enrichir le public (22). Les écrits de ces grands maîtres furent les sources où il puisa ses idées sur Ja véritable cause de /a goutte , et la méthode de la guérir radicalement. Desault présuma avec raison que le resserrement de la peau et la transpiration diminuée étoient la cause primordiale de cette maladie. D’après ces données , dont la réalité est prouvée jusqu’à l’évidence , il employa dans son traitement tout ce qui pouvoit* ascouplir la peau et rappeler la perspiration. Ce praticien avoit déjà imprimé que les sarcasmes ni la crainte du ridicule ne dlevoient point empêcher un médecin de proposer des vues nouvelles, dès qu’il les croyoit avantageuses. Le préjugé général étoit alors qu’ ne falloit pas baigner Les goutteux, de peur de relâcher ou d'affoiblir les articles, et de leur procurer La goutte. Desault , persuadé du contraire, con- seilla le bain dans cette maladie, Il obtint des succès complets de l’usage du lait, du mars, des eaux de (22) Diss, sur la goutte , pag. 3. Notice de P. Desault. | 4 Barèges , joints à l’exercice et à un régime appro prié. Plusieurs de ses observations prouvent la solidité de son système. On trouve à la fin de ce traité , la description d’un rhume épidémique (23) qui régna à Bordeaux en 1732. C’étoit une pleurésie bilieuse que Desaulé guérit par les émétiques , tandis que ceux qui firent usage de la saignée tuèrent leurs malades. On imagine aisément avec quelle ardeur et quel'e persévérance s’attache à une étude un homme d’es- prit , dont elle est le plus grand plaisir , et un homme de bien dont elle est devenue le devoir essentiel (24). Tel étoit Desault, qui, sans cesse occupé de trouver des moyens pour adoucir les maux de ses semblables , avoit publié dans la préface de son traité de /& pierre (25),« qu’il préféroit l’honneur dese rendre utile » au public et au genre humain, en lui communiquant le fruit de ses labeurs, à la satisfaction d’enrichir une famille collatérale , qui attend avec impatience heure et le moment de visiter les coffres de son bienfaiteur, même le jour des funérailles. » Le judicieux Desault pensoit avec raison,« que Îles > (23) Diss. sur la goutte , p. 321. (24) Eloge de Dodart , par Fontenelle. (25) Dissertation sur la pierre des Reins et de la Vessie, avec une méthode simple et facile pour la dissoudre, sans en- dommager les organes de l’urine ; avec la réponse à certains traits de critique contre la dissertation sur les maux vénériens qui se trouvent dans le livre de M. Astruc , De morbis vene- reis , par Pierre Desault , docteur en médecine , aggrégé au collége de médecine de la ville de Bordeaux, À Paris, chez Jacques Guerin, 1736 , in 12; se trouve davs les disser- tations de médecine , tom. LIL, 42 \ Biographie. » systèmes en médecine, les plus spécieux, et qui pa- CRC roissent le mieux imaginés, sont déconcertés, ren- versés, et tombent d'eux-mêmes si l’expérience ne les autorise et ne se range de leur côté........ Pénétré des sages conseils de Baglive, où pour mieux dire, soumis aux préceptes de ce grand mé- decin, j'ai voulu soumettre, écrit Desault , l’idée que J'avois concue de l'efficacité des eaux de Ba- règes, pour dissoudre {a pierre. Drpuis plusieurs années , à la vue des prodiges que je voyois pro- duire à ces eaux, sur-tout pour la fonte des tu- meurs, anchiloses, nodus, etc. et je roulois dans mon imagination l’espérance de fondre /a pierre par leur moyen ; et quelques réflexions que je fisse sur l’ivstabilité des idées du cabioet, je w’ai jamais pu effacer de mon esprit l’espoir de réussir. » L'expérience que Sydenham fit sur lui-même, qui fondit ou diminua considérablement /a pierre qu’il avoit dans les reins, par la manne dissoute dans du petit lait, me revenoit sans cesse, et me for‘ifioit de plus en plus dans mon idée, comme un indice qu’il falloit chercher les dissolvans des cal - culs daus le genre des sulphureux. » Je me transportai à Barèges, muni de divers caiculs ; pour en faire l'essai ; je pris divers pré- texts assez spécieux de mon voyage, comme celui de voir mes parens, mes amis, Mm@ patrie, m@ maison natale, la bonne compagnie de divers malades de Bordeaux, dont quelques-uns étoient les miens; de dissiper une froideur importune que je ressentois à la jambe droite, etc. Quoique tout cela entrât en partie dans le motif de mon voyage, * Notice sur P. Desault. 1! 43 la principale raison, pourtant , étoit l’épreuve que Je voulois faire de ces eaux sulphureuses surles ca/- culs. Cependant je ne communiquai cette secrette raison qu’à une seule personne , de la discrétion de laquelle j’étois assuré, pour ne pas m’exposer à la raillerie des lithotomistes si je m’étois trompé. » Desault ,en 1735, fit plusieurs expériences à Ba- règes, sur les calculs urinaires : leur résultat et la guérison d’un religieux que la boisson de ces eaux guérit d’une colique néphrétique et de tous les symp- tômes qui annoncent Ja présence de /a pierre dans la vessie, décidèrent ce médecin à conclure que La boisson des eaux de Barèges, leur injection dans la vessie , et La douche de ces mêmes eaux sur la région hypogastrique, ou sur la région des reins , et des lavemens de cette eau , pouvoient dissoudre la pierre dans Les reins et dans La vessie (26). Nous devons resretter que cet exact ob- servateur n’ait pas eu le temps de vérifier, sur le vivant ;- les eflets d’une ressource si consolante. De- sault a donné dans son ouvrage la toposrarhie de Barèges et de ses environs. Le célèbre f’enel a con firmé, par ses expériences, le jugement que ce mé- decin avoit porté jadis sur les eaux de Baignères et de Barèces, en assurant que ces eaux étorent Lou- tes empreintes du même minéral, et ne difié- roient que du plus au moins (27). ÆAstruc avoit imprimé dans sou traité de Mor- bis venereis (28), que les idées de Desault sur la # vs vd Y (26) Diss. sur la pierre ; p. 227. (27) Ibid. pag. 148. Diss. sur la goutte , p. 286. (28) Edit. de 1736, p. 560. 44 Biographie. maladie vénérienne , ainsi que le traitement indiqué, avoient été connus dès les premiers temps de cette maladie. Celui-ci publia, à la fin de sa dissertation sur /a pierre , la défense de son premier ouvrage , et repoussa complètement cette inculpation de pla- giat. On est satisfait du ton décent et modeste avec lequel le docteur de Bordeaux répond à un pro- fesseur qui étonnoit l’Europe par sa vaste érudi- tion, L’expérience a proscrit la salivation , et la méthode de Desault, employée encore avec suc- cès , le place au nombre des bienfaiteurs de l’hu- manité. Ici disparoissent les traces qui pourroient conduire jusqu’à cet homme estimable : depuisr735 sa signature n’est plus sur les registres des médecins; ses con- temporains ont vécu, et la tradition est muette sur son compte. Ah! sans doute elle est permise , la juste présomption de croire que la mort d’un médecin si habile dut répandre , dans la cité de Bordeaux, la douleur et la consternation (29)! Les regrets que laissa le souvenir du savoir et des bienfaits de De- sault, se sont perpétués jusqu’à nous, et les méde- cins de cette ville ont senti depuis long-temps la privation des ouvrages qu’il devoit publier. Le plus essentiel étoit le traité de Medicina burdigalen- ssum , dont il s’étoit occupé toute sa vie (30). Sa dissertation sur {’évulepsie , avec la méthode de la (29) Decessit anno 1737 ; annos natus 62 , Astruc. (30) Diss. sur la pierre , p. 213. Ibid. sur la goutte , p. 173 214, 379 et 388. Notice sur P. Desault. 45 guérir radicalement, étoit prête à voir le jour (3r): il avoit promis des observations sur les maladies des ‘yeux (32), et une nouvelle édition de sa disserta= tion sur les maladies vénériennes (33). Celui qui, pendant quarante ans, exerça avec dis- tinction et désintéressement une profession honorable > qui, en publiant des ouvrages utiles, augmenta les ressources de l’art de guérir ; celui-là, dis-je, im- posa une dette à la reconnoissance publique. Il ap- partient à la société de médecine de Bordeaux d’ac- quitter cette dette sacrée. J'aime à croire que cette 1éunion d'hommes, si recommandables par leur sa- voir et par le but de leurs travaux, placera un jour, .-dans le lieu de ses séances, le buste de Pierre De. sault, comme un monument public du mérite ré- compensé par les talens éclairés. Au dessous de ce buste respectable , j’inscrirois PETRO DESAULT , Arzacensi ÆAltero Sydenhamo. Societas Medica Burdigalensis , eee AP rép nlr ha Ÿ TOURNON, doct,en médecine. (31) Diss. sur la goutte ; p. 397. Ibid. sur la pierre , p. 9, 287 ; Ibid. sur la phthisie ,p. 400. (32) Ibid. sur les maiadies yénériennes, p. 109. (33) Tbid. sur la pierre , in su@ defensione , p. 3or. Quelques bibliosraphes ont mai à propos attribué à Desault lV’ouvrage intilulé Nouvelles découvertes en médecine ; Où l’on fait voir que les remèdes extraits des métaux et des miné- raux sont préférables à ceux des végétaux et des animaux, Paris , veuve d’Houry | 1727 , 1 vol. … Fe et AU D | " | CO NE ONE PR CARE Dicriownarre universel de la géographie com- mercante ; par J. PruvcxsT, auteur du dic- tvonnaire de police de l'Encyclopédie métho- dique. À Paris, chez Blanchon, libraire , rue Haute-feuille , n°. 14. premier vol. in-4°. Cssr parmi un amas de romans sans intérêt, de compilations sans mérite, de productions sans esprit, qui ne prouvent que la futilité de nos goûts ; c’est au milieu de tant d'ouvrages oubliés aussitôt qu’an- noncés , de tant de feuilles éparses que s’élève cette ivtéressante production destinée à instruire les gou« vernemens et les peuples ; c’est la colonne de Pom- pée parmi les ruines d'Alexandrie: Comme elle, l'ouvrage que nous annonçons est fait pour vaincre le temps, traverser les siècles et apprendre aux générations , quels sont les vrais intérêts, les solides richesses des états, la source de leur constante pros- périté. Cetie encyclopédie économico-politique ven« gera , sans doute, un jour la nation française du re= proche assez mérité de n’avoir rien perdu dans les violentes crises qui l’ont agitée, de cette légéreté du caracière qui pouvoit être jadis un agrément , aui n’est plus qu’un travers. En effet les bons esprits sont surpris avec fondement qu’avec tant d’instis tutions nouvelles ; consacrées à électriser les talens, à exciler l’amour des connaissances en tout genre ; il ne paroisse que des brochures éphémères , que Géographie commercante. 47 des conceptions sans plan , que des imitations sans goût , que nos presses enfin ne roulent ou ne s’at- rétent que par l’influence de l’intérêt, Depuis la jremière encyclopédie en 1750, à peine avoit-il paru deux ouvrages d’utilité géné- rale, il éloit réservé à l’auteur de la géographie commerçante de terminer ce Jubilé littéraire. Cette grande entreprise dont peut-être on ne sentira pas toute la valeur, doit être cependant le phare de ceux qui sont chargés du pénible soin de faire mou voir la machine politique , et le guide de ceux dont Pintelligence , Pindustrie et l’intérêt, ont fait ou feront un élat des relations commerciales, soit intérieures, soit extérieures. On nous reprocheroit avec raison d’avoir désigné ceite entreprise comme un monument durable, fait pour honorer la nation , si nous ne justifions les éloges qu’elle nous a paru mériter. Nous allons donc faire connoître le plan de cette produc- tion substantielle , résultat de trente années de re- cherches , de travaux et de méditations : nous tâche- rons ensuite de donner un rapide apercu de l'in. troduction qui est le développement de ce même plan et qu’on peut regarder comme l’histoire des progrès de l’industrie et de la richesse chez les peu- ples tant anciens que modernes, «“ Ce n’est plus d’après la manière étroite avec la- » quelle le commerce semble avoir été envisagé « jusqu’à ces derniersiemps qu’on doit se livrer aux » études qui doivent conduire à en étendre et à en » perfectionner les connoissances. C’est sur de nou- » velles bases, dans des vues plus élevées, qu’il 48 Commerce. » faut en étudier l’histoire , en saisir la théorie, en » classer les faits. » Avant que d’entrer dans analyse de son système, l’auteur a cru devoir réfuter une question proposée en 1777 par l’académie de Mar- seille, en cestermes: Quelle à été, dans tous Les temps, l’influence du commerce sur l'esprit et Les , mœurs des peupies ? Les juges voulurent sans doute se singulariser comme l’académie de Dijon , qui courenna le détracteur des sciences , en appuyant de leur suffrage l’auteur du discours qui avoit avancé que le commerce & toujours entvré et corrompu l'esprit et les mœurs , et qu’il est, par sa nature et par ses suites, incompatible avec Les srandes vertus. Ces académiciens ne voulurent pas voir que leur jugement calomnioit et les générations qui les avoient précédés et leurs concitoyens. L’auteur du dictionnaire combat, par la raison, une opinion ha- sardée par l’amour du paradoxe. Les relations commerciales mont été long - temps qu’un métier , et peut-être l’est-il encore pour bien des commercans que la routine a subjugué; mais elles deviennent une science pour ceux qui savent lenvisager sous tous ses rapports politiques: pour y parvenir, ils doivent secouer les chaînes de l’usage et se livrer à l’étude des élémens. Les livres , les maîtres ; les voyages sont les trois moyens dont ils doiventse servir pour embrasser l’ensemble descon- noissances que le vrai commercant doit posséder. « La réunion de ces moyens d’instruction est ra- » rement à la portée de tous ceux qui se destinent » au commerce, Tel ne peut l’apprendre que par la » pratique Géographie commercante. 49 * pratique de détail; un autre s’en fait l’idée et se » forme aux spéculations hardies par les connoïissan- » ces qu’il puise dans la lecture ; enfin , les voyages » développent ces premières notions , et offrent des occasions d'instruction qwon r’auroit pas trou- vées autrement, » Le dictionnaire de Savary fut le premier ouvrage sur cette matière » qui parut , il y a près de 85 ans, parmi les nations commercantes. Toute estimable , toute précieuse même qu’étoit alors cette collection de matières instructives sur les diverses branches du commerce, elle étoit devenue incomplète par l’élan rapide qu’à pris l’esprit commercial, par la multitude des vues économiques que les nations se sont prêtées les unes aux autres, par les encou- Taägemens que les gouvernemens ont répandus sur cette source de la prospérité pubiique : ‘il falloit donc profiter de tout ce que le travail de Savary ren- fermoit d’utile ; mais les progrès que Ja science du Commerce avoit faits de nos jours, demandoient un travail nouveau , adapté aux principes qui en diri- gent les opérations, qui en simp'ifient la pratique, qui en assurent les spéculations. Cette réfonte gé= pérale , ou pour mieux dire Cette nouvelle création fut confiée par le gouvernement à un homme de lettres déjà versé dans jes matières économiques , d’une sasacité et d’une justesse d’esprit rares ; dun courage à l’épreuve des dégoîts | d’une constance capable de surmonter tous les obstacles. Les cir- Consfances ne lui ont pas permis de terminer cette Vaste entreprise : son patriotisme l’a conduit à per- Tome P'1. D 5o Commerce. mettre que le citoyen Peuchet, qui avoit été ase socié à ses travaux, se servit de ce qu’il jugeroit de- voir enrichir sa géographie. Celui-ci n’a pas cru pouvoir mieux faire , que d’adopter le plan que le premier avoit développé dans un prospectus qui anuoncoit et faisoit désirer la publication d’un ou- vrage qui présenteroit, sous un jour nouveau , toute la partie théorique du commerce. « Nous avons pensé, » avec le citoyen Morellet, que le plus grand service » que l’on pût rendre à cette partie de la science » économique qui a Îles faits pour objet, étoit bien » moins de les rassembler tous , que de former un » dépôt général où ceux que l’on connoitle mieux « actuellement ; fussent placés , et où ceux qu’on » connoît moins ,; Où moins sûrement ,; pussent se « placer un jour, et c’est l’avantage qu’on retirera « de l’uniformité et de la régularité de notre mé- » thode. Nous osons croire que notre ouvrage pré- » sentera des connoissances sûres et universellement « utiles sur le commerce et les sources qui l’entre- » tiennent: il n’a de modèle en aucune langue ; nulle part on ne trouve un dictionnaire suffisam= ment étendu, et destiné à faire connoître l’état : de l’agriculture des peuples , leurs moyens de com- merce et leur navigation. Aucun auteur ne s’est occupé de cet important objet, d’une manière gé- É SU 5 + 5 nérale. » Après avoir donné au citoyen Morellet léloge que mérite son système commercial , après s’être ac- quitté, au nom de la patrie, de la reconnoissancé qui lui est due, le citoyen Peuchet indique les sour- Géographie commercante. 5t ces Où il 4 puisé, lés auteurs qu’il a consultés , les ouvrages dont il s’est servi ; il apprécié les uns avec impartialité ; il caractérise les autres avec équité. Les irois dictionnairés dé commerce > publiés en Angleterre depuis 1756 » Par Postléthawyt , par Rolt, par Mortimér, lui ont Paru contenir divers articlés très-exacts sur la Grande - Brétagne , et il en a fait usage. Huet, Robertson, Anderson , Philippe Maders, Carry , Petti , Gée, Süild, Arthur Young ,Shér Büsching ; etc. ont Caïicouru à Péclairer sur les principales bases du commerce , sur les progrès de l’industrie > Sur lélat commer. Cial de chaque gouvernement, Le Citoyen Peuchet à réuni ainsi tout ce que les hommes de diverses nations ont écrit sur les Principales matières d’éco- nomie publique. Après ces notions préliminaires , il déroule, dans un second chapitre, les objets circonstanciés qni Cons= tituent l’ensemble de son plan : nous re pouvons qu’en donner un aperçu trés-resscrré , mais qui sera suffisant pour faire désirer que les volumes qui doi- Vent en contenir l’exécution entière > Paroiïssent aveé rapidité. ? Le tableau du commerce de chaque état où pays doit présenter deux sortes de faits ; ro. ceux qui se Tapportent uniquement au commerce intérieur ; 20, ceux qui supposent des relations avec un ou plu- sieurs états étrangers ; ce qui constitue le commerce extérieur. Les sources du commerce en général sont , 1°. Pagriculture , Pexploitation des mines , les D 2 $2 Commerce. pêches et l'endustrie ; 2. les matières du com- merce , quisont ces mêmes productions de l’agri- culture , des mines, des pêches et des manufactu- res 3 3°. les /ocs du commerce, qui comprennent l’ad- mivistration du commerce ; ses prohibitons, sa juris- prudence ; ses usages , SES droits; 4°. les moyens, qui sont le roulage, la navigation intérieure et ex- térieure , établissement des lieux de commerce , foires, marchés, bourses ; etc. ; les courtiers et com= missionnaires , les mesures , les poids, les monnoies ; les papiers de crédit , les banques, elc. Enfin, les effets ou produits du commerce, sont les richesses des nations, dont certaines portions , comme les capitaux , sont appréciables jusqu’à un certain point, par le faux de l'intérêt ; le revenu public , partie appréciable du revenu annuel s enfin, la richesse d’un état politique en citoyens, qui sont sa population, dont les colonies penvent être re- gardées cemine lexcédent. C’est à ces cinq chefs généraux. que nous rapportons tous les objets qui composent le tableau du commerce intérieur ou ab- solu , auxquels nous joiggons la situation , l’éten- due et l’aperçu historique de son commerce, comme une introduction naturelle à la description qu’on veut donner. L’énumération des articles qui com- posent la description du commerce absolu d’un état contient vinyst-huit articles. Le citoyen Peuchet, daus autant de paragraphes , explique la manière dont ils sont traités dans sou dictionnaire. Il observe dans le paragraphe quatrième , où il parle des pro= ductions de l’agriculture et du commerce qu Géographie commerçante. 53 s’en fait, que la manière dont il fait connoître les produits de l’agriculture , des mines , des pêches, de l’industrie manufacturière ,caractérise particuliè- rement son ouvrage ,et le distingue des autres dic- tionnaires de commerce. « En effet, ajoute - t-il » dâns ceux -ci, chaque description d’un état ou » pays ne contient que sommairement et sans au- » cune sousdivision méthodique , le commerce des « productions du sol et de l’industrie, et l’on ren. » voie aux articles particuliers, relatifs à chacune de » ces productions , pour acquérir la connoissance de » la consommation , du débit , de l’exportation qu’on » en fait, ainsi que des réglemens de police aux- » quels sont soumis ceux qui en font le commerce : » nous, au contraire, nous plaçons dans la descrip- » tion de l’état politique même, au chapitre de » chaque production, tout ce qui a trait à son pro. » duit et à son commerce. Aiusi,au mot FRANCE, » grains, on trouvera l’estimalion de la production » des blés , la consommation ,; l’exportation qui » s’en fait ou sen peut faire, les lois, usages, »_ police, relatifs à ce genre de commerce. » L’auteur a cru également que c’étoit à l’article de la des- cription générale d’un état, et non à celui des pro- vinces ou des villes, qu’il devoit donner cornois- sance des productions du sol , ainsi que des lois relatives à leur commerce , parce que de sembla, bles faits sont relatifs à tout l’état et non à une seule partie. Dans neuf paragraphes qui présentent le tableau du commerce extérieur ou relatif, le citoyen Peu- D 3 54 . Commercs. chet a trauvé d’abord qu’il seroit plus méthodique et plus utile de placer les connoissances historiques, rela- tives au commerce extérieur, dans un article séparé du tableau du commerce, et il a préféré d’en com- poser un à part pour la notice historique des relations du commerce de chaque étatavec lesautres. Ainsi, aux articles FRANCE, commerce comparé, ANGLETERRE, commerce comparé, on trouvera un aperçu histo- rique des entréprises et des progrès du commerce de chacun de ces états, avec PEspagne, le Portugal, la. Toscane, la Turquie, le Dannemarck, etc. Les M. paragraphes qui suivent cet éclaircis- sement nécessaire, traitent du commerce actif et d'exportation avec les autres nations ; mais ces ar- ticles ne contiendront pas ce qui regarde le com- merce passif ou d’importation, parce que si, en par- lant du commerce d’exportation que la France fait avec l'Espagne, nous faisions mention en même temps des objets d'importation que l'Espagne vend à la France ,onse répéteroit à l’article de ce royaume, puisqu’en traitant de son commerce d'exportation au mot ESPAGNE, commerce comparé , on fera con- noître la nature et la quantité d’objets qu’il exporte dans les autres états commerçans, et par conséquent en France. Le deuxième paragraphe explique ce qu’on entend par admunistration du commerce extérieur , quel doit être le régime des compagnies commerçantes et les lois qui les dirigent. L’auteur, pour ne rien laisser à ignorer sur ce commerce, qui embrasse non-seulement les parties connues du globe, mais qui tend sans cesse à en découvrir de nouvelles, Géographie commerçante. *, 53 comprend successivement, dans chaque article de son dictionaire , tout ce qui a rapport aux prohibitions et aux droits, aux traités de commerce, au roulage , au, commerce d’entrepôt , à la navigation maritime et à celle des rivières, aux poids et mesures compa- rés , aux monnoies, au change , à la balance du commerce. Ces paragraphes , réunis aux vingt-huit qui com- prenñent les objets de la description du commerce intérieur d’un état, composent le tableau général du commerce , et renferment tout ce qu’il est nécessaire de savoir pour connoître essentiellement ces deux vastes branches de l’économie commerciale. On ne se contente pas, dans ce dictionnaire , des détails qui intéressent les états politiques et les provinces qui en dépendent ; il 1enferme aussi des articles souveut très-étendus sur les villes, les mers, les grands pays, comme l’Europe , VA frique , V Amérique , V’Alle- magne , etc. Ce premier volume renferme déjà sur l'Afrique , l'Amérique , sur Abbeville et Alen- con, une preuve de ce que l’auteur avance, et un exemple de l’étendue et de lexactitude avec les- quelles il exécute ce qu’il promet. La méthode adop- tée pour traiter les articles, est la mêine qu’il a suivie, dans la description du commerce d’un grand état, avec celte différence que plusieurs objets qui peu- vent se rapporter à celui-ci , n’entrent point dans la description d’une ville ou de parties de la terre s considérées sous le seul rapport du commerce. L’au- teur croit devoirsdonner un exemple de la manière dont certains articles sont remplis, pour préveuir le D 4 , 56 Commerce. répétitions. « À l’article FRANCE , agriculture , com- » merce de ses productions , blé, nous faisons con« » noître les lois du commerce, relatives à l’exporta- » tion des grains hors de France ; aux articles Bour- » gogne , et département de la Côte-d’or, nous » parlons de la quantité de blé qui y est récolté, de celle qu'on en exporte , de celle qui descend » par la Saône et le Rhône, pour être transportée à » Marseille. Enfin , à l’article Marseille, nous indi- » quons la manière dont se fait ce commerce dans cette ville , les lois de police qui y sont relatives, les quantités qui sortent par ce port, la naviga- tion de ceit: branche de commerce , etc. » Les articles, plus géñéraux encore que ceux des empires et états, comine ceux des quatre parties du monde, ne peuvent reufermer que des faits qui n’au- roieat pu être rapportés en particulier aux divers états, grands et petits , qui composent les grandes portions du globe, « Parexemple, au mot Europe, il sera » fait mention des principaux événemens qui ont sûc- » cessivement changé la face du commerce dans cette partie du monde , l’état de son commerce dans les » époques les mieux connues de l’histoire grecque » etrornaine, et les changemens survenus dans le com- » merce par la destruction de l’empire romain, léta- » » s 5 # blissement du gouvernement féodal , l’affranchis- » sement des communes, la création des municipa- » lités , l’invention de la boussole, la découverte de » l'Amérique , etc, » Nous croyons avoir assez fait Connoître le vaste système de composition suivi par le citoyen Peuchet, Géographie commercante. 57 les difficultés de lexécution, et les moyens qu’il a su combiner pour les vaincre, l’immense travail au- quel il a dû se condamner pour ne pas donner une simple nomenclature alphabétique , mais pour se ren- dre propre tant de connoissances reufermées dans un nombre considérable d'ouvrages écrits dans différen- tes langues ; enfin, pour que, sous le modeste titre de dictionnaire, on trouvât reuni lout ce que la science d’économie publique embrasse d’instructions posi- tives, de notions étendues sur les sources du com- merce, sur les matières qu’elles produisent et qu’el- les lui offrent, sur les lois et les usages qui le gui- dent , sur les moyens qui sont en son pouvoir ; sur les produits qui en sont le résultat. Mais outre ces connoissances de faits, ces détails de théorie, ces moyens de richesses locales qui ims- truisent sur tous les embranchemens de la science commerciale , l’auteur a cru devoir faire précéder lPexécution de ce grand ouvrage, de questions géné- rales d’économie politique, qui lui ont paru néces- saires au développement de son plan; c’est l’histoire des progrès de l’industrie, de la culture et du com- merce, depuis les premières tentatives faites par ie be- soin ou l’intérêt chez les plus anciens peuples con- pus jusqu’à nos jours ; c’est un très-beau vestibule qui précède et annonce avantageusement un grand cdi- fice : nous tächons d’en donner un aperçu dans un autre volume. ; À. J. D. B. CRC CRC SENPEE MERE ENTREE PNEU LPSC NP ST EEE TPS NEREEERGRR H IS T O I R E. ABRÉÈGE de l’histoire de la Grèce, depuis son origine jusqu’à sa réduction £n province ro- maine , avec deux tableaux analytiques , l’un de la Grèce et de ses colonies , l'autre des faits remarquables ; suivi de deux cartes géographiques , dont l’une pour la Grèce , et l’autre pour les expéditions des Grecs en Asie, 2 vol, ir-8. Paris, chez Bernard, bi- braire, quai des Augustins, n°, 37, an 7. Laureur de cet abrégé.-parle, dans son avant-pro- pos , de l’importance de l’histoire de la Grèce. Après un tableau comparatif des anciens et des modernes E - dont le but est d’établir que les Grecs nous ont tout appris, et que nous tenons d’eux du moins les arts et les sciences dans lesquels nous ne les avons pas surpassés : il dit un mot de ceux qui se sont oc- cupés dans l’antiquité et dans les temps modernes, de l’histoire de la Grèce, jusqu’à Rollin, que la jeu- nesse n’avoit ni la faculté d’acheter ni le temps de lire. Alletz, en 1774, réduisit ces douze volumes en un : son Æbrégé a eu le plus grand succès, et a été réimprimé il y a trois ans ; mais les livres publiés depuis cetie époque , ont procuré de nouvelles connoiïssances , et l’auteur de ce nouvel abrégé , en adoptant le plan d’Alletz, s’est proposé de les résumer. Alletz avoit isolé l’histoire de la Histoire de la Grèce. 59 grande Grèce,et le citoyen B.l’a incorporée dans l’his- toire de la Grèce proprement dite; enfin il a joint à son ouvrage deux cartes, l’une de la Grèce et de ses colonies, l’autre de lP'Afriqueet de Asie, qui furent le thuâtre des expéditions des Grecs et d'Alexandre , dont les routes sont marquées par des lignes rouges ou vertes. É Les histoires de Gillies, de Stanhyan , de Des- préaux , de Mitfort (et non Milford), de Meiners ( etnon Meyer) ; latraduction savante de Larcher ; les observations hardies de de Pauw ÿ l’histoire lu- mineuse de Winckelmann ; les travaux philosophi- ques de Millot, Mabli, Condillac, Delille, et sur- toutleŸ’oyage d’Anacharsis ; enfin, tous les auteurs modernes , ont fourni au citoyen B. des matériaux. Nous pensons que ce dernier ef cœtera est un peu étendu , et nous doutons fort, par exemple, qu'il ait pu se servir des ouvrages de M. Meiners , dont aucun, à l’exception de son histoire du luxe des Romains, n’étoit encore traduit à l’époque où il a publié son livre ; car la traduction de l’excellente histoire des sciences de M.Meiners vient de pres et nous ne pencons pas que le C. B. ait fait usage des livres écrits en allemand , qui lui auroient fourni des maté- riaux excellens,particulièrement les observations ajou- tées par M. Heyne , à la partie qui concerne la Grèce et l’Etrurie, dans la traduction de l’histoire uni‘er- selle, écrite par des gens de lettres anglais; ses excellentes dissertations dans les mémoires de l’aca- démie de Gættingue ; les écrits de Sulzer , Lessing , Gurlitt, Christ, Goethe ; les recherches célèbres ” . 6o Fistoire. sur l’histoire de la botanique et de la médecine de M. Sprengel ; celles de M. Voss, sur l’économie rurale et la mythologie ; les travaux d’Eschenburg, sur l’histoire littéraire ; enfin, Pouvrage de M. Fes- sler , sur le siècle d'Alexandre ; ceux de M. Man- nert sur la géographie ancienne , et les observations précieuses, pleines de goût, de solidité et de finesse, transmises chaque jour par M. Wieland , dans son muséuim attique ; une foule de dissertations curieuses de MM. Heeren , Münter, Tychsen et autres, iusérées dans la bibliothèque d’ancienue littérature ; la nouvelle bibliothèque grecque de Harles, les impor- tans travaux de M. Boeitiger sur l’art scénique et sur différentes parties de l’histoire des arts; la célèbre bistoire du commerce chez les anciens, par M, Heeren , etc. etc. etc. L'auteur donne une table sommaire de son ou- vrage , qui est divisé en petits chapitres, ce qui est très-commode pour l’enseignement des jeunes gens, auxquels ce livre est principalement destiné. Il com- mence par un apercu géographique , accompagné d’un tableau qui offre d’un seul coup-d’œil les lieux les plus importans. Il donne après des tableaux chronologiques , où il partage les temps en quatre âges, et trace ensuite une histoire de chacun de ces quatre âges, Il commence par les événemens , et place à la fin de chaque âge ce qui a rapport à ses mœurs, à ses usages, à sa religion et à ses illustres. Cette division esttrès-bonne, et en g'néral son ouvrage se distingue par la mé- thode et la clarté, Histoire de La Grèce. 6x Il est écrit d’une manière simple, sans phrases inutiles, et l’auteur a rempli le but louable d’ac=« cumuler les faits. Nous aurions désiré qu’il n’eût pas négligé ce qu’il appelle le faste de l’érudition , les citations. Sans doute , il n’a pas dù hérisser son ou= vrage de passages grecs et latins; mais le renvoi aux sources est toujours commode : il est nécessaire à Phistoire, comme les dépositions des témoins dans un procès. I! accoutume les jeunes gens à la solidité, met les plus avancés dans le cas d’entreprendre eux-mêmes de petites recherches littéraires, et de se meubler richement la mémoire en lisant dans les langues originales les endroits indiqués ; enfin,il leur donne , sans s’en apercevoir, des connoissances bi bliographiques et liliéraires, qui manquent trop sou- vent à l’éducation. On désireroit encore, à cet ouvrage, une chose qui manque à presque tous nos livres français, qui semblent n’être faits que pour être lus une fois ,et ne devoir être jamais consultés ni cités. C’est une table. Nous desirerions aussi que lauteur n’eût pas al- téré l’orthographe des noms propres et particuliers à l’histoire grecque , abus qui s’introduit aujourd’hui dans la littérature grecque , parce que l’étude des anciens est trop négligée ; ainsi l’auteur du nouvel abrégé ne devoit pasécrire Æta pour Œta, Beotce pour Bœotie, Egee pour Ægée, Œgos potamos pour Aigos potamos , Otryadas pour Othrya- Mes, cic. Le citoyen B. auroit pu aussi se défendre de l’en- gouement de l'amitié. Quelque louable que soit & sen - 62 Histoire. timent, c’est lé porter trop loin ,que d’appeler cé- Lèbre un de ses contemporains, écrivain estimable, distinpué , sans doute , par son zèle et ses lumières , mais qui n’a pas encore de droits à la célébrité , sur-tout en citant ensuite , comme de lui, un ou- vragé qui n’est qu’une traduction ; le citoyen B. doit se rappeler qu’un éloge mal-adroit est plus nuisible qu’une satyre. Heureusement le citoyen dont il parle, et qué nous ne nommons pas à cause de l’estime personnelle qu’il nous inspire, mérité de justes éloges et est à l’abri de la satyre. Il ést impossible de posséder toutes les connoïs- sances, aussi est-il très-difficile de faire une his- toire générale sans qu’elle ait quelque côté foible. Comme livré plus particulièrement à l’étude des arts et de l’antiquité figurée, mes regards se sont portés principalement sur cette partie, et il s’en faut bien que je l’aie trouvée exempte de reproches. L'auteur n’en parle qu’à la seconde époque : il y dit que Théodore de Samos avoit l’art de graver les émeraudes. J’ai fait voir,-dans m: dissertation sur l’anneau de Polycrates, que l’on a tort de ren- dre toujours le mot smaragde par émeraude : nous l'avons appliqué à cette pierre précieuse , mais dans l’antiquité il signifioit en général une pcerre verte. Le citoyen B. rapporte pour cause de la supé- tiorité des Grecs dans les arts, les motifs allégués par Winckelmann , entr'autres le climat. On sait combien ces raisons ont été combattues , et sur- tout celle du climat, démentie par l’abrutissement Histoire de La Grèce. 63 actuel de ces mêmes Grecs , dont le climat n’a pas changé. IL dit que nous possédons à Paris le Jupiter de Myron ; mais d’après quelle autorité le buste de Jupiter du Musée des arts, qui étoit autrefois dans les jardins de Versailles, porte-t-il ce nom ? On n’en peut alléguer aucune. Il dit de même que nous possédons les quatre che= vaux de Lysrwppe ; maïs c’est répéter des erreurs populaires : rien au monde ne peut faire présumer que les quatre chevaux apportés de Venise soient de Lysippe : les antiquaires mêmes s'accordent à les regarder comme un ouvrage du Bas-Empire. Les artistes grecs rendirent même les couleurs des habits ; Jupiter l’avoit rouge, Neptune verte : il n’y a rien d'étonnant, pour des peintres, à colorer des habits en rouge ou en vert; mais l’au- teur , dont le citoyen B. a pris ce passage, a voulu dire que les peintres donnoient quelquefois à leurs pere sonnages, des habits dout les couleurs servoient à les caractériser : celui de Jupiter étoit rouge, à cause de l’éclat de la: foudre ; celui de Neptune vert, à cause de la couleur des eaux. L'auteur trace les époques de Part : il auroit dû en faire connoître les divers procédés, ceux de la plastique, de la statuaire, de la sculpture, de la toreutique , de la peinture et de la glyptique. L’Hercule Farnèse n’est pas | comme il avance, au Musée des arts. Après beaucoup de détails sur la sculpture , l’au- teur ne dit qu’un mot de la glyptique ou gravure en 64 Histoire. pierres fines, et malheureusement ce petit para graphe fourmille d’erreurs. En voici le texle : Un travail plus piguant est celui des pLerres sjines ennoblies par l'art des Grecs ; La corna- line , La calcédoine , l’hyacinthe ; lPagate et L'agate-onyx ; furent soumises à La pointe du diamant ; Winkelmann possède une agate- onyx ,; gravée er relief , d’un pouce el demi de duamètre ; c’est Psyché qui réveille Pelée pour Le sauver de la cruauté homicide des Ceniaures. 1 croit aussi que les anciens se servoient de Loupes pour ce sravail , et que cette, découverte se sera perdue » ainsi que celle du pendule ÿ dont Les Arabes se servoient dans le moyen âge. Un travail plus piquant est celui des pierres fines. On appelle peerres fines les gemmes , el les anciens ne les gravoient pas de peur de les al- térer et de diminuer leur prix en diminuant leur volume. Ennoblis par Part des Grecs ; ils ne pensoient pas à ‘les ennoblir en les gravant; au contraire ; puisqu'on ne ‘en servoit pas pour la gravure; les pierres employées à cet usage étoient celles que nous nommons pier'es dures pierres précieuses » et que les anciens nommoient pierres nobles ; Aikos T'épurot 3 mais c’étoit leur nature qui leur faisoit don- ner ce nom, puisqu'on les appeloit ainsi, qu’elles fussent gravées ou qu’elles ne le fussent pas. La cornaline, La calcédoine, l'hyacinthe, l’a- gathe el lonyz furent soumises à La pointe du Histoire de La Grèce. 65 du diamant , non seulement à la pointe du dia- mant, mais au {ourel, ainsi que Natter et Lessing l’ont démontré : c’étoit l’instrument qu’on employoit le plus souvent. Winckelmann possède. Il est mort en 1768, Winckelmann possède une agathe onyx , gravée en relief d’un pouce de diamètre. I| n’y æ rien la d’étonnant ; car les plus minces amateurs possèdent des camées qui ont plus d’un pouce, Le nombre en est considérable , et il y a des camées , tel que celui qui représente lapothéose d’Auguste au Musée des antiques, qui ont plus d’un pied et demi de diamètre : on connoît en Eu- rope, plusieurs de ces grands camées. Îl croit aussi que Les anciens se servoient de la loupe pour ce travail ? Christ et Klotz ont été de cette opinion ; mais Lessing a démontré que rien ne pouvoit l’autoriser. La notice que l’auteur donne des tableaux d’'Here culanum estinintelligible. Le premier , dit-il, c’est Rome assise ; le second ; Vénus couchée ; le troisième représente les noces de Thétys et de Pelée. Qu’entend-il par ces mots? Le premier, s’il suit l’ordre du catalogue , représente deux chèvres qui se regardent ; le second , un lézard, etc. S’il adopte l’ordre de la description , ce qui est le plus naturel , le premier représente Niobé, Ilaïre, Aglaé , Latone, etc. jouant aux osselets ; le second, Thésée tuant le centaure Eurytus, Si, par premier et second , il a suivi l’ordre que peuvent leur assigner Tome F1. E 86 Histoire, . LA : leur beauté et leur importance , ceux qu’il a cités ne sont pas les plus remarquables. | Ce qu’il dit sur la mosaïque est scomptet » À il ne parle pas des vases grecs, qui doivent être indiqués aux jeunes gens; si l’auteur eût été plus au courant , il auroit pu en prendre connoissance dans le dernier ouvrage de M. Boettiger, et même dans les extraits que j'eu ai donnés dans ce journal, À la fin du troisième âze , il ne parle pas des arts, quiétoient parvenus cependant à un haut degré dans le siècle d'Alexandre. Il dit seulement , dans le catalogue des illustres dé cet âge, en parlant de Polyciète, qu’on à de lui une statue qui a été appelée Le Canon ou la règle : il est très-vrai qu’une statue de Polyclète porloit ce nom, maïs il ne Pest pas qu’on la possède, Si un musée avoit cet avan- tage , il pourroit se vanter de: renfermer le monu- ment le plus précieux de l'univers.” | Au quatrième âge , l’auteur ne dit rien des arts: c’étoit pourtant l’occasion d’indiquer Pémigration des artistes et des monumens de la Grèce dans l’Italie. Il termine par l’énumération des arts perdus, et il parle entr’autres de celui de fabriquer le papyrus. ‘S'il connoissoit les intéressans voyages de MM. Bar- tels et Münter en Sicile, s’il avoit lu les disserta- tions du chevaïler Landolina , il auroit vu que ce savant Sicilien a retrouvé l’art de fabriquer le pa- pyrus : j'ai vu des échantillons du sien ; et si cet art p’est pas pratiqué , c’est qu'on préfère avec raison le papier de chifles. Nous concluons de tout ceci, que l'auteur du Histoire de la Grèce: 6 nouvel abrégé s'est borné à consulter un petit nombre de volumes ; et. qu’il n’a pas possédé tou- jours les connoissances nécessaires pour distinguer ce quil y devoit puiser. Cependant son livre , étant utile , aura sans doute plusieurs éditions ; et ce sera le cas de le revoir avec soin ; et de Jui donver cette exactitude qui caractérise les vrais ou vrages élémentaires. Si notre critique a été un pen étendue et sévère, c’est que, chargé, par le gouvernement, de l’enséi- gnement de l’histoire et de l’archæologie dans les écoles nationales ; on a droit d’att ndre de nous de motiver notre jugement dans ce journal, que nous rédigeons, sur un ouvrage qui est entièrement de notre compétence ; et qu’il est important d’in- diquer aux parens et aux instituteurs le degré de confiance que les ouvrages destinés à instruire leurs enfans ou leurs élèves méritent ; car nous ne pou- vons avoir pour but de chagriner un homme estima- ble , qui honore sa profession par sa probité et son intelligence , et qui emploie ses loisirs à composer des écrits d’un genre utile. _ Aussi, malgré ses défauts, cet Æbrégé mérite d’être accueilli et d’être employé dans les écoles. ÆLa division en est très-bonne , la méthode claire et facile, le style plein et concis. C’est un très- bon guide à donner aux jeunes gens , avec un professeur ou un maître qui puisse le commenter, discuter, étendre ditférens points, et rectifier les erreurs. La jeunesse apprend aiusi à lire avec at- E a s 68 Antiquités nätionales, tention et avec fruit, à appliquer les autres cons noissances qu’elle a déjà acquises, et à juger enfin avec solidité. A. L. M. À NTIQUITÉS NATIONALES Ou RECUEIL DE MONUe MENS pour servir à l’histoire générale et parti- _.culière de l’empire français , tels que 1tom- beaux , inscriptions , statues, vitraux , fres= ques, etc. tirés des abbayes, monastères , châteaux et autres lieux devenus domaines nationaux, par Ausin-Lours Mirrrrw, con- servateur du Muséum des antiques à la bublio= thègue natronale , professeur d'histoire et d’antiguités , etc. etc. etc. À Paris, chez Drouin, . éditeur et propriétaire dudit ouvrage, rue de Vaugirard, n°. 1348. De l'imprimerie de Testu, . an 7. Vorcrenfin le cinquième volume des Æntiquités nationales ; dont la publication a été suspendue depuis Pannée 1792, par des événemens que l’auteur n’avoit pu prévoir ni calculer. A l’époque du 2 sep- tembre , il eut le bonheur d’obtenir du malheureux Lebrun , qui avoit pour lui de amitié , une mission pour la Suisse , et d’éviter la rage des bourreaux qui déjà désoloient sa patrie, et lui préparoient des “malheurs plus affreux. À peine rentré dans ses foyers, Recuerl de monumens. 69 qui lui fut élevé, non par ses sujets, dont il étoit détesté, mais par Philippe; duc de Bourgogne. Montfaucon avoit déjà gravé ce tombeau , mais d’une manière peu exacte : le ci- toyen Millin en offre lélévation et les détails en quatre planches : on y voit Louis de Mâle, étendu entre Marguerite de Brabant , son épouse et Mar- guerite de Flandres sa fille : des anges portent son F2 84 Antiquités nationales. cimier ; autour de sa tombe sont vingt-quatre princes et princesses de sa maison. Le citoyen Millin entre dans de grands détails sur chacune de ces figu- res : il rapporte les inscriptions qui les accom-= pagnent ; il donne les traits généraux de leur his- toire, et décrit leurs costumes , qui rappellent ceux en usage, principalement en Flandres et en Bour.…. gogne ; jusqu’en 1455, époque de l’exécution de ce beau tombeau par un bourgeois de Bruxelles , appelé Jacques de Gesnes; il annonce , non pas encore le bon goût des arts , mais un achemine- ment vers leurs progrès et une connoi ssance profonde de l’art de couier les métaux. Comme toutes ces figures étoient de bronze , elles ont été livrées au creuset sous le règne de la terreur. Après les détails auxquels donnent lieu les inscrips tions dé cette chapelle, le citoyen Millin a figuré et décrit quelques meubles de sacristies, qui peuvent servir pour la connoissance de Phistoire de l'art à cette époque ; il s'arrête principalement à une corne d’ivoire, avec une inscription qui lui paroît écrite en danois , et il parle de ce genre de monue mens du moyen âge, à l’occasion d’une figure de $. Georges, qui délivre la fille d’un roi de Lybie, d’un monstre auquel elle devoit être exposée , il compare cette histoire de Saint Georges-avec celles d’Hercule délivrant Hésione, de Persée délivrant Andromède. L fait voir que le monstre de Saint Georges a un grand rapport avec la tarasque de Tarascon, la gargouille de Rouen , le serpent de Corbeil , etc. Langue' hongroise. 85 {1 donne ‘encore la figure de Philippe, duc de Bourgogne , prise de sa tombe appliquée contre un Pilier. Ici se termine la description de la collégiale de Lille, Nous donnerons dans un second extrait , l’ana- lyse des autres articles qui composent ce volume. À. L. M. GRAMMAIR E. ArriniTAs linguæ hungaricæ cum linguis fen- nicæ originis grammaticè demonstrata , eëc. L'ArriniTÉ de la langue hongroise avec les langues d’origine finoise démontrée par la grammaire , avec des vocabulaires des lan- gues tatares et sclavones comparées avec Le hongrois ; par SAmuEz GrARMmMATHI , doc- teur en médecine, associé correspondant de l'académie des sciences de Gættingue ; et membre de la société des Curieux de La Nature de Jéna. À Gœttingue, 1799. Lx docteur Gyarmathi observe dans sa préface que les historiens les plus éclairés sont d’accord au- jourd’hui que la nation hongroise a une souche com- mune avec toutes les nations d'origine finoise , et que sorties à la même époque de leur pays primitif elles se sont, par un enchaînement de basards et d’aventures différentes , fixées chacune dans les contrées qu’elles occupent aujourd’hui. F3 686 Grammaire. Le but de l’ouvrage que ce savant publie n’est pas d’examiner les preuves sur lesquelles on fonde cette opinion, mais seulement de rechercher si les langues de ces divers peuples ont quelque ressem- blance entre elles, qui justifie leur commune ori- gine. Plusieurs hommes savans ont déjà reconnu É ressemblance de ces langues : elle a frappé Olaüs- Rudbeck. Sajnovitz, dans une dissertation dcediée à Pacadémie de Copeuhasre ,inti'ulée Denonstratio idioma hungaricum et laponicum idem esse, et imprimée à Copenhague en 1770 , s’est eflorcé de démontrer la vérité de cette opinion. Le dernier ouvrage qui ait été publié sur cette question est la savante dissertation donnée à Vienne en 1793, par M. Hager Cet ouvrage, rempli d’érudition , est écrit en allemand.et porte pourtitre : Neue Beweise der Verwandschaft der Hungarn mit den Laplæn- dern, c. à. d, Nouvelle preuve de l’affinité des Hon- grois avec les Lapons. D’auires écrivains se sont occupés à rassembler les mots communs à la langue hongroise et à la lan- gue laponne , ou à diverses langues mortes ou vi- vantes de l’Asie ou de l’Europe. M. Gyarmathi, sans nier l’exisience de ces rapports, remarque que de toutes les preuves que l’on peut employer pour établir l'identité primitive de deux langues la plus foible est celle qui n’est fondée que sur la ressemblance d’un certain nombre de mots communs aux deux idiômes : pour lui, il a suivi une autre mé- thode daus la comparaison qu’il a faite du hongrois PPT SE CT 7 Langue hongroise, 87 avec les langues d’origine finlandoise. C’est dans la grammaire de ces langues, dans l’analogie des in “fléxions de leurs noms et de leurs verbes, dans Ja manière dont elles forment leurs pronoms posses- sifs, dans l’union des prépositions avec leurs régi- mes ou complémens ,; dans la syntaxe même que Vauteur a cherché les traits de ressemblance qui assignent à ces divers idiomes une même origine, et la conformité des mots qui leur sont communs, n’est que le dernier et le moindre des argumens qu’il emploie pour établir leur ressemblance. L'ouvrage du docteur Gyarmathi est divisé en trois parties et deux appendices. La troisième partie et les deux appendices n’offrent que des fragmens très-incomplets de la grammaire et du dictionnaire des langues que parlent différentes peuplades du Caucase et des provinces septentrionales de l’Asie, les Vogouls, les Votjaks, les Tchouwaschs, les Mor- douans , etc. comparés avec la langue hongroise, On y trouve encore quelques comparaisons du 1a- tare , du turc et de diverses langues d’origine scla- vone avec le hongrois, ainsi qu’un extrait du grand vocabulaire comparé de deux cents langues que Von a commencé à publier à Pétershoure en 1786, par ordre de l’impératrice Catherine, et dont il a déjà paru une seconde partie en 1789 , et quel- ques autres pièces relatives au même sujet. Quoi- que le contenu de cette troisième partie et des deux appendices ne soit pas sans intérêt et puisse donner lieu à des observations curieuses , c’est prin= cipalement dans les deux premières parties que F 4 88 ._. Grammaire. consiste l’essentiel de l’ouvrage que nous annôncons. _ Dans la première partie les idiômes de la La ponie et de la Fialande sont comparés pr | langue hongroise. Une pareille comparaison entre cette dernière langue et celle que l’on parle en Esthonie est le sujet de la seconde: partie, On aura une assez juste idée du travail de l’auteur en par- courant le sujet des divers chapitres qui composent ces deux parties, Ainsi dans la première partie on compare le hon- grois avec le lapon et le finlandois , 1°. dans les terminaisons qui caractérisent les noms, les adjec- tifs et les diminutifs. 2%, Dans la déclinaison des noms. 3°. Dans la formation des degrés de compas raison, 4°. Dans les mots qui servent à la numération. 5°. Dans les noms. 6°. Dans les adjectifs possessifs qui ne consis- tent que dans l’addition de quelques lettres que l’on joint à la fin des noms ou des verbes , et que l’on nomme otdinairement aflixes ou suffixes. ‘ 7%, Dansles formes et ia conjugaison des verbes, 80, Etsingulièrement dans celle du verbe substantif, g°. et 107. Dans les formes des adverbes et des prépositious, 170. Dans les règles privéipales de la syntaxe. 12°. et 13°, L'auteur présente ensuite un voca- bulaire comparé d’un très-grand nombre de mots de ces divers idiômes , divisé en trois colonnes, dont la première offre les mots lapons ou finlan- ‘Langue hongroise. &g dois, Ja seconde , leur signification en latin ; et la troisième , les mots hongrois correspondans. 14°. L'auteur réunit dans un chapitre séparé plu- sieurs, mots de ces mêmes langues dont la con- sonnance a beaucoup de ressemblance, mais qui dif- Æèrent entièrement par leur signification , quoique peut-être ils aient eu primitivement la même ac- ception, ou une acception très-rapprochée. 15°. Enfin un dernier chapitre offre dans un ta- bleau en trois colonnes un grand nombre de pas- sages extraits des traductions finlandoïse, hongroise et latine des livres de l’ancien et du nouveau tes- tament, Comparaison qui a pour objet de mettre dans un plus grand jour les rapports des deux lan- gues hongroise et finlandoise. Après avoir ainsi comparé les divers idiômes qi sont le sujet de cette première partie, M. Gyar- mathi en tire les conséquences suivantes, « Si l’on examire , dit-il, avec toute l’attention convenable , ce que nous avons dit dans le cours de cet ouvrage, on pourra, ce me semble , en tirér la conséquence qu’il y a dans la langue finlandoise , quatre sortes de mots : 1°. des mots dont les Fin- landois se servoient dans les temps fes plus anciens Jorsqu’ils avoient encore les relations les plus étroi: tes et une intime société avec les Hongrois, Cette première classe se divise naturellement entrois es- pèces : Ja première renferme les mots qui: sont encore aujourd’hui communs aux langues hongroise et finlandoise, comme menen , menyen il va, rér le sang, vix l’eau | kgwe une pierre, té! l’'hyver, go Grammaire. waj beurre, et un grand nombre d’autres : la se- conde contient les mots qui ont éprouvé des chan- -gemens , et qui ont été ou raccourcis ou alongés, mais qui néanmoins portent l’empreinte de leur ori-. gine hongroise que l’on reconnoît au premier as- pect, comme ofit, volt il a été, vargas , farkas loup , wanha , vén vieillard , sarwc, sxarva corne , etc. La troisième espèce renfénite des mots. qui, suivant toute apparence ont été autrefois usités parmi les Hongrois, mais dont ils ont entièrement perdu le souvenir, et qui ne se retrouvent plus au- jourd’hui que parmiles Finlandois et les Lapons. Tels paroissent être les mots omaga nain, pæn chien, sadna vérité , feudnar esclave , im heure , tuona mort, auda , awu vertu, aita temple , esmaerke exemple , Kottjos domestique , mano lune, mod esprit, or sonnette |; pilke badi- nage. Les Hongrois expriment aujourd’hui le plus souvent ces idées par des mots d’une origine étran- gère, comme ora , virtus , templom , tréfa , etc. Les hongrois, en effet, établis dans la Pannonie commencèrent à avoir commerce avec des hom- mes qui parloient le slave , le valaque , allemand, le latin, le grec, l'italien, le francois: il n’est donc pas élonuant qu’adoptant des mots des lan- gues de ces peuples , ils aient oublié les anciennes expressions de leur langue. » «2°. Outre ces trois espèces de mots qui composent la première classe , il y en a dans la langue fiulandoise une autre classe : ce sont ceux que les Finlandois bat recus peu à peu, pendant uue longue suite de Langue hongroise. 9k siècles , des Suédois leurs voisins , et qui leur sont devenus sifamifiers, qu'ils les ont substitués aux mots de leur langue primitive. Au lieu de ces mois étran- gers, j’en trouve d’autres dans la langue des Hon- grois, qui appartiennent , je crois, véritablement à leur ancien idiôme. Peut-être, il est vrai, un Fin- landois qui examineroit les livres hongrois, ne re- connoîtroit il pas, dans ces mots, les restes de son ancienne langue maternelle , de même que le Hon- grois pourroit ne pas reconnoître pour d’anciens mots de la langue hongroise ceux dont j’ai parlé plus haut, qui ont cessé de tenir place dans Pidiôme hongrois que l’on parle aujourdhui , mais qui se sont conservés dans le langage de la Finlande. « En tirant ces conséquences de toute cette première partie de son ouvrage, M. Gyarmathi semble avoir oublié qu’il s’étoit proposé d’établir l’origine com-. _ mune, ou plutôt l'identité prinitive d\s langues fin- landoise et hongroise sur leur analogie dans les formes et les inflexions grammaticales , et l’on croiroit qu’il ne fonde son opinion que sur la ressemblance des mots par lesquels un grand nombre d’idées sont e1- primées dans les deux idiômes comparés. Nous # croyons néanmoins devoir lui rendre une justice p'us entière qu’il ne l’a fait lui-même ; car c’esi sur-tont dans les noms de nombre et dans la numéralion , dans les pronoms possessifs ou afhies, dans les préposi- tions, dans les règles de la syntaxe et dans le génie des langues comparées , que l’on aperçoit une con- formité marquée , qui semble déceler, une origine commune. Mais il faut aussi l’avouer, de pareils 92 _ Grammaire, rapports pourroient être établis éntre ‘là langue hoh< groise et d’autres idiômes qui vont rien de cofhmüun avec le lapon où le finlandoïs 5 et ‘d’un autre côté, la déclinaison des noms, la formation des der de comparaison , les pronoms personnels , la conju+ gaison des verbes , et même celle du verbe substantif, n’offrent pas des Es de ressemblance bien frappaus : : us sh sà des caractères fort différens de ceux qu’elles portent dans les deux autres langues. Donnons-en ün exemple . pris du vérbe substantif, Ce sera le présent de l’in- - dicatif que nous choisirons, Le verbe lapon est /e être , et le verbe hongrois, Leszsx Lapon. Hongrois, leb, leszek , je suis. leh , … désxss, tu es. le, deszsx, il est, depe, lesxünk , _noùs sommes: depet , lesxtek , « Vous êtes. lach , desxnek , its sont. e Il est vrai que dans les autres temps du même verbe , et sur-tout dans ceux qui sont formés par l'addition d’un verbe auxiliaire , on observe de grands rapports ; mais la seule chose que je veux faire re- marquer ici, c’est que les inflexions qui forment les nombres et les personnes sont absolument différentes dans les deux langues comparées, | Les observations sur lesquelles M. Cyarmathi RNCS PE ESP TS LL TES Langue hongroise. 93 fonde l'identité primitive du hongrois et des langues d’origine fiulandoise , manquent aussi quelquefois dune exactitude rigoureuse. » Les infnitifs des verbes lapons ont, dit-il, une propriété singu- lière, que jecrois appartenir exclusivement à la langue hongroise, Dans cet idiôme , les infinitifs se joignent aux pronoms affixes , et prennent diverses iuflexions pour caractériser les personnes et les nombres. ExxsmrzLEx 0 ZLapon. ._. Hongrois. és ” hinnem , Jaackedinad , hinned, jaackedines, hinnie , kell Jaackedinieme , hinnünk , ; Jaackédiniede hinnetek , Jaackedinasa s hinniek , c’est-à-dire, il faut que je croie , il faut que tu. croies, il faut qu’il croie, il faut que nous croyions, etc, « Ce caractère, ajoute-t-il est, entre tous les autress le plus propre à établir la ressemblance de ces langues car toutes les langues européennes ont , je crois, ce. trait de conformité, que leurs infinitifs sont inva- riables , et ne sont susceptibles d’aucune inflexion 5, au contraire , les verbes des Hongrois comme ceux des Lapons , admettent à Pinfinitif des inflexions va- riées pour caractériser les nombres et les personnes. » Observons à M. Gyarmathi, 1°. que ce n’est pas ici, proprement linfinitif qui reçoit diverses inflexions , et que l’on ne dit pas différemment /e réjouir nous ». et les réjouir nous, pour notre joce et nos joies, mais 04 | Grammaire. que c’est seulement le sujet du verbe mis à Pinfinitif, qui est exprimé par l’adjonction du pronom affxe : c’est ainsi qu’un Suisse ou un nègre pourroit dire en franc vis: moi faire cela pas possible ; toi faire is nous faure cela, etc. o, Qu’une pareille construction a lieu en arabe, en PAT ,enturcet peut-être dans d’autres langues, et qu’en arabe même l'infinitif outre l’adjonction des pronoms affives , prend aussi les inflexions qui caractérisent les cas. Ce n’est pas ici le lieu de rendre raison de cette propriété de l’infiuitif, fondée sur ce que ce mode est une sorte de nom verbal qui participe en même temps des propriétés du verbe et de celles du nom. \ Dans la déuxiéme partie , l'auteur compare la langue que l'on parle dans PEsthonie , avec l’idiôme hongrois. Il suit, dans cette comparaison ,la même méthode que dans la première partie, et se propose de démontrer l'identité primitive des deux idiômes, d’sbord par l’analogie des formes et des inflexions grammaticales, et ensuite par la ressemblance des mots par lesquels, dans les deux langues, on ex- prime les mêmes idées. Le résultat de cette compa- raison paroît aussi concluant à M.Gyÿarmathi , que celui de la précédente partie. Je doute que tous les lecteurs partagent cette opinion , et il me semble que c’est plutôt par la ressemblance d’un grand nombre de mots, que par la conformité des inflexions gram- maticales que le hongrois décèle son affinité avec a laugue de l’Esthonie. * Quoi qu’il en, soit du petit nombre d’observations L'oracle de Cythère 95 que nous nous sommes permises sur l’ouvrage du docteur Gyarmaihi , et que mous proposons plutôt comme des doutes que comme des objections ; nous engageons toutes les personnes qui s’occupent de l’origine des peuples et de l’histoire de leurs mis grations, à se procurer un ouvrage qui doit être regardé comme classique dans ce genre de littéra- ture , et qui ne peut être que le fruit du travail le plus assidu , et d’une érudition aussi vaste que solide et méthodique. S. de S. MÉLANGES. L’onacre de La déesse de Cythère. V'énvs URANIE , sortant du sein des eaux , est portée sur, le rivage de Cythère. Sous ses pieds divins 4 les rochers verdissent ; les fleurs naissent où son pas léger & touché le sol. Les vallons rians semblent pres- sentir le bonheur dont son arrivée va remplir l’uni- vers : l’humanité va cesser d’être sauvage. Les grâ- ces, les ris et les jeux , accompagnent la déesse ; l'amour marche à ses côtés; les heures à la che- velure d’or l’entourent ; elles la couvrent, en dansant, d’une robe flotiante ; elles couronnent de roses et de myrthes ses cheveux humides, en chantant des hymnes à sa gloire. Un attrait invisible fait sortir de leurs cavernes les habitans de l’ile : ils se proster- nent en l’adorant. O déesse ! s’écrient-ils, qui erées les plaisirs, reste avec nous , et que ces rochers deviennent ton temple! Mais la déesse, appelée à faire le bonheur de l’Olympe , se soustrait à leurs hymnes et à leurs prières : un borcage de myrthe l& recoit ; elle se repose à Pombhre d’un olivier, Quand la main d’Aurore est venue semer Les roses surles ciines dès montagnes, Vénus quitte le boccage 5 ele ieparoît, mais toute autre. Un charriot d’or, attelé de deux lionçeaux ,; a reçu Aphrodite armée : sa main droite est munie d’un javelot ; sa gauche tient un voile tricolore, semblable à l’arc d’Iris et voûté sur sa tête. Le peuple à grands flots environne le char de la déesse. Eunomie , la plus jeune des heu- res, s’avance ; elle dit : Heureuse contrée , qui la première vit la déesse de l’amour , ta gloire sera immortelle ! De tous lesnoms terrestres, celui de Cy- thère en sera le plus chéri. Ecoutez son oracle. “Après des milliers d’années, elle reviendra répan= dre ses bienfaits sur cette îles, long-temps le des- poôtisme l’opprimera , ainsi que les beaux climats d’Hellénie, de son:sceptre de fer, mais c’estici qu’il sera brisé. Une nation puissante s’élèvera au cœur de l'Europe : semblable aux peuples d'Hellénie, par la gaieté de ses mœurs et par l’énergie de son courage, elle leur ressemblera encore par le culte qu’elle offrira à la déesse du plus doux des instincts, C’est elle dont la voix impérieuse évoquera de l’O- lympe le génie de la liberté, pour consoler la terre qui lui tend les bras. Le génie de la liberté obéira à sa voix ; il descendra dans les climäts de l’ouest ; mais LE, L’oracle de Cythère. 07 mais bientôt il s’avancera sur les mers pour relever Bree opprimée ; Cythère sera la première des Îles où son pied se reposera : là, il secouera ses ailes puissantes ; les bords de la mer en retentiront 5 la déesse d’amour armée , Vailà le symbole de l’oracle $ Vénus Symmachie s Vévus Nicephore, toi qui nous secondes dans les combats , toi qninous portes la victoire, que tes noms soient sacrés ! Ado- rons la déesse armée , jusqu’à ce qu’approche le jour de la délivrance ! Belles sont les prédictions d’Eu- nomie, la plus jeune des heures ! La déesse quitte le rivage ; les bénedictions la suivent : un temple s'élève là où son pied a imprimé ses dernières tra ces. La statue de Vénus armée paroît sur son autel. Long-temps ici des hymnes furent chantés à la déesse, amie de la liberté : mais le temple fut ren= versé ; le silence succéda aux hymnes : cependant leur écho retentissoit encore dans les cœurs des ini- tiés ÿ l’oracle de Cythère affermissoit l'espoir des malheureux, quand tour à tour les tyrans d’Europe et d’Asie s’appésantissoient sur l’Hellenie en pleurs, Aujourd’hui l’oracle est accompli ; le génie de la liberté a visité l’île ; l'Univers étonné le contemple. Afin qu’il ne quitte point, comme Astrée, les mortels rassurés 3 Vénus même, qui chérit la Jeunesse , arma de ses dons ce jeune héros, qui réunit la valeur d’A- chille à cet art d'Ulysse, qui sut fléchir les cœurs des humains, Elle- mêrne , revêtue des attraits d’une mortelle ,; conduit son favori dans les combats pleins de danger : elle le couvre de son bouclier céleste, L’éclat de sa gloire embellit déjà les cimes de Cy- Tome F1. G 93 Nouvelles littéraires. thère 3 l’espoir renañt dans l’ame des initiés ; ils press. sentent la délivrance prochaine. Qu'un jour sur les , rochers de cette île, où Venus armée vit s'élever son premier temple , paroisse le monument de Zéus Eleu-. thère, du héros qu’elle destina à être le libérateur de la Grèce, monument digne d’un exploit inutil:ment tenté par les Romains et par l’autocratrice desScythes. = De Harem, minustre dOldenbourg. ” nee ee ee nt VARIÉTÉS, NOUVELLES ET CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES. Prix proposé par la Société de Meillan. La Société d’Agriculture et Economie rurale de Meillan, département du Cher, formée dès l’an 3, et en pleine activité depuis brumaire an 5 de la république, n’ayant reçu qu’un seul mémoire relatif au programme ci-après, invite de nouveau tous les amis de l’agriculture à s’en occuper. ï Un prix de la valeur de trois cents francs en numéraire, sera décerné au meilleur mémoire ou aux meilleures observations , indiquant quel est le meilleur moyen de remédier aux obstacles que rencontre , à l'extension et à la culture des prairies artrficelles, un canton où Les propriétés sont très-duvisées ; très-morcelées et enchevêtrées les unes dans Les autres , en respectant le droië . Nouvelles littéraires. 99. de propriété , qui permet à chacun d’user de son fonds comme il lui plaît. Les auteurs que l’amour du bien engagera à aider la Société de leurs lumières , voudront bien considérer qu’elle a déjà senti qu’un des moyens pour arriver à ce but, seroit des échanges ; mais que , comme ils doiveni être volontaires, c’est plutôtie moyen d’arriver au but désiré, soit par un nouvel assolement de quatre Ou cinq années au lieu de trois, soit par tout autre moyen indépendant des échanges, qui feroit cesser le morcellement qu’elle désire connoître, Ces auteurs sont priés de mettre à leur mémoire une devise ou épigraphe , sans faire connoître leurs noms, qui seront contenus dans un papier cacheté portant sur l’enveloppe la même devise ou épi- graphe. Les mémoires peuvent être ou adressés , francs de port , au citoyen Deby, membre et agent de la Société d’Agriculture et Economie rurale de Meillan 4 par Saint-A mand-sur-Cher > Ou remis au citoyen Marchant ; au bureau de la Feuille du Gultivas teur ; rue des Fossés-Victor, n°. 12, à Paris, avant le premier messidor de l’an 7. Le prix sera adjugé dans le mois de vendémiaire an 8. T'ous les concurrens au prix recevront les détails des travaux de la Société, des années 5, 6 et 7, et une gravure représentant l’epurateur , machine inventée par le citoyen Fouquet-des-Roches , de la Société d'Agriculture et Economie rurale de Meil- lan , et perfectionnée par le ciloyen Molard , avec G 2 | 100 Nouvelles littéraires: une explication, comme un hommage de reconnois= sance de la Société. Almanach des Gens de lettres. Les citoyennes Dubois, imprimeurs-libraires, se proposent de publier au premier vendémiaire an 8, un Æ/manach des Gens-de-Lettres actuellement vivans ou morts depuis la révolution. Cet ouvrage, dans lequel on obsérvera l’ordre alphabétique pour chaque classe, fera suite à /a France littéraire, et se renouvellera d’année en année. Elles ont déjà réuni des matériaux très-considérables. Elles prient en conséquence tous les gens-de-leitres de leur adresser franc de port, leurs noms, prénoms, surnoms, les lieux et époque de leur naissance , leur domicile, leurs titreslittéraires, les titres de leurs ouvrages, les lieux où ils ont paru , leurs éditions successives, leurs contre façons, leurs dates, le nombre, le format, la quantité de pages et le prix : on comprend dans ce genre les plus petites dissertations, Quant aux auteurs morts pendant la révolution, on prie les parens ou amis d’adresser la même notice , en y joignant le lieu et la date de leur décès : on prie également les présidens , membres et secrétaires de toute Société littéraire , des Ecoles ceutrales , d'Agriculture ou de Science , et des Bibliothèques publiques , d’envoyerles noms de ceux qui les composent , et une note pré- cise de ce qui coucerne lesdits établissemens, Les professeurs de toute espèce de Science et de Langue, Jes ingénieurs de différentes classes , les géusgraphes, les journalistes, ont part à la même demande, On RS. de = r om RL Nouvelles littéraires. tot insérera à la suite de cet ouvrage, les noms des im- primeurs-libraires , graveurs de caractères qui se feront connoître. Un homme-de-lettres très-estimable et très-connu a bien voulu ss charger de la réunion et de la rédaction de ces matériaux. On prie d’adresser le toùt, franc de port, au ci- toyen Rebour , directeur de cette imprimerie, rue Jacques, n°* 278 et 279 (1). Parsionomre politique de quelques journaux anglais. Le Morning-Chronicle a perdu de son se! op- positionnel, depuis l’arrestation de son principal édi- teur Perry. Le Télégraphe , le Gaxettéer , le Morning-Post, le Courier ; sont aussi fortement dans le sens du parti de lopposition : le dernier est tout fiel ,et la chronique scandaleuse du ministère ;, que son auteur prend à tâche de tracer, passe pour être souvent peu véridique. Le ministère a de fidèles (x) Nous rappellerons à ae sujet /a France littéraire pu- bliée à Hambourg par M. Ersoh, et nous renvoyons à ce que nous en avons dit année III, tome V , page 624 Si cette entreprise n’a pas eu de succès en France , s’il se trouve dans ce recueil beaucoup d’omissions et d’erreurs, il en faut accuser l'indifférence des littérateurs français qui ont né- gligé d'envoyer leur notice : il faut espérer que cet'e fois ils sentiront l’importance de contribuer à ce que la république possède un bon répertoire de ses écrivains et des ouvrages qu'ils ont produits ; mais tout cela ne peut pas être ren- fermé dans un simanarh, À.L, M. ; G3 108 Nouvelles littéraires. prôneurs dans le Worning-Hérald, dans le Times , et sur-tout dans le-Saënt-James-Chronicle , qu’on appelle {a vieille bavarde. — Le Star et POracle se recommandent par leur impartialité , et les débats du parlement , ainsi que les principaux faits, y sont le moins altérés, Parmi les ouvrages périodiques de critique littéraire, le Gentlemans-Magazine est tout ministériel, mais il a beaucoup perdu de sa vogue. — Le British crie tic , qui depuis quatre ans paroît à Oxford, porte le même cachet; mais la manière dont il est écrit, ne lui vaut pas un brillant succès. -- Au commencement de l’anuée dernière ( v. st. J, parut une feuille heb- domadaire sous le titre de lAntijacobin or weekly examiner ; converti depuis dans le Æntijacobin review and Magazine , qui sort tous les mois ; il est de la plis odieuse partialité. Ses rédacteurs ont réussi à faire enfermer au Kingsbench, depuis près de trois mois, le libraire éditeur de l’Ænalyticalreview, journal qui , ainsi que le Monthly revcew et le Critc- ca! revrew , professe un système bien plus libéral. Ce même éloge s’apnlique éminemment au Monthly- Magazine qu'imprime le libraire Phcllips , à qui ja vente des droits de l'Homme de Thomas Payne a valu naguère une détention de deux années. Le docteur Æikin , Dyer, les deux Taylor, Hol- crofjt, Godwin et le polygraphe Wakefield concourent à sa rédaction , et ils ont, à ce qu’on assure, un digne coilaborateur et correspondant à Paris. — C’est ce libraire et Johnson , le propriétaire de l'Anatytical review’, chez qui on se procure, Nouvelles littéraires. 103 sur-tout à Londres, toutes les nouveautés au!i-mi- nistérielles. #Fhite et Delbrett sont abondamment pourvus des autres, En général bien plus produc- tives. Abraham Conrad. Swaving- La société des sciences de Harlem vient de per- dre, dans le pasteur émérite Abraham - Conrad Swaving ,; un membre digne de ses regrets. Il est mort à Harlem le 26 nivôse dernier, dans la qua- rante-sisième année de son âge. Depuis plus de sept ans, cetestimable théologien s’étoit parculiérement appliqué à des observations microscopiques , et il avoit imaginé divers procédés pour les améliorer. La société d'Harlem, qui, en 1796, après avoir accordé un prix extraordinaire au citoyen Swaving y se l’étoit associé, doit publier incessamment quel- ques mémoires qu’il lui avoit adressés. Fabrication du Maroquin. Lx citoyen A. Broussonner, consul de France à Mogador, a envoyé à l’Institut national la des- cription des procédés pour la fabrication des peaux de chèvres appelées Maroquins. Les procédés sont dé- crits d’après la manière dont on les emploie à Fez. Les peaux sont entières et recouvertes. de leur poil. L’animal ayant été dépouillé en retournant la peau sur elle - même, elles sont plongées dans l’eau , et y séjournent trois jours. On les expose en s (G54 ‘104 Nouvelles littéraires. suite à Pair, et quand elles sont séchées on les débourre grossièrement ; après quoi on les plonge dans la chaux éteinte. Pour les débourrer avec plus de soin , on les saupoudre de chaux vive, afin de détacher les plus petits poils ; enfin on les lave dans une eau Couranté , et on les rince avec beau- coup de soin. On les laisse une nuit dans cette eau, on les fait égoutter à l’air. On place ensuite trente parties de peaux dans deux quintaux de son. ( Cha- que partie est de six peaux , et le quintal est de cent cinquante livres, ) On les y laisse, en les re tougant de dedans tn dehors chaque jour, jus- qu’à ce qu’elles aient acquis beaucoup de souplesse : on les relave de nouveau dans l’eau courante ,en les y foulant avec les pieds. Elles sont alors jetées dans un second bain fait avec des figues blanches, dont on emploie environ un quintal et un quart pour trente parties de peaux. Les figues rendent l'eau savoneuse. Les peaux y séjournent quatre ou cinq jours , rt y sont souvent retournées ; et tandis qu’elles plongent dans cette eau, on les saupoudre peudant trois jours de sel gemme très-fin ; on laisse ensuite égoutter l’eau: on les saupeudre encore de sel , et on les met en tas dans un vaisseau plat où elles achèvent de s'imbiber de sel ; enfin on exprime l’eau qu’elles contiennent en les tordant. Ælles sont alors très-souples et propres à recevoir la couleur. S1 c’est la couleur rouge qu’on doit leur’ donner, on emploie une demi - livre de cochenille et trois onces d’alun pour dix parties de peaux. Enfin on Nouvelles littéraires. 105 les fanne en les placant dans des fosses où lon fait des lits de tan d’environ cinquante livres pour cha que peau, qui est retournée de manière que la fleur soit en dedans et remplie de l’eau tannante. Au bout de huit jours, on la retourne et on la remplit encore d’eau tannante que l’on y laisse six jours, ayant soin de bien remuer ces peaux ; elles sont ensuite rincées dans une eau courante , ra= clées avec un instrument de fer , ouvertes en long par le ventre , et assouplies avec un peu d’huile. On les fait sécher au soleil , puis rafraîchir à l’ombre : on les imbibe légèrement d’eau , et on achève de les amincir avec trois différens instru- mens de fer. Quand le rouge est trop foncé , on emploie pour Paffoiblir la décoction d’une plante appelée raxoul al achbs , qui est le mesenbrianthémum an- nuum. Geîtte liqueur est employée chaude : on en verse une cuillerée sur chaque peau. Les procédés employés à Tétuau diffèrent peu de ceux de Fez, Si c’est en jaune qu’on veut teindre le maroquin, on le prépare comme peur le rouge ; cependant on ne sale les peaux que lorsqu'elles sont dans Veau de figues. On ne met aussi que vingt - cinq livres de tan pour cinq douzaines de peux. La teinture est faite d’écorce de grenade pulvérisée et d’alun. Le rouge faux « teint se donne aux peaux avec le bois de Brésil et l’alun, On emploie souvent, au lieu de bois de Brésil , le Jouah, qui est une 106 Nouvelles littéraires. espèce de galium ou de rubia qu’on apporte en g'ande quantité de Maroc. ——— Conservatoire des Arts, \ Diflérens obstacles ont retardé jusqu’à Drésent la formation ‘omplète du Conservatoire des Arts mais on s’est occupé , sansrelâche, de ce qui pau- voit contribuer à le rendre plus intéressant, et de puis que le corps législatif lui a assigné le ci - de= vant prieuré de Saini-Ma tin-des-Champs , on ne perd pas un instant pour mettre ce local en état de recevoir prompteme nt les superbes collections de machines qui appartiennent à la nation. On espère que le public en jouira cet été, peut-être même plus tôt. ; RAS LAON LE Ÿ BEN F1. 2 Sennebieria pinnatifida. Bordeaux’, 15 ventôse. LE citoyen de Candole a publié, dans le dernier numéro du bulletin de la société philomatique , la description de la Sennebteria pinnatyfida ( Le- pidium didyÿmum de Linné ); on CroyOIE , d’ après ce qu'il en dit cette plante étrangère: je l'ai trouvée, il y a trois ans, derrière le moulin des Chartreux de cette ville , près le chemin de Medoc, dans un terrain humide. Linné ni Murray n’en avoient point indiqué la station. Tournon. Nouvelles littérarres. 107 MEDAILLESs DU ROI DE POLOGNE. - PEenpanr le règne de STANISLAS-AUGUSTE , der nier roi de Pologne, il a été frappe à Varsovie plu- sieurs médailles ,, la plupart aux frais de ce prince. Voici la liste de celles qui sont parvenues à notre connoiïssance, et qui ont été frappées pendant les dix premières années de son rècne. Nous la don- nons , parce qu’elle ne nous paroît pas être assez connue, Elle a été faite par un voyageur qui a eu ces médailles entre les mains, Médailles de grand module. 1. Médaille présentée au roi par le collége de la monnoie , en mémoire du nouveau pied monétaire, et\de la monnoie , frappée par le roi, à son pro- pre désavantage. 2. Médaille frappée aux frais du roi , en mé- moire du don gratuit qui lui a été fait par les Courlandais. 3. Médaillé donnée par le roi au prince Lu- bomirski, grand maréchal de la cour , pour avoir garanti Varsovie de la peste et de la famine. 4 Médaille en lPhonreur de Regemaun , mé- “decin ; qui a guéri le roi de la blessure reçue lors de l’aitentat commis contre lui en 1771. ‘ 5. Médaille que donnoit le roi à des gens de mérite. Eile porte l'inscription : Merentibus. 105 Nouvelles littéraires. Médailles de moyen module. 7. Médaille en mémoire de Charles Wyrwits, directeur du corps des cadets à Varsovie, 2. Médaille à l’honneur d’Adam Naruszewitz et Mathias Sarbiewski, poëtes. 3. Médaille avec linscriptiou pro fide , grege et lLege , frappée aux frais du roi, à l’occasion de la confédération de Barr , en 1769. 4 Médaille en mémoire de Stanislas Konarski, des écoles pieuses, 5. Médaille, en mémoire de Martin Poczobut, astronome, 6. Médaille en mémoire d'Antoine Portaluppi s recteur du corps des cadets à Varsovie. 7. Médaille de moyen or pour les gens de mérite. ( Merentubus }. 8. Médaille qui représente un vaisseau battu par la tempête ; et passant à travers des écueils , avec Pinscription : Tu ne cede malus. Il fut fait dans le temps une satyre sanglante sur cette médaille, et l’on fit des portraits ridicules des personnages composant l’équipage du vaisseau. Le roi lui - même fut travesti en habit d’arlequin. C’e la raison pour laquelle il ne donnoit pas wo- lontieis cette médaille, | Nouvelles littéraires 109 L Dr Pabus du mot Artiste, Jamais il »’y eut autant d’artistes que depuis quelques années ; je veux dire : jamais on n’a tant usurpé , tant prodigué ce titre, dont. la significas tion éloit autrefois beaucoup moins étendue qu’elle ne l’est aujourd’hui. Voici l’argument de tous les artistes de nouvelle création : nous exerçons un art, nous sommes donc artistes. Ainsi, ils confondent les arts libéraux et les arts mécaniques ; les artistes et les artisans, La ménuiserie , la bonneterie , la parfumerie , la pelleterie sont des arts : un menuisier , un bonne- tier, un parfumeur , un pelletier seroient donc des artistes ? La médecine est un art, l’éloquence est un art: on dit aussi, l’art de la navigation ; l’art de la guerre : un médecin, un orateur , un navi- gateur , un général d’armée , sont-ils des artistes ? J’ouvre le dictionnaire de l’académie francaise. Il est, je crois, le juge en dernier ressort des dis- putes grammaticales : voici comment il définit le mot artiste, Celui qui travaille dans un art où le géne et la main doivent concourir. Si cette d finition est exacte , comment un danseur me per- suadera-t-il qu’il est un artiste ? J’accompagnai, il y a quelques jours , une citoyenne à la municipalité. Elle avoit besoin d’nn passe-port, On la requiert d'annoncer sa qualité : elle se dit ar- tiste. On lui demande : de quel théâtre ? Elle étoit peintre. 110 _ Nouvelles littéraires. Au sortir delà, je Monde chez son coiffeur. Elle vouloit acheter une perruque : non pas ponr elle- méme. Elle a de fort beaux cheveux , qu’elle s’est bien gardé de faire couper. La perruque qu’elle de- siroit d’acheter éloit pour son mannequin. Le prix l’effraya. Le coiffeur lui dit qu'entre artistes on ne trailoit point à la rigueur, et qu’il lui feroit une di- minution. Les personnes , de l’un et de l’autre sexe, qui font profession d’exercer leurs taiens sur les théâtres pu- blics , ont été des premiers à prendre le titre d’ar- tistes. Un préjueé barbare et ridicule avoit NET p TER une tache de défaveur à l’état de comédien, à cet art précieux sans lequel les chefs-d’œuvres de nos poëtes dramatiques seroient dénués de ce charme puis- sant, qui fait chaque jour nos délices. Cependant un, comédien se contentoit alors du titre de comédien, et il n’en prenoit point d’autre. Pourquoi, de- puis que la raison a détruit le prestige de l’erreur et de la superstition, Fès comédiens ne veulent-ils plus être des comédiens ; pourquoi sont-ils des artistes ? En effet, DATAQnRe les théâtres , les orchestres, Jes coulisses , vous n’y verrez que des artistes. Les musiciens des chœurs, les figurans sont aussi des, artist-s. Le diable vert est un artiste ; les furies sont des artistes ; les amours , les zéphirs sont des artistes ; et si lours des Chasseurs et La Laitière est un ar- tiste , les chevaux qui dansent le ménuet au théâtre des l’aruétés ; sont assurément des chevaux ar- tistes. Le directeur des costumes étant un artiste , le tail« . Nouvelles littéraires. 111 leur , le coiffeur , le cordonier sout aussi des artistes. Mais à propos de cordonnier, on me dira peut être que le d'vin Æpelles , qui certainement étoit un ar- . tiste, profita de l’avis du sien sur un d ses tableaux. Je conviens qu’Apelles eut raison, et cette obsrrva- tion me donne l’idée d’un article qui trouvera sa place dans un autre temps. Je tâcherai de prouver que les artistes ne sont pas les seuls juges compétens en fait de beaux arts, que peut-être ne sont-ils pas les véritables juges ; que la masse générale du publie exempte de p éjusés, ne s’eveugle jamais sur les beau tés de convention ; que l’artiste, dont l’ouvrage ne plaît qu'aux artistes, a manqué le but de son art. Je reviens à la question, . Un comédien, de même qu’un danseur, n’est n; un artiste , ni un artisan : c’est un comédien, c’est un danseur, Combien d'hommes exerçant des talens utiles et estimables, à qui le titre d’artisan m ce- lui d’artiste ne sauroient convenir ! Ce n’est point pour établir une ligne de démarca” tion entr’eux , et nous autres artistes d’ancienne date que j'ai cherché à rétablir la signification du mot artiste , mais seulement par respect pour la pureté - de la langue et la propriété de l’expression, Si je suis dans l’erreur , au moins je suis conséquent , et la faute en est au dictionnaire que je viens de citer, En ce cas, je demanderois que dans la prochaine édition de cet ouvrage, on changeât la définition du mot artiste. En attendant , s’il arrive que ce ot, à force de sign fier tant de choses, ne signifie plus rien aujourd’hui, vous tous mes nombreux cama- Li] 113 Nouvelles littéraires. | rades, peintres, sculpteurs, architectes , graveurs , dessinateurs, ne soyz plus des artistes, tâchons d’être simplement , mais véritablement des peintres ; des sculpteurs, etc. L. . ee + peintre. BTE EE TE PE ROAD RTE A UE TEINTE AIEPNANENER CNE STRSERNEE LIVRES DIVERS. MATHÉMATIQUES. MÉMOIRE sur l'intégration des équations différen- tielles, par P, FRANCHINI, de l'Institut na- tional de Rome, de l’Académie des sciences de Turin, et envoyé de la République romaine près de La commission des poids et mesures de l’Institut national de France; 44 pag. in-4°. Prix, 1 franc 5 décimes pour Paris, et 2 francs par la poste, franc de port pour les départemens. À Paris, chez Duprat, libraire pour les mathématiques , quai des Augustins. TRAITÉ de Trigonométrie rectiligne et sphérique, et de l'application de l’algèbre à la Géométrie, par S. F. LACROIX ; in-8°. Fig. Prix, 4 francs pour Paris, et 5 francs pour les départemens , franc de port. INTRODUCTION à l'algèbre, contenant entre auires une arithmétique des quantités directes ow positives, et deÿ quantités inverses ou négatives, par EM. DEVELEY , professeur de mathématiques à Lausane. À Paris, chez Fuchs, libraire, rue des Mathurins. 127 pag. in-8°, Ce livre est dédié aux citoyens Lalande et Le- gendre, membres connus de Pinstitut national, lun pour l’astronomie ; l’autre pour la géométrie : on y voit Livres divers. 113 . voit des idées d’un jeune mathématicien , qui semble considérer l’algèbr> sous un nouveau point de vue, et qui annonce un talent qui pourra devenir précieux dans un genre où si peu de persounes sont capables de s'exercer. ASTRONOMIE. TRAITÉE des monte longitudes , contenant La description , V@ construction et tous Les détails de main d'œuvre de ces machines ; leurs dimensions , la manière de les éprou- ver , elc. ; suive,1°.d’un mémoire instructif sur Le travaul des horloges et des montres à lon- gitudes ; 2°. de la description de deux hor- loges astronomiques ; 3°. de l’essai sur une méthode semple de conserver Le rapport des poids et des mesures , et d'établir une mesure «universelle et perpétuelle ;vol.in-4°avecr plan- ches en taulle-douce ; par Fes. BERTHOUD, de l'Institut national de France , mécanicien de la Marine. Paris, chez l’auteur , aux galie- ries du Louvre , 1792. Cet ouvrage, quoiqu'imprimé il y a sept ans, n’est publié que depuis peu, et nous nous empres- sons de le faire connoître. C’est un supplément im- portant à l’Essac sur l'horlogerie, 2 vol. in-4?. 1763 et 1766 , et au Traité des horloges marines, 1773, du même auteur. On y. trouve d’abgrd la description et les usages d’une montre à longitudes, portative et verticale, désignée par le n°, 46, et qui a été employée à Ja mer. Elle est portée'sur une suspension ; et lorsqu’on veut aller observer à terre, cette montre se porte dans la poche : on trouve à cette occasion la des- criptiog d’une nouvel échappement libre, Le chapitre IL présente la description d’une montre verticale portative, sans suspeusion, désignée sous Tome F1. H 114. Livres divers. le n°, 47. Cette montre a la forme ordinaire pour pouvoir être portée dans la poche, Dansles chapitres LIT et EV on trouve la description de deux petites horloges horisontales , destinées à servir de régulateurs en restant à demeure dans le vaisseau ;, portées par leurs suspensions ÿ celle qui est désignée par le n°. 45, fait quatre vibrations par seconde, Dans l'autre horloge ( n°. 402 le balancier fait deux vibrations par secoude. | Le chapitre V est employé à donner les détails les plus essentiels de l’exécution des montres et des petites horloges à lougitudes. Le chapitre VI traite de la corpensation des eflets du chaud, pro luits par le balancier même. Dans le chapitre VIT, le citoyen Berthoud donne la construction et les moyens d’exécution d’une montre portative, dont la compensation est produite par le balancier et par le spiral. Entin, il explique la construction d’une montre verticale, sans fusée , ét portée par une suspension. On y trouve un moyen de suppléer à l’isochronisne du spiral, par le ba- lancier même, su Le second volume de cet ouvrage est intitulé : SuiTE Du TRAITÉ des montres à longitudes ,conte- nant La construction des montres verticales por- tatives et celles des horloges horisontales , , pour _ servirdans Les plus longues traversées ; la descrip- tionetles épreuves de petrtes horloges horssontales, plus simples et plus portatiwes , avec deux plan- ches en taulle-douce. Paris, an 5 de la republique. Ce volume, impriuné il ya un an, n’a point encore été annoncé ni publié : il est divisé eu deux parties. Le citoyen Berthoud se propose d’abord de déterminer quelle doit ête la position des montres portatives et celle des petites horloges. Il traite ensuite du noimbie de vibrations le pius con- venab.e à faire battre à un balancier, pourgiminuer les frottemens , et reudre la montre plus commode pour l’ovservateur. Li donne la construction du ba- Livres divers. 115 lancier portant la compensation ; la construction la plus simple et la plus sûre de Péchappement libre et des ressorts spiraux des montres, pour les rendre isochrones ; la description de la balance élastique, servaut à la mesure et aux épreuves des ressorts spiraux 3 enfin, il explique la manière de faire les épreuves des monires. : Dans la seconde partie, on trouve d’abord la construction de la montre verticale , n°. 56, de la montre : verticale portative, n°, 60, de la montre verticale poitative , n°. 62 ; ensuite la description de la petite horloge horisontale n°. 63, tonstruite pour donner la longitude pendant les plus lougnes traver- sées ; description de la petite horloge horisontale, n°..66, sans rouleau ;- la conclusion a pour objet Pusage des montres verticales et des petites horloges horisontales : Pauteur donne la préférence à ces dernières. 0 Cet ouvrage est terminé par un suüpplément qui contient le résultat des épreuves faitesavec Phorloge houisontale, n°, 65, où les pivots-de balancier tour2 neut simplement dans des trous faits en Cuivre : on ÿ trouve enfin la construction d'une montre portative fort simple, et celle d’une petite horloge horisontale reclifine d’après le ne. 65. 10 "26° Daus l'essai sur les ‘poids et mesures, l’auteur donne les dimensions du pendule cylindrique à cou- teau , représentant le piéd de France ; et les résultats dés. épreuves faites en 1797, pour en déterminer les oscillations : il en faisait 7710 par heure, Quoiqu’on ait abandonné le pendule pour y substituer la dix _imilliomème partie du quart du méridien , on ne verra pas sans intérêt le travail du citoyen B:rthoud, pour conserver les dimensions d’un pendule quel- conque. Au total, ce nouvel ouvrage ne peut qu’ajouter à da réputation de son illustre auteur, puisqu'on y trouve sans mystère les moyens qui lui out procuré H 3 116 Livres divers. des succès répétés dans les horloges marines, dont la perfection est si importante pour la navigation. LALANDE. Coxnorssancerz des ‘temps à l’usage des astro=: nomes et des navigateurs ; pour lan 9 de la Hepublique française (1801), publiée par Le bu- reau des longitudes: À Paris, de l’imprimerie de la République, fructidor an 6, in-80. de 236 pages. — Mélanges d'astronomie. À Paris, chez Duprat, libraire pour les mathématiques, quai des Augustins, an 6, in-8°. de 265 pages. La connoissance des temps a été depuis 1760 le répertoire le plus utile des astronomes , et le véri- table journal de l’astronomie. Gette fois elle est sé= arée en deux ouvreges qui n’en devoient faire qu’un: ils, se vendent;séparément, et sous des titres ditté- rens; mais les véritables amateurs de Pastronomie et de la marine:se tromperoient en les séparant, Editeut de la. connoissance des temps depuis quel- ques années ,; je tâchois d’y rassembler tout ce qui pouroit, être utile et curieux pour les astronomes, et j’avois rendu ce livre d’une nécessité indispen- sable. ‘pour eux; mais ayant joint l’ancien calen- drier au nouveau dans la première partie, et ayant employé souvent des daies anciennes dans la seconde, il a fallu cartonner l’une et rejeter Pautre, J’ai obtenu cependant que la secoue partie se distri- bueroit sous un titre étranger; ,ainsi il est naturel que javertisse de cette espèce d’incohérence. Cette seconde partie,sous le nom de Mélanges,con- tient mille étoiles uouvelles du citoyen Lalanie mon neveu ; un mémoire curieux du ciloyen Laplace , sur. la correction des tables de la lune; des tables importantes pour le mouvement horaire de la lune:, par le célèbre astronome Le/ambre ; d’autres tables du citoyen Carouge ; des observations des citoyens Liores divers- 117 Vidal, Flaugergues, Messier, Duc-la-Chapelle et Bouvard;des observations de la comète de l’au 6; des calcu!s ducitoyen Quenot ; plusieurs calculs démoi,et mon histoire de lastronomie pour les années 4 et 5 : ainsi ce volume contient tout ce qu’il étoit pos- sible de rassembler cette année, pour le bien de astronomie 3 et l’on imprime actuellement des ad- ditions semblables, pour la connoissance des temps de Pan 10 : elle contiendra encore mille étoiles nou- velles très-remarquables , extraites des 48 mille qui ont été observées depuis 1769, au grand mural de l'Ecole militaire. | Le ministre a autorisé le bureau des longitudes à réunir les deux calendriers dans la connoissance des temps de l’an dix, afin que notre livre soit utile aux navigateurs de toutes les nations. LALANDE. HISTOIRE NATURELLE. EIEMENTI di Storia naturale, opera coronata della commissione dei libri elementart, e adottata del Corpo legislativo , per uso della Scuole nazto- nali,, del citt. A. L. MIIIIN ; prima traduzione della seconda edizione francese, accrescuita e cor- retta. Tomo I. Torino. ; 1798, Della stamperia d'Ignazio Soffietti. — Erémens d'Histoire natu- relle, par À. L. Mirzix, ouvrage japan ester la commissson des livres élémentaires 3: traduc- tion de la seconde édition. Paris, 1798. Tome I, in-8°. La première édition de ces Elémens avoit déjà été traduite à Naples. Celle-ci est la première de Ja seconde. T’éditeur y a fait des additions étendues , sur-tout dans la partie minéralogique. Le €. Malin a cru devoir classer les minéraux seulementd’après leurs caractères exlérieurs, non pas qu’il crût que cette méthode fût la meilleure, mais parce du’elle est la H 3 119 Livres divers. plus facile, et que son but: étoit d’initier dans la science de la nature les jéünes gens et les gens du mondé, et non deleuren donner une connoissance complète, Les notes de Péditeur ajoutent les carac- tères tirés de Panal$se chymique , et en général toutes celles qu’i y ajointes sont relatives à la chymie, science dans laquelle il pareît très- versé ; c’est ainsi qu’il a fait à la partie botsnigue une addition assez cousidérable, sur les principes des végétaux. Une ad- ditiouw importante esf celle des noins latins linnéens , aux differens noms des plantes. Ce premier volume se terrine avec la partie botanique ; le second, qui paroîtra bientôt , contiendra la partie zoologique. L'ouvrage est dédié au célèbre naturaliste ALLIONI ; Pauteur de ia tradiction est madame Anne Giobert; elle est purement écrite. L’auieur des notes est M. Jean-Antorre Giobert, professeur à l’université de Turin. are MivVÉRALOGIE. Corrrcrion complète de toutes les parties de l'Atlas munéralogique de la France , qui ont été fautes jusqu’iujourd'hus, publiée par A. G: MowneT , insvecteurides mines: 1 vo. in-4°. À Paris, chez Didot, libraire, rue Thion- ‘ville, et chez l’auteur, rue ét maison des Enfans- Rouges. Prix, 36 francs. PARA S’il fut jamais une idée grande et utile, c’est “celle qui, présentant le physique de la terre que nous habitons , en indique les diflérentes parties, Pordre qu’elles observent entr’elles , en un mot, sa composition totale, Cette idée fut celle de Gusttard ; il forma sa première carte minéralogique de la France , d’après les obser'ations qu’il avoit faites aux environs de Paris. Les applaudissemens qu’il en reçut, l’assurance qu’on lur donna de Pulilité qui en résulteroit pour 1out le monde, et sur - tout pour ceux qui mettent. les matières premières en ART) Livres divers. 119 œuvre , l’encouragèrent à se dévouer à un travail immense, et qui devoit de beancoup surpasser ses forces ; car ce n’est point en allant commodément , comme les voyageurs ordinaires, qu’on peut faire des observations minéralogiques ,; mais péniblement à pieds. Il faut visiter toutes les coupes du ter- rain , descendre dans toutes les ouvertures , et il faut souvent, avec de eau . forte et le briquet à la main , essayer les pierres et les terres sur les lieux mêmes. Après cette première carte , Guettard parcourut toute cette partie de la France , qu’on appeloit la Brie et la Champagne; mais à son re- tour , il sentit qu'il avoit besoin d’un compagnon pour lui aider à supporter ses fat'gues ; il le trouva . dans le jeune Larorsser; devenu célèbre depuis dans la chymie. Apiès Pavoir instruit de son plan, ils furent parcourir ensemble la Lorraine et toutes les Hautes-Vosges , et de ce travail , avec celui qui Pavoit précédé , il résulia les 16 cartes minéralo- giques que le citoyen Monnet et lui publèient dans le temps, C’est à ceite époque qu’il fut or- donné par le ministre Bertin au citoyen Monnet, comme mmspecteur des mines, de concourir à ce grand travail.Il s’en défendit d’abord beaucoup, parce qu’il n’étoit pas content de l’écheile trop petite que Guettard avoit adoptée pour ses caries ; car elle ne laissoit pas assez d’espace , pour qu’il n’y eût pas de confusion, par la trop grande proxi- mité des signes. Ce resserrement en avoit fait dis- paroître les hameaux et les autres marques présen- tées sur la grande carte , qui devenoient indispen- sables pour désigner bien précisément la situation des minéraux ; il ne croyoit pas qu'il fût possible de faire conuvire exactement la nature des substances miuerales sur une carte par des signes. Désigner, par exemple, une pierre calcaire par son signe , ce west point fre connoître de quelle nature est véritablement cette pierre. D’après sa manière de voir, on ne sera donc pas H 4 120 Livres divers. étonné de trouver dans la collection que le citoyen Monnet publie , des parties de cartes où il n’y a pas de signes. On pourra s’etonner qu’il ait fait ree graver la carte de Paris; mais en y réfléchissant, on verra qu'il avoit à cœur de faire connoître Pordre des couches. Cette co'lection , vraiment utile, fait honneur au citoyen Monnet connu par ses longs travaux dans Part des mines,qui lui ont mérité l’estime des savans. BOoTANTOUK. Frone du Mont-Atlas, par le citoyen Dssron- TAINES, Sixième et sephème luwraison (1j. Ces deux livraisons contiennent les plantes du Mout-Atlas , depuis la tetradynamie siliqueuse, jusqu’à la diadetphie décandrique ; elles ofirent ls fiuure de 7 plantes : celles qui y sent publiées pour la ; tenuère fois, sont srsrmMerrum amplexicaule, coronoprfolium ,; ceratophyllum ; pendulum , cinereum j erystmoides , torulosum; ERYSIMUM grandiflorum; HESPERIS QlENQrLQ ; TUÜRRITIS Pu- bESCEnS ; BRASSICA Suffrubicosa, teretifolia , pin- nalufida ,lyrala ; SINAPIS recurvata , bipinnata, geniculata, radicata. Les travaux du citoyen L’Hé- ritier, sur le genre gerantum ; de M. Cavanilles sur toute la monadelphie ; ont fait connoître un grand nombie de ces plantes. Le citoyen Desfontaines en- richit encore ce genre des espèces suivantes : Ge- rarmum tordyliordes ; asplenscoides , arkhores- cens , g'ussifolium. La mouadelphie contient en- core l'addition d’une espèce : LApaTERA flava : la diadelphie offre PorrGALAa oœycoccoides ,saxa- tulis, rose ;ÿ SPARTIUM bLSTOrum ; GENISTA tri- cuspidata ; ONONIS euphrasiæfoua, bificra , (1) Supra, tome IV, page 145. Livres divers. 125 cuspidata » picta , albæ , monophylla , hispida, lariflora , pendula , villosissima , arborescens ÿ ANTBYLLIS tragacanthoides, polycephala, ha- MOSA. ; OROBUS GIrOPUrPUrEUS ; LATHYRUS 1E- nucfolius ; rrcra altissima , biflora, calcarata; ERVUM vicioides ; GLYCYRRHIZ A fæliCQ j CORO- NILLA pentaphyllæ ; HEDYSARUM C@rnOSUMm Capitatum, pallidum, confertum , venosum ; ASTRAGALUS lanigerus , incurvus , gentCcula- {US , tenusfolius , subulatus, leptophyllus ; LO- TUS prostratus , parvifiorus j MEDICAGO LŒVUS _ L’impression est toujours également soignée ; Îles planches dessinées par P. J. Redouté et par HA. J. Redouté , bien gravées par le ‘citoyen Sellier. Cet ouvrage , qui honore notre siècle , f:ra époque dans la science des végétaux , et ceux qui out saivi les excellens cours de son estimable auteur, ceux qui le connoissent et qui ont pu apprécier l’amé- nité de ses mœurs, l’ingénuité de son caractère unie aux plus hautes connoissances, se réjouissent de la gloire qu’il en doit recueillir. ANATOMIE COMPARÉE. TaszEeaux comrarATIrs del’anatomie des ani- maux domestiques Les plus essentiels à l’a- griculture , tels que le cheval, l’âne , Le mu- Let , le bœuf , Le mouton , La chèvre , lecochon , le chien et le chat, rangés sur un plan uncforme de classification propre à en ja- citer l’étude aux commençcens , par J. Gr- RARD , professeur d'anatomie à L’ École vé- térenatre d’Alfort. À Paris, de Pimprimerie et de la librairie de la citoyenne Huzard, libraire des Ecoles vétérinaires de France , rue de l’£- péron, quartier Saint- André-des-Arts, n°. rt. Au 7 de ia République. L’autenr , après une dédicace à son maître et son 123 Livres divers. ami, le citoyen Chabert , indique les connoissances que doit avoir le vétérinaire, L’anatomie est une des plus importantes , et il doit posséder cette con- noïssance relativement à l’orsanisalion physique de tous les animaux utiles, qui peuvent être confiés à ses soins. Le citoyen Girard examine chaque organe et ses différentes parties dans les différens mammi- feres indiqués dans son titre, d'stribués en quatre Or= ares : monodactyles , bidaciyles , quatridactyles régulièrs et quatridactyles vrréguliers , nous lui observe; ons seulement que le hom monodactyles est bien composé , mais que les autres noms com- posés du srec et du latin sont barbares, et qu’il falloit dire didactyles,tétradactyles. Cette association du grec et du latin, qui s’introduit dans nos nomen- clatures françaises , et qui est réprouvée par tous les savans et les bons espits des autres nations, est une suite de la décadence des lettres et des bonnes études, et du mépris que les modernes chymistes, géomiètres et physiciens semblent faire des connois- Sauces littéraires , souvent par la seule raisou qu’elles leur manquent, Le ciioyen Girard a adopté en général la no- menclature anatomique du citoyen Chaussier : cet Ouvrage el imentaire n’est pas susceptible d’une plus longue aualyse ; il est du nombre des écrits vraiment utiles, On attend sur toute l’anatomie comparée un ou- viase qui sera surement très-précieux., c’est eelui du C:ioyen Cuvier, qui est sous presse , et dont l’auteur peut être regardé comme un des hommes dont les travaux honorent le plus la France, MÉDECINE. Drrrsronwz delle malattie fatte secondo prin- cupe del sistema de Brown. Tazze des mala- | | Livres divers. 123 dies , dressée, selon Le système de Brown , par VALERIANO- LuiGr BRERA , professeur de médecine à Pavie , de plusieurs acadé- mes. Pavie , 1788, in-8°. de 40 pages et un tableau, Nous avons déjà eu plus d’une fois occasion de parler du système de Brown ; il paroît avoir fait plus de fortune parmi les médecins italiens que parmi les médecins français. Ce petit éerit est dé- dié à M. Weikard , médecin à Heilbronn, et un des plusardens défenseurs du système de Brown. M. Weikard a publié des Elémens de Médecine, dont le citoyen Brera se propose de donuer une traduction : on y trouve une division des maladies sténigues dont il a tiré parti pour la composi- ton de ses tableaux des maladies, selon le sys- ième de Brown. Cette dissertation n’a d’autre objet que l’explication de ce tableau aw’il a divisée en 45 paragraphes. M. Lynch, élève de Brown, avoit déjà ajouté , aux Elémeus de Médecine de Brown, ue lable à peu près semblable, à laquelle le ci- toyen Brera joint des corrections. Toutes les ma- ladies y sont classées d’après lexcitement et laf- foiblissement des forces, ce qui les fait nommer stheniques et asthéniques , ainsi la table est gra- duée d’après les degrés d’excitabilité au nombre de 80 , la santé est parfaite quand il y a égalité entre les degrés de stimulans et de l’excitabilité ; enfin ce système est suffisamment connu des gens de l’art, il suflit de leur indiquer cette table, plus parfaite que les autres ;| commode pour ceux qui voudront comparer avec les auires systèmes nosologiques ce- lui de Brown , et qui annonce dans son auteur des connoissances très-approfondies. Les théories médicales modernes, comparées entr'elles et rapprochées de La médecine d’0b- serpaluon; mémoire lu à La séance publique 134 Livres divers. du 22 frimatre an, de là société demé: decine de Paris ; suivs du plan d’un cours de médecine-pratique sur les maladies Les plus fréquentes des gens de guerre , classées par famil'e; par N. P. GrrBEerT , médecin en chef d'armée , et de l’hôpitat militaire d'ins- truction de Paris, membre de la socrété de médecrne et de celie des sciences , lettres eb arts de Parcs. Prix , broché, r franc, et 1 franc 25 centimes franc de port. Paris, chez Croulle- bois, rue des Mathurins. An 7. Rrrressronr medico-pratiche sull uso interno del fosforo rarticulamente nell’ emiplegie. — RÉFLEXIONS médico-pratiques sur l'usage cnterne du phosphore , particulièrement dans l’hémiplégie ; par V'azenrawo-Lurcr BRERA, professeur de médecine. À Pavie , eic. 1798, 46 pag. in-8°.. Certe dissertation est dédiée à la société de mé- devine de Paris. L’auteur annonce dans sa lettre d’avis, que, d’après le programme de la société, il a décrit l’ussge du phosphore dans une hémiplésie, mais qu’il n’a pas eu un heureux succès, et qu’il s’est apercu qu'avant tout il falloit songer à étein- dre celte substance et à sauver le. malade de toute espèce de danger de combustion interne. Le citoyen Brera avoue ingénuement que s’étant fié sur lob- Servation d’autrui,il a eu la douleur de voir périr un malade à qui il avoit administré ce remède , quoi- que ce fût avec la plus grande précaution, mais il resume les observations pratiques faites sur ce re- mede , afin de prouver que cette erreur n’a été cau- sée ni pa la témérité ni par l’inadvertance , ni par ignorance de la nature du remède qu’il vouloit employer. [l donne d’abord Phistoire de ce remède. Courren fit en 1678, à Montpellier , quelques essais sur le sel d'urine (phosphate de soude amimo- - Livres divers. 125 niaCal ) injecté dans les veines d’un chien. TI éprouva des convulsions qui sembloient anxoncer sa mort ; mais l’animal se rétablit et ensuite l’injection se répeta Säns aucun inconvénient, On croit communément que l’année 1677 est l’époque de la découverte du phosphore ; mais il paroît que cette ‘Composition étoit connue lons-temps avant. Solin semble en faire Mention : Fernel paroît l’avoir CONNU ; cependant le mérite de la véritable découverte du phosphore doit. s’attribuer à Branpr > Qui, en 1667 et 1669 , le composa secrètement 5 Mais KUNKEL réussit 1él2 lement dans sa Préparation,;qu’on s’accorda à lui don ner Son noi. ALHIN en publia la Com; osition en A]- emagne, et depuis tous les chymistes en ont parles mais on n’est pas d'accord sur l'époque à laquelle il fut employé comme remède. Quelques-uns pré- tendent que ce fut par Kuukel » qui employoit dans Certaines maladies des pilules lumineuses (pclulæ luminosæ), composées en grande partie avec le phosphore ; qu’eueuite KRAMER s’en servit avec avan- fage contre l’épilepsie, la manie, la mélancolie et es fièvres continues. VATER recommande aussi l’u- sage du phosphore. Vers la moitié de ce siècle , les médecins anglais et francais s’en servoient commu- némept. MORGENSTERN, médecin à Magdeboure, en a démontré l'efficacité dans les différentes maladies nerveuses. Le C. Brera rapporte ses ob$er vations et celles de plusieurs autres médecins, et eufin Phis- toire de cette hémiplégie qu’il a si malheureuse ment traitée par le phosphore 5 Cependant la dis- section du cadavre n’oftrit aucune trace de gan- : grène, mais il s’échappa l'estomac un 2az qu ressembloit à une vapeur blanche ayant une odeur d'ail, et qui prenoit feu à Ja flamme d’une bou gie ; cependant les parois de l'estomac n’offroient aucune trace d’inflammation. Le tube intesiigal étoit seulement un peu relréci, et on voyoit sur les in= testins quelques taches rousses: il päroît en général que les aus premiersgrains administrés par la bouche i 126 Livres divers, ' furent ceux funestes au malade, et que ceux adminis trés en lavemens ne lui firent aucun mal. Si deux grains ont pu produire tant de ravages; ’auteur s'étonne qu’on ait pu recommander un semblable remède. Ceite dissertation intéressante mérite d’être lue ei médiréz par les gens de l’art , et c’est son importance qui nous à fait donner quelqu’étendue à cette notice. MÉDECINE DES À N I M À U Xe MzemonrA sull actuale epidemta de Gatti. — MEëmorre sur l’épidémue actuelle des chaës ; par Le citoyen L'azerrano- LurGr BRERA ; professeur de médecine à Pavie. Pavie ; 1798 » 26 pages in-4°- Ge mémoire est aslressé à l'administration centrale du département de Pise. L'auteur dit qu'on s’étognnera de voir un médecin s'occuper de l'épidémie qui règne sur une Classe d'animaux qu’on regarde comme peu utile à la société ; cependant on ne doit pas en être surpris si on considère que cel animal a exercé la lume des naturalistes, qu’il est chéri des femmes quil les délivre des souris, et qu’enfin, quaud 1 est enfermé, l’amour de la liberté lui fait oublier la proie qu’il aime le mieux. Le lecteur n’attendoit guère . La liberté dans cette aflaire. Tl est certain que les chats n’ont qu’une utilité, mais qu’elle est grande "celle de détruire les rats, et que c’est un animal nécessaire, Les multiplier trop, C’est une folie; mais il est sage, ilest néces- saire, grand une épidémie menace de les déiruire s de chercher à conserver l'espèce. D'ailleurs , le Dr, Rush a cbservé qu’une semblable épidémie à été suivie à Philadelphie, d’une fièvre qui a attaqué le genre nerveux des hommes. Livres divers. 127 Le citoyen Brera donne d’abord la description de -eette maladie : le chat qui en est attaqué devient foible, triste et inquiet ; ilfuit à la vue de son maîte, se çache , refuse à boire et à manger , et n’est plus attiré par l’odeur de la vaterçane , du marum , ni de la cathaire qu’i: aime tant. Quand la maladie augmente , le chat peut à peine se soutenir sur ses paités ; son poil se dresse ,; son cou s’alonge, ses oreilles s’amollissent , etc. entin l’abdoinen se météo- rise ; il fait de vains efforts pour vomir et succombe. Le citoyeu Brera conclut de ces symptômes, que cette maladie est une fièvre nerveuse , stupide, qui, uoïque dangereuse, n’est cependant pas incurable. 2. dissection ne lui a offert de différence,que quel ues taches livites sur la vessie ,, la vésicule du fiel dila- tée et remplie d’une bile très-noire, effet ordinaire des maladies nerveuses. [| n’aperçut aucune trace de vers ; il crut donc que les principes nuisibles aux chats étoient disséminés dans lair; il eut recours , pour les guérir , à la vatercane , au marun et à la cathaure , en employant le vin comme véhi- cule : l’alua et l'ail , dans des spiritueux , ont eu aussi de bons effets. [l confirme l’etficacité de ces re- mèdes par quatre observations, avec les moyens cu- ratifs ; 1l propose pour moyens préservaufs, ce qu’il appelle £/ gattucrdio , le chatucide , la destruction des animaux infectés | l’inhumation des aniinaux morts dans des fosses profondes , le renouvellement de l'air dans les lieux où ils sont morts, et pour garantir les animaux sains, de les tewr dans des en- droits séparés, bien aerés; de leur donner des ali- menus plus nutritifs que de coutume ; de les expo- ser à des fumigations de vinaigre. Quand Re C. Des- herbrer (1) conuoîtra cette dissertation , il adressera surement , au nom des chats, des remercinens au C. Brera , qui emploie pour leur conservation des ta- lens viaupent disuugues ; et qu’on peut appeler leur Æ,scuiape , comme le cioyeu Desherbier est {eur Homère. (t) Suprà, ann. III , tome V, page 9e. 128 Livres divers. # CPiH:A R MA TCU ES Drcrionanrro elemental de farmacia o aplica- ciones de Los fundamentos de la chemica moderna à Las principales operationes de La pharmacia.— Drcrronvarnre élémentaire de la pharmacie ou application des principes de la chymie moderne aux principales opérations de ia pharmacie , auec une nomenclature mo- derne très-étendue , et une table des matières très-complète , par Dom Manvez HERNANDEZ DE GREGORIO , apothicasre du roi et associé de La société royale d'économie. À Madrid, de Pimprimerie royale, 1798, petit in-4°. 2 vol. de 300 piges chacun , avec deux planches. Nous avons déjà fait l’éloge du succès avec lequel -les Espagnols s'appliquent aux différentes branches des sciences physiques et mathématiques (1). Cet ou- vrage important el très-bien fait en est une preuve. L’auteur fait d’abord connoitre son plan dans une courte préface , puis dans un discours préliminaire assez étendu ; il donne la définition de la pharma- cie et de ses relations avec la médecine. Dans une introduction il définit en général les corps simples et composés ; 1l fait connoitre les différens genres, et donne une idée des trois règnes: le dictionnaire pharn:aceutique vient ensuite. Les divers articles sont rédigés avec justesse , précision et clarté, et moutrent que l’auteur est au courant des connois- sances les plus modernes. Au mot vegetales, il traite de la philosophie botanique, ei il indique les plantés usuelles, en se servant du nom officinal et du nom botanique. lie tout est terminé par une synonymie des noms dé la chymie moderne avec les noms anciens, et par une ample table des ma- tières. Cet ouvrage peu volumineux , quig’a qu’une (1) Quatrième année , tome IL, page 304. juste Linres divers. 12 juste étendue, et qui contient les choses les plus importantes, ne peut être que très-utile et très-bien reçue des vrais amis des sciences, et nous remer« cions sincérement M: Joachim Salazar, qui les cultive avec succès à Vittoria en Biscaye , et qui nous donne constamment des marques de sa bien veillance, de nous avoir procuré, AGRICULTURE, Surrrmenro à La observacione sobre el cultivo delarroxen el regno de Falencia, eic. — Sup. PLÉMENT QUx observations suria cüliture du rx dans le royaume de Valence , SON influer. ce sur la santé du peuple , et réponse à la réfutation de D. Vineento-Ignacio Franco : par D. Anronro-Josepno Cayanrires » MEN = êre de l'académie de médecine de Madrid, À Madrid, de l’impriuerie royale, 1795, in-12 de 38 pages. Nous avons déjà parlé plus d’une fois des im- ortans travaux de M. Cavaniiles (x); nous avons Fait Connoître son mémoire sur la culture du riz dans le royaume de Valence (2), et la réfutation de D. Vincent-Iguace Franco (3). M. Cavarilles lui ré- pond aujourd’hui , et il ‘’appuye sur des observa- tions constantes , je calcul des mortalités et des expériences, d’où il paroît évident que cette cul- ture est vraiment nuisible par son insalubrité, EDpvcaATrox. MéTaons amusante pour enseigner à lire aux enfans des deux sexes , ornée de 26 figures en tarlle-douce ; très-jolies , dont La majeure (D Voyez quatrième année, tome II > Pag. 304. 2) Idem troisième année , tome 111 » Page 175. PR) Idem quatrième année , tome I » Page 137. Tome V1. Li 330 Livres divers. partie sont sur l’histoire naturelle , avec l’eæ- plication de chacune ; viennent eénsutke des petites historcettes , des petits contes en vers » bouguets , des pensées morales , dont les c@- ractères imitent l'écriture , pour servur d'exem- ples aux enfans , eic. Prix, 75 centimes , et x franc pour les départemeus, franc de port: A Paris, chez Devaux, libraire, palais Egalité , n°, 161. C’est une chose fort utile, que ces livres d’images qui fixent l’aitention des enfans, et leur enseignent à la fois, et le nom des objets , et leur forme ; mais il est nécessaire que ces livrets soient d’une grande exactitude , et plusieurs sont à cet égard d’une in- vraisemblance rare etchoquante ; celui-ci n’a pas ce défaut : il est à sa 47° édition ; ce qui prouve son succès. Les vingt-quatre petites figures relatives aux vingt-quatre lettres, sont dessinées en général avec exactitude , et gravées avec un soin sufisant. Nous ne trouvons de défaut qu’à celle du droma- daire ; qui est exact, mais placé auprès d’une py- ramide si petite, qu’il peut faire croire à un enfant, que cet animal est plus grand qu’elle ; celle du hanneton , qui ressemble à une mouche , et non à ce coléoptère , el enfiu de Xérophon, appuyé sur des livres reliés, comme on représente les philoso- hes du dix-huitième siècle. Nous conseillons à Paoiane de corriger ces légers défauts, et nous re commandons®ce livret aux mères de famille. THÉ Oo L'OoGTIE CARTA del ciudadano GRÉGOIRE, obispo de Blois, representante del Pueblo frances, ad Ra- mon-Josef de Arce, arzobispo de Burgos, inqui- sidor-general de Espana. En Paris, en {& imprenta- libreria christiana, calle de Sant-fago, n°, 278 y 279, anno de J. C. 1798 ,'anno G de {a République, Livres divers. 134 — LETTRE du citoyen GRÉGOIRE, évêque de Blois, représentant du Peuple français 4 Ramon“Toseph DE ARCÇCE,. archevèque de Burxos, inqursiteur- général d'Espagne. Paris, à Pimprimerie chré- tienne, rue Saint-Jacques, n.° 278, an de J. C, 1798, an 6 de la République. Tout le monde ronnoît la lettre de l’archevêque de Burgos au citoyen Grégoire, en faveur de l’inquisi- tion. C’est le cas de rép ‘ter avez us philosophe cé lèbre , que les Espagnols qui n’ont pars été brûlés par l’inquisttion,soutiennent que c’est La plus bel- Le chose du monde. Heureuse:nent nous ne sommes plus au temps où ce mot pouvoit être vrai. L’in quisi- tion ne brûle plus personne, et elle n’a plus de par- tisans en Espagne , où on compile un grand nombre d’hommes d’un esprit éclairé. La réponse du citoyen Grégoire , dont les principes sont pris dans les auto- rités mêmes alléguées par l’archeyêque de Burgos, est pleine de solidité et de justesse. La traduction est du citoyen Lasteyrie : elle est adressée au prince de la Paix. | GÉOGRAPHIE. - * Et copiosa abundat rerum varietas. Pueore , Liv. V, Fable 5. NOUVELLE GÉOGRAPHIE UNIVERSELLE, des- *‘criplive , historique, industrielle et commerciale des ‘quatre parties du monde, contenant, 1°. un précis - d’Astronomie, mis & la portée de ‘tout lecteur, où * l'on explique les figures. mouvémens et distanices * des planètes ,'d'après Newton et les dernières ob- servations ; 2°. un traité de Sphère et de Cosmo- An és où l’on donne une vue génrralesde la * Terre , ‘considérée comme planète, avec plusieurs - définitions géographiques et problèmes utiles ; 5, * Le grandes divisions du globe, en terre, eau, con- ““tinens et iles ; 4°, la situation, éténdue et descrip- 132 132 Livres divers. * tion des Républiques, Empires, Royaumes, Etats; Provinces et Colontes ; 5°. leur climat, air, sol, productions végétales, métaux, minéraux, curio- sités naturelles, mers, fleuves, rivières, baies, caps, promontotres et lacs; 6°. un abrégé d'Histoire na- turelle des oiseaux et animaux propres à chaque pays; 7°. la Géographie ancienne et moderne com- parée; des observations sur les changemens arrivés sur la surface de la terre, depuis la plus haute an- tiquité; 8°. l'histoire et l'origine des nations, les formes de leurs gouvernemens , leurs religions, lois, revenus, taxes, population, leurs forces militaires et navales, dignités, ordres de chevalerie, etc. etc. 0°. Le génie, les mœurs , coutumes, usages et amu- semens des différens peuples ; 10°, leurs langues, connoissances, arts , sciences, savans. munufac= | tures, inaustrie, commerce, exportations et 1m- portations ; 11°. les principales villes, les édifices, | monumens , ruines et curiosités artificielles ; 1204 Les longitudes , latitudes, gisemens ei distances des principales places, comptées d’après Paris , avec des notes sur les différens pays, données par les Consuls anglais dans les factoreries étrangères, et des observations extraites de l’histoire du commerce d'Anderson, et des plus récens et célèbres voya- geurs, tels que Cook , Coxe, Mallet, Pallas, Saus- sure, Swinburne, Bourgoing , Dixon, Dillon, Voiney, Vaillant, Bruce, Macartney, sur la Chine; Major Rennel; Diron et Robertson, sur l'Inde, et l'histoire des guerres et des possessions anglatses dans ce pays; de Hutchin et de Morse, géographes des Etats-Unis, etc. etc. On a ajouté, à la fin de l'ouvrage, 1°. un indéx alphabétique des lieux dont il est parlé dans cette Géographie ; 2, un tableau des monnaies étrangères ; réduites en argent de France; 5°, une table chronologique des événemens remarquables, depuis la création jusqu'à nos ; 49. une liste des savans de l'uni- vers, avec les genres de sciences dans lesquels 1ls vnt excellé, et l’époque de leurs siècles ; avec des he UE Livres divers. 133 Yableaux qui présentent au premier coup -d'æil, l'étendue, les Frs , les divisions et la popula- tion de chaque pays, par WILLIAM GUTHRIE; la partie astronomique par JAMES FERGUSON, avec les dernières découvertes du docteur Herschell et d'autres illustres astronomes : ouvrage traduit de l'anglais, sur la seizième et dernière édition de Londres (de 1796) ,par le C. NOEL, exambas- sadeur pres de la République batave, et letraduc- teur des leçons de BLAIR, surla rhétorique.première édition française, contenant un tiers de plus que l'original, augmentée particulièrement des chan- gemens et événemens survenus depuis l'an 5 (1706), sur la surface du globe, jusqu'à ce moment ; avec les divisions anciennes et modernes des nouvelles Républiques ; de la Pologne, avec le dernier par- tage. — Des dernières découvertes de la Peyrouse, et de celles de Vancover, dans son voyage autour du monde, — D'un précis de la Thorie de la Terre et des Fleuves, d’après Buffon et Lametherie. — D'une analyse succincte de Biüsching et Zimmer- mann, sur l'Europe; des Géographies allemandes et anglaises de Bruns , Fabri, de Brook, Gor- don, etc. etc. et d'autres qui ont paru depuis peu; avec un Traité des changes étrangers : l'histoire des banques et compagnies de commerce de l'Eu- rope. — Un Tableau des poids et mesures des dif: férentes nations, comparés aux anciens et nouveaux de La -France : Le tout revu et corrigé, quant aux parties astronomique, cosmographique et géogra- phique, par plusieurs célèbres Astronomes et éor graphes. Quatre volumes , dont trois volumes in-8o. e 2100 pages, imprimés sur carré fin, avec un caractère neuf, cicéro poétique de Didot. plein, es de 42 lignes à la page, con- tenant le double de matière que Le cicéro ordinaire ; et un volume d'Atlas in-4o,, composé de 54 cartes, tant générales que particulières, gravées avec le plus grand soin, sur Les dessins anglais, par le citoyen BLON DEAU, l'un des graveurs du dépôt 13 134 Livres divers. de la guerre, avec les anciennes et nouvelles divi- sions comparées , et augmenté de plusieurs cartes qui ne se trouvent pas dans l'original, pour l'in- telligence de la Géographie ahcienne et moderne. . Le prix des 3 vol. in-8°. broché, et de l’Atlas in-4°. cartonné, est de 21 francs pour Paris, et 28 francs, port franc, par la poste ; 24 francs avec PAtlas enluminé, et 31 francs franc de port. À Paris, chez H. E. Langlois, libraire, quai des Augustins, n°. 45. An 7. Les personnes qui connoissent un peu la Bibliogra- phie anglaise , et qui s’intéressent à l’avancement des études en France, désiroient depuis long-temps une traduction bien faite de cet excellent ouvrage anglais; excellent, et depuis long-temps jugé tel en Angle- terre, parce que cette Géographie universelle pré- sente les principes les plus sûrs d’astronomie, de cosmographie , de géographie , de chronologie et d'histoire ; les élémens les plus essentiels concernant la civilisation , la police, lés mœurs, le commerce, Piudustrie , l’histoire naturelle, etc. etc. dans les quatre parties du monde , rangs et mis dans l’ordre le pius clair et le plus facile a saisir, appuyés et con- firmés d'après les auteurs anglais les plus célèbres, Newton; Fergusson, Cook, Anderson, Ro- bertson , Morse , etc. Seixe éditions consécutives d’un tel ouvrage, qui s’est amélioré visiblement à mesure qu’elles se sont succédées, avoient déjà prouvé toute l’:stime qu’il _méritoit. Cette première traduction française, pour avoir laut tardé, n’en aura que plus de prix, par la raiscn que les éditeurs anglais, dans leur sei- ziène et dernière édition, paroissoient être parvenus à toute la perfection qu’on pouvoit y désirer. Les traducteurs français, déjà très-avantageusement con- nus dans la république des lettres (les citoyens Noel, Soulès et Cantwel ), beaucoup plus difficiles , ont jugé bien différemment l’ouvrage original : ils n’ont l D SE en à te Re + Livres divers, 135 s cru devoir se contenter d’un fonds déjà si riche ; ils ont su le perfectionner encore, et augmenter d’un tiers, par une mullitude de rapprochemens les plus importans, un ouvrase déjà si estimable. Les tra- ducteurs français, disons mieux , les nouveaux éde- teurs , à raison de tout ce qu’ils ont donné et ajouté à Pouvrage anglais, ont de plus augmenté le nombre des cartes qui se trouvoient dans l’édition originale ; ils en ont ajouté plusieurs où elles ont été jugées né- cessaires pour l’intelligence du texte. = D’aprè: ces simples aperçus, on peut dire que c’est ici un des meilleurs livres que l’Angleterre ait pro- duits, et tellement augmenté et amélioré dans notre lansue , que les traducteurs français, à leur tour, mériteront l’honneur d’être traduits en anglais. Lrrre élémentaire. Géographie ; par L. G. Hau- CHECORNE , avec l’épigraphe : Ut ponuntur initia , sic cæt:ra consequentur: A Berlin, chez F. Barbier, 210 pag. in-12. . Les changemens arrivés depuis peu dans la dis- position de plusieurs états de l’Europe ont engagé M. Hauchecorne à publier ce livre élémentaire, qui fait partie d’une suite d'ouvrages du même ordre , dont il fait usage dans l’instruction de ses élèves, (r) et qu’il compte publier sucvessivement, Ce petit ouvrage, écrit avec précision et clarté , est certainement propre à remphr le but de l’auteur , qui est de prévenir les fausses notions qui s’impri- meroient dans la mémoire des jeunes gens par l’é- tude des divers livres de géographie quiexistent , et (1) M Fréd. Guill. Haucheeorne , né à Bayreuth en Franconie , est direcieur d’un Institut d'éducation à Berlin, dont il a publié en 1791 une notice sous le titre : ableau de l’Institut d'éducation établi à Berlin , par F.G. H. Ila en- I 4 | 136 ‘Livres divers, qu’on n'accompagneroit point de celledes variations que la politique a éprouvée. Il y a joint deux petites cartes enluminées , l’une de l’Europe, l’autre de la moyenne Marche de Brandebouig , dans lesquelles il n’a point fait mettre de noms ; et il donne dans la préface, quel- ques idées fort justes sur Penseignement de la géo- graphie et Putilité de cartes géographiques disposées comme celles qu'il a jointes à son onvrage , et sur lesquelles les élèves mettent eux-mêmes les noms des pays, des villes, des rivières, etc. VOYAGES: Voy AGE par le Cap de Bonne-Espérance et Ba- tavia, à Samarang, à WMacassar, à Amboine et à Surate, en 1774, 75, 76, 77 et 78, par J. S, STAVORINUS, chef d’escadre de la Republique batave, traduit du hollandais, orné de cartes et figures. 2 vol. in-80., le premier de 386, le se- cond de 361 pag. À Paris, chez H. J. J'ansen, rue des Pères, n° 1165, an 7. L’imprimeur de cet ouvrage en est aussi le tra- ducteur, et il Pavoit fait précéder , l’année dernière, dela traduction d’un autre Yoyage de Stavorinus, fait en 1568, 69, 70 et 71, par Le Cap de Bonne Espérance , à Batawia , à Bantam et au Bengate. (1 vol.in-60. de 422 pag. , avec trois cartes}. Il nous fait espérer encore deux autres volumes, qui contiendront de nouveaux détails sur ces mêmes iles et sur plusieurs autres de la mer des Indes , avec des mémoires sur les poids, les mesures core publié entr’autres : Lecture pour la jeunesse ; 5 vol, Berl. 1789,1in-8°.; avec fig. ; Pieces pour les enfans , ibid, 1589 , in-8°. Æimanach pour le voyageur dans les états prus- siens ; 1b. 1799.; Voyages avec mes élèves aux montagnes de la Silésiez eo, Livres divers. 139 # les monnaies qui sont en usage dans le commerce de ces contrées. La collection de ces trois ouvrages formera sans contredit la réunion la plus précieuse de renseisuemens authentiques sur les sastes posses- sions qui ont fait pendant si long-temps la richesse de la Compagnie des fndes orientales hollandaise, Stavorinus ‘étoit chef d’escadre de la République des Provinces-Unies , près l’amirauté de Zélande. Ennuyé de l’inaction à laquelle il se voyoit réduit par la paix , et désirant acquérir de nouvelles con- noissances pour se rendre plus utile à sa patrie, il demanda et obtint le commandement d’un vaisseau de ta Compagnie des Indes orientales , destiné pour Batavia , en conservant néanmoins son rang dans la marine hollandaise | où il a servi avec distinction pendant quarante ans. Son style est simple et clair : il écrit sans prétention , et son récit porte cæ caractère de simplicité qui est le signe de l’exactitude et de la vérité, Il embrasse les mœurs, les usages, le cuite des peuples nombreux qu’il a visités. On y trouve des renseignemeus intéressans pour l’his- toire naturelle 3 des indications pour le commerce : et la navigation, que l’on chercheroit inutilement ailleurs. Il y avoit jadis de bonnes raisons pour lesquelles les découvertes et les observations des navigateurs hollandais dans lies mers de l’fnde ne paivenoient pas à la connoïssance de tout le monde. Jalouse de ses prérogatives ; la Compagnie des Iades en effacçoit quelquefois jusqu’à la moindre trace ,| témoin la note suivante, que nous traduisons d’entre celles, la plupart extrêmement curieuses , qu'Onno-Zwier van Haren a mises à, la suite de son estimable poëme des Gueux. (1) (édit. de 1785, t. Ii , p. 301 }. (1) C’etoit un nom donné par mépris à la noblesse des Pays-Bas liguée conire Philippe IL : il est devenu un utre dont elle faisoit vanité. A. L. M. + 138 Livres divers. TELUS UE ES S y y » y « Le voyage de Rogzeveen (1) est le dernier., à ma counoissance , que les Hollandais aient entre- pris dans la mer du Sud. Il eut lieu en 1721 , et le récit en, est entre les mains de tout le monde. . Mais de quel droit la Compagnie des Indes orien- iäles a-t-elle pu juger à propos de saisir et de confisiuer à Batavia ce qui restoit des notes de Lemaire et de Roggeveen sur leurs courses lointaines? Cela n’est pas bien clair, ni facile à concilier avec loctroi de leurs hautes puissances ; en date du 27 mars-16r4 , en faveur de ceux qui découvriroient de nouvelles contrées. En 1617, la Coinpagnie donna pour raison de cette conduite, que les découvertes attribuées à Lemaire et à Schoutten étoieut fabuleuses, » H 18TOIRE, Tasreau historique, littéraire et politique de l'an 6 de La République française , contenant de précis des événemens politiques , tes traités de paix , d'alliance et de commerce , Les loss, Les décrets et arrêtés Les plus untéressans , La notice raisonnée et critique des livres , gra- pures , cartes , etc. que ont paru dans l’année , el des pièces de théätre qui ont été représentées pour lai première fous; Les progrès des scrences et des arts , Les découvertes curieuses et ututes , Les séances des différens corps luttéraires , l@ nécrologte des hommes célèbres , les anecdotes Les plus curieuses et Les plus intéressantes ; par A. M. Cécire.1 vol. in-8°. Prix, 3 fr. 6 dé- cimes, et par la poste, 4 fr. 15 centimes. Cet ouvrageest dans le genre des Annales de La Répubiigue , que nous avons annoncées (1), (1) Le citoyen Bougainville a lu un Mémoire sur'es décou- vertes de ce navigateur , dans une des dernières séances pu- biiques de ;’Institut national, (2) Supra , tome V. Livres divers. 139 mais beaucoup moins étendu. Ce sont des imi= tations de ces registres annuels (annual register )5 publiés avec tant de succès depuis long-temps en Angleterre. Ce recueil est divisé en trois parties = la première traite des événemens politiques ; la se- conde , de la législation ; la troisième , de la litté- rature. L'auteur ne paroît pas très au courant de cette partie, et ce qu’il en dit n’est qu’une comMmpI- lation de ce que les journaux ont offert : au lieu des courts jngemens sur les pièces de théâtre et les livres qui ont paru dans l’année , il auroit mieux fait connoître son histoire littéraire, s’il eût donné de petites notices analytiques pour ôter à sa no- menclature la forme d’un catalogue de libraire. IL seroit donc à désirer que ces sortes de répertoires annuels fussent rédigés avec plus de méthode et de soin. Tel qu'est celui-ci, il offre cependant une récapitulation commode. Conresronpance de l’ Armée française en Ægypte , interceptée par l'escadre de Nelson , publiée à Londres avec une introduction eëb des notes de la chancellerie anglaise; tra- duutes en français ; suivies d'observations ; par E. T. Simon, avec une carle de la Basse- Ægypte, pour l'intelligence de celle correspondance. Paris, Garnery , libraire, rue Serpente , n°. 17, an 7. in-8° de 272 pag. Prix, 3 francs, et 4 fr. franc de port. Cette correspondance contient des pièces impor- tantes pour l’histoire de expédition d’Ægyrpie. Le traducteur réfute avec force, dans des observations, les notes de l'éditeur anglais; mais son zèle Pem- porte quelqnefois , et sou style a plus de fougue que d’urbanité , ce qui étoit inutile à la cause quil dé- fend, car, comme Pont très-bien dit à celle occas sion les auteurs de {a Décade phitosophique , le bon droit n’exciut pas le bon ton. 749 Livres divers. ARCHÆOLOGIS. Norrcra de un viage Arquitectonico Antiqua- rio en cargado, por S. M. a dom Joser- Francisco Urriz, el anno de 1790. Madrid, emprenta real,anno de 1797, «n-8° de 3z pages. — Norrce d’un voyage pour l’archs tecture et les antiquités , dont le ror avoub chargé dom Joseru-FrANcors ORTIZ , en 1790. Madrid , de l’imprimerie royale , 1797 ; 32 pages in-8°. L'Espagne, habitée successivement par les an- ciens Espagnols , les Phéniciens , les Grecs, les Romains, les Goths et les Sarrasins , qui y ont tous Jaissé des monumens , est un des pays les plus in- téressans à parcourir pour l’antiquaire, et la seule ville de Herida ( l’ancienne Emerita ), produi- roit une abonclante moisson. Mayan a écrit sur l’am- phithéâire de Sagunte ; le père Alorexs , sur les mé- daiiles d’Espagne , et il a donné beaucoup de no- tices curieuses sur un grand nombre de monumens dans son £spana sagrada. Velasquez s’est occupé de l’ancien alphabeth ; Bayer et Tychsen , des mdailles cuphiques et arabes ; le comte de Lu- m'arez, des iuscriptions : on trouvequelques notices daus les descriptions topographiques de Conca et de Ponce, et dans plusieurs voyages. Le roi d’Es- pague a fait graver quelques vues de PAlhambra et de la cathedrale de Burgos, quelques mosaïques trouvées a $eville. M. Cavanulles a fait connoître deus sa belle description du royaume de Valence, dout J’ai donné un extrait étendu (1), quelques mo- Dumens de celte partie de l'Espagne. Malgré cela, ce pays est encore peu connu : on ne fait rien pour y uécouvrir les monumens qui y sont enfouis, M. Ortiz avoit déjà été chargé par Charles IIT, de faire (x) Ann. IV, tome L, page 137. Lwres divers, 141 ce voyage, relatif aux antiquités, en 1788, mais il tomba bientôt malade. Le roi Charles IV , ins- truit de son rétablissement et de ses projets, lui ordonna de le reprendre en 1790 ; mais la guerre a empêché son exécutions ce qui engage l’auteur à | 9-74 au moins son plan, en remettant le voyage un temps plus prospère. Son voyage avoit plusieurs objets : il devoit em= brasser l’architecture , la sculpture , les mosaïques, les médailles, les inscriptions et la géographie. IA indique quelles devoïent être ses recherches et liti- néraire qu’il vouloit suivre. Il est à désirer pour les lettres, que le ‘gouvernement espagnol fasse exé- cuter celte belle entreprise. MYxTrTmoLogeirx. Caorx des principales prerres gravées de La col- Lection qui appartenout autrefois au baron de Srosca , et quise trouve maintenant dans Le cabinet du roi de Prusse , accompagné de no- tes et explications relatiwes à la mythologre et aux beaux arts, par FRÉDÉRIC SCHLICHTE- GROLL ; premier volume , in-folio de 108 pag. À Nuremberg, chez Jean - Frédéric Frauenkolz, 1798. M.Frauenholz(t1), éditeur de cet ouvrage, lui avoit donué tout le degré de perfection dont il étoit sus- ceptible, non-seulement pour la partie scientifique, mais encore pour la partie typographique et pour Vexécution des planches, afin qu’on pût le regarder comine un monumeut propre à faire honneur à la sation allemande. Il n’a pas craint de s’exposer à des frais considérables pour le faire paroïître sous deux formes différentes. Les gravures originales , exé cutées par les plus célèbres artistes, tels que Mü/- ler, Alauber , Guttenberg , etc. ont été dessinées (x) Voyez ce que nous avons dit tome IV, p. 124 de cette année , sur cet éditeur libéral gt patriote. 142 Livres divers. À pour la belle édition in-folio que nous annoncons. Le texte, composé orizinairement en allemand par M. Schlichtegroll , a été traduit en francais par M. Bridel, conseiller à Gotha. C’est celte traduction qui accompagne l’édition in-folio, afin qu’à laide du francais, devenu la langue universelle , cet ouvrage puisse se répandre aisémeut dans les autres pays. © Mais M. Fraüenholz, voulant procurer à un plus grand nombre d'amateurs, sur-tout parmi ses com- patriotes, la facilité d’acquérir et ouvrage , en a fait faire une autre édition in 4°., qui contient le texte allemand origival, et pour laquelle il a fait copier, ar des mains haäbiles, les gravures originales des- tinées à l’édition francaise. Un autre but que lui a suggéré son zèle pour l’avancement des. beaux arts, zele dont il a donné tant de preuves sisnalées, c’est de fournir à de jeunes artistes les moyens d’exer- cer leurs talens d’une manière utile, + Ces deux éditions, commencées en 1793 . ont paru successivement par Cahiers; et le quatrième, qui vient d’être publié en 1798 ; forme, avec les trois précedens, le premier volume de cet ouvrage , qui contient 48 estampes , représentant autant de pierres gravées des. plus remarquables du cabinet de Stosch. D’après l’ordre que Winckelmann a suivi dans sa description si connue des pierres gravées, du feu Le baron de Stosch, Florence 1760, où toutes les pierres gravées et pâtes antiques qui appartenoient au baron de Stosch , et qui sont au nombre de 3,444, se trouvent distribuées en huit classes. Les planches de ce volume offrent la repré- sentation de 48 pierres gravées remarquables, prises dans la première etla seconde classe , c’est-à-dire, dont les sujets sont tirés de là mythologie æsyptienne et giæco-romaine ; mais il reste encore dans la se- coude casse, quiest la plus nombreuse, puisque, d’a- près ie catalogué de Winckelmann , elle est composée de 1,879 pierres gravées, un grand nombre de divi- nités «out il n’a point été parlé dans ce volume, telles. que Neptune, Vénus, les Grâces, l’Amour, Mars, (0) Livres divers. 143 Apollon avec les Muses, Bacchus, Hercule, et tout ce qui a rapport à ces divinités. Le erand nombre de pierres gravées qui les concerne, et qui ont été rassemblees par les soius du baron de Stosch, offre abondamment de quoi faire un second choix, aussi intéressant que le premier , de pierres gravées vrai- ment remar juables. L'époque à laquelle cet ouvrage a paru jusqu'ici r cahiers séparés , étoit certainement peu favora- ble à des entreprises de ce genre. Publié au milieu des crises d’une guerre qui a fixé l’attention de toute l'Europe, et qui en même t:mps à faitéprouver toutes ses calamités à plusieurs provinces de l'empire ger- manique , on comprend aisément qu’il a dû trouver hi soit en Allemagne, soit dans les autres pays, moins d’amateurs que M. Frauenholz n’avoit droit d’en at- tendre, après tout ce qu’il lui en avoit coûté de peines et de dépenses , pour donner à cet ouvrage louie la perfection possible. Malgré ces contre-temps, l’éditeur n’a pas moins résolu de ne point laisser cette entre- prise incomplète. Ce volume sera donc suivi d’un second, qui paroî- tra, comme celui-ci, par cahiers successifs , et qui con- tiendra les pierres gravées les plus remarquables, relatives aux divinités dont il n’a point encore été question , et qui font part'e de la seconde classe, que -Winckelmann à désisnée dans son catalogue sous le nom de Mythologie sacrée. Si le public montroit plus d’empréssement à soute nir cette entreprise, si le nombre des amateurs de- venoit plus considérable , l’éditeur seroit très-disposé à donner au public, dans un troisième volume, un choix des pierres gravées les plus remarquables, con- tenues dans les autres classes du cabinet de Stosch F c’est-à-dire , depuis la troisième jusqu’à la huitième inclusivement. Cependant comme ‘la première et la seconde classe , qui contiennent les pierres gravées , relatives à la mythologie proprement dite, fout en- semble un seul tout , on voit aisément que cet ouvrage peut déjà être considéré comme formant un ensemble 144 Livres divers, 1 complet, À supposer même qu’on fût obligé de s'eu teuir à ce second volume, et par conséquent aux pierres gravées les plus remarquables de la première et de la seconde classe. Après avoir exposé le but que s’est proposé l’estis mable M. Frauenholz , et le plan qu’il a suivi, il nous reste à faire connoitre la manière dont M, Schlichtesroll s’est acquitté de la rédaction du texte. À vant l’avis au lecteur, est une épitre dédicatoire à Frédéric IL, oruée d’une très belle vigneite, des- sinée par Casanova et gravée par Klauber : suit la table des articles et l’iutroduction dans laquelle Pau teur traite de lutilité des pierres gravées ; il parle des collections d’empreinte de Lippert et T'assie , et principalement du baron de Stosch. Ii entre eusuite en matière et commence par la mythologie ægyp- tienue, pour laquelle il s’aidé beaucoup des savantes recherches de M. Zoega. À l’occasion d’une figure d’isis, M. Schlichtegroll traite des différentes pério- des de l’art chez les Ægyptiens, El en fixe cin époques : les trois dernières ne nous paroissènt pas avoir des caractères bien tranchés. Les pierres mythologiques æzyptiennes, dont il donne l’explica- tion , sout au uombre de quinze, La mythologie grec- que lui succède. Les explications de M. Schlichte- groll sont pleines d’une érudition solide , et ont la justesse et la mesure qu’elles doivent avoir. Îl ne né- glige rien de ce qui peut servir à la conaoissance de la mythologie ni à celle de l’art. Enfin, ce bel ou- vrage est aussi agréable qu’il est instructif, et il est très-précieux pour les gens de lettres et sur-tout pour les artistes, qui y peuvent trouver des préceptes sûrs à suivreet des modèles à imiter. Une entreprise tres-utile aux arts et à l’antiquité, seroit celle de graver au simple trait toutes les pierres de Siosch , en suivant Le catalogue de Winckelmann auquel on feroit les additions que les connoissan- ces acquises rendent nécessaires. Cette précieuse col- lection fourmiroit les lumières les plus ÿgnportantes pour l’explication des monumens. h LES Th L. HLTA NN O N CF € . + COURS D'ARITHMETIQUE décimal, démontrée @nûlyliquement en parallèie avec l’arith- métique vulgaire , avec application au% noue veaux poids et mesures , et à toutes Les opé- rations de commerce et de finance, depuis lad- dition j’usqu’à l'extraction des racines carrées el cubiques; contenant huit tables de réduction ! des anciens poids et mesures de tout genre, en nouveauT, et des nouveauT en anciens ;. six figures: représentant les mesures de capa- cité et agraires ; une méthode nouvelle et fa- cile pour le calcul-des cntérêts »4a manière de calculer les intérêts des fonds d’apancé d'un compile courant, sans le secours du calcul par échelle,et Les règles de société et d'alliage pour - fairé mieux ressortir d’une part la: sempti- Cité et l’uniformité des principes du calcul dé- cemal;et de l’autre;la diffusion etia divergence |. del’arithkmétique vulgaire : on a résolu Les pro: : lèmes;suivant Fun et l’autre système : ouvrage utile aux citoyens de tous Les etats ; par le tt-. toyen Lerai,sous-chef de La comptabiliténa- y ‘Honale. À Paris chez le citoyen Besse, impri-. ménr, place Maubert, n° 41. L’an septième ‘de Ja République française une ‘et indivisible. ; : Zz DÉLrRE DES PASSIONS, par F. Puces , 2 vol. 4m -323, fig. Prix, 3 francs , franc dé port + par la’ poste pour les départemens, À Paris, chez Artaud ; libraire | quai des Ausustins, n°. 5a: D Fe | JEAN Crrneror où le danger de changer de nom; 1 vol. in-12. fig. broché, Prix2francs, … €t 2 francs $ décimes franc de port, par là poste ; : po les déparlemens. Se trouve chez Artaud , : dibraire , même adresse, | Fe R Table des articles contènus dans ce numéro. ANATOMIE ET PRYSIOLOGTE.| ritoires d'Epidare gt de Trés C: D. Ærtrait d’un mémoire| 2ère ; on Grèce. "contenant des recherches sur! B 1 0.G R A P H 1 #. - la durée dela gestation dans\Tournon. Notices sur Pierre les Jemelles d'enimaur. = | Daeseult. : GÉGGRAPHIE. COMMERCE. Meéntelle, Description des ter-1J, Peuchet. Dictionnaires uni- + D RER Ælmanach des gens de lettri es. FAN de MAN à RU NE ONE (Rte } ê ya ;? A \ { : Le 2 OM Le EE | à x © 10 a A 2 EX : à ( , Fi LYS TPE ni va L: ii à 4 Suite vé La Table, é verte] de le gégrarhie com irerçan fi fa: À LE LT HrsTOtRE. | LAbrébé de lhistore de Ja mar Me arr ele +21 | Avatomie comparée : e A 6|T; Grid Tableaux Compa. rati}s de W'anktomie des ani- Grèce sec À MR SU Médecine. : : } À. L. Mülin. Antiquités, na Brown. Divisions Aell mälat- | À inenelss 66! tie , etc. APN SE a or A ER NU ON PO GR NE théories $: Gyarmathi. Affuitas lin\inédicales modérnes , eto. 123 guæ huh sorti 10Œæ 5810450 6 MÉLANGES. UF tele ; ete. € ‘12 De Halem L'Oracle de Ja Médecine des animaux. Besse de Cythère. . gS{Brera. Memoria sull actuale VARIÉTÉS, NOUVELLES ET| spidamia de i Gatli, 126 CORRESPONDANGALERT. |: Pharmacie à + Prix proposé par ‘la société. de Weillan «menta del farmacia., ele, 128 1" AgricuMHures 1o0lÀ. J. Cavanilles. Suplemehto Physiondinie politique de quel a la observacione sobre eteul« ques journaux anglais, 107 tivoi del arroz en él regno ) de Abraham Conrad Swaringtoël Walència le CR RU page | Fabrication du maroquin, 1b. “iiotion. D NNERS Conservaloire des Arts) +106 Mihode >sinusants pour ens | seigner à lire aux enfans des. Sennebierid pinnatifida. ibid.| Médailles du roi dé Pologne.|. PE LE à cle. K 107| : ddl De l'abus du mot A+ tiste, 109) + phédlasre OPEN LIVRES DIVERS, Carta à del ane Grgoire , Mathématiques. Male se 130 P. Fraochini. Mémoire, sur|. Aie intégration des équations, dif-\WV. Jérentielles: ta “eee ihe. mie antosrselle ; etc. «184 “$: F;Lacroix. Traité de on Middle re Ps nômétrie reclisigne €f sphéz| dé sé grephte. à, he RE rique » #10, ; a 1bi À ÿ Em. Develey. Introduction à!) Vo age. « l'algèbre ÿ etc. 5, | spi, F7 S, os Rs par rai AE : le Cap de. Bonne-Æspérance » ter Perd, Berthoud: Traité #2 étés": ARE N 436 montres à lonpitudes ; ele,113! di vw" Histoire, Lalatñde.. CounvisYance |: des A. M. Cécile: Tableau) Re Hébips SEP ST AT: 116! Figue , littéraire \ ne 136 | Éastoire naturelle. E. T, Simon. Correspondants A. L. Millin, Element: di Sto-\ de l'Armée | rats en ra naturale., ec: 117; RETRIee a SP NS RARES EU Ne : Minéralogie.s #> AÀ.G: Monnet. Collection com-| (Archæblogte: plète de. toutes les parties’ de Nofieia dé un vigia Arquitee) Fa 5|Brera. Riflessioni medico-pre- | | à À ÿ , Guthrie. ouvelle géogra= Gregorio. Dictionario. ele Le atlas minéralogique dé. la| tonico Antigsario. “LS ARS France ; ete, + 118 Te RERO AA LE Botanique. | : Mythologie. Eu Desfontaines. Fiore du Mont- F. Schlichtegroll. Choix \dést Re a 6 es k à 120] Rene Lt de Lente a ne nn D ANT LS k (N* 22.) 1": Germinal an 7. | … ENCYCLOPÉDIQUE, Rens | JOURNAL DES SCIENCES, | DES LETTRES sr DES ARTS, APE .. ‘Par À. L. MILLIN. AVIS DES ÉDITEU 1 Le prix de sé Journal est fixé: à 9 ftanes pour trois mois , | 18 francs pour six mois, 4 Se 2 nos Dont UR 82H40 2" 2 tant pour Paris que pour les Départemens jé frane de port, 1 Ox pent s’adresser au Bureau du Journal peur se pra __ | eurer tous les Livres qui paroissent en France et chez F4 l'étranger , et pour tout ce qui concerne la Librairie an- ! sienne et moderpe, ; ed PNR ARR ne ES C: Journal ; auquel la plupart des hommes qui ont _ unnñom distingué, une réputation justement acquise * : dansquelque partie desarts ou dessciences, telsque les Rue veitoyens DAUBENTON , DoLomieu, DESGENETTES » + SILVESTRE DE Sacx, Fou RCROY, HALLÉ, HERMANN, . ScuwrionÆuser, LACÉPÈDE, L'ANGLÈS, LALANDE, + LAGRANGE , Leprun ,; Marron , MENTELLE , . Banerh-Dupocace, MorgLzer , Noëz y OBERLIN, CHaRDoN-LA-RoCHETTE, CAILLARD, SAINT-LÉGER, Vax-Mons, TRAULLÉ , LÉV&ILLÉ, COUSIN, CUVLES; | de _ Tome VI. (4°. An.) Grorrroy,VENTENAT, CAvVANILLES, Usrenr, Boxte t16ER,Vrsconrr, ViLLorson etc. etc. ont fourni des Mémoires, contient l’extrait des principaux ouvrages nationaux: on s'attache surtout à en donner une anat lyse exacté, et à la faire paroître le-plus prompteinent possible après leur publication.On'y donne une notice : des meilleurs écrits imprimés chez l'étranger. On y insère les mémoires les plus intéressans sur toutes les parties des artset des sciences : on choi- sit sur-tout ceux qui sont propres à en accélérer les progrès. A ge | Cn y publie les découvertes ingénieuses , les iaven- - tions utiles dans tous les genres. On y rend compte dés expériences nouvelles. On y donne un précis de ce que les séances des sociétés. littéraires ont offert de “. intéressant ;. une description. dé ce que les dépôts objets d’arts et des sciences renferment de plus curieux. A4 JA | On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages des Savans, des Littératéurs et des Artistes distingués dont on regrette la perte ; enfin , les nouvelles litté- gaires de toute espèce. | Ce Journal est composé de six volumes£in-892, par. an , de 600 payes chacun. Il paroît le premier de. chaque mois. La livraison est divisée en deux nu méros, de chacun 9 feuilles. On s’adresse, pour abonnement, à Paris, au Bureau du Magasin Encyclopédique, chez le C. Focus , Li- braire, rue. des: Mathurins, Hôtel Cluny, ARE PR NN ehezla-veuve Changuion et d’Hengst. À Ansterden Galile DS de À ruxelles , chez Lemaire, jee “as . Florence , chez Molini. | AR Es Ra ; chez Fleischer. | chez Manget, t ; À Genève, Patent : À Hambourg, chiez Hoffmann. ‘À Leipsic ebez Wolf. Heve À. Leyde ;; chez les-frères Murray: Vi OPA a * À Londres , chez de Boffe, gerard Street. # Strasbourg , chez Levrault, RAS À Vienne: en Dégen. ce 4 Wiesel, chez Geisler, Directeur dos Postes. * À] faut affranchir les lettres. TE __ ède GÉOMÉTRIE. Lerrre du citoyen VERKArEN, professeur dé Mathématiques , au rédacteur du Magasin encyclopédique , sur le Traité de Calcul dif- Jérenuel et de Calcul intégral, du cioyen Bo:sur, membre de l’Institut national des scuences et des arts , en 2 vol. in-8°. avec figures. De l'imprimerie de La République. À Paris, chez Firmin Didot, rue de Thionville. Ciroven, Les amateurs des sciences qui lisent votre Jours nal , et qui remarquent votre attention particu4 lière à faire conncître les livres de quelque impor: tance, sont surpris, Comme moi, que vous n’ayez pas encore annoncé le Traité de Calcut diffé: rentiel et de Calcul vntégral , que le citoyem Bossut a public , ii y a déja plusieurs mois: ous vrage très-i! portant ; l’un des plus beaux qui aient paru ‘sar l’analyse infinitésimale, Permettez - moi , Citoyen, de suppléer ici à votre silence, L’habitude où je suis d’enseigner'ce Traité à mes élèves, me rendra facile Pextrait abregé, mais suflisant, que jen vais donner. Plusieurs Journaux en ont parlé = aucun n’est entré dans les detaïls du plan et des objets qu’il contient, L'ouvrage s'ouvre par un discours prélim naire , dans lequel le citoyen Bossut expose rapidement , avec léloquence du grand écrivain , et le savoie Tome VI, K 146 Géométrie. du profond géomètre, les principales découvertes qui se sont faites dans l’analyse infinitésimale, de- puis Leibnitz et Newton , ses premiers inventeurs, jusqu’à nos jours. Ge précis historique met le sceau à la réputation que l’auteur s’étoit déjà acquise dans le même genre, par les préfaces de ses difs férens ouvrages, le discours impimé à la tête du Pascal en cinq volumes , et celui qui précède le dictionnaire des mathématiques de l’ Encyclopédie méthodique. Il commence par un éloge brillant et vrai des nouveaux calculs. « De toutes les découvertes, dit » le citoyen Bossut, qui honorent Pesprit humain, » l’analyse des infiniment petits ou la méthode des » fluxions, est peut-être la plus remarquable , soit » par le caractère de l’iuvention , soit par la va- >» riété et l'importance de ses usages. Presqu’à sa » naissance elle imprime à la géoméirie , et de » proche en proche aux autres parties des mathé- » matiques, un mouvement qui s'accélère avec ra- » pidité, à mesure que Part se perfectionne, Des » problèmes rébelles ou étrangers aux anciennes » méthodes , se soumettent sans résistance à la nou- » veile analyse. La généralité et l’uniformité des » moyens rapprochent sous un même point de vue » des thévries qui paroissoient isolés et indépen- » dantes les unes des autres. Un édifice régulier et » magnifique s'élève sur une base solide qui en » maintient toutes les parties dans une juste pro- » portion et un parfait équilibre. Si les deux plus grands géomètres de l'antiquité, Archimède et 1% Calcul différentiel te intégral. 147 Apollonius, pouvoient revivre, ils seroient eux= mêmes frappés d’étonnement et d’admiration , en contemplant les progrès, que les sciences. exactes ont faits. depuis leur temps. jusqu’au nôtre ; à travers des siècles barbares qui ont tant de fois > interrompu la marche du génie, » À ce tableau général L: citoyen Bossut fait suc< cèder l’histoire abrégée de la science même : on y voit passer en revue une multitude de méthodes > VAS AIÈLTE 2 et d’applications qui accroissent son,domaine par degrés. Tous ces objets sout enchainés, dévelop- pés et présentés ayec un artel un intérêt qui fixent l'attention du lecteur, et qui font éprouver un ex- trême plaisir, pour peu qu’on ail le goût des sciene ces ou même simplement celui de l’érudition. Je me contenterai de citer ;en exemple , le compte que l’auteur rend de la dispute des frères Bernoulli sur le fameux problème des isopérimètres , et de celle qui s'éleva entre Leibnitz et Newton, ou plu- tôt enire l’Allemagne et Angleterre , sur les droits respectifs de ces deux grands hommes à l’invention de la nouvelle analyse. En exposant tant de belles recherches , le citoyen Bossut n’a pu dissimuler Paigreur et même les emportemens que les passions humaines ont souvent mêlés dans les prétentions ré. ciproques des auteurs : mais il sait couvrir avec un soin ingénieux ces foiblesses sous le voile imposant des découvertes imporiantes qui ont été queiquefois le fruit des plus vives altercations , et qui deivent les -faire oublier. Par-tout il inspire , comme un journaliste l’a déjà remarqué , l’amour des sciences A K 2 148 Géométrie. ainsi que le respect et l’admiration pour les grands hommes qui en élèvent l’édifice. Je viéns au corps de l'ouvrage. Dans une intro- duction précise et claire, l: citoyen Bossut explis que les principes généraux du calcul aux diffé: rences finies. Il enseigne à prendre les différences finies d’une quantité ou fonction variable quelcon- que , algébrique ou transcendante ; ce qui forme le calcul dérect de ces différences : ensuite il vient aù calcul énverse ou à l’iutéoration d’un grand nombre de formules aux différences finies. Parmi les applications qu’il fait de ces théories ; on re- marque sa méthode pour summer les suites de sinus ou cosinus d’arcs en progression arithméti- que ; et qu’on peut appliquer à une infinité de problèmes curieux el utiles. Les géomètres distin- gueront aussi la théorie qu’il donne pour la some mation des suites récurrentes : théorie qu’on peut regarder comme nouvelle , et qui , par les différentes formes qu’elle permet de faire subir au terme gé- néral , a l’avantage particulier de soumettre à un seul et même principe tous les cas qui peuvent avoir lieu selon les différenies valeurs des coéfficiens qui entrent daus l’échelle de relation. - “Le calcul différentiel proprement dit, suit l’in- troduction. Ce calcul suppose que les différences deviennent infiniment petites: alors elles prennent le nom de différentielles. Gomme tout est rap- port dans la doctrine des mathématiques , le ci- ‘toyen Bossut considère ; avec le grand Euler, les différentielles comme des zéros absolus qui ont: Calcul différentiel et intégral. 149 entr’eux des rapports déterminables par l’état d’une question, C’est ainsi que , daus l’ana!yse ordinaire, on rencontre des fractions dont les numérateurs et les dénominateurs deviennent zéro en même temps ; et qui ont néanmoins des va'eurs assignables. Après ces notions générales et quelques conséquences qui en résultent , l’auteur expose en neuf chapitres la partie technique et les applications du calcul diffé- rentiel, Dans le premier , il donne des règles pour trou- ver les différentielles de tous les ordres , d’une fonc- tion ou équation quelconque , quelles que soient les quantités algébriques , exponentielles , circulaires , dont elle est composée, Les exemples sont choisis ayec soin, et de nature à prévenir toutes les diff- cultés dans l'application des règles générales. L’au- teur a rassemblé sous un même point de vue toutes les formules différentielles entre les arcs de cercle , les sinus, les cosinus , les tangentes, etc : formu'es qui reviennent très-souvent dans la pratique de l’analyse infinitésimale, Le second chapitre contient des notions sur les lignes courbes, pour servir de préparations à di- vers usages du calcul différentiel dans la géomètrie. On y trouve les principales propriétés de quelques courbes célèbres, anciennes ou modernes ; la théorie générale des surfaces courbes ; et des courbes à double courbure ; la méthcde pour reconnoître en ‘quel cas la rencontre de deux surfaces courbes peut former une courbe plane ordinaire , etc. Dans le chapitre troisième , l’auteur explique K3 ‘x5o _ Géométrie. | l’usage du calcul différentiel pour trouver les tan- gentes des lignes courbes. Il donne , par rapport aux surfaces courbes et aux courbes à double cour- bure , plusieurs problèmes curieux. Le chapitre quatrième contient le dénouement de la difficulté que j’on rencontre , lorsque, dans cer- tains cas , le numérateur et le dénominateur de la fraction qui represente une soutangente, devien- nent zéro en même temps. Däns le chapitre cinquième, le citoyen Bossut explique la thorie des marima et des minima dans lés ligres couibes, Cetie théorie est de la plus grande utilité dans toutes le: parties des mathéma- tiques, et principalement dans la mécanique , lorse qu’il s’agit de déterminer les plus grands effets des mach nes. L'auteur joint aux préceptes gnéraux, des applications qui conduisent souvent à des résultats très-curieux. Par exemple , après avoir douné la manière de déterminer parmi toutes les ellipses qui passent par quatre points donnés , celle qui a la moindre surface , et celle qui approche le plus du cercle, il trouve qué, de toutes Les ellipses qui passent par les guatrè angles d’un trapeze , ‘la plus approchante du cercle est celle qui à& deux diamètres conjugués ésaux , dont l’un passe par les milieux des deux côtés paralièles du trapeze, et l’autre leur est parallète. Le chapitre sixième , faisant suite au précédent, ‘contient des remarques et des éclaircissemens sur la méthode de maximis et munimus. L'auteur y “explique les caraëtères généraux pour reconnoître \ Calcul di épéréntièl et intégral. 151 si une formule qu’on suppose devoir donner un mäxzimum où un mentmum, le donne en effet, ou si elle ne donne ni l’un ni autre. Le chapitre septième est l'application du calcul différentiel à la recherche des points d’inflexion et de rebroussement qui peuvent exister dans les lignes courbes, Le chapitre huitième contient la détermination des rayons de courbure des lignes courbes. Cette théorie curieuse et utile est développée avec tout le soin qu’elle mérite, et éclaircie par des exem- ples variés et choisis. Enfin dans le chapitre neuvième, l’auteur donne les principes pour déterminer la courbure des sur- faces courbes. Ceite courbure se cannoiît par les rayons osculateurs des courbes que lon forme en coupant la surface courbe par des plans ‘qui pas- sent par une même ligne droite qui lui est perpen- diculaire , et puis choisissant , parmi toutes les cour- bes de section , celle dont le rayon de courbure est un MATIMUM Où Un minimum ; ce qui donne lieu à deux problèmes généraux dont on trouve ici la solution. Le Traité du calcul intégral est divisé en trois parties, À La première a pour objet l'intégration des for- mules différentielles du premier ordre , où il n’entre qu’une seule variable ; c’est ce qu’on appelle en gé= péral le problème des quadratures. Elle. est di- visée en quinze chapitres. Dans le premier , le citoyen Bossut explique d'a K 4 352 Géométrie. bord la règle fondamentale de tout le calcul inté< gral. Il y a un cas particulier et remarquable oh cette règle paroît ne rien donner ; c’est celui ou la wariable a pour exposant l’unité négative. Tous les auteurs de calcul intégral avoient dit jusqu’ici qu’a- Jors elle étoit en défaut , et ils avoient eu recours à un second principe pour déterminer l'intégrale. Le citoyen Bossut a fait disparoître cette espèce de paradoxe, Il transforme l’expression générale de l’in- tégrale en une série, dont le premier terme donne la valeur intégrale dans le cas que l’on regar- doit comme lexception de la règle. On voit par- là qu’elle n’est jamais en défaut, et qu’elle avoit seulement besoin de ce supplément ou de cette extension ; ce qui, indépendamment de plusieurs autres avantages, répand une clarté nouvelle et né- cessaire à l'entrée du calcul intégral. Le reste de ce chapitre est employé à expliquer plusieurs artifices très-inzénieux de calcul, dont la plupart appar= tiennent à l’auteur, et dont l’objet est de rappeler l’intévration de diverses formules à la règle géné- aie, on à son supplément, ou à d'autres intégrales plus simples. : Dans le chapitre second , l'auteur considère les expressions différentiel'es qui s’intègrent en totalité ou en partie, soit exactement, soit par la quadra- ‘ture des sections coniques. Les nombreux problèmes qu’il se propose et les moyens qu'il employe pour les résoudre , trouvent de fréquentes applications dans toutes les branches des mathématiques. - Le chapiire troisième traite de Pivtégration des _ Calcul différentiel et intégral. 153 formules exponentielles et logarithmiques. ‘Un prin- cipe du plus grand usage dans tout le calcul inté- gral, celui des entégrations par parties , est ici expliqué et appliqué à une foule de problèmes cu- rieux et utiles concernant les formules proposées, L'intégration des formules différentielles angulai- res fait l’objet du chapitre quatrième , où l’on trou- vera une théorie complète pour intégrer les expr's- sions qui renferment la différentielle de langle, et les puissances des sinus ou cosinus séparés ou mêiés ensemble d’unz manière quelconque, Le chapiire cinquième est une introduction au calcu! intégral des fractions rationnelles, Cette pré- paration au chapitre suivant contient les principes pour la décomposition des polynomes rationels en facteurs siniples , d’une dimension , lorsque ces facteurs sont réels, ou en facteurs trinomes , où la Variable a deux dimensions , lorsque les facteurs simples sont imaginaires. Dans le chapitre sixième, l’auteur apprend à intégrer les fractions rationelles , de quelque ma- pière que les facteurs simples ou trinomes puissent y entrer et s’y combiner ensemble. Les exemples choi- sis qu’il employe, et la clarté avec laquelle il les intègre, ne laissent aucune difficulté sur cette impor- tante branckie de l’analyse. Dans le chapitre septième, il donne des moyens pour réduire diverses formules radicales en frac- tions rationelles ; ce qui rappelle aux méthodes d'intégration du chapitre précédent, plusieurs ex- 154 Géométrie. | Le pressions diflérentielles radicales compliquées, qui sans cela seroient souvent intraitables. Dans le chapitre huitième , le citoyen Bossut donne plusieurs formules différentielles, très - sim= ples et très-commodes pour la reciification des sec- tions coniques. En rappelaut à ces formules les expressions diffxentielles qui en sont susceptibles , par la voie des t:ansformations et des intégrations par parles, on s’euvre la voie à un nouveau champ de prob èmes qui peuvent être comparés à ceux qui se réso vent par les quadratures des sections coni- ques ; car on verra dans la suite que l’auteur donne des séries très- convergentes pour calculer la lon- gueur de Peilipse et de Phyperbole. Quant à la päriboie , sa rectification dépend des logarithmes. L’obj:t qu'on vient d'indiquer est rempli dans le chapiire neuvième. Le citoyen Bossut donne en doize problèmes toutes les méthodes nécessaires pour reconnoître les formules différentielles qui ont les conditions requises pour qu’on en puisse rappeler. les intégrales à la rectification de l’ellipse ou de l’hyperbole. Il fait voir de plus dans le neuvième problème, que la rectification de l’hyperbole dé- pend de ceile de l’ellips: ; ce qui resserre encore la question. | Dans le chapitre dixième , il apprend à com- paies des arcs d’une même section conique. Il dé- termine deux arcs de parabole qui soient entr’eux dns un rapport donné , deux arcs de la même courbe dont la somme ou la différence soit une - Calcul différentiel et intégral, 155 quantité algébrique ', deux arcs d’ellipse ou &’hy- perbole dont la différence soit une quantité alvé- brique : de-là résultent plusieurs théorêmes curieux. Le chapitre onzième a pour objet les intégra- tions entre des limites données, et la comparaison de certaines intégrales pour des intervalles aussi dé- terminés. Les problèmes que lauteur a choisis ont de fréquentes applications dans l’analyse , et donnent lieu à des théorêmes remarquables -par leur élé- gance et leur simplicité. Dans les chapitres douze et treize, le citoyen Bossut donne des méthodes générales pour intégrer par approximatien les formules qui ne peuvent l’être en rigueur ; Ce qui n'arrive que trop souvent dans la pratique de l’änalyse. Entr’autres moyens cu- rieux qu’il propose pour cet objet , on remarquera Pusage ingénieux et neuf qu’il fait de la méthoce des différences infinies pour déterminer des courbes dont l’aire donne d’une manière très-approchée les intégrales dont on a besoin. Le chapitre quatorze contient des méthodes par- ticulières d’approximation pour la rectification de lellipse et de lhyperbole. L'auteur considere les deux cas extrêmes de l’ellipse, l’un, lorsque lel- ‘lipse diffère peu du cercle ; l’autre , lorsqu’elle dif- fère peu de la ligne droite : il donne des formu- les très-convergentes pour ces deux cas , entre les- quels sont compris tous les autres. Les mêmes mé- thodes sont applicables à l’hyperbole. * Enfin dans le chapitre quinze, le citoyen Bossut traite des intégrations redoublées, c’est-à-dire , de 156 Géométrie, l'intégration des formules différentielles qui ren- ferment des facteurs affectés de signes d’intégra- tion. Cette théorie s’applique à une infinité de pro- blèmes , comme à la quadrature des surfaces cour- bes, à la cubature des solides, à la recherche des centres d’oscillation ou de percussion, etc. L’auteur ne laisse rien à désirer sur cette importante bran- che du calcul intégral. La manière dout il par- vient à démontrer la formule pour les quadratures, en passant du fini à linfiniment petit , est nou- velle et d’une extrême simplicité , quoique le sujet paroisse d’abord un peu compliqué, Des exemples curieux et utiles font sentir complétement l’esprit et l’usage des méthodes. La seconde partie de ce Traité a pour objet gé- néral l’intégration des formules et équations diffé- rentelles de tous les ordres. L'auteur entre en matière par une introduction, dans laquelle il établit les principes généraux pour l'intégration des formules diffsrentielles de tous les ordres. Il examine les conditions qui doivent avoir lieu pour que l’intégration d’une formule qui ne contient qu’une seule variable , puisse réussir, La supposition d’une certaine différentielle constante, produit des simplifications qu’il fait remarquer. En- suite il passe aux formules différentielles à plusieurs variables , qu’il traite d’abord sans supposer aucune différentielle constante, puis en considérant comme constante une certaine différentielle, afin de sim- plifier le caleul, Calcul différentiel et intégral. 15 * Lereste, ou le corps proprement dit de cette partie, est divisé en trois sections, et chaque section est subdivisée en chapitres. La première section | qui traite de lintégration , des équations différentielles du premier ordre , est composée de dix chapitres. Dans le premier, l’auteur expose des méthodes particulières pour l’intégration de p'usieurs équations diflérentielles du premier ordre à deux Variables, I! fitdes remarques générales, utiles et nécessaires sur les constantes qu’il faut ajouter Pour compléter les intégrales. Ea donnant des valeurs particulières à ces constantes , on a toutes les intégrales incom= plètes que la question comporte. II y a quelquefois d’autres intégrales qu’on appelle sntégrales partie culières , dont il sera parlé dans la suite. Le chapitre second roule sur Pintégration des équa - tions différentielles du premier ordre, à deux va= riables, par la séparation des indéterminées. Ce sujet, de la plus haute importance , est traité avec tout le soin possible. L'auteur donne tousles problèmes généraux connus , où les indéterminées sont sépa- rables. Il examine les cas où la célèbre équation, qu’on appelle ordinairement léquation de Riccati ; peut être rappelée à cet état de séparation, soit immédiatement , soit par les changemens de forme qu’on peut lui faire subir, Le chapitre troisième , qui est une suite du pré. cédent , contient les solutions de plusieurs problèmes choisis de telle manière qu’ils fournissent au citoyen Bossut des équations où il emploie plusieurs moyens 155 | Géométrie. -pouveaux et qui lui appartiennent en propre, pour séparer les indéterminées dans les équations diffé rentielles. Tous ces calculs portent le caractère de. la plus grande sagacité et de la plus profonde science analytique. Si on en médite bien l'esprit et le dés veloppement, on ne pourra manquer d'en retirer les plus grands avantages. Dans le chapitre quatrième, l’auteur traite de certaines équations séparées , dont les deux membres n'étant pas intégrables en particulier , forment néan= moins, par leur réunion , un tout intégrable. I! dé- veloppe avec toute la clarté possible cette belle théorie qu’on doit aux célèbres Jean Bernoulli , Euler et Lagrange : elle forme un supplément né- cessaire à l’intégration par la. séparation des indé- terminées : quoiqu’elle ait été déjà portée très-loin, on y fera peut-être, avec le temps, de nouveaux progres. | | Les préparations à de nouveaux moyens d’inté- grätion , et les caractères d’intégrabilité des formules différentielles du premier ordre, à un nombre quel-. conque de variables, forment l’objet du chapitre cinquième. On y trouve plusieurs théorêmes géné- raux , d’après lesquels.on reconnoîtra les cas où une équation diflérentielle à deux ou à un plus grand nombre de variables, sera ou pourra devenir in- tégrable exactement ; ou constructible au moyen des quadratures des courbes. Le chapitre sixième contient l’usage de la théorie précédent:, pour l’intégration des équations diffé- rentielles du premier ordre, à deux variables. Après . Calcul différentiel et intégral. 159 avoir intégré les équations différentielles complètes, l’auteur passe à l’examen de celles qui ne le sont pas, et il enceigne la manitre dont il faut procéier à la recherche des facteurs qui peuvent les rendre telles. Des exemples curieux éclaircissent celte ma- tière importante. Quelquefois,,au lieu de chercher le facteur qui peut reudre intégrable une équation qui ne l’est pas immédiatement , il est plus commode de former et de classer les équations qi sont in‘ésrable:, au moyen d’un multiplicateur de forme donnée : par-là on obiient de nombreuses tables d'équations intégrables. Tel est le sujet qui est traité dansle chapitre septième. Le chapitre huitième a pour objet l’intégration des équations différentielles du premier ordre à trois variables. Le citoyen Bossut démontre à quelle équa- tion de, condition. une équation incomplète à trois variables , doit satisfaire pour qu’elle ait une inté- grale. Cette théorie s'étend aux équations à plus de trois variables. Dans le chapitre neuvième, le C. Bossut enseigne à réduire certaines équations où les différentielles sont élevées à des puissances entières autres que l'unité, ou mulipliées les unes par les autres : cette réduction consiste dans le changement de formes que l’on peut faire subir aux équations dont il s’agit, pour en rappeler l’intégration aux méthodes précédentes, Dans le chapitre dixième, l’auteur donne des méthodes, trés-simples ei très-commodes pour inté- grer, par approximatum , les équatious diflérentiéèlles du premier ordre à deux variables. 160 Géométrie. | La seconde section , où l’auteur troite de l’inté- gration des équations différentielles qui passent le premier ordre, est divisee en sépt chapitres. Le chapitre premier contient les préparations et les méthodes pour compléter les équations différéntio- différentielles. à | Dans le chapitre second, le citoyen Bossut applique les méthod:s précédentes à plusieurs équations, dont quelques-unes sont fort co:1 pliquées. Ti emploie divers artifices de calcul très-irgénieux et du plus grand usage. Le chapitre troisième, qui est une suite du prés cédent , est spécialeme: t consacré à l’intégration de plusieurs espèces d'équations différentielles du second ordre à deux variables, | Dans le chapitre quatrième , l’auteur intègre plu- sieurs équations différentielles particulières de 1ous les ordres ; ce qui ouvre en même teinps la voie pour d’autres problèmes. _ Le chapitre cinquième contient l'intégration de certaines équations différentielles de tous les ordres, du plus grand usage , lesquelles forment des classes généräles dans leur espèce. On trouve dans le chapitre sixième , la recherche de toutes les intégrales que comporte une équation différentielle à deux variables, à raison de l’ordre auquel elle appartient. Le citoyen Bossut fait voir qu’une équation différentielle du second ordre a deux intégrales au premier ; qu’une équation diffé- rentielle du troisième ordre a trois intégrales au second ; ainsi de suite. Il donne plusieurs exemples très-curieux Calcul différentiel et intégral. 161 très-curieux et très-instructifs pour le second ordre ; il fait, connoître l’usage des deux intégrales au pre- mier ordre. Dans le chapitre septième , il montre l’usage des séries pour l’intégration approchée des équations différentielles des ordres supérieurs au premier : sup- plément nécessaire au défaut des méthodes ri- goureuses. La troisième section comprend quelques théories particulières et en quelque sorte isolées, sur l’in- tégration des équations différentielles de tous les ordres. Elle est divisée en trois chapitres. Dans le premier, l’auteur intègre certains systèmes d’équations différentielles de tous les ordres, par une méthode particulière, qui consiste à multiplier les équations par un facteur indéterminé , à ajouter en- semble les produits , et à partager ensuite l'équation résultante en équations intégrables. _ Dans le chapitre second , il enseigne à représenter plusieurs classes de séries par des équations diffés rentielles de divers ordres. On voit qu’en général ce problème est l’inversede celui par lequel étant donnée une équation différentielle, on trouve lin- tégrale par les séries. Le chapitre troisième contient la théorie des 424 tégrales particulières , qui forme aujourd’hui une branche très-étendue et très-importante du calcul intégral pour tous les ordres. Plusieurs géomètres ont traité cette théorie. Le citoyen Bossut a principale- ment suivi la méthode du célèbre Lagrange , comme la plus lumineuse et la plus complète, Après avoir dé- Tome FI. | L 163 “Géométrie. montré qu’outre les intégrales complètes ou incom- plètes, dont les équations d’un ordre quelconque peuvent être susceptibles, il existe ercore des solu- tions particulières qui n’y sont point comprises, et qu’on appelle éntégrales particulières, le citoyen Bossut résoud des problèmes qui mènent à des équa- tions diflérentielles , où l’on rencontre des intégrales particulières, En général, lorsqu’on est conduit im- médiatment à une équation différentielle du pre- mier ordre, les intégrales particulières de cette équation ( si elle en a ) résolvent le problème, tout comme l’intégrale.complète, ou une intégrale’in- complète ; mais il peut arriver que l’équation diffé- rentielle du premier ordre provienne d’une équalion différentielle d’un ordre supérieur , laquelle, par des intégrations successives, a été rappelée finale, ment à une équation du premier ordre. Alors il existe des conditions pour que les intégrales parti- culières de cette dernière équation satisfassent à l’équa, tion primitive , et soient par conséquent admissibles. Le citoyen Bos:ut examiue ces conditions : il ter- mine ce chapitre par des considérations sur les in* tégrales particulières et propres des équations des degrés supérieurs an premier. | La troisième partie de ce Traité contient les prin- cipes du calcul intégral aux différences partielles. Dans une courte introduction, le citoyen Bossut donne quelques définitions et quelques notions gé- nérales pour l'intelligence de la suite. Ii divise en- suite son sujet en deux sections. La première traite de l’intégration des équations - Calcul différentiel et intégral, : x63 aux différences partielles du premièr ordre s elle est divisée en deux chapitres. Dans le premier, le citoyen Bossut intègre, par des moyens particuliers, un grand nombre d’équa- tions aux différences partielles /enéaires où non- linéaires ; ce qui raène à des résultats simples et commodes, mais dénués de l'avantage d’être assu- jettis à une même solution générale, Le chpitre second contient une méthode géné- rale pour rappeler l'intégration des équations aux différences partielles du premier ordre à l’intégration des équations ordinaires, quel que soit le nombre des variables. Cette méthode est due au céièbre Lagrange, qui n’avoit d’abord considéré que les équa- tions linéaires; mais elle s’étend aussi aux équations non linéaires. Le citoyen Bossut fait voir que l’inté gration d’une équation aux différences partielles-du premier ordre , à trois variables, '1on-linéaire , dépend de Pintégration d’une équation linéaire , aux différences partielles du premier ordre , à quatre variables ; que l’intégration d’une équation aux diffé- rences partielles à quatre variables, non-linéaire , dépend de lintégration d’une équation {cnéaure , aux différences partielles à cinq variables ; ainsi de suite. La seconde section, où l’auteur traite de l’intégra- tion des équations aux différences partielles d’un ordre supérieur au premier, est divisée en quatre chapitres. . Le premier contient l'intégration de plusieurs équa- L 2 164 = Géométrie. _tians particulières et de différentes espèces , aux diffé- rences partielles du second ordre, Dansle chapitre second, Pauteur intègreles équations aux différences partielles du second ordre, relatives aux problèmes des cordes vibrantes, de la propa- gation du son, etc. Il détermine d’abord l’équation qui représente le mouvement d’une corde vibrante, nou seulement pour le cas où la corde est uniforme dans sa grosseur, mais encore pour le cas où la grosscur de la corde est variable, suivant une loi \ donnée. Ensuite 1l intègre cette équation, pour le premier cas, de troïs manières différentes, où l’on trouvera une ample matière à instruction, Dans un autre problème , il intègre une équation beaucoup plus générale , qui comprend des cas où la grosseur de la corde est variable , et des problèmes relatifs à la propagation du son. Le chapitre troisième apprend à intégrer plusieurs sortes d'équations aux différences partielles de tous les ordres supérieurs au premier. Enfin , dans le chapitre quatrième, l’auteur expose descon:sidérations utiles sur les intégrales particulières, que comportent certaines, équations aux différences partielles de tous les ordres, Teiles sont les matières que le citoyen Bossut a comprises sous le titre général de Traité de calcul différentiel ei de calcul intégral : à quoi il a ajouté, pour complèter cet ouvrage, un Traité succint et clair de la méthode des varcations etde ses usages pour la solution des problèmes de maximis et minimis. "r? Calcul différentiel et intégral. 165 Des cinq chapitres dont ce Traité des v#riations est composé , les deux premiers contiennent la partie technique du ca!cul ; dans le troisième , l’auteur appli- que ce calcul à plusieurs problèmes célèbres et difficiles de maxümis et minimis ; dans le qua- trième , il expose la manière dont le citoyen La- grange, inventeur du calcul des variations, l’a présenté dans le tome IV des Mémoires de l’Aca- démuie de Turin ; dans le cinquième, il assigne Îles caractères pour reconnoître si une formule intégrale indéfinie renferme des maxima ou des minima , et pour distinguer les uns d’avec les autres, Le citoyen Bossut résoud dans un appendice plusieurs problèmes importans et difficiles , qui for- ment des objets détachés, et qui n’auroient pu trouver commodément une place dans le corps du calcul intégral, sans déranger un peu l’équilibre de ses parties. Cet appendice est divisé en trois paragraphes, dont le premier contient la détermination de la sur- face des triangles sphérique: , formés en totalité ou e n partie par de grands arcs ou de petits arcs de la sphère. On .savoit, et il avoit démontré lui-même dans sa géométrie, que la surface d’un triangle sphérique , formé par trois grands arcs, est égale au produit du rayon de la sphère ‘par lPexcès de la somme de ses trois angles sur 180 degrés. Le ci- toyen Bossut, après avoir remarqué qu'un pareil . triangle peut toujours être décomposé en deux triangles rectangles , démontre ici un nouveau théo- rême très-élégant | auquel on peut rappeler le précédent ; savoir, que la surface d’un triangle L 3 166 Géométrie. sphérique, qui est supposé avoir au moins un angle droit , est égale au rayon de la sphère, mul- tiplié par ia différence entre Parc qui mesure l’un des deux aufres angles , et l’arc qui a pour sinus” _ une quatrième proportionnelle au rayon , au sinus de l’arc dont on vient de parler, et au cosinus du côté adjacent à ce même angle et à langle droit supposé. La man'ère dont il détermine la sur- face des triangles sphériques, où il entre de petits arcs, est entièrement nouvelle, et remarquable par sa simplicité. Le second paragraphe contient plusieursproblèmes sur la mesure du corps mixte, formé par la péné- ‘tration mutuelle d’un cylindre et d’une sfhère. Je me contenterai de citer ici un très-beau théorême qui en résulte ,et qui est analogue à celui de Viviani pour la voûte quarrable, mais d’une recherche plus profonde, S5 l’on perce une sphère perpendicu- lairement au plan de l’un de ses grands cercles , par deux cylindres droits ; en forme de tarières , dont les axes passent par les milieux des deux rayons que composent un diamètre de ce grand cercle , Les deux portions qu’on enlèvera par-là du solide entier de La sphère , laisseront un reste qui est égal aux deux neuvièmes du cube du diamètre de La sphère. Dans le troisième paragraphe, le citoyen Bossut donue une théorie complète des surfaces gauches, et tout cé qui est nécessaire pour déterminer ces surfaces , ainsi que les solidités des corps qu’elles ) couvrent. . Calcul'différentiel et intégral. 167 Vous voyez, citoyen, par cette exposition®abré= gée, combien l’ouvrage du citoyen Bossut mérite lPattention des géomètres, et principalement d’être suivi et médité par les jeunes gens studieux qui, étant déjà versés dans l'analyse ordinaire | veulent s'élever à la géométrie et à la méchanique transcendantes. . L'auteur , exercé à l’art d'écrire, et accoutumé à prései ter ses idées dans l’ordre le plus simple et lg plus méthodique , a su renfermer dans un espace de moyenne étendue, toutes les connoissances né- cessaires pour entendre les plus profonds oûvrages du temps. De plus, il donne une foule de méthodes et de problèmes qu’on chercheroit vainement ailleurs, Ce qui rend la plupart des livres trop volumineux, c'est que leurs auteurs , ou ne savent pas resserrer un sujet, faute de lavoir assez médité, ou sont dépourvus de cet esprit de discernement et de com- binaison qui, meitant chaque chose à sa véritable place , évite une foule de répétitions formelles ou implicites. 208 Ce nouvel ouvrage du citoyen Bossut a un der- nier avantage ; celui de former une suite nécessaire aux Traités d’arithmétique , de géométrie, d’algèbre, de Papplication de l’algèbre à la géométrie, de mécanique et d’hydrodinamique , qu’il a déjà donnés, et dont le public connoît le mérite. Salut et fraternité. VERKAVEN, mis de mathématiques. L 4 PU Ve LUNA Hrsrorre naturelle abrégée du Ciel, de l’ Air et de La Terre ; où Notions de Physique générale ; par PrrciserT. Chez Fuchs, libraire, rue des Maïthurins , hôtel de Cluny. An”, r vol. in-8°. » N Cesr ici un ouvrage élémentaire , un précis des sciences physiques, dans lequel Pauteur a rassemblé les observations les plus constatées , les découvertes les plus récentes sur le système du monde. C'est un coup-d’œil jeté rapidement sur la nature ; c’est V’abrégé du grand édifice de lPéternel Architecte, dont la connoissance rap proche naturellement l’home me, qui est lui-même une des productions les plus étonnantes de la création, de ce moteur de l’exis- tence de lPunivers et de fui- ième. Sa première idée fut de le reconnoître dans tout ce qui lenvironnoit ; son premier mouvement fut l’expression de la réconnoissance. S'il lève les yeux , quel vaste spectacle que cet ordre admirable qui fait rouler dans l’immensité des cieux cette multitude de glo- bes asservis à des lois qu’ils ne peuvent enfreindre ! S'il regarde .autour de lui ; queile étonnante varitté d'objets livrés à sa curiosité ou destinés à sou utilité! Depuis ce soleil, qui ranime chaque jour l’univers, jusqu’à cet insecte qui vit et meurt en un instant, tout est prodige, tout porte l’em- preinte d’un souverain maître existant par lui-même, et à qui tout doit l’existence : et ce seroit le hasard qui auroit produit toutes ces combinaisons merveil- xÇ Histoire du ciel. 169 leuses! Je le demande à cet astronome qui se pro- mène sans cesse au milieu de ces astres, qui rar leurs mouvemens régulateurs, lui disent que leur obéissance n’est due qu’a une impulsion dominatrice 3 je le demande à ce médecin qui a tous les Jours les yeux sur le plus étonnant des phénomènes ter- restres, l’homme : peut-il croire que ce soit par un accord fortuit dela matière, que toutes les parties de cet ensemble se meuvent, se rapprochent, se balancent, se coordonnent , s’equilibrent, et produisent la volonté , la pensée et le sentiment. Non, il faut dire avec Leibnitz et le citoyen Philibert , il nya qu’un être nécessaire et sans bornes en qui réside la raison suffisante de tout ce qui est de lui-même ; il n’y a qu’un dieu. On en trouve des preuves dans le: moindre pa- ragraphe de ce volume. Le ciel est le premier ob- jet que l’auteur se propose de parcourir, el où il est le moins facile de le suivre, parce que c’est avec des planches qu’il remplit la tâche qu’il s’est prescrite : elles étoient nécessaires pour favorier la précision qu’il s’est imposée. Le système planétaire, par lequel Pauteur commence, est précédé d’un chapitre sur la grav tation universelle, dont Newton fit la décou- verte d’après les lois de la pesanteur; par elle la marche des corps c‘lestes est démontrée, Sur la question , si la force de la gravitation est la nême dans tous les points de la terre , et sile même corps a le même poids dans tous les lieux , l’expérience répond que le même corps pèse moins sous l'équateur qu'aux pôles; que par conséquent sa chute est moins rapide sous l'équateur que, sous les lieux voisins des : 170 Physique. pôles : or, la terre est une sphère aplatie, dont la plus grande élévation est sous l’équateur , et la moin- dre sons les pôles : si donc les corps pèsent moins sous l'équateur , c’est parce qu’ils sont éloignés du centre : l’action de la gravitation diminue donc+en raison de Péloigement du centre d’activité de cette force. Après ce préliminaire, qui sert de base à tous les mouvemens des corps célestes, l’auteur les parcourt successivement. Le Soleil , comme de droit, joue le premier rôle : ses taches , ses facules et ses ombres sont expliquées dans un paragraphe. Mercure, Vénus, la Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Herschel et leurs satellites, en ont également un qui les fait connoître. Nous nous arrêterons un mo- ment sur cette Terre , dont le plus gran! nosnbre de ceux qui lhabitent ne soupconnent pas même le mouvement,et nous leur dirons qu’elle est la troisième dans l’ordre des planètes : sa distance moyenne du So'eil est de 23,984 demi diamètres ; son diamètre entier est environ la cent douzième partie de celui du Soleil ; elle tourne sur son axe dans l’espace de 23 heures 56 minutes, et fait sa révolution autour du Soleil en 365 jours 6 heures g minutes 12 secondes, c’est l’année sydérale. La durée de l’année vraie, de l’année solaire et du retour des saisons , est de 365 jours 3 heures 48 min. 48 s. Cette révolution autour du Soleil se fait dans un orbe qu’on nomme Pécliptique. L’axe de la terre n’est pas perpendi- culaire au plan de cet orbe ; il fait avec lui un angle de 66 degrés 32 minutes : de,là résulie l’obligquité de l’écliptique. Cette terre west pas exactement sphérique ; elle est aplatie vers les pôles. On a | Histoire du ciel. 171 trouvé que la distance du centre à l'équateur étoit de 3,273,148 toises, tandis que celle du centre aux pôles étoit de 3,262,237 toises. Le Cit. Philibert seroit psesque tenté de croire que les autres planètes sont également peuplées comme potre globe, et que leurs habitans ont quelque res” semblance avec nou, Cette opinion , qu’il est aussi facile de hasarder qu’il seroit diffitile d'appuyer, devient indiflérente, puisqu'heureusément elle ne dérange rien à l’organisation céleste ,et que d’ailleurs les distances rendroient les communications avec ces peuples bien peu praticables, Cent constellations tant boréales qu’australes font une partie essentielle de l’histoire du ciel, et sont décrites ici avec précision : celles qui sont successivement visibles à Paris , «ont représentées dans un planis- phère joint au volume. Dans un chapitre sur la ré- volution annuelle et diurne de la Terre, et des phé- pomènes qui en résultent, l’auteur explique le retour , les causes de la variété des saisons, l’inégalité des jours et des nuits, les phases de la lune , les éclipses. Ces divers articles renferment des élémens d’astro- nomie, suffisans pour ceux à qui la structure du ciel et des corps qui s’y balancent sont tout ce qu’ils en veulent conaoître. L'eau et l’air sont les deux fluides qui environnent la Terre. Le flux et le reflux, ou les marées, sout atiri- bués à l’attraction qu’exercent le Soleil et la Lune; mais l’influence de la Lune sur ce phénomène est à peu près triple de celle du Soleil, et elle doit cette supériorité d’attraction à sa proximité de la 172 Physique. Terre. Il y a, dans les marées, trois phénomènes principaux : le premier a lieu deux fois par jour ; Je second, deux fois par mois ; le troisième , deux fois par an Tous les jours, au passage de la Lune par le méridien, ou quelque temps après, on voit les eaux de POcéan s'élever sur le rivage ; à Saint-Malo, cette hauteur va jusqu’à 45 pieds et même plus, Les eaux se relirent ensulte péu à peu, et six heures après celte élévation , elles sont dans le plus grand abaissement ; elles remontent de nouveau lorsque la Lune passe par la partie opposée du même méridien ; ainsi la Aaute et basse mer ,le flot et le jusant s’observent deux fois le jour et retardent de 59 minutes et demie, plus ou moins, comme le passage de la June au méridien, Le deuxième phénomène consiste dans l’avgentation des marées, qui a lieu d’une manière sensible au temps des nouveiles et pleines lüses , sur-tout lorsque cette planète est dans son pé- rigée. Le troisième est le surcroît d’augmentation de marées à deux époques de l’année , qui sont , en Eu- rope, les équinoxes ; ce n’est pas à l’attraction seule qu’on doit atiribuer cette augmentation, mais aux vents du sud et de l’ouest , qui sont alors très-forts et qui refoulent les eaux sur nos côtes; aux marées des solstices , qui, étant plus gênées entre les conti- nens de l'Afrique et de l'Amérique , et plus res- serrées que celles de l’équinoxe, y sont par consé- quent plus sensibles sur nos côtes ; enfin , aux inéga- lités des marées des deux parties opposé s du globe dans les solstisces , dont l’une forte et l’autre foible, se coimpenseut mutuellement ; au lieu que dans le _ Histoire du ciel. 173 temps des équinoxes, il yen adeux à peu près égales, dont leffet total est plus sensible. L'application de ce phénomène à long-temps occupé les physiciens, sans leur présenter une solution satisfaisante ; nous dcsirons que celle-ci leur paroïsse plus vraiem= blable. Les paragraphes de l’eau , de l’atmosphère , de l'air, de leur nature , de leur élasticité , de leur com= position , terminent ce chapitre ; celui du feu et de la /umière v’est pas moins instructif, La nature du premier n’est encoré connue que par ses effets : le Soleil et la Lune «ont les seules sources de la lu- mière, dans notre système pianétaire. La /umière est à.sou tour la source de toutes les couleurs, L'auteur fait l’histoire des découvertes de Newton sur cette matière, et rapporte quelques-unes de ses expériences. . L’électricité et le magnétisme , deux fluides que quelques. physiciens ont cru être une seule et même chose , et dont les, propriétés sont cependant très- distinctes, occupent ur chapitre de l’ouvrage. Le fluide électrique est attiré par tousles corps connus, tandis que le fluide magnétique ne lest que par le fer. La matière élecirique existe audehors et au dedäns de tous les corps de la nature. L’air de notre atmosphère en est rempli : elle règne sur la Terre entière. C’est avec cet agent universel qu’on explique cette foule de phénomènes dont les causes n’avoient pu être connues jusqu’à nos jours, comme les éclairs, le tonnerre, l’'arc-en-ciel, les feux folets, le feu Saint-Elme , les étoules filantes , les globes de feu, la lumière xodiacale , les aurores bo #74 . Physique. réales,ete. Le citoyen Philibert donne dans autant de paragraphes , une explication claire et précise de la: nature et des effets de tous ces météores, qui ont étonné, effrayé si long-temps l’ignorance et servi la superstition. Le magnétisme est la force qu’a Paimant d'attirer le fer dans un sens et de le re- pousser dans un autre, Îl ÿ a deux sortes d’aimans; Paimant naturel, qui est une mine de fer brune ou uoirätre, qu'on trouve en grande masse daus l’inté- rieur de plusieurs montagnes en Sybérie, en Dalé- carlie, en Norwège, dans le Devonshire en An- gleterre. L’aimant artificiel est une lréunion de plu- sieurs lames d’acier , auxquelles on a communiqué la vertu magnétique avec un aimant naturel, èt qui produisent les mêmes effets. La suspension libre - d’une aiguille aimantée et sa direction ont fait re- connoîire les deux pôles boréal et austral de aimant, et lui ont donné cette propriété, qui a pour ainsi dire créé.la navigation en en éclairant les direc- tions et les progrès par linvention de la boussole, Gependant laiguille aimantée éprouve des variations dans ses mouvemens par l’effet des météores, des temps vrageux. Cés mouvemens, qu’on nomme dé. clinaisons , méritent l’attention assidue des naviga- teurs instruits: ils ont été l’objet des observations constantes: des saÿans compagnons du malheureux la Peyrouse, comme on peut s’en convaincre par la relation de son voyage, Quitious , avec l’aut-ur, ce ciel où tout ce qu’on aperçoit , offre tant “le sujets d'observations au physicien à tant de sources de méditation au philo Histoire du ciel. 175 sophe, tant de motifs de persuasion à l’homme de bonne foi, et parcourons cette Terre, ‘non moins faite pour occuper la réflexion de celui qui veut connoître l'habitation où il se trouve, et sur laquelle il passe avec tant de rapidité , poussé par tant de passions , amusé par tant d’espérances , séduit par tant d'erreurs, conduit au but de l’existence par tant de fausses routes. La constitution extérieure , la forme , la distribution et la matière de ce globe immense doivent d’abord l’occuper. Son premier aspect ne lui fait voir qu’une réunion informe de matières de toute espèce, une sorte de chaos, un amas de débris et de ruines; mais lorsqu’il consi- dère avec attention ces mers, ces montagnes , ces fleuves, ces vallées , ces plaines, ces générations d'hommes, d’animaux ; de plantes qui se renouvellent et se succèdent, alors il aperçoit un ordre constant, une liaison sensible dans toutes ses parties, un en- semble qui commande l’admiration , qui signale la puissance et l’imtelligence d’un être dominateur, « La surface de la terre peut être divisée , selon le citoyen Philibert, d’un pôle à l’autre , par deux bandes de terre et deux bandes de mer: la première et principale bande est l’ancien continent, dont la plus grande longueur se trouve en diagonale avec l’équa- teur, et qu'on doit mesurer, en conmencant au nord de la Tartarie la plus orientale, et terminer au Cap de Bonne-Espérance. Gette plus grande lon- gueur de ce Continent est d’environ 3,600 lieues : elle peut en être regardée comme le milieu ; car en mesurant l’étendue de la surface du terrain des 176 Physique. deux côtés de cette ligne , il y a dans la partie gauche 2,471 092 lieues quarrées, et dans la partie droite , 2,469 687. L’ancien continent peut donc être considéré comme une large bande de terre inclinée à l’équateur, d’environ 30 dégrés, dont la surface totale conti-nt 4,940,780 lieues quarées, ce qui ne fait pas une cinquième partie du globe terrestre. Le nouveau continent peut êlre aussi regardé comme = une bancle de terre dont la plus grande largeur doit être prise depuis l'embouchure du fleuve de la Plata jusqu’à, cette eontrée marécageuse qui s’étend au-delà du lac des Assiniboils : elle peut avoir 2309 lieues de longueur, et n’est interrompue que par le golfe du. Mexique. En partageant ce coulinent en deux parties égales, cette ligne donne à gauche 1,069,286 lieues quarrés, à droite 7,070,926, et est inclinée Vers l'équateur comme celle de l’ancien continent mais en sens opposé, car tandis que celle-ci s'étend du nord-est au sud-ouest, l’autre s’étend du nord- ouest au sud-est , la ee té de ces terres n’est que de 7,080,993 lieues quarrées , ce qui n’est pas le tiers de la surface du globe qui est de vingt-cinq millions. Ces deux lignes donnent lieu à deux re- marques, la première est que chacune d’elles abou- iit au même degré de latitude septentrionale et australe; la seconde que les deux continens font des avances opposées et qui se regardent , savoir V'Alrique depuis les îles Canaries jusqu'aux côtes de Guinée, et l'Amérique depuis la Guianne jus- u’à l'embouchure du Rio-Janeiro. Les différentes couches dont la terre est compos sée Histoire du ciel. 177 sée, conduisent l’auteur à parcourir les montagnes primiliwes ; secondavres et tercières ; ces grandes ossifications terrestres qui sembieut n’avoir été pla- cées sur le globe que pour en consolider toutes les parties. Les diverses couches qu’on y aperçoit n’y sont pas disposées suivant l’ordre de leur pesanteur spécifique ; souvent on trouve des couches de ma- tières pesantes, posées sur des couches de matières plus légères : on peut s’en convaincre en examinant la nature des terres sur lesquel*es portent les rochers, et on verra que c’est ordinairement sur des glaises ou sur des sables, qui sont spécifiquement moins pe- sans que la matière du rocher. « Ce qui a droit d’é- tonner , ajoute le citoyen Philibert, ce sont les collines entières de coquilles : le volume et le nombre de ces productions marines est prodigieux|« c’est par bancs de cent et de deux cents lieues qu’on les voit répandues ; c’est par provinces en- tières , et souvent à cinquante et à soixante pieds d’épaisseur. On en a trouvé à cent pieds sous terre près d'Amsterdam ; » ee qui doit moins surprendre que d’en déterrer: à soixante-quinze pieds dans le petit bourg de Marly-la-Ville, à six lieues de Paris, et que ce fallun de Tourraine, qui se prolonge plu- sieurs lieues, qui a jusqu’à vingt pieds de profon- deur , et qui est à trente lieues de la mer., Presque toutes les îles connues contiennent des coquilles analogues à celles qu’on rencontre dans les continens. qui les avoisinent. En comparant les points les plus élevés du globe , Tome PI, M * + = v » » 1781 Physique. | on a-observé que les montagnes entre les tropiques sont plus hautes que celles des zon''s tempérées, et celles-ci plus que celles des zones froïdes ; de sorte que plus on approche de l'équateur, plus les iné- gdlités de la terre sont grandes. Les Cordilières pourroïent en être une preuve; le: Cimboraco, qui eët la plus élevée, est de 3,210 toises au dessus du niveau de la mer. La direction des montagnes est encore une matière d'observation : ces grands arc- boutaus du globe forfhent en Europe une chaîne qui la traverse d’occident en orient , depuis la 'Ga- lice jusqu’en Tartarie , d’abord en séparant l'Es- pagne de la France par les Pyrénées : passant en sûite par le Vivarais et l'Auvergne , elle se joint aux Alpes’, paroît : dans le midi de l’Allemagne, partage la Turquie d'Europe, longe la Dälmatie , V'Albanic, la Macédoine, et se trouve au-delà de l’Archipel et de la mer Noire ; d’où elle parvient en Asie sous le nom de Taurus , de Cawcase , d’'Imaüs. Dans PAfrique on voit aussi lArlas travérser cette partie du monde d’occident® en orient ; depuis le royaume de Fèz jusqu’en Ægypté , ‘et les mon- tagnes de la lune ‘suivre Va mêm direction, En Amérique , c’est une direction opposée : la g'ande chaîne des Cordilières | unie aux! nton- tagnes du Mexique , traverse les deux Amériques du nord au sud , tandis qu'aucune autre ne la traverse précisément ‘d’orient en occident: Dans l’ancien continent, la: presqu'île de l’Inde en-deça du Gangé, divisée du nord au sud par les mon- tagnes de Gate , qui s’étendent de l’extrémité du Histoire du ciel. .479 Caucase au .cap Commorin > ofre.une, singularité remarquable : dans le, Malabar, qui est à l’ouest de cette chaine | l'été règne depuis le mois de septembre jusqu’au mois d’avril ; le ciel est serein et la terre sans pluie ; dans le même temps, le Coro- mandel, qui est le plus voisin de lautre côté de la montagne , éprouve: toutes les rigueurs de l'hiver d en sorie qu’en plusieurs endroits , dont l’éloigiement est de vingt lieues, on peut, en la franchissant , changer de saison ; mais cette variété de (eMpira= ture n’est cependant pas uuijuement propre a cette presqu’ile : la même variation a lieu en passant -d'Ormus au, cap de Rasalgate ; dans la Jamaïque, des deux côtés des montagnes qui la partagent dans sa longueur : on s’en aperçoit également au Pérou , aux mêmes époques de l’année. Les précipices , les abymes, les aspérités du globe > C'est-à-dire, les vallées, ne sont point oubliés dans ce chapitre instructif. | AA A - La similitude qui existe entre la direction des grands. fleuves et celle des principales montagnes N se reconnoît aisément en interrogeant un globe terres- tre ou une mappemonde, Depuis l'Espagne jusqu’à la Chine ; on. voit presque toutes les rivières courir d’orient en occident , et peu du midi au nord » où du nord au midi, En France eten Allemagne, il n’y a que le Rhône et le Rhin qui se dirigent du nord au midi, Les fleuves d'Afrique , excepté le Nil couient d’oc- cident en orient, ou d’orient en occident, Ceux de l'Amérique septentrionale marchent dans la même M 2 80 oO Physique. | direction que ceux de l’ancien continent ,'quoïqué les grandés chaînes des montagnes s'étendent du nord au sud. I! faut en counoître les causes dans l’explica= tion que l’auteur donne de son système fluviatile, Après avoir indiqué quelle est la longueur de la marche des fleuves des quatre partiés du monde , et le nombre des rivières'dont chacun d’eux grossit la masse de ses eaux , il avance que presque tous les päÿs arrosés par de grands fleuves sont sujets à des gnondätions périodiques , et que ceux dont la source est plus éloignée débordent plus régulièrement : il en donne le Nil pour exemple. Les pluies de lAbyssinie qui tombent d’avril en septembre , sont les causes de son débordement ; il ne éommence que vers le 47 juin ; il augmente pendant quaraüte‘jours , et di- mine pendant le même espace de temps. Si on en croit Hrodote , ce débordement est bien moins con- sidérable aujourd’hui qu’il Pétoit autrefois ; puisqu’il avoit alors cent jours en accroissement et autant en décroissance ; ce qui ne peut être attribué qu’à l’élé- valion du terrain , occasionée par les dépôts de limon et par l’affaissèment des montagnes’ de l'intérieur de PAfrique. Le Nul indien , où la rivière du Pegu , qui se répand à trente lieues dahs les terref, et y verse les germes d’une fécondité surprenante ; le Niger, la Plata, l’Indus , le Gange , l'Euphrate , dé- bordent également tons les’ans : les autres fleuves né sont pas sujëts à cètte périodicité. Il y en a qui se perdent dans lés sables , comme le Rhin ; d’autres qui se précipitent dans les entrailles de la terre ; le Histoire du ciel, 181 Guadalquivir, en Espagne,la rivière de Gothemburg, en Suède, les petites rivières du Loiret , de l’Yvette, en France, se perdent aussi dans les terres. Le Rhône s’engloutit sous le pont de Lucey ; la Meuse se perd au-delà de Neufchâteau, et reparoît une lieue et demi plus bas, Plusieurs petites rivières, en Norman- die, en Dauphiné, en Champagve , dans l’Angou- mois , disparoissent de même, et plusieurs Parisiens ignorent certainement que celle d’Hyères se perd en plusieurs endroits avant d’arriver à la Seine, et no- tamment dans le gouffre de Solers ou Solaire. Le paragraphe sur les mers et les lacs contient également un système de géographie maritime , qu’il est impossible d’exposer et d’examiner dans un extrait. L’auteur s’empare de locéan, le suit dans toutes ses sinuosités autour des continens, où il forme des mers méditerranées, des golfes , des lacs, des détroits ; il en fait l’enveloppe du globe et ne l’abar- donne que lorsque ; parvenu à la partie septen- trionale , il ne trouve aucune trace qui puisse le faire pénétrer sur ses plages, toutes les tentatives des voyageurs pour y arriver n’ayant eu aucun succès. L’auteur ne néglige point de parler des lacs qui diffèrent des mers méditerrances, en ce qu’ils ne tirent point leurs eaux de l’océan ,qui en fournissent au contraire aux mers avec lesquelles ils communi- quent ,comme la mer Noire. Il y a d’autres lacs d’où il ne sort aucun fleuve , et qui n’en reçoivent aucun ; mais les plus grands lacs sont sans contredit ceux de l'Amérique septentrionale, Le /ac supérieur a de- M 3 182 Physique. | puis 125 à 200 lieues de longueur , et depuis 56 jusqu’à 80 de largeur. ° * Les physiciens et les naturalistes ont cherché à ex- pliauer les causes des éruptions volcaniques. Le célè- bre Buflon à atiribué à l'électricité l’embrâsement qui les précède.’ Le C. Philibert croit au contraire pouvoir les attribier à la présence subite de leau que certaines fentés ; produites elles-mêmes par le feu, peuvent introduire de temps en temps aû mi- liëu de ces foyers. La plupart de cés Volcans sont auprès des mers ; ils en absorbent souvent les eaux d une manière sensible , et les rejettént souvent toutes ‘bouillantes, comme on Pa observé dans les éruptions ‘du Vésuve et de l’Hecla. Souvent avant leurs érup- tions, d: grandesrivières, des ruisseaux disparoissent en Islande’; c’est lé signe cerlain d’une grinde explo- “sion : « m&is la partie qui sans doute produit l’érup- » tion , est celle qui a pénétré au-dessous de la lave » bouillante , ou au milieu des couches de matières »embrâsces, Qu’on $e figure comment se peut opé- “» rer la dilatation sübite d’une énorme masse d’eau ‘» au milieu de ces foyers brûlans. Aucune cause ne » peut mieux expliquer les terrib'es soulèvémens qui ‘» out lieu dans les éruptions. Aucune force que celle de l’air et de l’eau , réduits eh vapeurs , ne peut » lancer à des hauteurs si prodigieuses des masses » considérables de matières très-pesantes, » L’espion du Vésuve , M. Hamilton, ambassadeur d’Anpgletérre à Naples , témoin de la fameuse explosion du Vésuve “en 1779 , dit que le premier jet s’éleva à plus de dix milie pieds, Lorsque ces vapeurs ne peuvent se pro- 2 Histoire du. ciel. 183 .eurer une issue, elles doivent causer des ravages in- térieurs ; ; leurs "efforts concentrés , leurs réactions, ‘les bouleversemens qu’elles produisent , suffisent sans doute pour effectuer les £remblemens de terre, qui effrayent, renvérsent les villes et les hommes, et dont rien ne peut prévenir, garantir les épouvan- tables effets. Quelles sont les matières combustibles qui entretiennent les feux souterrains ? Les bois fossiles , les tourbes , les charbons de terre , le soufre ; les piyrites , paroissent en être les princi- paux alimens. L'auteur suit avec Buffon les traces des ravages que les feux souterrains font éprouver à notre globe. En commencant par l’Hecla, et passant par les îles Feroé , par les Orcades, où est la caverne bacaltique de Stæffa , par l’llande, où Pon trouve cette fameuse chaussée des géans, on ne rencontre que des résidus volcaniques. L’Au- vergne , le Limousin , le Rouergue , le Languedoc, la Provence , sont couverts des vestiges de ces embräs semens souterrains , qui Ont jadis brûlé dans ces parties de la France, Faujas de Saint-Fond les a fait connoître. L’Italie , la Sicile, les îles de l’Ar- chipel , ont encore leur F’ésuve , leur Ætna, leur Strombols , leur Santorin , toujours en activité: La Hongrie, l'Allemagne , aussi heureuses que la France, n’ont plus que des traces de ces fermen- tations : des montagnes volcanisées viennent jusqu’au Rhin, par Anderuach , où les Hollandais s’approvi- sionuent de cetteespèce de pouzzolane , qui est la base du ciment dont ils fortifient leurs digues. Dans toutes les parties de la terre on rencontre des témoignages in- M 4 184 © Physique, contestables de la présence des feux souterrains et soustiarins, par-tout des volcans existans ou éteintse Nous rentrons pas dans l’énumération que l’auteur en fait ; nous ne parlons pas des directions qu’il donne à ces feux qu’il semble vouloir assujettir à une mar- che régulière, N'oublions pas de faire connoître ca volcan d’air de Macaluba en Sicile. La base de cette montagne paroît calcaire ; elle est recouverte d’une argile molle toujours humectée, dont il se dé- gagesans cesse de l’air qui la soulève, et y pro- duit un bouillonnement singulier. El s’y ouvrit, avec une forte détounation le 30 septembre 1777, un cratère d’environ sept pieds de diamètre, qui lança, jusqu’à la hauteur d’environ soixante pieds, une grande quantité de boue et d’eau. Cette érup- tion dura une demi-heure, et se répéta jusqu’à trois fois. Dans toutes les montagnes volcanisées, dans tous les pays qui produisent du soufre , dans toutes les contrées qui sont sujeties aux trémblemens de terre, il y a des cavernes : celles de Sacnt- Patnice, de Fingal, d'Antiparos que Tourne- fort a parcourues, etc. sont formées par les ébran- Jemens des commotions ignées. Le /abyrinthe de L’£le de Candie, que le même T'ournefort a décrit, est une des plus vastes cavernes ; mais il remarque qu’elle n’est pas ‘e seul ouvrage de la nature : les hommes y ont travaillé, Ce n’est aussi qu’à leurs seuls travaux que les cavernes de Maestricht doivent leur existence. On dit que cinquante mille hommes peuvent s’y réfugier , et qu’elles sont soutenues par plus de mille pilliers, dont la hauteur est de vingt à Histoire du. ciel. 185 : -vingt-quatre pieds , supportant une épaisseur de terre et de rochers de plus de vingt-cinq brasses. Le déplacement des eaux de la mer est l’une des principales causes des grands changemens qui arrivent sur la terre + le soleil et la lune, par leur attraction, produisent le mouvement qui se fait d’orient en occident. Depuis l’influence de ces astres, aussi ancienne que leur existence , sur les eaux , il paroît que la mer a gagné sur les côtes orientales, tant de l’ancien que du nouveau continent, un espace d’environ cinq cents lieues. L'auteur se sert de la violence ou du peu d’impression produite par les marées, pour étayer son assertion. On ne peut douter que la mer n’abandonne d’un côté quel- ques parties de ses domaines, tandis qu’elle usurpe d’un autre côté celui de la terre. Le pays de la Crau entre Salon et Arles, Aiguesmortes , Ma- guellone , les côtes de la Bretagne , de la Pi- cardie, de la Basse - Normandie , abandonnces -en-sont une bonne démonstration. Dunkerque voit cet élément s'éloigner chaque jour : depuis un siècle sa plage s’est étendue de plus de trois cents toises, La diminution de la Baltique ne peut être révoquée en doute. Il y a des faits cités par auteur, qui con- - trarient ce système » Au reste , ajoute-t-il, d’un côté ».il existe dans notre système planétaire, dans ce- » lui de la gravitalion universelle , des raisons » suffisantes , d’un :grand mouvement, de la mer » d’orient en occident, et d’un autre du nord au » sud ; mais est-il aussi sensible qu’on pourroit le .»,penser? N’est-il pas fortement atténué par une 186 Physique. »* diminution journalière des eaux? Enfin, la mer » n’a-t-elle pas autrefois couvert enmême temps tout » le globe? Ce sont trois questions dont il n’a pas » été donné encore de solution assez satisfaisante.» Le G. Philibert termine son:ouvräge par un aperçu rapide des systèmes géologiques, tant anciens que modernes, Les Ægyptiens, les Phéniciens , les Chal- déens, les Hébreux ; les anciens Indiens, les sages de POrient et P\thagore ; parmi les anciens philo- sophes ; Leibnitz, Descartes, Burnet, Woodvard, Schr uzer, Wiston, Bourguet , :Maillet, Linné, Buffon, Lamanon, Bernardin de Saint-Pierre, De- luc; Desaussure , Palias , Dolomieu , Laméthérie, chez les modernes, se sont emparés de l’eau, du feu , de l'air, pour établir leurs systèmes ; mais cene sont ei ne serontencore long-temps que des systèmes. Le volume :que nous venons de parcourir, est un extrait de l’hisioire ‘naturelle des globes ; maïs cei extrait renferme tout ce qu’un homme, qui veut ne pas paroître ignorer ce qu’est le lizu qu’il habite et l’enveloppe céleste qui le couvre, peut et doit désirer savoir. Les systèmes les plus reçus y sont expliqués ; les découvertes les plus modernes y sont rapportées ; les observations les plus vraisemblables y sont réunies. Les vrais guides des sciences physi- ques , la gravitation , l’attraction , la matière électrique ; y sont désignés à ceux qui voudroient s’en servir pour avancer dans des connoissances qui réunissent l’asrément et l'instruction , qui plus on s’y livre, plus on désire d’approfondir ce qui n’est que conjecturé ou effleuré, «et qui conduisent l’ob- | Voyages. 187 sérvateür de bônne foi à la source de toutes les grandes créations qui l’environnent, de tous les sur- “prenans phénomèrnes qui le frappent, de tout ce qu’il ne peut comprendre ou expliquer. A, J.'D. BE. : RQ YA, GES. RarroRT du voyage fait par ordre du gou- vernement dans l’Empire ottoman , l’Ægypte ‘et La Ferse, pendant les six premières années de la République, lu à lInstitut national par le citoyen Ozrrrer , membre associé , dans la séance du 26 pluviôse. L' N premier, le Conseil exécutif provisoire ; pé- " nétré des avantages qui devoient résulter d’un voyage dans l’empire ottoman , l’Ægypte, la Perse, relative- ‘ment au commerce , à l’agriculture , à l’histoire natu- “relle ; à la physique générale, à la géographie, à la médecine et même à nos relations politiques avec ‘la Türquie ; persuadé que ces contrées intéressantes n’avoient pas été considérées sous leur vrai point de vue ou ne l’avoient été que partiellement , et qu’il nous restoit encore beaucoup de connéissances à ac- “‘quérir , fixa son choix, pour remplir son objet, sur le citoyen Bruguière et ‘sur moi Nous re- çûmes diverses instructions de chacun des minis- tres en particulier , et nous parffimes de Paris le r6 brumaire., an premier, avec ordre de nousembar- 188 Voyages. quer à Toulon sur la corvette /a Belette. Pour des raisons que nous ignorons , la corvette attendit long temis en ride l’ordre du départ, et après deux Ou !rois mois d’attente , elle fut obligée de désarmer. Suipris d’un si long retard , et fâchés de perdre notre temps, ou de ne pas lemployer d’une ma- nière plus utile , nous écrivimes au ministre des affaires étrangères ; pour Île prier de hâter notre départ, ou de nous rappeler, si le gouvernement: _pe Jugvoit plus notre voyage utile au service de la République Le miuistre nous répondit qu’il ve- noit de donner ordre au correspondant des affaires étrangères à Marscille, de chercher un bâtiment neutre qui voulût nous embarquer , ainsi qu’un in- génieur- constructeur, deux diamantaires et divers -&utres citoyens que le gouvernement envoyoit dans le Levant. En attendant notre départ , nous nous occupâmes à visiter les manufactures de Marseille , à prendre des renseignemens sur les contrées que nous allions pärcourir, et notamment sur le commerce que cette ville fait avec le Levant. Enfin nous partimes vers la fin de g'rminal, et nous arrivâmes à Constan- tinople le 2 prairial, an premier , après une navi- gation heureuse , et sans avoir fait aucune relâche. I! est d'fficile d’exprimer les diverses sensations qu’éprouve le voyageur à la vue, de cette grande ville et de ses habitans. Ce mélange d’arbres, de maisons , de minarets, le canal de la mer Noire, les colhnes et les vallons qui le bordent , Scutari et les nombreux villages situés sur ses rives , la “Voyage dans l'empire ottoman , etc. 189 mer de Marmara avec ses îles , le mont Olympe couvert de neige, les champs variés et fertiles de PAsie et de l’Europe , lout cet ensemble présente divers tableaux qui ravissent et étonnent, On ne peut se lasser d’admirer la beauté neturelle des environs de Constantinople , et de réfléchir en même temps sur l’heureuse position de cette grande ville , dont l’approvisionnement est si prompt, dont la défense est si facile, dont le port est si sûr, si commode et si vaste : mais si l’on porte ses re gards un peu plus loin , on voit les deux rives de l'embouchure de la mer Noire, dans un espace de plusieurs lieues , bouleversées par des feux souter= rains. Par-tout diverses couches de laves , diverses roches d‘composées , par-tout des porphyres et des granits de diverses couleurs , plus ou moins altérés, attestent laction lente et successive d’un grand vol- can Si nous remontons à quelques lieues , nous dés couvrons, dans une grande étendue , une mine de charbon de terre que les Turcs n’ont pas encore su exploiter. + Nous resiâmes six mois à cette capitale de l’eme pire ottoman , pour attendre que l’envoyé extraors dinaire de la République, recût, du ministre des ordres relatifs à notre mission et à notre traitement : mais des objets plus importans fixoient alors les regards du gouvernement. Nos lettres restèrent sans réponse , et nous nous serions trouvés dans le plus grand embarr,s si envoyé dela République n’eût fourni à nos pressans besoins. Apres avoir okservé ce pays intéressant sous tous we … à Foyages. 5e anio de ses rapports, fait une ample ‘récolte de plantes, d’oiseaux, de poissons , d’insectes, de coquilles , de’ minéraux ; après avoir fait deux envois de graines! au jardiu national des plantes ; nous partimes pour les Dardanelles , étant par là à portée de nous ren: dre dans l’Archipel au premier printemps, ou de retourner à Constantinople ; afin de diriger nos pas sur les rives méridionales de la mer Noire, nous rendre par l’Arménie, la Géorgie, le Guilan ou le Ghirvan ; sur les bords de la mer Caspienne , parcourir ensuite la Perse du nord au sud , et re= venir par le golfe persique , Bassora , Bagdat, la Mésopotamie et Alep. Mais ne recevant aucune nouvelle du gouvernement , et ne pouvant toucher qu’une partie de notre traitement , nous nous bor- ‘nâmes alors à parcourir divers points de la mer de Marmara , tout le canal des Dardanelles ; la Troade , Ténédos , Scio , quelques parties de la côte de La Natolie, Miconi, Naxie, d’où nous nous reudîmes en Crète. Conformément à nos instructions, nous avons fait passer à Constantinople ; pour être élevés dans le jardin du palais de l’ambassade, des plants d’une es- pèce de ‘pommier à fruit oblong ; d’une saveur excellente , propreà être cultivé dans toute la France, mais ‘plus pérticulièrement dans les départemens méridionaux ; les-plants de trois espèces de chênes qui manquent dans nos forêts et nos jardins ; l’un, propré aux constructions navales; un autre à grande cupule , connue , dans le commerce , sous le nom d’Avellonée , c’est le quercus ægilops ; enfin celui Voyage dans l’empire ottoman, etc. xox qui fournit la galle du Levant. Nous avions ajouté plusieurs arbustes destinés à enrichir le jardin na- tional des plantes. Quoique plusieurs Européens instruits aient par couru cette partie de l'empire ottoman ; quoique plusieurs d’entr’eux aient publié des observations in téressantes sur les relations politiques des Turcs, sur leurs mœurs, leurs usages , leur religion ; quoi que nous ayions de bons ouvrages sur les plantes du pays et sur l’histoire ancienne de ces contrées, nous avons trouvé cependant. encore d’abondantes moissons à faire dans la partie même d’hisfoire na- turelle Ja plus connue , c’est-à-dire , celle des plan tes. Mais en considérant que les reptiles, les pois- sons fluviatiles , les insectes et les coquilles terres= tres n’ont été observés par aucun voyageur, que personne ne nous a fait connoître les richesses que les Turcs possèdent en minéralogie, les mines de fer, de cuivre, les pozzolanes , les charbons de terre aux portes de da capitale ; les marbres de toute espèce , extrêmement abondans dans les îles de la mer de Marmara et de l’Archipel ; les agates, lecornalines, les cal cédoines, dans les fentes des rochers volcauisés 3 les mines d’alun et de soufre, les eaüx minérales de toute espèce ; en un mot, si lon fait attention qu'aucun voyageur n’a consi- déré ce pays , relativement à la géogonie , cette partie d’histoire naturelle ; si intéressante , et qui d’après l’observation des diverses couches de terre et de pierre , la direction et la structure des mon- tagnes, et par la comparaison des individus fossiles s 192 Voyages, ù qu’on y rencontre, doit nécessairement conduire à des connoissances certaines sur Pantiquité dé notre globe , sur les lois qui le régissent, et enfin'sur les diiférentes catastrophes qu’il a éprouvées , et dont lPhistoire fabuleuse de l’antiquité nous a trans= mis quelques lueurs, on se persuadera alors faci- lement que ‘nos observations, dirigées vers ces ob jets , ne pouvoient manquer d’être très - intéres- santes. Nous étions depuis quatre mois à Candie ; nous étions partis de Paris depuis deux ans , et nous ne recevions aucune nouvelle du gouvernement, Nous crûmes qu’il falloit renoncer à nos premiers projets. Jaloux cependant d'employer notre temps le plus utilement possible, nous résolûmes de porter nos pas en Ægypte, de parcourir celte contrée si féronde en observations , aussi intéressante pour le politique et l’homme d’état, que pu: le philosophe, le naturaliste et l’antiquaire. La situation des Français en Ægypte étoit extré- mement pénible : leur commerce étoit interrompu ; ils étoient ävanisés au Caire ; quelques-uns d’eux avoient été maltraités par le gouvernement ; le consul de la République ne jouissoit d’aucune con- sidération, Notre premier soin fut d’étudier le gou= vernement monstrueux des Mameluks , leurs for- ces, leurs mœurs ; de considérer les revenus de l'Æsypte’, son commerce actuel, celui dont elle seroit susceptible sous un gouvernement juste et éclairé. Nous observâmes les ports d'Alexandrie, la rade d'Aboukir , le Delta, le cours du Nil, sa crue Poyage dans l'empire ottoman , etc. 193 crue périodique , les canaux que l’insouciance des Mameluks a laissé combler , les monumens que Porgueil des rois a fait élever , et ceux qu’un de- voir relisieux a fait construire. Nous portämes en même. temps nos regards sur les productions natü= relles de l’Æg\pte , sur celles que la culture peut y introduire , sur la fertilité de son sol , sur les maladies auxquelles les habitans sont exposés. Nouis recherchâmes la cause des vents périodiques. Nous examinâmes enfin si la peste , cette maladie si prompte êt si terrible, prend sa sourceen Æzsypte, “comme quelques voyageurs l’ont avancé , ou si elle n’y est qu’accidentelle et épidémique. Notre récolte en histoire naturelle avoit été très- abondante : nous eûmes occasion de faire passer au jardin national des plantes une troisième caisse de graines de l’Archipel, de Candie er de lÆ- gypte. En eerminal an 3, nous recûmes des lettres de envoyé extraordinaire, par lesiuelles il nous in- vitoit à quitter l’Ægypnte et à revenir sur les rives du Bosphore , parce que le temps étôit enfin arrivé de mettre à exécution les plans que nous avions formés. Des régions plus orientales’, nous disoit-il , vous appellent, et je désirerois que nous conférassions encore ensemble avant que vous y pénétrassiez. Ii y avoit sous le même pli deux lettres du ci- toyen Desforgues , ministre des affaires étrangè- res: lune étoit une copie de celle que le ministre écrivoit au citoyen Descorches, dans laquellé il lui Tome F1. N 194 Voyages. demandoit un rapport des sommes que nous étions dans la nécessité de dépeñser pour remplir digne- ment notre mission, Il l’autorisoit à nous fournir, à compte de notre traitement , ce dont nous avions besoin , à nous procurer les guides et indicateurs que notre mission exigeot , à nous obtenir les do- cumeos indispensables pour nos recherches et nos ob- servations. Îl termine sa lettre en disant: « Dans tous » les cas, ces deux observateurs de la nature te » seront subordonnés 3; ils te rendront compte de * toutes leurs opérations, et tu me feras parvenir, » à la fin de chaque mois , les résultats de leurs » observations sur les aïts , les sciences , l’his- » toire naturelle ,| le commerce et la politique , » afin que je puisse faire valoir leur zèle, leurs » travaux et leurs découvertes auprès du Conseil » exécutif,» Par l’autre , le ministre nous donne avis qu’il invite le citoyen Descorches à lui faire un rapport sur les dépenses ordinaires auxquelles nous sommes assujettis. Il finit en nous disant de remettre notre soumission par écrit au citoyen Descorches , de nous conformer aux dispositions con- tenues dans la lettre qu’il lui écrit. Nous nous sommes empressés de nous conformer tant aux ordres du ministre qu’à ceux de l’envoyé. Nous fimes passer notre souinission : nous termis nâmes nos observations au Caire et aux environs|, et nous nous rendimes assez promptement à Alexans« drie. Nous partîmes de ce port le 11 floréal , et nous arrivâmes à Constantinople , après quarante= huit jours de navigation. Nous eûmes la satisfac- P'oyage dans L’empire ottoman ,ete. 195 tion de mouiller aux îles de Rhodes.et de Léro, que nous n’avions pas encore vues, Une voie d’eau nous obligea de passer huit jours à la première : nous en passâmes autant à la seconde, à cause des vents du nerd. Pendant cet intervalle , le citoyen Descorches avoit été remplacé par le citoyen Verninac. Nous remi- mes à celui-ci un apercu de nos opérations depuis notre arrivée dans le Levant, un état des sommes que nous avions touchées, et un mémoire détaillé sur la position des Français en Æsypte , sur le gou- vernement des Mameluk:, sur les produits et reve- nus de ce: pays, sur la culture de ses terres, sur son commerce ; enfin sur les améliorations dont ce pays seroit susceptible. Ce mémoire étoit terminé par les réflexions que faisoit, naître l’ordre que le citoyen Descorches avoit donné au consul et aux Français du Caire, de venir provisoirement à Alexandrie se mettre sous la prot:ction des caravelles du grand- seigneur , et y attendre des circonstances plus favo- _rables pour que le consul püt aller reprendre ses fonc- tion au Caire , et les négocians, leurs opérations de commerce. Nous adressâmes au jardin national des Plantes une quatrième caisse de graines de l’Ægypte , de Rhodes, de Léro et du canal des Dardanelles, ainsi qu’un Ich- neumon vivant que nous élevions depuis quatre ou cinq mois. La Perse , livrée aux horreurs de la guerre civile, depuis les derniers règnes dés Sophis (la famille des Sephévi), faisoit espérer un règne florissant sous NX 2 196 _ Voyages. : un roi qui venoit de triompher de tous ses rivaux, et les avoit successivement détruits, L'occasion étoit donc favorable pour voyager dans ee pays intéres- sant sous tous les rapponts. Le citoyen Verninac nous accorda la totalité de notre traitement , nous auto risa à prendre un drogman, nous munit d’une lettre pour le premier ministre du roi de Perse , d’une au- tre pour le pacha de Bagdat, et nous donna en même temps diverses instructions , tant verbales que par écrit. Au moment de notre départ , la Porte étant dans l'intention de faire construire, dans le port de Cons- tantinople, un bassin sur le modèle de celui de Toulon, des négocians arméniens voulurent nous en- gager à leur faire part de la découverte que nous avions faite d’une excellente qualité de pozzolane » en nous offrant ane somme de trente mille pias- tres. Nous étions dans le Levant aux ordres de la République : nous ne crûmes pas devoir traiter avec des Arméniens, au sujet de nos découvertes, sans pré= venir l’envoyé de la république. Le citoyen Verni- nac , dont l’intention étoit de faire construire ce bas- sin par des ingénieurs français, nous invita à re- jeter les offres des Arméniens , promettant de nous faire indemniser plus avantageusement par la Porte ; et sans perdre de temps, il envoya le premier drog- man de la légation auprès «d'elle, pour linstrifire de notre découverte , et lui offrir nos services. La Porte parut accepter ces offres avec reconnoissante : elle demanda aussitôt une note à ce sujet ; nous nous empressämes de lui faire passer un mémoire Voyage dans l'empire ottoman, etc. 197 dans lequel nous disions avoir découvert des poz- zolanes de qualité inférieure sur le canal de la mer Noire, aux îles des princes et à diverses îles de l’Archipel,et des pozzolanes d’une qualité supérieure , pour le moins égale à celle de Pftalie , dans l’ile de Santorin. Le mémoire étoit terminé par quelques détails sur la manière d’employer les unes et les autres, En recevant ce mémoire , les ministres de la Porte dirent au drogman , que les Arméniens avoient de- mandé , pour ceite découverte, soixante mille pias- tres, au lieu de trente qu’il nous avoient offertes : ils ajoutèrent qu’ils n’oublieroient jamais le service que nous leur rendions, et que leur reconnoissance seroit sans bornes, si nous pouvions effectuer notre pro messe. Nous avons vu à ce sujet deux fois le Ché- libi-effendi, et deux fois.ce ministre nous a fait espérer que la Porte reconnoîtroit, d’une manière digne d’elle, la découverte importante dont nous vou- Htons bien lui faire part. Nous étions cependant sur le point de partir pour la Perse : déja nos préparatifs étoient faits ; nouscher- chions déjà une caravane pour Diarbékir » lorsque la Porte exigea que nous fussions aux Îles de Santorin, de Milo et de l’Argentière ; que nous lui fissions passer quelques sacs de pozzolane, afin de faire les essais préalables. Elle nolisa un pavire français, et nous donna un chiaoux , pour nous accompagner et apporter des échantillons, Nous fümes obligés de pas- ser à Mételin, pour prendre du capitan pacha, alors mouillé à cette île, les firmans qui nous étoient né- cessaires. +98 Voyages. Les habitans de Santorin, effrayés de cette découz vérle,et craignant que le gouvernement ottoman ne fit faire Pextraction de cette terre à leurs dépens, et n’envoyât des officiers turcs dans leurîle, s’assemblès rent, tant pour exéculer les ordres du grand-seigneur, que pour aviser aux moyens de parer le coup qui les menacoit, Ils crurent n’avoir rien de mieux à faire que d’envo'er les primats chez l’évêque latin, où nous étions logés, afin de noûs offrir un présent si nous voulions dire à la Porte que nous n’avions rien dé- couvert dans cette île. Nous rejetâmes les offres de ces primats, et nous fines passer plusieurs sacs de pozzolane d’excellente qualité, extrêmement abon- daute et très-facile à extraire. Nous nous reposânies sur le citoyen Verninac pour l’indemnité qui nous avoit été promise, et que nous croyons mériter , par l'importance ce la découverte, par le rejet de lPof- fre des Arméniens, par les peines, les dangers et les retards que nous éprouvâmes. L’ile de Mételin, presqu’entièrement volcanique, est remarquable par sa grande fertilité, par ses vastes poris-et par ses eaux minéralés chaudes. L’Argen- tière, connue autrefois sous le nom de Cimolus;, est entièrement volcanique. Nous avons remarqué avec plaisir, que la terre cimolée qu’elle fournit en abon- dance , n’est qu’une décomposition lente et graduélle des porphires, occasionée par des feux souterrains. J’apporte des échantillons de tous les états par où passe cette terre: cette observation intéressera sans doute les minéralogistes ; et fera connoître Porigine d’une sub- stance si peu connue jusqu’à présent. L'ile de Milo est Voyage dans l'empire ottoman , etc. 199 tout à fait volcanique : elle présente un vaste port sur les bords duquel jaillit une source d’eau chaude alumineuse; une grotte très-chaude , où se forme l’a- lun de plume, un volcan en activité ; et une prodi- gieuse quantité de catacombes. Eufin, l’île de San- torin est remarquable par les changemens qu’un vol- can y a opérés, par l’affaissement d’une grande partie de l’île , d’où est résulté une fespèce de port de plus de deux lieues d’étendue , du fond duquel sont sorties trois îles , à des époques connues. Le déchire- ment occasioné par l’aflaissement presque cir= culaire d’une partie de l’île, présente diverses cou- ches de matières volcaniques , parmi lesquelles on remarque diverses pozzolanes. Celle que nous avons envoyée à Constantinople , et dont j'ai des échan- tillons, pourra servir un jour aux constructions ma- ritimes que les Français jugeront sans doute conve- nable de faire en Ægypte , lorsqu'ils y seront établis solidement. Nous touchâmes pour la seconde fois à Rhodes: : delà nous vimmes à Barut ; nous passâmes ensuite à Seide, dans l'intention de nous rendre à Damas, afin de profiter du départ d’une caravane pour Bag- dat, ainsi qu’on nous l’avoit fait espèrer; mais la ca- ravane étoit partie depuis long-tempsälice qui nous obligea de revenir sur nos pas, et de prendre la route d'Alep. Nous ne voulümes pas quitter la côte de Sy- rie , sans payer à Tyr le tribut d’admiration que cette ville mérite à si juste titre. Comme la route de Lataquie à Alep n’est jamais sûre , nous attendimes quelques jours le départ d’une ” N 4 \ 200 | Voyages. caravane. Pendant ce temps nous fimes passer au jardin national des plantes une cinquième caisse de graines des îles que nous venions de parcourir , et des côles de la Syrie. A notre arrivée à Alep, nous nous occupâmes de la po:ition des Français dans cette ville : nons recueillimes des notions, tant sur le com- merce des Européens que sur celui des habitans, et nous envoyämes au citoyen Verninar un mémoire à ce sujet. Nous fimes diverses ob mort en 1770. Il parut en 1758. s 58. Le Temple de la Piété, poëme, par Charles Com- pan, dans ses Œuvres diverses, 1765 ; il en parut une nou- vellé édition en 1769, sous le titre de Voyage au Temple de la Piéié et autres Œuvres diverses de M. C. 32. Le Temple des Désirs, poëme en prose, mélé de wers , par un anonyme , et se trouve dans l’Elite de ot fugitives , publiées en 1769 par Boisjermain. ; 33. Le Temple des Arts, ou Le Cabinet de M. Braam- camp. Amsterdam ; 1766. La description du Cabinet est précédée d’un poème de Bernard-Louis Verlac de la Bas- tide , intitulé Le Temple des Arts. - 54: Le Temple de la Folie, prologue ; par Garnoë, 1773. 35. Le Temple de Memoire , ou Vision d'un Solitaire par un anonyme, 177 75: ; L P 4 232 1 Poésie. 36. Le Temple de la Mode , par MX%Xx* à Berne, 1789 II. PorzmeEs D'AUTEURS ANGLAIS. 1. The House of Fame ( La Maison de la Racer de poëme de Geofrot Chaucer, mort en 1400. Voyez 6es Œuvres publiées par Urrery , 1602, 1723. 2. The Temple of Glass (le Temple de Von ou a pro= prement de Glace), par Etienne Hawes , qui vivoit vers 1480, ou selon d’axtres . par Jean Lydgate, mort en 1440 Ce poëme, qui est une iinitation de celui de Chaucer a été imprimé à Londres en 1500, 5. The Temple of Love ( le Temple de l LR ), mwas- cagade, par Guillaume Paudnent, mort en 1668. Il parut en 1653. * 4 The Temple of Love ( le Temple de l'Amour), PRE pastoral, par Prerre- Antoine Moiteux, mort en a717. Il parut en 1706 : le sujet est pris d'un poëme italien. 5. The Temple of Fame (le Temple de la Renommée), poëme, par Alexandre Pope, mort en 1744, qui le composa en1711, d’après l’idée de Chaucer, IL parut d’abord en 1717 dans ses Miscellantes, ensuite dans les œuvres de ce poëte, telles que Farburton les publia en 1754. On le trouve dans la traduction francaise ‘ên vers des œuvres de.Pope, par Jean - François Resnel, publiée en 1750, et dans celle en prose, par Etienne de Silhouette, qui a paru en 1752, ainsi que dans les Œuvres complètes d'Alexandre Pope. Paris, 4779... Marie - Antoinette, du Boccage ; dont les Œuvres poëliques ont été publiées ensemble en 1788, en a donné en 1749 uue traduction libre en vers, intitulée Le Temple de la Renommee. Dusch a publié à Altona en 1759, une traduction allemande en prose, de toutes les œuvres de Pope. 6. The Temple of Death (le Temple de la Mort), poëme de Jean Sheffield , duc de Puchingham, mort en 1720 : ila imité en quelque,sorte le poëme français de Pa- Bibliographie poëtique. 233 tri. On le trouve dans le premier volume de ses Œuvres, publiées à différentes reprises depuis 1723. On en lit une hnitation française en vers libres dans les Etrennes du Par- nasse, de 1781 , et encore une traduction allemande en prose, dans les Beschæftigungen des Verstandes und Her- zéns ( Occupations de l'Esprit et du Cœur), de Kretsch, Berlin, 1759, x vol, n°,6, pag. 403. 7. The Temple of Dulness (le Temple de la Sottise +. opéra comique d’un auteur anomyme. 2745. 8. The Temple of Venus and Hyÿmen, in two parts (le Temple de Venus et de l’'Hymen , en deux parties ), poëme satyrique, par un inconnu, publié en 1768 9. The Temple of Hymen (le Temple d'Hymen), poëme de Cawthorn, mort en 1770. Il parut dans ses Poems publiés €n 1771 10. The Temple of Compassion (le Temple de la Com- passion } , poëme qui parut en 1771) Fe "et Tour Pauteur est anonyme, it. Thé Temple of Hymen (le Temple d'Hymen }, par Henri Brooke; se trouve dans sa Collection of the pieces ‘formerly published by Henry Brooke ( Collection dés piècés publiées autrefois par Henri Brooke) , 4 vol. 1579. 12. The Temple of. Fashion (le Temple de la Mode), poëme en 5 divisions, par Samuel Johnson, mort en 1784. I! parut d’abord séparément en 1781, et en 1785 dans ses Poetical Works ( Œuvres poétiques ). 15. The Temple of Wit and Folly (le Temple de l'Es- prit et de la Folie ), poëme satyrique publié en 1784 par un inconnu. 14. Thè Temple of Folly ( le Temple de la Folie }, poëme en 4 chants, par Théophile Swift. 1787. 15. The Female Congress, or the Temple of Cotytto ( le Congrès de Femmes , ou le Temple de Cotytto }, épopée comique en 4 chants, 1770. 234 sun CP III. PoEmMEs D'AUTEURS ITALIENS. 1. Il Tempio (le Temple), poëme en l'honneur de Mari ie de Medicis, reine de France, par Jean-Baptiste Marino 4 mort en 1625. 2. Îl Tempio d’Apolline ( le Temple d'Apollon), une histoire allégorique de la poésie, par Antoine Conti, mort en 1749. Voyez ses Prose e Poesie. Venise, 1744. 5. 11 Tempio della Follia ( le Temple de la Folie), par le comte Ottavio Girolami. Tiucques, 1770. Jæcher, dans son Gelehrten-Lexicon (Dictionnaire des Savans), cite à l’article Fuscont, un Temple d’Æsculape (21 Tempio d'Esculapio ) ; il est vrai que Fusconi a laissé des poésies, mais Jœcher ne dit pas si c’en est une, IV, PoEmMEs D'AUTEURS ALLEMANDS. à En 1698 Chrétien Gryph a. donné dans la première édi- tion de ses Forets poétiques ( Poëtische Waælder ); un Tempel des Todes ( Temple de la Mort); c’est une pein- ture allégorique en prose , quiest terminée par quelques vers, Ce morceau «ne se trouve pas dans la troisième édition de l’ouvrage cité. T'roisauteurs différens l’ont mis tout en vers : 10, Barthold Feind , dans ses poésies, publiées en 1708, sous le titre Das Heiligthum des Todes nach der prosaischen Invention des jüngern Herrn Gryph's (le Sanctuaire de la Mort , d’après l'invention prosaique de M. Gryph le jeune) ; 2°. unpoëteanonyme, sous le titre Der Tempel des Todes (le Temple de la Mort), Leipsic, 1700 ; se, trouve aussi dans le Neucræffnetes Musen Kabinet, bestehend in auserlesenen Poësten ( Nouveau Cabinet des Mases, consistant en poésies choisies ), qui parut à Leipsic en 1703; 39, Daniel-Guillaume Triller, dans la seconde édition de ses Poetische Betrachtungen ( Méditations poétiques ), Hambourg, 1750, 1 vol. p. 678, sous le titre Tempel des Todes ,.ehemals in ungebundener Rede von dem Hoch- Bibliographie'poétique. 235 berühmten Christ. Gryphio entworfen (Templede la Mort, écrit autrefois en prose par le célèbre Chrétien Gryphius )E — Le même Triller, dans le second volume, pag. 77 de l'ouvrage cité, a aussi mis en vers la description du Tempel der} Tugend ( Temple de la Vertu ) , qui se trouve dans la feuille hebdomadaire intitulée Der Hamburgische Patriot { le Patriote de Hambourg ). 2. Der Tempel der nier Dichtkunst (le Temple de la véritable poésie), poëme en 4 chants, par Jacques-Em- manuel Pyra, mort en 1744. Il parut d’abord à Halle, 1757, in-40, , et ensuite dans Thirsis und Damues freundschaft- liche Lieder ( Chänsons amicales de Thirsis et Damaë), Zuric, 1745, et Halle, 1750. | 3..Der Tempel des Glucks (le Temple du Bonheur L $ ode insérée dans {es Belustigungen des Verstandes und Wises ( Récréations de l’Entendement et de l'Esprit), de l’année 1741, ° 4. Der Tempel der Vorsehung (le Temple de la Pro- vidence ) , prologue, par Fréaerer ner Geraire Neuber, Leipsic, 1741. 5. Reise nach dem Tempel der Freundschaft (Voyage au Temple de l’Amitié) , poëme en prose, qui se trouve dans les Belustigungeg des Verstandes und Wizes, citées au n°. 5, 6. Der Tempel des Guten Geschmacks für die Teutschen (lé Temple du bon Goût pour les Allemands ), par un anonyme , imprimé en 1744, in-4°., sans indication du lieu d'impression. 7. Der Tempel des Friedens ( le. Temple de la Pix }r poème épique et allégorique, eu-vers hexamètres, par Just- Fréderic- Guillaume Zachariæ , mort en 1777. Il parut d’abord séparément:à Brunswick en 1756, et ensuite dans de second volume de ses œuvres poétiques publiées en 1763. . 8. Der Tempel die Liebe ( le Temple de l'Amour }). poëme en 12 livres et en vers alexandrins rimés, par Jean- 236 Poésie. Jacques Dusch, mort en 1788. Il parut d'abord à Hambourg en 1757, et ensuite dans le troisitrne voluine des œuvres poétiques de l’auteur. Altona, 1767, sous Le titre d'Aedon et ‘iherntre. ° a. Die Komoedie im Tempel der Tagond ( la Comédie dans le Temple de la Vertu}, prologué, pat Jean - Fre- deric Lœwen , mort en 1771. Il parut sur 2 feuilles , à Ham- bourg ; en 1765, 10, Die Aufnahme der Deutschen in den Tempel des Geschimacks (la Réception des Allemands dans le Temple du Goût}, par Joseph de Retzser, composé en 1768 ; se trouve dans la seconde collection des Jugendfrüchte des K. K. Theresianum (Productions juvéniles du Theresianum }, publiée à Vienne en 1772, et dans les Poëmes de Joseph de Retzer du Theïresianum ( Joseph Edlen von Retzer$ Gedichte aus de K. K. Therestanum). Vienne, 1774. 11. Der Tempel der Vernunft ( le Temple de la Raison), poëme de Jean-Chretien Steiger; 8e trouve dans la À spires de ses poésies diverses. Leipsic, 1770. 12. Der Tempel der Hoffnung (le Temple de l’Espé- rance }, poëme, par Chrétien- Auguste Clodius, mort en 1784. Il parut à Leipsic en 1770, et fut inséré la même année dans le dixième volume des Humb#rger Unterhaltungen ( Entretiens de Hambourg }). Il se trouve aussi dans les œuvres mélées de cet auteur, publiées à Leipsic en 1780. 15. Der Tempel des Janus (le Temple de Janus), pros logue, par Jean-Chretien Bock, mort en 1785; il parut à Hambourg en 1775. 14. Der Tempel'der Dankbarkeit (le Temple de là Re- connoissance } , prologue mêlé d’airs , par Jean-Matthias Sprickmann. Munic, 1773. | 15. Der Tempel res Schiksals (le Temple du Destin}, prologue mêlé de chants ‘et de danse, par Charles - Emile Schubert : se trouve dans ses pièces de théätre , méléés de chants. Brédhu, 1770. | - Bibliographie poétique 237 Ka6; Der Tempel des Ruhms ( le Temple de la Renom- mée ), poëme, par Garlieb Hanker., Dessau, 1783. 17. Der Tempel der Freundschaft, eine Scene für Edel- herzige (le Temple de l'Amitié, scène pour les cœurs no- les), conte prosaïque de Henri-Christophe Knoll, mort en 1786. Il parut à Mulhouse en 1786. 18. Der Tempel der Gerechtigkeit ( le Temple de la Justice ), première partie. Berlin, 1758, 1777; c’est une allégorie en prose, qui contient le portrait d'un prince par- fair, V. PormEs D'AUTEURS DANOTS. Der Tempel des Glücks (le Temple de la Fortune 1: poème épique, par Jean Ewald, mort en 1781. Il parut la première fois en, 1766, dans les écrits de la Societé de Cop- penhague pour l'avancement du goût, et se trouve aussi dans la coilection des œuvres de ce poëte, publiées en 4 vol. à Coppenhague, 1791. VI. PoEMEs D'AUTEURS PORTUGAIS, L Templo da Memoria, Poema epithalamico nas felicis- simas vodas do excellentissimo Duque de Braganza ( le Temple de la Mémoire, Epithalame pour l'union heureuse du Duc de Braganza ), par Manuel de Galhegos, mort en 1665. Il parut à Lisbonne en 1655, et contient les carac- tères de quelques poëtes célèbres. Dans cette notice, M. Schmid n’a voulu indi- quer que des poëmes publiés séparément, qui portent le titre de Temple ; il n’a donc pas voulu faire mens tion des descriptions de temples aliégoriques, insé- rées comme épisodes dans des poëmes plus étendus, telles que le Temple de Vénus dans le seizième €hant de l’Adonus , de Marino ; Le Temple de 238 * : Poésie." L’Ambition dans le cinquième livre de la Jérusalem | conquise, de Lope de Vega ; le Temple de l'A mour , dans la Henriade de Voltaire, etc. Les Anglais possèdent üne collection de poésies diverses par différens auteurs ,sous le titre de Temple of Muses (Temple des Muses). Il a également passé sous silence toutes les fic- tions de temples, qui se trouvent dans les feuilles périodiques morales. C’est ainsi que, dans le Bavard, feuille hebdomadaire anglaise , on trouve des Temples de l'Amour, de la Folupté, de l’Hon- neur, de la Vanité et de l’Avarice ; dans le Connoisseur , autre feuille anglaise, on trouve un Temple de PUsure; dans le Spectaleur patrio- tique , feuille périodique allemande, par Sneedorf ; on trouve un Temple de l’Oubli ; et dans {e Café, feuille hebdomadaire italienne, publiée par Bec- caria et autres , on trouve un Temple de l’Igno- rance. C’est encore ainsi que, dans la plus anciénne feuille hebdomadaire morale, qui parut en Alle- magne sous le titre Der Patriot (le Patriote ), on trouve un Temple de La V'ertu ; Juste, dans ses Ergoetzungen der vernünftigen Seele (Récréa= tion de l’ame raisonnable), donna un Temple de l’Honneur, ‘et Dusch dansses Schilderungen aus dem Reiche der Natur und Sitten (Tableaux tirés du règne de la nature et des méæurs ), un Temple de la Nature. | | Souvent on'a donné le titre. dé Temple à des ed. lections d’ouvrases en prose qui ne contiennent au- : cune fiction. En +705 on publia à Stettin- une: col- nés. Bibliographie poétique. 239 lection de sermons funèbres sous le titre de T emple de la Mort. Jean-Christophe Maænnling publia €n 1721 un recueil de songes remarquables , sous le titre de Temple de songes curteux, Maroiles pu blia en 1655 un tableau des vertus et des vices, d’après les fables les plus célèbres de l’antiquité > Sous letitre de Tableau du Temple des Muses. En 1733 on publia 6o gravures de Picart, qui repré- sentent les événemens les plus remarquables de l’antie: quité mythologique , accompagnés d’un texte, sous le titre de Temple des Muses. Brucker publia en 1747 une collection de vies d'hommes savans > Sous le titrede Ehren tempel der teutschen Gelehrsam= kect ( Temple d'honneur de Pérudition allemande } En 1770 un anonyme publia à Bouillon une collection sous le titre : Le Temple du Bonheur où Recueil desplusexcellens Traités sure bonheur, extraits des meilleursauteurs ancienset modernes. Ent704 un anonyme se p#é posoit de décrire les principes des {/!uminés , sous le titre de Tempel des Vor- wrtheils und des ÆAberglaubens., oder Erholungs- stunden , eines Llluminaten ( Temple da Pré- jugé et de la Superstition, ou Délassement d’un Ii- luminé ). . 40) Quelquefois on a donné à des Romans le titre’ de. Temple ; sans qu’ils fussent &’un contenu allé- gorique : c’est ainsi qu’à Bâle il parut en 1706, . in-8°. Der Tempet der Éreyheit, eine tragische Sceneunsers Zeïtalters (le Témple de la Liberté, stène trasique de notre temps). Parmi |2 quantité de jeux qu'on possède aujour. 249, sua Qlsiees. 4 au | ‘hui, il en existe un sous le titre Der Tempet. der Ehre (le Temple de Honneur }, dout la des- cription a paru à Leipsic en 1754. M. de Blankenburg , dans ses additions littéraires à la théorie des beaux arts de Sulxer, article ailé- gorie (3), a aussiindiqué les poëmesintitulés Tempte; mais cette notice de M. Schwid est plus complète. En se proposant de ne donner l’enumération que des allégories poétiques qui portent le titre de Temple , il est naturel qu’il devoit passer sous silence toutes les fictions sembiables qui n’ont pas ce titre , tel que Le Congrès de Cythère d’Algarotti, etc. Mais ül seroif certainement curieux que d’autres bibliographes dennassent des catalogues semblables des fictions al- légoriques qui ont paru sous les titres de Congrès , Diète, Isle, Règne, République , Pays, Pa- lais, Château , Fort, Grotte , Caverne, Vaisà seau ;ÿ Mrroir ; Combat , Lutte , Bataille, Guerre, Triomphe, Victoire Mceau , Foyage, eic. ‘ Le plan que M. Schmid sé traçoit pour cette notice, qui ne devoit contenir que les poëmes a/-. légoriques, devoit encore exclure toutes les poésies dans lesquelles on a chanté des temples réellement oxistans, comme Piron dans l’ode Le Temple de Saunt-Sulpice, ou Le Noble, dans son poëme sur 4 destruction du temple de Charenton. (3) Vol.I , page 81 et suiv. de la nouvelle édition de Leipsic , 1791 , et dans les supplémens à la fin du quatrième Voi, page 766. Fun Al VARIÉTÉS, LE eq os Ge 2 UC UC VARIÉTÉS, N OUY ELLES ET CORRESPONDANCE SAT #3 Découvertes en À (frig ue. Lr mémoire que je publiai en 1790, sur l'inté-, rieur de l'Afrique, a eu plus de succès que jé ne l’espérois; il a déjà paru plusieurs voyages dans ces pays aussi intéressans qu’inconnus : Hougthon et Mun- goparck ont avancé très-loin , etla société LÉMESISER a envoyé Hornemann. M. le chevalier Banks , président de la société royale de Londres a reçu des nouvelles de Hor- nemann, du grand Caire 4 : sa dernière lettre étoit datée du 3£ aout. Bonaparte, Monge et Bärtholet Pont très-bien accueilli ; Bonaparte lui a offért de Vargent ; il est parti par la caravane du Fezzan , le 12 septembre , avec des chamaux, chevaux et quelques marchandises, il passe pour un marchand , mais pas des plus riches, pour ne point exciter là cupidité ;ila rencontré par hasard en Ægypte, üñ compätriote allemand qui depuis long-temps est dans ce pays, et qui s'est fait musulman ; il a fait trois fois levoyagede la Mecque, et parle parfaitement le ture et l’arabe. Il étoit sur le point de retourner en Eu- rope; mais à la prière de Hornemann , il a con- senti à faire le. voyage avec lui; il lui est d’un grand secours. Hornemann veut aller a Fexzan , de là à Cashna s il continuera autant qu il pourra dans Tome PI. Q 242 Nouvelles littéraires, Pintérieur de Afrique, et reviendra ou versl’occident par Sénégambie, ou vers l’orient par lÆthiopie : il se porte toujours bien ; il a soutenu le climat de ce pays ; elil est rempli de zèle et d’ardeur. Sa letire ‘à Banks étoir fermée avec le cachet off iel de Bo- nparte, et Banks a reçu cette lettre par Pagent francais en Angleterre , pour échange des prisonniers. Banks , dans les éphémérides de Zach , février , page 396, rend cette justice aux Français, en faisant leur éloge sur la remise scrupuleuse de cette leitie ; il a même fait imprimer ce passage en lettres i’aliques; pour bien faire observer que les Krançais d’aujour- d’'hui ne sont point des vandales, comme ou vou- droit le faire croire. En général on voit dans lintroduc- tion du mois de janvier, combie» le célèbre astro- nome Zach prend le parti des Français, et combien il les défend. LALANDE. Sur le grand froid de cette année. Le major de Zach, directeur de lobservatoire de Gotha, le plus célèbre astronome de l’Allemagne et le plusutile, qui est le centre.de la correspon- dance du nord, et que j'ai été voir lété dernier, pour resserrer les hens qui nous unissoient déjà , m'écrit qu’il a vu le thermomètre à vingt-un de- grés le 5. nivôse (25 décembre ). Dans le pays de Wirtemberg ,il a été à 245 à Aussbourg, 25; à Manheim, 19; à Vienne , 18 3 à Amsterdam, 16; à Dresde, 14, comme à Paris; mais à Copenbague, qui est bien plus au nord, il n’a été qu’à 10 degrés; Le DS D Nouvelles littéraires. 243 ainsi la Cause de ce grand froid ne venoit pas du nord, mais probablement de la Sibérie et de la Tar- tarie.e On m’accuse d’avoir dit que rous aurions un hiver modéré; cela n’est pas juste. Un imbé- cille avoit dit dans un journal, aue tous les 400 ans on avoit un terrible hiver, et que celui-ci tomboit dans cette période : je répondis que la période de 400 ans n’avoitaucun fondementet que s’il y avoit un.moyen vraisemblable de prévoir quelque chose, ce seroit la période de 18 ans; elle nous a réussi quélquefois. M. Toaldo assure qu’en Italie, elle réussit toujours , et celle-là ne nous promettoit qu’un hiver modéré ; en -decà des Alpes et des Pyrénées, les circonstances locales | incalcu- lables, dérangent souvent le calcul et la période ; aussi n’ai-je donné que comme une probabilité cette conjecture, quo’n a prise mal à propos pour une prédiction, LALANDE. Poëtes allemands > imprimés à Philadelphie. Quelques savans établis à Philadelphie et à Bal- timore | dans les Etats-Unis de l'Amérique septen- trionale, se proposent de faire réimprimer les ou- vrages des principaux poëtes et philosophes alle- marnds, pour répandre et entretenir le goût de la lecture parmi les Colons allemands qui vivent dans ce pays. Le premier volume de cette collection a paru en 1796, à Baltimore, chez G. Keatinge , sous le titre : Dem Andenken deutscher Dichter und Philosophen gewirdmet von Deutschen in Nord: - Qia 244 Nouvelles littéraires. America (À la mémoire des poëtes ‘et philoso- phes allemands, consacré par des Allemands de PAmnérique septentrionale ). Ce volume contient, La mort d’ Abel, Daphnis et La Nuut ; par GEs- ner , avec le portrait de cet auteur. L'impression est bien soignée. L'Ispic{ireur Des MaAntr4ces , Vauteville. Le théâtre du Vaudeville a vu réussir, depuis quel- que temps, beaucoup de pièces épisodiques ; mais à la fin on se lasse des plus jolies choses , lorsqu’elles sont trop répétées. L’Indicateur des Mariages n’a pas eu autant de succès que les pièces. du même genre qui l’avoient précédé. En effet, les situations u’en sont pas neuves, et les détails im peu saillans. Le défaut de cette pièce est sur-tout de répéter ce qui avoit déjà été dit : les auteurs se sont pillés eux- mêmes , et plusieurs couplets offrent les mêmes idées qu’ils avoient déjà mises dans plusieurs de leurs pièces. On voit venir au bureau de Prin ; une femme romanesque, qui ne veut épouser ; qu’un homme possesseur d’un château délabré, qui soit capable de l’enlever, et qui sur-tout puisse l'aider à composer ses romans, Cette scène est la plus pi- quante : viennent ensuite une directrice de specta- cles, un auteur dramatique et un petit maitre de 60 ans qui retrouve sa vieille épouse, avec. la- quelle il avoit divorcé , et qu’il épouse pour la se- conde fois. Nouvelles littéraires. 245 Les auteurs ont été demandés : ce sont les citoyens Ségur ,. frères, connus par des productions plus agréables que celle-ci. Sur La Car des Os. Le docteur Lentin, médecin-praticien céièbre en Allemagne, a publié dernièrement , dans les com- mentaires de la société royale de Goettingue , quel- ques réflexions sur la carie des os, et sur la gué- rison. de cettemaladie. Il pense qu’elle dépend, d’un côté, de la décomposition chymique du phosphate calcaire, produite par la putréfaction de la gé- latine contenue dans los. En partant de cette idée , il étoit en droit de croire que Pacide phosphorique ; administré extérieurement, pouvoit être utile dans cette maladie ; et l’expérience semble ; d’après ce qu’il rapporte , avoir confirmé cette idée, Il en donne depuis dix jusqu’à vingt gouttes à l’intérieur ; dans un véhicule convenable ; ét à Pextérieur , une partie de même acide avec sept parties d’eau distillée. Il dit avoir observé que lPodeut fétide et particulière des caries disparoissoit en peu de temps, et que la guérison suivoit assez promptement, Il ajoute ce- pendant que les maladésiaffectés des symptômes hé- morrhoïdaux , ainsi que les femmes pendant la mens- truation , en furent un peu irrités. 246 Nouvelles littéraires. Racine de l’Enula-helenium. Knakstedt a publié dans les mémoires de l'Ins- titut de Pétersbourg pour le traitement des mala- dies, que la racine d’Enula-heltensum, donnée à l’in- térieur et à l’extérieur, s’est montrée un remède très-efficace dans les dartres , la gale et autres ma- ladies de la peau. LA PunrTron , opéra à Faydeau. Ce petit opéra n’a pas eu beaucoup de succès : les situations ne sont pas naturelles, et il seroit in- failliblement tombé si,au milieu des longueurs, on revoit trouvé du comique et un dialogue bien fait. Le sujet n’est pas neuf. Un père qui veut punir son fils de son manque de confiance envers lui, feint de rompre son magige, et de lui destiner une autre épouse que celle qui lui avoit été promise. Le fils, déguiséen valet de ferme, sert à table sa maîtresse, qui est d’inteiligence avec le père , et feint de ne pas le reconnoîtie ; mais tout s’arrange pour le mieux, et lé jeune étourdi finit par épouser celle qu’il aime. La pièce est du citoyen Desfaucheretz , auteur du Mariage Secret ; de L’Astronome, dont on connoît le succès , et la musique , très-agréable , est du citoyen Cherubint. Le ministre de l’intérieur ayant appris qu’il existoit M Nouvelles littéraires. 247 à Paris un graveur en pierres fines ( le citoyen Sc- mon), qui avoit exercé son art en Espagne avec distinction , à arrêté qu’il seroit invité à ad'nettre dans sonatelier quelques élèves que désigneroient les pros fesseurs de Pécole spéciale des beaux :rts. Pour une très-modique rétribution , cet artiste se formera des successeurs et des émules, ee Exrrarir d'une lettre d’un voyageur observa- teur , concernant le jardin botarique de V'oerlitz. Le jardin des plantes de Voerlitz est le seul que j'aie vu parfait dans ce genre en Allemagne. Il contient beaucoup de plantes exotiques, telles que la Fuchsia coccinella de Botany Bay, et plus de 200 végétaux originaires de l'Amérique, comme tulipier , platanes, cèdres, {ua , que Pingénieux Schorch, jardinier , multiplie abondamment dans sa pépinière, extrêmement bien disposée et des plus riches. On voit dans ce jardin, un monument que le prince a fait ériger au père du jardinier actuel, afin d’éterniser son mérite, son zèle et sa dextérité dans Vétablissement de ce jardin. La famille des pins et des arbres conifères paroît y être parfaitement com- plète. | Ce voyageur dit avoir vu en Angleterre, plusieurs jardins considérables , avec leurs pavillons bien or- donnés; mais, selon son opinion, il préfère à tous celui de Voerlitz. Une grande quantité d’eau fournie Q 4 L 248 Nouvelles littéraires, par lElbe, le site, la variété des parties, Porigina= lité dans les dispositions ; par exemple, de la syna= gogue, du panthéon, de la caverne de Vulcain et autres endroits , la perspective et la vue surprennent et snahegtent. Le pavillon, quoique simple, est de la plus grande noblesse ; la distribution intérieure est du meilleur goût : Béctéiee on admire lg magnif- cence et la richesse voilées par une rare simplicité, et tout indique le ‘goût, la bienfaisance et la bonté du fondateur de ce paradis terrestre, + Fritillaria regia. UNE manière singulière et ingénieuse de an | plier la Fritillaria regia L. est décrite dans le se- cond volume du Recuel des Mémorures et Obser- vations sur des sujeis de Botanique et d’Eco- nomie, par le professeur Hedwig, on l’a consisnée dans les Annales littéraires de Goettingue. La Fritillaire royale de Linnéus est appelée par le citoyen Lamarck, Basile à épi couronné. Lorsque cette belle plante liliacée est dans toute sa force et en pleine fleur , il faut couper les fleurs, les feuilles et la partie supérieure de l'oignon : on les enveloppe dans plusieurs doubles de rapier collé à écrire, ensorte que le tout soit exactement couvert ; ensuite on la comprime modérément entre deux plan- ches, et au bout de plusieurs mois on voit se former à l’extrémité inférieure plusieurs petits bulbes. Je cul- tive cette charmante plante unilobée , de la famille des Asphodèles, dans le jardin national des plantes à Nanci. Elle demande à passer l’hiver dans la serrè orangerie. WILLEMET: Nouvelles littéraires. 249 Une Journée pe Fenner , au Vaudeville. VoLrarr£ vient d’être ajouté par les auteurs du Vaudeville , à la liste nombreuse des grands hommes qu’ils avoient célébrés. C’est lui que les citoyens Pues, Barré, Radet et Desfontaines ont mis sur la scène dans là comédie intitulée la Journée de Ferney. Cette pièce étoit en trois actes; mais comme lin- trigue-étoit entièrement accessoire, et que Voltaire ne paroissoit pas dans le premier acte, on a trouvé cette mesure trop longue et les actes trop vides ; aussi les auteurs l’ont-ils remise en deux actes. Voici l’em- ploi de la journée de Voltaire. Il joue aux échecs avec le Père Apam , qui nest pas le premier homme du monde ; il reçoit un envoyé du roi de Prusse , qui lui apporte la clef de grand cham- bellan : il fait faire une répétition de l'Enfant pro- digue , qu’on doit jouer le soir même, et à laquelle il fait assister un père qu’il veut réconcilier avec son fils; il se rend ensuite à lPéglise, pour assister au baptême d’une cloche dont il doit être parrain, et marie la nièce de sa gouvernante au jeune homme qw’'il a réconcilié avec son père ; enfin , il reçoit une lettre qui lui annonce l’affranchissement des serfs du Jura, qu’il avoit vivement sollicité. De jolis détails et la vérité avec laquelle le carac- tère de Voltaire est tracé , assurent à cetouvrage un succès constant, fe | Le citoyen Ferpré a parfaitement saisi le carac- tère de Voltaire et sa physionomie ; aussi l’a-t-0m vivement applaudi. 230 Nouvelles littéraires- Le citoyen Carpentier a été, on ne peut pas plus, comique dans le rôle de l’envoyé prussien. En gé- néral la pièce a été jouée avec beaucoup d’ensemble. Nouvelles lütéraires de Danemarck. Copenhague , 14 pluviose an 7. Il y a ici peu de nouvelles littéraires à vous man- der. On annonce une traduction complète des Œu- vres de Voltaire en danois; mais je doute que cette entreprise réussisse , et mê:ne soit suivie. La guerre déclarée par le fiscal de l’émpire au professeur f'rcaTEe occupe ici tousles gens de lettres ; et le plus grand nombre d’entr’eux, ainsi que des étudians de Puniversité, prend parti pour le philo- sophe persécuté, quoique très-peu se piquent de lavoir compris, Un journal nouveau de Gexrz à Berlin a paru ici : on le dit fort insidieasement dirigé contre les prin- cipes de la révolution française et contre le gouver- nement de la République. Il a paru en betanique quelques bons ouvrages ; lels que Eclogæ :Americæ , seu Descriptiones Plantarum præsertim Americanæ meridionalis nondèm cognitarum, Fasc.'x et 2, par le pro- fesseur Vahl, dont le prix est de 40 francs , avec figures en taille-douce , in-fol. 1796-1798. Le même auteur a publié Icones Plantarum. Vous connois- sez sans doute encore du même savant botaniste , ses’ Symbolæ Botanicæ, en troisfascicules, qui trai- tent principalement des plantes de Forskal et d’un Nouvelles littéraires. 251 grand nombre que lui-même a découv-rtes. Je crois avoir omis dans ma dernière . que le nouveau vo- lume des Actes de la Socrété d’Histosre naturelle de Copenhague , en. Hanois, offre beaucoup de plantes et d’autres objets nouveaux d'histoire natu- relle, décrits et figurés 3 quoiqu'ils soient en da- nois, les caractères et les descriptions sont toujours en latins en conséquence tout étranger en peut faire usage, La collection entière est en quatre volumes. : Le savant Munrer prépare un mémoire sur l’al- phabeth persépolitain. Le célèbre historiographe du Dannemarck , et chambellan, M. Pcerre-Frédéric. Sunm , est mort à Copenhague le 7 septembre 1798, à l’âge de 69 ans. Voici l'hommage que lui a fait M. Fumars, pro- fesseur en belles-lettres francaises à Copenhague, et qu’il a parfaitement mérité : Il meurt justement regretté De ses amis, de sa pairie, Des Muses sa société : Avec gloire.et sans vanité I! cou.a doucemest sa vie; Et malgré sa célébrité Il fut si sim le, que l’envie Ne remarqua que sa bonté. M. Barrers, auteur des J’oyagesen Calabre ei en Sicile, a été nommé membre du sénat de Ham- bourg. «M. Vozr n'ira point: à Copenhague, On lui a offert des avantages suffisans pour le faire renoncer 252 Nouvelles littéraires. à ce voyage ; il reste À Halle, 6ù il s’occupe de revoir son texte d’Homère , destité à une magnifique édition de ce poète, que le libraire Lagarde prépare à Berlin, et qui sera accompaÿnée de planches gra- vées par T'ischbein. Sourds et mucts. Drruts le 7 mai 1798 il existe à Munich, capi- tale de la Bavière , dans hôpital de Saint-Joseph, un établissement pour l'institution des Sourds et Mueis ; elle est entièrement gratuite | et payée par lélecteur. Le directeur est M. Bernard Ernsdorfer. On ne recoit que des élèves qui ne sont point imbécilles , et dont l’âge est entre 8 et 14 années. Une journée du jeune Néron. La pièce héroico-burlesque donnée sous ce titre au théâtre de l’Odéon , a été sifflée et applaudie. L'alliance du genre bouffon avec le personnage de Néron , et le mêlange de l’héroïqüe et du burles- que , avoient effarouché les gens de goût ; cepen- dant on a trouvé dans la pièce, du talent et de l'esprit ; et quoique le genre par lui-même ne soit pas bon, puisqu’il nous reporte à l’enfance de l’art dramatique , du moins on a applaudi à la mauière dont cet ouvrage est traité. Le citoyen Laya, qui en'est l’auteur, y a es- quissé un tableau des mœurs de Rome , pendant Nouvelles littéraires. 253 le règne de Claude et la jeunesse de Néron ; ce dernier exile son gouverneur dont Vausterité le gêne, se livre avec de jeunes libertins à tous les excès de la débauche , vole sur un grand chemin ; mais on fui annonce la mort de Claude et son avéne- ment à l’empire , alors , par un retour sur lui- même ou par hypocrisie , Néron se sépare de ses compagnons de débauche , et rappelle son gouver- neur , à qui il rend ou feint de rendre sa con- fiance. Tel est le sujet de cette pièce, dont en gé- néral Je style est peu soigné ; mais. dont les carac- tères sont bien rendus. Le citoyen Sasnt-Fal,dans le rôle d’Aulus , a fait le plus grand plaisir par son jeu naturel. Cette pièce est une imitation exacte de deux pièces de Shakespeare > intitulées toutes deux : Henri IF, roi d'Angleterre , et dont l’une est la suite de l’autre. L'auteur, sans changer les ca- ractères , n’a fait que changer les personnages et l’époque de l’action. Henri, prince de Galles, est devenu Néron; Henri IF est devenu Claude, et sir Fastalf a été nommé Aulus, Quant à l’in- trigue , elle est absolument semblable, Traduction d’un ouvrage de Kant. L’InnicaTEUR littéraire universel ( Æ//gemeiner litterarischer Angeiger ) qui paroît à Leipsic , donne dans son numéro du 29 juin 1798, l’an- once suivante : 254 Nouvelles littéraires. Un écrivain francais s'occupe d’une traduction du livre de M. Kant , intitulé : Critique de la raison pure, Il fera précéder cette traduction d’un Essai d'exposition des principes fondamentaux de La phitosophie critique. | nent Éte Re AT TT Penns, Edition de Juvenal. M, Gorurtr , directeur de l'école de Kloster- Bergen, près de Magdebourg, se propose de pu- blier une édition manuelle de Juvenal , pour la- quelle il 8e servira’, entr’autres, d’un commentaire inédit que Winckelmann avoit composé avant son voyage en Iialie. It doit publier encore une seconde édition de sa Notice biographique et littéraire sur W'inckel- mann ; à laquelle seront jointes plusieurs lettres et mémoires inédits de Winckelmann , qui ont été communiqués par quelques amis de cet antiquaire à M. Gurlit. M. Gurlitt est celui dont nous avons annoncé un petit ouvrage sur la Mosaïque (x) , et un autre sur les Pierres gravées (2). On attend encore une très-bonne édition de Jw- venal, de M. Ruperti, directeur du gymnase à Stade (3) ; il a eu occasion de collationner plu- sieurs très-bons manuscrits , de sorte que, sous le rapport de Ja critique corrective, cette édition sera (1) Ann. IV , tome IV page 484. (2) Ann. TV. Ibid. (3) Dans le duché de Bremen , cercle de la Basse Saxe. Nouvelles littéraires. 255 aussi d’une grande importance, M. Heyne ; qui s'intéresse si vivement à toutes les entreprises lit téraires utiles, a facilité à M. Rupert ses travaux philologiques , en lui procurant les ouvrages nécese saires de la bibliothèque publique de Gœttingue, Bibliothèque de Gættingue. Si jamais une Bibliothèque a mérité le titre de publique, c’est sans contredit celle de Gættingue. Non-seulement l'accès en est libre à tout le monde , pendant des heures fixées , mais chaque étudiant connu par les professeurs , et qui veut travailler sur un objet, obtient facilement la permission de prendre chez lui 12à 20 volumes ( r ). Chaque pro- fesseur obtient de la bibliothèque publique, autant de livres qu’il lui faut pour ses travaux , et même des gens de lettres connus, établis hors de Gœættin= gue, obtiennent souvent des ouvrages de la biblio- thèque publique de cette université , comme M. Ruperti , dont nous venons de parler , et M. Jacobs, l'éditeur du commentaire sur lanthologie (2). La manière dont le choix des livres dont la bi bliothèque ést composée , se fait mérite encore d’être indiquée ici : chaque professeur de l’univer- (1) La fpetite étendue de la ville de Gættingue permet gette facilité sans inconvéniens pour la sûreté des livres ; ce qui , dans une plus grande ville, ne pourroit pas se faire de même. (2) Voyez Magasin encyel. apn. IV , jom, V , page 414. Li 356 Nouvelles littéraires, sité donne tous les trois mois, la liste des ouvrages dont il a besoin pour ses recherches ; et que la bibliothèque ne possède pas. Séances de l'Académie des sciences à Berlin. Le 11 janvier 17098, M. Secce a lu un mémoire allemand sur le droit naturel. Le 18 janvier, M: ErmaAN ; un: mémoire fran- çais sur les bévues littéraires et leur influence sur la . biographie. Dans la séance publique dû 25 janvier, M. AcHarD a lu en français une relation de,quelques expériences faites dans la vue de déterminer l'in- fluence de la compression de l'air, sur La germination des graines et de son action sur La vié animale’, avec la description d’une nouvelle méthode d’injecter les canaux des plantes qui sont susceptibles de recevoir un fluide dans leur capacité interne : à. . M. Déwiwa, un mémoire français sur les traces anciennes du caractère des Allemänds, suivi d'une courte comparaison de Marc-Aurèle et de Frédéric IT.....M. K£APproTx, un mémoire allemaud sur la mine d'or de la Transylvanie, et le nouveau mé tal qui y est contenu. .... M. BAsrTipe, recherches sur le mot environ ( en francais). Le vicomte de. GoYOôN , tableau historique de l'influence des femmes sur les grands événemens de leur siècle et de leur pays ; troisième époque (en français ). Le 1 février, M,: WiLLDENOW, essais sur une nouvelle Nouvelles littéraires. 237 nouvelle classification des mammifères ( en alle- mand ). Le 8 février , M. Bon£ a communiqué plusieurs nouvelles de sa corresporidance astronomique. Il a aussi présenté à l’académie, un mémoire sur l'or- bite de La comète observée en 1707 à Berlin, qué offre des résultats sur son véritable cours. Le 15 février , M. CASTILLON, réflexions sur Les sens en général, et particulièrement sur les organes du sens intime g français ). Le 22 février, M Gépiké , de l'influence réci- progue de la civilisation sur l'écriture, et de l’écri- ture sur la civilisation ( en allemand ). Le 8 mars, M. Burra , de la route de la lumière qui traverse un prisme transparent , avec des appli- cations aux prismes achromatiques et aux lunet= tes achromatiques ( en francais). Le 15 mars, M. AncicroN , un mémoire français sur les pressentimens. Le 22 mars, M. BAsrinE, observations diverses sur la langue française, à l’occasion de différens passages de Montaëÿne (1), avec quelques remarques critiques sur cet auteur (en francais ). Le 29 mars, M. Wazrer fils, un mémoire alle- mand sur la peau. | Le 19 avril, M, Bone présenta les huit premiè= res feuilles de sa carte céleste. (1) Nous avons parlé , dans le Magas. encyc!. ann. II. tome VI, page 537 de la nouvelle édition des Œuvres de Montaigne ; que M. Bastide prépare. Tome SI. R 258 “Nouvelles littéraires. Le 5 mai, MaTerzer, sur le purisme et l'empi- risme moral, et les idées qu'on doit s’en former (en allemand ). Le 10 mai, M. Cunx, histoire ' de l'origine de la constitution germanique (en allemand ). Le 7 juin, M. Acmarp, un mémoire allemand, contenant des recherches sur La germination des grai- nes et l'accroissement des plantes. Le 14'juin, M. Gruson (2), sur un Le nie calcul qu'il appelle calcul d'expbsition ( en fran- ais ). Le 2: juin, M. Bresrer (5), sur le principe Je So- crate , que la vertu et la connoïissance ( Peoyneis et es. enr) sont la même chose ( en allemand }. Le8 juin, M. de VerDy, chronologie historique des Margraves de Brandébourg-Anspach et Bayreuth , 2ssus .de la maison électorale de Brandebourg, et qui ont existé depuis l'an 1486, Jusqu'à présent (en français ), Le 2 août , M. Ac#arD, continuation de ses ex- périences sur la germination des, graines, etc. Le 9 août, l’académie tint une séance publique; dans laquelle on a fait les lectures suivantes : (2) Le même, qui est l’auteur de /a Picanothèque , et le traducteur des Fonctions analytiques d&' citoyen Lagrange, dont nous avons rendu compte dans le Magas. encycl ann. IT , tome IV, page 279. (3) Le mème qui a traduit en ‘allemand le Voyage a “Jeune ÆAnacharsis de l’abbé Barthélemy. Voyez le Magas. encycl. ann. IV , tome V,, page 396. _ Nouvelles littéraires. 259: M. Acmanrp a indiqué les expériences qu'il afaites pour déterminer l'influence, de la. couleur des rayons de lumière sur la germination: des graines, la çou- leur verte des plantes et leur étiolement , et pour ap- profondir les différens , degrés d'affinité, des rayons lumineux colorés. différemment à l'oxygène, Il a montré en même temps |’ appareil qu'il a employé, ainsi que | les résultats des expéri iences. M. ERMAN a hs un mémoire sur l'ordre de la suc- cession dans la maison de Prusse et de: Brandebourg , depuis lerègne de la branche de Hohenzollern, Le vicomte de GoxoNx a lu la quatrième période de son tableau historique de l'influence. des femmes sur Les grands. événements de leur siècle et de leur pays. Le marquis de BourLErs a terminéla séance par un mémoire sur la littérature et les littérateurs. À ee Prix proposé par la soctélé médicale har- veyenne à Edimbourg. La société établie à Edimbourg , en lhonneur du célèbre Harvey(r)., tient tous les ans une séance solennelle le jour de naïssance de cet homme cé- lèbre, dans laquelle , pour engager les jeunes gens qui étudient la médecine, à faire des observatious, elle décerne des prix d’encourasement aux meil- leures réponses aux questions qu’elle a proposées. (1) Voyez la vie que j’ai donnée du célèbre Harvey , traduite de l’anglais de M. Aikin , dens /6 Magas. encycl. ! ann.I, tome VI, page 205, A. L. M, KR 2 260 Nouvelles littéraires. Daus la seance de 1795, on a proposé pour les cinq dernières années de ce siècle, cinq questions qui se rapportent à l’usage des bains. Pour les années 1796 et 1797 , la société a pro- posé l’Examen , fondé sur des expériences , des effets du bain froid, dont la température est au dessous deno degrés , et du bain tiède , dont la température est entre 70 et 99 degrés du thermomètre de Fahrenheit, dans l’état de santé ét de maladie. Pour l’année 1798, elle a proposé de pareilles re- cherches sur lès effèts du bain chaud, dont ta température seroit au dessus dé go degrés. } ‘Pour l’année 1799 , de pareilles recherches sur Le bain de vapeurs. Pour l’année 1860, un mémoire , appuyé d’exp: + riences, sur PH e re du bain M vapeurs , LMm- prégné Fr médicamens sur le corps, dans l’état de santé ét de maladie. Les mémoires doivent être envoyés aux deux se- crétaires de la société , le docteur Duncan et M. John Bell, chirurgien à Edimbourg, dans lé cou- : rant de l’année pour laquelle là question est pro- posée, Le prix que la société dé est un exemplaire de lPédition eplendide des ouvrages de Harvey, in-4°. que le collége des médecins a publié à Londres. Nouvelles litléraires. 26% Pérruguiers auteurs. ON a vu des perruquiers qui se donnoïjent le titre dartistes , et qui faisoient mettre au dessus de leurs - boutiques , l'inscription Académie de Coëffures ; - Particle suivant, que nous trouvons dans le 4/g. litt,. Anxeiger (Indicateur littéraire universel), du 27 septembre 1798, page 1557, et. dont nous donnons la traduction, nous fait connoïtre un per- ruquier auteur (1). | « Le perruquier P. Paulsen , à Oldenbourg , » qui a déjà publié un mémoire sur la possibilité » d’établir, des théâtres permanens dans les petites . » villes, eu égardà la ville d’Oldenbourg ( Ueber die » Mæglichkeit der stehenden Bühnen in Kklernen » Stædtenin Rücksichtauf dieStadt Oldenburg), à Oldenbourg , chez Thiele, 1786, a1 pages in-4° » publiera incessament un autre traité sur les abus » des jurandes et les moyens de les abolir. ( Ueber die Missbræuche bei Handwerks-Z ünften und deren Abstellung ) ÿ Extrait d’une lettre du général Championneë , au ministre de lintérieur. Naples , 19 pluviôse an 7. «...….. Je Vous annonce avec plaisir que nous avons (x) Nous avons eu aussi en France un Perruquier auteu.r André ; auteur de la tragédie intitulée le Ticmblement de terre de Lisbonne. R 3 a62 Nouvelles littéraires. n trouvé des ricliesses que nous croyions perdues.Outre » les plâtres d’Herculanum qui sont à Portici, ilya encore les deux statues équestres en marbre de Nonéus père et fils. La Vénus callpiyge n'ira pas seule à Paris; mous avons trouvé à la manu- facture de porcelaine , la superbe Ægréppine at- tendant la mort , les statues en marbre de gran- deur naturelle, de Caligula , de Lucuus-Ferus , de Marc - Aurèle , un beau Mercure en bronze , et un Méléagre en rouge antique , beaucoup de bustes antiques en marbres du plus grand prix, parmi lesquels en compte un Homère, etc. Le convoi partira pour Rome sous peu de jours. » Lé général a envoyé en même temps au ministre de l’intérieur , un arrêté par lequelil a ordonné des ù fouilles à Herculanum, Pompeïa , Stabia, Baïa et à Sant’Agata (l’ansienne Capoue). Six cents ou- vriers sont employés à ces fouilles, qui se font sous la direction du savant et respectäble antiquaire Matra Zarillo , de l'académie d’Herculanum. Tousles ob- jets que l’on trouvera seront transportés sans retard dans un magasin général , pour y être classés, dis- tribués , décrits et embailés. On a déjà déblayé une boutique nouvelle dans Pompeïa, et l’on y a trouvé les squelettes de quaire femmes: ces infortunées s’éioient-sans doute réfu- giées dans ce lieu pour se mettre à l’abri de la pluie de cendre qui finit par engloutir la ville. Elles avoient des pendans doreille de différent travail, des anneaux, des colliers d’or, deux bracelets composés de fils d’or en spirale, et par conséquent élastiques , le seul monu- É S y% S SJ se y % % Nouvelles littéraires. 263 mentantique de ce genre qu’on ait trouvé jusqu’à pré- sent. Ces objets ant été envoyés ; et sont déjà arrivés à Paris, comme nous l’avons annoncé. (x). Suède: M. Gust. A. Silverstolpe , libraire à Stockholm, a établi à Leipsic, depuis la dernière foire de la Saint- Michel, un entrepôt des productions littéraires qui se publient en Suède , et qui jusqu'alors avoient été. très-difficiles à se procurer. Au nombre des ouvrages qui viennent de paroître chez lui, les deux suivans mériteront sur-tout l’attention des savans : Fauna Suectca , auciore Gust. Paykull , vol. x ,et Des- criptio Arteriarum , auctore Ad. E. Murray. Pour faire connoître la littérature suédoise, M. Sc£- verstolpe a engagé plusieurs savans de son pays, de d coopérer à sonJournal fœr Svensk Literatur(Jours pal pour la littérature suédoise), qui paroit à Stock- holm depüis 1797. Le même libiaire se propose encore de publier in- céssamment un dictiounaire suédois-allemand, etune grammaire de la langue suédoise, à l'usage de ceux qi savent l’allemand. (x) On lit dans d’autres journaux, notamment dars le Journal dè Paris du 20 ventôse , qu’on a trouvé dans le mème endroit une médaille de Galba , avee le mot l'Eerté. Cette découverte n’a rien d'étonnant , les médailles de Galba avec les légendes LIBERTAS , LIBERTAS AUGUSTA, LiBEr- TAS P. P., LIBERTAS RESTITUTA , S8 rencontrent assez fréquemment , parce que le peuple romain , délivré du cruel Néron, crut alors avoir recouvré sa liberté A. L, M. 10°. ue R4- 264 Nouvelles liltéraires: Les peux VEuUVESs, LA petite comédie donnée sous ce titre à lOdéon le 9 ventôse, a été applaudie. En voici l’analyse. Eugénie , jeune veuve, a vu au bal Florestan , pour lequel elle a conçu de l’amour, et elle forme le projet d’en faire son époux. Son oncle a parié qu’elle n’y réussira pas : pour gagner sa gageure, elle se déguise en homme , sous le nom de Zéndor son frère, et, suivie d’Ælise sa femme-de -chambre , également déguisée, elle se rend à l’hôtel garni où loge Florestan. Eugénie apprend du maître de l’hô- tel, que Florestan est sur le point d’épouser Léo- nore, veuve riche et coquette ; alors elle fait passer Florestan, dans son esprit, pour un libertin qui ne fait aucun cas d’elle, et feint de l’aimer beaucoup plus sincérement. Léonore remet entre les mains de son nouvel amant, la promesse de mariage que FLo- restan lui avoit faite. Eugénie, toujours sous les habits de Lindor, renoue connoissance avec FlLo- restan, lui parle de sa sœur, et sous ses propres habits achève de lPenflammer. Quand elle est sûre de son fait, elle revient sous les habits de Lindor, et avoue son stratagême en présence de sa rivale. Cette petite pièce est bien dialoguée, mais elle pêche contre la vraisemblance. Le sujet est tiré d’une épisode de Gil Blas. L’auteur a été demandé : c’est le citoyen Rigaud. Traduction du tableau élémentaire du citoyen CurreRr. M. Wiedemann , professeur à Brunswick, a Nouvelles littéraires. 265° annoncé qu’il s'occupe d’une traduction allemande, du Tableau élémentaire de l’ Histoire naturelle des Animaux , par Le citoyen Cuvier. ETAT des livres nouveaux publiés en Allemagne. Voici le résumé de la quantité de livres nouveaux qui ont paru dans les deux foires de Leipsic de l’année 1798. La gazette littéraire de Jéna, du pre- mier décembre 1798, donne de plus les sous-divi- sions de chacun des articles dont nous nous contentens d’indiquer le résumé. ! Pa SE OP LÉ RAF PIÈTERE FotRE DB PAQURS, 1798. S S|S S|3S| S | 3 Q STSSISSTS | E D ? Ê A È * # Le |__| LR ME DIer ÉUR SRE LLC 191] 78] 35] 7| 315 +.{Jurisprudence:.......:1.,... 85| 251 :4l 4! 128 I en Len «ge ea 111 47] 35]. 15| 208, ATPhdaophie SACUIRRECTU 54] 16! 18] | 83 5. Pædagogique.....,......... 97\ 35 *5 3! 110 6. Sciences politiques.......... 70] 14] S8] 7| 9Qo 7. Sciences économiques. ...... 1121 25] 10 8] 155 8. Sciences physiques. ......... 251 15 2 51 45 g. Sciences mathématiques..... 451 2:51 20! 7] où 10. Histoire naturelle. ........ 38! 5 71] $9 11, Géographie: /}, 1,20 f 68{ 26! 15| 15] 122” | CAS LEP O7 CHAT RER A ER 180] 67| 17} 18] 28a 13. Beauxarts,.... him ar ME 294] 68] 341 25] 419 14, Philologie....,.... B, 2 ab Sa] 20! 2 1} 522 15. Histoire littéraire universelle. 2 0 (s of -,2 ROMA Es. Tee ce 145] 611 131 4! 223 266 s Nouvelles littéraires. SU NS 9 I Da Slt S Si FoiRE DE 14 Sr. Micuer, Re el |" ’ Sr SNS © & © = 1798. a S'S SC à ë "à 318% à S S En I A NP Le CR PU CEST CRT ST SN ER RES SUN OMR ERP x: Théologie. URSS MNT RENE 70] 3o| 13 1| 123, 2. Jurisprudence, ....... RE OS PT O I ol 44 3, Médecine!" 9: cm): 38| +5 3] °10/ 66 GE Pa one NET 251 4 5 2| .36 5. Pædagogique: ::: 12.04... 0| 10! 10 2| +42 6. Sciences politiques. .....:... 39 9 2 1193 7. Sciences économiques...,,.. 30}, 17 5 4! 62 8. Sciences physiques.......... 6 6 o 1| 13 9. Sciences mathématiques. . 10 3 3 md Me soit A 10. Histoire naturelle. .......... " 19| 12 o 3] 34 11. Géographie, .....,.. PARLE 16! 16 3 A Pre br) Ja. Stores, Bt ua AN #6 27 7 ra NF 15,/Deaux-drhsr. DS. EN ..-:771: Bale 12) of 637 24. Pldlogieat SALE Me 28| 10 1 ol naù 15. Histoire littéraire universelle. ï ï o G 2 16. Mélanges}. Fit" AAV SAN) 9 2 89 PE D TRS RAT 0 ÆOTÉE: 4 0: 527 243. 74 47. 891. Le total des ouvrages publiés dans les deux foires de Leipsic, de l’année 1798, est donc dé 8,390. RTE nTOREnEeEE ee | Musée central des Arts. La Tre. partie dela galerie du musée central des arts sera ouverte au public le 18 germinal prochain. L’ad- minisiration auroit désiré pouvoir rapprocher ceterme, et satisfaire plutôt au vœu des artistes et à l’empres- sement du public ; mais les nombreuses réparations qu’à nécessité le repas donné si imprudemment dans celte galerie, il y a plus d’un an; la restau- Nouvelles littéraires. 267 ration indispensable qu’il a fallu faire d’une grande quantité de tableaux exposés, l’ordre chronologique qu’on a cherché à établir ( autant qu’il a été possible}, entre les maîtres et les expositions successives qui ont eu Jieu depuis un an dans le grand salon qui pré- - cède la galerie , tout a servi à éloigner l’époque où l’on pourra enfin jouir de La vue de tant de chefs d'œuvre de peinture. Ÿ Ceite première partie de la galerie contiendra les écoles française et flamande. L'autre partie sera destinée à l’école italienne ; mais comme il faut de grandes réparations aux tableaux de cette école ;, dont plusieurs sont arrivés de la Lombardie, de Rome et de Venise, dans un état véritablement dépiorable, cette dernière portion du musée restera fermée quelque temps encore. nn” Société économique Batave. La société économique batave , à ce spécialement autorisée par le directoire exécutif de la république bätave , propose à tous les savans nationaux et étran- gers, sans distinction, la question suivante : « Existe-t-il un moyen entièrement satisfaisant et » inconnu jusqu’à ce jour, de tellement purifier de » l’eau corrompue, puante et putréfiée , d’en cor- » riger tellement l'odeur et le goût (et ce sans mé- » large d’aucun ingrédient insalubre ou nuisible), 5 qu’elle devienne une boisson claire, rafraî- » chissante et saine? et dans lecas de l’affirmative , » quel est ce moyeu? » Elle promet un prix de st mille florins (12,000 J _268 Nouvelles littéraires. fr. ) à celui qui aura répondu à cette question d’une mavière satisfaisante, | Il sera sur -tout important de ne pas perdre de vue: 1°. Que le moyen ou les moyens ne doivent être ni trop dispendieux , nitrop embarrassans , ni en- traiuant une trop grande consommation de combus- übles , afin de pouvoir être employés sur mer dans des bâtimens fortement chargés et équipés , et sou- vent exposés à une violente commotion ; 2°. Qu'ils soient d’une facile manipulation pour ‘les marins ; 3°. Qu’éprouvés sous diverses températures , ils donnent constamment le même résultat ; 4°. Qu'ils ne produisent aucun effet nuisible sur la vaisselle de cuivre, dans laquelle se prépare la nourriture des gens de mer, soit par corrosion ou autrement, Quand, l’inventeur , après des épreuves faites dudit procédé, voudra, sans aucune réticence, révéler son secret ,; et la manière de s’en servir, à des commissaires de ladite société économique , de manière; qu'avec l’eau en question , ils puissent faire eux-mêmes un essai en tel lieu ou à bord de tel bâtiment qu’ils voudront, il lui sera, après un succès itératif , compté un tiers de la prime promise. "re PET: Le restant de la somme sera payé après que la : société aura été à portée de faire les mêmes expé- riences à , bord d’un ou de plusieurs vaisseaux, sous des climats différens et à son choix, et après qu’elle aura été assurée , par des avis authentiques, : Nouvelles littéraires. 269 qüe le moyen ou les moyéns indiqués répondent au but de la question. ‘Les mémoires doivent être adressés, avec les formalités ordinaires, au secrétaire-général de la société économique batave , J.-J. Dessour, à Har- lé, avant le 10 ventôse an 8 (28 février 1800, vieux style ). La société se réserve de pouvoir partager le prix entre deux ou plusieurs concurrens, dont les indi- cations seroïent suivies d’un égal succès. . LA Pension accordée au cit. Mercrer Saint- Léger. : Le ministre de l’intérieur ayant appris que le citoyen Mercser , ci-devant abbé de Saint-Léger de Soissons, célèbre en Europe par ses connoïissances bibliographiques , éteit accablé par l’âge, la mala- die et la détresse, est venu généreusement à son secours ; il a été chargé d’achever son Recueil d'extraits et notices des Poëtes latins du moyen âge, les meins connus jusqu’à 1520 ou 1530, assuré que pendant ce travail, il n’auroit aucune inquiétude sur sa subsistance, CoOmmEnT r4inE ou les épreuves de Misanthror pie et Repentir. Cette petite pièce, donnée au Vaudeville le 26 ventôse , a obtenu un succès complet. On y a réuni toutes les aventures qui ont été rapportées dans les journaux, et auxquelles ce drame avoit donné lieu. Un jeune homme sg 8 point de se marier , romp4 È 270 Nouvelles littéraires: avec.sa future, parce qu’elle n’y a pas pleuré; un autre au contraire se brouille avec la sienne, parce qu’elle a été trop vivement affectée. Un vieil époux veut faire divorce, parce que sa femme s’est trouvée mal à la représentation; et une jeune fille épouse . ces un jeune homme qui a fait. fortune. en vendant de : Veau de Cologne et des sels à tous ceux qui s’évas, nouissent à la pièce de Misanthropie et Repentir. Une critique fine est répandue dans toute, la pièce ; le drame jouveau y est alternativement loué et critiqué , et on a applaudi à beaucoup de couplets spirituels et bien tournés. On auroit pu reprocher à cette pièce quelques longueurs, mais les auteurs apparemment non dar ei ve temps de la fairé plus courte; NOR | Ils ont été demandés: ce sont les citoyens Joui et Lonchamps , auteurs de l’Ærbitre où les Con- sultations dé l’an 7, comédie donnée avec succès à céthéâtre. 14 Voici un tongièt du vaudeville final, cu a été redemandé, : LE NLO TER: Long-temps encore , à l’Odéon, On ira voir Misanthropie ; SUZANNE. “Cest que les graces de Simon Couvrent les défauts d’ÆEulalie. On à fait répéter aussi le couplet suivant. Air : St Pauline est dans l’indigence, Au Parnasse , Apollon préfère Aux derniers , les premiers venus. Nouvelles littéraires. 273 aû : hi Le myrthe qui croit à Crythère, _ Couronne les premiers venus. En affaires, tout l’ayantage Appartient au premier venu. N'a pas qui veut , en mariage, . L’honneur d’être premier venu. La pièce a été jouée avec beaucoup d’ensemble: on à sur-tout applaudi les citoyens Henri, Car- pentier , et la citoyenne Aubert dans le rôle de coquette, ; Lettre au citoyen Mrirrrn , sur l'édition sté- réotype de ROUSSEAU. 7 Ventôse. . Dans le second volume du J, B. Rousseau , édi- tion stéréotype, page 159 , je trouve l’épigramme suivante, intitulée {es Souhaits. Etre l’Amour quelquefois je désire , Non pour régner sur la terre et les-eieux ; Car je re veux régner que sur Thémire ; Seule , elle vaut les mortels et les dieux ; Non pour avoir le bandeau sur les yeux ; Car de tout point Thémire m'est fidelle : Non pour jouir d’une gloire immortelle, Car à ses jours survivre je ne veux: Mais seulement pour épuiser sur elle Du dieu d'Amour, et les traits, et les feux. Mais cette épigramme est-elle de Rousseau ? L’au- teur d’une lettre insérée dans l'Année littéraire (1768, tome 6, page 334), l’'attribue à Ferrand, et Hi au cinquième vers : Non pour avoir son bandeau sur les Jeux. 272 Nouvelles littéraires. Il fait observer que M. de Voltaire a imité ce madrigal lorsqu'il fit celui-ci pour madame du Chä- telet (tome 14, page 359. Beaum.., in-12 ): Etre Phœbus aujourd’hui je désire, : Non pour régner sur la prose et les vers ; Car à du Maine il remet eet empire , Non pour courir autour de l’Univers, Car vivre à Sceaux est le but où j’aspire ; Non pour tirer des aecords desalyre, De plus doux chants fort retentir ces lieux ; Mais seulement pour voir et pour entendre La belle Issé qui pour lui fut sitendre, Et qui le fit le plus heureux des dieux. Au reste, M. de Voltaire et Ferrand ou Rous- seau avoient imité Marot, dans les œuvres duquel on trouve ce dixain. : Estre Phœbus bien souvent je désire , Non pour connoître herbes divinement ; Carla douleur qui mon cœur veult occire, Ne se guérit par herbe aucunement : Non pour avoir ma place au firmament, Car en la terre habite mon plaisir ; Non pour son arc encontre amour saisir , Car à mon roi ne veux estre rébelle : Estre Phœbus seulement j’ai désir. Pour estre aimé de Diaue la belle, Ce n’est pas la seule difficulté à faire sur cette édition de.J. B. Rousseau. M, de Saint- Marc, dans un morceau imprimé dans le n°. 20 de votre journal, pags 480 , attri- bue à des auteurs inconnus les épigrammes 19 et 20 | a CE De Ce à du ae é Nouvelles littéraires. 273. du troisième livre , page 165 du second volume de l'édition stéréotype XIX.. Sur Les fables de Lamotte. Dans les fables de La Fontaine , Tont est naïf , simple et sans fard: On n’y sent ni travail ni peine , Et le facile en fait tout l’art : En un mot, dans ce froid ouvrage, Dépourvu d’esprit et de sel, Chaque animal tient un langage Trop conforme à son naturel. Dans Lamotte Houdart, au contraire, Quadrupède , insecte, poisson, Tout prend un noble caractère Et s'exprime du même ton. Enfin, par son sublime organe Les animaux parlent sibien, | Que dans Houdart souvent un âne Est un acagémicien. X X. Sur le même sujet. à Quand le graveur Gilot et le poëte Houdart , ba Pour illustrer la fable auront mis tout leur art; C’est une vérité très-sûre , Que le noëte Houdart et le graveur Gilot, e En fait de vers et de gravures, Nous feront regretter La Fontaine et Calot. M. de Saint-Marc nous apprend que Rousseau voit retouché les vers de la première , qu’il croyoit Tome FI. S 274 Nouvelles littéraires. de Chaulieu. La seconde, selon M. de Saint- Marc sent Le GAcow. | Voudriez-vous, citoyen, En imprimant cette lettre, engager votre savant correspondant le citoyen Saint- Léger, dont Pérudition littéraire et bibliographique est si bien connue , à éclaircir ceite difficulté , et à vérifier les droits de Ferrand et de Chaulieu sur ces épigramimes imprimées dans les œuvres de Rous- seau. BorsSONADE. Û PA LE SE ge NU | TECRHNOLOGTE. Leitre au citoyen Mrzrrn. Dans votre note sur le passage de Jean ; abbé de Beaugency (ann. IV, tom. V, pag. 472), que j’avois citée au sujet de l’invention des lunettes au treizième siècle (1), vous dites, citoyen , que le mot Bustula ne doit pas s'expliquer par /unettes , sens qui m’avoit aussi paru peù admissible , et qu’il vient de Buxzus , buis, et signifie la petite boîte de buës où la lettre étoit contenue. J’ai peine à croire, je vous l'avoue > que Bustula puisse avoir Buxus | pour racine : je le croirois plus facilement de Bu- æœula ; mais nous avons Bustulai, et puis il parot- troit dériver de cette étymologie ; jque c’étoit | l'usage d’enfermer les letires dans des boîtes de buis, | (x) Voici le passage : « S/atim ut lilterarum vestrarum | » bajulam vidi , bustulam arripiens non solum avide legr > et perlegi, Mais parce Qu'on à fait communément des boîtes avec ce bois. Cette apinion est celle de Ménage. Du reste, ce mot est un di- * minutif de Buzis , que Ducange dérive du grec Pris, boîte, d’où vient évidemment Busta, dont Bustula n’est que le diminutif, À, [,, M. S z 276 Nouvelles littéraires. néral Charpionnet (1), continuent d’être fructueuses, On a découvert dernièrement une maison de cam- pagne près la Torre del Greco, territoire de l’an- cienne ville d'Herculanum : on y a trouvé deux pieds et une partie de la jambe de deux statues de Saiyres en bronze. Ces figures devoient être d’un grand caractère et d’un travail grec. On a découvert à quelque distance de là, la base où étoient posées ces figures ; elle porte l’empreinte de quatre pieds. On espère trouver bientôt le reste du grouppe qu’elle soutenoit, et alors la restauration sera facile. Il paroît certain que le roi de Naples, en s’en- fuyant, a dépouillé les musées de Portici et de Capo di monte ; de ce qu’ils renfermoient de plus pré- cieux. Cependant le général mandoit le 8 ventôse, qu’il alloit faire partir sous peu de jours de nom- breuses caisses de statues et de bustes restés. à Naples. Dans Pétat qu’il a envoyé , on compte dix-huit stas tues, parmi lesquelles le célèbre Hercule Farnèse, et un plus grand nombre de bustes. Quant aux fouilles faites à Pompeia , la lettre suivante donnera une idée des travaux dont elles sont l’objet. Le citoyen Mathias ZaAnrriro , directeur-géné- ral des fouilles, au général en chef CaAm- PIONNET. ; « Hier, 2 ventôse , lendemain de la visite que vous avez faite aux fouilles de Pompeïa , citoyen général, je m’y suis transporté de nouveau , pour établir une meilleure organisation pour les ouvriers (1) Suprè, page 261. Le BREST E Ten PR — — Nouvelles littéraires. 277 et les inspecteurs , et former un petit bureau de cor- respondance, pour transmettre les papiers originaux au bureau d’administration des dépenses établi pour lesdites fouilles. Je trouvai, à mon très-grand plaisir, découverts deux appartemens situés sur la facade méridionale de Pompe.a , dans lesquels, quoiqu’on wait point trouvé de monumens amovibles , parce qu’il y a apparence qu’ils avoient été fouillés à plu- sieurs reprises, on a découvert néanmoins des objets précieux pour les arts, mais qu’il n’étoit point facile de transporter , comme vous pouvez le voir dans mon plan d’exécution , ordonné et approuvé par vous. Ce sont, dans une chambre, trois petits tableaux d’en- viron un palme et demi, représentant tous trois le même sujet, mais en diverses atlitudes ; savoir : un Faune qui semble vouloir engager une Nymphe à céder à ses désirs; dans le second, outre le Faune et la Nymphe, qui sont de proportion plus grande et d’un excellent coloris (spécialement pour le nu, qui peut le disputer en ce genre au Tilien ), on voit la divinité conservatrice du monde, Priape , avec ses magnifiques attributs ; derrière cette figure est une petite Victoire qui la couronne , et au fond , dans le . champ du tableau , il ÿ a une grenade, fruit dédié à Priape. _ » Dans les deux autres appartemens qui sont ad- jacens , sont deux grouppes semblables, d’un Faune et d’une Nymphe, mais en attitudes diflérentes, » Sur un mur d’une chambre contiguë , est un autre grouppe de figures plus grandes, parce que le tableau est à peu près le double des trois autres déjà S 3 278 Nouvelles littéraires. décrits. Dans ce grouppe, on s peint Diane pas- sionnée , qui va surprendre Endymion : la Déesse est d’un bon dessin et d’un excellent coloris : ; elle est presqu’entièrement nue ; son voile , qu’elle tient avec ses deux mains, voltigeant sur sa tête, y forme un croissant. Dans un autre appartement qui précède celui des trois petits tableaux avec des Faunes et des Nym- phes, et dont les murs latéraux sont presqu’entière- ment ruinés, parce qu’ils sont assis sur le penchant de la colline de Pompeïa, on voit un beau pavé de mosaïque, d’un travail extrêmement délicat, et à petites cases. Cette mosa que, qui est belle et pré- cieuse , fait espérer que, dans les deux autres cham- bres décrites , où sont les peintures , on en trouvera d’autres aussi belles sur le pavé qu’on n’a pu encore atttindre. » : Salut et respect , Signé, MarTnras ZARILLO. / Nous ajouterons que le général en chef a chargé les citoyens Point, Thevenin et Blanchard, de pren- dre les dessius de ces tableaux , qui seront ensuite enlevés et transportés à Paris si on les juge dignes de cet honneur. On a dû depuis attaquer le centre de la ville d’Herculanum, où lon espère trouver des morceaux précieux pour les arts et pour l’ar- chæologie. 1 Voyage de Choiseuil Goufiier. Le second volume du Voyage pittoresque de la Grèce , par Choiseul Gouffier, étoit très-avancé lors- que son auteur émigra. Déjà la plus grande partie. Livres divers. 279 des planches étoient gravées. Elles furent saisies , et elles sont restées plusieurs années sous le scellé, — L’épouse de Choiseuil, qui n’a point quitté la France, a demandé ces planches au gouvernement, afin de pouvoir terminer un ouvrage estimé des artistes et des antiquaires. Sa demande a été favorahlement reçue. Les planches lui seront rendues, à la seule condition qu’elle donnera pour les grandes biblio- thèques publiques, un cériain nombre d’exemplaires de louvrage cotplet. Nous pouvons donc espérer de le voir bientôt paroîie. Le gouvernement , par cette décision ,; a rendu un nouveau service aux lettres et aux arts. | LEVR ES "LD": V E RS: C'o's mM'6 G R A P HI €: COSMOGRAPHIE élémentaire, divisée en parties astronomique et géographique, ouvrage dans lequel on a täché de mettreles vérités les plus intéressantes de la physique céleste à la portée de ceux même + qui n'ont aucune notion des mathématiques, avec des planches et des cartes ; par EDME MEN- ; TELLE, membre de l'institut national, et pro- “ fesseur aux écoles centrales du département de La Seine : troisième édition, revue et considérable- ment augmentée par l'auteur. À Paris, chez Théo- phile Earrois, libraire | rueHaute- Feuille, n°, 22. An 7. Le succès de cet ouvrage est assuré, et ceite édi- tion , à laquelle son auteur a fait les additions né- cessitées par les changemens arrivés daus PEurope, ne peut être que très-favorablement accueillie. S 4 280 Livres divers. Prysrorzocisx. DESCRIPTION anatomique d'une tête humaine extraordinaire, suivie d'un Essai sur l’origine des nerfs ; par J. Fr. N.JADFLOT, médecin. 50 pag. in - 8°, de 00 pages avec planches. An 7. Prix, x franc, et 1 franc25 centimes franc de port. Cette tête ; d’un volume considérable, a été trou- vée auprès de Rhrims, à quinze pieds de profon- deur, au village de Sacy : elle fut donnée à Bernard de Jussieu, et elle est actuellement dans le cabinet du citoyen Jussieu, formé de l’héritage de plusieurs grands natrtralistes, Guettard et Dargenville en ont parlé, mais avec peu d’exactitude. Le citoyen Ja- delot en donne le poids, les dimensions et la figure, comparés au poids, aux dimensions et à la figure de la tête ordinaire d’un adulte, Il donne ensuite l’ana- lyse chymique de sa substance, comparée à celle d’autres os humains. Cette tête a été faussement prise pour celle d’un géant. Le citoyen Jadelot pense que cette tête offre la preuve d’une maladie dont on n’a pas encore cbservé d’exemple ; qu’elle consistoit dans un ramollissement des os, accompagné d’un gonfle- ment énorme, mais symétrique et régulier ; que la proportion de phosphate calcaire à dû diminuer par l'effet de la maladie, et que celle de carbonate cal- caire n’est augmentée que depuis la mort. Ce mémoue, intéressant pour la physiologie et VPhistoire naturelle , est accompagné de deux plan- ches au simple trait. STÉNOGRAPHIE. L] FaBiEs de LA FONTAINE, gravées en Carac- tères sténographiques , et ornées du portrait de l'auteur et de vignettes représentant les attributs de la célérité, À Paris, chez T, P. Bertin, édi- Livres divers. a8t teur , rue de la Sonnerie, n°, 1, où se trouve le Système de sténographie ; troisième livraison. Nous avons déjà fait connoître cette entreprise (1). Cette livraison contient le troisième livre et une par- tie du quatrième. Les caractères sont gravés avec grand soin : les petites vignettes offrent, dit l’éditeur , les attributs de la célérité, Celle qui termine le 8me, livre présente un Lapon dans un traîneau suivi par un petineur. Nous sommes étonnés que le graveur ait donné au renne attellé au traîneau des cornes simples ei recourbées en avant, tandis qu’elles doivent être rameuses et recourbées en arrière. L'éditeur, en parlant de Putilité de la sténogra- phie, cite comme les plus habiles sténographes de France , les citoyens Fsonel et Breton. | VOYAGE Ss. Vox AGE dans les Etats-Unis d'Amérique, fait en. 1795, 1706 et 1707, par LA ROCHEFOUCAULT- LIANCOURT ; 8 vol. À Paris, chez Dupont, imprimeur - libraire, rue de la Loi, n°. 1251 ; Buisson, libraire , rue Haute -Feuille ; Charles Pougens, libraire, rue Saint-Thomas-du-Louvre. An 7. Prix, 50 francs et 40 francs par la poste. H16TOIRE. TABLEAU historique, politique et moderne de l’ Em- pire ottoman, contenant, 1°. l'examen de son gou- vernement, de ses finances , de ses forces mulitaires tant sur mer que sur terre; un coup-d'æil sur l'his- toire de ce pays, sur sa population, sur la religion et les mœurs de ses habitans, et sur l’état des arts, des sciences) et du commerce : 2°, considérations sur l’état des provinces soumises à l'Empire ottoman, où l’on traite de l’ancien gouvernement des Tar- (1) Ann, IN , tome VI , page. 142. 262 Livres divers. tares de la Crimée; de l'oppression dans laquelle gémissent les Grecs, de leurs efforts pour secouer le joug de leurs tyrans , et de l'intérêt que Les autres nations, et principalement la Grande-Bretagne, peuvent avoir à leurs succès : 3°, recherches sur Les causes de la décadence de La Turquie, et sur celles he tendent à la prolongation de son existence po- itique,avec le développement du système de la feue zmpératrice de Russie : 4°, observations sur l'état u commerce de la Grande-Bretagne avec la Tur- (aa ; sur la nécessité d'anéantir la compagnie du evant; sur les dangereuses conséquences des ré- glemens relatifs à la quarantaine, et sur beaucoup d'autres objets d'une importance majeure, traduit de l'anglais de WIIII1A4MS ETON, ci-devant consul de sa majesté britannique en Russie et en Turquie ; par le citoyen LEFTEBVRE. Deux vo- lumes in-8°, À Paris, chez Tavernier , libraire, rue du Bacq, n°. 057. An 7. NUMISMATIQUE. MANIÈRE de discerner les médailles antiques, de celles Le sont contrefaites, par M. BEAUVAIS; avec l'introduction, Les notes et la spécification de la valeur et de la rareté des anciennes médailles des empereurs romains, ajoutées à la traduction allemande de.cette dissertation. À Dresde, 1794, chez les frères Walther. in-4. Ceite dissertation de Beauvais est suffisamment connue , et toujours tellement estimée , qu’Eckhel Pa reproduite, traduite en latin dans sa Doctrina numorum. M. Wacker Pavoit traduit en alle- maud en 1791. Cetie édition de M. Lipsius est ac- compagnée de la préface , des notes et des tables .de Pédition allemande , qui y ajoutent un grand prix, DISSERTATION sur la rareté , les différentes Livres divers. 283 . grandeurs et la contrefaction des médailles anti- ques, avec des tables du degré de rareté des mé- dailles des anciens peuples. villes, rois , et des em- pereurs romains : ke tout traduit de l'anglais de JEAN PINKERTON, et augmenté des indices nécessaires par JEAN-GODFEFROY LipPsius, avec une géographie numismatique complète des anciens peuples, villes et rois. À Dresde, 1709b:, chez Les frères Walther. in-4e. Ce titre étendu annonee suffisamment l’importance et l’utilité de la traduction de ce chapitre de l’Essac de M. PINKERTON sur la science des médailles. Cette dissertation fait naturellement suite à la précé- dente, qui ne traite guère que des impériales. La table géographique des médailles, de leur degré de rareté , par M. Wacker , est aussi une addition très- importante, Les chapitres ont pour vignettes et pour culs-de-lampe, des médailles tirées de l’ouvrage de Beger. Cette dissertation auroit acquis plus de prix si on eût choisi pour ces ornemens , des médailles iné- dites ou du raoins très-rares. Cet ouvrage est , comme le précédent, un témoignage de amour de M. Lip- sius pour la science numismatique , et de son zè!e pour ses progrès. PoËrsziez. LES PLANTES; poëme, par RÉNÉ-RICHARD CASTEL , professeur de littérature au prytance français, seconde édition , revue, corrigée el aug- mentée; ornée de cinq jolies figures en taille-douce : un gros volume in-18, imprimé par Didot jeune, avec ses beaux caractères, sur grand-raisin fin, broché, étiqueté. Prix, 5 francs. Il y en a quel- ques exemplaires sur grand-raisin vélin superfin satiné, figures avant la lettre, broché et étiqueté, 6 francs, À Paris, chez Déterville, libraire, rue du Battoir, n°, 16, quartier de l'Odéon. Nous avons déjà donné une analyse de cet ouvrage, 264 Livres divers, fait pour intéresser tous ceux qui joignent à un senti- ment délicat, le goût des plaisirs purs et honnêtes. Quoi de plus intéressant que les plantes, chantées avec cecharme et cetenthousiasme qui prouvent qu’on les aime! Nous n’ajouierons rien à l’analyse étendue que nous avons donnée de ce poëme (tr), qui a mérité depuis l'honneur d’être proclamé à la fête de la répu- blique. L'auteur y a fait des additions heureuses : il a sur-tout ajouté aux notes des détails intéressans. L'édition est soignée, d’un format commode, et accompagnée d’estampes agréablement composées, qui offrent dans un petit cadre une série d’animaux et de végétaux connus. Le succès du poëme est as- suré. Nous ne doutons pas de celui qu’aura particu- lièrement cette édition. MÉLANGESs. CORRESPONDANCE entre FRÉDÉRIC IT, rot de Prusse, et le marquis D'ARGENS, avec les épitres du roi au marquis. Kœnigsberg, chez F. Nicolovius ; et à Paris, chez Fuchs, libraire, rue des Mathurins, n°, 534. 1798. 2 vol. in-8c. 6 francs, et 8 francs 5o centimes francs de port. De toutes les personnes que Frédéric-le- Grand honora d’un commerce familier, le marquis d’Ar- gens fut celui qui jouit le plus long-temps de cet avantage. Ce commerce intime établit entr’eux une correspondance réglée , fréquente , mais peu soignée, lé qu’étant l’ouvrage du moment , elleen portoit empreinte, et avoit le mérite de peindre fidelle- ment la situation de l’écrivain. Le public trouve à la vérité dans les œuvres posthuimes de Frédéric IT, la plus grande partie de ces lettres ; mais les cin- quante-neuf qu’on vient d’ajouter , et qui se trouvent marquées d’une étoile, sont absolument neuves et très-intéressantes : elles sont toutes du roi au mar- quis , et portent tellement le cachet de leur auteur, (x) Ann,ïil , tome V, page 239. ‘ Livres divers. 28» qu’il paroît même superflu d’ajouter que l’éditeur possède les originaux , écrits de la main du roi > Qui lui ont été cédés par M. de Magalon, petit-fils du marquis d’Argens. Pour rendre la collection com plète , et la présenter aux lecteurs sous la forme la plus convenable , on a, du consentement des édi- teurs des ouvrages posthumes de Frédéric IT , fait un seul tout des lettres anciennes et nouvelles, en observant l’ordre naturel ei chronologique , et on y a joint les épîtres du roi au marquis. OBSERVATIONS d'un Dialecticien , sur Les quatre. vingt-on2e questions de mathématiques , de phy- sique, de morale, de politique, de littérature et de beaux-arts, adressées par l'Institut national de France à l'Institut d'Ægypte. Paris, Garnery, libraire, rue Serpente, n°, 17, an 7 de la Répu- blique, 55 pages in-4°. Si grands que soient les rois , ils sont ce que nous sommes : Ils peuvent se tromper comme les autres ommes. Ces vers peuvent également s’appliquer aux corps littéraires, ainsi il ne seroit pas étonnant qu'on pût reprocher quelques erreurs à l'institut, L’auteur de ces observations croit pouvoir taxer d’erronées, et dans la forme et dans le fond , les quatre-vingt-onze questions adressées par ce corps littéraire à l’institut du Caire. Il a du trait, du piquant, de loriginalité même , et la petite jalousie de ceux qui ne sont pas d’un corps académique contre ceux qui en sont, a fait accueillir sa brochure avec plus de faveur qu’elle n’en mérite réellement (x); car il s’en faut bien que tous ses reproches soient fondés : plusieurs portent sur des fautes de copiste, qui prouvent seulement que le secrétaire n’a pas relü la copie, mais non pas (1) Ceci ne peut regarder l’auteur des observations dont nous connoissons l’honnêteté, et qui se distingue par une grande liberté de penser et une frauchise de euractère pré éieuses, À, EL. M. 286 Livres divers: que l'institut ne sait ni l’ortographe ni le francais, et le critique commet lui-même, sur-tout dans la partie des sciences physiques, des erreurs qui prouvent qu’il est peu au courant de ces connoissances, Nous exa4 minerons seulement quelques-unes dé ses observa= tions, pour appuyer notre jugement par des preuves. N°. 5. Il a raison de reprocher à l’institut de dire la longueur des pyramides au lieu de la hauteur ; plus sieurs baguettes de métal au lieu de métaux, pour mesurer les coudées du Nilomètre. No. 4. Le critique s'étonne que lPinstitut demande d’observer à quel point les Æsyptuens avoiené perfectionné les canaux. « Ce n’est pas en plaine, » dit-il, qu’il faut observer le perfectionnement des » Canaux, maïs sur la montagne de Maupas, où » Riquet les a perfectionnés. » Nous remarquerons que la question irés-juste de Pinstitut n’a pas pour but le perfectionnement actuel des canaux, mais l’his- toire de ce perfectionnement chez les anciens Æzyp- tiens ; ce qui tient à l’histoire des progrès de l’esprit humain. No. 14. Il s'étonne des questions sur les migra- tions des oiseaux. I ditqu’ondevroit avantles faire en Europe : mais Linnæus a composé une disserta- tion sur ce sujet, Migrationes Avium , et ces obser- vations doivent être répétées dans chaque pays: il est donc tout simple de demander qu’elles soient faites en Ægypte. | No. 16. L'institut y demande des renseignemens précis sur la manière dont l’autruche dépose ses œufs, sur Le temps au bout duguel ces œufs éclosent. Le critique traite cette question de pro- blêéme de ménagerie : ‘mais c'en est un d'histoire naturelle, un point curieux d’ornithologie , comme Paccouplement de l’éléphant est un ‘problème pour la connoissance de ce mammifère. Ne. 17. Ce qu’il dit relativement à la question sur Livres divers. 287 da nourriture du scingue , n’est pas plus fondé, TI demande « si les concierges du muséum d'histoire » naturelle veulent savoir comment nourrir leurs scin- » ques empaillész » non, maïs la nourriture du stinque Pavtec , (ouvertement)... Pres. burg, mesourspyys To Iloborior, (Presbourg ). .... Quitten , xbiq{er, xodunæ, (des coings ).. . Taback, Taurax,Tæuranos, (le Tabac)... Undankbar a Es, axdeises , (ingrat. ) V—®@, p.e. Vater, Que, mure , (père.) W—g@,p.e. Wind, Bird, © avrucs , (le vent.) MIT, z—Ë, dE réer , p.e. Xerxès, Esebes , o ZtpEns Es > AÜ, TO duyov, (lœuf )....…. Zeigen, rédiyys, dssxyuüyus , ( montrer ).... J'ajoute encore quelques mots allemands, dans 298 Littérature grecque. lesquels il se trouve des diphthongues, pour faire voir l'orthographe que les Grecs y mettent : Hacnde (3), xuird, xiee , (les mains.) Éaroyen | ZaQeuey, Zabéia » (Savoie. ) blühen, pwagezer, ævbi@se , (fleurir. ) Posgel, Qoéyyia, Ta siquuive, (oiseaux. } dieser , vqiegte , ses , (celui-ci. ) : Hacuser | y atuQte , oommliæ , ( maisons. } Bayern, Mrdiveer, Bacupis, ( Bavière.) Kaiser, KaiGte , Kaïoag, (Empereur.) Je joins encore quelques phrases prises au hasard dans les dialogues qui se trouvent à la fin ; elles sont rangées en trois colonnes : l’allemand, le grec et Pallemand en caractères grecs ; pour en donner une idée, j’ajouterai toujours la traduction française. S. A’. Nérav Aoyiar Afytlui na mutpa. ( Comment on souhaite le bon jour. ) Guten Morgen Kaar ræpuvn aubérma L'yser mépyyer mein Herr. pou. pair xiee. ( Verbalement c’esr : bon matin, monsieur.) Ich wünsche des- Ty ou dsœy cg Lx Buyote »£s- glcichen. PAT LITE TyAœi vtr. (Je vous en souhaite autant.) (3) Cependant l'auteur de la grammaire n'’observe pas eorstamment cette orthographe d’écrire l’æ par ae; mais quelquefois il l’exprime par &, comme en français ; p. €. Vater, Qaite , 1 muieis, les pères, etc. Grec moderne M | 299 Guien Tag meine Kany mpipu aubiyqes TyS7e réyy pairs Herren. pou. PATTILZ (Bon jour, messieurs.) Soyn Sie will. Kañgs @pirart Zaiy oi BiAA- kommen. (ou #97.) x ot. (Soyez le bien venu.) Æhr ergeben Ghos indidouives dGaos Tue Ip pyyÉMMS519 Ster Diener. rides ous. »TÉVE pe ( Votre serviteur très-dévoué. ) etc., etc. $. B° Asa Ty xansr Ersipar , 494 naïm vüx9a. ( Pour le bon soir et la bonne nuit.) Guten Abend Ka ésmépe mûpie ry590 “AurwŸ Herr Bruder, adsAQé. xs pp mapadep. ( Bon soir , monsieur mon frère.) Ich wünsche Kai éyo Eux bis "Ix Büvots Es Thnen eben- TA æuberTEier cu STE vis desgleichen. TA opel. | YYA MI GE. (Je vous en souhaite autant. ) $. D'Ara Try tpaqnoi The Tytius mg Muptlisués. ( Pour s’informer de la santé de quelqu’un , et pour saluer. … Wisbefinden Sie Il@s ivpionede dis ray Bi parDivdey ci ” sich mein Herr ? vyElay dus, au0é 7e PTE cix mai y LP P'; ( Comment vous portez-vous, monsieur? ) Sehr wohl, Ihnen Kuamonad æañx, tis Zip BaAÀ , éver . aufzuwarten. THs NpoSayds us PTE TL TE j polumas. Jév. ( Très-bien , à votre service. 300 Littérature grecque. Wie haben Sie ITôs éoptsxtréses ds Bi épi oc) sich befunden. TA Velay cas dix pert® 8er. (Comment vous êtes-vous porté?) Seitich die Ehre Eis éxésvoy Toy xæipoy œéi] x vi ape v17 nichtgehabthebe omgsya d'ey éiyu rm yyix eur] xaumt Sie zu sehen, Tim tis To va us ct Tês ctur. id a. ‘ (Depuis que je n’ai pas eu honneur de vous voir.) Jch bin krenk 7H mer ap pwsos. "1% PATEIL gcwesen. yyt6iger. ( J’ai été malade. ) Sind S'e dann EavtAuGe]e Doix cv Zhd oi v7@ gænslieh wieder HO AIY TÉDELE T HV yydw7eauxe hergestellet ? vyésey cas ? Bidep xep- VyEsÉAAET ? ( Est-ce que vous êtes entièrement réiabli ?.) Ja, Gottsey Na ds tivar d'edbEusuives Ti, l'ye7 cdd gelobet. o des. VYcAommeT. (Oui, dieu merci. ) Test befinde ich Tépu tupiloxopr tie N'a] periQirde mich besser. Ty vyeléy pes (XL Lx mé dotpe xahA1TEpe" (A présent, je me porte mieux. )etc. etc. etc. A Czackova on m’avoit fait voir un almanac grec, avec des figures , dans le genre des almanacs historiques qui paroissent tous legans en Allemagne. Les gravures se rappurtoient à la révolution fran- çaise : 1l y avoit, à ce que je me rappele, la fête Grec moderne. 30 à l'Être Suprême , célébrée sous Robespierre 3 Char- lotte Corday qui donne le coup mortel à Marat, et autres scènes pareilles de notre révolution. Ces planches étoient accompagnées d’un texte en grec vulgaire. Je fis proposer au possesseur ds cet alma- nac de me le vendre ; mais je ne pus point l’engager à me le céder, quoique je lui eusse offert le double de ce qu’il lui avoit coûté, et que l’année fût bientôt révolue. J’espèrois en m’en rétournant pouvoir en acheter quelques exemplaires dans une des villes par où nous passerions. Lors de notre retour , nous séjourâmes quelque temps à Klein -Maria- Zell , couvent supprimé s situé sur une hauteur près de Bude, capitale de la Hongrie. Nous y fûmes enfermés sans pouvoir SOr- tir de l’enceinte du couvent. Je m’adressai au concierge pour me procurer différentes choses , et entrautres quelques exemplaires de cet almanac et une carte de la Hongrie ; il me ‘procura tout le reste , mais pour ce qui étoit de ces deux der+ niers articles, il me dit qu'il lui étoit sévèrement défendu (4) de procurer aux prisonniers ni livres, (4) Quelque chose de semblable m’étoit déjà arrivé pen- dant que j’étois enfermé dans le nouveau bâtiment près de Pesth; l'officier qui étoit chargé de nous faire notre paie- ment , m’avoit procuré des livres d’un cabinet de lecture de Pesth où je m’étois abonné par son entremise ; pendant quelque temps la lecture me fit oublier en partie la perte dela hberté ; mais aussitôt que le major,comwandant dans le bäti- ment,en eut connoissance,l’officier qui m’avoit procuré les li- vres eut une forte réprimande,etil n’osa plus en faire apporter. 302 Littérature grecque. ni cartes géographiques , ni autres choses pareilless Je ne me laissois pas rebuter ,; et m’adressai au commandant de la maison ; il me promit de me les procurer ; mais toutes les fois que je lui en de- mandois des nouvelles, il avoit quelques excuses , ‘tantôt il Pavoit oublié , tantôt personne n’avoit été en ville , etc. Enfin, je suis parti de ce couvent sans pouvoir me le procurer. À Raab , où je me suis arrêté quelques heures, je n’ai pu non plus me le procurer, ni à Presbourg , où je n’ai échappé que par une ruse à la surveillance de nos argus , qui nous ayoient consignés dans une caserne, pour me mer quelques instans dans la ville et pour acheter la géographie de la Hongrie et de la Tran- sylvanie par Windisch , et une bonne carte de la Hongrie. | Plusieurs savans à Vienne , tâchent de répandre des lumières parmi les Grecs, et de réveiller de plus en plus chez eux le goût de la lecture , soit en traduisant de bons ouvrages en grec moderne, soit en publiant des ouvrages grecs , inédits ou publiés seulement par fragmens. Un de ces hommes est M. Alter, professeur de langüe grecque à Vienne, quia publié , il y un an, la Chronique dePhrantza.L’analyse que leJournal de dLuttérature de Jens en a fait, m'a paru intéressante , que je n’ai pas hésité de la traduire, Ey Butwn, (à Vienne en Autriche ): rap Mapxid Tlou= Duou. Xgovixor T'ewgysou Dean , ru eu Joberiæprous Nuy meer endoder srimiatiæ Deuyx. Ka. Are, did'asuanou Tys EAAmxns diuhxov. 1796 , (ec. à. d. Grec moderne, 303 Chronique de GEORGES PHRANTZES , publiée, pour la première fois, par FRANÇç. CH. ALTER , Professeur de _ langue grecque.) Préface xxvij pages; texte 150, et 29 _ pages in-fol. aveo quelques gravures, « Parmi les auteurs contemporains qui ont décrit les derniers temps de l’empire de Constantinople, le Protovestiaire et grand Logothète, Georges Phrane 12e5 mérite une place distinguée à côté de Laonicus Chalcocondylas et de Michael Ducas.Du tems de la prise de la capitale, il avoit été auprès desem- pereurs pendant 37 ans ; il avoit été le ministre affidé du dernier Constantin , et neuf années plus tard , il vit la chûte du règne des Paléologues dans le Péloponèæ : ce fut dans les années, depuis 147 jusqu’à 1481, qu’il décrivit avec la plus grande sime plicité, et sans aucure prétention , les impressions que des événemens si mémorables avoient faits sur . lui, Cet ouvrage, dont il n’existe que quelques copies, n’avoit été imprimé jusqu’à présent qu’en latin. » « Le savant jésuite Jacques Spanmüller , surnome mé Pontanus (5), du lieu de sa naissance, avoit fait et publié cette traduction au commencement du dernier siècle, d’après un manuscrit qui existe à Munich. » « Elle a été insérée dans le corpus Byxantinum ; mais malheureusement la république des lettres p’étoit pas seulement privée de l'original, elle n’étoit pas même en état de connoître le contenu complet : (5) Pontanus est né en 1542 à Brüx , ville située dans le sercle de Saatz en Bohême ; il a fait beaucoup de traduc= tions du gree en latin. Il est mort à Augsbourg en 1626. Lo UN 304 Litiérature grecque. de cette chronique ; car Pontanus avoit réduit les quatre livres de loriginal à trois, par plusieurs omissions, ce qui ne peut jatnais manquer d’avoir ses inconvéniens : chaque auteur a son point de vue particulier , qui lui fait envisager les événemens à sa manière, et qui a une très-graude influence sur le système entier de ses idées. M, Alter a donc bien : mérité de la république des lettres en publiant le texte grec de ce même manuscrit de Munich, et la complaisance des personnes qui le lui ont com- muniqué ,. mérite aussi des éloges. » « 1! ÿ a peu de chapitres qui n’aient recu, par cette pouvelle édition , quelques corrections j mais les omissions principales de Pontanus :sont de deux espèces : elles ont pour 6bjet ou des points de théo- logie ou de diplomatie. Geux-là,ont encore un double objet : ils se rapportent ou aux controverses re- lisieuses avec l’église latine, ou à Pislamisme. La manière dont Phrantzes parle des controverses de religion avec l’église latine fait beaucoup d’honneur à son esprits on y reconnoît l’homme d'état qui sait les apprécier d’après leur juste valeur. À l’oc+ casion du concile de Florence silne parle pas contre les dogmes des latins, mais contre leur zèle immo- déré de rendre leur église l’église dominante ; il regarde l’‘glise grecque comme la plus ancienne, et s'exprime, p. 39, sur l’état des choses de la manière suivante : « Depuis beaucoup d’années, » nous allons, par la grande rue large, dans l’église » de Sophie de Constantinople : il est très- possible » que quelqu'un trouve une autre rue qui y aboutit » aussi, ER Grec moderne. . So5 » aussi, et qu’il la regarde comme meilleure ; mais » pourquoi voudroit-il me contraindre de quitter » mon chemin accoutumé ? Que chacun aille le che- » min qui lui couvieut le mieux, je ne l’en détournerai » pas; nous nous retrouverons pourtant tous dans » l’église de Sophie. » « Il parle une seconde fois des Latins, à Poccasion des reproches qu’on se permetioit dans l’Occident envers les Grecs, après la prise de Constantinople, comme si cet événement étoit une punition divine de lopiuiâtreté de leur schisme ; il dit la-dessus entr’autres, pag. 69 et suiv. « Est-ce donc l’orthodoxie des Musulmans, qui » leur a valu re bonheur ? Et si nos dogmes nous » ontattiré ce malheur , d’où vient que la Russie, » qui a adopté les mêmes dogmes, est cependant » florissante ? » Il montre qu’il est ridicule , même dangereux , de chercher ies causes des révolutions d'état là où elles ne sont pas, et qu’en eflet on emploie alors ordinairesnent des moÿeus qui sont bien loin de remédier au mal, « Ce qu’il dit sur l’islamisme est moins remarquable : Phrantzes n’étoit, pas assez instruit des sources 4 dans lesquelles le prophète a puisé ses idées, et on remarque qu’il n’est pas exempt de préjugés sur la religion mahométane ; malgré cela, ces chapitres sont remarquables, en ce qu’ils montrent les idées qu’on avoit à Constantinople sur la religion de ces con- … quérans. Plusieurs des écrits que M. Alter a ajoutés à la fin de cet ouvrage, répandent encore plus de * Jumière sur cette maiière. Tome V1. | V 306 Littérature grecque. « Quant aux articles de di:iomatique qu’on trouve dans cette nouvelle édition, citons-en deux : p. 89, un privilége de commerce ( degerdevais) donné: n 1333, par l’empereur Aundronicus le jeune, en faveur des habitans de Monembasia , ( Napolr di Malvasia ), et des entrepôts qu’ils avoient établis dans beaucoup de villes de son empire ; on y voit non-seulement les objets de leur commerce, mais aussi une longue série d’impots et d’exactions, dont ils furent affran- chis. Ce document, ainsi que l’ouvrage de Phrantzes en général, servira en même temps pour enrichir le Glossarium græcilatis de ce temps. Le second decument dont nous dirons un mot encore, est écrit en grec moderne ; c’est une lettre du cardinal Bes- sation au Pædagosue d'André et de Manuel Pa- læologue , les deux héritiers du trône de Constan- _tinople, qui s’étoient expatriés. Le bon cardinal donne à ces princes émigrés des conseils fort sages. I! leur dit d’oublier prafaitement que leurs ancêtres avaient porté la pourpre, pour ne penser qu’à leur situation actuelle , comme étant bannis de leur pays, entièrement ruinés ( oAomfaxos ), et obligés de vivre des secours d'autrui ; de penser qu’ils ne pourront se faire aimer et honorer que par des qualités per- sonnelles, et qu’en général la noblesse sans mérite n’est qu’une chose méprisable ( % cvyeveiæ xagis mesnr der eva rt mo) ; il leur conseille de respecter les mœurs des peuples de POccident, s'ils ne veulent pas renoucer à léur ho:pitalité et à jeurs subsides ; de renvoyer de leur suite tous ceux qui leur sont inutiles ; si quelqu’un les salue dans Grec moderne. 307 la rue en ôtant le honnet ( -ærraer ( 6), ) de se montrer aussi affables et polis envers lui , de quelle condition qu’il suit; de recevoir et de rendre les visites de la metlleure grace possible ; d’employer les 300 ducats ( douxaor, où mÊêMe Paogiwr, Écus d’or ) que le pape leur donne, principalement pour payer d’habiles maîtres , etc. « Ce que nous venons de citer prouve assez que l’ouvrage de Phrantzes méritoit bien d’être publié en grec , et en entier, ce que M. Alter a fait avec Pexactitude qu’il a déjà montrée par d’autres ou vrages. Les titres des trois preimiers livres ont été ornés de quelques médailles byzantines. Depuis p. 100, où finit la chronique, jusqu’à p. 119, il y, a une table des chapitres ; jusqu’à page 127 , il y a une table des passages de l’écriture , cités par Phrantzes ; enfin , jusqu’à p. 138, il y a latable des lecons du mauuscrit, auxquelles on en a substitué d’autres dans l'édition de Vienne ( mivaf rar diuglustwr evousror y To æyliyeaQa myemoyochixTogixo Tns Muyzey. ) « Les petits écrits qui se tiouvent à la suite dela chrouique , sont : la profession de foi des Latins , du pape Gregoire IX au patriarche Germanus, avec la réponse ( aravryu ) de celui-ci et de son synode tenu à Nymphrum, p. 139—7149 ; il s’y trouve aussi plusieurs symboles publiés d’après des manuscrits, « Les additionsimprimées séparément sont d’abord des extraits de l’ouvrage de Crusrus (7), intitulé (6) Ce mot moderne des Grecs a du rapport avec le mot allemand Kappe , bonnet, (7) Martin Crusius professa les belles-lettres et la langue grecqueà Tubingue ; il est mort en 1607 , à 81 aus, à 308 Littérature grecque. Turco-græcia , devenu assez rare de nos jours ; ex- traits qui ont du rapport avec les événemens décrits par Pbrantzes. Ces extraits, qui occupent 16 pages, contienuent entr’autres , une histoire de la ville et de l’empire de Constantinople, depuis 1391—1520, avec quelques lignes de continuation jusqu’en 1578, qui fournit plusieurs corrections et supplémens à la chronique de Phrantzes ; elle n’a pas été connue à cet auteur. « On trouve ,-p. 17—24, la lettre mémorable du protonotaire Théodosius Zygomalas à Martin Crusius, dont tous ceux qui connoissent Constantinople et la Grèce des anciens temps, seront vivement touchés. « Cette édition de Phranizes peut être regardée,sous tous les rapports, comme une excellente continua- tion du Corvus Byxantinum ; et on verra avec plaisir la publication de pareils ouvrages, enfouis jusqu’à présent dans différentes bibliotièques, et qui répandront un nouveau jour sur l’histoire de la Grèce moderne. Les excellens établissemens qui Eslingen , ville libre impériale , enclavée entièrement dans le duché de W ürtemberg,sous la protection duquel elle se trouve aussi, moyennant une somme de cent écus d’or ( Gold- gulden ) qu’elle envoye annuellement au duc par une dé- putation solemnelle de son sénat, et pour laquelle les ha- bitans d’Eslingen sont traités , quant à leur commerce avec le Würtemberg , de la même manière que les habitans de ce duché... L'ouvrage de Crusius , intitulé Turco- græcia , fut imprimé à Bâle, 1584, in-fol. C’est un re- cuéil pariagé en huit livres , utile sur-tout pour ceux qui désirent connoître l’histoire et la langue des Grecs modernes : 3] est à la bibliothèque nationale. LS | Grec moderne. 309 viennent de se former à cet effet à Vienne, sous l'inspection active de M. A/ter , mériteront sûre- ment bien de la nation grecque, en publiant les ouvrages inédits de ce genre: sans doute ces espé- rances ne resteront pas sans s’accomplir , car l’esprit des Grecs commence à se débarrasser des entraves de tous les genres qui l’enchaînoient jusqu’a présent ; ils commencent à reprendre du goût pour la littérature et à s’en occuper'avec une certaine activité , et Zy- gomalas n’avoit pastort, sans doute, de les nommer (p.22) dexrsoqatos, c’est-à-dire , érès-susceptbles et très-capables d’être instruits. » On connoît aussi en France le Robinson de M. Campe : le journal de Jena en a annoncé une tra- duction en grec moderne. Voici ce qu’ilen dit: « Le nouveau Robinson de M. Campé, ouvrage si » utile et siintéressant pour les enfans, vient d’être » traduit en grec moderne , sous le titre 3 « To vt03 POMITINEON oupouTa œuveleyTeæ per is Ye- puvixoy dau , meaPeurtev]æ de ss Ty ax AYY 1u4@Y d'ianexTor muga KavsTar'jivos Anmyigsos HAsAOS TE tx Auiva- Jomotws Tys Maxtdorius, elc. Topos A. E» Bieyvn Tys Aos- STEUES. 9 1792.Ex 745 EAAyVIuNS Turoyça®. yEwpy: BeyTo7n. » « Le traducteur s’est permis cependant d’y fairedes retranchemens et de le changer en plusieurs endroits. Son travail, d’ailleurs, paroit avoir assez bien réussi. Voilà le commencement du livre, pour servir d’échantillon : « IZTOPIA rov POMIINEON. «smtp pay € 2 Danp : Her piar @opars 015 4071) Ty td Foi V 3 310 Litiérature grecque. Xaumupy, tY@s æybpwmos Posmivaey ovopaboueyeos o d#o010g exe This vise , © mpuloToxos œme æu]ss BIS pEyæhoy robar -€IS Ty sTpa]toTIx y Éayy > Ng4 YEVOREVES STRHTID NS,» ESHO= Jals sis var moAEor om & où YEpmovor pe Ter Ppayibss ‘ era. © diuepos de ; ems æœma Tu Quirouiva HMAOpATE ve eV trs peéyas @YÜpamTos , MiVWY us VEpOY ŒMOSTELEYOS y æmonx]mré Toy o%Jixax xg4 amtlærer. Extilæ Toy œmipative poyoy o pixpaTtpos ; O 07106 œyouælr Kpw£os > X&AAI- ep Poprivoor s, nul Tny EmIxAyriy Ts mapos T# EC. ? TI y a peut-êrre pru de livres modernes qui aient eu unsuccès si général que le Hobinson de M.Campe. Ii a été traduit dans presque toutes les langues de l’Eu- rope. Dans l’émprimatur que le grand'inquisiteur a donné pour la traduction espagnole, il en parle dans des termes très-flatteurs, et entrautres il dit que « quoiqu'il s’y trouve plusieurs propositions contraires » à la foi catholique , apostolique et romaine ; ce= » pendant le livre lui a paru si bien fait, qu’il n’a pas hésité de lui accorder son émprématur tel qu'il est, sans en supprimer quelque chose, et qu'il engage d’ailleurs les instituteurs qui le feront lire à leurs élèves, de ieur faire voir les principes contraires aux dogmes de l’église catholique, qui pourroient s’y trouver. » Les Mondes de Fontenelle , traduit par M. Kodriga , ont paru à Vienne en Autriche en 1794, 483 pages grand in-6°. Après chaque soirée de Fontenelle le traducteur a inséié des notes, dans lesquelles il tâche de ré- pandre chez sa nation, les connoissances de POc- cident , que le peu de relation qu’elle a avec le À ne" j | Grec moderne. 31 reste de l’Europe n’a pas permis de pénétrer jusqu’à eux. Il y démontre, par exemple , l'impossibilité du système qui fait tourner toutes les étoiles dans l’espace de 24 heures, autour de notre petit globe, et prend de là occasion de raconter toutes les découvertes qu’on a faites en astronomie depuis Newton jusqu’à nos jours. Îl y parle aussi des découvertes qu’on a faites en physique et dans les aut:es sciences ; 1l païle des ballons aérostatiques et des voyages de Blanchard , et donne même quelques details sur le magnétisme animal, Quelques ennemis du traducteur ont tâché d’en- gager le patriarche de Constantinople à faire sup- primer le livre et à persécuter l’auteur de la 1tra- duction 3 mais le nom de lFhomme puissant , sous la protection duquel elle avoit été faite, imposa silence à ces ennemis des lumières, Une traduction grecque du f’oyage d'Anachar- sis avoit déjà été commencée à être imprimée à Vienne en Autriche; mais le traducteur , je ne sais pas pour quelle raison , après plusieurs persécutions dirigées contre lui, a enfin été livré par la cour de Vienne au Divan, qui l’a condamné à mort; de sorte que cet ouvrage ne paroîtra pas, Dans l’Indicateur littéraire universel ( Allge- meiuer lilterarischer Anzeiger ), janv. 1798 , p. 68; journaî qui paroît à Leipzic, M. {ter a fait insérer a notice suivante , que je crois devoir ajouter à ce que j'ai déjà dit, « Les manuscrits suivans , envoyés de la Thsssalie , V 4 s12 Littérature grecque. sont prêts à être imprimés chez les frères Puliu F à Vienne, «1. Ta ka & Br 4 «24 Mepyy ruubrénxdqusisropla à Re Tel est le titre extérieur. On trouve encore après le titre suivant : diéyyors rûv ouGdray r& TE Liga x PLAT ÉGoiE &y FEpTi us. cuyypaQeie , 44 piayhoTicleiox ex Tys olunavar yAarns dia sixur FOATIXOY Tpos Jap TOY MayIVOsN OV ]uY UT GyaYUpe4 TIVOS { Les aventures de Bepha et de Mechiés, rois de Perse, traduites du turc. ) Ce manuscrit est en grec vulgaire ou moderne, écrit dans le dix-huitième siècle, La reliure est en parchemin, et consiste en uu fragment d’un Menologium grec, écrit, selon toute apparence, dans Île treizième siècle. e ll, Or meyaromermsis teur at , xwpudiw, ( Les Amans généreux, comédie. ) On ne dit pas si cette pièce est originale ou tradniie (8). cIIL CH ro ærrésy Borxsrsha moine 73 MappiovqiA dx Ty yaluss pejaQpacber my sixspynltr is ro Koivor SAnmrxor idioum. Mejé@puris 4x TAS YaAAIXNS Us Ty mue per n Borxen she To star Try paris (9) MapxoyéA. (ia Pergere des Alpes ; traduit du français de -Maimoutel ), .ussi en grec vulgaire. eIV.'H œanxdeses xouodia , 0 woinue Tü BoATéips. pulaDparbiicæ Ex Ty yaris dianéx]s ès To nue Tepoy noor idiaua. (1L’Ecossause , comédie de Voltaire.) (8) C’est peut-être une traduction des ÆAmans généreux de Bochon de Chabanne ; pièce imitée de Minna von Barnhelm d’Æphraïim Lessing ; il paroît que les Grecs modernes tra- duisent plulôt des ouvrages français que des ouvrages alle- mauds. (9) Magctes est le mot francais Monsieur ; il ne se trouve pas dans le Glossariun infimæ græcitatis de du Cange. Grec moderne. 313 Cette comédie de Voltaire est traduite en grec vulgaire ; car Marmontel et Foltaire sont deux auteurs favoris des Grecs de nos jours. eV. Emisondpior Qiromoinbir pépiy rar Quhondyar mul 1ôv aapa TS ispouerdys Zeusyr l'eopyiddu rg 6E AËy:@r roy por Exdodér. ( Epistolæire à l’usuge des élèves pour Les langues ). C’est une instruction en grec vulgaire, pour enseigner à écrire des lettres. a VI. ‘Ayéxy ouoytyys roses Pres pués épiy TS EAAMILS ; XPieTiarI2S YÉVYS pp TS Lapistà l'ewpyrotd a itpomoay& 74 Aya FporParytire ds Ta roPohoyiw]u Te &y dides 7 Àois 91 ro hap x 8V7 6 Ts Ey Buxopesia FORMS XUp 12 2upia Aaurpo Doerton Ta € Toayyivay vuy Tpaes Trois tx tire. 1797. En grec vulgaire. e VIL 'Emisoadi r$ mœetotérs , ng4 coQuré]s mpanv ayis Ororahovixns xupis xupis Aayifàh. Ce sont vingt- sept lettres de l’archevêque Daniel en grec moderne. « Lorenzo Hervas m’écrit ( c’est toujours M. Alter qui parle’) » de Rome, le 10 octobre 1797, la nou » velle agréable que Rosss, ex-jesuite, professeur » de la langue hébraïque au Collége romain, qui » appartenoit autrefois aux jésuites, commencera » en janvier 1798, à publier une Version cophtique » inédite des petits prophètes. Comme Rosss est » un excellent helléniste, et grand connoisseur des » Jangues cophtique , chaldéenne et arabe , il dou- » nera dans l’Index etymologicus qu’il y joindra, » des éclaircissemens importans sur les langues coph- » tique, grecque, arabe , chaidéenne et hébraïque. » M, Alter a annoncé encore une Grammaire n0Us» 314 Littérature grecque. velle de la langue grecque , par Demetrius Polyzu , qui devoit paroître (et qui dans ce mo- ment a peut-être déjà paru) chez les frères Puliu, à Vienne. Selon ce qu’il en dit, elle surpassera toutes |s précédentes en clarté, autant qu’en fa- cilité. Dans le catalogue de M. Hartknoch, libraire, qui, depuis les entraves que Paul Ier. met en Russie au commerce de la librairie, a transféré son établisement de Riga à Leipsic, j'ai encore remarqué deux traductions , l’une des Géorgiques ; Pautre de ? Ænéide de Virgile , en langue grecque. Eu voici les titres : Firgilu Maronis Georgicorum libri IV. Græco carmine heroico expresse, nofisque perpetuis illustrati , studie ac labore EuGENII DE Burcanris , Academiæ Athoniadis pridem rectoris ,; tum Constantunopols in schola patrcarchali sctentiarum professoris primarës , ac magnæ ecclesiæ referendariu , et demum ad nuper consiututam archtepiscopatum ÿla- veniensem el Chersonensem prime archiepis- copi promoti ,; imp. academiæ scientLarum petrop. socit honor. in-fol. m. 1786, in charta alba , 6 rixdalers 3; in charta alexandrinens. 9 rixüalers. Vireulii Æneidis , libri XII. Græco carmine heroico erpressi ; notisque perpetuis vliu- strati, studio ac labore ejusdem EUGENrr DE Botanique. 315 Burcanrs. in-fol. m. 1791-1793, in charta alba, 23; rixdalers ; in charta alexandrin. 282 rixdal. On ne peut qu’applaudir au zèle de ces hommes respectables qui tâchent de rendre cette nal:on au- trefois si illustre à son ancienne splendeur, et chacun _ souhaitera qu’il ait un succès complet. WINCKLER. BOTANIQUE. : Nov A GENERA PILANTARUM, auctore HEN- RICO-ADOLPHO SCHRADER. Pars prima, cum tabulis œneis coloratis, Lipsiæ, 1707, apud Sig- fried Lebrecht Crusium. Tn-fol. Le M. SCHRADER, connu avantageusement dans la Botanique par la publication d’un Sprcclegium Flo- _ræ germaniceæ et de plusieurs fascicules du Sertum hannover:anum ; se présente dans l’onvrage que nous annonçons, pour partager la gloire dont se sont couverts Hedwig, Dickson, Bulliard, Hoffmann, … Batsch , Wildenow , Person et plusieurs Bota- _mistes modernes qui ont éclairé du flambeau de “ leurs observations l'obscurité des plantes cryptoga- - mes. Il promet dans sa préface, de soumettre à on - nouvel examen toutes les plantes de la vingt-qua- … trième classe du sysième sexuel, de calculer la va- leur des caractères sur lesquels reposent les genres qui ont été établis, de réformer plusieurs da ces genres et d’en ajouter de nouveaux. 316 Botanique. L'ordre des Champignons est celui par lequel M. Schrader a cru devoir commencer son ouvrage. Il obsérve que cette série renferme deux familles dis- tinctes. Dans l’une, les individus ordinairement por- tés sur une membrane luisante, sont formés dans leur premier développement, d’une substance mucilagi- neuse qui, en croissant insensiblement , se termine en une petite masse d’une for:ne plus ou moins ar- rondie, à laquelle il donne le nom de Peridium (x); dans l’autre, les individus , d’une substance molle ou charnue ou fragile ou subéreuse, ne sont jamais portés sur ure membrane, , La première famille se divise naturellement en deux sections, qui renferment , l’une les individus dont la poussière séminale est entrelacée de petits filamens, et l’autre ceux dont la poussière séininale est nue ou dépourvue de filamens, L'auteur de cet ouvrage ne marche point sur les traces de ces novateurs dont parle Gærtner, qui, voulant trouver dans tous les végétaux des organes (1) Cet organe est celui que Bulliard appelle péricarpe. Il faut observer que M. Schrader ne donne pas au mot peridium le même sens que M. Persoon , qui, à ce que nous croyons, en a fait usage le premier. Selon M. Persoon , le peridium est distinct du réseau filandreux quientoure la poussière séminale. \ ( Voy. Obs, Mycol. pag. 90 ). Selon notre auteur, le réseau filandreux fait partie du peridium. I1 suit de cette observa- tion, que le mot capillitium est pris dans les ouvrages de M. Persoon, pour le réseau fi'andreux , tandis que dans l'ouvrage dont nous présentons l’extrait , il signifie de petits fiiamens distincts du réseau filaudreux , et entremélés de poussière sémipale. Champignons. 317 sexuels, ne craignent pas, pour soutenir leur assere tion, de mettre au rang des étamines tout ce qu'ils rencontrent de globuleux, de glanduleux, de pulvé- rulent, de filamenteux, en un mot, tout ce qui paroît distinct des autres parties connues (2). Il avoue avec franchise | qu'ayant examiné avec la plus grande aftention ces plantes depuis leur premier dévelop= pement, il n’a jamais pu découvrir aucun organe auquel il pût donner le nom de mâle ou de femelle. I! pense avec B. de Jussieu, Adanson ; Bulliard et Gærtner, que ces plantes sont aphrodites, et que leur frucification s’opère comme celle de la Pilu- laire, c’est-à-dire que le fluide fécondant est dans le voisinage des semences , et peut-être dans le même uterus ou la même matrice (3). Le premier fascicule contient quatre genres, sa voir, CrrB8RARIA, Drcrroium , Licr4 et Drnr- MIUM. L'auteur, après avoir exposé le caractère essentiel de chacun de ces genres, développe leur caracière général, et donne ensuite une description abrégée des espèces. IL CRIBRARIA. CARACT. ESSENT. Peridium plus dimidià parte (2) ÆAdeoque quidquid in eis occurrit glandulosi, globuloss , apiculati, pulyerulenti , verbo, ab aliis partibus diversi , id ere omne in masculorum genitalium numerum passim rece= Perunt, ut vel ipsa semina, ovaria, gemmas , crines, se- tulas adductorias et quævis alia pro Staminibus aut polline venditata reperiamus, GÆRTN. Introduci. pag. 31. (3) Ce sentiment est celui que nous adoptons dans un qu« rage sur [a Botanique , qui va paroître incessamment. 318 Botanique. superne Cribri in modum reticulatum, per cujus fora- mina pulvis seminQlis effunditur. Les SL A de ce genre croissent, depuis la fin de l'été jusqu’au commencement de l’hiver, sur le bois pourri. Elles sont éparses ou rapprochées par groupes. Leurs caractères spécifiques sont fournis par la forme et la direction du Percdium , par la structure du réssau filandreux et par la conleur de la poussière séminale. Ce geure renferme douze espèces, parmi lesquelles ontrouve les SPHærOCARPUS trichiordes et semutrichioides , Bucz. pl. 387. Il. Drcrrpirum. CaracT. ESSENT. Peridium diaphanum, nervis reticulatum aut venosum, latere vel vertice inæqua- liter dissiliens. | Les espèces de ce genre se trouvent pendant toute Pautomne, sur le bois pourri. Elles sont presque tou- jours rapprochées par groupes. Ce nouveau genre tient le milieu entre le Crr- srARIA etle Lrcea. En effet, il a quelque-affinité avec le premier, par le port et par la structure du tissu filandreux , et il se rapproche du second par la manière dont s’ouvre le peridium. Il renferme cinq espèces, dont quatre nouvelles et une déjà connue, savoir, le Drcrrprum umbilicatum, qui est la méme plante que le Cribrarca cernua , Pers. Obs. Mycol. pag. 913 le Sremonires cancellata , Gear. Syst. Nat.; le Mucor cancellatus, BATscH, t. 42, fig. 232, et peut-être encore la varicté du SrnÆroOcARPus trichioides Buzz, 1 J Champignons. 31g III. Lrcra. CanAcT. ESSENT. Peridium membranaceum, ver- tice inæqualiter disrupto, effundens pulverem ( filis orbatum ). | Les espèces de ce genre croissent dans le même temps et sur les mêmes substances que celles des genres précédens. Lorsque les individus sont soli- taires, ils ne sont point portés sur une membrane ; êt lorsqu'ils sont groupés, ils ont toujours une mem- brane qui leur sert de base, Ce genre renferme quatre espèces, dont deux nou- velles et deux déjà connues, auxquelles l’auteur rap- porte les SPxærocarPus cylindricus et fragi- forms. BuLc. pl. 470, fig. 3, et pl. 384. IV. Dirprmium. CARACT. ESSENT. Peridium duplicatum; exterius vertice dehiscens, pulvere filis intertexto ; interius clausum, pulvere nudo repletum. Les espèces de ce genre croissent sur le bois pourri pendant l’automne ; elles sont divisées en deux sec- tions, à raison de leur enveloppe extérieure, qui est formée tantôt d’une simple membrane, tantôt de deux membranes. Les espèces de la première section sont au nombre de six, dont quatre nouvelies et deux déjà connues , savoir, le Drprmrum florcforme ou Srxærocarrus floriformis Buzc. pag. 371, et le Dinrmium faremaceum où le Pars4rum mela- nospermum , Pers. Ænn. Bot. Ræm. La seconde section est composée de deux espèces, dont une nou- 320 Botanique. velle, et l’autre décrite par Persoon, Ann. Bot. ÆRœm. t. 4, fig. 4, 5. On trouve à la fin de ce premier fascicule, six | planches qui comprennent les figures des divers états : par lesquels. passent successivement le plus grand | nombre des espèces décrites par l’auteur. Ces figures sont enluminées , et donnent une idée parfaite de l’objet qu’elles représentent. Nous ne doutons pas que les amis de la science n’aécueillent avec empressement un ouvrage destiné à applanir les difficultés d’une partie de la Botanique, qui n’est pas encore parfaitement connue. E.P. VENTENAT, de l’Institut nalional. ES PT TS SE TT TE PE HISTOIRE. 12 8 AGE M SOS VO: ka A ANTIQUITÉS NATIONALES Où RECUZIL DE MONU- MENS pour servir à l’hustoure générale et parti- culière de l’empire français , tels que tom- beaux , inscriptions , stitues , vitraux , fres- ques , etc. turés des abbayes , monastères, châteaux et autres lieux devenus domaines nalonaux, par Augin-Lours Mrii:N,con- servateur du Muséum des antiques à La brblio- thèque nationale , professeur d'histoire et d’antigquités , etc. etc. etc. Tome cinguième. À Paris, chez Drouin, édit-ur et propriétaire dudit ouvrage, rue de Vausirard , n°. 1348. De lim- privuerie de Testu, an 7. SUE CON D” EXT 'R A IaT: Arès Particle de la collégiale Saint - Pierre, à Lille, dont nous avons donné lexirait dans le dernier numéro (1), vient celui de L’HOôP1TAr com- TESSE de la même ville, fondé par Jeaune de Constantinople en 1216. Il étoit d’abord servi par un nombre égal de frères et de sœurs; mais les tracasseries qui suivirent , et plus encore quelques aventures scandaleuses, coutraignirent à n’y laisser que des sœurs. Le devant d’une voûte ogiv- que le citoyen Millin a fait figurer , représentoit Jeanne de Constantinople et Marguerite sa sœur ; dans le costume de leur temps et de leur pays; c’est (x) Suprà , page 68. Tome F1. X 322 Histoire. de la comtesse Marguerite que cette maison avoit pris son nom d’Hôpital comtesse : quoiqu'il ne fût desservi que par des femmes , on n’y soignoit que des hommes. Il avoit été d’un grand secours aux Francais et aux Anglais blessés , après la ba- taille de Fontenoy. Le couvenr Des Dominicains de Lille , dont parle ensuite le citoyen Millin, avoit été fondé en 1224 par quelques religieux du couvent de ces Do- minicains à Paris, daus la rue Saint-Jacques , dont le citoyen Miilin a aussi donné l’histoire dans un autre volume, et qui renfermoit un grand nombre de tombeaux de la famille de Louis IX. Ce fut le fervent père Zegher qui leur fut le plus utile ; ils établirent une confrairie du Rosaire , qui devint pour eux d’un excellent produit. Le citoyen Millin donne la figure d’un très-beau mausolée élevé dans cette église, à Louis de Melun , prince d'Epinay ; tué à la chasse du roi par un cerf à Chantilly, en 1724. Le citoyen Müllin termine cetarticle par une notice des religieux de ee couvent, qui ont laissé d’eux quelque souvenir. Parmi eux se trouve Île père Zegher, dont Choquet a écrit la vie 3 c’étoit un des prédicans les plus zélés : on cite de lui des mi- racles, nousne dirons pas étonnans , car une fois que les lois de la nature sont interverties, Pun ne doit pas étonner plus que l’autre, mais singuliers # en voici deux que le citoyen Millin a rapportés. « Le père Zegher avoit fait des conversions sans » nombre ; mais celle de Marguerite d’Ypres eut » plus d'éclat : il eut avec cette prosélyte une re- Antiquités nationales. 323 lation intime , même après sa mort. J’en citerai » pour preuve un miracle dont Choquet sera le garant. » Une femme avoit depuis long- temps un bras malade ; elle avoit inutilement employé tous les remèdes de l’art. Les médecin Payant aban- donnée , et la gangrène loi inspirant des craintes, elle alla trouver Zegher , et le supyplia de lui procurer sa guérison. Le serviteur de Dieu , ja loux de faire éclater la puissance de Marguerite qui n’étoit plus: allez, dit-il à ceite femme ; allez au tombeau de ma chère fille (c’est ainsi qu’il l’appeloit ), conjurez-la de im’otéir comme autrefois pendant sa vie , et de prier , en ma considération , le Seigneur de vous soulager. La femme , arrivée au tombeau, s’écrie : Margue= rite , le frère Zegher t’ordoune par ma biuche de lui obéir comme avant tà mort, et d’obtenir du ciel ma guérison. À peine eut-elle fini, que son bras devint aussi sain et aussi flexible que Pautre.- » Ce miracle a été le sujet d’une gravure qui précède la vie de Z-gler : il y est représenté en grand , tenant d’une main un livre ouvert, et de l’autre un bris: à gauche on le voit aussi en petit, parlant à une femme, celle sans doute sur laquelle il a opéré. Margu rite a eu trop de rapport avec le père Zegher pour ne pas citer un de ses miracles, que Choquet et Cantiprat racontent avec une bonne X 2 324 Histoire foi , une conviction plus étonnante encore que l'événement même. » Marguerite, revenant un jour de Péglise, trouva sur une chaise un panier d’œufs , qu’elle jeta hors de la maison. Sa mère revint pour prendre les œufs et les faire cuire ; quelle fut sa douleur, lorsqu'elle vit qu’ils étoient tous cassés ? Folle que vous êtes, dit-elle à sa fille, vous ignorez sans doute que nous n’avons rien autre chose à manger aujourd’hui ! Marguerite sur le champ, courbe le genou, adresse à la vierge une courte oraison , et se levant tout à coup, dit à sa mère d’aller ramasser les œufs qu’elle trouva entiers, sans qu’il parût aucune marque de fracture, Les Recorrrrs de Lille succèdent aux Do- minicains ; « ils appartenoient à l’ordre des Frères Mineurs ou de St, François, qui a pris naissance dans le douzième siècle : il eut pour instituteur Jean Bernardon, fils d’un riche marchand d’Assise en Ombrie: on le surnomma depuis François, parce que son père, qui trafiquoit en France, lui avoit fait apprendre la langue de ce pays ; qu’il parla en peu de temps avec beaucoup de facilité. | » Cet ordre recut dans la suite le nom sublime de Séraphique. Ce fut peu après cette époque, que quelques-uns des disciples de François d’As- sise vinrent à Lille et s’établirent dans le fau- bourg de Courtray. » [il s’écoula au moins vinot-cinq ans avant NE L Antiquités nationales. 825 qu’on songeàt sérieusement à les fixer dans le pays. Pendant tout ce temps, l’aumône pourvut à leur losernent et à leur existence ; mais enfin la comtesse Marguerite se décida à leur assigner quelques terres et une demeure dans la rue des Foulons. » On trouve sur la planche qui accompagne cet article, une vue de ce couvent , et la statue de Beaudouin , seigneur de Croix , mort en 1513. On lit ensuite une notice sur le CHATEAU DE Comines, dans le même département , à trois Jieues de Lille. Le nom du célèbre Phrippe de Comines , à qui il a appartenu , et qui y naquit en 1445, le rend assez recommandable. Le citoyen Millin a donné dans les antiquités nationales, à l’article du couvent des Augustins de Paris, le tom- beau de Philippe de Comines, de sa femme et de sa fille, Il donne ici une vue du village, des ruines du château et une autre du Befroi, « Parmi les Saints de l’église de Comines, on ré- » véroil particulièrement Chrysolius, un des premiers » apôtres de la foi en Flandres. Ce qui le mit sur- »tout en réputation fut un miracle , à la vérité bien » étrange , opéré sur sa pérsonne. » Chrysolius, poursuivi comme novateur, est arrêté » à Vrelenghem , village à deux lieues de Comines: »on lui coupe le sommet de la tête ,'et sa cervelle » se disperse. L’évêque martyr , toujours calme et » trauquille, ramasse l’un et l’autre ,et se rend dans _» cet état à Comines. Là , en présence d’un nombre » infini de témoins, il les dépose sur lautel , puis X 3 326 _ Histoire. » il expire sans douleur ni convulsions. En effet , on » le représ nte portant dans ses mains, appuyées sur »sa poiirin:, sa cerveile et le sommet de sa tête, » recouverts de sa mitre. » On seut aiséucnt quel est le but de l’auteur, en rapportant des faits si peu honorables pour les hommes. Ce sont de tristes preuves de la mauvaise foi des un: et de la stupidité des ‘uires, L’Eczisr SaiNrT-Lanpey de Paris occupe ensuite - Je citoyen Millin. La:dry , évèaue de Paris sous Clo- vis IL, fut enterré en 626 à Saint-Vincent, depuis Saint-Germain-l’Auxcrrois :il fut exhumé en 1171, et porté à l’église qui reçut son nom. Les tombes que le citoyen Millin a figurées et décrites , sont celles de Jehan Dauvet , mort en 1471, et de Jeanne Bau- drac sa femme, morte en 1460 , le fameux mau- solé de Girardon. Le citoyen Millin donneaussiles figures de très-beaux fonts baptismaux qui sont con- servés au dépôt des Augustins. L'ABBAYE SaiTe-GeneviÈve de Paris est l’ob- jet de Particle suivant, Geneviève naquit à Nan- terre en 420 , selon les Boll&adistes ; en 423 , selon Vauteur d’une vie manuscrite. Son père se nom- moit Sévère , et sa mère Géronce : elle gardoit les movtons de son père, plutôt par humilité que par besoin ; elle est toujours représentée dans ses fonc tions de bergère ; c’est ainsi qu’on la voit dans une belle estimpe de Balechou, et sur les anciens vi- traux. Un peintre sur verre , qui vouloit figurer cette bergère , et qui ne savoit faire que des cochons, écrivit dessous : Ces cochons somé des moutons. A7 À L LS " . Antiquités nationales. 827 à Geneviève se fit bientôt remarquer par ses mira- clés, Saint-Germain-l’Auxerrois prophétisa ce qu’elle seroit ; il la pressa de déclarer si elle n’étoit pas portée à devenir l’épouse de Jésus-Christ : Geneviève répondit affirmativement. « En ce moment Saint- Germain ayant jeté les yeux enterre , y vit une forme de pièce de monnoié d’airain , mais gravée au coin du ciel et marquée du signe de la croix, apportée de la part de Deu, qui vouloit faire un présent à sa nouvelle épouse. Le Saint prend cette pièce, la donne à Geneviève, et lui ordonne de lavoir perpétuellement au cou en mémoire de » lui. Il est bon d'observer que, pour être plus faci- » lement suspendue, le ciel l’avoit envoyée per- » cée, » Geneviève , selon ses historiens anciens et mo. dernes , fit un grand nombre de miracles : sa mère qui lui avoit donné un soufflet, devint aveugle, et ne put être guérie qu’au bout de dix-huit mois, avec de Peau du puits du lieu où elle demeuroit. Geneviève empécha les Parisiens de quitter leur ville à l’appro- che d’Aittila : elle procura miraculeusement le bois et l’eau qui manquoient pour construire une chapelle en l’honneur de Saint-Denis et de ses compagnons j eufiu après sa mort, sa lampe même opéra des mi- racles. Clovis fonda Péglise appelée de Saint-Pierre et de Saint-Paul : elle fut desservie par des clercs tirés de la cathédrale de Rheims; ce fut le mo- nastère qui reçut ensuite, vers 1148, le nom de Sainte-Geneviève , parce qu’elle y étoit inhumée, Le citoyen Millin donne , d’après des manuscriis, X 4 328 Histoire, une histoire de ce couvent, qui est d’autant plus curieuse, qu’on ytrouve beaucoup d’ancédotes singu- Bières qu’il accompagne de notes. Nous citerons quel- ques-unes de ces anecdotes. » L’abbé et les religieux avoient souvent été obligés de disputer leurs droits contre leurs sujets. Ceux de la terre et seigneurie de Rosny voulurent, en 1199 , se soustraire en parlie au joug de leurs seigneurs : ils se regardoient comme simples vas- saux , et refusoient sous ce prétexte toute autre obéissance ; les religieux de leur côté prétendoient qu’ils étoient véritablement serfs. L'affaire ayant été portée au conseil de Louis le jeuue , il or- donna que, suivant la coutume observée dans ce temps-là en France, les parties prouveroient leur droit par le duel : le jour fut en conséquence assigné par lPabbé. Hugues , abbé de Saint-Ger- main-des- Près ; Barbed’or, doyen de Notre-D'me; Philippe , archidiacre , et d’autres, se trouvèrent dans la cour de Sainte-Geneviève , pour voir l’issue du combat; ceux de Rosny s’y rendirent à la vé- rité, mais ils refusèrent de se battre contre les champions que présenioit l'abbé. Celui-ci, pie- nant acte de leur refus , alla aussitôt avec toute sa compagnie, informer Louis le jeune de ce qui s’étoit passé. Le roi, après s’être convaincu par le serment de ceux qui étoient présens, que les habitans de Rosny n’avoiént pas voulu soutenir le duel , et avoir pris l’avis de ses barons, du comte Robert son frère , et de Thibaut son maître-d’hô- tel, prononça que les habitans de Rosny demeu- reroient serfs de Sainte-Geneviève. » Antiquités nationales. 329 On sait qu’un archevêque on évêque, pour pren-’ dre possession de son église , étoit astreint à la céré- monie d’une entrée solemnelle. Voici celle qui s’ob- servoit pour l’archevêque de Paris. « Ce prélat, après avoir été consacré , détermi- > noit le jour où il feroit son entrée solemnelle : .» en donuoit avis aux cours souveraines et aux magistrats de la ville de Paris, avec invitation » d’y assister. . » La veille, il alloit coucher à l’abbaye Saint- » Victor. Le lendemain matin il y recevoit les com- plimens du prévôt des marchands et des éche- ) v >» » vins qui l’accompagnoient dans sa marche avec » leurs archers, et les autres officiers de la maison- » de-ville. Les religieux de Saint-Victor le condui- » soient processionnellement avec la croix, jusqu’à » Sainte-Geneviève, n’étant alors revêtu que du ro- » chet, du camail avec la croix pectorale. » Le cortége s’arrétant à quelque distance du » portail de l’église , archevêque s’avancoit entre » l’abbé et le prieur de Saint-Victor. L'abbé de Ste,- « Geneviève, vêtu pontificalement , à la tête de son » clergé eu chape, lui offroit l’eau bénite et lPencen- » soir. L'abbé de St.- Victor , accompagné du prévôt des marchands, le présentoit ensuite à celui de Ste.- » Geneviève, puis se retiroit. L’archevêque , après » avoir reçu de ce dernier, le compliment d’sage, » étoit conduit Jusque dans le sanctuaire , où il prioit » quelques instans. Après quoi, montant à lautel, » il prononcoit sur le livre des évangiles ouvert, le » serment suivant : Ego N, archiepiscopus Pure- 330 Histoire. Ÿ stensis, juro ad hœc sancta evangelia Dei , me servaiurum , jura , lubertates , privilegia , exemptiones , immunitates et consuetudines monasteri sanctæ Genovefæ Parisiensis, et compositiones habitas inter prædecessores meos et abbatem et conventum dicti mona- sterii sanctæ Genovefæ. Ii présentoit ensuite sur l'autel une pièce de drap d’or pour faire un pa- rement : de là on le menoit au trésor, où il en dossoit tous les ornemens pontificaux , et où il étoit sa ué par les députés des cours souveraines, L’abbé et le prieur le conduisoient au sanctuaire, et l’y installoient dans la chaise épiscopale; cela » fait, la procession se mettoit en marche; quatre » hommes portoient l’archevêque dans sa chaise, CE CC depuis le grand autel jusqu’à la porte de l’église ; quatre religieux mettoient la main aux quatre bouts des bâtons, comme porteurs honoraires. Alors un huissier appeloit à haute voix les quatre barons vassaux de l’archevêque , celui de Massy, de Monjay, de Luzarche et de Conflans ; ceux- ci se présentant pour le porter, les quatre reli- gieux se retiroient, et recevoient chacun pour leur droit un denier d’or , redevance que les arche- vêques de Paris ont contestée , mais à laquelle ils ont été condamnés par arrêt, ainsi qu’à celle du drap d’or qu’ils devoient laisser sur l’autel après leur serment. Le recteur de l’université se rendoit aux Jacobins, où il haranguoit le nou- veau prélat à son passage , et se reliroit. Leclergé de Notre-Dame venoit au devant de son évêque Antiguités nationales. 331 » jusqu’à l’église de Ste. - Genevièvr-des-Ardens ; » c’étoit là que abbé de Ste. Geneviève se prépa- » roit à le présenter au doyen. L’archevêque des- » cendoit de la chaise, et on se séparoit après » s’être salués mutuellemeut : la chaise étoit rap- » portée à Ste.-Geneviève. » Alors le ‘clergé qui composoit la procession, » se rangroit en haie, et le prélat passoit ätravers, » Arrivé à la porte de Notre-Dame, qu’il trouvoit » fermée, il sonnoit une petite cloche mise exprès » pour la faire ouvrir 3 enfin cette cérémonie , » comme presque toutes , étoit terminée par un repas » splendide, » Les sens de métiers , qui demeuroient sur les terres de Ste, - Geneviève, éloient subordonnés à des statuts et à des réglemens. » Les couteliers ainsi que les tisserands devoient » acheter leur métier de l’abbé et du couvent , cinq » à six sous; ils ne pouvoient travailler de nuit ; » ils ne devoient également travailler en charna- « ge (2), depuis le samedi à vêpres sonnantes à » Notre-Dame. et en carême , depuis complies ; » ils avoient deux prud’homimes ou jurés à la no- » mination du chambrier (3), qui pouvoit les ré- (2) À la préparation de chair. Ce mot étoit plus ordinai- rement appliqué au tribut payé sur les troupeaux. (3) Camerarius. Ce nom vient de camera ; chambre , le chambrier du palais. Camerarius palatii, étoit le garde des trésors ; chez les moines, le chambrier est celui qui a soin des revenus communs; dans plusieurs chapitres, c’étoit uxe dignité, 333 | Histoire. » voquer ; ils payoient le guet, la taille (4:) et autres redevances , excepté les jurés, qui étoient » exempts du guet. » Les tamiers, tameliers (5) ou boulangers for- » moient alors deux classes, les haubanniers (6), » ceux de la ville, et les forains, ceux du dehors, » Les premiers jouissoient de certaines exemptions » » que les autres payoient. Nul ne pouvoit cuire les jours de dimanche et de fête, si ce n’étoit des » échaudés à donner pour l’amour de Dieu ; il fal- » loit que le pain fût au four le samedi avant la » nuit, la veille de Noël exceptée , on pouvoit cuire jusqu’à matines de Noire - Dame , et lorsqu’une fête étoit le lundi ; nul boulanger ne pouvoit faire de pain plus grand que deux deniers (7), à moins que ce ne fût des gâteaux à présenter, et plus É # + y (4) Alors les rois n’imposoient pas immédiatement la taille sur les peuples ; ils taxoient les seigneurs, soit ecclésiastiques, soit séculiers | qui levuient une taille sur tous leurs sujets pour payer le roi. (5) On disoit plutôt talemeliers ou talemetiers , en latin talemarii, talematarit. C’est de |à que vient le mot fa/emouse: de la forme triangulaire de cette espèce de pâtisserie , quel- ques piéces de terre étoient appelées aussi £allemouses. | (6) Ceux qui étaloient sous des toiles soutenues par des perches, des auvents , de auvanus et aubanus , auvent. (7) Que du prix de deux deniers. On appeloit pain de patar , et pain de denier , les pains qui eoutoient un patar ou un denier. ! Antiquités nationales. 333 petits d’une maille (8), hormis les ésckaudés (g). Si le pain étoit trouvé trop petit pourdle prix par les jurés , ils confisquoient toute la fournée ; les boulangers ‘hors Paris n’y pouvoient apporter du pain que le samedi. » Les cordonniers, quoique sur la terre de Ste.- Génevieve, étoient ‘sous la juridiction du grand- chambellan de France , et achetoient de lui leurs métiers. Du reste, ils étoient soumis aux mêmes dé- fenses que les autres artisans, » Les oubliers (10) et pâtissiers ne pouvoient pren- dre de compagnon , s’ils ne faisoient au moins un millier d’oublies par jour ; ilsne devoient point jouer au dez argent sec (11) , et ne pouvoient don- ner que deux gauffres pour un denier, et huit bâtons pour autant (12). (8) La maille , macula , mallia , pièce de monnoie : il y avoit deux mailles dans un denier. (9) Eschaudé ou eschaudet ou escaudet , en latin escau- detus ou eschaudetus. Le boulanger qui les faisoit se nom- . moit Escaudisseur : on en faisoit des distributions ainsi que de petits pains , au marché , dans certaines cérémonies, (10) Fabricateur d’oublis. On appeloit oblées, oblies , oblata , le pain offert, oblatus , au sacrifice de la messe F -et non encofe consacré, el ce nom a jassé à des espèces de gauffres. C’est done à tort que Casaubon dérive ce mot du grec ctAias , qui signifie un pain cuit à une petite broche, On appeloit droit d’oublie ou d’oubliage , celui de recevoir une certaine quantité de pains extrêmement petits. (11) Numéraire métallique. (12) Hist. mapusc, de Sainte-Genevière, 1, vi, pages 763 et suiv. du } 334 Histoire, L'abbaye Ste. « Geneviève possédoit plusieurs terres et seigneuries qui lui attribuoient le privi- légè de haute, moyenne et basse justice. « Mais » le tribunal le plus considérable étoit celui de Paris. » Une des principales peines auxquelles alors le » bailly de Ste-Geneviève pouvoit condamner, étoit l'échelle ; cette échelle permanente et fixe, comme » autrefois les carcans , avoit au haut un ais » percé, de manière à faire passer la tête et les » mains du condamné , qui restoit ainsi exposé à » la vue du peuple, C’étoit sans doute un châtiment » d'usage ; car les justices de Saint - Martin - des- » Champs, de SaintGermain-des-Près , de Notre- » Dame et autres avoient de ces échelles. Lors- » qu’on les abattit, on conserva celle du temple , » qui subsistoit encore à la fin du siècie dernier. » Ou coupoit aussi alors une oreille aux voleurs, + et pour cela on les mettoit à l’échelle. À Vanves, village, domaine de l’abbaye Ste.-Ge neviève, on faisoit tous les ans une cérémonie le jour de la Triuité, qu’ou appeloit la fête de l’é- pée et de la rose, « Une épée de vingt sous étoit » le prix destiné à celui qui couroit le mieux de- » puis la porte Saint-Michel ou porte d'Enf:r, jus- » qu’à la porte de Vanves. Quant à la rose, c’é- » toit un présent de la valeur de trente sous , fait » à une meschine (13), qui pouvoit êire mariée (13) Meschin , mesquin , signifioit dans le moyen âge , un pauvre homme ou uu valet; ainsi ce mot indique ici une servante : on disoit en picard , mechain ; c’est de là qu'est venue l’épithète de r'esquin, que nous avons donnée aux choses de peu d’apparence. ES > CR” SELLE ss RE E ss y e v FUN AS LES EL à « Antiquités nationales. 335 dans l’année ; les valets de Vanves faisoient les frais de ces deux prix. » Il s’'élèva à ce sujet une contestation assez sé- rieuse entre les religieux et les habitans. Ceux- là prétendoient, comme seigneurs , avoir le droit de ‘présider à cette cérémonie et de faire le cris c’est-à-dire , de donner le signal pour commen- cer la course :: ceux-ci soutenoient, au contraire, que depuis un temps immémorial ils étoient en possession de permettre cette fêle à leurs valets 3 et de faire lescri, et que rien ne Justifioit la ré- clamation des religieux. Les esprits s’'échauffèrent au point qu’il y eut une espèce de défi , et que des paroles on en vint aux mains : plusieurs ha- bitans furent battus et maltraités par les officiers de Ste. - Geneviève ; ce qui tngagea un procès criminel, qui se termina enfin à l’amiable par une transaction en 1342. Le droit de présider ou de faire le cri fut abandonné aux religieux. Pour réparalion de leur entreprise téméraire , les ha- bitans s’engagèrent à: venir en la place où se fai soit le cri, et là l’un d’eux devoit dire, en pré- sence du maire et du procureur de Sainte-Gene- viève. Seigneur, je confesse au nom des habi- tans de Vanves | que le cri et don de rose et d'épée appartient aux religieux de Sainte-Gene- viève ; et que les empêchemens que les habi- tans y ont mis, à tort l’y ont mis, et l’amendent auxdits religieux: promets que dorénavant ils ne les empêcheront. ès choses dessus dictes. Ils fu- U 336 Histoire. » rent de plus condamnés à payer pour dépens, » dommages-intérêts , 50o livres à l’abbaye, Nous pourrions citer encore un grand nombre d’anecdotes qui tenoient à des usages singuli®rs et peu connus ÿ mais nous sortirions des bornes que nous voulous donner à ce second extrait. Le citoyeu Millin indique la série des Abbés de cette . maison, leurs monumens , leurs épitaphes , et décrit ensuite l’édifice lui-même , les tableaux dont l’église étoit décorée , les tombes de lPéglise , telles que celle de Descartes, de Rohaut, du car- dinal de la Rochefoucault, à qui un ange porte la queue. Outre ces tombes, le citoyen Millin a fait figurer un vitrail singulier: « il représente St, » Guillaume debout, tenant un livre sur lequel » pose un casque ,; en face est Sie. Genvviève , » jeune et jolie, aussi debout, vêtue comme onre- » présente Sainte Catherine, ayant de même une » couronne antique à pointes sur la tête : d’une » main elle tint un cierge , de Pautre un livre; _» au dessus d'elle, au milieu du tableau , un diable » nu avec ses cornes , scs grilles aux pieds, ses » ailes de chanve-souris, et dens Pattitude d’un » satyre, veut éteindre avec un soufilet le cierge » de chasteté de la sainte ; mais un ange qui est » là dans un coin l’arrête, et Pempêche de faire » celte espiéglerie. Si cet ange est aussi laid que le démon, en récompense il est vêtu d’un froc , et n’étoit pas dans le cas de distraire les ames pieu- ses, comme les beaux anges nus de Rubens et » du Antiquités nationales. 337 > du Guide. Aux pieds de Saint Guillaume est la » figure d’un abbé à genoux , les mains Jointes , a vêtu de lhabit de la maison, avec l’aumusse au » bras d'oit , et sa crosse passée dans l’autre, » Nous ter:ninerous ici ces anecdotes, que nous au- rious pu multiplier davantage , et nous donnerons dans le prochain numéro un troisième et dernier extrait de ce volume, A. L. M. . Tome F1. Y 338 Histoire. Hisrorres de la mosquée Nâssery de Hhaçan (x) au Caire. j __ CETTE mosqnée se nomme le collége du sulthän Hbacan : elle est située en face du château de la montagne, entre le château et l'étang de l’éléphant, dans l'emplacement qu’occupoit la maison de lémyr Belyghâ-l’yhhyâäouy , dont il est fait mention dans le chapitre des maisons. Le sulthân commença de construire cette mosquée en l’année 757 (2) : il donna la - plusgrande étendueaux maisons et autres dépendances de ceite fondation ; il en embellit la distiibation, et en agrandit le plan, de manière que, dans tous les pays musulmans, on ne connoissoit pas un temple comparable à cette mosquée , à la construction de laquelle on employa trois années entières sans l’in- terruptiou d’un seul jour. Il exigea del” Ægy pte chaque jour la somme de vingt mille dragmes, qui équi- valent à près de mille misçqäl d’or. Altheouachy m’a dit d’après Alchamy, qu’il a (x) Tirée du troisième volume de la description géné- tale de l’Ægypte , intitulée Le livre des conseils et des exemples dans la deseription des quartiers et des monumens ( du Caire et del’ Ægypte ). Manusc. de la bibl. nat. , n°. 682, pag. 457 et suiv.; 680, pag. 232 et suiv.; 798, pag. 273 et suiv. articles des mosquées bâties par les Fatkymytes , par Tagyéddyn Elmaqryzy. Voyez la notice que j’ai donnée sur cet auteur , dans le Magasin encyclopédique , deuxième année, tome I, page 231. (2) De l'hégire 1356 de l’ère vulgaire. Mosquée du Caire. 339 entendu dire au suithân Hhacan , que le piliers du srand portique (ou éy vân ) avoient coûté cent mille dragmes. Le même auteur a entendu le sulthän dire: On prétend que lÆgypte a été ruinée par les édific:s qu’on y a construits ; le renonce à continuer c:tte mosquée, à cause des sommes qu’elle coù eroit. Or, cette mosquée est véritablement admirable à -ause de ses bâtimens : son grand portique ou péristile (3) a soixante - cinq coudées : on le dit plus grand de cinq coudées que Parc de Kesra qu’on voir à Mé- daïn en Irâ:. Le dôme est si grand, qu’on n’en a pas élevé de semb'able dans l’ Ægypte , la Syrie, lIrâq , l’Yemen, etc. Il y a une chaire en marbre d’une beauté sans égale , de grand=s portes et quatre colléges dans la cour de la mosquée, Outre cela le sulthân avoit résolu de faire cons truire quatre minärehs pour appeler les fidèles à fa priere j trois ‘étoient terminés lorsque le samedi, sixième jour du mois de rabi, le dernier de l’an 762 (4), le mivâreh qui étoit sur la porte s’écroula , et il périt environ trois cents orph:lins que l’on entretenoit dans l’école ; six seulement furent sauvés. Le sulthân renonça à faire reconstruire ce minâreh, qui Ctoit de mauvais augure ; et on voit encore aujourd’hui les deux munârehs qui n’etoient déjà sur pied. Quand lédifice dont nos venons de parler tomba ; les habitans de l’Ægypte et du (3) Éyvào. {4) 1360 et 1361 de l'ère vulgaire. 340 Histoire. Caire regardèrent cela comme un présage de lex- tinction de la dynastie régnante, Or l’assassinat du sulthân arriva trente-trois Jours après la chute du minâreh , et il mourut avant qu’on eût terminé le revêtissement en marbre de cette mos- quée ; et cela fut terminé après lui par â!-Theouäâ- chy-Bacbyr eldjemdär. Le sulthân avoit fait placer dans cette mosquée de vastes escaliers, dont il ne reste plus rien. Plusieurs portions de la Syrie, de lP'Ægypte s’étant révoltées, et ayant passé au pou voir de quelques-uns de ses officiers, cette mosquée formoit une forteresse aussi imposante que le chä- teau de La montagne ; et toutes les fois qu’il éclatoit une dissention entre les hommes puissans , des officiers et des soldats montoient sur le sommet de la mosquée, d’où ils pouvoient lancer des traits sur le château. Le sulthân Thâter-Elmélik Barqouq ne voulut pas souffrir cela, et il ordonna que Pon détruisit l’escalier par lequel on montoit sur les deux minârehs ainsi que les maisons hahitées par les desser- vans de la mosquée ; et par lesquelles on passoit pour monter dans cet escalier et parvenir sur le toit d’où l’on assaillissoit le château, Ondétruisit donc l’es- planade et l’escalier qui étoit auprès de cette espla- pade, devant la porte de la mosquée, de manière qu’il n’y eût plus moyen de monter sur le toit, et on ferma le tout avec une porte de fonte , telle qu’on n’en a point entendu parler d’une semblable. On ou- vrit uve grille d’un collége de la mosquée pour com muniquer au dehors et tenir lieu de la porte condam- née. Cette porte se trou voit en face decelle du château, qu’on nomme la porte des chaînes. Les crieurs sacrés Archæographie. ar ne pouvoient plus monter sur les deux mirârehs , et crioient sur le pas de cette porte. Cette opération se fit le premier jour 8 de ssefer de l’an 793 (5). Quand le sulthän Elmélik ElmouyédCheykh résolut de bâtir la mosquée quiestà la porte Zewyleh ,ilacheta cette porte d’airain etle lampadaire (tennour)d’airain qu'on y avoit pendu, moy:nvant 500 dinars. On trans+ porta ces objets le cinquième jour de la semaine, 17 du mois chewal de l’année 8196) , et la porte roula sur ses gouds. On suspendit le lampadaire dans la niche ( Le mihhräb) de la mosquée, et le cinquième jour de la semaine, 9 du mois de ramadhân de l’année 825 (7), on recommença la convocation sa- crée sur les deux minärehs comme autrefois. On reconstruisit l’escalier et l’esplanade : Elmouyéd sub- stitua une porte à celle qu’il avoit prise. Les choses sont restées dans cet état jusqu’à présent. LANGLÈs. AR CHÆ O0 GK APHI E. Nozrce sur quelques inscriptions trouvées à Bayeux. ls 11 messidor an 4, des ouvriers, occupés à la démolition du vieux château de Bayeux , ont décou- vert, sous les fondemens de la chapelle, une espèce de monument digne de fixer lattention. Les mem- bres de la commission des arts de cette commune (5) 1391 de l’ère vulgaire. (6) 1416 de l’ère vulgaire. (7) 1422. Le 342 Archæographie. s’y sont transportés ; ; rendus dans le lieu de l’exca- vation , ils ont trouvé un morceau de pierre de taille, composart autrefois un fût de colenne d’environ deux pi d: de dia: ètre. Ce morceau , de la longueur d’en- viron cinq pieds, et tronqué aux deux bouts, a été coupe à pans dans deux de ses parties latérales, suivant 11n€ direction parallèle à l’axe ; ce qui pa- roît avoir éte fait par ceux qui ont détruit le ma nument, afin de procurer à la colonne couchée une assietie que lui refusoit sa forme cy indrique , et de la faire par - là servir à la nouvelle coustruc- tion qu’ils se proposorent. À ce moyen, la pierre offre aujourd’hui quatre côtés en longueur, dont deux planes et deux convexes ; sur Pun des derniers se trouvent les restes d’une inscription dont suit ia co- pie figutée. pe À EROPIO Es He 7) PPPONTIF MA THICO ARABI ABENC IMPXH: 1 VRANTONIN 102477 Tour VGDVREVIF Inscriptions trouvées à Bayeuz. 343 4 4 Un autre morceau de pierre brisé, et de même P , forme que le précédent , sauf sa dimension dans la direction de l’axe , qui n’est que d'environ 15 pouces, contient les restes suivans d’une inscrip tion mutilée. IMO | F / WU d Les lettres, d’une grandeur à peu près égale à celles de la première inscription, ont cependant un caractère un peu différent ; elles sont formées par des entailles plus évidées. Un troisième morceau, dont la masse totale peut contenir environ un pied cube de pierre , semble, dans une de ses faces, avoir formé la partie infé- rieure d’un fût de colonne posée inimédiatement sur un socle, Un quatrième morceau, d’une masse à peu près double du dernier, formoit comme lui, dans une de ses faces, la partie inférieure d’une colonne , mais appuyée sur une base aitique. . . . . Huit jours après, le 19, a été trouvé un cinquième morceau de forme semblable au premier, et d’une X 4 94 Archæographie. longueur moyenne d’euviron trois pieds £. Voicice qu'on y lit : Les commistaires se rendant compte de leurs oni- nions respectives à l'égard de ces inscriptions , n’ont trouvé rien de satisfaisant que sur la première. [ls ont stimé qu’elle devoit être lue ainsi : CÆSARI. SEPTiMO. SEVERO. P!O. PERTINACI. PA- TRI. PATRIÆ. PONTIFICI MAXIMO. PAR- THICO. ARABICO. ANTARENICO. IMP. XII. Coss.. .. AURELIO. ANTONINO., etc. On peut conclure de cette rédaction , que l’em- pereur dont il s’agit est Septime Sévère, qui prit en effet solemnellement le surnom de Pertinax, recut ceux de vainqueur des Parthes, de l’Arabie et de l’Adiabène , et s’associa a l’empire son fils Gara- calla sous le nom de Marc-Aurèle Antonin, et peut- être la ligne effacée contenoit-elle aussi le noin de Biographie. 345 Géta son jeune fils, pareillement associé à empire, mais à qui l’ainé ne permit pas long-temrpis de jouir de cet honneur, l’ayant lui-même assassiné. Quant à la dernière ligne, les commissaires n’ont pu en pénétrer le sens. La forme du monument les dise pose à penser que ce pouvoit êlre une colonne milliaie. Nota. La prem ère ligne de l'inscription, endom- magée dans le militu, a été rétablie au moyen de ce qu’on a trouvé un copeau de la pierre ; qui, se r’appliquant parfaitement au fût de la colonne , prés sente les quatre iettres enlevées , ES SE. MorssoN DEvAUXx. BIOGRAPHIE. Eroczs historique de Dom Aionzo pe Hzr- CYLLA-Y-ZuNiGA ; par J, B. C. GRraINriLze. Don Alonzo de Hercylla - y-Zuniga naquit à Madrid le » août 1533 , de Fortun’Garcia de Hercylla , célèb:e jurisconsulte, et de dona Leonor de Zuniga, dame d’honneur de l’impératrice Dona Issbelle, Dès l’âge de trois ans, il fut reçu en qua- lié de page du piin e dom Philippe , fils de l’em- pereur Charles V. Ne avec les dispositions les plus heureuses , Alonzo se fit remarquer de bonne heure par la vivacité de son esprit, par sa pénétration, sa politesse et un certain air franc et décidé qui 346 Biographie. Ke: pronostiquoit son goût pour la guerre. It perfec- tionna toutes ces qualités naturelles par l’étude et les divers voyages qu'it fit en Europe et en Amé- rique. Après avoir, en 1547, accompagné dom Phi- lippe , qui alla à Bruxelles prendre, au nom de son père, possession du duché de'Brabant, Alonzo re- tourna en Espagne. Trois ans après , dom Philippe passa en Angleterre pour épouser Marie , héritière de ce royaume : notre poëte l’y suivit encore. Dans ces eutrefaites on reçut à Londres la nouvelle que la province d’Arauco s’étoit révoltée. Dom Alonzo obtint de suivre au Pérou Adelantade , chargé de rétablir la paix dans ces contrées lointaines. Il n’é« toit alors âgé que de vingt-un ans; et, comme il le dit dans le treizième chant de son poëme , c’é- toit la première fois qu’il ceignoit l’épée. Ade- lantade mourut aux environs de Panama ; mais Alonzo poursuivit son voyage et se rendit à Lima, capitale du Pérou. Dom André Hurtado de Men- doza , marquis de Canente , étoit alors vice-roi de ce royaume. En apprenant la mort d’Adelantade, il nomma son fils dom Garcie, capitaine général du Chili, et l’envoya avec une forte escadre soumettre les indociles Araucaniens. Dom Alonzo l’accom- pagra dans celte expédition , ainsi qu’il nous lPap- prend dans son treizième chant. Alors se livrèrent de sanglantes batailles que le poëte décrit avec la même chaleur qu’il combat- toit les armes à la main. Alors, tel que le Troyen chanté par Virgile, il partagea tous les dangers Alongo de Hercylla. 347 de ses compagnons d’armes. Il se trouva à sept ba- tailles où sa vie fut exposée. Supérieur à lous les événemens , on le vit , non content des périls qu’il avoit courus, accompagner le général dom Garcie dans la conquête de Chiloé ; suivi de dix autres soldats, surmonter les plus grandes difficultés , tra- verser sur une nacelle l’Archipel d’Ancudbos , pé- pétrer jusque dans l’intérieur du continent , et graver sur l’écorce d'un a bre : « Toi, en 1558, s’est arrêté dom Aionzo de » Hercylla, le premier qui, avec dix compa- » £NCNS , Q OSÉ , Sur une foible barque, a fjronter » des mers inconnues , et s’avancer jusque dans » ces lieux.» Au milieu des plaisirs et des fêtes qu’on célèbra en mémoire de cite conquèle, ou, selon Suarez de Figuera , pour le couronrement du roi Phi- lippe II , Alonzo mit lepre à la main contre dom Juan de Pineda. Bientôt une querelle parti- culière devirt générale , et le sing eût coulé si la présence de dom Garcie n’en eût imposé aux deux partis. La prison fut la peine décernée contre les coupables ; mais l’iunocence d’A lonzo fut reconnue, et il obtint son élargissement, Après quelques au- tres aventures également orageuses , 1l essuya une maladie terrible. Sa convalescence dura long-temps , mais la vigueur de son tempérament le sauva 3 il revini en Espagne à l’âge de vingt-neuf-ans. Peu après il parcourut de nouveau la France , l'Italie, PAle- megne , la Siésie, là Moravie , etc. De retour à Madrid en 1570, il épousa dona Marie Bazan, et 348 Biographie. obtint la place de gentilhomme de l’empereur Maxi. milien IT, qu’il accompagna dans ses voyages en Allemagne. Le poëte, au dix-huïtième chant de l’4- raucana , cite avec le plus grand éloge cette Marie Bazsn , qui fixa ses vœux et son cœur. fl suppose qu’en songe il est transporté dans une agréable prai- rie où de Jeunes beautés s’amusoient à chanter des vers consacrés à l'Amour. « J’éprouvai, ditil, le plus violent désir de sac » voir quelles étoient ces beautés ravissantes | mais » sur-tout d’en connoît:e une aux pieds de laquelle » jé me trouvai par hasard. » Eïle étoit dans son printemps, et cependant » son maintien annoncoit la réflexion de l’âge mür. » Un penchant déterminé par son étoile , son des- » tin, sur-tout par mon bonheur, ramenoiït, atta- » choit irrésistiblement ses regards surf moi. Ebloui » de tant d’appas, je désirois savoir le nom de » cet aimable objet, lorsque j’aperçus à ses pieds > une lettre portant pour adresse: A DONA Marta, » DE LA FAMILLE DES BazaAN.» En 1580 Alonzo se retira à Madrid. Une vie er- rante et toujours agitée lui fit négliger la fortune; aussi, de retour dans sa patrie, se trouva-t-il réduit à une médiocrité bien voisine de l’indigence. Ses plaintes répétées ne laissent aucun doute sur cet article. « Après avoir luité sans cesse contre la fortune, » tous mes travaux , écrit-il au roi , tous les dan- » gers que j’ai courus à votre service , seront donc Alonxo de Hercytla. 349 » infructueux? Je vais donc me voir plongé dans » la plus affreuse misère. » Si dans le cours de sa vie Alonzo obtint peu de faveurs, il fut du moins pour lui glorieux d’en mé- riter, Cependant Philippe eut égard à sa détresse ; mais il me paroît pas que les secours qui lui furent accordés aient fait cesser ses plaintes. Enfin , dé- goûté des vanités humaines , il ne songea plus qu’à rendre son ame à l’Eire suprême, qu’il se reproche à la fin de son trente-septième chant, d’avoir né- gligé dans les beaux jours de sa vie. On ne peut fixer précisément l’époque de sa mort. Le licencié Mosquera croit qu’il vivoit encore en 1596. Le courace intrépide de dom Aionzo suffroit, indépendamment de ses talens littéraires, pour trans- mettre son nom jusqu’à nos derniers neveux. Ses prouesses le placeront toujours au rang des Es- gnols les plus recommard:bles ; mais un avantage qu’il a sur ses compatriotes, c’est de figurer en même temps comme héros et comme poëte, et de s’être immortalisé par ses vers aussi bien que par ses belles actions. Achille, Alexandre , tous ceux dont les Grecs ou les Latins nous ont conservé le souveuir , ne peuvent lui être comparés. César, historien de ses propres actions , soutiendroit lui seul le parallèle. Le poëme héroïque de lAraucana est regardé, par l’auteur de l’inimitable Dom Quichotte, comme un des livres les mieux écrits qu’on ait Jamais faits dans sa langue , et pouvant aller de pair avec Les plus fameux ouvrages de l'Italie. À 30 Biographie. Pappui d’un témoigrage aussi glorieux, viennent en foule d’autres critiques ses compatriotes, qui tous lui décernent le titre d’'HomÈRE ESPAGNOL. Ce poème est divisé en trois parties qu’il composa , comme il Je dit lui même, en écrivant de nuit ce quil faisoit le jour. Il publia d’abord séparément la première : quelque temps après, la seconde parut in-4°. 1578, et la troisième , réunie aux deux premières, fut im- primée iu-8°. eu 1599. Plusieurs autres éditions se succédèrent sans interruption. Le sujet de ce poërne est la guerre que les Arau:aniens révoltés soutinrent obstinément contre Philippe II. Le poëte, dans le cours de son ouvrage, s’atiache scrupuleusement à la vérité des faits : il a soin de nous en avertir dans le prologue de sa seconde partie, en convenaut que Pâpreté des lieux qu’il décrit et la monotonie des détails auxquels il est contraint de se livrer, lui font parcourir des routes désertes et souvent ennuyeusese Le retour continuel de batailles gignées ou perdues n’eût pas manqué de provoquer le dégoût, sans la variété que le poëte a su répandre sur son ouvrage. Ou se plaît sur-tout à voir agir les Araucaniens, per- sonnages simples et grossiers, dont les mœurs et les coutumes ont du moins lattrait piquant de la nou- veauté. Quoique privé des secours de la fiction , Alonzo cependant a surpassé tous ses rivaux. Il est facile de feindre : il est difficile de communiquer à la vérité nue les charmes de la fable, Les différens épisodes dont il se sert pour corriger Paridité de sa matière, prouvent la fécondité de son imagination. Si l’on ajoute que son style est noble et majestueux, Alonxo de Hercylla. 351 qu’il abonde en sentences admirables, on conviendra qu’il est peut-êrre supérieur à Lucain son compae triote , puisque le porte de Cordoue traïtoit un sujet plus fécond, qu’il faisoit mouvoir de plus grands personnages , et que du succès du combat le plus mémorable dont on conserve la mémoire, dépen= doit le sort de l’univers. Les Araucaniens au con- traire n’avoient qu’à défendre leurs champs incultes et stériles. Suarez, auteur espagnol, reproche à D. Alonzo de s’être rendu coupable d’ingratitude, en ne citant point avec éloge D. Garcie-Huriado de Mendoza ; il ajoute que les faveurs que le poëte avoit reçues de ce général , lui imposoient l’obligation de louer sa valeur , sa prudence et sa modération. Ce repro- clie est injuste, puisque, dans la première partie de l’Araucana (et c’est la plus intéressante du poëme), D. Garcie figure avec avantage, tandis que le poëte ne dit pas un mot de Pedro de Valdivia, conqué- rant de l’Arauco, et de François de Villagran, gou- verneur et commandant de ce pays. Au reste , quelles faveurs Alonzo avoil-il reçues de D. Garcie ? Il falioit les citer, et l’historien du marquis de Canente ne parle que des récompenses que ce général fit distri- buer à quelques soldats, sans même y appeler D. Alonzo de Hercylla. Un autre critique aussi injuste lui reproche d’avoir négligé plusieurs détails historiques. Maïs où donc a-t-il vu, ce judicieux aristarque , qu’un poëte soit obligé de citer les faits les moins importans ? Que diroit-on d’un historien qui ne feroit pas grace à ses 352 B:ograplue. lecteurs, d'un trait inutile et fastidieux? Il ne faut pas croire cependant que D. Alonzo ait falsifié ce qu’il rapporte. Presque toujours témoin et w’écrivant que d’après les relations les plus authentiques, il a mérité la confiance de ceux qui par la suite ont écrit l’histoire de cette guerre 3 ainsi le P. Ovalle invoque à chaque pag: l’autorité de l'Araucana, | | J'ai laissé jusqu'ici presque toujours parler le pa- nécvyriste de Homère espagnol; ie vais, à mon tour, consid rer Alonzo sous le double titre de guerrier et de poñte. Dom Alonzo fut un homme d’une bravoure à toute épreuve. Ilen est peu qui aient essuyé autant de dan- gers, pas même le Camoëns, cet intrépide compagnon de Gama. Sans parler en effet de ses premiers voyages dans presque toutes les contrées de l'Europe , suivons-le dans les îles sans nombre qu’il parcourut avant d’arriver à la terre ferme. De nouvelles cons- tellations frappent ses regards. Il passe la ligne équi- noxiale, la zone torride, le tropique du capricorne j il parvient à Atacama , traverse la grande rivière de Copiapo, arrive à l'extrémité de Coquirubo, et se trouve dans cette vallée célèbre qui donne son nom au Chily. Ensuite laissant derrière lui vingt autres rivières dont les noms sont aussi barbares que les ha- bitans qui s’y désalièrent, il se rend dans Arauco. Là il paye de sa personne à sept batailles, sans compter les escarmouches ; il aide à jeter les fonde- mens de quatre villes ; il gravit les montagnes de Purèn , franchit les vallons de Cautèn , de Niveque- tèn , et gagne le lac de Valdivie. Ce n’étoit pas encore assez des montagnes sans nombre ; communiiue avec des Alonzo de Hercylla 353 assez pour lui. Il traverse l’archipel d’Ancudbos, descend dans plus'eurs îles, accompagné de trente soïdats ; découvre des promontoires, des volcans, peuples diff: rant de lanjage, de coutumes, de mœurs, de figures, et revient en Europe publier la premivre partie de sn Æraucana , avaut diavoir atteint la Vingt-neuvième année de son âges Lorsqu'on réflehit qu: tant de travaux entrepris sur terre et sur mer, loin de ralentir son ardeur pour les lettres, ne servoient au contraire-qu’a l’exciter encore ; quand on se représente ce valeureux guer:ier retiré dans sa tente, écrivant dans Île silence de la nuit tous {es succès du jour qui l’avoient précédce ; lorsqu’on fait attention à la pureté de son style, à la douceur harmonieuse de ses vers, il faut convenir que l’antiquité n’a rien de comparable à nousopposer. Le divin Homère, ilest vrai, parcourut les îles de PArchipel, l1 grande Grèce , | Ægypte et d’autres contrées de l’Asie mineure ; mais quel avantage il avoit sur À lonzo ! Les peuples de ces climats fortunés n’étoieut pas, comme les Araucaniens, tout-à-fait étrangers aux sciences et aux beaux-arts, Si le père de la poésie fut alors plus heureux que le poëte es- pagnol, on ne doit pas être étonné qu’il soit son maître dans l’épopée ; et en effet, l’intervalle qui les sépare est immense, Le Grec plane sur le double mont , l’Espagnol rase les eaux du Permesse. Qu’est- ce qu’un ouvrage où sont violées toutes les règles du poëme épique? Est-ce une histoire en vers héroï- ques , qu’Alonzo vouloit écrire? Pourauoi donc y Tome F1. Z 354 Biographie. mêler l’épisode du Magicien Fiton, et la longue et fastidieuse aventure de Didon , qui occure deux chants entiers ; le tout, comme lPobserve judicieuse- ment Voltaire , pour restituer à la reine de Carthage sa réputation, et donner le démenti à Virgile, qui, én qualité de poëte, avoit cru pouvoir altérer les faits de l’histoire. Le génie d’Alonzo étoit trop vigoureux pour se plier au joug de l’imitation; autrement on croiroit qu’il a pris en tout Lucain pour modèle. On trouve dans le poëte latin, l’éternel épisode de la sorcière Ericto , et celui d’Antée qui combat avec Hercule, Tel est à peu près tout le merveilleux de la pharsale. Deux épisodes rompent également dans’ Araucana, la monotonie des récits historiques. Cependant le gé- ne poëtique de Lucain, la constitution de son poëme» son style énergique et brûlant, ses discours éloquens, ses pensées mâles et hardies lui donnent un grand - avantage sur l’auteur de l’Æraucana. Il ne faut pas, au reste, en conclure que ce deruier soit sans mérite. Je ne peux terminer son éloge d’une manière plus, intéressante,qu’en mettant sous les yeux du lecteur la traduction de la préface qu’Alonzo publia à la tête de la première partie de son poëémr. « 1e travail et les soins que m’a coûtés cet ouvrage, ditil, n’auroient pas été des motifs suffisans pour me déterminer à le publier, si je n’avois d’ailleurs considéré que c’est l’histoire véritable d’une guerre qui intéresse vivement ma patrie. On peutajouter à ces raisons puissantes les importunités de quelques amis qui ont partagé mes aventures, et l’ingratitude Alonzo de Hercylla. 355 dont sgpoient payés plusieurs Espagnol: si leurs beiles actions demeuroient ensevelies dans un profond si- lence. S: on réfléchit ensuite que l’éclat de ces faits héroïques, que Péloignement des contrées qui leur ont servi de théâtre, que la peu de momens dérobés aux fitigues de la guerre me laissoient à peine le temps décrire; que, manquant de papier , sétois Souvent obligé de composer de mémoire ; que, cou vrant de Cinq Où six vers de, petits morceaux de car= tes, il m’en coûtoit ensuite un travail iifini pour ré ablir le sens et lier les idées » J'espère qW’on auia Pindulsence d’exru-er les défauts de cet o: Vrave, Certains lecteurs trouveront peut-être que je parle avec trop de complaisance des Araucaniens, et qu’en donnant de nombreux éloges à leur valeur, c’est atrd- cher trop d’importance à des barbares ; mais qu’ils considèrent les coutumes, les mœurs, l’education - les talens de cette nation pour la guerre, ils convienz dront alors qu’on ne lui à pas toujours rendu justire ; ils finiront même par avouer qu’elle à développé Contre des ernemis aussi redoutab es que le son: les E:pagnols, une constance et une valeur dignes d’ad- miration, « C’est en effet une chore extraordinaire , que de voir ces Araucaniens > possédant à peine vingt lieues de terrain. dispersés et sans point fixe de ralliement ; sans Murs, sans forteresses, sans arms défensives, soutenir par leur propre courage une guerre de lon- gue durée contre trois colonies e-pagnoles ; redoubler Chaque jour d’acharnement à défendre leur liberté, verser des flots de sang, couvrir de cadavres leur Z a 356 À Diograprie re, F: malheureux pays en succombant eux-mêmes. Que dire des enfans, qui, brûlant de venger la Mort de leurs pères, et qui, ne consultant que léur naturel féroce et la valeur qu’ils héritèrent d’eux , dévancent le cours de leur âge, se jettent sur des armes et cou- rent affronter toutes les horreurs de la guerre ? Que penser enfin d’une nation qui, réduite à un petit nombre d'individus, recompose de femmes ses ba- taillons délabrés, de femmes volant au combat avec l’intrépidité des hommes, et recevant avec joie la mort? Telles sont cependant les preuves éclatantes que cette nation a données de sa valeur : tels sont les faits héroïques dignes d’être célébrés dans des vers plus éloquens que les miens. Au reste , il est en Espagne un grand nombre de personnes qui se sont trouvées dans bien des actions que je n’ai point ci- tées ; ce sont elles que je charge de la défense de mon ouvrage (1). » ae J. B. C. GRAINVILLE. (1) Voltaire , tome X de l’édition de Beaumarchais in-88., page 394, a donné une courte notice de l’Æraucana. Peu de temps avant sa mort, Florian en préparoit une traduction ; il est malheureux qu’il ne l’eût point achevée. Le citoyen Grainville s’oceupe de nous en donner une , 1l faut espé- rer qu’elle paroîtra bientôt. A. L. M. ROMANS. Le Nouveau Drase s0o1TEUx , Tableau phi- losophique et moral de Paris, 2 vol. in-b°. A Paris, chez Buisson, libraire , rue Haute- feuille , n°, 20. Virés pe GuEvARA , auteur espagnol , imagina une fiction dans laquelle il sut placer la censure des mœurs, des vices, des crimes qui caractérisoient les habitans dé Madrid dans le siècle où il vivoit, LESAGE s’empara de son idée et l’embellit. Oa lit encore son Diable boiteux, quoique les tableaux qu’il peint ne ressemblent plus à ceux que nous voyons : on ne peut pas dire que l’auteur du Nouveau Diable boi- teux ait été aussi heureux que Lesage : il s’est servi, à la vérité, du cadre que l’auteur de Gil Blas lui fournissoit ; il'en a conservé seulement le bon As- modée, leybachelier libérateur , et les cheminées sur lesquelles les deux compagnons se perchent pour apercevoir plus facilement ce qu’il leur eût été bien plus aisé de voir sans prendre une position aussi pé- nible ; car il n’y a plus rien de caché. Leur inter- prête nous dit qu'après avoir adopté ces deux per sonnages , il s’est abandonné à tous les caprices de son génie ; qu’il a laissé cqurir sa plume au gré de sa vive fantaisie. « J’ai secoué une fois , dit-il, » toutes les règles , toutes les entraves de Part (il auroit pu ajouter : et quelquefois de la décence ) ; » je ne ne me suis occupé ni du plan ni du style (Eh! pourquoi négliger ce qui peut seul donner quel- Z 3 DER: : Romans. que valeur à une production “uelconque ?), «per- » suadé qu’il seroit meilleur si chaque page étoit le » résultat de la sensation du moment et de lenspi- » ration. » ( Nous sommes persuadés du contraire , et le lecteur penseïa comme nous s’il a le courage d’aller jusqu’à la fin de ces deux volumes ). Citoyen auteur, vous vous trompez : des sensations mo- mentanees ne sont souvent que des illusions, me donnent souvent que des aperçus incomplets, des idées avortées : l’enspiratéon est presque loujours un délire. Si le lecteur voit comme le journaliste, il trou- vera que cet enfant 1!lég time de Lesage est un dis- sertateur ennuyeux, un critique injuste, un cynique emporté, un peintre sans Invention, un romancier sans interêt. Cependant! , dans un avertissement qu’il croit nécessacre , il annonce « ne s’être proposé de » n’atta uer que les abus et non l’autorité , les vices » et les ridicules, et non les personnes. » Voilà qui est bien louable! Comment se fait-il qu'il oublie si facilement ce qu’il promet ? Et on peut l’en faire aper- cevoir en lui rappelant son chapitre de la Brblio- thèque, dans lequel il désigne par leur nom des honunes que leurs talens, comme orateurs et comine écrivains, feront toujours regretter; dans lequel il cherche à répandre le ciique sur les deux premiers liitérateurs dont la Ffance peut encore s’honoxer. Ntre Diable et son comragnon arrivent à Paris, ce théâtre d’insouiance, d’immoralité dégoûtante, de licence effrénée, de crimes calculés , de volsimpuuis : les voilà sur ours cherninées, d’où la débauche cra- l Le nouveau Diable boiteux,. 355 puleuse ( qu’on a eu l’impudeur de représenter dans uve gravure , dans un temps où l’on ne cesse de parler de mœurs et de vertu )et le vol , effrayé de ses succès, s’offreut d’abord à leurs regards; ce qui est suivi d’une belle dissertation sur £a tolérance , faite au clair de la lune. L’agiotage, ses causes , ses progrès, ses effets, son influence meurtrière sur la fortune publique et particulière, sur l’agriculture, sur le commerce,et sur- tout sur la morale, qui est la vie d’une république, fournissent au Diable observateur , quatorze chapitres quine sont pas les plus mauvais de l’ouvrage. Ils pré- sentent d’abord quelques portraits assez ressemblans de ces nouveaux riches, de ces turcarets insolens, de ces laquais devenus millionaïires, que limpunité rend audacieux , que linsensibilité rend atroces. Ces portraits amènent des réflexions sur les suites de l’a- giotage dont tous les Français ressentent les doulou- reux eflets. « L’influence de l’agiotage a été égale- » ‘ment sensible sur la législation, dit le commenta- » teur, par deux énormes vices, la réfroaction et l’enstabilifé, et cela à l’égard des objets qu’il im- porte le plus de soumettre à des règles invariables, la propricté et la sainteté des engagemens , de facon que lPhydre de la mauvaise foi a repullulé de toutes parts : or, les plus grands maux sont ceux qui découlent de la législation, puisqu’elle est le » seul remède. L'influence de ce fléau calamiteux a » affreusement pesé sur les mœurs, sur la probité. » J’ai vu la foi des contrats bannie, les plus saintes » conventions anéanties, toutes les lois des familles Z 4 360 ° Romans. renversées, J'ai vu des dubiteurs avares, fiers d’une ipsolente pauvreté, instrumens indignes de la fa- reur des lois et de la rigueur des temps, feindre un paiement au lieu de le faire, et porter un cou- teau dans le sein de leurs bienfaiteurs. J'en ai vu » d’autres plusindi; nes encore, acheter presiue pour » rien, Où plutôt ramasser des feuilles de chêne pour » les mettre à la place de la subsistance de la veuve » et de Poiplielin. J'ai vu naître soudain dans tous » les cœurs une soif insatiable des richesses; en un » moment, une détesiable conjuration de s’enrichir, » non par le travail et une g‘néreuse industrie, mais » » ML ER '— cr | par la ruine de Pétat et des citoyens. J’ai vu un honnête citoyen, dans ce temps malheureux , ne » se coucher qu’en disant : J’ai ruiné une famille » aujourd’hui, jen rumerai une autre demain. » Hé- las ! le Diable, n'algré la perspicacité qu’on lui attri- bue , n’a pas encore tout vu. On pense bi n sue le bénin Asmodée sort de son caractère loisqu’il est question des prêtres, comme on doit s’y ati ndre de ia part d’un D'able, Un manuscrit volé a un philosophe produit quel- ques paragraphes sur l’édu at on, suj tencore vierge, sur lequ:i on a cependant plus écrit qu'il ne falloit, et mois fait que ce qu’on auroit dü faire. Des sys- tèmes sur cette matière ne peuvent être que des aper- çus, romme on en à la preuve ; des théories peu- vent bien être dé tres-belles conceptions ; mais il y a toujours eutre ll. s et l’executionu , limpossibité de les realiser, Que ‘eroit-ce s’il prenoit envie de réa- liser ce qu’ou bit dans ce précieux manuscrit ? « L'édu- 4 ? Le nouveau Diable boiteux. ° 361 » cation doit, s’eimparant des mobiles universels de » nus sensations, vous frapner, nous saisir par tous » les points de coutact. S° on se propose de retrem » per le caractère d’un grand peuple, les lois, les » institutions, les usages, les rites, les habriuries , les » connuissances, les arts, les ranières, les mœuis, » tout doit être mis an creuset de ja réfo time, » Voilà qui est très-bien dit; mais à exécuter , c’est autre chose : on voit cependant un moyen pour y parvenir; c’est de: faire disparoïître dans le méme moment, et par une opération magique, toute la génération ac- tuelle , encroutée de ses habitudes ; amalgimes à des manières, à des usages , à des préjugés dont il seroit impossible de la débarrasser. Il faut convenir que Popération seroit diabolique ; aussi n’y a-t-il qu’un Diable qui puisse oser la tenter. Robespierre n’auroit.il pas eu quelque communication de ce sublime projet ? On pourroit croire qu’il en avoit eu connoissance , car il n’inventoit pas 3 mai: on ne peut se refuser à croire qu’il opéroit d’après ce moyen de régénération. Au reste, on ue trouve. dans le manuscrit, ni plan d’exé- cution, ni vues neuves, si ce n’est lorsqu’on y pro- pose d’opposer le sublime FREREr au déclamateur _BossurT , etderéfuter Pascal avec quelquestignes de Voltarre ; lorsqu’on charge Condorcet et Vol- ney de nettoyer les étables de L'histoire mo- derne. Avec ces puissans secours et quelques ex- traits de PEncyclorédie méthodique , bn aura les vrais fondemens de l’ducation : les sciences exactes en seront le faîte, Les ressources qu'on trouve dans -trois musées , quatre lycées ; dans les socités phi- 062 Romans. Jarmonique, polymathique , philanthropique , philo- technique , etchtz les philalèthes, les théophilantro- pes; dans les cercles, jes clubs, les bureaux de tra- duction , les cabneis littéraires, « tout cela est mau- » vais, dit le manuscrit, par la précipitation, par la » légéreté avec laquelle on a élevé ces édifices ré- » cens, par le concours des circonstances qui les ont » défavorisés, par la pénurie des sujets et des moyens, » parce qu’enfin , en tout genre , les premiers essais, » les premiers pas sont toujours foibles, incertains, » vacillans. » On réfute ensuite ces empudentes, ces ineptes déclamations sur l’anéantissement des lu- mières et de l’instruction. Ont-ils tant de tort, ces impudens déclamateurs ? Si les sciences ont fait quelques conquêtes, la littérature et les’ beaux-arts v’ont-ils rien perdu ? Où sont les successeurs de Cor- neille, de Racine, de Molière, de La Fontaine , de Bossuet , de Fénélon , de Crébillon , de Voltaire, de Fontenelle , de Montesquieu , de Buffon , de Lebrun, de Lesueur , de Girardon, etc.? Le goût des con- noïissances naturelles n’a-t-1il pas pris la placé du génie? Et n'est-ce pas cette mode du jour qui prouve la pénurie des talens et lParidité de l’imagination ? On sait peut-être moins, dit le philosophe, murs on sait mieux. L’instruction s'étend en profondeur et en surface. Comment se fait-il qu’on sache moins et qu’on soit si profond? L'’édu- cation des femmes devroit bien se rapprocher de celle des hommes : il faudroit que l'inégalité morale qui sépare un sexe de l’autre disparûl : pour cela notre reformateur voudroit qu’elles eussent quel- Le nouveau Diable boiteux. 363 ques connoissances d'hygiène, de pliysiologie et même de médecine opératoire, de physique , dechyrnie, d'histoire naturelle, de botanique, d'écondie ru- rale ; il faudroit qu’elles apprissent à tourner un vers, à écrire une page sensée , etc. Il faut convenir que c’est se contenter de peu, ou du moins que ce n’est pas trop exiger d’une mère de famille | d’une épouse occupée de ses devoirs. Une dispute qui s’étoit clevée dans un café , entre un philosophe médit tif, un jeune homme ardent, lpétueux, intolérant, aimant la république avec passion , et voyant tout en elle comme Maliebranche VOyoit lout en Dieu, et un ancien pédant de collége , _aâttira l’attention d’Asmnodée et de son discisle. Les Journaux étoieni le sujet de Ja discussion. « Si les peus » ples les plus libres, coinme l’a dit Mirabeau, ont » beaucoup de journaux, nous sommes infiniment » hbres. » En effet, si cent vingt journaux , Girçulant tant bien que mal, agonisant, mourant, sont le ther- momètre de la bouts, on ie pourra nier que cette liberté ne soit à son plus haut apogée. Mais ces jour- naux, ou pour mieux dire leurs auteu rs, remplis- sent-ils les lois de Pimpartialité et les promesses qu'ils ont faites d’être vrais? Ou pourra en doufer si on réflechit aux qualtés que doit avoir un bon journal, aux engagemeus que le rédacteur a contractés, au ministère qu'il exerce, « Le potwoër moral qu’il s’ar- » roge sur les esprits est souvent opposé à ce qu’il » devroit être, dit un interlocuteur; il sembieroit » devoir appartenir à des bommes blan:his dans l’é- » tude des principes de la législation et dans la pra- 364 | Romans. » tique des vertus ‘ociales. Des écoliers encore cou » verissde la poussière des classes, retournent sur « leurs concitoyens la verge dont ils étoient naguère » frappés. Je c'eicie des talens, et je ne trouve » qu’une préteut'on audacieuse, Cet état est devenu » celui des hommes qui ne sont propres à aucun. » L'homme morose qui parloit avec celte irrévérence de nos instituteurs en politique, avoit sans doute quelque cause d’irascibilité. Il est vrai qu’il y a dans cette cohue d'écrivains à la journée, des hommes de parti, des rêve-creux , des hommes uniquement dé- voués au produit de la souscription ; mais il yena qui ne hasardent rien, qui savent douter, qui font finement usage de l’on dit, le bruit court, etc. car il faut être juste , ils ne sont pas plus admis au conseil du Luxemboury qu’au divan de Constantinople, et il faut qu’ils s’'acquittent et peut-être qu’ils vivent. Enfin nos curieux laissent là les disputeurs et les Journalistes ; ils passent des cimetières aux ateliers de plaisirs, de volupté. Ici le diable fait uné beïle et poétique description d’Idalie, de Tivoli, etc. Ici les critiques observateurs rentrent dans le cadre d’où 1ls n’auroient pas dû sortir s’i!s avoient suivi leur modèle ; aussi est-ce le chapitre le mieux vu et le mieux écrit. Nous allons le transcrire pour prouver potre impartialité, « Lorsque le silence a succédé à ce tumulte, lors- » que la plupart de ces individus, en apparence si fortunés, sont rentrés sous leur toit solitaire, ils ne » retrouvent que la misère et le trouble. C’est un - grand mal, que celte soif des jouissances introduites Le nouveau Diable boiteux. 365 dans toutes les classes ! On ne cherche plusle bon- . » heur dans ses devoirs. La mêre de famille et lé- Y Ÿ pouse se lassent de la vertu, de l’économie. On. rougit d’un vêtement modeste ; il faut revêtir la parure du jour : ces apprêts , leur renouvellement, les dépenses accessoires qu’ils entraînent, consu- ment les débris d’un patrimoine délabré, et qu’on néglige de relever. On abandonne le soin de sa fa- mille, on vole au bal, et là tous les piéges de la séduction entourent l’imprudente. Telle, dans le principe , n’a été qu’une femme légère, qui finit per être une épouse criminelle. Et comment toutes ces impressions de volupté ne déposeroient -elles pas des images séductrices au fond des esprits et des cœurs, lorsque , dans la société, l’éducation, les mœurs, les préjugés , les spectacles, lesromans, ies modes, tour conspire à séduire , à avilir ce sexe. enchanteur dont nous sommes à la fois les séduc- teurs et les tyrans ? lorsque l’opinion, qui doit être une sorte de législation, n’a point encore flétri lPadultère, lequel, depuis lPétablissement du di- vorce, est devenu un véritable crime? lorsque les mœurs simples paroissent un vice, les mœurs honnêtes un ridicule ? lorsque nos jeunes filles for- ment des désirs dans un âge où les sens ne sont pas encore développés ? lorsque l’exemple, le signal de la plus complète dépravation, éclate de toutes parts? lorsque le déshonaeur doane de la célébrité, la fortune des grades, un char des palais?» Fort bien , monsieur le diable ! vous voilà moraliste, sensé et éloquent ! 366 Romans. Le truchement du bachelier auroit hien dû exercer Ja même sévérité de censure et de raïson sur les asso ciations secrètes dont il parle ensuite, et qui, seloh lui,,se partagent la terre ; c’est du fond de ces antres que sortent les destinées du monde. Eh! quelles destinées ! Nous pensons comme Mirabeau, qui les connoissoit bien. TI a dit quelque part: Toute association secrète ressemble à une conspira= tion. GCet'e assertion est devenue une démonstrat on. On né sauroit donc blamer Le gouvernement de les surveiller ; on ne sauroit trop l’engager à cette surveillance : $a stabilité et la tranquillité des gou- vernés en dépendeut. Ces corporations maçoniques, ægyptiennes; cés confratérnités d’initiés, de rose- croix, d’illuminés, qui ne reconnoissent ni morale, pi autorité, ni lois, ni patrie , soit des volcans in- ternes sans césse en fermentation, et toujours dis- posés à une conflagrätion qui ébranle les societés et désorganise les souvernemens les mieux établis. Les affiches de tromperie , les annonces de toute espèce , les bureaux d’agence , c’est-à-dire, de bri- gandage ; les voitufes , les tripots de jeux passent rapiden ent sous les yeux des voyageurs. Ils sont répoussés par la fétidité dés ruses du chef-lieu du globe , comie Île désignoït le grand représentant du genre humain ; ils régrettent que cette capitalé des capitales soit dépourvue d’édifices majestueux , de foniaines, de marchés commodes , de monumens utiles , d’établissémens de bienfaisance : ils arrivent enfin aux théâtres. Arès avoir présenté l’ancien sys- tème régulaleur sur nos spectacles ; comme un foyer Le nouveau Diable boiteux. 367 de corraption « où des pauvres d’esprit preroient un » brevet de censeur suivant la cour » äVoient en main » les rènes de l'opinion publique, où le gouverne- » ment tenoit les esprits en lizière, On examine trois » questions : 1°, Les lois répressives de la licence » sont -elles conciliables avec un régime libre ? Quels sont les moyens de hâter la régénération » du système dramatique ? 3, Les moyens de ré- génération étant déterminés, comment étendre les » bienfaits de cette instruction publique sur une » classe pour laqueile l’indigence ne doit pas for- ° mer un ütre d'exclusion, si l'instruction et les » plaisirs honnêtes sont je patrimoine de l'égalité? » L'opinion des dissertateurs est pour la négative, quant à la première question. Le Ccerone d’As- modée trouvera sans doute que ceux qui ont droit d'inspection sur les écoles d'instruction et: d’amu- sement ont eu tort de n’être pas de son sentiment. Sur la seconde question > il propose des encourage- mens pécuuiaires pour les directeurs de théâtre, et quelques branches de lierre pour les auteurs scéniques. Tout éloigne encore l’idée d’étab'ir, à Pexemple des Grecs, des spectacles aux frais de la nation pour les plaisirs du peuple, et c’est sans doute une grande infraction à cette égalité si chérie; mais il faut remarquer que les républiques grecques, dont on ne cesse de vanter les lois, les mœurs, les institutions, n’étoient composées que d’une po- pulation équivalente à peine à celle de nos villes du t'oisième ordre > €l nous aurions à amuser trente millions d'individus: ce seroit un peu trop. Quels 368 _ Romans, vastes théâtres il faudroit construire ! Que de /oges ciuwigues à faudroit multiplier? C’est grand dom- mage que celle belle idée ne puiss se réaliser ; car ; quel avantage ne retireroit pas le peupleentier, d’une pareille institution bien dirigée ? Elle eût polutes mœurs et la langue ; l'éducation actuelie ne tend qu’à former la genération future , et par Là vous formertez la génératuon actuelle, On voit que le diable ou son interprète ne trouve pus que nos mœurs soient encore assez polies, et que les Francais soient assez formés? Que veui-il d'nc de plus ? Après ces réf: xions , il parcourt, avec son écolier, tous nos théâtres lun après l’autre. A POpéra , il ne fait giace ni aux compositeurs, ni aux poëtes , ni aux décorateurs , ni aux dan- seurs , encore moins aux aclieurs ; il les apos- trophe , en leur disant : « Tourmentez vous moins, » et vous gagnerez en expression Ce QUE VOUS PET- » dezen grimaces. Plus de Saint-Huberti, plus d’Ar- » mide, plus de Didon, des cris et des éclats, » des éclats et des cris; des cris encore , et des » éclats encore! » Le public applaudira à ces re- proches et à ces con eils. Le républicain , tel qu’il doit être , blariera bien plus encore avec le bache- lier ce rafinement de corruption qui fait aujour- d’hui l’éiuce et le succès de ce spectacle : «il sé » crira avec lu: : Et ce spectacle est celui d’une grande » natiou régénérée ! et ee théâtre s'appelle 1héâtre » de la Republique et des Arts! ei lorsque toutes » les institutions morales sont nuiles, cette institue » tion de corruption fleurit et se place sous a pro- ‘» tection Le nouveau Diable boiteux. 369 » tection du gouvernement, et les épouses, lès mères » de famille, les jeunes fillés et les jeunes gens vont » recevoir de pareilles lecôns ! » À merveille, bache- lier ! si toutes vos observations avoient été aussi ‘justes, aussi patriotiques , vous auriez fait un ouvrage qu’on auroit pu lire tout entier. | Melpomène et Thälie ne sont point oubliéess elles ont leur grain de critique: le censeur ne fait grace à la première, qu’en faveur du drame : ce ‘bâtard obtient toute sa bienveillance , mais uñique- ment parce que le Père de Famille de l’immor- tel Diperor est et sera long-temps le prémier des drarnes. Il dictée ensuite, au nom de Tlhalie , des lois pour.les auteurs et les acteurs comiques : quinze ärticles composent ce codé, qui doit conduire l’art du théâtre à la perfection. Il est bien à désirer qu’il produise cet heureux effet. Les inséparables n’oublierit pas l'opéra comique « La tiagédie a enfanté le drame » Fils de Famille, qui donne des espérances: » la comédié a produit les proverbes; ce sont lés . + avortons du genre , et la farce qui én est le déshon- » neur ; lopéräa cômique ést le Hât:rd de lopéraz » on y parle äu héu de récitér ; on y fredonne au # lieu de chanter, Il s’ést fait 'üe-révolution dans »'cés derniéfs temps: le systëtie de l'égalité a paru » s'emparer des théâtres : on ‘a donné de petites .” pièces au grand Opéra , ét dé graüdés pièces sur » les pctits théâtres de FOpéra -évinique, Qu’en Ln est-il arrivé? L'Ovéra comique n’a pas su étre + tragique, et POpéra tragique n’a päs su être co- ‘s mique,t Le Vaudeville trouve seul nos censeurs Tome FI, À a 370 : Romans. indulgens. « Les auteurs de ce théâtre ont renfer: » mé la critique dans Îles bornes du goût et de la » décence; l’atticisme domine dans leurs composi= » tions , et leur T'halie , foulant aux pieds le masque » des furies et le dar de la satyre, s’est eme » bellie des traits de la gaieté et de la ceinture des » Grâces. » C’est le vrai théâtre national, si la chan- son a conservé son ancienne influence sur lesprit français. Nous voilà aux £rétaux : « Cesthéâtres d’im- » moralité seront une excellente spéculation tant que » les riches seront sots, et tant que le peuple sera » grossier ; reste à savoir jusqu’à quel point il im- s porte au gouvernement qu’il en soit ainsi. » Eh! comment le gouvernement peut-il empêcher que la sottise ne soit pas le caractère distinctif des riches dont on parle : ? Comment fera-t-il que ce peuple, toujours le même dans quelque gouvernement que ce soit, préfère les immortelles pièces de Racine, de Molière, de Voltaire, aux Poëintus , aux Jean- not, aux ÆAngot? L’auteur auroit bien dû éclai- rer l’administration sur ces réformes trop nécessaires. « S'ilest vrai, comme le dit Rousseau, qu’un spece » tacle soit un impôt déguisé qui pèse sur les diffé- » rentes classes, en raison inverse des fortunes, quel » impôt que celui que le pauvre va payer pour ac« » quérir des vices. » Cette réflexion du grand légis- lateur est une sentence de mort portée contre les ! petits spectacles, ces sentines de dépravation. Après les carricatures, ces corruptrices du goût et de la décence , qu’on a si fort muitipliées et qui ont si bien servi à amuser et à corrompre ,; viennent Le nouveau Diable botteux. 372 . les grands homrmies suspendus à côté de ces pro ductions de l’insolent égoisime; iwais ces grands hommes » quels sont-ils ... Passons, ils ne sont plus, Ou ils seront oubliés demain, Avant de se quitter, Asmodée et son bachelier ne pouvoient pas se dispenser d'assister à un de ces thés mélancoliques devenus à la mode , parce qu’il faut toujours cmiter > même ce que nous faisons | gloire de mépriser ; c’est là qu’on voit combien le Fiançais a perdu de cette urbanité, de cet atticisme, . de ce goût, de cette grâce, de celte élégance de manière, de cet art de vivre et de plaire, qui en faisoient la nation par excell nce, «et les femmes qui » étoient.…, ce sont à présent des hommes, et de » la voix, et du geste , et du ton, et des manières > » elles dissertent , elles wous provoquent , jurent, » S’enivrent , s’abandonnent. » Les turcarets d’au jourd’hui sont les hommes les p'us importans de là société ; les élégans du jour ne sot que des jockeis sales, grossiers, impudens et ridicules, Tout esttombé en dégradation : les modes ne sont plus inventées par le goût ; elles ne le sont que par l’indécence et l’ina- pudeur. On veut montrer ce que l'intérêt de l’amour. propre a ioujours conseiilé de cacher, et on dégoûte au lieu de séduire. Dans la Grèce, qu’on veut tant imiter, uneloi détendoit aux femmes de Paroître en public d’une manière qui ne fu! Pas décente, Nos Voyageurs rieut avec raison de {a bizarrerie de nos Costumes, qui, tandis que nos Alcibiades s’affublent de trois gilets, entourent leur cui de dix mouchoirs, et ont les jambes Pressées dans des bottes colänteg À a 2 : { 372 Romans. et pointues, nos femmes à la mode , ou qui veulent y êre , bravent le froid et les catarrhes en montrant des formes qui ne sont rien moins que des modèles ; mais c'estla mode, à quila vanité, Pamour-propre, . le besoin de plaire, sont obligés de se soumettre. Eh madame ! quand le sens commun sera-t-il de mode ? Les promenades philosophiques de nos deux com- pagnons se terminent ici. On n’est point instruit des motifs de leur séparation; mais leur Cicerone croit que: le bachelier préfira à ces courses fatigantes auxquelles le diable venait de le condamner, la tranquillité honorable d’un poste municipal, et que le diable, craignant d’être forcé d’aller étouffer dans sa bnieile à se réfugia dans la bourse d’un rentiere Laissons-les donc, et pour toujours , dans les pai- sibles retraites qu’ils ont choisies, et disons que ce nouveau. Diable borteux n’est et ne peut être de la même famille de celui que nous connoissions : il n’a ni la même justesse d’idée, ni la même finesse d’observation, ni la gaieté décente, ni la critique piquante du premier. Il faut cependant convenir que celui - ci a une érudition bien autrement éten- due ; il disserte profondément ‘sur le grand-œuvre . de là législation, sur les vrais ressorts de ladmi- nistration, sur l’importante matière de l’instruction publique : nous avouerons même qu’il a de les- prit, mais sans goût ; des idées, mais sans ordres de la philosophie, mais de mauvais alloi, Il est réformateur présomptueux, critique indiscret, et pour être fidèle à son origine infernale, détracteur ù {- Nouvelles littéraires. 373 indécent de tout ce qui a été respecté pendant dix- huit siècles. En retranchant de ces deux volumes tout ce qui avoit été déjà dit et tout ce qu'il ne falloit pas dire, il reste quelques chapitres d’une morale pure et d’un patriotisme éclairé. Après cela, on demandera peut-être ce qu’on doit penser de ce uouveau diable. Hélas ! on pourroit, répondre : ah le pauvre diable! | A. J. D. B. VARIÉTÉS, NOUVELLES NE CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES. Sur une opinion de VANRELzLMONT et de Borze, citée par Le citoyen Borsson42e, article T! ech- nologie , n°. 20, an, du Magasin encycio- pédique, Lz citoyen Boissonade, pour prouver que ce que Pon dit a déjà été dit, et que nos découvertes ne sont rien moins que nouvelles, cite opinion de 'anhel: mont et de Boyle , que les plantes tirent de l’eau leur principale nourriture, etc. et fait voir que cette même idée se trouve dans un ouvrage imttulé Àe- cognutions clémentines, dont Pauieur vivoit plu= sieurs siècles avant Vanhelmont, , À a 3 374 . Nouvelles littéraires. : Quoique la pensée de Tirence, que reproduit le citoyen Boissonade , puisse êlre applis uée à plusieurs inventions prétendu-s nouvelles, je ne crois pas qu il s’ensuive que les modernes n’ont rien inventé. Si des exemples tirés des anciens donnent lieu à cette asser- tion, ces derniers ne nous en fournissent pas assez pour avoir la certitude qu’ils ont tout su et connu. Les con paraisons sont en trop petit nombre pour faire de cette pensée une maxime générale, et l’ex- tension qu’on lui donneroit ne pouvant être fondée, seroit au moins inconséquente, En se contentant de citer ici la chymie, il ne paroît pas que les anciens aient en dans cette science les connoissances que nous avons acquises, et qu’ils les aient portées au degré supérieur où elles sont aujourd’hui. On pourroit ai- sément démontrer que si les anciens ont poussé quel- ques arts à leur perfection , ils n’ont pas également réussi davs plusieurs sciences, ou ils ne s’en sont pas occupés comme nous. Mais je reviens au principal objet de cette lettre, l’opinion ancienne renouvelée par Boyle et Vanheimont. Ces observateurs célèbres disent que sc l’on meé dans un vase une quantité de terre déterminée et exactement pesée, et que si l’on plante dans cette terre une bouture , on trouvera , plusieurs années après, en déplantant l'arbre, le même poids de terre. Si cette expérience avoit été faite en pleine terre, dans un trou d’une: dimension fixée, dont on auroit pesé la terre avant d’y planter Parbre elle auroit pu avoir quelque vérité, parce que la terre du trou Nouvelles littéraires. » 375 communiquant aux voisines, se renouvelle par les infiltrations des parties composantes; mais elle a été ” faite dans un vase ; et à moins de supposer, ce qui n’est pas vraisemblable, que ces physiciens, avant de peser la terre, l’ont dépouillée de toute son humi- dité et réduite à son état purement élémentaire , il n’est guère possible d’y croire, et d’autant moins, que des faits journaliers donnent la preuve du con- traire, Parmi deux à trois mille vases qui passent tous les ans sous mes yeux, et quelques-uns par mes mains, à cause des soins particuliers que certaines plantes exigent, je pourrois citer plusieurs exemples, pour faire voir combien peu il reste de terre lorsqu’on a enlevé avec toutes leurs racines, les plantes des vases qui les contenoient ; mais comme un seul doit suffire , je m'y bornerai. J’ai planté, il y a deux ans, deux palmiers, un chamærops humilis et un borassus flabellifera , dans des vases d’environ trois décimètres de dia- ‘mètre : leurs racines prenoient le tiers de eelte capa- cité ; les deux autres tiers ont été remplis de terre, Après leur avoir donné, pendant cet espace de temps, la culture et les arrosemens eonvenables, j'ai jugé cette année qu’ils pouvoient avoir besoin d’être chan- gés. Je les ai donc dépotés, et j’ai trouvé que lers racines avoient si parfaitement rempli le vase, qu’il n?y restoit pas la moindre partie de terre, excepté à l’orifice , où il pouvoit y en avoir trôis à quatre centimètres; encore cette épaisseur étoit -elle bien garnie de racines plus menues, et de chevelues. J’ai ÀAa4 376 Nouvelles littéraires. mesuré celles qui garnissoient en spirale l’intérieur du vase ; elles avoient huit mètres de longueur, etant déployées et étendues, Comme je n’avois pas alors Pidée de vouloir réfuter une partie de l'opinion de Boyie,jen ’ai pas pesé Ce qui pouvoit rester de ierre ÿ mais je puis l’évaluer, à peu de chose près, à la dixième partie du poids de celle que j'avois mise dans le vase en y plantant ces palmiers. Il est donc évident qu'après avoir enlevé lParbre et ses racines du vase,. le peu de terre qui pouvoit rester dans la motte étoit bien loin d’avoir un poids égal à celui de la terre dans laquelle ces plantes ont végété. Mais si cette partie de l’opinion de Boyle n’est ni juste ni fondée, je ne reconnois pas moins la très- grande probabilité de l’autre, où il dit que c’est prin- cipalement de l’eau que les plantes tirent leur nour- riture, Par une expérience que j'ai faite à ce sujet sur trois sortes de terres également humides 3 savoir, la terre des champs, celle de pré non flotté et le terreau con- sommé de feuilles et de vivilles couches, j'ai trouvé que dans l'état de siccité aussi parfait qu’il peut être, 6 la FA RD avoit perdu 32 + de son poids, la seconde -, et la troisième 2. On voit par ce résultat, que le ia contenoit Qi des deux tiers de son poids, d’eau. Aussi l’emploie-t-on avec succès pour Îles plantes potagères annuelles qui, pour devenir ali- mentaires , doivent prendre un volume beaucoup su- périeur à celui qu’elles auroient dans l’état de nature, Mais autant cette substance est avantageuse ct mème nécessaire pour ces proiuciions, doni griaines de- ‘ Mouvelles littéraires. 377 viennent monstrueuses , autant elle est préjudiciable aux plantes vivaces, elsur-tout aux exotiques deserre, par une végétation qu’elle rend luxuriante, et qui cause souvent leur perte lorsqu’elle est ralentie, soit par le repos naturel dés plantes, soit par les effets de l’hiver. On demandera sans doute ce qu’est devenue la première terre des palmiers, dont il ne reste qu’eu- viron un dixième de son poids, J’avoue qu’il n’est pas aisé d’en donner une réponse satisfaisante , et que nous ne connoissons pas encore assez la manière dont la végétation s'opère, pour avoir quelque certitude à cet égard, | Par l'expérience précédente, iln y a pas de doute que plus la terre est forte et consistante, moins elle s’abreuve d’humidité, et que pluselle est légère, plus elle s’en empare. La première la conserve plus long- temps, parce qu’une fois imbibée d’eau, ses molé- cules très-serrées les unes contre les autres ne la lais- sent échapper qu’au bout d’un certain temps. La seconde , par sa mobilité et la grande division de ses parties, la perd Fos U pu tel qu’elle Pa reçue, et la preuve en est qu’il na pas failu plus de temps au terreau pour perdre plus des deux tiers de son poids, qu’aux autres terres pour laisser évaporer la leur. Une plante dans un vase doit avoir une terre plus substantielle que celle qui croît en pleine terre, parce qu’il faut que la première vive de la petite partie de terre et d’eau qu’on lui fournit, tandis que l’autre reçoit en abondance toutes les substances propres à son accroissement. Les terres des vases sont. done 378 Nouvelles littéraires. composées de terreaux végétaux ou animaux, / avec une certaine quantité de terre ordinaire qui les rend assez Consistantes pour conserver plus long- temps Phumidité et empêcher la plante de s’étioler. Lors- que celle-ci est empotée , elle pompe bientôt l’eau de sa terre, et rend celle-ci plus légère. Mais les racines s’accumulent , et elles deviennent si nom- breuses , qu’elles s'emparent de tout l’intérieur du vase, La terre en est-elle chassée, ou ses parties sont- elies entrées dans le végétal ? Elle n’a pu en être chassée, parce qu’on s’en apercevroit aisément, soit par son débordement à l’orifice du vase, soit par les trous de son fond, et l’on peut se convaincre que cela r’arrive pas par cette dernière issue, en mettant le vase dans un baquet. Il faut donc qu’une partie de . q q P la terre se soit incorporée dans la plante. Ses molé- cules grossières ne peuvent certainement pas monter dans ses canaux; mais l’eau, continuellement ré- pandue, ne peut-elle pas les dissoudre jusqu’à un certain point, et le végétal s’en approprier la tein- ture ? Lorsque la terre d’un vase a nourri pendant quel- que temps une plante, elle devient si usée et si ap- pauvrie , qu’elle en est presque stérile, et qu’on ne peut plus Pemployer-que lorsqu’elle a reçu de nou- veau les influences de l’atmosphère. Quelle est la cause qui l’a réduite à cet état, sinon la perte de sa substance ? IL paroiït donc probable que la plante s’approprie quelques-unes de ses parties composan- tes, qui, disséminées dans l’eau, montent par la chaleur et à la manière de l’alambic, dans le vé- Nouvelles littéraires. 379 gétal. Celui-ci, après en avoir pris ce qui lui est nécessaire | en rend par ses organes excréloires le superflu limpide et condensé en gouttes par la frai- cheur des nuits, qui fait l’offise du réfrigérant. Comment expliqueroit-on autrement la propriété . qu’ont les sels et les substances animales, d’activer et d’augmenter considérablement la végétation ? Si l’eau pure étoit son unique aliment , le sable , con- tinuellement arrosé, feroit le même effet que la terre: il n’y auroit plus besoin d'engrais; la chaleur, l’hu- midité et la perméabilité de la matière seroient suffi. Santes pour le développement et la fructification de toutes les plantes. L’expérience nous prouve cepen- dant le contraire; et si l’eau, comme je le pense, est leur principale nourriture, la plupart des végé. faux ne peuvent, je crois, atteindre à leur perfec- tion, qu’autant que l’eau est impréguée de sub- siances propres à les y conduire. | ‘ J’aurois encore beaucoup à dire sur ce sujets mais Je dois mettre des bornes à cette petite dissertatie*, et m’arrêter de peur de m’égarer. J’ai tâché de faire voir l’inconséquence de l’opinion de Boyle et de Van- helmont sur le poids de la terre, qui reste, selon eux, le même après la végétation, parce que les erreurs s’accréditent d’autant plus facilement, que des hommes célèbres en sont les auteurs. Je finirai par inviter les physiciens à tâcher de nous dévoiler ces mystères de la végétation, dont la découverte _seroit de la plus grande importance pour l’agricul- ture, Il paroît que la nature emploie les mêmes moyens pour la naissance : accroissement et la con- 380 Nouvelles littéraires, servation de tous les êtres animés. Pourquoi ses pro: cédés différeroient-ils dans les végétaux ? N’ont-ils pas, comme les premiers, la solidité, et tous deux Vacquerroient-ils d’un simple liquide dénué de toute autre matière (1). Du Monr Courser. Lerrre au citoyen Mrizin , sur une anecdote rapportée par CHAMFORT. Vous connoissez, citoyen , l’édition des Œuvres de CnamrorrT, donnée en 4 volumes in-8&°. par le citoyen G., et vous avez pu trouver extraordinaire qu’ou n’y ait pas inséré le Précis sur l'Histoire de Sicile , qui est à la tête des Foyages de l'abbé de Sarnr- Non , etque lon a toujours attribué à Cham foit, Quoique je n’aime pas beaucoup les collec- (1) Tous les êtres vivans sont composés de liquide et de solde , dont la masse de l’un et de l’autre est relative à leur genre, à leur nourriture ordinaire et à l’élément dans lequel ils vivent. Ils naissent tous avec les principes de ces deux substances : l’animal les cherche pour sa conservation ; elles sont toutes deux absolument nécessaires à son accroissement et à la durée de sa vie; sa santé dépend de leur équilibre, et sa fin est la suite de la prépondérance de l’une d’elles, I] doit en être de même du végétal. Attaché à la terre sans pouvoir changer de place, la nature y a pourvu en donnant à cette dernière les deux substances, dont l’une sert de véhicule à autre , pour la porter dans la plante qui se nourrit des deux. Ainsi que l’animal > son état sain et prospère , ses maladies et sa destruction ont les mêmes causes , et la lignosiié est pour lui ce que l’ossificalion est pour l’autre. Nouvelles littéraires. 38r tions, que je n’en connoisse guère d’intéressantes que celles de quelques génies brillans et sublimes, tels que Diderot, Voitaire, Rousseau, dont les moindres productions ont droit d’exciter la curiosité, pourtant je me garderai bien de ne pas aimer celle des œuvres de Chamfort ; parce qu’elle .est l’ouvrage * d’an litiérateur estimable de toutes les manières , et un monument de l’amitié bien plus qu’une spé- culation littéraire. Je ne veux vous parler ici que d’une de ces anecdotes qui ma singulièrement frappé , et dont la vérité peut, je crois, être soupçonnée. La voici (tome 4, page 310) : « M. de Voltaire se trou- » vant avec madame la duchesse de Chaulnes, » celle-ci, parmi les éloges qu’elle lui donna, in- » sista principalement sur l’harmonie de sa prose. » Tout d’nn coup voilà M. de Voltaire qui se jette à » ses pieds : ah madame ! je vis avec un cochon » qui n’a pas d'organes, qui ne sait ce que c’est » qu'harmonie, mesure, etc. » Le cochon dont il parloit , c’étoit madame Duchâtelet, son Emi- lue. Crôyez-vous bien , citoyen, que M. de Voltaite ait été se jetér aux pieds de madame de Chaulnes pour lui dire que madame Duchätelet étoit un co- ‘chon, madame Duchâtelet qu’il aimoit passionné- ment , à qui il sacrifia les offres de fortune les plus brillantes, et dont la moit lui cau‘a la plus 382 Nouvelles littéraires, vive douleur (1). Je ne pens® pas d’ailleurs que la. conversation de M. de Voltaire füt de ce style. Remarquez de plus que ce d‘faut de sensibilité dans les organes étoit fort étranger à l’illustre madame Duchâtelet, El n’y a qu’à lire ce que M. de Voltaire lui-même dit de cette femme extraordinaire dans la préface qu’il mit à la tête de la traduction qu’elle avoit faite des principes de Newton. « Cette” » trempe vigoureuse de son esprit ne la rendoit » pas inaccessible aux beautés de sentiment. Les > charmes de la poésie et de l’éloquence la péné= » troient, et jamais oreille ne fut plus sensible à » l'harmonie : elle savoit par cœur les meilleurs vers, » etne pouvoit souffrir les médiocres, » Madame Durs châtelet, qui avoit commencé une traduction ce VÉnéide, à qui le Tasse et Milton étoient fami- liers, pouvoît-elle ignorer ce que c’est qu’harmonie et mesure ? Groira-t-on que M. de Voitaire eût trouvé tant de charmes dans sa société, s’il n’eût pu luilire, et ses vers, et sa prose, et qu’il eût adressé sa sublime Epître sur le newtonianisme à un: femme qui n’eût pas senti le mérite de la belle poésie au= tant que celui de la bonne philosophie ? En général, j’aime beaucoup les anecdotes histo- riques , littéraires de tout genre ÿ mais je m’en défie toujours un peu. BorssoNADE. {1) Le ‘souvenir de madame Duchätelet lui iut toujours æher; et long-temps après s: mort, il montroit som por- trait au P. Bettinelli , en disant : « Voilà mon immorielle » Emilie.» — Il y a quelques jours que j’ai trouvé cette anecdote dans up jourgal; mais je ne sais plus lequel , nioù 4] l’avoit prise. ° =.” * Nouvelles littéraires. 383 OPus ANALzoGreum de Henrt HOOGEVEEN. Henri Hoocezrzen , mort à Delft le 1.7 novem- bre 1791, dans la quatre- vingtième année de son âge, étoit recteur- de l’écoie Latine de cette ville, et avoit auparavant exercé les mêmes fonctions à Bréda et ailleurs. La littérature ancienne lui a eu les obligations les plus importantes , et peu d’hellé- nistes sur-tout ont fourui une carrière aussi utile : la preuve en est dans les additions considérables dont il a enrichi le traité de Francois Vrcrer, De Idio- tismis linguæ græcæ (Leide, 1766 , in-8°. }, et encere plus dans sa Doctrina particularum linguæ græcæ , en 2 vol. in-4°, imprimés à Leide en 1769, en 1769. Il avoit cherché en vain parmi ses compa- triotes les secours qui lui étoient nécessaires pour venir à bout de publier ce dernier ouvrage ; mais honorablement connu en Angleterre, il y trouva abondance d’encouragemens et de souscriptions , et il a constamment aimé à témoigner sa reconnois- sance à cet égard. 'Hoogeveen a laissé après lui plu= sieurs manuscrits, dont le plus important est sans contredit son Opus analogicum (1). L'université de Cambridge s’est empressée d’écrire au digne-fils et au successeur de l’helléniste batave, Jean Hoo- (1) On distingue encore parmi ces manuserits, un Supplé= ment à son ouvrage sur les particules de la langue grecque, et un autre à ses observations sur le Traité des Idiotismes de ViGIER; — un commentaire sur les Mélanges historiques d’'ÆLIEN ; — un poëme latin , en vers élégiaques et en dix-huit livres, intitulé .Forum socraticum ; sive Apologia Poëtarum contra Platonsm, et accompagné de savagtes notes, 384 Nouvelles litléräires. ” geveen , afin de l’aidér à mettre au jour le travail de son père. Celui-ci lui ayant transmis le manuscrit, elle s’est décidée à. le faire inprimer à ses dépens, et élle a de plus annoncé au fils de l’auteur , que tout le bénéfice de l’édition tourneroit à son profit et à celui de ses cohéritiers, et qu’elle lui feroit passer sans frais ce qui pourra rester d'exemplaires, après avoir salisfait aux soumissions. On ne sauroit trop louer la noblesse d’un tel procédé, qui prouve bien que les Muses sont étrangères aux contestations poli= tiques, et que les hommes de lettres de tous les pays sont frères. L'ouvrage de Henri Hoogeveen est ac- tuellement ,à ce qu’on nous mande , aciievé d’impri- mer à Cambridge , et il ést précédé d’une notice bio- graphique et du portrait de l’auteur , ainsi que d’une préface tracée de la main de son fils. M. # faires des professeurs Frenrx et NrrDu4ÂmERr. Les philosophes Fichte et Niedhammer , profes- seurs à Jena, avoient entrepris de publier tous les mois un Journal intitulé philosophique ; mais à peine le premier cahier avoit-il paru, que la cour électorale de Saxe foudroya les auteurs d’un rescript de confiscation , à raison de l’arthéisme scandaleux que respiroit cet écrit. Elle provoqua même une sém- blable mesure auprès de la cour de Berlin. Le conseil d’état du roi de Prusse commit les conseillers-consis- ioriaux , Teller, Z'oellner, Sack et Hekker, pour examiner cette affaire et lui en présenter uu rapport. Ce rapport 4 eu lieu, et, marqué au coin de la sa- gesse bn 7 No uvelles littéraires. 285 gesse et de la modération , il a absolument écarté la mesure arbitraire dont la cour de Saxe avoit donné exemple. On a jugé que le gouve:nement ne devoit Pas ; par son intervention, donner à une querelle théolog.que plus d'importance qu’elle ne méritoit. _ Ou en a autrement jugé dans l’électorat d'Ha- novre, et l’ouvräge en question y a été proscrit ; ce qui vraisemhlablement le fera rechercher avec un peu plus d’avidité. Fichte a publié une chaude apologie contre le rescrupt saxon , sous le titre d’Æppel au public, relativement aux inculpations d’athéisme dirigées contre les auteurs du Journal philosophique ; Ap= pel, est-il ajouté, qu’on est prié de iire avant de Le confisquer. Dans un supplément au ne. 26 de la Correspondance impartiale d'Hamboure , du 13 fevrier 1799 , v.s. un anonyme a vivement pris la defense des metaphysiciens d’Iena. Nominations de l'institut, J’INSTITUT NATIONAL, dans la séance générale du 5 serminal , à fait les APRES FE 6 suivantes : CLasse dés sciences mathé: natique et phy- sique, Section de médecine et de chirurgie; place d’associe, Le vou BarTHës, méd'cin à Narbonne : il a réuni 26 suffrages. Goncurrens : ie citoyen Fouguet, à Montpellier, Tome FI, B b 366 Nouvelles littéraires. 236; et le citoyen Lepec Laclôture, à Rouen, 144. » | MÊme crasse. Section de minéralogie ; place d’associé, Le citoyen GILLET , à Lomont , vallée d'Émile : il a obtenu 286 suffrages. Concurrens : lecitoyen Monner, au Plessis-Pi- quet , 2or 5 etle citoyen Palassau , à Pau, 137. CLzAsse de littérature et beaux-arts. Section de poésie ; place de membre résident, Le citoyen LEGOUVÉ : il a eu 238 suffrages. Concurrens : le citoyen Palissot, 220 ; et le ci- toyen Parny , 190. MÂÊme cLasse. Section de grammaire ; place d’associé. Le citoyen Lecrerc, de Maine et Loire , à An- gers : il a réuni 238 suffrages. Concurrens : le citoyen Croujet , directeur de l’é- cole nationale de Liancourt, 202; le citoyen Mo- rel , à Dijon, 198. La même classe a présenté, pour la place de merbre résident, vacante dans la section d’archi- tecture , les citoyens Antoine , Legrand et Ron- delet , dont le premier a obtenu 162 suffrages; le second, 150 ; le troisième , 126. La nomiuation sera faite dans la séance générale du 5 floréa!. # Nouvelles littéraires. 387 Fauteuil de Molière ON conservoit religieusement à l’Odéon , le fan- teuil sur lequel Molière jouoit le Maiade ima- ginaire ; l’incendie qui vient de consuiner cet édi- tice, n’a pas respecté ce meuble précieux. Concours de peinture et de sculpture. UX grand nombre d’artistes, parmi lesquels on remarque les sculpteurs Moitte , Pajou , Chau- det, Houdon, Lemot ; les peintres Regnault, Gérard, Pajou fils, Valenciennes > Vernet, etc. les architectes Fontaine > Percier , etc. ont pré- senté au ministre de l’intérieur une pétition pour l’engager à obtenir que tous les travaux publics de sculpture , de peinture et d’architecture du Palais direclorial , fussent donnés , non par la faveur, maïs au concours. . Le Trésor , arlequinade en un acte , au Faudeville. LE sujet de cette petite pièce est entièrement tiré de la fable de La Rdfitaine, intitulée l’En fouis- séur et Son compère ; comme l’indique l’auteur lui-même dans son couplet d’aunonce. AIR : Du vaudeville des deux V’euves, Ce sujet, que peut-être à tort Un jeune auteur met sur la scène « Est par sa source un vrai trésor ; Il Va puisé dans La Fontaine. Bb 2 388 lN'ouvelles littéraires. Pourtant il voudroit être sûr, Pour le succès de son ouvrage , Qu'en faveur de cel o: si pur, Vous ferez grace à l’alliage. En voici l’analyse : Arlequin et Gilles sont rivaux et amans de Colombene. Arlequin a caché, au pied d’un arbre, un sac de mille écus ; te dant un petit voyage qu'il est obligé de faire à Paris, pour aller y chercher 1600 francs dont il a besoin, afin de se rendre favorable Cassandre père de Colombine ; Gilles profite de l’absence d’Arlequin pour lui voler son trésor, et pour dis- poser, M. Cassandre à lui donner sa fille, comme: plus riche qu’Arlequin. Il y réussit, et nait à M. Cassandre d’apporter en, mariage 4000 francs, et par conséquent 1000 francs de plus qu’Arlequins Celui-ci revient de Paris avec 1000 francs; il veut: les ajouter à son trésor, mais il ne le trouve pluss, il soupçonne Glles , et lui dit, pour l’éprouver, qu'il a encore quelqu’argent à Joindre à son trésor. Giiies donne dans Île panneau, remet le sac afin d’avoir tout ; mais Arlequin le reprend et le porte à M. Cassandre , qui consent à son mariage. On a applaudi à des jetl® de mots et des appli- cations qui font le seul mérite de cette petite pièce. L'auteur a été demandé ; o’est le citoyen Phcippe S'égur fils, dont cette bluette est le premier oùvrage. On donnoit, il y a deux ou trois ans, sur le théâtre de Lazszari, une pièce intitulée Gilles toujours Gilles ; et dont le sujet est le même. ment ne ee nn je gt Nouvelles littéraires. 389 RAP»rORT sur Les travaux de La société d’ému- lation de Rouen, pendant les mois de fre- marre , nivôse eb pluviôse an 7. La société a chargé les citoyens Brument , Vau- quelin , Gervais et Lafosse de lui faire un rap- port sur les expériences qui ont eu lieu chez le citoyen Pavie, un de ses membres, relativement à l’économie du bois qu’on peut obtenir en peifec- tionnant la construction des fourneaux. Le meilleur fourneau seroit celui qui, 1°. en moins de temps et avec une moindre consommation de combustibles, introduiroit une plus grande quan- tité de calorique dans la chaudière ; qui, 2°, y conserveroit ce degré de chaleur pareillement avec une moindre consommation de combustibles ; qui, 3°. lorsqu'on alimenteroit plus son foyer , s’oppo- seroit le plus au départ du calorique, ou, ce qui est le même, au réfroidissement du liquide con- tenu dans la chaudière. L:s expériences faites dans l'atelier de teinture du citoyen Pavie , et à ses frais, ont eu pour objet ces trois conditions. Les épreuves ont été successi- vement faites, 1°. sur les fourneaux d’ancienne cons- truction , et successivement sur trois fourneaux de nouvelle construction , proposés , le premier, par le citoyen Pavie ; le second , par le citoyen Plu- vinet, et le troisième par le citoyen Mrsaize. Le citoyen NoEL , qui essaie quelquefois de ma- rier ensemble l’étude de lPüistoire naturelle avec le culte de la poésie, a communiqgrié à la societé le Bb 3 390 Nouvelles littéraires. - premier acte de sa tragédie intitulée Jules de Tarente. Les amateurs de la littérature étrangère recon< noîtront qu’il a emprunté le fond de sa pièce de celle de M. Lersewirz , secrétaire des états de Bruns- wick , et ils verront qu’il lui a conservé le même titre, comme un hommage qu’il devoit au poëte allemand. Le sujet principal est la haine que se portent les deux fiis du prince de Tarente, unis par le sang, mais désunis par l’amour dont ils brüleut tous deux pour une jeune orpheline que leur pére a fait en- fermer daus un couvent. Ce rest pas chose facile, que de mettre et de rendre naturels, dans la bouche d’un de ces princes, des sentimens palriotiques qui, par leur application | tournent au profit de Pesprit public , dont le thtâtre doit désormais être l’école, Le citoyen Noel s’est particulièrement imposé cette tâche , qui donnera un nouveau mérite à son travail, | Le théâtre allemand possède deux pièces sur ce même sujet, Juies de larente et les Frères ju- meaux. Quoique le dénouement de ces tragédies soit terrible, elles ont toujours obtenu le plus gran succès à Dresde, à Léipsic , à Hambourg , et elles soutieuneut le parallèle avec les meilleurs dra- mes de Lessing , ae Goëthe , de -WWieiand , etc. La societé d’emulation a aussi fait une perte qni lui a été très-sensible , celle de Jacques Brex (r), (x) Jacques Brez étoit un jenne homme plein de mérite et d'activité : outre sa Flore des insectouhiles qu’il anroit dû nominet, Pour parler plus correctement , entomophiles , »* Nouvelles littéraires. 391 Pun de ses correspondans à Middelbourg, minis” trs de la religion protestante. Le naturaliste de Middelbourg Wavoit que dix« neuf ans lorsqu'il publia, en 1701 , sa Flere des insectophiles , imprimée à Utrecht. Cet ouvrage eut un très-grand succès; il le dé- dia au célèbre auteur de la Contemplation de La Nature, et le fit précéder d’un discours de 130 pages in-8°., dans lequel Brez se montre le digne élève des Bonnet et des Buflon. IL a fait des démarches pour se rapprocher de la société ,| pour venir habiter la commune de Rouen; il vouloit communiquer à la société les addi- tions qu’il préparoit, afin de donner à son ouvrage la perfection dont il étoit susceptible. Brez vient de mourir à Middelbourg, âgé de 28 ans, dans laquelle il étend la dissertation de Linneus , intitulée ÆHospiliun floræ , et il indique les différentes plantes dont les insectes se nourrissent et sur lesquelles ils habitent ; il a aussi composé une collection de #oyages amusans , pour finsiruction des enfans , et une Histoire des Vaudeis , dont nous avons donné un extrait dans le Magasin , an- née II, tome V , page 193. Il a enrichi ce journal de plusieurs mémoires , tels qu’une Vctice sur la vie et las écrits de Lyonnet, et une Notice sur les mémoires de la société littéraire &'Utrecht ; il étoit secrétaire de la société d'histoire naturelle de cette ville. 11 m’honoroit d’une estime et d’une confiance particulières , et j’ai fait mes eïforts pour l’attirer dans Ja république, à laçu-:lle il éloit attucué ; il venoit de se marier quand la mort l’a frap;é. Le iome VI de la secorde année du Jagxsin lui est dédié. A. L: M. B b 4 392 Nouvelles littéraires- Les ouvrages dont la société a entendu la lecture pendant le cours de pluviôse , sont : ( Uu mémoire manuscrit du citoyen DEBRAY , correspondant à Ratisbonne , dans lequel il etablit que les vaisseaux secendaires des plantes, etc. ne peuveut servir de «aiactère distiactif pour leur clas= sification, et qu’il n’est pas certain qu’ils en soient des organes asvirans seulement. Uue des parties les plus curieuses, les plus agréa- bles et les plus utiles de la botanique , est celle qui a pris le uom de pi'ysiologie végétale, science nou- velle qui, comme beaucoup d’autres, doit son ori- gine à notre siècle, et qui a fait déjà tant de pro- grès, dus aux travaux et aux découvertes de Hales , de Zngen - Housx , de Duhamel , de Bonnet et de Sennebier , etc. M. ScmrAnck, professeur à Ingolstaët, qui s’oc- cupe aussi de cette science , avoit a:lressé à M. De- bray, à Ratisbonne, un ouvrage sur les vaisseaux secondaires des plantes et sur lutilité dont ils leur sont. Par vaisseaux secondaires, le professeur Schranck entend les poils , les épines, les glandes et les vessi- cules. AN Il établissoit dans cet ouvrage , r°. que ces vais- seaux pouvoient servir de supplément au système de Linneus , quand les distinctions données par ce célèbre naturaliste sont trop équivoques pour bien déterminer une classification ; 2°. que ces vaisseaux étoient, comme l’avoit pensé Ma/pighy , les ex- trémités des cauaux daiis lesquels circulent les fluides es Nouvelles littéraires. 393 gui nourrissent les plantes, et qui servent exciu- sivement à pomper l’air sans le rendre. M. Debray expose à son ami quelques diflicultés sur ces deux assertious, D’äbord, les vaisseaux secondaires, poils, épi- nes, etc, pour être des moyens supplémentaires de classification , devroient être des caractères constans et invariables ; autrement ils ne peuvent servir de bée fixe aux disiinttions à établir entre les es- pèces. Or , ce caractère d’invariabilité, M, Debray ne le trouve pas toujours dans les vaisseaux secondaires , dont l'existence est souvent précaire et dépendante du climat et de la nature du sol où se trouve la plante, comme on en a mille preuves par l: transplantation des plantes, par les différens changemens que pro- duit sur elles leur culture plus ou moins soignée ; enfin par les accidens auxquels les exposent les va- riations de la température aimosphérique. Il ter- mine ainsi cette première partie de son mémoire: « Je pense donc, 1°. que le botaniste ne doit em- pl'oyer la présence ou l’absence des poils, comme » caractère distinctif, que relativement aux plantes » spontanées et recueillies dans leur état le plus com- » mun et le plus habituel ; 2°. qu’on ve peut appe- ler généralement simple accident lPabsence ou la présence de ces poils, pui-qu’ils sont laïtôt une partie constitutive et premièie des plantes , et tantôt uue superfétation nuisible et ure véritable maladie ; et que souvent aussi les différences dans les apparences des végétaux sont, von un change- 394 Nouvelles littéraires. ment réel, mais une simple modification de leurs Parties constitutives. Elles sont les mêmes ; mais, Suivant le climat et le sol, la nature dispose leurs organes de la manière la plus propre à les faire prospérer dans les lieux où elle les a placés. Le botaniste doit donc s’attacher à distinguer ce qui est mode accidentel d’avec ce qui est caractère pri- mitif et fondamental » Et ce n’est que ce dernier qui peut servir de supplément dans la classifica- tion des plantes. » Parmi les difficultés que M. Debray oppose dans la seconde partie de son mémoire contre opinion du professeur, qui regarde les vaisseaux secondaires comme aspirant seulemeut les vapeurs de l’aimos- phère , et qui jamais ne les exhalent: nous choi- sirons la suivante : CRE | Si ces vaisseaux secondaires, les poils, servoient en eflet seuleient à pomper les fluides répandus dans atmosphère, et nullement à exhaler ceux qui sont élaborés par les organes des plantes, d’où viendroit alors le dépérissement si subit des végétaux, qui en sont pourvus lorsqu'on les a cueillis ; dépérisse- ment qui ne s’observe pas chez un grand nombre de végétaux à feuilles lisses ? “M. Debray conciut ainsi le mémoire ( en forme de lettre qu’il adresse à son ami. « Je ne saurois trop vous engager, lui dit-il , à * multiplier vos observations afin de déterminer d’une » manière positive , 1°, quels sont dansles vésétaux, les organes de linhalation et de lexhalation. 20. Pourquoi beaucoup de plantes, dont le tissu est #, Nouvelles littérarres. 395 » lisse et dépourvu de poils apparens , se fanent-elles moins rapidement, et conservent-elles plus long- temps dans leurs réservoirs les sucs qui entretien- nent leur fraîcheur, que les plantes à poils ? 3. Si une plante très-velue, à laquelle on auroit enlevé » les poils qui hérissent sa surface, en la laissant » d’ailleurs dans le lieu de sa naissance , éprouve- » roit un dépérissement sensible. S'il est vrai que les » poils ne sont que des organes de linhalation, d’où » vient la douleur que l’on éprouve après la piqûre » de l’urtica urens , dioica et pillulifera ? Cette douleur n’est-elle pas causée par un fluide extrê- mement subtil et vénéneux que l’aiguillon de ces poils inocule dans la peau , où il occasionne des in- flammations douloureuses ? » CR EC | Le citoyen HERBoUvIELE avoit été prié par la so- ciété de lui faire un rapport sur les dernières com- munications relatives à l’agriculture du citoyen d'Ob- son ; Ces communications contiennent, 1°. le des- sin et la description de la machine à semer de Coox , et de deux herbinettes , avec l'instruction pour se servir de ces divers instrumens , et des vues sur les avantages de la culture à sillon ; 2°. un im- primé intitulé Tableau de comparaison de l’agri- culture , du commerce et de la navigation de France et d’Angletèrre » A@ccompüagné des ré- flexions du citoyen d’Obson. Ces deux objets étant indépendaus l’un de lautre, le citoyen Herbouville en rend compte séparément. Le citoyen Herbouville a décritavec la plus grande clarté la machine de Cook, ainsi que les deux her- 396 Nouvelles littéraires. bineties ; il en a expliqué les usages ; il at- tribue Pidée mère du semoir de Cook, à l’espa- gnol dom Josevh Lucatello, qui inventa , it y a près de 140 ans, un semoir à cylindre et cuil- liers, qui, sous ce rapport, se rapproche de celui de M. Cook’; rappelle qu’en 1740, M. Tull, anglais, perfectionna la machine de Lucatello ; que le célèbre Duhamel , citoyen de Rouen, traduisit en 1748 l’ouvrage de Tull, et l’enrichit de ses ex- périences et de ses propres inventions ; qu’en 1750 les essais du verevois Lullin, de Château-V'ieux , contribuèrent à faire connoître de plus en plus le se- moir; qu'enfin, de l’aveu même des Anglais, le semoir, tel qu’il sortit des mains de Duhamel , a été regardé comme Île plus solide et le plus simple. 1 Si le semoir a ses avantages, il a aussi ses incon- véniens, dont les principaux sont l’obstacle qu’il met au pâturage des bestiaux , la diminution de paille qu’il occasione, la grande dépense en main-d'œuvre qu’il exige et la difñculté de construire et de bien conduire ces machines, qui demandent la plus grancle précision. Le ciloyen Herbouville n’en rend pas moins jus- tice à la machine de Cook, qui est encore plus simple que celle de Duhamel. : On doit, dit-il, savoir le plus grand gré au citoyen d’Obson de l’avoir fait connoître à la société. Il seroit à désirer qu’elle s’occupât d’en; faire faire un modèle , afin de commencer un cabinet de machines agricoles, où tous les mécaniciens pourroient aller puiser des connoissances qui serviroient à perfectionner les ins- trumens de culture. Nouvelles littéraires. 397 La société n’a pas oublié que c’est le citoyen Her- bouviile lui-même qui a commencé ce cabinet , en lui faisant présent d’un modèle d’une charrue qui a des usages particuliers, Le citoyen Herbouville approuve, dans la seconde partie de son rapport, toutes les idées du citoyen ’Obson, sur les avantages que la France retirera quand elle voudra employer la même activité que PAngleterre, dans son agriculture, ses canauxde com- munication , l'exploitation de ses mines de char- bon , etc, dans «es manufactures, et l’emploi des ma- chines qui économisent la main-d'œuvre dans sa na- vigation et son commerce extérieur. , [4 Le citoyen Herbouvil'e ne pense pascependant que la supériorité que l’on donne à l’agriculture anglaise sur la nôtre, soit b'en établie. En agriculture comme en beaucoup d’autres objets, ces voisins jaloux ont pu être nos émules , nos rivaux, mais jamais nos maîtres ; ils ont plus profité de nos lumières et de nos découveries , que nous n’avons profité des leurs. La lecture du rapport du représ:ntant du peuple Bailly, sur les sociétés nationales, a engagé la société à publier un mémoire sur les motifs qui doivent déter- miver le corps législatif à choisir la coumune de Rouen pour l’emplacement d’un lycée et d’une so- ciété nationale. Ce mémoire est imprimé, adressé au corps législatif et aux membres de la société ré- sidens et non résidens. Le soin que prend le ministre de l’intérieur pour rétablir en France l’équilibre eñtre la reproduction des combustibles et Icur consommation, les appels 398 |: Nouvelles littéraires. qu’il fait à ses concitoyens afin qu’ils concourent avee lui à cet objet important, ont excité de plus en plus le zèle de la société : après avoir publié quelques mémoires généraux sur l’exploitation des bois et sur les réglemens à introduire dans l’économie forestière, réglemens dont s'occupe à présent le corps législatif, elle a pensé qu’un des moyens les plus sûrs étoit de procurer une épargne dans la consommation, On sait que celle des fourneaux des usines est très - consicé- rable : leur construction n’est-elle pas susceptible de réforme et de perfectionnement? Telle est la ques- tion que la société a soumise aux commissaires qu’elle a choisis dans son sein pour lexamen des fourneaux en usage principalement dans les ateliers de teinture. Les commissaires ont été pour laffirmative. Nous avons exposé dans l’avant-dernier rapport les prin- cipes que les commissaires ont suivis dans le cours de leurs expériences. | Les commissaires ont rendu compte à la société, le g de ce mois , de cette série d’expériences compa- raüves, soit de celles faites dans lPatelier du citoyen Pavie, soit de celles faites dans les fourneaux de Phospice : il en résuite que la réforme proposée par la commission dans la construction des fourneaux de teinture et autres, apporteroit une épargne de moitié dans la consommation du bois. Cet heureux résultat a engagé la société à voter impression du travail des commissaires et l’envoi au ministre de l'intérieur, aux autorités constituées et aux correspondans. La publi- cité que va avoir ce iravail nous dispense de lPana- lyser. Bornons-nous à dire qu’il vient à propos, puis- ministre de l’intérieur fait tous ses eflorts poar arr näiré, démander Nouvelles littéraires. 399 qu’il vient dans un moment où , tandis que le corps législatif s'occupe de la régénération des forêts, le êter la trop grande consommation du bois qu’elles pro: duisent , et qu’il a formé à cet effet un conseil auprès de lui, composé de membres de Pinstitut, qui doi- veñt l’éclairer de leurs lumières. Déjà ce conseil a cherché les moyens de perfectionner la’ construction des fourneaux : le mémoire de la société ne pourra qu'être Lien accueilli par ce conseil. Les commissaires qui ont été noinmés par la société sontles citoyens Brument, F' auquelin et La fosse » architectes ; Pluvinet et Mesaixe , chymistes ; Ger- vais, fabricant, et Pavie, teinturier, davs l’atelier et aux frais duquel les principales ex faites, La fosse , architecte ; a dessi lorié tous les plans. périences ont été né , gravé et co= Un autre citoyen Laäfosse, sans être membre de la société ni de la Commission , sans autre motif que celui d’être utile à ses concitoyens, a Construit gratuitement en plâtre les modèléé de ces fourneaux , etil'en a fait don à [a société, afin qu’ils fussent toujours présens daps la salle de ses sé etqu’un seul coup-d’œil jeté sur eu iustruire ceux qui désireroient connoître Ja réforme que les commissaires ont apportée daus les fourneaux, afin de ja suivre dans leurs ateliers. Le grand Tableau d'arcthmét. le citoyeu Povczaxr a off>rt à | supérieurement exécuté seul instant < ances, X püt suffisamment que linéaire que a société, lui a paru ; et très-propre à faire ,°nun des calculs qui, par la méthode ordi- vient beaucoup de temps : ce grand 400 Nouvelles littéraires. / Tableau est détaché de la Métrologie terrestre , dont le citoyen Fouchet est auteur, La société a porté des Tableaux n.os 5 et 6, dont le citoyen Periaux vient de lui faire MES "2 e même jugement que celui qu’elle avoit porté sur les quatre premiers; elle a en oütre applaudi au zèle et au désintéressement de ce citoyen, qui, sachant que l’exactitude et la précision sont ‘es premières qualités d’un ouvrage d'aritmétique , a fait le sacri- fi « d’une édition entière des deux derniers Tableaux, lorsqu'il a su que l’on veuoit de rectifier une erreur dans l’évaluation de la pinte de Paris, d'après la- quelle ils avoient été calculés. El a donc refait tous les calculs sur lesquels erreur avoit pu influer : son ouvrage est le seul,. jusqu’à présent, que l’ou puisse suivre pour avoir une éva- luation exacte des mesures de capacité. RENTAL LEE TUE VOS LOGE pan NATIONAL. L'institut nafional a tenu, le r5 germinal, une séance pubiique. Voici quel a été lordre des rap- ports et des lectures qui y out été faits. x. Rapport des travaux de la classe de litté- rature et beaux -arts , par le citoyen Coilin- Har!eville. . Rapport des mémoires de mathématiques, par FA citoyen Lefevre-Gineau. 30. Rapport des mémoires de physique, par le citoyen Lassus. 4° Nouvelles littéraires. 406 4°. Rapport des travaux de la classe des sciences morales et politiques, par le citoyen Daunou. 5°. Notice sur la vie et les ouvrages de Charles de Wäilly, architecte , par le citoyen Ændrieux. 6°. Mémoire sur le nombre des écoles primaires que l’on doit établir , par le citoyen Dupont. 7°. Rapport sur les m“moires présentés au con- cours, sur la question de l'influence des signes, sur la formation des idées, par le citoyen Ræderer. 8°. Rapport sur les pièces de poésies envoyées au concours du prix, par le citoyen Ændrieux. 9”, De Pinflaence du climat de PÆsypte sur la e de ses habitans, par le citoyen Olrvuer. . Dis jugemens de quelques philosophes ou dsAvérae de lantiquité, sur les républiques an- ciennes , par le citoyen Bitaubé. 11°. Mémoire sur la marine des anciens, par le citoyen Davwrd le Roy, 126. Les trois vertus , récit dialogué en vers, par le citoyen Coflin-Hurleville. Le temps n’a pas permis d’entendre le citoyen Lalande lire un mémoire d'astronomie, et le citoyen Legrand un mémoire sur les anciënnes sépultures nationales. Distribution de prix. L'institut national a décerné le prix proposé, pour la seconde fois, en lan 6, et dont le sujet étoit la question suivante : DÉTERMINER L'INFLUENCE DES SIGNES SUR LA FOR- MATION DES IDÉES ; question dans laquelle le pro- Tome F1. Cc 402 Nouvelles littéraires. gramme en avoit fait remarquer cinq comme dignes d’une attention particulière, savoir : 10, Est-il bien vrai quetes sensations ne puis- sent se transformer en Ldées , que par Le moyen des signes ? ou, ce qui revient au même, n0s premières idées supposent-elles essentiellement le secours des signes ? < 20, L’art de penser seroit-il parfait, si l’aré des signes étoit porté à sa perfection ? 3°. Dans Les sciences où la vérité est reçue sans contestation, n'est-ce pas à la perfectron des signes qu’on en est redevable ? 4°. Dans celles qui fournissent un aliment éternel aux disputes, Le partage des opinions n'est-il pas un effet nécessaire de l’inexacti- tude des signes ? 5°. F a-t-il quelque moyen de corriger Les signes mal faits , et de rendre toutes Les sciences également susceptibles de démonstration ? Lé mémoire qui a obtenu le prix est sous le N°. 9, et porte cette épigraphe : Deus cle prin- ceps parensque rerum , nullo magis hominem distinait à cœæteris animalibus, gum dicendi facultate. QUINTILIEN. Le nom de l’auteur est Joseph - Marie DÉGE- rANDo. Le billet qui renferme son nom ne fait pas connoître le lieu de sa résidence. Entre les autres mémoires présentés au concours, l'institut national a distingué le mémoire n°. 2, por- tant pour épigraphe ces mots de Bacon : Credunt homines rationem s\amn verltis umperare ; sed Nouvelles littéraires. 4oë. | fitetiam ut verba vim suam super intellectum retorqueant. Ce memoire est celui qui, après l’ou- vrage cou:onné, a le. plus approché du but. L'institut national a cru devoir accorder aussi une mention honorable au mémoire n°, 5, dont l’épi- graphe est: Nohul est in inteliectu gun priùs fue- rit in sensu. Les motfs du jugement seront présentés dans le rapport qui sera lu à la séance. L'institut national a partagé le prix qu’il a proposé en l’an 6, dont le sujet étoit : La recherche des meilleurs moyens de secourir Les personnes enfermées dans les maisons in- cendiées , sur-tout dans une grande ville telle que Paris. Entre quatre machines, dont une sous le n°. 7, deux sous le n°. 15, et une sons le n°. 17. La machine sous le n°, 7, ayant pour épigraphe, SLje m’'élève , c’est pour être utue, est composée de plusieurs échelles qui glissent l’une sur l’autre au moyen d’une crémaillere, à la manière du cric. Le citoyen REGNIER, contrôleur des armes à Pam ris, maison des ci-devant Jacobins , faubourg Ger- main , est l’auteur de ceite machine. Les deux machines sous le n°. 15 ont pour épi- graphe, Aut arte , aut marte ; elles forment une combinaison de plusieurs échelles qui sont élevees par des poulies et des cordages, dont l’ensemble est une espèce de chèvre, Dans l’une de ces machines les échelles sont disposées de manière: que léchelle supérieure doit trouver un appui contre un obstacle Cc2 404 Nouvelles littéraires. fixe. Dans l’autre, toutes les parties se contreba- Kancent mutuellement par la position alternative, et en sens contraire des montans qui servent à sup- porter et à développer les échelles. Le c'toyen TREMEL, au palais national des sciences et des arts, est l’auteur de ces deux machines. La machine sous le n°, 17 est aussi une espèce de chèvre dont les échelles, én avec l’épi- graphe : In his tam parvis , afque tam nullis , quæ ralio ? quanta vis ? quèm iheztricabilis perfectio ! Plin. XI. 2, À Bâle, chez Henry Haag,'et à Paris , chez Amand Kœnig | quai des Augustins, n°, 18. - Any, 1790. ON n’a jamais mieux reconnu qu’à l’époque ac- tuelie , importance des bons livrés élémentaires ni combien ils sont rares et d’une éxécution diffi= cile. Il ÿ a bien plus long temps que l’on est géné- falement d’accord qu’il n’est guère d’étude plus à la portée des jeunes gens » Plusepropre à éxciter et à satisfaire leur curiosité ; à les intéresser > a leur ouvrir lPesprit, à agrandir, à rectitier leurs idées , que celle de Phistoire naturelle, particulièrement 4t4 Livres divers, celle du règne animal. Les bons ouvrages sur cette riche partie de nos connoissances , dont la France peut se glorifier , à ju:te titre, ue sont rien moins que des livres élémentaires; leur étendue, souvent la profondeur des raisonnemens , les détails des dis-. cussions qu’ils renferment , leur cüerté, le luxe ty= pographique qu’on leur a prodigué, ne permettent as de les employer à cette destination ; un autre côté, des abrégés qui ne peuvent guère offrir que des généralités tombent nécessairement dans la sé- cheresse , laissent d’immenses lacunes, et ne four- nissent qu’un très-petit nombre de planches, aux- quelles le bon marché que l’on cherche ne per- met pas de donner toute la perfection qui seroit si fort à désirer. L'Allemagne, si féconde en écrivains prefondé- ment instruiis , d’une exactitude scrupuleuse, et la borieux à un point dont on peut diflicilement se faire une idée, possède, depuis quelques années, un ouvrage qui remplit complétement tout ce qu’on eut désirer dans un livre élémentaire d’histoire na- turelle. On y trouve, outre une juste étendue qui tientle milieu entre les oùvrages volumineux et les stériles abrégés , clarté, aménité, intérêt, methode, heureux choix de tout ce que chaque objet , mis sous les yeux du lecteur, reuferme de plus essentiel , puisé et choisi avec goût et sagacité, dans une lecture immense ; réflexions courtes, mais toujours ten= dantes à fofmer le cœur et l’esprit; de fidelles et nombreuses représentations des animaux décrits ; dessinés, et ce qui en relève sur-tout le prix, enluminés d’après nature, le tout pour un prix dout on aura peine à concevoir l’extièmie médiocrité. Tel est l’ou- vrase dont M. Wilhelm, ministre du S. £. à Augs- bourg, est encore Journellement occupé à enrichir sa patrie, avec un Zèle et une exactitude au dessus de tout éloge, sous le titre modeste de Unterhaliun- gen aus der Natur-Geschichte ; R£CREATIONS Livres divers. 415 TIRÉES DE L'HISTOIRE NATURELLE (1). Le succès prodigieux dout cet ouvrage jouit en Allemagne, ne ‘permet pas de douter qu’une bonne traduction fran- çaise d’un ouvrage de ce mérile ne soit bien accueil- lie en France , et même dans les pays où le fran- çais est plus familier que l’allemand. Il a déjà paru de ces récréations deux volumes, qui traitent des quadrupèdes mammifères , avec 64 planches enlumines et deux élégans frontispices ; un volume d’amphibies, avec 40 planches enluminées et un frontispice ; deux volumes d’oiseaux, avec 90 planches enfuminées ei deux frontispices; le premier ei le second volume des insectes , avec 98 planches enluminées et deux frontispices ; il sort par demi- feuille, et il en paroît un troisième fort avancé, qui terminera cette classe. Le citoyen Haag de Bâle , qui entreprend la pu- blication de cette traduction française, s’est assuré d’un traducteur exercé, à qui les deux langues et l’histoire naturelle sont également famihières. L’au- teur s’est chargé d’ailleurs de repasser chaque feuille de la traduction, et d’en constater , par ce moyen, la fidélité; et la maison d’Augsbourg , qui fait im- primer l’original allemand , lui fourniraÿles mêmes planches pour l’édition française, soignées avec la même exactiluce. D'habiles inshituteurs, qui connoissent à fond la tournure d'esprit de la jeunesse , ont conseillé à l’édi- teur de commencer sa purlication par les volumes d'insectes, cette classe étant la plus nombreuse , la pius variee, la plus à la‘ portée des jeunes gens ; celle où ils pouriont le plus facilement se procurer des objets de comparaison entre la description et la chose (1) La traduction française de ce bon ouvrage a déjà été annoncée sous le titre d’Æntreliens sur l’histoire naturelle, Le mot allemand Ünter/ialtung , signifie également récréa- tions et entrelieus; mais en francars, des enuetiens supposent des interlocuteurs , et M. VVilueim n’en a point admis dans son ouvrage. 416 Livres divers. même, vérifier par eux-mêmes une grande partie des expériénces, et y puis r cet intérêt propre à les affec- tionner à ce genre de connoissances, à s’en faire une véritable récréation, un amusement qui, en les in- struisant ,et en les détournant de ceux qui ne sont que frivoles et trop souvent bien pis encore, les accoutu- mera à la jouissance des véritables, de ceux qui joi- gnent l’agréable à l’utile, Après la publication des trois volumes d'insectes, l’éditeur publiera successi- vement les Quadrupèdes, les Amplhibies, les Oi- seaux, et ce que l’auteur allemand fournira par la suite.[l annonce dans ie dernier prospectus qu’il vient de publier ,que son neuvième volume comprendra les poissous, et contiendra beaucoup de choses neuves et de frappantes pour la majeure partie des lecteurs, L'éditeur de la traduction française se propose de la publier par cahiers de huit demi-feuilles, ou quatre feuilles entières , et de livrer pour chaque demi-fruille une planche soigneusement gravée etenluminée, ainsi huit planches par cahier, dovt il en paroïñra au moins un tous les deux mois, et davantage par la suite si l'ouvrage obtient la vogue dont il a lieu de se flatter. On sera le maître de souscrire pour un volume à la fois seulement , sans rien payer à l'avance, l’éditear exigeant simplement qu’on s’engage à prendre les ca- biers suivans jusqu’à la fin du volume , engagement qu’on séra le maître de renouveler ou non pour cha= que volüme suivant. Le paiement doit être fait à la hvraison de chaque cahier, qui ne coûtera , comme allemand, que 1 liv. 16 sous de France, ou 48 creutzers , ainsi 4 sous 6 deniers la demi-feuille avec une planche enluiminée. Comme il y a des jeunes gens qui sont bien-aise de s’exercer à enluminer, d’après des modèles, on joindra pour ceux qui le désireront, à chaque planche eniuminée la même planche en noir, à raison d’un creutzer où 9 deniers la pièce, où 6 sous pour les huit planches uoires du cahier. Les libraires , ainsi que les cor missionnaires , obtiendront uu rabais qui se réglera par la correspondance. L’é- diteur 7 AE os Livres divers. 417 diteur ne se charge point du port, mais il emploi-ra tous les moyens qui pourront dépendre de lui pour le procurer au meilleur marché possible. Le public et sur-téut les amateurs d’histoire natu- relie, convieudront qu’il n’a point encore paru d’ou- vrage pareil et aussi bien exécuté, à un pr'x 51 :nodi- ge; et nulle autre maison que celle de Martin En gelbreciit à Augshourg, ne pourroit en fournir les planches, mêine pour le double. Le texte de la t'aduction f'ançaise s’imprimera chez Jacques Decker, à Bäle, sur le même papier, avec les mêmes caractères que le prospectus. PRhRYSIO0 LOG rx DIScOURS sur la douleur, prononcé à l'ouverture du cours d'anatomie et de chirurgie de l'hospice énéraldes malade: de Lyon, Le 2$ brumaire an 7, a commission administrative des hospices civils du canton de Lyon séante, eï en présence des autorités constituées, civiles et militaires, par MARC-A N- TOINE PETIT, docteur en médecine, etc. etc. in-%0, An 7. Prix, 1 franc 25 centimes, et 1 franc 5o centimes franc de port. À Paris, chez Fuchs, libraire, hôtel Cluny. Le citoyen Petit définit d’abord la douleur, ses cau-es externes et internes, ses effets sur les fluides et les solides; ce qui le conduit à une défisition de l’irritabilité et de la sensibilité , et à suivre la douleur dans les diff-rentes parties qu’elle affecte, et jusqu’au terme de l’exisience. Le citoyen Petit arle ensuite des movens de guérir la douleur, qui S’'afloiblit par son ex: ès; 1l finit par un passage sur l’u- tilité de la douleur,qui se réduit a ce vieil adage,gu”ul faut éprouver des peunes pour séntir Le plausir, et à quelques paradoxes de ce genre. Ce discours con- Tome FI. D d 418 Livres divers. tient beaucoup de faits et de détails piquans On aime à voir le citoyen Petit rechercher toutes les anec- dotes de l’histoire ancienne et moderne, qui peuvent lui servir de preuves et jeter de l’intérêt dans son ou- vrage : mais quoique Montague ait dit qu’une femme se soit fait écorcher pour avoir une peau plusfraiche, on n’aime point à voir un habile médecin adopterice conte inadmussible dans un ouvrage de physique. Nous avons vu avec peine aussi qu’il écrivit à chaque page Hyppocrate au lieu d’Hippocrate ; ce qui dé- figure tout à fait le nom du célèbre médecin de Cos. gens faute est d'autant moins pardonnable à un mé- ecin , qu’il doit être instruit des langues anciennes ; et si nous le relevons , c’est que le défaut des bonnes études fait aujourd’hui introduire dans notre langue, our les noms propres ou ceux tirés du grec et du Lie une orthographe qui fera : indubitablement perdre leur origine , nécessaire à conserver pour en sentir toutela force, et même pour en connoître la véritable acception. MÉDECINE. MEpDicINISCHE National Zeitung für Deutsch- land und die mit selbigem zunæchst verbunde- nem Staaten, c'est-à-dire, JOURNAL national de médecine, pour l'Allemagne et les états qui ont le lus de liaison avec ce pays. À Altenbourg, dans la librairie de Richter. Grand in-4°. Depuis le commencement de l’année 1798 :l en paroît chaque mois un cahier de 5 à 7 feuilles (1). Le ‘citoyen Sedillot, dans son Journal de la socuélé de médecine , et le citoyen Brevwrer, dans sa Biblio- thèque germanique medico-cherurgicale , en ont heureusement profités. On y trouve souvent des dis- sertations et des mémoires étendus et continués dans (x) On peut s’abonmer pour ce journal, à Paris, chez le citoyen Kœnig, libraire , quai des Augustins, n°, 18, moyen- nant 12 francs par an. + : Livres divers. 416 plusieurs numéros. C’est ainsi que, dans les cahiers d’octobre et de novembre 1798, on trouve une analyse très-étendue des deux premiers volumes de la nouvelle théorie d’un: pathogénie par M.Rœsch« laub, professeur de médecine à Bamberg. Le rédac teur fait de plus connoître les nouvelles découvertes dans l’art de guérir ( soit en médicamens ou machi- pes et instrumens de chirurgie et de pharmacie }, faites dans les différentes contrées de PEurope , qu’il extrait non-seulement'des journaux de médecine qui ÿ paroissent , mais qui lui sont encore indiquées par ses diflérens correspondans(2) : ceux-ci lui communi- quent aussi les observations qu’ils ont faites sur les maladies qu’ils tra tent dans le lieu de le::rdomiaile,ou : Ja topographie médicale de celui-ci1;c’esi ainsi que,dans + les deux cahiers cités, on trouve celle de Hambourg et de Sehwæbisch Germünd. Sans parier ici des détails curieux sur les efforts du professeur Junker à Halle, tendant à l’extirpation de la petite vérole, en employant contre elle les mêmes mesures de police qu’on emploie contre la peste (3), nous ajou= terons encore une notice que nous trouvons dans ce jourrral, à l’occasion du remède contre le mai de dents, indiqué par M. Hirsch , et dont nous avons parlé dans la IVe. année de ce journal, tom. 1V, pag. 366. » Ranters Gerbr, professeur de mathématiques à »' Pise, enrichit en 1794 la boiauique, en faisant » connoître une nouvelle plante, le carduus spino- » sussumus et lentomologie (4), par la description (2) Par exemple de l’huile d’olive, comme spécifique contre la peste. (3) Nous avons déjà parié ge ce projet philanthropique , pour equel s’intéress-nt beaucoup de médecins et d’houvues respectab es de l’Aliemagse, qui pour cet effet entreiennent uve correspondance particulière et très-suivie avee M. Jun- ker , qui rédige un journal articulier sur cet objet, intitulé ÆArchiv'wider die Pockennoth, Archives covtre l’épidémie de la petite vérole. , . (4) Storta nalurale di un nuoyo insetto, Florenz , 1794. 420 Livres divers. » » ÿ dun Curculio vivant dans la fleur de cette plante, et qu’il appela Curculio antiodontalgicus , à cause de ses vertus spécifiques contre les maux de dents. » Quant à [a manière d’administrer ce remède, voici comment M. Gerbi la décrit. On prend qua- torze à quinze de ces insectes, ou bien leurs larves ( quoiqu’une quaniité moins grande soil déjà suffi- sante ) ; on les écrase l’un après l’autre , entre le pouce et l’index ; on frotte éüsuite ces deux doigts Pur contre l’autre , jusqu’à ce que toute humidité ait disparu ; alors on touche de ces deux doigts la dent cariée , aussi près que possible de l’ouver- ture causée par la carie, Communément la dou-, leur diminue sensiblement sur le champ, et cesse tout à fait après quelques minutes ; quelquefois cependant elle ne cesse qu’après un intervalle de huit à dix minutes, et après avoir touché la dent trois ou quatre fois. Pour prévenir les reprises du mal de dents, il faut toucher la dent encore deux ou trois fois après la cessation entière de la dou- leur. Souvent on sent dans la dent ou dans les doigts, une espèce de châtouillement qui annonce que la douleur va cesser. Quelqnuefois les douleurs reviennent après un intervaile plus ou moins long ; mais on les guérit alors promptement, en em- ployant le même remède. Le cas étoit ext:ême- ment rare, où M. Gerbi ne pouvoit plus faire passer les maux après la cinquième ou sixième sechute. Lorsque iles doigts sont ainsi préparés, i's gardent leur vertu antiodontalsique pendant une ennée entière ; elle ne diminue que par le nombre des dents qu’on a touchées et guéries. Au lieu des doigts on peut aussi em Royer un morceau de peau de chamois préparé de la même manière, ét qui peut ser. ir cinq à six fois avant de perdre sa force. » M. Gerbi avoit guéri le mal de dents six cent neuf fois par ce remède, qui n’avoit été sans succès que lorsque la carie des dents provenoit d’un défaut général du corps, que la douleur avoit duré long- Do) » D) » Livres divers. 421 temps et avec violence, qu’elle embrassoit plu sieurs dents, ouqu’elle provenoit d’une trcp grande affluence des huineurs et d’une inflammation de la gencive, » Dans la suite on a découvert encore d’autres insectes qui ont la propriété de guérir le mal de dents : tels sont les larves qu’on trouve dans le Carduus hæmorrhoidalis , quelques - unes de celles qui sont dans les artichauts , le curculio Jaceéæ , le carabus chrysocephalus , et le cur- Culuo Bacchäs , que quelques cultivateurs de la Toscane employoient déja depuis long - temps Comme un remède contre le mal de dents. » Mais quoiqu’on ne puisse pas refuser à M. Gerbi le mérite d’avoir le premier fait connoître ce re. mède d’une manière déterminée, il n’a-oit ce- pendant rien d’inoui; car dans l’hcstoire d’un voyage aux Îles malounes , fait en 1763 et 1764, par Dom Pernetty , vol. II, pag. 284 de l’édition de Paris, on récommande dans la re- celle de quelques remèdes donnée à l’auteur par Le gardien des Cordeliers de Monte- Video $ le suivant. Il consiste à prendre un ceriain vers ( on ne le détermine pas plus exactement ) qu’on trouve presque toujours dans le dipsaeus fullo- num lorsqu'il est mûr, de le frotter entre le pouce et l'index, et d’en toucher alors la dent souf- frante. Cette notice cependant n’excita point l’at- teution des médecins de l'Europe, et on ne la rappela que comme curiosité historique lorsque M. Gerbi publia son nouveau reinède. » Depuis ce temps on publia dans le journal de Brugnatelli (5), les essais de ce genre faits par le docteur Giovachiro Carradori , dans la ville de Prato , où cette propriété de quelques insectes étoit déja conuue, Un cértain Luigr Marc pré- tend qu’en accumulant avec deux doigts une dou- zaine de ces insectes, ces doigts couséervent peu- (5) Giornale fisieo medico ; 1794 , 1. I. ) L d 3 422 Livres divers. » dant une année entière la propriété de guérir les » maux de dents, quoiqu'il se lave les mains tous » les jours. L'auteur de cette notice assure de plus » qu’en tenant pendant quelques minuies le carabus » chrysocephalus entre le pouce et l’index, et en » touchant ensuite la dent et la gencive malades de » ces denx doigts, on est sûr de guérir le mal. Au » cas que la douleur ne cesse pas la première fois, il » faut essuyer les doigts, toucher de nouveau Pin- » secte et la dent, et continuer ainsi jusqu’à ce que » les douleurs cessent, On aeucore fait des essais avec » d’autres insectes, tels que le carabus ÿferrugi- » neus Fabriciw, la coccinella septempuncta- » 1@ (6) et bipunctata , la chrysomela populs et » sanguinolenta, qui tous ont donné des résultats > très-favorables. I! paroît donc que plusieurs co- » leoplères possèdent cette propriété singulière. » Selon Corradort , les cantharides la possèdent » aussi dans un haut degré. On en touche la dent » cariée , mais non pas la gencive, parce qu’alors » elles agiroient comme vésicatoires. En peu de mi- » nutes la douleur a disparu. Ces mêmes cantharides »-cependant n° guérissent pas ce mal lorsqu'on ne » fait que les tenir entre les doigts, et qu’on touche >» la dent avec ceux-ci. Ge remède à toujours un bon » succes , excepté lorsque la gencive est fortement » enflammée. » Nous troyons sunerflu de parler encore de lutilité de ce journal pour ceux qui s'occupent de Part de guéitr. Sans doute la langue dans laquelie il est écrit est éirangère à beaucoup de cetie classe respectable de nos concitoyens; cependant il est bien constaté que cette même langue allemande devient tous les jours plus nécessaire à tous*ceux qui s'occupent de quelque science que ce soit, par le grand nombre d’ouvrages utiles qui sont publiés chaque année dans (6) Ce n’est que sur cet insecte que M. Hirsch a fait les essais dont il a été si content. Voy. Magasin encyélopédique , aon, iV ,t. IV, pag. 386. à Livres divers. 423 cet idiôme , et dont quelques-uns de nos jaurnaux peuvent bien donner des extraits, mais qu’il, sera toujours nécessaire de lire et consulter dans la fangue originale, lorsqu'on veut véritablement en profiter, Sèus doute il viendra un jour, le temps où l’on aura soin d’en faire entrer l’enseignement dans le plan de Vinstruction publique ; car ce n’est que dans la jeu- nesse, où la mémoire est encore susceptible de re- tenir facilement des mots avec lesquels il est impos- sible de se familiariser , sur-tout dans une langue dont les difficultés principales consistent moins dans la grammaire , que dans les mots nouveaux; et comme le citoyen L:lande l’a très-bien dit : à l’âge de 60 ans il est très-difficile de se meubier la mémoire, d’autant de mots qu'il faut en savoir pour lire un peu couramment un ouvrage écrit dans une langue qui wa point ou peu de rapport avec celles qu’on sait déjà. THÉATRE. THÉATRE ALLEMAND, ou RECUEIL choist des Pièces qui ont paru avec succès depuis vingt ans, sux les principaux théâtres de l’ Allemagne ; tra- duit par J. N.F. LAMARTELIERE, auteur de Robert, chef de brigands, et d’autres ouvrages dramatiques. À Paris, fiter dans les loges du Vatican : de là il vient aux représentations de caractère , qui doivent être placées au dessus des représentations historiques ; 1l - passe en revue l'Ecole d’ Athènes, le bas-relief du célèbre vase de Medicis dans la galerie de Flo- rence , et plusieurs portraits peints par RÉ 4PHAEL et -par Trrren. Il parle enfin des représentations my- thiques et allégoriques , de lAurore de Gurpo RHEnr, dans le palais Rospigliosi à Rome; de Yé- nus endormie, entourée de petits Amours, chef- d'œuvre d'HANNIBALz CARRACHE , dans la galerie de Capo di Monte à Naples; du peu qui nous reste dans ce genre de l’antiquité , tels que plusieurs pein- tures à Portici ; le srouppe agréable de Cupidon el de Psyché , l'Amour avec les dépouilles d’Her- | cule , etc. de allusion et de ses différens motifs, des représentations symboliques , du cercle des diffé- rentes divinités chez les anciens, des symboles que les modernes ont adoptés pour caractériser leurs fi gures, enfin desfautes qu’ils ont cominises à ce sujet. Dans la continuation de ce morceau, qui se trouve dans le second numéro , et qui traite sur-tout des sujets ndifférens et contraures à la belle représen- tation , Pauteur suit la même méthode ; il indique les différentes classes de ces sujets ingrats, tels que les images mystiques , les représentations pompeu- ses , les portrauts , les paysages , eic. Il cite plus sieurs ouvrages conous dans chacune de ces classes, et fait voir pourquoi ces sujets ne sont pas heureux. Un autre morceau intitulé De La vérité et de La vraisemblance dans les ouvrages de l’art; est up entretien entre deux personnes, à l’occasion d’une décoration exécutée dans: un théâtre allemand qui représenioit un édifice ovale, en forme d’ampihithcä- tre, dans les loges duquel on a figuré beaucoup de Spectateurs, comme s'ils prenoient part à ce qui s€ passe en bas. Plusienrs véritables spectateurs ont dés- äpprouvé qu’on prétendit leur faire une illusion si peu vraisemblable : c’est là le sentiment d’un des ’* 428 Livres divers. deux interlocnteurs; l’autre prend le parti du déco- rateur. | Dans le premier numéro on trouve encore deux! lettres intéressantes sur {es monumens étrusqueés , | Pune sur Les restes de l’arë. plastique, l’autre sur! Les restes d'architecture dans ce pays ; l’auteur les! décrit. | | Il montre la différence entre les monumens étruss ques et les monumens grecs anciens , l’affinité des | ouvrages de ces deux peuples; affinité qui céssa bien- tôt, puisque le goût des Grecs se formoit , et que les Etrusques restoïent en arrièré, et conservoient un caractère triste et lourd. | Ce premiér numéro est terminé par uu article ex- cellent sur Raphaël et ses ouvrages, sur-tout sur ceux qui sont au Vatican (3). Le but de l’auteur n’est pas de donner la description de ces ouvrages, mais de. développer par ces mêmes ouvrages l'esprit et le ca= racière de ce grand maître, et de le suivre dans la manière dont il s’est formé, Après avoir parcouru ses différens ouvrages, il parle de l’envention , dé la disposition, de Pexpression, du dessin ÿ du coloris, de effet des masses , de la lumuère , des draperies et des parties d’une beauté particu- lière que le jeune artiste devroit étudier, enfin des gravures d’après les ouvrages de R4PHAEL. Outre les articles qui ne sont que la contiauation de morceaux insérés dans le premier numéro, lé second en contient encore deux autres : l’un est la | traduction du premier chapitre de PÆssai de Dr= DEROT sur la peinture , où M. Goethe discute dans des notes fort intéressantes les opinions de Diderot, 4 qui différent fort souvent des siennes : ce morceau, . ui n’est guère susceptible d’être analysé, mérite d’être lu et médité par tous les artistes et par tous ceux qui s'intéressent aux arts. L'autre article traite dé L@ gravure en bous, à l’occasion des nouveaux fra- vaux que deux Auoiais, Bewsk et Anderson, ont (3) La fin de cet article se trouve au second numéro. Livres divers. 429 entrepris. dans ce genre, avec beaucoup de succès. L'auteur fait voir quel est le caractère particulier de la gravure en cuivre et de la gravure en bois; que cette dernière doit se contenter de figurer le carac- tère des objets, sans vouloir imiter la gravure en cuivre, dont le but est de figurer les objets d’une manière agréable et de les enibellir , et 1l montre que dès que la gravure en bois a voulu imiter la gravure en cuivre , elle a dégénéré, et a causé par là même sa décadence. Nous engageons les amis des lettres et des arts à Souscrire pour cet excellent journal. Nous indiquerons de même ce que contiendront les autres numéros, à mesure que nous les recevrons. MÉLANGES. LES SOIRÉES IITTÉRAIRES ou MÉIANGES de traductions nouvelles des plus beaux morceaux de l'antiquité ; de pièces instructives et amusantes, tant françaises qu'étrangères, qui sont tombées dans l'oubli; de productions, soët en vers , soit en prose ; qui paroissent pour la première fois en pu- ic ; d'anecdotes sur Les auïeurs et sur leurs écrits , etc. tom.XTI et XIT,A Faris,chez Honnert, rue du Colombier , n°. 1160. An. Prix, 5 francs. Dans le XIIme, vol. le C. Coupé donne une tra- duction nouveile des trois premieres odes néméennes de Pindare ; précédée d’une notice abrégée sur les jeux néméens et leur institution ; une noti e bio- graphique de 7o pages sur Hugues Grotius , sui- vie de la traduction d’une de ses pièces de vers la- tius, intitulée / Anneau d'Abraham Gorlée ; une notice sur le livre latin de Guillaume Sossus de Benecare , intitulé de Numine historiæ , où de la Divinité de l’histoire. Ce livre, qui est écrit en forme de dialogue entre deux savans, Apollo:ore et Théo phane, fut imprimé à Paris, chez Denis Lan: lois en 1632. L'auteur , qui , selon la préface de ce livre, 430 Livres divers. avoit composé encore plusieurs autres ouvrages la- tins, vivoit sous Henri IV : on ignore l’état qu’il occupoit ; mais, quel qu’il fût , il pensoit comme beaucoup de savans, ef nommément Bossuet , que l'étude de Phistoire est la plus belle partie de la litiérature.-Une notice sur différens bommes de lettres , qui ont porlé le nom d’Arétén , et prin- cipalement sur Léonard Ærétin, qui se nommoit Brunus , et qui florissoit dans le quinzième siècle. Le Pogse et Falla le mettent au dessus de tous ses contemporains ,; par son savoir et par son éloquence. Il a traduit du. grec en latin les Wies paraltèles de Plutarque : 11 composa l’histoire de florence et celle des Goths, avec plusieurs autres uvraocs ; mais ce qu'il nous a laissé de plus ins- tructif et de plus piquant, ce sont ses lettres latines, dont le citover Coupé donne quelques extraits... Dans la petite notice sus le Béguinage ; extraite du latin de Jean van Waësberghe , Bruxelles, 1627, le ci- ioyen Coupé donne quelques renseignemens curieux « sur les bonnes béouine: , autrefois très-connues en Flandres, qui, selon lexpression d’Erasme, wé- toient-ni chair , ni poisson , c’est-à-dire, ni re- ligicuses , ni femmes du monde, imais q'i cepen- » dant vivoient en communauté : elles n'avoient pas seulement une conduite dévote et réglée , mais elles donvoient encore des lecons de vertu aux- pauvres filles qu’elles élevoient gratuitement ; celles qui donnoient le moindre scanuale étoient ren- voyeés; les corps municipaux avoient linspection sur ces maisons et sur les biens qui leur appar- tenoient ; elles se faisoient respecter par-tout , sans s’interdire les plaisirs honnêtes , puisqu'elles se permeitoient jusqu’à la danse. Elles ont eu long- temps à Paris une maison auprès d’une porte de la ville, appelée depuis, par cette raison, la porte des Bégumnes. C’éloit depuis le couvent de Ave Maria , au haut de la rue Montagne Saintes Géneviève. Quant à l’origine du nom de Bésurnes , les uns le derivent de Begga , fondatrice du pre >» > Livres divers. A3£ » mier béguinage ou tmaison de béguines, à Liéce, » vers l’an 57o. Le mot de béguines s’appliquoit quel- » quefois à toutes les religieuses, aux vieilles filles, « aux dévotes, à celles qui avoient peu d’esprit. » Tout dégénère ; aussi ce mot de béguine , autre- » fois fort respectable , s’est dégradé et avili avec le » temps ,comme toutes les choses de ce monde. » L'article suivant est une notice curieuse sur le grand ouvrage latin d’astrologie de Jean Tasÿnre- rius , né à Aath en Hainault , qui avoit été pré- cepteur des pages de Charles-Quint , et avoit suivi cet empereur dans son expédition de Tunis, en qua- lité de chapelain et de musieien. Après différens \voyages en Asie et en Afrique , il revint en Eu- rope , et enscigna les mathématiques avec beaucoup de succès à Rome et dans plusieurs autres villes de l'Italie ; ensuite il se fixa à Cologne, où il dirigeoit la musique de l’électeur. Il revint enfin aux foyers de ses pères, où il s’occupa de recherches utiles, et composa plusieurs ouvrages intéressans ; mais dans sa vieillesse il se livra à la vaine science de prédire la destinée des hommes par les seuls linéamens des mains 5, c’est alors que ce Jean T'aisnier, qui avoit charmé les plus beaux génies de l’Europe et de PItalie, qui étoit à la fois un grand philosophe , un jurisconsulte célèbre, un poëte lauréat, un musi- cien supérieur, un peintre distingué , n’attira plus . autour de lui que des ignorans et dés femmes cré- dules qui venoient le consulter en bonne fortune, comme on consulte le sorcier. C’est dans ee temps qu’il composa ce livre dont le citoyen Coupé a donné un extrait fort piquant ; il a paru sous le titre d’'Opus mathematicum octo Libros complec- tens, autore Joanne Taisnuerco. Coionitæ Agrip- pinæ , 1562 , avec des figures sans nombre, re- présentant les principaux traits des mains et de la physionomie, pour connoître les différens caractères des hommes et des femmes. Le citoyen Coupé donne ensuite une notice du se Se a ce x | ’ ue Ds 432 Livres divers. poëme latin de Pandore par Jan Olivier, évêque d'Angers, imprimé à Paris en 1542... Une no!ice sur le jésuite Prerre Juste Sautel , né à Valence eu Dauphiné, Pan 1613 , et sur ses po‘sivs, dont il a ajouté la traduciion de plusieurs... Sur les nor-- sieslatinesde Jotus «t d’ Hercule Strozcou Strozz, péreiet fs, deux savans, nésà Ferrare dans le cou- rant du quinzième siècle, et qui descendoient de cette ancienne et bniliante maison de Strozzi, qui donns des héros à l’Itahe moderne, et un iliusire mareclal de France à nos ancêtres. À cette occa- casion le c'toyen Coupé parle encore de plusieurs autres personnages celebres de cette famille , noin- menment de Quric, Laurence , de deux Philispes, Pierre-Madeieine et du maréchal de Sirozzi.… Notice sur les poé.ies latines de quelques jésuites, intitulees Varia carmina. Paris, chez Bénard, 1696, tra= duites eu.exiraits… Portrait historique de Guil- laüume-le- Bâtaid ou le Conquérant.…. Sur le droit des foux et des furieux , ou extiait de l’ouvrage latin inttuie Hypotyposis , sive summarta deic- neatio Juris furcosorun singularis , operà et studio Joanns-Andreæ Fromanni. C'birgen- Ses. Strasbourg, 1656... Enfin, un fait historique: du temps des malhcureuses guerres des Guelphes : et des Gibelins. Le volume est terminé comme à l'ordinaire , par des a :nonce: d’onvrages nouv'aux, Le treizème volume contient toutes les poésies : grecques du genre pastoral ; elles sont déja connues par beaucoup de traductions. Nous répéterons que le citoyen Coupé se renüiroit plus utile en se bor- nant aux ec:ivains du moyen âge, qui lui offrent un cercle assez éteudu à parcourir. ANNONCES Disser TATION ee sur la nÉbitiondes | | fatus, considérés dans les mammiferes et dans les NL oiseaux, par J. B, F. LEVPIILÉ, membre des sociétés de médecine, médicinale, d'émulation, phi- _lomatique et ‘d'histoire naturelle de Paris, et de celle d' agriculture du département de la Nièvre, | et de celle de médecine, chirurgie et pharmacie de + Bruxelles, etc. De l'imprimerie de Crapelet, À * Paris, chez Villier, Jibraire, rue des Mathurins, ER) n°, SD An 7. Prix, I rene 20 centimes, = Le Noursav MAC aies DES MoDERNEs, comédie en un actej et er proses mêlée de vaude- ‘villes, représentée. pour la première: fois sur le - “éhdètre du Vaudeville, le 18 frimaire an 9. Prix, x franc 50 centimes , avec seize airs fotés. A Paris, | ” chez le libraire du théâtre du Vaudeville, rue de. : Malte, et à son imprimerie, rue des Droite de * l'Homme, . 44. An 7. . Table des arts contenus dans ce numéros pe Due nu: de noyer lesrcQur: rte national: Je 400 y imek be Manon ire lesGrecs| Prix: de \Mécole 11h “FAIT modernes, ‘ete. | à 280. d'ATfortii A 405 a BOTANIQUE. LE PE NÉE Où SEE à La +406 en EH. A. Schrader: Nova Le Présersalif centre. d'incendie. | Aa 148 SE Re à des dprpraiene de ter RULES Hi TO LINE RARE EU 1b ini “tt À, L. Millin., Antiquités, na NT US Poursin. “49 | tionaless etc, DEN Aa DANS 321 p ort de, Pastronome ne Langlès. Histoire de Ja mos | nier. NAS ste .quée du Caire, |: 10,838] La dupe! d! toismême 21160 ETES ARCA MOGRATHIE. “ dié du théâtie Louvots. pr ex HUE Moisson: Notice, sur quelques 4 toul péché miséricorde, pa Enscriplions A Len « &{ rodie de Misanthropie. gl, eu fe LD Meyeur, 1) SAT penhir , aù Pauderille, L409 | LA: Bro6caAr" x Œ. + F'autéur, dans son. indrage,. ue 132 .B. GC: Graiaville.‘#loge historique de, Dom Alonso). 4 À de Herr tas Auris 345 Ÿ ES EUR MEANS y atomologie. : Fe te "D nouveau diable boitenr; 357 M; VV TH La, Hécréations fe NE Ue VARIÉTÉS! NouvELLEs. ET | nés del re ire naturelle, #3 à Lo CORRESPONDANCE LIT. RARE hysiologie: ve |: Sur\uneé opinion de Fanhel- M: A. Petit Disoburs’ sûr de. . mont.et Boyle; ete. R daulaur >: VU ES PE TA ÊReE re dd as SANARERE SAR * À 8 Lives Dry sn x ‘#4 Sur une anécdvie rapportée par édecine..” AR Canon Ti ei 330: Megibinisohe. Nat 2 à Qpus aualogicum, de E. Hoo- Mt es Li: { geveen. ST Théâtre. nie : Au + Journal: philosophique. 384! 3. EH F. em ie FA à Nominations de l'Institut: 385 tre allemand API À 433 | . Fauteuil de Molière, 1387) 477 CHORALE Pa Coneours. de peinture ‘et dei A. JN. Lallemant. Marie et sculpiure, :: LA EDS Caroline. sn | 424 Le Trésor y arleguinade en un. 2 ARR RS su à acte, au Waudevilie, ‘ibid; Goethe. \Piopylæen ; ete. DA nt | re d'érnitaiton de Fosse. 5 UN Mélanges... : Ra ee ar A RAR à ki Le) Pas LA V ta On prie les Tee aires qui Ébadiet des. ré es pour les re : noneer. ; 4 en More tou ours le es NS HLR Loi : ÎLES ndUtÉ et les Does qui MT Ore pare Maur Fe Îles oùprages qu ils publient dans quelqués-uns des meilleurs "1 journaux de l’Allèmagne peuvent en adresser un ETemE) À Va plaire au citoyen Fuchs » que $es relahons apeo VAE + ne mettent à mémeide les faire parvenir à un: ane de lines à connu : qui les # Are Las | . LE #i " k, To £ { qe " 1 la pie da ous 7. set “ F Fu à é; une on - pe Enr es PTE arte des arts ou M à re es . ca terre Le ‘. ge, Mo LLET, RE F ou Boéber, Mon Ta LÉGER : “a à > LÉYRILLÉ QOUST ue At.) NE RS ENE T RaN à Yawias de R, : VISconTr, ». }. éipaux ouvrages nationaux : ‘on s'attache e surtôut à :v7 #7 en donner une analysesexactes et à E en roîtré HEAR À Le | ; F. ph promptement possible: ai rès leur. publie cation. ue ss à y.denne une notice des meill eurs écrits i npr rimés | se aa $ OSONS conjurer ce savant et respectable 1 instituteur, (que Puniversité de Leyde viert de tenter inutilement d’enlever à lillustre Athénée d’Amster- dam, ) de ne pas tarder à remplir à cet égard les enga- gemens qu'ila pris, et de faire de cette continua- tion un des premiers sujets de ses travaux , aussitôt que sa commission à Paris pour les poids et mesures étant expirée, il se verra rendu à ses foyers. L’au- D teur des Élémens de Physique, qui font le sujet de Tome FL. Ee % . 434 Physique expérimentale. cet article, élève et ami de Van Swinden; exprime dans sa préface le même vœu. Il à cru se rendre spécialement utile à ses compatriotes, en écrivant dans sa langue maternelle. Une infinité de personnes cultivent en Hollande, soit la physique , soit lhis- toire naturelle, sans avoir recu une éducation lettrée; c’est pour elles un agréable délassement des soins du commerce, Un luxe bien irréprochable sans doute, les porte à former des collections et des cabinets ; aucun pays de lPEurope n'offre peut- être autant d'exemples de ce noble emploi de l’aisance. Ecoutons le cit. Van Bemmelen lui-même expo- sant les motifs et le plan de son entreprise : « La “raison pour laquelle j’ai donné à cet ouvrage lé «titre d'Élémens de Physique Expérimentale , n’est « pas que j’aie entendu séparer la physique des « sciences exactes , ét que je ne veuille pas y appli- « quer les démonstrations mathématiques ; je n’aime “au contraire rien tant, et je suis constamment “cette méthode dans mes cours. Mais, considérant « que ce geure de démonstrations se trouve abon- « damment ailleurs, et que , par leur nature même, « elles sont constantes et invariables, j'ai cru que la « répétition en seroit inutile. Je les ai d’ailleurs em- « ployées en grande partie dans mon Zntroduction « à l’'Hydraulique. Je n’en ai pas moins consigné dans «ces Elémens les propositions essentielles, fondées «sur la géométrie , afin de présenter un systême « plus complet. » L'auteur regrette de n’avoir pu employer le sc= | Lac Elémens. : 435 eours des planches pour expliquer ses démonstra- tions ; son ouvrage en seroit devenu trop volumineux et trop coûteux. « D'ailleurs, dit-il, j'ai suppléé “à ce défaut de planches le mieux qu’il m’a été « possible, en citant avec exactitude les ouvrages où «il s’en trouve, qui sont les plus répandus chez “ NOUS : savoir ceux de s’Gravesande , de Musschen- « broek , de Desaguliers , de Nollet , de Sigaud et.de « Brisson. J'ai hasardé de m’écarter plus ou moins « de la route commune dans l’ordre que j'ai adopté. « J'ai d’abord, par forme d'introduction , présenté le « plus succinctement que j’ai pu, les principes chi- “ miques les plus essentiels à connaître dans l’état “ actuel de la physique expérimentale. Après avoir “ considéré les différens attributs généraux de la « matière , je l’ai envisagée ensuite dans ses divers « états de solide, de fluide, d’aëriforme et -d’élas= “ tique. Cette méthode me semble la plus régulière « pour la marche de l'instruction. D’après ces états « différens, la physique observe, 1.° Les COrps s0= « lides, leur état de mouvement et d'équilibre, et « l’étendue de leurs forces ; 2° Les corps fluides, « autant qu’ils ne possèdent dans cet état aucune « élasticité , ou qu’une élasticité très-faible, et cela «sous les mêmes rapports que les corps solides ; “ 3.° Les substances fluides élastiques ; ce qui con- « duit à s’occuper des différentes propriétés de l'air « athmosphérique, des fluides aëriformes ou gaz, “ de la vapeur aqueuse, du feu, de la lumière et « du fluide électrique ; et enfin elle applique ses re- « cherches à l’athmosphère et à ses météores, » E e 3 v ns 436 Physique expérimentale. L’avant- propos du cit. V. B!'offre encore quel ques autres avis préalables sur la marche qu’il a suivie; il le términe en exposant pourquoi, à la suite de la plupart des chapitres , il a réuni un certain nombre de corollaires } qui ne sont autre chose que l'application de sa doctrine à différens phénomènes naturels , ou à différens procédés des manufactures et dés arts. Un ouvrage de cette nature n’est guère susceptible d'extrait, nous nous bornons à présenter à nos lec= teurs le sommaire des chapitres. Le voici: | LUNET ROUE CT EH ON. CE. I. De la Physique en général. IL. De la composition et de la décomposition des corps. 4. At< traction de cohérence. Attraction de composition ou d’affinité* b. Analyse, dissolution, précipitation, évaporation , distillation, combustion , sublimation. | EL. Des principes simples et de leur composition. 4. Terres ; corps combustibles, alkalis. 8. Chaux métalliques (ou oxydes), acides, sels neutres, huiles, esprits, alcohol et! æther. LL EN RS RS CERN ONEOT EUR: PHYSIQUE GÉNÉRALE. Ca. 1. Des propriétés générales des corps. Etendue, impénétras bilité, divisihilité, porosité, densité, mobilité, inertie, gravité, attraction. ET. De l’état fixe, fluide, aëriforme ou élastique des corps. VE LV RE “S'E GLO”NID: THÉORIE DU MOUVEMENT. Cx. I. Du mouvement en général. Il, Du mouvement uniforme. Rapports de la célérité et de la quantité du mouvement LIT. Du mouvement composé uniforme. Equilibre, composition. €t décomposition de forces. re 2 Elémens 2726 5e 438 HV. Du mouvement varié. Mouvement uniformément accéléré mouvement uniformément retardé. Descente sur des plans in- "2 clinés, descente sur des lignes courbes. V. Du centre de gravité. Moyens de le trouver: Mouvement … de rotation, «+ ‘ : de + rs V1. Du mouvement rçctiligne et nl en général. VII. Du mouvement du pendule. Péodulé simple, - pendule come. posé. VUI. Du mouvement des corps projectés. , : IX. Du mouvement par des forces centrales. Célérité, ‘force, © forces relatives, ou rapport des l'orces entre elles! —"Le dérnier F + corollaire de ce chapitre roule sur la fixation uniforme des poids et mesures, objet important , qui fixe aujourd’hui l'attention .des géomètres les plus distingués de l'Europe, et sur lequel- ” l’illustre batave Huyghens avoit déja porté la sienne, et iv des idées lumineuses } il y a plus d’un siècle, Le cit. V. B. mérite des éloges et des encou- ragemens. Nous ne doutons pas que l'accueil fait à ce volume , ne l’engage à en publier la suite dans. le moindre délai. | P. H, M. Ee 3 BOTANIQUE. SUR LE PALzLMIrER Doum; par J. J. VIREFr, du Val-de-Grâce. Dis les déserts de la ThébaïdeoulaHaute-Ægypte, en trouve une singulière espèce de palmier. Contre ordinaire des autres végétaux de cette belle famille» elle paroît être perpétuellement dichotôme (1). On sait que la tige des palmiers, que Linné appelle caudex (2) et stipes (3) en parlant de la partie supé- rieure , est simple , en exceptant toutefois les va- riétés produites par des accidens extraordinaires 3 tels paroiïssent être les exemples dont parlent Kæmpfer et J’an-Rhéede etc. : aussi cette conformation sort de la règle générale qu’on observe dans les végétaux monocotylédones , chez lesquels la tige est rarement multifide, comme le citoyen Dodfonrdttes vient de le faire voir (4). Cette espèce de palmier , appelé Dom ou Doum par les naturels de la Thébaïde, n'a pas été inconnue aux anciens , puisque Dioscoride en a parlé; mais sa description est incomplète, comme celles des autres plantes dont il a fait mention. J’aitrouvé que le célèbre voyageur Richard Pockocke (x) Richard Pockocke, Travels, etc., boockI, p. 281, fig. {2) Philosoph. botan. edit. Hilidenow, p. 38. (3) Ibid. p. 43. (4) Mém. de l’Institut, Scienc. Physiq. — et Journal de Physiq: pluviôse, au =. Botanique. Palmier. 439 Y'avait vu , et assez bien observé (5). Il en a fait graver la figure par illustre botaniste £hret (6). Le Doum ressemble assez par son feuillage au coryphæ umbraculifera Y. ; aussi l’a-t-on confondu avec le palmier du Brésil et le codda-panna des Indes orien- tales décrit dans l’Hortus malabaricus. Nous trouvons la description de son fruit dans Pockocke et dans le voyage en Palæstine d’Hasselquist. Ces fleurs ne sont pas bien connues encore. Il ne paroît pas cependant que ce dernier botaniste en ait fait une espèce par- ticulière. Shaw (7) l’a confondu avec le ciamærops humilis L. quoiqu'il en diffère par son tronc et par ses feuilles; celles-ci présentent entre chaque digi- tation une sorte de filet, et leur pétiole est épineux. Nous n’avons pas encore une exacte description de la fleur de ce palmier. Le citoyen Delile, bo- taniste de l’expédition en Ægypte, a décrit le Doum : et nous attendons encore sa description. On trouve dans la Flora ægyptio-arabica de Fors- kähl , (8) qu'il a fait mention de ce palmier ; mais il le donne sous le nom de Borassus Flabelliformis L, Vahl et le citoyen Desfontaines n’en ont pas parlé. Je pense que cette espèce , dont la seule patrie paroît être laHaute-Ægypte ; (Thebaïs), ce qui lui a mérité le nom de Coryphathebaica , d’apres Pockocke (5) Travels into the earth, boock I. London, in-fol. 1"43, p. 205 ct 28r. (Tome II, Traduct. francoise , ën-12, p. 148, etc.) . Son fruit est une noix. (6) P. 280 et 28r, figures. (7) Travels, etc. boock IX, p. 196. N.° 143. (8) Pag. LXXVIIL Flora ægyptiaca, sans description. Ee 4 440 Botanique. Pabnier. ve ét Ehret , doit étre regardée comme nouvelle, soit qu’elle forme un genre particulier , soit qu elle se range sous ceux qui sont établis. Linné n’en a pas eu uue description complète , puisqu'il n’en dit rien dans son Systema vegetabilium. Elle n’existe pas dans l'édition de Murray , ni dans celle de J. Frider. Gmelin (o). Il n’est pas inutile d’observer ici, que la famille des palmiers, est une des moins avancées de la bo- tanique. Il est difficile, en effet, de se procurer les organes de la fructification de ces végétaux exotiques. Les manuscrits du P. Plumier offrent des des- criptions de palmiers américains , qui ne sont pas en- core publiées, faute d’être complètes (10). J’ai vu qu’on envoyoit la salsepareille du commerce ( Smilaæ Sarsaparilla L. ) enveloppée dans les feuilles d’une espèce de cocotier que ce naturaliste français a nommé Palma humilis coccifera latifolia minor. C'est aux botanistes espagnols de ces pays (11) à nous les faire mieux connoître. Il y a peu de végétaux aussi utiles à l’homme que ceux qui nous sont offerts par cette famille intéressante. (o) J'ai fait part de ceci au C. Ventenat ; je ne doute pas qu'il ren fasse un usage utile pour l’avancement de la science, dont ïà est autant le favori que l’amant. : (ro) Le C. Jussieu en est possesseur. (1x) L'Amérique méridionale, etc. ; aussi la Caroline. POSER # 4 \ “ . 1 | # 2 - nr DEC TNT ANALECTA Historica in Medicinam … Ebracorum. — RECHERCHES historiques sur la Médecine des Hébreux, défendues - par MEYER LEWIN, sous la présidence de M. CURTIUS SPRENGEL, le 19 n0- ‘ vembre 1798, pour obtenir le grade de docteur. À Halle, z1-8.° de 60 pages. Novs avons déja eu occasion de faire connoître un ouvrage important de M. Sprengel, ses Anti- quités Botaniques dont nous avons donné un extrait étendu (1). Nous en publierons un autre d’un ouvrage du même auteur, son Histoire de la mé- decine qu’on peut citer comme un chef-d'œuvre én son genre, et qui est d’un extrême intérêt par les lumières qu’il répand sur l’histoire de la philo- -sophie, celle de l’histoire-naturelle et de toutes les sciences physiques. Celui que nous annoncons n’est qu’un préliminaire d’un travail plus étendu qui sera inséré dans la nouvelle édition de cet ouvrage que ce savant prépare. | * Plusieurs auteurs se sont occupés de l’histoire de la médecine chez les Hébreux, mais ils se sont plutôt livrés à des recherches 6t à des descriptions des ma- ladies bibliques, qu'à l’histoire de l’art lui-même chez ce peuple. On trouve peu de documens sur la u (1) Année IV, tome IL, pag: 29. — APTE) 442 Médecine. médecine des Hébreux dans les histoires de Ja mé decine, par Rey , Freind, et Black; et M. Sprengel lui-même, dans son histoire générale de cette sciences Quelques-uns sont épars dans son chapitre de la Médecine des Æ gyptiens ; , et dans celui de la Méde- cine des Orientaux. Nous invitons tous les amateurs de la belle litté- rature , tous ceux qui aiment l'exactitude dans les recherches, la justesse dans les conséquences et les résultats, à lire cette courte dissertation qui con- tient les détails les plus curieux sur l’histoire de la religion juive, et de quelques dogmes théologiques ; et comme il est difficile de se la procurer , nous allons en donner une analyse assez étendue pour la faire bien connoître. Les sectes des nouveaux platoniciens et de Para- celse ont, selon lui, leur source dans le judaisme; les Hébreux se sont toujours approprié les mœurs et les usages des autres nations, malgré les défenses faites au peuple d’Israel, d’imiter les mœurs des Barbares. Sous les Patriarches, le bien , le mal, tout venoit de Dieu ; l’invoquer , le fléchir, étoit regardé comme le seul moyen de chasser les maladies. Quandles Hébreux furenten Ægypte, ils ÿtrouvèrent des préceptes de médecine établis. Sur l’ordre de Jo- SEPH , des médecins égyptiens embaumentle corps de JacoB. Moyse, instruit dans toutes les connoïssan- ces des Ægyptiens, a inséré dans son code des Joix médicinales et diététiques ; il décrit la lèpre blanche avec une grande exactitude ; il paroît aussi avoir imité leurs recettes superstitieuses , par. l’érection Médecine des Hébreux. 443 du serpent d'airain. Déjà il avoit vaincu par des prodiges plus étonnans que les leurs , les prestigia- teurs ægyptiens. La TriBu DE Levi s’arrogea ensuite l’exercice de la médecine ;les PROPHÈTES attribuoient les maladies épidémiques à la colère céleste. Les Philistins affligés de tumeurs lépreuses ne peuvent être guéris qu’après la restitution de l’arche. Le son seul de la harpe de Davip peut calmer les fureurs du maniaque Saül, La science de SALOMON , instruit peut-être par les Phéniciens ou les Arabes, s’étend plus loin: H étoit célèbre par la connoissance des plantes et des animaux , et il avoit composé un traité sur la cure des maladies , ouvrage supprimé par Ezéchias, de peur que les remedes sacrés qui rendoient les sa- crifices de la tribu de Levi plus recommandables, ne fussent abondonnés pour les remèdes naturels. Salomon avoit aussi, selon l'écriture , le don de _ calmer les maux par des incantations , et de chasser les démons par des imprécations , coutume qui dura jusqu’au temps de l’historien Joseph. Les prophètes s’arrogent ensuite l'exercice de la médecine. La main de Jéroboam est guérie par un prophete qu’il avoit offensé ; ELIE rend à la veuve de Zarpatha, son fils; ELYSÉE ressuscite celui d’une Sunamite, et Naëman guérit la lèpre d’un chef Syrien , en lui ordonnant des lotions dans le fleuve du Jourdain; ‘enfin ISAIE rend la vie à Ezéchias, en faisant mettre sur sa tumeur un Cataplasme de figues. Les Hébreux sont dispersés dans la Médie et l’Assyrie, et sou- amis au roi de Babylone, C’étoit vers l'an 640 avant 444 Médecine. l'êre chrétienne , époque à laquelle la religion dé. ZERDUSCTH où ZOROASTRE. commencoit à se ré- pandre. Les Hébreux exilés combinèrent plusieurs de ses dogmes avec ceux de leur religion ;' de Jà vaquit la KABBALE, espèce de philosophie orien= tale que les Alexandrins mélèrent ensuite avec les dogmes des Grecs. La médecine changea alors de face. La doctrine de Zoroastre est celle des deux principes ORMUZD et AHRIMAN. Parmi les bons génies ministres d’Ormuzd , il‘y en a un qui veille à la santé, C’est ARDIBEHESCHT, c’est un véritable médecin ;-un (des ministres d’Ahriman, est BOETE qui produit les maladies ; le génie appelé MA29E- JESNAN, peut éviter les maladies, mais il doit éprouver-ces remèdes sur les peuples soumis aux Dews ou mauvais démons. Les, cures se font par les plantes, le couteau ou le verbe céleste. Cette philosophie passa de la Médie en Perse sous le règne de Cyrus; ce-prince ayant soumis le royaume de Babylone, les Grecs purent y apprendre la doc- trine de Zoroastre, et l’approprier à leurs usages ; cette doctrine n’étoit pas même due particulièrement à Zoroastre, il la tenoit d’un prophète plus ancien, appelé Hom ; et l’auteur de cette philosophie en avoit puisé les principes chez les INDIENS et les BrRanMESs , ce que M. Sprengel établit, non d’après les futils argumens de WizForp:, les calculs risibles et méprisables de JONES et de KLEUKER ,: mais des monumens respectables , des livres qui surpassent en antiquité tous les nôtres, et des calculs astronomiques très-exacts, Enfin, il existe dans les anciens livres Médecine des Hébreu: 445 des Indiens, des traditions sur les voyages de Zo- ROASTRE et de PYTHAGORE dans Inde, où ils s’insträisirent dé la doctrine des BRAHMES. La res= semblance du systéme des Brahmes avec célui de Zoroastre , la perfection qu’il a donnée à leurs idées 4 prouvent qu’il a passé de l’Inde dans la Médie , et qu'il n’a point été transporté par Zoroastre et ses disciples sur les rivés de l’Indus, Les preuves les Plus authentiques se tirent de la théologie elle-même, et de la doctrine éthique des Brahmes : elle nous enseigne que Dieu est éternel, et qu'il a produit avant tous les siècles , ‘trois personnes réunies en üne ,BIRMAH, WISTNU et SCHIVA , c’est-à-dire , la Zerre, l’eau et le feu, dont toute l'armée des anges (DewTa) a pris naissance, Une partie de ces anges corrompus par le'vice, ont été rejetés: par le Dieu supréme , et habitent dans VonbeRa, Pesfer, d’où ils souflent ieurs eMuves malfaisans , etils combattent sans cesse avec les bons démons. Les Tiidèe compten t sept mondes qui dérivent du bon ou du mauvais prin= cipe : ils adorent le soleil comme le symbole des bonnes émanations ; l’homme né du’ bon-principe, si on considere lame, mais du mauvais ; si on con- Sidère le corps, est renférmé dans'ce corps pour souffrir une peine, et quand ce corps sera suffi- Samment châtié, l’homme deviendra plus pur, et approchera éakthtagée de la perfection et de la béatitude des bons démons ; de là, les maladies en- fantées parles mauvais démons , peuvent être chassées par les incantatious et par la lecture des livres sacrés ; de là les SAMANÉENS qui, dans une vie solitaire et 446 Médecine. retirée, contemploient sans cesse les propriétés de Dieu , s’abstenoient absolument de l’usage de la chair; c’étoit dans ces temps reculés, les vrais médecins des Indiens. | | Cette doctrine indienne aété portée dans la Médie par Zoroastre, et de là au temps de Cyrus dans la Perse, où les juifs exilés manquant de temples et de sacrifices , ont embrassé la vie austère et con- templative. Ce systême de l'émanation a été d'autant plus agréable aux Hébreux, qu’il se rapprochoit beaucoup de leur religion; c’est pour cela que Me- gasthenes qui vivoit au temps de Seleucus Nicator, et qui a traité de l’Inde, a amalgamé la religion des Indiens avec celle des Hébreux. Ces faits éclair- cissent beaucoup l’histoire et les paroles du prophète Daniel, qui, rempli de la philosophie des Perses et des Mèdes , a si bien exprimé dans ses prophéties l'espérance du Chiliasme (2) et de la résurrection des morts, et qui, dans son chapitre VII, parle si clairement du systéme de l’émanation. Parmi les dogmes que les Hébreux ont rapportés de Babylone , un des principaux est celui de /’immorta- lité de l'ame , dont ils ne paroiïssent pas avoir eu avant connaissance , et dont les premières traces se trouvent dans les livres apocryphes postérieurs à Daniel; de là, vinrent les opinions sur la puis- sance des anges et des démons, qui produisent ou chassent les maladies; voilà pourquoi les noms du mauvais démon ASMODÉE , et du bon démon RA- (2) La révolution de mille années. Médecine des Hébreux. 447 PHAEL, se trouvent pour la première fois dans l’histoire de ToBrE. C’est à la même époque qu’il faut rapporter la doc- trine cachée du verbe mystique de Dieu, qui est re- gardé comme une personne ; dogme introduit dans les écoles dés juifs, et né de la philosophie de Zoroastre. | Le peuple hébreu, de retour de sa captivité, avoit perdu l’usage de sa langue primitive , et ne pouvoit plus lire ses loix dans la langue hébraïque ; on rédigea, pär le conseil d’'ESDRAS, une paraphrase chaldaïque, destinée à être lue dans la synagogue. Ce fut done Esdras qui le premier introduisit J’usage de la langue chaldaïque , et avec cet idiôme , se répandirent plusieurs fables des peuples orientaux si féconds en Contes superstitieux ; mais dans ce même tems, MaANaAssE, chef de la secte des Samaritains, élevoit _ ün temple sur le mont Garizim , où il offroit à Dieu un culte dont le temps nous a presque dérobé la connaissance : ce fut l’origine des ESsÉENS et des SAMARITAINS. Les juifs qui, du temps de Jérémie, avoient fui en Ægypte, aussi bien que ceux qui y avoient été conduits par Artaxercès IIT et Ptolémée Lagus, prirent d’autant plus de goût pour la doctrine phi- losophique des Grecs d'Alexandrie, que la doctrine corrompue des Platoniciens, les sophismes des ÂAlexandrins , leur amour pour le paradoxe , leur goût pour la théologie | approchoit davantage de la philosophie orientale. Les libéralités et les bienfaits de Ptolémée Philadelphe y contribuèrent encore. 443 mn d'Médazneiysh 1 À peu près vérs ce temps ,25o avant l'ère chrétienne les juifs se partagèrent en trois sectes, les Pharisiens } les Saduccéens, les Esséens, dont les dogmes ‘sur l'interprétation de la loi, sur les rits et sur l’état de l’homme. après la mort, étoïrent très différens. M, Sprengel.ne s'occupe pas des deux autres sectes ;il ne parle que des Esséens qui exercèrent la médecine dans l’Ægypte et dans la Syrie , et dont l’histoire a toujours été.négligée par ceux qui se sont occupés. de celle de la médecine. | (ès Cette secte tiroit son nom d’un mot syriaque , qui signifie, saint ; on en trouve les premières notions autemps de Jonathas Machabée , 14% ans avant Père chrétienne. On croit que les Esséens de Syrie , et ceux d’Ægypte différoient beaucoup d'opinions ;.les,;prer miers suivaient plus particulièrement la philosophie orientale , et les derniers, la, philosophie alexan* drine; on nomme ces derniers T'hérapeutes , ou. parce qu’ils menoient une vie 2héorétique ou contemplas tive (3), ou parce qu’ils pratiquoient l’art de gué- rir (4) avec plus de succès que les autres.: ils étu- dioient- les végétaux et les pierres ; pour en tirer les médicamens. | Les Esséensjuroient de respecter leurs livrescomme le 10m des anges ; Philon, qui appelle /e verbe ange, le grand médecin, ne s'éloigne pas beaucoup'de la doctrine des Esséens. Les Alexandrins de cetempsre: gardoient ce fils premier né de dieu, qu’ils nomwaient (3) De Depgreia 18 01©. (4) De Deegmévey, guérir, le Médecine des Hebreuxr. 449 Je verbe divin, f@-, comme Je modèle d’après le- quel l’homme à été créé; c'étoit le médiateur entre ke créateur et les créatures » tous les autres anges lui obéissoient. Cette vie contemplative des Esséens frappa vivement l'ame de quelques-uns qui, saisis d’une fureur divine, à la manière des Bacchants et des Corybantes, devenoient Aors d'eux -mémes , Hésaiusss | jusqu’à ce qu’ils eussent ce qu'ils desi- roient. Ces enthousiastes se rencontroient plus fré- _ quemmenten Ægypte; ils abandonnoient leurs parens, leurs enfans, leur patrie, leurs richesses ; ils vivaient dans des hameaux , ou plutôt dans des déserts, se livroient à la vie solitaire et théorétique , lisant as- siduement les œuvres des prophetes , ayant toujours le souvenir de dieu devant les yeux ,afin que, dans leurs songes mêmes, leur imagination ne leur pré- sentât que des objets divins ; ils prioient deux fois le jour, au lever et au coucher du soleil ; ils ne _ mangeoïent qu'après le coucher du soleil, donnant le jour à la sagesse, la nuit aux besoins du Corps» ne se nourrissant que de pain avec du sel et de l’hy- sope; ils observoient religieusement le septième jour, et avoient une grande vénération pour le nombre sep- tenaire ; ils se réunissoient le septième jour à de sobres banquets, qu’ils prenoient étendus sur du papyrus. Il dit dans un autre endroit, qu’il yen a dans l’Ægypte, quatre mille qui ne sacrifient aucun ani- mal, fuient les villes, méprisent les aits et les sciences , excepté celle des mœurs, dédaignent les richesses |, mais chérissent la bienfaisance et l’hos- pitalité; qu'ils ont enfin des mœurs si pures, que les Zome VI, F£ 450 = Médecine. plus craels tyrans n’ont jamais pu leur trouver un crime. | Les ESS£ENs de Syrie étoient un peu différens; selon eux l’ame immortelle par sa nature, devoit recueillir les fruits de la justice. Ils célébroient leurs fêtes dans des temples communs, cultivoient leurs champs sans le secours d'aucun esclave, en s’aidant mutuellement ; ils nommoient entre eux pour quêé- teurs, de bons prêtres, qui préparoient les alimens ; ils s’abstenoient du serment, pratiquoient la sobriété, Ja justice, le culte de Dieu, ne se servoient jamais de parfums, et étoient vêtus de blanc, gardoient un silence absolu pendant une année, ce qui les rap- prochoit des Pythagoriciens. Les pères de Péglise les regardent Comme les premiers chrétiens ; il est cer- tain du moins, que c’étoient des disciples de Moyse, qui avoient puisé dans les théologies grecqnes et orientales, tout ce qui pouvoit exciter l'esprit et inspirer une fureur fanatique. Il est encore certain que les premiers chrétiens ont recu des Esséens la vie Ascétique et Monastiques JEAN-BAPTISTE , vivant dans les déserts de la Judée, exhortant les juifs corrompus à la pénitence, se nourrissant de miel et de sauterelles, étoit un véritable Esséen, annonçant le Chrliasme et l'arrivée du Messie. _ JEAN L'ÉVANGELISTE approchoit encore davan- tage de leur doctrine, en parlant comme eux de son 2[@, le Verbe ;' mais l’apôtre PAUL recommande sou- vent aux chrétiens , de se prémunir contre les’erreurs des Esséens. APPOLLIN , juif fixé à Alexandrie , étoit Médecine des Hébreux. 491 un vrai Thérapeute. Enfin, l’apôtre Marc ne trouva dans Alexandrie, où il préchoit l’évangile, tant de prosélytes, que parce que les, mœurs des Esséens se rapprochoïent beaucoup de celles des chrétiens. | Après ces détails très-curieux > Qui annoncent un esprit sain > nourri par la lecture Ja plus étendue, fortifié par la méditation, et qui a acquis cette justesse qui rencontre toujours le but, M. Sprengel revient à l’objet spécial de sa dissertation ; il traite d’une production célèbre de la philosophie orientale, qui à le plus grand rapport à l’histoire de la méde- cine, de la KaBBALE, cette science vaine > qui Joint loujours au sens littéral de lécriture, un sens mystique et caché, ajoutant que ce livre existe de toute éternité que Dieu même le lit, qu’il con- tient toutes les sciences divines et humaines , et que, par le secours de ses paroles sacrées, on peut opérer des miracles. Ces fictions adoptées par les Esséens ou Thérapeutes > Ont recu dans le premier siècle de léglise, d'Arrgan et SiMEON JOCHAIS, une forme encyclopédique : on trouve dans les livres de la KABBALz, les plus anciens » CE Systême, que dix anges émanés de Dieu, constituent le monde : les trois premiers ressemblent à Ja triade ou trinité de Platon, "Af[al@, Aypisgyos, et Foys. M. Sprengel a déja démontré dans son histoire de la médecine , combien ce systême a nui à l’art médical. .… La révolution, qui par la des Jem a détruit l'antique gloire d vert d’un voile épais toutes Je truction de Jérusa- e la nation, a cou- s sciences. On prit cependant des précautions pour empécher Ja perte Ff 2 452 . . Médecine. des loix, des traditions, et des doctes commentaires; Ezvsée le Galiléen, et le pieux Jupas , sous Anto- nin Pie, réunirent toutes ces traditions et ces pré- ceptes, en un corps de doctrine, qui reçut le nom de MiIscHNAKH ; de savans syriens enrichirent ensuite cet ouvrage des doctes commentaires, appelés Ge- mara Hicrosolymite. JOHAN AN en fut le collecteur. ASCHE et JOSE composèrent, au cinquieme siècle, la Gemara babylonique : ces deux Gemara unies à la mischnah, formèrent ce qu’on appelle le TArMUb. Ces docteurs qui le regardoient comme le corps de leur doctrine sacrée et civile, y insérèrent beaucoup de préceptes de médecine. Il est étonnant qu'au milieu de tant de fables et de superstitions , on trouve dans le Talmud, des dé- tails qui annoncent une assez grande connoïssance du corps humain, fondée sur la dissection , une doctrine saine sur les maladies, et des préceptes ‘sages pour les guérir. M. Sprengel pense qu’ils ont été recueillis par les juifs d'Alexandrie, qui avoient pu s’instruire à l’école des philosophes et des méde- cins grecs. Au temps où ils l’habitoient, l’anatomie y étoit très-cultivée, et il y avoit plusieurs sectes de médecins qui cultivoient leur art par l’observa- tion et l’expérience. Sous Cléopâtre, une femme con- duite au supplice , quarante jours après la conception, fut soumise au scalpel, et on tira de son sein un fœtus parfaitement formé ; les disciples du rabin ISMAEL, comptèrent dans une dissection 252 parties; quelques cadavres offrirent trois reins , d’autres deux Zntestins, RE _ | L'on ns } - Médecine des Hébreux. 453 Ï1 paroît que les premières sectes dogmatiques , qui durent leur origine à Praxacoras de Cos, at- tribuèrent au sang , la cause des maladies; elles re- gardoient le vin comme le remède à plusieurs maux. Lorsque Jupas HAKKkaADosCH se retira en Pales- tine, les écoles de la Judée émigrerent également dans la Babylonie ; ces academies conservèrent l’an- tique usage de décorer du titre de docteur, ceux qui étaient parvenus aux honneurs littéraires. Cet usage passa aux Arabes de Bagdad, chez lesquels on en trouve les premières traces dans le huitième siecle. Toute la doctrine de ces écoles consistoit dans l’explication des livres sacrés, des loix et des traditions ; on y joiguoit l’étude de la kabbale, par le secours de laquelle on recherchoit le sens mys- tique de l'écriture et on pouvoit opérer des prodiges. Muni de ces connoissances , on eroyoit pouvoir guérir toutes les maladies; ce qui explique la haine avec laquelle les médecins qui n’avoient que les connois- rances naturelles et vulgaires étoient poursuivis, con- damnés à la géhenna, et pourquoi les docteurs juifs n’auroient pas voulu habiter dans un lieu dont le préfect aurait été médecin ; ils cherchoïent à chasser les maladies, par les paroles des pséaumes et les noms des anges. Ce furent cependant ces écoles qui firent luire le flambeau des sciences chez les Arabes; quand ceux- ci commencèrent à les aimer , les juifs traduisirent en arabe, les livres des philosophes grecs et syriens. MaASsERDSCHWAH , fils de DscHALDsCHAL , le pre- mier qui ait traduit des ouvrages en arabe , étoit Ff3 454 Médecine des Hébreux. juifet né à Bassra de Sora ; il traduisit du syriaque, en arabe, les pandectes médicinales d’AHARON, juif d'Alexandrie. | M.Sprengeltermineiciles notices qu’ilareeueillies. Le moyen âge offrira des preuves de la confiance que les chrétiens avoient dans la médecine des Hé= breux. A. L. M. PNY P O'GR:A P'HPE RaPPORT jait au Lycée des Arts, par le citoyen VIiALLON, lun des conser- valeurs de la Bibliothèque du Panthéon, sur un ouvrage intitulé : Recherches his- toriques , littéraires et critiques , sur Origine de lImprimerie, particulière- ment sur ses premiers établissemens au quinzième siècle, dans la Belgique, ornées des portraits et des écussons des premiers imprimeurs belges; par le C. LAMBINET, A Bruxelles, chez Enzmanuel Flon , an 7 de l’ère francaise (1). \ L'rnvenrion de PIMPRIMERTE doit être regardée comme une des plus intéressantes de l’esprit hu- main ; sans elle, les sciences seroient vraisemblable- ment encore au berceau, et ne seroient cultivées que par un petit nombre d'amateurs : forcés , pour (x) Nous avons déja donné une notice un peu étendue sur ;cet ouvrage, dans un article livres divers (Tome V , p. 407 ). Nous y reuvoyons nos Lecteurs, qui y trouveront le plan que l'auteur a suivi dans son exécution. Nous avons accueilli le rapport fait par le C. Viallon au Lycée des Arts, parce qu’il contient en- core des détails que notre notice ne pouvoit ofïir; mais nous avons cru devoir l’accompagner de quelques observations. Ce rapport fera d'autant plus de plaisir au public, qu'il y verra la preuve que la Société du Lycée des Arts n’a pas été détruite par l'événement qui a incendié son local. A. L M. FF 4 456 | Imprimerie. | nous instruire, de suivre à tout âge les écoles de quelques philosophes qui nous dicteroient leurs opinions, nous épouserions leurs querelles , et nous. serions jetés dans des disputes interminables. De quels avantages n’eussent pas joui les Grecs, s'ils eussent connu l'imprimerie? Combien d'ouvrages ne nous eussent-ils pas transmis? L’embrâsement de la célèbre bibliothèque d'Alexandrie, par le fanatique Omar, eût-1l été aussi funeste aux sciences ? A cette époque, les richesses littéraires n’eussent pas été déposées dans ce seul vaisseau; mais un grand nombre de bibliothèques disséminées, soit à Cons- tantinople , à Athenes ou à Rome, nous les auroient transmises. Ce que nous avons de plus à regretter dans ce désastre, c’est l’histoire ancienne des pre- mières nations, que nous ne Connoissons qu’impar= faitement. Cette immense bibliothèque contenoit certainement lhistoire des premiers Agyptiens (2}, des Chaldéens, des Babyloniens , ainsi que de plu- sieurs autres peuples dont les noms ont disparu dans les flammes de cet embrâsement, et ont été anéantis avec les dynasties de leurs princes. (2) Quelque fichèèe qu’ait été Ja perte de la bibliothèque d'Alexandrie, je ne crois pas qu’on doive y regretter la perte d'ouvrages qui nous eussent instruits de l'Histoire des premiers Ægyptiens , qui ne paroît pas avoir jamais été écrite, et qui, dans l'antiquité même, étoit inconnue jusqu’au règne de Psammitichus, puisque les hiéroglyphes étoient alors, comme aujourd’hui , un mystère ; mais, depuis Psammitichus, nous aurions pa y trouver une foule de monumens littéraires qui nous auroient mis à même de bien connoître l’Ægypte, et même de juger par analogie de son état primitif. À, L. M. Re ES Sp “nc once mini 27 Imprimerie Belgique. 1: 499 Sans ce malheureux événement, la connoïissance des arts de ces divers peuples nous eût été trans- mise ; nous aurions l’explication de leurs hiéro- glyphes (3), et quelques données sur Phistoire du monde et de ses révolutions , et nous ne formerions pas en vain des systêmes sur la théorie de la terre. O vous, inventeurs de cet art si utile à l'esprit hu- main et à nos arts ! quelle reconnoissance ne vous devons-nous pas ? Les premiers hommes divinisèrent Cérès, pour avoir enseigné le labourage; vous avez eu à surmonter de bien plus grandes difficultés, et cependant vous êtes presque oubliés de la multitude de ceux qui jouissent des avantages de l’art admi- rable que vous avez découvert ; un petit nombre seulement, ceux qui connoissent les difficultés qu’il faut surmonter dans les découvertes, et qui savent es- timer les avantages que cet art a procurés aux sciences et aux arts, se souviendront toujours des noms de Gut- temberg, Faust et Schoeffer , auxquels on eût dü éle- ver, depuis longtemps, des monumens en marbre et en bronze. Cependant ces hommes de génie sont en- core à attendre la premiere pierre de l’immortalité, (3) Comme :l importe de ne pas se faire de regrets inoti!es, je crois devoir insister sur ce point, que le sens des hiérogly- phes étoit inconnu dans l'antiquité comme aujourd'hui, ainsi qu’on peut le voir par le Traité de Plutarque sur Isis et Osiris, et dans tous les classiques qui ont parlé des Ægyptiens ; mais en recueillant plus d'ouvrages où il en auroit été question, il est cerlain qu'on auroit plus de:donuées aujourd’hui pour leur expli- calion : travail dont le savant Zoëga s'occupe, er qui, s'il n’est pas entièrement couronné par le succès, sera dù moius l’occasion do recherches très-intéressantes: A. L, M, 498 Imprimerie. Espérons qu’à la paix, le gouvernement fran- çois satisfera à la reconnoissance de toutes les nations, en élevant ce monument desiré, dans la ville de Mayence qui fut le berceau de l’Impri- merie, ; Pour juger des avantages que nous a procurés cette invention, il faut nous transporter au temps où des copistes aussi ignorans que négligens , écrivoient les manuscrits qui nous ont transmis les sciences et les arts, et voir ce qu’en pensoient les anciens, entre autres Pétrarque, cité par notre auteur, et qui florissoit vers l’an 1340 de l’ère chrétienne, environ cent ans avant l'invention de l’Imprimerie. Ce poète, indigné contre eux , s’écrie : « Comment « Pourrions-nous apporter quelque remede au mal «que nous font les copistes, qui, par leur igno- «rance et leur paresse, gâtent et abyment tous nos «ouvrages ? c’est ce qui empêche plusieurs beaux «génies de mettre au jour leurs productions im- « mortelles, C’est une punition bien due à ce siècle « fainéant, où lon est moins curieux de livres que « de mêts recherchés, et plus jaloux d’avoir de bons «cuisiniers que de bons copistes. Quiconque sait «peindre le parchemin et tenir la plume, passe «pour habile copiste, quoiqu'il n’ait ni savoir ni «talent. Je ne parle pas de lorthographe, elle est « perdue depuis longtemps : plût à Dieu que les co- « pistes écrivissent , quoique mal, ce qu’on leur « donne à transcrire ! on verroit leur ignorance, “ mais on sauroit au moins la substance des livres ; «on ne confondroit pas les copies avec les origi- Imprimerie Belgique. -459 “naux, et les erreurs ne se perpétueroient pas, de “siècle en siècle. « Croyez-vous que si Cicéron, Tite-Live , et tant « d’autres anciens auteurs, surtout Pline, ressusci- “toient et se faisoient lire leurs ouvrages, ils les « entendroient ? ne se récrieroient-ils pas à chaque «mot, à chaque page, et ne se diroient-ils pas que «ce n’est point leur ouvrage qu’on leur lit , mais « celui de quelque barbare ? Le mal est qu'il n’y a « ni règle ni loi pour les copistes; ils ne sont soumis “ à aucun examen : les serruriers, les agriculteurs, «les tisserands et les autres ouvriers, sont assujet- « tis à des examens et à des règles, mais il n’y en «a point pour les copistes. Cependant il y a des « taxes pour ces destructeurs barbares , et il faut les « payer bien cher pour gâter tous les bons livres.» Dans un autre endroit , le même Pétrarque dit en parlant d’un de ses ouvrages : « I] paroît incroyable « qu’un livre qui a été écrit en peu de mois, ne « puisse être copié dans l’espace de plusieurs années.» Ceci nous fait voir quel avantage les auteurs mo- dernes ont eu sur les anciens, depuis linvention de J'Imprimerie : chaque auteur, en faisant imprimer, a pu corriger lui-même les épreuves de son ouvrage; et si son édition s’est tirée à deux ou trois mille exemplaires, il eut fallu aux copistes un siècle au moins pour produire ce même nombre d'exemplaires: encore eussent-ils 66 souvent remplis de fautes et de contre-sens. T1 ne paroît que trop é vident, d'après Pétrarque que tous les ouvrages des anciens ont eu leur texte 460 ._. Tinprimerie. altéré, tronqué, interpolé et obscurci par les copistes d'âge en âge. Je citerai à cet égard les ouvrages d’Homère, qui furent tellement altérés par les scri- bes, et au plus cent ans après lui, que les Grecs furent obligés de réunir plusieurs savans pour ré- tablir le texte de cet auteur. C’est peut-être de cette altération , que viennent ces bonhomies qui, dans Vliade, font un disparate si grand avec le génie créateur de cet ouvrage inimitable (4). Les livres les plus sacrés pour ces temps-là , ne Fu- rent pas à l’abri de la négligence et de l’impéritie des copistes. Ptolémée, roi d’Ægypte, voulant conserver à l’histoire d’un des plus anciens peuples du monde, savoir celle des Hébreux, fut obligé de réunir 70 savans pour en faire une version grecque, qui est différente, en un grand nombre de points, du texte hébreu et du samaritain que nous avons aujourd’hui, Le savant Kennicot , qui a fait imprimer en Angle- terre, il y a 25 ans, une bible hébraïque, d’après tous les manuscrits qu’il a pu consulter, soit hébreux Ou samaritains, a donné plus de trois mille va- riantes : que l’on juge , d’après cela, à combien de fautes ont été exposés les ouvrages des orateurs et des poètes grecs et latins, qui, n'étant pas considérés comme sacrés, devoient être encore plus mutilés par les copistes. | | Quelle reconnaissance les gens delettres ne doivent- (4) I paroît que le citoven Viallon n’a point connoissance du système ae M. Wolf sur jes potines attribués à Homère ; il y auroit LouvÉ la cause de ces contradictions. Voyez l'extrait que nous en avons donné, Année 3e., tome LIT, p.202. A. L. M. ns Dé cn Imprimerie Belgique. 461 ils donc pas avoir, tant à l’égard des premiers in- venteurs de l’Imprimerie , Gutiemberg , Fauste et Schoeffer, qu’à l'égard des savans imprimeurs qui leur ont succédé , tels que les Henri et les Robert Etienne , les Elzevirs , les auteurs des variorum , et les savans qui ont rétabli les textes au moment où les manuscrits commencoient à être abandonnés! ‘Aïnst l'imprimerie, cet art admirable, le premier de tous pour les sciences, non-seulement nous a transmis depuis près de trois siècles les. premières correc- tions de ces savans, mais encore les portera dans toute leur intégrité jusques à la postérité la plus reculée, sans craindre l’ignorance des copistes ; et les érudits, dans deux mille ans, pourront travailler sur ces ouvrages (els qu'ils sont sortis de nos mains, et les perfectionner. Ils trouveront ces ouvrages dans ces vastes bibliothèques, dépôts littéraires , les plus intéressans pour l'esprit humain: là, sont conservés tous les livres quelconques , où les talens, sem- blables aux abeilles, vont chercher les parties qui conviennent à un ouvrage, soit imaginé, soit combiné par le génie. Combien de livres auraient déja disparu du monde littéraire, sans ces dé- pôts! Toutes les bibliothèques particulières se vendent et se revendent , et souvent d’excellens ouvrages s’égarent , sont déchirés par des enfans, ou livrés à l’épicerie : triste sort qui en attend un grand nombre , et même quelquefois de précieux, qui ont la fatalité de tomber entre les mains d’ignorans. La France littéraire doit rendre graces au gouver- 462 Imprimerie. nement instruit qui a protégé d’une manière par- ticulière ces grandes bibliothèques, si essentielles à la conservation et au perfectionnement des sciences et des arts. Ces dépôts qui existoient depuis près de 150 ans, pourront, par tous les soins que l’on prend, parvenir à la postérité la plus reculée. Le citoyen Lambinet recherche dès le commen- cement de son ouvrage ; l’antiquité de la gravure en bois, tant en relief qu’en creux. Il n’est point de peuple, dit-il, qui, dès son origine , n’ait eu le desir et l’art de transmettre à la postérité son nom, ses vertus, ses exploits belliqueux , ses lois, son culte, ses connoissances , et ses hommes illustres. Il fait re- monter l’art de la gravure jusqu’au commencement du second âge : selon Joseph, historien hébreu, dit- il, les enfans de Seth gravèrent sur des colonnes de briques et de pierres, leurs découvertes astrono- miques. Hérodote, le premier des historiens grecs, assure avoir vu dans la Palestine, les inscriptions et les figures que Sésostris, roi d’Ægypte fit 'sculpter pour perpétuer la mémoire de ses conquêtes ; ces inscriptions devoient être en lettres ægyptiennes, puisque le régne de ce conquérant étoit postérieur de 300 ans à Hermès, surnommé see bou à qui inventa lécriture (). (5) Ici le Con Lambinet regarde l'existence d'Hermès Trismégiste comme certaine, et lui attribue l'invention de l'écriture. 1] y au- roit beaucoup de choses à dire sur ce point, et sur cet Hermès appelé Trismégiste par les Grecs. Platon et Diodore lui a: tri buent en effet l'invention des lettres ; mais les Phéniciens li ré- clument aussi , et l’histoire de cette invention est trop embrouillée et trop confuse pour qu’on puisse se décider si facilement. Il y a des PE Imprimerie Belgique. 163 Les Ægyptiens, avant ce philosophe, ne se ser - voient que d’hiéroglyphes , c’est-à-dire, de figures d'animaux et d’autres objets sensibles et usuels, pour représenter leurs idées, soit danslesinscriptions, soit sur leurs momies. (6) Avec une telle écriture symbolique , il n’y avoit qu’un petit nombre de sa- vans qui pût lire ces ouvrages; toute la multitude étoit ignorante et superstitieuse. Mais l'invention des lettres fit une révolution dans les sciences , environ f900 ans avant l’ére chrétienne, et une révolution à peu près semblable à celle que produisit dans le 15°. siècle, l'invention de l'imprimerie, Je dis à peu près ; car , pour apprécier l'avantage qu’a procuré aux hom- mes l’usage des lettres, il suffit de connoître les difficultés qu'éprouvent les Chinois dans la lecture de leurs ouvrages, écrits en partie hiéroglyphique- ment. Un lettré chinois doit étudier toute sa vie, pour pouvoir lire leurs différens ouvrages (5). auteurs qui soupconnent qu'Hermès peut bien n'indiqner autre chose-que les colonnes sur lesquelles on gravoit les diverses con« noissances, parce qu’on nommoit aussi Hermès Thot, et que Thouodh en cuphique signifie colonne. W. Sprengel, Geschichre der Arineikunde. Tom. I ,p. 41. A. L. M. (6) Il nous semble que l’auteur confond ici L'écriture hiérogly- phique, avec l’écriture symbolique ; celle-ci consiste eu effet en fi- gures d'objets naturels eu sensibles : c'est une peinture des événe= mens , avec des idées allégoriques, prises des caractères des objets, pour représenter les êtres qui ne peuvent êlre ‘distin- gués par les sens; mais l'écriture hiéroglyphique , qui consiste à attacher un sens à des figures purement de convention, a exigé bien plus de méditations. Auesi l’usage des hiéroglyphes a-t-il subsisté même après l'invention de l'écriture. A. L. M. (7) On ne peut pas penser, avec le citoyen Lambinet, que les Garacières chinois soient des hiéroglyphes ; ce sont des signes de . 464. Tmprimerre. Notre auteur, qui suit le sentiment de Fournier; regarde la gravure en bois comme une des origines de l’Imprimerie. Il me semble que les tessères des Pomains avoient également un rapport assez appro- ximatif de l'imprimerie , et de telle sorte que si les inventeurs de cet art les ont connues , je ne doute pas qu’elles n’eussent pu les guider dans leurs re- cherches. Ces tessères portoient des noms fondus en masse avec leurs planches, tels que Quintus Fa- bius où Marcus Tullius Cicero. Au moyen d’une de ces planches , et des Îettres en relief, on imprimoit ces noms sur des carrés de papyrus, que l’on donnoit à un ami pour voyager chez ses correspondans ou chez ses cliens ; peut-être même les distribuoit-on dans les assemblées des comices, pour briguer le consulat ou autres charges de magistrature. On connoissoit également l’usage des tessères chez les Grecs , pour les entrées dans les spectacles, pour des distributions parmi le peuple, et dans un grand nombre de circonstances : or, de ces tesserès à l’imprimerie des planches d’un plus grand format , qui eussent contenu un discours ou une loi, il n’y avoit qu’un pas à faire , et de là à l’idée de fondre séparément ces caractères et de les rendre mobiles ; mais les Romains n’étoient pas inventifs, etila fallu encore plus de 1400 ans , pour imaginer, la fonte mots, au lieu d’être des signes de lettres : c’est ce qui fait que leur nombre est si multiplié. D'ailleurs, s’il faut beaucoup de temps pour les apprendre tous, cette connoissance, du moins, n'est pas attribuée à une classe d'hommes particulière, et les moins lettrés sonuoissent Les signes des mots propres à leur profession. A. L. M. séparée Imprimerie Belgique: 465 séparée de ces lettres; tant les génies inventifs sont rares ! On voit beaucoup d’artistes capables de per- fectionner, mais peu qui soient en état de faire de ces découvertes profondes qui enlevent des secrets à 1a nature. La fusion des métaux pour former ces tessères, et l’art de faire les moules dans lesquels on les couloit, étoient donc connus longtemps avant l'invention de V’Imprimerie; mais il falloit avoir cette idéé simple, qu’en multipliant assez d’alphabets en caractères, soit en bois, soit en fonte , pour composer une planche d’impression in-folio ou in-quarto, on püût, en les séparant , en composer une seconde avec les mêmes caractères. Il paroît que le premier qui eut cette heu- reuse idée , fut Jean de Guttemberg. Cet homme ingénieux fit ses premiers essais à Strasbourg , vers 1440, aidé de trois bourgeois de la méme ville, avec lesquels il s’associa. L’un d’eux chez lequel étoient les essais de l'imprimerie , étant mort, les essais furent soustraits par le frère du défunt ; Guttemberg ne les recouvra que par ure sentence à la suite de laquelle la société fut dis- soute. Guttemberg n'espérant plus réussir à Strasbourg , se maria, et revint à Mayence sa patrie, où il fit une nouvelle societé avec Faust qui lui procura des fonds. Faust avoit un commis tres-intelligent, nommé Schoeffer, qui leur fut très-utile dans leurs recherches. Guttemberg , aidé par ses associés , recommenca les essais qu’il avoit faits à Strasbourg ; mais bientôt ils s’apercurent des difficultés d'employer des carac- Tome VI. Gg : 466 = Trprimerte. tères de boïs ; ils passèrent aux caractères de métal fondus dans des matrices ; enfin ils établirent l’Im- primerie à peu près sur le pied où nous la voyons aujourd’hui. Les premières impressions sorties de leurs presses qui nous soient parvenues, sont : 1.” une Bible sans date, imprimée en gros caractères , semblables à peu près à ceux du canon d’un missel : sa souscrip- tion porte qu’elle a été enluminée en 1455 ; 2° un Pseautier de 1457, et portant les noms de Fust et de Schoeffer ; 3.° le Durandi Rationale de 1459; 4.° le Catholicon de 1460, et la Bible de Mayence de 1462, qui fut achevée, d’après sa souscription, la veille de lAssomption. Frois mois après cette époque, la ville de Mayence fut assiégée et prise par Adolphe de Nassau; ce désastre produisit la séparation de la plupart des ouvriers de ces premiers ateliers ; les uns furent à Strasbourg, et d’autres dans les principales villes de l’Europe , où ils éta- blirent des imprimeries. Le cit. Lambinet, qui a principalement en vue l'origine de l’imprimerie dans la Belgique , dit que ce fut Jean de Westphalie qui le premier exerca cet art à Louvain ; savoir, depuis 1473 jusqu’en 1496, d’après les souscriptions des ouvrages qu’il a vérifiés et qui sont sortis des présses de cet imprimeur. Jean de Westphalie étoit établi dans le local de l'université de Louvain, qui avoit fait venir à cet effet. La beauté de ses éditions le fait regarder, de toutes manières, comme le premier imprimeur béige, Vient ensuite Jean Veldemer , également imprimeur Tmprimerie Belgique. 467" à Louvain, où il vint s'établir après avoir imprimé a Cologne. Je ne suivrai pas notre auteur dans toutes ses recherches ; il me suffira de dire que si les hommes de lettres a chaque pays en faisoient de semblables sur les commencemens de limprimerie dans leur contrée, nous aurions un ouvrage complet sur cet art, le plus important pour l’histoire des con- noissances humaines, Le cit. Lambinet n’a négligé aucune des preuves qui,çpouvoient autoriser son opinion sur l'origine de Y’Imprimerie, tant à May ence que dans la Belgique, en rapportant les diverses souscriptions des ouvrages qu'il a consultés, et en les dicutant ; ce qui prouve également et ses connoissances et le grand nombre de recherches qu’il a faites: Je pense que le Lycée ne peut qu’accorder une mention honorable à cet ouvrage, et remercier l’auteur de l’envoi qu'il en a fait à la société. En finissant ce rapport, je ne puis que renouveler le desir que j’ai énoncé, d'élever à Mayence, en face de la maison de Zumjungen , si elle existe encore, ou sur son emplacement , un monument durable qui perpétue la reconnoissance que toutes les nations savantes doivent, tant à Guttemberg qu'à Faust et à Schoeffer , le premier pour avoir inventé l’impri- merie, et les derniers pour lavoir perfectionnée en si peu de temps, qu'ils peuvent en étre regardés comme les seconds inventeurs. Eh ! quelle nation doit le plus concourir à -l’élé- vation d’un tel monuments si ce n’est la nation fran- HE Go 2 Le 468 Imprimerie Belgique. çoise, qui a su en recueillir le fruit avec un si grand avantage, que, par le moyen de l'imprimerie, sa langue sera bientôt la langue universelle de l’Europe? Je proposerai un moyen sûr pour faire élever ce monument dans Ja ville de Mayence, et qui ne coû- tera rien au gouvernement ; ce sera de permettre à la municipalité de cette ville, de recevoir une sous- cription libre de tous les imprimeurs et libraires de l’Europe : le montant de cette souscription servira à l'élévation du monument. Je ne doute pas que les uns et les autres ne se fassent une vraie satisfaction d’honorer la mémoire de ces hommes ingénieux , qui sont les fondateurs de leur commerce et de leur industrie. Les gens de lettres et tous les amateurs seront également admis à la souscription. Les noms des uns et des autres seront gravés sur une colonne élevée à cet effet dans le monu- ment. Espérons qu’à la paix il sera mis à exécution, comme étant un de ceux qui doivent également honorer et les hommes de génie auxquels il sera élevé, et les souscripteurs qui auront concouru à leur consacrer un monument qui parviendra à la postérité la plus reculée, et qui attestera la recon- noissance des nations actuelles pour les inventeurs des arts. DRE D PR PPT ENCRES POTTER: SEE PSRLC EEE PP ENT SNA ANTIQUITES ANTIQUITÉS NATIONALES, ou RECUFIL de Monumens, pour servir à l'Histoire générale et particulière de l'empire fran- cois, tels que tombeaux, inscriptions, slalues, vitraux, Jresques, elc., tirés des abbayes, monastères, châteaux ‘et autres lieux devenus domaines nationaux; par A. L. MILLIN, conservateur du Muséur des Antiques à la Bibliothèque nationale, professeur d'histoire et d’antiquité. T. V. À Paris, chez Drouhin, éditeur et pro- priétaire dudit ouvrage, rue de Vaugi- rard , n° 1348. — De l'imprimerie de Testu, an 7 (1). Troisième et dernier Extrait. Ur des plus grandes et des plus utiles curiosités de la maison de sainte Geneviève, pour le maintien de ses revenus et de sa considération , était la châsse de la Sainte, enrichie de dons précieux. Une ancienne superstition attribuoit sa fabrication à saint Eloy : il avoit, il est vrai, orné de rinceaux d’or et d’ar- gent la petite cassette de bois, en forme d'église, qui étoit sur sa tombe; mais il n’avoit pas fait la châsse de vermeil dont il est ici question , l’usage de ces (rx) Supra, p- 68, et p, 318. Gg3 470 Antiquités. sortes d’instrumens ne s’étant introduit qu’au neu- vième siècle. Le citoyen Millin traite ensuite des anciennes cérémonies usitées lors de la descente et de la procession de la châsse : elles sont figurées sur un ancien vitrail, qu’il a fait graver. Il parle des différentes occasions dans lesquelles on a cru devoir la descendre. En 886 , pour l’expulsion des Normands ; en 1129, pour faire cesser le mal des ardens ; en 1206, pour faire rentrer dans leur lit les eaux de la Seine débordées ; en 1233, pour faire“ également cesser une inondation ; en 1566, pour faire cesser les pluies. Enfin, dans les quatre derniers siècles, elle fut descendue un grand nombre de fois; la dernière fut à l’époqué de la maladie de Louis XV, où un plaisant lui fit dire, qu’elle ne se méloit que de la pluie et du beau temps. Chacune de ces des- centes a été accompagnée de circonstances et de cérémonies singulières. Mais une des anecdotes les plus piquantes, est celle de la dispute qui s’éleva, en 1161, au sujet de la tête de la patrone de Paris, qu’on disoit avoir été enlevéee. « Le roi aussi alarmé que le peuple, «et voulant éclaircir le fait, envoya aussitôt sceller | «la châsse de ses armes, Il nomma ensuite l’arche- ; «“vêque de Sens, et deux évêques, pour en faire « l’ouverture ; le peuple accourut en foule à cette «cérémonie, et né fut tranquille que lorsqu’on lui | «eut certifié que le chef de la Sainte et le reste du «Corps étoient sains et entiers ; on en rendit compte « également au roi, qui paroissoit avoir pris la chose «à cœur, Ce bruit fut peut-être supposé par les in- Antiquilés nationales. 47Y utéréssés ; c’est un des moyens qui ressemblent À “beaucoup d’autres, et que les chefs des sociétés “religieuses ou politiques, mettent en avant pour «affermir d'autant plus leur systéme. Quoiqu'il en «soit, on sera peut-être étonné de lire que lPévêque « d'Orléans | un des commissaires nommés par le «roi, prétendit que c’étoit une autre tête de mort, “que l'on avoit mise à Ja place de la véritable. J’a- « Jouteraï que saint Guillaume , chanoine de sainte « Geneviève , et dont il a été parlé plus haut , après « la vérification faite, fut transporté de joie, au « point d’entonner le Te Deum. L’évêque d'Orléans, « indigné de cette hardiesse, dit tout haut : Qui est «cet insolent qui a eu la témérité de manquer à «tant de prélats, à cause au’on a trouvé ici une “tête de vieille, supposée par les religieux en la « place de celle de sainte Geneviève ? Si vous vou- « lez savoir ce que je suis, répliqua saint Guillaume, “Je me dis serviteur de la Sainte..., Au reste > Si “vous doutez encore que ce soit sa vraie tête » je «m'offre, pour en faire la preuve, d’être jeté tout «“ maintenant avec cette sainte relique, dans un four “ardent ; car je suis assuré qu’elle me conservera. « Quoi ! lui repartit l’évêque, êtes-vous encore si té- « méraire, que de proposer d’entrer avec cette tête “dans un four chaud, ayec laquelle je ne voudrois “entrer dans une cuve pleine d’eau tiède? » Au milieu du chœur, étoit le tombeau de Clovis, refait en 1621 : le citoyen Millin en rapporte les inscriptions, et celles de plusieurs autres tombes qui étoient auprès; il décrit de même la cryple, ou ; | Gg4 472 Anliquilés. chapelle souterraine, Il y avoit encore dans cette crypte, un grand nombre d'inscriptions , que le citoyen Millin a relevées ; en voici quelques-unes: D'abord celle de Raoul Fieffé. Tous qui passez et lisez ce mémoire, Ne trépassez que recors ( r ) et mémoire Des trépassez en vos cueurs vous n’ayez , E' que mérite envers Dieu vous ayez ; De mort fat pris moy frere RAOUL FIEFFÉ Que chacun craint plus qu’un sergent fieffé. L'an qu'on disoit mil cinq cens el deux Moult en ferut (2) de son dard si hideux Après contraint le louage payer Qui aux humains est grief à essuyer: Si priez Dieu qui tous pechés efface De mes mefaits vrai pardon il me fasse, " Puis celle de S‘mon Blanchet. Simon Blanchet chanoine régulier En son vivant estoit de cette église Scientifique en vertu singulier Est 11 (3) bien mort sa charogne est ci (4) mise Saintes personnes $e tiennent pour requise De prier Dieu qu'il lui soit gracieux Tant qu’en brief son ame soit assise Entre les saints au royaume des cieux, L'an mil quatre cent quatre vingts Et deux, le dix-sept novembre. Les reliques, les sceaux de l'Abbaye sont encoré figurés et décrits par le citoyen Millin; il termine (1) N’ailez pas plus loin sans vous rappeler, {2) En frappa beaucoup. (3) 1, du mot latin élle, lui: est lui bien mort , etcu (4) Icis Antiquités nationales. 473 par une description des autres édifices de la maison, et par une notice sur les hommes distingués qu’elle a produits. Les plus célèbres sont : Charles Fuure , Pierre Lallemant, René le Bossu , auteur du traité du poème épique ; Dumolinet, dont on a plusieurs traités d'Histoire et d’Antiquités ; Sanleque, poète et théologien ; parmi ceux de notre temps, le célèbre astronome Pingré, sur lequel le cit. Ventenat a pu- blié dans ce Journal (1) une excellente notice; Mongez l’ainé, physicien et minéralogiste distingué, perdu dans la malheureuse expédition de la Peyrouse; le cit. Mongez, de la section d’Antiquité dans lins- titut national ; Vrallon , un des bibliothécaires ac- tuels , et qui s’occupe avec succes de la mécanique hydraulique, V’entenat, également bibliothécaire et savant botaniste, un des coopérateurs de ce Journal; Mercier Saint-Léger, Ve plus savant de nos biblio- graphes, également coopriateur de ce Journal. Le tout est terminé par une belle vue de l'Abbaye et du Panthéon Francais. Le dernier article de ce volume traite de la Bibliothèque de Elle. Le citoyen Miilin en trace Phistoire, et il en décrit plusieurs manuscrits; un entr’autres, accompagné de figures , dont il en pu- blie plusieurs, et qui a pour titre : Entrée solennelle de Leurs Altesses Sérénissimes Albert et Isabelle Clara Eugénia, princes et souverains seigneurs de ces Pays- Bas, faite dans la ville de Lille le 5 Fé- prier 7600. (x) An. 11, Tom. I, p. 342. d 474 Antiquités. Ce manuscrit décrit les cérémonies singulières qui furent alors observées, et donne lieu à beaucoup d'explications sur les mœurs, les usages et les cou- tumes de ce temps. Toutes }es inscriptions en vers latins , en vers français, en chronogrammes, en acrostiches, avec des signes astronomiques, sont accompagnées de notes explicatives. + Le citoyen Millin a également figuré un vitrail où le peintre représente une jeune fille tenant un livre ouvert d’une main , et de l’autre une lanterne allumée que le diable armé d’un soufflet veut éteindre ; l'artiste a voulu rappeler un des principaux traits de la vie de sainte Gudule qui a succédé à saint Michel comme patrone de Bruxelles. « Gudule alloit souvent, et dès le grand matin, « prier dans une chapelle à quelque distance de la « ville ; le tentateur profitant de sa solitude, la tour- «mentoit alors de mille manières, mais la vierge «en sortoit toujours triomphante. Un jour cepen- « dant il Ja mit dans un embarras extrême ; comme «elle s’acheminoit vers la chapelle, le diable qui « l’épioit, la surprit au milieu du chemin et soufila « sa lanterne; l’esprit-malin eut beau jeu, car, sui- « vant tous les historiens sacrés, la nuit n’avoit ja- “« mais été si obscure. Gudule effrayée se jeta tout «à coup le visage contre terre, et eut recours au «ciel; le moyen lui réussit comme à sainte Genevieve « sur Ja route de saint Denis, sa lanterne se ralluma « et brilla d’un tel éclat, que les habitans du bourg « où elle se rendoit, la prirent pour le soleil levant. « Ce miracle est tout aussi croyable que celui qui Antiquités nationales. 475 s’opéra lors de la première translation de son corps. À peine avoit-elle été enterrée, qu’un peuplier « d’une hauteur prodigieuse s’éleva de terre ; lors- «“ qu’on exhuma les restes de Gudule , Parbre fidèle « les suivit de Ham à Morzelle , petit village où on “ les déposa , et s’y replanta lui-méme- On peut au surplus consulter les garants de ces faits extraor- « dinaires ». A droite , à gauche et au milieu, sont les écus des sept nobles, dont parle l’inscription en vers fla- mands et en vers francois, et d’autres figures éga- lement relatives aux antiquités belgiques. = Ce volume est terminé comme les précédents, par une ample table des matières. On ne sera point surpris que nous ayons aussi étendu l’extrait d’un ouvrage qui nous coûte infini- ment de temps, de soins, de recherches et de dépenses. Nous, pouvons assurer n’avoir décrit aucun lieu que nous n’ayons visité nous-mêmes , et sur lequel hous n’ayons pris des renseignemens des hommes les plus instruits. Quoique cet ouvrage, interrompu par les circons- tances de la révolution , ne s’applique pas à toute la France, on peut le regarder comme complet, puisque ce n’est pas une description de tous ses mo- numens , mais une Collection de mémoires topogra- phiques, au nombre de soixante et un, qui tous sont isolés et indépendans les uns des autres. Les dégradations que les monumeus ont éprouvées depuis cinq années , la différence des temps ne nous permettent pas de continuer cet ouvrage sur le même 476 Biographie. plan ; cependant , comme il nous reste encore beau coup de notices et de dessins, nous nous proposons de les publier dans une des deux collections dont nous nous occupons, et pour laquelle un grand nom- bre de gravures sont déjà faites. La premiere de ces collections ne contiendra que des monumens antiques, tous inédits. La seconde offrira des monumens du moyen âge et de l’histoire moderne , principalement de la nôtre. Ces deux collections seront faites sans luxe. On s’attachera plus à la fidélité qu’à la magnificence, afin de les mettre à la portée des gens de lettres et des artistes. A. L. M. BLOG Abe RE, NOTICE BIOGRAPHIQUE sur SIMÉON DE PROFANCHERE, médecin à Sens, au seisième srècle. ren de Provanchère naquit à Langres, vers Van 1552, d’une famille fort honnête, et de la- quelle il recut une éducation avantageuse. Apres avoir fait de bonnes études, il apprit la médecine où il fit des progrès rapides; il alla ensuite à Mont- pellier, où il prit les grades accoutumés; de là il parcourut Je Languedoc et la Provence , et vint à Paris. RE te. Mur ‘ Siméon de Provanchère. 477 Pendant ce laps de temps, les auteurs de ses jours moururent , et ses amis lui conseillerent de se fixer à Sens, où il fut parfaitement accueilli ; et, parses connoïssances et son exactitude, il y obtint la con- fiance générale de la ville. Fixé à Sens, il s’y donna une compagne et épousa Jeanne Belot, sœur d’un avocat de ce nom , d’une famille riche et considérée; il n’en eut qu’une fille qui mourut à l’âge de six à sept ans. L’estime dont il jouissoit , détermina ses deux frères à quitter leur Patrie et à venir auprès de lui. L’ainé y fréquenta le barreau et mourut jeune ; le cadet, Barthélemy , y obtint une place de chanoine à la cathédrale » et la place de trésorier du chapitre, et il survécut à ses deux frères. La réputation de Siméon lui procura le titre de médecin du roi, et il fut choisi pour aller aux états par la ville de Sens ; mais âgé de plus de 70 ans, il voulut encore faire le voyage de Paris, où apres trois Jours de maladie, il mourut au mois de juillet 1617. Son corps fut rapporté à Sens, où il avoit exercé la médecine pendant plus de 40 ans, et il fut enterré dans la cathédrale, avec une inscription en marbre sur son tombeau. Toute la ville se disputa honneur de lui faire une épitaphe, à tel point qu’on en fit imprimer un recueil in-4.° de 81 pages, chez Niverd imprimeur, en 1617. Les occupations journalières de Siméon avec les malades , et son assiduité, lui laissèrent encore assez de temps pour publier plusieurs ouvrages inconnus pour la plupart , quoique quelques-uns soient inté- 478 Biographie. | ressans par leur objet. Manget est le seul dans sa bibliotheca scriptorum medicorum , qui en ait fait mention , et même d’une manière vague et in- signifiante ; Siméon Provancherius medicus , lingo- nensis cbiüit anno 1617. . Titres et Editions de ses ouvrages. 1.° Le prodigieux enfant pétrifié de la ville de Sens, avec une légère et briève question problémati- que des causes naturelles de l’induration d’icelui, le tout traduit de latin en francois , par M. Siméon de Provanchères , médecin en-ladite ville, et accru de son ôpinion sur ledit probléme, avec une figure dudit prodige, imprimé à Sens parJean Savine , 1582; in-8.° Jean Aïlleboust, natif d’Autun et médecin à Sens, avoit donné, dans un discours latin, la description de ce phénomène, avec des détails anatomiques ; Provanchere le: traduisit et ajouta sa propre opinion à la fin de sa traduction, où il dit: « J’ai écrit, en lan- « gue françoise , l’état de l’enfantement anatomique « d’ane femme de notre ville de Sens, âgée de 68 ans, « après le décès de laquelle, lui fut extraite de la « matrice, une fille de raisonnable grandeur et gros- « seur, apres 28 ans accomplis qu’elle a été conservée « au ventre de sa mère ; ce fait arriva en 1982 ». Manget ne rapporte pas d’autre édition de cet ouvrage, qu’une latine, de l’opinion de Provan- chère, dans la collection colléctaneorum de diuturn& graviditate ; imprimée à Amsterdam, en 1662. 1.9 Aphorismorum Hippocratis enarratio poetica , autore Provencherio medico regio, impress, Senonis Niverd, 1603, in-8.° de 57 pages chiffrées. Re, — TER. Foi Siméon de Provanchère. 479 Ce sont les aphorismes d'Hippocrate , traduits en vers latins et divisés en sept sections, à la fin des- quels on retrouve en latin soh opinion sur lenfant de pierre de l’ouvrage précédent : Aæc enim (mater ) nata annos quadraginta , decurso gestationis curriculo , dum mammaæ turgent lacte, graves puerperii labores experitur, ichores prodeunt et membranosum quid cruore tinctum , referente marito,effertur, fœlum de= ponere prohibetur , desideratur enixus, Hæret infuns utero quemi neque proprit Molus neque Matris contentio potuit excludere, aded ut venter posteà nunquam matri concidertit , sed'gravis 1lla tantisper perstitét, dum fato functa æœtatis anno octavo et sexagesimo dissecari jubetur ; tunc chirurgi qu vi possunt uncis et manibus Jætum præsente me abstrahunt induratum , sed in quo Jjusta partium conformatio elucebat, nec enim corpus Jœæti moles minut aut Corruere visa est tot annorum spatio; cujus rei sensus ipsOS quorum cerliludo maxima@ et indices et judices habemus etc. Ludit in humanis divina potentia rebus. 3.° Discours sur l’innapetence d’un enfant de Vau- profonde , confin de Sens, qui n’a bu ni mangé de- puis trois ans ; imprimé à Sens, chez George Niverd, 1614 , in-8.° Le même ouvrage, augmenté d’un second discours ; chez le même, 1615, in-8.° Le même augmenté d’un troisième discours, troi- sieme édition, imprimée chez le même, 1615, de 55 P. La même histoire de l’innapetence d’un enfant de Vauprofonde, près Sens, de son désistement de boire ét de manger quatre ans onze mois, et de sa mort ; par 480 Biographie. Siméon de Provanchère, médecin duroï, quatrième édition, augmentée par l’auteur, d’un quatrième dis- cours ; imprimé à Sens, chez Niverd, 1616, in-8.° de 45 feuillets. 4.° Cinquième discours apologétique , d’un enfant de Vauprofonde, pour les causes surnaturelles de son innapetence , par Siméon de Provanchère, im- piimé à Sens, chez Niverd , 1617 in-8.° de 33 feuillets. Provanchère, dans ses observations sur l’enfant pé- trilié, donne au moins des raisons quelconques sur ce phénomène, et, par un contraste de la chaleur et du froid , cherche à l’expliquer ; mais ce qu’il dit sur l'enfant qui vécut cinq ans sans boire ni manger, n’est nullement plausible , puisque , après beaucoup de verbiages, il conclut, que nombre d'effets ex- posés à nos sens ne pourroient être placés au rang des causes naturelles et qu’on les doit renvoyer aux sur- naturelles, dont Dieu est l’origine, comme cause première, et qui passe quand il lui plaît les bornes de la nature. Un anouyme cité sous le nom d’Androgyne l’atta- qua assez vigoureusement ; celui-ci vouloit que leffet fût naturel, mais ni lun ni l’autre ne l’expliqua , et le petit ouvrage du chirurgien qui fit l’ouverture du corps de Godeau après sa mort , et l’exacte des- cription anatomique qu’il en donne , est tout ce que le public a eu de mieux sur cet événement sin- gulier ; ilne cherche pas à expliquer, mais au moins il met les gens de l’art dans le cas de pouvoir en découvrir le principe. Il a pour titre : Histoire véri. table Mine. - - “ Biographie. 481 fable non mains rare que merveilleuse , d’un enfant qui à vécu en santé, allant et venant sans boire ni manger, avaler ou sucer quoi que ce soit, l’espace de cinq ans. Par Thomas Mont-Sainet, chirurgien à Sens, imprimé chez Viverdon , 1616 , in-8.° de 38 pages. L'Enfant s’étoit assez bien porté jusqu’à l’âge de neuf ans; mais après une longue maladie, il eut un dégoût qui augmenta au point qu’il ne but plus, ni ne mangea Jusqu'à sa mort, qui arriva cinq ans après ; il alloit à. la campagne glaner avec ses ca- marades , il cueilloit les fruits, chassoit aux petits ciseaux, et il mourut en 1616, d’une inflammation dans les poumons. 5.° Les Quatrains de Pibrac , traduits du francois en latin, z1-8.° J’ignore l’année de l'impression , le seul exemplaire qui m'en a passé par les mains étant défectueux et déchiré au commencement. 6.° Provanchère avoit aussi traduit du grec quel- ques extraits choisis des poètes grecs, mais il ne furent pas imprimés. On est convaincu par la lecture des ouvrages de ce médecin, que la ville de Sens appeoit son sau- veur, qu’il étoit tres-instruit , et que la connoïissance des bons auteurs lui étoit très-familière; mais une érudition hérissée de citations, et un style affecté, avec le peu d'ordre qui y règne, ainsi que dans la plupart des écrivains de son temps, rendent la lec- ture de ses ouvrages insoutenable et fastidieuse, Tome FI. Hh SRI CUIR CENT PARA EN ENENERE STTIIR RE POITIERS ART (LITTÉRATURE GRECQUE. CourTze NOTICE sur le projet d’une Traduction de l'Histoire des Animaur, d'Æ LIEN. | Jr ne crois pas que l'HISTOIRE DES ANIMAUX D’ÆLIEN ait jamais été traduite en français, elle méri- terait pourtant de l'être. J’avois commencé ce travail que je ne continue pas, de peur de consacrer un temps considérable à un ouvrage fastidieux , dont peut-être aucun libraire ne voudra se charger. Cette entreprise ne seroit cependant pas, je crois , sans quelque utilité. Il ne faut pas s’imaginer pourtant qu’Ailien soit un bon auteur, ni s'attendre à trouver, dans son Histoire Naturelle, des observations exactes, bien faites, et une critique éclairée ; ce n’est presque par- tout qu’une collection d’anecdotes puériles , sur les propriétés merveilleuses des animaux. On y trouve tout ce que les préjugés et ignorance ont imaginé de plus ridicule; il y a néanmoins un assez bon nombre d’observations intéressantes, quoique pour- tant la difficulté de rapporter les noms des anciens à la nomenclature moderne, en diminue beaucoup le prix et l'utilité. Au reste, tel qu'ilest, ce recueil d’Ælien seroit bon à connoître, parce qu’il augmen- teroit nos lumières sur les progrès de l’histoire na- turelle chez les anciens. L'Histoire des Animaux d’Ælien est divisée par livres, et ces livres par petits chapitres, absolu- Liliéralure grecque. 483 ment dans le genre de ceux de ses Histoires Diverses dont nous devons une excellente traduction &u cit. Dacrer, de l’Institut national. Le style de l'Histoire des Animaux passe pour excellent , clair, plein d’élé- gance et d’atticisme. Nous autres modernes nesommes pas trop bons juges en fait d'élégance dans le style grec, et moi surtout moins que tout autre; aussi ne suis-je pas bien sûr de ne point me tromper en disant que j’ai trouvé le style d’Ælien dur , cons- truit difficilement , bizarrement, et souvent obscur, Philostrate parle d’un Ælien né Romain, et qui parloit grec comme les plus purs Atticistes (1); etil est sûr que Philostrate pouvoit s’y connoître : j’ob- serverai pourtant que Philostrate, sophiste, écri- vant la vie d’un sophiste, car Ælien l’étoit, a dû trouver très - bon et très-élégant le style maniéré, recherché , contourné d’Ælien. Cette manière d’é= erire étoit alors à la mode parmi les Grecs ; on vi- soit à l’obscurité et au néologisme , comme dans les bons siècles au naturel et à la facilité de Pexpression. Lucien est peut-être, parmi les sophistes qui nous restent, le seul dont le style ne soit pas infecté de ce mauvais goût ; ainsi le jugement de Philostrate, si toutefois l'Ælien dont il parle est celui qui nous reste , ne doit pas déterminer le nôtre , puisque Phi- lostrate partageoit et admiroit les mauvais principes des littérateurs de son temps. Il ne faut pas non plus se décider d’après Suidas (2) , qui nous dit qu’Ælien fut . (1) Philostr. Wir. Sophise. lib. 2, cap. 3r AP#706. (2) Suidas, ». "AtMteyos, L H h 2 484 Littérature. nommé Meliphthongue, Meliglosse(3); car les au- diteurs de ses déclamations sophistiques, et les lec- teurs de ses histoires, ne devoient pas avoir en gé- néral le goût très juste à une époque où la littéra- ture étoit corrompue. “ Les principes du goût en littérature ne sont sans doute pas les mêmes pour toutes les langues; mais le naturel et la clarté se trouvent toujours dans Îles bons auteurs de toutes les nations. Homere seroit: le plus aisé des auteurs grecs, sans les dialectes dont les inflexions irrégulières et variées, rendent son style difficile, relativement à la partie maté- rielle des mots, et exigent de l’habitude. Virgile et Cicéron ‘ne sont point des auteurs difficiles à en- tendre ; Sénèqe et Tacite le sont davantage, ils sont obscurs et guindés, et ne sont pas placés au rang des meilleurs écrivains : je ne parle que de la cor- rection du style , car, pour le fond des choses, je pré- fère bien Sénèque à Cicéron , et Tacite à Tite-Live. Ainsi Ælien, malgré les témoignages de Philostrate et de Suidas, ne me paroît pas un bon écrivain; car il manque de naturel et de clarté ; ses expres- sions sont souvent forcées, impropres , bizarres : il se répète; son style manque de liaison ; quelque- fois il se jette dans des exclamations pleines d’une chaleur ridicule, si elles sont sérieuses, ou bien . froides s'il veut plaisanter ; il aime les anthithèses, les contrastes de mots et de pensées ; et tout cela n’est pas de bien bon goût selon moi, mais aussi est (3) Qui a une voix de miel, une langue de miel. L Le Liliérature grecque. 485 de bien peu d'importance ; l’essentiel seroit , non pas qu'il eût écrit en grec, comme M. de Buffon en français, mais qu’il eût observé avec exactitude , et n’eût pas rempli son ouvrage d’une foule de contes de bonnes et de nourrices. Il nous dit fort sérieusement (4) qu’an chien fut amoureux d’une musicienne, mais que quelques-uns prétendent que ce fut un bélier, quelques autres une oie. Il est bien vrai qu’à Paris, en 1601, au mois d’octobre, une femme et un chien furent brû- lés par arrêt du parlement, pour avoir été trouvés dans le même lit (5) : mais qui a jamais pu croire qu’une oie ait joué ce beau rôle ? Il nous apprend (6) que les fourmis ne sortent jamais de leur trou le premier jour de chaque mois; que les guépes (7) naissent des cadavres des chevaux, et les abeilles (3) des cadavres des bœufs ; que pour détourner (9) l’œil des enchanteurs , les ramiers mangent des branches de laurier, les tourterelles le fruit de Piris ; que si un cheval marche sur les traces d’un loup , il est tout-à-coup frappé d’en- gourdissement ; qu’il en arrive autant au lion, quand il marche sur des feuilles de chêne verd (10); que les chèvres de Céphalénie sont six mois sans boire(11). (4) Lib. T, cap. 6. (5 ) Elmenhorst. emendat ad Apuleium , p. 297. Francof. 162r. (6) Liv. I, chap. 22. (C7)Hbid. chap. 28. (8) Lib. IL, cap. 57. (9) Lib. I, cap. 35. (10) Ibid. cap. 36. ur J Lib. II , cap. 32. D" Hb 3 486 Tiliérature. Aïlien ne manque pas de répéter, ce qu'ont dit tous les anciens, que le cygne chante avant de mou- rir (12): mais cela n’est peut-être pas aussi fabuleux que ce qui précède. Le prince de Eondé avoit à Chantilly, deux cygnes sauvages, mâle et femelle, qui chantoient. Des commissaires nommés par l’Aca- démie des inscriptions, les ont entendus (13); et, ily a sur ces cygnes chanteurs, un mémoire du citoyen Mongez, aujourd’hui de l’Institut national. Je ne finirois pas si je voulois rapporter les nom- breuses puérilités recueillies par Ælien ; et quoique le détail pût en être quelquefois amusant, il se- voit le plus souvent mortellement ennuyeux. Au reste , si le nombre des chapitres raisonnables n’est pas très-grand, il l'est assez cependant, pour que cet auteur soit utile à connoitre ; et peut-être même est-il bon de le lire, pour ses contes et ses puérils récits; parce qu’ils nous apprennent où en étoit la science chez les Grecs, et peuvent servir à réfuter un peu les admirateurs envieux et exclusifs de l’an- tiquité, qui prétendent que les anciens savoient tout ce que nous savons , et que nous ne faisons que les suivre et les répéter. À LE BOISSONADE. (12) Lib. V, cap. 34 (13) Béliu de Balu sur Lucien , tom. I, p. 106.— Mémoires du citoyen Mongez , dans,le recueil de l’académie, — Etudes de la nature , ton. TT, p. 72. — ————" POÉSIE LATINE. IN MORTE BORDÆ, vin celeberrimi, Elegia LAURENTII MASCHERONTI ; 1n-fol. de 4 pages, imprimé chez Didot. D, NS le silence des muses françaises, Laurent MaASsCHERONI, commissaire cisalpin pour les poids et mesures, a fait retentir en vers latins la plain- tive élégie , pour rendre hommage à la mémoire de l’illustre Borpa. De beaux vers latins sont un phé- nomène littéraire assez rare aujourd'hui, pour que nous nous fissions un crime de le passer sous si- lence. Voici le début de cette pièce: Siccine , BoR DA , fugis! dum curvi littora mundi, - Atque arcum , medio quo caditumbra die, Metiris , populisque paras communia rerum Pondera , communi dinumeranda nota. Nunc obis, heu ! non hoc socios sperare jubebas ; Non quos terra calens divitis Hesperiæ , Ut tecum possent pulchro iudulgere labori ; Non quos è celsis fontibus Eridanus , Rhætiaque , atque Italæ diversis finibus urbes, Et Batavi et Dani miserat unda maris. Le porte peint le cortège funèbre de l’Institut national , accompagnant à sa dernière demeure notre immortel géomètre ; et BOUGAINVILLE son ami, et jadis son compagnon dans des expéditions maritimes devenues célèbres , exprimant la comniune douleur sur le bord de sa Rss : Hh 4 D f U dr 0 488 P@ésie latine. Interea cari vox est audita sodalis, Pendula dum starent memnbra super foveam ; msi Qui comes à tenero 1ibi Bougainvillius ungui , Te colit æternæ fœdere amicitiæ. Ille olim , patriam Jinquens dulcesque penates, Tecur de ventis plurima disseruit : Nunc infelicem sine luce amplexus amicum, In laudes fudit tristia verba tuas. * Ici vient une tirade de dix vers, qui ne deman- doient pas moins un mathématicien qu’un poète pour les faire, et où l’auteur retrace les principales obli- gations que les sciences exactes, et l’art de la na- vigation en particulier, ont eues à Borda; après quoi le panégyriste déclare qu’il a de la peine à imaginer que Borda soit arrivé , ou qu’il séjourne dans l'empire des morts comme une ombre vulgaire; il lui fait rencontrer dans l’Élisée cet Archytas de Tarente , dont Horace a parlé dans le début d’une de ses odes (1. x od. 26.), etils s’y livrent ensemble à leurs occupations favorites % 2 Non ego te credam Styoüs in vallibus umbram Ire per obscuros nocte silente lacus ; Nec tenuisse levem turpi cum remige cyubam, Qua latrat vacuus terna per ora canis. Ut comes Archytæ Plutouia regna videres , | Et magni Elysii mensor uterque fores. Enfin, le poète adresse, d’une manière touchante, la parole au fidele gardien du cimetière de Mont- martre, et il lui recommande de ne pas manquer d’écarter, par ses aboïemens, les spoliateurs des tom: beaux, ces enfans d’Æsculape, qui, dans l’observa- Poème sur Borda: 489 tion des cadavres , épient les secrets de la nature, afin de les appliquer à la prolongation de notre frêle existence : Fide canis , precor, ossa loco prælustria serva: Terreat occultum vox inopina pedem , Si quis Apollineæ sectator venerit artis , Jt rapiat vulso membra sepulta solo; Ut numeret fibras, et cassas sanguine venas, Sanguine quo magnum ferbuit. ingenium, Quamquaun nec surgit Pario de marmore signum, Nec tantum constat per monumenta decus , Te, Borda , usque recens celebrabit fama superstes , Nec deserta tuo nomine saxa vacant. L'auteur de cet article craint de placer à côté de ces vers l’épitaphe latine qu’il avoit aussi tracée pour lillustre Borda : Æmalus Archytæ , flesti quem, clara Tarentum; Atque Syracosio non minor ille sopho ; Gallia honoratis quein jure accenset alumnis, Quem voluit pelago , quemque per astra ducem, Hic jacet heu! cunctis ploratâ morte peremptus, 1 Nec merito insignis marmore Borda. Vale! L ” n 11 vaudroit bien mieux, sans doute, inscrire sur k le tombeau de Borda, avec quelques légers change- mens, les beaux vers d’Horace que nous venons de désigner : Te, maris et terræ numeroque carentis arenæ Mensorem , cohibent, 6 Borda ! 4 Pulveris exigui celsas propé parvula rupes : Munera ; nec quicquam tibi prodest AGrias tentasse domos , animoque rotundum Perçurrisse polum, morituro. P. H. M. a EU be She ep Ce, ("US QG NU dd US en 6, | POÉSIE GRECQUE. CaALLiIMACHI Elegiarum Fragmenta, cum Elegiä CATuLLr Callimacheä, collecta atque 1illustrata a LUDOrICO-CASPARO VALCKENAER. Edidit, præfalione atque indicibus instruxit JOANNES LUZAC. A Leyde, chez Luchtmans, 1709, 1n-8.° L E nom de Valgkenaer est connu parmi les Hellé- nistes, comme un des plus illustres dont la littérature grecque ait à se glorifier depuis la renaissance des lettres. Disciple de Hemsterhuis , il marcha digne- ment sur ses traces , et il fut son successeur à l’uni- versité de Leide : il avoit auparavant professé à celle de Franeker. Les lettres le perdirent en 1785, âgé de 69 ans. L’auteur de cet article, qui fut son dis- eiple pendant plusieurs années, regrette de manquer de matériaux pour lui élever ici un juste monument de sa vénération et de sa reconnoissance. Mais les ouvrages que ’alckenaer a laissés après lui, suffisent pour consacrer sa mémoire : voici l’énumération des principaux : Dè ritibus in jurando a veteribus, Hebræis maximè ac Græcis, observatis. Franeker, 1735, in-4.° Ammonius | de adfiniun verborum differentià. Leide, 1739, in-4.° Une nouvelle édition considérablement enrichie, dE en à - - . Callimaque. 491 de l'ouvrage de Fulvius Ursinus, intitulé : Virgilius, cum Sræcis sCriptoribus collatus. Leeuwaerde, 1747, in-8.° - Specimina academica, Franeker, 1747, in-4.° Epistola ad Matthiam Rover; item, Iliados Ho- mert Liber XXIT, cum scholits Porphyrit et aliorum nuriC primum editis, et dissertatione de præstantissimo codice Leidensi , et de scholits in Homerum ineditis. Leeuwaerde , 1747, in-8.° Un travail précieux sur les Phéniciennes et sur V'Hippolyte d'Euripide ; chacune de ces pièces for- mant avec les notes un vol. in-4.° ; les Phænissæ, imprimées à Franeker, en 1755 ; PHippolytus | à Leide, en 1768. é Diatribe in deperditas Euripidis tragædias. Leide, 1767, in-4.° Theocriti X Eidyllia. Leide, 1773, in-8.° Theocritus | Bion et Moschus. Leide, 1779 , in-8.° En 1763 il donna, avee Pierre IWesseling, une excellente éditiog d’Hérodote, en un vol. in-fol. Il étoit doué, dans un rare degré, du talent ora- toire ; plusieurs de ses discours latins ont été succes- sivement imprimés. Dans un recueil de Tüberit Hemsterhusii et Ludovici Caspari Valckenarii ora- tiones, imprimé à Leide en 1784, in-8.°, il y en a trois de lui > Savoir : De rerum Belgicarum yicissitudine | in annum 1740: ( l’alckenaer enseignoit aussi à Leide l’histoire de son pays, qu’on appelle communément en Hollande l'histoire de la patrie, parce que des hommes libres 492 Poésie grecque: en ont une ; et dans ce discours il émet, en homme libre , son opinion sur une année qui vit plus que jamais appesantir sur la tête des Bataves, le joug stadhoudérien. ) De Philippi Amyntiadæ indole , virtutibus , rebus geslis ; Cœusis externis fractæ Grœcorum libertatis. De critica emendatrice, in libris sacris novi fœ- deris a litteratortbus , quos vocant, non adhibenda. Ce même volume offre des observations de Valcke- naer sur deux discours de Chrysostôme , et des notes sur quelques passages du nouveau Testament. Ce que J’alckenaer a publié, n’est rien auprès de ce qu'il a écrit; nul n’a mieux connu que lui la littérature ancienne dans toute sa vaste étendue: il avoit tout lu, et il lisoit toujours la plume à la main ; et il a laissé des notes surtout, notes rem- plies de cette profondeur d'érudition et de cette sa- gacité de critique qui n’appartenoient qu’à lui. Ce trésor littéraire est principalement entre les mains de son fils unique, le citoyen Jean ’alckenuer , dernièrement ministre plénipotentiaire de la répu- blique Batave à Madrid, et auparavant professeur de droit , successivement dans les universités de Fra- neker , d'Utrecht et de Leide (1}), et aussi en partie dans celles du citoyen Jean Zuzac,proche parent de - (x ) Il prononca, en prenant possession de sa chaire, dans la der- nière de ces universités, un discours qui a été imprimé, de officio boni civis in republic& turbat&. Ce sujet intéressant rappelle le Tractatus juridico-politicus de Phil. Andr. Oldemburger, de rebus- publicis turbidis in tranquillum statum reducendis , in eoque conser= yandis , imprimé à Genève en 1677, in-8°, Callimaque. , 493 Palckehaër et son successeur dans la chaire de grec et dans l'enseignement de lhistoire de la patrie à Leide. On ne peut trop engager ces intéressans dépositaires à communiquer successivement au pu- blie quelques portions de cet inappréciable trésor; le travail sur l'Histoire grecque de Xénophon, par exemple ; celui sur Sophocle ; celui sur l’auteur agio- graphe, à qui nous devons les livres des Macca- bées , etc. , Un des plus beaux fleurons de la gloire littéraire de Jalckenaer est, sans contredit, dans tout ce qu'il a fait pour développer et perfectionner ce systéme de l’analogie de la langue grecque, véri- table clef de toutes ses étymologies , qu'Hem- sterhuis avoit enseigné avant lui, et que l’immortel Albert Schuliens professoit en même temps pour les langues orientales. Jules-César Scaliger, Claude de Saumaise et Isaac Casaubon avoient jeté les fon- demens de cette doctrine : l’estimable helléniste Lambert Bos, dont le classique opuscule, intitulé Ellipses Græcæ, a eu tant d’éditions successivement enrichies par plusieurs savans, avoit suivie plus d’un siècle après; mais il appartient à Hemsterhurs , à Schuliens et à Valckenaer de lavoir mise dans un nouveau jour, et frappée du cachét de évidence. Jean Daniei Van Lennep ; qui, par une funeste des- tinée, commune à la plupart des meilleuxs disciples de l’alckenaer ; fut prématurément enlevé à la science, a publié cette incomparable méthode, à laquelle il faut regretter qu’en Allemagne Michaëlis et Ernesti n'aient pas rendu la même justice que leur savant %. LS 494 Poésie grecque. compatriote Eichhorn, dont l’A//semeine Bibliothetk , (bibliotheque universelle) mérite d’être consultée à ce sujet, t. IV. n.° 4. p. 744. Dans sa préface dédicatoire , adressée au respectable jurisconsulte Bavius Z’oorda, l’éditeur Jean Luzac entre aussi dans quelques détails qui prouvent combien il est partisan de cette doctrine analogique ; cette préface porte la date du 1. mai 17973; l’éditeur a eu le chaorin de perdre depuis , son fils ainé , jeune homme de la plus belle espérance, et ce fâcheux événe- ment a beaucoup retardé la publication de ce volume. Il est temps que nous y venions plus directement. Falckenaer lui-même, sur la fin de ses jours, avoit commencé à faire imprimer cet ouvrage; mais à sa mort, son fils arrêta et supprima l’édition, dont il n’est entré qu’un très-petit nombre d’exemplaires dans les mains de quelques amis. Nous en avons vu un; il portoit ce titre : Callimachi elegiarum fragmenta , (sub hoc nomine nunc primum edita) , paulà forte copiosius quam opor- tuerat illustrataa L. C, V.M.C. Lugduni-Batasorum , prostat libellus venalis in officina Luchtmanniana 1782. Cet imprimé avoit 128 pages in-8.° et n’alloit pas jusqu’à la fin du commentaire de l’élégie de coma Berenices ; 1] finissoit au 5o.° vers de celle-ci, qui en a 94. V'alckenaer , au déclin de sa carrière , éprouvoit quelquefois un état assez singulier. D’une complexion très-pléthorique , quand le sang Jui montoit au cerveau , il étoit dans une exaltation d’idées qui touchoit à l’aliénation. Son ouvrage avoit pu se res- sentir de cette crise, et telle fut la cause de sa sup- Callimaque. 499 pression : le titre même que nous venons de donner , en tenoit peut-être un peu. Le paulo forte copiosius quam opportuerat est vrai, mais west pas ordinaire, La qualité de morum censor , indiquée par les deux dernières initiales ajoutées à ctlles de son nom, semble porter le même cachet. V’alckenaer étoit fron- deur ; il censuroit les ridicules , sans aigreur, mais avec causticité. | Nous ne pouvons pas indiquer les dissemblances qu’il y a entre l'édition primitive et celle qui vient de paroître, la dernière ne nous étant pas encore parvenue , et cette annonce n’étant faite que d’après un article du journal hollandais , intitulé Konst-en Letter-Bode. Nous voyons seulement que la mar- che et le contenu des deux volumes sont les mêmes, à cela près qu’il y a de plus, dans celui nouvellement publié à la fin du commentaire sur Pélégie de coma Berenices , et puis la partie vraiment essentielle , savoir , Callimachi elegiarum fragmenta. Voici done ce contenu : 1.° Unrecueil de passages de divers auteurs, éclair- ciset quelquefois émendés, sous ce titre : de elegis Cal- Limachi testimonia examinantur. Ces passages sont , (ou étoient ) : Propert. éleg. IIT,1, x. id IE, 7, 43. id. II, 25, 31. Ovid. amor. I , 15, 13. Art. am. IT, 329. Rem. am. 759. Stat. sylv. 1, 2, 251 seq. 2.° Integra Callimachi elegia | qua loqui fingitur Bepevixys mhoxam@ , coma Berenices , Catulli versibus numerisque reddita. Græcu | quæ huc usque detegi potuerunt, Elegiæ Callimachi Fraginenta Catullilatinis sunt interjecta, Cet article est précédé de quelques 496 Poésie ne passages d’auteurs anciens et modernes, relatifs au sujet traité par Callimaque et par Catulle, savoir, la chevelure de Bérénice et la constellation qui porte ce nom. Ces passages sont de Æratosthenes in cutas- therismis Leonis, ©.12.—Hyginus, Astron. poët. 1. IL, ©. 24, in Leone. Achill. Tut.isagog. in Arat.phænom. p. 134. Hesych. in v. Bepevixys macxu@+. T'heon. schol. in Arat. phænom. v. 136. Scholiast, in Aratea Ger- manici, ed Morello p. 114. Proclus de sphæra ce. ult. Angel, Polit. Miscell. 6.68. M. A. Muret comm. in Catull. J, Dousæ F. conjgectan. in Catull, 3.° Callimacht Elegiarum Fragmenta. Nous nous réservons de parler de cette partie capitale, sitôt que nous aurons reçu l’édition que nous annonçons. Celle que nous connoissions n’al- loit pas jusques-là. Nous ignorons le nombre de fragmens que V’alckenaer avoit recueillis ; mais nous savons qu'il étoit considérable, et qu’il avoit été peu content de ce que kes éditeurs de Callimaque, y compris Ernesti, avaient fait jusqu'ici, relative- ment à cette recherche."Il lui était même arrivé, dans sa correspondance avec Ernesti, d’humilier un peu, sur ce chapitre, l’amouf-propre de ce savant Germain. Nous nous rappelons que l’alckenaer ; en réunissant des fragmens épars de divers côtés, étoit parvenu à en former une suite non interrompue de plusieurs vers, dont la traduction presque litté- rale se trouve dans le huitième livre des Métamor- phoses d'Ovide, à Pendroit où il décrit le bonheur domestique de Philémon et de Baucis, dans la touchante simplicité de leur ménage. v. 641 —650. Inde , ANSE Callimaque. 497 Inde foco tepidum cinerem demovit , etc: Nous aimons à terminer cet article par les beaux vers latins que Pierre Burman, le second, fit pour Valckenaer, lorsque celui-ci réunit dans sa Diatribe, ci-dessus indiquée , les fragmens dispersés d’Euripide, comme il a réuni, dans ce volume, ceux de Calli- maque. Docta Machaoniis ut vitam Epidauria succis Reddidit ars juveni , Dite dolente, pio ; Divulsos lacerosque suis sic sedibus artus Nunc Valckenari dextra perita refert ; In sua quem , pedibus sed non penetranda profanis ; Admisit totum templa Pelasga Venus ; Et mirata novos, sibi quos incendit, honores, Deperit ingenii nobilioris opus ; Et fovet has gremio chartas, quibus oscula figit, Qualia dat magnis, nec nisi rara, viris, Atque inter doctas suspendit in æde tabellas, Quas adyti æterno collocat ipsa tholo. Pl. H°M. Tome FI. Ii VO TOR QG ETS Forace à Constantinople, en Italie, et aux tles de l’Arclupel, par l Allemagne et la Hongrie. À Paris, chez Maradan, rue Pavée, André-des- Arcs, n.° 16; 1 vol. in-8.° Doours les voyageurs Tavernier et le Bruyn, depuis les deux gros volumes de lavocat Guer, sur les mœurs, les usages et la religion des Turcs, un grand nombre d'ouvrages sur cette nation ont paru, et ne nous ont rien appris de nouveau, parce que le Turc du 18.° siècle est le même que celui du seizième ; et cela doit être dit, Montesquieu , « dans « un pays où à la foiblesse des organes qui fait rece- « voir à ces peuples les impressions les plus fortes , « se joint une certaine paresse dans l’esprit qui fait « qu’ils ne sont capables d’aucune action, d’aucun « effort, d'aucune contention; il est facile de com- « prendre que l’ame qui a une fois reçu des impres- « sions, n’en peut plus changer; c’est ce qui fait que les loix, les mœurs et les manières, même « celles qui paroissent indifférentes , comme la facon « de se vétir, sont aujourd’hui comme elles étoient «il y a mille ans ». Toutes les observations des voyageurs modernes ne nous apprendront donc rien ; et il sembleroit que celui dont nous allons parcou- rir l'ouvrage en étoit persuadé , lorsque dans quel- Voyage à Constantinople, etc: 499 mes lettres rapidement écrites , il croit nous avoir fait connoitre tout ce qu’on doit savoir sur le gou- Vernement, la religion , les mœurs des Musulmans. Ce voyageur partit de Paris en octobre 1790 , et fut de retour en juillet 1702, après avoir traversé PAllemagne, la Hongrie, la Transilvanie , la Va- Jachie', la Bulgarie, et étre rentré dans sa patrie par l’Archipel, Malte, la Sicile et Naples. C’est assurément faire beaucoup de chemin en peu de temps , et nous faire part de ses nombreuses obser- Vations en peu de lignes; car on voit tant d'états, de provinces , de contrées en trois cents Pages ; encore Y trouve-ton une excursion philosophique et très- ‘gratuite sur la Russie, La route de Constantinople par la Hongrie , n’est pas celle qui est la plus fréquentée ; ce qui nous ôbligera de nous arréter avec ce voyageur dans les heux où ce qu’il veut bien nous communiquer sur les mœurs ; les usages des divers peuples qu’il rencontre, méritera de nous fixer. Peut-être que miladi Mon- taigu et le père Boscowick , ne nous auront pas tout appris. * Nous r’assisterons point , avec le voyageur, au cou- ronnement de Léopold à Francfort ; nous ne dirons rien de Vienne, parce que le baron de Risbeck nous a très-bien instruit de l'hospitalité des Autrichiens, des singularités du prince Kaunitz, des cercles nom- breux de cette capitale, ét de la facilité d’y être admis , surtout lorsqu'on est français. « Le rôle que “TAngleterre et la France ont Joué dans l'Europe # depuis Cromwel et le cardinal de Richelieu , le haut Liz 509 Voyages. « période où elles ont porté à l’envi les sciences ef « les arts, partagent depuis deux siècles, l'intérêt « et l’opinion des autres peuples. La manière dont « on regarde en pays étranger les Anglois et les « Francois , est une preuve de leur supériorité et de «la jalousie qu’on leur porte ; tout est différence « entre eux ; comment les compare-t-on impartiale- «ment? Le François fait des frais partout, mais « gagne beaucoup à étre vu dans son pays; l'An- « glois ne fait de frais nulle part, et encore moins « chez }ui. Il faut du temps et beaucoup de peine pour avoir accès dans les sociétés, soit à Londres, « soit à Paris; on sait gré à un anglois d’être ai- « mable, on trouve fort mauvais qu'un francois ne « le soit pas; le françois fronde, tranche, heurte « ouvertement ; l’anglois, plus méprisant encore, « mais plus réservé, cache sa facon de penser, et « montre sa facon de vivre; on remarquera ses ha- « bits, jamais ses opinions:il n’en est pas moins « vrai que ce n’est pas un préjugé du pays, qui me « fera avancer que l’homme aimable et estimable « partout est celui qui approchera le plus d’un fran « çois dans Ja force de l’âge, sans préjugés , et pos- « sédant les qualités solides et sociales qu’on ac- « quiert plus en France qu'ailleurs. » Il est inutile de remarquer que l’auteur veut parler du françois de 1789. Nous nous arréterons un moment à Presbourg, pour assister à la nomination et au couronnement du fils de Léopold, en qualité de palatin; ce choix fut sollicité par toutes les cajoleries des souverains Voyage à Constantinople, etc. 5ot €t des courtisans de la cour de Vienne, et elles Produisirent l'effet qu’on en attendoit. « On ne sau- « roit dire si cette cérémonie est plus magnifique # que singulière ; c’est un spectacle où le souverain, « les magnats, le clergé, le peuple, jouent chacun un « rôle; le palatin se montre tantôt à cheval » tantôt à « pied au milieu des troupes hongroises , allemandes « et de la milice bourgeoise, couvert du manteau de « saint Étienne ; les rues étoient Jonchées de fleurs, “ couvertes de tapis aux couleurs de Hongrie, blan- « ches , rougeset vertes > t toujours bordées d’autant «“ de soldats que de curieux. Arrivé à la place des « Franciscains, la pompe sacrée réunie à la pompe « militaire, présente le plus beau spectacle ; c’est là que le palatin jure de maintenir les priviléges « des Hongrois ; on le conduit, ensuite à une mon- “ tagne qui est au milieu de la ville sur les bords « du Danube, il y monte au galop, tire son sabre, 2 “et partage le monde en quatre parties ; ce qui « ressemble assez à ce souverain tartare, qui veut « bien permettre aux souverains de la terre de dîner ” « lorsqu'il sort de table, » Cette Hongrie, habitée d’abord par les Tartares Mantchoux, fut successivement couverte de Huns, de Vandales, de Gépides, etc. ; et ces nombreuses hordes de barbares ont laissé sur le Caractère na- tional une teinte qui lui est Propre, et que le temps n'a point effacée. « Les Hongrois prennent en nais- «“ sant, les inclinations et les opinions qui les dis- * tinguent au moral, comme leurs traits et leurs « habits au physique, il se rencontre des gens qui 1i3 5o2 Voyages. « aient pour leur liberté, un amour qui va jusqu’à « l’enfance, tenant plus aux mots qu'aux choses, « ayant une prévention extrême pour leur pays, « qui est, selon eux, le premier pays du monde, et « celui qu'ils sont presque tous le plus empressés de « quitter, ayant une aptitude unique à s’exprimer en « plusieurs langues, parlant avec la gravité la plus im- a portante, de leur diete et de leur constitution qu’on « leur laisse , je dirai comme on laisse des joujoux « dangereux, à des enfans colères, parce que l’un et « l’autre sont plus nuisibles qu’utiles au pays et à la « pluralité de ceux qui l’habitent; si vous entendez a parler ainsi des hommes et des femmes , des jeunes a gens et des vieillards , ce sont des Hongrois. » Un précis historique nous äpprend comment la Moldavie et la Valachie sont devenues la proie de la puissance Ottomane , qui, ayant laissé d’abord aux Boyards, le privilége d'élire leurs princes, fut la cause d’une guerre civile d’ambition, qui dura deux siècles, et qui a livré enfin ces provinces au despotisme ture. Depuis cette époque, la Porte nomme à ces deux souverainetés, ceux des Grecs qui lui servent d’interprètes, et qui en donnent un plus haut prix. Ces souverains y viennent exercer sur leurs malheureux sujets, des vexations de tout genre , pour pouvoir se rembourser de ce qu’il leur en a coûté pour y régner , jusqu’à ce que le desir de les supplanter, toujours actif parmi les Dro- gmans , les délations, les trames, les perfidies, conduisent le prince régnant à être décapité, ou pendu , ou noyé. Ce fut dans une de ces galanteries Voyage à Constantinople, etc. 503 du despotisme , que Carra sauva sa tête pour la mettre ensuite à la disposition du despote de Îa convention et de la France : Carra étoit alors secré- taire de l’hospodar de Moldavie. Les divisions que produisent ces mutations rapi- des , sont la ruine de ces provinces ,et en font des déserts qu’on ne traversé pas sans peine, encore moins sans danger. Le voyageur qui , en qualité de françois , s’occupe principalement des femmes, nous apprend que celles de la Valachie, sont ha- billées à la turque , excepté qu’elles ont des cal- paks au lieu de turbans. » Elles enveloppent leurs * « cheveux, qui sont courts et qui ont leur couleur « naturelle, d’un morceau de toile noire ou rouge, « qu’elles ornent de guirlandes de fleurs, ou sim- « plement de quelques bouquets. Les graces d’uné « femme vêtue à l’orientale , ont un caractère aussi « séduisant ,| mais bien distinct de celui d’une « françoise ; c’est un abandon que ce costume flot- “ tant et voluptueux, accompagne de la facon la « plus piquante. Je l'ai remarqué avec plus de plaisir «“ encore à Constantinople, parce que les femmes qui « se présentent dans la société, y offrent la grace euro- « péenne unie à la négligence asiatique qui a quelque « chose de noble et de tendre. Ce mélange heureux « tourne au profit de la coquetterie. Les dames Va- laques ont un caractère de langueur ; c’est le geste «“ Je plus voluptueux , soutenu d’un air simple et « monotone. Dans leurs danses elles se tiennent par « les bras en lesélevant, ce qui relève aussi, d'une « facon fort heureuse , les trois quarts et demi dés Ti 4 “a 004 Voyages. « gorges. On ne recherche pas assez l’origine des «“ danses; en général celles des Tures n’en ont point « une équivoque, ce sont tout simplement des ta- « bleaux de PArétin, mis en action. Pourquoi y auroit- « il.de la délicatesse dans-leurs allégories, quand « il y en a si peu dans leurs jouissances ? » Après avoir traversé le mont Hémus et admiré les belles horreurs dont la nature l’a orné, on descend dans une plaine où les yeux se reposent , où Îles sens fatigués se dédommagent au milieu d’une forét d'arbres fruitiers et de nombreux sillons de rosiers cultivés comme la vigne ; que d’idées ce lieu charmant inspire !/ Il est fâcheux que notre voyageur se soit trouvé dans cette contrée poétique; dans le mois de février , temps le moins favorable aux jouissances de la nature et aux élans de l’imagination. Enfin nous voici à Constantinople. « La ressem- « blance de passions, de goûts , de mœurs, de travers « d’habitudes ou de vices, donnent à la plupart des « peuples de l'Europe , une analogie morale entre « eux. Jci, il faut perdre toute idée de comparaison; « moral, physique, industrie, vertu, amour, pré- « jugés, philosophie, excepté pour ce que linstinct « leur inspire; les Turcs ne sont guères d’accord. « Leurignorance , dont une des causes est l'extrême « difficulté de leur langue, les empêche de se rap- « procher plus au moral. Je ne donnerai pas , comme « un trait commun qui les distingue des Européens, « le profond mépris qu’ils montrent pour eux. Le plus «“ où moins de civilisation cache ou décèle ce travers « universel à tous les peuples ; leur fanatisme et la 2 Voyage à Constantinople, etc. 503 “ différence de religion, motivent cette aversion ; « leur philosophie a souvent plus de raison que la « nôtre. Il n’y a pas de peuple plus persuadé que « rien n’est stable dans la vie. » Nous n’avons rien à dire de lamagnifique situation de Constantinople, et de ses vastes faubourgs, de ses minarets et de ses beseistins; des mers qui l’en- vironnent , et des nombreux vaisseaux qui les couvrent; parce que les relations et les gravures multipliées, les ont mis sous les yeux de tous ceux qui veulent s’instruire : mais, pour nous conformer au goût du voyageur, nous ne passerons pas le chapitre où il parle des femmes.« A Constantinople, dit-il, la beau- « té est aussi éphémère et aussi précoce que les fleurs : «on en voit dès le mois de mars; mais le printemps “est aussi court pour une femme, que pour Ja « rose et la renoncule. Les femmes turques sont aussi « formées à treize ans qu’elles le sont à dix-huit en « France ; et à vingt-cinq, il y en a peu à qui on « n’en donnât trente-six. On doit attribuer le peu de «“ durée de leur fraîcheur, au climat et aux bains « chauds, les seuls qu’on connoisse à Constantinople. « L’asservissement où sont les femmes, la vie mo- « notone et sédeniaire qu’elles mènent , le défaut de «talens et d'éducation qui ne leur prêtent point les «moyens de domination qu’en tirent les Européennes: « voilà les garans de leur ennui et de leur peu d’em- « pire. Quelle idée se forme-t-on ensuite des jouis- “«sances d’un turc, au moral comme au phy- « sique ! Jolies françaises, qui lisez dans vos ro- « mans Îes noms de sérail et de sultanes , croyez que 06 Voyages. #la beauté n’a pas de plus bel empire que votre apays!» En parcourant le faubourg de Péra, l’auteur rend un hommage mérité à M. de Choiseul - Gouffer , alors ambassadeur de France, au sujet de ses re- cherches littéraires et géographiques sur la Troade, qui l’ont mis à portée de placer Homère dans un nouveau jour; oubliant qu'il est le premier des poètes , et il nous le montre comme le naturaliste, le géographe, et l’historien le plus exact. C’est du faubourg de Scutari, que notre voyageur aperçoit ces monumens funèbres qui lui font s’écrier : « Où est l'idée noble et philosophique qui élèvera, « dans mon esprit, les siècles modernes, à la gran- « deur des siècles passés ? je la trouve dans ces ma- « gnifiques cimetières. Les sites les plus beaux, les « plus étendus , d’où l’on domine sur cette mer aussi “vivante , aussi habitée que ses bords, ne sont point « destinés ici à des palais ou à des jardins ; ombre « sérieuse et toujours verte des majestueux cyprès, «annonce qu’une habitude religieuse les a consacrés « partout aux sépultures. Cette exposition, cette «confusion mélancolique d’arbres, de tombes, de «gazon, d’ombrages, loin de porter les yeux à se « détourner, d’inspirer à l’ame un sentiment de ré- « pugnance , font des cimetières, les promenades « les plus fréquentées et les plus pittoresques : à « chaque pas un tableau nouveau parle à l’ame et « l’attendrit. Dans les premiers jours du printemps, « une femme inclinée, arrose la terre qu’elle a se “ mée de fleurs ; son air religieux, ému, décèle une Voyage à Constantinople, etc. 507 «mère qui vient pleurer sur le tombeau de sa fille : «ici deux tures , avec un soin superstitieux, plantent “et assurent un jeune cyprès : les vivans commu- «“niquent sans cesse avec les morts. Un cyprès, plein « de séve et de verdure, naît des cendres de l’ami « qu’on à pleuré ; il ombrage , après sa mort, ceux « qui viennent penser à lui.» Nous ajouterons , et dans ce siecle par trop philo- sophique, et dans cette contrée si célébre par ses mœurs et ses vertus, où sont ces asyles sacrés de la mort ? où est ce respect pour les dépouilles de ce que nous chérissons, ce culte du sentiment et de l’amitié ? où sont ces rapports de l'ame avec ce qui l'aflige et la console ? Hélas ! on ne trouve de tous côtés, que l’avilissement de lespece humaine. Quittons en Français libres cette capitale du des- potisme, arrêtons-nous un moment en Crète, où on ne trouve plus ni les prêtres de Cybèle, ni le laby- rinthe , mais un pacha et quelques maisons de com- merce, les deux Zaudanum , le barbajovis et le fameux dictamne, mais surtout la peste et la lèpre. « La peste « ne présente que l’idée des souffrances courtes et « d’une mort prochaine ; mais de quels avant -cou- « reurs aussi certains, l’infortuné que l’incurable « lèpre a couvert, voit-il précéder cette mort ? Cette « épouvantable maladie offre les plus bizarres singu- « larités ; tantôt le funeste venin ravage l’intérieur « du corps , $ars autre marque extérieure qu’un gonflement universel jusqu’au moment où le ma- lade n’est plus qu’une plaie. Souvent la seule in- quiétude d’un mal sans remède, paroït sur uw Ê 508 Foyages. « visage qui n’est pas entièrement décomposé, Tous « les âges , tous les sexes sont infectés de ce poison; « toute communication est proscrite entre les lépreux « et les hommes. Un lambeau étendu devant leur « cabane, recoit les aumônes qu'ils vont ramasser « lorsque le voyageur charitable s’est éloigné. La « lèpre est de toutes les maladies la plus héréditaire; « on Ja garde dix et vingt ans. » Nous voici à Malte, chef-lieu d’un ordre guerrier et célèbre , qui avoit trois fois intimidé et bravé la puissance Ottomane, ayant trois Français pour chefs et pour défen- seurs. Hâtons-nous de quitter cette île, et d’ar- river en Sicile, et d’escalader cet Ætna qui n’est que l’occasion d’un voyage de vanité, pour pouvoir dire : Et moi aussi , J'ai vu la Spe/unca della Capriole, j'ai traversé la regione Silvosa, je suis parvenu à la tour d’Empédocle. Ce ne sont cependant que des roches brülées, des sables mobiles qu’on a parcourus, du soufre et de Ja fumée qu’on a respiré; faut-il faire dix milles pour une pareille jouissance ? Cette île tant célébrée par les poètes, si curieuse, même par ses ruines antiques, l’est encore plus par le caractère particulier de ses habitans. « [l'est constant «“ que la nature .des lieux qu’on habite , a plus ou « moins d'influence sur le caractère. Les insulaires « sont plus fiers et plus indociles; lés habitans des « plaines ont moins d'énergie que les montagnards; « 1] semble que les Siciliens, par leur dissimulation « et leur lente vengeance, imitent la fermentation « sourde et l’explosion de leur volcan, qui ne s'as- “ Soupit que pour se ranimer avec plus de fureur. Tous Ter 7 Voyage à Constantinople, etc. 509 les pays ont vu éclore des conjurations ; mais c’est Je Sicilien qui pouvoit achever seul ce complot, formé par le sentiment de l’outrage , fomenté par le desir de la vengeance, et si profondément ense- veli, quoique confié à cent mille acteurs, quoi- quedifféré pour que les coups fussent plus sûrs; ce complot qui devoit envelopper un peuple entier de conquérans, et rendre si cruellement fameuses les vêpres siciliennes. Les Siciliens d’au- jourd’hui ont hérité de la dissimulation de leurs ancêtres, » Après avoir bravé et Charybde et Sylla, on voit fumer le S/romboli, on laisse Pæstum et ses temples, Salerne et Minturne , cette fameuse Caprée, et on arrive dans le golfe de Naples. « Cette ville s’éleve x | en amphithéâtre du fond de ce golfe, dont les bords sont couverts de petites cités et de maisons de plaisance ; la mer n’est là que pour embellir le paysage; l’ile de Caprée termine le bassin et in- terrompt cette majestueuse monotonie, qui mêle une idée de crainte à une idée d’immensité. Les charmes de la nature étourdissent ici sur les dangers inévitables dont on est environné, elle couvre de fleurs les abîmes où la mort fermente sous les pas, sur la tête des Napolitains. Les en- trailles de la terre sont enflammées ; partout le sol est brülant ; ce ne sont que soufres, qu’eaux chaudes, qu’étuves naturelles , indices continuels de volcans éteints ou prêts à éclater. Si Naples et ses environs gagnent à être vus, ses habitans y perdent. La populace napolitaine semble être la 510 Voyages. | « lie de toutes les populaces. Le gouvernement, les lois , l’influence monacale font de ce peuple de Naples, le peuple peut-être le plus fripon, le plus superstitieux et le moins aisé à contenir. Il faut, pour le flatter, pour le gagner , pour l’amu- ser, d’autres moyens que chez les autres peuples. Cette populace à qui les logemens sont inutiles, sous le ciel le plus doux, a de légers vêtemens qui ne lui coûtent gueres et qui durent beaucoup. Depuis Mazaniello, et peut-être avant, cette mul- titude reconnoît un chef, très-ménagé par le gou- vernement qui est en relation avec lui. Ce roi des halles est instruit de tous les vols, crimes, délits qui se commettent de la part des Lazzaronis. » Le voyager qui dit un mot d'Herculanum et de: Pompeia , regrette fort que les travaux qui ont déja découvert une partie de cette dernière ville, soient aussi lents. « Quand on a vu, dit-il, Pompeia , Her- culanum , et le muséum de Portici, on ne peut pas s’empéêcher d’accuser ceux qui ont présidé à ces fouilles. Rendre au monde une ville ensevelie depuis 17 siècles, étoit une idée la plus simple et la plus belle. Si tous ces meubles, tous ces ustensiles qu’on voit froidement le long des parois: blanches et neuves du muséum, entassés comme dans un vaste magasin de quineailleries , eussent été mis en place dans les maisons de Pompeiïa, dont il eût suffi de rétablir les toitures ; que dans ce cabinet de toilette , cette salle à manger, ce sacra- rium, il n’eût manqué, pour ainsi dire, que le maître ; si tous ces instrumens pour les sacrifices 4 | | CNT TS PR PR UT Voyage à Constantinople, etc. 5rt «. eussent été conservés dans les temples , l'illusion « seroit revenue toute entière, on eût tout vu « avec bien plus de respect, plus de curiosité, « Craignoit-on le voisinage du Vésuve? Portici en « est tout aussi menacé ; apparemment qu’une telle “ idée n’étoit digne que de Louis XIV, il leût «“ conçue et exécutée ». Cette idée est très-belle ; mais pouvoit-elle se réaliser ? et les curieux auroient- ils eu le même respect pour ces ustensiles, que. le moderne voyageur paroît avoir pour elle ? Est-il bien assuré qu’un gardien, même fidèle, placé dans cha- que maison, dans chaque édifice public, eût pu empêcher que ces antiques quincailleries n’eussent très- promptement disparu ? _* Dutens, Richard, Lalande, Cochin, Roland, etc. ne nous ont rien laissé ignorer sur Jes usages, les mœurs , l’industrie, les productions, les arts de cette contrée privilégiée par la nature ; ils nous ont parlé de ses sites uniques, de ses tableaux variés ; ma- dame la princesse de Gonzague les a peints comme lauroient fait le Poussin et Salvator - Rosa. On lit avec plaisir ce volume, quoiqu'il n’ap- prenne rien à ceux qui avoient déja lu les voyageurs précédens, et peu de chose à ceux qui auroient désiré connoître les pays que l’auteur traverse. Son voyage est écrit avec la même rapidité qu’il a passé dù nord au midi. On ne peut le regarder que comme une course. On pourroit même croire que , malgré sa célérité, il n’en a pas été plus fatigué que les autres voyageurs , qui depuis quelques années ont parcouru l’Allemagne , le Danemarck , la Suède, 512 Beaux-arts. et la Russie, qui ont visité l’Angleterre , l'Ecosse et l’Irlande, sans danger, sans peine et sans dé- pense. A. L. M. BEAUX-ARTS. OBSERVATIONS sur le Laocoon; par M. GOETHE (i). . [ël N véritable ouvrage de l’art, sera toujours infini pour notre esprit, aussi bien qu’un ouvrage de la nature ; on le contemple , il est senti, il fait impres- sion mais il ne peut pas être entièrement connu, ni son essence et son mérite entièrement définis par des paroles. Dans ce que nous allons dire sur le Laocoon, nous n’avons donc point la prétention d’épuiser ce sujet fécond ; nous l’avons écrit plutôt à l’occasion de cet excellent monument , que sur lui. Puisse-t-il bientôt être exposé de nouveau, de manière que chaque amateur puisse en être satisfait, et en parler selon ses idées ! | Lorsqu'on veut traiter d’un ouvrage excellent de l'art , on est presqu’obligé de parler de Part en gé- néral , car l’art y est contenu tout entier, et chacun (r) Ces observations sent tirées du journal allemand intitulé : les Propylées. Voyez la notice que nous en avons donnée dans La T 9’ Je numéro précédent. Voyez sur M, Goethe , ce que nous avons dit, Ann IL, t. IL , p. 27r. peut Laocoon. | 513 peut, autant que ses facultés le lui permettent , dé- velopper à l'occasion d’un pareil monument, ce qui concerne l’art en général. C’est pourquoi nous com- mencerons par quelques ‘généralités. Tous les beaux monumens de l’art, représentent la nature humaine: les arts du dessin s'occupent surtout du corps de l’homme; nous ne parlons, à présent, que de ceux-ci. L’art a plusieurs degrés, sur chacun desquels peuvent paroître des artistes distingués ; “mais un ouvrage parfait de l’art réunit toutes les qualités, qu’on ne rencontre ailleurs que dispersées. + «Les plus beaux monumens de l’art que nous con- «noissons nous offrent : | Des natures vivantes et dune organisation élevée. ‘Avant toutes choses on s’attend à y trouver la con- noissance du corps humain dans toutes ses parties’, dimensions, buts intérieur et extérieur, dans ses formes et ses mouvemens en général. Des caractères. Connoïssance de la différence de ces parties, quant à la forme et à l’effet. Les qua- ‘Ltés se séparent et se présentent isolées ; de là naissent les caractères, et c’est par là qu'on peut faire sortir un rapport significatif réciproque de ces différens monumens de l’art; de même que les pat- ‘ties d’un ouvrage composé, peuvent avoir entr be un rapport signifiant. L’objet est : En repos OU el 1NOïWemeriL. Un ouvrage et ses parties peuvent être présentés ou subsistant par eux- ‘mêmes , et n’indiquant que Jeur existence d’une manière tranquille , ou bien animés , agissants, pas- «sionnés et remplis d'expression, Tome VI. Kk Br4 Beaux-arts. L’Idéal. Pour y parvenir, il faut que l'artiste ait un sens profond, solide, et doué de patience; à quoi doit se joindre un séus élevé pour pouvoir embrasser le sujet dans toute son étendue, pour trouver le plus haut degré de l’action qu’il veut re- présenter, pour le faire, par conséquent, sortir de sa réalité limitée, et lui donner, dans un monde idéal, de la mesure, des limites, de la réalité et de la dignité. La Grace. Mais le sujet et la manière de le repré- senter, sont soumis aux lois sensibles de l’art , c’est- à-dire , à l’ordre, à la clarté, à la symétrie, à opposition, etc. ; ce qui le rend pour l’œil, beau, c’est-à-dire , gracieux, agréable. La Beauté. Il est de plus soumis à la loi de la beauté intellectuelle, qui résulte de la mesure, à- laquelle l’homme formé pour figurer et produire le beau, sait soumettre tout, même les extrêmes. Après avoir indiqué d’abord les conditions que nous exigeons d’un ouvrage de Part élevé, je puis dire beaucoup en peu de mots, lorsque je soutiens que notre groupe les remplit presque toutes , et: même qu’on peut les développer, d’après l’obser- vation de ce seul groupe. On ne demandera point que je prouve que Partiste y a montré une connoïssance profonde du corps hu- main , ce qui le caractérise ; ainsi que l’erpression et la passion. On verra, par ce que je dirai dans la suite , combien le sujet est conçu d’une manière idéale et élevée ; aucune personne ne mettra en doute qu’on doive qualifier ce monument de beau, ORNE RO 27 . | Laocoon. - O15 si elle conçoit comment l'artiste a su représenter l'extrême des souffrances physiques et intellectuelles. Mais on trouvera peut-être paradoxal que je puisse avancer, que ce groupe est en même temps plein de grace. Je dirai donc à ce. sujet quelques mots. .… Chaque ouvrage de l’art doit s’annoncer comme tel; c’est ce qu’il ne peut faire que par ce que nous appelons beauté sensuelle , ou grace. Les anciens, bien éloignés de l’opinion moderne, qu’un monument de J’art doit redevenir en apparence un monument de la nature , caractérisoient leurs ouvrages de l’art comme tels, par un ordre choisi des parties ; ils facilitoient à l'œil l'intelligence des rapports par la symétrie, et c’est ainsi qu’un ouvrage embarrassé devenoit aisé à comprendre. De la symétrie et des oppositions , résultoit la possibilité :de faire naître Jes plus: grands contrastes par des différences peu sensibles. Le soin des, anciens artistes, d'opposer des masses variées l’une à l’autre, de donner surtout une position régulière et reciproque aux textrémités des corps dans les groupes , est très-heureux et tres bien imaginé, afin que chaque ouvrage de l’art paroisse à l'œil comme ornement > abstraction faite du sujet qu’il représente, et en ne voyant que les contours les plus généraux dans l'éloignement. Les vases anti- ques nous fournissent quantité d’exemples:de pareils groupes très - gracieux, et il seroit possible de. proposer une suite des plus beaux exemples d’une composition symétrique et agréable à l’œil, en com- mençant par le groupe de vase le plus tranquille, jusqu’au groupe extrémement animé du Laocoon. Kk 2 516 Beaux-arts. Je crois donc pouvoir répéter que le groupe da Laocoon , outre ses autres mérites reconnus, est encore un modèle de symétrie et de variété , de repos et de mouvement , d'opposition et de gradatiorr, qui s'offrent ensemble, à celui qui le contemple d'une manière sensible ou intellectuelle ; que ces qualités, malgré ie grand pathétique de fa représen- tation , excitent une sensation agréable , et modèrent la violence des passions et des souffrances, par la grace et la beauté. | C’est un grand avantage pour un ouvrage de l'art, de subsister par lui même , d'être absolument terminé. Un objet tranquille ne se montre que dans son existence, il est terminé par et en lui- même. Un Jupiter ayant le foudre placé sur les genoux, une Junon qui se repose avec majesté , une Mi- nerve plongée dans des réflexions , sont des sujets qui n’ont point, pour ainsi dire, de rapport à ce qui est hors d’eux ; ils reposent sur et en eux-mêmes, et ce sont là les premiers et les plus chers objets de la sculpture. Mais dans le beau cercle mythique dé Part, dans lequel ces natures isolées et subsfstant par elles :- mêmes, sont placées et se reposent , il y a dés cercles plus petits, où les différentes figures sont concués et exécutées en rapport avec les autres: cha- cune des Muses, par exemple , avec leur conducteur Apollon, est conçue et exécutée séparément , mais elle devient encore beaucoup plus intéressante dans lé chœur entier et varié des neuf sœurs. Lorsque Jart passe au passionné significatif, il peut encore agir de la même manière ; ou il nous représente un . Lu _Laocoon. 317 éercle de figures que la passion met en rapport en- tr'elles , comme Niobé avec ses enfans, persécutée par Apollon et Diane ; ou il nous montre dans le inéême ouvrage , le mouvement en méme temps que sa cause. Nous ne rappellerons ici que le jeune homme plein de grace qui se tire une épine du pied; les lutteurs, deux groupes de faunes et de nymphes ‘à Dresde, et le groupe animé du Laocoon. On a raison de faire tant de cas de la sculpture, parce qu’elle peut et doit porter la représentation à son plus haut degré, parce qu’elle dépouille l’homme de tout ce qui ne Jui est pas essentiel. C’est aïnsk que, dans ce groupe admirable , Laocoon n’est qu’un simple nom; les artistes lui ont ôté son säcerdoce, tout ce qui étoit en lui national et troyen, tous les accessoires poétiques et mythologiques ; il n’est rien de tout ce que la mythologie en a fait ; ce n’est plus qu’un père avec ses deux fils, menacé de périr par les morsures de deux serpens. Ce ne sont pas non plus des animaux envoyés par les Dieux, mais seulement des serpens naturels assez puissans pour faire suc- comber plusieurs hommes ; ni leur forme, ni leur action, ne montrent que ce soient des étres extra- ordinaires et envoyés par les Dieux, pour exercer la vengeance divine, Conformément à leur nature, ils s’approchent en glissant sur la surface de la terre, enlacent et serrent leurs viétimes, et l’un d’eux ne mord qu'après avoir été irrité. Si je devois expliquer ce groupe, et si toute autre explication m'étoit inconnue, je l’appellerois une idylle tragique. Un ‘père dort à côté de ses deux fils, ils sont enlacés Kk 3 518 Beaux-arts. par deux serpens, et au moment de se réveiller, ils s'efforcent de se débarrasser de ce filet vivant. Cet ouvrage de l’art est surtout extrémement im- portant par la représentation du moment de l’action. Lorsqu'un ouvrage doit en effet se mouvoir devant les yeux , il faut qu’on choisisse un moment fugitif; aucune partie de l’entier ne doit s’être trouvée avant dans cette position , et peu de temps après, chaque partie doit être obligée de quitter cette position; c'est par là que l'ouvrage sera toujours animé pour des millions de spectateurs. | Pour bien saisir l’intention du Laocoon , qu'on se place degant le groupe avec Îles yeux fermés et à da distance nécessaire, qu'on les ouvre et qu’on les referme de suite, et l’on verra tout le marbre en mouvement ; ou eraindra detrouver le groupe changé, lorsqu'on r'ouvrira les yeux. Je dirois volontiers , tel que le groupe est maintenant exposé, c’est un éclair fixé, une vague pétrifiée au moment où elle s’ap- proche, du rivage. On s'aperçoit du même effet, lorsqu'on voit le groupe pendant la nuit au clair des flambeaux. L'Artiste a su très-sagement représenter les trois figures dans des situations qui different entr'elles et graduées.. Le fils: aîné n’est enlacé que par ses extrémités, l’autre l’est davantage; c’est surtout la poitrine que leserpent lui a déja enlacée; il tâche de se délivrer par le mouvement du bras droit; avec la main gauche, il éloigne doucement la tête du serpent, pour l’empêcher de lui enlacer encôre Re GR 1 ‘4 f | J | | GROUPE DU LAOCOON. Éniatae ét tee RES à ei NÉE Ro (OR A, Dé de des Fe QE we 18 gi 1 Lee il ee ii nr er à “!} y 1 re li he alé RS af cn v $ 1 La nn Te on > « Eve ? PE Eté à Fi ae 1 QUE EL S PART te pe It à ét, tn LU ie) + a nf Ve 4 d “ n Le = 2 2 + LL _] Ed é Et - _ L De Sn et © Ÿ Le à an #00 62. UN) atiosr s dd ee Re | Te 12 Laocoon. Ü19 ÿne fois la poitrine ; le serpent est sur le point de glisser dessous sa main, mais il ne le mord pas, Le père , au contraire , veut employer la force pour se délivrer, ainsi que ses enfans, de ces enlacemens ; il serre l’un des deux serpens, qui, étant irrité par là , le mord à la hanche. Pour expliquer la position du père, soit en gé- néral, soit selon toutes les parties du corps, il me paroit convenable de supposer que le sentiment mo- mentané de la blessure est la principale cause de tout le mouvement. Le serpent n’a pas mordu, mais il mord, et il mord dans la partie molle et délicate du corps , au dessus et un peu derrière la hanche. La position de la tête restaurée n’a jamais bien exprimé la véritable morsure ; heureusement les traces des deux mâchoires se sont conservées à Ja partie postérieure de la statue, si ces traces très- : importantes ne se sont pas perdues dans la transla- tion actuelle de ce monument. Le serpent fait au malheureux Laocoon , une blessure précisément à Ja partie où l’homme est très-sensible à toute irri- tation, et où, même le plusléger chatouillement, cause ce mouvement que nous voyons ici produit par la blessure : le corps fuit vers le côté opposé, et se re- tire, l’épaule se presse en bas , la poitrine sort, la tête penche du côté qui a été touché. Comme en- suite dans les pieds qui sont enchaïnés , et dans les bras qui luttent, on voit encore les restes de la si- tuation ou action précédente , il en résulte une ac. tion combinée d’efforts et de fuite, de souffrance et d'activité , de tension et de relâchement qui, peut- Kk 4 520 ë Beaut-aïts, être , ne seroit pas possible sous toute autre condi- tion, On se perd en admiration de la sagesse de Vartiste , lorsqu'on essaye d’appliquer la morsure à quelqu’autre endroit ; tout le geste, tout le mouve- ment seroit changé, et cependant on ne peut pas V’imaginer plus convenable; c’est donc un mérite principal pour Partiste de nous avoir présenté un effet sensible, et de nous en montrer aussi Ja cause sensible. Je le répète , le point de la morsure déter- mine les mouvemens actuels des membres; la fuite de la partie inférieure du corps , son retrécissement ; la poitrine qui avance, l’épaule qui descend , le mouvement de Ja tête, et même tous les traits du 4 visage sont, selon moi , décidés par cette irritation momentanée, douloureuse et inattendue. Mais il est loin de moi de vouloir diviser l'unité de la nature humaine, de vouloir nier l’action des forces intellectuelles de cet homme d’une forme si excel- lente, de méconnoître les souffrances et les efforts d’une grande nature. Il me semble aussi voir Fin- quiétude, la crainte, la terreur, l'affection pater- nelle, se mouvoir dans ces veines , s’élever dans cette poitrine, rider ce front. Je conviens volontiers que lartiste a représenté en même temps le degré le plus élevé, et des souffrances corporelles, et des souffrances intellectuelles ; mais je voudrois qu’on ne transportât point trop vivement sur le monument même , les impressions que le monument fait sux nous, surtout qu’on n’y vit point l’effet du poison dans un corps qui vient d’être saisi par les dents du serpent , qu’on ne vît point lagonie dans un corps Laocoon. : 52t beau, sain, qui fait des efforts, ef qui est à peine blessé. Qu'on me permette ici une observation, qui est d’une grande importance pour les arts du dessin : la plus grande expression pathétique" qu’ils peuvent représenter , dépend du passage d’un état dans un autre. Qu’on voye un enfant vif, qui court, saute et s'amuse, avec tout le plaisir et l’énergie possible, qui ensuite a été inopinément frappé durement par un de ses camarades , ou qui a été blessé soit phy- siquement , soit moralement : cette nouvelle sensa- tion se communique à tous ses membres comme une commotion éleetrique ; et un pareil passage subit et pathétique dans le sens le plus élevé, est une opposi- tion dont on n’a point d’idée si on ne l’a pas vu. Dans ce cas, il est donc évident que l’homme intellectuel agit aussi bien que l’homme physique. Lorsque dans un pareil passage il reste encore des traces évidentes de l’état précédent , il en résulte le sujet le plus excellent pour les arts du dessin; c’est là le cas du Laocoon, où les efforts et les souFrances sont réunis dans le même moment. C’est ainsi qu'Eurydice qui est mordue au talon par un serpent sur lequel elle a marché, au moment où elle traverse une prai- rie, et qu’elle revient satisfaite des fleurs qu’elle a cueillies , seroit une statue très-pathétique , si Par- tiste pouvoit exprimer le double état de la satisfac- tion avec laquelle -elle marchoit, et de la douleur qui arrête ses pas, non-seulement par les fleurs qui tombent , mais encore par la direction de tous ses membres, et l’ondulation des plis, Lorsque nous ayons saisi dans ce sens la figure 922 : Beaux-arts. principale, nous pouvons jeter un coup-d’œil libré et sûr sur les proportions, la gradation et l’oppositiont de toutes les parties de l’ouvrage entier. Le sujet choisi est un des plus heureux qu’oñ puisse imaginer. Des hommes luttant avec dés ani- maux dangereux, et encore avec des animaux qui agissent, non pas comme des masses puissantes, mais comme des forces divisées, qui ne menacent pas d’un seul côté, qui n’exigent pas une résistance con- centrée, mais qui, d’après leur organisation étendue, sont en état de paralyser, plus ou moins, trois hom- mes sans les blesser. Ce moyen de paralyser, joint au grand mouvement, répand déja sur l’ensemble un certain degré de repos et d'unité. L’artiste a su in- diquer , par demé, les effets des serpens : l’un ne fait qu’'enlacer , l’autre est irrité, et blesse son adversaire. Les trois personnages sont aussi choisis avec beau- coup de sagesse : un homme robuste et bien fait, qui a déja passé l’âge de la plus grande énergie, et qui est moins en état de supporter la douleur et les souffrances. Qu’on lui substitue dans la pensée un jeune homme vif et robuste , et le groupe perdra tout son prix ! Avec lui souffrent deux jeunes gens, qui, en proportion avec lui, sont fort petits ; ce sont . encore deux êtres susceptibles du sentiment de la douleur. Le plus jeune fait d’impuissans efforts ; il est frappé d'inquiétude, mais non pas blessé: Je père fait de puissans efforts sans cependant pouvoir réussir , ses efforts produisent même un effet tout-à-fait op- posé. Il irrite son adversaire , et il en est blessé. Le Laocoon. 523 fils aîné n’est enlacé que légèrement, il ne se sent pas encore opprimé ni affecté de douleurs, il est effrayé de la blessure et du mouvement monientané de son père, il pousse un cri, en tâchant de débar- rasser son pied du serpent qui l’a enlacé : c’est donc ici un observateur, un témoin qui prend part à Pac- tion, et l'ouvrage est terminé. Ce que je n’ai fait que toucher en passant, je l’observerai ici encore en particulier : é’est que toutes les trois figures ont une action double, de sorte qu’elles sont occupées d’une manière très - variée. Le plus jeune des fils veut se débarrasser en haus- - sant le bras droit , et il repousse la tête du serpent en arrière avec la main gauche ; il veut alléger le mal présent et empêcher un mal plus grand ; c’est le plus haut degré d’activité qui lui reste encore dans sa situation génée. Le pere fait des efforts pour se dé- barrasser des serpens , et le corps veut en même temps éviter la morsure qu'il vient de recevoir. Le mou- vement du père inspire de l’horreur au fils aîné, et il tâche de se débarrasser du serpent qui ne l’a en- core enlacé que légèrement. J'ai déja dit plus haut, qu’un des grands mérites de ce monument, est le moment que lPartiste a représenté , et c’est sur ce point que je vais encore ajouter quelques mots. Nous avons supposé que des serpens naturels ont enlacé un père endormi à côté de ses fils, pour que les différens momens de l’action eussent une certaine gradation. Les premiers momens, pendant lesquels les serpens enlacent le corps livré au sommeil, 924 Beaux-arts. annoncent des Égénemens, mais ce seroit un mo ment insignifiant pour l’art. On pourroit peut-être figurer un jeune Hercule endormi et enlacé de ser- pens ; et l’artiste pourroit nous faire entrevoir, par sa figure et la tranquillité de son sommeil, ce qu’on peut attendre de’son réveil, Allons plus loin, et imaginons le père et ses enfans qui se sentent enlacés de serpens; de quelque ma- nière que ce soit, on verra qu’il n’y a qu’un seul moment du plus grand intérêt : c’est celui où un corps est tellement enlacé qu’il ne peut plus se défendre ; où le second , quoiqu’en état de se défendre encore, est cependant blessé ; et où le troisième, enfin , à encore quelqu’espoir de se sauver. Le plus jeune fils est dans le premier cas, le père dans le second, le fils aîné dans le troisième. Qu’on tâche de trouver encore un autre cas! qu’on cherche à distribuer les rôles autrement qu’ils ne le sont ici! * En refléchissant donc sur cette action, depuis son commencement , et trouvant qu’elle est parvenue à son plus haut degré, nous nous apercevrons bientôt, en nous représentant les momens qui doivent suivre celui qui est figuré par le monument , que le groupe doit changer entierement, et qu’on ne peut. point trouver d'autre moment de l’action qui soit aussi précieux pour l’art. Le plus jeune fils sera étouffé par le serpent qui l’enlace ; ou si, dans sa sitüation qui le prive de tout secours, il lirrite encore, le serpent le mordra. Ces deux cas sont insupportables, parce que ce sont des extrêmes qui ne doivent pas être représentés. Quant au père, le serpent peut le Laocoon. 525 tordre encore en d’autres parties, mais alors toute là situation de son corps séroit changée , et les pre- fièrés morsures seroient perdues pour lespectateur, ou elles deviendroient dégoûtantes, si l’artiste avoit voulu les iadiquer. Il y a encore un autre cas, le ‘serpent peut se détourner et attaquer le fils aîné; “celui - ci est alors ramené à lui-même; il n’y a donc plus de personnage qui s'intéresse à l’action ; la der- nière apparence d'espérance disparoît du groupe, et la représentation n’est plus tragique , mais cruelle. ‘Le père qui repose maintenant sur lui-même dans ‘sa grandeur ét ses souffrances, se retourneroit vers son fils, et il deviendroit figure accessoire qui s’in- téresse À une autre figure. Dans ses propressouffrances et dans celles d’autrui, Thomme n’a'que trois sensations, la crainte, la ter- reur et la compassion ; il prévoit avec inquiétude le ‘mal qui s’approche ; il s'aperçoit inopinément d’un mal qui le frappe, et il prend part à la souffrance qui dure encoré ou qui a déja passé; toutes les trois sont représentées et éxcitées par ce monument, et même par la gradation la plus convenable. Les arts du dessin qui travaillent toujours pour 1e moment , dès qu’ils choisissent un sujet pathétique, saisiront celui qui excite Ta terreur; la potsie, au contraire , choisira céux qui excitent la crainte et la compassion. Dans le groupe du Laocoon , les souffrances du père excitent la terreur au plus haut degré’, là sculpture y à faït tout ce qu’elle pouvoit faire; mais, soit pour parcourir le cercle de toutes Les sensations humaines, soit pour modérer limpres= 526 Beaux-arts. sion violente de la terreur , elle excite la compassion pour la situation du plus jeune fils, et la crainte pour celle de l’ainé , en laissant encore quelqu’espoir pour ce dernier. C’est ainsi que les anciens donnoient , par la variété, un certain équilibre à leurs ouvrages ; qu'ils diminuoient ou renforcoient ün effet par d’autres effets, et parvenoient à achever un tout ‘intellec- tuel et sensible. En un mot, nous pouvons soutenir hardiment que ce monument épuise son sujet, et qu’il remplit heureusement toutes les conditions de l’art. Il nous apprend que si l’artiste peut communiquer son,sen- timent du beau à des objets tranquilles et simples, ce même sentiment se montre cependant dans sa plus grande énergie et toute sa dignité, lorsqu’il prouve sa force en figurant des caractères variés, et lorsqu'il sait, dans son imitation, modérer et retenir les expressions violentes et passionnées de Ja nature humaine. Nous donverons dans la suite une descrip- tion détaillée des statues connues sous le nom de la famille de Niobé, ainsi que du groupe du taureau de Farnèse, les seules représentations pathétiques qui nous restent de la sculpture antique. Les modernes se sont souvent mépris sur le choix de pareils sujets. Milon , dont les deux mains sont serrées dans la fente d’un arbre, et qui est .at- taqué par un lion, sera un sujet que l'artiste tâ- chera en vain de représenter de manière qu’il excite un intérêt. pur et véritable. Une douleurs double, , des efforts inutiles, une situation qui le prive de tout secours, une mort inévitable ne peuyent Laocoon. 527 exciter que l’horreur, et même ne sauroient tou- cher. Je dirai enfin encore un mot sur le rapport de ce sujet à la poésie. On est injuste envers Virgile et la poésie, lors- qu’on compare, ne seroit-ce que pour un instant, le chef-d'œuvre le plus achevé de la sculpture , avec la manière épisodique dont ce sujet est traité dans J’'Ænéide. Comme le malheureux Ænée doit raconter lui-même, que lui et ses compatriotes ont commis la faute impardonnable de faire entrer le cheval dans leur ville, le poète ne devoit songer qu’au moyen d’excuser cette action; tout tend à cela, et histoire de Laocoon n’y est qu’une figure de rhé- .torique , où l’on peut tres-bien approuver quelqu’exa- gération, pourvu qu’elle convienne au but que le poète s’est proposé. Des serpens immenses sortent donc de la mer ; ils ont une crête sur la tête, ils fondent sur les enfans du prêtre qui avoit blessé le cheval , ils les enlacent , les mordent, les souillent de leur venin; ils enlacent ensuite la poitrine et le ‘cou du père qui accourt à leur secours, et ils élèvent leurs têtes pour montrer leur victoire, tandis que le malheurex qu’ils oppriment , demande en vain du secours. Le peuple ; à qui cet aspect inspire de la terreur , s’enfuit, personne n’ose plus prendre la défense de la patrie , et l’auditeur et le lecteur, effrayés par cette ‘histoire merveilleuse et dégoüû- tante , consentent également à ce qu’on fasse entrer le cheval dans la ville. L'histoire de Laocoon , daps Virgile, n’est done 528 Beaux - arts. qu'un moyen pour atteindre un bat plus relevé , ‘8€ c’est encore une grande question, si cet événeinent est en effet un sujet ppétique: / Quelques observations sur le groupe du Laocoon es ses deux fils (x). Au mois de mars 1796. La jambe droite du fils ainé, est d’un élégance tres-aoréable. L'expression et la tournure des membres, en gé- néral , et des muscles , est admirable dans l’ ouvrage entier. Dans les jambes du plas jeune fils, qui ne sont pas d’une grande éléÿance , il y a un gi grand naturel, qu'on ne trouve rien de semblable sous ce rapport ; les jambes du père, surtout Ja jambe droite, sont aussi d’une grande beauté. Restaurations. Une partie considérable des Serpens , et proba- ‘blement les deux têtes ,: sont. d’un travail mo- derne. 9 Le bras HAS 2 du père jusqu ‘auprès de la join- ture de l'épaule , et les,cinq orteils du pied gauche, sont restaurés ; le pied droit, au contraire, A ’a rien souffert. Dans le fs ainé , on a restauré le bout du nez; ‘la main droite, les trois premiers doigts du pied (r) Ces ‘observations sont dans le second numéro des Propylées ; nous avons cru devoir les ajouter ici, gauche, Laocoon. 920; gauche , le bout du grand orteïl du pied droit x le ventre a été un peu endommagé du côté droit, cette partie a été restaurée. Le bout du nez, le bras droit, deux doigts de la main gauche , et les cinq doigts du pied droit du: plus jeune fils, sont restaurés. Il n’y a que le bras droit dé Laocoon qui soit bien restauré en terre cuite, et, comme la plupart le prétendent, par Bernini , qui cependant, s’il est Vraiment de lui, doit s’y être surpassé Jui-mêmez. Les autres restaurations que je viens d’indiquer, sont en marbre ; elles sont faites avec soin, mais ayec peu d’art, et avec des contorsions convulsives dans le goût de l’école de Bernini. On assure qu’elles ont été faites-par Cornachini, | W. | . VARIETÉS, NOUVELLES Ai y CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES, NOUFELLES DE NAPLES. Le nouvelle collection des vases de M. Hamilton , publiée par MM.TiscnBein et ITALINSK y > est ter- minée avec le quatrième volume ; elle contient en tout 242 peintures de vases. M. Tischbein en a en- Tome FI, L 1 530 Nouvelles littéraires. trepris depuis une continuation, tirée de différens cabinets particuliers, dont il a publié jusqu’à présent quatre cahiers, sans texte; il a déja roogravures, toutes finies. M. Italinsky a trouvé que la description des peintures de vases que M. Boettiger a publiée, étoit trop savante (1). Ces travaux sur l’art chez les Grecs, n’empéchent pas M. Tischbein d'exercer aussi son pinceau. On parle de son dernier tableau , haut de 12 pieds, et large de 14, comme d’un chef-d'œuvre : il est com- posé de 9 figures, et représente le vaillant Hector gui reproche à Péris sa mollesse. Hélène est embar- rassée ; elle jette un regard dérobé sur son amant , et ses yeux pleins de tendresse, décident en sa fa- veur : Pâris étonné de l’audace d’'Hector, qui a osé pénétrer dans son gynæcée, reste assis. M. Tischbein a fait copier par les plus habiles de ses élèves , quel- ques-unes des figures de ce tableau , et des vases homériques , et beaucoup de voyageurs en ont déja enrichi leurs portefeuilles. On avoit demandé son tableau pour la Russie, mais les artistes ont insisté pour qu'il fût déposé à l’Académie. Il ne reste qu’une trentaine d’exemplaires de l’ou- vrage d'HAMILTON, sur’les Campi Flegreei : le père Menage qui y travailloit aussi, et qui maintenant est dans la Calabre, possède encore beaucoup de dessins (r) Nous avons donné des extraits deux numéros qui ont paru de cette belle description ; qui pouvoit Jeter le plus grand jour sur plusieurs points peu éclaircis de l’antiquité. Nous venons d’ap= prendre avec un véritable regret qu’elle ne se continuera pas. A. L{ M, , Nouvelles littéraires. 531 des îles de Lipari, de l’Ætna, etc. , qui pourront un jour servir pour continuer l’ouvrage. Cette entreprise a coûté à Hamilton 2000 liv. sterlings; mais 500 exem- plaires ont rapporté cette somme dès Ja première année. # L'ouvrage de VIVENZIO doit contenir, en trois volumes , la collection de ses vases de Nola ; le pre- mier volume qui aura 32 planches, doit paroître in- cessamment ; les figures ne seront pas embellies par lés dessins, qui seront très-fidèles, et mettront l’an- tiquaire à même d’étudier les différentes époques de l’art, et la différence du travail (2). ‘Parmi les autres artistes qui vivent à Naples, on distingue surtout PHILIPPE HACKERT , dont les pein- tures et les dessins au bistre sont admirés pour leur facilité et leur expression : Georges Hackert con- tinue avec beaucoup de succès à publier les gravures des ouvrages de son frère. Les vues de Pompeii sont terminées avec le 5° et 6° cahier. La nouvelle vue de Rome, prise sur la voie d’Appius, à moitié che- min d’A/bano, est terminée ; et il s'occupe mainte- nant de graver la vue générale des Campr Flegreei et des iles à l’entour, prise du monastère des Camal- dules , d’après les excellens dessins de son frère. (2) C’est une chose qu’on devroit rigoureusement observer. Les dessins de Tischbein sont trop embellis. Les dessins de vases que je fais faire pour ma collection de monuimens inédits, serous aussi de la plus grande fidélité. A. L. M. LEs 032 IVouvelles. litéraires, NOUFVELLES, DE LONDRES: Voici une anecdote qui fait voir quel degré de con-. fiance méritent fort souvent les belles vues et les paysages des contrées éloignées , dont on orne les, voyages. | Un voyageur trouve un des artistes les plus dis-. tingués dans ce genre, occupé à graver un beau, paysage sauvage et romantique de Kamtschatka 3 il devoit orner un des voyages qui alloient paroître. « Cela est très-beau ! lui dit le voyageur ; sans doute « vous faites cette gravure d’apres un bon dessin ori-, ginal ? — Ah! mon dieu non, reprend Partiste en, « souriant , tout cela est de ma propre invention; on « m'a donné quelques idées que j’ai exécutées à ma « manière. Le public se représente maintenant ces « contrées de cette manière , et prend tout cela pour « de fidelles copies de la nature.» M. TrzrocH, rédacteur d’une feuille intitulée: The Star , qui est parmi les journaux du soir , ce que le Morning Chronicle est parmi ceux du matin, pu=, blie un nouveau journal pour la Physique expéri- mentale , la Technologie et la Chymie. La société des Dileltanti, où amateurs d’anti- quités , a publié le second volume des Jonian Anti- guities , gr. in-fol. avec 20 planches, d’après les pa- piers de Wood et d’autres voyageurs. Il se vend chez Nicol, à 31. sterl. 14 sh. Le 4.° volume de la réimpression moins chère des Nouvelles littérarres. 533 Asiatic Researches , imprimées à Calcutta, qui porte le titre: Dissertations and miscellaneous pieces rela- ting to the Antiquities of Asia , etc. et qui va plus loin que la mort de JONES , a aussi paru. Il a aussi paru une réimpression (1) du voyage de G£orces FoRSTER, de Bengale en Angleterre , dont on n’avoit pas pu se procurer le second volume, parce que la compagnie des Indes n’en avoit fait venir de Calcutta, que peu d’exemplaires. Le ‘premierfvolume des Tubles astronomiques du ‘savant BRADLEY, qu’on attend depuis si longtemps, et qu’on a imprimé à Oxford avec une lenteur inex- Cusable, a enfin paru sous le titre de ÆAstronomical Observations , made at the royal observalory at Green- wich , from the year 1750 to 1562. Ce volume ##-fo/, se vend chez Elmsley , pour cinq guinées. M. MoriT , dans sa Windication of Homer, à réfuté d’une maniere vigoureuse, mais avec dignité, les paradoxes de BRYANT (2). M. MoORRIT est un homme d’environ 28 ans ; rempli d’un noble enthou- ‘siasme pour le sol classique de la Grèce, il quitta Vuniversité de Cambridge , où il passoit pour un deep-read Greek Scholar ; il alla à Naples, où il en- gagéa déux dessinateurs habiles avec lesquels il se réndit en Grèce. Il y resta trois ans à étudier les restes vénérables de l'antiquité, et revint dans sa patrie au commencement de 1798, avec des porte- (1) Deux volumes in-4.0; chez Fautder.( x liv. sterl. 16 sh.) (2) Voyez ce que nous avons dit, au t. LIT, Ann. HI , p. 39r; et Ann. IV, t. 11, p.168, des Réveries de M: Bryant sur Troie et sur Homère. A. L. M. LS 534 Nouvelles littéraires: feuilles bien garnis. Le premier fruit de ce voyage est cette apologie d’Homère, où il a publié plusieurs des plans levés sur les lieux, par les artistes qui l’accompagnoient. On peut attendre d’autant plus de son zèle pour lart’et la littérature ancienne, qu’il jouit d’un revenu annuel de20,000 liv. sterlings, et quil possède des b'ens considérables. Les mois de novembre et de décembre sont pour la littérature anglaise , ce que la foire de Pâques de Leipsic est pour celle de l'Allemagne, parce que” dans ces deux mois la noblesse revient à Londres pour y passer l’hiver. | Les productions de la littérature allemande conti- nuent à être bien accüeillies par les Anglois, L'Enfant de l’Amour de KOTZEBUE, a été la pièce favorite de Coventgarden, pendant lhiver dernier, comme Misanthropie et Repentér du même auteur , l'avait été. l'hiver précédent. C’est la célèbre mistriss INCHBALD, distinguée comme actrice et comme auteur , qui l’a mise sur la scène angloise, sous le nom de fhe Levers V'ow , d’après une traduction littérale. ANNE PLUM- TRÉE a donné aussi une très-bonne traduction de la pièce entiere ; et le docteur WiLLicH (3), mé- decin de l’envoyé de lélecteur de Saxe, a com- muniqué à son anue une biographie littéraire de KOTZEBUE. (3) M. Wicrich à resté autrefois à Edimbourg, où il s’est occupé à enseigner lPallemand et la philesophie de Kant, dont 3] a publié quelques morceaux en anglois. Le même a publié en- suite des Recherches chymiques sur les eaux de la source chaude près de Bristol, et des Régles diététiques pour les malades qui s’en SETVETILe INouvelles littéraires. 533 On a encore traduit comme pièce nouvelle de Ko- TZEBU&, Adelheid von Iulfingen (1). M. RENDER, qui a enseigné la langue allemande d’abord à Oxford, ensuite à Cambridge , a aussi publié une traduction anglaise du Comte de Benjowsky , de KOTZEBUE. Des auteurs de romans originaux anglais, pren- nent des sujets allemands ; c’est ainsi qu’on a vu paroître The Midnizhtbell, a German Story (2), 3 vol. (ïo sh.). Parmi les autres romans nombreux, ceux qui sont le plus à la mode sont : More Ghosts , (encore des spectres ), 3 vol. (10 sh.), et The ne» Monk (3), 3 vol. (10 sch.); Aguiha, avec des gravures et des vignettes, par STROTHARD ; Rosalinde de Tracey , par miss TOMLINS. | Les voyages de MUNGo Park dans l'intérieur de l’Afrique ont paru par souscription et on pré- pare la description d’un autre voyage dans la mer du Sua, entrepris par des missionnaires anglais, aux frais de la société, pour la propagation du chris- tianisme. Son titre sera: The Voyage of the Ship Duff the Friendly, the Society and Marquesas islands (4). Lanpsege est occupé à graver beaucoup de cartes et de planches pour ce voyage. (x) Adelaide de Wu!fingen. (2) La cloche de minuit, histoire allemande. (3) Le nouveau moine. (4) Voyage aux îles des Amis, de la Société, et aux îles Mars quises. L1 4 536 Nouvelles liliéraires. Sr le sculpleur CANO FA. Le célèbre sculpteur Canova-, qui fait un voyage par l'Allemagne, avec le prince Rezzonico , ex-séna- teur de Rome, s’est arrêté quelque temps dans notre ville’, et a visité plusieurs fois notre galerie des antiques. 11 place la statue de Vénus de la salle des Athlètes, immédiatement aprés celle de Mé- dicis ; regarde le prétendu Alexandre, comme un Antinous avec une tête restaurée, et trouve que la Minerve, sur le limbe du vêtement de laquelle‘on voit la gigantomachie en relief, est un des monu- mens anciens les plus remarquables. - Il se loue beaucoup du général Saint-Cyr, comme d’un homme qui s'est montré le protecteur des arts et des artistes. Canos& recevoit une pension de 100 écus de la république de Venise, en sa qualité de Vénitien, et à cause des ouvrages qu’il avait faits pour sa ville natale. On dit que l’empereur lui a promis de lui continuer cette pension. I] travaille maintenant à cinq statues colossales, dont l’une sera d’une masse aussi considérable que l’Hercule Farnèse. Nouvelles littéraires. 537 GALERIE DES ARTS A BERLIN. D’après les ordres du roi de Prusse, sa bibliothè- que et la galerie des arts ont été subordonnées à l’a- cadémie des sciences ; le directoire de lacadémie a nommé M. HinT et M. MEIEROTTO, inspecteurs de la collection des médailles ; M. Hirt n’a accepté que sous la condition qu’on y réunit la collection de médailles et de pierres gravées, qui est à Potsdam : le roi y a consenti, et M. Henri, bibliothécaire et inspecteur dé la galerie des arts et de la collection des médailles du château de Berlin, a été chargé de faire transporter tous ces monumens de Potsdam à Berlin. On espère que l'académie des arts sera aussi heureuse dans l’établissement d’un musée de statues et d’une galerie de tableaux. Voyage de M. HAWKINS. M. Hawkins (1), anglois distingué par ses con- noïssances en minéralogie, a passé quelques jours à Berlin, lors de son retour de la Grèce ; il a montré à ses amis plusieurs des objets qu’il en rapporte. Il avoit déja été précédemment dans l'Orient ; ce der- nier voyage a duré cinq ans,et it s’y est borné à (r) Nous avons déja parlé du Voyage de M. Hawkins. 538 Nouvelles littéraires. l’intérieur de la Grèce, à quelques îles, et au ter- ritoire de Troie ; le tout sous le rapport des anti- quités. Il a surtout travaillé sur la topographie et la géographie : il a été quatre fois à Olympie, dont il a fait des dessins et des plans fort exacts; mais il n’y a trouvé aucune trace ni du Stade, ni de l'Hippodrome. Parmi ses dessins on a remarqué sur- tout a)le temple près de Figalia, bâti par Ictinus, et dont il reste encore la plupart des colonnes ; il en a un plan fort exact; b) une porte de Mycènes , décrite par Pausanias; c) le prétendu tombeau de Clytemnestre; près de là d) un temple entre deux montagnes élevées dans l’Eubée, où il n’y a point de péristyle. Ces trois derniers monumens sont très- remarquables , parce qu’ils datent du temps qui précédoit l’invention des voûtes, et qu’ils font voir clairement la marche que cette invention a prise. Les recherches faites par M. Hawkins, prouvent qu’on trouve des vases peints dans toute la Grèce ; les grands vases qu’il a rapportés de la Grèce , sont tous emballés, mais les fragmens qu’il a fait voir à ses amis à Berlin , sont, sous tous les rapports, aussi beaux que les vases trouvés dans la grande Grèce. I] a encore un petit bas - relief en bronze , d’un très-beau travail , qui représente Pâris et Hélène avec deux Amours, et qui a été trouvé à Dodone, dans l’hiver de 1797 à 1798. Il rapporte aussi une collection de médailles grecques , surtout du Pélo- ponèse, qui est unique dans son genre ; mais en fait de pierres gravées , il ne possède rien de par- ticulier, Nouvelles littéraires. 539 NOUVELLES DE RUSSIE. Les beaux arts, déja peu cultivés en Russie, le Sont encore moins depuis l’avénement de PAUL L.°* au trône; on ne les y considère guères que comme des objets de.luxe. ? Un peintre tyrolien nommé LaMPt, artiste assez médiocre, a gagné 150000 roubles à faire des por- traits; mais c’est qu’il avoit été recommandé à Curhe- rine IT, par Potemkin, et qu’il étoit du bon ton de se faire peindre par lui. DoYEx , peintre de l’académie de France, a été appelé par Catherine, au commencement de la ré- volution française, en 1789, pour être professeur de peinture dans son académie des arts. Doyen s’étoit fait de la réputation en France > Par Son tableau de la peste de saint Roch , qui est le seul bon ouvrage qu’ait produit son pinceau; il a été gâté ensuite par les succès que la légèreté de son esprit et quel- ques mots heureux lui ont donnés dans la société : et le dernier tableau qu’il a fait en France, repré- sentant Priam aux pieds d Achille, redemandant Le corps d’Hector , n’a point eu le suffrage des vrais connoisseurs. Il n’étoit pas propre par ses idées sur l’art à former une bonne école. Il est actuellement en possession de son emploi; quoique dans un âge très-ayancé, il a peint quatre plafonds dans le palaie 540 Nouvelles littéraires. d’hëver de Pempereur ; mais il n’a pas encore reçu la somme qui lui a été promise, ACKIMOr et LIEWITZKY, également peintres d’histoire , sont avec Doyen, professeurs ‘dans l’a- cadémie des beaux arts ; Ackimof est aussi direc- teur de l’académie , et remplit son emploi avec zèle et intelligence. : MarTuos y professe la sculpture. Le sculpteur LEBRUN , dont le talent a fait en 1766 et 1767 beaucoup de bruit à Rome, ést aussi à Pétersbourg. Son attachement pour le roi de Po- logne, dout il avoit été le premier statuaire, lui à attiré des désagrémens , ét jamais il n’a pu obtenir une séance de l’impératrice , pour faire son buste. M. LEBRUN a eu un grand succès en Russie ; elle a peint les grandes duchesses, et ces portraits sont placés à l’Hermitage, parmi les chef-d’œuvres de Rubens, de Rembrand, et de plusieurs autres maîtres de l’école flamande : on ne peut se dissimu- ler qu’un pareil voisinage leur est plus nuisible qu’a- vantageux. KLAUBER professe la gravuré dans l’académie des arts ; il a quitté la France à l’époque de la révo- lution , pour aller s'établir à Augsbourg sa patrie; il a accepté ensuite une place à Pétersbourg , et il ÿ formé d’habiles élèves. Il a gravé le porérait de l'empereur, d’après un peintre françois assez mé- diocre ; celui du roi de Pologne, d'après Mme Ze Brun ; celui de la grande duchesse Elisabeth ; d’après Ja méme. L’AcaDÉMiE nes ARTS de Pétersbourg offre üné Nouvelles littéraires. O4. école complète pour les arts, et une maison d’édu- cation ; Les élèves y apprennent les langues , la danse, les sciences, et les exercices du corps, Les revenus de cet établissement, sont de 60000 roubles , et s’é- lèvent peut-être dans ce moment » à 29000 roubles de plus, Le comte de CHoisEuz Gourrier en est le prés sident ; on l’accuse de n’avoir pas un goût assez pur et assez sévère. Plusieurs élèves sont condamnés à copier de misérables portraits pour la cour, et à. peindre. des étendards pour l’armée, au lieu d’étu- dier le Laocoon et l’ Apollon. Cependant l'académie de Pétersbourg , possède la collection la plus com- plète que l’on connoisse. Le secrétaire perpétuel de cette académie est M. de SCHILALEFFSKY » avant secrétaire de léga- tion à Copenhague ; il écrit bien » €tila de la bonne volonté, mais il est obligé de suivre le torrent. Un certain BRENN A qu’on pourroit appelér Brennus (1), achitecte italien, jouit du plus grand crédit ; il a fait dépenser des millions pour gâter les beaux appartemens que Catherine 1I avoit ordonnés au pa= lais d'hiver. Giacomo GUARINGHI doit être au contraire rez gardé comme un des premiers architectes de l’uni- vers. Catherine IL avoit en lui la plus grande. con- fiance. Pétersbourg et Moscow se glorifient des mo- numens qu'ils lui doivent. Quoique sa faveur ne soit plus aussi grande, le chancelier Bedsboroko {r) Chef des Gaulvis qui brulèrent Rome; 542 Nouvelles lêriéraires. vient de le charger de la construction d’un superbe palais à Moscow, dans lequel ce ministre compte se retirer ; il a voulu former une galerie de tableaux > mais il s’est confié à des marchands italiens qui l’ont trompé. | Parmi les seigneurs russes, celui qui montre le plus de goût pour les arts est le comte STROGONOFF , connu par ses liaisons avec Voltaire, la Harpe, Marmontel, et les principaux gens de lettres de France. Il possède la collection de tableaux la mieux choisie après celle de l’'Hermitage ; son palais est le: point de réunion des artistes et des vrais amateurs. M. Henri-Charles-Ernest KOHLER est actuelle- ment inspecteur en chef du cabinet de pierres gra- vées et de médailles de l’empereur. Ce cabinet est un des plus riches de l’Europe ; il possède la collec- tion de Laurent Natter, et les planches de la suite de son ouvrage sur /a méthode de graver en pierre fine, que M. Kohler devroit bien publier. On y a réuni la superbe collection des pierres gravées d’Or- léans, que la république françoise doit regretter à jamais d’avoir laissé échapper pour 300000 |. assi- gnats. Ce cabinet s’est encore accru de pièces tirées de différentes collections. Il est à craindre que les morceaux précieux, pillés dans l’Italie et ailleurs, n’aillent encore l’enrichir, ce qui seroit une véritable : perte pour les sciences (2 ), la Russie pouvant étre (2) Il est certain qu’un grand nombre de particuliers se sont emparés, en Italie, de camées et d’intailles d’un haut prix. Ce- pendant parmi les pierres gravées qu’on nous apporte, en très- grand nombre, pour les examiner , on ne trouve aucuu morceau ET PE MR, Peu RE Ses PE Ve SP E S ET Nouvelles littéraires: 543 considérée comme un tombeau pour les objets d’art. Pour parler avec plus d’exactitude de cette collec tion , il faudroit posséder la notice que M. Kohler en a publiée, intitulée: Bemerkungen über die Russisch Kaïserliche Sammlung von geschnittenen Steinen, 1794, tn-4°. Il n’y a dans Pétersbourg aucune société parti- Culière de littérature, Les moyens d’acquérir des connoissances sont rares et dispendieux; les libraires ont peu de livres scientifiques; on ne trouve point de bibliothèques publiques. On construit un bâti- ment pour la Bibliothèque de Zalutzki (3) ; mais on ne l’ouvrira qu’aux premiers de la ville, dont peu seront en état d’en faire usage. Les soldats, chargés d’emballer les beaux livres de cette bibliothèque, lors de son transport à Pétersbourg, ont mis les dif férens volumes d’un même ouvrage dans des caisses différentes. L'empereur a donné ordre à tous les étudians qui suivoient les différentes universités en Europe, de revenir en Russie, sous peine de confiscation de intéressant ni précieux. Il fant espérer, pour les sciences , que ces monumens se retrouveront un jour, peu importe chez qui, ex- ceplé eu Russie, parce qu'ils seroient perdus. A. L. M. (3) C’étoit la bibliothèque publique de Varsovie; elle devois son om à deux évêques de la maison de Zalutzki, ses fondateurs # ainsi que le dit l'inscription placée sur Ja porte : Civium usuë perpetüo, Zalusicorum par illustre dicavit 1714. Elle avoit été depuis considérablement augmentée et coutenoit plus de cent inille volu- mes ; elle étoit principalement riche en livres et en manuscrits gelatifs à l'histoire de la Pologne. A. L,M. : > ty de 544 Nouvelles littéraires | leurs biens ; il y en avoit vingt à Goelkngen ; les. habitans jeur ont donné des fétes à leur départ, et ceux-ci les ont rendues ; ils formèrent, En partant » un cortége brillant. Ils ont quitté avec douleur une des plus savantes universités de l'Europe, et entrer voient avec peine l'instruction singulière qu’ils vont recevoir » à Mietau , jusqu’à la création d’une nou- velle université à Doerpat, Qui avoit anciennement, un grand gymnase: La Russie n€ proserit pas cependant les produc-, tions. étrangères.» mais celles qui y. sont permises. sont plus d’un an à y pénétrer. On y a vu paroitre, dernièrement une traduction en, VETS français de, V’Oberon de WW1ELAND . par le comte de BORCH%» et une traduetion de l’Hudibras de BUTTLER. Les Russes sont curieux de bons ouvrages de mé decine ; nous, avons donné dans, notre volume V 3: p. 62, une notice d’un excellent traité d'Hygiène à l'usage des gens de mer. On vient de publier en Jangue russe , des Observations chirurgicales , par, MuRrsiNNà Des Elémens de Botanique: Une, Description de l’Epidémie sibérienne. — La Chymie de JAQU in. ll y, a en Russie 34 bureaux de santé : ils ont l'inspection: SUF tout ce qui regarde la santé : des individus de leur ressort. | Nous avons donné, il y apeu de temps; la notice d’un ouvrage de CEDERHIELM) SUT jes insectes des. environs de -Pétershourg » stitulé Fauna Ingrica. On a inseré ; on ne sait sur quel fondement , dans plusieurs journaux ; Une anecdote ridicule, sur Mine CHEVALIER PECXAM) que nous avons VAE : aux Nouvelles littéraires. 545 aux Italiens ; ce qu’il y a de certain » c’est qu’elle a un grand succès sur le théâtre de Pétersbourg ; mais elle se propose de quitter cette ville, si le réglement des modes que l’impératrice a empêché jusqu'ici d’être rendu est porté, parce qu’elle seroit trop gênée dans le choix des costumes nécessaires au théâtre. | Le libraire BuissonSpublie dans ce moment quel- ques pièces françaises, composées pour le théâtre de Catherine II ; nous en donnerons une notice. On vouloit appeler en Russie M. BERGAMIN , acteur célèbre du théâtre de Hambourg. La citoyenne Raucour a également résisté aux offres qui lui ont été faites , ellega préféré de consacrer son précieux talent à sa patrie, Il faut espérer que les acteurs célèbres , tragédiens et comédiens , qui nous restent de l’ancien théâtre français , imiteront son exemple. Défense d'applaudir au Théâtre de Cassel. À Cassel, capitale du Landgraviat de Hesse-Cas- sel, on a publié le réglement suivant, dont nous donnons la traduction littérale, à cause de sa singu- larité. « Le public est averti de nouveau, relativement « à la défense déja faite le 9 octobre 1794, que toute «“ espèce d’applaudissement est défendue au spec- “ tacle, à moins que Leurs Altesses n'aient daigné « témoigner leur contentement de cette manière. » Cassel, le «octobre 1798. La Direction des Spectacles de la cour. Tome VI, M m / 546 Nouvelles littéraires. M. IFFLAND, auleur et acteur dramatique | célèbre. La première livraison des œuvres dramatiques de M.IrFFLAND (1) a paru chez M. Gæschen à Leipsic. Elle est composée de 5 volumes. Dans le premier M. Jffland doune le récit d arrière dramatique, et cette biographie est citée par des connaisseurs, comme un chef-d'œuvre dans ce genre et digne d’être le livre favori des acteurs et des amateurs du théâtre. Chacun des autres volumes contient trois pièces de théâtre , dont l’une est inédite, et les deux autres ont subi des changemens et des corrections considérables. 11 doit paroître chaque année une livraison de 4 volumes de cette collection. Les 5 volumes de la r.° livraison sur beau papier à écrire , ornés du portrait de l’auteur et d’autres gravures, se vendent un louis. 11 y a aussi des exemplaires sur papier vélin. NoTrces littéraires sur Naples, avant la guerre. Une centaine d’ouvriers travaillent dans les fouilles de Pompeii; on a découvert les restes d’un théâtre, (1) Nous avons déja parlé plusieurs fois de M. 1fand ,-princi- palement aux tom. F, p. 399. et tom. IT, p. 12r ; il est estimé en Allemagne , non-seulement comme auteur dramatique , mais aussi comme acteur. Le but que M. Iffland se propose dans ses pièces, est de répandre des principes propres à fonder le bonheur de la vie, d'exiiter le sentiment du beau, d’être utile aux mœurs, et de faire sentir vivement les ridicules et les défauts du siècle. Le 7 Lt Nouvelles littéraires. 547 et de la Pia Appia qui passoit par cette ville. Le prince héréditaire, qui est grand amateur d’anti- quités , fait faire des fouilles particulières à Stabræ ; dans ces deux fouilles on trouve sans cesse des us- tensiles, des médailles, des statues, etc. Un jeune Hercule du meilleur style grec est jusqu’à présent le plus beau monument qu’on en ait tiré (r). Comme pendant des Papiri il a paru un second volume de format pareil, sous le titre de Diésserta- tiones Isagogicæ, pars prima (2), avec une carte de l'ancien Herculanum et les preuves : les volumes suivans contiendront trois rouleaux, qui sont déja gravés et prêts pour l’impression, I. Rhetorica, II. de Phœnomenis, WI. de Pitiis et Virtutibus oppositis , tous les trois de Philodemus. Le célèbre taureau Farnèse est deja exposé depuis plusieurs années dans la Chiaja de la Villa Reale ; c’est la promenade la plus agréable de l’Europe et la moins exposée à la poussiere, sur les bords de la mer. CAMBIAGI , un de ces hommes estimables qui encouragent d’une manière active les entreprises litté- (r ) Nous avons inséré la lettre du général Championnet, qui annonce qu’on fait des fouilles, et que cinq cents! hommes y sont employés. Cinq cents hommes paroïissent beaucoup à ceux qui sa- vent avec quel soin et quelle précaution on doit faire ces fouilles, qu’il faut plutôt gratter que piocher , et que tous les hommes ne sont pas propres à cette opération; c’est Je cas de rappeler à ceux qui en sont chargés, cet ancien proverbe : chi va piano vd sano. À. L. M. (2) Je desirerois extrêmement avoir connoissance de ce dernier ouvrage qui n’est pas parvenu à la bibliothèque nationale ; et si quelqu'un le possède à Paris, il m’obligeroit beaucoup en me le prétant pour peu de jours. À. L, M. M nm 2 548 | Nouvelles littéraires. raires, a fait l’acquisition des 55o planches de lou vrage de d’Hancarville , sur les vases dits Etrus- ques, qui étoient sous les scellés ; il les a eues pres- qu’au poids, pour Ja somme de 800 scudis. Il donnera bientôt une nouvelle édition de l’ouvrage de d’Han- carville, en 4 vol. comme la premiere, mais au prix de 20 ducats, au lieu de 30. Cette édition sera dédiée au premier amateur de vases, Hamilton (3). 11 va publier encore un autre ouvrage sur les monu- mens transportés d'Italie en France; il se propose de le dédier au Directoire de la république fran- çaise, NOUFELLES DE ROME. Roue, le premier octobre r798- C’est moins l’enlèvement des principaux antiques et tableaux , que les troubles auxquels Rome a été exposée, qui ont chassé de cette ville presque tous les voyageurs et artistes étrangers. De plus de 50 (3) M. Cambiagi devroit bien , en Re cet ouvrage , lui donner une autre distribution, afin qu’on we fût pas obligé d'ou- ‘vrir à la fois, pour le consulter, trois volumes d’un poids énorme. 11 faudroit que les explications fussent dans le même volume où se trouvent les vases ; il faudroit étendre ces explications d’après ce ‘qui en a été écrit par les divers savans de l'Europe. Car d’Han- carville a donné de longues dissertations remplies de choses utiles, et très-souvent de paradoxes sur l’art en général ; mais il ne dit presque rien des vases qu’il publie, et qui devroient être l'objet spécial de son ouvrage. A. L. M. Nouvelles littéraires. 649 arlistes allemands qui vivoient à Rome il y à quelque temps, il n’y en a plus que 15; et ceux parmi eux qui vivent du produit de leurs talens , n’ont presque point d’occupation. Il y a ici peu d’artistes français, et ceux qui y sont ne travaillent point ; plusieurs sont devenus commis- saires des arts, Il n’y a plus d’exposition. Parmi les artistes italiens, un jeune Romain, appelé Camoccinr, se distingue depuis quelques années. C’est un excellent dessinateur. Il a commencé, il y a deux ans, un très-grand tableau par lequel il vouloit établir sa réputation ; le sujet étoit /a mort de César , et il étoit destiné pour le lord BRISTOL , lorsque les Français entrèrent dans Rome. Bientôt après le lord fut arrêté dans la Lombardie. Sa collection nombreuse de tableaux, la plupart faits par des artistes modernes, recueillis en Italie depuis plusieurs années, dans laquelle il y avoit beaucoup de tableaux médiocres et mauvais, auroit cepen- dant mérité d’être conservée comme un monument du goût du siècle, unique en son genre, et auquel avoient contribué beaucoup d’artistes vivans, de différentes nations. Plus de 300 artistes dans différens genres se sont empressés à faire cette demande dans une pétition ; tout a été inutile, la collection a été dispersée. Quelques anciens tableaux ont été envoyés au musæum des arts à Paris. La collection des antiques de Za Villa Alban est heureusement partie pour Paris ; celle du Palais Ælbani s’est perdue. Il y a quelque temps qu’un gentilhomme polonois, Mu 3 LES 65o . Nouvelles littéraires. à joueur de profession , étoit à Rome ; après avoir gagné aux jeunes Romains leur argent, ceux - ci mettoient des tableaux en jeu ; c’est ainsi qu’il a ramassé en moins d’un mois, environ 200 tableaux, parmi lesquels il y avoit plusieurs Raphael et autres morceaux précieux. Plusieurs tableaux ont disparu de Za Villa Borghese; on dit qu’ils ont été volés. Un commissaire à qui la république francaise devoit de l’argent , a pris , en place de paiement , les tapisseries de Raphaël, pour la somme de 30,000 scudi. Ù | La Minerve, qui a été trouvée depuis peu à V’elletrr, a été envoyée à Paris. Le paysan à qui ellé appar- tenoit , a recu du papier-monnoie, qui bientôt après fut démonétisé; de sorte que cette précieuse décou- verte ne lui a valu tout au plus que 200 scudi. On a enlevé le mur entier de l’église Trinita de Mont: , sur lequel étoit la descente de croix par DANIEL DI VOLTERRA, ainsi que les peintures la- térales, pour les porter en France. | On a vendu pour 2000 piastres l’église de St. Pietro in Montorio avec le jardin et le cloître fdans la cour duquel on voit le fameux Temple de BRAMANTE. L'église renferme plusieurs bons ouviages de pein- ture et de sculpture. L. À: NOUFELLES DU DANNEMARCK. La société rurale de Copenhague, vient de pro- poser quelques prix aux frais de l’amirauté. Le LA Nouvelles litiéraires. 551 premier est de 300 rixdalers (1500 livres), le se- cond de 100, et le troisième de 5o. Il s’agit du meilleur traité sur Les bois Les plus propres à la cons- truction des vaisseaux, Voici en général ce qu’on doit éclaircir : 1 1.° Quel est le terrein le plus convenable à ces différens bois, et quels sont les soins qu’ils exigent ? 2.° Peut-on, par quelque moyen ; parvenir à donner à ces bois, la courbure et la forme nécessaire sans nuire à leur force ? 3.° Quel est le temps de la coupe des arbres ? 4° Est-il avantageux d’enlever lécorce des arbres avant de les couper, et comment y doit-on procéder? I] faut que les mémoires soient étayés d’expé- riences , autant qu’il sera possible. Quand un auteur s’appuiera de l’autorité d’un livre étranger , il aura soin d'indiquer l'ouvrage en note. Les mémoires pour- ront être écrits en danois, allemand, francois, ou anglois ; ils doivent être envoyés à la société , avant la fin de septembre prochain. Le professeur DANZEL doit bientôt publier une description, accompagnée de quatre gravures, de sa machine à 1ouer les vaisseaux. Il vient d’être fait dans l’académie de chirurgie de Copenhague, un chàängement éssentiel, relati® à l’examen. On renferme les candidats dans la salle des dissections , où ils sont obligés de faire la dis- section de telle ou telle partie d’un cadavre , et de mettre par écrit leurs observations , au lieu qu’ils se contentoient de les exposer de vive voix. On a rendu les plus grands honneurs au célèbre | Mm 4 552 = JNouvelles littéraires. M. de Suxm (x); son convoi a été suivi de tout ce qu'il.y a dans Copenhague de gens de lettres et d'artistes distingués. L’académie des sciences vient de proposer une médaille d’or de cent écus, pour prix du meilleur éloge de ce savant. Le Journal médico-chirurgical du professeur TODE, vol, 3. cdh. 3, qui a paru à Copenhague, en allemand , annonce une découverte importante pour l'art de l’accoucheur. M: HERHOLDT a trouvé, eñ ouvrant des cadavres d'animaux mort nés, la cavité du tambour remplie de la liqueur de Pamnios. et de flegme, (eau visqueuse). Ce fluide sort après la naissance, par le conduit auditif, et est 'rem- placé par l'air atmosphérique. Cette découverte Pa conduit à supposer que la liqueur de l’amnios s’iñ- 1roduisoit également dans le tuyau de la respira- tion , et le remplissoit tant que l’enfant n’étoit pas encore né. Des expériences faites à l’école vétéri- naire, ont confirmé cette hypothèse. Ordinairement la nature fait écouler cette liqueur, quelquefois il faut employer le secours de l’art ; l'enfant ne peut respirer librement, que lorsqu'il en est ,débarrassé. M. Herholdt pense que cet accident produit plus de morts apparentes qu’on ne le croit communément ; il ne suflit donc pas de nettoyer le gosier de len- Fant, il faut lui donner: une attitude qui facilite l'écoulement de la liqueur. L’auteur a eu le bon- heur, cette année, de rappeler à la vie douze en- (1) Supra, p. 2br ; nous en donnerons bientôt une notice biograæ phique. À, L. M. 7 | ; | ÎVouvelles ÉNER be 553 fans sur treize , qui se trouvoient en pareil cas. Les professeurs Abildgaard et Wiborz, ont confirmé l'expérience par l'ouverture de cinq chiens non en- core nés. NOUFELLES DE VIENNE. L'empereur, par une ordonnance, a défendu dans ses états tous les soi-disant cabinets de lecture. On doit faire à Belvedère, château près de Vienne, un jardin de botanique qui formera une véritable Flore de Vienne ; on y trouvera toutes les plantes qui Croissent dans les états de l’empereur, Cet éta- blissement sera dirigé par M. de HosT, auteur d’un ouvrage estimé, intitulé : Synopsis plantarum in Austria provinciisque adjacentibus sponte crescentium, V'indob. 1797. NOUTVELLES DE SUÉDE, M. GLGRwELI a publié un ouvrage intitulé, La Suède ancienne et moderne, dans laquelle il donne une notice non-seulement des auteurs suédois, mais encore des étrangers distingués qui ont été eu rela- tion avec eux. ; L’évéque WW ALILQUIST publie, pour son diocèse, | une gazelte qui répandra sûrement des connois- sances utiles; c’est la première de ce genre dans ce royaume, 004 Nouvelles littéraires. CYGENAUS, éréque de Borgo, a fait adopter un réglement par lequel tout ecclésiastique demeurant à la campagne, est autorisé à emprunter pour six mois un livre de la bibliothèque du Gymnase de Borgo, en déposant sa valeur. M. H1ELM a répété les expériences faites par Caylus et Majault, sur la trempe que les anciens donnoient, au cuivre ; il a reconnu que dans -une lame d’épée antique , l’étain étoit au cuivre dans le rapport de 16 : à 88 2 de cuivre; il a fabriqué d’a- près les mêmes PRE OA une lame de couteau dont la couleur et la dureté approchent beaucoup de la lame d’épée analysée. Voici une question remarquable, sur laquelle læ société établie pour répandre des lumières parini les citoyens en Suède, a proposé deux prix, l’un d’une médaille d’or, et l’autre d’une médaille d’ar- gent. 23 Ÿ Les principaux monumens. publiéf, faits de pierre ou de bronze, ayant aw moins coûté la valeur de douze US js d'or, ( 5 à 6 mullions de livres ), n'offrent qu'un capital perdu pour l’état : on demande le moyen de les remplacer par des monumens- d'un prix infiniment moins considérable et plus avantageux au pays , et qui néanmoins soient propres à rappeler et à faire respecter éternellement la mémoire des hommes à l'honneur de qui on les auroit consacrés Le concours est ouvert jusqu’au mois de sep- tembre 1800. À Bangsta en Suède, M. de den alt a fait construire , il y a deux ans , une machine pour battre . ; 1 - | Nouvelles littéraires. 555 le blé, laquelle mise en mouvement , et dirigée par deux bœufs et ofze personnes, bat le jour à peu près vingt-quatre tonneaux de grains ; un autre particulier en a fait une pareille, qui bat la valeur d’un tonneau par heure ; une troisième , construite à Bergaholm, par les soins de M. Lowen, peut fournir jusqu’à cinquante tonneaux en dix-huit heures. M. THUNBERrG publie en suédois une Description des animaux de la Suède ; cet ouvrage sera $ûrement bientôt traduit en allemand. NODrELLE DE WEIMAR. Depuis plus d’une année ils’est formé une maison d'éducation dans un des châteaux et sous les aus- pices du due ; c’est au lieu nommé /e Belvedère , à une demi-lieue de sa résidence. L'établissement a pour objet d'offrir aux jeunes gens destinés par leur position à exercer. des emplois publics, ou à possé- der une certaine fortune, tous les moyens de per- fectionner leur instruction , de les familiariser avec les principales langues modernes , et de les préparer à des voyages utiles. C’est M. Mouuier , ancien membre de lassemblée constituante, qui en a la -direction générale ; Îles autres profésseurs sont ‘MM. Dubuat, Scherer, Duvan, Matthieu, Jagemann, Le;prix de la pension annuelle est de 150 louis de France, payés d’avance. Le “ ee LL VOOR ESC, L'VSEUR 6. ASTRONOMIE. MÉMOIRE contenant des explications théoriques sur une carte trisonomèlrique servant à réduire la dis- tance apparente de la lune au soleil ou à une étoile : en distance vraie, et à résoudre d'autres questions de pilotage ; par le citoyen MAINGON, lieutenané. de vaisseau. Paris, 1799, in-4.° ns Ce mémoire et la carte qui l’accompagne, con- tiennent une méthode ingénieuse , facile et exacte pour faire la réduction des distances, avec la règle et le compas avec une seule carte , au lieu du grand ombre de celles de Margetts: Le, rapport que le citoyen Leveque en a fait à l’Institut, contient une grande érudition , et des réflexions importantes sur la même matière. LALANDE. P'ONTS E&T Cr'AUSSÉES. PLAN d'instruction des Élèves de l’École nationale des Ponis et Chaussées , pour l'an 7. On y trouve des tableaux synoptiques du cour de mécanique et du cours de construction. Le citoyen Prony , à qui lon doit ce plan d’ins- truction , doit inspirer la plus grande confiance. CHYMIE. MANUrzz dun: Cours de Chymie, ou Série des expé- riences et des démonstrations qui doivent composer un cours complet sur cetle science; par E, J. B. BOUILLON LAGRANGE, professeur aux écoles centrales de Paris et à l'Ecole de Pharmacie, des sociétés philomatique et de médecine de Parts; membre de La société de médecine de Bruxelles,, préparateur général à l’Ecole Polytechnique, etc. Paris, Bernard, libraire pour les mathématiques, sciences et arts, quai des Augustins, n.° 37;an”7, 2 vol. in-8.° NTTU L’Auteur a entrepris cet ouvrage pour l'utilité des élèves de l’école polytechnique ; il lui a paru qu’ik Livres divers. 557 seroit intéressant pour eux d’avoir un manuel simple, complet, méthodique ; à l’aide duquel ils pussent répéter les expériences du cours général de chymie que leur donne le citoyen Fourcroy , et celles du citoyen GUYTON, dans son cours de chymie appli- gué aux arts. En remplissant ce but , il s’est apercu qu’il pour- voit avoir une utilité encore plus générale, et que tous ceux qui professent ou étudient la chymie, pour- roient y rencontrer quelques avantages. Le plan qu’il a suivi dans la division des leçons, appartient au citoyen FouRCROY ; c’est celui qu’il a nouvellement adopté. | Les succès qu’il a obtenus, ne laissent aucun doute sur sa simplicité, et sur les progrès rapides qu'il peut faire faire aux élèves; c’est le tableau exact des expériences et des démonstrations qui ont été faites dans les cours de l’an vi, à l’école po- lytechnique. L’'Ouvrage commence par une ample table des matières, et une des auteurs cités, On trouve ensuite un tableau pour réduire les nouvelles mesures en an- ciennes. Lé” cours est partagé en soixante leçons, mais les professeurs peuvent le diviser à leur gré. L’Auteur a placé à la marge, à côté du texte , la série des expériences à faire dans chaque lecon, et la nomenclature des matières qui doivent servir à la démonstration, ce qui est tres-propre à guider ceux qui voudroient faire ou suivre un cours de chymie. Le citoyen Bouillon Lagrange à joint à cet ou- vrage , les nouveaux caractères adoptés par les chy- mistes françois. On sait combien ces signes sont utiles pour décrire en abrégé, ou pour représenter en formules, les phénomènes chymiques. Plusieurs lecons sont accompagnées de planches ; elles représentent les appareils les moins connus, et ceux qui servent aux Opérations.-principales d’un cours. Le citoyen Gérard, attaché à Pécole polytechnique pour la partie de la stéréotomie , s’est chargé de ce trayail; tous les dessins ont été faits sur les appas 558 : Livres divers. reils montés; ils sont présentés et décrits de manière que l’élève le moins instruit peut opérer avec faci- lité. Une échelle graduelle met à portée de juger les mesures de grandeur et de capacité. On trouve dans cet ouvrage , beaucoup d’expé- riences nouvelles qui ne soft point encore déerites dans les ouvrages élémentaires. | . Sa forme, sa rédaction, la perfection des planches, tout le recommande ; il est-du nombre des écrits vraiment utiles pour ceux qui veulent acquérir les élémens d’une des plus belles sciences, et y faire des progrès. ALLGEMEINZLS Journal der Chemie. — JOURNAL général de Chymie, redigé par ALEXANDRE- NICOLAS SCHERER, conseiller des mines du duc de Weimar, numéros 2— 6. Leïpsic, chez Breitkopf et Haærtel, 1798, in-8.° Nous avons fait connoître le premier numéro de cet excellent journal ; les suivants que nous venons de recevoir, ne sont pas Moins intéressants; plu- sieurs articles sont tirés des journaux de chymie des différentes nations qui s’occupent d& cette belle science, mais toujours avec des notes et des addi- tions importantes. Les principaux morceaux sont : — EXPÉRIENCES sur le gaz hydrogène carboné, pour décider si le carbone est une substance simple ou composée, par le docteur GUILLAUME HENRF , à Manchester, membie de la société des sciences de Londres.—ÆxTRA1IT du mémoire du C. PRErOST, à Genève, sur Les effets odorgscopiques des sub- stances chaudes et froides , odorantes et non odos rantes. — ANALYSE de la substance terreuse , appe- lée sydneia (terra australis), trouvée dans la nou- selle Galle Méridionale, par M. HATCHETT, esq. à Londres.:— SUR LE GAZ contenu dans la vessie des poissons, par M. Fr. RIGBY BRODBELT, à la Ja: maïque. — NOTICE sur un nouvel acide, appelé aeide zoonique , obténu de substances animales, par le.C. BERTi:0LET.— DESCRIPTION de l'appareil du Muw- sæœuin Teylerien pour la combustion du phosphore dans mg-» j'aie es, £. Lcd . >. D RS CR LES LS Se Livres divers. 039 l'oxygène, et des observations sur la lumière du phos- phore dans le gaz azote ,par le docteur MARTIN VAN Marum, à HARLEM.— NOTICE sur les travaux les plus récens des chymistes francois , par M. VAN Mons, à Bruxelles. — DESCRIPTION d’un réservoir d de gaz commode. par le docteur MARTIN VAN MA- RUM , à HARLEM.— DESCRIPTION dun appareil simple et commode pour le. développement des diffé- rentes espèces de gaz , par M. SCHERER.— ADDI- TION à la découverte faite par M. HUMBOLDT , de la polarité magnétique d’une serpentine , par M. Srna Ne H ÆUSER, avocat à Plauen. — SUR LA NATURE duw diamant, 1° Expériences de M. SMITHSON T'EN- NANT ,; esq. membre de la société des sciences de Londres ; 2° Expériences du C. GUYTON.— SUR UN CHANGEMENT apparent d'argent en or, par M. HILDEBRANDT , professeur à Erlangen. —IN- FLUENCE du salpétre sur l'or et le platine , par M. SMITHSON TENNANT, esq. —SUR LA NOU- VELLE TERRE, appelée Glucine, trouvée dans le Berylle , par le C. VAUQUELIN.— DESCRIPTION et proprielé de la glucine. — EXPÉRIENCES pour mieux déterminer les caractères généraux et distinctifs de la glucine. — ANALYSE de l’émeraude du Pérou, par le C.VAUQUELIN.— OBSERF ATIONS sur l’hy drogène sulfuré, par le C. BERTHOLET. — DESCRIPTION d'un nouvel appareil pour servir à la combustion dw fer dans le gaz oxygène , par le docteur VAN MARUM, à Harlem. — D£escrrPTION d’un nouvel appareil hydrargyropneumatique, par le même.— Dzscrrp- TION d'un appareil du Musæœum Teylerien, pour examiner les produits qui résullent de La combustion des huiles, par le même. — EXPÉRIENCES pyro- métriques, pour déterminer le degré auquel le charbon ne peut pas conduire le calorique » par le C; GUFTON. — SUR LA LUMIÈRE produite par plusieurs corps combustibles, et Le rapport de la clarté que donnent différentes lampes, selon L’huile qu’ on a employée, par, le C. HASSENFRATZ.—EXTRAIT des observa- tions générales de Nicholson sur les lampes et Les lumières , et son opinion sur les moyens de donner aw 560 Livres divers: suif les propriétés de la cire, avec quelques observations du C. GUYTON.— EXAMEN des recherches faites sur la prétendue lumière du phosphore dans le gaz azote, pur les CC. FOURCROFr et VAUQUELIN.— OBSER- FATIONS sur les propriétés eudyométriques du phos- phore, par le C. BERTHOLET. — MÉMOIRE sur l@ combinaison triple du phosphore, de Pazote et de loxygène, ou sur l'existence des phosphures d’azote oxydés, par M. FR. ALEXANDRE DE HUMBOLDT. — SUR LES RAPPORTS de la glucine aux acides, par le C. VAUQUELIN.—SUR L’APPLICATION des nou- velles découvertes, concernant l’hydrogène sulfuré, sur : la nature de plusieurs remèdes chymiques, par le C. ‘FourCrRor.— NOUV ELLES OBSERV ATIONS sur les détonations des muriates et des nitrates avec diffé- rens autres corps. — RECHERCHES du C. Brugnatelli, professeur à Pavie, sur les détonations des nitrates ; ‘—RÉPÉTITION ET AMPLIATION de ces expé- riences, par le C. VAN Mons à Brurelles. — Novu- VELLES OBSERVATIONS du C. Brugnatelli, tirées dune de ses lettres du 28 février 7798, au C, VAN Mons, avec des observations de celui-ci. — ExPÉRIENCES de M. THOMAS HoOrLE , le jeune, sur lu délonation et l'inflammation du muriate de soude, avec différentes substances oxydables, pro- duite par la friction et les acides. — OBSERF ATIONS sur la nature de l’amidon, par M. ROBERT JAMESON, à Leith. — ANALYSE CHFMIQUE de la chrysolite des bijoutiers, par le C: VAUQUELIN. — EXxPÉ- RIENCES el observations sur la nature du sucre, par GUILLAUME CRUIKSCHANK , Chymiste el chirur- gien de Partillerie. — DESCRIPTION d'une amé- lioration de l'appareil pour impregner Peau et dis- soudre la souie et le natron, avec l’acide carbonique, par M. DESPIGNES. — EssAIs sur l’histotre chy- mique de l’or, par M. HILDEBRANDT, professeur à Erlangen. — QUELQUES EXPÉRIENCES €t obser- sations sur la manière d'obtenir lazote de Peau, por M. Jucx à Würzhourg. — EXAMEN du suc acide des ananas, par le ©. ADET. —EXPÉRIENCES sur l'influence du mercure sur la vie végétale , par DEr- MANN, Livres divers. 56: MANN, PA4ATS VAN TrosTr rx et LAur r- RENBURGH. — RECHERCHES sur quelques pro- _priétés du platine , par le C. GurrTon. Ce qui donne à ce journal un grand degré d’uti- lité, ce sont les notices courtes, mais suffisantes , des Ouvrages nouveaux sur la chymie, qui viennent de aroître dans les différens pays de l'Europe, avec Pudicuton de ce qu’ils contiennent. | Ces six numéros forment le premier volume de cette collection utile. On ÿ trouve 8 planches, :qui servent à rendre plus claires les descriptions de’ nouveaux appareils qui sont indiqués dans le journal. GÉOGRAPHIE, ÆAZLGEMEINE geographische Ephemeriden ; ver- - fasset von einer Gesellschaft Gelehrten und heraus- Gegeben von F. FON ZACH, H. S. G. Obristwacht- meister und Director der herzog'ichen Sternwarte Secberg bey Gotha: — EPHÉMÉRIDES géogra- phiques universelles , par une société de savans : publiées par F, DE ZACH , major au service de Saxe-Gotha, et directeur de lobservatoire , apnelé Seeberg, près de Gotha. À Weimar, au Comptoir d'industrie ; 27-8.° Le prospectus (1) et les analyses étendues des deux premiers numéros (2) ont fait suffisamment connoître de quelle importance ce journal est pour les sciences mathématiques , pour la géographie et la statistique. - On saït que chaque numéro contient trois divisions; des mémoires, des analyses et jugemens de livres et de cartes, et des nouvelles qui ont rapport aux ma- tières auxquelles ce Journal est consacré. Nous nous bornerons dans cet article à indiquer les différens mémoires qui se trouvent dans les dix autres numéros qui ont paru dans le courant de l'année 1708, les principaux sont : SUR LES PROGRÈS des Russes dans la géographie (r) Mag. Enc. Année IT, t. III, p. 350, (2) Ibid, t. VI, p. 34 et 456. | Tome FT. Nu Me ET APE (2 4 PARTS de leur pays, avec une notice de latlas de la Russie, publié dans les dernières années ; — SUR LES NIVEL=— LEMENS entrepris en Suisse pour mesurer le pays, par le professeur TRALLES, à Berne , avec une carte de la contrée enclavée par le lac de Bienne, celui de Murten et celui de Neufchâtel ; — TABLE des diffé- rences de temps de plusieurs endroits aiec Paris, et de leur longitude géographique,prise au premier méridien, par M. FRANÇOIS DE PAULATRIESNECKER;—QUEL- QUES DÉTAILS sur les Cagots du ci-devant Béarn, les Caquets ou Caqueux de la Bretagne, et les Cassos de la Navarre. Ces familles vivoient dans les vallées des provinces indiquées; elles étoient tellement oppri-. mées et méprisées en Bretagne , que le parlement de Rennes se vit obligé d’interposer son autorité pour qu’on ne privât point ces malheureux de la sépul- ture. — NoTicE sur le dernier grand voyage de dé- couverte , entrepris par les Russes, dans POcéan de nord-est, par M. BLUMENBACH , à Gottingue ; — De LA LONGITUDE de Zuric, Verone et Mirepoix ; par M. WURM, curé à Grubengen, dans le Wur- temberg ; — SUR LA CATARACTE appelée Sarp ez Norwège , et le grand goufre qui s’est ouvert dans la méme contrée, et a engloutt en 7702 un château avec beaucoup de terres qui en dépendotent , par M. WisE, curé à Edsberg , en Norwège. Cet évé- nement malheureux coûta la vie à quatorze personnes et à près de deux cents bestiaux. — SUR LA MESURE d'un degré de longitude de la terre, par WILLEBRORD SNELLIUS, corrigée par PIERRE VAN MUSSCHEN- BRŒK , et des déterminalions des principales villes de la Hollande , dérivées de cette mesure, par J. F, FAN BEercx CALCKOEN , à Amsterdam.— SUR LE CALCUL des conjonctions et oppositions des planètes, par M. BURCKHARDT. — SUR LA SITUATION géographique et la véritable forme de la mer Noire , avec une carte de cette mer et des environs, d’après Les observations astronomiques du C. BEAUCHAMP. — SUR L'ISTHME DE SUEZ, et la réunion de la mer Rouge avec la mer Méditerranée. — DES F ARTA- zIONS de lumière de Péloile Algol, avec une in$= Livres divers. 563 êrüction sur la manière de les observer | à l'usage des @nateurs, de l'astronomie, et. de nouvelles tables de ses périodes lumineuses ,, par M. IWOURM, curé à Grübengen | dans, le IVürtemberg. On. ya. joint une carte céleste. On se rappelle encore de Vénus, re- ardée, à Paris ‘én l’än ‘VI, comme une comète ; le méme, méprise a eu lieu plus. d’une fois ; M. Furm à pris de là occasion de donner un petit mémoire sur LA PLUS GRINDE SPLENDEUR de Vénus , et des tubles sur la périodicité de ce phéno- mène. Il y a recueilli plusieurs faits qui y sont re- latifs. — L'ourre regardée comme moyen d’appaiser des flots de la mer, par M. Orro. L’Auteur croit que l’huile n’a pas la force de dé= truire les vagues déja formées, mais du moins de Prévenir la formation de nouvelles vagues. — Ces numéros contiennent enfin beaucoup de nouvelles déterminations de la position de villes, etc. _ Outre les cartes géographiques dont nous avons fait mention à l’occasion des mémoires auxquels elles appartiennent, on trouve dans les 12 numéros de 1798, une carte de La Chine : réduite d’apres celle du voyage de Macartney , mais avee les corrections nécessaires; une esquisse qui représente la manière dont les 1871 feuilles de la grande carte de la France, par Cassini, ont paru et doivent être mises en semble ; une carte du voyage de MUNGO PARK , de Pisania jusqu'à la rivière Gambia, à Silla sur Le Fleuve Joliba ou Niger, ainsi que son retour à Pi- sania, par la route méridionale; cette carte est dressée par M.RENNELL, d'apres les observations, notices et dessins de Mungo Parck. — Ure carte de l'Irlande, réduite d’après la grande carte de D. A, BEAUFORT. Une carte de la mer Méditerranée , et une autre de la mer Rouge , dressées par M, de Zac, d’après les observations astronomiques jes plus ré- centes. Ces cartes sont toutes très-bien gravées , ainsi que les portraits des astronomes Beauchamp , Delumbre, Herschel, de M. Joseph Banks, président de la so- ciété des sciences à Londres > €t de Don Jos, de n 2 564 Livres divers. Mendosa y'Rios, capitaine de vaisseau, au service du roi d’Espagne, et membre de la société des sciences , à Londres : les. Ephémérides ont aussi donné une notice biographique sur ce dernier. V Oo YA .G'E,S. Vor1cx historique et pittorèsque de l'Istrie et de la Dalmultie , par le citoyen C'4$45, artiste } et rédigé par le cüoyen JosEPH LAr :LLÉE, membre de la société philotechnique. Première livraison du texte. Le luxe et la beauté de l’impression répondent à la beauté des gravures, dont nous. avons annoncé séparément chaque livraison ; celle que lon vient de publier du texte, ne contient que le discours pré- liminaire. L'auteur y trace l’histoire de :Pstrie et de la, Dalmatie. Nous donnerons des extraits dé- tailles de louvrage, quand ii sera plus avancé, et que l’auteur aura achevé une partie de la description des beaux monumens qui y sont gravés. HS T'0O'T R#4E: FrRIDERICI IVILKEN, Ratzeburoiensis seminari regis philosophici sodalis, commentatio de bello- rum Cruciatorum ex Abulfedæ historia, Gottingæ, in -4.° | - Cet ouvrage a été couronné à Gottingue, le 4 juin 1798. Il a été composé pour satisfaire au programme qui avoit été proposé’en ces termes : «Tracer lhis- « toire des Croïsades, d’après Abülféda, en emprun- « tant des autres écrivains tant orientaux qu’occiden- « taux , tout ce qui peut servir à juger, rectifier ou « éclaircir sa nartation. » Nous reviendrons sur cet important ouvrage. P'0.É S'r E; ŒurRrEs de Boileau Despreaux, édition stéréotype, de l'imprimerie de Didot lainé. 2 vol. in-10. en feuilles , 1 fr. 5o c. papier fin, 2 fr. Bo c. papier vélin, 6 fr. grand papier vélin, 9 fr: Paris, chez P. Didot l’ainé, imprimeur, aux galeries du Livres divers. 565 # Louvre; Firmin Didot, libraire, rué de Thionville, n,° 1850 ; et Ant. Aug. Renouard, libraire , rue André-des-Arcs , r.° 42.. : Cette Edition a le mérite de renfermer toutes les Œuvres de Boileau, en prose et en vers, dans deux petits volumes bien imprimés, et du prix le plus modique. - Les: mêmes libraires viennent de mettre en vente la réimpression des Fables dé LAFONTAINE , édition stéréotype en deux volumes in-dix-huit, dont Ja première impression , promptement épuisée, man- quoit depuis deux mois. Les deux volumes en feuilles, papier ordinaire, 1 fr. 20 cent.; papier fin, 2 fr.; papier vélin , 6 fr. ; grand papier vélin , 9 fr. Chez Île citoyen Renouard on trouvera un por- trait de Lafontaine, très-finement gravé en médaïl- Jon par Gaucher, et bon pour mettre en téte dé Pédition stéréotype , ou de toute autre édition de Lafontaine, en petit format. Prix, 1 fr. 60 cent. ÆNÉIDE de WIRGTLE , traduite en vers francois ; par C. P. BorssrÈRE. Paris, chez les marchands de Nouveautés ; an 6, 2 vol. :1-8.° de 300 p. chacun: Lorsqu'un citoyen estimable a eu le courage d’en- treprendre un.ouvrage aussi long , s’il n’est pas cou- ronné par le succès, on ne peut que le plaindre de n’avoir pas trouvé un ami assez sincère pour lui épargner une peine inutile, et les frais de Pimpres- sion. Nous citerons quelques vers de la traduction du citoyen Boissière, pour faire connoître la manïère dont il: a rendu son auteur. “ Tros Rutulusve fuat nullo discrimine habebo. « Je ne veux em ce jour favoriser personne. » Adnuit , et totum nutu tremefecit olympum. ! « Ce,signe:ifit trembler toute l’olympe entière. » Fert ingens toto connixus corpore sazum , Haud partem exiguam montis, Lyrnessius Acmor. ù | r'esule d ! : A ù : « Acinon, dighe'fils de Clçuie , | « Tout le long des remparts s'avancoit à pas lent , + Trainant avec.effort mu: rocher menaçant. »,,,4 {,3 Nn 3 k à r . CR - « . ” 566 Livres. divers. En parlant du fils de Cycnus, voici comment if traduit son auteur : Filius, æqualis comitatus classe catervas, Ingentem remis centaurum promovet : Ille ; Instat aquæ, saxumque undis immane minatur Arduus, et longa sulcat maria alta carina. « 11 montoit un vaisseau qu’on nommoit le Ceutaure: « Son aspect présentoit un second miuotaure ; « La moitié de son corps paroissoit à fleur d’eau; « Il sembloit qu’un rocher sortoit de son cerveau; « Qu'il le précipitoit chaque instant sur la lame : « Le reste de sa forme offroit un corps de femme; « Faisant un long sillage en Ponde ainsi plongé. Sion ne devoit pas regarder ces contre-sens comme des licences poétiques, nous, remarquerions que Virgile n’a jamais pu dire qu'un centaure. res- semblât à un mminotaure ; qu’il a représenté ce cen- taure prêt à lancer un quartier de rocher, comme on le voit sur les monumens, mais qu'il n’a pas fait sortir une pierre de son cerveau : qu'il n’y a pas un seul mot dans ces vers qui dise que le reste de sa forme offroit un corps de femme. Il nous suffira d’assurer le citoyen De/ille, dont on attend avec impatience la traduction de PÆneide, qu’il ne doit pas se décourager , et que ses vers pour- ront encore trouver des lecteurs, quoiqu'il ait été devancé. THÉATRE. MISANTROPIE ET REPENTIR, drame en cinq actes, en prose, du théâtre allemand de KoTzBUE (1), traduit par BURSAF, et arrangé à l'usage de la scène française par la citoyenne MoLé , arliste du théâtre francais, faubourg Germain , représenté pour la première fois sur ce théâtre , le 7 nivôse an Prix : r franc 5o centimes. À Paris, chez le libraire du théâtre du vaudeville, rue de Malthe, et à son imprimerie rue des Droits de l’Homme, n.° 44, an 7: se. Cette édition est la seule reconnue par la citoyenne (:) Nous ignorons pourquoi le titre porte Korz-Püe,’ au lieu de | | | | | | + a te ler nc SP EE ne mat des ut CR D ce Sr et Livres divers. 567 MoLÉ , comme authentique ; elle rend compte dans la préface de la manière dont la traduction de BUR- sAY lui a été remise, et des changemens qu’elle a faits à la pièce ; et elle paie un juste tribut d’éloges à ses camarades, les citoyens Saint-Phal, Naudet , Dorsan , Picard, Grandmenil , et aux citoyennes Simon et Habert. Si un autre qu’elle eût fait cette préface , il ne l’auroit certainement pas oubliée. THÉATRE DE KOTZEBUE , traduit de l’allemand par WE1IsSs, professeur de langue allemande au Lycée, et L. F. JAUFFRET , membre de plu- sieurs sociélés savantes et littéraires : pour servir de suite au théâtre allemand. Tom. I, premiere partie qui contient MISANTHROPIE ET REPEN- TIR , drame en cing actes. Paris, chez les éditeurs, rue de Vaugirard , n.° 1201; Amand Koenig, H- braïre , quai des Augustins; Fuchs, libraire, hôtel Cluny ; Treuttel et Mürtz , libraire, quai Vol- taire; de 213 pages in-8.° Il parut en 1792 une traduction française de Mi- santhropie et Repentir, par LOUIS FAUVELET DE BOURRIENNE , imprimée à Varsovie, chez Etienne Bacigalupi , sous ce titre : L’INCONNU , drame en cinq actes, traduit librement d'une pièce allemande du président KoTzEBUE , intitulée: La Misanthropie et le Repentir. Cette traduction pleine de défauts , et dont il ne se vendit à Paris qu’un petit nombre d'exemplaires, resta tout-à-fait ignorée; et, sans la tradution qu’en fit postérieurement BURSAY, comé- dien de Bruxelles, traduction acquise et arrangée pour notre théâtre par la citoyenne MOLÉ, Koizebue ne seroit pas encore connu en France. Le succes qu’a obtenu Misanthropie et Repentir, a engagé les citoyens Weiss et JAUFFRET à donner Kotyebue, qui est le vrai nom de l’auteur; mais il n’y a rien à dire contre la fantaisie de l’éditeur, qui annonce que sa pièce se dis- tingue de celle des faussaires qui l'ont contrefarte, parçe que dans Ja sienne on lit Misantropie sans k, et que celle des contrefac- teurs porte Misanthropie ; c’est-à-dire, que la sienné est caractérisée par une faute d'orthographe. A. L. M. | N n 4 568 Livres divers, une traduction complète des œuvres drâmatiques de Kotzebue. Ils ont cru devoir commencer par la traduction fidelle de cette même piece, pour faciliter aux amateurs de l’art dramatique , la comparaison de la pièce telle qu’elle est sortie de la plume de l’auteur , et telle que la citoyenne Molé l’a mise au théâtre, Nous ne doutons nullement que la compa- ratson ne soit tout-à-fait à l’avantage de la dernière ; on verra que dans la pièce française les changemens de décorations sont moins fréquens que dans l’ori- ginal; que la citoyenne Molé a fait finir avec la sixième scène le premier acte, et qu’elle a réuni les trois autres scènes du premier acte au second, ce qui évite une grande inconvenance , un changement de décoration , et la scène vide au milieu d’un acte. Par+cette comparaison cn pourra de plus se convaincre combien les coupures qu’elle a faites sont heureuses, et que la pièce telle qu’on la joue aux Français; n'a conservé que les beautés de Poriginal, sans en avoir les défauts. Se Cette livraison est ornée du portrait de Kotzebuüe, gravé par Gaucher. Outre le drame, elle contient le passage entier de la préface de Kotzebue, is à la tête de son drame intitulé l'Enfant de l'Amour, passage dont nous avons donné l’essentiel dans une note de l’analÿyse de Misanthropie et Repentir (1). On peut se procurer cette première livraison sans avoir souscrit, moyennant 2 francs pour Paris, et 2 francs 75 centimes franc de port. Le prix de la souscription est de 9 francs pour six livraisons , et 18 francs pour l'ouvrage compiet qui en aura douze, ou six volumes. | | 8 . COMMENT FAIRE,Ou LES ÊPREUPES DE MISAN- THROPIE ET. RBPENTIR,; comédie, en: ur actes mélée de vaudevilles, représentée pour la première fois, sur le théâtre du vaudeville le 26 ventôsean.7, par les citoyens DEIOUr et LONCHAMPS. Prix; 1 franc 25 centimes ; avec des airs notés, A Paris (x) Ann. IV, tom. V, p° 262. NUSt SAS 13 Livres divers. 569 chez le libraire: du théâtre du vaudeville, rue: de Malthe, et à son imprimerie, rue des Droits de l'Homme, n.° 44, an Voyez ce que nous avons dit p.269 de ce volume, ROMANS.” VorAcE sentimental par STERNE, en anglais ef * en.français. Edition en deux volumes in-quarto , sur papier vélin , dit Nom-de-Jésus, ornée de six _estampes dessinées par Monsiau, et gravées par les meilleurs artistes ; précédée d’une notice sur læ - vie et les écrits de Laurent Sterne ; imprimée par Didot le jeune. Chez J.E Gabriel Dufour, libraire, successeur de Defer de Maisonneuve , rue Séverin, n.° 110, à Paris: Le méfite de ce livre, et de son auteur comme écrivain , est assez connu pour se dispenser d’en faire ici léloge : l’éditeur se borne à annoncer au public, qu’il a fait revoir la traduction par une per- sonne très-versée dans la connoissance des deux lan- gues, qui y a fait de grands changemens , et qui a donné aussi tous ses soins à la correction des épreuves. Prix, 72 fr. pour les deux volumes avec les figures avant la lettre, et 60 fr. avec la lettre. Le même libraire en a fait aussi une édition en trois volumes 7-18, avec les mêmes figures réduites. Prix des trois volumes sur papier vélir, fig. 9 fr. et sur papier ordinaire, 4 fr. 5o centimes. Les per- sonnes qui voudront recevoir cette petite édition par la poste , ajouteront un fr. ALPHONSE, lustoire portugaise , arrivée lors du trem- blement de terre à Lisbonne. À Paris, chez Testu, rue Haute - Feuille, n.°. 14, an 7, Prix ,,x fr, 5o €. et 2 fr, franc de port, | * 7 . TABLE DES ARTICLES GÉOMÉTRIE. : LUE DUCTION à l'algèbre, contenant entre autres, une arithmétique des quantités directes ou positives, par Em. DEvVEÉLEY. 119 Traité de trigonométrie rectiligne et sphérique, et de l’appli- cation de l’algèbre à la géométrie, par S.F. LACROIX. 113 Lettre du C. VERKAVEN, sur le traité de calcul différentiel et intégral du C. Bossur. 146 Mémuire sur l'intégration des équations différentielles, par P. FRANCHINI. 113 ASTRONOMIE. Traité des montres à lorgitudes par Ferd. BERTHOUD. 11% Connoissance des temps, à l'usage des astronomes et des navigateurs. 116 Mémoire contenant des explications théoriques sur une carte trigonométrique, par le C+ MAINGON. 556 CoSMOGRAPHIE. Cosmographie élémentaire, divisée en parties astronomique et géographique , par Edme MENTELLE. 279 PONTS ET CHAUSSÉES. Plan d'instruction des élèves des l’Ecole nationale des ponts et chaussées, pour l’an 7. 556 PHYSIQUE. Histoire naturelle abrégée, du ciel, de l'air et dela terre, ou notions de physique générale, par PHILIBERT. 168 Sur le grand froid de cette année, par le C. LALANDE. 242 Grondheginzelen der prœfonder vindelyke, etc. c'est-à-dire , élé- mens de physique expérimentale, par VAN BEMMELEN. 433 HISTOIRE NATURELLE. Elementi di storia naturale, c’est-à-dire, élémens d'histoire naturelle, par À. L. MtLLIN : traduct. de la seconde édition par Anne GIOBERT. 117 MINÉRALOGIE. Collection complète de toutes les parties de l’atlas minéralogique de la France, par A. G. MONKNET. 118 Table des articles. 571 BOTANIQUE. Floré du Mont Atlas, par le C, DESFONTAINES. . 129 Lettre d’un voyageur observateur , concernant le jardin botani- que de Voerlitz. VIRE Sur le palmier Doum, par J. J. VIREY. 438 Sur la culture de la fririllaria regia , par le C. WILLEMET. 248 Nova genera plantarum, auctore Heorico-Adolpho SGHRADER. 315 Sur une opinion de VANHELMONT et de BoYLE, citée par le C. Bo1SsSONADE. 374 ZLOOULOGIE. Traduction du tableau élémentaire du C. CUVIER. 264 ENTOMOLOGIE. Récréations tirées de l’histoire naturelle, traduite de l'allemand de M. WiLueLz. . 413 ÂANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. Sur la carie des os. ) 248 Tableaux comparatifs de lanatomie des animaux domestiques , par J. GIRARD. JE Sur la Sennebieria pinnatifida, par le C. TourNON. 106. Extrait d’un mémoire contenant des recherches sur la durée de la gestation dans les femelles d'animaux, par le C. TESSIER. 5 Description anatomique d’une tête humaine extraordinaire , par J. Fr, JADELOT. 280 Discours sur la douleur, par Marc-Antoine PETIT. iv7 CHYMIE. Manuel d'un cours de chymie, par E. J. B. BouILron- LAGRANGE. 55 ÆAligemeines Journal der Chemie, c’est-à-dire , Journal général de chymie , rédigé par A. N. SCHERER. 558 MÉDECINE. Prix proposé par la société médicale Harveyenne à Edimbourg. 259 Divisione delle maladie, c’est-à-dire ; table des maladies, dressée selon le systéme de BROwN, par Valeriano- Luigi BRERA. 123 Reflessioni medico-pratiche, etc. Réflexions médico pratiques sur l’usage interne du phosphore, par Valer.-Luigi BRERA. 124 Les théories médicales modernes, comparées entr'elles et rap portées à la médecine d'observation; par N. P. GILBERT. 123 Æwploi de ja racine de l'enula helenium. 246 Analecta historica , c’est-à-dire, recherches historiques sur la médecine des Hébreex, par MEYER LEWIN ; Sous la prési- dence de M. CURLIUS SPRENGEL, 44t 572 Table des: articles. PHARMAC LE. Dictionario elemental de farmacia, c’est-à-dire, dictionnaire élémevtaite de pharmacie, par Doin Manuel HERNANDES DE GREGORIO. | AGRICULTURE, Prix d’ägrieuliure propôsé par la Société de Meillan. Suplemento a ta observacione, ect., c'est-à-dire, supplément aux observations sur la culture du riz dans le royaume de Valence, par Z. Ant. Jos. CAVANILLES. TECHNOLOGIE. Conservatoire des "arts: fe Fabrication du meroquin, Sur le mot bustula. , EDUCATION. Méthode pour enseigner à lire aux enfans des deux sexes. Sourds et muets. ' ECON O MI EE. Société économique batave. COMMERCE. 128 97 12% 103 274 252 Dictionnaire universel de la géographie commercante, par : F. PEucuET. MÉTAPHYSIQUE. Traduction d’ur ouvrage de KANT. THÉOLOGIE. Carta del ciudadano GREGOIRE, c'est-à-dire , lettre du C. GREGOIRE, évêque de Blois, à Ramon Joseph de ARCE. GÉOGRAPHIE. Description des territoires d'Epidaure et de Trézène en Grèce, par le C. MENTFLLE. Vus Nouvelle géographie uuiverselle, traduite par le C, NOEL. Géographie élémentaire, par L. G: HAUCHECORNE. Sur les découvertes en Afrique, par La LANDE. “lIgemeine, geographische ephemeriden ; etc. c’est- à. dre, éphémérides géographiques universelles , par une société de savans, publiées par F. DE ZACH. VOLS "AG ENS. Voyage de CHOISEUL - GOUFFIER. ; Voyage dans ‘les Etats-Unis d'Amérique, par LAROCHE- FOUCAULT-LIANCOURT. : Voyage par le Cap dé Bonne-Espétance et Batavia, à Sdmra- “rang, Mines eté. par J2S. STAVORINUS, 1 | Vôyage fait par ordre du gouvérhément, dans ] émpire Quto= LA 47 325 137 VA 133 135 24 56r 278 280 136 Tables des articles. 573 man, l’Ægypte et la Perse ,ipar le C. OLIVIER. 187 oyage à Constantinople, en Italie et aux îles de l’Archipel, par l'Allemagne et la Hongrie. ET 498 Voyage de M. HAWKINS. 557 Voyage historique et pittoresque de l’Istrie et de Ja Dalmatie : par le C. Casas,-et rédigé par le C: Joseph LAVALLÉE, b62 MÉ D'ECINÉ DES) ANrMAU x. Memoria sull actuale epidemia de gatti, c’est-à-dire , mémoire sur l'épidémie actuelle des chats, par le citoÿen V'aler. Luigi BRERA. f 126 Méedicinische national Zeitung, c’est-à-dire, journal natio- : mal de médecine pour l'Allemagne. 4t5 Prix de l’école vétérinaire d’Alfort. 405 X HTS TO TIRE. Abrégé de l’histoire de la Grèce, depuis son origine jusqu’à sa réduction en province romaïné, avec deux tableaux analy- tiques, suivi de deux cartes géographiques. 58 Tableau historique, littéraire et politique de lan 6 de Ja Répu- blique francaise, par A. M. CECILE. 138 Correspondance de l’armée francaise en Ægypte , interceptée par l’escadre de Nelson, par E. TT. SrMON. : 139 Tableau bistorique, politique et moderne de Pempire Ottoman, traduit de l'anglais par le C. LEFEBVRE. 28t Antiquités nationales. ou recueil de monumens , pour servir à l’hisione générale et particulière de l'empire Francais, par AL. MILEEN 68 , J2r et 469 Friderici WIIKEN, Ratzeburgiensis seminarit philophict sodalis, commentatio de bellorum cruciatorum ex Abulfedæ historia. ; 596 Histoire de la mosquée Nâüssery de Hhaçan au Caire. 338 ARCHAEOLOGIE. , Noticia de un viage, etc. , c’est-à-dire , notice d’un voyage pour l'architecture et les antiquités, par Jos. Fr. ORTIZ. , r40 Découvertes faites à lPompeia. | 26€ Fouilles nouvelles faites au pied du Vésuve. 275 Notice sur quelques inscriptions trouvées à Bayeux. 345 MY T H.0:%& 0:G EE. Choix des principales pierres gravées, de Ja collection qui apparienoit autrefois au baron de SrosCH, par Freed. SCHLICHTEGROLL, ; | 144 À S74 Table des articles, io GCL Y 2 Ti Q U E, Attelier de gravure en pierres fines du C, SIMON. ; 247: | NUMISMATIQUE. Manière de discerner les médailles antiques de celles qui sont contrefaites, par M. Bauvars. 282 Dissertation sur la rareté et la contrefaction des médailles autiques, etc., traduit de anglais de J. PINKERTON > par J. Godefroid Lipsius. 283 Médailles du roi de Pologne. 107 BIOGRAPHIE , Notice sur P. DESAULT, par TOURNON. 30 Mort d'Abraham CONRAD SWAVING. | 103 Mort de l’astronome LE MONNIER. 407 Notice biographique sur Simeon de PROVANCAERE. 476 Eloge historique de Dom ALONZe DE HEeRCcYLLA-Y-Zu- NIGA , par J. B. C. GRAINVILLE. 348 HISTOIRES LITTÉRAIRES, Almanach des gens de lettres 100 Physionomie politique de quelques journanx anglais. IOT Nouvelles littéraires de Dauncinarck. 250 Bibliothèque de Goettingue. 155 Séance de l’académie des sciences à Berlin. 256 Perruquiers auteurs, 27€ Littérature suédoise. 263 Etat des livres nouveaux, publiés en Allemagne. 265 Pension accordée au C. MERCIER SAINt-LEGER. 269 Lettre au C. MiLLIN sur l'édition stéréotype de J. B. Rous- SEAU. 27t Rapport fait au Lycée de arts par le C. VIALLON , sur un ouvrage intitulé, Recherches sur l'origine de L’Imprimerie dans la Belgique, par le C. LAMBINET, 435 Notices littérair:s sur Naples. 529 Nouvelles de Londres. 532 Nouvelles de Russie. 539 Nouvelles de Suède. 533 Nouvelles de Vienne. 11553 Nouvelles de Weimar. 555 Nouvelles du Dannemarck, 550 Nouvelles de Rome. \ 548 Séance publique de l'Institut national. 400 Distribution des prix de l’Institut. 4or Nominations de l’Institut. 5e Fauteuil de Molière. 387 Société d'émulation de Rouen 09 Affaires des professeurs FICATE et NIEDHAMMER; 384 Table des articles, 979 POÉSIE. Essai d’nn catalogue de poèmes intitulés Temples , par M. SCHM1D. 22 LITTÉRATURE GRECQUE. No'ice sur les Grecs modernes, sur leur langue et sur quelques ouvrages écrits dans cet idiôrue , par le C. VINCKLER. 289 Opus analogicum de Henri HOOGEVEEN. 383 Notice sur le projet d'une traduction de l'Histoire des animaux D’ÆLIEN. 482 POÉSIE GRECQUE. CAILIMACHI elegiarum fragmenta cum elegiä CATUIIT, collecta et illustrata a Ludovicu Casparo V'ALCKENAER. 490 POÉSIE LATINE, In morte BORDÆ, elegia Laurentii MASCHERONI: 486 Edition de Juvemal, 254 POÉSIE FRANCOISE. Les Plantes, poëme par René CASTEL, 283 Œuvres de Boileau Despreuux. Ænéide de Virgile, traduite en vers francais, par C. P. Bors- SIÈRE. 565 POÉSIE ALLEMANDE. Poèes allemands, imprimés à Philadelphie. | 243 ; THÉATRES. Préservatif contre l'incendie des décorations de théâtres. 406 Sur M. IFFLAND, auteur ét acteur dramatique. 546 Défense d’applaudir au théâtre de Cassel. 545 Théâtre allemand par J. N.F. LAMARTELLIÈRE. 23 Théâtre de Kotzebue, traduit de l'allemand par WErss et P. F. JAUFFRET. Tom. I. 567 isantropie et Repentier, drame en cinq actes du théâtre allemand de KOTZEPUE, traduit par BURSAY, et arrangé à la scène francaise par la citoyenne Moté. 565 Comment faire ; ou les Epreuves de Misanthropie et Repenur, … comédie, par les CC. Jouy et LoNccnamps. 269 et 568 Une journée de Ferney; au Vaudeville. 249 L’Indica'eur des mariages, vaudeville, 24 Le Trésor, arlequinade ; au \ audeville, 907 A tout péché miséricorde, parodie de Misanthropie et Repentir. 409 L’Auteur dans son menage, opéra ; à Feydeau, 412 La Punition, opéra ; à Feydeau. 246 Une journée du jeune Néron; à l’Odéon. _ 2b2 Les deux Veuves ; À l'Odéon. 264 La Dupe de soi-même » Comédie ; au théâtre Louvois, 408 . 576 Table des articles. STÉNOGRAPHIE. Fables dela Fontaine, gravées en caractères sténographiques. 288 GRAMMAIRE. L’affinité de la langue hongroise, avec les langues d’origine finoise, démontrée par la grammaire, par Samuel GYAR- MATHI. 85 ROMANS. Voyage sentimental par STERNE , en anglais et en francais, 569 Alphonse, histoire portugaise. 569 Le nouveau Diable boiteux, tableau philosophique et moral det Paris. 6 357 | BEAUXxX-ARTS. Monumens du Poussin. 487 Galerie des Arts de Berlin. _b37 Musée central des Arts. 266 Observations sur le Laocoon, par M. Gosrxe, 512 Sur le scupteur CANOVA. 536 Propylæen , c’est-à-dire, les propylées, ouvrage périodique, publié par M. GOËTRHE. RES 2b Tableau de Marine, | 406 Concours de peinture et de sculpture. 387 MÉZLANGES. L'Oracle de la déesse de Cythère, par DE HALEM. 2 19 De lPabus du mot artiste, £ 109 Bibliothèque britannique , ou Recueil des ouvrages anglais pé- riodiques et autres, par une société de gens de lettres. 214 Correspondance entre FRÉDÉRIC IL et le marquis D'ARGENS. 264 Observations d’un dialecticien sur les quaire-vingt-onze ques-. tions de math‘matiques, de physique, de morale, de poli= tique, elc. adressées par l'institut de France à l'Institut d'Ægypte. 285. Les Soirées littéraires, ou mélanges de traductions nou- velles. 0 Lettre sur une Anecdote rapportée par CHAMPFORT. 380 CR 'RT ANT AS Tome VI, page 402, ligne 16, lisez: Blumenbach. Page 413, ligue r7, Lisez: Heinsdorf. : Page b27, ligne 27 et 28, que Jui reste - t-il maintenant ? ses fêtes trioniphales , lisez : que lui resie-t-il maintenant de ses fées triomphales ? Page 528, ligne 21, feconds , Lisez : féconde. Page 568 , ligne r , /fsez: Melpomenc. Même page, ligne 4, lisez : Harleyille, Ro See | à £ be Table des articles contenus dans ce numéro. PuYSIQUE EXPÉRIMENTALE. | “À, Van Bemimelen. Grondbegin- 4 gelen der Proefondérvindelyke À. natwurkunde ;c'est-à-dire, Elé-: mèns dela Physique Expérimen- tale. RCE 43 € B°0 TAN I. QUE: J,J.Virey: Sur le palmier Doum. MÉDECINE, Meyer Lewin, Analecra Historica - in Medicindm Ebracorum. - Re: . Cherches historiques sür La Mé- | decine des Hébreux. 44t ::T-Yp 0 GR APHIE. - Villon. Rapport fait au Lycée des . Arts Surun ouvrage intitulé: Re- , cherches lüstoriques , etc. sur POrigine de l'hnprimierie, 455 BNTIEIQUITÉS: À. L. Milhin. Æniiquités aratio- |. . males, où Recueil de :monu-} .-469, mens, ec: V0 BIOGRAPHIE, Notice biographique sur Siméon de Provanehère, 476 : LITTÉRATURE GRECQUE, Courte notice sur le projet d’une Tiaduéiion de l'Histoire des Animaux d'Ælen. 482 POÉSIE LATINE. : Laurentit Mascheronï. In morte Bordæ, viri celeberrimi , Ele- £ia; + AE pe POÉSIE GRECQUE. . Ludovyicus-Casparus d'A Rp Callimachi: Elegiarum Frag- menta ; cum Elegiä Catulli cal- ‘Umacheä, etc. ra à VovxaAc Er; Voyage à Constantinople, en|. Tralie, “et aux fles de l’Ar- chipél, par l’Allemapne et la Honyrie. tt à 98 BEAuUx-ARTS. Goethe. Observ. sur le Laocoon.5r2 VARIÉTÉS, NOUVELLESETCOR- RESPONDANCE LITTÉRAIRES. Nouvelles de Naples. _ 529 ét * . 9 3 | Défense d'applaudir LR ire re de ‘Nouvelles dé Londres, 532 Sur le sculpteur Canova. 536 Galerie des Arts à Berlin: 537 Voyage de M. Hawkins. ibid. Nouvelles: de Russie. 53 de Cassel. M; 1Mand, auteur et acteur dra- matique célèbre, 546 Notices littéraires sur Naples, “avant l'époque de la révolu- tion. =. on ihid. Nouvelles de Rome. 548 Nouvelles 4n Dannemarck.. 550 | Nouvelles de Vienne. |. 553 Nouvelles de Suéde. "? ibid. “Nouvelles de Weimar. 555 LIVRES DIVERS. ; Astronomie: - Maingon, Mémoïre contenant des - «are trigonométrique servant à réduire la distance apparente de la line au sobeil, etc. Ponts et Chaussées. _: Prony. Plan d'instruction des Elé- “yesdes Ponts et Chaussées. ibid. Chymie. Bouillon Lagrange. Manuel d'un . Cours de Chymie. ibid. A. N. Scherer Allgemeïnes Jour | :nal der Chemie. tr 008 Géographie. 87|F. von Zach. Allgemeine geogras .‘phische Ephemeriden verfasset, etc. ee 1 50£ . Voyage. | Cäsas. Voyage historique et pirto- resque de L'Istrie et de La Dal- marie. :! 564 Histoire: SE. F.'Wilken. Commentatio de bel- torum Cruciatorum ex Abülfeda historia. > ibid. Poésie, # Œuvres de Boileau Despréaux , ete. ibid, C.P. Boissière. Ænéide de Virgile, traduiteen vers frangois. 665 explicalions théoriques sur une » + peut. “adresser se Res at Ma asin tion ‘ques «pour se procurer” 1ous les Livres qui paruîssent en. France et: chez NOUS PEtranger ; set” généva évalemient pour. +out ce qui conéerhe dk “Librairie À REA RUE L } : Eat A 'rnon el indderne, AURAS Ro | | On s "y. charge aussi de toutes /sortes VA ui u fee Les Lines nouveaux sout annoncés. se ce Journal ai te ne aprés qu'ils! “ont. été remis au Bareau ; 5e Here dans le Nur ke aiéro qui se publie après ceuc 1 remises 4 2 AIT À Le Mage que ANT de” DER de. chsgpé On prie. 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