SouMUj^ r\p. 15\Z^ , p, \\n,-\\^yV^-2Si .v.r«.>»«» i-^- U-3 3 - «^ oi ^»^ (N.'' 9.) I .^"^ Vendemiaire an ^. M A G A S .1 N E N C Y C L O P E D I Q U E , o u JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET. DES ARTS, R E D I G E he prIx de ce Journal est fix^: ii 9 francs pour trois mois, iH francs pour six inois , .^6 francs pour un an , Uxii pour Paris cjue pour les Dcparremens , franc dc port. On pent s'adresse^r au Eiireau da Journal ]h)ui- 50 prncnrer tOQS Jes Livres qui paroisscnt en France ct d\cz V^- rr.-vn- c^ pour touLce qui concenie ia Llbrairic anci-ntie et m , \ ' v>E Journal, auquel la pliipart des lioiDmes qui ont m} iiom distingue, une reputation jiistement accjiiise dans (juelque partie c\es arts 011 des sciences, tds quo iesCltoyensDAUEENTOXjDoi.OMJEUjDFSGEN-KTT'-''^ SlLVESTREDESAC:Y,FoL-RCROYjlALLE;H^rKMANN' Schw^mgh^user^Lacepede^Langles'Lalande' Lagrange, Leerun, Marron, IVIentellp Barbie du Bocage, More llet, Noel, Ob s.r;Lix' CHARDONLARuCflETTE,CAlLLAED,SAfNT-LEGPr'/ VAx>f-M0NS,TilAt;LLE,L:6VElI,Li,C0iJSlJ«,CirVIfc;R'' Toms II. {br^ An.T GeOFFKOY, VeNTENAT, GAVAlffir.LES, UsTERf, BOETTICER , ViSCOHTI, VjlLOISON , WiLLEMET, WiNCKLER, etc. ont foiirni des M^moires, contient Textralt des principaux ouvrages nationaux : on s'at- tache surtout a eu donner une analyse exacte,et a la faiie paroitre le plus proraptenient possible aprcs leur publication. On'y donne une notice des meil- leurs (fcrits imprimis chez IMtranger. On y insere les m^moires les plus interessans sur toutes les parties des arts et des sciences; on choisit surtout ceux qui sont propres a en acc^drer les pr ogres. On y public les d^couvertes ingeflieiises , les inven- tions utiles dans tous les genres. On y rend corapte des experiences nouvelles. On y donne un precis de ce que les stances des soci^t^s litt^raires ont ofFert de plus int^ressant ; une description de ce que les de- pots d'objets d'arts et des sciences renferment de plus; curieux. On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages des Savans, des Litterateurs et des iVrtistes distingues dont on regrette la perte ; enfin, les nouvelles littd- raires de loute espece. Ce Journal est compost de six volumes in-8.** par an, de 600 pages chacun. 11 paroit le premier de chaque raois. La Hvraison est divis^e en deux nu- meros, chacun de 9 feuilles. On s'adresse, pour i'abpnnement, a Paris, au Bureau du Magasin Encyclop^dique, chez le C FuCHS ;, Libraire, rue des Mathurins, hotel Cluuy. A Amsterdam, i tjiez la veuve Changuion el d'Hengst. ' ( tliez Van«Gulik. A Bnixellcs, chez Leiiiaire. A Florence , cbpz Molini. A Fraucfoit"Sur-le-Mein, chez Fleischer. A^ V ( thez Mauget. ^'''^'^^ i chez Paschoud. A Harubourg , chez HofFinanu. A Leipsic, chez Wolf. A Leyde , chez les frfeies Murray. A Loudres , chez de Boffe , Gerard Street. A Strasbourg, chez Levraiilt. A Vienne, chez Degen. A Wescl, chez Geisler, Dirccteur des Posies, II faut affranchir les lettres. M AG ASIN ENCYCLOPEDIQUE. V. A N N fi E. TOME T II O I S I E M E. 1^. /ooo. mm m u«t M A G A S I N ENCYCLOPEDIQUE, o u JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS; H E D I G ]^ PAR A. L. M I L L I N , Con SERrATEVR du Museinn des Antiques a la Bi- bliotheque national e ^ Vrofesseur d'Histoire ct d'Anli- quitea ; des Societes d'Histoire nalurelle ct ■piiilomutld- que de Paris ^ d'Einulation de Rouen , d^ Abbeville , de Bouhgne et de Poitiers ; de VAcademie des Cnrieux de la Nature a Erlang ; de I'Academie de Dublin , de la Societe Linneenne de Londres ; de ceiles de Mcdecine de Bruxe lies, des Sciences physiques de Zurich j d' Hi:: toire naturelle et de Mineralogie d'Idna. V. A N NEE. T () M E T R () I S I E M E. A P A R I S, Chez F U C H s , Libralic , rue des Matluulns , niaison de Cluny, n.° 31?4. AN VII. — 1799. ^ ^ SOCIETE MINMALOGIQUE D ' I E N A. M A G A S I N ENCYCLOPEDIOUE. H I S T O I R E. Des ancicns Goiivcrnemens fedemtifs y et de la Legislation de Crifr. A Paris , i vol. in-8.°; cliez J arisen , imprimeur-Ubraire, me des S. Peres, n.° iis-5, faubourg S. Germain. Un ouvrage d'erudltion est un pli^noracne dans mi temps ou on ne reve que politique, ou on ne veut lire que des roraans. Eh I quelle politique ! et quels romans! 11 est question cependant dans ce vo- lume i\e goiiv erne men :< , oui , mais 6.c goiu'eTneviens ftcieraiifs , et ce ne sont pas ces sortes d'associations polltlques qui peuvent inleresser ceux qui se melent de politique. La politique moderne a si peu de rapport avec celle qui laisoit la base des societes grccques , que les dissertations du C Sainte-Croix se- ront a peine regardecs comme une de ces hypo- theses scientifiques qui ont occupe de tous temps les erudits, comma une de ces discussions litt(^raires qui n'ont d'autre but que de montrer qu'on pent soutenic A4 8 IJlstoire. les opinions les plus contradictolres a I'aitle de quel- ques passages d'Hdrodote , deTliucydide, de Pausa- iilas, dc Pliitaique, de quelques mots de la chro- iiique de Paros : td sera le sort des deux ouvrages dont nous allons donner un apercu. Ces dissertations sont cepcndant d'un auteur familiaris(5 avec I'anti- quitd, qui a d^ja donn^ des preuves inullipli^es de ses vastes connoissanccs en ce genre, d'une sagacite luniineuse, d'une erudition bien dig^r^e dans des matiercs qui n'obtiendroient pas I'attention du lec- teur m^me initie, si cllcs ne r^unissoient I'instructioti a I'agr^ment , les fails les niieux ^claircis aux resultats les plus satisfaisans. La premiere de ces dissertations a pour objet de detruire une erreur a laquclle les savans se sont laiss^ entrainer jusqu'a nos jours, et dont Freret s'est apercu le premier. « L'idee qu'on s'^toit •• faite de la nature du pouvoir des amphictyons de la «. Grece , m^ritoit d'autant plus d'etre r^futee, qu'elle «' est devenue la source de beaucoup d'erreurs , «« non-seulement sur le gouvernement et la poli- •■ tique des peuples toujours d^sunis de cette con- «' tree , mais encore sur les causes gdn(?rales et par- •< ticulieres de leur prosp^rite pen durable et de " leur malheur souvent plus reel qu'apparent. » La seconde dissertation traite de la legislation de Crete, dans laquelle I'auteur, apres avoir montre qu'aucun lien federatif n'avoit uni les anciens peu- ples du continent de la Grece, prouve que les ha- bltans de cette ile ne furent ni plus sages ni moins divis(?s. Ces deux mdraoires ne sont point des ou- vrages de circonstance , ils ont €i€ composes dans Gouvernemens fcdcraiifs, 9 im temps ou il n'^toit permis de songer qu'a pre- server sa tete de labarbarierdvolutionnaire << Quaiul " on perd de vue la post^rit^ pour s'atlirer les rc- .« gards passageis de ses contemporains ; lorsqu'ab- •• jurant ses prineipes , on vcut tout sacrlfier aux «' int^rets d'une faction , il faut renoncer a sa propre « estime, et s'attendre a etre vou(? tot ou tard au " m^pris. Un philoSophe dolt armer sa conscience « d'une triple cuirasse contre I'opinlon a la fols cor- " rompue et corruptrlce : ne pas lui r^sister est la « dernlere des lachet^s,en devenirl'organe^le plus " Impardonnable de tous les crimes. » On a regards jusqu'a nos jours la diete amphlc- tyoiiique , comme une espece de tribunal commun et comme le consell g^n^ral de la Grece ; mais cette opinion ne peut s'accorder avec les monumens de I'histolre grecque : on n'y trouve aucune preuve de I'exlstence de ces assemblies avant la premiere guerre sacr^e au temps de Solon ; il paroit meme que des lors on n'y portoit d'autres affaires que celles qui avoient quelque relation avec la religion : c'est ce que le C. Sainte-Croix s'aftacbe a prouver en traltant des premieres associations polltlques, et de celles des amphlctyons en partlculler, soit en Grece, soit en Italle. On reconnoit trols sortes de reunions polltlques dans les premiers rasseniblemens que le besoln, la cralnte et la surety commune formerent parmi les liommes ; on peut les consid^rer comme -patriur- ch.alcs ^ am-phiciyoniqucs QXfederalives. « La premiere « remonte a I'origine des socict^s , et ne convient qu'a I o Histoirc, «< dcs hoifles de chasseurs et de pasfeurs ; la seconde " est ]e fruit prematura de la civilisation , aussi nulle «< loi ccrite, nul pacte formel n'en resserra les liens " prrcaires et niomentan^s : ces associations furent -< fondles sur de simples rapports de consanguinite " et de inoeurs; des fetes religieuses en foiirnirent " roccasion, et finlrent par en ^tre I'uniquc ol)jct. « La troisieme s'etablit sur une base plus solide: « des peuples voisins redoutant la puissance et I'am- '< bltlon de Icurs enncniIs,ou menaces des fers de " la tjrannle , firent le sacrifice de leur ind^pendance « particullere pour conserver la liberte g^n^rale , " et convinrent de ne former plus cju'un corps de na- " tlon compost de diffe.entes parties toujours se- " parses , sans cesser d'etre ^troltement unies. >» Sfrabon , Pausanlas, yEschync, D^mosthcne , servcnt a i'auteur pour prouver qu'Il cxistolt deux assemblees araphlcjyoniques ou compos^es de peuples circonvoi- sins, sulvant la veritable Etymologic du mot ; I'une qui (?toit convoqu(?e aux thermopyles, a I'equlnoxe du prin temps, et qui etoltdestlnee a sacriaer a C^res , et a prendre quelques dt'llb^ratlons relatives au temple de cetle d(?esse; I'autre qui slegolt a Delplies , a I'e'qulnoxe d'automne, Ces deux assemblees sont egalement appelEes Pjlaees , a cause des portes ou du defile pres duquel elles se rassemblolent. Les peuples qui avoient le droit d'envoyer des d(^putes a ces assemblies , etoient au nombre de douze ; cha- cun de ces peuples avolt deux suffrages ^ dont II paroit qu'un de ces suffrages etoll pour la capitale , et funtre appartcnolt au corps de la nation. Toutcs Gou vernemen s Jeddvatijs , Ics vllles doriennes, ecollcnncs , lonnlenes, {to\ent adniises a cette association a IVpoque oii Philippe de Mac^doine demanda et obtint pour lui et ses suc- cesseurs , le double suffrage dontlesPhoc^ensavoient 6t6 prives. Ce tribunal ampbiclyoniqne c'toit compose detrois classes distinctes , appel^es hieromnemons , -pylagores et synedres on conseillers. II est difficile de distinguer avec pr(^cision qiielles ^toient leurs diverses attri- butions ; r^tymologie du nom des premiers , d^signe assez queleculte religieux ^loit particullcreraent de ]eur ressort : on pent le rendre en noire langue par conseirateur des iradilions cu coiitumes sacrces : iis r^gloient les depenses des sacrifices , et le temps oil on devoit les faire ; ils ^toient presidens de I'as- semblee , et en rccueilloient les voix. Les jijlagores etoient les membres de cette assemblee qui se te- noit au defile ou pyles du mont (Eta, dont ils avoient tir^ leur nom; en cette quality, ils y com- mandoient, presldoicnt aux Jeux publics, et sacri- fioient a C^res. Les synedres €io\QV\i les deput(?s des vilies , qui , conseillers du tribunal , e'toient en meme temps charges de d^fendre les intercts des vilies qu'ils repr^scntoient. Les ihcorcs ^toicntceux qui venoient consuller I'oracle ou sacrifier a ApoUon ; le C. Sainte- Croix ne cvolt pas que ces fideles fussent membres de Vccclesie , ou grande assemblee amphictyonique. Tons les membres de ce tribunal se lioicnt par un serment dans lequcl ils promettoient, t.° de ne renverser aucune ville amphictyonique , de ne detouruer ses caux ni en paix ui en guerre; si quelqu'un com- 1 i Ilistoire, meKolt un dc ces d^lLts , ils s'cngageolent a marcher centre lui , ct a d^truire ses villes : 2." a employer toutes leurs forces pour pimir celui qui vlendroit a pijller ce qui appartenoit a Apollon , ses complices et tous ceux qui auroient form^ quelques mauvais desselns sur Jes choses que rcnfermoit le temple de ce dieu. Ce serment , accompagn^ de terriblcs im- precations , avoit et^ usite fort anciennement , lors- que se tint la premiere assembl^e des amphictyoris. On remarque ici, et on appuie sur des faits histo- riques, Tinfluence par laquelle ce tribunal fut pour ainsi dire d^sorganis^ par la trop grande puissance de certains peuples de la corporation , qui , par des entreprises hardies , par des succes , par des vic- toires , ^toient parvenus a dominer la Grece entiere. Pour se mettre a I'abri de I'influence tyrannique des Thessal lens , des Th^bains , etc. , il fut r^solu qu'aucun d^cret des amphictyons ne seroit execute qu'il n'eiit ^td auparavant ratifi^ par les peuples eux-memes , dont les d^put^s formoient ce corps , quelquefois meme ces d^crets avoient besoin de I'approbation du s^nat et du peuple de Delphes ; d'ailleurs, avant de les porter , I'oracle ^toit consults. Les divisions qui regnerent constamment parmi les republiques grecques , les guerres sanglantes qu'elles eurent entre elles , la domination que Thebes , Athenes, Lac^d^mone exercerent tour a tour sur la Grece, ne peuvent faire douter que le tribunal des amphictyons n'avoit pas pour but d'entretenir la Concorde parmi les Grecs , et de resserrer les liens qui devoient les unir. Simples administratcurs du Gou veniemens Jederatifs. 1 3 temple de Delphes , leurs fonctlons en cette qua- lite , et non comnie juges supremes de la Grece, se bornoient a la connoissance des inscriptions et des nionumens de toute espece qu'on placoit dans le temple d'Apollon , et a pr^sider aux jeux pytliicjiies. On voit que tout ce qui int^ressoit le culte du Dieu, ^toit le principal objet de celte assembl^e, qui , tres - parfaitement d'accord avcc I'oracle, ou pour mieux dire avec ses pietres , dtoit charg^e par lui ou par eux de faire des voeux , d'ordonner des sacrifices pour laprosp^ritd deceuxqui s'adressoient a I'oracle pour le consulter sur quelques presages sinistres. Nous ne pouvons rapporter les preuves tiroes des auteurs grecs, et savamment appuyees sur I'autorit^ des falts qui confirment I'opinion du C. Sainte-Croix sur I'objet et la destination du conseil amphictyo- iilque. Dans le chapitre quatrieme , il s'attache a donner a son sentiment tout le poids d'une demons- tration, en examinant si cette assemblee eloit reel- lement la diete g^n^rale des difFerens peuples de la Grece; si elle d^cidoit dfe la paix et de la guerre; si elle jugeoit les contestations qui s'^levoient entre les confedc^r^s. Si telle avoit €i^ sa mission , elle eut ete sans doute le centre des afflures publiques , mais il n'existe aucune de ses deliberations sur des objets importans. Si les Perscs menacent d'une destruction totale la nation grecque , ce n'est ni aux thermo- pyles ni a Delphes que Ton prend des moyens de repousser cette invasion redoutable ; si les Lacedemo- niens , pour s'assurer dc ce passage des pyles , ba- 1 4 Ilistoire. tissent par le conscil de I'oracle laville d'H^rack'e a quarante stades de ce defile, ct y envoient une colonie de dix mille liomnies, les araphlctyons gar- dent le silence siir cette entreprlse et siir les hos- tllit^s qui en fiirent les suites. Se m^lerent-ils de cette guerre du Peloponese qui armatoute la Grece? lien nc le prouve ; on pourroit croire, au contraire , que, pendant la duree de cette guerre , leursfonctions furentsuspendues;enfinThucydidenelesapasnomni^ une seule fois dans tout le cours de son histoire. On ne trouve dans les auteurs ancun fait qui puisse faire croire que les amphictyons etoient en posses- sion de quelque pouvoir federatif , ni qii'ils aient fait quelque d-marche lors nieme que leur int^ret et I'honneur du Dieu dont ils etoient les gardiens Etoient compromis. Ces fails sufFisent sans doute pour d^montrer qu'ils n'intervenoient pas dans les affaires generales de la Grece , et que leur reunion n'a jamais eu une conslstance federative. Montes- quieu, Gogiiet, Pail IV J Mably j StJiaiijum , Gillies , fFilliams :, Mitfort ^ ne se sont point eloign^s de I'o- pinion commune ; il n'y a eu que le savant Barthe- lemy qui alt dlt que robjet principal des ampJiiclyons y cloit de veiller aux intcrrls (^ temple d\-i pollon , a Belplics. De nouvelles pieuvcs se rencontrent dans retabllssement des araphictyonlesparticulibres, par- ce que nous avons des renseignemens historlques* On ne peut r'Jvoquer en doute qu'il n'y eut des es- peces de consells ^tablls aupres des teraples^ c^lebres r^pandus dans la Giece: on salt meme qu'il en exis- toit en Be'otiejk Corinthe j k Mc^gare ^ dans file de Gonvernemens fcclcratifs. 1 5 Bclos , a Calaurie , dont I'asile sacr^ ne put emp^- cher Demosthene de se donner la mort pour se sous- traire a la haine des Mac'en rendirent maitres , apres vingt-quatre ans de guerre, et la perte de plus de deux cent raille hommes. I/autcur a accompagne ses deux dissertations dV'clalrcissemens sur plusicurs points de critique, Goiivernemeiis ftcUmiiJs. 5> 5 sur quelques opinions d'ancieiis autcurs , et quel- ques erreurs qu'ils nous ont transmlses , sin de^ d^veloppemens que ses reflexions lui ont pr^sente comme n(:^cessaires , sur des recherches qui r^pan- dent de la clar(^ sur les matieres qu'll a trait^es. Rien n'est neglige pour donner a ces deux ouvrages ]e complenipnt dont ils ^toienl suscepdbles ; et c'est ainsi que les productions de cet estimable et savant auteur ont tor;jours annone^ en lui une sag.;ci(^ rare, une erudition soignee, un esprit sage. Nous n'avons pu qu'indiquer ce que contient cette mine d'e'rudltion , qui suppose dans celui qui s*est llvr6 a ce genre de travail, une grande connoissance des ouvrages que I'anticjuite nous a laiss^s , et le talent assez rare d'en ^valuer le m^rite, d'en concilier les contradictions, et surtout de ne pas se laisser s^- duire par I'autorit^ d'un nom , et I'authenticlte que le 'temps lui a donn^. Ceux qui ont peu de gout pour I'^rudition diront sans doute : que nous importe de savoir si IVtablissement des am- phictyons a et^ une reunion politique ou seule- jnent th^ocrallque , si ces deputes ont (^te les con- seils de la Grece entiere, ou simplement les gar- diens du temple de Delphes ; si I'de de Crete a du sa legislation a Minos, ou a son fiere Rbada- niante. Nous leur r^pon drons , avec le C. Sainte-Croix , «« Les tenebres repandues sur notre horizon s'^ten- " dent chaque jour; le flambeau des lettres ira " briiler dans un autre b^mlsphere, il ne se rallu- " mera plus dans les mains qui Font eteint. La « foule des hommes celebrcs en tout genre a dis- £0 Histoire. » para ; roriglne en remonloit au slecle r^gen^ra- .. teur de Francois I/', et leur nombre s'^loit fort « augmcnte clans le ly.""" siecle a jamais memo- .< rable, et si fdcond en hommes de g^nie, en sa- « vans du premier ordre , etc. La cliaine , apres .< s'etre afToiblie pendant longtemps, a etc sou- .. dain bris^e. U en reste sans doiile cjuclques anneaux « epars; mais consumes par le temps, ils vont p(?- .. rir. Des g^ometres, des chymistes, des min^ra- " logistes, tons les gens qui cultivent des connois- « sances relatives a Tart funeste de la guerre , la .. plupart si Strangers a I'^tude de I'anuquit^ et « des lettres, sent encore en grand nombre 5 mais .. ils ne survivront pas beaucoup a la destruction .. que plusieurs ont seondd sans s'en apercevoir. tt Le sort des sciences est inseparable de celui des « lettres qui , apres leur avoir donne naissance , ne " cessent de les alimenter. A. J. D. B. M E T A P II Y S 1 Q U E. SecONDE lettre au C. MiLLiN , sur une que si ion cr Ideologic , proposec pour sujet de prix par Vlnslitut national (i). Cz TOYEN, L'obstmation des m^taphyslciens a regardercomme obscures et inappr^ciables , plusieurs idees simples qui ne sont rien raoins que cela, a peut-etre au- tant contrlbue a retarderles progres des sciences mo- rales , que I'inexactitude ordinaire de leur langage. Cette assertion ne paroitra un paradoxe , qu'a ceux qui ne volent pas que les obstacles qui nous erap^- chent d'atteindre a la v^rit^, ne nous en tlennent pas moins eloignes, pour n'etre qu'lmaginaires. Si, au moment de franchir un defile , votre imagina- tion vous y montre un precipice qui en occupe toiite I'etendue, ou vous reviendrez sur vos pas , ou vous prendrez un chemin d^tourn^, qui , loin de vous ap- procher , vous ^loignera peut-etre de votre but. Es- sayons , s'il se pent , de d^truire ccs vains fantonies , et dVpargner au genie des efforts ou des combats superflus. Et d'abord , qu'est-ce qu'on doit entendre par une id^e claire ? toute idee derive n(?cessaiiement de (i) Supra , annee V , I. I , p. 480. 2.S Melophysique, qiielqiie modification parliculiere du moi , positive, negative ou relative rune id^e qui ne correspondroit a aucune de ces trois especes de modifications, se- roit une vraie chimere; or, si la modification est simple, inddfinissable, et distinctement sentie, ou I'ideequi lui correspond est une id(^e claire, ou cctle expression d'idee claire ne signifie rien (2}. Appllquons cette notion aux id^es qu'on taxe le plus d'obscurlt^, je veux dire celles iVeJ/orl (3), de (-i) On ni'objectera peut-elre , d'apres plusieiirs metaphysiciens , que toute idee claire doit reprcsenter distinctement son objet, et que les idees qui proviennent des sensations ou des affections de I'elre sen- sible , n'en representant aucun , doivent efre rangees parmi les idees obscures. Pour montrer toute I'absurdite de cette objection, il me faii- dtoit analyser Jes mots A' idee, A'objet et de representer ; ce qui me meneroit fort loin , et intervertiroit d'ailleurs I'ordre que je me suis prescrif dans cette discussion. 11 suffit qu'on m^ccorde que fonle idee , qui n'est pas une idee creuse , doit necessairement conespondre a quelqiie modification du moi. Or , parmi les differeutes modifications de I'etre sensible , les unes represenlent essentiellement des objels exterlf-urs , les autres ne font que les supposer et sont principalement arectives ", telles , par exemple , que les odeiirs , les saveurs , les sons, etc. Maintenant , qnand nous connoitrions , sans le moindre nuage , la maniere dont les corps agissent sur nos organes , I'espece et la quantire precise de mouvement qu'ils leur communiquent, Tordre , la configuration des parties ebranlees , comment aurions-nous pour cela une idee plus nette des modifications affectives qui resultent de tons ces mouvemens , a moins qu'on ne demontre qu'elles doivent ressembler aux differentes causes qui les produisent ? 11 faut done , ou que les idees qui derivent de ces modificalious solent des idees claires , lorsque ces modifications elles-memes sont simples et distinctement senties , ou qu'on leur ote la denomination d'idee; parce que le bon sens ne per- meitra jamais de ranger, parmi les idees obscures, une classe nom- breuse de modifications du moi , uniquement paice qu'elles ne repro- sentent pas ce qu'il n'est pas dans leur nature qu'elles representent. (~j) C'est moins I'idee d'e/fort que celle de force qu'on regarde comnie obscure; mais comme I'idee de force n'est autre chose que Ideologic. 29 rSsistance 3 de moi ^ de matiere et de mouveineni. Lorsque j'essale de soulever iin polds, ou de pousser un obstacle, j'ai un sentiment bien netdecette mo- dification du moi , que je nomme effort. Cette mo- dification est simple et ind^finissable, puisqu'on ne sauroit I'expliquer par aucun autre terme plus simple que celul qui lui sert de signe ; qu'on la compare a telle autre modification du moi qu'on voudra, dont la clart^ et la pr(^cision seront avou^es de tout le monde, a celle , par exemple , que nous nommons rouge. Quels sont les caracteres de clarle et de pre- cision convenants a cette derniere , qui ne convien- nent pas a celle dVj^or/ P Mettous-les en parallele I'une et I'autre. Le rouge est une modification simple du moi J qu'il n'est pas en mon pouvoir de me donner quand je veux, et qui a pour cause une impression particuliere de la lumiere sur mon ceil. JJeJfort est aussi une modification simple du moi , qui nait tou- jours a la suite dcs plaisirs ou des peines que nous ^prouvons; mais non-seulement nous pouvons crcer , pour ainsi dire, cette modification quand nous vou- lons, mais nous pouvons lui donner tous les degr^s d'lntensif^ dont elle est susceptible , en ayant un sentiment bien net des difFerentes variations qu'on lui fait ^prouver ; or, si dans ce parallele Tune de ces idees a quclqu'avantage sur I'autie, c'est sans contredit celle ^\'J/ori. Veut - on comparer encore I'idc^e i^ejfort a une celle A' effort, jointo a' I'idee d'un rcsultat qiielronqne , )a claite et ia precision de I'une etant piouvees , la clarle et la precision de I'autr* le sont aussi. 3o Metaphjs'ique. id^e simple et relative, dont la clart^ et la precision ne soient contest^es de personne , a celle 6.^e'galii^ j, par exemple ; en quol done celle-ci est-elle plus claire et plus precise que celle-la? risque-t-on plus de se iiK^prendre sur I'une que sur I'autre? L'ld^e A^egci- liie suppose n^cessahement celle de deux termes compares; I'id^e de comparaison , celle d'attentlon ; et I'idee d'attention, celle d'efibit. Quatre modifi- cations du moi sont done nccessaires pour la for- mation de I'ld^e abstraite ^egalite ; celle d'effort, celles resullantes de I'impression que font sur nos sens les deux termes compares; enfin la perception du rapport. L^idee ^effort, au contraire , ne sup- posant que celle d'un obstacle quelconque , deux modifications du moi suffisent pour la former ; ce parallele seroit done encore a son avantage. Dans la comparaison que j'al faite des iddes de rouge et i^ effort , j'ai paru cliercher a les definir I'une et I'autre, apres les avoir donnees pour simples et indefinissables. Pour eviter le reproclie de con- tradiction que ne manqueroient pas de me faire les personnes qui n'ont d'autre idee d'une vraie dcfini- iinition que celle qu'ils ont puisne dans les ecoles ou les livres des scholastiques, nous allons placer ici, sur la signification du mot definir^ quelques re- flexions qui ne sont pas etrangeres a la matiere que nous traitons. Definir une Id^e , c'est I'expliquer ou la rendre plus claire par le moyen d'autres id^es. Maintenant , ou I'idee que vous voulez ddfinir est simple, ou elle est complexe ; supposons d'abord qu'elle'est siui- Ideologie. 3i pie , ou la definition substituera a I'id^e d^finie plu- sieurs idees, on elle n'en substituera qu'une : dans le premier cas , l'ideed(?finie pourroit dtre di/compos^e, ce qui est centre la sujiposilion 5 dans le second cas , I'idee substituee sera complexe ou simple : elle ne pent pas ^tre complexe, parce qu'elle ^quivaudroit a plusieurs idt^esj elle sera done simple. Maintenant, ou I'id^e definie et I'id^e d^finissante scront identi- ques, ou elles seront diffdrentes : si elles sout iden- tlques , la d(?finition sera illusoire; si elles sont dif- f^rentes : elle sera fausse 5 car, comment coucevoir qu'on puisse d(?finir une id^e simple par une autre idee simple qui ne seroit pas la meme. TI n'y a qu'un seul moyen d'acqu^rir ou de donner la con- iioissance d'une idee simple, cVst de se placer ou de placer Ics autres dans les circonstances les plus propres a I'introduire dans I'entendement humain. Qu'ai-je done pr^(endu , en disant de V effort , qu'il ^toit une modification simple du moi , qui naissoit en nous a la suite des plaisirs ou des peiiies que nous eprouvions ? rien autre chose que de crasser ce mode avec ceux qui ont quelques rapports de ressemb lance avec lui. Si l'id(?e que vous devez d^finir est complexe , vous pouvez le faire eii la decomposant ct la reduisant aux idees (?lementaires qu'elle renCerme : toute autre manierede dt'finir ou d'expjiquer une idee complexe, est illusoire;et ce seroit s'abuser etrangement, que de regarder comme de vraies definitions toutes celles qu'on nous donne pour telles dans les (jcoles et dans les principaux ouvrages de metaphysique et de mo- 32 Mt la physique, rale. Que m'lmporte que voire defini'tlon renferme ]e genre et la difrereuce de la chose d^finle, qu'elle convlennea tout le defini , et ne convlenne qu'a hii. De quelle utility peut etre ce jargon pour I'avan- cement des sciences, si la regie ne s*^tend pas plus loin, et qu'elle tolere souvent plus d'obscurite dans les lerraes de la definition, que dans ceux qu'on de- voit definir ? Croyez-vous , par exeniple, m'avoir de- voil^ la nature huniaine en de'finissant rhomme , un animal valsonnable ? Tant que vous n'aurez pas d<5compose jusque dans leurs deruiers Clemens , les idees complexes A''animalite et de raison , il est Evi- dent que vous me donnerez deux idees obscures pour luie autre qui Test peut -etre moins , et que votre pretendue definition ne definira rien , au moins pour ceux qui ne sont pas accoutumes a se payer de mols. L'analyse ! I'analyse ! voila la base sur laquelle doit poser redifice de nos connoissances , I'instrument avec lequel nous pouvons acqu^rir toutes celies qui nous nianquent. Combien ne seroit-il pas a souhaiter qu'on delivrat la plus importante des sciences, celle qui sert de fondement a toutes les autres ; qu'on la de- livrat, dis-je, de ces principes vagues et souvent absurdes , de ces regies insignifiantes ou du moins inutiles, qui I'ont si fort discr^ditee aux yeux de ceux qui comptent encore le sens commun pour quel- que chose , et qu'on lui donnat enfin cette marche assur^e, cette precision luralneuse qui caract^risent jes sciences cxactes. Jamais revolution fut elle plus neces«aire que dans un temps oil I'esprit humain tourmente de tant de manieres, tiraille en tant de sens Ideologic. 33 sens oppos(?s , ne repose plus que sur I'orelllcr de J'Incerfltucle et de ranxi(:^le? ou Ics sciences politiques et morales devenues autant d'cirenesque se dispufent les tenebres et la lumiere, i'erreur et ]a v(^ril^, Ics esprifs foibles, temolns de ces luUes d^plorables, s'abandonnent a un pyrrhonlsme general , ou a un laclie indlff^rentisme aussi dangereux pour les In- divldus que pour la soclete ? dans un temps enfin , oil une nouvelle philosophie digne du dixieme siecle , couvre de ses t(?nebres le nord de rAllemagne, et que ses enthouslastes sectateurs nous donnent comma ]e code de cette ralson unlverselle qui doit servir de base a toutes nos connoissances , un Ilvre ^crit dans un jargon barbare , dont le titre seul est un non-sens , et le contenu , le plus inintelllgible ga- limatias qui soit encore sorti d'une tete humaine (4). (4) C'est lie Kant et de sa prctendue philosophie que je veiycparler. Ses partisans me pardonneront didicilemeiu de m'etie exprime avec aussi peu de reserve sur celte fanieiise Criticjiie de la raison pure qu'ils regardent comnie le palindium de I'ecole kantienne, Mais ce rest pas tout-i-fait notre faute a nous antres Francois , si nous traitons si cavaliereinent tout ce qui sent I'anrienne scholastique; nous avons ete singnlierement gales par nos ma-'res les Locke, les d'Alembert, les Condillac , les Bonnet, etc. Aussi, pour nous mettre a la raison, nous nienace-t-oh depuis quelque temps de critiquer la raison pure dans noire propre langiie; tant pis pour le fraducteur et tant pis pour riinprinicur, Je leur aniionce que la raison franroise est tres-difficile j qu'il faut , pour la conienter , une grande nciicic d'idees,et surto'ut une grande precision de langage. Elle exigera done, non pas qu'on definlsse i la nianiere des ecoles, c'est-a-dire, obscurum per obscu- rius , mais qu'on analyse , jusques dans leuis derniers elemens , toutes les idees complexes qui entrent comme parlies essentielles dans cette nouvelle philosophie, telles que celles designees par les mots f^erstand, Vernunft, reine Vernun/t, Zeit, Princip, Qegenstand, Erkentniss Tome III. C '->4 Metaphysi(/ue. Puisqu*il est d^montre que Tidee simple ^effort est line id^eclaijeet precise, 11 est incontestable que I'idee d'un effort qu*on peuf nous opposer , et par- consi^quent aussi celle de la sensation r^sultante de celte opposition d'efiorf , sensation que je nomme reaistaiice i doit etre aussi une idi?e claire et pre- cise. La sensation de la rddstance est inseparable du senJiment de sa cause, et je ne suls pas plus per- suade de raon existence que de celle d'autres subs- tances qui ne sont pas vioi , et qui sont la prin- cipale cause des peines et des plalsirs que j'eprouve. En vain les id^allstes prdtendent prouver que I'exis- tence de la matlere implique contradiction ; a tons leurs vains raisonnemens 11 me suffit d'opposer les assertions suivantes : que nous avons des sensations que la cause de ces sensations n'est pas en nous que nous agissons ; que nous falsons des efforts que ces efforts , cette ^action ont un terme , un objet dont nous sentons I'existence autant que la notre , parce que nous sentons qu'il n'est pas nous, et qu*ll nous est impossible de sentir qu'il n'est pas nous J sans sentir en meme temps qu'il est autre cliose , qu'il est quelque chose. Or, c'est ce quel- h priori , etc. ; mais surtont les six suivans , Idee , Begriffe , Empjin» dung, Erscheiniivg , Anschauimg , Vorstelfung , qui jonert un si grand lole dims la Critique de la raison pure. Mais si la raison fran- coise etoit ecoutee , et qu'on substituat de pareilles analyses a fous ces tcrmes , je crains bien que ce nouvel organe d'line philosophie transcendanie n'en fut plus qu'un de non-sens et de vaines subii- lites. ' Idcologie. 35 que chose , d^poulll^ de toutes ses propi letes , excepts de celles d'aglr sur nous et d'opposer de la resis- tance a nos efforts, que je nomme niatiere ; et , sous ce point de vue, I'idee en est aussi clalre, aussi precise que ctlle du moi. Le inoi et la madhie sont deux substances , ou , si Ton veut , deux fonds d'etres ^galement capables d'action et de resistance. Mais ]e vioi se sent lui-nieme, et se distingue des in- nombrables modifications dont il est le sujet. La matieie ne sent ni son existence, ni celle des mo- difications qu'elle comporte. L'actionet la resistance du moi ont pour premiere cause les peines et les plaisirs que nous ^prouvons. L'action et la resis- tance de la matiere sont toujours proportionnees a la qnantite de mouvemcnt dont elle est animee, la- quelle est due eu grande partie a des causes exte- rieures. On a fait bien des efforts pour definir ou pour expliquer les idees simples de inouvement et de ligiie droite ; mais toutes ces definitions sont illu- soires , puisqu'elles se bornent toutes a nous ap- prendre que la ligne droite est ligne droite, et que le mouvcment est mouvement (5), preuve evidente (5) On flit, par exemple , que la ligne diolte est ]o plus court the- iiiin entre les deux points qui la ternjinent. (Camus, Eler/iens da Giomttrie. ) Mais I'idee de chemin renfentie necessairement celUj d'une direction quelconque. Je vous demanderai done si la direction de ce chemin est en ligne droite ou en ligne courbel' Si elle est necessairement en ligne droite, id ligne droite est done le pius court chemin en ligne droite entre les deux points qui la terminent. Ne voili- t-il pas une definition bien instructive:' C'est une propriele de la ligne Jroite d'etre la plus courle de celles qu'on peul niener entre deux C 2 36 , MciaplijSLCjuc. que ces idees portent avec elles leur clarte ct leur precision. C'est ici le lieu de discuter I'oplnion de Con- dlUac , qui nous donne comme aulant de iiiysteres impeudhables, la nature de plusleurs Idccs simplfs dont je viens de prouver la clarte et la precision. « Etendue , matiere , corps, espace , temps, force , .. mouvement, vilesse (6), dit-Il, dans son Art de .. raisonucr ( liv. 2.*" chap, i.^')^ sont autant de .< choses dont la nature nous est cach^e *, nous ne " les connoissons que comme ayant des rapports .1 entr'elles ou avec nous. » II est blen etonnant qu'un metaphyslcien tel que Condillac , qui poss^- doit si ^minemment I'art d'analyser ses id^es, soit tomb^ dans une contradiction aussi manifeste que celle de pr^tendre qu'on peut connoitre des rap- ports, sans connoitre les termes qui les soutiennent. Ils'ensulvroit de la qu'on pourrolt aussi trouver des rapports entre des chi meres ou des etres de ralson. Acela on me r^pondra peut-etre qu'on a bien quel- poinfs , iTjais ce n'en est pas une definition. On dit encore que la licrne clroiie est une lijijne tlont tous les points sont dans la meme direction (Lemoine , jE/t?we/25 de Mathematif/ues); mais, puisqu'il n'y a que deux especes de lignes , la llgne dioiie et la Ilgne couibe, dire que la ligne droite est une jigne , c'est dire que la ligne droite est une ligne droiie ; et puisque des points ne peuvent avoir la meme direction, sans ctre en ligne droite , la definition preccdente equivaut done k celle- Ci : la ligne droite est une ligne droite dont tous les points sont en jigne droite. Toutes les definitions qu'on a donnees du mouvement, sont i peu pres de cette force. (6) Les idees d'etendiie , de corps, de temps et de vilesse sont com- plexes el peuvent etie expliquecs. J'essaierai daus une autre lettre d'en donncr I'aaalyse. Ideologic. St qtie connoissance des termes de ces rapports, raais que cefte connoissance est ties - impaiFaitc , parce qu'elle ne s'(?tcnd pas jusqu'a Icur nature. Des substances, des modes ct des rapports, voila a quol se r^duisent tous les objets de nos connols- sances. Mais, lorsque ces substances, ces modes et ces rapports ont (?t(^ d(^composcs jusques dans Jeurs (lerniers el^raens, que les idecs qui nous les repre- senlent dans cet e'tat sont elJes-memes distinctes de toutes nos autres idces , comment ose-t-on assu- rer qu'on ne connolt pas la nature de ces objets? croit-on done qu'on puicse expliquer, decomposer, analyser, sans qu'il y alt jamais d" terme a ces ex- plications et a ces analyses? mals, si ce ttrme existe ^n^cessairement, comment sait-on qu'on ne I'a pas atteint, lorsque les efForts de I'esprit humain ne peuvent pas alJer au-dela des analyses et des explica- tions donn^es? Qu'entend-on en ge'n^ral par la nature d'un ide'e simple, je veux dire d'une substance, d'un mode , ou d'un rapport completement analyse ? a-t-on quelque type d'une pareille nature entiere- nient d^voilee, qui nous autorise a demander qu'on expllque de la meme maniere la nature de toutes les autres id^es simples? Si ce type existe , qu'on le produise, et je m'engage a y conformer toutes les explications qu'on me demandera. La verity est que la nature d'une Idee simple, est dans la slmplicit(i meme de cctte id^e, et que les philosophes ne s'en- tendent gueres eux-memes, lorsqu'ils demandent qu'on leur explique la nature ou I'essence de quel- que chose. C 3 38 Me I a physique. Cherchons maintenant les causes qui ont fait attribufr a plusieurs id^es^ simples , une obscuritd qu'elies ne peuvent pas avoir. La premiere et la piincipale est, sans conlredit, dans l'ine>actllude on I'ind^termination dii langage , celte source fcconde de tant d'erreurs et de crimes. C'est une v(?ri(^ bien humlliante pourrhomme, mais qui , aujourd'hui , n'en est pas molns d^montr^e , que cetle ind^lermination ne sVtend pas seulement aux termes tecliniques ou scientifiques, mais aux mots, aux expressions les plus usit^es dans le commerce or- dinaire de la vie. Qui est-ce qui se serpit imaging qu'on ne s*en(endoit pas , quand on pronon^oit ou qu'on ^crivoit cette expression , idee claire? Ccpen- dant les mauvais ralsonneraens qu'on a faits sur la nature de Ja definition et des id^es simples , prou- vent que beaucoup de philosophes Violent dans ce cas. Laseconde existe dans lacomparaison taciteque nous sommes toujours tenths dVtabllr entre les idees tax^es d'obscurit^ , et celles dont la clart^ et la precision ne sont contest^es de personne. La plupart des impressions qui nous viennent par les sens, ont pour causes secondes cer(ains mouvemens particuliers des organes qui leur sont appropri^s ; ces organes, souvent. agites par Taction des objets ext^rieurs , contractent a la fin une telle disposition a se mou- volr , qu'une foule de causes tres-difFerentes de Tac- tion de ces memes objets , pent leur communiquer les memes mouvemens , et reprodulre les impressions qui en sont la suite. La plus pulssante de ces causes exisie dans le pouvoir qu'a Tame d'agir sur le ccr- Ideologie. ' S9 . Tcau ; aij mojcn de ce pouvoir , elle dispose a son gr^ de CCS Impressions; elle se Ics rcprt-sente quand elle veut ; die les dc^lache, pour ainsi dire, de sa substance, afin de les contempler ou d'en observer ]es rapports ; enfin les mouvemens particullers qui les octaslonnent , les fibres ou les organes particu- llers qui transmeltent ces mouvemens, donnent a ces impressions un caractere si net et si tot.thant, qu'il est impossible de les confondre avec d'autres, ou de ne pas les sentlr et se les repiesenter avec la plus grande precision. Mais les Id^es de matiere , de resistance. A' effort et de moi , n'ontpas, a beaucoup pres , les m^mes avantages; toutes les parties de nolie corps sont (^ga- lement propres a nous transraettre les id^es de ma- tiere ^x. die resistance ; des organes et des mouvemens particullers ne leur sont pas appropries comme aux sons , aux couleurs , etc. Les id^es de moi et A' effort , ainsi que plusleurs autres que nous devons pluiot a la reflexion qu'a Taction des objets exterleurs , sont encore moius favoris^es : en efFet , la reflexion suppose une action de Tame ; Taction de I'ame , des substances etrangeres qui en sont le terrae : raais quelles que solent ces substances , fibres , esprits ani- maux, fluide electrique , etc. , I'ame en r^flechlssanfe sur le moi ou sur V effort ^ ne peut en affecter qnel- ques-unes pr^f^rablement aux autres ; ee n'est , par exemple, ni sur les fibres qui vont se terminer a I'oeil, ni sur celles qui vont se terminer a Torcille, c'est sur le sensorium entier que son action se de- ploic J et quant aux mouvemens qu'elle lui con)mu.- C4 40 Metaphysiqtie. nlque, ceux qui se rapj^ortent a I'ldee dii moi y nc pen vent giieres clifFerer de ceux qui se rapportcnt a I'idee (\\-Jfort ^ si toutefois on fait abstraction des mots qui servant de slgne a I'uue et a I'autre ; voila peut-etre line des causes de la pr^lendue obscuriti^ qu'on attribue a plusieurs id^es simples. Les m^ta- physiclens ayant sans cesse presentes a leur imagi- nation les modifications du mol qui afFectent des organes particuliers , sont toujours port^s a leur comparer ceiles qui n'ont pas les niemes avantages ; €t comme ces dernieres etant habitnelles et presqu'in- s^parables de IVtat de veille, exigeoient par cela Illume plus d'attention pour etre bien appr^ci^es (7) , ils leur ont impute une obscurity qui devoit plutot etre mise sur le compte de leur paresse ou de leur inattetftlon. Enfin j'en trouve une troisieme dans I'opinlon asscz g^neralement recue parml les philosophes , que pour connoitre la nature de quoi que ce soit, il faut aussi connoitre toutes les circonstances qui s'y rap- portent ; ce qui est une erreur palpable. Parce que je ne connois pas de quelle manitre la Iwmiere doit agir sur mon ceil ; I'espece , le nombre , la gran- deur, etc, des fibres qu'elle doit mouvoir ; I'espece (7) Une modification habituelle du moi , qui ne varieroit jamais dans son intenslle , seroit nulla pour nous , parce qu'elle ne serolt pas remarquee. El!e ne seroit pas remarquee , parce que nous n'aurions aucun inlcret a le faire. En general, plus. une modification est habi- tuclle, plus la conscience en est foible et fugitive, et plus, par con- sequent , elle exige d'attention pour etre distinctement apercue ou ficntie. Ideologic. 41 ct la quantity pr(^clse de mouVTment qu'elle doit leur (ommunlquer , pour que mon ame ^prouve la sensation du rouge ; s'ensuit-il que I'lde'e dc cette modificalion ne soil pas une idee claire et prC^cise ? Quand j'eri' connojlrois tous les accessoires, la dis- tingueiois-Je niieux de tou(e aude idee? ce qui est senli , peu(-il e(re le nienic que ce cjui fait sentir? si cela est impossible, comment la connoissance de toutes les causes occasionellts qui auioient concouru a modifier notre ame, nous fere it-^lle mieux con- noitre ces modifications ? Concluons de toutes ces dis- cussions que les m^taphysiciens n'avoienteu jusqu'ici que des Id^es confuses sur la nature de I'idee claire et de la vraie definition , et qu'ils avoient cr^e eux- inf>mes les t(?nebres dont ils enveloppoient plusieurs idees simples. Heureux ! si I'an^antissement de ces vains fantomes pouvoit conduire nos efTorfs a dis- siper toutes celles qui opposent des obstacles r^els aux progres de la raison humaine. Salut et estime. P. S. B I O G R A P H I E. Extra IT d^une Notice biographique sur Bruguieres y I lie a la socicfe phllo- mathique ) dans sa seance generate da So nivose an j ; par le C. CuFiER. Jean-Guillaume Bruguieres, docteur en me- dicine de la faculty de Montpelller, membre de la society des sciences de cette ville , de la societd d'histoire natuielle de Paris, et de la soci^(e plii- loma'hique, asHOci^ non resident de I'lnstitut na- tional de France, naquit a Montpellier, vers lySo. Son pere , qui vit encore, et qui y exerce la chi- rurgie, voulanl assurer a s6n fils un etat utile a sa fortune, lui /it etudier la m^decine et prendre ses degr^s. Mais, a cot^ de la medecine , le jeune Bruguieres trouva I'histoire naturelle ; et , de touies les choses que ses rnaitres lui enseignerent , il ne gouta que celle la. Entrain^ par les attraits enchan- teurs qu'eile lui presentoit, il n^gligea un art dans lequel il n'apercevoit que le spectacle douloureux et sans cesse renouvel^ des maux de rhumanltd; le plaibir de soulager les souffrances des malheureus" ne lui paroissoit qu'une compensation incertaine; il <5toif trop jeune alors pour connoitre I'influence des consolatltns morales et des paroles rassurantes f^.\x mLdecin,et son ame ^toit encore trop seasible pour Notice stir Bniguitrcs. 48 croire qu'll suffit, clans ce genre, cle la bonne vo- JonlC* pour absoudre les fames. L'ccole de MonfpeHur etolt alois la seule en France ou I'histoire nature lie fut tn^elgn^e, dans tontes ses parties, d'uDe ni.cni * e qui corespondit a I'etat auquel celte science eloit parvtnue. Le res- pectable Goiian y propageoit, par ses lecons et par son exemple, la melhode severe de Linno , qui se trouvoit ^cHps^e a Paris et ailleurs par IVclat des Guvrages de Buffon : non pas que je vcuilie dire par la que BufFon n'etoit pas un natnraliste exact; jc sais , au contraire, que ses ouvrages sont meme plus vrais , plus soignes sur les fails que ceux de Linn^ : mais le vulgaire ne possedoit pas alois assez de connoissances pour y distinguer ce genre de m^- rite. Ebloui par la magnidcence des draperies, il n'apercevoit pas que le grand peintre ne les avoit appliqu^es que sur le nud le plus correct; et le troiipeau servile des Imitateurs , ne saisissant que la nianlere , sans pouvoir s'emparer du g^nie, crut voir I'bistoire de la nature dans des declamations st^riles sur ses ouvrages, crut supplier aux vues utiles par des hypotheses brillantes, et aux faits r^els par des descriptions ponipeuses , a peu pres comme d'autres imitateurs, par une erreur oppos^e, crurent devenir les (^mules de Linn^ , par cela seu- lement que leurs ouvrages ^toient ennuyeux. Ces deux sortes d'iini tat ions se sont propagees jusqu'a nos Jours ; mais il n'y a que I'uue des deux qui ait r^ussl en France, cni la reputation f\cs ou- vrages di^pend , pour I'ordinaire , des femmes et de 44 Biographic. quelqucs gens de lettrcs , qui crolent pouvolr juger dcs sciences positives, parce qu'ils out combind quelques idees gcD^iales de radtaphysique. Heuieusement , EufFon liii-meme avolt prepare? la chule de ce maiivais genre 5 les falls les plus exacts, les vues les plus salnes , les rapporls les plus justes entre les ttrcs , sai«^is par lui ct revefus d'un style enclianteur, aniinds par le feu de la plus noble et de la plus brlllante imagination, ont €{6 r^pandus partout, ont ^td, pour ainsi dire, em- preints dans tous les esprlls. Quiconque ^crit sur*la nature, trouve aujourd'liui un public prepare , qui ne se jaisseroit ni ^blouir ni Ironijier, et qui ne souftre les ornemens que sous la condition de ne point porter atteinte a la veritc?, et de n'en point restreindre le developpement. Cela est surtout vrai depuls que rijlustre continuateur de ce grand homme a su , par un art admirable , laisser apercevoir la mnrche rigoureuse de la mdthode, sans nuire aux charmes de son s^yle , ni a la beautd de ses ta- bleaux. Bruguieres a toujours su tenir, dans ce genre, un juste milieu ; il a toujours egalement evite la profusion d'ornemens d'une ^cole , et la sdcheresse maglsfrale de I'autre : il n'a mis dans ses ouvrages que des hiits vrals 5 mais il les y a mis tous, sans ecarter ceux qui n'entroient point daris \e& carac- teres de sa methode. C'est ce que nous verrons mieux dans la suite : coutinuons Thlstoire de sa vie. Son pcre , mecontent de ce qu'il appeloit le pen Notice sur Bn/giiilres. 48 (le pr(?voyance tie son fils , ci iit poiivoir le fixer cfc le faire penser a I'litlle, en le marlant, quolquc tics- jeunc. I] se trompa encore. Briiguleres n'avoit que trois inols de marlage , lorscju'il dcliappa , pour ainsi dire, anx embarras et anx plalsirs de rh3inen , et accou- rut a Paris pour s'y occuper de botanique ; et , co qui re ; Voltaire ajouie qu'il n'y a presque qu'une seule v^rit^, c'est que I'amour-propre est le mobile de toutes nos ac- tions , et tous ces divers jugeraens sont fondes : on peut meme dire que cet ouvrage , non-seulcmcnt Coins de Li tie mime. 7 3 aflrlsfe ct fl(?trit rame , nials qu'lJ a iin grand d^- laut en morale, c'est de ne monder le coeur hu- nialn que sous un jour d^favorable. Laharpe mo- ralise a son tour, et avec plus de precision et de v^riteque la Rochefoucault , qui n'a sans doule ecrit ses nnnimes , que lorsqu'il ^toit tcurmenle par ses violeni acces de goutle. Nous soninses fiicli^s de ne pouvolr faire senlir avec le moialiste du lyc^e , I'in- exactitude , la faussel^ , I'exag^^ratlon de la plu- part de ces sentences morales : il seroit a desirer que dans une edition de ces pens^es, on y ins^ra les cri-. tiques qu'on lit dans ce volume; elles seroient plus miles au lecteur , que certains commentaires d'un abl)^ de la Roche qui ne servent qu'a grossir le vo- lume. La Bruyere est meilleur moraliste que la Roche- foucault, et surtout plus grand ^crivain. 11 y a peu delivres, en aucune langue , oil I'on trouve une aussi grande quantity de pense'es justes, soiides, et un choix d'expressions aussi var!^ et aussi lieureux ; ce sont des caructcrcs qu'il a vouiu peindre, ct ils le sont superieurement : les portraits sont si ressemblans que vous les voyez agir, parler , se mouvoir, tant son style a de vivacite et de mouvement ; en pen de ligncs, il met ses personnages en scene de vingt manieres difTerentes ; et , en une page, il ^puise tous les ridicules d'un sot , ou tons les vices d'un me- chant , ou loule I'liistoire d'une passion, ou tons les traits d'une ressenibJance morale. Des citations vi( nnent a I'appui de cejugement; mais , lorsque la liruyerc avance quelques pensees inexacles , ou quel- 74 Llllerature franroise. ques opinions erronn^es, il n'ecliappe pas a la cen- sure de notre aufeur. Saint -Evrcmont est ici aii rang des morallstes ; quelques idees assez justes sur la vieillcsse , sur Ics femmes , sur la religion , sur Ics ddrotes ^ liil obtien- ncnt cct lionncur : e'etoit d'ailleurs un homme de bcaucoup d'csprit, un eciivain agr^able , d^licaf , ing(^nifux , un honime de bonne compagnle j il sut eviier I'enflure de Bal>:ac , et raffectation de Voi- ture; il avoit un caraclere de style qui ^toit a lui, et qui tenoit a celui de son esprit j sa pbilosopbie ^toit douce, c'eioit un epicurisme bien enlenduj son Erudition ^toit exempte du p^dantlsnie dcs sa- vans de son temps , sa raison de I'aust^rite cbagrine des moralistes de Port-Royal ; il y a beaucoup de choses bien pensees dans ses Considerations sur les Romains , dans ses Dissertations morales , historiqiies et -poli- tiqiies ; mais il y a dans la volumineuse collection de ses ccuvres faite apres sa mort , recueil qui pour- roit efre reduit a deux volunies pour I'honneur et la reputation de Sainl-.Evreniout , dcs vers , dcs co- medies , des lettres qu'on ne pent lire, et dcs mor- ceaux de prcse assez piquans qui ne lui appartien- ncntpas, entr'autres , la Conversation tres-connue du ])ere Canaje , et da ware'chal d'Uoguincotrrt ^ qui est de Charlei'al. La litt^rature mel(?e termine ce cours •, I'autcur y parle des ronians de Clelie , de Cyrus , si bicn appreci^s par Boileau ; de la grande reputation que se fit M.''® Scudery J avec ses longs romans; du PoLexandre de Gor.ihcrvilic > chcfd'ceuvrc d'extravagance, imil^ des Cours de Ijilleraliuc, y5 Arabes ct des Espagnols leiirs copistes. Lcs deux seules productions de ce genre qui nous restent de ce siecle, et qu'on pent lire encore, ce sont Zc7ide j et la Prhicesse de Cloves, de M."'"" de la Fayelle. Dans ce que la feerle nous a laisse, on peut metff^ au rang dcs ouvrages agreables , les Cantos d'liuinil/oii , que cet liomme ainiable , sollicite par les fenimes de la cour, fit, conime Cervantes avoit fait un livrc de chcvalerie , ])our s'en nioquer. ■« II rencherit sur la " bizarrerie des fictions , et la poussa jusqu'a la fo- *i lie; mais cette folie est si gaie, si piquante , si « assaisonn^e de plaisanteries , relev^es p*ar des saillics « si heureuses, qu'on y reconnoit un homme tres- " sup^rieur aux bagatelles dont il s'amusc. » Ba/zac et F'oiture s'etoient fait une reputation avec des lettres; ils eurent^des iniitateurs dans Gz/y-P^r/m ^ M.'"* Duuoyer , l^Espion ixirc , Jes uns et les autres sont oubli^s; mais celles de M.™'^ de Se\'ignc passerent a la post(?ril^, parce que cette femme aimable, in- t^ressante , spirituelle , sans efibrt et sans pretention , lie songea jamais a faire ni un roman , ni une sa- tyre , ni un ouvrage quelconqne ; c'est le melange heureux du naturel , de la sensibilit(5 et du gout ; c'est une maniere de narrer qui Jui est propre ; rieu n'^gale la vivacity de ses tournurcs, et le bonheur de ses expressions: elle fait tres-bien connoitre la cour, I'esprit de son temps, les opinions dominantes, les personnages marquans, les femmes c^lebres. Un reproche fonde qu'on peut faire a M."'' de St^vign^, c'cot de n'avoir pas voulu f>lre juste envers Racine, et d avoir dit q'lil -inisseroit comme le cafe ^ fant les 7^ Ll tie ram re Jrancoise. preventions de socl^t^ suhjuguent les meilleurs es- prits: elleavoit tant lou^ Corneille , qu'elle craignlt sans (ioiite de diminuer le m^rlte de ce fondateur de noire (he'atre, et faire tort en m^me temps a son JiJg«nent, en accordant quelques ^loges a iin aii- tcur qui r^unissoit d^ja tous les suffrages. Le lit- terateur fait ici une reflexion tres-vraie. « Les sens «' de lettres sent sujets a mal juger, par un interet " qui va jusqu'a la passion, Jes gens du monde, " d'abord par une indifiereuce qui leur fait adopter «• legerement I'avis qu'on leur donne, ensuite par « un entetement qui leur fait soutenir le parti qu'ils « ont embrass^s. » Nous avions d^ja des Cours de belles-lettres , des Elemens de litterature , ouvvages estimds sous le rap- port des principes, de I'instrucUon , et meme de I'agrement ; mais nous osonsdire que le Cours dc lit- terature ancienne et moderne ^ dont nous n'avons pu donner qu'un apercu lies-rapide, est, sans contre- dit , ce que nous avons en ce genre de plus complet ; c'est uVi ouvrage classique dans lequel le g^nie est mis a sa veritable place, le talent lvalue avec equitd; la critique y est aussi impartiale que les eloges; les jugemens y sont aussi surs que les principes ; il est ecrit avec puret^ , elegance et Anergic, et les sen- timens de I'auteur sont nobles , elev^s et ind^pen- dans des circonstances. Ce cours annonce dans le professeur du lycee , une connoissance approfondie des ecrivains anciens et moderues , une litterature immense et bien diger^e •, il doit etre la boussole des jeunes litterateurs, comme il est le code du gout > Conrs cic Lilleraliirc. nn et 1e plus utile niotiument qti'on ait consacr^ aux piogres et a la gloire des leUrcs. II est a desiier que la publication des sept volumes qui nous feront connoitre I'etat actuei de la litt^rature en Fiance, nc se fasse pas atfendre longlenips; c'est uncdelte con(ractc'e envers Ic petit noinbre de litterateurs qui exisle encore, qu>n doit s'enipiesser d'accpiitter. A. J. D. B. MELANGES. Siir le CheF'D'(Euvre d'un Inconnu. 1 OUT le monde salt que le pr^tendu docteur Ma- thanasius , auteur de cet ouvrage , est Eyacinthe Cordonnier , connu sous le nom de lliemiseul de Suiiii-Hyacinihe , n^ a Orleans le 27 septemhre 1684 , et mort aBreda en 1746. J.e Mercure d'octobre 1722 donne h& d(5tails suivans: .. On nousccrit de Londres « queM.de Saint-Hyaclnthe epousa dans cet (eville, « au mois de juillet dernier (1722), M."e de Mar- « connay, fille d'un gentilhomme de Poitoii, major « du regiment de , au service d'Anglelerie. L? « nouveau marie est aussi Francois, d'aupres d'Or- « leans, et fort distingue dans la r^publiqne des - leltres. Le gout des voyages I'a eloign^ de la « France depuis environ quatie ans. Son pere (J. J. •« CorJonnler , sieiir de Belair,) fut lleutennnt-co- .. lonel (Jli regiment d'Orlcans ; pour lui , il a seivi « dans le rd^glnient Royal, cavalerle, et II Tut fait «« prisonnier a Hoclistedt. Le celebre Mathanasius « est sorll de sa plume. 11 a fait divers autres ou- « vrages : des Lettres a M.'"^ Dacier, sur son livre de «« la Corrupliou da Gout , un premier tome de M^- " moires iitt^raires , dont il promet la suite. II y « a beaucoup d'^rudition dans ce qu'il ^crit et un « grand eloignement du p^dantisme. On pretend qu'il M a eu part a .I'Europe savante , et on croit qu'il a u aussi fourni quelques morceaux d'une espece de « Journal des Savans, qui s'imprimoit a La Haye , «i il y a deux ou trois ans. " On Irouve d'autres par- ticularites sur son compte , dans la Lettrede Burigny a Vabbe de Saiut-L^ger, sur les deinctes de VoUaire avec Saint-Hiacynthe. Paris, Valade , 1780, ia-8.° Le Chef-d'CEuvre d'uii Inconnu parut pour la pre- miere fois a La Haye , ( cliez Pierre Gosse ) 1714 , in-T2. Son ddbit fut si rapide qu'il s'en fit trois editions en tres-peu de temps. Mais ce livre el oil ini- ■priine avec un si grand noinbre de Jliutes j ( ce sont les expressions de I'auteur, dans la preface de la 4.* edition ,) qu^on poui'oit surementgager cjueii quel- que endroit qitony posdl le doigl , on. en irouveroit une dessous. Ces trois editions , qui n'offrent aucune dif- ference entre elles , renferment cependant des choses qu'on ne retrouve plus dans les editions subs^quentes, et qu'il est par consequent utile d'indiquer. i.° Au bas du portrait satyrique du feint docteur on lit, comme dans la quatrieme edition: Nil yolen^ Clief-cVceiwre (Van Inconuii. 79 tibus ariluvm y luais sans ces mots yipeLles -pinxil , Calotni fiCiilpsU, 2.° Dans le fragment da pr(5lenclu poeme snr la Superstition t oil I'on trouve, aPoccasion des cruaiitt?* cxtrcc'es centre les Vaudois, ces vers: D'affieux moines, pousses Ac fureuis inJernales, Marchoient en fcolonels sous les aigles papales ; Sous la crasse du froc , volant do rang en rang, Respiroient , croix en main , le carnage et le sang. On eut vu chaque jour les'villes saccagoes , De morrs et de niourans les campagnes jonchees ; JEt I'innocent agneau , qui firyoit son bouchcr, Consume par la falm , ou conduit au buchcr. Ou eut vu des Neion ressuscitant la lage Ces precheuis niesurer le supplice au couiage , Et des Chretiens, souffris par ces pieux bourreaux, Exposes dans la nuit pour servir de fanaux : On eut vu d'un tocher rouler dans les vallees Maris , enfans, aux yeux des meres empalees. On eut vu fendre en I'air des corps hum.iins mines, D'autres encor vivans a la broche tourn'Js. Tant d'autres faits hideux , seants a \'Jthiisme, O ciel I 6 juste ciel ! sont les Jeux du Papisme. Dans les quatre premieres editions, on lit au bas de ce fragment la note sulvanfe , qui fut ensulte supprim(?e. N. B. Pur le Papisme, fou. neuie idpas id la Religion CalJiolique , iello qu'elle est expliquee dans So Melanges » le Concilc dc Tren(c , mais Von entend la Religion de la Cour de Roiiie , dont le hut est de tout -jycrdre pour tout avoir. 3.° Dans les trols premieres editions les Remarques generales sur ce Clief-d'CEavre ne sont qu'au nombre decinq. La dernieie est sulvie d'un Corollaire d'line page et demie , different de celui qui existedans les autres editions ; il se- termine ainsi : Celaferoit que quelque vanite qu^il y ait cl ecrire sa propre vie j je permettrois quasi d cliaque auteur d\'crirc- la sienne , comnie on pretend qu^un. savant du premier ordre vient de lefaire a Amsterdam. Puis au bas de Ia page (177), on trouve la note suivante : Le libraire chez qui cetl^ vie a etc imprimee , a dit sous le sceau du secret a cinquante personnes y que le h^ros de Vhistoire en etoit aussi I'auteur. Cela fait dans le rnonde tort a la bonne opinion qu'on a de ce savant ; ainsi ^ si cela 11 est pas J il a inieret de faire connoitre au public le contraire. II j reussira cTautant plus facilement qu'on soupconne le libraire de n avoir dit ce qu^il a dit que pour dormer du cours ci Vouvrage. Cctte note ne reparoit plus dans la quatj-ieme edition ni dans les suivantes ; niais de quelle vie , publiee a Amsterdam a cette epoque , est-il ici question? je I'ignore. Les Nmivelles Rejnarques sont suivies decet avis imprim^ en italique eten gros ca- racteres : Quetques amateurs du Grand-CEuvre , ay ant cru irouvcr dans ce Poenie d'un Inconnu plus dins- tructions quil n^y , en a dans tout ce qu'ont ecrit Nicolas Flamei J Zacaire, Vinceslas Lavinius , Ber- nard Trevisan , ct une quantite cCautres , ont donne de Chef -cP ecu vre cVun Inconnu, 8t de trcs-belles obsenulions quon ajointes d quelLjucs- unes qui dtoieiit dcja faites ; mais on les reserve pour la secoude ou la troisicme edition de cct outrage , oprls ijucUes auroiil paiu dans C edition Laline qu'on fn -prepare, Iste recens duret , nulla -violahilh eevoy Kec ruat in cineres aut cava biista liber. Et licet omne rogus -vel tetnpla sacra ,,rophanet, Non rapiat tamen hoc flamma rugalis opus. Chappuis. Ici finit le comraentaire sur le Chef-d'CEuvre d'un Inconnu. On lit cnsuite une Lettre a Monscigneur le Due de.... cette lettre qui remplit neuf pages ne reparoh plus dans les editions subsequentes. £:ile est pourtant curieuse , et je soupconne m^nie qu'elle fat Tune des causes de la suppression en France de cetle premiere Edition : suppression qui n'em- p^cha pas cependant que cct ouvrage ne fut r^im- prirad a Rouen et a Orleans. Les premieres lignes de cette lettre deslgnent clairement le personnage auquel elle est adressee , les voici ; Mon seigneur , « Vous voyez que je n'aftends pas , comme " Bo U R S A U-f , que vous" me donniez des ordres « pour avoir I'honneurde vous ecrire. Voulantadresser « a quelqu'un des fragments d'un ouvrage qu'on a eu « la bont^ de me confier , et voolant liouorer mes .. lettres de I'fnscription d'un nom de premier ordre , '• j'ai cru , Monseigneur, ciue vous ne desapprouveriez « pas la llbertrque j'ai prise de faire paroitre cette Tome I[[, . p S^ Melanges. » Icttre sous les auspices du votre. Ellc ne sera ni «« si diverslfl^e , ni si longue que celles de.Boursauf , » mais aussi il e(oi( anteur , il avoit le talent de «t coudre ensemble plusieurs morceaux pris de cot^ .. et d'autre , . Purpitreus , late qui splendeat , unus et alter yJssuitur p annus f « et de faire alnsi passer un Ana sous la figure «« d'une lettre. » 11 est Evident que celte lettre dtolt adress^e a Clermonl-Tonnerre y eveque de Langres, par con- sequent due et pair (i) , et que son but etoit de ri- diculiser les lettres que Boursaul ^crivoit a ce pr^lat , et auxquelles on donne dans la table ce titre fas- tueux : a Monseigneur feveque et due de Laugres , Grande Lettre de Remarques et Bons Mots. Boursaut lui envoyoit les ana a mesure qu'ils pa- roissoient , et lui ecrivoit , pour en tenir lieu, ces longues leltres que Ton trouve dans les deux premiers volumes de celles de Boursaut. II avoit soin , pour d^sennuyer Monseigneur , de rania.sser tous les contes en vers et en prose qui lui tom- boient sous la main. On jugera de la liberty qui lui dtoit laiss^e pour le choix des contes , bons mots , etc. par I'^pitapbe suivante rapport^e dans la premiere de ces leltres, tome I , page yS. Cette ^pitaphe (i) Fiancois-Louis de Clermont-TonneiTe , nonime i I'eveche de Langrcs, le 24 dtcembre iGgS, mouiut dans son diocose le 12 Chef-d'oemre cPiin Inconnu. 83 cxistolt autrefois dans une^glise paroissiale dc Paris. Ci-dessous git !e corps use Du lieutenanr-civil Ruse, Auquel il couta maint ecu Pour eire d<['clar^ cocu. A son frere il n'en couta n'en Et si pourtaiu il I'etolt bleu. De ce- nonibre il en est assez : Priez Dieu pour les trepasses. Les franrmejtts dont parle I'auteur de la leltre qui nousoccupe,sontprls d'un pretendupoeme de 1800 vers, intitule : Discours satjrlque.On en cite 64, dirige's en partie contre les ^rudits, et rentrant par consequent dans le plan du Chef-d'CEuvre. La lettre est termine'e par un autre trait satyriquc. L'auteur dit au prelat ; " Quand meme tout le monde condamneroit j'es- « time que j'ai pour ce poeme, je ne pourrofs cesser « de Testimer, ni suivre en cela I'exeniple que vous " nous avez donn^, ( dans une affaire d'une toute " autre importance, ) qu'on peut se rt'tracter malgre «. les protestations les plus authentiques. » L'^veque de Langres avolt ^crit au roi , le 29 avril 1712, une lettre pleine de fermet^ pour repousser d'avance la constitution Unigenilus , que le roi avoit demand^e a Clement XI, et qui e/Fiayoit deja les ^v^quesdeFrance(2);etcependant,lorsquela cons- titution fut arrive'e, ce m^me prelat avoit dt^ I'un des premiers a I'accepter. (2) Ceite letlre est insciie dans le Journal liniraire , tome II, p. 204. 1"^ 84 Melanges. La dissertation siir Homere et siir Cliapelain, qui vient ensulte, est de P^cm Ejfen , I'un des coope- rateurs du Journal Liileraire ^ auquel travailloit aussi Sain t - Bya cin the. La table des matieres est sulvie d'un errata ^ pre- cede d*un preanibiile de trols pages et deniie, saty- riqiie et ironiqiie, commeon s'en doutebien. L'auteur, apres avoir citd Gryphius 3 Jacques Fontaines ^ Jean de Sa^igny 3 Vital de Thebes , Henri et Robert Fjtienne , finit ainsi sa p^roraison : « Qui peut retenlr «« sa colere , quand on voit des le titie dun livre des «« transpositions grossieres, comme dans celui-ci , ou « \\ annonce les Tables avant la Dissertation sur « Homere et Cha-pelain , et ou , dans la Tab[e des «« livres , i\ met peche original , ^our peche' originel ; « de sorte que c'est avec justice que je puis assurer « que pro unaquaque litera vweni plagam , pro syllaba M crucem 3 pro libro tornientum. Mais quoi 7'e/ indig- «« iiitas J qiice, loqui conipulit , etiam tacere cogit. (3) «» Dans Verrata je trouve un proverbe que je ne com- prends pas. «Lisez, y est-il dit, ordinaireniant , et «c ainsi de tous les autres semblables , ou ne pro- " noncez pas comme vous ^crlvez, si vous ne voulez «< parler comme Cel'X de rouchy. » L'auteur a-t- il voulu parler de Roucy , ville de la ci-devant Champagne? a!ors cela signifieioit : si vous ne voulez parler comme un Chanipenois. — Au reste cette piece pouvoitetre conserv^e , je ue sais pourquoi eile a ^t^ supprim^e. (3) Jacques Fontaines , dans I'eloge de Bertr. Rembolt. Chcf'iVacuvrc d*iin Jnconnu. 85 La quatrlerae edition du Chef-crCEuvre d'lin In- connu pariit a la Haye , chez Pierre Husson , en i7i6,in-8.°; elle se distingue par beaucoup d'addilions importantes et par la beaute de son execution ; c'cst la plus rare de toiites. Apres les trois appro- bations des editions pr(^c^dcntes , on trouve , pour la premiere fois , une piece de vers hebreux , mais dans laquelle il n'y a d'hdbreu que les caracteres. La piece est la merne que celle qu'on lit en face, Habbins , etc. seulcment elle doit etre lue conime 1 h^- breu de drolte a gauche. Vient ensuite une pr^tendue piece en vers grecs, qui est aussi dans les editions prec(?den(es, mais dans laquelle il n'y a de grecquele titre. Les huit vers qui le suivent sont anglois , ecrits avec des caracteres grecs selon la prononciation an- gloise. Je vais les rendre a leur langue primitive. EJo B't? y^?T oiSo^s uva" ic^ av. This unknown author long did stand Untoucli'd till your victorious hand Did from liis head tliis gatland bear That r.ow upon your own you wear. F 3 86 Melanges, A garland made of such new bays And sought in such untrodden ways As no man's temples her did crown Save this great author's and your own. Sur Ic sage J et trois fois grand , Chrisostume Mathanasius. " Cetauteurinconnu resta longtemps intact, jiis- « qii'au moment ou votre main victorieuse enleva de « sa tele cette giiirlande que vous portez a present sur « la votre; guirlande falte d'un laurier si nouveau, " et cherch(^e dans des sentiers si inconnus ,qu'elle « n'a jamais couronn^ les tempes d'aucun homme, " except^ celles de ce grand auleur et les votres. » Les autres pieces nouvelles sont, i.° quatre vers gascons : A Vaoiniou d'aquel grand critique , CI iris. Muiltanaze. D'un cop qu'aurets legit I'escriout de Mathanaze, Noun sarets pas surpres s'el es tant recercat. Qui ne lou legis n'es qu'un fat , Qui ne lou gouste n'es qu'un aze. Per lou railhou de sous amies , De Satiriac. c'est-a-dlre : .. A I'honneur de ce grand critique , .. Chrys, Malhanase. « Unc fols que vous aurez lu Tecrit de Mathanase , « vous ne sercz pas surpris qu'il soit si recherche. Chcf-cVocuvre (Vnn Inconnii. 87 «• Qui ne le lit pas n'est qu'un fat; qui ne le goute " pas n'fst qu'iin ane. «' Par le nieilleur de ses amis, " De Satiriac. » 2." Une nouvelle pr(^face de doiize pages et derale , dat^e de Pedanstadt, ( la ville des Pedans ^ ) du is octobre 1716. 3." Cinq Tables : I. des Livres et des Maniiscrlts dont II est par!^ dans I'ouvrage ; TI. des DIables et des DIvInltes payennes; TIT. des Nations et des So- ci^tfs ; IV. des noms des Aiiteurs loii^s ; V. des noms des Au(eurs, des Demi-DIcux, des Heros , eU. cit^s ou critiques. 4.** Une ^pitie en vers francols de M. Chloeus, {le pale j) a M. le docteiir Mathanasius. 5.° Les T^molgnages des Savans ; lis rempllssent cinq pages. 6." Le portrait de Judith Beseralge , veuve de Messire Jean d'Aussonne , avec ces quatre vers au bas : Cclle par qui ce beau chef-d'oeuvre S'est sauve des mains de I'oubli , Merite bien que dans cet oeuvre Son portrait se rencontre ici. Cectnit Mathanasius. 7.° La Muslque de la chanson. 8.? Une Lettre de M. de la Roqiie ^ a M. Heanie , sur des Anllqultes trouv(^cs dans la province d'York , avec le jugeraent qu'eu avoient porte les journallsles F + 88 Melanges. tie TrtS'oux , une planche grav^e repr^sentant ces Antiquiies, et la r^ponse , moitl^ s^ileuse, moltl^ ironiqiie , tin D. Matlianasius a M. de la Roque. 9.° Une Lettre de M. Chrisologos Caritides j a M. le piofesseur Burmuudoliiis. Comme cette lettre a Burmann a t'te supprlm^e clans les editions suivantes, et que la quatrieme est foit rare, on ne sera pas fach^ de la trouver ici. Monsieur , . " J'ai riionneur de vous envoyer quelques re- •' marques que j'ai faites obiter sur le livre fameux << intitule le Chef-d'oeuvre d\in Inconmu Ce livre, « TO ^u£yu ^iTov , m'a fait autant de plaisir a la qua- .. trieme edition, qu'il m'en fit lorsque je le lus <• pour la premiere fois. Si cela n'etoit pas , Mon- .. sieur, si une extreme perfection ne regnoit pas " dans tout ce bel ouvrage, soyez persuade que .. j'aurois fait un bien plus grand nombre de cor- «. reclions; car je puis dire, sans jactance, qu'il y « a peu de choses qui ^chappent a la sev^rit^ de «< ma critique. Vous le verrez par des remarques «« que je prepare snr VOraison inaugnrale d'un pro- «t fesseur de votre connoissance. Ce savaht , qui <- ne voit ricn de grand que lui-meme, et qui se « d^dommage ainsi , par i'estime qu'il fait de lui « seul , clu m^pris qu'en font tons les autres, a de- it cliire , dente ar/inio j,\es Francois ^ \e's> ALlemaiids , :. a altaque ses compatriotes et ses somerains memes , .. avec une licence qui n'eut jamais d'excmple. Mais " j'espere que, monte sur P^gase, la verge a ia CJicJ-A'coin're {run liiconiui. 89 « main, je fustlgerai roiguell p(5i.lantesqiic , de « manlere que je r^priincrai, pour jamais, son In- «« science ; non pas toutefols que, par cc P^gase " et ce fouet , je veuille imiter ce mis(?rable poete , " pour qui Rousseau a tant de mepiis , qu'il ne •< daigne pas seulement le nommcr j poete, en " effet , indlgne d'etre nomme , et qui, dans son •< Aiili-Rousseaii et dans son Jlomire vengc j nous « a fiilt voir que la corruption de son esprit ^gale •« celle de son coeur. Mais ce n'est pas maintenant " de quol il s'agit ; c'est, Monsieur, de vous pricr ♦« de lire mes remarques au sujet du Chef-d'ceiu've •< d'un Inco7mu y et de m'en raarquer votre sentl- " raent, me croyant , Monsieur , Votre tres-humble et tres-obelssant serviteur , Chrysologos Caeitides. De I'universite de Niew-IIave, le premier octobre 1715. 10. ° Neuf pages de remarques et dherses lecons qui ne reparoissent plus , et qui meritoient pourtant d'etre conservees. Je n'en donnerai qu'iin ou deux exemples. On avoit mis dans le commenlaire sur le mot malade : " 11 {^tolt propreiHent ce qu'on appelle •> dansle style familior, ctre /out Je no sais comment ; " dans le style bas , ctre tout chose ; et dans le style » polisson , ctre tout e\cijiie d'A.... ■• On lit dans les remarcjucs dont je viens de parler, page 3i6, «« ctre 9° Melanges. « tout chose.... tout eveque d'A.... lisez cPAiranchffs '< oil d' Amiens, car il y a vari^t^ tie lecons la-dessus. " Je medetermlnerois n^anmolnsplulot i^our Amiens " que pour Avraiwhes , et cela , en faveur de ce fa- «« iiicnx t'i eijue ci' Amiens que M. le Noir a si bien " ^trllle dans son EcA/ue de Cour , et qui remplis- « soil en effet si bien le sens de ce proverbe ; d'ail- " leurs, cefte maniere de parler, etre tout chose, " lout cUeque cV A\ ranches , non-seulement ne sonne- " roit pju-! si bien a I'oreille qu'autrefois , ce me « senible , mais ni^me seroit absolument destifu^e « de jusfesse ; et cela , parce que depuis que I'il- « lustre M. H/.v/ a possede cet ^veche^l'ideequ'excite " Je mot (Veveque c/\4innic7ies est (onjours jointe a « celle de grand nitrite, de c^lebre pr^lat , et d^- « truif par consf^quent , necessairenient et in^vita- '< blenient, ce qu'on entend ordlnairement par ce «' proverbe. » Dans le commentaire sur le i/"" vers de la 2.™^ strophe , h Le galant y fut habile. on' lit : « Cet F^ quel beau, sens ne renferme- t-il jias.^ « Le nouveau comraentateur ajoute , page 3i8 : «i Enfre tous les beaux sens que cet y presente a " I'esprit, un critique d'une aussi vaste et immense " litt^rature que le grand docteur Mathanasius n'aura » pas sans doute oublie celui que Pythagore lui « donuoit; c'^toit , selon ce grand philosophe , un .. symhole de la vie ^ a cause que le j)ied representoit «« Venfance , et que la fourche signifioit las deux che- Chcf-cPoeiivre cVun Inconnu. 91 « mills dii vice el de la vertu. Ce grand phllosophe « sous-entendoit apparcmraent que la petite corne .< de Vy signifioit la vole de la vertu qui est etroite .. et difficile , et que la grosse signifioit la voie du <. vice qui est large et fort aisee , etc. » 1 1.° De la pemoline dc Catin , et decelle do Colin , dix-neuf pages. 12.° Des additions considerables dans le corps de I'ouvrage qui le grossissent de plus d'un tiers, et dont quelques-unes ont ^l^ supprim^es dans les edi- tions suivantes. Les plus considerables de ces sup- pressions, sont aux pages 64, 226, 228, 282, 233- 4, 240-1, 243, 249, 260, 25i, 252-3. Une note assez curieuse sur ces mots , grosse maladie , de la premiere strophe , est ainsi termin^e : « Je dirai seu- «« lement une conjecture que je communiquai , il y « a quelques jours , au savant M. Basilides^et qu'il .. approuva fort. C'est que la grosse maladie qui .. nous a €\.€ apport^e pour la premiere fois , de .. Tile de Cuba, par les Espagnols ^ avoit ^i6 ap- .« portee dans cette ile par les Juifs ; car je crois .. etre bien fonde d'avancer que Pile de Cuba etoit .< la terre d'Ophir , oii Salomon envoyoit ses vais- « seaux pour en rapporter de Tor, des bois precieux, «. des singes et des perroquets. •• A la page 249 , on trouve ces vers agreables qu'on auroit du conserver : Suzanne, un jour, d'amour solllcltee. Par deux vieillards convoitans sa beaule, Fut en son ccEur irisie et deconfortee , Voyant I'effort fait a sa chastete. 9^ Melanges, lille leur dit : si , par deloyaute , De ce corps mien voiis avez jouissance, C'est fait de moi. Si je fais resistance, Vous me ferez nionrir en deshonneur ; Mais j'aime mieiix peiir en innocence Que d'offenser par pechie le Seigneur. En 1728, le Chefd'CEuirc cVun Tucoiimi fut relm- pvlm^ sous la date de La Haye ; mais le libralre igno- rant,qui ne connoissoit }3as I'^dition de 1716, ve- donna purement et simplement celle de 1714. La se ternilne la ligne de demarcation entie les dJlFeientes editions de eel ouvrage. La cinquieme, et toutes celles qui Tout suivie, ont ^te jetees dans le meme moule. L'auteur fit des retianchemens , des additions dans le corps du livre ; il ajouta la tra- duction francoise de la preface de Don Quichotte, accompagnee du texte, et prec^dee d'une lettre a l'auteur de VHistoire de la rcpiiblique des lettres ; la Tieification d^ Arislarchus Masso ^ et il divisa le tout en deux volumes. 11 r^oulte de ces observations sur les changemens successivement fails dans le Clirf-d''CEuvre d'lin In- connii , q^'^5 pour les reunir lous , il faut avoir la i.^"' edition , la 4."^^ , et I'une des suivantes. Dans celles-ci , on lit ces quatre vers au bas du portrait du D. Mathanasius : Quand il ecrit, ce docteur si parfait, Quelque grand que soil le volume , Les Graces tiennent le cornet Et Mercure conduit la plume. / Chef-cVceiLvre (Tun Inconuu. 98 Dans le i3."'^ volume de Vllistoire de la rdpuhll' que des lellres^ par J. Masson , on troiive page 66 et siilvantes, le jugemetit du veriinhle Miiih.rnasius SLir le Chef-trO^Livre d'un Tnconnu. Cede crilifjue assez bien faile , donna de rhumeur a S. H, , et vahit a son anteur J. Masson , les trois pieces qui enrichissent lesdernieres editions, et ( es quatre vers gascons qui terniinent la nouvelie preface: Lou que critique Mailianaze Non pot esire res qu'un Massou. On pot li dir/ ambe razou Qu'el a las aureilles d'un aze. C'est-a-dire , •• celul qui critique Mathanase , ifc «« peut etre autre chose qu'un Macon, fl'auleurjoiic .. sur le noin de Musson ). On peut lui dire avec ral- " son , qu'il a les oreilles d'un ane. » En 1729, il parut a Utrecht VAnti- Mathanase , ou Critujue du CheJ-aCEuvre d'un Inconuu; !e tout, critique dans le gout fnode?'/ie j a\'GC cette epigraphe : Nil sine tnogno Vita labore dedit niortalibus. HoR. Sat. L. I. IX. Sg-^o. C'est iin in- 8.° de i5o pages. L'auteur, quel qu'il soit, a fait une critique assez fine, assez it)gt?nieuse de I'ouvrage de S. H. , et, cheniin faisant, de beau- coup d'autres ; elle est entrem^l^e de citations , de vers, d'anecdotes , et se fait lire avec plaisir. Citons-en un morceau : Page 68. «« Mathanase accuse, dans les reniarques, 94 Melanges. .< les dames allcmandcs de coucher I'hiver sans che- << nilse, parce que, selon lul , la doublure de leurs " habits est une peau de lapin velue at bien pass^e. «« Je savois de Boileau, que les savans Passciu I'ete sans linge et I'hiver sans manteau; «c rnals je n'avois jamais oui dire chose pareille des «c femmes allemandes, de sorte que je me vis oblIg6 «« d'en ^crire a un professeur allemand de mes amis , « pour lequel j'achete les llvres dont 11 a besoin. «« Voici la r^^ponse de ce professeur : Monsieur, « Comme vous partagez un grand desir de savolr « s'il est yrai que les dames allemandes couchent « sans chemise I'hiver, ainsi que M. le docteur Ma- «« thanasius enselgne , je n'ai point omis de bien « examiner ce dont 11 s'agit. i.° , Monsieur, je puis « vous dire avec v^rlte que le nerveux Tacitus ne «« nous annonce rien des chemises allemandes , quoi- •< que, ainsi que vous ne I'ignorez pas, il traite de » moribus Gerinanorum ; 2.° il est encore vrai que « le R. P. Maimbourg , dans son Histoire du Luthcra- u nisme, n'en dit absolument rien, quoiqu'il parle .< beaucoup de nous autres allemands. Vous voyez , " monsieur, que, pour vous complaire , je cite au- •< tears ancien et moderne. " Peut-elre que M. le docteur Mathanasius a voyage «. autrefois dans notre chere patrie , et qu'en voya- •« geant il a fait connoissance avec des dames pau- «, vres et orbes dela faculty d'acheter des chemises , Chef-d^ociLvre {Pun Inconnu. 96 " mals cela n'involve nuUement point un manque- « nient general de chemises ; Una hirundo non fac.it ver. «. la cons^^qucnce serolt futile et captleuse. II est vrai «' que les chemises de nos dames sont un peu cour- «« tes , mais ce sont ton jours dcs chemises faltcs " comme les anciennes tuniques ; au reste, 11 est " ties-certain que nos femmes couchent hiver et ete " en chemise , chose qui m'a ete corrobor6. Chardon-La-Rochette. VARIETES VARIETES, NOUVELLES ET CORRESPONDANCE LITTJilRAIRES. Au C. L. R ^ siir la Bihliographlc. Paris, ce 5 thermidor an 7. ^'avez-vOUS pas ^te ^(onnecomme moi , mon clief collogue , de lire dans le n.° XXVII de \a Decade phi- Insophicjue J, ( 3o pralrlal dernier,) une sortie asse/. vive contre les bibllographes, classe de savans qui m^tite d'autant plus d'(^gards , que le nombre de ceux qui la composent diminue tous les jours , et qu'il faut un demi - siecle pour reparer la perte de ceux que la mort nous enleve. L'auteur de I'extrait de la Nouvelle Geographie universeLle , traduite de Vanglois y de fP'llliam Guthrie , observe , au sujet d'un tableau chronologlque des ^crivains les plus c^Jebres depuis I'antiquile jusqu'a nos jours , confenu dans I'un des volumes de Qtii^ Geographie , qu'on peut consulter ce tableau avec fruit, et qu'il seroit in- comparalilement plus utile encore, s'll ^loit reduit des trois quarts. Parmi ces ecrii^ains sot- disant ca- libres , ajoute-t-il, // en est beaiuortp d*inconniis u toufe la terre , honnis a qiielques bibliogruphcs ijiu font metier de noms et de dates. ^Tome TIL, G 98 Nouvelles litleraires> L'ecrlvain, qui s'est peimis celte sortie , annonce d'ailleurs tiop de connolssances et de jugcment , pour ne pas sentir le tort qu'il a eu de jeter, sans aucun motif, le d^courageitient dans le coeur des jeunes gens qui voudroient marcher sur les traces des Pros- ])er - Marchand , des Debure , des Rive, des Saint" Leger , etc. etc. Ses reflexions me paroissent d*au- lant plusimpiudentes, qu'un reproche fondeque I'on pourroit adresser aux journaljstes de nos jours, se- roit peut-etre de ne pas avoir assez de connoissances en bibliographic pour remplircomme ils le devrolent leurs importantes fonctions. Que d'erreurs n*auroient pas eu a relever, dans ces derniers temps ^ des journaiistes bibliographes, que d'omissions a reparer ! que de b^vues a faire reinarquer ! Permettez -moi de vous citer quelques exemples , en commencant par la Decade philoso- phique elle-meme. C'est sans doute a cause du peu de cas qu'ils font des noras et des dates , que les r^dacteurs de la Z)^'- ;raphie , n'eut - il pas rappel^ au public que I'ouvrage de Littelton avoit deja ^te traduit deux fois en Francois ; la premiere en i735 , sous le titre ^c Noiwelles Letires pcTi,annes ; la seconde en 1770, sous celui de Letires d^un Persan, niais avec des retranchemens considerables. Les redacteurs du m^me Journal dcvroient-ils an- noncer , depuis I'an 4, leur pretendue collection des CFAivres de Chamfort? tandis qu'il manque a cet(e collection, un des meilleurs discours de I'auteur qui remporta le prix de I'acadcinie de Marseille en 1767 , G 2 lOO Nouvelles lltteraires. sur cette question : Co7«/'/>« le genie des grands ^cri^ vains influe sur V esprit de leur siecle f Ce cllscours a ^t^ imprini^ en 1768, a Paris, chez Duchesne, avec uneode sur lagrandeur de Vliomme , couronn^e a I'acad^mie des j,e:ix floraux. Ces deux pieces con- tiennent 40 pages; le discours seul en a 82. L'ode 60 trouve dans la prdtendue collection. Je passe a d'autres exemples. Le C. Cantwel apublie, en 1798 (v. st.),sa tra- duction du bon ouvrage de Montagu, sur la nais^ sance et la chute des ancienncs republiques, sans qu'aucun journal iste lui ait appris que nous posse- dions, depuis 1769, une traduction de cet ouvrage dans celui qui porte le nom de Turpin , et qui est intitule : Histoire du gouvernement des ancienncs rc- publiques. 11 parut , en I'an 4, une nouveile edition de cette histoire. TheophileMandar fit imprimer , en 1790, une tra- duction de I'ouvrage de Marchamont Needliam , sur la soui'crainete du peuple , et Vexcellence d'un etat libre, A-t-on vu aucun journaliste d'alors observer que Ton trouve une traduction de I'ouvrage de Mar-, ch&mont Needham , dans le tome 6 des Loisirs du chevalier (i'Eo7i ^ I m primes en 1774? Leconseil d'instruction publique, ^tabli aupres du ministre de I'int^rieur , a juge que la Meihode pra- Uque pour apprendre a lire, de Francois, ( de Neuf- chateau,) pouvoit ctre utile dans I'enseignement des ^coles primaires. L'estimable Francois (de Neufchateau) donne dans cet ouvrage uu exemple qui devroit etre plus Noiivellcs III lei aires. loi conimnn ; 11 y prc^scntc nne analyse fidele cles me- thodi's pvopo>ecs tiepuis le commencement de ce siecle, pour slmplificr on abr^ger la manlere d'i^p- prendre a lire *, mais je suis faclie que le conseil n'ait pas fait disparoitre une faute bibliographique qui se trouve a la page 55 de cet ouvrage. 11 y est dit que c*est a la gramtnaire generale et raisonnce , iniprimce eu i66^ , qu'on est rede vable, pour le fonds, de ce qu'on appelle aujourd'hui Nout-eiie me'ihode ])onr apprendre d lire. La grammaire gcuerale et raisonnce parut pour la premiere fois en i66o. LVditlon de 1664 est une seconde edition; mais ces deux editions sont moins completes que la troisiemc qui a^tepubliee en 167G. C'est done cette edition r^imprimee en 1706, avcc dcs notes de Duclos , et plusieurs fois depuis avec im supjil^ment de I'abbe Fromant , qui doit passer veritabfcment pour la grammaire g^n^rale et rai- sonnt'e de Port -Royal; c'est a celle-la, surtout , que doivent renvoyer les auteurs qui veulent faire connoitre aux jeunes gens un de nos meilleurs ou- vrages sur la grammaire. U etolt d'autant plus es- sentiel de faire cette remarque, que I'abbe Goujet , dans \2tBihliolheLpie francoise J et I'abbe de la Porte, dans la Bihliothequc d'un homme da gout , '^Tj'] ^ 4 vol. in- 12, iudiquent I'edition de 1664 comme la premiere, tandis que d^autres auteurs renvoient pu- rement et simplement a IVdition de 1660. Les aug- mentations contenues dans redilion de 1676, sont assez Imporlantes pour que des ccrivains qui se pi- quent d'exactiludc fusseiit rcmonter la j)reinicre G 3 102 Nouvel/cs Vilieraires. edition a I'ann^e 1660, en aveilissant que la mei]- leure edition est celle de 1676, et les suivanles qui'toutes lui ressemblent. Avant de finir cetle lettre, mon cher collegne, je vais relcver quelques Inexactitudes contenues dans la ■^)refoce d^une irLuhiction manuscrite des Letties ero- tiques cC AriiKnl'ie , Inser^e par le C. Boissonnade dans le n.° IV, (1*' messidor an 7 , ) du Magasin ency- clopediqiie. Ce citoyen ne paroit pas certain que la traduc- tion ou imitation de son auteur, qui parut a Cliar- tres , sous le titre de Rotterdam, en 1695, soit de LeSage Qu'il lise la vie de Le Sage placee a la tete de ses CEuvres , en i5 vol in-8.« , et il ne lui restera plus de doute sur cet article. 11 declare ne pas connoitre une autre imitation des m^meslettres, publiee a Cologne , ( Paris), en 1762; c'est une traduction moins inexacte que celle de Le Sage , dont I'auteur est un procureur nomme Mo- reau. Miliin a done tort de dire dans une note , que celle traduction n'est qu'une r^impression de celle de 1695. Boissonnade avoue encore ignorer quelle est la traduction ins^r^e par B^renger dans le Manuel des Boudoirs; c'est celle de LeSage. Je suis surpris que le Jeune et interessant traduc- teur ne parle pas d'une traduction des Letlres d'A- ristniieie , qui m'a paru plus complete que toutes les autres ; elle porte le titre de Londres , et est de 3739, petit in-i2. Le volume est termine' par quel- ques lettres choisies du rh^teur Alciphron. Cette Nouvellcs Utieralres. io3 fradiichon ne se frouve pas a la bibllollieque na- tionalc,rue cle la Loi ; j'en ai vu un exemplaire a telle de {'arsenal. Toutes ces fautes, mon cher collegue, et d'aulies que Ton pourroit relever non-seulenient dans nos merits p^riodiques", mais encore dans des ouvrages estlmables d'allleurs , ne prouvent- elles pas que I'hlstoire litteraire et la blbliographie sont peu ^ti;- dl^es en ce moment , ou peut^tre que ceux qui se livrent a leur ^tude, negligent trop les temps mo- dernes. S'il est int^ressaut de ne pas ignorer les ou- vrages qui ont paru dans le quinzieme siecle , il ne I'est pas moins de connoitre'ceux qui ont €v€ pu- blics dans le siecle ou nous vivons. Ne pourroit-on pas appliquer a Tetude de la bibliographie , la m6- tliode que ' Ce vaudeville en un acta, jou^ le 27 thermidor, au theade des Troubadours , n'a eu qu'un deml succes. Denal aime Sophie^ niece et puplUe d'un homme qui tient un Bureau d^adresses des Manages , et qui a intention de IVpouser. II a su mettre dans ses int^rets , Marion j qui lui peimet de s'lntroduire chez le tuteur par une porte pratiqu^e dans le mur. Derval a fait annoncer dans la feuille publique,son intention de se marier; Sophie r^pond par la menie voie, et charge son oncle de jDorter sa missive a Der- val, en lui donnant cette lettre comme venant d'une etrangere. Le tuteur court chez Derval, qui, pen- dant son absence, penetre chez lui, parle a Sophie, et I'entraine dans son appartement. De retour chez lui, notre tuteur ne trouve plus sa Sophie ; il rc- tourne chez Derval , et les femines repassent par la porte secrete. Ce jeu finit par le consentemeut de i'oncle au mariage des jeiines gens. On voit que cette piece ne ressemble en rien au Bureau d' indication des Marias^es , niece du C St^^ gur , jouee au Vaudeville avec succes. II s'en faut de beaucoup qu'elle soit aussi jolie. Les auteurs ont ele folblement demandes; ce sont ceiix d\i-bas les Diables. LTVRES LIVRES DIVERS. A N A T O M I E. 2'adul.'E Anatomical quas ad iJlustrandam liitmani corporis fahricnm coliesait et curavit Justus Chrislia- nusLoBER. ViiuiriWy 1794-1799, in-fol. ; fasciculi 5. M. Loder est d^ja c^Iebre par un ouvrago alle- tnand qui a pour litre : Manuel des anatomistcs , ( aiiatomisckcs Handhucli J. 11 est professeur d'ana- toiuie et de chirurgle dans I'acad^niie d'li^na. Les planches que nous annoncons se publlent par fascicules. 11 n'a paru encore que les quatre premiers et le sixieme. Chacun d'eux renfernie toutes les plan- ches qui ont rapport a unc partie de la science , avec un cahier correspondant d'explications detaill^es, L'auteur de ce recueil a le dessein de faire repr^- senler la forme et la structure de toutes les parties du corps humain. Pour ex^cuter cette grande entre- prise , il a fait copier exactement, et sous ses yeux, les meilleures figures q«ii aient ete publiees jusqu'ici ; il a ajoute toutes celles qu'il a cru necessaires, et en a fait corriger plusieurs d'apres des dessins scru- puleuscment exricts, faits d'apres nature, et sur des preparations qu'il conserve. C'est moins un ouvrage de luxe , qu'une repi^senfation exacte , commode et peu couteuse, des parties que I'auatomiste et ceux qui se livrent a Tart de guerir, ont besoin de se rapj)eler souvent; aussi a-t-on donnd plus de soins il la nettete et a la precision du trait, qu'aux effets de I'oplique. I.e premier fascicule est de quinze planches d'os- f^ologie, avec leuis explications. La iremlere ren- ferrae vingt-cinq figures qui ont rapport a I'osleo- g^nie: la plupart out ete dessinecs d'apres des \n^' parations de M. Loder; les autres sont copiees de Walter et d'Albinus: la scconde et la troisieme plau- Tome in, I i3o Li v res divers. dies sont dcs copies des meilleurs sqiieletfes cPa* dulte vus de face et par derriere. On retrouve dans les suivantes ce que nous avons de mieux dans Jes figures d'Albinus , de Sue,de Hunter, dc Cheselden, sur n de Crete, par le C. Sainte-Croix. 7 M E T A p H y s I Q u E, Seconde Icttre au C. Millin, sur uiie question d'Ideologie. ay B I O G R A P H I E. txTraIr d'une Notice biographiquo sur Bruguiires , \\\o Ix la society pbilomathique , par le C. Cuvier. LiTTJtRATURE fRAKCOISF. I.A ct'G , Oil Coiirs de Litlciatare aii- cienne ct moderne , par J. F. La- harpe. 68 M K L A N G E S. Snr lo Ciief-d'oenvre d'lin Inronnu. par ie C Chardon-la-Kochette, VaRIETESjNOUVELLESETCOR- RESPONDANCE LITTER A IRi-S. Au C. L. R. sur la Eibliograpliie. 07 Socic'te , d'emulation d'Abbeville, io"i RIonumens antiques decouvcris a Auxerre-- 10^ X,ycee de Grenoble. 114 'Society puHomathiqiie. 117 Theatres. LcO'.ii'las, ou le Depart des Spar- tiatt'S. r2j L'Eaii'ant de TAmoiir. 124 Arle'quin inco;Tibi]Stlbie , ou I'On- guent pom- la biiilure. 126 l.« £ureay d'adrcsses des Manages. 128 LiVRES PIVERS. Anatomic. 'Tabula* anatomicie quai ad il- lustrandavi huinani corporis fabricani coUegit et curavit Justus Christianus Loder. 12^ Medecine. Instruction sur la pratique de Tlno- culation de la petite verole, par le C. Salmade. iSa Chirurgie. Dis'^ertation aiiatoniico-chlrurglcalc sur les fractions du col du fe- mur, par A. Richeraiid. i35 Yoy;.ge.s. Voyage piftoresque d? Syrie , de la Phoenicie , de la Palestine et de la Basse- AEgypie. la^. Voyage pittoresque de I'lstrie el de la Dahnatie. i35 Histolre. Le Manuel republicnin. i3G J^uniisinatique. Historia niimothecceGothana> — Ilistoire da cabinet des me- dailles de <.70tha ^ par Frederic SchlichtegrolL i Zj Podsie. Le Printenips , poeme ; par le C. Devineau. i5j Poesie allemande. Q. Horatil Flacci carminum libri V. Des Q. Iloratiu,- Flucciis Oderi K. Biicher , ilberstizt und mit einigen Anmerkungen begleitec von Joh. Friederich Koos. 140 Melanges. Notices et Exiraits des raanuscrl'* ■ de la bibliothcque naiionals. ti,t (N.° lo.) i/' VendemiaireanS. M AG A S I N ENCYCLOPPiDIQUE, O V JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS, R K D I G 1} Par A. L. Millin. %,A- AVIS DES EDITEU L^ prix de ce Journal est fix^ : ^''^^:L^''2^ >>■ 9 francs poujL' trojs tpois, ID ffaiKs pour'six mois, 36 francs pour ini an, taat pout Paris que pouc Ics Departemens, franc dc port. On pent s'afes d'Alexandrc , elle est parvenue aux .■ peuples qui habitoient les bords de la Mc^diterra^ « n^e. Trop peu instruits, trop d^nues de nioyens " pour reconnoitre I'espace sous lequel ils devoient .. la consid^rer,' ils ont cru qu'elle rcpresentoit « fidelcnient le plan de la terre. Quand ensuite ils " ont chercli^ a lui comparer I'^endue des pays •• qu'ils parconroicnt , ils n'ont pas tard^ a s'aper- «« cevoir que les distances s'appliquoient bien , dans «' cctte carle, aux dimensions en latitude, niais " qu'elles refusoicnt dc s'accorder avcc les dimen- 'i6o Geograpliie. ■< sions en longikide. Ce contraste dtolt Teffet ii^ " cessaiie de sa projection , qui prolongeoit de * plus d'un cinquienie toutes \^i distances de Test " a rouest ; et comme celte eneur se rencontroit « toujours , on chercha sans cesse a la corriger. .. Cliaque voyageur , apies avoir mesur^ ou * faussele\i\QVi plus palpables,quoiqu'on ne les ait pas " encore relevees. Parmi les nombreuses conquetes «« que cette inscription attribue aEvergete, il est dit •« qu'il s'est empare de la M^die et de toutes les tt contrdes interm^diaires jusqu'a la Bactriane. Ce- «« pendant, on connoit assez les principaux faits des «« successeurs d' Alexandre , pour savoir qu'Evergete «• n'a jamais pendtr^ dans ces regions eloignees , tt soumises aux Seleucides. » Voila I'argument le plus fort contre rauthenlicite du monument d'Adu- lis. D'abord , nous observerons que I'histoire des Ptol^mdes , et particulierement celle de Ptol^m^e Evergete , est pleine de lacunes ; que les ^vene^ mens de leur regne sont plulot indiqu^s que racon- tds dans les anciens bistoriens, et qu'ordinairement on est rdduit au temoignage des abr troisleme du nom , passionne pour la chasse des ('](^pbans, envoya Simmias, un de ses amis, a la d^couverte, et que celui-ci visita les nations ^tliio- piennes qui habitoient les bords de la mer (7). Agatharchide , et apres lui, S. Jerome, nous ap- prennent que Ptol^m^e Philadelphe , pere d'Ever- gete, fut le premier qui tira de FEtbiopIe des ^l mt'de- cins, qu'ils sont les n)inistres et les intetpretes de ]a nature (6). Samagcs la definit : " Le principe " des efforts prodults pour la conservation de la " sant^ et pour I'cxlirpation des maladies , quand •< meme Ja volonte y repugne (7). » Sans avoir besoin de recourir a quelque chose d'^tranger, pour ainsi dire, a I'aninial que Ton p'ace dans son corps pour le gouveiner, m^me a son insu , auquel on atfribue une intelligence , une prevoyance que I'homme n'acquicrt pas , meme apres une longue experience, ne peut-on pas conce- voir que I'organisation des etie^ vivans est telle, qu'il ne peut survenir aucun changement dans leur machine, sans qu'iJ s'en excite d'autres propres a ri'parer le mal qu'il a fait, s'il a derange IVconomie de I'f'tre organist? On peut ainsi reporter toute I'Intelligence a rouvrler qui a organise. Rien ne })eut nous en donner une plus grande id^e. Les ph^nonienes d< s corps vivans s'ex^cutent done tous d'apres des lois propres a ccs corps. Elles tendcnt toutes a la conservation des ^tres organises, (6) Opera medica. (7) Voyez Sauvages; OEuvres Jivcisos, §. I. Principes fondamen- laux de la patlioloyie. Chap. HI. M 2 t i8o Physiologic, pendant le lemps qu'ils peuvent , d'apres leur or- ganisation , jouir du mouvenient vital. lis ont des maladies ; ils nieurent par une suite de ces lois. L'observation de ces ph^nonienes ; leurs ressem- blances ou leurs diffcfrences ; leur classification d'a- pres ces analogies ou dissemblances ; le rapport de cps ph^nomenes avec ceux des corps inorganiques ; ]e rapport des ph(?nomenes particullers comme effets , a des phenomenes gdneraux comme causes; enfin la liaison de ces phenomenes entreeux; leur d^pen- dance de causes que I'esprit humain ne peut plus pdn^trer, mais dont il est oblige de supposer I'exis- tence , constituent la science de I'economie des etres vivants. Cette science est necessairement li«^e a celle des etres inorganiques. La physiologic , dans le sens le plus dtendu , est la science des phenomenes des etres organises , con- sideres dans I'^tat de sant^. Un corps organist jouit de la santd, lorsqu'il peut ex(^cuter toutes les fonc- tions de la maniere la plus conforme aux moyens qui lui ont ^te donnas pour conserver I'existence. La science que je viens de d^finir est fond toutes choses d'ailleurs ^gales, sera plus Intc^rne, et que }a vie sera nioins ^nerglqiie dans I'lndlvidu. Par contre, le.s alterations survenues dans un organe seront suivies d'autant plus facilement , dans les organes avec lesquels il est le plus innra^- diatement li^ , de changeinens r^parateurs de ces alterations (symptomes de reaction dans le langage de r^ole), que I'individu jouira d'une vie plus <^nergique, et que ces alterations seront moins pro- fondes. La pathologic de I'homme traite des maladies dont il est susceptible. Elle fait connoifre I'ordre et la succession des ph^nomenes pathologiques dans chaque maladie ; elle calcule , par leur moy en , le degr^ d'influence de la qause qui les produit sur la vie de I'individu; et , par une observation sou- vent r^p^t^e , elle parvient a predire, jusqu'a -in certain point , I'ordre dans lequel lis doivent se succeder ; s'ils ne cesseront qu'avec la vie de I'in- dividu, ou s'ils disparoitront pour faire place aux phenomenes physlologiques. Le pathologlste observe de plus les phenomenes que lul pr^sentent \e?. corps qui entourent Phomme malade ; il note avec soin les changemens qui sur- vlennent chez ceiuici, a la suite des changemens qui se passent chez ceux-la; il en conclut qu'Ils ont une liaison entr'eux , sans pouvoir souvent en 1 86 Phjsiologie. p^netrer la cause. Do meme que le chymlste observe un rappoit entre un sel et un alkali , sans pouvoir en connoitre la raison , il appcile affinite, I'efFet de cette cause qu'il ne connoit pas, le paJJiologiste appelle lol de reconomie organlque , la co-exisf ence n^cessalre de certains efFets dont il ne connoit pas niieux la cause. L'lnfluence des changemens qui se passent dans les corps cxt^rieurs, sur ceux qui arrivent dans I'iiomme malade, ^tant connue,le m^decin dispose ces corps de la maniere la plus propre a faire recou- vrer a I'homme I'exercice de toutes ses facultes, a le rdtablir dans I'^tat de sant^. La pathologic des corps organises forme le com- plement de la connoissance de I'^conomle de ccs efres. Celul qui ne les ^tudle que dans I'etat de sante, ne les connoit que tres-im'parfaitement : je dis m^me plus; on ne pent connoitre avec exacti- tude leurs phenomenes physiologiques , qu'en les comparant aux ph^nomenes pathologlques. C'est surlout dans I'etat de maladie que Tobservatenr voit, avec ^lounenient, I'etre organist deployer les ressources nombreuses que I'auteur de la nature lui a donn^es, pour resister aux agens qui tendent a lui nuire. Les lois de I'economie organique , obscr- vees dans V^iAt de maladie, offrent d'autant plus d'inter^t,8ont d'autant plus piquantes a connoitre, qu'elles presentent des resuitats moins souvent ob- serves , pea connus encore, et qui s'^loignent plus ou moins de ceux que nous remarquons ordlnaire- ment. Un recueii bien fait de ces lois, redig^ en Corps organises. 187 style aphorlstlque, semit une veritable philosoplile pathologique. La pathologle a pour base i'observatlon; ses pre- miers ^l^mens sont prls de nos sensations : elle a Mais il est une erieur beaucoup plus r^elle que Danville partage avec tousles historiens,lcs voyageurs et les critiques modernes ; erreur qui nous (2) Gossel. g'iographie analysee , p. 8 et passim. (5) il/e//j. iJe I'ncad. des inscrlp. t. IX , p. 4 , G tt suiv. (4) M4m. sur I'^Egyp.-e , p. 62 cr suiv, (5) Voy. en Arable, I. I , p. Sg. Alexandrie. i^^i a ^(^ (ransmise paries auteurs grecs et latins (6} , que le savant Aboulfedha (7) lui-m^me , et Cheryf- Eddricy (8), ont ausu consignee dans let r g('o- grajihie. C'est I'oplnion g^neralement recue , et qui aidihue a A!exandie-le-grand la fondation de la vllle d:)nt il s'iigl(. Le savaut Saiute-Crolx n'ayant (oni;ui((^ que les auteurs que nous venons de citer, partage leur opinion; il place la fondation de cette ville a la 5."^' annee du regne d'Alexandre, c'est- a-diie, a la premiere de la CXIl.'"'= o!)mpiade, 882 ans avant I'ere vulgaire (g). Je crois pouvoir con- tester an concjuerant macedonien, une gloire qui ne liii appartient certainement pas : il n'est que le restaurateur d'un ville dont la fondation se perd dans I'occ^an des temps , mais qui , a. IVpoque de son apparntion sur la scene du monde qu'il cnsanglanta, etoit , a la verite, bien dc^chue de sa grandeur pre- miere, soit qu'elle ait et^ ravag^e par les Persans , comme le disent les historiens arabes , soit que Tin- vasion de ces etrangers ait fait a r.Egypte entiere une plaie qui n'etolt pas encore cicatrisee a I'ar- riv^e d'Alexandre: il n'en est pas moins vral que son architecte Dinocrates ou Dinochares n'a fait ^{WQ relever les mines de Raqoudah (10) , ville fa- meuse dans les anciennes annales de I'^Egypte. Une (6) Arrian. lib. Ill, c. I. Pint. V it. Alex. Diod. n.^ 52. Justin^ lib. XI , c. XII. Curt. lib. IV. (7) Descrip. a-gypt. p. 21, exedit. Jrab. lat. Micliaelis. (S) Geogr. Nub. p. 94. (9) Exam, critiq. des histor. d'Alexand. p. 7a. (10) Rakoti y et Rckote en agypiien. 1 9^ • . Hisioire. parelUe asserlion paroitrolt Iiasarclee, si elle nVtoit appuy^e sur le temolgnage authentique des auteurs oiicntaux les plus estlaies,et sur I'existence de plu- sieurs monumens qui se retrouvent encore dans les mines d'Alexandrle. Presqiie tous les auteurs arabes et persans (ii) , dignes de faire autorite, et qui ont parl^ d'^/- Eskenderjeh ou Alexandrle , s'accordent a la pre- senter commc une des plus arciennes et des plus grandes villes du monde. Avant Alexandre elle se nommoit Raqoudali (12), qu'on reconnoit aisement (m) Al-Maqryzy ^ cliap. ties villes c?e VATLgypte. Descn'pt. d'cl- Eskenderjeh , Ben-dyds , desrvipt. d'c'l-Eskenderyeh , p. 22 du inanuscrit No. SgS de la bibliotheqiie nalionale. (12) Al-Bdkoucy ^ p. 5o du Ketdb talkhys , etc., N.o 585, ar. de la bibl. nat. , atuibue la foiidation d'Alexaiidrie au premier Alexandre , le meme qu'Achek , fils de Scleukiis le grec , qui lit le tour de la tene, et qui construisit les murallles de Gog et de Ma- gog. Quelques-uns , dit-il , pretendent qu'elle fut batie par Alexandre , fils de Dara, fils d'une fiUe de Philippe; par Chedad , suivant d'aulres : mais il est certain qu'on y voit des batimens et des colonnes en pierres , anierieuis aux constructions d'Alexaiidre. « Enfin , I'auteur ano- « nyme de I'ouvrage turk , intitule : Flambeau de la mer Medi^ « terranee , oii Description de toutes les iles , cdtes , -villes , « depiiis le detroit de Gibraltar , jusfjua celui de Constan- « tinople , A'm positivement qu'Alekandrie est une ville fort ancienne, «-dont on ignore le fpndateur, Alexandre letablit cette ville qui etoit « ruinee , et lui donna son nom. >- Voyez la description de la cote d'Alexandrie , dans I'ouvrage que je viens de citer , Jequel a cte compose en turc, vers I'an de I'hegire 927 ( 1620), par un. neveu de Keiiial-reis , le plus grand amiral des Ottomans , qui vivoit sous le rcgne de Soleiman II. Je me suis servi de rexcelleiite tr.i- ducu'on francoise , faiie par Cardonne , et deposee a la biblioiheque nationale. Enfin , le Maqryzy attesfe rormellement ce fait dans deux thapitrcs de sa description g.eographicjue et poliiiefue de I'yiE- §XP^^ i '-^ t's"S celui intilule Etymologic du nom de I'AEgypta dans Alexan chie . 198 tlans Rhacotis (Tukuth;'), noin sous lequel les au- teurs grecs et latins deslgnent I'emplaccment choisi jKir Alexandre, pour y fonder, disent-Ils , la villa d'Alexandrie ; on le donna ensiiite a un quartier de cette ville oii ^toit situ^ le S(?rapeion , et con- sequemment la bibiiotheque. Les (i3) ra^mes auteurs nous repr^sentent Pviiacotis comme un village habite par des bergers et des pecheurs , et muni d'une gar- nison pour empOcher la descente des enneniis (14) ; mais les ruines de Palmyre, de Ba'albek, de Tcbehel- luinar ou Persepolis , celles d'Alexandrie menie , ofFrent- elles aujourd'hui un autre aspect que cellos et sa signification ; 2.0 dans la description d'Alexandrie. Dans le premier chapitre , il dit que ce furent les compagnons du grand pretre Qelymoum qui , sous le regne de Messraim , decouvriient les fiesors de I'AEgypte, explolterent les mines, poserent des talismans, ronstruisirent d'immenses edilices ot fonderent plusieiirs villes , parmi Icsqiidies on distingue Raqoudali, Laiie sur remplacenienl d'Alexandrie. Notre auteur dit dans I'autre chapitre , que « cette ville ful construite du temps de Messraim , etc. (i3) Strab. g4ogr. lib. XVII, p. 54?. Heliod. .4Lihiop. lib. I , c. II. Ci4) Le meme academicien , cite dans une note precedente, pretcnr} « qu'en choisissant Templacenient d'Alexandrie , Alexandre consulta V moins la salubrite du lieu que son heureuse situation ; ce qui la « rendit en peu de temps une des plus florissantes villes du monde. » On ne pent en effet revoquer en doute Tinsalubriti- dtj climat et du tfrritoire d'Alexandrie, qui a coutribue peut-etre, aurnnr que Its ravages •les eirangers, h la decadence de Raqoudah; il ne falloit pas moins que l«s vastes ruines de cette ville ot le souvenir de sa splendour passeo , pour prouver que ce site etoit susceptible de recevoii une nombreuse pi^pulation. J'ajoute memo que , d'apres les inconveniens de loute espece qu'il presentoit , il y auroit eu de Tinipnidpnce a vouloir y fonder une grande ville ; ou poavoit crhindre qu'elltf ne filt ja- mais iiabitee , ou qn'eile ne soit bientot di'-peuplee , si Ton n'eut ite rassure par I'expcrience du pass^. Tome Til, N 1 94 Hisfoire, de Raqoudali , dii temps d'Alexandre? Les uns pla- cent sa fondatioii sous le rol Messraim., fils de B(?ys- ser, fils de Noe ; les autres I'atliibuent a un tres-an- cien roi aiabe , nomm^ Ch^-dad, fils de A'ad , qui fit placer cclte inscription sur les niurallles : <« Moi , « Ch(?dad , fils de A'ad, j'ai commence? a batir cette « ville quand je n'avois pas encore un seul che- tf veu blanc , et que je ne cralgnois pas les appro- «< ches de la mort; j'ai accumule au fond de la mcr «c un tr^sor liaut de i3 coudees; on ne pourra Pen «c tirer qu'a la fin du monde, au jour de la deso- « lation de la terre , lorsque runlvers changera de «' face (i5). » Nous ne pr^tendons pas fixer I'^poqueou vlvoient Messra'im et Chcdiid ; I'liistoire les place dans les temps fabuleux des Arabes , sur lesquels nous n'a- vons nul renseignement : mais on ne pent revoquer en doute I'extieme antiquite et la r^alite des ^v^- nemens et des nionumens, qu'on fait remonter au temps des Pafriarches, ou que Ton attribue aux G^nies, Les memes auteurs attestent que « Raqou- « dah a €l6 batle et ruin^e plusieurs fois ; que cent «« dix ann^es solaires (i6) apres que Baklit Nassar «« ( ou Nabuchodonosor ) I'eut saccagee , ainsi que « Menf ( Memphis ), dutemps des Grecs Eskender (i5) L'^^/rycjy rapporte la menie inscription a vec quelques varlantes ; mais on y voit toujours que CheJad levendique pour lui-nienie la gloiro d'avoir fonde la villc dont il s'agit- (16) Le Maqryzy place rinvasion de Bdkht Nassar , et consequem- nient la ruine de Memphis et de Raqoudali , vers la 2356.^ aiinee apres le deluge, 16S4 ans avant la desUuclion du temple de Jeru- salem. Je donne ces dates pour ce qu'elles valent, sans pretendre mergager dans une discussion chiouologlque. Jllexandric* 195 »t ben Fillbous (Alexandre , fils de Philippe, sur- « nonime le concjuerant ) , le nieiTie qui vainqulfc « Diira (Darius) et qui i(^gna sur la Perse, la re- «« construislt a neuf , ct lui donna son nom ; il y ct f^tabdt le siege de I'Empire, qui avolt ete jus- .. qu'a'ors a Menf. » Ajoutons que les moniimcns charges d'hi^rogllpbes , et qui se trouvent encore au- jourd'liui dans les deconibres d'Alexandrie , attestent I'existt'nce d'une vUle bien ant^rieure a Alexandre (17). Personne n'ignore qu'avant I'arrivee du con- querant niacc^donlen , m^me avant le voyage du pc;e de I'hlstoire grecque en ^Egypte, ^in^eIlig^'nce de I'histoire ^acr^-e etolt absolunient perdiie. Est-11 pro- bable qu'Alexandrc alt fult sculpter dcs texles con- siderables de cette ^rrlture sur les moniunens de sa nouvelle ville? ce sont , nie dlra-t-on, les d^- poullles de quelques villes volslnes , et je n'ignore point que celles de INlenipbis ont contvibue a I'em- belllssement d'Alexandrie ; mais estil probable qu'on en ait tin? une ausr.l grande quant Ite de monumens charges d'hieroglyphcs , dont plusicurs ne paroissent pas nieme assez considerable? pour avoir ni(^rite \ti honneurs du transport ? Observons aussi que I'hlstoire du Phare, qui est incontestablement plus ancien que I'Alexandrie proprenient ditc, se lie Intlniement a celle de Raqoudah. Une vilic pour Jaquelie orj avoit ^lev(? un ])areil edifice, ne pouvoit e/re d'une ir.ediocvc importance. ()ne ce Pluire ait ele consiruit (17) Jo piiis g.irantir que res mom mens sont plus noirbrenx f|Ue I'oii ne le cioiioit, d^ipres !e rilc.'l tie Nortleu. N a 1 C)6 Ills Loire. pour favorlser la navigation , ou pour la surete de r.^gypte en g^u^ral , un edifice aussi immense pou- voit-il rester longtemps isol(? ? de quel droit met- troit on en question I'exlstence de la ville de Ra~ qoudah, aupres de laquelle il (^toltsltue? Ma^s sans d^Velopper icl tous les motifs qui devoient attirer des liabltans dans le voislnage, le si(e a du fixer I'at- tentlon des Pharaons , qui ont laiss^ tant de preuves de leur amour pour les arts, et de leur zele a en- courager I'lndustrle natlonale: Us ^tolent a la v^rit^ secondes par des sujets paisibles , sobres , indus- trieux , patlens , et meme entreprenans. Je sais que Strabon (18), et d'autres auteurs, nous repr^sentent les iEgyptiens comme renfermes dans leur propre pays,et comme ayant Typhon , c'est-a-dlre la mer, en horreur. Mais si je ne craignols de m'engager dansunelongue discussion , oii 11 faudroit ^tablir un ordre cbronologlque et discuter les texles, 11 ne me serolt pas Impossible de soutenlr que les ^Egyptiens rlvaliserent les Phtenlciens pour le commerce (19), le docte Huet (20) nous les reprdsente les uns et les autres comme les plus anciens navlgateurs du monde. Les ^Egyptiens s'^tolent empares du com- merce de rOrient par la mer Rouge, ou lis pe- u^troient par le moyen du canal de Suez j les autres , (.8) Strab, gtogr. lib. XVII. (19) Hist, du com. et de la navig. des anciens , p. ia. (20) Le savant que nous venons de citei • auroit pu ajouter , d'apres H^rodoie, que les AEgyptiens fouinirent a I'armt'e de Xerxes deux cents vaisseaux. Herod, trad, du C. Larch, t. V,p. 61. Acette epoque les AEgyptiens etoient deja bien dechus de leur grandeur premiere. AJexandiic. \ 97 f]e celui de fou(e Ja Mc'dlterrance , ft lis entrele- nolent aussi des correspondances avec I'Orient , mais I'/Egypte n'en ^toit pas moins I'enfiepot des mar- chandises du monde connu. Le port le plus avan- tagcusement sltue, pour ne pas dire le soul qu'ofFre I'.i^gyple pour iin parell commerce, c'est incontes- tablement celul que nous connoissons malntenant sous le noin d'Alexandrie. Pent- on imaginer que Ics TEgypliens si actlfs alors , si industrieux , assez har- dis pour entreprendre de joindre les deux mers, assez opiniatres pour ex^cuter ce canal de commu- nication , dont la possibilUd a ^le contesli^e de nos jours (21); peut-on imaginer qu'un pareil peuple aura meconuu (oiite I'opportnnit^ d'un paicil empla- cement , jusqu'a ce qu'un conqu^rant etranger leur enseigna le parti qu'ils en pouv^oient tirer^ et Jcur crea un port qui, ma'iheureusement , devoit leur elre cliaque jour rnoins utile? Je n'ignore pas que, merae sous la domination des Grccs , I'/Egyple vlt encore lulre pour elle quclques beaux jours; raais quVtoient-lIs en comparaison de sa splendeur sous les regnes des Pharaons , ^poque(22}ou ils creerent rt acoumulcrent plus de nionumens, que les ennemis des sciences et des arts n'ont pu en delruire pendant pres de vingt siecles. (21) L.e Maqryzy nous a doniu- riiisioire fort cirronsranciec de ce canal, que j'ai tianscrite et Iradulte en entier; die est fort loneuc On y veil que ce canal a cle cieuse ti mie e'poque qui se perd dans la nuit des temps , qu'on a ete oblige plusieuis fois de le lepaier, et qu'il n'a ele absolument comble qu'en I'annee de I'liegiie 146 ( et 762 de I'ere vulgaiie). (32) Cette ('poqne est certaineineut plus aucienne, et a duie plus N 3 198 H/sIoiiv. Pour donner une id^e de I'immenslf^ de cette ville , les aufems arabes disent qii'elle en foimoife trols avec autant d'eticeintes et sept foss(^s. Sa cons- truction a dur^e 3oo ans , elle a et^ florissante pen- dant un ^gal nombre d'ann^es , et sa decadence a dure autant ; ils pretendent que depulsles sables de Rossette jusqu'a Barqah, c'est-a-dire dans I'^tendue d'environ 400 lleues, le pays^(oithabit{? et si soignen- sement cullive, que les voyageurs inarchoient con- tlnuellenient au milieu des habitations, et a I'om- bre des ai bres qui les prolegeoient contre les rayons du soleil , et leur fournissoient des fruits pour leu nourriture ,. de nianitre qu'ils n'avolent pas besoin de se charger de provisions. 11 n'y a pas de pays au monde ou les hommes vivent plus longtemps , que depuis Mcfryoutli jusqu'a Alexandrie, a cause du voisinage de la nier qui tempere I'exces de la cba- ]eur ; le vent du matin adoucit la fraich^ur de la mer. Les habifans d'Alexandrie passent pour ^tre d'une avarice extreme 5 ce defaut a, de tons les temps, caracteris^ les liabitans des villes commercantes.... Mais ne nous ecartons pas plus longtemps de la ville qui fait I'objet de cette notice. Quand Ale- xandre eut relev^ les ruines de Raqoudah, il trans- f^ra de Memphis dans cette ville nouvellement re- construlte , a laquelle il donna son nom , le si^ge longtemps qu'on ne se I'Iniaglre. Siiivant Ileroclotc , la rivilisation clt\s AEgypticns doit lonioiuer a 19 mille ans avaiit J. C. Sulvant le Ma- <|ryzy , la fondatlon du temple d'Eklimym date de plus de 5oooo ; antiqulle qui sfmble eire aitestee par I<;s prodigieiix monunieii.s de I'AF.gypte , pays bien nouvellement Iiabite cependant, ea comparaison de I'lude et du Thiber. Alexandrle. igj de I'Kmpire, iqui y resta jusqu'a ce que I'i^gypte siiblt Ic joiig des Musulmans. A cctte epoque la- mentable , Alexandile n'avolt pas encore perdu toule sa splendeur , pulsqu'elle rcnfermoU encore ooo mll!e homnies susccptlbles d'eire rachetes a raison de 2 dynars par tete , dc manlere que la djczyeJi (23) se rnonta a 600 mllle dynars (24). Non content d'a- voir ainsi ruind les habitans d'Alexandrle, A'nirou ayant construit Fosthath , pres le fort de la Bougie , en fit la capitale de I'^gypte; inais, peu de temps apres, Bjaiiher lui substltua le Caire ; cnfln le sul- than Ssalahh ed-dyn-ben-Ayoub ayant elev^ aupres de cette ville le chaieau de la Montague, il y tta- blit le si^ge du gouvernement. Ce chateau ctoit en- core le chef-Fieu de toute I'^Egypte, a I'epoque de ,1'exp^dltion de Bonaparte. A la suite de ces recherches sur Raqoudah ct Alexandrie , il ne me reste plus qu'a presenter un precis de celles que j'al failes sur les prIncipauK monumens de ces deux villes successis'cs ; j'indique- rai , autant qu'il me sera possible , ceux qui out ap- parlenu a la ville primitive ou a la scconde , sans oser pourtant pr(^tendre a une exactitude rigoureuse, les auteurs arabes d'apres lesquels je tra^aille, et Jes seuls que je veuille consulfer, n'ayant pas tou- jours la clarl^ et la precision necessaire : comme il ne me sera pas possible de fixer I'epoque ou furent (23) La taxe de guPrre, ou le rachat des^ vainrus infideles. (24) Le dynar peut etie evalue 12 i i5 francs, ct niLnie davan- la^e ; ce qui tail six a sept millions que les habiiaus chrcliens- id'Alexandrie payerent pour avoir la vie sauve. N 4 2.00 Histoire. fondes pluslenrs des monumens dont je vals pavler , je ne les placeiai done pas dans cette notice, d'a- pres I'ordre chronologique qu'il m'est impossible d'etablir , mais d'apres leur importance; on ne sera pas ^tonne que je commence par les ^tablissemens litt^raires. Jedonnerai, dans le premier niimero,iine notice sur la bibliotheque d'Alexandrie. S T E N O G R A P H I E. EleMENs dhine Tjpo graphic qui reduii an tiers celle en his age ^ et d'une Ecritnre fjui gagne pres des trois quarts sur l^ecri- ture Jrancoise j Vune et P autre applica- hles a toutes les langues , conservant tous les principes grammaticaux , et les ri" chesses de celles qui s^impriment en. ca- ractere romain y et se rendent par Fecri- ture nsitee en France } Jondees sur des principes simples et Jaciles a saisir j dc- montrees par des regies claires et pre- cises y dont on peut y en moins dUin jour y acqucrir une parjaite theorie } quHl est aise d\ipprendre en tres-peu de temps y et dont VexercLCe mettra une main ha- Sjrstcme de Front. 2Ci hlJe en etat dc suivre la parole d'l/n ora- leur ; avec cette Epigraplie de BacON : « Avant de commencpr une chose difficile, noas la regar- «. dons conime impossible: quand elle est achevee, nous « sommes surpris de ne I'avoir pas faita plus tot ; » Et la merne pens7 o graph ie . En ralson dcs clivers avantages de la nouvellc (y- pographie ou ^criture sur les autres Inventions de ce genre , et pour les exprltner tons dans un mot univoque , comnie tres-sf/rc'V , Xxh%-rapide , et parce qu'elle rend tout ^ je nomnierois volontlers cette science PasisienotcuJijgraphJe (4}. Les decouvertes et inventions multipli^es et les plus utiles , faites de nos jours dans les sciences et dans les arts, dans la m^decine, la chimie, la phy- sique , la m(5canique , etc. , me rappellent un beau passage de Ciceron , qui ne terminera pas mal cet ex trait. Dans son Trait & des offices j ce philo- sophe religieux et sublime , qui veut prouver que notre ame a en elle un principe divin , et qui la con- sidere du cote des connoissances et de I'invention des arts ; apres avoir parl^ de cette puissance en nous-memes 5 qui recherche ce qui est cachd , qui invente et qui Imagine; apres avoir rappel^ I'inven- tion de I'alphabet , la science de I'astronomie , la structure de la sphere par Archimede , et quelques autres Inventions de ce genre, s'ecrle avec transport: «• Qu'y a t-il done de reellement divin? c'est chez " I'homme Taction , la raison , la pens^e , la xae- «< moire : tels sont les attrlbuts de I'ame. Elle est «• done divine ? et si j'osois m'exprimer podtiquemeiit " cpmme Euriplde, je dirois que Tame est un DiEU. » Oh ! si cet orateur sublime dont Fame sensible , dont I'imagination ardente , dont I'^loquence toule (4) Des mots gvecs ?'Sv(^ serre , to''X^ j prompt , el TfUS tout, ou entier. Sjsteme de Profit. 1 1 r tie feu ne (roiivolent pas asscz d'exprcsslons en vers ces genies invenlifs et bientaiteurs du genre hunialn, eut vt^cu parmi nous, (ju'eut-il pense, qu'cnt-il dlt, de quel sentiment d*admIration et de reconnoissance n'eut-il pas ^l^ p^n(?tre , si, de nos jours, il eut vu les aveiigles- n^s et les sourds - muets rendus a la societe, aux sciences et aux arts; le prodlge de I'e- lectricit^ et celui de Taeroslation ; s'il eut vu noire telegraphic au point oil eile s'est perfcctionnee (5), ]a pasigraphie, et enfin la nouvelle typographic du C. Front , qui doit prendre rang entre toutes ccs inventions admirables de I'esprit humain? Je n'ajoute plus qu'un mot: Ce nouvel Hermes est un pere de famllle estimable sous tous les rapports, qui , depuis des anuses, a sacrifie son temps, ^puis^ sa sante et la plus grande parlie de sa tortinie pour parvenir a r^aliser le fruit de ses rcchcrchcs et de son travail. En Angleterre, plus d'une socletc l!t(e- raire et bienfaisante se fut empressee de conlribuer a une telle entreprise ; ou les savantes presses de I'universite d'Oxfort, ( comme il lui arrive souvent , ) se seroient fait.lionncur d'imprimer a ses frais , au benefice de I'auleur et de ses enfaus ,cet ouvrage qui , (5) Peu fie personnes ignorent que la science flu tclogiaphe n'est point une invcuiion nouvelle , mais qui existoit il y a environ deux milie aiis. Polj be , dans son exceilenie histoire , si instructive pour la coniioissance des arts en usage alors, parle de I'ait de se parler au loin , connu et etabli chcz les Grecs. II en dtcrit la niel.'iode simple et facile, avec plusieurs de ses dlfferens signes. Celte tolcgiaphie oubhVe et perdue, fut encore recrete , ainsi que la sienographie , chcz les Anglols , en i557 , par le fils de rcvcquc de Baih ; et , en 1641 , par i 'iveque de Cliesier. O 2, JJ2 Stmographlc. en France , fera epoque dans I'hisloire des sciences et des IcUres. PriretconmonsdcsAiffctenslpafierselformatB.elc. Outre les 47 planches d'exemples .enferm^es dansce m#me ouvrage, il con.ient des moU et s.gnes d«acWs, fai.s a la plume , dans 38 pages; le tout sans renvo. , chaqueplanche,n>o., ou signe ^tant a la pUce nu'occperoit le caracteve mobile ; ce qu. n a pu se faire que par de grands sacrifices. Le prix de chaque exemplaire, en y,apier .^Un , est de 36 rancs, H en a M ini un Iris-petit uombre d\xempUnres m-^. en papier relin , grand for.u,t , dans lesquels tons les cxemples, mots et signes de.acWs seront fa.ts a la plume, et dont le prix de chaque exempla.re est de7. francs. II seraajoute a chacun des d.vers pr,x, un franc pour le port dans les d^parlemens ; et , en outre , 12 francs par les personnes qui , dans le format i„-8.' , pr.:-faeroient aux planches la plume pour le^s caracteres nouveaux: en faisant,ainsi que pour 1 m-4. , la demande de I'ouvrage au moins hu.t ,ours d a- vance , et en affranchissant les lettres et 1 argent. MELANGES. (EurRES posthnmes de d'Alembert } 2 volumes in-12, chez Charles Poiif^ens ^ imprimeur-librairc , qnai de Voltaire, n." 10. wN a assez souvent observe? que les ^dheurs d'oeu- vres poslhumes avoient plus nui aux auteurs dont ils ramassoient les moindres phrases, qu'ils n'avoient aiouf^ a Icur reputation. On verse sur ]e public , indislinctenient, sans cboix et sans gout, un porle- fcuille dont I'auteur n'avoit ose laisser ^chapper ce que son amour-propre jui avoit defendu deniontrer, et on m^le a des ouvrages qui lui avoient donn(? wn rang distingue dans la r^publique des leltres , des essais iraparfaits , des morccaux n^gllg^s , qui ne peuvent que diminuer sa celcbrite ; ces ni^ianges condulsent a des comparaisons qui affoiblisscnt pres- que toujours I'effet qu'avolent prodult \les produc- tions eslimees a juste tilre: c'est ce qui e^t arrive a Saint-Ex'rcmonl , a Saii-t-Rcal jhi Lamotle , a Fon- tsnelle , et , de nos jours , a 'Nivernois , a Diderot , et a tant d'autrcs. Ces rainas indigestes , ces collec- tions informes ne sont souvent que les spt'culations de I'int^r^t. Ces reflexions ne nous sont pas pr^ci- s^ment sugg^rees par le recueii que nous annoncnns, pulsque le plus grand nombre des pieces qui sont de d'Alembert , etoient deja conmies, et qu'un plus O 3 2 1 4 Melanges, grand nonil^re encore n'intC^ressent pas la m^molre de celiii sous le nom diiqiiel elles j)aroissen( ; nous devons Ic regarder coinme la dette de ramlli^*, a la- qurl'c on ne pcut (ju'applaudir. Le C Poiigens,en publiant ce qui lui a ^i^ confie , auroit cependant pu se dispenser d'y r^unir les synonlmes et les mor- ceaux de litterature que d'Alembert avoit ins^r^s dans I'EncycIop^dle , et se conlenter de ce qui avoit e(^ in^dit et ce qui devolt convaincre les sceptiques dcs qualite^ du coeur de ce philosophe , plus recom- mandable par son humanite , que celebre par ses connoissances en (out genre. Nous avons H6 t^moins de son empressement a etre utile a ceux qui avolent recouis a son active bienfaisance ; nousl'avons nous- memes sollicU^ en faveur de jeunes talens qui avolent bcsoin d'encourageiKcnt , et nous sommes autant poil^s que I'editeur a rendre justice a son obligeance empressee , a sa sensibility compatlssante , et a ad- mirer le soln avec lequel il cherihoit a eviter les ^panchemens de la reconnoissance , lorsqu'Il adroit pu rendre quelque service. Le C. Pougens ne nous ddmenlira certalnrment pas. Nous allons nous borner a falre connoifre ce qui est essendellement de d'Alembert, et nouscommen- cerons par ce qu'il dit de lul-menie; II va tenir le pinceau. « Le caractere principal de son espiit, est « la nettete et la ju^tesse ; il a apport^ , dans I'^lude « de la haute geoni^trie, quelque laLent , et beaucoup «« de facility; celte faclJi((^ lui a laiss^ le temps de «« cuUiver encore les belles-lettres avec qMelque> suc- M ces j son style serre , clair et precis , ordinairement (Eiivres posiJinmcs de^ cVAlcuihcrt. n 1 5 •• facile, sans pr(?(cntion quoicjue cliatic?, quelque- « ibis un pen sec, niais jamais de mauvals gout, " a plus d'energle que de chaleiir , plus dc justesse " que d'luiaglnation, plus de noblesse que de grace. " Livr^ au travail et a la retraUe jusqu'a j'age de •« ving(-cinq ans , 11 n'est entr^ dans je monde que « fort tard , et ne s'y est jamais beaucoup plu ; ja- " mais 11 n'a su se pller a en ajjprendre les usages et " la langue, et peut etre met-il unc sorte de vanity " assez petite ales ni^priser: il n'est cependant ja- " mals inipoli ^ parce qu'il n'est ul grossier ni durj « mais il est quelquefois incivil par inattention « ou par ignorance, aussi le fond de son caractere •• est une franchise et une v^rit^ un peu brutes, •< mais jamais choquantes : impatient et colere jus- •« qua la violence, tout ce qui le contrarie , lout ce «« qui Je blesse , fait sur lui une impression vive u dont 11 n'est pas le maitre, mais qui se dissipe en " s'exprimant ; au fond, il est tres-doux, tres-ais^ " a virre, plus complaisant meme qu'il ne Je pa- « roit, et assez facile a gouverner , pourvu qu'il ne «. s'apercoive pas qu'on en a I'lntenlion , car soi> «• amour pour I'indc^pendance va jusqu'au fanatisme. - Qutlques personnes le crolent lu^cbant, parce •• qu'il se moque sans scrupule des sols a pretcu- «• tion qui Pennulent ; mais, si c'cst un mal , c'est " tout ceJui qu'il est capable de falre , et il seroit « au desespoir de penser que quelqu'un fut malheu- •e reux par lui , m^me parmi ceux qui out cherch^ « le plus a lui nuire. L'exp^rience et I'exempie dcs « autres lui ont appris qu'il faut se defier des- 04 2 1 6 Melanges, - lionimes , raais son extrf-nie franchise ne liil per- if met pas de se d^fier d'aucuns en particulier ; il « ne peut se persuader qu'on le trornpe, et ce d^- « faut en produit chez liii iin autre, c'est d'etre Irop " als^ment susceptible des impressions qu'on veut " lui donner. Sans famllle, sans liens d'aucune es- « pece , absnclonn^ de tres- bonne heure a lui- « rneme , n^ , par bonheur pour lui , avec quelques «« (alens et pen de passions , il a trouv^ dans I'e- " lude et dans sa galete naturelle une ressource •« oontre le delaissement oil il ^toit. Comme il ne « doit rien qu'a lui-m^me et a la nature, il ignore «« la bassesse , le manege, Part si n^cessaire de ftiire " sa cour pour arriver a la fortune. On le croit vain , " mais il n'est que fier et ind(^pendant j personne " n'est moins jaloux des lalens et des succes des " autres, et n'y applaudit plus volontiers , pourvu " qu'il n'y voie ni charlatanerie ni pr^somption n choquante, car alors il devient severe, caustique, «• et peut-^tre quelquefois injuste : quoique sa va- » nite ne soit pas aussi excessive qu'on le croit , elle «' n'est pas non plus insensible , elle est nieme tres- " sensible au premier moment, soit ace qui la flatte, « soit a ce qui la blesse, mais le second moment et «. la reflexion remettent bientot son ame a sa place. « Son principe est qu'uu homme de lettres qui veut « fonder son nom sur des monumens durables, doit " etre fort at'entif a ce qu'il ^crit , assez a ce qu'il « fait, et mt'diocrement a ce qu'il dit. M. d'Alem- <« bert conforme sa conduite a ce principe ; il dit « beaucoup de soltises, n'en €crit gueres, et ii'en (Enures post Jut mcs fie cVAJemhert. 2 1 7 " fait point; personne ne porle plu- sophie : « Vous eles plus raisonnable que je ne " croyois ; mais Racine a-t-il toute votre eslime ? « n'en gardez-vous point pour les autres? LA PhiLOSOPHIE. " Je pense que Corneille est moins pur, moins " correct , moins elegant que Racine ; mais je pense " que, quand il fait blen les vers, personne ne les " fait mieux que lui. Je pense que Afo/Ze^re a, dans " ses vers, une quality dont 6n ne lui tient pas «« assez de compte, c'est d'etre celui de nos dcri- " vains oii I'on trouve le plus la vraie langue fran- «« coise J les tours et la maniere qui lui sont pro- «' pres ; que les ouvrages de Despreaux sont le code ■< du bou gofit ; que La Fontaine a donne a la " langue un tour naif et original ; et qu'enfin Qiii- " naiiJt est non - seulement le plus naturel et le «' plus tendre de nos poetes , mais le plus pur et " le plus correct de ^ow5. Apres cela, faites-moi «« dire , si vous I'osez , que nos bons poetes ne mt^- « ritent pas d'etre lus. LA Poesie. *«' Je vois qu'on m'avolt donne une tres-injuste (Envies pos/Jintncs cle (V AlenihcH. 221 «< opinion de vous , vous me paroissez clans les bons " piincipes, et je suls prete a signer tout ce que «• vousvenez de me dire. LA PhILOSOPHIE. " Et pourquol la po^sie et la ptiilosophl? serolent- .. elles mal ensemble? les premiers philosopbes ont « H^ poetes. Horace est le br^viaire des phlloso- .. phes ; Moliere , par sa connoissance des hommes .. et du coeur humain , Corneille , par la force dii " ralsonnement , etolent ou grands philosopbes ou " fails pour I'^tre. Celui qui nous a donne la meil- « leure po^tique est un des plus grands philosopbes .. de I'antiquit^. Les vers du Vugde de nos jours << sont remplls d'une philosopbie aussi soiide qu'a- .' gu^ible. Je sais que Pascal a dit qu'il n'y avoit << point de beaut^ po^tique ; j'en suis fachee pour « I'honneur de ce grand genie. Vous voyez que je - vous abandonne,de bonne grace, les phl'tosopbes • qui ont eu des torts r^els avec vous; abandonnez- •< moi de m^rae les mauvais poetes: apres cetle .. explication , si vous n'etes pas contente de ce «« que je pense de vous, votre amour-propre est « bien difficile. " On a insure dans le premier volume, une cri- tique du discours prcHiminaire de P Encyclopedic , qui avoit et^ imprim^e dans le Journal des Savans , contrefait en Hollande ; elle est d'un m^tapbysicien exerc^, qui trouve que I'auteur de ce discours n'a que des notions l^geres de cette science, qu'il n'a pas rendu a Descartes la justice que les sciences , i 222 Melanges » lui doivcnt, qu'il se contredit sur ce qu'il dlt de I^ewton, de Locke, de Mallebianche, de Leibnitz. ]1 ractuse de iie voir, dan5 la metaphysique , que la phjsique e.vpcrimeniale de Came , et il combat cette assertion d'line nianiere satisfaisante, en mon- trant quels sont les objets propres de cette science, consider^s, dans leurs rapports innombrables, avec notie existence, soit morale, soit physique. Les notes de d'Alembert, en reponse a cette critique, ne nous paroissent d^truire qu'imparfaitement les objections qu'on lui fait. Un essai sur les gens da letlves , qu'on avoit la dans les melanges de philosophie, avoit excite une grande fermentation dans cette rdpublique d'inde- pendans et d'tgoistes; d'Alembert y avoit montre des preventions qui ne s'accordoient giieres avec rimpartialite dont il se vantoit , et un peu d'hu- meiir meme , qui en donna beaucoup a ceux qui, dans unc classe dlstingu^e, avoient des pretentions an bel esprit. Get ouvrage , dans lequel il y a de la philosophie et de la verite, lui fit des ennemis qui parvinrent a lui faire refuser des graces aux- quelles il avoit droit de pretendre. Le philosophe Eous paroit plus Impartial dans le jugement qu'il porte sur la Noxivelle Helo'ise et sur Emile : dans le premier ouvrage, « ce n'est plus, dit-i!,une na- «« ture gigantesque et imaglnaire, comme dans les " autres livres de Rousseau , c'est la nature elle- «« meme, telle qu'elle est, a la veiit^, dans des « ames tout a la fois tendres et elevees , fortes ft et sensibles J mais je crois que le m^lle de cc CEnvres posthumes de cVAlemhert. 2i3 « roman ne peut C'tre blen senti que par des pcr- M somics qui alent aime avec autant de passion que '• de tendresse, peut-etre memc par des personnes " dont le coeur solt actuclleinent pen^trc d'une " passion profonde , heureuse ou malheureuse. Uti «. a dit que toutes les lettrcs de ce roman sont du .. meine ton, je n*ai point senti ce d^faut : les « lettres de Tamant me paroissent plelnes de cha- " Icur et de force , celles de Julie , de tendresse et " de raison; cependant , il y en a quelques-unes « oil elle me semble manquer de reserve et de mo- <« destie.A I'egard des lettres de Claire , de IP^oImar •• et d^Edouard J je ne concols pas comment on peut •« les trouver du meme ton que celles des deux per- <• sonnages principaux. Les episodes, les accessoires " ([ue I'autcur a seme dans son ouvrage , paroi- «■ trolent refroidir un pen le roman; cependant Tin- «« t(^ret de la passion m'a paru si vif , que peut-^tre, « rauroit-il ^t^ jusqu'a me faire plus de mal que " de plaislr,s'il etoit soutenu et sans interruption. " Peut-etre pourroit-on reprocher a Rousseau de " n'avoir pas mis assez de variety dans le genre « d'iut^r^t qu'il inspire , c'est toujours Texpresslon «. d'un sentiment vif et violent; mals, en verite , « c'est la reflexion qui m'a fait trouver quelque " cliose a desirer a la maniere dont j'etols affect^, " car j'etois tellement occup^, que je ne m'aperce- " vols pas qu'Il nianquolt un peu de gradation et <■ de vailetc* a mon plaisir, pour ^tre parfait. Le .. style est plcln de vc^rlte, de naturel, de clart^, '« dc cbaleur et de force. II y a quelques pages 224 Melanges* ** de mauvais gout ^t quelques jugemens qui tlen- «t nent aux opinions cle I'auteur, »■ Emlle,est auxyeux de d'Alembert , plein dYclairs et de fum<5e, de clialeur et de details pu^rils , de lumicre et de contradiction, de logique et d'ecartsj en milleendioits, I'ouvrage d'un ecrivain dn premier ordre, et , dans quelques-uns , celul d'un enfant. La philosophic de I'auteur est plus dans son ame que dans sa tete ; quand il ne veut que raisonner , 11 est quelquefois conimun , souvent sophiste, et de temps en temps obscur; quand son objet l'd aoit excellent construeteur ; son va.sseau la hcoire a et^ admir.5 par tons les gens de 1 art. 11 ne reussit pas ^galement dans la construct.on des vaisseaux le PluWn , VHercule , le Scipion . qu on fut oblige de souffler. Get homrae c<>lebre menle qn'on le fasse connoitre plus particuherement. Nonvelles lUteiaires. ^33 Let tics ^inedltes de LiNNEUS et dc Rousseau, '/^ -^'y^ Nous avons parle clans notre dernier numero , en rendant comple cle la seance piiblique du Lyc^e de Grenoble, de deux leKres In^diies de Linneus et de Rousseau. Voici ces lettres que le C. Beriiat a bien voulu nous communlquer (i) : Let tie de LiNNEUS. Vim docti'ssimo domino Gabrieli Capucino aqua- sexliensi. , Viro sapicnli et venerando domino Gabriel!. S. PI. D. O. Liun?eus eques. LItteras nuper accepi per illustrem amicum DD. Sauvageslum aetatis nostrae ocellum cruditionis ; te, vlr doctissime , Florae in ampJexus quotidie haerere , flores ejus dulcissimos legere , qui omnlpotentls glo- riam contlnuo incukant. Cum autem invidla procul sit a florae amasils , te supplex oro, mittas ad me, data occasione , ranunculum rarloris plantae aut se- men ullum , quo ego reniotissimus ab aedibus pro- prils sub gelido arcto iaterdum intuear tuas -fi^li- (i) Siiprii , f 1 1 5. ^34 Noiwelles lltteraires^ clores dellclas. SI nequeam mutua reddere, par pari referre , non tamen i]esis(am grata mente venerare benefactorem. Si me litteris beaie velis eili inscripf io : Societati regiae scientlarum a Upsal. Tu poteris legere omnes amablles floies beall Toiirneforlll , tu poteris' quotidie invlsere riipem VInctnti tot raris floribu*. divifem. Vir mei memor. Dabam Upsallse , i/SS, D. 6 julii. Let tie de RoussEAU, A monsieur Liotard{i)j le neveu ^ heihorisie ^ a Grenoble, Bourgoin, le 7 novembie 1768. J'al recu , monsieur y les deux lettres que vous m'avez fait I'amltie de m'^crire ; je n'al point fait de r^ponse a la premiere, parce qu'elle ^toit une r^- ponse elle-meme et qu'elle n'en exigeolt pas. Je vous envoie ci-joint le catalogue qui ^toit avec la seconde, et sur lequel j'al marqu^ les plautes que je serais bien aise d'avoir. Les denominations de plusieurs d'cntr'elles ne sont pas exactes ou du moins ne sont pas dans mon Species de I'^dition de 1762. Vous m'obligerez de vouloir bien les y rapporter avec le secours de M. Clappier, que je remercle et que je salue. J'accepte I'olFre de quelques mousses que vous voulez bien y joindre , pourvu que vous ayez la bont(i d'y mettre aussi tres-exactement les noms , car je serois peut-^tre fort embarrasse pour les determiner (0 Yoyez une notice sur Liotaid, anuee lY, t. II, p. 5.o4. NouvcIIes Uttemires. ^35 Sans le srcoiirs de nion Dllieulus que jc n'al plus. A IVgard du pilx, je ]e reglerols de bon coeur , si je pouvols nVcou'er que la lib^ralit^ que j'y voudrois nieltre; iiials ina sifuatlon nie foicant de nic borner en toutes choses aux prlx communs , je vous prie de vouloir blen r6j]cr cclui-la dc fncon que vous y trouviez honnt'temeiit voire com])le,sans oublier de jolndie a cette note celle des ports et autre* menus IVais qui doivent vous etre rembours^s ; et , conime je n'ai ancune correspondance a G-renoble , je vous cnverrai le raontant par le courrier , a moins que vous ne m'lndiqiiiez quelqu'autre vole. L'ofFre de venir vous-meme est obllgeante, mais je ne I'ac- cepte pas, attendu que je n'en pourrois profiter, qu'il ne fait plus le temps d'herboriser , et que je ne suis pas en (?tat de sorllr pour cela. Portez-vous bien , niou cher M. Liotard ; je vous salue'de tout nion coeur. Signd Rendu (i). Pourrlez-vous me dire si le -pistacia tJierebinthus et Vosiris alba croissent aupres de Grenoble ? Je crois avoir trouv^ I'un et I'autreau dessus de la Bas- tille (2) 5 mais je n'en suis pas sur. (i) C'etoit le nom sous lequel Rousseau se dt'gulsoir. (2) Montagne aupres de laquelle Grenoble est situe. 236 Noiwclles 111 ter aires. Bihllolhcqiie dii C. MlLLt. On commencera a vcntlre a Pavis, le 2 venJer miaire de I'an o , la belle bihliotlieqiie du C. de Milly, homine de loi ; cette vente durera 27 joins. l,e catalogue, tres-bien fait et tres-bien impiini^, termlne par la table des auteurs , se troiive a Paris, chez Jeannet , llbrairc an palaii de Justice, et chez Fauvelle et Sagnier , rue Pavt'c Saint-Andre. I! a e;e j-edigd avec soin par Its CC. Jeannet et Charllou , Jibraires. Le C. Jeannet est connu par im recueil d'hymnes latins, intituld Uym/ii noi^i , dont il y .a cu deux editions a Paris. On doit au C. Cliaillou una notice bien faite qui se tronve a la tete de ce ca- talogue, et qui contient des details biographiques sur diffe'rens bibliophiles niorts a Paris dcpuis yn an ; savoir : I'abbe Mercier de Saint Leger ; de Milly , liomme de loi ; Beaucousln , avocat ( i); et Tabbd Cap- martin de Chaupy. Les livves de ces deux demiers. ont el6 vendus, et les catalogues de leurs bibliolhe- ques ont dte Imprimes. .,^ ... S//r Etienne Montgolfier, Les amis des sciences et des arts, et de toutes les vertus publiques et privt'es, ont a plcurer, dans- ce moment, la perte d'Elie/i/ie Montgolfier, assocl^ ede en- core, qu'il fit cette brillante decouverle , dont les autres nafions furent si jaloiises; emblerre et pro- duit du genie , moyen pr^cieux et nouveau d'ac- croitre encore la puissance de I'homme, et d'agran- dir le ctrcle de ses connoissanceb. D'auti es ont pii ou pourront employer , pour les aerostats, des gaz plus lagers que lair atniosph^- rlque , Scins,pour cela , Inventer autre chose qu'une nouvelle niethode applicable a une decouverte d^ja •falte. Cette decouverte brillante donna lieu d'abord a quelques experiences dont on se ressouvierit encore, et qui n'avoient rien de commun avec toutes celles qui,de nos jours, n'ont ^t^ que de vains spectacles; iwais le genie des inventeurs ne put se plier a la mesqulnerle du gouvernenaent d'alors,qui seul pou- voit en faire les frais, et ils se virent forces de les abandonner, sans avoir pu essayer ni les moyens de direction , qui leur sembloient devoir naitre du principe meme de leur decouverte, ni I'application de ce principe a une fonle de theories qu'ils ju- geolent devoir etre perfectionn^es par lui. 11 est inutile de reniarqucr que les freres Mont- golfier ne recurent de I'anclen gouverneinent d'au- tre recompense que quelques uns de ces pu^iils ho- Noiwelles Utteraires, s3g diets que la r(:^voliition a restitues a leur n^ant, et qu'apres avoir consume en experiences une grande partle de leur fortune, lis ne purent pas meme obtenir les moyens de les contlnuer , seule chose qu'Ils ambltlonnasscnt. Get abandon les sulvit jus- ques sous la r^publlque, et il y fut peut-elre encore plus injuste. La victolre de Fleurus elle-m^me, si favorisee par ['usage inuslte de I'a^rostat , ne les arracha point a cet oubll , et lis ne furent pas mf^me consultes par ceux qui avoient concu I'idce dc faire servir , a la d(?fense de la nation francolse , une d^couverte qui deja I'avolt honor^e. Eticnne Montgolfier dut pourfant a sa gloire , un avantage dont il etoit , plus qu'aucun autre, digne de scntir tout le prix ; il fut recherche, avec empressement , d'abord a cause d'elle, et blentot a cause de lul, par tout ce que la France poss^dolt alors d'hommes recommandables dans tous les genres de merite. II obtint de plusieurs d'entr'eux cette amiti(?, qui seule pouvoit recompenser le genie. Le V^nc^rable Maleshcrbes , son infortun^e famiile, le vertueux La Rochefoucault , le savant et malheu- reux Lavoisier, etc., se placerent parmi ses plus tendres amis, s'honorerent d'en porlcr le titre, et lui vouerent une estime que MonlgoHier merita fou- Jours. II etolt impossible, en effet, d'etre mellleur sous tous les rapports, d'etre plus modeste, plus simple , de poss(:^der une ame plus pure , d'/7-t? Corneille , in- tltul^e le Charme de la /^o/.r. Cesu jet pretoit beau- coup au musicien; et les invraiserablances de I'in- trlgue sont compens^es par une musique charmante, qui en a fait le suc<;es. Delfort J passlonn^ pour la musique, est devenii amoureux fou A'Ernance ^ pour I'avolr entendue chanter ; et , quoiqu'il ne I'ait jamais vue , parce gu'un tuteur jaloux , qui veut I'epouser, la cache aux yeux de tout le monde, 11 la prefere a Cephise, sa cousine , a qui il est destin^. Leur oncle a meme stipule, dans son testament, que tous ses biens* appavtiendroient a C^phise dans le cas oii Delfort ne IVpouseroit pas. Toutes ces considerations ne font rien a Delfort, qui veut al)solument epouser celle dont la voix I'a enchante. Ernance , qui veut I'^prouver, se donne a lui ^ouv Flore , femrae de charabre de Cephise ; mais Delfort , quoique d'a- bord un peu embarrasse , declare que rimpression 25o Nomelles Undraires, que ses accens ont {^.M^ sur son ame, Temporte sur toutes Jes disconvenauces. On ne le laisse pas plus longtenips dans son eneur ; ]e (uteur Jul cede Er- i^ance et C^phise Ja moitle des biens que ]e.,r oncle lui destlnolt. On trouve, dans cet ouvrage , quelques couplets foibles; n,a.s le dialogue est vif , plein de legerer^ et de finesse. Les roles ont et^ tres bien joues par les LC. EUeviou, Dozam.iUe et Martin; et par ]es ^.-^^ Jcnny-Bomner , Cretu et Ni.elon. Les auteurs ont ^(e ^emandes ; on a nomme Jes CC. Le Sur pour Jes paroles , et Lcbreion pour la musique. OUFERTVRE DU THEATRE FeFDEAU, Le tli^atre lyrlque de la rue Feydeau , ferm^ depu.s longtemps, vient de r'ouvrlr Je i5 fructi- dor, dirig^ par une nouvelJe administration. On a joue Pabna , et Alexis, ou i'Evreur d^un ban Pere, Ces deux pieces , qui ont toujours ^i6 Vues avec Je meme plaisir , avoient attir^ beau- coup de monde. Les C.nes Scio , Rolandeau , et Je C. Juhei ont obtenu Jes plus vlfs applaudisse- meus. Nouvelles lilleraires, 261 I\omas:nesi, Cetop^ra, donn(« deux jours apres I'ouvcrture du tlnratrc Feydeau , n'a pas cu , a la premiere repre- sentalion, iin succes complet : quelques corrections en out rendu la niaiche plus rapide, et la seconde representation a ete applaudie. Les auleurs ont ^t^ deroandes. Ce sont les CC. Lemontej et Pianiade j auteurs de Palma. Le jcune Rom ague si , apres la mort de son pere, a ^{6 oblige de fuir la maison patcrnelle , tour- mente par le nonvel eponx de sa mere. 11 s*est en- gag^ ; mais les mauvais traitemens de son capi- taine I'obligent a fuir de nouveau. 11 veut rentrer a Bale, oij son ami Quiuault ( non pas le poete, mais un acleur de ce temps-la) doit lui en- voyer un passeport pour venir le joindre en France. II entre a Bale , drguis^ en patre ; il est recu dans une auberge , et la fille de la maison de- vient araoureuse de lui. Buret, beau-pere de Ro- magnesi, loge dans cette meme auberge; il apprend que son beau-fils est a Bale : desirant garder son bien , il va le de'noncer comme d(^scrteur; et, pour tromper Quinault, il projelte de lui envoyer quel- qu'aventurier a la place du jeune Romagnesi. Ne I'ayant pas vu depuis longtemps, il ne le recon- noit pas, et s'adresse a lui -meme pour ex^cuter son projet. II lui donne de I'argent, un passeport s5a NoiH'cUes litteraires, ct uneleltre pour Qiiinault,et le jeune Romagnesi^ piofiiant de tout ce la , sort de Bale, et va jolndre son ami. Cette piece est bien ^crite, et la muslqne fait lionneur au C. Plantade. 1/ouveitiae rappelle les airs champetres des patres de la Suisse, elle a €i€ tres-applaudie. Til EAT RE BU VaU DEV I LLE. Chaulieu a Fonlenay^ Les aiiteurs du Vaudeville viennent d*ajou(er Chaulieu a la galerie d'liommes c^lebres dont ils oqt trac^ les portraits. La premiere representation de Chaulieu a Fontenay a €i€ donn^e le 14 fruc- tidor. L'action est simple : Chaulieu releve de ma- ladie; il marie sa vieille gouvernante a son jardi- nier, et les paysans du lieu veulent c^le'brer sa convalescence, par une petite fete a laquelle doivent assister ha Fare , son ami , et M.™^ de Lasse. Le jeune chevalier de Bouillon , voudrolt saisir cette oc- casion pour se raccommoder avec Cbaulieu, qu'il aindisposd contre lul , pour avoir eu I'imprudence de publier une dpigramme que celul-ci avolt faite confre le ministre. Chaulieu a donn^ des ordres secrets a son jardi- nier pour recevoir Rose , niece de sa gouvernante , qu'il veut marier au fils du tabellion, et que lul Nouvelles Utteraires, ^53 tnvole son ami Malezieu. Le chevalier de Boiiilloa le salt et en proaf e ; II parie avec La Fare que Chau- lieu I'embrassera le jour m^me. II s'afFuble d'ha- blts de femnie, et se pr^sente a Chaulieu, qui dit a sa vieilfe gouvernante d'embrasser sa niece. La pr^tendue Rose prie Chaulieu de lui donner rexcmi pie; Chaulieu I'embrasse , et le chevalier se sauve en criant : J'ai gagn^ mon pari. Chaulieu apprend la pelite ruse du chevalier et lul pardonne sa supercherle. Telle est a pen pres I'analyse de ce vaudeville, qui se distingue par de tres-jolls couplets, de I'es- prlt veritable , et point de calembours. Les au- teurs ont ^t^ demand^s. Ce sont \esCC, S^gur jeu?ie e t Philip-pon-la-Magdelcin e. Les roles de Chaulieu, La Fare et Bouillon , ont et^ tres-bien jou^s par les CC. Verlpr^ , Julien et Henri. Ce dernier a beaucoup amusd dans son de- gulsement en femme. La C Sara-Lescot a mis, dans le role de M.™^ de Lasse , toute I'alsance et la gaiety qui lul convlennent. On a toujours remarqu^ que le theatre du Vau- deville ne negllgeolt rien du cot^ du costume. Ceux de cette piece sont en m^nie temps exacts et bril- lans. 254 Nouvclles llttemires. Theatre des Troubadours. Le j?etit Armani J ou le Bienfait dcs Per- riiques , fait his tori que en iin acte ^ joue pour la premiere jois le /f fruclidor. La veuve Diimont , que la moit de son marl a pviv^ de son anclenne aisance, a pi is une boudque de parfumerie , pour subvenir a ses besoins et a ceux A^ Armand , ion fils , ag^ de huit ans. Get enfant, a I'espl^glerle ordinaire a son age, joint un excel- lent coeur, et beaucoup d'attachement pour sa mere que fait poursuivre le proprit'taire de la boutique, pour deux termcs de son loyer. Les huissiers pre- cedent a la saisie en I'absence de M.""^ Dumont, lorsqu'Armand,qul a chercb^ envain a s'yopposer, se rappelle qu'une belle dame vient de lui vouloir acheter ses cheveux. II court faire le sacrifice de sa chevelure, et apporte aux huissiers la somme que Ton exige. Un vieillard , qui deslroit avoir des ren- seignemens sur M.™'' Dumont pour venir a son secours , est teraoln de Taction du fils, I'adopte pour le sien , et le fait son h^ritier. Cette piece a ^te tres-applaudie, et m^rite son succes ; le sentiment et la gaiety y sont r^unis. On a demande I'auteur, et le C. Legcr est venu aunon- cer la C." Bufresnoj et Vauieur aiion/yme de la Revue de Van 6 , ct cVJiieguin restaurateur. Nouvelles litleraires, 2 55 La piece a €i€ jouee avec beaucoup d*cnsemblo. La C Buboisy chargee du role tlu petit Armand^ I'a joud avec tout le naturel possible. On a applaudi aussl la C.^ Mezicres dans le role de la Veuve ^ et les CC. Fr^ddric^t Ldger ^ dans ceux du Coijfeur et de Gazetin, La meme anecdote avolt d^ja fait le sujet d'une jolie romance des Diners du Vaudeville. LIVRES DIVERS. Sciences et Arts. Bl'LLETI N des sciences , par la socie'td philomathicjue de Paris, Troisieme an/ie'e. Ce Journal, compost de buit pages in-4.'', paroit dans la premiere decade de cliaque mois. 11 est destind a mettre au courant des d^couvertes faites dans les sciences, les personnes qui s'y intd- ressent. II est compose d'extraits de mdmoires lus dans les diverses socidt(?s savantes ou imprlni(^s dans les journaux Strangers, et acconipagnd des planches necessaires a rinteliigence des articles. i Les vingt-quatrenum(?ros qui formcnt les premieres mt- anndes, tontieunent uu grand nombic d'articles in- m teressans d'bistoirC naturelle , de physique , de chy- K, iiiie , et quelques-uns de niathdmutiques , d'anato- iLiuie, d'^conomieruraleet de m(^decine. Ces derniers ^■articles seroient plus niiiltiplios, si la socif^le n'ap- ^^poi toil dans le choix des exUails la plus scrupuleuse a 56 Livres divers, critique. Tous discoiirs, foufe throne vague, sotit exclus (1e ce journal , nnlquemeut clestin^ a r' cueillir e( publicr proniptenient les fails nouveaox dans les sciences. Les extraits insert's clans ce buUttin, n'iii- diquent pas seu'ement les r^sultats, mais encore les principaux nioyens employes pour y parvenir, lors- que ces nioyens sont neufs. Le prix de I'cbonnement a ce journal , en voy^ franc de port, est de six francs pour une ann^cj I'annee commence en germinal. On souscrit , a Paris , cliez le C. Alexandre Brong- niart ^ professeur (T histoire nalurelle aux ecoles cen~ irales y et tn'sorier de la sociclc , rue Saint- Mure , n.° 14 ; et cliez Fuchs , lihraire , rue des Matluirins ^ hotel Clunj. Dans les departemens et les pays etrangers, chez les principaux libraires, Mathematiques. MlSTOlBE des mathematiques y dans laqueUe on rend compte de leurs progres , depuis leur origine juS'- mCa nos jours ; oil i'on expose le tableau et le de-- veloppement des principales decoui^ertes dans toutes les parties des matlie'matiques ^ les contestations ■ qui se sont elevecs entre les mathematiciens , et les principaux traits de l.a vie des plus celebres. Nou- velle edition considerablement augm'enlee , et pro-' longee jusques vers Vepoque actuelle , par J. F. MoNTUCLA, de VInstiiut national de France. A Paris, chez Henri Jgasse , libraire , rue des Poi- tevins, n.° 18. An 7 ; 2 vol. in- 4.°, 1465 pages en cicero. Get ouvrage , dont la premiere edition parut en 1758 , a joui de la plus grande consideration ; il inanquoit depuis longtemps, et on le demandoit de toutes parts. L'auteur a pass^ 40 ans a I'augmenter et a le perfectionner 3 mais son eniploi dans ies ba- timens , Livres dh^ers, 267 timens , empfclioit qii'il ne put y mettie assez de temps pom pi.blier la scconrle (^dition; je nr ces-ols de le ptess(r a ce sujet. Kn 1792 , je voyols que ]('S circonst^tues Ic dogoutoient, et qu'Il eioit tenle d'y rcnoncer ; je d^ftruiina Je C. Pantkouck^ a se joitidre a moi pour elecdistr I'uuleur, et piiblier J'ouviage ; et , en 1794, on coniinenca I'Inipression. Les deux premiers volumes ne vont que jtisqu'au commenceiuent de ce slecle , conune dans la pre- miere Edition, mais les ^eu\ autre.? iront jusqu'a la lin de celui-ci ; il y a deja la nioiti^c' de f'aire I'histoire de ceux qui ont cullivC'' Jes maihf'niatitfues , c'est une partieque je n'ai pas entlerement negligee. J'al donnd des nolices assez defalllees sur les personnes, les Ties et les (?crils des math^matlciens les plus c^lebies; j'ai aussi rendu compte des contestafions qu'on a vu qiielquefois s'elever dans le seln des math^matlques , et je crois avoir fait de la plupart de ces proces ce- lebres, vin rapport precis et exact : enfin, ce qui ^toit le point le plus essentlel , je rae snis particulierement attach^ a donnerune idee distlncte, et les veriubles prlncipes de toiites les theories de quelque impor- tance qui composent le sysleine des math^matiques. On trouve,dans la preface, la notice de tous les auteurs qui ont ecrit sur I'histoire des mathdma- tiqnes , avee des reflexions imparliales sur chacun. VValiis publia , en 1684, une histoire de Palgebre , sons le titre latin de : Algebrce iraclaiys historians et ■practicus; il a aussi paru en anglois. Consid^r^ du c6(^ du savoir , cet ouvrage est assur^ment digne de Wallis; mais, consid^re du cotd historique , il est tout a fait inexact. Son auteur semble n'avoir connu qu'un homme , savoir Harriot , qui etoit anglois jon dirolt que I'algebre et tons ses pioced^s les plus in- genieux sont nes entre ses mains. Le C. Montucla a mis cela dans le plus grand jour, en divers endrolfs de son histoire. Les anglois n'ont jamais pu se de- fendre dumonopole de gloire auquel I'esprit national les rend trop enclins ^ mais notre auteur a tach^ de s'en defendre. La fameuse contestation ^lev^e entre Newton et Leibnitz, est trait^e parl'auteur avec beaucoup d'e- tendue et d'erudition. II paroit , par trois endroits du Commercium ejiialoUcuin , que Newton avoit tiouv^j Lwres divers, sSp avant Leibnit?:, le princlpe ties fluxions, mals frop obsciirenienl cc semhle, pour oter a celui-cl le m^- rite cle la ciecouverte : quand on voi( cecalcul prendre enl're ses maitis I'accroissement qu'attesleiit tant de pieces inser^es dans Ics acta eruditorurti ^ on dolt ce serable reconnoitje qu'il dut prohablernent a son gd- nic , et au\ efforts qu'il fit pour deviner urje ni^i liodc qui niettoit Nev,'ton en possession de tant de belles v^rit^s, I'invention de laslenne; ceia est d'autant plus vraiseniblable , que, du calcul de Barrow, il 11 'y a pas bien loin an calcul difFeiendel. Le pas n'etolt pas bitn grand pour un g^nie tel que celui dont r.eibnitz a donn^ tant de preuves. Quoique nous ayons une grande histoire de I'as- Ironomie , en 5 vol. in • 4.° , par Bailly, on trouve clans I'ouvrage du C. Monlucia , des choses neuves quisont le fruit d'immcnses recherclies, surtout pour les aslronomes arabes , dont Thistoire eloit encore pen connue. L'auteur n'a pas n(?g]ig(' I'bistolre de la naviga- tion ; et le second volume Hnit par un supplement fie 12 pages, qui en indique Jes progres jusqu'a la fin du iS.'"" siecle. Enfin I'ouvrage i}i\\ C. Montucla est fait de ma- iiiere a inl^resser vivement tons les savans et tons les amateurs des sciences exactes , et Ton pent dire qu'il n'y a aucun ouvrage dans ce genre qui puisse en approcher, Lalande. Chirurgie. T.XA'idT.N critique de hi doctrine et des ]iro9sion Int^ressanfesuv les moyens d'extlrper celte nialadie. II doni e ensuitc la topo- graphie m^dicale de Copenhagne et des ^tablisse- mriis c)u'il a decrlts dans I'oiivrage ; il lait connoitre Irs r^sultafs iieureiix oblenus sur I'art dans ces dcr- nlers ; il les compare avec ceux obfenus aillouis , et celfe coniparal.^on prouve, d'une maniere inconles- table, que les niauvais hospices sont nuisibles sous tons les aspects possibles: fnfin 11 teimine ce vo- lume par quelqties vges sur les hos, Ices d'accouche- nient , il fait voir leur Influence mnrale, et les avan- tages d'y reiinir des ecoles pratiques, a I'instar de celles des Danois et des AUemands. Jurisprudence. VoxJFEAV s1yle-j)Tatique des huissiers ^ contenant les formiil.es et rnodel.es de tons les acles et proves- ver- baux de leur niinislere , en maiiercs cLile et de commerce .^ police simple, police correct ionn el le , criminelle , conlrainte par corps et expropriatioiis reelles ; avec des instructions sur les cus ^ les causes , les incider.s cl ies obj^ Is de ces actes , el un reciieil des lois , i.,rifs el reglemcns y relatifo ; i vol in 12 de plus de 400 pages, 2 fr. 5o cent,, et 3 fr. 5o cent, par la pc-ste. A Paris, chez Lequaire y ira- primeur, rue de la H.;rpe , n.''^ 26 e; 249; Mon^ gie y libraire, Palais-Egalite , galeiie de bois , n.** 224; Rondonneau ^ au d(^p6t des lois, place du Carousel J et chez les libraires du palais de Justice. An 7. JD'CTroNNAiRE sur le nouveau droit civil, par le C. T. ancirn jurisconsulte ; ou< rage utile uux ju- ges , aux defenseurs-qfficieux et d tnus les citoyens qui se chargent de l^inslruclKui des ujfi^ii'es iiti- gieuscs , 3oo pages in -8°. Prix pour Paris, 2 fr. et pour les d^parlenieiis , 2 fr. 76 cent, franc de Livres divers. 2 63 port. A Paris, chez Rousseau, Imprlnieur , rue J^omwiique, n.° 8, p,bs la plaoe Michel. Ther- midor an 7. H I S T O I R E. FoRSOEG til en SUkhing of Quindeh(ennets-' huusliffc ogborgerhg^Kuar has Skandina^ernefoerKristen- dommen^' Lndfocrelse,eX>.^ E,suid\in tableau de IJtut domestique et < n il des femmes chez Its •^can- dmaves, asant rctablissement de la K-ligiou chre^ lienncparL. EngelstoFT. ACopenhajrue, 1700, in-8.% 023 pages. ^ ' ^^^' Cet ouvrage qui vient de paroilre, ayant rem- por(^ le pnx propose par I'acad^mie de CopenJiagt.e traite d'une partie de I'ancienne histoire dii ^'ord aussi interessanfe que jusqu'ici peu ^claircie. L'au- teur, qui fait actuelltnicnt jjn si'jour lilt^raire a -Hans (i), commence son traits par une inlroduc- lion generale consacree a ^tabUr les liniiles geogra- pniques de I'ancienne Scandinavie, a fixer I'^poque qui borne ses recherches, et a tracer succinctement un apercu des monuraens myihoJogiques , poe'ti- ques, historiques et diplomajiques , par lesquels la connoissance de I'ancien Nord , de ses instltulions , oe ses nururs et usages, a e'te' (ransmise a Ja pos- t^rit^. Ces remarques pr^alables mettent les lecteurs a portee de juger de la nature, de Te'tendue et des ailhcr.li(^.s du sujet. Le traitd se divise en huit sections, par rapport aiix jirincipaux points de vue sous lesqueis on doit considt^rerl'eiatdes{emmes,particulieremcntceJ]csde delancien ISord. Leur (Education, leur etat de filJe, (0 Voycz I'aiinonce que nous avons doniiee, annce IV t. V P- 376, tl'uii aulie ccill de ce jeune et interessant litieratcur. A. L. RL R4 s64 Litres clivers. leur mariage, lenr condition commeepouses ef comme veuves, font I'objet (it's cjualre picnutres soctions; la cinquienie est consaci>e a des rechnches parti- culierf'S siir It urs droits aiix SHCces-'O^s ^ ^^ sixieme s'occiipe dt* iVsclavagp, nommement de IVlat des femnies <'scla\es; la hiiltieme ayanl j^rt^sent^ des r(^s Itats g"n^raiix ''es rechei-clies pr(^crdenles , ajoute dts observations philosopiilques siir Mnfliience i\\x genrx? <1<" vie, Av\ climat, du regime ^ de la reli- gion, sur 4'i 'at des f« »nmes ; elle jetle un coup-d'ceil sur !e ^;enre de v'e, le cliniat , le regime el la re- ligion dts anci( ns habitans dii Nord , et en fail I'ap- pl caiion a i'histoire des femiiaes scandlnaves- M. Kngel toiV , fidele aux devoiis de rhistorien pliilosnphe, a renonce a cetfe jjarlialite naJionale trop soiven' d{^(or(^e du tllre de patriotisnie , qui n'a point ^t(^ inconnue dans les onvrages sur les aniiqui- tes du Nord. Ne cherchant que la v^rit^, il a cru pareilleiiit nt devoir e\ iter une autre f^ute ass z com- mune de nos jours , celle de calculer tout sur le plai- sir des lecteurs,et de sacrifier , par des exag^ryiions et des peinures romanesqnes, la fidelite historique a I'envie d'anmser. (J'esl par cette niaiche, et en prensnt seulrnient les fails pour guides, qu'il est parvenu a decouv/ir la fausset^ de plusieurs idres clepu.s longtem])^-. repandues ; c'est ainsi qu'ii a r^ussi a poner la luniiere dans des parti-, s obscuies. Les lois anciennes du Nord , doni i! no s coinniunique une notice lans I'inliodu lion, Jui ont paru dignes d'ui • atteniion parliculiere ; il e;i a ^t^ r^compens^ par nombr< (ie r^nseign^niens importan-; pour les par- tits les plus diffii i!e et le-i pliis conipl qut es , coiunie eel es de la s c( ession el des sli,)uiatIons r^cipro- que- dans les cent rats de niariages. Queiquefois il a tire payli de i ompara^so »s avec Its nations voi- sines ou alhVes , quant a I'origine, telles que les An- glo S uxons e' le^Gei mains, tju'il faut loujours bien distinguer des Scand.ndvts tux niemes. Les diverges parlie;> qui entrent dans ce traits , n'ttoient point susceptibles du nieine interet. Quoi- Llvres divers. ■.6d qiiel'aiitrurn'ait pas wlisse supeiflcicllcment ?ur ctUes qui on avolenl It nioins, et dont queiq^es-uncs sont des pill impoiManles , il a ponrtriiii tach^ d'y etre aussi piVcis It aiKsl c>iir( (ju'il liii a ^t^ possible , sans nuiie a i'e\acfitiide el a la darf'^. A:, resie , le irait^, en remplissant ^ver siicces une lacnne de I'iiistoire ancieniie du NorH, ofTie en ni^me fenips une 1 clnre agrC^ab'e , I'auleur ayant ajout^ a I "ntf^- ret du sujet , par un otdie ciair, des fails curieiix et des traits caiacteristiques. H I S T O 1 R E £ R A I R E. SLJnscHER Biichcrdriich in Wiirlemherg im t6 Juhrhundtrt. Kin littCTarischcr Beiuht van Chiiafian Fried rich ScHNU RR tR , P/o/. in Tubingen. — Ini- jtression de In res en Langue slave , dans le duclie de JViniimbcrg , dans le 16.* siecle. Rapporl lii- leraiie jnn Chretien Frederic SCHNlRRRR , pro- fesseur a Tubingen; 128 pages m-8.° T'uhingen, chez Cotta , 1799. Ce sera lonfours un pli^nomene partlculier en bibliogiaph'e , que des livres en lang'.ie slnve , et avec les caracleres qui lui sont piopres , aient ^te imprimis dans le ducn^ de VVuifeuiberg , c'esl-a- dire , dans un pays 011 ni ceite langue ni cette ^criturt' ne son! connues. Ces ouviages soni tons fort rares , et i'^iablissenieni qui leur a donn^ naissance Il*es^ pas aussi connu qu'ii rneritero t de I'eiie. C'est ce qui a ♦^ng^ge M. Sch'iurrer a coujposer le me- moiie que nous annoncons. II y a plus de 5o ans que M. Nast ^ al -rs professeur an gymnase de Stou- gavd , a present minisire a Plochingen , avoit enlre- pris des recherches sur ce nienie sujef ; il a com- munique ses papiers a M. Schnurrer qui en a su lirer un parti avanlageux. jPr/7n/5 Trubkr , i\c laCarintiile, a ^te minisire de I'evangile a Kempten, en Souabe, depuis i5.)3 ; 266 Li i^ res ilUers, vers le m^me temps P/erre-Paul Yergerivs ^ au- paravant eveque c'e Capo ci'[stria, vint aiissi clans ce pays. C'est a ces deux homines qu'on dolt Vim- presslon des premiers livres slaves dans le Wurtem- berg. Truber essaya le premier d'en falre imprlmer qi eiqiies-uns avcc des caracterts latins , mais les difRcuites qu'ii eprouva dans I'impresslon , et les frais considerables qu'elle occaslonna , ne lui per- mirf nt point de c ontlnuer celle ©ntreprise. Verge- rius qui , a cette ^pocjTie, vint dans le Wurtemberg , se concerta alors avec Truber , et ils parvinrent a faite impiimer a Tiibingen ^ encore en caracteres latins, la premiere partie du Nouveau Testament; I imi)ression en fut achev^e en \S5j. M. Schnurrer decrit ces ouvrages, ainsi que les autres que Truber fit paroitre successivement. Cette entreprise prit una nouvelie activity par Tarrivee en Souabe de Jeif/i TJngnaid y baron de Sonncg , qui, ayant quitt^ la Carinthie , sa patrie , vint s'etablir a Urach , ou 11 efablit dans la suite une imprimerle en caracteres GlagolUi et Cyruliza , c'est -a- dire , dans les deux: especes dVcritures propres a la langue slave , et pour laqiielle il fit faiie les caracteres n^cessaires , d'abord a Nuremberg, el , dans la suite, a Urach, par des ouvricrs qu'il avoit fait venir de Nuremberg. Truber fut nomme, par le due de Wurtemberg , cur^ d'U- rach , pour donner tous les soins possibles a ce nouvel etablissement , auquel il etolt devenu indis- pensable. M. SchnLurer donne des details tres-in- t(?ressans sur cette imprlmerie , les moyens employes par Ungnad , pour faire face aux depenses conside- rables occasionuees par rimpressiou de ces ouvrages. Ungnad mourut enfin subitement dans un voyage c[u il avoit fait en Boheme , le 27 d^cembre 1564; et, une annee apres , mourut aussi sa femme , a ia- quelle 11 avoit recommandd la conservation de son entreprise favorite. Sa mort sublte, dans un pays elrangcr , I'en.pecha de faire, par un testament, quelcjues dispositions en faveur de cet ^tablls8en)en6 qui, depuis ce nioment , lomba en decadence, et Livrcs divers. !i.6j cessa blenfof. Quanf aux caractt'res croa'es on slaves qui avoiont servi a imprimer les livies dinit il est queslion, M.ScluMiiei iait voir, par n:i passatie qui se tiouvea la page 43oa43^texcil^e; luais ne Tom^ ITT. S ^74 LisTcs divers. pouvant lien d(?couvrJr, il devient tristetil ose enfin en parler a son pere et a son oncle, et ceux-ci lui pro nie( tent qu'un jour il sera aiissi ad mis a ces pro- menades. Apres cpie dans line quantity de rencontres pr^parees par son oncle et son pere, il eut donn^ des preuves satisfaisantes de sa bravoiire, de son ob^issance, dc sa haine pour toute espece de tyran- iiie, en un mot de ses vertus chevaleresques , il est recii dans I'ordre des Francs ou des Templicrs, qui s'assemble dans unegrotte de Druides, ou plutot un palais souterrain, ou (p. 92) il volt des choses qui Cetoniicnt , jet qui etonneront encore peut etre da- vantage le lecteur. Non seulement le grand-maitre lui dit que ■« I'ordre possede une caisse deplomb, qui « est ce qu'il a de plus prc^cieux , dans laquelle se « trouvent neuf lames, irois de fer , trois d'argent «. et trois d'or , sur lesquelles sont gravees, en ca- " racteres lisibles, les voies secretes de la nature ; >» mais il y voit encore « un globe de verre d'une gran- .< deur immense, dans lecfuel brille une clarl^ sem- « blable a la lumiere bore'ale, au moyen d'une qiian- <• tile de mercure extremement pur et agi*^ dans << le vide produit dans le globe; » il y voit de plus, •< que les Templiers de la grotfe des Druides, avec «< lesquels il se trouve dans ies niontagnes des Ce- " vennes , correspondent avec leurs freres rassem- •« bles dans une grotte pareille du mont Jura , ait « moyen dune aiguille aimantee immense ^ compos^e «. de neuffois ueu/ hiincs, travaill^es et almantees « cliacune avec le plus grand soin , de sorte qu'elle .. seule reunit la force de neuffois neif <{\9\\\\\\t?. ai- « uaantees d'une force aussi extraordinaire. »> Apres avoir et^ recu dans I'ordre des Francs , il quitte cette grotte. L auteur fait faire ensulte a son h^ros dilFerens voyages ; il y a , comme de cou- tume, plusieurs avantures chevaleresques , des re- connoissances , etc. Dans ce voyage, il trouve et accompagne pendant quelque temps , sans la con- iioitre, celle dont la main lui est destinee. Ce se- cret lui est d^'voilej il sait qu'elle a j)iis la route Litres divers. 276 de Malaga , mals, une lieure avanl son arrlv^e clans ce port , elle en est partie; il y rencontre cepeiuiant une corvette pr<^le a niettre a la voile pour Alger, et il se trouve que ce vais^eau apparlient a Correza Illume. A Alger, ii a une entrevue avec le dey , clans laquelle ils concertent une expetlilion secrete, dont le second volume rend compte. Corrfza i'ait voile pour Smyrne, oil il trouve sa Vcla^ dans la nietne maison de campagne ou Correza , son ayeul , avoit sauve Fatille de la brutaliie de quelques Croises. Un long espace de temps s^pare les evenemens du premier volume de ceux du second, dans lequel I'auteur place Correza de suite sur une ile de TAmeri- que : il y est cbei' des Flibustiers , fait la guerre aux Espagnols , et s'erige en protecteur des habitans opprim^s du Mexique et des autres contrees de I'A- merique. F err ancle z , fils de Correza , jeune homme vaillant , se distingue par plusicurs actions bardies. La colonic, dont Correza est le cbef, recoit des secours de I'Europe, envoy^s par leurs freres de Tordre des Templiers, qui n'a pas €i^ detruit par la mort de Jaques Molay ,mais qui a continue? d'exis- ter sous le nouj de Vordre des Francs , et qui prend une nouvelle consistance sur cette ile beureuse, dont nialbeurensement I'auteur n'a pas juge a propos de nous indiquer la latitude etlalongitude , non plus que de nous donner des renseignemens sur I'endroit ou se trouvent les archives des Templiers, d'oii il a pris le sujef de cct ouvrage. Nous sommes surs que iM. Moldcnhawer, auteur d-'un ouvrage allemand sur le pruces intentd a Vordre des Tcmpiiers , d*apres les acles origiiunix de la commission qui en jut char~ g^e ( Hambourg, 1792, grand In-8 ° ) ^ lui auroit bien des obligations, s'il vouloit lui comraunic|ucr les renseignemens qu'il paroit sans doute avoir. S 1 276 Lwres d'wers. Les Dangers de la seduction , et les faux pas de la beaut (^ y ou les Aventures dHune vUlcigenise et de son am ant , oil se voitune peiniure jidelie et animee des ridicules et des tra\ers du rnonde ; par P. J. B. NoUGARET y 2 vol. in-\% ^formant 400 pages. Prix 3 francs ^ et ^ francs par la paste. A Paris, chez Vauteur, rue des Petits- Augiistins , et chez Fucks, rue des Malhurins, DugourjXnQ Serpen te, Dfsc'/z/zej palais Egalitd, etc. An 7. Lucctte t i^une villageolse , se lalsse s^dulre par Pierrin. It ny a que le premier pas qui coiite. Elje se laisse enlever par un jeune officier , devicnt suc- cessivement fille entretenue, comedienne, et finit par se prostiluer honteusement au public. Pierrin, d'abord laquais , s'eleve progressivement , mai^; se laisse entrainer au vice ; il iriponne au jeu , et finit par voler la pevsonne qui lui a donne sa confiance. Las de seductions, et se voyant sur le retour , il Spouse Lucette qui , ^tant sortie d'une maison de force par la protection d'un de ses anciens amans, a une petite fortune. Mais I'habitude du crime les porte aux derniers exces , et ils finissent leurs jours sur I'^chafaud. Ce roman, assez bien ^crit , est un des meilleurs Guvrages de I'auteur. Le CnATEAri noir , ou les Soujf ranees de la jeune Ophelle ; par I'auteur de la Mere coupable. Un volume in-12, avec gravure ; piix , i fr. 5o cent, et iVanc de port 2 fr. Ce rcmajl est bien ^crit, raais il y a trop peu d'incidens et de situations. Les ^v^nemens sont trop simples j il n'attache pas. Lh'/cs hirers. ^jj Les Veillees de ma grancTinere , nomcaiix routes dr.fC'c's d l\isjge dcs jcunes en funs, pur le C. Du- CRAyDlminil, dinix volumes petit in-ia de ^z(^ pages , avec figures. A Paris, chez Le Prieur , li- braire, rue de Savole , n.° 12. Ap 7. Prix, 2 fr. , et 2 fr. 60 cent, francs de port. Ces peJits conies sont a la portee de la premiere enfance;ils renferment chacun une moralitc^ , etsont en mfme temps instruclifs et amusans : mais , lors- qu'on fait un llvrc pour les enfans, il fant songer a ne rien y meltrc qui puisse leur causer une impres- sion desagr^able. J^es contes de revenaus effraient leur imagination foible, et les rendent yieureux. Le C. Ducrciy Dum/nil n'a pas iait cette r^dexion lors- qu'il a ecrit le conte du Crnid Soiineiir, On doit aussi songer , lorsrju'on ^crit pour les en- fans , a leur donner des id(?es justes. 11 n'y aura pa* d'enfant , qui, apres avoir lu le conte du Rut boi~ teuv, ne soit persuade que les souris sont les fe- melles des rats ; car nous ne pr(^sumons pas que I'au- Ifur le croie. f)u reste , ce petit ouvrage Vemplit son but. Le style est simple, quelquefois neglige, mais toujours pvoportionne aux lecteurs a qui ii est destine. L'au- feur, en cas qu'il r^ussisse, promet une suite sous ]e litre de Contes nioraux de mu grand'' taut c , a I'usage des enfans du second age , et ensuite , Les Ddjeiniers chumpetres de man ckcr oncle , a I'usage ties Adolescens. Cette entreprise ue pouvoit ^tre en de meilleures mains que celles du C. Ducray , qui est deja eonnu avantagfusement par des ouvrages .de ce genre , en- tr'autres, les Soirees dc' la chaumiere , ou les Lecons S 3 5,^8 Livres divers. Les Tkfoiitunes de la G aletj ere > pendant le regime decenuiral. , contenant ses persecutions , sa Jiiite sous Robespierre, son naufrage et son s^jour dans une tie ddserte , suivies de son retoiir en France ; par Joseph Rosny , troisieme edition , ai-ec celte epigraphe : « Et la posterity refusera d'y crolre,... » Un volume in-12 : prIx i fr, 5o centimes, et franc de port 2 francs. Le siicces de cet ouvrage a ^t^ rapide, et sera toujours constant, par I'int^ret qii'il inspire, et par le tableau du regime qu'il retrace. Paris ^ ou le Rideau leve ^ anecdotes singiilie^ res J bizarres et sentimen tales ^ pour sennr a Chis^ loive de nos mceurs anciennes et nouieltes , avec des faits qui iCavoicnt point encore ete publies ; le tout recueilli et mis au jour par P. J. B. Nou- GARET , 3 vol. in-12 de 700 pages. Prix, 4 francs 5o centimes , et 6 francs par la poste. A Paris ^ chez Desenne y Palais-Egaiit^ ; Vauteur , rue des Petiis-Augustins , n.** 9; Fuchs , rue des Mathu- rins , etc. An 8. La plupart de ces anecdotes ^toient connues ; il y en a une grande quantity qui avolent d^ja ^t^ ira- prlmees dans la Chronique scandaleuse , (2 vol \n-12 , 1791 ; ii Paris , dans un coin d''ou t*on voit lout , J dans falmanach de Liege, et dans divers journaux; quelques-unes, cependant , ontlemdrite de la nou- veaut^. Litres clivers, 579 BiBLIOGRAPHIE. Notice d'un lirre iwprimd a Bamberg en MCCCCLXIT^ luea I'lnslitul Nationul , jnir Camus. Paris, cheiS Baudouiii , impiimeur dc j'institut National. An VII, 3o pages 111-4.° avec 5 gravures. La raret^ singuliere dii llvre dont II s'agit , ignoid de tons les bibiiograjjlies jiisqu'en 1792,61 le seul exeniplaire complet qui soit connii en ce mo- mcnl ; I'impatience avec laqtielle il (^toit attendii a la bibliolheque natlonale ; rimportance dont il est dans les annales de la typographle, ont determine le C. Camus a Texamincr, aussilot qu'ii a sii qu'il (?toit entre Its mains des conscrva'eurs de la bibliotheqnc, et a interrorapre ses autres rec herciies pour le faire connoifre d'une maniere pavticuliere. Apres avoir donne la description gc'nerale du volunje, il d^crifc en particuller chacun des trois oiivrages qui y sont conlenus. Tons trois sont allemauds, et tons trois ont le texte accompagne d'estampes Le premier ouvrage est celui que Ileinecle a ap- pele Allegoric sur la Mort ^ et qui est un recneil de p'aintes contre la niort , et de r^jwnses de la mort aux accusations dirigecs contre elle. Le C. Camus en decrltd'abord les estampes et ensuite le texte. Le second ouvrage contlent les quutre liist(>ir<'sda Joseph, dc Daniel, de Judith cL d'Esther. Le troisieme enfin est ime bible dcs pauvves. Apres avoir pa;le en general des ouvrages auxqnels on donnolt ce nom , et de diverses editions remarquabies , il decrit celie de Bamberg •, pour facililer la comparaison entre cef; exemplaire et les premieres editions, le C. Camus a fait graver a la 4.'' et 5.* planciie les tableaux d'une des pages de Tcfdition qu'il dt'crit , et la page corre-pondante d'une des premieres editions qui se* trouvea labibliotheque et qui vlent de la b!l)liotticque dcGenesle, de Metz. Nous obscrvcrons, acotte occa- s8o Litres divers, sion , que la dt-vise alleraande Gott gijjtz mid nimptz , cit^t* a la page 14, vent en eflfet dire : D/eu le donne et Cote ^ comme le C. Camus I'a soiipconnc?: on ecri- roit aujourd'hul Goli giebt^s und nimmt^s. Celiii de ces trols oiuTages dont le C. Camus s'occupe particulierement dans celte notice, est le Lure dcs quatre histoires. A pies en avoir deja d(^crlt en general , au qiiatrieme paragraphe , les estampes , et I'alt connoitre la sousciiption (i) du livre,qui,en vers allemands, indique entr'autres, I'lmprimeur , le lieu et la dale de I'inipression , il parie , dans le si- xieme paragraphe , de sa rarel^ , et , a cette occasion, d'un recueiL de fables ^ dat^ de Bamberg 1461 , siir ]a date duquel les bibliographes n'etoient pas d'ac- cord ; les iins I'entendctnt de I'impression , les autres de la composition de I'ouvrage, d'aiitres enfin , de 3a copie du manuscrit, parce qu'on ctoyoit que I'im- primeiie n'avoit ^t^ introduite a Bamberg qu'une vingtaine d'annees plus tard. La souscriplion de I'ouvrage que le C. Camus d^crit, decide ce point de controverse, en faisant voir qu'elie y etoit d^Ja ^tablie en 1462,; que par consequent, a cette epo- que , elle n'<^-toit plus concentric dans la vilie de Mayence et cclle de Strasbourg. L'atiteur fait ^ga- lement voir qu'ii est pliis que probable que I'exem- plaire dont il s'agit , et qui est arriv^ a la biblio- theque nationale , au mois de germinal an 7, est unique 5 enfin, cju'il paroit que la bible, que ISchel- liorri a vant(^e comme la plus ancienne des bibles imprim^es, est imprinee avec les types du meme Pf tiller ^ qui est I'imprimeur du Livre des quatre hisioires. La premiere planche ofFre trois marques du papier des livres que le C. Camus a d^crits. Ce sont trois t^tes de boeuf qui varient pour la forme ; la S.™*" est une des esfampes du livre des quatre histoires, cu- rieusc, entr'autres, a cause de I'orgue portatif que I'on y apercoit , et auquel on voit qu'on n'avoit pas (1) Elle est gravte a la deiixiem«» planche. Lures clivers. i8i encore adapts le cyllndre avec des marches. Quant aux auties planches, nous en avon'^ parl^ plus haut. CeMe notice ex(iemen)rnt hit-n r^digee , annonce un exccilrnt esprit de criiicjue, et une grande (Eru- dition hibllographicjue ; elle doit donner I'idee Ja phis avaiiiagcuse de I'ouvrage que son auteur pr^- jiare sur Vjlistoirc de riinpriineriv. La |)artle typo- graphique, qui rtoit d'une grande difficultt^a cause de la disporition du texle, ni^^rite les plus grauds ^loges , el fail beancoup d'honneur aux presses du C. Baudouin, imprimeur du corps legislatif. Ce livre curieux a ete achete a Ralisbonne, pour la bil^liotheque de la r(^publiquc Aancoise, 24oorr. Melanges. Briefe zur 'Befcerdenmg dcT Humanitat ; herausgc- geben vvn J. G. Heuder. — Lett res pour Carancement de Chumanil^ , publiees par J. (i. Herder. Riga, chez Hai t knock , lyg^-iygS, lo vol. in-12 de i5o a 200 pages cbacun. En publiant successlvement les dix volumes de ce recueil, le but du respectable M. Herder, a Weimar, a ei^ de contiibuer, autanl qu'il ^toit en lui, a repandre les senllmens de philanthropie et d'humaniti?. Un recueil aussi vavi^ que celui-ci n'est gueres susceptible d'etre analyst; c'cst une suite de leftres Cjui contiennent des recherches sur les progres et je depc'rissement de la civilisation et de la philanthropie , chez les difFerens peuples anciens et niodernes , mais surtout des temps les moins eloign^s. Homo sum y humani a me ml. alie- num puto y est la devise a laquelle M. Herder est reste fidele , non seuleaient dans eel ouvrage , mais aussi dans tous ceux qu'il a publics. Nous nous bornfrons aujouid'hui a indiqner le sujet des principales de ces leltres, en nous reser- vanl d'ins^^rer, dans la suite, la traduction de quel- ques-uns de ces mortcaux , dans ce journal. On y 2.B2, Lucres divers. trouve des Reflexions sur la vie de FrAN KLIN , ^crite -par lui-mcme ; Piojei de Franklin pour Vetal)lissemeiit d^uiis societd philaiitkropique ; Sur tine reunion enire les provinces de C Ailetnagne , pour favoriser la philantfiropie ; Pensees et ma- ximes de Fujsderic le grand , roi de Prusse ; Sur la part que la poesie doit prendre au.v affaires pu^ hliques ; Sur f esprit du siecle ; Sur la perfectihilile du'genre humain ; Sur V idee qu^ on. attache ^ dans cet ouvrage y au mot Humanlte, par lequel on enfend en general, et les sentimens d'hmnanile , et Ics droits , les devoirs et la dignity de rjiorame ; Sur I'humanite ( dans le sens indique ) de la. podsie et de I'histoire des Grecs ; Sur fliunianile d'HoMERE , dans C lliade ; Sur Emilia Galotti de Lessing ; Sur le caraclere et'*les merit es de Petrarque ; Ideal de sa Ljure ; Sur les persecutions religieuses y ct les insutes pour cause de religion; Sur les opi- nions des peuplcs ^ dans les different es periodes de leur histoire ; Sur le Prince de AJachiAj^el; Sur Hugo Grotius ; Pe usees et caractkre de Leib- nitz; Comment Vart des Grecs est une ecole d'hw inanite ; Des formes de la pensee , representee d'une maniere pure ; De I'ideal de Venfance ct de la jeunesse , dans les deux sexes ; Comment les ar- tistes grecs parlent au c(x:ur de I'honnue ; Cu- racteres de leurs heros ; Hercule ^ Laocoon , Cas- tor et Pollux ; Merites des Grecs j dans la repre- sentation de ces idees ; Des formes divines , Bacchus J Ariadne , ApoLlon ^ Diane , Mercurc ^ Ve- nus J Vesta ; Sur differentes classes de caracleres humains ; Sur Mars , Vulcain, Ceres, Minerve , Ju- lion, Jupiter; Sur l^emploi different de la mytliolo- gie ; Sur les fintnes , satyres , centaurcs , masques ^ et d'autres monstres de ['art ; Si les Grecs iionl rien laissd aux siecles suivans ; Sur le caraclere de la saint e Vierge; Sur d'autres id^es du christianismc ; Ce que Vail des Grecs doit etre pour nous ; Du prix d'une forme heureuse ; De notre habillement ., de nos positions ^ de iios reunions, contparecs aiec- LU'res dU'ers. ^83 Vart dcs Grccs ; Caraclere iC Angelica Kaufmann ; VArt des Grrcs de jeiinir p'usicurs Jigiircs alU'gori' ijues ; De la grace dans les siijets ciir^tiens , et dii merite de Raplui'e'l a ce sttjei ; D/J/irence des peuples anciens ct wodernes dans la pocsie , consid^rde sous Ic rapport de la ci, ilisaf/o/i i1 de I'humanite ; ce su- jet est tralt^ dans pliisleurs fr.gm^ns qui reniplis- sent a peu pres le res(e du rtcuell. M. Herder y traite de la decadence de la poesie chez les Crecs et chez les Roniains , et des causes qui font pro" duite ; Des hjmnes des Chretiens j des pseaumes it des caniicjues en usage parmi eu.v , de Icur caracterc ^ de finjluence quails onl eii sur le caractere national ^ la inusique , la langue et les sciences des peuples ; De la formation d\tn nouveau goiit en Europe , et tie sa premiere culture ; De la dijfdrence de la musique des peuples nieridionaux et septentrionaux ; bu poi- chant au meneilleux et aux legendes des vioi/ns ; Culture des Arabes ; Naissujice de la poesie pros en- cale , et de Vinjluence htureuse qu*cll,e eut sur l\i~ melioration du gout , sur la rime , sur la poesie ita^ lienne . le drame lyrique des Jtaliens , MetAstAse ; Le car.iclere des Jb'i'ancois dans les recits et les repre- sentations ; De la pocsie espagnole ; Combien il est difficile de parler du caracthre d^une nation ou d'unc epoque particuliere , surtout de leur poesie ; De ce qui nous engage a nous en occuper ; Sous quels rap- ports cela est possible et necessaire ; Et.it de la poesie europeenne du mojen age ; Son caractere fonde sur la piete , la bravoure et I'amour. L'aiilcur parle en- suite dans le 8.™' volume, de Uetude des anciens qui a commence a Sparer le gout , de ce qui a provoquS cette etude J et il ajoute quelques rejlexions sur son influence ^ sur Pe'criture et fimprimrrie , sur I' influence que Vecriture a eue sur la poesie des Grecs , et sur celle que le recit oral a eue sur leur prose ; DiJ/'crence des autcurs parmi les Romains et parmi nous; Raretcf dcs mat^riaux de Indenture dans le moyeti age ; De ce qui a do/in^ occasion a finicntion du papier; In- fluences varices de la nf or /nation religicusc du 16.™* ^°4 Livres dwcrs. Dans le reslednS."" et clans leo.™' volume l'„, V'>"n,uoi sa ncnon es, ,/ tcng,e,„p. res,, J," ™^ ' OOETH^ ll /^^^^^^^^ ^^S.iVr^« , RAMI.EU, r£50c,zic/ , G7.jMBArisrj Vico , etc. a de ..}i7^T ""P'-"^^ ^"^ """^ ^^"0"s de donner des princpales matiere^ tralt^es dans ce recuell suffit «u.feui, qui e font, k si juste titre, respecter de LeS SoinEES LITTEn AIRES , o^ M^Z^iVG^s de lAnUqurte; etc. pur J. M. L, CouPE. Tomes XV Liu res divers. SiF^o et XVT. A Paris, cht-z Honncrl , rue du Coloinbier, II. ° ii6o. An VH , 3oo pages cliacun. Dans la preface du i5." volume, le C. Cow/Jt^fait des vcEux pour un projet done rexeculion , coinnie i! le dit lui-meme , sera presque impossible datis ce moment en France, et qui, a ce qu'il paroit , y de- viendra de jour en jour moins praticahle. Ce projet dont il parle , est une Histoire generalc des leltres et des sciences en Kurope. Le C. Coupe observe tres-blen qu*il seroit indis- pensable de se partager ce travail trop considerable pour les forces d'un seul homme. « Quel homme assez ^< instruit, dit-il, et assez laborieux , oseroit seule- « .ment entreprendre de nous tracer ainsi \q?. portraits « de tous les litterateurs du moyen age , depuis la « prise de Constantinople jusqu'a nos jours ? » Le C. Coup^ ne tonnoit probableraent pas I'excellente Histoire litt^raire et universelle Storia d'ogni litte- ratura de I'abb^ Andres. II sera bicn aise -^gale- ment d'apprendre qu'une society de gens de lettres allemands s'occupe precisement de ce travail , sous la direction de M. Kichhorn , professeur a Goet- tingue , et qu'il en a dt^ja paru plusieurs volumes, qui en font vivement souhaiter la continuation. Cette entrcpri.se litt(?raire, qui fait beaucoup d'honneur a ceux qui s'en sont chaTg(?s , est une nouvelie preuve de rut'ilile d'une langue qui devient tous les jours plus riche en ouvrages profonds et solides. O volume des Soir(?es Litt^raires contient la tra- duction de la IV/ et Y." Ode Nemcenne de Pin d ark , et cclle du Discours de Ciccron pour CcelIUS. — L'anplyse d'un traits latin sur Le Droit des So/dats , par Claude Cottereau , fameux jurisconsulte , sous Francois 1.^' — Une notice sur un ouvrage latin qui traite des Oracles , ( Dscwonis ivinrica in muqice. yrogressu. Paris 1612 ), compost par Henri Mon- tagu, cbevalier et seigneur de la Coste, en Lan- guedoc. 11 a fait hommage de son livre a Nicolas Brulait de Sillerv , cbancdier de France. Dans les 2S6 Litres divers. sieclcs flernlers plusleurs aiiteurs se sont amuses a i'aire ties iecliercli.es sur les oracles. lis ont compulse tons les poctes et tons les historiens cle Fantiqiiit^,; et, en rapprochant ces citations diverges, ils en ont fait des memoires pr^cieux pour la lltterature. L'ou- vrage dont le C. Coup^ donne I'extrait , est un des plus curieux en ce genre. ' — Une notice sur trois homraes c^lebres qui ont port^ le noni d'Ai-ClAT , et principalement sur Andr£ Alciat, ses Eniblenies en vers latins, et ses au(res ouvrages. Le C. Coup^ donne ensuite une notice ^tendue sur les personnages c^lebres qui ont porte le nom de la Scald , de i'Escale , de Scaliger. Ceux dont il parle sont Barthelemy Scala, n^ aFlorence en 1424, sa fille Alexandra ScALA , aussi savante que belle ^ mariee a Marulle , poete grec , qui avoit Fui de Constantinople, lorsque cette ville tomba dans les mains des Turcs , et s'^toit retire a Florence, oil il s'appliqua a la poe'sie latine et s'y distingua ; Jales^ Cesar de TEscale ^ ou Scaliger, le pere ; Joseph- Juste Scaliger, triumvir de la litterature au sei- zieme siecle ; Paul Scaliger ; Scipion Scaliger, ou le chei-alier de I'Escale. — Notice sur Alain Ch AR- TIER, et sur ses ouvrages. II ^toit, commeonsait, connu a la cour de Charles VI et de Charles VII par sa politesse et sa galanterie. — Dialogues de Leon Hebrieu sur V amour. «• Cet ouvrage profond « et sublime, sur un sujet si l^ger , n'est cepen- " dant qu'une vieille traduction francoise, impri- « m^e a Lyon, en i55i. Du reste , on ignore abso- " lunient quel est ce Leon , auteur d'une produc- «. tion si peu coniiiiune, et quel est le traducteur .1 lui-raeme. L'iaiprinieur , Jean de Tournes ^ nous « apprend seulement qiril n'a sous la main, pour « guide, qu'un exemplaire iniprim^ sous la stampe >' d'Alde J en \h^^. » — • Quelques anecdotes sur '.riieodorc-Agrippa o'AufilGNE , aieul de M.""" de Mainlenon ; enfin , une notice sur Jacques GuTHlER , et sur son Traite des Dieucc Manes, A la tele du XYI.""' volume on trouve une no- Li i' res divers. 287 lice lilstorlqne siir Pierre Ar.CYONlus , d'abovd coirectfiir d'iinpnmcrle chez Aide-Manucc , et dc- puis pioft'sstur d'eloquence latine a Florence, et la traduction de son ouvrage de Exil.io , compose en forme de dialogue; cet ouvrage , imprlme d'abord en Italie, le fut encore, en 1707,^1 Leipsic , et Burchaid Menclcnius , qui en fut le dernier (^diteur, dit qn'll avoit ^t^ pay^ onze ducats d'Hambourg, a la vente de la bibliolhcque de Gudius. Beaucoup d'auteurs I'accusent d'avoir bride le seul exemplaire qui restat du tralte de Cic^ron de Gloria, qu'Alde Manuce alloit niettre sous presse ; et Paul Jove, apres avoir donn^ Alcyotiius pour un homme sans mceurs, ajoute qu'il n'a fait qu'un centon dn beau Trait e de I'orateur romain, *«/• /a ^/o^rc'. Le C, Coup6 trouve dans Ics deux livres dont I'ouvrage d'AJcyo- nius est compose, le style et la marche de Cic^ron, sa maniere d'ourdir uu exorde et un pr^ambule , la m^me g^neralit^ des theses par lesquelles il en- \re en matiere, la nieme facHit<^ dans les citations, la meme aisance de raisonncmens , enfin, la tour- nure et rharmonio de ses periodes. 11 fait ^gale- men t voir cjue le fonds de cet ouvrage a vraisem- blablement appartenu a Ciceron, quoiqu'au premier aspect, on y voie lort pen de choses qui aient I'air d'avoir appartenu a un Traite de la gloire , et qu'on y rencontre au contraire , a cbaquepas, de grancies sentences, qui ne tendent qu'a nous faire mcprisev les honneurs; et qu'Alcyonius, en adrott plagiaire, a (acne de cacher son vol aussi bien que possible. Les deux articles suivans traitent du meme sujet; c'e-it d'abord une notice sur Corneille Tollius, secrc^taire d'Isaac Vossius , et ensuite professeur d'eloquence a Harderwick, et une Traduction en extraits du supplement qu'il a donn^ en latin aur le malheur des gctis de lettres ^ qui renfernie une nouvelle lisle de 49 snvan"> inFortunes, tant Italiens que B'rancois. Corncibe Tollius etoit a Leipsic en 1707, et 'Burchard Menckenius , qui reimprimoit alors le trait(? de Valerianus , De infcliciUiLc Uitem.- i88 Litres divers, torian , lui ayant demands s'il ne connolssolt pas d'aiHres gens de lettres malheureux , il lui donna la nomenclature ciirieuse dont 11 es-t question dans cet article, et qui n'a Jamais paru en Francois. L'ar- ticle suivant est une traduction par extrait de Touvrage latin de Joseph Barberius , sur les ca- liimites des yioetes grecs. Des notices sur un tres-grand nombre de poetes et d'autres aufeurs beiges et bataves qui out ecrlt -en latin, rcmplissent le resle de ce volume. Pendant un voyage dans les 17 provinces beiges et bataves le C. Coup(^ avoit recueilii , il y a environ vingt ann^es , une infinite? de notes sur les savans de ce pays , et le proFesseur Allamand 6e Leyde lui en avoit encore fourni d'autres ; le C. Coup^ avoit alors lorm^ le plan d'une histoire litt^raire des 17 provinces 5 mais les circonstances ne lui ayant pas permis de I'ex^- cuter, il se propose de publier successivement les maf^riaux c|u'il possede ; ce qui ne pent que faire piaisira ceux qui aiment I'histoire lilt^raire. AVIS. Ceux qui desirent faire annoncer leurs ouvrages dans quelques-uns des meilleurs journaux de I'Alie- raagne , peuvent en remeltre un exemplaire au bureau clrine el des precedes du C Sacombe , dans I'art des accoucheraens ; par /. B. Demangeon. 269 Jurisprudence. Nouveau style-pratique des huis- siers. a^-* Dictionnaire sur le nouveau droit civil ; par le C. T... ibid. Histoire. Forsoeg til en Skildring af Quin- dekioennets' huuslige og borger- lige Kaar hos Skandinaverne foer Kiistendommens' Indfoerelse , etc. — Essai d'un tableau de I'etat domestique et civil deg femmes chcz les Scandinaves , avant retabirssement de la reli- gion cliretienne; par Z.. En- gelstoft. a&5 Histoire lifteraire. Slavlscher Biicherdruck in Wiirtem- berg Im 16 lalirliunderf. Ein - lllterarischer Bf riclit von Christian Fiitdfich Schnurrer , Prof, ia Tiibinf^on. — Imprrssion tie li \res en Jangiie slave, dans le diicfie fie XViiitcnib erg, dans le 16.* sierle. Rapport littt'-iaire , par Chretien Ttc-dinc Schnurrer. 265 Graininairc. Distiques de Catr>n , en vers latins , ft-qncois et allemands. 267 Musique. TlnJon'e dp la musique vocale , par Florida Tomeoni. 371 Romans. Un moi's d'hiver d'AIphonse, on Campagne* galantes d'un hus- sard ; par /. F. Dognon. 272 Correzader Fratike vom Sevennen- gebirge, aus den Archiven des Tempelordens , von Johann Goehel, franzoesischem Burger. — Correza le Franc , d<» la mon- tacne de.s Cevennes, tire des ar- chives de I'ordre des Templieis , par J. Goehel. 373 les Dangers de la seduction , et les faux pas de la beaute , ou les Aventures d'une villageoise et de son amant ; par P. J. B. Nougaret. 276 Le Chateau noir, Ctt 1<« Souffrance* de la jeune Ophellp ; par Vau^ teur de la Mere coupable. ibid. ; Les Veillees de ma {^and'mere nouveaux ron'ies des lees i, I'usage,; dps jeiines enfans;, par le C. Cray Duminil. 27J Les Infortunes ,de la Galefiere pendant le regime decemvira! per J, Rosny. 278 Paris, oule Rideau leve, anetdote*;^ singiilleres, bizarrrs e t sentinien-* tales; par P. /. B. Noagaretf\ ibid. Bibliographie. Notice d'un livre iniprime k Bam- berg , en 1462) lue k I'lnstitul national, par Camus. 279 Melanges. , Briefe zur Befoerdernng d'er'Hu- nianiijpt ; heiausgegehen voa J". G. Herder. — Lettres poor I'a-" vancement de rhunianit^ , pu/ blioes par J. G. Herder. a8t*! i Les Soirees litteraires ,ow Melange* I de traductions nouvelles des pliW'i beaux morceaux de I'antiquit^ ; par J. M. L. Coupe. 28^ AVIS. Ou pent s'adresser au Bureau chi Magasin Encyclopcdique , i)puf se procurer tons les Livrts qui paroissent en Franco et cheg; 'b-Ii auger, CL g(:ueralenictit pour touL te qui concerne l;i Librairie- ainieune el niodenie. On s'y charge aussi de toiUes sorlcs d'impressions. ;' Les Livres nouveaux sout auuouces dans ce Journal aussitut^^ aprfes qu'ils ont ettS rcinis au Buieau ; c'est-a-dire, dans le Nu-\* inero qui se public apres cettc remise. ■ h I.e iVIagasiu parotl reguliereiucut le premier de cliaque mois. 'IE On /n/? les, Zibraires qui cnvoient des Livres pour les annomer,^ Wen ir.drqv.cr toujours le vrix. .-ip (N/ II.) i."Brumairean8. M A G A S I N ENCYCLOPEDIQUE, O V JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS, A E D I G B Par A. L. Millin. AVIS DES ^DITJEURS Le prix de ce Journal est fix^ : i 9 francs poin- trois mois, t8 fralRS pour six mois, 36 franis pour vn an,.;! Uat pour Paris que pour Ics EXtpartemens, franc de poit. On pcut s'atlresser au Biiresu da Journal povu- se prcHordi ions Ics Livres qui paroissent en France et cnez I'e'ranger, ct pour luut ce qui concerae la Librairic ancienne ct xuudenie. V- des choscs qui devoient paroitre incrbyables a " leiirs propres conlemporains ; de tels historiens -• doivent au moins passer pour des hommes foibles^ •' et credules , et Pon ne pent ajouter foi a leur ■' t^moignage , que lorsqu'ou connoit blen la purete •< des sources oii ils ont puis^^ou que leurs r^cits •' sont confiimes par d'autres ecrivains dignes de «■ foi. Mais il faut douler de ce qu'ils avancent, '< tapt qu'on ne sait point oil ils I'ont puis^ , et •' que leurs relations sont en contradiction avec " des auteurs dignes de foi. " 4.° De ce qu un historien raconte des choses " nierveilleuses qui nous paroissent incroyables, il «« ne faut pas toujours en conclure qu'il eut un " esprit foible et credule. Un ^crivain peut citer .« des fables sans y croire Jui-ra^me , ni vouloir y «• faire croire ses lecteurs ; et des ^v^nemens peu- •• vent nous paroitre fabuleux, qui paroissolent tres- . « croyables dans d'autres siecles. <• 5.° Dans plusieurs cas particuliers , il est diffi- " cile de distinguer une cr^dulitd mel^e de negli- <« gence , de Finfidelite ou dessein premc^dite de " substituer des fables' a la v<^rit(5. Et cela est d'au- " lant plus vrai, qu'il est impossible de determiner « jusqu'a quel degre p&ut etre pouss^e la credulitd <• de tel ou ii^\ homme , e;t ^u'pn connoit une mul- " tltude d'ccrivains qui, avec un esprit tres-p(?ne'- <« trant pour tout le re'ste^ s6 sont attaches a quel- le ques opinions etraiiges, aveC uu€ conviction qui Sciences dans la Grece. 290 »• sembloit cioitre a proportion de leur Invraiscm- •• blance. Cependant, lorsque de grands honimes, •< lorsque des hommes Jusfes et raisonnables repro- <• chent ^ nn t'crivain des fables pr^m^ditees, lors- ■' riu'il avance line quantite de choses si absurdes - et si indignes de toule croyance, que I'honnme • le plus credule pomroit a peine les adopter; " lorsque de plus II raconle fr(:^qucmnient des clioses }« dont on ne trouve aucune trace avant luij lors- •• quVnfin la vie de cet ^crivain est pleine d*im- «« prudences , de basses intrigues et d'impostures : '< on pent regarder avec fondement un lei (^crtvain , " comnie un historien infidele, comme un impos- " teur. " 6." II est tres-important do savoir, si un ^cri- " vain debile des fables de bonne foi , et par " simple credulitt:, reslant fidele dans tout le reste, • ou sM les debite expres et de dessein prt'mcdite. « Dans le premier cas , on pent souvent avoir au- « tant de confiance dans les choses qu'il rapporle, " que si clles ^toient appuy^es des teniolgnages let " plus certains; dans le second, \\ ne faut jaxiiais " le croirej nieme lorsqu'II s'apj)ule de garans iir^- " prochablcs , et qu'il d:t avoir puloe dans les • raeilleures sources. «• 7.^ Tons les ^crlvalns qui ont ve'tij apres les " dernlers Pylhagorlciens et Icurs premiers bisto- -< riens , ne m^ritent de confiance que lorsqu'ils " ^crivcnt d'aprcs des anclcns historicMis dignes de " foi. La confiance en eux doit diijiinuer \\ propor- •» tiou de rcloiguement ou lis soat de cos derniers; T 1 2.g6 Ilistoiyt Utteraire. «• car les fables, les faux I'ligemens, les Merits sup- " pos^s, les fausses citations des anciens se sonfe •• miiltipli^es dans chaque siecle ; et les ^crivains <« qui parlerent les derniers des Pythagoriciens, ne - s'atfacheient pas toujours aux sources les plus " anciennes et les plus pures; mais ordlnairement a «• celles qui etoient le plus pres d*eux, et dont la «' reputation ^toit la plus fraiche. " Ainsi, lorsque Porphyre et Jamblfque citent les « norns et les Merits des premiers historiens , il ne «' faut pas toujours en conclure qu*ils ont consult^ " leurs ouvragesniemes. Je prouverai dans la suite, «« par plusieurs exemples , que ees Platoniciens ont « souvent clt^ Arisloxene et ses contemporains , « non d'^apres leurs ouvrages et avec leurs propres » paroles , mais d*apres des. ^crivains posterieurs , «• qui peut-etre eux-m^mes n'avoient point puisd " dans les sources memes , et avoient quelquefois « deguis^ et falsifie les r^cits qu'ils attribuoient a « ces historiens. « 8.** Les r^cits les plus dignes de foi sont, sans " contredit , ceux que rapportent ^galement et de «. la miSme nianiere, les auteurs anciens et mo- « dernes , soit qu'ils mdritent ou non la confiance. « On peut presque dire la ra^me chose de ceux de " tous ou de la plupart des premiers historiens les " plus dignes de foi, lors m^me qu'ils sont contre- «« dits par des ^crivains posterieurs dont Tautorite « n'est pas bien ^tablie. Mais il faut rejeter entiere- " ment les t^moignages des ^crivains posterieurs , « quelque confiance qu'ils m^ritent d'ailleurs , lors- I Sciences dans la Grece. spy •« que les falts sont contredits par un on plusieurs •• anclens. •• 9." Ici coram e aiJleurs, le nombre des ^crivains m ne doit rien ajouter a la croyance des fails. Ainsi * le seul t^moignage d'un auteur ancien et digne «• de foi, suffit pour detruire des faits avances par «• tous les ecrivains douteux , ou par un grand " nombre d'entr'eux. Ce principe est plus sur en- H core lorsque ces derniers ne sont pas d'accord , " ou lorsqu'il est prouve que les faits qu'ils racon- •« tent decoulent tous d'une source unique dont la •• corruption est connue. «' 10.** Dans Phistoire des Pythagoriciens, oil le •« nombre des temoignages certains est si petit, ■ en comparaison de ceux auxquels on ne peut " ajouter foi , tous les faits dont les auteurs sont •• inconnus , sott qu'on ignore leur nom , le temps " oil ils ont v^cu, ou leur autoritd; tous ces faits " ne m^riteut aucune croyance , a moins qu'ils ne •« solent appuy , supposent done une «« ignorance complete du tempg ou il vivoit , et de «• la constitution des pays dans lesquels on pretend «• qu'il a passd quelque temps. » Ce fut vers la 60."™*^ olympiade que Pythagore , ne trouvant point de surety sous la tyrannic de Polycrale, nt aucun moyen de s'illustrer dans sa patrie, passa d'a-bord a Sybaris, ensuite k Crotone, oil il fixa son sejour. « Des son arriv^e a Crotone, «« il attira I'attention et I'admiration des habi- «« tans d« tout ^tat , de tout sexe et de tout age, «« parce qu'il possedoit tous les dons et tous les « avantages que pouvoient produire ou procurer •< un naturel heureux , une fortune brillante, de " longs voyages, iine exp^lencje mure, des entre-' " tiensintimes avec les plus grands hommes de son "temps , et une attention continuelle a s'observer ««■ et a se perf'ectionn^r soi-m^me. 11 avoit el^ pr^- " c^de par le bruit de ses grands voyages et de son H long s(^jour dans les pays elrangers , et il ii'en «« avoit pas fallu davantage pour preparer les esprits «' a le respecter , et a lui attribuer une sagesse «< rare et sublime- II eloit beau et d'une grande « taille, avantage qui pouvoit le reeoramander par- " tout, mais cj.ui nialie part ne fais6it une irapies- «« sion aussl forte que chez led Grec^ , qui estimoient ♦« autant une beaut^ extraordinaire , que les plus « grands talens et les vertus les plus parfaites. On " trouvoit, non-seulement dans sa figure , mais en- « core dans sa voix, dans ses mouvemens et daus « ses paroles, un assemblage rare de charmes en- Sciences dans la Grece. 3o3 •< gageans , avcc cetfe dlgnlt^ qui commande le " respedt. Enfin , II avoit, outre cela , une (^lorjutnce « iiresl-stible , qui ne (lattolt point les orellles et la «. vanit^ d\ine populace orgueilleuse et oisive, mais <« qui atfaquoit les passions dominantes et les vices «■ enracin^s, et peignoit les d(?lices d'une vie sage " et vcrtueuse. Selon Dicaearque, peu de temps apres - son arrivee , il parla dans les gymnases, dans les « temples et dans les assemibl^es du s(?nat. II s'a- " dressa d'abord aux adolescens de Crotone, puis « a la jeuncsse, ensciite au s(?nat lui-nieme, et en- - fin, Ipar I'ordre de ce deinier, aux matrones de <« la. ville. Ses excellentes exhortations lui valurent, « de la part des peres du peuple , des remercimens " publics, et elles firent une impression si profonde- " sur I'esprit de ses huditeurs , que les hommes «« maries quitterent Icurs maitresses ; les femmes , «♦ leurs bijoux et leurs parures , comme des chose» «« superflues et des ornemens indignes de leurs ver- « tus, qu'elles d^poserent dans le temple de Junon, " pour les consacrer a la d^esse ; et qu'enfin les " jeunes gens furent remplis du plus grand zele " pour acquc'rir des connoissances utiles. »» Get accueil le flattoit d'autant plus qu'il rendoit plus facile I'ex^cution du projet , concu sans doute en >Egypte , et medite longtemps, celui de former une soci^t^ a Jaquelle il donneroit des lois. Le nombre de ses disciples ne tarda pas a se multiplier a Cro- tone,dans les principales villes de la grandeGrece, en Sicile,dans la Grece et ses iles, et ni^me a Car- thage et a Cyrene ; mais personne n'^toit admis , 3o4 Ilistoire lltleraire, m^me au nombre de ses simples connolssances , qu'apies un Jong examen. Porphyre nous clit dans le paragraphe XTII, eraprunt^ de DIogene le roman- cier, «« qua son retour de ses voyages, Mn^sarque, « son pere, lui fit present du jeune Astraeus; et, - qu'avant de I'instruire, Pythagore, selon sa cou- « tume , porta loute son attention sur la constitu- « tion physique de ce jeune honinie; qu'il examina « son corps , et dans I'etat de mouvement et dans i« celui de repos; que, le premier, il avoit perfec- H tionnd I'art de connoitre le naturel d'un homme H d'apres sa conformation ext^rieure , et qu'il n'ad- " mit jamais personne , ni dans son amiti^, ni dans ic son intlmite , sans I'avoir pr^alablement soumis •« a cet examen rigoureux. » Le systeme de legislation, que Pythagore con^ut pour son ecole, paroit avec raison, a M. Meiners, le plus sublime et le plus sage que Ton ait jamais imaging pour I'ennoblissenient et la perfection de I'espece humaine. Ce philosophe avoit r^uni, dans ses preceptes, tout ce qu'il avoit observe d'utile et de salutaire dans les institutions de sa nation et dans celles des nations ^trangeres; il avoit profit^ de tout ce que la religion, le culte, meme les pr^- jug^s dominans, lui offroient de favorable a son plan. Son code ^toit si complet qu'il embrassoit tons les moinens de la vie , les actions ext^rieures les plus insignifiantes, les mouvemens int^rleurs , et d^veloppoit ^galement les vices et les vertusj les premiers pour les extirper,les secondes pour les fortifier. 11 tendoit uniquement a former une grande masse Sciences dans la Grtce. So5 masse d'hommes instrults, qui fussent en ^tat de travalller au bonheur g^n^ral. Voila pourquoi ceux qui, dans son ^cole , se distinguoient par leur in- telligence, leur assiduity a remplir toutes les pra- tiques auxquelles ils ^toient astreints, ^toient choisis de preference pour aller organiser les nouvelles so- ciet^s affili^es qui se formoient. On a voulu faire im crime aux Pylhagoriciens d'etre plus li^s entre eux qu'avec les aulres hommes ; mais cette union plus ^trolte n'avolt d'autre but que de les rafFermir mutuellement par I'exemple , et de les rendre plus propres, en beaucoup moins de temps, «« a devenir « les chefs et les conducteurs des autres hommes, H non dans le dessein de les opprimer ou de les •« piller , afin de jouir de leurs d^pouilles, mais •< pour consacrer leur fortune et leur sang a la - defense de la liberte, des droits et de la surety «• de leurs concitoyens , pour s'opposer a ceux qui " vouloient y porter atteinte, ou an^antir ceux q»ii " s'efiPorcoient de les d^truire. •• Pythagore avoit remarque , dans ses voyages , que le vetement n'etoit pas une chose indifi'^rente j que celui des pr^tres, dislingu^ de I'habillement com- mun , ^toit en partie cause de la v^n^ration qu'on leur portoit.Il voulut done que ses disciples eusseut des vetemens particuliers. 11 substitua les toiles de coton fin d'iEgypte aux ^toffes de laine , dont faisoient usage les autres Grecs. Ces toiles ^toient ordinaiiement telntes en pourpre , ou du moins relev^es par des rales de celte couleur. Leur vete- ment devoit etre souvent renouyeli? , et tenu dans Tome in, V 3o6 Histoire lltteraire. une extreme propret^ ; car la piopreK?, dans les habits et dans la personne, dtoit un des pr^ceptes dont Pythagore recomniandoit avec plus de soin I'observance. II vouloit que ses disciples fussent ras^s souvent , et qu'ils fissent un usage frequent des bains etdes parfums. Apollonluscroyoit qu*outre la proprele,un autre motif avoit d^sermin^ Pytha- gore a pr^f^rer la toile a la laine; c'est que la pre- miere est fille de la terre, notre mere commune, et que la seconde est la ddpouille d'une creature vivante et mortelle. Pythagore recommandoit a ses disciples deux epo- ques de la journde, celle da lever et celle du cou- cher. Le matin, i's devoient peser miirement ce qu'ils avoient a faire pendant le jour, et , le soir , se rendre compte de ce qu'ils avoient fait pendant la journee. Chacun rep^toit done , avant de se cou- cher, ces trois vers qui font partie des Vers dor^s, attribu^s a Pythagore : M Ne livre point tes yeux aux douceurs du som- .. meil, avant que tu aies repasse trois fois, dans " ton esprit, chacune de tes actions de la journee, .. et que tu te sois demands : En (jitoi ai-je tnms' - gresse ? cjuui-je fait .^ quel dc^'oir ai-je negtig^ « de rempUr ? •» Sciences dans la, Grece. 807 Le matin, avant de se lever, iU r^petoient ce« deux autres : « En sortant des bras du sommeil , examine *> d'abord , avec beaucoiip d'attentlon , tout ce que «4 tu dols faire pendant le jour. »• « Des qu'lls ^toient lev^s , ils alloient se pro- « niener seuls, dans des solitudes paisibles , dans .< des bosquets sacr^s , ou dans des temples, non- " seulement pour revelller et rafraichir leurs sens •« et leurs corps; mais aussi pour recueiilir leurs « esprits, pour repasser dans leur m^moire ce qu'ils « avoient fait la veille ou les jours pr^cedens, et « enfin pour se preparer aux affaires de la journ^e •« qui comraencoit. lis prenolent leur lyre, et en « tiroient des sons agveables, pour dis>iper les va- « peurs du sommeil, raninier les esprits animaux , " et disposer leurs ames a une activite uniforme. « C'etoit, selon eux , une l^geret^ dangereuse de " parier aux autres ou de s'entretenir avec eux, " avant que de s'etre entretenu avec soi-m^me; «« parce qu'ils croyoicnt qu'en se jetant sans pr^- « paration dans le tourbillon des hommes, ii en «• r^sultoit necessairement de I'inqui^tude et du « trouble dans I'esprit, de la precipitation dans les " actions et les affaires. «t Lorsque les Pylhagorlclens avoifnt flni leur « promenade du matin , ils se cherclioicnt les iips V a So8 Tllstoire lltteralre. I. les autres, et employoient les premieres heures « de la journde et de leurs forces reparees par le •« sommeil , a enseigner et a inslriiire, ci eclalrer " leur esprit, a ^tendre leurs coiinoissances utiles, « ou former de plus en plus leurs coeurs a la vertu. • A ces entretlens instructifs, succedoient des exer- •« cices propres a faire naifre ou a augmenter \es n forces du corps. La plupart s'excrcoient entr'eux H a la course , et se faisolent ensuite frotter et " oindre le corps; d*autres s*exercoient a la lutte n dans des jardins ou dans des bosquets; d'autres » enfin lancoient des masses pesantes vers certains •« buts, ou s'exercolent a certaines danses qui exi- <• geoient des mouvemens tres-vifs de toutes les M parties du corps et surtout des mains. Apres ces «• exercices , ils prenolent un diner, qui n'aurolt « pass^,chez lesGrecs et les RomaIns,que pour un " simple dejeuner, et qui, chez les Pythagoriciens, <• ^toit bien plus simple encore que les dejeuners «. des autres Grecs. lis n'y mangeolent point de •• viande et n'y buvoicnt point de vin, mais pre- .. noient seulement aulant de pain et de miel qu'il «« en falloit pour appaiser la faim. Apres ce repas, •« ils s'occupoient des affaires publiques, ce qui du- •» roit pendant la plus grande partie de I'apres- .. diner , et , vers le soir , ils alloient se promener « deux ou trois ensemble, et s'entretenoient sur ce « qu'ils avoient appris dans la matinee, ou sur ce .. qui avolt fait le sujet de leurs conversations. Ces « promenades ^tolent sulvies d'un bain frold, apre» » lequel ils s'assembloient dans de grandes sailes Scierfces dans la Grece^ 809 » pour prendre leur souper, qui dtolt louj'oiirs ter- « mine avant le coucher du soleil. Ces repas , oil •« jls n'eloient jamais plus de dix freres a la m^me - table, afin que la confiance fut plus intime,com- •' mencoient et finissoient toujours par des libations " ou des sacrifices , et on leur y servolt des mets « plus varies et plus nourrissans qu'a diner. lis y «« mangeoient des legumes cults, rarement de la « viande et du poisson , et seulement en petite " quantite , et lis y buvolent du vIn.Apres souper, - ils faisoient , pendant quelque temps , des lec- '. tures agreables et instructives. Le chef de la " soci^td proposolt quelque chose a lire; le plus «< jeune faisolt la lecture , et chaque membre pou- " volt rinterrompre et le reprendre lorsqu'il ^tolt " necessaire. Enfin, lorsqu'ils Violent prcs de se " s^parer,on rappeloit en peu de mots, a chacun •♦ d'eux , les devoirs les plus importans de la vie , •• et les prlncipaux articles de la regie." Pythagore, en les accoulumant a repasser chaque matin et chaque soir les actions de la fournee, n'avolt pas seulement en vue de les tenir toujours attentifs sur euxm^mes, de les accoutumcr a ne parler et a n'agir qu'a propos et avec prudence, a former leur ralson ; de leur apprendre a se con- noitre, il vouloit encore exercer leur m^moire: c'est pour cela qu'il leur prescrlvoit de se rappeler, non- seulement ce qu'ils avoient fait le jour merae, mals encore leurs actions des jours precedens, mi]tov ef\j !T«(r>;?'HAIKl'AS .''yS^Vo, singiihtrum ycro autatvm curam habendam esse cxistimabant. Pythagore voulolt enfretenir dans ses disciples une ^galit^ d'ame, que les passions les plus violentes ne pussent point ebranler. C'est pour cela qu'au rapport du meme d'Aristoxene (5), il leur dc'fen- doit les g^missemens, les larraes, les flagorncries , (j) Jamhl. §. 254. 3i6 Histoire litleraire. les prleres, les supplications, et tout ce qui leur rtsseiuble. Si quelqu'un d'eux nVtoit pas assez maitre de lui-m^me , pour r^prinier les explosions de la joie , de la colere, de Ja tristesse , la regie lui or- donnoit de se retirer dans la solitude; de ne faire, pendant ce temps , auciai reproche a ses amis , ni ineme a ses esclaves , encore moins de punir ces derniers, et de ne rentrer dans la socl^t^ qu'apres avoir r^tabli le calme dans son arae. Spintharus (6) se plaisoit a raeonter, a ce sujet, qu'Archyfas de Tarente, de retour de la guerre centre les Mess(?- niens , dtant all^ visiter ses champs, et les ayant trouv^s dans le plus grand abandon , s'emporfa fellement centre son ^conome et ses autres servi- teurs , qu'il leur dit : Vous etes bienheureux que je sois en colere contve vous, autrement je ne lais~ serois -pas impufiie une negligence aussi criminelle, Pythagore recommandoit a ses disciples de se conduire avec les amis comme s'ils devoient toujours r^tre , et avec les ennemis , comme s'ils devoient bientot devenir des amis. 11 d^fendoit de faire dii inal aux animaux qui ne sont pas nuisibles , et vouloit qu'on respectat toute plante qui porta du fruit. 11 pensoit, avec raison , que des hommes qui craindroient de nuire a des animaux irraisonnables, et a des objets d^pourvus de sentiment , seroient d'un commerce plus sur et plus doux avec leurs semblables. Ce respect pour tout ce qui n'est pas nuisible, a plus forte raison pour tout ce qui est (6) JamhU §. 197. Sciences dans la Grece. 2ij utile, doit Hre une des premieres lecons pratiques que Ton doit se hater de donner a I'enfance, et iiialheureusement c'est la plus n^glig^c. On voit souvent des meres sourire en voyant leurs enfans tourmenter les chats , les chiens, lea oiseaux , jeter des pierres aux arbres et les mutiler; elles ne s'aper- coivent pas que ces premieres semences de cruaut^ germcront bien vite , et que de I'insensibillte pour les animaux naitra bientot I'insensibilit^ pour les hommes. Cette grande uniformity de raceurs, de principes, unissoit tellement les Pythagorlciens enlr'eux , que lorsqu'on voyoit des personnes tendrement attach^es les unes aux autres , on ne manquoit pas de dire: ce sontdes Pythagoriciens (7). Pythagore etoit regarde comme le Legislateur dc PAmitie _, parce qu'il reconi- mandoit a ses disciples d'dviter, avec le plus grand soin, « de lui porter des atteintes, et de lui faire « des plaies ou des blessures, parce qu'il est diffi- " cile de gu6ir entierement ces blessures , lors- « qu'elles sont invet^rees.Il vouloit, en consequence, .. que Ton bannit du commerce de I'amltie toute M dispute, toute opiniatrete, et que Pen n'offensat «♦ pas ses amis, meme en plaisantant. Les repr^sen- ■ tations aniicales, qu'il d^signoit par un seul mot •• [-Trxi^ae^-ra^in)^ devoient ^tre faites avec tant de pr^- ^ « caution , et tellement adoucies par la maniere et " I'expression, qu'il fut impossible de ne pas sentir « qu'elles n'avoient d'autre source que i'int^ret vrai (;) Jarnbl. a5o. 3i8 Illstoire litleraire, » que Ton prenolt a celul auquel elles t'toient adres- <« sees. Enfin , il regardoit comma de mis^rables <* traitres , ceux qui rompoient une amiti^ epiouv^e, « a cause de quelques mulheurs inevitables et noti « m^rif^s; et il croyoit que cette union sainte ne « poLivoit ^tre dlssoute qu'a cause de la corruption « incurable du cceur de ceux auxquels on s'eloit «« attache. '• De ce que Pytliagore , avant d'admettre dans sa societe les personnes qui se pr^sentoient , vouloit dprouver si elles etoient capables de discretion , on a conclu qu'il exigeoit un silence absolu c!e deux,de trois ou de cinq ans ; mais Aristoxene, a qui nous devons les details les plus circonstancles sur la maniere dont Pytliagore eprouvoit ses disciples, ne parle point de ce silence absolu. II dit seulement , que sa premiere epreuve etoit de voir sils pouvoient garder un seciret, se taire, et ne pas reveler ce qu'ils avoient entendu (8). Ce qui aura sans doute donnd lieu a ces pr^tendues ^preuves de deux, de trois et m^me de cinq ans, c'est que, comme tons (8) n^coTov ^iiv yv iv rp XeCLi^ctniv t^» ^ixzni^v , ia-x-a-zs-ii , tl ^vvetvlut EXEMT0EIN, (^ririii yuf) £/[» iJ[i Xxf^Ta t^ ovofcajt ) f(^ iii:.(lia^ , £< f^uvOxvovliS , ocrx «y uxna-nnriv , oiol ^rt iia-) QiaiTT^v y^^ cicc(pu^.UTltlv. Jambl. 94. On voir par ce pas- sage que les mots iX^f*^^^^^ y iXifiuSia etoient des lermes consacrc^s chcz les Pythagoriciens. Suidas explique ainsi le premier': «^2' x^ujfloy (^vT^utIuv , celui qui garde un my stare cach4. Sciences dans la Grece, 3\g les sujets n'avolent pas lam^me aptitude, les niemes dispositions, ]es uns (^lolent recus plus tot, les autres plus tard dans la society. II faut encore rel^guer parmi les fables ces expia- tions penlbles, que, selon quelques liistorlens, Py- thagore exigeoit de ceux qui voiilolent entrer dans sa soci^t^, et qui ressemblent a celles que dans les temps post^rieurs on a exlg^ de ceux qui voulolent etre Initios aux mysteres ou entrer dans les ordres monastiques. Ni Aristoxene , ni aucun historieu digne de foi n'en ont parl^. Les poetes comlques s'^tolent ^gay^s sur le corapte de Pythagore et des Pythagorlclens 5 mais il ne faut point cheicher la v^rit^ dans les portraits ridicules qu'iJs tracent , il faut seulement s'en amuser, comme s'en amusolent les Grecs. Cratlnus , dans Ja com^dle iutitul^e, UveufoQ^^aa-ct , dit assez plaisamment «« c'est la cou- «• tume des Pythagorlclens, lorsqu'ils volent arrl- M ver dans leur ^cole quelqu'ignorant qui veut faire « preuve d'habllete dans Part de parler et de lal- " sonner , de le troubler et de I'embarrasser fort « adroltenient par des oppositions , des conclusions , «. des comparuisons , des divugations ^ des amplifi- n cations (9). ■ (o) ''e^i^ Wiv uulo7s , «» Ttv' l^ia^y,}) yioftt T^? Tu<¥ Xcyuv p&'fi*!! , tuo^tIu* yj/uf kvkui Tot; uvliSiroif , rols tic^ti , r^Tj Trccg^a-a'fixrt Ton i.zio-ziXuioi? y rots /mytha-tv , va^-j^iKaf. Dioo. Lab.at. VIII , 57. 22.0 Illsfoire litleraire. D*au(res comiques avoient tourne en ridicule leur regime, leur maniere de s'habiller , et I'on se doute bien qu'ils aVoIent charge le tableau. Aristophon , dans son Pjtkagoriste , faisoit raconter , par un des interlocuteurs, une descente aux enfers. On y avoit examine la > maniere de vivre de cliacun ^ et Von avoit observe que les Vythagoriciens dijf^roient beaucoiip des autres morls , ei que Pluton ne mangeoit qiiavcc eux f a cauae de leur piete. — Voild , repond un autre interlocuteur , un dieu qui n^est pas difficile , puis- qu*il se plait au milieu de gens aussi mal-propres. Plus loin il ajoute : ils mangent des legumes et boivent de Veau ; ils sent couverls de vermine , de haiUons j et ne se lament jamais ; de sorte qiCaucun de nos jeunes gens ne pourroit supporter leur salele (lo). On volt clairement que ce portrait ne peut convenir ni a Pythagore , ni a ses v^ritables disciples. On a cru que Pythagore exigeoit la communautd absolue de biens ; mais c'est encore une erreur. On voit seuleraent, dans Aristoxene (ii), que les Pythagorlciens ( comme les Francs-Macons de nos jours ) , avoient des signes pour se reconnoitre , qu'ils s'aidoient mutuellement de leurs biens , et faisoient entr'eux des collectes pour venir au secours de ceux qui avoient dprouv^ quelque revers. Aris- toxene raconte , dans Jamblique , qu'un Pythago- ricien , apres une longue niarche a travers des d^- (.0) Dicg. Laen. VIII, 88. (1 1) Jambl. 238-9'. serts Sciences dans la Giece. 32 1 serts , accable de fatigue, entra dans une hofellerle, et tomba dangereusement malade. Ses fonds dtoient ^pulses J cependant I'hote, par commiseration, lui founilt tout ce qui lui ^toit n^cessaire. Le voyageur, sentant qu'il lui resloit peu d'instans a vivre, se fit apporter une lablelte , y grava quclque symboJe , et la remetlant a I'liole ; Si je men is , lui dlt-Il , suspendez cette fableite au milieu du cherain ; le premier qui comprendra ce symbole,vous rembour- sera gen^reuseraent de toutes les depenses que vous aurez faites pour moi. Le voyageur ^tant mort, I'hote comptoit peu sur la tablette; cependant ^ pour rem- plir les dernieres volont^s du d^funt, il I'exposa sur le chemin. EUe y resta longtemps suspenduej mais enfin un Pythagorlcien passe , jette les yeux sur la tablette , reconnoit le symbole, et I'hote est ample- ment recompense. Pythagore avoit remarqu^ , en ^gypte , que la, Kiedecine , que le don de pr^dlre I'avenir , de con- noitre la volonte des Dieux par des signes arbi- tral res , et surtout le commerce intime avec les Dieux, etoient, en quelque facon , les colonnes de la puissance temporelle , presque sans bornes,que possedoient les pr^lres de ce pays. II avoit done recueilll , dans ses voyages, le peu de connoissances que I'on avoit alors dans I'art de giierir , et qui consistoient dans une collection grossiere d'obser- vations , d'exp^riences , de remedes simples, ct de formules superstitieuses. Cet art, jusqu'a Hippo- crate , ne fut gueres autre chose qu'une jonglerie de pretre ; mais , enlre les mains de Pythagore , il Tome in. X 3^2 Hlsloire Iltteralre, devint un vehlcule puissant pour r^pnndic des v<^- rit^s utiles j assocl^ a la politique et a la legisla- tion , il produisit les efiets les plus henreux. Les ni^decins de Crotone passoient |)ourles plus hablles de toute la Grece , M. Meiners soupcoune ineme, avcc raison , que Ddniocede, qui guerit le roi de Perse, avoit ele forna^ par Pythagore , ou par quelqu'un de ses disciples. Pythagore et ses disciples ne ne- gligerent pas non plus cctte espece de charlata- nerie sacr^e, qui en impose au vulgaire. lis joignirent aux remedes qu'ils donnoient aux malades la mu- sique et lesconjurations myst^rieuses ,sans lesquelles le peuple croyoit que les remedes ne pouvoient pas ^tre efRcaces. Ces deux choses, ^toient alors aussi u^cessaires pour inspirer de la confiance aux ma- lades , que le sent aujourd'hui les moyens innocens employes par les plus graiids m^decins de nos fours. La maniere de vivre habltuelle des Pythagoriciens ajoutoit encore a la consideration qu'on avoit pour eux ; lis portoient des habits simples , propres , agreables aux Dleux ; ils s'abstenoient des alimens defendus a ceux qui se pr^paroient aux initiations; ils enseignoient et demeuroient presque toujours dans les temples et les bois sacr^s; ils s'approchoient souvent des siatues et des autels 6es Dieux avcc un recueillement et un respect religieux; ils chantoient tous les jours des hymnes a leur louange 5 ils leur faisolent des libations avant et apres les repas , et leur offroient de frequens sacrifices; mais ces sacri- fices eioient rarement sanglans , un peu de farlne, un gateau, de i'encens , de la myrrhe, en faisoient Sciences dans la Grece, 323 les frals. Quelquefols cepcndant ils iramololent des coqs et des coclions de lait (12); ils se vantolent d*une grande iiitiniit^ avec les natures divines, et disoient les voir sons une forme sensible ; ils se vantoieni aussi de faire apparoitre les ames des moits ; ils connoissoient si les personnes qu'elles voyoient en songe, ^toient vivantes on mortes; ils ^voquoient les ames de leurs amis, et entendoient leur voix du fond de leurs tombeaux ; enfin , en quality d'amis des Dieux , ils annoncoient leurs volontes , qu'ils croyoient lire dans le vol , le cri des oiseaux , les songes , le son de voix , les heureux ou malheureux presages , etc. , et predisoient I'avenir. Nul doute que Pythagore n'appreciat a leur juste valeur ces jonglcries sacerdotales 5 mais il vouloit former des homraes d'etat, il vouloit attirer sur eux une grande consideration , et il croyoit ce que croient encore bien des gens, quoique cela ne soit rien moins que demontr^ , qu'il est utile quelquefois de tromper les liommes. 11 est done raisonnable de penscr que ce philosophe avoit moins de superstition que de po- litique. On a bcaucoup dispute sur les symboies des Py- thagoriciens , parce que les veritables ne furent connus que des premiers disciples de Pythagore, et que les nouvcaux Pythagoriciens , qui fl(^figurerent sa doctrine , en forgerent une grande quantity de ridicules. Ces symboies ^toient probablement des signes particuliers pour pouvoir se reconnoitre cnlie (12) Porphyr. 36. 3^4 IJis/Oi're^ Utlerairc. eux, comme en ont les Francs-Macons niodernes; ils consisfolent encore en une langue et une ^crlture inintelllgibles ^onxXesprophanes jafin que les Pytha- goricienspussentsecommunlquerIeiirsidees,sans^tre entendusdes strangers au milieu desquels ilsse trou- voient. CVtoit, en un mot, une langue mystique, des gestes mystiques, des figures mystiques, qui n'^toient conn us que des seuls ini'i^s, et qui les aidoient a retrouver des freres dans tous les pays ou la doctrine de Pythagore avoit penetre. On a donn^, depuis, le nom de sjmbole aux courtes sen- tences morales sorties de I'^cole de ce philosoplie, et a certains pr^ceptes , dont une partle est indiffe- rente, et Fautre a peu pres ridicule, forges par les Pythagoriciens des derniers temps. On a fait de p^nibles efforts pour expliquer ces derniers; aussi I'explication est-elle sou vent aussi ridicule que le precepte meme. 11 reste a parler des prdtendus miracles de Pytha- gore. Les reflexions de M. Meiners sur ce sujet, me paroissent si sages , que je crois devoir les mettre en entier sous les yeux du lecteur. " Quand on sait que chez tous les peuples, avant «< qu'ils fussent parvenus a un certain degre de lu- « mieres, tous les horames c^lebres ont H6 changes • en fttiseurs de miracles; que les Grecs surtout , « avant et apres Pythagore, ont attribu^ des mi- « racles a la plupart de leiirs anciens poetes et " de leurs anciens philosophes, tels par exemple theories par ses experiences : il crut avec raison que le livre qui inspiroit le gout de I'histoire naturelle a tous ses lecteurs , ^toit le plus propre pour le faire naitre dans I'esprit de ses disciples; il le tradulsit en italien, il I'enrichit de notes ; il y ajouta une preface oil il faisolt remarquer les siijels de I'dcononaie animale et v^getale qui m^ritolent surtout I'attention de ses Aleves , en leur Indiquant quelquefois les moyens de r^usslr dans ces recherches. C'est ainsi qu'il se d^- voua d'abord au bel emplol d'instltuteur de ses com • patrlotes , et qu'il est devenu le modele de ceux qui veulent enseigner utilement. II publia le premier vo- lume de sa traduction, en 1769, et le second, en 1770. Les relations de SpallanzanI avec Bonnet , In- fluerent sur son genie qui se plia a la m^thode se- vere du [philosopbe dc Geneve, et qui adopta les principes de sa philosopbie et 'de sa methode ; il se faisoit gloire d'etre son disciple, et il nieditolt sans cesse ses beaux ouvrages : c'est ainsi qu'il fut engage a chercher dans la nature les preuves de I'o- pinlon de Bonnet sur la generation des corps or- ganises , et que ce beau sujet fixa longtemps son attention. II publia^ en 1776, les deux premiers vo- lumes de ses OpuscoU di fidca animale e vegctabile ; ils Notice sur Spallanzaiii. SSy lis sont le d^veloppenient d'line pavtle ties observa- tions microscoplques qui avoient d^ja paru. Si I'art d'observer est le plus difficile , il est en- core le plus n^cessaire de tous les arts ; mals il sup- pose toutes les qualites , tous les tale«s ; aussi , quoi- que chacun croie y ^tre plus ou raoins consonim^, il n*y a pourtant que les grands hommes qui I'aient exerce d'une maniere distingu^e. Le g^nie seul fixe les objets qui m^ritent les regards, lui seul dirige les sens sur les obscurites qu'il faut dissiper , il les surveille pour prevenir leurs erreurs , il les anime pour suivre a la piste ce qu*ils entrevolent; il dearie les voiles qui cachent ce qu'on cherche, ilsoutierit la patience qui attend le moment de voir au milieu des obstacles qui se multiplient; enfin, c'est le g^- nie qui concentre I'attention sur un objet , qui lui communique cette Anergic pour imaginer, cette sa- gacity pour decouvrir , cette exactitude pour aper- cevoir , sans lesquelles on ne voit qu'une partie de la v^rlt^, quand on ne la laisse pas ^chapper toute entiere? Ce n'est point tout encore ; quand on a lu la nature avec precision , il faut I'interpr^ter avec fid^lite , analyser par la pensee les pb^nomenes anatomises par les sens, s'occuper de I'espece en observant I'indivldu, et pr^voir les propositions g^- nerales en consid^rant les faits Isolds. Ici , la pru- dence , la clrconspection , ne garantiroient pas tou- jours de I'erreur, si un amour ardent pour le vrai, n^essayo t pas dans sa coupelle les observations et leurs consequences , et s'il ne r^duisoit pas en sco- ries tout ce qui n'est pas la verity. Tome 111. Y 238 Biographic. Tel fat Spallanzani dans toutes ses recherclies; tel on le vlt d'aboid dans ses opuscules. Occupe du grand phdnomene de ]a g^n^ratlon, il cxaraina I'o- pinion de Needham pour d^monfrer son impossibl- llte : celui - ci , m^content des observations nilcros- copiques de SpalJanzanI , qui enervolent la force v^- g^tatrice imaglnee pour mettre la matiere en mou- vement , defia le piofesseur de Regglo de revoir ce qu'll avoit public ; niais illui prouva sans r^plique, par utie suite de nouveaux faits, qu'on revolt pour I'ordinaire toujours ce qu'on a bien observe , et qu'on ne revoit jamais ce que Ton se conlente d'imaglner. Je ne remarque point la loglque severe, et la po- ]itesse ainiable de Spallanzani dans sa refutation, I'art avec lequel i! deinontre a Needham les causes de son erreur; mais on apprendra toujours avec plai- sir, que les animalcules des infusions sont produits par des germes , qu'il y en a quelques-uns qui bra- vent ^ comme quelques oeufs et quelques graines , les froids les plus algus, et Ja chaleur de I'eau bouil- lante. 11 traite a cette occasion I'influence du froid sur les animaux, et il prouve que I'engourdlsse- ment Mthargique de quelques-uns pendant I'hiver, ne depend point de I'impression que le sang pent en recevoir , puisqu'une grenouille priv^e de son sang, devient l^tharglque lorsqu'elle est rt^froidie dans la glace , etliage ensuite comme auparavant lorsqu'elle est r^chaufFee ; il montre de meme , que les odeurs , diverses liqueurs , le vide, agissent sur les animal- cules comme sur les antres animaux, qu'ils sont ovipares, vivipares , et hermaphrodites. En parcou- Notice sur Spallanzani. 33^ rant ainsi ces plages (?cart(^es de la nature avec cet iilustre voyageur , on rencontre toujours des faifs nonveaux , des remarques proFondes , des details pr^cieux , des anecdotes ctirieiises ; une histoire unl- verselle de ces etres (\m sont les plus nombreux du globe, quoique leur existence soit a pejne soupcon- n^p , el que leur organisation soit , a divers ^gards , si diflerenfe de celle des anlmaux connns. Le second volume de cet ouvrage est un voyage nouveau dans des terres plus inconnues : un pinceau sublime les avoit d^ja d^peinles , mais le tableau n'e- toit pas fait d'apres nature. Spallanzani donne ici una histoire des animalcules spermatiques , que leur elo- quent historien conFond toujours avec les animal- cules des infusions. On y admire la d(*fiance modeste de ce nouvel observateur, luttant presque toujours centre ses sens et I'autorit^ de Bufron,et il ne paroit admettvequ'avec repugnance les r^sultats de ces ob- servations mullipliees et varices de mllle manleres ^ qui devoilent les foibles appuis du systeme des mo- lecules organiques. Spallanzani d^crit ensuite le Totifere et le tardi.^ grade y ces colosses du monde microscopiqiie , «in- guliers par leur figure el leur organisation, mais plus slnguliers enco-e par leur facuhe de reprendre la vie apres une suspension totale de tous ses actes apparents pendant plusieurs ann^es ; c'est surlout ce phenomene qu'Il considere pour en fixer les li- naites et les conditions , pour en chercher les causes et les lier a d'autres qui lui sont analogues. Je ne parle point ici des experiences de Spallan- Y 2 340 Blographie. zani siir la mort des animaux dans des vases cloS) parce qu'il les a reprises, ^tendues et ^clair^es de ]a lumiere de la nouvelle cbymie ; mais il terniine ce recuell par une histoire des moisissures , dont ii fait voir la graine nageant dans I'air , et il reniarque que ces champignons microscopiques se distiagiient des auties plantes par leur tendance a croitre dans toutes les directions, sans etre soumis a la loi pres- que iiniverselle de la perpendicularity des tiges au terrein. Spallanzani fut charg^ du cabinet d'histolre na- turelledeTuniversite, mais ilse trouvapresque led^- positaire titulaire d'un tresor qui n'existoit pas ; il en jeta les fondemens , et il est devenu par ses soins, un des plus pr^cleux et des plus utiles. Il I'enrichit par ses voyages rep^l^s sur terre et sur mer , en Europe, en Asie, au travers des Appennins , des Alpes, des Krapacks , au fond des mines, sur les debris des volcans , a la bouche des crateres ; sou- tenu par sa passion au milieu des perils, il conserve le sang - froid du philosopbe pour contempler ces merveilles, et I'oeil percant de I'observateur pour les etudier. C'est ainsi qu'il distinguoit toujours les luorceaux propres a perfectionner la science en fa- vorisantl'instruction j c'est ainsi qu'il remplit ce vaste depot de richesses que tout I'or du monde n'auroit pu rassembler, parce que For ne remplace jamais le g^nie et le dlscernement du naturaliste ^clair^. En 1779., Spallanzani parcourut la Suisse et le pays des Grisons; il vint alors a Geneve 011 il sd- JGurna un mois ayec ses amis, qui Tadmirerent en- Notice si/r Spallanzani. ^^t core clans sa conrersasion , apres I'avoir admir^ dans ses ccrits. Je I'ai vu jouir du plaisir qu'll procurolt a Trembley, Bonnet et Desaussure ; son ame sen- sible venolt au devant de celie de ces grands hona- mes, il leur d^rouloit le fil de ses grandes pens^es, il s'animolt en r^fl^clilssant sur ]es grandes vues qu*elles falsolent naitre. 11 seroit blen utile de rap- peler ces conversations amicales pour I'honneur de eeux qui les tinrent, et I'lnstruction de la post^rit^ j mais il sera toujours important de savoir que les beaux g^nies savourent les douceurs de I'amiti^ , et trouventleurs dellces dans les ^panchemens du cceur^ comme dans la decouverte des secrets de la nature. Souvenir cruel! ces hommcs illusfres qui ont ete les Qrnemens de leur siecle par leur savoir, leurs decou- vertes et leurs vertus, qui ont conybl^ le bonheur de leurs amis par leur indulgence, leur sensibility, leurs instructions et leurs exemples , tous ces hom- nies immortels sont morts aujourd'hui , et ne lais- sent a ceux qui les ont aime et adniir^, que le d^- sespoir de les remplaccr , et la douloureuse conso- lation d'en avoir ^\^ cheri. Spallanzani revint a Pavie , etpublia, en 1780,. deux nouveaux volumes de sesDisserlazioni di fisica animale e vegelabile. II y r^v^la les secrets de I'in- terpreiation de la nature sur deux pb^nomenes tres- obscurs de iVconomie vegetale et animale-. Quelques experiences faites par Spallanzani sur la digestion , pour ses lecons , I'engagerent a <^tudler cette operation t^ni^breusej il r^p^ta les experiences dc Reaumur sur les oiseaux gallinac^s ; et U observ.-v Y 3 S42 Biogrophie. que la trituration, qui est dans ce cas une aide a- la disgestion , ne sauroit en etre le moyen efficace ; il vit que le gesier de ces oiseaux qui pulverise les nolx et ies noissettes , comma les lanceKes et les aiguil- les j,ne digere point la pousslcre qu'Il foime, qu'elle doit snbir une nouvelle preparation dans Testomac, pour former la bouillie alimentaire qui renferme les Clemens dusang et de toutes les hunieurs ; il etabllt que la digestion s'opere dans I'estomac d'une foule d'animaux , par Paction active d'un sue qui y dis- sout les alimens ; et, pour rendre sa demonstration plus frappante , 11 eut le courage de faire sur lui des experiences qui pouvoient devenir funestes,et I'adresse decompleler ses preuves par des digestions artificielles faites dans des verres sur sa table , en melant les alimens machos avec le sue gastrique qu'il savoit extraire de I'estoniac des animaux : mai& ce livre si oiiginal par la. multitude des experiences et des observations curieuses qu'il renferme, est en- core plus digne d'attention par I'esprit philosophi- que qui Pa dlct^. Ce sujet est un des plus difficiles de la physio- logic ; Pobservateur est toujours forc^ d'agir et de ,voIr dans les tenebres , il est obligd de manager Pa- nlmal pour (5viterle derangement de ses operations ; et , quand il a laborieusement acheve ses experien- ces, il faut qu'il distingue les consequences quelque- fols vicieuses qu'on pent en tirer, de cclles de Pob- servation , qui ne ttompent jamais quand elles sont immediates. C'est vraiment un beau spectacle que celui de Spallanzani dans cet ouvrage j analysant les \ ■ , Notice sur Spallanzuni. 843 faifs avec scrupule pour d^convrir leurs causes avec surety J inventant des ressources heureuses pour sur- montcrles obstacles qui se renouvellent ; rapprochant la nature de scs exp6lenccs pour les juger; salsissant dans ses observations tout ce qu'ellcsont d'esscntlel \ mesurant leur solIdIt<^ pour I'augnieatad'on ou la di- njinutlon des causes soupconn^es ; Irouvant Its ex- periences tranchantes; tirant Jes conclusions les pluj justes; ^cartant les hypofhcses les plus plausibles ; d^montrant noodesJeruf-nt les erreurs de ses devan- ciers , et employant I'analogie avec cette sage cir- conspection qui inspire la confiance pour un instru- ment si dangereux et si utile. Disons-le, Spallan- zani eut un sens particulier pour d^couvrir la xO- rite, tandis que la plupart des observateurs ne I'at- 4elgnent gueres qu'apres avoir d^crit autour d'elle une longue spirale ; il y court en suivant la ligne droi(e,et ilia ravit toute entiere sans qu'elle puisse lui ^chapper. Get ouvrage donna de I'humeur a Jean Hunter ; j'en ignore la cause y uiais il publia, en 1785, des chsenations sur la digestion , oil il lanca des traits aniers confre Spallanzani , qui se vengea en publiant cet ouvrage en italien, et en adressant a Caldani^ en 1788 : Una lei t era opolngctica in rispoi/a a lie osseTsazioni del signor Gioianni Hunhr; 51 y releve avec mod(^ration , mais avec une loglque terrassante, les m^prls affect(!^s du pbysiolog'ste anglois , et il d^- xnontre ses erreurs d'une nianiere qui ne lui laissa pas Tespoir d'une reponse. Le second volume tralle de la g^n(^ration des ani- Y 4 34^ Biographic, maux et desplantes. Spallanzani proiive, par des ex- periences aussl solldes que surprenantes , la pr^exis- tence des germes a Jafecondation ; II d^raontrel'exrs- tence des tetards dans les fcmelles de cinq especes differentes de grenouilles , de crapauds et de sala- mandres , avant leur f^condation ; il raconte les succes des fecondatlons artlficielles op^r^es sur les tetards de ces cinq especes, et meme sur un qua- drupede*, il montre de m^me la graine dans les fleurs avant remission de leur pausslere, et , par une ana- tomic subtile dont on ne se fait peut - ^tre aucune idee, il met sous les yeux, dans la fleur du spartium junceion j la silique , ses graines avec leurs lobes et leur plantnle ; il les suit dans leur developpement, avant et apres la fecondation, et il ne permet pas de douter que la graine et ses enveloppes n'existassent longtemps avant I'epanouissement des boutons, et parcons^quent longtemps avant qu'elles pussent ^tre fecondees. 11 a r^pet^ ses observations sur plusleurs especes de plantes avec les memes resultats; enfin il a dleve des Indlvldus de plantes h. fleurs femelles qui ont porte des gralnes fecondes, quoiqu'elles fus- sent rigoureusement a Fabri du soup^on meme d'une communication avec les poussieres des fleurs males. Telle est la suite des pbenomenes surprenans que Spallanzani ajoute a I'histoire de la nature. Je laisse un moment reposer la pens^e sur ces belles decou- vertes, pour m'occuper plus particulierement du grand homme a qui nous les devons. Spallanzani , suivant sa coutume , profita des fu- ries academiques de 1781 , pour un voyage dont Tang- k Notice sur Spallanzani. 846 mentation du cabinet de Pavie fut le principal but; il partrt au mois de juillet pour Marseille, oii il commenca une histoire nouvelle de la nier, qui pr^- senteroit d^ja une foule de fails neufs et curieux sur plusieurs genres des habitans des ondes; il alia de m^me a Final , a Genes ; il passa de la a Massa et a Carrara , pour observer les carrieres de ce mar- bre, fameux cliez les statuaires ; il revint a la Spezzia, et il rapporta a Pavie une immense recolte de pois- sons , de crustac^es , de testacies , qu'il deposa dans ce cabinet dont ses voyages I'avoient rendu digne d'etre le gardien. II visita, dans les meraes vues et avec le meme succes , les cotes de ITstrle, en 1782, les montagnes de I'Appennin, en 178,3, oil il ob- serva les oiages terribles et la vapeur singuliere qui a rendu cette annee fameuse dans la m^teorologie, Le cabinet de Pavie voyoit ainsi, chaque annee, ses ricliesses s*augnienter ; il devenoit ainsi toujours da- vantage I'objet de I'admiration des voyageurs ins- truils , mais on admiroit encore plus le travail im- mense de Spallanzani qui en avoit recueilli toutes les parties. L'erapcieur Joseph II le savoit , lorsqu'il vint dans la Lombardie; il rechercha d'abord la con- versation de Spallanzani , et il lui temoigna son ap- probation en lui donnant sa m^daille en or. L'universit^ de Padoue offiit, en 1785, a Spal- lanzani , la chaire d'liistoire naturelle que la mort d'Antoine Vallisneri laissoit vacante, en lui pro- mettant des honoraircs plus considerables que ceux qu'il avoit a Pavie ; mais I'archiduc doubla sa pen- sion , et lui permit d'accompagaer a CoustantiQQr ^4^ Biographic. pie , le chevalier Zulianl , qui venoit d'^lre nomrrf baile de la republlque de Venise. II paifit de ceKe ville le 2 1 aout ; pendant la route 11 fit plusieurs observations sur Ics productions marines qu'il ren- contra dans ccs parages, comme sur ies ^v^nemens m^t^oroiogiques de tousles jours, ent.ie lesquels il ^ut I'avantage de voir une espece de trombe. II toucha a diversesiles de rAvcbipel qu'il parcourut; il descendit a Troie pour visiter Ies lieux chantes par le poete qu'il pr^feroit a tous Ies autres, et, en foulant aux pieds cette terre si anciennenient fa- meuse, il fit des observations g^ologiques tres-orl- ginales. On peut juger a J'avance I'lnteret qu'on ^prouvera en lisant le voyage de Spallanzani, par quelques ra^moires qui ont paru dans Ies Memorie delld societa ituliana , sur Ies trombes de mer, le choc de la torpille , diverses productions marines, et I'ile de Cythere , ou il d^couvrit une montagne composee de diverses especes de fossiles, entre les- quels il doit y en avoir plusieurs qui cnt appartenu a des horames. Ce fait curleux a peut-etre contribu leve }usqu'a Ja cime de I'^ECna , ces torrens de pier- res en fusion qu'eJle d^gorge ; A reconnoitre la na- ture des pierres ponces qu'il a d^montr^e depuis,dans des pierres ponces artlficielles. Je m'arrete , car je voudrois encore parler des ft ux de Barigazzo et de divers autres endroits , dont quelques-uns bruloient encore incognito , mais dont il fait voir la cause dans le gaz hydrogene carbone qui s'enflamme. N'oublions pas de rtmarquer qu'il sut rendie ces feux utiles a I Notice siir Spallanzani, 35 1 la fabncatlon de la chaux, et qu'on les eniplole tou- joiirs avec fruit h. cet usage. 11 fut bicn (;toRne , tjuand je lui appris, quclques anuses apres la pu- blication de son ouvrage, que Koempfer, dans ses Amcenilaies exotica , decrit des feux semblables qu'il avoit vus a Baku, dans la Perse, et qu'on les em- ployoit au meme usage. Spallanzani termine ce bel ouvrage par des recherches interessantes sur les hi- rondelles , dent il fail connoilre les mceurs aimables , la rapidil^ du vol , le parli qu'on pourroit en tirer pour une poste a^rienne, ieurs migrations d^ter- min^^es par la temperature de I'air, et la nalssance des insectes qu'elle favorise ; enfin il discute le fa- meux probleme de leur engourdissement pendant I'hiver, et il prouve que des froids arlificiels beau- coup plus grands que ceux de nos climats, ne ren- dent pas ces oiseaux l^thargiques. II fait connoitre ensuile une chouette raal decrite ; enfin il s'occupe des anguilles et de leur generation , qui est (oujours un probleme a r^soudre j mais il le conduit par ses recherches , jusqu'a ce pas qui reste a faiie pour en avoir une solution complete; on le franchira ia- cilement par un petit nombre d'observations , dans des temps et des lieux determines que les occupa- tions academiques de Spallanzani le foicerent d'a- bandonner a d'autres. Spallanzani suivit avec int^ret les progres de la chymie francoise, il ne tarda pas a fadopter ; elle etoit faite pour un esprit aussi juste que le sien , qui aimoit \t plulot gr.;nde que petite; il avoit un grand front, des yeux vifs et noirs , un teint biun, un (en)p(?ranient rob..ste : il ne lessenllt, pendant toute sa vie,qu'un acces d'une fievre t res fori e qu*il piil en sortant des mines de Scheninitz, pendant un froid tres-vif ; lati 3 de la T^publique, il fut attaqu)v cttriuv t»j? fZ!iyiJ<>,^ci^i]S ^ioOftiTOJI f^^ h K>lfZ , !;rif If A I'exemple de tous les autres Eclectiques , ou nouveaux Platonlciens, Asclepius de Tralles a voulu concllier la doctrine de Platon avec celle d'Aris- tote (7). Ce dernier philosophe avolt eu n^anmoins le dessein Evident, dans ses M^taphyslques , de refuter Jes opinions de son maitre, surtout celles qui font le sujet du dialogue intitule le Parmenide. Asclepius observe que I'ouvrage des Mdtaphy- siques n*est pas aussi bien r^dig(? , et n'a pas autant d'ordre que les autres Merits d'Aristole. II pretend que ce philosophe Tayant envoy(5 a Eudeme de (7) Vid. Drucker , Hist, philos. t. II, p. 353, etc. Maniiscn'ls d^Asclepiiis. 363 Rhodes, son ami , celul-ci ne jugea pas a propos de le publier ; et que dans cet inlervalle , etant venu a mourlr, quelques portions de ce llvre pcrirent. Les descendans d'Eudeme , sans avoir <^gard a ses inten- tions, rassemblerent ce qui en restoit , et le sup- pleerent par les autres ecrits d'Aristote , autant que cela fut possible. On ne dolt done pas ^tre ^fonnd du d^faut de suite qui s'y trouve. Les uns disent qu'll composa quatorze llvres, et d'autres trelze. On a menae avanc^ , mals sans fonderaent , que Pasi- cles , fils de Bo^thus, frere d'Eudeme, ^tolt I'au- teur du premier llvre (8), dans lequel il n'est pas cependant difficile de reconnoitre la force du g^- nie, le sfyle , et les princlpes d'Aristote, et oii ce grand homntie, r^futant Platon , demontre la non- existence des causes materlelles, et embrasse le sen- timent d'Anax^igore. Tel est en substance le reclt d'Asclt^pius (9). J'aurois plus d'une reraarque a falre sur la der- niere assertion , s*ll m'etolt permis d'entrer la-dessus dans quelquos discussions. Ascleplus fait honneur de tout ce qu'll dlt a Atnraonius, son maitre ; et , comrae tons les autres Eclectiques de son temps, ( 8 ) PliUopnnus pretend que c'est le second livre. Hunc librum. ciunt quidam esse Pasicratis, filii Bo'ithi Rhodii , ^ui era c f rater Eudemi. Auditor vero fuie Aristotelis. Comment, ia metaph. I. II, f.o 7 , vers. Ed. Franc. Patricii. Voyez d'ailleurs, sur le sort de tous !es ouvrages d'Aristote, apres sa mort , ce que Sirabon en rappone, 1. XIII, p. 419. (9) Voyez la note \ la luite de cctte notice. S64 Philosophle. il se serf tie l*espece de formule k-a'o (io)2;jjoA/» ih TO f^iil^ot uX^ot t^s fcirei ru (pus-tx.cc 'AQ/, fSTtfei^ar. (14) On ne fait pas mention d*commenta!re de Themisiius sur le dou- zienie livre des Melapliysiques , panni les IinprinjvJs , Moyse Finzi n© I'ayanr public en latin que d'apies une versiou liebraique. 366 Philosopliie, tionale (i5). Selon lui , cet auleur clieiclie, dana son oitviage, d'apres les principes de Platon (i6),le but on la fin de la vraie pliilosophie, et le cbemin qui y conduit (17). En cons(^quence Asclepius ex- plique le texte de Niconiaque , et fache de T^clair- cir par des citations de Platou, et de quelqucs autres ecrivalns de sa secte. Lemanuscritde la infme blbliotlieque, cot^ 2845, ofFie un second comwientalre fort ressemblant au precedent, et que le catalogue attribue faussement a Proclus. Le nom de Philoponus, qui se lit a la t^fe (18), ne permet pas d'en nieconnoitre I'auteur. (15) Ao-kM-^i"^ T^^teiv^ its TO 7rpa>rov fiioXlov rS N/xo- TO deure^v ^i^x(oy Moii ami de Villoison possede , et a rapporte rlo ChonioucJiIsme , pres de Constantinople , un precieux maniiscrit dn X." siecle , de ce Traite de Nlcomaqiie , et qui est enrichi de scholies inedltes , et venoit de Ja famcuse Biblioiheque de Nicolas Maurocordato , Prince de Valachie , le protecteur de Bei gler. (16) Fabricius , 7?//^/. g.ra-c. t. II, ed. rer. p. 2S2 , et Jonsius , de Script. Hist, philos. part. H , p. 98, ont fait mention de cet ouvrage d'Asclepius, sans toutefois le connoitre. (17) Je traduis, en cet endrolt, le texte d'Asclepius. Un autre plii- losophe (clectique, encore plus ignore, Doninus de Larisse , dans un commeniaire manuscrit , sur le intnie ouvrage , Bibl. ol. Reg. n." 2409 et 255 1 , s'exprime en ces lerines : K«f c'Jii ret T!Xit<^» (18) E%J,yyjTig tH ^tXo-^ovis hs ^uo «g^^/^;;7/«^f iiff-^xyayiif HiKo^u^iS r5 rtc^. «,«<"'^f '■*^f d^at? reus tS A^^ 'VoOlO). EfTCi eXWV©^ IVOfClVl fill «y«f KuXov a)s'iTVXiv (K^o6iivai 'cis TFoXt^its tviXikuutviv 9rg^f- ftur^dv* £w Ttti »!' jK£(r» ^^povoi InXiUTfiTi' f(^ dti(picif)*l(rxv rud tS /SioAt'if. M>) ToAjt«5»7£? ^yic 'TT^Stlvet^ c'tx.o6iv oi f^{ltt.yiviv otKoXn^lciv. 'Eira, Xoizy^ov it'll il-sruv )(^ 7r£g^ rS ^lyuKv uX(gf^ «ot5* r» (p>7oi'' cTio ;^' ctTiro^'iXilc^ rov 'Avu- ^ccyo^v J etc s. c. PAL^OGRAPHIE P A L ^ O G R A P II I E. MemoirE sur line urne sepulchrale , cL sur lint inscription en 'vers grecs j trouvees d Marseille ^ dans le mois de prairial any ) par Fauris SainT'Fincent, Une partie de Tantlque abbaye de S. Victor de Marseille a ^te achetee par le C. Audlbert Roze , qui I'a fait d(?moHr pour y batir une fabrlque de savon : c'est la partie qui tourne au nord y la plus volsine du fort Saint-Nicolas. A huit ou dix pleds au dessous des anciennes caves , on a trouv^ plu- sleurs urnes, et quelques inscriptions s^pulcbrales. Les urnes ont de cinq a six pleds de longueur; il y en a qui sont sans ornenaens. On en volt une qui a ^t^ un tombeau chr(?tlen du septienie slecle ; J. C. et les douze apotres y sont sculpt^s dans des nicbes. Me trouvant a Marseille, le i.*' messldor der- nier, je fus invite par le C. Achard , un des ad- ministrateurs du mus^e , d'aller visiter ces d^cou- vertes. Une nouvelle urne sepulchrale venoit d'etre trouvee ; elle excita I'attention de tous les specta- teurs. L'inscriptlon ^toit grecque ; je la copiai d'a- bord ; je prial ensuite un de mes amis, infiniment plus verse que niol dans le grec, de vn , dans ses voyages , en rapporte quelqiies-uns. On voyoit au fonds de I'eglise souterraine de S. Vic- tor de Marseille, le tombeau d'Isarn , mort abbe de ce monastere , en 1048. 11 etoit bAii dans le mur , tout debout ; et le corps d'lsarn y avoit et^ place debout. L'urne sepulchrale ne ressoitoit du mur que pour laisser voir les inscriptions dont elle eioit cliargee , ainsi que refligie de cet abbe, ayant a la main une bequille , nui est la crosse fiii% Grecs. Aa 2 S7S Palcco graphic . le quadlenie cote de I'lirne , aujourd'hui ouvert, ^toit ferm^ par une pierre, qui devoit etre sculptee comme Tetoient les trois auties cot^s; que ce tom- beau ^toit peut-etre alors surmont^ d'une statue, ou d'un buste; ce qu'indiqueroit le troii que i'on volt sur le petit cot^ , au dessus de celui ou est plac^e rinscriptlon ; que , dans des temps poste- rieurs , cette m^me urne a servi el une autre per- sonne , et que , pour cette seconde destination , sans avoir ^gard a I'ancienne inscription qui y etoit,on I'a plac^e dans le sens des tombeaux ordi- naires. Ce ne serolt pas le premier exemple d'un ancien tombeau grec ou remain qu'on auroit fait servir ensuite a ensevelir d'autres personnes. II existe , dans I'^glise souterraine de S. Victor, un tom- beau remain d'une assez belle forme; le devant de I'urne repr^sente la cdr^monie d'un afFranchisse- ment , et porte un m^daillon contenant un buste dont la tete est un peu fruste. Cette urne avolt servi , dans le huitleme siecle , de tombeau a une religieuse Cassianite , nomm^e Eusebie , massacr^e, disoit-on , paries Sarrazlns. Nos peres voyoient, dans la tete mutilee du m^daillon , la represen- tation de la tete d'Eus^ble , qui s'^toit elle- meme coup^ le nez pour ^chapper aux insuUes des Sarrazins. Les lettres qui ferment I'inscription du menu- Inscription de Glaucias. 2']'^ ment que je d^crls , sont trac^es de la maniere •uivante : rAAVKIAgCTITAAO nAICAAN5 0HKgNgOC A«IZAC£KMgIKrOVnPOCnA TgPgVCgBlHN OVKg.>0HC ea T AHMON I A 2 INrONONOIOC ANHNCOI. rUPAIQTgVXglN OVTA/{^ONAAAABION,H .^0 NgPAAVMAcnANTAAIKOV CATVXH.MHTPIMgNgNgN rHPAAAKPV0HXATOTHA g rvNAIKIXHPIANAVCTHNOVnAIAO AMOPOANIH. Mon premier soln a ^i€ de consuUer le docle d'Ansse de Villoison , qui a blen voiilu me conti- nuer I'amitle qu'il avoit pour mon pere. Voici rexpllcation qu'lI m'a envoy^e. C'est un monument ^rige par un fils en bas age, a son pere, qui s'appeloit Glaucias. Ce pere lalssoit une mere fort vieille, une femme , et ce jeime enfant. II paroit que ce Glaucias etoit pauvre , puisqu*on lui dlt, comnie I'observe d'Ansse de Villoison, que son fils lui aurolt un jour procure des secours pour vivre. Son nom est purement grec ; et d'Ansse de Villoison le retrouve dans le Recueil des Inscrip- tions de Gruter , tome HI, p, 1070, n.** i, dans Aa3 374 P alec o graphic. celui de Mural or i j t. HI, p. i533,n.*' lo, etc. , efc. Chaqiie fin de vers est marqude sur la piene, par un point, oil par un petit intervalle, excepte cepen- dant la fin du slxieme vers. D'Ansse de Villoison restitue et tradnlt ainsi I'inscriplion ; et je lui dols la justice de dire qu'il avolt devin^ la vraic Iccon , au travers des faiites nombreuses qui dtCguroient les premieres copies qu'on lui avoit envoy^es ; et que toufes ses con- jectures se sont trouv^es confirmees par un exa- nien plus s^rleux et plus attenlif de cette piene sdpulchrale, apres qu*on I'a eu lavde et frottee avec une eponge. Vers I. rXavsciei '(^ ricpi^' %a,i? c\ uvi6>!}Ci vi(^ , 3. 'Oux. 'i. Invida autem , vos omnino injuste tractons Fortuna , 6. Matri cjnijlem (Glaucice) in senectute lachrymas posuit , ejusdem fero conjugi 7. . Viduitfttem , in/elicis filii cum orbitnte. Inscription dc Gluucias. 3/5 Notes du memo d'Ansse cle Villolaon. I." Cette InscrljDtion lenferme sept vers, dont le troisienie et le sixlenie, ( ce qui est assez remar- qiiable ) sont hexanie(res, et Its cinq aulres peiita- niefrcs. Le dlalecte ionlen domine dans cette pctlle piece sentlnieniale. 2.° Le sculpteiir , trompc? par la prononciation de l'£< et de 1'/, qui est a pcu pies la mcnie, a mis au second vers jK«*;£ , au lieu dc f^.y-C,^ ^ et X^f^*^^s^\\ septienie,au lieu de;t;''P "*'-•'• Tout le monde sait, dit Kuster, tome IV, p. 670 des Memoires de r Academic dcs Tnscripiiotis , que, dans les anclens nionuraens, on trouve fort souvent des luots dans lesquels on a suivi la prononcialioa populaire, plu- tot que Torthogvaphc des savans. 3." Le uienie gravenr , par inattention , a mis (ro's fois de suite c/^, au vers sixieme, /Kj;7^; wsi' ov c*; le dcrnfer cutest de trop. 4." All second vers, 11 y a un trait d'eiTace au premier inot cr«|«j. On lit snr la picne c^£/^«f, qui n'est pas grec- Le temps drslructeur a fait dispa- roitre la barre transversale du milieu du Z, barre qui le distingue du E, dans plusieurs inscriptions; comrae le savent tons ceux qui sont un peu verse's dans la pal.Tpograpbie grecque. 5."' Les formes de I's, i\n c, del'^*, et surlout celles du,>, prouvent que cette inscription est poiteiieure au siecle d'Augustc. Aa 4 3^6 PalcBOgraphle. 6.° Lps vers en sont ^l^gans ; mals au dernier, la mesure exigeroit imp^rieusement qu'on hit x^^oc^ viduCBt au lieu A^xvj^la.^ , mis pour xr^^ua.^ , viduitaicm, qui est meilleur pour le sens. II ^toit ais^ au poefe d'^criie : ^Hffiuv ^ vtapi (on s-oyepy) ireit^)>S ct-i^ o^(peivtii. 7.° Au sixienie vers , au lieu de S^t)';^«7« , il faut lire B-KKctlo , comme I'avoit conjecture le savant Chardon de la Bochelle , dont nous attendons, avec impatience, une edition precieuse de TAn- thologie. 8.** Cette inscription commence par TXavscia *^ Ta(p(^ J comme celle en vers el^giaqnes de la villa Borgliese , publice par Reinesms , n.° XLIII , jippendicis omissorum , p. io3o Syntaginatis Ins" crij)tio7ium , et redonn^e par Fabretti ^ p. 64 Ins^ criptionum antiquarum : Ilo^iXttj^ Tu(p(^ »r®-. 9.° Vers 5. lisez (phvii^ , invida, ^pithete de la For- tune, jalouse du Bonheur. C*est ainsi qu'on volt dans une inscription en vers grecs ^l^giaques , pu- blice par Muratorij (p. 1 6^3, n.^ I, t. III,fzcn^/ Thesauri veterum ijiscriptionum ) et corrig^e p. 87 de I'ex- cellent ouvrage ^Hagenbuch , intitule : de Grctcis Thesauri novi Muratoriani marmoribus quibusdam metricis Diatriba^ Zurich, 1744, ia-8.° de 47 pages: Aiuo/u-evov , (p^ovifn fx,oi^ }ca6^Xt ^la , IloXt^ct Co(p^5 X^i°^ 'i^yci XiXotzroTU. fiurKeivi ^oiif^oi , Le m^me Muratori (^ibid, p. 1768, n.° XT), rap- Inscription de Glaucias. 3.77 porte cctte inscription latine, en I'lionneur d'une pelile fille , niorte a I'age de dix ans : Jnvida son fati rapuisti Vtilem Sanctam puellam , bis rjuine^ue annos : Uec patris, ac matrb , es miserata preret. Le p. Boriacla , ( p. 887 , cJasse IX , vol. ]I , de ses Carmiiia ex antiquis I.apidibtis , Ronicc , 17^4 » in-4.° ) donue , d'apres Jean-Baptlste Ferrctti jCette autre Inscription sepulchrale : Invidere meis annis crudelia fata , Fata quihus nequeas opposuisse /nanus. La precedente est une imitation de la 53.™^ ^pi- gramme du dixieme livre de Martial: Invida quern Lachesis roptum trieteride tiona, 10." Vers 3. 0~i(^ «y h , idiotlsnie grec. II au- roit et^ en dtat , il auroit ete capable, promptus Jiusset, » D'apres cette version latine, et ces remarques du meme d'Ansse de Yilloison, je crois rju'on pourroit ainsi traduire en francois cette inscription sdpulchrale: «« C'est ici le tombeau de Glaucias. Son jeune « enfant Ini a consacre ce monument de sa pi^t^ •t filiale , qu'il a fait eclaler des I'age le plustendre. " Inforlune Glaucias , tu n'as pas pu parvenir )us- " qu'a I'epoque ou tu aurois joui de la vue de ton •t fils, qui ne t'eut pas donn^ un tombeau, mais " qui auroit ^t^ dans le cas de te procurer lessecours, ^7^ Pcilc^ogrnphle, • les douceurs de la vie, dans ta vieillesse ! T.a « Fortune jalouse vous a tous traltes d\n,e manicre " bun M.ju.ste. Des Jarmes , la vidnite, le malheur " d^ivoir perdu un pcre ch^rl, voiJa ce qu'el!e a " reserve a une mere aceablee sous le poids des « ans, a une Spouse desolt^e, a un mallieureux or- * phelin. » Je profife de cette occasion pour publier I'expli, cal.on que le menie d'Ansse de Villolson n.'a coni- muniqu^e d'une autre inscriplion s^pulchrale. Void comment il s'exprime : - M. I'abb^ Se.tini , c. HI, p. 22 de son Viagglo di Constantiuopoli a Bassora , Yyerdun, i786,in-4.%a donn^ celte ancienne ins- i^rlption grccque : « XAPHflN. KAI. KAAAIFENIA "AlATFl^NI nAP0ENOT •' TATIETCNir. AfNHMHS « X A P I M. L'auteur d'une traduction de ce Voyage, donnee a Paris, an 6, in-8.% dlt en nofe, que cetle ins- cription est en grec vidgaire , et date de 1200 a i3oo, et la rend ainsi , p. 25 : Carponis et Calligenie , en gage de memoire ^ ( Ces points indiquent les mots qu'il a supprim^s dans sa traduction ) Sup^rieure de leur Mauasiere depuis i-Jtt/^s. D'Ansse deVilloison observe quecette inscription est en grec littoral , et non vulgaire, II lit ic;.|7r^., au lieu de ^l^i'Tvm^Vit^n.iy'iyc.ci^ et DAPOENm eYrATPI, an lieu de nAPOEN^OrrATI , et pref^reroit MAXraNHI, k l.\A^ Inscription dc Glaucias. 879 TPfiNI , on bien MATPfiNIAI. Matronia est iin nom tie femme, qui se tiouve deux fols clans le second tome du Corpus inscriplionion de Grulcr , ^dlllon d*Amsterdam , 1707,15. 807, d.° B et 9, et p. 986, n." 10 ( voyez la note ihii. ). Au reste , dit il , le nom de Mitlrinia ^ et de Mufri/iius j est beaucoup plus commun dans les inscrlpfions que celui de Matrnna^ et de Mairouia. \\ est Inutile d'en rappoiter des exeniples, et de prouver que la terniinaisoii en I, dans MaTPONI , ne convient gucies a une fille, IJne table complete de tous les noms propres grecs et remains, qui se lencontient sur les monumens, ct dans les auteurs anciens, seroit un ouviage lort utile , et demanderoit une grande patience. Eii consequence il tiaduitainsi : Carpo et Calligcnia , Matronce , virgini , filia sua , natCE annos XITI , meinon'ce. causa, ,.^f Jiocce rtionumentutn consecraierunt. J Le TO^me tiaducteiir francois n'a pa«; ele p'us heureux dans rintei'pr-^tatlon d'un idlotisui': toscan. M. I'abbe Sestinl , '/Z'/c/. c. V, p. 49, parle de la folie d'un niedecin francois, nomme Simon, donne plutieurs preuves de sa ddnience , et a;outc : si troiara miseramente coll* ultimo piano splgionato ; ce qui , selon d'Ansse de V illoison , veut dire en bon ita- Tien , qn^il cn-oit perdu la iclc y et non pas quil etoit loge au galelas y comme le rend le traductcur fii^n- cois, p. 5i. " HISTOIRE. Suite du Me moire sur Alexandrie (i), j?ar le C, Langles j conservaleur des mci" nuscrits orientaux de la bibliolheque iia^ t ion ale, BiBLIOTHEQUE. J^E nom d'Alexandrle rappelle naturellement I'id^e des deux plus riches bibllotheques qui, probable- naent , aient jamais exists 5 pourquoi faut-il que cette id^e n'inspire maintenant que des regrets aussi douloureux que superflus? A peine connoit on I'eni- placement qu*elles occupolent; mals , a coup silr , aucune des deux n'a €i€ plac^e dans le pelit Pha- rillon , comme Norden le pri^tend : il a done eu tort de chercber la des vestiges de la celebre h'l- hliotheque qui , dans le lemps de Ptolemee , etoit Tegardee comme la -plus belle qu*on eut jam,ais vue (2), Cette bibliotheque, fondle, suivant I'acad^micien BonamI , au plus tard dans le temps que Ptol^m^e Soter (3) associa , au trone de I'^Egyple , Ptole- (i) Voyez Magasin Encyclopedique , Annee V, t. II, p. 189. (2) Tome I , p. 5 (Je la nouvelle edition in-4.° (5) Au commencement de la premiere annee de la CXXII.me olym- Alexandrie. 3gi »i^e Phlladelphe , son flls (4), c'est-a-dire , vers I'an 283 avantl'ere vulgaiie, etoit situee dans le guartier du Bruchion (5) , a I'orlent du grand port, du ccitd de la porle de Canope , au milieu d'une multitude de palais , de temples, et nou loin du nius(5e. Outre cette fameuse bibliotheque du Bru- chion , il y en avoit une dans les appartemens du temple de S^rapis (6), entre le petit port d'Eu- noste et la colonne dite de Pompee , dans le quar- tier nommd Rhacotis , const^quemment ^loign^e du mus^e, dont elle ^(oit separe'e par les deux ports de I'Heptastadium. On ne peut pas fixer la foa- dation de cette bibliotheque du S^rap^on ,qui etoit probablement post^rieure a celle de Bruchion ; mals ant^rieure, pourtant, a I'arriv^e de C^sar ea ^gypte, puisque cette ^poque, si funeste a 1'^- gypte, est elle-m^me celle de la destruction des deux bibllotheques. C^sar, assi(?g^ dans le quartier de la ville ou etoit le musee, fut obligi? de mettre le feu a la llotte qui ^tolt dans le port 5 I'incen- die gagna les maisons voisines du grand port , se plade, Ptolemee Soter, quon nomme aussi Ptolem^e le Lagldes ceda son roy,.,nie a Ptolemee PhiladeJphe, fils de la relne B^r^nfce^ ou plutot .1 en parragea le gouverneraent ayec lui. M^m. de lAcad, des Inscript. t. VIII, p. 177. (4) Disserta.ion sur la bibliotheque d'Alexandrie J t. IX , p. 597 el 8uiv. des Alim. de V^lcad, des Inscript. (5) B^vxuov pour nv^vyjt^y^ n.agasin de bled. (6) Ce temple etoit situe aupres du petit port , nomme Et/'vas-oy , dans le quartier Rhacotis , sur un terrain tres-sableneux , ou le* Tents elevoient dimraenses tout billons de sable. 382 His to ire, commnnJqua an quartier du Bruchlon et a la bl- bliotheque qui en faisoit pai tie. Quatre cent mille volumes furent devores par les flammes ; c'etoit probablement tout ce qu'elle contenoit. Celle du S(^rap^on en renfermoit trois cent mille ; ce qui fait les sept cent mille (7), dont parlent Aulugelle , Ammlen Marcellln , Isidore , etc. Cette dernfere fut probablement briilee , en meme temps que I'au- tre, par les soldats qui mirent la ville au pillage. Cependant, les critiques ne sont pas entierement d'accord sur ce fait : au reste , soit que la petite bibliotbeque du S^rap^on ait ei^ ^pa^gnee par les flammes , soit qu'on en ait sauv^ une partie , et que les deux cent mille volumes de la bibliotbeque de Pel game , donnee a Cleopatre , par Marc Antoine , aient servi a reparer la perte qu'elle avoit essuy^e, il est certain que cette bibliotbeque ne tarda pas a devenir nombreuse ; elle fut le rendez-vous des savans, et le temple de S^rapis , ou plutot les edifices qui en d^pendoient, leur servoient d'asile. En 3f)o , le digne ami du farouche Th^odose, le fanatique Th^ophile, patriarclie d'Alexandrie , pro- fita de la protection de cet empereur, pour dis- (7) Ces volumes en rouleaux conienoient bien moins de matieres que 110s livres des plus merliocres fonuars ; par exeniple , les Me- tamorphoses (I'Ovide foi moieiit i 5 volumes , mals aussi avoit-on fprt peu (I'exemplaires doubles du meme ouvrage ; Fart lypographique en mullipliant des editions , plus ou moins augmentees , a verse dans nos biltliolheques, une effroyable quantite de livres , dont la rtduclion sevoit plus i'l.neste aux liLralres qu'dux savans. y Jlcxandne. 383 perser la hibliolheque du S^iap^on, en chasser les savans qui s'y rassembloient , renverser le (emple ra^tne, et (:=lever , sur ses ruines, une ^glise qui portoit Je nom cle IVmpereur Arcadius. Orose (8), qui se trouvolt a Alexandrle, vingt ans apres cette ]anicn(able expedition, vit les laMeltes vides. Tous ]es savans et les livres, piobablcment, ne furent pas an(?antis , puisqu'on enseigna encore , dans Alexandrie , la pbilosophle, la geomeirie, I'astro- iiomie, la granimalre , la jiirispriulence, la mede- cine , etc., jusqu'a Tinvaslon des Musulmans; on y avoit mf'me rasscmblc^ encore une bibllothcque fort considerable, comme je vais bientot en donner la triste preuve ; niais qu'ai-je besoin de racon- ter un fait connu de tout le monde, et qui nVst iiialheureusetnent que Irop certain ? Longtemps j'ai voulu le r(?voquer en donte, j'ai nienie cherch^a led^trnire, et ces recherches-la meme ni'en ont fourni un tenioignage qu'il ne m'est plus perniis de r^cuser. Le seul auteur , jusqu'a present , de qui nous ayons appris la destruction de la biblio- theque d'Alexandrie , par A'miou , en 640, est Aboul faradje. Malgre la jnsle rrpufation dont il jouit, sa quality de chr^tien pouvoit me le rendre suspect , lorsqu'il impute aux Musulmans un acte de barbaric, sur lequel Eut5chius, Eiuiakyn , et plusieurs autres auteurs arabes, chr^tlcns et niu- sulQ?ans, gardent le plus profond silence. Jesavois, en outre, que O'mar lui mCme avoit eu recours a (S) Oros, i;b. VI, hist. 384 Histoire, la ruse pour sauver un manuscrit d'Aristote ,i„,..un.o„t de ceUe espece pour observer le n,ouvcment des corps c^lestesMZe „iroir subsis.a jusqu'au pre,.ier s.ecle de 1 H^^- „„e. Un miserable, envoys par I'empereur grec dlccident, profita de !'avidU« er^dule d« khalyfe fl Walyd benA'bdoul-n^r.k ben M^rouan pour ren- verser cet.e partie du Phare , et brUet le muo>r ;;rsouU-no: Sous, er.g„ed'Ahbn.ed ben Thou- loun, le somme. de ee Phare sVcroula , e 1 o. conscmisi. a sa place un dome en bo.s , qu. subs.sta asse. longlenrps , jusqu'a ce que les vents le d rujs.s- sen..Enrann.e673(>.74-5),="-leregnedeM- lik «1 Thahec B^yberes, une auire part.e de 1 Edi- fice s'ecroula ;le prince y fit eonstruireune^n,oH,ueeou I'on fit leservice divin jusqu'en 7o3( '^'^^'^ '^,'^''"'' U-.e'aoitsousleregned-.lM.r.k«lMotdaffer B^yberes , «n effroyable tremble.nent de terre arr.v^ ^ Alexand.ie, d^.rui.it cetle mosqu^e , et «bran a violemment le Phare, dont il -s.a encore queU nues debris jusqu'au regne d'.l Mehk .1 Nasse Mohhanrmed ben Qalaoun , le i3 du mors Dzoul Hhadjah 7.0 (tSao). Un autre tremblenrent de terre renvevsaune partie des murailles et des tours d A- lexandrie, et acheva de d^.ruire ee qu, res.o.t d« Phare, de maniere qu'on n'en voit plus nra.n.enant de vestiges. 11 y a tout lieu de croire que ce Alexandrie. 089 vocher , sitiic? dans le vieux port d'Alexandrie , et que les vaisseaux ^vltent avec tant de soln , faisolt partle des fondatlons de cet (5difice. En outre, les pierres dispersees dans ce port, et qui cou^nt les cordes des vaisseaux, ne peuvent provenir que des ruines de Raqoudah: les objets pr^^cieux que Ton en a tires a difFerentes ^poques , me confii ment dans cetfe opinion ; et je ne doute pas que de nouvelles recherches ne nous procurassent des objets de la plus haute antiquite. ROMANS. P RAX I LE. A Paris , dc i'imprimerie de RabaiLt le jeune , place du Carrousel , n.* 627, an 7 5 in- 18 de 25.7 paget?. JL^ANALYSE d'un ouvrapje , dont le principal me- rite consiste dans ut)e serie de descriptions, li^es ensemble par une fable exlr^Miiement simple, no presente jamais un interet bien puissant. Les per- sonnages principaux ne sont placets la que pour rattacher autour d'eux les diffVrentes scenes epi- sodiques qui foiment le tissu du roman. Olui d<- Traxile nVtant qu'un voyage allegor que , son me'- rite doit etie dans les tableaux qu'il nous trace lui-meme de§ lieux qu'il parcouit ; il int^ressc Bb 3 390 Romans, comme voyageur plutot que comine acteur. II a done sufB a I'auteur, pour atteindre son but, d'a- volr rendu son Praxile assez inleressant pour que le lec^ur suivit sa marche avec sollicitude, deslrat de le voir arriver au terme de son voyage, en I'ou- bllant cependant au milieu des diff^renles scenes dont il nous fait la peinture, et en ^prouvant les mennes impressions qu'il en recoitNous allons voya- ger avec Praxlle. Praxile , jeune artiste grec , liabitoit la petite vllle de Nysee ; il y cultivoit les arts avec succes , et ne connoissolt de I'amour, que cette thdorie de tradition , qui en Fait deviner les tourmens et les plaisirs. Un voyage a Mdgare lui fait connoitre la belle et int^ressante Mazide ^ fille d'Eiilocies , un des principaux babitans de cette ville. La voir et I'airatT sont I'afFaire d'un instant ; I'entbousiasme qu'elle Inspire , embrase I'imagination de notre artiste. II apprend qu'un oracle fixe les destins de Mazide 5 cet oracle a prononc^ qu'elle n'appar- liendra qu'a celui dont elle aura obtenu les hon- neurs divins. Trompe par cet oracle , Praxile croit m^rlter Mazide par des exploits belliqueux 5 mais un voyage qu'il fait a Cnide , I'^claire ; V^nus , qui lui apparoit en songe,luI ordonne d'aller cber- cber Mazide au temple de la Constance. Praxile croit le trouver dans la Thessalle , ou regnent encore les moeurs de I'age d'or. II part de Cnide ; une tempete le jette a Lampsaque ; I'hor- reur que lui inspirent les mysteres qiron y c^lebre, lui font bater son depart. II arrive pres de I'heu- Praxilc, 391 reuse Tempt'e : un jeune berger , nomm(; Euphc- viioii y amant de I'aimable Cephise , qui a (^te avant lui ail temple de la Constance, raccueille avec cor- dialite; il lui annonce toutes Ics difficull^s qu'il rencontrera pour y paivenlr, et cherchc a les lui aplanir par ses sages conscils. Notre artiste quitte ses nouveaux amis, remonte lePpn^e, arrive au sombre sejour de la Mtlancolie, et s'attcndrit au r^cit des malheurs d'une nymphe, qui lui raconte la roort pr^matur^e de son jeune amant. II traverse les montagnes glacees de la P^lagonie, ou regne I'lndlfference au milieu d'un ^ternel hiver ; il brave la puissance de la terrible d^esse, et rencontre le jeune et sensible Endymes, qui, trop ^pris de Mazide , venoit abjurer I'amour raalheureux qu'il ^prouvoit pour elle. II apprend de lui la renommee de Mazide; I'oracle , qui fixe ses destinies ,a ^te public , et toute la Grece s'empresse de soUiciter sa main. La Coquetlerie touche de bien pres a I'lndifT^- rence ; aussi le temple de celle^ci avoisine-t-il les rochers disserts, habites par Tcnnemie de I'Amour. Praxile arrive dans ce s(^jour magique ; mais les enchantemens de la tromoeuse divinity ne peuveirt le s^duire ; il se reFugie dans un temple de I'Amour; on y c^lebrolt one fele magnifique; le Dieu s'y ve»- geoit par un prodlge qui se renouveloit chaque ann^e , du mepris qu'une bergere trop coquette avoit t^moigne pour ses bienfaits et ses lois. Praxile toucbe au terme de son voyage. Le temple de la Constance n'est pas ^loign^ ; mais il Taut Bb 4 1 ops- Tiomans. traverser nn s^jour enclianleur , pour y arriver. Les Plaisirs , qui I'liabltent , s'einpressent aij(our du voyageur , et chprchent a le distraire , a lul falre oublier le but de sa course. Cependant est-il des plaisirs dans I'absence de I'objet dont on est epris ? Praxile ^cliappe aux pi^ges seduisans ; il arrive dans Pile habit<^e par la Constance ; il y trouve Mazide , enibrassant un autel di^did a la Pru- dence. Mazide lui raconte alors comment son image , trac^e de Ja main de Praxile, s'est trouv<^e dans un tempie de V^nus , volsin de Megare ; comment on I'a prise pour celie de la deesse meme ; com- ment le peuple, tromp^ par la ressemblance, lui a offert des voeux qu'il ne devoit qu'a la divinitc. Les Dieux ont applaudi a cette apotheose : To- racle est expliqu^ ; et Praxile recoit son amante ties mains de la Constance. Telle est I'esquisse de Praxile. Une imagination riante et feconde, un coloris frais et quelquefois brillant , un style national et pur,le ton de la sen- sibility et de la vertu , caract^risent cette produc- tion estimable, et lui fcront accorder une place distingu^e pavmi les ouvrages d'agremeiit, a la classe desquels il appartient. L'auteur montre partout qu'il connoi.t le coeur humain, qu'il en a fait une ^fude,r('*flechie , qu'il a observe la marche , et sou- vent ^pie le secret des passions j et I'on dcvlne qu'il n'csL pas tH ranger a quelqsies unes de eel les qu'il a si bien sa peindre. Nous plaindrions celui \)\\\ , a la lecture du tableau que nous allons trans- Praxile. 893 crire , nc se rappelerolt point ce qn'll a ^prouve lui-m^nie. «• Quel est cet encliantemcnt , ce pouvoir ma- " g'T^'^7 T"' nous enchaitie vers un objet inconnu, << y attache J'anie toute entieie? On ne Tavoit ja- «« nials vu , on crolt I'avoir chercli^ jusqu'alors ; «« que (ils-Je! il semble que son image ^toit deja » dans le canir , et que sa presence ne fait qu'en « r^veiller le souvenir. On se plait dans la douce '< id^e qu'il nous ^toit destin^ par la nature, et " I'on est pret a sVcrier : Nous nous soinmes enfin « trouv^s ! »» ( page 10. ) Nous aimcrions que I'auteur s'en fut tenu a crs traits , et qu'il cut supprime Ics details qui Its suivent. Praxile, en naviguant, apercoit de loin Tile de Syphnus , qui produit de Tor, mais dont Ics habi- tans desirent en vain , sur une terre aride, I'ombie des hois et I'etnail des prairies. <• II est des plaiairs , " dit Praxile, qui ne peuvent s'achefer, et la na- << ture semble craindre de mclcr ses dons avec les " tr^sors que nous voulons arracher de son sein. <« ( page 38. ) A Cnide , Praxile assiste aux jcux de I'Amour ct des Graces. II rapporte, dans son r^cit , quelques- uns des chants des Cnidiens : Anacreon n'eiit pas juge indignes de lui , ces deyx chansons, dont la reticence est pcuf-etre un peu trop ^-loqurnte : '« Lors(jue rhou)me sortlt des mains de Jupiter, " les Deesses ciiargercnt 1' Amour de donner nais- •« sance a la Bcauic. Alors il rasscnibia des lys , des 394 Homans. •« roses , des bluets ; il forma le corps avec ties «« lys , le niianca de legeres teinles de bleu; il «« efFeuilla des roses sur les joues ; il eu efFeuilla sur «• les genoux, sur les pieds et sur rextr^uiile i\(t% «« doigts : deux boutons , a peine ^panouis , termi- " nerent deux globes naissans. II ne lui restoit plus " que deux roses; il en placa nne sur la bouche, " I'autre Les Dieux applaudirent ; les Dresses •< baisserent les yeux. Depuis ce moment, la rose •• est consacr^e a I'Amour. » « Les Graces, dans leurs jeux enfantins, se ca- " cherent pour tromper I'Amour. L*une d'elles fut « se placer sur les ferres vermt-illes d'Elad^e; niais «« Eladee sourit , et la D^esse I'ut devoil^e. La «' seconde se glisse entre deux monts d'albatre; «. mais PAmour fait palpiter le sein d'Elad^e , et «« son voile , en se soulevant , d^couvre la plus '< belle des Graces. La troisieme. . . . Oh! dit-elle, " si I'on me devine! Mais le Desir trabit son asile, «« et I'Amour, tout avetigle qu'il est,le trouva. » ( pages 44 et 45. ) Voici la description du sdjour de la Melancolie : (page 85.) «« II est, sur les bords du P^n^e , un bois sombre " et retire. Le fleuve y rallentit son cours ; I'if et " le noir sapin ombragent ses eaux silencleuses ; le «« saule pleureur y baigne sa longue chevelure ; le " peuplier s'^leve, en mobile pyramide, au milieu « des lies qu'il forme dans les sinuoslt^s de son lit. " La, le ciel est toujours nebuleux; le Zephyr ose « a peine se joucr dans la verdure; et, lorsque son Praxlle. 3p5 '• souffle l'agi(e , il fait entendre un bnilt mono- " tone et jDlainlif. L'oiseau de la nuit gf^mit seul " dans le creux des lochers, et semble proclamer '. le legne de la divinite qui preside a ce triste " s^jour. " C'est laqu'habitela M^lancolie , loin du monde " qu'elle voudroit oublier. •• L'oiseau de la nuit, seul habitant de celte con- tr^e, nous semble la rcndre un pen trop li.gubre. Nous aurions aime y trouver la touiterelle plain- tive, la mdodieuse Philouiele, etc. Au temple de llndifference, deux jolis enfans se pr^sentent, et leur bouderie nous a rappele le de- licieux petit dialogue d'Horace : Donee gratus eram. «' lis soupiroient tons deux: on lisolt dans leurs •' regards ingenus combien ils craignoient de se " voir exauc^s. ~ .. Je ne veux plus aimer le vo- " lage Damon, disoit la berghe. » — Je ne veux •■ plus aimer la jalouse Chloe, disoit le jeune ber- " §^^- *• — Ses infidellt^s me donuent la mort. » " —Son amour est une tyrannie. » — II a promis de •- n'aimer que moi , et sourit a foutes mes com- '■ pagnes. » — Hier encore, elle juroit de n'^tre plus •• jalouse, et m'anacha les fleurs que je tenois d'une " soeur cherle. » — D^esse, armes-toi de toute ta •« puissance pour m'empechcr d'aimer le cruel Da- •« mon ! -. — Oui , fais que je cesse d'aimer Chloc : " jamais triomphe ne tc sera plus glorieui 1 .. — lis 396 Bomans. •« pleurolent tons deux, etje fus aftendii. >• — ^Aima- .« bles enfans, leur dis-je , ce n'est point ici qu'ha- " bite le Dif u qui pent finir vos peines ; vous le « trouverez dans le bocage qui recut vos premiers « sermens. Les soupirs de Damon, I'attendrisse- M ment de Chlo^, vous fcront retonnoifre sa pr^- " sence. Que Damon tombe aux genoux de son " amanie ; que Chlo^ lui tende sa belle main ; la « soutire reparoitra sur vos leries, le pardon Sera « dans vos coeurs. Chlo^ ne sera plus jalouse, et •« Damon ne paroitra plus infidele. » (page 114.) L'imaginalion et le talent descriptif brillent en- core dans I'esquisse des tableaux que Praxile voit suspendus dans le temple de I'Amour , et qui tous retracent la puissance du Dlei^i. Nous ne citerons que le dernier , qui offre une pens(^e remarquable : " Je vis enfin I'Amour, la serpe a la main: il " attachoit, au bout d'un lugubre cypres, les ra- « mcaux lians d'un rosier fleuri. AInsi les emblemes « du plaisir et de la mort sembloient se reunir et « se confondre. Telle est I'image de la vie; c'est " sous des fleurs que la Nature et J'Amour nous «• en d^guisent le terme. Heureux celui qui sait les " ddmeler et les cueillir au milieu des Opines qui «« les accompaguent ! »> ( page 143. ) L'auteur pe noipme point la divinitd qu'il vit sidger dans le temple de I'Amour; il laisse au lec- teur a la deviner. " Elle etoit mollement couchee sous un berceau " fleuri 5 deux petits zephyrs voltigeoient aupres Pfiixile. 3gy ■ d'elle , en soufflant harmonlensement dans de •• doubles pipeaiix , taiidis que, du inouvemeot de «• leurs alias, lis ialsoient toiuber sur son seiii ]a " rosee, qui se balancoLt en goultes brillantes dans •« le calice des fleurs; ils en repandoient les par- «• funis autour d\dle. <« Tout me parut prendre une existence nouvelle: " un instinct universel Invltoit (ous les ^tres au « plalslr; les fleurs se pencholent sur leur tige ; " elles s'ouvrolent au souffle enibaum^ qui leur « portoit la pousslere amoureiise qui les feconde. «• Les olseaux se carressoient dans la verdure; leur •• cbant nVtoIt plus celui qui appelle ou devance «• le plalslr ; mais ces sons entrecoupes qui I'an- - noncent; Quelquefois 11 se falsolt un moment de « silence, et ce silence m^me etolt anlm^. Un jour « foible ne p^n^trolt qu'a peine a travers les fleurs «« et le fcuillage : on eut dlt que I'Amour, apres « avoir embras^ ces bocages , venolt d'afFoibllr ja « lumlerc de son flambeau , afin de mieux assurer «« son (riomphe. •• (page 178.} Praxile s'arrache de ces beaux lieux; mals, en Jes qiiittant, il fait des vocux pour y condulre Ma- zlde , et pour lui faire connoitre un jour des plalsirs qu*il a refuse de goiiter sans elle. Heureux celui qui , pour loner un ouvrage , n'a besoin que d'en prendre des passages au hasard , avec le seul regret de devoir se rcstrelndre ! C'est ce que nous a fait ^prouver Pruxile. Ceite satis- faction qu'offrent si rarement les nouyeautcs du 398 Romans. jour,Psf blen falte pour d^sarmer la criticpe. Horace I'a dit : Vbi phira nitent iion ego paucis Offendar maculis. L'auteur nous pardonnera-t-Il de blesser sa mo- destie , en levant le voile de I'anonyme dont il s'est enveloppe ? Cette production n*est pas la pre- miere sortie de la plume du C. Girard , fils ain^; nous en connoissons alissi de fort estima)>les , sorties de celle de son pere, citoyen de Marseille, et qui, confointeinent aVec ses trois fils, vient d'obtenir, de la justice nationale, un brevet d'invention , en date du 24 messidor dernier, a Vejfet de nietlre et faire mettre d execution j dans loute f^t endue de la republique , des moyens ynecaniques de lirer -parti de t ascension et de I'abaissement des vagues de la mer ^ comme forces motrices, P. H. M. VARIETES, NOUVELLES ET CORRESPONDANCE LITTISRATRES, Nouvelles de IloUande, On nous marque de Leyde que le jurisconsulte Baiius Voorda J professeur de dtoit en celte uni- versity, homme ^gaiement disfingu^ parses con- noissances et par son caractere , y est mort , le z\ messidor dernier, ag^ de 70 ans. Le 7 du meme mois , le professeur Rauj pro- nonca un discours de vera -poetica. facultatis excel- lentia et jierfcctione spectatu inh'ibens poelanun principibus , scriptore puematis Joblj Jlomero et Ossicnio. Le 10 messidor, le meme professeur, prestdant une soci^t^ d'amis de la peintnre et de la sculpture, qui s'est formee a Leyde, y prononca un discours en langue hollandoise, sur Tuliliie et les plaisirs que procurent les arts d'imitation. Les curateurs de I'universit^ de Leyde y ont appele, depuis peu , les CC. Jean vcm Voorst ,])o\ix: professer I'histoire eccl^siastiqfie , S. F. J. Bait , pour professer les langues orientales , la poesie et I'^Ioquence sacr^e ; Simon Speycrt van der Ejk, pour professer la physique et les hautes raathema- 4C0 Nouvelles Vuieraires. tiques ; Matthieu Siegenebeek , pour professer la litt^ratme hollandoise; et J. F. van Bcek Calkoen , pour professer ( extraordinairement ) la phllosophie natureJle et les matheiiiatiques. ( Nous avions d(^ja cette derniere nomination. ) Le jeune Gerard Saii- d'forl , flls du celebre anatonilste Edouard Sandi- fort y a etc nomnie d^monstratcur [prosector) an theatre aualoniique, et , dans celte qualite, adjoint a son pere. Le professeur Rau a de plus succede a Henri-Albert Schultens ^ dans la place d'luterprete du legs de TFcikner (^d^pbt de manuscrits orien- ts taux. ) P. IL Marron d A. L. MiLLiN, Paris, 4 vendemiaire an 8. Je vous prie , mon cher Millin, d'ajouter a la lisle des traductions en difT^rentes langues du 7'^'- lemaque de FSnelon , celie en langue hollandoise, et en vers, par Sibrand b^eitama , qui parut pour la premiere fois en ryBS , et pour la seconde en 1762 ( I voU in-4.° ). Elle est tres-bonne , et la seconde edition oflVe iin modele interessant de letouche. Cclle ci ne parut que six ans apres la niort de son auteur, par les soins de son digne ami Francois van Sleemvyk , tres-bon poete lui- meme. Sibrand Feituina ^ n^ a Amsterdam, vers la fin de 1694, sous la paisible communion des Mcnnoniles ou Anabaptistes , fut d'abord destine au Nouvelles lit tei aires. 401 au ministere ^vang(?Hque ; mais sa constitution de- licate ayant mis obstacle a ce piojet , il embrassa le commerce, sans perdre , dans celle nouvelle cai- riere, son gout pour les Icttres et les arts. La poesie , surtout, eut pour lui un attrait particulicr. Le theatre hollandois s'enrichit des premieres pro- ductions de sa muse. En lyiio, on repr(?stnta avec succes, a Amsterdam, sa trag^die de Fabrknis. II publia, en lySS, le recueil de ses ceuvres dran)a- tiques , en 2 vol. in-4.° Elles sont piincipalcment composees de pieces traduites du theatre fVancois , telles que le Pjrrhus de Crebillon , le Rowulustit les Maccabees de La Motte , la Gabini^ de Br leys, le Marias de Decaux , le B?ii(us de Voltaire, le Jonathas de DuCHE, etc. Toutes jouirent des hou- neurs de la scene, except^ le Jonathas et les Muc- cabees , que repoussereut des scrupules religieux et un respect pour la bible, portt^'s a I'exces. Le succes de sa traduction de TeUmaque I'engagea a enire- prendre celle de la Henriude. II radieva en 1743; mais il mit encore environ dix ans a la polir , et elle ne vit le jour qu'en lySz. Klinkhamer en iivoit deja donn^ une en 1744. L'une et I'autre sont ^ga- leraent recommandables pour la purei^ de la dic- tion, pour I'el^gance du style, pour la richesse de la versification. Feiiavia mourut en 1758. Francois van Steenu^jk , dont nous avons d^ja paile, donna, encore, en i vol. in-4.°, ses oeuircs posthumes , parmi lesquelics on distingue sa traduction de I'Alzire de VotTAiRE, et une piece dans ie genre de la mo- rale allcgorique, intitul^e : les Da?igers de L'egchvie. Tome III. Cc 402 JSoiLvelles I'ltteraircs. Les productions originales de Feitama annoncent plus de goiit que de verve; elles n'enlevent point par la hardlesse des images on des pens^es, mais flies charment par la correction , et elles resplrent une morale douce et pure ; c'etoit la morale qull pratlquolt. Sa societe ^tok agr^able , attachante , instructive. Les amis des arts et de la vertu efoient les siens. Le dessin et la peinture partageoient ses lolsirs avec la poeRie. Son jiremier recuell ofFre un drame allcgorique de son invention , intitule : le Trioniphe de la Poet>ie et de la Peinture. Ccnx qui ont connu Feitama se plaisent a faire I'eloge de son talent pour la lecture , ou plutot pour la de- clamation de ses ouvrages Les acteurs de ses pieces le prenoient volonliers pour modele ; et ilaimolt encore plus a recevoir des conseils de personnel ^clair^es et judicieuses, qu'a en donner. Je terminerai cette leftre, mon cher Millln, par tine autre reclamation du meme genre de celle qui I'a occasionnee. Dans un des numeros du Magasiii Fncjclopediqite , 11 est question des traductions 'qui out ete faites en di verses langues du Voyage d'Anacharsls J et il ne paroit pas que I'on alt eu connoissance , ou qu'on se soit souvenu de celle falte en Hollandois , et de main de mailre, par I'estimable Stuart , d'Amsterdam. II en a ' Mon clier anil , le journal que tu rc^dlgrs et que tu soutiens avec tant de Constance depuls cinq ans, est a la Fois trop utile et trop exact pour y laisser subsistcr quelques fautes fypographiques , qui se sent glissees dans la derniere Notice sur la society Ulleruire de Calcutta , tome II, p. 386-389. Je ne me bornerai point k les corrlger; j'y jovndrai , si tu le pernoets , quelques cclaiicisseUiCns qui ne seront peut-^tre pas in utiles. Page 386, lig. 17, Bhdbez , iisez llhafez. C'est iin poe(e persan , fameux par ses chansons pleines cle verve et d'ivresse. II ct-lebie tour a tour le vin , ses inaitresses et ses niignons. Quelques - unes de ces chansons out ^t^ traduites en latin par le ba- ron de Rewlizcky, T'iennce , 1771 , in-8.°; en fran- cois, par le c^lebre Jones, a la suite de la vie de. Nadercha/i, Londres , 1770; en anglois , par Scott, London, 1787, in-4.° Ibid. lig. g, Peud namech de Sadj ^ Iisez PcJid rdnteli de Su'adj ; c'est un livie tie morale, de senteiues, dans le genre de celui de F^ryd ed-dyn a'thar , et nou Ferid eddy attar , coinnie on lit dans la note. li)id.. Thouthy namech ^ Iisez Thoutliy nameh ; et dans la note, Iisez M. Gcirunt , au lieu de M. Ger- rant , ct ajoute/ 1792. C c a 404 Nom'cUes Utteraires. Page 387, lig. 2 et 3, les amours cle Lc'ilah et de Mcdjcnoma de llati/i , lisez les amours de Me- djenoun et de Leilah d'el Hcitify , niort en 927, (l520-2l.) Ibid, llgne 2^ ., religious couineucy jVisez religious ceremonj. Jbid. ligne 25, History of alungecn , lisez His- tory of ahimgeer ^ qu'il faut prononcer en Francois aHem guyr ( concjuerant du monde ). Ce prince est plus connu en Europe , sous le nom ^Aureng- zebe. Ibid, ligne 26, Laily Mojuun ^ lisez Laily Me- djeuoun. Page 388, lig. 9, Me'sulek et Memdleli , lisez Mecdlek ou Memdlek , ce qui signifie routes et Em- jjires. II n'aurolt pas ^te inutile de donner quelques renseignemens sur cet ouvrage, et de d(^signer pre- cisdraent celui dont s'occupe M. Ouseley, car Hh^djy Khalfah , dans sa bibliotheque orientale , compte 9 ouvrages ainsi intitules: i.° un en persan , par Abou-sraed le Djerdjanyen , par Aboul-qacem A'bdallah le Khorazmyen , et Abou Z(?ide Ahbmed 3e Balkhyen. 2.° Un autre dans la meme langue , par Abou A'bbas Ahhmed ben ^1-lhebyb, le Serkhicyen , moit en 286 ( 899 ) , par A'iy ben i'yca, et par Ibn Hbaouqel. En arabe; 3.°, par Abou O'bt'id le Bekryen. 4.° Par Ibn Hhaouqel. 5.° Par Abou A'bdoullah le Djihanyen, Vezyr de I'Emyr du Khora^au, grand philosophe et astronome; il interrogea beaucoup d'etrangers pour composer son ouvrage ; Hhadjy Noiwelles Utleraircs. 40.5 Khalfah iu'i reproche le d^faut d'ordre , et trop de longueur dans I'indlcation dcs routes et des dis- tances. Nous ne somraes pas tou(-a-foit de son avis pour ce dernier article, qui ne peut ^tre trop (^tendii. 6.° Par el-Hiiafetd et Ibn Kiiordadbeli, dont I'ouvrage n'est qu'un abr^ge qui offre pen d'ulillt^. 7." Par A'bdoullab ben Kliourdadbeh ; il indiqiie exactement les routes et Ics distances , et le pro- duit des cantons de MVaq. 8.° Par Je Marakecby ou Maroquinj Petis de la Croix (i) le nomme le Cheykh Abou A'bdoallah al Marakecby. Nous ne rep^terons pas la notice donn^e par ce savant ; j'ai tout lieu de croire que c'est ce dernier ouvrage que traduit M. Ouseley. 9.*' Enfin , celui qui porte le surnom de Azyzyen , paree que I'auteur, Hhacan ben Abhmed le Mebelebyen , le coniposa pour el A'zyz Billah fl A'bbas , roi d'^gypte , a qui il I'attribue. Ibid, ligne i5, 'Nozahidl dlqonJoiib , Hsez Nozahat dl-qoulouh ; Hbadjy KhalFah cite six ouvragcs qui portent ce Aitre , et traitcnt de difFerens objets, Celui dont n s*aglt est ure es|)ece d'Encyclopedie naturelle , divisee eu une pr(?face, trois trait^s et line conclusion. La preface ou discours prelimi- naire est on iraite d'astronomie et de pbysique ; ensuite i! parle de I'honime , dc la generation, des pays et des villes , enfin de la iner ; et d^crlt les inerveilles de la nature. Ce dernier traits renferme, (1) Abrigi de I'Histoire des atiteurs dt Genghiscan ,[>. 344 '^« ^'Histoire dii gtnd Genghiscan. Cc 3 j\o6 Nouvclles litteyaires. cornme on imagine blen,un grand noiuhre de fables y niais il y a des faits dont on pent (iter parli. L'aii- teur , nomm^ Hhamd-oullah ben Al)oubekr ben Al-niesloufy leQazouynyen , movten 75o( 1349- ^^)y a exirait les meilleurs trait^s geograpbiques , avec beauconp de discerneoient^ Nous en avons trois exemplaircs parmi les manuscrits persans de la bibllotbeque nationale. Je m'oceiipe de transcilie et de traduire tons les passages de la parlie g^o- grapbiqiie qui me paroissent int^ressans , et its sent nombreux. Ce travail n'etant pas encore ter- mini, je ne puis encore indiquer quelle voie je prendrai pour le publier. Page 389 , lig. 5 , TarykJi djihdrdm, lisez TdrjJdi djiJidii drd^ que Hbadjy Kbalfab indiquc ai nsi >« Djihdn aid'ify i//a;;y^/i(l*ornementdu mondedansl'iiis(oire), en persan ; abr^ge et r(?dig^par le ju^e Abhmed ben Mobbammed le Gbalaryen , qui le d^dia a Cbah Tabmasb, roi de Perse; il termina cct ouvrage en 971 ( 1563-64). II estdislribu^ en un discours prt'limi- iiaire et en trois cbapitres, dont le dernier traite de la dynaslie des Chdh ; le second, des souveralns jriusulmans qui I'ont precedee ; le premier, des pro- pheles ; et le discours prellminaire, de la propbe- lie. » — " Cet ouvrage, quoique peu voUmiineux , est tres-detaill^ et tres-insfructif. » Ibid, ligne 9, Leh el Tewarykh , llsez Lchb el- 'J'eoudijkh , c'est-a-dire, la moelle des hisloires, en persan , abreg^e par Yabbya ben A'bd~ou!latbyf:' le Qazouynyen , de la secte des C/}j\i , mort eii i'iin 960 (1563-64). II a Cxnt sous le regne Nouvelles Ulltraires. 407 d'lsma'y] Hheyder le Sseferyen. L'ouvrage est dl- vis^ en quatre parties ; i.* la vie de Mohhaimned j 2.° celle des douze Tniani ; enfin, les souverains de la Perse , antevieurs ct post^rieurs an piophele. Cet ouvrage a (?l^ lcrn;in^ en I'an 948 ( 1541-42 ). Teiles sont , mon cher collogue , les observations que j'ai cm devoir te comniuniquer , et dont tu feras I'usage le plus convenable. Salut et amitle, L. LaNGLES. Experiences sur le Diamanl. Le C. GuYTON-MoRVEAU a d^montre a IVcole polytechnique , 1.° que le diamant ^toit le carbone pur; 2." que plusieuis substances, teiles que le car- bure de fcr, le charbon , I'acide carbonique, con- tenoient le carbone dans difl^rens ^tats d'oxydalion. De plus, le C. Clouet obllent I'acierfondu, par la decomposition de Tacide carbonique, dont le carbone se combine avec le fer. Mais le carbone pouvant exister a diSVrens degres d*oxydat!on , en quel ^tat se trouve-t-il dans le fer pour constituer Taclcr? C'est pour rt'soudre cette question , qu'on a traite au feu de forge, environ soixanle parties de fer avec une de diamant ou de carbone pur : on a obtcnu un culot d'acier fondu, parfailement homo- gene dans sa cassure. L'exp^rience en a ^(e faite a Cc 4 4o8 Nouvelles lilleraires. Vecole polytechnique , le 26 therniidor , par les CC C.'ouet J Welter et Hachelte, Lj cliamant , em- ploye a I'exp^rlence , du polds de 0,(^07 grammes , s'est combine? tout entier avec le fer ; d'oii il suit que Je caibone pur, non oxid^, est un des prin- cipes de Pacier fondu. Mori de Henri Jardin , Architecle. Les arts viennent de perdre le C. Nicolas-Henry Jardin , arohitecte , niembre de la ci-devant aca- demic d'architecture et de plusieurs autres acade- mies. Cher aux artistes par ses talens , et a ses amis par ses vertus; ayant remport^ le grand pvix d'aicliitecture, a I'age de 22 ans , il partit pour Rome le 7 juin 1744. L'application s^rieuse qu'il apporla a ses etudes, lui m^rita la consideration la plus distingu^e. A son retour d'ltalie, en 17^4, il fut a()pele,par le loi de Danemarck , Fr^d^ric V , pour la construction d'une ^glise toute en marbre et de la plus grande magnificence. Devance par I'opinion qu'on avoit de son merite , le C. Jardin se lendit dans cette cour. A son arriv^e on lui d^- cerna le titre d'intendant g^n^ral des batimens de sa majesty. II suffit de jeter un coup-d'oeil sur son ceuvre, dont la majeure partle- est grav^e de sa main , pour juger de la quantite , de la vari^td' et du nitrite de ses productions pendant les dix-huit anndes qu'il s^journa a Copenhague. Nouvelles litteraires. 409 Les rares quallt^s qui donnoient encore clti relief a ses talens, lui obtinrent une nouvelle preuve de conslde'ration. Christian Vl[,actucllement regnant, voulut Je fixer dans sa capifale ; mais 11 sut r^sister a ses vives solllcftations , insensible a toutes les distinctions qui lui (^tolent ofFertes. L'amour de la patrie le rappela dans le sein de sa famille. li ^toit n^ a Saint-Germaln-des-Noyers en Brie, pres de Lagny , le 22 mars de I'an 1720, de parens dont le souvenir se conserve encore avec veneration dans toute cette contr^e. II est mort le 14 fructidor de Pan 7. Mort de Turpi is. ^ La re'publique des letfres vient de perdre le C. TuRPix, a I'age de 90 ans. II est Pauteur d'ua assez grand nonibre d'ouvrages historiques , qui, cependant, ne Pont pas place au rang des bisto- riens distingues. On a de lui Vllistoire de P Alcoran, ou Von decomre le systeme -politique dii faux pro- phete , ct les sources ou il a puis^ sa legislation ; 2 vol. in-i2, I'J^S. — Histoire de la vie de Maho' met , Icgislateur de C Arabic; 2 vol. in-12, lyyS. — Hibtoire universelle , conlenant Vhistoire de VM" SJV^^ y ^^ des peiiples de Chanaan ; i vol. in-12, 1771. — Histoire civile et naturelle du rojaume de Suim J et des revolutions qui out boulevcrse cet em~ pire jusqu\n 1770 j sur des mt'moires particuliers de 41 o Nonvelles li/Ieraires. ■phisidiirs iniasionnaires du sdminaire dcs missiomf cirangh'cs; 2 vol. in-i2, 1771. — Hiiloire du gow verne'jiifiit dcs ancienues repiibliqiies ; i vol. in 12, 1769. — Lo Plutarqiie fraiicois. — II est aus.sl I'au- teur de la Vie du maiechal de Choiseul ; 1768, i vol. in-i2 ; et de la Vie do Louis de Bourbon , second du nom y -prince de Conde ; 2 vol. in- 12, 1767. Pen- dant quelque (emps , il a continue les Vies dea homnies illustres de la France. II avoit pres de 8a ans , lorsqu'il publia la suite des Revolutions d'A/i- gleterre. Ex TRAIT de deux lellres de Brous- SONNET J TOjageur de Vlnstitiit ^ an C, Lheritier ^ en date des 11 el 1^ niessldor dernier y de Mo go dor. La pesle, mon cher ami , nousentoure, et quelle peste! Deja la population de quelques villes a dis- paiu. A Maroc , il est mort , en un jour, 1800 per- sonnes. Les cadavres remplissent les rues ; la cons- ternation est g(?nerale , et Ton ne prend aucune precaution. J'ai tout lieu de croire que la maladie est en ville ( a Mogodor). J'ai vu des bubons, et la niortalite augmente tons les jours. II est presqu'im- possible de nous enfermer La maladie n'cst pas encore bicn prononc^e en cette ville , mais tile ne tardera pas. Elle est d^ja a Safie , oia le premier jour il est mo it 28 personnes. Noii\'ellcs Hi /era ires. 411 Maroc est a la lettie un desert 011 des cliitns et ^es oiseaiix de prole so dlsputeiit Jes restes des cadavrcs. Le roi est seal dans un jardin a une ct r- talne distance de la villr. Une de ses femmes , plu- sieurs de ses enfans, (\e\\x de ses freres et la plu- part de ses doniesllques sont niorts. Un d(^taclie- ment de 1200 soldats , envoy^s du cot^ de Taradanl , a <^t^, en moins d'lin mois, redult a deux honmies. Les Maures portoient la popidation de Maroc jus- qu'au-dela de cent niille ames ; inais je crois qu'ils se troKipoient, et qu'll n'y avoit gueres plus de solxante milie habitans. Aux deux Fez, le vieux et le nouveau , il y avoit au moins cent vingt niiile liabitans. A Eabat, oil la maladie a crsse au point qu'il ne incurt plus que 140 ou i5o personnes par jour , on coniptoit un peu moins de treute mille ames, et on est assur^ qu'il y a p^ri plus de vlngt mille habitans. Les campagnes sont desertes ; les bleds n'ont pas (-{.^ r(^coltes ; les bestiaux , les che- vaux se vendent pour ricn. Les Maures n'achelent plus que de la toile pour se faire ensevelir. Les plus devots ont fait creuser leur fosse qui est rem- plie de bled ou d'orge , qu'on distribuera aux pau- vres le jour qu'ils iront prendre la place du grain. Des families vont de cot^ et d'aufre sans savoir oil s'arreter ; les musulmanes sont admises dans notre vilie; les juives meurent de niisere dans les sables. La marche de la pesle est lente, mais uniforme. Elle est assez longlemps avant de se declarer ; il scmble qu'il faille que les corps y soient disposes. Par excmple, a Safie , quolque (ous les jours il y 4ia Noiwelles Utliraires, entrat beaucoup de gens empest^s, cepenclant la maladie ne s'y est d^clar^e que depuis pen de jours. II faut que les corps solent satui^s de miasines , avant que la nialadie ne parolsse. Le consul de France a Tanger s*est retire ^ Tarlsa , ainsi que tous les autres consuls. C'est sur cette terre de desolation que Broiis- sonnet continue ses recherches de tout genre. II crolt avoir d^couvcrt le vrai gommier, et il en esquisse la description. II fait aussi dessiner, sans relache , les monnoies du pays, qu'il adressera in- cessamment au C. Sylvestre de Sacy. Inst I TUT national. Nomination des CC. Arnault ^ Senne- BIERy et BeliN'Debalue. L*lnstltut national, dans sa stance du 5 vendd- miaire, a nomme a la place vacante dans la section de poesie , par la. mort du C. Leblanc. Le C. AR- NAULT a obtenu 2i5 votes, le C. Parny 198, et le C. Lemercier iS5. En consequence, le pre- mier de ces trois candidats a ^te proclam^ membre de rinstitut national. Dans cette meme seance ont €{<^ donn^es deux places d'associe non-resident, l*une dans la classe des sciences morales et politiques , section d^his- Noiwelles li Her aires, 41 3 toire ; I'autre dans celle de litt^rature et beaux- arts, section des langues anciennes, Le C. Senne- uiER, de Geneve, a obtenu la premiere; ses con- currens Violent le C. Felix , consul a Thessalo- nique, et le C. Cousin-Despr6aux. Le C. Belin- Debalue a ete nomme a la seconde; il avolt pour conip^dteurs les CC. Pkj^vot et Dufayel. THEATRES. Theatre Feydeau. Clementine J ou la Belle- Mere. Cet op^ra, joue la premiere fols , le deuxleme jour complemcntaire, aoblenu le plus grand succes. En voici le sujet : BeruiUcj apres quelques annees d'un second ma- rlage , a ete forc^, par une suite de cii Constances nialheureuses , de sVloigner de sa famille ; il a laiss^ aupres de sa femme deux jeunes fiiles : I'une, du premier lit, est Ctenientine , d'un naturel sen- sible, et raf'rtie melancolique ; I'autie est C^cile , dont le caractere gai et capricieux cache cependant un excellent coeur. Cette derniere a toute I'affec- tion de IM.'"* Bennlle ^ qui n'a cesse d'accabler Cle- mentine, sa belle-fille , d'in difference et de dedains. C'est cette injustice qui fait le fonds de Taction. 414 Noiivelles liiteraues, II est encore matin , et M.'"" BervIIle repose. Clenicndne , cfont les chagrins abregtnt le repos , recoit ]cs marques d'intf^ret cjue Blaise, jardinier (le la m^ison , et Marie, vieilie gouvernante des tleiix enfans , prennent a sa situation. Marie , sur- tout, rappelle a Clementine les regrets qu'eprouvoit Berville, lorsqu'il fut oblige de s'en s^parer, et elle vient, avcc adresse , au devant de I'aveu que Clementine a besoin de lui falre de I'amour qu'elle a concu pour le jeune Scrignj , son cousin. Cecile est aiissi lev(?e avant sa mere : elle a deja couru tout le jaidin, fait enrager le jardinier, et elle vient quereller Clementine sur sa tristesse conti- iiuelle. Le bruit d'une sonnette annonce le r^veil de M.'"^ Berville. Cecile court pour aller emi)rasser sa mere. Elle revient blentot avec une rose et une ceinture , dont elle se plait a parer Clementine : elle interroge ensaite , avec finesse , Serigny , sur I'elFet de cette parure, et s'amuse de I'embarras des deux araans. M."'^ Berville paroit : elle prodlgue les caresses et les eloges a Cecile; ne donne, au contraire , que des. regards assez durs a Clementine, ne lui adresse la parole que pour critiquer sa parure, dont elle la depoullle , sous pretexte de la trouver mieux saris aucun ornement; elle lui dit,cependant, qu'elle songe a son bonheur , le lui r^pete d'une maniere foi t enigmatique , et sort pour aller chez un M. i?/- cluird , vieux financier, dont la terre est contlgue a la sienne. Pi^udant son absence , Cecile et Clementine se NoiivcUes litlcraircs. 416 ir.edent a desslner - et la premiere a voulu rj-ie Serlgny servit cPetude. Marie a (^l^ infornif^e, par ua valct de M. Richard, que M.""" Berville veut ma- rler Clc'mentine a ce vieillaid , et C^cile a Serigny; nials , n'osant leur faire part de cet le triste iiou- velle , die imagine de leur chan(er une romance, dont le sens est compris par les jeunes gens. M."* Berville vient leur signifier ses intenlion.s : C^cile et Clementine osent a peine parler ; Seiigny seul hasarde quelques reproches. Le financier , par ses nianieres ridicules, justifie lui-meme I'inconvenance du n)ariage que M.""*^ Berville a rt'solu. On lui fait admirer le portrait de Serigny, que M.""' Berville trouve parfait , le croyant I'ouvrage de C^cile , et qu'elle decrie , lorsqu'elle salt qu'il est ctlui de Cle- mentine. ]Cnfin le nofaiie apporte le contrat. C'rst Ber- ville luimeme, qui, apres i3 ans d'absence , a su , cliez Delnniic , son nofaire, le projet de M.""^ Ber- ville. Marie le reconnoit , et le fait passer chuis uii cabinet, d'oii il entend ses enfans invoquer el benir sa ui^molre, dans la circonstance critique ou ils se trouvent. M.""^ Berville reparoit ; le pr^tendii no- taire dispose le contrat. Sourde a toutes les prieres, elle ordoiine a Clementine de signer ; et c'est au moment ou celle-ci court saisir la pluuie a\ec de- sespoir, que Berville se decouvre, presse ses enfans contre son ca?ur , et repousse les caresses de sa coupable Spouse. Ce n'est qu'a la sollicitation de la g(?nereuse Clementine, que M."* Berville obtirnt son pardon J tt Je premier signe de son lepentir 41 6 N 01 Welles litteraires, est le consentement qu'elle donne a I'unlon de Cle- mentine a Serigny. Cette piece est parfaitement jouee par Je C. ^d- zicourt y dans ]e role de Bervllle ; les C-"^' Lesaga et Gai>audun , dans ceux de Clementine et de Cy- clic; la C/ Auuruj , dans celui de Marie, est peut- ^tre inimitable; la C.*^ Desbrosses a bien rempli le role de M.'"^ Berville, et Je C. Georget celui du financier Richard. Les auteurs ont et^ demand^s avec transport. Celui des paroles est le C. Vial ^ qu'on dit fort jeune, et qui n'a pas paru ; la muslque est du C. Fa/,que Je public a justement encourage comme auteur,et auquel il a donn^ des applaudissemens , comme acteur , dans le role de Serigny. The ATRE DES TROU B ADO U RS. Clementine y on les deux Portraits, Victorin y epoux de Clementine , s'absente depuis quelque temps, et s'atlache a Isabelle j qu'un faux ami, de concert avec elle , lui a fait connoitre. Cet ami, nomme Leandre , a des vues a son tour sur Clementine. Au moment oil il est charg^ par celle- ci de redcmander son portrait a son ^poux, il ins- trult, par une lettre, Isabelle, du succes de ses d-marches; mais il oublie , sur la table, la lettre d'Isabelle. Nouvclles hlteralres. 417 d'Isabelle. Vic(orIn , qui etolt pr^t a qul(tcr le portrait de son Spouse, et a ie liii remetfre, est ^branle par Irs caresses de son enfant; et, instrult des pieges qu'on tendoit a sa bonne foi, par la lettre qu'on trouve siir la table, il revient de son erreur, et se r^concilie avec Clementine. L'auteur de cette piece, Jout'e,pour la premiere fols, le deuxieme jour compl^mentaire,a ^t^ gdnera- leraent demands ; il a garde I'anonyme, et on est venu chanter le couplet suivant, que le public a fait r^pt^ter : Air: Femmes , voulez-vous ^prouver, etc. Sans en bien connoiire l'auteur, Nous avons recu cet ouviage ; Par vous accueilli , son bonheur Va dater de votre suffrage. Puisqu'il vous plait, venez souvent, Sans vous offenser du mystere, Et caressez ce foible enfant Que semble abandonner son pere. Tome III. Dd LIVRES DIVERS. BOTANIQUE. Introduction d I'Siude de la botunique , omrage or lie de jo -planches coloriees » conteiuuit un dis- coins sur I'accord des sciences iiaturelles ; un iraile compht et cowpard des orgunes des plantes , el des fonctlons de ces organcs d toiites les epoques de leiir vie : les termes d\isage en botunique y sont appli- ques el e.rpliqififs. £1 offre , en outre , une exposi- tion particuliere des organes des plantes connues sous le nom de cryptogames ; les principes de l\irt de decrire d'upres Linne ; des details sur C habitation des plantes , leurs vertus , leins usages j Icur culture , ct la maniere de les arranger et de les conserver en herbicr ; C exposition des methodes generates de Tournefort , Linne, Jussieu , et des methodes par- ticulieres desjougeres de Smilh , des mousses r/'Hed- wig et de Bridcl , des champignons de Bulliard , etc.; ai'ec des tables qui donneni ii eel oin^rage la com- modild dhin diclionnaire. Le prlx des deux volumes qiM paroTssent , et qui forment le traits le plus complet qui ait encore parii de rorganisation des vegt'taux , est de 8 Francs ; ceJui du troisleme volume sera paieillement de 4 liancs. On a tire un tres-petit nombie d'exemplaires de papier grand raisin; prix ^ 16 francs et 24 francs. Cet ouvrage , iniprim^ chez Digeon, rue Verte, faubourg Honore , n.° 1126, se vend chez les libraires ci-apres : Debure , rue Serpente , r\.° 6. Desenne _, \)a.\si\s Egalit^, n." 2. Plassan , rue du Cimetiere Andre', n.° 10, Deten^ille^ rue du Battoir, n.° 16. ^uchs , rue des Malhurins, hotel Cluny. Livres divers. - 419 Bossatige et conipagnle , rue et malson des JvJa- tliiirins. Tnniltel et JVuriz , quai Voltaire. ViUier^ ruje ties Mathiirlns , n.° 396. Nous rendrons compte de I'ouvrage enller, quand le trolsleme volume aura paru. M E D E C I N E. Pro JET -present^ au nimistre de C inter leur et an mi^ nistVQ de la guerre , siir la suppression des hopitaux civils . et sur celle des kopitaux militaires d'ins- iruciion du V al-de- Grace , de Lille , de Sirasbourg , de Toulon y etc., accompagne de notes sur dij/'c^ rentes parties du service viilitaire ; par un eiudiant cnmedecine. Paris, cliez L:««r6'//5 jeune , rue Saint- Jacques , n.° 82 ; a i'Ecole de medecine, et chez les marchands de nouveautes. An 7 , 36 pai^es in-B.° Prix , 60 centimes ; avec I'e^pigrapbe : « II est peu d'homiTiPS qui aiment leurs semblables pour « rhumanite ; et Ton n'a rien a attendre pour le biea ce public, (le celui qui ne s'est pas severemeiit garanii « de la contagion de I'iiiteret prive. » Encyclop. mi' thod. Maniif. arts , par Rola.nd , discours prili/n. L'auteur de cette brochure dit, sans doute , des clinses malheureusement trop vraies sur la situation ordinaire des hopitaux ; mais c'est une autre ques- tion de savoir, s'il suit de la qu'il faut les suppri- mer entit rement , surtout lorsqu'on n'a encore lien de mieux et surtout de pret a leur substituer : il est si facile dedetruire, et si difficile de creer ; ue seroit- il pas possible de ramener ces institutions au degr^ d'utilite auquel I'exemple d'autres pa)'s nous montie qu'elU's peu\ent parvenir. Sans doute ce qu'il dit , page 16 et suivantes , sur la raanieie la jdus ^cono- iiiique pour subvcnir anx besoins desindigens et des Dd 2 420 L'wrcs divers, malades par des jury? de bienfalsance , est en grandc partie Ires- vial ; niais cela ne sera pas si facile clans i'exc^ciJtion querauteur paroit sele persuader ,et que nous le souhaiteiions pour *Je bien dc I'humanil^ soufFranle. JouBNAL de Mcdecme pofndaire cC^ducalion et d^e- conomie , ou Reciieils pcriodiquesde principesy pre- ceptes et avis d^ observations ^ decowertes et inven-' tions ; de vues y lois j rcglemens et dtablisscinens ; de refutations d^erreurs , de prejuges et de routi- , lies; sur la reproduction de fhomniej la grossesse , V accouchement , les couches ^ C allaitement et le se- vrage ; le developpenient de la belle nature , des facultes des talens ,- et des vertus naturelles ; la conservation de la sante , et la cure des maladies ; des dijformites et des vices organiques ; le Tappet a la vie des inorts en apparence ; les proprietes et les usages des agens de la vie j et des mojens curat ifs ; Li subsistance ^ I* Industrie j' et le goui^cr- nement des indigens ; C etude et I'enseign^ment des arts rslatifs a la sante et a la perjectibilite de Vhomme , avec les annonces et extraits des ou- trages qui traitent de ces objets ^ adressds aux ci- toy ens des deux sexes et de tout age j par les CC. Verdier, pere ef Jils , medecins de la divi- sion de la Jidelite. A Paris, rue de Joui-Antoine, n.° lo. Ce journal , dont cliaque num^ro est compost de deux feuilles au inolns, paroit lepieinier de chaque niois , depuis le premier genwinal an 7. Le prlx de I'ann^e, est, franc de port, de 6 francs pour Paris, et de 7 francs 5o centimes pour les d^^partemens. On souscrit , a Paris , chez les CC. Verdier ^ auxqueJs il faut adresser, en affranchissant , les letlres et en- vois c|ue I'on veut faire insercr dans ie journal, et chez Croulltbois 3 llbraire , rue des Malhurins, n.** 898 J Mequignon , llbraire, rue de I'Ecole de sant^; Li V res divers. 421 el Vclh , Ubialre , paliils F.gallK^ , galerle dc bois , n." 25o; e( , dans les depar(c'iuens, cliez les princi- paux libraires et dirtcteurs de posies. Le litre eten(hi de ce Journal fait df^ja siifBsam- luent voir le but des auleurs. Les matleres , dans chaque niimero,sont rangees sous qualre chefs : x.'^Ex- irails iVouvrages ; 2.** theorie medicale ; 3° pratique medUale ; 4.° obsenalioiis mcdicaU's ; a la fin se troii- vent loujoias quelqucs annonces de livres. Nous in- diqucrons IcI quclques-uns des principaux articles con- tenus dans Jes six numeios qui ont paru jusqu'a prle Vauteur ; il se propose dele publier, quand nos cir- conbtances publiques favoriseront davantage les etu- des ou les lectures se'rieuses et approlbndies. ECONOMIE POLITIQUE. De la condition des femmes dans les repuhliques , par le C. Theremin yniembre de la societe libre des sciences ^ leltres et a; is de Paris. A Paris, chez^ Laran , palais Egalitd , galerie de bois , n.° 246. An 7, 85 pages. L'auteur tache d'abord de prouver que plus les peuples se sont civilision'> ; par exemple , une par- ticipation dans les jugeaiens portds par les tribu- Livres divers. 4^5 naux de famille ; la plus grande partle des contesta- tions oil elies sont lnt(:^res.s^es , (^lant de nature a ressortir de ces especes de tribunaux ; ensiiitc les commissions qii'etles peuvent niiciix ou aiissi bien reniplir que les hor.imes , et ou le deleguant peut tirer dViles plus d'utiliie pour la prosperit(5 com- mune. L'auleur trojve deux objels principaux qui entrent sous cette cathdgorie, I'mstrucJion publl* que et la celebration des fetes nalionales, dont , selon lui, elles doivent ^ire les ovdonnatrkes , aussi bien que det. fetes de famille ; I'auteur insiste sur- tout,sur le d^faut d'etablissemens publics en France pour I'instruction des fcmmes. «• Pourquoi la repu- « blique , dit-il, ne feroit-elle pas pour se mainte- «« nlr, ce qu'a fait sans cesse , pour se maintenir •• ct se propager, la religion chretienne , qui avoit «« presqu'aulant de fondalions pour les femnies cfue « pour les hommes ? pourquoi, ayant des ecoles «« centrales dans tous les dcpartemens pour les bom- « mes , des colleges et des prytanees , n'auroit-elle «• j)as quelques ^tablissemens en faveur des femmcc; ? " sommes-nous done une republique d'hommcs seu- " lenient, etc- ? •> 11 montre que tout ne sauroit venir du gouverne- ment , et qu'il faut que les citoyens concourent par des cotisations particulieres, a des ^tablissernens dont cbaque famille tireroit une gloire pcrpetuelle et une utilite permanente ; et il cite a cet (^gard , avec C\o2^(i , les angloises , qui s'interesseut plus vivement a tout cc qui regarde leur sexe. Morale. con- Belices de la solintde , puisds dans l^ elude et la tempUiiionde la nature , jiar A. J. CanOLLE ; deu- ccieme edition ^ considerahlement augmcnte'e. 2 vol. de 178 et 238 pages , outre 82 pages de dedicuce . aux lieux qui nion rii nattie ^ d*auant-propos et de 426 Litres divers. discovrs preliminaire. Paris, chez Deroy , libralre , rue Hautefeuille, n."34. An 7 , avec I'epigraphe: « Tous mes voeux seront rempiis , si I'afflige tronve au- « pres de moi de la consolation. .. La Solitude, par ZiMMERMANN , p. 5. 1 ' Le principal but de I'aufcur , est, selon lul , page So du disconrs pr.'linrnaire, " de faire concevoir aux " bonnes gens de la campagne , connne toutes les « sources de joie tarissent bienlot dans les villes ; « comme le cceur demeure froid au milieu de nos «c plaisirs bruyans ; combien , au contraire , la vie «« des champs est agr^able ; combien de ressources on « y trouve contre I'ennui et rolsivete, etc." Nous cralgnons presque que I'auteur n'atteigne pas tout a fait ce but , car son livre ne nous paroit pas a la portee des bonnes gens de la campagne. Cependant nous ne doutons point que beaucoup d'autres pet- sonnes , a qui le style de I'auteur est plus lamilier, trouveront plus de plaisir a ce petit ouvrage, que les gens de la campagne ; elles y trouveront des con- siderations sur le refour du printemps, sur les diffe- rentes parties de la journ^e , sur les fleurs , le.s sites qu'elles embellisent et les sentimens qu'elles ins- plrenl ; sur les amours des oiseaux et leurs nids, les prairies, I'et^ , les moissons , raufomne et les fruits, la vigne et les vendanges, les frimats, etc, L'auteur a augments cette seconde edition de quel- ques nouveaux chapitres, et a placd a la fin de cha- cjue volume , des notes qui ajoutent au texte ou qui servent a son developpement ou a son explication, H I s T o I R E. Prospectus. Le Pantheon b' Aqvitainb , ou Biciionnaire his- torique , philosophiqiie et bibliographique des hom- ines cdlchres en tout genre , qui sont origlnaires des Lh'res divers, 427 neuf departemens formes de la ti-devant -province de Guyenne , avec des notices siir divers sujcis de paUeographie ^ pour servir a Vliistoire lit tenure de ces cont'^es^ ilcpuis le 14. ** sieclejusqud nos jours , par P. Bern AD Air, homme de Loi d Bordeaux , auteuT des Antiqiiil^s bordelolses , e/ de plu.^icurs autres omrages ; ux\ volume in-4.° , incessamment sous presse. Ergo qui nostrce legis otia tristia chartce , FAoqihiutn tu ne qticcre , sed officiutn Quo Claris doctisque viris pia cura parentnt , Dum decora egregice commeminit pntritv. Ausoius, de piofessorib. Burdig. L'hisfolreg^ni'rale des pro«;res de I'esprit Iiinnaln , en France, ne peut se completer que par la publi- cation des m^moires particuliers sur IVtat des con- noissances dans chacjue d^partement. Quelques • iins ont eu leurs historiographes, et leurs recherches n'ont pas toujours^t('d'uneu(ilitelocale , meme lorsqu'elles ont tire de Toubli des noms qui meritoient d'y rester constaniment. La cl-devant Guyenne ne jouit point encore de cet avantage ( i ). Je suis le premier et le seul ecrivain qui ait cntrepris de le lui pro- curer. J usqu'a present, on a commun^ment pr^tendu qiie les mat^riaux manquoient a I'execution d'un pareil projet , et Ton a regards comme chim^rique, I'an- nonce de not re Hisioire lilteraire de Guyenne , que les journaux repdferent en 1787. Nous esperons prou- ver par les fairs ce que nous avancames alors , que (1) Nul des trois lilstoriens de Guyenne n'a parle de f.e!i liommes illustres. Delurbe , scul , a public, en i5qi , un petit in-8.o , intitule: de illustrilui Aquitanice Viris. Ce tiaiie est superficiel et renipli de fautes dans sa brievet^. De semblables notices auroient dA terminer toutes nos annates. L'auleur du Pantheon d' Aquicaine aura soin d'cn accompagner sa continuation des cfironiques bordcloises qui! va publier. (Note du C. Bet.h Kn km . J 4^8 Litres diners. I'agrjculture et le commerce n'ont pas fellement oc- Ciipe le^ habllans de ceUe contree, qii'ils n'alent p I y cultiver les sciences et les arts avec iin succes tiop pen appr^cie. La r(?fiitatlon crmi prejiig^ inju- rleux a nos compatrlotes , lessioriiia du travail cjue nous avons fait. Commence il y a i ") ans , il n'a pu etie Iraprlm^ anssilol que nous le desiiinno ; maisce retard apportd a SI publication, n'a pas nni a I'^tendue ni a lexac- titude des recherches dont ii se compose. Elles ont ^t^poussees aussi loin que pos^ible, particulierement depuls 1789 , epoque ou nous en distiibuames le pros- pectus. Rtimprim(^ dans \e jouriiul ae la Gr/yenue, du 13 novembre, il reparut sous une forme plus ^len- due, Je 28 frimaire an 6, dans le ti,ibleau de Bar- deaux. Ces dates ne sont pas inutlles a rappeler , tant -fioiir nous que pour le public ; il se convain- cra combien nous avons cbercb^a murir cet ouvrage; et nous, nous jnstifierons d'autant sa priority sur celui dont un bordelois r^pand qu'il s'occupe depuis peu. I»?ous souhaitons cju'il se mette un jour en me- surede satisfaJrela cuiiositc^ publique. En attendant , nous croyons devoir prendre le rang qui nous appar- tient, apres avoir d^^clar^ que les recherches de ce concurrent sont n(^es de la facilite avec laquelle nous lui avons communique le manuscrit des notres, lors- que nous ne lui soupconnions pas le dessein de se les approprier. Au reste, rhistoire litt^raire de Guyenne ofFre a rcmulation un c;hamp vierge et assez vaste; ceux qui entreprendront de le defricher , auront des droits aux encouragemens du public. Quant a nous , il a pu appr^cier nos travaux par les fiagmens que nous lui en avons d^ja pr^sente. Voici maintenant le plan de ieur ensemble ; il renfermera sous autant de cha- pilres distincts: i.° Une introduction a I'histoire civile du pays, qui est le theatre de ces recherches.^ 2.° Le n^crologe des personnes qui s'y sont ren- dues recommandables dans les sciences, les lettres, Livres cl'wers. 429 radmlnlstratlon, le barreaii , les amies, le comrnpice, la marine, le theatre et les arts utiles ou ag(eal)les, 3.° Une notice de la vie et des ecrits des auteurs et artistes morts ou vivans , qui sont originaues de la ci-devant province de Guycnnc, ou pr^sum(^s tels. 4.'' Le catalogue exact de leurs productions. Ces trois dernieres divisions sont distiibuees en ("orme de diciionnaire , et composcnt la partie essentielle de tout I'ouvrage. 5.° Unp dissertation sur les journaux, les specta- cles, les institutions litt^raires ou scientifiques , les cabinets de curiosit^s , dans la nierae conlree. 6." L'indication raisonnee des livies et des ma- nuscrits qui I'lnteressent sous tous les rapports ; de- tail indispensable pour appr^cier nos richcbses litte- raires. 7.° Les Montaniana et Montesquiana , ou recuell de pens^es et d'anecdotes les plus int^ressantes et les moins connues, sur les auteurs des Essuis et de V Esprit des Lois. 8." Le Punthdon d'Aquitaiiie sera termini par une bibliographic fVancoise , contenant la revue de tous les Merits sur I'lilstoire littdraire de la France. Ce morceau , quoiqu'^tranger au cadre que nous em- brassons , aura au tnoins le nitrite de la nouveaut^. L'exactitude et rinioariialit^ out consfamment guid^ notre plume. Eloign^s des partis par gout et par raison , nous croyons avoir ^te a m^me de pou- voir emettre une opinion litteraire, exempte de haine conime d'alFectiou. Aucun article n'a ete trac^ par la main de la complaisance; tous sont redig^s avec ce ton simple et decent qui convicnt au genre his- torique, avec cette precision de crliic|ue, celte aus- t^rilede principes qui repoussent la llatterie coujme la satyre ; la variete tie thnnine pas uioins dans cet ouvrage que la verite. 11 n'interessera pas nioins I'ba- bitant des d^^partemens auxqueis il e^t specialement destine, que celui des autres et des pays etrangers. Le dictionnalre , seul , renFeime plus de loco ar- ticles, parmi lesquels il y en a une cenuiue sur des 43o L'wres divers. Troubadours faiisscment crus Provencaiix , alnsl que plus tie 3oo auteurs , artistes on amateurs , dent au- cun lexicographe n'a fait mention. Ces m^moires serviront a Thistoire' biographique d'un dixieme de la France ; on n'a rien n^glig^ pour les rendre dignes de leur objet. Heureux si, rem- plissant nos vues, lis peuvent acquitter la dette de la reconnoissance, en cel(^brant des cifoyens recom- inandables que la palrie offie a I'emulation de leurs imitateurs ! Bernadau. Almanack geographique et chronologique , avec la population, des ijuafre parlies du inonde , etc. ; pour Van 8 , i'/(jg-i8oo , cnec le le\ er et le coucher du soled. Paris, chez Laurens jeune, imprimeur- li- braire, rue St. -Jacques , vis-a-vis celle des Mathu- rins. 400 pages sans le calendrier , petit forznat de poche. Depuis nombre d'annees , on fait en Allemagnedes almanacbs de tousles genres; on en a fait en France pour diff^rentes parties de la litt^rature, de la po- litique •, il n'y en a pas encore pour les sciences : c'est a quoi le C. Lalande a voulu supplier, en of- frant aux pbysiciens , aux amateurs de calculs, des notices curieuses et portatives sur des objets qu'on aime a se rappeler, et qui font quelquefois le sujet des conversations. Dans I'annuaire de la rt^publique, il a donne la population des villes de France ; dans I'almanach que nous annoncons, il indique la popu- lation des principales villes eirangeres; il y a ajoutt? un abr^g^ de clironologie qui ofFre le tableau deseve- nemens les plus reniarquables de I'histoire ancicnne et moderne ; enfin un apercu de la population des quatre parties du monde, et,en particulier, des dil- f^rens ^tals de I'Europe ; a la derniere page, il a indiqud quelques ouvrages alleraands sur la statisti- que. Ce que nous venous de dire , fait voir suffisam- inent ragremenl ct I'uliUte que peut procurer cet almanaclu Llvtes divers, i^i Antic noTES de Constantinople oii du Bus-Enipirr , dcpuis le ri'gne dc Constantin ^ son fondateur ,jus- ijn'd la prise de ConstiUilinople par Mahomet II, ct jusquW nos jours ; contenant Corigine , les niceurs , les usages J les principaux traits dc Cliistoire de tout Les pcuples qui figurtnl niaintenant en Europe , et des partirularites curieuses sur des nations celcbres , au)ourd'hui disparues de la surface de notre globe , ou qui existent sous cPautres nonis ; ai^ec les e.vem- pies les plus frappans des vicissitudes de la fortune , ft les r^i'olutions les plus eviraordinaires : ouvracre mis au jour , par J. B. Nougaret; 5 voliimes d'en- viron 470 pages chaque. A Paris, cliez Vauteur, rue des Pelils-Aiigustins , n.° 9, vls-a-vis celle des Marais, fiiubourg Germain ; Desenne , palais Ega- lil^, n.° 2; Fucks , rue des Mathurins; Dugour , rueet hotel Serpente; Rondonneau , an depot des lois, place du Carroiizel ; Btlin, rue Jacques; Louis , rue Sevcrin. An 8. " Un mcmbre de I'lnstifut nafional a dit, dans " une stance publique , cpi'll ne falioit plus de nos «' Jours (?crire I'hisloire comme on I'^crivoit aufrc- «« fbis (i_). " C'est ce qui a engage' , sans doute , Je C. Nougurt-t , a metfre au jour les 5 volumes que nous annoncons; ils contiennent un extrait des j,^ volu- mes de I'hisloire du Bas-Empire par le Beau, con- tinuee par le C. Anteilhon ; il a pens^ qu'en elaguanC de cet ouvrage voluiiiineux ce qu'il conliem , seloa Jui , de superHu , il donneroit un livre agreable et utile. II ne s'est pas arre(e a la prise de (Jons(anti- nople par les Turcs , mais, dans le cinquieme vo- lume, il a trace unc histolre abregee (.W^ enspereurs ottomans, depuis I'origine de leur puissance, jus- (1) II y a autrefois et autrefois , diroit SgannrcIIe. Si un liistorlen pouvoit ecrire I'hisloire comme autrefois Plularque, TJiucydide et Tjcite, et dapres les p.incipes etabiis p=ir Liiclen , nous lui ronscille- n(»ns d'ecriie cornme. on ecrivoit autrefois ; mais inaliieureusenicni on ne sjit plus I'ecrire que comme aujourj'hui. A. L. M. 43: Livres dwers. qu'a nos jours , et quelques (l(5tails sur I'dtat actuel cle ConsiaiUinople, les maeurs , les usages et le gou-r vernement des Turcs , tires ( selon p. i3o, i3t tlu tome V.) A(^V Essai sit?' les mceurs et li' esprit des na- tions, par Voltaire; du Voyage d Constantinople , en Italic et aiix iles de V Arckipel ^ qui a parii il y quelques mols , des Meinoires du baron de Tott sur le:. Tares , et quelques autres livres modernes. On voit que I'aiiteur n'a poini remont^ aux sources, qu'il s'est content^ d'extraire d'ouvrages inoderries et con- nus, tout ce t)u'il a trouv^ d'anecdotique et d'amu- sant, sans examiner nieme si les liistoriens dont il a tir^ ces fairs , ni^ritent une grande confiance , sans discuier de nouveau ces faifs j ce qui I'a ex- pose , sans donte^ a r^p^ter bien des erreurs , prin- cipalement dans ce qu'il a extrait de Voltaire et du baron de Tott Si c'est la comme on doit ^crire FKIsloire aiqourd' Inn , no'js rc^p^ter ;ns encore qu'on feroit mieux de IVcrire comme autrefois; du reste , ce recueil , comme tons ceux d'anecdotes, doit nd- cessairement amuser ses lecteurs, et surtout^ la classe qui recherche plus le plaisir que instruction. AVIS. Ceux qui desirent faire annoncer leurs onvrages dans quelques-uns des mellleurs journaux de I'Alle- magne , peuvent en remettre un exemplaire au bureau de ce journal. S^ Table des articles confenus dans ce numdro. HiSTOIRE LITTER AIRE. Hixtoire de !'Origine , des Progrcs ei de U D^cad«nce des Srieiire* dans la Grece ; iraduiie de I'dlje- maiid de Chrisfophe Meiners , professeur ordinaire de philoso- phic, ^I'univeiKitt' deGoeltingue, par J.Ch. Laveaux. 289 BlOGRAPHlE. ' Uemoireiiistoriquesur Lazare^/Ja/- lanzani et ses Merits , lu i la so- ciil^ de physique ei d'histoire na- \: turelle de Geneve , le a8 ihf rmi- I dor an 7 , par Jean Senehier , [ bibliotheraite d« Geneve. 5^8 Phiiosophie. I Notice des ourrapesmanuscritsd'^j- ', cUpius de Tralles , philoJophe dti sixieme siecle. 559 Palasographze. Memoire sur one urne sipulchrale , et 8ur une inscription en vers f;\ecs , Irouvees ii Marseille , dans le niols de prairial an 7 , par Fau- ris Saint-yinceni. Sbg HiSTOIRE. Suite du Memoire sur Alexandrie , par le C. Langlis. 38o 11 O M A M S. Mori de Henri Jardin. , architecie. ^08 Mort du Turpin. ^t09 Extrait de deux lettres de Brous- sonnets voyapeur de !'In»t;tut, au C. Lh^ritier , en dale des 1 1 et ipmcssidor dernier , de Mo- podor. , *»0 Iiuiilut national. Nomination des CC- ^rriaulr , Sennebier et Belin- Debalue. 4»» Theatres. Clementine , ou la Belle-Mere. 41$ Qem^ntine , ou les deux Portraits. LiVRKS niVKRS. Botanique. Introduction ^ I'itude de la bota- nique. 4i8 Fraxile. 589 A' AR lETES.NOUVEtLE.S ET COR- RtSPONUANCE LiTxinAiRi:*. J'^ Nouvelles de HoIIande. 599 "^^ p. H.JI/arroni A. L. Mii/i'n. 400 Langies a son collegue Millin. 4o5 Experience* sur le Diaraant. 407 Medeclne. Projet prijente au rainistre d» 1 lO- tcrieur etauminisire deU guerre, sur la suppression des hopitaux ci- vils , et sur celle des htipitaux mi- litaires d'instruction du Val-de- GrSce , de Lille , de Strasbourg , de Toulon, etc. 4>9 Journal de medecine populaire d'e- diioation et d'economie, par lea CC. Verdier, pere et fils. 4*0 Giograpbie. Carte de la France , ou I'On a essaye d'exprimer les configurations d« son leriitoire , par une nouTell* methode de nivellement ; par I'ing^nieur g6ographe Dupain- Tritl, . 4aa Philosophie. Le Philosophlsme demasqui , et la philosophic vetigee , tiaduit de rallemand du cilebre Emanuel ytrtwf .profes^eur de philosophie k Kocnigsberg ,p«r D. Sicratar^, profejsetir d^ philo«<)phie,de IV cad^inie de iLausannc. 5a5 Econohiie politique. De lacondijion des fcnnnies duns les republiques , par le C. There- min. 424 Aloral e. Dellcesde ]a solitude) pulses dans 1 etude et la conemplation dfe la nature , par A. J, Canolle. ^ai Histoire. Le Paruh^orf d'Aquitalne , par P. Bernadau. /^5 Almanach g^f^graphlque et chrono- logique , aT«c ]« population de« quatre parties du monde , etc. 43* ANNONCES. Les deux Freres , com(fdie en quatre actes ^ en prose ^ iraduite