Faire ! (UN Là …! n: +) à 4 LUR + Mau LOS LALEUE EL LOCCET ANTON DEEE | D QUEUES | U sat At 4 * K) » 4} Len Dr Ur L' L) re 1e, vs | TNT. DE van: Prairial a 10. MAGASIN | ENCYCLOPÉDIQUE, ou. | JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS, r a FRE" j mere LAPS Ni AAA RUE cé . s è NE Ra 7e re PAR À. L Mieux, PPT ste Do | LFES HAT BE “ LAS AVIS Du. LIBRAIRE. pe A RE Journäl est. fé: ; > pre see a fjunes pour mois mi "es ve pe de ar ET ancs pour six moi! RUE “2 NAGES, pour un 4h, tant un Paris que pour les D A se port, nu ru On peut S'adressér au Bureau du Jourial pour se “pruëhéee Ë ons des Livres qui paroissent en. France ét chez l'étranger , let . pouf \oûe cé qui concerne la Librairie ancienne et ne rs FE, Donna, auquel ja plipare | des RER qui one. - un nom distingué, une réputation justement. acquise dans quel de partie dés arts oif des sciences tels. . que les CC. ALIBERT , DeSGENETTES, BAST, SiL- …, ” VESTRE D& SACY, FouRCROY, HALLÉ, DUMÉRIL, SCHWEIGHÆUSER , Lacérève, BARBIER, Lav- GLÈS, LALANDE, LAGRANGE, LESRUN, MARRON, MENTELLE 5 BARBIÉ DU BOCACE , ,; BASS Ep 2 ù Morgretr, Noëz, OBERLIN, CHARDO LA Rocuerre, CaïLsARD, VAN: Mons, TRabté, ï … Tome I. (87° di D ie 1 L£vxicré, Cuvrer, Grorrroy, VENTENAT, CAVANILLES, USTERI, BOETTIGER, VISCONTI, VicLoison, WiLLEMET, WVINCKLER , etc. fournis- sent des Mémoires, contient l'extrait des principaux ouvrages nationaux : on s'attache surtout à en donner une analyse exacte, et à la faire paroître le plus promp- tement possible après leur publication. On y donneune notice des meilleurs écrits imprimés chez l'étranger. On y insère les mémoires les plus intéressans sur toutes les parties des arts et des sciences; on choisit principalement ceux qui sont propres àen accélérer les progres. : On y publie les découvertes ingénieuses, les inven- tions utiles dans tous les genres. On y rend compte des expériences nouvelles. On y denne un précis de ce que Îles séances des sociétés littéraires ont offert de plus intéressant ; une description de ce que les dé- pôts d’objets d’arts et des sciences renferment de plus curieux. On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages des Savans, des Littérateurs et des Artistes distingués dont on regrette la perte; enfin, les nouvelles litté- raires de toute espèce. J Ce Journal est composé de six volumes in-8.° par an, de 600 pages chacun. Il paroît le premier de chaque mois, = livraison est divisée en deux nu- méros, chacun de 9 feuilles. On s’adresse, pour l’abonnement , à Paris, au Bu- reau du Magasin Encyclopédique, chez le C. Fucss, Libraire, rue des Mathurins, hôtel Cluny. chez la veuve Changuion et d'Hengst. A Amsterdam, { chez Van- Gulik. L ; À Bruxelles, chez Lemaire. A Florence, chez Molini. A nage Li , chez Fleischer, chez Manget. A Genève, { chez Paschoud. À Hambourg , chez Hoffinann. A Leipsic, chez Wolf. A Leyde, chez les frères Murray. A Londres, chez de Boffe, Gerard Street. À Strasbourg, chez Levrault. A Vienne, chez Degen. A Wesel, chez Geider, Directeur des Pestes, 1] faut affranchir les lettres. { NET J'EN SCT PE MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE. V'RL TS UAUNUN PE HOME ET sad Je FN Pit mb dure | 5e heal y R ] msi à AT: MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE, O U JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS; RÉDIGÉ PAR A LU MAL LIN, CONSERT ATEUR des Antiques , Médailles et Pierres £Tavées de lu Bibliothéque nationale de France, Professeur d'Hi- stoire et d'Antiguités; membre de la Société royale des sciences de Gœtlingue ; de celles des Curieux de la Nature a Erlang, des Sciences physiques de Zurich, d'Histoire . naturelle et de Minéralogie d'Iéna , de l’Académie royale de Dublin, de la Société linnéenne de Londres ; des So- ciélés d'Histoire naturelle ; philomathique , médicale d’é- mulation , des Observatcurs de l’homme , et de l Athénée des arts de Paris; des Socielés des sciences de Rouen, d Abbeville, de Boulogne , de Poitiers , de Niort , de Nis- nes, de Marseille, d'Aiencon, de Grenoble , de Colmar , de Strasbourg, etc. etc. V'DTES ALNIN'É E. mem P'OMUE SP PROR MP ICE EI mm 8 SR EAPRUES, Chez 'Fucus, Libraire, rue des Mathurins ; maison de Cluny, n.° 334. AN X—1802, MCE à ml A Go Ê es PAAUUET 47 A SA w = Nr ru ; pANE +4 ts v %: LT 3 ï (ea au y « rap : RARE RAS Te es ponts “HET at Lo Re en Ge AE PAER : SANT 3 8e nat ea si Vi Te) fe" Mate: € DT %: AUARS DH 2 fs 4 Co Fe) FA RUN GTA - QU nt QUE D mn ST 4) HS 3 MA PRO" w TO Ua 5 (# Ki T7 Ars ME APP 0 , ; | per 2 V CAC OUT ms orge à ue dr LRU 1 ITESIR PUR PT AT PT PEU 7 A LA SOCIÉTÉ ROYALE DES SCIENCES . DE GOETTINGUE, HOMMAGE DE DÉVOUEMENT - ET DE RESPECT. a Ney x nt ENS L CN à FT, re » Ale « < : ‘ Li * + Water T > Fr : 1 mÈrt ’ ' " ., é L 0 ; À a dh, : A x Nr: 0 , * 4 y Nan . , f , N. - "A CR , 20 1 , + d Le è \ " » » Ce f ! k ÿ . ' ” à va EU L r - \ #, + + ' } AS LA TA À 44 * “ L + LM it d , , s ç A 4 2-45 e » "ei ' LAS ; l … \ C La nl Û : “ à - 3 L , , ar x \S 4 1 1 r = L'eL A 1 5 F - “ep à { = tte M À G ASIN ENCYCLOPÉDIQUE. DDB'L TO GUOHCA D H'ICE. LETTRE du C. OBERLIN père, au C. MILLZIN, sur le Tewrdank. JT viens de trouver, dans le troisième volume des Mémoires de l’Institut national, pour la littérature et les beaux-arts, un mémoire bien intéressant du C. Camus sur le Tewrdank, que j’ai lu avec le plus grand plaisir, Les notices qu’il donne de ce poème alle- mand , qui contient les faits héroïques de l’empe- reur Maximilien [, démontrent clairement, par la comparaison des deux éditions de 1517 et 1519, que lon a été dans l'erreur, lorsqu'on a cru que lim- pression du texte de l’ouvrage étoit tout aussi bien xylographique , que les nombreuses figures dont il est orné. Le grand soin, que met le C. Camus à tout ce qui sort de sa plume , me fait espérer qu’il ne pren- dra pas en mauvaise part , que je tâche de rectifier un passage qui regarde la traduction francaise du Tewr- dank , à la page 174. Il y est dit que « la traduction « française existoit dans la bibliothéque de Sorbonne. « Plusieurs auteurs en ont parlé : Scherzius, dans À 4 Bibliographie. ; son Glossaridm germanicum medit aevt, publié à Strasbourg , par Oberlin, en 1784; La Borde, dans ses Tubleaux de la Suisse ; 11 en a: même donné le titre d’apres le baron de Zurlauben, qui lut, en 1776, à l’Académie des belles - lettres, un mémoire sur le Teucuerdanck. L'abbé de Saint- Léger en a donné une notice dans ses notes ma- nuscrites sur La Croix du Maine. C’est, dit-il, un manuscrit sur vélin, 2:-folio, petit format, intitulé : les Dangiers , rencontres , et, en partie , les aventurès du digne, très-renommé ct valeu- reux chevalier Chiermerciant , translatés de thiois en francois,» et, page 176, on lit: « La Version espagnole ne m'est connue que par le peu de mots que Scherzius en dit dans’son Glossaire. Après avoir établi la véritable signification du mot T'eueuerdanck, 1} dit : Malè ergo in versione His- panica redditus est El caÿalléro determinato. Scher- zius!ajoute : Negue verd rectiàès in versione gallicæ Chiermérci, quo sub titulo, in bibliotheca Sorbonæ deprehèndi manu exaralum librum continentem : LES DANGERS, RENCONTRES DE CHIERMERCI, EN VERS ET LANGAGE THIOIS. Je suis persuadé que Scherzius s'est trompé, lorsqu'il a indiqué comme un manuscrit, ee qui n’est autre chose qu’un exemplaire imprimé de l'édition de 1517, lequel étoit effectivement à la bibliothéque de Sor- bonne, et sur le premier feuillet duquel, au des- sus des lignes qui forment le titre allemand, on lit les mots français que Scherzius a transcrits dans son Glossaire, » Sur le Tewrdank. 9 Je dois observer d’abord , que le docteur Scherz , célèbre professeur de droit à l’université de Stras- bourg, mort en 1754, avoit laissé en manuscrit ce glossaire allemand, lequel est encore conservé aux archives de la commune ; que , lorsque j’entrepris de le publier, j'ai vu qu'il étoit susceptible de beau coup d’augmentations et de supplémens à tirer, tant de diplômes et de titres, que des livres historiques et des poètes du moyen âge, entre autres, des fameux Minnesingers, ou Troubadours allemands, dont le précieux manuscrit se trouve à la Bibliothéque na- tionale de Paris; que ne pouvant attribuer au doc- teur Scherz mes propres recherches, moins encore les erreurs dans lesquelles je pourrois tomber, j'ai trouvé convenable, comme je lai dit dans la pré- face, de distirguer par un caractère moins grand wes supplémens. D’après cela , dans Particle cité par le C. Camus , il n’y a que les quatre premières li- gnes qui soient de Scherz; tout le reste m’appar- tient. Scherz n’a point connu la tradugtion française du Tesrdank ; c’est moi, qui l’ai découverte à mon séjour de Paris, en 1776. Examinant les manuscrits à la bibliothéque de la Sorbonne, je trouvai d’abord le ‘livre in-folio } qui portoit au dos le titre que j'ai rapporté sous le nom de Chiermerci, et, bien- tôt apres, l’autre avec celui de Chiermerciant. Je fis part aussitôt de ma découverte au général Zur- Jlauben , que je rencontrai dans une société le même soir. Il me dit qu'il s’occupoit à rédiser un mémoire sur le Temrdank , et il fut fort aise d'apprendre qu'il en existoit une traduction francaise. 10 Bibliograplie. J’avois pris note de la découverte sur mon journal mais j’avois oublié d’observer que le premier ou= vrage étoit l’original allemand. Voilà ce qui m’a trompé dans le supplément ajouté au Glossaire. Cette erreur, par conséquent, ne doit aucunement être imputée au docteur Scherz. Quant à la traduction française dont il s’agit, c’est avec une vraie dou- leur que j’apprends qu’elle ne se trouve plus. C’étoit une piece unique. Je suis fâché de n’en avoir pas copié alors plus que je n’ai fait, d'autant que je vois, que dans les passages extraits de l’épître dédicatoire rap- portés par les auteurs dont le C. Camus les a tirés ; le langage a été modernisé. Voilà ce que j’en trouve de copié dans mon journal : « À très-haulte et très-illustre « princesse Mad. Marguerite Auguste, archiducesse « d’Austrice, ducesse et contesse de Bourgoingne, « douarière de Savoye, et régente et gouvernante “ pour l’empereur de ses pays de pardeca. Je me « suis appensé que tous nobles couraiges d’hommes « sont naturellement convoiteux de lire et cognoîïstre « les nobles et valereux faits, aventures et rencon- “ tres, etc. » A la fin de l’épître il y a, « escript et « parfaict à Malines, l'an xXv.® vingt et huit. » Quant à la traduction, il ne faut point prendre à la lettre ce qui est dit dans l’épitre, qu’elle est faite mot à mot; j'ai trouvé partout le texte trèss abrégé. Les noms significatifs des personnages du poème, tels que le roi Ruhmreich, la reine Ehren- reich , etc., sont fort bien rendus par richerenom , riche d'honneur , etc. Le nom dé Chiermerci et Chier- merciant, par lequel est rendu le nom du héros, Sur le Tewrdank. Y5 montre que le traducteur n’a pas saisi le sens du mot Zewrdank. Sans donte 4ewr signifie chier ou cher, et duuk merci. Mais ce n’est pas là de quoi il s’agit. Dans la clef, qui est à la fin de l’ouvrage, on lit : Teordunck bedeut den loblichen Fürsten K. M. E. Z. O, V, B, (c’est-à-dire, Kaïser Marimilian Erzherzog zu Œsterreich und Bæœhmen), vnnd ist da- rumb Tewrdannckh genannt , das Er von jugent auf all sein Gedannckhen nach t:werlichen sachen $e- richt , ete. L’expression tewrlich signifie magnifique » glorieux. C’est ainsi que Pfinzing, dans la dédicace du poème , dit que S. M. l'empereur est issu #07 dens tewrlichsten , eltisten vnd namhafitigsten geschlecht der Christenhait, de la famille la plus glorieuse, la plus ancienne et la plus renommée de la chrétienté. A la page suivante, il est dit que, dans ce livre, sont contenus all tewrlich vnd geferlich Sachen tn Schimpff vnd ernst , tous les faits glorieux et péril- leux passés soit en badinant ou en sérieux. Dans le même sens, le héros de la pièce est appelé souvent der teur held, der tewrlich held, der teurliche mann. Ailleurs il est parlé de tewrlichen Reysen, de voyages glorieux. Je ne disconviens pas, au reste, que le mot {eur , teurlich , ne signifie quelquefois aussi dif- ficile. J'en ai fourni moi-même un exemple dans le Glossaire. Le passage cité ci-dessus doit être rendu ainsi: T'ewrdank signifie le louable prince empereur Maximilien, archiduc d'Autriche et de Bohême; et il est ainsi appelé, parce que , dès sa Jeunesse, il a dirigé toutes ses pensées vers des faits ou des en- treprises glorieuses, Tewr, glorieux; danck, gedanck, 12 Bibliographie: pensée. Dans la composition , c’est une personne que cela dénote et non la chose. Scherz a donc très-bienz rendu le nom de Tewerdank, par gloriæ memor. On pourroit le rendre, gloriæ cupidus , gloriam anhe= lans. Quant à ces mots composés énergiques , la langue allemande a le même avantage que la grec- que. En français, on ne pourroit exprimer le nom en question plus brièvement , qu’en disant , & gloire pensant , de gloire avide, On a pu observer dans les passages précédemment cités, que dans le T'ewrdanck, On trouve indistinctement £ewr, teur. Dans l'écriture du moyen âge, les lettres 4, », w , sont employées également. C’est ainsi que dans le poème dont il s’a= git on trouve ewr pour eur, votre; trewer Knecht, serviteur fidelle , pour treuer Knecht. Le C. Camus n'étant pas prévenu de cet usage, a exprimé le nom de l'ouvrage par Teueuerdanck. Sous cette forme, il n’est pas possible de prononcer le mot ; il falloit s’en tenir tout uniment à l'orthographe du titre même, ou l’exprimer ainsi Z'eurdanck ; car, je le ré- pète, le double » ne diffère là aucunement de l’#, et ne peut pas être exprimé par un double ww, moins encore peut-on insérer entre ces deux w# un e qui est absolument de trop, le petit trait placé souvent sur le premier x n’est ici d’aucune valeur, Le nom de Pfzing , pag. 176, est sans doute une faute d'impression, C’est par une petite méprise, qu'on lit, p. 170, Herz Teuurdanckhs; voyez aussi P- 183. Le savant auteur du mémoire a pris pour un z ce qui n’est qu’une forme finale de la lettre r; il faut lire Herr. I] n’y a pas de doute que le tra: Sur le Teirdank. 19 ducteur français du poème s’est trompé sur le mot avis , weis, et a confondu Jes deux significations de blanc et de sage, comme il a été tres-bien observé, pag. 178. Ce qui resteroit encore à faire, ce seroit de donner l’analyse du poème avec la description des planches. Comme je n’ai pas le mémoire du général Zurlauben sous les yeux, je ne puis savoir s’il s’est occupé de cet objet. MÉDECINE. MÉMOIRE physiologique et pratique sur P Anévrisme et la Ligature des Arières ; par le C. MAUNOIR , de Genève. Brochure in-8.° de 91 pag. avec fig. An x (1802). Des deux mémoires que contient l’ouvrage du C. MauxnoIr, l’un a spécialement pour but d’ex- poser l’anatomie des artères, leur physiologie, la formation des tumeurs anévrismales et leur traite- ment; et le second de confirmer, par des faits, Ja théorie exposée dans le premier, Nous allons in- diquer succinctement ce que ces deux mémoires con- tiennent d’essentiel , nous exposerons ensuite les ré- lexions que leur lecture nous a suggérées. L'auteur admet que les tuniques des artères sont au nombre de trois , une intérieure musculaire, une moyenne que l’on appelle tantôt nerveuse et tantôt 14 Médecine. musculeuse , mais qui n’est évidemment qu'élastiques et enfin, continue-t-il, toutes les artères sont ex- térieurement protégées par une enveloppe cellulaire, semblable à celle que l’on rencontre dans toutes les parties du corps; mais comme l’on n’a pu encore séparer les deux tuniques qui forment essentiellement le tube artériel, la musculaire et l’élastique, de manière à montrer évidemment la fibre musculaire isolée de la fibre élastique , il croit devoir examiner les artères seulement sous les rapports de leurs pro- priétés ; et de cet examen, il conclut que le mou- vement d’impulsion que le sang recoit du cœur , di- late les artères, et tend à les ramener d’une légere courbe qu’elles forment à une ligne droite, que l’ex- tensibilité des arteres est en raison inverse de l’élas- ticité, que la tunique élastique des arteres est très- fragile, que la force élastique est une force mécanique qui dépend de l’organisation et non de la vie de l’or- gane, que cette force est la même pendant la vie de l'individu et d’abord après sa mort, et que la force musculaire est une force vitale qui dépend de lirritabilité, qu’elle cesse avec la yie de toutes les parties irritables du corps, d’où il suit que la dif- férence de rétractation des deux bouts de la même artère coupée sur le vivant et sur le cadavre, sera la mesure de la force musculaire de cette artère dans le sens de sa longueur, ce qui le porte à croire que les hémorragies secondaires qui surviennent à la suite de la ligature des artères dans l’opération de l’anévrisme , doivent être attribuées à cette action rétractile des artères , et il cite, à l'appui de son Anévrisme. 15 épinion ; une observation de Chopart et une du C. Guérin , de Bordeaux. De tous ces faits l’auteur tire les conséquences suivantes ; qu’un stimulus étranger doit exciter sur les artères une contraction extraor- dinaire, que cette contraction doit avoir lieu dans tous les sens ; ainsi une artère coupée dans une opé- ration quelconque, se retire dans les chairs en raison de sa contraction longitudinale et de son élasticité; J’écoulement du sang diminue par l'effet de la con- traction circulaire qui, dans les petites arteres, est assez grand pour oblitérer entièrement le canal. Il résulte encore de la fragilité de la tunique élastique que, dans toutes les ligatures des artères anévris- matiques ouvertes par accident , si l’on n’a point pris de précaution contre les effets de la contraction lon- gitudinale, on risquera de voir l’artère se rompre, et une hémorragie en être la suite , surtout si le vais- seau , sur lequel cette opération aura été faite, a une disposition telle qu’une irritation particulière puisse déterminer l’ulcération de ses tuniques. L’auteur examine ensuite ce qui se passe dans les organes de la circulation au moment où le fétus sort du sein de sa mère, mais surtout le changement qu’é- prouve le canal artériel dans cet instant, qui étant d’abord une artère volumineuse finit par s’oblitérer et n’a plus que l’apparence d’un ligament qui ne con- serve de l’artère que l’élasticité. De ce fait, l’auteur croit pouvoir établir comme un théorême physiolo- gique la proposition suivante : « Toutes les fois que «“ le sang trouve dans l’artère À un passage suff- 16 Médecine. «sant pour arriver à un endroit donné et plus facilë « que dans l'artère B , la cavité de celle-ci diminue « et s’oblitère enfin entièrement. » Et, à l’appui de cette opinion , il rapporte des observations qui prou- vent que les artères aortes, les sous-clavières , les Où ne peut encore former que des conjectures à cet égard , l’auteur se borne à rapporter celle de Henley , qui regarde le calorique combiné, le fluide électrique et le feu comme des modifications d’un seul et même élément ; et celle du C. Lamétherie, qui soupçonne que le fluide électrique résulte de la combinaison de la lumière avec le gaz hydrogène. Il remarque seule- ment, que si le fluide électrique , le calorique et la lumière ont des propriétés communes, ils en ont aussi qui les distinguent, L'auteur porte enfin son attention sur Pélectricité de l'atmosphère ; depuis que Franklin a mis hors de doute l’existence de l’6- lectiicité dans l’atmosphère , on a rangé la plupart des effets naturels, dont on ignoroit la cause, au nombre des phénomènes électriques ; et le but de l’auteur est d’examiner l'influence de l'électricité sur la production de ces phénomènes, par lesquels se Tome L. C See LA 34 Physique. compliquent plusieurs autres causes. La pluie d'orage je tonnerre, la grèle, les étoiles tombantes, les globes de feu, et les traînées de lumières qui se font observer dans les grandes chaleurs, les volcans, les aurores boréales , tels sont les phénomènes dont il présente ici Pexplication. Il attribue la pluie d’orage à la combinaison du gaz oxygène et du gaz hydro- gere, par l’intermède de létincelle électrique ; et le tonnerre consiste, suivant jui, dans ces explosions vives et fréquentes qui se produisent lors de cette combinaison. Cette explication est celle que l’auteur a proposée en 1790 dans les journaux de physique : les faits et les argumens, sur lesquels elle repose et qu’il rappelle ici , sont si évidens et si plausibles, qu'ils ont entraîné l’assentiment de la plupart des physiciens. La formation de la gréle est due , suivant Pauteur, à la perte de calorique qu’éprouvent je gaz oxygène et le gaz hydrogène dans l’acte de leur combinaison par l’étincelle électrique. C’est encore Vinflammation du gaz hydrogène, par l’étincelle électrique, qui produit les étoiles tombantes, les globes de feu.et.les traïînées de Jumières que lon observe dans les grandes chaleurs. L'auteur explique les explosions volcaniques par la décomposition des eaux de la mer, opérée dans les cavités souterraines par le contact des sulfures de fer ; et par l’inflam- mation duw.gaz hydrogène qui, provenant de cette décomposition , rencontre l’étincelle électrique au moment où il parvient à se mettre en Hberté. Quant aux aurores boréales, il en propose une explication nouvélle qui mérite assez d'être connue, pour que Elémens. ù 99 hous la présentions ici avec quelques détails. L’au- teur commence par exposer les principes sur lesquels son explication est fondée. Ces principes sont : 1.° Que l’étincelle électrique excitée dans un mélange de gaz azote et de gazoxygène, produit de lacide nitrique, de l’acide nitreux, ou du gaz nitreux, suivant les rapports qui existent entre le gaz oxygène et le gaz azote qui composent le mélange : 2.° Que Pacide nitrique , exposé au soleil, prend plus de couleur et de volatilité (2): 3.° Que dans les flacons qui contiennent de l’acide nitreux , on aperçoit toujours au dessus de l’acide , une vapeur très-rouge et tres- volatile , qui ne se condense jamais : 4.° Que le gaz _nitreux, en contact avec l’air atmosphérique , exhale des vapeurs rutilantes, qui s’envolent dans l’atmos- . phère : 5.° Que le gaz hydrogène qui se dégage de Ja surface du globe , va occuper dans les hautes ré- gions de l’atmosphere , une place marqufe par sa “pesanteur spécifique : 6.° Enfin, que la chaleur so- Jaire a très-pea d'activité dans les régions polaires. De-là lauteur couelut , 1.° que la production du gaz hydrogène doit être presque nulle dans les régions polaires, et conséquemment que les hautes régions de l'atmosphère polaire, ne contiennent presque pas de gaz hydrogène ; 2.° que toutes les fois qu’il ÿ à rétablissement d'équilibre du fluide électrique dans (2) L'auteur re as qu'ayant placé un récipient sur une soucoupe contenant de l'acide nitrique, qu'il exposa au soleil, l'acide à été coloré quelque temps après, et le récipient rempli de vapeurs rouges vola. tiles qui s'y sont soutenues longiemps, en répandant une clarté sm. blable à celle des aurores boréales, Ce 36 Physique. l’atmosphèré polaire, ce fluide, ne trouvant, sur son passage, qu’un mélange de gaz azote et de gaz oxygène , doit fixer et combiner ces substances aéri- formes , et qu’il doit en résulter une production d’a- cide nitrique , d’acide nitreux , ou de gaz nitreux, suivant le rapport qui règne entre le gaz azote et le gaz oxygène qui composent le mélange ; 3. que la production de l’acide nitrique , de l’acide nitreux ou du gaz nitreux, doit donner naissance à des va- peurs rouges et volatiles, qui s’élèvent dans l’at- mosphere , pour y former le météore connu sous le nom d’aurore boréale, Les aurores boréales prennent donc naissance , suivant l’auteur, de la combinaison du gaz azote et du gaz oxygène par l’intermède de l’étincelle électrique. Il sembleroit, d’apres cela, que ce météore devroit également se former dans les zônes torrides et tempérées , où se trouvent aussi réunis dans l'atmosphère les trois élémens qui con- courent à sa production : mais l’auteur observe que V'éincelle électrique, trouvant dans l’atmosphère de ces zônes, en même temps un mélange de gaz azote et de gaz oxygène, et un mélange de gaz hydrogène et de gaz, oxygene, se porte de préférence sur ce dernier mélange, ainsi qu’il est démontré par l’ex- périence, pour fixer et combiner les substances aéri- formes qui le composent, et pour produire ainsi le tonnerre, la foudre et la pluie d'orage. Les aurores boréales présentent des phénomènes remarquables, dont les principaux consistent , 1.° dans les légères détonations dont ces météores sont quelquefois ac- compagnés ; 2.° dans leur mouvement du nord vers - Elémens. 37 le sud, et quelquefois vers lorient ou l'occident ; 3 dans la forme de colonnes lumineuses , sous la- quelle ils se présentent souvent , ces colonnes ayant différentes figures et différentes directions ; . 4° dans la vivacité plus ou moins grande de la lu- mire qu’ils répandent, l’auteur éxpose succinctement les causes auxquelles il pense que ces phénomènes doivent être attribués : le premier est dû à l’inflam- mation , par l’étincelle électrique , de la petite quan- tité de gaz hydrogène qui, en certains temps, doit se trouver dans les hautes régions de l'atmosphère polaire ; le second dépend de ce que l'acide nitrique, l'acide nitreux et le gaz nitreux ayant leur origine vers le pôle , les vapeurs rutilantes que ces sub- stances exhalent, doivent se porter vers le midi ,où l'air moins dense présente moins de résistance à leur passage, à moins qu’un vent du nord venant à souf- fler dans la région supérieure de l’atmosphère, ne leur donne une forte impulsion pour les porter ou vers le sud ou vers l’orient , ou vers l’occident ; le troisième phénomène tient à l’espace considérable que ces vapeurs rutilantes doivent. occuper dans l’at- mosphere lors de leur formation, aux divisions qu’elles doivent quelquefois éprouver , et aux différentes di- rections qu’elles doivent recevoir; le quatrième phé- nomène enfin est dû à ce que les vapeurs rutilanteæ prennent naissance, tantôt dans la formation de l’a- cide nitrique , tantôt dans celle de l’acide nitreux, tantôt dans celle du gaz nitreux. Après avoir ex- posé l'explication ingénieuse des aurores boréales et des principaux phénomènes qui les accompagnent , C5 ste) Physique, l’auteur termine en montrant l'insuffisance des au- tres hypothèses ‘imaginées, pour rendre raison de ce météore. Le XV:° livre traite du magnétisme : l’auteur com- mence par présenter le tableau des phénomènes aux-" quels les propriété8 de l’aimant donnent naissance ; il expose ensuite la théorie du magnétisme. — Tout aimant a deux pôles, c'est-à-dire, deux points qui existent vers les extrémités opposées , ‘et où l’action magnétique se concentre ; et l’aimant a la propriété de tourner constamment ces deux pôles vers les pôles du monde. L'auteur appelle, avec Coulomb et Haïy , pôle austral, celui qui se dirige vers le nord, et pôle boréal, celui qui se dirige vers le sud. Une autre propriété singulière des aimans consiste dans. Ja répulsion mutuelle des pôles de même nom de deux aimans, et dans l’attraction mutuelle de leurs pôles de différens noms. Tei l’auteur fait connoître Ja manière de déterminer les pôles d’un aimant , et de Jui appliquer Parmure dont le but est d’aug- menter l’activité de la vertu magnétique. Si l'on frotte une verge de fer ou d’acier sur les pôles ou sur Les pieds de l’armure d’un aimant, cette verge acquiert la vertu magnétique , qui devient d’autant plus éner- gique qu’on réitère plus souvent le contact, en frottant toujours dans le même sens. L’aimant ne perd rien de sa force par l’effet de cette communication; et l'expérience atteste même que les aimans les plus vigoureux ne sont pas toujours les plus généreux. Parmi les différens procédés qui existent pour com- muniquer au fer la vertu magnétique, Fauteur se £lemens. 39 borne à décrire celui du double contact, imaginé par Micheli, et perfectionné par Æpinus et Coulomb. Cette propriété qu’a l’aimant de communiquer au fer et à l'acier sa vertu magnétique, a fait naître l’in- vention de la boussole ; l’auteur en donne la des- cription , et passe ensuite aux phénomènes remar- quables de la déclinaison et de l’inclinaison, que présente laiguille aimantée. Il montre comment on mesure la déclinaison et l’inclinaison, et fait con- noître les différentes variations auxquelles elles sont soumises. La théorie que l’auteur expose pour ex- pliquer ces phénomènes magnétiques, est celle de Coulomb ; elle rend raison de ces phénomènes avte la plus grande facilité, La correspondance qui existe entre les phénomenes magnétiques et les phéno- mènes électriques , a déterminé Coulomb à supposer le fluide magnétique composé de deux fluides par- ticuliers combinés entr’eux dans le feret le nickel{3), lorsqu'ils ne donnent aucun signe de magnétisme , et dégagés dans çes substances métalliques , lorsque elles passent à l’état d’aimant. Il appelle l’un de ces fiuides , fluide boréal , l’autre , fluide austral, noms empruntés de ceux des pôles de l’aimant ; et il admet comme principes, 1.° que ces molécules de chaque fluide se repoussent entr'elles et attirent celles de . (5) I est bien constaté , observe l'auteur, que le nickel partage avec le fer la propriété de s’aimanter, et qu'il ne tient pas cette propriété du fer qu'il contient, puisqu'un morceau de nickel bien purifië par Vauquelin , et aimanté ensuite par Haëy, soutenoit le tiers de son poids; ce qui ne peut être attribué à la petite quantité de fer qui a pu échapper à la purification, + C 4 49 Physique. l'autre fluide ; 2.° que la quantité de fluide magnétique propre à chaque aimant , ne peut être augmentée ni diminuée , et que le passage du fer et du nickel, à l'étal de magnétisme , a uniquement pour cause le dégagement des deux fluides qui composent le fluide naturel, et leur transport vers les parties opposées de la substance métallique ; 3° que plus le fer est dur , plus les deux fluides qui composent son fluide naturel, éprouvent de difficultés, au moment de leur dégagement, pour se mouvoir dans ses pores , 4.° que les différentes actions qu’exercent les fluides qui en- trent dans la composition du fluide magnétique sui= vent la raison inverse du carré de la distance. Ce dernier principe n’est pas une ‘simple hypothèse , -c’est un fait que Coulomb a démontré rigoureusement ” par des expériences extrêmement ingénieuses. L’une de ces expériences est analogue à celle qui lui a servi à démontrer la même loi relativement au fluide électrique; c’est celle-là que l’auteur se borne à dé- velopper. Il passe ensuite à l'explication des phéno- menes magnétiques, à l’aide de la théorie de Coulomb. I} montre ayec quelle facilité cette théorie rend saison, 1.° du phénomène d’attraction que présentent deux aimans dont les pôles de différens noms sont siiués vis-àsvis l’un de l’autre ; 2.° du phénomène d« répulsion qu’ilé offrent, lorsqu'ils se regardent pr les pôles de-même nom ; 3.° du phénomène de la communication , qui consiste en ce qu’un barreau de fer non aimanté, acquiert la vertu magnétique, lorsqu'il est présenté à l’un des pôles d’un aimant, La 1h Corde Coulomb explique surtout tres-bien, Elémens. 41 comment aimant , loin de perdre de sa force, peut au contraire devenir plus fort par l'effet de cette communication. Il est un autre phénomène qui a été jusqu'ici Pécueil de toutes les théories : il consiste en ce que les deux moitiés d’un barreau aimanté con- venablement , sont toujours animées de forces égales et contraires , en sorte que tous les points de la sur- face d’une même moitié , attirent constamment l’un des pôles d’une aiguille, tandis que tous ceux de l’autre moitié le repoussent ; et que, si l’on détache vers l’une de ses extrémités une portion qui ait si peu de longueur qu’on voudra, elle jouit des mêmes pro- ipriétés que la tige entière. L’auteur fait connoître la manière ingénieuse dont Coulomb parvient, dans sa théorie , à donner une explication satisfaisante de ce phénomene que donne l'observation. 11 examine ensuite quelle doit être, dans la même théorie, lin- fluence des armures pour conserver ou pour augmenter la force magnétique d’un aimant; et il fait voir que c'est par Paction de chacun des pôles de lPaimant sur le fluide naturel de son armure, qu’il décom- pose en repoussant dans le pied le fluide de même nom , et en attirant l’autre fluide dans la jambe, et par l’action qu'exerce à son tour le fluide accumulé dans la jambe sur le fluide naturel de l’aimant , que celui-ci acquiert plus de force et d’énergie. Quant aux phénomènes de la direction, de la déclinaison et de l’inclinaison , l’auteur les attribue , avec Cou- lomb, Haiy et plusieurs autres physiciens , à la pré- sence d’un très-gros aimant , de figure à peu pres sphérique, qui forme comme le noyau du globe ter- : 42 Physique. restre : il démontre que si ce noyau n'existe pas réellement, du moins les aiguilles aimantées se di- rigent par rapport aux globes, comme s’il renfermoit ce noyau magnétique dans son sein. Il attribue aussi à l’action de ce noyau magnétique de la terre, la faculté qu'ont les verges de fer d’acquérir un certain degré de vertu magnétique , lorsqu'elles ont une position favorable; et il fait voir, 1.° que la po= sition la plus avantageuse est celle qui coïncide avec la direction d’une aiguille aimantée, suspendue li- g brementyz 2.° que la position la plus défavorable a lieu, lorsque la verge étant située dans un plan parallèle à la surface supérieure ou inférieure de l’ai- guille, sa longueurest perpendiculaire à la direction naturelle de cette même aiguille. Différentes expé- riences que l’auteur présente, attestent l’exactitude de ces résultats, Dans le XVI. et dernier livre de son ouvrage, l’auteur traite du gulvanisme , propriété janimale récemment découverte par le docteur Galvant, qui observa le premier, en 1764, que des organes ner- veux ou musculaires, mis en contact avec des mé- taux, éprouvoient une irritation qui se manifestoit par des mouvemens très-sensibles. 11 montre com- ment on fait naître les effets galvaniques : c'est en établissant une communication entre deux points de contact, plus ou moins distans entre eux, dans une suite d’organes nerveux ou musculaires. Le système de cette communication représente, au moment de l'action , un cercle divisé en deux parties, dont l'une , appelée arc animal, est formée des organes Elémens. 43 de lanimal qui doivent recevoir l'influence , tandis que l’autre, appelée arc excitateur, est composée des instrumens qui servent à exercer cette influence ; cette dernière partie est ordinairement composée de plusieurs pièces, dont les unes servent de support ou d’armature aux parties de l’animal, entre les- quelles on égablit la communication, et dont les autres sont destinées à opérer cette communication, et se nomment, pour cette raison, communicaleurs. L'auteur présente, relativement à l’are animal et à l'arc excitateur, une suite d’expériences, des- quelles il résulte, 1.° que l’arc animal peut être formé * ou de nerfs et de muscles contigus entre eux, ou de nerfs seuls, et conséquemment qu’il est essentielle- ment composé de nerfs; que toutes les parties de cet arc doivent en général être continues ou conti- gués entre elles, mais que la simple contiguité suf- fit pour donner naissance aux phénomènes galva- niques; que d’ailleurs un nerf peut être ou lié, ou coupé, que l’arc animal peut même être formé parla réunion de diverses parties prises, ou dans différens organes du même individu, ou dans des individus différens , que l’intégrité de l’arc, rompue par la di- vision de quelques-unes de ses parties, et par un inter- valle qui les sépare, peut encore étre rétablie par l’in- terposition des substances non animales, et surtout métalliques , sans que les effets galvaniques cessent de se produire, pourvu que dans tous ces cas la con- dition de la contiguité des parties soit remplie, etc. ; 2. que l'arc excitateur , qui ordinairement est formé de trois métaux différens, dont deux servent de sup- 44 Physique. port, et le troisième de communicateur , peut aussi n'être formé que de deux métaux différens, soit en trois pièces, soit en deux pieces, et même d’un seul métal, soit en trois, soit en deux, soit en une pièce seulement ; mais que de toutes ces dispo- sitions Ja première est la plus favorable à la pro- duction des effets galvaniques. L’autéfr fait connoître ensuite différens phénomenes galvaniques, qui ont été observés dans l’homme ; tels sont 1.° les phé- nomènes que Humbold observa sur son propre corps, en se faisant appliquer deux vésicatoires sur le dos, et recouvrant l’un d’une lame d’argent qu'il fit com- muniquer avec l’autre plaie , moyennant un compas de zinc; 2.° la saveur acide dont on reçoit l’impres- sion, lorsqu'on fait communiquer une armature d’argent placée sous la langue , avec une autre de zinc placée sur sa surface supérieure, etc. Il passe enfin, après avoir parlé de l'influence de différentes causes sur les effets galvaniques, et cité diverses substances dont les unes sont favorables, les autres contraires à leur production , aux expériences inté- ressantes dues au célèbre 7olta , dont les travaux ont reculé les limites du galvanisme concentrés jus- qu’alors dans l’économie animale. Ces expériences, faites à l’aide de la pile galvanique , imaginée par Volta, et dont l’auteur donne la description, pré- sentent des attractions et des répulsions, des étin- celles et des commotions, semblables à celles que fait naître l’électricité ; et ce qu'il y a de remar- quable, ce sont les signes d’électricité résineuse que manifeste le bouton d’une bouteille de Leide, Elémens. 45 lorsque , tenant la bouteille d’une main, on pré- sente ce bouton à l'extrémité de la pile qui répond au zinc, pendant que de l’autre main on touche Vautre extrémité de la pile qui répond à l'argent , et les signes d'électricité vitrée que manifeste le bouton , lorsqu'il est présenté à cette dernière extré- mité de la pile ; mais le phénomène le plus curieux qui se soit présenté jusqu'ici, c'est le dégagement de gaz hydrogène et de gaz oxygène qui a lieu, lorsque, dans un tube rempli d’eau et bouché her- métiquement , on plonge de part et d’autre des fils de même métal, et qu'après les avoir fixés à une distance d’environ 11 millimètres, on les met en contact chacun avec une des extrémités de la pile. Ce dégagement des deux gaz, qui n’a pas lieu, lorsque les fils sont rapprochés jusqu’au contact, est accompagné d’une circonstance particulière, qui consiste en ce que les bulles de gaz hydrogène ne se manifestent qu’à l’un des deux fils, à celui qui com- munique avec l’extrémité résineuse de la pile, c’est- à-dire avec lextrémité qui répond au zinc, tandis que l’aatre fil se couvre exclusivement de bulles de gaz oxygène, ou s’oxyde s’il est oxydable. Après s'être assurés par des expériences, que les gaz hy- drogène et oxygène se manifestoient aussi dans des eaux séparées, soit lorsqu’à la faveur d’un tube de verre recourbé en un V on interpose entre ces eaux de lacide sulfurique , soit lorsqu’étant contenues dans des vases distincts, on les fait communiquer par le moyen des mains, les physiciens ont cherché à expliquer ces phénomenes de différentes manières. 46: Physique: | Parmi les explications que l’auteur rapporte, celle de Monge et celle de Foufcroy sont les seules qui, ne contrariant point les faits sur lesquels repose la chymie moderne, méritent de fixer l’atteation du physicien. Monge croit que l’action galvanique tend à enlever dans chaque eau une de ces parties con- stituantes, en y laissant l’autre en excès; et cette opinion a été fortement appuyée par Hassenfratz, qui a fait voir que si l’on emploie le tendon comme moyen de communication, le dégagement ne dure pas longtemps sans beaucoup s’affoiblir, mais qu'il recommence avec force lorsqu'on change les fils de vases, et qu’alors il produit dans chaque vase un gaz opposé a celui qui s’y dégageoit auparavant. Fourcroy, Vauquelin et Thénard, en admettant Vexistence d’un fluide particulier qu’ils appellent galvanique, et qui circule de l’extrémité vitrée de la pile vers l'extrémité résineuse, pensent que ce fluide décompose l’eau en sortant de l’extrémité vitrée , qu’il se combine avec l’hydrogène, en lais- sant échapper l’oxygène en bulles, qu'uni à l’hy- drogene il traverse d’une manière invisible l’eau, ou lPacide sulfurique, ou le corps humain, pour se porter vers l’autre fil, et que là il abandonne l’hy- drogène et le laisse échapper sous forme de gaz, tandis que lui-même pénètre dans le fil. ls fondent leur opinion sur ce que, si l’on interpose entre les deux eaux de l’oxyde d’argent bien pur , le fil contigu à l’extrémité résineuse de la pile , où devroit se mani- fester le gaz hydrogène , ne donne aucune efferves- cence, et que lPoxyde métallique se réduit du coté jt Elémens, 47 qui répond à l’extrémité vitrée de la pile ; ce qu'ils attribuent à la combinaison de l’hydrogène avec loxygene de l’oxyde potr reformer de l’eau. L'au- teur fait encore connoître différentes autres expé- riences qui ont été faites à ce sujet, mais dont les résultats n’ont présenté jusqu'ici que des modifica- tions de l’expérience fondamentale du dégagement des deux gaz. Il parle aussi de quelques nouvelles expériences faites par Jauquelin, sur les effets que produisent des colonnes formées d’autres métaux que d’argent et de zinc, à raison de leur hauteur et de leur diamètre. Enfin il s’occupe de la question, si le fluide galvanique est un fluide particulier, ou si les phénomènes galvaniques sont produits par le même fluide qui donne naissance aux phénomènes électriques. I1 pense que les faits, relativement au galvanisme , ne sont point encore assez multipliés pour fournir la décision de cette question, et pour servir de base à une théorie ; et il se borne à ob- _ server que s’il existe de grands traits d’analogie en- tre le fluide électrique et le fluide galvanique, ces deux fluides présentent aussi, sous d’autres rapports, des différences marquées, ù OBERLIN, js. + BOTANIQUE. DEscrIPTION des Plantes nouvelles et peu connues , cultivées dans le jardin de J. M. Cezs ; avec figures ; par E. P. VENTE- NAT, de l'Institut national de France , l'un des conservateurs de la Bibliothèque du Panthéon. Septième livraison. De lim- primerie de Crapelet. An 9. Se vend, à Paris, chez l’ Auteur, à la bibliothéque du ‘” Panthéon; Barrois l'aîné, libraire, rue de Savoie; Fuchs , libraire, rue des Mathunins, hôtel de Cluny. Pirwi les plantes qui composent ce septieme fascicule , trois sont originaires de la Nouvelle-Hol- lande, quatre de l'Orient, une du Katschacka, et deux de l'Amérique septentrionale. Nous allons les faire connoître succinctement. CHAPTALIA 1omen- 1osa. Cette plante a présenté au C. Ventenat des ‘ caractères si tranchés , et tellement distincts de ceux des. autres plantes de la famille des corymbiferes, à laquelle elle se rapporte , qu’il en a fait un genre nouveau , dédié au C. Chaptal. Cette plante, ori- ginaire de la Caroline, a été rapportée par le C. Bosc. Elle appartient à la famille des composées. Elle est de la syngénésie polygamie nécessaire du systeme de Linnæus, et son caractère essentiel con- siste dans ses fleurs, dont les demi -fleurons sont femelles- Mélanges. 49 : femelles-fertiles et disposés sur deux rangs. Ceux du raug extérieur sont en languette ; ceux du rang in- térieur sont très-courts et tronqués à leur sommet ; les fleurons occupant le ,centre de la fleur. Ils sont tous mâles ; et formés d’une corolle labiée , dont la Ja lèvre intérieure est droite , ovale, et à trois dents ; la lèvre extérieure est à deux divisions profondes. Les semences des demi- fleurons sont surmontées d’une aigrette sessile ; celles des fleurons avortent. Le réceptacle est nu, et le calyce est formé de fo- lioles qui se recouvrent comme les tuiles d’un toit. Le port de cette plante est presque semblable à celui d’un tussilage. : CASUARTN 4 distyla. Cette nouvelle espèce de ca- suarina se trouve au cap de Diémen, à 44 degrés la- titude sud, C’est un arbre qui s'élève à huit ou dix mè- tres, et dont le bois est tres-dur et fort pesant. Cette espèce est dioique. Le C. Ventenat a fait figurer un rameau de lindividu femelle, et un épi de lindi- vidu mâle. Les botanistes qui, comme on peut le voir dans les ouvrages qu’ils ont publiés, étoient incertains sur les caractères du genre casuarina , seront flattés de trouver dans la figure publiée par le C. Ventenat tous les détails de la fructification des deux individus. Il résulte surtout de la figure de la semence qui est terminée par une aile mem- braneuse, que le genre casuarina n’est pas voisin de l’équisetum, comme l’ont soupeonné d’habiles bota- nistes, mais qu'il fait réellement partie de la fa- mille des conifères, .- ASPERULA brevifolia, C'est un sous - arbrisseau Tome EL, D 50 Botanique: trouvé sur Îles montagnes de la Caramanie, par Bruguière et Olivier. Cette jolie espèce a quelques rapports avec l’4sPERULA chynanchica , L.; mais elle se distingue aisément par ses feuilles très- courtes, par la disposition de ses fleurs, dont quel- ques-unes sont axillaires et solitaires, et par son style divisé jusqu’à sa base. Ce dernier caractère doit éveiller la curiosité des botanistes, et les en- gager à observer avec attention, s’il n'existe pas réellement dans les genres de la première section des rubiacées , comme sembleroit l’indiquer la struc- ture de leur fruit qui est formé de deux semences. ERUCARIA alepica. La structure du fruit de cette plante crucifère, différente selon les époques de la maturité, paroît avoir occasionné bien des erreurs, comme on peut en juger d’apres les synonymes ci- tés par le C. Ventenat. Tournefort lui-même ayant fait un double emploi de cette plante, on ne doit pas être surpris que les botanistes qui ont eu ensuite occasion d’en parler se soient égarés. Les recherches faites par le C. Ventenat, dans les herbiers de Tour- nefort, de Vaillant, de Jussieu, et surtout dans le catalogue des plantes de Tournefort , écrit par Vail- lant lui-même, et conservé dans la bibliothéque du Musæum d'histoire naturelle, lui ont appris que le raphanistrum alepicum flore dilute violaceo , TouRr- NEF. coroll. 17, étoit la même plante que le sirapi græcum maritimum , tenuissime laciniatum , Jlore pur- purascente ; TOURNEr. coroll, 17. Le C. Ventenat à adopté l'opinion de Gærtner , qui avoit pensé que le taphanistrum, etc., devoit constituer un genre nou- Mélanges: 5r veau; mais il a réformé le caractère générique ex- posé par le célèbre auteur de la carpologie. Le ca- ractère essentiel de Pérdcaria consiste dans le pro= longement seminifere qui surmonte la silique. PozrcoNuM polygamum. Cette nouvelle espèce de polygonum a été découverte par Michaux dans les sables arides de la Caroline. C’est un sous ar- brisseau touffu, très rameux surtout dans sa partie supérieure , et presque entièrement couvert de fleurs. Le C. Ventenat lui a donné le nom de po/ygamum ;, parce que, parmi ses individus, les uns sont her- maphrodites , er les autres simplement femelles Les caractères énoncés dans la courte de cripiion que je viens d'en donner , prouvent qu’il est tres-distinct du PozrGAMUM frutescens , L., avec lequel il a de l'aBinité. On peut encore ajouter que la figure de ces feuilles est différente, et que les divisions du calyce sont toutes ouvertes pendant la floraison. NEPETA longiflora. C'est une jolie espèce de la famille des labiées, trouvée en Perse sur le mont Albours, par Bruguière et Olivier. C’est avec raison que plusieurs botanistes ont observé que plu: les familles étoient naturelles, plus il étoit difficile d’assigner des caracteres bien tranchés dans l’éta- blissement des genres. La plante dont il est ici question en fournit une preuve bien frappante. Elie se rapproche du stachis par ses deux longues éta- mines rejetées en dehors de la corolle apres la f6- condation; du brunella, par l’anthère portée sur une dent latérale au dessous du filet, et du nepeta par le lobe moyen de la leyre inférieure qui est cré- D 2 5 Botanique. nelé. Le port de cette plante, parfaitement con forme à celui des espèces du genre nepela, a dé- terminé le C. Ventenat à la rapporter à ce genre; il a nommée longiflora , parce que le tube de la corolle est beaucoup plus long que celui des autres espèces connues. Ros4 Kamichatica. Cette plante est intéressante, non-seulement par le genre auquel elle appartient , mais encore par l’homme célèbre à qui nous en de- vons la découverte. C’est un rosier rapporté du Kamtschatka par Cook.#Le C. Cels le cultive avec succès depuis plusieurs années. Il passe l’hiver en pleine terre, et il fleurit sur la fin du printemps. Cette espèce, qui est un arbrisseau, a beaucoup de rapports avec celle que les botanistes désignent par 16 nom de Cinnamomea ; mais elle en diffère sur- tout par sa tige , de couleur cendrée , hérissée d’ai- guillons nombreux , couverte de poils courts et serrés, par ses folioles ovales-renversées, presque tronquées à leur sommet , pubescentes en dessous, etc. HrPzR1ICUM heterophyllum. Cette espèce d’hype- ricum est remarquable surtout par ses bourgeons : qui ressemblent à de petits cônes; elle forme un joli arbrisseau. Elle a été découverte en Perse par Bruguière et Olivier. Sa racine pousse un grand nom- bre de tiges tétragones , rameuses, garnies de feuilles linéaires et en lance. Il naît dans les aisselles de ces feuilles des bourgeons dont les feuilles, disposées sur quatre rangs, très-rapprochées et semblables à celles du serpolet , se recouvrent mutuellement comme les tuiles d’un toit, et représentent en quel- Mélanges. 53 que sorte de petits chatons. À mesure que les bour- geons se développent, les feuilles s’écartent, s’a- Jlongent insensiblement ; et, à la fin de l’automne, elles ont presque la figure de celles de la tige. Les fleurs de cette espèce répandent une odeur suave ; elles sont formées de pétales un peu inégaux. MrrTrosrDERos lopantha. C'est une des plus belles espèces du règne végétal ; elle doit fixer l’attention même de ceux qui sont le plus accoutumés à con- templer les richesses de la nature. Elle est origi- paire de Ja Nouvelle-Hollande. Elle forme un ar- brisseau qui s’éleve environ à deux mètres. Sa tige droite et rameuse est garhie de feuilles alternes , rapprochées , droites, en lance , fermes, d’un vert gai sur chaque surface. Elles sont ponctuées comme celles des myrtes, et elles répandent une odeur agréable lorsqu’on les froisse. Celles des bourgeons sont soyeuses ou couvertes de poils couchés , molles, et d’un pourpre foncé. Les fleurs sont disposées en un épi serré dans la partie supérieure des jeunes. pousses. Elles sont petites, et de couleur herbacée ; mais leurs étamines nombreuses, fort longues, et d’un pourpre écarlate, lui donnent un grand éclat, et l’épi ressemble alors-à ees panaches qui ornent les bonnets de nos guerriers. C’est d'après ce carac- tère , que le C. Ventenat l’a nommée /opantha , où fleurs formant un panache. MzTrosIDEROS saligna. Cette espèce, qui ap- partient au même genre que la précédente , et qui est originaire des mêmes contrées, a beaucoup de rapports avec elle ; mais elle eu diffère surtout par D 3 54 Botanique. ses fleurs moins nombreuses et plus petites, par son calyce glabre , par ses pétales ovales, et par ses éta- mines d’un jaune pâle. Le soin particulier que nous avons pris de rendre un compte fidelle et détaillé de ce fascicule ainsi que des précédens, doit faire juger que nous atta- chons un grand prix à l’ouvrage entier; nous voyons même avec satisfaction que les journaux scientifiques publiés en Angleterre, en Allemagne et en Espa- gne , justifient l’idée avantageuse que nous en avons. Les détails de la fructification si bien exposés dans les figures, et les observations consignées à la fin de chaque description, placerout toujours, ainsi que Pa déja remarqué le celèbre M. Hoffmann de Gocttin- gue , l'ouvrage du C. Ventenat au rang des plus im- portans travaux que possède la botanique. J. L. ALIBERT. ASTRONOMIE. MÉMOIRE sur la découverte de la nou- velle Planète de Piazzt, lu à l Assemblée publique de l'Institut, le 15 germinal, par Jérôme DE LALANDE. _ L: premier jour du XIX.° siécle fut marqué par la découverte d’une neuvieme planète. C’est un événe- ment assez remarquable en astronomie pour que l’In- stitut en entretienne le public, surtout au moment où le gouvernement vient de le charger de tracer l’histoire des sciences. On a dû cette découverte au hasard , comme celle de Herschel en 1781 ; mais ce hasard ne pouvoit favoriser qu’un astronome habile et assidu : c’est ce que Plutarque appelle travail heureux. Le 1.°* janvier 18071, au soir, M. Piazzi, astro- nome de Palerme, qui travaille à un catalogue d'é- toiles, voulant observer la 87.° étoile du catalogue zodiacal de Lacaille, entre la queue du beliér et le taureau , la vit tout près d’une étoile de 8.° gran- deur, qu’il observa également par occasion. Son usage est de faire la même observation deux jours de suite ; mais le lendeïñain il trouva une différence, Il eut bientôt reconnu le mouvement dé là DETE étoile, qu’il supposa une comète. M. Piazzi vouloit se réserver le plaisir de calculer sa comète, et pourtant assurer sa date; il envoya D 4 56 Astronomie. à M. Oriani, le 24 janvier, deux observations du " janvier et du 23, en ajoutaut que le 10 elle étoit stationnaire. M. Oriani voyant qu’elle n’avoit point de nébulosité comme les eometes, qu’elle avoit été stationnaire et rétrograde dans un assez petit espace de temps, à la manière des planetes, la calcula dansiun cercle, comme planète. M. le baron de Zach fit la même chose à Gotha, et m’envoya ses élémens ; il la crovoit alors la co- mète de 1770. M. de Zach saisit d'autant plus avi= dement cette première idée, que, dès 1781, il avoit fait des calculs d’après les rapports des in- tervalles des planètes, et qu’il en concluoit l’exis-. tence d’une planète entre Mars et Jupiter; il y mettoit même assez d'importance pour avoir dé- posé ses idées entre Îles mains de M. Bode (E£pA. de Berlin ue 1789 » Page 163 ). ne dans, ses Lettres cosmologiques , publiées, en 1961 ( pag. Br, édit. de 1801 ), avoit déja parlé. d’une planète qui pourroit exister entre Mars et Faits Bode, dans sa Connoissance du ciel étoilé... 17722 dont il y a eu sept éditions, jugeoit aussi par les progressions des, distances des planètes, qu'ik pourroit y en avoir une, et il en avoit parlé plu- sieurs fois. En effet, la distance de Mercure étant 4, celles des autres, planètes augmentent de 3,6, 12 24 48, 96, 192; en doublant toujours; mais Le 24 manquoit dans cette progression ; et c’est .ce qui faisoit présumer à M. Bode qu’il y avoit-une pla- nete entre Mars et Jupiter. Lexell, cpleulant la comète de 1770). Jui onde LT Planète de Piaz:r. 57 ne orbite de cinq ans, et la plaçoïit entre Mars et Jupiter. Les savantes recherches du C. Burckhardt J’avoient conduit au même résultat dans la piece qui a remporté le prix de l’Institut , en 1799. - Claïraut, dans son Livre sur la comète de 1759, parloit aussi de l’attrac:ion d’une planete encore inconnue ; mais tout cela me paroiïssoit bien vague , et je ne pouvois y voir qu’une comète. « Maïs ayant vu dans le journal de Paris, qu’on avoit découvert une comète à Palerme, j'écrivis à M. Piazzi le 27 février, pour lui demander ses ob- servations. Le ro avril, il m'écrivit : Je m’étois proposé de ne communiquer mes observations à personne , avant d’avoir tiré les élémens de la comète ; mais c’est vous qui les demandez ; vous les trouverez ci-jointes. Je reçus sa lettre le 31 mai. Aussitôt le-C: Burckhardt on ait eue. Le 30 juin, Piazzi m'écrivoit : Plusieurs astronomes croient que c’est une planète. J’en doute encore. L calcula une orbite elliptique; c’est la première qu Le r.* juillet, M. de Zach m'envoya une carte gravée de la route que la planete devoit suivre après sa conjonction, d’après Jes élémens elliptiques cal- culés par le C. Burckhardt. Celui ci, occupé de recherches plus importantes et plus difficiles, ne :pensoit plus à cefté planète ; mais. d’autres astronomes calculèrent! d'autres élé- mens : Piazzi lui-méme donua les siens avec ceux: de Burckhardt , dans un mémoire italien qu’il nous occupé la Société dans le cours de l’année, par le C. THELLIER, secrétaire. 4° L’Amandier, fable, par le C. HEGCART, de Valenciennes, associé correspondant. 5° Invitation à la vie champétre , poème, par le C. DEcTIL , professeur de langues en Angleterre, associé correspondant. 6. Mile Dumont, amateur de cette ville, a chanté un morceau de la composition du C. DELTIL, s0- ciétaire résident. 7.2 Précis historique des découvertes galvaniques ; par le C. VarERy BECQUET, sociétaire résident. 8.9 Analyse du lait ; par le C. Drarier , de Lille, associé correspondant. 9.° Le Chien qui compte jusqu'à douze, ou la dou- ble Lecon, fable; par le C. Sirv y. 10.° Feu d’artifice produit par divers gaz hydro- PROGRAMME. La Société libre d'amateurs de sciences et arts de la ville de Douai , a arrêté, le 3 pluviose an 10, de délivrer, dans sa séance anniversaire du 23 pluviose an 11, une médaille d’or ou d’argent, de la valeur de 100 fr., à l’auteur qui aura mieux traité le sujet suivant : Parallèle entre le dix-huitième siécle et celui de Louis XIV, considéré sous le rapport des sciences et des arts, Les personnes de tout sexe et de tout pays, à Vexception des membres résidens et correspondans de la Société, seront admis au concours. . \ Nouvelles littéraires. 89 Les aspirans sont invités à adresser leurs ouvrages . avant le 1.°* frimaire an 11, au président de la So- ciété. Il ne les signeront pas, mais ils y mettront une sentence ou devise, et y joindront un billet cacheté, dans lequel seront leurs nom, prénom ct leur adresse, Avant le 1.‘ pluviose an 1r , la Société désignera l'ouvrage qu’elle aura jugé mériter le prix; et il en sera de suite donné avis à l’auteur, qui viendra lui-même recevoir la médaille, ou qui donnera sa Procuration à la personne qui devra la recevoir en son nom. Il sera nécessaire d’exhiber la lettre d’avis. La société rejettera les ouvrages qui ne seroient que des traductions ou imitations , et ceux qui se- roient déja connus, dans le public. Elle invite les aspirans à respecter dans leurs écrits, le gouverne- nement et les mœurs. Société des sciences et arts de Montauban. La Société des sciences et arts de Montauban tiendra une séance publique le 30 prairial de lan 11. Elle y distribuera trois prix, dont chacun sera double , attendu que ceux de l’année sont réservés, faute d'ouvrages qui en aient été jugés dignes. Le premier est destiné à l’auteur qui, au juge- ment de la section des sciences, aura le mieux traité le sujet suivant : « Déterminer par le calcul, et d’après les sup- « positions les plus vraisemblables, la quantité dont, «“ l'attraction de la lune peut élever l’atmosphèré «“ au dessus de son niveau moyen; et la quantité 90 . Nouvelles littératres: «“ de l'influence de cette élévation sur celles du ba- « romèêtre , si toutefois cette élévation peut influer. « sur cet instrument, lors même qu’elle seroit sen- « sible, » Le concours reste ouvert pour le second prix, sur le sujet déja proposé par la section de litté- rature, “ Quel est, pour les femmes , le genre d’éduca- « cation le plus propre à faire le bonheur des hom- « mes en société. » Quoiqu’aucun des ouvrages présentés n’ait obtenu la couronne, il en est un que la section a distin- gué; celui qui porte pour devise : « Les vertus des « femmes sont difficiles, parce que la gloire n’aide “ pas à les pratiquer. » Avis d’une mère à sa fille , de M."° LAMBERT. . | Il paroît , en général, que le sujet a été plutôt senti que développé; des vues saines, des vérités fortes, quelques apercus d'une justesse frappante , ont fait regretier que les auteurs n’aient pas em- brassé le sujet dans toute son étendue. On s’est plus occupé de Ja théorie de l'éducation, que des moyens de la réaliser par une méthode qui renferme l'application des principes : et c’est-là Le principal but de la Société. Elle invite les concurrens à revoir leurs mémoires, à perfectionner un style quelquefois incorrect, à lier surtout les pensées, et à les fondre dans un plan qui borne et circonscrive avec précision l’objet et les vues de l’écrivain. Le troisième prix sera décerné à l'ouvrage qui, Nouvelles litiéraires. * OL au jugement de la section de commerce et d’agri- culture, aura le mieux résolu la question déja pro- posée : « Quel est le genre de manufacture qu’il convien- “ droit d'introduire dans la ville de Montauban, « pour y augmenter l’industrie ?» Les ouvrages destinés au. concours seront adressés ; franc de port, à l’archiviste de la société, en deux copies bien lisibles, avant le 15 ventose an T1. Les auteurs écriront leurs noms dans un billet car cheté, qu’ils joindront aux manuscrits; et chaque copie portera une devise ou sentence, qui, répétée au-dehors du billet, fera connoître à quel ouvrage il appartient : ce billet ne s’ouvrira qu'après le jugement , et pour celui-là seul qui aura réuni.les suffrages. | Il sera offert à chacun des auteurs couronnés, dans la séance solennelle, au nom de la Société et en présence des autorités constituées , une médaille d’or, dont Ja valeur sera deux fois , au moins, celle annoncée dans le programme de l'an 8. La Société consignera dans ses registres l'extrait des ouvrages qui auront mérité son choix, et se bâ- tera de publier les ouvrages mêmes dans le recueil de ses mémoires. Arrêté en séance extraordinaire, à l’hôtel-de-villé de Montauban, le 26 frimaire an 10. CiNrRAIX, directeur; YZARN et PonNcEeT-DEL- PECH , vice-directeurs; FRANCE-LAGRAVIÈRE, archiviste-trésorier ; LACOSTE-RIGAIL , secre- taire; LADE et ROBERT-FONFREDE , secré- Luires-adjoints. 92 Nouvelles littératrres. PARIS, Institut national. L'Institut national a nommé dans sa séance gé- nérale du 4 floréal, le C. COQUEBERT-MONTBRET , membre non-résident pour la section de géographie statistique, classe des sciences morales et politi- ques. Cette place étoit vacante par la mort du C. BEAUCHAMPr. Les concurrens du €. Coquebert étoient les CC. MENG1N , officier de la marine, et CAMBRY, préfet de l'Oise. Societé philomathique. Le C. GEOFFROY, professeur au Muséum d’histoire naturelle, a lu la Description d'un nouveau genre de poisson, de l’erdre des abdominaux. On connoît en Ægypte, sous le nom de Bichir, un poisson qui se rapprocheroit assez dü cayman esox osseus, à ne consulter que son port, ses tégumens, la grandeur et la solidité de ses écailles; mais il en différe, ainsi que du reste des abdominaux , par sesnageoires pectorales et ventrales placées à l’extrémité de bras, par le nombre et la forme de ses nageoires dorsales, Par une organisation assez curieuse des branchies, et par une singulière disposition de son canal intes- tinal. Ses nageoires pectorales terminent l’extrémité de véritables bras, puisqu'on compte à l’intérieur de ceux-ci les mêmes osselets que dans les mammiferes, à cette différence près, qu’ils sont réunis dans les Nouvelles littéraires. 08 adultes, et tout-à-fait comprimés. Les nageoires ventrales n’ont pas une analogie aussi marquée avec les extrémités des mammiferes : le membre, com- parativement à la nageoire , est extrêmement court, La queue et sa nageoire sont d’une brièveté re- marquable , tout au plus égales aux sixième de la longueuf totale ; et comme la tête n’a guère plus: de longueur, l'animal paroïit presqu’entièrement formé par un jong abdomen, ne Ily a de 16, 17 à 18 nageoires dorsales ; le pre- mier rayon de chacune est une pièce solide, trans- versalement comprimée, et terminée par deux pointes. De sa face postérieure naissent vers le haut 4 à 5 petits, rayons cartilagineux , qui soutiennent une membrane assez étendue, le nombre de ses rayons osseux correspond à celui des vertèbres dorsales!, avec cette singularité très-remarquable , que Papo- physe epineuse de chaque vertebre est terminée par . une tête sur laquelle s'articule le premier rayon des nageoires. Ces premiers rayons ne sont pas pour cela privés de leurs apophyses tutrices; mais, devenues inutiles par cet arrangement , elles sont beaucoup plus petites qu’à l’ordinaire, et engagées sous Ja peau dans le #issu cellulaire : ce n’est plus que le rudiment de ce qui, dans les autres poissons, existe avec plus de développement. L'ouverture branchiale est très-considérable, ce- pendant on n’apercoit aucun vestige de rayons bran- _ chiostèges : ils sont remplacés par une longue plaque osseuse, La membrane branchiostège ne peut ainsi } 94 Nouvelles litieraires: ni se plisser, hi se déployer à volonté ; elle est tou2 jours également étendue, ce qui a rendu nécessaire une organisation propre au Bichir. La tête est re- couverte d’uné grande plaque, composée de six pièces, toutes: articulées ensemble. Cette espèce de casque se trouve séparée de l’opercule par une bande com- posée de petites pieces carrées. Vers le milieu, la plus longue de ces pièees est libre par un de ses bords : c’est une espèce de petite portière ou de sou- pape que l’eau soulève, pour s'échapper de la cavité de la bouche, dans le temps que l’animal ferme son ouverture branchiale. : Les mâchoires sont garnies d’une double rangée, de dents fines, égales et assez rapprochées; la ca- vité de la bouche remplie d’une langue libre, charnue et lisse ; la: lèvre inférieure ornée de deux petits barbillons: Le vert: de mer est la couleur générale du Bichir; le ventre tire:une peu sur le blane sale : cette couleur est relevée par quelques taches noires, irrégulières ; plus nombreuses vers la queue que vers la tête. Le Bichir n’a guère plus de 5 décimètres de lon- gueur ; on trouve dans le tableau suivant le nombre des rayons de ses diverses nageoires. Bo r:0). 16, 17 où 18 N. Dorsales, P. 32, V. 12, A. 12, GG 109: Le canal intestinal rapproche le Bichir des squales et des raies. Un œsophage assez spacieux donne nais- sance à‘ünestomac plus rétréci , alongé , et de forme conique. L’intestin sort de la partie supérieure INouvelles littéraires. 0 de cette poche : il est d’abord lésérement arqué, et se rend ensuite droit à l’anus; il est pourvu d’un cœcum très-court ; l’intérieur du canal intestinal est remarquable par une large duplicature de la mem- brane interne : elle chemine en spirale, de manière à former par ses différens replis, autant de cellules qui arrêtent le cours des alimens, et prolongent ainsi leur séjour dansl e canal intestinal, Les vessies natatoires sont au nombre de deux, inégales , flottantes, presque cylindriques : la plus grande occupe toute la longueur de l'abdomen ; elle communique avec l’œsophage par une large ouver- ture qu’une espece de sphincter ferme au besoin. Les habitudes du Bichir ne sont pas connues : il èst tres-rare dans le Nil. Je n’insister:i point sur ses rapports paturels ; ce que je viens de faire connoître de son organisation me paroît suffisant pour prouver que le Bichir n’a guère d’autres rapports avec les poissons abdominaux, que la position respective de ses nageoires pectorales et ventrales, et que d’ailleurs il en diffère assez pour devoir être considéré comme un être isolé, et comme dans cet état d’anomalie que les naturalistes ont coutume de désigner sous le nom de genre nOUVEAU ; en conséquence , j'établis ce genre ainsi qu’il suit: Po zrPTÈRE. ‘CAR 1IND. Un seul rayon branchiostège ; deux évents, un grand nombre de nageoires, POLYPTÈRE Bichir. 96 Nouvelles littéraires. Sur une nouvelle espèce de Testacelle, par Le C, FauURE-BIGUET, de Crest, département de là Drôme. Les CC. Cuvier et Lamarck ont nommé Testacelles, des limaces qui portent une petite coquille sur l’ex- trémité postérieure de leurs Corps, et qui avoient été décrites par plusieurs naturalistes, notamment par Favanne. L’espèce observée par l’auteur est nue, de la longueur de sept à huit centimètres : elle a quatre tentacules. L'ouverture de ses organes de la génération , au lieu d’être près du col, se trouve vers l’extrémité postérieure supérieure, où elle est recouverte par une pelite coquille plate et solide, pourvue d’un demi-tour de spire et d’une saillie intérieure à la lèvre gauche, au dessous de cette spire. Elle ressemble à un petit ormier d’Adanson ( oreille de mer, ha/yotis ) qui ne seroit pas percé de trous : on pourroit encore mieux la comparer au sigaret. Cet animal vit habituellement dans l’intérieur de la terre, où il s'enfonce jusqu’à un mètre et plus, ‘suivant les saisons. Il ne vit point de végétaux frais ou pourris, comme Jes limaces : il fait sa nourriture habituelle des lombrics, qu’il suce et avale entiers , ainsi que les serpens qui ont saisi un animal plus gros qu'eux. Ce. qu’il y a de partieulier, c’est qu'il ne continue à avaler Je lombric qu’à mesure qu’il en a digéré la portion déja introduite dans son estomac, et-que la portion qui est restée dehors continue à donner des signes de vie tant qu’on la voit. Il pond des Nouvelles littéraires. 07 des œufs très-oros relativement à ceux des limaces, mais aussi sont-ils en plus petit nombre, six à sept au plus. Ces œufs ne sont point recouverts d’une peau molle , mais d’un test dur, grenu, semblable à celui de œufs des oiseaux. Le C. Bosc a décrit deux nouvelles alvéolites, Le C. Lamarck nomme Abéolites des polypiers formés de couches nombreuses , qui s’enveloppent, et qui sont composées de ceilules prismatiques, for- mant un réseau à leur superficie. À cette définition, il ajoutoit que ces polypiers étoient 2/obuleux ou hémisphériques. Le C. Bosc vient de découvrir deux espèces qui ne peuvent se rapporter qu’à ce genre ; mais qui ont, l’une, une forme ovale, et l’autre, oblongue et presqu’en fuseau. {] nomme la première Alvéolite grain de millet, et l’autre, Alvéolite grain de fétuque ; celle-ci a , indépendamment de sa forme, un Caractère particulier dans huit arrêtes qui par- tageht longitudinalement sa superficie, et qui indi- quent autant de lames qui en partagent l’intérieur, de l’axe à la circonférence, Ces deux Alvéolites ont été trouvées dans un sablon calcaire, au dessus du village d’Auvert, dans la vallée de l'Oise. Le C. CLARION a donné la description d'une nouw- velle espèce de Phaca. Phaca glabra. P. cauleramoso prostratro , foliis ovato-lanceolatis , florum alis nte- gerrimis , leguminibus glabris. La racine de cette plante est vivace, comme ligneu- se , simple ou bifurquée, peu fibreuse ; le collet donne naissance à plusieurs tiges étalees rudes, cannelées, Tome I. G 08 Nouvelles littéraires. simples inférieurement , et rameuses vers le sommet, les feuilles sont alternes, peu nombreuses, pennées avec impaire ; le petiole commun porte 9-13 folioles ovales, terminées par une pointe peu saïllante et comme glanduleusey d’un vert glauque en dessous ; les stipules sont opposées, ovales, aiguës , quelque- fois réunies , et alors elles engaînent la tige ; les pédoncules dépassent les feuilles, et portent un épi de fleurs horizontales ou penchées; le calice est à 5 dents, et couvert de poils noirs; la corolle est papillonacée , blanche , à l’exception de la carène et de la partie des ailes voisines de la carène, qui sont violettes. L’étendard est ovale, échancré, élevé en arrière , les ailes sont ovales-linéaires , courbées , . plus courtes que l’étendard. L’ovaire est porté sur un court pédicule, et est surmonté d’un style per- sistant, courbé en demi-cercle , terminé par un sti- gmate aplati. À ce pistile succède une gousse glabre pédiculée , vésiculeuse, pointue aux deux extrémités, Ja suture supérieure rentre uu peu en dedans de la gousse ,et porte des graines réniformes. La Phaque glabre difére de la Phaca Gerardi Vill. par sa gousse olabre ; de la Phaca alpina, par | sa tige droite , et de la Phaca australis, par ses ailes entières. Elle croît dans les montagnes de Praz, départe- ment, des Basses-Alpes. Elle fleurit en messidor. : Nouvelles littéraires. 99 Ecole de médecine. Observations sur les effets du gaz carbonneux dans l’économie animale , par le C. CHAUSSIER. On croyoit , il y a vingt ans, que le salpétre qu’on faisoit fuser sur des charbons ardens, fournissoit de © Pair vital et purifioit ainsi l’air altéré, Le C. Chaus- sier reconnut à cette époque que ce procédé, loin d’être utile, n’étoit pas sans danger , puisqu'il pro- duisoit un gaz non-respirable , insoluble dans l’eau et plus pesant que le gaz inflammable proprement dit. L'analyse de ce gaz a prouvé depuis, aux CC. Guyton , Desormes et Clément, qu’il étoit composé de gaz acide carbonique et de gaz carbonneux. Le premier ne contenant sur 100 parties que 27 à 26 de carbone , tandis que le second en contient de 46 à 52. . C’est avec ce gaz carbonneux bien purifié que le C. Chaussier a fait quelques expériences sur les ani- maux vivans et sur le sang tiré récemment des vei- nes. Pour en mieux connoître l’action, il les a fait comparativement avec d’autres fluides aëriformes. Voici quelques - uns des résultats qu’il a obtenus: Dans le gaz hydrogène pur , asphyxie lente, le sang et toutes les parties gardent une tciote brunâtre. Dans le gaz hydrogène sulfuré, asphyxie subite, le sang, le foie, toutes les parties prennent une cou- leur noire. Dans le gaz hydrogène carboné, asphyxie moins G 2 100 Nouvelles littéraires. prompte que dans le gaz acide carbonique, mais plus rapide que dans le gaz hydrogene pur, le sang et toutes les parties ont une teinte vermeille. | Dans le gaz acide carbonique , asphyxie, en peu de secondes ; à la suite d’efforts convulsifs pour re- spirer, les muscles s’affaissent , ne sont plus irrita- bles ; le sang se coagule peu : il prend, ainsi que toutes les autres parties, une couleur obscure. Sou- vent les poumons ne surnagent point. Enfin, dans le gaz carbonneux , asphyxie pluslente, les muscles restent plus longtemps irritables ; le sang et toutes les parties prennent une belle couleur écar- late. Il résulte de ces expériences que les gaz qui con- tiennent du carbone, donnent au sang une couleur vermeille, analogue à celle qu’il contracte quand il absorbe l’oxygene. Note sur une artère fournie au poumon par l'aorte abdominale ; par le C. MAUGARS, étudiant er médecine. Cette artère a été observée sur le cadavre d’un en- fant de sept ans. L’aorte lui donnoit naissance de sa partie antérieure et droite, un peu au dessus du tronc cœliaque qu’elle égaloit en grosseur. Placée derrière l’æsophage, elle donnoit d’abord la sous- diaphragmatique droite; puis passoit dans la poi- trine au travers du diaphragme avec l’æsophage, s’y divisoit en deux branches qui se portoient presque à angle droit, se dirigeoient de l'un et de l’autre côté vers le poumon. La droite étoit un peu plus Nouvelles littéraires. 10! longue et moins grosse que la gauche. Toutes deux parvenues dans le poumon, se distribuoient à son lobe inférieur, et communiquoient très - distincte- ment par des anastomoses avec les dernières rami- fications des artères pulmonaires, qui contenoient du sang noir. Il y avoit des artères bronchiques , comme or l’observe ordinairement. Note sur un moyen employé avec succès pour faire périr le ver solitaire ; par le C. BOURDIER, pro- Jfesseur à l'Ecole de médecine de Paris. Le C. Bourdier ayant eu à traiter, dans les pre- miers temps qu’il se livroit à l’exercice de la méde- cine, une femme tourmentée par un ver solitaire, lui conseilla d'employer le remède de M.”° Nouffer qui a été , comme l’on sait, publié en 1775 , par ordre du gouvernement. Ce moyen loin de réussir, ayant eu quelques inconvéniens dans l’usage qu’on en fit trois fois consécutives , ce médecin crut devoir rechercher une autre méthode, et voici celle à la- quelle il s'arrêta d’abord. Croyant qu'il seroit avantageux d’assoupir le ver avant de chercher à le faire périr, il prescrivit une foible dose d’opium pendant quatre jours, et le cin- quième il ordonna une médecine ordinaire; mais ce moyen ne réussit pas mieux que le précédent. Ce fut cependant d'après le même raisonnement qu’il imagina et employa celui que nous allons faire con- poître , et qui lui a réussi depuis un très-grand nom-= bre de fois. : Il prescrit de prendre , le matin à jeun, un gros G 3 102 Nouvelles littéraires. d’éther sulfurique dans un verre de fortg décoc- tion de racine de fougère mâle. Une heure après cette premiere dose du remede , et lorsque le ver, plongé dans cette liqueur, doit en ressentir l'ef- fet , il fait prendre deux onces d’huile de ricin unies, en forme de loock , avec un syrop quelconque. En général il fait répéter l’usage da méme remède le lendemain, et quelquefois le 3.e jour. Le ver est ordinairement rendu à demi-désorganisé : on n’en re- connoît les débris qu’en examinant avec attention les matières évacuées. Ce remède ne présente aucun inconvénient. Le malade n’éprouve pas d’accidens et n’a besoin d’au- cune préparation. Lorsque le ver se trouve dans l’es- tomac, on a la certitude du succès. Sur quatorze per- sonnes traitées par ce remède, cinq qui avoient le tenia dans le ventricule, ont été guéries en trois jours. Parmi les neufs autres , qui avoient le ver dans le canal intestinal ,deux ont été aussi guéries en trois Jours ; quatre, après avoir subi deux fois le traitement à deux époques peu éloignées ; lestroïs autres n’ont pointété guéries : il est vrai qu’on n’a point essayé un troisième traitement. : Lorsque le ver est présumé exister dans le canal intestinal, le C. Bourdier ajoute aux moyens indiqués plus haut, un lavement fait avec la même décoction de fougere dans laquelle on verse deux gros d’éther, qu'il fait introduire un instant après que le malade a pris la potion éthérée. Il attaque aïnsi ennemi ‘n même temps _ par les deux orifices du tube in- testinal, et dans ses derniers retranchemens. Nouvelles littéraires. 103 Concours du ministre de l’intérieur. Le ministre de l’intérieur a ouvert un concours : auquel sont appelés tous les beaux-arts (excepté la * poésie et l’éloquence). Le but est de célébrer les deux époques de la Paix d'Amiens et de la Loi sur Les cultes. On demande à la gravure des médailles ; à la sculp- ture des groupes ; à la peinture des tableaux ; à Par- chitecture un arc de triomphe. (Il faut consulter pour les dimensions que doivent avoir les ouvrages des- tinés au concours, pour le montant des prix, les conditions à remplir, etc., l’arrêté même qui a été inséré dans tous les journaux ). Si le ministre n’a point appelé à ce concours, la poésie et l’éloquence, c’est que sans doute il aura voulu réserver à l’Institut national la gloire de pro- poser et de décerner des prix sur ces grands sujets, dont toutes les muses doivent s'emparer à l’envi. \ Circulaire du même ministre, sur l'exposi- tion de l’an 10. D'après une circulaire du même ministre, on est assuré qu’il y aura cette année, comme l’année der- nière, une exposition publique de l’industrie natio- nale, dans la cour du Louvre. Il faut que tous les _objets qui devront être exposés, soient rendus à Paris avant le 15 fructidor. G 4 104 IVouvelles littéraires. DiHÉ AM RUES: THEATRE Louraoirs. Une Matinée du jour. Mauvaise imitation du Cercle , jouée le 29 floxéal. Le public en a fait justice. THÉATRE DU VAUDEFVILEE. 11. 76. 88. . C’est sous ce titre bizarre qu’on a joué au théâtre du Vaudeville, le 1.‘ prairial, anecdote arrivée à Gonesse, chez le C. Fauvel, buraliste de cette villes Cette anecdote, insérée dans tous les journaux, a fait connoître le généreux désintéressement du C. Fauvel. Il assistoit lui-même à la premiere repré- sentation de cette pièce, et n’a pas dû étre bien satisfait de l'esprit. des auteurs qui l’ont mis en scène. En effet, rien de plus insipide que cette production nouvelle , où le genre des jeux de mots et des pointes ; brille dans tout son éclat. Une lé- gère intrigue d’amour achève d’endormir le public qui sait d’avance tout ce qui doit arriver. C’est M. Bellefleur , jardinier de Gonesse, qui suit le terne, et à qui M. Fauvel a déja fait des avances. Fauvel fils aime la fille du jardinier de Gonesse; il a pour rival un Farinet, garcon boulanger , plus bête que Jocrisse, car ses bêtises ne font pas rire. Le terne sort. Mais 7 Nouvelles littératres. 10 M. Fauvel qui a refusé à Bellefleur de lui prêter de quoi faire sa mise, l’a faite en secret , et lui paye le terne au moment où celui-ci se désole. Le ma- riage des deux amans termine très-naturellement la pièce. Les gens de goût ont dû s'étonner d’enten- dre nommer les auteurs , les CC. DiEULAFrOI, Cxazer et Dugois. Ce dernier a fait, par cet ou- yrage, son début au Vaudeville. Il paroît que la promptitude avec laquelle la pièce a été faite, n’a pas peu contribué à sa foiblesse ; mais du moins un jardinier ne devroit pas parler comme un poète de ruelle, et faire des madrigaux et des épigrammes qui ne conviennent ni à son état ni à son caractère. Les Hasards de la guerre. Si cette pièce, jouée le 21 floréal, n’est pas pour Pintrigue beaucoup plus forte que Ze terne, au moins le mauvais goût n’y règne-t-1l pas : on y a applaudi des couplets bien écrits et bien pensés : mais la foi- blesse du fonds est si grande que certainement cette * pièce ne restera pas longtemps au répertoire. Ger- cour, officier françois, a sauvé la vie à un colonel allemand , a loué pour lui une maison, et l’y loge avec sa sœur , la belle Rosemonde, dont il devient amoureux. La reconnoissance du frère et de la sœur remplissent la première moitié de la pièce. Rose- monde fait un tableau qui représente l’instant où Gercour sauve la vie à son frère. Celui-ci met au dessous du tableau , des billets de caisse que Ger- cour Jui renvoie, quoiqu’on soit prêt à l’arrêter pour dettes, L’allemand prend ce refus pour de la hauteur. 106 Nouvelles littéraires. Rosemonde, qui sait par le valet de Gercour que celui-ci l’aime , conseille à son frère de lui donner sa main ; c’est ce que fait le colonel. On voit que dans cette pièce tout se fait par reconnoissance. Ce mot finit quatre ou cinq couplets. L’auteur est le C. Mau- RICE SEGUIER. Verpré, Carpentier et M."° Belle- mont ont très-bien joué leurs rôles, ainsi que le C. Chénier , dans une petite scène où il fait un usurier juif; mais le C. Henri a été d’une fadeur insuppor- table. 11 avoit plutôt Pair d’un Colin que d’un off- cier de hussards. LIVRES DIVERS (1). NU ORNITHOLOGTE. HISTOIRE naiurelle générale des Grimpereaux et des Oiseaux de paradis, 20, 21, 22 et 23."° livraisons , de la collection des Oiseaux dorés ow à reflets métalliques, et 7, 8, g et 10."° des Grimpereaux. Prix, grand in-fohio , Jésus vélin, Ja lettre en or au bas des figures, 36 fr. ; prix, grand in-4.°, jésus-vélin, 21 fr. Cet ouvrage se vend, à Paris, chez Desruy , éditeur, rue Hautefeuille, n°36. On remarque, particulièrement dans la 10."* li- vraison, les magnifiques grimpereaux de la mer du sud, que l'éditeur s’est procuré à Londres, où ils ont été dessinés avec grand soin. Il y aura quatre (1) Les articles marqués d’une * sont ceux dont nous donnerons un exlrait, Livres divers. 107 \ livraisons de ce genre, en espèces rares et curieuses, dont les collections françoises sont privées. Elles vont paroître incessamment. Les amateurs pourront comparer la différence de style des peintres d’his- toire naturelle, françois et anglois. INCADNT/EMNNIONL|LO G'DNUE: HISTOIRE naturelle des Poissons; par le C. LACÉ- PÈDE. Tome III. À Paris, chez Plassan, rue de Vaugirard, n° 1195. An x. 558 pag. in-4.° L'auteur est arrivé à la partie la plus difficile de son ouvrage, à ces poissons thoraciques - épineux, que la nature à répandus avec tant de profusion dans les eaux, et auxquels elle a donné des couleurs si vives , si variées, et des formes si peu différentes, que-le desir qu’ils inspirent de les connoître égale la difficulté qu’on éprouve à les étudier. Leur distribution méthodique étoit jusqu’à pré- sent si mauvaise, que le C. Lacépède à été obligé d’y faire des changemens très-nombreux, dont nous allons essayer de donner, une idée, sans nous as- treindre à suivre le même ordre que lui. Quoique ce volume n’aille que jusqu'aux ophicéphales et aux hologymnoses , comme le tableau qui le précède s'étend jusqu'aux persegues , et qu'on y voit par conséquent les changemens qui auront lieu dans le commencement du IV.®, nous embrasserons aussi ces derniers dans notre extrait. L’auteur termine d’abord l’histoire des scombres , commencée à la fin du deuxieme volume, Il passe aux genres qu'il a séparés du genre SCOMBRE , tel que l’avoient adopté Linnæus et Bloch ; ce sont : 1. Les Caranx, qui n’ont point de fausses na- geoires, mais dont la queue est carénée latérale- ment. ( Exemple: Sc. trachurus ). 2. Les Trachimotes, qui ont de plus que les pré- cédens des aïguillons cachés sous la peau, au devant des nageoires dorsales, (Ex. Se. falcatus }. 108 Livres divers. 3. Les Caranxomores , différens des caranx , parce qu’ils n’ont qu'une nageoire dorsale, ( Ex. : Sc. pe- lagicus, L. ). 4. Les Casio , ou Scombres sans fausses nageoires, à une seule nageoire dorsale, et dont la lèvre su- périeure est tres-extensible. (Ex. : Centrogaster equula , L. ). | Trois sortes de poissons inconnus jusqu'ici, et voisins des scombres, ont encore fourni trois genres nouveaux, savoir : 5. Les Scombéroïdes , ou Scombres avec des fansses nageoires et des aiguillons libres devant la nageoire dorsale, 6. Les Casiomores , qui ont au devant de leur na- geoire dorsale unique quelques aiguillons, maïs qui nont point de fausses nageoires. 7. Les Scombéromores , qui ont des fausses na= goires, sans aiguillons isolés, mais qui différent des scombres en ce qu'ils n’ont qu'une nageoire dor- sale. Enfin le Scomber gladius fait avec raison un genre nouveau, sous le nom d’/stiophore. Ses caracteres consistent, comme on sait, dans l’épée qui termine sou museau, et dans les nageoires ventrales à deux rayons séparés: Le genre GASTÉROSTÉE a donné trois démembre- mens; savoir: 1. Les Centronautes , qui ont au moins 4 rayons aux nageoires ventrales; les gastérostées actuels en oût au plus 2. (Ex. : gasterosteus ductor ). 2. Les Lépisacanthes, qui ont les écailles du dos épineuses. ( Ex. : Gusierosteus Japonicus.), 3. Les Céphalacanthes , qui ont le derrière de la tête garni de deux piquans dentelés. ( Ex. : Gaster. spinarella ). Le genre CENTROGASTÈRE n’a fourni que Les Centropodes , qui n’ont qu’une épine aux na- geoires ventrales, au lieu de 4 (Ex.: Centrogas- ter rhombeus)). Livres divers. 109 Le genre CORYPHÆNA en a donné deux : 1. Les Hémiptéronotes, où Coryphènes, dont la nageoire dorsale n’occupe que la moitié de la lon- gueur du dos. (Ex. : Cor petadactyla ), et 2. Les Corypliénoïdes, qui n’ont pour ouverture des branchies qu’une fente transversale. ( Ex. : Cor. branchiostega ). Le genre COTTUS a produit : 1. Les Apidophores , ou Cottes cuirassés et à deux nageoires dorsales. (Ex. : Cottus cataphractus ). 2. Les Aspidoph'roïdes , ou Cottes cuirassés qui n’ont qu'une nageoire dorsale. (Ex. : C. monop- teryglus ). . Le osnre TRIGLA a donné : 1. Les Dartylopières, dont les rayons souspecto- raux sont réunis en une nageoire surnuméraire. (Ex. : Trigla volitans). { 2. Les Prionotes, qui ont des aïguillons dentelés entre les nageoires dorsales. (Ex. : Trigla evo- Lans), et 3. Les Perissédions, où Trigles cuirassés. ( Trigla cütaphracta ). Le genre MuLLus a fourni lApogon, ou Mulle sans barbillons. Les MAVROURES, les LONCHURES, les GYMNÈ- TRES , ies ECHENEIS et les SCORPÈNES n’ont point subi de démembrement. Trois genres nouveaux qui paroissent se rappro- cher plus ou moins des mulles, ont été établis par Pau- teur, seulement sur des dessins faits à la Chine, par des Chinois, et non accompagnés de notices écrites ; ce sont les macropodes, qui ressemblent à des MUG1LS, dont les nageoires ventrales seroient sous les pectorales et tres longues ; les bostryches, qui ressemblent à des 'gobies alongés, et qui ont deux tentacules et deux nageoires dorsales; et les bostrichoïdes, qui né different des bostryches que parce qu’ils n’ont qu’une nageoire dorsale, Mais il restoit encore au C. Lacépéde cette im- mense quantité de thoraciques acanthoptérygiens , T10 Livres divers, décrits pêle-mêéle par Linnæus et par ses élèves, sous les noms mal déterminés, et plus souvent encore mal appliqués, de P£RCHES, de SGIÈNES , de LA BRES et de SPARES. On connoît les efforts qu’avoit déja fait Bloch pour débrouiller ce chaos; notre auteur a pris de nouveaux moyens qui l’ont conduit aux résultats suivans. Il conserve d’abord les genres faits par Bloch, d’après les épines et les dentelures des opercules, savoir : les LUTIANS, les BODIANS et les HOLOCEN- TRÉS. Il conserve encore les genres LAPRE , SPARE et SCARE, déterminés, le premier , d’après l’épais- seur des lèvres; le second , d’apres la grandeur et la forme des dents; et le troisième, par la nudité des mâchoires. Mais il réduit tous ces genres aux espèces qui n’ont qu’une nageoire dorsale ; puis il distribue suivant les mêmes principes, les acanthoptérygiens à deux nageoires dorsales; en mettant chaque genre : à deux nageoires, pres de celui à une seule, qui lui ressemble d’ailleurs. C’est par ce nombre de na- eoires seulement que ses cheylodiptères different des he: ses ostñorinques, des sCares ; ses d'ptérodons, des spares ; ses centropomes , des lutjans ; ses scrènes , . des bodians; et ses persèques , des holocentres. De cette manière, les perches vulgaires se trouvent dans le genre perca, tandis que dans la distribution de Bloch elles entroient dans un autre. Ensuite, toutes les fois qu'il y a eu quelque particularité de forme qui pouvoit autoriser un démembrement, il l’a saisie. Ainsi, ses cheylines sont des labres qui ont des ap- pendices vers la queue ; ses osphronèmes , des labres, dont un des rayons de Ja nageoire ventrale est très- prolongé (ex. : Lubrus gallus ) ; ses 1hrichopodes, des labres dont les nageoires ventrales n’ont qu’un seul rayon tres-alongé ( Labrus tricopterus ); ses Tænra- notes, des bodians dont la nageoire dorsale s'étend depuis les yeux jusqu’à la queue; ses micropières, des sciènes dont la nageoire dorsale postérieure est très-courte et à peine de 5 rayons. Les ANTHIAS et les EPINÉLÈPHES de Bloch ont - Livres divers. It été supprimés comme fondés sur des caractères de peu de valeur , et difficiles à expliquer; mais ses OPHICÉPHALES ont été conservés, et il a été établi plusieurs genres nouveaux , sur des caractères isolés, analogues à celui des ophicéphales, et suffisans comme lui pour faire mettre à part les espèces qui les offrent. Ces genres sont : 1. Les Coris, qui ont avec la forme des labres la tête revétue d’un casque d’une seule pièce, soudé même avec les opercules ; 2. Les Gomphores, qui réunissent à cette même forme un museau prolongé en forme de clou ; 3. Les Kiphoses, qui ont toujours avec cette forme une bosse derrière la nuque; 4. Les Ho/ogymnoses , qui ressemblent à des la-. bres dont le corps n’auroit point d’écailles sen- sibles ; 9. Les Nasons , qui ressemblent aux teuthies, même par les épines des côtés de la queue, mais qui ont une saillie au dessus du mûseau : le Chætodon uni- cornis, L. eh est un exemple ; Enfin les Monodactyles, les Plecthorinques et les Pogonias sont trois genres caractérisés , le premier, par des nageoires ventrales d’un seul rayon tres- court ; le second, par des plis nombreux sur le mu- seau, et le troisieme par de nombreux barbillons. Comme ils ne sont pas figurés, nous ne pouvons dire de quels genres anciens ils approchent le plus. Il y a donc dans ce volume 40 genres qui n’avoient point encore été établis. Les espèces nouvelles sont au nombre de 100 : le plus grand nombre est tiré des manuscrits ou des dessins de Commerson, quelques-unes des dessins de Plumier, d’autres de dessins faits à la Chine, le reste a été observé par l'auteur dans la collection du Muséum. 11 y a long- temps que lichthyologie n’avoit été enrichie d’aussi nombreuses découvertes. Quant à la manière dont l’histoire des poissons est exposée dans ce volume, il nous suffit d'annoncer qu’elle est la même qui T12 Livres divers. règne dans les précédens ; le public l’a trop goûtée 3 pour que nous ayons besoin-d’en dire davantage. CNW. BOTANIQUE. CALENDRIER de Flore, ou Etude des fleurs, d’a- près nature ; par M.me F, D. C*****, 2 vol. in-8.° de 950 p. De limprimerie de Crapelet. À Paris , chez Maradun, libraire , rue Pavée-Saint-André- des-Arcs, n.° 16, Prix, 9 fr., et 11 Fr. francs de port par la poste. | L'auteur tient plus qu’il ne promet ; il traite, non- seulement des fleurs, mais des arbres et des plantes qui Jouissent de cette parure. La classification de Linné avec les changemens que Jussieu a cru de- voir y faire, d’aprés ses observations, et que le C. Desfontaines y a ajouté d’apres ses découvertes, conduisent l’élégante botaniste dars les 24 classes qu’elle parcourt. « Le charme des fleurs ne s’ana- « lyse point, dit-elle, et c’est pour cela qu'il est « uoiversel. Leurs parfums , Pélégance de leurs «“ confours, l’ensemble harmonieux de leurs parties « et de leurs couleurs , l'espoir raisonné des fruits « qu’elles créent ou qu’elles recèlent; voilà peut- « être à quoi on doit attribuer leur effet souverain. « Dieu les a semées avec profusion comme les « jouissances dans la vie, et nous les foulons « de même sans daigner les cueillir. Le bota- « niste cherche à connoitre tant d’aimables indi- “ vidus qui pompent le même ciel, s’abreuvent « des mêmes eaux que lui-même, sont nourris du « même sol et échauffés du ‘même soleil. Il faut « d’abord qu’il les distingue, et ensuite qu’il les « étudie. Il en cherchera done, d’abord la loi com- « mune, puis les caractères particuliers. » C’eit ce que fait la jeune botaniste dans une correspoudance avec son amie. Hlle parcourt tous les dons du créa- teur, toutes les richesses de la nature, depuis la mousse jusqu’au tilleal ; elle en décrit l’organisa- tion, Livres divers. 113 tion , les caractères qui les différentient , leur physio- nowie propre avec une précision , et en même temps une clarté qui rendent l’ouvrage élémentaire et propre à guider toutes les personnes qui vondroient s’occu- per de connoître cette iinmmensite de bienfaits que la na- ture a répandu , où dont elle a embelli le globe. « Con- « vaincu qu'un certain degré de chaleur est néces- saire pour faire fleurir telles ou telles plantes, et, qu’insensibles à l’époque de nos mois, elles n’écoutent jamais que l’appel du zéphyr et du so- leil, Linné avoit projeté, et peut-être exécuté , pour “ son jardin, un Calendrier de Flore; il vouloit « qu’on réglât les opérations de la campagne, fau- chaïison , labour , vendanges, etc., sur la floraison, « et encore sur le retour ou sur le départ de cer- « tains oiseaux de passage. Pour ariiver à ce resul- tat, il faudroit quelques années d'observations « suivies et notées avec la plus grande exactitrde, « On tireroit des annales des fleurs, autant d’épo- « ques bien calculées pour le régime des champs. » Cette idée, bien exécutée par l’observation, pro- duiroit peut-être une amélioration dans la culture, et préviendroit les accidens que l’intempéïie et les rapides variations atmosphériques rendent si fréquens et si funestes. Nous ne pouvons nous refuser à faire connoître de quelle manière la botaniste sait embellir une no- menclature et des descriptions insipides et mono- tones, En voulant décrire le marron'er d’Inde, elle dit à son amie :« Voyez cette belle salle ii pénétrable aux feux du jour; ces allées si vastes qui forment un long berceau ; ces mas:ifs, en un mot, qui, sur le soir surtout , se dessinent en magnifiques dévora- tions à l’extrémité d'un grand parterre; les arbres si grands, si majestueux qui les forment, ce sont des enfans de l’Inde conquis, emmenés dans nos climats. Tels que les princes que l’on détrôre, c’est encore autour des palais qu’on les voit fixer leur s destin, et le faste qu’ils conservent sert au faste qui les protège, L'ombre du marronier n’accuse point Tome I. 114 Livres divers. « Ja paresse : c'est l’arbre du loisir, et le loisir doïé « être un bien réel, puisque ses charmes tiennent au « Calme de l’ame autant qu’à celui de la nature. » AJ. D. 5: PAYS TANT ONCE, HISTOIRE du Galvanisme, et Analyse des différens ouvrages publiés sur cette découverte, depuis son origine jusqu’à ce jour ; par M. P. SUE aîné, pro- fesseur et bibliothécaire de l’école de médecine et de chirurgie de Paris. Chez Bernard, libraire, quai des Augustins, n.° 31. 9 fr. pour Paris, 12 fr. franc de port. ‘ Le galvanisme joue un si grand rôle depuis quel- ques années dans le monde savant ; on a publié sur cette découverte tant d’écrits, épars dans différens journaux nationaux et étrangers, qu'on doit savoir gré au C. Sue de les avoir rapprochés, d’en avoir donné un extrait fidelle, et d’avoir tracé avec ordre et avec méthode les differens progres du galvanisme, depuis son origine jusqu’à ce jour. Un professeur italien, nommé Ga/ani, mort l’an sept , à l’âge de 60 ans, est l’auteur de cette décou- verte. Quoiqu'il lait due au hasard , les développe- mens qu'il lui a donnés, les expériences en grand nombre qu’il a faites, et dont il a su tirer un parti avantageux ponr fonder une théorie, ont immorta- lisé son nom, donné à la découverte elle-même. Un abrégé de la vie de Galvani, et l’exposition de ses travaux, forment le premier chapitre de l’Histoire du Galyanisme. La théorie qu’il avoit établie trouva des adversaires; et, tout en admirant ses belles ex- périences , ils en firent d’autres qui la détruisirent complétement. Un des plus redoutahles de ces ad- versaires a été le célèbre Volta , qui, le premier, procéda à des essais ingénieux pour démontrer qu'il n'existe point d'électricité particuliere propre au systeme des animaux, et qui dût faire regarder le corps vivant comme un simple corps humide cu “Livres divers. 115 conducteur. Galvani écrivoit beaucoup pour répon- dre aux objections qu’on lui opposoit; il fit de nou- velles expériences , donna de nouvelles explications, eu tira de nouvelles conséquences; mais elles ne fu- rent pas adoptées, et la plupart furent détruites par les expériences de M. Pfar, professeur à Kiel. On y a beaucoup ajouté, depuis que Ja masse des faits s’est augmentée par les efforts réunis des phy- siologistes. % Galvani est mort sans étre convaincu du peu de fondement de sa théorie. Quelques années de plus lui eussent dessillé les yeux; et s’il eût connu les nouveaux travaux de M. Volta, exposés par M. Suë dans ie 18.° chapitre de sen histoire, il eût été le Premier à reconnoître son erreur , et à partager avec Volta honneur d’une découverte sur laquelle les nou- velles faites par celai-ciont répandu un nouveau jour: car le mémoire qu'il a Ju à Pfsstitut , dans le courant du mois de brumaire de cette année, renverse pres- qu’en entier toute la doctrine, toutes les théories adoptées jusqu'alors sur les phénomènes galvani- ques, par plusieurs auteurs et par Volta lui-même, dans les premiers instans de la découverte. Comme il nous est impossible d’entrer dans de longs détails sur les matières qui composent les dix- neuf chapitres de lPHistoire du Galvanisme, nous nous bornerons à exposer en peu ce mots, d’après la description qu’en fait M. Sue, la nouvelle théo- rie de M. Voita sur le galvanisme , devenue la plus intéressante depuis qu’elle paroît universellement adoptée (x). Apres avoir donné uue solution com- plète de trois principales objections qu’on ait faites contre l’homogéuité des fluides galvanique et élec- (x) Après la lecture de son mémoire, le premier consul, qui étoit présent , fit la proposition de décerner à M. Volta une médaille d’or, pour servir en même temps d'époque et de monument à son impor- tante découverte ; ce qui a été unanimement arrêté par l’Institut, après Je rapport des commissaires nommés pour examiner e mémoire de Volta. H 2 116 Livres divers. trique , il décrit ses expériences, qui prouvent que la force qui donne l’impulsion au dernier fluide , au lieu de provenir de la communication de tel ou tel métal , avec un ou plusieurs conducteurs humides, s'exerce par le contact réciproque de deux métaux, à l’endroit même où ils se touchent. Ainsi le Fait principal, celui dont tous les autres dérivent , c’est le suivant : Si deux métaux, isolés , et n’ayant que leur quantité d'électricité naturelle, sont mis en contact, on les retire du contact dans des états élec- triques différens; l'un étant positif, et l’autre étant négatif. Ainsi, dans le contact naturel du cuivre et du Zinc, c’est le cuivre qui devient négatif, et c’est le zinc qui devient positif; ce qui prouve que le dé- veloppement de l'électricité est indépendant de tont conducteur humide. Le but de Volta, dans ses ex- périences sur l'électricité qu’il appelle ga/vanique , a été de réduire tous les phénomènes à un seul, dont l’existence est maintenant bien constatée ; c’est le développement de l’électricité métallique par le contact mutuel des métaux. Il paroît prouvé par les nouvelles expériences que le fluide particulier, au- quel on attribue pendant quelque temps les con- tractions musculaires et les phénomènes électriques de la pile, n’est autre chose que le fluide électrique ordinaire, mis en mouvement par une cause dont nous ignorons la nature, mais dont nous voyons Îles effets. Tel est le précis de la nouvelle doctrine gal- vanique imaginée par M. Volta, et qui a été con- firmée depuis par plusieurs savans , par MM. Van- Marum et Haller , entre autres. Le dernier chapitre de l’Histoire du Galvanisme, qui contient les détails sur son application à l’art de guérir, n’est pas moins intéressant. M. Sue présente le tableau de toutes les expériences tentées à ce sujet, surtout à l’écoie de médecine de Paris; et il observe judicieusement que le galvanisme , semblable au mesmerisme et à plu- sieurs autres inventions, plus curieuses qu'utiles , dont plusieurs charlatans ont su tirer partt pour s'enrichir, tombera dans l'oubli, cogme tous les Livres divers. 117 prétendus secrets, si on ne vient pas à bout de trou- ver dans ses effets des ressources contre certaines maladies, et un moyen de plus pour les guérir. Quelques favorables que soient jusqu’ici plusieurs “ expériences faites à ce sujet, M. Sue n'ose pro-- oncer définitivement, « Attendons tout du temps, « dit-il; c’est un grand maître : espérons, et n’an- « ticipons pas sur l’avenir par des promesses exagé- “ rées, par de fansses annonces, que la raison et « l’expérience , d’accord avec elle, répudient.» Cette histoire nous a paru écrite avec beaucoup de sagesse et de discernement : le style en est cor- . rect et conforme au genre historique des sciences. M. Sue a passé en revue tous les auteurs étrangers et français, qui ont écrit sur le galvanisme , et a ap- précié avec justesse le mérite de chacun. Une table analytique et raisonnée des matières qui termine l'ouvrage , sera très-utile à ceux qui ne voudront consulter que certains articles, MORALE. Drscours moraux sur divers sujets et particulièrement sur l'éducation ; par Mme DE GENLIS , iroisivme édition revue , corrigée et augmentée. d'un nouveaw discours intitulé, Projet d’une Ecole rurale. Paris, chez Maradan, libraire , rue Pavée-Saint-André- des-Arcs , n.° 16. In-8.°, 3 fr.et 4 fr. par la poste ; ” in-12, 2 fr. et 2 fr. o cent. par la poste. La multiplicité des ouvrages que publie M."* de, Genlis étonneroit peut-être le lecteur, si on ne sa- voit pas que cet auteur s’est occupé pendant vingt- cinq ans de l’éducation publique et particulière, Toutes ses veilles ont eu pour objet de diriger l’en- seignement vers un but d'utilité générale. Ses recher- ches ont agrandi ses vues , l’expérience a confirmé ses théories ; et, s’il est entré quelque teinte systé- matique dans les plans qu’elle a proposés , ou qu’elle a adoptés, on peut dire que la morale et Jes mœurs H 3 Ÿ LA L { 118 Livres divers. \ ne pouvoient qu'y gagner. Malheureusement l’éduca- tion actuelle a pris une autre direction ; on ne veut montrer aujourd’hui à la Société que des femmes aimables, que des virtuoses , et on s’embarrasse peu d’y répandre des mères estimabies , des épouses irré- Diable; on veut des talens et non des vertus; les maîtres de danse et de musique sont les seuls instituteurs du jour , de méme que les romans en sont les seuls moralistes. Ce volume contient six discours qui avoient déja paru en différeos temps soit en France, soit en. Allemagne. Le premier traite de l’éducation d’un prince. On y trouve des observations sages , des con- seiis qui intéressent le bonheur des sujets. Le 2.°° discours est en faveur de ladoption. Le 3 sur la suppression des couvens de religieuses et sur l'éducation publique des femmes, En le lisant on est forcé de convenir que M.me de Genlis a raison de déplorer la perte d'institutions si nécessares aux familles, aux jeunes personnes qui ont eu le mal- heur d’être privées de bonne heure”de ceux qui, par devoir et par intérêt, Ctoient charges de les former à la vertu. Le 4° discours traite de la bo- tanique , considérée relativement à l’éducation. L/é- ducation publique du peuple est l’objet du 5.° dis- cours , il est question du luxe et de l'hospitalité; dans le 6°, un projet d’une école rurale pour lé- ducation des filles termine le volume. Ce projet avoit déja paru , il y a six mois; et, en l’annonçant alors, nous ne jugeâmes pas que son exécution fût possible ; maïs nous applaudimes aux intentions de l’auteur, uniquement occupé du desir de rendre meilleure la énération qui commence. Fous les écrits, toutes Fe pensées de M.me de Genlis n’ont d’autre direction. A. J. D. BE. ’ Livres divers. 119 Ep y cATrON. Annonce d'ouvrages relatifs à l’éducation. Maintenant que le gouvernement s’occupe du soin de réorganiser l'instruction publique, il est convaincu de la vérité de cette belle maxime de Périclès , que négliger l’édudation, c’est retrancher le printemps de l’année , le service le plus important est d’indi- quer les ouvrages rares et précieux de feu Adam, professeur d’éloquence à lPuniversité de Paris, et chargé des affaires de France à Venise. Il en reste un petit nombre d'exemplaires qui se vendent ac- tuellement chez sa niece, digne héritière des vertus, des talens, et des connoissances de ce savant dis- tingué, Mme Michel, rue du Plâtre-Saint-Jacques, n.° 24. Cette dame, qui mérite toute sorte d’encou- ragemens et d’eloges , enseigne avec le plus grand succes le françois, l'italien et le latin, et a formé d’excellens éleves. Voici le titre de ces ouvrages si justement recher- chés. Grammaire Françoise............,..., —————— [latine ....,.,,,..,,,..46. —————— Angloise.i ele sieste se 0 0 ——————hÀllemande..............., Fables de Phèdre sous quatre faces, 2 vol. idemien Italiens... such. 00e Traduction littérale d'Horace.......... Rasselas , traduction littérale de l’anglois. Pope—Essai sur l’homme. Young, premiere nuit. — Lettres d'Héloïse à Abeiïllard.—"Tragédie déCaton, traduction,,2.vol... 0.312 Démonstration et pratique............. 2 D'ANSSE DE VILLOISON , membre de l’Institut, D Si + O0 OR D pb " H 4 120 Livres divers. COMMERCE. TROISIÈME Cahier de la Bibliothéque Commerciale; ouvrage destiné à répandre lesconnoissances relatives au Commerce , à la Navigation , et aux divers éta- blissemens qui ont l’un et l’autre pour objet ; par J. PEUCHET , membre du conseil de Commerce au ministère de l'Intérieur, et de celui du département de la Seine. Ce troisième cahier de 72 pages in-8.°, contient : De quelques causes de la stagnation du commerce fiancais— Rapport présenté aux Consuls de la République , sur le commerce extérieur et l@ navigulion—Résumé du commerce et de la nasiga- 1ion française en L'an IX, et tableaux des prises maritimes. —Mémoire du conseil de commerce de Bordeauv sur la compagnie des Indes ; Opinion de M. de Cambry , préfet de l'Oise , sur cette com- pagnie. Le prix de la souscription est de 21 fr, pour recevoir, franches de port, 24 livraisons, dont 2 chaque mois. On souscrit aussi pour 12 divraisons, dont 2 par mois, pour r2 fr. La lettre et l’argent doivent être aff:anchis. On peut en- voyer le prix de la, souscription en un mandat sur Paris. On souscrit à Paris, chez F. Bzisson, libraire, rue Hautefeuille , n.° 20, et chez tous les libraires et directeurs des postes. Viomacir te ON prévient les amateurs, libraires et négocians , que le Voyage pittoresque , historique et géogra- phique du royaume d’Espagne , exécuté par Alevan- dre LABORDE , et plusieurs artistes distingués , paroîtra incessammient auprès la publication du pros- pectus qui énoncera le plan de l’ouvrage , et les ‘conditions de la souscription. Cet important ouvrage sur un pays dont aucun Yoyageur n’a encore donné de description complète, Livres divers. Ir -sera fait et traité avec le plus grand soin dans toutes ses parties , et fera suite à tous’ les voyages déja connis; | comprendra trois à quatre volumes grand in-folio. Les personnes qui voudroïent s'inscrire dès à présent , peuvent s'adresser chez Née, graveur , "déja connu par plusieurs Voyages de ce genre, notamment celui de lZstrie et de la Dalmatte, en sa demeure, rue des Francs-Bourgeois-Saint-Michel, n.° 127. Vus , costumes, mœurs, et usages de la Chine ; Par ALEXANDRE, dessinateur attaché à l’umbus- sade du lord Mucariney. : gravés par 8. SIMON , d'après l'édition originale publiée à Londres , pour Jaire suite à la traduction fiuncuise du voyage de lord Macariney , et à celle de Van-Braam : 3.7° livraison. Paris , chez Simon , graveur, rue Saint- Jacques , n.° 77, et Buisson, rue Hautefeuille, n.° 20. Prix 3 francs. Les gravures, contenues dans cette livraison, représentent : pl. 9, Portrait du Pourvoyeur de l’am- bassude à Macao ; pl. 10, le supplice de la Cungue, appelé Tcha par les Chinois; pl. 11, la Porte mé- ridionale de la ville de Ting-Haï dans le havre de Tchou San; pl. 12 , trois Vaisseaux chinois à l’ancre dans la riviere de Ning-Po. SCHILDERENG der Grhirosyælker der Schweïtz ; von J, G.EBzz. 3 theile mu Kupfern. In-8.° Leipzig, bey IPolf. 1708-1802. TABLEAU des peuples mon- tagnards de l’'Helvétie ; par M. EzEez. 3 vol. in-8.° avec un grand nombre de gravures. Leipzik, chez TPolf. 1798-1802. 7 Cet ouvrage, fruit des savantes recherches-de son auteur, offre l’ensemble le plus complet que nous connoïssons sur l’état civil, physique, politique et moral de la Suisse, pays si intéressant et ei peu connu, M. Ebel y a séjourné plusieurs années; il 122 Livres divers: 4 l'a étudié dans tous les sens avec une attention sou- tenue, un amour ardent de la vérité, et avec un- esprit Juste et philosophique. Les Suisses en état d'apprécier le mérite de cet ouvrage , le regardent comme classique; et leur reconnoïissance a procuré à Pauteur le titre et les droits politiques de citoyen de l'Helvétie. L’antique pays de Ja Suisse offre anx réflexions un vaste champ. Berceau de la liberté, il a con- servé pendant cinq siécles la même forme de gou- vernement ; il est resté fidelle à ses principes, à ses mœurs; et il a fallu des circonstances extraor- dinaires, des éyénemens étrangers, pour lui faire changer de forme. Mais Ja nature qui l'entoure ne change pas ; elle reste toujours la même, imposante et sublime. FN Nous formions le vœu qu’un ouvrage aussi élémen- faire et intéressant fût rendu familieraux Français et nous avons la satisfaction d'apprendre qu’un jeune allemand aussi au fait de notre langue que de la .sienne s'occupe d’en donner Ja traduction. HisTorrcz. ErTArTs-Un1rs de l'Amérique à la fin du XVIII: x siècle, par d. E. BONNET , 2 vol. in-8.°. Cuez Maradan , libraire , rue Saint-André des-Arcs, n.° 16. 7 fr. 5o cent. et 9 fr. par la poste. L'auteur se propose de répondre en détail à cette question, Qu'est-ce que c’est que les Etats - Unis de l'Amérique ? Les uns ont négligé de le deman- der, lorsqu'il ont émigré vers cette contrée , les autres qui ont eu Ja sagesse de faire cette question, n’y ont trouvé que des réponses imparfaites, et tous ont éprouvé à peu près les mêmes inconvéniens. Ces incouvéniens sans doute l'auteur les a éprouvés , puis- qu'il s’eit empressé de quitter cette patrie adoptive, aussitôt qu’il en a connu les désagrémens. Pour ré- pondre à la question qu’il s’est faite, il se propose a+ Livres divers. 123 cent trente - sept questions qni embrassent toutes l'existence politique , morale et physique de cette création de la liberté. On trouve la solution de ces questions dans les divers chapitres de son ouvrage. Aprèsavoirfait rapidement, dansson introduction, Phistoire des divers établissemens anglais sur les côtes de l'Amérique septentrionale , depuis le règne d’Eli- -sabeth jusqu’à celui de George 1, le C. Bonnet fait connoître dans son premier chapitre les événemens importans de la guerre de l'indépendance , qui de- vinrent la base de la fondation de cette association représentative. Les premiers fondemens de cette ré- publique furent bientôt reconnus incomplets et in- suffisans pour sa stabilité, et emmenèrent la con- stitution de 1787 , qui, après une discussion longue et un conflit d'opinions qui dura quatre mois, fut acceptée par les treize Etats. Les dépenses que la guerre avoient nécessitées donnèrent lieu à la créa- tion du papier monnoie, On sait et on a senti tout le danger et toute la perfidie d’une pareille ressource, on chercha les moyens de l’éteindre lorsque le dis- crédit l’eut rendu nulle ; apres avoir essayé et tenté divers moyens, le congrés le remboursa à un pour cent en 1700. Nous n'entrerons point, avec cet aufeur, dans les détails de l’organisation actuelle du gouverne- ment des Etats-Unis, ils sont assez connus par les nombreux ouvrages que les Anglais et les Français ont publiés. Dès que ce gouvernement eut acquis une consistance politique, on s’occupa des finances, et le ministre Hamilton proposa un plan qui, en confondant les dettes générales et celles des divers états, les soumettoient également aux mêmes lois de remboursement et de paiement d'intérêt. ‘ La population des Eats-Unis double tous les vingt ans, et sa véritable cause en est dans la propre existence de ses habitans dont le plus grand nombre est agricole ; lesimmigrations n’y contribuent qu’en _très petite proportion, l’auteur est même peu dis- .posé à les regarder comme une cause ou comme use - ST24 Livres divers: base fondamentale de cette population, il pense que J'immigration n’est point nécessaire à ses progres ; mais même qu’elle doit lui nuire. Le C. Bonnet traite successivement de la justice des mœurs et du caractere des habitans des différens états, des éta- blissements de charité, des sociétés littéraires, de l'esclavage , du commerce , des banques, de l’agri- culture, des climats, des règnes végétal, animal, minéral, des constitutions particulières , enfin des aborigènes et des colonies. Il ne laisse rien à de- , sirer sur tous les articles , il en parle en homme qui a su observer , pendant le séjour qu’il a fait au mi- Jieu de cette institution politique déja si avancée vers la maturité sociale. A. J. D. B. D'r C TT O NN AI R'E. DICTIONNAIRE raisonné de Bibliologie contenant , 1.9 L’explication des principaux termes relatifs à la bibliographie, à l’art typographique , à la diplo- malique ; aux langues , aux archives, aux manu- scrits, aux médailles , aux antiquités , etc. 2.° Des notices historiques délaillées sur les principales bi- bliothéques anciennes et modernes , sur les diffé- rentes sectes philosophiques ; sur les plus célèbres emprimeurs , avec une indication des meilleures éditions sorties de leurs presses , et sur les biblio- graphes avec la liste de leurs ouvrages. 3° Enfin l'exposition des différens systèmes bibliographiques, etc., ouvrage utile aux bibliothécaires , archivistes, imprimeurs , libraires , etc. ; par le C.G. PEIGNOT, bibliothécaire de la Haute-Saone , membre corres- pondant de la Société libre d’émulation du Haut- Rhin, À Paris, chez Vulliers , libraire, rue des _ Mathurins , n° 396. An x. 1802. Tome 1 , XXIV et 472 pages in-8.°. La Bibliologie embrassant l’universalité des con- noissances humaines, s'occupe part culierement de leurs principes élémentaires , de leur origine, de Livres divers. 125 leur histoire , de leur division, de leur classifica- tion , et de tout ce qui a rapport à l’art de les peindre aux yeux, et d’en conserver le souvenir par des signes. La bibliologie peut donc être considérée comme une espèce d’encyclopédie littéraire - méthodique, qui , traitant sommairement et descriptivement de toutes les productions du génie, assigne à chacune d’elles Ja place qu’elle doit occuper dans une bibliothéque universelle. Elle diffère de la bibliographie, en ce que cette dernière science ne comprend, à propre- ment parler , que la description technique et Ë clas- sification des livres, au lieu que la bibliologie ( qui eït Ja théorie de la bibliographie) présente l’analyse des connoissances humaines raisonnées, leurs rap- ports, leur enchaïinement, et leur division ; appro- fondit tous les détails relatifs à l’art de la parole, de l'écriture et de l’imprimerie, et suit pas à pas, dans-les annales du monde littéraire, les progres de l’esprit humain, Le C. Peignot s’est restreint , dans ce dictionnaire, à lexplication, des principaux teruies relatifs aux sin ples notions élémentaires de la bibliologie , sans entrer dans tous les développemens que chaque ma- tière pourroit exiger, parce qu’il a voulu que son ou- vrage n’eût que deux volumes. Malgré ces bornes étroites, le C. Peignot a cependant tâché de ne rien omettre d’essentiel ; on sentira facilement qu’il a dû être obligé souvent à se borner plutôt à indiquer les matières qu’à les approfondir; mais il à eu tou- Jours soin d’en faire sentir l'importance. Le C. Peignot se proposoit d’abord de faire pa- roître son ouvrage sous le titre de Manuel du biblio- thécaire, et il en avoit présenté le sommaire dans le discours preliminaire de son Manuel biblicgra- phique publié en lan 1x. Depuis ce temps , il a changé d’avis, et il a préféré de donner à son tra- vail la forine d’un dictionnaire, Les articles Bibliographie , Bibliographe et Biblio- thécatre , contiennent les notions qui servent d’in- tioduction à l'ouvrage ; en y joignant la biographie - 126 Livres divers. des bibliographes les plus connus, dont chacun a un article séparé. ÿ A l'article Langues, Vauteur donne des détails abrégés sur leur origine , sur leur différence, sur les langues anciennes, avec leur nomenclature raisonnée et celles des principales langues vivantes dont on se sert maintenant dans les quatre parties du monde. Cet article est terminé par un catalogrie des prin- cipaux ouvrages sur les langues ; et peut trouver un complément dans les articles Æ/phabeth, Diploma- digues , Lettres, etc. L'écriture vient naturellement apres les langues : l'auteur a consacré à cette partie de la bibliographie plusieurs articles , parmi lesquels on désigne ceux- ci: Ecriture, Calligraphie, Palæographie, Abrévia- tions ; Sténographie , Tachygrauphie, Okygraphie , Papier, Parcheminr, Vélin, Tablettes, Dintyque , Encre, Plumes, Styles, ete., etc. L’art de la parole et de lécriture étant une fois découvert, les matériaux pour Phistoire littéraire se sont mullipliés à infini. À Particle Philosophie, l’auteur en a présenté une petite esquisse historique, ainsi que celle des différentes sectes philosophiques, et celles des sciences et des arts chez les Grecs et les Romains seulement ; à l’article Siécles littéraires, il donne un apercu” rapide de ceux d’Alexandre, d’Auguste, de Léon X et de Louis XIV. Au mot Bibliothéque, qui est tres-étéendu et presqu’entiere- ment historique , l’auteur a mentionné par ordre al- phabétique les bibliothéques les plus célèbres tant anciennes que modernes. À cette partie historique , enfin appartiennent aussi les articles Académie, Uni- persué, Muséum. À Particle T'ypographie, Vauteur offre un abrégé historique de cet art, et une notice des premières éditions connues; il y parle ensuite des opérations qui constituent cet artimportant , savoir de la gra- vure ou taille des poincons, de la fonte des carac- tères et de l’impression. Les articles Imprimerie, Ca- racières, Correction , [mprimeurs , Orthographe ; Vi- Livres divers. 127 gnettes , Contrefacons , Sléréotypage , etc., peu- vent être regardés comme le complément à l’article T'ypographie. Chaque imprimeur célèbre a du reste un article sé- paré dans lequel on trouve , outre sa biographie, une notice abrégée des éditions remarquables qui sont sorties de ses presses. À la page 12 et 13 du dis- cours préliminaire , l’auteur donne, par ordre de sié- cles , la liste des principaux imprimeurs dont il est question dans l'ouvrage. L'article Libraïre indique les quaiités et les de- voirs de celui qui embrasse le commerce de la librañie dans quelque genre que ce soit, Dans les articles Livres, Éduions, Formats, ete., le C. Peignot donne quelques détails sur la matière, la forme, la dé- nomination , la rareté des livres, enfin sur les titres qui ont quelquefois induit en erreur des bibliothé- caires. Plusieurs autres articles sont consacrés aux livres singuliers, rares et sacrés, À l’article Sys/ème bibliographique ; auteur donne une notice abrégée de ceux qui ont été proposés ou adoptés par différens bibliographes celèbres. Ce dictionnaire, malgré toutes les imperfections inséparables d’un premier essai sur une matière aussi vaste, sera sans doute utile aux jeunes bibliophiles, en ce qu’il leur présente le résumé de ce que les auteurs les plus estimes ont éciit sur cette matière, GRAMMAIRE,. Cours de langue Allemande, à l'usage des personnes gui desirent apprendre cette langue d'ellès-mêémes et en 1rès-peu de temps; par le C. EBERHART , imprimeur. À Paris , chez l’auteur , rue et maison. des Mathurins, 1." cahier ,an 1x, 2.°° cahier an X. 75 cent. le cahier, pour Paris, et t fr. pour les départemens, franc de port. Les Cours sont devenus à la mode, parce qu'ils favorisent la paresse; et le nombre des paresseux s “ 128 Livres divers. est si grand ! L'étude, la véritable étude, est si ennuyeuse ! les cours donnent, au moins , une légère connoïssance de ce qu'on seroit honteux d'ignorer, ou qu'on veut faire semblant de savoir. Il faut donc encourager les personnes estimab'es qui les dirigent vers un but ntile, qui aplanissent aux commençans les difficultés qui pourroient les rebuter, qui leur ouvrent, en un mot le sentier, les débarrassent des broussailles ,afin qu’ils puissent marcher seuls , et Jeur souhaitent ensuite un bon voyages tant pis pour eux, s'ils s’arré ent en beau chemin; le guide a rempli sa mission. - Le cours de la langue allemande que nous an- nonçons, nous a paru remplir les conditions que l’on est en droit d’exiger de ces ouvrages élémentaires. Le premier cahier commence par un précis de la grammaire allemande; ce précis ne renferme que ce qu'il faut absolument savoir, pour lire avec fruit la traduction interlinéaire, qui vient ensuite. Cette marche est la plus simple. Faire apprendre d’abord les préceptes longs et prolixes de la grammaire pro- prement dite, dans une langue qui présente, beau- coup de difficultés, c’est commencer par où l’on doit finir. Le véritable moment d’étudier la grammaire d’une langue, de la méditer, de saisir son génie, c’est lorsqu'elle nous est assez familière , pour que nous fassions nous-mêmes l’application des préceptes, et que les exemples se présentent facilement à notre mémoire. Le C. Eberhart a choisi pour la traduction interli- néaire, Robinson Le jeune, de Campe. Sa méthode me paroît fort bonne, Apies avoir traduit littéralement chaque mot, il donne an bas de la page tous les éclaircissemens nécessaires à celui qui commence ; il décompose les mots composés ; il fait connoître la valeur de chaque partie de éette composition ; il fait des observations sur la prononciation ; il aplanit les difficuliés qu’offrent les verbes irréguliers, etc. Ce cours, composé de douze cahiers environ , for- mera deux volumes in-8,° Le Livres divers. 129 *. Le même imprimeur se propose de faire pour le. orec ce qu'il fait aujourd’hui pour l’allemand. Nous lui avons conseillé de donner la traduction inter- linéaire du roman de-Longus ; pour la prose, et des poésies lyriques d’Anacréon pour des vers. Il rem- plira facilement lui-méme cette tâche ; parce qu’il a tous les moyens dela bien remplir, et qu’il joint à ces moyens le travail assidu et la bonre volonté. CHARDON-LA-ROCHETTE. POÉSIE. l ODE sur le premier Consul, avec cette épigraphe: « Presque tous les hèros ne sont grands qu’à la guerre. « Les mortels bienfaisans sont les dieux de la terre, » par P.F. MALTINGRE, de la Bibliothéque nationale. Brochure in-12 de 12 pages. Prix, 12 s. À Paris. Au x. 1802. De l'imprimerie de Rochette ,rue Saint- Dominique , près l& place Saint-Michel, n.° 736. « L'auteur nous apprend, dans une note, que ce fut la vue de Bonaparte qui l’inspira tout-à-coup, et lui donna l’idée de chanter ce héros. « Ancien con- disciple de Colin d’Harleville, dit-il , et rival de Légouvé au collége, je sentis renaître ma verve première. De-là les quatrains qui suivent. Maïs ne pouvant renfermer, en si peu de mots, les sen- timens d’admiration que j’éprouve, j'ai hasardé ‘une Ode française. Puissé-je, dans mon vol témé- « raire ; ne pas avoir le sort d’Icare! » r Voici comment finit le premier quatrain. 2 22 L'heureux fils de Thétis eut son Homère ; un jour Mon Bonaparte aura son Homère à son tour. Bonaparte veut nous donner la paix; Si pendant ce noble dessein, Un barbare eût percé son sein, Que nous resteroit-il? Les larmes, Tome I. L'or 130 Livres divers. L’auteur fait une comparaison pour peindre le bonheur inespéré des Francois. Telle est des pâles matelots, Errans à la merci des flots, A l'aspect du port l'alégresse. Il dit encore plus loin : Mais, pour payer tant de bienfaits, Qu'’avons-nous:! La reconnoissance. _ Nous sommes fâchés de ne pouvoir multiplier les plaisirs du lecteur en multipliant les citations , mais nous Je renvoyons à l’ouvrage lui-même. L'ILE de la félicité, ou Anaxis et Théone , poème philosophique en 3 chants, précédé d'une Epitre aux Femmes; par Mme Fanny BEAUHARNAIS, auteur de l’'Epêtre aux Hommes , et suivi de quel- ques poésies fugitives. À Paris, chez Masson, libraire, rue Galande , n.° 27. An 1X de la ré- publique, in-8.° de 272 pages. f Parmi les femmes qui cultivent les lettres, M.me Beauharnais a mérité une place distinguée. Le poème , que nous annonçons, ne doit rien faire per- dre de l’idée avantageuse que l’on a toujours eue de son talent. Il est suivi de pièces fugitives qui avoient bien le droit de flatter son amour-propre ; ce sont des vers de quelques-uns de nos poètes cé- lèbres, qui prouvent le cas qu’ils faisoient de ses ouvrages, et qui lui accordent un suffrage que l’on ne pourroit Jui refuser sans injustice. T. D, Livres divers. 131 P'O'É SR EN EIANT IINLE: Œurres de Virgile, en latin et en francois, Nouvelle édition, revue, corrigée , et ornée de 16 gravures. 3 vol. in-12. Paris, chez Maradan , libraire , rue Pavée Saiïnt-André-des-Arcs, n° 16. 7 fr. 5o c. et 9 fr. francs de port par la poste. Cette traduction, déja connue par son exactitude, et estimée par l'élégance du style, mérite d’être ac- cueillie , surtout par les jeunes gens qui veulent connoître les beautés de divers genres qu’on trouve dans le premier des poètes latins. On n’a rien né- gligé pour rendre cette édition aussi parfaite qu’il était possible. Le texte à été soignensement revu et corrigé sur la belle édition du C. Didot aîné : on a seulement fait quelques changemens dans les notes, changemens qui ont paru indiqués par la précision qu'exigent la géographie et la mythologie. — THÉATERE *ŒuvrREs dramatiques du comte Alferi , traduites de Pitalien par C. B. PETITOT. 4 vol. in-8.° ; chez Giguet et Michaud, imprimeur-libraire , rue des Bons-Enfans, n.° 6. Depuis la Sophonisbe du Trissin , qui fut la pre- miere production tragique qui fut représentée en Italie, sous Léon X , jusqu’à la Mérope de Maffei, qui parut dans le siécle dernier, il n’y eut aucun ouvrage de ce genre qui méritât d’être connu des autres nations , il faut en excepter la Mérope et le Tuncrède de Pomponia Torelli , qui n’ont pas éié inconnus à Voltaire. Le comte Alfiéri a rappelé de nos jours l’art dramatique dans sa patrie, il a prouvé que la langue qu’on y parle, dépouillée des orne- mens frivoles que les improvisateurs, li goût des 2 - 139 Livres divers. concetti y avoient introduits, pouvoit avoir la forcé et la précision qu’exige le genre de la tragédie; il est vrai, qu’en se rapprochant des anciens poètes; qu’en cherchant à imiter la précision, souvent obs- eure , du Dante, ilest tombé dans le même défaut, et pour être concis, il à souvent sacrifié la clarté, première qualité de toute composition. Le comte Affiéri étoit déja connu en France par des ouvrages politiques , remplis d'opinions exagé- rées sur Ja liberté ; il vint les faire imprimer en France , et être le témoin , le panégyriste de cette révolution dont il connut bientôt les exces, et dont il auvoit été la victime, s’il ne s’étoit pas éloigné p'omptement. Le livre de la Tyrannie , V'Etrurie vengée, poeme ; le Prince et les Lettres , imprimés à Kehl en 1789 , et reimprimés depuis peu, portent l'empreinte originale de son auteur. Les tragédies qu’il composoit en même temps que ses productions politiques, et qui renferment les principes qu'il y professoit, étoient peu connues; en les traduisant , le C. Petitot a développé, dans un discours préliminaire, intéressant et bien écrit, le systéme tragique du C. Alféri, « La tragédie en « cinq actes, dit le tragique , remplie par le sujet « seul , dialoguée par les personnages agissans , et « non par des confidens et des spectateurs de l’action, « la tragédie ourdie d’un seul fit, rapide autant que « le permettent lés passions qui cherchent plus ou « moins à s'étendre , simple avec art, terrible sans « qu’elle outre la nature , brûlante comme mon cœur « me l'a inspirée, voilà la tragédie que j’ai concue, « que j'ai peut-être indiquée, et dont je n'ose me « flatter d’avoir donné l'exemple. » On conçoit aisé- ment que cette poétique , qui exclut les épisodes qui nourrissent quelquefois l’action , qui éloigne les confidences si nécessaires au développement des pas- ‘ sions , qui s’interdit les reconnoissances qui sont un grand moyen de péripétie, répand sur les tragédies d’Alféri de là sécheresse et de l’aridité , et pré- a .\ Livres divers. 133 sente, presque dans toutes, l’uniformité de plan, de moyens et de situations, Elles doivent être n£- cessairement obscures à la représentation | pour le spectateur dont l'attention n’est pas soutenue. Pour obéir à son système , le tragique italien, à multi- plié les monologues en se privant des personnages secondaires , il en est résulté les inconvéniens qu’il avoit voulu éviter. Par ces accessoires dont il se privé, la marche de l’action en devient plus régu- lière , les accens des passions sont plus énergiques, et produisent des beautés du premier ordre, Le tra- ducteur ne se contente pas des réflexions qu’il fait dans son discours prélimivaire , sur le talent dé son auteur, il examine, à la fin de chaque pièce , leur mérite ou leur défaut particuliers. Comme nos tra- giques du jour ont connu et su profiter des pièces d’Alfiéri, nous nous permettrons de comparer l’au- teur original avec ses imitatews. À. J. D. B. . ATRIGMAITIE C T'UI RE. Manrcr Vitruvir Pollionës de Axrchitectura libri decerm ; . ope codicis Guelferbitani, editionis principis, cetero- Tunique subsidiorum recensuit, et Glossario in quo vo cabula artis propria Germ. al. et Gall. Angl. expli- ‘cantur, illustrayit Augustus RGDE, Dessaviensi:, Berolini sumptibus Augusti Mylii, 1800, in-4.° En 1796, M. Rope avoit publié à Leipsic, en 2 vol. in-4.° , une traduction allemande de Vitruve, accompagnée de beaucoup de notes et d’un diction- paire pour l’explication de cet auteur. Comme les éditions du texte original commencent à devenir rares, et que M. Carlo FEA qui, en 1788, avoit publié à Rome, un échantillon d’une nouvelle édi- tion de Vitruve (1), a abandonné depuis son projet, (1) Sous le titre : Progetta pen una nuove edizione dell” Archi- tettura di V itruvio. Rom. 1788. 23 pages in-8.® ST a 134 Livres divers. M. Rode s’est décidé à donner une édition du texte Jatin. Cette nouvelle édition est un véritable service rendu par M..Rode aux amateurs de l'architecture. L'éditeur a collationné le texte sur un bon manuscrit de la bibliothéque de Wolfenbüttel, dont aucun de ses prédécesseurs ne s’étoit encore servi, sur un autre | de ue sur l’édition princeps de cet auteur, et sur celle de Gagliani. Les variantes se trouvent au dessous du texte, mais on n’y trouve pas d'autres observations ; la traduction allemande de Vitruve, par M. Rode, continuera donc toujours à être né- cessaire à ceux qui veulent lire cet auteur avec fruit 3. mais comme ceux qui ont à étudier Vitruve, ne sont pas tous versés dans la langue allemande, il seroit à desirer que M. Rode donnût en latin un commen- taire sur son auteur. Personne ne seroïit mieux en état que lui d'entreprendre ce travail à la satisfac- tion du monde littéraire. L’indication de Premier volume qui se trouve sur le faux titre, et l’absence du Glossaire dont parle letitre, ( et qui ne se trouve pas, du moins dans notre exemplaire, ) paroît , en effet, donner l’espoir que M. Rode publiera , dans un second volume, le commentaire et le glossaire. Nous ne saurions trop l’engagéer à en faire jouir bientôt le public. Cette édition se distingue encore par l’atlas de gravures qui y est joint. Ces gravures qui sont au nombre de 27, servent à expliquer tous les princi- paux sujets dont traite Vitruve. Elles sont accom- pagnées d’une explication succincte en latinet en al. lemand, de 57 pages in-folio. Cet Atlas a un titre latin et un titre allemand, Le titre latin est : Formæ ad explicandos M. Vitru- vii Pollionis , decem libros de architectura maximam partem ad ipsa monumenta antiqua delineatæ ; cum bresibus explicationibus latinis et germanicis. Cura Augusti RODE, Dessav. , Berlonini sumptibus My/1. 1801. Le titre allemand est : Kupfer 20 Vitruvs zehn Büchern , von der Baukunst , mehrentheils nach an * A US Por RE nt => AS LE \ Livres divers. 135 tiken Denkmœælern gezeichnet , mit kurzen lateinischen und deutschen Erklærungen , von August RODE, Berlin in der Myliussischen Buchhandlung, 1801. RoMANSs. B1BLIOTHÉQUE des Romans anglois , publiés depuis le 1° janvier 180t , ainsi que des tragédies et comé- dies jouées depuis cette époque sur les théâtres de Drury-Lane et Covent-Garden. 1."° livraison. Paris, chez Ch. Pougens, quai Voltaire, n.° 10. Pichon, péristile du théâtre Favart. An x. 1802, 1 vol.in-12 de 120 pages. Le prix de chaque livraison sera de 1 fr. 2o cent., et 1 fr. 50 cent. franc de port. Les Editeurs annoncent « qu’ils ont pris des me- sures convenables pour que les meilleurs romans, «“ ainsi que les ouvrages dramatiques, publiés en «a Angleterre, parussent dans ce recueil quinze jours aptès leur pablication à Londres. Ces extraits ne renfermeront aucun jugement littéraire, mais seu- lement un abrégé de Pouvrage original. On y sup- primera les détails superflus qui ne servent qu’à égarer l’attention du lecteur; et on laissera sub- sister ceux qui constituent le grand art d’intéresser. » Les livraisons se succéderont de 15 jours en 15 jours. Busrr1Is, ou le nouveau Télémaque; par J. S. QuESNÉ. 2 vol. in-12 , caracteres neufs Didot ; imprimés sur grand carré d'Auvergne , ornés de gravures en taille-douce , et suivis de notes sur la mythologie , l’histoire et la géographie anciennes, Nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée. Prix 3 fr., et 4 fr. francs de port, pour les dépar- temeus. À Paris, chez Lenormant , rue des Prêtres- Saint-Germain-l’Auxerrois, n.° 42. Voyez ce que nous avons dit de la 1."° édition, Magusin Ency- clopédique , année VIT, tome IV, page 564. L4 136 ; | Livres divers. M. DE CLERMONT; nouvelle historique, par Mir DE GENZLI:. 1 vol. in-18. Prix, r fr. 20 c. Paris, chez Maradan , rue Pavée- Saint - André- des-Arcs, n.° 16. Cette nouvelle, insérée dans un des derniers vo- lumes de la Bibliothéque des Romans, a été lue avec le plus grand empressement. L’agrément de la narration, l’intérêt des situations, le nom des personnages, l’élégance du style ont fait desirer à ceux qui ne sont point souscripteurs de ce journal . d’en avoir une édition détachée , et le libraire s’est rendu à l'invitation qu’on lui a faite, GRAVURE S. LA PoRTRAIT du comte de Rumfort, dessiné d'après nature ; par Henriette RATH , élève d'Isabey , gravé par RoGEr ; Prix, x fr. bo cent., se trouve à Paris, au Bureau de la Décade philosophique, rue de Grenelle vis-à-vis la rue des Saints Pères. MÉLANGES. ENCYCLOPÉDIE comique , ou Recueil anglois de gaieté, de plaisanterie , de traits d'esprit, de bons , mois, d'unecdotes , de portraits , d’originalités , d'aventures , de naïvetés , de balourdises , de ca- lembourgs et de pensées graves et sérieuses. Version libre de l’anglois ; par T, P. BERTIN , traducteur en prose des satyres d'FYoung, ornée de figures , et dune planche gravée en sténographie , suivie d'une dissertation critique et curieuse sur l’Okigraphie et auires traités d'abréviation. Paris, chez l’Auteur, rue de la Sonnerie, n:° 1, 2 vol. in-12. Prix, 3 fr..,'et 3 fr. 80 centimes par la poste. L’épigraphe de ce recueil : Si foret in terris rideret Heraclitus, convient parfaitement bien à ce recueil . Livres divers. 137 qui ne sauroit qu'être agréable à ceux qui aiment s’égayer par une lecture amusante. REPERTORIUM Commentationum @ Societatibus luiterarüs editarum ; secundum disciplinarum ordi- nem digessit TI. D. REuss, in Universitate Geor- gia Augusta Philos et Histor. litéer. Professor et Sub-Bibliothecarius. Scientia naturalis. Tomus I. Hisioria naturalis, generalis et Zoologia. Gottin- gæ , apud Henricum Dietrich. 1821. 574 p. in-4°. Depuis un nombre d’années assez considérable , M. Reuss s'occupe de l’ouvrage important et utile dont il fait publier maintenant le premier volume; il est à desirer que la suite paroisse rapidement et sans interruption. L’utiité de ce répertoire est in- contestable, et telle que ceux qui se proposent de travailler sur quelque objet spécial, ne voudront pas s’en passer, puisqu'ils y trouvent classés mé- thodiquement tous les mémoires, toutes les mono- graphies qui se trouvent dans les différens Recueils de mémoires des Sociétés savantes. Un catalogue des recueils dont ce répertoire offre le dépouille- ment , n’auroit pas été sans intérêt à la tête de Pouvrage. Ce premier volume est distribué en deux parties. La première (depuis la page 1-74) contient les Mémoires qui traitent’ de l’histoire naturelle en gé- néral. La seconde (depuis la page 75-574) donne le Catalogue des mémoires sur la Zoologie. En tête de chacune de ces deux parties se trouve un tableau méthodique de la classification suivie par M. Reuss dans ce répertoire, avec des renvois exacts à l’ou- vrage. Ün répertoire pareil sur les mémoires insérés dans les principaux journaux littéraires, seroit également : de la plus grande utilité. Le Répertoire général de la littérature, publié par M. ERSCH, ne comprend jusqu’à présent que le catalogue des ouvrages qui ont paru, et celui des mémoires insérés dans beau- 138 Livres divers. coup d'ouvrages périodiques depuis 1785 jusqu’en 1795 , en six vol. in-4° Ce répertoire, extrêmement important, mériteroit d’être plus connu en France qu'il ne l’est; mais comme il exclut tout ce qui précède l’année 1785 , le Répertoire de M. Reuss et celui des journaux qui manque encore, ne sau- roient être que tres-intéressans à tous les amis des sciences et des lettres. ï Ess4r de MicuEz de Montaigne, faisant suite auæ éditions stéréotypes , d’après le procédé de Firmin Didot. 4 vol. in-12. Prix, br., papier ordinaire , 8 fr. 5o cent.; idem , papier fin, format in 8.°, 16 fr. 5o cent., br.; idem, papier vélin, 22 fr. 5o cent. Paris, chez Pierre Didot, imprimeur, rue des Orties , n.° 3; et Firmin Didot, libraire, rue de Thionville, n.° 116. L’exemplaire, qui a servi de copie pour eette nou- nelle édition des Essais , appartient à la biblioth‘que centrale de Bordeaux. Il est chargé, en tout stns, de corrections et d’additions, toutes écrites de la main de Montaigne. L’impression en est très-belle. M. Didot ainé n’a pas besoin qu’on loue ses éditions. CHARDON-LA-ROCHETTE, à À. L. MILLIN, sur l'Annuaire. du département de Vaucluse. Avignon, 15 brumaire an 10. Je vous envoie, mon cher Millin, l'Annuaire du département de Vaucluse, pour les années 8 et 9 de la république. Ces Annuaires, que le ministre, Francois de Neufchâteau, avoit sagemert recom- mandés aux administrations centrales, et dont il leur avoit presque fait un devoir, me semblent tres- utiles. Perfectionnés par le temps, qui seul peut et sait tout mürir, ils présenteroient tous le: ans au gouvernement la véritable statistique de chaque département. Ce seroit une espèce de sommaire dé A. ; oo re me tm 7 Ein Ce gi RL 2e, pe 2e D. (pe Livres divers. 139 tous les mémoires qui lui sont adressés par les dif- férentes administrations, mémoires sur lesquels il est d’usage , dans les divers ministères, de faire faire un rapport, et qui par conséquent passent pe la filière, et prennent presque toujours la cou- eur de celui qui en est chargé. Ensuite, et cette considération est d’un grand poids dans un vaste empire et surtout dans une république ; les lumières répandues par ces Annuaires méclaireroient pas seulement l’homme d’état , elles se répandroient dans les campagnes; et dans les longues veillées d’hiver ; le bon labourenr , apres la lecture de la vie du saint du jour, liroit on se feroit lire par l’un de ses fils, un chapitre de l'Annuaire , le commenteroit , le discuteroit, et finiroit par se bien pénétrer de ce qu’il contient. Ainsi plus d’un procédé utile à lagri- Culture, au jardinage , à la vigne , qui restent ense- velis dans les journaux , seroient propagés, et presque toujours adoptés. Ces Annuaires donneroient une notice biographique des hommes qui, par leurs ta- Jens, leurs connoissances, leurs vertus civiques, ont bien mérité de la patrie. L'histoire littéraire en retireroit de très- grands avantages; les dates, fixées avec exactitude, la liste des ouvrages, faite avec soin , épargneroient à nos compilateurs de Dictionnaires historiques , une foule d’erreurs qui les ont défigurés jusqu'ici. [ls recommanderoient encore au gouvernement ces hommes qui ne sont pas obscurs, il est vrai, dans leurs foyers, mais dont la modéstie empêche que leur nom se répande au loin, et qui pourtant sont si dignes de coopérer aux grandes vues du gouvernement, pour l’instruc- tion générale et particulière. Ces Annuaires , dont les frais d'impression seroïent aisément couverts par le grand nombre de proprié- taires riches, ou même simplement aisés, qui en feroient lacquisition , seroiïent échangés de dépar- tement à département , et il en resulteroit pour tous une masse de lumieres, dont la propagation ne coûteroit rien au gouvernement, et dont | * eFets seroient incalculables. & 140 Livres divers. : - Jai trouyé à l'Ecole centrale de Carpentras, lon + de mos * ji troubadours,) Sabatier de Ca- ’. ‘yaillon. Îl est professeur de belles-lettres; et, quoi- : #,. que bientôt octogénaire, il conserve encore tout le ." * «feu de sa jeunesse, et reste fidelle aux Muses qui ©? lui ont toujours fait un aceueil gracieux. Le Recueil » de ses poésies, imprimé il.y:a quelques années en ‘* deux volumes in-12, renferme plusieurs morceaux .qri annoncent un véritable poète. Son Ode à l'En- * ‘mhousiasme, pleinede: verve, avoit prouvé depuis 4 | longtemps, qu’ilRétoit, 11 a célebré la paix conti- 4 \ nentale dans des couplets charmans ; vousen jugerez | + par les deuxnque je joins ici : ur TI “ Douce paix! ô bonheur snprème ! Viens nous couronner de tes fleurs ; BR rendant l'objet qu’elle aime , use sèche les pleurs. à Le Francais, fixant la Victoire, Est digne d'un amour constant; Il est Mars aux champs de la gloire, Il est Adonis en aimant. Voyez ces oiseaux dont l'orage Suspend les amours et les jeux, Ils soupirent, et leur ramage N'expriment que sons largoureux ; Mais si, de la paisible auiore, Le char brillant vient les charmer, F Derenus plus tendres encore, Ils semblent commencer d'aimer. A NS LES fée Il vient d’adresser les vers suivans à quelqu'un de notre connoissance, La science n’a point de pages Qui puissent te cacher leurs trésors enfouis. La Grèce, ‘son langage , et ses meilleurs écrits, Tu les connoïs , ainsi que Ses usages. u 2 KI ps OUEN NS NN O RE NRS PET Livres divers. ï41 ra peux, sans des guides choisis, Hardiment parcourir les plus lointains rivages; ds. Mais , quoique tu sois sûr d'y faire des amis, bd Le plus tendre est aux lieux où sans toi je languis. Muni de tous ces ayantages, En quelque endroit que tu voyages, Tu pourras te flatter d’être dans ton pays. SOZRÉES de Ferney , ou Confidences de Voltaire ; recueillies par un ami de ce grand homme. Paris, chez Dentu, imprimeur-libraire, palais du Tri- bunat , galeries de bois, n.° 240. C'est ici un ami véritable, tel que devroïent de- sirer d’en avoir tous les auteurs qui ambitionvent une por solide. Celui du grand homme ne cache point: es défauts de son ami; pour paroître entierement impartial, il met la critique qu'il fait des ouvrages et de l'auteur dans l’aveu que l’auteur en fait lui- même. Un dialogue entre M."° Denis, M" Cha- bauon et un M. B..., nous fait, sous le titre de confessions, dés aveux qu’on peut croire que Vol- taire ne sanctionneroit certainement pas. Ses premiers progrès en littéra ure , ses essais philosophiques, ses déméles avec J.-B. Rousseau, son séjour en Prusse, sa querelle avec Maupertuis, sont la matière ‘de cette confession, dans dé Voltaire censure ses pure productions, comme l’auroit pu faire abbé esfontaines. Un des interlocuteurs demande à Vol- taire ce qu'il pense de Crébillon, de Piron, de Chä- teaubrun, de Lefranc, de Fontenelle, de Montes- quieu , de Diderot, etc. , et Voltaire se dédommage bien alors de la véracité qu’il a mise à se juger lui- même. Ce dialogue ingénieux contient un jugement sur les ouvrages et sur le caractère du grand-homme, qu'il a fourni lui-méme par ses satyres contre les hommes les plus marquans en littérature , et par ses mémoires secrets. . Dans le dialogue intitulé : 7 oyage idéal de Prof 142 Livres divers: taire , les diables s'emparent de lui, et le transpor- tent à Paris. Il descend successivement chez son ami Thirriot, chez Marmontel, chez Fréron, chez - Diderot , chez Crébillon, chez l'abbé Gauchat, chez Lacondamine, à l’Académie, à la Comédie fran- çaise, à l'Opéra. Fatigué de toutes ces courses, il demande de retourner à Ferney , où il s’endort, et dans un songe, il se trouve devant le temple de la Postérité; il en est reçu d’une manière assez déplai- sante pour son amour-propre. Elle lui permet de parcourir Ce livre inexplicable Qui contient du futur l'histoire irrévocable. Il cherche longtemps l’article qui doit l'immortaliser; il a le désagrément de voir J.-B. Rousseau, Crébillon, Montesquieu, qualifiés d'hommes de génie ; enfin, il lit : « Celui-ci sera tout-à la fois poete tragique, « épique, pindarique, lyrique, anacréontique, le « premier dans quelques genres, le second dans « plusieurs autres ; tous ses ouvrages seront remplis « de beautés sublimes ; et il se fera beaucoup d’en- « nemis; il sera quelquefois caustique, envieux, et « s’appellera Voltaire, » On croit bien qu'il dut trouver la prophétie impertinente , et qu’il le té- moigna à la Postérié, et à sa manière, puisqu'il en reçut un soufflet qui le réveilla. Dans les autres Soirées, il est question des Calas, des Sirven, des jeunes gens d’Abbeville, et enfin du séjour de Voltaire én Prusse. On lit ensuite deux dialogues entre Voltaire et un littérateur italien, dans lesquels les interlocuteurs discutent, font un parallèle des langues italienne et française, et ap- précient le mérite des deux idiômes, et quel est celui qui doit obtenir la prééminence. Dans un autre dialogue entre M. le duc de Lavaliere, on lit un autre parallèle entre le siécle de Louis XIV et de Louis XV et les siécles antérieurs; Voltaire y fait l’aveu que le génie avoit nécessairement baissé, mais que les lumières s’étojent multipliées dans tous Îles ; Livres divers. 143 arts de l'esprit. « Nos artistes valent moins qu’au commencement du grand siécle et dans ses beaux jours ;_ mais la nation vaut mieux. Nous sommes in- ondés , à la vérité, de brochures ; c’ést une multi- tude prodigieuse de moucherons et de chenilles qui prouvent l'abondance des fruits'et des fleurs. » On lit ces Soirées avec plaisir, quoiqu’on n'y trouve que ce qu'on sait ; mais elles rappellent les diverses périodes de la vie du grand-homme et les diverses nuances de son caractère. A. J. D. B. ŒurrEs diverses de P. L. Lacretelle [ aîné ) , philo- sophie et littérature. 3 vol. in-8.° À Paris, chez Treuttel et Wurtz, libraires, quai Voltaire, n.° 2; et à Strasbourg , Grand’rue, n.° 15, # Cette premiere partie de la collection des ouvrages qui ont occupé le C. Lacretelle pendant vingt-deux ans, contient un éloge du duc de Montausier , qui fut couronné par l’Académie française en 1781; un discours sur les peines infamantes ; plusieurs discours sur les préjugés nationaux; le plan d’un ouvrage sur la réforme des lois criminelles; le discours préliminaire du Dictionnaire de métaphysique et logique de l’En- cyclopédie ; le jeune Malherbe, ou le fils naturel , roman dramatique en deux parties , en cing drames et en dir actes. C’est l’histoire de d’Alembert qui sert de fond à la fable que le C. Lacretelle a conçue ; . à] a sub:titué un jeune poète au jeune géomètre; et, d’apre: cette donnée , il a créé d’autres faits et d'autres caracieres. « Ce qui m’a principalement “ aitiré vers le sujet, c’est intérêt plus piquant de « Pamour maternel et de la tendresse filiale sous ce « mystère et dans cette contrainte qui appartiennent “ à une naissance illégitime ; il en naît une foule “ de sentimens nouveaux, selon l’auteur, et des “ situations encore inconnues sur tous les théâtres. « J’ai réuni, à ce que j'ai conservé de l’histoire de « d’Alembert , plusieurs circonstances de ces causes “ connues au Palais sous le nom de Réclamations 144 Livres divers. « d'Etat. » L'auteur, en rapprochant la scene des événemens dont. nous avons été témoins, fait avir MM. dé Maurepas, Turgot, Malesherbes, Saint-Ger- main, Pezay, Necker ,le cardinal de Tencin, sa sœur, mère de d’Alembert, Beaumarchais, Maupou, etc, sous des nomsempruntés, mais avec des traits qui ne permettent pas de les méconnatlre. Ce romau théatral est rempli d'intérêt, malgré quelques longueurs qu’on desirerait ne pas y tiouver. Mais quel est le roman qui est à l’abri de ce reproche ? Le troisième: volume contient des vues générales sur l’éloquence - de la chaire, et plusieurs articles de littérature et de philosophie qui auroient été insérés dans le Mer-. cure , mais qu’on n’est pas fâché de retrouver ici. Le C. Lacretelle nous promet encore sept vo-. lumes, qui sont les produits de ses divers travaux sur les matières qui ont été successivement l’objet de ses méditations. Trois époques les distinguent, et divisent la totalité de ses ouvrages en trois collec tions. On ne publie en ce moment que la première. La seconde , également en trois volumes, aura pour titre: Lloguence et Philosophie judiciaire. Les trois volumes qui suivront traiteront de la Philosophie politique. Un dernier volume présentera un tablean de la philosophie et de la littérature en France d ns | les trois époques qu’a parcouru l’auteur : ce sera comme une sorte de préface générale sur, plus de cinquante ouvrages très-différens par les objets, les formes et le ton. 2 Art L'auteur, déja avantageusement connu au barreau et dans les lettres par des productions de divers genres, peut se flatter que les lecteurs qui ne font quelque cas que des ouvrages solides, s’empresseront de se procurer Ces premiers volumes , et desireront de voir paroître ceux qu’on promet. A. J. D. B. E RAR A T U M, Hans la Notice de la Géographie orientale d'Ebn-Haukal, VI: apnée. 4! t VI, p. 520, lig 25, supprimez ces mots de chiffon. 4! Me Table des Articles contenné dre ce Numéro. ; 3: 2: L 4e OnAPHIS. | Vanrérés, MU. Lee dh © Obertin Led RESPONDANCE LITTÉRAIRES. au C. Ali, eux le Tewrdanck. Fe Mäbacins. fémoire physiologique et prati ue * eur l’Anévrisme et la ligature des Artères ; par le C. Mounoir ,det Genère. 15 : Nouvarts ÉTRANGÈRES. Nouvelles de Naples. \: 86 «€ RAN CZ, 4 _ Parsteux ste a RS | Fait. élémentaire de Physique, {Société « La.” présenté dans un ordre nou-| tau! re veu, d'après les découvertes nes ; ex le C: Libes. 26;, < Boranreux A Cotton. | Description des Plantes nouvelles et peu connues, cultivées dans le jardin de J. M. Ces; avec D E. P. Ventenat. 48 rieur. Circulaire dû. l'exposition de lu [ASTRONOMIE, THéaTauxs dj Matinée du jour. FL 76: 88. Tbie Les Haserds de la lens 108$ Mémoire suc la découverte de la nouvelle planète de Piazzi , lu à Assemblée publique de l'insti= fur, le 15 germinal ; par pe a $ de Lalande. LIVRES DIVERS. tOGRAPHIE. Ornithologie, f Noï ren AE pe 64 + Histoire naturelle générale des Grimpereaux , et des Oiseaux | paradis 8.20, 21, 22 et 25" livra de la soul collection d'Oi- # dorés ou à refleis métal- ZE «8, 9 et 10.” des 106 : Voy. d'ABey te et de Nub php Norden. 7. 4 Pobsrs LATINE * Ar Ca 12. 1et patitulièrement sux éd tion, par Madame ; Genk CRAFT à 2 AN RE Æ se ji y) 4 : + le C. Æberh | ÿ ue J (ir ù ne .) Praiial a an 10. à TA L 0 ide # LR : de “ mn ASE v ges. TE ivois mois, < ER EE Men nes pÜur, Six LIDICES M AUS TRANS Le MR A cs! pour un an, pour les Dépasèmens ; frauc de port. t. uw Bureau du Journal pour se. | procurer. abissén en France ét chez l'étranger, et la rajrie ancienne et ntoderne, ? plupart des Rophpés qui ont éputation justement acquise ‘arts où-des sciences, tels ns Po Re SIL= NDE, LacRaNGE, a ae hr RUN E à. BARBIÉ DU Bocace : D DASRIRER SANTA R ; Noët; OBEREIN , CHARDON - m7 GUN CR ETTE, ChrLLARD, Vax:Moxs, Traurcé, e »£ : re ET rue PUUT É i Pomme ee LÉvVEILLÉ, CUVIER, GEOFFROY, VENTENAY, 4 CAVANILLES, USTERI, BOETTIGER, VISCONTI, M : VicLoison, WILLEMET, WinCKLER, etc. fournis- 4 sent des Mémoires, contient l'extrait des principaux 4 ouvrages nationaux : on s'attache surtout à en donner } une analyse exacte, et à la faire paroître le plus promp- % tement possible aprèsleur publication. On y donneune notice des meilleurs écrits fie chez l'étranger. On y insère les mémoires les plus intéressans sur 2 toutes Ja parties des arts et des sciences; on choisit # principalement ceux quisont propres à en accélérerles & progrès. 4 On y publie les découvertes ingénienses , les inven- # tions utiles dans tous les genres. On y rend compte des expériences nouvelles. On y denne un précis de 1 ce que les séances des sociétés littéraires ont offert 4 de plus intéressant ; une description de ce que les dé: ! pôts d'objets d'arts et des sciences renferment de plus 4 curieux. k On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages ? des Savans, des Littérateurs et des Artistes distingués | dont on regrette la perte; enfin, les nouvelles litté-. # raires de toute espèce. | F 1 Ce Journal est composé de six volumes in:8.° par an, de 600 pages chacun, Il paroît le premier de & chaque mois. La livraison est. divisée en deux nu- # méros, chacun de 9 feuilles. d ) On s’adresse, pour l'abonnement, à Paris, au Bu+ à reau du Magasin Encyclopédique, chez le C. Fucas, ? Libraire, rue des Mathurins, hôtel Cluny. (a 2 chez la veuve Changuion et d'Hengst, A Amsterdam, { chez Van: Gulik. ‘ 3 A Bruxelles, chez Lemaire. A Florence, chez Molini, A AR De ARE ; Chez Fleischezs chez Manpget. A Genève, À chez Paschoud, B Hambourg , chez Hoffmann. A Leipsic, chez Wolf. A Leyde, chez les frères Murray. A Londres, chez de Boffe, Gerard Streerz A Strasbourg, chez Levrault, A Vienne, chez Degen. ‘A Wesel, chez Geisler, Directeur des Postesg FN faut affranchir les lettres. fat DT TS ne AS RE — Es: Long a EI SCP:OMRR:E. + PRÉCIS de l'Histoire universelle, ou TABLEAU lustorique, présentant les vi- cissitudes des nations , leur agrandisse- ment, leur décadence et leurs catastrophes, depuis le temps où elles ont commencé à être connues , jusqw’au moment actuel ; par le C. ANQUETIL, membre de l’Institut national de France , correspondant de l 4- cadémie des inscriptions et belles- lettres , auteur de l'Esprit de la ligue , l'Intrigue du cabinet, et autres ouvrages. Seconde édition revue , corrigée el augmentée. A Paris (1). An x — 1801. i2 vol. in-12. Rss universelle, composée en anglois, par une société de gens de lettres, est le plus beau mo- nument historique que le siécle dernier ait produit. La traduction françoise de cet ouvrage, à laquelle on a joint les corrections et les notes de quelques sa- vans allemands, est devenue un ouvrage aussi utile que nécessaire , non-seulement à toutes les personnes qui veulent acquérir une connoissance générale de Vhistoire, mais même à celles qui s'occupent de l'étudier à fonds. L’ordre et la méthode qui rè- (1) Prix, les 12 vol. brochès, 30 fr. , et reliés, 56 fr.; chez Basrllior Gls, libraire, rue du Foin-Saint-Jacques. Tome I. KR’ 146 Histoire. gnent dans cette grande collection, les discussions érudites qu'on y rencontre quelquefois, les. ci- tations exactes qui accompagnent presque toujours le discours, assurent à cet ouvrage une place dis- tinguée dans l’estime des gens de lettres. Mais tout le monde ne veut pas acheter ou par- courir ce recueil volumineux ; et c’étoit rendre aux lettres un double service que d’en offrir un abrégé qui, resserrant les faits et élaguant les détails, ren- fermât dans quelques volumes tout ce que les 126 vol. in - 8.° contiennent de plus remarquable ou de plus intéressant. C’est ce qu’a entrepris le C. Anquetil ; et on peut dire qu’il l’a exécuté avec succès. Une premiere édition de cet abrégé, en 9 vol., ayant eu un prompt débit, le C. Anquetil a ajouté encore à son travail; et'on publie aujourd’hui, en 12 volumes, une nouvelle édition qui mérite d’être ac- cueillie encore plus favorablement que la précédente, à cause des corrections et des augmentations considé- rables. Le travail du C. Anquetil est également pré- cieux, et aux personnes qui, possédant la grande colection, seroient bien aiïses de parceurir rapide- ment la chaîne historique des grands événemens dont elle renferme le détail, et à celles qui, n’ayant pas le temps de se livrer à l’étude approfondie de l’histoire, aiment à en trouver rapprochés tous les principaux événemens. ! Ecoutons le C. Anquetil rendre compte lui-même de son travail : « L'ouvrage étant paryenu à son terme, il a été « 2 = Li Elémens. 147 question de. lui trouver un titre ; car le titre ne con- tribue pas peu à l'opinion qu’on prend d’un livre, et à sa bonne ou mauvaise fortune, J’avois d’abord imaginé celui-ci : Tableau historique de l'univers, où vicissitudes des nations , leur formation ; leur agrandissement , leur décadence et leurs cata- strophes. Ce titre me plaisoit. En effet, il donne une idée assez juste d'un ouvrage dans lequel cha- que nation est représentée et suivie, depuis le moment où elle a commencé à exister, jusqu’à ce- lui où nous sommes; surtout, quand dans le ta- bleau on n’a rien néglisé , quant à la religion, aux mœurs , au commerce , à la position et aux productions du pays. Encore plus ce titre convient- il, si l’auteur s’est principalement appliqué au développement des faits qui ont occasionné des changemens dans l’état civil, politique, militaire et religieux de tous les peuples qui se sont pressés sur la surface du globe, qui en ont disparu, ou qui s’y montrent encore. « Or , telle est la matière de mon ouvrage. Con- sidéré dans son ensemble, il présenté réellement un tableau de lPunivers >; néanmoins, j'ai aban- ‘donné ce titre, parce qu’il m’a paru en même temps trop fastueux et trop comuhun. » Tel ést l'aperçu que le C, Anquetil offre de son plan et de son tra Y ai ; ét on reconnoïträËcombien cet aperçu est exact ) sl on parcourra l'ouvrage. En effet il ne faudroit as s’imaciner qu’il ne con- ? P Fe) Î tient qu’une sèche analyse des principaux événe- meus historiques, L'auteur a raison d'avancer qu'il K a 148 Histoire. n’a pas négligé de décrire la religion, les mœurs et les coutumes des peuples, et. qu'il a recherché les causes de leurs révolutions. Nous croyons justifier l'opinion avantageuse que nous donnons de cet ouvrage, et intéresser la cu- riosité du lecteur, si nous entrons dans quelques détails en choisissant dans les.12 volumes qui com- posent ce vaste tableau historique ; quelques mor- ceaux qui mettront le lecteur à portée de juger du style et de la manière du C. Anquetil: « Quoique « les Ægvptiens ne soient pas le plus ancien peu- « ple, l’usage, dit le C, Anquetil, a prévalu qu'on « Jes mette les premiers dans l’histoire, sans doute « parce qu’ils sont ceux dont il nous reste les no- « tions les plus anciennes et les plus étendues.» Et voici comme il présente la description du Nil: « Le Nil, originaire de lÆthiopie, grossi par les pluies qui y-tombent dans les mois d’avril et « de mai, se décharge en Ægypte par sept; cata- « ractes, dont l’aspect et le bruit font frissonner les “ curieux qui en approchent; mais les habitans. des «“ deux bords, familiarisés avec le danger, ont « donné de tout temps, et donnent encore aux voya- « geurs, un spectacle d’intrépidité vraiment, ef- u frayant, On les voit, suspendus à la cime du fleuve, “ se précipiter à travers les rochers, diriger leur fréle « nacelle au milieu des gouffres écumans, couverts « d’un brouillard perpétuel ; et, lorsqu'on les croit « engloutis, ils reparoissent au loin voguant tran- « quillement sur le fleuve devenu calme comme un “ canal. Ses eaux se répandent lentement sur les / « « Elèmens. 149 terres qu’elles couvrent de proche en proche, et sont conduites dans les plus éloignées, par des dif- Férens moyens que la nécessité et la pratique du nivellement ont appris aux Ægyptiens. Elles res- tent , quatre mois, comme stagnantes; et , de peur: qu’elles ne s’écoulent trop rapidement, avant qu’elles aient déposé leur limon fécondant , :ïl souffle pendant ces quatre mois un vent de mer qui les retient. « Dans je temps de linondation , en se plaçant sur quelque lieu élevé , comme seroient les pyra- mides, on découvre une vaste mer , sur laquelle s’é- lèvent plusieurs villages qui ressemblent à des amas d’iles, liées par des chaussées, pour la commodité des habitans : elles sont entremélées de bosquets dont on ne voit que le sommet, mais dans ces mêmes lieux où voguoient encore, au commence- ment d'octobre, des embarcations de toute espèce ; quand Ja terre est raffermie, vers décembre et janvier, on voit bondir des bestiaux dans une im- mense prairie émaillée de fieurs, coupée par des haies odoriférantes , et peuplée d’arbres dont les uns promettent, et les autres donnent déja les fruits les plus délicieux. « L'activité du cultivateur anime encore ce ta- bleau ; le travail du laboureur est facile ; il ne fait que gratter la terre quand elle se consolide, y mêler un peu de sable, et elle donne les plus belles récoltes. Le préjugé a étendu jusqu'aux femmes et aux femelles des animaux la propriété K 3: 150 Histoire: « fécondante du Nil; il est vrai que les animaux y « multiplient prodigieusement, et que les Ægyp- « tiennes peuvent être mères à neuf et dix ans ; mais « elles doivent sans doute cet avantage , si ç’en est « un, moins à l’eau du Nil qu’elles boivent, qu’à « la salubrité de Pair et à la douceur du climat « tempéré , quoique sous un soleil brûlant, par la « fraicheur des Caux , et par un vent constant du « nord-est, « 1] faut au Nil à peu près trente pieds d’élévation “ pour procurer l’abondance ; trop ou trop peu cause « la stérilité et la disette. Des motifs si importans « fixent une attention inquiète sur laccroissement « du fleuve. Mille moyens ont été inventés pour s’en « assurer. La superstition s’en est mélée : on jetoit « autrefois un jeune vierge dans les eaux, au mo- « meñt qu’elles commencoient à s’enfler, pour se « rendre le fleuve favorable ; à présent on se con- « tente d’y précipiter une statue. » Ces détails, ce style peuvent donner une juste idée du mérite de l'exécution du reste de l'ouvrage. Il seroit inutile de présenter la nomenclature des diverses nations dont l’auteur rappelle l’histoire : il! suffira de dire que les histoires de la Grèce et de Rome y sont traitées d’une manière rapide et atta- ST Pa TRS RE chante ; celle de Rome est divisée en Rome monar- : chie, Rome république et Rome empire, On aimera peut -être le trait suivant, pris dans l’histoire de d Rome empire : « Il y eut une rézolte en Angleterre, Malsr@une LL Elémens. 101 espèce de caducité hâtée par ses travaux ; Sévère résolut d’aller y mettre ordre lui-même. Il mena à cette expédition Caracalla et, Geta, ses deux fils. La victoire accompagna ses drapeaux. Après leur avoir fait passer les bornes fixées par le mur d’Antonin, il revint sur ses pas, et opposa une seconde muraille aux incursions des Calédoniens. On fortifia de nouveau contre eux les mêmes rem- parts. Pendant qu’il traitoit avec les Barbares, et qu’il recevoit leurs armes en garantie de bonne- foi, un cri d'horreur se fait entendre : Sévère se retourne, et voit Caracalla, l'épée nue, qui s’a- vancoit sur lui pour le poignarder. Ce cri d’hor- reur arrête le fils dénaturé. Le père, sans pro- férer un seul mot , sans marquer la moindre surprise, continue le traité. « De retour dans sa tente, il fait appeler son fils , lui reproche, en présence de Papinien, ca- pitaine des gardes, et de Castor, son chambellan, la noirceur de son forfait. Lui présentant ensuite une épée nue, il Jui dit : « Sz la soif de régner te Jorce à tremper tes mains dans le sang de ton père, satisfais-1oi dans cette tente, plutôt qu’à la vue de nos amis et de nos ennemis. Si cependant la nature parle encore dans ton cœur féroce , ordonne à Pa- pinien de percer le mien. Tu es empereur ; il t’o- béira. Ces terribles paroles ne produisirent pas même un remords dans l’ame de Caracalla. Il se: confifiMa au contraire dans son funeste dessein, répandit parmi les soldats qu’il étoit indione d’eux K 4 153 Histoire. C4 d’obéir à un vieillard infirme, incapable de les commander , et fit révolter contre l'empereur une partie de l’armée ; dont ce père , trop indulgent, laï avoit donné le commandement. Sévère assem- bla les légions, fit couper en sa présence la tête aux complices, mais épargna encore son fils. S’a- dressant ensuite à toute l’armée, d’un air majes- tueux, mais terrible : Est-ce La téte qui gouverne , leur dit-il, ox Les pieds ? « Il'étoit malade. Le crime de son fils irritant ses souffrances, il se vit bientôt au terme de ses Jours. Se sentant défaillir, il appela près de son lit ses deux fils, leur laissa l’empire en commun, et les exhorta à la'concorde. Peu avant d’expirer , il s’écria : J'ai été tout, et tout n’est rien. S’étant fait apporter l’urne où l’on deroit déposer ses cendres. , il l’apostropha en ces termes: Tw ren» Jèrmeras celui pour quitoute la terre étoit trop pe- 1ite. Comme ses douleurs augmentoient, il de- manda du poison ; mais personne n’osant lui en procurer, il prit une si grande quantité de viandes les plus substantielles, qu’elles l'étouffèrent, à l’âge de soixante-six ans, après dix-huit ans de règne, laissant apres Jui la mémoire d’un grand homme , mais non, d’un bon empereur. » . Dans l'histoire moderne, nous citerons un passage qui donnera une idée de Ja puissance de Venise, au commencement du XV. siécle. « Les gains immenses que les VénitienMuisoient dans le commerce, les mirent en état, sous Tho- e, # = T0 LIRE x Elémens. 153 mas Mocenigo, d’employer ; selon l’occasion ou le besoin , les deux plus puissans moyens d’agrandissement , la force et l'argent. Ils usèrent du premier avec succés contre les Turcs, dans la Morée, et contre plusieurs seigneurs dont ils envabirent les états dans la Dalmatie et le Frioul. Is’ avoient acheté Patras et Zara ; ils acheterent aussi Corinthe. Le doge Mocenigo a laissé, dans un discours qu'il fit au sénat , une idée de l’état florissant de la république, dans ce temps de pros- périté : Par Pattention que nous avons donnée aw commerce , dit-il, Venise envoie tous les ans à l'étranger un fonds de dix millions de ducats; nous gagnons par le seul frét deux millions, et autant sur le trafic des marchandises. Nous avons trois mille navires, depuis dix jusqu'à deux cents 1on- neaux , qui emploient dix-sept mille matelots , trois cents gros Vaisseaux qui en occupent huit mille, et quarante- cinq galères , sur lesquelles 1l y en a onze mille. Tous les ans vous envoyez cinq cent mille ducats en T'erre-Ferme, autant dans les autres lieux maritimes ; le surplus reste en Bur gain à Venise. Tous les ans vous tirez de Florence seize mille pièces de drap très-fin, que vous vendez à Naples, en Sicile, et dans toutes les échelles du Levant. Votre change sur Florence est de trois cent mille ducats par an. En un mot, tout l'univers est à profit pour vous. » Ce tableau de l’histoire universelle est terminé par un précis des voyages des plus fameux navigateurs; PC 104 Histoire. et enfin une table des matières assez détaillée faci- lite la recherche dans le corps de l’ouvrage. Par ces diverses citations d’un précis historique, qui n’est pas lui-même susceptible d'analyse, nous croyons avoir suffisamment prouvé combien cet ou- vrage est digne de la réputation de son auteur. R: ._..... PA L'Æ'O' CRT PH PE: EXAMEN dune Agale antique grecque, considérée surtout du côté de la simplicité naïve de son inscription (1); par Esp.-Cl.- Fr. CALY ET, médecin à Avignon. L: naïveté d’expression, qui tient toujours à une impression vive, profondément gravée par la nature, est un mérite de style peu commun dans les écrits modernes : si nous exceptons La Fontaine, Molière, quelques pèces de Marot , et certains morceaux des colloques d’Erasme , nous trouverons difficilement dans nos auteurs des exemples du sentiment rendu (1) Ce mémoire avoit été lu à l’Académie de Marseille en 1789; l’année suivante il fut envoyé à celle des belles-lettres , sous l’adresse de M. Dacier, son secrétaire : depuis cette époque, le savant d’Ansse de Villoison, ayant publié, en 1801, dans le Magasin Encyclopé- dique, des remarques sur quelques pierres gravées antiques , a cité celle -ci qu'il avoit vue dans mon cabinet, et m’a fait l'honneur de me nommer à ce sujet avec éloge. Voy. Magasin Encyclop. Année VII, t. IT, p. 451 suiv. et 46a. Inscriptions galantes grecques. 155 avec cette vérité simple et naïve, qui met en quel- que sorte l’objet à la portée de tous les yeux, et qui par-làmême, détermine universellement les suffrages, Mais la plupart des ouvrages de l’antiquité, sur- tout ceux des Grecs , sont spécialement remarquables par ce caractère: les bucoliques de Virgile, les épîtres d'Horace , les comédies de Térence et de Plaute; les idylles de Théocrites , les chansons lyriques d’A- nacréon , les dialogues de Lucien, Hérodote même et Thucydide dans leurs histoires, et principalement Xénophon dans sa Cyropédie, s’expriment toujours avec une élégante simplicité. Les poètes peignent le sentiment, les historiens nous tracent des portraits d’une ressemblance frapante ; les uns et les autres sondent les secrets du cœur ét nous en rendent, pour ainsi dire, les confidens ; nous aimons ces auteurs, quoiqu’ils ue paroissent pas avoir de-l’esprit, ou plutôt, parce qu’ils paroissent n’en point avoir. Dans ‘ Jeurs écrits, ainsi que dans les chef - d'œuvres de Phidias et de Lysippe, le travail de Part se cache sous les graces de la nature; je suis convaincu que c’est surtout à cause de ce genre de perfection, que Horace appuie sur ce précepte : 2 SONORE Vos exemplaria græca Nocturné versate manu , versate diurné (2). Cette heureuse ingénuité se trouve , à plus forte raison, sur les pierres antiques : comme l'essence du style lapidaire consiste dans une brièveté énergique, mais simple et sans affectation, les anciens ont dû (2) Honar. #rs poër, v. 268. 196 Palæographie: conserver encore plus particulièrement , dans leurs inscriptions , le ton naturel, où les détails sont né- cessairement moins saillans que l’ensemble; aussi Gruter et Muratori nous en fournissent-ils des exem- ples multipliés. Mais, sans recourir à ces recueils immenses, du moins pour les inscriptions latines, qu’il me soit permis de citer ici une pierre sépul- crale que j’ai toujours admirée, dont la première découverte est due à M. Joseph de Seytres-Caumont ; ses expressions affectueuses ,naïves et modestes exci- tent jusqu’à l’attendrissement. Ce tombeau se voit aux Angles, petit village du Languedoc, à un quart de lieue d'Avignon, il sert d’auge à la fontaine du château ; on y lit ces mots que j'ai transcrits moi- même : CUPITIAE FLORENTINAE CONIUGI PIAE ET CASTAE D IANUARIUS PRIMITIUS A MARITUS, QVALEM PAUPER TAS POTUIT MEMORIAM DEDI. « Aux manes de Cupitia Florentina, épouse pieuse, « et Chaste. Januarius Primitius, son époux. Je lui « ai consacré un monument tel que me l’a permis ma « pauvreté. Quelle douceur , quelle énergie dans ces dernières paroles QUALEM PAUPERTAS POTUIT MEMORIAM DEDI , elles expriment tout à la fois avec une sim- plicité touchante et sublime (3) la tendresse , estime (3) Le marquis Maffei a publié, dans son Museum Veronense, une inscription trouvée dans le Véronois, qui présente la mème idée, . Tnscriptions galantes grecques. 157 et la douleur ; je les regarde comme le chef-d'œuvre du sentiment, Est-il un homme sensible qui ne pré- fère cette obscure épitaphe à ces éloges pompeux des tombeaux des grands, où les éclairs de l’hyper- bole et de l’antithèse se succedent ayec rapidité, et où , ce qu’on peut encore moins excuser, la vérité, toujours si respectable, est ordinairement si peu re- spectée. Il en est de même des inscriptions publiques de l’antiquité, comparées à celles de nos jours ; heu- reusement pour la certitude de nos connoiïssances, les histoires modernes ne se fondent pas sur les in- scriptions , tandis que l’histoire ancienne ne connoît pas de preuves plus authentiques que les marbres. Quelque frappant que soit le ton de simplicité qui rèune dans les inscriptions romaines, jose avancer que les grecques sont encore plus simples et peut- être plus expressives ; soit que cette langue , la plus riche.et la plus feconde qu’aient jamais parlé les hommes, rendent avec plus de facilité les charmes de la nature, soit que le beau climat de la Grèce, et la finesse d’esprit de ses habitans aient influé sur la préférence donnée à ce goût , il est certain que leurs monumens publics et privés s’annoncent avec des expressions naives qui paroissent toucher à la négligence , mais qui sont dictées par la force du sentiment. L’anthologie grecque , dont il seroit à mais exprimée bien plus foiblement , quoiqu’avec simplicité : on y lit sous des abréviaions effrayantes : M. D. Merci Conceneti Marcel- lini Marcus Congius Justinus, si major auctoritas patrimoni mei fuisset, ampliori titulo te prosecutus fuissem, piissime pater. Museum Veron. cxLvir. 2. ’ ' L'2 | 158 Palæographie. souhaiter qu’on donnât un recueil, accompagné d’un traduction complète qui nous manque ; les marbres d’Arundel et de Selden, quelques-uns de ceux du roi, publiés en détail dans divers ouvrages; ceux enfin que nous devons à Chishull et à d’autres au- teurs ; tous'ces recueils d'inscriptions nous en offrent une foule d'exemples. La vérité ‘seule y est exprimée sans ornement, sans apprêt, et comme sans prétèn- tion; tout y est marqué au coin du sentiment et de la nature. Ces réflexions, auxquelles j’ai peut-être donné trop détendue, et que je prie de me pardonner, m'ont conduit à l’examen de quelques monumens grecs, d’une rareté extrême, dont le principal mé- rite consiste en cette naïveté; Je m’en occupe d’aü- tant plus volontiers, qu’ils paroïssent avoir été jus- qu’à présent négligés par tous les antiquaires. Ce sont des pierres gravées en relief, ordinairement des agates, où on lit un propos de galanterie, qui néan- moins ne présente rien d’indécent ni de licentieux. Celle de mon cabinet est de cette espece, c’est une agate de deux couleurs , formie ronde , diamétre un pouce, où l'artiste a profité de Ja partie blanche pour en faire sortir d’un fonds à demi-transparent l'inscription qui suit : AETOTCIN ABEAOYCIN AETETECAN OY MEAI MOI pro péass CY +IAEI Me CYN+HEPI COI pro œum@épei Inscriptions galantes grecques. 159 « ls disent ce qu’ils veulent, laissons-les dire, peu « m'importe; vous, aimez-moi, vous vous en trou- verez bien.» Dicunt guod libet, dicant, non curo ; tu ama me, hoc tua refert. Cette pierre fut d’abord connue de Raphaël Fa- bretti, qui, si je ne me trompe, est le seul qui J’ait publiée dans son recueil d'inscriptions ; il la donne sans citer la ville d’Italie où elle se trouvoit, d'apres une collection qu’il connoissoit sans doute, in achate , penes cl. v. Michaelem Capellarium (4). Quoique cet auteur en fournisse une traduction la- tine très-correcte , il n'a pas lu la troisième ligne avec son exactitude ordinaire; il y trouve A ET €- TwCI, mot qui, dans cette phrase, ne présente qu’une idée incertaine , au lieu de AETET&CAN, troisième personne du pluriel de l'impératif que le sens exige, et qui se lit en effet sur le monument. De ce cabinet d’Italie, cette gravure antique fut transportée à Paris, et y fut acquise par M. le marquis de Calviere, homme d’esprit et de goût, qui joignoit aux Connoissances les plus étendues, le mérite rare de n'être pas superficiel; c’est par la générosité de cet ami respectable , qu’elle enrichit aujourd’hui ma petite collection. On ne peut pas douter que ce ne soit ici un gage de tendresse entre deux personnes qui s’aiment, une passion ne sauroit s'exprimer avec plus de naïveté, rien n’est plus simple ni par conséquent plus dans le goût des Grecs ; ils affectoient , ce semble, de mettre 1e 4) Rarx, Fasnstri Jnsc. antig. explicerio, 656, 254 160- Palæograplie. surtout c.tte ingénuité charmante dans de petits monumens qu’ils aimoient à multiplier; en effet, si les pierres d’un certain volume , qui portent, comme celle-ci, un discours entier et.complet, sont infiniment rares , il est très-commun de trouver de petites pierres gravées , propres à étre montées en bague, avec une inscription galante en deux ou trois mots , telles sont ces onyx ou ces agates, où l’on voit tantôt en creux, tantôt de relief, KAAH CE dI1Aw, belle, je vous aime; ZHCAIC AKAKIN pour éxæxos, vivez heureuse; CIPIA KAAH, belle Siria; AEYTKAC KAAE XAIPE, bon jour, beau Leucas; et une infinité d’autres (5) que je supprime, qui toutes , sans exception , parlent un langage tou- jours expressif et toujours simple , celui du cœur. L'inscription que j’explique nous laisse dans une incertitude dont ses auteurs ne se doutoient pas : est-ce un homme qui parle, est-ce une femme? La valeur grammaticale des termes de la pierre s’ap- plique également au masculin et au feminin. J'avoue que je suis porté à croire que c’est un aveu dont une jeune fille sensible et légère veut favoriser son amant : si en effet nous consultons les mœurs et les bienséances de tous les siécles, il ne paroît pas qu’un homme épris se permette , sur ce point, le plus léger soupcon, de crainte pour sa propre réputation, moins encore qu'il ait l’indiscrétion où l'impertinence de dire à une fille : ZZ vous importe de m’aimer , ce seroit sans doute le moyen de ne (5) On trouve surtout plusieurs inscriptions grecques de ce genre, dans les Gemmæ antiquæ litreraræ de Ficoronr, Romæ. 1755. In-4.° rien Tascriptions galantes grecques. 161. rien obtenir; d’ailleurs, la richesse même du mo- nument suppose une délicatesse de galanterie qui ne s’accorde pas avec ce rustique propos. Mais une jeune imprudente, sous l’impérieuse tyrannie d’une passion , peut tres-bier s’oublier jusqu’à dire à celui qu’elle aime : Il court, je le sais, des bruits sur mon compile, Asa & Séneon; je n’en fuis aucun Cas, jene crains point les traits que me porte la censure, Zeyerüoar, 8 pihe pol, VOUS, IMEZ - MOL (OUJOUTS > votre ardeur sera récompensée ; où Qiaë pi, mug@epei gi. Ce propos, dans la bouche d’une femme, n’est que foiblesse ; tenu par un homme, il devient lâcheté, indécence , grossièreté. Sans citer le farouche Juvénal, combien d'exemples Anacréon et Horace ne nous offrent-ils pas d’une liberté semblable. La pierre de bague indiquée ci-dessus, Aévxas xäxe vase , bon jour beau Leucas, vient à l'appui de cette probabilité, on y entrevoit des avances , permises ou tolérées chez leganciens ; dans un sexe à qui nos mœurs interdi- sent même d'en écouter; quoi qu'il en soit de cette conjecture à laquelle je n’attache aucune importance, Je trouve dans les expressions naives du petit mo- nument de mon cabinet, un germe de cétte fran- chise provençale , incontestablement d’origine grec- que (6) qui plait à tout le monde, et que personne ne peut imiter, 1] falloit que cette formule d'exprimer son indif- Férence pour l'opinion publique, füt tres-usitée chez les anciens Grecs , puisque nous la trouvons mot (6) Ce mémoire étoit destiné à l'Académie de Marseille, Tome I, L 162 Palæographie. pour mot dans d’autres monumens qui ne tiennené même point à la galanterie ; M. le comte de Caylus, dont l’amitié me fut si chère, et dont la perte a été aussi nuisible aux monumens antiques que les injures du temps , rapporte une agate de cette es-: pèce dans Je 2.e volume de son recueil; elle ne porte que les quatre premières lignes de la mienne : AE TOYÇCGIN A O@E2OYCIN AETET CAN OT mEAEI mOI Je ne dissimulerai pas que cette rigoureuse identité d'expressions me fit croire , à la première vue, que ce n’étoit qu'une copie de ma pierre dont les deux dernières lignes avoient été supprimées dans la plan- che (7) de l'ouvrage imprimé ; mais après un examen réfléchi, je m’assurai , soit par la différence des diamètres des deux pierres, soit par la variété de la forme de certains caracteres, surtout du #, qu’il s’agissoit de deux monumens différens ; aussi cet illustre auteur , qui l’avoit sous les yeux, y trouve- t-il un apophthegme de Ja morale stoicienne, et il observe avec raison que cette inscription (8) renferme une sentence qui peut servir de devise à quiconque se pique de philosophie. Martial semble avoir en vue (7) Rec. d'Antiq. 1. 11, pl. 5r, fol. vers.— La mème inscription a étè donnee depuis , d'après un autre monument, dans le tome I. Her culanensium voluminum, MNeapoli, 1793. In-fol. p. 21 de la pré- Face. (8) dbid. p. 158. { < Inscriptions galantes grecques. 163 cette maxime dans l’épigramme à Julius de son neu- vième livre , je n’en citerai que les deux derniers vers: Rumpitur invidié, quod amamur , guodque probamur : Æumparur : quisquis rumpitur Envèdié (9). Je reviens à mon sujet : quoique les pièces de comparaison , pour les monumens d'une galanterie décente et naïve, soient assez rares dans l’antiquité, nous ue laissons pas d’en trouver quelques-uns qui peuvent servir d’appui à la pierre que je viens de citer. à Gruter rapporte une agate de ce genre du cabinet Me Fulvius Ursinus , dont l'inscription lui avoit été communiquée par Rigault ; elle fut d’abord pu- bliée à la page 843 du corpus inscriptionum antiqua- rum , mais avec des défectuosités qui ne permettoient qu’à peine d’y trouver un sens; Rigault la restitua d’après le monument même , qui, sans doute, ävoit passé entre ses mains, et Gruter la donna de nou- veau à la page 1158 du même ouvrage, avec une nouvelle correction(1o)que je ne saurois adopter. Sans relever une erreur toujours excusable dans un auteur (9) Marrraz. Epigr. IX, 9g. (10) Janr Gaur. Corp. inscr. antig. p. 1158. Ce savant homme fit Tô050y PA paiséis au lieu de 005 0V puonbeins du monument; peut- être a-t-il cru devoir corriger ce vers, qui, avec pimbéins, semble porter une syllabe de trop; mais il auroit pu se souvenir que la pro- noncialion attique contractoit et unissoit souvent deux syllabes , licence, si c'en est une, qu'Homère s’est permise assez fréquemment. Voyez V'inscr, à Ja page suivante, L à 164 Palæographie. aussi justement célèbre , je donne l’inscription d’apres la leçon de Rigault, : EI HE PIAOYNTA @IXEIC AICCH XAPIC EIAE WE REICEIC pro pieis TOCCON #mEICHOEIHC pro pirnbsins OCCON ElTw CE @law Si vous me rendez amour pour amour, j'ÿ trouve. un double motif de reconnoissance ; que si vous me haïssez, puissiez-vous être autant haïe que je vous aime. Ce sont les paroles de l'amant. Je Féerecte que ma traduction françoise pe sente ni le laconisme ni les graces naïves de l’ori- ginal grec; il sera mieux peut-être de rendre cette inscription en latin pour les lui conserver , au moins en partie : . Si me amantem amas, duplex gratia,, si ver me odisti, tantüm sis aliis invisa , quantüm es mthi cara. Ce distique grec, auquel je donne hautement Ja préférence sur l'inscription de ma pierre, quoique dans le même goût et probablement du même temps, se distingue surtout par une simplicité naïve, élé- gante, énergique; rien n’est plus original que le souhait qu’il contient, pour imprimer l’idée de la force d’une passion ; nos romanciers n’auroient pas manqué d’en profiter , s’ils n’avoient pas eu de bonnes raisons de se passer des modèles de la Grèce. Je doute que l’antiquité nous ait laissé un monument où le sentisent se peigne avec d'aussi vives Couleurs. Inscriptions galantes grecques. 165. Je trouve dans le même Gruter, p. DCCCXLIII. 5. une autre inscription sur onyx, tres-propre à figurer à côté de la précédente ; celle-ci , qui étoit à Rome, apud D." Salignæum, présente indubitablement la for- me du dialogue, ce qui lui donne un mérite particulier: EI DIAEIC AKOAOUOEI OT DIAw MH #AANo ÿorsan pro mharéo _NOw AH + pro yvo@ KAI. rEAa@ L'amant dit : S5 vous m’aimez | venez avec moi, « Quncis axonsbes ; la fille répond : Non, je ne vousaime point, je ne veux pas vous tromper. & QiAS , un Aa (11), le jeune homme réplique comme par dépit : Je m'en apércois bien, et j’en ris , yrod dé roj vera. Je ne puis m'empêcher de regarder cet agréable colloque comme une bouderie courte et très - peu sincère entre deux personnes unies, dont le cœur est également pris ; is amore , dit Horace (12) d’a- près Térence (13), hæc sunt mala, bellum — pax rursüm. L'homme témoigne son empressement, la femme feint de s’y refuser ; le premier se venge aussi- tôt en l’assurant du peu de cas qu’il fait de cette (11) On peut aussi l’appliquer à l’impératif passif, x'y soyez poine trompé. (12) Horar. sat. 3, lib. 2, vers. 267. (TPS see In amore hæc omnia insunt vitia : Tnjuriæ , suspiciones, inimicitiæ , induciæ, Bellum , pax rursum. Treeenr. Eunuch. act. 1, sect, 1, v. 14 166 Palæographie: indifférence; c’est de part et d’autre une petite ruse très-usitée et souvent utile. Le ton du dialogue donne plus de mouvement et de grace à ce petit dé- mélé. C’est ainsi qu'Horace, dans l’ode 9. de son IL: livre a préféré le dialogue pour une querelle semblable , et je suis persuadé qu’il l’a imitée ou même empruntée des Grecs (14). On sait que cette ode à Lydie donec gratus eram tibi, etc., la plus parfaite de celles de ce poète , faisoit dire à un auteur d’une vaste érudition : Qu'il aimeroit-mieux l'avoir faite que d'être roi d'Arragon (15), par allusion, sans doute, à ces mots de la même ode, Pérsarum vigui reÿe beatior. Le dernier monument de cette espèce que nous fournit Gruter, d'apres Rigault , donne le même sens ; et suppose également un dialogue ; les expres- sious en sont exactement semblables à celles de la pierre précédente, si ce n’est qu’on y lit 8x7 au lieu de ywë ce qui ne change point l’idée, et que les deux premières lignes y manquent. Elle porte sur une agate (16) OY +iaw MH HAANa& BAt:t7& AE KAI TEA (14) M. Poinsinet de Sivry a prétendu prouver que cette belle ode étoit traduite du grec d’Alcée ou d’Alcman. Voy. son Horace, Paris, Lacombe, 1777. (15) Juzes Scarcer. . . . MMalim composuisse quam esse totius Tarraconensis rex. Poët. lib. 6, cap. 7, (16) Gaurer, p. 1158. Inscriptions galantes grecques. 167 Je ne vous aïme point, ne soyez pas dans l'erreur ; réponse : Je le vois bien , et je m'en console (17). Il seroit inutile de s’occuper davantage de cette courte inscription de galanterie, le monument qui précède en fournit suffisamment l'explication. C’est de même une brouillerie d’un moment, qui fait es- pérer une réconciliation encore plus prompte, J’ob- sérverai seulement que dans celle-ci le @ a la forme d’une croix +, comme dans la mienre ; l’époque de ce caractère , ainsi exprimé , est indiquée dans les ana- lecta græeca de M. de Villoison (18), p. 165 du 2.° vol. , d’après quelques médailles publiées par Haym, dans le Tesoro britannico (19). L'inscription d’A- myclée qui, quoique sans Boustrophedon , est une des plus anciennes du monde (20), expliquée par Pabb£ Fourmont, dans le 15.° vol. des mémoires de l’Académie des inscriptions (21) prouve de même (17) L'abbé Venuti, dans sa discussion sur quelques agates grec- ques recueillies par Gruter, n’a pas manqué de citer celle-ci, qui se trouve dans le cabinet du marquis Vettorio : on y lit cependant Now au lieu de BA € I1w, comme dans la précédente, ce qui ne change point le sens. Venuti en rapporte en même temps une auire d'une galanterie également ironique : OY @lae CE HAAm&C non amo te nullatenus. C'est, selon moi ,:un jeune fille qui tient ce propos de coquetterie ; elle auroit dit en francois ;: non, je ne vous aime pas du tout. Voy. Ficonont, geman. antiq. litter. p. 52. Edi- tione jam ciraté. , (8) D'Ansse pe Virrotson, Analecte græca, il. 1l, p. 165. (19) Tes. brit. p. 99. Edit. Lond. 1718. (20) On le juge de 1500 ans avant l’ère chrétienne, (21) Mémoire de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, & XV, P- 397, pl. 2 L 4 168 Palæographie. que la forme € et c de l’epsylon et du sigma, que, portent nos pierres, remonte à la plus haute anti- - quité (22). Je pourrois, en parcourant les charmantes odes d’Anacréon , multiplier les citations analogues à la pierre qui m'occupe ; les expressions naturelles, dé- Jicates et séduisantes de ces petites poésies se re trouvent à chaque ligne ; l’agrément et la finesse de la pensée y disputent sans cesse avec la manière riante de l’énoncer; ces odes présentent toutes sans expressions et sans choix, des tableaux piquans de la plus vive fraicheur, coloriés par la nature même. J'y vois les paysages de l’Albano et les fêtes de Wat- teau. L’Anthologie grecque tirée presque toute, comme on sait , des pierres antiques, pourroit ausst me fournir un grand nombre de pièces dont la lé- gereté, les graces et la finesse forment le caractère, et qui, si elles ne sont pas de la même force, ont du moins la même naïveté ; mais je m’abstiens de ces détails qui me mèneroient trop loin, et qui m’é- loigneroient en quelque sorte du sujet que je traite; cette réserve très-fondée m’engage aussi à supprimer des discussions grammaticales, qui sont toujours fastidieuses, et des remarques sur les dialectes, qui peut-être le deviendroient encore plus. I suffira d'observer que le dialecte attique , qui domine dans ces inscriptions, permet de soupconner qu’elles fu- reut faites à dthènes même. (22) Voyez aussi, sur l’antiquité très-reculée de la forme de ces lettres , le superbe recueil des vases étrusques de M. Hamilton, L 1, p» 1635. Naples, 1766, Inscriptions galantes grecques, 169 La vraie destination de ces objets de plaisir et de luxe n’est pas aisée à déterminer. Ceux d’entre les au- teurs qui nous ont transmis le plus de détails sur les usages de la Grèce, ne parlent point de ces pe- ites inscriptions; on est forcé, pour suppléer à ce silence, de s’attacher à des rapports, à des analogies que nous fournissent d’autres monumens de l’anti- quité. Nous trouvons chez les anciens des tesseres d’hos- pitalité, des pièces particulières qui donnoient entrée aux bains, aux festins et surtout aux jeux ; des marques distinctives pour différens colléges d'ouvriers ou d’ar- tistes ; Tomasini (23), Pigaorius (24), Kirchmann (25) et Gorlée (26) en ont publié ua grand nombre dans leurs différens traités ; pourquoi nous refuse- rions-nous à croire que la pierre décrite fut autre- fois une tessere érctique, tessera amaloris , que sais- je ? Peut-être étoit- ce la cloche du rendez - vous. * Les jeunes gens des deux sexes ont pu imaginer, à limitation des tésseres connues, un bijou plus galant , plus riche, et sans doute mystérieux, pour inspirer ou pour entretenir une passion chérie ; ce- lui-ci dut peut-être son existence à lillusion d’un songe , à l’idée chimérique de la vertu d’une amu- Jette, au délire d’une imagination séduite-par la rencontre d’un présage interprété favorablement. Les mots de l'inscription pouvoient rappeler un propos (25) Jac. Phil, Touasnus, de Tesseris hospitalitatis. (24) Laur. Préxonus , de Servis. (25) Joan. Kircumaxn , de Annulis. (26) Abrah, Gorvar, Dectyliotheca. 170 Palæographie. tenu, ou s’expliquoient par la convention antécé- dente d’un téte-à-tête. L'amour a eu dans tous les siécles et chez tous les hommes, ses mystères, ses ruses, son adresse, ses expédiens. Quant à l’usage personnel et journalier de ces agates , c’est à l'em- pire de la mode qu’il faut recourir : on les portoit en bague ou sur un bracelet, ou bien on les tenoit enfermées , avec une secrète complaisance , de même qu’on cache aujourd’hui un portrait recu. De nou- velles questions sur cet objet deviendroient super- flues ; je ne fais que soupçonner, et l’on sait qu'il y a loin du soupçon à la conjecture , et plus loin encore de Ja conjecture à la conviction. Qu'il me soit permis, en finissant, de faire quel- ques réflexions sur l’art admirable de la gravure que nous avons sous les yeux ; il indique l’époque des plus beaux temps de la Grèce; les artistes savent combien-la dureté des pierres, le relief des formes, et surtout les lignes droites présentent de difficultés à vaincre au {ouret, cependant rien n’est plus parfait que Ja forme des lettres de ce petit monument; elles sont vives, franches, bien à-plomb , espacées avec soin , très-évales et très-nettes. Je doute que nous ayions aucune inscription grecque, dont Îles caractères soient d’une plus belle exécution. Nous devons même nous étonner qu’une frivolité de cette espèce, qui ne pouvoit être qu’un objet de luxe ou d’amusement, ait été travaillée avec tant de soin malgré tant d'obstacles. M. le comte de Caylus con- jecture que des ouvriers particuliers se destinoient uniquement à la gravure des lettres sur ces sortes Inscriptions galantes grecques. 171 de pierres ; j’adopte cette idée d’autant plus volon- tiers, qu'il est difficile de se persuader que les ar- tistes célèbres, tels qu'Aulus, Solon, Dioscoride, dont nous adinirons les chef-d’œuvres , aient profané, pour ainsi dire, leurs talens, par un genre dé tra- vail dans lequel le génie est nécessairement enchaîné, B,1:0 ,G.R.A P.EL.I E. NOTICE des ouvrages de M. D'ANVILLE, premier géographe du roi, membre de l'4- cadémie des inscriptions et belles- lettres , et de l’Académie des sciences de Paris, de celle des sciences de Pétersbourg, de la Société des antiquaires de Londres , et se- crétaire ordinaire de M. le duc d'Orléans ; précédée de son éloge. Paris, chez Fuchs, libraire, rue des Mathurins; Demanne , à la Bibliothéque nationale. De limprim. de Delance. An x (1802). In-8.° de 120 pag., Prix, 1 fr. 80 c., et 2fr. 25 c. par la poste. D srvis longtemps on desiroit une notice exacte et détaillée des Œuvres de d'Anville. C’est pour remplir ce vœu du public que le C. Barbié du Bo- cage, le seul élève de ce grand géographe, et le C. Demanne, se sont décidés à publier celle que 172 Biographie. nous annoncons. Ils y ont rassemblé les notions les plus étendues qu’il étoit possible de recueillir sur les ouvrages de M. d’Anville. Ils ont feuilleté toute la collection géographique du ministère des rela- tions extérieures, dont le fonds est celle que ce géographe avoit formée lui-même ; ils ont examiné tous les manuscrits et les dessins qui sont restés entre les mains de ses héritiers, et ils ont consulté les personnes qui counoissent le plus ses ouvrages. Les auteurs de cette notice ont tâché de la rendre ‘à la fois intéressante et utile : 1.° en indiquant dans le catalogue des cartes gravées, autant qu’ils ont pu le savoir, les ouvrages particuliers auxquels ces cartes sont attachées, et pour celles de son fonds, en marquant les changemens successifs que M. d’An- ville y à faits souvent et à diverses époques. Lors- que l'indication de l’année a quelque incertitude , elle est renfermée entre des parenthèses. Les auteurs observent cependant que ces dates ne peuvent diffé- rer que de tres-peu des véritables, et qu’elles ne peuvent, en aucune manière, empiéter l’ane sur l'autre. Quelquefois ils ont rapporté les motifs qui ont engagé M. d’Anville à dresser ou à suppriner telle ou telle carte. 2.° Dans le catalogue des ou- vrages imprimés, ils ont désigné les cartes qui doi- vent accompagner chaque ouvrage ou chaque mé- moire ; en sorte que, par cette indication, on saura facilement si on a chacun des ouvrages de d’Anville complet. Ces deux catalogues, de ses ouvrages imprimés et de ses cartes, sont précédés de l’éloge de d’Anville D’ Anville. 173 Fait par le C. Dacier, ancien secrétaire - perpétuel de P Académie des inscriptions et belles-lettres , éloge qui est inséré dans le XLV.® volume des Mémoires de l’Académie , et qui peint parfaitement l’homme, et donne une juste idée du géographe. C’est pourcette raison qu’on l’a préféré à celui composé par Condor- cet, qui se trouve dans les Mémoires de l'Académie des sciences, mais qui ne donne qu’une idée peu juste et fort incompiète de la personne de d’An- ville , de ses longs travaux et de tous ses ouvrages. Cette natice coit en même temps servir de pros- pectus d’une édition suivie, et de même format de tous les ouvrages imprimés de d’Anviile, et des cartes qui y sont annexées. Le peu d’étendue de quelques-uns de ces ouvrages, et surtout le petit nombre d’exemplaires que l’auteur en a fait tirer, ‘en rendent la réunion très - difficile, et plusieurs même ne se trouvent plus depuis longtemps dans le commerce. La nouvelle édition qu’on se propose de donner sera de format in-4.°, avec un atlas grand in-fol. Le texte formera six volumes de 6 à 700 pages cha- cun, imprimés en caractères cicéro , sur papier carré d'Angoulême ; et l’atlas, contenant les 62 cartes qui ont rapport à ce texte, sera tiré sur papier co- Jlombier fin. Tous les ouvrages seront distribués dans un ordre géographique et commode à consulter. À la fin de chaque volume se trouvera une table des matières. Cette édition sera au surplus enrichie de plusieurs mémoires ‘intéressans qui sont restés manuscrits, 1wA Biographie. ainsi que de quelques cartes qui n’ont pas élé gra vées jusqu'a présent. La partie typographique sera, pour le moins, aussi soignée que celle des anciennes éditions; quant à l'exécution des cartes, elle sera confiée aux plus habiles graveurs en ce genre ; ce qui leur assurera le même degré de supériorité que l'on remarque dans celles que M. d’Anville a fait graver lui-même. Cette édition , publiée aux frais du C. Demanne, sera revue par lui et par le C. Bar- bié Dubocage, le seul élève qu’ait fait M. d’An- ville. L Pour commencer cette édition , on ne demandes aux souscripteurs aucune avance de fonds ; maïs un simple engagement de prendre un ou plusieurs exem- plaires ; aussitôt qu’on entreverra la possibilité de couvrir les frais, on donnera le premier volume du texte, avec la partie correspondante de Patlas. Les autres volumes suivront sans retard. Chaque livraison sera de 25 francs pour ceux qui auront souscrit, et de 30 franes pour ceux qui n’auront pas souscrit. La liste des souscripteurs sera imprimée dans l’ordre de leurs souscriptions ,; et les épreuves des cartes leur seront délivrées dans le même ordre. On tirera 30 exemplaires sur papier vélin. On s’inserit à Paris, chez le C. Demanne, maison de Ja Bibliothéque nationale , rue neuve des Petits- Champs, n.° 11, où l’on peut se procurer les cartes et les livres de d’Anville, marqués d’un astérisque dans cette notice , qui composent son fonds, et qui se vendent séparément chez le C. Demanne. Les lettres doivent lui parvenir franches de port. D’ Anville. 179 Les souscriptions seront aussi reçues chez les prin- cipaux libraires de l'Europe, chez lesquels se trouve également cette notice. Pour donner à nos lecteurs une idée de la ma- nière dont elle est rédigée, nous joindrons à cette annonce quelques articles extraits du catalogue des cartes et de celui des ouvrages imprimés. …"N.° 56. Plan de la ville de Jérusalem ancienne « et moderhe (1747) (1) ; 1 pouce 2 lignes ? pour 100 « toises ; une feuille de 11 pouces de hauteur sur 9 £ “ de largeur. = Ce plan a été dressé par M. d’Anvilie pour sa « Dissertation sur l'étendue de l'ancienne Jérusalem « et de son temple qu’elle accompagne. Voyez ‘au “ catalogue des guyrages imprimés, n.° 16. « “N° 57. (2) Ad antiquam Indiæ geographiam « 1abula , 1765. “ Cinq lignes au degré, une feuille de 17 pouces « de hauteur sur 14 de largeur. « C’est par erreur du graveur que cette carte porte “ la date de 1765 , elle est de 1775, comme l’ou- - vrage de l’Antiquité de l’Inde auquel elle est at- « tachée. Cette carte entre dans l’édition in - folio « dela Géographie ancienne abrégée de M. d’Auville, « indiquée au catalogue des ouvrages imprimés, n.° “ 26, ainsi que dans son ouvrage intitulé : Antiquité (x) Ia été observé plus haut qu'il ÿ a quelqu'incertitude sur les années enfermées dans des parenthèses. (2) Les cartes et les ouvrages dont les numéros sont marqués dans pour accroître également “les deux prix. DST nn re QT à Nouvelles littéraires. 201 La Société médicale voulant éviter des vices qu’elle a cru remarquer dans le mode ordinaire de distribu- tion des prix, a arrêté qu’elle choisiroit chaque année dans son sein une commission composée de neuf membres, pour juger les mémoires envoyés au con- cours , et que les noms de ceux qui doivent la com- poser seroient inscrits dans le programme des prix qu’elle propose. Conformément à cette décision , les membres de la commission , nommés pour décerner celui de l’an x1, sont les CC. BARTHEZ , médecin du gouvernement ; FouquET , GouaAn, Dumas, V. BROUSSONET , professeurs de l’école de médecine de Montpellier ; + Faces, ancien chirurgien en chef de l’hôpital mi- litaire de Montpellier; PRUNELLE, ancien médecin de l’armée d'Orient ; CA1ZERGUES , médecin de lhospice de la charité de Montpellier ; LORDAT ainé, médecin en chef de l'hôpital de force de la méme ville, et secrétaire perpétuel de la Société. * Fait dans la séance ordinaire de la Société du 30 floréal an x de la république. Dumas, président ; F AGES , vice-président ; LoRrDAT , secrétaire perpétuel. PA R LS. Athénée des Etrangers. L’Athénée des Etrangers a tenu une veillée des muses, le 16 prairial, à 7 heures. Voici quel a été ordre des lectures: 12 Epilre à la critique; par le C. LANTIER. 252 Nouvelles littéraires: 2.° Les Tombeaux , poème, par le C. ***. 3.° Le Chien, vice-roi, conte, par le C. ***. 4° Une Fable, par le C. Luce DE LANCIVAL, 5° L’Imitation de quelques odes galantes d'Ho- race , précédée d’une notice sur les deux genres de poésie lyrique, adoptés par le poète latin, par le C. LACHABEAUSSIÈRE. 6.° Le premier chant d'Achille à Scyros , poème, | par le C. Luce DE Lancivar. 7° Encore une visite |; poème nouveau , par le C. VIGÉE. Société philotechnique. Séance publique du 10 floréal an 10. Le C. HARLEVILLE présidoit cette séance. Le C. LAVALLÉE, nouveau secrétaire perpétuel, a fait le tableau des travaux de la Société pendant le trimestre qui venait de s’écouler. Depuis trop peu de temps en fonctions pour avoir pu se livrer à l’a- valyse des nombreux ouvrages envoyés à la Société, il s’est borné à les indiquer , ainsi que ceux que ses collégues avoient publiés. Le C. GAUTHEROT a lu des observations acous-, tiques, desquelles il résulte que les plus impercep- tibles vibrations données au fil de fer , sont entendues par les sourds ; expérience que l’on peut faire, en se bouchant les oreilles. Le C. GuicHARD a déclamé une traduction libre, en vers , de quelques fragmens des V’eillées du Tasse: Le Tasse, prêt d’être couronné au Capitole, :ex= prime son amour pour une grande princesse, dont , Nouvelles littéraires. 253 il pense que son triomphe le rend légal, Le C. Guichard a mis beaucoup de verve et de chaleur dans sa traduction. Le C. LEGRAND, qui cultive avec un égal succès architecture et les lettres, a succédé au C. Guichard, pour lire une traduction libre en prose, de deux . chapitres du Songe de Polyphile, ouvrage très-ori- ginal et peu connu, d’un moine italien du r4.° siécle. Nous avons déja eu occasion de parler de cet ouvrage. Le C. CociIN-HARLEVILLE a terminé la séance par la lecture d’une pièce de vers, intitulée : Une Journée de Paris, qu’il avoit déja lue à la séance de l’Institut national. Cette pièce a été appréciée par tous les gens de goût. C’est un modèle de grace et de facilité. Le C. MANGOURIT a lu des Considérations sur les Enfans trouvés. 1] étoit difficile d’entendre sans atten- drissement le récit. des dangers qui entourent le ber- ceau de ces malheureux orphelins. Ce tableau étoit trace avec vigueur et sensibilité. CORRESPONDANCE. Lisieux, 16 floréal an 10. Au C., MILLIN, rédacteur du Magasin Encyclopédique. Citoyen, le C. Clavier annonce à son ami Co- ray (tr) qu’il a traduit en françois la description deJa (1) Voy. Magasin Encycl. Année VII, 1. VI, p. 22. 204 . Nouvelles litiéraires. Ÿ Grèce, par Pausanias. C’est promettre une jouis- sance bien douce à ceux qui s’occupent encore de la littérature ancienne. Que ne devons-nous pas en “effet espérer des lumières du savant Visconti, qui s’est chargé d’éclaircir, par le moyen des inscriptions , des médailles , des pierres gravées, ce que les des- criptions , quelquefois obscures et trop succinctes/de Pausanias, peuventgaisser à desirer? J'apprends en- core que l’auteur de l’Histoire des Courtisanes grec- ques annonce aussi une nouvelle traduction du voyage historique de la Grèce. Cette concurrence peut de- venir infiniment avantageuse , sous le rapport de la critique. Qu'il me soit permis, à mon tour, de rappeler, à ce sujet, aux amateurs de l'antiquité, qu’en 1789 l’élégant tradugteur des Fastes d’Ovide , l’infortuné Bayeux, proposa par souscription une traduction nouvelle de Pausanias, avec des notes et des rei ; cherches relatives aux arts, à l’histoire, à la géo- L: graphie et à la mythologie. Cet ouyrage, dont le manuscrit existe entre les mains de sa veuve, devoit . former trois volumes grand in-folio, avec figures. Dans le prospectus qui parut alors, Bayeux disoit: M « On ne peut se dissimuler qu’il se rencontre dans ! { « Ja traduction de l’abbé Gedoyn une foule d’inexac- ! | «_titudes et d’infidélités provenues, nous n’oserions dire, de l'ignorance de la langue grecque, mais < du moins, ou de ce que les diverses leçons du texte « n’avoient pas été comparées, ou de ce que la vé- « ritable aéception des mots n’a pas été saisie, ou « enfin de ce que le traducteur n’a pas assez connu LE Nouvelles littéraires. 255 4 les mœurs des Grecs, leurs usages, leurs monu- mens et le fond de leur mythologie. Soyons justes d’ailleurs ; il n’avoit pas les secours que nous avons acquis. « Il manque aussi à cette traduction ce dont son auteur lui-même a senti qu’elle pouvoit difficile- ment se passer : je veux dire un commentaire fait avec le secours des médailles, des inscriptions... 11 étoit encore très - nécessaire de l’enrichir de cartes géographiques , qui présentassent l’itiné- raire exact des neuf provinces de la Grèce que Pausanias nous fait parcourir; de l’image de quelques-uns des monumens qu'il cite; de celle de quelques-autres qui serviroient à rendre plus sensibles , plus agréables et plus utiles la plupart de ses descriptions ; enfin de médailles et de pierres gravées, propres à faciliter lintelligence du texte. « Ce travail en exigeoit un autre non moins in- dispensable ; il falloit ajouter à la description de Pausanias celle de l’état actuel de chacune des con- trées où il nous conduit, c’est-à-dire, emprunter des meilleurs voyageurs modernes , tels que Spon, Wheler, Pocock, La Motraye, Le Roi, Chandler, Stuart Guis, Choiseul-Gouflier , etc., tout ce qui peut intéresser les curieux et les savans sur la si- tuation présente de la Grèce, et conserver quel- ques traces de sa grandeur’ passée; il falloit dé- crire tous les restes d’antiquité qu’ils ont décou- verts, et les rapprocher de Pausanias. «* Voilà ce qu’exigeoit la traduction de ce voya- geur historien , pour former un monument vrai- 296 Nouvelles littéraires. « ment utile à la république des lettres , et qu’elle « attend depuis longtemps. « Ce monument est élevé ; il l’est sur le plan « qu’on vient de tracer,.... « Le discours préliminaire présentera le tableau « rapide des révolutions de la Grèce, et l’histoire « de l’art dans cette contrée (Les dessins de l'ou- « vrage devoient être faits par Le Barbier l'aîné, « et les cartes rédigées par le C. Mentelle), « Nous devons dire encore, ajoute Bayeux, pour “ satisfaire notre reconnoissance , et pour la recom- « mandation de l’ouvrage que des savans distingués ! « ont bien voulu concourir à sa perfection , par leurs « conseils et leurs propres travaux. Nous citerons « particulièrement M. d’'Hancarville, le seul peut- « être qui ait su marquer la trace des premiers pas « de l’art , et qui, dédaignant l’obscur et trompeur « fanal de la routine , ait osé porter le flambeau du « génie parmi les décombres de l’antiquité.... » Tel étoit le plan adopté par Bayeux, et que se propose également de remplir le C. Clavier. Si la’ mort n’eût abrégé la canière de mon malheureux w ami (2), la France jouiroit de son travail, et saw famille n’en perdroit pas les fruits. Ce sera la se- conde traduction de Pausanias qui restera inédite, car celle commencée par Caumartin n’a pas été pu- bliée. Je regrette que des manuscrits aussi précieux (2) Il mourut en 1792, assassiné à Caen sa patrie, étant procureur- gènéral-syndic du département, au moment où les corps constitués et la garde nationale le conduisoient pour entendre la lecture de l'arrêté qui érdonnoit sa mise en liberté. ne Nouvelles littéraires, 257, Me soient pas déposés à la Bibliothéque nationale, Pour une indemnité convenable, on les sauveroit souvent des atteintes de la barbarie, et linsou- ciance d’héritiers, étrangers aux sciences et aux lettres , ne laisseroit pas souvent perdre ou morceler des ouvrages dont elle est loin de soupconner la va- leur. D’autres peuvent donner à cette idée tous les développemens dont je la crois susceptible. Je vous salue, J. B. C. GRAINVILLE. MAÉ A TRES. THÉATRE FRANCAIS DE LA RÉPUBLIQUE. Le Roi et le Laboureur. Cette tragédie n’a point eu le succès que le nom et les talens de l’auteur donnoient lieu d’esPérer- Juliette et Belcour. Cette comédie, donnée deux jours après , n’a pas f, cu plus de succès. " THÉATRE FEYDEAU. Le Concert interrompu. Cet opéra, donné comme une nouveauté; n’est qu'une pièce des CC. FaviÈères et MARSOLLIER, remise au théâtre. La musique est de LEBERTON. La plupart des acteurs y ont montré des:talens qu’on ne leur connoissoit pas, et ont joué de di-; vers instrumens avec beaucoup de perfection. Ils Tome I. KR 258 Nouvelles littéraires. ont contribué au succès de la reprise de ce petit ouvrage. \ THÉATRE LOUFOIS. Le Pacha de Surenne , ou l’Amilié des Femmes. Un vieux conte, très-connu, a donné l’idée de cette petite comédie en un acte. Trois jeunes filles unies par la plus tendre amitié, ont juré de ne point se quitter. Comme elles crai- gnent que l’époque de leur mariage ne soit en même temps celle de leur séparation, elles écrivent au grand turc, qui a la liberté d’épouser plusieurs femmes , et elles lui adressent ainsi leur lettre: A monsieur le Grand Turc , en son sérail, à Con- stantinople. Cette anecdote a été un peu enjolivée. La scène se passe à Surenne, dans une pension, que beaucoup de monde a reconnue , quoiqu’on ait changé le noin de linstitutrice et le lieu de sa ré- sidence. La lettre des jeunes personnes est adressée à un pacha qui a sa maison de campagne à Surenne. Elle tombe dans les mains de la maîtresse de pen- sion, et celle-ci la communique au jeune homme | qui venoit dela part de l'oncle d’une des demoi- selles pour l’épouser. L’amant prend un costume turc, et se fait annoncer comme le pacha. Bientôt la jalousie s’établit entre les jeunes, compagnes , à quelques préférences accordées par sa hautesse : mais le mouchoir qu il donne à celle qui lui est promise, achève de désunir les trois inséparables, C’est alors Nouvelles littéraires. 209 - que l'amant se découvre, et la pièce se termine. Elle a dû son succès à la gaieté qui y règne. Les auteurs sont les CC. ETIENNE et NANTEUIL. ÉAVRES DIVERS () : BOTANIQUE. ANFANGSGRUNDE der Botanik von E. P: VEN- TENAT, Muglied des franzæsischen National- Instituts und Bibliothekar beym Pantheon , frey übersetzt. Durchaus mit Anmerkungen und Zu- sæizen mit 14 Küpfertafeln; c’est-à-dire : ELÉMENS de Botanique, par E. P. VENTENAT, membre de l'Institut national de France, et bibliothécaire du Panthéon. Traduction libre , enrichie de remur- ques et d'additions ; avec 14 planches. Zürich, chez Orell, Füssli et compagnie. 18c2. . Le traducteur de l'ouvrage du C. Ventenat , est le célèbre Rœmer, professeur de botanique à Zu- rich, auteur du Flora Europæa, des Archives de botanique, etc. Le nom du traducteur répond au mérite de l’ou- vrage, et est un sûr garant de lintérêt de la tra- duction et des observations qui y seront jointes. PH Y2S"E OÙ E: NourEAU TRAITÉ sur la construction et invention des nouveaux Baromètres, Thermomètres, Hy- gromètres , Aréomètres, et autres découvertes de physique expérimentale ; par ASSIER-PERRICAT père, ingénieur | breveté pour la construction des n (1) Les articles marqués d’une * sont ceux dont nous donnerons un » @ntrait, R 2 260 Livres divers. instrumens de physique expérimentale ; suivi des observations météorologiques , faites sur les mon- ” tagnes par divers savans, et par l'auteur lui-même ; avec des tables de comparaison. Paris, chez l’'Au- teur, rue Geoffroy - Lasnier, n° 30, au coin de celle Saint-Antoine ; et chez la veuve Ti/lard et fils, libraires, rue Pavée-Saint- André-des-Ares, n.” 17. An x (1802). In-8.° fig. Prix, 2 fr. bo cent. Le C. Perricat est un des artistes les plus con- nus pour les instrumens de météorologie ; ses tra- vaux et ses recherches ont souvent été approuvés par l’Académie des sciences ; les nouvelles obser- vations qu’il publie, ne peuvent qu'intéresser les physiciens et les artistes; sa méthode, pour con- struire les thermomèires, les baromètres, les hy- gromètres, a élé reconnue comme étant très-inté- ressante , et suivant les termes du rapport fait par Leroy et Lavoisier en 1791. Il annoncçoit une étude approfondie de son art, les connoïssances de phy- sique qui y sont relatives, beaucoup de sagacité, et on jugea utile au progrès de la physique qu’il les fit imprimer. Ses thermomètres pour les bains, ses aréomètres ses expériences sur le salpéte > offrent également un très-grand intérêt ; les commissaires, en l’an 3, « attestèrent qu’il avoit imaginé un moyen utile pour indiquer le point de la cuisson ; et la société du point 1 central des arts et métiers ayant nommé des com- missaires en J’an 9, ils terminoient leur rapport, en M disant que ses travaux ne pouvoient qu’infiniment honorer la société, qui a l’avantage de le compter M parmi ses membres, ét qu’on devoit l’encourager à continuer de concourir au perfectionnement des arts. et des découvertes utiles qui doivent faire l’ornement et la gloire de la république. Ces témoignages suffisent pour faire counoître les travaux du C. Perricat , et pour donner une idée avantageuse de son ouvrage. Il annonce une nou- " velle balance hydrostatique, servant à connoître \ AL f { 4 Livres divers. 261 l'alliage de tous les métaux, et dont le prix va de 150 à 1200 fr. J. LALANDE. ANRT 'MILI TAIRE, à 0 INTRODUCTION à l’étude de l’art de la guerre; ouvrage enrichi de planches et cartes, par DE LA . ROCHEAFMON (1) , capitaine de cavalerie aw service de sx majesté le roi de Prusse , aide-de- camp de son altesse royale monseigneur le Prince HENRI de Prusse. À Weimar , au Comptoir d’in- dustrie, » Non casu, sed arte. PROSPECTUS. Le premier volume, qui doit être considéré comme introduction de tout louvrage, offrira, dans une préface raisonnée, les principes sur lesquels a été tracé et achevé cet ouvrage. Suivra la maniere d’étu- dier la géographie militairement. Si la connoissance de l’ensemble des qualités morales et des forces physiques d’un royaume , que j’ai compris sous le nom de géographie, est indispensable pour déter- miner politiquement et militairement le plan d’une guerre , la topographie, ou science du local, est ab- solument nécessaire pour servir de base aux projets V, d'opération. Deux chapitres sont consacrés à cette _ matière : l’auteur, pour ne rien laisser à desirer, a terminé cet article par un petit dictionnaire de reconnoissance, où il a réuni par lettres alphabé- tiques tous les accidens divers qu’offrent les difFé- rens terreins, et a indiqué comment chaque objet en particulier devoit être reconnu militairement. Enfin, quelques réflexions sur le coup-d’œil mili- taire, ou l’application de la connoissance du terrein à la tactique, acheveront de donner le dernier de- gré de force aux principes déja posés. Un petit traité de dessin militaire , ayec une carte des plus (x) On nous assure de bonne part que cet ouvrage est presqu’en- tiècement de la plume du prince Henri. R 3 262, -\. Livres divers: détaillées des caractères qui y sont propres , termi- nera ce premier volume. Telles sont les connois- sances préliminaires que l’auteur a jugé nécessaires de réunir dans cette première partie, pour pouvoir mettre à même de lire avec plus de fruit le reste de l’ouvrage, x Le second volume contiendra quatre livres. Le I. livre, de Partillerie, sera divisé en trois sections ou chapitres. Les deux premières sections; entièrement consacrées . au matériel de Partille- rie, ne parleront que du mécanisme et du tir de chaque bouche à feu en particulier, ensuite des travaux de lartillerie comme construction'de bat- teries, sapes , établissement de ponts; dans le troi- sième et dernier chapitre , je réunis tout ce qui est nécessaire à la composition d’un pare d’artillerie, j’analyse la tactique et l’emploi de cette arme dans toutes les occurrences défensives et offensives d’une campagne. IL° livre , de linfanterie. Après avoir analysé rapidement ce qui a rapport au matériel de l’art, c’est-à-dire au dressement du soldat, on passera à Ja formation de la troupe , à ses mouvemens, enfin à ses manœuvres. La fin de ce livre sera consacrée au service de l’ënfanterie légère. L'auteur y détail- Jlera les nuances qui la différencient de l'infanterie de ligne, et indiquera les occurrences et la manière de s’en servir le plus avantageusement. III. livre, de la cavalerie, On suivra dans l’ana- lyse du service de la cavalerie , les mêmes principes qui ont dirigé celle du service de l'infanterie. L’au- teur n’a point la présamption de vouloir enseigner, encore moins de réformer, mais d’offrir dans un ‘ ensemble les vérités fondamentales propres à cha- que arme, telle qu’elle est aujourd’hui; vérités indépendantes des divers réglemens particuliers à chaque nation, et que l’on doit suivre constami- ment, quelle que soit la différence des moyens pour y paivenir. 1V.° livre, la science des détachemens , où de le \ Livres divers. 263 petite guerre. Dans ce livre on a essayé de rassem- bler toutes les connoissances nécessaires à la cor- . duite des détachemens, depuis la moindre patrouille jusqu’à des corps composés de diverses armes. Le mécanisme des diverses espèces de troupes, étoit ‘une introduction indispensable à l'étude de ce cha- pitre. La guerre étant un état continnel d’attaque et de défense , la tactique et la fortification forment ses deux principales divisions. Leur étude approfon- die est la base nécessaire de la grande tactique. Après avoir consacré le premier volume à la tac- tique , :l étoit naturel de consacrer le second en- tièrement à la fortification , avant de passer aux grandes opérations de la guerre ; puisque c’est de leur combinaison que résulte l’ensemble d’un plan de campagne. Ce troisième volume est partagé en deux livres. Le premier traite de la fortification durable , depuis ses principes; son tracé, sa coustruction, jusqu’à ‘son attaque et sa défense. Le second livre sera en- tièrement consacré à la fortification passagère ou de campagne. Après l'exposé des propriétés de la fortification passagère , on passe à son tracé, sa construction sur le terrein. L'attaque et la défense ‘suivént incontinent la construction de l’ouyrage, » comme le moyen d’en faire mieux sentir l’usage. 1} Le dernier chapitre de ce second livre sera consa- cré à application de la fortification, à la tactique, "c’est-à-dire la réunion des deux genres de fortifi- cation pour la formation d’un système de frontière. Le quatrième volume aura deux parties. Dans les deux volumes précédens on a essayé de tracer les principes fondamentaux, sur lesquels sont constitués … et instruits les divers corps. Dans ce quatrième vo- lume il s’asit de réunir les parties jusqu'ici éparses, et de les faire concourir à l’exécution des grandes manœuvres de guerre. Dès le commencement de ce volume, on rassemble les parties en un tout, qu’on nomme armée. Le point de réunion d’une armée nie 264 Livres divers. s’appelant cemp, les principes de la castramélation devoient oceuper le premier chapitre. De-là l’auteur passe à la théorie des marches , à la formation des ordres ‘de bataille; les quartiers d'hiver terminent cette prémière partie. L'auteur a essayé de rendre ‘cette théorie assez claire pour que chaque Jeune homme puisse y.prendre, pour ainsi dire, l’habi- ‘tude de former des dispositions, de juger et d’ana- lyser celles des généraux , tant anciens que moder- nes ; et c’est pour augmenter encore Cette facilité, qu'à chaque mouvement on a joint des exemples tirés de l’histoire. On sent bien que les troupes prussiénnes , ces troupes élevées à la victoire, en ont fourni le plus grand nombre. © La seconde partie de ce volume contient ce que j'appelle manœuvres de guerre, ou toutes les opéra- tions qu’un général peut entreprendre dans le cou- rant d’une campagne, soit avec l’armée, soit par de gros détachemens. Les campagnes glorieuses du siécle dernier ont été mises à contribution, pour, par des faits bien choisis, apporter plus de force aux principes. Les derniers chapitres de cette se- conde partie sont consacrés à la partie raisonnée de la guerre, qui est particulièrement la scrence du général; c’est un abrégé de toutes les raisons qui doivent déterminer, tant offensivement que défen- ‘sivement, la conduite du général, pour donner plus À de confiance dans ses travaux. L'auteur donnera, à la fin de cette dernière partie , la nomenclature a}- phabétique de tous lés ouvrages militaires où il a » puisé; c’est un hommage qu’il doit à leurs auteurs, » n'ayant pas voulu surcharger le texte de nombreuses citations de leurs livres. Ce petit catalogue aura le double avantage de ne pas faire douter de la mo- déstie de l’auteur, en pouvant le faire soupçonner de vouloir s’approprier les idées d’autrui, et d'offrir aux jeunes sens la collection la plus complète de livres de science militaire qui peuvent composer une bibliothéque. Il y aura deux éditions de l’ouvrage , qui paroî- Livres divers. 265 tront en même temps, l’une françoise et l’autre al- lemande ; l’auteur n’a épargné ni frais ni soins pour que les plans soient dessinés avec la plus grande correction. Le nombre des plans sera de cinquante à soixante. Le premier volume ou introduction paroîtra dans - le courant de mars; le second volume, à la Pente- côte ; le troisième volume, à la Saint - Michel; le ‘quatrième et dernier volume, à Noëls Comme les manuscrits sont prêts, les plans ter- minés, on peut compter sur l'exactitude des livrai- sons. L’auteur auroit préféré faire paroître tout l’ou- vrage à la fois, mais l’envie de faciliter l’emplette de son ouvrage à ses jeunes camarades, l’a seul dé- terminé à une impression successive, ECONOMIE, P,0 LI TI Q|U,E. Cour-D'œ1r sur La force et l’opulence de la Grande-Bretagne , où l’on voit les progrès de son commerce , son agriculture et sa population avant et après l’avénement de la maison d’Hanovre; par le docteur CLARKE : on y a joint une correspon- dance inédite du doyen TucKkER et de DAr1D Hume avec le lord KArms;' ouvrage publié à Londres en 180r , traduit de l’anglois par J, MAR- CHEN A. 1 vol. in-8.° Paris, chez Levrauli frères, libraires, quai Malaquais. Les huit chapitres qui composent ce volume, sont dignes de la méditation de l’homme d'état : on y trouve l’histoire des progrès et des effets du com- merce en général , Phistoire des progrès.des revenus publics , et de l’état des finances de la Grande- Bretagne, ou de ses ressources comparées à ses besoins avant et apres la guerre actuelle. C’est dans ce chapitre qu’on trouve un tableau exact et officiel du commerce étranger et du commerce intérieur de J’Angleterre. La guerre a donné une plus grande ac- tivité à ce commerce, puisque la valeur des objets 266 Livres divers. de fabrique angloise, exportés en 1793, fut de 13,892,000 livres sterlings ; la imême valeur, ex- portée en 1799, étoit de 24,051 liv. sterl. Augmen- tation, 10,189,000 liv. sterl. Il est impossible de trouver uné preuve plus frappante de l'influence de l’industrie et du capital de ce pays. Le docteur Clarke répond ici à ceux qui ont avancé que cette augmentation de richesses, produite par la guerre, cesseroit par Ja paix. I] avance deux propositions contraires , et il les prouve par des faits, en mon- trant, 1.° que la portion du commerce extérieur, faite avec des productions de nos nouvelles acqui- sitions , est comparativement peu importante ; et quant à l'exportation des productions étrangères que cette branche a diminué au lieu d'augmenter; ‘puisque, dans la dernière année, elle ne s’élevæ qu’à 11,907,116 liv. sterl., tandis que l’année anté- rieure , elle auroit été dé 13,619,274 liv. stert; 2.° en prouvant que la paix ne peut faire perdre à l’An- gleterre sa prépondérance commerciale. « Notre: « commerce , dit l’auteur, se compose de marchan- “ disés étrangères et nationales. Dans les objets de « fabrique angloise, il y a deux choses très-impor- « Lantes à considérer; savoir, l'habileté et le capi- « tal; par l’une, nos manufactures sont les meil- « leures de toutes; par lautre, nous faisons un “ plus long crédit. C’est par la force réunie d’une « plus grande habileté et d’un plus fort capital que «“_ nous avions avant la guerre supplanté nos rivaux, « même dans leurs propres marchés ; et je crois que, «“ comme ni notre capital ni notre habileté ne sont « diminués, et que les leurs n’ont pas augmenté, il « n’y a pas grand danger, de ce côté, de voir ces- « ser notre commerce avec la paix. » Le quatrième chapitre traite des progrès et de l’état des fonds publics, dans lequel on trouve un aperçu des ravages que la révolution françoise a exercés sur les nations par ses contributions, ses confiscations, ses réquisitions. Les chapitres cinq et six traitent de. l'agriculture, de la population de la Grande-Breta- * DA Livres divers. 267 gne et de celle de l’Europe. Ce dernier apercu est inexact ; le traducteur le rectifie dans une note. Les chapitres sept et huit présentent un état actuel de Ja puissance navale de l'Angleterre, et des progres de ses forces militaires. Tous ces chapitres sont in- téressans par la connoissance qu’ils donnent de la situation actuelle de la Grande-Bretagne , connois- sance appuyée sur des tableagx exacts et multipliés, tirés des ouvrages de MM. Irwing, Petty, Rose, etc. En finissant, le docteur Clarke se demande à lui- même pourquoi la Grande-Bretagne n’a-t-elle pas senti le fléau sanglant de la révolution ? pourquoi n’a-t-elle pas été mise en pièces par les mains de Ja tyrannie avide ? pourquoi reste-t-elle debout au milieu de la ruine universelle, des révolutions et des révoltes ? Parce que le peuple anglois, jouissant des avantages d’un bon système de religion et de gouvernement , est vraiment libre. Le commerce lui procura d’abord sa liberté; maintenant il lui assure son bonheur. Il arracha les classes inférieures à l’ob- jection civile, il abaissa la tyrannie féodale, il fixa ce point de morale politique d’où l’Angleterre s’est élevée au plus haut degré du prospérité, et où elle s'offre à l’admiration de l'univers. Nous ne devons pas négliger de désigner la pré- face, que le C. Marchena a mise à la tête de sa traduction, comme un aperçu d'économie politique, rempli de principes vrais et inspirés par un desir sincère de Ja stabilité de l’ordre , de la solidité du gouvernement , et de Ja liberté publique; et il ne voit ces avantages que dans la stabilité de la dette fondée, et des revenus destinés à l’acquitter. ACC DA: COMMERCE. ., QUATRIÈME Cahier de la Bibliothéque Commerciale; ouvrage destiné à répandre les connoissances relatives au. Commerce ; à la Navigation , etc. ; par J. PEU- CHET , membre du conseil de Commerce au mini- 268 . Livres divers. stère de l'Intérieur, et de celui du département de læ Seine. | Ce quatrième cahier de 60 pages in-8.°, contient: Du Commerce intérieur. — Note sur la franchise de Dunkerque. — Commerce des Chanvres. — Péche de Fécamp.— De la Navigation intérieure et du Com- merce de mer.— Résultats généraux du Commerce ef de la Navigation de la France avec les Européens , Levantins, Barbaresques et Anglo- Américains, etc. De la culture du Sucre à Batavia, et autres articles intéressans. | Le prix de la souscription est de 21 fr., pour re- cevoir, franches de port, 24 livraisons, et 12 fr. pour 12 livraisons. La lettre et l’argent doivent être affranchis. On peut envoyer le prix de la souscrip- tion en un mandat sur Paris. On souscrit à Paris, chez F. Buisson, libraire, rue Hautefeuille, n.° 20, et chez taus les libraires et directeurs des postes. STATE ST ix IGRNEE ANNALES de statistique ; ouvrage spécialement des- iiné à présenter le tableuu réel de la France sous le rapport de étendue. et de la division du terri- totre ; des productions des trois règnes de la nature; de l’état des sciences | des lettres et des arts ; de Dindustrie ; du commerce et de ses moyens; de la navigation marchande ;. des revenus de l'état ; des forces de terre et de mer ; etc. Première et seconde livraison. Praïirial an x. À Paris, au lureau des. Annales de Statistique , quai de l’'Horloge du Pa- lais, n.° 42. | Ces deux èahiers, chacun d'environ 11 feuilles d’im- pression., format in-8.°, contient , entre autres, le mémoire du C: Eichhoff, sur les quatre départemens réunis de la rive gauche-du Rhin, la circulaire du ministre de l’intérieur aux préfets, sur les travaux Livres . divers. 269 statistiques qu’il leur demande , et les modèles des tableaux statistiques , avec des notes explicatives ; Vanalyse complète des trois annuaires du départe- ment de Bas-Rhin, du C. Bottin , par le sénateur Francois ( de Neufchâteau ), On trouve dans ce mor- ceau des détails précieux sur l’état statistique et politique du département ; sur la force armée ; RE publique , les établissemens de bien- faisance et de sureté publique, l’économie rurale, le commerce, la navigation , les communications publiques, état civil, la population, etc. — Cette analyse , très-bien faite, a de plus le mérite d'offrir aux amateurs de la science, dont le nombre s’ac- croît chaque jour, le canevas à remplir pour faire connoître de même tous les autres départemens. La partie mélanges contient, dans le premier ca- hier, d’après la correspondance officielle du ministère de l’intérieur, des détails intéressans sur différens départemens ; et, dans le second, les moyens em- ployés par le C. Doulcet-Pontécoulant , préfet de la Dyle, pour atteindre à ce but si desirable , l’extinc- tion de lu mendicité et du vagabondage. Cet article, d'un intérêt général, est suivi de l’éat de situation des ateliers publics de Bruxelles, mois par mois, depuis prarrial an 9 , jusqu’au 30 ventose dernier. Les ANNALES DE STATISTIQUE, auxquelles coo- pèrent les CC. Mentelle et Lamarck, de l’Institut national, J. Lavallée et Desgenettes , professeur à l’école de médecine, paroissent régulièrement tous les mois. Le prix de la souscription est de 24 francs par an, pour Paris, et de 30 francs, pour les dé- partemens et étranger. On peut souscrire pour six ou pour trois mois. ES CTUO IR EE. DE L'ÆGyrPTE, après la bataille d'Héliopolis , et considérations générales sur l’organisation physi- que et politique de ce pays ; par le général de di- vision REFYNIER; avec une carte de la Basse- 270 Livres divers, Ægypte: Paris, chez Pougens. An X, 1802. VIIÉ et 288 pages in-8,° Prix, © francs, et 6 francs par la poste. Le général Berthier publia, après son retour d’Ægypte, la relation de tous les combats de l’ar- * mée d'Orient pendant son établissement en Ægypte, jusqu’à la bataille d'Aboukir. Dans cet ouvrage, le général Reynier traite une autre époque, celle qui a suivi la bataille d'Héliopolis. Dans une introduc- tion de 88 pages, il donne des considérations gé- nérales sur l’organisation physique , militaire , poli- tique et morale de l’Ægypte ; il traite du système de guerre que les circonstances ont obligé les Fran- çois d'y adopter, et du système de défense qui est applicable à ce pays ; des ré bébne que les Fran- çois y ont construites ; enfin de l’état politique de ses habitans et de son administration. Ces aperçus gé- néraux, dont l’auteur a rapporté les Aer lon à son but principal, qui est l’histoire des campagnes des Francois en Ægypte, suffisent pour suivre celle-ci avec intérêt, et pour se faire des idées nettes de Vadministration qu'ils y avoient établie. La carte de la Basse- Ægypte jointe à cet ouvrage, a été dressée d’après les observations astronomiques et les reconnoiïissances qui ont été faites. On peut dire que, jusqu’à présent, c’est la plus exacte de celles qui existent. Au reste, le but de l’auteur est de montrer :L la perte de l’Ægypte étoit une suite inévitable des fausses mesures prises par le général Menou. Mais zon nobis inter vos tantas componere lites. , V'o;srA cr "st VorAGE pitioresque de la Syrie, etc.; par le ©. Cassas. XXIIL."® livraison, composée de six planches. j L° planche, Vue générale de la ville d’Antioche , Livres divers. 271 appelée par les Arabes Anthäkyeh. Cette vue est prise du côté de la porte qui conduit à Alexandrette. IL.° planche. Trois fragmens de tombeaux. Ces trois morceaux, singulièrement remarquables, ont été trouvés parmi les débris qui se voient en grand nombre aux environs du temple de Neptune, à Pal- myre. Cette planche est double. IT: planche. Coupe générale du Mausolée d’Iam- blichus , prise sur la ligne 4 B de la planche 108. IV.® planche. Plafond du rez-de-chaussée du pla- Jond du Mausolée d'Iamblichus. | V. planche. Vue de la niche qui décore la face prineipale du Mausolée d’Elabélus. VI. planche. Du péristyle du temple de Jupiter à Ba’albek. Deux bustes qui ornent deux des hexa- gones du plafond. TRAVELS in Switzerland and in the Country of the Grisons : in a series of letters to William Melmoth , Esg., fiom William CoxE , M. A. F.R.S. F. 4.58. To which are added the notes and Observations of M. RAMOND , translated from the French. A new» edition, Embellished with a large new Map, and, six Views dramn by Birmann and engraved under his direction ; Basil by James Decker. Pa- ris , by Levrault , frères. 1802. 4 vol, in-8.° de XIT et 303, VIIL et 386; VIII et 384 pages, sans compter 21 pages de table alphabétique des matières, qui se trouvent à la fin du dernier vo- lume. . Le voyage de Coxe est suffisamment connu, et les amateurs de la littérature angloise connoissent aussi sufhisamment la suite des éditions d’auteurs classiques de Angleterre, que MM. Decker et Le- vrault publient depuis un nombre considérable d’an- nées. I] sufhira donc de leur avoir annoncé l’existence de cette édition, en leur observant que celle-ci a sur les éditions de Londres lavantage, non-seulement d’être à meilleur marché, mais de contenir aussi 272 Livres divers. les observations du C. RaAMoND, traduites du fran çois, qui ne se trouvent dans aucune des éditions publiées à Londres. Quant à la carte et aux vues dont parle le titre, nous n’en pouvons rien dire à nos lecteurs , parce qu'elles ne se trouvent point dans Pexemplaire que nous ayons sous les yeux. Le prix de l’ouvrage , sans carte ni vues, est de 12 fr, ; il est du double lors- que celles-ci s’y trouvent. NeuzsTes Gemælde von Lissabon, c’est - à -dire, Nouveau Tableau de Lisbonne ; Leïipsik , chez Charles-Guillaume Küchler, 1799 ; in-12 de 504 p. Malgré le nombre assez considérable de voyages, en Portugal, on peut dire qu’il n’y a pas de pays en Europe, sur lequel nous ayons moins de détails que l'architecte (1); Dumouriez et de Murphy ont pu-. blié des ouvrages dans lesquels ils donnent la des- cription de ce pays. L'ouvrage, dont nous annonçons la traduction allemande (2), a pour auteur un fran- cois , qui a habité la capitale de ce royaume pendant plusieurs années , jusqu’en 1796, et qui, par cet ou- vrage, s’est fait connoître comme un excellent ob- servateur. L'éditeur de l'original françois avoit joint à ce tableau de Lisbonne, des lettres écrites du Portugal (en 1777), sur l’état ancien et actuel de ce royaume. Comme M. Sprengel avoit déja publié 2 (x) Voyez ce qui a été dit là-dessus à l’occasion de l'ouvrage de Murphy , dans le Magasin Encyclop. Année IIT ,t. II, p. 342 suiv. €2) L'original a paru sous le titre suivant : Voyage en Portugal, et particulièrement à Lisbonne, ou Tableau moral, civil, poli- rique et religieux de cette capitale, etc. etc., suivi de plusieurs lettres sur l'état ancien et actuel de ce royaume. Paris, chez De- cerville, 1798 (an VI) , 442 pages in-8.° Les 553 premières pages de ce volume contiennent le tableau dont nous annonçons la traduction. allemande, Le reste contient les letires sur le Portugal, qui sont tra duites de l'anglais, une Livres divers. 273 une traduction allemande de ces lettres, le traducteur du Nouveau Tableau de Lisbonne, a donc cru de- voir le supprimer ici. Le titre de cette traduction a été enrichi d’ure vi- _gnette qui ne se trouve pas dans l’original , et qui représente un paysan et une paysanne du Portugal dansant et jouant des castagnettes, gravure qui a été exécutée d’après les dessins d’un voyageur qui a Jui-même habité le Portugal. Outre cette vigneite, cette traduction a été enrichie de plusieurs additions et supplémens, par un littérateur qui a longtemps vécu dans le Portugal. Ces additions commencent à Ja page 321, et ont le titre suivant : Nachtrag zur Berichtigunge einzelner Ansichten in dem Gemælde von Lissabon und einzelne Fragmente eines Augen- zeugenzur Kenntniss dieser Hauptstadt, hinzugefiigt von I. G. TILÉSIUS, Doktor der Philosophie ; c’est-à-dire, Supplément pour la rectification de dif- Jérentes parties du tableau de Lisbonne, et quelques Jragmens par un témoin oculaire, pour la connoïs- sance de cette capitale, ajoutés par 17. G. T1LÉsIUS, docieur en philosophie. Comme il est assez naturel ‘qu'un seul homme ne puisse pas donner sur un pays ou sur une ville des détails également satisfaisans, ou intéressans sous tous les rapports, M. Tilésius s’est borné à rectifier, à commenter et à suppléer les » passages où l’auteur du tableau a été ou inexact ou V ‘pas assez étendu. 1] suit son auteur pas à pas ; et, en citant les pages auxquelles ses additions se rap- | portent , il donne, en 37 paragraphes, des détails sur le tremblement de terre de 1752 , sur la situation etle nom de la ville, sur les ouvrages en différentes langues qui traitent de Lisbonne et du Portugal, sur les places et les rues, et à cette occasion, sur Jes différentes espèces de perroquets qu’il a obser- vées dans les Loyas ou les Magasins des marchands de perroquets dans la Rivera-Velha, ainsi que surles différens poissons, mollusques et testacées qu'il a observés dans le marché aux poissons , lorsque les pécheurs revenoient de leurs courses. Plus loin, M. Tome I. S 274 Livres divers. T'ilésius parle de l’architecture des Portugais, du cli- mat, de la salubrité, des premières impressions que Lisbonne fait ordinairement sur les étrangers, de la contrebande que font surtout les Anglais, des sociétés qu'offre la ville de Lisbonne, des mœurs et des usages, des processions , et de la bu/la cruciata , de l'opéra et de la comédie , de la cour, et des’quatorze médecins de la cour, des grands du royaume, de la sureté pu- blique , de l’administration de l’état, du peuple, des mendians, des denrées et de leurs prix, de état de la médecine et des sciences en général, de la censure des livres ; enfin, l’auteur donne aussi quelques détails sur Coimbra, sur l’Académie royale des sciences à Lisbonne , sur l’état militaire, celui des arts, du clergé et des moines, de la religion, des monasteres et du patriarchat en Portugal ; il indique les églises de Lisbonne qui offrent le EAU d'intérêt pour un étran- ver , et il termine par des réflexions sur les Portugais et les Portugaises. On voit, par ce rapide aperçu, que les additions de M. Tilésius donnent, à cette traduction, un nou- véau degré d'intérêt ; et que, lors d’une nouvelle édition de l'original françois , lPéditeur fera bien d’en profiter. W.... FRAGMENS d’un voyage en Afrique, fait perdant Les années 1785, 1786 et 1787, dans les contrées} occidentales de ce continent, comprises entre le Cap-Blanc de Barbarie , par 20 degrés 47 minütes, M et le Cap-Palmes , par 4 degrés, 30 minutes latitude boréale ; avec une carte générale d'Afrique, rédi-w gée d'après les observations les plus authentiques à et les découvertes les plus récentes, ét des plans et des dessins gravés en taille-douce; par Silv.- Meinrad-Xavier GozBErrr. Vol. in-8.°. À Paris, chez Treuttel et riz, libraires, quai Voltaire ,« n.° 2,et à Strasbourg , gränd’rue , n.° 15. An X de la république. Ce Voyage en Afrique ne pouvoit paroître dansw dr vres divers. 275 des circonstances plus intéressantes : indépendam- ment du grand nombre de choses curieuses sur l’A- frique, on y voit le profit immense que fon pour- roït tirer des mines de Bambouc, sur lesquelles le C. de Jalande préseuta un mémoire à l’Assemblée constituante. On y voit ce qu’étoit, en 1787, la pue de l’Afrique occidentale, alors connue sous a dénomination de gouvernement du Sénégal, ce qu’elle pouvoit devenir à la faveur des encourage- mens de l'Etat, et les ressources que les contrées , : qui sont soumises à l'administration de ce gouverne- ment, peuvent offrir pour réparer les pertes im- menses qui ont été les suites de la résolution trop jERcRitée d’abolir , en un seul jour, l’esclavage et a traite des noirs. _ Les mœurs des habitans , la géographie, les ani- maux , le climat , les découvertes que l’on pourroit faire dans l’intérieur de l'Afrique, la navigation sur Îles côtes, le commerce de la gomme, les éta- blissemens des Anglois, la langue des habitans, tous les objets qui peuvent intéresser, la physique, la politique, le commerce, sont traités dans cet ouvrage avec le plus grand détail et le plus grand intérêt, A NAT oQ Mis T, É51 FrcurEes d'Homère , dessinées d’après l'antique : ? $ 4 $ » par H.G. TISCHBEIN , directeur de l’Académie de peinture et de sculpture de Naples , etc, ; avec les explications de Chr. G. HEYNE, associé étranger de l’Institut national, etc. II. et JAI. Zivratsons. AL $ A Metz, chez Cellignon , 1202. À Paris, chez ? Messe ? Lis Pougens, quai Voltaire ; chez Levrault, quai Ma- laquais ; chez Henrichs, rue de la Loi: et chez q PRE EA La A À: ; “tous les principaux libraires de l’Europe. P E Nous avons déja annoncé la 1." livraïison de cet important et bel ouvrage (1); nous en avons fait (x) Voy. Magasin Encycl. Année VI, t IV, p. 106. 116, t V, p. 17. Aunée VII, t. ILE, p. 554, S'z 276 Livres divers. connoître l’histoire, le plan et le but. Les amateurs des arts, ceux d’'Homère et du génie antique, les grandes bibliothéques, les écoles de dessin , ne peu- vent guere se passer de la collection de M. T'ischbein, Les 11.° et IIL.° livraisons viennent de paroître. Le prix de une est de 30 liv., et celui de l’autre de 24. Celui de la IL." étoit de 36 liv., d’où lon voit que le prix des livraisons diminue, ainsi que nous l’a- vions annoncé. Le texte est d’une très-belle exécu- tion typographique sur grand-soleil vélin. La IL.° livraison, qui forme le 1.°* cahier de l’O- dyssée , présente , I. La téte d'Ulysse, en grand , d’après un des plus beaux bustes qui existent en marbre , dessiné par Téischbein, gravé par Morghen. II. Ulysse dans l'ile de Calypso , d’après un camée, III. Ulysse chez Autolyeus, d'apres un vase peint, IV. Ulysse blessé par un sanglier, d’après un vase. V. Ulysse reconnu à sa cicatrice par Euryclée, d’a- près une pierre gravée. VI. Ulysse et les Sirènes, d’après un sarcophage étrusque. Ce 1° cahier des monumens relatifs à l'Odyssée, est accompagné de belles vignettes. La 1. entre autres offre une vue pittoresque de l’ile d’Ithaque, dessinée par Fauvel et Hilaire, artistes qui ont accompagné M.de Choiseul- Gouiier dans son voyage de Grece. Les planches de Ja LIL. livraison qui forment le 2.° cahier de l’/liade, sont : VII. La téte de Diomède, en grand , d’après un très-beau buste en marbre, du musée Pio-Clémentin, VIII. Dolon surpris par Diomède et Ulysse, d’après une gemme. IX. Diomède duns l'action de couper la tête à Dolon , d’après une superbe cornaline gravée. X. Diomède consultant avec Ulysse, d’après une em- preinte. XI. U/ysse et Diomède s’introduisant dans une enceinte, d'après une empreinte, XII. Un guer- rier conduisant deux chevaux. Les explications continuent de présenter des vues: justes et utiles pour l'intelligence d’ Homère , de Pan- tiquité et des arts du dessin. L'auteur du texte alle- mand , l’illustre Heyne , a pu avoir recours, pour leg nombreuses cilations d’Homère qui paroissent € Livres divers. 277 dans cet ouvrage, à la précieuse traduction de Poss en cette langue. Le rédacteur du texte françois que nous annonçons , Ch. Villers, n’a pas joui du même avantage , et il a cru devoir traduire de nouveau tous ces passages. Voici comment il a rendu les vers 686 et suivans du XIX.° chant de l’Odyssée dans l'explication de la belle planche V du 2.° cahier: are Cependant Euryclée, en un brillant bassin D'une eau pure et tiédie, a préparé son bain. Assis pres du foyer, Ulysse qui l’observe, Croit devoir envers elle employer la réserve; Il se tourne soudain vers un lieu plus obscur, Craiïgnant qu’un souvenir et qu’un regard trop sûr, Si l'éclat du foyer fais voir sa cicatrice , Contre sa volonté trop tôt ne Je trahisse, Mais en vain... . Quel moment de plaisir et d’effroi! Elle approche, se penche et reconnoît son roi. Tremblante, l'œil en pleurs, muette d’alégresse, Le pied qu’elle tenoit Cchappe à sa foiblesse; 11 tombe : sous son poids le bassin retentit, Vacille et se renverse avec l'eau qui s'enfuit. Dans ce trouble, Euryclée a peine à se contoïtre; Enfin, portant la main au menton de son maître : « Ulysse, oui, c’est toi, dit-elle, à mon cher fils! » Mais Ulysse à l'instant, de sa main qu'il avance, La contraint d'approcher , et la force au silence. « Bonne mère, dit-il, veux-tu perdre celui « Que tes bras ont porté , que ton sein a nourri ? « Entouré de périls sur ma terre natale, « Enfin, après vingt ans d’une absence fatale, « Après tant de travaux me voilà revenu. « Eclairé par un dieu ton œil m’a reconns ; « Mais commande à ton œil, à ta voix de se taire , « Que nul en ce palais n’apprenne ce mystére ! » Le roi. d'Angleterre, extrêmement satisfait des S 3 $o ? - LI . L 4 275 Livres divers. renrieres livraisons de cet ouvrage, en a écrit à M. Tischbhein une lettre tres-flatteuse, où il lui a demandé la collection des dessins originaux , d’après lesquels sont gravées les planches, Ces dessins ont déja été remis par l'artiste à l’auteur du texte, qui sans doute s’en dessaisira volontiers en faveur d’un souverain, ami et protecteur des arts. À, L. M. BIOGRAPHIE. DENKSCHRIFT auf Friedrich GrLLr , Kœniglicher Architecten und Professor der Academie der Bau- kunst zu Berlin von Konrad Lezrrzor; c’est-à- dire, £LoG£ de Frédéric GrLLYr, architecte du rei et professeur à l’Academie d'architecture de Berlin ; par Conrad LEerzzow. Berlin. 1801, 40 pages in-4.°. Frédérie GiL£Y naquit, le 16 février 1771, à Altdamm, pres de Stettin , en Poméranie. Il passa les premières années de sa jeunesse à Stargard, et ensuite, depuis 1781, à Stettin, où son père avoit ob- tenu la place de directeur-général des constructions. Après y avoir été imbu des premiers élémens des lettres et des sciences qui forment la base de toute éducation libérale, il se livra à l’étude des mathé- matiques, sous la direction du professeur Meyen ; fit des progrès considérables, dans l’art du dessin, malgré la mauvaise méthode et le peu d’habileté de son maître , et acquit en même temps toutes les con- noissances pratiques qui sont utiles et nécessaires à l'architecte, Un voyage que son pere fit à Berlin, en 1787, développa infiniment les idées du jeune Gilly , en lui faisant voir les beaux monumens d’ar- chitecture dont cette capitale est ornée. Quoique le séjour qu'il y fit ne fut que de quinze jours, il les sut si bien employer, sous la direction du peintre de paysage Schaub, que celui-ci, ravi des progrès extraordinaires que son élève avoit faits en si peu de temps, refusa d'accepter de lui l’honoraire qui lui Livres divers. 279 revenoit pour ses leçons. En 1788 , son pere fut ap- pelé à Berlin, comme grand-conseiller des con- structions ; de sorte que le jeune Gilly vit remplir ses vœux les plus ardens, ceux de pouvoir profiter de tous les secours que Berlin pouvoit lui, offrir pour per- fectionner ses talens. Il fit le meilleur usage de ce séjour, ainsi que de quelques voyages dans l’intérieur des états de Brandebourg ; mais ce qui devoit, comme de raison, influer le plus heureusement sur lui, ce fut l’étude des monumens anciens de l’architec- ture , étude qui Jui inspira le plus vif desir de faire un voyage d'Italie. La guerre l’empécha de réaliser ce projet: au mois d'avril 1797, il entreprit enfin un voyage.en France et en Angleterre; de retour de ce pays, il s’étoit proposé de revenir à Paris, mais une erreur commise à l'égard de son passe-port, lui causa le désagrément d’être arrêté à Gravelines avec son compagnon de voyage, le docteur Scherer,au- teur d’un excellent journal de chymie , qu’il publie en allemand depuis plusieurs années. L'un et l’autre Fu- rent renvoyés en Angleterre. De-là il alla à Vienne, et revint à Berlin vers la fin del’hiver 1708. La paixn’étant pas encore rétablie en Italie , il se vit à regretobligé de remettre son voyage dans ce pays, à des momens plus calmes. Malheureusement pour lui et pour son pays, il ne lui fut pas donné d’avoir cette satisfaction et de faire jouir sa patrie des fruits qu’il auroit cer- tainement retirés de ce voyage. il étoit revenu affecté d’une tonx opiniâtre qui, malgré les soins des mé- decins les plus habiles, se changea, par la suite, en une pulmonie bien caractérisée. Le décroissement de ses forces et des attaques de fièvre souvent réi- térées , l’obligèrent de renoncer à son plus grand plaisir , celui de travailler. Il fit un voyage en Saxe, et il alla méme jusqu’à Carlsbad, A peine y avoit- il fait usage des eaux, pendant quatre jours, qu’il y mourut le 3 août 1800, Sa famille et ses amis pleurent en lui un ami estimable , et sa patrie re- grette un habile architecte , qui consacra volontiers. S 4 280 Livres divers. ses veilles à être utile par ses connoissances , et à former d’habiles élèves. A. L. M. GRAMMAIRE. NOTIONS élémentaires de Grammaire allemande, & l'usage des élèves du Prytanée , ainsi que des Fran- çois qui ont fait quelques études , et qui veulent apprendre l'allemand ; par le C. SrMoON , professeur de langue allemande au Prytanée de Saint-Cyr, près de Versailles. Paris, chez Levrault. An x. 111 pages in-12. Le but de l’auteur de ces notions élémentaires est d’exposer à ses élèves la quintessence du système grammatical d’Adelung, de comparer les premiers principes de Ja langue allemande avec ceux des lan- gues familières à tous les François qui ozt fait quel- ques études , enfin de dégager ces élémens de toutes les subtilités qui embrouillent et dégoûtent les com- mençans. Il est assez généralement reconnu que,: pour les commençans, une grammaire succincte est préférable à celle qui est tres-étendue; sous ce rap- port , l’ouvrage du C. Simon mérite d’être distingué; 1l présente , outre cela, l’avantage de développer le système de, M. Adelung , systeme qui est si peu: connu en France, que les dernières grammaites et les abrégés qui en ont été publiés récemment, n’en font aucune mention ; et cependant ce fut à M. Ade- lang, littérateur profond , et connu d’ailleurs par ses travaux bibliographiques, que fut réservé l’hon- neur de concilier les différens auteurs de l'Allemagne sur le système de leur langue, but que ni Gottsched ni les autres grammairiens n'avoient pu atteindre. Le système raisonné de la langue allemande, fondé sur le génie même de cette langue , que M. Adelung a EUR Re vers Ja fin du XVITL.: siécle, a convaincu tous les bons esprits; et les écrivains allemands les plus distingués, qui avoient déja émis des systèmes Livres divers. 281. très-oppotés, ont renoncé à toute espèce d’amour- propre d’auteur , et ont adopté son système. Le grand . dictionnaire, les grammaiges et plusieurs écrits de cet auteur sur la langue allemande, en démontrent Vorigine, la richesse, les rapports avec les langues anciennes et modernes , et enfin le système raisonné de son orthographe et de ses regles générales. Le C. Sinon ne s’est permis de s’écarter du système d’Adelung que là où cet auteur montre quelques foiblesses pour des incorrections usitées dans la Hante- Saxe, pays de sa résidence, et rejetées par les au- tres auteurs classiques de l'Allemagne. L'expérience m'a prouvé, dit le C. Simon, que « la connoissance de ces notions préliminaires est suf- «“ fisante, mais indispensable pour commencer avec « fruit l'explication des livres allemands le plus « communément intelligibles ». 3jl ajoute , qu'a Vaide de sa méthode ultérieure, ses élèves parvien- dront aisément à devenir eux-mêmes leurs propres maitres. W.... Diarocurs english and french for the use of both nations. Preceded by some preliminary lessons con- laining a great number of words and phrases usual ën common life. —DrALOGUES anglois et françois à lusage des deux nations ; précédés de lecons préliminaires contenant les mots et les phrases les plus utiles dans le discours familier. Paris et Stras- bourg, chez Kœnig, 1802. 248 pages in-12. Prix, 2 fr. 25 cent. , et 3 fr. par la poste. RomMaANSs. Lrs ABDÉRITES , suivis de la Salamandre et de la Statue , par IWIELAND ;, traduits par À. G. La Baume.3 vol. in-8.° À Paris, chez Dentu, im primeur- libraire, palais du Tribunat, galeries de bois , n.° 250. .M.Wieland , que ses compatriotes appellent le Vol- taire de l'Allemagne , se plaint beaucoup de ses tra- " 282 Lavres divers. ducteurs; 1] prétendqu” Agathon, lesLettresd” Aristippe àses contemporains etles Abdérites nesont plus sesou- vrages ; les lecteurs françois trouvent qu’ilsont encore une physionomie trop allemande. Comment contenter en même temps et les prétentions d’un auteur et le goût françois ? Les suppressions qu’on a cru né- cessaires aux productions , si avidement accueillies au-delà du Rhin, seroient peut-être regardées comme un service rendu aux auteurs, sil vouloient se sé- pare uv moment de cette foiblesse de paternité qui es rend injustes , lorsqu'on n’a d’autre but que de les rendre agréables. Ces auteurs peuvent-ils se per- suader que , dans un ouvrage d'imagination, le mé- lange de dissertations philosophiques et de faits vrais ou supposés, d’érudition déplacée et de détails li= centieux, plaira à une nation dont le tact, pour les’ productions de ce genre , est aussi fin que sûr? Mais Pourquoi nous traduit-on , diront ces auteurs ? Parce que votre réputation d’écrivains supérieurs , les élo- ges de vos journaux, la multiplicité de vos éditions, font desirer de naturaliser dans tous les domaines de Ja littérature , des ouvrages qui ont acquis uné grande célébrité chez une nation éclairée ; c’est en même temps la gloire de l’auteur qu’on cherche à répaudre, et le mérite de ses productions qu’on veut faire connoître. On a reproché au C. La Baume d’avoir fait des retranchemens trop considérables dans Ja traduction qu’il a donnée du Peregrinus Protée ; il craint au- Jourd’hui qu’on le blâme d’avoir été trop réservé dans celle des Abdérites; il semble même vouloir se le faire pardonner lorsqu'il dit : « Les digressions “ qu’on rencontre assez fréquemment dans les Ab- « dérites, m’ont paru tenir plus essentiellement au « fonds de l’ouvrage, et j’ai cru que certains déve- « loppemens , qui seroient des longueurs dans tont autre sujet, méritoient d’être conservés, parce qu’un « tableau de ce genre est surtout recommäandable « par les détails. » On connoît quelle étoit la réputation que les Ab- & Livres divers. 263 dérites s’étoient faits dans la Grèce ; tous les auteurs anciens les ont peint tels qu’ils étoient, et Bayle, dans son Dictionnaire en a parlé d’après les mêmes auteurs : “ Les Abdérites ne manquoient pas d'idées, “ mais elles étoient rarement en harmonie avec l’oc- “ casion qui les avoit fait naître, ou elles surve- » poient lorsque l’occasion étoit passée. Ils étoient “ grands parleurs ; mais ils ne réfléchissoient jamais “ à ce qu'ils vouloient dire, non plus qu'a la ma- « niere dont ils vouloient l’exprimer. Il s’ensuivoit «“ naturellement qu'ils n’ouvroient jamais la bouche « sans proférer une sottise, cette mauvaise habitude “_s’étendoit à leurs actions. » T'els étoient les con- citoyens du philosophe Démocrite qui, dans ces trois volumes , joue le principal rôle. Le traducteur croit que M. Wieland a eu le des- sein de faire la satyre des villes impériales; nous croyons que Ja satyre peut avoir un but moins borné; en la généralisant , elle n’en sera que plus utile. A, 3. D. EF. BIBLIOTHÉQUE des Romans anglois , publiés depuis le 1.** janvier 1801, ainsi que des tragédies et co- médies jouées depuis cette époque , sur les théätres de Drury-Lane et de Covent-Garden. Première li- vraison. Paris, chez Pougens et Pichon. An X. 1802. 117 pages in-12. Prix, de chaque livraison, x fr. 20 cent. Ce recueil , auquel travaillent plusieurs écrivains distingués, servira à faire connoître , en France , dans le cours du mois, les meilleurs romans anglois, ainsi que les meilleures pièces de théâtre publiées à Londres, dans le mois précédent. Ces extraits ne renfermeront aucun jugement littéraire, et ne se- ront que l’abrégé des ouvrages originaux. On y sup- primera les détails superflus qui ne servent qu’à égarer lattention du lecteur, et on ne laissera sub- sister que ce qui peut intéresser. Cette première li- vraison contient, p. 1-31, l’extrait d’un roman en 284 Livres divers. deux volumes, intitulé /a Jalousie, ou les terribles Effets d'une méprise ; et, depuis la page 32 jusqu’à la fin, le commencement d’un autre en trois vo- lumes, intitulé Bel/inde , par Marie EnGE-WORTH» auteur du livre sur l’£Education des femmes. LAurE d’Estell ; par Madame *** ; avec celle épi= graphe : O lasso ! Quanti dolci pensier, quanto disio, Meno castoro al doloroso passo. Iz DANTE. 3 vol. in-12. Paris, chez Pougens , quai Voltaire, n.° 105 Henrichs , rue de la Loi, n.° 1231. An x. 1802. On devroit s'attendre, en lisant Fouvrage d’une femme , à n’y trouver que des peintures douces et des tableaux agréables. Les passions violentes et leurs funestes effets étant plus particulièrement le partage des hommes, ce n’est point à un sexe aimable à en tracer l’histoire. Une femme doit lais- ser percer dans ses écrits, ceite sensibilité, cette douce philosophie qui a fait le charme de ceux des Deshoulières et des Sévigné, et qui place aujourd’hut près d’elles M.7"° de Genlis. Ce conseii, que nous donpons aujourd’hui à l’auteur anonyme de Laure d’Estell, peut s'adresser aussi à M."° la Maison- neuve, dont nous ayons dernièrement analysé un ouvrage. | Celui que nous annonçons commence fort bien; tout y est intéressant et promet beaucoup. Laure , veuve de Henri d’'Estell, qu’elle croit mort à l’ar- mée, se retire avec sa fille, jeune encore, chez sa belle-mère, Le frère et la sœur d'Henri, Fréderic et Caroline, lui prodiguent toutes les consolations de amitié. Bientôt la scène change; Frédéric devient amoureux de sa belle-sœur, et prend pour confident sir James , espèce de misanthrope brouillé avec le genre humain, et qui cependant s’adoucit en faveur Livres divers. 285 de Laure, dont il devient aussi l’adorateur. Quel- ques-unes des situations qu’amènent cet incident sont assez bien ménagées ; mais le dénouement a droit de surprendre. Sir James, apres avoir décou- vert son amour à Laure, et s'être assuré qu’il en est aimé, lui apprend que son mari n’est point mort à l’armée, mais que lui-même en est l’assassin. Il se tue , et Laure meure de chagrin trois ans après. Un épisode, qui dépare tout l’ouvrage , et qu’as- surément on ne devroit pas y trouver, c’est la sé- duction de Caroline par un prêtre, qui la rend mère d’un enfant dont la mort suit de près la naissance. I n’y a pas un roman libre où l’on ne voie quelque chose de semblable ; mais, en prouvant qu un prêtre a pu commettre un crime, on ne prouve pas qu’il suffise d’être prêtre pour être un scélérat. Ce roman * est, en général, bien écrit. Par malheur, on y cher- … cheroit envain un but moral; et c’est cependant là + que doit tendre un ouvrage de ce genre, si l’on ne “ veut jpas qu'il soit confondu avec les productions sans nombre qui déshonorent le siécle , et qui le fe- roient juger bien sévèrement de la postérité, si de tels ouvrages y étoient transmis. T. D. BEAUXx-ARTS. “A ANNALES du Musée et de l'Ecole moderne des beaux- arts ; rédigées par le C. LANDON. II. année, 2. et 3.° livraison. Paris , chez Auteur, quai d’Orsai, n.° 23, au coin de la rue du Bacq. Prix d'abonnement 6 fr. pour 3 mois, 12 fr. pour six mois et 24 fr. pour un an, franc de port pour les départemens. Nous avons déja plusieurs fois parlé de cet inté- ressant recueil, dont il paroît neuf livraisons par trimestre , à dater de germinal an X, et dont cha- que livraison est composée de quatre gravures au trait, et de huit pages de texte pour l'explication des sujets. 286 Livres divers. . Les deux livraisons que nous annonçons contiens nent, pl. F”, la Vierge, l'Enfant Jésus, saint Jeau et sainte Elisabeth, tableau de Raphaël; pl. VI, rojet d’un obélisque pour la ville de Douai, par e C. Poidevin, architecte ; pl. VIT, la Nativité de Jésus-Christ , tableau de la galerie du Muséum, ar Annibal Carrache ; pl VIII , bas-relief du C; thon. qui a remporté le prix de sculpture de Tan 1x, sur le sujet suivant : Caius Gracchus sort pour aller joindre ses partisans, malgré les instances de son épouse qui, ne pouvant le retenir, tombe évanouie, sur le seuil de la porte , entre les bras de son fils. P/. 1X, La Vertu, tableau allésorique, par le Corrége ; il est exécuté en détrempe et non à l’huile : on l’a recouvert d’une glace pour le ga- rantir des accidens , et c’est probablement pour cette raison qu'on ne la point placé dans la galerie des tableaux du Muséum , mais dans la galerie des dessins, autrefois dite d’Apollon, P/. X, le Temps arrachant la Vérité à l’Envie et à la Discorde, tableau du Poussin, exposé à la grande galerie du Muséum ; p/. XI, le Mariage de la Vierge , tableau du Musée , par Carle Vanloo ; pl, XII, Hyacinthe mourant, blessé par Apollon, modéle en plâtre, de grandeur naturelle, par Callamar , sculpteur, pensionnaire à l’Ecole francoise des beaux-arts à Rome. Discours qui a remporté le prix de musique et de déclamation , proposé par la classe de littérature et beaux-arts de l’Institut national de France , et dé- cerné dans sa séance du 15 nivose an 10, sur cette uestion : Analyser les rapports qui existent entre fa musique et la déclamation ; — Déterminer les moyens d'appliquer la déclamation à la musique, sans nuire à la musique ; par N. E. FRAMERF , de la Société philotechnique , du Lycée des arts , correspondant de la Société d'émulation d’Abbe- sille , etc. In-8.° de 60 pages, avec musiqüe im- primée, Prix, 1 fr. 20 cent., et, franc de port, 1 fr. bo cent, Paris, chez Charles Pougens , impri- meur-libraire, quai Voltaire, n.° 10. t C Ÿ WA LA Livres divers. 287 MÉLANGES. Essars de Michel, seigneur de MONTAIGNE, faisant suite aux éditions Stéréotypes, d’après le procédé de Firmin Didot. 4 vol.in-12. Prix, br. papier or- dinaire 8 fr. 5o cent. idem, pap. fin, format in-8.° 16 fr. bo cent. br.; dem, papier vélin, 32 fr. 5o cent. Paris, chez Pierre Didot, imprimeur, rue des Orties, n.° 3, et Firmin Didot, libraire, rue de Thionville , n.° 116. L’exemplaire qui a servi de copie pour cette nou- elle édition des Essais , appartient à la bibliothéque centrale de Bordeaux. 1l° est chargé , en tous sens, de corrections , d’additions, toutes évrites de la “main de Montaigne. L’impression en est tres-belle : M. Didot aïné n’a pas besoin qu’on loue ses éditions. JEU x. LEs STRATAGE1: Es des échecs, ou Collection des coups d'échecs les plus brillans et les plus curieux , tant dans la partie ordinaire , que dans les différentes parties composées ; tirés des meilleurs auteurs , et dont plusieurs n’ont point encore été publiés ; avec des planches où l’on trouve notée la position de chaque coup : par un amateur. Première partie, Exé- cution , de 93 pages. Seconde partie, planches, 122 puges, peiit format de poche. Paris, chez Koenig , quai des Augustins, n.° 313 à Strasbourg, même maison de commerce. An x. Prix, 3 fr., et 3 fr. 5o cent. franc de port. . Cet essai peut également amuser l’adepte et in- struire le commençant ; il offre surtout lavantage de présenter chaque coup figuré sur un échiquier, et d’être d’un format tres-commode et portatif, 288 Livres divers. GRAVURES. Le Triomphe de la Religion en France , sur l'athéisme révolutionnaire. Estampe de 24 pouces sur 16 , pro- posée par souscription, PROSPECTUS. Dans l’enfoncement du tableau s’élève un édifice majestueux ; au sommet de la porte onlit: TEMPLE DE LA RELIGION. La Religion, suivie de la Foi, de }’Espérance et de la Charité, foule aux pieds les morstres révolutionnaires, l’anarchie , l'ignorance et l’incrédulité ; Bonaparte, sur le premier plan, montre à la Religion son temple et ses autels réta-, blis par lui; sur le côté opposé , un groupe d’habi- tans des campagnes , de tout âge, sont présentés par la France au restaurateur de leur religion, et témoignent , par des gestes expressifs, leur joie et leur reconnoissance pour le bhienfait qui leur est rendu , pour les consolations dontils étoient privés. Ce groupe s’avance vers le temple à la suite de celui qui vient de le rendre à leurs desirs et à la paix des consciences. Dans le ciel de cette composition simple, noble et grande, plane la Renommée, se dirigeant vers le temple, pour y placer le symbole de l’Eternité, A Cette estampe, qui sera gravée au lavis en noir par Morret , d’après Monet, membre de la ci-devant Académie de peinture, paroîtra dans le courant de vendémiaire prochain, an 11. Le prix de Ja souscription est de 16 fr., dont on payera moitié en souscrivant, et l’autre moitié en faisant retirer lépreuve. Les personnes qui n'auront pas souscrit , Ja payeront 20 fr. On souscrit, à Paris, chez M. F. Drouin, éditeur et imprimeur, rue Hautefeuille, n.° 5, 11 faut affranchir le port des lettres et de Par- gent. pe RUE g . Table des Articles contenus dans ce Numéro. NEPESUT OS IIR EE. * Précis de l'Iistoire universelle ; par ” - le C. Anqueril. 345 Paz wmwoGRABEHTE, © Examen d’une Agate añtique grec- : q ; considérée surtout du côté « de la simplicité naïve de son in- | “stription; par le C. Caelver. 154 f BroGrRrAPH:Er. À _ Notice des ouvrages de M. Z'An- È ville, 171 MÉLANGES. Notice d'un Manuscrit de la Biblio- théque publique de Grenoble, contenant diverses poésies d’Ant. Astezan, d'Ast en Piémont; px le C. Berriat (Saint-Prix). 179 LANGUE GRECQUE. Eatrait d'un Prospectus, écrit en grec vulgaire, d’un Dictionnaire grec » ancien et moderne ; avec es observations; par d'Ansse de Villoison. ; 110 ‘ L | AL Ter pratique. des maladies des 1 Yeux ; par À. Scarpa. 224 MéDzcCrnNe. MiINÉRALOG:rIEz * Mémoire relatif à l'apparition ré- : cente des’ productions volcani- ques sur la côte du golfe de Gascogne , adressé au C. Millin par le GC. Thore, médecin à Dax. | 229 BIBLIOGRAPHIE. .: Anecdote: bibliographique : par le © a Pr Poésie LATINE Vers de Jean - Baptiste - Gaspard d'Ansse de Villoison, pour le jour de la naissance du célèbra astronome Jérôme de Lalande. 238 VARIÉTÉS, NOUVELLES ETCORs RESPONDANCE LITTÉRAIRES, NouvELLEs ÉTRANGÈRES. Nouvelles de Copenhague. 241 FRANCE Athénée de Toulouse. 24a Première séance publique de la So- : ciété de médecine - pratique de Montpellier. 248 PARTIS. Athènée des Etrangers. 251 Société philotechnique. Séance pu- blique du ro fluréal an 10, 252 CoRRESPONDANCE. Lettre au €. Mrllin, concernant la traduction , en françois, de Ja de- scription de la Grèce, par Pausa- nias, 253 THÉATEARESS. Le Roi et le Laboureur, 257 Juliette et Belcour. Ibid. Le Concert interrompu. Ibid. Le Pacha de Surenne, 0% l’Amitië des Femmes. 258 LIVRES DIVERS, Botanique. Elémens de Botanique ; par le C, Véntenat; trad. en allem. 259 Physique, Nouveau Traité sur la construction et invention des nouveaux Baro- mètres, elc.; par Assier-Perricag pére: » Zik f x hole docteur:C/ahré net Ra d'pac (KE are Jatroduction EF’ sie da Part. F % EDéntachrif: fade Gb guerre; ir, de là Rocheoy- von Ronral cvaga y ETUI ab Esonunde poliéque. re à (Chp-d'eril der - force er l'op- 1% encéde ja Grande-Divtagies par K ER ATÈ Arnnares! draon 24, Ke k FES sd. ner AP à pi TRE For +. Ÿ deu use. “of ne ce #5 283$ le C. Man chone, TA Commerce ces, Re dpt CAO FA He ème cCaliet Fr Va DL oNER à es! Abdèi: ites suivis de là CA 2 connüerciale; te le C: Feuehet L 267, “ie. 44 CS EN a Statue, pau Wie Staristique. Fre « à Ps ad 1e ë ae DT EN de “iratistique. ranbe et: CN LUE 14 seconde. Hrraisons SR 268 dors "1 % pré su -Piraille an si tbe de” de F* Yoèée NS IRISIQN" ms ‘M Discours qai a ee masique.et déclañation , propos pa la chasse de lixérature etbeaux- Voyage à pitrasque A Syrie, ke | 27 gris de À Institut nation de > par le € Tele : in-Switzerland and in ph: Country, .0f 1h? Grison ; from” Willianr Coze. ! 271 Pac: Milanges. be) LR MNeugstes : Gemælde von Lissabon. Essais - ne Michel, pie 4 à Mc 27R Ie oiaigne, 287 Forte d'un voyage en Afrique, - ÿ à À “Jeux.” ..v2r fait pendant les années 1785, 1786 er 1787; par le.C: Golberry. 274 Les S Srralagèmes des échecs pa un apiateur. Antiquités, is a$ Gravure. É te" Figares d'Hemère ; dessinées d'a: | prés antique ;; Lu HG: Lise Le Triomphe ‘de la Raigon) ee HRK 279 à : Frances i TAwES. Se Ci qui Rrège faire annoncer es ou! ra | dans quelqües-uns'des: meilleurs: jomtraux de l'Aîle: ; rapue, péuventen rerétire PAROI CEn br ‘as ce outnaË RE DE 6 À mat Ë aie ‘ ps de ce Journal est + fre: : ; | _ É, 2 A francs. pour trois. Fin , 18-francs pour six MOIS , A RE LEN CE UF 36 francs Bb un an, LEE A “pour anis. He pour les, “Dépamemens, ‘franc. de port Fe à O x peut s'adressèr au Bureau ‘du Journal” out se procureg s'les Livres qui paroissent en Frantve et. chez l’étrangér , ‘ex fuur: ce qui Fate la. Librairie ancicnne et moderne. FA, JT. ui: anal la plupart des éme qui ont nom distingué, une réputation justement acquise quelque partie des arts ou dés sciences, tels Mes CC. ALIBERT , DescENETTESs, BasT, SIL-. DRE DE SACY, FOURCROY, HALLÉ, DumÉRIE, CHWEICMÆUSER , LACÉPÈVE, BARRIER, LAN- s, LALANDE, LAGRANGE, LEBRUN, MARRON, NTELLE , BARSIÉ OU Bocace ,- Bassiyer, Ru ORELLET, NoEr, OBERLIN, CHARDON- LA | MEÂTE, GAME Éans _ FRADES, r n Léveizré, Cuvrer, Grorrroy, VENTENAT, CAVANILLES, USTERI, BOETTIGER, VISCONTI, VizLoison , WiLLeMET, WiNCKLER, etc. fournis= sent des Mémoires, contient l'extrait des principaux ouvrages nationaux : on s'attache surtout à en donnéf une analyse exacte, et à la faire paroître le plus promp* tement possible après leur publication. On y donneune notice des meilleurs écrits imprimés chez l'étranger. On y insère les mémoires les plus intéressans sut étend parties des arts et des sciences; on choisit principalement ceux quisont propres à en accélérer les progres. À $ PE | On ÿ publie les découvertes ingénieusés, les invens tions utiles dans tous les genres. On y rend compt des expériences nouvelles. On y donne un précis de ce que les séances des sociétés littéraires ont | de plus intéressant ; ane description de ce que les dés pôts d'objets d'arts et des sciences renferment de plus curieux. . K: On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages des Savans, des Littérateurs et des Artistes distingués, dont on regrette la perte ; enfin, les nouvelles litté* raires de toute espèce. ‘hi Ce Journal est composé de six volumes in-8.° pat an, de 600 pages chacun. I] paroît le premier de. chaque mois. La livraison est divisée en deux nu méros, chacun de 9 feuilles. à sn IE À Amsterdam, { chez la veuve Chenguion et d'Hengst. À Bruxelles, chez Lemaire. | EE A Florence, chez Molini. 44 À PAU EE 0 , chez Fleischér, chez Mangct. A Genève, { chez Paschoud, va À Harvbourg, chez Hoïffinann, PA A Leipsic, chez Wolf. rt À Leyde, chez les frères Murray. A Londres, chez de Boffe, Gerard Strerh À Sirasbourg, chez Leÿrauile, A Vienne, chez Uegen, À Wesel, chez Geisler, Directeur des Potins; F\ faut affranchir les lettres, : . RAD VE TU Ur VOrAGE en Krimée, suivi de la relation de l'ambassade envoyée de Pétersbourg à Constantinople en 1793 ; publié par un Jeune Russe attaché à cette ambassade ; traduit de lallemand par L. H. DELA- MARRE. 1 Vol. in-8.° Chez Maradan, libr. rue-Pavée-Saint-André-des-Arcs, n.° 16. Ox n'a jamais eu autant de voyages à lire; leur multiplicité rivalise avec les romans; ce sont les deux branches de notre littérature qui sont les plus à la mode, car tout est mode en France; depuis le voyage de l’avocat Mignon, jusqu’au savant voyage de Forster , du Bengale à Pétersbours , on trouve à s'amuser et à s’instruire. Autrefois les voyageurs étoient mis au rang des romanciers; mais depuis que les rations se sont occupées à parcourir le globe, Ja navigation , la géographie, l’astronomie se sont enrichies de découvertes utiles , la vérité a remplacé le merveilleux, et l'Inde nous est peut-être plus connue que certaines contrées de l’Europe ; c’est ce qui a déterminé le C. Delamarre à traduire le voyage que nous allons parcourir. La Krimée est de- venue un pays intéressant depuis que Catherine-la- Grande l’a, pour ainsi dire , fait reparoître sur nos cartes. Cette relation de l'ambassade, qui n’étoit Tome EF, T 290 Voyage. qu'un itinéraire assez insignifiant , le traducteur l’a rendue curieuse et instructive en nous faisant con- noître les mœurs, les coutumes, le gouvernement de la Moldavie, de la Valachie, de la Bulgarie» contrées que nous trouvons souvent nommées dans les gazettes , et qui nous seront bientôt moins étran- gères si les conjectures de nos politiques se réalisent, Ces conjectures prennent presqu'une espèce de fon- dement d’après un ouvrage de M. W. Eton, sur le partage de la Turquie, qui occupe les penseurs anglais , et dont il a paru déja trois éditions. Le jeune voyageur part de Vienne, parcourt la Gallicie, la Bukovine, et arrive à Jassy au moment où les envoyés de la cour Ottomane y venoient con- clure la paix avec la Russie ; il fut témoin des fêtes brillantes qui en furent les préliminaires, et des cérémonies funèbres que la mort de ce prince Po- tenkin, si connu par son ambition , son despotisme, ses singularités, et si l'on veut, par ses talens et ses titres, occasionnèrent. Après avoir séjourné pen- dant quelque temps dans cette ville, il se rend en Krimée , après avoir traversé les déserts qu’habitent les Cosaques Zaporogues, et qui séparent Bender d'Oczakow, il arrive à Kherson. Cette ville, bâtie depuis quinze ans , est située sur les bords du Dnieper qui y forme un port propre à contenir un grand nombre de vaisseaux. Les rues en sont régulières et larges, des places publiques, en grand nombre , forment autant de carrés agréables. Au dessus des portes de la ville, on voit les armes de la Russie sculptées en pierre, etau dessous on y lit des ins- Krimée. 291 eriptions dont la plus remarquable est celle-ci : Z'oici le chemin qui conduit à Bizance. Cette ville, par sa position, est susceptible d’un commerce très - étendu ; mais ses environs sont si arides, à la distance d’uve lieue, qu'on est obligé de tirer les provisions de bouche de la Pologne et de l’Ukraine. L'air y est mal sain, et les maladies épidémiques très-fréquentes par les sables qui l’en- tourent , et les vents violens qui y régnent dans toutes les saisons de l’année. En avançant dans le pays, la fertilité la plus grande se montre de tous côtés ; des jardins bien cultivés, des vigñobles dé- licieux, beaucoup de jolies maisons de campagne ornent cette contrée. Le jeune Russe se rend à Sym- pheropol où réside le gouverneur de la presqu’ile. Ce fut à ses prévenances qu’il dut les facilités de par- courir un pays trop peu connu , et d'étudier des hom- mes encore incivilisés. La nature s’est plue à enrichir de toutes ses richesses cette contrée qui présente des points de vue charmans et variés, des plaines et des prairies arrosées par le Salgir. Les Tatars ont un peu de peine à s’accoutumer aux mœurs d'Europe, et à la domination des Russes, qu’on leur rend cependant aussi douce qu’il est possi- ble. La plupart de ces Tatars vivent encore à la . maniere turque , et ne cherchent point à apprendre la langue russe, « Quant à ce qui concerne leur ca- « ractère, j'ai été très-souvent à portée de remar- » quer parmi eux, des traits sublimes de douceur « ef de générosité, une noble simplicité vraiment « patriarchale, et un empressement à exercer l’hos- ‘ T2 202 Voyage. « pitalité qui mérite le plus grand éloge. » En pé- nétrant dans l’intérieur d’un pays où des étrangers ont encore si peu voyagé , on arrive à Bacht- Shisarai, ancienne résidence des Kans de Krimée, La chaine de hautes montagnes qui l’environnent, offre des sites extrêmement pittoresques. La confi- guration de ces rochers est remarquable par les dif- férentes formes qu’elle présente ; les uns sont ar- rondis comme une boule, d’autres ressemblent à des tours, ceux-ci sont carrés, ceux-là offrent l’i- mage de vieilles ruines; c’est au milieu de ces ro- ches énormes qu’on trouve le fort des Juifs, ainsi nommé de ceux qui l’habitent, et de la nature de sa position inattaquable, C’est un petit village qui domine de quelques centaines de pieds tout ce qui l'environne, où on ne parvient que par un sentier coupé dans le roc , et où une seule personne peut passer. Une colonie de juifs qui l’habite de temps immémorial , y vit en paix et à l’abri des vexations auxquelles cette nation est exposée partout ailleurs ; elle y pratique librement son culte religieux. Quel- qu’élevé que soit ce village , on y rencontre des sources, des ruisseaux, et des puits dont les eaux serpentent sur la hauteur, par des canaux qui ser- vent à les y conduire dans les vallons délicieux, arrosés d’une infinité de petites rivières qui forment , de distance en distance, des cascades agréables, et meublés de villages et de maisons habités par des Tatars ; on rencontre de nombreux troupeaux composés surtout de ces moutons de Krimée, dont fa laine est si belle et la peau si recherchée ; c’est Krimée. 203 à l’excellence des pâturages qu’elles doivent ces qua- lités distinguées ; l’émigration que la guerre de la Russie a occasionnée , est la cause d’une grande di- minution dans cette branche de commerce; il est question , en ce moment , de réparer cette perte," en engageant une horde de Tatars Nogais de la Georgie de venir s’établir en Tauride. Apres avoir parcouru en observateur cette contrée vraiment romantique, le voyageur se rendit au port de Séwastopol formé de deux vastes baies qui peu- vent contenir cent vaisseaux, et en faire un des plus beaux ports de l’Europe. Cette ville est située comme Naples, en partie sur les montagnes qui environnent le port , en partie au pied de ces mêmes montagnes , en général couvertes de jardins, de vignes , et de maisons de campagne. Cette première excursion avoit été si satisfaisante, qu’elle entraîna le jeune Russe à en entreprendre une seconde ; il partit de Symphoropol, il se dirigea vers Sudak où il vit, sur une montagne, située au bord de la mer, les restes d’un fort, bâti par les Génoïs lorsqu'ils étoient les maîtres du commerce de cette presqu’ile; on peut se faire une idée de ce qu’il étoit, par l’enceinte des fossés et des canaux dont on voit encore les traces. Ces ruines , et toutes ces destructions rappellent l'instabilité des créations des hommes, et les conquêtes du Tems, Dans la petite Krimée , résidence du métropolitain de la Tauride , on rencontre les restes d’une colonie alle- mande que l’impératrice avoit appelée dans cette partie de la presqu'île , et qui est presque détruite, T 3 204 Voyage. parce que les établissemens qui lui avoient été des- tinés, n’ont pas été achevés. On y voit aussi une manufacture de soie établie par un sujet du duc de Parme ; mais qui est encore loin de parvenir au degré de perfection de celles de France et d’Italie. De-là , le voyageur voulut se rendre à Théodosia, ville autrefois si florissante par son commerce , que sa situation sur les bords de la mer faworisoit ; il n’en reste qu’un amas de pierres, et des restes d’an- ciennes fortifications. Des places sur la mer d’Asow étoient encore à visiter; Kerst et Jenikalé pouvoient bien attirer la curiosité du voyageur; la première fut la résidence du célèbre Mithridate , roi de Pont, et on y voit encore son tombeau. Sur la route qui conduit à ces deux villes, on trouve les ruines de temples payens consacrés à Neptune et à Diane; l'éloignement et le desir de se rendre à l’armée russe, l’empécherent de visiter ces lieux que le vaiuqueur des Romains rend intéressants. Le jeune Russe, destiné à être du nombre de ceux qui devoient accompagner l’ambassadeur que Catherine-la-Grande envoya à Constantinople en 1793 , après la paix de Jassy, entre dans un détail minutieux des lieux qu’il parcourt ; ce qui rend son . itinéraire assez stérile , quoiqu'il ne laisse échapper aucune occasion de.l’embellir, de ce que la nature, les usages des peuples , les costumes divers, lui of- frent de plus remarquable. Le traducteur a cherché à faire disparoître ce qui,rendoit ces détails insi- pides , en répandant dans ce volume des observations très intéressantes sur les nations moldaves et vala- Krimée. 299 ques , sur la nature de leur gouvernement, et sur les ressources que ces deux pays présenteroient au commerce de l’Europe et de l’Asie par ses fleuves, s’il étoit soumis à d’autres souverains qu’à des vic- times de la tyrannie ottomane. Nous nous arrêterons sur quelques-unes de ces observations , qui font con- noitre des peuples qui méritent un autre sort , et nous laisserons notre Russe parcourir avec lenteur , pendant six mois, l’espace qui sépare Pétersbourg de Constantinople. La Moldavie et la Valachie, qu'il traversa, sont deux provinces contigués d’une même étendue en longueur et.en largeur, c’est-à-dire, environ quatre- vingts lieues de France en long , sur soixante-dix de large. La premiere se divise en haute et basse. La haute, qui touche à la Transilvanie, est remplie de montagnes. La basse, située vers l'Ukraine, la Bessa- rabie et le Danube , offre une suite de plaines, et une différence dans l'atmosphère. Ce climat ressemble beaucoup à nos provinces de Champagne et de Bour- _ gogne. L'air n’y a point en général cette élasticité qui caractérise nos provinces occidentales, on s’en aperçoit par la tristesse , l’ineptie et la mélancolie des habitans. Cette province, et les contrées qui se trouvent à Vouest , fut occupée par les Scythes. Outre les diffé- rentes dénominations données aux habitans, parles différentes hordes qui s’y répandirent , les Grecs les nommèrent successivement Getes, Daces., etc. Trajan ayant défait Décébale qui y régnoit, divisa ses états et y fit passer une colonie, ou plutôt un ramas de T4 296 Voyage. ce que la Grèce et l'Empire romain put lui fournir. Cette colonie fut comprise et soumise dans la suite par les Sarmates, les Huns et les Goths. Cent ans après, c’est-à-dire vers la fin du douzième siécle, leur population s'étant accrue , et se trouvant trop resserrés, ils résolurent d’étendre leurs conquêtes. Etienne-le-Grand , roi de Hongrie , sous lequel les Moldaves et les Valaques avoient passés volontai- rement, conseilla, à son fils Bogdan , de remettre ces deux provinces aux Turcs, à titre de fiefs. Ces nouveaux seigneurs se contentèrent d’en exi- ger un certain tribut, en leur laissant la liberté d’élire leurs princes et leurs boyardæ La religion grecque, qui ÿ fut propagée à l’époque du schisme, y devint dominanté. Les évêques et les moines en furent bientôt les souverains; le Turc, content du tribut et du dévouement dé ses usurpateurs, les laissa jouir en paix de leur pouvoir. Ce fut le céle- bre médecin Maurocordato, qui commenca le règne des familles grecques dans ce pays ; il fut fait prince de Moldavie ; et depuis, sa famille a presque tou- jours régné sur cette province où sur la Valachie. Celles des Cantemir, des Blancovan, des Gika, etc., ont aussi été sur les rangs; mais {outes ces familles n’ont pas plus de droits à ces principautés, que le premier marchand ou artisan chrétien grec qui pourra donner assez d’argent au grand visir, au Reis Effendi pour s'emparer de la dignité du Hospodar. « Si, par une politique bien entendue, la « Moldavie et la Valachie passoient sous la domi- « nation de quelque grande puissance, il seroit fa- Krimee. f 297 cile de prévoir et d’expliquer par quels moyens ce pays pourroit devenir un des plus beaux cantons de l'Europe ; les colonies que l’on y établiroit, n’auroient point à craindre les inconvéniens et les malheurs de celle d’Astrakhan, et on pourroit éviter ceux qu'ont rencontré les établissemens du Bannat de Temeswnr, en choisissant mieux les. terreins d'habitation, et, sous ce rapport, les. bords du Danube , le long des deux provinces, sout plus favorables, et l’intérieur des terres plus salubres ; il ne s’agiroit que d’épurer l'atmosphère par l'écoulement des eaux stagnantes , et de rendre par-là le sol le plus propre à la culture, l’exploi- tation des mines et des bois, le défrichement des terres, la culture des vignes et des arbres à fruit mieux entendus , seroient des objets qui, dans l’es- pace de peu d’années jenrichiroient deux cent mille familles de malheureux, exposés, d’ailleurs, à lindigence et à la fainéantise, et rapporteroient au Souverain plus de 60 millions de France. La nature dusol , des plaines et des coteaux offre, en général, des qualités si favorables que, par- tout indistinctement, on pourroit y cultiver le riz, le tabac, le sucre même, productions singuliè- rement propres à ce terrein. On rassembleroit ainsi, dans ce coin de l’Europe, tous les objets de culture connus sur le globe.» D'un autre côté , ces deux provinces bordées par le Dniester et le Danube qui se jettent dans la Mer- Noire, appellent le commerce des autres nations; les vaisseaux de la Méditerranée peuvent arriver dans 208 Voyage. trois jours du Bosphore de Thrace aux ports de. Galatz et de Braïlow ; les barques de la Bavière, de Autriche, de la Hongrie, peuvent également y descendre en très-peu de temps. Il est surprenant que ces nations n’ayent point tenté d’établissement de commerce dans ces contrées, si favorables à toutes Îles spéculations , et les ayent abandonnés aux Turcs et aux Grecs, qui ne s’en sont occupés qu'avec négligence et sans avantage. Le temps, qui enfante les révolutions, doit en produire une dans ces provinces ; mais cette révolution particu- lière ne tient-elle pas essentiellement au sort de. l'empire Otteman en Europe? Nous ne dirons rien des fêtes que l’ambassadeur : reçut et donna à son passage à Jassy; en général ces fêtes sont les mêmes partout ; concerts, repas, feux d'artifice, danses, amusent où fatiguent ceux qui en ‘sont l’objet et ceux qui les donnent ; mais nous devons dire quelles sont les différences qu’il y a entre les danses moldaves et les nôtres, dans un temps où ce talent est devenu le principal objet de l’éducation françoise. Peut-être que la description que nous allons en faire , donnera le goût de l’imi- tation à nos virtuoses. « On ne danse point en Mol- « davie deux ou quatre ensemble comme en France ou en Pologne; mais les hommes et les femmes « se forment en rond , se tenant chacun par la main, “ les pieds bien en dedans, les dames tendant hor- riblement le ventre et rentrant les genoux. Dans « cette posture, on voit leurs bras se remuer mé- « thodiquement et comme par ressort, leurs pieds L! Krimée. 299 alleret venir en même temps de l'avant en arrière, et de l'arrière en avant , le dos rond, le col roide, « temps de droite à gauche et de gauche à droite. Cette danse est fort amusante , comme on peut en juger, et se nomme la Chora. Quand les dan- seurs forment seulement une longue chaîne en se « tenant par la main, et en se quittant ensuite, «_pour laisser faire à chaque danseur les pas et les « mouvemens qui lui conviennent , elle se nomme “ tout simplement Dantfch, expression polonoise qui répond à ce que nous nommons l’angloise. Cette dernière est la plus en usage aux noces “ des Moldaves. » « Il existe une autre danse qui doit son origine à « la superstition. Les danseurs doivent être toujours «“ en nombre impair, et s'appellent Kalatzchenes ; « ils se rassemblent une fois l’an, sont habillés en «“ femmes, ont la tête couronnée d’absinthe 5 ils prennent la voix de celles dont ils ont pris le dé- “ guisement, afin de,n’étre point reconnu, un voile “ blanc couvre leur ‘visage. Ils tiennent en main “ une épée nue pour frapper celui qui oseroit sou- « lever ce voile. Le conducteur de’éette bande s’ap- « pelle Saritza ,et son adjoint, Primicerius; V’em- “ ploi de ce dernier est de demander à son chef le « noff de la danse qu’il veut qu’on exécute, pour « le dire secrètement au reste de la troupe ; aussi- “ tôt elle commence. Ces danses ont lieu pendant les dix jours qui s’écoulent entre l’Ascension et la Pentecôte, Ces danseurs ne couchent alors que dans l'œil morne et fixe; ils se tournent de temps en 300 Voyage. « tant la sotte crédulité donne de force à la supers- » les églises, et le peuple qui les suit, craint trop les sorciers pour s’aviser de choisir un autre gîte. Quand une troupe de Kalutzchenes en rencontre une autre, on en vient aussitôt aux mains; les vaincus sont obligés de céder la place aux vain- queurs pendant neuf ans consécutifs. La justice ne peut se mêler de ces rixes, quand même quelques- uns des combattans auroient péri dans l’action. On est engagé pour neuf ans dans ces associations, et, si on s’en sépare , les malins esprits, dit-on , ne manquent point de lui faire payer cher cette désertion. Le peuple superstitieux attribue à ces danseurs, le pouvoir de.faire passer les maladies chroniques ; le malade se couche par terre, et chaque danseur, à un certain passage du chant qui accompagne la ronde qui se danse , lui marche légerement surile corps depuis la tête jusqu'aux pieds, et revient ensuite lui marmotter quelques mots à l'oreille, pour conjurer la maladie et lui ordonner de se retirer. Apres avoir répété la même cérémonie pendant trois jours, la guérison, ajoute le peuple, doit étre complète;-et tout ce que. les médecins les plus habiles ne pourroient faire:, s’opere ainsi avec Ja plus miraculeuse facilité ; » tition. Toutes les productions de là nature, qui enrithis- sent les autres parties de l’Europe, abondent en Valachie, il y en a même qui lui sont particulières, comme les plantes colorantes ; mais la proximité de la Turquie ne lui permet pas d’en jouir, quoique ces Krimée. 901 richesses et sa position l’ayent mise à portée d’en obtenir tous les avantages. Ce qui fait la force, ce qui est l’objet de l'attention de tous les gouverne- mens, est totalement ignoré dans un pays que la Fécondité et l'abondance, en tout genre, ont favo- risé avec une espèce de prodigalité ; mais, tels sont les effets du despotisme ; qu’ils dessechent les sources de l’industrie, et paralysent les présens même de la nature. Telleest la position des princes de Valachie, que toute démarche qui tendroit à développer quel- que branche de talent, à ranimer dans ses sujets quelque énergie dans leur ame , seroit regardé comme un crime. Les Hospodars n’ont qu’une affaire, qu’un soin, qu’une.science , c’est de savoir se préserver des intrigues et des cabales: de la cour de Cons- tantinople ; sa politique barbare ne lui permet pas d’avoir , sur les frontieres de cet empire , un peuple riche , éclairé et florissant. Les descendans des Ro- mains, de cette colonie que Trajan y avoit établie, sont devenus les esclaves d’un gouvernement ennemi . des sciences, des art: , et de l’industrie. La Valachie souvent inondée , comme les autres pays du midi, de ces torrens de barbares qui couvrirent l'Europe ‘entière, a conservé quelques restes de la langue ro- maine , mais extrêmement défigurés par le mélange de plusieurs termes pris dans le jargon des peuples qui l’ont successivement subjuguée, Les Valaques sont, en général, de grande taille, bien faits, robustes , d’une complexion saine. Les maladies sont rares parmi eux ; la peste , si fréquente en Turquie, pe s’y manifeste que lorsque les troupes 302 Voyage. d’Asie viennent , pendant la guerre, désoler ce beau pays. Les mœurs des Valaques sont simples, l’art ne les à ni embellies, ni corrompues; ils ont pris des Türes la manière de se vêtir et de vivre, avec la différence qu’ils aiment beaucoup le vin ; ils sont paresseux , avares, mais d’ailleurs bonnes gens, et surtout fort hospitaliers entre eux, et extrémement réservés avec les étrangers. Ils cachent leurs femmes comme les Turcs; chez les uns et les autres, les vices et les vertus ont encore beaucoup de rapports, et il n’y a de différence que celle que la religion peut y mettre. Les Valaques, ainsi que les Mol- daves , suivent le rit grec; mais ils sont aussi igno- rans en religion que dans les autres connoissances utiles. Ils s’attachent aux cérémonies extérieures, et croyent aveuglément ce qu’on a intérét de leur persuader. Les fantômes, les sorciers, et mille au- tres absurdités inventées par l'ignorance, et perpé- tuées par la crédulité, conservent leur empire dans la Valachie. : Nous avons voulu faire connoîtrele caractère moral, les mœurs et les coutumes de deux peuples qui vont peut-être devenir plus remarquables aux yeux de Ja politique, qu’ils ne lont été jusqu’ici comme nation européenne ; ils vont recevoir une nouvelle existence qui développera en eux un caractère com- primé par les vexations de la barbarie et de l’avarice, ils sauront profiter de la liberté qu’ils obtiendront, et jouir des dons que la nature leur a prodigués. Nous avons préféré des notions qui nous ont paru intéressantes , à des détails de marches , de campe- Krimée. 309 mens, de gîtes, tantôt agréables, tantôt déplaisans. Arrivé à Andrinople , le voyageur parcourt la ville sous Jes auspices d’un françois , nommé Terasson , qui lui procure, et à ses compagnons de voyage, l’entrée de tous les édifices remarquables. La mos- quée de Bajazet I.‘ fixa leur attention. Elle porte le nom d’Imareth, c’est-à-dire d’hôpital, et est distinguée par la beauté et la sublimité de son ins- titution, on y distribue, deux fois par semaine, aux pauvres de la ville, une mesure de riz qu’on nomme Pilas!, qui assure du moins aux indigens le moyen de fournir aux premiers besoins de la vie. « « « Lu Li Li] LI “ L'hôpital des fous, bâti à peu de distance de cette mosquée , n’offre pas un but moins conforme aux doux principes de la bienfaisance. Nous y vimes quatre de ces malheureux insensés attachés avec de grosses courroies. Il se présente, à ce sujet, une observation qui n’échappera pas aux adminis- trateurs de nos hospices. Le bruit des chaînes ne servant qu'à augmenter encore la fureur de ces malheureux que l’on envoie dans les maisons de force, ne seroit-il pas facile et plus humain de substituer partout de semblables courroies aux chaînes que l’on emploie pour retenir tant d’êtres infortunés, auxquels il est difcile de refuser le sentiment de compassion que leur état doit ins- pirer ? La position de cet établissement auprès de la mosquée , paroît désigner le point de vue reli- gieux sous lequel les mahométans envisagent Ja perte de la raison, D’après leur opinion , l’insensé a renoncé à toutes les choses terrestres pour ne 304 Voyage. plus s’attacher qu'aux choses célestes ; c'est pout « cela qu’il est permis à tous ces infortunés de cir- culer librement dans ces mosquées, toutes les fois qu’ils ne portent préjudice à personne. S’il arrive « qu’ils fassent du mal à quelqu'un, alors le gou- « vernement avise aux moyens de l’empécher, en lisolant dans quelque endroit de l’édifice où il n’a plus la liberté de nuire. » On a lu partout les descriptions d’entrée d’ambas- sadeurs, envoyés auprès de la Sublime Porte, des audiences que ces principaux membres de la diplo- matie européenne obtiennent du grand-visir et du grand-seigneur ; des cérémonies qui s’observent dans ces entrevues insignifiantes, de l'étiquette qui y rè- gne; des fêtes que les principaux officiers de la Porte donnent à ces ambassadeurs, et de celles qu’on leur rend; nous ne nous arréterons pas sur ces détails trop connus ; nous chercherons dans le récit du voya- geur ce qui le sera moins; à la fête du capitan Pacha, on servit une grande quantité de mets, mais la difi- culté étoit d’en faire usage , les instrumens néces= saires pour y parvenir manquoient, on n’ayoit ni. couteau, ni cuillers, ni fourchettes , il fallut avoir recours aux moyens que la nature a accordé à chaques individu. Le vin étoit également supprimé ; quoique les Turcs fassent grand cas de cette liqueur, et qu'ils” soient très- disposés à enfreindre la loi de Mahomet, ce n’est point dans une occasion d’apparat qu'ils osent oublier ce précepte du coran. Après ce sirgu- lier repas, les jeux commencèrent, trente hommes se présentèrent, tenant un bâton blanc à Ja main, long Krimée. 309 long d'environ quatre pieds , montés sur de superbes chevaux arabes. L'espèce de tournois , nommé Girerte ou Djerid , auquel ils alloient se livrer, consiste à lancer son bâton avec assez d’adresse pour en tou- cher son adversaire et éviter d’en être touché. Les joueurs décrivent toujours des cercles en allant au grand galop , et il faut qu’ils ramassent , en courant ainsi , les bâtons qui sont tombés par terre. Des es- pèces de gladiateurs leur succédèrent, ces lutteurs presque nus, et le corps frotté d’huile, comme ceux de la Grèce et de Rome, s’attaquèrent réci- proquement , et le combat ne se termina que lors- qu'un d’eux fut parvenu à vaincre ses adversaires en fixant la victoire de son côté. Des comédiens , et quels comédiens! des danseurs de corde terminent une fête aussi ennuyeuse que pompeusement an- noncée. Voulant profiter du firman qui permettoit de voir tout ce que la ville offroit de particulier , l’ambas- ‘sadeur et sa suite visitèrent tous les édifices publics. La mosquée de Soliman , la plus magnifique et la plus agréablement située , dans laquelle sont les tombeaux des sultans, appela leur curiosité. Lors- qu’ils yentrèrent, un iman , entouré d’auditeurs age- nouillés , en cercle et le visage tourné vers lorient, _commentoit, à sa maniere, quelque passage obscur de la loi. Dès que les étrangers entrèrent dans la mosquée , l’orateur abandonna sa matière , pour s’oc- cuper de ceux qu’il apercevoit, qu’il lui plût d’ex- clure ,sans miséricorde , du séjour éternel ; ce qui cap- tiva encore plus l’attention de ceux qui l’écoutoient, Tome I, V - 5 V06 Voyage. L’interprete raconta que ces prêtres tures s’expri- moient souvent, même en présence du grand- seigneur, avec autant de force que de hardiesse, sur la corruption des mœurs de la cour , et sur les abus qui s’introduisoient dans le gouvernement, et que cette liberté, qu’on ne s’attend pas à trouver dans un état despotique, avoit , plus d’une fois, produit les effets les plus heureux sur le cœur du sultan. « Les mosquées turques contiennent , pour « les amateurs d'antiquités, beaucoup d’objets inté- ressans ; entre autres , beaucoup de vases de l’an- cienne Ægypte, de la Grèce, d'Athènes. Dans « cette même mosquée on y voit quatre colonnes apportées de Troie. » | L’hyppodrome que les Turcs nomment l’Ætmeidan, est l'édifice le mieux conservé; c’est un grand cirque destiné, dès son origine jusqu’à nos jours, à des courses de chevaux , il fut commencé par l’empereur _Sévère, et achevé par Constantin ; c’est en sortant de visiter cet édifice que les curieux aperçurent sur une grande place, un petit escalier qui conduisoit à un vaste bâtiment souterrain ; il descendirent , et ils furent fort étonnés d’entrer dans une vaste salle voûtée , dans laquelle étoient réunis un grand nombre d'ouvriers qui travailloient à différens ouvrages en # soie. Chaque arceau de voûte étoit soutenu par plu- sieurs hauts piliers en pierres et fort bien sculptés. L'ensemble de cet édifice présente un coup - d’œil très-beau et fort imposant. On prétend que sa fon- dation remonte au quatrième siécle, et qu’il a été. bâti par Constantin pour servir de casernes à ses Krimeée. ) 307 troupes. On ne peut voir, sans admiration, l’état d’in- tégrité où il se trouve ervore, et comment cet édifice a pu échapper aux ravages du temps pen- dant l'espace de quatorze cents ans. Ce voyage et ce séjour à Constantinople rendent Ja lecture de ce volume instructive et intéressante ; la géographie y trouvera même quelques notions de localité plus exactes que dans les cartes que nous avons sur la Moldavie, la Bulgarie , la Valachie ; il est à regretter que le C. Delamarre n’ait pas pu exécuter le projet qu’il avoit de joindre à sa traduc- tion une carte des contrées que l'ambassade avoit parcourue , d’après celles de la Moldavie , par Bawher; de l’empire Ottoman , par Zannoni; de la Krimée, par Kinsberg, A, J. D. B. V 2 EH, LSRE OR. ER LETTRE au C. MILLIN, rédacteur du Magasin Encyclopédique. Ciroven , les mystères du paganisme sont de- puis longtemps l’objet de mes recherches; et je pré- pare une nouvelle édition de louvrage que j’avois pu- . blié, en 1784, sur cet objet intéressant. Le temple de Cérès et de Proserpine , à Eleusis, y fixe d'autant plns mon attention , que c’étoit l’endroit où s’exercoit le culte le plus mystérieux, comme le plus accrédité de la Grèce. J'ai donc dû prendre tous les renseigne- mens possibles , relativement à ce temple, Le C. Fou- cherot a bien voulu me communiquer tous ceux qu'il s’étoit procuré lui-même sur'les lieux, en 1781. Il y avoit été envoyé par M. de Choiseul-Gouffer, dont la générosité égale le zèle et le goût éclairé pour les lettres et les arts. Il y a environ cinq ans que le C. Foucherot me fit passer les plans du territoire » d’Eleusis et des ruines du temple célebre de cette ” ville. Je les destinois à orner ma nouvelle édition, lorsque des journaux étrangers m'ont appris qu’on avoit fait graver en Angleterre ce temple. Est-ce … seulement d’après un dessin à peu près semblable à celui du C. Foucherot, ou, à l’exemple de Perrault, a-t-on imaginé de représenter l’ancien temple détruit de fond en comble, depuis plus de quatorze siécles; je lignore, n'ayant pu encore me procurer cette gravure, Mais pour ne point priver le C, Foucherot de | 14 QU nn: 14 , VON 1} en ge 2 ar ag a À + { \ LA CN UT fl ER" ] Vi ; sol D. 12 «x LENE LH” 0 L » i Wii ré naéelres LT Be aies ne rames ue À FRE à LT OS ke | rh Magasin Enciclop . Annee III. 1om-1. Lage Dog: PLAN DES RUINES DU-JEMPLE DE CERES À Ereusis Levée en 1701 PT FOUCHEROT Zngenieur des Lontr el (hausses. AAA UN a" DMOMOMO" O0. 0 O Oo Zambour de lolbnnetn marbre de 6“ 2% de Drametre z0 2 Joo Pieds RE LEE - Lu DE PE Eleusis. 309 Ja priorité de son travail, j’ai cru devoir publier par la voie de votre journal, le plan du temple consacré aux mystères d'Eleusis, que cet ingénieur, aussi modeste qu'habile, a fait avec beaucoup de soin et d’exactitude. A ce plan est joint le chapitre qui doit accompagner dans ma nouvelle édition (1). On re- marquera sans doute que j'ai poussé plus loin, que dans l’ancienne, mes recherches ; j’ai même consulté les manuscrits, et ils ne m'ont pas été inutiles, comme il sera facile de s’en convaincre dans cette édition, où l’on trouvera plusieurs fragmens assez considé- rables des philosophes des V.° et VI.° siécles, tous inédits, qui concernent les mystères, et l'opinion qu’ils en avoient. Dans le chapitre que je publie aujour- d’hui, vous verrez deux passages tirés des manuscrits de la bibliothéque nationale, dont l’un donne la date précise de la seconde incendie du temple d’E- Jeusis, qui nous étoit inconnue ; et l’autre , l’inscrip- tion de la façade de ce temple , qu'aucun auteur - n’avoit rapportée. Mon édition sera encore ornée de tous les monumens anciens qui peuvent répandre quelques lumières sur les différentes cérémonies mys- térieuses de Cérès, de Bacchus, d’Isis, de Mithra, etc., .... Ainsi je me permets de cueillir quelques épis dans votre domaine ; mais c’est à vous qu’il ap- partient d’y faire une abondante moisson. Salut et attachement, SAINTE-CROIXx. Paris, le 20 germinal, l'an x — 10 avril 1802. (1) Ellé paroïtra en 2 vol, in-8.o, chez Fuchs, libraire, rue des Mathurins } auquel s’adresseront d'avance ceux qui desireront avoir des exemplaires , grand papier, et les premières épreuves des planches, NS 310 Histoire. OBSERVATIONS sur le temple d’Eleusis consacré à Cérèés et à Proserpine. L A Grèce ,ensecivilisant, forma un grand nombre de petits états, plus jaloux d’abord de conserver leur indépendance naturelle, que d’étendre leur terri- toire : quelques-uns même se subdivisèrent; entre autres l’Attique (1), où se trouvait l’Eleusinie (2), gouvernée par Eumolpe. Pausanias fait commencer ce pays du côté d’Athènes, aux rhetes, ou courans d’eau saumâtre qui viennent de l’Eubée, L’Eleusinie touchoit , d’un côté à la Mégaride (3), et de l’autre à la Béotie (4) ; il se prolongeoit ainsi sur les bords de la mer, l’espace de deux lieues (5), et s’étendoit quatre ou cinq en profondeur dans les terres. y Une partie considérable de ce petit territoire étoit occupée par la plaine de Thria (6), qui auroit été d’un grand produit sans les vents du midi. S’éle- vant du côté de la mer, ils y donnoient souvent la carie aux blés, et trompoient par là l’espoir des agriculteurs (7). Cette plaine renfermoit au cou- QG) Taucr. lib. IT, c. xv. (2) Pausan. Artic. c. XXxXVIIT. (5) Id. c. xxxix. (4) Srras. lib. IX, p. 395. (5) Voyez le plan de la bataille de Salamine, par M. Barbié du Bo« cage , dans l'Atlas du Voyage du jeune Anacharsis. (6) Heron. lib. vurr, c. zxv. Srnar. 2, 5, Z. (7) ArtsroT, Problerà2. lib. XX VI, Eleusts. D CT chant le champ de Rharion (8), où le premier grain, dit-on, fut semé. L’Orgade, terrein complanté d’ar- bres (9), et consacré à Céiès et à Proserpine (10), étoit limitrophe de ce fameux champ. Enfin sur les bords de la mer s’élevoit une colline, à lextrémité de laquelle on voyoit la ville d’Eleusis, située à en- viron quatre lieues d'Athènes , et à 167 toisés ou mille pieds (11) du golfe qui portoit son nom, et la séparoit de l'ile de Salamine. La vanité, passion mensongère et crédule, se plut toujours à obscurcir lorigine des familles, des villes et des nations. Ne soyons donc pas étonné de trouver beaucoup de l'incertitude sur la fondation d'Eleusis. Les uns l’attribuent à Ogygès (12), et d’au- tres à Eleusinius, fils de Daire , lequel descendoit de l'Océan et de Mercure, ou de ce même Ogygès (13). On assuroit encore que cette ville avoit pris son nom de l’arrivée de Cérès (r4), sans doute à cause de l’étymologie. Pausanias observe très-bien que les Eleusiniens , loin de rapporter quelque chose de eertain sur leur origine, ne débitoient que des fables (8) Pausan. Arric. ©. xxxXVIIL— STEPH. Byz. in . ». etc. Mrurs, de regno attic: lib. LI, c. xiv. (a) Xenorx. de venat. c. IX et X. Pnor. Lez. ined. et Surn. in v. épyas. PacrauDr, Mon. Pelopon. 1.1, p. 158. (to) Pzvur. Vie. Per. t. I, p. 168, etc. PAus. Lacon. c. 1v, etc. (11) Suivant les mesures de M. Foocherot , dans le plan ci-joint des ruines du temple d'Eleusis. (12) Euses. Chron. p. 66, et ScaL1G. noë. p. 20 Pauz'Onos. lib. 1, c. VII. (13) Pavws. Aitie. ©. xXXYINr. (14) Anisr. Eleus. p, 257. Erym. maGn. ÿn w. EAtuais, V 4 312 Histoire, et de fausses généalogies (15). Ce frès-petit peuple fut cependant aussi recommandable par sa sagesse que par son antiquité (16). Soumis par Erechthée, il ne fit plus qu’une même nation avec les Athéniens, auxquels il ne survécut pas. Du reste, Eleusis cessa presque d’exister , aussitôt que le temple de Cérès, son ornement et sa principale ressource , eut été dé- truit. C’est au milieu des ruines de cet édifice, qu’elle se voit représentée, en quelque sorte , par un misérable village , livré aux insultes continuelles des pirates, et sans cesse dégradé par la barbarie des Turcs. Le temple d’Eleusis, consacré à Cérès et à Proser- pine , étoit regardé comme un des quatre plus beaux de la Grèce européenne et asiatique (17). Eusèbe rapporte la fondation de ce temple au règne de Por- dion II (18). Clément d'Alexandrie (19) et Tatien (20) la placent, avec moins de vraisemblance, au temps de Lyncée, c'est-à-dire, 122 ans plus tôt, époque où le culte de Cérès n’étoit pas encore établi dans l’Attique. Si l’on pouvoit ajouter foi au rhéteur Ari- stide, ce même temple existoit déja au retour des Héraclides, qui, accompagnés des Doriens, le rui- nèrent , selon(lui, de fond en comble (21). Il étoit (15) Paus. Artic. ©. xXXVUIR. (16) One. Contr. Cels. p. 15. : (x7) Vrrauv. Prœm. lib. VAL; p. 125, etc. (x8) Caron. lib. LL, p. 66. (19) Srrom. lib. I, p. 58r. (20) Orat. ad Græc: $. 1ar. (21) Exeus. t. I, op. p. 257. Eleusts. 315 cependant en état de défense, puisqu'il avoit dans sa_première enceinte un fort qui Je dominoit (22), On prétendoit que Cérès avoit elle-même désigné cet emplacement, voisin du puits de Callichore (23). Une situation aussi avantageuse ne mit cependant pas le temple de cette déesse à l’abri des dévastations commises la première année de la LXVIHI.® OI., 508 avant J. C., par Cléomène, roi de Sparte, et dont il fut puni, suivant les Athéniens , par un ac- cès de délire, dans lequel il se mutila d’une ma- nière horrible, et se donna ensuite la mort (24). En entrant dans la Grèce, les Perses pillèrent et brû- lèrent presque tous les temples. Ils parurent d’abord épargner celui d’'Eleusis; mais, dans leur retraite, apres la bataille de Platée, ils y mirent le feu qui le consomma totalement (25 ). Ce fait étoit trop connu, pour qu’Aristide pût l’ignorer. Pourquoi done ose-t-1] avancer qu’au temps de l’invasion de Xerxès, ce même temple avoit été épargné ( 26 ) ? Mais les rhéteurs, comme tous les beaux esprits , aiment mieux faire l’histoire que de l’étudier, Aris- (22) Inde Eleusinem profectus, spe improviso templi Castelli- que quod et imminet et circumdatum est templo, capiendi, etc. Trr. Law. lib. XXXI, c. xxv. De manière que ce château étoit situé sur la terrasse, entre le peribole et le mur du temple. Sans le plan de M. Foucherol, ce passage de Tite-Live étoit inintelligible. Ce fort étoit ancien, puisque Scylax en parle. Psrirz. in Georg. min. t. 1, p. 20. (25) Pseuno-Homer. Hymn, in Circr. y. 250, 25x , 275. (24) Heron. lib. VI, c. Lxxtv. (25) Eumpururreos ro ipoy vo év EAeuoivs dvaxropor. Id. lib: IX, c. zxv. {26) Ezeusix. Or. 1. I, p. 257. 314 Histoire: tide auroit dû y remarquer une circonstance , bien analogue au sujet de son discours, celle des défaites que les Perses essuyérent à Platée et à Mycale, toutes les deux près d’un temple de Céres Eleusi- nienne (27). Son but principal est de déplorer dans ce discours , prononcé devant le sénat de Smyrne, sous le règne de Marc-Aurèle , l'an de J. C., 162, l’in- cendie qui venoit encore de détruire cet antique monument (28). Vraisemblablement le ravage des flammes ne fut pas aussi considérable qu’on l’avoit d’abord cru , où il dut être bientôt réparé; puisque le temple subsista jusqu’à l’invasion d’Alaric, en 396, époque de sa dernière et totale destruction, sur la- quelle je m’arréterai davantage dans une autre section. A peine Îles Perses eurent-ils été chassés de la Grèce, que les Athémiens s’empressèrent de rebâtir le temple d'Eleusis. L'architecte Ictinus en traca le plan, et en fit jeter'les vastes fondemens. Il avoit adopté l’ordre dorique ; sans vouloir placer des co- _lonnes au-dehors (29). On ignore sil put achever son entreprise. Maïs ce ne fut que sous l’administration fastueuse de Péricles, et d’après les conseils éclairés de Phidias, qu’on embellit et restaura entierement cet édifice. Coræbus éleva le sanctuaire, posa les co- (27) Heron. lib. IX, c. cr. (28) "EXéurivios typéQn Goy Ey üpæ #, &y Epeiprn ; envi d'u er mi Yyéprovos Maæxpirs , érüy Ovri y xo4 Hndv 6€. "Easy 6m d'E y Exdpyn , ëy TQ B#htvrmpia. Schol, ined. MS. K. n.° 1952. Au lieu de Maxgsvs, il faut certainement lire Marx, Axistide n'ayant pas vécu jusqu’au règne de Macrin. (20) Srrau, Nv. VI, 272. Virnuv. lib. VIT, p. 125. Eleusis. 315 * Jonnes du rez-de-chaussée, et les joignit à leurs ar- chitraves, Après sa mort, Métagenes de Xypête mit la corniche et les colonnes d’en haut. Enfin Xéno- clès de Cholargue ouvrit une fenêtre au faîte de lédifice (30). On ne connoît pas d’autres change- mens jusqu’au gouvernement de Démétrius de Pha- lère, où, sans doute par ses ordres, on rendit le temple prostyle , en mettant des colonnes sur le de- vant. Le vestibule ainsi augmenté devint commode pour les initiés; et 1] se présenta d’une wanière bien plus majestueuse (31). Tels sont les détails qu’of- frent Plutarque et Vitruve. On doit y ajouter ce que Cicéron rapporte du dessin d’Appius, pour la construction d’un vestibule (32). Seroit-ce le même (Go) To |) tv Envois Teneshpior Hpéalo pity xopoiéoc oixo0o- “pui, ko4 TÈs ii ida@ss niovas Eômuer Bros, Kg4 Tois émis Diots émebevber émobareilos d'E réra, Mélæyéyns o Evmélios Te dialuue 494 T8s ëvo nlovas imisuee* To À ômaioy 6h 75 dvexrops ÆtvonhAs 0 poñæpyevs EnopuQust } etc. PLur. vit. per. t.], p. 552. Plutarque distingue fort bien TEE Apiot ; le sanctuaire de 7% æ@yaxTops | terme particulier pour exprimer le temple d’Eleusis; vid. Hemsrerx. nos. ad Lucran. Tim. $. 25. WaALACKEN. ad Herod. hb. IX, c. zxv. (51) Eleusinæ Cereris et Proserpinæ cellam, immani megni- tudine ictinus dorice more sine exterioribus columnis ad laxa- mentum usus sacrificorwm pertexit (pertexuit). Eam autem postea, cum Demetrius Phalereus Athenis rerum potiretur , Philon ante templum in fronte columnis constitutis Prostylon Sfecit. Ita aucto vestibulo laxamentum ïinitiantibus operisque (operique) summa adjecit autoritatem. Nirauv. prœm. lib. VIT, p.125, 126. Ed. Elzev. (32) Ad Arric, lib. VI, epist. x. 316 Histoire. dont il vient d’être question, et qui auroit tombé en ruines. Peut-être qu’Appius voulut simplement mettre des propylées aux murs de la grande enceinte, comme il y en avoit à ceux de la citadelle d’A- thènes. Vitruve n’est pas le seul écrivain qui ait parlé de la grandeur immense di temple principal d’Eleusis. Suivant Strabon , la séque ou celle mystique, c’est- à-dire l’intérieur de ce temple, pouvoit contenir autant de monde qu’un théâtre (33). Aristide re- marque que de toutes les assemblées de la Grèce, soit religieuses, soit politiques, celle des initiés à Eleusis se trouvoit l’unique renfermée dans un même édifice (34). On avoit sans doute une grande idée de sa vaste étendue , puisque Sénèque dit dans une de ses tragédies que la foule des Manes se précipitant aux enfers, au moment de l’arrivée d'Hercule , étoit aussi nombreuse que celle des peu- ples de l’Attique, désertant leurs maisons dans la nuit, pour voir célébrer les mysteres de Cérès (35). Aristide nous assure que le temple de cette déesse pouvoit contenir autant de monde qu’Athènes (36). Or la population de cette ville s'étant élevée, selon mon calcul, dans la 4.° année de la CX VIII." Olym- piade, 309 avant J. C., à go00o personnes , libres (53) Gzocs. lib. VI, p. 272. (34) Ezeus. p: 259. (55) Hercuz. Furens. v. 240-44. (36) Ereus:n. p. 250. e Elcusis, 917 ou esclaves, de tout âge et des deux sexes (37), ce temple n’auroit renfermé qu'environ la moitié moins d’hommes ou de femmes(38), que l’église deS. Pierre, à Rome est supposée en pouvoir contenir. Mais les poètes et les rhéteurs aiment trop l’hyperbole, pour qu’on puisse prendre leur récit à la lettre. Ils nous fournissent seulement des idées plus ou moins approximatives de la chose qu’on veut connoitre, d'après l’opinion générale de leur temps. Aristide ajoute à ce que je viens de rapporter, que l'intérieur du temple paroissoit éclatant , et que néanmoins on y étoit saisi d’une sainte horreur (39). Ï1 n’étoit donc pas éclairé proportionnément à sa vaste étendue , par la raison, sans doute, qu’un certain degré d’obscurité est nécessaire pour produire l’effet dont cet écrivain parle. La construction des anciens temples montre qu’il n’y avoit jamais trop de jour : ce qui n’auroit pas été supportable dans celui d’E- leusis ; car toute cérémonie mystérieuse a besoin de ténebres ; et sans elles, on n’agit que très-foiblement sur l'imagination des assistans, qu’il faut à la fois captiver et émouvoir. Aussi voyons-nous qu’une seule fenêtre éclairoit cet édifice dont Claude Pérault s’est fait une fausse idée , en le représentant tétrastyle (40). (37) Recherches sur la population de l’Attique, lues à l’Académie des inscriptions et belles-léttres, le 21 juin 1785. (58) Sénèque dit : Attica mystas claudit Eleusis. Herc. Oer. c.606. C'est-à-dire, l’Anactoron qui renfermoit tous les inities. (59) Ezeusix. t, I, op. p. 259. (40) Architect. de Vitruve, etc. p. 61. Au fronton de ce temple imaginaire, on voit en bas-relief une cérémonie usitée seulement à Phenée, ville d'Arcadie. / 318 Histoire. Lorsque Spon et Wheler visitèrent , dans Pavants, dernier siécle , les ruines d’Eleusis, ils n’y aperçu rent qu’un amas de décombres qui ne leur fournit aucun renseignement sur la forme du temple de Cérès et de Proserpine (41). Richard Pococke , qui vint après eux, n’y vit également rien (42). Son compatriote, M. Wood, fut meilleur observateur ; il y découvrit la grande enceinte, et ne la confon- dit point avec celle du temple (43). Mais il étoit réservé à M. Chandler de nous en donner une con- noissance moins vague et plus étendue. « Ce temple, . « dit-il, faisoit face à l’est, et il étoit entouré par « les murs d’une forteresse. On en voit encore quel- « ques pièces de marbre d’une grosseur excessive , « et des morceaux de colonne qui restent sur le ter- « rein. La largeur de la celle est d'environ cent « cinquante pieds ; la longueur, en y comprenant le « pronaos et le portique, de deux cent seize. Le « diamètre des colonnes qui sont cannelées à six « pouces au dessus de leur fût, est’d’un peu plus « de six pieds et six pouces. Le temple étoit décas- « tyle, ou avoit dix colonnes dans la face qui re- « gardoit l’est. Le péribole, ou mur d’enclos, qui « l’entouroit au nord-est et au sud, joignoit le tem- « ple, du côté de l’ouest, et se terminoit avec ce « mur par une ligne droite. La longueur de cette « enceinte, du nord au sud-est ,étoit de trois cent « quatre-vingt-sept pieds, et sa largeur, de l’est à (4x) Srox. Voÿ. t. IL, p.279, Wuezes , id. p. 526, (42) Descr. of the East. lib. LIT, c. v. (45) Note communiquée à l'abbé Barthelemy. lleusts. gi 9 l’ouest , de trois cent vingt-huit. Entre la muraille occidentale de cet enclos, le derrière du temple et lamuraille de la citadelle qui étoit plus à l’ouest, il y avoit un passage de quarante-deux pieds et six pouces de large , qui conduisoit à un haut rocher qui se trouve à l’angle, nord-ouest de l’enclos, et sur le- quel on voit encore les traces d’un temple in an- ts. La longueur de ce dernier temple, du nord au sud, est de soixante - quatorze pieds et six pouces ; et sa largeur, de l’est à la muraille, ouest , de la citadelle, avec laquelle il est joint, se trouve de cinquante - quatre pieds. Il étoit peut-être consacré à Triptolème. De-1là s’étend au loin la vue sur la plaine et la baie. Environ les trois quarts des cabanes des habitans sont dans l’ancienne enceinte du temple de Céres, et la tour carrée quisert de demeure au commandant turc est bâtie sur les ruines du mur d’enclos (44). Tous ces détails seroient obscurs ou incomplets, et toutes ces mesures insuffisantes ou peu sensibles, sans le plan de M. Foucherot , habile ingénieur des ponts et chaussées. Il l’a levé lui-même sur les lieux avec beaucoup de soin et d’intelligence. Je l'ai fait graver ; et c’est un des principaux ornemens de mon ouvrage. Dans ce plan , on distingue par une teinte forte ce qui existoit encore du temple, en 1781; le reste est tracé plus légerement, d’après les renseignemens de M. Chandler , et sur le rapport des auteurs an- ciens. Il paroît que plusieurs parties du même édi- (44) Trav. in Græce. c, x, & I, p. 189, etc, 320 Histoire. fice subsistoient en 1765 , année du voyage de cet observateur. Elles avoient disparu en 178r, temps où M. Foucherot les visita. Selon lui, le seul tam- bour de colonne qui reste en place, a six pieds et deux pouces de diamètre ; et il est de marbre blanc, ainsi que les marches sur lesquelles il repose. Ce que M. Chandler prend pour le mur occidental d’en- ceinte, et qui terminoit le temple au couchant , est un roché taillé à pie, comme l’a remarqué M. Fou- cherot , et commeil l’a figuré sur son plan. Au dessus de ce rocher, s'aperçoit le passage que M. Chandler dit être de quarante-deux pieds six pouces anglois (45) de large, et qui forme par conséquent une terrasse élevée de quinze à vingt pieds, au dessus du niveau du pavé de ce grand temple, suivant M. Foucherot. Cette terrasse conduit à un autre temple, dont il a encore remarqué et tracé les colonnes et le perron par lequel on ÿ montoit. Le sol du premier se trouve de quelques pieds plus élevé que celui de la plaine, lequel l’est très-peu au dessu: du niveau de la mer. Le savant et ingénieux Barthélemy suppose que cette terrasse étoit, dans sa longueur , divisée en trois longues galeries, et que les deux premieres représentoient la région des épreuves et celle des enfers, et que la troisième, couverte de terre , of- froit aux yeux des bosquets et des prairies (46); ce qui étoit bien difficile, dans un si court espace. Mais placer les enfers sur une terrasse et en plein air , voilà (45) Il est au nôtre, comme quinze à seize: (46) Foy. du jeune Anacharsis ; t. N. not. p. 557. Eleusis. \ ‘ea te qui me paroît encore plus invraisemblable. L’au- teur du Voyage d’Anacharsis ne se souvenoit donc pas d’avoir dit que la terre sembloit mugir sous les pas des initiés, et que des portes d’airain s’ouvroient devant eux, au moment que les horreurs du Tartare s’offroient à leurs regards (47). D'ailleurs il admet le récit de Virgile, qui fait descendre son héros aux enfers par lantre de la Sibylle, et dans le centre de la terre. Toutes les cérémonies pratiquées dans le temple d’Eleusis , montrent la nécessité d’un endroit sou- terrain , et sufhroient seules pour en faire supposer l'existence , si les auteurs de l’antiquité eussent gardé là-dessus un silence absolu. Observons d’abord qu'ils distinguoient deux parties de ce temple, le méga- ron , qui en étoit le sanctuaire (48), et l’unactoron , l'édifice en totalité. Ce dernier mot désignoit or- dinairement le sanctuaire des autres temples (49); ce qui montre assez la prééminence de celui con- sacré au culte mystérieux de Cérès, et le respect qu’il inspiroit aux Grecs. Pour exercer ce culte, il falloit nécessairement entrer dans un souterrain que plusieurs écrivains se conteutent de dési- gner (50). Quelques autres s'expriment encore (47) Ibidem, p. 518, 519. (48) Suro. in ». Méyapor. Pnot, /ex. ined. in h. v. FF ailck. ad Am. lib. I, c. xt. (49) Hesxcu. in v. "Avæxopor, et EusrarH. ad Odyss. p. 1587. (50) Puis. de wire. Stud. 1. 1, p. 447. S. Gasa. Naz. Or. ». €. xxxr, CLaun. de Rapté Proserp. lib. 1, v. ïo et 11. Inscr. initiat. Hadriani, etc. ) Tome I. X 325 Histoire. plus clairement ; ils appellent ce souterrain une descente ténébreuse (br) et le temple d’en bas ou du dessous (52). Certes rien n’est plus positif, Mais en quel endroit son entrée se trouvoit -elle ? est-ce au sanctuaire , ou dans l’enactoron ? On ne découvre aucun vestige qui puisse nous fournir là-dessus des Jumières certaines. Vraisemblablement cette entrée avoit été bouchée par les chrétiens, Regardant comme un acte de piété, la démolition totale des anciens temples (53), ils se seront particulièrement attachés à ruiner de fond en comble celui d’Eleusis, et auront rempli soigneusement, au moyen des débris, les souterrains, ainsi que les issues par lesquelles on y pénétroit. Une fouille exacte et profonde donneroit peut-être quelques indices. Du reste, on ne doit pas être surpris d'en trouver si peu dans les écrits des anciens. L'intérieur de ce temple étoit un mystère; et il étoit défendu d’en donner la moindre con- noissance aux profanes qui même ne pouvoient in- terroger là-dessus les initiés (54). (5x) To 2alabarioy (xôleivor.. . S. Asran. in Bibl: pair. t.xvur, p: 162. (52) Tendre per, SN y mére repives..... Rimuk. Delam. xxtx. s. 7. ed. Wennsporr. Dans une dissertation publiée en 1761, et intitulée Z Antro eulisinio, feu M. Bartholi prétend avoir découvert sur un bas-relief du Müsée Nani, cet antre d'Eleusis; mais c’est évi- demment celui de Trophonius qu'on ne peut méconnoître. (53) T#s côriGeles imixpaléons, x JeuiAluv dura impiCeuTto rù rôy dada reubrn no pnd'er ri vhs mms dular iyrara— 21777772 rienrut ee. Scuoz. in Can. Lxu. Synod. siv. Pand. Can. t. 1, p. 596. (54) Pausan. Adétic. C. AXXVIIe Eleusis. 324 Une inscription ; mise sut la porte de l'édifice ; rappeloit à ces profanes que l'entrée leur én étoit intérdite (55). Elle se trouvoit encoré affichée dans tous les portiques (56), et dans les endroits les plus apparens. Aux yeux dés initiés cette inscription pa- roissoit aussi importante que la maäximé qui en ser- voit au temiple de Delphes. Les antiens avôient Pusage de placer une senteñce, où maxime, aux portes de leurs édifices sacrés; maïs toutés n’étoient pas également d’une grande moralité; comme on peuten juger par celle du Latoon, où temple d’A po'- lon à Delphes, qu’Aristote blâme avec raison (57). Mais revenons un instant aux ruines d’Eleusis, €€ jetons-y un dernier regard. On voit une assez grande quantité de ruines, à Eleusis, du côté de l’ouest, près de 150 pieds de la grande enceinte du temple de Cérès et de Proserpine. Ce sont des marbres formant des chapiteaux doriques ; ioniques et corinthiens. Une statue dé Cérès s’y fait depuis longtemps remarquer par les voyageurs. Elle a, depuis le dessous des mamelles jusqu’au sommét de (55) ... Qé ybe rois ds ro rür EAivrisiér réperos éicigrty idynÿro ra mpéyeæmpa MH XQPEIN EIEQ TON AAUTOSN AMUHTOIZ OUZI KAÏI ATEAEËSTOIE ’ Bo dh 44 709 TS ArAQixd , ro TNQOI EAYTON éreyez ypapevor | idnAs Toy Tpômoy oiueoy mas EM ro Jiior dvaryuryis. Pnocr. Com. ined. in 1. Alcib. Plar, MS. R. n.° 2016. (56) ....’Er 7à mouxiAn 50%. Schol. Arist. ad Ran. v. 572. (57) Arise. Ethic. ad Nicom. lib. 1, c. vin; ad Eudem, lib. 1,c.n Celle du temple d'Esculape à Epidaure , ap. S Cyrr/1. Adv. Jul. p. 3io, aic., étoit plus sage, et aurgil fort convénu à lAnacroron. X 2 324 Histoire. la tête , trois pieds et trois pouces ; le calathus , ou corbeille qu’elle porte sur cette tête, est haute d’un pied neuf pouces et six lignes, suivant M. Fouche- rot (58). Cet habile ingénieur croit que tous ces débris ont été transportés pour être réduits en chaux par les Turcs , suivant leur usage destructif qui nous coûte tant demonumens. Qu’on me permette d’avoir un avis différent sur toutes ces ruines, qui me pa- roissent être les restes d’un temple de Triptoleme, indiqué par Pausanias (59 ), non loin du puits de Callichore. Au nord-ouest, sous une colline voisine et isolée, un voyageur moderne a découvert une caverne assez profonde , qu’on seroit tenté de pren dre pour une des issues du temple souterrain dont j'ai parlé. Mais cette conjecture offre trop de dif- ficultés, qu’il ne faut pas trop chercher à multiplier dans un sujet qui en fourmille, et souvent sans espoir de les résoudre. Rien n’est moins étonnant que de trouver beau- coup de ruines, dans un territoire où l’on avoit placé presque tous les monumens relatifs à l’histoire et au culte de Cérès. Au péribole de son temple, étoit le tombeau des filles de Célée , son hôte (60): non loin, sans doute, se voyoit la colonne de Bau- bo, femme qui chercha à la distraire de sa dou- leur (61). Ici l’on montroit l’Erineon , ou figuier (58) Les papiers publics nous annoncent que cette statue ou reste de- statue colossale vient d'être transportée en Augleterre. (59) -Arcic. c. xxxvInr. (60) Czru. Azex. Prorrep. p. 39; S. Ceux. Adv. Jul, p.345. (61) Anxos, Contr. Gens. iv. V, p: 43» Eleusts. 32h ‘sauvage , près duquel Pluton étoit descendu aux en- fers (62), emportant avec lui Proserpine : là, on montroit l’Agelaste , ou pierre triste , sur laquelle Cérès s’assit (63). Celle d’où la déesse appela trois fois sa fille étoit dans la Mégaride (64), Paire, où le pre- mier blé fut foulé, consacrée à Triptoleme; le mo: nument de Cyamite , qui enseigna Ja culture des féves (65), et une foule d’autres, se faisoient en- core remarquer (66). On en rencontroit même un grand nombre sur le chemin, appelé la voie sacrée, qui conduisoit d'Athènes à Eleusis, et dont il reste encore des vestiges (67). Polemon avoit fait un livre particulier pour décrire cette voie (68). Sans doute qu’il. faisoit connoître dans son ouvrage l’état des Jieux et des choses, avant le ravage de l’Atti- que, par le barbare Sylla. \ Quoique Pausanias fasse mention de quelques.tem- ples d’Eleusis consacrés à différentes divinités, il ne QE RES - dit cependant rien de celui de Junon. C’est vraisem- blablement pour éviter de rendre raison de: l'usage mystérieux qui obligeoit de lé fermer, lorsqu’arrivoit le temps des cérémonies initiatoires. On: pratiquoit la: même chose par rapport à l’anactoron ; ou tem- (62) Paus. Artic. C. XXAVIIL. (63) 1bidem. (64) Erymol. magn. in D. ’Arkxnnlpis (65) Paus. Ainic. ce, xxxvu. | à pl À (66) Arisrrn. Eleus. p. 25g. (67) Sron, Voy. t.1, p.279. Fourmoxr. Voy. MS, €e die en trouva d’assez considérables ei les restes d’un ancien aqueduc, {68) Hanrocr. jm. ispæ 0906 X 3 326 Histoire. -ple de Cérèes et de Proserpine, pendant les fêtes de Junon ; et il n’étoit pas permis au prêtre de celle-ei de goûter à ce qu’on avoit offert à Céres (69). PHYSIQUE. “DICTIONNAIRE des Merveilles de la na- ture ; par À. J. $. D., professeur de physique à. Bourges ; revu , corrigé et considérablement augmenté. 1802. 3 vol. in-8.° de 515 pages chäque. A Paris, chez Delaplace, libraire, rue des Grands-Au- SHAHES Labs LS détien distingué ( le C: Sigaud de Lafond), après avoir cultivé la physique pendant quarante ans a senti quil, feroit une chose agréable au pu- blie, «en rassemblant les faits les plus singuliers que Van trouve dispersés dans les auteurs qui, lui ont paru dignes de foi. A l'article animaux extraordinaires, il rapporte, qu’un jeune enfant ayant trouvé un chien de pay- san , d’une figure commune gt grandeur médiocre , dans lequel il remarqua quelques sons qu’il erut res- “sembler à des: mots ällemands, se mît en tête de 469) Paug. déric. ce, xxxvit; Sexy. ai Vic. adÆn, div: IVyv..58 Merveilles de la nature. 327 lui apprendre à parler. Le maître, qui n’avoit rien de mieux à faire, y mit tout son temps; et, bout de quelques années, le chien sut prononcer en- viron une trentaine de mots : de ce nombre étoient les mots thé, café, chocolat, assemblée, mots frar- çais. Il remarque que le chien avoit bien trois ans lorsqu'il fut mis à l’école. Il ne parloit que comme l'écho, après que son maître avoit prononcé un mot, et il sembloit qu'il ne répétoit que par force, et malgré lui, quoiqu’on ne le maltraitât pas. Arbre du Japon , qui ne peut souffrir aucune hu- midité. Aussitôt qu'il est mouillé, il se flétrit et i} meurt, sion ne lui donne un prompt secours. Veut- on le rappeler à la vie, il faut le couper près la ra- cine , le faire sécher au soleil, et le transplanter dans un terrein bien sec. ‘ Attachement extraordinaire. Nous tenons ce fait, dit l’auteur, d’une lettre de Joseph Purdew, obser- vateur aussi vrai qu’exact et judicieux. J’étois, dit- il, dans mon lit, à lire : j'ai été interrompu tout- à-coup par un bruit semblable à celui que font des rats qui grimpent entre une double cloison , etqui tâchent de la percer. Le bruit cessoit et recommen- coit ensuite. Je n’étois qu’à deux pieds de la cloison : j'obseryais attentivement; je vis paroître un rat sur le bord d’un trou ; il regarda sans faire aucun bruit, et ayant aperçu ce qui lui convenoit il se retira. Un instant après je le vis reparoître ; il conduisoit par l'oreille un autre rat plus gros que Jui, et qui paroissoit vieux. L’ayant laissé sur le bord du trou, un autre jeune rat se joignit à lui ; ils parcoururent X 4 328 Physique. Ja chambre , ramassérent des miettes de biscuit qui, au souper de la veille, étoient tombées de la table, et les portèrent à celui qu’ils avoient laissé au bord du trou. Cette attention dans ces animaux m'étonna. J'observois toujours avec plus de soin. J’aperçus que J’animal , auquel les deux autres portoient à manger, étoit aveugle , et ne trouvoit qu’en tâtonnant le bis- cuit qu’on lui présentoit. Je ne doutai plus que les deux jeunes ne fussent ses petits, qui étoient les pourvoyeurs fidelles et assidus d’un père aveugle. A l’article conformation extraordinaïre , le C. de Lafond parle des conformations extraordinaires qui se font remarquer dans l’espèce humaine. On en ob- serve de semblables et d’aussi variées dans les diffé- rentes classes des animaux 3 elles sont à l’article des écarts de la nature. Il observe qu’il y a des monstres par excès, d’autres par défauts, d’autres par dé- placement de parties. Monstres par excès. La femme de Jean Gourdin, coupeur de bois, demeurant à Cigny, l’un des fau- bourgs de Saint-Dizier , accoucha le 7 juin 1771, au terme d’environ sept mois, d’un enfant mons- trueux, pesant D livres, et ayant 14 pouces de lon- gueur. Cet enfant, dit Marisy, médecin de Saint- Dizier, avoit deux têtes bien conformées. L’une et autre avoient deux yeux, deux oreilles, et étoient chevelues jusqu'aux, sourcils. La bouche de la tête droite étoit garnie de trois dents à la mâchoire su- périeure, dont la lèvre avoit un bec de lièvre, et Ja mâchoire inférieure en faisoit voir une seule. © On trouve dans Tulpirus une observation sem= Merveilles de la nature. 329 blable , avec cette différence que le monstre de Ful- pirus étoit joint par les deux têtes, que ses pieds étuient tournés en dedans, et que les deux bras qui passoient derrière le dos étoient joints ensemble jus- qu’au poignet. Au mois de décembre 1664, proche la ville de Salisbourg , au monde, une heure après, une autre fillé, ayant une femme, accouchée d’une fille, mit deux têtes diamétralement opposées, quatre bras, quatre mains, un ventre et deux pieds. Ce monstre, qui vécut environ deux jours, se nourrissoit par les deux têtes, et rendoit les excrémens à l’ordinaire. I naquit, à Brest, en 1702, deux filles qui se tenoient par l’estomac, depuis le dessous des ma- melles, qu’elles avoient l’une et l’autre bien for- mées, jusqu'au nombril commun. Elles n'avoient entre elles qu’un cœur, qu’un foie, une rate; mais chacune avoit deux reins, et toutes les parties de la génération. Les têtes, les bras, les jambes étoient bien formés. Chacune de ces filles fut baptisée en particulier, et peu de temps ee elles moururent toutes les deux. Dans le second volume, les fécondités extraordi- naires offrent des faits singuliers bien constatés. La nommée Marie-Anne Collin, âgée de trente- neuf ans, paroisse de Saint- Remy, accoucha, le 22 avril 1776, au commencement du sixième mois de sa grossesse, de cinq filles vivantes et bien con- formées, au rapport du chirurgien du bourg , té- moin de cet accouchement. Il n’y avoit qu’un seul placenta pour les cinq filles. Chacune#pesoit une 336 en ÆPAysique: livre, une seule pesoit une once de moins. Elles se ressembloient exactement. Toutes ont recu le bap- tême, et elles ne sont mortes qu’au retour de l’és glise, dans l’espace d’une heure , les unes après les autres. La mère se portoit bien. Sa sœur, mariée à un tailleur de pierre, même paroisse, étoit accou- chée au mois de juillet 1760, dans le huitième mois de sa grossesse, de trois enfans, un garcon et deux filles. On lit dans le Code justinien , qu’une femme avoit eu quatre filles d’une seule couche. Quelques histo- riens rapportent que dans le Péloponèse une femme accoucha ‘cinq fois de quatre enfans, et que plu- sieurs femmes, en Ægypte, ont eu jusqu'a sept ens fans à la: fois. L'évêque de Seez assura à l’Académie, qu’un homme de son diocèse, et qu’il connoissoit, âgé de quatre-vingts ans, avoit épousé une femme de quatre-vingt-trois, grosse de lui, et qui étoit ac- couchée à terme d’un garcon, Le temps des pa- triarches est revenu dans ce diocèse, disoit à ce sujet l’historien. de l'Académie, en rapportant ce fäit. | | * On trouve dans les animaux 4 exemples d’une fécondité également surprenante. Dans un village, éloigné de trpis mailles de Rimini, une vache blan- che, âgée de six ans, de bonne taille, qui avoit déja mis bas deux fois, et un seul veau à chaque Lois | comme tous les pieds fourchus, mangea extras ordinairement vingt jours avant de mettre bas pour la troisième fois; et, les huit derniers jours de sa Merveilles de la nature. 331 portée, elle étoit devenue tellement grosse, qu’il falloit la lever sur ses pieds. Enfin, le 23 février 2676, elle mit bas un veau, trois heures après un Second , cinq heures apres un troisième , et le lende- -main matin une genisse. Ces quatre petits étoient de grandeur ordinaire , tous très- vifs, très-sains et également robustes. De ces quatre, le second mou- +ut par le peu de soin qu’on eut d’eux. Le C. Sigaud n'oublie pas les fontaines extraor- Mlinaires. L’intermittence de certaines sources, quoi- que plus généralement connue, et facile d’ailleurs à “expliquer , mérite de trouver place dans ce livre. L'auteur de la description des glacieres de Suisse, parle d’une fontaine située à Engstier, dansle can- ton de Berne, sujette à une double intermittence, Pune annuelle , l'autre journalière. Elle ne com- mence à couler que vers le mois de mai, et elle -coule:plus abondamiment pendant la nuit que per- dant le jour. Le merveilleux de eëette opération , qui frappe le wulgaire au point de Jui faire croire que cette eau ‘est un présent de la divinité pour abreuver ses trou- «peaux, qu’on amene vers ce temps sur la montagne, ‘disparoît aux yeux du physicien, qui voit que c’est ’éffet de la chaleur qui commence alors à faire fondre cles glaces en dessous, car elles restent inaltérées et “constamment glaeées en dessus. La fontaine qui se trouve près de Torbay , dans le Devonshire, à l’une des extrémités de la petite ‘wille de Brixham, est décrite dans les Transactions philosophiques. Les habitans du pays l'appellent 332 | Physique: Lay-Wel. Elle est sur le penchant d’une colline, et éloignée d’un mille de la mer, ce qui exclut toute communication avec elle. Son bassin est de quatre pieds et demi de largeur sur huit pieds de longueur. Il y a un courant qui coule constamment dans le bassin, et l’eau en sort par l’autre extrémité , par une ouverture de trois pieds de largeur. Elle s'élève de quelques pouces, puis elle s’abaisse, ensuite elle se repose, et cela revient vingt fois de suite. Pres de la petite ville de Colmars, en Provence, il y a encore une semblable fontaine. Elle se trouve aux environs de cette ville; elle est remarquable par la fréquence de ses écoulemens. Quand elle est prête à couler, un léger murmure annonce l’arrivée de l’eau ; elle croît ensuite pendant une demi-mi- nute : alors elle jette de l’eau de la grosseur du bras; puis elle décroit pendant cinq à six minutes, et s'arrête un moment pour reprendre ensuite son écou- lement. : ho. À l’article des nains , l’auteur donne l’histoire de celui du roi de Pologne ; connu sous le nom de Bebé, et dont le vrai nom éioit Nicolas Ferry. Il naquit à Plaisnes, dans le département des Vosges. Son père et sa mère étoient bien constitués, et il n’avoit, malgré cela , que & ou.g9 pouces quand il vint au monde, et ne pesoit que 12 onces. Il étoit, outre cela, extrêmement délicat. Un sabot rem- bourré lui servoit de berceau. Jamais il ne put teter sa mere ; sa bouche étoit trop petite; il fallut qu’une chèvre y suppléât. Il n’eut point d’autre nourrice que cet animal , qui de son côté sembla s’y attacher. ’ Merveilles de la nature. 333 1} eut la petite vérole à six mois, et le lait de chèvre fut et son unique nourriture et son unique ‘remède. Dès l’âge de 18 mois, il commença à par- ler ; à deux ans il marchoit presque sans secours. Ce fut alors qu’on lui fit ses premiers souliers, qui avoient 18 lignes de longueur. La nourriture grossière des villageois des Vosges, telle que les légumes , le lard , les pommes de terre, fut celle de son enfance jusqu’à Pâge de six ans. IL eut pendant cet espace de temps plusieurs maladies graves, dont il se tira heureusement. Des l’âge de cinq ans il étoit absolument formé, sans être par- venu à une taille‘plus grande que celle de vingt-deux pouces , et ce fut cette singularité qui fit l’époque de son bonheur. Le roi de Pologne , Stanislas, entendit parler de ‘cet enfant extraordinaire; il desira de le voir. On le fit venir à Lunéville, où bientôt il n’eut plus d'autre domicile que le palais de ce roi bienfaisant, Quel soin qu’on prit pour son éducation, il ne fut pas possible de développer chez lui ni jugement ni ‘ raison. Jusqu'à l’âge de quinze ans Bebé avoit eu les organes libres, et toute sa petite figure très-agréa- blement proportionnée. II avoit alors vingt - neuf pouces de haut. A cet âge la puberté commença à se développer en lui; mais ces efforts de la nature Jui furent préjudiciables. L’âge viril , en se décla- rant, troubla cette harmonie, et il eut pour effet d’€- nerver un corps fréle et débile, d’appauvrir son sang et de dessécher ses nerfs. Ses forces s’épuisèrent, lépine: du dos se courba, la téte se pencha, ses 334 Physique. jämbes s’affoiblirent ; une omoplate se déjeta, son nez grossit. Bebé perdit sa gaieté et devint valétu= dinaire. Ï] grandit cependant encoie de quatre pouces dans les quatre années suivantes. Pierre Damlow, fils d’un cosique du régiment de Labin. Ses père et mère, frères et sœurs, sont de taille ordinaire; mais lui, parvenu à l’âge de trente-trois ans, n’avoit que pres de vingt-neuf pouces, mesure anglaise. Ce nain n’a point de bras; ses épau- les se terminent en petits moignons de chair. Sa tête est si étroitement liée à ses épaules, qu’il est diffi- cile de mettre le doigt entre les deux. Cependant il a une figure assez agréable ; il porte une grande moustache qui lui va presque aux oreilles. Il ne lui manque rien du côté de l'esprit , du jugement et de la mémoire. Il n’a point de jointures aux genoux, dont les os sont continus à ceux des jambes ; jusqu'aux talons; ses gras de jambes, presqué entièrement ef- facés, n’ont presque aucune proportion avec scn corps qui à l’air mâle. À chaque pied il a quatre orteils compris le pouce , et tous les quatre recour- bés dont deux mobiles. Il marche fort vite ; mais s’il vient à tomber, comme il n’a point de jointures aux genoux , il ne sauroit se relever. Il écrit fort couramment du pied gauche, et ses caractères sont fort lisibles, tant en russe qu’en latin. Il y a une espèce de nains, qui sont de véritables rachitiques, ou noués naturellement, ou devenus tels parce que leur accroissement a été gêné et rendu inégal par une maladie organique. Ce ne sont pas de véritables nains, mais bien des hommes contre- ‘ — —— Merveilles de la nature. 335 faits, parce que les sucs qui doivent se répandre uni- formément dans toute l’habitude du corps, ayant été , dérangés, l’accroissement du sujet en a été plus ou moins retardé. Il ne résulte de ces sortes d’accidens que cette espèce d'hommes que le peuple appelle bancales, qui ont presque toujours ; pour le dire en passant , une voix tres-forte pour leur taille. Un nègre blanc est un phénomène des plus ex- traordinaires, mais non sans exemple. La négresse dont Dicquemare fait mention dans le journal de Physique du mois de mai 1757, naquit à la Domi- pique en 1759 , le jour de la prise de la Guadeloupe , de pere et de mère noits, qui vivoient encore dans le temps que ce savant physicien écrivoit cette re- lation. Cette fille ressembloit en tout aux nègres. Elle a demeuré dix ans à Saint - Pierre de la Mar- tinique. Nous aurions bien des singularités à rapporter si nous voulions parler des trombes, des ouragans, des végétaux, des minéraux Û des animaux , des somnam- bules, etc.; mais il nous suflit d’avoir donné une idée de cerecueil, que M. Sigaud de Lafond a rendu intéressant par un grand nombre de recherches. Il rapporte souvent des faits qu'il ne voudroit pas ga- rantir; mais les témoins qu’il cite doivent être suf- fisans pour le plus grand nombre des lecteurs. JÉROME LALANDE. LOG RAA PSEE LE. NOTICE sur NIEUWLAND ; rédigée. d'après un écrit hollandois du célèbre VAN SWINDEN. PierreNiEuwLAND naquit le à novembre 1764, dans le Dimmerméer, hameau pres d'Amsterdam. Son père étoit un maître charpentier. assez instruit , qui possédoit l’arithmétique, entendoit les livres d’'Euclides , et s’étoit procuré une petite collection de bons ouvrages, qu'il lisoit à ses heures de loisir. Bientôt cet homme remarqua que son fils étoit né avec les plus heureuses dispositions. L’enfant ne se plaisoit à aucun des jeux de son âge; on ne pou- voit l’amuser qu’avec des estampes, dont on lui don- noit l’explication. Après que sa mère l’eut occupé quelque temps avec un recueil de cinquante figures, en lui récitant à haute voix les vers, hollandois qui se trouvent au bas de chacune , elle entendit un jour son fils, âgé alors de trois ans, lui répéter, sans manquer une syllabe , les cinquante sixains l’un après l'autre à mesure qu'elle prenoit les estampes aux- quelles ils étoient appliqués. A cinq ans, le jeune Nieuwland avait lu la bible, Deux ans après il avoit déja la tête remplie de toutes les connoiïssances que lui pouvoit donner les livres de son père, voyages , histoire, poésie hollandoise; il avoit de tout quelques idées ; de tout il avoit fait des We Nieuwland. 33% des notes, et les événemens remarquables, le carac- tère de ceux qui ont joué un grand rôle dans le monde, les propriétés des animaux et des plantes dont parlent les voyageurs; tout étoit fortement imprimé dans sa mémoire : enfin on voyoit déja de Jui des vers où l’on découvroit avec plaisir des étin- celles du feu poétique. | A mesure qu’il croissoit se développoient rapide- ment ses facultés intellectuelles. Il faisoit tout en jouant. 1] composoigides vers dignes de l'attention des connoisseurs, sans peine , sans travail, sans ef- fort. On nous a conservé nne pièce qu’à l’âge de dix ans il adressa au créateur ; il dit en très-beaux vers : | « Suprême majesté ! de quel éclat brille ta toute- «“ puissance ! tandis que ce grand univers célèbre ta “ gloire! tandis que la beauté du monde ravit « notre ame, le plus petit insecte découvre à nos « regards étonnés et ton pouvoir sans bornes , et « ta bonté, et ta prévoyante sagesse (1), etc. » À son génie poétique Nieuwland unissoit un talent décidé pour les mathématiques ; il les apprit de son u père jusqu’à ce qu'il l’eût devancé; ce qui arriva (1) Hoe Heerlyk blinkt uw groot vermogen Alom o opper-majesleit ! ) Daar’t gantsch heel-al uw roem verbreid, Daar't alles ons houd opgetogen, Het aller-kleynste diertje op aard Kan alle onze aandacht tot zich trekken Wanneer wy daar uw macht ontdekken Met gunst enivvs beleid gepaard. Tome I. "7 338 Biographie. bientôt. À huit ans, il comprenoit parfaitement Îe fameux théorêéme de Pythagore, sur le triangle rec- tangle. Il finissoit sa neuvième année quand le pro- fesseur Æneæ le vint voir, pour examiner par lui- même si ce qu’on lui avoit dit de ce jeune Newton n’étoit pas exagéré. Le professeur proposa’ plusieurs questions des plus difficiles; l’enfant répondit à toutes avec promptitude et avec justesse, quoique son attention fût partagée entre M. Æneæ et de petits garcons qui jouoient dans le jardin. — Con- nois - tu la formule de Newton, demanda Æneæ ? — Non, monsieur, — Eh bien, je vais vous la mon- trer..... Le professeur écrivit autant de termes de la formule qu'il en falloit pour entendre la progres- sion des séries, les expliqua, éleva une quantité à la troisième puissance , en extraya la racine, et tout d’un coup effaca le tout avec une éponge, en exigeant de l’enfant que sur cette formule il éle- vât une quantité à la cinquième puissance. Nieuw- land , au grand étonnement du mathématicien , fit très-bien cette opération, que les jeunes gens, d’un âge beaucoup plus avancé , entendent à peine après quatre leçons. Il y avoit sur une horloge un petit Mercure de bois. — Pourrois-tu bien, demanda Æneæ, déterminer le contenu intrinsèque de cette figure, et me dire au juste combien elle contient de pouces cubes ! — Oui, sous une condition. — Laquelle? — Que vous me donniez une pièce du bois dont elle est faite. — Pourquoi ? — Mais, répondit l’enfant, je le ré- duirois à un pouce cube, dont je comparerois le | | | | | | | | | | Nieuwland. 339 poids à celui de la statue , je crois qu'alors je pour- rois vous répondre juste Ces faits, à peine croyables, sont ce qu’il y a de mieux attesté, de plus incontestable dans l’his- toire littéraire. Les témoins sont les savans les plus respectables, les plus vrais, les plus honnêtes. D'ailleurs on sait qu’il a existé encore de tels pro- -diges; un Hainechen qui, à quatre ans, savoit l’his- , toire et la géographie ; un Barattier, qui, à cet âge, entendoit le latin, et, à sept ans, l’hébreu, le orec, le francois et l’allemand. Notre Nieuwland ne sa- voit jusqu'ici que sa langue maternelle ; il n’avoit pas encore les secours qué& les Baraitier, les Gro- tius , les Henri Etienne recevoient en abondance ; bientôt il les eut , et ne leur céda plus dans la con- noissance des langues anciennes. Ce fut Jérôme de Bosch, excellent littérateur, qui les lui enseigna. Depuis quelque temps tout le monde parloit de l'enfant du charpentier ; des gens de lettres le ve- noïent voir à tout moment : ils donnoient des con- …. seils au père et des livres au fils. Jérôme de Bosch | vint aussi avec son frère. Ce dernier pria les parens de lui permettre de se charger d’éleyer dans sa maison un enfant si précieux , et qui donnoit de si grandes espérances. Jérôme voulut être son précep- teur. Sous un tel maître , Nieuwland fit les plus ra- pides progrès (2). Il avoit onze ans, lorsqu’il entra chez les de Bosch. (2) Par une letire de M. de Bosch, on voit qu'avec Nieuwland il \suivoit à peu près la méthode que Pluche indique dans son livre de la Mécanique des Langues. DAME ” 340 Biographie: IL s’appliqua bientôt à toutes les sciences, et dans toutes il réussit. Belles-lettres , histoire, philoso- phie, tout lui devint familier, Pour les hautes ma- thématiques , il les appfenoit presque de son génie seul ; il les appliquoit à la physique, à la mécani- que , à l’astronomie. Son maïtre-ne devoit lui don- ner que les premières idées, bientôt il étoit au fait de tout. Il surpassa son professeur (3), homme du plus grand mérite; et le disciple fut supérieur au maître, tant que le maître l’avoit été au disciple. Nieuwland étoit doué de la mémoire la plus heu- reuse et de l’esprit le plus vif. I] avoit une manière de lire qui à toute autré*ne réussiroit pas. Il ne fai- soit que feuilleter les livres, lisoit deux pages à la fois, et dans un moment il savoit aussi bien le con- tenu de l’ouyrage que ceux qui l’avoient lu avec la … plus grande attention. C’est ce qu'il fit voir à un prédicateur hollandois très- connu ; il jeta Îles yeux pendant cinq minutes sur un sermon de ce prêtre, et dans l'instant il lui en rendit le compte le plus exact. On sait qu’il composoit ses livres, même ceux de! q P ; mathématiques, avec sa tête seule : il n’en écrivoit (5) C'étoit le C. Van Swinden , ex - directeur de la république ba- tave. Il nous apprend lui-même les progrès extraordinaires de son intéressant élève. « Bientôt, dit-il, son maître eut peine à lé suivre, « bientôt son professeur étonné fut hors d'état d'aller ,avec lui. « Nieuwland le surpassa en tout ce qui est génie mathématique, « et le maître s’applaudit d'avoir élevé un jeune homme dont il re « cevoit des secours et des instructions en mille occasions. » (Oraison funèbre ). Nieuwland. 341 . pas un mot, et résolvoit ainsi les problêmes les plus . if difficiles ; les figures géométriques et les caractères alvébriques étoient toujours présents à son esprit ; il faisoit ses calculs dans les rues, dans les compa- gnies les plus nombreuses, au milieu du tumulte d'Amsterdam. a | Il apprenoit les langues avec la même facilité. Ii sayoit très-bien le grec, le latin, le francois , l’ita- lien, Panglois et l'allemand. It étudioit surtout la théorie des langues ; il examinoit ce qu’elles ont de commun entre elles, quelle est leur source, et quels sont les traits qui distinguent les idiômes provenans de la même langue-mère, C’étoit par cette étude que l’espagnol, le portugois, le suédois n’avoient pour . Jui aucune difficulté, et qu’il entendoit tous les li- vres qu’il voyoit en quelqu’une de ces langues. El est inutile de faire remarquer Pavantage que cette connoissance lui donnoit sur tant d’autres sävans, dans un siécle où tout le monde écrit en sa langue maternelle : aussi Nieuwland avoit une lecture im- mense. Il possédoit tout ce qui fait le grand poète; il avoit une ardente imagination , une parfaite con- noïssance de la nature, de l’histoire, de tous les plus beaux poèmes, et enfin de sa langue mater- nelle , qu’il savoit plier à tous les tons. Il réus- sissoit dans la traduction en vers. Il a traduit en vers hollandoiïs tout ce que les poètes grecs et latins ont dit de l’état de l’ame après la mort. On sait combien il est difficile de rendre les beautés poéti= Y 3 342 * Biographie. ques des anciens; Nieuwland l’a fait avant l’âge de dix-neuf ans : ila pris tour-à-tour le ton de Pin- dare , d’'Homère, d’Anacréon, de Théocrite et de Virgile. 3 Toutes ces brillantes qualités paroissoient plus * belles encore ; quand on les voyoitunies aux mœurs M les plus douces et les plus pures. IL étoit plein de respect pour l’être suprême, pénétré. des sentimens les plus religieux, toujours humble dans la prospé- | rité, et dans la gloire toujours modeste. Enfant encore il avoit été accablé de louanges, " Ceux qui se rendoient chez lui pour la première fois croyoient aller trouver uu petit savant qui les im- portuneroit avec sa science et ses vers ; mais ils ren- controient un enfant simple et doux, dont la figure innocente annoncçoit la modestie et la candeur, un enfant qu', après avoir excité leur admiration, re- joignoit ses compagnons, et en agissoit avec eux comme 5 ’il n’eût été question de rien. Dans un âge plus avancé , jamais il ne se crut plus! ES pe grand qu’un autre. Il ne pouvoit se dissimuler sa supériorité ; mais il sembloit qu'il devoit ‘tout au créateur , et cette idée le rendoit modeste. Avec des" personnes moins instruites que lui , il ne faisoit il parade de ce qu’il savoit ; avec les gens simples il parloit comme un enfant. Un seul homme paroissoit ne pas savoir ce que valoit Nieuwland , et cet homme c’étoit Nieuwland lui-même. Il laissoit parler pour Jui et ses beaux ouvrageset ses bonnes actions (4). " (4) Lorsque dans 5a dernière maladie il arrangea tous ses papiers,” Nicuwland. . 848 Il étoit aïmé et respecté de tous ceux qui le connoissoient. Les personnes qu’il honoroit d’une amitié particulière le trouvoient toujours fidelle, généreux, toujours prêt à leur rendre tous les ser- vices possibles ; recevant leurs conseils avec doci- lité, il donnoit les siens, quand on les lui deman- doit, avec la plus grande circonspection. On pouvoit toujours compter sur sa discrétion. Un homme puissant en Amérique, ami de Nieu- wland , voulut l’attirer dans la république des Etats- Unis, pour y travailler au progrès des sciences, et mettre les Académies sur un bon pied. Le Hollan- dois répondit : « Je ne pourrois me résoudre à quitter « l’Europe, qu'après que vous m’auriez fait voir que « mon établissement chez vous ne se feroit au préju- « dice de personne, que je n’exciterois aucune jalou- « sie, et que je serois essentiellement et évidemment “ utile, » Les grands mobiles de toutes ses actions étoient le respect pour l’étre suprême et la philanthropie. Jamais il ne faisoit le bien afin que l’on dit qu’il le il ft un paquet de ses diplomes, titres, actes d'installation, etc., et il écrivit sur l'enveloppe ce passage de Shakespeare : Haml. Is not parchment made of sheep skins ” Horar. Ay, my lord an of calves skins too. Hamb. They are sheeps and calves that Seck out any assurance in that. — Le parchemin n'est-il pas fait de peau de mouton? — Oui, seigneur, et parfois de peau de veau. — Ils sont bien moutons, bien veaux ceux qui se prévalent de ces misères-là. , Y 4 344 Biographie. = faisoit, maïs parce qu’il lui étoit impossible de ne pas le faire. Ennemi du luxe, vivant de peu, il vivoit avec économie, et regardoit la frugalité comme un de- voir, puisqu'elle le mettoit en état de secourir les indigens. Aider les autres, c’étoit-la son.plus grand plaisir. Il communiquoit même à des étrangers le fruit de ses recherches littéraires; et quand ceux-ci abu- soient de sa bonté, il oublioit leur malice, et ne se souÿenoit que du bien que d’autres lui avoient fait. Recherché dans toutes les sociétés, Nieuwland plaisoit dans toutes. Les grands, qu’il voyoit sou- vent, l’aimoient beaucoup , quoiqu'il ne les flattât jamais ; les gens de lettres préféroient sa conver- sation à celle de tout autre, et les hommes les moins savans ne s’amusoient avec personne comme avec Nieuwland. Il parloit avec esprit, racontoit avec grace et toujours à propos. Jamais il n’humi- lioit et ne blessoit personne par des traits malins, quoiqu'il plaisantât volontiers, et que ce fût là son talent. “Quand dans ‘une compagnie on le prioit de faire quelques vers, jamais il ne le refusoit : on pouvoit lui prescrire jasqu’au nombre et la mesure des vers que l’on vouloit avoir, et il s’en tiroit avec succès. J1 faisoit souvent de charmantes pièces en ce genre, ! et n’y attachoit aucune valeur ; rarement il en gar- doit des copies, quoique ces vers eussent beaucoup de mérite pales graces, la légèreté qu’il savoit y mettre, et par de fines allusions à des événemens Nieuwland. 345 ccnnus. En un mot, il faisoit tout ce qui étoit en sen pouvoir pour plaire à ses amis; il y réussit, et des personnes de toutes les classes du peuple ont amèrement pleuré sa perte. Il en est ainsi, quand un grand homme sait au besoin cacher sa grandeur ; quand, à la sagesse, le philosophe unit l’amabilité , et qu’à un esprit agréa- ble et facile il joint de la modestie, des mœurs simples et douces; tel fut Nieuwland. Un homme si aimable devoit avoir une épouse charmante; il en eut une digne de lui. Anne Pruysse- naard étoit jolie, vive, spirituelle , tendre et sen- sible. Nieuwland l’épousa ; il étoit fait pour elle ; elle étoit faite pour lui : tous deux peignoient par leurs traits la douceur et la bonté de leur ame. Le phi- Josophe sentit son bonbeur et rendit sa femme heu- reuse. Il ävoit trouvé en elle un esprit capable de tout ; il se proposoit de l’orner des belles connois- sances, lorsque la mort , dérangeant ses projets , la Jui vint enlever , et troubla pour longtemps la paix de son ame. Anne Pruyssenazrd mourut âgée de vingt-deux ans, et laïssa une fille qui ne lui survé- cut que de deux jours. Nieuwland fut d’abord accablé de ce coup : il voyoit s’évanouir toute sa félicité ; mais bientôt rappelant sa fermeté ordinaire , et craignant d’at- trister ses amis par ses larmes , il réso'ut de les cacher en leur présence , et de ne plus les répandre que dans la solitude. Ce fut là qu'il dit, es beaux vérs, à sa compagne, qui n’étoit plus : « La flamme , qui pour toi brüloit en mon sein, 346. Biographie. “ n’est pas éteinte par le coup cruel qui nous s6- « pare; cette flamme maintenant, avec un chaleur « plus douce, s’étendra sur les hommes, sur mes « amis, sur mes parens. Près de la tombe qui ren- « ferme tes cendres , souvent je verserai des larmes « pendant les nuits tranquilles; et si jamais ma « tête est ceinte d’honorables lauriers , ces lauriers « je viendrai te les offrir. Celui qui, après quel- “ ques années fugitives se souviendra encore ‘de « Nieuwland, saura , qu’aimé d'Anne Pruyssenaard « il la perdit de bonne heure, et ne l’oublia ja- « mais, Dans cette espérance , je retourne à mon « poste, je reprends mes travaux. Un jour aussi je « serai libre; je me reposerai pour une éternité, et «“ mes souffrances seront finies. Alors je te rencon- « trerai : ta fille à tes côtés, tu lui diras : Mon en- “ fant, voici ton père; volons dans ses bras; nous “ allons vivre avec lui (5).» L'image de son épouse étoit toujours devant ses yeux ; chaque pas qu’il faisoit le menoit aux lieux où il l’avoit vue ; les moindres objets lui rappeloient le souvenir de celle qu’il avoit aimée, et renouvelloit son affliction à chaque instant. Il résolut donc de quitter la Hollande pour quelque temps , et se rendit à Gotha en Saxe. Nieuwland avoit là un ami, le savant astronome de Zach ; bientôt il en eut beaucoup, tous ceux qui le connurent lui furent attachés, La souveraine (5) Elégie (en vers hollandois), par P. Nieuwland. Amsterdam, 1798. Nieuw land. : : 347 sut aprécier ses talents , elle lui donna des marques de son estime. Tout le temps que Nieuwland passa à Gotha fut employé à l’étude de l'astronomie; il ne laissoit passer uu seul instant sans faire des expériences sur la dis- tance et le mouvement des globes célestes. Muni des connoissances nouvelles qu’il avoit acquises, il revint reprendre les emplois que ses concitoyens lui avoient confiés. Dès sa premiere jeunesse Nieuwland s’étoit rendu capable de tout , afin de pouvoir servir utilement la patrie dans tous les postes où l’on au- roit voulu l’appeler. Lescirconstances lui firent croire, pour quelque temps, que les belles-lettres, la con- noissance de l’antiquité, les langues, la critique, étoient les objets auxquels il devoit s’appliquer de préférence : il fit done tout ce qui étoit possible pour y exceller. 11 alloit se faire un nom parmi les criti- ques, par une édition des fragmens de Musonius qu'il préparoit , lorsque sa destination changea. L’a- mirauté d'Amsterdam le nomma membre de la com- mission qui dévoit déterminer les longitudes sur mer, et refaire les cartes marines. Il crut toujours qu’i/ Jaut tout sacrifier à ses devoirs. 11 dit donc un éternel adieu à la poésie, il abandonna et l’antiquité et la critique, mit de côté ce qu’il avoit déja com- mencé des fragmens de Musonius , et modéra ses études sur les hautes parties des mathématiques. Son emploi demandoit de lui l'étude de l’astronomie appliquée à la marine ; elle devint son unique occu- pation , il travailla sur cette matière comme si jamais il n’eût fait autre chose. 348 Biographie. Dans la même année devint vacante une place de professeur de philosophie, mathématiques et astrd- nomie à Utrecht. Le magistrat pria Nieuwland dé vouloir bien accepter, L'offre étoit d’autant plus flatteuse, qu’elle étoit faite en conséquence d’une lettre de deux grands mathémat'ciens, qui, sans parler de rien à Nieuwland, l’avoient nommé aux Bourgmestres comme /e seul qui pût leur faire ou- blier la perte qu’ils venvient de faire. Malheureu- sement des dissentions s’étant élevées dans la répu- blique, toutes les résolutions, prises par ceux d’'U- trecht , furent annullées, et Nieuwland , qui ne s’é- toit jamais mélé d’affaires d’état, en souffrit pour cette fois. Deux ans apres, il fut nommé lecteur en mathé- matiques, astronomie et marine à l’Athénée d’Ams- -terdam. Depuis que l’ouvrage entrepris pour l’amirauté s’avançcoit avec ordre, et n’exigeoit plus Ja même assiduité, Nieuwland avoit repris ses spéculations mathématiques ; il auroit pu se faire par elle un pom immortel. Son ami Damen, qui ne prodiguoit pas les éloges , lui avoit écrit qu’il alloit bientôt être compté parmi les premiers mathématiciens, et que déja, dans un point, il avoit surpassé Euler, Mais Nieuwland aima mieux être citoyen utile que sa- vant célèbre; à la gloire il préféra le témoignage d’une conscience pure, et abandonna tout pour sa nouvelle charge. « Je ne puis plus devenir un Euler, «dit-il, eh bien, contentons- nous d’un moindre «“ rang, et soyons pour la marine le Dalrymple de « la Belgique, » Nieuwland. 349 Le nouveau professeur se prescrivit une méthode chaire et sûre dont il ne s’écarta plus. 1] sut se pro- portionner à l’intelligence de ses élèves, et présenter les choses sous mille aspects, afin que toùs pussent les saisir, Jamais le système des trianglesglobulaires ne fut si bien expliqué. Il crut, pour quelques raisons, devoir s’appliquer à la physique et à la chymie, bientôt il en posséda la théorie à fonds; il fut admis dans une société de chymistes , et en rédigea les mémoiresen francois, Depuis six ans Nieuwland remplissoit, avec ap- plaudissement , son emploi de lecteur, lorsqu'il fut nommé professeur de physique, hautes mathématiques, hydraulique, astronomie, architecture civile et militaire à l’université de Leyde ; encore un changemeut dans ses études , encore une fois son goût immolé à l’u- tilité publique. La: physique devint son objet prin- cipal ; il la savoit déja assez pour la bien enseigner, mais il sentoit qu’il devoit se rendre célèbre comme physicien , parce que la gloire des universités dépend de celle des professeurs , et qu’elles tombent dans Poubli, lorsque ceux-ci ne sont regardés que comme des hommes ordinaires en leur genre, Il s’adonna, avec un zèle infatigable et sans exem- ple, à Pinstruction des élèves confiés à ses soins. Sans cesse occupé, il lisoit, il étudioit tout ce qui est écrit sur la physique dans toutes les langues connues , et Je communiquoit à ses auditeurs avec clartéet simplicité. Les élèves de Nienwland n'avoient pas seulement en lui un excellent guide dans la car- rière des sciences, mais ils ne pouyoient en avoir 350 Biographie. de meilleur pour leur conduite, ils ne pouvoïent trouver personne qui sût mieux former leurs cœurs et leur inspirer, par ses exemples, l'amour de la vertu et de Ja saine morale ; il avoit pour eux la sollicitude d’un père, leur parloit comme à des égaux , et savoit toujours se faire respecter. Aussi, peut-être jamais professeur n’a été plus sincèrement regretté , jamais disciples n’ont mieux honoré la mé- moire de leur maître. Il leur fut bientôt enlevé. Nieuwland mourut le 14 novembre 1794, âgé de 3o ans et 9 jours. Ses ouvrages sont : 1.° Poésies (hollandoises }. Amsterdam, chez P. den Hengst , 1788. Dans ce recueil on trouve quelques pièces de sa première jeunesse ; elles sont étonnantes si l’on considère l'âge de l’auteur. On voit que Nieu- wland étoit juge sévère de ses ouvrages, il n’a pas laissé entrer dans cette édition beaucoup de vers que d’autres feroient imprimer assurément s'ils les avoient faits. C’est aussi dans ce volume qu’on voit le poème intitulé Orion, il est excellent: Si Nieu- wland eût pu employer tout son temps à la poésie, il auroit surpassé nos plus grands poëtes. Dans les volumes 5,6,7 et 8 de la Société de la Haye , se trouvent plusieurs pièces de cet auteur. 2° De la valeur relative des différentes branches des connoissances humaines. 3.° De l'état des sciences comparé à celui des belles- lettres. 4° Des moyens d'éclairer le peuple et de rendre plus communs le jugement , le bon esprit et le goût. Nieuwland. 351 5.° L'amour de la patrie regardé comme devoir re- ligieux. 6° Dissertation sur les avantages que le perfection- nement de la navigation a déja procuré aux hommes, et doit leur fuire espérer encore. 7. De l'utilité générale des mathématiques. 8.° Idées des anciens sur l’état de l'ame après la mort , trad. du latin de Wytembach et de Bosch. 9.° Du vrai et du faux génie , trad. du latin de Hottinger. < ; 10.° De la sensibilité. 11.9 Du Système de Lavoïsier. 12° Recherches physico-chymiques. 13.° De la forme du globe. 14.° De insignibus astronomiæ incrementis novis- simæ caplis , et etiam num sperandis. 15.9 Du cours des Comètes , et de l'incertitude du retour de celle qui est attendue (1790). 16° De l'augmentation et de la diminution pério- diques de la lumière de quelques étoiles fixes. 17. Des triangles globulaires et du compas de Le Guin. 18.° De la Seleno topographie de Schræder. 10.° Des moyens de trouver la latitude sur mer, de l’usage des sextants et de l'horizon artificiel. 20.° De la navigation. Amsterdam. 1793 , in-8.°,. Ouvrage important , dont le grand mérite consiste dans la clarté des idées, dans la justesse des prin- cipes, dans l’abondance des choses utiles qu’on y (] 392 Biographie. pe, trouve, dans la manière avec laquelle l’auteur les présente , et dans une foule d’idées neuves. 21.9 Almanach nautique. Cet ouvrage, entrepris par ordre de l’amirauté, contient ,°1.° une traduction du nautical, almanach anolais adapté au méridien de Ténériffe. 2° Une collection de tables avec des explications. 3.° Des traités sur l’usage des instru- mens, sur les observations, etc.; il falloit, pour le composer, une profonde connoissance des diffé- rentes parties des mathématiques, beaucoup de dis- cernement dans le choix d’une méthode facile et sûre , le talent d’expliquer si clairement les choses, que ceux qui avoient le moins d’expérience pussent les mettre en pratique, et qu’elles fournissent aux savans des matières à spéculation. Il falloit savoir faire de bonnes expériences, bien connoitre tous les instrumens, enfin beaucoup d’exactitude dans les calculs. La commission, dont Nieuwland étoit membre, devoit en outre refaire les cartes marines; ses collégues ( MM. Van Swinden et Van Keulen) reconnoissent que presque tout l’ouvrage est rédigé par Nieuwland. 22° Traité de. la méthode de Douwes pour trouver la latitude, etc., Corneille Douwes avoit enseigné aux navigateurs un moyen pour déterminer la la- titude où ils se trouvent, en d’autres instans que celui du midi; mais l'invention restoit imparfaite; Nieuwland s’en méla; il a indiqué les temps favora- bles, les circonstances où l’on peut se trouver, les fautes qu’on y peut commettre ; lui seul a conduit cette méthode à la perfection ; il l’a tellement per- fectionnce Nieuwland. 353 fectionnée , que , regardée dans son origine comme un moyen à appliquer quand on n’en a point d’autre, elle est sur le point d’être préférée à tout ce qu’on a eu Jusqu'ici, Aussi ce traité fut reçu avec applau- dissement par les plus savans astronomes de la France et de PAllemagne; le C. de Lalande, entre autres, doit se souvenir de lavoir fortement approuvé. On voit dans ce beau morceau beaucoup de jugement, de pénétration , de génie : il contribuera, sans doute, au perfectionnement de lastronomie-pratique. Tels sont les titres de Nieuwland à l’estime des savans, Mais sa découverte sur les causes de J’obli- quité de l’écliptique, découverte que la mort ne lui a pas permis de pousser au point où il auroit pu la porter, auroit sufh seule pour faire passer son nom à la postérité la plus reculée, « Pourquoi « cette obliquité de l’écliptique et ces inclinaisons « des orbites planétaires? Les autres phénomènes « étant les mêmes, et dépendant des mêmes causes, “ l’axe delaterre,parexemple, auroit-elle pu s'appuyer “ perpendiculairement sur l’écliptique , ou prendre « une autre inclinaison que celle que nous lui con- “ noissons? » C’est ce qu’ont ignoré Newton, Euler, d’Alembert et Clairaut. Duséjour a dit qu'il est vrai- semblable que ce phénomène dépend d’une cause physique ; mais Nieuwland à donné des ouvertures pour la trouver cette cause physique; il a posé des principes d’où il conclut que ce phénomène est étroi- tement lié avec le système de Ja force attractive, et que, dès que cette force opère suivant les lois que nous connoissons , l’axe de la terre doit avoir Tome I. Z 354 "Biographie. une incliñaison. I] falloit encore démontrer que ces principes, soumis au calcul, offrent pour résultat précisément la même obliquité qui a lieu. Pour cela, Je mathématicien devoit d’abord imaginer les moyens de calculer toutes les quantités possibles et leurs effets, enfin, effectuer ces calculs mêmes, Nieu- wland avoit déja trouvé cette méthode de calculer, déja il avoit fait quelques calculs ; il avoit livré à l'impression une esquisse de sa découverte ( dans le journal allemand de Bode}), quand la mort est venu surprendre le hardi scrutateur des lois de la nature. Les mathématiciens doivent être étonnés de tout ce que ce jeune homme a fait sur cet objet , et, si jamais quelqu'un est assez heureux pour achever l’ouvrage de Nieuwland , alors le philosophe hollan- dois sera compté parmi ceux qui ont su nous expli- quer la construction de l’univers, et la postérité ne verra pas seulement en lui le bon mathématicien , mais l’homme de gégie, le grand-homme. à CE EE ER ES RE CS LITTÉRATURE GRECQUE. Erooria els Ts dyigreias TS Mpwos N A I O- AEON BONATIAPTE #pors x019518 The Jaune moMleiac, cureleira Tapd TS é iépéus IOAUZQH KONTOT r5 & Tocyiser, xai dpiepoéira TA ueyahompere- gr ouliye T& durë BONAÏIIAPTE. Er Mapioiois map T@ Tumoypipe ’E BE P- XAPT Av. POÈME ÉPIQUE sur les exploits du héros NAPOLÉON BONAPARTE, premier con- sul de la république Jrançoise ; composé par M. Pozrssoïi ConNpou de Jannina, et dédié à M.* BONAPARTE, épouse du premier consul. Paris, de l'imprimerie de J. M. Eberhart. 1802. In-4.° de 48 pages. Âssez d'autres journaux ont félicité M. Polyssoïs d’avoir fait en vers grecs le panégyrique des François et du premier consul, et ont applaudi au choix de son sujet. — Ecartant de cet article tout ce qui a pu être observé par d’autres, tout ce qui tient à la politique, aux événemens, aux hommes et aux opinions, je n’envisagerai l'ouvrage que du rôté littéraire. Je ne l’ai lu et étudié que sous ce rapport, Z 2 356 Littérature grecque. M. Pocyssois ConTou est un chanoine grec, né à Joannina , et venu à Paris il y a six mois, pour faire des recherches sur quelques manuscrits de Ja Bibliothéque nationale. Les journaux parlerent de son arrivée , et publièrent, dans le temps, une épigramme qu’il avoit faite sur Paris, dont la ma- gnificence l’avoit singulièrement frappé. Comme elle parut défigurée par un grand nombre de fautes ty- pographiques, je crois faire plaisir aux lecteurs du Magasin Encyclopédique, en la redonnant ici impri- mée plus correctement, avec la traduction italienne que l’auteur y a ajoutée depuis : “Hpoïuor taiypapue 'Qs mor vipéaabpor énlomt Tlapiolay pi 3 "H vr Saubes éréxn éxfparor, tuile xôcus , Mi» spdav dvépar ave Copins TE* lADRRAG me pe ciyäv, QE, id] iduerivyy Tavæyauür « Come io potrei lodare, o nominare la citta “ fabricata d’altissimi Palazzi di gran Parigi? la- “ quale adesso e diventata il miracolo immortale « e sostegno dell’ Universo. Perche lei sola si vanta “ di tanti heroiïi uomini, e di tanta sapienzia. Oime! « perche devo tacere la magnanimita, e la sapien- « zia degli antichi Greci, » M. Polyssois a composé plusieurs poèmes grecs qui ont paru en Allemagne, mais dont j'ignore les titres. !l est aussi auteur d’une grammaire grecque imprimée à Bude en Hongrie , et dédiée au prince Maurusi, frère du prince régnant de Valachie. On, lui attribue encore une édition de Xénophon d'E- ” Poésie. 357 phèse, publiée à Vienne en 1793, et dont voici le titre : ZevoQürlos EQrais ré mar Avblur 434 "AGpoxogm. vo mpürey EAmis pire The irahxñs pilaQpasios 7% copalars ANTONIO SALPINI rumukiila dix Quaarius damans rx Xproiaur, y mpayuareurais Ilævzyiars Amnr. X. Nixs T& CE aayar. co Biéwy Ths ’Ausplas 1793 , in-0°. Mais il n'y a de M. Polyssois que la préface et une épi- gramme grecque sur le roman de Xénophon. Les corrections ne lui appartiennent pas, comme l’avoit pensé M. le baron de Locella; elles ont été in- troduites dans le texte par un de ses compatrio- tes, nommé Berérys, moit depuis quelque temps, Elles sont Ja plupart fort mauvaises, faites sans goût , surtout sans connoissance de la critique » sans érudition, et absolument indignes des talens de M. Polyssoïs. Comme cette édition n’a pas de notes , et que le lecteur n’est pas même averti des passages corrigés, un critique allemand a dit assez iugénieusement que l'éditeur, « dum emendut, ut « Plauti Collybiscus dum amat et potai, clum fur- « limgue esse vull ne qui sciant. » On trouve un Jugement de cet ouvrage dans l'excellente édi- tion (1) du même auteur, donnée par M. le baron DE LOCELLA, pag. xv et xvVI de la préface, et dans plusieurs endroits du commentaire. Je sais de M. Pojyssoïs lui-même qu'il a le projet (G) Xexornonrts Eemesir de Anthia et Habrocome Ephesiaco- . ru libri V. gr. et lat. recensuit, supplevit, emendavit, latine vertit, adnotationibus aliorurn,et suis illustravit, indicibus in= struxit Azoxs, EmEnc. Lisen Baro Locezra S. C. R. À, M. & Cons, Aulæ Vindobonæ apud A. Dlumauer. 1796. 1n-4.° Z 3 ie 358 Littérature grecque. de donner une édition des lettres d’Aristænète, pour Jaquelle il a même déja obtenu la permission de la censure de Vienne, ce qui peut faire croire qu’il ne tardera pas à la publier, et les hellénistes doivent lé desirer beaucoup’; car, ôutre le manuscrit de Vienne que l’on croyoit unique jusqu’à présent (2), M. Polyssois a eu connoissance d’un autre manuscrit sur parchemin, qu’il a été assez heureux pour trou- ver à Joannina. Il est hors de doute, qu’aidé des variantes de ces deux manuserits, qu’il n’aura sû- rément pas négligées, et de la connoissance qu’il a du grec littéral, M. Polyssoïs fera sur le texte élégant, mais souvent corrompu de cet agréable écrivain, un utile travail, et ce sera an véritable service rendu aux lettres grecques et à ceux qui les aiment. Je reviens, ou plutôt j’arrive enfin au poeme de M. Polyssoïs, dont tous ces détails m'ont écarté. Le nom d’'Eroœoix ( Epopée) que l’auteur lui a douré, est fort juste en grec où il signifie précisément un poème écrit en vers héroïques , en vers hexamètres, que l'on appelle #æ» par excellence; mais, en fran- çois, poème épique , &it beaucoup trop ; et il eût été plus exact de traduire iromoifæ par poème héroïque. Le poème de M. Polyssoïs n’a point les qualités qui, selon les règles établies par les grands cri- tiques, constituent le poème épique. Un récit ra- pide, simple, sans nœud et sans épisodes, n’est pas un poème épique, parce qu’il est écrit en vers de six pieds, et que l’on y a introduit le merveil- (2) Voyez ad Aristænetum editor. præfationes. Poésie. 359 leux inutile de quelques divinités mythologiques dont l’emploi me semble même une espèce de con- tre-sens. On ne s’est jamais, je crois, avisé d’honorer du titre d’Epopées, ou Poèmes épiques , les poèmes de Coluthus, de Tryphiodore, de Musée. L'on re- fuse ce vom à la Pharsale de Lucain, l’un des plus beaux ouvrages poétiques qui nous restent de l'antiquité. L’étendue du plan, la richesse de la poésie, la sublimité des pensées, la magnificence des détails, et mille autres beautés de tous les genres répandus dans ce poème, n’ont pas suffi pour le faire placer au rang des épopées. Il me semble donc qu'à moins de réformer entierement toute la poétique, il ne faut regarder l’ouvrage de M. Polyssois que comme un véritable poème héroï- que , et qu’il n’est pas plus un poeme épique que le poème de Fontenoy de M. de Voltaire, Je disois tout-à-l’heure que l’emploi des divinités mythologiques me sembloit un contre-sens. Et er effet , quel est le but du merveilleux dans les poë- mes des anciens? D’augmenter l'admiration, la ter- reur , l’intérét, ou toute autre espèce d'impression, en faisant intervenir, parmi les actions humaines, des divinités alors reconnues et objet du culte pu- blice. Mais aujourd’hui ce moyen est usé et totale- ment sans effet. Le merveilleux ne peut agir qu’au- tant qu'il a une sorte de vraisemblance, et que le lecteur peut éprouver un peu d’illusion, Autre- ment il est diffcile de rien imaginer de plus froid, et je dirai presque de plus ridicule que l’emploi d’un ressort qui ne met rien eu mouvement, et Z 4 360 Liltérature grecque. qui, au lieu d’animer l’action, la rend Janguis- sante. Les esprits sont devenus trop philosophiques pour admettre, dans les poèmes sur des sujets en- tièrement modernes ; le merveilleux des poemes d’Homére et des autres anciens. C’est à l’imagina- tion des poètes à s'ouvrir maintenant, s’il est pos- sible, de nouvelles sources de merveilleux , et à se créer de nouvelles routes. Quel est le lecteur qui, lisant le récit d’événemens arrivés hier, et sous nos yeux, peut admettre l’intervention de Jupiter et de Neptune, d’Apollon et de Minerve dans l’expédi- tion d’Ægypte, les campagnes d'Italie et l'explosion du 3 nivose ; l’esprit se refuse à de pareilles sup- positions. On est dans l’usage d’accorder beaucoup aux poètes; maïs il ne faut cependant pas qu'ils exi- gent trop. Ce qu’il y a de plus extraordinaire encore, c’est que Minerve qui, dès la naissance du héros, et pour ainsi dire des son baptême , est sa constante protectrice , et le dirige dans ses entreprises, soit censée le diriger aussi dans le rétablissement du culte romain. Car M. Polyssois, parmi les actions de Bonaparte, n’a pas oublié une de celles qui Jui font le plus d'honneur ; et, quoique lintervention de la déesse n’y soit pas formellement exprimée (et elle ne pouvoit pas l'être), il n’y a point de raison pour ne pas l’y supposer tacitement : elle a paru dans les autres actions du héros; et si on Vexclut de celle-là, quellè est donc, dans ce poë- ie, la suite et la maréhe des idées ? Je ne pousserai pas plus loin le développement de ces principes, mais j'observerai qu'il résulte de cette seule circonstance À Poësre. 361 une preuve formelle de l'inconvenance absolue qu’il- y a d’introduire les divinités payennes dans les poe- mes modernes, et cet exemple suffit, je crois, pour justifier ce que je disois plus haut, que leur emploi est un véritable contre-sens et un alliage bizarre d'images et d’idées qui s’excluent mutuellement. Je vais citer le passage où M. Polyssois a parlé du rétablissement du culte, parce qu’il me donvera occas'on de faire une autre observation (p.40. v. 9). Nùy de dixarmoniss 04] ibivralor fyvos adeuar Kaenois Kenroior Cuidwpoy tduxe Tant. MépunpiGur méile Hô idée marpidos 076s "Os x in D'aïin 05 dl dDivor 494 mAËrer dQuéer. . Démos Rurpeins Drôle + iyfvéntée , “Hy, @ev , àraclæ7 Ecoriuy piy &rider A OIKQ ZE, Tas de Ocoic VE NÈT ES dprelvores me mepoiŸe Tebey icadlis dre Sroctarag tuOeon Jua. Je ne releverai pas toutes les inexactitudes de la version françoise : il faudroit qu’elle fût refaite, et dans ce passage, et dans tout le reste du poème. Je demanderai seulement à l'auteur quel est le sens de ce mot doxäs employé. à la fin du sixième vers. 1 s’en est encore servi dans le vers 15 de la page 10. ’Agyatos Tr émeleo moy is Tan éSpais "Evdobr, 7° terobs » 2, LOT UOEVOLEVUTIV ’AOIKQ Z, Et, page 18, v. 13, il dit des Grecs: Maxpois auari dnlx midus oxemtorrts AOIK QE. Dans ces trois endroits, ce mot est exactement écrit et accentué de méme; ce qui m’empéche de 362 Lilitéralure grecque. croire qu'il y ait aucune faute d'impression. &oixas, avec Paccent sur la pénultième, signifieroit sine domo , sans maison ; ce qui, dans les passages ci- tés, ne présente aucun sens. Je ne vois pas d’où peut venir éuxäs avec un circonflexe , ni ce qu'il peut vouloir dire. Il est probable qu'éexäs est une faute d’orthographe occasionnée par l'iotisme per- pétuel de la prononciation moderne , et qu’il faut lire äemgs. M. Polyssoïs croyoit qu’il existoit des exemples d’éerx#s dans Homere. Mais il se trompoit. Le mot aie, terram, doit s’écrire «ie, comme via son primitif, et forme un trochée, et c’est ainsi que l’auteur lemploie en plusieurs endroits. Mais il en est d’autres où il fait un spondée d'eux» placé devant une voyelle, et l’accentue de cetie manière de : (p- 10, v.17) Quus À &v sortose im ”AIAN {mare Kenrär. Cp: 12, V. 2 )—————— Tañës "H Kyarûr yves diey Êm ALAN ém@oryamealer (p.520, v3) Oi ré d 'AIAN txmaX iQiluréy 10e PEUTAT M. Polyssois paroit avoir cru que le final dans #ia Étoit douteux, et qu’on pouvoit à volonte le faire long ou bref, et en changer l'accent, suivant la quantité qu’on lui donuoit; ce qui n’est nulle- ment permis. L’« final, dans les noms en ææ, est commun et non douteux, c’est-à-dire, qu'il y a des noms où il est bief , et d’autres où il est lon Dans ‘’Alyaæis, ciamaa, etc. il est toujours long, Poésie. 263 tandis que dans Maïe, yaia , aie il est toujours-bref. EÉuripides, dans Médée, v. 32, et 1381. Keï yaiay oixss Ÿ Se mpodër àQixilo, ‘Aur Je yalar cit Tu "Eperlios. Quintus Calaber, Paralipomenes , I, v. 634. "OŸE deg oQiei yaie Qurn 20 ht 4 sv À ces exemples qui suffisent, mais que je pourrois facilement multiplier , l’on peut ajouter tous ceux d’Homère qu’indiquera le vocabulaire de Seberus, et ceux du trésor de M. Morell. On sent assez que yaiu et «ie étant le même mot, les exemples de l’un servent pour l’autre. — 11 résulte de ce que je viens ‘de dire, et prouver, que, dans les trois vers de M. Polyssois, il ya, sur le mot aïe, faute de pro- sudie et faate d’accentuation. Le premier pourroit peut-être être justifie par l'esprit rude de "Isere ; wais alors il resteroit toujours une faute dans l’ac- cent. Pour les deux autres, je ne vois pas de moyens de les excuser , çar il n’y a ni césure ni esprit rude, à moins que M. Polyssoïs ne propose d'admettre la licence inadmissible de la pause; et encore y au- roit-il toujours faute contre laccent, qui ne doit pas changer. — J'ai remarqué cette faute d’accen- iuation dans deux autres vers où æier a la dernière longue par position. Page 14, v. 16. 02 » Qs À or vow d'uifey x A'IAN die Sidwr ‘ Dans ce vers, «il» [ait un spondée par position ; ais, quoique la dernière cesse d’être brève, M. 364 Littérature grecque. Polyssoïs n’en devoit pas changer l'accent ; ae tro- chée de sa nature, comme «is spondée par posi- tion, gardent le circonflexe. Je fais la méine re- marque sur le vers 14, p. 28. AR ” 9 ” e! J > d ” Aôrap tm A IAN, Qe0, piey aomilor digeu may:Tar, où il faut écrire aërèp ir AT AN @eù——— Quoique cette observation n’ait pas besoin de preuve, ce- pendant, comme j'aime mieux qu’on me reproche l'excès que le défaut d’exactitude, je citerai le se- cond vers de la Médée d’Euripides, où aix spondée Par position a l’accent circonflexe, 1 > % Kéyoy ts œiay xværtus Euurayyédus. Et de même yxia spondée dans les Phœniciennes, vers 635 , lequel est un trochaïque tétramètre cata- lectique, Tydt SpéVaru ps yaiar 494 Jtds papricouu. Voyez encore le vers 3.° de l’Alceste, etc. Il est un mot que l’imprimeur ne paroît pas avoir altéré, et dont je n’ai jamais vu d’exemple; au reste , je serois plus disposé à m’accuser ici d’igno- rance, qu’à reprocher une faute à M. Polyssois, si quelques hellénistes, beaucoup plus habiles que moi à tous égards, n’eussent fait la même remarque. Ce mot se trouve p. 10, v. 1. Kai pur dyrn kOduke Jeés 154 où NO Gp. 1 Il est évident que »° est là par élision pour »62. Mais l’accusatif v6« est-il d’un grec pur? En existe- Poésie. : 365 t-il un seul exemple dans les auteurs dont la grécité peut faire autorité? On ne connoît , il me semble, que v, ou la forme contractée rù, Cependant je ne nie pas qu’on puisse trouver »z dans quelque auteur moderne; car Astrampsychus a employé deux fois »o0s au génitif (p. 5). La \ ” à ! 2: Dur amtmAEuxws Ts Voos yoes BaGyr. Et (p. 7). Diyyn diavyas Tus vos Ale AUmus, I} est à peu près certain que si l’on à dit vs au génitif, on a pu dire vf au datif, et conséquem- ment væ à l’accusatif, comme eos eos veoi vetæ. Mais si M. Polyssois n’a pour autorités que des écrivains du mérite d’Astrampsychus , la critique que j'ai faite de l’emploi du mot 6 ne m’en paroît pas moins fondée. J’éleverai encore une difficulté sur la quantité de l’a/pha dans les formes Æoliques des génitifs en #nr. Cet « est toujours long. C’est une règle géné- rale que M. Pol yssoïs suit lui-même. C’est ainsi qu’il a fait un ionique mineur d’éperéer, p. 8, v. 3; un bacchius de Sicav, p.14, v. 16, etc. Tel est l’usage constant de tous les poètes, Mais il s’en est écarté une fois, dans le vers 4.° de la Dédicace à l’Insti- tut, où il a fait un iambe de ré génitif Æolique pour la forme commune ré». —"Upques ap avr TA'QN 76 dén buis. Téa est toujours long dans Homère, J’en ai recher- 366 Littérature grecque. ché des exemples dans d’autres poètes , et l’ai tou- jours trouvé long. Si M. Polyssois veut justifier la quantité commune de réa» par le mot vyeréart qui est composé d’un dactyle et d’un trochée, je crois que Ja preuve n’est pas satisfaisante ; car il n’y a: pas la moindre analogie entre ces deux formes. II ne suffit pas, pour établir parité entre ces deux mots, qu’ils aient chacun un « devant lo. Il est des mots dont le rapprochement et la comparaison seroient infiniment plus plausibles, et qui ont ce- pendant une quantité diffé:ente. Ainsi vyeréo Fait Væ bref à la pénultième , tandis qe iéw le fait long. Il est évident que puisque M. Polyssoïs auroit tort d’invoquer vgsréa bref pour faire iéo également bref, quoique féw et vyerée soient des verbes de la même conjugaison , et aussi analogues qu’il est pos- sible de l'être, il peut, avec beaucoup moins de raison encore, se servir de la quantité de vyerzo pour établir celle de rés, ces deux mots. n’ayant pas ensemble le moindre rapport. J'ai remarqué une faute non moins grave dans le vers 6 de la page 10. e U . \ Lg Iduorivnor mdvuis Te Vepaipuo dits dyasuis, L'auteur a pris zécuis pour un iambe, mais il est incontestable que la première dans mécus est tou- jours longue. L'accent du nominatif zä; räva mûr l'indique assez, et il ne faut qu’ouvrir les Poètes pour en trouver des exemples. Je ne crois pas plus régulier le vers 8 de la page 16, où “Igtme est placé comme dactyle, Poëste. 367 "AN 6h vas foturo Docioi vye 1Qlipeer Hpo. “I@te est un anti-bacchius. La seconde de ce mot est toujours longue. Tout le monde se souvient du 3.° vers de l’Iliade, Tous d iQgliuss duyus &idi mpoiuÿsr. Quintus Calaber 1, v. 569, “Hide, ds Axinñi, 4j iQUiun mtp tëre, L'on peut consulter, s’il restoit quelque doute, le Vocabulaire de Morell , et l’Index d'Homere, qui n’a point terminé de vers par "IQéwer deg, quoique M. Polyssois, dont la mémoire en cette occasion est peu fidelle, croye y avoir trouvé cet exemple. On m’a fait apercevoir dans le premier vers de la Dédicace, une faute qui m’avoit échappé. Il est terminé par rérw ääpwr. Maïs la, pénultième dans éépay est brève, et par conséquent le metre est dé- truit. Homer, Iliade IX, 327. Avdegoi paprauey@" éapov trexa (Qilegsiur. 0 ARS » Le vers 18 de la page 28, est terminé par l’ex- clamation @:ÿ, dont la prononciation désagréable achève de détruire l’harmonie de ce vers, cadencé d’ailleurs d’une manière peu heureuse. Tlèp À’ éxauuloy iyeber dm du Cana, ge. Ce vers, prononcé suivant l’usage moderne, n’est pas un des plus doux qu'il soit possible de lire. Peut-être l’auteur a-t-il cherché une sorte d’effet 368 Lüiérature grecque. d'harmonie imitative. Qui hubét aures audièndi, audiet. Pour moi, j'avoue que je n’y trouve d’har- monie d'aucune espèce. Dans cette même page, je lis dans une étendue de huit vers quatre fois @eù et une fois &. La comparaison du héros avec le soleil, dont l’é- clat efface celui des astres, est répétée deux fois dans les mêmes termes (p.12, v. 17). ITAcdroy AGUTETOUY # dseuriv AEACOS TIS, . (p. 42, v. 30), Mèr@- hauniloov ds dpeusi MEMOS ris. Le soleil a encore fourni une comparaison, p. 38, v. 18. | fes 2 4 » e » / ® ec! + ! Hÿüre aseao ërage CITY MAIOS EUBUSe Le héros du poème est désigné p. 8, v. 3, par l'épithète Secreuxror &yanu dperdar. La même expres- sion est encore employée p. 42, v. 11. # ne / H4 Tayroloy tuner pro Jroreuxloy dyaaue. Que résulte-t-il de cette critique que je pourrois très- facilement étendre davantage ? Que le poème de M. Polyssoïs n’est pas un poème épique; que, comme poème héroïque, il est loin d’être un chef- d'œuvre, et que nous n’avons point encore retrouvé Homère, quoiqu’en pense M. Gail (3). Mais il faut (3) M. Gail a mis à la tête du poème de M. Polyssoïs, ume petite épigramme de quatre vers, où il dit, sans péripbrase, que l’auteur est un autre Homère, #X©* Onung9s, byperbole si exagérée que le convenir Poésie. 369 convenir que, malgré ses nombreux défauts, cet ouvrage a le rare mérite d’être composé avec élé- gance et facilité dans une langue qu’il est aujour- d’hui extrémement difficile de bien écrire, L’on doit avouer qu'il suppose dans l’auteur une étude très-approfondie de lidiome , et beaucoup de talent -poétique ; et il est très - sûr que s’il est fort peu d’hellénistes qui puissent admirer ce poème dans sa totalité , il en est encore moins qui puissent en composer un pareil. Comme il est juste de faire aussi la part de l’é- loge , après avoir fait celle de la critique, je citerai quelques morceaux qui m’ont pau d’un excellent ton de poésie, et d’abord le début que je trouve fort beau. / \ re 2 % [4 ‘Téeev@ zara poiper dati armer tbe à "Ardpos denst@ 5 nA@- aQlirey wggpe T'aois, traducteur francois s’est cru obligé de l’affoiblir; et n’a pas osé la rendre littéralement. — De ces quatre vers de M. Gail, il en est au moins trois qu'il seroit'aisé de critiquer. Je me bornerai à remarquer, pour ne pas ajouter une longue note à cet article déja trop long, que, dans le second vers, pauéeoey n'est pas un ionique mineur, comme l’a cru le savant professeur, mais un épitrite second, pied qu'aucune - æspèce de combinaison ne peut faire entrer dans le vers hexamètre. La première dans pneseey et les dérivés, est toujourslongue. Les Latins qui dans les mots qu'ils empruntoient du grec conservoient la quantité du primitif, font également la première longue daus mimus et les Formes dérivées. Ovine Trise, IT, v. 497. Quid sÈ scripsissem imitantes turpia mimos. Et v. 515, Scribere si fas est imitantes lurpia mimos. Voyez encore le vers 14 du prologue de Laberius. (Macros. Sarur, 11,7), etc. Tome I, A 2 370 Littérature grecque. Eimépuy ÉvonTas réray 7° Emoyhr éyéxAiler, Tlepider diÿä pro eupuy 7° tadou' Oups Epyue 9 do réel Yv, puns des 0e] tuexdivs ‘ai d'àp ‘Axærois düne bex zou Vüs «ré pin Vuur. Xeboœs xèpoi xesvoy dois Es Qpere, Mia, Xeher dveuxehadtost pix@ QiémoXmor ivre. Où péay | Ypo cioy por érhruge Upvér , My æAcbvor parby re épovl Emabior dvrà , Tér x Oups Qeir, 7 Eaé, Bmor &y, 4 dtor, four. Let Tete P.8, v. 16, l’auteur a fait sur le nom de Bona- parte, un jeu de mots assez agréable, et dont le traducteur ne s'ê8t pas même douté. 11 n’étoit pas, je l’avoue , facile de le bien rendre en francois. \ ps \ ” 1 » ! ! Toy | éQaay poipey xaxer Aiytogoto Tlegroi, LA Lu 2 \ C1 Moipoy a@layarey Te Deby tpærtivoy tovla, TQr D co hhandrn péy veizg Cnnwbélo Kélroïs. On voit qu'il y a allusion entre le nom des par- ques Moipas et celui de Bonne part, Bona parte, ia mois, donné au héros, parce qu’il étoit aimé des parques. C’est un calembourg ; maïs il est, en grec, ingénieux, et bien exprimé. Il y a de fort beaux vers dans le passage où le poète peint le dieu du Nil, effrayé de arrivée des Francois (p. 18, v. 14). 'OŸ% d+ radr ivre xevroppalpos Buluréyar Nénos , dmo (omis ye xaruhjaéxruy àreviQuv VEvda per dynatay NupQay ode dity évtose TH œ À eme Japbos Eve p cor. Ti À épéa ; Li ne Poésie. 371 ! : 3 + 24 0 Tis spéros asie moplé @e ’Aiyümlero TæAwivns ; ‘HQeso 0 privé nedlepd xaruzenlar; Hy ddibesmire Zeds mar GMèTE VE xepæuyois : H Aayæoi fnoy, id] AAbavdpgs munivosei, Tôy xéag dity tous maû Uouivas drépæuvoy; % TX Je voulois terminer ici ces citations; mais je transcrirai encore les vers où l’auteur parle des Grecs qui périrent dans les combats livrés en Ægypte, parce qu’ils offrent un trait de caractère national , et prouvent combien le desir de recou- vrer leur ancienne liberté, est vif dans le cœur de ces Grecs, que quelquefois l’on représente comme des barbares qui n’ont plus ni génie ni sensibilité. (p.18, v.9). < ” Ld 3 } CR A Hye + 'Ayxæbv maidee iQ bouivy GAExovlo , K \ » / 1 9 5 ’ » où e aimEg denapevor , TéY Évov, Te TRgmale xaT Exfeay L2 ! (24 . Na: " Aie Secmécios old Ebvecy dar &hxae > 1 La / / EAmouevor m8 ney ÉAculepiys e rx y \ 1 , : o Mauxpois Eipraot dnêx médus Casmtovres AO TKOES: L'auteur malheureusement a été obligé de confier la traduction francçoise de son poème à un homme qui ne savoit pas un mot de grec, et qui a traduit sur une version latine, si pourtant c’est traduire que de paraphraser, changer les idées, les altérer, les étendre, Dans une foule d’endroits, le traduc- teur n’a pas rendu les pensées de l’original ; dans une foule d’autres, il en a ajoutées qui ne sont qu’à Jui. Par exemple , page 21, on lit dans le texte françois : « Guidé par la déesse, ce guerrier, plus  a 2 372 Liliérature grecque. « intrépide que le lion, plus rapide que l'aigle, a « soumis l’Ægypte entiere à sés armes triomphan- « tes.” — Le grec n’a pas un mot de cette com- paraison du lion et de l'aigle. Elle appartient tout- à-fait au traducteur. — A la page 33, je lis: « Pallas, sur l'instant rivale d’Apollon , fut la « cause de leurs défaites. » Sur l'instant n’est pas françois. Pour l'instant est absolument trivial. Le mot exigé par le sens étoit alors. — Dans la dé- dicace à M."° Bonaparte, le second vers est écrit de cette manière : « Tel qu’on reconnut le don d'une déesse. » L'imprimeur a probablement oublié une syllabe. — Mais en voilà assez, trop même sur cette foible traduction. M. Polyssois annonce qu’il a commencé un autre poème épique, intiulé La Galliade , où il décrira en vers homériques les différentes circonstances de la révolution françoise ; et il desire pouvoir faire bientôt ce présent aux amateurs de la poésie grecque. Pour moi, je l’engage très-sincèrement (et je souhaite |. ns. que cet avis ne lui déplaise pas) à renoncer à ce | | projet, ou à se faire une autre manière que celle | | qu’il paroît avoir adoptée. Apollon , Jupiter et Nep- | tune ne peuvent avoir de rôle sur une pareille | scène, et il ne faut point, à de tels tableaux, | d’ornemens si frivoles. C’est à l’histoire , c’est aux! Tacites et aux Suétones futurs qu’il appartient del tracer, d’une plume sévère et véridique, pour l’in-| struction et l’épouyante des hommes, ces tristes! | | | C4 Poésie. 37 A annales. La poésie, selon moi, doit s'abstenir de ces récits, à moins qu'il ne se rencontre quelque poète doué du génie sombre et mélancolique de Lucain, ou de la verve fougueuse de Juvénal. | Bo1ssON ADE. VARIÉTÉS, NOUVELLES ET CORRESPON DANCE LITTÉRAIRES. L NOUVELLES ÉTRANGÈRES. A LLE M A G NE. Dresde, le 22 juin ( 13 prairial ). Notre ville se distingue toujours par son amour pour les arts, qui y sont favorisés, non-seulement par notre superbe galerie des tableaux, mais encore par la protection particulière que leur accorde le gouvernement. Il y a ici à peu près 150 musiciens pensionnés par la cour; nous possédons plus de 400 peintres, sculpteurs et graveurs, dont la moi- tié est occupée pour la manufacture de porcelaine de Meissen. Cette quantité d’artistes, dans un pays où l’on vit à très-bon marché, facilite beaucoup les Aa 3 374 Nouvelles littéraires: entreprises qui exigent leur concours. Tel est l’ou- vrage de M. le baron de Raknitz, sur le goût que les peuples les plus célèbres ont mis à décorer leurs appartemens. Chaque cahier de ce magnifique ou- vrage est accompagné de dessins eojoriés, supérieu- rement exécutés. L'auteur, qui occupe une charge considérable à la cour, est un des plus zélés pro- tecteurs des arts dans ce pays. L'exposition des tableaux de cette ange IQEE très-nombreuse et très-brillante. On y auroit cepen- dant desiré en général plus de goût dans les plans, et surtout plus d’ensemble. L’électeur, qui se distingue par ses vertus mo- destes, et par la bonté de son administration, a : l'esprit tres-cultivé ; tous les dimanches son biblio- thécaire , le célèbre grammairien Adelung lui pré- sente les nouveautés littéraires, et retire les ou- vrages que l’electeur a lus; le prince en porte souvent les jugemens les plus sages et les mieux motivés ; il aime surtout beaucoup la botanique, et son étonnante mémoire recueille et conserve avec uve facilité extraordinaire tous les termes techni- ques et les noms des plantes. La ville de Pilnitz, dont les politiques ont tant parlé il y a quelques années, est devenue aujourd’hui le sanctuaire des botanistes, grace à un jardin magnifique qui contient les plantes les plus rares et les plus célebres de toutes les parties du monde, ete. Nouvelles littéraires. 379 HPU SS EL D OR Fr. Les travaux pour la restauration de la galerie électorale sont achevés; déja on a commencé à y replacer les chef-d’œuvres qui y ont attré, pen- dant tant d'années, des eurieux de toutes les par- ties de l’Europe. PEUT EN PSE" 0, UK GC. Le célèbre cabinet du prince de Strozzi, acheté à Florence pour le compte de l’empereur des Rus- sies , a , dit-on, été payé 18,000 ducats. AN CRIE TERRE. Extrait dune lettre de M. HerscHELz au C. MECHAIN, de l’Institut national, directeur de l'Observatoire de Paris, Slough , 22 mai 1802. ...... Au sujet des deux corps célestes qu’on a dernièrement découverts, je vous donnerai un pré- cis des observations que j’ai faites. Dans un mémoire , lu à la Société royale de Lon- dres , les 6 et 13 de ce mois, j'indique, tres en dé- tail, les mesures que jai prises du diametre de ces étoiles, et je crois avoir prouvé que celui de Cérès , vu de Jlaterre ,le 22 avril, n’avoit que o’”’,216 ; et que celui de Pullas, d’après une mesure assez bonne, avoit o",17; mais, d’après une autre encore plus exacte, seulement 0,13. En calculant sur ces données ,-et autant que nogs Île permet la connoissance encore imparfaite Aa 4 376 Nouvelles littéraires: que nous avons des orbites de ces astres, j’ai trouvé que le diamètre de Cérès est à peu près de 162 milles anglois (1), et que celui de Pallas ne va qu’à 70. Je fais voir, par toutes mes observations, qu’on ne peut pas mettre ces corps au rang des planètes, tant à cause de leur petitesse, que parce qu'ils sont hors du zodiaque; et, comme je prouve de même qu’ils ne sont pas des comètes, il s'ensuit qu’on doit les regarder comme d’une espece intermédiaire en- tre les comètes et les planètes, qui nous a été in- connue jusqu'à présent, et qui demande un nom particulier, Comme ils ont de la ressemblance avec les petites étoiles, dont on a peine à les distinguer, même avec de bons télescopes, je les ai appelés des astéroïides. | Voici la définition que je donne de ce mot : « Les astéroides sont des petits corps célestes, « qui font leurs révolutions autour du soleil, dans « des ellipses plus du moins excentriques, et dont «le plan pourra être incliné à l'écliptique dans un « angle quelconque. Leur mouvement pourra étre “_ direct ou rétrograde. Ils auront ou n’auront pas « des atmosphères considérables, de petits comas, « des disques ou des noyaux. » Vous voyez, monsieur, que cette définition nous laisse une grande latitude, et qu’en admettant les trois espèces de corps célestes, les planètes, les astéroides , les comètes , nous aurons plus de faci- QG) M. Schrotter, de Lilienthal, a trouve avec des télescopes sem- blables à celui d’ Helichd, le diamètre de Cérès de 529 miles géogra: phiques ou 0,508 du diamèire de Ja terre. Nouvelles littéraires: 377 lité à classer les découvertes que l’on pourra faire à l'avenir. J’ai toujours l’espoir de pouvoir vous témoigner personnellement , d’ici à quelques mois, la haute estime et l’attachement avec lesquels je suis, etc. W. HERSCHEL. L'AILE Milan , le 2 juin 1802 (an 1). Il est arrivé ici plusieurs caisses remplies de ma- chines précieuses, qui sont de l'invention et la pro- priété de l’habile Morosi, professeur de mécaniqué dans l’université de Brescia. Une de ces machines sert à battre, à carder et à filer le coton pour le réduire à une finesse presque imperceptible. Des enfans depuis trois jusqu’à quatorze ans suffisent à ce travail. Une autre exécute sur le métier trois bas de soie à la fois, et forme la maille aussi parfaite que celle dont se vantent les Anglois. La troisième, quiest mise en mouvement par l’ean, sert à faire toute sorte dé rubans. Quelques petites filles peuvent, avec cètte machine, en faire plu- sieurs milliers de brasses dans un jour , et elle a cela de particulier, c’est que si un seul fil vient à se rompre, le mouvement s'arrête aussitôt. C’est aux soins et au génie actif de notre vice-président que Von devra de posséder ces établissemens si précieux pour notre commerce. Il a été procédé, ie 5 juin, au jugement des ta- 378 Nouvelles littéraires! bleaux de l'exposition publique qui ont concour pour le prix proposé par le programme du 7 ger- minal an 1x. Le prix a été adjugé au C. J. Bossi, se- crétaire de l’Académie des beaux-arts de Brera. Les juges ont ensuite décerné des encouragemens aux auteurs des autres tableaux qu’ils avoient le plus particulièrement, distingués. PIÉMONT. Turin , le 30 mai (10 prairial ). L'ouverture solennelle de l’école vétérinaire de cette ville, a eu lieu le 11 de ce mois; vingt-un élèves, pris dans chacun des arrondissemens qui composent la 27.° division militaire, y seront en- tretenus aux frais du gouvernement. Ils porteront un uniforme. Ces éleves ont déja subi un examen public dans leur département. Le local du Valentin, destiné à cet établissement, offre toutes les com- modités possibles pour un nombreux pensionnat. Toutes les mesures ont été prises par le comité d'instruction publique pour assurer aux pension- naires qui voudroient y être admis, la nouiriture et les moyens d'entretien à un prix très-modique. FRANCE. VER is ACITL) L'E Si La Société d'Agriculture du département de Seine et Oise séante à Versailles, a tenu le 24 prairial une séance pubhque : voici quel a été l’ordre des lectures. Nouvelles littéraires. 379 Discours du président (le C. ANDRIEU ). Compte rendu des travaux de l’année , par le C. DuCHESNE , secrétaire. Sur les mœurs de la Taupe, par le C. CADET- DE- VAUX. Sur les Charrues usitées dans le département de Seine et Oise, par le C. CHALLAN. Succès de la culture du maïs dans le département, par le C. Lussy. i Nouveaux résultats de la vaccination, par le C. Votsin. Notice sur les principales variétés de pommes de terre , par le C. RicHaRo. Utilité des observations météorologiques , par le C. Caro, j Influences de la morale des villes sur la pros- périté des campagnes , par le C. BRIERE , secrétaire. Sur les effets qu’on peut attendre de la greffe, par le C. DUucHESNE£ , secrétaire. Rapport sur la nouvelle traduction de la richesse des nations, avec notes de G. GARNIER, par le C. CHALLAN. NANTES. Séance publique de l'Institut départemental de la Loire-Inférieure. Le 20 germinal an 10, l’Institut départemental de la Loire-Inférieure s’étant réuni dans la grande salle de la Préfecture, le C. LETOURNEUR, préfet du département , et président de cette société, a m ‘ 380 Nouvelles littéraires: ouvert la séance par un discours sur les avantages que les principes du gouvernement actuel promettent aux sciences et aux lettres. Après ce discours , le C. RENOU , secrétaire gé- néral de l’Institut, a fait le rapport des travaux de l’Institut. “ Les mathématiques et la mécaniqte, qui en est « une application, y occupent le premier rang’, et Li je vais vous indiquer rapidement , a dit le rappor- teur, les travaux qui vous ont été offerts en ce genre; un mémoire par le C. Barer, sur les côrrections à faire à la latitude estimée, et sur la direction des distances apparentes en distances vraies ; deux mémoires par le C. DEGAY , l’un sur les phares, et l’autre sur la navigation de la Loire; un du C. DEsSMOLONSs , sur les jaugeages. Joignez à cela les travaux du C. LEVRAULT, sur un nou- veau moteur et sur le modèle d’une balance d’essai ; ceux du C. ANTHÉNAS, sur une machine propre à élever l’eau d’un puits, à tous les étages d’une maison , et sur la construction d’une échelle dont le modèle vous a été présenté, et qui, quoique simple , est très-propre à secourir des personnes renfermées aux étages élevés d’une maison incen- diée ; ceux du C. DESRIVAS , sur un moyen in- génieux d'élever l’eau et de l’employer au mou- vement d’une roue ; ceux du C. BONNARD , sur le plan ( qui a été mis sous vos yeux ) d’un moulin à vent, à ailes horizontales, dont le mouvement seroit plus constant, et la construction moins : dispendieuse que celle des moulins ordinaires : LU Nouvelles littéraires. 38: vous demeurerez convaincus que cette premiere partie des sciences n’a point été négligée parmi sous. 2 « La physique, la chymie et l’histoire naturelle, ont été également l’objet des travaux de plusieurs de vos membres. Le C. LASNIER vous a donné lecture d’un mémoire sur l’aréometre. Le C. ATHÉ- NAS vous a entretenus plusieurs fois de la topo- graphie et de la minéralogie de ce département ; vous lui devez un mémoire sur une nouvelle tour- bière , un autre sur les carrières de pierre à chaux, un autre enfin sur un moyen de perfectionner les fourneaux de réverbère ; le C. Duguissox vous a offert un catalogue, de son cabinet d’his- toire naturelle ; le C. HECTOT vous a présenté un tableau des classes et des genres de Linné, et a donné lecture d’un mémoire sur une filasse qu’on peut tirer de la guimauve , et qu’il présume pou- voir être avantageusement employée. IL vous a été lu par ke C. TRÉLUYER un mémoire sur les nou- velles découvertes en chymie , un autre par le C. DeEsrivas, sur la vision et la lumière ; un par le C. FourRÉ, sur le caloiique et la cause de son développement dans les corps; le C. DaBiT vous en a lu deux, un sur la théorie de la for- mation de l’éther , l’autre sur les acides acéti- des et acéteux ; les CC. HEcTOT et Ducom- MUN , vous ont présenté un mémoire sur unêé ‘source d’eau minérale, nouvellement découverte par l’un d’eux ; cette eau minérale , dont plusieurs personnes ont déja éprouvé les heureux effets, est 382 Nouvelles littérairés. très-voisine de la ville, Le C. DARBEFEUILLE à mis sous vos yeux les expériences récentes du galva- nisme, et le C. HUET , opticien, a répété devant vous celle‘de la pile galvanique de Volta. « Le C. TRÉLUYER vous a lu un mémoire sur la médecine topique ; dans un autre, il a réfuté une topographie médicale très-fautive de la ville de Nantes; il vous a aussi fait part de deux ob- servations pratiques très-intéressantes, l’une sur une paralysie du côté droit, suite d’une très-lé- gère blessure à la paupière du côté gauche, l’autre sur un Cas particulier de surdité; le C. DucHEsNe vous a lu aussi une observation sur une crise heu- reuse qui a terminé une hydropisie, le C. FRETEAU un mémoire sur les symptômes caractéristiques qui établissent la différence entre la petite vérole volante et la vraie petite vérole, maladies très- distinctes et que beaucoup de gens s’obstinent à confondre. « Les considérations sur les maladies épidémiques ont toujours tenu un rang éminent dans la science médicale. Plusieurs de vos membres ont en con- séquence dirigé leurs vues vers cet objet. Le C. TRÉLUYER a Ju un mémoire sur la peste, dans lequel il a considéré cette maladie sous Je rap- port historique et sous le rapport pratique. Assez heureuse pour ne point voir naître dans son sein ce fléau destructeur, la France n’en doit pas moins prendre de sévères précautions pour le tenir cons- tamment éloigné. C’est ici la place où je dois vous rappeler le mémoire du ÇC: BLIN, sur l’épidémie L Nouvelles littéraires. 383 de Cadix ; intéressant par la manière même dont - l'objet y est traité, il le fut surtout dans les circonstances , parce qu’indiquant avec justesse la nature du mal, il put, sans inspirer une im- prudente sécurité, dissiper les terreurs et faire naître une confiance raisonnée. Ce fut dans ce même temps que le C. DARBEFEUILLE vous donna lec- ture de Pinstruction qu’il faisoit passer aux offi- ciers de santé placés à bord du stationnaire que la sollicitude du bien public avoit fait établir pour visiter les’bâtimens qui viendroient des parages infectés. « Outre un grand nombre de rapports faits de vive voix par les membres de ce comité, les CC. Uzciac et DARBEFEUILLE vous ont présenté, sur ce point, des travaux particuliers ; vous avez ainsi fait tout ce qui étoit en vous pour propager les avantages de cette découverte merveilleuse. “ Dans le plan qui vous fut présenté, de même que dans Ja division le plus communément ad- mise, les sciences morales et politiques tiennent le second rang. y “ Le C. MoLLes a traité, dans un discours dont il vous a donné lecture , de la nécessité qu’il avoit de s’occuper des mœurs dans un état civilisé , et il a proposé d’examiner quels étoient les plus doux et les plus efficaces moyens de les améliorer ou de les conserver; le C. LArOYPE aîné, vous a fait connoître, dans un extrait raisonné, le nouveau système de philosophie de Kant, système dont l’influence est déja fortement sentie dans plusieurs 384 Nouvelles littéraires. «“ “ états; le C. MOsNERON vous a lu un essai ser- vant de préface à une vie du législateur des chré- tiens, qu’il se propose de publier. Les détails ad- ministratifs ne vous ont point échappé : le C. DE- GuAY vous a offert un mémoire sur l’administra- tion de la marine; le C. FRANÇOIS, capitaine, vous en à offert un sur la navigation et le com- merce , et les encouragemens dent ils ont besoin ; d vous en a été présenté uu sur le même objet par le C. VILLERS , directeur des douanes. Il vous a été lu un mémoire du C. CAVOLEAU, membre associé, sur la manière d’arréter les ravages des campagnoles, animaux destructeurs des produc- tions végétales. Le C. HuET vous a fait part d’un travail où est justement appréciée la différence d'influence politique , entre la religion des anciens et celle des modernes. Le C. Decay, dans un discours d'introduction, a parlé de lPinfluence mutuelle du savoir et de l’art de gouverner. « Il vous a été présenté, sur l’ouvrage du C. ROCHE, un rapport dans lequel les CC. PorRtER, Cuer-Dk-Houx et BONNARD ont montré que la méthode et la clarté de la diction rendent faciles à saisir les préceptes abstraits de la grammaire. Le C. LA&BNNEC vous a lu un travail dans lequel il s’est montré le partisan de la solide instruction, et le défenseur des établissemens où on la peut puiser. Le C. PECCOT vous a donné lecture d’une notice sur le €. FLOCH , un de vos membres, qui périt aux champs de Hohen-Linden, jeune homme recommandable par son savoir et ses vertus, et «“ qui LL à Nouvelles litiéraires, 385 qui ne fut arrêté dans la carriere brillante qu’il eût pu fournir, que par une infortune glorieuse. D’aimables littérateurs ; cultivant le champ de la poésie, vous ont fourni d’agréables délassémens ; le C. Henri BOUTEILLER vous à fait lecture d’un petit poème et d’une épître en vers , où vous avez reconnu ce qui fait le mérite de ce genre , l’a+ ménité des idées et la grace métrique ; le C. Charles BOUTEILLER vous a lu deux romances , dans les- quelles régnoit une douce sensibilité ; le C.MaAHoïT vous a présenté en votre langue des odes traduites d’Anacréon , où il a su conserver une partie des beautés du poète grec; le C. BLANCHARD vous a lu quelques poésies fugitives , d’un genre vifet gracieux; il vous a aussi fait l'hommage d’une ode où, d’un ton plus élevé ; il déploroit et tâchoit d’écarter les malheurs de la guerre civile. Les arts qui, quoique séparés de la science, exigent tant de talens de celui qui veut y réussir , ont aussi trouvé leur place dans vos travaux; le C. Crucy vous a présenté un projet dans lequel il indiquoit un parti avantageux à tirer des morceaux de seu]p- ture, formant l’ancien tombeau des dues de Bre- tagne , placé dans l’église des Carmes (r). Le rapport sur les travaux de l’Institut départe- mental a été suivi d’un discours dans lequel le C, TRÉLUYER , docteur-médecin ; a traité de utilité des associations savantes. : À a L (:) Le parti le plus avantageux seroit de conserver le tombeau tel qu'il ést; car c'est un des plus précieux monumens pour l’histoire dé l'art , et ce seroit une profanation d’y toucher. A. L. M. Tome I. Bb 386 Nouvelles litiéraires, Le C. ATHÉNAS a lu ensuite un essai sur la mis néralogie du département de la Loire-Tnférieure. N à prouvé que toute la ci-devant Bretagne, une partie de la Vendée, de Maine et Loire , de la Mayenne et du Calvados, étoient de première et seconde for- mation ; et parsemés d’une infiniment petite quan- tité de pics calcaires. La ligne qui sépare ce pays granitique et schisteux de la zone purement cal- caire, passeroit, en partant du golfe de Gascogne pour rejoindre la Manche , par Pornic, Machecoul et Bouin, Salertaine, entresles Sables-d'Olonne et Luçon, à Saint-Vincent , entre Saint- Fulgent et Chantannoy, Bressuire, Doué, Brissac, Suette, au-delà d'Angers, Sablé, Mayenne et Caen. Il a ensuite présenté les divers échantillons des richesses minéralogiques de notre département qu’il a eu occasion de reconnoître dans ses voyages. Nous pe parlerons que de ceux qui sont d’une utilité di- vrecte pour l’agriculture et les arts. Les principaux sont : 1.° des pierres calcaires d'Ancenis, de Saffré, du Pin, de Mésanger , d’Erbray, de Bergon , entre Pontchâteau et la Roche - Bernard; enfin, de Ma- checoul, de Bouin, de Pornic et des Cléons, près Ja Chapelle- Heulon. Le C. Athénas est le premier qui ait découvert les bancs calcaires de ces quatre derniers endroits ; ils sont de la plus grande im- portance pour l’amélioration de l’agriculture de snotre département, soit qu’on emploie ces matières dans leur état naturel, sous forme de detritus , ou après avoir été réduites en chaux par l’action du feu. * Noïvelles littéraires. 387 2.° Je quartz vitreux, propre à la fabrication des plus beaux verres ; il se trouve dans presque tout le département ; principalement dans les champs de la commune de Mauves, auprès de l’arche Gobert, sur le chemin de Paris. Il y a aussi dans cet endroit des crystaux de quartz, que l’on connoît dans le commerce, quand ils sont polis, sous le nom de diamans d'Alençon; et à l’eutrée de la route de Vannes , du quartz rougeâtre, parsemé de mica , et connu sous le nom d’arenturine. I] reçoit sur la roue du Jlapidaire un beau poli, et on en fait de jolis bijoux. 3.° Le feld-spath ou petuntzé des Chinois, qui entre dans la composition de la porcelaine. Il y en a des filons, vis-à-vis la préfecture, et à Bar- bin , etc. 4°. Le, Aaplin des Chinois, ou terre à porcelaine : on en trouve abondamment dans tout le départe- ment. Les plus beaux bancs sont pres l’arche de Mauves, à Castouillet près le Croisic, et à Saint- Etienne-de-Montluc. 5° Le trapp des Suédois , ou pierre de Corne, sur le bord de la mer, à la pointe de Piriac. Il se fond au feu de verrerie, em un verre noirâtre, dont on fait des bouteilles. 6. Des argiles de toutes espèces, savoir, celle de Vue , dont on fait les meilleures briques; lar- “gile micacée d’Herbignac, entre Guerande et la Roche-Bervard, dont on fait une très-jolie poterie ; celle des Landelles, commune d'Eïbray , près, Chä- teaubriant , dont on f.brique les pots cuits en graïs,. Bb 2 383 Nouvelles littéraires. dans lesquels on nous apporte le beurre ; une autre argile de la commune du Grand-Auverné, d’une grande blancheur, de la nature des smectites, où terres savonneuses , connue sous le nom de ferre à pipe ; l’argile de Montebert, connue dans l’art de la verrerie , pour la construction de ses four- neaux. 7.° L’ardoise exploitée à Moisdon-la-Riviere, à Guéméné-Painfaut, et sur les bords du Don et de la Vilaine. 8.° Les mines de fer limoneuses des environs de Châteaubriant, et une autre découverte par le C. Athénas, en face du château de Lavaugour, com- mune de Mauves; ainsi que celle de pirytes ferru- gineuses de l’ile de Noirmoutier, dont on pourroït fabriquer de Ja couperose verte; enfin, une mine d’aimant , à la pointe de la Ville-ès-Martin , sur la rive droite de l’embouchuré de la Loire. 9. Les mines de charbons de terre de Langhien près Nort, et celie de Montrelais près d'Ingrande. Le C. Athénas a terminé son mémoire en indi: Quant les moyens propres à perfectionner les dé- couvertes minéralogiques de notre département , et à propager l'étude de cetté science, surtout par Pacquisition d’un cabinet d'histoire naturelle, à läquelle le citoyen préfet met, auprès du gouverne- mént, tout le zèle et la pérsévérance digne d'un si béhu’ projet. t Ce mémoire a €té suivi d’un autre pat le €. Da- ETT , relatif à quelques recherches sur un nouvel étât dé l'acide sulfurique, et sur quelques-unes de Nouvelles littéraires. 389 ses combinaisons, faisant suite à son Essai sur la théorie de l’éther. Le C. Dabit, dans son Essai sur la théorie de l'éther , avoit avancé que l’acide sulfurique pouvoit perdre une portion de son oxygène, sans pour cela passer à l’état d'acide sulfureux, et qu’une partie de celui qui avoit servi à la préparation de Péther, était réduite à cet état; mais il avoit négligé de démontrer l’existence de ce nouvel acide. Il se propose, dans le mémoire que nous analy- sons , de remplir cette lacune, et de prouver que ce nouvel acide qu'il a dit devoir se former pendant la préparation de l’éther, existe réellement dans le résidu de l’éther sulfurique. D’abord'il s’occupe des moyens de pouvoir séparer ce nouvel acide, du sulfurique , et les carbonates de chaux et de baryte lui ont paru propres à remplir ce but. Ayant en conséquence saturé du résidu d’é- ther sulfurique avec du carbonate de chaux, ayant filtré et mis à évaporer, il a obtenu un sel diffé- rent du sulfate de chaux ordiraire, crystallisé en partie en parallél'pipèdes, ayant un peu de saveur, se dissolvant dans enii:on cent Parties d’eau fioide; l’eau bouillante en dissout un peu plus. Le C. Dabit , après s'être assuré par différentes expériences, consignées dans son mémoire, que l’a- cide qui constitue ce sel n’étoit point lacide sulfu= rique, mais bien une modification, s’uecnpe en- suite des moyens de prouver que ce nonvel acide contient en effet, comme il l’avoit avancé, moins d'oxygène que l'acide sulfurique , etil cite à Pappui Bb 5 300 Nouvelles littératres. de son opinion deux expériences. Nous nous con- tenterons de rapporter la suivante, qui nous FE décisive. Ayant mélé dans une dissolution de ce sel du gaz oxygène , et l'ayant laissé quelque temps en contact , il s’est formé un précipité que le C. Dabit a reconnu pour du sulfate de chaux. Il examine ensuite les sels que cet acide forme avec différentes bases. Combiné avec la barite, la potasse, la soude et Fammoniaque , il a donné des sels différens, et plus solubles que ceux que l’acide sulfurique forme avee les mêmes bases. Les affinités de cet acide ont paru au C. Dabit, être à peu près les mêmes que celles de l'acide sul- furique: Ce chymiste termine son mémoire en proposant de nommer ce nouvel acide, acide sulfureux oxy- géné, et ses différentes combinaisons des su/fîles oxygénés. Le €. TRETEAU a lu ensuite des observations sur les accidens extraordinaires résulians d’un coup. de feu. dl Dans une dissertation sur V’oljunus, Dieu parti- culier à la ville de Nantes, destinée à faire partie de l’histoire des antiquités du département de la Loire-Inférieure, le C. RICHARD jeune commence par examiner les causes de la rareté des monumens ro- mains dans cette partie des Gaules ; il les trouve dans l’éloignement du centre des arts et de l'empire, dans la nature des matériaux que le sol fournit , dans Nouvelles littéraires. 391 les ravages du temps êt de l’ignorance plus destruc- tive encore. Il présente ensuite en peu de mots, l’histoire de la découverte de l'inscription en l’honneur de F'o/- Janus ; placée dans la maison commune; en fait sentir l’importance et en donne l’explication, de la- quelle il résulte que , dans les temps les plus anciens, Nantes étoit le centre du commerce maritime de ces contrées, et que le dieu J’o/janus en étoit le pro- tecteur'spécial. Il discute aussi et prouve l’authen- ticité d’une médaille antique, où f’oljanus ou Bol- Janus est représenté avec divers attributs (2) ; et il s’est attaché à rassembler tous les monumens, tra- ditions , ou passages d’anciens auteurs qui. peuvent s’y rapporter. Recherchant quel étoit ce dieu Fol/- Janus , il rappelle et réfute brièvement les opinions des divers savans , dont les uns l’ont pris pour Be- lenus ou te Soleil , et les autres l’ont confondu avec Mercure où avec Vulcain. Si Popinion qu’adopte le C. Richard n’est pas entièrement nouvelle quant au fond , elle l’est devenue quant à la forme et au système de preuves qu’il développe à lappui. 1] pense donc que Foljanus étoit un de ces dieux Topiques , si multipliés dans les Gaules, et que ces dieux Topiques, ne différant point essentiellement des autres grands dieux du paganisme, mais seule- (2) J'avoue que j'ignore sur quelle médaille le dieu Voljanus a pu être représenté; il n’en reste pas des peuplées qui habitoient Nantes. Les plus voisins dont nous ayons des médailles , sont les Andegavi, les habitans d'Angers; et leur type n’a rien de relatif au dieu Vol- janus, À. L, M, Bb 4 592 Nouvelles littéraires. ment par quelques attributs et un surnom parti- culier, le Fo/janus des Gaulois n’étoit que le monde déifié, c’est-à-dire , le:même que le Janus des an- ciens étrusques , dont la religion lui offre bien des traits de ressemblance avec le druidisme, En effet, c’est ce qu’il établit par l'analyse des attributs qui . caractérisent Z’oljanus : tels sont la tête à quatre faces, les sÿmboles des quatre élémens qui compo- sent Punivers, et surtout le globe, type employé constamment pour désigner le monde. 1] conjecture même que Îles anciens Gaulois, ignorans dans la sculpture et dans les arts, employoient ce globe seulement , pour représenter J’o/janus , dans le temps où une! épée leur servoit pour désigner Mars, une colonne Mercure , un chêne Jupiter (3). En appro- fondissant les mystères du culte de Janus quadri- Jons où Janus orbis , le premier des dieux étrusques, d’après Mucrobe, Farron , Oride. et saint Augustin ; on découvre aussi qu’il n’est que le monde et l’an- née personuifés, qu’il présidoit aux quatre élémens, et que, dans le principe, il fut représenté par un simple globe, sans aucune forme humaine. Tunc ego qui fueram globus et sine imagine moles, In faciem redii Mdignaque membra Deo. | (Ovine). li i Voilà pourquoi il se nommoit Foljanus ou Bol- jañus ;'nom formé de celui de Janus , et du radical , (3) A cette époque, les Gaulois n’adoroient encore ni Mars, ni Mercure , ni Jupiter, qui sont des divinités grecques dont ils ont reçu le culte des Romains après la conquête. A, L, M. Nouvelles littéraires. 393 Vol ou Bol, qui, en celtique, signifie une boule ou un globe , et se retrouve dans plus de cinquante dérivés, exprimant des idées analogues, c’est-à-dire , Tanis orbis: Au reste, l’auteur aperçoit de sembla- bles associations d’un mot celtique et d’un mot latin, dans les noms de plusieurs autres dieux celtiques , tels que Bemilucjovis , Belotucedius, Aarduanna (4), etes Il remarque que le globe, symbole de Foljanus, est figuré sur des médailles antiques, frappées à Nan- tes (5), et que le navire, autre attribut de Janus , est resté ddns les armoiries propres à cette ville; parce que les types qui distinguent sur les médailles les villes des Gaules, sont le plus souvent empruntés des objets de leur culte , et que ces types ont sou- vent passé ensuite dans les armes adoptées parelles : ce dont il est plusieurs exemples. Les lettres a/pha , nu et omega, placées à côté de l’image de Boljanus , étoient la première, la lettre du milieu et la dernière de l'alphabet grec ; et in- diquoient qu’il étoit regardé comme le commence- ment, le milieu et la fin de tout, de même que Janus. D’anciennes médailles gauloises retracent cet alpha et cet omega mystiques, et un pareil mélange des caractères grecs et romains. Les douze druides qui desservoient le temple de Voljänus, sont analogues aux douze autels qu’à (4) Quelles sont donc ces médailles antiques frasptes à Nantes? on n'en connoît point de cette ville. A. L. M. N (5) Ce sont plutôt des mots celtiques dont la terminaison a été lati- nisée par les Romains qui nous les ont transmis. A. L. M. 394 Nouvelles littéraires. Rome on avoit consacrés à Janus. Les trois fêtes principales célébrées en l’honnenr de J’oljanus , se trouvent répondre , comme celles de Janus, aux trois divisions du mois romain, les calendes, les ides et les nones, et tomboient précisément à des jours où les anciens calendriers romains marquent des fêtes en l’honneur de Junus. Enfin les traces du culte de Voljanus parmi les Nantais, se retrouvent jusque dans quelques institutions adoptées par les chré- tiens , et les fêtes de Junus y furent célébrées jus- qu’au temps de saint Félix, évéque de Nantes, qui les abolit, comme on le voit par le décret du con- cile de Tours, de 567 , et des passages de Fortunat, évêque de Poitiers (6). : Le passage de Couradin de Sulisbury , qui dit que Noé, sous le nom de J’oljanus, avoit été honoré à Nantes, dans un temple fameux, fournit de nou- velles piobabilités en faveur de l’opinion du C. Ri- chard; car ilest évident qne cet auteur a confondu , comme tant d’autres mythologues plus modernes , Janus avec Noé, qui ne fut jamais connu des druides. Recherchant les causes de cette méprise, il trouve entre eux bien des ressemblances qu'il dé- (6) Si le dieu Voljanus a réellement èté en honneur chez les anciens Nantois , c'étoit tout simplemeut un dieu topique , comme le dit le C. Richard ; mais alors il ne devoit avoir rien de commun avec Janus } peut-être si on examinoit bien l'inscription, que je ne connois point, wy trouveroit-on que le mot Fo/canus. C'est ainsi que le nom de Vulcain est écrit sur plusieurs inscriptions trouvées dans les Gaules, et postérieures à l'invasion des Romains. 1] est écrit ainsi sur les pierres de la cathédrale de Paris , à présent au Musée des Augustins. A. L. M. Nouvelles littéraires. 305 duit du navire (7) et des attributs qui leur sont com- muns, de l’analyse étymologique des divers noms qu’ils ont portés, et de ce qu’on a souvent attribué à Janus l'invention de l’art de faire le vin. Une nouvelle analogie entre le F’o/janus des Nan- tois et le Janus des Romains, c’est que si le pre- mier étoit le dieu patron du corps des négocians de Nantes, qui lui avoient consacré leur tribunal de commerce, placé au lieu méme où étoit son temple, Janus étoit aussi à Rome un dieu protecteur du commerce ; comme linventeur des navires et des s monnoies qui sont les instrumens du commerce , et comme présidant à la paix, sans laquelle il ne peut prospérer , prérogative qui ne peut appartenir ni à Belenus, ni à Vulcain. Enfin lPauteur prouve par des passages nombreux de Tite-Live, Publius-Wictor, Cicéron et Horace, et par des monumeus encore existans, tant à Rome que dans les Gaules, que les lieux où se réunissoient les négocians étoient parti- culièrement dédiés à Janus, et portoient son nom. Les noms propres de ceux qui ont consacré l’in- scription mentionnée, semblent au C. Richard rela- tifs à deux surnoms donnés à Janus, et il observe que , parmi les payens, les prêtres d’un dieu ou ceux qui avoient pour lui une dévotion particul'ere , se donnoient des noms relatifs au nom de ce dieu ou à son culte ; ce qu’il appuie de plusieurs exemples ; et (7) Ce n’est pas à Janus que le navire se rapporte , mais à Saturne. -Sur les AS romains, on voit, d’un côté, le navire sur lequel Saturne aboide daus l'Italie, et de l’autre , Janus qui l'accueillit dans ses états, AL M. 396 IWVouvelles littéraires. surtout de celui des druides, ou prêtres de Belenus dans lArmorique , dont les noms sont fournis par Ausonne. En poursuivant ces analogies, l’auteur démontre que Janus , regardé comme le principe de tout, Janus, à qui le premier mois de l’année, le premier jour du mois, le commencement de la journée et les premiers sacrifices étoient consacrés, présidoit aussi au commencement des chemins, et qu’à Rome Ja colonne milliaire, point central de départ de toutes les voies publiques qui traversoient lItalie, étoit établie au milieu du Forum romanum, devant le plus ancien et le plus révéré de tous les temples de Janus , fondé par Numa. I] fait voir pareillement qu'à Nantes le point de départ des voies romaines qui partoient de cette ville, étoit fixé au milieu de Ja place de Saint Pierre, devant le temple de Vo/- Janus; et que ce point étoit aussi indiqué par une colonne qui a subisté jusqu’au temps de la révolu- tion, colonne dent le füt, à la vérité, étoit mo- derne, mais dont les fonden:ens ctoient antiques. Ce point de critique lui a paru d'autant plus important à déterminer avec précision , qu’il semble en résul- ter la découverte d’une échelle exacte, pour mesurer la longueur des milles dans cette partie des Gaules, échelle importante pour la géographie ancienne. Pour y parvenir , il lui a fallu fixer au juste la po- sition des deux premières pierres milliaires, placées sur la route d'Angers, et il a trouvé que la distance entre la seconde pierre milliaire et la premiere, étoit exactement la méme que la distance de cette Nouvelles littéraires. 397 : première pierre à la colonne située au milieu de la place Saint-Pierre. L'auteur s’attache ensuite à déterminer la position du temple de J’o/janus, il croit qu’elle occupoit la même place que la cathédrale de Saint-Pierre, pres de laquelle l’inscription mentionnée a été trouvée parmi des ruines antiques; de même que plusieurs autres cathédrales des Gaules ont remplacé les prin- cipaux temples du paganisme dans chaque ville. IL remarque que ce temple étoit situé dans la partie la plus haute de la ville, suivant l’usage de consa- crer à la divinité principale le lieu le plus élev comme le plus honorable. C’est ainsi que l’ara Jan, ou le sommet du janicule, dominoït sur toute la partie de Rome située au-delà du Tibre. Il lui sem ble singulier qu’à Rome la basilique de Saint-Pierre occupe un terrein anciennement consacré à Janus, et qu’à Nantes la cathédrale élevée sur les ruines du temple de Foljanus, ait été, 'dès l’origine, mise sous l’invocation de saint Pierre. Il n’adopte cepen- dant pas, et réfute même l’opinion de Dupuis, qui prétend que saint Pierre est le même que Janus, comme les douze apôtres ne sont que les douze si- gnes du zodiaque. Mais il fait voir qu’après l’édit de Constantin en faveur des chrétiens, ceux-ci conver- tirent en églises la plupart des temples du paga- nisme , et que pour préparer les esprits à une révo= Jution aussi soudaine, ce fut une politique sage et nécessaire en bannissant un dieu payen de son tem- pile, de le remplacer par celui des saints honorés dans la relision nouvelle, dont les attributs of- 338 Nouvelles littéraires. froient le plus de rapports avec ceux du prewier. En se bornant à des exemples pris dans les Gaules, il prouve (8) qu’on a consacré à la Vierge Marie des temples dédiés, soit à Minerve, déesse vierge, soit à Isis tenant le petit Horus dans ses bras; que saint Michel a été substitué à Mercure, parce que l’un et l’autre ont des ailes, et qu’enfin saint Pierre, le premier des douze apôtres, avec sa clef et sa barque de pécheur, a dû être choisi pour remplacer Janus, le premier des douze grands dieux du pa- ganisme , figuré aussi avec le navire et la clef. À ce mémoire a succédé une notice sur feu M. Graslin. Le C. PECCOT qui en a donné lecture, a informé l'assemblée que cette notice avoit été rédi- gée par le C. BLANCHARD-LA-MUSSE , membre de l'Institut. Cette notice rappelle tous les titres de M. Gras- lin, à l'estime et aux regrets du public; le pre- mier et le plus bel ouvrage de Graslin, y est-il dit, est un Essai analytique sur l’impôt , qui est un chef-d'œuvre de critique, de raison et d'analyse, et encore aujourd’hui les étrangers n’en parlent qu'avec éloge. Le C. MÉTEYER a présenté une analyse lue dans une séance particulière, de l’histoire des colonies anglaises dans les Indes occidentales, par Bryan- Edward , colon de la Jamaïque. Le C. DARBEFEUILLE , chirurgien en chef de (8) Il prouve est trop ; l’auteur du rapport devoit dire il avance. A. L. M. Nouvelles littéraires. 309 Phospice civil, professeur de physique et de chy- mie , a retracé les avantages des soupes économiques dans les villes populeuses, et dans les maisons ou- vertes à l’indigence. Le C. CANDEAU a fait succéder à ces matières scientifiques une héroïde ayant pour titre 7ferther à Charlotte. Le C. MAHOT a lu des odes traduites d’Ana- créon. . Un intermède lyrique, dont le C. RENOU, se- crétaire, a donné lecture, et dont l’auteur, mem- bre de l’Institut, a desiré garder l’anonyme, a en- suite occupé l’assemblée. En voici le sujet : Apollon, fatigué de l’éclat de la cour céleste, croit ne pouvoir trouver le bonheur que dans les sentimens qu'il a conçus pour Daphné ; et , pour ne devoir qu’à lui-même le cœur de cette nymphe, il veut n’être connu d’elle que sous le nom d’un simple berger. 1} intéresse au succès de sa flamme les Muses et J’'Amour. Daphné, guidée par celui-ci, s’égare dans un bocage où Apollon lui déclare son amour qu’elle est entrainee à partager ; mais, inspirée parsa vertu; elle veut consulter avant tout Diane, sa protectrice. Cette déesse lui ouvre les yeux sur les dangers qu’elle court, et lui apprend la ruse d’Apollon ; Daphné alors s’arme de rigueur, et implorant le secours de Diane contre Apollon devenu trop pressant, elle échappe au séducteur par sa métamorphose en laurier. 409 Nouvelles littéraires, NIMES. Prix proposé par l’Institut de santé et dé salubrité du Gard, séant à Nimes , pour Pan XI (1). Par un des bienfaits du gouvernement , le canal du département, du Gard, qui d’Aigues-Mortes, doit aboutir à Beaucaire , et opérer le desséchement d’une vaste étendue de marais, va être terminé. Mais une expérience affligeante a prouvé que ces opérations sont meurtrières pour les travailleurs et pour les pays voisins. L'institut de santé, cherchant à prévenir les maux qui peuvent en étre une con- séquence , propose, pour le sujet d’un prix qui sera une médaille d’or de la valeur de 300 fr. , et qui sera décerné dans une séance publique extraordi: naire , qui aura lieu le 5 vendémiaire de l’añn XI, [ la question suivante : F a-t-il quelques moyens physiques ou chymiques de détruire les émanations dangereuses qui s’exhalent des terres marécageuses nouvellement remuées où desséchées , et d'en préserver ceux qui sont soumis à leurs influences, Les mémoires écrits en françois ou en latin, se- ront adressés , franc de port, avant le premier fruc- tidor de lan X , au C. Baumes, secrétaire per- pétuel, rue des Lombards, n.° 6, à Nîmes. Le terme \ (x) Nous regrettons de n'avoir pu jusqu'à ce jour publier ée! pro- gramme sur une question intéressante pour l'humanité. Heureusement le terme du concours est ncore éloigné d'un mois. est “Nouvelles littéraires. 401 est de rigueur. Les auteurs ne se feroht connoître “ni directement ni indirectement. Leurs noms et de- ‘meures se trouveront dans un billet cacheté, por- tant la répétition de lPépigrapne qu’ils auront mise à la tête de léur ouvrage. Le concours n’est interdit qu'aux membres rési- dans de l’Institut de santé et de salubrité, Société de la Drôme. Le succès méritéque vient d'obtenirleC.CHAPTaz, ministre de l’intérieur, dans un ouvrage en 2 vol. in-8.°, intitulé : Traité théorique et pratique sur la culture de la vigne, et Part de faire et conserver les vins, etc. ; publié par lui, à Paris, chez Delalain, libraire , an X ou 1801, a fait naître à la société de la Drôme , l’idée de proposer pour sujet du premier prix qu’elle distribuera en Pan X11, un extraït ou abrégé raisonné et suivi par ordre des matières, à la portée des vignerons et simples cultivateurs, des principes établis et des méthodes proposées dans cet ouvrage , pour la plantation et la culture de la vignes Part de faire et conserver les vins, eaux-de-vie et vinaigtes. L'essentiel est de se rendre le plus intelligible qu’il sera possible à lhabitant des campagnes, afin qu’on parvienne ainsi à obtenir une sorte de manuel du vigneron de la Drôme , à la portée du moindre cultivateur. L’étendue de chaque ouvrage envoyé au concours, sera au moins de la valeur d’ényiron 200 pages d’im- pression in-8,°. Tome LI. Ce 402 Nouvelles littéraires. Le prix sera une somme de 200 fr., ou une mé= daille d’or de même valeur, au choix de l’auteur qui sera couronné. Les ouvrages seront envoyés au secrétaire de la société, avant le 1.°" vendémiaire L 4 an X11, sous l'enveloppe du C. Préfet, avec le nom des auteurs cacheté au bas. Les seuls sociétaires ne concourront pas ; les associés et correspondans étran- gers ne seront pas exclus. L'ouvrage couronné sera imprimé et répandu aux frais de la société. ECCACER ce 9 ; F Bibliotheque nationale. Le 6 messidor, le cabinet des antiques de la Bi- ‘bliothéque nationale a été enrichi, par la muni- ficence du premier Cousul, de deux monumens ægyp- tiens très-précieux, un beau torse de statue de pierre cornéenne appelée Busa/te par les antiquaires, et d’un fragment considérable de Papyrus, avec plusieurs colonnes d’écriture ægyptienne Cursive, au dessus desquelles se trouvent des figures peintes. Ce mo- nument, remarquable par la bonne conservation de l’écriture et de la couleur des figures, a été gravé par le C. Denon, et fait partie de son important ouvrage sur l’Ægypte. Astronomie. La planète découverte par M. Olbers, à Breme, Je. 28 mars, à été calculée parle C. Burckbardt, qui, après de longs et pénibles calculs, a trouvé mg Nouvelles littéraires. 408 les élémens de cette planète de la manière suivante. Nœud ascendant 172° 28° 57”, périhélie 122° 3° 2/!, Jongitude moyenne le 31 mars, 162,51 14,2, incli- naison 34 5o 40, distance moyenne au soleil ou demi-grand axe 2,791, excentricité 0,2463, mou- vemens diurne , sidéral 12° 40” 84, révolution sidé= rale 1703 jours et 7 dixièmes. Le C. Burckhardt a été obligé de calculer les perturbations que cctte plauète éprouve par l’attraction de Jupiter, et qui apportoient des différences très-sensibles dans les lieux observés ; mais ces calculs sont très-compliqués à cause de la grande inclinaison , et de la grande excentricité de cette planète. L'orbite de la planète d’Olbers , calculée par le C. Burckhardt, et dont nous avons publiéles élémens, s'accorde , à quelques secondes près , avec lobser- vation faite le 26 prairial, par les CC. Messier et Méchain, en sorte qu’on peut regarder cette nou- velle planète comme déja bien connue. Sa révolu- tion est de 1703 jours, ou 4 ans , 8 mois et {rois jours. Celle de la planète de Piazzi est de 4 ans, 7 mois et 10 jours. Mais leurs distances sont diffé- rentes, à cause de la diférence de leurs excentri- cités La planète d’Olbers varie depuis 21 jusqu’à 35, et celle de Piazzf depuis 27 jusqu’à 28, la di- stance du soleil à la terre étant de 10. En publiant les deux derniers volumes de l'Histoire des Mathé- matiques de Montucla, je n'ai pu donner .les élé- mens de la dernière planète ; cét article servira de supplément. LATANDE, Ce 404 . Nouvelles littéraires. Bureau des longitudes. Le bureau des Jongitudes, dans son assemblée du 4 messidor, a adjugé le prix de 6000 fr. qu’il avoit proposé pour celui qui feroit les meilleures tables de la lune. M. Burg , astronome de Vienne en Autriche, est parvenu, par la combinaison de trois ou quatre mille observations, à faire destables quine s’écartent pas de dix secondes des observations. C’est le plus grand secours que l’astronomie pouvoit fournir à la marine, et il ne manque plus rien pour trouver les longitudes en mer avec la plus grande exactitude. Les tables horaires que j'ai publiées en x793, pour trouver l'heure en mer, rendent cette partie du calcul si facile, que le moindre pilote pourra l’exécuter, LaLANDE. Lettre du C. BERNIER au C. LALANDE. De l'Ile de Timor, le 12 vendémiaire, Nous sommes partis de l’Ile-de-France le 5 flo- réal, et dès le 9 prairial, nous avons aperçu les côtes de la Nourelle-Hollande, vers Je cap Leusin, qui est au S.-O.; et nous les avons prolongées l'es- pace de 400 lieues, en faisant de temps en femps des relâches sur les points les plus importans..... Le besoin d’eau et de vivres frais nous ont forcés à venir à Timor..... Dans dix-huit mois à peu près, nous serons à l’Ile-de-France. , Lycées. Arrêté du 22 prairial an x. — BONAPARTE, pre mier Consul, arrête ce qui suit : Nouvelles littéraires. 40 ART: I. Les CC. DeraAMgRe, Despaux et Nogc sont nommés inspecteurs - généraux de l'instruction publique. ART. IL. Les CC. Couromg , Cuvier et VILLAR, membres de l’Institut, sont nommés commissaires pour la formation des Lycées. y Le premier Consul, signé BONAPARTE. Par le premier Consul, Le Secrétaire d'Etat, signé H. B. MARET. Rapport fait au premier Consul , le 27 prai- rial an 10, par le Ministre de la guerre, sur l’état des travaux du dépôt général de la guerre, à la fin du mois de prairiul ar 40. ARTICLE PREMIER. TRAVAUX TOPOGRAPHIQUES. &. I.°* Carte des quatre départemens réunis. La levée des quatre départemens réunis sur la rive gauche du Rhin, est en activité depuis le 1.°° vendémiaire dernier; Huit grands triangles ont étendu jusqu’à la droite de la Meuse, dans le département de la Roër, la série de ceux établis, il y a six ans, de Dunker- que à Malines. Ainsi se trouve liée à l'opération géodésique la plus récente et la plus exacte , la base du canevas trigonométrique que l’on établit en ce moment sur la surface des quatre nouveaux dépar- Ce 3 x 406 Nouvelles litiéraires. teméhsoréunis, et dans: lequel plus de einquante pointssestrouvent déja détenminés, parleur distance à la méridienne et à la FRERE de PObser- vatoire /de Paris: 1). 1mo10 rJ Viogt topographes sont en: même temps occupés à la levée des détails , et font espérer: que, dans tois ans, .le gouvernement. obtiendra.le résultat de cette grande opération qui complète la carte de Cassini , en, l’étendant Jusqu'à “os nouvelles .fron- tières. Cette levée. se fait à l’échelle der: centimètre pour cent, mètres (un peu, plus de 8 lignes pour ‘100 toises }, qui permet de perfectionner la topo- graphie au point de la rendre suffisante pour tous les usages. Des cahiers topographiques rédigés avee le:plus grand soin, recueillent tous les renseignemens inex- primables sur la carte, et complètent sur le physi- que. du pays, ses productions, population , industrie, histoire , etc. , tout ce que Île cadastre pourroit of- frir, et tout ce qu'il importe au gouvernement de savoir sous les xapports statistiques et militaires. S$. II.° Curie de la ci-devant Savoie. La topographie détaillée. de Ja ci-devant Savoie, provenant de Turin, existe au dépôt de Ja guérre, où'elle a été vérifiée et réduite en une-esquisse de carte générale; mais il marnquoit à ces élémens un canevas trigonométrique ; deux ou trois points seu lement avoient été déterminés astronomiquement; J'astronome Nouet,. revenant. d’Ægypte et attaché , : \ | 4 Ï l | | : : Nouvelles littéraires. 407 au dépôt , vient d’être chargé, avec trois topogra- phes , de la rédaction de ce canevas qui doit } dans le cours de l’année prochaine, mettre lé dépôt en état de’ présenter au gouvernement une Carte de eette intéressante contrée qui fera suite ét corps avec celle de Cassini. S. III. Carte du Piémont. Il existe sur le Piémont de nombreux matériaux topographiques, mais sans rapport commun et sans ensemble : sept grands triangles seulement: ont été établis :én 1764 par le: père Beccaria, pour la me- sure d’un degré du méridien. On a réuni au dépôt tous ces élémens ; onen fait le triage , la vérifica- tion et la réduction, et l’on pourra incessamment proposer: au gouvernement la construction écono- mique de cette carte, basée sur l’extension à don- ner à l’opération de Beccaria, que l’on pourra lier à la triangulation de la France,-par Cassini; de la Savoie:; par Nouet ; de l’'Helvétie , par Trallès; du ci-devant Milanaïis, par Oxiant , et de la Romagne , par Boscowitz. Il paroîtra sans doute convenable d’y joindre la Ligurié ,- dont il n’existe encore au- cune topographie exacte. tuer ec % $. à Carte de l'Helvétie. a: Le gouvernement a; approuvé qu’il fût ssinore) à celui de l’Helvétie notre coopération pour la con- struction d’une carte générale des Treize-Cantons, basée sur le canevas trigonométrique commencé par le géomètre Trailès, et qui pourroit être continué Ce 4 408. Nouvelles littéraires, par lui, ainsi que sur les précieux matériaux topo=. graphiques recueillis par Weiss pour sa carte non terminée. On attend la réponse de ce gouverne- went, pour concerter définitivement les mesures d'exécution de cet important travail, qui pourroit être terminé en trois campagnes, et lié à ceux ac- tuellement en activité, et établis en France et en Allemagne. S. V.* Carte du pays entre l’Adige et LAGEGe La carte des pays entre l’Adige et l'Adda, basée sur les travaux trigonométriques de l’astronome Oriani, sur les matériaux du cadastre milanais, et sur de nouvelles levées du territoire ci-devant vé- nitien, s'exécute depuis la campagne de l’an 9, par les topographes du dépôt, et doit étre terminée l’année prochaine. L’échelle fixée d’abor e à 3555 ° de terrein pour les minutes, et à 315" Tépat les réductions, a été mise à =5ès , et à 55355 pour lagconformer à celles adoptées invariablement par le dépôt , et pour pouvoir exprimer plus nettement beaucoup de dé- tails sur ce pays, longtemps le théâtre de nos opé- rations militaires. Un dictionnaire topographique et militaire se ré- dige en même temps que la carte pour compléter Jes renseignemens qu’elle ne peut offrir. $. VI.“ Carte de la Bavière, La Bavière n’avoit que des matériaux incomplets de sa topographie ; les ingénieurs françois attachés Nouvelles littéraires. 409 à l’armée du Rhin avoient , durant la dernière cam- pagne, commencé la levée de cette contrée : l’élec- teur actuel , plein de zele et de goût pour les pro- ductions utiles des sciences et des arts, a bien voulu qu’une commission , composée de 34 ingénieurs ba- varois et de huit françois, continuât cet intéressant travail, qui doit être terminé l’année prochaine, et procurer au dépôt une minute oxiginale d’une carte de ce pays, établie d’après les meilleures mé- thodes connues, à Une base de cinq lieues. de long a été mesurée par des procédés aussi ingénieux qu’exacts, et des triangles qui ont jusqu’à vingt lieues de côtés, y'ont. été attachés avec une rigoureuse précision; la lati- * tude de Munich a été déterminée avec le méme soin, et on continue les observations qui doivent servir à faire connoître la différence de sa longitude avec celle de l'Observatoire de Paris. La hauteur du sol bava- rois sur le niveau de la mer , sera aussi un des ré- sultats de cet important travail. $S. VII. Carte de la Souabe. " La carte de la Souabe, ouvrage des ingénieurs- géographes et des officiers d'état-major de l’armée du Rhin, sera un des précieux résultats du séjour de nos troupes dans cette contrée qui a été si fréquem- ment le théâtre de la guerre. En deux campagnes ils ont formé par leurs travaux , et avec les matériaux qu’ils ont recueillis, un rézeau de triangles qui em- brasse un espace de 3837 lieues carrées, qui se rattache avec la France , l’Helvétie , la Bavière, la Franconie et le Palatinat. 410 Nôuvelles litiéraires, Ces ingénieurs attachés au dépôt, rédigent en ce” moment ce grand travail, de concert avec quelques officiers d'état-major qui, sous la direction du gé= néral Moreau, disposent les matériaux des campa- gnes de larmée‘du Rhin. La carte entière qui doit être terminée dans moins de deux ans, contiendra 20 feuñlles {sur Péchelle d’un millimètre pour cent mètres , un peë moindre que celle de la carte de France. à S. VIII. Curte de. l'Ægypte. La rédaction de cette intéressante carte est, de- puis’ troïs mois, en pleine activité au dépôt qui en a recueilli tous les matériaux ; elle s’établit sur lé- chelle d’un ‘millimètre pour cent mètres, et dans 23 feuilles, comprendra, depuis les Cataractes jusqu’au littoral du Délta, les bords de la Mer-Rouge entre Suze et°Cosseir , la partie de la Syrie jusqu’à Sour et les diverses routes du Désert. : Quarante points déterminés astronomiquement , avec une DrécIsIAR rigoureuse , rapportés à deux co- ordonnés qui se coupent au centre de la grande Py- ramide, forment le canevas que viennent remplir les résultats de toutes les levées de détails à la planchette et à la boussole , et de toutes les recon- noissances exécutées par les ingénieurs, les membres : de la commission des arts , et les officiers de l’état- major de l’armée d'Orient. Déja les feuilles contenant le lac Burlos, la bran- che de Rosette, le Kaire et ses environs , sont ré duites et mises au trait sur l’échelle adoptée. Nouvelles liitéraires. Aït Les matériaux sont. complets, les renseignemens sur, la statistique, sur la topographie ancienne et moderne de l'Ægypte, sont réunis; et l’été ne se passera pas-sans-que la minute de la carte, à la- quelle on porte le plus grand soin, ne soit tres- avancée, $: IX.° Travaux divers. La gravure de la carte dite des ne. à inter- rompüe aux deux cinquiémes de sa confection, a été reprise depuis six mois, et se continue au dépôt par les habiles artistes qui avoiert coopéré à ce chef-d'œuvre de topographie. Les topographes, employés à l’armée d’observa- vation du Midi, ont fait des reconnoissances sur les Abbruzes, les côtes de Adriatique, et levé le plan de Tarente et de ses environs. Enfin des mesures provisoires sont prises pour étendre sur Saint-Domingue , et surtout vers la partie espaguole , les opérations qui doivent en procurer la prompte et exacte connoissance.: Tels sont les principaux travaux topographiques dont s'occupent les ingénieurs-géographes .du, dépôt général de la guerre. DIU | Le directeur, en cherchant à donner à ces travaux toute l’activité et le perfectionnement qu’exige leur importance, a senti qu'il appartenoit à l’établisse- nent: chargé de diriger ces grandes et utiles opéra- tions, de préciser l’état de la science.et des arts qui leur servent de base et de moyens, et d'en réunir et fixer les. élémeñs pour en favoriser et hâter les 412 Nouvelles littéraires. projets. Il s’est imposé cette tâche , et déja est prét à paroître, dans un ouvrage ayant pour titre, Mé-* morial topographique et militaire, dont le plan a reçu votre approbation, l’exposition des principes théoriques et pratiques de la topographie considérée sous les rapports géodésiques , statistiques et mili- taires ; l’historique de la géographie, l'analyse des projections , servant à la construction des cartes, et la revue des œuvres topographiques en Europe, avant et apres la carte de Cassini; des reconnois- sances militaires suivront ce travail instructif, et seront précédées de l'exposé des principes qui doi- vent diriger dans la recherche et l’examen du ter- rein, des cours d’eau, des sites et des ressources d’un pays. ART C L'E::51B*C:0. ND: HISTORIQUE. Les journaux rédigés au dépôt sur la dernière guerre ont été interrompus depuis la campagne de Van 4 , à cause des lacunes qu'ont occasionnées les déplacemens multipliés des matériaux historiques , dont plusieurs ne sont point encore arrivés ou ren- trés dans les collections. On s’occupe du classement méthodique des nombreux matériaux qui existent ; on constate leur authenticité, leur série; on les analyse et les classe, et on reprendra ensuite la ré: daction «des journaux à mesure que les NC mens se Compléteront. Outre ce travail courant, le directeur, persuadé Nouvelles littéraires. 413 que sous les auspices du gouvernement, le dépôt usant de ses richesses pouvoit se rendre utile à Vinstruction des officiers d’état:major, appeler le tribut de leurs connoiïissances , et donner à leurs idées, à leurs souvenirs le moyen et le desir de se manifester, a préparé, pour être insérés dans le Mémorial ; une revue succincte des principaux his- toriens considérés militairement , quelques analyses des meilleurs ouvrages modernes sur les principes ou les faits de la guerre, le rapprochement de quelques opinions de Loyd et de Tempelhoff, et enfin la rédaction de quelques traits célèbres inédits ou de quelques affaires de la dernière guerre, qu’il importe de conserver comme élémens pour l’his- toire. Le dépôt s'occupe encore de Ja traduction des morceaux les plus intéressans qui se trouvent dans les journaux allemands et anglais sur la dernière guerre , et enfin de celle de l’histoire de la guerre de sept ans par le colonel prussien TempelhofF, continuateur de Loyd, ouvrage qui jouit dans l’e- tranger de la plus baute estime, et que Mirabeau recommande comme le plus beau cours de grande tactique-pratique qui existe. C'est dans cet état satisfaisant que se trouvent , citoyens consuls , les travaux d’un établissement done lutilité date de 1688, et dont la France a, la pre- miere, donné l’exemple aux nations guerrières et savantes de l’Europe. Le ministre.de la guerre, ALEX, BERTHIER. 414 Nouvelles littéraires, T.HÉ A T.R.E.S. : THÉATRE LOUrOIS. à Helvétius, où la Vengeance d’un Sage. Le plus grand succès a couronné cet ouvrage en un acte et en vers, joué le 29 prairial. Celui qui diroit que ce succès n’est pas mérité, seroit bafoné partout le monde ; je crois que celui qui diroit , que c’est avec justice que cette comédie a provoqué l'enthousiasme des spectateurs , n’auroit pas tout-à-fait raisou. Voici le fonds de la pièce. Terville, jeune, honnête, mais un peu léger, ‘a quitté une place qu’il avoit dans les aides, pour se livrer plus facilement à son goût pour la littérature. Jamais il n’a vu Hé/vétius ; il né le connoît que de réputation, ét cependant il a faît contre l’auteur du livre de l'Esprit, une satyre assez mauvaise. Helvétius n’y à même pas fait attention; mais Baudot, ancien secrétaire d’Helvétius , retiré au Perche, veut venger son ancien maître et écrit à Terville que le philosophe a obtenu un ordre pour le faire arrêter. Il lui offre un asyle chez M." Ro- land, sa voisine , dont Terville aime la fille, nommée Sophie. Le jeune satyriqué arrive, on s’a- muse de sa frayeur. Helvétius qui va passer quelque temps à sa terre de Voré, arrive, et veut aussi , à sa manière, se venger de Terville. I] lui offre des conseils sur sa production poétique, dont il lui mon- tre quelques fautes; maïs Sophie, qui survient, ob- tient de son amant qu’il déchire son ouvrage. À Nouvelles littéraires. 419 peine Terville en a-t-il fait le sacrifice, qu'Helvé- tius lui remet un écrit qui est sa nomination à nne bonne place dans-les aides. La confusion de Terville éclate Jorsqu’il apprend! que c’est à Hélvétius lui- même qu’il doit cebienfait. On a joint à cette in- trigue l'épisode d’un baron, voisin d'Helvétius, à qui celui-ci remet une dette considérable. La petite fille de ce baron nomme, devant Terville, Helvétius qui vouloit garder l’anonyme. Cette pièce a reçu, dans quelques journaux, des éloges outrés ; des critiques sévères , mais justes, ont été la suite naturelle de ces éloges. On a remarqué dans le style, une grande abondance d’'adverbes., d'épithétes et de périphrases. On la trouvé lent et mou. On y a critiqué des pléonasmes, de grandes licences ; des rimes inexactes , et des traits qui sont loin de caractériser une versification douce et gra- creuse. Les rigoristes excusent leurs critiques sévères, en ce qu’elles portent sur l’ouvrage d’un littérateur chargé de corriger le Dictionnaire de l'Académie françoise. Or, ce qui n’est qu’une peccadille, dans l’ouvrage d’un autre, devient une grosse faute dans le sien. Des gens un peu moins difficiles pourront cepen- -dant voir avec plaisir cette comédie du C. ANDRIEUX, “auteur des Etourdis, THÉATRE FEYDE 4 U: La fausse Duegne. .. Cet.ouvrage posthume de DELLA-MaRratétoit-an- .moncé depuis longtemps, Il à enfin été joué avec 416 Nouvelles littéraires. succès le 5 messidor. Mais ce succès étoit plutôt dû à la musique , et même au nom du musicien, qu’à la pièce, dont les auteurs n'ont pas été nom- més. Leur intrigue est fort peu de chose. Un amant infidelle à son premier amour , est prêt à épouser une jeune personne dont il est devenu éperdument amou- reux. 11 la renferme dans son château; celle qu’il a aimée autrefois , se présente sous les habits d’une duègne , et est admise auprès de la jeune personne. Ce travestissement amène quelques situations, et la pièce finit lorsque la fausse duègne se découvre. La mort prématurée de Della-Maria l’ayant enlevé avarit que son ouvrage fût entiérement terminé, un jeune compositeur en a achevé quelques parties qui ne sont pas déplacées pres du reste de la musique. THÉATRE DU VAUDEVILLE: Le Méléagre champenois , ou la Chasse » interrompue. M. de La Donjonière, chasseur déterminé, vit en Champagne avec sa femme et sa sœur Cæsara , auteur de romans. Renardin , membre de la société littéraire des Lardins, fait un roman avec Cæsara, dont il est amoureux. La Donjoniere croit que c’est de sa femme qu’il s’agit, et lui fait refuser la porte. Celle du jar- din se trouve ouverte, et Renardin entre. La Don- jonièere revient de la chasse ; Renardin court se ca- cher. Un coup de fusil se fait entendre, et La Don- jonière entre en disant , je l'ai tué. Les deux femmes croyent qu’il s’agit de Renardin ;, et la scène offre un quiproquo fort comique. Bientôt apres onapporte, de Ja part de Ja société littéraire , une statue de Mélagre, en Nouvelles littéraires. 417 en reconnoissa pce des services que La Doxjonière a réndus au pays,en tuant un loup. Renardin ,quine sait où se cacher, se fourre dans le piédestal du Méléagre, où ilest surpris; il finit par désabuser La Donjonière, et épouser Cæsara. Le succès de ce petit ouvrage a été balancé à la premièie représentation , qui a eu lieu le 5 messidor. AE les applaudissemmens l’ont em- porté sur quelques sifllets , et l'on a nommé le C. Joseph PAIN, auteur d’allez-voir Dominique, de Florian, etc. Sa nouvelle pièce est gaie, c’est déja un mérite; le dénouement est un peu brusqué, ‘et on s’attendoit à quelque chose de’ plus : mais dif- férens traits semés dans Je dialogue , .et ‘d'assez jolis coupleis, la feront revoir avec plaisir: Parmi/les. couplets applaudis, celui-ci a été redemandé! On y trouvera une bonne plaisanterie surunnouvel ouvrage, trop connu pour qu'il soit nécessaire de le nommer. Aïn : Il faut des'époux assortis. ELU. : Les monts, de bois sont couronnés, C'est la terrestre chevelure : Et ces œillets si festonnés, Les falbalas de, la nature. Les blés, dont le ciel nous fit don, Sont la nappe de l'abondance ; Et le vert et tendre gazon, ’édredon de la providence. Les Rivaux sans le savorr. On a bâillé à cette pièce insignifiante depuis la première scène jusqu” à la dernière, le 10 messidor, jour de sa première représentation. On a osé la re- produire avec quelques changemens , mais sans plus de succès. Tome I. Dd ER EE RG LIVRES DIVERS (1) PHYSIQUE. MÉLANGES physico-mathématiques, ou Recueil de mémoires contenant la description de plusieurs ma= chines et instrumens nouveaux de physique , d'é- conomie domestique, etc. ; par J. B. BÉRARD , juge au tribunal de Briançon , du jury d'instruction publique de$ Hautes-Alpes, des Sociétés d'agricul- ture de Paris, Grenoble , Carpentras et Gap. Pu- bliés par ordre du ministre de l'intérieur. Paris , chez Leclere , quai des Augustins, n.° 39. An 1x. VIIL et 224 pages in-8.°, avec 4 gravures. Avec l'épigraphe : & Les: sciences Cclaïirent les arts, et les arts « utilisent les sciences. » Il ne suffit pas, comme le C, Bérard l’observe très-bien dans son avant-propos, et on ne sauroit trop répéter cette réflexion , il ne suit pas que quelques hommes de génie inventent des théories spéculatives , que d’autres hommes d’un génie difFé- rent imaginent des procédés de pratique ; il faut encore qu’une troisieme espèce d’hommes, moins savans mais plus artistes que les premiers, plus sa- vans mais moins artistés que les seconds, applique les calculs des uns aux combinaisons ingénieuses des autres, et forme ainsi de toutes les connoissances une chaîne non interrompue : la vérité est une, mais elle présente une infinité de faces; la théorie, en calcule les divers aspects ; l’expérience confirme ou rédifie ces calculs : les sciences perfectionnent les arts, et les arts, à leur tour , utilisent les sciences, (1) Les articlés marqués d’une * sont ceux dont nous donnerons ua extrait, \ Livres divers. 419 Ce rest que de cette heureuse aliiante des scienres et des arts, que peut résulter le perfectionnement de tous deux : vien n’est donc plus important que d'étendre ét d’exciter ce goût de l’application des sciences aux arts, qui fait découvrir entre les par- ties dé la machine la plus simple en apparence, des rapports, pour ainsi dire, harmoniques, d’où résul- tent en même temos le maximum d'effet, et le ma- æimum d'économie dans l'emploi des moyens. Ce goût du mieux possible, ce sentiment de la perfec- tion dans les arts méraniques, s’acquièrent et se dé- velappent surtout par l’application des connoissances théoriques à la construction des instrumens ét des machines. Sous ce rapport, les mémoires qui com- posent ce recueil seront de la plus grande utilité, On ne doit pas s'attendre à y trouver des théories neuves et des découvertes importantes ; mais ils four- niront du moins des applications utiles,.et mettront sur la voie d’en faire d’autres, peut-être plus heu- reuses encore, Ce recueil contient les mémoires suivans : 1° a Description, d'un nouveau *photophore, ou Porte- lumière , figuré avec ses détails sur Ja planche T ; — 2° la Description d'un nouveau. poèle économique , figuré planche IL ; — 3.° Ja Description d'une nou- velle serrure à consigne , dont les détails sont figu- rés sur la HIL.° planche ; —4,° Description d'un nou- veau moulin rape, figuré sur la IV.* planche ; — 52 sur la meilleure construction d’un marnomètre , ou instrument destiné à mesurer la densité de l'air, et qu’il ne faut pas confondre ni avec le baromètre qui mesure la pesanteur de la colonne d’air, ni avec le _ thermomètre qui indique sa température ; — 6.° Des- cription d’une nouvelle échelle sténogiaphique , qui réunit le double mérite de la simplicité et de la sureté, ét que le C. Forfait, alors ministre de la marine, avoit adoptée pour sa correspondance par- ticulière;—7.° sur quelques objets de mathématiques palpables à l’usage des aveugles, tels que leurs ma- nières de calculer, d'apprendre la géographie, au | D d 2 420 Livres divers. moyen des arts en relief, sur leurs livreset leurs ca: ractères de musique imprimés en relief, ete.; enfin la description d’un mètre de poche, d’un nouveau nocturlab (ou petit instrument de poche, destiné à faire connoître l’heure par les étoiles} moins dé- fectueux que celui décrit par d’Ozanwm , dans le 11I.° volume de ses Recréutions mathématiques ,ete. etc. MÉTROLOGIE. VERHANDELING over volmaalte maater en ge- wigten. C'est-à-dire, Traité des poids et mesur?s parfaits ; par J. H. Van Srr1NDEN. 2 vol. in-8 ° ensemble, de 708 pages, avec des tables com- paratives de poids et mesures et des planches. A Amsterdam, chez P. Den Hengst. 1802. Le nom de Van Swinden, qui, déja connu par lusieurs ouvrages du premier mérite, fut particu- ierement illustré par le beau rapport fait au nom de la commission des poids et mesures de Paris, dans la séance de l’Institut national du..,.messidor Pan... , est un garant de la bonté de cette nouvelle production, que ce savant offre à ses compatriotes dans sa langue maternelle. — L'auteur n’a point touché aux mesures administratives à prendre dans la république batave pour le changement des poids et mesures ; elles pourront faire ; en temps et lieu, la matière d’un nouveau travail. Le changement en question semble devoir étre un peu retardé par celui survenu dans le gouvernement même de cette ré- publique, qui cependant ; à en juger par diverses indications, ne perd pas tout-à-fait de vue cet objet important. Ce dernier changement a entièrement rendu aux sciences et aux lettres le C. Fan Swin- den; et ceux des amis de sa -véritable gloire qui sont étrangers aux affaires politiques, ue peuvent que l’en féliciter, ainsi que l’Athénée il{ustre d’Am- sterdam , où son éloignement laissoït un grand vide, P. H°: M: Vas Livres divers. 421 BOTANIQUE. CA4SPARI GEORGII REIN ARDT oratio de ardore, guo historiæ naturalis et imprimis botanices cu/tores 1n sua studia feruntur. C’est-à-due, Discours sur lurdeur des naturalistes et des botanistes en par- ticulier, dans la culiure de ces sciences , prononcé par C. G. REINW ARDT, à sa prise de possession de la chaire de chymie, de botanique et d'histoire naturelle à l'Académie de Harderwick, le 10 juin 3801. À Harderwick, chez E. Tyhoff, in-4.° de 56 pag. Ce discours, très-bien rédigé et tres-bien écrit , annonce dans son auteur le même zele dont il à entretenu son auditoire. Ses amis et ceux de la science doivent souhaiter que son rom ne grossisse pas l’ho- norable martyrologe qu’il présente, Heureusement les dangers du genre de ceux qu’expose le C. R. sont a peu pres nuls ponr un professeur sédentaire dans une paisible université de la Batavie. Mais qui peut répondre des effets de l’enthousiasme? Depuis Pline Puiné jusqu'a Dolouieu , que de victimes! PH. M. PO ND ICEN AU L. SEERP11 GRAMATA oralio, qu& docetur , cum homi- nes , lum eliuin populos , ad justitium esse nutos. C’est-à dire, Discours où l’on prouve que la nature tmpose aux individus et aux sociétés le devoir détre justes; par S. GRATAMA, pour sa prise de possession ds la chaire de jurisprudence à l’Aca- démie de Groningue , le 24 septembre 1801. Gro- . niugne , chez 7. Spoornuker, in-4.° de 6o pag. Les individus et les sociétés sont si fort sujets à oublier la destination dont traite le C. G., qu'il n’est pas utile de la leur rappeler fréquemment. . Sous ce rapport , le professeur de Groningue a bien Dd 3 422 Livres divers. mérité de son auditoire; son discours est d’ailleurs bien pensé et bien écrit. Ce n’est pas la première fois que le Magasin Encyelopédique rend justice au mérite de cet estimable savant. P. H, M. ECO N OMEX PO LIT LOUE. EssaAr sur la manière de relever les races des chevaut en France ; par le général Victor Cozzor. Vol. in-8.° de 92 pages. Prix, 1 fr. bo cent. , et franc de port, 1 fr. 8o centimes. Paris, chez Charles Pougens ,imprimeur-libraire,quai Voltaire , n.°10. Henrichs, rue de la Loi, n.° 128r. Le sujet traité dans cette brochure est pour la France de la plus grande importance. Pan date Ja dernière guerre , le gouvernement a souvent étéobligé d’avoir recours à nos voisins pour remonter notre ca- valerie et les difficultés qu’il y avoit de faire passer en France ces chevaux de remonte, devoit néces- sairéement en augmenter considérablement le prix. Cette brochure doît donc exciter l’attention de ceux qui sont en état de porter remède au mal, et de ceux qui y prennent quelque intérêt. ARC UHÆNO TATIGUME: LETTERA sopra un antica putera Etrusca scrilt@ äl nobil uomo signor conte Alessandro Baglioni Oddi da Gio Battista VERMIGLIOLT presidente, del pubblico museo di Perugia accademico Etrusco di Cortona , in Perugia 1800, presso Car/o Baduel e Figli, in-4.° de 38 pages, avec une gravure. Cette Lettre a pour objet une très-belle patère de la collection de M. Alexandre Baglionr Oppy; elle a été trouvée dans un sarcophage étrusque qui sert de vignette au frontispice, et sur lequel M. Ver- miglioli retrouve les ornemens de ordre dorique. Le sujet de la patère est tiré de l’histoire héroïque: des Grecs, les noms des personnages sont écrits au Livres divers. 423 slessus de chacun en caractères étrusques, ce qni s’observe en général sur les patères. M. Vermiglioli entire une preuve que ces mythes grecs étoient étran- gers à l'Etrurie et qu’ils y étoient encore peu connus, puisqu'on avoit besoin de placer à côté le rom des personnages, Cela peut être vrai à l'égard des étrus- ques , mais non pas pour {ous les monumens accom- pere d’inseriptions, ainsi que l’observe tres-bien M. Vermiglioli lui-même; car les noms étoient écrits auprès des personnages sur Ja caisse de Cypse- Jus, res peintures de Polygnote, et d’autres ou- vrages célèbres de l'antiquité. Le sujet figuré sur la patère est l’histoire de Mé- léagre. M. Vermiglioli rassemble les divers pas- sages classiques, pour voir ce que chacun d’eux a de conforme ou de différent avec la manière dont ce fait est représenté ; on y voit Méléagre dont le nom est écrit Meliath où Meiiuph. Auprès de lui est Ata- Jante Atlenta ; auprès est la parque Atropos Airpa , qui, à l’aide d’un ciseau où d’un clou ei d’un mar- teau , grave sur un rocher la destinée du héros. Une autre parque placée sur le manche est sans ins- cription ; mais la quenpuille la caractérise facilement, ce doit être Clotho. Aupres d’Atropos est Aliée au dessus de laquelle on Jit fa, peut-être la fin du-mot Alia, avec un de ses frères, peut-être Toxeus. M. Vermiglioli s'attache ensuite à discuter les lettres de chaque nom, son orthagraphie, ses caracteres ; il arrive après à des détails chronologiques sur le cos- tume des parques, leur nombre, lear couronne qu’il croit étre de frêne, leurs ailes, ete. M. Vermiglioli répand sur tous ces objets de nouvelles clartés 5 il . promet de s'occuper bientôt des urnes découvertes dans le méme lieu. Ï] annonce un orand ouvrage sur Jes monumers de sa patrie. Le goût et l’érudition qu'il déploie dans cet opuscule, doivent faire desirer avidement la publication de ses autres écrits (1). , À, EL..M. \ Don À (1) M. Vermigloli a publié , en1800 , un écrit sur Arna, ville umbio Dd à 424 Livres divers. TA'NTIQUITÉS. MUSÉE des monumens francois, où Description his= | © torique ed chronologique des Statues en marbre et es bi'onte , bas - reliefs et tornbeaux des hommes et des femmes célèbres , pour servir à l’histoire de France et @ celle de l'Art; ornée de gravures , et augmentée d'une dissertation sur les Costumes We chaque siécle ; par Alerandre LENOIR, fondateur _ etadiuinistrateur du Musée. T. IN. Paris, chez l Au- teur et les frères Levrault, quai Malaquais. CXX1V et 169 pages in-8.°, Prix 9 fr. Avec l’épigraphe. « Cessez de mntilér tous ces grands monumiens, « Ces prodiges des arts consacrés par les temps; ‘« Respectez-les, ils sont le prix de mon courage. Vocrarme, Orphelin de la Chine. Acte IT. . Nous avons rendu compte du r.°" volume de cet onvrage , nous avons regretté que Pauteur y aitin- séré |: parmi les monumens ansiques, des moreeaux qui appartiennent évidemment à notre témps ; nous voyons également avec peine qu'il ait fait précéder son second volume de la suite des jetons de l’his- toire de France, qui contiennent des portraits d’idée, et qui ont été fabriqués de nos jours pour apprendre aux enfans l’histoire de France en les amusant: La généalogie chronologique des rois est inutile ici, et si l’auteur y vouloit joindre des figures , les mon- noies , les médailles, les visnettes, des manuscrits lui en auroient offert suffisamment. Nous laisserons cette partie inutile et qui oceupe cependant 124pages du volume pour arriver à Pouvrage même: Il esten- core précédé d’une introduction de 78 pages qui tient plus au sujet, puisque l’auteur y traite de lhis- toire de l’art en France et qu’il appuie cette petite etrusca., une dissertation sur un camée représentant Ulysse qui aborde dans l'ile des Phæaciens, et peut - être d'autres écrits, mais nous ne £gonnoissons pas ces divers ouvrages. ( Livres divers. 425 discertation de dessins de colonnes, de chapiteaux et de morumens authentiques et curieux. Tous les journaux ont répété le rapprochement que l’anteur fait de saint Denys et de Bacchus. Ce rapproche- ent est connu depuis la publication de lorigine des cultes du C. Dupuis, qui en est l’autenr; mais cette-opinion , plus amusante que réelle, n’a pas fait fortune parmi ceux qui s’occunent sérieusement de Ja langue grecque , de l'antiquité et de la mytho- Jogie, il seroit trop facile de démontrer qu’elle ne peut se soutenir, et quand bien même elle seroit véritable, cette tradition auroit été perdue au temps de la Construction du portail de saint Denys , et n'auroit pas té retracée par le sculpteur, en placant ue grappe de raisin aux pieds du saint qui étoit pour Jui saint Denys et non Bacehys. Evfin Pauteur nous donne les monnmens du qua- torzième siécle. I} a fait graver la vue de la salle qui les renferme. Elle nous offre une suite de tom- beaux des personnagescéièbres pendant cette période; nous reoreltons qu'au numéro 527, ii ait gravé un tableau de Jeanne d'Arc dont le costume espagnol, les arabesques du bouclic: atte:tent qu’elle a été faite dans Île scizième siécle. Peut-être les lorgues cita- tions du poeme de Voltaire, dont Jeanne est l’hé- one, ne sont-elles pas placées dans un ouvrage qui demande quelque gravité. Ce volume contient aussi des monumens du eorx- mencement du quinziëme siécle ; nous le répétons , encore, on doit savoir gré au C. Lenoir d’avoir combiné et réuni ces mogyumens historiques, mais peut-être aura-t-ou le droit d'exiger que, daus lou- vrage: qu'il publie , il indique es ouvrages où les méêmés monumens ont été gravés, les changzemens qu'iis ont subis , les additions qu'il y a faites en les groupant avec d’autres daus son musée ; autrement 1lexpose les lecteurs et les curieux à croire que les uméers ont toujours te tels qu’il les présente. veiterons , par exemple , le tombeau de Charles léans, n.° 80. 11 étot isolé dans les Célestins ‘ 426 Livres divers, au milieu du chœur ; c’est ainsi qu'il est figuré dans les Antiquités nationales. Le C. Lenoir ne parle dans ses explications que de l’histoire de ce prince et de ses talens. Il auroit dû prévenir que Je bas- relief sculpté derrière, n'appartient pas à ce tombeau, qu'ilest d’un temps postérieur , ainsi que l’indiquent Ja Composition et le style, expliquer le sujet, dire d’où ce monument est tiré , €t surtout prévenir que la tête de Méduse , les renommces, les trophées ba- chiques qui sont là pour lier cette architecturel, sont de sa propre invention et étrangers absolument au gout du siécle dans lequel Charles d'Orléans a vécu. Le défaut de semblables indications sur les monu- mens , fera que lPouvrage sera recherché à cause de lelégance des dessins, mais ne pourra jamais faire autorité pour l'histoire de France et pour celle de l'art. A... M. PACE Æ D GB A:P4H T Ee LETTRE au C. Chuptal, ministre de l’intérieur, mem- bre de l'Institut national, au sujet de l'inscription ægyplienne du monument trouvé à Rosette; par A. L. STIVESTRE DE SACF, ci-derant associé de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, de la Société royale des sciences et arts de Gocttingue , el professeur de langue arabe à Pécole spéciale des langues orientales vivantes. Paris, de l'imprimerie de la république. An x. 1802. In-6.° de 45 pag. avec planches. L'inscription de Rosette, en caracteres grecs , hié- roglyphiques et æuyptiens, mérite avec raison l’at- tache de tous les savans. En France, des membres de lJastitut national s’en sont occupés, ainsi que le C. Visconti, dont on attend le beau travail avec une impatience justifiée par la connoissance qu’il a de l’antiquité lapidaire comme de l’anriquité figarée, connoissance attestée par la belle explication qu'il donnée des inscriptions d’Hérodes Atticus, de sous le nom d’inseriptions triopéennes, Les savans'ahs \ 2 Ü Livres divers. 427 glois s’occuperont sans doute aussi de l'inscription de Rosette , actuellement déposée à la Société des antiquaires. La recherche de la langue ægyptienne a dû né- cessairement fixer l'attention de ceux qui se livrent spécialement aux Jangues orientales. Le C. Silvestre de Sacy, qui a expliqué les inscriptions des tom- beaux de Naschi Rustan, plusieurs médailles saxsa- mides, et à qui on doit beaucoup de découvertes en ce genre, éloit sans contredit un des hommesles plus propres à bien interpréter cette énigme. I a Jong- temps étudié cette inscription , et il] rend compte, dans cette lettre adressée au ministre de l’intérieur, de ses observations, qui lui ont offert peu de résul- tats, Il croit avoir découvert daus l'inscription les noms d'Alexandre et d'Alexandrie, celui de Ptolé- mee, qu'il lit Afiouotme, d’Arsinoé, qu'il Mit Arsi- niouia. Ce qu'il y a de singulier, c’est que le surnom grec de Ptolémee, celui Epiphanés, est conservé ; le surnom T'heos est exprimé par Abnord: où Ab- nouda, qui, en dialecte saidique, signifie encoie dieu. Le C. de Sacy croit aussi aveir reconnu Îles noms ægyptiens d’/sis et d’Osims, écrits [siouh Osnih. Ces diférens mots ne sont que des noms pro- pres, et ne Conduisent pas à l’explication de lins- ciiption , et à Ja connoïissance complète de l’alpha- bet de la langue dans laquelle elle est écrite. M. de Sacy ajoute de savantes ob ervations sur la valeur de chacune des lettres qu’il discute. Cette brochure, imprimée supérienrement , comme tout ce qui sort des presses de la republique, est terminée par un specimen de Vinscription, et une copie figurée des noms que l’auteur croit avoir reconnus. Un de mes amis, “#41. Ackerbladt, savant suédois, très - versé dans la littérature orientale , et dont nous avons in- seré dans le Magasin un mémoire fort curieux sur une inscription copie, a aussi étudié l’inseription de Rosette. 11 croit avoir été plus heureux que Île C. Silvestre de Sacy, et avoir découvert Falphabet, Nous donnerons une notice de cette découverte quand elle aura été rendue publique. A. L. M, 428 Livres divers. BIOGRAPHIE. Les Frrs des Hommes illustres, de PLUTANQUE ; traduites du grec, par D. RICARD, avre des re- 7rarques à la fin de chaque vie. Tom. Vet VI ;in-12 breche, 5 fr., et franc de port par la parte, 7 fr. An 10. 1802. Du mémeouvrage, PA quatre premiers volumes, 10 fr. brochés , et francs de port par la Poste,14 fr. À Paris, chez Théophile Barrots, li- braire, rue Hautefeuille, n.° 22. On trouve chez lui, les Œuires morales de Plutarque , traduites par le méme auteur. 17 vol. in:12 brochés , 42 fr. La traduction du Plutarque, par Amyot, est sans doute pleine de charme, et peut-être considérée comme un monument de notre langue. Mais tons les lecteurs ne goûtent pas également ce charme, qui consiste dans ane naiveté de style, laquelle ne convient guère à la manière dont Plutaique s’exprime. D'ailleurs ce vieux langage d’Amyot est fatigant on peu intelligible pour bien des personnes. Cette raison détermina le savant Dacier à traduire de nou- veau les Vies de Plutarque; et quoiqu’ileüt tn plein succés , si l’on en peut juger par le nombre des éditions, on lui reprocha beauoup de néjligences, sitont son style Jourd, sans grace et sans vie. Le C. Ricard, encouragé par l'accueil que le public avoit fait à sa traduction des œuvres morales, qui offroit tant de difficultés, a entrepris de nous donner les Vies, dont les quatie premiers volumes ont justifié Ja bonne opinion qu'on avoit de son savoir et de ses falen:. Les deux suivans qu’il pablie aujourd’hui, tenferment les vies de Paul-Emile, de Timoléon, de Pélopidas, de Marcellus , d’Aristide, de Caton, de Philopémen , de Flaminius et de Pyrrbus. Pour faire connoitre la nouvelle traduction, citons au hasard quelques morceaux ; la vie de Flawminius nous eu offre de remarquables, sur la manière dont ce général romain fit proclamer Ja liberté de la Grèce, et sur l’enthousiasme qu’elle produisit, Cela se passa Livres divers. | 429 à l'assemblée des jeux isthmiques. « Le stade, dit « Plutarque, étoit plein de confusion et de trouble : « les uns témoignoient leur admiration; les autres “ s’informoient de ce qu'on avoit dit: et tous de- « mandoient que le héraut répétât sa publication. « Il se fit donc encore un silence universel, et le « héraut ayant renfoncé sa voix , renouvella sa pro- « clamation qui fut entendue de toute l’assemblée. «_ Les Grecs, dans les transports de leur joie, pous- « sèrent des cris si perçans, qu’ils retentirent jus- « qu’à la mer, Tout le théâtre se leva, et ne pensa « plus aux jeux; les assistans allèrent en foule saluer, “ embrasser Flaminius : on l’appeloit le défenseur, « le sauveur de la Grece. » Plutarque fait ensuite, sur la chute subite de deux corbeaux, de grands rai- sonnermens qui ne méritent pas d'être rapportés pour son honneur. Après, il continue : « Si, à la fin de. « l'assemblée , Flaminius, prévoyant le concours « immense du peuple qui alioit l’environner, ne se « fût promptement dérobé à leur empressement, il “ eût couru risque d’être étouffé : tant étoit grande “ la foule qui se répandoit autour de lui. Quand “ ils furent las d’avoir crié jusqu'à la nuit devant “ sa tente, ils se rethèrent ; et tous ceux de leurs «“ amis et de leurs concitoyens qu’ils rencontroient, « ils les embrassoient, ils les serroient étroitement, « les menoient souper avec eux, et faire bonne chère. « Là, redoublant de joie, ils ne parloient que de «“ Ja Grèce; ils se rappeloïent les wrands combats “ qu’elle 0 soutenus pour la liberté. Apres tant. « de guerres dont elle a été le théâtre, disoient-ils, « elle n’a jamais recu de salaire plus doux et plus « solide de ses travaux, que celui qu’elle doit à ces « étrangers qui sont venus combattre pour elle, sans qu’il lui en ait à peine coûté une goutte de sang, “ ou qu’eile ait eu à porter le deuil d’un seul homme; « elle a obtenu le prix le plus glorieux, le plus digne « d’être disputé par les hommes, Si la valeur et « la pradence sont rares parmi Îes hommes , une « vertu plus rare encore, C’est la justice. Les Acé- 430 Livres divers! ’ « silas, les Lysandre, les Nicias , les Alcibrade ÿ savoient, sans doute, conduire habilement des « guerres et remporter des victoires sur terre et sur « mer, mais ils n'ont jamais su faire servir leurs “ succès à une honnête et générale bienfaisance. Em « effet , si l’on excepte les batailles de Marathon ; « de Salamine, de Platée et des Thermopyles, les « exploits de Cimon sur l'Eurymedoniet auprès de « Cypre; tous les auires combats, que la Grèce a « Jivrés, se sont donnés contre elle-même, et l'ont « fait tomber dans la servitude ; tous les trophées « qu’elle a érigés, ont été des monumens de ses « malheurs et de sa honte; la méchanceté et la ja- « louse rivalité de ses généraux l’a presq'e rninées « Et des étrangers qui n’ont plus , avec la Grèce ; « que de foibles érincelles d’une ancienne parenté “ presqu'éteinte, de qui la Grèce eut dû s’étonñer « de recevoir seulement quelques conseils; des étran- «“ gers sont venus supporter les plus grands travaux ; “ s’exposer aux plus grands périls, pour arracher « la Grèce à des maîtres durs, à des tyrans cruels « et Jui rendre sa liberté, » Cet endroit est assez dramatique , et on ne peut refuser la justice au C#® Ricard de lavoir rendu avec autant de fidélité que d’agrément, Suivant la remarque du même historien : « La ville de Corinthe a eu deux fois la gloire d’en— « tendre proclamer, dans ses mars, la liberté de “ Ja Grèce ; la première fois par Flaminius, et la “ seconde par Néron , qui, de nos jours, se trou- « vant dans cette ville Jorsqu’en alloit célébrer les « jeuxisthmiques, publia que les Grecs étoient bre: ; «“ et leur rendit l’usage de leurs lois; avec cette « différence, que Flaminius fit cette proclamation « par un héraut , comme on Pa déja dit; et que « Néron la publia lui-même à la fin d’un discours « qu'il prononcça sur son tribunal devant la Grèce « entière.» Ce rapprochement , les plaintes sur le traité conclu par Flaminius avec le tyran Nabis, et la jalousie dont il sonpconne Flaminius envers Phi- lopémen, font sentix lenvie secrète de Piutarque Livies divers. 431 contre les Romaïns , et combien , au fond du cœur, ïl supportoit leur joug. Mais cela exigeroit des déve- loppemens qui ne doivent pas entrer dans un extrait. Le C. Ricard accompagne sa traduction de remar- ques assez nombreuses; toutes sont instructives et bien rédigées. Peut-être y desireroit-on quelquefois plus de critique, et qu’il y eût approfondi et discuté plusieurs faits qui ont encore besoin d’éclaircisse- mens. Cet écrivain est d’ailleurs judicieux , et fait souvent des réflexions pleines de sagesse, et dignes d’un homme vertueux telles sont celies sur le meurtre du frère de Timoléon, que Platarque , aveuglé par Pamour de la liberté, a cherché à excuser. « Quand « on a commis, dit le C. Ricard , une action aussi «“ criminelle et aussi barbare que celle de Timoléon, “ ou qu’au moins on ne l’a pas empêché, quard “ on a sacrifié les droits du sang et de la nature, “ à l'intérêt même de la patrie , fût-il entièrement « vrai qu’on a agi par des vues pures , et après une “ mure délibération, je ne crois pas qu’on puisse u être exempt de remords et de repentirs; on doit “ être Jivré à un trouble, à une agitation, à un « chagrin continuel que la vue des matifs qui nous «“ ont conduit, ne sauroient jamais calmer. L’esprit a beau vouloir nous rassurer par Ja considération des motifs ; le cœur se révolte toujours contre « l’image d’un frère dans le sang duquel on a trempé « les mains, ou à la mort duquel on a consenti; “ et je ne suis pas étonné du désespoir auquel Ti- “ moléon voulut d’abord se livrer, ni de la douleur « profonde dans laquelle il passa les vingt autres an- » nées suivantes ; je suis même persuadé, d’après « Je caractere que l’histoire lui attribue, que ce « Sentiment pénible et désespérant le suivit jusqu’au « tombeau. « S. C. BEaAUXx-ARTS. ANNALES du Musée et de l’école moderne des beaux=- arts ,.elc.; rédigées par le C. LAN DON, peintre , 432 Livres divers. ancien pensionnaire de la rémnblique, à l’école Jrancoise des beaur-arts, ete. NS année de la 4% livraison à la 7. Le prix de Pabonneiment est de 6 fr. pour hoïs mois, 12 fr. pour six mois ét 24 fr. pour l’année, franc dé port, pour Paris ét les départemens, On souscrit, à Paris, chez l’auteur, quai d'Orsay, n.° 23, au coin de la rue du Bacq. Ces livraisons contiennent : pl. XHIT, Projet d’un monument à la gloire de N. Poussin, à élever par souscription; — pl. XIV, Coupe du projet de Ja planche précédente; — pl. XV , le Combat d'Her- cule contre Achelous , tableau de la galerie dus Mu- sée, par LE Guibe ; — pl. XVI, Vénus et Ado- nis, par RUBENS; — pl. XVII, Mars, Vénus et l'Amour, tableau du Musée, par Le GUERCHIN; — pl. XVIIE, Bataille des pyramides et d'Abou- kir, sujets de médailles, par DUPRÉ, g'aveur pé- néral des monnoies de France; — pl: XIX , ke Be- nedicité ,; tableau de la galerie du Musée , par Charles LEBRUN; — pl. XX, Ja Pudeur, modèle en plâtre de grandeur naturelle, par CARTEZ18R; — pl. XXI, la Vision d'Ezechiel, tableau de Ja galerie du Musée, par Rapaaëz; — pl XXII, le Sommeil de Jésus, dit vulgairement le Silence de Carache, tableau du Musée; — pl. XXIIT, Monu- ment départemental pour la ville de Blois, chef- lieu du département de Loir et Cher, projeté sur la place du Château, en face de la rue que lon perce actuellement, par DELAGARDETTE, archi- tecte, ancien pens'onnaire de Académie de France, à Rome; — pl. XXIV , la Communion de saint Jérôme, tableau de la galerie du Musée, par Au- gustin CARACHE ;—pl. XXV , le Sommeil de PEn- fant - Jésus, tableau de la galerie du Musée, par RaPHaEL; — pl. XXVI, trois statues de la salle d’Apollon à la galerie des antiques ; — pl. XXVIT, PAdoration des Mages, par RuBens ; —pl. XXVIHI, le Repos en Ægypte, tableau de la galerie du Mu- sée, par LE CorRÈGE PLAT HAN 4 4 : & $ ASe # à ee Table des articles contenus dns ce Numéro. U Vozracor. Séance publique de l'Institut dé © P* partemental de Ja Loire - Infé- Ë Voyage en Krimée, traduit de l'al-} rieure , séante à Nantes. 379. À lémand par le C. Delamarre. 289 | | Prix proposé par l’Institut de santé è HISTOIRE. . de see DA Et séant à ÿ ; imes , pour l'an xr.. 4oo Ô Lettre ao C. Millin, sur Eleusis et A | # son temple; par le C. Szrne-|Société de la Drome. 4os à Croix. 309! 4 Pamis. < Puarsreuez. : LE DAS dde RUES GR rave a pationsle. 402 D -) mare 26 | Astrünoie. 1614, F ee ; Lettre du C. Bernier ah C, La- Û Br0GKkArHtS, ane, 404 ï Notice sur Nieuwlond ; rédigée! À,.418 du 2a präirial. Ibid. d'après un écrit hollandois du cé bre Van Sinden. 535 LITTÉRATURE GREACQUZ. Poème épique grec sur les exploits de héros Napoléon Bonaparte ; composé par M. Po/yssoi Con- dou de Joannina. 355 RESPONDANCE LITTÉRAIRES. ! NouvsLies ÉTRANGÈRES. Nouvelles d'Allemagne. 373 Nouvelles de Duosseldorf: - 375 Nouvelles de Pétersbourg, 16i2. Ibid, 877 578 Nouvelles d'Angleterre, 1... Nouvelles d'Italie. Nouvelles du Piémont. Fsancea. Société d'agriculture du département de Seins et Oise, séançe à Ver- tailles. bid, À La fausse Duégne. Rapport fait au premiér Consul , le 27 prairial ah 16 , par le inistre de la guerre, sur l’état des tra- vaux du dépôt général de la guerre, à la fin du mois de prais rial an 10. - 405 TuxATAE» Helvétius, où la Vengeance d’un Sage. 14 xs Le Méléagre champenois, or Î# Chasse interrompue. - 416 Les Rivaux sans le savoir, | 412 LIVRES DIVERS. Physique, Mélanges physico-mathémäatiques ; par le C. Bérard. dis Métrologie. : … 7 Traité des poids et mesures pâte faits; par J. H. Ven Swinden. (en hollandois ), 429 Bonique. Vermigloli ide Discours sur d’ardeur des natura- | Antiquités. 4 à listes et des hotanistes en parti- Se -culier, dans la culture de ces | Musée des: Monumens fançois % éciences; ‘prononcé par le G.| par Alexandre Lenoir. T. II “44, . Reinwerdt. (en latin ). 4ar |: Palæographie. PUR Aa: [Lettre au C. Chaptal, ministre % A Discours où l'on prouve que ‘la l'intérieur ; membre de l'Iustitut "A | nature impose aux individus et national ; au sujet de l'inscription aux sociétés Île devoir d'être — ægyptenne du monumenttrouvé" à À stes; par S. Gratama. (en| ‘à Roseue; par le C. Silvesrre © 4 his } 42 de Sacy: $ ? 2 6 Economie politique. : Biographie. à Les Vies des Hommes illustres, de 2 Essai sur la manière de relever là |" byyvorque ; traduites du grec (208 race des chevaux en France; par pi D Licerd, 408 | le général Victor Co/lor. 422 Beaux-Arts. PAU à Annales du Musée et de l'Ecole le, Lettera sopra un antica. patera | moderne des beaux - TRES le: , Etrosça scritta da Gio Battista | C. London. Ë 45s Archæologie. AIVIYS 1; NS On peut s'adresser au Bureau du Magasin Encyclopédique, pour se procurer tons les Livres qui paroissent en France et chez l'Etranger, et généralement pour tout ce qui concerne la datant: ancienne et moderne, On s’ÿ charge aussi de toutes ii Les Livres nouveaux sont annoncés dans ce Journal aussit après qu'ils ont été remis au Bureau; c’est-à-dire; dans le \ méro qui se pablie après cette remise. , ; # Le Magasin paroît régahérement le premier de chaque mois". Qn prie Les Libraires qui envoient des Livres pour Les nee d'en indiquer toujours le Prés: PVR «EU #&S \ ce Fà (N: 4.) Messidor an 1 x, ENCYCLOPÉDIQUE, fat TJS AE: OU | JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS, RÉDIGKX Par A L. Mir. | AVIS DU LIBRAIRE. à k Le prix de ce Journal est fixé : à 9 francs pour trois mois, 18 francs pour six mois, 36 francs pour un an, jant pour Paris que pour les Départemens, franc de port. ON peut s'adresser au Bureau du Journal pour se procuree tons les Livres qui paroissent en Franceet chez l’étranger, et pour tout ce qui concerne. la Librairie ‘ancienne et moderne, "LE Journal, auquel la plupart des hommes qui ont ‘un nom distingué, une réputation justement acquise dans quelque partie des arts ou des sciences, tels que les CC. ALIBERT , DESGENETTES, BAST, SiL- NESTRE DE SACY, FOURCROY, HALLÉ, DUMÉRIL, PSCHWEIGHÆUSER, LACÉPÈDE, BARBIER, LAN- GLÈS, LALANDE, LAGRANGE, LEBRUN, MARRON, MaenTELLE , BARBIÉ DU BOCcAGE , BASSINET, MORELLET, NOEL, OBERLIN, CHARDON -LA- RocHeTTE, CaiLLARD , VAN-Mons, TRauLLé, Tome I. (8° An.) . LÉVEILLÉ, CUVIER, GEOFFROY, VENTENAT, CAVANILLES, USTERY, BOETTIGER, VIsCONTI, ViLLoison , WiLLEMET, WiNCKLER, ete, fournis- sent des Mémoires, contient l'extrait des principaux ouvrages nationaux : on s’attache surtout à en donner une analyse exacte, et à la faire paroître le plus promp- tement possible après leurpublication. On y donne une notice des meilleurs écrits imprimés chez l'ébasger. On y insère les mémoires les plus intéressans sut toutes FE parties des arts et des sciences; on choisit principalement ceux quisont propres à en accélérer les progrès. On y publie les découvertes ingénieuses ,les inven= tions utiles dans tous les genres, On y rend compte des expériences nouvelles. On y donne un précis de ce que les séances des sociétés littéraires ont offert de plus intéressant ; une description de ce que les dé: pôts d'objets d’arts et des sciences renferment de plus curieux. , On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages des Savans, des Littérateurs et des Artistes distingués dont on regrette la perte; enfin, les nouvelles litté- raires de toute espèce. Ce Journal est composé de six volumes in-8,° par an, de 600 pages chacun. T1 paroîit le premier de chaque mois. La livraison est divisée en deux nu méros, chacun de 9 feuilles. Onf'adresse, pour l’abonnement, à Paris, au Bu= reau du Magasin Encyclopédique, chez le C. Fucns, Libraire, rue des Mathurins, hôtel Cluny. ; chez Van-Gubik. À Bruxelles, chez Lemaire. * A Flérence, chez Molini. 1 CM À FARINE , chez Fleischer. 3 chez Manset. À Genève, { chez Paschoud. A Hambourg, chez Hoffmann. A Leipsic, chez Wolf, - À Leyde, chez les frères Murray. A Londres, chez de Boffe, Gerard Streer, À Strasbourg, chez Levrault. 5 À Vienne, chez Degen: Fu À Wesel, chez Geisler, Directeur des Postesÿ } faut affranchir les lettres. À Amsterdam, { chez la verve Changuion et/d'Hengst. à APE SE iMeA TT T'Q U'E.S. MÉTROLIOGIES consiilulionnelle et pri- milive comparées entre elles, et avec la Métrologie d'ordonnances. À Paris, chez Jansen, imprim.-hbraire, rue des Macons- Sorbonne, n.° 406. An 1x (1801).2 volumes in-4.° Prix, 18 fr. C OMPARER toutes les mesures qui appartiennent au nouveau système métrique décimal avec celles qui étoient en usage en France avant ce nouveau système, et dont la valeur avoit été fixée par des lois ou des jugemens à diverses époques de la mo- narchie : suivre ces anciennes mesures, de quelque nature qu’elles soient , dans les changemens qu’elles ont éprouvés pendant le cours de plusieurs siécles ; remonter à travers une succession d’altérations dues au temps , et de réformes nécessitées par l'excès méme de ces altérations, à la véritable détermina- tion de chacune de ces mesures, pour pouvoir fon- . der sur une base solide leur comparaison avec le nouveau système tant provisoire que définitif, adopté dans ces dernières années; tel étoit d’abord l’objet unique que s’étoit proposé l’auteur de l'ouvrage que nous annonçons, Un travail de ce genre n’étoit point étranger aux honoralles fonctions de jurisconsulte, que le C. J, F, Lesparat remplit depuis longtemps avec distinc- Tome I. Fe 434 Mathématiques. tion, puisqu'il falloit fouiller dans les dépôts des $ ordonnances, compulser les registres de la police et des tribunaux, connoître les contestations aux- quelles l’altération ou la réforme des poids et me- sures a donné lieu, et les jugemens qui les ont ter- minées. Mais le savant jurisconsulte qui, aux études particulieres à sa profession, a toujours uni le goût des sciences exactes, et les a cultivées avec succes, me s’est pas borné à remplir la tâche qu’il s’étoit d’abord imposée. Il a embrassé dans ses recherches les mesures de toute espèce des peuples de Panti- quité; il a mis à contribution les monumens, l’his- toire, et les travaux a. savans qui ont porté la lumiere dans cette région obscure de la science ar- chæologique ; et de ce travail , qui n’étoit d’abord qu’un accessoire, s’est formé un nouvel ouvrage , dont l’objet est de rétablir dans son intégrité le système métrique des plus anciens peuples, et de faire voir que le peuple, auquel tous les autres du- rent les élémens de leurs métrologies, avoit pris la base de son système métrique dans la grandeur de Ja terre. “ Pour restituer aux mesures de l’antiquité leur « juste proportion avec les mesures modernes, les « sayans qui ont cherché à faire cette comparaison, « auroient desiré, sans doute, a dit Paucton, que « les anciens eussent érigé un étalon artificiel , au- « thentique, et inaltérable par sa nature , tel qu’un . rocher monolithe fort dur et fort haut, ou fort « large, dont ils auroient disposé une face à rece- = voir en grand par des traits imprimés dans la . Métrologies. 439 pierre, le prototype commun des mesures pour les y rapporter toutes. La distance moyenne de deux montagnes exactement mesurée , auroit éga= lement pu remplir cet objet. Mais un moyen plus sûr encore de transmettre à la postérité les me- sures dans leur intégrité , étoit d’en prendre l’étalon dans la nature même. On auroit pu les faire dépendre toutes du pied horaire, c’est-à- dire, de la longueur du pendule qui bat les se- condes de temps. Tous les hommes étant conve- nus de compter 365 jours et un quart dans une année, 24 heures dans un jour, 60 minutes dans une heure, et 60 secondes dans une minute, il auroit été facile en tout temps de vérifier , si les mesures établies et réglées sur la longueur du pen- dule qui bat les secondes auroïent été altérées , et de cette manière l’étalon ne s’en seroit plus perdu...... « Mais ne nous plaignons point de la négligence des anciens à nous faire passer l’étalon de leurs mesures ; il nous lont conservé , en rene : sur un monument aussi durable et aussi inalté- rable que la roche monolithe dont on a parlé: ce monument est la grande pyramide d'Ægypte; et, en second lieu, sur un module pris dans la na- ture, aussi ingénieux et aussi exact que la mesure du pendule ; c’est celle d’un degré du méridien, Ces deux moyens de rétablir les mesures de l’an- tiquité feront la base fondamentale de nos calculs métriques ; de sorte que nous osons nous flatter Ee 2 436 Mathématiques. « qu’il ne restera aucune incertitude sur la restitu= « tion complète des anciennes mesures (1). C’est en partant des mêmes principes que l’écri- vain que nous venons de citer, en suivant une marche à peu près semblable, en empruntant ses observa- tions, en les réformant , et y en ajoutant de nouvelles que l’auteur de la Métrologie comparée s’attache à établir que la métrologie primitive est la même que notre métrologie constitutionnelle, l’une et l’äutre ayant pour base commune le cercle du méridien ter- restre, mesuré aussi exactement dans les temps les plus anciens que par les astronomes modernes ; qu’il n’y a de différence entre l’une et l’autre que dans la graduation de leurs échelles métriques, et que cette différence même provient uniquement de ce que les premiers métrologues ont employé pour di- viseurs de leurs échelles, non-seulement les nom- bres 2 et 5 dont se compose notre progression dé cimale , mais encore le nombre 3; ce qui facilitoit d’atant plus les intercalations , sans s’écarter des proportions harmoniques. . On sait que lexistence d’un système métrique , fondé sur une base qui suppose nécessairement de grands progrès dans toutes les sciences physiques et mathématiques , et une longue suite d’observa- tions, n’est pas un des moindres argumens dont plu- sieurs hommes, justement célèbres (Bailli à leurtête), ont cru pouvoir déduire la preuve qu’il a existé un (1) Métrologie, ou Traité des mesures, poids et mounoies des an: eieus peuples et des moderres. Insroduction, p. 6. Métrologies. 437 peuple primitif, duquel toutes les nations qui cou- vrent aujourd’hui Ja face du globe ont recu les élé- mens de leurs connoiïssances; débris respectables du naufrage d’un système complet , qui sont devenus la base de toutes les restaurations que nous pre- nons pour des découvertes. Ce système, quoique soutenu par des hommes généralement estimés , a trouvé beaucoup de contra- dicteurs; et effectivement la nature des preuves sur lesquelles il est établi, n’est pas propre à soumettre tous les esprits. De ces preuves, les unes sont pure- ment hypothétiques, ou reposent sur de simples tra- ditions ; et il semble, à bien des personnes, plus con- venable de reléguer ces traditions parmi les fables, que de les admettre au rang des faits historiques; les autres, fondées sur des calculs astronomiques, sur des recueils d’observations attribués aux plus an- ciens peuples, et sur tout l’ensemble du système de l'univers, ne peuvent être jugées et appréciées que par un très-petit nombre d'hommes. Peut-être ce- pendant le crédit des écrivains qui les ont adoptées et développées avec autant d’éloquence que de sa- gacité, auroit-il suffi pour entraîner ceux mêmes qui ne peuvent les apprécier; maïs on.a cru voir dans ces résultats un système éversif de toute chro- nologie fondée sur les livres saints; on a même soupconné, jusqu’à un certain point , que cette con- sidération, qui, aux yeux d’une classe très - nom- breuse d'hommes prévenus , fait tout le mérite du système en queslion , pouvoit aussi avoir influé sur Ee à 438 ” Mathématiques. le jugement des écrivains respectables d’ailleurs, sur l'autorité desquels il est fondé. Pour ne point donner trop de force à cette objec- tion, et, comme l’a dit, en traitant une matière analogne , un écrivain, aussi respectable par ses vertus que par ses Connoissances, pour se Lenir éga- lement en garde contre la crédulité qui recoit tout, et le pyrrhonisme Qui rejette tout (2), 1l faut ob- server que tous Jes différens systemes chronologiques que l’on a prétendu fonder sur l'autorité des livres saints, ne sont dans le fait que des opinions hu- maines, dont aucune en particulier æ’a droit de forcer la conviction ; que tous ces systèmes, quels qu’ils soient, peuvent être comparés, appréciés, jugés, admis ou rejetés, sans que l'autorité de ces livres soit aucunement compromise ; qu’en un mot la croyance éclairée n’a rien à craindre de cette liberté, renfermée dans ses justes bornes. Elle ne craindra pas davantage ces longues suites de siécles que , sur le plus léger prétexte, l'imagination et le préjugé se plaisent aujourd’hui à entasser, pour re- cuier l’origine du monde, comme les géans, suivant la fable, entassoient montagnes sur montagnes pour faire la guerre aux immortels. Au surplus , sans entrer à cet égard dans aucune discussion, nous nous contenterons d'observer que l’auteur de la Métrologie comparée , ne s’écartant en (2) Lettre de M, Anquetil du Perron à M. ***, sur les antiquités de l'Inde, à la tête du tome IL des Recherches historiques et géogra- phiques sur l'Inde. . Métrologies. . 439 rien des opinions reçues en chronologie , et donnant seulement la préférence à celle des Septante, ne re- connoît d’autre peuple primitif que les générations anté-diluviennes ; qu’elles sont pour lui cette nation à qui nous devons les principes de nos connoïssances, et pour laquelle Bailli croyoit devoir recréer l’At- lantide. Cette manière de concilier deux opinions qui sem- bloient contradictoires mérite d’être remarquée; et nous pensons qu’elle paroîtra , à bien des personnes, beaucoup plus plausible que des systèmes dus à une imagination hardie, et adoptés aveuglement par l'esprit de parti, ou par le scepticisme religieux. Nous ne devons pas dissimuler que les rapports établis entre Ja métrologie primitive et les métro- logies, tant des peuples anciens que des nations modernes , reposent en général sur des bases plus ou moins hypothétiques. En effet, si leur ensemble paroît jusqu’à un certain point triompher du doute et des objections, chacun d’eux en particulier se réduit à des conjectures plus ou moins probables, étant fondé sur des approximations et sur des au- torités, dont les variations ou même les contradic- tions exigent presque toujours qu’on les réunisse pour en tirer des moyennes proportionnelles; et (ik faut en convenir) c’est ainsi que pour retrouver un but dont la trace seroit entierement effacée, on re- chercheroit le vrai milieu des traces qu’auroient lais- sées les traits lancés par tous ceux qui auroient tenté d’en approcher, ù Quand on aura lu cet ouvrage, et ceux qui ouf Ee 4 440 , Mathématiques. été faits sur la même matière, on demeurera con« vaincu qu'on ne peut demander ici que des proba- bilités ; et, pour peu qu’on réfléchisse combien il est difficile , pour ne pas dire impossible, de parvenir à une exactitude rigoureuse, en remontant d’une mesure quelconque à ses multiples, onu en descen- dant à ses sous-multiples, on ne sera pas surpris que les conjectures viennent toujours ici au secours de la règle et du compas. Mais, dira-t-on, peut-être, et nous ne faisons cette réflexion, que parce qu’elle nous a été suggérée par la lecture même de cet ouvrage, et pour rendre un compte fidelle de l’impression qu’il a fait sur nous, puisque Pauteur admet pour diviseurs des échelles métriques des prenfiers métrologues , non-seulement les nombres 2 et b, mais encore le nombre 3 et même le nombre 7, au moins dans le moyen âge, et, par suite, leurs premières puissances, il doit résulter de cette supposition une telle et si grande multitude de rapports de même nature, entre presque toutes les mesures imaginables et la mesure primitive quelle qu’elle soit, que la fécondité du principe peut jeter quelque doute sur sa certitude. L'auteur, auquel mous avons cru devoir commu- niquer cette difficulté, nous a observé que le nom- bre des multiples et sous-multiples de la mesure pri- witive multipliée ou divisée par les nombre 2, 3,5, et même 7, et par leurs premières puissances, n’é- toit pas à beaucoup pres illimité, et que, quoi- que trés-nombreux, il étpit encore assez circonscrit pour qu’on ne pût y comprendre, même par ap- Métrologres. 441 proximation du métlième, Va cinquantième partie de toutes les mesures qu’il seroit possible d'imaginer. Si done il estime que la totalité des poids et mesures des peuples anciens, et même la plupart des poids et mesures des grands états modernes, sont autant de traductions des poids et mesures primitifs, c'est parce qu'il croit pouvoir rapporter facilement à la mesure primitive du cercle méridien, telle qu’il la détermine, et dans quelqu’une des proportions ci- devant énoncées, tous les gifférens poids et me- sures réellement usités, tels que le pied anglois, Jaune drapière de Paris, le boisseau étalon et la pinte étalon de Paris, le poids de marc, la toise originaire de France , notre grand arpent originaire et notre pouce d’eau originaire, ainsi que les poids monétaires de presque toute l’Allemagne , et géné- ralement tous les poids et mesures des anciens peuples. Le C. Lesparat, animé du desir d’être utile, et croyant très-essentiel de familiariser promptement tous les François avec le nouveau système des poids et mesures, a proposé, en divers endroits, ses ob- servations sur plusieurs des actes du gouvernement relatifs à cet objet. Il pense que quelques parties * de ces règlemens seroïent susceptibles d’améliora- …_ tions et de rectifications; et il prouve qu’il seroit « facile de faire concorder la nomenclature de la mé- trologte constitutionnelle avec celle de la métrologie d'ordonnances , et, par ce moyen, d'établir un sys- teme de traduction approprié aux besoins du com- merce, 442 Mathématiques. I présente , dans un très-grand détail, l'exposi- tion des poids et mesures propres à chacune des trois métrologies , leurs évaluations rigoureuses, et des tables qui sont le résumé de toutes ces évalua- tions. Le tout est rapporté d’abord au mètre pro- visoire des trois dimensions, et au kilogramme pro- visoire , puis au mètre et au kilogramme définitif. Indépendamment de la table des sommaires, on trouve, à la fin du second volume, trois tables alphabétiques , dont l’yne contient les noms propres d'hommes, de villes, de peuples, etc., ainsi que des titres des ouvrages ou actes publics dont il est parlé dans les deux parties; la seconde , les noms de tous les poids, mesures et monnoies qui y sont rap- pelés ; et la troisième, toutes les autres matières dont l’auteur a eu occasion de faire mention. Ces tables. sont propres à faciliter les recherches et les rapprochemens. Enfin on trouve dans le tome premier la deserip- tion d’un compas graphique tenant lieu d’échelle graphique universelle, que l’auteur a fait exécuter par le C. Lenoir. Ce compas a été soumis à l'examen de l’Institut national; et il résulte du rapport fait en la première classe de l’Institut, par le C. Prosni, l’un des commissaires chargés d’en rendre compte à cette classe, que ce compas présente tous les avan- tages annoncés par son auteur; qu’en effet, au moyen des ses différentes ouvertures et de l’équerre cursive adaptée à l’une de ses branches, il peut former toutes les échelles graphiques possibles, présentant tous les résultats possibles des échelles Métrologies. + 443 particulières les plus exactes qui auroient les mé- mes dimensions (3). L'ouvrage du C. Lesparat, avant d’avoir acquis (5) H faur voir, pour la description du compas graphique et ses différens usages, la première partie de l'ouvrage , depuis la page 212 jusqu'à la page 226, et la planche qui y est jointe. Les CC. Prosni et Legendre, nommés commissaires en la séance du » 21 ventose an 10, pour l'examen du compas graphique, exécuté par Lenoir, en ont rendu compte le 16 germinal suivant; et il résulte du rapport qui a été fait par le C. Prosni, 1.9 Que le compas a été éxécuté avec toute la précision que pouvoit comporter la dimension qui n’est que d’un quart de mètre définitif pour chaque branche; 2.2 Qu’au moyen de la division très-exacte de chacune de ces deux. branches en mille parties égales d'un quart de millimètre, chacune, il devient un véritable étalon du dermi-mètre définitif et de ses sous- divisions, parfaitement conforme à l’étalon protorype du mètre déf- nitif et aux copies de cet étalon, que le mème artiste a exécutés pour le gouvernement, sous la direction de la commission des poids et me- sures de l’Institut ; 52° Que le même compas, au moyen de ses différenies ouvertures, et de l’équerre cursive , adaptle à l’une de ses branches, peut former toutes les èchelles graphiques possibles ; 4.8 Qu'en effet il présente tous les résultats possibles des échelles particuliéres'les plus exactes , qui auroient la même dunension; 5. Qu'ainsi, par exemple, étant donné le rapport , qui existe entre deux mesures différentes, à raison, pour l’une d'un certain nombre de millièmes parties de l’autre ; un œil exercé reconnoïtra facilement, à la vue simple, jusqu’à la précision d’un 1000, ou moins, et même (en se servant d’une loupe ordinaire) jusqu'à la prècision d'un demi- millième, où moins encore , tous les multiples de l’une de ces me- sures qui correspondent aux multiples de l'autre; 6.° Enfin, qu'en doublant , triplant , quadruplant , etc. les dimensions du compas , on obtiendroit une précision , non pas seulement double, Iriple où quadruple , etc., mais plus grande encore ,. comme l'a vé- rifé le C. Prosni, | 444 Mathématiques. 4 tout le développement qu’il offre aujourd’hui, avoit été soumis, à raison des différentes matières qu’il renferme, à l'examen de la première et de la troi- sieme classe de l’Institut national, celle des sciences physiques et mathématiques, et celle de la littéra- ture et des beaux-arts, et il avoit obtenu l’appro- bation de l’une et de l’autre. Les commissaires de la troisième classe avoient desiré quelques changemens dans la disposition de l’ouvrage ; et l’auteur, en se rendant à leurs vues, a donné plus d’étendue à ses recherches archæolo- giques, et les a réunies dans le second volume, On trouve le précis du rapport fait par les commissaires de cette classe, dans le troisième tome de ses Mé- moires, pag. 4 et 5 (4). L'exécution de cet ouvrage est soignée, et. fait honneur aux presses du C. Jansen, qui se distingue en général par la correction des ouvrages qu'il im- prime, genre de mérite malheureusement trop né- gligé par plusieurs de ceux qui exercent aujourd’hui la profession d'imprimeurs, et que l’on ne trouve pas même toujours dans les ouvrages des typogra- phes qui, aspirant à la réputation, cherchent à la mériter par le luxe et la beauté extérieure de leurs éditions. S. DE S. (4) Le C. Lesparat, ayant fait hommage de son ouvrage à plusieurs - des souverains de l’Europe , a reçu , de la part du roi de Prusse et de l'empereur de Russie, des remercimens très-flatteurs , et l'empereur de Russie y a joint une bague de grand prix. CO. LD J JN2L0 7 IIA UUT ART 27/10 NS NS ‘OZ Ne I AT PL d CT 7 207 ‘JILL ZUUF PAU Lo ENCHPHALO-CRANIOSCOPIE. APERCU du Système craniogromique de : GALL , médecin à Vienne (1). Dansles temps les plus reculés et les plus moder- nes, le desir de trouver à l’extérieur de l’homme les indices certains de ses facultés internes, de ses passions, dé son moral, etc., a invité des sayans à établir des systèmes de physionomie plus ou moins satisfaisans. Les plus marqués de ces systèmes sont ceux de Porta, de Lavater, la théorie de l’angle facial, et enfiu le système de Gall. Quant au premier qui s’occupe à comparer les ‘contours de Ja figure de l’homme avec celle des bêtes ; les observateurs ont décidé de sa valeur, et regardent ses principes comme le fruit d’une ima- gination égarée, ils les trouvent trop hasardés, trop peu fondés sur une observation raisonnée et ab- solumert inceitains dans l'application. Le système de Lavater a eu plus de succès, mais, tout en révérant le génie de cet homme vraiment grand observateur, on ne peut cependant pas mé- {1) Nora. Cette exposition historique , qui ne s'occupe nullement da prouver les vérités du système de Gall, ne doit'entraîner aucun juge- ment sur ce dernier, qui sera affermi , par son auleur, de raisonne- “mens solides et de preuves convaincantes. , Nous trouvons nécessaire de remarquer encore que fout ce qui esf marqué de guillemets, ne s'appuye pas sur lautorité de Gall, B. 445 Encephalo - Cranioscopie. connoifre Ja base chancelante sur laquelle reposent toutes les opinions qu'il avance, et lesprit n’est guère satisfait des vérités que l’on ne sauroit appré- cier que par une imagination aussi exaltée, et un tact aussi délicat que celui de l’auteur. La théorie de l’angle facial, qui embrasse un champ plus vaste que le système de Lavater, nous laisse dans l'incertitude sur le détail des facultés, et ne nous donne que des points de vue généraux ; mais elle nous offre cette vérité de la plus grande importance, que l'angle facial augmente de gran- deur en égale proportion avec les facultés, des ani- maux, et il se rencontre en cela, d’une manière évidente , avec les résultats généraux du système de Gall. i Sans entrer ici dans un détail scrupuleux de la marche pénible que ce savant physicien a suivie, pour parvenir à poser les bases certaines dans une science jusqu’à présent si hypothétique , il me suffira d'examiner succinctement les principes fondamentaux qui sont : 1.0 Le cerveau est l'organe matériel des fucullés internes, Loin de vouloir décider les questions métaphy- siques sur la nature de l’ame, ou de tout ce qu'on veut supposer comme cause occulte des facultés in- ternes, on est cependant forcé d'admettre un organe matériel pour leur action. | Or en remarquant que ces facultés ne se trouvent qu’où le cerveau existe, qu’elles se perdent avec Jui, que les maladies et les lésions de ce dernier Encephalo - Cranioscopie. . 447 influent sensiblement sur leur dégré et leur action, que le volume du cerveau augmente en proportion directe avec les facultés des animaux , etc. ; en ob- servant tout cela, dis-je, il n’y a rien de hasardé d’en regarder le cerveau comme l’organe matériel et intermédiaire. Noa. On pourroit objecter ici que dans plusieurs cas, des individus ont perdu une partie considérable de la substance du cerveau, sans que les facultés aient diminué sensiblement ; maïs il faut obser- ver que Ja plupart des organes cérébraux existent en nombre double, et que Jes observations que Von cite manquent d’exactitude. 2.° Le cerveau contient différens organes indépen- dants (2) entre eux , pour les différentes facullés. Les facultés internes n’existent pas toujours en égale proportion entre elles ; il est des hommes qui ont beaucoup d'esprit sans avoir de la mémoire, qui ont du courage sans avoir de la circonspection, qui ont de l’esprit métaphysique sans être bons ob- servateurs. En outre, les phénomènes du rêve, du somnam- bulisme, du délire , etc., nous prouvent que les facultés internes n’agissent pas toujours ensemble, qu’il y a souvent une très-grande activité de l’une, pendant que les autres ne sont point sensibles. (2) Cette idée d’indépendance ne doit point détruire ce principe de l'organisme animal, que toutes les parties sont dans un rapport réci- proque; elle doit marquer seulement que l’action d’un organe n’entraîne pas absolument le même degré dans un autre. 448 | Encephalo - Cranioscopie. Ainsi dans la ‘vieillesse et quelquefois dans leg maladies, par exemple dans la folie, plusieurs fa- cultés se perdent tandis que d’autres subsistent ; de plus, une occupation soutenue de la même faculté diminue sensiblement son énergie ; en passant à une autre , nous y trouvons toute Ja force dont elle est susceptible, et, tout en nous occupant, nous re- venons enfin à la première faculté qui alors a repris sa vigueur primitive; c’est ainsi que fatigué d’une lecture philosophique et abstraite, nous passons avec plaisir à celle d’une poésie, et reprenons ensuite, avec autant d’attention la premiere occupation. Tous ces phénomènes prouvent que les facultés sont séparées l’une de Pautre et indépendantes entre elles, et nous sommes portés à croire qu’il en est de même de Jleurs organes matériels. À Nota. « Nous ne sommés pas tout-à-fait d'accord « avec cette idée de Gall, et nous croyons äu con- « traire que la séparation des organes matériels doit “ être regardée comme cause de la distinction des « facultés internes, aù moins il nous paroît, ‘qu’en « supposant les facultés elles - mêmes comme sé-. « parées originairéement , nous ne pourrions plus nous « sauver du piége du matérialisme qui existé aussi- « totque l’on ne regarde plus esprit comme unité. » 3.° Le développement des organes contenus dans le crâne , est en proportion directe avec la force de leurs facultés correspondantes. Ce principe, dicté par l’analogie, repose sur cet asiome; que, dans toute la nature, les facultés se trouyené ét tinl de Encephalo -Cranioscopie. 449 trouvent ioujours en proportion avec leurs organes relatifs, et sa vérité est spécialement prouvée par les observations particulières de Gall. Îl faut remarquer cependant, que l’exercice influe beaucoup sur la force des facultés, et, qu’un or- gane mediocrement développé, maïs qui est exercé souvent , peut donner une faculté supérieure à celle qui accompagne un organe très-étendu , mais qui n’est jamais mis en action. Comme nous voyons qu’un homme d’une conformation peu forte acquiert, par un exercice continué, des forces supérieures à un autre dont Ja structure est peu athlétique. Nota. Je dois prévenir ici une opinion qui sem- ble résultér immédiatement de ce principe, et qui néanmoins est fausse, c’est que le volume du cer- veau en général est en proportion direcie avec l’é- nergie de ses facultés L’observation a démontré à Gail que lon ne peut juger de la force des facul- tés que par le développement des organes séparés, qui forment des éminences distinctes au crâne, et qu'un crâne parfaitement arrondi , de quelque grandeur qu’il soit, ne prouve jamais de grandes ni beaucoup de facultés. Je ne me rappelle pas d’en avoir entendu donner la raison par Gall; « mais je crois qu'on peut re- « garder ces cerveaux comme dans un état analogue « à l'obésité; et comme nous ne jugeons pas de la « force musculaire d’un homme ou d’un animal par « le volume de ses membres, mais par le dévelop- “ pement des muscles en particulier, je crois que Tome LI, Ff 450 Encephalo -Cranioscopre. “« de même nous ne devons juger de la force des facul= « tés, que par le développement des organes relatifs.” Le 4 principe enfin, le plus important pour la pratique du système de Gall, est celui-ci : On peut juger de ces différens organes et de leurs Jfaculiés par la forme extérieure du crâne. La vérité de ce principe est fondée sur cette au- tre, que la conformation du crâne dépend de celle du cerveau, vérité reconnue généralement et prouvée par lantériorité du cerveau , par les impressions dans l'intérieur du crâne, et par d’autres faits. Nota. Il est vrai qu’il y a des crânes auxquels, à une protubérance externe de los, il èn répond une interne ; et cette irrégularité, qui se tronve quelquefois comme maladie, et le plus commu- nément dans l’âge avancé, où les organes céré- braux n’opposent plus autant de résistance au crâne, doune quelqu’incertitude à la pratique du système de Gall ; mais c’est le sort de toutes nos vérités dictées par expérience , et d’ailleurs ces cas ne sont, pas trop fréquents. Guidé par ces principes, Gall examine la nature; il compare les crânes des animaux et ceux des hom- mes analogues et différens en facultés ; ses recher- ches lui ont prouvé, d’une manière presqu’incon- testable, non-seulement les vérités ci-dessus exposées; mais encore que les facultés des animaux sont ana- logues à celles de l’homme ; que ce que nous appelons instinct dans les animaux se trouve également dans ce dervier , tel que l’attachement, la ruse, la cir- Encephalo- Craniascopie. 451 conspection, le courage , etc. ; que la quantité des organes fixe la différence du genre des animaux, leur proportion réciproque, celle des individus $ que la disposition à toute faculté donnée originai- rement par la nature, peut être développée par l'exercice et des circonstances favorables, quelque: fois par des maladies ; mais qu’elle ne peut jamais être créée dans le vas où la nature ne l’a pas don- née (3); que l'accumulation des organes se fait d’une manière constante de derriere en avant, de bas en haut, de manière que les animaux , à mesure qu’ils se rapprochent de l’homme dans la quantité de leurs facultés , ont la partie supérieure et antérieure du cerveau plus développée , et qu’enfin , dans l'animal le plus parfait, l’homme, il y a des or- ganes dans les parties antérieures et supérieures du frontal , et des pariétaux destinés aux facultés qui lui conviennent exclusivement. « C’est sous ce dernier « point de vue que les découvertes de Gall s’accor- “ dent entièrement avec la théorie de l’angle facial, « ce qui semble affirmer davantage leur vérité. » Quant aux détails du système de Gall et à l’énu- mération des différens organes qu'il a trouvés, il est difficile d’en faire une description exacte et satisfaisante , quand on est dépourvu de la quautité de faits et d’exemples dont il se seit pour prouver, d’une maniere évidente, ce qu’il avance ; cependant je tenterai cette enumération, étant persuadé qu’elle (3) I faut que le germe d’un organe quelconque exist@ dans l’em« bryon, si le dévéloppemeut de l'organe doit se faire à la suite, FE a 452 Encephalo - Cranioscopre. contiendra plusieurs éclaircissemens sur Ja manière de voir de l’auteur, et qu’elle donnera une vraie idée du chemin à prendre powr parvenir à ses ré- sultats (4). 1. Organe de la ténacité de la vie. Le premier organe que l’auteur croit avoir trouvé, est celui de la ténacité de la vie, tenacitas vitæ : il en regarde la moelle alongée comme le siége ; et comme la circonférence du grand trou de loccipital est en proportion directe avec l’étendue de la moelle alongée , il se sert de la grandeur de ce trou pour juger de l'intensité de la vie d’un animal. Les observations qui viennent à l’appui de cette opinion sont que ce trou est ordinairement plus grand dans les crânes des femmes que dans ceux des hom- mes, qu'il est constamment étendu dans le chat ; la loutre , le castor, le blaireau, etc. , animaux connus comme d’une vie tres-tenace. Outre cela il n’y a pas de moyen plus prompt pour tuer un animal que de lui couper la moelle alongée. >, Organe de l'instinct de sa propre conservation. Plus en avant de la moelle alongée , à l'endroit où elle quitte le cerveau, l’auteur place l'organe de l’a- mmour pour la vie ou de l'instinct de sa propre con- servalion. Les animaux ne fournissant pas d'exemples de suicide , ce n’étoit que dans la race humaine qu’il pouvoit puiser les exemples en faveur de cette sup- (4) Comparez sur la planche les numéros correspond ans, Encephalo - Cranioscopie. 453 position, et plusieurs cas de suicide volontaire dans lesquels cette partie du cerveau étoit malade, l’ont déterminé à la regarder comme l'organe de cette ‘faculté, cependant ce w’est pas pour lui une vérité absolue ; il attend des exemples ultérieurs qui en attestent l'évidence. 3. Organe pour le choix de la nourriture. Les organes, pour le choix de la nourriture, se trouvent, d’après l’auteur, dans les tubercules quadri- jumeaux , dont les antérieures sont plus grandes dans les carnivores , les postérieures plus développées dans les herbivores et qui sont de grandeurs égales dans les omnivores. 4. Organes cérébraux des sens extérieurs. La partie moyenne de la base du cerveau est destinée aux sens extérieurs. C’est la région d’où partent les nerfs qui se distribuent dans les organes de ces sens. 5. Organe de l'instinct de l’accouplement. L'organe de l'instinct de l’accouplement est situé à Ja base de l’occipital, en arriere de la moelle alongée et du grand trou de l’occipital. Cet organe ne se développe que dans l’âge de pu- berté, et son accroissement influe beaucoup sur la forme de la nuque et du cou parce que cet endroit du crâne donne attache à ses muscles. Dans les animaux que lon châtre avant l’âge de puberté, le développement de cet organe n'a pas lieu, aussi il est constant que le taureau a l’en- Ff5 454 Encephalo - Cranioscopre. colure beaucoup plus large que le bœuf, et » que Îles « chevaux soumis à la castration, avant que leur « encolure soit fournie, ont toujours cette partie «“ effilée. » Dans le singe, le lievre et le coq cet organe est très-apparent , et dans les pigeons et les moineaux l’occipital lorme un sac particulier qui semble: être un appendice de Ja tête ; aussi il est Connu que ces animaux se donnent avec beaucoup d’ardeur à l’ac- couplement. On trouve quelquefois la même dispo- sition du crâne dans les hommes, et Gall conserve dans son cabinet plusieurs erânes d’imbécilles qui se distinguoient par leur lascivité, et dont l’occipital présente une énorme saillie, 6. Organe de l’umour récirroque des parens et. des P P enfans. L'organe de l’'aniour réciproque des parens et des enfans , occupe toute la partie postérieure et supé- rieure de l’occipital ; il est par sa position en liaison intime avec l'organe précédent, dont Paction doit nécessairement influer sur lui. « Quelquefois son dé- «_ veloppement excessif contribue à former ce pro- « Jongement de l’occipital en forme de sac dont nous « avons parlé à l’article précédent. » Cet organe se trouve en général plus prononcé dans les femmes que dans les hommes , et par toute la nature, plus dans le sexe feminin que dans le masculin ; il est très-apparent surtout dans les sin- ges, dont l'amour pour ses enfans est si connu, qu’il a même passé en proverbe, Encephalo - Cranioscopie. 45ù … « En général, tous les animaux qui montrent « beaucoup de tendresse pour leurs enfans , en sont « pourvus, et il nous semble que les pigeons, dont « Je mâle ainsi que la femelle couvent les œufs, « et qui nourrissent leurs petits par une espece de « rumination, peuvent en donner un exemple. » Le coucou , qui n’éleve jamais ses petits , est presqu’entièrement dépourvu de cet ergane. 7, Organe de l'attachement , de l’amitié. À la partie postérieure et moyenne des pariétaux, et la partie latérale de loccipital , se trouve l'organe de l’attachement ou de l'amitié, . « Sa position se met en connexion intime avec “ les deux organes précédens, et il paroît que « l’action de ces trois organes ensemble a lieu sur- « tout chez les animaux qui doivent vivre en société. » Les chiens nous offrent des marques d’attache- ment Jes plus surprenans, et ce sont surtout les barbets , les bassets, et les chiens de cour qui en fournissent des exemples ; aussi ces espèces se dis- tinguent par une tête large, sur laquelle on trouve le développement de cet organe postérieurement et supérieurement de l’apophyse zygomatique. Le lé- vrier,. qui est moins susceptible d’attachement, a Ja tête plus reiserrée postérieurement , et manque pour l'ordinaire de cet organe. 8, Organe du courage. s C’est l’angle postérieur et inférieur du pariétal qui répond à l'organe du'courage. I contribue à agran- Ff4 456 Encephalo - Eranioscopie. dir la largeur de la tête, et à écarter les oreilles l’une de l’autre. Sa proximité aux trois organes pré- cédens nous explique la fureur des animaux en rat, et l’excès du courage de ceux qui ont des petits ou qui protégent leur femelle ou les individus de leur société. Il est très-marqué dans la hiène, le lion , le loup, quelques espèces de chiens, et surtout dans le san- glier dont la téméiité est connue. L’âne au contraire , le lévrier, la brebis, le hevre , qui se distinguent par leur timidité, sont entièrement privés de cet organe; leur tête est étroite postérieurement et leurs oreilles sont très- rapprochées. Un phénomène assez surprenant semble venir en- core à l’appui de l'opinion de Gall sur le siége de cet organe ; c’est le mouvement involontaire de l’homme qui perd le courage. Il se gratte derrière les oreilles , comme voulant exciter l’action de l’or- gane qui lui donne cette faculté. Nota. « Nous avons remarqué un mouvement « des chats qui nous paroît avoir quelque ressem- « blance avec ce dernier , et qui se rapporte à “ l’organe de l'attachement. C’est qu’en caressant « l’homme ils lui présentent toujours la partie pos- « térieure de la tête pour la frotter contre lui. = 9. Organe de l'instinct d’'assassiner. Plus en avant de l’organe du courage, vers le milieu de la partie latérale des pariétaux, réside Vorgane de l'instinct d’assassiner. Encephalo - Cranioscopie. 457 IL est développé dans tous les carnassiers qui vi- vent de proie; et Gall Pa trouvé sur le crâne de plusieurs criminels assassins. 10. Organes inconnus. Deux organes qui répondent au temporal, sont inconnus jusqu’à présent quant à leur fonction. : 11. Organe de la ruse. L’organe de la ruse occupe la partie antérieure et inférieure des pariétaux ; 1l est développé dans tout les animaux qui se distinguent par cette faculté, comme dans le renard , la, fouine, le chat, le plon- geon (5), et il est en liaison la plus intime avec l'organe du larcin, qui n’en constitue qu'un prolon- gement plus en avant vers l'orbite, et qui se trouve dans le chat , quelques chiens, et dans la pie. C’est peut-être au développement de cet organe qu’il faut attribuer l’élargissement que des obser- vateurs ont trouvé aux têtes de Kalmouks, parmi lesquelles l’inclination au Jarcin est un caractère pational, 12. Organe de la circonspection. L’organe de la circonspection se trouve au milieu des pariétaux, au dessus de l’organe de la ruse, et de celui de l'instinct d’assassiner. Son développement excessif donne lirrésolution, (5) Une observation qui nous paroït difficile à ranger, est que Gall a trouvé cet organe constamment développé dans les poëtes; il n’en donne nulle explication, mais son observation est fidelle. 458 Encephalo-Cranioscopie: son défaut l’étourderie ; il est {rés-prononcé dans le chamoiïs et le chevreuil , dont la circonspection est très - marquée, et qui ne marche qu'avec la plus grande précaution sur un chemin inconnu. De même il se trouve dans les animaux qui ne sortent de leurs habitations que la nuit, tels que les hiboux, les loutres, etc. 13. Organe de l'instinct de s'élever. ” L'organe, au milieu du bord interne des parié- taux, à la partie moyenne supérieure et un peu postérieure de la tête, nous donne une vraie idée des difficultés qui s’opposent aux recherches de Gall, et nous fournit en même temps un exemple frappant des opinions heureuses de ce grand observateur. Il trouva cet organe bien développé dans le cha- mois, et plus encore dans le bouquetin ; il le remar- qua de même dans plusieurs hommes qui se distin- guoient par leur orgueil. Il étoit difficile de rap- porter ces observations sous un seul point de vue; mais, en considérant que le chamois habite les endroits élevés des montagnes, que le bouquetin . Cherche toujours à monter encore plus haut, et que l'orgueil, examiné attentivement, n’est que la vo- —“lonté d’être au dessus des autres, il fut persuadé alors que ce devoit étre le même organe qui pro- duisoit ces effets, différens en apparence , et il le regarda comme l'organe de l'instinct de s’élever. La tête, portée en haut et en arrière de l’homme orgueilleux, contribue à affirmer davantage son opi- hiun. Encephalo - Cranioscopie. 459 Nota. « I] nous semble que le tableau de l’homme orgueilleux , mis en opposition avec celui de l’homme soumis et modeste, rend plus frappante encore la vérité de cette idée. Dans le premier, tout se dirige en haut; il hérisse la frisure, leve la tête, hausse les sourcils, relève les pau- pières, efface les épaules, marche sur la pointe du pied , et ne regarde tout ce qui l’environne que comme au dessous de ni; dans le dernier , au contraire, la chevelure tombe naturelle- ment, les paupières, lex sourcils et la tête sont baissès, le corps et les genoux sont légè- rement ployés ; enfin tout désigne un état de soumission , et sans desir d’être au dessus des autres. » 14. Organe de l'amour de la gloire. Si cet organe est plus étendu sur les côtés , il forme celui de l’amour pour la gloire, penchant trèes- analogue à l’orgueil. 15. Organe de l'amour pour la vérité, La fonction de l'organe qui se trouve à l’angle postérieur et supérieur des pariétaux n’est pas en- tièrement fixée par Gall ; cependant il a des raisons P< ; CEP pour regarder cet angle comme le siége de l'organe de l'amour pour la vérité; mais il n’a pas encore re- P 5 P cueilli assez de faits pour en être intimement con- vaincu. Nota. « Nous avons quelque peine à nous per- suader de cette fonction, attribuée par Gall , à 460 Encephalo - Crarngoscopie. ce dernier organe ; il nous paroît qu’un organe « qui se trouve au milieu de ceux dont les ani- “ maux sont pourvus , ainsi que les hommes , ne doit pas étre destiné à une faculté qui , comme « Ja véracité, ne convient qu’au dernier. « Cependant il enest peut-être de cette faculté comme de l’orgueil, qui subit une grande mo- « dification dans les animaux; et nous avouons « avoir trouvé deux hommes, dont Jun, qui se « distinguoit par une véracité extrême, étoit muni de cet organe au plus haut degré ; l’autre, au con- “ traire, qui penchoit au mensonge extraordi- - nairement , en étoit dépourvu tellement que sa « tête offroit à cet endroit un creux, au lieu d’une « protubérance, » Dans la partie antérieure et inférieure du frontal, Gall a trouvé plusieurs organes dont la fonction est très-importante. Au commencement de ses recherches , il les re- garda comme des organes de différentes espèces de mémoire ; mais voyant à la fin que leur action n’est pas reproductive seulement, mais aussi productive, il fut déterminé à les regarder comme les organes de sens particuliers, et d'établir sur cette observa- tion l’opinion que la mémoire en général n’est que Paction reproductive de tous les organes, l’imagi- mation, au contraire, leur action productive. Le mouvement automate de l’homme qui cherche à se ressouvenir de quelque chose, semble étre en rapport avec ces organes. Il porte involontairement \ Encephalo - Cranioscopre. 461 la main sur la base du front. Cette action, quoi- que inapercue de celui qui la fait, est cependant constante, et ne se confond jamais avec celle dont nous ayons parlé plus haut, à l’occasion de l’organe du courage. 16. Organe du sens de localité. L'organe du sens de localité occupe la partie an- térieure du frontal qui répond aux protubérances au dessus des orbites [ protuberantiæ suprà orbitales ) ; il accompagne ordinairement les crânes de ceux qui se distinguent par de grands sinus frontaux, et qui présentent toujours à l’intérieur une cavité corres- pondante à une éminence du cerveau. Juand il agit réproductivement , il constitue ce que nous appelons mémoire de localité { memoriæ localis) ; agissant productivement, au contraire, il détermine à des combinaisons de localités nou- velles. Cest lui qui, dans des endroits inconnus, guide le limier dans lequel il se trouve tres-prononcé; il existe dans tous les oiseaux de passage; il les invite à changer de lieux , à faire des voyages éloignés , et à retrouver l’endroit de leur première habitation : la cigogne et l’hisondelle en sont éminemment pourvus ; aussi ce sont les animaux qui s’éloignent le plus de nos pays. Dans les hommes, qui en sont munis, nous remarquons de même une grande mé- moire pour les lieux et le desir de voyager; aussi il se trouve constamment daus les babiles peintres en paysages. 462 Encephalo - Cranidscopie. « Un général, qui fait les dispositions d'une ar+ « mée, et qui d’un seul coup-d’œil doit voir tou « tes les localités du pays qu’il occupe, ne sauroit « se passer de cet organes » Le grand Frédéric nous en fournit un exemple frappant. Dans l’âge avancé, cet organe est un de ceux qui diminue sen- _siblement : aussi il ést reconnu que toute espèce de mémoire et d'imagination se perd à mesure que : Jhomme vieillit ; alors les sinus frontaux augmentent intérieurement ; l’action du cerveau ne s'oppose plus autant à leur développement. 17. Organe du sens pour les fuits [ sensus terum ). Le sens pour les faits a son organe correspondant dans la partie inférieure et antérieure du frontal, au milieu et au dessus du précédent ; il agit produc- tivement et réproductivement, et, dans le dernier cas, 1] donne la mémoire des faits et des choses. C’est un organe très -nécéssaire à l'éducation et à l'instruction |, qui demandent absolument que l’on se souvienne des choses passées; il est soumis dans la vieillesse aux mêmes changemens que le précédent. 4 Dans les animaux, l'éléphant se distingue surtout par le développement de cet organe ; aussi c’est lui qui retient, avec le plus d’exactitude, les faits et les actions qui ont rapport à lui. * « Parmi les hommes, nous avons trouvé cet or- “ gane , non-seulement dans ceux qui ont beaucoup s de mémoire pour les faits et les choses, mais en- «“ core dans ceux que l’on peut appeler têtes systé- LA 2 Encephalo - Cranioscepie. 463 matiques, qui rangent tous les faits en ordre, et qui en tirent des conclusions, dans ceux qui sont d’une conception facile, et qui se distinguent par une envie de savoir tout ; il nous paroît même que l'opération de combiner les faits pour en tirer un résultat est une action principale de cet organe ; du moins l'éléphant, qui garde dans sa trompe de Peau pour en arroser en passant celui qui l’a offensé la veille ; range plusieurs faits, et en tire un résultat qui est une vraie conclusion logique ; et nous ne connoïissans pas d’autre organe dans Péléphant auquel on puisse rapporter cette ac- tion. « Lé mouvement automate de l’homme qui s’a- percoit qu’il a déraisonné, semble venir à Pappui de ces suppositions ;-il se frappe sur le milieu du front. » 18. Organe de peinture , le sens pour les couleurs. L'organe du sens pour les couleurs où de la pein- ture occupe la partie antérieure du frontal, au dessus de lorbite ; Gall a remarqué cet organe dans tous les peintres à grands talens. « « Li L1 « Comme cette découverte ne nous est parvenue que depuis peu, nous r’avons pu recueillir qu’un petit nombre d’observations ; cependant nous l’a- Yons remarqué dans quelques individus, et il est tres-apparent dans la tête de Raphaël, au Musée national , n,° 59,» 464 Encephalo - Cranioscopie. 19. Organe du sens pour les nombres. L'organe qui correspond à la partie inférieure et extérieure du frontal , près de l’apophyse zygoma- tique de cet os, a la fonction du sens des nombres ; il existe dans les hommes qui ont beaucoup de mé- moire pour les nombres, et dans les aithméticiens qui font avec beaucoup de facilité des combinaisons de calculs ; il existe dans une espèce de pie qui a la faculté de compter jusqu’à neuf, seul exemple conou parmi les animaux. « Nous avons eu occasion de remarquer cet or- « gane sur la tête d’un aveugle , aux Quinze-Vingts, # qui se distingue par ses talens arithmétiques; et « Gall conserve des bustes de plusieurs hommes qui « en fournissent des exemples ties-instructifs. » 20. Orsane du sens musical. Au dessus de cet organe se trouve celui du sens musical ou pour les sons. Il agit de même que les autres organes, produc- tivement et réproductivement ; il doune la mémoire pour les sons; il facilite de nouvelles combinaisons des compositions musicales; 1] invite les oiseaux à chanter ; il agit dans ceux qui apprennent à parler, et dans lesquels le langage n’est fondé que sur cette mémoire pour les sons. 11 manque ab:olument aux animaux qui n’ont pas de sens musical; il est très-développé dans le per- roquet et l’étourneau ; et les grands musiciens Gluck, Mozart , Haydn, Pleyel, nous en fournissent des exemples frappans. 21: Encephalo - Cranioscopie. 465 21. Organe du sens pour la mécanique. Dans la partie latérale et inférieure du frontal se trouve l’organe du sens pour la mécanique. Le castor qui construit des bâtimens en est éminem- ment doué; il existe dans le mulot et dans les oi- seaux qui font leurs nids avec beaucoup d'art; il se rencontre dans les hommes qui ont du talent pour les objets de mécanique, qui construisent avec fa- cilité une machine quelconque, qui se servent avec dextérité de leurs mains, et qui se distinguent dans les différens arts qui demandent un travail manuel. Quoiqu'il soit très-diicile de juger de l’existence de cet organe , quand il n’est développé que médio- crement, « parce que le muscle /enporo-maxillaire « recouvre cette partie du crâne ; cependant il est “ très-éminent si la faculté existe dans un degré su- = périeur , et c’est alors.un des organes sur lesquels «“ on peut avoir le moins de doutes, » 22. Organe de la mémoire verbale. Dans l'intérieur de l'orbite, au fond de la partie supérieure , existé l’organe de la mémoire verbale ; il peut être remarqué lors de son développement par l'influence qu’il exerce sur la position du globe de l'œil, qu'il pousse toujours en avant et plus ou moins hors de l'orbite. Les personnes qui en sont pourvues retiennent facilement les mots par cœur. Gall, étant jeune en- core , remarqua cette faculté dans plusieurs de ses condisciples qui ne brilloient uniquement que par ce talent, et quis distinguoient par des yeux très- T'omel- Gg 466 | Encephalo - Cranioscopie. protubérans. Ce fut la première osbervation qui donna dans la suite la direction à ses recherches ; nombre d’observations sur cet organe ont depuis ap- puyé la vérité de son existence et de sa fonction. 23. Organe du sens pour les langues. L’organe, à la partie extérieure et supérieure de l'orbite , est appelé, par Gall, organe du sens pour Jes langues. Sa présence influe considérablement sur la position du globe de l'œil; elle le pousse en bas et vers le nez, et angmente sa distance du bord su= périeur de lorbite; dans les animaux il n’existe nul- lement ; aussi dans ceux-ci le globe de l’œil est plus dirigé vers la partie latérale extérieure de lorbite. Son développement accompagne constamment les talens distingués pour les langues ; il est éminent dans les grands philologues; et, quoiqu'il soit dif, ficile de juger à l'extérieur de son existence, ces pendant nous ayons remarqué qu’il n’a jamais échappé à l’œil observateur de Gall, et qu’en aueune occa- sion il ne s’est trompé sur ce point. 24, Organe de la mémoire pour les personnes, La fonction de l’organe à la partie supérieure et interne de l'orbite n’est pas encore reconnue pat Gall; cependant plusieurs observations sur l’homme etles animaux, tels que le chien et le cheval, ont déterminé à le supposer l'organe de la mémoire pour les personnes. Son développement doit, de même que celui des précédens, influer sur Ja position de. Pœil ; il doit contribuer à l’écarter du bord supérieur _ÆEncephalo -Cranioscopie. 467 de l'orbite, et. le pousser vers la partie latérale ex- terne, si un développement égal de l'organe précé- dent ne contre-balance son effet, | 2. Organe de la libéralité. L’organe de la libéralité réside à la partie anté: rieure du frontal, au dessus de ceux du sens de loca- lité ct du sens pour la peinture (n.°% 16 et 18), et à côté du sens musical ( n.° 20); son développement «extrême accompagne le prodigue ; il manque à l’a- vare; ét alors cette partie du frontal forme un creux. Gall en possede des exemples nombreux, « La proximité de l’organe de la musique et du « sens pour Ja peinture (n.°% 18 et 21 ) semble favo= « riser souvent le développement de celui.de, la li- « béralité; et c’est peut-être une des raisons pour laquelle nous trouvons si souvent des prodigues « parmi les hommes qui excellent par leurs talens “ en ce genre, » Nous observons constamment que plus l’homme vieillit, plus il devient avare ; aussi dans l’âge avancé la diminution de cet organe est si marquée, qu’elle donne lieu à une étendue quelquefois très-considé- rable des sinus frontaux. 26. Organe de l'esprit comparatif. L’organe au dessus du sens pour les faits, au mi- ligeu du front , est destiné à,une faculté, que Gall appelle esprit comparatif /judicium comparativum ), 11 foime une éuinence oblongue ; et il.se trouve dans les hommes qui, en parlant, se servent faci- G'o 2 Le] 468 Encephalo- Cranioscopie, Jlement d'images ou de tropes, qui ne sont pas em- ( . - . L 2 barrassés des expressions, qui racontent bien, qui ont beaucoup d’éloquence. 27. Organe de lesprit métaphysique. Si cet organe est plus développé vers les côtés , de sorte qu’il forme une éminence arrondie qui s’6- lève au milieu du front , il est l’indice de l’esprit métaphysique. Parmi les bustes des philosophes des temps passés , c’est surtout celui de Socrate qui nous en donne un exemple des plus éclatans : parmi les philosophes modernes , marqués de cet organe, je ne cite que Kant comme un des plus célèbres. Nota. « Je me rappelle d’un de mes premiers « condisciples, auquel nous avions donné le sur= « nom de philosophe , à cause de son penchant « pour les sciences abstraites; son front présente un développement très -sensible de cet organe, = 28. Organe de l'esprit d'observation. L’organe de l'esprit d’observation s’étend sur toute la partie antérieure du frontal , et son déyeloppe- ment rapproche plus ou moins le front de la ligne verticale. On le trouve sur tous les crânes des obser= vateurs de tous les siécles : le célèbre médecin Frank en est doué à un degré éminent, et Gail lui-même en ést pourvu à un point très-évident, 29. Organe pour l'esprit de la satyre. L'organe pour l'esprit de satyre et les facétieé Encephalo - Cranioscopie. 469 (HPitz des Allemands, 771it des Anglois, facetiæ en latin), répond aux bosses frontales. Gall conserve plusieurs exemples qui prouvent la vérité de cette opinion, et nous l'avons trouvée constamment vraie. 30. Orsane de la bonté. L’organe de la bontése trouve au milieu du front, au dessus de celui de Pesprit comparatif (n.° 26). Il forme cette élévation oblongue , que nous trouvons constamment dans les têtes du Christ, de Marie, peintes par Raphael et Corrège , et contribue beau- coup à leur donner cette empreinte de douceur et de bonté qui nous enchante ; il accompagne tou- jours les crânes des hommes qui sont bons naturel- lement , et manque à ceux qui sont méchans et vin- dicatifs (6). Parmi les animaux le chevreuil, la biche, le pi- geon , etc., en sont pourvus; il manque au con- traire aux animaux de proie, par exemple, à l’aigle, à l’étourneau , au tigre, au renard , etc., alors le frontal au lieu d’être voûté et élevé, est déprimé et creux. 31. Organe de musique ou du talent théatral. L’élargissement tres-prononcé du sommet du frontal est dû au développement de l’organe pour la repré- sentation des sentimens par des gestes, organe de musique ou du talent théatral. (6) Il n’est nullement question ici de la bonté qui résulte des prin- eipes de moralité , il s'agit seulement de celle qui existe comme ins- tinct, sans être le fruit de reflexions morales. Gg 3 470 Fnccphalo - Cranioscopte. « Galla recueilli beaucoup d'observations qui prous lu vent la vérité dé cette opinion, et l'on ne peut ‘« Ta méconnoître en regardant d’un œil attentif les «têtes dés grands acteurs des différens théâtres de « Paris. » Nota. «Nous croyons encore avoir observé que 4 « cet organe est, particulièrement développé dans « Jes sourds et muets , ét nous attribuons cela à la « nécessité dans laquelle ces personnes se trouvent “de le faire agir coptinuellement, exercice qui on doit nécessairement favoriser son perfectionne- « ment.» 1 41 og 10: d E 32: Orvane de la théosophie: L’organe de là théosophie occupe la partie la plus élevée du frontal. Toutes les représentations des saints, que Panti- quité nousa conservées , nous én offrent des exemples tres-instructifs, et s'il ÿ én a une seulé qui manque de ce caractère, il est sûr qu QE HIS aussi d'expression. Son développement excessif se trouve dans les fanatiques religieux ,.et dans les hommes devenus fous par superstition ét par des idées religieuses. C’est le siége de cet organe qui, selon Gall, a déterminé toutes les nations à regarder leurs dieux comnie au dessas à elles, à un endroit élevé dans les cieux; en effet, en nr cet objet d’un il philosophique, il n'y a pas plus de raison pour «placer dieu au dspaus du globe que PQRR le.supposer au dessous, A Encephalo - € ranioscopie. 471 33. Organe de la persévérance. Le dernier des organes jusqu’à présent trouvés par Gall, est celui de la persévérance, de la constance, du caractère ; il réside à la partie antérieure et su- périeure des pariétaux au milieu de latéte; existant à l’excès, il donne l’entétement , et l’inconstance est la suite de son défaut. « Quant aux parties du crâne auxquelles Gall n’a “ pas encore trouré des organes, il est vraisem- « blable que ses recherches ultérieures lui fourniront « les moyens d'y parvenir un jour, c’est sur quoi «“ l’ouvrage, qu’il a intention de publier , nous don- pera des détails plus étendus. Aussi c’est à lui de « nous persuader, d’une manière peut-être incon- « testable, de Ja vérité de son système , dont l’ex- « position ne sauroit être satisfaisante dans un traité « aussi incomplet, » Nous trouvons nécessaire de remarquer encore que tous les organes énumérés ne s’aperçoivent dis- {inctement que dans les individus qui jouissent d’une faculté quelconque à un degré éminent , et qu’ilest impossible de juger avec justesse d’un talent mé- diocre , son organe étant alors trop confondu avec ceux qui l’environnent. « Quant aux reproches que s dans ces derniers jours on a fait au système de u Gall, qu’il menoït immédiatement au matérialisme, “ nous n’en voyons pas les raisons philosophiques. « Tout en supposant des organes pour l’action des facultés internes, la distance immense de la pen- « sée à la matiere reste la même; des objets d’une Ge 4 472 Encephalo - Cranioscopie. « nature aussi hétérogène , ne sont pas susceptibles « d’aucunrapprochement. D'ailleurs il reste à l’hom+ « me la volonté intacte; c’est elle qui doit contre- « balancer l’action des organes; c’est la moralité qui « doit l’emporter sur les passions. » L, Bogsanus, Docteur en médecine | membre de la Société de médecine de Tena, de'celle de Paris, et de celle des Observateurs de PHomme. EE LI PEN RE Vi OA CHE Vor46cE en Italie, par Frédéric -Laurent MEYER, membre du chapitre de la ca- thédrale de Hambourg ; traduit de Palle- mand par Ch. VAN DERBOURG. 1 volume in-8.° Paris, chez Henrichs , libraire, rue de la loi, n° 1231. Prix, 4 fr. do cent., et 6 fr. par la poste. Excors un voyage d'Italie; mais ce n’est pas une description complète et systématique ; c’est unique- ment une suite de tableaux et de situations pittores- ques que l’auteur s’est contenté de décrire, suivant qu’il en a été affecté ; et on peut dire qu’il Pa été vi- vement ; en effet, on croit lireun poème produit par l’enthousiasme que les objets excitent en lui. A peine le voyageur apercoit les plaines d’Italie, que son I'alie. 473 imagination embellit tout ce qui l’environne. Ici l'admiration commence et ne finit qu'avec le volume. Cette exaltation poétique est, sans doute, un hom- mage que M. Meyer rend aux beautés de la nature répandues sur cette terre privilégiée; mais ne doit- on pas être en garde contre la vérité de ces des- criptions charmantes qui embellissent tout ce qu’elles peignent. Cette admiration devient plus tranquille, un calme Drenfaisant lui succède à l’aspect de la magnifique église de Sainte-Justine de Padoue. Les religieux bénédictins, qui la desservent, sont pos- sesseurs d’une hibliothéque qu’ils ne connoissent pas, et d’une cave bien fournie qu’ils connoissent mieux ; ils font part aux voyageurs du meilleur vin qu’elle contient , et dont il n’est point reconnoiïssant , puisqu'il répète ce lieu commun qu’on a lu partout contre l'ignorance des moines; reproche d’autant plus injuste, qu’on ne peut pas méconnoiître les services que les religieux de Saint-Benoît ont rendu à l’église, à la littérature , à l’histoire, à la di- plomatie. Venise présente au voyageur une ample matière à son goût descriptif; on n’y trouveroit rien qu’on ne connût déja , s’il u’avoit pris sous sa protection Pinquisition d’état qu’il croit nécessaire au maintien de sa constitution ; ce n’est pas qu’il veuille justifier les actes de tyrannie, et même de barbarie, que ce tribunal secret à souvent exercés.« Je le déteste, « dit-il, je déteste encore plus la constitution qui “ rend un tel fléau nécessaire. Je déplore le sort « des citoyens d’un état qui ne conserve son existence 474 _ Voyage. “ que par un moyen aussi violent. » 1] semble que d’autres aristocraties ont subsisté aussi longtemps que celle de Venise, sans un élai politique aussi dangereux pour la liberté. Les dévastations des sol- dats d’Attila avoient jeté dans les lagunes les peu- ples qui en fuyoient les excès; ils y fondèrent une ville et une république. L'égalité en fut la pre- mière loi; mais la population augmentant , il fallut avoir recours aux institutions politiques, la rivalité de quelques familles , devenues puissantes par le commerce , la conduisirent, pour sa tranquillité , à être gouvernée par un magistrat suprême. Ce chef, subordonné au corps de la nation, ne fut point un frein contre la licence du peuple et l’ambition des riches. Les dissentions , les séditions menacoient de la destruction , la nouvelle république. Les familles dominantes profitérent du désordre pour s'emparer de l’autorité , et pour distribuer toutes les places, et le gouvernement aristocratique succéda au gou- vernement populaire. Dans le XIV.® siécle, cette nouvelle forme de gouvernement fut au moment d’étre renversée par l’abus que les praticiens faisoient de Jeur pouvoir ; on ne le sauva que par l’établissement du conseil des Dix, d’où sortit une commission de trois membres, devenue ensuite lPinquisition d’état. Ce pouvoir fut bientôt despotique et redoutable aux patriciens même , qui firent tous les efforts possibles, dans plusieursécirconstances, et jusqu’à nos jours, pour le détruire ; mais le peuple le regardoit comme le soutien de l'égalité, le frein de l'ambition, le lien de toutes les parties de la république, le soutien Tialie. . " 47 des loix. Cette prévention populaire a permis aux inquisiteurs d’exercer des cruautés qui tiennent de Ja barbarie, de se permettre des actes arbitraires qui sont redoutables aux citoyens et aux voyageurs. Rien ne prouve mieux les défauts d’une constitution que la nécessité de créer une force indépendante, pour en maintenir l'existence. Le voyageur Meyer, après avoir entendu les con- servatoires de musique, visité les églises et les autres bâtimens dans lesquels sont renfermés les chef-d’œu- ‘vres de l’école vénitienne, reprit le chemin de la Ferre-Ferme , et parcourut Jes états du pape, pour blâmer Jes négligences du gouvernement au sujet des terreins marécageux qu’il rencontre autour de Ferrare et de Ravenne, et pour condamner Pie VI d’avoir préféré les desséchemens des Marais-Pontins, à ceux + dont il parle ; il prétend que ce souverain , que la persécution a immortalisé , par le courage avec la- - quelle il l’a soutenue, n’a voulu que faire parler de lui par cette entreprise , et s’est peu occupé de la manière dont elle étoit exécutée, ce qui est con- traire à la vérité. M. Meyer passe le Rubicon un peu plus hardiment que César , mais non sans se livrer à des pensées sombres qui le font frissonner .toute la nuit; il en est distrait à la vue du port .-d’Ancône , et surtout apres avoir gravi le Garbetta, rocher qui domine la ville, la mer et la campagne, et d’où il vit la grande scène du lever du soleil. Ce foyer étincelant. de gloire le rémplit de sublimes impressions et lui fit passer les z1omens les plus augustes de sa vie. ajoute: L'imagination n’a pas de 476 Voyage. fête plus brillante que leur souvenir. Ces jouissances furent :affoiblies par la rencontre des caravanes de pélerins montant à Lorette ; par leurs lamenta- tions et les chants qu’ils entonnoient en l’honneur de la madone. On s’attend bien que le membre de la cathédrale de Hambourg trouve à s’égayer sur les diverses sortes de dévotion des pieux pélerins , dont il prétend avoit été, témoin ; il croit que la fumée de l’encens qu’on brûle dans la sainte maison, les étourdit de manière à leur causer une sorte de vertige qui les prive de leur raison. M. Meyer n’oublie point de nous peindre les en- virons de Terni et de Narni, ainsi que la cataracte de Vélino, avant d'arriver à Rome. La comparaison de Rome ancienne avec la Rome moderne, le jette dans d’affligeantes réveries, dont l’aspect de la co- lonnade de Saint-Pierre vient larracher. Nous le laisserons occupé de la description de cette immense basilique ,\'et de ce qui l’entoure. Lorsque le phi- losophe voyageur fait part à ses lecteurs de ses ob- servations sur les mœurs des Romains, sur les vices de Padministration, sur la foiblesse du gouverne- ment , on croit lire un supplément aux déclamations partiales et injustes de Gorani, et à quelques cha- pitres des mémoires pour servir à l’histoire de Pie VI. Sile peuple est ignorant, sans éducation , paresseux, sans industrie, s’il est familiarisé avec le crime, c'est, selon lui, à /a religion et à lu police qu’on doit attribuer tous ces vices, cette grossièreté bar- bare qui caractérise la populace romaine. Tous les reproches qu’il fait au gouvernement sont aussi dé- \ Italie. 477 placés qu’exagérés; et on peut lui appliquer la ré- flexion qu’il fait au commencement du chapitre IX: « Il est aujourd’hui de mode , parmi les voyageurs, “ de porter des jugemens absolus sur le moral des « nations, sans penser combien il est hasardeux de « décider ainsi du mérite d’un peuple , après quel- « ques mois de séjour dans le pays qu’il habite, « où l’on arrive rarement sans apporter des préjugés favorables ou défavorables. » On peut accuser ce voyageur d’avoir paru à Rome avec des préventions de cette dernière espèce , lorsqu'on lit les détails qu’il fait de la rusticité, de lincurie , de la férocité du peuple de Rome ; lorsqu'on peut lui reprocher de n'être pas juste envers Pie VI, qui avoit fait usage de son autorité pour détruire l’immoralité et Ja licence de cette populace efFrénée, pour la rendre dépendante deslois, Les punitions, les supplices même ne purent la soumettre, parce qu’il ne voulut pas, sans doute, faire usage des moyens violens et quel- quefois injustes, dont se servit Sixte V. « M. Meyer « avance, que ces mesures de répression ne furent « point suivies, parce que c’est sur l'ignorance per- « fide des peuples, que le despotisme des prêtres « et des princes est fondé. Aujourd’hui que l’esprit « du siécle est soulevé contre le despotisme , au- « jourd’hui que l’état de l’église voit toutes ses res- « sources diminuer avec la considération du Saint- « Siége, la politique de la cour de Rome semble “ avoir un double motif de laisser le peuple dans « sa barbarie, pour l’opprimer plus impunément. On 478 : Voyage. « empêche la multitude de songer à la conduite du : « gouvernement, en détournant son attention sur « d’autres objets, en le livrant à ses passions, en- « s’occupant de ses plaisirs et des spectacles religieux « dont Rome est le théâtre le plus magnifique. » Cette accusation hasardée et injuste ne doit pas sur- prendre de la part de l’auteur; mais nous lui de- manderons simplement , s’il vaut mieux exciter les passions du peuple, que de l’abandonner à celles qui tiennent à son caractere. L'expérience répond, et résoud le probléme. Les cérémonies de l’église fixent l’attention du voyageur, et excifent en lui une vive émotion, quoiqu’il eût préparé son ame à se préserver de cette, impression de sensibilité, il décrit celle de lAscen- sion et celle de la Fête-Dieu. Ici le narrateur est vrai parce qu'il a vu, parce qu'il a senti, parce qu'il a été entraîné, ses préjugés se taisent devant ses sensations, « La procession de la Fête-Dieu est « une scène aussi bien composée, qu’il est possible, « pour produire le plus grand effet sur le peuple, « et Pie VE étoit un acteur supérieur, dont la di- « snité des attitudes, la noblesse et la grace des « mouveméns , et surtout lexpression de piété et de « Componction , ajoutoient encore au spectacle qui « l’environnoit. Mais que fit le peuple après la co- « templation de cet acte religieux dont il venoit « d’être ému, demande M.'Meyer ? Il court se livrer “ le reste de la journée , comme le peuple de toutes. « Jes nations, à la joie, aux festins, à la débauche Italie. 479 « même, il ajoute au meurtre, à l'assassinat ; » car il voit toujours le romain armé d’un poiguard, et s'en servant dans ses rixes ou dans ses ven- geances. La fête de Saint-Pierre, l’illumination magique de son église, l’explosion de Ja girandole du château Saint-Ange , la présentation de la Haquenée , la béatification du bienheureux Labre et son histoire, sont des objets qui occupent le voyageur , et il ne quitte Rome qa’après avoir parcouru , aux flambeaux, Je fameux musée Pio-Clémentin, dont il semble qu’on pourroit admirer les précieuses et nombreuses riches- ses, par un beau jour; il ne s’éloigne que pour par courir les béautés que la nature a prodiguées à Tibur T'voli, les ruines de la villa Adriana, de celles de Mécéne ; pour chercher dans Tasculum , Frascati, Ja maison de Cicéron , l’antre de la Sibylle, pour passer de-là à Albano , à Nemi , et ensuite, prenant la route de Brindes, il traverse les Marais-Pontins sur cette via Appia, que Pie VI découvrit et ré- tablit ; il fait l’histoire de ces marais, et des diverses tentatives que les anciens Romains et les papes ont faites pour les rendre à la culture. On s’attend bien que les travaux , les desséchemens, les dépenses que Pie VI à ordonnés et surveillés, n’ayant pas eu tout le succès qu’on en espéroit , il est accusé de n’avoir travaillé que pour la renommée, que pour satisfaire son ambition de gloire ; il prétend que, pour le flatter, on a eu soin de répandre que toutes les tentatives ont réussi, que Pair est devenu plus 480 Voyage, salubre , qu’il ne manque rien au desséchement de la plus grande partie de ces marais; mais rien n’est moins solide, dit M. Meyer ; le mécontente- ment des Romains qui voyent s’écouler par-là les trésors de la chambre apostolique, d’une part, et les manœuvres secrètes de quelques familles puissantes, qui avoient le droit de pêche et de chasse dans ces marais, et qui n’étoient pas satis- faites des dédommagemens qui leur étoient promis d'autre part, s’opposèrent toujours, avec la nature du terrein , à l’entière réussite de cette grande entreprise qui a occupé les Appius, les Auguste, les Trajan , les Théodoric. Notre voyageur quitte ces lieux pauvres et dangereux, et traverse cette fertile Campanie, si chantée par les écrivains de l'antiquité ; le voilà enfin « dans cette contrée du « monde où la nature a réuni tous ses dons avec le « plus de prodigalité , où elle présente, à l’œil « étonné, une image frappante de la beauté idéale “ Ja plus parfaite, » Le voyageur devient poëte, il se livre à son penchant pour les descriptions, et certainement tout ce qu’il voit est bien fait pour l’exciter ; la nature est ici d’une prodigalité de bienfaits qui fait desirer de ne jamais Ja perdre de vue , et le proverbe qui dit , que c’est un mor- ceau du ciel tombé sur la terre, a quelque réalité, « Îci cette nature est toujours belle et majestueuse, « soit que l’astre du jour, sortant de l’orient en- «“ flammé, surmonte la pyramide du Vésuve, et « vienne éclairer à Ja fois la ville, la surface unie «“ de Ttalie. ASE « de la mer, les promontoires et les îles dont les “ rochers orgueilleux s'élèvent de son sein ; soit « qu'au moment de son coucher, il dore, d’une «“ maniere plus douce, ce magnifique amphithéâtre , «“ soit enfin que la lune répande son éclat argentin « sur cette scène sublime et touchante. Mais, com- « bien elle devient imposante et terrible lorsque la “ tempête vient soulever les flots du golfe, et que « les éclats du tonnerre sont mille fois répétés par « les échos de ses rochers, ou lorsque, dans une # nuit obscure, le Vésuve vomit vers le ciel des «“ torrens de feux dont la mer réfléchit la lueur fu- « neste, lorsque son sommet, enviroané d’une sa- « peur épaisse, lance des éclairs dans tous les sens, « et que des flots de lave brülante se répandent sur «.ses flancs entr'ouverts.....,.Poètes , où sont.les « paroles..,....Peintres, où sont les couleurs qui «nous traceront une image de ces merveilles? » On diroit, à la lecture de cette description, que le prosateur a voulu rivaliser avec les uns et les autres. Ce fut en sortant de l’opéra que M. Meyer, au milieu de la nuit, fut rendre visite à ce volcan; il pas$a subitement d’un tableau riant et animé à un spectacle triste, mais imposant, dont le contraste favorise le talent du peintre. Nous ne le suivrons point dans ses courses à Portici, à Herculanum, à Pompeia ; quoiqu’il n’y ait encore de découvert dans ces deux villes, que des parties détachées; « cepen- « dant, dit l’auteur, l’ensemble a quelque chose “ de grand et de solennel, À l’aspect de Pompeia Tome I. # Hh 482 Voyage. « découverte à moitié , qui semble sortir de satombe, « Jes images des siécles passés se présentent en foule « à l’imagination , on tombe dans une méditation “ profonde et mélancolique, on s’attendrit sur le « sort des malheureuses victimes de l’éruption. Je vis « des ossemens rassemblés en monceaux dans le coin “ d’un édifice, sans oser en ramasser la moindre « partie, dans la crainte de profaner ces tombeaux « qui m’étoient devenus sacrés. » Tout ce que le voyageur nous apprend avoit déja été imprimé dans les nombreux voyages d'Italie, qui se sont succédés depuis vingt ans , mais tout ce qu’il répète est embelli d’un vernis poétique qui rend la lec- ture de ce volume très - agréable, On pourroit dou- ter qu’il ait été écrit par un habitant du nord, tant son imagination est brillante , tant son faire est gra- cieux , tant ses tableaux sont animés ; mais l’auteur a déja donné des essais de son talent descriptif dans son voyage en France. De pareilles productions ne sont cependant pas indigènes sur le sol que l’auteur habite. A TD": AN TL QUIME- TE -S: MONUZENS antiques inédits ou nouvel- lement expliqués. Collection de statues, bas-relicfs, bustes , peintures, mosaïques, gravures, Vases, inSCripliOns CL LnS/TUMIENS tirés des collections nationales et pariicie- lières , et accompagnés d’un texte explica- tif ; par À. L. MIILIN, conservatenr des antiques, médailles et pierres gravées de la Bibliotheque nationale de France , pro- Jesseur d'histoire et d’antiquités , etc. etc. Tomell, Il.° livraison. Chaque volume de cet ouvrage, imprimé à l'Imprimerie de la République, sur beau papier, sera composé de cinquante feuilles de texte, et d’au moins quarante planches, et distribué en six livraisons. Chaque liviai- son coûte 6 fr., prise à Paris, et 6 fr. 60 cent., franche de port , dans les départemens. Ceux qui voudront s'inscrire, les recevront direc- tement à leur adresse, à mesure qu’elles pa- roîtront. Il faut affranchir le port des lettres et de l'argent. Cet ouvrage se trouve, à Paris, chez Laroche, maison de l'Auteur, à la Bi- bliothéque nationale, rue Neuve-des-Petits- Hh 2 484 Antiquités. Champs, n° 11, au coin de celle de la Loi ; Fuchs, rue des Mathurins; Levraul!, quai Malaquais; Kænig, quai des Augustins. À Londres, chez Evans, Pall-Mall, n° 26, et Deboffe, Gerard-Street; à Weimar, au comp- toir d'industrie ; à Florence, chez Molini. Les lecteurs du Magasin Encyclopédique connois- sent déja les deux premiers mémoires de cette se- conde livraison ; c’est-à-dire , celui sur le disque d'argent connu vulgairement sous le nom de bouclier de Scipion, et la description de quelques autels an- tiques avec des inscriplions gauloises trouvées à St- Béat; ces deux morceaux insérés précédemment dans ce Journal, sont ici réimprimés avec très- peu de changemens. Outre la gravure qui représente le prin- cipal côté du disque d'argent et qui,a été insérée dans ce Journal, le C. Millin donne dans cette li- vraison la figure du dessous pour faire voir qu'il a été brisé, seulement sur les bords, en une infinité de fragmens ajustés par des attaches avec beaucoup d'adresse , mais qu'il n’a pas été coupé en quatre comme M. de Bpze l’avoit avancé, La JIL® dissertation de cette livraison, on la X.° du volume contient la description d’un sarcophage antique , que le receveur général ces finances Boutin, distingué par lélégance de ses manières, son goût pour les jouissances que procure Ja richesse, et son amour pour les arts, avoit fait venir d’Italie avec d'autres morceaux d’antiquité actuellement dispersés. Mélanges. 483 Ce sarcophage se trouve maintenant dans le jardin Boutin, connu sous le nom de Tivoli ; c’est-là que ce monument occupe un coin isolé, et que Ja multitude le foule pour ainsi dire aux pieds , sans qu’elle ima- gine que dans ce lieu de plaisir est un tombeau, et que l’ombre d’un poète erre dans ees bosquets. À l’occasion de ce monument , qui a la forme d’un carré long , le C. Millin donne quelques généralités sur ces tombeaux appelés vulgairement sarcophages, nom qui vient du mot grec cac, au génitif ozpxes, chair, et payer , manger. « Pline, dit-1l, veut que ce « Bom ait reçu son origine d’une pierre qui se trouvoit -« dans Ja Troade, et dont on faisoit des tombeaux « à Cause de ses qualités caustiques et de la pro- « priété qu’elle avoit de dévorer promptement les « chairs. Cette opinion a été aëmise dans la plu- « part des ouvrages sur Pantiquite. Ï} ne paroïît ce- «“ pendant pas que les Romains, chez lesquels se “ trouvent le plus communément ces sarcophages, “ ayent connu l'usage de cetie pierre; et le mot « sarcophage semble être plutôt une expression allé. « gorique, pour dire que le tombeau dévore les “ chairs, parce que l’homme s’y détruit en effet. Le C. Millin passe ensuite à des considérations sue antiquité de l'usage de brüler les coips. « L'usage d’inhumer les morts, dit-il, est le plas « ancien, celui de les brûler est aussi d’une haute « antiquité. La mythologie attribue ce dernier à « Hercule, Il a remplacé d’abord entièrement le pre- « mier chez les Grecs et chez les Romains. Dans « les colonies grecques de l'Italie on inhumoit les Hh 3 486 Antiquités. corps entiers. Lorsque l’usage de brûler les corps prévalut chez les Romains , quelques familles con- servèrent celui de les inhumer. On cite principa- lement celle des Cornéliens qui conserva l’usage de l’inhumation jusqu’à Sylla. Le corps d'aucun personnage de cette faille n’avoit été brülé avant lui , et ce dictateur ordonna qu’on mit le sien sur un bucher pour éviter qu'il ne lui arrivät ce qu’il avoit fait éprouver au cadavre de Marius qu’il avoit profané. Sous les empereurs, le brûlement des corps étoit accompagné pour eux et les grands, de cérémonies pompeuses et magnifiques; il paroît, par le grand nombre de sarcophages qui nous res- tent, que cet usage deviat successivement moins fréquent pour les simples particuliers, et princi- palement sous les Antonins. L'introduction du christianisme le fit encore beaucoup diminuer , et l’abolit enfin entièrement. » L'auteur s'occupe ensuite de la matière, de la forme: des sarcophages et des allégories que pré- sentent les sujets qui y sont représentés. « « Les caisses sépulcrales , que nous nommons sar- cophages, étoient de pierre, de marbre ou de porphyre. Les Grecs en avoient aussi de bois dur et robuste, résistant à l'humidité, et principa- lement de chêne, de cèdre ou de cyprès, quel- quefois de terre cuite et même de métal. « La forme de ces caisses est le plus ordinairement parallélipipède ; c’est on carré long comme nos cercueils. Quelquefois les angles étoient arron- dis; ce qui leur donnoit la forme elliptique, IL La he AMEN Mélanges. 487 est très-rare que ces caisses soient plus étroites par le bas comme l’espèce de baignoire appelée labrum, « Le couvercle des sarcophages offre aussi des varietés. Quelquelois il est triangulaire comme le fronton d’un édifice, et accoupagné aux angles de corps coniques semblables à ceux qu’on re- maïque sur queiques autels quadrilaières, et qu’on nomme les cornes. Les sarcophages portent quel- quefois la statue du personnage qu’ils contenoient; souvent eile est assise comme sur un lit. La capa- cité des sarcophages varié comme leur matière, leur forme et leurs ornemens. D’abord ils n’étoient propres à recevoir qu’un seul corp; ; ensuite on y mit ceux des deux époux, comme on avoit au- trefois confondu Jeurs cendres dans une méme urne, Les deux époux sont quelquefois représentés couchés sur le couvercle du sarcophage. “ Cest vers le troisieme siécle de l’ère vulgaire, que s’est introduit l’usage de ces sarcophages de grandeur colossale , capables de contenir une fa- mille entière, | « Les sarcophages des premiers chrétiens, des- tinés à renfermer plusieurs corps , avoient souvent deux ordres de bas reliefs ; ces deux ordres indi- quent deux sarcophages posés l’un sur Pautre, quelques-uns ont deux ordres sans avoir deux rangs de bas - reliefs, chacun de ces ordres est bacellé. Les baguettes interrompues par un orle intermédiaire indiquent évidemment deux sarco- phages superposés, Eh 4 ‘ ! 488 A nliquilés. “« « Les ornemens sont surtout ce qu'il y a de re- marquable. Les baguettes et les cannelures des sarcophages , remontent au bon temps de l’art. Le grand sarcophage de Cæcilia Metella, plusieurs de ceux des affranchis de Livie, un beau sarco- phage du musée Pio-Clémentin sont travaillés de cette manière ; le plus souvent ces baguettes sont obliques. Ce genre d'ornement paroît dû aux can- nelures en spirale des colonnes ou des urnes rondes. « Les sarcophages des IIL.* et TV. siécles imi- toient souvent un temple avec des colonnes. « Quelquefois ils étoient partagés en plusieurs arcades, sous chacune desquelles il y avoit une figure ou un groupe. Ce genre de distribution re- monte au plus ancien temps de l’art. Sur le coffre de Cypselus , qui appartenoit au temple de Junon d’Argos , les sujets étoient disposés en cinq handes, mais ces bandes étoient placées l’une sur l’autre. « Lorsque le sarcophage n’est pas orné de simples ‘« baguettes où d'une décoration d'architecture ; on y voit différentes figures , telles que celles du som- meil et de la mort, avec les jambes croisées , une main sur la tête et le flambeau renversé , de Mer- cure conducteur des ames, de Charon passant les ames dans sa barque, d'une porte entr’ouverte qui paroît être l’entrée des enfers. | « D’autres sarcophages d’une plus riche compo- sition, nous présentent différens sujets de la my- thologie et- de l’histoire héroïque. Il est rare que les quatre côtés du sarcophage soient sculptés, il est plus ordinaire de voir la face et les deux Pre Mélanges. 489 petits côtés ornés de figures. Le sujet principal est sur la face , et se continue sur les petits côtés, quelquefois ces petits côtés ne sont ornés que de figures accessoires au sujet, et qui exigent moins de développement , où simplement de figures d’a- nimaux; le plus souvent, il n’y a de figures que sur la grande face du sarcophage. “ Le sarcophage est quelquefois couronné par une frise sur laquelle il y a un sujet différent , et dont les figures sont plus petites. Souvent on y voit des Tritons , des Néreides ou des scènes pastorales. “ Les bas-reliefs, qui décorent les sarcophages, sont quelquefois purement de fantaisie; ils offrent des traits de la fable ou de l’histoire héroïque, qui v’ont aucun rapport à Ja cessation de la vie, tels que les géans foudroyés par Jupiter, Achille reconnu par Ulysse parmi les filles de Lycomède, Vénus surprise dans les bras de Mars par Vulcain, Oreste Matricide, poursuivi par les Furies; des combats de Centaures et de Lapithes; mais le plus souvent les bas-reliefs, tirés également de la mythologie ou de l’histoire héroïque , ont un rapport plus marqué avec leur destination ; ils rappellent les aventures tragiques de quelques il- Justres familles des temps héroïques, les sujets de douleur des dieux même , et semblent inviter par la représentation de ces grandes calamités, les parens et les amis de eelui que renferme ce froid monument, à recevoir quelque consolation en pensant que les hommes parvenus au faîte de Ja gloire et des dignités, que les dieux même ne 490 Antiquiles. sont pas exempi{s de semblables peines. C’est ainsi « que dans V’Iliade, Achille voyant à ses pieds le vieux Priam abaissé par Ja fortune , au point de baiser la main qui a porté le coup mortel à son fils chéri, lui raconte l'histoire déplorable des Niobides, pour calmer sa douleur par le récit d’un malheur'encore plus grand que le sien. «“ Sur le sarcophage d’un jeune guerrier, mort dans sa première campagne, après avoir quitté sa Jeune et tendre épouse , presqu’au premier moment d’un hymen fortuné, on voit Protésilas, prenant congé de Laodamie, pour suivre l’armee des Grecs, où il payera de sa vie l'honneur d’être descendu le premier sur le rivage troyen, Ce jeune prince ob- tint, des divinités infernales , le bonheur de la re- voir encore une fois. I] retrouve Laodamie pour un seul jour, et Mercure et l’impitoyable Charon le reconduisent aux enfers. « Sur la tombe d’un jeune homme passionné pour la chasse, on sculptoit les aventures d’Actæon. «“ Souvent le jeune guerrier est caractérisé par quelques héros de l'antiquité , et le sarcophage représente la condamnation d’Hippolyte par son père Thésée ; la mort de Phaéton qui, quoique fils du dieu du jour , n’a pu échapper à sa desti- née, la mort de Patrocle annoncée à Achille par Antiloque, les exploits d'Achille qui tous le con- duisent à la fin prématurée qui l’attend ; la mort d’Hector annoncée à son père; Priam redemandant le corps de son fils; ce vaillant prince porté sur le bucher ; Mtléagre périssant victime de Ja ja- « = Mélanges. 491 lousie de son implacable mère, la cruelle Althée ; le brave et pieux Antiloque placé sur un char par son vieux père Nestor pour qui il vient de perdre la vie, ou emporté par les principaux chefs de l’armée des Grecs ; enfin, à l’imitation d'Homère, déja cité, une famille entière, celles des Niobides, expirant sous les traits de Diane et d’Apollon , en présence de leur pere Amphion , de leur mère Niobé, et soutenus par leurs pædagogues et leurs nourrices. La mort d’une jeune princesse est re- tracée par la fin tragique de Creuse consumée dans la robe empoisonnée, présent funeste de Médée sa rivale. “ Si le jeune homme étoit dans la premère ado- lescence , son tombeau retrace à ses parens l’aven- ture d’Hylas, ce jeune ami du grand Hercule , en- traîné, par les nymphes éprises de sa beauté, dans leurs demeures souterraines au fond des fleuves. « Si ce n'étoit encore qu’un enfant , le monument rappeile l’aventure du jeune Opheltes qu'Hyp- sipyle avoit couché sur des plantes pendant qu’elle montroit une fontaine aux chefs armés contre Thebes , et qui fut tué par un serpent ; ce qui lui fit donner, à cause de sa mort prématurée , le nom d’Archemorus, ou bien on y a représenté le jeune Po- Jydore confié par Hécube au perfide Polymnestor. « Les anciens appeloient la mort un sommeil; le sommeil et la mort sont freres, et souvent ils sont placés aux côtés du sarcophage : souvent aussi par une ingénieuse alégorie , lesartistes représentoient le sommeil de celui ou de celle qui dormoit éter- 492 Antiquités. e nellement dans le sarcophage, par quelque sonr- « meil célebre dans la mythologie où l’histoire hé- « roïque ; ainsi l’on y voit le dormeur de Latmos, « laimable Endymion visité par Diane; Thétis sur- «“ prise pendant son sommeil par Pélée qui empêche « Ja Néreide de lui échapper encore sous quelque « figure d’animal ; Ariadne, épuisée de fatigue , de « douleur et de regrets, après son abandon par « J'ingrat Thésée, endormie et réveillée par le beau «. Bacchus qui revient vainqueur de l’Inde, en fait « son épouse , et l’emmène dans l’Olympe pour as- « sister au banquet des dieux, et y recevoir l’im- « mortalité. « L'idée de l'enlèvement par quelque dieu étoit « allégorique chez les anciens, comme celle du som- “ meil pour désigner la mort. Si un jeune homme « où une jeune fille, célèbres par leur beauté, étoient « morts à Ja fleur de leur âge, on disoit que quel- « que dieu les avoit enlevés à la terre; c’est ce « que signifient , dans le langage allégorique , l’en- « lèvement de Ganymède par Jupiter, et l'amour « de Neptune pour Pélops. Les artistes ont adopté « la même idée pour représenter allégoriquement « la mort ; ainsi, sur le tombeau d’une fille ravie “ à sa mère, ils ont figuré Proserpine enlevée par « Pluton, et Céiès tenant des flambeaux dans un “ char traîné par des dragons aïlés, et cherchant «sa fille par toute la terre ; l’enlèvement de Leucip- « pides par les Dioscures, Castor et Pollux. La mort “ moissonnant une jeune personne d’un courage aa dessus de son sexe , a été représentée par Penthési- Mélanges. 403. «“ lée; expirant dans les bras d’Achille qui l’a tuée, Sur «“ le sarcophage d’une mère chéie, et d’un fils sen- «“ Sible et reconnoissant, on représentoit Bacchus “ raménant , du séjour des morts, sa mère Sémélé, « aventure déja figurée dans un bas-relief du tem- « ple d’'Apollonide , mère d’Attale, à Cyzique. D’autres fois, les figures dessaicophages étoient des allégories morales; on y: voyoit l’histoire de « Jane que Minerve place dans l’homme pétri par Promethée. Les Parques filent la destinée de ce «“ nouvel être, et Mercure le conduit aux enfers. Les douze travaux d’Hereule qui se rencontrent “plus ordinairement sur les tombeaux du TI. et du IV. siécles, sont une allégorie ingénieuse de la vertu triomphant de: passions. Les saisons qui « se lvoyent si fréqueniment sur les sarenphages et “même sur ceux des chrétiens , reltracent: les dif- « férens âges de la vie humaine. \ « Quelquefois, Tes sujets sculptés sur ie sarco= ho, appartiennent à la classe nombreuse des « Bacchanales; on y voit le retour du vainqueur de l'Inde, et son triomphe ; d’autres ne’représentént, que des scènes bacchiques, et peuyent indiquer «,que le mort étoit initié aux mystères de Bacchus. “ Les Néreides , qui étoient chargées de conduire, « Jes ames des:héios au séjour dés bicnheureux , “-sont une allégorie de l’immortalité de lame. 1, «, Quelquefois les figures sont-relatives à la pro- « fession ou au goût du défunt. Tels sont ces trois « bas-reliefs qui nous offrent les co$tumes des muses, s ct d’autres où le jeaue poète est placé entre les 494 1 nliqu iles. - = génies des muses, Souvent on y voit représenté la vie civile de quelque personnage distingué, son éducation, ses alliances , ses amuseinens , ses magistratures, Tel est le beau bas - relief de Ja villa Médiei, expliqué par M. Lanzi, qui repré- sente la naissance , l'éducation, le mariage de celui qui est enfermé dans le sarcophage; son départ pour l’armée, son retour après la victoire , le sa- crifice qu'il‘ offre à cette occasion, le plaisir de la chasse auquel il se livre. Tel est aussi le beau sarcophage savamment expliqué par le C. Visconti, représentant les victoires d’un proconsal. Tels sont encore ces grands sarcophages qui représentent un personnage romain dans le costume du troi- sième siécle de l’ere vulgaire, allant à la chasse accompagné d’une figure ailégorique de la valeur ; on en trouve plusieurs parmi les monumens de la villa Mattei. a Les chrétiens ornoient également leurs sépul- cres de sujets pieux thés en grande partie de l’an- cien et du nouveau testament , comme les payens décoroient les leurs de suyets profanes. Grégoire de Tours fait mention de cet usage ; on voit dans les ouvrages qui traitent des monumens chrétiens un grand nombre de ces sarcophages. « Beaucoup de sarcophages sont en marbre de Paross ce qui prouve qu'ils ont été travaillés dans la Grece, et que , de ses ateliers , ils ont passé dans l’ftalie; c’est la raison pour laquelle on y trouve tant de sujets de la mythologie, et de l’histoire héroïque qui n’ont point de rapport Mélanges. 495 :avec la destination de ces monumens. Quelquefois la figure du personnage principal Achille, Mé- léagre, Protésilas, Proserpine, Ariadne, r’étoit que dégrossie ; et, apres l’acquisition du sarco- phage, on donnoit à cette figure , autant qu’il étoit possible, la ressemblance de la personne qui y étoit renfermée. « Sans doute les artistes qui exécutoient ces bas- reliefs n’étoient pas du premier ordre, mais ils copioient ou imitoient fidellement les chef-d’œu- vres de la peinture et de la seulpture. Il vous a transmis ainsi plusieurs ouvrages célèbres , quinous ont mis plus à portée de juger , sinon de leur exé- cution, du moins de la manière dont ils étoient composés. Ces monumens sont donc de la plus haute importance pour l’étude de la mythologie, des mœurs’et des usages des anciens , et surtout pour l’histoire des arts. Les sujets érudits qu’ils représentent, servent à déterminer dans les statues, les pierres gravées et les médailles , beaucoup de figures isolées | copiées d’après les originaux dans les bas-reliefs ; heureusement ïl reste un assez grand nombre de sarcophages ornés de sculp- tures , parce que la religion que les anciens avoient. pour les morts , a longtemps préservé ces monu- mens de la destruction à laquelle ont été exposés les bas-reliefs qui ornoient les édifices publics et - particuliers. “ Quelques tombeaux, qui ont la forme de sarco- « phages, ne contenoient pas le corps entier in- a humé, mais simplemeut une urne qui renfermoit 4<6 | Antiquilés. les cendres. Tel est le sarcophage , qu’on regarde comme celui d'Alexandre Sévere, dans lequel où a trouvé cette. belle urne de verre que possède aujourd’hui le duc de Portland. Le sarcophage qui est à la bibliothéque du Vatican, avec un portrait en buste, et qui a été publié par Fico- roni, contenoit le grand linceul d'amiante , dans lequel ou avoit brülé le cadavre de celui à qui le sarcophage étoit destiné, Les cendres étoient res- tées enveloppées dans ce linceul. « La figrre du personnage inhumé dans le sarco- phage étoit terminée sur le marbre qui r’avoit d’abord été que dégro:si. Qelquefois ce person- nage est en pied au milieu de divinités, de génies ou de divers attributs ; d’autres fois , c’est un simple buste; quelquefois ce buste est placé au milieu d’un disque , et c’est une figure du nom- bre de celles qu’on appeloit C/ÿypeatæ, ce que nous nommous aujourd’hui Médaillon. « Quelques -sarcophages portent des inscriptions qi indiquent le lieu où ils ont été placés, le jour de leur consécration, les consuls sous lesquels elle’ a eu lieu , les objets qui y ont été enfermés ; comme il étoit défendu de les ouvrir, de les briser, de les profaner , enfin de quelque manière que ce fût ;; queques inscriptions contiennent des menaces et: des imprécations , décernent même des peines et des amendes contre eeux qui oseroient se rendre coupables de ces violations. « Ces précautious n’ont pas garanti les sarcophages de cette profanation dont on avoit voulu les pré- “ server; 73 le Mélanges. 497 server ; plusieurs ont été employés :par les Visi- goths, les Sarrazins et les Chrétiens aux usages les plus vils; les trous pratiqués à la partie infé- rieure de quelques-uns attestent qu’ils ont servi de lavoirs pour le linge, ou d’auges pour abreuver les chevaux : les Chrétiens ont fait plus; ils en ont consacré plusieurs aux cérémonies de: leur culte, après avoir dispersé les dépouilles qu’ils contenoient ; quelques-uns ont servi de fonts bap- tismaux et'de devants d’autels. « Les Chrétiens bravant les imprécations fulmi- nées par la religion payenne, ont aussi remplacé les corps que quelques beaux sarcophages conte- poient, par ceux de quelques-uns de leurs saints ou par leurs reliques : après avoir purifié ces mo- numens profanes , par des lotions d’eau bénite et des cérémonies chrétiennes, ils ont placé sous les antels ces monumens ainsi consacrés, “ Quelques sarcophages antiques ont servi à con- server les corps des princes chrétiens dans le moyen âge, où l’on ne pouvoit trouver d’artistes capables d'exécuter aussi bien de semblables monumens ; téi est le sarcophage antique représentant l'enle- vement de Proserpine, qui contenoit, à Aix-la- Chapelle, les restes de Charlemagne. » Le s:rcophage du jardin de Tivoli, à l’occasion duquel le C. Millin entre dans les détails que nous genons de transcrire, nous fait voir un Jeune homme en buste, placé devant une espèce de tapisserie, et tenant un rouleau dans la main. Cet attribut, les masques, les thyrses, la couronne de laurier dont Tome I. J1 498 Antiquités. est ceint la tête du personnage, etc., font penser au C. Millin que ce tombeau étoit celui d’un poète bucolique , géorgique, satyrique, ou peut-être même d’un poète comique. Le cabinet des antiques possède un camée qui représente une figure ægyptienne. Caylus Pa déja fait graver, mais. d’une maniere très-incorrecte. Le C. Millin en donne, à la pl. XIV , une autre, gravée avec le plus grand soin par le C. Saint- Aubin. Le travail de cette agate, de deux couleurs, est bien terminé; mais il n’a pas cette élégance qui carac- térise les ouvrages d'imitation du temps d’Hadrien. Le C. Millin pense que cette pierre a été exécutée en Ægypte, sous les rois grecs, par un artiste ægyp- tien formé à l’école des Grecs. La peinture représentée sur la planche XV , der- nière de cette livraison, est tirée d’un vase grec de la riche collection du C. Paroï, dont le C. Millin a fait dessiner plusieurs. Ce sujet, peu compliqué, mais d’une composition agréable, représente une femme nue, qui se lave les mains dans une grande coupe; un génie ailé vole vers elle, s'approche du vase, et lui présente un linge pour s’essuyer les mains. L'usage des ablutions fait le sujet d’une di- gression de cette dissertation, terminée par quel- ques observations sur les bordures supérieure et in- férieure des vases. Le C. Millin pense que ce petit vase a été présenté à une jeune fille, pour son ma- riage ou son initiation, et que ces deux cérémonies étoient même liées. La suite de ce recueil paroîtra incessamment. Nous avons déja dit que le C. Millin Mélanges. 499 se propose de publier les médailles inédites du cabi- pet national, dans un ouvrage particulier. W. | VARIÉTÉS, NOUVELLES ET CORRESPON DANCE LITTÉRAIRES. NOUVELLES LITTÉRAIRES. INSTITUT NATIONAL. Ordre des lectures de la séance publique du 17 messidor an 10. 1. Annonce des sujets de prix. 2. Notice sur la découverte de la planète d’Olbers, par le C. LALANDE. 3. Rapport fait au nom de la commission char- gée de s’occuper des moyens de remplir les inten- tions du premier consul , qui s’est proposé de fonder un prix pour une découverte importante relative- ment à l'électricité ou au galvanisme, par le C. B1or. 4. Notice historique sur la vie et les ouvrages du C. Legrand Aussi, par le C. LEVESQUE. ÉFr 3 500 Nouvelles littéraires: 5. Rapport sur le prix proposé relativement à une question d’architecture , par le C. AMEILHON. 6. Rapport sur le prix proposé pour l’éloge de Boileau-Despréaux, par le C. ANDRIEUX. "7. Notice historique sur la vie et les ouvrages du C: Dolomieu , par le C. LACÉPÈDE. 8. Précis d’un mémoire sur l’origine de l’impri- merie, par le C. Daunou. 9. Fragment d’une traduction libre et abrégée du troisième livre de la Pharsale, qui a pour objet la description du siége de Marseille, parle C.Licouvé. Prix fondé par le C. LALANDE. Extrait des registres des délibérations des Consuls de la république ; du 13 floréal an 10. Les consuls de la république. sur le rapport du ministre de l’intérieur, arrêtent : Art. [°°° Le capital de 10,000 francs, ensemble lPintéréêt annuel de ladite somme, offerts en dona- tion à l’Institut national par le C. Lalanée, et dus à ce citoyen par l’administration du Mont-de-piété de Paris, suivant la reconnoissance qui lui en a été délivrée par les administrateurs de cet établis- sement, seront acceptés, au nom de l’fnstitut, par les commissaires qui seront par lui nommés à cet effet. II. Conformément aux intentions du donateur, le produit annuel du capital sera employé par l’In- stitut à donner chaque année une médaille d’or du poids que le montant du revenu permettra, ou Ja ‘Nouvelles littéraires. 501 valeur de cette médaille, à la personne qui, en France ou ailleurs, les seuls membres de lInstitut exceptés, aura fait l’observation la plus intéres- sante ou le mémoire le plus utile aux progrès de l'astronomie. III, Le prix énoncé en l’article précédent sera décerné par l’Institut, sur le rapport qui lui en sera fait par les commissaires qu’ilaura nommés, et qui seront pris, soit dans la section d’astrono- mie, soit dans les autres sections qui s’oteupent des sciences analogues à l’astronomie. IV. Dans le cas où il n’auroit été fait aucune observation assez remarquable, ni présenté aucun mémoire assez, important pour mériter le prix, au jugement de l’Institut, le prix pourra être denné par l’Institut, comme encouragement , à quelque élève qui aura fait preuve de zèle pour l’astrono- mie, ou être remis pour former un prix double l’année suivante. ‘ V. Le ministre de l’intérieur est chargé de l’exé- cution du présent arrêté. Prix. . Dans la séance publique du 15 germinal an 9, la classe des sciences morales et politiques avoit poutiq proposé pour sujet de prix qu’elle devoit décerner dans la séance publique du 15 messidor an 10, la P q ; question suivante : Déterminer l’'inflience de Phabitude sur la faculté de penser, ou, en d’autres termes , faire. voir, les effets que produit sur chacune de nos facultés in- Over bo2 Nouvelles littéraires. tellectüelles la fréquente répétition des mêmes opé= rations. La classée a décerné le prix au mémoire enre- gistré sous le n.° 3, portant pour épigraphe : Que sont toutes les opérations de l’ame , sincn des mou- vemens et des répétitions de mouvemens ? (Bonnet), L’auteur est le C. MAINE-BIRAN, à Grateloup, par Bergerac, département de la Dordogne. La classe a déclaré qu’il seroit fait mention ho- norable du mémoire n.° 5, dont la devise est : L'hablüde est une seconde nature. Dans la séance publique du 15 germinal an 7, la classe de littérature et beaux-arts avoit proposé pour sujet du prix d'architecture qu’elle devoit dé- cerner le 15 nivose an 9, la question suivante : Examiner quels ont été chez les différens peuples les progrès de cetle partie de l'architecture que l’on appelle la science ce la construction des édifices, depuis les temps Les plus reculés jusqu’à nos jours. Vu lPimportance du sujet, la classe avoit cru devoir protoger jusqu’au 15 germinal an 10, Sms des mémoires. La classe a décerné le prix : au mémoire n.° 7, ayant pour épigraphe : Qui autem ratiocinationtbus et lülteris Solis confisi fuerunt, umbram non rem pe.» secuti videntur, (Vitruve, liv. 1, chap. 1). L'auteur est le C. RONDELET, architecte du Paie thévn françois. Prix de morale. Jusqu'à quel point les traitemens barbares exercés Lt a Se ps En D Le ÈS 1 9 ÎVouvelles littéraires. 503 sur les animaux intéressent-ils la morale publique , .et conviendroit-il de faire des lois à cet égard ? Le prix sera une médaille d’or du poids de cinq hectogrammes (environ 1700 fr.): il sera décerné dans la séance publique de vendémiaire an 12 de la république. Les ouvrages ne seront recus que jusqu’au 15 messidor an 11. Ce terme est de rigueur. Sujet du prix d'économie politique. Comment l'abolition progressive de la servitude en Europe a-t-elle influé sur le développemeet des lu- mières et des richesses des nations? Le prix sera une médaille d’or du poids de cinq hectogrammes (environ 1700 fr.) : il sera décerné dans la séance publique du mois de nivose an 12 de la république. Les ouvrages ne seront reçus que jusqu’au 15 ven- démiaire an 12. Ce terme est de rigueur. Prix d’éloquence. Dans la séance publique du 15 germinal an 9, la classe de littérature et beaux-arts avoit proposé pour sujet du prix d’éloquence , qu’elle devoit dé- cerner dans la séance publique de messidor an 10, l’Eloge de Nicolas Boileau-Despréaux. Aucun des ouvrages envoyés au concours ne lui a paru digne du prix ; mais elle a distingué: 1.9 Le n° 6, ayant pour épigraphe : C’est avoir profité que de savoir s’y plaire ; li 4 Co4 Nouvelles littéraires. 2.° Le n.° 8, portant cette épigraphe : Exoriare aliguis nostris ex ossibus ultor. La classe a jugé ces deux discours dignes d’une mention honorable. Elle propose de nouveau le même sujet pour l’an 12. Le prix sera une médaille d’or de la valeur de cinq bectogrammes : il sera décerné dans Ja séance publique de vendémiaire an r2. . Les ouvrages seront remis au secrétariat de l’In- stitut avant le 15 messidor an 11. Ce terme est de rigueur. Sujet du prix de mathématiques. Faire sur l@ pression que l'eau en mouvement exerce conre un corps eu repos ; et celle que le méme Jluide , lorsqu'il est en repos, exerce contre un corps en mouvement, une nouvelle suite d'expériences ; en s’'attachant principalement à mesurer les pressions particulières qu’éprouvent des points distribues con venablement sur les parties antérieures , latérales et postérieures de la surfüce des corps mis en expérience, et placés à diverses profondeurs dans le fluide 3 à d terminer sa vllesse dans divers points des filets qui avoisinent le corps , enfin à relever Les courbes gu'affectent ces filets , le point où ils commencent à dévier de la direction générale du mouvement en a nt du corps, et celui ou ils se réunissent en arrière, Le prix sera une médaille d’or du poids de cinq h ctogrammes ( valant environ 1700 fr. ) : il sera décerné dans la séance publique du mois de nivose an 19. Nouvelles littéraires. 50 Les ouvrages ne seront recus que jusqu’au 30 Fructidor an 12 inclusivement. Prix de physique. Le 15 germinal an 8, la classe des sciences ma- thématiques et physiques avoit proposé pour l’un de ses sujets de prix, De rechercher, par des éxpé- riences exactes, quelle. est l'influence de l'air atmos- phérique , de la lumière, de l'eau, et de la terre dans la végétation. Le concours devoit être clos le premier nivose an 10, et la classe n’a recu que deux mémoires qui ne Jui ont point paru dignes du prix : jugeant que l’étendue de la question avoit pu effrayer les hommes en état de travailler avec suc- cès sur ces matières, elle la restreint aujourd’hui à lan de ses élémens, et elle propose, De délerminer par l'expérience les différentes çour- ces du carbone des végétaux. Le prix sera double, et consistera dans la valeur de deux kilogrammes d’or ( environ 6800 fr. ). Les mémoires devront être remis au secrétariat de l’Institut avant le premier vendémiaire an 13. Le jugement de la classe sera publié dans la séance publique du mois de nivose an 13. La classe croit devoir encore rappeler aux chy- mistes le sujet qu’elle avoit proposé pour la pre- mière fois le 15 germinal an 8, dont le second délai expirera le premier nivose an 12, et dont voici l'énoncé : Quels sont les caractères qui distinguent , dans les malières végétales et animales , celles qui servent de 506 Nouvelles littéraires. ferment , de celles auxquelles elles font subir la fer- Mentation. Notice des travaux de la classe des sciences physiques et mathématiques, pendant le (roisième trimestre de l’an 10. — Partie mathématique, par le C. LACROIX. Astronomie. Observations de la nouvelle planète découverte par M. Olbers de Bremen , et de l'opposition de CÉRÈS, planète découverte antérieurement par M. Piazzi. Une conjecture aussi facile à former qu'inutile. au progrès de l’astronomie, avoit fait présumer l'existence d’une planète entre Mars et Jupiter ; mais la loi qu’on s’étoit plu à établir d’après les distances des planètes connues , n’a paru vérifiée un moment, par la découverte de la planète de M. Piazzi , que pour étre bientôt démentie de la manière la plus formelle, par l'observation d’une nouvelle planète, très-voisine de la première. Voilà encore un exemple de Ja chute des opinions fon- dées sur des analogies trompeuses , et sur les fausses idées que nous nous faisons de ce qui constitue l'ordre et la régularité dans les desseins de la na- ture. Il ne guérira pas sans doute les hommes du penchant qu’ils ont à se livrer à de vaines spécu- lations qui ne font un peu de bruit pendant quel- que temps , que pour tomber bientôt dans l'oubli le plus profond et le mieux mérité ; et, malgré les nombreuses leçons que les sciences positives ne ces- D ta A Nouvelles littéraires. 507 sent de leur offrir, on les verra toujours rechercher les causes de tous les effets, lorsque les données nécessaires pour y parvenir leur manquent entiere- ment, lors même qu’aucun des rapports que nos facultés peuvent saisir, ne paroît se rattacher avec la nature qu’ils supposent à la cause inconnue. Le nouvel astre dont nous parlons offre encore une singularité remarquable, et qui contrarie les systemes conçus pour expliquer la formation des planetes , d’après la probabilité d’une cause en vertu de laquelle leurs orbites ont été renfermées dans la zone assez étroite nommée le zodiaque. La grande inclinaison de l'orbite de cet astre oblige d’étendre considérablement la largeur du zodiaque , et donne lieu de croire qu’elle n’a peut-être pas de limite, Ces réflexions portent sur les faits suivans, résumés par le C. Delambre. « Le 20 germinal, le C. Burckhardt ayant reçu “* avis que M. Olbers de Bremen avoit découvert «un nouvel astre qui avoit l’apparence d’une pla- « nète, il en fit part dès le même soir à tous les « astronomes de PInstitut , qui cherchèrent cet ästre « la nuit suivante. Le lendemain, les CC. Messier, « Méchain et Delambre rendirent compte à. la classe « de leurs observations. Le nouvel astre avoit un “ mouvement assez sensible , tant en ascension « droite qu’en déclinaison. Il n’offroit aucune ap- « parence de queue, pas même de nébulosité , et « n’avoit que son mouvement qui püt le faire dis- « tinguer des étoiles de huitième grandeur, dans »“ Je voisinage desquelles il se trouvoit. On a conti- 5og Nouvelles littéraires. nué de l’observer au méridien jusque vers la firt de floréal ; il présentoit toujours les mêmes appa- rences, si ce n’est que sa lumière étoit encore plus foible dans les derniers temps, parce qu’il commencoit à s'éloigner de la terre, « On a fait des efforts inutiles vour trouver ne parabole qui satisfit aux observations. Le cercle n’a pas mieux réussi. Île a fallu une ellipse , et même une ellipse tres-excentrique. À cet égard, la nouvelle planète differe peu de Mercure; mais ce qu’elle a de plus extraordinaire , æ’est son inclinaison d’environ 35°, celle de Mercure n’est que de 7°, et celle de la planète Cérès, décou- verte en 1807 par M. Piazzi, est de 10° 37. Ainsi l’on seroit obligé d’élargir considérablement le zodiaque , si on continuoit à désigner par ce nom la zone du ciel dans laquelle toutes les pla- nètes font leurs révolutions: Une autre particu- larité fort remarquable est que la distance moyenne de cette planète ne diffère que très-peu de celle de Cérès ; on ne connoïssoit pas encore, dans Je syftème solaire , deux planètes dont les orbites fussent aussi rapprochées. « Tant de singularités rendent cette nouvelle pla- nète infiniment intéressante pour les astronomes ; car d’ailleurs elle est si petite, qu’elle ne peut avoir aucune influence sensible sur les planètes. voisines : au contraire elle doit éprouver des per- turbations très-considérables de la part de Jupiter. Le C. Burckhardt a tenu compte des principales, pour déterminer une orbite eNiptique. On a en Nouvelles littéraires, 509 + effet grand besoin d’une théorie assez approchée, « pour retrouver cette planète quand elle sortira des «“ rayons solaires, où elle est près de se plonger. « Sans cela, son extrême petitesse en rendroit la «“ recherche fort incertaine. Il est même très-pro- « bable qu'eile seroit demeurée encore longtemps « inconnue, si elle ne s’étoit trouvée précisément « à l'endroit que venoit de quitter Cérès, et tout « à côté des étoiles que les astronomes avoient tant « observées depuis plusieurs mois. C’étoit une réu- « nion curieuse que celle des trois planètes nou- « velles dont l’astronomie s’est enrichie de nes jours; « onfles voyoit toutes trois passer au méridien en « quelques minutes de temps. M. Olbers a donné “ à sa planète le nom de Pallas. » La perfection des instrumens et celle des mé- thodes ont mis de nos jours les astronomes en état de déduire d’un petit nombre d’observations , la détermination des élémens des o‘bites planétaires qu’ils étoient obligés autrefois de laisser aux siécles à venir; un de ces astres n'est pas plutôt découvert que déja ses mouvemens sont assignés avec une prés cision remarquable : c’est ce qu’a prouvé l’opposition de Céres (ou la planète de M. Piazzi), observée à PEcole Militaire par les CC. Lalande, neveu, et Burckhardt. Ils ont déterminé le moment de l'opposition le 26 ventose an 10 ( 17 mars 1202) à 3h 46' 8 , temps moyen de l’Obseryatoire natonal de Paris; La longitude vraie, dégagée des eBèets de l’aber- 910 Nouvelles liliéraires. ration, de la nutation et de la parallaxe, 176° 22073; La latitude géocentrique boréale , 17° 7' 57" 5. Les tables dressées par le C. Burckhardt diffé- roient de l’observation de + 5” 4 en latitude de + 21" 8 en longitude. La derniere de ces erreurs in- dique que les rayons vecteurs doivent être un peu augmentés ; mais l’auteur attend encore de nouvelles observations pour effectuer les corrections que celle- ci lui a fait juger nécessaires. Dans le calcul de cette opposition , les CC. Lalande, neveu , et Burck- hardt ont , d’après trois observations du soleil , bien d'accord entre elles, diminué de 11” la longitude de cet astre, donnée par les tables, LA Mathématiques appliquées à la physique. Remarques sur la différence entre la vitesse du son, déduite de la théorie, et celle que donne l’obser- vatioOlle Nouvelles démonstrations des: principaux théorèmes relatifs à l'attraction qu’exercent les sphéroëdes. Détermination spéciale des conditions de l’équilibre d’un corps qui se balance librement sur un fil flexi- ble, ou sur un fluide, Le résultat trouvé par Newton pour la vitesse avec laquelle le son se propage dans l’air atmosphé- rique , et confirmé depuis par les diverses recher- ches analytiques des géomètres ses successeurs, dif- fère d’environ un neuvième de celui que les expé- D “ PR 4 INouvelles littéraires. 5Sit riences ont donné : le premier n’est que de 297. 2 mètres, et le second est compris entre 337. 2 mè- tres et 350. 8 mètres. Ce point de physique étant un de ceux auxquels l’analyse s'applique avec le plus de rigueur , il étoit impossible de rejeter sur les erreurs ou sur l’imperfection du calcul la dif- * férence entre la théorieet l’obse yation ; aussi Newton lui-même et quelques-uns des physiciens qui ont écrit après lui sur cette matière, ont formé sur la constitution de Patmosphère diverses hypothèses , pour rendre raison de la différence dont il s’agit. Mais aucune de ces hypothèses , qui d’ailleurs n°ex- pliquoient le fait que d’une manière vague , ne pou- vant s’accorder avec des découvertes de la chymie moderne sur la nature de l'air, on a pensé, depuis, qu'il falloit attribuer à l’influence que pouvoient avoir sur la vîtesse du son les variations de tempé- rature qui accompagnent les dilatations et les con- densations de l’air , résultantes de ses vibrations. Le C. BI10T , associé , a cherché à déterminer par Je calcul l'effet que ces vibrations Qu'on ne sauroit d’ailleurs révoquer en ‘'oute, produisent sur la vîtesse du son. Il a prouvé qu’il pouvoit être très-sensible et même suffisant pour porter la vitesse du son au-delà du terme fixé par l’expérience. Ilest parti pour cela de quelques expériences sur la dilatation de l'air et des gaz, faites sous la direction du C, Berthollet par le C. Gay-Lussac, et il les a combinées avec une hypothèse plausible sur la quantité de calorique dégagé par la compression de l'air; savoir, que ce fluide en abandonnoïit autant dans cette circonstance 512 Nouvelles littéraires. qu’il faudroit lui en ôter par le simple refroïdisse- ment , pour le réduire au volume qu’on lui fait oc- cuper. Cette hypothèse donnant un résultat trop fort, le C. Biot reprend ensuite Ja question dans un or- dre inverse, et cherche, d’après la vitesse du son observée, quelle doit être la quantité de calorique abandonnée par l'air, lorsque, par la compression, on le réduit à la moitié de son volume ; et il trouve que la même quantité éleveroit à 69° environ le thermomètre de Réaumur. Le C. Biot a encore communiqué à la classe, dans ce trimestre, des Recherches sur lattraction des sphéroïdes. Ce sujet, traité d’abord d’une manière synthétique par Maclaurin, fut longtemps l’écueil de l’analyse, qui néanmoins reprit successivement entre les mains des CC. Lagrange , Legendre et Laplace, sa supériorité sur Ja synthèse, et con- duisit à des résultats qu’on n’auroit jamais obtenus sans son secours ; mais il étoit resté dans les dé- monstrations analytiques des principaux théorèmes sur cette matière, une complication que le C. Biot a fait disparoître d’une maniere très-heureuse, en, combinant un théorème dû au C. Lagrange avec une équation différentielle partielle, trouvée par le” C. Laplace , et en appliquant à cette équation un procédé qu’il a présenté lui-même, il y a quelques années à la classe, pour intégrer par des séries les équations différentielles partielles. L’équation dont nous voulons parler , est entre trois des coefficiens d'Avrestiels du second ordres de « Nouvelles littéraires. 513 de la fonction qui exprime la somme des molécules du sphéroïde d'visées par leur distance au point at- tiré; son intégration donne pour cette quantité une série coutenant deux fonctions arbitraires, et or- données suivant les puissances de l’une des coor- données du point attiré. En prenant successive- ment, par rapport à chacune de ces variables, les coefficiens différentiels de la série; qui expriment les attractions exercées par le sphéroïde parallèlement aux axes des coordonnées , le C. Biot obtient des développemens de ces attractions entièrement dé- terminés par trois quantités indépendantes de la va- riable, suivant les puissances de laquelle les déve- loppemens sont ordonnés. I résulte de-là, 1.° que, pour avoir Les attrac- tions d'un sphéroïde quelconque sur un point quel- congue de l'espace , il suffit de prendre à volonté un plan , et de calculer les attractions du sphéroïde sur les points qui sont situés dans ce plan; ceux qui sont intérieurs au sphéroëïde détermineront l'expres- sion générale de son attraction sur les points inté- rieurs , les autres détermineront celle gui Convient aux points extérieurs. D Que si deux sphéroïdes sont tels gue leurs attractions Sur tous Les points d’un méme plan, pa- rallèlement à trois axes rectangulaires , soient entre elles dans un rapport constant, les attractions de ces sphéroïdes , sur un point quelconque de l’espace , conserveront le méme rapporl. Ces théorèmes généraux , lorsqu'il s’agit des sphé« soïdes de révolution se modifient ainsi qu’il suit : Tome I, Kk 514 Nouvelles liliéraires. Pour avoir l'attraction d’un sphéroide de révolu- tion sur un point quelconque de l’espace , il suffit de connoître ces attractions sur un point quelconque d'une droite perpendiculaire à l'axe de révolution , el menée par un point pris & volonté sur cet axe. Si deux sphéroïdes de révolution sont tels que leurs attractions sur un point quelconque d'une même droite assujettie aux conditions précédentes, soient entre elles dans un rapport constant ; les attractions exer- cées par ces sphéroïdes sur un point quelconque de l'espace conserveront le même rapport. Le C: Biot applique successivement des divers théorèmes aux sphéroïdes elliptiques quelconques et de révolution , et ilen déduit les théorèmes connus ; transformant ensuite d’une manière générale les va- riables de ses formules , il en conclut que pour aroir Pattraction d'un sphéroïde quelconque sur un point guelconque de l’espace , il suffit de connoûtre, pour Les points d'une surface quelconque que lon peut prendre à volonté , les deux premiers termes du dé- veloppement de la fonction qui exprime la somme des molécules du sphéroide divisées par leur distance aw point atiiré; et que si Pon a deux sphéroëdes dont les attractions sur les mêmes points de cette surfuce soient entre elles dans un rapport indépendant des coordonnées primitives , les altractions des deux sphé- roïdes sur un point quelconque de l’espace serontentre elles duns le méme rapport. W termine son mémoire par l’application de ces derniers théorèmes aux sphé- roides de révolution. Le C. Denieuport, associé, a envoyé à la classe; Nouvelles littéraires, 515 un mémoire concernant l’équilibre d’un corps qui se balance librement sur un fil exible ou sur un fluide. Il déiermine d’une maniere spéciale les conditions de cet équilibre, par la considération que /e centre de gravité du sysième doit descendre Le plus bas qu’il . est possible, et détaille les diverses situations d’é- quilibre , soit solide, soit passager , que peut pren- dre le corps proposé. Ph ysique expérimentale. Détermination de l'intensité de l'action que les bar-. reaut àimantés exercent sur les différens métaux pürifiés par les procédés ordinaires. En poursuivant sur l’action que les barreaux ai- mantés exercent sur tous les corps, les recherches. dont nous avons rendu compte dans la notice du dernier trimestre, le C. Coulomb est parvenu à me- surer l’intensité de cette action pour les différens métaux amenés à l’état de pureté qui résulte des opérations ordinaires de la docimasie. 11 a formé ensuite de pelits-cylindres de cire, dans lesquels il à introduit diverses quantités de limaille de fer, répandues uniformément sur toute la masse ; et en mesurant l’action qu’ils éprouvoient de la part des barreaux aimantés, il en a déduit la loi suivant laquelle la force magnétique décroissoit à mesure que la quantité de fer du mélange dimi- nuoit. Avec ces deux données, il a déterminé la très petite quantité de fer restée dans un lingot d'argent fondu avec partie égale de fer par le C. Kk 2 516 Nouvelles littéraires, Guytou , et qui dans l'opération avoit paru se sé- parer très-exactement du second métal. Cet argent, dissous dans l’acide nitrique et pré- cipité parle prussiate de soude, ne donnoit aucun indice de la présence du fer; cependant il éprou- voit sensiblement l'influence du barreau magnétique, et de ‘manière à indiquer qu’il contenoit encore du fer. En comparant cetle action avec celle du même barreau sur les cylindres dont nous avons parlé plus haut , le C. Coulomb a trouvé qu’il restoit dans le morceau d’argent side fer. Il a reconnu par. la même méthode que, si l’action du barreau aimarté sur une lame d’argent purifié à la coupelle , ou re- tiré du muriate devait être attribuée à la présence du fer, ce dernier métal n’y entreroit au plus que pour 553555. Cette quantité , qu’on peut regarder 1 comme infiniment petite, y seroit néanmoins dans : un état de division tel qu’il n’y aüroit aucune mo- lécule d’argent qui ne contint une portion de fer, Partie physique, par le C. LACÉPÉDE, secrétaire. Chaque trimestre, le champ des sciences, fécondé par les travaux des membres de l’Institut national, se pare d’une moisson nouvelle , aussi remarquable par sa variété que par son abondance. Le cercle entier de l’année est enrichi de nouveaux fruits. [ndi- quons ceux que la chymie, la botanique, la zoologie, la médecine, l’agriculture et l’art vétérinaire , vien+ nent d'offrir aux amis des connoissances humaines, Le C. FourcroYx a lu les deux premiers para- dit un. ne Qi Be Dante =: à à ES PE Nouvelles littéraires. 917 graphes d’un grand ouvrage sur les oxydes de mer- cure et sur les sels mercuriels. Le mercure a été le sujet d’ure suite immense de recherches : presque tous les chymistes s’en sont occupés successivement ; et cependant l’histoire chymique de ce métal n'étoit pas encore compléte. L'étude de ses Hropritles et de ses combinaisons man- quoit surtout de cette précision qui a été apportée depuis quelques années dans celle du fer, du cuivre et du plomb; et le C. Fourcroy a prouvé qu'avant la publication de son travail, on étoit loin de dis- tinguer aussi rigoureusement que l’état de la science l'exigeoit , les divers oxydes et les différentes modi- fications salines du mercure, C’est pour faire dispa- roitre ce défaut de précision, et pour donner une connoissance aussi exac{e que complète des compo- sés mercuriels, que Je C. Fourcroy s’est livré à des recherches particulières sur ces combinaisons. Il n’a encore entretenu la classe que d'oxydes et de composés fulminans de mercure ; et néanmoins il a déja exposé, non-seulement des détails intéreres- sans, mais même des découvertes précieuses pour les progrès de la science. En parlant des oxydes mereuriels, l’auteur eon- firme d’abord par beaucoup de faits ce qu'il a dit dans le temps, et le premier, d’un oxyde noir de mercure, que Boerhaave et tous les chymistes avoient regardé comme un simple éfat de division de ce mé- tal. I] décrit les circonstances très- multipliées de sa formation ; il en donne l’analyse : il le montre com- posé de quatre-vingt-seize parties de mercure et de’ Kk 3 518 Nouvelles littéraires. quatre d’oxygene ; il énonce les caractères distinctifs de cet oxyde, son insipidité , son insolubilité dans J’eau , sa dissolubilité tranquille et sans effervescence dans les acides, les sels peu oxydés qu’il forme, sa réduction complète par une chaleur forte, sa réduc- tion partielle et sa conversion en oxyde rouge par une chaleur douce. TI] passe ensuite à l’examen des autres oxydes mer- curiels. IT fait voir qu'il n’y a ni oxyde gris, ni oxyde blanc, ni oxyde jaune de mercure; que les composés auxquels on a donné l’un de ces noms, sont de vrais sels peu solubles; que l’oxyde rouge vient seul après le noir et sans intermédiaire ; que cet oxyde rouge, de quelque procédé qu’il provienne, est toujours constant , toujours identique ; qu’il con- tient huit centièmes d’oxygène ; que, trituré avee Je mercure coulant, il partage son oxygène avec ce métal; qu’ils passent alors tous les deux à l’état d’oxyde noir; qu’en cédant son oxygène au zinc et à l’étain avec lesquels on le fait chauffer dans des vaisseaux fermés, il enflamme ces substances ; qu'il ne produit pas le même effet avec le fer et l’arsenic; qu’il a une saveur âpre et désagréable ; qu'il est dissoluble dans l’eau; qu’il peut parvenir à l’état d’une plus grande oxydation par l’action de l’acide muria- tique oxygéné ; mais que , dans ce dernier état ,on ne peut pas l’obtenir isolé, parce qu’il est alors mélé avec un se] qu'aucun moyen connu ne peut en séparer. Les poudres ou préparations de mercure fulmi- nantes sont l’objet de la seconde partie du travail du C, Fourcroy. Il annonce qu’il en connoît trois Nouvelles littéraires. 919 espèces , dont deux ont été décrites avant lui, et dont il a découvert la troisieme. Il fait observer, en considérant les deux premières de ces trois pré- parations , que les précipités de mercure, mélés avec du soufre, et indiqués par Bayen comme fulminans, sont aussi faciles à connoître qu’à préparer. À l’égard de la poudre fulminante découverte par M. Howard, chymiste anglais , et dont le C. Berthollet a occupé la classe , il a trouvé que, suivant le temps de l’é- bullition de l’alcool avec le nitrate de mercure, on obtenoit trois poudres différentes. La première qui est la moins chauffée , n’est qu’un composé d'oxyde de mercure , d'acide nitrique , et d’une matière végétale particulière formée par l’al- cool : elle détonne tres-fortement. La seconde, que l’on obtient en continuant Pé- bullition pendant quelque temps, crystallise en ai- guilles, détonne assez fortement , brûle en bleu avec explosion lorsqu'on la met sur des charbons ardens, pe contient pas d'acide nitrique , renferme de l’ammo- niaque et plus de matiere végétale que la précédente, et paroît étre celle que le C. Berthollet a décrite. La troisième, que produit le mélange de M. Ho- ward, lorsqu'on soutient lébullition de la liqueur pendant une demi-heure ou plus, est jaune ou mé- lée de mercure réduit : elle ne fulmine ni par le choc ni par la chaleur ; mais elle décrépite vivement sur les charbons rouges : elle ne contient ni acide nitrique , ni ammoniaque, mais de Pacide oxalique , et tres-peu de la matière végétale produite par Pal- Sool ; c’est presque de Poxalate de mercure ; et c’est Kk 4 520 Nouvelles littéraires. par toutes ces distinctions que l’auteur a montré comment les expériences du C. Berthollet et celles de M. Howard s’accordent les unes avec les autres. La préparation mercurielle fulminante que le C. Fourcroy a découverte , et qui forme la troisième espèce des composes mercuriels et fulminans, est un oxyde de mercure ammoniacal produit par une digestion continuée pendant huit ou dix jours d’am- moniaque concentré sur de Poxyde rouge. L’oxyde devient peu à peu d’un beau blanc : ik se couvre de -crystaux lamelleux, brillans et tres-petits. Mis sur des eharbons bien allumés, il détonne presque comme l'or fulminant , surtout lorsqu’il est en pelo= tons ou petites masses. Îl se décompose spontané- ment ,et cesse d’être fulminant trois ou quatre jours après sa préparation. Une chaleur douce en dégage VPammoniaque, et laisse l’oxyde rouge isolé. Les acides décomposent sur le champ cet oxyde fulmi- nant, qu’il faut ajouter à l’oxyde d’or et à l’oxyde d'argent, lesquels ont la même nature ammoniacale. Les savans attendent avec impatience la publica- tion de la suite de cet important travail. | Le C. GuYTON a aussi entrenu ses confrères des propriétés des métaux. Il avoit annoncé, il y a 25 ans, que le fer et l'argent, mis ensemble en parfaite fusion , for- moient deux culots séparés et entièrement adhérens par leur surface. Il crut pouvoir en conclure, contre l'opinion de Gellert, que ces deux métaux ne s’al- lioient pas. Les belles expériences du C. Coulomb sur le ma- À À à À À, L be Fe de 2 ES Nouvelles littérarres. 521 gnétisme ayant fait desirer à ce physicien des mé- taux que l’on peut garantir exempts de fer, le C. Guyton lui proposa l’essai du culot d’argent, dont il paroissoit que la nature séparoit elle-même le fer. L’arsent ne tenoit pas, en effet, une quantité de fer qui pût être rendue sensible par les réactifs chy- miques , puisque sa dissolution ne donna pas un atome de bleu avec le prussiate de soude. Cependant ure portion du même fragment exerça une action sen sible sur le barreau aimanté, et le C. Coulomb Payant soumis à son appareil magnétique, trouva qu’il tenoit un cent trentieme de fer. Dès-lors il devenoit important d'examiner si le fer ne renfermoit pas une certaine quantité d’argent ; et c’est ce qu'a fait le C. Guyton avec son habileté ordinaire. Il s’est assuré qu’il y avoit dans le fer un quatre-vingtième , ou à peu près, d'argent intime- ment combiné, et que cette quantité étoit suffisante pour lui donner des propriétés très-remarquables , telles qu’une dureté extraordinaire , et une cassure qui présente sans discontinuité des rudimens de crys- tallisation. Le C. Guyton a conclu de ces expériences sur l'argent et le fer, ainsi que de celles qu'il a faites sur le fer et le plomb, que l’on ne pouvoit plus dire que ces métaux se refusoient à l’alliage, qu'il y avoit réellement union dans leur fusion ; mais que, par une véritable liquation , la plus grande partie des deux métaux se séparoit pendant le refroidisse- ment, en raison de leur pesanteur, ainsi que de leur fusibilité respective, et précisément comme le 522 Nouvelles littéraires. cuivre et le plomb se séparent dans les grands tra- vaux métallurgiques. Le C. Sécuin, associé, a prouvé, dans un mé- moire sur l’Aongroyage des cuirs, que la méthode employée jusqu’à présent pour cette opération, ne produit qu’une interposition de suif et de sels dans les pores des peaux, et que le cuir ongroyé est par conséquent très-inférieur au cuir tanné, I] a ensuite indiqué un nouveau procédé qui diminue cet incon- vénient , et a de plus l’avantage d'être beaucoup moins dispendieux que l’ancien. La classe des sciences physiques et mathématiques a ordonné l'impression et l’insertion dans ses mémoi- res d'un excellent rapport fait par les CC. FourcroY et VAUQUELIN , sur un travail du C. 4/exandre BrocnraRrD, professeur d’histoire naturelle, et di- recteur de la manufacture de porcelaine de Sèvres, Cet ouvrage a pour titre: Essai sur les couleurs obte- nues des oxydes mélalliques , et fixées par la fusion sur les différens corps vitreux. Il est divisé en deux parties, dont la premiere a pour objet les couleurs vitrifiées en général, et la seconde, ces couleurs con- sidérées en particulier. Il traite de leur application à la porcelaine dure, à la porcelaine tendre, à l’é- mail, au verre; et les commissaires ont terminé le compte qu'il en ont rendu , par déclarer que ce tra- vail mnéritoit l'approbation particulière de la classe, comme Le premier traité méthodique et lumineux sur les couleurs vitrifiées , et comme très-propre à guider les artistes et les fabricans dans la préparation et dans l'emploi de ces couleurs. Nouvelles littéraires. 523 Le C. Sicaun-LAFoND, associé, a fait présenter à la classe un exemplaire d’une seconde édition du dictionnaire qu’il a publié sous le titre de Merveilles de la nature. Le C. BROUSSONNET , que ses fonctions de com- missaires des relations commerciales retiennent à Ma- dère, mais qui ne cesse d’y cultiver avec beaucoup de zèle les sciences natuielles, a fait parvenir ases con- fieres un mémoire sur les avantages que la France retireroit de l'établissement d’un jardin de botanique au Cap-de-Bonne-Espérance , et sur tous les m5yens que l’on pourroit devoir à ce jardin, de réunir et d'envoyer en vie , en Europe, les animaux de l’A- frique méridionale dont on espéroit de retirer le plus d'utilité, ainsi qu’un très-grand nombre de plantes africaines , si belles par leurs couleurs, si curieuses par leurs formes, si faciles à multiplier dans nos contrées tempérées, et si propres, par les époques de leur fleuraison, à embellir même nos saisons rigoureuses. Le C. VENTENAT a annoncé la huitième livraison du grand ouvrage dont nous avons déja eu plusieurs occasions de parler ; et qui a pour titre : Description des plantes nouvelles ou peu connues , cultivées dans le jardin du C. Cels , ele. ; avec des dessins du C; Redouté, J’ai en l'honneur de faire hommage à mes con- frères du quatrième volume in-4.° de l'Histoire des poissons , qui fait partie de l’Histoire naturelle gé- nérale et particulière. Le C. Ceorrroy, de l’Institut du Caire, a lu 524 Nouvelles littéraires. un mémoire intitulé : Recherches sur les animaux du Nil, connus des Grecs , et sur les rapports de ces animaux avec le système théogonique des anciens Ægyptiens. On trouvera dans la notice des tra-. vaux de la classe de littérature et beaux-arts, un article relatif à la troisième partie de ce mémoire, laquelle traite de la théogonie et du culte ægyptiens. Les deux premières renferment des observations très- bien faites, des faits nouveaux , des rapprochemens curieux sur les animaux du Nil ; elle présente une dis- cussion ingénieuse et savante sur les connoissances des anciens Grecs, relativement à l'histoire naturelle de ces animaux, ainsi que sur les noms qu’ils em- ployoient pour les distinguer, et montrent combien les récits d'Hérodote, au sujet des habitudes de ces mêmes animaux ægyptiens, sont conformes à la vérité. Le C. TENON s’est occupé d’un animal originaire des contrées voisines de l’Ægypte, mais qui, répandu sur tout le globe par les soins de l'industrie hu- maine, a mérité, par sa bonté, sa force, son cou- rage, son instinct et l'emploi le plus généreux de toutes ses facultés, d’être appelé la plus noble con- quête de l’art sur la nature. Il a communiqué à ses confrères de nouvelles observations sur le cheval. IL a lu un mémoire sur la partie de la tête de cet animal, encore trés- peu connue, à laquelle il a donné le nom d’éguipages maxillo-dentaires. Il s’est plu à exposer l’analogie qu'il a vue entre le moulin que l’art a inventé pour écraser le blé destiné à la nourriture de l’homme, et une autre sorte de moulin IVouvelles littéraires. 525 donné par la nature au cheval pour préparer ses alimens. Ces deux mécaniques ont, suivant le C. Tenon, leurs moyens d’engrenage , de moulage et de blutage. né Le cheval trouve dans ses incisives, dans ses mo- Jaires, et dans les deux mâchoires, auxquelles ces dents sont attachées, deux équipages propres, Pun à l’engrenage, et l’autre au moulage. _Le premier, placé en avant par rapport au se- cond , saisit les alimens, et les dépose dans la bou- che qui est la trémie du moulin du cheval. Le second, situé plus profondément, et sur les côtés de la bouche, les atténue à l’aide de deux meules, l’une grssante et V’autre girante. Ces deux équipages ne travaillent pas ensemble. Ils ont chacun un mouvement propre, de même qu'une structure particuliere. Le mouvement de l’un et de l’autre dépend de la mâchoire d’en'-bas. Elle se meut comme sur une charnière , lorsqu'elle est employée à l’engrenage; elle est conduite de côté sous la mâchoire supé- rieure, quand elle sert au moulage. L'équipage, pour engrener, se compose de la Jongueur du cou et de celle des mâchoires. Les dents , les lèvres, les jambes même en font partie: un long cou et de longues mâchoires atteignent de plus loin; la flexion des jambes compense la brié- veté du cou; les lèvres ramassent les alimens Îles plus déliés, et les inçisives d’une mâchoire, oppo- sées à celles de l’autre, font l'office de pinces. Pour rendre ces incisives plus propres à retenir : , 526 Nouvelles littéraires. ce qu’elles ont saisi, il se forme sur leur face m4- chelière des hachures transversales, comme celles que le taillandier creuse dans les méchoires des pinces destinées à tirer les peaux dures et épaisses, ’équipage à moudre doit être rhabillé où repi- qué. Voici comment il se rhabille. Il se forme con tinuellement sur les meules , c’est-à-dire, sur les tables des molaires des deux mâchoires, des plans inclinés, des rainures, des languettes. Ces inéga- lités sont tellement disposées, que le plan incliné des molaires d’une mâchoire est taillé en sens in- verse de celui des molaires de l’autre mâchoire, et que les languettes des premitres entrent dans les rainures des molaires de. la mâchoire opposée, et réciproquement. Les hachures transversales des tables des inci- sives, et les plans inclinés, les rainures, les lan- guettes des tables des molaires, proviennent des substances solides qui entrent dans la composition de ces deux classes de dents, ainsi-que de la ma- nière dont ces substances sont distribuées, soit dans les dents de l'équipage à prendre, soit dans celles de l’équipage à moudre. Le C. Tenon distingue trois substances solides dans ces deux classes de dents ; l'émail , Vos de la dent , et un autre os, lequel enveloppe l’émail, et qu’il nomme os cortical, Ces trois substances étant de densité et de dureté différentes, sont usées plus promptement les unes que les autres, lorsque les dents d'une mâchoire frottent contre les dents de la mâchoire opposée. Nouvelles littéraires. 527 . Dans les incisives, où il ne faut que des hachuyes transversales, quatre filets d’émail, c'est-à-dire , de Ja substance la plus dure, s'étendent, d’un côté à l’autre dé la table, entre l’os de la dent et los cor- tical; ce qui donne lieu à trois hachures. Dans les molaires qui doivent présenter des plans inclinés, des rainures, des languettes, Pémail, à Ja faveur de plis et de replis multipliés, et disposés dans un ordre constant, le long de certaines faces et de, certains points des tables de ces dents, est distribué entre leurs deux os, d’une manière in- verse dans les deux mâchoires. Les parties de ces molaires, moins garnies d’émail, rencontrent ceiles de la mâchoire opposée, qui en sont le plus poure vues, et sont entamées plus ou moins profondément. Le C. Tenon, passant à une considération plus Énérale, conclut, des différentes observations qu’il a faites, que tous les animaux qui môulent Jeurs alimens, ont des dents, non-seulement composées de trois substances, mais encore nécessairement fort longues ; que ces dents croissent en plusieurs temps; qu’elles sont expulsées de leurs alyéoles pour pou- voir être convenablement rhabillées ; que l’émail placé entre les deux substances osseuses de ces dents, forme, avec ces os, une étofle plus ferme, plus flexible, moins cassante; qu'il est aux dents ce que l’acier est à divers outils, pendant que les deux os représentent le fer de ces deux instrumens, et qu'il sert, suivant sa distribution, à aiguiser les dents en pointes, en trois quarts, en tranchaus, et con- foumément aux besoins de l’animal, 5:28 Nouvelles littéraires. Après avoir dit ensuite que les chevaux consom= ment toutes leurs dents, qu’ils les réduisent en poussière, qu’ils en avalent les débris, et que ce détruitus devient une des causes de la formation des pierres que l’on trouve dans leurs intestins, le C. Tenon termine son travail en indiquant les pré- cautions que l’ou doit prendre pour ralentir Pusure de leur instrument dentaire , prévenir la production de leurs pierres intestinales , et ménager les moyens de rhabillage de leurs dents, ainsi que leurs facultés digestives. Dans un second mémoire, le C. Tenon traite des dents du cheval, connues sous le nom de croch:1s. Il a suivi, en les examinarit, cette méthode d’étu- dier l’anatomie par époques, dont on lui devra lPim- portant usage , laquelle consiste à observer une par- tie d’un animal dans tous les états par lesquels elle passe durant le cours de la vie, et qui lui a valu déjà la découverte d’un si grand nombre de faits curieux, même dans plusieurs branches de lascience, que l’on eroyoit entièrement connues. 1] a remarqué que les crochets n’entrent pas dans la composition de ce qu’il appeile équipage à prendre et équipage à moudre. Ils forment une troisième classe de dents , dont les fonctions particulières étoient ignorées. Le C, Tenon a trouvé que l’action des crochets d'en haut et celle des crochets d'en bas, ne sont pas simultanées, comme celles des incisives ou des molaires des deux mâchoires. | La TT LP Te a - Nouvelles littéraires. 529 La fonction des crochets est uniquement affectée à la mâchoire à laquelle ils sont attachés. Ils sont destinés à fortifier la région des barres, à la courber, à suspendre l’époque du rabatiement de la mâchoire d’en bas, à ralentir le redressement des barres de la mâchoire supérieure. Et voilà pour- quoi les crochets d’en bas et ceux d’en haut ne se rencontrant point dans les.mouvemens des mâchoi- res, et n'étant en général ni raccourcis par lPusure, ni chassés de leurs alvéoles, parviennent à tout leur développement , et le conservent en entier. Le C. Tenon s’est assuré que ces crochets man- quent souvent ou sont fréquemment atrophiés , soit dans la jument , soit dans le cheval hongre, et que leur suppression totale est plus.fréquente à la mâ- choire d’en haut qu’à celle d’en bas. Il'a vu que l'extrémité antérieure de la pince de la mâchoire d’en bas étoit relevée pendant la jeu- uesse du cheval , et rabattue pendant la vieillesse de cet animal. Il a reconnu que le relèvement pro- venoit ‘non -seulement de laccroissement des mo- laires et des incisives de remplacement , mais en- core de la présence des crochets; et que le rabat- tement provenoit de l’absence des crochets, aussi bien que du décroissement des incisives de rempla- cement et des molaires. à 11 a observé que , lorsque l’avant-train de la mâ- choire d’en bas est relevé , la table des incisives inférieures se présente directement à celle des in- cisives supérieures ; lorsqu’au contraire cet avant- train est rabattu , cette même table se dirige Tome I. L1 530 Nouvelles littéraires. en avant, s’éloigne de celle des incisives d’en haut, et le nouveau rapport de position qüi en résulte, hâte la sortie de ces dents de leurs alvéoles. Le C. Tenon a recueilli dans ses recherches , de nouveaux moyens de distinguer les qualités du che- val, et de reconnoïtre son âge, lorsque les signes auxquels on a eu recours jusqu’à présent pour s’as- surer de ces objets, ont disparu ou sont incertains. Il a annoncé de nouveaux travaux relatifs aux in- fluences des dents du cheval sur les os maxillaires, et sur d’autres os de la face et du crâne, Il ne veut négliger l’examen d’aucun de ces objets, parce que les dents du cheval étant tres-longues et très-oros- ses, et produisant dans les mâchoires des effets très-faciles à saisir, il se propose de les prendre ‘pour terme de’ comparaison, lorsqu’il publiera, sur les dents et les mâchoires de l’homme, de l’élé- phant, des animaux ruminans , des rongeurs, et de plüsieurs autres animaux, des découvertes que doi- vent desirer de connoître tous ceux qui s'intéressent aux progrès de la médecine, de l’anatomie compa- rée, et de l’art vétérinaire. | Ces sciences ont été aussi enrichies par d’autres ouvrages. Le C. LomMBaRD, associé, a donné une seconde édition de sa Clinique chirurgicale des plaies ré- centes. d Le ministre de l'intérieur a fait imprimer , sur l’amélioration des chevaux en France, une instruc- tion rédigée par le C. HuzaRD, publiée par le con- seil d'agriculture, et dans lequel le naturaliste, le Nouvelles littéraires. pat vétérinaire , l’homme d’Etat , le propriétaire et le cultivateur , trouveront les lumières qu’ils desiroient depuis longtemps. Le C. Tessier a publié, sur les moyens de dé- truire les rats des champs, une autre instruction qu’avoient réclamée les habitans de plusieurs de nos départemens ravagés par des myriades de campa- gnols ; et le C. RigouD, associé, a fait présenter à la classe un exemplaire d’un de ses discours sur l'etat de la Société d'émulation et d’agriculture du dépar- tement de l’Ain. Société philomathique. Le C. GEOFFROY, professeur au Muséum d’his- toire naturelle, a lu une une note sur quelques ha- biludes communes au requin et au pilote. On a écrit que les requins avoient soumis à leur empire un très-petit poisson du genre des gades, que celui-ci précédoit son maître dans ses voyages, qu’il lui indiquoit les endroits de la mer les plus poissonneux, lui découvroit à la piste les proies dont il étoit le plus friand, et qu’en reconnoissance de services aussi signalés, le 1equin, maluré sa glou- tonnerie, vivoit en bonne intelligence avec un com- pagnon aussi utile. Les naturalistes, toujours en garde contre les exagérations des voyageurs, qui n’on concevoir les motifs d’une pareiile associa- tion ; ont révoqué ces faits en doute. On va voir que c’est à tort : les observations que j’ai été à même de faire sont accompagnées de circonstances qui ne IR2 532 Nouvelles littéraires. se sont peut-être offertes qu’à moi avec tant de détails, Le 6 prairial an 6, je me trouvois, à bord de la fiégate l’Alceste , entre le Cap-Bon et l'ile de Malte. La mer étoit tranquille : les passagers étoient fati- gués de la trop longue durée du calme, lorsque leur attention se porta sur un requin qu’ils virent s’a- vancer vers le bâtiment. Il étoit précédé de ses pi- lotes, qui conservoient assez bien entre eux et le requin la même distance : Les deux pilotes se diri- gèrent vers la poupe du bâtiment, la visitèrent deux fois d’un ‘bout à l’autre, et après s’être assuré qu'il n’y avoit rien dont ils pussent faire leur profit , re- prirent Ja route qu’ils avoient tenue auparavant. Pendant tous leurs divers mouvemens , le requin ne les perdit pas de vue, ou plutôt il les suivoit si exactement, qu’on auroit dit qu'il en étoit traîné. Il n’eut pas été plutôt signalé, qu’un matelot du bord prépara un gros hamecon qu’il amorca avec du lard; mais le requin et ses compagnons s’étoient déja éloignés de 20 à 25 mètres, quand le pêcheur eut fait toutes ses dispositions ; cependant il jette à tout hasard son morceau de lard à la mer. Le bruit qu’en occasionne la chûte se fait entendre au loin. Nos voyageurs en sont étonnés et s’arrétent ; les deux pilotes se détachent ensuite et s’en vont aux infor- mations à la poupe du bâtiment. Le requin , pendant leur absence, se joue de mille manières à +. de l’eau : il se renverse sur le dos, se rétablit en- suite sur le ventre, s’enfonce dans la mer , mais tou- jours reparoît,à la même place. Les deux pilotes, : Nouvelles littéraires. 533 parvenus à la poupe de l A/ceste, passent aupres du lard , et ne l'ont pas plutôt apercu qu’ils retournent vers le requin avec plus de vitesse qu’ils ne sont venus. Comme ils l’avoient atteint , celui-ei se mit à continuer sa route : alors les pilotes, en nageant, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche, font tous leurs efforts pour le devancer ; à peine en sont-ils venus à bout, qu’ils se retournent tout-à-coup , et revien- nent une seconde fois à la poupe du bâtiment : ils sont suivis du requin, qui parvient ainsi, graces à la sagacité de ses compagnons, à apercevoir É proie quislui étoit destinée, On a dit du requin qu’il avoit l’odorat très-délicat ; j'ai donné beaucoup d'attention à ce qui s’est passé quand il s’est trouvé dans le voisinage du lard : il m'a paru qu’il n’en fut avisé qu’au moment où ses guides le lui eurentpour ainsi dire indiqué; ce n’est qu’alors qu’il nagea avec plus de vitesse , ou plutôt qu’il fit un bond pour s’en emparer. 1] en détacha d’abord une portion sans être harponné; mais à la seconde tentative qu'il fit, l’hameçon pénétra dans la lèvre gauche : il fut pris et hissé à bord. Ce ne fut qu'au bout de deux heures, pendant lesquelles je m’ocoupois de l’anatomie de ce squale, que je témoignai le regret de n'avoir pas vu d’assez près l’espèce qui se consacroit ainsi volontairement au service du requin : on m’assura qu’il étoit facil de me Ja procurer, qu'il étoit certain qu’elle n’avoit point quitté les environs du bâtiinent ; et, quelques momens après, on fit mieux, on m'en présenta un individu que je reconnus pour appartenir au pilote LI] à 534 Nouvelles litiéraires, k ou fanfare des marins, et au gasterosteus ductor des naturalistes, : I] seroït sans doute curieux de, rechercher quel intérêt a pu porter deux animaux aussi différens dans leur organisation, leur volume et leurs habi- tudes , à former une sorte d’association. Le pilote se nourrii-il de la fiente des requins, comme le pense le C. Bosc, et, pour trouver sureté et protection dans le voisinage d’une espèce aussi vorace, se se- roit-il imposé les devoirs pénibles de Ja domes- ticité ? Le C. TREMERY, ingénieur des mines, a €om- emuniqué un examen ‘des phénomènes électriques qui ne paroïssent pas s'accorder abec la théorie des deux fluides. Parmi les faits sur lesquels on s’est appuyé pour admettre avec Franklin Phypothese d’un seul fluide électrique ; la plus remarquable:est la suivante: Ayant placé entre deux conducteurs métalliques uve Carte qui touche chacun d’eux par une de ses faces, dans des points différens, on fait passer une forte décharge électrique à travers cet appareil : dans l’instant où elle s’opere , une traînée lumineuse part du conducteur positif, glisse sur la surface de la carte, et la perce vis-à vis du conducteur négatif, Cela arrive même quand la carte est percée d’avance devant le premier de ces deux conducteurs. On concluoit de ce fait que pour admettre la théorie des deux fluides, il faudroit supposer qu’un seul d’entre eux peut s'échapper des corps et pro- duit de la lumiège, tandis que l’autre y reste in- Nouvelles littéraires. 535 hérent. Le C, Tremery détruit ce raisonnement par l'expérience suivante : Il place la carte et les deux conducteurs sous le récipient d’une machine pneûmatique ;à mesure que l’on diminue la densité de l’air contenu sous le ré- cipient, le point où la carte est percée se rapproche du conducteur positif; lorsque la pression est à peu près la moitié de celle de l’atmosphère , le point de passage est précisément au milieu des deux con- ducteurs. À chaque décharge , une traînée lumineuse part de chaque conducteur, et s'étend sur chaque surface*de la carte jusqu’au point d’intersection. Le C. Tremery conclut de cette expérience , qu’il faut regarder Fair atmosphérique, dans l’état ordi- naire , comme résistant davantage au passage du fluide négatif qu’à celui du fluide positif. Ces rési- stances diminuent pour ces deux fluides aveeïla den- sité de l'air, dans différens rapports et beaucoup plus rapidement pour le premier que pour le se- cond. Le C. Tremery déduit de ce qui précède ce résultat général, que la faculté isolante des corps idioélec- triques ne doit pas étre supposée la même pour les électricités positives et négatives. En partant de cette explication ,ilest facile d’ac- corder avec Ja théorie des’ deux fluides le très-petit nombre de faits que ses adversaires lui opposent. Le C. CHaAUSssiER, professeur à l’école de méde- cine, a laun mémoire sur le moyen de préserver les . cadavres des animaux de la putréfaction ; en conser- LI 4 536 Nouvelles littéraires. vant leur forme essentielle, et même en leur donnant la fraîcheur , l'apparence de la vie. Les corps des animaux, lorsqu'ils sont priés de, Ja vie, abandonnés à l’action de l'atmosphère , plon- gés dans les eaux ou enfouis dans la terre, ne tar- dent pas à passer À Àa putréfaction, à devenir la pâture des vers, des insectes, et après un temps, toujours très-court, la masse de leurs chaïrs se trouve réduite à quelques hectogrammes d’une poussière que les vents dispersent, que les eaux entraînent, que . Jes végétaux s’approprient pour leur nourriture : cette destruction, cette altération si grande, si'rapide, iestune suite nécessaire de la qualité, de la nature même de leurs parties Constituantes, de leur ten- dance à la décomposition, de la quantité considé- able de fluides relativement aux solides ; aussi pour conserver le cadavre des animaux ou quelques-unes de leursparties , il faut nécessairement changer l’ordre paturel de leur composition , et à l’aide de différens agens, déterminer des combinaisons nouvelles qui, en conservant la forme, la texture essentielles , soient en même temps imputrescibles, inaltérables aux vicissitudes de l’atmosphère , inattaquables aux insectes. Après ces considérations premières qui ser- vent de base à ses recherches, le C. Chaussier exa- mine les divers procédés qui ont été successivement employés pour la conservation des cadavres en- tiers, ou des pièces anatomiques ; et après avoir remarqué que les uns Sont illusoires, que les autres ne garantissent pas les substances animalés della vo- racité des insectes , que tous ont l’inconvénient d’al- Nouvelles littéraires. 537 térer la configuration essentielle, de réduire Je corps en une masse informe , il indique la solution de mu- riate suroxygéné de mercure, dans l’eau distillée, comme le moyen le plus propre à remplir l’objet qu’on se propose. Nous ne suivrons pas l’auteur dans les recherches qu’il fait sur l’action de cette solution saline sur les substances aniniales , nous nous bor- perons à en indiquer l’usage, qui doit varier sui- vant le volume et l’état de l’objet qu’on se propose de conserver. S'il s’agit uniquement d’une piece sé- parée , comme Ja plupart des préparations anato- miques , il suffit de la plonger dans une solution de muriate suroxygéné de mercure , et d'ajouter dans le vase un ou plusieurs nouets de linge fin qui con- tiennent quelques grammes de ce sel mercuriel , précaution essentielle pour qu’elle reste toujours également saturée. Après dix , vingt outrente jours d'immersion , c’est-à-dire, lorsque la partie a été pé- nétrée dâns toute son étendue par la solution saline, lorsqu’il s’est opéré dans tous ses points une com- ‘binaison nouvelle , on peut laretirer de la liqueur, la placer dans un bocal que lon remplit d’eau dis- tillée , légèrement chargée de muriate suroxygéné de mercure ; ou bien on lexpose dans un endroit aéré, à l'abri du soleil, de la poussière; peu à peu elle se dessèche , prend une consistance, une dureté pres- que ligneuse ; et dans cet état elle ne peut plus être altérée par l'air, ni attaquée par les insectes , comme le démontrent les expériences du C. Chaussier, qui depuis plusieurs années a abandonné des pièces 538 Mouvelles littéraires. ainsi préparées aux insectes et aux vicissitudes de latmosphere. 3 La conservation du corps entier exige des soins, des atteptions particulières, dont'il est impossible d'exposer tous les détails dans une simple notice. C’est , en quelque sorte, un art nouveau, dont les procédés ne peuvent être bien exécutés que par un anatomiste exercé. Nous nous bornerons à remarquer que, pour réussir complétement dans cette prépara- tion, il faut par des incisions préliminaires prati- quées avec art, préparer desissues par lesquelles la ‘ solution saline puisse péñétrer facilement et promp- tement dans le tissu de toutes les parties; et lorsqu'on se propose de donner au cadavre la‘fraîcheur, l’ap- parence de la vie, il faut auparavant remplir les vaisseaux, les tissus cellulaires d’une dissolution de gélatine colorée. 11 faut placer dans les orbites des yeux d’émail proportionnés à l’âge, à l’état habituel du sujet. C’est après ces procédés préparatoires que l’on plonge le cadavre dans la solution saline de muriate suroxygéné de mercure; on l’y maintient plus où moins longtemps , suivant le volume du corps, après quoi on le retire pour le laisser sécher lente-" ment, et former ainsi une sorte de momie aussi du- rable que celles de l'Ægypte , et qui a encore l’a- vantage de conserver les caractères , les traits essen- tels de la physionomie. Depuis deux ans que le C. Chaussier a lu ce mé- moire à l’Institut, il a continué ses expériences et fait l’application de sa méthode à divers objets : 1 Nouvelles littéraires. 39 ainsi il a reconnu que la solution de muriate sur- oxygéné de mercure préservoit , non - seulement les substances animales de la putréfaction , mais encore qu’elle en arrétoit les progrès et les ramenoit , en quelque sorte, à leur état premier. Il en a fait aussi usage avec le plus grand succès, pour conserver les bois, les cartons , les pelleteries , de la voracité des insectes. On peut également l’employer dans les ca- binets d'histoire naturelle pour la conservation des oiseaux, des petits quadrupèdes. Par exemple, au lieu de suivre la méthode ordinaire pour empailler les oiseaux d’un volume médiocre , le C. Chaussier se contente de faire une incision sur la ligne mé- diante de l’abdomen. Il enleve les viseeres qui y sont , contenus , ainsi que ceux du thorax , fait à la base du crâne, par le fond du gosier , une ouverture pour enlever l’encéphale ; et après avoir pratiqué sous la peau, dans l’épaisseur des cuisses différentes issues , il plonge le corps daus la solution saline, y main- tient pendant un temps plus ou moins long, après quoi ille retire ; et lorsqu'il est suffisamment égoutté, il remplit l’abdomen , le thorax d’étoupes fines, coud l’incision qui avoit été faite, et donne au corps l’at- titude qu’il doit conserver par la suite. On détruira, on éloignera les insectes des animaux anciennement préparés , en les plongeant pendant un certaif temps dans Ja solution saline. 540 Nouvelles littéraires. THÉATRES THÉATRE FEVDEAUK&. Le fuux Porteur d’eau. Ce vaudeville, joué pour la première fois, le 19 messidor an X, n’a pas obtenu de’ succès. Ce n'est pas la faute des acteurs, qui ont tous joué avec le talent qu’on leur connoît, mais bien celle de la pièce , qui étoit aussi froide qu’invraisemblable. THÉATRE DU VAUDEFILLE.: La Ressource des talens , ou la Promenade aux Champs - Elysées. Malgré le nom d’Elleviou, malgré l'intérêt qu’a excité son trait de bienfaisance, ce vaudeville, joué le 23 messidor, a été recu très-froidement. Quoique tout le monde en connoïsse le sujet, nous croyons devoir le rappeler pour faire juger la pièce. Un pauvre musicien, aveugle, n’ayant pour toute ressource qu’un forte- piano, dont il touche passa- blement ,*se place tous les jours à l’entrée des Champs-Elysées, et là il tâche, par les sons de son instrument , d'arrêter quelques passans, dont sa fille sollicite la pitié. Un soir, ce malheureux se retiroit sans avoir rien reçu, et murmuroit contre le peu de sensibilité des hommes, Deux jeunes gens et une femme l’entendent , s’approchent et cherchent à le consoler. Malheureusement la jeune dame, par une Nouvelles littéraires. O4 suite de nos modernes usages, n’avoit pas de poches et point de bourse, attendu qu’elle avoit oublié son ridicule. Soit délicatesse, soit amour - propre, soit une bizarrerie qui accompagne assez ordinairement le talent, les deux jeunes gens trouvèrent une ma- nièere adroite d’obliger le pauvre aveugle. L’un d’eux se place au piano, l’autre chante; et la foule, at+ tirée par une harmonie peu commune dans cet en- droit, jette à l’envi de la monnoie dans la corbeille que présente dans les rangs une main blanche et délicate. Bientôt un murmure confus s’élève ; quel- ques voix nomment Elleviou , Pradère ,et nos musi- ciens s’échappent après avoir remis au vieillard la recette, où il se trouva quelques pièces que, très- certainement , les spectateurs n’avoient pas données. Un pareil trait a excité l’admiration, et réveillé tous nos auteurs de vaudevilles , prompts à saisir les circonstances. Le Jaudeville , le-théâtre Montansier , même les Jeunes Elèves, ont donné successivement des pieces sur ce sujet. Le vaudeville a été le dernier, et cependant il est bien loin d’avoir donné le meil- leur ouvrage. Des scènes froides, sans but et sans liaison, des couplets mal enchassés et tous faits d’avance deux rôles accessoires très - insignifians, telles sont les causes du peu de succès de la pièce. Dans celle du théâtre Montansier , au contraire, au milieu de beaucoup d’invraisemblances, on trouve de l'esprit assez bien placé et une scène charmante, celle du concert qui, dans l’autre , est manquée tout-à-fait. Mais, dans la manière de faire décou- yrir Elleviou, c’est le plus petit théâtre, celui que 542 Vouvelles littéraires. nous n’osons mettre en comparaison avec lés deux autres, qui a le mieux réussi. Après avoir remis au vieillard Ja recette, ses bienfaiteurs s’échappent dans la foule ; mais, aussi honnête que pauvre, le musi- cien trouve de l'or dans la corbeille, et croit qu’ils se sont trompés. On court après eux ; on les ramène ; et c’est alors qu’un jeune auteur, ami de l’avare propriétaire du forte - piano, reconnoît Elleviou et le nomme, Dans ces deux dernieres pièces, de jolis couplets ont été redemandés, entre autres ceux ci : Blinval (Eleviou), dans la pièce du th#âtre Mon- tansier : . ” Arr: Je suis Lindor (de ParsrerLo). Cacher sa main, lorsqu'on ouvre sa bourse, C’est augmenter le service qu’on rend; Tel à nos yeux un fleuve bienfaisant, Répand ses eaux, sans indiquer sa source. L'auteur, dans la pièce des Elèves, dit, en re- connoissant Elleviou : Aïr : Appelé par le dieu d'amour. Toujours au public enchanté, Dans chaque fôle on le voit plaire : Comme il sait peindre la gaîté, * L'humeur inconstante et légère. 11 charme le cœur et les yeux; Mais chacun conviendra, je pense, Que le rôle qu’il rend le mieux, C’est celui de la bienfaisance. Les auteurs de la pièce du théâtre Montansier, sont les CC. ViErLLaRD , CHAZET et "LAFORYELLE ; ceux du Vaudeville, sont les CC. DESFONTAINES et RoucEMmMoNT. Ce dernier a fait, par cet ouvrage, son début au Vaudeville. ; / LIVRES DIVERS () MATHÉMATIQUES. TABLEAUX Septénaires pour Jouer avantageusement les extraits sur les Loteries de Paris y Bruxelles , Lyon , Strasbourg , Bordeaux, swf toutes les Lo- teries jouées ensemble et considérées comme n’en formant qu'une seule; plus un tableau pour les Jouer toutes, celle de Bordeaux excepté ; suivis de tous les tirages de ces différentes Loteries depuis leur établissement jusque et compris le dernier ti- rage de frimaire an 10 ; les numéros sortis à chacun des tirages; des indicateurs qui renvoyent aux tableaux , et de l’époque de leurs sorties. À Paris chez lAuteur, rue Moreau, n.° 1, fau- bourg Antoine derrière les Quinze-Vingts, chez tous les receveurs de loteries, et la veuve Galetti, imprimeur , maison des ci-devant Capucines, vis- à-vis la place Vendôme. In-8.° de 128 pages. 3 fr. et 4 fr. pour les départemens. M'ÉxT'Rr O'L 0 G1:E. SAGcro del systema Metrico della Republica francese col rapporto delle sue misure à quelle del Piemonte di Anton-Maria V ASSALLI-EANDI professore d£ .fisica sperimentale nel Ateneo Subalpino membro della commissione de à pesi e delle misure dell is- tituto nazionale di Francia | etc., secunda edizione riveduta ed accresciuta , Torino Ventoso, anno X. Presso 1 librai Ferrero e Pomba , in-12 de 96 pages. Tous ceux qui ont connu M. Vassalli pendant son séjour à Paris, comme député de la Cisalpine pour (1) Les articles marqués d’une * sont ceux dont nous donnerons un æxtrait, 944 Livres divers. la commission des poids et mesures , ont été à même d’apprécier ses connoïssances , et croiront aisément que ce petit traité est fait avec une excellente mé- thode, et une grande clarté, mérite principal des ouvrages de ce genre. B:.0: TAN \L)OY- NE. DICTIONNAIRE élémentaire de Botanique , de BULLIARD, revu et presque entièrement refonduw par Louis-Claude RICHARD , professeur de bota- nique à l’école de Médecine. Ouvrage où toutes les parties des plantes , leurs diverses affections, les termes usités et ceux qu'on peut introduire dans Les descriptions botaniques , sont définis et inter- prétés avec plus de précision qu’ils ne l’ont été jus- qu’à ce jour ; orné de 20 planches gravées en taille- douce avec le plus grand soin : suivi d’une expo- sition méthodique de ces mêmes termes , au moyen de laquelle, et à l’aide du dictionnaire , l'étudiant peut prendre une lecon suivie sur chaque partie des plantes : précédé d’un dictionnaire botanique latin- francois. Seconde édition augmentée de l'exposé et du tableau de la méthode de Jussieu. Paris. An x. In-8.°. Prix, 7 fr. 5o cent., et 8 fr. 5o cent. franc de port. Chez J.-J. Fuchs, libraire, rue des Ma- thurins Saint-Jacques, n.° 334. Cet ouvrage est connu; les additions du C. Ri- chard le rendent encore plus précieux. Les planches sont très-bien gravées. Il est très-utile pour l’étude de la botanique. ORNITHOLOGIE. L'ART d’empailler les oiseaux , contenant des prin- cipes nouveaux et sûrs pour leur conserver leurs formes et leurs attitudes naturelles, avec la mé- thode de les classer d’après le système de Linné ; par les CC. HÉNON , ancien professeur de l’école | vétérinaire | L2 . } Livres divers. 545 vétérinaire de Paris, directeur-adjoint et premier professeur de celle de Lyon, et MOUTON FONTE- NILLE. Seconde édition, ornée de cinq planches en taille-douce. À Lyon, chez Bruyset aîné et compagnie, An X (1602ÿ. In-8.° de 283 pages, Cette seconde édition est dédiée au C. Chaptal, ministre de l’intérieur, L’art de conserver la beauté et l'éclat des plu- mages des oiseaux , est appelé taxidernice ; il s’agit de les dépouiller, de les droguer, et de monter Jeurs peaux , en maintenant l’élégance de leur port. La taxidernice étoit totalement ignorée il y a un siécle, lorsque le célèbre Réaumur publia un mé- moire sur les divers moyens de garantir de la cor= ruption les peaux des oiseaux qu’on veut envoyer dans les pays éloignés, et il forma chez lui un très-beau cabinet d’histoire naturelle, dont il con- fa la garde au savant naturaliste Brisson, Cet art est exposé ici avec clarté et précision. On y trouve les premiers élémens de l'ornithologie, Il est facile de juger, d’après l'accueil que la première édition a reçu du public, quel sera Île sort de celle-ci ; les deux savans naturalistes ses auteurs n'ont rien négligé pour la compléter et la perfec- tionner. C’est le fruit de plus de vipgt-cinq ans d’études et d'observations, après avoir préparé plus de trois mille oiseaux, Ce traité présente avec ordre troïs parties. Dans Ja première, purement philosophique, on observe le développement des principes réduits en théorie, et cela jusque dans le plus petit détail, afin de conserver aux familles leurs formes et leurs atti- tudes naturelles, d'apres l’étude et les méditations de nos-deux auteurs. Dans la seconde, ils exposent leurs procédés pratiques pour preparer les oiseaux, et font connoître successivement les moyens em- ployés par les ornithologistes , en présentant les in- convéuiens, non dans l'intention de s’ériger en cen- seurs, mais avec cette modestie qui est l’apanage de Tome I. M m 546 Livres divers. ceux qui ne cherchent que le progres de la science, Dans F4 troisième , se trouve l’énumération des di- verses substances ou matières connues sous le nom de préservatifs, usitées pour conserver les oiseaux et remplir leurs peaux , ave@l’indication de la formule que les CC. Hénon et Mouton-Fontenille ont em- ployée avec succes depuis longtemps. Les notes pla- cées à la suite de cette dernière partie offrent les remarques nécessaires à l'intelligence des procédés qui ont été mis en usage. Le système ornithologique de Linnéus est ici ex- posé avec beaucoup de clarté. Au caractère des ordres sont jointes des tables synoptiques ou bien des dispositions artificielles et naturelles des genres , ce qui facilite singulièrement l’étude : suivent les noms latins et français, des descriptions assez éten- dues sur les organes et les parties des oiseaux ; enfin rien n’est omis. | Voici les préceptes que nos deux savans natura- listes prescrivent pour maintenir la beauté des oi- seaux empaillés : « Le nombre des collecteurs en « histoire naturelle est considérable, mais celui des « conservateurs est bien petit. La destruction de la « majeure partie des collections, faites à grands frais, et avec des peines infinies, n’est due qu’à « la négligence des possesseurs. En visitant une « fois chaque année ses oiseaux, et en les passant « à l'essence de térébentine, on prévient les ravages « des insectes. Nous possédons, disent:ils, des oi- « seaux empaillés depuis plus de vingt ans, qui sont « aussi frais et aussi beaux qu’au moment où ils ont « été montés. » On reprochera peut-être à nos auteurs un peu d’af- fectation dans leur manière d’écrire sur une matière qui n’exigeoit que de la simplicité et de la clarté. « Saisis d’admiration, disent-ils, pour le spectacle ra- «“_yissant que nous offrent les habitans de l'air, les pre- « miers observateurs durent les contempler avecéton- « nement, À l'admiration succéda bientôt le desir de « Ja possession, On leur tendit des piéges, des filets ; Livres divers, 547 « on employa'avec succès les cris de quelques es- « pèces pour attirer leurs semblables, et les réduire « en captivité. Non contens de ces moyens, on vous « Jut avoir morts ceux qu’on ne pouvoit se procurer « vivans. On. déclara alors la guerre à l’innocence « et à la beauté. Egalement atteints par la flècne « rapide et le plomb meurtrier, les nombreux in- # dividus du genre volatil périrent victimes de cette « proscription universelle. Combien d’unions, for- « mées avec cette vivacité de sentimens qu’inspirent « le printemps et la liberté, l'amour et la nature, « furent aussitôt dissoutes que consenties! Plus d’une « Philomele eut à gémir sur la perte d’un compagnon « fidelle! plus d’un écho répéta les gémissemens « plaintifs de amoureuse tourterelle 1 » Nos auteurs lyonnois promettent de donner des méthodes pour conserver les autres classes de Ja z00- logie. Alors il sera aisé de former un cabinet d’his- toire naturelle, qui doit être considéré comme un sanctuaire où toutes les productions de la nature sont classées avec art. WILLEMET. MÉDECINE. MÉMOIRE sur les fièvres pestilentielles et insidieuses du Levant , avec un aperçu physique et médical du Sayd; par PUGN£ET, médecin de l'armée d'Ægypte. x vol. in-8.°. Prix, 4 fr. br., et 5 fr. franc de port, A Lyon, chez Raymann et compagnie, libraire, rue Saint-Dominique, n° 63; et à Paris, chez la veuve Périsse , libraire , rue Saint-André-des- Arcs , n.° 84. . Cet ouvrage, qui doit fixer l’attention de plus d’une classe de lecteurs, contient des détails fort intéressans , sur le climat de la Haute-Ægypte , sur les mœurs, les usages, le caractère et le tempé- rament de ses habitans. L'auteur, en parlant de cette contrée , n’est pas tout-à-fait d'accord avec certains Voyageurs qui nous en ont fait un tableau M in 2 ss, 548 Livres divers. trop flatteur. Voici comme il s’exprime : « Il est « temps que l'illusion disparoiïsse, et qu’on cesse de « chercher les riants bosquets et les jardins délicieux à que l’imagination de quelques voyageurs y a en= « fantés. On ne voit de toutes parts que des déserts « arides, et les champs mal-cultivés. Sous un ciel “ aussi brûlant, on soupire en vain après le plus . « foible ombrage, Ce n’est qu’aux environs des « lieux habités qu’on rencontre quelques groupes «“« de palmiers ou quelques acacias épars. L’Ægyp- « tien est en proie à l'ignorance la plus profonde. « Il est persuadé que tout ce qu’il lui importe d’ap- « prendre est renfermé dans le livre du prophète. « C’ést autant par paresse que par crédulité qu’il « tient à ses habitudes et à ses manières antiques. « Ilest aussi implacable dans sa haine que terrible « dans sa vengeance.#ll poursuit jusqu’au soupcon “ d’une injure avec tout l’acharnement de la fu- « reur. Il n’est que le sang qui puisse éteindre le feu de sa colère; et s’il ne peut le verser lui- “ même, sa rage est un dépôt qu’il lègue à ses en « fans, » Dans le cours de son ouvrage , le docteur Pugnet donne une description exacte de la peste, et il in- dique les moyens de s’en garantir. 1] en reconnoiît trois espèces principales, La première est inflamma= toire, la deuxième est SMomdut tee à la diathese pu- tride, et la troisieme est nerveuse. Toutes ces es- pèces sont contagieuses. Elles doivent être combat- tues par les remédes propres à chaque espèce. D’a- près cette division lumineuse de l’auteur , on sent que le mode de traitement ne sauroit étre con- stamment le même. Il donne les plus grands éloges à l’émétique, et il l’a employé avec succès à Da- miette où la peste sembloit être compliquée de la turgescence gastrique; mais il falloit l’admiuistrer à l'invasion de la maladie. Donné plus tard, il étoit plus nuisible qu’utile. L'auteur termine ses mémoires par un essai sur le dem-el-monia , maladie régnante sn Ægypte, et qui a la plus grande analogie avec Livres divers: 549 les fièvres pernicieuses qu’on observe en Europe , surtout dans les pays humides et marécageux (1). Joseph ROQUuESs , docteur en médecine de la Mon faculté de Montpellier. ELÉMENS d'Hygiène, ou de l'Influence des choses Physiques et morales sur l'homme , et des moyens de conserver la santé ; par Etienne TOURTELLE , professeur à l'école spéciale de médecine de Stras- bourg ; membre de plusieurs académies nationales et étrangères , et associé de l'institut de santé et de salubrité , pour la préfecture du Gard, séant à Nîmes | seconde édition corrigée , augmentée , et précédée d’une notice historique sur la vie et les ouvrages de l’auteur. Paris , chez Levrault frères , libraires, quai Malaquais. An x. 1802. Strasbourg, de l'imprimerie de Levrault, 2 vol. in-8.° de 473 et 589 pages. 10 fr. pour Paris, et 13 fr. 5o cent. par la poste. Nous avons déja fait connoître les premières édi- tions de cet excellent ouvrage , les additions faites à celle-ci sont considérables et doivent la faire re- chercher. CHIRURGIE. CLINIQUE chirurgicale relative aux plaies , pour Jaire suite à linstruction sommaire sur l'art des pansemens ; par C. A. LOMBARD. Deuxième édi- tion revue et augmentée, in 8. br. Chez Levrault Jrères, libraires, quai Malaquais; et à Strasbourg, chez les mêmes, Prix 4 fr. et 5 fr. 20 cent. frane de port. 1802, Nous avons déja annoncé la première édition de cet excellent ouvrage. (1) L'ouvrage est accompagné d’une gravure enluminée représentan$ wpe peinture ægypüerne antique très-curieuse. À. L. M. Mm 3 550 Livres divers. HARAS, INSTRUCTION sur l'amélioration des chevaux em France , destinée principalement aux liivateurs ; présentée par le conseil d Agriculture Arts et Com- merce du ministère de l'intérieur , rédigée par J. B. HUZARD , imprimé par ordre du ministre de lin- térieur. À Paris, de l'imprimerie de M.° Huzard, rue de l’Eperon Saint-André-des-Arcs , n.° 11. An x. 1802. in-8.° de 275 pages. Le C. Huzard est regardé, à justetitre, comme un très-habile vétérinaire, et tous les ouvrages qu'il publie sur lhippiatrique , la médecine des ani- maux et leur économie sont justement recherchés. Celui-ci , imprimé par ordre du ministre de l’inté- rienr, ne sauroit étre assez répandu. Le C. Huzard y traite des causes de Ja régénération des chevaux, qu'il attribue aux réquisitions , aux vexations éprou- vees par les cultivateurs. [1 trace ensuite une his- toire de l’établissement des haras, indique les dé- partemens qui fournissent les meilleurs et les plus mauvais chevaux. Il traite ensuite de la conserva- tion des races qu’il recommande pour les chevaux, comme d'Aubenton-la recommandoit pour les bétes à laine; il donne de très- bons préceptes pour le croisement des races ; et, en parlant des chevaux étrangers , il indique les bonnes et les mauvaises qualités des chevaux Persans, Arabes, Barbes, Turcs, Tartares, Hongrois , Transylvaniens , Polonois, Es- pagnols, Napolitains, Allemands, Suisses , Danois, Hollandois, Anglois; il traite ensuite de tous les détails de l’accouplement de la gestation et des soins à donner aux poulains ; enfin, des courses et des prix. Cet ouvrage peut produire de très-grands biens pour le rétahiissement des haras. A, L. M, Livres divers. 551 DIE TA POHY.S IQ UE. Du SENTIMENT considéré dans ses rapports avec la littérature et les arts; par P.S. BALLANCHE Jils. x vol in-8.°. À Lyon, chez Ballanche et «+ Barret, imprimeurs ; et à Paris, chez Calixte Voland, libraire , quai des Augustins. L'auteur définit le sentiment, « la puissance mo- « rale qui juge par instinct et sans délibération ce « qui est conforme aux loix de notre nature, con- «_sidérées sous le triple rapport de notre aniëmalité, « de notre personnalité et de notre spiritualité. » Cette définition est-elle plus exacte que celle de labbé Dubos dans son traité de la poésie et de la pein- ture, de d’Alembert dan®t le discours préliminaire de l’ensÿelopédie ; de Rivarol dans son projet d’un nouveau dictionnaire de la langue françoise? Le C. Ballanche le croit. “ Si ma définiton est conforme « aux idées adoptées , je pourrai partir de ce point “ pour édifier ma politique universelle à usage de « Ja littérature et des arts, et que j’aurois appelée « poétique du sentiment , si je n’avois pas craint que « ce titre trop ambitieux n’eût promis au lecteur “ autre chose qu’un foible essai ; » entraîné par le ütre de l’ouvrage, on lit et on trouve même que ce n’est pas un essai ; il est vrai qu’on devoit le prévoir, l’auteur nous en avoit avertis. « Amou- « reux de l'indépendance , j’ai voulu me soustraire « à cette règle de Plomb qui vient symétriser, en- « traver l’intelligence et réfroidir l'imagination. Le « lecteur, sans doute, doit s’attendre à quelques «“ écarts, à un défaut absolu défplan ; mon livre est « un jardin anglais ( ce n’est donc pas un livre); « mais laissons venir le temps de la maturité , laissons « rouler sur ma jeune tête encore vingt années , peut- « être alors l’ouvrage que je publie ne sera qu’un as- « semblage de matériaux que je rangerai dans un « meilleur ordre ou avec uu goût plus sévère ; et, Mm 4 552 Livres divers. “ si le ciel ne m’a pastout-à-fait dépourvu de cette “ flamme poétique qui fait les grands artistes , « J'éleverai un monument pour les siécles.» Si le C. B. avoit eu le courage de laisser rouler le temps sur lui , il nous auroit donné, comme il semble le pré- voir, un ouvrage mieux conçu, mieux lié, moins incohérent, dans lequel on ne trouve que le résultat de ses lectures, que les divagations d’une imagi- nation qui n’est ni guidée par le goût , ni retenue par la maturité. Quelle grande conception cependant, qu'un ouvrage qui, après vingt ans de recherches et de réflexions, ne sera encore qu’un assemblage de matériaux ! 1 faut faire connoître quelle est la confiance de l’auteur , en même temps quel est son style, en transcrivant une tirade échappée de sa flamme poétique , et insérée dans le prologue de son ouvrage. « Pudeur, naïŸèté, amour , triple essence « de la divinité, rayon adorable de la gloire céleste « se réflétant dans la glace pure d’une ame inno- «“ cente, je vous invoque tour-à-tour, je vous in- “ voque réunis ; je vous sens au-dedans de moi, « vous êtes mon olympe. Ainsi, lorsque pour la « première fois endormi sur le Parnasse , les abeilles « déposèrent sur mes lèvres, le miel, présent cé- “ leste ; lorsqu’à mon réveil, je sentis mon cœur « pubèere pour la gloire, s’enflammer pour la pre- « mière fois du noble desir de faire entendre des « choses nouvelles aux enfans des hommes, sublime « extase qui n’a rien de terrestre , enthousiasme pur « d’une ame éperdue qui plane au séjour des intel- « ligences. Je vous ai aussi connu , et je puis n’écrier « avec Le Corrège, Anche io son Pittore ! Roule « devant moi le fleuve du temps, gronde sur ma « tête l’orage de ldversité, peu m'importe! J’ai « pu fixer un instant l’idée, hélas! trop fagitive de : « cette suprême félicité qui tient à l’exaltation de o l’ame et au dégagement des sens; en invoquant « la pudeur, la naïveté, l'amour, j'ai annoncé « mon sujet. Douce sensibilité, la plus belle des « Îeurs d'Eden , épanouis-toi sur ma palette! Que Livres divers. 553: « Ja poussière embaumée de tes étamines se mêle à “ mes couleurs, afin que je sois sentimental ên “ écrivant sur le sentiment. » On ne sait , après cette invocation, ce qu’on va lire. A. J. D. B. COMMERCE, CINQUIÈME Cahier de la Bibliothéque Commerciale, ouvrage destiné à répandre les connotssances rela- tives au Commerce, à la Navigation, eic., par J, PELCHET , membre du conseil de commerce aw ministère de l'Intérieur , etc. Ce cinquième cahier dè 72 pages in-8, contient : Du droit exclusif ‘aliribué aux villes de Lorient et de Toulon, pour le retour des navires venant de P’Inde. — Commerce et industrie du département des Basses-Pyrénées ; par le préfet de ce département. — Des productions, de l’industrie, du commerce des quatre départe- mens de lu rive gauche du Rhin. — Mémoire sur le commerce du Levant et de Barbarie | et sur ce- lui de la mer Notre, adressé au ministre de l'in- térieur , par le conseil du commerce de Marseille. Prix courant des marchandises à Marseille, du 1x prairial dernier. Prix courant des marchandises à Bordeaux, à la méme époque. Le prix de la sous- criplion est de 21 fr. , pour recevoir , franches de port , 24 livraisons, et 12 fr. pour 12 livraisons. La leltre et l'argent doivent être affranchis. On peut envoyer le prix de la souscription en un mandat sur Paris. On souscrit à Paris, chez F. Buisson, libraire, rue Hautefeuille, n.° 20, et chez tous les libraires et directeurs des postes. ” GÉOGRAPHIE. DESCRIPTION historique et géographique de l'In« dostan ; par James REIN NELL , ingénieur général dans le Bengale, traduite de Panglois par J. B. BovcHES£1CHE sur la sejtième et dernière édition, à laquelle on a joint des mélanges d'luistotre et de LA 934 Livres divers. statistique sur Inde, traduits par J, CASTÉRA , wrné de onze cartes. 3 vol. in-8.°, chez Buisson , . rue Hautefeuille, n.° 20, Bossange , Masson et Besson, maison des Mathurins, 7reuttellet IFurtz, libraires, quai Voltaire. L'ouvrage du major Rennell est connu de toute l’Europe et estimé de tous les géographes. Les sa- vans et estimables auteurs de la bibliothéque britan- nique l’ont analysé, et toutes les nations l’ont tra- duit. M. Rennell, indépendamment des connois- sances locales qu’il avoit sur l'immense contrée qu’il vouloit décrire , a rassemble tous les mémoires, tous les matériaux que les officiers civils et militaires anglois employés dans l’inde, ont pu lui fournir pour rendre son ouvrage aussi complet qu’il pouvoit l'être; les géographes francois l’ont également servi. Le nouveau Neptune oriental de M. d’Apres, et les cartes d'Asie et de l’Inde par d'Anville ont été con- sultés ; les marches de M, de Bussi dans le Deccan lui ont désigné les vraies positions de plusieurs ca- pitales de ce pays. M. Dalrymple, si connu parsa précieuse et peut-être unique collection de cartes manuscrites et de voyages, a été du plus grand secours à l'auteur, par la communication de ce qui pouvoit concourir à la perfection de cette descrip- tion. La carte du voyage de M. Forster de. l’Inde à Pétersbourg et la guerre avec Hyder-Ally et Typpoo sultan ont procuré à M. Renneil de nou- veaux renseignemens géographiques qui l’ont mis à portée de rendre cette nouvelle édition plus exacte et plus étendue que celles qui Pavoient précedée ; des cartes , exécutées sous la direction du C. Buache, présentent des corrections importantes sur la géo- graphie naturelle et politique de la presqu’ile. Pour ne rien laisser à desirer sur cette grande portion du globe, sur les parties qui ne nous sont presque pas connues , sur les antiques langues de l'Asie , et sur les divers caractères dont on se servoit pour les écrire , le C. Castéra a traduit diverses L Livres divers. 555 dissertations tirées des Recherches asiatiques de la savante société du Bengale ; ce supplément qu’on trouve au milieu du troisième volume , rend l’édition de l’ouvrage du major Rennell encore plus précieuse. On lit d’abord des recherches sur les Indiens de sir William Jones, président de la société ; ensuite des détails sur le royaume de Népoul , par le P. Joseph, prêtre italien de Ja mission Catholique. Une notice de M. Jean Rawlins, sur la religion, les loix et les mœurs des Cucies ou habitans des montagnes de Tipra. Une description d’Asam par Mohammed Cazim, traduite du Persan en Anglois, par Henri Vansittart, sur laquelle on a fait la traduction Françoise. Enfin , la relation d’une entrevue avec le jeune Lama, par le lieutenant Samuel Turner. Cette relation étoit déja connue. Ces divers articles, tirés du recueil de la société du Bengale, formée pour travailler à découvrir quels avoient été les progrès des sciences et des arts chez les anciens habitans de lInde, feroient regretter que les occupations trop multipliées du traducteur, ne lui aient pas permis encore, de se livrer à la traduction entiere es Re- cherches asiatiques, que des lecteurs, qui cher- chent à s'instruire ailleurs que dans des romans, paroïssent de-irer. Heureusement on sait que des lit- térateurs habiles s’occupent de ce travail. A.J.D.B. NoTICE de la Géographie d'Ebn-Hauhal, traduite du persan en anglois , et publiée par sir If. OUSELEF ; par À. L, SILFESTRE DE SACF. À Paris, de l’im- ue de Didot'jeune, quai des Augustins, n.° 22. An X, 1802. În-8.° de 106 pages. Cette notice est celle que le C. Silvestre de Sacy a fait insérer dans le Magasin Encyclopédique, année VIE, tom. VI, pag. 33 à 76, 151 à 186, et 307 à 335. HISTOIRE. Drscours sur l'Histoire Universelle depuis Charle- . s Le ; magne jusqu'à nos jours, faisant suite à celui de 556 Livres divers. Bossuet ; par P. L. GIN , ancien jurisconsulte ef membre de plusieurs sociétés savantes. 2 vol in-x2. À Paris, de l’imprimerie de Bertrand - Pottier à rue, Saint-Germain-l’Auxerrois, n.° 53, Prix 6 fr. pour Paris, 8 fr. par la poste. Cette prétendue suite au sublime et immortel dis- cours de l’évêque de Meaux , n’a pas plus de mérite que toutes celles qu’on a enrichi de ce titre. C’est mal entendre les intérêts de son amour-propre que de rappeler aux lecteurs un ouvrage inimitable; c’est nuire au but qu'on se propose en faisant im- primer de pareilles productions; en lisant pour servir de suite, on peut croire que l’auteur a swivi le plan de son modele, et on trouve qu’il ne l’a pas même conçu. Les deux volumes que le C. Gin publie au- jourd’hui, ne sont ni des discours ni une histoire , c’est tout simplement une compilation de tout ce qu’on a lu cent fois dans les histoires de France, d’Espagne, d'Angleterre , d'Allemagne et des royau- mes du nord. Cet auteur parcourt rapidement sept siécles , sans fixer le lecteur par aucune de ces réflexions qui caractérisent et les époques, et les grands hommes qui en sont, pour ainsi dire, les auteurs. Cette narration très-rapide n’a pas même Je mérite de l’exactitude et du style. Il nomme Gresnier cet évêque de Lisieux qui, lors du massacre de la Saint-Barthéfemi, sauva un grand nombre de Huguenots qui habitoient cette ville. Cet acte de désobéissance louable, de charité et de a ment a toujours été attribué à P. Hennuyer. parlant de la jalousie juridique d'Elizabeth d’An- gicterre contre l’infortunée Maïie Stuart, il dit : «“ En vain pour pallier son forfait , elle renvoie le se- « crétaire d'état qui est contrevenu, dit-elle à ses « ordres, en précipitant l’exécution de ce barbare «_et impolitique arrêt. Quel gouversement sera stable « si ce premier mobile est ébranlé? À combien plus e forte raison, les souverains ne sont-ils pas justi- « ciables les uns des autres, une reine d’une autre Livres divers. 5578 « reine chez laquelle elle s’est réfugiée. » Quel est ce mobile? et qu'a voulu dire l’auteur par cette ré- flexion amphigourique ? | La religion qui devoit avoir quelques chapitres correspondans à ceux où les événemens historiques étoient racontés dans cette suite de Bossuet, ne paroît qu’à la fin du deuxieme volume , sous le titre de suite de la religion depuis Charlemagne jusqu'à nos jours, Dans cinquante pages le C. Gin, en reprenant l’histoire du monde où le célèbre évêque de Meaux l’a laisiée, entreprend de faire connoître eomment la preuve de la révélation acquiert une nouvelle force de la destruction de tous les appuis humains, dont une fausse sagesse essaie, depuis dix siécles de l’étayer ; et des crimes mêmes des hommes ; et il traite de la création , de la trinité, des mystères, des sacremens, des miracles, des prophéties, des martyrs, du mahométisme , du schisme des Grecs, de la succession des pasteurs légitimes, des mœurs des souverains pontifes, des ordres religieux , et de la scholastique mère des hé- résies, de l’inquisition, des jésuites, des missions ; on conviendra , d’après ces indications, que l’éru- dition sacrée de l’auteur doit être aussi étendue que ses connoissances historiques. A. J. D, B. AUS T0 LR 3Eù LOT: TÉ R'AMIVR'E, DESIGNATIO scriptorum editorum et edendorum @ Christophoro Theophilo DE Murr, Norimberge. 1802. In-8.° de 14 pages. Cette énumération des écrits de M. de Murr, prouve l'étendue et la variété de ses connoiïssances, Nous avons indiqué et analysé plusieurs de ses ou- vrages, ANTIQUITÉS. PoRTE-FEUILLE des artistes, où NOUMEAU RE« CUEIL, contenant ce que l'antiquité figurée nous 2558 Livres divers. a laissé de plus beau et de plus utile, à l'usage de ceux qui exercent Part du dessin, et particuliè- remend destiné aux élèves des écoles d'application , dessiné par V AUTIER et A. GUFOT, d'après les monumens , et des meilleurs ouvrages de peinture , sculpture et architecture antiques , rédigé par N..., et gravé par Laurent GUFOT , membre de plusieurs sociélés savantes. | On a eu soin de classer chaque objet par ordre de matieres rangées alphabétiquement, de manière qie le premier cahier A contient les armes offen= sives, défensives , et généralement tout ce qui ser- vit aux guerres continentales et maritimes des peu- ples anciens ; le second, B, les bordures des vête- mens étrusques ; le troisieme,, C , les costumes civils et-militaires , ete. Par cette méthode simple, on met l'artiste à même de composer aussi son porte-feuille de tout ce qui sera le plus utile et le plus agréable. Le cahier , composé de douze estampes avec des notes explicatives, se vend, à Paris, chez les frères Le- vrault, libraires, quai Malaquais; et Guyot, ar- tiste, rue et maison des Mathurins-Saint-Jacques, n,° 335. In-folio. ù UBER DEN Raub des Palladiums auf den geschnit- tenen:Steinen des Alterthums eine archæologische Abhandlung, von Konrad LEVEZOw œffentlichem*- Lehrer am Kæniglichen Friedrich-FFilhelms-Gym- aastum in Berlin, nebst zwei Kupfertafeln : c’est- à-dire, SUR L’ENLÈPEMENT du Palladium , re- présenté sur les pierres gravées antiques ; disser- tation archæologique : pur Conrad LEVEZOW , professeur public au Gymnase royal dé Frédërié Guillaume ; à Berlin ; avec deux planches. Bruns- wick. 1801. Chez Frédéric Vieweg, 79 pages in-4.°. . ! Un bronze antique trouvé dans la marche de Bran- debourg , et dont:le sujet est relatif à l'enlèvement du Palladium, engagea M. Levezow à entreprendre Livres divers. 559 les recherches dont les résultats sont consignés dans louvrage que nous annonçons. Ce bronze est figuré au n.° 6 de la IL.° planche de cette disserta- tion. En étendant ses recherches, il passa en revue toutes les pierres gravées qui sont relatives au même sujet ( celui de l’enlèvement du Palladium ) etilles classa dans cette dissertation qu’on peut regarder comme une excellente monographie sur ce point d’archæologie, Les nombreux monumens em tout genre qui nous sont parvenus de l’antiquité, prouvent suffisamment quel parti les artistes anciens ont su tirer de Phis- toire de la guerre de Troie, chantée par Homère et plusieurs autres poëtes. L’enlèvement du Palladium est un des événemens qui ont été représentés le plus fréquemment, de la manière la plus uniforme et dans presque tous les divers monumens, Dans le ca- talogue de Tassie on voit une liste de 78 pierres gravées antiques qui représentent ce sujet, et cette liste n’est pas encore complete. Cette famille de Pierres gravées est ties-remarquable , soit qu’on ait égard à la beauté des pierres que les anciens artistes ont employées pour représenter ce sujet, soit qu’on fasse attention à cette sorte d’émulation qui paroît avoir animé les anciens artistes qui se sont em- parés de ce sujet, et qui fournissent l’occasion de faire des observations intéressantes sur le plus ou moins d'originalité ou de génie d’imitation dont ces artistes étoient animés. Avant de parcourir le cycle glyptique de l’enlè- vement du Palladium, M. Levezow en donne Phis- toire succincte d’apres les auteurs anciens qui en ont parlé. Il range ensuite les pierres gravées en cinq classes , d’après l’action qu’elles représen- tent. La prernière classe offre Diomède dans l’intérieur du temple , mais avant d’avoir saisi Je Palladiunr, M. Levezow range sous cette classe cinq pierres ; il en a fait figurer deux, savoir, une sardoine du musée de Médicis à Florence { Gorr, mus. Flor. 560 Livres divers. IT. LXx1IF. 2 ) et une cornaline qui appartenoié à Marc-Antonio Sabbatini et qui est figureée dans Maffei (Gemm. ant. fig. IT , 79) MONTFAUCON CUITE PT ain 102.) LE. La Seconde classe offre Diomède au moment où il enlève le Palladium. Elle comprend six pierres ci- tées par M. Levezow ; il a fait figurer la pâte de verre du cabinet de Stoch ( n.° 308 ). La trorsième classe comprend les pierres où Dio- mède ayant déja enlevé le Palladium est encore dans J'intérieur du temple. Cette classe est la plus im- portante , autant par rapport au nombre (1) que par rapport à l’art. M. Levezow y établit deux divisions; a 1."* Diomède seul ; la 2° Diomède aecompagné d'Ulysse. À la premiere division appartient entr’au- tres la belle cornaline gravée par Dioscourides , qui a donné lieu à tant d’explications différentes , et qui se trouvoit autrefois dans le cabinet du roi de France. Louis XIV la donna à sa fille, la prin- cesse de Conti, laquelle, par la suite, en fit pré- sent à son médecin Dodart , de qui elle passa entre les mains de son gendre Homberg, ensuite entre celle du joaillier Houbert qui la Éd à M. Sevin, conseiller au parlement de Paris, des mains duquel elle passa enfin, en 1726, dans la collection du duc de Devonshire. M. Levezow entre , à ce sujet, dans les discussions nécessaires pour établir la véritable explication de cette pierre #et pour faire voir d’où viennent les erreurs que quelques auteurs ont commis dans son explication. À cette première division appartient aussi Ja sardoine avec le nom TIOAYKAEITOY, figurée par Stosch, pl. 54, et que M. Levezow croit ne pas devoir être attribuée à Polyclète de Sicyone, mais à uv autre Polyclete, pres ; Qui aura vécu au temps d’Auguste ÿ parmi es raisons qu’il cite en faveur de son opinion dans une digression qu’il fait à ce sujet, il observe que (1) Leur grand nombre a engagé M. Levezow à n’en citer que les . principes, et à passer sous silengçe les imitations moins importantes. lee Livres divers. 561 les, caractères grecs du nom sont absolument ceux qui étoient usités au siécle d’Auguste, et qui dif- féroient beaucoup de ceux dont le scalpieur Po'yclète se seroit seiyi s’il avoit eu à mettre son nom sur un de ses ouvrages. [I observe au surplus que la re.sem- blance du nom n’est nullement une raison pour croire à l’iden ité des deux artistes ; parce que Pausanias (VL.6) cite déja un Polyclete d'Argo:, et que Win- ckelmann, dans le discours préliminaire de son his- toire de l’art | rapporte une mosaique trouvee à Pompeii , sur laquelle on lit : AIOCKOYPIAHC CAMIOCG €TIOIHCE. La quatrième classe offre Diomede au moment de s’éloisner du temple avec le Palladium enlevé , et la céugurème fait voir Diomède et Ulysse en route pour reifouiner au Camp. Le grand nombre de pierres gravées, relatives à l’enlevement du Palladium, fait croire à l’auteur que ces pierres servoient , en quelque sorte, d’amu- Jette, qu’on leur atiribuoit une certaine vertu pro- tectrice, qu’elles participoient de l’ancien Palladium, et que c’est à cette opinion qu’il faut Pattribuer, qu’un si grand nombre de villes de l’antiq sité ont prétendu le posséder. Le grand nombre de ces pierres gravées rend aussi très-vraisemblable qu'il avoit dans l'antiquité quelque monument publie dire, quelque peirture ou bas-relief qui à servi de proto- type à tous Ces ouvrages de la glyptique. M. Levezow fait espérer qu’il s’occupera encore de quelques autres recherches semblables ; intime- ment convaincus de l’utilité de boune. monographies dans toutes les sciences , nous ne saurions tiop len- gager à exécuter cet utile projet. Nous ne terminerons pas Cette notice sans payer à M. Vieweg le tribut d’éloges qui lui est dû pour la belle exéc: tion typographique de cet ouvrage. Ce typographe habile, instruit et aimable a deja suffisamment fait preuve de son zèle pour les progrès de son art, en rivalisant avec succe: avec M. Goe- schen à Leipsic, et avec les typographes de la Fraace, Z'ome LI, Na 562 Livres divers. de l'Italie et de l'Angleterre qui depuis longtemps jouissent, à juste titre , de la réputation d’exceller dans leur art. BIOGRAPHIE. ELzoGcE de TIRABOSCHI , auteur de l'Histoire de la littérature ilalienne , traduit de l'italien de Lom- BARDI. À Paris, chez Carllot ,imprimeur-libraire, rue du Cimetière-Saint-André-des- Arcs, n.° 6. An x. 1802. In-8.° de 64 pages. Nons avons publié une notice historique très- étendue sur Tiraboschi, par le célèbre bibliographe Mercier Saint- Léger ; ce qui nous dispense d’analyser celle-ci , qui est très-bien faite, et dont on doit la traduction à l’infatigable citoyen Boulard, GRAMMAIRE. QUATRAINS de PIBRAC, traduits en vers grecs ef latins ; par Florent CHRESTIEN, accompagnés d'éne traduction interlinéaire des vers grecs. À Paris, Fuchs, libraire, rue des MathurinsSaint-Jacques, hôtel Cluny. An x. 1802. In-8.° de 96 pages. Ceflé version interlinéaire est due au C. Bou- Jard, dont nous avons annoncé plusieurs ouvrages utiles. EssAr de traduction interlinéaire des cinq langues , hollandoise , allemande , danoise , suédoise et hé- braïgue , savoir : 1° d’une traduction en vers hot- landois des Distiques de Caton ; 2.° d’une traduc- tion en vers allemands du poème de l'Homme des Champs, par labbé Delille; 3° d’une traduction danoise des Fables de Lessing; 4° d’une traduc- tion suédoise de quelques odes d'Anacréon; 5° de la traductiow allemande des Conseils moraux de Muret ; 6° et de plusieurs pseaumes et cantigues hébreux, À Paris, chez Fuchs, libraire, rue des Livres divers. 563 Mathurins -Saint - Jacques, hôtel Cluny. 8 ger- minal an X; mars, 1802, 1 vol. in-8.° de 324 pages. DraArocuezs anglois et francois, à l'usage des deux nations, précédés de lecons préliminaires, conte- nant les mois et les phrases les plus usités dans le discours familier. À Paris, chez Amand Kœnig, libraire , quai des Augustins, n°18 ; à Strasbourg, même maison de commerce, rue du Dome, n.° 26. Au x. 1802. 1 vol. in-12 de 248 pages. 2 fr. 26 cent., pour Paris, et 3 fr. , franc de port. Ces dialogues sont la traduction des dialogues françois et allemands, qui se vendent également chez le C. Kæœmg, et dont l'utilité a déja été re- connue, NourELzE Grammatre allemande pratique, où Mé= thode fucile et amusante pour apprendre lalle- mand ; par J. J. M£IDINGER. Nouvelle édition, in 8.° ,.br. Chez Levrault , frères, libraires, quai Malaquais. Prix, 3 fr, 50 cent., et 5 fr. , franc de port. 1602. | Nous avons déja annoncé la première édition de cette grammaire. NoTIONS élémentaires de grammaire allemande, à l'usage des élèves du prytanée, ainsi que des Fran- çois qui ont fait quelques études, et qui veulent apprendre lallemand ; par SIMON, professeur de langue allemande au prytanée de. Saint-Cyr, près Versailles. Yn-12, br. Chez Lesrault, frères, li- braires, quai Malaquais. Prix, 1 fr. 20 cent., et x fr. 5o cent., franc de port. 1802. La grammaire du C. Simon a l'avantage d’être moins diffuse. L'auteur est connu comme homme de lettres distingué, Nnz 064 Livres divers. ELOQUENCE. Drscorso del cittadino Alessandro GARMAGN AN0O, preside del collegio .delle arli detio a professori e studenti per la nuova organizzazione delle scuole seconde nel comune di Torino. Torino, dai tipi di Felice Buzan. In-8.° — Discours du C. Alexandre GARMAGNANO , président du collée des arts, pro- noncé devant le professeur et lesélèves, à l’occasion de la nouvelle organisation des écoles secondaires dans la ville de Turin, Turin, chez Philippe Buzans In-8.° 8 pag, Parmi les études que le président du collége des arts recommande, il place au premier rang celle de la langue françoise ; il expôse aux jeunes gens les services, que les François leur ont rendu, et cherche à leur inspirer l’amour d’un peuple à qui ils doivent la liberté. BEaAuUux-ARTS. ANNALES du Musée et de l’école moderne des beaux- arts, recueil de gravures au trait, d'après les prin- cipaux ouvrages de peinture , sculpture, ou projets d'architecture; par le C. LAN DON, peintre | ancien pensionnuire de la république à Pécole françoise des beaux-arts. VIIL.*, IX.fet X.° livraisons. Paris, chez l'auteur, quai d'Orsay, n.° 235. Ces trois livraisons contiennent, pl. XXIX , Enée, portant sur son dos son père Anchise, s'éloigne des murs de Troie. avec sa femme Créuse, et son fils Ascagne ; tableau de la galerie du Musée, par LE DominiQuix ; — pl. XXX, Hercule, vainqueur de l’'Hydre ; tableau dé la galerie du Musée, par Le Guipe ;— pl, XXXT, Arria et Pœtus, tableau de Vincent ; —pl. XXXII, le Serpent d'airain, ta- bleau de la galerie du Musée, par SUBLEYR AS ; — pl. XXXIII, Calliope, tableau de la galerie du Musée, par LE SUEUR; — pl. XXXIV , le Christ Livres divers. 565 au tombeau, tableau de la galerie du Musée, par Le Scuipone ; — pl. XXXV , la Vierge allaitant PEnfant-Jésus, tableau de la galerie du Musée, par André SALARIO;—pl. XXVÏ, le Martyr de saint Pierre, tableau de la galerie du Musée, par LE GuErcHin; — pl. XXXVII, les Philistins frappés de la peste, tableau de la galerie du Musée, par LE Poussin; — pl. XXXVIIL , Clio, Euterpe et Tha- lie, tableau de ja galerie du Musée, par LE SUEUR ; — pl.XXXIX, la Vierge apparoît à saint Hyacinthe, tableau du Musée, par Louis CARACHE; — pl. XL, PAssomption de la Vierge , tableau du Musée, par Augustin Carache, A dater du 1°" germinal an X , il paroit neuf li- vraisons par trimestre ; chaque livraison est composée de quatre gravures et de huit pages in-8.° de texte pour l’explication des sujets. Le prix de Pabonne- mentest de 6 fr. pour trois mois, 12 fr. pour 6 mois, et 24 fr. pour l’année, franc de port, pour Paris ainsi que les départemens. On souscrit, à Paris, chez le C. Landon, peintre, quai d'Orsay , n.° 23, au coin dé la rue du Bacq. ROMANS. Les cing Aventures , ou Contes nouveaux en prose; de DORAT, précédées d’une épilre du méme auteur à J, F. Laharpe. Avec cette épigraphe : Hélas ! sa lyre enchanteresse, Brillante même en ses écarts, Sa lyre, chère au dieu des arts; Ne chantera plus la tendresse ! Madame px BEauHAnNAIS. À Paris, chez Auguste Delalain, libraire, rue Hautefeuille, n° 14. An x. 1802. Depuis quelque temps, les libraires trouvent beau- coup d'ouvrages posthumes. Ne seroit-ce pas parce que les noms de la plupart des auteurs vivans n’ins- Nn 3 566 Livres divers. pirent pas au lecteur beaucoup de confiance? Tant de gens jugent un livre sur le titre et sur le nom de l’auteur. On ne peut se dispenser d’acheter une production de Dorat ; et l’editeur de celui-ci n’a pas fait sans doute une mauvaise spéculation. Quelques-uns des morceaux renfermés dans cet ouvrage, ont déja paru dans la Bibliothéque des Dames. Le style des Cinq Aventures e:t assez agréable ; il vise même quelquefois au brillant; mais le fonds n’en est pas toujours moral, Le vice s’y trouve en action et en principes, dans les Trois Infidélités et dans le Mari comme il y en a peu. Ceite dernière anecdote qui est originale, mais fort invraisemblable , devroit plutôt porter le titre de la Fenime comme il y en a peu. Le Séducteur vaincw ést la meilleure des Cinq Aventures. Ze Vainqueur exécrable offre une cruauté inouie qui s’est malheu= reusement renouvelée dans les jours affreux du ter- rorisme. L'Amour puni dans l'Elysée n’est ni une anecdote ni un conte. Le style est ampoulé , et ne ressemble pas du tout à celui du morceau précédent. L’épître à Laharpe porte le cachet de Dorat; elle est gaie , légere et piquante; elle critique avec es- prit et ne déchire pas lourdement. L’avant-propos n’est pas du même ton; il injurie impitoyablement Laharpe, qui a pourtant des droits à l’estime pu- blique comme littérateur. Nous inviterons l'éditeur , Jorsqu’il fera faire des avant - propos, à choisir au moins des gens qui sachent écrire et parler francois. HISTOIRE d'un Perroquet écrite sous sa dictée , et publiée par H. A. CH415sE, auteur de Dix Titres pour un , et membre de la Société libre des sciences etarts , séante au Louvre. Avec l’épigraphè , Honni soit qui mal y pense. Paris, chez Fuchs et Lerruult. An x. 1802. 262 pages in-12. Prix 1 fr. bo cent., et 2 fr. par la poste. ae ae SRE 7 POV 7e De ÈS D à nm ne DÉS LEE ESS PR ES | TABLE'DES ARTICLES. MATHÉMATIQUES. — Jeux DE Hasarp. Tableaux septenaires pour jouer avantageusement Îles extraits sur les Loteries de Paris, Bruxelles, Lyon, Strasbourg , Bordeaux, sur toutes les Loteries jouées ensemble et considérées comme n’en formant qu’une seule, 543 MATHÉMATIQUES APPEIQUÉES A LA PHYSIQUE. Remarques du C. Bot, sur la différence entre la vitesse du son, déduite de la théorie et celle que donne l'observation. 510 Nouvelles démonstrations des principaux théorèmes relatifs à l’attrac- tion qu’exercent les spéroïdes ; par le même. 512 Détermination spéciale des conditions de l'équilibre d’un corps qui se balance librement sur un fl flexible ou sur un fluide; par le C. Denieuport. 514 A STRO NOMIE. Mémoire sur la découverte de la nouvelle planète de Piazzi, lu à l’Assemblée publique de l’Institut, le 15 germinal, par Jérôme de Lalande. 53 Elémens de la planète découverte par M. Olbers , à Brème, calculés par le C. Burckhardt. 402 Observations sur la nouvelle planète découverte par M. O/bers, de Bremen, et sur l'opposition de Cérès, planète découverte antérieu- rement par M. Prazzr. se Extrait d’une lettre de M. Herschel au C. Méchain, sur les deux Corps célestes qu’on a dernièrement découverts, et qu’il appelle des asté- roides. 375 Prix fondé par le C. Lalande , pour être adjugé à la personne qui, en France ou ailleurs, aura fait l'observation la plus intéressante, ou le mémoire le plus utile aux progrès de l’astronomie. 500 MÉéÉTROLOGIE. Métrologies constitutionnelle et primitive comparées entre elles, et avec la métrologie d'ordonnance, 453 Saggio del sistema Metrico della Republica francese col rapporto delle sue misure à quelle del Piemonte di Anton-Maria f'assalli-Eandi. 543 Traité des poids et mesures parfaits; par J. H. Yan Swinden. (en hollandois). éz> Nn4 568 Table des articles. ART MILiTAïIR=s. Introduction À l'étude de l'art de Ja guerre; par de la Rocheaye mon. 261 Zo0LOGIE. Recherches du C. Geoffroi sur les animaux du Nil, connus des Grecs, ét sur les rapports de ces animaux avec le système théogonique des anciens AEgyptiens. à | 524 ORNITHOLOGIE. Histoire naturelle générale des Grimpereaux , et des Oiseaux de Paradis. 20 , 21, 22 et 25° livraisons de la nouvellé collection d'Oiseaux dorés ou à reflets métalliques, et 7, 8, à et 10.‘ des Grimpereaux. 106 L'art d'empailler Îles oiseaux; par les CC. Hédon, Mouton Fonte- nille. 545 IcHTHxoLocre. Histoire naturelle des Poissons ; par le C. Lacépède. 5.° volume. 107 Note du C. Geoffroy, sur quelques habitudes communes au requin et au pilote ( gasterosteus ductor). 531-554 Description d'un nouveau genre de poisson de l’ordre des abdominaux, connu en AEgypte sous le nom de Bichir; lue à la Société philo- mathique par le C. Geoffroy , qui le désigne sous le nom de Po/yp- ère Bichir. 000 HELMINTHOLOGTIS. Deux nouvelles alvéolites, découvertes par le C. Bose, et décrites | par lui sous les uoms d'alvéolire grain de millet et d'alvéolite grain de fétuque. 97 Sutune nouvelle espèce de restacel!e ; par le C. Faure-Biguet. 96 BOTANIQUE. Elémens de Botanique; par le C. Ventenat; trad. en allemand par M. Roemer. 259 Calendrier de Flore, par madame W. D. C*****, 112 Dictionnaire élémentaire de Botanique , de Bu/liard ; revu et presque ettièrement refondu par Louis-Claude Richard. 544 Description des Plantes nouvelles et peu connues, cultivées dans Je jardin du C. Cels, avec figures; par le C. Fentenar. 7.° livrais. 48 Description d’une nouvelle espèce de Phaca, appelée Phaca glabra ; par le C. Clarion. 97 Discours sur l’adeur des naturalistes et des botanistes en particulier , dans la culture de ces sciences; prononcé par le C. Reinwards (en latin }. 4ax Table des articles, 569 MINÉRALOGIE. Mémoire relatif à l'apparition récente de productions volcaniques sur Ja côte du golfe de Gascogne, adressé au C. AMillin par le C. Thore, médecin à Dax. à 229 Essai sur la minéralogie du département de la Loire-Inférieure ;. par le C. Athénas. 386 PSS T'QUU.E. Traité élémentaire de Physique, prèsenté dans un ordre nouveau, d’après les découvertes modernes ; par le C. Libes. . 26 Nouveau Traité sur la construction et invention des nouveaux Baro= mères, etc.; par Assr'er - Perricat pere. 259 Examen des phénomeres électriques qui ne paroiïssenf pas s’accorder avec la théorie des deux fluides, par le C. Tremery , ingénieur des mines. 554 Détermination de l'intensité de l’action que les barreaux aimantés exer- cent sur diflérens métaux purifiès par les procédés ordinaires. 515 Hifoire du Galvauisme, et Ara'yse des différeus ouvrages publiés sur cette découverte , depuis son origine jusqu à ce jour; par M. P. Sue aîné, 114 Mélanges physico-mathématiques; par le C. Bérard. 418 Dictionnaire des Merveilles de la nature. 326 CHYMIE. Expérience du C. Guyton, sur l'union du fer et de l'argent, pendant la fusion, et sur leur séparation pendant le refroidissement. 52t Travail du C. Fourcoy, sur les oxydes de mercure et sur les sels mercutiels, 517 Essai sur les couleurs obtenues des oxydes métaHiques , et fixées par la fusion sur les différens corps vitreux; ouvrage du C. Brogniard, qui sera inséré dans les mémoires de l’Institut. 522 Extrait d'un mémoire du C. Chaussier, sur les moyens de préserver les cadavres des animaux de la putréfaction, en conservant leur forme essentielle , et même en leur donnant la fraicheur , l'apparence de la vie. 355 Observations sur les effets du gaz carbonneux dans l’économie arimale; par le C. Chaussier. 99 Essai sur la théorie de l’éther; par le C. Dabit. 389 ANATOMI:IE. Note sur une artère fournie au poumon par l'aorte abdominale: par le €. Maugars. | 102 570 Table des articles. Exirait d'un mémoire du C. Chaussier, sur les moyens de préserver . . û « les cadavres des animaux de la putréfaction. 535 , EnxcéÉPrHALoOo-CRANroscCopPrr=r. Aperçu du système craniognomique de Ga/Z , médecin à Vienne; par M. Bojanus. 445 NE Du G DINLE. Mémoires pour les Fièvres pestilentielles et insidieuses du Levant ; par Pügner. 547 Elémens d'Hygiène; par Etienne Tourtelle, 549 Traité pratique des maladies des Yeux ; par A. Scarpa; traduit de l'ita- lien, par le C. Léveillé, 224, Mémoire physiologique et pratique sur l’Anévrisme et la ligature des Artères ; par le C. Maunoir , de Genève. 13 Note sur un moyen, employé avec succès, pour faire périr le ver solitaire; par le C. Bourdier, professeur à l’école de médecine de Paris. pi CRHIRURGIE. Clinique chirurgicale relative aux plaies; par le C. Lombard. 549 APRIL EUTISVEITIEN A TRUE. Observations sur le Cheval, et nouveaux moyens de distinguer les qualités du cheval, et de reconnoître son âge , lorsque les signes vulgaires ont disparu ou sont incertains ; par le C. Tenon. 524 Ecole vétérinaire de Turin. 378 ” Plo rx Tr Qu. Discours où l’on prouve que la nature impose aux individus et aux sociétés le devoir d’être justes; par S. Gratanta. (en la- tin). 42x EcoNOMIE POLITIQUE. Essai sur la manière de relever la race des chevaux en Fsance; par le génésal Victor Collor. 422 Ynstruction sur l'amélioration des chevanx en France; parle C. Hu- zard, 550 COMMERCE, Bibliothéque commerciale, par le C. Peucher. E.* IV.* et V.° ca- hier. 120, 267, 553 TECHNOLOGIE. Extrait d'un mémoire du C. Séguin , sur l'Hongroyage des cuirs. 524 Table des articles. à71 Différentes machines de l’habile ZAlorosi, professeur de mécanique dans l’université de Brescia. 377 GEOGRAPHIE. Description historique et géographique de l’Indostan; par James Rennell. 553 Rapport fait au premier consul, le 27 prairial an 0, par le ministre de la guerre, sur l’état des travaux du dépôt général de la guerre; à la fn du mois de prairial an 10. 405 Notice de la Géographie d’Ebn-Haukal , traduite du persan en anglois, et publiée par sir W. Ouseley ; par le C. Silvestre de Sacy. 555 Notice des ouvrages de M. d’Anville, 172 S'HTLANTITISA TI Q: UE Annales de statistique. Première et seconde livraisons. 268 Coup-d'œil sur la force et l’opulence de la Grande-Bretagne; par le docteur C/arke ; traduit par le C. Marchena. 2635 VPONSTr ANGES. Voyage d'AEgypte et de Nubie ; par Frédéric-Louis Norden; nouvelle édition publiée par le C. Langlès. 111.° volume. 77 Voyage pittoresque de la Syrie, etc.; par le C. Cassas. Vingt-troisiènte livraison » 270 Trawels in Switzerland and in the Country of the Grisons; from William Coxe. 271 Neuestes Gemælde von Lissabon. 272 Fragmens d’un voyage en Afrique, fäit pendant les anmées 1785, 1786 et 1787; par le C. Golberry. 274 Voyage en Krimée, traduit de l'allemand par le C. Delamarre. 289 Voyage en Lialie, par Frédéric-Jean-Laurent Meyer. 472 Tableau des peuples montagnards de l'Helvétie, par M. ÆEbel (en allemand). 121 Voyage pittoresque, historique et géographique du royaume d'Es- pagne , extculé par Alexandre Laborde et plusieurs artistes dis- tingués. 120 Vues, costumes , mœurs et usages de la Chine; par Æ/exandre. 121 Lettre du C. Lernier au C. Lalande, sur l'expédition du capitainé Baudin. 404 HEtS EN O EEE. Précis de l'Histoire universelle ; par le C. Anqueril. 145 Discours sur l'histoire universelle, depuis Charlemagne, jusqu'à nos jours; par le C. Gin. : 555 572 Table des articles. Lettre du C. Saïnte-Croix au C. Millin , sur Eleusis et son temple, pour servir de prospectus d'une seconde édition très-augmentée , de son ouvrage sur les Mystères du Paganisme. 309 Etats-Unis de l'Amérique à la fin du x8.° siécle; par J.E. Bonner. 122 De l'AEgypie, après la bataille d'Héliopolis; par le général de division Reynier. | 269 ARBCHAÆOLOGIE. Lettera sopra un antica patera Etrusca scritta da Gilo Barrista Vermiglioli. 422 Extrait d'une dissertation sur Voljanus, dieu particulier à la ville de Nantes, par le C. Richard jeune, 590 Figures d'Homère , dessinées d’après l’antique; par H. G. Tisch- bein, Deuxième livraison. 275 Monumens antiques inédits ou nouvellement expliqués; par le C. Millin', Deuxième livraison. 483 Deux monumens ægyptiens donnés par le premier consul au cabinet des antiques de la bibliothèque nationale. 402 Musée des Monumens francois, par Alexandre Lenoir. T. II. 424 Porte-feuille des Artistes, dessiné par Vaurier et A. Guyot. 557 Sur l'enlèvement du Palladium, représenté sur les pierres gravées an- tiques, dissertation archæologique ; par Conrad Levezow (en al- lemand), 558 PALAEOG#R APHIE. Lettre au C. Chaptal, ministre de l'intérieur, membre de l’Institut national, au sujet de l'inscription ægypienne du monument trouvé à Rosette; par le C. Silvestre de Sacy. 426 Examen d'une Agate antique grecque, considérée surtout du côté de , la simplicité naïve de son inscription; par le C. Caver. 154 H1:sSTOoïIRE eat fie Nomination des commissaires, pour la formation des Lycées en France, 404-405 Circulaire du ministre de l’intérieur, sur l'exposition de l’an ro. 103 Concours ouvert au ministère de J'intérieur, pour célébrer la paix d'Amiens et Ja loi sur les cultes. 103 Institut national. — Ordre des lectures de la séance publique du 17 messidor an 10 409 Prix fondé par le C. Lalande. 500 Prix proposés dans la séance publique du 15 germinal an 9, et ad- jugés dans celle du 17 messidor an 10. 502 Prix de morale. 503 Sujet de prix d'économie politique. Tbids ï Table des articles, 573 Prix d’éloquence. - Ibid. Sujet du prix de mathématiques. 504 Prix de physique. 505 Notice des travaux de la classe des sciences physiques et mathémati- ques, pendant le troisième trimésire de l’an 10.— Partie mathé- matique, par le C. Lacoïx. 506 Partie physique, par le C. Lacépède , secrétaire. 5:16 Nomination du C. Cogueberr à Institut national. g2 Prix adjugé à M. Burg par le PERe des longitudes, pour les meil- leurs tables de la lune, : 404 Société philomathique. 92, 55x Ecole de médecine. 99 Athénée des Etrangers, à Paris , sa Veillée des muses du 16 prairial. 25x Société philotechnique. Séance du ro fluréal, 252 Société libre d'amateurs des sciences et arts de la ville de Douai. Séance du 25 pluviose. 87 Prix proposé par elle. 88 Socièté de la Drôme. Prix proposé par elle. 407 Société des sciences et arts de Montauban. Prix proposés par elle. 89 Société de médecine pratique de Montpellier ; sa première séance pu- blique. Prix proposé par elle. 245 Iostitut départemental de la Loire-Inférieure , séante à Nantes; séance publique du 20 germinal. 579 Institut de santé et de salubrité du Gard , séant à Nimes. Prix proposé par lui, pour l’an 15. 400 Athénée de Toulouse Prix proposés par elle. 242 Société d'agriculture du, departement de Seine et Oise, séante à Ver- sailles, séance du 24 prairial. 378 Translation de l’université d'Ingolstadt à Landshui en Bavière, 85 L'empereur de Russie achète le cabinet de Strozzi 575 M. FFad , professeur à Copenhague, nommé inspecteur des collec- tions minéralogiques du roi; ouvrages traduits par lui. 241 Designatio scriptorum editorum et edendorum a Christophoro Theophilo De Murr. 557 Extrait d’une lettre de Naples, sur le travail de M. Haïter, anglois, pour dérouler les manuscrits d'Herculanum, et découverte faite par lui de l'ouvrage d’Epicure : De la nature des choses. 86 BrsLrIO0GRAFrPHI1E. 7 vol. 124 Dictionnaire raisonné de Bibliologie ; par le C. Peignot. 1. EFepertorium Commentationtimi a Societatibus lirrérarirs editarum ; digessit 1. D. Reuss. 157 974 Table des articles. Lettre du C. OBerlin père , au C. Millin, sur le Tévrdanck. 7 Anecdote bibliographique ; par le C. Barbier. 236 BIOGRAPHIE. Les Vies des Hommes illustres, de Plutarque ; traduites du grec par D. Ficard, Tom. V et VI. 428 Notice des ouvrages de M. d'Anville. 172 Notice sur Dehautes-Rayes , par le C. Lalande. 64 Eloge de Tiraboschi, laduit de l'italien de Lombardi. 4£a Notice sur Nieurwlane ; rédigée d’après un écrit hollandois du cé- lèbre Fan Swinden. 335 Denkschrift auf Friederich G://y} von Konrad Levezow. 278 MÉTAPHYSIQUE. Du sentiment considéré dans ses rapports avec la littérature et les arts; par le C. Ballanche fils. 551 * MORALE. Discours moraux sur divers sujets et particulièrement sur l'éducation; par madame de Genlis. 117 E D U CLA T,I.0. N.. Lettre dun C. PVilloison, contenant une annonce d'ouvrages relatifs à l’éducation, composés par feu dam, professeur d'éloquence à l’université de Paris. 119 ; GRAMMAIRE. Sur l'aÿcienne écriture des Hongrois; par le docteur Hager. 70 Extrait du Prospectus, écrit er grec vulgaire , d’un Dictionnaire grec, ancien et moderne ; avec des observations par d'Ansse de VWil- loison. 214 Cours de Langue allemande; par le C. Eberhart. 127 Notions élémentaires de Grammaire allemande, à l'usage des élèves du Prytanée, etc. ; par le C. Simon. 280. 583 Dialogues english and french for the use of both nations. 281. 583 Quatrains de Pibrac, traduits en vers pre @ latins par Florent Chrestien. 462 Essai de traduction interlinéaire des cinq langues, hollandoise, alle- mande , danoise, suédoise et hébraïque: Ibid. Nouyelle Grammaire allemande pratique; par J.J. Meidinger. 565 ELOQUENCE. Discours du C. Alexandre Garmagnano, à l'occasion de la nouvelle organisation des écoles secondaires dans la ville de Turin (enitalien). 64 mt tr ÉTÉ S Table des articles. 979 LD T É R A TU.RE G\R.E GQYUE. Poème épique grec sur les exploits du héros Napoléon Bonaparte ; composé pat M. Polyssoi Condou de Joannina. 555 Lettre du C. Graïnville au C. Miilin, sur une traduction francoise inédite de Pausanias; par feu Bayeux. 255 POÉSIE NT A TIINE. OEuvres de Virgile, en latin et en françois (traduction des quatre pro+ fesseurs ). “ 130 Vers de Jean - Baptiste - Gaspard d'Ansse de Villoison, pour le jour de la naissance du célèbre astronome Jérôme de Lalande. 2358 Redivivus latiarum Musarum amor } autore Eusebio Salverte. 84 POÉSIE FRANCAISE. L'Ile de la Félicité, o4 Anaxis et Théone, poème philosophique , suivi de pièces fugitives ; par M.me Fanny Beauharnaïs. 130 Ode sur le premier consul; par le €. Malingre. 129 THÉATRES. OEuvres dramatiques du comte Alleri, traduite de l'italien par C. E. Peritor. e 191 TRÉATRE FRANÇOIS DE LA RÉPUBLIQUE. D Le Roi et le Laboureur. 257 Julieite et Belcour. Ibid. D'HeÉSAY TURQUIE A YAD YA FA NU. La fausse Duegne. 415 "Le faux Porteur d'eau, 540 Le Concert interrompu. 257 AVE ALT IR EMD AU Ve À U DEV T-L.L:E. Le Méléagre champenois, ou la Chasse interrompue. 416 Les Rivaux sans le savoir. 417 La Ressource des talens,, o4 la Promenade aux Champs-Elysées. 540 2. 76. 88. 104 Les Hasards de la guerre. 105 THéaTeez Louvoxs. Helvétius, oz la Vengeance d’un Sage. h14 Le Pacha de Surenne, ou l’Amitié des Femmes. 258 Une Matinée du jour. . 104 ROMANS, Les Abdérites, suivis de laSalamandre et de la Statue, par 77/ielend; trad, par le C. Zabaurne. 282 576 Table des articles. Les cinq Aventures; par Dorer. - 665 Histoire d’un Perroquet, écrite sous sa dictée, et publiée par le C- Chaisse. Î 566 Bibliothèque des Romans anglois. 135. 283 Busiris, ou le nouveau Télémaque ; par J.S Quesné. 135 Mlle de Clermont; nouvelle historique, par Mme de Genlis. 136 BEavwx-ARTs. Annales du Musée et de l'Ecole moderne des beaux-arts; par le C, Landon. É 283. 451. 564 Discours qui a remporté le prix de musique et déclamation, proposé par l'Institut national de France , et remporté par le C. Framery. 286 Lettre sur quelques établissemens de Dresde, relatifs aux arts, 373 Restauration de la galerie de Dusseldorf, 3575 Exposition de l’Académie royale de peinture à Londres. 85 ARCHITECTURE. Marci Vitruvii Pollionis de Architectura; libri decem; edente August. Rode, 135 GRAVURE. Portrait du comte de Rumpfort , dessiné par Henriette Rath, gravé par Roger. 156 Le Triomphe de la Religion en France. 238 Jzux. Les Siratagèmes des. échecs; par un amateur, 285 MEÉLANGESs. Essais de Michel, seigneur de Montaigne. Edition stéréotype. 138. 284 Notice d'un Manuscrit de la Bibliothèque publique de Grenoble, conte- nant diverses poésies d'Ant. Astezan, d'Ast en Piémont; par le C. Berriat (Saint-Prix). 179 OËuvres diverses de P. L. Lacretelle ainé. 143 Soirées de Ferney, o Confdence de Voltaire, recueillies par un «mi de ce grand homme. 141 Encyclopédie comique; par T. P. Bertin. 156 Table des Articles contenus dans ce Numéro. Partie. physique , par le C. Zacë. pède, secrétaire, 516 Societé philomathique. 53% MATHÉMATIQUES. Métrolôgies constitutionnelle et pri- _ mitive.comparées entre elles, et avec la Métrologie d'ordonnance. 453 ExcrrHALo-Cranroscorts. TuHÉéÉATrzazs. Le faux Porteur d’eau. 5$o La Ressource des talens, où !z Promenade aux Champs-Elvsèes. lbs. LIVRES DIVERS. Apercu du Système craniognomique de Ga/1, médecin à Vienne! 445 | Pride Mathématiques. Voyage en lialie, par Frédéric- Jean-Laurent Meyer. 472 Tableaux septenaires pour jouer avantageusement les extraits suc les loteries de Paris, Bruxelles, Lyon, Strasbourg, Bordeaux, sur toutes Îles loteries jouées en- semble et ‘considérées : comme n'en formant qu'une seule. 543 in l'ARN TIQUITÉS. Monumens antiques inédits ou nou- vellement expliqués; par le C. Millin, Seconde livraison. 4835 VARIÉTÉS, NOUVELLES ETCOR- RESPONDANCE LITTÉRAIRES. Méirologie. Saggio del systema Metrico della KRepublica francese col rapporto delle Sue misure a quelle del Piemodte di: Autou-Matia Fas- salli-Eandi, : Jléid. 2 France. Institut national, — Ordre des lec- tures de la séance publique du 17 méssidor au 10, 499 Prix fondé par le C. ZaZande. 500 Lrix proposés dans la séance pu- blique du 15 germinal.an gi 502 |. Botanique. Dictionnaire élémentaire de Bota- nique, de Bulliard, revu et Prix de morale. 503 presque éntièrement refondü par Sujet de prix d'économie politique, |. Louis-Claude Richard. 344 À Ibid. Paix d’éloquence. Ibid. Ornithologie. Sujet du prix de mathématiques, 504 | < Prix de physique. 5051 L'Art d’émpailler ‘les oiseaux: par les CC. Héron, Mouton Fon- tenille. 545 Médecine, Notice des travaux de l4 classe des sciences physiques et mathénia- tiques, pendant le troisième tri- mesire de l'an ro, — Parti PA (TR Se : & Parte ma: \Manoites pour les Fièvres pestis thématique, par le C. Lacroix. : : 506 Mathématiques appliquées à la phy- 510 sique. Physique expérimentale, 515 lentielles et inSidienses. dy Le- vant ; par Pugner NL 547 Ejémens d'Hygiène: par Etiarinres T'ourtelle. 49 \ Antiquité®. + Chirurgie, plaies ; par le C. Lombard. 549 | par Fautieret A. Guy. Tbid, "4 Sur l’enlèvemer du Palladium, re- Fe présenté sur les pieures gravres a antiques, dissertation archæolo- gique ; pér Conrad Leresow ; . (entallemand ). 558 x, _ Biographie. ty 4 Eloge. de Tiraboschi, traduit fe : - l'italien de Lombardi. 462 14: Grammaire, PS # Clin que chirurgicale relative anx | Porte-feuille des. Artistes, dossine J H « sais. | Instruction sur l'amélioration des chevaux en France; par le C. Huzord. * £50 Métaphysique. ‘Du Sentiment considéré. dans, ses rapports avec Ja littérature et les arts; par le C.. Ballanche Bis. Mae | ëL uatrains de Pibrac ;räduirs envers ‘grecs et Jatins par Florent Chres-. BE E FTP ANS Essai de traduction interlinéaire des — cinq langues , hollandoise; alle- ‘mande "danoise, suédoise et-hé- © braïque. ANPALTENMEAE, Dialogues! anglois et françois. 363 Desuioi Lou #1 © [NouvelleGranmäire allemande pra- eseription historique et géogra- | ‘rique; par J. 3. Meidinger. 1b. phique de 1 Indosten ; par James | Norions élémentaires de grammaire lennell, . dbid. | alentande ; par Simon Ibid. Commerce. Cinquième Cahier de Ja Bibliorhé: que commerciale ; par le C. Peu che Re 4e Vo 553 le Géographie. , TT Eloquenceg N= : l Discours du C. Alexandre Garma * gnano, xl'occasion de lanouvelle organisation des écoles secon- : daices dans la ville de Turin. 564 Beaux-Arts. k Annales du Musée et de l'Ecole moderne des beaux-arts; par le C. Landon. hd. 5 Ke Romans. UE 4 Les cinq Aventures; par Dora. 565 Histoire d'un bee ; écrite sous. sa dictée, et publiée par le C. : Chaïsse. SR (re Notice de la Géographie d'Ebn- Haukal, traduite du persan en _anglois, et publiëe par sir W. Ouseley ; par le C. Sülvestre de Sacy. 141886 Histoire. Discours sur l'Histoire universelle, depuis Charlemagne jusqu'à nos jouts; parle C. Gin. Ibid. Histoire littéraire. Designatio scriptorum editorum. er edendorum à Chrisrophoro Theophilo de Murr. 557 AVIS. ‘#4 Ceux qui desirent faire annoncer leurs ouvra si dans quelques-uns des meilleurs journaux de PAÎle- : magne, peuvent en remettre un exemplaire au bureau s de €e journals JADE de pe ni Lars % st CE 1m Some. 75 2 à à a NUL MEET LAQEUX 4 RCE 4Akt \à CHOC) dates (AUX) \à