POULE DEEE LEUELE Ua di ns ALU A Ex S 1 AA ALAN (LU \ AT 4 HU (UEU \ AY UA | AAA AA Lt tot 1 VO “ FU tit \! VISA n ve Un \\ Wet N'UEEE (EC GEL LA VAR t Vtt \) LE EDEN ut - ot ni Re den - US re CT. o ris # ENCYCLOPÉDIQUE, Wu ] Pis F a: A+ x. k OoT CAES LETTRES ET DES ARTS, RÉ DIG Ë mms MiLLin. Le ne de ce Journal rest sé Re F : A4 - franés pour trois mois, RU nes pourvsix mois, ! È + 36 fran es pour Un ans ant pouf Pas que pour les Départemens, franc-de port. ON peut s'adresser au. Bureau du Journal pour se procuree f tous les Livres qui paroissent. en France eu chez l'étranger, et pour tul.ge qu concerne la Librairie ancienne et moderne, C: Journal, LA la plupart des hommes qui ont : Bu no distingué, une réputation justement acquise de partie des arts ou des sciences, tels Pque les CCHALIBERT. DESGENETTES, BAST , SIL« VESTRE DE SACY, FourcrOY, HALLÉ, DuMérir, SCHWEIGHÆUSER, LAC£rÈDE, BARBIER, Lan- MR CLÉS, Lavanne, LackanGr, BEBRUN. MARRON; es ; BARBIÉ DU. BOCAGE, BASSINET, MoreLceT, NOEL, OBERLIN, CHARDON- se Rochette, CAiLLARD, VaN-MOwSs, TRAULLÉ, < Re CHVIER, Grorruoy, VintenaT, CavaniLres, UsTerr, BorŸricer, VisConTt, Vicroison,WiLLemeT,WiINCKLER,Fr.LOBsTEIN, etc. etc. fournissent des Mémoires, contient l'extrait | des principaux ouvrages aationaux : on s’attache sur | tout à en os une analyse exacte ,et à la faire pa- roîfre le plus promptement possible après leur publi- cation, On y donne une notice des meilieurs écrits imprimés chez l’étranger.. ? On y insère les mémoires les plus intéressans sur. toutes les parties des arts et des sciences; on choisit principalement ceux qui sont propres à én accélérer les progrès. | On y publie les découvertes ingénieuses , les imven= tions utiles dans tous les genres. On y rend compte des experiences nouvelles. On y donne un précis de: ce que les séances des sociétés littéraires ont offert | de plus intéressant ; une description de ce que les dé- | pôts d'objets d’arts et dessciences renferment de plus curieux. 8 On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages: desSavans, des Littérateurs et des Artistes distingués : dont on regrette la perte; enfin, les nouvelles litté-: raires de tout espèce. ee Ce Journal est composé de six volumes in-8.° par an, de 600 pages chacun. Il paroît le premier de : chaque mois. La livraison est divisée en deux nu- |, méros, chacun de 9 feuiiles. On s'adresse, pour abonnement, à Paris, au Bu- " reau du Magasin Encyclopédique, chez le C. Fucas, Libraire, rue des Matburins, hôtel Cluny. Là chez Van-Galik. À Bruxelles, chez Lemaire, À Florence, chez Molini. À Francfort-sur-le- Mein, chez Fleischer, : chez Manget.. PRE { chez Puichoud. À Hambourg, chez Hofinann. À Leïpsic, chez Wolf. À Leyde, chez les frèves Marray. A Londres, chez de Boffe, Gerard Street: À Strasbourg, chez Levrault, À Vienne, chez Degen. À Wesel, chez Geisler, Directeur des Postes. I faut affranchir les lettres. AA ngte dau: { chez la ver ve Chaïguion et d'Hengst: MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE. TINTIN. NÉE. \ TOM EN. RS Wa ‘É MAGASIN ENCYCLOPEDIQUE, OU JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS: RÉDIGÉ PARA; EE AMLAL LENS CONSERrTATEUR des Antiques , Médailles et Picrres gravées de la Bibliothéque nationale de, France, Professeur d'Hi= _ store et d’Anti quités ; membre de la Societé royale des sciences de Gættingue , de: celles d:s Curieux de la Nature a Erlang, des Sciences physiques de Zurich, d'Histoire naturelle et de Minérulogie d'Iéna , de l’Académie roy ale de Dublin, de la Société HÉRTIR de Londres; des So- ciétés d'Histoire naturelle , philomathique , médicale d’'é- miulatron , des Observateurs de l'homme , et de | Athénée des arts de Paris; des Sociétés des sciences de Rouen, d’ Abbeville, de Boulogne , de Poitiers , de Niort , de’ Nis- mes , de Marseille, d'Alencon, de Caen, de Grenoble , de Colmar, de S/rasbourg, etc. etc. VIE LOVOUA NE N. Ur \ TOME CINQUIÈME. ASC NUE PE 6 Chez Fucus, Libraire, rue dés Mathurins, maison de Cluny, n.° 334. , AN X 11004, À Jérôme DE LALANDE, MEMBRE DE L'INSTITUT NATIONAL, ZÉLÉ COOPÉRATEUR DU MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE; HOMMAGE D'ATTACHEMENT ET DE RESPECT. \ RM A CAT GT N ENCYCLOPÉDIQUE. ASTRONOMIE. HisTorre de l’Astronomie, en Pan X— 1802, /u à l’Arhénée de Paris, le 30 dé- cembre , par Jérôme DE LALANDE. S 1 Jon fut étonné l'année dernière de voir com- mencer l’histoire de l'astronomie par la découverte d’uve neuvième planète, on doit l’être bien davan- tage de voir encore cette année une découverte pa- reille à laquelle on ne pouvoit guères s’attendre. C’est encore par un hasard. heureux que la dixième planète a 6t6 trouvée, mais le hasard ne pouvoit favoriser qu’un astronome intelligent et as- sidu. Le 28 mars 1802, sur les neuf heures du soir, M. le docteur Olbers observoit à Bremen la planète de Piazzi, dont les astronomes étoient occupés de- puis un an, Î} parcouroitiavec sa lunette toutes les petites étoiles à l’aile de la Vierge, pour s'assurer de leurs positions et pouvoir établir plus facile- ment les lieux de la planète ; il étoit à la vingtième étoile de la Vierge , près de laquelle il avoit ob- servé la planète au mois de janvier; il fut surpris À 4 8 Astronomie. de voir auprès de cette étoile qui est de 6.° gran deur , une autre petite de 7.° grandeur ; il étoit certain qu’elle n'y étoit pas lors de ses premières observations ; il se hâta donc d’en déterminer la position, et ayant continué pendant deux heures; il apercut qu’elle avoit déja changé de place dans cet intervalle. Les deux nuits suivantes lui procurerent les moyens de s’assurer de son mouvement qui étoit de 10/ par jour. Aussitôt qu’il eut donné avis de cette curieuse observation , les astronomes s’empres- sèrent d'observer le nouvel astre et de calculer sa route. M. Gatss, habile géomètre de Brunswick, calcula les élémens ; le C. Burckhardt s’en occupa de son côté. Le 4 juin, le C. Burckhardt acheva les calculs de cette planète d'Olbers; nous les attendions avec une extréme impatience , pour savoir si c’étoit une planete ou une comète. Il trouvoit la révolution de 4 ans 7 mois et 27 Jours. Sa distance 2,785 ou 96 mil- lions de lieues, son excentricité 0,2463, ce qui pro- duit 28° 25/ d’inégalité, son inclinaison 34° 5t/,son nœud 5$ 22° 28/, son aphélie 105 2° 3/, et l’époque des longitudes pour 1802, 4° 23° 10/. Le 14 novembre, le C. Burckhardt en a donné d’autres dans le Moniteur du 23 brumaire, qui sa- tisfont aux observations jusqu’au 20 septembre 1802. Révolution 4 ans 7 mois 13 jours, distance 2,7699, excentricité 0,2463, inclinaison 34° 38/ 0”, nœud 5 22° 27 35”, aphélie 10° 1° 12/ 19”, époque de 1802, 4°, 23° 21 38” , le 31 décembre précédent ; équa- tion, 28° 25’, LeC. Burckhardt a aussi calculé les per- Histoëré, 9. turbations de la planete d’Olbers, qui vont à plu- sieurs degrés, qui sont longues ct difficiles et qui exigeront des changemens dans les élémens précé- dens. M. Gauss a publié dans lé journal de Zach, septembre , une éphéméride de la planète d’OI- bers jusqu’au r.°* juillet 1803. Mais, apres avoir achevé le calcul des perturbations, le €. Burckhardt nous donnera des élémens encore plus sûrs. Au commencement de janvier, M. Olbers retrouva la planète de Piazzi, qui avoit disparu longtemps, et on a continué de l’observer jusqu’au mois de juillet. Dès le 15 février, M. Gauss calcula de nouveaux élémens; mais M. Burckhardt entreprit de calculer des perturbations que cette planète éprouve par attraction de Jupiter, et il trouva des élémens plus exacts. Nous avons ensuite reçu les perturba- tions calculeés par M. Oriani à Milan, et dont M. Gauss a tenu compte pour avoir mieux les élémens de cette orbite. Voici ceux qu’il a donnés dans le journal de M. de Zach, pour le mois de novembre ; distance 2,7675 , révolution tropique 1681 jours g heures, excentricité 0,078835, équation 9° 2/, ic- clinaison 10° 57 37°, époque pour 1803, à Gotha 233° 37 35!" aphélie 326° 37/ 40” nœud 80° 55! 1”. Le roi de Nayles a augmenté de 1200 francs le traitement de M, Piazzi, à l’occasion de la nouvelle planète et de lhommage qu'il a rendu au roi, en l'appelant dans ses écrits Cerès Ferdinandeu. Nous avons eu aussi une comète cette année; et, quoique très-petite, elle a été découverte en trois endroits le 24 août à Marseille, par Louis Pons, ou . 10 Astronomie. concierge de l'Observatoire ; le 28 par le C. Mé- chain, un de nos plus célèbres observateurs à qui nous en devons déja un grand nombre; et le 2 sep- tembre, à Bremen, par M. Olbers, le même qui a trouvé la dixième planète ; cette comète étoit dans le serpentaire tres-foible et informe, ayant un noyau assez sensible. Le C. Méchain et Je C. Messier à Paris , et le C. Vidal à Mirepoix , Pont suivie avec soin jusqu’au 3 octobre, et le €. Méchain a calculé les élémens de la manière suivante, par ses propres observations. Nœud 10% r0° 17, inclinaison 57° o', périhélie 115 2° 8', distance 1,0942 ; passage au périhélie le 9 septembre 20h 43/ 15”; mouvement direct. Les élémens calculés par M. Olbers sont dans le journal de M. de Zach , ainsi que les observations. On voit que cette comete est du petit nombre de celles qui sont plus éloignées que la terre dans leur plus grande proximité du soleil. C’est la quatre-vingt- treizième dont on connoisse Ja route. Le C. Lalande neveu a eu le plaisir de fournir des positions exactes d’étoiles inconnues auxquelles on a été souvent forcé de comparer cette comète, et c’est ce qui lui arrive depuis 15 ans. Les nouvelles tables de la lune par M. Burg, font encore de cette année une époque bien impor- tante pour l'astronomie ; j’avois appris par M. Zach que M. Burg s’occupoit à Vienne dans le silence et la pauvreté, à calculer les observations de la lune faites à Greenwich , dans l’espoir de perfectionner les tables de la lime, lorsqu’en 1708 , le r9 mars, les PAS Iistorre. ET: nm Qreé de l’Institut, réunis au bureau des lon- gitudes pour convenir d’un sujet de prix, je leur proposai de demander létablissement des époques de fa lune par un grand nombre -d’observations ; je savois que M. Burg en avoit calculé beaucoup, et je jugeois que ce seroit pour lui une occasion de les publier pour nous donner un moyen de récompenser son travail. Lorsqu'il fut question d’adjuger le prix, le C. Bouvard ayant fait aussi des recherches intéressantes, on crut devoir le partager. Mais le général Bona- parte, qui présidoit ce jour-là , proposa de doubler le prix, afin que chacun eût 3400 francs , et cela fut décidé. ( | Le C. Laplace voyant que cette somme étoit bien petite pour un travail aussi énorme que celui de M. Burg , et qu’il pourroit tirer de ces calculs toutes les équations de la lune, avec une précision toute nouvelle , engagea le bureau des longitudes à proposer un prix de 6000 francs , et il obtint du ministre de la marine et du ministre de l’in- térieur , de fournir chacun la moitié de cette somme, Le programme fut publié le 20 juin 1800 , et dès le commencement de novembre 1807 , on reçut les tables si desirées | ensuite plusieurs supplémens. Le 26 janvier, le C. Laplace annonça à l’Institut qu’il avoit reconnu dans la théorie de la lune , une équation dont la période est de 180 ans, et qui va jusqu’à 16//, en sorte qu’elle servira à expliquer la discordance qu’on trouvoit entre le moyen mouve- ment de la lune, il y a 100 ans, et celui que don- C0 13 Astronomie: nent les dernières observations. Cette équation est composée de deux termes dont on ne peut avoir pour le moment que la somme ; mais elle a servi à mettre dans les mouvemens de la lune à différentes épo- ques, une régularité qu’on r’avoit pu avoir jusque-là. Le 25 juillet, la députation du bureau des lon- gitudes alla faire son rapport au premier consul sur Je travail de Burg, et sur le prix de six mille francs, Je Jui rappelai qu'il avoit fait doubler le pre- mier prix, et qu'il seroit digne de lui de doubler celui-ci. Il s’y prêta dans l'instant. Le ministre Chaptal, qui étoit présent, me proposa d'engager M. Burg à venir à Paris, où il auroit une pension de 3000 francs. Ce seroït un excellent coopérateur de l'astronomie en France , où elle est déja dans la pius grande activité; mais ce digne astronome a préféré son pays avec moins d'avantage, Ses tables de la lune vont s’imprimer, de même que de nou- velles tables du soleil par le C: Delambre ; et déja nous les avons communiquées à M. Maskelyne, astro- nome royal d'Angleterre, pour qu’elles puissent servir à perfectionner le Nautical almanac, qui, depuis 1767, a fourni aux navigateurs les plus utiles secours, | Le rapport du C. Delambre sera dans la Connois- sance des Temps de l'an X111, qui va paroître. L’on a terminé, à imprimerie de la République, le texte arabe de toutes les observations qui sont dans le manuscrit d’Ibn Junis, que la république batave nous a prêté, avec la traduction du C. Caussin, et un extrait de la partie qu’on n’a pas Histoire. 15e jugé devoir traduire et imprimer. Le C. Caussin est - Je premier de tous les professeurs d’arabe qui aït rendu ses connoissances véritablement utiles : il ÿ a 50 ans que je leur reprochois de ne traduire que des romans. L'observation du dixshuitième passage de Mercure sur le soleil, le 9 novembre au matin, a parfaite- ment réussi. Elle nous intéressoit d’autant plus que nous n’en verrons plus à Paris, avant le 5 mai 18232. Elle à parfaitement confirmé l'exactitude de mes tables de Mercure. En effet, la sortie du centre par un milieu entre toutes les observations est arrivée à midi 7/34”; etla longitude de Mercure, que j’en ai dé- duite, est 7% 16° 17/ 9// à 21h 2! 40//, temps moyen de la conjonction vraie; en tenant compte même de la correction à faire aux tables du soleil, qui fut observée — 10/4 par Lalande neveu, La latitude géocentrique en conjonction 56”, J'ai éu la con- firmation la plus satisfaisante de la théorie de Mer- cure, que je.donnai dans le premier mémoire lu à la première séance de la première classe de Pinsti- tut, le 1.° janvier 1796. On trouvera plus de détails dans les mémoires de l'Institut. M. Cassella’, médecin du roi de Naples, et M. Bugge, astronome royal de Copenhague, etc., m'ont envoyé des observations exactes de ce passage, Le solstice a été observé exactement avec des cercles entiers par le C. Delambre, et par les CC. Burckhardt et Lalande neveu; le milieu entre quatre cents observations donne 23° 28 7/! ou 7“ de plus que -dans mes tables ; l’année dernière, c’étoit 6/! u 14 Astronomie. seulement. Nous devons être satisfaits de cet accord. Le C. Duc-la-Chapelle a publié, dans le quatrième volume des Mémoires de l'Institut, des observa- tions solsticiales qui lui donnent 31” pour la dimi- pution séculaire de Pobliquité. Le C. Méchain a continué de trouver dix secondes de moins pour. lobliquité au solstice d’hiver. Le C. Vidal nous a envoyé ses observations des nouvelles planètes , et beaucoup d’autres ; il a même eu la complaisance de terminer quelques zônes d'étoiles circompolaires, qui n’étoient pas com- plètes dans l’Histoire céleste françoise, publiée en 1801. La conjonction inférieure de Vénus observée à la fin de décembre, par les CC. Burckhardt et La- lande, nous a donné pour la correction de mes ta- bles + 29” qui n’en font pas 10 sur la longitude, vue du soleil. Mais les tables de Venus n'ayant point encore été calculées aiee les perturbations, et Je C. La- Jande neveu se proposant de les faire, le C. Cha- brol Jui a fourni une table de l'équation, calculée en dixièmes de secondes, qui étoit un préliminaire essentiel à ce travail. Il est temps de s’y livrer, vous ayons 40 ans d'observations exactes de Vénus, et ces 40 ans d’observations de 1761 à 1801, nous donneront le mouvement de Vénus aussi exacite- ment que l'observation de Babylonne , faite il y a 2072 ans, et sur laquelle il y a du doute, comme je l’ai expliqué ( Mémoires de l'Académie, 1785, page 250 ), \ Histoire. $ 19 L'opposition de Mars, arrivée le 24 décembre , p’a pu étre observée ; mais cette nuit les observa- tions ont donné la correction des tables de La- lande neveu, — 5/7 qui n’en font que 2 sur la lon- gitude héliocentrique. La disparition de l'anneau de Saturne, qui aura lieu en 1803 , a été précédée d’un phénomène sin- gulier, les anses ont été sur le point de disparoître, et le C. Méchain avoit beaucoup dé peine à les apercevoir le 20 décembre matin; et le C. Flanger- Ques l’a perdu de vue dès le 16. Mais bientôt nous le verrons reparoître , parce que Ja terre reviendra sur ses pas; Ce ne sera que le 28 juin que le soleil passant dans le plan de l’anneau , nous le perdrons de vue jusqu’au 23 août, que la terre passera au nord de l’anneau et nous permettra de revoir la surface éclairée par le soleit. Dusésour , Traité ana- Zlytique des mouvemens célestes , tome 2, page 155. Le C. Chabrol et le C. Flaugergues ort calculé uu grand nombre de tables d’aberrations et de nuta- t'ons pour les 6oo étoiles du catalogue fondamental] que Île C. Lalande neveu met chaque année dans la Connoïssance des Temps, chaque fois avec une nou- vell: perfection. Le C. Lalande neveu a continué d’observer les ascensions droites et les déclinaisons d’un grand nom- bre d'étoiles mal connues , et M."° de Lalande a } continué les réductions qu’elle a promises pour les 5o mille étoiles : on en tronvera 1500 dans la Con- noissancee des Temps de lan X1IL, qui paroîtra bientot; et M. Bode en a publié plus de 10 mille dans le 16 Astronontre. catalogue de 17 mille étoiles qui accompagne le #ränd et bel atlasen vingt feuilles que j’ai déja annoncé. d’ai rendu compte l’année derniere du travail en trepris par les astronomes suédois MM. Svanberg , Osvértom, Ulmquist et Palander , pour vérifier le degré du méridien sous le cercle polaire. M. Meldn- der Hielm, malgré ses 56 ans, a obtenu, facilité et dirigé cette entreprise. En 18or , ils avoient déja reconnu les stations, élevé des signaux, bâti deux observatnires : ils sont partis au mois de janvier 1802 ; ils ont mesuré la base sur la glace du fleuve de Torneo, entre le 6 février et le 8 avril, malgré le froid de 24.° Au commencement de septembre, ils ayoient fini de mesurer les angles de leurs triangles, et ils partoient pour aller à Pathavara, au nord, commencer les observations astronomiques; ainsi, nous aurons bientôt le résultat curieux de cette nou- velle inesure, De son côté, le C. Méchain, d’apres larrêté des consuls du 30 fructidor , va aller reprendre le travail de la méridienne jusqu’à l’ile de Cabrera, qui est 40 lieues plus au midi que Barcelonne , comtne j'ai annoncé qu'il le desiroit ( Conuoissance des Temps, an X}); par ce moyen, le 48° degré, que nous avons surtout intérêt de bien connoître , tiendroit le mi- licu de Pintervalle total. Les Portugais, dont nous avons déploré le silence, commencent à le rompre ; M. Demonfort nous en- voye le caleul des éelipses de soleil visibles à Lis- bonne, pendant le siécle; M. Monteira de Rocha, des nouvelles tables de Mars, avec toutes les per- turbations; \ Histoire. 17 turbations ; l'équation est de 10° 41° 39/', plus grande . seulement de 4//, que dans les tables du C. Lalande neveu, M. Damoiseau, capitaine - lieutenant de Ja bri- gade royale de la marine, à Lisbonne, m’écrit qu'il s'occupe des éphémérides nautiques de 1806; celles de 1805 ont été calculées directement , sans se servir du nautical almanac : je l’ai invité à attendre Îles nouvelles tables du soleil et de la lune qui vont s’im- primer. Nous avons recu encore une description de l’ob- servatoire de Coimbre, par laqueile on voit qu’il y a des instrumens considérables : un secteur de 10 pieds , une lunette méridienne de 5 pieds, un quart de cercle de 3 pieds et demi, divisé à Londres par Troughton. Nous avons recu les éphémérides astronomiques du P. Cossali, de Parme : elles ne sont pas desti- nées pour les astronomes comme celles de Berlin, de Vienne, de Milan, de Bologne et de Paris; mais l’auteur y à ajouté une histoire très- détaillée des deux nouvelles planètes, et il leur conserve, à mon exemple , les noms de Piazzi et d’Olbers, de même que celui de Hirschel, comme un hommage que leur doivent les astronomes. Le 22 juin 1802, M. Van Swinden envoye un mé- moire hollandois, sur les nouvelles mesures, qui lui a pris beaucoup de temps, et il a fait d‘créter l'usage des nouvelles mesures dans la république batave. M. Mackay a publié en Angleterre un ouvrage curieux sur les longitudes. Tome F, B 18 Astronomie. M. Van Swinden nous a envoyé la 4% édition de sa dissertation, en hollandois, sur Ja détermina- tion des longitudes , par les observation: des distan- ces de la June aux étoiles , avec une dissertation qu’il avoit donnée en 1788, conjointement avec M. Nieuwland, sur l'usage des sextans et des octans: elle fait corps avec la dernière ; il se propose de pu- blier aussi un mémoire sur les cercles de réflexion , qu’il voudroit introduire dans la marine de Hol- lande, et un sur les montres marines. Des l'année 1774, j'avois fait un voyage en Hollande, pour sol- liciter l'introduction de lastronomie dans la navi- gation, le stathouder et le grand-pensionnaire me l’avoient promise : on traduisit méme mon astrono- mie en hollandoïs, mais cela n'eut aucune suite, dans ce temps-la, malgré le besoin que les navi- gateurs en avoient : aujourd'hui que la marine re- prend une nouvelle activité dans la république ba- tave , et que le savant professeur y jouit d’une influence bien méritée, nous avons lieu de croire que lPastronomie y sera employée d’une manière efli- cace. M. Van Swinden explique dans cet ouvrage toutes les méthodes par le calcul, par les ovérations gra- phiques et par les instrumens, les corrections faites par M. Mackay aux méthodes de Bordiet de Dun- thorn; celles de Kraft, de Douwes de Steexstra. IL y a ajouté le recueil des tables nécessaires à Ja ma- iine. M. Mendsza a déja donné deux grands recueils de tables pour la marive ; il y a ajouté une nouvelle His 10e. 19 méthode pour caleuler la latitude par deux hauteurs prises hors du méridien, dont le calcul est plus court que la première approximation, qui u’est que le com- mencement du calcul par la méthode de Douxres. Nous avons recu les éphémérides de Vienne pour 1803, qui contiennent de nouvelles tables de la lune, par V4 Triesnecker ; mais on voit qu'il a eu com- munication de celles de Ni. Burg dont j'ai parlé ci- devant ; et les éphémérides de Beïlin pour 1805, où M. Bode a rassemble 150 pages d'observations sur les nouvelles planètes, et sur d’autres points impor- tans, dans touies les parties de l'Allemagne. M. Schroeter a publié la suite de ses observations sur les taches de la lune, en un gros volimie in-4.°, intitulées : Selenotopographische -fragmente ; c’est- à-dire, Fragmens topographiques de la lune, pour servir à connoître exactement sa superficie et les changémens qui y sont arrivés, son atmosphère et .ses montagnes ; par le D." F. F. Schroeter, grand bailh de Lilienthal, près de Bremen, li.® partie 1802, 565 pages in-4°., avec 32 planches en taïlle- douce, à Goettingen. La première partie avoit paru en 1791 ; nous en avons publié deux extraits, où l’on a vu avec com- bien de soin, de patience et de détails cet habile astronome a suivi là surface de Ja lune. Ces nouvelles observations ont été faites avec le même soin pendant onze années, et avec des ins- trumens optiques d’une force plus grande { deux t16- lescopes , l’un de 13 et l’autre de 27 pitds ), elles méritent toute la reconnoissance des astronomes, B 2 20 Astfonomie. à qui elles serviront de base et de terme de com- paraison dans leurs recherches futures sur les chan- gemens qui pourroient arriver à la surface de la lune. Il a vu des montagnes qui vout jusqu’à 4000 toises ( 8000 mètres )}, d’autres à 2400 toises. M. Schroeter a aussi déterminé que la partie de lat- mosphère Junaire qui est assez deuse pour pro- duire les crépuscules à 300 toises (600 mètres) de hauteur. L'auteur a aussi observé des objets qu'il n’a- voit pas vus dans ses observations précédentes , on auroit pu les attribuer au premier coup-d'œil à des changemens arrivés à la surface de la lune ; mais l’auteur remarque avec la réserve d’un habile ob- servateur que l’état particulier de l’atmosphère lu- naire, aura pu lui dérober ces objets lors des pre- mières observations. Le docteur Henzenberg, à Hambourg, de juillet à octobre 1802, a fait trente-une exptriences sur la chute des corps au clocher de S.-Michel, qui a 235 pieds de Paris de hauteur , il a trouvé que les corps graves ne tombent pas verticalement , il y a 4 lignes de déclinaison vers l’est et 11 5 vers le sud. M. Guglielmini, à Bologne, avoit trouvé un peu plus. Mais toutes ces expériences prouvent la rotation de la terre. Le 7 juin, Jai publié les deux derniers volumes de la grande histoire des mathématiques, par Mon- tucla ; le quatrième est presque entièrement con- sacré à l’histoire de l’astronomie et de Ja navigation, Histoire. 21 que j’ai continué jusqu'à l’époque actuelle dé nos connoissances. Il a paru aussi, en 2 vol. in-4.° et 23 planches ,une Histoire de la mesure du temps par les horloges ; par Ferdinand BERTHOUD , mécanicien de la marine , membre de l’Institut national de France et de la Société royale de Londres. On y trouve la description des échappemens des compensateurs des sphères mouvantes , et des principales inventions d’horlogerie. Il parle de tons les horlogers célebres, excepté de Louis Berthoud son neveu , à Qui nous devons toutes les montres marines qui ont été faites depuis 1784. Je dirai à cette occasion que M. Emery est mort à Londres , et sa veuve a quatre garde-temps dont elle desire de se défaire ; ce seroit une acquisition précieuse. On a recu un volume publié en 1800, à Dublin, in-4.° the transactions of the royal trish academy , vol. 7e M. Young y examine Ja solution donnée par New- ton , du problème dé la précession des équinoxes. 1802 Dublin, in-4.° he transactions of the royal irish academy , vol. 8, Le 18 juillet, mes petites tables de logarithmes ont paru ; ce sont les plus commodes et les plus - exactes qu’on ait données, Le r.°* mars, on a commencé l'impression du troi- sième volume de la Mécanique céleste du C. DELA- PLACE, et il a paru hier 29 de décembre. Ce livre fera époque dans l’astronomie physique ; on y trouve B 3 22 Astronomie. Ja suite des importantes recherches de de grand géomètre, et les perturbations de chacune des planètes par l’action de toutes les autres ; une nouvelle théo- rie de la lune, qui contient entre autres la décou- verte d’une nouvelle inégalité, dont la période est de 180 ans, et dont j'ai parlé, page 11. M. HASSENFRATZ a publié son cours de physique céleste ou Leçons, sur l'exposition du système du monde. W'v’y fait pas mention de mon astronomie, mais cela ne l’a pas empêché d’y emprunter Îles choses qu'il n’auroit pu trouver ailleurs ; jy ai re- levé_ quelques fautes ( Bibliotheque française de POyGEns ). Le bureau des longitudes a envoyé à l’impri- merie les observations faites depuis deux ans ; avec les nouveaux instrumens de lobservatoire, par les CC. Méchain et Bouvard, pour être imprimées in- folio , comme celles que le Monnier publia de 195r à 1773, et celles de Greenwich en Angleterre; qui étoient dignes de servir de modèle. - Le 3 juillet, M. de Rossel, officier de vaisseau, est arrivé à Paris , avec les journaux des voyages faits pour la recherche de Lapérouse, sous la conduite du capitaine d’Entrecasteaux. | La Grandierea aussi un journal de ce voyage que le gouvernement Anglois aeu un anentre les mains, mais qu'on lui a rendu ; et l’on a au dépôt dela marine 58 cartes faites dans ce voyage par le C. Beauteimps-Beaupré , hydrographe de l’expédition. Au mois de juin , j'ai recu des nouvelles du C* Bernier , qui a été à la Nouvélle-Hollande; le ca- Histoire. 23 pitaine Bardin n’a relâché qu’en deux endroits sur un espace de 409 lieïes qu'il a parcourues sur la côte occidentale ; il sé dispasoit à reprendre la suite de cette expédition at nord et au sud; mais il me semble que le zèle de l'astronome a éié contrarié par l'indifférence du capitaine; et ce voyage sur le- quel nous avions fondé de grandes espérances ne sera pas aussi fructuenx qu’il devoit Pétre. Le vaisseau /udi Nelson, envoyé avec l’Investiga- or ; Capitaine Flinders, arrivé à la Nouvelle - Eol- lande vers le milieu dé décembre 1801 , rencontra le Géographe commandé par Baudin ; il trouva en- suite au port Jakson Île Naturaliste, commandé par Hamelin, et qui mettoit à la voile vers le milieu de mai, pour, aller à Ja recherche du Géographe dont il avoit été séparé par un coup de vent, au détroit de Basse. I] a envoyé au ministre ses ob- servalions, et la caïte des parties de la Nouvelle- Hoflande qu'il a visitées. Flinders a fait une découverte entre la terre de Diemen et la Nouvelle-Galle méridionale , dont ou a eu avis en mars 1802. L'ile du gouverneur King, le Cap-Alban Orway, le Portland-Bay, le Cap-Nor- thumberland. Debe Joachin, M. de Ferrer, m’a envoyé plu- siéurs positions observées sur le Mississipi et sur Ohio , qui vont devenir d’autant plus intéres- santes que le gouvernement francois s’occupe de faire valoir cette nouvelle colonie dont on peut re- tirér des avantages immenses, comme l’a fait voir Raynal dans son Histoire philosophique. B 4 \ Ë 24 Astronomie. Le Voyage dans le nord de la Russie asiatique , dans la mer Glaciale , dans la mer d’Anadir, et sur ls côtes de l'Amérique de 1785'à 1794, par le com- modore Billings, traduit par M. Castera (chez Buis- son), 2 volumes in-4.°, nous a fait connoître des pays qui-n’avoient point été fixés ni détaillés ; les rives de la Kousina ont été parcourues; il y a une carte par M. Bauer et M. Arrowsmith , géographe an- c'ois. Les oMiciers se plaignent du commandant qui leur a refusé de pénétrer dans le nord, malgré les instructions qu'il avoit recues pour la recherche d’un passage par la mer Glaciale. Voyage dans l'intérieur de l'Afrique en 1797 et 1798, par Frédéric Homencçon (chez André); il a cté du Caire à Mourzoul : on en prépare une autre édition augmentée par le C. Langlès. La géographie s’est enrichie encore d’un yoyage au Sénépal, par le C. Durand, volume in-4.°, avec. beaucoup de planches; l’auteur a été longtemps au Sénsgal ,et j'ai parlé de ses recherches dans un mé- moire sur l'Afrique. M. Sectzen médecin , accompagné de M. Jacob- zen chirurgien , se préparent également à pénétrer dans l’intérieur de l’Afrique, ils se sont préparés aux observations avec M. Zach à Gotha. M. le duc de Gotha leur a donné un sextant de 7 pouces de rayon et une montre d’Pmery, 3 horizons artificiels avec Jeur niveaux, une lunette acromatique de 20 pouces et 2 pouces + d'ouverture, une boussole pour les dé- clinaisons, un compas de route, une chambre pour dessiner. Histoire. 29 M. Scctzen va passer à Constantinople , sur la côte orientale de l'Afrique , où il compte se rendre et se joindre à quelques caravanes de Ja côte de Zongebar ou du Monœmugi. Il espère être 4 à 5 ans dans son voyage ( M. Zach, journal d’août 1802 ). Le 17 juillet , nous avons vu M. Domingo Badia, commissaire des guerres en Espagne , qui voyage avec l’autorisation du prince de la Paix, un natu- raliste Rocxas ; i! s’embarquera en Angleterre pour Maroc, et suivra les caravanes de l’intérieur. Les l’oyages à Madagascar, aux Indes orientales et à Maroc, par Alexis ROCHON , astronome et géogra- phe célebre , ont paru en trois volumes. Le dépôt général de la guerre à Paris a continué ses travaux avec une activité surprenante , comme on le peut voir en détail dans le Moniteur des 6 mes- sidor et 24 vendémiaire , les généraux Calon, Clarck, Andreossy, qui en ont eu successivement la di- rection , sont parfaitement remplacés par le général Samson. La carie du pays situé entre l’Adige et PAdda, de Mantoue à Crémoue, sera bientôt suivie de tou- tes celles du Piémont , de ja République italienne et de l'ile d’Elbe ; celles de la Bavière , de P'Helvétie, du Valais, des quatre départements du Rhin, se continuent : on emploie plus de cent ingénieurs-géo- graphes, parmi lesquels il y en a de célèbres, Nouet, Heury, Tranchot. Le 1.°" juillet, M. Henry a quitté la Bavière , dé- goûté par les contrariétés de M. Bonne : celui-ei continue à s'occuper de la carte de la Bavière ; mais 26 Astronomie. nous perdrons la mesure d’un degré que Henry se proposoit d’exécuter, Quot qu’il en soit, nous aurons, de PEscaut à PAdige, et de Brest à Munich, un canevas trisonométrique non interrompu, et qui ne tardera pas à étre rempli d’une topographie com- plète. On grave la carte d'Egypte en cinquante feuil- les, celles de la Morée'et des îles voisines : on ras- semble des matériaux pour celles de Saint-Domingue et de la Louisianne. La belle carte des chasses , chef-d'œuvre de gra- vure , dont il n’y avoit que cinq feuilles de termi- nées , Va être portée’ à treize. Oa a même le projet dé faire une nouvelle édi-: tion corrigée de la grande éarté de France, en cent quatre vingt-trois feuilles, qui avaït été trop négligée sous la direction des Cassini. En attendant, il yena trenté que lon fait retoucher. La‘collection des cartés manuscrites du dépôt, qui est déja de sept mille quatre cents, augmente tous les jours. Le C. Barbier-Dibocage, déja connu par ses traÿaux importans, en tire le meilleur parti; et le dépôt de la guerre activé par le gouvernement, va produire , pour Ja géographie, des richesses im- metsés. Mémorial topographique et militaire, rédigé au dépôt sénéral de la guerre, n.° 1, topographie, nov. 1802. — On y trouve une notice sur la construc- tion des cartes géographiques, un Traité des opéra- tions géodésiques; des tables pour réduire les angles d’un plan à un autre plan, la détermination des hau- téurs pat le baïomètre, Histoire. 27 Le C. Nôuet , arrivé d'Egypte , le 5 janvier, est déja parti pour le Mont-Blanc, où il va continuer les opérations pénibles qu’il avoit commentées en 1796. Les Russes vont lever la carte d'Esthonie et Vo- Ihinie, M. Weiss termine sa carte de la Suisse, en seize feuilles. On a gravé en Aneleterre, en quatre feuilles, une belle carte de la partie méridionale levée géomé- triquement par M. Mudse et Da'bv. M. Ciccolini a fait un voyage sur les côtes de la mer Adriatique, où il a vérifié les positions d’un grand nombre de points. Il y avoit sur Pezaro une érreur de 30/7 de temps. Les voyages de M. le baron de Zach, aussi utiles pour la géographie de Allemagne , sont détaillés dans l'excellent journal qu’il publié tous les mois, M. Mentelle'a entrepris, pour lé premier Consul, un globe terrestre d’un mètre, où il rassemblera tout ce que Pon sait en géographie, recueilli avec autant d’érudition que de soin. , Le 26 mars, jai obtenu la permission de fonder à lfnstitut un prix destiné à celui qui auroit fait dans l’année Pobsérvation la plus curieuse, ou le mémoire le plus utile pour l’astronomie. Le C.Chaptal, que nous avons le bonheur d’avoir pour ministre de Pintérieur, dont les travaux, comme savant , annonçCoient le zèle comme Ministre, a at- taché des calculateurs au bureau dés longitudes ; il- à accordé des gratifications au C. Flaugergues, ob- 28 Astronomie. servateur assidu, et au C. Pons, concierge de l’ob- servatoire de Marseille, qui a découvert une seconde comète Quand on supprima le bureau de consultation qui avoit ét6€ établi pour distribuer des récompenses, et qui fut fort utile en 1793 et 1794,0n chargea l’Institut de le remplacer, de proposer au gouvernement les gratifications qu'il conviendroit d'accorder. L’Insti- tut n’a point encore usé de ce droit, ou rempli cette obligation : je lui propose de le faire, M. Jacotot , professeur d’astronomie à Dijon, a obtenu du C. Giraudet , préfet de la Côte-d'Or , les réparations nécessaires à l’observatoire de Dijon, endommagé par un incendie. J’espérois, le 28 août, y observer l’éclipse de soleil, mais le ciel fut abso- Jument couvert comme à Paris. Nous avons recu des observations du C. Thulis, à Marseille, et du C. Flaugergues, à Viviers, pour cette éclipse. Le prince Henri de Wurtemberg, frère de l’im- pératrice douairière de Russie, et qui réside à Ham- bourg , a acheté les beaux instrumens que Megnié avait faits à Paris. Le miroir du télescope que M. Herschel avoit en- voyé à Saint-Pétersbourg, lui a été renvoyé pour le monter. Kramp sollicite l'établissement d’un obser- vatoire à Cologne. L’académie de Turin demande le rétablissement du sien, et M. Henry offre d’en prendre la direc- tion. Les PP. Canovaï et Delricco, qui ont à Florence l'observatoire du P. Ximenez, ont envoyé une no- Histoire. 29 tice de leurs instrumens, pour prouver qu’ils ne peu- vent travailler utilement à l'astronomie ; mais ils ont publié des tables de logarithmes, Le roi d’Etrurie nous a fait savoir qu’il persistoit dans Je dessein de placer un astronome dans son cabi- net de physique, où il y a déja de beaux instrumens. M. Poczobut, astronome de Vilna, en Lithuanie, après de longues traverses essuyées par les révolu- tions de Pologne, a repris ses utiles obervations. Le général Chabert, revenu d'Angleterre, après une absence de dix ans, a été associé au bureau des longitudes où ses travaux pour la géographie lui donnaient de justes droits; et son âge de soixante- dix-huit ans ne l'empéche pas d’assister à nos séan- ces , et de uous être utile par ses conseils et sonex- périence. Le fils cadet de notre célèbre astronome, le C. Méchain, a été nommé par le bureau des longitudes, secrétaire de lObservaroire, ce qui forme pour lui une destination vers l’astronomie, Augustin-Francois Méchain, est né à Paris, le 5 mars 1786. Il a remplacé son frère Isaac qui, revenu d'Egypte, a été nommé commissaire des relations commer- ciales à Galasie, en Moldavie. Le C. Lechevalier a disposé, dans l’hôtel des rela- tions extérieures, un petit observatoire où il pourra satisfaire le goût et la curiosité dont il a donné des preuves pendant son séjour à Constantinople. Le C. Louis Berthoud a exécuté pour l’oberva- toire une pendule de mille écus , où les pivots tour- uent dans des rubis, où l’impulsion se fait par des 30 Astronomie. rouleaux 3 et nous espérons qu'elle égalera celle que le premier consul a donnée à l’observatoire de Milan. Le C. Berthoud a multiplié ses chronometres pour la marine. : Le C. Pons, horloger, plein d’adresse et de talent, a mis en expérience, dans mon observatoire, une pendule à demi-seconde, avec un échappement libre, qui marche avec une régularité surprenante. Le C. Lévêque a publié, dans le quatrième volume des mémoires de l’Institut, un savant mémoire sur les longitudes , et spécialement sur les cartes de Maingon , pour réduire les distances de la lune ob- servées en mer. ‘ Le C.Richer(rue Saint-Louis, au Marais, n.° 85,) a fait un nouveau compas trigonométrique , où cotn- pas de réduction pour les distances de la lune aux étoiles. Il y a des inventions ingénieuses pour di- viser en parties inégales les règles qui contiennent la distance, la somme et la différence des hauteurs : j'ai donné dans mon Abrégée de Navigation, p. 63, la description de Pinstrument qui avoit eu le prix en 1791, et dans la Connoissance des Temps de lan 1v, la démonstration de formule de M. de la Grange, qui sert de fondement à cet instrument ; mais celui- ci est sensiblement ‘perfectionné : le seul inconvé- nient est que cet instrument coûtera 600 francs. M. Troughton a fini le modele du cercle de Men- doza, qui donne le double du multiple du cercle de Borda, même en conservant le petit miroir fixe, On a publié dans les Lettres de l’abhé Sevin, un détail curieux sur le calendrier des Indiens. Histoire, | 31 Le C, Girard a lu à l’Institut un grand mémoire sur le milomètre égyptien, dont il a déterminé la valeur dans l'ile Eléphantine , sur les Heux mêmes, 19P-: 51. 6, et qui lui a fait voir que l’ancienne me- sure de la terre d’'Eratosthène étoit fort exacte. M. l’abbé Testa a publié à Rome une dissertation sur le zodiaque trouvé en Egypte, à Dindara (en grec Tenthyris). ]l entreprend de prouver qu’il ne remonte pas à 300 ans avant l’ere vulgaire. Dans Phistoire d'Héradote, traduite par M. Larcher , édi- tion de 1802, tom. If, p. 564, on trouve une sortie contre les incrédules qui font remonter à 6000 ans l’époque d’un des zodiaques de Tentyra , aujourd’hui Dendera, et de Esné ou Henne, et son urique raison est qu'il remonteroit à 217 ans avant la création du monde, suivant Petau, comme si la création étoit susceptible de calcul. Il ÿ ajoute une notice de M. Visconti, qui dit que le premier signe du grand zodiaque est celui du lion, que la Balance, symbole de l’équinoxe , est à sa place, et que la ressemblance de la plupart des signes grecs, prouve que ce zodiaque a été exécuté dans un temps qui ne remonte pas à la plus haute antiquité de l’astronomie grecque ; il est presque convainçu que cet ouvrage est du premier siécle de l'ère vulgaire. La corniche extérieure porte une grande inscri- ption grecque , qui pourra décider la question ; mais une autre inscription grecque contient des noms ro- Mains et annonce un César, qui ne sauroit être q'’Auguste ou Tibère. Enfin, M. Visconti dit que 32 * Astronomie. l'architecture du temple de Tentyra, quoique dans le goût égyptien, et même quelques-uns des hiéro- glyphes sculptés surles murs, offrent des rapports nou équivoques avec les arts de la Grèce, pag. 573. Pour moi, pai remarqué par la gravure de M. Denon, que le Cancer est figuré dans les deux lignes, à la tête des signes descendans et à la fin des signes ascendans ; ce qui prouve bien que le solstice étoit vers le milieu du Cancer, et cela remonte à 3000 ans. Mais j’ai fait voir dans mon astronomie (art. 1618) que Eudoxe, qui écrivait environ 370 ans avant no- tre ère, et Aratus qui suivit Eudoxe, décrivirent la sphère d’après une tradition plus ancienne, qui re- monte à douze à treize cents ans avant l’ere vulgai- re, et qui venoit de l'Egypte ou des Indes. Petau, Wiston , Freret, Legentil, ont trouvé à peu près cette date : ainsi, il est tout naturel qu’elle se trouve dans le zodiaque de Tenthyris qui, par conséquent, peut bien être regardé, à cet égard , comme un ou- vrage des Grecs. Le C. Villoison, célèbre dans l’érudition grecque, a célébré l’astronomie en vers latins, qui annoncent et son talent pour la poésie latine , et son goût pour l'astronomie. Il me les a adressés pour le jour de ma naissance , et les a publiés dans le Magasin encyclo- pédique. Il parle dans les notes des travaux de lon- cle, du neveu, de la niece et du C. Burckhardt, leur plus savant coopérateur et leur plus intime ami. \ Le C. Boulage, à Troye, a fait une belle épiître à Piaz- zi, sur la découverte de sa planete ; elle est dans les mémoires ‘ Histoire. 33 m émoires de la Société académique du département de l’Aube , n.° 4. L’astronomie a perdu cette année son respectable doyen, Augustin Darquier , de l'Institut national; né à Toulouse, le 23 novembre 1718 , et mort le 10 jauvier 1802. Il fut déterminé de bonne heure vers Pastronomie par un penchant naturel, quoique dans une ville éloignée de la capitale ; il y a mis un zèle et une activité que son âge v’avoit pas aMoibli. Des 1748, il éloit connu et estimé des astronomes , à qni il n’a cessé d’être utile. Il acheta des instrnmens ; il établit un observatoire dans sa maison ; il fit im- primer à ses frais deux volames d’obervations. On a imprimé à Utrecht sa traduction des Letires cos- mologiques de Lambert. Il formoit des éleves; payoit des calculéteurs; et, pouvant se passer des secours du gouvernement , il ne dut rien qu’à lui- même. J’ai imirimé ses dernières ob-ervaiions dans mon Histoire céleste (pag. 393 ) ; el'es vont jusqu’au 19 mars 1708 ; et il en avoit encore à prenvayer, quoique âgé de quatre-vingts ans. Le Lycée de T'ou- Jouse nous donnera plus de cétail sur cette longe et intéressante carrière. L’astronomie a perdu encore en France, le 1.°" mars, M. Lémery, dont j'avois découvert, il y a trente ans, le goût singulier pour le calcul ; attaché pour lors au marquis de Puisieux, il employoit au calcul tout le temps que son devoir lui laissoit. Je lui fis calculer quantité de lieux de: la June qu'on publia en 1777, dans la Connoissance des Temps de 1779 ; et, depuis quinze ans, il faisoit ceux de la Con- Tome F. G 34 Astronomie. noïssance des Temps en entiér, avec autant de soin que d’assiduité, Daniel Bogdanich est mort à Pest en Hongrie, le 31 janvier, à l’âge de trente-sept ans. Il s’occupoit de la géographie de Hongrie. Voyez le journal de M. Dezach , avril 1802. M. George-Frédéric Kordenbusch, astronome de Nuremberg , est mort le 3 avril, à l’âge de soixante- onze ans. ‘ Au mois de septembre , M. le baron de Veza s’est noyé dans le Danube, et l’on croit que c'étoit volon- tairement.. C’est à lui que nous devons la grande édition des logarithmes de Vlacq, 17-folio, soit pour les Cent-Mille , soit pour les Sinus de 10 en 10 secondes, qui étoient deveaus très-rares, et où il a corrigé beaucoup de fautes. La météorologie a offert cette année des phéno- mènes extraordinaires. Au mois de janvier, un dé- bordément extraordinaire ; la Seine a été à 22 pieds et demi au dessus de 1719. Le 25 mai, une gelée qui a fait un tort immense aux productions de la terre. 24 floréal, 14 mai à Munich, neige pendant qua- rante-cinq heures, les arbres dépouillés, renversés. Aux mois de juillet et d'août, une chaleur dévo- rante qui a duré pendant'quarante jours. Le ther- momètre a été jusqu’à 29° à Observatoire ; ce qui arrive très-rarement à Paris. Le besoin d’avoir sur la météorologie des règles fondées sur l’observation, a déterminé notre savant ministre à établir des correspondances , et un bureau pour les diriger. Histoire. 35 On à fait des observations météorologiques dans trente endroits, depuis le couvent du Mont-Cenis jusqu’au bord de la mer. M. Jean - Dominique Beraud, n6 en 1741, ci- devant dessinateur à Coni, et qui demeure à Turin depuis vingt ans, ne cesse de s'occuper des obser- vations météorologiques , et il nous envoie exacte- ment ses résultats. Lafon, ingénieur-géographe à la Louisiane , nous a envoyé des observations météorologiques faites à la Nouvelle-Orléans ; et nous avons reçu des obser- vations météorologiques faites à la Guadeloupe, par le C. Hapel Lachenaye , années 5-9. Le quatrième volume des mémoires de l’Institut en contient aussi plusieurs. M. Coulomb a lu à l’Institut des expériences sur Ja manière d’aimanter les aiguilles à saturation, comparant les méthodes de Kaight Duhamel et Æpinus ; il a indiqué aux navigateurs le plus sûr moyen d’avoir les meilleures aiguilles ; les plus lon- gues, et les plus larges sont préférables, mais il ne faut pas leur donner de l’épaisseur. Ce savant a publié, dans le quatrième volume de l'Institut, un mémoire curieux sur les boussoles d’inclinaison. La déclinaison de l’aiguille aimantée à Paris, a été observée par le C. Bouvard à l'Observatoire, le 2 mai, de 22° 3';et le 22 juillet, de 21° 45!. Le C. Lenoir, dans le Jardin du dépôt de la ma- rine, 22° 6, le 20 juin, avec une boussole où il a mis tout le soin possible ; mais les changemens qui arrivent dans les différentes heures du jour, ct aux C a 36 Astronomie. différens mois de l’année, allant à plus de 10’. On ne peut dire autre chose, sinon qu’elle est de 22°, et l’on trouvoit la même chose en 1792 et 1800 ; de sarte qu’elle paroît stationnaire actuellement, tandis qu'il y a dix ans, elle augmentoit de 6 à 8' par an. Ïl y a quarante ans que je l’observois 18° 4 (Con- noïssances des Temps, 1762, pag. 167). M. Simoniu, professeur au Croisic, nous envoie le résultat de mille observations sur les marées, avec les tables nécessaires pour tenir compte des varia- tions que le soleil et la lune ÿ produisent, à raison de leur hauteur et de leur distance. M. Fomme, professeur à Rochefort, a envoyé à l’Institut des observations faites de 3 en 3', depuis la basse mer j'squ'au plein, pour en connaitre les irrégularités qui sont très-singulières, et une nou- velle table du retard des marées , déduite d’un nom- bre immense d'observations. Il à aussi présenté nn tableau général des marées, des courans et des vents, observés sur toutes les mers du globe, et dont la publication sera un supplé- ment important au grand Traité du flux et reflux de la mer que j’ai publié en 1781. M. Grenier, officier, connu par ses découvertes dans la mer des [ndes, a rédigé un ouvrage consi- dérable sur les vents et les courans dans toutes les mers, avec une théorie qui en rend l’explication plus facile. Else propose de le publier incessamment, LITTÉRATURE ORIENTALE. INSCRIPTIONIS PHŒNICIÆ Oxoniensis nova inlerpretatio auctore J. D. ÂKER- 2LAD. Parisis, ex typographià Reipublicæ. Anno x.— 1802. Prostant Parisiis et Ar- gentorati, apud T'reutrel et Würtz, biblio- polas. Oui D on considère quelle a été, pendant une longue suite de siécles, léténdue de la puissance des Phéniciens , la multitude des établissemens for- més par ce peuple commerçant ou par ses colonies, non-seulement sur toutes les côtes et dans les îles de là Méditerranée, maïs encore dans plusieurs îles et sur une partie des côtes de l’Océan, au-delà du détroit de Gibraltar, on ne peut que s'étonner du voile épais qui couvre les monumens de l’existence de cetie nation célebre, monumens dispersés sur tous les lieux où elle avoit formé des colonies, ou établi ses comptoirs. Un grand nombre de savans distingués ont, il est vrai, consacré leurs talens à cette branche de Parchéologie; mais on pourroit dire en général qu’il ne faut d’autre preuve de lin- sufhsance de leurs eorts, que la diversité des exoli- cations que les plus illustres d’entre eux ont don- nées des mêmes monumens. C’est cette considération qui a induit le célèbre Eckhel à confondre, sous une même proscriplion, toutes les conjectures de C 3 38 Litiérature orientale. ces savans antiquaires, et à y voir à peine quelque résultat solide qui pût donner un espoir fondé de parvenir un jour à l’explication des monumens phé- niciens , en sorte qu'il n’a pas craint de dire, en parlant de leurs travaux : Ex quorum lectione istud” denique obtinui ut, si exiguam vert nutrimenti par- tem demas , cæterüm infirmis pastus conjecturis, ad extrémum renitentem pabulo ventriculum experirer. (Doct. num. vet. part. I, vol. III, pag. 401). Quoi- que ce jugement soit certainement trop rigoureux, il faut cependant avouer que plusieurs de nos célèbres antiquaires semblent lavoir provoqué par la hardiesse de leurs suppositions , et la con- fiance avec laquelle ils les ont proposées et sou- tenues. Mais M. Eckhel n’a-t-1il pas aussi outré les conséquences, quand il a nié le secours que la langue hébraïque peut fournir pour l'intelligence des monumens phéniciens, et qu’il a comparé Îles savans qui, à l’aide de cette langue, se sont flattés de pouvoir expliquer ces monumens à quiconque , s'appuyant sur ce priucipe, que les Latins ont reçu leur langue et leur écriture des Grecs, croiroit pou- voir, avec le seul flambeau de la langue grecque, interpréter le monument d’Ancyre (1)? En effet, il (1) Qué fiducid monumenta linguæ phæniciæ in coloniis pikoGapGæpois luxatæ et corruptæ ex legibus linguæ hebraïicæ explicabimus ? Idem hi mihi agere videntur, ac si quis s0+ lius linguæ græcæ peritus, at cui conster Latinos à Græcis er litteras et linguam accepisse, ex linguæ græcæ præceptis auderet marmora latina Ancyrena interpretari (Doc. Num. ver. part. I. vol. III. p. 400). Jnseriplion phénicienne. 39 cest certain, quoi qu’en dise ce savant , que la langue hébraïque (j'ajoute et ses dialectes, quoique ceci exige une grande réserve) est le seul moyen connu que l’on puisse employer pour parvenir à l'intelli- gence de cette sorte de monumens , et que .ce moyen a déja été mis en usage avec plus ou moins de succès par quelques-uns des savans qui ont couru cette carriere, M. Aferblud avoit déja donné une nouvelle preuve de cette vérité dans l’explication qu’il a offerte à la Société royale de Goettingue , d’une inscription phé- nicienne découverte il y a peu d’années à Athènes , et qui est accompagnée, sur le même monument, d’une inscription grecque, dont elle n’est, comme i] Ja fait voir, que la traduction (2). La dissertation (2) Voy. Comment. Soc. reg. scient. Gotting, to. xtv. Les inscriptions, tant grecque que phénicienne, de ce monument sé- pulcral sont aussi rapportées, par le P. Fabricy dans l’ouvrage don je parlerai dans la suite de cette netice (par. I. vol IL. p. 551 er, suiv.) et voici comme il parle de ce monument. Æpposité in men- term mihi venit... bilinguis sepulcralis inscriptio græcè nempà ec Porxas simul exarata, ab aliquot annis cireà Athenas inventa ; digna profecto , phæniciæ palæographiæ illustrandæ gratià, atqçue ob. hujusmodi monumentorum paucitatem quæ seræ posteritati consecretur ... Inscriptionis ectypon plures inter vetustæ ætalis à pictore gallo Fauvel jam collectos lapides, ad Parisiense Musæum post deducendos, aliisque colligendis stu- diosè dedito, abhinc annos multos Athenis idcirco commorante repertum, insigni comitate Suecus Cl. vir Joannes David Aherblud, ut est Qurapyarclélos, ibidem ab se priùs formd excussum gypseé, deindè majori, qué potuit, fide ac diigen- tid delineatum, quum è suis Orientis redux itineribus Romæ C4 40 Littérature orientale. latine qu'il vient de publier, et que nous annon= çons, a pour objet une inscription plus importante, parce qu’elle est plus longue , et que l'interprétation en a déja été tentée par deux savans, l'abbé Bar- thélemy et M. Swinton, quoique avec un succès fort différent. Cette inscription est la seconde de celles que Richard Pococke a copiées dans l’ile de Chypre, et qu’il a publiées dans sa Description du Levant. L’original existe à Oxford, et fait partie des Marmora Oxoniensia donnés par Chandler. M. Akerblad commence par rappeler les deux in- terprétations de l’inscription de Pococke , proposées par les savans que je viens de nommer. Quoique ni l’une ni l’autre ne paroissent satisfaisantes , s’il fal- loit absolument opter entre elles, le choix ne seroit pas difficile : car autant on reconnoit dans l’inter- anno 1708 ipse versaretur , mecurn humanissimè communicavie. Je ne rapporterai ici que les deux inscriptions de ce monument. L’ins- cription grecque porte : APTEMIAGPOEZ HAIOAQPOTY ZIAGNIOEZE L'inscription phénicienne exprime le même sens par ces mots: wav ap 3 nôn +2ÿ0 © »n2 2 n3xD DANS Le mot non répond visiblement dans cette inscription à A “plepeus : on peut voir les conjectures de M. Akerblad sur ce mot dans la note p. 18 et suiv. de la dissertation latine dont nous donnons ici la n°tice. Pour nous , nous pensons que non est absolument synonyme : de Tpmop@os , TRIFÇOTAMES Diva triformis. Inscription phénicienne. 41 prétation de J’abbé Barthélemy l’exactitude d’un savant , qui employe tous les moyens qui sont en son pouvoir pour découvrir la vérité, qui ne donne ses conjectures que pour ce qu’elles sont, et qui aime mieux laisser des lacunes dans son travail , que de faire violence aux monumens pour en tirer un sens forcé, autant celle de M. Swinton offe les défauts opposés à cet amour de la vérité, et à cette scrn- pulense timidité qui devroient caractériser tout antiquaire (3). Après avoir fait connoître ces deux explications, M. Akerblad développe successivement , et avec l'étendue nécessaire, la manière dont il lit chacun des mots de cette inscription, prévient les objections qu’on pourroit lui faire, et ajoute quelques obser- (5) C’est anssi ce que reconnait M. Akerblad , et nous avons Ju avec plaisir ce témoignage qu'il rend à notre ancien confrère : 9 zn häc interpretatione vir erudicissimus mins feliciter sit versatus, haud graviter ferendum est, cum apographum Pocockianum pa- rm accuratum antè oculos habuerit : tantä quoque cum mno- destid hanc suam proposuit explicationem ut nullo modo me- * ruerit ràm acriter à Swintono vellicari, qui, si quid vidimu, mulro longius à veritate deflexit. p. 9. M. Eckhel n’a pu s’em- pêcher de rendre aussi justice, du moins en partie, à ce savant et modeste antiquaire ; et le P. Fabricy , dans l’onvrage déja cité (part I, vol. IL. p. 565.), s'exprime ainsi sur son compte : Nernini mirurm videatur , si de CL. Barthelemio illud pronuntiare ausim : nimëi- rum eorum , quorum hucusque mentionem feci, antiquariorum nullum extitisse , quiphæniciæ litteraturæ felicioribus auspiciis adyta penetrarit, atque ad ejus aperiendos fontes viam aptio- rem præmonstrarit, eamque paratiorerr. 42 Littérature orientale. vations sur les noms des divinités qui se rencontrent dans les noms propres de cette inscription. Pour que nos lecteurs puissent juger du mérite de cette nouvelle explication , et en méme temps de quelques observations que nous nous permettrons de soumettre aux savans et à l’auteur lui-même, nous allons d’abord rapporter l’inscription de la maniere que la présente M. Akerblad. La voici: n3YD M 2 D0072ÿ 12 ENTSP DIN nb obyb nm 520 bp nid vn2 0 2972) 3 ON M2 NANEY MIND M. Akerblad la traduit ainsi : Ægo Abedusarus Jilius Abedsusami filit Churi, monumentum üill£ , quæ , me vivente, discessit à placido meo thalamo in @ternum posui, [nempè] uxori meæ Astarti filie | Taami filii Abedmeleci. I} n’est pas nécessaire d’entendre par soi-même les langues orientales pour sentir que cette expli- cation présente un sens naturel, et que par cela même elle offre un grand degré de vraisemblance. Aussi ne faisons-nous aucune difliculté de lui ac- corder la préférence sur celles qui ont été poposées jusqu'ici. Nous croyons néanmoins qu’elle peut don- ner lieu à quelques observations. La première a pour objet les lettres jod et wav, que M. Akerblid a pris la liberté, comme il en avertit lui-même , de suppléer dans plusieurs mots. Que ce savant ait supplée le sa dans le mot Es Inscription phénicienne, ‘ 43 nb » cela est absolument indifférent : nous n’aurions pas plus de difficultés à Jui faire quand il auroit restitué le »av ou le 7od dans le milieu de plu- sieurs mots, où ces lettres peuvent être simplement considérées comme orthographiques , ou comme destinées à fixer la prononciation : mais il n’en est pas de même des trois endroits où il ajoute le jod à la fin des mots 353kK, 329 et YPRÈNS. Dans le mot Y5N, cette addition est peu importante ; elle n’influe pas sur le sens : qu’on lise S5JN, anoki, comme on prononce en hébreu, ou seulement IN» anok, comme le porte linscription, ce sera toujours indubitablement le pronom de la première personne ego : je préférerois néanmoins m’en tenir à l’inscrip- tion, et supposer que, dans le langage des Phéhni- ciens, on disoit azok, comme dans la langue de VÆgypte. L’addition du jod, dans letroisième mot, sms , uæori meæ, est d’une toute autre impor- tance : cette lettre foime à elle seule le pronom ou adjectif possessif meæ ; et je ne puis me persuader que, jouant un role aussi important, elle pût être indifféremment omise dans lécriture. Je n’ignore pas que la prononciation grammaticale du syriaque pourroit fournir un adminicule en faveur de cette supposition ; mais la conséquence qn’on en tireroit me paroît forcée. D’ailleurs, si M. Akerblad lit ici nb , il avoue que toutes, les copies de lin- scription qui ont été publiées paroissent offir un © au lieu du #ÿ. La ressemb'ance de ces deux lettres est très-grande , j’en conviens : elles ne se distin- guent l’une de l'autre que parce que le premier trait 4 44 Littérature orientale. perpendiculaire est plus prolongé dans le mem que dans le sehin. Il sufliroit done que ce premier trait eût été trop étendu par le graveur, pour que le schin eût pris la forme du mem, commeM. Aker- blad le suppose ici ; ou, au contraire, que le pre- mier trait eût été en partie effacé par l’injure du temps pour que Île mem se trouvât substiué au schin, V1 faut convenir qu’en bonne critique, cette seconde supposition , si on étoit dans le cas d'y avoir recours, souffriroit moins de difficulté que la première. Quant au mot dont il s’agit, je ne vois aucune raison ni d'ajouter le je4, ni de substituer un) au Q:en lisatt SAMY PAK), cela signifie à Amat- Astéret ; et ce nom propre, qui veut dire la servante d'Astarté, répond paifaitément aux autres noms propres , Abd-asar , serviteur d’'Osiris, 4bd-mélec, serviteur du roi ou d'Hercule, etc. Cette explication , proposée comme une dernière ressource par M. Akerblad (pag. 25), me paroit, contre son opinion , de beaucoup préférable à la première. i Reste le mot De , ou, comme on lit dans l’origi- nal, =, mot composé de la préposition L, et du conjonctif ou relatif #3). J'avoue que j’ai bien de la peine à me persuader que dans un monosyllabe, formé seulement de deux lettres, on ait supprimé le jod. C’est cependant ce qu'il faut nécessairement. admettre , le sens exigeant absolument un conjonc- tif, à moins que l’on n’aime mieux supposer, ce qui , comme je l’ai dejadit, est peut-être trop hardi, Tascription phénicienne. 45 qu'il faut lire iei un >? au lieu d’un ©. On auroit alors ce mot parfaitement hebreu 37, ei quæ in vit med Une chose qui peut donner un peu plus de vraisemblance à cette supposition , c’est que fait rarement d’auue fonction que cel:e d’interro- gatif ou de dubiiatif, ou du moins qu'il peut tou- jours être rappelé à ceite forine d’expression. Je dois cependant reconnoitre que le savaut Pérez Bayer a eu recours, comme M. Akerbiad, à la suppression supposée du jud et du vas, pour expli- quer Pinscripuion phénicienne de Malte, qui avoit déja occupé M. Swinton et l’abbé Barthélemy. Mais je ne sais s’il étoit necessaire d'employer ce moyen, qu'une sage critique n'admettra Jamais qu'avec une extréme reserve, quand Paddition ou la suppression de ces lettres influera sur le sens. Je passe à l'examen d’une autre difficulté, qui a pour objet le mot ANJ5", que M. Akerblad traduit -par disvessit, supposant que le mot LE super , qui suit, doit avoir ici le même sens que 9})2, de super ou de. Dans le mot FINKj5*, ce n’est que par con- jecture que M. Akerblad assigne à la seconde lettre Ja valeur du jé : je serois plus porté à croire que c’est effectivement un 4cf. Notre savant n’oublie rien de ce qui peut justifier sa maniere de lire et d’inter- préter ce mot : j'avoue néanmoins qu’il ne n’a nul- Jement convaineu que l'on doive admettre la forme . bizarre que ce mot présente : d’ailleurs, je ne puis me persuader que »}} joue effectivement le rôle de bin. Le passage du ps. 81 (8o selon la vulgate ), que M. Akerblad cite pour autorité, me paroît bien 46 Littérature orientale. éloigné de devoir étre nécessairement entendu ainsi (4); et une pareille ellipse une fois admise, on trouveroit dans les mots tel sens que lon auroit intérêt d’y trouver. Si cette préposition ne peut être prise dans ce sens, mais doit être entendue dans sa signification ordinaire super , il est certain que le mot précédent, de quelque manière qu’on le lise, pe peut signifier discessit , et que par conséquent il nous manque encore Île sens d’un des mots les plus essentiels pour l'intelligence de cette inscription. Avant d’aller plus loin , je dois observer qu’outre les deux explications des savans Barthélemy et Swinton , les seules qui soient parvenues à la con- noissance de M. Akerblad , comme il le dit lui- même (pag. 13), et les seules aussi dont M. Eckhel fasse mention, il en existe une troisième, qui n’a pu étre connue ni du célèbre antiquaire de Vienne, ni (4) Michaëlis, pour ne point alléguer d'autre autorité, l'entend dans le sens naturel qu'offre le texte : Diese Verordnung machte er in Joseph, als er gegen AÆEgypten auszog. Quoique la préposi- tion by doive être traduite quelquefois en latin par de, cela ne jus- tife pas l’ellipse que suppose ici M. Akerblad, et je suis étonné que le savant Dathe davs sa nouvelle édition de la Philologie sacrée de Glassius ait consacré cet exemple parmi ceux où cette préposition hébraïque peut être rendue en latin par ex. Voy. Sal. Glassii Philol, sac. his remporibus accomodata. Lipsiæ 1776 ,t. 1. p. 477. Le même savant, dans sa version des Pseaumes, a traduit ; quum con- trà AEgyptum egrederetur. Dans une note sur cet endroit, il pa- rot supposer qu'on a pu aussi traduire la préposition hébraïque par ex, ou plutôt que les interprètes qui ont entendu le texte en ce sers, ent 9}. Inscription phénicienne. 47 de M. Akerblad , à l’époque où celui-ci écrivoit cette dissertation (1.°* janvier 1801). Elle se trouve dans un ouvrage du P. Fabricy, auteur de plusieurs sa- vans Traités, et entre autres de celui qui est inti- tulé : Des titres primitifs de la révélation. Celui dont nous parlons, et qui est resté imparfait par la mort de l’auteur , a pour titre : De Johannis Hyrcani Has- monæi, Judæorum sumimi pontificis hebræo-samaritico Numo Borgiant Musæi Velitris planè anecdoto , Phæ- nicum litteratur&, cujus fontes primümt inquiruntur , tllustrando Commentarius. Les prolégomènes, la seule partie qui ait vu le jour , contiennent, en deux volumes in-8.°, une revue fort détaillée de tout ce qui a été fait jusqu'ici pour lexplication des monu- mens phéniciens, et sont en conséquence intitulés : De Phœniciæ liüteraturæ fontibus. Dans cet ouvrage, publié sous les auspices du savant cardinal , dont le nom , si cher aux leftres et à ceux qui les cultivent, semble avoir reçu un nouvel éclat de ses malheurs , et rappellera toujours aux amis de la vertu le vrai phi- losophe, triomphant par l’inaltérable égalité de son ame des persécutions de la barbare ignorance, et des injustices du sort, le P. Fabricy n’a eu garde d’omettre l'inscription du marbre d'Oxford. Après avoir fait connoître l’explication proposée par M. Swinton, et ce que l’abbé Barthélemy a écrit au sujet de ce monument , tant dans le trentième volume des Mémoires de l’Académie que dans sa lettre au maiquis Olivieri, il remarque que l'interprétation de ce savant , quelque préférable qu’elle soit à celle de l’antiquaire anglois , n’est cependant ni complète, Litiérature orientale. ni entièrement die dirt Et et il s'étonne surtout, avecraison, que l’abbé Barthélemy ait eu des doutes sur la lecture du mot 23% , dont la signification bien connue, si, cippus , convient parfaitement ici, et qu'il lait d’abord rendu par ces mots de [lu ville de ] Tsabeth, et ait proposé ensuite de le diviser en deux , de joindre les deux premières lettres au mot précédent , et de traduire ainsi cette partie de l’inseription : fs de Héramets , fille de: Lum. Le P. Fabricy offre une nouvelle traduction, dont le seul mérite , s’il m’est permis d’en porter un jugement , est d’avoir , avec M. Swinton, donné au mot f2Y} sa vraie signification, et d’avoir bien lu , avec l’abbé Bathélemy, le non propre Astaroth ou Astarté, Voïci cette interprétation : Ego Abdasur, filius Abdassam , filit Hhuri, se- pulcrule monunientum vanitaii., cum in vivis agerem ; acquisivi. Requiescam in [frnereo] cubili per omne seculum. Posur [itéuci] au fiue : mprendun] Astaroth, filiæ Tam: filu Esedmelechr. Le P. Fabricy traduit comme on voit =h par va- nitas, en le comparant avec le mot chaldaique N99: il lit MAP au lieu de RMJ9, et suppose que c’est la même chose que VU @ eu hébreu : etfin il lit MN, mais ii le prononce eme, c'est-à-dire, ve- ritas , Et non ummul, C'est-à-dire, famula J'avoue qu'aucune de ces conjectures ne me paroît pouvoir étre admise (5), et je reviens à l'interpréta- (5) M. Hug, professeur à Fribourg en Brisgow, dans un ouvrage #ilemand intitulé Die ÆErfindung der Buchstabenschrift, ihr tion Inscription phénicienne. 49 tion proposée par M. Akerblad , et aux difficultés que j’ai cru pouvoir former à ce sujet. Si, pour être en droit d'élever ces difficultés , il falloit absolument avoir quelque chose de meilleur à proposer , j’aurois dû, sans doute, les supprimer; car je suis loin de croire que la conjecture que j'ai formée sur ce passage , puisse obtenir l’assentiment de tous les savans. Je vais néanmoins la proposer, parce qu’elle ne me semble pas dénuée de toute vraisemblance, et qu’elle pourroit contribuer à sug- gérer à quelque autre une idée plus heureuse. Je soupçonne que cette partie de linscription doit être lue ainsi : nn 2229 da up »haÛb où »n3n0 N5> Dbp0 C'est-à-dire, ZUi, quæin vité veritatis [ à. e. in vit@ ver& et indesinenti ] ascensura est lectum Tequiei meæ in omne sæculum. « J’ai élevé ce, monument « à celle qui, dans la vie véritable, montera sur la « couche sur laquelle je reposerai dans toute l’éter- « nité, à Amat-Astéret, etc, » Zustand und frühester Gebrauch im Alterthum, et publié & Ulm en 180r a aussi proposé une explication de cette inscription, et enfin M. O. G. Tychsen de Rostock en a offert une nouvelle dans un mé- moire adressé à l'Académie des sciences de Padoue et daté du 12 février 1802. Je n'ai point lu l'ouvrage de M. Hüg, mais son expli- cation de notre inscription qui m'a été communiquée, me paroît peu naturelle. Quant à celle de M. Tychsen, comme je ne la connois que par une lettre particulière dont on m'a accorde la communication, je ne puis en faire aucun usage. Tome F., D 50 Littérature orientale. Dans cette supposition le mot 97 est 21 statu regiminis ; c’est-à-dire , qu'il perd le D final de sa terminaison, parce qu’il forme l’antécédent d’un gapport dont le conséquent est NP. Il doit être traduit 22 vit&, et non in vité med: NJPY, mot qui ne se trouve que dans la langue arabe, signifie vérité, certitude. Ce dernier mot a une terminaison chaldaique ou syriaque, comme N33, sur lequel il ne peut y avoir aucun doute. Je ne chercherois pas à justifier cette forme par l’exempie tiré du texte d’Ezéchiel , et cité par M. Akerblad (pag. 25), car ces sortes d'anomalies, dans le texte hébreu, ne sont à mes yeux que des fautes de copiste (6). J’ai- merois mieux supposer que cette terminaison étoit admise dans le phénicien , ou du moins dans quelque dialecte de cette langue ; mais j’avoue que tout en proposant cette conjecture , il me répugne beaucoup de chercher dans l’arabe ce que l’hébreu ni le syriaque ne uous fournissent pas, pour l'explication de ce mo- nument. Le futur ascensura est est au féminin, parce que le conjoncetif se rapporte à une femme. Enfin, les mots #1 omne sæculum sont dans un rapport im- (6 } Dans le passage cité d’Ezéchiel , ch. 56 v. 5 , l'a/ef n’est pas même paragogique : il remplace l'affixe de la troisiéme personne qui est absolument nécessaire pour compléter le sens, comme ne peut le nier quiconque connoit la syntaxe du mot bn en hebreu et en arabe : on pourroit supposer néanmoins qu’il en est de même ici, à cause que ) est placé après le mot 1Ù et que dans la langue liébraique comme dans la Jangue arabe bs n’est point un adjeclif, @ais un nom qui signifie da voralité et qui exige un complément, Inscription phénicienne. Sr médiat avec ascensura est ou avec lectum requieimeæ > ce qui est plus naturel que de les rapporter au mot suivant posui, comme le fait M. Akerblad, quoi- que je ne consteste pas la possibilité de cette in- version. On trouvera peut-être surprenant que j’admette ici l’idée d’une vie à venir : mais j'avoue que je me vois pas pourquoi les Phéniciens n’auroient pas eu, comme les Grecs, leur séjour des bienheu- reux », Locos lætos et amæna vireta Fortunatorum nemorum , sedesque beatas : et il me semble que cette belle prosopopée d’Ezé- chiel, qui nous représente Pharaon couché dans l'Enfer avec tous les braves qui ont péri par l'épée, nous offre une figure analogue (7). Sans doute le prophète parloit ici, d’après les idées reçues, non- seulement parmi les Juifs, mais aussi parmi les na- tions voisines, D'ailleurs, il me paroît bien plus naturel d’entendre le mot cubiie joint à requiei meæ, de repos éternel du séjour des morts, que du som- meil passager des vivans. à Au surplus, je livre cette nouvelle conjecture au (7) Deductus es... ad terram ultimamn , in medio incircum- cisorum dormis, cum his qui interfecti sunt gladio... Des- cende et dormi cum incircumcisis, Loquentur ei potentissimé robustorum de medio inferni, qui ... dormierunt incircumcist, interfecti gladio... in medio interfectorum posuerunt cubile ejus in [| cum ] univercis populis ejus, etc. Ezxck. ch. 51, v. 18, et ch. 52, v. 19 et 21, D 2 S - NE Littérature orientale. ‘. jugement des savans, et je termine cette discus- sion en disant, avec M. Akerblad : Dialecto con- scriptum est hocepitaphium vel hebraic&, vel saltem huic proxim&.... Jure igitur satuere licet linguam phæniciam antiquis temporibus | eamdem prorsès Juisse ac hebræam , quæ in libris hodiè superstitibus exstat ; quod probare conatus est Bochartus...... Quamvwis haud inficiandum Bochartum , ejusque se- quaces Clericum , Mazochium ceterosque , omnes Orientis dialectos , prout conjecturis eorum inservire posse videbantur , commiscendo , linguam quamdam phæniciam sibi finxisse à ver&, sine dubio, longè alienam (8). (8) J'ai dit précédemment que pour l’explication des monumens phéniciens , on pouvoit joindre à la langue hébraïque les divers dia- lectes dérivés de cette langue, ou qui ont avec elle une origine com- mune. Pour sentir la justesse de cette observation , il suffit de faire réflexion; 1.° que parmi les lieux occupès par les Phéniciens et leurs colonies, il devoit nécessairement s’être introduit quelque variété dans le langage, puisque tel est le sort commun à toutes les langues dons le domaine n’est pas restreint à un très-petit territoire, et qui sont parlées par des peuples que des relations de politique ou de commerce lient avec un grand nombre de nations différentes ; 2.° que nous ne connoissons même pas la langue hébraïque dans toute son étendue ; en sorte que tel mot que nous ne trouvons que dans le chaldéen, le syriaque, l’éthiopien ou l'arabe peut avoir réellement appartenu au langage des Hébreux. Cette liberté néanmoins n'autorise pas la har- diesse avec laquelle plusieurs antiquaires tourmentent les mots hébreux pour y trouver l'explication des légendes phéniciennes dont la lecture même est encore incertaine. Ce genre de critique est un art dont il n’est guère possible de donner de régles fixes, et où le goût et un certain tact qui est plus l'ouvrage de la nature que celui de l'étude, sont souvent Inscription phénicienne: 53 Une dernière observation de M. Akerblad mérite encore notre attention. Ce savant a bien senti que Vinversion qu’il suppose dans le style de cette ins- cription, et principalement celle’ qui place le mot monumentum bien loin avant son antécédent posur , pourroit paroître trop dure à quelques personnes. Il croit pouvoir rendre raison de cette construction insolite, en supposant que l’inseription est écrite en vers, et que le rhythme a exigé ce déplacement ; et il ajoute.que les personnes qui sont accoutumées au langage poétique des nations de l'Orient , et par- ticulièrement à celui des Arabes, sentiront aisément, dans les trois lignes dont est composée l’inscription, une sorte de mesure pareille à celle que l’on retrouve dans les plus anciens poètes arabes. J'avoue que je n’aperçois pas dans ces trois lignes une mesure bien sensible, et que je ne voudrois pas les comparer précisément avec les vers des poètes arabes. Mais si on fait attention que la poésie hé- braique consiste principalement , et peut être uni- quement, dans le style figuré, les ellipses, les in- versions , le parallélisme , on ne pourra nier que ces caracteres ne se retrouvent ici. Pour moi, s’il m’est permis d’interposer ici mon sentiment , ou plutôt une sorte d’instinct particulier, formé par la lecture assidue des monumens de l’éloquence et de la poésie \ des guides plus surs qu'une vaste érudition. La seule règle qu'on puisse donner ici comme certaine, c'est qu'il vaut mieux ignorer ce qu’on ne peut découvrir, que de s'abandonner à de frivoles conjectures , qui ne persuadent personne , pas même celui qui les propose. D 3 S4 - Liliérature orientale. des Arabes, j’ose dire que ces inversions ne me pa- roissent avoir rien de choquant ,et font , au contraire, toute la grace de cette inscription. Les savans qui liront la dissertation de M. Aker- blad desireront, sans doute, qu’il continue à appli- quer son érudition à l’explication de ces intéressans monumens ; et ils seront loin de souscrire, comme il le fait par une excessive modestie, au jugement du célèbre antiquaire , qui semble n’apercevoir dans ce genre de recherches que d’insipides fadaises : ef tædia phænicia (9). S. DE S. (9) Doct. num. ver. p. 1, t. IIL, p. 406. À om trs du HR EURO CG REA D H LE. FRAGMENT d’une Lettre de J.B.G.D'ANSSE DE VILLOISON, membre de l’Institut na- tionral de France , au professeur M1 LLIN É sur l’inscriplion grecque de la prétendue colonne de Pompée. L E professeur JAUBERT vient de rapporter d'Alexandrie une copie de l'inscription fruste, qui porte faussement le nom de Pompée. Cette copie est parfaitement conforme à une autre que j’avois déja recue. La voici avec mes notes et avec ma tra- duction : 1 TO... @TATONAYTOKPATO?A 2 TONHOAIOYXONAAEEANAPEIAC 3 AIOK.H.IANONTON.....TON 4 TIO...ETAPXOCAITYITOY Ligne première TO. Il est évident que c’est lar- ticle rev. Ibid m, Vigne première. ..... @TATONATTOKPA- TOPA. Il est également clair que c’est une épithète donnée à l’empereur Dioclétien ; mais pour la trouver, il faut chercher un superlatif qui se termine en élélor, par un omégu (et non pas par un omicron, ce qui seroît plus facile et plus commun ), et ensuite qui convienne particulièrement à ce prince. Je crois que c’est oviraler, très-saint : qu’on me soit pas Sur+ Que Palæograplie. pris de cette épithète. Je la vois donnée à Dioclétien sur'ühe inscription grecque découverte dans la vallée de Thymbra (aujourd’hui Thimbrek-Déré), pres la plaine de Bounar-Bachi, et rapportée par Lechevalier, n,, 1, pag. .256 de son Voyage dans la Troade, seconde édition, Paris, an vit, 2-8 On y lit: TON OCIQTATON HMON AYTOKPATOPAON AIOKAH- TIANOY KAI MAZIMIANOY, c’est-à-dire, de nos {rès- saints empereurs Dioclélien et Maximien. Sur une autre inscription d’une colonne voisine , ils partagent avec Constance Chlore, ce méme titre, smaéreor, très-saints, dont les empereurs grecs chrétiens du Bas-Empire jont, hérité, comme je l'ai observé ibidem, p: 27e, Ligne 2, TON NOAIOYXON AAEFANAPEIAC. C’est proprement /e protecteur , le génie tutélaire d’ Alexan- drie. Les Athéniens donnoient le nom de zoxuëyes à Minerve, qui présidoit à leur ville et la couvroit de son égide. Voyez ce que dit Spanheim sur le 53.° vers de l'hymne de Callimaque, sur les bains de Pallas, page 668 et suivantes, tome 2, édition d'Ernesti. Ligne 3. AIOK.H.IANON. Le A et le T sont détrultés mais on reconnoît tout de suitè le nom de Dioclétien , AIOKAHTIANON: : : Ibid. Ligne 3, TON.... TON. Je-crois qu’il faut suppléer CEBACTON, c'est-à-dire ; Auguste ; ror œbusor Tout le monde sait que Dioclétien.prend les deux titres d’éverêns, et.de isole Augustus sur plu- sieurs médailles ;-et celui de &6xsos, AUGUSTE, sur presque toutes, notamment sur celles d'Alexandrie ; Inscriptions grecques. 97 et le place immédiatement apres son nom. Voyez M.Zoega, p.335 et suivantes, de ses Numi Ægyplii imperatorii , Romæ , 1797, in-4°. Quatrième et dernière ligne, 110. C’est l’abrévia- tion si connue de Hé£auws , Publius. Voyez Corsini, p.55, col. x, De notis Græcorum , Florentiæ | 1749 ;, in-folio, Gennaro Sisti, p.51 de son Zadirizzo per la lettura greca dalle sue oscurità rischiarata, in Napoli, 1758, in-8°, etc. etc. Les Romains rendoient de même le nom de Publius par ces deux lettres, PV. Voyez p. 328, d’un ouvrage fort utile, et totalement inconnu en France, intitulé Notæ et siglæ quæ tn numinis , et lapidibus , apud Romanos obtinebant ,ex- plicatæ ,| par mon savant et vertueux ami, feu M. Jean- Dominique Coleti, ex-jésuite Vénitien, dont je regretférai, sans cesse la perie. Ses esti- mables frères, les doctes MM. Coleti, les Aldes de nos jours, ont donné cet ouvrage classique à Venise, 1785, in-4°. Peut-être la lettre initiale du nom suivant entie- rement effacé, de ce préfet d'Egypte, étoit-elle un M qu’on aura pu joindre mal-à-propos dans cette occasion , aux lettres précédentes HO. Alors on aura cru que HOM étoit une abréviation de HOMHHIOC , Pompée , dont le nom est quelquefois indiqué par ces trois lettres ; comme dans une inscription de Sparte , rapportée, n.° 248, p. XXXV11I des /nscrip- tiones et Epigrammata græca et latina repert& à Cyriaco Anconitano, recueil publié à Rome, #n.folio, : en 1654, par Charles Moroni, bibliothécaire du cardinal Albani. Voyez aussi Maffei, p.! 66 de ses 58 Palæographie. Siglæ Græcorum lapidariæ, Verone , 1746 , in-8.°, Gennaro Sisti,l. c., p. 5x1, etc. Cette erreur en auroit engendré une autre, et auroit donné lieu à la déno- mination vulgaire et fausse de colonne de Pompée. Les seules lettres 10 suflisoient pour accréditer cette opinion dans des siécles d’ignorance. Quoi qu’il en soit de cette conjecture , les histo- riens qui ont parlé du règne de Dioclétien , ne m’ap- prennent pas le nom totalement détruit de ce préfet d'Egypte , et me laissent dans limpossibilité de sup- pléer cette petite lacune, peu importante, et Îa seule qui reste maintenant dans cette inscription. Seroit-ce Pomponius Januarius, qui fut consul en 288, avec Maximien ? Je soupçonne, aureste , que ce gouverneur a pris une ancienne colonne, monument d’un âge où les arts fleurissoient , et l’a choisie ponr y placer le nom de Dioclétien, et lui faire sa cour aux dépens de l'antiquité. À la fin de cette inscription, il faut nécessaire- ment sous-entendre , suivant l’usage constant, dvélyxer, évésnrty y OU ériunos, OÙ: éQiipure , où quelque autre verbe semblable, qui désigne que ce préfet a érigé, a consacré ce monument à la gloire de Dioclétien. L'on feroit un volume presque aussi gros que le Recueil de Gruter , si l’on vouloit entasser toutes les pierres antiques, et accumuler toutes les inscrip= tions grecques où se trouvent cette ellipse si com- mune , dont plusieurs antiquaires ont parlé, et cette construction avec l’accusatif, sans verbe. C’est ainsi que les Latius omettent souvent le verbe POSVIT. Inscriptions grecques. 59 Il ne reste plus qu’à tâcher de déterminer la date précise de cette inscription. Elle ne paroît pas pou- voir être antérieure à l’année 296, ou 297 , époque de la défaite et de la mort d’Achillée, qui s’étoit emparé de l'Egypte, et s’y soutint pendant environ six ans. Je serois tenté de croire qu’elle est de Van 302, et a rapport à la distribution abondante de pain que l’empereur Dioclétien fit faire à une foule inconcevable d’indigens de la ville d’Alexan- drie, dont il est appelé, pour cette raison, le génie tutélaire , le conservateur, le protecteur, momëyes. Ces immenses largesses continuèrent jus- qu’au règne de Justinien qui les abolit. Voyez le Chronicon Paschale , à l'an 302, p. 276 de l’édition de Ducange , et l’Histoire secrète de Procope, c. 26, p. 77 , édition du Louvre. Je crois maintenant avoir éclairei toutes les diffi- cultés de cette inscription fameuse. Voici la ma- nière dont je l’écrirois en caractères grecs ordinaires cursifs ; j’y joins ma version latine et ma traduction française. Toy éoidraloy dvloxpærope , Tor moubyer ‘Anbayodptiæs , AtoxAiliayoey roy ceousov, obus... frappes A’ryomls. SANCTISSIMO IMPERATORI, PATRONO CONSERVATORI ÂALEXANDRIZÆ ;, DiocLETIANO AVGVSTO, PvBLIVS.,.,, PRÆFECTYS ÆGYPTO, Cest-à-dire, Publius.,,. (ou Pomponius}, préfet 60 Palæographie. d'Egypte, a consacré ce monument à Ja gloire du tres-saint empereur Dioclétien Auguste, le Er tutélaire d'Alexandrie, Ce 9 pluviose an xt. ANTIQUITÉS. MONUMENS ANTIQUES; inédits OU nOu- vellement expliqués, collection de Statues, Bas - reliefs, Bustes, Peintures ; Mosaï- ques ; Gravures, Vases, Inscriptions et Instrumens, tirés des Collectiorrs nationales el particulières, et accompagnés d’un texte explicatif ; par À. L. MILLIN , conserva: teur des Médailles, des Pierres gravées et des Antiques de la Bibliothèque nationale de France , professeur d'histoire et d'anti- guités, etc. Tome I. IV livraison, p. 2or- 262. À Paris, chez Laroche, maison de VAuteur, à la Bibliothéque nationale, rue Neuve-des-Petits-Champs, n.° 11, au coin de celle de la Loi; Fuchs, rue des Mathu- rins, hôtel de Cluny; Levrault, quai Mala- quais (1). Carre quatrième livraison, qui sera incessamment suivie des deux qui doivent compléter le premier volume de ce recueil, contient quatre dissertations (1) Chaque volume de cet ouvrage, ‘imprimé à l’Irrprimerie de Alélanges. 61 sur autant de monumens figurés et sept planches. En tête se trouve la description d’une cornaline gravée en camée, et remarquable autant par sa matière que par la beauté du travail. Ce camée que le C. Millin a fait figurer de Ja grandeur de lori- 5 8 .ginal, se trouve dans la riche collection du cabinet des antiques de la Bibliotheque nationale ; il re- q q 5 présente Ulysse , reconnoissable à son pilidion ou bonnet pointu , et armé de l’æside et d’une lance. P ; D L'air méditatif et déterminé qui composent l'idéal I P de la fieure de ce héros, font voir que le graveur l’a 5 ? q D représenté dans un grand danger , au milieu du- quel sa prudence sert bien son courage. Le C. Millin pense que l’artiste a saisi le moment où le héros, de retour à Ithaque , s’est emparé de la porte de que ; p B la salle où sont les poursuivans de Pénélope. Là ( P , après avoir épuisé toutes ses flèches, qui ont donné la mort à plusieurs de ses rivaux , il a recu les armes que son fils lui a apportées , et secondé de Télémaque et de ses fidelles serviteurs , Philète et Eumée, il darde avec facilité une forte lance contre quelqu'un des poursuivans. Homère dit expressément que pendant ce temps-là Minerve agitoit du haut de la salle l’ægide meurtrière, dont la vue portoit l’effroi dans l’ame des poursuivans. La pierre n’ayant P y la République, sur beau papier, sera composé de cinquante feuilles de texte, et d’au moins quarante planches; il sera distribué en six livraisons, Chaque livraison coûte 6 fr. prise à Paris, et 6 fr. 6o cent. franche de port davs les départemens. L'ouvrage aura six volumes, et Sera terminé en moins de quatre années. Ceux qui voudront s'inscrire , recevront directement à leur adresse chaque livraison, à mesure qu’elle paioïtra. 62 Antiquités. pas permis à l’artiste d’y figurer Minerve , il a placé Jægide sur l'épaule du héros. Ce camée est proba- blement une copie de quelque original célèbre, peut-être de quelque bas-relief sur lequel Ulysse éloit figuré dans son dernier combat avec les pour- suivans , ayant auprès de lui Télémaque , Eumée et Philète. L’artiste ne pouvant représenter tout le sujet n’a mis que la figure principale. C'est ce que les siatuaires et les graveurs ont fait souvent, comme on peut s’en convaincre en examinant le Scythe qui aiguise son couteau pour écorcher Marsyas, et dont une copie se voit au jardin des Tuileries. Minerve donnant son vote pour Oreste sur une pierre gravée du cabinet de Vienne et sur une lampe du. cabinet des antiques , publiée par Caylus; la statue d’Ariadne endormie ; et en comparant ces monumens avec d’autres qui représentent ces sujets entiers. Ce n’est même que par la comparaison de ces monumens, que certaines figures isolées peuvent être déterminées; ainsi qu’on le voit entre autres par la statue d’Ariadne qu’on vient de citer, qui pendant longtemps a passé pour une Cléopatre , jusqu’à ce que le C. Visconti fit voir par un bas-relief qu’elle ne pouvoit être regardée que comme une figure d’Ariadne endormie et aban- donnée par Thésée dans lile de Naxos. Les poètes postérieurs à Homère ont souvent re- présenté Ulysse comme un fourbe, comme un guerrier plus discourenr que vaillant. Le C. Millin suit les différentes indications qu’on trouve dans ces poètes sur le caractère d'Ulysse , et il fait voir que les artistes ont très-bien fait de s'attacher aux idées d’Ho mère, rt Mélanges. 63 plutôt qu’à celles des poètes suivans et surtout des tragiques. Ulysse dont le costume donne une grande facilité pour déterminer le sujet, se trouve dans une infinité de compositions qui nous ont été conservées par les monumens antiques : mais les têtes de ce héros dans lesquelles un habile artiste se soit plu à rassembler les traits les plus frappans de son ca- ractere , sont tres-rares ; parmi les principaux mo- numens de ce genre on remarque le beau buste qui appartient à mylord Bristol, et que M. Tischbein a publié dans ses peintures homériques, et le beau camée du cabinet de la Bibliothéque nationale publié par le C. Millin , dans la livraison que nous annoncons. En parlant des livraisons précédentes nous avons déja observé qu’à l’occasion des monu- mens qu’il explique , le C. Millin, ainsi qu’il Pa an- noncé dans l'avant - propos placé en tête de Ja pre- mière livraison, traite différentes questions qui y ont rapport, et qui n’ont pas encore été discutées, on qui ne l’ont pas été dans des ouvrages françois. C’est ainsi qu’à l’occasion de l’ægide dont Ulysse est armé sur le camée dont il s’agit , l’auteur fixe d’après les classiques et les monumens et dans un ordre chronologique les idées qu’on s’est fait de cette ar- mure à différentes époques. A l’occasion du pilidion ou bonnet d'Ulysse , le C. Millin fait également différentes observations qui seront utiles aux ar- tistes. C’est encore à l’occasion dé ce même pilidion qu'il blâme dans une note les inconvenances qu’on se permet quelquefois au théâtie François contre le costume. Nous transcrivons ici cette note en en- 64: Antiquités. tier, parce qu’elle peut faire sentir les applications variées qu’on peut faire des connoissances archæolo- gi ques. “ On a attribué à Lekain et à Mille Clairon, dit “ le C. Millin, l'introduction du costume sur notre théâtre. Il est vrai qu’ils ont commencé la ré- forme sur ce point , dans les représentations dra- matiques ; maïs ils se sont à peu près bornés à en exclure les paniers des actrices et le chapeau à plumet des acteurs, et à introduire la peau de tigre dans les rôles:scythes et sarmates , l’habit turc dans les sujets asiatiques , et l’habit françois du seizième siécle , seulement pour les hommes, dans les sujets relatifs à la chevalerie. On a tou- jours continué à jouer tous les rôles de prin- cesses grecques , romaines, françoises, polonaises, etc. etc., avec ce long manteau de velours, carré, brodé en or, qu’on appeloit doliman; et la plus grande différence pour les acteurs dans les autres habits, consistoit dans un vêtement long( ce qu’ils appeloient étre vélu à la longue), ou dans un vêtement court. On jouoit Mérope, et Cléopâtre dans Rodogune , avec une robe de pou-de- soie noir et une ceinture de diamans ; Médée, Phedre, avec une coiffure francoise et des girandoles de diamans ; usage que M.me Vestris avoit conservé même après la révolution. C'est donc à Lekain et à M.%° Clairon que l’on doit l'idée da costume ; mais c’est Talma qui la le premier véritablement introduit, en le 1echeïchant dans les‘bons mo- deles de l'antiquité , et dans les monumens de « l’histoire LL Mélanges. 65 Phistoire pour les temps modernes. Le premier exemple du costume exactement suivi dans toutes ses parties , date de l’époque du Charles IX de Marie-Joseph Chénier ; et pour les pièces tirées de l'antiquité, de la J’rrginie de la Harpe et des Gracches. de Chénier : alors les dames grecques et romaiues parurent pour Ja première fois vé- tues et coiffées à l’antique ; et c’est de là que le goût des habits et des coiffures à l’antique s’est répandu dans la société. Dans le Henri VIII de Chénier ,le Macbeth et l’'Orhello de Ducis , l’4- gumemnon de le Mercier, et d’autres pièces, le costume a été suivi avec une sévérité digne d’é- loges. Sun importance a été appréciée ; et enfin l'opéra lui-même a quitté ses habits de soie bro- « chés en or, ses plumes d’autruche, et s’est rap- proché un peu du vrai costume, quoique ce théâtre n’ait pas paru attacher à cette espèce d'exactitude autant de prix que le théâtre françois. « Ce goût pour le costume ne se soutient pas ayec la même ferveur ; et les comédiens françois re- présentent souvent des chef-d’œuvres d’une ma- nière révoltante. On peut citer dans ce genre Sémiramis | jouée dans un palais d’architectme corinthienne , dont les: jardins sont remplis de plantes d'Amérique , et dont le. trône est placé sous un baldaquin à la polonaise ; les divers per- sonnages sont habillés à la turque , et un écuyer vêtu comme nos anciens chevaliers francois donne la main à la reine. y Tome F, E x _66 Antiquités. « Dans le temps de leur plus grande ferveur pour “ le costume, les comédiens avoient tout - à - fait « négligé celui d'Ulysse , et aucun n’auroit osé « mettre le pilidion , tant les acteurs craigro'ent « de paroître par-là ridicules, jusqu’au temps où, « dans l'opéra d’Astyanaæx , le C. Adrien , qui a « un grand goût pour les arts, et qui se montre « toujours sévère dans son costume , adopta le bon- « net. Cette innovation eut un heureux succes; et « depuis, au théâtre francois , les acteurs chargés « du rôle d'Ulysse dans l’Zphigénie de Racine ou « le Philoctète de la Harpe, ont toujours porté le « pilidion. « Les acteurs qui voudront donner une- forme « plus belle ou des ornemens plus riches au pili- « dion , peuvent imiter celui de la belle tête de « mylord Bristol, ou celui du camée que je décris. » Dans la seconde dissertation, le C. Millin donne la description d’un bas-relief en marbre pentélique, qui se trouve dans le Musée central des arts, au Louvre, où il étoit depuis longtemps dans la salle “appelée des Antiques ou des Cent-Suisses , dans la- quelle on conservoit les creux des statues moulées d’après les ordres de Francçois[.‘"et ceux de Louis XIV. Ce bas-relief, qui représente le trône de Saturne , signifie allégoriquement que le Temps est le maître du monde, qu’il détruit tout avec sa harpé ou sa faux, et qu'il est le véritable appréciateur des bonnes et des mauvaises actions. La dissertation suivante a pour objet la descrip- Mélanges. 67 tion de la patère d’or trouvée à Rennes en 1774, et déposée depuis cette époque au Cabinet des antiques de la Bibliothéque. Après avoir observé combien sont rares les monumens d’or d’un volume un peu consi- dérable , et avoir cité les principaux de ceux qu’on connoît, le C. Millin donne, d’après les pièces originales conservées dans les archives du Cabinet, Vhistoire de la découverte de ce monument , et du procès auquel elle donna lieu. Le sujet figuré au milieu de la patère , est un défi entre Hercule et Bacchus, à qui boira davantage , et autour de cette représentation ,; on voit un bas-relief circulaire qui offre le triomphe du vainqueur de l'Inde sur son vigoureux antagoniste. Dans le cercle extérieur de ce monument , sont enchassées seize médailles, On les a desserties pour connoître leurs revers, que le C. Millin a fait graver sur la xxv.° planche. Au fond du creux _ où elles sont placées, on remarque , en lettres ponc- tuées, les initiales du nom de chaque prince, afin de rappeler à l’ouvrier la place où il devoit mettre chaque médaille. Toutes ces inscriptions ponctuées se voyent sur la planche xxvr , avec la place que chacune occupe dans la patère. Par des raisons développées dans la dissertation à laquelle nous sommes obligé de renvoyer nos lec- teurs pour ce sujet , le C. Millin pense que ce vase doit avoir été fait après la mort de Géta, arrivée en 965, et peu de temps avant celle de Caracalla, arrivée en 970, soit pour un temple élevé à Bacchus et à Hercule, ou à Bacchus seul, soit pour un autel‘ E 2 68 : Antiquités. domestique de ces dieux protecteurs de la famille de Septime Sévère, Le baut relief des figures , le mat des fonds, les interstices qu’il auroit été impossible de nettoyer, tout prouve que ce vase n’a pu être qu’une offrande, mais qu'il n’a pu servir ni à des libations , ni à recevoir le sang des victimes, Les objets trouvés dans ce vase d’or servent à déterminer l’époque à laquelle il peut avoir été enfoui à Rennes. Ces divers objets sont d’abord quatre médailles en or de Postume ; elles ont un entourage du même métal , et étoient suspendues à des chaînes d'or; ensuite une grande fibule éga- lement en or, et quatre-vingt-treize médailles du méme métal. Les quatre médailles avec l’entou- rage, les chaînes et la fibule sont figurées sur la planche xxV11. Ce sont surtout les quatre-vingt-treize médailles d’or qui peuvent déterminer l’époque dont on vient-de parler. Comme elles commencent à Néron et finissent à Aurélien, on peut conjecturer que c’est sous le règne de ce dernier prince que ce trésor a été enfoui. Par uve lettre de l’abbé de la Croix , chanoine syndic de l’église de Rennes, à l'abbé Barthélemy, let- tre qui se conserve au Cabinet des médailles , on ap- prend qu’à un pied de distance de l’endroit qui recéloit ceprécieux monument , on a trouvé un corps humain presque entier, « On sait, ajoute le C. Millin , à ce « sujet, que les Gaulois se faisoient inhumer avec « les meubles et les ustensiles qui leur avoient été “les plus chers, par une suite de leur croyance à « J’immortalité de lame, et de l’idée qu’ils joui- Mélanges. C9 roient de ces objets précieux dans le séjour des braves. Les anciennes coutumes gauloises se sont conservées tres-longtemps dans la Bretagne, et plusieurs y subsistent encore. Il ne seroit pas im- possible que quelque riche Gaulois qui avoit été protéoé par Postume, et qui portoit par cette raison son image à son cou comme un amulette, fût mort peu après le règne d’Aurélien, el eût été inhumé ayec, ce trésor, que les mouvemens du terrain ont porté à un pied de sa tombe , et qui enfin a été découvert en 1772. Je ne donne. cette opinion que comme une conjecture : il se peut tout simplement que ce trésor ait été caché peu de temps après le règne d’Aurélien , pendant des troubles civils (2). » Dans la dernière dissertation , insérée preécédem- ment dans le Magasin Encyclopédique, Je C. Millin donne l’explication d’une inscription trouvée à Halin- ghen , près de Boulogne-sur-mer. ‘T.F. W.... la 14 (2) Le C. Mroxner, premier employé au Cabinet des médailles de Bibliothèque nationale , a moulé la curieuse patère qui est le sujet de celte dissertation ; et on en trouve chez lui de très-beaux soufres, qui se vendeut 24 fr. sans cadre, et 30 fr. encadrés. C’est encore chez Q LA n Ù . * . , . , Jui qu’on peut se procurer cette intéressante suite d'empreintes de mé- dailles dout il: a rédigé un catalogue, er qui sera de la plus grande utilité pour l’érude de la numismatique, de l’histoire et dss arts, VARIÉTÉS, NOUVELLES ET CORRESPON DANCE LITTÉRAIRES. SOCIÉTÉS LITTÉRAIRES. PiSAUPE PI ES INSTITUT NATIONAZ. Notice des travaux de la classe des sciences morales et politiques , pendant le premier trimestre de l’an XI ; par le C. DAUNOU, l’un des secrétaires. MÉéÉmorre du C. BoucxaAuUD, sur la Morale ù d'Épictète. « La vie d’Apictète n’est guère connue, dit le « citoyen Bouchaud ; le nom même d’Epictète qu’on « Jui donne communément n’est pas son nom propre. « Emuxriles signifie serviteur : on sait qu’Epictèete « naquit dans l’esclavage. Il étoit d’Hiéropolis , ville « de Carie, peu distante de Laodicée. Son maître, « nommé Epaphrodite, avoit une place dans les « gardes de l’empereur Néron. Suivant le témoi- Nouvelles littéraires. 7i gnage de Suidas , Epictète fut toujours tres- attaché à la secte des Stoiciens ; il réduisit toute sa philosophie à ces deux mots : supportez , et abstenez-vous. I] passa sa vie dans la pauvreté, sans se plaindre jamais de son sort. [Il demeura à Rome jusqu’à ce que Domitien chassa de cette capitale tous les philosophes. Alors Epictète se réfugia à Nicopolis, ville d’'Epire, où il finit ses jours ,sans améliorer sa fortune. [] poussa sa carrière fort loin, etilesttrès-vraisemblable qu’il ne mourut que sous Nerva ou sous Trajan, à l'âge d’environ go ans. Sa vie avoit été écrite fort au long par Arrien, son disciple ; maïs cette partie des ouvrages d’Arrien est perdue. On peut juger de la grande réputation d’Epictète par ce seul trait : la lampe de terre dont il s'étoit servi, fut vendue, après sa mort , 3000 drachmes. C’est Lucien qui rapporte cette circonstance, dans une satyre contre un ignorant qui se faisoit une bibliothéque (x).» Nous n’avons qu’un seul ouvrage d’Epictète, son Manuel ; mais quelques fragmens de ses discours nous ont été conservés par Arrien, et plusieurs de ses sentences se trouvent dans la collection de Stobée. Le C. Bouchaud a recueilli, dans tout ce qui nous « « « « (x) « N’avons-nous pas vu de nos jours, dit Lucien , un particulier, peut-être encore existant , acheter 3000 drachmes la lampe de terre qui servit à Epictète” Il croyoit apparemment qu’en lisant la nuit à la lueur de cette lampe , la sagesse du philosophe lui viendroit ent dormant, ou qu’il seroit bientôt l’égal de cet excellent vieillard. » (Trad. de Massieu ). E 4 72 Nouvelles littéraires. reste d’'Epictète , les opinions de ce philosophe sur la morale individuelle , sur la morale sociale, etsur la religion. 11 les a comparées à celles de Sénèque et de Marc-Aurèle. Nous nous bornons à indiquer ici cette partie du mémoire du C. Bouchaud, parce qu’elle doit être lue dans la séance publique du 27 nivose. En:.louant la philosophie d’ Epictète , le C. Bou- chaud fait remarquer les erreurs qui la déparent. Par exemple, Epictete pense que chaque homme @& naturellement une idée du-bien et du mal, du Juste et de linjuste. « Si cela étoit, dit le C. Bouchaud , « il y auroit des idées, et c’est ce qu’on ne peut «“ admettre après un mûr examen, Les anciens même « ne Font pas cru. Les plus sages d’entre eux ont « constamment tenu pour les idées acquises... La « règle est aussi ancienne que constante et véritable, « qu'il n’y a rien dans l’entendement qui n’ait été « auparavant dans les sens : n#hil est, ete. Cette « doctrine , quelque bien fondée qu’elle ‘soit, a été “ combattue, dans le 17.° siécle, par Je célèbre « Descartes , qui d’ailleurs fait honneur à la France; « mais il faut compter son opinion des idées innées « parmi ses égaremens. On eut d’abord la complai- « sance de recevoir assez généralement ce nouveau « dogme sur la parole de son auteur, dont l’autorité, « très capable d’en imposer, le soutint même assez « longtemps. Il n’a pas fallu moins qu’un Locke « pour faire revenir de cette erreur les philosophes « modernes, et pour rétablir à cet égard l’ancien Nouvelles littéraires. 73 a système. Epictète eût pu très-facilement se con- » vaincre de la non-existence des idées innées..... « Longtemps avant lui, Démocrite avoit soutenu «formellement que lentendement humain n’est « qu’une table rase. .... Mais Ej:iciete étoit stoicien, » et le Portique enseignoit que l’ame humaine est « une portion de la divinité ; moyennant quoi il ne « pouvoit se dispenser de soutenir encore que l’être “ qui pénse en nous a des idées innées , parce qu’il » eût été absurde d’assurer que la Divinité na point « d’idées qui lui soient propres ». Parmi les erreurs qui composent une si grande partie de l'histoire des siécles, aucune peut-être n’a plus contribué. que la doctrine des idées innées à retarder le progrès des véritables connoïssances. Toutes les fois qu’elle a été ramenée par limagi- mation des poètes ou par celle des philosophes, ou par des intérêts de sectes , 1] a fallu interrompre les recherches utiles, renoncer aux leçons de l’expérience, adopter des systemes qui n’étoient les fruits d’aucune analyse , et croire enfin au lieu d'observer. Convaincu des dangers de cette doctrine, le C. Bouchaud la vivement repoussée ; il n'a pas voulu qu’elle parût avoir part à l’hommage qu'il rendoit à Epictète et à sa morale. t Du gouvernement de la France sous les deux premières dynasties, par le C. LÉVESQUE. LA classe a entendu les premiers chapitres de cet ouvrage , et elle a invité le C. Lévesque à en lire 4 74 . Nouvelles littéraires. des extraits dans la séance publique du 21 nivose. L'objet du premier chapitre est de prouver que le gouvernement féodal fut apporté dans les Gaules par les conquérans, par ces Frances qui faisoient partie des nations germaniques, et dont les mœurs. étoient à peu pres ce que sont encore aujourd’hui celles des peuples de FAsie septentrionale. On trouve, en effet, chez ces derniers, une sorte de régime féodal, ou du moins les germes de la féodalité. Le khan exerce sur toute la horde un empire plus ou moins révéré : sa puissance est héréditaire comme lPétoit celle des rois francs. On voit en Asie ce qu’on vit en France dès la première dynastie, des enfans au berceau héritiers de la couronne de leur pere, et reconnus pour les chefs d’une peuplade où d’un peuple. Tous les fils de khan reçoivent, avec le titre de sultan, des portions de souveraineté : chacun exerce sur une partie de la horde une puissance plus ou moins dépendante de celle du chef de la horde entière : tels furent , au siécle de Clovis, ces rois inférieurs , roitelets, reguli, qui tous étoient de son sang. La postérité des khans forme la noblesse du plus haut degré; les mourzas sont des vassaux d’un ordre inférieur : il en étoit encore de même parmi les conquérans des Gaules. Chez ces peuples errans, qui sans cesse vont cher- chant de nouveaux pâturages, les fiefs qui ne peuvent pas être des terres sont des hommes. Les sultans relèvent du khan, les mourzas relèvent ou du khan ou de quelques sultans ; d’autres propriétaires d'hommes Nouvelles littéraires. 7 relèvent des mourzas. Ainsi, jusque dans les stèpes de lAsie, se trouvent le vasselage et larrière- vasselage. Lorsqu’avec un régime semblable , des peuples de race germanique s’établirent dans un pays conquis par eux, chaque guerrier vassal ou arrière-vassal voulut y retrouver les avantages dont il avoit joui dans la vie nomade. Il les chercha dans le partage du sol. La portion du sol qui lui échut fut son lot, alodium , alod , aleu. Au sein de la horde errante, le chef et les grands s’étaient particulièrement attaché certains hommes par des bénéfices ou bienfaits, qui consistoient alors en habits, armes, chevaux et bagages. Ces béné- fices devinrent , dans la vie sédentaire, des portions de lots ou d’aleux. Le bénéficier étoit l’homme du bienfaiteur , ce que la langue germanique exprimoit par les mots /uden, luÿden (leude); on rendit la même idée, sous la seconde race, par les mots d'homme , de vassal. Ce qui, sous la premiere dy- nastie , s’étoit nommé /rustis (foi), s’appela homa- gium sous la suivante. Il n’y eut de changement que dans Jes noms. Les rois, en donnant ces bénéfices, négligerent de s’en assurer la réversion , ou bien les vassaux, devenus les plus forts, méprisèrent cet engagement. Ainsi les rois s’étoient ruinés et n’avoient fait que des ingrats. Le maire Charles Martel fut assez riche pour dis- tribuer aussi en bénéfices une partie de sa fortune, 6 Nouvelles littéraires. / et assez puissant pour donner à ses guerriers les biens de l’église; mais il eut la prudence de stipuler au prix de quels services on jouiroit de ses bienfaits. Ce fut lui qui donna des lois au régime féodal qui étoit né avec la monarchie. Ce régime s’étendit sous Louis-le-Débonnaire , s’acheva sous Charles-le- Chauve; et tous les abus dont il est la source furent portés à leur comble sous Charles-le-Simple. L’aristocratie que formoient dans l’état les pos- sesseurs d’aleux et de fiefs, n’avoit pas le pouvoir de réprimer les excès des souverains. Le C. Lévesque prouve, par de nombreux exemples, qu’il n’exis- toit, dans ce temps de ténèbres, qu’un despotisme féroce , inquiété quelquefois par la turbulence des sujets, jamais réprimé par le droit reconnu des ci- toyens. La servitude de la glèbe est la matière du se- cond chapitre de l’ouvrage du C. Lévesque. On y voit que si quelques hommes jouissoient alors d’une partie des droits de cité, c’éloit seulement dans la classe qui fut depuis distinguée par le titre de no- blesse. Tous les habitans qui n’appartenoient point à celte classe étoient soumis à la servitude de la glèbe : à peine faut -1l excépter quelques artisans domiciliés dans les villes, et qui étoient presque tous étrangers. Comme par les lois féodales le vassal ne pouvoit diminuer son fief, il falloit bien que les habitans fussent en quelque sorte à la chaîne. Les cultivateurs, liés à la terre qu’ils fécondoient , étoient partagés en plusieurs classes , soumis à dif- - Nouvelles littéraires, 77 Férens degrés de servitude. Tous étoient vendus ou livrés avec la terre, comme les bestiaux de la ferme. En vain le seigneur immédiat donnoiït à son serf la liberté : le malheureux serf pouvoit être réclamé par le seigneur supérieur ; il pouvoit l'être, quoique clerc, prêtre , dignitaire ecclésiastique. L’imprudent évêque qui l’avoit admis dans l’église étoit obligé de le dégrader. La liberté n’appartenoit qu’à la postérité des con- quérans , et à celle de quelques Gaulois qui avoient favorisé le vainqueur, et qui lui avôient fait hom- mage. Plusieurs textes , il est vrai, nous représen- tent /e peuple jouissant de la liberté, et même pre- nant quelquefois part à la législation ; mais, en discutant ces passages, le C. Lévesque prouve que le peuple dont ils font mention n’est que le peuple des Francs , postérité des conquérans : c’est même ce qui est souvent exprimé d’une manière for- melle. Jamais, sous les deux premières dynasties, il ne s’agit des intérêts des villes, de leurs libertés ; de leurs droits; c’est qu’ils n’en avoient point. Des actes qui subsistent encore nous montrent qu’on vendoit, qu’on donnoit , qu’on échangeoit des bour- geois. On voit même, sous le règne de Louis IX, longtemps après l’établissement des communes , le comte de Champagne faire présent d’un de ses bour- geois à un gentilhomme son vassal. T'els sont les principaux résultats des deux pre- miers chapitres de l’ouyrage du C. Lévesque. Nous 78 Nouvelles littéraires. n'avons pu faire entrer dans cet extrait les preuves justificatives de toutes les parties du système établi par lauteur. Il n'appartient qu'aux lumières, dit le C. Lé- vesque, de rendre aux hommes leurs droits natu- rels, en éclairant à la fois les opprimés et les op- presseurs. Ne dégradons pas l'instruction en accor- dant aux siécles de barbarie des éloges mensongers. L'ignorance seule peut ne pas reconnoître tous les maux qui ont affligé l’humanité dans les temps d’igrorance ; la mauvaise foi peut seule les connoître et les dissimuler. Avouons qu’on ne trouve chez les sauvages que les premiers rudimens des facultés intellectuelles , et chez les barbares que des institu- tions barbares comme eux. Recherches sur l’histoire de France, par le É €. ANQUETIL. La lecture de cet ouvrage avoit été commencée dans le dernier trimestre de l’an X. Les articles que le C. Anquetil a lus dans le cours du premier tri- mestre de l’an XI, sont particulièrement relatifs aux rois mérovingiens , et aux premiers rois de la seconde rate. L’auteur apercoït en France, depuis Clovis L‘* au cinquième siécle , jusqu'à Clovis IT au septième , un gouvernement réglé , et du goût pour les études. Mais depuis Clovis IL jusqu’à la fin de la race mérovingienne , au milieu du hui- tième siécle, il n’y a plus qu’anarchie , confusion et ignorance, Nouvelles littéraires. 70 C’est le temps de ces rois qu’on a nommés fai- néans , et qui, selon le C. Anquétil, n’ont pas tous mérité personnellement l’opprobre attaché à un tel nom. Plusieurs d’entre eux ont soutenu avec hon- peur les droits du trône. Les autres y sont parvenus encore enfans , et la mort les en a fait descendre avant l’âge où ils auroient pu y montrer avec un certain éclat, ou des vertus, ou des vices. | La multiplicité des régences , dit l'auteur , les usurpations des maires du palais , leurs rivalités, les guerres qui les ont suivies, sont les vraies causes de la dégradation de la race mérovingienne et de son extinction totale. La France avoit langui sous les derniers monar- ques de cette dynastie ; elle reprit son énergie sous Charlemagne. Tableau historique du règne de Louis XVT , par le C. DESALES. Ce tableau n’embrasse point les premiers événe- mens de Ja révolution françoise ; il retrace les prin- cipaux faits qui, depuis 1774 jusqu’en 1788 , ont influé sur les destinées de la France. Ces quatorze années , quoique déja reculées si loin de nous par la multitude et la grandeur des souvenirs que les quatorze années suivantes nous ont laissés, forment néanmoins encore, à bien des égards, une partie de ce temps présent dont l’approche est si péril- leuse, Le C.'Desales ne s’est point dissimulé les difficultés dont la divergence des opinions contem- 80 IVouvelles littéraires. poraines pouvoit environner son sujet, Il est rare qu’en parlant d’une époque si voisine on paroisse impartial : le C. Desales a écrit avec le desir de . - - » - / l'être en effet. Voici comment il peint trois hommes malheureux et mémorables. « Malesherbes, de mœurs pures , ami de l’ordre et des arts , auroit été l’homme suivant le cœur de Louis XVI ; mais la cour n’étoit point son élément : il auroit ressemblé , parmi les êtres ab- jects qui la composaient , à une vieille empreinte d’Aristide , trouvée parmi les priapes de Caprée. Il ne cherchait point la puissance, et la puissance n’alla point au-devant de lui. Louis ne le devina que longtemps après , et il ne le connut réelle- -ment que lorsqu'il quitta le Temple pour aller mourir, « Turgot avoit plus de génie d'administration et plus d'énergie que Malesherbes. Il commencçoit à faire parler de ses plans de restauration , de ses idées paradoxales à force d’être philanthropiques, de sa manie de jeter le gant de Tancrède à tous les préjugés d’une vieille monarchie. Le jeune roi, à l'époque de son avénement, ne crut pas la nation assez müre pour se revivifier par la main vigoureuse d’un Spartiate , et il voulut s’adresser à Machault. « Machault , ministre d'état sous Louis XV , passoit pour la plus forte tête de la nation. Né avec un génie vigoureux pour entreprendre , et un esprit de suite pour exécuter, ami de l’ordre « et Nouvelles littéraires, 8L « et de la morale, cherchant la gloire où elle est, «“ dans l’amour raisonné des hommes , il seroit de- « venu le mentor du nouveau Télémaque. Mais une « fâtalité invincible , qui entraïnoit la monarchie à « sa dissolution , fit évanouir les grandes espéran- u ces, au moment même où elles étoient sur le « point de se réaliser. » Essai sur le département de la Fendée ,ou Apercus sur la topographie de ce département | sur son his- doire naturelle , son histoire politique , les mœurs, le caracière , les habitudes , le langage des habi- ans ( leur agriculture , leur industrie, leur com- merce ); par le C. RÉVEILLIÈRE-LÉPEAUX. Les chapitres relatifs à l’agriculture , à l’indus- trie et au commerce , n’ont point encore été com- muniqués à la classe. La lecture de toutes les autres parties de l’ouvrage a rempli plusieurs des séances de ce trimestre. Le C. Réveillière - Lépeaux ne s’occupe ni des causes , ni des événemens, ni des suites de la guerre civile de la Vendée. « Plutôt, dit-il , que d’envi- “ sager mon pays défiguré par les horribles coups « qui lui ont été portés , j’aime à me le représenter « heureux et tranquille, tel qu’il étoit avant que « l’orgueil et l’avarice en eussent fait un champ « de carnage. C’est une illusion si douce, qu’on « me la pardonnera sans peine. » Après un coup-d’œil général sur le département de la Vendée , sur sa position, sur ses limites, sux Tome V, F Sa Nouvelles littéraires. sa population (1), sur sa température , l’auteur entre dans les détails. « Les points les plus élevés de ce département » se trouvent situés à son extrémité orientale, et « rangés sur une ligne de cinq ou six myiiamèties « du sud est au nord-ouest : ces points sont Saint- « Pieire- lu-Chemin , Montournois, les environs de « Pc sauges , et. Le terrein subit d’abord une a inclinaison assez brusque vers le nord, le sud et « l’ouest. La pente la plus forte et la plus courte «se dirige vers la mer au sud-ouest. Les deux « autres , plus longues et moins rapides , se por- « tent, l’une à l’ouest jusqu’à lPOctan, autre au « nord jusqu’à la Loire. » La superficie de la Vendée offre trois grandes di- visions. 1.° Le pays granitique et schisteux : c’est le plus étendu ; il est couvert de bois, de haies épaisses et de genets ; il porte le nom de Bocage. 2.° Le pays calcaire : c’est le plus peiit ; ilest uni, découvert , et s'appelle la plaine, 3.° Le pays de laisse ou d'alluvion, appelé marais. L'auteur fait connoître ensuite les carrières de la Vendée, ses mines d’antimoine , de plomb, de charbon de terre, d’ocre, de kaolin, etc.; ses eaux minérales , ses rivières ; le gisement de la côte ; les ports , havres et rades du continent, les ports et mouillages de l’ile Bouin , de lile de Noïrmou- tier, de Pile d'Yeu Ces détails sont suivis de ceux qui concernent les végétaux et les animaux. (2) Elle étoit en 1792, de 505,610 habitans ; on en comple à peine 260,000 aujourd'hui, Nouvelles littéraires. 83 L'histoire civile de la Vendée est liée à celle de la province entière du Poitou. Le C. Réveillière- Lépeaux, apres avoir discuté les opinions relatives à l’origine des Poitevins, retrace les faits les plus importans de leurs annales, soit avant leur réunion à la monarchie des Francs, soit sous les comtes éta- blis pour les gouverner par les rois des premières dynasties. Vers le milieu du douzieme siécle , cette province , comme celle de la Guienne et quelques autres, passa sous la puissance immédiate du roi de France , Louis-le-Jeune , époux d’Eléonor. Ce roi, par un impolitique divorce, perdit ces riches do- maiñes ; qu'Eléonor transféra au roi d'Angleterre en l'épousant, Le Poitou fut depuis enlevé à Jean- Sans- Terre par Philippe- Auguste, cédé aux An glois par le traité de Brétigny, apres la bataille de Poitiers , reconquis par les François sous Charles V. Charles VI le donna à l’un de ses fils, qui mourut sans postérité , et le Poitou resta jusqu’à nos jours réuni à la couronne. Dans le récit que fait l’auteur des principaux évé- nemens de toutes ices époques, les calamités qu’en- traînérent, là comme ailleurs, les croisades et les dissentions religieuses occupent un grand espace. « Le Poitou, dit:il, fut une des premières pro- « vinées où l’on embrassa les idées réformatrices « de Calvin, et l’une de celles qui les soutinrent « avec le plus de constance et de courage, Les épais « bocages, les profonds ravins , les marais impra- « ticables de la Vendée, le voisinage de la Ro- « chelle, place d'armes des réformés , le caractère F 2 = 84 Nouvelles littéraires. “ etles vertus des habitans , {out devoit contribuer « à rendre longues et opiniâtres les dissentions re- « ligieuses et politiques. Protestans et papistes , « royalistes et ligueurs, s’emparèrent tour - à - tour < de ce pays, et y portèrent le ravage, » A cette histoire générale de la Vendée, le C. Réveillière-Lépeaux fait succéder la description et l'histoire particulière des villes, des principaux lieux que ce département renferme, et des trois îles qui en dépendent. Réné Garnier , André Tiraqueau , Jacques Gou- pil ; Sébastien Colin , Bernabé Brisson , Pierre Brisson, François Viete, Nicolas Rapin , Lancelot du Væsin de la Popelinière , Gabriel Hulin, Ro- main Dupin-Pager, Jean Besly, Julien Colardeau, etc. : telle est la liste chronologique des noms les plus distingués dans l’histoire littéraire de la Ven- dée. -Le C. Réveilliere - Lépeaux doune la notice des travaux par lesquels ces écrivains ont honoré leur pays. Il décrit ensuite les monumens que la Vendée pré- sente : monumens celiiques (les dolmines et les mé- nirs }, monumens romains , monumens du moyen âge , comme la cathéürale de Luçon , les flèches des églises de Fontenay , etc. ; monumens moder- nes, comme les travaux exécuiés aux Sables d’O- Jonne , des ponts-aquedues , des canaux, des digues. Ces derniers articles amènent des considérations générales sur les matières et sur les formes des cons- tructions dans ce département. Voici le résumé du chapitre intitulé : aspect pit= Nouvelles lit'éraires. 85 toresque de la Vendée. « Tout le bocage emprunte un grand agrément de la diversité des arbres et des arbrisseaux. Le vifet brillant coloris de leurs fleurs au printemps , l'éclat plus tempéré , mais plus doux de Jeurs fruits en automne , font res- sortir les traits particuliers à chacune de ce2s deux saisons. La plaine, qui ne forme guere que la sep- tieme partie du département, est assez générale- ment privée d’eau et de mouvement , ainsi que d’arbres et de buissons. Lorsqu'une fois dépouil- lée de ses riches moissons elle a perdu les si- gnes de la fécondité , elle fatigue l’œil et la pensée de son ennuyeuse uniformité. Les marais, dont l'étendue est à peu près double de celle de la plaine, semblent étre le domaine de la tris- tesse. Une immense plaine d’eau ou d’argile dé- layée et impraticable , des habitations isolees et comme perdues au milieu de cet espace illimi é, un ciel brumeux , une solitude qui est tioublée que par les oiseaux aquatiques , un silence qui n’est in'errompu que par leurs eri: sauvages et par les mugissemens d’une mer orageuse : voilà le marais duiant l’hiver. 1] a moins de monotonie pendant l’éié. Les prairies sont couvertes de trou- peaux , et les champs de récoltes. Mais on n’en est pas moins condamné à faire de longues routes à travers les marais salans , froidement syméirisés en échiquier , et dont les bords nus n’ont pour toute décoration que des tas de sel tout aussi froidement disposés. . .. La terre altérée s’y di- vise en profondes gercures, et souvent l’œil , l’o- F3 86 Nouvelles littéraires. « dorat , le goût , sont blessés à la fois par une “ eall vaseuse et corrompue, » Les habitations sont décrites dans le chapitre sui- vant ; mais l’un des chapitres les plus étendus est celui qui a pour objet le caractere et les mœurs des Vendéens. Un air épais, des chemins couverts, d’é- troits vallons , des chutes d’eau, l'aspect des ruines, la solitude et les souvenirs des guerres civiles, tout nourrit dans cette contrée nne mélancolie profonde, qui crée les affections durables et les caractères énergiques ; qui dispose les esprits à une grande fermeté dans leurs opinions, et les ames à une vive et touchante sensibilité. Nous pouvons à peine indiquer ici les détails re- latifs aux mœurs domestiques des Vendéens, à leurs mariages, à leurs chants, à leurs jeux, à leurs ali- mens, à leurs vêtemens , ete. Nous pouvons bien moins encore suivre , avec l'auteur , les variations que les caracteres et les usages éprouvent dans les diverses parties de la Vendée, le bocage, la plaine, le marais et les îles. Dreux du Radier a prétendu que la langue des Italiens et celle des Espagnols devoient leur origine au langage du Poitou. Après avoir réfuté cette opi- nion poitevine , le C. Réveillière- Lépeaux fait con- noître l’état actuel du patois vendéen, sa prosodie lourde , traînante et monotone , sa prononciation semblable , à l'égard de certaines lettres , à celle des Italiens , ses terminaisons particulières , et ce qu'il y a de plus distinctif, soit dans son vocabu- laire ; soit dans sa syntaxe. On peut conclure de Nouvelles littéraires. 87 ces observations grammaticales , que le langage ven. den n'appartient en entier , ni à la langue d’oc , à la langue d’oil (1) , qu’il en est en quelque surte l’intermediaire. Grammaire générale | par le C. DESTUTT- RAC Ye Eo publiant ses é/émens d’Idéologie, le C. Tracy annonça qu'ils sercient suivis d’une grammaire oé- nérale et d’une logique. Il vient d’achever la gram- maire , et il en a lu à Ja classe l’introduction et les trois premiers chapitres. Dans l'introduction, le C. Tracy observe que la grammaire n’est pas seulement la science des signes; elle est aussi une continuation de la science des idées, une introduction à celle du raisonnement. Hi n’a re- cherché la formation des idées que pour bien con- “noitre la théorie de leur expression : il n’examine aujourd’hui ieur expression que pour découvrir les lois de leur deduetion. Le scout pour l’analyse n’est point, dans l’homme, un signe de d'cadence , comme on l'a queiquefois prétendu ; c’est un nouveau progrès de son intelli- gence. i Cependant, quand même les anciens ne seroient pas tombés sous e joug des barbares, cet esprit ana- lytique n'eût guère avancé chez eux la science des idées, parce qu'ils avoient bâti des systemes avant d’avoir rassemblé assez de connoissances positives. (3) Oui, s'exprime de trois manières dans la Vendée : or/, sia, veu F'4 88 Nouvelles littéraires. Les modernes ont mieux commencé ; mais ils arr- roient été continuellement arrêtés dans leur marche, s'ils n’avoient secoué le joug des théologiens qui s’é- toient emparés de toute métaphysique. - Pour faire de vrais progres dans la connoïssance de l’homme, il failoit, à l'indépendance des an- ciens, Joindre la science et la réserve des modernes. C’est le caractère de l’époque où nous sommes, et que le C. Tracy appelle l’ére françoise. Dans le premier chapitre de sa grammaire , il décompose le discours. Voici les principaux résul- tats de ce chapitre. Tout système de signes est un langage ; toute émission de signes est un discours, l Juger n’est pas précisément sentir des rapports entre nos idées : c’est sentir qu’une idée en renfèrme une autre. Ce seul et même rapport est toujours celui qu’on sent lorsqu'on juge, Aussi ne faut-il tou- jours que le même signe pour exprimer l’acte de juger. Pour représenter toutes nos autres idées, il suffit de les nommer. Pour représenter un jugement , il faut énoncer les deux idées comparées et l'acte d’aflrmation. Si nous ne pouvions porter aucun jugement, nous ne saurions jamais rien ; nous n’aurions pas même d'idées composées. Juger est si bien tout pour nous, que lorsqu'un discours n’exprime aucun jugement, nous disons qu'il ne signifie rien. Tout langage commence par exprimer d’un seul signe un jugement tout entier. Nouvelles littéraires. 89 Ainsi les propositions sont les élémens du dis- cours. Dans le second chapitre, le C. Tracy décompose la proposition, qu’il considère dans tous les langa- ges, principalement dans la langue parlée , spécia- lement dans la langue françoise. Certains mots de nos langages articulés expriment une proposition tout entiere , c’est-à-dire, deux idees et lacte de juger. D’autres ne représentent qu’une idée unique , mais complète ; d’autres seulement des fragmens d'idées. Tous changent fréquemment de fonctions : plusieurs sont souvent sous-entendus, Il ny a point de proposition sans verbe. Toutes les fois que le verbe est à un mode défini , il y a énoncé de jugement ; toutes les fois qu’il est à un mode indéfini , il n’y a que l’expression d’une idée isolée. Tout discours n’exprime donc jamais que l’une de ces deux choses, sentir ou juger. L’etat primitif de la proposition est d’être repré- senté par un seul signe : ce signe unique en ren- ferme nécessairement deux autres; l’un représentant une idée qui a une existence absolue , au moins dans notre esprit ; l’autre représentant une autre idée qui a une existence relative , c’est-à dire qui existe ou est concue comme existant dans la pre- mière. Les noms sont les signes qui remplissent la pre- mière fonction : eux seuls et les signes qui les rem placent , peuvent être les sujets de nos propositions. Les adjectifs ne remplissent pas réellement Îa 99 Nouvelles littéraires. seconde fonction : ils expriment une idée comme devant appartenir à une autie , comme ne pouvant exister que dans cette autre, mais non pas comme. lui appartenant , comme y existant en effet. Par une singuliere abstraction , ils sont privés de la fa- culté d'exprimer l'existence ; ils ne sont donc pas des atttibuts complets. L’adjectif étant, existant | est le seul excepté, parce que c’est sa signification propre ; si on len dépouilloit , il seroit anéanti. Il n’y a d’adjecrifs qui soient des attributs complets, que ceux qui ren: ferment l'adjectif étant ; ces adjectifs sont ce que les grammairiens appellent verbes adjectifs. ' C’est parce qu’il renferme Padjectif étant ; c’est parce qu'ils comprennent l’idee d’existence, qu’ils sont susceptibles de modes et de temps. I n’y a proposition, énoncé de jugement, que quand le veibe est à un mode défini. Ce mode est le signe de l’acte de juger, du sentiment qu’on a qu’une idée existe dans une autre, Ainsi un sujet et un attribut, un nom et un verbe, voilà les seuls élemens nécessaires de la proposition: tous deux renferment l'idée d'existence ; lun, d’une existence absolue, l'autre , d’une existence relative. Dans le troisième chapitre, le C. Destutt-Tracy considere successivement les diverses espèces de mots dont se composent les phrases des langues parlées, et spécialement de la langue françoise. I. L’interjeciion. — MN faudroit, sous cette déno- mipalion, ou sous une autre peut-être , comprendre Nouvelles littéraires. OE tous les mots dont chacun ie EE à lui seul, une proposition toute entière, De tels mots n’ont aucune relation avec les autres, Ils dérivent des cris primitifs et naturels. Ils ne développent pas le sentiment qu'ils ex- priment : ils ne décomposent pas la pensée. IL Noms et Pronoms. — Les noms représentent les sujets des propositions ; ils prennent des infiexions diverses pour exprimer les genres, les nombres, etc, Eux seuls sont variables par des causes qui leur sont propres : les autres mots variables ne :e sont que pour exprimer leurs rapports avec les noms. Les noms qui indiquent la personne qui parle, ou celle à qui on parle , ou celle dont on parle, ne sont les noms de rien en particulier, Ce sont des pronoms, des adjectifs ou modificatifs personnels. III. Ferbes et Participes. — Le verbe n’exprime pas, comme le nom, une idée existante par elle- même ; il n’exprime pas, ainsi que l’atjectif, une idée.seulement conçue comme pouvant exister dans une aütre. Î} exprime et représente une idée comme existant réellement dans une autre idée. Jl ren- ferme l’idée d’une existence relative, à la vérité, mais réelle et effective. Il n’a donc aucun sens qu'avec un sujet auquel il doit se conformer sous les rapports du nombre, de la personne, et , si l’on veut, du genre. Tous les verbes sont des verbes d’état : ils signi- fient tous qu’un sujet est de telle manière, Ils tiennent tous leur qualité du verbe étre. Tous les autres sont composés de celui-là et d’un adjectif. 92 Nouvelles littéraires. J'aime et je suis aimé ne sont pas le même verbe, puisque les adjectifs aimant , aimé, qui entrent res- pectivement dans la composition de l’un et de l’autre, sont fort distincts. Le C. Tracy pense, 1.° que, dans ces deux phrases je suis aimé, jui aimé, aimé n’e t pas le méme mot ; que dans l'une il signifie aimé, dans l’autre été aimant ; et que, lorsqu'il a cette dernieie signification, il devrait toujours être indéclinable ; 2.9 Que l'adjectif étant est le seul mot qui soit par lui-même participe, c’est-à- l're, verbe au mode indé- fini; qu’en conséquence il est le seul qui ait réelle- ment les deux formes, étant pour le présent , été pour le passé ; qu’il n’y a de vrais participes que ceux qui le renferment sous cette dernière forme. Tels sont les participes que nous appelons actifs passés : tous les autres sont de purs adjectifs, qui devroient toujours être déclinables. Les noms, seuls mots qui expriment un sujet ; les verbes, seuls mots qui expriment un attribut, sont les seuls mots nécessaires à l’expression de la pensée quand on décompose l’interjection : les autres ne servent qu'à exprimer des complémens de ces deux- là, des fragmens de sujets ou d’attributs. Le verbe, comme veibe, n’a point de régime : quand il semble en avoir un, c’est en vertu dela signi- fication de l’adjectif qu’il renferme. LV. Adjectifs et articles. — Les adjectifs, en mo- difiant les noms, augmentent le nombre des sujets 3 en modifiant le verbe étre , ils augmentent le nombre des attributs, Ils sont formés, Nouvelles littéraires. 93 Ou des noms, par la substitution de la forme attributive à la forme subjective ; Ou des verbes , par le retranchement de l’idée d'existence. D’autres noms et d’autres verbes peuvent ensuite se former de certains adjectifs ou modificatifs. Les adjectifs modifient une idée, Ou dans sa compréhension, en augmentant ou en diminuant le nombre des idées qui la composent, Ou dans son extension , en déterminant le nombre des objets auxquels on Papplique, et la maniere dont on les considère. | Les noms seuls sont susceptibles d’être modifiés dans leur extension. Les mots vuloairement nommés articles sont des adjectifs déterminatifs. V. Préposttions. — Beaucoup de noms, d’adjectifs, de verbes adjectifs et d’adverbes, ont besoin, pour former une idée complète, qu’on leur adjoigne le nom d’une autre idée. Ce sont les prépositions qui les lient avec cette idée complémentaire. Il y a des langues où cette fonction est remplie en tout ou en partie par des syllabes désinentielles. Ces syllabes , ainsi que toutes celles qui forment les composés et les dérivés des mots radicaux, doivent être regardées comme des prépositions. Quoiqu’on ne puisse pas toujours retrouver l’éty- molugie des prépositions, il est sûr qu’elles dérivent toutes de noms ou d'adjectifs, et ordinairement par a réviation, 04 IVouvelles littéraires. Un adjectif qui a un sens relatif, et qui ne se décline pas, est, par cela même , une préposition: VI. Adverbes. — Mots invariables comme les prépositions , et, comme elles aussi , dérivés de noms ou d’ajectifs. L’adverbe est en outre un mot elliptique, expres- sion abrégée de l’idée qu’on représenteroit au moyen d’une préposition et de son régime. Les adveibes modifient les verbes, Îles adjectifs, et d’autres adverbes, mais jamais les noms, VII. Conjonctions , ou adverbes conjonctifs. — Une conjonction exprime une proposition toute entière, mais une proposition qui, loin d’avoir un sens ab- soiu, suppose deux propositions complètes, l’une antécédente , l’autre conséquente. : Comme linterjection , la conjonction est bien un élément du discours, mais non pas un élément de la proposition. On peut considérer le mot gxe comme un adverbe ; mais c’est à cet adverbe-là que tous les adverbes qui deviennent coujontifs doivent cette propriété, comme c’est à l’adjectif éant que les autres adjectifs doivent leur qualité de verbe. La signification propre de l’adverbe que est d’ex- primer que le verbe auquel il est joint est lié à un autre verbe , à un mode défini, à une autre propo- sition entiere, Le mot que, ajoute le C. Tracy , est une prépo- sition plutôt encore qu'un adverbe. IL est vraisem- blabie, au moins, que c’est l’invention des préposi- tions qui a conduit à l'invention du mot que. Après En. Nouvelles littéraires. (ets) avoir dit, les jardins DE Salluste , je vais A Rome ; on s'est avisé de dire, je vois QUE Les lumières s'éten- dent , je desire QUE Les peuples s’éclairent. Quoi qu’il en soit, les conjonctions sont des mots elliptiques et nécessairement invariables. VIITL. Adjectifs conjonetifs ( vulgañement appelés pronoms relatifs ). Qui, que (relatif), dont , etc., sont composés de la conjonction que , etde l'adjectif déterminatif /e ou il : ils en cumaulent les fonctions. L’adjecuifconjonctif a toujours pour antécédent un nom , par conséquent une proposition incidente ; il est déclinable : il diffère donc de la conjonction. L’adjectif conjonctif peut également être sujet ou attribut de la proposition incidente. Ce n’est pas lui, c’est cette proportion, qui modifie l’extension ou la compréhension de l’antécédent auquel il la lie : il diffère donc des adjectifs et articles caractérisés ei- dessus , n.° IV. L'adjectif conjonctif est donc un élément parti- culier du discours. Ainsi linterjection , qui seule exprime toute une proposition absolue ; la conjonction, qui exprine une proposition relative à deux autres; le nom, qui commence une proposition en représentant le su jet; le verbe, qui l’achève en énonçant l'existence de l’attribut dans le sujet; l’adjectif, qui modifie le “verbe ou le nom; la préposition, qui lie une idée à son complément; l’adverbe, qui exprime à la fois uue préposition et son régime ; enfin l’adjectif con- jonctif, composé de la conjonction que et d’un ad- 06 Nouvelles littéraïres, jectif déterminatif : tels sont , suivant le C. Tracy, les huit élémens du discours. L'Institut national, jusqu'ici divisé en trois clas- ses, l’est actuellement en quatre. 1. Classe, — Classe des sciences physiques et ma- thématiques. 2. (lasse. — Classe de la langue et de la littéra- ture françoises. 3. Clusse. — Classe d'histoire et de littérature an- cienne. 4° Classe — Classe des beaux-arts. ; Les membres actuels et associés étrangers de l’In- stitut , sont répartis dans ces quatre classes. La première classe est formée des six sections qui composoient avant la première classe de l’Institut, d’une section nouvelle de géographie et navigation, et de huit associés étrangers. Ces sections sont composées et désignées ainsi qu'il suit : Sciences mathématiques. — Géométrie, 6 membres; Mécanique, 6 zdem; Astronomie, 6 zdem; Géogra- phie et Navigation, à i/em ; Physique géncrale , 6 id. Sciences physiques. — Chymie , 6 membres; Miné- ralogie , 6 dem: Botanique , 6 idem ; Economie ru- rale et Art vétérinaire, 6 idem; Anatomie et Zoologie, 6 idem; Médecine et Chirurgie, 6 idem. La prenuere classe a nommé, sous l’approbation du premier consul, deux secrétaires perpétuels, Pun pour les sciences mathématiques, l’autre pour les sciences physiques. Les secrétaires perpétuels sont membres de la classe, mais ne feront partie d’aucune section. La première classe peut élire jusqu’à six de ses membres parmi ceux des autres classes de l’Institut. Elle peut nommer cent correspondans pris parmi les savans nationaux et étrangers. La Nouvelles littéraires. 97 La seconde classe est composée de quarante mem- bres. Elle est particulièrement chargée de la confection du Dictionnaire de la Langue françoise. Elle fera , sous le rapport de la langue, l’examen des ouvrages importans de littérature, d'histoire et de sciences. Le recueil de ses observations critiques sera publié au moins quatre fois par an. Elle nomme dans son sein, et sous l’approba- tion du premier consul, ua secrétaire perpétuel, qui continue à faire partie du nombre des quarante membres qui la composent. Elle peut élire jusqu’à douze de ses membres parmi ceux des autres classes de l’Institut. La troisième classe est. composée de quarante membres et de huit associés étrangers. Les langues savantes , les antiquités et les monu- mens ; l’histoire et toutes les sciences morales et po- litiques dans leur rapport avec l’histoire ; seront les objets de ses recherches et de ses travaux Elle s’at- tachera particulièrement à enrichir la littérature Francoise des ouvrages des auteurs grecs, latins et orientaux, qui n’ont pas encore été traduits. Elle s’occupera de la continuation des recueils di- plomatiques. Elle nomme dans son sein , sous l’approbation du premier consul , un secrétaire perpétuel, qui fait partie. du nombre des quarante membres doni la classe est composée. Elle peut élire jusqu’à neuf de ses membres parmi ceux des autres classes de PInstitut. Elle peut nommer soixante cotrespondans na- tionaux ou étrangers. ù La quatrième classe est composée de vingt-huit membres ei de huit associés étrangers. Ils sont divisés en sections, désignées et compo- sées ainsi qu'il suit : Peinture, 10 membres ; Sculpiure, 6 idem; Ar- chitecture, 6 idem; Gravure, 3 1dem ; Musique com- position, 3 idem. Tome F. G 98 Nouvelles littéraires. Elle nomme, sous l’approbation du premier con- sul, un secrétaire perpétuel, qui est membre de la classe, mais qui ne fait point partie des sections. Elle peut élire jusqu'a six de ses membres, armt ceux des autres classes de l’Institut. Elle peut nommer trente-six correspondans pris parmi les nationaux ou les étrangers. Les membres associés étrangers ont voix déli- bérative seulement pour les objets des sciences, de littérature et d’arts; 1ls ne font partie d’aucune section et ne touchent aucun traitement. Les associés républicoles actuels de lPInstitut font parie des cent q'atie-vingt-seize correspondans al- tachés aux classes des sciences, des belles-lettres et des beaux-arts. Les cori-spondans ne peuvent prendre le titre d membres de l’Institut. Ils prennent celui de correspondant , lorsqu'ils sont domiciliés à Paris. Le: nominations aux places vacantes seront faites par chacune des classes où ces places viendront à vaquer ; les sujets élus seront confirmés par le pre- mier consul. Les membres des quatre classes ont le droit d’assister réciproquement aux séances particulieres de chacune d'elles, et d’y faire des lectures lors- qu’ils «en auront fait la demande. Îls se réuniront quatre fois par an en corps d’In- stitut, pour se rendre compte de leurs travaux. Ts éliront en commun le bibliothécaire et ie sous- bibliothécaire de l’Institut, ainsi que les agens qui appartiennent en commun à l'Institut. Chaque classe présentera à Papprobation du gou- vernement les statuts et règlemens particuliers de sa police intérieure. = Chaque classe tiendra tous les ans une séance pu- blique à laquelle les trois autres assisteront. L'Institut recevra annuellement üu trésor publie 1500 fr. pour chacun de ses menibies non associés ; 6000 fr. pour chacun des secrétaires perpétuels, et pl Nouvelles littéraires. 99 pour ses dépenses une somme qui sera déterminée, tous les ans, sur la demande de l’Institut , et com- prise dans le budjet du ministre de Piniérieur. Il y aura pour lInstitur une comaission admi- nistrative, composée de cinq membres, deux de la premiere classe, et ua de chacune des trois autres, nommés par leurs classes respectives. Chaque commission fera régler, dans les séances générales prescrites par l’art. X, tout ce qui esi re- latif à l'administration, aux dépenses g-nériles de V’Iostitut, et à la répartition des fonds entire les quatre classes. ; Cette classe réglera ensuite l’emploi. des fonds qui Jui auront été assignés pour ses dépenses , ainsi que tout ce qui concerne l'impression et la publication . de ses Mémoires. Tous les ans chaque classe distribuera des prix, dont le nombre et Ja valeur sont réglés ainsi qu’il suit : La première classe, un prix de 3,000 fr. La seconde et la troisième classe, chacüne un ptix de 1,500 fr. su Et la quatrième classe, des grands prix de pein- ture, de sculpture, d'architecture et de composi- tion m sicale. Ceux qui auront remporté un de cés quatre grands prix, seront envoyés à Rome, et en- tretenus aux frais du gouve:nement. dc Les quatre classes formant l'institut, conformé- ment à l'arrêté du 3 pluviose an 11, sont compé- sées comme il suit: PREMIÈRE CLASSE. CLASSE DES SCIENCES PHYSIQUES ET MATHÉMATIQUES, Sciences Mathématiques, L'° SECTION. Géométrie. — Joseph - Louis La- grange , Pierre - Simon Laplace , Charles Bossut, G 2 100 Nouvelles littéraires. Adrien - Marie Legendre , Jean - Baptiste - Joseph Délambre, Sylrestre- -François Lacroix. Tr SECTION. Mécanique. — Gaspard Monge , Riche Prony, Jacques-Constantin Périer, Napoléon Bonaparte , Ferdinand Berthoud , Léraré Carnot: TIT< SECTION. Astronomie. — Jeténie Lalande, Pierre-François-André Meéchain , Charles Messier!, “ÆEdme-Sébastien Jeaurat, Jean- Dominique Cassini; Lefrançois-Lalande. IV. SECTION Géographie et Navigation: — Louis- ‘Antoine Bougäinville , Charles - Pierre Fleurieu : ; Jean-Nicolas Buache. 1PVEe SECTION. Physique générale. — Jacques- “Alexandre-César Charles, Mathurin-Jacques Bris- ‘son, Charles - Augustin Coulomb , Alexis - Marie Rochon, Louis- Lefèvre Gineau, Pierre Lévéque. ET RTE ‘Sciences Physiques. VI. SECTION. Chymie. — Claude - Pierre Ber- “#hollet, Louis-Bernard Guyton-Morveau, Antoine- François Foureroy , Nicolas Vauquelin ; Nicolas “Deyeux , Jean-Antoïne Chaptal. VIL.e SECTION. Munéralogie..— René-Just Haüy, Nicolas Désmarest , Guillot: Duhamel , Claude- Hugues Lelièvre,, Balihasard - Georges Sage , Ra- mon de “VIIL.e Srerrokl Botanique: — Jean - Baptiste iesrchss : Rerié ‘Desfontaines | Michel Adanson!, Antoine, Laurent Jussieu, Etieune-Pierre Ventenat, +3 ue Julien Labillardière. IX.® SÉCTION. Économie rurale! et vétérinaire. — André Thouin , Henri-Alexandre Tessier, Jacques- Martiu Cels ; Antoine- Augustin Parmentier ; Jean- Baptiste Huzard, X.e SECTION. Anatomie et Zoologie. — Bern.- Germain-Etienne Lacépede, Jacques Tenon , Geor- es Cuvier, Pierre - Auguste Bioussonnet , Louis- nude Richards GudlanmeAntoinetOlivier. >. SECTION: Médecine et Chirurgie. — Jean- Nouvelles littéraires. 101 Charles Desessartz , Raphael-Bienvenu Sabatier , Antoine Portal, Jean - Noel Hallé , Philippe - Jean, Pelletan, Pierre Lassus. , Les associés étra:gers de la première classe de l’Iustitut sont : Bancks, à Londres; Maskelyne , à Londres Cavendish, à Londres ; Priestley , en Amérique Pallas , en Russie; Herschel, à Londres ; Rumfort, à Muniche. Les correspondans de la première classe sont : 1° Pour {4 Géométrie. Arbogast ; à Strasbourg ; Duval-e-Roy, à Brest ; Lallemand , à Reims ; Te- nedat , à Saint-Geniez ; Biot, à Beauvais. . 2.° Pour /a Mécanique. Sané , à Brest ; Marescot , à Paris; Forfait, au Havre; Niewport, a Bruxelles. 3° Pour l'Astronomie. Dangos, à Tarbes ; Duc- Fa-Chapeile, à Montauban; Flaugergues, à Viviers ; Thulis, à Marseille; Sepmanville , à Évreux ; Vi. dal, à Toulouse. 4° Ponr /a Géographie et Navigation. Bourgoin , à Nevers; Verdun , à Versailles; Granchain , à Ber- nay ; Lescallier, a la Guadeloupe ; Romme, à Ro- chefort ; Coquebert, à Londres. 9.° Pour {x Physique générale. Loisel , à Maës- tricht ; Derate, à Montpellier; Sigaud-Lafond , à Bourges ; Pictet, à Genève. #t 6.° Pour Lu chymie Baume, à Carrières; Seguin, à Jouy; Van Mons, à Bruxelles; Nicolas, à Nancy; Chaussier, à Dijon ; Welter, à Valenciennes. 7. Pour 4 Minérulogie. Valmont - Bomare , à Chantilly ; Schreiber, à Pezay ; Patrin, à Lyon ; Giilet, à Daumont, 8.° Pour /1 Botanique. Villars , à Grenoble; Gouan, à Montpellier, Girard, à Cotignac; Picot- Lapey- rouse, à Toulouse; Palisot - Beauvois , a PEglan- tier ; Boucher , à Abbeville. 9° Pout Economie rurale et, vétérinaire... Rou- gier Labergerie , à Auxerre ; Heurtaut:Lamerville, à Dun -sur-Auroo ; Michaux, à :....,5 Lafosse , à G 5 LL LE] 102 Nouvelles litiérarres. Montaterre ; Chabert , à Alfort ; Chañorier , à Croissy. 1° Pour /’ Anatomie et Zoologie. Laumonier , à Rouen ; Geoffroy, à Chartreuve ; Latreille, à Tulle ; Jurine, à Lyon, Dumas, à Montpellier. | 11.° Pour /a Médecine et la Chirurgre. Percy ,à….; Bonté, à Coutances ; Saucerotte, à Lunéville; Lom- bard , à Strasbourg ; Baraillon, à Evaux; Barthes, à Montpellier. DUR AUX LME. CLASSE CLASSÉ DE LA LANGUE ET DE LA LITTÉRATURE FRANCOISE. Constantin-Francois Chassebeuf Volney , Domi- nique Joseph Garat , Jean-Jacques - Regis Camba- cères ; Pierre. Jean-Georges Cabanis, Jacques-Ber- närdin-Henri-Saint-Pierre , Jacques- André Naigron, Philippe-Antoine Merlin , Felix-Jilien-Jean-Bigot- Préameneu , Emmanuel-Jaseph Sieyès, Jean - Gé- rard Lacuee, Pieme-Louis Rœderer, François-Guil- laume - Jean - Stanislas Anttrieux, Gabriel Villar, Urbain Domergue, Nicolas-François ( de Neufchs- teau), Jean-François Caïlhava, Roch - Ambroise Sicard, Marie-Joseph Chenier , Ponce-Denis-Ecou- chard Lebrun, Jean-François Ducis , Jean-François- Colin Harleville, Gabriel-Marie-Henri-Baptiste Le- $ouvé , Antoine - Vincent Arnault, Fontanes, De- lille, Laharpe ,Suaïd , Target , Morellet , Boufilers, Bissy , Saint-Lambert, Roquelaure , Boïsgelin , d’A- zuésseau , Lucien Bonaparte, Devaines , Ségur, Bortalis » Regnaud ( de Saint-Jean-d’Angely. ) MROISIÉÈME.CLASSE. CLÀSSE D'HISTOIRE ET DE LITTÉRATURE AN- CIENNE. Bon-Joseph Datier, Charles - François Lebrun , Gérmain Poirier, Louis- Pierre Anquetil, Mathieu- Antoine Bouchaud, Pierre-Charles Lévesque, Pierre- Nouvelles littéraires. 103 Samel Dupont, Pierre Claude - François Daunou, Edme Mentelle , Charles Reinhard , Charles-Mau+ tice Talleyrand, Paschal Françis Joseph Gosselin , Jean-Delisle Defales, Jean Philippe Garran, Jean- François Champagne, Joseph Lakanal , François- Enimäavuel Toulongeon , Joachim Lebreton, Henri Grégoire , Louis-Marie Réveillère Lépeaux , Paul- Jérémie Bitaubé, Fra çois-Jean Gab:iel- Laporte Dutheil , Louis - Mathieu Langlès ; Pierre - Henri Larcher, Marie-Charles-Joseph Pougens , Villoison, Antoine Mongez, Chaïles- Frençois Dupuis , Gas- pard-Michel Leblond, Julien-David Leroy, Hubert- Paschal Ameilhon, Aumand Gaston Camus, Louis- Sébastien Mercier, Garnier, Anquetil Duperron, Silvestre de Sacy , Sainte - Croix, Pastoret , Gail- lard , Choiseul Gouffer. Les associés étrangers de la troisième classe, sont : Jefferson, à Philadelphie ; Renell , à Toadi. Niebur, Daneuiarck; Fox, 4 Londres ; Heyie, à Goettingue ; Willefort , à Calcuta : Klopstock, à b ; ? Hambourg; Wieland , à 5axe-Weimar. Les correspondans de la troisieme classe, sont : F ; Destutt-Tracy, à Auteuil ; Desere, à Bordeaux ; Laromignière , à Toulouse ; Jacquement à le din; Degerando, à Lyon; Prevoit, a Genève; f aben, à Agen ; Roussel, à Chartres; Villeterqu ,a Lisny; Saint-Jean Creve-Cœur. a Rouen; Ferlus, à Sor- reze ; Gaudin, à la Rochelle: Leorand Laleu, à Laon ; Houard , à Dieppe ; Reymont, à Saint- Domingue > Grouvelle, à ......, Massa, à Nice; Galloi, à Auteuil; Roume, à ..., .5 Duvi ad, à Passy : Dianniere , à Moulins ; Cock, à Strasbourg ; Gudin, à Avalon; Papon, à Riom; Sennchier, Genève ; Dutteville , à Versailles; Laurenci Lyon; Leclerc, à ......:; Crouzet, à Sain:-Cyr Morel, à Lyon; Boinvilliers, à Beauvaiss Bronck, à Strasbourg ; Sabatier, à Châlons -sui Marne ; Rufin, à Versailles ; Schweighaeuser , à Strasbourg ; G 4 ver Dr > 104 IVouvelles littéraires. Pieyre , à Nimes; Beranger , à Lyon; Palissot, à Mantis; Masson , à Coblentz; Oberlin, à Strasbourg: Fauvel, à Athènes; Giblin ; à à Versailles ; Riboud, à Bourg. QUATRIEME CLASSE. EL A SSE! D'ESURB'E AUX - ARTS. 1 + L'° SECTION. Peinture. — Jacques-Louis David, Gérard Vansoaendonck, Joseph-Marie Vien, Frans cois-André Vincent, Font Baptiste Regnault, Ni- colas-Antoine Taunay , Denou, Visconty. IL° SECTION. Sculpture. Augustin Pajou , Jean- Antoine Houdon, Pierre Julien , Jean-Guillaume Moirte , Philippe-Laurent Roland , Claude Dejoux. IRU RQ SrCTION. Architecture. Jacques Gondoin, Antoïne-François Peyre, Antoine Raymond, Léon Dufourny, d. “F.-Thérèse Chaigin , Jean- François Heurtier. IV. SECTION. a rt DEAR Geoffroy. V.® SECTION. Musigue composition. — Etienne Mehul, François- Joseph Gossec, André Ernest Gréuy, Jacques-Marin Monvel , Jean -Bapuiste Grandmesuil, Les associés étrangers de la quatrième classe, sont : Haydn, à Vienne; Canova, à Rome ; Caldesari, à Vicence. Les correspondans de la quatrième classe , sont : ° Pour /a Peinture. Lacour, à Bordeaux ; Lens, aîné , à Bruxelles; Baudin, à Orléans; Pradhon, à Dijon; Giroust, à Sèvres 2.° Pour La ditare: Boichot, à Autun; Van- Pouck , à Gand, Chiuard, à Lyon; Blaise, à Poissy, Reéhebd ,à Maärseilel 3° Pour /’ Architecture. Paris, au Havre ; Combe, à Bordeaux; Crucy , à Nantes; Foucherot , à Ton- nerie. Tete Nouvelles littéraires. 4x0 4° Pour /a Musique-composition. Beck , à Bor- deaux ; Moreau, à Liége ; Caillot , à Saint-Germain; Blaze, à Cavaillon ; Mauduit-Larive, Montmorency; Bonnet-Beauval, à Bordeaux. II. La première classe de l’Institut tient ses séances les lundi de chaque semaine ; la seconde, les mereredi ; la troisieme, les vendredi ; la qua- trième , les samedi. Ces séances ont lieu dans le même local, et dure- ront depuis trois heures jusqu’à cinq. . III. La première classe rendra publique sa pre- mière séance du mois de vendémiaire ; la seconde, sa première de nivose ; la troisième , sa première de germinal; la quatrième , sa première de messidor. Les CC. DELAMBRE et CUVIER ont été nommés secrétaires perpétuels de la première classe de VPinstitut ; le premier pour les mathématiques , le second pour la physique. Le C. SuARD a été nommé secrétaire perpé- tuel de la classe de la langue et de la littérature française. Le C. DAGIER a été nommé secrétaire per- pétuel de la classe d’histoire et de littérature an- cienne. Le C. LEBRETON a été nommé secrétaire per- pétuel de la classe des beaux-arts. La société, en faveur des savans et des hommes de lettres, a tenu sa première séance , le 25 nivose, dans une des salles de la préfecture du départément de la Seine. L'ouverture de cette assemblée a été faite par le C. François ( de Neufchâteau}, membre du sénat conservateur , et de l’Institut national , qui a pro- noncé, avec beaucoup de sensibilité, un discours éloquent sur l’utile but que la société se propose. 06 Nouvelles littéraires. Ce discours sera imprimé, mis à la tête des rè- glemens de la société, et envoyé à tous les sous- cripteurs. L'assemblée a procédé ensuite à la formation de son bureau. — Les CC. F ancçois (de Neufchâteau) et Frochot, préfet du département de la Seine, ont été nommés présidens ; les CC. Grégoire et Lastérie, censeurs ; les CC. Amalric et Donant , se- crétaires ; — le C. Boulard, notaire , rue Saint André-des Arcs, a été élu trésorier ; c’est chez lui que les souscripteurs, qui sont déja en grand nombre, et qui comptent parmi eux beaucoup de noms cé- lèbres, pourront envoyer le montant de leur sous- cription : — Comme tout annonce que la société, en faveur d’une classe aussi intéressante, aura le plus grand succès ;on invite les citoyens qui voudront avoir quelque part a cette excellente œuvre, à se faire inscrire, et à déposer leurs souscriptions chez Je C Boulard. — On ne croit pas avoir besoin d’an- noncer ici que les femmes peuvent devenir membres de cette société recommandable ; aucun établisse- ment, en faveur de l’infortune, ne peut leur être étranger. Art$. Le jury chargé de juger les esquisses présentées au concours, pour perpétuer le souvenir de la paix d'Amiens et du rétablissement du culte catholique, a d’abord déclaré qu’il n’y avoit point de prix d’exé- cution , excepté pour les médailles. En conséquence , il s’est occupé de Ja distribution des indemnités. Trois ont été affectées à la peinture, deux à la sculpture , et trois a l’architecture. Pour la peinture , le C. Calais a obtenu l’indemnité sur le culte; le C. Chéry , celle sur la paix d'Amiens ; la troisième a été accordée au C, Devosges sur ce dernier sujet. Nouvelles littéraires. 107 En sorte que si l’exécution des esquisses eût été ordonnée , les CC. Chéry et Calais en eussent fait les tableaux. Pour la sculpture, le C. Dardel a obtenu l’indem- nité sur son groupe allécorique du traité d'Amiens; et le C. Boizot, sur celui du culte. L'architecture a 6té aussi répartie. La première indemnité au C. Damesme ; la seconde , au C. Dédéban ; la troisieme, au C. Labadie. Le programme donné à l'architecture avoit trait au congres d'Amiens. Les prix des médailles ont été donnés au C. Rembert- Dumarais, sur le traité d'Amiens ; et au C. Andrieux , sur le culte. NOUVELLES ÉTRANGÈRES. PR D 'S's E M. Kotrzebue. Le roi de Prusse a adressé une lettre à M. Kot- zebue, si avantageusement connu dans la littérature allemande , et auteur de Misanthropie et Repentir , dans laquelle il se félicite de posséder dans ses Etats un auteur dont les ouvrages , surtout les dra- matiques , lui procurent tant de plaisir. [1 lui an- nonce en même temps qu'il lui destine la première place vacante à l’Académie des sciences de Berlin, A et le nomme à uné prébende du chapitre de Mag- debourg. 108 Nouvelles littéraires. PE RING. Nom de l’empereur actuel de la Chine. D'après l’Almanach de la cour de Peking, que nous venons de recevoir, il se confirme que le nom de l’empereur actuel de la Chine n’est pas Tui haï- sing ( Voyez le n.° 13 du Magasin Encyclopédique de cette année, page 40) mais RAR FAPIGTS | et avec le nom de famille préposé, ainsi qu'il se trouve dans le même almanach, Ja - tsing Kia- King (1). Le premier de ces noms KIA, lui est commun avec Kia-1sing, douzième empereur de la dynastie précédente ; le second KING, est le même que le premier des King-yuen, quatrième empereur des surg méridionaux. Kia-King est le quinzieme fils de Kien-lung, qui abdiqua le sceptre en 1796, à l’âge de 86 ans, apres avoir régné 60 ans et quelques mois. Cependant, quoique les actes du gouvernement eussent passé, depuis cette époque, sous le nom dn nouvel em- pereur , néanmoins son père , qui dorénavant fut nommé Tai chang hoang-t1, où le su/rême et su- blime empereur, régla à son gré toutes les affaires de PEtat jusqu’à sa mort , ainsi que nous appre- nons par un gentilhomme anglois, retourné depuis peu de la Chine (2). (x) Dans la page citée du Magasin Encyclop., ligne 28, il faut lire ÆKia-King,auleu de Kiao King. (2) Sir Georges-Thomas Staunton , maintenant à Londres. Nouvelles litiégaires. 109 Kien-lung mourut le troisième jour de la pre- -mière lune de la quatrième année du règne de Kia King, où le 6 de février 1799, à l’âge de 89 ans. Le règne de l’empereur actuel, conimence, selon lälmanach susdit, à dater de la première lune de la cinquante-troisième année du soixante -quinzieme cycle; ce qui correspond au mois de février de l’an- née 1796, de l’ere chrétienne ; en sorte que ce mo- parque entrera à la lune du mois de février de cette année, dans la huitieme année de son regne. L'année chinoise, qui eommence le mois de fé- vrier de cette année ci, est la soixantième ou dér- nière du cycle actuel, Ce cycle de soixante ans, est le soixante-quinzième depuis le règne de Houng-ti, c’est-à-dire, depuis quatre mille cinq cents ans, En sorte que l’année prochaine, au mois de février, commencera un nouveau cycle, qui sera le soixante et seizième. HAGER. ÉLECTORAT D'HANOVYRE. Académie de Gæœttingue. C’est avec raïson qu’on tremble au seul nom de la fièvre jaune, de cette terrible maladie qui sem- ble de plus en plus menacer nos contrées de ses atteintes. Frappée des dangers de ce cruel fléau, l’Académie de Gættingue, qui se distingie toujours par l’importance et la sagesse des questions qu’elle soumet au Concours, en avoit proposé une relative à cette funeste épidémie. M. le docteur GUTFELDT, qui avoit obtenu l’accessit, vient de traduire son x1C Nouvelles littéraires. mémoire latin en allemand. Il ne veut point que la maladie prenne sa dénomination d’un de ses symptomes accidentels; c’est, dit- il, le typhus des régions des tropiques, dont nous devons la pre- mière notion au père Labat, qui en traita sous le nom de fièvre de Siam, et en fut ]ui- même at- teint à deux époques différentes en 1694 et 1697. On n’en avoit plus eusuite entendu parler; mais, depuis environ une dixaine d'années, il n’en est malheu- reusement que trop question, et on n’en est guères plus instruit, attendu le manque de médecins éclai- rés et d’observateurs exacts qui se trouvent sous ses tropiques. Dans le siécle passé, cette épidémie ravagea plus de vingt fois PAmérique ; la couleur jaune n’est pas un symptôme inséparable de la ma- ladie, souvent elle ne se manifeste pas même à la mort; chez quelques individus, la nuance est noi- râtre, Selon l’auteur, la cause de la maladie est une irritation supprimée, une asthénie, et les remèdes qu’il faut y appliquer, doivent être antiasthéniques. Jusque à présent, peu de malades en réchappent. M. Gutfeldt , croit que l'abattement des forces a beaucoup contribué à répandre la maladie, qui n’é- toit peut-être pas contagieuse dans l’origine. Nouvelles liticraïres. 111 NÉ CBIO:E:O GIE. f La mort a emporté plusieurs personnes distinguées par leur esprit, leur savoir et leur talent. Mile Clartre-Joseph-Hippolyte-Leyris DELATUDE- CLAiRoON s’est laissée tomber de son lit, étant déja un peu malade, et cette chute a causé sa mort. Elle étoit dans sa 81.° année; et quoiau’elle füt depuis Jongtemps dans un état habituel de langueur et de souffrance, elle avoit conservé jusqu’à son dernier moment l'esprit le plus sain avec l'usage de tors ses sens. [| y a quelques mois qu’elle récita une scène de Phèdre devant M. Kemble, premier acteur tra- gique de l'Angleterre, qui adinira la chaleur, Ja force et la dignité avec laquelle cette grande ac- trice récitoit, à un âge si avancé, les beaux vers de Racine. Elle a été enterrée dans l’église de Sain:-'Thomas-d’Acquin, sa paroïsse. [l reste d’elle Je souvenir et la tradition de son talent, et comme monument de son esprit, son Mémoire en faveur des Comédiens francois, et ses excellens mémoires dans lesquels on trouve de si utiles observations sur l’art dramatique. Dominique RicArD est mort à Paris le 8 plu- viose ; il étoit ne à Toulouse le 25 mars 1741. Il est -principalement connu pour sa traduction des Œuvres de Pluturque. W avoit publié toutes les œuvres mo- xales , et il s’occupoit constamment des Wies des x12 Nouvelles littéraires. Hommes illustres, dont il avoit déja donné quatre volumes. On a aussi de lui un Poème sur la Sphère, en huit chants, accompagné d’une Notice sur tous les Poèmes astronomiques. 1] étoit aussi distingué par ses vertus que par ses talens. L'Institut a rendu les derniers devoirs au C. David Le Roy, membre de la Classe de littéra- ture et beaux-arts. Ce vieillard, dont le nom est respecté dans es lettres et dans les arts, avoit, le premier, inesuré et publié les ruines d'Athènes , et visité la Grèce, en artiste. On a aussi de lui plusieurs ouvrages es- timiés sur l'Architecture et sur la Marine des an- ciens. Une circonstance particulière a répandu de l'in- térét sur les funérailles de David Le Roy. Le pa- rent qui atcompagnoit le corps, voyant qu’on alloït le déposer dans la fosse commune , demanda qu'on lui en creusât une particulière. Les fossoyeurs se refusoient à ses instances, sous prétexte que le ter- rein étoit durci par la gelée; les élèves de l’école d'architecture, qui avoient suivi le corps, entre- «prirent, d’un mouvement spontanée, de creuser eux- mêmes la fosse. Une moitié gardoit le corps pen- daut que l’autre travailloit à cet ouvrage pénible. 1ls déclarèreut aussi que leur intention étoit d'éle- ver sur cette tombe , un monument à leurs frais. Les lettres ont encore perdu Germaïn POIRIER, -ancien bénédictin, membre de l’istitut national; al Nouvelles littéraires. 113 il avoit contribué à la confection du tome XI du * Recueil des Historiens de France. Le célèbre abbé CASTI , auteur du poème si ori- ginal, si philosophique et si gai, intitulé G/i Ani- mali parlanti, et d’une foule de productions du même genre, est mort à Paris, âgé de 82 ans. M.me DE CRÉQUI vient de mourir dans un âge très- avancé. C’étoit une femme d’un esprit très- piquant ; elle avoit vécu dans la société de tous les hommes distingués dans le monde et dans les lettres. Elle étoit connue par beaucoup de mots fins et spirituels : elle avoit recueilli une infinité d’anecdotes des deux derniers règnes ; ses manu- scrits doivent être assez nombreux, et former un recueil précieux. Il est à desirer qu’ils ne soient point perdus. Le vénérable SAINT-LAMBERT , auteur du poème des Saisons, l’un des membres distingués de l’an- cienne Académie des belles-lettres, est mort dans un âge très-avancé. M. ne La HARPE, un des arbitres de goût dans ces derniers temps, et littérateur célèbre, est mort en rétractant ses anciens écrits en ce qu’ils avoient de contraire à la morale et à la religion. Il a té- moigné les sentimens d’une piété vive et pure. M. DE FONTANES va donner une édition complète de ses œuvres : on y trouvera des pièces inédites. Tome F., EH 114 Nouvelles littéraires. D'HÉ AUTIR ES: THÉATRE FRANCAIS DE LA RÉPUBLIQUE. Le Séducteur amoureux, où On ne veut pas: le croire , comédie en trois actes el en vers. ‘Enfin nous pouvons annoncer un succès. Ce mois-ci a été heureux, et tous les théâtres s’en sont ressentis. Le Séducteur amoureux, joué le 4 pluviose, a complétement réussi. Peut-être le sujet étoit-il un peu léger pour remplir trois actes; mais de la gaieté, beaucoup d'esprit , surtout , ont déterminé le succès. Césanne , c’est le nom du séducteur, a trompé tant de femmes, qu'aucune ne veut plus le croire. Adèle, sa cousine , à été sa confidente ; il Jui a dévoilé tous les secrets de son art : on peut juger qu'Adèle le croira encore bien moins que tout autre. C’est cependant d’elle-même que Césanne, revenu de ses premières erreurs , est sérieusement amoureux. Quels moyens employer pour la persuader? Mettre la soubrette dans ses intérêts, elle ne veut pas le croire. Faire une romance pour Adèle ? Que prouvent des chansons. Elle trouve cependant cette romance, la chante ; et Césanne profitant de la circonstance, déclare sa passion : mais Adele rit et le persifle. Désolé de ne pouvoir être cru de personne , Césanne s’adresse au père d'Adèle : mais les vieillards sont ordinairement fort peu sensibles, et encore moins crédules en fait de tendresse et de passion. Le père est donc aussi peu traitable que sa fille, et que la soubrette. Cependant Adèle aime son cousin, mais Nouvelles littéraires. 115 elle veut l’éprouver avant de lui céder. Elle lui écrit une lettre au nom d’une dame qui demeure dans un château voisin, et qu’elle sait avoir été une des conquêtes de Césanne. Un instant après, elle feint de se laisser persuader ; elle voit les transports de son amant ; mais il reçoit une lettre , et la quitte sur le champ. Elle ne doute pas que ce ne soit pour courir au prétendu rendez-vous : mais un domes- ” tique rapporte son billet, On apprend alors que le premier étoit un cartel. Césanne irrité contre un jeune fat qui a attaqué la réputation de sa maîtresse, lui avoit proposé un duel , et venoit de recevoir de lui un cartel pour se trouver dans le parc. Le père y court , les sépare, les réconcilie, et donne sa fille à Césanne, qui a prouvé qu’il étoit bien corrigé. On pourroit reprocher au style de cette pièce de l’afféterie et de l’exagération ; mais ne soyons pas plus sévères que le public. L'auteur est le C. LonccHamps. Il doit rendre grace à Fleuri, qui jouoit le role de séducteur , d’une bonne partie des applaudissemens. Tous les acteuré ont contribué à l’ensemble de la pièce. Surtout mesdames Devienne et Mezerai ; messieurs Caumoné et Dazincourt. T.D. THÉATRE LOUFOIS. Le Père d'occasion , comédie en un acte et. en prose. Cette petite comédie jouée, pour la première fois le 5 pluviose ; a eu un plein succès. En vain , quelques H 2 1:06 Nouvelles littéraires. rigoristes ont crié à l’immoralité, au scandale ! Le : public n’a vu dans la piece qu’une étourderie, et. non une noirceur préméditée. IL a ri à plusieurs scènes fort amusantes; applaudi un dialogue serré et plein de traits : enfin, la pièce a été vue avec plaisir, et on y est retourné : que faut-il de plus aux auteurs ? Ils travaillent pour plaire au parterre et non aux journalistes. Ce seroit d’ailleurs une tâche , bien difficile que de composer un ouvrage sur lequel la critique ne pût rien reprendre. Armand est épris des charmes de madame de Roselle. Elle consent à l’épouser ; mais elle exige le consentement de Dubreuil, père d'Armand. Celui- ci qui veut punir son fils d’une conduite un peu légère, ne promet de donner son consentement que lorsqu’Armand aura payé ses créanciers. Il écrit à son fils une lettre fort sévère , et vient lui-même incognito à Paris. Germain, désolé de voir le mariage arrêté , trouve fort pläisant de faire passer M. Richard lé créancier le plus tenace, pour le père de son maître, en lui promettant qu’il sera payé le premier. Richard hésite ; Armand refuse de se prêter à la supercherie; mais l’occasion Juit le larron. La sou- brette a entendu, en passant, quelques mots qui lui font croire que M. Dubreuil est arrivé ; elle court en avertir sa maîtresse. Il naît, de cette situation, uné scène très comique , dans laquelle Richard est toujours prêt à se trahir. Mais ce qui dérange les projets de Germain et d’Armand , c’est l’arrivée du père véritable, qui fait venir tous les créanciers. Richard , qui n’a pas la moindre envie de les payer, Nouvelles littéraires. 117 -imaüdit. son rôle , et se désole bien davantage quand il voit Dubreuil payer les autres, sans vouloir ac- -quitter sa créance. Armand épouse M."° de Roselle, -et.en.est quitte pour une semonce ; on pourrroit desi- -rer qu’on retardât son mariage jusqu’à ce qu'il fût un : peu revenu. de ses folies. Au reste, les auteurs ont écarté tout ce qui pourroit choquer la délicatesse , en n’engageant le jeune homme que presque malgré lui dans cette petite fourberie. Ceux qui ont critiqué -siamèrement le Père d'occasion , n’ont donc jamais vu le Légataire universel et les Etourdis. Ce sont-là -des pièces dont Je fonds est immoral ; mais, je crois qu'en mettant au jour de semblables supercheries, loin de donner aux jeunes gens l’envie de les employer, c’est-en même-temps les en détourner, et mettre les parens en garde contre de pareils traits, Les auteurs sont les CC. Josepx PAIN et VIEeIL- :Larp. Le C. Picard a joué, d’une manière très- comique, le rôle du Père d'occasion. T. D. DHRATRE PF ET DR AD. Ma Tante Aurore, ou le Roman imprompitu. On a joué cet opéra en trois actes, le nivose, 11 offroit quelques longueurs et des scènes de mau- vais goût vers la fin. On l'a rejoué en deux actes, et il a eu un trés-grand succès. Ma tante, Aurore est une vieille folle entêtée de romans. Elle refuse la main de sa nièce à un jeune homme qui a eu la mal-adresse de la lui demandertout bonnement et sans autre formalité, Voyant qu’il faut H 3 vis Nouvelles littéraires: prendre d’autres moyens , on profite de la manie de Ma tante Aurore pour bétir un roman imprompiu. La nièce est enlevée et sauvée au même instant par l'amant qui obtient ainsi accès dans la maison. Ensuite on fait agir les rêves , les pressentimens, la sympathie ; la Tante propose des épreuves : mais leur longueur désole l'amant qui menace de se tuer, et pour rendre la situation plus pathétique, montre un poignard qui lui est bientôt arraché; enfin, pour arrêter les effets de ce violent désespoir, ma Tante Aurore jure solennellement d’unir les deux amans. Le jardinier ramasse alors le poignard, et fait re- marquer que la lame s’enfonce dans le manche. La Tante voit qu’on s’est moqué d’elle, mais on la tient par son serment, et on l’apaise en lui pro- mettant de lui lire tous les romans nouveaux. Ou peut appeler cette piece une Jolie. Mais, quel que soit son titre, c’est un ouvrage fort amusant. Et, comme on aime maintenant la gaieté, je ne doute pas qu’il ne se soutienne longtemps: il est d’ailleurs joué et chanté d’une manière charmante. Mme Gonthier est vraiment unique dans le rôle de ma tante Aurore ; et Martin, qui s’est surpassé dans le rôle de valet , a bien fait valoir la jolie musique de M. Borzpreu. L’auteur des paroles est M. LonNc- CHAMPS , qui peut compter en quinze jours deux bril- lans succès à deux de nos premiers théâtres. C’est ce qui a fait dire, à une actrice du théâtre français , que Longchamp seroit couru cetie année. T.D. Nouvelles littéraires, . 119 THÉATRE DU VAUDEPILLE., Fanchon la vielleuse, comédie en troës actes. Le Vaudeville n’a pas eu, depuis M. Guillaume , un succès égal à celui de Fanchon la vielleuse. On peut dire qu’il y a de l'enthousiasme dans la ma- mière dont le public se porte tous les jours aux représentations de cette pièce. C’est un des trois succès brillans dont ce mois- ci a été témoin ; mais ce succes est bien au dessus des deux autres. On a dit que Fanchon avoit été la petite Ninon du petit siécle qui avoit suivi celui de Lours XIV. Quelques personnes ont cependant accordé à Fanchon une qualité à laquelle Ninon ne prétendoit pas ; la régularité des mœurs. Il paroîtra , sinon impos- sible, du moins bien difficile , qu’une jeune personne jolie , aimable et pauvre, soit parvenue, sans autre ressource que sa vielle, à amasser, en très-peu de temps, une richesse considérable. Cependant, les auteurs de Fanchon nous la présentent ainsi, et le théâtre ne pouvoit l’admettre que sous ce rapport. Nous voyons Fanchon recevant le chevalier de Suinte- Luce , capitaine de chevau - légers , l’abbé de l’Atteignant , Edouard, jeune peintre , sans fortune, qu’elle aime avec une délicatesse toute platonique, et Jacques , son frère , arrivant des montagnes de la Savoie. Nous la voyons entourée de domestiques qu’elle traite avec bonté, et de malheureux qu’elle oblige : enfin, Fanchon est tour-à-tour sensible , généreuse , noble, gaie, et toujours aimable, H 4 r20 Nouvelles litiéraires: Le sujet principal de la pièce est l’amour de Fanchon pour Edouard ; elle le prend pour un jeune artiste sans fortune , et croit qu’il n’a d’autre raison qu’une délicatesse mal-entendue pour ne pas lui pro- poser sa main. Au moment où elle Jui montre un contrat par lequel elle Jui fait présent d’une terre d’un revenu considérable , elle apprend que le pré- tendu Edouard est le colonel de Francarville , neveu de M."° de Gerviliers. Cette dame se présente chez Fanchon , qu’elle traite avec hauteur et dédain, et elle en sort forcée de l’admirer quand elle a vu Vacte que celle-ci lui montre pour se disculper d’avoir séduit son neveu. Edouard, admirant plusieurs traits d’une générosité peu commune , n’écoute plus la voix du préjugé; il accepte le don de Fanchon, et quitte Paris pour aller au fond de la Savoie jouir du sort le plus heureux , avec une femme qu’il estime autant qu’il aime. L’épisode le plus remar- quable est la ridicule passion du tapissier de Fan- chon pour une. jeune innocente, qui lui préfere son petit cousin. Cette jeune lle enlevée par un jeune seigneur, est amenée chez Fanchon par le che- valier de Sainte-Luce , qui se bat méme avec le ravisseur. Le pere de cette jeune innocente, est un épicier , qui, prêt à perdre , par une faillite , sa fortune et son honneur, a reçu, sans savoir de quelle part, une somme avec laquelle il a rétabli son commerce. Il vient chez Fanchon avec son gendre prétendu, réclamer sa fille et ses droïts pater- nels ; quand il apprend que c’est à cette femme géné- reuse qu’il doit les secours qu’il a reçus de son infor- ‘Nouvelles littéraires: NL tune. On conçoit qu’il laisse Fanchon disposer de sa fille en faveur du petit cousin , à qui Sainte-Luce ac- corde une dot, en se chargeant de son avancement. La franche gaieté de l’abbé de lAttaignant , la brus- querie du frère, le sémillant badinage de Sainte- 1 Luce, la délicatesse d’Edouard , et le caractère charmant de Fanchon forment des contrastes on ne peut plus piquans , et devoient procurer à la pièce le grand suceès qu’elle a obtenu. Le rôle de la jolie Vielleuse est joué par madame Henri-Bellemont , d’une manière à lui faire une réputation , si elle ne s'étoit déja assurée la bien- veillance du public dans d’autres rôles difficiles. Henri, Duchaume, Hippolyte, Lenoble, et tous les autres acteurs , ont joué d’une manière satisfaisante ; mais celui que je eiterai particulierement, est Julien , qui, dans le rôle difficile de Sainte-Luce , a joué avec un aplomb et une finesse qui prouvent combien il est vraiment comédien. Les auteurs, MM. PAIN etBovizcr, n’ont pas dû être surpris de ce succès ; ils ne sont pas accoutumés à voir leurs pièces éprouver un sort différent. T.D. La Chambre de Molière. Bluette en un acte, ayant pour but de célébrer l’anniversaire de la naissance de cet excellent co- mique. Un fond extrémement léger, mais des cou- plets très-agréables. Le motif a beaucoup contribué au succes de cette jolie production des CC, BARRÉ, RADET et DESFONTAINES. T. D. LIVRES DIVERS/(1} PUHNY ST'QLDE * EXPosÉ des températures, dans lequel on traite, par aphorismes , des divers états de latmosphère, ei des influences de l'air et des pays sur l’homme , les animaux et les plantes, par M. CHAT ASSIEU D'AUDEBERT, médecin à Versailles. Prix, broché, S fr. Papier vélin , relié en carton , 15 fr. Pa- ris, chez Desenne, libraire, palais du Tribunat; Gabon , libraire , place de l’École de médecines Mme Huzard, libraire ,rue de l'Éperons Théopa. Barrois , libraire , rue Hautefeuille; Fuchs , li- braire, rue des Mathurins; et à Versailles, chez Blaizot , libraire , rue Satory. RAPPORT présenté à la classe des sciences exactes de l'Académie de Turin, le 27 thermidor , sur les expériences galvaniques faites, les 22 et 26 du même mois , sur la tête et le tronc de trois hommes, peu de temps après leur décapitation, par les. CC. Vassazzr-EANDI , Gruzro et Rossr. Turin, an X — 1802. in-4.°. De limprimerie nationale. Le célebre Volta avoit avancé que les organes involontaires comme le cœur, l'estomac, les intes- tins, la vessie, les vaisseaux , sont insensibles à l’ac- tion galvanique; depuis ce temps, plusieurs habiles physiciens, tels que Grapengiesser, Schmuch, Fowler, Humboldt et les savans auteurs de ce mémoire ont reconnu que le fluide galvanique agissoit également sur ces organes. Les auteurs de ce rapport relèvent, à cette occasion , une erreur du C. Sue, qui, dans son histoire du galvanisme , avoit avancé que les physi- (1) Les articles marqués (d’une * sont ceux dont nous donnerons au extrait, ou une notice plus détaillée, Livres divers. 129 ciens italiens, partageoient l'erreur que legalyanisme n’agit que sur les muscles dépendans de la volonté. Ce nouveau mémoire a encore pour objet de dé- truire cette erreur que ces habiles physiciens ont, comme je lai dit, déja combattue. Ils ont fait des expériences curieuses en présence d’un grand nombre de témoins sur des corps décapités, En ar- mant la moelle épinière avec un cylindre de plomb enfoncé dans le canal des vertebres cervicales, et en portant une extrémité d’un arc d’argent sur le cœur, ils ont observé, des contractions visibles et fortes ; et ces contractions redoubloient quand on touchoit le cœur, avant de toucher l’armature ; ils ont obtenu les mêmes effets à l’aide de la pile. Les Commissaires décrivent ici avec soin les piles dont ils ont fait usage , et toutes les circonstances des expériences, dont les résultats sont, qu'ils ont ob- tenu des contractions du cœur , de la poitrine et même des artères qui jusqu'ici ont résisté à tous les stimulans chymiques et mécaniques ; on devra donc au fluide galvanique la connoissance de l'irritabilité des artères. Pour que les expériences réussissent , il faut qu’elles soient faites très- peu de temps après la mort. 40 minutes apres, le cœur ne donne plus de contractions ; les autres organes en ont présenté Jongtemps aprés. À. L. M. ERNST NO FR, E) NL A TC Re EUL ME, ANNALES du Muséum d'histoire naturelle, qua- trième cahier, À Paris, chez les frères Levrault, libraires, quai Malaquais , et à Strasbourg , chez les mêmes; nivose an X1 — 1802. In-4.° de 257 à 332 pages, avec cinq gravures. — Ce quatrième cahier contient : Une notice sur Pindicolite de M. de Danérada. Journal de chymie de Schærer ; T. 1 ,p. 34 et 35. Journal de physique, fructidor an VIII , p. 243, par HArr.— Quelques échantillons de l’indicolite 124 Livres divers. viennent d’être reconnus par M. Tondi , dans la collection des minéraux de Suède , qui sont au Musée d'histoire naturelle. M. Havy à remarqué que cette pierre qui doit son nom à sa teinte bleuâtre s’électrise par la chaleur, propriété qui ne se ren- contre que dans six especes de minéraux, et d’après les autres caractères que ce sayant mivéralogiste dé- crit, l’indicolite n’est qu’une variété de la tourmaline. Mémoire sur le caoutchouc , ou bitume élastique , Fossile du Derbyshire, par FAUI A4s-SAINT-FOND:-— C'est une singularité remarquable que la décou- verte, d’une espéce de caoutchouc absolument sem- blable à celui du Pérou et de la Guiane, faite dans le sein des montagnes du nord de l'Angleterre. M. Mawe , a donné à M. Faujas, quelques échan- tillons de-ce minéral singulier ; il en publie icila description. Cet article-est terminé par une indi- cation des végétaux tous exotiques qui produisent le caoutchouc Description d'une nouvelle espèce de papayer; par DESFONTAINES. — Ce papayer est le papayer Monoïque ( Cürica monoica.) Ce nom indique assez en quoi il diffère essentiellement des autres pa- payers, qui sont Dioiques. Le C. Desfontaines en donne la figure. : Plantes rares qui ont fleuri en l’an dix , dans ‘le Jardin ou dans les serres du Muséum , par DESFON- TAINES. — Ces plantes sont la Centaurée naine ( Centaurea pumila ) ; VAsclepias à feuille de linaire ( Asclepias linaria ) ; VAsclepias du Mexique ( 45s- clepias Mexicana) ; le Cabrillet corymbifere (Eñre- tia corymbifera) ; la première de ces plantes est figurée. Note sur l’écureul capistrate de la Caroline ; par L. Bosc. — Cet écureuil est gris avec une tache noire sur Ja tête; ce qui le sépare de l’écureuil gris (sciurus cinereus ) ; et de lecureuil noir ( seiurus niger ); c’est. un gibier tres-bon et tres -abondant. Le C. Bosc joint à sa description une histoire. de Livres divers. 125 ses mœurs et de ses habitudes. Brown en a fiouré, pl 47, une variété ; mais, avant cette dissertation , : il n’étoit encore qu’im parfaitement connu. Description du vautour de Pondichéry ; par F. M- DAuUDIN.— Ce vautour approche beaucoup du vautour Oricou , de Levaillant ; il a comme lui sur le cou des caroncules latérales, mais elles sont pla- cées au dessous de l’oreille, le C. Daudin en donne Ja figure. Observations sur quelques guëpes ; par P. A. LA- TRETLLE. — Cet habile entomologiste établit d’a- bord que la connoissance des mœurs sert beau- coup à déterminer les especes. C’est d’après cette con- noissance qu’il fait cinq espèces de guépes des deux espèces connues sous le nom de guêpe commune (vespa communis ); et de guêpe françoise ( »espa gallica ) ; il y réunit la guépe du Holstein ( vespa Hofsatica ) ; et il établit deux nouvelles especes, la guêpe frontale (vespa frontalis }; et la guépe diade- mée (vespa diadema) ; il décrit la forme singulière de leur guespier. Description d’une larve et d’une espèce inédite du ‘ genre de Cassides; par P. A. LATREILLE. — On sayvoit que les larves des cassides se couvrent , pour échapper à leurs ennemis, d’une liqueur excrémen- titielle ; mais la larve dont le C. Latreille donne Ja description et la figure, fait prendre à ses excrémens une figure chevelue qui leur donne la forme d’un petit nid renversé. Cette larve a étéenvoyée de Saint- Domingue par le naturaliste Hogard , dont on a àregretter la perte ; elle se trouvoit avec trois espèces de cassides, dont une parut au C. Latreille, celle à laquelle elle appartient. C’est une espèce nouvelle qu’il nomme casside, à quatorze taches ( cessida 14 maculata ) ; et qu’il figure et décrit. Mémoire sur les fossiles des environs de Paris, comprenant la détermination des espèces qui appar- {iennent aux animaux marins sans verièbres , et dont 126 Livres divers. la plupart sont figurés duns la collection de vélins du Muséum, par le C. LAMARCK. Premiermémoire Mollusques testacés, dont on trouve les dépouilles dans les environs de Paris. — Le C. Lamarck donne une description courte et métho- dique de ces fossiles ; il renvoye pour les figures aux numéros des vélins , peints par Maréchal , où ils sont représentés. Précis d’un mémoire du C. LEBLOND, sur l@ culture du poivrier à la Guiane françoise ; par DES- FONTAINES. Description d'une oreille de charrue , offrant le moins de résistance possible | et dont l'exécution est aussi facile que certaine; par M. JTEFFERSON, président des Etats-Unis d'Amérique. Tableau des productions végétales distribuées par le Muséum d'histoire naturelle, pendant les quatre derniers mois de l’an 9, et l’année dernière. A. L. M. Bio: TrANN QUE JARDIN de la Malimaison , par E. P. VENTENAT, de l’Institut national de France, l’un des conser- valeurs de la Bibliothéque du Panthéon. L'ouvrage qui contiendra la description des Plantes du jardin de ja Malmaison (1), paroitra par livrai- (1) Ce jardin est devenu un des plus beaux et des plus intéressans de la république, Le célèbre traducteur des Géorgiqnes l'avoit déja cité avec distinction. ( Voyez Les notes du premier chant du Poème des Jardins ). Madame Bonaparte, qui seconde avec un zèle constant les progrès des sciences et des arts, a surtout contribué à l’enrichir. Sa collection de plantes, par la beauté et la rareté des objets qu'elle com- prend, mérite d’être citée comme une des plus précieuses de l’Europe. Des ordics ont été donnés pour se procurer , dans toutes les parties du globe , les vègétaux qui y croissent spontanément. Encore quel- ques années, et ce bel établissement aura acquis le caractère de gran- deur que doit imprimer tout ce qui l'environne le nom de Bonaparte. Livres divers. 127 sons, Chaque livraison sera composée de six plantes coloriées. La premiere sera publiee dans le courant de pluviose , et les autres successivement de deux en deux mois. Le format de cet ouvrage est grand z2-fo. , sur papier vélin dit nom-de-jésus. Il n’en sera tiré que deux cents exemplaires. Le prix de chaque livraison est de 40 francs. La distribution sera faite d’après l’ordre des souscrip- tions. Les plantes sont peintes par REDOUTÉ , auteur des Liliucées (1). Les artistes les plus habiles concourent à la perfection des figures et à limpression du texte. À Paris, chez l Auteur, à la bibliothéque du Panthéon, et chez Fuch, libraire , rue des Ma- thurins. À Strasbourg, et pour l'Allemagne et le me chez Treuttel et urtz, libraires, grand’rue, D.° 19. MÉDECINE. SYSTÈME physique et moral de la femme , ou Tableau philosophique de la constitution, de l’état crga- nique du tempérament, des mœurs et des fonctions propres au sexe; par P. ROUSSEL, de l’Institut national de France, docteur en médecine de l'Uni- versité de Montpellier ; nouvelle édition , augmentée de l'Éloge historique de l’auteur; parJ. L. ALIBERT, médecin de l'hôpital St.- Louis. À Paris, chez Cra- part, Cuille et Ravier, libraires, rue Pavée St.-Ar- dré, n.° 123 an XI. — 1803. Prix, 4 francs pour Paris, et D fr. franc de port pour les départemens, Cet ouvrage est trop connu pour que nous en donnions une notice; c’est celui qui a assuré la ré- putation de l’auteur; on a beaucoup parlé de cet homme savant et sensible dans les journaux , à l’épo- que de sa mort; mais aucun des éloges dont il a été (x) Suprà, tome IV, p. 542% 128 Livres divers. le sujet, ne commande autant l'intérêt que celui du C. Alibert, qui est joint à cette nouvelle édition. A. L. M. Gurpe pour la conservation de l’homme; contenant Les moyens propres à prolonger sa vie, à le matn- tenir en santé, et à le rétablir en cas de maladie, par des règles simples et faciles : ouvrage pratique, et à la portée de tout le monde , utile surloué | aux jeunes médecins et chirurgiens ; par M. FRIER, docteur en médecine; un volume in-12, de 325 pages. Prix, 2 fr. bo cent.; nouvelle édition , | corrigée , et augmentée d'un Discours préliminaire, dans lequel la médecine est ramenée à cette noble simplicité qui la caractérisoit dès son origine ; d’une Introduction et d'un Traité des Maladies véné- riennes et scorbutiques. À Paris, chez Méquignon Paîné, libraire , rue des Cordeliers, près les Ecoles de chirurgie. À Grenoble, chez les principaux libraires. L'auteur, après avoir développé les abus des- tructeurs de l’espèce humaine, et les moyens d’ÿ obvier rejette de la pratique de l’art de guérir, tous les remèdes dont lusage pourroit devenir fu- neste au salut du malade, et n’admet qu’un petit pombre de remèdes simples, ceux dont l’expérience a prouvé l'efficacité, et cela lorsqu'ils sont bien indiqués, Détruire les erreurs vulgaires, les abus, Îles sy- stèmes, rendre Part de guérir, plus simple , plus court, plus salutaire et plus conforme aux lumières de la saine raison, telles sont les vues dans lesquelles cet ouvrage a été publié. L'auteur a tracé dans cet ouvrage la marche que doit tenir l’homme , selon l’âge , le sexe , le tempéra= ment, le climat qu'il habite, et généralement la conduite qu’il doit suivre depuis sa naissance jusqu'à la vieillesse la plus reculée. 1 indique des moyens simples et faciles, propres à prévenir les maladies, ? tant Livres divers. 129 tant aiguës que chroniques, ainsi que la manière de les traiter. 11 a enfin recueilli, tant de ses observations que de celles des autres, tout ce qu’il a trouvé de plus important et de plus sûr dans l’art de conserver la vie aux hommes. Ce livre peut être regardé comme le manuel de ceux qui chérissent leur santé, et travaillent à conserver celle des autres ; tels sont les hommes voués à l’art de guérir ; les maires , les curés des campagnes. 11 peut aider à satisfaire aux vœux des ames sensibles, touchées du sort des malheu- reux en proie à la maladie, à la douleur et à l’in- firmité, AGRICULTURE. LA richesse des Cu'tivateurs, où Dialogues entre Benjamin Juchère et Rivhard Trèfle, laboureurs , sur la culture du trèfle, de la luzerne et du sain- Join ; traduits et commentés de Pallemand, par le C. BARBÉ-MARBOIS , minisire du trésor public ; ouvrage servant de manuel aux cultivaleurs des deux rives du Rhin. À Paris, chez 4.J. Marchant, imprimeur du Muséum d’Histoire naturelle, et libraire pour l’agriculture, rue des Grands - Au- gustins, n.° 12. An XI. — 1803. 2 volumes in-8.° d'environ 200 pages. Prix, 2 fr, et 2 fr. 75 cen- times par la poste. Le but de cet onvrage est de démontrer l’avantage des prairies artificielles, et d’indiquer la meilleure manière de les établir. JURISPRUDENCE. TABLEAU historique de la Jurisprudence romaine , depuis la fondation de Rome, jusqu'au XVIII.® siécle; par Gouron, ( de la Somme }, ancien jurisconsulte. 396 pages in-12 Prix, 2 francs 5o centimes, et 3fr. 50 cent. franc de port. Paris, Tome F. I 130 Livres divers. chez Goujon fils, imprimeur-libraire, rue Ta- -ranne, n.°737. On a une histoire du droit romain par Terrasson , qui contient d’excellentes choses, mais qui forme un volume in - folio, et qui par conséquent est trop étendue pour un.ouvrage qui n’est destiné qu’a servir à une étude préliminaire. C’est dans l’intention d’être utile aux jeunes gens qui se vouent de bonne heure à l’étude du droit que le C. Goujon a com- posé ce tableau historique , dans lequel Terras- son a été son principal guide. l’auteur considère la Jurisprudence romaine sous quatre époques : 1° depuis la fondation de Rome, jusqu’à l'abolition de la royauté; 2.° pendant la durée de la républi- que, jusqu’à la bataille d’Actium ; 3.° sous les Em- pereurs, depuis Auguste, jusqu’à la fin de l'empire en Orient, au IV.° siécle de l’ère chrétienne, l’ère de Rome étant alors entièrement éteinte ; 4° depuis : Justinien, jusqu’à nos jours, sous le rapport, quant à la France, de l’autorité acquise au droit romain, soit comme /oz, à l’égard de certaines provinces; soit, partout, comme raison écrite. Cet opuscule pourra; non -seulement être utile aux Jeunes gens qui s'appliquent à l’étude du droit, mais intéresser encore les personnes qui , Sans être Jurisconsultes , desirent avoir une idée générale de lhistoire de la Jurisprüdence romaine. Annales de Législation et Jurisprudence. L'Université de Jurisprudence a réuni dans un volume de 359 pages, caractères petit-romain , qui paroïtra tous les mois, sous le nom d’Arnales de Législation et de Jurisprudence , les ouvrages qui avoient-été annoncés par Îles programmes. Cet ou- vrage qui $e divisera en principes de législation, en theorie de la jurisprudence et de léloquence du barreau et en jurisprudence positive, lui assure un suceès digne de l'établissement qui va le faire 4 Livres divers. 131 paroître. MM. Monilosier, Lacretelle ainé, Geoffroy, Morand, Michel Agresty, Bexon, Peuchet , Pigeau, Sirey, Xavier Agresty et Pierret, chargés de la ré- daction, suffisent pour assurer son succes. On s’abonne à l’Université, rue de Vendôme, à l’ancienne Intendance. V OY AGE S. VorAGE en Islande, fuit par ordre de sa majesté da- noise ; contenant des observations sur les mœurs ét Les usages des habitans ; une description des lacs, rivières , glaciers , sources chaudes et volcans ; des diverses espèces de terres, pierres , fossiles et pétri- fications d'animaux , poissons et insectes, etc. : avec un atlus; traduit du danois par GAUTHIER de la Peyronie , traducteur des J’oyages de Pallas ; 5 vol.in-8°.Prix , 42 francs. À Paris, chez Levrault, libraire , quai Malaquais. Ce voyage a l’exactitude et lasécheresse d’un journal; des savans choisis furent chargés par leur souve- rain, de parcourir une région peu Connue par ceux qui y regnoient, et peu favorisée de la nature. Ils s’occupèrent de leur mission en l’année 1752, et Ja continuèrent les années suivantes; ils commen- cèrent par la partie du sud, et toutes les observa- tions qu’ils y firert, soit sur la nature et ses pro- ductions , soit sur Île caractère et l’industrie des babitans , ressemblent à tout ce qu’on peut dire sur les parties du nord, de l’est et de l’ouest. Ce ne fut qu'avec des peines inouies , et des dangers toujours renaisssans , qu'ils parcoururent des montagnes jus- qu'alors inconnues à l’homme , qu’ils traversèrent des fleuves que leur largeur et leur rapidité rendoiïent périlleux , qu'ils atteigoirent des glaciers redoutables par leur mobilité; qu’ils bravèrent les tempêtes, et toute l’a reté d’un climat dont rien n’adoucit la rigueur. Il ny a que l’ardeur de s'instruire, et le courage du succès qui ayent pu leur donner I 2 132 Livres divers. cette persévérance, qui pendant cinq années leur ä enfin fait connoître toute cette contrée, districts par districts, cantons par cantons, lieues par lieues. Rien n’a été négligé, montagnes, vallées, ports , golfes, îles, volcans, fleuves, rivières, lacs, oiseaux, quadrupèdes, poissons , sol, culture, pêches , miné- raux , fossiles, pétrifications, singularités naturelles, température, météores, feux souterrains, bois, fo- rêts, antiquités, usages , COmmerce, mœurs, arts mécaniques, religion, loix; rien n’a échappé à la scrupuleuse exactitude de ces observateurs. On lit dans le 5.° volume, la description d’un voyage au Mont-Hekla, où on r’arrive qu’à travers des masses de pierre -ponce, des collines de lave , des brèches et des fissures, qu’on ne franchit pas sans danger. On connoît ce volcan et l’époque de ces différentes éruptions depuis l’an 1004, que l’Islande commença à se peupler; mais il ÿ a de fortes probabilités que cette montagne a eu des éruptions longtemps avant que celte contrée eût été habitée. L'opinion accré- ditée par plusieurs naturalistes, de la connexion, se- crète qu’il ya entre l’Etna en Sicile et l” Hek/a, attribuée à l’uniformité de leur éruption aux mêmes époques, pe peut obtenir une certaine preuve de probabilité; mais on ne peut révoquer en doute qu'il n’y aitune espèce de sympathie entre l’Hekla et les autres vol- cans, même‘les plus éloignés qu’on trouve dans les diverses parties de l’Islande. On doit apprécier les travaux des savans Danois, en raison des peines ét des obstacles qu’ils rencontrérent dans un voyage aussi long et aussi pénible, dans un pays aussi ri- goureusement traité par la nature; l'histoire natu- relle y a acquis quelque richesse,quoitqu’on s’aperçoive queles voyageurs n’avoient pastoutesles connoissances nécessaires pour les éclairer sur toutes les matières qu’ils traitent. Le gouvernement danois a dû y trou- ver des renseignemens utiles à ses vues ; mais on ne peut croire que les détails qu’on lit dans ce voyage, puissent tenter la curiosité des savans étrangers. À. J, D. E. Livres divers, 133 Hors TIOUTUR'E. ATLAS historique et géographique ; par M, À. LESAGE. Seconde liraison. Cette livraison contient : Tubleau général de l’histoire universelle ancienne, donnant un moyen sûr et facile de classer et d’étu- dier avec fruit, tous les temps écoulés depuis la création du monde, jusqu’à Jésus-Christ. Tableau général de l'Histoire moderne, etc., fai- sant la suite du précédent, depuis Jésus-Christ, jusqu’à nos jours. »* Carte. généalogique de Savoie, avec les branches détaillées de Nemours, de Carignan, etc. ; le tableau des révolutions de Naples et Sicile; notice de tous les états d'Italie, situés entre Naples et le Piémont ; composition et constitution de la république i'a- lienne; généalogie des Médicis, etc. etc. Géographie physique et politique d'Italie; ses di- visions actuelles; campagnes de Bonaparte en 1796, de Championuet et Macdonald en 1798, et de Suwa- row en 1799, tracées sur la carte; et racontées à la marge , ainsi qu'un tableau des plus célebres p‘intres d'Italie ; fleur manière, leurs chef d’ _uvres, et le lieu où ils se trouvent; de même pour les plus célèbres antiques, les poètes, écrivains, etc. Voyez ce que nous avons déja dit de cette utile en- treprise , en publiant le prospectus de l’auteur, en annoncant sa premiere livraison. Le prix de chaque livraison, contenant quatre tableaux, dont deux généalogiques , et deux géogra- phiques, est de 1Q francs en papier ordinaire, et 15 fr. en papier fin. En prenant la premiere livrai- son, l’on s’oblige pour les suivantes, excepté pour les cartes que l’on a indiquées comme pouvant être prises séparément. L’ouvrage sera composé de huit livraisons. 1353 134 Livres divers. On souscrit, à Paris, chez l’auteur, rue St.-Flo- rentin, n.° 6; P. DiboT l'aîné, imprimeur , aux galeries du Louvre, n.° 3. H1sTorrE de Charles XIT, roi de Suède; par VoLrTAIRE, édition stéréotype , d’après le pro- cédé de Firmin Didot. À Paris, chez P. Didot l'aîné, imprimeur, aux galeries du Palais des Sciences et Arts, n.° 3; et chez Firmin Didot, : Jibraire, rue de Thionville, n.° 1850. Les prix de ce volume in-18, en feuille, est : en papier ordinaire , 75 centimes ; papier fin, r fr. 25 cent.; papier vélin, 3 fr.; grand papier vélin, 4 francs 5o cent. An XI.— 1003. Mœurs des Israélites et des Chrétiens; par Y'abbé FLzEURr, nouvelle édition revue avec soin, aug- mentée de plusieurs tables, et d’une Notice sur la vie de l’auteur , ainsi que sur ses ouvrages, et de son portrait; 3 volumesin-12, papier ordinaire, 5 fr.; papier fin, portrait, 9 fr.; papier vélin, portrait avant la lettre, 12 fr. ; portrait seul, 1 fr. A Paris, chez Goujon, fils, imprimeur - libraire, rue Taranne, n.° 737. . Cette édition d’un livre essentiellement utile, est très-agréable et très-soignée. Nous aurions desiré que l'éditeur eût consulté quelques ouvrages plus mo- dernes sur le même sujet, parmi lesquels nous cite- rons principalement, les Antiquités hébraiques, de Brunning ; celles de M. Baver , l’excellent ouvrage de M. Muller, sur les mœurs du règne de Théodose, il : auroit rectifié quelques passages de son'auteur , mais il n’a voulu que reproduire textuellement un ouvrage qui a recu, à juste titre, Papprobation publique, et il l’a fait avec fidélité et élégance. Le troisieme vo- lume est terminé par une table des matières très utile pour un ouvrage qui contient tant de faits. Cette édition fait honneur aux presses du C. Gou- jon , auxquelles on doit déja plusieurs belles éditions. A. L. M. . Livres divers. 135 ANNAT TO, UIIT ES. CHorx de costumes civils et militaires des peuples de l'antiquité, leurs instrumens de musique, leurs meubles et leurs décorations intérieures de leurs maisons, d'après les monumens antiques; avec un texte tiré des anciens auteurs, dessiné, gravé éé redigé par N. X. WILLEMIN. 12.° livraison. Cet ouvrage, petit in-folio , composé de 150 plan- ches environ, est divisé en trois parties, il traite des habitans de l’Aftique, de l’Asie et de PEurope, en commencant par les Ægyptiens, et en finissant par les Français. [l paroit tous les deux mois une Jivraison de 6 planches, imprimées sur papier grand raisin véiin de Buges, caractères de Didot, dont le prix est de 9 fr.; il en a été tiré un petit nom- bre d'exemplaires avant la lettre et sur papier lis superfin vélin. On souscrit, à Paris, chez l’auteur , seul proprié- taire de l’ouvrage , au Musée des monumens francois, rue des Petits-Augustins, faubourg-S.-Germain; et chez les libraires Lesrault, ete. Cette livraison est composée de 6 planches; on y trouve des casques grecs, à une et trois aigrettes, on y voit des Hoplites, soldats Grecs, pesamment armés ; un Psile, soldat grec légèrement armé; un “Capitaine gréc, couvert d’une armure complète ; ‘des casques grecs, des harnoiïs de chevaux grecs , ornés de phalères, et un char grec. L'PPUE ÉRA TURE CRE CQUE, FRANOrsCI VicEnt , Rotomagensis, de præcipuis græsæ dictionnis idiotismis libèr, cum animadver- sionibus , Henrici Horgèveent, et Joannis Carôli .* Zeunii', edidit et annotationés addidit Godofrédus HERMANNUS. Eipsiæ , sumplibus Gaspari Fritschii 1802, in -8.°, 1 vol. C'est-à-dire, Traité des principaux idiotismes de la langue pm par 4 136 Livres divers. * Francois VIGIER (jésuite) de Rouen ,elc. Leïpsic, 1802, in-8.°, 1 vol., 818 pages, sans les tables et les préfaces. Ce Traité, utile aux amateurs de la littérature grecque, parut, pour la première fois, à Paris, en 1632 , iu-12. [l en a été publié, tant à Leide qu’à Leipsic, plusieurs éditions, enrichies d’une multi- tude d’additions et de notes critiques. Sous le double point de vue de ces deux avantages, celle-ci l’em- porte encore sur les précédentes. Le dernier éditeur, M. HERMANN , desire, avec raison , que l'ouvrage, noyé maintenant dans les commentaires, soit refondu en entier sur un meilleur plan. Nous croyons que personne n’est plus en état que lui de former ce plan , et de lexécuter avec un heureux succès. ES: Po É sx E. La GASTRONOMIE, ou l’Homme des Champs à Tüuble , pour servir de surte à Homme-des-Champs; par J DELILLE, Seconde édition , revue et augmentée , avec figure. À Paris, chez Giguet et Michaut , imprimeurs- libraires, rue des Bons- Enfans , n.°6, x vol. in-18, élégamment imprimé, Prix, 2 fr. et 2 fr, 5o ceut. par la poste. L’avertissement , qui précède cette nouvelle édi- tion, nous a paru donner une juste idée de la manière et du ton de l’ouvrage. « Il est bien difficile, dit « l’auteur, de ne pas faire des mécontens, quand « on entreprend de donner à diner au public, quel- « ques personnes ont trouvé mon repas trop long, « et quelques autres l’ont trouvé trop court. J'ai « songé seulement à contenter ces dernières ; car, « les premières étant maîtresses de s’arrêter au pre- « mier service , et même de n’en pas tâter du tout, « j'ai donc augmenté mon dîner de plusieurs plats nou- « veaux que j’ai tâché d’accommoder de mon mieux ; « j'ai consulté les meilleurs cuisiniers, les artistes Livres divers. 137 « les plus distingués ; j’ai dîné chez V’eri, chez « Rose, chez les frères Provencaux et autres, avec «“ des amateurs, des beaux esprits qui m’ont aidé de « leurs lumières, et avec qui je me suis enivré pour « me perfectionner dans mon art. Dureste, j’ai lieu “ de me féliciter de ce qu’un grand nombre de per- « sonnes a bien voulu s’asseoir à ma table et y prendre « quelque plaisir ; je vois avec satisfaction que si on “ peut accuser la foiblesse de mon talent , on a du «“ moins une trés-grande estime pour la matière que «j'ai traitée. » Ce poème est en quatre chants eten vers alexan- drins, le premier est consacré-à décrire la cuisine des anciens ; les Grecs, les Romains ve sont point ou- bliés, le luxe de Lucullus, les découvertes d’Api- cius , les prodigalités de Jules- César et de Vitel- ius ; les repas somptueux que donnoit Caligula à son cheval. L’appétit de Géta, etc. Dans les trois autres chants le poète revient à la cuisine moderne, et compose son dîner d’un premier, d’un second service, et du.dessert; mais il n’a point recours aux procédés chymiques, aux mets déguisés des Api- cius de nos jours ; 1] se contente de laloyau , de la poularde au gros sel, de la tourte au gaudivau, du gigot à l’eau; son repas est un peu bourgeois , mais 1] en est plus sain. Il se plaint des diners qui ont pris la place du souper. L’estomac en gémit par un abus coupable , Les soupers sont proscrits : on déserte la table, On ne vit qu’à demi, Laissez ce procédé À celui qui, réduit au #fers consolidé, Couché sur le grand livre qn tristes caractères , Se soumet par prudence À des jeûnes austéres. . .. Qu’ä midi tousles jours une cloche argentine N Vous appelle au banquet que Comus vous destine... Qu'entends-je ! tout Paris contre moi soulevé, Me renvoie au village où je fus élevé. . .. Ah! j'y sauraibraver un dédain qui m’honore; J'y vole, et j'ai dîné quand Paris dort encore. 198 Livres divers. Ce poème est versifié avec facilité , on y ren- contre quelques négligences, mais la matiere qu’on y traite les excuse. On aime à être au nombre.des convives à un repas ou règne la gaieté, la bonho- mie, une chair sans recherche, une nourriture sans danger. A.J. D.B. La LrRE d'Anacréon, rédigée par CHAZET , conte- nant un choix de romances, vaudevilles, rondes de table , el ariettes des pièces de théâtre les plus nouvelles ét les meilleures, dont tous les airs sont notés à la fin de ve recuerl. Prix, 2 fr. pour Pa- ris , et 2 fr. 6o cent. pour les départemens. A Paris, chez Favre, libraire , palais du Tribunat, galeries de boïs , n.° 220 , aux neuf Muses , et à son magasin, rue Traversiere, Saint - Honoré , n.° 840, vis-à-vis celle Langlade. | ALMANACH des Dames pour l’an xT. — 1803; avec figures. À Turingue, chez J. G. Cotta; et à Paris, chez Fuchs ,rue des Mathurins ; Levrault,, quai Malaquais ; Henrichs | rue de la Loi, n° }1232) tj | Petit recueil fort agréable ; ayant pour épigraphe ce vers de. La Fontaine : Diversité, c’est ma devise. Les noms de M.me de Genis, M." Pipelet, Lebrun, Vigée, Ducis, Collin d'Harleville, Hoffmann , Saint- Lambert, ne peuvent donner qu’une idée tres-favo- rable du choix des morceaux qu’il renferme. Il est très-bien imprimé, et orné de sept jolies gravures, d’après des tableaux du Muséum. T. D. Romans. LE BARON DE FLEMING , ou la Manie des titres, traduction libre de lallemand d Auguste Lafon- taine , par Mine DE CERENFILLE, traducteur de Walther de Montbarrey. 3 vol. in-r23 prix 5 fr. et 6 fr. 75 centifranc de port chez Debray, hbraire , place duMuséum, n° o4: Livres divers. 139 HYrSTOTRE d'un Ane ; par | Athénëée de Montmartre ? dédiée à‘ tous les ânes de la France. x vol. in-127 … fig. Prix, 1 fr. 80 cent., et 2 fr. 25 cent., franc de port. Paris, chez tous les marchands de nou- veautés. 4 MÉLANGE. LeTrres inédites de Voltaire à Frédéric-le-Grand , roi de Prusse, publiées sur les originaux. x vol. in-8.° À Paris, chez De/ulain le jeune, libraire, quai des Augustins, n° 34. Edition in-8.° x1x et 230 pag. Prix, 3 fr. et 3 fr. 75 cent, france de port ; édit. in-12 de x et 195 pag. Prix, 1 fr.75 c. et 2 fr. 25 cent. par la poste. Ces lettres ont été envoyées de Weimar à M. Bast, secrétaire de la légation de Hesse-Darmstadt, à Pa- ris. M. Boissonade , qui s’est chargé de les faire con- noitre au public, avoue qu’il ignore comment et où ces lettres se sont trouvées; mais il ne doute point de leur authenticité, d’après la certitude que des hommes de lettres connus, qui avoient été en rela- tion avec Voltaire , lui en ont donnée , et d’après la confrontation qu'il en a faite avec d’autres lettres autographes éconservées à la Bibliothéque natio- nale. « On retrouve d’ailleurs dans ces lettres , “ dit M. Boissonade, le style bién connu de leur auteur, et cette preuve de leur authenticité ne « sera pas la moins forte; car, si l’on m’opposoit “ que l’on a pu contrefaire la main de M. de Vol- taire, assurément on ne supposera pas qu’il ait été “ aussi facile d’imiter son style.» Et oui! on ne peut pas s’y méprendre, on ne peut pas y méconnoitre plus surement encore le cachet de Voltaire. On trouve dans l'édition de Kehl plusieurs lettres mutilées et inexactes qui sont réimprimées dans ce vo ume avec des additions considérables qu’offroit le mauuscrit : l'auteur a été exact à mettre en notes 140 . Livres divers: les variantes que présentoit le texte imprimé colla- tionné avec le texte original: Plusieurs de ces lettres étoient sans date ou en avoient de fausses, M. Boissonade a cherché , autant qu'il lui a été possible, à placer chaque lettre à sa vé- ritable époque. Le proces avec le juif Hirschel, la mort du comte de Rothembouræ; la thèse de l'abbé de Prades , affaire de l’Ækakia , et d’autres faits con- nus, l’ont guidé. Malgré tous les soins qu’il s’est donné, il a été forcé d’en laisser plusieurs sans date et simplement dans l’ordre où il les a trouvées dans le manuscrit. Cette correspandance de la vanité embrasse six ou sept années, depuis 1746 jusqu’en 1753. Les 18 va- lames de celle de l’édition de Kehl n’empécheront pas de lire ce volume avec plaisir. A. J. D. B. BEAUX-ARTS. MÉNALES pittoresques et historiques des Paysa- gistes , dédiées à madame Bonaparte. Collection de gravures au trait et à l’acqua-tinta, d’après les meilleurs ouvrages connus ow inédits des peintres pay sagistes, anciens et modernes , de tous lespays, renfermés non-seulement dans les différens musées, , galerie et établissemens nationaux , mais encore” dans les cabinets les plus célèbres des particuliers, soit en France, soit chez l Etranger ; accompagnées de notes historiques et critiques sur la vie des peintres, le mérite de leurs ouvrages et les prin- cipes de Part; par BACLER DALBE , peintre e& chef des ingénieurs géographes attachés au Dépôt génera!l de la guerre. Il paroiît, au commencement de chaque mois, à compter de nivose an onze (janvier 1803), un numéro de cet ouvrage , format in-4°. Chaque numéro renferme six estampes et un certain nombre de pages de texte. Le prix de l’abonnement est de +2 franes pour Livres divers. 141 trois mois, 24 francs. pour six mois, et 48 francs pour un an. Les exemplaires sur papier vélin superfin ( pre- mières épreuves), se payeront 24 francs pour trois mois, 48 fr. pour six mois, et 06 fr. pour un an. Les souscripteurs des départemens ajouteront un franc par trimestre pour les frais de port (Il faut affranchir les lettres et l’argent ). On souscrit à Paris, chez L'AUTEUR, rue des Moulins , n.° 542, au coin de celle Thérèse ; LEBLANC, imprimeur-libraire, place et maison abbatiale Saint-Germain-des-Prés, n.° 1121; et chez les principaux libraires et marchands d’es- tampes de l’Europe. Le genie du paysage est sans doute un de ceux qui, dans la peinture, offrent le plus d’attraits ; celui peut-être qui, dans tous les temps et daus tous les pays , a trouvé le plus d'amateurs : en effet, il n’en est aucun qui soit plüs varié et qui offre à la fois tant de richesses. : On s’est plaint assez généralement jusqu’à ce jour, qu'il manquoit à l’étude du paysage un ou- vrage qui pût diriger la marche des jeunes artistes, et éclairer leur goût et celui même de beaucoup d'amateurs, Dans la plupart des arts d'imitation, tels que la peinture, les préceptes écrits ne sont pas toujours ceux qui donnent le plus de facilité; un coup de crayon , une légère esquisse suffisent souvent pour démontrer ‘parfaitement ce que l’art de l’écri- vain didactique laisse à peine entrevoir. C’est en consultant beaucoup les ouvrages des grands maîtres, c’est en se rendant compte de leur maniere de voir et de sentir, qu'on prend l’idée du beau et que le goût s’épure. Il n’est pas toujours facile aux jeunes artistes, ni même aux amateurs, de se procurer la vue des bons ouvrages ; dans les départemens surtout, les beaux tableaux sont rares, les collections de gra- vures dispendieuses , et presque toujours incom- plètes, 142 Livres divers. L'auteur à cru utile d'offrir aux yeux, à l’aide de la gravure, la pensée pour ainsi dire:des grands maitres ; un choix réfléchi , fait parmi les meilleurs ouvrages des paysagistes anciens, ét même.contem- porains, de toutes les écoles, doit former une col- lection aussi intéressante que variée; des notes historiques sur la vie et les productions des auteurs, des observations sur leur manière, quelques pré= ceptes déduits des ouvrages mêmes les plus estimés, peuvent achever de la rendre utile, et d’en faire une espece de recueil classique pour les nombreux amis de la peinture. | L’auteur a divisé les différens genres de paysages en trois classes distinctes ; 1.° le paysage héroïque ; 2.° le paysage gracieux ; 3.° le paysage naïf. Il n’a pu mieux les caractériser qu’en plaçant, dans le premier numéro des MÉNALES PITTORESQUES, deux tableaux de N. Poussin, deux de Berghem et deux de P. Potter. La gravure au trait et à l’acqua - 1inta conserve les formes, en même temps qu’elle donne une idée plus exacte des effets. On a dû l’employer de pré- férence après l’avoir perfectionnée | de manière à 4 P ; la rendre très-solide à l'impression ; ce qui a donné } la facilité de mettre à l’ouvrage un prix très - mo- 8 P déré , qui remplit mieux le but de l’auteur , celui d’être utile au plus grand nombre. Les plus beaux paysages du Muséum fourniront, dans chaque cahier, les sujets de quelques gravu- res; ces Cahiers seront complétés par ceux qu'offri- ront les plus bellescompositions gravées, et surtout les tableaux inédits parmi les plus'célèbres répandus en Europe , et dont l’auteur se procurera des des- sins exacts ; il y joindra les ouvrages des artistes contemporains : cet arrangement , en permettant la comparaison et la discussion , évitera la monotonie ét satisfera tous les goûts. Une table alphabétique et chronologique , placée chaque année à la fin du volume , rendra la recherche aisée ; chacun aura en Livres divers. 143 outre la facilité de faire relier les estampes dans tel ordre qui lui conviendra le mieux. Nous avons sous les yeux le premier cahier de cette intéressante entreprise , les gravures sont fort agréables , et donnent une idée suffisante des sujets qu’elles représentent. Les six tableaux que l’auteur . ya gravés sont 1.° dans le genre historique, celui de N. Poussin, placé au Muséum, n.° 76, qui représente Diogène jetant son écuelle. — Polypheme jouant de Ja flûte; 2° dans le genre gracieux, deux paysages de Berghem; l’un tiré du Muséum, n.° 180; l’autre ornant le cabinet de M. de Choiseul; 3.° dans le genre naïf, le magnifique taureau de Paul Potter, tiré du Muséum, n.° 446 ; et les baigneurs, égale- ment au Muséum, n.° 448. Les descriptions sont précises, justes et bien faites. Cette collection sera très-agréable pour les ama- teurs des arts. Si nous approuvons le sujet de l’ouvrage , son plan et son exécution ; nous ne pouvons louer de même sa dénomination. L'auteur voyant qu’il man- quait dans notre langue un mot qui exprimât l’idée d’un ouvrage qui paroît tous les mois, a composé celui-ci qu'il dérive du mot grec #», qui signifie en effet mois ; et il a pensé qu’on pouvoit dire menales comme on dit journal et annales. Il s’est trompé, et, voyant que ce mot ne se trouve ni dans les lan- gues anciennes, ni dans les langues modernes , il auroit dû , au lieu d’enfanter un véritable barba- risme, se Contenter d’un nom pris dans la nature de son travail. A. L. M. ARCHITECTURE CIVILE; Maisons de ville et de campagne , de toutes formes et de tous genres, projelées pour étre construites. sur des terreins de différentes grandeurs ; ouvrage utile à tous con- Structeurs et entrepreneurs , et à toutes personnes qui , ayant quelques connoissances en construction , veulent elles-mêmes diriger leurs bâtimens ; par L. A. DUBUT, architecte et pensionnaire du Gouver- 144 Livres divers. nement ; à l'Ecole françoise des Beaux-Arts à Rome. Ces livraisons contiennent les plans d’un corps- de-logis principal d’une petite maison de campagne ; — de deux maisons réunies en une seule, par une cour entourée de portiques, formant terrasse au premier étage; — d’une maison ayant quatre corps de-logis distincts convenables à quatre amis, ou à une fa- mille réunie ; — d’une petite maison de campagne entre cour et jardin, destinée à servir de retraite à un simple particulier ; — d’une maison de ville et de campagne, ayant le principal corps-de-logis entouré de portiques ; — d’une maison de campagne; — d’une maison pour un savant. GRAVURES. PORTRAIT du consul Cambacérès, gravé en couleur par LEVACHER , d’après le tableau original de Devouge. Au bas est un sujet représentant lucte constitutif qui nomme le consulat à vie ; gravé à l’eau forte par DUPLESSI-SERTEAUX, Puix, 9 fr. aisant pendant au portrutt de Bonaparte, gravé aussi en couleur par le même. On trouve chez le même auteur le portrait de Bonaparte, en noir; prix, 3 fr. Le portrait de M.me Recamier; prix, 2 francs; et une collection en petit format des généraux, gravée en couleur ; le tout parle même: se vend à Monceaux près Paris, chez Lesacher ; et à Paris, chiz 7’/gain, marchand d'estampes, grande Cour du Palais du Tribunat, n.° 20. & Pémpée. Table des Articles contenus dans ce Numéro. ASTRONOMIE. Histoire de l’Astronomie , en l’an x.—1802 , lu à V'Athénée de Pa- = xs, le 50 décembre, par Jérôme : de Lalande. 7 LITTÉRATURE ORFENTALE. Tnscriptionis Phæœniciæ Oxo- niensis nova interprefatio auctore J, D. Akerblad.: 57 PAL&ÆwOGRArHIR Fragment d'une Lettre de J. B. G, Ansse de Villoison, au C. Millin, sw l'inscription grec-} que de la prétendue colonne de 55 CAnTrQUrTÉS. Monumens antiques , inédits ou nouvellement expliqués; par le C. Millèn. Tome L, LV.e livrai- son. 3 60 WARLÉTÉS,NOUVELLESETCOR- RESPONDANCE LITTÉR AIRES. SOCIÉTÉS LITTÉRAIRES. Panrzxs. Institut national. Notice des travaux de la classe des sciences morales er politiques, ‘pendant le premier trimestre dé lan xr; par le C. Daunou, 70 L'Institut national divisé en quatre classes, ir ï ; 97 + Nominations à l’Institut. 10 ‘ Arts. 106 NouveLLes ÉTRANGÈRES, Nouvelles de Prusse. 107 Nouvelles ‘de Peking. 108 Nouvelles de l’Electorat d'Hanovre, ROUE 109 Nécrologie. ait THÉATRES. Le Séducteur amoureux, ou Onne veut pas le croire. 114 Le Père d'occasion. 115 Ma Tante Aurore, oz le Roman impromplu, 117 Fanchon la vielleuse. 119 La Chambre de Mohère, 124 LIVRES DIVERS. Physique, Exposé des températures, dans le- quel on traite, par aphorismes, es divers érats de l'atmosphère, et des influences de l'air et des pays sur l’homme, les animaux et les plantes ; par M. Chavas- Sie | 122 Rapport présenté à la classe des sciences exactes de l'Académie à de Türir, le 27 thermidor, sur les expériences galreniques , fai- ? t tes sur la tête et le tronc de trois hommes, peu de temps après leur ‘décapitation, par les CC. Vassali-Eandi, Giulio et Rossi. ra Tbid. : Histoire naturelle. Annales du Mustum d'histoire na- - turelle; quatrième cahier. 123 Botanique. Jardin. de Malmaison ; par E, P. Ventenat. 25 Médecine. Système physique et moral de la femme; par P. Roussel. © 127 ’ Guide pour la conservation de. . l’homme; par M. Frier. 128 Agriculture, La richesse des Cultivateurs; par le C. Barbé-Marboïs. 129 Jurisprudence. Tableau historique de la Jurispru- dence romaine, depuis la fonda-}La Lyre d’Anacréon, rédigée par +4 tion de Rome jusqu’au XVIIL.e siècle; par Gouon (de la Som- me ). Ibid, Annales de Lépislation et de Juris- prudence. 150 Voyages: Voyage en Islande, fait par ordre e S. M. danoise, traduit du da- noïis par Gaurier , de la Péyro- ie, + î 131 Histoire. , | Aûas historique et géographique ; par M. À. Lesage 2.e livr. 158 Histoire de Charles XII , roi de Suède ; par Fofraire. Edition stéréotype: 134 Mæœurs des Israélites et des Chré- tiens ;,par l'abbé Fleury. bia. | + Antiquités. Choix de costumes civils er laires des peuples de l'antiquité ; { dessiné , gravé et-rédigé par N.! X. Fillemin. 12e livras. 155 | 4 Littérature grecque À Traité des principaux. idiorismes de. D la lañgue grecque ; par François, Vigier (jésuite) de Rouen. 155 4 Poésie. ‘La Gastronomie, ou J'Hommé des | £ ÿ champs ä table, par J, Delille. 30 196 Chagel: ” 158. Alinanach des Dames , pour l’an xt. —1805.. , 4 . Romans. Le baron de Fleming, ox la Manie des titres, traduction libre de l’al= lerand d'Auguste Lafontaine ; par madame de Cerenville. 1b, Histoire d’un Ane, par l’Athénée de Montmartre ; dédiée à tous les. ânes de la France. Mélanges. | Léttres inédites-de Voltaire à Fré- déric-le-Grand,, roi de Prusse | . publiées sur les originaux, Zbid. + Beaux- Aris, Ménales pittoresques et historiques. des Paysagistes; parle C. Pacler (M LAS A ARE Dalbe. Architecture civile; par Je C. Du- but. : 143 Gravure. . Portrait du consul’ Camb: cérès ,. graxé Vh couleur er Leva*, cher. \ w . } L : 4e A V Ceux qui desirent faire annoncer leurs ouvrages dans quelques-uns des me IS. illeurs journaux de PAÏIe- " magne, peuventen remettré un exemplaire au bureau de ce journal, Ibid... 139 : si 44 & {N° | 18.) Pluviose “0 atS MAGASIN » ENCYCLOPÉDIQUE, OU . JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS, RÉDIGÉ Par À. L. Mizzi. f.. AVIS DU LIBRAIRE., Le prix de ce Journal.est fixé: ‘à og.francs pour trois mois, ”. 18 francs pour six mois; ie #36 francs pour un an, 2 äant pour Paris que pour les Départemens, franc de port. rh: le peut s'adresser au Bureau du Journal pour se procuree * tous Jes Livres qui paroïssent en France et chez l’étrauger, et 4 pour tout ce qui concerne la Librairie ancienne et moderne. 4 C: Journal, auquel la plupart des hommes qui ont + un nom distingué, une réputation justement acquise W } vas quelque partie dés arts ou des scieaces, tels que les CC: ALBERT, DESGENETTES, BasT, SiILVESTRE DE SACY, FOURCROY, HaLLé, DuMÉRIL, SCHWEIGHÆUSER, LACÉPFLE, L, BanrBi£r, BARBIER pu BoCcace, LAnNGLes , à .DacanDe, LAGRANGE, LEBRUN, MARRON, MEN- » "TELLE, BassiNer, MorezLeT, Noët, BERLIN, y CHARDON-LA-ROCHETTÉ ,(AILLARD, VaN-Mows, \ SICARD, TRAULLÉ, LÉVEILLÉ, CUVILER, Gxor- n. Tome, F. (8° An.) TA ï FROY, RC bte em Sn ne “TIGER , VISCONTI, VILLOISON, WiLLemMnT,NWVIN- à CELER, Fr LOBsTEin, ete: ete, fournissent des Mé- ! moñes , contient l'extrait des principaux ouvrages … pationaëx : on s'attache sur tout à en donnér une ana- 1ys- exacte, et à la faire paroitre le plus promptement “possible après leur publication, On ÿ donne une notice _des meilleurs écrits imprimés chez l’étranger. à Or y insère les:mémoiïres les plus intéressans sut : toute, les parties des arts ét des sciences; on choisit ” - principalement ceux qui sont propres à en.accélérer les. progres. : NET RAR TERRE Se 1 On y publie les découvertes ingénienses, les inven= À tions utiles dans tous les senres. On y rend compte : des experiences nouvelles, On y donne un précis de : ce que les séances des sociétés littéraires ont offert de plus intéresnt ; une description de ce que les dé pôts d'objets d’arts et des sciences renferment de plus “curieux. pue ‘ ÿ On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages : des Savaris, des Littérateurs'et des Artistes distingués 4 dont on regrette la perte ; enfin, les nouvelles hitté- 24 raires de tout: espèce. : ATEN AE Cé Journal est composé de six volumes in-8.° par “an, de 600 pages chacun, ‘Il paroît le premier de chaque mois, La livraison est divisée en deux nu- méros, chacun de 9 feuilles, Re LACS ‘On s'adresse, pour l’abonnement, à Paris, au Bu- °# reau du Magasin Encyclopédique, chez le C. Fucxs, Libraire, rüe des Mathutins, hôtel Cluny. J chez la verve Changuion‘et d'Hensst, à Arsier dam, { chez Van: Galik, do 8 À; Benxelles, chez Leraire. : À Florence, chez Molini, :: + À RE RATES chez Fleischers che? Manget, A; Genève, À chez Paschoud. ; À Hiümbourg, chez Hoffinann. f À Leipsic,/chez Wolf. @ À Leyde, chez les frères Murray. : A Londres, chez de Bofle, Gerard Streets À Suasbourg, chez Levrault. À \ivoie, chez Degen. RELTE A \Wesel, chez Geisler, Directeur des Postes. Il faut affranchir les lettres, + BIOGRAPHIE. NOTICE sur Edme-Jean-Antoine DUPUGET, maréchal des camps, associé de l'Institut national, des Sociétés philomatique et dagriculiure de Paris, etc. C: v’est point ici un éloge, ce n’est qu’un simple coup-d’œil sur les talens, les vertuset les qualités sociales d’un homme qui a été justement apprécié par tous ceux qui l’ont connu, qui sera toujours re- gretté par l'amitié. La pureté de ses mœurs , Ja franchise de son caractère , l’étendue de ses con- noissances ; la délicatesse de ses sentimens., l’urba- nité de son commerce l'ont fait estimer , non-seu- lement de ceux qui avoient des opinions différentes des sieynes , mais encore de ses ennemis ; car le mérite réel en a toujours. Moins, connu qu’il auroit dû l'être, entierement livré à ses goûts d’instruc- tion , scrupuleux à remplir les devoirs de l’état qu’il avoit embrassé et ceux que l'estime lui ayoit con- fié ; il ne rechercha que des liaisons qui pouvoient servir sa passion pour les sciences, ou qui pou- voient avoir quelque analogie avec ses sentimens ; aussi le cercle de ses rapports sociaux fut tres-cir- conscrit , il n’en fut que plus favorable aux jouis= sances.qu’il ambitionnoit, celles de la cord'aliré de la sureté, de Pintimité, Je vais, en rappelant les principaux traits de la carrière qu'il a parcourue, Tome F, |: { 146 Biographie. prouver que ce portrait n’est point l'ouvrage de la partialité, quoiqu'il soit celui de lamitié; ceux qui ont eu des liaisons particulières avec lui ne trou- veront peut-être pas la ressemblance exacte , où la trouveront foible de couleur; mais j’aurai du moins acquitté la dette du cœur. Edme-Jean- Antoine Dupuget, naquit à Join- ville en 1743 ; son éducation fut confiée à un oncle paternel qui s’étoit distingué dans le corps de Par- tillerie pendant Ja guerre de 1745 (1), et par une tante qui réunissoit l'exemple à l'instruction , qui savoit allier la pratique des vertus avec lusage ex- quis des convenances sociales. Ce fut dans cette école domestique, que le jeune Dupuget recueiliit les germes de cette aménité de caractère, de cette sagesse de conduite que le commerce de la bonne compagnie développa en lui avec tant d’avantage. Son oncle, qui vouloit donner au corps auquel il étoit attaché , un successeur digne de lui, s’occupa avec intérêt de la première éducation de son neveu; il lui apprit lui-même les mathématiques sans le se- cours des livres , en lui traçant les figures qui en gravent dans la mémoire les premiers élémens ; ik (x) L'oncle de M. Dupuget fut un des officiers les plus distingués de l'artillerie ; sorti des jésuites à l’âge de vingt-deux ans, il franchit, par la facilité de son génie et son assiduité au travail, l'intervalle qui le séparoit de ses camarades. Il se fit remarquer dans les guerres de Flandres par des actions d'éclat qui lui obtinrent l4 décoration la plus desirée des guerriers, quoiqu'il n’y eut que cinq ans qu'il fut entré au service. Ce fut lui qui, au siège de Berg - op - Zoom, donna ä M. de Valiére , l’idée d'attaquer trois demi-lunes et deux bastions ; idée neuve alors, et qui, depuis, devint principe pratique. Antoine Dupuget. 147 le conduisit sur la-route de cette science, et obtint bientôt du jugement et de la perspicacité de l’éleve les conséquences les plus exactes, et même les pro- positions principales. Il dut ainsi à cet oncle, cette rectitude d'esprit, ce goût et cet amour du travail qui le conduisit bientôt à des connoissances supé- rieures peu ordinaires dans un âge aussi tendre. Ce goût pour l'étude étoit presque une passion, et ce n’étoit qu’en le privant de quelques heures de tra- vail qu’on pouvoit le punir de quelque petite déso- béissance ; c’est par cette assiduité qu’il parvint, après un examen assez sévère sur les élémens des con- noissances nécessaires à l’officier d’artillerie , à être admis dans ce corps, à l’âge de neuf ans. Ce succès auroit augmenté cette ardeur de s’ins- truire si elle n’étoit pas née en lui ; dès-lors il s’y livra sans réserve , uniquement occupé de ce qu’il devoit savoir, et de ce qu’il devoit faire ; sa con duite fut une lecon pour ses camarades ; et l’exac- titude à ses devoirs, un objet d’émulation. Il put mettre en pratique ce que la théorie lui avoit appris dans cette conquête de la Corse , par laquelle le ministre de France voulut donner de nouveaux su- jets à son souverain avec des baïonnettes et du ca- non, comme pour le dédommager de ceux qu’il avoit sacrifié dans l’expédition inconsidérée et malheu- reuse de Cayenne. ‘ Pendant cette guerre dont la conduite fut con- fiée à MM. Devaux et de Marbeuf, le jeune Du- puget servit en qualité d’aide-major au parc d’ar- tillerie , il eut pour colonel M, de Bachimont ami K 2 148 Biographie. de son oncle, chargé de communiquer les ordrès qu’il recevoit de celui-ci à un autre colonel d'artil- lerie, divisé d'opinion et différent de caractère avec le premier, il eut souvent l’occasion d'observer que ce peu d’accord parmi les chefs, étoit, à la guerre, le plus grand obstacle à l’ensemble et au succès des opérations. Confident de l’un et de l’autre, estimé de tous les deux, il fit le projet non-seulement de les rapprocher , mais encore de Jes réunir ; il y réus- sit. Dans cette circonstance, M. Devaux apprend qu’une partie de l’armée occupée à l’attaque d’un poste important, va être forcée à la retraite si elle ne recoit promptement des munitions d’artillerie et surtout des cartouches ;:on cherche un officier qui ose se charger de conduire ce ravitaillement difficile et dangereux ; Dupuget se présente, exécute, et l’arméé est victoriense, Un pareil dévouement fixa sur lui l’atténtion ‘des chefs de l’armée ; M. de Bachimont surtout lui donna une preuve non équi- voque de l'amitié qu’il lui avoit inspirée , en lui -destinant sa fille unique en mariage, et en lui assu- Tant par-Jlà une fortune qüi devoit paroïtre considé- rable à Dupuget quiwen avoit point, Lorsque la, Corse se fut soumise et que l’armée fut rentrée en France, M. de Bachimont, qui vou- loit réaliser la promesse qu'il avoit’ faite, engagea Dupuget à venir passer quelque temps dans le châ.- teau qu’il habitoit. Le jeune officier se rendit à lin- vitation en le ‘priant de ne poiut faire connaitre à sa fille les dispositions favorables qu’il lui, mon- troit , parce qu'il ne vouloit l'obtenir que de son Antoine Dupuget. 349 consentement. Ce consentement ne se fit point at- tendre. Mille de Bachimont fut un matin solliciter elle-même auprès de son père , l'agrément dont elle avoit besoin et duquel dépendoit une union qui devoit faire son bonheur. La France jouit jusqu’en 1778 de la malheureuse paix de 1563 ; le corps de l’artillerie ne sut pas en profiter ; des systèmes vinrent le diviser; une guerre d'opinion s’éleva parmi les chefs; des écrits polé- miques furent les armes dont on se servit pour l’at- taque et pour la défense. Les ministres qui prési- doient à cette arme et qui se succédérent rapide- ment , favoriserent tantôt un parti, tantôt le parti opposé , au lieu de se rendre les arbitres d’une dis- cussion qui prenoit un caractère d’animosité et res- sembloit à l’entêtement de l’amour - propre , en ordonnant des expériences qui, surveillées par les lumières et l’impartialité, auroient rappelé le calme et fait taire les écrivains polémiques. Le nouveau système militaire de M. Ménil Durand fut adopté en partie par M. de Gribeauval , rappelé du ser- vice autrichien pourremplacer M. de Valière ; l’onele de Dupuget avoit pris parti dans cette dispute, et avoitété fort opposé aux changemens proposés. Les officiers inférieurs furent divisés sur lutilité et les avantages de ces changemens , d’après leurs préven- tions , leurs connoissances, et peut-être d’après leur ambition ; les uns furent fidelles à l’ancienne tac- tique , les autres se dévouèrent au nouyeau système, Ce que M: de Gribeauval jagea à propos de chan- ger dans les machines et constructions-de lartil- K 3 1950 Biographie. lerie, en y établissant une uniformité utile au ser- vice de ceite arme, ne fut point approuvé du plus grand nombre des principaux officiers de ce corps’ L’oncle de Dupuget , un des plus éclairés ne fut point consulté ; la jalousie, dit-on, influa sur cet oubli ; M. Dupuget, directeur de l’école de Bapaume, publia quelques écrits qui contenoient une critique raisonnée des nouveaux changemens ; peut-être con- tenoient -ils des observations justes ; mais ils con- damnoient des innovations demonstrativement bonnes en elles-mêmes. Le neveu n’avoit pris aucun parti dans cette discussion , cependant il s’aperçut bientôt que l’opposition de l'oncle avoit influé sur les sen- tifiens du chef , et il n’en put douter lorsque ce général faisant exécuter à Metz les épreuves des changemens adoptés , l’apostropha en présence de tous les officiers, d’une manière aussi dure que mal- honnête. Dupuget , à peine âgé de 21 ans, répondit avec autant de respect que de fermeté; cette ré- ponse dut faire sentir au général combien étoit in- juste la défaveur qu’il montroit pour un jeune offi- cier qui n’avoit d’autre tort que d’être le neveu d’un officier supérieur divisé d’opinion avec lui. Malgré des préventions si marquées, le jeune Du- puget ne fut point découragé; il continua à suivre sa Cariiere avec exactitude, et à remplir avec dis- tioction les diverses destinations qui furent comme autant d’épieuves qu’on sembloit vouloir faire de ses connoissances. Ses talens étoient appréciés par les deux partis ,; et chacun d'eux eherchoit à se attacher, Aussi fut-il successivement employé dans Antoine -Dupuget. 151 les diverses parties qui embrassent toute la science de lartilleur , ce fut avec un égal succes et les mêmes éloges qu'il remplit ces différentes missions ; ce qui étoit d'autant plus remarquable que dans un corps où il y a autant de branches diverses d’ins- truction, ou peut en avoir approfondi telle où telle partie , et n'avoir que des notions légères sur les autres. L’animosité de Gribeauval s’étoit éteinte dans la tombe de l’oncle de Dupuget, mort en 1775. Ce général avoit observé avec soin la conduite du ne- veu; et, comme il s’attachoit au mérite lorsqu'il lui étoit bien connu , il chercha à réparer l'espèce de vengeance qu'il avoit si injustement exercée sur lui, en lui donnant dans plusieurs occasions, des preuves de confiance et d’estime non douteuses, estime qu’il manifesta en témoignant le desir de lavoir pour successeur. Lorsque M. de Castries, ministre de la marine, proposa à Louis XVI, de former un régi- ment d'artillerie uniquement destiné au service de nos colonies , M. de Gribeauval désigna Dupuget, comme l’officier le plus propre à remplir les vues du gouvernement ; il fut nommé colonel de ce corps et inspecteur de toutes les parties de l'artillerie dans les îles. Il remplit cette mission importante pendant les années 1784, 1785 1786, avec une exac- titude de détail , une supériorité de vues, une série d'observations qui firent , du trayail qu’il présenta au roi et au ministre, un modele à proposer à ceux qui seroient, dans la suite , chargés de pareilles opé- rations. Îl se montra, par l’étendue et l’ensemble de K 4 152 Biogräphie. ses résultats, bien supérieur à l’opinion avantageuse qu’on avoit de ses connoissances militaires , et par le: officiers qu’il avoit choisis pour le seconder, il prouva en même temps, qu’il se connoissoit en hommes. Les momens qu’il pouvoit dérober à des occu- pations essentielles, à des reconnoissances multi- pliées, il les consacroit à ses goûts particuliers, à des recherches sur les bois’ propres à la marine, sur les plantes rares, sur les graines indigènes, dont il envoya des caisses au Muséum d'histoire naturelle ; on lui doit le Baobab qu’on y avoit laissé périr. La minéralogie des Antilles étoit la moins connue et l’objet le plus intéressant de ses distrac- tions ; il s’y livra avec assiduité ; et, convaincu par l'observation et par le nombre de détrimens volca- niques qu’il rencontra dans ses courses , que ce nom- breux archipel n’étoit que les fragmens épars d’un continent déchiré par le feu et l’eau, à laide des mineuts qui étoient à ses ordres, il découvrit dif- férentes sortes de substances métalliques et pierreuses jusqu'alors inconnues, La partie espagnole de Saint- Domingue lui parut riche en minéraux précieux. Le journal manuscrit de son voyage, qui m'a été com- muniqué renferme un grand nombre d’observations qui pourroient conduire à de nouvelles découvertes propres à agrandir le domaine des sciences natu- relles , et à détruire quelques erreurs accréditées. Un mémoire qu’il m’'adressa de Cayenne sur l’état, les progres de nos arbres et arbustes à épicerie, et sur les encouragemens à donner à cette transplan- Re NP UT LE Antoine Dupuget. 153 tation utile et à ceux qui s’occupoient de cette cul- ture , auroit mérité d’être rendu public, si le volcan politique dont le foyer étoit au milieu de nous, n’avoit tout englouti. La modestie quiachevel’homme supérieur n’a jamais permis à M. Dupuget d’écrire même sur les matières qui lui étoient les plus fa- milières. Nous n’avons que quelques mémoires et des notes, à Ja vérité curieuses, sur les diverses sciences dont il faisoit les épisodes de ses travaux de devoir. Pendant son séjour à l'Amérique , M. Dupuget perdit une femme vertueuse, dont l’union avoit été pour lui la source de son bonheur domestique. Cette vie précieuse étoit menacée au moment où sa des- tination vouloit qu’il s’éloignât ; il ne balanca pas entre cette mission honorable et ce qu’il devoit à Pamitié, à la reconnoissance ; mais M.me Dupuget eu exigea le sacrifice ; quoiqu’elle fût assurée d’une séparation éternelle , elle s’oublia entièrement pour ne voir que la gloire de son mari, dans le succès de sa mission , et l’avantage de ses enfans , dans Pavancement du père. Persuadé qu’une bonne édu- cation est la vraie richesse , et que les premiers principes de la morale sont les seuls freins des pas- sions, M. Dupuget auroit souvent gémi de ne pou- voir pas surveiller celle de ses enfans , s’il n’avoit pas trouvé dans des ecclésiastiques vertueux et ins- truits, voisins de sa terre de Bachimont , des hommes qui pouvoient le suppléer lorsque les devoirs d’état l’éloignoient de sa famille. Toutes les sollicitudes paternelles se réunissoient dans la confiance ; les 154 Biographie. trois jeunes Dupuget passèrent successivement sous les yeux de ces voisins précieux pour y pratiquer les premiers devoirs de la religion et y être initiés aux premiers élémens des sciences. De cette école de amitié, ils furent envoyés aux écoles publiques de Metz, pour parvenir aux examens qui introdui- soient dans le corps de l'artillerie. Les deux aînés étoient officiers en 1789; le plus jeune étoit en 1787, à l’école de marine établie à Vannes. Deux d’entre eux ont péri dans la révolution ; le troisième, devenu Ja consolation de M. Dupuget, et une fille, ornée de toutes les vertus de sa mère , concentroient en eux toute l’affection paternelle. Pendant que Dupuget trouvoit dans le repos , - quelque adoucissement à des travaux d'activité et de surveillance, pendant qu’il s’occupoit de ses in- térêts domestiques et de l’avancement de ses en- fans , le roi choisit M. le duc de Harcourt pour présidér à l’éducation du premier dauphin; depuis longtemps les qualités morales, les connoiïssances variées de Dupuget avoient été appréciées par ce gouverneur. Aussi n’hésita-t-1l pas à l’appeler pour le seconder comme sous-gouverneur dans la tâche imporrante de créer un homme pour le trône , et en le présentant au roi, il lui dit: voilà , sire , un des hommes les plus instruits de la France ; je ne l'aurois pas désigné à votre-majesté , si j'en connoiïs- soient plus digne de remplir cette place. Ce n’étoit point l’intrigue qui avoit fait le choix , comme il est trop ordinaire dans les cours , ce n’étoit point une préférence de parti, une influence de protec- Antoine Dupuget. 199 tion ; c’étoit uniquement la récompense d’un mé- rite reconnu, M. Dupuget se crût dès-lors respon- sable envers les Francois des vertus que le royal élève auroit ou n’auroit pas ; il se vit chargé, pour sa part, de préparer, d’assurer le bonheur de la génération future, et il se consacra sans réserve à cette pénible maïs flateuse destination. Un accord parfait entre les coopérateurs choisis pour travailler de concert au grand œuvre de la félicité publique, produisit les plus heureux effets. Le prince, né avec des dispositions naturelles les plus desirables, mon- troit déja un esprit propre à toutes les connoissances, et surtout un cœur susceptible de tous les nobles sentimens, lorsqu’une maladie aiguë vint suspendre de si douces espérances, et bientôt la mort , les détruire. M. Dupuget débarrassé des liens du devoir , ne crut pas l’être de ceux de la reconnoissance; et il multiplia ses preuves de dévouement et d'abandon; il lui fut facile d'obtenir cette confiance d’estime plus flatteuse que celle des places ; il fut admis à cette intimité dans laquelle le souverain devient un homme avec ses foibiesses et ses défauts ; des fa- veurs si dangereuses dans cette circonstance, ne ces- sèrent qu’à la mort du roi. M. Düpuget ne dut songer alors qu’à se soustraire aux assassins de tous ceux qui avoient montré un attachement constant à leurs - maitres. ‘Fan:ôt caché, tantôt errant , il parvint enfin à Amiens, où sa réputation l’avoit devancé, où l’amitié s’empressa de l’accueillir; elle fut pour lui une seconde providence , elle Parracha des maius 196 : Biographie. de ‘cet exécrable Joseph Lebon ; qui le réclamoit comme une victime de prédilection. Nommé garde de la Bibliothéque publique, et membre du jury pour les Ecoles centrales , il eut un moment de ce calme, qui, après orage, est une jouissance ; mais, sous la puissance du crime, il fut trainé de prison en prison pendant onze mois, dont il en passa la plus grande partie à l’hôpital de Bicêtre d'Amiens , séjour particuliérement destiné à ce rebut dégoû- tant de la débauche, à cette portion dégradée d’un sexe fait pour être l’asile des bonnes mœurs , et l’ornement de la société. La mort du tyran de la France, de cet homme ‘dont l’autorité sanguinaire est aussi difficile à con- cevoir que la pusillanimité des Francais à la souffrir, rendit M. Dupujet à la liberté, si on peut appeler liberté, l'espérance de n’être point égorgé; il se retira à Hargicourt, terre qui lui appartenoit ; ‘il y vécut dans cette -obscurité protectrice qui plaît à celui qui aime à cultiver les sciences par goût, et à s'occuper de ses semblables par philanthropie. Le séjour qu’il fit dans ses possessions pendant les dernieres années de notre avarchie , fut rempli par quelques expériences en agriculture , par la for- mation d’un cabinet d’histoiré naturelle , enrichi de productions que les îles qu’il avoit parcourues lui avoient fournies, par la rédaction de plusieurs mémoires sur les soufrières et les résidus volcaniques qu'il avoit recueilli à la Martinique et à la Guade- loupe, mémoires qui peuvent servir de matériaux ‘pour une histoire naturelle de nos îles, et dont ns - | Antoine Dupuget. 197 quelques-uns ont été insérés dans la collection du Journal des mines. Ce qui occupa prineipalement la sollicitude de Dupuget, ce fut le soulagement des malheureux. Piusieurs de ceux qu’il avoit con- stamment secourus, furent ses dénonciateurs. Ces actions de la malveillance ne ralentirent point la charitable sensibilité de Dupuget; ce fut par des privations qu’il put secourir ceux qui étoient privés de tout. Il avoit toujours destiné une partie de ses revenus à l’éducation et à l’établissement des pauvres orphelins de ses terres, à faire des pensions aux veuves des militaires du corps dans lequel il servoit qui ne pouvoient en obtenir du gouvernement. La révolution qui lui enlevoit une partie de ses moyens de bienfaisance n’en diminua pas les effets, et ce fut toujours par des mains intermédiaires qu’ils se répandoient : le bienfaiteur étoit inconnu; l’oblisé, dispensé d’être reconnoissant. Des soins faits pour son cœur se partageoïent avec ceux qu’il devoit à ses enfans. Un sentiment toujours également actif, lui faisoit desirer, pour eux, un établissement qui, en assurant leur bonheur, contri- buât au sien. Ses vues furent parfaitement secondées par un vertueux ecclésiastique, M. l’abbé Caboche, qui, dans toutes les cuconstances de sa vie, lui donna des preuves d’un zèle sans intérêt, d’un attachement sans borne. Des rapports de fortune, des unions de convenance formérent bientôt deux mariages , pour lesquels M. Dupuget fit tous les abandons qu’il reégardoit comme une dette de la paternité ; il divisa tout ce qu’il possédoit entre son fils et sa fille, avec 198 Biographie. une égalité qui prouvoit que son amour pour eux ne pouvoit être accusé de partialité. Ainsi dégagé de tout ce qu'il regardoit comme des devoirs in- dispensables, ayant satisfait à tout ce que la nature et le sentiment Jui demandoient, il fut libre alors de satisfaire sa passion pour les sciences et pour les arts utiles; il passoit six mois à Paris et six mois dans sa famille. Nous l’avons vu suivre avec l’exacti- tude et l’assiduité d’un homme avide d'instruction, et les séances de l’Institut, et les divers cours du Lycée et de l'Ecole des mines. Ce fut au milieu de ces douces jouissances, qu’attaqué d’un rhume qui n’avoit d’abord rien d’inquiétant, mais que trop de négligence rendit bientôt dangereux , on dut craindre de le perdre ; en effet, des secours retardés pendant quatre jours rendirent les remèdes insuffi- sans; un étouflement continuel , un violent point de côté, un vomissement de sang considérable Paver- tirent que le terme de Ja vie étoit arrivé: Il le vit avec la fermeté du vrai philosophe et la résignation du chrétien ; il ne s’occupa plus que de l’avenir et de ses enfans; il dicta à M. Silvestre , secrétaire de la société d’agriculture de Paris, bien digne par ses vertus et ses qualités sociales d’être du petit nombre de ses amis , l'écrit que nous transcrivons ici, parce qu’il le fait connoître tout entier. « Mon âge, mes chers enfans, et les symptômes violens d’une fluxion de poitrine, peuvent me con- “ duire à ma derniere heure, Je ne veux pas quitter « Ja vie sans vous prouver que même, en cemoment, “ mes soins et ma tendresse pour vous m’occupent « Antoine Dupuget. 159 encore , comme ils m'ont constamment occupé depuis votre existence. Le spectacle de votre bon- heur , que j’espère inaltérable , étoit ce qui m’atta- choit à la vie. Deux enfans que j’ai perdus, et que j'ai vivement regrettés, ont été remplacés par deux autres auxquels j’avois voué la même tendresse , et l’heureuse époque de vos deux mariages, sans guérir les plaies de mon cœur, y avoit versé un baume salutaire. « Je mourrai dans la croyance et le respect de la religion de nos pères; je vous crois dans les mêmes sentimens , et je vous exhorte , au nom de la plus pure conviction, de ne jamais vous en écarter, et d’y élever soigneusement vos enfans; elle sera un gage de leur respect et de leur tendresse pour vous ; c’est le principe unique des vertus et des mœurs. Dans l’âge des passions, on peut en négli- ger les devoirs ; mais on y revient toujours quand les principes sont bons, et que lexpéiience a dé- trompé du faux et dangereux bonheur que les vices entrainent au moral comme au physique. Comme je ne veux pas faire un sermon, et que je parle à de bons esprits, je finirai en vous disant que les gens sans relig'on ne méritent ni confiance ni estime, et qu’ils sont toujours prêts à violer les lois les plus sacrées. « Vous savez que je ne me suis occupé toute la vie qu’à vous assurer une fortune honnéte et un état distingué. La fatale destinée qui a détruit notre ancien gouvernement, a enlevé une grande partie des fruits de mes travaux; mais mon cœur 160 Biographie. n’a jamais eu rien à se reprocher, et jose me “ flatter d’avoir conservé l’estime de tous les hon- « nêtes gens dont ma conduite et mon opinion sont “ connues. « Ma tendresse étant la même pour vous quatre, _“ comme je vous estime autant qne je vous aime, “ je ne veux pas recourir à aucun article des nou- « velles lois, pour favoriser, comme elles m°y au- « torisent, l’un plus que l’autre, et je me contente « de vous laisser le partage le plus égal. » Ce dernier épanchement des sentimens d’un hon- nête homme, est terminé par des conseils particu- liers sur des objets domestiques, et sur le choix des personnes à qui ses enfans devoient mettre une en- tière confiance, surtout en M. l'abbé Caboche , dans lequel il avoit trouvé, pendant trente ans, le plus touchant dévouement. . Après avoir rempli tout ce qu’il croyoit devoir à sa conscience, comme chrétien , à ses enfans, comme un père occupé de leur union, il expira le 24 germinal 1801, laissant des regrets à tous ceux qui avoient su l’apprécier , et un long et douloureux souvenir au petit nombie de ceux à qui il avoit accordé son amitié. M. Dupuget avoit ce caractère de franchise qui plaît, parce qu’il ne blesse pas; une probité severe qui s’irrite contre tout ce qui n’y ressemble pas, une aménité de mœurs qui est le charme de la société ; cette modestie du mérite qui ne choque ni la susceptibilité de Pamour-propre, ni les pré- tentions de la médiocrité; cette sagesse de conduite, fé qui Antoine Dupuget. 161 qui force la rivalité même à l'estime; cette supé- riorité toujours indulgente pour les autres, toujours rigide pour elle-même ; cette sensibilite philanthro- pique que le malheur afflige . dont, le ‘oulagement- est un besoin, et l’impuissance d’y satisfaire, une infortune. Les principaux traits font suffisamment connoître l’homme essentiel, l’homme ä&imable qu’on a voulu peindre. La justice lui devoit cette notice historique; Pamitié l’acquiite (2). A. J. D. B. (2) J'ai eu l'avantage de connoître particulièrement M. Dupuget, de le recevoir chez moi pendant son voyage à Paris; il m'’honora de quelque estime, et je me félicite que mon journal ait été choisi pour lui rendre le tribut d'éloges du à ses talens et à ses vertus. A. L. M. Tome F, L AN TA MOUT LT ESS! AN inquiry into the ancient greck Game , _supposed 10 have been invented by Pala- medes antecedent to the siege of Troy ; with reasons for believing the same 10 have been known from remote antiquity in China and progressively improved 1n- Lo the Chinese , Indian , Persian and Eu- ropean Chess, Also two dissertations, I on the Athenian Skirophoria; 11 on the mys- ical meaning of the boug and umbrella, in the skirian rites. London, 1801, 4° C'est-à-dire, RECHERCHES sur l’ancien jeu grec, dont on suppose que Palamède fut l'inventeur avant le siége de Troie ; rai- sons de croire que ce jeu fut connu en Chine, dans lPantiquité, et qu’il est de- venu , par des améliorations progressives, le jeu des échecs de la Chine, celur de l'Inde, de la Perse et de l'Europe ; avec deux dissertations, la première, sur les Scirophories des Arhéniens , et la seconde, sur la signification mystique de la branche d’arbre et du parasol, dans les 5 cirophories. Ce Jeu de Palamède. 163 Londres, 18or. 1 vol. in-4.° de XvI et 169 pages ,avec 7 planches et plusieurs vignettes représentant des antiques. L'avreur de cet ouvrage est M. CHRISTIES, savant antiquaire anglois, qui va bientot publier une autre dissertation du même genre, sur des vases étrusques , dans laguelle il entreprend de prou- ver qu'il y a un rapport, une liaison très-probable entre la fête des lanternes, chez les Chinois, et une illumination qui se faisoit à Eleusis, ville de l’At- tique. Le titre du livre dont nous allons rendre compte annonce les trois sujets que l’auteur y a traités, sa- voir : 1.° le jeu des Grecs nommé [élreiu ; Où jeu des caillous , vu dans son origine , ses progres et son dernier étai de perfection ; 2.° les fêtes Athé- niennes , appelées Scirophories 3 3.° la branche d’arbre et le parasol portés dans ces fêtes. Sur les Scirophories et sur le parasol , Pauteur présente des recherches, des explications, des conjectures aussi curieuses que nouvelles et intéressantes. Nous en- trerons dans quelque détail sur le Perteia qui est le sujet principal du livre. On a beaucoup écrit sur les anciens jeux de com- binaison ; cependant, leur nature précise , leurs mé thodes , leurs règles principales restent encore in- déterminées , et faute de les connoître , on ne peut expliquer bien des passages des livres classiques. L'auteur paroit avoir jeté beaucoup de lumières Le 164 Antiquités. sur ce sujet qui devient plus important , considéré sous le point de vue des rapports qu’on peut dé- couvrir entre les différens peuples , et comme ta- bleau frappant de l’origine et des progrès de la ci- vilisation. Il trouve dans le simple jeu de Mérelle, le Tprodie» des Grecs ou jeu de la sriple voie, l’ébauche du Petieia; et dans le Petteïa , Vorigine 1.° du jeu latin appelé Ludus latrunculorum , le jeu des petits sol- dats, d’où est venu le jeu des Dames ; 2.° du jeu dit Téus où Dawéloy des Grecs, qui se jouoit avec des dés , quoique ce fût aussi un jeu de combinaison, et qui a produit lA4/veus des latins , et notre jeu de tric-trac. Enfin, il fait voir que le jeu des échecs n’est que le Petteia perfectionné (1). Un anciens choliaste de Théocrite (2), et le savant Meursius confondirent le Perteïa avec le Zærpixior, où les échecs dont parle Anne Comnène dans la vie d’Alexis Comnène son père. Thomas Hyde a relevé cette erreur (3); mais il n’a point expliqué la nature du Petteia. Ce que nous dit sur ce sujet M. Christies, “est entièrement neuf, et sa filiation savante du jeu des échecs , les recherches qu'il a fallu faire pour l’établir , pour comparer ensemble, le Petteïa, les échecs et les autres jeux analogues, appartiennent exclusivement à cet auteur. (Gi) Pitiscus , dans son Lexicon antiquitatum rom. au mot latrun- culi, dit, en passant, que les échecs ne sont que les Zarrunculi per fectionnés ; mais il n’a point donné de preuves de celte asseition. (2) Sur Idyl. I, v. 18. (5) Dans sou traité de ludis orientalibus. M ÿ { Jeu de Palamède. 165 I se trouvoit contrarié, dans sa marche par une autorité imposante. Le célèbre William Jones, trop hardi quelque- fois dans sés conjectures , et tres-prévenu en faveur de l'Inde , dent il a tant étudié les livres et l’an- cienne langue , sur lesquels il a laissé lui-même tant de savans ouvrages, a prétendu que le jeu des échecs ne s’est pas formé peu-à-peu, ne s’est pas complété par des changemens graduels , mais qu’il fut inventé tout-à-la-fois par quelque grand génie (4). Cette idée peu philosophique ne devoit pas ar- réter M. Christies. L'invention subite d’un jeu si in- génieux et si profond , seroit aussi inconcerable qu'un beau poème ; composé seulement des pre- mières pensées de l’auteur , ou un magnifique ta- bleau exécuté sans esquisse. Les fruits de la pentée veulent être mûris par le travail et la méditation, Toutes les vérités sont ench:fnées; nous passons successivement de l’une & l’autre; et si le génie pa- roft s’élüuncer ñ c’est pour les vues ordinaires qui n’a- percoivent pas les liaisons (5). Les plus célèbres inventeurs n’ont fait qu’ajouter et souvent fort peu, aux travaux de leurs devanciers; c’est une vé- rité dont vous trouvez la preuve à chaque pas dan, . l'histoire des arts et des sciences. La dissertation de M. Christies est partagée en 10 chapitres ; voici l’analyse des plus intéressans. (4) Dissertation sur le jeu indien des échecs, dans les Æsiatik Re- searches, vol. IT, n.e xv. (5) Bay, Lettres sur les sciences, p. 192 L3 166 Antiquités. CHAPITRE Ï.— Du Petteia et de la Mérelle; si Pala- mède a inventé le Petteïa. A la tête de ce ch. est une gravure qui représente un berger faisant paître son troupeau. Près de lui sont figurées les lignes d’un jeu de Mérelle, et au milieu du plan que forment ces lignes est dessiné un parc à brebis. à Voilà , suivant notre auteur, une premiere esquisse du Petteïfs du.jeu des petits soldats | du jeu des dames, et même du tric-trac et des échecs. Le premier tira son nom de #élros caillou ; c’é- toit littéralement le jeu des caillous, des petits caillous. Chaque joueur avoit cinq caïllous qu'il faisoit marcher sur des lignes tracées, et qu’il devoit con- duire de manière à enfermer et à prendre ainsi les caillous de son partenaire. Au milieu du plan figuré sur lequel on jouoit , c'est-à-dire, au centre de la table de jeu , étoit ice yexrph , la ligne ou plutôt le dessin grossier de la cloture sacrée, sur laquelle les modernes les plus érudits, Saumaise, Casaubon, et même Tho- mas Hyde n’ont rien àit de satisfaisant. M. Christies les réfute avec avantage , et d’après Julius Pollux, Polybe, Suidas, Athénée, Eustathe sur Homère, il établit son système et le rend sen- sible par des planches gravées. La ligne ou clôture sacrée , n’étoit pas comme on l’a cru ,'une simple ligne droite à laquelle abou- tissoient de chaque côté perpendiculairement les cinq Jeu de Palamède. 167 lignes tracées devant chaque joueur; elle devoit être plus courte que l’espace occupé par les dix lignes, sans quoi, étant inviolable , elle eut empêché les parténaires de se poursuivre réciproquement. Elle devoit être aussi plus qu’un point central ; car il étoit possible d'y pénétrer, puisqu'il étoit défendu de le faire. Ainsi , l’auteur la représente, comme est le carré central dans la Méreile. Il montre comment par un changement très-léger , la table du jeu de Mérelle usité encore aujourd hui chez les Arméniens , a dû produire la table du Perteia. Il conjecture que l’un et l’autre jeu furent in- ventés dans l’oceident de lAsie , et que des tribus d'origine scythique , pénétrant en Europe par le nord , y apporterent le Petteia. Le nom oriental du carré central de là Mérelle est Zindan, qui signifie clôture pour Îles troupeaux, étable, bergerie. C’étoit dans l’origine la représenta- tion de quelque chose de cé genre. Les pâtres orientaux s'amusant à jouer à la Mérelle , auront figuré dans ce jeu, lPabri, le lieu de sureté où ils conservoient leurs bêtes; et comme le Per/eïu n’é- toit que la Mérelle un peu altérce, on y laissa aussi la bergerie, en grec cyxos. Dans la suite ce dernier mot recut une acception nouvelle , il désigna l’enclos où lon rangeoit les images des Dieux ; puis il signifia le temple même ex. Il est probable que récipro- quement , la bergerie fut appelée ip le sacré, et dans le jeu du Petteïa icpæ pepe , ligne où clôture, ou barrière sacrée , afin de la distinguer du temple L 4 168 Antiquités. même qui servoit et sert encore chez les Asiatiques, à rendre une limite sacrée ou inviolable Voy. Code des lois des Gentoux , trad. franç. p. 185) A la fin de ce premier chapitre, Pauteur examine les passages de Sophocle, d'Euripide et de Philostrate, sur les- quels on s’est fondé pour attribuer à Palamede l’ine vention du Petteïa ; le résultat est que ces textes ne prouvent point ce qu’on a voulu leur faire prouver. IL. — Du jeu des petits soldats, latrunculorum (6). Nous en avons des notions assez claires à quel- ques égards dans des vers connus attribués à Ovide ou à Lucain, et que l’on croit du moins appartenir au siécle de ces deux poètes. M. Christies explique, d’une manière neuve et satis'aisante, les plus difficiles de ces vers, et d’anciens passages analogues d’au- teurs classiques. I] n’y est pas question de l’usage des dés. Ces vers ne peuvent donc s'appliquer qu’au Petteïa, ou au jéu des petits soldats, Mais ils appartiennent plutôt à celui-ci, puisqu'il n’y est point parlé de la place centrale ou sacrée. 1] paioît qu’elle ne pavint pas aux Romains , ou qu’ils la supprimerent, et la chan- gerent en une espece de muraille ou de rempart (6) 11 semble prouvé, d’après plusieurs textes de Plaute, de Varron, etc., et d'après les mots grecs Aëre9y, salaire ,et A@TpéuEt servir, que le sens primitif du mot latin /arro , est salarié , qui sert, qui est soldat; que Zatrocinium et latrocinari ont originaiement signifié milice et militer , faire le service des armes. C’est ainsi que brigand ue désignoit autrefois que celui qui fait partie d’une troupe, briga, d'une troupe armée, d’une brigade. Jeu de Palamède. 169 qui séparoit le territoire de chaque parti des com- battans. Il y est fait allusion dans ce :ers, conime si elle étoit figurée sur la table de jeu, de manière qu’il fallût la renverser pour faire irruption sur le sol ennemi : Clausugue dejecto populetur mænia vallo. Comme les soldats grecs jouoient le Peiteia, les soldats romains dans leurs temps de loisir s’a- musèrent au jeu /atrunculorum également militaire, et dérivé du premier. Le second passa des Romains à toutes les parties de l’empire , et toute l’Europe le posséde encore. Sauf quelques altérations, c’est notre jeu des Dames , c’est-à-dire , selon M. Chris- ties, du rempart; car il dérive le mot dame au jeu des Dames, de l’ailemar d Dam, qui veut dire seu- lement levée où rempart , ou dume au jeu des Da- mes , tandis que dans cette même langue on appelle une femme de quelque rang que ce soit, Frau. II[.— De V’Alveus des Romains, C’étoit un jeu mélé de hasard et de combinaison ; il avoit beaucoup d’analogie avec notre jeu de tric- trac , comme on peut s’en convaincre par le dessin d’une ancienne table de ce jeu , trouvée à Rome, dans le quartier appelé Piscina publica, et que donne Vauteur planche 2, d'apres le recueil de Gruter, P. 1049, fig. 1 , des Monumenta christianorum. On y voit au milieu et représentant la place sacrée du Petieia , le signe de la croix et le nom de Jesus- Christ , avec une inscription superstitieuse , et en grec, On y promet, comme pour y mettre plus de 170 Antiquités. mystère , assistance et victoire à ceux qui auront ce nom écrit sur leur table de jeu. IV. — Du Nanbioy appelé aussi Tous. Le premier mot signifie carré , et le second si- gnifie elle. Le carré ou la ville étoit , comme l’Alveus, un jeu mixte, une dégénération du Perteia, imaginée lors- que les termes du Petieia rappeloient encore la vie pastorale, et les hostilités des pasteurs entre eux. Le Plinthion | comme l’Alveus, se jouoit avec trois dés. Chaque joueur avoit quinze pièces à faire mouvoir; selon le sort des dés et selon le choix des Joueurs, celles de l’un étoient noires, celles de l’au- tre étoient blanches. Le carré central s’appeloit ville ; et les autres carrés ou cases de la table du jeu, s’appeloient indifféremment villes ou remparts , mes et ‘xaeg= räucla, Des caillous où pions de chaque parti étoient nommés chiens #wis, comme dans les jeux orien- taux du Kyoz et du Nerd , analogues au Peiteïa , et expliqués par Hyde, de ludis orientalibus. On y voit que le Nerd est appelé chez,les Persans Shés- dere , ou le jeu des sir murailles. Le Peiteia représentoit les incursions des pasteurs, pour s’enlever. leurs. troupeaux ; ainsi, au milieu ‘étoit figuré un parc:; et on alloit sur le territoire ennemi saisir le butin. Le nom de chien donné aux pièces dans le Plin- thion, rappelle les mêmes idées d’hostilités pasto- . Ê | Je de Palamède. 171 rales. Quant au nom des villes et des remparts» employés dans ce même jeu; w’est-ce pas l’annonce d’une civilisation plus avancée? n’est-ce pas une preuve de plus que les berger'es furent lorigine des villes, et que les villes ne furent d’abord, que le rempart, le boulevart, le lieu de sureté des trou- peaux et des pasteurs ? Dans la plupart des langues anciennes et modernes, les mots qui signifient ber- gerie, rempart, ville, clôture, «ont synonymes C’étoit comme signe commémoratif d- lancicnne vie errante et pastorale ; c’étoit en action de graces de l'état de civilisation , que le Jeu, du Plimthion, devint une partie du culte dans les fêtes de Minerve Sciras, chez les Athéniens, V.— De la place sacrée , considerée dans le Petteia, 4 comme retranchement ou Temparé, Le caractère naturel du Petieïs, c’est le carré central. Ce fit d’abord une bergerie, puis un tem- ple, puis uné‘place ou clôture, où limite sacrée et inviolable, comme le furent. les limites ou levées et remparts, chez tous les peuples du monde, et particulierement en Asie. ‘out cela s'explique par les habitudes d’un peuple pasteur, représentées dans le Petteïa. Les lignes sacrées, autrement les rem- parts, levées ou murailles, sont bientôt devenues en Asie, et puis sur tout le-globe, non-seulement un signe de propriété, mais un principal moyen de défense, particulièrement contre les invasions des tribus scythiques (7). (7) Ds Paw, Recherches sur les Eg. et les Chinois, t. IL, sect. 6. 172 Antiquités. : Il est donc bien naturel que le- nom de rempart ou de muraille ou de ville , ait été employé dans le jeu latrunculorum , et dans celui des dames, si ana- logue au Petieïa. Mais l’art de la guerre se perfectionant avoit amené des usages différens. Ou avoit voulu: — Nec fossé et uallis patriam, sed marte tueri. ainsi, un général, un roi et des troupes de différen- tes armes, remplacerent la ligne , les limites sacrées. NI. — Du Petteïa chez Les Chinois. Les échecs chinois s'appellent Siang-ki, ou le jeu des cléphans ; mais on n’y voit que deux éléphans, et il ya de plus nobles pièces qui eussent plutôt donné leur nom au jeu. De là M. Christies (ch. 8), con- jecture que Siang - ki, veut dire seulement, jeu des pièces élevées , parce que le mot indien #/, qui si- gnifie éléphant, signifie aussi ce qui est élevé. Le Petteia avoit été porté en Chine, comme en Grèce , par quelques tribus errantes venues du nord. J] forme encore aujourd’hui le fond des échecs chi- nois, dont 7. Hyde, a donné la description et l'échiquier. 1.° On y retrouve au premier rang, pour chacun des deux joueurs , cinq jetons appelés en chinois, co où prings, c’est-à-dire, soldats. 2.° Ces pions marchent sur les lignes même, et leurs stations sont, non pas les carrés ou cases, mais les points d’intersection. 3 Les deux troupes sont séparées par une limite, Jeu de Palamède. 173 et cette limite est un fleuve, apparemment la fa- meuse rivière jaune qui sépara si longtemps les an- ciens Chinois d’avec les nouveaux, anciennement Tar- tares. Le jeu est devenu en Chine une vive image des anciennes guerres entre les deux peuples. 4° L'art du jeu consiste à prendre les pièces du partenaire en les circonvenant partiellement, ou les bloquant toutes à la fois. Quatre caractères qui constituent le Perteia, en- core très-visibles dans le jeu des échecs chinois. Il reste à rendre compte des autres pieces de ce dernier jeu. Chacun des deux joueurs a, au second rang, en arrière, et sur d’autres lignes, deux ca- nons, pièces probablement assez modernes, et qui manquent dans les échecs de lInde, d’où les an- ciens Chinois, colonie indienne (8), avouent qu’ils ont recu les leurs (9). Au troisième rang et stationnés sur neuf lignes sont , un général (ciang ), et à ses côtés, deux con- seillers , ou ministres, deux mandarins (s/); ils sont enfermés dans un carré, dessiné comme un carré de Mérelle; et ils sont inviolables comme le carré central du Petteiu. _ Plus loin, de chaque côté, deux éléphans (siang); ensuite deux chevaux ou cavaliers (m&); enfin, deux chariots ( cou ), un à chaque extrémité de ce troisieme rang. (8) Discours sur les Chinois , par Wiccram Joss, De les Asia- tick Researches, vol. 2, n.0 xxv._ (9) Les Persans conviennent aussi qu’ils tiennent des Indiens leur jeu des échecs. 174 Antiquités. Si les Chinois jouent leurs échecs avec cinq pions au lieu de huit, c’est que tres-aitachés aux anciens usages. ils auront voulu conserver ainsi la substance du Petieïu; et par la même raison, s'ils ont neuf pièces au troisième rang, deux ministres au lieu d’un ; c’est que, voulant placer les pièces sur les lignes, et non sur les carrés de l’échiquier, il leur falloit neuf grandes pièces au lieu de huit. LeP.Tiigaud , missionaire, a décrit un jeu d'échecs chinois, où le Petteës et l’ordre successif des addi- tions qu’il a reçues, sont encore plus remarquables. Dans le troisième rang, les pièces ne sont pas dou- bles, et ne sont ainsi qu’au nombre de cinq, comme les pions ou caïllous du Pescia. L VIf.— Origine des grandes pièces du jeu des échecs. Les caillous du Petteïia, sont devenus partout des soldats ; le carré inviolable ne seroïit - il point de- venu général et ministre, roi, reine ? n'est-ce pas le résultat des progrès du jeu original ? Le carré inviolable servoit, avec une pièce, à circonvenir et à prendre une pièce de l'adversaire. En rendant ce carre mobile, il pouvoit rendre service sur toutes les stations de l’échiquier. Ensuite, puis- que immobile il faisoit l'office d’une pièce, il n'y avoit pas grand effort d’esprit à en faire une pièce. Mais dans son immobilité il servoit de pièce à l’un et à l’autre parténaire, devenant pièce à part, ila dû être doublé, pour que chaque joueur eût la sienne. Cette pièce, devenue mobile, ne put être prise, Jeu de Palamède. 179 parce que le carré qu’elle remplace étoit sacré, inviolable. Ainsi aux échecs, on ne prend point le général ou le roi. Cette pièce étoit sacrée, inviolable; il convenoit donc de la mettre d’abord à l’abri du danger, et de la placer en arriere au milieu d’un rang additionel. Mais le carré inviolable avoit un autre avantage que celui de l'inviolabilité , il faisoit retirer l1 pièce qui s’en approchoit, il servoit à la prendre; or, en arrière et au milieu d'un rang add'tionel , il ne pouvoit pas d’abord faire ce service : on lui donna des compagnons de son rang, qui reçurent des pou- voirs offeusifs, et concoururent avec les pions à prendre partiellement les adversaires, et à les hlo- quer completement , ce qu’on appelle dans le jeu perfectionné faire échec et mat. Il n’y avoit que cinq pieces primitives; aussi les pièces additionnelles et en dignité ne furent d’abord qu’au nombre de cinq dans l’Inde , conime à la Chine : elles ne sont encore véritablement que cinq différentes dans les échecs de Perse et d'Europe, savoir, dans les échecs persans , le roi, son mi- nistre , l'éléphant , le cheval et le rock; en France, Je roi, la reine, le fol, le chevalier et la tour ; en Aogleterre , le roi, la reine, l’évêque, le chevalier et le rock, Les quatre dernières pièces ne sont que doublure additionnelle, Si l’on doute encore que le général ou le roi soit le carré inviolable personnifié, nous citerons le jeu des échecs chinois décrit par Th. Hyde, où l'on voit, comme il est dit au chapitre précédent, 176 Antiquités. le général et ses ministres sur leurs points d’intersec+ tion, mais dans un grand çarré qui leur est propre, et traversé par deux diagonales , ainsi que le carré de la Mérelle, comme si Pon avoit voulu par là conser- ver des monumens irréfragables de la métamorphose qui vient d’être expliquée. | VIII. — Existence probable d'un jeu des caillous ow pions élerés, intermédiaire entre le Petteïa et le Jeu des échecs. | IX.— Du'jeu des échecs indiens (10). Il faut en distinguer deux , l’ancien et le moderne ; autrement , le premier et le second, | Le premier est celui que Ferdousi, V’'Homère persan, a décrit dans Ja vie de Nouschirvan ou Chosroès II ; l’autre est expliqué d’après un des pouranams ; par sir William joues, dans les Asiatick Researches ; vol. 2, n.° 1X. Le premier est tout de combinaison, le second est joué avec Îles dés; le second a dix pieces au prémier rang, ou cinq pions doublés, et dix pièces (10) Le r.er et le 2.4 jeu des échecs s’appellent en sanscrit Tschata souarenga , quatuor corpora , les quaire corps , ou espèce de troupes , les quatre armes qui sont dans l'Inde, les élephans , les chevaux, les chars armés et l'infanterie ; le second est plus souvent appelè Tschattouaragi, quatuor reges, les quatre rois. De ces mots sanscrits , les Persans ont fait Schatrang ou Schatring , les Arabes leur Scharranz, les Grecs mo- dernes leur ZaTeziov, les Espagnols leur Æzedrez. Mais notre mo échecs, scacchi, de la basse latinité, pourroit bien tenir au vieux allemand Schach, latrocinium , pour bellum. Th. Hyde et Gebelin 1e dérivent du mot persan Schah, Roi, derrière Jeu de Palamède. 77 derrièré sdeuxirois au milieu, et leurs quatre assis- tans à chacun , c’est-à-dire , les cinq grandes pièces doublées. Toujours on y reconnoit l’ancien Petteiæ doublé, d’abord par l’addition d’un rang de cinq pièces élevées | qui remplacoïient avec avantage, Pied yperh, et puis redoublé encore par le doubles ment des cinq petites pièces et. des cinq grandes. Le premier compte parmi les grandés pièces: dans chaque parti ,au lieu de deux rois et de quatre aïsis- tans pour chaque roi y un roi et une reine, trois assistans près du roi , et trois près de la.reine, Le second admet, parmi les grandes pièces, quatre rois et quatre assistans pour chacun, outre les pions, ce qui donne clairement quatre armées, dont deux sont réunies, et agissent-de concert contre les deux autres , en un mot, deux doublemens suc- cessifs des cinq pièces du-Petteïa. Il s’en suit que la _pièce nommée reire aux échecs a subi plusieurs métamorphoses. Premièrement , elle fut une des deux pieces inviolables du Petteia doublé; ensuite, elle fut un roi, elle fut aussi le ministre du roi, enfin on l’a nommée rezue. | Nous n’entrerons pas dans de plus grands détails sur la proposition de M. Chrisiies ,,que les échecs ne sont que le. Petteiu perfactionné. L’auteur lui- même ne prétend pas l’avoir. démontrée ; mais on ne sauroit disconvenir, qu'il l’a rendue tres- probable : du moins il a complétement prouvé que le jeu des échecs a recu des améliorations successives , comme toutes les inventions humaines. Eu voici un nouvel exemple que nous devons Tome F, M 178 Antiquités. à l'amitié du C. Silvestre de Sacy , et qui est tiré du jeu des échecs , tel que le jouoit le fameux tartare Tamerlan où Timour, et que son historien Ebn- Arabschah appelle /e grand jeu des échecs, parce que le nombre des pièces y surpasse beaucoup celui du jeu ordinaire des Orientaux , et qu’il étoit , sans doute, plus difficile et plus intéressant pour les esprits capables de combinaïsons profondes. Hyde, en son traité de Ludis orientalibus , a pro- fité des passages de l’historien de 'Famerlan, relatifs au grand jeu des échecs; il n’en a cependant rapporté qu'un seul qui se trouve dans lédition purement arabe de Golius, p. 402, et dans l’édition arabe et Jatine de Manger tom. II p: 798 : encore la traduc- tion qu’il en donne, n'est-elle pas parfaitement exacte, non plus que celle de Vattier. Manger la bien rendu en ces termes: assiduus erat { Timur) , in lusu latrunculorum , ea quod ingenium acueret . Juit autem animus ejus sublimior, quam ut luderet ludo latrunculorum parvo , ideoque non ludebat nisi lusu latrunculorum magno , cujus Scaccarium est de- cem areolarum in undecim , auctum videlicet duo- bus Camelis, duobus Cœmnelopardis, duobus Excubi- toribus , duobus Musculis, Veztro, aliüisque rebus,, ejusque descriptio (ou plutôt imago ) dein subjt- cittur. Ludus autem latrunculorum parius Cum magno comparätus, ut nthil est. Il faut voir dans Hyde l'explication des noms donnés à ces différentes pièces. Le second passage d’Ebn - Aïiabschah annoncé dans celui -ci,se trouve dans lédition de Golius, p. 423, et Cans celle de M. Manger, t. 11, p. 876. L Jeu de Palamède, 179 L'historien après avoir parlé des plus habiles joueurs d’échees , avec lesquels Tamerlan avoit coutume de jorer,etentre le: quels, aucun nétoit comparable avec Ala-eddin de Tauriz; ajoute au sujet d’Ala - eddin suivant la traduction de M'inger : /udere solebat curn Zmpératore ludo schacchico magno , viuque apud euim ludum schucchicum rotundum , et longum. Ludus schacchicus m'gnus auctws est de quo supra, (ou plutôt additamenta ea hibet quæ supra nobis dicta sunt), ejusque ratio ipsä pair optimè addiscitur , nec ejus exposilio sermonts ope multum hüberet uti- litatis. Hyde observe qu'Ebn - Arabschah r’a point ES donné la figure de l’échiquer rond, ni du long, Scac- : car rotundé et oblongi; mais les mots rond et long doivent peut-être s'entendre de la forme des pièces, et non de la figure de léchiquier. Le méme savant a publié, d'apiès un manuscrit, la figure du jeu d'échecs de Tamerlan que son historien appelle le grand jeu d'échecs ; mais je ne sais pourquoi il s'est permis d’en agrandir l’échiqu'er qu’il a fait, comme il le dit lui-même, de 130 cases ; au lieu que suivant la description d’Ebn - Arabschah, il ne doit avoir que 10 cases sur II, C'est-à-dire, 110 cases en tout. Hyde a cru, comme ille dit expressément (10), (10) Scaccarium magnum secundum Arabshahidis descriptio- nem vides constare areolis 110, quæ guider forma ninis an- gusta videtur. Cum enim in scaccario parvo (ubi sunt tantum utrimque duplicati militum ordines) quatuor areolarum series interponantur , În scaccario magno, ubt utrimque triplicati sune militum Grdines, ex eädem analvgiä sextupla areolarum series inter utrumque exercitum interponenda est; cum numerosiores M 2 à À à FR | À 80. a ui. $ ve xt Adhirnse ro cases ne présentoit pas un champ assez vaste pour les opérations de deux armées aussi considérables qu’elles le sont dans ce jeu. Ce n’étoit pas un motif assez fort, pour l’au- toriser à altérer la représentation qu’il trouvoit dans le manuscrit d’Ebn-Arabschah. C’est ce qui nous engage à donner ici, tres-exactement , la figure du grand jeu d’échecs d'Ebn - Arasbschah , telle qu’elle se trouve dans l’excellent manuscrit de cet historien, qui, de la bibliothéque de Colbert, a passé dans Ja bibliothéque nationale, où il porte le n.° 7c9, parmi les manuscrits arabes. Nous le faisons d'autant plus volontiers, que cette figure ne se trouve dans aucune des éditions de cet historien, La seconde ligne de chaque jeu a un appendice, en sorte que tout Péchiqu er contient 112 cases. LANJUINAIS. S. exercitus magis amplum et spatiosum campum, in quo commit= tatur prælium, deposcant. Ideoque tale scaccarium magnum majori formé 130 areolis distinctum hic repræsentandiüm cüravis Tamerlanis scaccarium 110 areolarumomisimus, cm ‘alterum formé majore 150 areolarum illud minus comprehendat : nam omne majus cOntinet suum minus, etc, HxDE, Syntag. dissere. & H, p. 75. Jeu de Palamide. gs ——— ————— »- € 00 “ueqd neour |, : À «nest “ueyd | - ‘10 “eut : ce EPS uziA | ‘row |'ouoy “D st “go |'w4000 | “no ‘299 ‘101 ‘299 î . 2pae£) uoiq opreo | LE - np np à opaes e] ‘ot © [E40049 + J9)HPAE -2[?, -PU2 np eI np uoiT uoiq 4 2p uoiq É Pipes EE RE JE | | RES RER HR 9P Le 2p oi npuoiq uoiq 9p uotq uoIq nn M 3 pres | ST ‘neour | ‘aizia | “outor | ‘uord PE Ë Pion |Pionde| Pion ‘{ Pion du | Pion de |. Pion.de | Pion de | Piou de | Fion Pion du la du cha- ’éle la garde la da du pion. reine. vizir meau. ‘| phant: #iraffe. f'avancéeË tour: |,cheval. | rokh : Gardé ’ Pion_ |z Garde Rokh. | Cheval. Tor. À avan- iraffe. du Giraffe. | avan- | Tour. | Cheval. | Rokh. | à cée rois cée. | —————" —— —— _—_— ————————————————— meau. _meau: phant. |: si A LES Fe sl eele s Rue F'< a BI BLTIO\GR A PHTIE. NOTICE du Catalogue raisonné des Livres de la bibliotheque de l'abbé GOuJET (*), en six volumes in-folio, tout écrit de sa MLALN, L A mort du respectable BÉTHUNE-CHAROST , arri- vée le 5 brumaire an 1X, donna lieu dans les mois de prairial, messidor et theimicor derniers, à la vente de sa bibliothéque, dont une grande pariie méritoit J'atrention des amateurs de phi'ologie et d'histoire littéraire. C’étoient leslivres de abbé Goujet , dont M: de Charost avoit fait l'acquisition en 1767, d’une maniere bien honorable pour lui, mais bien triste pour celui qui en étoit le possesseur. L’homme riche et généreux les avoit achetés en effet pour arracher le modeste savant aux malheurs dont le menaçoïit une vieillesse dénuée de fortune , et accompagnée d’une entière cécité. Le gouvernement d’alors abandonna donc, de la manière la plus cruelle, lPauteur d’une foule d’ouvrages entrepris pour la gloire de la France. La nécessité de se défaire de sa bibliothéque fut pour J’abbé Goujet un arrêt de mort que sembla accélérer le jour de l'enlevement de ses chers livres; en effet, peu de temps après la conclusion du marché, Pinfor- tuné Goujet fut frappé d’une violente attaque d’apo- plexie à laqgrelle il ne résista que quelques heures. (*) Claude-Pierre Goujet , chanoine de saint Jacques-l'Hôpital à Paris, naquit dans çette ville en 1697 , et y mourut en 1767. A CE CRC UNS CS "3 _. Mélanges. 108 La vie de l’abbé Goujet est suffisamment connue par les Mémoires historiques et littéraires qu'il a com- posés lui-même, et qui ont ét6 publiés en 1767 par son ami Pabbé Barral; volume in-12 de 224 pages. On y trouve une liste exacte des ouvrages de notre auteur :,la plupart sont tres répandus. Le catalogue raisonné des livres de sa bibliothéque , cité sans détails à la page 219 de ces Mémoires, ne mérite pas moins d’être connu. L'abbé Goujet avoit eu dès sa jeunesse un goût particulier pour la bibliographie ; il sentit de bonne heure le besoin de se former une bibliothéque nom- breuse pour trouver sous sa main d’utiles matériaux, 11 écrivoit au commencement de chaque ouviage.l'im- pression que sa lecture avoit faite sur lui, et les particularités qu’il pouvoit y avoir sur l’auteur ou sur, les differentes éditions du livre ; il ne manquoit pas d'indiquer les noms dés éditeurs où.ceux des écrivains anonymes et pseudonymes , lorsqu'ils etoient parvenus à sa connoissance. Son érudition et ses liaisons avec les hommes les plus instruits de son temps, lui ont fait donner sur ces objets des détails précieux pour l’histoire littéraire. Lorsque la bibliothéque de l’abbé Goujet se fut éle- vée à 10,000 volumes environ, il'en dressa un catalogue raisonné : les matéiiaux étoient prêts, mais tout au= tre que lui eût été peut-être effrayé du temps qu'il falloiu mettre à les réunir et à les classer. L’avau- tage qu'il devoit recueillir de ce travail lui en fit ou- blier la difficulté : il se mit, en 1750, à transcrire, dans le plus grand détail, les titres de tous les ou M 4 184 Bibliographie. érases qu'il possédoit , et les notes qu’il avoit pla- cées dans intérieur déicliacun d'eux. 1] termina ce travail vers le mois de décembre 1759, et le perfec- tionna jusqu’à la fin de ses jours. Outre la description des titres des 10,000 volumes dont Ja bibliothéque de Pabbé Goujet étoit comipo- sée, on tronvé encore classés méthodiquement , dans son catalogué:, tous Îles ouvres ; dissertations ou mémoires insérés dans le précieux recueil des Ménoires'de l’Académie des inscriptions et belles- htires, dans lés collections des Martenne, des Durand, des d’ Achery À des Pez!, etc.; enfin , dans presque tous lés journaux hitéraires qui parurent pendant un siécle. Des fappfochemens al:si nombreux et aussi va- tiés, rendoië£nt trés- difficile la composition de la täble des auteurs ; elle est cependant executée avec bedücoup d'exactitude , et précédée d’un travail qui à du encoié dtmander du ténps êt de la patience ; c’est une listè alphabétique des éloges des savans de tout genie , insérés,.dans les journaux littéraires que possédoit lPabbé Guoujet. Notre auteur avoit adopté pour la classification de sa bibliothéque, le système bibliographique le plus généralement suivi. Ce système est né en France vers le milieu du 17.° siecle ; ses principaux auteurs sont les frères du Puy, les Naudé , les Garnier, etc. ; ila été perfectionné au commenéement et vers le milieu du 18.° siécle , par les Martin ; les Barrois ; les Debure , libraires, qui joignoient des connoïissancés littéraives à celle de leur état ; sa clarté et sa simplicité en ont fait une langue ;commune:à + ; T Mélanges. 189 tous ceux qui s’occupent de bibliographie 3 il faut la connoître, si l’on veut consulter avec facilité et avec fruit les excellens catalogues de livres publiés en France.et dans l'étranger depuis un demi-siécle. Vouloir lui substituer un systeme basé sur l’ordre généalogique et encyclopédique des connoïssances humaines , c’est se jeter dans un labyrinthe sans issue.: Peut-être ne remarque-t-on, pas assez que les divisions géuérales du système bibliographique françois, et ses principales subdivisions-se gravent avéc facilité dans la mémoire, Aussi me paroît-il bien supérieur au système adopté par les auteurs alle- mands du répertoire genéral de li:térature qui: se publie à Jena. La multitude de subdivisions in- troduites dans celui-ci, jointe aux termes scienti- fiques dans lesquels elle est énoncée, y répand une grande obseurité. On peut en juger par la ‘4 ! traducrion que vient d’en publier le C. Fleischer , à Ja t£te : “de soù Arnnuaïre de la Libraïrie. Paris , Le- vrault, an #2 xoloinr 8° Combien d'articles se trou- vent mal placés par cet estimable bibliographe , dans | LS rédertoice, des ouvrages qui ont paru en France 1 pendant l'an IX! Ce nouveau systeme d’ailleurs doi ‘beaucoup au nôtre. Les bibiiographes allemands eus: . sent peut-être mieux fait de se contenter d'améliorer æelui-ci : 1} sufisoit de rectifier la partie relative aux sciences naturelles set d’énoncer les subdivisions da . LA THÉOLOGIE ; DU; DROIT PUBLIC ÊT DE:LA POLI- TIQUE, d'une manière conforme à l’état actuel de 4 Je. civilisation. :ade reviens au catalogue de l'abbé Goujet : il l’a Le ' 186 Bibliographie. divisé en cinq grandes classes de la manière suivante: THÉOLOGIE, BELLES-LETTRES ; JURISPRUDENCE y SCIENCES ET ARTS, HISTOIRE ; ses subdivisions sont. en général celles de nos bons catalogues : seulement les ouvrages se trouvent placés dans chacune d’elles avec une attention plus scrupuleuse ; il a eu aussi un soin: particulier de renvoyer des ünes aux autres, parce. que l’on a coutume de placer certains ouvrages dans les unes ou dans les autres. On voit qu’il a été di- rigé dans ce placement par son attachement aux principes religieux, objet auquel il rapporta toutes ses autres études : c’est ainsi qu'il mit dans une des subdivisions de la théologie les traités de morale sur les devoirs des princes et des grands , des maîtres ét des domestiques , des militaires et des gens mariés, tandis que leur place naturelle seroit dans la classe des sciences , aux subdivisions de la politique et de Ja morale ; c’est ainsi encore qu’il a mis dans la même classe de théologie le Traité du Jeu, par Bar- beyrac , que l’on voit placé ordinairement daus la classe des arts, en tête des articles concernant les jeux. Beaucoup de ces ouvrages sont en effet appuyés sur les maximes du christianisme; mais on peut con- cilier toutes les opinions, en intitulant ainsi une des subdivisions de la politique : Traités de politique dont les principes sont tirés du christianisme. On feroit la méme chose pour plusieurs ouvrages de morale, Tel est le plan général du catalogue de Pabbé Goujet : on peut croire que chaque subdivision est remplie par des ouvrages bien choisis dans tous les genres, mais particulièrement dans La théologie, dans Mélanges. 187 les belles-lettres et dans l'histoire littéraire. I] a em- ployé daus plusieurs de ses écrits une grande partie des remarques dont il a fait suivre une multitude d'articles : je citerai celles dont il n’avoit pas encore fait usage, et qui me paroîtront mériter l’attention des curieux; je suivra: pour cela l’ordre des volumes. Les deux premiers sont consacrés à la théologie, l'un a 935 pages et l’auire 953, écrites en général sur le recto seulement ; mais une grande partie des verso du premier volume se trouvent remplis. On se rappelle Pardeur avec laquelle l'abbé Goujet a embrassé et soutenu la cause des illustres solitaires de Port-Royal : cela ne l’a pas empêché de porter des jugemens p'eins de justesse et dé modération sur des auteurs qui ont eu des opinions differentes des siennes ; il détaille avec beaucoup de soin les dis- sertations dont le père de Tournemines , jésuite, a enrichi lPédition qu’il a donnée en 1719, des com- mentaires de son confrère Menochius sur PEcriture sainte. Voici la manière dont il indique un ouvrage d’A- beïlard , iotitulé : P. Abælardi expositio in hexa- meron, qui se trouve dans le t. V du Z'hesaurus novus anecdotorum des PP. DURE et Durand, pag. 1363—1415. Les éditeurs croyent qu’Abeilard a écrit cet ou- «“_vrage apres sà réconciliation avec 5. Bernard : il « Je composa à la prière d’iéloïse, à qui l'on sait « qu'il ne pouvait rien refuser. Il y explique la Ge- “ nèse selon le sens littéral, le moral et l’allégori- « que. Zn e& expositione , disent nos savans éditeurs, 188 Bibliographie. | É mirum Abælardi, ingeniun el erudjliquenisuspicere : « libet. » La préface de l’auteur est adressée à Hé- « loise, à qui, il dit : Supplicande postulas , « el postu= « lando supplicus \soror Heloysa, in sæculo quondams « cata, rune Enr C hristo Carissima , quatents eExpOst= « 1ionem horum. Lanto studiosiüs intendam , quantà “ difficilioyem esse constai intelligentiam , etc, » Je traduis ainsi ce, passage FOIE dominent les sen- timens les plus tendres : «, Vous me demandez avec = supplication., vos, me suppliez avec instance ; MA + sœur E Héloïse, 6 vous qui m'avez été si chère dans «le. monde x Et quium'étes aujourd’ hui très-chère en Jésus-Christ, de vous expliquer les livres de la « Genèse avec d'autant plus de soin qu’ils sont plus “ difficiles à entendre , etc. » Il est étonnant que les Ru de nos Dic- tionnaires historiques n'ayent pas fait usage du pas- sage suivant , relatif à Ricotier, traducteur du trai- té de Clarke, sur l’existence et les attributs de Dieu, Goujet l’avoit tiré d’un recueil de divers écrits, dont il ne put annoncer la date, parce que son exem- plaire étoit sans titre et sans conclusion. J’en. possede un très- complet ; voici son, vrai titre : : Pariétés , ou Divers écrits; par M. D. S, H.: Amsterdam, Lesieurs 1744. ‘In-12 de 5r2 p. Cette collection n'a rien de commun avec celle. intitulée Recueil de div ers écrits Gpublié par SAINT - HYAGINTHE ). Paris, Pissot , 1736, in-12. Voici le précis fait par Goujet. (tom. M p- cv ) du morceau sur R: cotier ; qui se trouve à la pag: 34€ et suiv. des Puriétés, « L'auteur écrit de Hollande, sx; Mélanges. 189 ét dit : Il ÿ a dans cette ville un Francois refugié, nommé P.Ricotier ; c’est un homme ile soixante-dix ans, paralytique de la moitié du corps, incapable de remuer dans un fauteuil, adapté à ce triste état. Malgré ses infrmités, il parle bien de toutes cho- ses ; elles n’ont affoibli ni son jugement ni sa mé- moire, et ses malheurs n’ont point abattu la force de son esprit ; il est du côté de Bordeaux, ou de Bordeaux mêne. Né protestant , il voulut sortir du : royaume dans un temps où il n’étoit plus libre aux protestans d’en sortir. Il avoit fait cacher sa femme avec trois petits enfans qu’il avoit d’elle, à fond de cale d’un vaisseau où étoient encore plusieurs autres prôtestans. On vint visiter le vaisséau qui alloit mettre à la voile. À peine la visite fut-elle faite, que le feu y prit si subitement , que tous ceux qui étoient à fond de cale; furent ou brulés ou étouffés par la fumée. Ricotier étoit sur le pont ; déguisé en matelot , et vit ainsi sa femme et ses enfans consumés par les flammes, sans pouvoir les secourir... Il trouva depuis le moyen de venir en Hollande, où il a gagné dans le commerce quelque petit bien.... Cet homme a dans le discours une élégance et une politesse surprenantes. Il sait lhis- toire de France si parfaitement , qu’on diroit qu il a passé sa vie à en enrichir sa mémoire. » Il ne seroit pas impossible que Saint- Hyacinthe ;' qui mourut en 1746 , à Breda , fut l'éditeur du nou veau recueil de divers écrits. Il contient, éntr’autres morceaux curieux, 1.° deux Leities assez étendues’ sur des ouvrages imprimés daus le XV. siécle; 190 Bibliographie. 2.° une nouvelle traduction des Amours de Lucrèce et d’Euriale, fameux roman d'Æneas Sylvius, depuis pape , sous le nom de Pie IT, Elle est fidelle et assez bien écrite. L'auteur cependant a omis quelques dé- tails qui lui ont paru trop libres. Cette traduction paroît avoir été inconnue des rédacteurs de la Bi- bliothéque universelle des romans, puisque dans le volume d'août 1777, ils se sont servis, pour faire connoitre l'ouvrage d’Æneas Sylvins, d’une préten- due traduction faite par un sieur de Lousvencourt, sous ce titre: Les Amours de Sienne, où l’on prouve que les femmes font mi ux l'amour que les filles et les veuves. Leyde , 1706 , in-12. Cet ouvrage est plutôt une parodie, qu'une traduction des amours d'Euriale et de Luerèce ; 3.° la Comtesse de Tende, petit roman, composé par M." de la Fayette, pour justifier l’aveu de la princesse de Clèves à son mari, par un aveu bien plus grave , celui que Sophie fait à Emile, Il avoit paru d’abord dans le Mercure de France, et ensuite dans différens recueils. Les uteurs de la Bibliothéque des romans l'ont réimp'imé à la suite de l'extrait qu’ils ont donné en 1776 de la princesse de Clèves. Ils l’ont fait préceder d’anecdo- tes curieuses sur les motifs qui déterminérent M.me de la Fayette à le composer. On a lieu d’être sur- pris que M. de Landine n'ait pas profite de ces anecdotes, pour rédiger sa notice historique et litté- raire sur M.me de la Fayette, et qu’il n’ait point placé la comtesse de Tende dans la collection des Œuvres de cette dame célèbre, La traduction du Traité de la Vérité de la reli- D | Mélanges, TOI gion chrétienne par Grotius, fut le premier ouvrage de Goujet. Elle parut , pour la premiere fois, en 1724, in-12, avec des remarques. Îl en publia une seconde édition, augmentée de la Vie de Grotius et de nou- velles remarques, Paris, veuve Lottin. 1554, 2 vol. in 12. Les préfaces de ces deux éditions, celle de la seconde surtout, contiennent des détails curieux sur les précédentes traductions du même ouvrage : cepen- dant Goujet n’y parle pas, avec son exactitude or- dinaire, de celle qui est remarquabie par le nom de son traducteur (Mézeray):, et par les caractères M imitant l’écriture bâtarde, dont s’est servi l'impri- meur (P. Moreau ). L’exemplaire de cette traduction que j’ai sous les yeux , et qui est celui de la bibliothéque du Conseil- “ d'Etat, contient l'extrait du privilége accordé à Mé- zeray , le 22 mai 1641, pour Ja faire imprimer. Il est dit au bas de l’extrait, que impression n’a été finie que le 8 juin 1644. On y tronve aussi la ces- sion faite par Mzeray à P. Moreau, des droits que » Je-privilege lui donne sur l’ouvrage. Cette pièce ne laisse aueun doute sur le véritable aüteur de la traduction ; mais elle manque à beau- » coup d'exemplaires, notamment à celui de la Bi- bliothéque nationale : aussi les rédacteurs du cata- dogue Pont-ils attribuée en 1742 (tom. II, pag. 422, n° 7215. D.) au P. Talon de l’oratoire. Bayle, - dans son Dictionnaire, art Grotius, la donne, sur “oui-dire, à un M. de Courcelles, qu’il ne fait “pas connoitre. L'abbé Goujet , dans sa préface de 2724, déclara ignorer la date de l'impression et le 192 Bibliographie. mom de l’auteur de la traduction, imprimée pär Pierre Moreau. hs: L'abbé d'Olivet, qui publia, en 1729, im4; l'Histoire de l’Académie françoise, par PELLISSON, avec uve suite, depuis 1652 jusqu’à 1700, dit, dans une note relative à Mézeray, qu’on gardoit dans la bibliothéque de M. Séguier, deux registres in-folio où étoient tous les priviléges obtenus de son temps; il y vit que Mézeray demanda en mai 1641, un privi- lége pour l'impression d’une traduction par lui faite de louvrage : de Veritate religionis christianæ, par Grotius. « Je ne sais, ajoute d’Olivet , si elle: été “ imprimée,» Cette note ne se.trouve pas'dans l’é« dition de l'Histoire de l’Académie Francoise ,. pu- bliée en 1730, 2 vol. in-r23; mais la traduction d& Traité de Grotius y est placée au rang des ouvrages de Mézeray, sous la date de 1644; ce qui n’a. pw être fait que d’après l'indication de quelques amis; ou la vue de l'extrait du privilégé accordé à Mézeray. ! L'abbé Goujet ne manqua pas, dans sa préface de 1754, de citer la traduction attribuée à Mézeraÿ par d’Olivet ; mais il ne'paroît pas encore avoir été convaincu à cette époque’quela' date de 1644 étoit celle de la traduction imprimée par P. Moreau : cette traduction, toute médiocre qu’elle est, est encore . chere dans les ventes : sans doute a cause de la rareté * desexemplaires ; mais elle n’est connue des gens de , lettres que par-la méprise rolevée par Lamothe le Vayer,dans son Hetàähierdn rustique}. 48 de l’éditionf de Paris, petit in 12,670. « Grotius, dit Lamothe lé « Vayer, a nommé PAulo Biblius, dans son livre dela «“ Religion " Mélanges. 193 « Religion chrétienne : un très-habile homme, dut « l’a mis en françois, a dit, sans y penser, Philon « le libraire , au. lieu que Biblius signifie naüf de « Biblis, ville des Milésiens, dans la Carie.» Si l’abbé d'Olivet, dans sa seconde édition de PHistoire de l’Académie françoise , eût ajouté à la description du titre de la traduction du traité de Grotius par Mézeray, ces simples mots : Enprimé avec les nouveaux caractères de Pierre Moreau , ileût fixé les idées de l’abbé Goujet sur cette traduction, et je n’aurois pas aujourd’hui à entrer dans des dé- tails aussi longs sur un sujet que beaucoup de lec- teurs pourront trouver minutieux. Je reprends l’examen du 2.° vol. du catalogue. L'abbé Goujet , à la page 359, présente Lemaistre de Sacy comme l'auteur de la #rès-solide réponse à la lettre d’une personne de condition , touchant les règles de la conduite des Saints-Pères dans la com- position de leurs ouvrages, pour la défense des vé- rités combattues ou de l'innocence opprimée. Cette réponse est datée du 20 mars 1654. « M. Arnauld, « continue l’abbé Goujet, a traité le même sujet « dans sa dissertation , selon la méthode des géome- ” tres, pour la justification de ceux qui employent, «“ en écrivant, dans de certaines rencontres, dester- - « mes qne le monde estime durs. Cette dissertation « se trouve au recueil des lettres de M. Ainauld , « t. 3, p. 251 et suiv.» Ce passage prouve combien est inexact le mor- ceau suivant, tiré d’un ouvrage qui est entre les . mains de tout le monde ; je veux parler du Diction- Tome F, N 194 . Bibliographie. faire historique, édition de Caen : les auteurs y disént à article d'Antoine Arnauld, que Quespel publiaune vie d’Arnauld , avec des pièces relatives et des écrits posthumes : « on ytrouve, ajoutent-ils, une réponse « aux reproches qu’on lui avoit faits de se servir de «“ termes injurieux contre ses adversaires ; elle a pour: déomès « titre : Dissertation selon la méthode des 2 “ res, etc. » | L'édition de la vie d’Arnauld, publiée par Ques- nel avec des pièces justificatives , est celle de Liége,, 1697 et 1698, 2 vol. in-12. On trouve bien dans le second, 1.° une réponse à la plainte que l’on fait à M. Arnauld des termes injurieux dont il se sert pbur décrier la morale de ses adversaires; 2° la réponse à la lettre d’une personne de condition..... Mais ces deux lettres n’ont de rapport que pour le sujet avec la singulière dissertation selon la méthode des gomètres. Les auteurs du Dictionnaire historique auront sans doute confondu-l’une ou l’autre de ces réponses avec la dissertation. Il y auroït une dou- ble érreur dans le second cas , en ce qu’ils attri-: buercient au docteur Arnauld un morceau qui est de Lemaistre de Sacy : cela est si vrai, qu’on ne le trouve pas dans la collection des œuvres d’An- toine Arnauld. Cette réponse à la lettre d’une per- sonne de condition a été iinprim’e pour la premiere fois, à la suite des enluminures du fameux a/manach des jésuites, Liége , Jacques Lenoir, 1683, in-8.° Quesnel ne devoit pas ignorer le nom du véritable auteur de cette réponse ; mais il laura sans duute reproduite à la suite de la vie de son illustie maitie, à cb Mélanges. »; 408 parce qu’elle étoit écrite dans ses principes, et quel- quefois avec la mâle énergie qui distingue ses ouvrages polémiques. On trouve dans ces deux premiers volumes la co- pie de trois notes manuscrites de Jean Racire; la première relative au Nouveau Testament de Mons, est ainsi conçue : « Le Nouveau Testament de Mons « a été l'ouvrage de cinq personnes, MM. de Sacy, « Arnauld, Lemaistre, Nicole et le duc de Luynes. « M. de Sacy faisoit le canevas , et ne le remportoit « jamais tel qu'il avoit fait; mais il avoit lui-même « la principale part aux changemens, étent assez « fertile en expressions. Ni, ‘Arnauld étoit presque « toujours celui qui déiterminoit Îe sens. M. Nicole ! « avoit presque toujours devant lui S. Chrysostôme « et Beze: ce deinier afin de l’éviter. » Je ne sais si je me trompe, mais ces quatre li- gnes du grand Kacine me paroissent donner une idée parfaite dés talens divers des hommes célèbres qu il met pour ainsi dire en scène. La seconde note concerne un recueil de divers traités de piété ( par Jean Hamon, médecin de la faculté de Paris. ). Paris, G. Desprez, 1689 et 1687, 2 vol.in 12. Racine prétend que le Traité de l’amour de Dieu, qui est le premier du 1.°* volume, n’est point de M, Hamon; il ajoute que la publication du 1. volume, a été procurée par Nicolas Fon- taine, et que celle du 2.°, lequel est beaucaup plus exact, est due aux soins de M. Nicole, N 2 196 Bibliographie. Dans la troisième note, Racine assure que l’ou- vrage intitulé : L’Imuge d'une Religieuse parfaite et d’une imparfaite, avec les observations intérieu- res pour toute la journée, Paris, Ch. Savreux, 1066, in.12, a été recueilli par la sœur Euphémie (Pascal), sous la mère Jeanne-Catherine Agnès de Saint-Paul-Arnauld. J’ignore quel motif peut avoir eu Gouijet pour ne pas placer la jurisprudence apres la théologie , comme on le fait dans les catalogues ordinaires. Les belles- lettres forment la seconde classe de son catalogue , et c’est par elles que commence Île troisième volume. J’y remarque d’abord ( p. 39} une édition de Lyor, 1496, du fameux Catholicon ou Dictionnaire gram- matical de Joannes de Janua (Jean Balbi, de Ge- nes }; Goujet observe que ni Chevillier, ni Mait- taire, ne parlent de cette édition : elle étoit en effet peu connue à l’époque où il écrivoit ; mais, depuis, elle a été indiquée par les CC. Debure et Vanpraet, dans leur catalogue si estimé de la riche bibliothéque de Lavallière ; par Denis , dans son Supplément aux Annales typographiques de Maittaire; et par Panzer, dans ses nouvelles Annales typographiques. Je n’ai lu nulle part la plus grande partie des anecdotes suivantes, relatives au Dict'onnaire néolo- gigue à l’usage des beaux esprits du s'écle ; avec l’é- loge historique de Pantalon Phœbus , par un avocat de province , 3.*édit., coriigée et augmentée de plus de 200 articles ; de la réception de l’illustre messire Christophe MATHANASIUS, à l'académie françoise ; À ) | À Mélanges, 197 d’une réponse de M. le doyen de l’academie ; de remarques , du Pantalon-Phebéana , ou mémoires, observations et anecdotes au sujet de Pantalon-Phœæ- bus ; de deux lettres d’un rat calotin, à Citron Bar- ‘ bet, au sujet de l’histoire des chats, etc. ; par l’au- teur du Dictionnaire néologique, Amsterdam , Mi- chel Le Cène, 1728, in-12. « La première idée du Dictionnaire néolosique, dit Pabbé Goujet ( tom. 3, pag: 59), fut remplie par M. Jean-Jacques Bel , conseiller au parlement de Bordeaux, mort à Paris le 15 août 1738, âgé de 45 ans. Il abandonna ensuite ce qu’il avoit fait au sieur Pierre-François Guiot des Fontaines, qui mit cet ouvrage dans l'état où il a paru , et y a fait Jes additions qu’on lit dans la troisieme édition. Par Christophe Matanasius, il a voulu désigner M. Mirabaud, traducteur de la Jérusalem déli- vrée du Tasse, etc. 3 l’Histoire des Chats, cri- tiquée dans les deux lettres, est du sieur Paradis de Montcrif, depuis l’un des 40 de l’Académie francoise. À près ces deux lettres ,on a mis une pièce en vers, intitulée: Le Rajeunissement inutile, où les Amours de Tilon et de Aurore ; par l’auteur des Chats. « La première édition du Dictionnaire néologique est de 1726; la seconde de 1727: sur lavis qu’on eut de la troisieme , on assure que l’Academie fran çcoise pria M. le garde des sceaux d’en empécher -lentrée en France ; oa fit aussi courir te bruit que cette édition seroit ornée d’une estampe représen— tant le cafe de.la veuve Marion, où nos beaux N 3 198 Bibliographie. « esprits s’assembloient alors, et qu’on y devoit voir, “ d’un côté, la dame Marion assise ; et, de l’autre, « M. de Lamothe , environné de ses partisans, avec “ Ce vers : \ Inficiunt pariter linguas isti, illa liquores. " « Ce vers fut ainsi paraphrasé : Cette vieille affamée, et ces fades rimeurs, Sous un semblable maître ont fait apprentissage, Tandis que celle - ci [relate ses liqueurs, Ses chalands, à l'euvi , corrompent le langage Par quel motif le satyrique Desfontaines choisit- il Mirabaud, pour verser son fiel sur lui? La des- mort, on lui attribua des ouvrages capables de flé- tuir:sa réputation dans l'esprit de beaucoup de per- sonnes. Parmi ceux dont il passe pour être le véri- table auteur, et qui parurent de son vivant ,il en Ÿ tinée de cet acad£micien a été singulière : après sa | 1 est un auquel ses amis firent des changemens et des 1 augmentations assez considérables pour en former un ouvrage nouveau. Je veux parler de celui qui est 4 intitulé : Le Monde, son origine ét son antiquité , L suivi d’un 7raré de Pame et de son immortulité , et d’on Essai sur la Chronologie , 1791 , trois parties fl en 1 vol. in-x12, Le célèbre Dumarsais est regardé ” comme léditeur de ces trois opuscuies. Le C. Nai- geon Jui en fait une espece de crime dans Particle ' Mirabaud du Dictionnaire de la Philosophie ancienne et moderne de l'Encyclopédie méthodique. A l'en croire, Dumarsais les a fait imprimer sans la participa … tion de l’auteur; il a joint à la vérité quelques notes aux : Mélanges. 199 deux premiers; et, dans la préface, il se déclare l’au- teur du troisieme, e’est-à-dire de l’Essai sur la Chro- nologie; mais le C. Naïgeon peut-il ignorer que le Traité sur le Monde, son origine et son antiquité , se trouvoit imprimé , depuis 1740, dans le recueil inti- tule : Dissertations mélées',«sur divers sujets impor- tans et curieux. Amsterdam ; J. Frédéric Bernard, 2 vol. in-a2, et que Dumarsais, dans l’édition de 1751, en a seulement rajeuni le style et fortifié les preuves ? C’est ainsi que la dissertation du même Mi- rabaud , qui a pour titre : Opinion des anciens sur les Juifs, et qui a été, selon le C. Naïigeon, im primée en 1769 , après aoir été revue avec soin , par un éditeur instruit et intelligent , se trouve en- core, quant au fonds, dans le recueil de J. Fréd. Bernard. {] rétulte de ces détails, ou que Mirabaud n’est pas le véritable auteur du Traité sur /e Monde, son origine el son antiquité, où que Dumarsais n’a pas conimis une aussi grande infidélité que le pré- tend le €. Naïigeon, puisqu'il n’a fait que réimpri- mer avec de nouveaux développemens un opuscule qui étoit connu depuis onze ans. Ce qui prouveroit que Mirabaud:n’est pas lé véritable auteur de l’ou- vrage sur l’antiquité du monde et de celui sur les Juifs, c’est que le libraire - éditeur des Dissertations mélées ; ‘affirme , dans son avis au’ lecteur, que Ja première Dissertation (celle sur Porigine du monde), Ja troisieme (celle sur les Juifs), et la quatrième {celle sur le Märtyre) étoient d’un auteur qui, jusque alors(en 1740), n’avoit pas eu la hardiesse de mettre sen nom entiér à aucun ouvrage, et s’étoit contenté N 4 . 200 Bibliographie. de se faire connoître au public par des lettres ini- tiales mises à la fin d’une préface : or, en 1740, Mirabaud vn’avoit publié que sa traduction de la Jé- rusalem délivrée, et il avoit mis son nom entier au bas de l’épître dédicatoire au duc d'Orléans. Je profite de la circonstance pour observer que PEssai sur la Chronologie, qui termine le volume publié en 1751, ne se trouve pas dans la colléction des Œuvres de Dumarsais, publiée à Paris, lan 5, en 7 vol. in-8.°, non plus que deux autres opus-. cules du même auteur, insérés dans les Mercures de juillet 1723, p. 48, et août 1725, p. 1787 et suiv. L'un est intitulé: Discours physique et historique sur ‘la pesanteur de l'air ; Vautre est une réponse à une lettre écrite de Marseille, au sujet d'un flux et re flux arrivé dans le port de cette ville. Ces trois opus- cules, où l’on remarque la sagacité et la justesse d’es- prit de Dumarsais, eussent mieux figuré dans la collection de ses Œuvres, que PEssai sur les Pré- jugés qui lui a été faussement attribué apres sa mort, Le principal auteur de ce dernier ouvrage est le baron d’'Holbac , qui a eu aussi la plus grande part à la composition du Système de la Nature; il a fait paroi- tre, l’un, sous le nom de Dumarsais; l’autre , sous celui de Mrrabaud, pour s’éviter à lui-même et à ses collaborateurs les persécutions dont le voile simple de anonyme ne les eût peut-être pas mis à couvert. Mais revenons à Goujet , de dessus lequel j’ai peut- être trop longtemps détourné l’attention du lecteur. On sait que la traduction du Traité de l'Orateur de Cicéron, par lJ’abbé Colin , est suivie de trois Mélanges. 201 discours qui ont remporté le prix d’éloquence au jugement de l'Académie françoise. Goujet fait re- marquer (t.3, p. 75 ), que l’auteur s’étoit pré- senté en conséquence pour remplir une place à l'académie, selon un des articles de ses statuts favo- rables à ceux qui ont été couronnés ce nombre de fois; « Mais il n’a pu l'obtenir, ajoute-t-il, sous le “ vain prétexte que M. Colin n’avoit ni bénéfice, “ ni assez de patrimoine : il vivoit cependant très- « bonorablement ; je l’ai connu , et il a eu même la « confiance de me communiquer son ouvrage avant Pimpression. [l est mort après 1740, dans un âge " avancé. » Si cette anecdote eût été publiée dans le mo- ment où nos assemblées nationales s’occupoient de la suppression de l’Académie françoise , elle eût peut-être fait plus d’impression sur les esprits que l'écrit de Chamfort, qui a été vigoureusement combattu par l’abbé Morellet. Je ne crois pas au moins. que ce dernier eût voulu justifier l’Académie sur sa conduite envers l’abbé Colin. Après avoir décrit la belle édition en 2 volumes in-8.°, Paris, Guérin 1749, de la traduction de lAnti- Lucrèce du cardinal de Polignac , par Bougainville, et fait sentir le, mérite du discours préliminaire du traducteur , l’abbé Goujet ajoute : “ Le premier chant de l’Anti-Luerèce, traduit en « vers françois, se lit dans le Mercure de France, “ décembre 1951 ,t. 1. p.76. Le traducteur est M. “ Leblanc de l’oratoire, né à Marseille, alors profes- “_seur de rhétorique à Beaune ; depuis le mois d’oc- Lé 209 Bibliographie. “ tobre 1757 , professeur de rhétorique à Troyes. Il « a tout traduit , et il doit le donner au public; c’est « un homme de 27 à 28 ans, né poète et très-grand « poète; il a composé aussi un poème en douze chants « sur la conquête de la Hollande par Louis XIV. 11 « m'en a lu un chant, et plusieurs endroits des au- «tres; je n’ai jamais rien vu de si poétique. » | Toutes les circonstances de cette remarque , pa- raissent applicables à Antoine Leblanc de Guillet , pé à Marseille le 2 mars’ 1730, et mort à Paris le 14: messidor an VIL Il avoit précisément 28 ans, à l’époque où Goujet a écrit la note que l’on vient de lire , c’est-à-dire en 1758. Les principes et les goûts de l’estimable Leblanc ont bien changé dans la suite, puisqu’au lieu de faire paroître sa tra- ductiom en vers de l'Anti-Lucrète, il a publié en 1788 , celle de Eucrèce lui = même, aussi en vers Au reste, le r.‘* vol. du Mercuré de décembre de 2701 , ne contient que 188 vers qui répondent à 209 vers du premier chant de J’Anti-Lucrèce. Ce même fragment de la traduetion dû premier chant de l'Anti-Lucrèce, augmerité de près de trois cents vers, ainsi que plusieurs fragmens du poème sur la conquête de la Hollande, ‘ônit été insérés par Pauteur dans louvrage périodique'iñtitulé : Ze Con servateur auquel il a travaillé pendanñt quelque temps; Voyez l’année 1760, février, p: 195-516, let avïil, p: 54-73. Le C. Mahérault n’a eu apparemment aucunë connoissance du travail de Leblanc sur l’Anti-Lu- crèce, Car il n’en parle pas dans la notice curieusé ONE TT Up de Mélanges. 203 qu’il a publiée, sur la vie et les écrits de Leblanc. Paris, ao VIII, in-8. Le volume que je parcours n’a que 793 pages. Mais les verso sont plus remplis en général que dans les deux volumes de théologie On voit par les dé- tails qu’il renferme, qu'après l’étude de la religion, celle des belles lettres a eu le plus de charmes pour laobé Goujet. La jurisprudence commence avec le quatrième voläime. J'y vois, à la page 14, l'abbé Goujet appeler très-bon ouvrage celui du professeur Lorry intitulé: Essai de dissertation ou recherches sr le marioge en sa qualité de contrat et de sacrement; à Pefjfet de prouver que dans le mariage des fidelles, on ne peut séparer le contrat du sacrement. Paris , 1700, in-12. Les opinions de ce savant professeur sur tout ce qui concerne Je mariage, sont celles de Bellar- min ; et il est étonnant que l'abbé Goujet , ait Joué sans restriction Les principes du plus fameux défenseur des opinions ultramontaines. Aucune ques- tion théologique n’a été plus embrouillée jusqu’à ce jour que celle relative au mariage descatholiques. Les prétentions ultramontaines sur €es mariages , me paroissent abolies pour jamais en France par la loi du 18 germinal, sur les cultes. L’article de la logique dite de Port-Royal , est accompagné des-remarques suivantes : (t. IV , p. 237 ). « Selon un manuscrit de M. Racine, qui avoit « été élevé à Port-Royal , les discours’et les addi- 204 Bibliographie. « tions sont de M. Nicole. Les premières parties «* sont du même avec le docteur Arnauld; la qua- “ trieme partie qui traite de la méthode n’est que « de ce célèbre docteur. Suivant un autre manu- « scrit, ce qu’il y a de M. Nicole, est le fruit en « partie de ce qu’il avoit enseigné à M. Le Nain de « Tillemont , qui fut instruit en effet dans les écoles « de Port-Royal qui ont été la source de tant de bons « ouvrages ; elles avoient été établies en 1645. » L’abbé Goujet , comme tous ceux qui se forftent une bibliothéque pour en étre aidés dans leurs tra- vaux, et non pour l’ostentation , possédoit un nombre considérable de recueils de pièces, dont le dépouil- lement se trouve consigné dans son catalogue. IL - est à regretter qu’il n’ait pas suivi dans ce dépouil- lement , le plan général qu’il avoit adopté et qui consistoit à placer dans chacune des subdivisions auxquelles ils appartiennent, les morceaux insérés dans quelque collection que ce soit. Le catalogue de la bibliothéque du conseil d’état dont l’impres- sion est très-avancée, présentera, pour la première fois peut-être , 200 volumes environ de recueils de pièces de tous formats , dépouillés systématique- ment. Je reviens aux recueils de l’abbé Goujet. L’un d’eux contenoit les deux lettres de Diderot au P. Berthier jésuite, qui avoit assez mal parlé de Encyclopédie dans les mémoires de Trévonx. L’abbé Goujet assure tenir de d’Alembert qu’il avoit fait ces deux lettres sous le nom de Diderot. Le C. Naigeon les a insérées, sans les faire précéder d’au- Mélanges. 205 cune réflexion , dans le tome troisième de la col- lection des œuvres de Diderot. Voyez la p. 223 et suivantes. L'abbé Goujet se plaisoit à accompagner l’indi- cation d’un ouvrage de tous les renseignemens ca- pables de le faire lire avec fruit ; je choisis entre mille autres exemples les notes relatives à l’Essai sur les probabilités de la durée de la vie humaine ; par de Parcieux, et aux Lettres d’Aristenète. 11 observe sur le premier ouvrage ( t.4, p. 301), qu'il y a des objections contre lui signées Thomas dans les mémoires de Trévoux, avril 1746, t, 1. « M. de Parcieux, ajoutet-il, y a répondu dans le « mois de mai. Le sieur Thomas fit de nouvelles «“ objections. M. de Parcieux y satisfit dansde Mer- “ cure de février 1747, par une letire adressée à “ M. Leclerc de la Bruëre, qui travailloit alors au. « Mercure Les objections et les lettres ont été de- « puis réunies iu-4.°, elles sont à la suite de mon « exemplaire, » Quant aux lettres d’Aristenète, il cite édition de Paris 1595, in-8.° , qui contient la traduction latine et des notes ; puis il ajoute : (t. 4, p. 565 ). « On ne connoît pas l’auteur de ces lettres où « Ja galanterie regne beaucoup trop. Sambucus, qui « en donna une édition en 1566 , est le premier qui u lait nommé Aristenète. On croit que l’auteur « quel qu’il soit, a vécu vers le temps de Sido- = = pius Apollinaris , dans leginquieme siécle. Mon édition est dédiée à Jacques Bongars; l'éditeur M PE : Le: . e #1 5 a CU. “ VIVOIL à Laris; uais £l ru pas signé son dpluires 206 . Bibliographie. « Il] y a ajouté celle de Sambucus , prise de l’é- « dition de Plantin 1566; dans les Ae/a Litterariæ « Henrici Leonardi Schurzfleischit, à Wittemberg , “ 1714, in-8.°, n.° V, p. 100 et suivantes; on a “ sur ces lettres des notes de Saumaise , de Muncker_ «_ et de Schurzfleisch. On en a encore dans les Mis- « cellineæ observationes ab eruditis anglis, in - 8.9 “ 1732 , tt. 1, p. 399-412. M. l'abbé Joly , cha- « noine de la chapelle au riche à Dijon , a donné « pareillement quelques observations sur le même « écrivain dans une lettre adressée au P. Berthier » jésuite, le premier mars 1753, et imprimée dans «“ les mémoires: de Trévoux ; juin , t. 2 , p. 1437 et «_ suivantes. Son sentiment est que le prétendu Aris- « tenète.a vécu entre le grand Constantin et Si- « donius A pollinaris. Voyez les preuves dans la lettre « citée. » Comment Goujet n’a-t-il pas su que l'éditeur des Lettres d’Aristenète, en 1595, étoit le savant Josias Mercier, beau-père de Saumaise ? C’est lui aussi qui est auteur ‘de la tracuetion latine. (Tom. IV, p. 657). L'abbé Goujet possédoit le manuscrit original des Lettres écrites par François Dron sur les médailles, depuis 1687 jusqu’à la fin de. mai 1690, 2 vol. in-4.° « Elles sont adressées « principalement à MM. Vailiant, Toynard, Mo- relle ,etc. Il y a aussi quelques nouveiles du temps: «_ On y trouve un nombre de médailles dessinées. Voy: sur M. Dron, le Supplement de Moreri de 1735.» Voici ce que pensoit Goujet des Lettres é lifiantes el curieuses; écrites par quelques missionnaires de Mélanges. 207 la Compagnie de Jésus. (Tom. IV, pag. 661.) «Il y « a beaucoup de géographie, de topographie, d’his- « toire naturelle, des éloges communément bien Faits de plusieurs des missionnaires ; c’est ce qui fait rechercher ce recueil. Pour ce qui est des martyrs dont on y parle, des conversions singulieres qu’on « y détaille, credat Judœus Apella, non ego.» La, raison applaudit à ce jugement ; mais on ne peut s’empécher de sourire, lorsque l’on pense qu’il sort de Ja même tête qui a composé un assez long can- tique en faveur des miracles du diacre Päris. Les amateurs de l’histoire littéraire savoient qu’Arnauld et Nicole avoient fourni à Pascal le fonds de plusieurs des Lettres provinciales ; mais peut-être ignorent-ils les détails suivans que je tire du 5° vol., contenant la classe d'Histoire , parce que Goujet a regardé ces Lettres comme faisant partie de l'histoire des Jésuites. « MM. Arnauld et Nicole, dit-il, p.205, « ont revu les Provinciales. Le dernier corrigea en « 1656, les 2°, 6°, 7.° et 8°, étant à l’hôtel des « Ursins ; il donna le plan de la 9°, 11.° et 12.° « chez M. Amelin, faubourg Saint-Jacques ; il revit « la 13° à Vaumurier, pres de Port-Royal-des- « Champs ; il fournit ia matiere des 16.°, 17.° et 18.° « Celle-ci est entièrement conforme à la troisième « disquisition de Paul-irénée, c’est - à - dire de M. « Nicole lui-même. La dissertation sur la Probabi- «lité, à la suite de la cinquième Lettre, est de « M. Arnauld, de même que ceWe sur l’ Amour de « Dieu, qui est après la première, M. Arnauld fit cette dissertation contre le P. Sirmoud , jésuite. » 208 Bibliographie. Je trouve les réflexions suivantes à la suite de la notice de plusieurs écrits pour et contre la fameuse congrégation des Filles de l'Enfance, supprimée à l'instigation des Jésuites, (même volume, p. 223:) « Parlant un jour du roman du sieur Reboulet, « (auteur de l’histoire de la congrégation des Filles “ de l'Enfance. Amsterdam, 1734, 2 vol. in-12), » avec M. Rouillé de Jouy, alors intendant de la « librairie , il me dit qu’il s’en étoit entretenu avec « le cardinal de Fleury, et que celui-ci lui avoit « dit que ce n’étoit en effet qu’un roman, où la vé- « rité se trouvoit altérée partout, et où l’on sup- «"posoit divers personnages qui uaygient jamais « existé. Feu M. le président Bouhier, de Dijon, qui avoit eu une parente dans la congrégation des Filles de l'Enfance , m’a écrit aussi la même chose, et qu’il étoit convaincu que c’étoit une histoire £ « faite à plaisir, » . Le P. Lelong et ses continuateurs, attribuent, dans la Bibliothéque historique de la France, à M. Amabie de Tourtreil, l’Znnocence opprimée , ou His- totre vérilable de la congrégation des Filles de l’'En- Jfance. Toulouse, Pierre de Lanoue , 1688, in-12. L'abbé Goujet regardoit cet ouvrage comme une » production du docteur Arnaud; et en effet, on le trouve dans le trentième volume de la collection des Œuvres de ce docteur. (Tome V, pag. 352.) M. de Querlon a publié en 1759, 3 vol. in-12, intitulés: Mémoires de M. de ***, pour servir à l'Histoire du XVWIL° siécle. « On écrit, “ dit l’abbé Goujet, que ces Mémoires sont du « comte Mélanges. 209 “ comte de Flecélles de Bresy ; ils concernent sur- «tout la France , et les ambassade: et négocia- “ tions de Pauieur. » Le marquis de Bréoy, petit- fils du comte , désavoua ces mémoirés par une lettre insérée dans l Année littéraire de 1760, tome IT, page 71. ( lbid. ag. 457.) L'Histoire de l’Empire ottoman , traduite de l’italien de Sagredo, par LAURENT, Paris, Barrois, 1724, 6 vol. in-12, donne lieu aux ‘réflexions suivaates. | « M. Laurent etoit fils d’an trésorier de l’ordi- » naire des guerres. [l faïsoit bien des vers françois ; “ et on a de lui plusieurs pièces en ce genre dans « les Mercures de son temps, ou en feuilles volan= « tes. [l a laissé uue traduction de Tite-Live, qui « m'a point paru ; elle étoit entre les mains de M. « Pabbé Delacroix, son parent, chanoine de Notre- .« Dame de Paris. , M. Laurent est mort la nuit du u 5 au 6 mars 1726, âge d’environ quaire - vingt “ cinq ans. I] fut biñlé dans l’incendie de la maison « où il demeuroit avec le sieur Colonne, qüi eut le « même Sort. Ce M. Colonne est au eur des prin- « cipes de la Nature , suivant l'opinion des anciens « philosophes, 2 vol. in-12, imprimés en 1525.» Qui sait aujourd’hui çe qu'est devenue cette tra- duction de Tite Live ? Combien de manuscrits im- portans ne se Perdeni ils pas par linsouciance des personues qui recueillent les successions, ordinaire- ment si modeites, des savans. Il seroit essentiel de réimptimer et de continuer jusqu’a nos jours, l’ou- yrage curieux .de T'Aeodorus Jähsontus ab Almelo- Lome VF. O » 210 Bibliographie. véen, qui a paru en 1688, in-12, sous ce titre : Bi- bliotheca promissa ac latens. Un tel ouvrage empé- cheroit la perte de beaucoup de manuscrits pré- cieux. Déja il a été continué jusqu’en 1699 par Ro- dolphe-Martin Méelfuhrerus ; mais 3] manque aux savans les renseignemens sur les ouvrages compo- sés pendant le siécle dernier, et qui sont encore inédits ? Le jugement de l’abbé Goujet sur le Journal de Trévoux , fait honneur à son goût et à son impar- tialité. « Ce journal, dit-il (tom. VIE, pag: 175), a « communément été bien fait, et ordinairement « impartial, tant qüe le feu P. de Tournemine en «“ a eu la direction, et y a travaillé. Il a été rempli « de paîtialité, d’aigreur et de controverses jésui- tiques, quand il été confié aux PP. Rouillé, « Hongrant, Bougeant et autres. Depuis que le. « P. Berthier s’en méle, c’est peut-être le meilleur de tous les journaux, et je mieux écrit. Le P. Ber- « thier a fini au mois de mai 1762, sa Société ayant « été-éteinte en France.» Les articles relatifs aux supplémens du Dietionnaire de Moréry, me paroissent mériter de trouver placeici. « Supplément au précédent Dictionnaire (de Mo- « RERF), par M. Cr. P.GOUIET, exceplé une grande « partie des nouvelles généalogies; qui sont de Jeu « M. LEnoUx DE L4ar AU. Paris ; Le Mercier, 1733 * « in-fol. 2 vol. Cet exemplaire est sans aucuns des «“ soixante-quatorze cartons que l’on a faits à ce sup- « plément, qui sont du sieur abbé Thierry, chanoine! « de l’église de Paris, et qui sont remplis de men- 0 s" RÉ ES SR À ar Vote De RE # Mélanges. 211 . songes, de faussetés et de calomnies. Ce fut M. « Je cardinal de Fleury, qui obligea ledit sieur à « faire ces cartons, sur les refus constans que l’au- «“ teur du supplément fit de s’y prêter. » « Deuxième Supplément, par Je même, avec des « additions, 1749 et 1750, in fol. 2 vol, Une partie « des généalogies de ce deuxieme supplément , est « de feu M. de Chazot. Dons cet exemplaire est la “ génealogie de Melun , qui a été supprimée, et qui “ ne se trouve que dans ledit exemplaire. Il y a aussi & les articles de feu MM. Petitpied et Fouillou ; et «“ trois ou quatre autres qui ont été pareillement « supprimés, et qui ne se trouvent que dans cet « exemplaire. » = Voyez sur le Moréry en général, une Lettre " de M. du Mubaret , curé de Saint-Léonard en Li- « mousin , dans le journal de Trévoux, juillet 1763, « tom. [, art. 70. Cette lettré contient de bornes observations ; le joufnaliste y a joint de judicieu- « ses réflexions. » Ces deux exemplaires des Supplémens au Moréry, n’ont pas été compris dans la vente des livres de M. de Charost. On peut donc croire que ses hé- ritiers en ouf fait présent à quelques personnes qui chérissent la mémoire de labbé Goujet, à moins qu'on pe suppose que M. de Charost ne s’en soit défait peu de temps après l’acquisition de la bi- bhothéque de l’abbé Goujet, avec une multitude d'articles d’histoire littéraire , parmi lesquels étoient sans doute les Letres @un Académicien à M. ***, sur le Catalogue de la Bibliothéque du Roi, 1749, O 2 215 Bibliographie. in-12 de 60 pag. Cet académicien est l’abbé Sa as (1), qui ne fit qu’une lettre, mais elle contient des re- marques fort judicieuses sur les fautes qui ovt échappé aux rédacteurs des trois premiers volumes du catas logue de la Bibliothéque du roi, contenant la THÉO- Locrs. Cette critique est de la plus grande rareté, parce que la plupart des exemplaires ont été suppri- més par les rédacteurs du catalogue. Je serois tenté de«roire que l’exemplaire de Goujet tomba entre les mains de l’abbé Godescaïd, qui le fit relier avec la notice des manu$crits de la bibliothéque de léglisé méiropolitaine de Rouen, et la critique du premier Supplément au Moréry ; deux autres ouvrages du même abbé Saas : il en fit présent à Mercier de Saint-Léger, le 18 mars 1794, à condition qu’il le réclämeroit, s’il lui survivoit. Ce donalaire étant mort le 14 floréal an virr (1800), la famille ren- voya le recueil au premiexpossesseur, quine surfécut que quatorze mois à son ami: J’ai acheté ces trois Opuscules de Saas, au mois de frimaire an 1X, à la vente des livres de M. Godescard. Saint-Léoer a mis quelques notes sur la Critique du Supplément de Moréry. . On se doute bien que le Dictionnaire historique, littéraire et critique ; contenant une idée abrégée de la vie et des ouvrages des Hommes illustres, 1708 , 6 vol in:8.°, étoit dans la Libliothéque de l'abbé M Goujet. Il assure dans son Catalogue (tom. V, à pag. 369 ), que l'abbé Barral , aidé de quelques Pères (1) Jean Saas, né À Saint-Pierre de Franqueville, en 1703, étoit M membre de l'Académie et chanoine de la cathédrale de Rouen; i “mourut dans celte ville en 1774. s d Mélanges. 213 de l'Oratôtre du collége de Soissons , en est le prin- “cipal, et presque l’unique auteur. À Jen croire, Ponvrage a été imprimé, partie à Auxerre, et partie (à Paris. Ce récit ne s'accorde pas tout-à-fait avec ce que je lis dans la feuille du 3 juillet 1799, des Nouvelles ecclésiastiques qui S’impriment à Utrecht depuis 1794 # et qui sont la continuation de la * Gazette ecclésiastique , imprimée à Paris pendant plus d'un demi-siécle. Il y est dit que le Dic- tionnaire historique , littéraire et critique, dit de Soissons ’atttibné à l’abbé Barral, principal auteur ou éditeur ; est sorti du collége et du :éminaire de Soissons, où étoient les PP. Guïbaud, Walla et ‘Chabot (1), oratoriens. Le P. Guibaud , ajoute-t on, (x) 11 faut écrire Chabaud. Joseph Chabaud, éditeur du Parnasse chrétien, mourut à Soissons, ron en 1762, comme on le marque dans la France littéraire, maïs en 1766, suivant le Nécrologe de l'Ora- toire, qui s'imprimoit sur une feuille volante, sous le titre de Liste des morts, etc. g Il.est très- vrai que la majeure partie du Dictionnaire, dit de Sois- sons, a été imprimée dans ceite ville. J'ignore si quelques voldmes ont été imprimés à Auxerre (par Fournier); mais il est certain que M. Grosley se chargea de veiller à l'impression de plusieurs feuilles qui furent imprimées à Troyes (chez Michelin, à ce que je crois ): je le tiens de lui-même, Au reste, cette multiplicité d’imprimeuts à l'égard d'ouvrages de celte nature, ne doit point éionner. « Ne vous en prenez qu’à vous-même, dit Pascal au P. Annat, dans « le postscriptum de la dix - septième lettre provinciale : on ne me « donne pas des priviléges comme à vous. Vous en avez pour coni- « battre jusqu'aux miracles, je n’en ai pas pour me défendre. On « court sans cesse les imprimeries. ... C'est un trop graud em æ barras d’être réduit à l'impression d'Osnabruk. » V. /es Provinciales in-4.°, édition, originale. Cette indication d’Osnabruk n'est ici que pour donner le change. L'édition fut faite à Paris, et: quoique dans € O 3 3 NA Bibliographie. k a composé les articles de plusieurs lettres de l’al- phabet, et en particulier celui de l’abbé de Saint- Cyran , peut-être un peu trop long, mais très bien fait. Ces détails se troüvent dans la notice sur la vie et les écrits du P. Guibaud, mort à Hyères en Provence , en 1794. Ainsi, tout porte à croire qu'ils sont exacts. les éditions suivantes on ait mis en tête de ce postscriptum : Et dans la copie imprimée à Osnabruk est en ce lieu ce qui suit, etc., c’est bien inutilement que l’on chercheroit une édition des Provinciales, faite à Osnabruk; il n'y en a jamais eu. Resteroit à examiner si ce petit déguisement, si cette espèce de masque typographique est con- damnable , et s’il n’y a pas là quelquetmensonge. Je laisse cetle ques- tion à décider à quelque casuiste; bien entendu qu’on ne prendra pas un casuiste jésuite , si l'accusé ou le prévenu est janséniste, er vice versé ; car, en pareil cas, je crains fort que sa peccadille ne soit jugée un cas pendable. Si je prends ici pour exemple deux partis à peu près éteints, ce n’est m par haine ni par prédilection; c’est uni- quement pour ne point metire en jeu d’autres partis qui leur ont succédé, qui sont aujourd'hui dans la lice, et qui ne montrent pas moins d’acharnement l’un contre l’autre. Je finis par une remarque que me fournit votre catalogue même du savant. et: vertueux abhé Goujer. Vous savez qu’on y,trouve Bre- vierium ecclesiasticum,, ete., Embrici, sumptibus Arnoldi Ni- colai. 1726, 2 vol: in-12. Qn savoit bien que ce projet de Bréviaire étoit de M Foinard. Mais que signifoit cette adresse, Embricæ , etc.? Cet ouvrage est-il en effet imprimé à Emmerick, chez le libraire ci-dessus indiqué? Non, et l'abbé Goujet nous apprend, ce qu'il toit bien’ difficilé de soupconner, que ce bréviaire'a été imprimé aux fiais d'Ærnoul du Bois et de Philippe - Nicolas Lottin (à Paris), sur papier venu d'Emmerick en Westphalie. Avouez que, dans la . Bibliographie, surtout si non finis est scribendi libros , il y aura un jour bien dés anecdotes et des explications très-capables de donner ! Ja torture aux Merciers à venir. N B. Cette note m'a été communiquée par M. * * *. Sa modestie empèche de le nommer. Mélanges. 215 Un des catalogues de livres, que possédoit l’abbé Goujet , est accompagné de remarques qu’on ne lira peut-être pas sans intérét : voici l’article : « Catalogue des livres du cabinet de M. I. D, G. « Paris, Lottin, 1733, in-12. Cecatalogue, rangé « dans un ordre nouveau, a été dressé par le posses- « seur même de ce cabinet, feu M. Linguet, pro- “ fesseur en l’université de Paris ; cet homme aimable “ et d’un excellent goût pour la bonne littérature, 4 fut persécuté pour avoir autorisé le miracle, dont « Dieu favorisa Don Palacios , jeune espagnol , dont « il dirigeait les études et qui avoit recouvré , par « l’intercession du bienheureux diacre M. de Paris, «“ une santé désespérée. M. Linguet , obligé de «“ quitter sa chaire , se vit contraint de se marier, et « d’acceptér un emploi assez mince à Reimssa patrie. u I] n’étoit pas fait pour cet état ; le chagrin le con- « duisit peu de temps apres au tombeau. Il avoit « vendu sa bibliothéque , avant que de se retirer, » Cet estimable M. Linguet , victime d’une persé- cution religieuse , étoit le père du fameux avocat de ce nom, qui a été condamné à mort le 9 messidor an 11, par le tribunal révolutionnaire de Paris, pour des délits imaginaires. Puisse cette notice, donner une idée avantageuse d’un ouvrage dans lequel son laborieux auteur a déposé le fruit de trente années de recherches sur l’histoire littéraire universelle ! Mais il faut le lire en entier pour en connoître toute l’importanee. Com- bien ce travail a dû lui faciliter la composition de ses derniers ouvrages! On y trouve avec plaisir le 0 4 216 B'blio graphie, fonds des utiles renseignemens qu’il a fournis aux mémoies de Niceron et de d’Ariigny ; des bonnes continuations qu’il a faites de la Bib'iothéque des auteurs ecclésiustiques de Dupin, et du Dictionnaire de Moréry. I! n’y a peut-être pas, pour un homme de lettres, d'idversuria plus commode : u’un cata- logue raisonné dans le genre de celui de l'abbé Goujete C’est la qu’il est larile de fixer, pour reirouver au besoin, les recherches qui nous ont couté tant de peines et les réflexions qu’elles nous ont occa- sionnéés ; si le célèbre bibliograpt e Saint-Léger eût adopté cet'e methode ; au lieu d'écrire sur de feuilles volautes les remarques qu'une immense lecture lui avoi! suggérées , nous, po:séderious d’utiles maté- riaux pour contincer l’importante his oire littéraire de la France, commencée par les bénedictins de la congrégation de Saint.- Maur. Au lieu que la plus grande partie de ces papiers, rapidis ludibria ven- is, a été dispersce à la vente des livres de sa bi- bliothéque ; et il seroit bien difficile d’en recueillir un assez grand nombre aujourd'hui, pour former un ouvrage intéressant. Au conti aire , l’ordre mis par Goujet dans ses travaux, a fait conserver dans son entier le manuscrit où il a fait preuve de l’érudition la plus étendue. Je regarde dune comme une précieuse acquisition celle que j'ai faite de ce catalogue raisonné. La mort a enlevé son auteur avant qu’il ait eu le temps de le remplir. Je tâche- rai de me pénétrer de ses exceliens principes et de compléter un travail digne d'occuper une place dis- tinguée dans les plus importantes bibiiothéques. À. BARBIER, bibliothécaire du Conseil-d'Etat, f ES TOTRE AVIS concernant l'Histoire de la Rivalité de la France et de l'Espagne , pour tenir lieu d’une préface qui manque a te nouvel | Ouvrage. Ds lecteurs peu attentifs ayant vu, dans le titre de ce nouveau hivre : Hisloire des rivolités de la France et de ,etc., se sont rappelé un autre ouvrage d'uu titre semblable, qu’ils ont connu autrefois, et ont Cru,, sans autre examen, qu'il ’agissoit d’une réimpression de l’Aistoure de la rivalité de lu France et de l'Angleterre. On ne peut laisser subsister une erreur si Contrahe au titre mêne de l’ouvrage , à Vinterét des libiaies , et au succès, quel qu'il soit, dont lotvraze peut être LAPS ; c’est un ouviage entièrement nouvean, qui n’a de commun avec /@ Riwallé de la France et de l Angleterre , que d’être du même auteur, et de pouvoir servir de pendant au premier. Îl est sur le même plan; on y fait, pour l'Espagne, ce qu’on a fait dans le premier pour l’Angleterre ; c’est-à-dire ,-qu’en considérant à ces deux nations dans leurs rapports et leurs points de comparaison avec la F 'ance, on n’a omis sur d’autres points aucun de ces événemens importans, et pour ainsi dire caractéristiques, qui font époque et qui distinguent les nations ; ; en sorte que chacun de ces deux ouvrages est en substance 218 | Histoire. une véritable histoire , celui-ci d’Espagne , l’autre d'Angleterre, et qu’il résulte des deux ouvrages une Histoire presque complete de la France , et vraiment complète dans ses rapports avec ces deux grandes puissances rivales, assez souvent réunies contre elle, Le dernier ouvrage , considéré comme Histoire d’Espagne ,a , même sur le premier, considéré comme Histoire d’Angleterre, l’avantage d’être encore plus nécessaire : l'Histoire d'Angleterre écrite à présent par plusieurs auteurs distingués entre lesquels David Hume s’élève comme un cèdre , est plus généralement connue; celle d’Espagne lPest à peine , et nous n’avons en françois aucun ouvrage où il soit facile et agréable de apprendre. Le P. d'Orléans, dans les Révolutions d’Espagne, n’est pas le même que dans les Révolutions d'Angleterre. L’abrégé de PHistoire d'Espagne de M. Désormeaux est le pre- mier et le plus imparfait de ses ouvrages; la con- fusion, que les fréquens partages de cette monarchie, en une multitude de petits royaumes, met naturelle- ment dans cette Histoire, n’a point été diminuée par Ja méthode de l’auteur , qui est entré dans trop de détails , et a trop multiplié les objets : tout ce qui a été fait ne mérite pas d’être dit, et l'Histoire d’Espagne, qui, par ces nombreux païtages, dans presque tous les temps antérieurs à Ferdinand et Isabelle , est trop semblable à l’histoire de nos deux : premieres races , exige plus qu'aucune autre qu’on fasse un choix, qu’on passe rapidement sur la foule des règnes insiguifians , qu'on ne s'arrête qu'aux 4 France et Espagne. 219 Faits mémorables et aux personnages dignes d’être connus. C’est à quoi on s’est surtout attaché dans l'ouvrage qu’on donne aujourd’hui au public. On croit n'y avoir rien omis d’essentiel, et n’y avoir mis que c&qui peut se graver dans la mémoire des hommes. Cette Histoire d’Espagne est en même temps, à beaucoup &’égards , une Histoire d'Italie, parce que les royaumes de Naples et de Sicile ont été les principaux objets de la rivalité de la France et de l'Espagne , et parce que l’Italie a été le théâtre des etpéditions qu’a entrainées cette rivalité, soit du temps de la maison de Suabe, soit du temps de la maison d’Arrason, soit enfin du temps de la maison d'Autriche. Enfin , pour éviterles doubles emplois, lorsque les deux rivalités différentes , sujets de ses deux diffé- rens ouvrages , rentrent l’une dans l’autre ,\par la réunion qui a souvent eu lieu de l'Angleterre et, de lPEpagne contre la France , si le sujet a été suf- fisamment traité dañs le premier de ses ouvrages, y renvoie le lecteur pour lui épargner une répétition superflue. Un avantage ascez considérable, propre au nouvel ouvrage, consiste en divers morceaux d'histoire en- tièrement inconnus jusqu’à présent , et tirés des manuscrits de Ja bibliothéque nationale. Telles sont , par exemple, dans le troisieme vo- lune, depuis la page 93 jusqu’à la page 124, les négociations relatives au royaume de Majorque et à ses dépendances , entre les ambassadeurs du duc 220 Histoire. PAU d'Anjou, fière de notre sage roi Charles V , lesquels réclamoient ce royaume de Majorque pour leur maître et le roi d'Arragon , usurpateur de ce royaume. Les artifices de’ce roi, ses dilatations éternelles, ses propositions Captieuses , ses feintes de rouloir re- préndré les négociations, quand il voit forcé de les abandonner ; Ja patience avec laquelle le roide Cas- tille, Henri de Transtamare, médiateur de cette que- _relle, ami sincere de la France, mais dont le fils étoit geudre du roi d’Arragon, suit ce prince astucieux . dans tous ses subterfuges ; l’adresse aniicale avec laquelle äl retient dans cette négociation les ambas- sadeurs francois mille fois rebutés des lenteurs étus diées et des promesses toujours violées du roi d’Ar- ragon, la franchise avec laquelle, convaincu enfin de la mauvaise foi du roi d’Arragon , il se Jivre au duc d'Anjou , tout cela forme un tableau instructif en politique, et agréable à considérer comme jeu des passious humaines. Uu tableau plus original et plus piquant encore, est celui que présente, dans lefméme volume, depuis la page 124 jusqu’à la 147, ce juge ou prince d’Ar- borée, ce fier et sauvage insulaire , ignoré jusqu’à présent, qui en use si singulierement envers Îles Ambassadeurs du duc d'Anjou , et dont la conduite forme en tout point le plus parfait contraste avee la politique des princes de l’Europe. T'elles sont encore (dans le 5.° voi. depuis la page 403 jusqu’à la fin ), les négociations avec l'Espagne sous notre roi Henri 111, apres l’assassinat des Gui- ses, et (vers le commencement du 6.° tome) des "Francé et Espagne. 221 correspondances moitié politiques, moitié galantes, très-curieuses entre notre Henri IV et la reine Eli- Sabeth d'Angleterre, et aussi des détails sur larfaz meuse ambassade de M. de Brèves à Constantinople. Le tout peu ou point connu. Telle est encore ( dans le 8.° vol, à la fin de l’ou- vrage ) la notice#d’un voyage des François dans la Floride , objet de rivalité entre l’Espagne et la France , expédition inconnue, jusqu’à présent et dont les défails n’ont que trop d’intérét, Cet avantage de découvrir des vérités ignorées ‘et des terres nouvelles dans Phistoire, est le fruit d’une très-belle institution , faïte dans l’Académie desinsériptions et belles-lettres, d’un comité chargé d'examiner et d’analysér en tout genre les manus- crits de la bibliothéque et de faire jouir le public des trésors que contient cet immense dépôt. C’est le plus grand bien qui aït été fait aux lettres de- puis Colbert. Le ministre de Louis XVI, auteur * de ceîte inStitution; ce ministre, ami des lettres et des sciences, est M. le baron de Breteuil. Nous aimons à lai rendre cet hommage, lorsqu'il ne peut plus rien pour nous et que son bienfait nous a été enlevé ; nous profitons des conjectures plus heureuses qui permettent enfin la justice et la reconnoissance et nous dispensent de hair ua bon ministre uni- quement, parce qu'il est, ou a été ministré, ou un bon roi, parce qu’il est roi. En parlant de ministres bienfaiteurs et amis des lettres et amis de Louis XVI, qui pourroit oublier M. de Malesherbes , et comment un homme honoré 222 ITistoire. cinquante ans de son amitié , comblé de ses bien- faits, pourroit-il l'oublier jamais? combien de fois, das le pur sentiment de mon bonheur, ai-je dit avec Philoctète : oi L'amitié d'un grand homme est un présent des dieux. Sa mort, un des plus horriblest sacriléæes de la révolution, a mis le sceau à sa gloire. Voici ce qu’on lit à ce sujet dans une note du 1% vol., pag. 334 ét230": # | “ L’être qui a réunit sur la terre le plus de vertus, «“ detalens, de lumières, de connoiïssances , d’esprit, de bonté, d’amabilité, de simplicité; en un mot M. de Malesherbes, ne pouvoit desirer une fin plus « glorieuse d’ane si belle vie.» Mais il falloit qu’elle fût la plus douloureuse de toutes, puisqu'il étoit le meilleur des hommes; on craignoit qu'il ne fût insensible à son propre mal- heur, on eut soin d’égorger avec lui toute sa fa- mille, fille, gendre, petit-gendre, petite-fille, ete. (1). Et même par sa mort leur fureur mal éteinte traîna encore deux jours après à l’échafaud , sa ver- tueuse sœur, M."° de Sénozan, Ne quid sceleris tibi, perfide restet. Diverses personnes s'occupent en ce moment de Péloge historique de M. de Malesherbes; écrivains tres -estimab es, sans doute, puisqu'ils ont le besoin (1) Heul cadit in quemquam tantum scelus ! heu tua nobis Cuncta simul tecum: solatia raple menalcha. f ( d | f h. ne France et Éspagne. 223 de louer la vertu; mais j’observerai que, s’ils re l'ont pas, ou s’ils l’ont peu connu personnellement, ils ne feront qu’un portrait de fantaisie , qui ne sera pas le sien ; M. de Malesherbes, qui n’étoit pas sans quelque foiblesse de caractère, dans le cours ordi- naire de la vie, et quin'en étoit que plus aimable, a su se signaler par des traits fameux de courage et de fermieté dans de grandes occasions, et e’est par là qu’il est connu dans le publie; on croira le bien peindre en peignant Caton, mais jamais il n’eut rien de lPaustérité, de linflexibilité des Catons; il n’en eut pas mêine la gravité, ni celle de son état. Son désintéressement fut extrême : on peindra Fa- bricius et Curius ; mais leurs mœurs n’étoient ni celles de son temps, ni les siennes Ministre, il voulut faire des épargnes, il corrigea des abus, surtout il aima son roi, comme Sully aimoit Henri IV; on croira dire quelque chose en le comparant à Sully, mais il w’étoit ni Caton, ni Curius, ni Sully, ül étoit lui - méme, il étoit M. de Malesherhes. 7% Marcellus eris. S'il faut des comparaisons, et s’il y dans l’histoire quelque personnage dont la vertu aimable et enjouée, eût du rapport avec la sienne, c’est le chancelier d'Angleterre, Thomas Morus;:tel surtout, qu’on le trouvera dans le trait suiyant : Un homme qui avoit un procès #son tribunal, voulant se le rendre favorable, lui envoyasdeux flacons d’or d’un travail précieux ; Caton, en pareil cas, se füt indigné de l’outrage et eût tonné contre le corrupteur ; Curius eût montré ses légumes et 224 Hisloire. foulé l'or aux pieds ; Sully eût renvoyé le présent avec dignité , et s’en seroit vauté dans ses mémoires. Morus ne fit-rien de tout cela, IL ft remplir les deux flacons d’un vin exquis, les remit à l'envoyé du plaideur, en disant : Mon ami, tu diras à 10n mutlre , que s’il trouve mon vin bon, t{ peut en en- voyer chercher tant qu'il voudra. Quoi ! de plus joli que cette prétendue “éprise ? Quelle maniere ai- mable d’être ircorriptible et de déjouer le corrup- teur ! Je ne sais si M: de Malesherbes eût saisi précisément ce badisage , plujot qu'un autre aussi gai. mais je dis que ce trait là , est ab-olument daus son genre, et peint le caractère particulier de sa vertu. Mais, me dira-t-on, vous qui l’avez tant connu, peignez-le. f. Ma réponse sera celle d’Horace : Haud mihi deero Cum res ipse feret.... deætro tempore. Je ne ciois pas que le temps soit encore venu de ! P dire. toute vérité sur ce qui concerne M. de: Males- À herbes ; ct la verité, dans toute son énergie, est seule digne de lui et peut seule le venger. Quelle répa- ration a-t-on faite jusqu'à présent à sa mémoire? Quand il en sera temps ,. je ne me reposeiai sur ps , personne, dn soin. de remplir un si cher devoir : J'auvois trop de regret, si quelque autre guerrier : 4 Au rivage 1royen descendoit le premier, : | À Puissent les derniers momens de ma vie, être em- M ployés à ce dernier ouvrage ! Extremu:. France et Espagne. 225 Extremum hunc Arethusa , mih: concede laborem Pauca meo Gallo.... neget quis carmina Gallo. Un si tendre interét n'a emporté loin de mon sujet ; j'y reviens , j’avois à suppléer apres coup la préface qui manque à mon Histoire de la rivalité de la France et &e l'Espagne, et à rendre compte de cet ouvrage. Je me bornerai à indiquer dans chaque volume quelques morceaux sar lesquels j’appelle particulièrement lattention eu lecteur. Ceux-ci rou- leront sur des sujets, qui n’ont plus comme ceux que nous avons désignés plus haut , le mérite sin- gulier d’avoir été ignorés jusqu’à -présent ; ils appar- tiennent à l’histoire commune, Tome." — Les portraits du comte d’Arjou et de son premier rival, Mainfroy , batard de Fré- déric IT; portraits résultans du récit de leurs ac- tions. L’intéressante histoire du jeune et maiheu- reux Conradin, Les causes extraordinaires et impré= vues qui firent gagner au comte d'Anjou , contre toute esperance, :a bataille de: Tagliacozzo. Les cir- constances tres-singulières qui distinguent cette ba- taille de toutes les autres ; celles qui accompagnent le supplice de Conradin , l’un des plusgrands crimes politiques qui ayent :amais été commis. La vérita- ble histoire des vépres siciliennes , qu’on a long- temps cru mal-à-propos avoir été préméditées. Le duel entre Charles d'Anjou et Pierre d’Arragon, projeté et non exécuté ,et pourquoi. Prise de Charles le Boîteux et sentimens de Charles d'Anjou son père , à ce sujet. Genérosité chrétienne de Con- * stance de Suabe, fille de Mainfroy , et femme de _ Tome PF. E 226 Histoire. Pierre d’Arragon, à l'égard de Charles le Boîteux. Portrait de Charles d'Anjou. Portrait de Pierre d’Ar- ragon. à IT. — Portraits de Charles le Boîteux ( pag. 54 et suivantes } ; du duc de Calabre , fils de Robert, dit /e Bon et le Sage, roi de Naples, ( pag. 94 et suiv. ); de ce roi Robert ( pag. 123 et suiv. )};toute l'histoire de Jeanne 1.°'° ; d'André de Hongrie son mari et de Louis frere d'André ( pag. 134 et suiv.). Expédition en Hongrie de Charles de Duras, dit de la Paix , meuttrier de la reine Jeanne de Na- ples ; ses fourberies , sa mort, son portrait ( pag. 219 et suiv. ); portrait de Ladislas, fils de Charles de Duras ( pag 262 et suiv. ) ; tout le règne de Jeanne IT, sœur de Ladislas, et portraits des géné- raux et des favoris de cette reine. III. — Histoire de Charles - le - Mauvais, roi de Navarre, de Pierre - le - Cruel, roi de Castille , du bon roi René et d’Alphonse le magnanime , sou con- current au royaume de Naples ; du malheureux prince de Viane , fils de Jean Il, roi d'Arragon ; de Blan- che , sœur du prince de Viane ; de Henri, dit l'’Im- puissant , roi de Castille, et d'Isabelle, sa sœur. Les affaires de la Bretagne et des Pays-Bas sous Charles VIIT ( pag. 305 et suiv. }; ce dernier mor- ceau est un des plus attachans de tout l’ouvrage. Les faits ont ( par eux-mêmes) l’intérét d’un roman. IV. — Dans l'expédition d'Italie de Charles VIT, entrevue de ce roi âvec le jeune duc de Milan et sa femme ( pag. 42 et suiv.); histoire de Savona- role ( pag. 53 et suiv., 89 et suiv.) ; histoire du France et Espagne. 227 divorce de Louis XIT , avec Jeanne de France, fille de Louis X! , scene atiendrissante à Pise ( pag. 180 et suiv. }; conduite admirable de Louis d’Ars et à la guerre et à la cour ( pag. 255 et suiv.); portrait d:: cardinal d’Amboise (pag. 360 et suiv.); caractere, victoires, mort et convoi funebre et mi- litaire de ce,brillant Gaston de Foix, die de Ne- mours, neveu de Louis XIT (pag 312 et suiv. ); mort et portrait de Louis XII (pag. 411 et suiv. ). V. — Pag. 8 et 9, parallèle de Ferdinand et dPsabelle. Fuite d’Inspruck (pag. 100 et suiv. }; dé- fense de Metz par le duc de Guise , Francois ( pag. 118 et suiv. ) ; et de Sienne par Montlne ( pag. 154 et suiv. ); parallele du maréchal de Brissac et du romain Manlius sur un point de discip:ine ( pag. 165 et suiv. ) ; abdication de Charles-Quint et der- nière audience qu’il donne à des ambassadeurs Fran- çois , dont l’amiral de Coligny étoit le chef ( pag. 196 et suiv. ); reprise de Calais et prise de Thion- ville par le duc de Guise et détails de Montluc sur ce dernier siége ( pag. 256 et suiv. ); portrait de Charles - Quint dans sa retraite et sa mort (pag. 307 et suiv. ) VE. — Parallele d'Henri IV, et de Philippe II (pag: 56 et suiv. ); examen de quelques lois du comte duc d’Olivarès (pag. 141 et suiv }; entrevue de Louis XIII, et du duc de Savoye, Charles Ema- nuel ( pag. 240 et suiv. ); défense de Casal contre Spinola, par Toiras (pag. 268 et suiv. }; Mazarin sépare deux armées, au moment où elles en venoient aux mains (pag. 275 et suiv. ); visite de Galas et “Da 228 Histoire. } Û de Picolomini, dans le camp françois ( pag. 279 et suiv. ); portrait de Valstein, ( pag. 352 et sniv.) ; de Gustave- Adolphe (pag. 364 et suiv.); sa mort, (pag. 387 et suiv.); mort de Valstein ( pag. 393 et suiv.). VII. — Courage de Constance de Cézéli et de Barri de Sanit-Aunez, son fils { pag.38 et suiv.); la princesse de Carignan, femme du prince Thomas de Savoie, retenue en Espagne; anecdote piquante (pag. 116 et suiv. ); Parallèle de Richelieu et d’'Oli- varës, (pag. 133 et suiv.) I y a dans ce même volume, deux morceaux tres considérables; l’un, page 139 jusqu’à la page 215, traite de l’influence qu’a eue l'Espagne, sur les troubles de la cour de Louis XITI, On y discute la conduite du cardinal de Richelieu , à l’égard de Marie de Médicis, d'Anne d'Autriche, et de toute la famille royale. L'autre (pag. 215 jusqu’à la page 289 ), est l’examen détaillé des procès eri- minels des grands, sous le ministere de Richelieu. On y détruit absolument l’idée hasardée d’abord dans la conversation et qui a passé depuis dans des écrits assez importans; que Richelieu n’avoit été que sévère mais point injuste dans ces proces. On y fait voir mille injustices de détail. Ce volume finit par la paix des Pyrénées, et par l’entrevue intéressante de Philippe IV , et d’Anne d'Autriche sa sœur, pour le mariage de Louis XIV, avec l’Infante, Marie-Thérèse d'Autriche. VIIL.e et dernier volume. — Paraïlèle de trois des plus grands généraux, le vicomte de Furenne ; le f "1 : , France et Espagne. 229 grand Condé et le comte de Montécuculli ( page 17, jusqu’à la page 63); portrait du marquis, de- puis, duc ét maréchal d’'Harcourt et de sa femme, ambassadeur en Espagne ( pag. 116 et suiv.); his- toire du cardinal Albéroni, et disgrace de la prin- cesse des Ursins { pag. 214 et suiv. ); histoire sin- guliere du baron de Ripperda ( pag. 246 et suiv. ). Le volume et tout l’ouvrage finissent par le Pacte de famille, qui a terminé toute rivalité entre la France et l'Espagne. J’avois commencé et même avancé cet ouvrage, lorsque les événemens publies vinrent interrompre mes travaux et m’arrêter dans ma carrière. Un tyran plébéien , ennemi des lettres, ennemi de l’huma- nité, fit détruire les académies, uniquement parce qu’elles étaient l’ornement et la gloire de la France. Privé des secours de tout genre qu’on tiroit de ces compagnies savantes , privé de toute liberté d’ecrire et de penser, j'ai attendu dans la retraite et le si- lence, que ce torrent dévastateur s’écoulât de lui- méme. Dès qw’on a pu respirer sous une administration plus douce, j’ai repris mes travaux avec ardeur ; heureux, qui pourroit avoir le droit de dire comme Sémiramis ! | C'est à vous de juger si le dieu qui m’accable À laissé quelque force à mes sens interdits, Si vous reconnoissez encor Sémiramis. GAILLARD, l’un des anciens de l’Académie francoise, et doyen de l’Académie des inscrip- tions et belles- lettres, membre de la classe de l’Institut national, P3 VARIÉTÉS, NOUVELLES CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES. NOUVELLES LITTÉRAIRES. ER AN CES NANCY. Société libre des sciences , lettres et arts. Nous avons parlé de l’établissement de la société libre des sciences, lettres et arts de Nancy, depuis son institution; les séances de la Société ont été remplies par la lecture d'ouvrages de morale, d'his- toire, de physique générale et particulière, et de poésie. Le C. WiiLEMET a lu une Notice historique, sur le jardin botanique de Nancy ; description de quelques plantes rares. Le C. More VAUT le jeune..., le chêne et les ormeaux , apologue ; traduction en vers francois du commencement du 4° chant d'Enéide. ra Le C. VAUTRIN, un mémoire sur la mnétéo- rol/ogie. Le C. MouLow, un Discours sur le choix des lectures , dans les différens. âges de la vie. Nouvelles littéraires. 231 Le C. Blau, une traduction en vers françois de deux chants de la bataille d'Hermann de Klopstock; notice sur ce poèle et sur la mythologie des anciens Germains. Le C. VALENTIN , une fraduction et analyse d’un ouvrage anglo-américain, sur les rapports ou° la con- _nexion des principaux phénomènes du monde, no- tamment, les iremblemens de terre avec les maladies épidémiques et pestilertielles (x). Le C. BonNEVILLE.... des extraits de la vie de Sérèque. Le C. WizLemeT, sur linvitation du préfet, a formé le tableau de l'histoire naturelle du pays. Le ministre de intérieur le fera entrer dans la topo- graphie générale de France. La r."° partie, en 168 pages in-folid® comprend Ja fore économique et statistique du département ; les plantes rangées selon l’ordre donné par le minis- tre, offrent le résultat suivant : plantes des monta- gnes 472; des coteaux 414; des plaines493; aquatiques 179. Plantes qui méritent d’être cultivées, 270; total 1823 espèces botaniques. La 2.° partie, en 88 pages x-folio, renferme lexposition du règne animal, les quadrupèdes, les oiseaux , les amphibies, les poissons et les vers qui vivent habituellement où momentanément dans nos contrées. ] Le même a publié, dans les journaux , plusieurs extraits d'ouvrages, sur ‘l’histoire haturelle, des (1) Ce mémoire sera inséré dans un des prochains numéros de ce journal. ‘A. L. M. P4 232 Nouvelles littéraires. { notices propres à les faire connoître, la description de quatre plantes curieuses et inédites, et lu à la Société de médecine un précis de travaux en bota- nique dans les années 1801 et 1802. : Le C. MICHEL a publié deux ouvrages élémentaires sur la grammaire générale, l’un intitulé: E/émens de grammaire générale appliqués à la langue françoise (1 vol. in-8.° 155 p.); l’autre : Elémens de grammaire générale extraits de celle de Sicard ( x vol. in-8.* 216 p.): de plus, une nouvelle édition du poeme d'Ovide, De nuce, enrichie de notes et de com- mentaires. Le C. VALENTIN.,.. dans le recueil de la So- ciété de médecine de Paris (tom. 12) un mémoire intitulé: Vaccination. pratiquée avec succès sur des ammaux , et transmission de la matière vaccine à l'homme.... Dans le tome 13 du même recueil , un autre opuscule intitulé : Observations et expé- riences sur la variolelte, petite vérole , volante,bätarde ouvaricelle, De plus, un ouvrage intitulé : Résultat de l'ino- culation de lu vaccine, dans les départemens de la Meurthe , de la Meuse, des Vosges et du Huut - Rhin. Dans ses recherches sur la vaccination de divers ani- maux , notre collégue a prouvé, contre l'opinion de Jenner et celle de Decarro de Vienne, que la vaccination ne préserve pas les chiens de la maladie qui leur est particuliére, Enfin, la Géographie des seize États-Unis d’Amé- rique, tels qu’ils existent aujourd’hui , faisant partie ÿ Ve Nouvelles litrérarres. 233 de la 3.° édition de la géographie universelle de Gutherie , tom. 6. Le même citoyen Valentin se propose de publier un éssai sur la fièvre juunñe, qui lui a été demandé par les professeurs de l’école de metecine à Paris. Le C. Spitz à donné un fraité d’urithmétique à l'usage des élèves de l’école centrale de la Meurthe, Le C. MANDEL.... dans le recueil de la Société de médecine de Paris, a donné l’analyse d’un pré- teudu spécifique de Mettemberg contre les maladies de la peau. 1] se propose de donner un traité com- plet de l’art de faire le vin , sur lequel il a déja publié des instructions. : Le GC. HALDAT. fait imprimer en ce moment up petit ouvrage intitulé: Recherches sur l'encre, les causes de son aliérabilité , les moyens d'y remédier. Cet ouvrage présente le moyen de se garantir des manœuvres des faussaires, et de rendre mulles les opé- rations chymiques dont ils usent sur les écritures. Le même publiera aussi le résultat de ses expé- riences sur lPaction chymique du fluide électrique. Le C. MoxGix s'occupe d’un ouvrage qui paroîtra dans peu, sur la grammaire générale, la theorie des langues et les principes de l'analyse de l’entendement humuin , sous le nom de Philosophie élémentaire. Le C. MoLLEvVAUT l’ainé, continue le travail qu'il a entrepris sur l’histoire de lu langue et de la littérature grecque. Il en a communiqué quelques morceaux à d’Ansse de Villoison, qui a eu la bonté de lui adresser des notes et des observations pré- cieuses. Cet ouvrage sera précédé de la traduction 234 Nouvelles littéraires. du manuel de l’histoire de la littérature grecque, | écrit en allemand, par RIENACHER, imprimé à. Bealiy, en 1802, do | Le C. Joseph COSTER est sur le point de terminer ses travaux sur l’Arstoire générule. 11 se dispose à pu- blier les résultats de ses longues recherches sur cette . branche essentielle de l’arbre des connoissances hu: : maines. Cet ouvrage est déja connu en partie dans : les programmes imprimés à la fin de chaque année | de ses cours. Le C. Pezcer de BONNEVILLE fera paroître in- cessamment une traduction complète des œuvres de Senèque ; précédée d’une vie de ce philosophe, l’uw des plus célebres de lantiquité. Le C. MoirevaurT le jeune vient de terminer Ja traduction en vers françois, de toutes les oëes d'Anacréon. I] a suivi le texte des meilleures édi= tions grecques, et entr’autres de celle de Fischer, imprimée à Leipsick, en 1708. L':0.HL0.N. Société d'Emulation. SÉANCE publique de la société libre d’émulation du département du Ver , du 16 brumatre an 11. Le secrétaire a fait un rapport sur les travaux de Ja société pendant le semestre précédent ; il y rend compile, et des travaux pratiques, et des mé- M moires et observations , tant de la société même, que de tous les membres, Ce rapport sera inséré DU PETER A Nouvelles littéraires. 235 * dans le second volume des mémoires de la société, qui paroitra très-incessimment. À la fin de ce rapport , le secrétaire a annoncé qu'il n’avoit été adressé aucun mémoire au concours ouvert il y a un an, sur le sujet suivant : « 1.9 Faire l’énumération des manufactures qui « existent dans le département du Var, en indiquant » l’état où «Îles se trouvent, le dégré de leur im- “ portance , et les améliorations dont -elles sont “ susceptibles. « 2.9 Faire connoître les établissemens qui man- « quent dans ce même département , et qu’on pour- =. roit y former, en désignant les lieux les plus _« convenables , et tous les moyens qui pourroient _«. être employés pour assurer leur prospérité. » Il devoit être accordé deux prix : le premier d’une médaille en or, du poids de cent vingt-cinq grammes, et le second d’une médaille aussi en or, du poids de soixante grammes. L L'importance. de cette queition dAtar eine la société à l’ajourner aux mêmes conditions, jusqu’au 1. vendémiaire de lan x11 3 et elle propose en outre pour la même époque le programme suivant. Il y a peu de départemens aussi riches en miné- néraux , que celui du Var ; et, par une inconséquence bien funeste à sa prospérité , il en est bien ‘peu où Yon s'occupe moins de les utiliser. Son territoire, il est vrai, a été jusqu’à ce jour peu étudié sous ce rapport, et des richesses immenses que plusieurs indices annoncent être recélées dans son sein restent inconnues, Nous ne solliciterons pas dans ce mo- 236 Nouvelles littéraires. ment les recherches de ces mines entièrement ignorées ; ce travail présente des difficultés, des incertitudes qui pourroient décourager ; mais plu- sieurs mines de charbon de pierre, quelques-unes d’antimoine , un grand nombre de sulphure de plomb, des mines de Fer plus ou moins riches, des mines de cuivre, de manganèse , etc., etc., sont déja connues. C’est sur celles-ci, que la société veut aujourd’hui diriger les vues des hommes instruits. Elle annonce, en conséquence, qu’elle accorderæ une médaille en or, pesant cent quatre-vingt-cinq grammes à l’auteur du meilleur mémoire, sur Les moyens d'exploiter les mines connues dans le dépar- lement du Var. Les conditions à remplir sont celles d'usage pour. 8 tous les prix. Le C. BERLIER à fait un rapport particuliers. sur un mémoire du C. FIRMINY, qui traite du £issement des marnes, On fera imprimer cet ouvrage, qui peut être d’une grande utilité dans ce dépar- tément , où l’on est au dépourvu de cette sorte d'engrais. % Il a été fait lecture d’un ouvrage du médecin PERROLE , intitulé : avis aux habitans du Var sur la vaccine. La société a arrêté de le faire imprimer et distribuer dans toutes les communes de ce dépar-! tement. On a lu un rapport de l'ingénieur en chef de! ce département, sur les moyens de procurer des fontaines à la ville de Fréjus; ce rapport est la suite d’un autre sur le même objet , qui a été im- sta ne nn Nouvelles littéraires, 237 primé dans le premier volume des mémoires de la société ; celui-ci paroitra dans le second volume. On a fait lecture de quelques fragmens de la traduction en vers du poète Lucrèce, par le C. PASTORET DE CALLIAN. La séance a été terminée par la lecture d’use inscription en vers françois , pour être mise au bas du portrait de Bouaparte, qui a été adres- . sée au commeneement de la séance par le C. Laucier. Toutes ces lectures ont été entre-coupées par des morceaux de musique exécutés par les amateurs de Draguignan. Cette journée avoit commencé par l'expression de la joie reconnoissante (on avoit chanté le matin un Ze Deum.) La Société a cru devoir fa terminer par un bal qui a été donné à la suite de cette séance. N1MESs. Académie. — Programme pour Pan Xr. De six ouvrages envoyés au concours, pour l’éloge de Chrétien Guillaume LAMOIGNON DE MaALres- HERBES, un seul a semblé mériter d’être distingué ; il porte pour épigraphe : « Esse quam videri malebaë Cato.» On y reconnoit un e:prit juste et éclairé, un cœur honnête, une plume exricée. L'avantage qu’a eu l’auteur (ausi que nous l’apprenons de lui), de vivie dans l'intimité de Malcsherbes, Va mis à : 238 Nouvelles lirtéraires. portée de connoître beaucoup de faits et de détails intéressans à recueillir. Mais son ouvrage n’est qu’une | esquisse ; si ce qu’on y trouveest bien ; trop de choses y manquent. L’estimable auteur a lui-même pressenti ces objections, comme le prouve le titre modeste : d’'Essai, qu’il a donné à son travail. L'Académie ‘croit pouvoir attribuer le peu de succès de ce premier concours , d'abord à la gran- deur, à la beauté, et par conséquent à la difficulté du sujet ; en second lieu, au retard involontaire qu’a éprouvé la publication de son programme, ce qui a laissé trop peu de temps aux recherches et au tra- rail des concureus,. Ces motifs ont déterminé l’Académie à proposer de nouveau , pour sujet d’un prix d’eloquence , l'éloge de Chretien - Guillaume LAMOIGNON DE MALESHERBES. cé Le prix consistera en une médaille d’or de Ja valeur de 600 fr. Il sera décerné dans la séance pu- blique du 25 messidor an Xx1 (14 juillet 1803 ). L'ouvrage couronné sera lu dans la même séance. Le concours sera fermé le 25 floréal prochain: ce terme est de rigueur. Nouvelles littéraires. 239 MEME TS . VON STI PU T'NATIONAT. Notice des travaux de la Classe de littéra- » ture et beaux-arts, pendant le premier trimestre de l’an X1; par le C. SICARD, secrétaire de la classe. On ne sera pas étonné, sans doute , que les notices _ d’une classe dont toute une section consacre ses sa- VD SA ARTS } vanies veilles à des recherches continuelles sur les .. monumens antiques, soient eurichres depuis quelque À temps de précieuses découvertes qui intéressent . à la fois toutes les classes de lecteurs. I] étoit im- possible qu'après plusieurs siécles d'ignorance et de sommeil des sciences et des arts sur un sol où ils : prirent naissance , toute une colonie de savans labo | rieux s’y portât, sans y trouver et sans y recueillir des restes des travaux de ses premiers habitans, Quelle reconnoissance ne devront pas cet les générations d futures et la génération présente à ces investiga- . teurs courageux qui n’ont craint ni les chances sou- « vent si malheureuses de la guerre, ni les dangers L plus grands encore d’un climat ennemi, pour aller interroger , sur les siécles passés , des monumens si dignes de lobservation des philosophes du temps “présent, surtout quand on les voit s'arrêter avec « sagesse aux bornes des faits prouvés, sans rien pré- Msumer sur des faits incertains, et qu’on les voit craindre de porter une main trop hardie sur des “ 240 Nouvelles littéraires. monumens historiques ; convaincus que la vérité de l'histoire, quand elle est attestée par des coutumes, religieusement observées par des peuples dont l’ori- ! gine se mêle à celle du monde, est: indépendante” des systèmes de ceux qui voudroient en contester Pautheoticite ! À l'est un des membres de cette colonie, à la fois savante et guerrière ; général dans Jes troupes qui combaltoient pour rendre à ce peuple abruti, et les bienfaits de l'instruction , et ses antiques mœurs, le gén-ral Reynier, qui a fait don à l’Institut de France d'une luniiue et de restes de vêremens trouvés dans des fouilies à Sakara. Les trois classes de l? institué. ! ont nommé des commissaires pour. leur faire ne, rapport sur ces objets précieux. Le C, Mongez, chargé de ce travail, a appris aux classes que le ministre de l'interieur avoit fait douner les glaces # entre lesquelles ils sont hermétiquement renfermés ; 1 et que le cadre élégant , porté par des griffons, a été « exécuté par ie C. Jacob, sous la direction du C. Peyre. On donne une idée exacte de la tunique égyp= tienne en la comparant aux tuniques portées par les diacres et sous-diacres de la religion catholique y. si l’on suppose que cxlles-ci ont des manches longues et fermées comme c’étoit autrefois. Elle est ornée dé M pièces de rapport brodées : les unes descendent des j épaules ; les autres sont appliquées sur les épaules 4 et par le bas, devant et derriere ; enfin deux pièces semblables entourent les manches vers leur extrémits La couleur de l’étolfe est un jaune-souci , et-Jes bro- * deries L Nouvelles littéraires. »4t deries sont puce , ou brun foncé. Leur dessin est insiguifiant et n'a aucun rapport à des objets natu- rels, ni à des hiéroglyphes ; nt à des caractères d'écriture, L’étoffle a été tissue au métier; mais les broderies paroissent avoir été faites à f/s comptés, c’est-à-dire, suivant le: procédés de la rupisserie a petit point. Quant à leur nature , les chymistes ont reconnu que l'étoffe jaune de la tunique étoit de matière animale. Dans les broderies, au contraire, le tissu jaune , ou le canevas, est de matiere végétale, et le fil brun de niatiere an'male, 11 servit téméraire de s’expliquer, d’une manière moins vague, sur la nature de ces substances , parce qu’il existe encore aucun moyen de reconnoitre l’animal et la plante qui ont fourui les fils des tissus. Le sénéral REYNIER ne put apprendre autre chose des habitans de Sakara qui lui vendirent cette tu- pique, sinon qu’ils disoient lavoir tirée , avec d’autres obiets, d’un caveau rempli de sable qu'ils avoient déblayé, On ne peut offrir des notions plus précises sur le temps où la tunique a éte tissue, ni sur le person- nage qui la portoit. Le rapporteur fait voir d’abord qu’elle n’a point apparteuu à un Macédonier , ni à ün Gree établi en Egypte, car elle a des manches qui descendent jusqu'au poignet ; et la tunique grecque , où n’en avoit point, où en avoit de sk courtes , qu’elles n’atteignoient pas les coudes ; or, il paroit certain que la tunique des Macédoniens ne différoit point de la tunique grecque. Leur coiffure (la causia) et leur chlamyde pouvoient Tome F. Q 242 Nouvelles littérarres. seules les faire distinguer des autres Grecs. La tus nique de Sakara a donc appartenu à un ægyptien. A quelle époque ?..... Le rapporteur dit seulement qu’on ne sauroit remonter plus loin qu'au temps où Thèbes fut abandonnée : alors sans doute on creusa les grottes de Sakara, qui sont à un myriamétre , environ, des ruines. de Memphis. Ce fut dans le sixième siécle , avant lère vulgaire, que Cambyse ravagea Thèbes, qu’il la dépouilla de ses richesses et de'ses monumens. Le siéele le plus reculé que lon puisse assigner pour le temps où la tunique fut tissue, est donc le cinquieme , ou le quatrieme avant le 1ègne d'Augusté, Il est impossible de mettre plus de précision dans ce que l’on avoit à dire sur le personnage qui Pa portée. Hérodote dit expressément que les prêtres ægyptiens portoient un seul vêtement fait de lin, et des chaussures de papyrus. Les prétres d’Isis étoient appelés, à Rome , la troupe vêtue de lin, linigera turba. Pythagore ;, enfin, qui les imitoit en beaucoup de choses, ne faisoit aucun usage d’étoffes tissues avec les dépouilles des animaux. Ainsi, la tunique de Sakara w’a point été portée par un ægyp- tien de l’ordre sacerdotal. Elle ne la pas été par une femme ; car le père de histoire nous: apprend encore que les Ægyptiennes étoient vétues de lin. Les hommes aussi portoient de semblables vétemens ; mais ils placoient sur ces tuniques des vétemens de laine, blancs. » Mais, «ajoute Hérodote, ils ne portent point les habille- l « mens de laine dans les temples ; et on ne les en- ps / L Nouvelles littéraires. 243 « lerre point avec des vétemens de cette matière : « ce qui seroit regardé comme malhonnête...,.n, La teinte jaunatre de la tunique, si elle n’est que Peffét de la vétusté, n’empécheroit pas qu’elle n’eût “appartenu à un æoyptien; mais, si elle est due à Part, on pourroit supposer qu’elle étoit la marque | distinctive de quelque d'onité. Au reste , ce que Jon peut dire avec certitude de ce véiement æ2yp- tien, c’est qu'il n’a point é 6 transporté avec un cadavre dans les grottes de Sakara, souterrains’ qui ont servi de tombeaux. parce qu'il répugnoit aux Ægyptiens d’étie ensevelis dans des tissus de laine, 11 y aura donc été déposé avec d’autres richesses que Von vouloit soustraire à des ennemis. C’est à ce court exposé que s’est réduit le travail du rapporteur. Loin de b'âmer sa réserve et sa briè= veté , on lui en saura quelque gré , sans doute, si Von se rappelle combien les fictions et les systèmes ont d’attrait pour la plupart des hommes. La classe à entendu avec le même intérêt la Iec- ture d’un autre mémoire qui 2voit pour objet la dé- couverte de plusieurs médailles dans le dépariement du Cantal; c’est au C. Mongez que ces objets ont | été Mess , et c’est encore lui qui en ue compte. » Voici ce qu'il en a dit: Le goût pour linstruction et pour le dessin est « général aujourd'hui dans les départemens. On le » + doit aux écoles centrales, et les antiquaires sur= « tout s’en applaudissént. Dès qu’il se fait quelque « fouille, quelque découverte intéressante j'des ci= « toyens instruits accourent, se hatent de recueillir ' Q 2 244 Nouvelles littéraires, « les objets découverts ; et, par le moyen du des- « sin, ils font participer toute la France à leurs “ uiiles travaux.» Ce sont ces communications qui ont mis le C, Mongez à méme de composer un mémoire dont voici l'analyse: Au commencement de cette année , en creusant à deux kilomètres d’Aurillac , département du Can- tal, près de Fabrègue , dans un pré arrosé par la Jordane , on a trouvé une portion d’enceinte,cir- culaire , formée par un double mur. Elle avoit 1m, 9 de diamètre, dans œuvre ; 1m, 6 de hauteur; elle s'élevoit à om, 32, seulement , au dessous de la sur- face du pré. Le mur intérieur étoit de briques cuites, fort belles, circulaires, avec les joints ten- dans au centre. Il étoit entouré d’un mur en pierres sèches, destiné , sans doute, à soutenir les terres. On n’a aperçu aucune trace de couverture , et il paroît probable qu’il n’y en a jamais eu, En fouillant dans cette enceinte, et en la démo lissant, on a trouvé d’abord des médailles de bronze doré. de tous les empereurs romains jusqu'a Com- mode, Othon excepté : ce qui prouve que, dès le second siécle, les médailles de bronze de ce prince étoient fort rares, et qu’elles n’avoient peut - étre pas même encore été transportées dans les Gaules. Avec les petits vases de terre cuite qui renfermoient les médailles, on en a déterré de plus petits qui contenoient des aromates : les ouvriers les ont pris pour du tabac; mais, ne leur en trouvaut pas le gout, ils les ont jetés, et ont lavé soigneusement Nouvelles littéraires. 245 les vases qui les renfermoient : de'sorte que l’on p’a pu reconnoitre la nature de ces aromates, pas -même lodeur que les vases en avoient dû conser- ver. Deux petits morceaux d'argile très-blanche et monlée , ont été aussi déterrés : l’un représentoit un chien dont les jambes ont été brisées ; l’autre est le buste d’une femme , dont le reste da corps a été réduit en poussiere pendant la fouille. On à enfin déterré une agrafe de bronze et un anneau de verre si volumineux , qu’on n’a pu le mettre qu’au pouce , s’il a servi de bague. Au reste, on sait que Maximin le père , celebre par son énorme stature , mettoit à son pouce ; en guise d’anneau , le bracelet de sa femme. La forme circulaire de Penceinte découverte près d’Aurillac fait conjecturer au C. Movugez qu’elle a pu servir à brûler les corps , qu’elle étoit un «tri num ; telle que l'enceinte circulaire du te:rein sur lequel le corps d’Auguste fut brulé , et qui étoit conservée religieusement auprès de son mausolée , dont une partie subsiste encore ; telle que lenceinte de même forme , découverte, en 1763 , près de Plai- sance , dans les ruines de l’aniique Veleia, qui pa- roît avoir été ensevelie par la chute d’une monta- gne ; enceinte que Winkeimann a reconnue pour un ustrinum. Quelques -unes des inscriptions qu’on lit sur les pierres sépulcrales des Romains , énoncent la défense expresse de joindre un wstrinum au mo- nument. Quel étoit le motif de cetie défense ?...— On ne la point encore cherché. Apres avoir rap- porté la loi des douze lables , qui défendoit de Q. 3 À 246 Nouvelles litiéraires, DA brûler les corps plus près que de soixante pieds de tout édifice, à moins que le maître ne consentît à laisser rapprocher le bûcher, notre confiere pense que cette défense supposoit le voisinage de quelque bâtiment dont le propriétaire exigeoit, à la rigueur ; l'exécution de la loi. Un second objet qui a donné lieu à des recher- ches , a 61€ le petit buste de femme, trouvé idans les fouilles d’Aurillac, buste qui sst le reste d’une figñre entière. Le C. Mongez a rappelé que Monts faucon a donné le dessin.de quatre figures de femmes semblable: ; elles étoient toutes de l'espèce d'argile appelée terre à pipe ; lé travail en étoit grossier, et le même pour toutes ; enfin elles avoient été toutes mo: lées., L'une d'elles fut trouvée, en 1710, dans les fouilles que lon fit à Blois, dans l’en- ceinte de l’abbaye de Saint Loner. Elle étoit dé- posée dans un petit caveau qui renfermoit des osse. mens d'animaux à demi-brülés, parmi lesquels on reconnut Pos de la jambe d’un cheval, et une dent de chien. La coutume des Gaulois étoit de jetex dans Jetr bucher funebre les animaux qu'ils ché- rissoient le plus, tels que les chiens et les chevaux. On peut donc en conclure que le caveau de Blois _étoit une sépulture gauloise , et , par analogie, que l'enceinte d’Aurillac avoit appartenu à la même na: tion. Le buste de femme qu’on y a trouvé, pré- sente en effet les mêmes caractères que les figures publiées par Montfaucon ; et, de plus, on a trouvé avec ce buste une figure de chien de même ma- tière et du même travail, mt Nouvelles littéraires. 247 Ces figures de femmes ont été si souvent déterrées dans les sépuleres des Gaulois, lé style, le travailet la matiere ont tant de ressemblance, que l’on ne peut s'empêcher de supposer qu'un même motif les’ . y a fait déposer, Le C: Mongez pense qu’elles ont pu représenter les déesses-meres , en général ; et'en parüculier, celles de ces divinités que les morts, dont les cendres reposoient dans ces tombeaux avoient adoptées pour leurs protectrices. On a beau* coup écrit, dans les deux derniers siécles, sur les déesses-mèrés, dont ïl est fait mention dans les inscriptions sépulcrales des ‘Romains : Dis matris bus... matronis, etc. Cominé À ‘ces inscript'ons étoient join's quelquefois des bas-reliefs qui repré. sentoieht trois femmes, tantôt debout, tantôt assises tenant des fruits, des pommes de pin et'des cornes d’abondance , on prit d’abord les déessts-mères pour des divinités champêtres. Maïs un ce ces monumens fût treuvé dans la ville de Lyon; et sur d’autres, elles sont appelées les mères de Galice, les meres dé’ Gabies, etc. Leur protection s’étendoit donc aussi sur les villes et les provinces. Keïisler croyoïr qu’elles étoïent ces femmes druides pour lesquelles les Gau- 655 avoit une si grande vénératioh ; mais il est contredit par les monumens de ce genre qui ont été consacrés dans des contrées fort éloignées des Gaules. D'autres enfin prirent les déesses-mères pour les’ trois Parques : mais il n’est pas certain d'abord que les Parqües aient fait parie de la? Mythologie de tous les peuples chez lesquels ont été honcrées les divinités qui nous occupent : d’ailleurs, Q 4 248 Nouvelles littéraires, celles-ci avoient leur dénomination propre, Fat. Enfin, Banier proposa sur les déesses-mères l’opinion la plus vraisemblable : il croyoit qu'elles étoient des divinités communes à plusieurs peuples, et que leurs surnoms désignoient les lieux où on leur rendoit un cuite, On peut ajouter que les femmes les reconnois- soient pour leurs protectrices spéciales ; car on lit sur deux inscriptions : Matronis Gibiabus.,...Junonibus Gabiabus. Chaque femme croyoit avoir un génie de son sexe qui la protégeoit, par iequel elle juroit , et qu’elle appeloit sa Junon. C’éioit aussi par sa Junon que juroit l’infame épouse de Sporus, le vil Néron, Les Grecs, les Crétois surtout , et les Siciliens , ren= dirent un culte aux Ourses célestes, sous le nom de Mères. Mais il peut paroiître douteux que les déesses- mères des Gaules, de la Grande-Bretagne, de la Germanie, de lHispanie , etc., aient été les mêmes divinités. Du moins est-il certain qu’alors, dans la transmigration , les notions sur ces déesses, sur leurs fonctions et leurs attributs , avoient éié étrangement altérées, Au reste , les figures publiées par Mont- faucon tiennent des enfans dans leurs bras, comme les figures de femmes qui paroissent sur les médailles de quelques impératrices avec la légende Juno Lucina : ce qui confirme l’opinion du C. Mongez , que ses figures représentent les déesses-meres , en général ; et en particulier, les Junons, ou les Génies des. femmes. Il a cherché, @ï-‘devant, à prouver que l’enceinte découverte près d’Aurillac avoit été un lieu destiné à brüler les corps, et qu’elle avoit Nouvelles littéraires. 249 servi à des Gaulois, sous les premiers empereurs. Mais la science de l’antiquité n'est pas bornée à des statues , à des coionnes, à des vases et à des vétemens ; elle embrasse , en général, tout ce que les hommes ont fait, dans tons les genres, depuis les premiers temps du monde jusqu'a ceux qui sont voisins.du temjs où nous vivons; elle a des ramifi- cations si variées, si muliüipliées, qu'un seul individu seroit insensé de jrétendre la posséder, dans toute son étendue, Quoique la science du costume des anciens peuples n’en soit qu’une division bien circonscrite , elle est encore immense ; et, ni les travaux des savans infatigables qui nous ont précédés, ni les découvertes nouvelles et fréquentes des monumens antiques, n’ont pu faire cesser entierement l’obscu- rité qui en dérobe une grande partie à nos re- cherches. Des hommes renommés par leur érudition, par leur proiond s:voir, les Saumaise, les Casaubon, et plusieurs autres savans qui s’occuperent de cette partie intéressante de l’antiquité , ne tinrent jamais la promesse qu’ils avoient faite d'en former des traités complets et de les publier; et peut -étre n'est - Ce pas trop manquer à l’opinion que l’on doit avoir de leur habileté et de leur savoir, que de présumer qu’ils furent rebutés par l’extrême difficulté de cette entreprise, … Présenter cette science dans son ensemble, la suivre dans tous ses détails, la développer graduel- lement, l’expliquer, Fenseigner enfin avec la pré- cision, la clarté, l'évidence indispensables à son 250 Nouvelles littéraires: intelligence ; c’est la tâche encore réservée à la sa= gacité, au jugement , à l’étude assidue, à la per- sévérance ; aucun auteur, jusqu'à ce jour, né l’ayant parfaitement remplie. Mais les efforts employés à réussir dans ce tra- vail si difficile, quelqu’insuffisans qu'ils puissent être, ne manquant jamais d’occasionner de nou- veaux progrès, il est utile de les apprécier et de les éncourager. Le nouveau Traité de costume présenté à l’Institut national, par le C. MaA1LLoOT, professeur à l'Ecole centrale du département de la Haute-Garonne , ‘et dont une commission a rendu compte à la classe, est principalement destiné aux jeunes élèves qui se consacrent à la culture des beaux-arts. Le premier volume , ensuite d’un discours en forme d'instruction sur les trois arts de peinture, sculpture “et architecture, servant d’introduction, et dont la majeure partie des principes noûs a paru admis- sible et utile, contient le costume des Romains, dans un très-grand détail, d’après les médailles et pulsieurs autres monumens antiques, en suivant les différens âges, depuis Romulus jusqu'aux derniers empereurs de Constantinople. Dans-le second volume, le costume des peuples des Gaules, d'Italie, de Grece, d’ Ægypte, etc. etc., est expliqué au long. L'auteur fait la nomenclature d’une infinité de peuples, presque inconnus, dont il a pu découvrir quelques monumens , et il a inséré, dans cé volume ; le costume des prêtres de Péglise xomairrè, ‘4 Nouvelles littéraires. 25 Le troisième et dernier volume est consacré en- tierement au costume des Francois, depuis le com- mencement de la monarenie jusqu’au règne de Louis XLIL incelusivement. Nous ne pouvons garantir, ni la vérité de certaines assertions, ni la justesse , ni V’authenticité de plusieurs monumens relatés dans ce traité, l'auteur n'ayant pas observé de citer, avec le nom de louvrage, l'endroit, précis dént il tire ses autorigés ; Ce qui, dans des matières suscepti- bles d'examen et de discussion , paroit devoir être le pre: ier soin d’un écrivain exact et desireux d’en- seigner avec fruit. Le C. D’ANSSE DE VILLOISON a fait part à la classe de ses observations sur une des parties de l’anti- quité les plus obscures et les plus difficiles, sur les inscriptions grecques des pierres gravées , inédites , et sur celles qui avoient déja été publiées, mais mal expliquées par les plus célèbres antiquaires , les Ga- Jeotti , Ficoroni, Vettori, Gori , Bracei ,etc. Frappé de cet aweu remarquable d’un des plus savans et des plus hardis critiques du monde, de Joseph Sca- liger, qui s'étoit beaucoup occupé de ces inscrip- tions , et convenait qu'elles présentoient des diff- cultés presque insyrmontables , il entreprend de répandre un nouveau jour sur Ces monumens , €é d'interpréter toutes les inscriptions grecques qui sont susceptibles d'interprétation. Îl annonce qu’il se gardera bien de chercher à expliquer ce qui est inexplicable , parce qu’il observe que pour éviter le reproche que Montesquieu adresse à l'abbé de Quasco, ous éles tous des charlutans , messieurs les anti-. 252 Nouvelles littérarres. guaires ; 1 faut toujours avoir devant les yeux cette regle sage du judicieux Quintilien : /& science d'un grammairien et d'un critique consiste ; en partie, à savoir ignorer certaines choses qu'il est inutile ou impossib'e d'apprendre. La première inscription que d’Ansse de Villoison explique, est celle d’une belle agate-onyx , dont M. le chevalier Angiolini , ci-devant ministre de Tos- cane en France, avoit fait l'acquisition , à la vente de feu M. le baron de Staël de Holstein , ancien ambassadeur de Suede , à Paris. Il expose et réfute les diverses explications qu’on avoit données de cette : inscription grecque , qui ne renferme que neuf let- tres , et qui offre cependant de grandes difficultés: ce qui, remarque:t-il, doit nous inspirer de la dé- fiance et des doutes sur l'interprétation des inscrip- tions , écrites dans des langues totalement perdues , ou presque entièrement inconnues, et rehausser le mérite des Bourguet, des Barthélemy , de Sacy , et Akerblad , qui ont retrouvé l’alphabet de l'Étru- rie, de Palmyre , de la Phénicie, de Persépolis, et de lä mystérieuse Ægypte. Non content de fixer le sens de l'inscription de M. le chevalier Angiolini, il en examine tous les caractères, dont plusieurs sont singuliers et remarquables : ce qui lui donne lieu de faire des additions à la paléographie de Montfaucon , à la diplomatique de Mabillon , et au Nouveau traité de Diplomatique des Bénédictins , et le met à portée d’expliquer l’inscription d’une pierre gravée du cabinet du duc d'Orléans, que les édi- teurs avoient regardée comme absolument indéchif= € Nouvelles littéraires. 253 Frable. @’étoit , disoient-ils , une énigme qui avoit besoin d’un nouvel Œdipe. XI] retrouve les mêmes formes sur les monumens étrusques, sur les abraxas des Basil'diens , sui le manuicrit de Cotton, l’un des plus anciens du monde, sur un monument trouvé dans les catacombes de Syracuse , sur différentes inscriptions publiées par le P. Paciaudi, et par M. Capèce , archevéque de Trani, sur un ancien re- liquaire d’une impératrice grecque , [rène , femme de Matthieu Cantacuzène , et enfin sur une inscrip- tion déterrée , à Marseille , en 1785. Il décrit ce dernier monument , en donne une nouvelle expli- cation , le compare avec plusieurs autres , l’éclaircit par le parallele d’une piece de vers grecs dont il fixe le sens, et revient ensuite à l’explication de plusieurs inscriptions grecques de pierrés gravées que Ficoroni, Galeotti , Gori , n’avoient pas en- tendues , et dont l'interprétation dépend de l’étude approfondie de la langue grecque , de la paléogra- phie, et des usages anciens ; parce que, ditil, on ne peut pas entendre les choses sans les mots , ni les mots d’uue langue quelconque, sans la connois- sance des choses. Le C. Camus, nommé voyageur de l’Institut, par arrêté du 6 fructidor an X ,æfait , à la classe, le rapport de son voyage. Ses courses ont compris le département du Bas-Rhin , les quatre départemens de la rive-gauche de ce fleuve, les neuf départe- x mens de la Belgique , les départemens du Nord, du Pas-de-Calais et de la Somme. Son objet a été d'examiner l’état des sciences et des arts, de visiter L 254 Nouvelles litiératres. les établissemens d'humanité , d'étudier l’homme, particulièrement, quant au moral : l'étude de l’homme moral n'étant pas moins nécessaire, suivant ses prin- cipes , ni moins intéressante que celle de l’homme physique , on ne doit pas séparer ces études, mais, d’äpres la naiure de l’homme , on doit les distin= guer. Relativement aux sciences, le C. Camus nous a montré ; à Strasbourg, une colonie de membres de Plustitut , qui se livre particulièrement à la partie de l’éudition classique , et qui conserve l'ancienne tradition des études de l: lingue grecque et latine ÿ à Mayence, des savans profonds ; à Cologne , des professeurs zélés ÿ dans la Belgique, des bibliogras phes instruits ; dans tous les départemens , des bi< bliothéques composées d’excellens livres, du goût pour les rassembler , de lattention pour les con noître; des lecons de dessiu données par des maf- tres habiles: dans la Belgique, des écoles spéciales de dessin ,entretenues par des souscriptions volons taires , des musees partout ; des leçons de physique et de chymie , saivies assidument , pour appliquer aux acts les résultats de ces sciences; des jardins botaniques multipliés ; l’étvde du règne végétal, la culture des belles plates exotiques en honneur chez beaucoup de particuliers ; une passion générale pour Jes nouvelles découvertes. Relativement aux arts, les manufactures prospe- rent dans beaucoup de départemens ; Pactivité est jucroyable pour les poiter au plus haut point de perfection. Indépendamment de lintérét personnel — rer L Nouvelles littéraires. 255 qui sollicite l’activité du manufacturier , elle est puissamment excitée par les récompenses du gou- vernement ; et surtout , par l’émulation que fait naître l'exposition annuelle des produits de l’industrie Françoise. Une médaille obtenue du jury fait la ré- putation d’un fabricant : on étudie les produits de sa manufacture, on cherche à deviner ses procé- dés, et surtout à en surpasser le résultat, La France a acquis d'importantes fabriques, à Aix-la- Chapelle; dans le Limbourg , à Namur , à Luxembourg , à Tournay : les autres villes de ces départemens , moins manufacturières, seront cbligées de le deye= nir pour remplacer les moyens de subsistance qu’elles tiroient d’établissemens qui ne sont plus. Les établissemens d'humanité ont pour objet; ou les soins à donner aux "malades, ou les secours à * donner aux indigens ; mais uue vue supérieure à la distribution de ces secours de détails , accordés au besoin , c'est de prévenir le besoin en forçant au travail; en habituant au travail ; en contraignant, en quelque sorte , le peuple qui, trop souvent est imprévoyant , à faire des épargnes. Les fonds pour les secours ne manquent pas dans les départemens réunis et dans ceux qui les environnent : peut-être leur administration est-elle tfop divisée ; mais des établissemens nouveaux, et au dessus de tout éloges ce sont les ateliers de travail , institués dans la plupart des grandes villes. Les préfets qui les ont fondés ont eu pour objet direct et immédiat de dé- truire la mendicité :ils ont atteint ce but , on ne voit plus de mendians ; mais ces mêmes établisse- \ \ 256 Nouvelles litrérarres. mens produñont un fout autre effet, qui, s'il est un peu plus long à obtenir, sera d’une plus grande importance par ses suites. Que tous les mendians d’une ville ou d’un département soient reclus et n’incomimodent pas les citoyens, c’est un grand bien sans doute ; mais qu'il ne se foime plus de men- dians, c’est le combie de la perfection , dans ce point d’econcanie politique. Or, c’est là ce qui ré suitera dé l’institution des ateliers de travail. L’hom= me , surtout celui qui recoit peu d'instruction dans son exifance , est tout habitude. Un homme mendie , parce qu’il a mendié , enfant ; une famiile mendie , parce que ses chefs mendient ; et l’on n’ignore pas qu'il y a dans plus d’un département une sorte de caste de mendians. L'atelier de travail rompt ces habitudes et en forme de ‘contraires. Ce jeune en= fant qui, à l’âge de cinq ans, tourne déja le rouet, pendant plusieurs heures, qui, à huit ans, coudra ou tirera les lisses d’un métier , qui, à quatorze ans, commencera à tisser; cet enfant travaillera toute sa vie, Avec de pareilles habitudes la mendicité lui sera pénible, comme le travail Pauroit été avec des habitudes contraires. Les maisons de détention sont devenues des ate- Jiers de travail. Le €. Camus a rendu un compte taillé à la classe de l’état des maisons de Vil- vorde et de Gand. L’homme qu’on y amene pour subir la peine due au crime dont 1l a été convaincu n’en sort qu'après avoir appris un métier, s’il n’en connoissoit aucun ; ses Connoissances, s'il en avoit quelques - unes. Il sort apres s'être perfectionné dans / Nouvelles littéraires. 257 sort avec un fonds qui est le produit des épargnes prises sur son salaire journalier. 11 sort, en etat de prendre sa place dans la société , et il ly prend réellement. Heureux pays que celui où l’on ne pu- mit les homme, qu’en leur faisant du bien , où le châtiment n'est que l'accumulation de tousles moyens ‘possibles pour devenir mcilleurs ! C’est dans les lieux où un grand noinbre d'hommes est rassemblé, qu'il est plus facile de les étudier; c’est-là aussi où le C. Camus Jes a considéres : mais il ne s’est pas borné à les voir dans des ateliers de travail ou dans des hospices ; il les a suivis dans leur manière de vivre journaliere, dans leurs sociétés , dans les fêtes champêtres, où l” bomme paroit sans apprét et sans masque : c'est alors qu'on peut dé- méler plus facilement ses véritables gouts, ses véri- tables paisions , et les distinguer des soûts et des passions factices des grandes cités. La classe a ordonné l'impression du rapport du C: Camus ; lui-même doit en lire quelques parties dans Ja séance publique : ce sont des motifs pour ne pas donner plus d’étendue à cette annonce : il suffit d’ayoir indiqué le plan géneral du rapport et les objets qui y sont exposés Ouvrages imprimés. Moyens de résénérer les théâtres , de leur Tendre leur moralité, et d'assurer létut de ious les comé- diens, sans qu'il en coûte rien au Gow ernenené à brochuie, par le C. MaupuiT-LaRive ; associé, Tome F, R 258 Nouvelles littérai res. . Lettre sur le Robinier , connu sous le nom de faux Acacia, avec plusieurs pièces relatives à la culture et aux usages de cet arbre, par le C. FRANCOIS (de Neufchäteau ). . Compte renüu à la société d'agriculture du dépar- tement de la Seine , par la commision de la charrue ; par le même. Mémoire sur la collection des grands et petits voyages , et sur la collection des voyages de Melchi- Sedech Thevenot ; par À. G. CAMUS ; x vol. in-4.°; imprimé par ordre de l’Institut. ” Traduction d'Hérodote , seconde édition ; par le C. LARCHER. g Grammaire raisonnée , ou Cours théorique et pra- tique de la langue francoise , à l'usage des personnes gui veulent connoître et mettre en ‘pratique , non- seulement les règles avouées depuis longtemps par Les plus habiles grammairiens ; mais encore les règles tout-à-fait neuves ou peu connues ; par le C. Boin- VILLIERS, associé. ‘ Elémens de Grammaire générale appliqués à la langue françcoise , 2° édition , par R. A. SIcaRD , membre de lPInstitut national et instituteur des sourds-muets; 2 vol. in-8°. 5 Cours d'instruction d'un sourd-muet de naissance , seconde édition, par le même; r vol. in-8°. Conservatoire des arts et métiers. Le gohvernement a accordé une prime d’encou- ragement de 6000 fr. au C. Aubert, mécanicien à Lyon , pour ie dépôt au conservatoire des arts €£ ne Nouvelles littéraires, 259 métiers, d’un modele de son métier à iricot à chaine, complet, perlectionné , et allant pat manivelle, Société guli ranique. Pour donner plus d’enseuible et de régularité à ses travaux , la société galvauique a formé quatre Commissions chargées : lune de recueillir les faits relatifs au galvanisine ; l’autre de répéter les ex pé= riences sur la theorie générale de cet agent ; une trosièine , de ses applications à l’économie animale et aux malades ; enfin une quatrieme chargée de recueillir et de publier les résultats obtenus. Les sénateurs Lespinasse et Abrial ont été nom- més présidens , et M. Larcher-Daubancourt , secré- taire de la première de ces commissions. MM. Guil- lotin et Dudonjon, presidens, et M. Bonnet, secré- taire de la troisieme. Le sénateur Lemercier , M, Chompré, présidens , et M. Levacher-Lafeuterie, secrétaire de la quatrième. La commission des travaux pour Ja théorie, com- posée de MM. Guyton-Morveau , Aboville , Par- roisse ,; Gautherot , Legallois , etc., ne s’est pas encore o:ganisée. La sociéte a reçu dans la même séance, comme membre résident , le géneral Lamartilliere. Socie!é philomathique. Le C. DrAPARNAUD, pro'esseur d'histoire natu- relle, à Moutpellier, a commuuiqué une notice sur l’insecte nommé Mantis oratoria , Lin. R 2 360 Nouvelles littéraires. L'’insecte que Fabricius, Devillers et les autres au- teurs ont décrit sous le nom de Mantis oratorie , est, d’après le C. Draparnaud , le mâle de l’espece appe- lée Religiosa. Linné lui-même paroît avoir con- fondu par la suite ces deux espèces, puisqu'il a dé- crit la seconde sous le nom d’Orutoria , dans Île Muséum Ludovicæ Ulricæ. Le C. Draparnaud , qui a découvert dans le midi de la France la pre- miere espèce vue par Linné, et apportée d’Afique, par Brander, en a donné la description, Sa plus grande longueur est de quatorze lignes : le mâle est un peu plus petit que la femeile. Leur couleur est d’abord verte ; mais elle passe ensuite au gris brunâtre : les élytres et les ailes sont un peu plus courtes que l’abdomen. Les aïîles sont trans- parentes, un peu jaunâtres vers leur bord posté- rieur ; elles offrent, vers leur milieu, une grande tache œillée d’un noir bleuâtre ou tirant sur le violet , accompagnée en arrière de bandes arquées, interrompues de la même couleur. La partie anté- riéure de l'aile est de couleur rougeâtre ; marquée de petites taches carrées, transparentes, qui la font paroître comme réticulée ; les élytres sont vertes, ayec une côte jaune. La base des hanches anté- rieures est marquée d’une tache blanche , bordée de noir et de petits points blancs, , Cette mante pond ses œufs en un tas ovale , formé de deux bandes etrecouvert d’une substance coriace, spongieuse , par conches striées. Cette matitre , d’a- bord liquide , est écumeuse et blanchâtre ; mais elle Mouvelles littéraires. 2612 se concréte par l’action de l'air, et brunit de plus en plus: la larve qui en provient est de couleur verte ou grise. Les moignons d’ailes que prend la nymphe sont rougeâtres à la base, et d’un noir bleu à l'extrémité. Rossi l’a décrite dans cet état , sous le nom de Spallanzania. ©. D. NÉ) C'R°O L'O\G/T'E: Mademoiselle DUMESNIL, dont les talens ont ïillustré la scène Françoise, dans l’emploi des re nes, vient de mourir à 95 ans. M. l’abbé Parow ( Jean-Pierre), homme recom- mandable par ses talens et ses vertus, un des membres de lOratoire et associé de l’Institut natio= nal, vient de mourir subitement à l’âge de 67 ans ; on lui doit un Zruité de l'art du poète et de l’orateur, dont nous avons annoncé, en 1800, la troisième édition ; — Une Oruison funèbre de Charles-Emma- auel IIL , rot de Sardaigne ; — Un Voyage en Pro- vence ; — Une Histotre de Provence ; — Un ouvr: age intitulé : ÆEpoques mémorables de la peste , dont nous avons également rendu compte:il a composé aussi quel. ques écrits de politique et de littérature; méme quel- ques poésies, et il s’occupoit d’une Histoire de la revo- lution. 11 emporte lestime na À VD et les regrets de ses amis. Le 17 pluviose, le C. TREMEL, âgé de 76 ans, est mort au musée des artistes (à la Sorbonne }. R 3 262 Nouvelles littéraires. L é Cet artiste étoit allemand , €! avoit une connoïis-= . sance naturelle et pratique ,;; dés moyens les plus simples de mécanique. I! étoit l’auteur de cettegrue tournante servant sur le port St.-Nicolas à décharger les bateaux. Il a Fait, pour les filatures, nombre de métiers, qui ne sont pas, comme bien des invent'ons modernes , restés en modeles; ils ont eu l'honneur d’être couronnés , à l’Académie des iciences et à lTnstitut, et sont en plein exercice dans les ateliers. Il est l’inventeur du pied: mecanique qui doit faire mouvoir sur la terrasse de lOb-ervatoire , le grand télescope de huit mètres. Il dirigeoit lui -méême# l'exécution de cetie grande machine, quand 4 mort est venu lui ravir le fruit de ses savantes conceptions 1 L et de ses longs travaux. Les Lettres ont eu ore perdu Davin HouarD, membre de l’ancienne Aca émie des Billes lettres, associé de l{nsitut ; il s’étoit beaucoup occupé des anciennes lois francoises renfermées dans les cou- tumes an xloises ; il avoit publié, en 1766, l’ouvrage de LITTLETON, sur cette matiere; en 1779, le Tranté des coutumes Anglo normundes , publi ‘es en * Anjleterre depuis le onzième siécle jusqu’au dou- zième. Îl est mort âgé de 84 ans. F ’ ; Nouvelles littéraires: . *263 POP RURIE SIPCON/D'ATN'C'E: Au C: MILLIN, rédacteur du Magasin Encyclopédique. CiTOYEN RÉDACTEUR, Ayant, dans un de vos numéros de nivose dernier, donné acces à la rétractation du C. Marron, com- missaire nommé par la Société libre des sciences, lettres et arts de Paris, pour lui rendre compte de mon ouvrage latin , je vous crois trop juste pour vous refuser à y admettre aussi ma réclamation, sur ce qu'il s’est permis de publier à mon égard. Je dirai done que ce citoyen ne s'étant point acquitté de son obligation, six mois environ après lavoir contiactée, il m’engagea lui-même à la remplir, que le travail lui fut lu, sans qu’il y placät la moindre observation ; qu’il le garda pendant une quinzaine de jours, où il eut tout le temps de la réflexion pour se décider à un parti; qu’alors sa conscience ne lui reprochant rien , il me le donva sans ratuüre, pour être remis au secrétaire de la Societé, qui devoit en faire usage à une séance où il ne pouvoit se trouver. Comment donc le C. Marron peut-il anjour- d’hui se rétracter sur sa conduite passée, et termi- ner en Mdisant que sa manière de penser sur les amours de Pancharis et de Zoroæ, est übsclumént opposée à celle qu'on lui a prétée, lorsqu'il se l’est donnée lui-même en signant le rapport, et le laissant R 4 264 Nouvelles littéraires. À IF , pour lui donner toute sa publicité? D’ailleurs vous êtes trop bien au courant de ce qui se passe dans lessociétés littéraires, pour ignorer que quand un ouvrage offert à l’une d’elles, ne-mérite aucun égard , le cominissaire se cortente d’un rapport oral, sans entrer , sur lui, dans aucun détail. PETIT-RADEL. THÉATRES. THÉ ATRE DES AR T6. Delphis et M Opsa. Cet opéra, en deux actes, joué le 26 pluviose, n’a pas obienu de succès. C’est une espece de pas- torale assez froide. Une jeune femme qui a de l’aver- sion pour le mariage, refuse sa main à son amant, et pour se débarrasser de ses sollicitations, la lui promet enfin, lorsqu’il lui aura fait voir un ménage parfaitement heureix. E’amant s'adresse pour cela à Delphis, paysan , son voisin ,qui malheureusement est en dispute avec sa femme Mopsa , mais qui pour de l’argent promet tout ce qu’on veut. Il se rac- commode , se brouille encore, et la jeune femme, té- moin de tout cela, refuse bien plus positivement encore de prendre un époux. Cependagt, lors- quelle voit Delphis et sa femme serrer leur enfant entre leur bras, elle ne peut résister à ce tableau du bonheur, et elle épouse Phanor. Nouvelles littéraires. 265 Le sujet n’étoit pas heureux, pour le grand opera surtout. La musique , quoique d’un homme connu et estimé , n’est pas beaucoup meilleure que Île poème : on a cependant remarqué un quatuor char mant , qui a été très-applaudi. Daphnis et Pandrose. Ce ballet, du C. Gurdel , n’a pas obtenu autant de succès qu’on l’esnéroit. Les détails en sont fort * agréables, il est surtout parfaitement exécuté; maisle sujet ne comporte pas assez d’intérét; il est char- mant dans le Conte de madame de GENLTS; mais dénué du charme de son style, il a beaucoup perdu aux yeux des spectateurs. THÉATRE FRANCOIS DE LA RÉPUBLIQUE. Siri - Brahé , ou les Curieuses. Cette pièce, en trois actes, quoique sifflée le 29 pluviose , à sa premiere représentation, a eté rejouée deux fois. Cependant il y a apparence qu’on ne la representera plus ; en effet , c’est plutôt une pièce du genre des mélodrames qu’un ouvrage digne du théâtre françois On savoit que cette comédie étoit de GUSTAVE , roi, de Suède ; elle avoit éte traduite et arrangée par le général THURING. THÉATR'E FEFDEAU. Hélëna. Sans. la musique de M£&UL , cet opéra en trois | 266 Nouvelles littérarres. actes , Joué le 9 ventose , n’auroit peut-être pas pu se soutenir, On y a reconnu, dans plusieurs scènes, Ha touche de M. BouUILLI son auteur ; mais c’est qu'en effet il s’étoit piilé lui-même, et qu’on trou- voit des réminiscences des Deux Journées et de l'Amour conjugal. Nous reviendrons sur cet ouvrage qui sera probablement retouché. TUAVE AT R E\ L\O0.0'F O.I 3 Malice pour Malice. Cette comédie en trois actes et en vers, jouée le 18 plaviose , n’a eu qu'un demi-succes. Quelques coupures, faites à la seconde représentation, l'ont préservée de la chute complète, Cette pièce ren- ferme à la vérité des scènes comiques , mais aussi d’autres qui sont longues et inutiles, et des moyens qui ne sont pas assez naturels. Toute une famille attend à la campagne un jeune homme d’un ca- ractere simple et bon ; aussitôt on dresse des bat- teries ; chacun se donne un réle, et on veut le mys- tifer complétement. Le jeune homme est instruit de tout, et, loin de donner dans le paneau, mystifie à son tour les mystifñicateurs. li seroit trop long de rendre compte de toutes les scènes amenées par ces malices réciproques; le public ne les a pas trouvé de son goût. L'auteur n’a pas été nommé. Quel- ques jours après on a pourtant mis sur les affiches le nom de M. CorLiN-HARLEVILLE. D. IVouvelles littérarres. 267 Le Duel imposstble. Encore un demi succes. M. MARTINVIILE, auteur ordinaire du théâtre Montansier , s'est fait joner à Louvois | le @ ventose. Le jeune Dortrig' y s’est marié sans le consentement de son oncle. [! apprend que cet oncle arrive dans l’aubeige ou il loge , et veut fuir; mais son valet se charge d’une réconci- lation. 11 commence par avouer que son maitie est marié ; mais il suppose que son rival Pa appelé en duel , qu'il s'est battu et qu'il a péri. L’oncle s’attendrit , veut venger sa mort, et le valet lui indique, au lieu du prétendu assassin, son neveu qu’il ne peut reconnoître, at'endu qu'il ne l’a pas . vu depuis son enfance. L’oncle provoque son neveu à un duel, qui, comme on le voit , est impossible. Pour l’éviter , Dortigny veut fuir ; mais lauber- giste, an lieu de protéger l'une est ap lée {heorique, l’autre pratique: La ipreniière contient: 1.° L’unatomie et lu physcologie de toutes / 278 Livres divers. les partiés qui sont relatives à la grossesse , au travail et aux couches; 2.° la Dorrrine de la grossesse dans Vétat régulier ou irrégulier ; ici l’auteur traite non- seulement des phénomènes qui ont lieu dans le corps de la invre ;imais au:si de l'accroissement et des par- tieularités de l'enfant ; 3.° la Doctrine du travail > démontre la foncrion du travail régulier , ‘et toutes les causes qui peuvent produire, dans cette fonction, des abériations de lamarche réguliere'quie suit la vatiie; 4° l'Histoire de lé couche , tant de celle où tout se fait heureusement que de la coucne irrégulière, par rapport à la metre et.à lenfant; c’est done ici quesetrouvent placées, les maladies des femmes en cdnche'et: des enfans nouveaux nés. — La seconde partresenseigne ; 4%%/%4rt du toucher; toute l'explo- rutron ss tuant manuelle: quinstrumenta e y 29 Les règles qu'il Jout obsérier. pour obienir loute la con- formité possible , avec la marche régulière de'l41 nature dans lagrossesse | le'trsvuil et la couclie, et pour y éviter tout dunger. Cette partie est justement ee qui copcerne l’a t de Pacconchement pour les sages-fem- mes ; ce que l’allemandexprime par un:propre mot : Hebammenkunst ; et qén pourroit appeler aussi la parme-diétetique de Part: des acconchemens. 3.°"Les règles fr ut'observer, quand il y à déqa déviation de‘la-marchie régulièr@ de la nàture , pour guérir les maux qui-pourrorent tésuliér d- cette déviation dans la grossesse, le trawail'et Va couche, C’est-Và Vart des accouchemens dés accoucheurs , ce que les Alle- mans. äpoellenteue£tbindungshkunst, C’est ici qu’ésé expliquék-etcrésumée’toüte la partié chirurgicale et médicale de: l’art ‘dé l’acconchement:, ainsi que le traitement «des nraladies des femmes en couche et des enfans monveaux nés. : Il seroit trop long de suivre auteur dans le détail de l'exposition de son! art ; cet apercu général suffira pour diriger l'attention des aecoucheurs sur un livré . qui renferme plusieurs points theoriques et prati= ques , qui né sont pasencore tres-çonnus. T. F.W. ZLayres. divers. 279 _ HyrsTeroPzAsmArA oder Nachbildungen der Fugi- nalporiion des Uterus, und des Muttermundes 17, .werscluiedenen Perioden der Schwangerschafi und . Geburt.; von Dr. L. Froriep | Professor der Medizin zu Jena ; c’est-à-dire ; HFSTEROPLASMATA, O. * imitations de la portion vaginale de Puterus et de .d’orifice de l4 matrice , & diverses époques, de la grossesse :et de l'accouchement ; par le Dr.L. F, FRORLIEP, professeur de Médecine à Iena. Weimar, au Camptoir d'industrie ; 1802 , in-8°. UEBER DAS PELVIARIUM, vou Papier-mâché, rom Dr. L. F. FRORIEP, professor de Medizin zu Jena. C'est-à-dire, Sur LE P&LFIAIRE de Papier mâché; par le Dr. L. F. FRORIEP , professeur. de Médecine à Tena. Weimar, au Comptoir d’in- dustrie ; 1802 , in 8°. i M. Froriep, dans l'intention de faciliter l'étude et la pratique de l’art des accouchemens, qu’il professe à, lena, a imaginé différens nouveaux ap-= pareils et inétruméns , et s’estattaché à perfectionner cousidérablement quelques autres instrumens ,; con= nus depuis longtemps. Il se. propose de donner suc- cessivement au public ün Appareil de l’accoucheur , au prix Je plus modique qu'il sera possible. Les feuilles sont mous vénons de rapporter les titres, sont destinées à annoncer une partie de cet Ap- pareil. % w Quant à la premiere de ces deux notices, celle sur les Hysieroplusmaiaæ , nous observerons ici que M. Ærorep,,a exécuté des représentations de la portion vaginale et de Porifice de la matrice, à diverses époques de la grossesse et du travail de l’enfantement. Ces figures, au nombre de seize » sont faites avec une matiere: qui produit, sur Je doigt humecté, à peu pres la mémesen. ation qu’on éprouve quand on touche ung. femme vivante à ses diverses. époques. L'auteur a retiré, de ces préparations, un avantage sçnsible,,, non-sculement dans les cours S 4 280 Livres divers. _qu'il donne à ses éleves dans l’Université d’fena, mais particulièrement dans Plnstruction des sages- femmes. La description de ces seize figures est le sujet: de la premiere brochure, intitulée Hystero- plasmata. Les Pelviairs, qui sont le sujet dn second écrit que nous annonçons , sont des imitations de bassins de femme , faites avec du papier mâché, et exéciiées avec tant de soins, qu’il est presque impossible de :rouver a moindre différence entre un bassin naturel, sec , et un de ecs bassins artifi- ciels: Dans les détroits de ce: bassins ou pelviaires, M. Froriep a fait mettre de: fils de fer diversement colotiés, qui représentent les divers diametres du bassin , et expliquent, d’une manière parfaitement claire, la docirine un peu abstraite des axes du bassin. La troisième par'ie de cet appareil consistera en fan- tomes ou maunequins de papier mâché, exécutés d’apies nature avec le plus grand soin. Un mannequin de cette composition a l’avantage qu’on peut placer dans «son intérieur un enfant nouveau né, conservé dans Pesprit de vin, ce qui est du plus grand_se- cours pour enceigner aux élèves les premiers exer- cices des manœuvres de l’accouchement , sans que cés märnequins puissent étre gâtés par l’humidité. Les parties suivantes ofiiront des inétrumens pe fecrionnés, aunombre desquels ily a un forceps, auquel les perfectionnemens , imaginés par M. Fro- riep, donnent une pr. féience remarquable sur ceux connus jusqu'a présent. Ces diférens Appareils et ces instrumens s’exé- cutent aux frais du Comptoir d'industrie ; à Weï- mar , à qui on peut s'adresser pour sen pro curer. La Sociéié de Médecine , à laquelle M. Froriep, pendant son séjour à Paris ,a fait voir ce qu’il avoit # apporté de son Appareil et de ses instrumens, lui a témoiwné sa satisfaction, et le desir qu’on pût s’en . procurer aussi à Paris. M. Froriep a pris des me- Livres divers. o8r suves pour que, d'iCi à peu de temps, il y-en eût chez les frères Levrauit , libraires, quai Malaquais, où on pourra en prendre connoissance. La modicité du prix de ces Appareils , les mettra à la portée de presque tous ceux qui en auront besoin. M. Bertuch , en se chargeant de leur débit , n’a eu en vue que les progiès de la science et l’avantage de ceux qui la cultivent. TT, 266 AV. EcoNoMI1s. IV° et V° Canrzrs de la Bibliothéque physico- économique, instructive et amusante, à l’usage - des Villes et des Campagnes , publiée par cahiers avec des "planches, le premier de chaque mois, à commencer dû premier brummaire an XI, par une société de Savans , d' Artistes et d’Agronomes , et rédigée par C. S. SONNINI, de la Société d'agri- culiure de Puis et de plusieurs Sociétés savantes , et littéraires. . Ces deux cahiers contiennent , entre autres arti- cles intéressans et utiles, /es description et usage du célèbre. Bélier hydraulique. de Movtgolfier., avec figures.; moyen de conserver longtemps la propriété végétative des semences ; de préserver les arbres frui- tiers de la _Nielles de nourrir et faire trasailler les abeilles dans .les plus. grands froids ; de. convertir toutes. les herbes en fumier; de remplacer le café par des semences ; de préparer de diverses facons la chair du cochon , à la manière de Bologne , par Leone Virga ; de faire le fiomage de Gérarimer ; ‘un. nouveau moÿen simple et éprouvé Ce guérir les cors aut pieds ; une recelte précieuse de deux espèces de teinture en noir et eh rouge, envoyée cachelée à l'Académie royale de Suède ; une autre éprouvée pour une sauce à labac ; l’indicaïion des vrais préserva- tifs anli-contagieux, publiée par le C. GUFTON- MoRrEAUX ; les description et usage des lampes docimastiques , par BERTIN , avec figures | elc. 282 Livres divers. “Le prix de l’abonnement est de of, pour les 12 cahiers de 72 pages chacun , avec des planches, que l’on recevra mois par mois, francs de port par la post. La lettre d'avis et l'argent doivent étre affranchis et adressés à F. Buisson | imprimeut-hi- braire , rue Hautefeuille, n.° 20, à Paris. On peut aussi, pour éviter les frais, envoyer largent par un mandat sur Paiis. : COMMERCE. XVTIT.-,XIX° et XX.° Caurærs de la Bibliothéque commerciale ; ouvrage destiné & répundre les con- noissances relatives au commerce , à la naviga- tion ; etc.3 par J. PEUCHET, membre du conseil du commerce aw.ministère de l’intérieur ; etc. Ces trois cahiers, de 144 pagesin-8.° , contiennent, entre autres articles : des réflexions sur le crédit pu- blic et commercial ; sur un svstème d’encoura- gement pour le éommérce’) la navigation, etc. — Mé- moire Sur l& nav igation de Frünte aux Indes ; — Fonctions des chämbres et comserls généraux de com rnerce ; — Remarques sur le commerce de l'Inde dans. le départément de ‘la Seine - Inférieure ; par le C. BEUGNOT:; préfet de ce département; — du com merce d'entrepôt en général, et de celui de Paris ; — Navigation: de\Va Baltique. Le prix dé la souscription est de 21 fr. > pour recevoir , franches de port, 24 livraisons, et 12 fre pour 12 livraisons. La lettre et Pargent doivent être 2#franchis. On peut envoyer le prix de la souscrip- tion en un mandat sur Paris. On souscrit à Paris , chez F. Buisson , libraires rue Hautefeuille, n.° 20. , » - Livres divers. 283 ” RE © ‘ Dr'hr, 9) : HISTOIRE. ÉPHÉMÉRIDES politiques , littéraires et reliieuses - (1); présentant, pour chacun des jours de Pannée un tableau des événemens remurquables qui duteut «x deice même jour dans l’histoire de tous les siécles Let dé ions les pays, jusqu'au x." janvier 1803. . «Par le C: NoëL, insnecteur-général de Pirétruction -bpublique , et le C: PLAN CAP instituteur ,jà Paris. Mc ue | Et quo sit facto quæque notata dies. Ovip. fast, Seconde édition, revue , corrigée et augmentée. À Paris, chez Lenormant , rue des: Prêtres-Saint- Germain - l’Auxerrois , n° 42; et Henri Nicolle y rue. des Jeûneurs ; n° 26. IT est peut-être un moyen aussi simple .qu’utile d'étendre Îles avantages 4 histoire , et d'y faire participer le commun des hommes , dont les er- reurs et les passions ont souvent des suites aussi finéstes que celles des souverains. Ce moyen con- siste à offrir destfaits isolés , dont le rapproche- ment où le contraste, joint à leur retonr périodique dans un temps marqué, donne une lecon plus frap- ante, et laisse uñé fpression plus durable à tous és ordres de lécreurs 2 NAS C'est l’objet de l’onvrage que l’on ariñance , et doit -Pon:donne:une seconde éditiéa ;! qui étoit at- téndue depuis longtemps : il présente, potir'chacün des jours de l’année), un:précis des événemens re- marquables qui datent de ce mêmé jour, dans l’his2 toire, de tous les siécles et de tous les pays ; révolu- tions ,0batailles | prises de villes, traïtés de paix, @) Douze volumes in-8. I] paroît un volume par mois: Lesmois de janvier et de février, ont déja paru On peut recevoi chaque volume à mesure qu’il paroît, en payant d'avance.9 fr. pour trois volines ; 18 fr. pour six, et 56 pour les douze. Pour recevoir l'ouvragerfranc de: poit, … par laposte, il faut ajouter à ce prix, x fr. 50 cent. pour trois volumes, 284 Livres divers, phénomènes physiques, naissance et mort de tous les hommes célèbres , dans tousiles genres ; pre- mières représentations des chef-d'œuvres ‘dramati- ques, fêtes et cérémonies religieuses , découvertes utiles ou agréables. Tels sont les objets qui con- courent à former le tableau historique de chaque jour. On voit que le principal mérite de cette matiere de traiter l’histoire , est tout entier dans les rap- prochemens des faits antérieurs , soit entre-eux, soit avec ceux du temps où l’on vit, et par consé- quent , que les réflexions qui en résultent , ont l’a- vantage de naître sans effort , et de se présenter d’elles-mêmes, à lesprit le moins accoutumé à ré- fléchir. Par exemple , qui ne seroit frappé*du concours des événemens suivans ? Le 26 décembre 17978, Louis XVI et MONSIEUR viennent à l’Hôtel-de-Ville de Puris , assister à l@ Jête donnée pour la naissance de MADAME. Le 26 décembre 1790 ,; MONSIEUR se rend au même Hôtel-de- Ville, où siégeoit l'assemblée muni- cipale , pour déclarer qu'il n’a aucune part à læ conspiration de Favrus. ÿ Le 26 décembre 1792, Louis XVI paroït à la barre de la convention nationale. Le 26 décembre 1795, MADAME, fille de Louis XVI, est échangée à Béle avec les députés de la convertion. | | Est-il un membre de l’ancien parlement de Pa- ris, qui ne remarque avec quelque surprise, que le 16 juillet 1789 , le parlement de Paris demande des états généraux , et que le 16 juillet 1791, les états- généraux, constitués en assemh'ée nationale , man+ dent à la barre le parlement , et que la cour est blämée d’avoir manqué de respect aux membres de l'assemblée ? 4 AA Le mois de juillet présente d’autres rapproche- mens non-moins singuliers; nous nous bornerons aux deux suivans : | Livres divers. 285 Le 27 juillet 1789, ROBRSPIERRE débute à l’as- semblée constituante par un discours contre l’invio- labilité du secret des lettres. Le 27 juillet 1793 , i/ est nommé membre du co- milé de salut public. Le 26 juillet 1794, il est, ar-été et se iire un coup de pistolet. Le 28 juillet 1703 , il avoit fait mettre hors la loi Pétion | Louvet, Buzot es tous les députés’ de la Gironde. Le 28 juillet 1794, #7 est guillotiné. Le mois de junvier, comme le premier mois de l’ancienne annee , a ouvert ce cours d'histoire, et a été distribué aux abonnés dans le cours du mois de décembre. Un grand nombre d’événemens arrivés dans ce mois et dans les deux autres suivans , servent à confiinmer l’observation faite d’abord pt l’:bbé Du- bos, et rappelée ensuite par Saint-Lambert, que l'hiver est la saison des grandes catastrophes. Une reinarque non moins triste, C’est que ce trimestre est celui qui à vu périr le plus de grands-hommes, C’est lui qui à moissonné les Luxembourg , les Descartes , les Newton, les Lafontaine , et une foule d’autres dont la nomeuclature seroit trop longue. Ce précis devant être toujours publie le 1°" de chaque mois, offrira au. public une espèce de jour- nal correspondant , dont les rapprochemens ne Pourront être que d’un très - grand intérêt ; et les faits isolés dans le tableau de chaque jour, seront réunis, à la fin du dernier volume, dans une table générale, qui leur donnera un ensemble systématique. * Placé dans les mains des jeunes gens qu’il accou- tumera de bonne heure à comparer et à réfléchir, ilpeut devenir un ouvrage classique et. fournir à un maitre habile un moyen facile de faire lire avec plaisir l'histoire à ses élèves, à cause du choix des événemens curieux et piquans qui forment le ta- bleau de chaque jour. 286 Livres divers. 4 L’ourrage est écrit avec soin , et se lit avec in- térét , nous en extrairons quelques articles en an- nonçant la livraison suivante. Les mois de Janvier, Février et Mars sont publiés. à | +" Kat) AGE BI106RAPHIE. VIE du législateur des chrétiens sans lucunes et sans miracles ; par J. M. De l'imprimerie de Fowrnier ; à Paris, chez D.67n, libraire, palais du Tribônat. An xr,— 1803. In-8.° de 358 pag: Prix, 3 Fr. 60 c. pour Paris, et 5 fr. pour les départemens, franc de port. THÉATERES. \ LA fausse Duègne; opéra-comique, en trois actes ; paroles de G. D. musique posthume de DELLA- MARIA; représenté pour. la première fois sur. le téätre national de l'Opéra-Comique , au mois de * fructidor jan'X. LE Trésor Supposé, ou Le Danger d'écouter aux portes; comédie en ‘un ucte el en prose, mélée de musique ; par le ,C. HOFFMANN. y VALSAIN et FLORVILLE; comédie en trois actés et en vers, représentée à Paris, pur les Comédiens + francois de l'Odéon ; par M***, s HONNEUR el INDIGENCE , ou /e divorce par amour ; drame en trois uctes et en prose; par VEISS et PATRAT, imilé de l Allemand de Kotzebue , uuteur de Misanthropie et Rep nüirs représenté pour læ première fois, à Parisycxu thédtre de lu Cité- Variétés, le 27 brumaire un XI1. — Ces pieces se trouvent à Paris, chez Huet, libiaire, rue Vivienne, n.° 8. * Au xI1. — 1803. In 8 ° de 63 pag. Prix, 1 fr, zo cent: Romans: b LA COMIPHONIE, ou les femmes dans le délire; ouvrage enrichi d’une g'arure en taille-douce , par F.L. Mrszrpos. À Paris,chez Debray, libraire, place du Museum. Anx1.—1803, In-12 de 146 pag. Prix, z fr 5o cent. “ di: [NI #à “I 4 Livres divers. 287 4,3% : di . EncrcroPÉDIE comique, ou Recueil Anglois de guietés , de plaisanterie ,de traits esprit, de bons mots | d'anecdotes , de portraits, d’originaliiés , aventures, de naivetés , de balourdises, de Culem- bourgs et de pensées graves et sérieuses ; Fers libres de l'Anglois, par BERTIN. Seconde édition très- augmentée et enrichie d'une nouvelle gravure. Prix, S fr. pour Paris , et 6 fr. bo cent. pour les départemens. À Paris , chez Favre, libraire, palais du Tribunat, galeries de bois, uux neuf muses, n.° 220, ef à son magasin , rue Traversière-Saint- Honoré, n.° 845, vis-a-vis celle Langlade. LL Nous avons annoncé la première édition de cet ouvrage dont là réimpression prouve, le succès. BEAUX-ARTS. ANNALES du Musée et de l’école moderne des Beaux- Arts, recueil de gravures au trait d’après Les prin- cipaux ouvrages de peinture ; sculpture ow projets d'architecture ; rédigé par le C. LANDON , peintre, \ | ancien pensionnatre de la république , à l'Ecole Jrançcoise des Beuux-arts. Le prix de l’abonnement - est de 6 fr. pour 3 mois, 12 fr. pour 6 mois, et 24 fr. pour l’année, Il paroit 9 livraisons par tri- mestre ; chaque livraison est composée de 4 gra- vures et huit pages de texte pour explication des sujets, format in 8.° On souscrit chez le C. Landor, peintre , quai Bonaparte , n.° 23, au coin de la rue du Bacq, 2.° année, 3.° vol. 10, 11,°, 12.° -Jivraiïsons. Ces livraisons contiennent les articles suivans : — Pr. XXXVIL® S. Jean, baptisant sur les bords du Jourdain ; tableau de la galerie du musée, par N. Poussin. — PL. XXXVIII.° Trois figures de la salle des Romains, galerie des antiques. — P 2, XXXIX. $, Antoine de Padoue, aderant l’enfant Jésus entre les bras de la Vierge; tableau de VAN- DycKk.— PL. XL.° Des Pécheurs retirant leurs filets; dessin de Jules ROMAIN — Pr. XLI.°S. François en méditation ; tableau du Gurpe. — PL. XLIL. projet d’üne maison de campagne ; par C. NonmANt — PL. XLIL* Allégorie; modèle en plâtre, de grandeur naturelle ; par CHINARD , de Lyon, sta- tuaire, membre a:socié de | Institut pational. — PL. XLIV. Le ravissement de S. Paul ; tableau du Poussin. — PL. XLV. Le passage du Granique tableau de LiBruN. — Pc. XLVI. Trois statues antiques ; de la galerie du Musée. — Pc. XL VAL. Le Destin regle le cours de la vie ; de vains songes en font le charme, allégorie ; par CARAFFE. — PL. XLVIIL® Projet: d’un, temple à l’Immortalité, con- sacré aux grands hommes ‘à ériger aux Champs- Elysées ; par SOBRE, architecte. Ce monument au- roit 8o mètres de diamètre. FR Pr. XLIX.® Coupe et Plan du projet du temple à l'Immortalité , par SoBRE. — PL. L. Saint-Au- gustin, par VanDyCKk. — PL. Li. Convoi d’A- tala , par GAUTHEROT, eleve de David. — P, LII° La flagellarion de Jésus - Christ; tableau du Musée, par RUBENS, figures de grandeur naturelle. — Pr. LH Sainte famille ; tableau de Sébastien Bourdon. — PL. LiV.° Trois statues antiques de la galerie du M rséum. — PL. LV* Armide enlève Renaud endormi ; tableau du Poussin. — PL. LVL. Jeanne d’Are, pucelle d'Orléans ; par Gois fils.—P£. LVIL® La descénie de croix; tableau de Rubens.— — PL. LVHE® Quatre bustes antiques de la galerie du Muséum. — Pc. LIX.° Jesus - Christ dans le désert , servi par les anges ; tableau de Charies Le- brun. — PL. LX.® l’assompiion de la Vierge ; tableau du Poussin, figures d'environ un pied de proportion. — PL. LXI. oise sauvé; tableau du Poussin. — P£. LXII.* Méleagre ; tablezu de M. MÉNAGEOT , ancien directeur de l’Académie de France à Rome. — PL. LXIIL* Trois statues antiques de la ga:erie da Muséum, — PL. LXIV.® Les trois parques Clotho, lAchesis, et Atropos;: tableau du Musee, par Mi- chel-Ange BUONAROITI, demi -fiyuies un peu au- dessous de grandeur naturelle. à BIOGRAPHIE Notice sur. Edme - Jean- Antoine. Dupuget. 145 M NAmerquirÉs D Recherches/sur l'ancien FA grec, ‘1. dont on suppose que Palamède |. fnt l'inventeur avant le siège de \ . .' Troie (en amglois). 162 LU Brstiocnarmre — Môtice du Catalogue raisonné des "Livres de la bibliothèque de l'abbé Goujet; par le C. Barbier. 182 MARS TOLRE T À concerriant l'Histoire de la N pagne; par le C. Gaïlard. axy | VARIÉTÉS NOUVELLESETCOR: “RESPONDANCFELITEER AIRES, RATER ER LIN Re Société libre des sciences, letires er F arts de Nancy. ! 230 3 Soctié libre d'émulstion de Tou- Mc «lon, Fay 45 s ÉÉPASE .Panrs. : ARE Institut national, 1." itiératuré et beaux arts , pendant WT Île premier trimesire dé l'an xx; . parle C. Sicard. * 259 M, Collège de France. : 258 Conservatoire des arts et Métiers. F 259 Tbid. 7) 1 Société galvanique. : De? rivalité de la France et de l'Es- 5 fe SO SOCIÉTÉS LITTÉRAYRES, | X Notice, des travaux de la classe de}: Ê 260 4 .… Table des Articles contenus dans ce Numéro. Nécrologie. : SPEARS ‘Correspondance. à 263. RS Mara rass : Delphis et Mopsa.. ; 264 Daphnis ét Pandrôse. 265: - Siri-Brahé , ou les Cürieuses, Z52. Helena. Ibid. Malice pour Mälice, 266 Le Duel impossible. 267 J. B: Rousseau. : Ibid, LIVRES DIVERS. \ Mammifères. : Lettre la classe des sciences ‘ siques et mathématiques de Hi GC: Fischer. 269 * Histoire naturelle: Annales du Musum d'histoire na- turelle; cinquième cahier. 1bid. Batracologie, Histoire naturelle des Rainettes, LC I stitut national de France, surune nouvelle espèce de Tarsier3 par, des Grenonilles et des Crapauds; | par le C. Daudin. 275 Anatomie: ©: | Æableau de l'ancienne dénômina- tiometdes trois nouvelles nomen . clatures.des muscles de l'homme, eu Dites x 274 . ‘Médecine. Projet de réforme de la médecine; par le C DE, niédecin, et » Balcal. Hide Recherches Sur la teïgnes parle GC, . Gallor: Ibid, Eésai sur la dyssenterie.; parle C. Eeunyi car Te 275 : Le D a ne $e le Pelvisiré de: Papiérmiehé; | Ve V.e Con É Ja Biblio: | : Ephémérides politiques , ftéräires Se PRET > L # Stero a, ou’l jtat ion de por on sr de] min de , 'orifice de la matrice à diver- | £ des AA à EP etde J'accouchel ar le même | are, jus En al a D 031870 ‘sans! licunés pare Al Reg Pa a Pr Lu tie % La” a e Duègne, paroles de G.. D. ; mosique FM AR, par le mène ( en allemand ). 16. aria Abd. Le Tébsok säppôsd parlé cu ù j Economie. 4 NE 4 nc SEEN QUE € À é .& " #° * chèque : physico -’économi Fute \ Valsain et Forville;" pa) %s. d Et f \ hs et. amusanié ré a le C : Sonnini.: Le 1} Honneur port ence ar Haiss Des nes “ere Meme UN ‘Cohameree $ a Lee MARS a sn os pe va VU ‘bus ñ: ILe, du et XX.e Ca iers de ÿ? la “Bibliothèque commerciale; par : ! La: Ernie rer A C: Péüchet. . raBa le ch 1054 Histoire, . et réligieuses ; présentant, pour |. chacun’des jours de l'année ;’uu! Annales, a ie ec ‘de 7e “yrableau des éténemens remarque : moderne des (beaux 5% bles qui datent de ce même jet. Te SA A RAR Se On peut aa au Bürcau du! Migssin, Éceyol pour se prochrertous les Livres qui paroissen t'en France retché l'Etranger, eu généralement : pourit tout cé qui concerne la Be ancienne €! moderne PERMET SRI On sÿ'charge aussi de toutes-sûtes d'inpressions. Les Livres nouveaux sont annoncés ‘dans. ce Journal 'auss après qu'ils Ont té pentstat Bireau'; C'est-à-dire; dan méro qui se publie après celte rétbisc, VT ‘On prie les Libraires! qui envoient des dires pour 16 anne d'en indiquer RIRE le gris AU A ke 2 mn DU. a ce J Gurnal BE ue Dance pour trois mois’ ; Lg ane pour six mois , + 5 at 36. francs. «pour, un an , ' 5h pour Paris que pRx les Départemens, franc de port. | x. ;Ox peut s'adresser au Bureau. du Journal pourse procurer tous les Livres qui ‘paroissent en France et chez l'étranger, eg rfg qu tout ce ds concerne “la Librairie ancienne et moderne. Et: LUS “auquel la plupart des hommes qui ont ur ec distingué , une réputation justement, acquise juelque partie des arts ou des sciences, tels que. pe "ALIBERT, DESGENETTES, BAST, SILVESTRE De Sacv; Founcror, HALLÉ, DuméRIr, SCHWEIG- ÆUSER, L'ACÉPÈDE, LEBRUN, MARRON, MENTEL- , LE, BARBIER , BARBIER DU” Bocace, BASSINET, ; U Rs On Noer ; *OBERLIN,. CHARDON- LA - Ro= E AÉARD, .VAx-MOxs, SICARD, TRADE É, CUVIER; GEOFFROY, VENTENAT,CAVA: PT A 2 EE | TIGER; Usrénr } Viscoxmr, ViLLoisony * q 2 tu be EN ROMQTEE | Wrcremer, Fr. LoBsrern, LANYUINAIS, Wiwc=\ KLER, etc. etc. , fournissent des Mémoires , contient l'extrait des principaux ouvrages nationaux : on à tache surtont à en donner une analyse exacte, et à: dont on regrette la perte; enfin les nouvelles littéraires Ce Journal est composé de six volumes in-8.° pe an, de 600 pages chacun. Il paroît le premier à8 chaque mois. La livraison est divisée eg deux numé- ros, chaque de neuf feuilles. LS. ’ On s'adresse , pour l'abonnement, à Paris, au Bu: eau du Magasin Encyclopédiqne, chez le C. Fucusy libraire , rue des Mathurins, hôtel Cluny. 4 ‘chez la veuve Ghanguion et d'Henget. »! A'Armstérdam, chez Van-Gulik. : Le 8 A Bruxelles, chez Lemaire. A Flérence, chez Molimi: À A NE he an Fos Tan chez Fleischer. chez Manget. À Genève; j chéz Paschoud. ps À Hambowrg, chez Hoffmann. : 1e TR À Leipsick, chez Wolf. À Leyde, chez les frères Murray. À Londres, chez de Bofte, Gerard Street. A Strasbourg, chez Levrault. À Vienne, chez Degen. : 4 À Wesel, chez Geisler, directeur des postes, IL faut affranchir les lettres, ME € RE RS 2 CS Ce Ge ee A en | BIBLIOGRAPHIE. ANNUAIRE de la Librairie , par Guillaume FZEISCHER. Première année. À Paris, chez Leyrault frères , libraires, quai Ma- laquais , N°. 1269, au coin de la rue des Petits-Augustins. An x. — 1802. 756 pag: ën-8.; prix 9fr.,et 11 fr. 75 c. par la poste. Css ouvrage mérite l'accueil le plus favorable de la part de tous ceux qui s'intéressent à la littérature et à la bibliographie; il est à désirer que le C. Fleischer soit assez encouragé par le public pour continuer les années suivantes cet utile travail , et que sa santé et ses autres occupations lui permettent de mettre à la rédaction des volumes consacrés aux années à venir, autant de soin qu'il en a apporté à celui-ci. Au mois de prairial de l’an IX , l’auteur concçut la première idée de cet Annuaire. Il voulut d’abord se bor- ner à donner un catalogue alphabétique, aussi complet qu'il étoit possible, de toutes les productions littéraires qui auroient paru en France dans le courant de l'an IX ; ce catalogue auroit été pour la littérature française ce qu'est pour l'Allemagne, depuis 1740, le Cata- logue de la foire de Leipzig, qui , publié deux fois par an, et généralement répandu en Allemagne et dans les pays qui l’avoisinent, assure à chaque édi- Tome V. y À 290 Bibliographie. teur la publication de ses. nouvelles productions , sans qu'il lui en coûte ni peine , ni frais. Le C. Kleischer se proposa en même temps de recueillir dans ce catalogue , les annonces, notices et avis relatifs tant au commerce de la librairie dans l’intérieur et chez l'étranger , qu'aux productions littéraires et à tout ce qui s’y rapporte ; enfin, d’y insérer un almanach com- plet de toutes les librairies et imprimeries, ainsi que des artistes et des manufactures qui y ontimmédiate- ment rapport. Il est facile de voir qu’un pareil recueil publié tous les ans devoit être très-utile , surtout aux libraires. Le Cit. Fleischer fit circuler alors un prospectus dans lequel: il développa son projet. Il V’'adressa àtous les libraires et il y joignit un tableau contenant les questions sur lesquelles il désiroit avoir . des renseignemens de chacun d'eux. Selon le premier projet du G. Fleischer , l'Annuaire de l'an IX devoit paroître au commencement de l'an X. Mais différentes circonstances s'étant réunies pour retarder la publication de l'ouvrage, et les libraires surtout ayant mis trop peu de zèle à fournir à Pauteur les renseignemens qu'il leur avoit demandés , et dont la publication cependant auroit tourné à leur profit , le C. Fleischer résolut de donner à son travail un plus grand degré de perfection et de, disposer dans un ordre systématique le catalogue des ouvrages publiés dans le courant de l’an IX. Ce travail demandoit non-seulement plus de temps qu’ug catalogue alpha- bétique ; mais encore des connoissances et un zèle infatigable pour les progrès des sciences , tels qu'on Annuaire de l’an 1x. 297 les trouve heureusement réunis dans l'auteur. En dif- férant donc la publication de l’ouvrage et en lui donnant le degré de perfection qu'il a actuellement , le Cit. Fleischer a rendu un service éminent à la littérature ; son ouvrage ne sera pas seulement d'unlintérêt éphé- mère ; mais , s'il est continué d’après le même plan , il sera pour le bibliographe , pour le littérateur , pour le savant, pour le libraire éufin , un manuel , un réper- - toire indispensable, tandis que le catalogue disposé simplement par ordre alphabétique, n'auroit été, comme le C. Fleischer le dit Ini-même qu'un tra vail superficiel , dont le mérite se seroit borné à l’u- tilité que les libraires en auroient tirée, Ce -projet de classer tous les ouvrages publiés en l'an IX d'après un ordre systématique , offroit cepen- ‘dant une difficulté. Il falloit se décider en faveur d’un des systèmes bibliographiques connus jusqu'à présent. Ceux usités en France présentent des défauts qui ne permettent guères de s'en servir pour une classification générale et universelle , parce qu'ils sont calculés . moins d’après la littérature de tous les pays que d’a- près le besoin de la littérature francaise. Le C. Fleischer a donc cru , avec raison, devoir adopter le système bibliographique publié en tête du Répertoire général de la littérature pour les années 1785 à 1795, imprimé à Îéna, système dont le Cit. Camus a fait un juste éloge , et dont nous aurons oc casion de parler dans la suite de cet article. Ce système est presque ignoré en Krance. C'est donc un service _ essentiel que le C. Fleischer a rendu à notre littérature T 2 202 Bibliographie. que d'avoir donné dans son Annuaire la traduction de la Table encyclopédique placée en tête du Réper- toire dont nous venons de parler. Le C. Fleischer mérite encore les plus grands éloges pour l'exactitude avec laquelle il a rapporté le titre de chaque ouvrage , exactitude dont nous avons été à même de nous convaincre. Voici ce qu'il dit à cet égard. « Lorsque j’entrepris cet ouvrage ; je crus qu'il « sufroit de faire imprimer les titres des articles tels “ que jé lestrouvai dans les journaux dont je profitai « pour mon travail; mais en les comparant avec les « ouvrages mêmes, je ne tardai point à voir que la plu- «part des titres étoient où donnés d’une manière «inexacte dans les journaux , ou tronqués par-ci par- «là; etilest bien difficile que cela puisse être autre- « ment quand on est subordonné, ainsi qu’il arrive pour «tous les ouvrages périodiques , à un espace de temps « déterminé pour faire paroïtre ces ouvrages , et que «on est souvent pressé par ce même motif dans la «rédaction de ces feuilles, Cet inconvénient ne peut « avoir lieu dans un ouvragede l’espèce de celui que je & publie ici; car mon plan n’est pas d'annoncer promp- «tement des livres nonveaux , mais d'offrir un réper- «toire durable pour la littérature française , et un « guide sûr pour l'avenir dans les recherches dont on « peut avoir besoin. Je me suis donc imposé pour con- « dition principale en le commençant , la plus sévère « exactitude et l'obligation de donner tous les détails « suffisans. C’est pour atteindre ce but que j'ai cher- 4 ché , autant qu’il m'a été possible, à me procurer les \ Annuaire de l’an IX. 293 «ouvrages mêmes , tant pour en donner les titres tels « qu'ils sont sans abréviations et sans changemens'(1), «que pour ajouter des notes par-ci par-là, soit pour x le bibliographe et le littérateur , soit pour le libraire ; « dans le cas où le titre n’offriroit point assez de clarté. « D’après cela , la majeure partie des articles, et par- «ticulièrement tous ceux qui sont de quelque impor- «tance , mont passé par les mains ; et j'espère que « l’on pourra suffisamment s’en convaincre par la pré- « cision des titres, par l'exactitude dans l’indication « de la grosseur des volumes , d’après le nombre des « pages , les prix , les éditeurs, etc. Quant aux articles « que je n'ai pu me procurer, malgré toute la peine « que je me suis donnée pour y parvenir, et ils ne « sont qu’en très-petit nombre dans le corps entier de « l'ouvrage , j'ai bien été obligé de les prendre dans «les journaux; il en est résulté quelquefois que (1) «& Je soutiens qu’on est blämable dans tous les cas, de « se permettre, d'autorité privée, par rapport aux ouvrages « bibliographiques, d’abréger, de tronquer, ou d’intro- « duire la moindre chose , en citant le titre des livres, « puisqu'il arrive très-souvent que cette licence rend très- « équivoque la sureté de ces guides littéraires, surtout « lorsque plusieurs éditions d’un même ouvrage doivent être distinguées par ces mêmes titres. Le titre devant servir à la physionomie du livre, telle est l’intention de l’auteur « et de Péditeur ; pour a lui conserver, il faut donner ce « titre tel qu’il est; et dans le cas où il paroîtroit manquer « de clarté, et ne pas dire tout ce qu’il faut qu'il dise ,on « doit faire, dans une mote particulière, les explications « que l’on troure convenable d’y ajouter ». = à « À T 3 294 Bibliographie. «le prix ne s'y trouve point ou. qu'on n’a point cité « l'éditeur , surtout pour des articlés qui ont paru _« dans les départemens ». ml Tous ceux qui connoissent ce que c’est qu'un travail de cette nature , sauront qu'il est absolument impos- sible d'éviter entièrement ces défauts. Ils sont cepen- dant en petit nombre , et le C. Fleischer se propose, en outre, de remédier à cette inexactitude forcée, en insérant de nouveau dans l'année suivante de cet Annuaire chaque article corrigé. en le distinguant dés articles par un astérisque. Il en serade même pour les articles qui auroïent pu échapper à la vigilance du C. Kleischer : il les insérera à leur place dans l’An- nuaire de l’année suivante. À l'instar du Répertoire général de littérature, publié à Iéna , le C. Fleischer a placé les citations des journaux à la suite des titres des ouvraves , toutes les fois que le journal donnoit de l'ouvrage plus qu'une simple annonce. Ce travail n’a certainement point été le moins pé- nible, et doit lui avoir coûté beaucoup de temps. Pour cette première année, il s'est borné à ne consulter que quatre journaux , la Bibliothèque francaise , la Dé- cade philosophique, le Magasin encyclopédique, et le Mercure de France. Par la suite il se propose de consulter aussi le Journal de physique, le Journal de médecine et d'autres également consacrés à quel- que science en particulier, et qui contiennent aussi quelquefois des extraits et des analyses d'ouvrages nou- veaux. Ces citations des journaux acquièrent encoré Annuaire de l'an 1x. 295 un plus grand prix aux yeux des personnes qui veulent être instruites promptement , et sans plus ample exa- men du jugement qu'ont porté les journaux, par les signes qui y sont ajoutés , et qui indiquent sommaire- ment, et d'une manière générale, le jugement porté sur chaque ouvrage, par le journal cité. Ces signes sont les mêmes que ceux quiont été employés avec tantde succès dans le Répertoire de Iéna; savoir , un astérisque * pour désigner le jugement favorable, une croix + pour le jugement défavorable , * + lorsque le jugement est plus favorable que défavorable, et + * lorsque le journa- liste en a parlé d’une manière plus défavorable que favorable. « Cette méthode, dit le Cit. Fleischer, et « nous ne saurions que l’approuver, d'indiquer som- « mairement par de certains signes le jugement porté « sur un ouvrage, sous la garantie des recensemens où « analyses que l’on cite ; cette méthode, dis-je , me « paroît infiniment meilleure et plus conforme aux « limites dans lesquelles doit se renfermer le biblio- « graphe , que celle de se servir, comme cela se pra= « tique ordinairement dans les ouvrages bibliographi- « ques, d’une décision arbitraire et générale, sur la « bonté ou la médiocrité d’un ouvrages car, àlafin, L3 de telles décisions ne veulent presque rien dire , puis- qu’elles ne sont appuyées d'aucune preuve qui les légitime. Au cOftraire , en comparant la décision de « plusieurs journaux, comparaison qu'il est possible de « faire en un clin d'œil , par lé moyèn des signes que « j'emploie, on peut obtenir en quelque sorte un résul- « tat général , fondé sur des autorités, relativement à T 4 296 Bibliographie. « la bonté ou à la nullité d’un ouvrage ; et celui qui a « besoin à cet égard d’une explication plus détaillée , « la trouve dans les journaux mêmes auxquels les ci- « tations le renvoient ». L’'exactitude et la fidélité des citations de l'Annuaire du Cit. Fleischer, font qu’il peut servir de table de tous les extraits donnés dans les quatre journaux in- diqués, des ouvrages qui ont été publié dans le cou- rant de l’an IX. Pour faciliter les recherches à faire dans le Réper- toire systématique , le Cit. Fleischer n’a pas négligé d'y ajouter les tables alphabétiques nécessaires. La première présente les ouvrages mêmes , la seconde les auteurs de ces ouvrages, et la troisième les éditeurs. Chacune de ces tables est en général accompagnée de renvois exacts aux classes et au numéro du Répertoire systématique. Par le moyen de la première table, on trouvera facilement les ouvrages que l’on cherche, et sans avoir connoissance du système; et dans le cas même où l’on ne sauroit pas désigner exactement le titre d’un ouvrage, mais seulement le nom de l’auteur et de l'éditeur, on est mis aussitôt sur la voie par le moyen de la seconde ou troisième table. ‘Cette année le temps n’a pas permis au Cit. Flei- scher d’ajonter à son Annuaire, à l'instar du Répertoire général de littérature, publié à Ténaggune table alpha= bétique des matières, qui auroit extrêmement facilité usage du Répertoire systématique , surtout pour ras= sembler promptement ce qui se trouve nécessairement disséminé dans plusieurs classes sur une certaine ma s Annuaire de l’an 1x. 297 tière, suivant sa nature et la manière de la traiter, ou selon des vues particulières. Mais il se propose de donner l’année prochaine une table des matières aussi utile, À la suite d’un avis aux libraires et aux éditeurs de livres, d'œuvres de musique, de cartes géographiques et d’estampes , dans lequel le Cit. Fleischer développe encore une fois son projet, et auquel il à joint un Essai de notices de ( vingt-neuf ) Zibraires de France. Il s'étoit proposé d’en donner sur tous les li- braires, mais les matériaux nécessaires ne lui ont été fournis que par les vingt-neuf dont il est ici question; l’auteur, dans une petite introduction, parle des services rendus par les savans de l'Allemagne à la littérature et aux sciences en général, et à la bibliographie en particulier. Il développe d’ a les causes qui s'opposent à ce que ces services soient plus généralement connus; il fait voir entre autres, combien est fausse l'opinion de ceux qui prétendent juger de la littérature allemande en général sur quelques traductions souvent faites sans choix et sans plan raisonné. Il parle ensuite des jour- naux critiques qui paroissent en Allemagne, de la manière dont ils sont rédigés, et des avantages qu'ils procurent aux sciences et aux lettres. Il s'arrête nom- mément au journal littéraire de Goettingue , intitulé : Goettinger gelehrte Anzeigen, dirigé long-temps par le célèbre Æaller, et la Gazette générale de littérature (Æ//gemñeine Litteratur Zeitung), qui est rédigée d’après le plan le plus vaste, et qui embrasse 298 Bibliographie. tout ce qui concerne et comprend la littérature. Ce journal, qui paroît à Téna depuis 1765 , sans aucunein- ierruption, et qui n’a fait que s’accroître et se perfec— tionner de plus en plus, doit son origine et le soin avec lèquel il est rédigé , principalement au célèbre profes- seur SCHUTZ, chargé encore aujourd’hui de la direction de cette feuille , de concert avec plusieurs littérateurs distingués d'Allemagne. Une entreprise véritablement hardie , de la part des- rédacteurs de la Gazette générale de littérature, dont 1 nous venons de parler ,a été celle de publier de 5en 5 ans, un Répertoire général de la littérature, qui comprit , dans un ordre systématique et lumineux , la nomenclature exacte de tous les ouvrages qui ont paru dans cet espace de temps, sur les différentes branches de littérature, chez les nations de l’Europe qui les cultivent, et dans les colonies qui en dépendent. 1 paroît déjà de ce Répertoire deux livraisons, cha= cune de cinq années, où plutôt une livraison de six années ( 1785 à 1790 ), et une autre de cinq (1791 à 1795). Chaque livraison est de trois gros volumes in-4°. d'une impression soignée et très-économmique (2). (2) À ce Répertoire se joint, depuis le commencement de 1801, un ouvrage non moins important pour la littérature, er qui doit également sa naissance à la direction de la Gazette générale de Littérature , sous le titre de Révision de Littéra- ture ( Revision der Litteratur) , pour les années 1785 à 1800. Cette révision , ainsi que les éditeurs le disent enx-mêmes, dôit être considérée , en partie, comme une Introduction à là Gazette générale de Littérature du dix-neuyième siècle à Annuaire de l’an 1x. 299 Dans le nombre des ouvrages rapportés dans ce Ré- pertoire , se trouvent non-seulement tous ceux qui ont été publiés sous un titre déterminé, quelque modique que puisse en être le contenu; mais encore toutes les dissertations et les mémoires répandus dans les jour- naux et les collections ; ils y sont cités séparément et à leur place, avec l'indication la plus exacte des en- droits où ils se trouvent, de manière que le nombre des articles insérés dans ces deux livraisons s'élève à environ 70 mille. Tous ceux qui connoissent le grand nombre de journaux scientifiques, et autres qui parois sent en Allemagne , sauront apprécier l'importance de ce Répertoire, parce que ce n’est qu'avec son aide qu'il est possible de retrouver tant de dissertations et de mémoires utiles , répandus dans ces différentes collec- tions , dont la plupart n’ont point malheureusement de table alphabétique de matières, où ces mémoires soient consignés. Le classement des ouvrages est fait dans ce Réper- toire d’après le système le plus sévère, l’auteur entré dans les détails les plus exacts sur chaque branche de littérature. A l’article de chaque ouvrage on a joint la citation des journaux critiques les plus accrédités qui en partie , comme une Histoire encyclopédique de la Litté- Yature, Ou comme un Tableau raisonné de tout ce qu'on a fait de plus important et de plus utile pour les sciences, dans l’espace des quinze dernières années du dix-huitième siècle. Comme ce siècle n’a pas été moins marqué par des révolutions scientifiques que par des révolutions politiques , il est aisé de concevoir combien un pareil tableau historique doit être intéressant pour les amateurs des sciences, 300 Bibliographie. en ont porté un jugement , et ce jugement est indiqué par les signes que le Cit. Fleischer a également adoptés pour son Annuaire , et dont nous avons parlé plus haut. Ce catalogue systématique des ouvrages est suivi d’un autre par ordre alphabétique qui, en donnant des renvois exacts pour chaque article où il se trouve* dans le Répertoire, devient extrêmement utile pour fa- ciliter les recherches dont on peut avoir besoin. En considérant la manière d’indiquer ainsi les ouvrages par ordre alphabétique , comme formant un ouvrage même , cette partie du Répertoire tient lieu du cata- logue alphabétique, le plus complet qui ait été publié sur celte époque de la littérature ; et comme tel, ce catalogue devient absolument indispensable à tous les libraires; de plus, il est suivi d’une indication alphabé- tique des matières principales qui ont été traitées dans le classement des livres. Par ce moyen on réunit celles qui sont susceptibles d'être considérées sous différens points de vue. Par exemple, le mot serment peut être traité sous le rapport de la théologie morale , de la jurisprudence, de la philosophie et de la politique, ainsi qu’on peut s’en convaincre au renvoi des différens endroits du Répertoire systématique. Ce Répertoire général de la littérature , publié à Téna, est, comme on voit, un ouvrage unique dans son senre, et indispensable pour tous ceux qui s'oc- cupent de littérature ; cependant il n’est point encore aussi connu en France qu'il mérite de l'être (3). D’a- (3) Voy. à l’article Bibliographie parmi les livres divers de Annuaire de l’an 1x. Got près cela, nous avons pensé que les renseignemens détaillés qu’on vient de lire, et qui sont extraits de l'introduction placée parle C. Fleischer en tête de son Annuaire, seroient accueillis avec intérêt par nos lec= teurs. On doit encore savoir gré au C. Kleischer d’avoir fait connoître en France, par une traduction, l’extrait de la table encyclopédique d’après laquelle ce Réper- toire systématique est disposé, et d’après laquelle il a également rédigé son Annuaire, en tête duquel se trouve la traduction dont nous venons de parler. Cet extrait, qui forme déjà seul et par lui-même un système complet de bibliographie, ne peut man- quer de réunir les suffrages de tous les amateurs de la littérature en France. Nous pourrons rapporter à ce sujet le suffrage d’un bibliographe distingué, celui du Cit. Camus, qui, dans ses Observations sur la distribu- tion et le classement des livres d’une bibliothèque (4), s'exprime à ce sujet de la manière suivante : « Je ne « conçois rien de mieux ordonné et de plus complet, « pour le développement des branches de la biblio- « graphie, que l’Extrait de la table encyclopédique, « d’après laquelle est ordonné le système du Æéper- « toire général de littérature pour les années 1765 à “ 1700, imprimé à Iéna en 1793, .etc., etc. » Les grandes divisions de ce système sont au nombre ce numéro , l’annonce d’une édition de ce Répertoire à Pu- sage des français. (4) Voyez les Mémoires de l’Institut national des Sciences et Arts, pour l'an IV de la République ; Littérature et Beaux- Arts. Tom, I,in-4°. Paris, an VI, pag. 676. 302 . Bibliographie. de seize. Nos lecteurs seront peut-être bien aises de trouver ici, à côté des titres de ces seize divisions, le nombre des articles rapportés dans les denx Réper- toires dont nous avons parlé, ‘et dans l'Annuaire du Cit. Fleischer pour l’an IX. Nombre des articles rapportés. Dansle] Dons le] Dans répertoi frépertoi. [l'annuai. génér, de | zénêr, defdelalibt, la jitréra, {la lictéra.|français, de 178,=-|4e 179:-[pour l'an 1700 179$. IX: ‘1. Littérature générale . +. :. 68 67 Ft a. Philologie, . . +. + +. . | 1,527 | 1,676 107 3. Théologie. .. . .. ... 14,863 | 5,123 41 4: Jurisprudence: + …,,.. | 2,158 2,150 88:! Ha Médecnet za NN IL 608 2,966 121 0 NPILIIOSOPhIS ENT HUE MEN 965 1:186 | 46 T7. Pédagogique + 54 4 Re ee à 506 558 50 Be PONLIQUE M ee ate ele le dt |D 000 2,933 122 9: Art MNT ARMES MSN ENT 194 2:6 30 10 Sciences naturelles... . . + . |:1,729 | 1,788 101 11. Economie, Technologie, Com- merce » Arts gymnastiques et récréatifs. . ,. .......| 1,100 | 1,496 97 12. Mathématiques . . ... ., .:. 581 778 77 13. Géographie et Histoire... . | 4.779 | 4,8% 316 14: Beaux-Arts. . 4, .4 .. .. [3,708 | 4,396 841 19. Histoire littéraires 2, 1: 762 602 54 16. Ouvrages mélangés, . . .’., 689 646 65 one dé quelques ar- ticles imprimés en Egypte . 16 Toraux..#. «454 1.137872 131,603 1 2,174 Il faut encore remarquer que dans les deux Réper- toires , ainsi que dans l'Annuaire du Cit. Fleischer, les ouvrages qui ont entre eux un rapport plus immédiat, ainsi que cela peut arriver, par exemple, pour les tra- ductions d'un même ouvrage ou les commentaires qui en ont été-donnés, etc., un article où numéro com- Annuaire de L'an 1x. 303 prend souvent plusieurs titres qui ont été notés et ,dé- signés alors par les lettres a, b,c, etc., de manière que les trois sommes totales desarticles sont eflective- ment plus considérables que celles indiquées ci-dessus, Pour donner à nos lecteurs une idée de ce système bibliographique, nous terminerons cet article par le tableau de la première grande division qui contient la littérature générale, ou la science encyclopédique, ce qu’on appelle en allemand, Wissen schaftskunde. I. En général. 1. Traités généraux, 2. Ouvrages littéraires. IT. En particulier. 1. Idée et parties de l’érudition. 2. Sujet ; savans. 3. Importance et influence de l’érudition, 4. Chemin à suivre pour parvenir à l’érudition, ; 1) Étude; Méthodique. 2) Fnseignement ou instruction; Didactique, a. En général. b. En particulier. a) De vive voix. D) Par écrit; Profession d’auteur et Composition de livres. 5. Moyens d’avancentent ; obstacles, et défauts de l’éru- dition. 1) En général. 2) En particulier. a. Moyens d’ayancement. a) Établissemens propres à l'instruction et So- ciétés savantes. b) Librairie, Bibliothèques , et Sociétés de lecture. *b. Obstacles. c. Défauts. a) De l’objet, ou des Sciences: b) Du sujet ou des Savans. 304 Bibliographie. Ce que nous avons dit des deux livraisons du Ré pertoire général de la littérature, publiées à Téna , et de l'Annuaire de la librairie francaise pour l’an IX, publié par le Cit. Fleischer, suffira pour faire voix à nos lecteurs que ces ouvrages sont de la plus grande utilité, et qu'ils méritent d’être entre les mains, non- seulement de tous les bibliographes, mais aussi de tous les savans et de tous les littérateurs, parce qu’ils y trouveront au besoin l’énumération des ouvrages qui ont paru sur chaque branche des sciences et de la littérature , dans l’espace de temps indiqué sur le titre de chacun de ces Répertoires. Ces ouvrages seront enfin pour les libraires, des manuels utiles sous tous les rapports. T. EF. W. LITTÉRATURE TE SOON ‘LITTERATURE ORIENTALE. ‘ 4 , DE latini sermonis origine et cum orienta- libus linguis connexione, dissertatio F. PAULINI à S. Bartholomæo , carmelitæ discalceali, S. congregationis ab indice consultoris, missionum orientalium syndict, Æcademiæ Wolscorum Veliternæ, regiæ Neapolitanæ , et Cæsareo-regiæ Patarinæ socü. Romæ 1802, apud Fulsonium. Des l’origine de la langue. latine et de ses rapports avec les langues orientales , dis- serlation par le P. PAT LIN de Saint Barthelemi , carme déchaussé , consulteur de la congrégation de l’Index , syndic des missions orientales, membre de [’A- cadémie de Velletri, de celles de Naples et de Padoue. Rome, 1802, 4°., 24 pag. f IF existe entre toutes les langues connues des ana- ! logies plus ou moins nombreuses, plus ou moins sen sibles, mais si incontestables que plus on étudie les langues , et plus on est porté à conclure qu’elles ont toutes dans une langue commune, leur source primi- tive plus ou moins éloignée. La nouvelle dissertation du P. Paulin de St. Bar- thelemi vient encore fortilier cette idée par des rap Tome V. | V. 506 Littérature orientale. ports curieux , nouvellement observés entre le zend ow ancien persan, le sanscrit ou la langue savante de l'Inde (x), et le latin. L'auteur est connu dans la république des lettres par des ouvrages très-estimés sur l’état ancien et mo- derne de l'Inde , sur l’ancienne langue , l’ancienne religion , l’ancienne philosophie de cette vaste contrée. Ïl a trouvé encore ici le secret d’être utile, intéres- sant sur un sujet aride, et déjà traité avec tant de profondeur par les plus habiles écrivains. Presque tous ont vu que le latin et les anciennes, langues d'Italie d’où dérive le latin d'une manière plus immédiate, viennent principalement du grec. Mais d’où vient le grec, d’où viennent les anciens dialectes d'Italie, et les mots latins qu'on ne peut dériver ni du grec ni de ces anciens dialectes ? Vossius, Thomassin, etc., etc., répondirent: le latin, le grec, toutes les langues vieunent de l’hébreu. D’autres en cherchèrent l’origine dans le phénicien : des allemands, desbelges , dans l’allemand, qui n’est qu’un dialecte de la langue celtique. Boxhorn , Stirnhielm, Leibnitz METRE Pezron p* Bullet, Le Brigant, etc., soutinrent que le latin, et toutes les langues de l’Europe-sont descendus de la langue celtique. … Court de Gebelin parut en quelque sorte les con- cilier tous, et résolut le problème en admettant quatre sources de la langue latine : 1°. les anciens dialectes. d'Italie, avec lesquels se confondoit plus ou moins (1) Voyez ce qu'on a dit du sanscrit, Magasin Encyclop.s année vit, T, III, pag. 174: L Littérature orientale. 307 l'ancienne langue de Rome; 2°. la langue grecque ; 3%. la langue celtique ; 4°. enfin, les langues orien- tales , les plus anciennes de toutes les langues, parce que l'Orient fut le berceau du genre humain. Le P. Paulin ne s’éloighe pas de cette doctrine ; mais il la confirme par des observations qui lui sont propres, tirées de la langne sanscrite, qui, du temps de Court de Gebelin, n'étoit guères connue que de nom dans toute l'Europe. Il commence sa dissertation par jeter un coup d’œil sûr l'origine des anciens peuples du Lasium. I la fait dériverdes Grecs; il remonte à J'avan père des grecs ; il aime à croire avec Hornius (2), que dés descendans de Chittim, fils de Javan, peüplèrent d’abord l'Italie, appelée Chiétim dans le livre dés Nombres, dans ceux de Daniel et d'Ezéchiel. Une remarque intéressante sut Javarz, est que l'opinion qui le fait père des grecs semble fortifiée par la langue sanscrite, où l'on dit un javana pour un grec, javanasthanpout la Grèce, juvanabhashæ pour la langue grecque. On: regrette que le P. Paulin windique pas les ouvrages sanscrits d'où il a tiré ces mots. Il se conténté de citer le dictionnaire Malabar du P. Biscoping, où Græcus est traduit par Jauna. + S'iln'est pas démontré que les descendans de Javan furent: les premiers hHabitans du Latium, du: moins l’histoire atteste que de nombreuses colonies grecques s’établirent en Italie ,. dont.une grande partie fut ap- 2) HORNII, Arca Noë, pag. 150: ! V 23 308: Lihiérature orientale. | pelée autrefois la grande Grèce ; la langue latine est presque toute grecque : Âb omnéi sermone græco loquela latina pendere videtur, comme l’a dit Pris- cien , comme Vossius la prouvé par son Etymologi- con linguæ latinæ. Des colonies celtiques descen- # dant du nord au midi de l’Europe vinrent aussi APPUI PIÉE | l'Italie. de celtique est le fond de l'ancien, grec ; ainsi que de l’ancien latin et de toutes les Ho actuelles de l'Europe. L'ancien celtique se rapprochoit beaucoup des langues orientales, d’où il dérivoit. Il est prouvé. que le sanscrit a Les plus grandes analogies avec le zend ou l’ancien persan (3). Voilà l’origine bien naturelle de ces mots latins si nombreux, dont. on retrouve les radicaux, les ana- logues dans le celtique et dans ses dérivés, dans Vallemand et le persan, et spécialement dans le sanscrit. ” Déjà le docteur Ke avoit remarqué la grande ressemblance qui existe entre les noms de nombre et À les pronoms latins, grecs, allemands et sanscrits (4). Le P. Paulin ayant du sanscrit une connoissance M plus étendue , pousse plus loin ses recherches, et (3) Voy. la dissertation du P. Paulin de St. Barthelemi De antiquitate et affinitate linguæ zendicæ, samscrudämicæ el germanice , : 4°1, 1798, et la dissertation du docteur Hager ; en anglais , sur les inscriptions babyloniennes. Londres ; 1800 y pag: 15 et 16. \ 4 (4) KLÉUKER , Abhandlungen über die Geschichté und Al- terthümer die Künste, Wissenchaften, und Litteratur Asiens. Riga, vierter Band, $ 307. £ cs Littérature orientale. 509 : + . g ké se + donne ïei un catalogue aisé à grossir, d'environ éént Le] cinquante mots latins qui paroïssent dérivés du SansCriË ou d’un dialecte collatéral. (Nous allons: héhé” ici quelques-uns des plus frappans ; lxissant aux érudits à expliquer des analogies si curicüsés et si évidéntes: MOTS SANSCRITS. Dèéva. ce les 'iet eo Mate Diviart) RUES Bifer 6 radar Mata où Mater, : . Bhrâter. « VAL A Udaranmsten' ae Belemins' (ir 471: PRSEERERER TEE SAIS Badasi Sa sos LR Javatta. 7. Aux ETS ERNNEREEN ENS ETS" Exlfarra...", 45540 Ro: ius, xt BBarbaria . . . 2 Mlläve: d:, 19938 _ EE SSSR CR BGennk et ns GbneitE ah. 255408 Mudna A) Sur à Name : 0. 6. Aitiamaus con : + MOTS. LATINS. ire E deus. 56 . divinus. . pater , les latms disent piteren composition, . mater. .« frater. -. uterus:, venter. . valor, 15, . . pes. at . pedes. juventus. + CET: . aliure. . dium , ‘pour aër'; cœ- lum.. 3 . barbarus. - . lavatio. . genu ,: en -français , ée/1otL. + SEULS , SEUTPSs * « LENTITILe +. SOUS, - 7107/10/71. + OPLINUS. A 219 Littérature orientale. APTR pithe eme » + @sper, en français ; RAR ER äpre. À er Ab, (prépositions) à , . a et ab. PRE ne ee ile seed SIN Ita. ÉPan ae a fe latest 2 tt PRE: Jam... 400 l'eam, que j'aille. Tama Ti, TON, , . ., camuüs) allons, DER UT. tan NUL dansé Dette en NT 20 ARR dB el où) e cumin ve 10, «0 JS UT Juncta (partio. masc.). , . junctus. Junctum (partie. neutre ) + - Junctum. Mandra (érable , cabane). . mandra. Margeam: s + 4 sis + +. MATYO,, limes. Sarpa . tu | 2000 .— » .e'. Sépens. Came. 2/4 2 50 ua us ee LLGRON. Itham .. « ... se. 0... 24G, pour koc.modo: Nactam Arr 24e se ZOC CH. NES er nt l 4 Lee 7245 2Lre Dendarer anse 1 Len s derLes: Bhu à uo te | ee à je bumnus. Ganichiam . . , « . . . . . gynecæum. TE TS M Or aie AL e DZTe NAT MEN NE Le DENUZreS Dhermañhsono: Jade .e Les 2-dOMHS Gelu, gelam.. ….. . . . . : gelu, frigus. Pala, unie à ste + + + + Pales , déesse despass teurs, dort le nom sanscrit Pala tient au verbe sanscrit palana, pascere, % : W # Littérature orientale. OL1 Du matériel des mots, l’auteur passe à la grammaire ; il observe que les verbes en sanscrit ont les mêmes temps et les mêmes modes qu’en latin; que le dia- lecte malabar dérivé du sanscrit, forme ses gérondifs comme le latin, ex. : genikendi , generandi; geniken- dum, generandum; Zrrakendi , irascendi ; irraken- dum , irascendum. Nous ajoutons quant à la syntaxe , que le sanscrit suit à peu près les mêmes règles que le latin, et qu’il est d'autant plus élégant , qu’il se rap- proche davantage de la construction latine (5). Lansuinais, S. (5) C'est une remarque que nous trouvons dans le livre de l'abbé Amaduyzi , intitulé : Alphabetum samscrudonicum. Romæ, 17723 in-0°., P+ 19. NOM AGE" Por Acr AU SÉNÉGAL , on Mémoires his- toriques, philosophiques et politiques sur les découvertes, les établissemens et le commerce des Européens dans les Indes de l’Océan Atlantique , depuis le Cap Blanc jusqu’à la rivière de Serrelionne , inclusivement , suivis de la relation d’un # Voyage par terre de l’île Saint-Louis & 1 Galam , et du texte arabe de trois traités, de commerce , faits par l’auteur , avec les princes du pays , avec figures et atlas ; par J.-B.-T. DURAND. 2 vol. in-8°., chez ÆAgasse , imprimeur - libraire , rue des Poitevins, N°.18; 25 fr. À L'Amérique et l'Afrique occupent en ce moment M les écrivains et les lecteurs ; il vient de paroître plu- sieurs voyages , et des mémoires instructifs sur ces deux parties du globe. Les hommes d'état , les na- vigateurs, les commerçans connoîtront plus particu- M lièrement des régions qui n’ont été jusqu'ici que su- M perficiellement aperçues ; les divers ouvrages qui a viennent d’être publiés , présentent des vues différen- tes, des opinions hasardées sur les avantages que Les a commerce de France peut retirer de l'Afrique par ses comptoirs sur le Sénégal, par ses établissemens Sénégal. 315 de Gorée et d’Albreda. M. de Golbery dans ses frag- mens ; et M. Durand dans les mémoires dont nous réndons compte, ne s'accordent pas dans leurs rela= tions , ef encore moins sur des bases du commerce qu’on peut faire dans ces contrées. Le premier, chargé d’une mission expressse du gouvernèment, a parcouru avec exactitude et avec les connoissances nécessaires tout le pays dont il parle ; le second s’est peu éloigné de l'ile Saint-Louis , où les devoirs qu ‘ilavoit à remplir, et les intérêts de la compagnie qui l'employoit le _ fixoient essentiellement ; il a trouvé cependant dans les voyageurs qui avoient écrits sur l'Afrique , des ma- tériaux pour former deux volumes ; le Pére Labat, l'abbé Demance , la Barthe, Wartrom , Mungo Parck, les Mémoires Anglais de la socièté d'A- frique , la Carte de Rennell lui ont été d’un grand secours pour le premier. Comme M. Durand n’a pu voir par lui-même les pays qu'il décrit , il a dû né- cessairement adopter les erreurs des voyageurs qu’il a consultés ; par.exemple il dit quela rivière de Gam- -bie se sépare en deux branches, dont la plus sep- tentrionale prend le nom de Salum: On sait ce- pendant que la rivière de Gambie ne produit pas la rivière ou Marigot de: Salum , M. Durand n’a pu ignorer que M. de Répentigny avoit reconnu que cette rivière prenoit sa source à six ou sept lieues de Cahone ; et que M, de la Ferrière , lieutenant au ba- taillon d'Afrique , parcourut en 1786 tout le Marigot de Salum jusqu’à son origine. M. Durand voudroit qu'ils'établit entre l'Angleterre et la France , un traité de zeutralité permanente , pareil 314 Voyage. à celui qui fut proposé par les officiers de la com= pagnie anglaise de Gambie à la compagnie de Sé- négal , et dont le P. Labat donne les articles: mais de pareilles conventions peuvent-elles se réaliser ct subsister long-temps ? at-on besoin de prendre des ar- rangemens de sureté et de tranquillité que les intérêts de la politique, les hasards de la guerre peuvent anéan- tir à tout moment ? Nous possédons tout le cours du Sénégal ; il est facile d'en assurer l'indépendance et la propriété exclusive à la France ; nous pouvons ci- viliser , instruire et former aux subies cultures , les nations qui habitent les bords de ce fleuve; nous pou- vons établir dans cette partie de l'Afrique une branche de commerce très-étendue et très-avañtageuse qui p’auroit besoin que de foibles encouragemens. Selon M. Durand, le dernier établissement français à la côte occidentale de l'Afrique est placé sur la rivière de Sierra-Liéona ( et non de Serre-fionne }: il auroit été plus exact de dire et d'ajouter : Ze dernier établissement français dépendant du gouverne- ment du Sénégal; car on sait que la France a d’autres établissemens au sud de cette rivière dans le golfe de Guinée; il ajoute que les autres points de la côte fu— rent reconnus paï les Français et bientôt abandonnés, que les Portugais leur succédèrent et y firent des éta— blissemens stables , mais qu'il ne leur reste que Loanga de Saint-Paul-Bosson et un petit fort à #Wyda. En lisant Le premier volume de ce voyage, on voit que l’auteur ne connoît aucun des lieux qu’il décrit et qu'il n’en parle que sur des relations inexactes ; en 1786, 1l r’existoit aucun établissement portugais sur la rivière FE RES LE Sénégal. 315 de Sierra-Léona , il n’y avoit même aucun Portugais sur ces deux rives. On y trouve des nègres qui portent des noms portugais, qui se prétendent issus de cette nation , anciennement établis dans cette rivière ; mais ces prétendus Portugais noirs sont de véritables nègres, dont les dixièmes ou douzièmes aïeuls étoient peut- être mulâtres , et leur postérité a repris la couleur et tous les caractères physiques des nègres tymaneys. Tous les voyageurs-qui ont connu les avantages que le commerce pourroit trouver dans des établisse- mens sur les bords de la Sierra-Léona, ont regretté que l'expédition de M. de la Jaille eût été aussi mal conçue. L'ile de Gambie où il établit le comptoir français étoit le lieu le plus mal choisi; c’étoit en effet un terrain qui n’avoit pas plus de 300 toises de longueur et de 150 de largeur, qui étoit inhabité et qui , en 1786 , n’avoit pour toute population que douze Francais. On convient avec M. Durand que la rivière de Sierra-Léona offre des positions avantageuses à la culture et au commerce ; mais les personnes qui ont parcouru ses bords ne s'accordent point avec lui sur l'établissement de puissantes Colonies : ce seroit seulement un grand comptoir majeur, bien fondé, bien organisé qu'il sufliroit de former dans la baie de Sierra-Léona, auquel des postes subordonnés correspon- droient immédiatement ; ces postes inférieurs seroient répandus sur les côtes comprises entre le cap Verga et le cap des Palmes; ils seroient chargés de faire des essais particuliers de culture et de civilisation. Des Colonies puissantes ne réussiroient pas d’abord 67 10 Voyage. dans cette partie.-de l'Afrique occidentale , les Fran- çais s’y détruiroient eux-mêmes; ce sont des espèces de férmes qui peuvent réussir dans ces contrées ; elles seroient en même temps des modèles d'instruction . pour l'agriculture et un point de réunion pour une mullitude de petites récoltes partielles auxquelles on excileroit les noirs. On ne peut douter que le com- merce wait déjà. infiniment contribué à la civilisation des nègres des contrées maritimes, et influé sensible- ment sur leurs mœurs et leur caractère ; c’est seule- ment par ce moyen qu'on parviendroit à civiliser l'A- frque intérieure , quoique les peuples qui habitent ne soient pas tous sauvages, comme le démontrent les voyages de Mungo Parck , de Watt, de Vinterboton. Nous nous bornerons à ces observations sur le pre— mier volume du Voyage d'Afrique, et nous n’accuse- rons pas l’auteur des inexactitudes qu’on y trouve, elles sont des auteurs qu’il a copiés, ou des:relations qu'on lui a faites. Le deuxième volume lui appartient plus particulièrement, parce qu'il ne décrit que ce qu'il a vu , parce qu’il ne parle que.de ce quiavoit rapport à . sa mission comme directeur de. la Compagnie de la Gomme.N aus ne nous arrêterons passur les dangers que les navigateurs rencontrent , d’abord pour entrer dans le fleuve du Sénégal, sur la description de l’île Saint- Louis, principal établissement français, M. de Gol- bery dans les fragmens dont nous avons rendu compte, n’a rien laissé à désirer sur ces deux objets. Ce comp-. toir est le centre de l'administration tant civile que militaire, et l’entrepôt général de tout le commerce qui se fait sur les deux bords du fleuve, Ce commerce Sénégal. 317 consiste en gomme , enor, en morfil, en plumes d’an- truche et dans la traite des nègres; sur ce dernier article, M. Durand prétend que son produit ne va pas à 12 ou 1500 capüfs, et que le prix des noirs avoit augmenté en raison de la concurrence, de l’avi= dité et de la jalousie des armateurs Européens. D'abord il est de notoriété publique qu’en 1786, temps où M. Durand étoit encore à Saint-Louis , la traite des nègres fut de deux mille deux cents; on ne com- prend pas pourquoi il s'attache à réduire les produits du commerce de cette partie de l'Afrique , qui est, déjà le plus avantageux qu'on puisse y faire, et qui est susceptible d’accroissement. Quant à l'augmentation du prix d'achat des nègres, c’est à la compagnie de la gomme , et non à l’avidité des armateurs qu'il faut particulièrement l’attribuer; M. Durand, directeur de cette compagnie, doit en connoître les vraies causes; il n’ignore pas les réclamations et les plaintes que le commerce libre et les habitans de l’ile Saint-Louis ont faites dans le temps. En partant pour sa destination, M. Durand avoit pris l'engagement de pénétrer dans l’intérieur de lA- {rique , et de fixer nos incertitudes sur l’état de cette partie du monde; sans doute que les intérêts de sa compagnie contrarièrent son projet, puisqu'il n’exé- Guta point ce qu'il avoit promis : il est vrai qu'il ne perdit point de vue ce voyage intéressant , et qu'avant son départ de Saint-Louis, il en chargea le nommé Rubaud, cuisinier des employés de la compagnie , ‘homme sans doute instruit en astronomie et en géo- graphie, car il partit sans boussole , sans lunettes, 4e)" Voyage: sans baromètre , sans instrumens de mathématiques M. Durand se contenta de dire à son voyageur qu'il devoit régler sa marche sur le cours des astres, ecsur les indications que donneroient Les na- turels. Rubaud partit donc, ainsi pourvu, pour se rendre par terre à Galam, sous la protection d’un marabou, prêtre respecté des peuplades nègres. « Il « étoit chargé de créer des relations de commerce; « et de les étendre de proche en proche, de nous « faire connoïtre des peuples qui se trouvent plus: « avant dans l’intérieur, de pénétrer sur leur terri- « toire, dé découvrir les mines d’or, de continuer sa « route, ex observateur, jusqu'à listhme de Suès , «et de revenir en France par les ports de la Mé- « diterannée ». Certes, il falloit que M. Durand eût reconnu dans Rubaud bien d’autres talens que ceux auxquels il avoit d'abord été destiné, pour lui con- fier l'exécution d’une si vaste mission; c’est là cer tainement une: preuve incontestable des: progrès. de l'esprit humain à la fin du dix-huitième siècle, que d'avoir trouvé dans ce savant, jusqu'alors déplacé sans doute et ignoré, les qualités et les connoissances nécessaires pour remplir une si importante destination. « Tel étoit en effet, ajoute l’auteur, le grand, projet « que j'avois formé ; il servoit à la fois les intérêts « de l'humanité et ceux de mon pays; je portois tous « les arts de la civilisation parmi: des peuples nom-— « breux, flétris et condamnés à l'esclavage, dégradés « par la misère, l'ignorance et l’oppressions je fer- « tilisois des terres réduites à une stérilité absolue, « et dont l'aspect attriste les yeux; je Livrois aux Euro< Sénégal. 319 « péens une mine inépuisable de connoissances utiles « et de richesses : je l'ai tenté, et mes premiers essais « furent Levreux. Je nai à regretter qu'une trop « grande instabilité m’ait empêché d'achever une si « belle entreprise, et qui, depuis mon départ, n’a « point été suivie, et dont le principal agent devint « même la victime d’une négligence impardonnable ». En effet , il eût été heureux et glorieux d'avoir pu répandre , de son cabinet, les bienfaits de la civili— sation sur une grande partie de l'Afrique, et d'avoir transporté en Europe tout l'or qu’elle renferme ; mais plus zeureux encore d’avoir sous sa main un homme capable de réaliser la 2e//e entreprise. L'exécuteur de ce voyage, que M. Durand qua- Lifie de z7on voyage, part; nous ne le suivrons pas dans cette longue. course; comme celui qui l’envoyoit, nous nous contenterons de savoir qu’il fut recu chez tous les peuples qu’il visita, avec acclamations, par tous les rois, princes ou chefs, avec prévenance et distinction , de tous, avec hospitalité. Avec de pa- reils encouragemens, le plénipotentiaire parcourt les royaumes de Cayor, de Yolof, de Manding, d'Youly, de Mériné, de Bondou; enfin, il arrive à Galam avec son marabou en deux cent six heures, ce qui suppose à raison de trois quarts de lieue par heure, une dis- tance de cent cinquante-quatre lieues et demie, et on compte par la rivière au moins trois cents lieues. Le prince-gouverneur de Galam reçut les envoyés avec distinction , et annonça à M. Durand leur arrivée par une lettre pleine d’assurance de protection. Bientôt tous les peuples de l’intérieur s'empressèrent de trans- 320 Voyage: porter à ce comptoir les objets de traite qui étoient em leur pouvoir; esclaves , gomme, or, morfil, etc., s’ac- cumulèrent au pomt que Rubaud, n'ayant point les objets d'échange nécessaires, et la flotte qui devoit les lui apporter n'arrivant pas, il fut assassiné par les esclaves qu'il avoit acquis, sa maison et ses ma- gasins furent dévastés et pillés. Tel fut Le triste résultat de ce voyage, qu'il.priva la compagnie d’une opéra- tion commerciale des plus avantageuses, et M. Durand, de la gloire d’avoir exécuté et,réalisé une grande conception, sans danger et sans fatigue. Le peu de documens que Rubaud avoit pu recueillir, d'après ses vastes connoissances , et les grands secours qu'il avoit pour se conduire sur des terres inconnues, furent inu— tiles : M. Durand, rappelé en France par sa compa- gnie ; y vit évanouir l'espérance qu'il avoit d'a- voir servi l'humantte, et d'avoir ajouté à la masse -de nos connoissances. \ Arrêtons-nous encore un moment sur le chapitre XI, dans lequel l’auteur veut prouver qu'on ne peut faire de commerce dans la partie occidentale de PA-— frique que par des compagnies privilégiées. Les deux volumes qu'il a écrits, semblent ne l'avoir été que pour arriver à une discussion dans laquelle , en pres- sentant les avantages et les inconvéniens de la liberté du commerce, il ne fait apercevoir que ceux-ci. Tout ce chapitre est en contradiction avec ce qu’on lit dansles chapitres précédens. Il avoit fait connoître en détail tous les objets intéressans qu'offrent au commerce les contrées arrosées par le Sénégal. On sait par lui, et on savoit déjà, qu’on pouvoit se pro- curer Sénégal. 321 curer beaucoup de captifs, de l'or , du morfil, des sub- stances aromatiques, médicinales, résineuses; des bois de toute espèce , des graines en grande quantité; à pré- sentilréduit toutes ces spéculations commerciales à Z4 gomme; ila en cela ses intentions, il veut aller à son but ; il montre le commerce d'Afrique environné de diffi- cultés morales et physiques qu'il faut vaincre, des peuples grossiers, sauvages et inconstans à sub- juguer, à s'attacher; mais on peut lui observer que son Envoyé auprès de cesipeuples en avoit été reçu avec empressement, avec cordialité , avec dis- tinction même, sil faut l'en croire, et que leurs chefs avoient témoigné le plus grand désir de se lier avec les Français qu'ils aimoient. Si la liberté de ce - commerce est livrée à la concurrence, quel sera sa marche, demande M. Durand ? Un nombre plus ou _ moins grand de traiteurs se rendront au Sénégal à la même époque et pour le même objet; ils ny trouveront ni comptoirs, ni forts, ni ressources. Tous rces prétendus obstacles n’avoient point arrêté les commerçans de nos ports; le ministre de la marine Va été instruit que dix-neuf navires, partis de France ven février et mars derniers, étoient arrivés à la rade du Sénégal, et que le chef de brigade Laserre leur ‘avoit interdit l'entrée de ce fleuve, par des raisons qu'il est facile de conjecturer. Que deviendront nos projets sur les découvertes, la culture et la civi- Lisation, s’écrie le défenseur des compagnies exclu- sives ? Que sont-ils devenus, depuis plus de cent ans que la compagnie du Sénégal a existé? et quel autre motif a occupé et occupera ces associations , Zome F, X 522 Voyage. que l'intérêt et uniquement l'intérêt ? Quels avantages ont-elles procurées à l'État? quels bienfaits ont-elles répandus sur ces africains ? Ne sait-on pas que pen dant l’année 1790, la conduite des agens de la compagnie de la gomme füt si tyrannique ; et la haine qu'ils excitèrent parmi les peuples qui avoient des rapports avec eux si exaltée , qu'aucune nation » riveraine du fleuve ne voulut traiter avec cette com= » pagnie ; et que les Maures, possesseurs des forêts de gommier, portèrent presque toute leür gorime aux . Anglais à Poitenduk. Les effets de li concurrence, ne produiront Li l'esprit de division ët la rapacité de l'intérêt privé; ils seront nuls pour le système. politique, pour la paix intérieure, pout l'étude des nationaux. Comment persuaderä-t-oh aux hommes \ instruits , aux adrnibistrateurs éclairés, qu’une cum" pagnie s’occupera à favoriser le systéme politique, en concentrant dans son intérêt tout lé commerce d'un grand fleuve et d'une contréé immense, de. préférence à l'émulation de la concurtence protévée et encouragée par le gouvernernent ? j « Cette concurrence en Afrique, selon le direc= À teur de la gommé, sera funeste en Europe ; l'avis. « lissement du prix de la gomme eh séra la suites « naturelle, parce quë le prix de l'achat n’est jamais: « un thermomètre sûr pour celui de la vente, re) « l’objet est entre les mains de tous ». Cornment se=n roit-il possible que le prix de la gomme pt avi en Europe ; si la concurrence l’augmente en Afrique? De telles pertes peuvent tout au plus avoit lieu unéw fois : les années suivantes , les négocians nävigateurss Sénégal. "929 les commerçans spéculateurs ne reparoitroient plus à un marché où ils ne trouveroient que leur ruine; et depuis la paix, on ne peut oublier que les expédi- tions pour le Sénégal se sont multipliées d'une ma- nière qui détruit les assertions du directeur, général. Il avance cependant que , dans une période de 29 ans, les compagnies du Sénégal et de Guinée n’avoient armé que cinquante-quatre vaisseaux ; tandis que les négocians, pendant les neuf années suivantes, en armèrent trois cent vingt-quatre: Si le fait est vrai, la question qui occupe M. Durand est décidée, et elle ne l’est certäinement pas en sa faveur; l’expé- rience est alors contraire au privilége. La dernière compagnie avoit d’ailleurs, par ses vexations, éloigné toutes les nations qui commerçoient avec elle, et la décadence du commerce en auroit été la suite; la paix et la liberté l’ont fait renaïtre, et les encoura- . gemens de l'administration peuvent le conduire insen- siblement à sa plus grande extension; M. de Golbery en a détaillé les moyens, et le gouvernement en a sans doute apprécié la solidité et les avantages. Ce n'est que par une liberté entière , et les combinaisons de l'intérêt , qu’on pourra atteindre à ce maximum. Les observations de toutes les chambres du commerce de la république s'accordent avec celles de M. de Gol- bery , et détruisent les raisonnemens foibles et cor- tradictoires de M. Durand. Au reste, cette impor tante question est soumise au jugement des hommes d'état, et on est fondé à croire que cette liberté, qu’on n’a obtenue que par une révolution qui a créé tant de crimes et fait verser tant de sang, ne sera Xe "824 Voyage. pas plus refusée au commerce en général, qu’à celui du Sénégal. Le voyage en Afrique est principalement l’histoire des premières expéditions des Français sur les côtes occidentales de l'Afrique , de leurs établissemens com- .merciaux, des entreprises des différentes compagnies qui furent successivement chargées de les diriger, et de leur peu de succès. M. Durand nous fait con noître les diverses nations qui peuplent ces côtes et les bords des fleuves ; les avantages qu’on peut en retirer par les échanges, et les progrès que nous pou- vons espérer de ce commerce par la civilisation. Ce voyage, et les fragmens de M. de Golbery surtout, nous instruisent parfaitement de tous les avantages politiques et commerciaux que la France peut retirer de la liberté du commerce en Afrique; et quoique ces deux auteurs ne s'accordent pas sur les moyens de lui donner toute l’activité dont il est susceptible, ils ne s’éloignent cependant pas entièrement de ceux sur lesquels l'intérêt national peut étendre ses spécu= lations, protégé, à la vérité, par la liberté , et aidé par les encouragemens de ïl a droit d'obtenir du gou- vernement. j * À. J. D. B. ES ROLE EF ABRÉGÉ de l'Histoire Romaine , en vers. français , avec, des notes, par M***.: x vol, in-12; Paris, chez Prault, im- primeur, rue Taranne, à l'Immortalité ; Defrelle, libraire , Cloître Saint-Honoré,. PPErTL ie ’ { L; S ouvrages consacrés à linstruction des jeunes gens appellent sur leurs auteurs un sentiment d'inté- rêt et de bienveillance. Ici , la vanité et les préten— tions littéräires ne conduisent point la plume. Être utile , tel est le motif et la récompense des écrivains. laborieux qui s'occupent à aplanir la route de l'étude. On a dit, avec raison, que l'histoire est le meilleur cours de morale pour l’homme qui sait la lire avec intelligence. C’est là que la providence nous étonne , du spectacle des vertus et des vices. Du sein de tant de ruines, à travers les débris des peuples, des répu= bliques et des royaumes , la méditation s'échappe; et c'est à la lueur du flambeau de l’expérience qu'elle nous fait voir les causes de ces grands changemens. L'histoire de Rome ancienne est une de celles qui peuvent offrir le plus de lecons utites. Les souvenirs qu’elle éveille , le nom des héros qu’elle a produits, ses conquêtes la rendent, pour ainsi dire, vivante dans notre esprit. Mais que le grand tableau de ses an. males est loin de pouvoir être bien vu par des yeux LME: “526 Histoire, novices ! Ne fatiguons pas la foible vue de l’enfance ; que les ouvrages que nous lui ferons lire soient comme ces verres qui ne peuvent servir qu’à ceux pour qui on les fait. Dans les premiers momens de l'instruction, il faut faire marcher ensemble et fortifier, l’un par l'autre, li mémoire et le jugement. Toute histoire abrégée , où la morale. et les faits sont exactement classés, donne aux jeunes gens des notions précieuses. Nous avons plusieurs livres élémentaires dans ce genre. Le nouvel abrégé que nous annoncons est en vers. C’est une entreprise hardie. L'auteur ne se dissimule pas les préventions que son livre va rencontrer. Il les com- bat ; en citant une convérsation à laquelle il assista chez Folraire, « On parloit de mauvais vers, et quel- | « qu'un les comparoit à ceux d’un prétendu poëte qui « s’étoit avisé d'écrire en madrigaux l’histoire de Rome. w « Qu’a de commun (s'écria Polaire ) un tel traves- M « tissement avec une tentative vraiment utile , telle À « que le seroit l’entreprise de réduire l’histoire à des \ « faits essentiels, et de les transmettre poétiquement « aux âges A se n ‘est es ii je veuille prete « qui aura An ajusté ie fragmens a U « l'histoire en vers bien dissonans et de mesure for- « cée et inégale, n’offrant autre chose que des mots À « géométriquement alignés , dont la lecture est fasti-M el « dieuse et rebutante. Mais je prétends qu’il seroit fort « à désirer qu'un véritable homme de lettres voulût. « bien se livrer au travail pénible de la transmission } « de l’histoire en vers, et d'en composer un hvre. dé « mentaire, el enfant, à à qui l’on feroit apprendre un \ ù 4 C + Ifistoire Romaine. 327 « nombre modique de vers, par jour, acquerroit ainsi « une connoissance première , d'autant plus essentielle, « qu'il se la rappeleroit, toute la vie; en outre , sa mé- «“ moire trouveroit encore , dans le mètre même des « vers , un régulateur , et sa jeune tête un guide qui ne « contribueroit pas peu à la disposer à l'étude des scien- « ces exactes. Il ne faudroit pas surtout, si l'on entre- « prenoit de versifier un sujet aussi riche que l’histoire « romaine, par exemple; ilne faudroit pas, dis-je, « se borner au rhythme simple des vers purement tech- « niques ; mais il conviendroit de tenir le milieu entre « ce genre et celui de l'épopée, ne pas craindre de des- « cendre à la simplicité du rhythmé technique quand « il est nécessaire, semer la narration de quelques « traits de moralité, toujours instructive, Enfin, je suis « persuadé qu’en suivant cette méthode , on offriroit « un ouvrage utile ». Cette opinion de Voltaire con- tient en effet tout ce qu'on peut dire. de mieux , en fa- veur de l’histoire en vers. Peut-être pourroit-on craindre de donner trop à la mémoire, en suivant cette méthode. Peut-être le ton poétique n’admet-il pas cette discussion des faits qui les épure, au creuset de la critique ; peut-être aussi rien n'est-il plus difficile à saisir que ce milieu dont parle Voltaire. Et com- ment trouver toujours des motifs de transition assez décisifs pour faire descendre le vers de la dignité de _ l'épopée au mécanisme de la rime technique ? et ce- pendant , à moins de réussir en ce point, qui est l’é- cueil du genre, l’'ensémble de la composition offrira toujours de l’incohérence et quelque chose de brusque dans les transitions, C’est par son ouvrage même que X 4 528 Histoire. l’auteur achève d’en justifier le dessein. On sent qu'il a voulu parler à l’imagination, au cœur, autant qu’à la mémoire du disciple. Ce premier volume commence à la fondation de Rome , et se termine à l’époque re- marquable de l'abolition du décemvirat. Dans un ouvrage d'aussi longue haleine , aussi pénible à exé- cuter, d'une manière même ordinaire, on ne peut qu’é- tre étonné de trouver une versification facile , noble. et correcte, à quelques négligences "près, qu'il sera bien aisé de réformer , à la seconde édition. Plusieurs morceaux sont écrits avec beaucoup de soin ; l’auteur a mis surtout de la verve dans les descriptions des ba- tailles. Son style a le mouvement qui convient au genre, et le choix des mots presse la mesure du vers, et la rend imitative. Parmi les morceaux qui nous ont le plus frappé, nous indiquerons les suivans : le combat d’Horace Coclès ; au [pont Sublicius, le discours du vieux Cen- turion , l’'émeute qui en fut la suite sous le second consulat , la retraite de Coriolan chez Tullus , les plaintes énergiques d’Aulus Manlius et de Lucius Furius , que le tribun Geruccius appelle en jus- tice; nous avons encore distingué une foule de vers techniques parfaitement faits, et dont la difficulté, comme le mérite, ne peuvent être bien connus que des gens du métier. L'auteur s’est fort heureusement emparé des morceaux de nos bons poëtes qui traitent de son sujet. C’est à Corzeille qu'il emprunte le récit du combat des Horaces, l’admirable imprécation de “Camille et le jugement d'Horace; à Volraire, les discours du premier Brutus ; à M. de Laharpe, cette Histoire romaine. 329 belle , cette touchante scène de Coriolan qui arrache des larmes comme si c’étoit Racine qu’on lût. On retrouve, dans le récit de l’aventure tragique qui causa la perte des décemvirs les scènes les plus remarqua- bles de Za Virginie de M. de Laharpe, et de celle de M. Leblanc. Ces diverses citations sont une preuve de bon esprit et de bon goût. Nous reprocherions à l’au- teur d'élever un peu trop haut les vertus des premiers Romains, qui peut-être ne furent pas dépouillées en- tièrement de cet intérêt personnel, mobile puissant de l'ambition , si les notes de l’ouvrage ne présentoient à cet égard un excellent correctif. Ces notes sont d’une critique exacte ; l’érudition , la connoissance des éty- mologies qui jette un si grand jour sur l’histoire , l’ex- plication des monumens antiques, des recherches cu- ieuses sur les lois et les usages, en font des commen- taires dont les maîtres mêmes pourront profiter. Cet ouvrage utile doit être mis avec confiance dans les mains des jeunes gens. Il leur facilitera l'étude de l'histoire. Ces jalons, placés dans la mémoire de l’en- fant par la versification , serviront un jour de bases aux méditations de l’homme. L'auteur annonce le projet d'étendre ce travail à Vhistoire grecque , aux histoires modernes des diffé rens peuples. Il nomme parmi ceux qui doivent l'ai- der, de leurs talens , dans cette immense entreprise , le Savañt traducteur de Pline ( Poinsinet de Sivry). Des gens de lettres de ce mérite s’occupant d’un ouvrage purement élémentaire , destiné à la jeunesse, donnent un bel exemple à tous ceux qui peuvent perfectionner ies méthodes premières : champ vaste, où toujours on . M: T5 RU Histoire. trouve une moisson fertile. L’estimable ouvrage que nous recommandons à l'attention de nos lecteurs est le fruit de la retraite et du besoin d’oublier l’injus- tice. C'est ce que l’auteur nous apprend dans sa pré- face. « Forcé, dit-il, de chercher, dans des jours ora- « geux et de proscription , un refuge contre les enne- « mis des hommes, des arts et de la liberté, l'espoir de me rendre utile m'offrit, dans ma retraite, une: « occupation qui me fitsupporter avec patience la dou- leur d’être éloigné de tout ce qui m’étoit cher ». Ce seroit un nouveau motif de succès auprès des ames honnêtes , si la méthode et le goût qui président à cet ouvrage ne le rendoient utile aux pères de fa- A A mille et aux institateurs, pour développer le jugement , et orner l esprit de leurs enfans et de leurs disciples. Rocu-Amgroise SICARD , membre de la. classe de la. Langue et de la Littérature. Françaises, Instituteur des Sourds-Muets.. MÉDECINE A brief history of epidemie and pestilential diseases, etc., c’est - à - dire, Histoire abrégée des maladies épidémiques et pes- tilentielles , avec les principaux phéno- mênes du monde physique qui les précédent et les accompagnent ; et les observations déduites des faits qui y sont établis ; par Noa NEBSTERr. 2 vol. in-8°., à Hort- ford, dans le Conecticut, l'un des Etats- Unis d'Amérique, 1799. 5 RORUETREES de cet ouvrage est un homme de lettres très-bon observateur, qui avoit réclamé, quelques années avant de le publier, des renseisnemens de tous les médecins et de ceux qui s'occupent du bien de l'humanité dans l'Amérique septentrionale. Après avoir considéré l'importance de son sujet, aidé de toutes les lumières que la sagesse et l'observation des siècles passés pouvoient lui fournir, il présente les fruits de ses longues et pénibles recherches. En histo- rien savant, il passe en revue ces maladies pesti- lentielles, et les compare, telles qu’elles se sont pré— séntées dans des pays éloignés et dans des siècles reculés, avec les circonstances du monde physique qui les ont accompaynées ou précédées , afin qu’elles 332 Médecine. puissent se prêter un secours mufuel dans l’expli- cation qu'il en donne. Nous ne pouvons qu'être étonnés , avec les éditeurs du Medical repository , de Newyork, tome 3, qui ont fait un grand éloge de cet ouvrage, de voir que cette tentative est la première d'écrire ainsi l’histoire des. maladies épidé- miques et pestilentielles.. Si M. Webster a rassemblé beancoup de faits pour parvenir à son but, en faisant attention à l’état de la société, au régime, à l'habillement, aux habita- tions, aux coutumes , aux usages , etc., des peuples dont il parle; il n'a pu-pénétrer dans des temps plus reculés , par le Aulent d’annales. historiques, à cause des ravages et de la dévastation des barbares. Le premier objet de cet ouvrage est de prouver que. les maladies épidémiques et pestilentielles tirent leur. origine des agens délétères qui agissent par le moyen de l'atmosphère, tantôt localement, tantôt sur tout le globe, et qui disparoissent et reviennent à des périodes inégales. C’est précisément la constitution épidémique de Sidenham , dont les faits, rassemblés. par M. Wesbter, offrent une preuve lumineuse et incontestable. “Un des traits les plus intéressans de cette histoire, est le rapport qu’on suppose exister entre les épidémies pestilentielles et divers autres phénomènes du monde ;. tels que les comètes, les éruptions volcaniques, les treblemens deterre , les météores , les extrêmes de læ chaleur et du froid, les pluies et les sécheresses exces— sives, les tempêtes, les hautes marées, les inonda-- _ Maladies pestilenticlles. 333 tions, la quantité extraordinaire d’insectes , le manque de moissons , la famine, etc. Dans la première section, il parle de la diver= sité des opinions sur la cause de la pestilence : il oppose celles des anciens à celles de quelques mo- dernes, particulièrement du docteur Mead, quitrouve dans la contagion importée d'Égypte ou d'Éthiopie, une cause assez puissante pour allumer la peste, et ravager tous les continens. Concernant les opinions des anciens, 1l s'accorde avec plusieurs médecins de réputation, qui attribuent à Æippocrate la connois- sance de ces constitutions épidémiques de l'air, qui engendrent la pestilence; mais les éditeurs du Me. dical repository disent qu’elle n’a pas fait beau- coup d'impression sur l’esprit des médecins jusqu’au temps de Sidenham. Dans les sections suivantes du premier volume , auteur présente un aperçu historique des épidémies pestilentielles et des phénomènes du monde physique qui les accompagnent , les précèdent ou les suivent , depuis le commencement de l'ère chrétienne, jus qu'à l’année 1347, puis jusqu’à 1500; depuis celle-ci, jusqu'à 1600 ; ensuite jusqu'à la fin de l’année 1700 ; depuis 1700, jusqu’à 1788, et depuis 1788, jusqu’à Vannée 1799, y compris la dernière période épidé- mique. Le second volume commence par des listes mor- tuaires, dont les principales sont celles de Londres, d’Augsbourg, de Dresde, de Boston, de Philadel- phie; de Paris, de Dublin. « Toute imparfaite qu’est l'histoire ancienne , dit l’auteur, à l'égard des détails 534 Médecine. des maladies et des phénomènes extraordinaires de la nature, nous trouvons qu'entre l’année 480 4. €. et l'ère chrétienne, il y a eu plusieurs pestes V10— lentes, dont la plupart coïncident avec des comètes, des éruptions de volcans, des tremblemens de terre, la sécheresse, des hivers rigoureux, des maladies parmi les bestiaux. De treize comètes indiquées dans lhistoire précédente , huit coïncident avec les érup- tions volcaniques de l’Etna, le seul volcan remar- quable dont l’histoire de ce temps ait fait mention, et onze avec la peste. Si nous considérons la rareté de nos matériaux pour l’histoire de cés phénomènes à cette période, et l'incertitude de la chronologie, nous aurons lieu d'être surpris du rapport d’un aussi grand nombre. Ici nous trouvons une sécheresse extrême, là, des hivers très-froids qui correspondent avec des comètes et des éruptions de lEtna, et qui sont conformes aux faits des temps modernes. L’his- toire est également stérile pendant plusieurs siècles après l’ère chrétienne. Cependant , à chaque période, même dans les temps obscurs , nous trouvons de nom- breux rapports des grands phénomènes ci-dessus men- tionnés ; toutes les ‘orandes pestes qui ont afligé l’es- pèce humaine, ont été accompagnées de violentes agitations des élémens. « Cette observation repose particulièrement sur les événemens qui ont précédé et suivi les pestilences des périodes suivantes : Après J. C., 80 — 167 — 252 — 355 — 400 — 445 — 542 — 558 — 590 — 639 — 679 — 682 — 745 — 702 — 802 —<908 | — 994 — 1005 — 1031 — 1044 — 1069 —— 1106 — Maladies pestilentielles. 339 VIS = 1142 — 1102 = L1BL = 1222 — 1244 — 1300 — 1347 — 1368 — 1400 — 1477 — 1500 — 1531 — 1577 — 1602 — 1625 — 1636 — 1665 — 1699 — 1709 — 1719 — 1728 — 1743 — 1751 — 1760 — 1770 — 1783 — 1789. Plusieurs faits, dans d’autres périodes, concourent à prouver la vérité de l'observation. « Le phénomène le plus généralement et le plus étroitement lié avec la pestilence, est un tremble ment de terre. De tous les faits que je puis trouver dans l’histoire, je demande si l’on peut citer un exemple d’une peste considérable dans un pays, qui nait été immédiatement précédée ou accompagnée de convulsions de la terre; s’il y a eu des exceptions, elles ont échappé à mes recherches. Il n'arrive pas que chaque lieu où la peste règne soit ébranlé par des secousses: mais: durant les progrès de ces mala- dies que je nomme pestilence, et qui se répandent dans certaines périodes sur de grandes parties ‘du globe , quelques parties de la terre, et spécialement celles qui abondent le plus en feux souterrains , sont violemment agitées. « En faisant attention à l’histoire précédente , le lecteur verra que toutes ces années , dans lesquelles des tremblemens de terre considérables se sont fait ressentir en Amérique, ont été fécondes en maladies. Ces années sont 1638, 1647, 1658, 1662 ct 1663, 1668 , 1727, 1755, 1783; les plus lésères secousses même ont été suivies de maladies graves, ou ont introduit une sorte d’épidémie contemporaine avec la rougeole , l’influenza (ou grippe), ou les maux de 336 Médecine. gorge, Comme en 1669, 1720, 1797; 1797; 1701 1769 , 1771 ; 1791; 1797. « Il est inutile de répéter et de faire l’énuméra- tion des exemples en Europe et en Asie, pour les- quels je renvoie à ce qui a été dit précédemment. « Un autre phénomène qui, après les tremblemens de terre, paroit être le plus étroitement lié avec les maladies épidémiques, est l’éruption des volcans: A cet égard, l’histoire est encore en défaut, et je n’& pas été assez heureux pour trouver des ouvrages qui eussent pu fournir à l'exposition complète de ces phénomènes. Ceux que J'ai consultés ne font pas men- tion, pendant des siècles entiers, de l’éruption de l'Etna et du Vésuve; la relation des éruptions en Islande, depuis l’an 1000, prise de la zoologie aréti- que de Pennant;toner , page 331, est probablement complète, ou à peu près. Nous avons peu de ‘détails des volcans dans les Andes et dans les Moluques, et nous savons très-peu de choses sur ceux des ré- gions antiques de l'Asie et de l'Amérique. « Malgré ce dénuement, nous pouvons arriver à quelques conclusions importantes, d’après les érup- tions d'Italie, de la Sicile et d'Fslande. On a re- marqué précédemment les grands rapports entre les émissions volcaniques, et les hivers d’une rigueur extraordinaire ; ainsi les éruptions de 1766, 1779 et 1783, furent immédiatement suivies d’hivers très- froids. Les hivers rigoureux de 1762 à 1763, 1779 à 1780, furent principalement suivis d’éruptions. Quelquefois les éruptions continuent, ou sont répétées pendant plusieurs années successivement ; mais les éruptions Maladies pestilentielles. 337 éruptions continues sont modérées ,-et les saisons va- l riables. Lorsque les volcans ont été tranquilles pen- dant quelques années , et que cette suspension est suivie d’une grande décharge , il me paroît que cette décharge est invariablement précédée ou suivie d’hi- vers rigoureux dans l’espace de peu de mois. De même aussi, lorsqu'une éruption est continue pen- dant un nombre, d’ années, si la décharge est violente, à quelque temps que ce soit, iLs’ensuit un hiver rigou- reux comme en 1669. L’Etua étoit dans un état d’érup- tion depuis 1664 jusqu’à 1679 ; mais en 1669 l'émis- sion fut prodigieusement augmentée, et les hivers qui précédèrent et qui suivirent immédiatement furent très-froids. .€ Îl ya quelques années dans lesquelles les éruptions font notées, mais dont je ne trouve aucun détail ‘concernant les saisons; peut-être quelques-unes , après des recherches steam feront-elles éxception. On doit observer que, dans Gaâlaus à cas, un hiver rigou- reux s'étend aux deux hémisphères, quelquefois à un seul , et, dans un petit nombre de cas, à une partie d'un hémisphère seulement. Ainsi, en 1607, 1608, 1683 ; 1684, 1762 , 1763 ,.1766 , 1767, 1799 , 1780, 1783, 1784, l'intensité du: froid s’est étendue aux deux hémisphères, En 1640 et 1641, 1799 et.1740» et en d’autres exemples, l'hiver ri goureux en Europe, précéda. d'un an un pareil hiver.en Amérique. Dans un petit nombre de circonstances, un froid rigOU— reux a eu lieu sur un hémisphère , pendant qu'il y avoit des hivers doux sur l’autre: mais ceci cest plus rore. En général , le grand froid arrive sur les Tome PF, d' ‘ 538 Médecine. -deux hémisphères en même temps où deux th de suite; et, autant qu ’on a pu se rapprocher de V'évidence , il a suivi de près, à''très-peu d'excep} tions, les éruptions volcaniques. « Un autre phénomène frappant ; qui coïncide 1 ordinairement avec les hivers rigoureux , est l'ap=. proche des comètes. Il y a peu d'exemples d'hivers” doux aux approches de ces corps, et dans ce cas, les comètes ont paru petites, ou passer à une im=. mense distance de la terre. Les grandes comètes, où celles qui approchent plus près de la terre, paroissent produire presque uniformément une chaleur forte, une" sécheresse excessive, suivies d’hivers très-froids, de. tempêtes épouvantables, de pluie, de grêle, d’élé- vation extraordinaire des flots de la mer et d’éruptions volcaniques. Dés obsérvations ultérieures pourroiétit déterminer jusqu'où ces phénomènes se lient comme causes et effets. Quelques-uns paroissent si uniformé- ment dans la même année, que je ne puis résister. à l'évidence de leur connexion. «Lorsqu'un volcan a été tranquille pendant plu- sieurs années, ces éruptions sont , je crois, toujours" précédées par une extrême sécheresse, et on observes la disette d’eau , non-seulement dans le voisinage d’un volcan ,; mais souvent sur tout un continent, sinoï par tout le monde. Il suffit de citer ici les sécheressesm excessives de 1762 et 1782 , qui précédèrent les érup=m tions de l'Ætna et de l’Éckla. Pendant ces années, presque toutes les sources furent épuisées sur "4 grande partie de l'Amérique. « Les hivers froids suivent quelquefois les saisons Maladies pestilentielles. 339 “humides , mais plus généralement un été chaud ou un, automne sec. Quelquefois deux ou trois hivers rigoureux arrivent successivement comme en 1766, 1767, et 1768 , et en Amérique depuis 1796 jusqu’à 1799. | SELLE « Les années où les comètes approchent où les vol- ‘cans vomissent leurs matières, et lorsqu'il paroit des météores dans l’atmosphère , des courans de lu- mière , etc. , sont les plus orageuses : telles sont les années 1766 , 1771, 1772, 1700, 1733, 1764 et 1785, ‘1788, 1797 ; dans ces temps, les vaisseaux courent à la mer les plus grands dangers. «Comme les saisons sèches précèdent ordinairement les éruptions volcaniques , de métile souvent les sai- sons très-humides les suivent. Ces événemens ne sont pas invariables ; mais il y a des exemples de grandes “pluies après ces éruptions ; telles furent les saisons qui suivirent: les secousses universelles dé la terre en 1692, 1693 et 1766. «Une sérié de maladies épidémiques , la rongeole!, l'influenza , les angines suivies de fièvres pestilentielles paroissent ordinairement commencer et finir après quelques grandes agitations des élémens ci-dessus mentionnés; c'est au moins ce qui eut lieu en Amé- rique ; dans les quatre dernières périodes commençant en 1756.et; 1757 , 1769.et 1770 , 1782 et 1783 , 1708 et 1780. ‘« La duréeçet les variétés des maladies paroissent dépendre de ces désordres dans les élémens ; et comme les éruptionset les mouvemens du fluide électrique dé- pendent de certaines lois connues , leur irrégularité D'bL 540 Médecine. peut contribuer à varier l’ordre et la nature des ma- ladies. Dans quelques cas , il y a eu une continuité d’épidémies pendant 20 années, dans lesquelles l’ordre commun n’est pas observé exactement, mais cela n’est pas fréquent ; il y en a un exemple remarquable entre . 4727 et 1g44. « Ces périodes en général , dans lesquelles le feu de la terre a causé les effets les plus nombreux et les plus violens , ont été les plus remarquables pour les maladies sur tout le globe : telle fut la période de 1631 à 1637 ; lorsque leS trois principaux yolcans vomirent une immense quantité de feu et de lave, et qu’une pestilence horrible s’étendit sur toute l’Europe et l'Amérique. Oh peut faire une semblable remarque concernant la période de la dernière pestilence univer- selle en Europe, de 1660 à 1663, pareillement de ‘1691 à 1695, de 1727 à 1730 , de 1759 à 1764, de ! 1769 à 1772, de 1774 à 1777 , del1783 à 1786, et concernant quelques périodes plus courtes , dont toutes produisirent des épidémies sur l’un et l’autre hémisphère. « Les éruptions et les tremblemens de terre moins considérables , qui sont presque toujours annuels, paroissent avoir moins d'effet. Le feu du globe est dans une action continuelle, et les philosophes s’ac= cordent à attribuer à ce grand agent les changemens des saisons , la formation de la pluie, de la grêle et de la neige. Ses opérations ne sont pas cependant toutes visibles : elles ne s'aperçoivent que par leurs effets. IL est probable que l’action inv isible du fluidé électrique produit plus d'effets que nous ne pouvons Maladies pestilentielles. 341 en découvrir. On peut douter si la plupart des phé- nomènes visibles de ce principe ne sont pas purement les effets de cette action , à laquelle le monde végétal et animal sont soumis. Il me semble que ni les sai- sons , ni les tremblemens, ni les éruptions volcani- ques ne sont point-les causes des principaux déran- gemens que nous observons dans le règne animal et végétal, mais qu'ils sont eux-mêmes Les effets de ces mouvemens et de ces opérations invisibles qui affec- tent le genre humain; de là le catharre et autres épidémies qui paroissent souvent avant les phéno- mènes visibles des éruptions et des tremblemens. » Dans la onzième section, M. Webster continue à confirmer sa doctrine et à fournir des exemples de périodes de pestilence dépendantes d’une constitution viciée de l'atmosphère , et'1l donne en même temps des preuves d'augmentation de mortalité dans des parties éloignées du monde. Quelquefois une série d’épidémies arrive avec plus de violence sur un hé- misphère que sur un autre. Les listes mortuaires de Londres , d'Amsterdam, de Vienne , de Breslaw , etc., offrent des exemples de comparaison de laugmen- tation de la mortalité dans les mêmes saisons, et dé- montrent sans doute l’action d’une cause commune nuisible, Pendant des saisons de maladies en Eu- rope , on a vu des épidémies malignes, sévir en Égypte , dans le Levant et d’autres contrées de l'Orient; et on voit par les annales que les mêmes coïncider- ces ont existé dans différentes parties de l'Amérique. Dans la douzième section, l’auteur traite de l’in- fluenza ou catharre épidémique qui dépend évidemment 3 Y 3 L ti 342 Médecine. des qualités occultes de l'atmosphère , d'après son apparition subite dans des familles entières, dans des villes , dans des pays ;et de l’étonnante rapidité avec laquelle 1] se répand quelquefois sur terre et sur mer, sans que la chaleur ou le froid, la sécheresse ou l’humidité y opposent aucun obstacle. Cette ma- ladie offre une ressemblance surprenante dans son rapport avec les tremblemens de terre, les volcans, les saisons extraordinaires , et l'apparition des co- mètes. Ila augmenté , parses recherches, le nombre des épidémies notées par Sauvages , Cullen , etc. L'objet principal de notre auteur est de prouver, dans la section suivante ; que la peste et les autres maladies pestilentielles de la plus-mauvaise espèce, constituent à peine une maladie originelle distincte etisolée, mais sontune série de maladies malignes du plus mauvais caractère dont on peut suivre généra- lement la naissance, les progrès, la continuité et la transition d’une nature et d’un degré en un autre , où d’une place à une autre. T/ordre dans lequel ces épi- démies paroissent , n’est pas toujours exactement le même , parce qu’elles varient par une multitude de causes subordonnées, telles que le temps, les saisons, les exhalaisons nuisibles , etc. Il dit que le commen- cement des épidémies malignes est communément marqué par l'apparition de l'influenza et quelque- fois de la rougeole ou de la coqueluche. Alors suivent les différentes espèces d’esquinancies , de varioles , où d’autres maladies éruptives , les fièvres rémittentes , les fièvres pétéchiales , la dyssenterie ; la fièvre jaune, la peste , etc. La progression dans le principe pestilen- 1 Maladies pestilentielles. 343 tiel commencant avec le règne des maladies de na- ture douce et bénigne , et montant par degré dans un temps où plus long ou plus court, à celles qui sont plus malignes et plus mortelles , et le rapport de progression dans les régions éloignées de la terre , forment le plus important et le plus instructif de tous les résultats présentés par cette histoire des épi- démies: On peut tirer de ce seul principe des ar- gumens incontestables contre la doctrine d'impor- tation ét d'exportation des maladies épidémiques 5 car cette doctrine ne peut jamais expliquer une mul- titude de phénomènes qui précèdent, accompagnent ou suivent les maladies malignes. A l'égard de l’extension de l'état pestilentiel de . l'air, M. Webster observe que les épidémies. sont locales ou générales ; les premières sont limitées à une ville, une cité, un pays; les dernières se ré- paudent sur diverses régions de la terre , où sur tout le globe. Les épidémies les plus communément locales sont , la dyssenterie , Les» fièvres rémittentes et inter- mittentes , la fièvre jaune et la peste. L'épidémie la plus générale est l’influenza , ensuite la rougeole et les maux de gorge. ( Il auroit pu ajouter les fièvres scarlatines ). Dans la quinzième section , 1} présente des preuves ultérieures de la connexion entre les comètes , lestrem- blemens , les explosions volcaniques, etc. , et le règne des maladies pestilentielles. Il attribue ces phéno— mènes , conjointement avec ces constitutions de l'air qui produisent les maladies pestilentielles , à l’action d’une cause commune ; et cette cause, qu’il suppose, TA 344 _ Médecine. est le fluide électrique. Il croit que l'atmosphère", surchargée de ce fluide, est nuisible, et devient un stimulant trop fort pour la liberté des fonctions, d’ où suit la santé, où par certaines combinaisons de la matière électrique avec d'autres substances , etc. Ce dernier raisonnement paroït hypothétique. Dans la seizième section, l’auteur donne les ré- sultats de ses recherches ; sur la contagion et l’in- fection , et les moyens de les distinguer l’une de l’au- tre. Il définit la contagion spécifique: certe. qualité de la maladie qui, dans une distance convenable, se communique d'un corps affecté à un corps sain, selon toutes Les circonstances de la saison, . du temps ou de la situation. La section suivante traite des moyens ‘de pré- venir où de mitiger les maladies pestilentielles. Le reste de l'ouvrage est consacré à des observations sur la disparition de la peste dans quelques parties de l’Eu- rope, et de l'apparition de maladies nouvelles , sur l'influence lunaire, l'électritité, les coutumes popu- laires de se garantir de l'infection , la saignée, lair méphitique , la révolution de certaines comètes, etc. Dans une adresse aux sociétés savantes d'Améri- que , d'Europe et d'Asie, contenant des vues géné- “rales, il propoie un plat pour enregistrer et com- muniquer les faits ainsi qu'il suit : « Il est démontré que la ORNE dans les la- titudes tempérées , n’est jamais une épidémie isolée, mais la crise d’une série d’épidémies ; et nous avons les moyens de déterminer surement , dans tous Îles cas, le caractère de la pestilence d’après les principes suivans: À Maladies pestilentielles. 345 « Si à l’apparition de la pestilence dans un lieu, toutes les autres maladies cessent, ou prennent quel- ques-uns de ses symptômes prédominans , cette pes- tilence est engendrée dans ce lieu , et dépend de l'état des élémens. D'après les lois physiques , il est im= possible que cette règle manque jamais ; une antre marque presque infaillible , est l'empire de certaines maladies avant et après la pestilence. Si celle-ci est précédée immédiatement par la rougeole , les au- gines , les fièvres inflammatoires ou le typhus avec anomalie de symptôme, et spécialement par l'in fluenza , elle est une épidémie produite sur le lieu ayant la tournure de la maladie automnale ; les au- tres maladies qui précèdent et qui suivent , ayant celle du printemps et de l'hiver , produites par le même principe général. « Des pestilences qui affligent le genre humain dans tous les climats, une immense proportion , probable- ment les dix-neuf vingtièmes appartiennent à cette espèce; elles sont épidémiques, commencent et finissent au commandement des élémens ; sous l'influence des saisons et des causes locales. : « Ces pestilences épidémiques sont plus où moins contagieuses, selon leur violence et le lieu où elles existent : elles sont dangereuses dans les endroits res- serrés, dans les chambres fermées et dans les rues étroites ; de là, leur mortalité dans les flottes, les camps, les prisons et certaine partie des villes; mais l'infection de ces maladies ne s'étend qu'à quelques pieds de distance, et peut se dissiper à l'air libre, de manière à annihiler ou à réduire le danger presqu’à 346 Médecine. rien. J| en est de même des maladies de pure infec- tion qui ne sont pas épidémiques. « Les maladies qui ne dépendent que de Pinfection, s'introduisent quelquefois dans des villes, dans des hôpitaux où elles occasionnent une grande mortalité ; mis elles se propagent par le contact , et n’affectent pas le caractère des autres maladies intercurrentes. La conséquence de ces principes, est que la pestilence épidémique est hors de notre pouvoir; mais les maladies propagées par pure infection, peuvent être arrêtées et vaincues. « Les seuls moyens d'éviter ou de mitiger la pes- tilence épidémique , sont : 1°. d'enlever ce qui favo- rise les causes locales; 2°. de disposer le corps par le régime à résister à ces causes; et 3. lorsque ces précautions manquent ou ne peuvent être prises, à s'éloigner du lieu où elle existe. On peut éviter l’in- fection de toutes ces maladies , même celles de conta- gion spécifique, comme la petite vérole et la rou- geole , en se tenant éloigné de ceux qui en sont atteints. L'infection des maladies qui ne sont pas spé- cifiquement contagieuses, comme la peste, la fièvre jaune , la dyssenterie: et la fièvre des prisons, peut être anéantie par l'air libre et la propreté. « Nous sommes dans l'obscurité à l'égard des causes premières des maladies épidémiques; mais nous sommes certains, d’après toute l’histoire et les obser- vations modernes , que les causes des maladies épidé- miques parmi l'espèce humaine , affectent la vie de chaque espèce d'animal et de végétal. « Les opinions que j'ai émises concernant la cause . — Maladies pestilentielles. 547 générale, sont fondées sur la coïncidence apparente des maladies épidémiques avec de nombreux phé- noïhènes électriques. Ces opinions doivent être con- sidérées plutôt comme conjecturales que positives. Nous avons besoin d’un plus grand nombre de ma- tériaux, pour établir une théorie des épidémies qui puisse mériter plus de confiance. « La doctrine commune de la contagion est entiè- rement insuffisante et point philosophique; car si elle est admise , elle ne nous conduit jamis plus près de la cause. Si nous suivons la fièvre jaune aux Antilles, et la peste en Égypte ou à Constantinople , nous ne sommes pas à un pouce plus près de la source; car on ne trouve pas toujours ces maladies dans ces pays, et les habitans sont aussi embarrassés d'en dé- couvrir l’origine , que ceux de la. Grande-Bretagne ou de l'Amérique. Si nous suivons ces maladies sur les côtes d'Afrique ou à Siam, nous sommes tou- jours aussi éloignés de la source ; car on les trouve rarement entre les tropiques, excepté parmi les étran- gers.» (Ici l’auteur fait entrevoir une opinion que nous avons émise concernant la fiévre jaune, laquelle se déclare quelquefois dans des vaisseaux qui ont eu une longue traversée, et lorsqu'elle n’existoit pas dans le lieu d’où ils sont partis). « Enfin, la doctrine de faire dériver toutes les ma- ladies pestilentielles de la contagion où de l'infection, si ce nest à cause du grand tort qu’elle fait à la société, ne mériteroit pas une réfutation sérieuse. L'infection est uné cause subordonnée à celle qui propage les maladies malignes; mais elle est elle- 348 Médecine. | mème un effet de quelque cause plus générale, dont la force est cent fois plus puissante et plus formidable que celle de l'infection. L'apparition ER autres épidémies comme précurseur de la pestilence, et le changement manifesté dans l'atmosphère , avec les nombreux accessoires de la peste et de la fièvre jaune, prouvent évidemment qu'elles sont d’origine domestique ». (C’est l'opinion que nous avons cons- tamment soutenue dans les États-Unis, et que nous avons développée , il y a deux ans, dans notre, Essai sur la fièvre jaune ). « Je désirerois sincèrement que toutes les sociétés médicales et philosophiques voulussent entreprendre de noter les faits, et de les communiquer récipro- quement par le moyen d’une correspondance géné- rale. Ces faits, ainsi enregistrés, pourroient être compris sous les titres suivans : « Le temps de l'apparition et de la disparition de toute maladie épidémique , avec son histoire gé- nérale ; « Les lieux où elle se déclare d’abord doivent être décrits ( c’est la topographie médicale), et les classes du peuple les plus communément affectées; « L'état général des saisons, quant à la chaleur, au froid, à la sécheresse et à l'humidité; « L'époque des tremblemens de terre, des météores, des aurores boréales, de tout ce qui se mamifeste vers le ciel, avec les ouragans , les tempêtes extraordi- vaires, principalement lorsqu'elles sont accompagnées de grêle, le tout comparé avec les phénomènes lunaires ; Maladies pestilentielles. 349 « L'apparition d’une quantité extraordinaire d’in- sectes de toute espèce, et-les circonstances qui les accompagnent ; « Les maladies parmi los bestiaux, les moutons et autres animaux ; « La maladie et la mort des poissons de toute espèce ; « Les éruptions volcaniques , avec les Phéomèties qui les précèdent, les accompagnent ef les suivent. « Pour assurer l'influence lunaire sur le corps hu main, ou toute influence diurne, il conviendroit que les médecins voulussent noter les. jours et les heures du jour-où les personnes sont saisies de maladies par ticulières, principalement les épidémiques; les heures d’exacerbation et d'accès dans les fièvres , les heures Jes plus fatales aux. malades, et le temps où les convalescens sont plus aptes aux rechutes. Ces faits seroient comparés avec la position de la lune dans son orbile, principalement à l'égard de son périgéæ et de son apogée, de sa conjonction et de son opposi- tion , de même qu'avec les marées du grand Océan. Si tous ces principes développés sont bien fondés, ils conduiront à plusieurs conséquences importantes pour la pratique. « 1°. Si les fièvres péstilentielles ne paroissent ja mais dans les latitudes tempérées sans certains pré- curseurs , les hommes, avec des observations exactes, pourront prévoir le danger, et l’évitèr en éloignant les causes locales snbordonnées. « 2°, Si les fièvres pestilentielles prédominent cp vantage en certaines, années que, dans, d’autres, et 350 … Médecine. que la condition des élémens propres à les produire soit universelle sur terre et sur mer, le cas est trop important pour les affaires maritimes : on doit re— doubler de précaution dans les flottes, dans les na- vires marchands qui font des voyages de long cours. « 3°. Il peut être très-utile pour les grandes cités d'examiner si la pestilence est progressive, et si elle s’est manifestée dans certaines fièvres malignes. On peut en apercevoir l'approche assez à temps pour que les habitans puissent s'éloigner, si l’on n’em-— ploie pas d’autres précautions. « 4°. Si la peste ou la fièvre jaune n’ont jamais paru dans des climats témpérés, à moins qu’elles meussent été annoncées par d'autres maladies, les magistrats pourront distinguer s’1l y a du danger ou ‘s'il n'y en a pas, et éviter les innombrables vexa— tions envers le commerce, lesquelles dérivent de l'exécution rigide des lois sanitaires ; lorsqu'elles ne #ont nullement nécessaires. « 5°, Mais l'usage le plus important que l’on puisse faire’ des faits’ ainsi rassemblés /'sera de préserver la santé publique des effets pernicieux des mauvaises provisions. Si, dans des périodes! pestilentielles, le sel est moins efficace pour conserver les chaïrs , et'si, par le moyen d'une plus grandé fermentation desisucs, le poisson et la viande sont plus promptement dis sous par la-putréfaction , on’ prendra plus de précau+ tion pour lés éhtassr et les encaisser, et l'on évitera de s’en servir lorsqu'ils sont en mauvais état. »! La manière avec laquelle: M. Webster a traité ce sujet, qui est encore loin d'être épuisé, prouve Maladies pestilentielles. 35 non-seulement l'étendue de ses connoissances et sa vaste érudition, mais encore ses talens particuliers pour poursuivre la carrière qu'il a ouverte; à l’aide des lumières que les savans de tous les pays pour- ront recueillir en suivant le plan qu'il a tracé. Pour prouver la valeur de cet ouvrage, composé à l'oc- casion des épidémies réitérées de fièvre jaune, que plusieurs croient être importée, il suffit de dire que ‘Livres divers. _419 en relation habituelle avec le Comptoir d'industrie de Weimar. On pourra se procurer ces deux Répertoires dans tous les pays situés hors de l'Allemagne, en s’a- dressant à un HS conau... T. F. W. AR CH Æ O)E OG.J'E: LETTRE au C. MiILLIN, conservateur des mé- dailles, des pierres gravées et des antiques de La Bibliothèque nationale, sur l’origine des di- ptyques consulaires, Les causes de leur usage, et leur métamorphose en diptyques ecclésias- tiques , La publication l'un nouveau diptyque d'Areobinde, existant dans Le musée de Be- sançon, les rapprochemens de ce diptyque avec celui de Dijon, et l'erreur qui attribue ce dernier à Stilicon ; par le C. CosTE , bibliorhé- caire & Besancon. An x1. — 1803. In-6.° de 34 pages avec une gravure. À paris, chez Fuchs, Libraire, rue des Mathurins-St.-Jacques, hôtel Cluny. Prix, 1 fr. 5o cent. ,et 1 fr. 70 cent. franc de port. Cette#dissertation a été lue avec intérèt dans le Magasin ; elle méritoit d’être tirée séparément pour ceux qui ne possèdent point ce journal. Elle est faite pour être jointe aux meilleurs écrits qui ont été pu- bliés sur les diptyques. A. L. M. M OR À LE. PENSÉES de Cicéron , traduction nouvelle. . 3 vol. in-18. À Paris, chez Lami , libraire, quai des Aupgustins. Prix, 4 fr. ro cent. sur papier ordinaire, 9 fr. sur papier vélin. L'abbé d'OLIVET avoit donné une traduction des Pensées de Cicéron ; l’orateur romain lui présentoit dans les nombreux ouvrages qui nous restent encore, une mine bien pius abondante que ce qu'il en a D d 2 420 Livres divers. éxtrait ; il s’est arrêté dans cette utile exploitation , à des penstes qu'il 2° pas voulu traduire , dit-il dans sa préface , 4e peur d'offenser son siècle. Ne croiroit-on pas, par ce passage, que ce siècle valoit mieux que le nôtre, et que les travers, les vices , l'oubli de tous les principes w'’auroient pas déjà attaqué et même corrompu la moralé publi- que ? Le nouvéau traducteur, le €. Leroi, a pu oser être plus hardi que l'abbé d’Olivet ; et faire usage , ponr épigraphe , du trait qui avoit arrêté ce- lui-ci. « Que pouvons-nous faire de mieux , de plus «utile pour la chose publique , s’écrie l'orateur ro- «main, que de travailler à linstruction de la jeu- « nesse , surtout dans ces temps déplorables de dé- « pravation et de troubles, où elle se livre à de si « honteux excès, que les bons citoyens doivent user «de tous leurs moyens pour la réprimer et pour «arrêter le cours de sés désordres. » Rien ne res— semble plus à la corruption dont se plaint le mora- liste romain , que celle qui règne de notre temps. Il faut donc s'occuper à rappeler les bonnes mœurs , qui sont les protectrices des gouvernemens; il faut mul- tiplier les bons ouyrages d'instruction, quiesont les guides de la science de l'homme. Le choix que de . Leroi a fait des maximes de Cicéron, a pour objet de:rappeler à la jeunesse de nos jours, et, di- sons-le , à ses instituteurs, les principes de conduite que retraçoit aux jeunes romains , dans un temps de commotion politique, pareil à celui dont, nous ressentons encore l’ébranlement , ce Consul immortel, cet homme d'état , ce génie umiversel, ce premier des philosophes de l’ancienne Rome. - Le nouveau traducteur a trouvé dans les divers traités de morale de l’auteur Romain , des maximes sur Dieu, sur l’homme , sur la conscience, swr les passions , sur-la vieillesse ; sur la mort, qui sont pleines de sens, de vérité ; de: justesse. La tra- duction en est exacte, et a sonvent la précision de l'original. Des notes soit historiques, suit critiques, placées à la fin de chaque volume , serveni à éclaireir \ Livres divers. 421 quelques-uns des passages de ce recueil ; plusieurs de cès notes sont de l'abbé d'Olivet, qui avoit, pour ainsi dire , vécu avec Cicéron, tant il l’avoit étudié, La lecture de ces Pensées peut convenir à l’homme fait comme à la jeunesse; ils ne peuvent n’en devenir que meilleurs , les uns et les autres. A. J. D. B. ! GRAMMAIRE. DES T'ROPES , ou des différens sens dans les- quels on peut prendre un méme mot dans une méme langue ; ouvrage utile pour l'intelligence des auteurs , et qui peut servir d'introduction à la réthorique et à la logique ; par M. Du- MARSAIS, Cinquième édition , revue ; corrigée et augmentée par M. l'abbé SIrcARD , 7n- séituteur des Sourds — Muets , membre de Fla- stitué national. 1 vol. in-12. Paris, chez Laurens jeune , imprimeur-libraire, rue Saint-Jacques, vis- a-vis celle des Mathurins. Puix, 2 fr., et 3 fr. par la poste. Ce traité auroit fixé la réputation de l’auteur , quand même il n’auroit pas été déjà connu par des productions grammaticales devenues classiques. Cette Édition acquiert un nouveau prix par le supplément qu'on y a ajouté, et qu’on a extrait du cours d'instruc- éion d'un sourd- muet de naissance, par M. l'abbé Sicard. Les Tropes ne sont point un nouveau peuple découvert, par M. Dumaxsais , comme le croyoit ce çourlisan inepte , en faisant compliment à l’auteur sur sa découverte, mais des figures« par « lesquelles on fait prendre à un mot, une signilica- «tion qui n’est pas précisément la sienne propre. Ainsi, « pour bien comprendre ce que c’est qu'un Zrope, il « faut savoir ce que c’est que la signification d’un «mot , et surtout ce qu’on entend par figures ». Nous devons observer, comme un fait qui mérite de l'être, que les grammairiens qui ont le mieux analysé les règles de notre langue ; sont les Provencaux , Gi- Dd5 422 Livres divers. . rard , Dumarsais, Roubaud ;'etc., comme c'est par les orateurs de cette partie de la France que la chaire* est parvenue à cette perfection d’éloquence , que le autres nations n’ont jamais pu atteindre. AB: GRAMMAIRE raisonnée, ou Cours théorique et pratique de la Langue francaise, à l'usage des personnes qui veulent connoïtre et mettre en pratique non-seulement les règles avouées depuis long-temps par les plus habiles gram- mairiens , mais encore des règles tout à fait neuves où pe connues ; Ouvrage destiné aux écoles publiques , tant nationales qu'étran- géres ,' utile à tous ceux dont la profession est d'enseigner, où que leur talent appelle au sénat, à la tribune , au barreau; dédié au pre- mnier Consul de.la république francaise, par JE. JT. FiBorN viLLtERs, correspondant de l’[ns- ‘titut national de France ,etmembre de plusieurs Sociétés. savantes. Paris , chez Barbou, libraire, rue des Mathurins; Hocquart, rue Saint-André- des-Arcs, n° 121; Pougens , Nyon, Colas, Xoenig, Desenne, Genets. An x1. — 1803. Sous le consulat de N. Bonaparte, Cambacérès et Lebrun. 1 vol. in-12, composé de deux parties de 526 et 280 pages. Cet ouvrage est divisé en deux parties princi ales, l'Orrhologie et VOrthographe. Le premier de ces mots signifie l’art de parler purement; le second, l’art d'écrire correctement. De ces deux dénômina- tions , employées par Quintilien , il résulte que la Cacographie et la Cacologie sont des manières vi- cieuses d'écrire et de parler. La partie donnée par l'auteur, sous le titre de Cacographie , renferme un très-crand nombre de fautes contre lorthogra- phe, et surtout contre celle des participes, qu’on sait être si difficile. Les étudians s’attacheront à re- connoitre ces fautes, à l’aide des principes déve- Livres divers. 423 loppés dans la grammaire”, et à les éviter en écri- vant. La partie intitulée Cacologie contient beaucoup de locutions vicieuses, empruntées d'écrivains plus ou moins connus. Les étudians, avec le-secours des règles de la grammaire, apprendront à connoitre le vice de ces locutions, et pérviendront insensiblement à écrire et à parler eux-mêmes avec clarté et pureté. DICTIONNAIRE étymologique des mots fran- çais , dérivés du gree , et usités principalement dans les sciences, les lettres et les arts ; ou- vrage utile aux jeunes gens el aux personnes qui ne sont pas versées dans les langues an- ciennes : on y a joint les noms des nouvelles mesures et les autres mots nouveaux tirés du grec ; par J. B. Morin, directeur d'école se- condaire à Clermont-Ferrand, enrichi de nates par M. D'ANSSE DE VILLOISON, membre de l’In- stitut national de France , des Académies de Londres , Berlin, Goettingue, Téna, etc., et revu , en l'absence de l'auteur, par M. DE WAILLY , chef de l'enseignement au Prytanée de Paris. De l'imprimerie de Crapeler. À Paris, chez B Warée, libraire, quai des Augustins , n.° 20. An xI. — 1803. 1 vol. in-8.° de 525 pages. Cet ouvrage très-utile manquoit à l’enseignement et à la httérature française ; an grand nombre de mots usuels de notre langue, et la plupart des ter- mes de science et d’art sont tirés du grec, et un dictionnaire qui püt les expliquer à ceux qui n’ont point étudié cette langue étoit absolument néces- saire; celui-ci est très-bien rédigé, tous les mots grecs sont aussi figurés en caractères latins : on trouve quelques notes extrêmement curieuses qui ont été ajoutées par le savant helléniste 7z//oison. A. L. M. GÉOGRAPHIE. NoUVEILLE Géographie de la France, d'après la division actuelle de son territoire, cante- D d 4 424 Livres divers. xwant des considérations physiques et poli ciques sur cet état, son) ancienne division, ses rois, sa nouvelle division én cent dent départemens , avec leurs limites et leurs rap: ports aux ânciennes provinces et généralités ; ses arrondissemens ‘communaux, le nom de toutes les communes qui composent chaque Canton ou justice de paix, et leur pepulation ; da distribution des diffèrens tribunaux et des douanes , les divisions militaires et ecclésias- tiques ; les arrondissemens maritimes ; Le ta- bleau des foires et des productions de chaque département y des tables nlphabétiques des Jleuves, rivières et canaux, etc., à laquelle on a joint la division du Piémont en six dépar- temens : ouvrage indispensable | principa- lement aux administrateurs ; juges-de-paix, hommes de loi, te. À Paris, chéz Garnery, libraire, rue de Seine. An x1.— 1802. 2 vol. in-8.9 de 404 et 416 pages. Prix , 7 fr. 20 cent. avec la carte générale de la France , et 20 fr. avec l’atlas de Chanlaire , composé de r02 cartes. VA D'M INIST R A TI O N. RECUEIL complet des ordonnances de police rendues depuis l'établissement de la préfec- éure, an VIII, x et x. À Paris, chez Ber- trand Portier, imprimeur-libraire , rue Galande , n.9 56; et chez Arthur Bercrand , libraire , quai des Augustins, n.° 35. An xr. 2 vol. in-12 de » 412 et 328 pages; 4 fr. , et 5 fr. par la poste. ! HrsToIrnR…s. * HISTOIRE de Gustave Wasa, roi de Suède, par M. d'ARCHENHOLTZ, ancien capitaine de S. M. Le roi de Prusse, et auteur du T'ableaw de l'Angleterre et de l'Italie ; traduit de l’alle- mand par G. 7. ©. Proprac. 2 vol. in-8°. or- nés du portrait de Gustave. Prix, 9 fr., et 17 fr. Livres divers. 425 franc de port. À Paris, chez Gerard, libraire, rue Saint-André-des-Arcs, n.° 44. MÉMOIRES secrets sur la Russie et particulière- ment sur la fin du règne de Catherine IT, et le commencement de celui de Paul I*:, ou Lettres en réponse a M. de. Kotzbue, auteur d'une année la plus remarquable de ma vie; par Masson, formant le tome IV de cet ouvrage. 1 vol. in-6.°, orné du portrait d'Alexandre L.°r Prix, 4 fr., et 5 fr. franc de port. À Paris, chez Gerard, libraire , rue Saint-André-des-Arcs, n.° 44. Ce volume estindispensable à ceux qui ont acquis les trois premiers. | On trouve chez le même libraire l'ouvrage complet en 4 vol. in-8.° , ornés de portraits. Prix, 16 fr., et 20 fr. franc de port. APLOLÉ S'TE E A T IN E. * TRADUCTION complète des poësies de Catulle , suivies des poésies de Gallus et de la veillée des fêtes de Vénus, avec des notes gramma- ticales, critiques, littéraires, historiques et my- chologiques, les parodies des poëtes latins, mo- dernes , et les meilleures imitations des poètes francais; par Francois NoEL, membre de lA- thénée de Lyon et auteur du Dictionnaire de la Fable ; avec cesre épigraphe : Tantur parva suo debet verona Catullo Quantum magna su0 Miantua Virgilio. L 2 vol. in-8.°, ornés d'une charmante gravure re— présentant Ariane bone , idée de Girodet, exécutée par Bouillon et Roger; elle est de plus enrichie d'un plan de la maison de Catulle à Sir= mio, que leva en Italie, par l'ordre du CÈRE A Lacombe-Saint-Michel , l’aide-de-camp et chef de Bataillon Mellini, Prix , 12 fr. pour Paris, et 15 fr. 426 Livres divers. 20 cent. pour les départemens. Il en a été tiré quel- ques exemplaires sur papier vél. ; prix , 24 fr.pour Paris, et 27 fr. 20 cent. pour les départemens. Gcts superbe édition sort des presses du cit. Crapelet; elle est imprimée sur papier fin d'Angoulême avec le plus grand soin. À Paris, chez Léger, libraire , quai des Augustins, n.° 44, et Rémons, libraire, + même quai, n.° 41. e / Poste. OEUVRES diverses d'Evariste PARNY, nouvelle édition , corrigée et considérablement .aug- mentée , ornée du portrait de l’auteur. De l’'im- primerie de Didot lainé, et se trouve à Paris, chez Debray, libraire, place du Muséum , n.° 9. 2 vol. in-12. Prix, 5 fr. pap. ordinaire, et 10 fr. pap. vélin. | Cote édition est la seule avouée par l’auteur; outre les morceaux connus depuis long-temps, elle en con- tient beaucoup d’autres qui n’avoient pas encore paru. Ce recueil des œuvres du Tibulle français, sera sans doute recherché par tous les amateurs de la poésie gracieuse et légère. A. L. M. Romans. RÉSURRECTION d’'Atala et son voyage à Paris. 2 parties. Paris, chez Berndrd, libraire, rue Caumartin , n.° 750. Le roman d’Atala qui a eu tant de succès, qui a obtenu tant d’éloges etdde critiques, a fait ima— iner celui-ci, qui west qu'un cadre dans lequel il a été facile de placer une censure assez fidèle de nos goûts, de nos modes, de nos travers du moment. On Y trouve aussi quelques observations sur le style et sur les invraisemblances du premier roman. Le grand Livres divers. 427 À esprit a rendu la vie à Atala / à Chactas, an père Aubri, et leur a ordonné de passer chez les peuples civilisés ; on part, une tempête, un naufrage les séparent; le capitaine d’un vaisséau bordelais sauve Atala etla conduit dans sa famille, d’où elle est adres- sée par la femme du capitaine à une dé ses amies à Paris. Telle est la fable de ce roman critique. La surprise de toutes les femmes qui avoiënt lu son histoire dans l’ouvrage de M. de C., et qui la croyoient dans l'asile des ames, dans le bocage de la mort, Vempressement de la curiosité d'un côté, la crainte des revenans de l’autre , donnent lieu à quelques scènes assez bien amenées. On fait la toilette soit grecque , soit romaine de mademoiselle Simaghan; elle est conduite aux divers spectacles, chez les marchandes de modes, etenfin chez M. C., qui la reçoit comme celle à qui il devoit sa répu- tation d’élégant historien, non sans être étonné d’être embrassé par une belle fille qu’il ne connoissoit pas. M.me Ferval, son amie, lui raconte comment cet ange du désert est arrivé en Francel, et est parvenu jus- qu’à elle. « M. C. tendit alors les bras vers Atala, « qui, rayonnante de joie et d'espérance, lui prodi- « gua mille caresses, lui fit mille questions. Ami « de Chactas, lui dit-elle, tn as écrit dans le livre « des souvenirs qu'Atala fut malheureuse ; eh bien ! « elle l’est encore plus aujourd’hui; me remdras-tu le « fils d'Outalissi ? Comment n'est-il pas venu à toi « en abordant cette nouvelle terre ? » Toutes les dis- tractions du plaisir, toutes les caresses de l'amitié _ne pouvoient afloiblir les souvenirs de amour heu- reux ; pour faire cesser les inquiétudes et la tristesse de l’amante de Chactas , on cherchoit s’il seroit dans Paris avec son ami le missionnaire on parcouroit les lieux publics, on visitoit les églises, celle des carmes étoit préférée, et c’est aussi dans ce vaste tombeau de tant de martyrs qu’on les trouva. On a facilement imaginer la surprise, les transports , ivresse de bonheur dont les trois amis furent suc- 428 Livres divers. cessivement agités. l’auteur de ce roman a su insérer assez adroitement dans sa narration, une critique modérée, honnête, mais ornée de quelques invrai+ semblances, de plusieurs exagérations se style du premier roman, que les lecteurs impartianx auroient remarquées ; mais il ne ménage pas en même temps les auteurs de certaines diatribes qui ont attaqué, sans mesure et d'une manière indédente , non-sen— lement l'invention louable du roman d’Ætala , mais le grand ouvrage du même auteur, avantageuse- ment connu sous letitre du génie du christianismes ce n’est pas qu'il en approuve le plan, il condamne surtout les efforts que M. C. à faits en opposant les beautés poétiques du christranisme , à celles du paganisme. IA. Pi DB; A ï LES deux Borgnes, on Lady Julina PDunbar ; par Charlotte Bournon MAELARME , de l'A- cadémie des arcades de Rome. 3 vol. in- 12. Prix, 5 fr., et 6fr. 5o cent. franc de port. A Paris, chez Gerurd, libraire , rue Saint-André- des-Arcs , n.° 44. BE AVUIx LA RIIS. ? Supplemento al Museo Fiorentiro. D 1 Tout le monde connoît le grand ouvrage, qui, sous le titre de Museum Florentinum, fut com- mencé dutemps de Jean Gaston , dernier grand-dué de la maison des Médicis. Cet ouvrage magnifique , dont la galerie royale fait le fonds , étoit destiné & l'illustration des monumens des beaux-arts, qui se conservent dan différens palais de la ville de Flo- rence. Le sénateur Buonarroti en concut le projet : une société de gentilshommes Florentins en fit les frais ; et Bianchi, premier conservateur de la gale- rie, et le savant Gori, furent chargés du choix et de l'explication des monumens. L'édition en réussit, _ Livres divers. 429 magnifique par l'élégance des types, et la beauté du papier; et les meilleurs artistes du temps furent employés pour l'exécution des dessins , et des gra- vures. - L’entrefrise eut la protection du souverain; et ce ne fut que par les secours de la munificence royale que les derniers volumes de la collection des portraits dès peintres purent paroître. On a jusqu’à présent 1 vol. pour les statues; 2 vol. pour les pierres gravées ; 3 pour les médailles ; 5 pour les portraits des peintres. Mais. l'ouvrage lui-même , par la nature de son plan, n’est pas encore achevé. C’est ce qui à fait naître l'idée de publier les monumens qui restent encore inédit® dans la ville de Florence, pour faire suite aux précédens, et sans autre aide, ou secours que celui: du Public, sur lequel: on à osé compter avec confiance. C’étoit Pnsage autrefois d'écrire sur ces sujets dans une lan- gue ‘qu'on ne parle plus. Adami émploya Gori à © l'explication desmonumens du Musenm Florentinum, parce qu'il savoit écrire également en latin. La suite des ‘portraits des peintres, qui parut plusieurs années après , est accompagnée de descriptions en Italien ; et ce ne fut pas la partie la moins agréée de ce grand ouvrage. | Pelli Sagg. Ist. p. 380. | L'accueil même, que le Public lui accorda, a déterminé à préférer la langue italienne dans l'explication des monumens, que nous allons publier. La célèbre Académie de Gortonne , le savant Visconti, etc. etc. nous en ont donné l’exémple. M. Adam Fubbroni, membre de l’académie ci- dessus , et de celle des antiquaires de Londres, connu ri plusieurs opuscules dans'ce genre ( tels que ce ‘ lui « Del Bombice , e del Bisso degli Antichi : della & Farfalla Simbolo Egiziano : Del Genio di Roma: «dell Ariete gutturato : del Simulacro di nuova «, Venere ec.:ec.)}» se charge des explications : son 439 Livres divers. style, et sa manière de voir ont été favorablement accueillis par le Public. : A On n’a que trop répété les mêmes idées dans tous | les livres d’archæologie : 11 est bon qu’en séloi=- gnant de l’ancienne routine, on tâche d'élever Fé— tude des monumens anciens au niveau des connois- sances actuelles; car on peut dire que , même dans ce genre, les découvertes qu'on a déja faites sont, peu nombreuses en comparaison de celles qu'il. reste à faire. : L'entreprise que nous allons commencer , étant des- tinée pour servir de suite au Museum Florentinum , sera exécutée dans le même format que l'est ee grand ouvrage ; et pour en faciliter l’effectuation de notre part, ainsi que l'acquisition aux amateurs , nous nous praporane de la faire paroître par souscription. Chaque ivraison. comprendra 4 planches gravées, et, la des- cription strictement nécessaire, pour mettre dans son vrai jour , et de la manière la plus concise , le monu- ment dontil s’agit. En outre, nous: partagerons le total de l’ouvrage en plusieurs parties indépendantes l’une de l’autre; de manière que ceux qui auront sous— crit pour la première partie , ou appendix , ne se- ront tenus pour les suivantes, à moins qu'ils ne, cohtractent un nouvel engagement. La première partie, qui pourra servir d’un essai: réciproque soit pour les souscripteurs , soit pour les entrepreneurs , sera formée de quatre livraisons; ces livraisons paroiîtront de trois mois en trois mois dans le courant d’une année. Les souscripteurs payeront six livres de Florence en recevant la première livraison, y’ compris le frontispice , et cinq livres pour chacune des suivantes. HS La souscription sera ouverte jusqu’à la seconde li vraison : à cette époque on fixera Le nombre des exem- plaires à imprimer, d’après celui des souscripteurs : ceux-ci pourront s'adresser à Florence à M. Gullielmo Piatti, libraire , ou à M. Adam Fabbronr ; à Bo— logne, les frères Massi ; à Caliari, en Sardaigne, Livres divers. 431 MS. Asnous; à Gènes, Fantin , Gravier , etcomp.; à Londres, Thomas Egerton ; à Milan, Pirartaet Maspéro , à Naples, Targionr, éditeur des rcE velles littéraires; à Palerme, Ignace Aversa ; à Pa ris, Fuchs; à Rome, {mpertali ; à Turin, les frères Reycend; à Venise, Pasquali ; à Vienne , Arturia. MÉNALES pittoresques et historiques des paysa- gistes, dédiées a M."< BONAPARTE. Collection de gravures au trait et à l'aèqua-tinta, d'a- près les meilleurs ouvrages connus ou inédits des peintres paysagistes, anciens et modernes , “de tous les paÿs , renfermés non - seulement dans les différens musées, galeries et éta- VBlissemens nationaux , Mais encore dans les cabinets les plus célèbres des particuliers, soit en France, soit chez l'étranger; accom- pagnées de notes historiques et critiques sur La vie des peintres , le mérite de leurs ouvrages et les principes de l'art; par BACLER DALSE, peintre et chef des ingénieurs-géographes atta= chés au dépôt général de la guerre ; n° 2. Ce numéro contient deux paysages dans le GENRE HisToRiQUE ; la fuite en AEgypte, par CLAUDE GeLéE dit le Lorrain, superbe tableau qui se trouve à Rome, dans le palais Doria ; la zymphe Égérie du même, qui décore à présent le palais du roi de Naples. Un paysage dans le GENRE GRACIEUX, d’après un tableau de Jacques RursDAAL, qui est au Mu- séum , n.° 536 ; un autre du GENRE NAïF, d’après un tableau du même, qui est à Paris chez un amateur; deux autres tableaux du même genre, d’après ADRIEN VAaNDER VELDE, l’un est la famille du peintre, placé au Muséum , n.° 595, l’autre est /a cabane du berger, qui lui sert de pendant. On souscrit à Paris chez l’auteur , rue des Mou- lins , n.° 542. Voyez dans le numéro précédent les conditions de la souscription. [4 432 Livres divers. ‘ MÉLANGES, "y @Es Paradoxes du capitaine Marc - Luc- Roc} Barole ; par PAUL-HirroLyTE DE M". À Paris, : chez Levrault frères , libraires yquai Malaquais; et à Strasbourg, chez les mêmes. An x. — 1802. 4 vol in-12 de 165, 213, 191 et 230 pages. SEVIGNIANA, ou Recueil de pensées ingénieuses, d'anecdotes littéraires, historiques et morales, tirées des lettres de M.ve la marquise DE SÉVI- | GNÉ; zouvelle édition, avec des remarques pour l'intelligence du texte. À Paris , chez Belin, imprimeur-libraire, rue Saint-Jacques, n.° 22. An x1. — 1803, 2 vol. in-12 de 250 et 238 pag. Prix, 3 fr., et 4 fr. 20 cent. franc de port par la poste. te PE Table des Articles contenus dans ce Numéro. x y BIBLIOGRAPHIE. FRANCE. Annuaire de la Librairie; par Nouvelles de Colmar. 374 Guillaume Fleischer. 289 ; ; Paris... LITTÉRATURE ORIENTALE, | Séance publique de PEcole de De l’origine de la langue latine | médecine de Paris, du 5 bru- et de ses rapports avec les | maire an xr. 377 langues orientales, disserta- | Société galvanique. 403 tion par le P. Paulin de Saint | Athénée des Etrangers. 404 Barthélemi (en latin). * 305 | Nécrologie. Ibid. Correspondance. 468 VoxaAGE. TRÉATRES. Débat de M. Nourrit, 410 Le Roman d’une heure. #11 L’Erreur reconnue: Ibid. Les deux Arlequins, où Colom- bine rivale, 8 412 urand. Yovyage au Sénégal; par J.B. TD SRE 7 H:SsTOrIRE. Abrégé de l'Histoire romaine, en vers français, avec des |: ‘ notes, par M. **#*% : 325] Livres Dt1vERSs. MÉDECINE. Histoire naturelle. | Nouveau Dictionnaire d'His- toire naturelle, appliquée aux arts, principalement à l’agriculture èt à l’économie rurale. et domestique ; par une société de The Histoire abrégée des maladies épidémiques et pestilentiel- les; par Noah Webster. 331 Lettre même au D.7 Miller, | sur la connexion des trem- blemens. de terre avec les maladies épidémiques, etsur | et d’Agriculteurs. 41 la succession des épidémies. 351 Géologie. AGRICULTURE, : - Observations économiques et politiques sur la chaine des montagnes, Ci-devant appe- lées d'Auvergne, faisant par- L'Agriculteur du Midi; par André-Louis- Esprit Sinery. 358 VariÉTÉS, NOUVELLES ET COr-| tie des départemens du 5 RESPONDANCE LITTÉRAIRES. de-Dôme et du Cantal ; parle C: Brieude. Ibid. NOouvELLES ÉTRANGÈRES. ? | Médecine. Nouvelles de Londres. 366 Nouvelles de Copenhague. 369 1 Elémens de Pathologie ; par Nouvelles de Russie. * Ibid, ” 414 Es G: BP, Aubin re LYS ru : lettres et lé so pers Re pr ÿ ‘à d Morin. He P' ol HE 4 ”" Géôgraphie. Ep re Nouvelle Géographie de la® France , d’après la division: actuelle de son territoire. Ib. : + Administration, #4 Recueil complet des ordonman- ..cés de police rendues depuis 0, + l'établissement de la préfec- .. "2 ture, an virr, 1x tx. : 424 1 ut HASTOITEe ge sl Histoire de Gustave Wasa, roi à de Suède ; par M. d’Archen- °", holtz ; traduit de l'allemand -» ar G.'T: C. Propiac,* Ibid, Mémoires secrets sur la Russie ,, 4 et particulièrement surla fin :: "M du règne de Catherine II, 4 . etlecommiencement de celui de Paul J.er; pe Masson. 425 Poésie latine, : 7 Traduction complète des poé= 4 sies de Catulle, suivies des 04 poésies de Gallus et de Ja © “vyeillée des fêtes de Vénus; "M : par François Noel. Ibide 70 Ven - ina be Css à Histoire médicale de l’armée. ‘française à Saint-Domingue, enWPan x; par C. N. P. Gi “Bert. FATA 44 Elémens de matière médicale, . Quyrage posthume du C. Et. T'ourtelle , ‘publié par le C. Brior. Jbid, M, Pharmaceutique, … Exposition des nouveaux prin- cipes de pharmacologie qui forment de la matière HAVE cale une science nouvelle ; par J.B.G: Barbier. . 45 Manuel du Pharmacien ; par E: J. B. Bouillon-Lagranpe. < Ibid; Lee QE, PAE > +. Agriculture. Mémoire sur l'Agriculture, et spécialement sur le défriche- “ment projeté de la lande dite Pont-Long, dans le départe- “ ‘ment des Basses - Pyrénées ; par le général Serviez. 416 Commerce. LS Histoire abrégée des révolu- tions de commerce ; par A. ‘M. Chappus. Ibid, Poésie. nn . Bibliographie. OEuvres diverses d'Evariste ..W Répertoire général de la Lit-| Parny. . F5 4AG A # térature, pour lesannées1785 .*. : Romans. (5 jusqu'à 1790. _417| Résurrection d’Atala, et sont : Répertoire général de la Lit-| voyage à Paris. Ibid. Les. deux Borgnes; par Char-, tératuré, pourles années 1701 ; lotte Bournon Mallarme: 428 jusqu'à 1799.+ 418 Archæologie. Beaux - Arts. Lettre au C. Millin sur l’ori- | Supplemento al Museo Fioren- ine des Diptyques consu-|,.1tm0. Ibid, Mémales pittoresques et histo- Ÿ xAu pe M ies pe sagistes, dé-, : 'AAee à Aime Bonaparte ; par | .Bacler Dalbe: \ 432, ‘%y1#7 Mélanges. ! "A aires, etc. ; parle C,'Coste. vante NE men "A1Ÿ Ki Made. |TORMESE Pensées de Gicéton, traduction nouvelle.” JE. bit. ‘Grammaire. ‘+ : [Les Paradoxes du ca itaine Des Tropes; par M. Dumar-| Marc-Luc-Roch Barole; par, saise 1241 4e1 | Paul-Hippolyte de M+*#.,432 Sevigniana, où Recueil de pen- Grammaire raisonnée; par J, ana; ( sées ingénièuses , d’anecdo- E.J.F. Boinvillierse, » 3 de Dictionnaire étymolobique des mots français , dérivés. du grec, et usités principale- ment dans les sciénces, les tés littéraires, historiques ef ‘morales , tirées des lettres de M.me la marquise de Sé- vignée Ibid. pe 29 6 : PER Fa /L LU " ê AE 4 Î {y # RS / EVE DE MERE A 7 n'a . (N° 20.) Ventose an 11. x f à OU : JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS, FA HS ie “toict Ai ; Par A, L, Mi£ELIN +. AVIS DU LIBRAIR E. V3 200 prix de ce Journal est fixé : | à 9 francs pour trois mois, 18 francs pour six mois , : TES 36 francs pour un an, : QE ” ” sant pour Paris que pour les Départemens, franc de port, ——— - Ox peut s'adresser au Bureau du Journal pour se procurer #% tous les Livres qui paroïssent en France et chez l'étranger, es :, ” 7 pour tout ce qui coucerne la Librairie ancienne et moderne. 3 C: Journal, auquel la plupart des hommes qui ont an nom distingué, une réputation justement acquise » dans quelque partie des: arts ou des sciences, tels que ” les OC. AxrBERT, DESGENETTES, BAsT, SILVESTRE DE SAcy, Fourcroy, HALLÉ, DumériL, ScHwEeïrG- BÆUSER, LACÉPÈDE, LEBRUN, MARRON, MENTEL« 4 LE, BARBIER, BARBIER DU BOCAGE, BAssiNET, MoreLLer, NOEL, OBERLIN, CHARDON-LA=RO« » : cHETTE, GAÏLLARD, Van-Moxs, SrcAnD, TRAULLÉ, 2 LÉVEILLÉ, CUVIER, GEOFFROY, VENTENAT,CaAvA«< xuiLLE, BocrriGER, Usréri,; ViscONRI, VILLOISOD, | Le # * Wiriremer, Fr. Lopsretn, LaxyuiNAts, Wincx=— LER, etc, etc., fournissent des Mémoires , contient l'extrait des principaux ouvrages nationaux : on sat tache surtout à en donner une analyse exacte , età la faire paroître le plus promptement possible après: leur publication. On y donne une notice des meilleurs écrits imprimés chez PRE ni cl On y insère les mémoires les plus intéressans sur | toutes les parties des arts et des sciences : on choisit pe nes ceux qui sont propres à en accélérer es/progrès, + : On publie les découvertes ingénieuses , les inven- tions utiles dans tous les genres. On y rend compte des expériences nouvelles. On y donne un précis de ce que les séances des Sociétés littéraires ont offert de plus intéressant ; une description de ce que lefv dépôts d'objets d'arts et des sciences renferment de | plus curieux. : On y trouve des notices sur la vie et les ouvrages des Savans, des Littérateurs et des Artistes distingués dont on regrette la perte; enfin les nouvelles litééraires de toute espèce. Ce Journal est composé de six volumes in-8.° par an, de 660 pages chacun. Il paroît le premier de chaque. mois. La livraison est divisée en deux numé- ros, chaque de nenf feuilles. . + On s'adresse, pont Vabonnement, à Paris, au Bu- reau du Magasin Encyclopédique , chez le C.Fucus, libraire, rue des Mathurius, hôtel Cluny. : | : : À Amsterdam, { on DR DNAMRNIOE et sd ap A Pruxelles , chez Lemaire. À Florence, chez Molnu. | À Franclort-sur-le-Mein, chez Fleischer. A chez Manget. A Genève, j chez Paschond. ."A Hambourg, chéz Hoffmann. À jeipsick, chez Wolf. À Leyde, chez tes freres Murray. A Londres, chez de Bofte, Gerard Streer, : A Strasbourg, chez Levrault. À Vienne, chez Degen. A Wesel, chez Geisler, directeur des postes, I] faut affranchir les lettres, “e << se SE =s DE - % Là 4" An NA fs NT ERPÊÉTOLOGIE CarACTÈRES dés vingt - trois genres qui composent. u ordre des Ophidiens ; par .Æ. M. Para Y19" L: ES nombreuses réchérches que j'ai faites dans di= vèrses collections d'histoire naturellé ét dans plusieurs ouvrages très - “précieux, et récemment publiés par Russel et Merrem | sut les serperis ; m'ont procuré des notions trèscétendués sur un grand nombre de ces animaux. Le tableau que je présente ici contient , en quelque ‘sorte ; le résultat de mes recherches ; car j'ai ajouté jusqu'à sept genres nouveaux À ceux qui avoient déjà été établis par Linnœus:, Daubenton , Lacépède et Latreille. Le, nombre des espèces que j'ai. déjà observées et-décrites d’après nature ; s'élève à près de trois cents, et:je ne doute pas que cette quan- tité ne s’accrût beaucoup; si je pouvois examiner , à loisir, les riches collections de serpens qui appar- tiennent aux Anglais et aux Hollandais. &. Bou, Des plaques entières sous le Boa. Tion, corps et la queue. (vulg.devin. ) Pas de crochets venimeux, IL. SeyTALE. Des plaques entières sous le Seytale. Latr. : corps et la queue. Des crochets venimeux Tome F. Ee 434 III. Erpétologie. BLUE Exemples. Boa nigra. — Russel; pl. 1. Gédi-para- PyrHox. Python... ÉT goudou. Des plaques entières sous le corps et la queue; celle-ci munie aussi quelquefois de doubles plaques. Anus bor- dé d’écailles, et muni de deux éperons ou ergots. Pas de crochets venimeux. ! Exemp. pd pl. 30. Bora. — PI. - 24. Pedda-poda. IV. NE HuaRtIAH. Hurria. Des plaques entières sous le corps et la queue ; celle-ci terminée. auséi de doubles, plaques; anus.sans ergots. Pas de crochets venimeux. Fxemp. Russel ; pl. 40. Hurriah. : BONGARE.: Bungaruws.. CoORALLE, Corallus. Des plaques entières sous le corps et la queue; celle-ci munie aussi vers son milieu! de doubles plaques ; anus! sans ergots ; une rangée lon- gitudinale de grandes écail= les sur le dos. Des crochets venimeux. , Exemp. Russel ; pl. 3. Bungarum-pamah. Des plaques entières sous le corps et la queue ; des dou- bles plaques sous le cou; ‘anus sans ergots. Crochets venimeux. / -Système. 435 Exempl., Merrem ; pl. 2, fasc. 2: VII. ZLacuésis. Des plaques entières sous le Lachesis. corps. et: la queue ; celle-ci | terminée par plusieurs rangs d’écailles pointues. : Des crochets venimeux. Exemp. Latreille ; Histoire des reptiles, t. II , p. 162. Scytale à chaine. VIII. CROTALE. Des plaques entières sous le Crotalus. Lion. corps et la queue ; celle-ci Cle. Serpent àsonnettes. )terminée par des anneaux ou grelots sonores et mobiles. Des crochets venimeux. IX. Cencuris. Des plaques entières sous le | Cenchris. corps et la queue ; celle-ci ayant des doubles plaques sous sa partie antérieure ; anus sans ergots. Des crochets venimeux. Exemp. Le mokeson des États-Unis d'Amérique. 2 VIPÈRE. Des plaques entières sous le Vipera. Laur. corps ; des doubles-plaques sous la queue, qui est cylin- drique. Des crochets venimeux. XI. CouLEuvRrE. Des plaques entières sous le Coluber, Linn. corps; des doubles plaques sous la queue, qui est cylin- drique. Pas de crochets venimeux. Ee 2 456 XIT. XIII. XIV. XV. XVI. Erpétologie. ACcaAnNTHURE. Des plaques entières sous le Acanthurus. corps; des doubles plaques sous la queue , qui est ter— mince par une pointe. Pas de crochets venimeux. Exemp. Merrem; pag. 24, pl. 2. PLarure.Latr, Des plaques entières sous le Platurus. corps; des doubles plaques sous la queue, qui est très= ‘comprimée. Des crothets venimeux. Exemp. Coluber platurus. Tinn. Exayore.Latr. Des plaques entières sous le Enhydris. corps ; des doubles plaques sous la queue , qui est très- comprimée. Pas de crochets venimeux. Exemp. Coluber Hydra. LanGcAnHaA. Des plaques entières sous la Lacép. partie antérieure du corps, Langaha. etdes anneaux écailleux vers l'anus; des écailles sous la queue, Des crochets venimeux. Exemp. Langaha de Madagascar. Erpéron.Lacép. Des plaques entières sous Erpeton. tout le corps; des écælles sous la queue. Pas de crochets venimeux. de mr à Système. 437 XVII. Eryx. Des écailles sur toute la peaus Éryz. une rangée longitudinale d’écailles plus grandes sous le Corps et la queue, qui est cylindrique. Pas de crochets venimeux. Ex. Olivier; Voyage dans l'Empire Ottoman, pl. 16, fig. 2. Boa ture, — ÆAnguis iniliaris. Pall. XVIII. ORvETr. Des écailles revêtant entit- Anguis, Linn. rement le corps et la queue, qui est cylindrique. Pas de crochets venimeux. XIX. OpPnisaure. Des écailles revêtant entière- Oplisaurus. ment le corps et la queue, qui est cylindrique ; des oreilles externes ; un sillon longitudinal sur chaque côté du ventre. Pas de crochets venimeux. Exemp. Argnis ventralis. Linn. XX. Hypropuis. Desécailles revétant entière- Latr, ment le Corps et la queue , Hydrophis. qui est très-comprimée. _, Crochets venimeux ? XXI. ACROGHORDE, Des tubercules écailleux re- Lacép. vêtant entièrement le corps Æcrochorda, et la queue , au..lieu d’é- cailles. Pas de crochets venimeux. » Ece3 438 Erpétologie. XXII AmPHispene. Le corps et la queue entière- Linn. ment entourés d’anneatix à Arnphisbena. compartimens écailleux. Pas de crochets venimeux. XXTIII. Cœciiié. Une rangée longitudinale et dern. Cæérlia. Linn. de rides transversales; pas -d’écailles, Pas de crochets venimeux. ANT TOUTES LETTRE de M. SILVESTRE DE SACY, à M. MILLin, sur les Monumens per- sépolitains. Vo s demandez, mon cher Millin, que je vous fasse part de l'impression. qu'a faite sur moi ce qui a été publié depuis peu dans divers journaux alle- mands , au sujet des inscriptions en caractères persé- politains , et vous prétendez que les lecteurs du Magasin encyclopédique ont quelque droit d'exiger que je. manifeste mon opinion à ce sujet. J’aurois désiré àtténdre que les auteurs des nouvelles décou- vertés dônt il! Sapit etséent donné plus de déve- , loppement à leurs systèmes , pôur en porter un ju- gemenñt moins häsärdé ; ‘et n’en parler qu’en parfaite connoissance de caûse; mais plusieurs des savans avec lesqiuls5 ai rhodnés Fe correspondre, m ’ayant mani= festé le même désir que vous, je me rends à ce que vous _ RE | | è P9ZI AQ0r . OL ----- - ON : V[N9SPUL SUOIPT[9JSUO09 LL MOSS OMIS: de Or AÉADEUN Lo D: : gi -m PEACE ETES Cl . STI = = - OJ =-— O91 Bus ee SUTTANET DOUCE sdans : srd- | ce ER RE ER TOO HIT... SE. MENT =: Nr A ee "ie LEE SL DD D UD NU DUD D O9 ZX IT TU pr po y ep bb ho EAAT DEN: QOUUE STILL on bipec OPhRIUT u1 we FN | à Pp?71 A0 2 OL ------ ON = U[NYISCUE JUOTE[[2JSU09 u- |‘ HS -D:HOUL: ZE AO TE ONE AO PEAU MAO: OP ROLE IDE NUE AM WALES MEN DA --T ! SI -- EE --- 991 ee - - UDUI PARIS EL ou sTd- "DVI H : O:H9S : O0 HOE-O0 - HE - HX : V BEN E Que ST = ce b= PNA NR2ATR ETUI PIN 12222 N'UUUD EN UN << A << ET Se ST LUE ESS sosie ump, ne ACER (7 il .H PnE UV D HOS : 0‘ 9 :, O À V'HO0L: 0. H: va A» LE EUN LES M< » Al AK àg MAL + y <> A SE: X9I ... uns - — - NO I O NP JSLONRQNCE < EE» © 1ONGUSE | — -- - -- - D Re — -—-—-- HÈ ve elemannt Hu AU OUD NULL DA SEL ID YA ER Zi X9X SU ---- - = --- v(I HN OM THE ARS HS HP HO S ENTER EENVEEE CT YA AA DA DE NX D D) ND UD 3 UE AU —« —< 0072277 4] = —— [OF de oao cetiorndtomne PMU E ea ., SOX 2 = — - - - I9Y RTL" HOT k a OT AE EL HO SRE HO SERRE OO RO SET *0) A/JXY LT T'UOI SES 2/4 2227707 H : O‘HOS:0: HO:L : O SCT, OOo NES ME AE ; MP ASE y HO SUEDE MEN DAY LEA A NU IDDN Re RU Re CO RTE M DID »»' MAX): BH DIE ER NRA | ci NES RO NT TOC ont nn . LÉ | EEE NU DEEE D ODA 904 Bd 1 I ere > ITA nbpre 072 A UT 772 ITR Monumens persépolitains. 439 demandez de moi , et je prends ce parti d'autant plus volontiers, que les objections que je pourrai faire aux savans auteurs de ces nouveaux systèmes, quand par l'événement elles se trouveroient mal fondées , les engageront peut-être à Y donner üne attention pax- ticulière , et à les résoudre d’une manière pleinement satisfaisante. Vous n'ignorez pas que les monumens de divers genres que l’on nomme persépolitains , parce qu'ils portent des caractères d'écriture analogues à ceux que nous offrent les ruines çonnues sous le nom ancien de Persépolis , où sous la dénomination moderne de Tchéhelminar, n’ont guères de commun entre eux que la figure élémentaire qui sert de base à cette sorte d'écriture, et que l’on peut désigner sous le nom de cloud, de coin, ou de fer de fléche; mais qu'excepté cette analogie fondamentale, chaque espèce particulière de ces monumens semble aussi nous offrir les débris d'un système particulier d’écri- ture. Les ruines mêmes de Persépolis nous présentent très-certarnement trois systèmes différens d'écriture & clouds, ou cunéiforme , comme l’a dit M. Niebuhr, dont l’observation , quoique contredite par M. Wabhl, fa toujours paru démontrée par l'examen des ins- criptions , et a été adoptée par les savans qui se sont le plus occupés de ces monumens, MM. Tychsen de Rostock, et Münter de Copenhague. Le caillou rapporté de l'Orient par le C. Michaux, qui appar- tient aujourd’hui au Muséum national dont la garde vous est confiée, nous fait connoître un système d’é- criture qui‘ a assurément les plus grands rapports Ec4 440 1. Antiquités: avec ceux des ruines; de, Tchéhekminar, , mais. qui néanmoins ne me paroît être précisément aucun des trois que l’on observe sur les murs. de, ces anciens édifices. Peut-être. en faut-il dire antant du.vase ægyp- tien du même cabinet, publié par le comte de Caylus. Les briques que lou connoït en Europe depuis un petit nombre d'années, et qui se trouvent dans le lieu où dürent être autrefois les murs de Babylone, offrent une nouvelle variété bien prononcée. Celle-ci s'éloigne peu du système auquel paroissent appartenir les caractères tracés sur les cylindres etiautres pierres gravées, que l’on peut regarder comme des amulettes où talismans. Peut-être, parmi ces variétés de l'écriture cunéi- forme , y en a-t-il qui ne sont dans le vrai que le produit d’un caprice particulier. Quand.on, connoît la vertu que tous les Orientaux attribuent à des carac= tères insignifians , et qui n’ont rien de remarquable que leur forme grotesque; quand on réfléchit à à l'usage fréquent qu ils en font, en Les liant aux pratiques de l'astrologie judiciaire et à la doctrine de Finfluence des génies , pour éloigner les maux qui menacent l'humanité , ou se procurer les jouissances qui rendent la vie plus douce, on est fort porté à croire que plusieurs de ces monumens .ne sont que.des fétiches que la mauvaise foi a créées pour se jouer, de la sotte crédulité et d'une ianorante, superstition, mais dont les anciens monumens attribués | aux : génies ; tels que les édifices. de Tchéhelhminar, peuvent avoir fourni la première idée. ver Quoi qu'il eu so de cette supposition, il est cer= Monumens persépolitains. 441 tain que cette grande variété de systèmes d'écriture, rapprochés par la forme de l'élément primitif qui leur sert de fondement , mais distincts et caractérisés , soit par une variation Constante dans la configura= tion même de cet élément commun, soit par le nombre et la nature des combinaisons qui leur sont propres, rend l'étude de l'écriture cunéiforme beaucoup plus pénible, et les succès de ce travail plus incertains, Au lien d’ün seul problème à résoudre , il s’en pré sente un-.grand nombre; et il est permis de croiré que quand on seroit parvenu à déchiffrer quelqu’ ünè des inscriptions de Tchélielminar, on n’en seroit pas plus avancé pour l'intelligence des caractères empreints sur les briques de Babylone. Quelque multipliées que semblent les difficultés qui s'opposent au déchiffrement complet de cette sorte d'écriture, M. Lichtenstein croit les avoir . vaincues toutes en même temps; et plus ce succès & droit de nous surprendre , plus aussi il lui assure de titres À notre reconnoissance et à notre admiration, s’il est réel,;comme ce savant paroît en être ‘con vaincu. Je vais: d'abord vous rappeler: en peu do mots, et les moyens employés par M. Lichtenstein pour parvenir à ce déchiffrement, et les résultats principaux de ses premiers essais ; publiés dans le Braunschweigisches Magazin. Dès le mois d'août 1801, M-le docteur Hager avoit publié, dans le Monthly Magazine, une‘des briques que la compagnie des Indes d'Angleterre avoit reçues depuis peu , maïs sans y joindre aucune disser- tation, | La vue seule des caractères empreints sur 442 | Antiquités. cette brique fit naître à M. Tichtenstein l'idée que ces caractères n'étoient qu'une variété. de l’ancien caractère arabe, que lon connoît sous le nom de cufique , et qui, dérivé de l'écriture syriäque noM= mée estranghélo , se retrouve encore avec peu d’alté- ration dans le caractère des Arabes d'Afrique, et surtout de ceux de lempire de Maroc. I! lut sur- le-champ quelques mots, et bientôt partant de cette supposition, que la-langue dans laquelle cela étoit écrit n'étoit autre que de l'arabe; et que l'écriture étoit réellement analogue à l’ancien alphabet'arabe, il obtint, ou du moins al crut obtenir une suite de mots qui lui parurent former une sentence tirée de l'alcoran, ou imitée de ‘ce livre, ét qu'il traduisit ainsi :.« Nous :bâtissons -sur toi; ( c'est-à-dire, nous « mettons notre confiance en toi }, car c’est toi qui « nous à tous créés, Ô Dieu! le très-saint, le très- « véridique ! sois-nous favorable ; car sur toi [repose] « la sécurité. Restaure-nous, nourris-nous, car c’est « toi qui nous a tous créés »: Pour bien juger de la valeur de ‘cette ‘première découverte , qui a:servi de base à toutes les au- tres, il faudroit avoir sous les yeux les mots arabes mêmes ;que M. Lichtenstein croit avoir lns sur cette brique. Ce savant me les a pas donnés dans le compte qu'il à rendu de sa découverte; maïs un de més corres- pondans me les a! coïnmuniqués , et j'en dira un te däns la suite. à ::4M. Tichtenétein chercha aussitôt X appliquer l'al- phabet qu'il s’étoit formé à l’aide ‘de: cette brique, à quelques-unes des inscriptions de Téhékelminar;, Monumens persépolitains. 443 publiées par M. Niebubr, et dont les caractères lui parurent avoir le plus d’analogie avec ceux de cette brique. J’ai dit précédemment que, de l’aveu de presque tous les savans’, les ruines de Tchéhelminar présentent trois systèmes différens d'écriture. Celui de tous dont les formes paroissent le plus compliquées, est précisément celui auquel M. Lichtenstein s’est attaché de préférence : il a appliqué son alphabet aux inscriptions désignées sur la planche 24 de Niebuhr, par les lettres C, E et L, et il a réussi à y lire des mots persans. L'inscription C lui a même donné un sens suivi; mais avant de le rapporter , observons que notre auteur prétend s'être assuré , par ces inscriptions, que cette écriture doit être lue de droite à gauche et non de gauche à droite. M. Wah! avoit déjà cru que la marche n’en étoit pas uniforme. M. Lichtenstein conclud de cette observation, qu'il croit décisive, que M. Tychsen de Rosiock, parti du principe contraire, n’a pu que s’égarer dans les efforts qu'il a faits pour déchiffrer quelques-unes des inscriptions de Tchéhelminar. Voici ce que notre- auteur trouve dans l'inscription C : « Le roi, le prince « souverain de tous les princes, le seigneur Saleh, « Jinghis, fils d'Armérib, gouverneur général pour « l'empereur de la Chine Orkhan-Saheb ». Il eût encore été à désirer que l’auteur nous eût commu- niqué les mots persans qu'il a cru lire ici. Cette inscription , quoi qu’il en soit , donne quelques moyens de vérification, puisque l’on peut du moins rechercher si les noms propres qu’elle doit contenir appartiennent à l’histoire, M. Lichtenstein ne se TG- 444 Antiquités. fuse pas à cet examen critique, mais il ne croit pas qu'on doive trop s'arrêter à la preuve mes qui pourroit en résulter. « Cette inscription, dit-il, justifie j jusqu’ à un cer- « tain point cette tradition rappeée, par Koœmpfer, suivant laquelle Tamerlan doit avoir fait graver des inscriptions à Tçhéhelminar; car si la.chose ne se trouve pas vérifiée ici, quant à la personne même de Tamerlan , du moins y voit-on un prince mogol, un Schah-Saleh de la maison de Genghizkhan , ou Ténoudjin, qui a gouverné la Perse , on y a com mandé une armée au nom de son suzerain Orkhan- Saheb, empereur dela Chine. En supposant que ces deux noms ne se trouvassent point dans les livres d'histoire que nous sommes ordinairement à portée de consulter, comme effectivement je les y ai cherchés en vain jusqu'à ce moment, cela ne devroit cependant faire révoquer en doute nil’auto- rité de l'inscription , ni la justesse de mon déchif- frement. Les sources où nous pouvons puiser: pour l’histoire d'Asie dans ces temps-là, sont en trop petit nombre et trop incomplètes », En preuve de cette assertion, M. Lichtenstein cite la ville d'Anbar, ou autrement Haschémia, résidence des deux premiers khalifes Abbasides, dont la plu- part des historiens, dit-il, omettent de faire men tion. Cette preuve ne paroîtra pas d’un grand poids : il est faux même que la ville d’Anbar:soit aussi-peu connue que semble le croire M. Lichtenstein. | Je me. vois obligé d’omettre deux .ou trois petits monuipeps. avec fs caractères persépalitains , dont RAR SAR A A RLRARR EF A 7 2 à æ nous dit M. Lichtenstein ; est araméénne, Monumens persépolitains. 445 M. Lichtenstein explique également, d’après son alphabet , les légendes-ou inscriptions qui sont, sui vant lui, en pur arabe. Je ne puis cependant me dispenser de dire un mot d’un cylindre fait d’une chalcédoine qui doit, suivant la conjecture de notre savant, avoir servi d’étui pour renfermer un amulette, Ce cylindre représente trois figures de génies ou de divinités, dans lesquelles M. Lichtenstein croit recon- noître la trinité indienne, et une légende composée, ainsi qu'il J’assure , en vers rimés, ‘dont le sens est : Nous le renfermons ici, Asch le père de Hakem; tenez-le caché en gardant le silence. M. Lichten- stein, sans doute à cause du nom de Hakem, voit ici un monument de la religion des Druzes; il entend cependant pas le nom de Hakem qu'il lit ici, du khalife Hakem-biamr-allah, mais d'un per- sonnage plus ancien qui appartient , suivant lui, à Vantique mythologie païenne des Perses. Il me seroit impossible de suivré ici notre auteur, qui s’écarte beaucoup de son sujet, et laisse toute carrière à son imagination pour justifier le sens qu'il donne aux emblèmes qu'offre ce cylindre. - M. Lichtenstein va nous offrir un objet d’une plus grande importance, et qui doit influer puissam- ment sur le jugement que l’on portera de sa décou- verte: Ce n’est rien moins que la traduction complète des inscriptions qui couvrent de l’un et de’ autre côté plus des deux tiérs du caillou rapporté du Diarbecr par le C. Michaux. « Cetté inséription, où, « comme on dit ordinairement, mais à tort, cal- 446 Antiquités. L'4 2 daïque. Klle contient un discours que le prêtre du temple du dieu de la mort adresse aux femmes revêtues d’habits de deuil, et assemblées au jour de la commémoration de toutes les ames, auprès des tombeaux de leurs parens défunts, pour s'y livrer aux transports de leur douleur : il les exhorte, par ce discours, à modérer leur chagrin, à s’at- tendre avec confiance aux consolations de la divi- nité, à cultiver la pureté des mœurs et à s'occuper de leur ménage. Je donnerai, ajoute-t-il , une tra- duction fidèle, quoiqu’un peu libre, de ce monu- ment que j'ai déchiffré exactement et en entier ». Je me garderai bien de transcrire toute cette pieuse exhortation; mais du moins ne puis-je me dispenser de vous en donner un aperçu per quelques passages pris au hasard. LC R LS « Femmes qui portez des vêtemens de deuil, écqu- tez les ordres que je vous donne: l’infortune est pré- sente aux yeux de tous tant que nous sommes. Des pensées déchirantes reposent auprès des tombeaux, lorsque nous les ouvrons chaque année au retour de l'époque consacrée à cette fête. « Et cependant notre retour dans le séjour qu’habi- tent nos pères est une vicissitude du sort qui nous rend la liberté, lorsque la souveraine puissance des corps célestes nous permet d'entrer en partage des joies pures et nobles... « L'armée du ciel ne nous abreuve de\vinaigre, que pour nous prodiguer les remèdes propres à pro- curer notre guérison. Si elle sépare souvent tant d'amis fidèles, elle les réunit ensuite pour toujours. Monumens persépolitains. 447 ñ Elle ne retire aux mortels les soutiens de sa grâce, que pour les éprouver. « La foiblesse, ne l’oubliez pas, est le partage des femmes ; trop souvent vous êtes aveugles sur vos f c] propres fautes. Nous vous recommandons aujour- d’hui solennellement la morale qu’enseigne notre croyance , afin que nos ordres soient obéis. Votre bonheur est assuré, nous vous en sommes les garans , pourvu que vous fassiez parvenir à leur maturité le fruit de votre espérance lorsque nous vous en im- posous la sérieuse obligation. C’est ainsi que la plaie de votre affliction se fermera, qu’elle se cicatrisera', A 1 % À AR 8 et fera place à une confiance assurée , et que la ruse des passions qui vous tendent un piége, sera déjouée. Le remède à vos chagrins cuisans, comme à’ la colère terrible des dieux, est tout entier dans les & A = L consolations des femmes pieuses qui accomplissent la loi avec un zèle sincère. Elles trouveront aussi le chemin de votre cœur, ces douces consolations, si FR . r 1 er vous croyez aux -rétributions assurées de l'éternité , A ÿ = si vous, fuyez les erreurs d’une pernicieuse doctrine nouvellement inventée, si vous évitez le crime grave de l’apostasie , et si votre langue ne se rend point coupable d’un horrible blasphème. Ce sont là les appuis les plus fermes de la pureté des mœurs, Oui, soyez pures, chastes, pieuses, et pleines de dévotion: que votre amour soit unignement , et sans partage, consacré à vos époux ». Tel est Le sujet et. le style de cette inscription; j'en ai à peine transcrit la sixième partie ; mais ce que j'en ai rapporté est suffisant pour en donner une juste idée, ä £ & fñ £ 448 Antiquités. jus .-M.Lichtenstein, après avoir donné la traduction de cette inscription, s'occupe à réfuter les objections qu'on pourroit faire contre son système." Il seroit injuste , dit-il , et indigne d’un amateur impartial de la vé- rité, de le rejeter par la raison que des briques qui doivent avoir servi à la construction des murs de Ba= bylone, ne peuvent porter des caractères arabes, ni ofirir des sentences tirées ou imitées de l'alcoran. Sans doute, le préjugé doit céder à la preuve de fait; et st M. Lichtenstein , au. moyen des caractères et de læ langue arabe, parvient à lire et à expliquer d’ure ma- nière satisfaisante les, caractères empreints sur ces bri- ques , il faut se rendre à l'évidence ; et reconnoitre que ces briques n’ont pas l'antiquité qu’on leur suppose ; et que si elles se trouvent au même lieu ‘où a existé au trefois Babylone, il ne s’ensuit pas pour'cela qu’elles aient jamais appartenu à cette ancienne reine des cités. Soutenir le système contraire ; dit eneore notre auteur, ne serot pas plus raisonnable que de prétendre que les caractères gravés sur les ruines de Tchéhelminar sont les effets d’une éruption volcanique , ou Le pro- duit du travail de quelques vers ou insectes. Ici M. Lichtenstein a en vue le système étrange de feu M. le professeur Witte de Rostock. . Ilne me reste plus à rendre compte que du dérnier nu- . méro du Braunschweigisches Magazin, dans lequel notre savant fixe l’âge des briques , dites de Babylone, au 7.° ou 8.° siècle de l'ère chrétienne , ce qui doit être effectivement, si les caractères qu’elles offrent sont des caractères arabes. Quant aux inscriptions de Tchéhel- minar , M. Lichtenstein ne les croit pas beaucoup plus anciennes : Monumens persépolitains. 449 anciennes : il en distingue trois espèces qui diffèrent l'une de l'autre par le plus ou moins de simplicité des caractères, et il croit que l'écriture empreinte sur les briques n’est qu'une mauvaise imitation de celui des trois systèmes d'écriture de Tchéhelminar, qui est le plus compliqué et par conséquent le moins ancien , êt qu’en général le caractère cunéiforme est la source de tous les alphabets. Ensuite notre auteur donne une idée de l'alphabet cunéiforme , tel qu’il l’a conçu. Je ne puis pas extraire cette partie de son travail ; mais il me suffira de dire que la clef de tout le système de M. Lichtenstein consiste à supposer.que , dans chacune des figures ou combinaisons formées par la réunion d’un plus ou moïns grand nombre de clous ou coins, il n’y en a qu’une partie qui constitue véritablement la figure de la lettre, les autres étantajoutés arbitraire- ment , sans aucune nécessité, sans aucune règle, et ne servant qu’à altérer la conficuration primitive et essen- ‘tielle. Au moyen de cette supposition, plusieurs grou- pes où combinaisons différentes sont ramenés à une seule et même valeur, et le nombre de ces combinai- sons qui paroissoit beaucoup trop grand pour une écri- : ture alphabétique, est considérablement diminué. Pour débarrasser ces figures primitives de tous les acces— soires qui les masquent, pour ainsi dire , à la vue, M. Lichtenstein n’a eu d'autre guide que les formes de l'alphabet grabe cufique , qu'il a cru reconnoitre dans ces combinaisons surchargées de traits superflus. Tel est l'extrait fidèle du travail de M. Lichten- stein , qui promet de donner un exposé plus complet et plus circonstancié de sa découverte , et d’y joindre des Tome F, F£ 40 Antiquités. planches propres à répandre plus de jour sur son al= phabet, dès qu’il aura complété ses recherches sur tous les systèmes d'écriture qui APR PRE. à à ce genre de caractères. Maintenant il me reste à vous exposer mon opinion sur la découverte supposée de M. Lichtenstein. En le faisant, je ne dois point perdre de vue que je pourrois bien être dans le cas de ceux dont notre savant paroît avoir prévu V incrédulité, incrédulité dont il a cru pou- voir assigner la cause à certains préjugés.« Je dois bien « m'attendre , dit-il, que plus d’an savant orientaliste À révoqueront en doute ma déçouverte, ou peut-être chercheront à en' démontrer la fausseté, précisément parce qu’elle sembleroit leur faire le reproche un peu « dur, de n’avoir pas remarqué cette ressemblance si « frappante , et qui saute aux yeux, entre les princi- « paux traits qui forment les lettres de l'écriture cunéi- « forme et les élémens de l'alphabet cufique ou es- tranghélo , et d’avoir , au contraire , par suite de leurs « préjugés, méconnu cette ressemblance : le reproche « leur sembleroit plus supportable , si je soutenois que l'écriture cunéiforme est composée de lettres abso- Le « lument nouvelles, et parfaitement inconnues jus- « qu'ici. En effet, ik seroit presque incompréhensible, « comment cette découverte auroit pu échapper à un » homme doué d'autant de sagacité et de connois- « sances aussi profondes que le docteur Hager, qui « réside actuellement à Paris, et comment Fil auroit pu « ne pas s’apercevoir que ces briques de Babylone, « qu'il a si souvent considérées, et qu'il a même des- « sinées pour les faire graver, ne contenoient ni plus Monumens persépolitains. 4x ni moins que quelques misérables sentences arabes, « qu'il étoit assurément en état d'entendre et d'expli= « quer bien mieux que je ne l’ai pu faire, vu le peu « d'usage que j'ai de cette langué , pour peu que cette « pensée lui fût seulemert venue dans l'esprit. Mais « certes, s'étant mis une fois en tête que ces briques « avoient été faites et gravées par l’ordre de Bélus et e de Sémiramis , il ne pouvoit lui venir en pensée d'y lire, en prenant pour guide la simple analogie du « caractère cufique , de pieuses sentences d’un dévot musulman, etc. » ñ Je suis trèséloigné de nier que le préjugé dont parle ici M. Lichtenstein, ne puisse effectivement aveugler quelquefois des hommes plus savans que moi; et je sais que dans toutes les sciences qui exigent le secours du génie et de l'imagination, c’est souvent parce que l’on porte ses regards trop loin, qu'on n’aperçoit pas ce qu'on a en quelque sorte sous les yeux. Mais du moins faut-il avouer ; que quand un autre plus heureux ou plus habile a fait la découverte dont nous désirions avoir l'honneur, plus elle est simple et naturelle, plus il est difficile que l’amour-propre ou le dépit nous aveuglent au point de la méconnoître. Et, à cet égard, j'ose assurer que quelques efforts que J’aie faits à diver- ses reprises pour déchirer au moins un coin du voile qui couvre les caractères persépolitains, et malgré le défaut absolu de succès, j'ai toujours souhaité bien sincèrement que quelqu'un des savans qui couroient la même carrière , tels que MM. T'ychsen de Rostock : et Münter de Copenhague , réussit dans cette pénible tâche. Cette conscience de mon impartialité me déter- Ff2 452 Antiquités. mine donc , nonobstant les observations de M. Lich« tenstein, à vous communiquer mes difficultés que je soumets bien volontiers aux lumières des savans , et en particulier au jugement de M. Lichtenstein lui-même; et je désire qu’il parvienne à dissiper les doutes qui m’empêchent jusqu’à présent de me joindre à ceux qui ont applaudi à son premier essai. J'avoue qu’il seroit plus aisé de porter un jugement certain du système de M. Lichtenstein, si, awlieu de nous donner seulement des traductions allemandes des inscriptions et des légendes qu’il prétend être écrites en arabe ou en chaldéen, et qu’il croit avoir déchifirées, il nous avoit communiqué le texte même de ces mo- numens. Mais quoique ce secours nous manque , il y a cependant, ce me semble, de fortes raisons de douter que la découverte de M. Lichtenstein soit réelle. 1°. Notre auteur nous assure qu'il lit l'écriture per- "sépolitaine de droite à gauche. La raison qu’il en donne ne proüve rien du tout. Il a remarqué, dit-il, un mot composé de trois lettres qui, suivant la marche qu'il suppose à cette écriture, commencé une des inscrip= tions publiées par M. Niebubr. Dans une autre inscrip- tion , une partie de ce même mot termine la deuxième ligne à gauche, et le reste occupe à droite le commen- cement de la troisième ligne. Mais si on lit de ganche à droite, on remarquera que ce mot est composé de quatre et non de trois lettres ; que dans l'inscription C les trois premières lettres finissent la première ligne à droite , et la quatrième commence la deuxième ligne à gauche; et que dans l'inscription E, la première lettre du même mot termine la première ligne à droite, ————— — Monumens persépolitains. 453 et les trois autres commencent la deuxième ligne à gauche. Je ne sais même comment il pourroit encore rester quelques doutes sur la marche ordinaire de cette écriture , d’après les observations que nous avons faites ensemble sur l'inscription du caillou du C. Michaux, et que vous avez insérées dans la description que vous avez donnée de ce monument. Je dis /4 marche or- dinaïre , parce que je ne veux pas nier que plusieurs cylindres et autres monumens ne présentent un sys- tème d'écriture verticale , comme l’ont'rendu très-pro- bable les observations du savant docteur M. Hager. 2.° Si j'en juge, tant d’après l'aperçu qu'a publié M. Lichtenstein, de son alphabet , que parce qui m'en a élé communiqué par quelques savans, nos amis communs, c’est d’une manière purement arbitraire , Sans aucune règle , sans aucun système tant soit peu plausible, que M. Lichienstein supprime à volonté une partie des traits qui composent chaque groupe, pour n'avoir égard qu'à ceux “qu'il lui plaît de considérer comme primitifs , essentiels ou fondamentaux , tandis qu’il refuse toute valeur À ceux qu'il regarde comme accessoires et apparemment comme uniquement des- tinés à déguiser la vraie forme des lettres. : 3.° IL est étonnant qu'entre les différens. systèmes d'écriture persépolitaine > Ce soit précisément ceux qui sont visiblement les plus compliqués qui aient été les premiers déchiffrés et expliqués par notre sa- vant. Dans le système qu'il adopte, chacun des grou- pes de ce genre d’écriture n’est qu'une seule lettre , tandis que la comparaison des trois genres d'écriture que nous offrent les inscriptions de Persépolis, m'a Ff3 454 | Antiquités. toujours paru démontrer que ces groupes si com- pliqués équivalent à des motsentiers ; et il m'est permis d'abandonner avec peine ce résultat, puis- que l’examen des mêmes monumens a suggéré la même idée à MM.Tychsen, Münter et Grotefend. Ajoutons que le système d'écriture le plus simple» celui que les savans que je viens de nommer ont tous regardé avec moi comme une écriture vraiment al- phabétique , se prête bien moins à la supposition de M. Lichtenstein, qui, au moÿen de la suppression arbitraire d’une partie des élémens de ces groupes , y retrouve un alphabet cufique ou estranghélo. 4°. Je ne sais ce que les lecteurs penseront de la traduction donnée par M. Lichtenstein des i inscrip- tions du caillou du €. Michaux , et de la légende du cylindre, où il croit voir un monument de la re- ligion des Druzes. Quant à ce dernier morceau , tout ce que M. Lichtenstein dit à ce sujet est si peu na- turel , si obscur , surtout si étranger à la doctrine des Druzes , que je n'ai pas même pu prendre sur moi d'en faire l'extrait. Pour les inscriptions du caillou du C. Michaux, on peut demander si cette longue et triste exhortation est bien dans le genre oriental ; si, dans les emblèmes mythologiques dont ce monu- ment est chargé, et que M. Lichtenstein n’a pas même essayé d'expliquer , il y a la moindre analogie avec une pareille harangue : on peut même demander comment il est venu à l'esprit de notre auteur de chercher ici quelque autré chose qu’un talisman; com- ment il a pu, dans une matière aussi nouvelle, tra- duire sans aucune hésitation, sans aucun täitonnement, Monumens persépolitains. 455 sans aucune lacune , des inscriptions aussi longues , et dont le sujet ne reçoit aucune lumière de l’his- toire , ni du lieu où le monument a été trouvé, puis- qu'il ne paroît point appartenir aux ruines de quel- que édifice célèbre. Ainsi isolé, il sembloit qu’il de- voit être plus difficile à expliquer que tout autre, et que les emblèmes dont il est chargé, pouvoient seuls en donner la clef. M. Lichtenstein est-il parvenn à l'expliquer sans aucun de ces secours, par une sorte d'inspiration , par un heureux hasard ? Il est permis d'en douter , jusqu’à ce qu'il nous communique le . texte chaldaïque de ces inscriptions, 5°. Le peu de mots prétendus arabes que M. Lich- tenstein croit avoir trouvés sur le cylindre , ne le sont pas du tout, ou je me trompe fort; et je dis ceci avec d'autant plus d'assurance , que j'ai eu communication de quelques fragmens du texte de ces prétendues légendes ou inscriptions arabes et chaldaïques. Je ne nie pas que quelques mots ne soient effectivement de ces langues ; mais l’ensemble est pour moi le plus fort préjugé que la découverte de M. Lichtenstein est une illusion de l'imagination. Les lecteurs pour- roient bien avoir fait la même difhiculté sur le sim- ple exposé de l'inscription qu inous offre , suivant M, Lichtenstein , un Orkhan Saheb, ou un Schah Saleh inconnus dans l’histoire. 6°. Enfin, l’âge assigné par M. Lichtenstein aux monumens dont il croit avoir déchifiré les caractères, me paroîtra toujours un violent.préjugé contre se. découverte, tant qu’elle ne sera pas mise dans une dvidence qui fasse taire tout scrupule. Ff 4 456 Antiquités. = Je désire que ces objections soient détruites par M. Lichtenstein, et que le mémoire qu'il se propose de publier incessamment sur ce sujet , justifie pleine- ment l'espoir que plusieurs savans dont je respecte les lumières , .ont conçu d’après son premier essai ; quoique je ne partage pas cet espoir ,.je me verrois avec la plus sincère satisfaction , obligé d'abandonner mon opimon et de me ranger parmi les admirateurs d'un savant qui a déjà acquis d’autres droits à la re- connoissance des amateurs de la littérature orientale, par plusieurs écrits remplis de sagacité et de cri- tique (x). . | Je n'ai encore rempli que la moitié de la tâche que vous m'avez imposée : car il me reste à vous parler du: travail de M. Grotefend , et cela me sera d'autant plus facile que ce savant, à la recommandation de MM, Heyne et Tychsen de Gottingue, dont je m'honore d’être le collègue, et qui veulent bien m’accorder leur amitié, a eu la complaisance de me faire passer une copie du mémoire qu'il a présenté à la Société royale de Gottingue , et qui y a été lu dans la séance du 4 septembre dernier. M. Tychsen a rendu compte de ce mémoire, qui a pour titre : Prævia de cuneutis, quas vocunt, inscriptionibus persepolitanis legendis et explicandis Relatio, dans le cent et quarante-neu- vième numéro des Annales littéraires de Gottingue, à la date du 18 septembre 1802 ; et vous avez fait con- noître la notice qu'il en a donnée dans un des n.% de la (4) Voy. Micrazzrs, Or. und. exeget. Bibl. p. viir, p. 167; p: xt, p. 60. Eichhorn’s Allg, Biblioth. t. 11, p. 69 ;t.VI, p.407; t X, p, 478, etc. Monumens persépolitains. 457 8.8 année du Magasin Encyclopédique. M. George- Fréderic Grotefend n'est point un orientaliste , et n’a apporté au déchiffrement des inscriptions de T'chéhel- minar (car ce sont les seuls monumens persépolitains dont il se soit occupé ) aucun des préjugés qui peuvent, suivant M. Lichtenstein, avoir empêché d'autres sa- vans de prendre ces inscriptions pour ce qu'elles sont. 11 n’a employé d’autres procédés que ceux que l’on doit mettre en usage pour déchiflrer toute écriture in- connue ; et l'examen des inscriptions publiées tant par Corneille le Brun, que par M. Niebuhr, lui a donné les résultats suivans : 1°. Les caractères cunéiformes ne sont pas de sim- ples ornemens de fantaisie ou des figures numérales : ce sont les élémens d’une véritable écriture quel- copque. J 20, Les inscriptions de Tchéhelminar offrent trois sys- tèmes différens d'écriture cunéiforme. Chaque inscrip- tion est triple ; et qui connoitroit.le sens de l’une, au- roit par cela même le sens des deux autres qui lui correspondent. M. Grotefend distingue ces trois sys— tèmes par le surnom de premier, deuxième et sroi- sième, et indique les inscriptions connues qui appar- tiennent à chacun de ces trois systèmes, Ges trois sys- tèmes lui paroissent aussi se trouver réunis dans la courte inscription du vase ægyptien donnè par le comte de Caylus , et qui appartient au Muséum de la bibliothèque nationale : c’est aussi l'opinion de M. Tychsen de Rostock, à qui l'on doit cet ingénieux rap- prochement, dont je n’oserois pas néanmoins garantir la certitude. 458 Antiquités. 3°. Dans le premier système, les mots sont séparés par un coin ou clou posé obliquement ; dans le second , par la même figure placée verticalement : d’où il suit que les caractères de ces deux systèmes ne sont point syl- labiques, mais uniquement alphabétiques ; autrement il faudroit admettre ici des mots de dix syllabes. Dans certains mots on observe, comme l’a fort heureusement remarqué M. Müinier, des inflexions grammaticales ajoutées à la fin du mot, et ces inflexions ont jusqu'à quatre caractères : il est donc vraisemblable que ces caractères représentent des lettres et non des syllabes. Voudroit-on que chaque caractère représentât un mot? alors chaque série de caractères prise pour un seul mot par M. Grotefend , formeroit une phrase ou for- mule quelconque : mais est-il vraisemblable qu’une même série de mots revint si souvent dans une même inscription, comme il faudroit lesupposerici, puisque l’on y remarque une’série de sept caractères qui revient très-fréquemment et même deux ou trois fois de suite? M. Grotefend ajoute à ce raisonnement qu’il a décou- vert un monogramme ou caractère abrégé qui, dans quelques endroits des inscriptions du premier système, tient lieu du mot formé de sept lettres, dont nous parlons, et que cette abréviation recoit, comme lé mot écrit tout au long, les mêmes inflexions gramma- licales. 4°. Toutes les inscriptions de Tchéhelminar con- nues, doivent être lues de gauche à droite. 5°. Dans le premier système d'écriture , il y a des. caractères destinés à exprimer les voyelles : Le nombre des figures est d'environ quarante : c’est trop pour ung Monumens persépolitains. 459 écriture où l’on ne représenteroit que les consonnes, trop peu pour une écriture syllabique : ce nombre se- roit encore bien grand si on ne supposoit que cinq fi- gures pour les voyelles; il y a donc lieu de croire qu’il y a ici des caractères particuliers pour les voyelles longues, et d’autres pour les voyelles brèves. M. Gro- tefend ay puie cette conjecture sur l’alphabet zend , et cette raison d’analogie, pour le dire en passant, me paroît plus forte que l’argument tiré du seul nombre des caractères. Jusqu'ici j'ai présenté brièvement les résultats de M. Grotefend, parce qu'ils sont 'en général absolu— ment conformes à ceux que l’étude des mêmes monu- mens a suggérés aux sayans qui s’en sont occupés, je veux dire à MM. Tychsen de Rostock et Miinter, et à mes propres observations, comme le savent les per- sonnes qui ont lu l’excellent essai de M. Miünter sur les inscriptions cunéiformes de Tchéhelminar. Quoique je sois convaincu de la solidité de ces ré- sultats , je ne dois pas néanmoins dissimuler qu’ils ne sont pas tout à fait à l’abri de quelques objections. Ainsi, contre la troisième proposition de M.Grotefend, on pourroit objecter que dans plusieurs lañgues où les mots se composent les uns avec les autres, ou bien recoivent dans leur corps ce que l’on exprime ail leurs par des mots séparés, comme les adjectifs pos- sessifs, les prépositions, les conjonctions, l'adjectif conjonctif , etc., il se trouve des mots de plus de dix syllabes : tels sont le samscrit, le basque , le groën- landois. Contre le cmquième résultat, on pourroit aussi objecter que toutes les consonnes , où du moins la plus 460 ” Antiquités. grande partie, sontsusceptibles d’une sorte d'aspiration qui en double le nombre, et le samscrit en fournirojt encore un exemple ; ainsi il ne seroit , à la rigueur, pas impossible que l'écriture des inscriptions cunéiformes n'offrit que des consonnes. Il pourroit encore se faire qu'il y eût dans cette écriture quelques ligatures ou figures composées; mais je ne m’arrête pas à ces objec- tions, et je passe aux autres résultats de M. Grotefend. 6.° Le fréquent retour de certains caractères dans les inscriptions de Tchéhelminar, du moins dans celles qui appartiennent au premier système d'écriture, a dé- terminé M. Grotcfend à regarder ces caractères, ainsi que nous l'avons pensé, M. Münter.et moi, comme des voyelles ; et attendu qu'ils reparoissent souvent et avec une sorte de profusion dans un seul mot , caractère qui est celui dû zend, il est naturel d'en conclure, ainsi qu’il le fait par son sixième résultat ; que ces ins- criptions sont en langue zende. M. Grotefend a d'abord hésité entre le samscrit et le zend; mais enfin il s’est déterminé pour la dernière de ces deux suppositions, et toutes les circonstances de localité semblent en effet lui assurer la préférence. 7.° M. Münter avoit établi que les monumens, et par conséquent les inscriptions de Tchéhelminar , qui sont incontestablement du même temps , appartiennent à l’époque qui sépare Cyrus d'Alexandre. Dans tontes celles que M. Grotefend croit avoir lues, il trouve lenom de Darius ou celui de Xerxés. Voici la marche qu'il a suivie, et qui l’a mené à cette découverte. Il ne sera plus question ici que des inscriptions du pre- mier système. Monumens persépolitains. 461 M. Grotefend est parti des inscriptions sassanides que j'ai lues et expliquées ; et comme les inscriptions de Tchéhelminar offroient la fréquente répétition d’un mot qui ne différoit de lui-même que par des ter- minaisons ou inflexions grammaticales, il en a conclu que ce mot devoit répondre au mot MALCA, roi, et MALCAN MALCA , rot des rois, des inscriptions sassanides. Ce mot une fois déterminé à cette signi- fication qualificative ,ilen a inféré que le mot qui précède celui-là devoit ; comme dans les inscrip- tions sassanides, être un nom propre , soit celui du roi, soit celui du père ou de l’aïeul du roi. Le même nom qui commencoit une des inscrip- tions, se trouvoit dans une autre , avec un change- ment dans la terminaison, eprès les mots qui étaient supposés devoir signifier roi des rois. M. Grotefend en a conclu que le même roi qui, dans la première inscription , étoit nommé au nominatif comme le sujet même de l'inscription, se trouvoit nommé dans la seconde au génitif, comme père de celui à qui appartenoit l’inscription, et qu’ainsi, des deux inscrip- tions, l’une appartenoit au père et l’autre au fils. Il a donc supposé que le premier nom étoit celui de Darius , et le second celui de Xerxés. Il croit le premier composé de sept lettres, FE L donne la valeur suivante : D-Â-R-H-F-Ü- SCH ; pour justifier cette lecture, il remarque que le nom de ce prince, dans le texte hébreu, se prononce DARYAVESCH. La valeur de cette preuve dépend du plus ou moins d'autorité qu’on accorde à la pro- nonciation massorétique des noms propres. J'avoue 462 Antiquités. i qu'en fait de noms étrangers à la la langue hébraïque , cette autorité me semble bien foible. Le nom de Xerxès lui paroit composé des sept lettres sûivantes : KH-SCH-H-É-R-SCH-É. La valeur des lettres de ces deux noms une fois admise, les quatre premières lettres du mot qui doit signifier roZ, et qui, sans compter les inflexions gram- maticales "en a sept , étoient connues; c’éloient ces quatre lettres : KH-SCH-É-H. Cette rencontre est heureuse, car en zend KHSCHEIO signifie ro, ce qui approche beaucoup du mot KH:SCH-É- H-I-0-H, que suppose ici M. Grotefend. Après le nom propre et la qualité de roi, se trou- voit un autre mot que M. Grotefend a jugé, toujours d'après les inscriptions sassanides, devoir être une épithète honorifique. Ce mot a quatre lettres ; la pre- mière devoit être un E, et la troisième un R, si le nom de Darius étoit bien lu. En conséquence ; M. Grotefend trouvant que le mot de quatre lettres E-GH-R-É signifioit en zend, fort , il a supposé qu'on devoit Fe lire ici. Le mot roi devoit être au génitif pluriel dans cette formule, roi des rois, exprimée dans les inscrip- tions sassanides par ces mots : MALCAN MALCA, à la lettre, regum rex. M. Grotefend avoit pour l'inflexion grammaticale quatre caractères ; le premier et le troi- sième étoient connus pour Ë ou À par le nom de Xer- xès. M. Grotefend, consultant les inflexions du zend, autant qu’on peut les connoître par les ouvrages de M. Auquetil-du-Perron, a lu l'inflexion ainsi : É- TCH-À-0; il a donc lu, pour les mots roi des rois _Monumens persépolitains. 463 { rex regum , et non comme dans les inscriptions sassanides , regum rex), KH-— SCH- É-II-I-ÔH = KH-SCH-É-H-I-0-H-É-TCH-Â-O. Ailleurs le nom de Darius étant au génitif paroït augmenté d’une lettre dans le milieu, et celui de roi a unesnflexion grammaticale compusde de trois lettres. M. Grotefend lit en conséquence ici D-À- R-H-E-ÂÀ-Ù-SCH — KH-SCH-É-H-1-O-H-À-F-É. Nous avons dit que chaque inscription est triple. L'inscription B, planche 24 du tome IT du Voyage de M. Niebuhr, qui commence, suivant M. Gro- tefend, par le nom de Darius , répond à l'inscrip- tion D ( ibid.) du second système, et à l'inscrip- tion C du troisième système. On connoït par À comment ce nom propre doit être exprimé dans ces deux autres systèmes. Dans l'inscription G du pre- mier système, M. Grotefend retrouve le même nom avec addition d’un seul caractère. Les inscriptions F et E, dont la première appartient au deuxième sys- tème et la seconde au troisième , offrent aussi le même rapport avec les inscriptions D et C. Dans linscription F, écrite dans une langue qui admet des inflexions grammaticales au mot roi, le nom propre, supposé être celui de Darius, a aussi une lettre de plus que dans l'inscription D. Dans l'inscription E , au contraire, du troisième système, où le groupe qui signifie roz est toujours invariable , le nom propre de Darius ne diffère en rien du même nom de l'inscription C. Cette observation , qui pourroit paroïtre minutieuse, et que n’a pas faite M. Grotefend, forufie beau- 464 Antiquités. coup le rapport des trois inscriptions correspondantes, et la conjecture , que ces caractères offrent non-seu- lement des écritures, mais aussi des langues diflé- rentes. Dans les inscriptions sassanides , le mot descen+ dant, éxyovos , est exprimé par un ue J'ai lui NÉPI, et je me suis attaché. à justifier cette lecture, que je crois avoir mise hors de doute. M. Grotcfend litici B-U-N, mot qui, en pehlvi, signifie szirps, race ; et je dois avouer qu'il y a long-temps que je crois avoir lu le mot POUN, en ce sens, sur plu- sieurs pierres gravées sassanides, ce que M. Grotelend n’a pu savoir; car je ne pense pas avoir communiqué cette conjecture à personne. i Puisque dans Vinscription supposée appartenir à Xerxès, le nom de Darius est joint à celui de Xerxès, il est naturel de penser que, dans celle qui appartient à Darius, on trouve le‘ nom de son père Hystaspe où Guschtasp, mais sans le titre de roi, qui ne lui convient point. M. Grotefend lit en effet ce nom avec l'inflexion propre au génitif singulier G-Ô-SCH-T-Â-S-P-À-H H-É , ct il ne trouve point ici le titre de roi, circonstance très- remarquable. La lettre qu'il prononce P , est la même qui commence le mot B-U-N, ou plutôt P-U-N ; le G, le Tet VS ne sont déterminés à la valeur qu'il leur assigne, que par conjecture. Je m'arrête ici, parce que les autres mots que croit avoir lus M. Grotefend , ne me paroissent ni aussi heureusement déchiffrés, ni expliqués d'une manière satisfaisante par la langue zende. Je Monumens persépolitains. 465 Je vais seulement vous mettre sous Les yeux les ins criptions lues et expliquées par M. Grotefend. Foyez la planche ci-jointe. Puisque vous ne vous contentez pas que je vous présente le résultat du travail de M. Grotefend , mais que vous voulez encore que je-vous en dise mon opinion, je ne vous dissimulerai pas qu'il me reste des doutes très-forts sur la valeur qu’il assigne à chaque caractère. IL m'a à peu près convaincu que le mot de sept lettres qui revient si souvent dans plu sieurs de ces inscriptions, et quelquefois avec des inflexions grammaticales , est le titre de roz, comme M. Münter l’avoit pensé, ce dont je doutois précé- demment, ainsi que vous l’avez vu dans l'essai de M. Müinter, p, 127; mais c’est à peu près tout ce . que je trouve de certain ici. Que les mots qui pré= cèdent celui-là soient les noms propres des princes, rien de plus vraisemblable; mais ces noms sont-ils effectivement ceux de Darius et de Xerxés ? j'en doute fort. M. Tychsen de Rostock a objecté à M. Grotefend qu'il varioit quelquefois sur la valeur qu'il assignoit à certains caractères : peut-être celte objec= tion ne vient-elle que de ce que M. Tychsen n'avoit sous les yeux que l'extrait du mémoire de M.Grotefend, du moins elle ne me paroit pas fondée ; mais j’avoue eque j'ai peine à admettre dans l'alphabet de M. Grotefend trois E indépendamment d’un A, et d'un À cu É, trois O, deux U, deux SCH , etc, Outre cela; l'aspiration dans le nom de Darius, D- À R-H-E-Ü-SCHame paroïit sans fondement. Je suis bien plus porté à adopter, comme du moins Z ome V. Gg 466 Antiquités. très-vraisemblable, la valeur des deux lettres KH- SCH, qui commencent le nom de Xerxés et le titre de ro7; car il y a toute apparence que Xerxès est le mot KHSCHETR ou KHSCHEHR, comme Ær/a- æerxés, dans les inscriptions sassanides, est AR TAHSCHETR; et, quant au mot roë, si ceci est du zend, il doit aussi commencer par les deux con- sonnes KH-SCH. Je pense donc que M. Grotefend est sur la voie, qu'il a déjà la valeur de quelques lettres, et qu’en suivant la marche qu’il a adoptée, et prenant pour terme de comparaison les monumens sassanides , ik doit chercher dans les inscriptions de Tchéhelminar les noms d'Ormuzd et d'Iran , les mots qui répondent à YEZzDAN, Dre, à VOHIO ou BEH, éxcetient, PLINOTCHETR, germe céleste , etc. Les inscriptions de Nokech: Aussi et de Kir- manschah se trouvent auprès de bas-reliefs qui offrent tous la figure de quelque prince ; il en est de même des inscriptions de Tchéhelminar expliquées par M. Grote- fend , ce qui rend en général le sens qu’il leur assigne très-convenable. Les inscriptions B, C, D paroissent destinées à l’explication des figures que M. Niebubr a représentées sur la planche 25 (voyez t. IT, p. 112 de son Voyage), et les inscriptions G, F et E se rapportent à un pareil tableau (z2bz4., p. 717). Ce ne sont pas seulement les caractères dont la valeur nous est encore ificonnue , qui s'opposent au déchif- fremént de ces inscriptions; c’est encore , en suppo- sant même qu elles soient en zend ou en pehlvi, le peu de connoissance que nous avons de ces deux Moñumens persépolitains. 467 langues. M. Grotefend ne sera sans doute pas peu en= couragé à poursuivre son travail, en apprenant que M. Anquetil-du-Perron auquel j'ai communiqué son mémoire, en a concu la plus grande espérance, que ses doctes travaux pourroïént servir à expliquer ces monumens de l’ancienne Perse , et qu’il ne désespère point que cet honneur ne soit réservé à M. Grotefend, dont il a pontcoup approuvé la méthode : ce nouvel essai a même réveillé dans M. Anquetil le désir que lui avoit déjà inspiré le travail de M. Münter et celui de M. Tychsen, ainsi que mes propres solli- citations, de mettre la dernière main aux ouvrages élémentaires qu’il a commencés, il y a long-temps, sur le zend et le pehlvi, ouvrages que l’Europe sa- vante ne peut attendre que de lui seul, et dont elle jouiroit il ya long-temps , m'a dit avec attendrisse- ment ce respectable vieillard , si on lui eût témoigné, il y a trente ans, une partie de l'intérêt qu’il aper- goit aujourd’hui, pour ce gerre de recherches sa- vantes. Je vous ai obéi, mon cher Millins.si les savans jugent que je me suis trop pressé de donner quelque publicité à mon opinion , le reproche tombera sur vous. Je suis bien loin de désirer que mes doutes et mes objections ralentissent le zèle de MM. Grotefend et Lichtenstein ; je souhaite, au contraire , m'être trompé, et je suis prêt à effacer mes torts, en annonçant moi- même leurs succès ultérieurs. Je vous salue. | SILVESTRE DE SACY, 39 pluviose an xr. Gzg a ro + AGRICULTURE. ALIGEMEINE Geschichte der Obstkultur von den Zeiten der unwelt an, bis auf die gegenwærtigen herab ,' Erster Band. Ge- schichte der Obstkultur von den Zeiten der Urwelt bis zu Konstantin dem Gros- sen ; von D. Fr. Karl. Ludw. SICKLER, nebst einer genetischen Obstcharte und 2 andern Kupfern. Cest - à-dire, HISTOIRE génerale de la Culture des Arbres fruitiers , à dater des premiers siècles jusqu’à nos jours; par M. Fr. SIcKLER ; accompagnée d’une carte générique des fruits, et de deux autres planches.—V ol. I.“ Histoire de la Culture des Arbres JiHEUerSS depuis les plus an- ciens temps jusqu'à Constantin. Franc- fort - sur- le - Mein, dans la librairie de Jæger. 1802. In-8.° de 507 pages. L_esrimance auteur de cet ouvrage avoit , depuis long-temps, concu le projet de donner‘une description systématique des fruits connus des anciens , des wations qui les ont principalement cultivés, des voies que cette culture a prises pour arriver jusqu’en Allemagne , et des hommes qui ont le plus mérité Histoire. 469 à cet égard. Une connoissancé très-vaste de Van- tiquité a fourni les matériaux de cette entreprise , et?ce premier volume en est une preuve incontesta= ble : il va jusqu’au temps de Constantin. Ce beau travail donne les généralités suivantes : 1°. Les espèces primitives de tous les arbres fruitiers se sont trouvées originairement dans les pays qui en- tourent la Mer Caspienne , dans l'Asie mineure , dans la Syrie, la Phœnicie et la Palestine. Ce sont les Phœniciens et les Phocéens , mais principalement les Grecs et les Romains qui ont répandu ces espèces dans lereste des pays cultivés. Aucun arbre fruitier n'a pris son origine en Europe : aucun , autant que nous l’apprend l’histoire, ne nous a été apporté d'A- frique ou d'Amérique. ; 2°. Ce ne sont que les pays de l'Asie situés entre le 36.2 et le 53.° degré de latitudé qui ont donné l’ori- gine aux arbres fruitiers. IL n’y a que la même latitude et le même climat qui aient favorisé la culture des arbres fruitiers en Europe. : 3°. Les espèces primitives ont varié de plus en plus, avec le temps, et on n’a connu que trois sortes de poires du temps d’Aristote et de Théophraste , tandis qu’on en trouve déjà sept du temps de Caton, et cinquante-six du temps de Pline et de Colu- melle. Les autres arbres fruitiers présentent des phœno- mènes semblables à ceux du poirier. Les variétés ont été multipliées ou par la culture de l'espèce même , ou par la grefle. Les variétés différentes d’une même espèce furent combinées ensemble et formèrent les sous-variétés. â Gg3 470 Agriculéure. On est étonné de voir dans l'exposition curieuse et savante que l’auteur donne des différens genres de cul- ture de la terre dans différens siècles | combien tout cela diffère de ce que nous faisons aujourd’hui. Presque toutes les manières de greffer ont été connues des anciens ; mais les auteurs nous donnent mal- heureusement peu de détails sur la formation des. variétés. Nous savons cependant que les prune-aman- des furent produites en Espagne lorsqu'on y greffa le prumier, sur l’amandier ; que les cerises ont été produites:en Italie du temps de Pline, par les gui- gies et le laurier; que les pommes d’appi sont dues à un certain Appius, qui greffa le pommier de la scandiané sur l'arbre à coins, etc. Le même cas a probablement eu lieu à l'égard des autres arbres fruitiers. L'auteur, en faisant dans son ouvrage des extraits ‘complets des classiques de l'antiquité où il a puisé, donne en même temps le résumé des espèces et va- riétés connues à chaque époque de l’histoire. C’est d’après ces examens qu’il a essayé de dessiner à la fin du premier volume , une carte sur laquelle sont ex- primés par des signes de convention, les fruits et les diverses routes que les arbres fruitiers ont suivies sur la terre connue jusqu’au temps de Constantin, On voit que cette carte , d'après nos connoissances ac= tuclles , ne peut être ni complète ni toujours fondée sur des données tout à fait constatées , et que le savant auteur a été quelquefois dans la nécessité d’avoir re« cours à la vraisemblance et à des raisonnemens ap- proximatifs ; mais il n’a pas fait abus des con- f x Histoire. 471 jectures. Il est certain, par exemple, que l'olivier et le figuier ont été, selon Strabon, portés par les _Phocéens , de l’Asie mineure dans le Midi de la France, et que, selon Pline; les cerisiers ont passé du Pont en Italie , dans le pays des Gaules , et delà, du temps de Lucullus, en Angleterre. Il est certain aussi que la vigne, le figuier , le poirier, le pommier ont été transportés par Hélico en Suisse’; que les armées ont porté les figuiers de Carthage à Rome ; que les coins sont venus de la Crète en Ita- lie ; que Papinius a transportéle prunier et le pêcher -de l’Afrique en Italie , ete. Tous ces faits sont his- toriques : mais le voisinage des lieux où les espèces ont pris leur origine , les fleuves qui coulent dans ces lieux , leur fertilité , le caractère des peuples qui les habitent , etc., fournissent des données moins sûres pour l’histoire-de la transplantation ; ce n'est pourtant qu’ainsi que l’auteur a su conclure ingénieusement que les figuiers sont venus de Tyr et de Sidon à Carthage , et qu'ils aient passé delà en Italie, au -lieu que les pêchers ne sont venus que du temps de Caton, d'Ægypte en Italie. La carte indique, pour les temps fabuleux; la situation probable du ‘jardin - Eden , du: Mont Ararat, où Noë planta la première vigne; lesotraces du chemin d’'Hercule pour arriver au jardin des Hespérides ; et , pour les temps his- toriques ; elle présente l’origine de ‘différens arbres fruitiers : elle place, per exemple , les pommiers, les poiriers , les cerisiers , les noisetiers dans le Pontet les pruniers en Syrie , la vigne en Albanie, l'arbre à coins en Crète, le pêcher en Perse et en Ægypte, : Gg 4 472 Agriculture. | Väbricotier en Arménie ; les figuiers , le mürier et le grenadier en Palestine ‘et autres lieux ; le citronnier en Médie, Folivier et le noyer près de la Mer Cas- pienne, le framboisier , le cerisier, le néflier dans les environs du Mont Ida , le sorbier dans l'Asie mineure , l’amandier à Idumæa , et le châtaignier dans les environs de Sarde. On trouve sur cette même carte la situation probable des jardins d’Alcinoüs , de Caton , de Columelle , de Eucullus, de Laertes , de Midas, de Pline, de Palladius , de Sénèque , de Sémiramis et de Varron. Une table explicative in- dique les passages de l'ouvrage dans lesquels se trou- vent les preuves de ce que l’auteur a exposé. L'espace ne nous permet pas d'entrer dans un plus grand détail sur cet ouvrage , mais nous croyons en avoir assez dit pour prouver avec combien de succès l’auteur a su se frayer une nouvelle route dans up sujet qui n'avoit pas été traité avant lui. Cet au- teur, aussi aimable que modeste, est actuellement à Paris , où il s’est attaché à une famille respectable , dont le pauvre ne peut prononcer le nom sans recon- noissance , et l'amitié sans attendrissement , et qui fait profession d'aimer et d'honorer les talens. M. Sickler, très-jeune encote , possède , dans les langues, les an- tiquités, l’histoire naturelle et les arts, des! connois- sances extrèmement précieuses , et on ne peut attendre de lui que des productions dont le mérite égale celle que nous annoncons. A. L. M. | LL, LITTÉRATURE ORIENTALE. HORÆ 818LICÆ ; Part the second : being a connected series of miscellaneous notes on the Koran,the Zend-Avesta, the' V’edas, the Kings, and the Edda. Prin- ted in the Year. 1802. x vol. in-8.° C'est-à-dire, HEURES consacrées à l’étude de la Bible; seconde partie, consistant dans un mélange de notes sur le Coran, le Zend-Avesta, les Védas , les Kings et les Edda. 1802. 1 vol. in-8.° de 148 pag. L'acreur est Charles Butler , avocat à Lincoln, savant distingué, proche parent d'Alban Butler, au- teur de la Wie des Pères, des Martyrs, etc., en anglais, dont ily a, en français ,; deux éditions en 12 vol. in-8.° et un abrégé qui vient de paroitre , en 6 vol. in-12. : La première partie des Moræ Biblicæ parut à Oxford , chez White, en 1799, un vol. in-8.° ; elle répond complétement au titre. C'est une suite mé thodique de recherches les plus exactes sur le texte original, les versions anciennes et les éditions im- primées de l’ancien et du nouveau testament. Nous n'avons rien en français qui soit sur cette malière , aussi court , aussi instructif et aussi complet. La seconde partie, qui vient d’être publiée à Lin 474 Littérature orientale. coln, chez Hansard , ne peut être comparée avee aucun de nos ouvrages français , parce qu’il n’exis- toit encore. dans la littérature aucun ouvrage sur le plan de celui-ci. L'arrêté du Gouvernement , relatif à l’organisation des lycées , ordonne d'y enseigner, outré la mytho- logie , Z4 croyance des peuples dans les différens âges di monde. Pour remplir cette vue ipo e on a de grands secours dans la seconde partie des Horæ Biblicæ de Butler. C’est un livre élémentaire , puisé toujours dans les sources les meilleures et les plus récentes , que l'auteur indique soigneusement. On y trouve rédigé, avec exactitude‘et précision, ce qu'il faut sayoir sur les principaux systèmes religieux de l'Asie et du nord de l’Europe , autres que ceux des Juifs et des Chré- tiens. On regrettera , peut-être, que:ce manuel utile soittrop peu étendu ; mais c’est un défaut assez rare et facile à corriger EL une seconde édition, , L'ouvrage commence par un tableau historique des principales révolutions anciennes et modernes de l'A sie et de l'Afrique. On y explique particulièrement l’origine , la nature et les progrès du mahométisme ;; vient ensuite l’histoire littéraire des Mahométans , puis l'exposé de leurs différentes sectes , de leurs . opinions et de leurs cérémonies , l'indication des pays où la religion de Mahomet est professée et l'état de ces pays. © Passant à l’ancienne religion des Perses , conservée encore aujourd'hui par les Guèbres ou Parsis, l'au- teur a partagé ses recherches en neuf articles , dont Mélanges. 475 voici les titres: I. De la religion des Patriarches. II. Du culte Planétaire ou du Sabaïsme. III. De Zo- roastre. IV. De l’ancienne langue de la Perse. V. Du code original des lois de Zoroastre. VI. Du Zend-Avesta ( publié en français, à Paris, en 1771, par M. Anquetil-du-Perron, d’après le texte Zend ). VII. De son authenticité. VIII. De sa doctrine théologique , morale et cérémonielle. IX. Des ré- volutions de la religion persane. Arrêtons-nous à la question qui s’est élevée sur l'authenticité du Zend-Avesta , et l'existence des Védas. Dès que le Zend-Avesta parut, William Jones, alors jeune, dans une lettre d’ailleurs offensante pour le traducteur , parla du texte avec un grand mé- pris, comme d’une production d'imposture. Il alla jusqu’à nier l'existence de la langue zerde. Richard- son , dans la préface de son Dictionnaire des langues arabe et persane , puis le docteur Meiner furent aussi rigoureux. M. Butler observe , avec raison, que l'humeur et la colère ont dicté ce premier jugement du docte William Jones; qu'il résulte d’un de ses discours , prononcé sur la fin de sa vie , devant l'académie de Calcutta ; qu'il s’étoit fait dans l’Inde une autre idée du Zexd-Avesta, quoiqu'il n’en ait pas encore parlé avec assez d’exactitude ; que Ri- chardson n’est ici d'aucune autorité, puisqu'il ignoroit , de son propre aveu, l’ancienne langue persane ; que les savans Kleuker de Riga, Silvestre de Sacy de Paris, Tychsen de Rostock , Münter de Copenha- gue , et sir Willam Quséley, à Londres , ont jugé 476 Littérature orientale. plus favorablement de l'ouvrage traduit pär M. An< quetil-du-Pérron. 11 eut pu ajouter , que le P. Paulin de Saint- Barthelemi, dans sa Dissertation de antiquitate et uffinitate linguæ zendicæ , samscrdamicæ et ger- mnanicæ , imprimée en 1798 , emploie trois pages in-4.° pour assurer l’antiquité et même l'authenticité , simon du total , au moins d'une grande partie du Zend-Avesta. On voit que sur ce point intéressant de littérature orientale , l’opinion des savans'paroît formée, Ils con- viennent qu'on doit à un français, au vénérable An- quetil-du-Perron , d’avoir fait connoître en Europe une partie des anciens livres du fameux Zoroastre, 11 a déjà été parlé dans ce journal, à propos de l'Oupnek'hat (x); des doutes qui se sont élevés , non -seulement sur la haute antiquité , mais même sur l’existence actuelle des Védas. Quant à Lemiquie de ces livres ou de certains mor- ceaux qui s’y trouvent, le.plus loin qu’on puisse la faire remonter, selon William Jones , est à 100 ans en- xiron avant Moyse , et environ 1600 ans avant J.C.; Freret et Bailly sont égalément de-cette opinion. M. Butler ‘observe qu’il n ‘y a point de preuves enËt fisantes de cette haute antiquité; qu'il y a plus d'in- certitude encore sur les Pouranas ; c'est-à-dire, les livres indiens d'histoire ou plutôt de mythologie; qu'il est incontestable qu’ils appartiennent à des temps mo-- dernes, d’après la dissertation de M. Bentley, sur le (1) 8.e année, t. III, p. 174. Mélanges, 4779 Suria sidhanta (voyez le 6°. tome des Asiarie Researches ); enfin, que les argumens solides de.ce savant anglais contre l’ancienneté de cet ouvrage d’as+ tronomie, donnent lieu de soupçonner celle même des Fedas. William Jones, dans ses remarques sur un petit traité anonyme de la littérature de l'Inde, traduit du sanscrit (t. Î des Æ4siatic Researches, n°. 18), avoit déjà observé que le colonel Polier, anglais, étoit venu à bout de se procurer une copie complète des quatre Fedas en onze gros volumes ; on savoit même qu'il avoit fait don de cette copie au Museum Bri- tannique. Mais on ignoroit à ce sujet des particula= rités curteuses, consignées dans une lettre inédite du colonel Polier, qu'il écrivit en anglais à M. Banks, lun des conservateurs de ce muséum, pour accom- pagner ce beau présent. M. Butler, après en avoir ob- tenu la permission des mêmes conservateurs, publie cette lettre, p. 115 et suivantes. Nous croyons de- voir en donner ici latraduction , en retranchant la fin, qui n'apprend rien de nouveau ou de remarquable. « À M. Joseph Banks, baronet, président de la Société royale , etc. LS < « MonstEUR, depuis que les Anglais , par leurs « conquêtes et leursituation politique, gnt mieux connu « l'Inde et ses habitans originaires , les”savans de l’Eu- À rope ont été fort curieux d'apprendre quelque chose de certain sur les livres fondamentaux de la religion # indienne, conaus dans l'Inde et ailleurs sous le nomde # 478 Littérature orientale. « Vedus (2). Pour se les procurer , on a fait bien des « tentatives à la côte de Coromandel, et en différentes « parties du Bengale , et même à Bénarès. « Mais nulle part, jusqu'ici, on n'y a trouvé ces « livres complets et authentiques; on n’a pu s’y pro« « curer que des Sastras (3), qui sont uniquement « des commentaires sur les Vedas , qui en expliquent « les passages difhciles. « Pendant ma longue résidence dans les provinces « supérieures de l’Indoustan, je me suis appliqué par- « ticulièrement à la recherche de ces livres, et avec « d’autant plus de zèle que je voyois qu’en Europe on « mettoit leur existence en problème. « Mes recherches à Ayodia, Lucknow, Agra et Debli furent tout à fait inutiles. Je songeai à les « continuer à Jaipour , sachant que , pendant la persé- « cution des Indous qui commenca l’an douzième du règne d'Aurengzeb ( persécution poussée au plus haut degré d’après la rebellion d'Odaipour, lan 1679, ou de l’hégire 1090}, le radjah d’Ambair, nr $£ (2) Le texte anglais dit Baids ; Anquetil-du-Perron, d’après le persan, écrit Beid ; le colonel Dow écrivoit Bedas ; M. Halhed écrit Veds; d’autres écrivent Wedams. William Jones écrit Veda. Nous préférons cette manière d'écrire, parce qu’elle est plus conforme à la langue originale, au mot sanscrit, qui signifie science et loi. (3) Le texte dit $hasters; nous préférons encore le mot sanscrit shastra. Il signifie commandemens, préceptes. Dans le sens général, il comprend tous les livres sacrés, même les Vedas; dans un sens plus restreint, il désigne des livres sacrés autres que les Vedas, Voy. Asiatic Researçhes, t. I, n°28. RAR CR 18 f# f LA Mélanges. 479 Rama-Sing , en Conséquence des importans services rendus ! par son père, le grand J'ai-Sing , à l’empe- reur du Mogol, et de son propre attachement à’ ce prince, avoit échappé, du moins en grande partie, à ce fleau, qui renversa les pagodes de fond en comble dans lés provinces de l'Inde, et détruisit tous les livres du culte indien que l’on put découvrir, « J’écrivis donc à un correspondant à Juipour, Il m'apprit bientôt qu’en cette ville on possédoit les Vedas, mais qu'on n’en obtiendroit point de copie, sans l’ordre ou la permission de Pertab-Sing, alors radjah dans cette ville. C’est le même qui, récem- ment, s’est trouvé en guerre ayec Saindheah ; c’est le petit-fils de ce fameux radjah Tai-Sing ( Mirzah Radjah), qui bâtit Jaipour près d'Ambair, qui fonda de célèbres observatoires à Jaipour, à Dehli, etc. ; enfin, qui a publié sous le nom de Mohammed- Schah , alors sur le trône de Dehli, des tables astro- nomiques assez curieuses. « J’avois un peu connu Pertab-Sing, il ÿ a quelques années, lorsqu'il faisoit sa cour à Alem-Schah, alors campé dans le voisinage de Jaipour. « Je n’hésitai pas à lui écrire, pour en obtenir la permission d’avoir enfin cette copie ; et mon ami, don Pedro de Silva, portugais , habile médecin au sérvice du radjah , se chargea de faire expédier cette permission, ét d'en suivre l’effet par ses sol- Kcitations , s’il étoit nécessaire. « A la lecture de ma lettre, Pertab-Sing demanda, en souriant , ce quon vouloit faire en Europe de leurs saints livres ; don Pedro lui répondit que notre « « f f 6 48o Littérature orientale. usage est de recueillir et d'étudier les livres utiles de toute espèce , et d'en former en Europe des biblio: thèques publiques ; que malgré de longues rechér- ches, on n’avoit pu trouver ailleurs les Vedas , et que les Brahmanes refusoient d’en faire üne copie sans sx permission. Le radjah donna de suite l’ordre néces- saire ; et dans le cours d’une seule année, payant aux copistes Brahmanes un prix fixe par centaines de slogas , autrement de stances; j'obtins les livres qui font le sujet de cette lettre, et que j’avois désirés si long-temps. « Lorsque j'en étois possesseur à Lucknow, je trou- vai des Européens qui doutoient encore de leur réelle authenticité d’après les préjugés entretenus, et par l'inutilité des recherches faites jusque-là, et par les doutes de quelques PEAR modernes sur l’exis- tence de ces livres, « Mais les ayant montrés au dernier radjah Anun- dram , savant Brahmane, alors à Lucknow et bien connu de plusieurs personnes qui sont maintenant de retour en Angleterre , il reconnui aussitôt ces livres pour vrais et authentiques, et m’engagea de les lui prêter pour quelque temps. « Ensuite, à ma prière , il les distribua en volumes commodes à manier, comme ils sont maintenant ; et cela étoit nécessaire pour en assurer la conserva- tion; car je les avois recus en feuilles. En général les Indiens ne relient que rarement, ou jamais, leurs livres sacrés, et surtout les Vedas. Mais il me fallut lui promettre, ce que je fis sans peine, que ces volumes « n@ ti mntiln à; à 11431}. (ii EEmenee? |: F > « ne seroient pas reliés en cuir d'aucune espèce; mais F f qu'ils le seroient en or ou en velours. dus gr fiches s « Ce n’est pas tout ; le radjah Anundram numé- rota les pages, et pour mou instruction, écrivit de sa main , en caractères persans, non-seulement la A f page-titre de chaque volume; mais aussi le titre de chaque section, et combien ik a de feuillets ». L'Oupnek'hat est, dans sa généralité , un recueil extrait des Vedas. M. Butler prétend qu ’une -version anglaise de l'Oupnek’hat , beaucoup plus claire et peut-être , suivant lui , plus exacte que la version latine dernièrement publiée par le C. Anquetil-du-Perron , & été faite aussi sur la Version persane , par M. Halhed, et nous apprend que le manuscrit de cette version an- glaise est déposé au #useum britannique, ‘Il ajoute qu'on trouve dans les lettres édifiantes, édition de 1781 ,t. XIE et XIV , des notions sur les Wedas et la littérature indiennes, dignes de figurer avec les savans discours que William Jones a pu- bliés sur ce sujet, dans les 4sziatic. Résearches, t. T; enfin , il renvoie à l’histoire et aux antiquités de Pinde, par M. Maurice. Nous renvoyons au livre même pour ce qui reyarde les Azrgs des Chinois, et les deux Ædda des Islandois. L'auteur promet de publier cet hiver même , une histoire du droit , sous ce titre : 4 connected of mis- cellaneous notes, giving a chronological account of the Græcian, the Roman, the civil, the canon, the feudal Law. Nous rendrons compte de ce livre lorsqu'il aura paru. LANJUINAIS .s Tome V. Hh TT SR Re LITTÉRATURE GRECQUE.. Notice de quelques Ouvrages nouveaux des Grecs modernes , et notamment de l@& Traduction en grec vulgaire de la Philo- sophie Chymique du conseiller d'Etat FOURCROY ; par D'ANSSE DE VLLLOI- SON, de l’Institut national de France. Le plus savant grec du douzième siècle , Jean Tzets zès , s'écrioit, dans un accès d'enthousiasme prophé= tique (1): «6 reine des cités ! 6 Constantinople, « je gémis amèrement sur ton sort cruel, je le dé- « plore d'avance! Je crains, oui, je tremble que « cu ne sois un jour livrée à des barbares qui s’em- « pareront de tes murs ; que tu ne deviennes bar- « bare comme eux , et que tu ne sois plus qu'urs « repaire d'änes et d'animaux immondes ». Frappé de cette terrible prédiction, le docte et in- fatigable Archimandrite Anthime Gazis, de la ville de Miliais (2) dans l’ancienne Magnésie, redouble (1) Chiliad. XT, c. 306, vers 903 , p. 457 du second tomé des Poetæ Græciveteres de l'édition de Jacques Lectius, Genève, 1614, in-folio : Ê ; ; TOS Arr TÔV TOMGILËT OS Oixrpos ce derè nai dim xaracléva. Aédoire yao, didorne 1 F&S Bapbapois Ao9ys ÉA@TR , Lai AL LE Bapeape , “Ovos veun dt co ÔE xal Xoipos TÔTe. (2) Les moines Daniel Philippides et Grégoire, Thes- Grecs modernes. 483 Yeflorts et de zèle pour régénérer son ingénieuse na- tion, y rallumer le flambeau des letires qu'elle nous a transmis , reporter les sciences dans sa patrie qui en a été le berceau, et lui rendre eniïin ce qu’elle a donné aux autres peuples de l’Europe. mr arriver plus promptement à ce but, qui assure à ce généreux ci toyen des droits incontestables à la reconnoissance de la Grèce, 1l ne cesse de lui offrir d'excellentes tra ductions de nos bons livres classiques , en attendant qu’elle puisse reproduire, comme autrefois, des ou= vrages originaux ; et il faut avouer qu'il est heureux dans le choix des modèles qu’il présente à ses compa- triotes avides d'instruction. Par exemple, il vient de publier, à ses frais, la ver- sion en grec moderne de la PAzlosophie chimique, ou Vérités fondamentales de La Chimie moderne, disposées dans un nouvelordre, par A. F.Fourcrey, Xypuxn QihoroQia Éxyparcicttio”, in-8.° de 184 pages, sans compter l’épitre dédicatoire , la préface de l’édi- teur, l'Archimandrite Anthime Gazis, et celle de l’au- teur français, à Vienne en Autriche, 1782, chez Schraimbel. Cette traduction, et les notes qui l'accom- pagnent, sont l'ouvrage posthume d’un jeune médecin Grec, feu Théodose , fils de Manasses, et petit-fils saliens , ont donné une description curieuse de cette ville, p. 228 et 229, de la province de Magnésie, et surtout du Mont-Pélion, et des vingt-quatre villages qu'il renferme, p. 210 et suivantes de leur géographie moderne, écrite en grec vulgaire, dédiée au feu prince Potemkin, et imprimée à Vienne en 1791, in-8°. La seconde partie de cet ouyrage x'a pas encore vu le jour. Hh 2 454 Littérature grecque. d’Elie. La phthisie venoit de l'enlever à Vienne, le 23 août 1802, lorsqu'il donnoit les plus heureuses espé rances. L'Archimandrite Anthime Gazis répand des fleurs sur sa tombe, et montre , dans sa préface, l’éten- due et l'importance du service que ce jeune homme avoit rendu aux Grecs. « 1/s doivent, ditl, Zui sa= « voir un gré infini de leur avoir communiqué ce « srésor, et d'avoir enrichi leur langue de la tra- « duction d'un ouvrage si précieux, que toutes les « nations policées de l'Europe s'étoient empres- « sées d'accueillir avec transport, et de traduire, « et qui vient de La plume d'un savant si profond « et si justement célèbre ». Il auroit pu ajouter, en parlant de ce chimiste éloquent , ce qu’Eschine disoit de Démosthène , lorsque , contraint par la curiosité des Rhodiens, à leur lire la fameuse harangue de ce grand orateur, sur la couronne , et souvent inter- rompu par les fréquentes acclamations de ses audi- teurs , il s’écria:« Qu'auriez-vous donc fait, sivous « l'aviez entendu lui-méme (3) » ? Grâces à cette tra- duction , l’ouvrage du conseiller d'état Fourcroy , qui paroit avoir également assisté au conseil de la nature , : et être le dépositaire de ses secrets, va devenir clas- sique dans la ville d'Athènes , comme il l’est à Paris, dans les universités d'Allemagne , de Suède, d’An- gleterre ; d'Italie, etc. , et dans tous les pays où les sciences sont en honneur. Quæ regio in terris tanti non plena laboris ? "(Vireize, Eneïn., L. 1, v. 464.) (3) Admirantibus omnibus, quanto, inquit, magis admiraree eini, si audissetis ipsum? Cicéron, De Oratore, L. III , Ce 56+ À . + Grecs modernes. 485 + Au reste, ce n’est pas le premier hommage que la -Grèce ait rendu à ce grand chimiste. Ses ouvrages im- mortels sont cités à chaque page dans le traité de /æ fermentation , composé en grec vulgaire par feu Manuel Sani, de l'ile de Ténédos, et publié par le même Archimandrite Anthime Gazis, p. 654 et suiv. de sa traduction dans la même langue , de la Gram- mäutre des sciences philosophiques , où analyse abrégée de la philosophie moderne , appuyée sur Les expériences , par Benjamin Martin, à Vienne -en Autriche , chez le même Schraimbel, 1799, 2 vol. in-8°. L'Archimandrite Anthime Gazis, dont le rom doit être si cher aux Grecs, et par conséquent à tous les vrais amateurs des lettres qui désirent sincèrement de voir les sciences remonter vers/eur source, a com-— posé cette dernière version, et y a joint des additions et des remarques fort utiles à ses concitoyens. L'auteur de ce traité chimique sur la fermenta- tion, rtpe Comarios, Manuel Sari de Ténédos , -qui est mort la même année à Vienne, dans la fleur de l'âge, et annonçoit de grands talens, a aussi donné’, en grec ancien, une dissertation sur T'iucydrde et ur abrégé de son histoire , sous le titre de MavesrA E (abréviation du rom propre Eey3) (4) Tevedés drarpien sis | Osrudidyy, nuk rY5 nul æ&uroy islopiæs Éairous. ‘Er Bic 17 75 "Agclpies : Tata To Dparré Avraiin Expauo?, 1799 , in-8°. de 1017 pages. Une pièce de vers élépia- (4) C’est ainsi que le nom du traducteur de Za Philosophie chimique , Théodose, fils de Manassès, et petit-fils d’'Elie, est indiqué en abrégé dans le titre de l'ouvrage : @Qcodraix, M. HAIAAOT. Hh3 486 Littérature grecque. ques, composée en son honneur par Etienne, qui se dit de la ville de Phthie (5), et s'intitule, par humi- lité, le dernier des solitaires ; nous apprend que Manuel Sari n'avoit que dix-huit ans lorsqu'il publia cet ouvrage dédié anx princes Panagioti et Constantin Mourousi , l'espoir ét l’ornement de leur nation. M. Sari critique l'abbé Barthélemy, p.97 ;,not.r, lui reproche d’avoir intitulé son livre oyage d'Ana- charsis, pense: qu'il eût été plas convenable et plus conforine à l’histoire, de le donner sous le nom de Chion, d'Héraclée du Pont (6) « qui, en effet, ra- (5) Voici les derniers vers de cette pièce insérée ib., p. 69. ’ ë Hye rodr SreéQaros Dôins Ex Boriaveipys , Lo \ Koppyras yevenv, rur dos Ey ojoGious. La Phthie d'Homère, si l’on en croit Georges Pachymère, ir Michaële Palaedlogo , L. V, c.27, p.279, s'appeloit Pharsala de son temps, et étoit en effet située dans le voisinage. (6) De la province du Pont, et non pas du Pont-Euxin, comme lauroit traduit le fameux Elies Dupin, qui avoit pris les ZoupuxTe (varia opuscula ) de Léon Allatius, pour le nom propre d’un auteur (Symmictès ), que ce savant Grec venoit de publier. C’est ainsi qu'il avoit mis, au commencement du troi- sième tome de sa Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques , Evagre du Pon:-Fuxin, ne sachant pas alors que le Pont-Euxin étoit une mer. Pouchard , un de ses amis, frappé de cette faute qui sautoit aux yeux de tout le monde, lui dit, en raillant, qu'il falloit qu'Evagre fût un poisson, ou un homme marin , puisqu'il étoit du Pont-Euxin. Fl-Corrigea aussitôt cet endroit, et mit à la place : né proche le Pont-Euxin , et à la marge, du Pont; mais cette correction n'a pas empêché gu’Evagre du Pont ne soit resté dans quelques éditions. On lit dans celle de, Hol- Jaude , imprimée l'an 1693, sur Pédiion de Paris, Evegre du Grecs modernes. 487 « conte son voyage en Grèce (et dit y avoir vu Platon « et Xénophon) dans ses lettres adressées à Matris ». Mais j'observe que l'immortel Barthélemy a dû pré- férer , avec raison, le contraste de la simplicité d’un Scythe avec les mœurs grecques. Au reste , tous les savans conviennent que les lettres attribuées à-Chion, l'assassin de Cléarque , sont évidemment supposées. C'est l'ouvrage d’un sophiste mal-adroit, qui se dé- cèle à chaque page. Foyez p: vj et suiv. de la pré- face de Jean-Théophile Cober ; qui a redonné le texte grec de ces lettres, avec ses notes et un zzdex, à Dresde , 2765 , in-@,° , et la note du même Cober, sur la troisième lettre du faux Chion,p..5 et6 , etc., etc. , et d'Orville , sur Chariton, L. IV, chap.5, pag- 407 , etc. M. Démétrius Panagioti Govdelaas vient de publier à Bude en Hongrie, sa traduction du, 7'é/émaque de Fénélon, 2 vol. in-8.°, 18or , sous le titre de Téyes TrAcuays. Cet ouvrage a été imprimé aux frais de quelques Grecs jaloux de la gloire de leur nation, avec les caractères de l’université de Bude. M: Govdelaas, qui »’avoit alors que vingt ans, comme 6n le voit par une pièce de vers grecs, züidem ,p.xx, à dédié son ouvrage à Jean-Constantin Ypsilandi , fils d'Alexan- dre, et prince de Moldavie. Il observe dans sa pré face, p. xvij, que le T'élémague a été traduit en la- ün , en italien ; en anglais, en allemand, en hongrois; et dans la lanvne Hllvrique; et suppose, 474. p. xXiY, Pont-Euxin, et à la marge, du Pont. (Richard-Simon, p.xj de l’svantprepos de sa, Critique de La Bibliothèque, des auteurs ec= clésiastiques d’Elies Dupin, Paris, 1730, in28,9) Hh 4 488 Littérature grècque. que Fénélon a eu principalement en vue la gloire èt l'éloge de la Grèce, dans la composition de cet ou vrage. M. Govdelaas a joint à sa traduction des remar- ques, pour expliquer à ses compatriotes les traits de mythologie dont il est parlé dans le Zé/émaque , et des notes géographiques tirées de la géographie an- cienne et moderne de Mélèce, donnée en grec vul- gaire à Venise, 1728, in-f.°; comme je m'en suis aperçu en confrontant ces différens articles. On a aussi publié à Vienne un traité de mytholo- gie en grec moderne , sous le titre de ‘IcTepiæ mepi ray pu Sonoysuérar Jeay rdv dpraetay ERA , Lai &AA&Y É9Y0Vs Êri Lui merl rû» GuiS tar s yTot DEC LTA VaQy TE ral Jui) , xat Aarpeior durav. Biéwn, 1795, mapé Maps Isis, in-8.0 Le diacre Néophyte, moine du Mont-Athos , en- suite célèbre professeur de la langue grecque à Bu- chorest en Valachie , né dans la Morée, d’origine jui- ve (7), après avoir donné un savant, mais trop diflus commentaire en grec ancien, sur le quatrième livre (7) Néophyte, et Ananias d’Antiparos, professeur à Cons- tantinople , auteur d’une grammaire grecque imprimée à Ve- nise en 1770, in-8.0, en grec vulgaire, et d’un bon traité sux les particules, intitulé , em Adyyor l'pepuarixns, ÿ mEpl poplov, Venise, 176f, in-4.0, sont les meilleurs grammairiens que la Grèce moderne ait produits. Je ne parle pas de P'Epuvele sis 1 / eo 4 re | ne TO TÉT&PTOY TYs TS Otodups TS Telr Vpepuarimys, que le moine Dan:el Cerameus, proiesseur de grec à Patmos, sa patrie, fit imprimer à Venise en 1780, in-8°., et qu’il me donna pen- dant mou séjour dans son île, en 1784. Je tiens de quelques anciens élèves de Néophyte, que la fin de ce docte moine scan- dalisa beaucoup les prêtres Grecs dé Buchorest, et qu'ils firent d’abord difficulté de lenterrer , parce que, dans les accès de’ Grecs modernes. 489 de la grammaire grecque de Gaza (en 1298 pag. in- f.°, sans la table et l’épitre dédicatoire au prince de Valachie, Jean-Grégoire , fils d'Alexandre Gika, à Buchorest, 1768) s’étoit occupé, sur la fin de sa vie, -du soin de composer des notes pour expliquer les dif- ficultés des épitres si élégantes de Synésius. Le moine et diacre Grégoire de Démétriade a publié ces lettres de Synésius, avec les scholies grecques de Néophyte, à Vienne, 1792, in-8.° , de l'imprimerie de George Vendoti, l’auteur du dictionnaire en grec vulgaire , italien et français, donné à Vienne en 1790, en trois volumes in-4.°, et dédié au prince de Moldavie, Alexandre Maurocordato. Voici le titre de cette édi- tion : Ai éæuclanal Euvecis, 73 Kupyvais Qihoro®s ; pire ro cyohiay TE didurxahs NsoQurs, icoodiæanors, TS IlEA0- Aownais y ÉV LIT Th "Asclpies, £y TA TUaroypaQ ie T'Ecp- yis TS Beyrors. Lies notes de Néophyte sont claires, précises , écrites en grec ancien , et peuvent être fort utiles aux jeunes gens. L'auteur y a inséré quelques mots de grec vulgaire, pour se mettre à la portée de ses compatriotes , et se rendre plus intelligible. C'est ce qu'ont fait tous les anciens scholiastes, qu'on ne peut pas entendre sans connoïître le grec du moyen âge, et le grec moderne qui en dérive. Par exemple, Synésius, dans sa quatrième épitre, donne une rela- la fièvre qui l’enleva , il ne cessoit de s’écrier qu’il alloit re- joindre les ames de Platon, de Démosthène, etc. Gemistus Plethon > Compatriote et contemporain de Théodore de Gaza , avoit sérieusement prèché et prédit Le prochain rétablissement du paganisme, et la destruction de la religion chrétienne. Voyez Fabricius, Bibliork, Grece, t, X, p. 750.0t 721 490 _ Lütérature grecque. tion fort'intéressante et fort animée. de son voyage par mer d'Alexandrie à Cyrène , parle de son pilote et de ses douze.matelots : ils étoient ou juifs, ou labou- reurs qui ne venoient que de quitter la charrue, et tous estropiés, ct'se désignoient entre eux par des sobri- quets qui faisoient' allusion à lenrs défants corporels , le boiteux, le gaucher, ete. Néophyte explique aux grecs qui ont adopté beaucoup dé mots tures , p. 12, FER n pas Euol par curarmnerd, Cl'Exeolos Ev yÉ Tu elge cy= Hé par cexernix di $ roy &Awy denphero , et diérpi£ny par éyaevrbes, divercissermént, passe-temps, etc. Le moine Grégoire observe, dans sa préface; que les lettres de Synésius ont été de tout temps fort re- cherchces : et il en donne pour preuve les fautes des copistes, les variantes et les diverses lecons qui sy trouvent en plus grand nombre que dans les autres ou- vrages du même auteur. Fout le monde, dit-il , sem pressoit d'en acquérir un exemplaire : eaay éy rimes (faute d'impression pour anyre) réroy yevéc Det y ra udÿ rospévor; et avant la découverte de l'imprimerie , on étoit la dupe de l’ignoraice ou de l'audace des co- pistes ; qui altéroient ou dénaturoient les passages ; ajoutoient ou retranchoïent, suivant leur caprice. Quant aux scholies inédites de Néophyte, il étoit difficile de se,les procurer : il falloit les faire copier; et quelques personnes , -dit le moine Grégoire, 2014, , étoient comme le chien du jardinier, qui n'y tou- che pas, etne veut pas qu'on y touche. Ces hommes, peu communicatifs, et ennemis du bien public (8), : (8) J'ai déja cité ce mot: @eD, @ev, BiSa09 Ge yEY0/act BisMerapon, Grecs modernes. 49€ enfouissoient leurs exemplaires dans des coffres, xiSaTiois tiwdorey évemoneiew. J'ai observé , dans mon Voyage du Levant, que les Grecs conservent ordi- nairement leurs livres dans des coffres, comme du tems de Juvenal , qui dit (9) : Jimque vetus Græcos servabat cista libellos , Et divina opici rodebant carmina mures. C’est une des causes de la destruction de plusieurs ouvrages dont nous regrettons la perte; Le moine Grésoire a voulu prévenir un pareil ac- cident. Quôique pauvre, et vivant dans une terre étran- gère, à la sueur de son front, du fruit de ses travaux, comme il nous l’apprend dans sa préface, il a entrepris cette édition, et l’a dédiée à Denys, savant évêque de Platamon (ro). Eleuthérius Michel de Rhapsanie (11), (9) V.206,.satyr. IIT, L.I. (10) Platamon est actuellement une petite ville de la Thes- salie , située sur le bord de la mer, et sur une colline, entre le Pénée, fleuve de Thessalie , et le Pharyve, rivière de Ma- cédoine. Ce n’étoit auparavant qu'un monastère appelé IHaarée pmovr, Selon Mélèce , p.391 de sa géographie en grec vulgaire. Voyez aussi p: 254 et 255 de celle de Daniel Philippides (c’est. à-dire ; fils de Philippe) et de Grégoire, Thessaliens , et p- 101 éti02,t. II de l’Oriens Christianus de Lequien. Gr) Rhapsanie, la patrie de M. Govdelaas , le traducteur du Télémaque, dont nous venons de parler, est une petite ville située au pied du Mont-Olympe , à gauche, et à une lieue et demie de distance du fleuye Pénée. Cette ville renferme sept cents maisons, et une école fondée par Denys, évêque de Platamon, 4 œy10s Taarau@ys Aroyurios , disent Daniel {et Grégoire, p. 213 de leur géographie. Woyez aussi ibid, , p. 242. 492 Littérature grecque. et le chadgi (12) Abramius Démétrius d'Ambela— kia (13), amis de l'éditeur et des lettres, et très-zélés pour le bien de leur patrie, ont concouru à cette (12) Chadgi, parÛys, c'est-à-dire, ancien pélerin à Jérusa- Jem ; titre que les Grecs prennent, et expriment qnelquefois par la seule lettre initiale y. Les pélerins musulmans de la Mecque, Turcs et Arabes, s'appellent de même hadgi, de la racine arabe kadga, qui signifie faire le pélerinage de La Mecque. | (13) Ambelakia. Daniel , fils de Philippe, et Grégoire dé- crivent amplement, p. 241 ét 242, cette Ville trop peu connue , située au pied du Mont-Ossa, à une demi-heure de chemin de la rive droite du fleuve Pénée , et à trois de la mer, ax couchant; à six heures de la ville de Larisse, au levant, et à la même distance de la ville d’Agia, "Ayeso, aunord. On y trouve cinq cent'cinquante maisons , dont quelques-unes fort belles et bâties à l’européenne, et ane école établie, comme plusieurs autres du même diocèse, par Denys, évêque de Pla- tamon, et suffragant du siége de Thessalonique. La richesse de cette ville, qui existoit à peine il y a quelques années, vient du trafic du fil qu’on y fabrique, teint enrouge, et dé- bite ans toute l'Allemagne. Les négoeians d’Ambelakia for- ment des compagnies, et ont des maisons de commerce à Smyrne, à Constantinople , à Vienne, à Leipsick , et dans les autres places de l'Allemagne , où ils vendent leur fil avec d’au- tres objets de la Turquie. Les pauvres d’'Ambelakia gagnent leur vie dans les manulactures de ceite ville, que la vatuxe avoit placée sur des précipices et au milieu des abymes. Les habitans d'Ambelakia, et en général ceux du Mont-Pélion, sont de tous les Grecs ceux qui désirent le plus la renaissance des lettres. 11 paroït que les divinités du Pinde, les Pierides, veulent retourner en Grèce par le chemin qu’elles ont pris en y venant la première fois. Isaac Vossius (ad Pomponium Me- Lam, L.I1, c: 3, p.199, “dit. sec. Franekcrae, 1700, in-ü®. ) prouve qu'on a confondu la Thessafie aiec Ja Thrace, et que Grecs modernes. 493 bonne œuvre, et fourni une partie des frais de l’im- pression. Thamyris, Orphée, Musée , Linus , les premiers chantres de la Grèce, étoient Thessaliens , et non pas Thraces. Voyez ausst Van Staveren, not. 7 sur le 138e. chapitre d'Hygin, t. I, p- 243 des Auctores Mythographi Latini, Burmann , sur le 288.e vers du 4.e livre de Valerius Flaccus , etc. Les Muses, filles du luxe ;, ont toujours habité les pays fertiles et riches , comme la Thessalie et la Béotie. L’amour de l’étude est donc héré= ditaire en Thessalie, comme le goût des armes chez les Sulliotes quil faut bien se garder de confondre avec les Grecs dont ils m'ont ni la langue ni la religion. Les Sul- liotes appartiennent à la nation albanoiïise, parlent alba- nois, et sont, pour la plupart, Musulmans. On nous fait espérer, sur cette peuplade belliqueuse, des détails plus amples que ceux qu'a donnés M. Eton dans son Tableau de L'Empire Ottoman. ARCHÆOLOCGIE OSSERV AZIONI sui Monumenti delle belle arti che rappresentano Leda dell Avt. Carlo FEA, presidente alle Antichita Romane, e al Museo Capitolino. In Roma nella stamperia Pagliarini, 1802; con li- cenza de superiori. In-8.° de 30 pages. C'est-à-dire, OBSERVATIONS sur les Mo- numens qui représentent Léda; par l'avo- cat Carlo FEA, président des Antiquités de Rome et du Musée Capitolin. À Rome, chez Pagliarini, 1802. In-8.° de 30 pag. N OUS avons rendu compte, dans le Magasin En- cyclopédique, de l’ingénieuse dissertation que M. Fab- broni , garde de Ja galerie de Florence, a publiée en 1797, dans laquelle il croit que plusieurs statues qu'on regarde comme représentant Léda , ont été faites en l'honneur de la célèbre courtisane Glaucia, surnommée Vénus Lamia : on peut voir dans le journal même les motifs sur lesquels ce savant appuie ce sentiment. M. Carlo Fea, à qui l’on doit une bonne édition de l’Lëstoire de l'art de WIiNCKELMANN et plusieurs ouvrages intéressans sur l’Archæologie , attaque cette opinion dans la brochure que nous annonçons. Il analyse d’abord l'opinion de M. Fabbroni, dont il vante le savoir Ééde. 495 et la sagacité; 11 atténue beaucoup les éloges que, selon M. Fabbroni ,#’antiquité a donnés à la cour- tisane Glaucia , qui wa jamais pu mériter d’être honorée d’une statue dont on a fait tant de répéti- tions. Il cite ensuite! tous les monumens relatifs à la fable de Léda. Il s’ättache à réfuter l'objection de M. Fabbroni, sur la figure du cygne. Ce savant ne reconnoît comme des statues de Léda que celles qui ont près d'elles un cygne d’une stature à peu près humaine , c’est-à-dire , le grand cygne (cycezus olor). M. Fea répond que, quoique le plus grand nombre des auteurs aient consacré la métamorphose de Ju- piter en cygne, quelques autres qu'il cite ont parlé d’une oïe au lieu d’un cygne. Il établit ensuite que le prétendu attachement de Glaucia pour une oie wétoit pas un motif suffisant pour la représenter accompagnée de cet animal , que la cithare ou la flûte lui auroit mieux convenu. Selon M. Fabbroni , toutes les statues qui ont près d'elles une oïe au lieu d’un cygne, ne peuvent être des Léda. M. Fea répond qu’à la vérité le cygne èst nommé dans Ja plupart des auteurs ; cepen- dant Epbippus, dans Athénée, écrit que Léda concçut an œuf d’une oïe. Selon Apollodore , ce fut Némésis ét non Léda qui fat changée en oie et pondit un œuf. Virgile nomme Voie ct non le cygne ; enfin, Lycophron dit que ce fut un griffon. M. Fea pense que les artistes ont préféré l’opi- ion que Léda avoit été trompée par une oïe , même par un canard, plutôt que par un cygne , afin de faire une figure d'oiseau moins volumineuse, qui ne 496 Archæologie. cachôt pas la figure principale, et qui ne marquât pas autant dans un groupe de marbre dont les figures sont en pied , ainsi qu'on l’observe dans le groupe de Venise, dans lequel le cygne est presque plus grand que Léda; et il cite à ce sujet plusieurs chan- gemens pareils apportés par les artistes dans quel- ques circonstances légères de la mythologie. . Il me semble que M. Fea auroit pu donner une raison beaucoup meilleure en faveur de son opi- pion sans recourir à l'idée que l'artiste ait voulu représenter une oie où un canard au lieu d’un cygne. On sait que les artistes ne soignoient ordinairement que la figure principale, et qu'ils ne regardoient les accessoires que comme des symboles propres à ca— ractériser le sujet. Le but d’un sculpteur en faisant une Léda , étoit d'exprimer dans une femme d’une naissance héroïque et d’une beauté approchant de celle d’une déesse , la langueur de la volupté, et cet état de mollesse et de ravissement qui en est la suite. Cet idéal doit se trouver dans l’attitude et surtout dans la figure. Le cygne n'est qu'une indication , il tient lieu d'inscription , d’étiquette ; aussi l'artiste n’a-t-il pas dû lui donner sa grandeur naturelle et l’exécuter d'une manière qui attirât l’at- tention du spectateur et püt la partager, tandis qu’elle doit se diriger toute entière sur Léda. Les monu- mens antiques nous offrent une foule d'exemples sem- blables. Dans deux beaux groupes du Musée Pio-Clé- mentin , qui représentent Hercule combattant Gérion et Diomède roi de Thrace, Gérion, Diomède et ses cavales sont d’une petitesse qui ne dohneroient pas une baute Léda. 497 hante idée de la force du fils de Jupiter, mais ils ne sont là que comme une indication nécessaire à l'in- telligence du, moment choisi par l'artiste, pour re- présenter son héros. M. Fea décrit ensuite, avec détails, toutes les sta- tues de Léda qui sont à sa connoissance , et il tire de leur costume , de leur position , de l'idéal de leur figure des preuves favorables à son opinion. Le dauphin ne se trouve que sur la Léda de Mé- dicis. M Fabbroni le regarde comme un symbole de Vénus. M. Fea dit que le copiste qui a fait cette statue d'après une plus ancienne, n'a pas trouvé cet animal sur son original. M. Fea pense que l'artiste a voulu exprimer l'attachement du dauphin pour les jeunes garcons et pour les jeunes filles, et qu'il Pa mis ici comme un symbole d'amour. Les artistes en _copiant une figure principale, y ajoutoient souvent des accessoires. Les attitudes des statues antiques, peuvent encore très-bien caractériser cette princesse plutôt que Glau- cia. La position de l'oiseau , la manière dont il s'appuie sur la cuisse droite de la statue, le vêtement que la princesse élève de la main gauche ; comme pour cacher sa rougeur ; sont en faveur de M. Fea ; une excellente raison qu'il fait valoir contre M. Fab- broni , c’est que les statues: de Léda ont nn idéal qui ne pourroit convenir à Glaucia. Celle - ci étoit alors âgée, et quand l'artiste auroit dissimulé son âge, on devroit toujours reconnoitre le genre du portrait. Léda doit être d'une beauté digne de plaire au maitre des dieux. Toutes les statues dont la tête est anti= Tome F., Ti 398 ÆArchæologie. que , l'ont délicatement renversée en arrière, les yéux regardant en haut et exprimant la langueur de la volupté. C’est ainsi que sont la’ Léda de Venise et celle de Borioni ; c’est ainsi que Le Corrége a peint la sienne. Le restaurateur de la Léda de Florence a donc eu tort de lui faire la tête inclinée en avant. M. Fea, en voyant la Léda de Médicis chaus- sée , etayant une tunique et un peplus, pense que le sculpteur a suivi l'opinion des mythologues, qui veulent qu’elle ait été surprise par Jupiter dans son pälais, et non sur les bords de l’Eurotas. Selon Hygin , Jupiter s'étant changé en cygne, se sauva vers Némésis, comme sil évitoit la pour- suite d’un aigle, et se cacha dans son sein. Némé- sis le sauva et s’endormit ; Jupiter abusa de som sommeil. Le moment” où Léda ou Némésis ac- cueille l'oiseau est, selon M. Fea, celui choisi par l'artiste. Il est plus conforme à l’art, que l'artiste ‘ait préféré le moment où elle a pardonné la ruse du maître des dieux, et où elle caresse, sous la forme d'un bel (SENS le souverain de l'univers. D'après la lecture de cette dissertasion de M. Fea, on sera aiséme convaincu , inalgré les observations ingénieuses, doctes et piquantes de M. Fabbroni , que les statues qui portent le nom de Léda , re- présentent effectivement l'épouse de Tyndare et non pas Glaucia sous le nom de Vénus Lamia. Il a joint à sa dissertation une planche qui met sous les yeux les six statues de Léda, sur lesquelles il fonde principalement ses observations, À, L. M. Arr, VIII, TJ. Tp : 499. PERS ET QUE IRAN) His les | Fer V4 Û \ \ Jo (=) ) PBneyclo . Magaxin € Statue œgyptienne. 499 NoTiceE d’une Statue œgyptienne qui se voit à Saint-Cloud ; par le C. VIsScONTI, membre de l’Institut national de France. La statue ægyptienne, placée dernièrement à Saint- Cloud’, dans le vestibule du château , hommage digne du vainqueur de Orient, représente une femme accroupie, assise à terre, les bras appuyés sur ses genoux. Elle est sculptée dans une pierre dure et gra niteuse, presque absolument noire , que les anciens appeloient basalte (1). Cet ouvrage, de grandeur (1) Voici le passage de Pline , qui prouve incontestable- ment que cette pierre dure et noire, dont la sculpture ægyptienne a fait un si fréquent usage, étoit appelée ba- saltes, nom tiré de la couleur qu’elle a, ressemblante à celle du fer (H: N., liv. xxxvi, 6. xx ). « Invenit Æcyptus in « Æthiopia quem vocant basalten, ferrei coloris , atque duritiæ ; « unde et nomen ei dedit ». — « Les Ægyptiens découvrirent « en Ethiopie ce qu'on appelle basalie, pierre qui a la cou- « leur ainsi que la dureté du fer; et c’est de là qu’ils lui don-. « nèrent ce nom ». — Strabon (liv. xvzr ) fait mention de pierres semblables que lon trouve disposées en monceaux au- delà de Syène, mais il n’en indique pas le nom. Son té- moignage cependant justifie assez la mention de l'Ethiopie dans le texte de Pline, M. Zoëga, dans son savant et pro- fond ouvrage de origine et usu Obeliscorum, pag. 142, n.13, vient de tenter l’explication de Pétymologie dont il est ques- tion dans Pline, et il la dérive du mot cophte orunstali, du fer. Pour moi, je trouve cette dérivation plus savante que véritable ; car il me semble qu'on n’auroit pas dû tenix Ii 2 5oo ÆArchæologie. paturelle et d’une parfaite conservation, transporté du Caire en Europe par un voyageur éclairé (2), doit être compté dans le nombre des monumens les plus rares. À Quelques autres figures ægyptiennes , dans la même posture , sont à la vérité parvenues jusqu’à nous : les livres des voyageurs et des antiquaires nous en offrent des images (3), mais aucune de ces statues n’est com- parable à celle de Saint-Cloud , ni pour la beauté du travail, ni pour les dimensions de l'ouvrage. Il n’en existe pas d'autre grande comme nature ; et la hauteur de celle-ci, toute accroupie qu’elle est, surpasse 83 centimètres, ou deux pieds huit pouces, ancienne mesure. Les deux statues pareilles que Pococke a publiées , les plus fortes en proportions entre toutes compte du + propre à la terminaison tes commune à un grand nombre de noms de pierres de toute espèce ; comme, par exemple, ophites, porphyrites , selenites, achates, gagates, etc, Je crois envisager dans le nom basaltes une trace évidente de l’ancien mot 4119 barzel ou bargäl que la langue des Hé- breux nous a conservé, et qui signiñe véritablement du fer. Dans ce cas-là basaltes seroït à la place de barzalites ou de barzaltes. Le lecteur sera bien aise de comparer, avec cette note, ce que dit du basalte M. Wad, danois, dans son beau livre Fossilia ægyptiaca Musei Borgiani. Velitris, 1794» à l’article Basaltes. (2) M. de la Turbie, de Turin, amateur, dont le goût pour l'érudition et pour les arts est constaté par une superbe collection de pierres gravées qu’il a réunies , l’une des plus riches et des mieux choisies que je connoisse à des parti- culiers. (3) Mowtraucor , CayrLus, Pococxes Statue ægyptienne. bor celles que l’on connoissoit de semblables , n’excèdent pas la hauteur de deux pieds d'Angleterre (4). La longueur de la tunique, qui, en s’élargissant vers le bas, couvre entièrement les pieds de la statue, les traits du visage , qui ont beaucoup de rondeur, le manque d'une mèche de barbe qui pare souvent le menton des figures ægyptiennes , [a forme même de la coiffure; toutes ces circonstances ensemble me font croire que la statue représente une femme. L'une des deux statues de Pococke est aussi d’une femme, sans aucune équivoque. Celle-ci , suivant la mode ægyptienne , est adossée à un pilastre, sur lequel on voit tracés des hiérogly- phes disposés eur deux colonnes verticales. Trois bandes horizontales de pareille écriture sont renfer-— mées dans un rétable qui rehausse la tunique sur le devant. Ces caractères sont d’un travail pur et d'u beau fini. Le pouce de la main droite de la statue passe dans le vide d’un trou, dont l'un des bouts d’un petit ins- trument est percé. Cet instrument ressemble à un bâton plat et très-court, arrondi de l’autre extrémité. Est-ce une navette ? est-ce une clef ? ou n'est-ce qu’un plectre pour jouer de quelque instrument à cordes? Le sistre qu’on voit dans la main de l’une des statues de Po- cocke; les femmes ægyptiennes jouant de la harpe dans les peintures des tombeaux de Thèbes (5), four- (4) Travels in the East, t. I, pl. xt et suivantes. (5) Denon, Voyage dans L1 basse et la hautc Æypte, pl. cxxxv, n.° 26-30. | J13 boz ÆArchæologie. nissent des rapprochemens qui viennent à l'appui de cette dernière opinion. La coiffure, qui paroït renfermer une abondante chevelure , ressemble exactement à celle qui couvre souvent les têtes des femmes ægyptiennes; mais ce qui me semble plus remarquable, c’est le peu de saillie qu’on a donné aux contours des mains et des bras croisés sur les genoux de la statue. Ils sont traités tout à fait dans le style du bas-relief; et il paroït évident qu'on l’a fait exprès pour n’altérer, que le moins possible , le plan horizontal, que les genoux couverts de la robe, et rapprochés de la poitrine, forment nécessairement avec les bras presque, au niveau du cou. On pourroit inférer de cette circon- stance, que de pareilles statues, devoient tenir lieu d’autels on de consoles dans les temples, pour y déposer des ustensiles du culte et des oblations. Si la conjecture que je viens de proposer donne quelque aperçu sur la destination de ces figures, elle ne fournit pas assez de motifs pour décider entre deux opinions que les antiquaires ont émises à l’é— gard des sujets qu’elles représentent. Les uns ont cru que ces figures accroupies ne sont que des prêtres ou des initiés (6) ; les autres préfèrent d’y reconnoitre des divinités. Je pense qu'il faut commencer par Vexamen des données, que la comparaison de ces monumens entre eux va nous présenter, et n’aborder qu'après la question dont il s’agit. “ Il paroît que ces statues accroupies étoient ordi- 46) Caylus paroît pencher pour cette opinion: Statue ægyptienne. 203 nairement rangées deux à deux, et que l’une faisant le pendant de l’autre, presque toujours elles ne dif- féroient que par le sexe. Le couple gravé dans les voyages de Pococke est justement tel; l’autre, plus petit, que l’on conserve au Musée central, présente la même diversité. Le cabinet de la bibliothèque possède aussi deux statues pareilles en bois de Sy— comore, que le comte de Caylus a publiées dans son recueil (7). Elles avoient été découvertes en Æoypte , dans un tombeau et tout auprès d’une momie, La petitesse et le travail négligé de celles-ci ne permettroient pas, à la vérité, d’en déterminer ai- sément le sexe; mais une petite mèche de barbe, suspendue au menton de l’une d'elles, paroît en mar- quer la différence. : Il est ordinaire de voir ces figures serrant dans l’une des mains quelque instrument ou quelque attribut. Nous venons d'y apercevoir le Sistre et le plectre; on y observe aussi quelquefois une grande feuille de lotus (8), soit qu’elle servit d'éventail, soit qu’elle fût l'emblème de quelque attribution mystérieuse : on la remarque dans la main de l'une des deux sta- tues du Musée central, comme aussi sur l’une de celles rapportées par Pococke. On en trouve qui sont dans l'attitude de garder une petite idole placée debout entre leurs jambes. Le: (7) Tom. TI, pl. 1, fig. v, vr et vrr. (8) M. Zoëga la reconnoît pour le Lotus, p- 30{, et ail- leurs. D'antres antiquaires ont donné à cette plante le nom d'agrostis, Er4 o4 Archæologie. cabinet de la bibliothèque en offre une pareille (9}. Plus curieuse encore est celle donnée jadis à la Société Philotechnique par le général Kléber : celle-ci repré- sente une femme accroupie, dont la robe est cou— verte d'hiéroglyphes; une idole emmaillottée en forme de momie, est posée entre ses genoux; et, ce qui est encore plus singulier, elle a une espèce de bi- jou attaché au cordon qui lui sert de collier. Cet ornement représente la partie d’un bâton, ou d’un fût de colonne surmontée d’un chapiteau , uniforme en tout à celui des colonnes du beau temple de Tentyra. F1 commente par un masque de femme à oreilles de vache, et se termine par une espèce d’edicule, ou de vase carré, dont les deux côtés sont ornés de deux volutes rentrantes, ou plutôt de deux anses (10). Un fragment de statue accroupie , en granit, trouvée en Ægypte par le C. Castex, sculpteur, présente entre ses genoux un cynocéphale. Les pieds de toutes les figures que je viens d’in- diquer sont à découvert , même dans celles des femmes , les deux de sycomore exceptées, qui n’offrent aucun indice de pieds ; mais cette omission n’est due apparemment qu'à la rudesse de l’art, dans ces mo— dèles plutôt ébauchés que finis. C’est donc une parti- cularité remarquable dans la statue en question, celle d’avoir les pieds couverts de la tunique ; et il est (9) Elle se voit gravée dans une vignette du recueil de Caylus. ] (io) Voyez les planches xxx1x. 2. xL+ 4: IX. 8 du Voyage du C. Dexon ; et aussifles pl. cx1vV, n.0 7, et CxIx, n.9 135 où l’on voit dessiné ce même ornemeut tiré des hiéroglyphes, Statue ægyptienne. 505 également rare de voir des figures en ronde-bosse, de femmes ægyptiennes , vêtues d’un habillement qui, au lieu de suivre les contours de tous les membres, méthode ordinaire à ce style, s’élargit en descen- dant, et forme talus comme dans la nôtre (11). Mais pour revenir sur ce qui tient à la posture de ces statues, il ne faut pas négliger de dire que Montfaucon a fait sraver une figure semblable, dont la partie inférieure se termine en vase, ou, pour m'exprimer suivant la phrase des antiquaires, en Canope (12). L D'autres pareilles et très-communes , ou en bronze de ronde-bosse , ou sculptées sur des bas-reliefs, ou gravées en pierres fines , nous offrent le dieu du silence au milieu du calice d’une fleur de Lotus. Un très-bel Harpocrate de cette espèce se trouve dans. le voyage du C. Denon, qui a copié aussi quatre figures dans la même attitude, mais monstrueuses par leurs têtes, posées sur des tasses, et entourant, sur la frise du temple de Tentyra, une grande tête d’Isis ou d'Athor (13). (11) Le Musée central en possède cependant des éxem- ples. L'un est dans une petite idole en pierre blanchtre d’un travail très- fin; l’autre est dans un groupe de deux figures debout ; un peu moindres que nature, et d’un art très-grossier, que j’attribue à l’époque de Julien l’apostat. (2) A. E. Tom, Il, P. IT, pl, cxxxrrr et cxxxiv : si l’on peut cependant compter sur l'exactitude d’un dessin tiré des ouvrages de Boissard, (13) PI, cxx. s, et cxvi, 1, Je reviens souvent et volon- tiers à cet excellent ouvrage ; qui respire à chaque page le goût des arts et l'amour de la vérité; d'autant plus qu'il , Do6 Archæologie. Les peintures d’un papyrus où manuscrit ægyptien, gravées dans le même ouvrage , mettent sous nos yeux des figures en attitude de prier , ou de faire desoffrandes vis-à-vis d’idoles ainsi accroupies , dont quelques-unes ont des têtes d'animaux (14). ” C'est d’après ce dénombrement de faits, et de monumens analogues, que nous allons résoudre la question proposée ci-dessus, c’est-à-dire , que nous pourrons déterminer, avec fondement, si des figures pareilles ont été faites pour représenter simplément des ministres du culte, où plutot pour être des images de divinités. On a cru trancher la question en observant, d’a- près Hérodote, que l'Ægypte ne conoissoit pas de prêtresses (15); mais cette observation, qui d’ailleurs pour être juste doit être bornée à une certaine époque, n'exclut pas entièrement qu'il w’y püt avoir en Ægypte des individus du sexe consacrés au culte d'une facon quelconque : Hérodote lui-même en parle (16), et des monumens en grand nombre pa- roissent le témoigner. Tudépendamment de ce fait, mon opinion est toutefois qu'on doive reconnoître des divinités dans renferme un si grand nombre de monumens ægyptiens de toute espèce, et de notices si exactes à leur égard, qu'il est maintenant difficile d'écrire avec critique sur les anti- quités de l'AEgypte, sans faire usage de ce précieux recueil. (14) PL cxxv, n,9 20, 22 et 24, Voyez aussi la pl. cxxxr, n.02, et à la pl. cxxxvir, la première figure à gauche dans le rang du milieu. (15) Héronore, liv, II, ch. 35. (+6) Liv. IT, ch, 54 Statue œE yptienne. 907 Tes figures en question. Les circonstances de plusieurs monumens, parmi les indiqués ci-dessus , sont telles, qu’elles feront partager, à ce qüe je pense , le même avis à tout lecteur qui suivra cette discussion. Qui voudra douter que la figure accroupie, terminée par le bas en Carope, ou que celles qui s'élèvent du milieu d’une fleur, n’appartiennent point à des divinités ? On ne peut que juger de même des quatre monstruenses qui ornent la frise du temple à Tentyra , et à plus forte raison de celles du manuscrit que l’on voit dans l’attitude de recevoir un culte. L’analogie fera porter le même jugement sur tout le reste, d'autant plus que les images des prêtres ægyptiens portant des idoles, quand ils ne sont pas dans l’attitude de marcher , on les voit ordinairement à genoux (17). La circonstance d'avoir trouvé des figures accrou- pies autour des momies, nous oblige aussi à les re- garder comme les gardiens de ces dépôts religieux , et en conséquence comme des génies tutélaires des tombeaux ; de même que ces petites idoles emmail- lottées qui entourent ordinairement les momies, et qu'aucun antiquaire ne s'est jamais avisé de prendre pour des prêtres. Cependant, tout en reconnoissant dans ces figures des images de divinités, je suis d’avis qu'on ne doit les attribuer qu’à des génies, ou à des dieux et des déesses d’une classe inférieure et subalterne, que la (17) Wixcrrzimann, Hiss, des Arts, etc.; iv, JT, ch,17,. de l’édit, de Rome ; Monrraucon, A. E. 1. 11, L. II, pl. cxz, 8. Il en existe plusieurs au cabinet de la Bibliothèque. Ù 508 Archæologie. mythologie-des Ægyptiens admettoit (18); plutôt qu'à leurs principales divinités. Celles-ci , quand elles sont assises, ne le sont que sur des trônes (19) : et d’ail- leurs, l'usage des consoles, auquel plusieurs de ces statues paroissent , par leur disposition, avoir été des- tinées , s’accorderoit trop mal avee la crainte et le respect que ces dieux redoutables inspiroient à leurs adorateurs. Ce même emploi ne paroit pas , au con- traire, être disconvenable à des génies. Ministres des dieux, surveillans des hommes , et médiateurs entre le ciel et la terre, ils accueilloient les offrandes que la religion des peuples venoit déposer sur leurs ge- noux , et ils les rendoient, par leur entremise, plus agréables à ces dieux ,. dont ils formoient la suite, et pour ainsi dire la cour. , On auroit, pu s'imaginer que celte posture, que nous examinons, étoit celle de la prière; mais j’observe que si le paganisme grec connoissoit, le rite de prier assis, 1l ntoit pas de même des religions de l'Orient. Les Æoyptiens, dans léurs monumens, prient à genoux, et quelquefois debout : ce rite étoit aussi celui des juifs ; il est devenu celui des chrétiens (20). Pa : (8) Dropore, liv.I, $, 49. M. Zoëga appelle souvent ces génies et ces déesses d’un rang inférieur , par les noms de Penates Osiridis, et de Camillæ Isidis. — À la vérité, rien de plus fréquent dans les monumens de lAFsvypte que les images de pareilles divinités, Les Famuli Divi des inscriptions des Arvales étoient aussi du même genre. {19) Voyez la Table isiaque, l'OEdipus ægyptiacus de Kxr- K£e, et les planches des ouvrages de M. Zoëga et du GC. Denon, (2e) Trnruzzren ,)de Orat,, cap. xix. Statue œgyptienne. 5og Quant à la manière de s'asseoir à terre en s’accrou= pissant , elle étoit si commune aux Ægyptiens, qu’elle se conserve chez eux, même aujourd'hui. Pococke l'avoit remarquée, et les costumes dessinés par lé C. Denon nous la présentent plusieurs fois (2r). Un passage de Callimaque, qui se retrace à mon souvenir, peint à merveille cette posture des déesses subalternes, assises aux pieds dü ‘trône de la grande divinité dont elles dépendent. Ce poëte nous décrit Iris, la messagère des dieux, qui, fatiguée de sa longue course, s’accroupit ainsi auprès du trône de la jalouse Junon (22). Ce rapprochement me paroît décider d’une manière définitive la question discutée jusqu'ici. Caliimaque écrivoit à la cour d'Alexandfrie , et tiroit probablement ce tableau des figures qu'il avoit re- marquées dans les temples de l'Ægypte. «Au reste, l'exécution de la statue est d’une sim- plicité de traits, et d’une justesse dé proportions qui (1) Ple zxrr, 23 xCIIT, 1, et C1, 9 et 7; et il remarque à la fig. 1 de la pl. xcur, que c’est là l'attitude que prend un homme du peuple, aussitôt qu’il a à traiter de guelque chose qui exige plus de deux ‘ou trois phrases. (22) Hymn. in Delum., ÿ. 228 et suiv, 5 CA Ve dl d H % vro xpureros dEb>oy ie, xvwy Dé 7. LA } [72 &- PR y [2 « " # PTEHICOS y HTIS TE, DONS OTE TAUCET EI &YpnS La / 2 ICer TJuprrepe map pveri-** LE AL L2 : « + Ty ixély Ouvuarres ùro Spoyoy 1Cero #8p7. “ Elle dit, et s’assit aux pieds du trône d’or, comme le « chien de chasse de Diane qui, pour se reposer après sa « course rapide, s’accroupit aux pieds de la déesse. , . « Telle la fille de Thaumas se posa aux pieds du trône de « Junon, etc, ». 5ro Archæologie. la font regarder avec plaisir, quoiqu’elle n'offre pas assez de choix dans l’imitation de la nature, fidèle= ment rendue telle qu’elle se développe sous ces cli— mats. Je la crois un ouvrage de l’ancienne école ægyptienne, antérieur à la conquête de ce pays par les Grecs; mais postérieur peut-être à l’époque où les princes de la dynastie des Psammetichides avoient commencé à se lier avec la Grèce par des rapports d’alliance.et de commerce, et même àtolérer en Ægypte l'établissement de quelques colonies étrangères. Les contours, un peu moins roides que dans le style des obélisques, et les oreilles de la figure, dessinées à leur place naturelle, sont les fondemens de mon opinion, Dans les ouvrages d’une période plus recu< b P P lée, on a souvent remarqué les oreilles rappro- chées fautivement vers l'extrémité supérieure des tempes (23). Si cette conjecture est fondée, la statue date de plus de vingt-quatre siècles. Les observations que je viens d'exposer, me pa- roissent augmenter l'intérêt de cette rare antique, et la recommander de plus en. plus aux recherches des savans, ainsi qu'à la curiosité des artistes et des gens instruits , qui aiment à suivre l’origine , les pro- grès , et les vicissitudes des arts, à travers les ténèbres de l’antiquité et les grandes époques de l’histoire. (23) Wixckezmann, lc, liv. II, ch,11, 6.6, et dans les Monumenti inediti Trat, Prelim,, cap. 11, p. xix. On doit ce- pendant observer que cette incorrectiôn n’est pas absolu- ment générale dans les ouvrages de la haute antiquité : le beau sphinx, sculpté sur la pointe de l’obélisque, placé jadis par Auguste au milieu du Champ de Mars, a les oreilles à leur place. WinckELManNN, Monum, ined,, n° 78, ES: 4 À GC LE jé à à : VARIÉTÉS, NOUVELLES ET CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES. NOUVELLES ÉTRANGÈRES. LonNDRES. M. Joseph BAxKs vient de’faire une découverte très-économique dans l’art de la tannerie. Il emploie une matière que l’on tire de l'Inde, et qui est connue sous le nom de terre du Japon (4erra Japonica); elle a dix fois plus de force que le tan. On a pris des mesures pour en faire importer en Angleterre, SU DE. T1 manquoit à la Suède une feuille où l’on rendit compte des nouvelles productions littéraires nationa- les et étrangères , où l’on en trouvât des extraits faits avec quelque soin, des jugemens motivés, des éclaircissemens critiques , etc. Plusieurs savans et lit- térateurs distingués de l’université d'Abo viennent d'annoncer qu'ils se proposent de remplir cette tâche en publiant , deux fois la semaine , à compter du 1.7 janvier 1803 , un journal de ce genre , à un prix très- modéré. à ‘4 brz Nouvelles aires I1 vient de paroître en Suède un ouvrage qui y a obtenu beaucoup de succès. C'est proprement une traduction en Suédois du Z’oyage de LECHEVALIER dans la Propontide et sur la Mer Noire, mais aug- mentée , et enrichie de notes et de gravures, par le conseiller de la chancellerie BERGSTED , qui, dans les années 1794 et 1795 , a voyagé dans le Le- vant., S T O C K H O L M. Le collège de médecine { collegium medicum ) de cette capitale, vient de faire au roi un rapport sur les progrès de l’inoculation de la vaccine. S. M. a promis protection et encouragement à cette ino- culation. * HAMBOURG. | M.le Dr. BENZENBERG a fait , depuis quelque temps , sur la tour de l'église de Saint Michel de cette ville , différentes expériences et observations relatives à l'astronomie et à la physique, dont 3x sur la rotation de la terre, 20 sur la résistance qu’exerce l'air sur l’eau tombante , 440 sur la résistance qu'il exerce sur des balles de plomb tombantes, d’un pouce et demi de diamètre, et à différentes hau- teurs, depuis 10 jusqu'à 340 pieds de Paris. Pour faire les observations du temps de la chute avec la plus grande exactitude , M. HEYNE , qui met tant d'intérêt et d'empressement à favoriser toutes les en- treprises utiles, avoit envoyé à Hambourg la pen-— dule à tierces de l'observatoire de Goettingue. La tour de l’église de Saint Michel a 390 pieds d’é- lévation ; Nouvelles littéraires: 513 lévation ; elle est d'autant plus propre à de pareilles expériences, que l'architecte, Soziz l'a construite. de manière que dans tous les étages il y a une ouver- ture qui règne depuis le haut jusqu’en bas d’après une ligne perpendiculaire , et par laquelle les balles de plomb font leur chüte’sans trouver aucun obs- tacie. L’élévation propre à ces expériences sur; la chute , est de 100 pieds plus considérable que celle de, Bologna, où Rrccrorr ,,il. ya 200 ans, et Gu- GLIELMINI il y a dix ans ont fait leurs expériences. Celle:de l’église de Saint Paul à Londres ,; où New- ‘ton a fait, il y a 90 ans, des expériences sur la résistance , a 65 pieds de moins. RAUESOS 7 EE AL D’après un nouveau plan présenté par la commis- sion des,instuutions publiques, ily aura dans l’em- pire de Russie, des uuiversités non - seulement à Pétersbourg , à Moscou , à Dorpat ,, maïs. encore dans deux ,ou trois autres grandes villes de. l’em- pire ,et.elles seront mises sur le même, pied;que celles, d'Allemage. Il y aura aussi des collèges dass chaque: ville ét gouvernement , et des écoles dans tou- tes les petites villes et villages. La nouvelle université! de Dorpat continue d’at- tirer l'attention du gouvernement de la Russie. L'em- pereur a l’intention d'employer tous les moyens pos- sibles pour lui donner la plus grande utilité. Il a assigné vingt mille roubles cette année , et 3000 pour chacune dés années suivantes à l'augmentation de la bibliothèque. Le traitement fixe des professeurs, qui Tome F. Kk 514 Nouvelles littéraires. n’étoit jusqu'à présent que ‘de 1500 roubles, a été porté à 2000 , et chaque professeur a l'assurance que sa veuve recevra une pension viagère de 1000 roubles. Académie des arts de Pétershourg. L’académie des arts de Pétersbourg a définitive- ment obtenu de sa majesté l’empereur , un revenu annuel de” 140,000 roubles; elle n’en avoit reçu jus- qu'ici que 60,000 L’académie des arts de cette ville a tenu , le 25 décembre ‘dernier , une ‘séance publique , dans la- quelle il a été distribué des médailles d’or et d’ar- gent aux élèves qui .s’'étoient distingués par leurs ouvrages. T’académie a agrégé en même temps comme membres honoraires | M. de Murawiew et le-comte Séverin Potocki. Le lendemain, jour anni— versaire de la naissance de sa majesté l'empereur, l’académiea donné un bal. D'après le nouveau réglement , l'académie pro- posera annuellement des prix pour l'exécution des. portraits, tableaux ; bustes, statues représentant des grands hommes ou ‘des sujets pris dans l’histoire de l'empire de Russie ; et qui seront exposés au pa- ais impérial dans une galerie particulière. Le’ ca- binet fournira tous les ans à cet effet une somme de 10,000 roubles, [ PE ‘S-S'E, Le chanoine GLETM , doyen des poëtes allemands , est mort , le 18, à Halberstadt, à l’âge de 84 ans. Nouvelles littéraires. br Pendant la guerre de sept ans, il a chanté les ex- - ploits et les victoires de Fréderic-le-Grand, sous le nom d’un grenadier prussien. Ce nom lui est resté cher jusqu’au dernier moment de sa vie, et il a de- miandé expressément , dans son testament , à être enterré comme un vieux grenadier. BR BLR: LYION: Le Cabinet anatomique et physiologique du pro- fesseur WALTHER , membre de l'académie , des sciences de cette ville, et l’un des plus riches et des plus complets qui existe en Allemagne , vient d’être acheté pour la somme de 100,000 écus, par sa majesté le roi. de Prusse qui, en même temps, a conféré au professeur Walther le titre et le rang de conseiller intime. Notice des Mémoires lus à l’Académie des sciences , depuis le 2 juillet 1807 jusqu’au 30 septembre 1802. Dans la séance du 2 juillet 1801 , M. le professeur Bope lut un rapport détaillé sur les recherches faites jusqu'alors par les astronomes , sur le vé- ritable orbite de l'étoile découverte dans le Tuu- reau, par M. Piazzi; dans celle du 9, M. ENGEL donna lecture d'un mémoire sur la réalité des idées abstraites ou universelles ; le 16, M. De- NINA lut un troisième mémoire sur Le caractére des nations modernes. Ce mémoire comprend les peuples descendans des Sarmates et des Scythes ; Kk'2 : 16 Nouvelles littéraires: le 23, M. Tremgrey lut un mémoire sur les prin= cipes physiques de l'équilibre et du mouvement des fluides ; le 30, M. le professeur BURJA, un mé- moire sur Les raisons des calculs de variation. Dans l’assemblée publique du 26 août, M. le di- recteur MERIAN ;, secrétaire perpétuel, lut l'éloge du comte de Finkenstein ; M. le professeur WALTHER, l'ainé, un mémoire sur la question : comment se fait la nutrition de l'homme , pendant qu'il est dans l'utérus ; M. ANCILLON , un examen de la mé- caphysique des Grecs dans les questions relatives au monde ; M. ERMANN, un mémoire sur la des- cendance de Sophie-Charlotte d'Hannovre, reine de Prusse. Les lectures faites pendant le mois de septembre ofiroient , le 10: des doutes élevés par M. le bibliothécaire BrEsTER, contre l’assertion de M. Morgenstern , que la véritable réponse dans le dialogue de Platon, intitulé Menon, n'est pas prise en sérieux, mais du côté ironique; le 17, M. BasTine, sur les érymologies françaises ; le 24, M. le professeur WILDENOW , sur quelques pal- miers de l'Amérique méridionale. Le 1.27 octobre, M. le professeur TREMBLEY lut des recherches sur le calcul de l'orbite des comètes ; le 8, M. de CASTILLON a parlé sur la question de l’origine des connoissances humaines ; le 15 ,,M. ERMANN , sur quelques lettres inédites de Leibnitz;le 22, M. le professeur WILDENOW , sur Les différentes espèces du Wollgras ; le 29, M: le professeur GRusoN , sur La construction des ta- Nouvelles littéraires. 917 bles nouvelles , pour exécuter de grands calculs. Le 5 novembre , M. Nrcocas lut quelques dou- tes sur les lois qui restreisnent le droit de juger les qualités morales des autres; le 12, M. le comte de Goyon donna lecture de son 4°. mémoire sur l’art de se vétir ; ke 19, M. le conseiller de santé Hermesrapr lut la première partie de ses re- cherches sur la manière dont Les corps naturels montrent des couleurs ; le 26; M. OpE ut la suite de son rapport sur la nouvelle planète. Le 1.7 décembre , M. le professeur ENGEL lut un mémoire sur l'origine de l'idée de force ; le 8, M. le baron de CHAMBr1ER lut un troisième mémoire sur les problèmes historiques ; le 15 , M. GERHARD , sur les principes AUPREe ue différentes Lerres et pierres. Le 7 janvier 1802 ; M. BopDe continna son rap- port sur la nouvelle planète ; le 14, M. le direc- teur de CASTILLON parla du noble orgueil des gens de lettres ; le 21, M. Hrrr traita la question de savoir guelle étoit l'étendue de l’art de la pein- ture chez les anciens ? Dans la séance publique du 28, M. le directeur MÉRIAN lut un éloge de M SELLE ; M. TELLER prononca un discours en mé-— moire de M. de Woellner ; M. le professeur BoDE lut l'histoire de la découverte de la nouvelle pla- nète ; M. KLAPROTH , des recherches sur les der- nières expériences du galvanisme. | Le 4 fevrier, M. KsaproTu lut nn mémoire contenant des recherches chymiques sur les cal- culs trouvés dans l'estomac des chevaux ; ke 1 Kk 53 d18 Nouvelles littéraires. 11, M. le professeur BuryA, sur la certitude des sciences mathématiques ; le 18, M. Aw- CILLON lut la suite de ses pensées philosophiques et morales ; le 25, M. Gentke lut un mémoire sur les moyens propres à avancer la culture intel- lectuelle et à étendre les lumières dans les parties de la Prusse qui appartenoient autrefois à la Po- logne. Ê Le 4 mars, M. le professeur Warren , fils , donna lecture d'une exposition succinete de la manière dont la vaccine s'est introduite | accréditée et propagée à Wienne, par M. CaRÉNO, médecin: à Vienne ; le 11, M. TREMBLEY lut des obser- vations sur le développement des fonctions qué renferment des sinus et des cosinus d'ares mul- riples ; le 18, M. Teerer traita du plus ancien monument littéraire de la géologie et de La phy- siologie ; surtout de l’lomme ; le 25 , M. Bas- T1DE lut un mémoire sur quelques mots de nombres et leur étymologie. Le 1. avril, M. HurELAND lut quelques obser— vations sur la vaccine ; le 8, M. GRUJION parla sur quelques théorèmes de la philosophie elémen— taire ; le 29, M. KLEIN, sur /a dépendance de toute La dignité et La valeur de l’homme , de l'éner- gie de sa volonté. Le 6 mai, M. Du Verpy donna la suite de son mémoire sur la généalogie de la maison de Prusse ; cette suite contenoit la 4.° période ; le 13, M. HermBsTADT lut des recherches sur la question ce que c'est que l'engrais ? le 20, M. Nouvelles littéraires. 519 le professeur BFRNOUILLI lut le résultat de ses ex- périences faites pour connoître l'aleali conrenu dans quelques végétaux. Le 17 juin, M. Dœcexer lut la suite de son mé- moire sur les institutions. propres à corriger les criminels , ou à les rendre meilleurs ; le 24., M. le comte de Goxox lut le 5.° mémoire sur l'arc de se vétir. Le 1.7 juillet, M. BasTine lut un second mé- moire sur les prés artificiels ; la séance. du 8 fut consacrée: à entendre différens rapports de M: Bone sur des objets d'astronomie ; le 15 ,; M. de l CasTiLLon lut ses réflexions et principes gène- raux sur les fabriques et privilèges exelusifs ; le 22, M. l'abbé DENINA, sur les synonymes , la, richesse et l'élégance des langues ; le 24, M. KcaPrOTH, sur la gomme noire de-l'orme.. Dans la séance publique du & août , M. le direc- teur MÉRIAN lut un éloge de M. de Carmer , et un éloge de M. de Moulines ; M. l’abbé DentNAa parla de l'antiquité et de la richesse de la langue allemande ; M. le professeur WALTHER , fils, lut un mémoire sur l'organe de l’odorat des Lommes et des animaux. - Le 16 septembre, M. le professeur PREvOsT, de Genève , communiqua quelques remarques sur l'ame humaine ; le 9 , M. le professeur Bope fit un rapport sur la comète découverte par M. Or- BERS ; le 23, M. le baron de CHAMmBRr1#R lut un 4* mémoire sur les problèmes historiques ; le Kk 4 520 Nouvelles littéraires. 30, M. Grrnarp donna quelques observations géographiques sur le comté de Hohenstein. MILAN. L'Institut national, séant à Bologne , à choisi le C. Moscarr, membre de la consultat d'État , pour son président ; et pour secrétaires les CC. ScarpaA et Daxporo. Les CC. MorcEecLr et ORIANI ont succédé à ces derniers. * z Une société d'imprimeurs et de libraires de Milan , annonce la réimpression du Moniteur con- forme à l'édition originale , sauf les annonces de théâtre , de livres, et avis inutiles. La réimpression de cet ouvrage s'exécute dans limprimerie française et italienne à Sazzt-Zéno, sur format in-8.° sur beau papier. Le prix d’un volume sera de 4 francs pour les personnes qui auront souscrit avant la fin de février 1803. On promet deux volumes par mois , chacun d’environ 320 pages. Il en a déjà paru plus de douze. ROME. La bibliothèque du Vatican vient d'être aug- mentée de celle de feu le cardinal Luchi , en vertu du testament de ce prélat. { WE. I M A R. Te célèbre M. Boettiger , h Weimar, vient de publier un ouvrage qui doit intéresser tous les ama- teurs de la littérature ancienne et de l'antiquité. IL est intitulé Sabina. C'est une description de la toi= Nouvelles littéraires. 521 lette des anciennes Romaines , sur laquelle l’auteur avoit donné autrefois deux dissertations dans le journal du luxe et de modes. L'ouvrage est divisé en huit scènes ou chapitres: à la fin de chacun se trouvent un ou deux excursus sur quelques-uns des objets mentionnés dans le chapitre. Pour donner une idée des matières curieuses que M. Boettiger traite avec la sagacité et l’érudition qu'on lui connoît , nous allons traduire quelques-uns des sommaires qu'il a mis à la tête de chaque chapitre. L Sabina sort de la chambre à coucher, et passe dans le cabinet de toilette. Réparation. Scaphium apporte le lait d’ânesse, PAiale le rouge, Siimmi le noir pour les sourcils, et Masriche les dents. II. Coiffeuses. Parfums et teinture des cheveux ; miroirs, épingles. III. Glycerium, marchande de fleurs et de guirlandes d'Alexandrie ; couronne d'Isis, guirlande d’ache pour la tête ; guirlandes de roses de Paestum pour le cou ; fruits en cire. IV. Cruautés envers les esclaves. Carmion nettoie les ongles ; soin que l’on prenoit pour avoir de belles mains et de beaux ongles. Lasin laisse tomber l’étui du miroir (1)- (1): M. Bast, secrétaire de la légation de Hesse-Darmstadt à Paris, s’étoit proposé de traduire la Toilette de M. Boettiger en français, et d’y’ajouter ses notes ; mais des affaires di- plomatiques l'ont obligé de renoncer à ce travail. M. Winckler donnera incessamment , dans le Magasin Encyclo- pédique , la traduction de quelques morceaux choisis de cet ouvrage. A. L. M. 522 Nouvelles littéraires. AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. On vient de traduire et de publier à Boston, a théo- rie générale des vents et des courans , par M. DEGRENIER , mort lieutenant général des armées na vales de France , de l’Académie de marime de Brest, etc., etc. Cet ouvrage contient ure réfutation du système du C. Bernardin-de-Saint-Pierre , qui sup- pose que la fonte des glaces sous le pôle , est la vause des marées et des courans , et une confirma- tion de ce que le même ingénieux auteur soup— çonne à l'égard du mouvement de la terre dans l'écliptique, que Jon doit réellement attribuer à la fonte alternative des glaces sous les pôles. M. Waters, subrécargue du navire l'Élisa , arrivant de Canton , a apporté une coquille qui pèse 417 livres ( poids anglais ) ; elle à été placée dans le cabinet de curiosité de T'urrl , à Boston. M. Jacobs ArLRICHS, mécanicien ingénieux de la Delaware , a inventé des pendules qui devien- dront fort utiles ; elles n’ont que six roues et un pignon, au lieu de douze roues et de six pignons qui ont composé jusqu'à présent le mécanisme des plus simples pendules. La simplicité de cette nouvelle construction permet d'établir des pendules à deux ticrs meilleur marché que les autres ; elles auront besoin de moins de réparations , et elles dureront plus long-temps. On dit que M. Alrichs se propose de demañder une patente pour son invention. Une personne de New-York écrit de Bostan à un ami:— Le squelette du grand Mammoth est À Nouvelles littéraires. 523 maintenant complet et dressé dans le cabinet du Muséam. Il est digne d'être vu; il a onze pieds de haut et 20 pieds de long. Los de la cuisse a, dans sa partie supérieure , trois pieds 10 à 11 pouces de circonférence. La mâchoire inférieure pèse 60 livres, et elle est si haute que je puis à peine y at- teindre avec ma canne, qui a trois pieds de long. Cet animal paroît être de l'espèce de l'éléphant , mais plus grand. Les chefs indiens, dont toutes les expres- sions sont exaltées, ont coutume de dire, en parlant par tradition du Mammoth : les plus gros pins s’é- crasoient sous ses pieds, et quand il buvoit dans les lacs , il les mettoit à sec (x). ERA INAC''E. MANS. Procès - verbal des séances publiques de la Société libre des arts du département de la Sarthe, séant au Mans, tenues dans les années 1x et x de la République. Première séance publique du 29 germinal an IX. La séance a été ouverte par le C. LEPRINCE, président. (1) Les mesures dont il est question dans cet article sont au pied anglais; le pied anglais fait 1351 parties 2 tiers du pied français , divisé en 1440 parties. Le squelette qu’on voit à New-York est, je crois, le seul qui existe dans au- cun cabinet d'histoire naturelle, 524 Nouvelles littéraires. Après avoir retracé l’origine et les premiers tra- vaux de la Société, il a présenté les principaux objets d'encouragement qui devoient soutenir le zèle de tous les membres et assurer leurs suecès ; xl s’est étendu spécialement sur l’histoire des grands hommes du département, déjà ébauchée par la Société , et a donné une esquisse de cet ouvrage intéressant, qui fournira des exemples et des modèles de sciences, de talens et de ‘vertus dans tous les genres. à Le C. DEerouRNAY , secrétaire - général , a fait ensuite l’analyse des travaux de la Société. Gi Agriculture. Dans cinquante mémoires qui ont été présentés sur le premier des arts, cette source féconde des richesses de l’État, on trouve tous les détails qu’on peut désirer sur la nature des différens sols du dé- partement ; la culture propre à chacun d'eux , les moyens de la perfectionner , de l’augmenter par les éngrais et les défrichemens; on y reud compte des essais qui ont réussi sur des grains étrangers , tels que le froment d'Espagne , de Sibérie , le blé Mer- veille , le seigle de Russie; sur le parti qu’on peut tirer des tourbières : on y traite des ressources du département pour les subsistances , des projets d’é- tablissemens ruraux ; on y présente des instructions sur les vignes , et l’art de traiter le vin; sur la cul- ture des chanvres , et des essais faits en petit pour s’en ménager deux récoltes dans la même années Nouvelles. littéraires. 525 éssais que la Société se propose de renouveler en grand ; surtout ce qui est relatif aux plantations. des différentes espèces d'arbres, à la nécessité d’en cou- vrir le sol de la France , et de rétablir l'équilibre entre la consommation et la reproduction. On y donne les noms latins , français et vulgaires des dif- férens arbres exotiques élevés par quelques mem- bres , leurs propriétés en médecine et en teinture : on y indique ceux de ces végétaux qui sont sus- ceptibles d’être cultivés dans nos climats, et l’éco- nomie qui en résulteroit pour le gouvernement, qui jusqu'ici les importe à grands frais de l'étranger ; les moyens d'utiliser le pin, qui croit en abondance dans le département. Cet arbre, nommé par les natu- ralistes pin maritime, est le même que le. pignola des landes de Gascogne , dont on extrait le sou- dron, la résine , le brai, l'huile de thérébentine; les procédés pour y parvenir y sont détaillés d'a- près des essais faits avec succès, ainsi que le parti que l’on peut tirer de son bois, en purgeant l'arbre par une incision , dela surabondance de sa séve ; enfin , on indique les raisons pour lesquelles cet arbre et tant d’autres du même genre , sont toujours verts. En agriculture rien n’est indifférent , et plusieurs autres objets n’ont pas été négligés; tels sont, la né- cessité de l’échenillage , la destruction des taupes , la culture du pavot blanc dont on extrait l’opium , les moyens d'exprimer de sa graine l'huile d’œil- lète , etc. Les moutons constituent une des branches les plus précieuses de l’économie rurale; la Société s’est fré= 526 Nouvelles littéraires. quemment occupée de leur éducation , de leurs ma ladies, des moyens curatifs , de la multiplication et du perfectionnement de l’espèce ; quelques mem- bres sont parvenus , avec des sujets tirés de Ram- bouillet , à se procurer une race pure d’Espagne. La Société a publié les moyens indiqués par le Ministre, pour obtenir à bon compte, soit à cette bergerie , soit aux autres établies par le gouvernement , des beliers et des brebis de cette espèce aussi belle que lucrative. CNRS 0 Commerce et Manufactures. Le commerce et les manufactures , seconde ma- melle de l'État , ont fixé l'attention de la Société dans 25 mémoires. Plusieurs ont été présentés au Ministre de l’intérieur , soit pour satisfaire aux ren- seisnemens qu'il demandoit sur la situation des fa- briques et l'étendue du commerce , sur les papete- ries, les progrès de l'industrie française, les intérêts commerciaux à stipuler avec les nations étrangères, lors des transactions en cas de paix ; sur l’exploita- tion du minerai de fer et les ouvrages qui résultent de sa fusion et élaboration ; soit pour lui exposer les préjudices résultant de la fausse position des bar- rières ; de la cédule royale d’Espagne , du 17 juillet 1799, qui donnoit cours forcé au papier-monnoie de cette puissance dans le commerce ; de la multi- plicité des banqueroutes frauduleuses , et des me- sures à prendre pour y opposer des digues, soit aussi pour solliciter les établissemens qui pouvoient favo- Nouvelles littéraires. 527 nser notre commerce , tels qu'une bourse , afin de détruire les effets désastreux de l’agiotage ; une halle aux toiles et autres étoffes, pour faciliter le com merce avec les forains; une caisse de secours pour soutenir les nouvelles fabriques en mouchoirs et toiles peintes ; des encouragemens pour une teinture de coton en véritable rouge des Indes, dont la beauté et la solidité sont constatées par le débouilli des échantillons. Enfin, des écoles de filature dans les- quelles , en employant utilement les bras des indi- gens, on trouveroit des ressources pour la fabrica= tion. La Société s’est occupée des moyens de relever Ja manufacture des étamines, d’en établir une de droguets et tourangelles, et de la possibilité d’en créer une d'acier ; pourquoi il a été fait avec succès des expériences qui ont prouvé que les fers prove- nant des forges du département y étoient très-pro- pres , et que l’acier qui en résulte étoit de bonne qualité. Elle à parcillement traité en détail la partie de la teinture , ses rapports avec la physique et la chy- mie , ses couleurs primitives et secondaires , tant en grand qu’en petit teint. ir. ET: Navigation. La navigation de la rivière de Sarthe présente trop d'avantages , sous tous les rapports, pour ne pas avoir été l’objet de notre sollicitude, comme elle avoit fixé celle de l’ancienne Société d'agriculture et des corps administratifs, 528 Nouvelles littéraires. Dans dix mémoires , communiqués aux autorités constituées et au corps législatif , on trouve le tra- vail à faire pour le nivellement de la rivière , le devis estimatif de ce qu’il peut coûter, les dépenses de cette entreprise balancées avec les avantages et bénéfices qui résulteroient de son exécution ; lé ta- bleau du toisé de la rivière de la Sarthe, celui d’un canal de jonction avec la rivière d'Orne , et géné- ralement de tout l’espace à parcourir depuis Angers jusqu'à la Manche; l’état de 63 ruisseaux et de 5 rivières qui fournissent l’eau à celle de Sarthe ; en- fin, le devis des travaux à faire pour rétablir la naVigation de Malicorne au Mans. Dans ces mémoi- res, on démontre l'utilité des canaux, et l’économie qui en résulteroit sur les travaux des hommes et des chevaux , sur la consommation des grains et des fourrages , et sur les réparations des grandes routes auxquelles on pourroit employer, à la paix , les bras des soldats ; on détaille dans ces mémoires tout ce qui est relatif au système général de la naviga- tion intérieure , la correspondance avec le Ministre pour y faire comprendre le département, la com- mission nommée pour la visite des rivières naviga= bles et flottables ; enfin , les rapports sur la visite faite par l’inspecteur général des ponts et chaussées, d'après les ordres du gouvernement. SAV: Histoire naturelle. Dix mémoires sur l'histoire naturelle présentent des découvertes de fontaine d’eau salée , d'ambre jaune Nouvelles littéraires. b29 jaune ou succin , de fossiles marins , de matières volcaniques ; des tables indicatives et caractéristi- ques des productions comprises dans les trois règnes dé la nature, pour former un ouvrage élémentaire ; des dissertations sur les végétaux comparés et assimilés aux animaux, sur les différentes carrières de marbre et autres existant dans le département; sur les ex- périences de l'abbé Spallanzani, relatives à la fé- condation artificielle ; sur les oiseaux et les poissons, sur la conchyologie ; enfin, la liste des mammifères, aiseaux , reptiles, poissons et coquilles observés par un membre , dans le département de la Sarthe. ë 6. :V. Littérature et Histoire. Trente mémoires sur la littérature et l’histoire offrent une très-vrande variété. Parmi les différentes matières qui y sont traitées, on distingue l’annuaire républicain pour l’an 8 , des observations sur l’un de ses paragraphes ; des dissertations sur les années sextiles et bissextiles , sur la connoissance des livres, considérée sous deux rapports , la partie bibliogra- phique et la partie littéraire ; sur la traduction latine du poëme de la religion, vers le milieu du 18.° siècle, par Bréard, ouvrier en laine au Mans. On y lit avec plaisir un traité de la jurisprudence mé- dicale , un essai sur la puberté, deux systèmes de division des temps pour servir à l’histoire ; l'analyse des principes de architecture ; une dissertation sur lexpériesce du pistolet de Volta ; un projet de Tome F. L1 530 Nouvelles littéraires. + voyage dont le but tendroit à réunir sans confu- sion, dans le Muséum , des éhantillons de tout ce que la nature et lindustrie ont fait pour la gloire et la prospérité du département ; des observations météorologiques ; enfin ; l'éloge historique du C. Véron de Forbonnais (1), que la Société a fait im- primer, pour payer un juste tribut de reconnoissance à ce savant collège , enlevé à la patrie, aux sciences et à ses amis, le 3 complémentaire an vVrr. Elle s’est particulièrement livrée à l’histoire du Maine : plusieurs membres lui ont présenté des des- criptions topographiques du Mans, Saint - Calais, Bessé et autres parties de la ci-devant province ; des notices sur la fondation de la ville ; un catalogue des grands hommes du Maine ; des anecdotes cu- rieuses et savantes sur Germain Pilon , fameux sculp- teur Manceau , un des restaurateurs de son art, à l'époque de la renaissance des lettres en Europe ; l'historique de la guerre civile de la Vendée, de lin- vasion du Mans par l’armée vendéemne , et la prise de cette ville par les chouans ; enfin, elle a entendu avec intérêt une relation curieuse et instructive d’un voyage fait par un de-ses membres aux îles Canaries et aux Antilles. SR Antiquités et Médailles. Quatre mémoires ont été présentés à la Société sur les médailles et sur les antiquités; on y donne (8) Magasin Encyclop. année VIT, t. II, p-. 125. Nouvelles littéraires. LE une notice de 134 médailles romaines, faisant partie du cabinet d’un de ses membres, trouvées dans la ville du Mans ou dans les environs; dont 80 en ar- gent , depuis l'an 5 de J. C. jusqu'à l'an 307 , et des détails sur la découverte qu'a faite un meunier de la commune de Contres, en 1787, de 204 médailles d’or , de Marc Antoine , de réceptions de gardes prétoriennes , d'Antoine , Auguste, Tibère , Cali- gula , Claude , etc. Ce même canton offre encore d’autres antiquités. | Un de ces mémoires rend compte de divers mo- numens anciens qui se rencontrent entre Poitiers et Limoges , notamment à Civaux, des tombeaux de pierre du temps de Clovis ; et, dans la ville de Montmorillon , d’un temple des Gaulois , regardé comme le plus ancien connu. Enfin, des antiquités de Bordeaux en partie détruites ; il n'y reste plus que la porte basse, ouvrage romain, qui soit in- tacte , et le palais Gallien commencé à détruire. La Société , affligée de ce vandalisme, en a informé le comité d'Instruction publique , le Conservateur du Musée des monumens Français, et le Ministre de l'intérieur qui a donné ordre de les conserver. SOVAESE, Mécanique. La Société a entendu la lecture de huit mémoires sur la mécanique ,; dont un relatif à la force des modèles comparée à celle des machines en grand ; on lui a présenté plusieurs plans et modèles, j Pi NP” 532 Nouvelles littéraires. Celui d'un nouveau ventilateur pour purger les grains de leur poussière, etc. Un moulin dont la construction et l’entretien sont peu dispendieux, et qui n’exige que treize décimètres de chute, tandis qu'il-faut quatre mètres à ceux dits a la trotte. Le modèle d'un arc en plein-ceintre d'environ six mètres et demi d'ouverture ; ïl présente l'avantage de former de beaux greniers qui ne sont gênés par aucunes pièces de bois, et sont exploitables jus- qu'au haut du comble. Enfin , plusieurs modèles de colonnes départemen- tales. cé On à fait hommage à la Société, des devis , plans et dessins des pyramides, inscriptions et façades du temple de la Concorde , formant décoration à la fête du 14 juillet an 8. GNT TATÉ . Travaux ct Etablissemens publics. La Société a*fourni vingt mémoires sur des objets d'utilité publique , tels que l’art de la meunerie, si important et si imparfait ; on y démontre l'avantage de réadapter les bluteaux aux moulins, de donner la préférence à la mouture économique , et la né- cessité indispensable , pour éviter la famine , d'é- tablir des moulins à vent; on y présente le tableau général des impôts de la république ; la quotité de ceux payés par le départèment , excessive ,‘ en com- Nouvelles littéraires. 533 paraison de celle payée par les départemens limi-_- trophes, Fréquemment consultée par le gouvernement, SUE divers objets d'utilité publique, elle s’est empressée de. répondre à son appel, et a fourni des mémoires sur la levée du plan général de la ville, l'état et la réparation des grandes routes, le rétablissement du pont de Courdhamon, dit Couamon ; l'édifice de la cathédrale À conserver ; la fixation des foires et mar- chés ; les époques de échéances des baux ; la ré- duction des mesures agraires ; le travail sur les poids et mesures ; les dépenses à faire pour réparer les bâtimens de l'école centrale ; le rétablissement du courrier de Tours , dont la suppression étoit nuisi- ble au commerce ; la multiplication , dans les com- munes , des pompes à incendie et à, arrosemens, de l'invention du C. Picot,; elle a enfin sollicité et concouru à obtenir du Ministre en faveur de l'Ecole de Dessin, des plâtres moulés sur Les chefs-d'e œuvres d'Italie, Tel est le résumé des travaux auxquels s’est livrée la Société depuis son établissement ; s'ils peuvent mériter les suffrages de ses concitoyens , ce! sera pour elle une nouvelle oblisation de redoubler de zèle, et la plus douce rene Rpense, à laquelle elle puisse aspirer. Première séance publique. Après le discours du président et le rapport du secrétaire , les membres ci- dessous dénommés ont lu fes morceaux suivans : LL3 534 Nouvelles littéraires. 1.9 Le C. CHESNEAU , un mémoire sur l'utilité qui résulteroit du rétablissement de Ja navigation de la Sarthe , tant pour la ville du Mans, que pour notre département et les arrondissemens limitrophes. 2.° Le C. Leoru , deux fragmens d’une relation de ses voyâges aux îles Canaries et aux Antilles , en l'an 5 et l’an6, par ordre du Gouvernement. 3.° Le C. LIBERGE , un mémoire , d’après plu- sieurs expériences, sur les avantages de la vaccine. 4° Le C. RENOUARD, l'analyse d’un mémoire sur Germain Pilon , célèbre sculpteur du 16.° siècle, né dans le Maine. 5.° Le C. VAUTIER , un rapport sur différens es= sais de fabrication de l’acier par eémentation. 6.° Le C. BERARD , une dissertation sur les bé- néfices que la navigation de la Sarthe procureroit à ce département ; SOUS Le rapport des importations et des exportations. 7.° Le C. LEPRINCE , président , a terminé la séance en donnant lecture d’une Idylle sur le prin- temps , par feu Forbonnois. (La seconde séance au prochain numéro.) PACE TTS, Sur la Société de Statistique. On croit devoir ajoutér à l’annonce que l’on a déjà faite de la formation de la Socrété de Statistique, quelques développemens essentiels pour, faire con- noître au public le but réel de cette nouvelle ins— tütution. Nouvelles littéraires. 535. S'il ne s’agissoit, en effet, comme on pourroit le penser, que de demander, recueillir, analyser des mémoires qui sont faits sur les lieux par des hommes que leur position met à portée de tout voir et de bien voir, une réunion nombreuse de savans et de gens de lettres ne seroit pas pour cela fort néces- saire ; car depuis long-temps un travail de ce genre s’exécute avec succès par les ordres du gouverne- ment. Mais, fixer enfin d’une manière positive les prin- eipes de la Ssaristique , et tracer le cercle qui doit la circonscrire dans ses limites naturelles; — Réaliser . Pidée conçue par quelques bons esprits, de l’établis- sement d’une chaire spéciale pour l’enseignement de cette science, dont chaque jour on apprécie davar- age l'importance et l'utilité ; — Ajouter ou comparer aux.travaux déjà connus, les faits, les renseignemens , même les observations critiques que l’on peut obte— nir encore’ des personnes instruites,. judicieuses et amies, de la vérité; — Déduire de ces faits (mais seulement quand:l’exactitude en sera bien constatée ) des conséquences et des résultats intéressans pour la physique , la médecine , l’histoire naturelle, l’agricul- ture, l'industrie, le commerce, la législation, lins- truction.et la morale publique , les beaux arts, etc. ; — Enfin , offrir l'exemple d’une réunion d'hommes se - consacrant à l'étude , trop négligée , des rapports qui nous lient à nos-voisins, et donner ainsi, peut-être, une heureuse impulsion à tous les pays policés;.. . cette tâche; pour être bien remplie ; exige sans doute de grands efforts, un zèle constant et éclairé. Les El 4 536 Nouvelles littéraires. membres de la Société Statistique , encouragés par l'estime et l'attachement que le digne Ministre de l'intérieur a bien voulu leur témoigner, donneront à la patrie et aux sciences cette nouvelle preuve de leur dévouement. La Socicté de Sraristique doit, à l'exemple des universités d'Allemagne , ouvrir un cours public pour l'enseignement de cette science. ? Société philomathique. - Le C. Tourdes, professeur à l'Ecole de Médecine de Strasbourg, avoit annoncé, en l'an dix, que la fibrine du sang , dépouillée de la Iymphe , de l'humeur aqueu- se, à peu près pure, réunie en grumeaux, conservant encore à peu près le 30.° degré de chaleur qu'indique le thermomètre de Réaumur, présentoit, lorsqu'elle étoit soumise à l’action d’une pile galvanique, un trémoussement , une véritable contraction sezsible a l'œil armé d’une loupe. Cette observation, extrêmement importante pour l'étude dela physiologie, étoit de nature à exciter les recherches des personnes qui ‘s'occupent de cette science; cependant elle étoit restée ensevelie dans une sorte d’oubli, lorsque le C. Circaud, étudiant en mé- decine à l'Ecole de Paris, fit la même remarque, sans savoir qu’elle étoit déjà consignée dans plusieurs ou- vrages. En conséquence il donna à ses expériences le plus grand soin, et il rendit juges ettémoins de la découverte qu'il croyoit avoir faite, plusieurs natu- ralistes et physiolosistes, Nouvelles littéraires. 08m: L'un de nous à vu en eflet cette contraction ma- nifeste de la fibrine obtenue du sang d’un bœuf as- sommé quelques minutes auparavant. Le resserre- ment de la masse coaguléé étoit visible à l'œil nu, et le mouvement absolumént analogue à celui qu’on observe dans les faisceaux de fibres musculaires. La pile étoit composée de 60 disques de zinc, d’au- tant de cuivre et de rondelles de drap, imprégnées d’une dissolution de muriate de soude. La fibrine avoit à peu près trente-deux à trente-trois degrés de chaleur au thermomètre centigrade. La contraction dura pendant environ soixante secondes, après quoi elle cessa entièrement. L'expérience ne réussit pas les deux premières fois qu'on l’essaya. M. Muschett avoit annoncé que le fer soumis à une chaleur dans des creusets fermés ; se changeoïit en acier, qu'il se fondoit, et qu’alors il pouvoit être coulé. Il attribuoit cette conversion à une combinai- son de carbone ; provenant, soit de l’acide carbonique décomposé 'par le fer à ce haut degré de température, soit du charbon réduit en gaz et introduit dans lin- térieur du creuset. Le C. Collet-Descotils, pour éclaircir les doutes qui pouvoient s'élever des faits que nous venons de rapporter contre les expériences du, C. Clouet, sur la conversion du fer en acier parle carbonate calcaire, et du C. Guyton, sur la même conversion au moyen du diamant, entreprit de répéter les expériences de M. Muschett. 538 Nouvelles littéraires. Trois expériences faites avec toutes les précautions possibles pour soustraire le fer au contact des ma- tières charbonneuses, ont prouvé au C. Collet-Desco- tils, que toutes les fois que cette condition étoit par- faitement remplie , le fer ne changeoit pas de nature, et que lorsqu'il se formoit de l'acier, ce n’étoit jamais que par accident. Il a en même temps observé que le fer est loin d’être aussi difficile à fondre qu'onl’avoit cru jusqu’à présent, l'ayant vu couler en très-peu de. temps dans toutes ses expériences. Société galvanique Cette société a organisé, dans sa dernière séance, sa commission d'expériences. M. THOURET en a été élu président , M.*ABOVILLE , vice-président , et M. IzARN , secrétaire. Cette séance a été, remarquable par la présence du professeur Aldini et par les objets qui y ont été traités. M. WinckLer a donné l'extrait de plusieurs ob- servations de surdités guéries , par M. Schaub , professeur à Cassel. Le sénateur ABRIAL a Communiqué un mémoire de M. Pfngsten, directeur de l'institution des sourds- muets de Kiel, tendant à prouver que le galvanisme ‘st peu utile contre cette maladie. La société a en- tendu à cètte occasion, MM. Parroisse, Gilbert, Legallois , etc., et a ajourné le surplus de la dis- ‘eussion. M. Mosox a rapporté des expériences qui sem Nouvelles littéraires. 239 blent démontrer que le galvanisme est propre à re- tarder la putridité des matières animales. MM. Naucxe , président , et PAsoT-LarorÊr ont fait part d'un nouveau phénomène galvanique. En soumettant à l’action de la pile des grenouilles exposées à une tempéralure de 10 degrés au- -dessous de © , ils ont remarqué que les contacts réitérés du conducteur communiquant avec le pôle cuivre, dé- terminent le développement d’un fluide blanchâtre K muqueux , très-abondant sur le foie , les poumons , et principalement sur les nerfs et le cœur; peu abon- dant sur les muscles , les intestins, et pour ainsi dire nul sur les técumens ; tandis que le conducteur communiquant avec le pôle zinc, ne produit point le développement de ce fluide, qu'il semble au con- traire déterminer la disparition de celui qui a été produit. La séance a été terminée par quelques expériences de M. GAUTHEROT sur la construction de la pile. Société d’E ncourageinent. La societé d'encouragement ‘pour l'industrie na- tionale , vient de publier le prospectus des prix qu’elle destine à ceux qui auront le mieux résolu cértaines questions sur l’agriculture et les arts. Sujets proposés : 1.° Fabrication des vis à bois - prix , 1500 fr. 2.2 Purification dés fers , 6,000 fr. 3.° Fabrication de l’alun, 1200 fr. 4.9 Expérience sur le bois connu éémbustible , 1400 fr. 5.° Pour conserver aux graines la faculté de germer, 500 fr, à40 Nouvelles littéraires. 6. Amélioration des laines , 800 fr. 7.° Culture du navet de Suède , 600 fr. 8.° Fabrication des fi- lets, 1000 fr. 9.° Fabrication du blanc de plomb, 2,000 fr. 10° Fabrication du bleu de Prusse , 6oo fr. 11.0 [dem de vases revêtus d'émail écono- mique , 1000 fr. . Les mémoires , elc., doivent être remis à Ja so- ciété à Paris , hôtel Conti, avant le 1. brumaire an 12. Académie de Législation. L'académie de législation, quai Voltaire , n.° 2, hôtel Labriffe , a tenn une séance générale le 1.97 germinal. ‘ Voici quel a été l’ordre de lectures. 1.° Lecture du procès-verbal de la séance du 30 pluviôse dernier. 2.° Présentation des candidats, proposés pour être membres de l’académie. 3.° Discussion par le C. TEsre , élève de l’a- cadémie, sur la nature et le calcnl-des probabilités dans l’ordre moral ét dans l’ordre judiciaire. 4.° Lecture sur le duel , par le C.. BourGur- GNON , juge au tribunal criminel et membre de l’a cadémie. : | | 5.° Plaidoyer entre les CC. GAUTHIER et RE- GNIER , élèves de l'académie | Institut national. Il s’est présenté, vingt-cinq! candidats pour les,deux Nouvelles littéraires: 54r places vacantes à l’Institut, dans la classe des qua- Fante. Voici les noms quon a cités : MM. Blin de Sainmore, Castel, Castera, Château- briant, Cournand, Daru, Desfaucherets, Dumas : Dureau de Lamalle, Gaillard ; Gin, Guillard, Gudin, Lacretelle, Laujou, Laya, Lemercier, Maret, Ma- vin, Palissot, Parny , Fpen — la - = Migdoleine Piis ,; Saintange, Tracy. MM. Maret, secrétaire d'état, et Lacretelle, membre du Corps léoislatif, ont été nommés, le premier à la place de Saint-Lambert, le second à celle de La Harpe; il reste encore une place vacante, celle de M. Devaines, " NÉCROIMOGIE. Jean DEVAINES, conseiller d'état, et membre de la seconde classe de Visite, est mort le 25 ventôse; ses obsèques ont eu lieu le 26. Le service mortuaire a été célébré dans Péglise neuve des capucins, après quoi le corps a été transporté au cimetière de Mont- martre pour y être inhumé. Le conseil d'état, une députation de l’Institut , et un cortése nombreux ont accompagné le corps. Avant Pinhumation, le C. Suard, secrétaire perpétuel dé la seconde classe de l'Institut, a prononcé un discours. M: Devaines avoit été premier commis des finances sous M. Turgot. Il fut successivement administrateur des domaines , ‘ét receveur général des finances, jus qu'à la révolution, En 1795 , 1l füt nommé commis- saire de la trésorerie, Au 18 brumaire , l’exterminateur 542 Nouvelles littéraires. de la tyrannie, qui est venu rétablir l’ordre et Ja tran- quillité parmi nous, appela Devaines au conseil d'état. Dans toutes ces places, il s’est montré administrateur aussi intègre qu'éclairé. Il avoit toujours été l'ami des hommes de lettres les plus distingués ; quoiqu'il n’eut rien écrit, il étoit connu pour la pureté de sa conver- sation, et la justesse de son goût. . THÉATRES. THÉATRE LOU. Fr 0:r S$. Le Valet embarrassé, ou l’Amour par lettres. Ce second titre sembloit mettre cette comédie, en cinq actes, Jonée pour la première fois le 30 ven- tôse, en rivalité avec l’Intrigue épistolaire ; la compa- raison ne seroit pas en faveur de la pièce nouvelle : elle n’a eu qu’un demi-succès. Au moyen de quelques coupures, on l’a remise en quatre actes, et elle a été mieux reçue. M. Harpin, et Hippolyte, son pupille, sont tous deux épris de Jufie, fille de M. Durand, leur voisin. M. Harpin fait l'amour par lettres; Hip-. polyte fait mieux, il s'adresse directement à sa belle, secondé par Liserte, sa femme de chambre, et il parvient à s’en faire aimer. Frontin, valet d'Hippo- lyte, en qui Harpin a beaucoup de confiance, garde toutes les lettres que celui-ci lui remet pour Julie, | Nouvelles littéraires. 543 de sorte qu’elle ignore l’amour de ce vieux fou. De plus il l'engage à faire à Julie des cadeaux qu'il remet au nom d’'Hippolyte. En vain une vieille gou- vernante, Mme. Josse, veut-elle détromper Harpin, al est tout à fait dupe du fripon en qui il a mis sa confiance. Un rival plus dangereux vient entraver le bonheur d’'Hippolyte. C’est un M. Bernard, arrivé depuis plusieurs mois, et à qui M. Durand veut donner sa fillé, en récompense des services impor- tans qu'il en a reçus. Ce prétendu M. Bernard est Saint-Hilaire, oncle d'Hippolyte, qui a été obligé de fuir après une affüre d'honneur, et qui, en re- venant, a changé de nom pour plus de sûreté. Tisette ménage une entrevue à Hippolyte avec Julie, en profitant de l'absence de Durand. Ils sont surpris par Bernard ; mais l’adroite Lisette trouve un moyen de les faire échapper. Les notaires sont éloi- gnés par Frontin. Hippolyte appelle Bernard en duel; celui-ci reconnoïît son neveu, et dissimule. Frontin, pour porter le dernier coup, suppose une lettre écrite par M. de Saint-Hilaire, et engage son maître à demander la main de Julie. Harpin et M. Josse soutiennent que Saint-Hilaire est mort ; mais celui-ci se nomme. Les amans sont un peu confus. Julie lui offre sa main, mais il ne la recoit que pour la donner à son neveu. Picard jeune à fort bien joué le rôle de Frontin. L'auteur est M,.J01GNx. 544 . Nouvelles littéraires. THÉATRE .DU WAUDEVILLE. Une Soirée des Deux Prisonniers. Ce vaudeville, joué le 3 germimal, a eu beau- coup de succès. à Le duc de Fronsac Richelieu, connu par ses aventures galantes, ses talens-et son esprit, poussa l'amour de l'indépendance assez loin pour refuser même de voir une femme charmante que ses parens lui destinoient; irrités de sa;cônduite envers Æor- rense (c’est le nom de cette.jeune personne), ils obtinrent une lettre de cachet, et on envoya M. le duc faire ses réflexions à la Bastille, Il y trouva le jeune Voltaire, qu'on y avoit mis pour un pam— phlet intitulé /es J'ai vu, qui lui, avoit été attribué. Ils furent bientôt liés et se consolèrent ensemble. L'espèce de célébrité que Richelieu. avoit acquise par ses aventures, attiroit autour de sa prison une quantité des plus jolies femmes de Paris, qui le re- gardoient se promener sur la terrasse. Parmi elles, noie en avoit remarqué une d’une taille élégante et noble, d’un maintien décent, mais qui se tenoit constamment voilée. Ce mystère avoit PLARÉ sa curio- sité, et il brüloit de la connoître. Cette même femme lui apporte, dans la Bastille , l'ordre du régent , qui lui accordoit sa liberté, mais toujours sans se décou- vrir. Le duc l’en presse vivement; et quand il l’a obtenu , il voit Hortense, qu'il reconnoit pour sa femme, et qu'il jure d’adorer, Ce Nouvelles littéraires. D 45 Ce fond léger ne suffisant pas, les auteurs y ont joint quelques scènes auxquelles donne lieu un per- sonnage accessoire, un peintre nommé Brurzof, qui s'amuse à faire des caricatures satvriques, et qu’on envoie tous les deux ou trois mois à la Bastille. Ce personnage ressemble un peu, pour le caractère, à Vabbé Langlet-Dufresnoi, qui y fut envoyé dix à douze fois dans sa vie. Les auteurs de cette pièce sont MM. DEesPprés et Deschamps. On n’a qu'un reproche à lenr faire, c’est d’avoir un peu sacrifié au goût du jour, en prêtant à Voltaire des jeux de mots et des calem- bours. Au reste, l'ouvrage est fort agréable, et joué avec ensemble. T, D. LIVRES DIVERS(). EPA IS 0 UE. EXPOSÉ des températures, ou les Influences de Pair sur les maladies ét la constitution de Z'homme et des animaux, et ses effets dans la vé- gétation ;par M. CHAV ANIEU D AUDEBERT, médecin à Versailles. Dédié au €. P.-JI.-G. CABANIS, médecin, membre du Sénat con- servateur et de l'Institut national. Trois tables de dénombrement forment l’ensemble de l'ouvrage. (x) Les articles marqués d'une * sont ceux dont nous don- merons un extrait ou une notice plus détaillée, Tome V. M m b46 Livres divers. L'auteur, dans la première, parle des qualités sen sibleset des propriétés générales de l'air, qu'il considère dans les quatre modes élémentaires (l’humide, le froid , le sec et le chaud). Passant de là aux phéno- mènes appartenant aux corps organisés, il les par- court suivant le même ordre, et termine son premier aperçu par l'exposition de l’état atmosphérique du jour dans ses quatre périodes (soir, nuit, matin et à midi}, et de ses influences sur les corps organisés. Vient ensuite la seconde table : il y expose l’état physique et agricole de chaque mois; passe de là à l’or-* dre des saisons , donne l’état du ciel et indique leurs in- fluences sur les corps organisés. « Le temps de la peste, dit-il ( d’après l'observation de Prosper Alpin) , est « celui du décroissement du Nil, qui arrive en sep- « tembre et finit le plus souvent en juin, époque du « débordement ». Les constitutions annuelles l’occu- ent ensuite : ici c’est la succession des saisons et l'influence qu’elles exercent les unes sur les autres; à là, c’est l’année elle-même qu'il envisage, en s’ap- puyant de grandes autorités, dont il emprunte le plus souvent les observations , telles que celles d'Hippo- crate, de Sydenham , etc. La troisième table, qui est le dernier aperçu, se compose de tout ce qui est relatif à l’action des points lunaires, tant sur l'atmosphère que dans les crises des maladies. Toutes ses Aonnce générales sont ac- compagnées d'observations intéressantes ; passant de 1à à la nature des lieux et des climats, il envisage leur exposition et la division des pays; il fait à ce sujet cette précieuse remarque , que dk villes se font un climat artiliciel, très-différent de eelui des cam- pagnes ouvertes. L'eau des pluies y séjourne ; l'éva- poration y est difficile; les causes d'humidité s’y re- nouvellent fréquemment : on a vu, ajoute-t-il, plusieurs fois, à Vienne et à Paris, les grands froids marquer trois et quatre degrés de moins dans l'intérieur de la. ville que dans les faubourgs. L'auteur termine enfin son exposé par quelques notes explicatives et une observation générale. ci, 8 Livres divers. b47 pour, se. former une idée plus, conforme du sujet et des grandes vues qui ont dirigé son auteur, il suffit de citer le paragraphe qui est à la tête de son obser- vation générale, ainsi conçu : « Représenter dans un « certain détail et d’une manière comparative l’action « de l’air et des pays sur les corps organisés : re- « chercher si des circonstances semblables. dans la « température ramènent des effets et des épidémies « semblables , te] est le but que je me suis proposé ». Il règne, en général, dans cet ouvrage, qui n’est que l'extrait d’un autre plus étendu en médecine que l'auteur a soumis au jugement de l’Institut, une pureté et une concision qui rendent cet exposé un des plus précieux pour les sciences physiques médicales. Les autorités dont il s'appuie et dont il emprunte, sou- vent les observations, sont respectables, ce qui fait en core plus regreiter que l’auteur n’ait pas fait précéder son ouvrage d'un discours d'introduction, afin-de met- tre à même ceux qui le liront de profiter de ses savantes recherches. J.-F. K. M} GA N.1:.Q-UuLE. AUX ARTISTES en horlogerie et aux amateurs de cet art. Ouvrage d'une disposition nouvelle ( avantageuse par économie de temps et dis- pense de peines), intitulé : Va Théorie de l’'Hor- logerie réduite en tableaux; pour l'impression duquel plus de cent horlogers , établis à Paris, avoient souscrits, et qüi l'ont recu et accueilli favorablement; par Pierre FÉTIL ainé ( Ze Nantes ). À Paris, chez l’auteur, rue du Roule, n.° 297, et chez les principaux libraires. Prix, 7 fr. 70 cent. pour Paris , et 9 fr. 7o cent. franc de port. Dans cet ouvrage, qui présente une multitude de notions , de principes et de résultats d'expériences recueillis dans divers traités, la théorie de l’horlogerie est considérée sous trois rapports: 1.° Imprimer et com- muniquer le mouvement; 2.9 modérer ce mouve- M m 2 548 Livres divers. ment; et 3.9 le régulariser dans sa durée; le tout est divisé en 7 chapitres, dont les objets généraux sont: 1.° calculs des différentes sortes de rouages; 2.° en— grenages, suivant deux méthodes ; 3.° modérateurs et échappemens, ainsi que leur propriété corrective ; 4.° régulateurs , qui sont de deux sortes; 5.° système de compensation intérieure et naturelle, compensa- teurs où compensations factices; 6°. propriète har- montque et divers objets (la récapitulation de ces 6 premiers chapitres, et une suite de conséquences dé- duites, qui en sont comme les fruits); le 7.me enfin, qui est additionnel, comprend Auile ct métaux. Cet ensemble consiste en deux parties, dont l’une offre au coup d'œil l'aspect de 12 tableaux ( format grand in-folio ), contenant 39 tables, agréablement disposées, dont plusieurs d’elles sont des collections de zombres propres à dispenser de calculs; les autres expriment des résultats de principes et d'expériences , sur les objets de considérations qui comprennent les plus hautes connoissances de l’habile artiste; l’autre partie (format zz-8.° de 250 pages, y compris la table des sommaires ) est un développement raisonné sur les diverses parties de cette théorie; en sorte que cet ensemble a le double avantage, faut-il dire , qu’en formant des zdées justes , il supplée à ce que la mémoire ne sauroit retenir; il est disposé tellement, que le corps des tableaux peut satisfaire à son objet, sans la lecture dudit développement, et que ce der- nier peut être lu et bien ‘entendu sans l'aspect des tablés, quoique l’un et l’autre aient des renvois se réciproques. + 4h On a dit que le septième chapitre comprend huile et métaux (objets qui influent matériellement en mé- canique pratique ) ; mais comme l'acier est snscep— tible de. considérations multipliées et importantes , il a été fait de son objet un ouvrage particulier , qui fait suite au susdit développement qu'il termine. Il est intitulé : Précis sur l'acier, et se vend: avec et séparément, parce qu'il convient à tous ceux qui » sans être horlogers, emploient ou travaillent le fer et 4 Livres divers. 549 l'acier par le moyen du marteau, de la lime ou du tour, et surtout par la propriété de la trempe. Son prix est de 1 fr. 25 cent. pour Paris, et pour les départemens , 1 fr. 5o cent. franc de port. Aüosi le prix total des deux ouvrages réunis; est de 8 fr. 95 cent. pour Paris, et 11 fr. 20 cent. franc de port. Bo‘ Tr 'A NIQUE. F5ORE du Nord de la France, où Description des plantes indigènes, et de celles cultivées dans les dèpartemens de la Lys, de l'Escaut, de la Dyle et des Deux-Nèrhes, y compris les . plantes qui naissent dans les pays limitrophes de ces départemens ; oüvrage de prés de trente ans de soins et recherches, dans lequel les plantes sont: arrangées suivant le système de Linnee , et décrites par genres et espèces , avec des observations de l'auteur. On y a joint les lieux positifs où elles nuissent , et leurs propriétés reconnues dans la médecine , dans les alimens et dans les arts; par F. ROUCET, officier de Sante , pensionné de la ville d’Alostr. 2 vol. À Paris, chez M.me veuve Richard, rue Hautefeuille , n.° 11. An x1. — 1803. L'auteur avoit déjà publié un traité des plantes les moins fréquentes qui croissent naturellement dans les environ des villes de Gand , d’Alost, de Termonde et de Bruxelles; il a parcouru une autre ‘fois les deux provinces de la Flandres et du Brabant, et cette flore prouve que ses recherches n’ont pas été mfructueuses. il a suivi ce travail pendant vingt-huit ans; il a placé en tête de son ouvrage un dictionnaire ‘de botanique; il y adopte le système de Linnée, Lés descriptions sont très-bien faites et dans les principes de la science. T/ou- vrage est terminé par des tables des genres , des syno- nymes des noms français et des noms flamands. Cet ouvrage , très-bien fait, ne peut qu'être favorablement accueilli par les amateurs de la botanique. A. L. M. Mm 3 550: Livres divers. MÉDECINE. CONSIDÉRATION sur la maladie des femmes «em couches , dite fièvre puerpérale ; par Jean- «b Baptiste-Louis ROUTIER, médecin. etmem- bre de la société d’émulation d'Amiens. Bro- chure in-8.° de 48 pag. Prix, x fr. 5o cent. A Paris , chez Rzsot, Libraire, rue de l’École de. . médecine, n.° 33... xr. -1803.11. 1%; 1 Cette, dissertation ,: qui a fait l’objet d’un acte pu- blic dans l’école de médecine de Paris , : est. divisée en trois articles. Dans le premier, l’auteur tâche de prouver qu'il n'existe, point de. fièvre puerpérale ;. que.ce que les aufeurs ont admis sous. celte déno- mination est une phlegmasie de l’ordre des, phlegma- sies des membranes. diaphanes ou séreuses., presque toujours compliquée avec une fièvre , qui peut, dit l'auteur , être rapportée aux ordres des fièvres con- nues. Dans le deuxième article , il décrit et classe ces différentes complications , avec lesquelles la phlegmasie se montre , et par lesquelles elle .est presque toujours dominée ; ce qui doit faire tourner toute l'attention de ce côté dans la maladie qui nous occupe. Dans le troisième, M. Routier tâche d’é- tablir, d’après ces vues, le traitement propre à la fièvre puerpérale , et ses différens modes de termi- naison. J Nous ne doutons pas que cette dissertation ne se fasse lire avec plaisir et intérêt par nos: jeunes con- frères. P. PAJoT-LAFORÉT. | DISSERTATION, sur les: kydropisies articu- laires ou tumeurs synoviales , suivie d'un mé- toire sur la rage, présentée et soutenue à l’École de médecine de Paris ; par J. SAV 4- RIN-MARESTAN, ex-chirurgiem aux armées dela république. À Paris, chez Mme veuve R5- chard, libraire , rue Hautefeuille, n:° 11, An xx, Livres divers. D5x ŒconNoMIiÉ RURALE. RAPPORT fait à l'Académie des sciences, arts et belles-leitres de Dijon, au nom d'une com- mission chargée de répondre aux questions adressées aux préfets et aux sociétés savantes , par le Ministre de l’intérieur , et dont La so- lution doit seryir de base à La confection d'un code rural, imprimé par ordre. de. l' Acade- nie. À Paris, chez M. Husard ,.rue, de l'Épe- ron Saint-André-des-Arcs , n.° 11.:An. xr:-1803. . 1n-6.° Prix , 60 cent., et 80 cent. par la poste. AIR C Hi T É.C © UIh E. ARCHITECTURE civile; maisons de ville et de campagne , de koutes formes et de tous gen- res ,.projetées pour étre construites sur des terrains de différentes grandeurs ; ouvrage utile & tous Constructeurs et entrepreneurs , et a loutes personnes, qui, ayant quelques con- noissances em constructions , veulent elles- mémes diriger leurs bâtimens. Par L: A4. DU- BUT , architecte, et pensionnaire du Gou- vernemment à& l'Ecole française des Beaux- Arts à Rome. IX.® livraison (1). Cette livraison contient les plans d'un corps-de- logis principal, d’une maison à la campagne , isolé de toute part, pour être placé entre cour et jardin ; d’une maison de campagne ; d’une petite maison de campagne avec ses dépendances. (1) Chaqué cahier se paye à mesure qu’il paroît. Papier ordinaire, 5 fx.; papier de Hollande, 6 fr. ; lavé à l'encre de la Chine, 24 fr On souscrit, à Paris, chez le C. Dubut, architecte, cloître Notre-Dame, n.02, sous l’arcade qui conduit au terrain, et chez les principaux libraires et marchands d'estampes. Il en coûte 1 fr. 25 cent. de plus par chaque cahier, pour le receyoir iranc de port par la poste dans les départeme üse Mm 4 Liz Livres divers. A'RT M HELIIT A.I R Em LE GUIDE du jeune Militaire, où Instructions d'un père à son fils, sur l’art mmilitaire, ses devoirs, les vertus et les talens qu'il extge ; par M. le Baron d'Æ**"*, colonel d'infanterie : nouvollë édition ,'refondie et augmentée d'in très-grand nombre de faits mémorables puisés dans l'Histoire militaire de la Revolution; d'un tabled sur l'organisation actuelle des arméeSs"en. camhagne, sur les progrès de l’art de-là güérre pendunt la révolufion, et de no- tices ‘suf quélquesuns de ‘nos généraux ; par DUBROCA. 1 vol. in-12. À Paris, chez Dubroca, libräire et éditeur, rue Thionville, vis-à-vis da rue Christine, n°. 1760. An x. — 1602. Prix..2fr. 50. cent., et 3 fr. 50.cent. franc de port. En publiant, sous le titre du Guide du jeune Militaire, un ouvrage déjà connu sous celui de Conseils d'un militaire à son fils, l’auteur a voulu reproduire un livre utile à ceux qui se dé- vouent à la profession des armes. Cette production étant devenue extrêmement rare , il falloit, pour lui donner un nouveau degré d'utilité, et la rendre en quelque sorte classique entre les mains des jeunes militaires, y consigner ces monumens éternels d'hé- goïisme et de toutes les vertus guerrières qui ont si fort rehaussé la profession des armes pendant la révolution, et qui ajouteront désormais un si grand poids aux préceptes sur l’art de la guerre; 1l falloit surtout , franchissant l’espace que les événemens mi- litaires ont mis entre la tactique ancienne et la nou velle, y présenter le tableau de l’organisation actuelle des armées françaises en campagne, et le tableau plus grand encore des progrès de l'art de la guerre pendant la révolution. pl pa: T'els sont les nouveaux objets d'instruction avec lesquels l’auteur offre au public la nouvelle édition du Guide du jeune Militaire. » Livres divers. 553 Ila conservé à l’ancien ouvrage sa marche, ses préceptes et la plupart de ses exemples, parce que nul écrit dans ce genre ne lui a paru présenter un ensemble aussi utile et aussi intéressant. C’est un père qui fait parcourir à son fils toute la série des devoirs militaires, qui le suppose dans toutes kes situations de son état, et qui, à chaque pas, lui montre, au nom de sa tendresse , au nom de l’hon- peur , au nom de l'intérêt public, ce qu'il doit faire pour marcher avec gloire dans la carrière des armes, ou ce qu'il doit éviter pour ne pas sy déshonorer. Te ton, le style, l'intérêt, tout répond à la situa- tion de ce père, dont l’unique désir est de voir son fils répondre aux vœux de son cœur. . L'ancien ouvrage de M. Ze baron d’A**, co- lonel d'infanterie , si favorablement accueilli lorsqu'il parut, a donc été presque entièrement conservé. Quant à ce qui s’y trouve ajouté, il suffit d’en avoir indiqué lobjet, pour exciter d'avance l'attention des militaires qui veulent avoir sous les yeux une des meilleures sources d'instruction, et en même temps le tableau d’une des plus brillantes époques de l’art militaire en France. PARTONS OÙ? HTIE. BENEDICTI de Spinoza adnotationes ad trac- catum theologico politicum ex autosrapho edi- dit ac præfatus est addita notitia seriptorum philosophi Christophorus, Theophilus de MURR, cum imagine et chirographo. Hagæ-comitum. 1002. In-4.° Ces notes de Spinosa prouvent l'étendue de son érudition orientale. Les notes sur Spinosa ajoutées par M. de Murr, sont intéressantes pour l’histoire , PS le portrait de Spinosa lui-même et le fac simile de son écriture et de sa signature ajoutent encore à l'intérêt que présente ce petit écrit. A. L. M. b54 Livres divers. MÉ TA PHYSIQUE. “INTRODUCTION à l'analyse des sciences ; par P.F. LANCELIN , ex-ingénieur de la marine francaise , membre de la société d’encoura- gement pour l’industrie nationalé , de la société galvanique, ete., en 3 parties. De l'imprimerie de H. I. Perronneuu. À Paris, chez FE li braire , rue des Mathurins. An xr.—1802. ŒCONOMIE POLITIQUE. ESSAI sur le gouvernement de Rome : par WA1- TER MOYLIE, traduit de l'anglais ; Ouvrage utile aux hommes d'état et aux philosophes, Seconde édition, revue er corrigée. À Paris, chez Léger, libraire, quai des Augustios ; n.° 44. An x1.—1803. 1 vol. in-8.° de 111 pages. Prix , 1 fr. 50 cent. pour Paris, et 1 fr. 90 cent. pour les. départemens. COZLFCTION de mémorres et correspondances officielles sur l'administration des colonies , et notamment sur la Guyane francaise et hollan-. daise ; par W. P. MABOUËT , ancien ad- ministrateur des colonies et de La marine. 5. } vol. m-8.0 À Paris, chez Baudouin , imprimeur de Institut national des sciences et arts, rue de Grenelle, faubourg Saint-Germain, n.° 1130. . Lorsque le fatal traité de 1763 eut dépouillé, la France de ses possessions , et l’eut condamnée à admettre des articles humilians , M. de Choiseul crut consoler les Français de leurs pertes, en leur offrant en dédomnragement l’ile de Cayenne et la conquête de la Corse. On se souvient avec peine quels fu- rent les malheureux résultats de ceite grande ex- pédition qui coûta quinze à vingt mille hommes et quarante millions ; mais que sont les hommes et les nuilions pour des adrmjauistrateurs à projets , dont Livres divers. 555 Fimprévoyance est le moindre défaut ? Lorsque M: Malouet fut envoyé, queiques années après , à Cayenne , à cette Guyane ; sous ce chmat de des- truction , il n'y trouva que quelques vestiges de cet établissement tant prôné avant qu'il fut entrepris , ‘si décrié lorsqu'il l’eût été. Le nouvel administrateur, chargé de juger de son utilité ou de ses désavan- tages , se trouva, en y arrivant, dans une espèce de chaos ; l’insubordination, les fausses directions, l'influence de l'intérêt particulier, les erreurs en administration ; tel étoit l’état de cette colonie en -1775. Il étoit question de savoir si elle seroit aban- donnée , ou s’il falloit la créer de nouveau ; mais comment, par: quels moyens ? C'est ce que M. Ma- louet discute avec autant de clarté que de profondeur dans sa correspondance avet le ministre. Tous les détails qu'on y lit, les obstacles qu’il rencontre , soit de la part de la nature ;‘soit de la part de ses coopérateurs pen- dant cette correspondance aussi instructive qu’intéres- sante pour d’autres lecteurs que ceux qui ne cherchent w’à faire diversion à l’ennui qui les poursuit. Des nè- gres fugitifs de la partie de la Guyane appartenant aux Hollandais , etrepoussés par les armes sur la partie fran- caise, obligèrent M. Malouet à se rendre dans la ca- pitale des possessions hollandaises, pour arrêter ces im- vasions , qui pouvoient devenir la cause de quelques divisions entre les deux puissances. En nous faisant connoïtre l’état politique, civil et commercial de cette colonie si célébrée en Europe pour son adminis- tration, ses progrès et ses richesses , il nous monire comment un administrateur éclairé qui” sait allier la prüdence avec la franchise, les intérêts qui lui sont confiés , avec les prétentions de ceux avec lesquels il traite | parvient à terminer , à la satisfaction des deux partiès, une négociation délicate. Nos arbres à épicerie , transportés par M. Poivre dans nos colonies d'Asie et d'Amérique , sont l’objet des soins de M. Malouet : il nous apprend dans quel état ils sont à Cayenne; il appelle les secours et les ercouragemens que le gouvernement doit ac- 556 Livres divers. corder à ces plantations, pour en faire un jour une branche de commerce indépendante des seuls pos- sesseurs qui, Jusqu'ici, ont approvisionné l'Europe entière des produits de ces arbres précieux. M. du Puget, colonel d'artillerie, chargé, en 1785, par le roi de l'inspection de tous les objets qui, dans nos colonies, avoient quelques rapports à cette arme, trouva la culture du cannellier , du siroflier, etc. , dans le meilleur état. Les volumes 4 et 5 de ce recueil nous donnent, sur la colonie de Saint-Domingue , des détails po- litiques et d'administration, dans jesquels personne , mieux que M. Maloet , ne pouvoit entrer. et comme propriétaire, et comme administrateur. Tout ce quil dit sur les rapports de nos possessions américaines avec la métropole , et avec les nations voisines anglaises et espagnoles , est du plus grand intérêt. M. Malouet prouve démonstrativement que la cul- ture de nos colonies ne peut être coniiée qu'à des esclaves, mais à des esclaves mis sous la protection de la loi, et à l'abri des caprices de la tyrannie , et de la domiuation despotique des propriétaires ou gérans. Il présente l’affranchissement partiel et mé- rité , comme un moyen qui peut insensiblement faire disparoitre cette servitude , qui n’est. pas si éloignée di caractère de ceux qui y sont condamnés, qu’on sest eflorcé de le persuader. M. Malouet désireroit que toutes les colonies, à quelque nation qu’elles appartinssent , fussent décla- rées neutres dès que la guerre éclateroit entre les puis- sances européennes ; le premier coup de canon atteint leur existence. Ces cinq volumes que nous ne faisons qu’annoncer, sont d'un administrateur instruit , d'un véritable ci- toyen ; d’un observateur profond. D A RES à eu f Livres divers. 557 SA TÉAAT.T ST EQ UK. ANNALES de Sraristique francaise el étran— gère ; ouvrage spécialement destiné à présenter le tableau réel et annuel de chaque puissance de l'Europe , sous le rapport de l'étendue et de la division du territoire ; de la population ; des productions des trois règnes de la nature ; de l’état des sciences , des arts et de La litté- rature ; de l'industrie ; du commerce et de ses moyens ; de la navigation maritime et in- vérieure ; des revenus de l’état; des forces de terre et de mer, etc. ; per Louis BAIIOIS, jurisconsulte ; secrétaire perpétuel de la so- ciété de Statistique de Paris ; membre de l'uca démie de legislation ; etc. XI.° livraison (1). Ce cahier contient : 1.° statistique du département de la Corrèze , suivie d’une notice intéressante sur l’ancienne. langue du Timosin; 2.° statistique de l'arrondissement de Saint-Hubert, département de Sambre-et-Meuse, par M. DEWEZz, sous-préfei;. 3.° aperçu général des mines de houille exploitées en France, de leurs produits, et des moyens de cir- culation de ces produits { bassin du Rhin ); 4° statistique de la Batavie; 5.° programme des travaux de la Société de statistique ; 6.° iste alphabéii- que des souscripteurs. JITLRNTIS DIR UD EINLCLE: QUELQUES IDÉES sur le mode de constater les délits ; suivies du précis historique du procès G) Le prix de la souscription est de 24 fr. par an, pour Paris, et dé 30 ir. pour les départemens et pour l'étranger. On peut souscrire pour six mois. j On s’abonne, à Paris, au bureau des Annales de Steti- stique, et dela Jurisprudence administrative , quai de PHorloge du Palais, n.0 42, et chez tous les libraires et directeurs des postes. 558 Livres divers. de Pacot; par J. G. DELARUE, membre du conseil général de l'Orne. À Paris, de l'impri- merie de C. F. Paris, rue de la Colombe en la Cité, n.° 4. An x1. — 1803. In-8.° Prix, pa+ pier ordinaire, broché, 2 fr. 5o cent. La HADUUNC AT TCONN: NOUVELLES morales, exemplaires et amusantes, a l’usage de la jeunesse, traduites de l'italien de Francesco SO4VE ; par IL. 1. SIMON de Troyes, bibliothécaire du Tribunat, membre de plusieurs soctètés littéraires ; deuxième édi- tion , augmentée d’une deuxième partie. 2 vol. in-12. Paris, chez H Agasse, imprimeur-libraire, rue des Poitevins, n.° 18. Ce recueil, fort connu en Italie, fut traduit en France, et parut en 17893 il ne renfermoit alors que quatorze nouvelles. Les premiers mouvemens de la révolution, qui s'emparèrent de toutes les têtes, l'intérêt général, les opinions politiques, firent ou- blier les productions littéraires, et forcèrent le tra= ducteur L ces contes à en laisser la suite dans son orte-feuille. Aujourd’hui, que le gouvernement sent É nécessité de recréer l'instruction publique, de la diriger vers le but d'utilité qui fait les citoyens es- timables et les hommes instruits, M. SImMon a cru pouvoir publier l’ouvrage-entier : les trente-cinq contes qu'il renferme ne peuvent être qu'accueillis avec reconnoissance par les pères de famille, par les insti- tuteurs , et lus avec NU par la jeunesse, à qui ils n’inspireront que des sentimens de douceur , de bienfaisance , de probité et d'humanité; ils peuvent en même temps servir d’élémens à ceux qui vou- dront apprendre la langue italienne, en ayant recours au texte de SOAVE, imprimé en 1788 chez Molini. Le plus grand nombre de ces contes a été tiré de l’histoire générale, et de quelques anecdotes parti- culières déjà connues. La morale y est en action, \ \ Livres divers. 559 Yamour de la vertu y est en préceptes, les mœurs y sont respectées. Le traducteur a cru devoir être exac- tement fidèle à l’original; 1l la rendu avec fidélité, et on pourroit peut-être la lui reprocher : il a sacrifié élégance à la précision, et il s’est glissé dans cette traduction des inexactitudes , des expressions triviales et des négligences de style qu’on ne pardonne plus à présent, que les ouvrages de chimie, de méde- cine, etc., sont écrits comme les romans les- plus estimés en ce genre. A. J. D. B. HENRI et LUCY. Première et deuxième parties des lecons de l'enfancg; par M. R._L. EDGE- WORTH, traduit par M: L. C. CHÉRON, anglais et francais. À Paris, de imprimerie de Xhrouet , rue des Moineaux, n.° 423 ; se trouve à cette adresse, et chez Defresle, libraire, cloitre Saint-Honoré , n.° 11. 1803. In-16 de 349 pages. Prix, x fr. 80 cent., et 2 fr. 40 cent. par la poste. Ce petit ouvrage sera très-utile pour l'éducation: BIBLIOTHÈQUE Géographique et instructive des jeunes gens, où Recueil de voyages intéres- sans pour l'instruction et l’amusement de la jeunesse, par CAMPE ; traduit de l'allemand par J. B. S. BRETON ; orné de cartes et de joures. Tome IX et X. De l'imprimerie de Guilleminet. Se vend à Paris, chez J. Æ. Gu- briel Dufour, libraire , rue de Tournon, n.° 1126, _ et à Amsterdam, chez le même. ‘An x1.—-1805. 2 vol. in-12. 18 fr. pour l’année. Chaque voyage se vend séparément à raison de 1 fr. 50 cent. le volume. Ces volumes contiennent tes articles suivans : Nau- frage sur la côte d'Aracan, Voyage à Alger, Naufrage de la jeune Burke, Voyage au lac Oneida, Voyage de Bligh, 560 Livres divers. PARK A0 RON AT E. PENSÉES chrétiennes, ou Entretiens de l'ame fidèle avec le Seigneur , pour tous les jours de l’année ; par M. CARRON le jeune, nouvelle édition, faite sur la seconde édition de Londres. 4wvd. in—12. A Paris, chez Grgver et Michaud, imprimeurs-libraires, rue des Bons- Enfans, n.° 6, près la rue Baillif. L'auteur de cet ouvrage fut conduit à Londres par les décrets persécuteurs qui repoussoient de leur pa— trie presque tous les a CR Arrivé en fr gleterre, M. Carron , n'écoutant que ce zèle qui a l'instruction de la jeunesse pour objet, que cette cha- rité qui ressent tous les maux de ceux qui souffrent, chercha , et trouva les moyens et les ressources dont il avoit besoin pour les divers établissemens d’instruc-— tion et de secours qu'il projetoit. Il réunit bientôt les enfans des catholiques émigrés et des catholiques anglais ; il créa des hospices pour Les Français infirmes ou malades, et 1l trouva dans les derniers sacrifices que pouvoient faire encore les Français émigrés , et dans les sentimens d'humanité d’une nation géné— reuse , tout ce qui devoit donner de la stabilité à ces pieuses et utiles fondations. Elles subsistent encore; et M. Carron, sollicité de revenir dans une patrie que les malheurs lui ont rendu plus chère , a répondu: Non,je n'abandonnerai pas ce que la Providence » m'a aidé à former, ce que la confiance me met en » état de soutenir, cette jeunesse a besoin de mes » soins, ces malheureux n’espèrent qu'en ma surveil- » lance »; et ce Vincent de Paule du 18.° siècle a continué de se livrer aux actes de son active sol- licitude. Aussi M. Delille s'écrie : À A la voix de Carron, le luxe s’attendrit, Sa vertu les soutient, et son nom les nourrit; Par lui, pour l’indigent, sa douce bienfaisance Trouve le superflu même dans lindigence ; Et Livres divers. 561 Et parmi les banuis ses pieuses moissons De l’avare opulence-ünt suspendu les dons. € : < LL. = T1 troûvé encore le temps de s'occuper à des ou- vrages de religion , dans lésquels l’érudition ecclé- siastique, s’y trouve réunie à cette éloquence de l'ame qui touche et persuade ; 1l publia d’abord des Pensées ecclésiasriques pour tous les jours de l’année, en 4 vol.; ce sont les Pensées chrétiennes qu’on vient d’im- primer." ATP E G $ 02G B.A P'H I É LE Géographe-Manuel, par Victor COMEIRAS, éditenr de la dernière édit'on de la Géographie “de la Croix; ouvrage rédigé d'après des vues - nouvelles, à l'usage des nègocians et voyageurs. : Seconde édition, revue et augmentée d'un grand . nombre de, tableaux et de recherches trés- intéressantes sur les productions et l’industrie - de, ous les) pays. 1 vol. in-12. A Paris, chez A. G. Debray, libraire, place du Muséum, n.° 9.. Prix, 3 fr.; et 4 fr. franc de port. NOUVELLE GÉOGRAPHIE élémentaire de la France, d'après son organisation actuelle, politique, judiciaire, administrative , mili- caire, commerciale et religieuse; précédée, 1.9 de toutes les notions préliminaires qui se rat- cachent à la science de la géographie ; 2.° d’un précis du système métrique en général, et er particulier, de son application au calcul des mesures itinéraires, et des mesires de surface ;) 3.0 d’une instruction élémentaire sur l'organisa- tion actuelle de la France ; et suivie d'un abrégé de la Géographie universelle ;'où sont indiqués les changemens survenus dans l'existence poli- rique des gouvernemens de l'Europe depuis dix ans , et en vèrtu des derniers truités de paix ; par DUBROCA!A Paris, chez Dubroca, libraire, Tome F. , Nn 562 Livres divers. rue de Thionville, n.° 1760, vis-à-vis la rue Christine. An x1. — 1803. 1 vol. ir-12 de 550 pag. Prix, avec une très-belle carte de la France, suivant ses nouvelles divisions en 108 départemens, avec préfectures et sous- préfectures, dressée par De- zauche, successeur des sieurs Delisle et Buache, 4 fr. 5o cent., et avec une petite carte, 3 fr.; en ajoutant 1 fr. 20. cent. , on le recevra par la poste. La première carte se vend séparément 1 fr, 50 c. ANTIQUITÉS. ANTIQUITÉS de la Suisse. Ouvrage contenant la description, les plans et dessins des prin- cipaux monumens de premier genre qui ont il- lustré les plus florissantes villes de cette :re- marquable contrée et de ses environs; savoÿr : cemples, bains publics, ponts, aquédues , pavés à la mosaïque, statues, bas: reliefs et inscriptions ; divisé en cing parties ainsi dé- SIgnées : 2) 1.0 AVENCHE, Aventicum Helveticorum. | 2.0 Aucsr, Augusta Rauracorum. 3.0 WWanpiscH , Virdontissa. - .° OTEMARSHEIM, partie anciennement détachée du pays des Rauraques. 5.0 BADENWEILER , à trois milles de Bâle dans le Brisgaw, connu par ses fameux bains romains. Les antiquités que le territoire Helvétique offre en- core étant peu, connues, le sieur Aubert Parent, ar- chitecte. et sculpteur, membre de l'académie des arts de Berlin; $’en est occupé-avec ardeur : ils’est d’abord attaché à examiner les ruines de l’ancienne Agusta Rauracorum , sur l'emplacement de, laquelle se trouve , près.de Bâle, le. village d'Augst : il a fait ensuité , en. 1801, des découvertes importantes, etil est parvenu à rassembler assez.de fragmens por se former une juste idée des décoräfions d'un temple qu’on y avoit élevé, ainsi que de son ordre d’architecture, Livres divers. 563 ‘qui est un composite peu commun. Le savant J. D. ‘Schoepflin, auteur de }’Æ/satia illustrata, quoi- qu'il n'eut rien vu des ornemens sua l'architecte et sculteur Parent y a remarqués, ne laisse pas d’assurer que le temple étoil aussi-bien une grande preuve de l’habileté des Romains, dans la construction de pareils édifices , que le plus bel ornement de la capitale des Rauraques : AEdificium hoc venustum et elegans, optéimæ Romanorum in arte ædificandi œtatis partus, Rauricæ Coloniæ ornamentum haud exi- guum attulit atque decus insigne. De Rud. Temp, Aus. Rau. , Sect. LXXX VII. Chaque aiticle sera précédé d’un précis historique, abrévé, mais scrupuleusement approfondi ; suivront les détails des fouilles faites sur les lieux. L'ouvrage in-folio sera imprimé sur papier vélin, es gravures au nombre de vingt-quatre planches, bien soignées , le trait précis, le tout colorié par l’auteur, conformément aux dessins. = Le prix de la souscription, dont moitié se payera en souscrivant, est de trois Frédérics d’or. La sous- cription sera ouverte jusqu'a 1.7 avril 1803. Après ce terme , ledit ouvrage coûtera quatre Frédérics EN Messieurs les souscripteurs, dont les noms seront imprimés à Ta fête du volume, recevront l'ouvrage complet ; au 1. avril 1804. On peut souscrire à Berlin chez l’auteur, Margrafen Strafse , n.° 25; et chez M. G. Decker, imprimeur du roi, rue Guillaume, n.° 75. On prie MM. les souscripteurs d’affränchir les léttres et l’argent. À Paris chez M. Xarcher et C.°, rue de la Mi- chatdière!:, -n.° 10. GRAMMAIRE. COURS de langue allemande, à l’aide duquel or peut apprendre cette langue sans maître au moyen de la traduction interlinéaire , et de la pr'ononctiation figurée ; par une société de gens Nn 2 564 Livres divers. de lettres allemands et francais. 2 vol.in-8., imprimé sur grand raisin, Prix, 15 fr., et 18 fr. franc de port. À Paris, chez Gerard, libraire, rue Saint-André-des-Arcs , n.° 44. Ces deux volumes commencent par une grammaire réduite en six pages. La version interlinéaire de la mort d’A bel qui suit , est faite avec une méthode excellente. Nous croyons que cet ouvrage peut être très-utile > je à ? pour l'étude de l'allemand. LITTÉRATURE GREC Q UE. HOMERI Curmina cum brevi annotatione, ac- cedunt variæ lectiones et observationes vete- rum grammalicorum Cum n0SÉTæ œbatis CritiCa ; curante ©. G. HEYNE. Lipsiæ , in bbrarià Weidmannia. Londini, apud 1, Payne et Ma- chinlay. 1802. 6 vol. in-8.° On trouvera la notice de cette excellente édition, publiée par l'illustre Heyne , dans la notice des tra- vaux des membres de l’université de Gættingue, qui sera imprimée dans le prochain numéro. A. L. M. La TTEÉR AT URE SERMONS choisis de Bossuet, 1 vol. in-12. De l'imprimerie de Crapeler. À Paris, à la librairie de la Société Typographique, quai des Augustins, n.° 70, près le Pont-neuf. Prix , 2 fr. 10 cent. Dansles différentes éditions des œuvres de cePère de l'église gallicane , on n’avoit point inséré ces discours, qui ne pouvoient cependant point affoiblir la gloire et la célébrité que ses autres productions lui avoient ac- quises. On savoit qu'il avoit prêché le carême et l’a- vent devant Louis XIV, en 1662, 1666, et 1681 , sans avoir répété les mêmes discours devant ce prince, qut devinant, pour ainsi dire, ce que le jeune orateur de- viendroit un jour, écrivit à son père pour le féliciter Livres divers. 565 de l'honneur que ce fils feroit à la France et à son siècle. Ces sermons, oubliés par l’auteur, et presque inconnus à ses héritiers, furent trouvés, par hasard, en feuilles éparses, à la mort du président de Chazet, sous un tas de papiers de toute espèce. Il a fallu créer des discours réguliers et suivis de ces feuilles remplies de ratures, de renvois, d'interlignes; c’est ce travail pénible qui a produit les sermons qui ont été insérés dans l'édition in-8.° , en 17 vol., qui a paru depuis 1772 jusqu’en 1790. On a fait choix, dans le volume que nous;annonçons , des seize discours qui se rappro- chent le plus du génie de Bossuet; ils ne sont point sans incorrections; notre langue n’étoit point encore épurée; Racine et Pascal n’avoient point écrit. Des pégligences se trouvent auprès de beautés sublimes ; des phrases triviales à côté de ces élans du génie qui les excusent ; il n’y a aucun de ces discours dans les— quels on ne reconnoisse l’auteur de l’oraison funèbre du grand Condé, de l’histoire universelle, et de plusieurs autres ouvrages faits pour l’immortalité: ge: PEN D Fa ÉSOPE en trois langues, ou Concordance de ses Fables avec celles de Phiédre, Faerne, Des- billons, de Lafontaine, et autres célèbres fabulistes francais. À Paris, chez Leprieur, libraire , rue Saint-Jacques, près Saint-Yves. An x1.—1803. Vol. in-12 de près de 400 pages. DE L'ÉIOQUENCE de la chaïre, où nouveau Manuel des Orateurs Sacrés ; contenant: 1.° les dialogues sur l’éloquence en général, et sur celle de la chaire en particulier, par M. de FENÉLION, archevéque de Cambrai; 2° Les maximes sur le ministère de la chaire, par R. P. GAICHIES, prétre de l’'Oratoire ; 3° une notice critique des orateurs sacrés, tant an- ciens que modernes, qui se sont fait un nom dans l'éloquence de la chaire. x vol. in-12 de près de 500 p. À Paris, chez it Nan: 566 Livres divers. rue de Thionville, n.® 1760 , vis-à-vis la rue Chris- ‘tine. Ân x1.—1803. Prix, 2 fr. 5o cent, et 3 fr. oo cent. franc de port. PR. O'É:$S 1 E: MON PORTE-FEUILLE, ou Recueil de poésies légères ; par M. EUGÈNE LAMOTTE. À Paris, chez Delaplace , libraire, rue des Grands-Aucus- tins, n.® 31. An x1.—1803. In-12 de 237 pages. LA Destinée d'une jolie femme, poème érotique en siæ chants ; par J. B, DE M***, avec cette épigraphe': Sans blesser la pudeur, je crains de l’alarmer. Un volume in-12, papier vélin, orné d’une jolie ARANUES à par Roger. Prix, 1 fr. bo cent., et 3 fr. o cent. franc de port. À Paris, chez P. Mongie, libraire, cour des Kontaines, près le palais du tribunat , n.° 1. Ce poëme a élé composé il y a quatorze ans: il est en six chants ; chacun d'eux a six cents verts; l’auteur en promet une suite. LES mänes de Lamoignon-Malesherbes , ancien ministre d'état, ode suivie d'un extrait de ses pensées mises en vers par J. H. VALANT. À Paris, chez Baïlly, libraire , rue Saint-Honoré, à’ côté de la barrière des Sergens, n.° 27, et chez l’auteur , rue du fauboure Saint-Denis , n.° 63, au pensionnat du Musée de la jeunesse. An x1.— 1803. In-8.® de 16 pages. + TABLE DES ARTICLES. À R T MI L I T'AI.R Fe Le Guide du jeune Militaire ; par M. le baron d’A*##. 552 MÉCANIQUE. Aux Artistes en horlogerie et aux Amateurs de cet art; par Pierre Fétil ainé. 547 Pendules de M. Alrichs, mécanicien à Delaware. .. 922 Prime d'encouragement accordé au C. Aubert, mécanicien à Lyon, pour le dépôt au Conservatoire des arts et métiers d’un modèle de son métier à tricot. 259 HiSTOIRE NATURE L LE. Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle, appliquée aux arts, principalement à l’agriculture et à l’économie rurale et domestique; par une société de Naturalistes et d’Agri- culteurs. . 413 Annales du Muséum d'histoire naturelle, -123. 269 Travaux de la Séeiété du Mans, relatifs à l’histoire natu- relle, ; 528 MAMMIFÈRES. Lettre à la Classe des sciences physiques et mathématiques de l’Institut national de France, sur une nouvelle espèce de Tarsier; par G. Fischer. 269 BATRACOTZLOGTI E- Histoire naturelle des Rainettes, des Grenouilles et des Crapauds; par le C. Daudin. 273 ERPÉTOLO GE. Caractères des vingt-trois genres. qui composent l’ordre des Ophidiens ; par F. M. Laudin. 435 EN To mMOLzO0G 1 E. Notice sur linsecte nommé Mantis ;oratoria, Linn,; par le proiesseur Draparnaud. 22) HE LMI: NT H.0 L 0.GI E. Coquille pesant 4a7-livres anglais ; apportée à Boston. 522 BOTANIQUE: Jardin de Malmaison; par LE. P. Wentenat. 126 Flore du Nord de la France; par F. Roucer. 549 EF GÉ 0 z 0 GXE. :Observations œconomiques et politiques sur la chaîne des -: montagnes ; ci-devant appelées d'Auvergne, faisant partie :! des départemens du Puy-de-Dôme et du Cantal; par le 10tC. Brieude. . 2 413 N n 4 568 Table des matières. + AN Plafr is € Que, 1 LE " Exposé des températures, dans lequel on traite, par aphe- rismes , des divers états de l'atmosphère , et des influences de Pair et des pays sur l'homme, les animaux et les plan- tes; par M. Chavassieu. - _ 122. 545 Rapport présenté à la Classe des sciences exactes de lAca- démie de Turin, le 27 thermidor, sur les expériences gal- vaniques, faites sur la tête et le tronc de trois hommes, peu de temps après leur décapitation ; parles CC. Vassali- Fandi, Giulio et Rossi. 122 Expériences et: observations relatives à l’Astronomie et à la Physique, faites à Hambourg par M. le D:r Benzenberg. 512 Traduction anglaise de la Théorie générale des vents et des courans ; par M, Degrenier. 522 ARTS CHYMIQUES. À Emploi de la Terra japonica pour la tannerie, ‘Dra Expériences du C. Collet- Descotils, sur la conversion du fer en acier. 537 Pix are ACC E UTP IIQQULE. $ Exposition des nouveaux principes de, pharmacologie qui forment de la matière inédicale une science nouvelle; par J. B. G. Barbier. 415 Manuel du Pharmacien ; par E. J. B. Bouillon-Lagrange. Ibid. À N ATOMIE. Tableau de l’ancienne dénomination et des trois nouvelles nomenclatures des muscles de l’homme. 274. Squelette complet du grand Mammoth , conservé à Bo- ston. 522 Vente du cabinet anatomique et physiologique du professeur Walther , à Berlin. d 515 Porty S'r'0L'o/GC'T2E: Observations du C. Circaud, étudiant en médecine à l'Ecole de Paris, sur la contraction de la fibrine du sang. 536 MÉDECINE. Système physique et moral de la femme; par P. Roussel, 197 Considérations sur la maladie des femmes en couches, dite fièvre puerpérale;:par.J. B. L. Routier. 550 Dissertation sur les hydropisies articulaires ou tumeurs sy- noviales ; par J. Savarin Marestan. Ibid. Guide pour la conservation de l’homme ; par M. Frier. 128 Elémens de Pathologie ; par L. C.P. Aubin. 414 Histoire abrégée des-maladies épidémiques et pestilentielles; par Noah Webster. 331 Lettre du même au D:r Miller, sur la:connexion des trem- blemens de terre avec. les maladies:épidémiques, et sur la succession des épidémies. 1 351 Table des matières. 569 Histoire médicale de l’armée française à Saint-Domingne, en l'an x; par C. N. P. Gilbert. 414 Elémens de matière médicale , ouvrage posthume du C. Et. Tourtelle , publié par le C. Briot. Ibid, Projet de réforme de la médecine; par le C. D*##, méde- cin, et Balcal. 274 Recherches sur la teigne ; par le C. Gallot. Ibid. Essai sur la dyssenterie ; par le C. Fleury. 275 Rapport du collegium medicum de Stockholm, sur la vaccine. 512 Mémoire de M. Gutfeldt sur la f£èvre jaune , qui a remporté l’ac- cessit d’un prix proposé par l'académie de Goettingue. 109 Essai sur la fièvre jaune ; par le C. Valentin. 235 C'H 1 RU R GITE. Manuel théorique et pratique de l’art des accouchemens ; par le docteur Louis Fred. Froriep (en allemand ). 276 Hysteroplasmata , ou Imitation de la portion vaginale de lu- terus et de l’orifice de la matrice à diverses époques de la grossesse et de l’accouchement ; par le même (aussi en allemand }, 279 Sur le Pelviaire de Papier-mâché ; par le même ( en alle- mand ). Ibid. AGRICULTURE ET OECONOMIE RURALE. Histoire générale de le Culture des Arbres fruitiers, à dater des premiers siècles jusqu’à nos jours; par M. Fr. Sickler (en allemand ). 468 La richesse des Cultivateurs ; par le C. Barbé-Marbois. 129 L’Agriculteur du Midi ; par André-Louis-Esprit Sinety. 358 Mémoire sur l'Agriculture et spécialement sur le défriche- ment projeté de la lande dite Pont-Long, dans le départe- ment des Basses - Pyrénées; par le général Serviez. 416 Rapport fait à l'académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon. 551 Notice des travaux relatifs à l’agriculture de la société du Mans. 524 ŒconomMtre. Bibliothèque physico-œconomique, insiructive et amusante , rédigée par Sonnini, IVe. et Ve. cahier. 281 CECcoNOMIE POLITIQUE. Essai sur le gouvernement de Rome; par Walter Moyle. 554 Collection de mémoires et correspondances officielles sur l’ad- ministration des colonies, et notamment sur la Guyane française et hollandaise ; par V. P. Malouet. Ibid. ADMINISTRATIOK- Recueil complet des ordonnances de police rendues depuis l'établissement de la préfecture, an vtit , 1x et x. 424 570 Table des matières. Ju rRISPRU DE N'C E. Quelques idées sur le mode de constater les délits ; par J. G. Délarie. 557 Tableau historique de la jurisprudence romaine, dépuis la fondation de Rome jusqu'au XVIIIe. siècle; par Goujon (de la Somme }). Ê ‘ 129 Annales de législation et de jurisprudence. 130 COMMERCE. Histoire abrégée des révolutions de commerce ; par A. M. Chappus. 1 416 XITe., XIXe. et XXe. Cahiers de la Bibliothèque commer- ciale ; par le C. Peuchet. 282 k NAYIeATIO x. Mémoires sur la navigation de la Sarthe. 527 GÉOGRAPHIE. Le Géographe-Manuel; par Victor Comeiras. 561 Nouvelle Géographie de la France, par Dubroca. Ibid. Nouvelle Géographie de la France, d’après la division ac- tuelle de son territoire. « 423 SATÉAUTILIS NTI IQNU ER. Annales de Statistique française et étrangère ; par Louis Ballois. ‘! : 557 Sur la Société de Statistique , formée à Paris. 534 VoxaGEs: Vi Voyage en Islande, fait par ordre de S. M. danoise, traduit du danois par Gautier de La Peyronie, 194 Voyage au Sénégal; par J. B. T. Durand. ... dia Notice sur le Voyage littéraire du C, Camus, dans différens départemens du Nord de la France. 255 Traduction suédoise du Voyage de M. Lechevalier, dans la Propontide et sur la Mer Noire; avec des additions de M. Bergsted. 512 HrsTorrEe: Avis concernant l'Histoire de la rivalité de la France et de l'Espagne ; par le C. Gaillard, 217 Recherches sur l'Histoire de France ; par le C. Anguetil. 58 Du Gouvernement de la France sous les deux premières dynasties, par le C. Lévesque. 73 Tableau historique du règne de Louis XVI; par le C. De- sales, 79 Essai sur le département.de la Vendée, ou Aperçu sur la Topographie de ce département, sur son Histoire natu- relle, son Histoiré politique, les Mœurs, le Caractère, les, Habitudes, le Langage des habitans, leur Agricul- ture, leur Industrie , leur Commerce ; par le C. Réveillére- Léveaux. 8x . Table des matiéres. 571 Réimpression du Moniteur. 520 Ephémérides politiques, littéraires et religieuses, préseu- tant, pour chacun des jours de l’année, un tableau des événemens remarquables qui datent de ce même jour dans l'histoire de tous les siècles et de tous les pays, jusqu'au 1.er janvier 1803, par les CC. Noel et Planche. 283, Notice sur l’empereur actuel de la Chine, Kia-King; par M. Hager. 109 Abrégé de l'Histoire romaine, en vers français, avec des notes; par M. ***. è 325 Atlas historique et géographique; par M. A. Lesage. 2,me livraison. 138 Histoire de Charies XII, roi de Suède ; par Voliaire. Edit. stéréotype. 106 Moœurs des Israélites et des Chrétiens ; par l'abbé Fleury. Ibid. Histoire de Gustave Wasa, roi de Suède par M. d’Archen- holtz ; traduit de Pallemand par G.. T.C. Propiac. 424 Mémoires secrets sur la Russie et particulièrement sur la fin du règne de Catherine II, et le commencement de celui de Paul I.er; par Masson. 425 ANTIQUITÉS £gT ARCHAEOLOGIE. Lettre de M. Silrestre de Sacy à M. Millin, sur les Moru- mens persépolitains. 438 Recherches sur l’ancien jeu grec, dont on suppose que Pa- lamède fut l'inventeur avant le siége de Troie (en angl.). 162 Monnumens antiques inédits on nouvellement expliqués ; par le C. Millin. Tome I, 4.e livraison. 60 Observations sur les Monumens qui représentent Léda; par l'avocat Carlo Fea (en italien). 495 Notice d’une Statue ægyptienne qui se voit à Saint-Cloud ; par le GC, Visconti. 499 Lettre au C. Millin, sur l'origine des Diptyques consu- laires, étc.; parle C. Coste. 419 Description de la toilette des anciennes Romaines ; par M. Boettiger. 520 Choix de Costumes civils et militaires des peuples de l’an- tiquité ; dessiné , gravé et rédigé par N. Willemin. 21.° Di vialson. 192 Travaux de la Société du Mans relatifs aux Antiquités et Médailles, 530 Observations sur une tunique et des restes de vêtemens trouvés dans des fouilles à Sakara en AEgypte, €t donnés à Plinstitut national par le général Reynier. 240 Traité de Costume, par le C. Maillot, professeur à l'Ecole centrale du département de la Haute-Garonne. 250 Antiquités de la Suisse ; par Aubért Parent. 562 Description de plusieurs Monumens en argent, trouvés en Russie, et conservés dans le cabinet de M, le comte de Siroganoy. 309 b72 Table des matières. PAUL AR OLGURIA P'H IUES Fragment d’une Lettre de J. B. G. d’Ansse de Villoison , au {C. Millin, sur l'inscription grecque de la prétendue colonne de Pompée, Observations de M, d’Ansse de Willoison, sur les inscrip- tions grecques des pierrés gravées, inédites, et sur celles qui ayoient déja été publiées, mais mal expliquées, 251 NuUuMISMATIQUE- Observations du C. Mongez sur plusieurs médailles, etc, découvertes dans le département du Cantal. 243 HISTOIRE LITTÉRAIRF. Nouvelle organisation de l’Institut en quatre classes, con- formément à l'arrêté du 3 pluviose an xr, 9 Liste des membrés dont chaque classe est composée, 99 Nomination des secrétaires de chaque classe. 104 Notice des travaux de la classe des sciences morales et po- litiques de l'Institut national, pendant le premier trimestre de Pan x1; par le C. Daunou. 70 Notice des travaux de la classe de littérature et beaux-arts de Pinstitut naiïonal , pendant le premier trimestre de lan xr; par le C. Sicard. 23 Candidats qui se sont présentés pour les places vacantes à la classe de littérature française de l’Institut national, 54 Collége de France. 258 Séance publique de l'Ecole de médecine de Paris, du 5 bru- maire an x1, €t notice sur cette école pendant l'an x, 377 Prix décernés aux élèves de l'Ecole de médecine de Paris au concours de l’an x. 400 Société philomathique. 260. 536, Académie de Législation ; séance du 1.e7 germinal. 540 Société galvanique, 259% 538 et 403 Conservatoire des arts et métiers. 25 ÂAthénée des étrangers. 404 Première séance et organisation de la Société, en faveur des savans et des hommes de lettres. 105 Prix proposés par la Société d'encouragement. 53 Société de Statistique. 5354 Société libre des sciences, lettres et arts de Nancy. 230 Société libre d’émulation du département du Var; séance publique du 16 brumaire an xt. +, 284 Procès-verbal des séances publiques de Ia Société libre des arts du département de la Sarthe , séant au Mans, tenues dans les années 1x et x de la République. 523 Président et secrétaires de l’Institut national, séant à Bo- logne, 520 Retour de MM. Cripps et Clarke , membres de l'Université de Cambridge, d’un voyage entrepris dans différentes parties de l'Asie. 366 Table des matières. 278 Catalogue des Manuscrits apportés de la Grèce à Londres par M. Clarke, 367 Notice des mémoires lus à l’Académie des sciences de Ber- lin , dequis le 2 juillet 1807 , jusqu’au 30 septembre 1802. 515 Lettre du roi de Prusse à M. de Kotzebue, et nomination de ce dernier à une prébende du chapitre de Magde- bourg. 107 M, Silvestre de Sacy nommé associé étranger à la Société royale des sciencés de Copenhague, 369 Journal littéraire publié à Abo. cI1 Nouveau réglement de l’Académie des arts de Pétersbourg. 514 Sur la nouvelle Université de Dorpat en Russie, 513 Nouvelles littéraires des Etats-Unis de l'Amérique septen- trionale. 522 BIOGRAPHIE. Vie du législateur des chrétiens, sans lacunes et sans mi- racles; par J. M. . 286 Eloge de Malesherbes proposé pour sujet d’un prix par l’a- -cadémie de Nismes. 237 Notice sur Edme-Jean-Antoine Dupuget. 145 Notice sur les travaux de l’astronome Jeaurat ; par Jerôme de Lalande. 404. otice sur M. Devaines , conseiller d'Etat, 542 Mort de M.lle Dumesnil, 261 l'abbé Papon. Ibid. l'artiste Tremel, Ibid. ———— David Houard. 263 —— M.lle Çlairon. 111 Dominique Ricard , Ibid. —— David Leroy. 112 Germain Poirier. Ibid, l'abbé Casti. 113 M.me de Crequi. Ibid. Saint-Lambert. Ibid. Laharpe. Ibid. Gleim , doyen des poëtes allemands. * S14 BIBLIOGRAPHIE. Répertoire général de la Littérature, pour les années 1785 jusqu'à 1790. 417 Répertoire général de la Littérature , pour les années 1791 jusqu'à 1795. 418 Annuaire de la Librairie pour l'an 1x ; par Guil. Fleischer. 289 Notice du Catalogue raisonné des Livres de la bibliéthèque de l'abbé Goujer ; par le C. Barbier. 182 Lettre du C. Butenschoen , bibliothécaire à Colmar, sur un ancien manuscrit contenant un formulaire du XIIe siècle. 374 b74 Table des matières. PKrrrLosorPruHtre. Benedicti de Spinosa adnotationes ad tractatum"theologico-politi- cum ex autographio edidit ac præfatus est addita notitia scrip- torum philosophi Christophorus T heophilus de Murr. 553 Introduction à PAnalysé des sciences ; par P. F. Eancelin. 554 PUAHNÉ 0: L O0, G_I1.E: Pensées chrétiennes ; par Carron jeune. À er 200 à Moraze. l Mémoire du C. Bouchaud , sur la morale d'Epictète. 70 Pensées de Cicéron, traduction nouvelle. 419 ÉDucaATron. Nouvelles morales ; exemplaires et amu$antes , à l'usage de la jeunesse ; par L. T. Simon, de Troyes. ei 558 Henri et Lucy; par M.R.TL. Edgeworth 559 Bibliothèque géographique et instructive des jeunes gens; par Campe. Ibid, GRAMMAIRE, Grammaire générale ; parle C. Destuit-Tracy.. ; 87 Des Tropes ; par M. Dumarsais, 421 Grammaire raisonnée; par J:E.J. F..Boinvilliers, 422 Dictionnaire étymologique des mots français ; dérivés du grec, et usités principalement dans les sciences, leslettres et les arts ; par J. B. Morin. É f La 475 Cours de langue allemande ; par une société de gens de Se o! 5 allemands et français. us Livrée a Tu rt} Sermons choisis de Bossuet. Ne er 564 ÆEsope, en trois langues. | 565 De l'Eloquence de la chaire. ” Ibid. LITTÉRATURE ORIENTALE. Tnscriptionis Phæniciæ Oxoniensis nova interpretatio auctore J. D. Akerblad. 13 25204 £ De l’origine de la langue latine et de ses rapports avec les langues orientales, dissertation par le P. Paulin de Saint Barthélemi (en latin}. Pt 305 Heures consacrées à l’étude de la Bible ; seconde partie con- sistant-dans un mélange:de notes isur le Coran, le Zend- Avesta, les Védas, les Kings et les Edda (en anglais). 473 in LiTTÉRATURE GRECQUE. Honteri Carmine , auctore C. G. Heyne. 264 Notice de quelques ouvrages nouveaux des Grecs modernes, et notamment de la traduction én grec vulgaire de la PAi- losophie chymique du conseïller d'Etat Foureroy , par d'Ansse de Villoison. 482 Table des matières. 575 Traité des principaux idiotismes de la langue grecque ; par François Vigier (jésuite), de Rouen. 135 Po ÉS LE L A T'INE. Traduction complète des poésies de Catulle , suivies des poé- sies de Gallus et de la veillée des fètes de Vénus; par : François Noël. 425 P'o É sx E (FIR A N ÇC AU SE. OEuvres diverses d'Evariste Parny. 426 Ha Gastronomie , ou l’'Honime des champs à table; par J, Delille. 136 La Lyre d'Anacréon, rédigée par Chazet. 138 Almanach des Dames pour l’an xr. -- 1803. . Ibid. Mon Porte-feuille ; par M. Eugene Lamotte. 566 La destinée d'une jolie femme ; par J.B. de M*#%#. Ibid, Les mânes de Lamoïgnon Malesherbes ; par J. H. Vallant. | Ibid. THÉATRES. La fausse Duègne, paroles de G. D., musique posthume de Délla- Maria. 286 Le Trésor supposé ; par le C. Hoffmann. . Ibid. Valsain et Florville; par M.*** Jbid. Honneur et Indigence ; par Weiss et Patrat. - Ibid. L'ne A TR RUVDNE S 0 A RIT S. Delphis et Mopsa. ? 264 Daphnis et Pandrose. 265 Début de M. Nourrit. 410 MONT IMRTE ATEN EN E REA NICLAT.SS Le Séducteur amoureux, o% On ne veut pas le croire. 114 Le Roman d’une heure. dix Siri-Brahé , ov les Curieuses. 265 THéATRE FEyYDEAT&. Ma Tante Aurore, ou le Roman impromptu. 117 Héléna. 265 Tin É ArTRUEU Lo Tvlo re, Le Père d’occasion. 115 L'erreur reconnue. 411 Le Vallet embarrassé, ou l'Amour par lettres. 542 Malice pour Malice. 266 Le Duel impossible. 27 267 THÉATRE Du VAUDEVILLE. Fanchon la vieilleuse. 119 La Chambre de Molière. 121 J. B. Rousseau. Ve, 267 Les deux Arlequins, ou Colombine rivale, 412 Une Soirée des Deux Prisonniers, 544 576 Table des matières. Romaxs. \ è Le baron de Fleming, ou la Manie des titres, traduction libre de l’allemand d’Anguste Lafontaine; par M.me de Cerenville, } 138 Histoire d’un Ane; par l’Athénée de Montmartre ; dédiée à tous les ânes de la France, 139 La Comiphonie ; par F, F. Misethos, 287 Encyclopédie-comique ; par le C, Bertin. Ibid, Résurrection d'Atala, et son voyage à Paris. 426 Les deux Borgnes; par Charlotte Bournon Mallarme. 428 BEAUx-ARTS. Annales du Musée de l'Ecole moderne des beaux-arts ; ré- digées par le C. Landon. 10% 1287 Supplemento al Museo Fiorentino. 428 Ménales pittoresques et historiques des paysagistes, dédiées “à M.me Bonaparte ; par BaclerMalbe. 140. 431 Architecture civile ; par L. A. ‘Dubur, 143, 551 Jugement du Jury des esquisses présentées au concours pour perpétuer le souvenir de la paix d'Amiens et du rétablis- sement des cultes. k 106 Portrait du consul Cambacérès, gravé en couleur par Leva- cher. ’ 144 MÉLANGES. Les Paradoxes du capitaine Marc - Luc - Roch :Barole; pax Paul - Hippolyte de M**#*, ; ve" 432 Sevigniana , ou Recueil de pensées ingénieuses , d’anecdotes littéraires, historiques et morales, tirées des lettres de M.me la marquise de Sévigné. Ibid, Lettres inédites de Voltaire à Frédéric -le- Grand; roi de Prusse, publiées sur les originaux. j 139 Réclamation du C. Degerando, sur un article, de M, de Gersdorf. 408 Réclamation du G. Petit- Radel, contre une note du C. Marron. nel 263 Le et Table des Articles contenus dans ce Numéro, VARIÉTÉS, NOUVELLES ET CORe ErrÉTOLOGIE RESPONDANCE LITTÉRAIRZSe Caractères des vingt-rrois gen- + Aa coniposent For des |: idiens ; par F, M. Dau-|! din RP 433 Nouvelles de Londres. 51# Nouvelles de Suède. Ibid. Nouvelles de Stockholm. 512 Nouvelles de Hambourg. 1b. Nouvelles de Russie. 515 Académie des arts de Péters- bourg. 514 Nouvelles de Prusse. Ibid. Nouvelles de Berlin. 513 Notice des mémoires lus à l'A cadémie des sciences, depuis le à juillet 1801 jusqu’au 30 septembre 1802. Jbid. Nouvelles de Milan. 520 Nouvelles de’Rome. Jbid. Nouvellés de Weimar. Ibid, Nouvelles d'Amérique septen- trionale. ë 52a FRANCE. Erocès-verbal des séances pu, bliques de la Société libre des arts du département de la Sarthe, séant au Mans, tenues dans les années 1x ef, x de la République. 523 Parzs. Sur la Société de Statistique. 5: NouYELLES ÉTRANGÈRRS. ANTIQUITÉS:. Lettre de M. Silvestre de Sacy, "à M. Millin, sur les Monu- mens persépolitains. : 438 AGRICULTURE. Histoire générale de la Cul- ‘ ture des Arbres fruitiers, à dater des :premiers siècles jusqu’à nos jours; par M. 1+ Sickler (en allemand). 468 LITTÉRATURE ORIENTALE, Heures consacrées à l'étude de Ja Bible ; seconde partie, con- sistant dans un mélange dé notes sur le Coran, le Zend- Avesta, les Védas, les Kings et les Edda (en anglais). 473 LITTÉRATURE GRECQUE. Notice de quelques Ouvrages nouveaux des Grecs moder- nes, et n0tamment de la tra- duction en grec vulgaire de la Philosophie Chymique du conseille» d’état Fourcroy ; par d'Ansse de Villoison. 482 | Société philomathique. e ARCHAÆOZOGILIE. Observations sur les Monu- mens qui représentent Léda; at l'avocat Carlo Fer (en italien ). 494 Notice d'une Statme ægyp- .tienne qui se voit .à Saint- Cloud ; par le C, Visconti. \: 499 Nécrologie. 54x. THéaATRrezs. Le Valet embarrassé > ou l'A- mour par lettres. 543 Une Soirée des Deux Prison- nierge ET “Livass pivs xs | Saéiqe CR ’ Physique. :. | Annales de Sratistique fran- ae er des températures ; par | a “etérrangère; par Louis 2. M, Chovauies à * Audebert, pl ART SAT à à pes | Türisprudencé. FT Aux en en. une et Quelques ces sur le mode de : dux Amateurs dé oet ant; ax ‘Da er] es nait . Pierre CRE ainé, _ » #47 it ÉTREET Ibid. duca ns * Flore du Nord pt La Féânee; F4 Nouvelles morales ; exemple ie par F. Rouet. 549 | res ét amusantes ; à l'usage dé la jeunesse ; per L. “Simon, de ‘froyese = *: 568 Henri et Lucy; par M. R. L. -Edgeworth. 559. ie vero éographique BL 04 Anstrüc pre ne genss > 4 . par Cu I FRS :Considération. sur la Pr des femmes en couches, dité| … fièvre puerpérale , Par JB, . Routier. 550 | Dissertation sur les. Yrydropics sies articülaires ou tumeurs : synoyiales; par J. Sasarin- |: V5 Héologie. restans à + Ibid. } Pensécs chrétiennes ; par Car- :Œconomie rurale. | ron jeune. © 60 ‘nt fait à l'Académie des] Géographie. sciences, arts et belles-lettres Le, Géographe - Manuel ; de Dijon. | 5} Victor Comeiras.. 7 Séhiire Re 1 Le: Architecture civile ; ; par L.A. FrRRe, ; se js si nn :À Pubute Jbid. d Antiquités. À Art militaire, à Le Gnide du jeune Militaire ; et . Sue + par M. le baron d'A##*, 552 ; Granimaite. ‘Philosophie. nt £ ù ‘Cours ‘dé “langue allemande ; ei | Bencdieu de Spinosa adnotatio. harpe S de CEE F he < nés ad tractotumi theologico po- ; “Tilicum ee autographo “édidir “3 etrres allemands et A præfatus est addita notitia serip-|* 4orum philosophi Christophorus!| - Thevphilas de Mur, 7 553 Métaphysique. “Jntroduction Fi l'Analyse des sciences ; ‘par P. F. Lan- eelin, 554 OEconomie politique. Essai sur le gouvernement de Rome; par Walter Moyle, 15, Collection.de mémoiresetcor- . respondances officielles sur d'administration des colonies, { - notamment sur la Guyane aise et hollandaise ; par WE. enr . Abid. Lihérattee grocqne 1 Homeri Carmina, auctore. €. QAR xHeyne, 7.7? 864. | E tt iseu re F4 Sermons choisis de Bossuet, 16. : Esope, en trois langues. 465: É De Lloquence de fa chaire. Fe: mx Poésie, re Mon Dhs fenille;: par. M: 12 Eugère Lamotte. 566 La en d'une jolie femmes W%. par JB. de MY. Ibid, "0 Leÿ ânes de Lamoignon- Ma- À CeRe par J. RTS Fal- dan: À pis 4 NUS \ NU AE MIA 4 ! \ AU x NA (VFUA AURAS