laV'at e 474 re ra ae a" at Aa ar (SCC DE TNA EXT Jar CA CUP: is LU A C2 (AO CUCUNEN AA DTATAUN A (LEE CCC USER TUE ROCHE UE ES Aer % EUR LAURE rat AOL 1% stat XV dut 4 A AAA ; LA PENSE ee Le LA MAANEEAERE AN EAN ANA AA TEE EN à \ * at CARS LP Are L LV QUE (N 4ù o ar … - o VAR EAUAT DA UP A Un ANR) AY AAANUEe) AMUEOEL (x UNE D eg eu 1 424 iv POUR OR EC RAA : À SE DL DAC DE D NC re Dr er | Lee OMR EN ES AU “ AU MENT CORAN EEE OEUU (MISES AA IAE AAOELRLECTE tie AV À PAUL eee A LAVE NAURREX ; SU QUE AVE + NA TELE va sa NN AAA St EUR Q 20 AUX CEA ETES ARNO ERA Lo ee AAA LA AL NUE +, V4 nat LOU LE Let SES { LA LAT + nt N Fes RAT “ CN? : D.) Vendémiaire an 12. ENCYCLOPÉDIQUE, ai é ; ou JOURNAL DES SCIENCES, | DES LETTRES ET DES ARTS, RÉDIGÉ Par A, L. MiLLin. . AVIS DU LIBRAIRE. * Le prix de ce Journal est fixé: ; à 9 francs pour trois mois, ENG 18 francs pour six mois, LU 36 francs pour un an, ant pour Paris que pour les Départemens, franc de port. ‘54 ON peut”s’alresser au. Bureau dü Journal pour se procure qous les Livres qui parvissent en Frauce et ,chiez l'étranger, eë vur, tuut ce qui concerne la Librairie ancienne e moderne. Ce Journal, auquel:la plupart des hommes qui ont un nom di istingué, ure réputation Justement acquise dans quelque partie des arts où des sciences, ;tels ‘que les CC. 'ALIBERT, DesGENETTES , BAsT, ect DE Sacy, FouRCROY, Halzé, DoumÉRiL, SCHWEIGHÆUSER, Lacér? DE, .. BarBiER , Bargigr nu BoccAacE, Lancrës, - LazanDe, Lacrancr , LEBRUN, MARRON , MEN- TELLE , BASSINET, MOReLLeT, Nor, OBERLIN, Cnarpon- -LA-ROCHET TE ;CAILLARD, Van. Moxs, Sicarn, TRAULLÉ, LÉVEILLÉ, CuviER » Gers Tome III, (p* An.) Vreçek ; VISCONTI, VILLOISON, WiLLEMETS. AVincrLER. Fr. LORSTEIN, etc. etc. fournissent des. i FROY, VENTENAT, Cr tt Mémoires, contient l'extrait des principaux ouvrages pationaux: on s atiache surtout à en donner une ana Jyse exacte, et à la faire paroitre le plus promptement possible après leurpublication. On y donne une Le des meilleurs écrits imprimés chez létranger.: 7 On y insère les mémoires les plus interessans’ sur toutes Les parties des arts et des sciences; on choisit principalement ceus quisont propres à en accélérerle progrès. On y publie fe découvertes i ingénieuses , les inven+ | tions utiles dans tous les genres. On y rend compte. des ‘experiences nouv elles. On y donne un prétis de} ce que les séances des sociétés littéraires ont offert de plus intéressant; une description de ce que les dés pôts d'objets d'arts et dés sciences renferment de plus curieux. pHEs » On y trouve des notices sur la vie et les oüvrages des Sayans, des Littérateurs et des Artistes distingués dont on regretté la perte; enfin, les dr litté- raires de tout: espèce. LT SCN | Ce Journal est composé de six volumes in: 8.0 par | an, de 6co pages chacun. [1 paroît le premier d chaque mois. La fivraison est divisée en deux nu méros, chacun de 9 feuilles. On s'adresse, pour l’abonnement, à Paris, au Bu | reau du Magasin Encyclopédique, chez le C. Fuch Libraire, rue des Mathurins, hôtel Cluny. + chez le ver ve Chauguion'et pe Hengsts à À Ansterdam, { bot CRE 8 8 # Brüvelles, pe Leiraire, ù F3 Elorence ,-elrez Molini.* Franucfort-sur-lee Mein, chez Fleischer, chez Manget, 5% Geuève, 4 chez Paschoud } : k > a) A A À H, wibourg , chez Hoflinann, À Léipsie, chez Wolf. A pur ; Chez Les frères Murray: A I sondrés , chez de Pofe, Gérard Streeri Le À Siraisbourg, chez Levtaulr, « 74 À :\ivnne , Chez Degen, ‘ eu A Wesel, chez Gébler. Directeur des Posless Fr ll l faut affranchir Jei lettres, ST MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE. IX* ANNÉE, TOME III, MAGASIN ENCYCLOPÉDIQUE, OU JOURNAL DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS; RÉDIGÉ PARK, LOMTFLDTIN, CoNsERr ATEUR des Antiques , Médailles et Pierres gravées de la Bibliothéque nationale de France , Professeur d’Hi- store et d’Antiquités ; membre de la Société royale des sciences de Gættingue , de celles des Curieux de la Nature à Erlang, des Sciences physiques de Zurich, d'Histoire naturelle et de Minéralogie d'Iéna , de l’Académie royale de Dublin, de la Société linnéenne de Londres: des So- ciétés d'Histoire naturelle ;, philomathique, galvanique, de statistique ; médicale d'émulation , des Observateurs de l’homme , et de l Athénée des arts de Paris ; des Sociétés des sciences de Rouen, Abbeville , de Boulogne , de Poi- tiers , de Niort, de Nismes , de Marseille, d’Alencon, de Caen, de Grenoble, de Colmar, de Nancy , de Siras- bourg, etc. etc. PSC AN NO Di MOME TROISIÈME D À CPAR 46, Chez Fucus, Libraire, rue des Mathurins, maison de Cluny, n.° 334. AN X1—16003, À Francois MÜNTER, PROFESSEUR DE THÉOLOGIE A COPENHAGUE, PHILOLOGUE PROFOND, ORIENTALISTE CÉLÈBRE, HOMMAGE D’ATTACHEMENT ET DE RESPECT. MAGASIN: ENCYCLOPÉDIQUE. LITTÉRATURE ORIENTALC, Vzrsucx über die keilfoermigen Taschriften zu Persepolis , von Dr. Friederich Mine TER : mit Kupfern. | Essar sur les Inscriptions cunéiformes de Persépolis, par Fr. MÜNTER; avec fig. Copenhague, 1802. | que nous allons faire connoître, a paru d’abord en danois, dans le Recueil de l’Académie royale des sciences de Copenhague : il y est divisé en deux mémoires, lus en l’année 1798, à cette Société savante , à laquelle appartient M. Muünter, Des exemplaires tirés-à part de ces deux mémoires, sous le titre de Undersoegelser om de Persepoliianske Inscriptioner | furent répandus en 1800 parmi:les savans; mais comme la langue danoïse est peu culs tivée hors le nord de l’Europe, l’auteur de ces re- cherches a cru faire une chose agréable au plus grand nombre des savans, en les reproduisant dans un langage plus généralement connu. La traduction allemande a de plus l'avantage d’être ornée de trois. À 4 8 Littérature orientale: gravures, outre celle qui lui est commune avec lé: dition originale. Il y a déjà long-temps que nous aurions commu niqué aux lecteurs du Magasin encyclopédique l’ex= trait de cei Essai, si ce que nous avions appris des tentatives faites par M. Lichtenstein, et ensuite par M. Grotelend, pour lire et expliquer les ins- criplions cunéiformes, et l’espérance que nous avions conçue de voir un nouveau jour se répandre sur ce genre de monumens , ne nous eussent engagés à dif- férer la rédaction et Ja publication de cette notice. Mais ayant fait connoitre maintenant, dans notre lettre au C. Millin, insérée dans ce journal (1), à quoi se bornent, du moins suivant notre manière de voir, les résultats des efforts faits jusqu'ici par MM. Lichtenstein et Grotefend , nous ne saurions tarder plus long-temps à nous acquitter de cette dette. En rendant compte du travail présenté à une So- ciété célebre, par un savant dont la réputation est établie sur un grand nombre d’ouvrages estimés, et que la conformité des goûts, et, nous le disons avec une secrète complaisance, une estime réciproque, ont lié avec nous depuis plusieurs années, nous nous bornerons à une simple analyse , laissant aux lecteurs le soin de former eux-mêmes leur opinion. L’hon- neur que M. Münter nous a fait de citer en plusieurs endroits nos vues ou nos conjectures , nous fait un devoir de cette réserve. QG) Voy- Magasin Encycl. année VIIL ,t. V, p. 458 et suir. On à brè à part quelques exgmplaires de cette lettre. Inscription persépolitaine. 9 L'ouvrage commence par une courte introduction, dont l’objet est de faire voir que parmi les monu- mens anciens, il en est peu qui méritent autant de fixer l’attention des amateurs de l’antiquité, que ceux de Persépolis, soit que l’on considère le carac- tère religieux qu’ils respirent , et leur liaïson avec la doctrine de Zoroastre , liaison qu’on ne sauroït méconnoître ; soit qu’on envisage la grandeur de empire auquel ils ont appartenu, et que nous ne connoissons que d’une manière très-imparfaite. Sous le point de vue de l’art , comme sous celui de lhis- toire, ils doivent exciter le plus grand intérêt; et cet intérét ne peut qu'être augmenté par ce nombre considérable d'inscriptions qui les accompagnent, et dont on a conçu depuis peu d’années, non sans quelque vraisemblance , l'espoir de retrouver la langue et l’écriture. Dans le reste de cette introduction, M. Münter rappelle l’Essai, publié en 1798 par M. Tychsen de Rostock, sur le déchiffrement des inscriptions cunéiformes, et il annonce que, quelque éloigné qu’il soit d’adopter les vues et les idées de son savant ami, à l’érudition et à la sagacité du- quel il se fait un devoir de rendre justice, il n’en- trera cependant point en lice avec lui, à moins qu’il n’y soit indispensablement entrainé par son sujet; et il promet de suivre, sans aucune diversion, et indépendamment de toute autre opinion, la marche de ses recherches particulières. Donner une idée des ruines actuelles de Persé- polis, connues sous le nom de Zchéñelminar où Hézarsoioun , des anciens édifices auxquels ces ruines 10 Littérature orientale. ont appartenu , de la grandeur et des révolutions successives de la ville connue dans l'antiquité sous Jes noms de Pasargadæ et Persépolis, et dans des temps plus modernes sous celui d’Zstakhar ; passer en revue ce que les écrivains grecs et orientaux nous apprennent sur l’époque de sa fondation et le nom de son fondateur ; fixer l'attention du lecteur sur. l'extrême difficulté, pour ne pas dire l’impossibilité. de concilier entre elles ces diverses traditions, tels sont les objets traités dans la première section du premier chapitre. M. Münter observe que la plupart des érudits européens ont suivi exclusivement l’au- torité des écrivains grecs, et rapporté la construc- tion des édifices de Persépolis à l’époque de Cyrus et de ses descendans ; qu’un très-petit nombre, et en particulier le célèbre président de la Soeiété de Calcutta, et MM. Wahl et Herder adoptant les traditions des Orientaux , leur ont assigné une origine beaucoup plus ancienne, et qui en reporte la fon dation aux temps mythologiques de l’histoire de Perse ; enfin, que M. Tychsen, entraîné par la maniere dont il croit avoir déchiffré quelques ins- criptions, en a fait honneur au fondateur de la puis- sance des Arsacides. M. Münter, dont le travail a pour principal objet les inscriptions de Tchéhelminar , observe que la solution de ce probléme historique est de la plus grande importance pour leur déchifrement ; et cette considération l’oblige à entrer dans l’exposition des motifs en conséquence desquels il attribue ces monu- mens aux princes de la dynastie des Cayaniens ; mais Inscription persépolilaine. 14 il croit pouvoir se contenter de présenter sommai- rement cette partie de ses recherches, parce qu'il se trouve sur ce point avoir obtenu le même résultat que M. Hecren, l’un des membres les plus distingués de la société royale de Gottingue, a si bien déve- Jloppé dans la seconde partie de l'ouvrage intitulé: Idées sur la politique , les relations et le commerce des principaux peuples de l'antiquité (2). Les tombeaux pratiqués dans la montagne qui en vironne les ruines désignées sous le nom de Tchéhel- minar, occupent ensuite notre auteur , et sont l’objet de la seconde section de ce premier chapitre. La fa- cade de ces monumens funébres , taillée à pic dans le roc, est ornée de bas-reliefs qui ne laissent aucun doute sur leur destination. Les descriptions et Îles dessins que nous devons aux voyageurs modernes qui ont visité ces ruines, comparés avec les récits de Diodore de Sicile et de Ctésias, présentent une con formité trop frappante pour qu'on se refuse à re- connoître l'identité des lieux et des monumens dé- crits par les uns et les autres; et les traditions conservées par les écrivains orientaux viennent en= core à l’appui de cette vérité. Il est pour le moins tres-vraisemblable qu’un de ces monumens a TECH le corps de Darius, fils d’Hystaspe, quoique ni Pun ni l’autre des tombeaux pratiqués dans la montagne n'offre d'inscription. M. Munter regrette beaucoup que l’ivscription qui, au rapport d'Onésicrite, cité par Strabon, et suivant le témoignage d’autres ° (2) Zdeen über die Politik, den Verkehr, und den Handel der dornéhmsten Vœlker der alten. PP'eir. a,° partie, Goltingue , 17 99 *2 Littérature orientale. écrivains grecs , se lisoit sur le tombeau de ce princes »’existe plus aujourd’hui ; car le contenu de cette inscription nous étant connu, elle auroit pu nous donner la clef de toutes les inscriptions cunéiformes. Si je ne m'étois interdit toute réflexion , je deman- derois si ces inscriptions, qui, au rapport des écri- vains grecs, ornoient le tombeau de Cyrus et celui de Darius, peuvent soutenir l’examen d’une critique sévère , et si le style dans lequel elles sont conçues ; et la variété même que l’on remarque dans la ma- mière dont elles sont rapportées , n’autorise pas à les rejeter. Ce que M. Münter ajoute, relativement aux emblêmes qui décorent les façades des tombeaux, et qui portent l'empreinte incontestable des dogmes et du système religieux de Zoroastre, est un très-fort argument contre la tradition orientale , qui fait re- monter jusqu’à Djemschid la fondation de Persépolis, si, comme tout paroît le prouver, les tombeaux appartiennent à la même époque que les édifices de Tchéhelminar, C’est à prouver l'identité d'époque de ces divers restes d’antiquité, qu’est consacré le commencement de Ja troisième section. Un premier fait, qui peut servir à étayer cette opinion, et qui lie les édifices de Tchéhelminar avec les tombeaux, ce sont les souterrains pratiqués. sous ces édifices, et qui ont été observés par divers: voyageurs. Si l’on en juge par quelques traditions, par la direction de ces souterrains, dans lesquels, on n’a pas encore pénétré fort avant , et par la dis- position des tombeaux, il y a tout sujet de croire: Enscription persépolitaïne. 13 ‘que ces souterrains conduisoient aux lieux destinés à recevoir les corps des souverains ; mais quand on m’auroit aucun égard à cette conjecture, il sufhroit de comparer les bas-reliefs et les ornemens de ces divers monumens , pour y reconnoître un même sys+ tème de décorations , les mêmes animaux fabuleux ou mythologiques , les mêmes idées religieuses, le même costume; enfin, un même style, qui se dis- tingue par sa roideur et par une exactitude scrupu- Jeuse dans les détails : de semblables rapports ne permettent point de douter que ces divers monu- mens p’appartiennent au même plan, à la même pation , à la même époque et à des artistes de la même école, et il est bien digne de remarque que les caractères qui distinguent le style de ces ouvrages de l’art, caractérisent aussi les Dariques , autre genre de monumens dont l’âge ne souffre point de difi- culté. A ces motifs, qui pourroient seuls décider la question, s’en joint encore un autre qui résulte de Vexamen détaillé des bas-reliefs que les voyageurs ont copiés , motif qui vraisemblablement acquerreroit en- core une nouvelle force de démonstration , s’ils nous eussent mis à même d'étudier la totalité de ces bas- reliefs, dont une ‘petite partie seulement nous est connue. Quelque incomplets néanmoins que soient les dessins que nous possédons de ces magnifiques restes d’antiquités, il nous est permis d’en tirer cette induction, que la plus grande partie de ces bas-reliefs nous représentent le tableau de l'empire de Perse, tel qu'il dut être sous les successeurs de 14 Littérature orientale. Cyrus, et sous cette dynastie seulement, à l’exclu- sion de toute époque , soit antérieure, soit posté rieure, « Nous pouvons, dit M. Münter, supposer « avec mme sorte de certitude que les architectes « qui ont dirigé les travaux de Persépolis, en y « sculptant cette multitude de figures, n’ont pas « eu seulement l'intention de dérober à la vue l’as- « pect nu et rebutant de ces roches taillées à pic, « mais que toutes ces figures , partie mythologiques, « partie historiques, tous ces groupes de personnages « diversement variés, doivent étre en rapport et “ conserver une certaine harmonie avec le temps « et le lieu, et avec la destination même de ces » monumens. » Notre auteur développe, dans la suite de cette section , les preuves de cette opinion, que lui fournit l'examen détaillé des bas- reliefs de Tchéhelminar comparés avec les témoignages des anciens, et sur- tout avec ceux que Brisson a recueillis dans son traité de regio Persarum principatu , ouvrage classique en cette matière, Nous ne pouvons mieux faire, pour donner une idée de cette partie du travail de M. Münter, que de citer une portion de cette section, en supprimant les autorités alléguées par ce savant. Nous allons donc le laisser parler lui-même. « Sur les murailles des escaliers, qui, du côté « gauche, conduisent à la seconde terrasse, on voit « plusieurs personnages qui paroissent converser « ensemble : ce sont des personnages de Ja cour, dont les uns portent l’ample vêtement de cérémonie ' Inscription persépolitaine. 19 des Mèdes, qui tombe jusqu’aux pieds; les autres conservent encore le vêtement juste et étroit qui étoit l’habit national des Perses. Cette observation n’est point indifférente pour fixer Pâge de ces mo- numens, puisque nous savons, par le témoignage de Xénophon, que Cyrus tout le premier adopta le costume des Perses qu’il avoit vaincus, persuada à ses amis d’imiter son exemple, et leur distribua même des habits persans : l’effet de cette mesure fut que , dans la suite, on regarda comme une grande distinction de pouvoir porter l’habit des Mèdes. On reconnoît sur ces bas-reliefs l’ancien usage des Perses, de porter le poignard du côté gauche; on y voit aussi toutes les autres décora- tions accoutumées parmi cette nation , parexemple, ces chaînes d’or.... que les monarques de cet empire distribuoient comme des signes de leur faveur; enfin, les marques de respect que les in- férieurs pratiquoient en présence de leurs supé- rieurs, se cachant les mains et se couvrant Îa bouche avec un voile, ou seulement avec la main, se retrouvent fidèlement observées sur ces monu- mens. Maïs quant à ces dernieres circonstances, il faut convenir qu'elles ne peuvent guère servir à déterminer la date de ces bas-reliefs, parce que toutes ces choses et tous ces usages qui appar- tiennent au cérémonial et à l’étiquette, peuvent s’êtré conservés sous l’empire des Parthes, et même sous celui des Sassanides. « La longue procession qui orne la muraille d’un escalier à droite des ruines, est bien plus impor- 16 Littérature orientale; « tante sous ce point de vue ; et il est fâcheux pour “ ceux qui se livrent aux recherches historiques que “ le temps n’en ait épargné qu’une moitié. Cette « procession nous offre un grand nombre de per- “ sonnages diversement habillés, qui montent au “ palais : ils conduisent avec eux, ou portent dif- « férentes choses. Chaque section ou division se dis- « tingue des autres par un costume commun à toutes “ les figures qui la composent. Le premier person- « nage de chaque division est conduit par la main, « par un officier de la cour , qui est revêtu tantôt dé « l’habit des Mèdes, tantôt de celui des Perses, et « tient à la main un bâton ou un dard. Tout ceci « représente incontestablement les divers peuples qui « relevoient de l’empire perse, et qui, au neurouz; “ ou premier jour de l’année, principale fête de la « nation, faisoient hommage au monarque, parleurs « députés, des meilleurs produits de la nature ou de « Part qu’offroient leurs contrées respectives. Nous « trouvons cà et là, dans ce tableau, plusieurs traits « conformes à la description que nous a laissée Hé- «“ rodote des nations qui composoient l’armée de « Xerxès, et c’est une nouvelle raison de rapporter “à cette même époque l’âge de ces monumens, « Cette conformité , sans doute, seroit plus grande « et plus sensible, si Hérodote, au lieu de parler, « comme il le fait en cet endroit, de l’armure et des « armes offensives de ces diverses nations, nous eût « décrit leur costume ordinaire. Cela n’empéche pas « qu’on ne reconnoisse facilement ici les Perses, « d’apres les descriptions que nous donnent les an- “ cieng Tnscription persépolitaine. 17 ciens de leurs vêtemens et de leurs bonnets. Les Cissiens, qui d’ailleurs portoient le même habit que les Perses, se distinguoient par leurs mitres. D'autres personnages, à en juger par la forme de leurs bonnets, peuvent être pris pour des Phry- giens. Quelques-uns ce ceux qui condu sent des chevaux, peuvent représenter des Arméniens; car nous sayons que }’Arménie devoit aux monarques des Perses un tribut en chevaux. Plus loin on voit des hommes dont l'habillement semble étre celui des Bédouins du désert. Dans la rangée supérieure, dont la plus grande partie est détruite, M. Nie- buhr a observé une lionne ; ce qui confirme ce que nous ayons dit, que ces choses que Pon porte ou que l’on mène ici en procession, représentent les dons offerts aux monarques par les nations tribu- faires : car c’est un fait connu qu’on leur offroit des bêtes sauvages pour leurs ménageries et leurs parcs. Des hommes vêtus de peaux de lion, avec des queues qui trainoient par derrière , étoient aussi représentés sur ce bas-relief; caractere qui répond parfaitement à la description qu'Hérodote nous donne des Æthiopiens. Enfin, les mêmes bas- reliefs nous présentent des hommes presque nus, et d’autres vêtus de peaux ct de fourrures, et par conséquent des habitans des climats les plus op- posés : les premiers peuvent étre de race arabe, et les derniers appartenir à des hoides scythes ou à des peuplades da Caucase. Si les rangs supé- rieurs de figures se fussent conservés, nous y ver- rions sans doute aussi des costumes grecs, puisque Tome III, B 18 Littérature ofientale; « toute l’Asie mineure obéissoit aux rois de Perse, « et que vraisemblablement l’orgueil de cette cour « n'aura pas manqué d'exprimer en ce lieu, con- “ sidéré comme le sanctuaire de l’empire, ses pré- « tentions à la souveraineté sur les Grecs, sur cette # nation si récalcitrante, il est vrai, mais dont une « partie néanmoins lui étoit effectivement soumise, » Je m'’arréie ici; mais je ne puis rm’empécher d’ob- server que davs quelques-uns des bas-reliefs de Tchéhelminar, M. Munter croit reconnoître des Nègres avec leurs grosses lèvres et leurs cheveux crépus. « Je crois, ajoute-t-il en terminant ces dé- “ fails, avoir rassemblé assez de circonstances pour + #ixer l’âge de ces monumens à l’époque des Achæ- = ménides ou Cayaniens. Les figures qui nous offrent = des Æthiopiens, des habitans sauvages de la Nu- bie, et des Négres , sont ici d’un tres-grand poids, “ parce que ces nations ne purent être considérées “ comme faisant partie des sujets de Ja Perse, que quand l’Ægypte étoit une province de cel empire, entre Cambyse et Darius Codoman.» M. Münter s'attache à prouver que rien ne peut autoriser à appliquer tous les caractères qu’il a réunis à Pépoque des Pischdadiens, et encore moins à celle des Arsa- cides, comme M. Tychsen de Rosiock s’est vu con traint de le faire par l'hypothèse qu’il a adoptée. Examinant ensuite à quelle nation durent appartenir les artistes qui exécuterent ces ouvrages, il se déter- mive pour les Bactriens, sans exclure cependant tout-à-fait es Ægyptiens : il croit aussi que des tra- vaux si considéäables, et qui ne comportoient pas Tnscription persépolitaine. 19 la concurrence d’un tres-grand nombre d'ouvriers, ont pu être continués pendant plusieurs règnes, et n’ont peut-être jamaisété entièrement achevés. Enfin, il termine ce premier chapitre en ces termes : “ Après « ces observations préliminaires sur l’âge des édifices, « des tombeaux et des bas-reliefs de Persépolis, nous “« pouvons admettre avec certitude que les inscrip- « tions sont aussi de même âge, c’est-à-dire , de « l’époque de la dynastie des Cayaniens, et que par “ conséquent elles doivent être écrites dans une ou plusieurs des langues qui se parloient à cette époque dans l’empire de Perse. » Dans le chapitre suivant, M. Münter examine quelles sont , parmi les langues qui se partageoient alors le vaste empire de Perse, celles dans lesquelles on doit raisonnablement conjecturer que sont écrites les inscriptions de Persépolis ; et le résultat de ses recherches est que l’on ne peut guère supposer qu’elles soient conçues dans aucun autre langage que lezend, le pehlvi ou le parsi, ces trois idiômes étant ceux que Pon païloit, suivant les conjectures les plus vraisemblables, dans les provinces centrales de l’em- pire. Le zend, comme la langue de la religion et des livres sacrés de la Perse ; le pehlvi, comme li- diôme propre aux anciens rois et aux contrées dont les héros les pus fameux tiroient leur origine; en- fin, le parsi, comme le dialecte particulier de la Perse proprement dite, paroissent avoir eu également droit à occuper une place sur le monument le plus respectable de l’émpire, monument qui appartenoit en même temps et à la relision et à la monarchie, Ba 20 Liliérature orientale. Je serai bien court dans l'exposé des matiires traitées dans le troisième chapitre, et des résultats que notre savant tire des observations que lui a fournies l’examen attentif des inscriptions dé Tché- helminar. Le compte que j’ai rendu du travail de MM. Lichtenstein et Grotefend, dans ma lettre au C. Millin, insérée dans ce journal, me dispense d’entrer ici dans de grands détails. Les résultats de M. Grotefend sont en général, comme je lai dit, conformes à ceux qu'a obtenus M. Münter; mais c’est dans l'ouvrage de ce dernier qu’il faut voir chacun de ces résultats établi avec beaucoup d’éru- dition, et en même temps avec une sagacité, une méthode, une précision qui peuvent servir de mo= dèles dans ce genre de discussions. Dans la première section, on trouve une récapi- tulation succincte des diverses sortes de monumens qui offrent des inscriptions en caractères cunéiformes: “ La rencontre de ces caractères sur les briques « tirées des fondemens de Babylone, montre, dit « notre auteur, leur haute antiquité, tandis que, - d’un autre côté, le vase ægyptien publié par le «“ comte de Caylus, et divers cylindres d’æmathite, « pierre qui paroît n’avoir été employée que par des « artistes ægyptiens, en nous offrant ces mêmes ca- « racteres, nous démontrent que l’usage n’en étoit « point encore abandonné sous les monarques Caya- « niens, au temps où l’Ægypte faisoit partie de « l'empire des successeurs de Cyrus. » Trois sortes d’écritures cunéiformes paroïssent sur les monumens persépolitains , l’une a/phabétique , He Jnscription persépolitaine, 2Ÿ une autre que l’on peut croire syl/ahique, la troi- sième monogrammatique ; Car C’est ainsi que je vou drois appeler cette dernière, où chaque grouppe semble représenter un mot. M. Münter la désigne par le nom de Zeichenschrift für ganze IPoerter , et la compare à l’écriture chinoise ou japonoise ; mais il reste à savoir si chaque grouppe est le signe d’une idée ou d’un mot, s’il est lié avec la représentation de la chose qu’il désigne, ou avec les sons et les articulations qui servoient à l’énoncer. Dans la pre- mière supposition, ces grouppes seroient des hréro+ glyphes ; dans la seconde, le nom de monogrimmes leur convient mieux, M. Müuter, qui, dans la se- conde section de ce chapitre, établit la distinc- tion de ces trois écritures cunéiformes, indique en même temps celles des insçriptions de Tchéelmi- mar qui appartiennent à chaque classe. Il rapporte à la troisième celles des cylindres, du vase ægyp- tien , et des briques de Babylone : peut-être cette troisieme classe devroit-elle former un genre auquel appartiennent plusieurs espèces. Les résultats précédens sont confirmés dans la troisieme section, par un examen plus spécial des inscriptions publiées par M. Niebubr, et M. Münter y démontre que plusieurs de ces inscriptions sont triples, c’est-à-dire, que la même inscription se trouve concurremment et au même lieu, dans les trois écritures qu'il a caractérisées précédemment, Il justifie en même temps par plusieurs exemples et spécialement par les monumens Sassanides de Nakschi-Roustam , l’usage des inscriptions dou- B 3 22 Littérature orientale: bles et triples gravées sur un même monument, La quatrieme et dernière section de ce troisième. chapitre est consacrée à la discussion de quelques passages des écrivains grecs , relatifs à l'écriture dont les Perses faisoient usage. De ce que Darius, fils d'Hystaspe, au rapport d'Hérodote, fit graver des inscriptions en caractères grecs et assyriens, sur des colonnes qu’il éleva près du Bosphore, comme des monumens de sa puissance, ne peut-on pas en conclure qu’à cette époque les Perses n’avoient point une écriture qui leur fût propre ? Cette opinion ne peut-elle pas s'appuyer sur un passage d’une des lettres de Thémistocle, suivant lequel le même Darius donna aux Perses un nouveau caractère , au lieu des lettres assyriennes dont ils se servoient auparavant ? M. Münter répond aux conséquences qu'on voudroit tirer du passage d’Hérodote , que ces lettres assyriennes sont vraisemblablement J’écri- ture cunéiforme qui put être nommée assyrienne , puisque nous savons aujourd’hui, par des monumens incontestables , qu’elle fut usitée dans des temps très-reculés dans l’empire des Assyriens, Quant au texte tiré des lettres de Thémistocle, ces lettres supposées étant sans autorité, on n’en peut rien conclure. Mais quand on admettroit que Darius fils d'Hystaspe eût introduit parmi les Perses un nou- veau caractère , on seroit bien fondé à soutenir que cette nouvelle écriture ne fit point abandonner to- talement la précédente, puisqu’au rapport de Thu- cydide, en la quatre-vingt-huitième olympiade, hrtaxerxes 1, écrivant aux Lacédémoniens des let- Inscription persépolitaine. 23 tres qui furent interceptées par les Athéniens, se servoit encore des caractères assyriens. Dans le quatrième chapitre, l’auteur aborde de plus près son sujet, et propose ses conjectures sur la valeur de plusieurs caracteres des inscriptions de Tchéhelminar, et sur leur contenu en général. M. Münter avertit d’abord qu’il s’occupera prin= cipalement des inscriptions de la première classe , c’est-à-dire, de celles dont lécriture paroît alpha bétique. Deux moyens peuvent être employés pour en tenter le déchiffrement : le premier, commur à toute écriture alphabétique, est de tâcher de dis- tinguer les figures qui expriment les voyelles de celles qui représentent les consonnes, et de parvenir ainsi à obtenir la valeur de quelques lettres dont la découverte peut faire deviner un petit nombre de mots; le second, de comparer les caracteres de l'écriture inconnue avec d’autres alphabets connus, qui puissent offrir quelques analogies. Les alphabets zend et pehlvi sont ici sans doute les principaux que l’on doive consulter. M. Münter y joint les alphabets arménien et géorgien. Parmi les lettres des inscriptions alphabétiques de Tchéhelminar, il en est trois que leur retour très-fréquent oblige de regarder comme voyelles ; elles reviennent même assez souvent, pour qu’on en tire l’induction d’une grande conformité entre la langue de ces inscriptions et le zend, dont le caractère est d’ex- primer toutes les voyelles, et d’en être même sur chargé outre mesure. M. Münter hasarde de dé- terminer Ja valeur de chacune de ces trois voyelles, B 4 24 Tittérature orten/ale. en partie d’après l’aualogie qu'il croit observer entre leurs formes, et celles de certaines lettres des alphabets qui lui servent de pièces de comparaison, et en partie d’après la prédlection de la langue. zende pour certains sons. Quelques autres figures peuvent encore exprimer des voyelles, dont le zend compte jusqu’a seize, On les réconnoît , soit par leur retour fréquent , soit parce que seules et sans Je secour: d'aucune autre figure , ellés forment des monosyllabes. Cette écriture procède incontestablement de gau< che à droite, et les mots y sont séparés les uns des autres par un caractère dont on.ne peut mé= connaitre la destination. Cette dernière circonstance est infiniment avantageuse pour le déchifiement de cette écriture. Une antre observation non moins essenticile, c’est que le même mot reparoit incon- testablement avec diverses inflexions grammaticales, ce qui peut donner encore un moyen de connoître la valeur de quelques caracteres, en cherchant à appliquer ici les diverses inflexions que les mots reçoivent dans le zend. M. Münter s'occupe un instant des deux autres sortes d’inser ptions que nous supposons avec lui être syllabiques et monogrammatiques, et sur les- quelles il est plus difi.il: de former des conjectures plausibles. Il regarde cependant comme certain quelles ne sont que des traductions des inscriptions alphabétiques ; et si ces dernières sont comme il le pense en langue zende, il est permis de conjectu= rer que les autres sont en pehlvi et en parsi, Inscription persépolitaine. 25 Revenant ensuite aux inscriptions alphabétiques, il recherche particulieremest queile doit être la valeur d’un mot de sept letire: , qui reparoit tres- souvent dans toutes les inscriptions de cette classe, | M. Tychsen de Rosiock à cru que c’étoit le nom d’Arsace; M. Munter , conduit par l’analogie des inscriptions sassanides, a pensé d’abord qu’il de- voit répondre au mot M4zCA de ces dernières, et signifier roi; mais aucun des mots zends ou pelhvis qui ont cette signification , ne lui ayant paru pouvoir répondre aux sept lettres dont celui-ci est formé, il s’est attaché à l’idée que ce pouvoit être ici une formule relivieuse semblable à celles qui sont si communes dans le Zend-avesta, Je fuis Izes- chné , je loue le saint Ferouër, etc. (3). M. Munter, à l'appui de cette conjecture , cite la conformité qu’il a remarquée entre les caractères des inserip= tions monogrammatiques et ceux qu’on voit sur divers cylindres qui sont certainement des talis- mans, et sur les briques de Babylone où üls lui. paroiïssent avoir eu la même destination. Il entre à ce sujet dans des détails dans lesquels on sent qu’il nous est impossible de le suivre, et toutes ces comparaisons le mènent au résultat suivant, (5) Ce mot est aussi celui auquel s’est d’abord attaché M. Grotefend , qui a donné beaucoup de vraisemblance ; comme je l’ai dit dans ma letire au C. Millin, à la première conjecture de M Muünter. Mais cela ne détruit pas la conjecture formée par ce dernier sur le sujet général de ces inscriptions, qu’il croit, comme on le verra tout-à-l'heure , relis gieux et talismanique, 26 Litiérature orientale. qu'il ne présente néanmoins que comme une ‘con jecture qui n’est pas sans vraisemblance: “ Le contenu principal des inscriptions mono- “ grammatiques a trait à la religion. Or, comme « les deux autres classes d'inscriptions expriment “ tantôt les mêmes idées, tantôt des idées analogues « à celles des inscriptions monogrammatiques, ce » que l’on dit de ces dernières doit s'entendre de « toutes, ou du moins du plus grand nombre des “ inscriptions persépolitaines (4). Si ce magnifique = édifice étoit le Capitole, le temple national de « l'empire des Perses, si les bas-reliefs qui en fai- « soient l’ornement avoient pour objet de représen- « ter, avec relation à des idées religieuses , la « force et la grandeur de l’état ainsi que la majesté « du monarque , sans aucun doute les inscriptions “ qui accompagnoient ces bas-reliefs, ont dû con- “ tenir ces formules solemnelles par lesquelles on « prioit la divinité, et on conjuroit tous les Am- (4) Le raisonnement de M. Münter se fera mieux sentir en le pré- sentant de la manière suivante. Les inscriptions en écriture monogram- matiques qu'on voit sur les cylindres persépolitains , expriment certai= nement des formules talismaniques ; et on peut raisonnablement con jecturer qu’il en est de même de ceux que présentent les briques de de Babylone : or, un grand nombre des monogrammes qu'offrent ces deux espèces de monumens, se retrouvent dans les inscriptions mono grammatiques de Tchéhelminar : ces inscriptions ont donc des sujets analogues à ceux des cylindres et des briques, elles expriment donc . aussi des formules religieuses et talismaniques. Mais si cela est vrai des inscriptions monogrammatiques de Tchéhelminar , il faut que cela le soit aussi des inscriptions alphabétiques et syllebiques , puisqu'elies me sont que la traduction d’une même inscription en trois langues, Ou sa transcription en trois écritures différentes. is h Inscription persépolitaine. 27 « schaspands et les Izeds de protéger le souverain « et l'empire. Elles ont encore dû exprimer les « conjurations que l’on employoit pour détruire ou =“ prévenir toutes les entreprises qu’auroient püû for- « mer Abriman et ses Dives, afin de nuire à l’em- « pire chéri et protégé d’Ormuzd, et d’occasionner « sa perte. On pourroit, en conséquence de ces “ données, regarder avec quelque fondement ces «“ inscriptions comme le talisman sacré sur lequel, « suivant les idées de la nation, repôsoient la con- « servation et le bonheur de l’état pendant toute la suite des siècles. » Nous terminerons par ce passage l’extrait de J’ou- vrage de M. Muünter, et nous sommes presque con- vaincus que si l’on parvient à pousser plus loin qu’il ne l’a fait le déchiffrement de ces inscriptions, toutes les découvertes ultérieures confirmeront , du moins en grande partie (5), ce résultat fondé sur les plus ingénieuses combinaisons. S. DE S. (5) Je dis en partie, parce que je conjeeture qu'il seroit possible qu'on réussit à déchiffrer les inscriptions de Tchéhelminar , sans que Yon obtint aucunes lumières eur celles des cylindres et des briques dont les monogrammes me paroissent beaucoup plus compliqués. rennes PET SD LOGS OBSERVATIONS analomico-physiologiques sur la Circulation du sang dans l'enfant qui n’a pas respiré; lues à la première Classe de la Société d'agriculture , sciences et arts du département du Bas-Rhin, dans Sa séance di 20 messidor an XI ; par Jean-Fréderic LOZSTEIN, docteur en mé- decine , prosecteur à l'Ecole de médecine de Strasbourg. | 20e un ouvrage publié l’année dernière (1), j'ai pris l’engagement de revenir sur plusieurs ques- tions relatives à la circulation du sang, dans l’en- fant qui n’a pas respiré. Je viens aujourd’hui m’ac- quitter de ma promesse. Je vais parler dans ce mé- moire de quelques opinious que les auteurs ont soutenues sur le mouvement du sang à travers le cœur du fœtus. J’examinerai d’abord si ces opinions sont dans le cas d'être admises ou d’être rejetées ; après quoi je me permettrai quelques réflexions sur les principaux phénomènes que la circulation du sang dans le fœtus nous présente. Ce n’est donc pas un travail complet sur cette matière, que je prétends soumettre à la classe : aussi ne donnerai-je (x) Essai sur la nutrition du Fætus. Strasbourg , an x Embryon. 29 pas la description détaillée des parties dont j'ai à examiner les fonctions. Je rappellerai seulement des différens points d’anatomie, autant qu’il sera néces- saire pour pouvoir porter, des diverses opinions des physiologistes, un jugement assuré, Par le moyen du cordon ombilical, le sang est porté au fœtus, et retourne de celui-ci au placenta. Transmis par les extrémités artérielles aux commen- cemens de la veine ombilicale, il parvient par le tronc de cette derniere dans la scissure horizontale du foie, Ici la veine ombilicale communique avec la veine-porte, et fournit un canal qui va directement s’ouvrir dans la veine cave, fout près du cœur. . Telle est, en général, la marche de la veine om- bilicale. Cependant, comme sa distribution et ses rapports ont été décrits d’une maniere un peu diffé= rente, il est à-propos de les examiner ici plus en détail. La veine ombilicale, reçue dans la scissure hori- zontale du foie, donne des branches au lobe droit et au lobe gauche de ce viscère, branches dont le nombre ne sauroit étre déterminé, attendu qu'il varie pour chaque individu. Parvenue à l’endroit où la scissure horizontale et transversale se rencon- trent , la veine ombilicale fait une inflexfon de droite à gauche, et s’ouvre immédiatement dans la branche gauche de la veine-porte. Celle-ci doit, suivant le rapport de Bertin et de Haller (2), être regardée E 42) Elém. physiol., t. VI , p. 479% 30 Physiologie. comme appartenant plutôt à la veine ombilicale qu'à la veine-porte ventrale, attendu que cette derniere est trop petite pour qu’on puisse la prendre pour le tronc commun de toutes les branches qu’on ren- contre dans la scissure transversale. Vis-à-vis lin- sertion de la veine ombilicale dans la veine-porte, quoiqu’un peu plus à droite, il naît une branche principale qui est logée dans une fosse particulière , et à laquelle on a donné le nom de conduit veineux. Ce conduit, sans donner ordinairement de branches, s'ouvre soit dans Ja veine cave elle-même, soit dans une des veines hépatiques qui concourent à la former. M. Sabatier, dans son Traité d’anatomie (3), conne de la veine ombilicale une description un peu différente. Selon lui, cette veine, arrivée dans la scissure horizontale du foie, grossit et forme comme une petite tête arrondie, de laquelle il part deux branches, dont l’une plus courte, mais plus consi- dérable, s’abouche avec la branche gauche de la veine-porte , et l’autre plus longue, mais d’un dia- mètre plus petit, est le conduit veineux qui se rend dans la veine cave, et qui est presque dauis la direc- tion de la veine ombilhicale. Cependant, dans tous les cadavres de fœtus dans lesquels j'ai été à même d’examiner la disposition des vaisseaux qui entrent dans le foie , je n’ai jamais rencontré celle que décrit M. Sabatier. J’ai toujours trouvé que Ja veine ombilicale se terminoit cute entière dans la branche gauche de la veine-porte; n (3) T. I, p. 348, édit. 1781. Embryon.: 31 et sans se diviser préalablement en deux rameaux, et que de la veine-porte il naissoit une autre bran- che, qui est le conduit veineux. Cette description est parfaitement d’accord avec celle qu'a donnée Winslow (4). Cet auteur ajoute même que le con- duit veineux n’est pas tout-à-fait dans la direction de la veine ombilicale, mais qu’il est situé un peu plus à droite ; que par conséquent le sang amené par cette veine est mélé avec le sang de la veine- porte, avant que de passer dans le conduit veineux. D'après M. Sabatier, au contraire, le conduit vei- neux étant une branche de la veine ombilicale, il ne se fait aucun mélange du sang de ce conduit avec celui qui revient des organes abdominaux du fœtus. - Je pense aussi avec M. Sabatier que le sang du conduit veineux ne s’est pas intimément mêlé avec celui de la veine-porte, non parce que ce conduit est un rameau de la veine ombilicale, maïs parce que cette dernière doit être considérée comme don- nant naissance à toute la branche gauche de la veine-porte. Cependant il importoit de rectifier l’o- pinion du célèbre anatomiste que je viens de citer, parce qu'il pourroit pourtant se faire qu’une petite partie du sang abdominal du fœtus fût ajouté à celui qui est contenu dans le conduit veineux. Le sang de la veine ombilicale est transmis dans la veine cave inférieure, où il se mêle avee le sang qui revient des extrémités inférieures du futus, {4) Traïté du Bas-ventre, n. 306. 307. 32 Physiologie. ainsi que de quelques-uns de ses viscères abdomi- naux, De la veine cave inférieure, il est versé dans Poreillette extérieure; ici il s'unit au sang qui est rapporté à cette même oreilleite par la veine cave \supérieure, Cette masse de sang parviendroit immé- diaiement dans le vent:icule antérieur, sans une disposition part'euliere qui se trouve dans le cœur du fœtus. Cette disposition consiste en ce que la cloison qui sépare les deux oieilleites, est percée d’une ouverture connue sous Je nom de trou oval, Par cette ouverture, une grande partie du sang entre dans l'oreillette gauche, et s’y méle avec celui qui vient des poumons. Le reste de ce fluide qui est contenu dans l’oreilletie antérieure, est transmis dans le ventricule du même coté : de ce ventricule il est chassé dans l’artère pulmonaire; il parvien- droit dans les poumons sans la présence du canal artériel de Botal, lequel le conduit dans l’artere aorte. Les artères pulmonaires étant des branches très-petites, n’admettent qu’une quantité de sang peu considérable. Il résulte de cette disposition du cœur et des gros vaisseaux , que Île sang est détourné du poumon pendant tout le temps que la fonction de cet organe v’est pas encore établie, Cette circulation du sang, diérente de celle qui a lieu dans l’homme qui a respiré, avoit dejà été connue d” alien (5). Elle a été enseignée ensuite par Harve, (6), et admise par tous les médecins , si (5) Url. pare., lib. XV, cap, 6. . (6) Cireul. seng. Exercit. I, p. 6o. 6x, l’on Embryon: 33 l'on excepte J. Méry, de l’Académie royale des sciences (7). Ce dernier ayant observé que, dans le fœtus, l'artère pulmonaire est d’un plus grand diamètre que l'artère aorte, que le ventricule anterieur a plus de capacité que le postérieur, que l'oreillette droite est plus ample que la gauche, en a inféré que la circulation ne pouvoit pas se faire de la manière que Galien et Harvey l’ont indiquée, parce qu’il fau- droit, d’après la doctrine de ces derniers, que le ventricule postérieur et l’artere aorte, recevant en dernière analyse presque tout le sang du fœtus, eussent plus de capacite qu’ils n’en ont en effet. IL faut donc, suivant Méry, que le sang suive une route absolument opposée à celle qu’on Jui avoit assignée ; c’est-à-dire, qu’il. parte du ventricule et de l'oreillette gauches pour passer par le trou de Botal dans l'oreillette droite, d’où il est transmis au ventricule du même côté, et de-là dans l'artère pulmonaire. Celle-ci envoie , d’après cette supposi- tion, une partie du sang à l’artère aorte, par le moyen du canal artériel, tandis qu’une autre por- tion qui n’a pas besoin de faire la grande circulation, entre dans le poumon, revient de ce viscère, est rendue à l'oreillette postérieure, et de celle-ci à l’antérieure, et retourne ainsi au cæur par une plus courte voie. Il résulte de là qu’une petite quantité de sang suit la route de l’aorte , et que la plus grande quantité ne circule que par le poumon, par l’oreil« (7) Mém. de l'Acad, des Scienc. pour l'année 1703. Jome III, C 94 Physiologie, lette gauche , par l'oreillette droite et son ventricule, Cette opinion, étayée par d’autres considérations , paroissoit être confirmée par la disposition des par- ties qu’on remarque dans le cœur de la tortue de mer, dans lequel le ventricule gauche ne donne point d’artère, et n’a même d’autre issue que dans une veine pulmonaire. La doctrine de Méry ayant été solidement réfu- tée avant Haller, et ensuite par ce physiologiste même (8), je né m’occuperai pas à énumérer les argumens dont on s’est servi pour la combattre. Je vais m’arréter à quelques autres explications, que des auteurs plus modernes ont données de la circu- Jation du sang dans le fœtus. Comme ces explications sont admises par des physiologistes actuels, elles doivent trouver leur place ici, et être discutées à part. C.F. Wolf a décrit, dans les Actes de Pétersbourg (9), le trou oval et la veine cave inférieure d’une ma- niere différente de celle qui avoit été adoptée par les anatomistes. Cet auteur prétend que la veine cave inférieure , arrivée au cœur, se divise en deux grosses branches, une droite et l’autre gauche, dont la premiere verse le sang dans l’oreillette antérieure Par un orifice assez large, et dont l’autre s’ouvre dans l’oreillette gauche par le trou de Botal. Cha- cun de ces orifices constitue, suivant cet anato- miste, un trou ‘oval, dont celui de l'oreillette droite (8) Æ£lem. physiol., t. VIIT, p. 385 - 397. (a) Novi Comment, Acad. sciens. Petrop., t. XX ,pro ann. 1775, P- 557, tab, 7 et 8. Embryon. 35 est formé et circonscrit par l’isthme de Vieussens {l’anneau du trou oval) et la valyule d’Eustache ÿ celui de loreillette gauche , au contraire, par le même isthme et la valvule du trou de Botal. Il y a donc, suivant Wolf, un orifice de Ja veine cave inférieure pour chaque.oreillette ; ces deux orifices ne lui paroïssent pas même communiquer ensemble, attendu qu’on ne peut porter qu'avec la plus grande difficulté un stylet de l’une des oreillettes dans l’autre. Avant Île troisième mois de la grossesse, continue le même auteur, tout le sang de l’embryon est porté par la veine cave inférieure dans loreillette gauche, tandis que la droite n’en reçoit guère que quelques gouttes : aussi, à cet âge, le trou oval est-il plus grand, et la valvale du même trou presque imperceptible. Ce n’est qu'après le troisième mois que les fonctions de l'oreillette droite commencent : de-là vient qu’à cette époque la valvule d'Eustache est mieux formée. C’est alors seulement , selon Wolf, que le sang rapporté au cœur par la veine cave in- Férieure , se partage en deux colonnes pour les deux oreillettes. Ces explications, quoiqu’elles paroissent à quelques auteurs très-ingénieuses, me semblent être au con- traire , non-seulement très-obscures, mais même peu conformes à la véritable disposition des parties. En effet, dans toutes les dissections faites aux diffé- rentes époques de la gestation, on ne trouve jamais que Ja veine cave inférieure s’ouvre par deux orifices dans les deux cavités du cœur ; elle se termine tou- jours par une seule ouverture dans l'oreillette anté- C 2 36 Physiologie. rieure , laquelle a avec la postérieure une commu nication plus ou moins libre , d’après l’âge du fœtus. \ Si, dans les premiers mois de la gestation, le sang entre presqu’en totalité dans l'oreillette et le ven- tricule giuches, cela ne provient pas, comme le prétend Wolff, de ce que l’orifice droit de la veine cave n’est pas encore formé, et que par conséquent Je gauche est le seul existant ; cela dépend plutôt de ce que toute la partie droite du cœur, savoir le ventricule et artère pulmônaire, ne sont pas encore développés, et de ce que l'oreillette antérieure forme avec la postérieure une seule et même cavité, comme Va remarqué Haller dans le cœur du poulet, Et si par la suite la commurication entre les deux oreil- lettes est rendue plus difficile, cela provient de ce que la valvule du trou oval commence à s’élever, et finit par atteindre la partie supérieure de l’an- neau. Si enfin le même auteur assure qu’on peut apercevoir manifestement la double terminaison de la veine cave inférieure dans les deux oreillettes, par le moyen d’une incision faite dans la valvule du trou oval, ilse trompe beaucoup à mon avis; car, par cette dernière opération, il a détruit la cloïson qui exis- toit entre les deux oreillettes, et il a fait de celles-ci une seule et même cavité; et alors on peut dire que la veine cave s’ouvre dans l’une et dans l’autre. En disséqnant le cœur avec précaution, en ouvrant Joreilleite antérieure de la maniere que Wolff a indiquée, on ne trouve donc rien qui confirme Ja structure des parties telle que cet auteur l’a décrite, La veine cave inférieure se termine immédiatement Embryon. 37 dans l'oreillette antérieure , de maniere que le sang est obligé de se rendre dans celle-ci avant que de passer à la postérieure ; en intioduisant un stilet par cette même veine, il entre dans la premiere oreil= lette, et en lui donnant une direction inclince de droite à gauche, il parvient dans l’autre par le trou de Botal., Tout ce qu’on peut dire en faveur de la doctrine de Wo'fF, c'est que le trou oval et sa val- vule sont dans la direction de la veine cave infé- rieure ; en sorte qu’on peut considérer cette valvule. comme faisant partie des parois de cette veine , et concevoir celle-ci comme se prolongeant jusques dans l'oreillette gauche ; et dans ce sens, la veine cave inférieure s’ouvriroit dans l’une et l’autre oreiliettes. C’est sans doute cette disposition que Wolff a voulu expliquer par la description qu’il a donnée de ces parties ; mais cette description, au lieu d’éclaircir Ja question, ne l’a rendue à mon avis que plus obscure. | Une autre explication de la circulation du sang dans le fœtus, a été donnée par M. Sabatier, dans les Mémoires de l’Académie des sciences (10), et ensuite dans son Traité d'anatomie (1r). [l est vrai que ce professeur paroît avoir été prévenu dans son opinion par un médecin anglois, qui a publié un petit ouvrage sur la circulation du sang dans le fœtus (12). Cet ouvrage parut à Londres, un an {10) Pour l’année 1774, p. 198. (xx) T. IL, édit, 178r. (12) De animé medic4, prælectio habite a Franc. Nicuozzs, M. D., cui accessit disquisitio de motu sanguinis et cordis ira C 3 { 38 Physiologie. avant que l’anatomiste françois eût fait lecture de son mémoire à l’Académie des sciences ; mais comme M. Sabatier a donné plus de développement et sur- tout des preuves à sa doctrine, ce que l’auteur an- glois avoit totalement négligé, je dois le considérer comme le premier qui l’ait avancée. Voici en cousé= quence le précis de son opinion. Le sang contenu dans la veine cave inférieure, est transmis à l'oreillette gauche à travers le trou oval. Cette oreillette le verse dans le ventricule de son côté, d’où il est chassé dans laorte. Les grosses branches qui s'élèvent de la crosse de cette artère, en reçoivent la plus grande partie, et la conduisent à la tête et aux extrémités supérieures, Le sang en revient par la veine cave supérieure; cette veine le transmet à l’oreillette droite. Le ventricule du même côté le reçoit à son tour, puis il le pousse dans Par- tère pulmonaire, La plus grande portion de ce fluide est conduite à l’aorte au moyen du canal artériel, et s’y méle avec une partie de celui qui vient du ventricule gauche. Toute la portion de sang qui ne s’est point distribuée aux organes de la poitrine, du bas-ventre et des extrémités inférieures, s'engage dans les artères ombilicales, va gagner le placenta, d’où il revient par la veine ombilicale, qui le verse de nouveau dans la veine cave inférieure. Suivant cette explication, Îè sang du fœtus décrit dans son cours une espèce de huit de chiffre, dont l’intersec- homine nato er non nato, tabulis æneis illustrata. Lond. 1774 HE 78 ” 84, tab. Xlma, Embryon. 39 {ion répond à l’ouverture par laquelle Poreillette droite communique avec la gauche. D’après l’opi- pion de M. Sabatier , le sang de la veine cave infé- rieure ne se mêle pas au sang qu’apporte la veine cave supérieure dans l’intérieur de l'oreillette. IL résulte de là, ainsi que de toute la circulation telle qu’il la concoit, que le sang qui vient du placenta ne retourne vers ce dernier qu’apres qu’il a parcouru et pour ainsi die vivifié toutes les parties de Ja machine animale, tandis qu’en supposant le mélange du sang des deux veines caves, une partie de ce fluide seroit rendue au placenta presque aussitôt apres étre entrée dans le corps du fœtus. Les argumens que M. Sabatier produit en faveur de son opinion, sont : 1.° la situation du trou oyal à Ja partie inférieure de la cloison qui sépare les deux oreillettes; 2.° la disposition de cette cloison, qui est moins interposée entre les oreillettesqu’entre Vunion des deux veines caves, et qui fait que le sang de Ja veine cave inférieure donve directement dans le trou de Botal ; 3.° la valvule d’Eustache, dont la partie postérieure a plus de largeur que l’an- térieure, et dont la fonction consiste à empécher que le sang de la veine cave inférieure n’entre dans l'oreillette droite, mais plutôt à le diriger vers le trou oval; 4.° Pepaisseur du bord supérieur du tron oval, qui doit repousser le sang de la reine cave supérieure et l'empêcher de se porter vers cette ou- verture ; enfin, 5.° la direction des deux veines caves, qui sont toutes deux inclinées de droite à gauche, et dont la supérieure descend de derrière en devant, C4 40 Physiologie, pendant que l’inférieure monte de devant en arrières ce qui fit que le sang de la premiere entre facile ment dans le ventricule antérieur, et celui de la seconde dans l'oreillette gauche, sans que les deux jets se mélent. Cette doctrine a été adoptée par beaucoup de physiologistes : elle se trouve répandue dans plusieurs ouvrages, particulièrement ceux qui sont sortis de l’école de Paris. M. Baudelocque la professe dans ses lecons ; elle se trouve consignée dans les écrits de Bichat et de M. Richerand ; enfin, elle a reçu différentes modifications, et plus Ga moins de déve- loppemens. C'est ainsi que, dans l’anatomie géné- rale de Bichat (13), on irouve avancée l’idée que, par l'effet de la circulation en huit de chiffre, le sang, au lieu de se mouvoir entre le système capil- laire pulmonaire et le général, comme chez l’adulte, se meut entre la partie supérieure et l’inférieure de ce dernier systeme; de sorte qu’on peut dire que les parties inférieures et supérieures du corps sont en opposition dans le fœtus, comme chez l’adulte le poumon l’est avec tout le corps. L’auteur que je viens de citer est porté à croire que cette opposition complète entre le haut et le bas du corps, est pro- bablement l’origine de Ja différence qu’il y aura dans la suite entre ces parties ; différence que Bor- deu avoit déja indiquée d’après l’observation des maladies. Cependant cette circulation n’a lieu, sui- vant l’opinion de Bichat, que dans les premiers (6) T, IL, p. 348, Embryon. 41 mois de l’âge du fœtus, car apres ce temps les choses commencent à changer. Le canal artériel se rétrécit peu-à-peu, les arteres pulmonaires se di- latent, plus de sang traverse les poumons; il en re- vient par les veines pulmonaires dass Poreillette gauche, qui le transmet dans le ventricule du même côté, lequel le pousse dans la crosse de Paorte; en sorte qu’alors le mécanisme de la circulation se rap proche de celui de l’enfant qui a vu le jour. Quelque ingénieuse et séduisante que soit la doc= trine de M. Sabatier, quelque respectable que soit autorité des physiologistes qui la professent, je crois néanmoins qu’elle est inadmissible, tant parce qu’elle ne s'accorde point avec la disposition et la structure des parties, que parce qu’elle n’est pas conforme avec les connoissances que nous avons ac- quises sur l’organisation du fœtus. Voici, en con- séquence, les objections que je crois pouvoir lui faire. - 1. La circulation, telle que M. Sabatier la décrit, ne peut pas avoir lieu dans l'embryon, ni dans les quatre premiers mois de l’âge du fœtus. Ilest généralement connu que moins l’enfant est avancé en âge, moins la partie droite du cœur est formée. Haller a prouvé par ses nombreuses ob- servations faites sur le poulet, que le ventricule ganche est le premier visible (14), que le droit est formé après, et qu’il paroit être seulement sur-ajouté 4 (x4) Opera minora, t. 1, p. 375. ÆElem. physiol., k« NII, p. 258. 42 Physiologie. au précédent (15), enfin q il n’y a dans les premiers temps qu’une seule oreillette, laquelle se divise pa la suite en deux cavités (16). Or, la structure du cœur des oiseaux, Comme animaux à sang chaud, étant la même que celle de l’homme, on peut déja inférer par analogie que la même chose doit avoir lieu dans ce dernier. Mais l'observation vient encore confirmer d’une maniere directe ce que j’avance, Avant le cinquième mois de l’âge du fœtus, ily a une libre communication entre l’oreilleite droite et "la gauche; ces deux cavités n’en font qu’une : la valvule du trou oval n’existe pas encore au troisième . mois; au quatrième, elle commence à se former et à couvrir le tiers inférieur du trou de Botal. A Ja même époque, le ventricule antérieur est très- petit; je ne l’ai pas trouvé au second mois. Dans un fœtus de trois mois et demi, le cœur, examiné au microscope, présentoit à l’extérieur la division des deux ventricules ; mais coupé par une section perpendiculaire à son axe, la cavité du ventricule droit paroissoit beaucoup plus petite que celle du ventricule gauche ; et dans un autre fœtus un peu plus avancé en âge, la capacité du premier m’a parw être à celle du second comme 3 : 5. Par les dissec- tions des quadrupèdes , on obtient le même résultat : partout le cœur gauche est formé avant le droit, les deux oreillettes ne forment longtemps qu'une {:5) Opera minora, t. IL, p. 376. 577. Elem. physiol., t VI, P: 374 À (6) Opera min., t: IL, p. 371 Embryon. 43 seule cavité ; en un mot, le cœur n’a qu’une oreil- ‘lette et un ventricule (17). C’est une chose qui est aujourd’hui si généralement admise, que ce seroit tomber dans le ridicule que de vouloir y insister davantage. Maintenant je demande s’il est possible de concevoir comment le sang versé par les deux veines caves dans une seule oreillette, et de là dans un seul ventricule , pourra se rencontrer sans se méler. C’est cependant ce que Bichat prétend. Selon lui, la circulation en huit de chiffre n’a lieu que dans les premiers mois de l’âge du fœtus. Mais il paroît qu'il a été conduit à ce sentiment parides considérations physiologiques, plutôt que par l'étude anatomique du fœtus. 2: Je viens de prouver que la ci culation en huit de chiffre ne peut pas avoir lieu dans l’embryon ni dans le premier âge du fœtus, attendu qu'il »’y à qu’une seule et même cavité pour recevoir le sang des deux veines. Maïs dans un âge plus avancé, où les cavités du cœur sont formées, cette circulation est aussi peu admissible, En effet, quoiqu'il soit wrai de dire que la direction des deux veines caves soit différente , cependant il est impossible de con- cevoir comment les deux courans de sang pourront se rencontrer dans l’oreillette antérieure sans se méler ensemble. Il est bien certain que le sang ne circule pas dans les vaisseaux du corps comme l’eau coule dans une rivière. Dans celle ci, le confluant (17) Harzer, Opera minora,t. AL, p, 437. 44%, Elem. physiol. t VIII, p. 5or, 574 44 Physiologie. des deux eaux différentes peut se faire sans qu’elles se confondent , et souvent on peut même suivre assez loin les traces de leur division. 11 n'en est pas de même dans le corps vivant : ici les vaisseaux réa- gissent sur le fluide qu'ils contiennent, Je sais à la vérité que, dans ces derniers temps, on a nié l’ac- tion des troncs artériels sur le sang (18); cepen- dant , si on ne veut pas leur accorder un mouvement de contraction, on ne peut pas leur refuser du moins une force élastique, en vertu de laquelle ils revien= nent sur eux-mêmes, quand ils ont été dilatés pen- dant la diastole, Quant aux veines, tous les phy- siologistes savent combien est évidente la contrac- tion des deux veines’ caves pres du cœur. On n’æ qu’à consulter les observations faites par Stenon (19) et Lancisi (20), pour s’en convaincre. Ces obser- vations ont été confirmées par Haller et Spallanzani. Le premier a yu ces veines battre dans le poulet et dans l’oiseau sorti de sa coque (21). Le second nous dit que les veines caves des salamandres et des raines vertes conservent, après leur rescision et l’écoule- ment du sang, quelque mouvement de diastole et de systole (22). Ce fait est si vrai et si connu, que depuis les temps de Galien, les médecins ont re- (18) SrALLANzANT, BicHaT. (to) Acta Havniensia, vol, 2, obs. xvr. Epise. ad Barthol. cent VI, epist. XXVI. (20) De motw cordis, Prop. LVII. Marmenn, Prael. in Borrxs Inst. med. , 1. 11, p. 80, 8r. (21) Hazzer, Opera minora, t. Il, p. 591. (22) Srazzanzant, Expériences sur La Circub,, p. 364 Embryon 45 gardé l’oreillette droite et les deux veines caves comme le primum vivens et l’ultimum moriens de l'animal (23). Si donc les deux veines caves réa- gissent sur le sang, si de aveu de tous les physio- logistes le cœur du fœtus a une force vitale plus énerg que , une irritabilite plus marquée (24), croi- Tra-t-on que le sang est veisé paisiblement dans l’o- reillette antérieure, et qu’il ne fait que passer par celle-ci sans se méler? Je conviens avec le professeur Sabatier que le sang de la veine cave inférieure a plus de tendance à passer par le trou oval qu’à ens trer dans le ventricule antérieur; mais je ne vois pas ce qui pourroit empêcher le sang de la veine cave supérieure de se méler avec celui de l’inférieure, Je ne pense pas qu’on veuille en attribuer la cause à la présence du tubercule de Lower (25), qu’on a regardé comme propre à diriger la marche du sang de la veine cave supérieure dans le ventricule antérieur; car il est certain que ce tubercule n’existe pas dans l’espèce humaine, à moins qu'on ne veuille prendre pour tel le bourrelet qui se trouve au bord supérieur du.trou oval. Ce que je dis est si vrai, que les auteurs ne sont pas encore d’accord sur V'endroit où il faut chercher ce tubercule, et qu’ils ne savent pas même ce que Lower a entendu par cette dénomination. Haller ne l’a jamais rencontrée, et avant lui son existence avoit été totalement niée (25) Maruerr , Prael. in Boerx. Inst. med., t. Il, p. 83, (24) Hazver, Elem. physiol., 1, VILL, p. 283. 284. (25) Lowxz, de Corde, p. 53. 46 Phystologre: par Pison , Heister, Walter, Senac et Morgagni (26). Je ne lai pas trouvée non plus dans mes dissec- tions. D'après ce que je viens de dire, il ne doit done pas être douteux que le sang des deux veines caves ne soit chassé avec violence dans l'oreillette antérieure do cœur. Une partie de ce sang entrera dans la pos- térieure , et cette partre sera d'autant plus considé- rable que Le trou oval sera plus grand. Les deux oreillettes seront donc l’une et l’autre en même temps en diastole : or bn sait que pendant ce temps les deux ventricules sont en systole ; ce qui fait que pas une seule goutte de sang ne peut pénétrer dans ces derniers. Par la contraction de ces mêmes ven- tricules, il est imprimé au sang contenu dans les oreillettes une secousse qui se fait sentir jusques dans les veines jugulaires, comme il a été prouvé par les nombreuses observations des auteurs qui ont expérimenté sur les animaux vivans. Or je.ne vois pas ce qui pourroit empécher le sang ainsi retenu momentanément dans les oreillettes, de se méler peudant la contraction des ventricules. M. Sabatier invoque la disposition anatomique des parties, pour prouver son opinion. Il est très-vrai, comme il le fait voir, que les deux veines caves ont deux direc- tions différentes; que celle de l’inférieure répond à l'oreillette gauche , et celle de la supérieure au ven- tricule droit : il est également vrai que la cloison (26) Harver, Elem. physiol., t. 1,p. 313. 314. Opera minora, 6, L, p. 50. LossTsin et Dissozor, Diss. de valv. Eustach. $; & Embryon: 47 qui sépare les deux oreillettes est moins interposée entre ces cavités qu’entre les deux veines caves. La conséquence que M. Sabatier en tire seroit aussi admissible , si le sang circuloit dans ces parties comme dans des canaux morts ; mais c’est ce qui n’a pas lieu, Si d’ailleurs la disposition des parties est telle que ce professeur l’a décrite, cela provient en partie de la direction tres-oblique de droite à gauche qu’a le cœur du fœtus; cela dépend en outre de ce que ce viscère est situé sur un plan horizontal, ou lé- gerement incliné. Or, dans les quadrupèdes, qui. ont le cœur exactement perpendiculaire, et dont les cavités, au lieu d’être antérieures et postérieures , sont absolument droites et gauches, comment cette circulation pourra-t-elle se faire? Cependant ces animaux ont également un cœur double, une cloi- son entre les deux oreïllettes, perforée d’un trou oval, une valvule à ce même trou, un conduit ar- tériel, etc. D’après ceci il faut qu’il y ait de deux choses l’une, ou que cette espèce de circulation v’ait pas lieu dans l’espèce humaine , ou que les quadrupèdes et les oiseaux (27) lPaient également, quoiqu'il n’existe pas chez eux la disposition des parties qui la favorise, 3. La valvule d’Eustache ne peut pas avoig pour usage d'empêcher le sang de la veine cave infé- rieure d’entrer dans le ventricule droit. Pour que cet usage dût lui être attribué, il fau- droit qu’elle pût s’élever assez pour couvrir lorifice (27) Hazzze , Opera minora, t. 1, p. 584. 43 Physiologie. circulaire du’ ventricule. Or, voici ce qui me dé- termine à rejeter cette opinion : dans tous les fæœ- tus de l’âge de la maturité que j’ai examinés, la Jlaigeur de cette valvule, prise suivant son bord libre depuis une de ses attaches jusqu’à l’autre, étoit ordinairement de quatre lignes; sa hauteur mesurée depuis le milieu de son bord libre jusqu’au milieu de celui qui est attaché, étoit le plus sou- vent d'une ligne, tandis que le diamètre de l’ori- fice auriculaire du ventricule droit étoit presque constamment de quatre à cinq lignes. Maintenant: il faut savoir que dans le cadavre, par conséquent dans l’état de relâchement de la partie droite du cœur, le bord libre de la valvule d’Eustache ne dépasse jamais le bord inférieur de Porifice du ven- tricule droit, et que si lon veut appliquer la val- vule contre ce même orifice, elle n’en couvre qu’une très-petite portion. Je ne puis donc concevoir com= ment cette valvule pourra s’appliquer contre l’ori- fice, et s'opposer par là à ce que le sang de la veine cave IMfrieure éntre dans le ventricule. 11 est bien certain que ce sang n’est pas recu dans ce ventricule à son passage par l’oreillette, mais ce n’est pas la valvule d’Eustache qui l’en empéche, c’est plutôt uniquement la contraction du ventri= cule ‘qui, parfaitement isochrone avec la dilatation de l'oreillette, fait que dans l’homme adulte ainsi que dans le fœtus, pas la moindre goutte de sang ne parvient dans le ventricule avant qu’il ne soit derechef relâché. En général, je pense que les mouvemens alternatifs du cœur sont un phénomène qui Embryon. 49 qui ne s'accorde pas avec la circulation telle que la conçoit M. Sabatier. Supposera-t-on , comme il pa- roît le faire dans un mémoire plus récent (28), que le sang de la veine cave supérieure passe dans le ventricule antérieur , sans rencontrer celui de la veine cave inférieure? Mais pour que cette supposi= tion fût admissible , il faudroit que loreillette et le ventricule fussent en même temps en diastole. Or, on sait que les mouvemens de ces deux cavités, dans le fœtus comme dans l’adulte, ne sont pas isochrones. 4. Mais admettons que 1x circulation dans le fœ= tus soit telle que M. Sabatier l'indique, que le sang nouveau qui vient du placenta monte à la tête et aux extrémités supérieures, et que celui qui revient de ces mêmes parties soit transmis à l’aorte des- cendante et rendue au placenta, il en résulte que le sang du ventricule antérieur et de l’aorte des- gendante est du sang veineux auquel s’est jointe une portion de celui qui n’a pas enfilé les arières carotides et sous-clavières ; mais il n’y a personne qui ne voie que cette dernière doit être infiniment petite, comparativement à l’autre qui avoit rempli précédemment tout le ventricule extérieur et le canal artériel, lequel surpasse en grosseur l'artère aorte elle-même, La plus grande partie du sang de l'artère aorte descendante est donc un sang vei= (28) Mémoire sur les changemens qui arrivent aux organes de la circulation du fœtus, lorsqu'on commence à respirer. Jém. da Inst. nat. Scienc. phys, et math., 1, AU, p. 337. dome LIT, D 50 Physiologie. neux, c'est-à-dire, un sang qui a déja servi à Ja nutrition des parties de l’extrémité supérieure et de la tête, ainsi qu'aux sécrétions qui s’opèrent dans ces mêmes parties. Suivant l'expression de M. Sa- batier, ce sang a besoin d’être vivifié dans le pla- centa avant de recoinmenrcer son cours (29), ce qui indique clairement que ce professeur le regarde comme peu propre à entretenir la vie dans les or- ganes auxquels il doit se distribuer. L’anteur an- glois que jai cité plus haït dit expressément que le sang de l'aorte descendante est de mauvaise qualité ( Sanguis pessimus , |. c. pag. 807), qu'il est appauvri et presque tout à fait privé de matière nouiricière ( Sunguis fere effætus, |, ©. pag. 77). Cependant on ne peut disconvenir que ce même sang doit encore nourrir tous les organes de la poitrine, ceux du bas vent'e, avec les extrémités inférieures. Or, il n’y a aucun exemple dans l’œconomie ani- male qui nous démontre qu’un sang veineux et qu’on qualifie de non vivifiant, de non nutritif, d'impur, devienne une seconde fois sang artériel, et fournisse une seconde fois la matière de la nu- trition et de la sécrétion, sans qu'il lui ait été ajouté préalablement une certaine quantité de sucs nouvellement élaborés. Le foie est le seul organe où cette disposition a lieu; mais ici le cas est to- talement différent et ne peut pas étre cité pour exemple, Comment veut-on maintenant que la plus grande partie du fœtus soit nourrie et prenne de (29) Voyez le Mémoire cité. Fmbryon. 5s Vaccroïssement ? Qu’on ne dise pas que cette même partie du fœtus se ressente de cette disposition, et que par cette raison les organes du bas-ventre et les extrémités inférieures sont peu développés, car il me seroit facile de renverser cet argument, En effet, le canal intestinä}, l'estomac, etc. sont bien formés ; il se fait déja une sécrétion dans leurs parois à uue époque où des parties qui, suivant la doctrine de M Sabaiier , recoivent du sang nou- veau du placenta , comme, par exemple, le thymus, la glande thyroïde , etc., ne sont pas encore dévelop pées. Les parois du thorax sont déja visibles à un âge tres-tendre; l’ossification des côtes est, d’a- pres l’observation constante, une de celles qui se fait la premiere, à une époque où les extrémités supérieures sont encore des moignons. Cependant, c’est, d'apres cette doctrine, un sang veineux qui est employé à la nutrition des premiers, tandis que les extrémités supérieures sont nourries par du sang artériel. Si la tête du fœtus est la plus volumi- neuse de toutes ses parties, cette disposition existe avant qu'on puisse admettre que la circulation en huit de chiffre ait été établie, Si le bassin et les organes qu'il contient sont peu développés, cela tient à la petitesse des vaisseaux qui s’y portent, et uon à la nature du sang qui lui est transmis. Quant aux extrémités inférieures, je les ai toujours mesurées exactement dans les fœtus de tons les âges qui me sont tombés entre les mains, je les Ai comparés aux extrémités supérieures, et j’ai cons- D 2 B2 Physiologie. tamment trouvé que leur longueur est au moins égale, que lorsque le pied est étendu , l'extrémité inférieure est plus longue d’une ligne que la su- périeure. Cependant je ne nierai pas qué la pre- mière est plus petite quedla dernière, relativement à la grandeur qu’elle doit avoir dans l’adulte; mais cela dépend évidemment de la petitesse des vais= seaux , ainsi que de l’impétuosité avec laquelle le sang se porte préférablement dans les artères om- bilicales, lesquelles, suivant le rapport de M. Sa: batier, doivent êtré considérées comme la conti- huation de l'aorte même. D'ailleurs tous les animiaux à sang froid ont, dans leur état de fœtüs, la partie supérieure de leur corps plus grosse et ‘plus déve- loppée que l’inférieure. A-t-on jamaï$ pensé de leur attribuer pour céla une circulation en huit de chiffre ? Il suit donc de ce que je viens: de dire, que seulement la moîtié supérieure ‘dd corps du fœtus recevroit un véritable sang nourriciér , tandis que l’autre moitié tireroit d’un sang veineüx tous les élémens de sa nutrition et de son accroissement. D'un autre cô(6, le sang de la veine cave inférieure est loin d’être, suivant l’expression de M. Sabatier, un sang récemment viviñé dans le placënta; car la veine cave inférieure recoit également tout le sang qui revient des extrémités inférieures, celui dés organes abdominaux, celui des parties du bas- ventre, etc. Le sang de la veine ombilicale hi-même passe en plus grande partie par le foie, ‘en se mé- Jant au sang de la veine porte, et ne parvient au Embryon. 53 cœur qu'après avoir fourni à uue sécrétion (30). Il n’y a donc que Ja petite portion du sang de la veine ombilicale , passant par le conduit veineux, qui pat directement du placenta; et encore n'est-il pas bien certain que cette portion ne se soit mélée avec le sang de la veine porte, quoiqu'il soit plus que probable que ce mélange n’a pas lieu. Il résulte de ce qui vient d’être dit jusqu’àpré- sent , 1.° que le sang de la veine cave inférieure ne peut pas étre considéré, suivant la rigueur, comme un sang pur et qui vient d’être récemment vivifié dans le placenta ; 2.° qu’il n’est pas prouvé que ce sang traverse l’oreillette droite pour entrer dans la gauche, et qu’il croise par conséquent ce- Jui de la veine cave supérieure, sans se mêler avec Jui; 3° que la circulation, telle que lont expli- quée M. Sabatier et le docteur Nichoils, pêche contre le principe qu’ils ont établi eux-mêmes, Car si d’un côté ils nous disent que le sang ne nourrit et ne vivifie les parties qu’autant qu’il a éprouvé des changemens dans le placenta, et que d’un autre côté nous voyons celui de l'artère aorte descendante étre nourricier, sans avoir passé par le placenta, (30) Je sais parfaitement que, par celte sécrétion , le sang de l’en- Fant subit un changement salutaire , et j'ai moi-même établi, dans mon - Essai sur la Nutrition du Fætus , qu'il éprouve par là une dépuration analogue à celle qui a lieu par la transpiration cutanée et pulmonaire dans l'homme qui respire. Si je parois ne pas faire attention à cette doctrine , c’est pour rappeler à M. Sabatier que le sang de la veine gave inférieure ne provient pas diréciement du placenta. D 3 54 Physiologie: sans même être chargé d’une quantité assez consi- dérable de sang nutritif, il est évident que ce sys- tème est détruit par lui-même. D’apres toutes ces considérations , je conclus que la circulation du sang dans le fœtus, telle que Harvey l’a enseignée et telle qu’elle a été adoptée par tous les anatomistes, à l’exception de Méry, est la seule qui doive être admise. Je crois que le sang de la veine cave inférieure se mêle dans lo- reillette antérieure, avec celui que la veine cave supérieure apporte. Cette oreillette est dilatée avec une certaine force par le sang des deux veines caves qui la remplit subitement, et dont une par- tie passe tout de suite dans l'oreillette gauche par le trou de Botal. J’accorde volontiers à M. Saba- tier que cette portion appartient de préférence à la veine cave inférieure. Les deux oreillettes seront donc en même temps en diastole, pendant que les deux ventricules sont en systole. Mais bientôt les deux oreillettes se contractent, et les ventricules se relâchent : le sang est alors chassé dans ces der- niers, et ils seront en diastole. Cependant ils se contractent une seconde fois, et poussent le sang dans les deux artères aorte et pulmonaire, pendant que les oreillettes se remplissent de nouveau. Ainsi donc, dans le fœtus comme dans l’homme qui res- pire, on observe au cœur les mêmes mouvemens isochrones. La diastole des oreillettes, la systole des ventricules et la diastole des artères se font en même temps ; et réciproquement , la systole des oreillettes, Embryon. 65 la diastole des ventricules et la systole des artères ont lieu dans le même instant. Relativement à la communication existante entre les deux oreillettes, je crois que Ja quantité de sang qui se porte de Pune dans l’autre, n’est pas la même dans tout le -temps de l’âge du fœtus. Je pense qu’au commen- cement tout le sang des deux veines caves est trans- mis immédiatement à loreillette gauche, par la raison toute simple que le ventiicule antérieur n’e- xiste pas encore , ou du moins qu’il est très-petit, et que l'oreillette du même côté est confondue avec la gauche et ne fait qu’une seule cavité avec lui, par le défaut de la cloison intermédiaire et celui de la valvule de Botal. Mais peu à peu cette val- vule commence à se former ; elle devient plus grande, jusqu’à ce que dans le fœtus de neuf mois elle atteigne le bord supérieur du trou, et que la communication ne puisse étre rendue apparente * que par l’écartement des parois des deux oreillettes, La quantité de sang qui passe de l'oreillette anté- rieure dans la postérieure diminue donc à mesure que le fœtus approche du terme de la grossesse, Le sang est alors obligé d’entrer dans le ventricule an- térieur x c’est ce qui fait que ce dernier augmente peu à pe: de capacité. En effet, si l’on suit exac- tement le développement successif de ce ventricule, on trouvera qu’il est en rapport inverse avec le trou oval, c'est-à-dire, que plus ce trou est grand, plus le ventricule est petit, et que plus le premier se setiécit, plus le dernier augmente. Rien de plus D 4 56 Physiologie; évident dans le cœur d’un fœtus à terme. Le ven2 tricule antérieur , bien plus petit au commencement que le postérieur, jouit alors d’une plus grande capacité que ce dernier; l’artère pulmonaire et le conduit artériel sont manifestement plus grand que Vaorte. D’où vient cette disposition dansle cœur d’un fœtus à terme, qui est exactement l’inverse de celle qui existoit dans les premiers mois de la grossesse, et qui est si frappante qu’elle a servi de base au système de Méry? Elle ne peut provenir que de'la plus grande quantité de sang qui passe par les ca- vités droites du cœur et les dilate. Si la doctrine de M. Sabatier étoit vraie, la capacité des cavités droites et celle des cavités gauches du cœur-devroient être au moins égales ; car les dernieres, recevant tout le sang de la veine cave inférieure, lequel, d’après le calcul de Haller sur la lumière compa- rative des deux veines, surpasse en quantité celui de la veine cave supérieure , devroïent nécessai- rement être plus dilatées et avoir une plus grande capacité. L'erreur dans laquelle M. Sabatier me paroît être tombé , provient en partie de ce qu’il rap- porte à toutes les époques de la gestation, la dis- position du cœur du fœtus telle qu’on Pobserve dans celui qui a acquis son accroissement parfait. On se trompe beancoup si on pense que le cœur de l’embryon soit formé de la même manière que celui de l’enfant qui est près de la naissance. Pour peu qu'on consulte les ouvrages des physiologistes hs hit A Embryon: 57 qui ont fait des observations sur le développement et l'accroissement du fœtus, on trouvera qu’ils s’accordent tous à dire que la formation du cœur est un ouvrage successif ; que cet organe, simple au commencement , devient double dans la suite par l'addition d’un nouveau ventricule, etc. Le cœur est donc en quelque sorte imparfait dans les . Premiers temps de sa formation. Mais la nature _ sait tirer parti de cette imperfection apparente. L'enfant, tant qu’il ne respire pas, n’a besoin que d’un organe qui recoit le sang de toutes les parties, et qui le chasse derechef dans tous les endroits. Un cœur à une seule oreillette et un seul ventricule lui suffit pour cela. Mais la nature a besoin aussi de disposer les organes de manière qu'ils soient prêts à entrer en fonctions, lorsque le temps en est arrivé. Il faut à l’homme qui respire, un cœur particulier uniquement destiné pour les poumons ? voilà pourquoi le ventricule droit et l'artère pul- monaire commencent à se former, Il s'établit une cloison dans l'oreillette qui la partage en deux moitiés. Cette cloison, qui n’est autre chose que la valvule du trou de Botal, s’élève successivement jusqu’à ce qu’elle atteigne le bord supérieur du trou. Le sang, trouvant donc tous les jours plus de difficulté à passer par ce dernier , est obligé d'entrer dans le ventri- cule droit. Alors celui-ci se développe, il devient plus ample, et il égale ou surpasse même celui du côté gauche. Mais le sang contenu dans ce ventri- £ule iroit nécessairement dans les poumons, si le 58 Physiologie. conduit artériel ne commencoit pas à se dilater en même temps que le ventricule augmente lui-même de capacité. De cette manière, le conduit artériel remplace le trou de Botal qui se retrécit insensi= blement. Voilà donc une succession de phénomènes et de changemens dans le cœur du fœtus, que l’autopsie a confirmés d’une manière irréfragable, Par ces changemens opérés dans l’organisation, le sang est détourné de sa route primitive, et prend peu à peu celle qu’il doit conserver pendant toute Ja vie, Ces considérations, je le sens, paroîtront hasar= dées aux partisans du système de l’évolution. Îls me diront, que toutes les parties existant à la fois et étant préformées d’avance , aucune ne peut avoir sur l’autre une antériorité d’action. Ils soutiendront que des organes qui ne tombent pas encore sous les sens, éxercent néanmoins leur fonction. C’est en raisonnant d’après ce système, que Haller p:é- tend avoir prouvé que les reins sécrètent de l'uine en abondance, quoique eux-mêmes ne soient pas encore visibles. Je ne sais si je m’abuse, mais il me paroit que la théorie de l’évolution arrête beau- coup les progrès de la physiologie, surtout de celle du fœtus. Au lieu d'expliquer une fonction quel- conque , d’après l’état des organes tel qu'il se pré- sente à nos yeux, on aime mieux prendre cette fonction telle qu’elle s'exécute daus ladulte. On pense qu’elle doit se faire de la même manière dans l'embryon et dans le fœtus; et lorsqu'on trouve | Embryon. 59 ‘une différence d’organisation , lorsqu’on voit même manquer des viscères qui devroient concourir à l’exer- cice de cette fonction , pour se tirer d’embarras, on assure que ces viscères sont en action, quoi- qu'on ne puisse les apercevoir. Cette manière de raisonner est peu philosophique. En effet, il n’y a personne qui ne voie que, du moment que pour expliquer la formation d’un produit même matériel dans l’économie animale , nous admettons l’existence réelle d’un organe qui ne tombe aucunement sous les sens, nous tranchons fort souvent la difficulté au lieu de la résoudre, ou bien nous donnons dans le vague, et l'imagination ne connoît alors plus de bornes. Ce n’est pas ici le moment de dévelop- per mon opinion par des exemples tirés de l’orga- nisation du fœtus. En revenant sur sa circulation, je me contente de dire qu’on ne me persuadera jamais que les veines caves très-distinctes versent leur Sang dans une oreillette qu’on ne voit pas, et que celle-ci le transmet à un ventricule qui lui - même est encore invisible, Le sang du fœtus a partout la même couleur dans les artères comme dans les veines , il n’éprouve pas en totalité l’influence du placenta, comme celui de l’homme qui respire éprouve celle du poumon. I] n’y à à chaque pulsation qu’une portion de sang nouveau qui est ajoutée dans son oreillette anté- rieure à la masse totale. Celle-ci en est en partie renouvelée.’ En admettant le mélange du sang de la veine cave inferieure avec celui de Ja supérieure, 6o Physiologie. il arrive à la vérité qu’une portion du sang venant du placenta est rendue à cette organe presque aussi tôt qu’elle en est sortie, Mais quel inconvénient en résulte-t-il ? Le renouvellement partiel du sang du fœtus as- simile sa circulation à celle qui a lieu dans les animaux à sang froid. Dans ces derniers , il n’y à qu’une petite quantité de sang qui est mise en rap- port avec l'air atmo:phérique dans les poumons : cette quantité est ajoutée dans le cœur à la masse sanguine générale, Chez le fœtus, c’est le placenta qui fait en partie les fonctions du poumon; le sang qui revient de cet organe h’est pas transmis en en- tier au cœur, il ny a qu'une petite portion qui y parvient : c’est celle qui est amenée par le con- duit veineux. Ce conduit est donc dans le fœtus des mammifères, ce que la veine pulmonaire est dans les animaux à sang froid. Dans les oiseaux, il existe également un vaisseau analogue au conduit veineux des quadrupèdes. La veine meningo -car= diaque du poulet s'étend par ses ramifications jus- ques près de la surface de l’œuf (31). Son sang est donc plus particulièrement exposé à l’action de la chaleur de l’incubation. Il est versé ensuite immédiatement dans le cœur, sans être obligé de passer par le foie. S’il y a analogie d’organisation entre les animaux (G5) Lrventzé, Dissere. sur la nutrit. du fætus, consid. dans lea mammifères et dans les oiseaux, p. 62. Embryon: (9 4 à sang froid et les fœtus des animaux à sang chaud, comme il paroît être certain , il reste à examiner s’il y a aussi analogie ou même identité de phé- pomènes. D'abord nous voyons qu’il y a de grands rapports dans la manière dont la nutrition s’opère. Les ani= maux à sang froid ont, pour ainsi dire, une seule espèce de sang; celui des artères n’est pas plus rouge et plus chaud que celui des veines , il ne Jui est ajouté qu’une petite portion qui s’est régé= nérée dans les poumons et qui est chargée de prin- cipes nutritifs. Cependant ce sang est très-propre à la nutrition, à l’accroisement , au développe- ment de ces animaux, ainsi qu'à toutes les sécré- tions qui se font chez eux. La même chose s’ob- serve dans le fœtus des mammifères. Nous trouvons. qu'ils se nourrissent tres-bien, et que leur accroisse- ment est très-rapide , quoique le renouvellement de leur sang ne se fasse qu’en partie, et que ce fluide ne présente pas encore la grande différence qui existera par la suite entre le sang veineux et le sang artériel. Du côté de la calorification, nous apercevons encore la même analogie. Des expé- riences faites avec exactitude ont prouvé que la chaleur propre du fœtus étoit moindre que celle de la mere, que le thermomètre appliqué au pre- mier étoit de 27°, tandis que la température de la mere montoit à 303 et ce qu'il y a de plus éton- nant dans ces observations , c’est qu’on a trouvé que la chaleur des fœtus morts surpassoit d’un de 62 - Physiologie. gré celle des fœtus vivans (32). Mettons en parals. lële avec ces expériences celles qui ont été faites par Crawford (33) sur les animaux à sang froid. Des grenouilles vivantes dont la chaleur étoit de 67° , exposées à une température de 106°, ont gardé pendant la première minute leur chaleur premiere, laquelle s’est tres-peu élevée dans les minutes sui- vantes. Des grenouilles mortes exposées au même degré de chaleur, ont été trouvées plus chaudes que les vivantes ; leur température étoit toujours plus élevée de trois degrés. Que conclure de ces observations? que le fœtus a, comme les animaux à sang froid et à sang chaud, la faculté. de conserver la chaleur, quoi- qu’il se trouve dans un milieu dont la température soit plus élevée que la sienne. Mais pourquoi est- il moins chaud que la mère ? N’est ce pas en par- tie parce qu'il ne recoit du placenta et ne renvoie à cet organe qu’une petite portion de la masse totale du sang, de la même manière que dans les animaux à sang froid, tout le sang ne traverse pas l'organe pulmonaire ? Ainsi donc, soit en considérant la structure du cœur dans le fœtus, soit en étudiant sa- circula= tion, soit en examinant les phénomènes et les effets de cette dernière, nous ne pouvons pas nous em- (52) Aurenerern et Scüurz, Diss. sist. exp. circà calor. fœt. es sang. ips. inst. Tubingi 1799. vT (55) Versuche und Beobachtungenüber die VFærme der Thiereÿ etc. a. d. Engl. von L. Crez. 2te, Ausg. p. 297 298. Embryon: 63 pêcher d'admettre que le fœtus des mammifères n'ait été animal à sang froid, avant de devenir auimal à sang chaud. Et à mesure que nous rétro- gradons vers l’époque de son origine, nous trouvons que son organisation plus simple le rapproche de l'état de simplicité que nous remarquons dans leg animaux moins parfaits. On diroit que, relative- ment à la manière de se nourrir, le fœtus de l’ese pèce humaine a été successivement plante , mol- Jusque, animal à sang froid , et enfin homme. Dans le commencement de la eee Mn est attaché à une grande vésicule ; on ne trouve pas de cordon ombilical , le cœur n’est pas visible, J'ai avancé l’idée que la vésicule ombilicale étoit à l'embryon, ce que les cotylédons sont à la plante, Je renvoye à ma dissertation, où je crois avoir suffisamment indiqué la grande analogie de fonction qui existe entre ces parties. Cependant cette vési- cule disparoît bientôt, les vaisseaux ombilicaux se forment ; mais pendant leur développement, le fæ- tus nage toujours dans un fluide ; il s’en approprie la matière nutritive, et se nourrit comme les fœtus des insectes , des vers et des reptiles. Enfin les vaisseaux ombilicaux se sont développés, et la nu« trition se fait de la même manière qne dans les oiseaux et les quadrupèdes. C’est ainsi qu’on trouve réunis et accumulés pour ainsi dire dans l’homme, tous les modes de nutrition qui appartiennent aux différentes classes d'animaux en particulier. Telles sont les considérations que j’avois à pré- 64 Physiologie. senter sur la circulation du sang dans le fœtus: Ayant annoncé que je me borneroïis principalement à examiner l'opinion de quelques auteurs sur ce sujet, je me suis abstenu de parler des changemens qui arrivent aux organes de la circulation du fœtus, question est étroitement liée avec celle de la pre- mière inspiration, je me propose de les traiter l’une et l’autre dans un autre mémoire qui-sera inces- samment publié. ‘ lorsqu'il a commencé à respirer. Mais comme cette | VARIÉTÉS; { VARIÉTÉS, NOUVELLES ET CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES, NOUVELLES ÉTRANGÈRES, J'ÉNA. Société minéralogique. Dans la séance publique de cette société, tenue le 9 janvier, le Dr. Kiesten a lu un Mémoire sur la que:tion : Si la minéralogie peut être regardée comme une science, ou st par lu suite elle peut s'élever ai rang des sciences ? M. Schnaubers a lu ensuite un Mémoire sur le métal appelé Nikel. Le professeur Zenz a lu ensuite un Mémoire sur le fer natif et sur son origine. Le baron de Hendrich a lu une notice sur la vie de Docomieu , et la séance a été terminée par la lecture d’une Elégie sur la mort de quelques membres de la société, envoyée par M. WERNER de Wetzlar, VARSOVIE. Société des Amis des sciences. Cette société s’est formée depuis deux ans, sous la présidence de l'évêque 4/bertrandi. Le but de cette association est de cultiver et d’épurer la langue polo< Zome IIl, E 66 Nouvelles littéraires. naise ; de répandre des connoissances utiles par de bonnes traductions de tout ce qui paroît dans ce genre, et surtout par celle des auteurs classiques. Le nombre des membres résidans est de 60 , mais on admet des membres honoraires pris parmi les personnes éclairées de la Pologne , et parmi les étrangers. Cette société a déjà publié un volume de mémoires sous le titre de : Roezniki towardzystwa TFursaws- kiego paczyaciot nauk ; (Annales des amis des sciences de Varsovie, tome [.°*}) dont voici l'aperçu: r1.° Dis- cours prononcé à l'ouverture de la séance, par l’évêque J. ALBERTRANDI ; 2.° Discours du même, sur le but de la société et sur la langue polonaise ; 3.° Eloge de feu Joseph Szymonowsky , par Stanislas Porock1$ 4. Mémoire sur les progrès de la physique; dans la seconde moitié du dix-huitieme siècle, par Joseph Osinsk1 ; 5° et 6.° Discours et Mémoire sur les Muses, par J. ALBERTRANDI; 7° Comparaison des nouveaux poids et mesures françaises , avec les poids et mesures de la Pologne et de la Lithuanie, par le prince Alexandre SAP1EHA ; 8.° Eloge de feu /gnace Krasieki , archevêque de Gnesen , par Fr. Dmoc- KOWSKI ; 9.° de la Dixme en général, surtout de celle en Pologne eten Lithuanie, par Thadd. CzACk13 10.2 Discours de l’évêque ALBERTRANDI ; 11 des Observations astronomiques , par /. SNIADECKI ; 12. Observations astronomiques faites à Varsovie , par le méme ; 13.° De la nouvelle planète , entre Jupiter et Mars, par le méme; :4.° De la nouvelle étoile mobile , par /e même. ÎVouvelles litiéraires, 67 FRANCE. MONTPELLIER, Séance publique de la Société de médecines pratique de Montpellier ; tenue le 15 floréal de l'an X1. La Société de Médecine-pratique avoit proposé, dans sa séance publique du 15 floréal de l’an 10, pour sujet d’un prix de la valeur de 300 fr. la question suivante Ÿ Déterminer , d'après l'observation , si Les fièvres catarrhales graves diffèrent essentiellement des fièvres rémitientes pernicieuses , etindiquer spécialement , avec le traitementqui leur convient ; quelle est l'utilité du guinquina, dans les unes et dans les autres. | Malgré le desir que la Société avoit eu de faire insérer ce programme dans les journaux les plus ac- crédités , il paroît que les circonstances s’y opposè- rent; puisque le sujet de ce prix fut annoncé par un très-petit nombre , et fort tard. Cet événement a sans doute influé sur le concours , puisque trois mé- moires seuleiient ont été envoyés. Le premier, distingué par cette phrase de Sénèque : In hoc guudeo uliquid discere ut docearn , nec me ulla res delectabit licet.eximia sit et salutaris quam mihi uni sciturus sum , n’a pas paifaitement saisi le sens de la question. La Société demandoit qu’on fit une comparaison entre les fièvres catarrhales, et les fiè- vres rémitientes ; qu'on établit sur-tout la différence qui existe entre les redoublemens qui se rencontrent done" 68 Nouvelles littéraires: dans les unes et dans les autres ; enfin, qu’on fit un parallèle du traitement qui convient à ces deux genres de fièvres , notamment à l’usage du quinquina. L'auteur de ce mémoire , coté n.° 1, faute de ces détails qui étoient de rigueur, n’a pas satisfait aux intentions de la Société, et le prix n’a pu lui étre accordé, Le second mémoire , portant en tête ce passage tiré de Junckar, tab. LXXII : In quantüum autem petechisans( febris ) epidemicè grassatur., et ab indole benignä febris catarrhalis simplicis recedit ; atque ad varias eæcurrit anomalias , in tantüm peculiari in= diget tractatione , s’est beaucoup plus appesanti sur l’histoire des fièvres catarrhales , que sur celle des fièvrés rémittentes : l’opposition qui devoit être mise entre la nature de ces fivvres, a conséquemment été un peu saillante. Mais un reproche plus grave fait à ce mémoire , d’ailleurs assez ‘sagement écrit, c’est qu’il abonde plus en théorie, qu’il ne se fai: remar- quer par l’observation, toutefois condition expresse du programme, Ce mémoire n’a donc pu encore étre couronné. Le troisième mémoire , ayant pour épigiaphe: cette sentence extraite des ouvrages de STOLL : Je pense qu'on dort rassembler toutes les circonstances d’où nous puissions saisir une 1dée d'une maladie compliquée ; cachée ou natssante, tom. 1 , trad. franc. pag: 46, est rempli de néologismes : le plan en est défec- tueux , les discussions théoriques y sont trop réitérées. Sous ce triple rapport , il a moins encore paru digne ses suffrages de Ja Société, | | Nouvelles littérarres. 69 Le prix qui devoit étre adjugé dans cette séance publique , n'ayant done pu l’étre , est remis à l'an 12, avec les mêmes conditions. La Société de Médecine -pratique ayant délibéré dans sa séance privée du 15 pluviôse de l'an 11, qu'elle distribueroit , toutes les années, dans sa séance pu- blique , six médailles, à titre de prix d’encourage- ment , et ayant à récompenser le zele de plusieurs de ses associés, ou de ses correspondans, les a dé- cernés dans l’ordre suivant : La premiére a été adjugée à M. Clos , correspon- dant de la Société , et médecin à Sorèze. La seconde a été accordée à M. Ærnal, corres- pondant de la Société, et médecin à Beziers. La troisième a été donnée à M. Türanget, ci- devant professeur en médecine , président de la Société d'Agriculture du département du Nord, associé républicole de la Société , et médecin à Douai. La quatrième a été adjugée à M. Turbès, pro- fesseur de pathologie externe, correspondant de la Société, membre de plusieurs sociétés GE médecine, et chicurgien à Toulouse, La cinquième a été accordée à M. Py, corres- pondant de la Société, et médecin à Narbonne. La sixième a été décernée à M. Lurrey , professeur d’accouchement du départément du Gard, chirur- gien en chef de l’hôpital civil et militaire , corres- pondant de la Société , et chirurgien à Nimes. E 3 70 Nouvelles littéraires, Prix pour l’an 12. La Société propose pour sujet de prix, consistant en une médaille d’or de la valeur de 300 fr., et qui sera distribué dans la séance publique du 15 floréal de l’an 12, la question suivante : Existe-t-il un cancer occulte , différent du cancer accidentel ? Quelle est la nature du vice qui les dé- termine , et quels sont les moyens propres d'en per- fectionner le traitement ? À Hippocrate a consigné ce précepte dans ses apho- rismes, aph. 38, sect. VI : 1/ vaut mieux ne pas trailer ceux qui ont des cancers occulles ; car en les traitant , on les fait plutôt périr ; maïs si onne les traite pas , ils vivent plus long-temps. Les observateurs n’ont pas assez déterminé la nature de ce cancer que les remèdes aigrissent ; tandis qu’il y en a tant d’autres qui sont radicalement guéris par l'opération, ou dont les progrès sont arrêtés par des médicamens avoués par l'observation. Ces circonstances ont fixé Fab tion de la Societé , et elle espère que la solution de la question qu’elle propose , donnera lieu à un ou- wrage très-intéressant. Prix remis. Déterminer , d'après l'observation , si les fièvres ca- tarrhales graves diffèrent essentiellement des Jièvres ré= mittentes pernicieuses , et indiquer spécialement, avec le traitement qui leur convient , quelle est Putilité dis quinquina dans les unes et dans les aulres Nouvelles litiéraires, 74 Ce prix sera également adjugé dans la séance pu blique du 15 floréal de lan 72. Les mémoires composés en français ou en latin doivent être lisiblement écrits, et envoyés franc de por!, avant le premier germinal de l’an 12, ce terme étant de rigueur , à M. Baumes , professeur en mé- decine, président de la Société de Médecine -pra- tique , rue du Petit-Scel ; ou à M. Menard, médecin , secrétaire de la Société, place de la Ca- nouroue, Les concurrens, astreints aux conditions ordinaires des concours strictement interdits aux membres ré- sidens de la Société , ne se feront point connoîtres mais ils désigneront leur mémoire par une épigraphe qui sera répétée dans le billet cacheté, contenant la désignation du nom et de la demeure. Baumes, président ; MENARD , secrétaire, Lyon. Extrait de la séance publique tenue à l'Ecole vétérinaire de Lyon, le premier floréal an XI (x). L'objet de cette séance solennelle , et présidé par le préfet du département , étoit r.° de distribuer des prix, et des accessit , aux éleves qui, dans les dif- férens examens faits par le jury d’instruction de cette école , s’étoient distingués par leurs connoïssances, (1) Extrait fait par M. Bouvenot , docteur en médecine de l'Ecole de Paris, BL "És 72 Nouvelles littéraires. ou à celui qui, par ses bonnes mœurs et la régula= rité de sa conduite |, emportoit le suffrage de ses, condisciples ; 2°. de désiuner les élèves qui , d’apres un concours, avoient été jugés les plus capables de seconder, en qualité de répétiteurs, les professeurs dans leurs fonctions ; 3.° de proclamer les artistes qui, après avoir terminé leurs cours d'études, avoient donné au jury des preuves suffisantes de leurs con- nois'ances théoriques et pratiques, pour être jugés dignes du diplome de vétérinaire , accordé par le ministre de l’intérieur, Dans cette assemblée composée d’un très -grand nombre de citoyens, parmi lesquels on remarquoit des savans distingués, des gens de lettres recom- mandables , et des artistes célèbres, plusieurs dis- cours très-éloquens ont éié prononcés , l’un par le C. Gilibert | protesseur d’histoire naturelle à l’école centrale du Rhône, et président du jury , sur l’ému- lation et l'amour de la gloire ; un autre par le C, Gronier , professeur de matière médicale, chymie, et botanique, sur l’utilité de l’art vétérinaire, sur les devoirs qu’il impose, et les jouissances qui sont réservées aux artistes qui consacrent leurs veilles à de si nobles travaux ; un troisième , enfin , par le préfet, dans lequel, après avoir témoigné sa juste satisfaction du zèle des professeurs et du jury, de progres des élèves, il a fait sentir à ces derniers que le triomphe qu’ils venoient d'obtenir, loin de les ralentir dans la carrière de l’étude , leur imposoit au contraire l'obligation plus étroite de s’y livrer absolument ; que les Bourgelot, et autres hommes on bn: Nouvelles littéraires: 73 illustres que compte la science vétérinaire , furent des disciples studieux et docies, avant d’être des maîtres éclairés et célèbres ; que ces modeles de- voient sans cesse être présens à | ur mémoire, comme de beaux sujets d’aiguillon et d'encouragement : il a terminé en leur promettant, au nom du gouver- nement , tous les moyens d'instruction pour seconder leurs succès, et des récompenses pour y applaudir, lorsqu'il seront mis en évidence. GRENOBLE. Société des sciences et des arts. La Société des sciences et arts, a tenu une séance publique le 30 thermidor an 11. Le président (M. MAUREL , conseiller de pré- fecture ) a ouvert la séance par un discours sur les avantages qu'offre la culture des lettres pour tous les âges. Il a fait sentir combien lPamour de l’étude seme de fleurs la carrière de la vie, et combien est heureux celui qui peut s'y livrer de bonne heure et avec constance. Le secrétaire ( M. BERRIAT Saïnt-Prix , profes- seur de législation ) a f it lecture d’un rapport sur les travaux de la Société depuis le 3 thermider ‘an 10. Cette séance étoit spécialement consacrée à la dis- tribution du prix que la Société avoit mis au cou- cours , l’année derniere , sur la question suivante : Quels sont les moyens de perfectionner l’'éducaticn physique et morale des enfans ? 74 Nouvelles littéraires. M. GATTEL , professeur de grammaire générale ; a fait lecture d’un rapport sur les treize mémoires reçus par la Société sur cette question, Parmi les treize mémoires, celui coté n.° 7 a été jugé digne du prix. Il a pour épigraphe ces vers de Voltaire : Conduisez par la main son enfance docile; Le sentier des vertus à cet âge est facile : Age heureux où le cœur, exempt de passion, N'a point du vice encore recu l'impression, L’auteur est le C. Jean-Baptiste PERRIER , natif . de Villeneuve-sur- Yonne. I] réside actuellement à Paris, où il est employé au bureau de la guerre. Deux mémoires ont été jugés dignes d’une men tion honorable ; 1.° celui coté n.° 1, ayant pour épi- graphe ce passage de Montaigne : La plus grande difficulté et plus importante de l’humaïne science , semble être en cet endroit où il est traité de la nourriture et institution des enfans. 2.° Le mémoire coté n.° 8 , ayant pour épi- graphe ces paroles de Bacon : Z/ faut refaire l'en- tendement humain, Le secrétaire a donné ensuite lecture de quelques passages du mémoire couronné. M. GATTEL, au nom de M. Dubois-Fontanelle, professeur de belles-lettres, a lu une pièce de vers, intitulée Mes adieux. La fin de la séance a été consacrée à la démons- tration d’un nouveau planétuire exécuté par le C, Martin fils , horloger à Grenoble, sous la direction Nouvelles littéraires. 7 de M. Espié , membre de la Société , instituteur public , et dont l’école a été constituée secondaire par arrêté du gouvernement. Dans cet instrument , les planètes avec leurs satellites , ainsi que celles récemment découvertes par MM. Piazzi en Italie, et Olbers en Allemagne , font leur révolution autour du soleil dans un espace de temps proportionnel à celui qu’elles emploient dans le système du monde. Celles qui ont un mouvement propre y font, ainsi que le soleil , leur révolution sur elles-mêmes, et la lune y opère la sienne autour de la terre. M. Guéoi juge civil , secrétaire adjoint , a an- noncé que la Société proposoit , pour l’année pro- chaine , un prix de 600 francs et six accessits de 5o franes chacun , pour les meilleurs mémoires sur la Statistique générale ou particulière du département de l'Isère. Nous ferons connoître le programme dès qu’il aura été définitivement arrêté. ABBEVILLE. Programme des prix proposés par la Société d’émulation d' Abbeville ,pour l'an XII. Classe des Sciences, La culture du tabac dans le département de la Somme , est-elle avantageuse ? Classe de Littératures La traduction du traité de Cicéron: De oratore ; Liber primus. y6 Nouvelles littéraires. . Les prix consisteront en médailles , et seront dis tribués à la séance publique du 15 thermidor an XI5. Les ouvrages destinés au concours , seront adressés avec les formalités d’usage avant le 16 messidor an XIr , au secrétariat de la Société. + sp: pe: Ne D INSTITUT NATIONAE. Rapport fait à la Classe d'histoire et de lit- térature ancienne, par À. G.CAMUS, a nom d'une commission, sur les travaux littéraires entrepris ou dirigés par lIns- Ltut , et sur leur continuation daprès l'arrêté du Gouvernement du 3 pluviose an X1.— Séance du 4 germinal an XI. Dès les premiers momens de son existence, l’Ins- titut s’occupa de la continuation de grands tra- vaux scientifiques et littéraires, dont les uns étaient l’ouvrage immédiat, soit de l’Académie des scien- ces , soit de l’Académie des belles-lettres ; lesautres étoient le fruit d'associations qui ne subsistoient plus, et ne pouvoient désormais être mieux sou- tenus et surveillés que par l’Institut. Les trois classes partageoient la direction d’une partie de ces tra- vaux; les autres étoient confiés spécialement à Ia seconde et à la troisième classe. Les changemens opérés dans la distribution des classes par larrêté du 3 pluviose an x1, l’article 4 de cet arrêté qui … Nouvelles liliéraires. 77 tharge spécialement la troisième classe, ou classe d'histoire et de littérature ancienne, de la conti nuation des recueils diplomatiques : les dispositions de l'arrêté du 8 pluviose , qui nous procurent l’a- vantage de continuer nos travaux avec quelques- uns de nos collègues qui, pendant ces dernières années, n’ont pu y prendre part, exigeoient que Von rendit compte aux membres actuels de la classe d'histoire et de littérature ancienne, des travaux éntrepris par Vordre de Institut, de leur état, des mesures prises ou à prendre pour leur continuation. La classe l’a ainsi voulu dans sa séance du 22 pluviose, et, en confirmant dans leurs fonctions, pour l’espace de trois mois, les commissaires chargés de la surveillance des tra- vaux, elle leur a demandé le compte des trois ob- jets que j'ai annoncés, Je vais, au nom de la commission , satisfaire aux ordres de la classe: $S. L°° Notice des travaux littéraires entrepris par ordre de l’Institut. Un arrêté de l’Institut, du 15 floréal an 1; ordonna la continuation , sous la direction de l’Ins- titut , de trois collections : celle des Hrstoriens de France , commencée par dom Bouquet ; celle des Chartes et Diplomes, commencée par M. de Bré- tigny ; celle des Ordonnances du Louvre, commen- cée par Secousse. Le €. Brial, bénédictin de la cougréoation de Saint-Maur, fut chargé du pre- mier objet, à la condition de s’adjoindre une per= 78 Nouvelles littéraires. * sonne qu’il formeroit, et qui l’aideroit dans sont travail. Le C. Dutheil fut chargé du second. L’Ins- titut réserva de nommer, dans une autre séance , les personnes qu’il choisiroit pour la continuation des Ordonnances. L'Institut ordonna à ses commis- missaires de lui présenter un projet sur la manière dont on pourroit former une collection des histo- riens des Croisades. Enfin, il arrêta qu’il seroit demandé au ministre de l’intérieur , des fonds pour l'encouragement de ces travaux , savoir : 8000 fr. pour les honoraires de chacun des volumes in-fol, des trois collections. Le rapport de la commission nommée pour pré- senter à l’Institut les vues dont l’arrêté du 15 floréal fut le résultat, est imprimé au second vo- Jlume des Mémoires de la classe de littérature et beaux arts , pages 25—43, et par cette raison je ne répete pas ici les détails que l’on trouvera dans ce rapport , soit sur les travaux dont Ja con- inuation est ordonnée , soit sur quelques autres travaux qui avoient également fixé l’attention de l'Institut. Je dois seulement observer que l’on auroit dû également imprimer un rapport qui fut fait le même jour à l’Institut, parle C. de l'Isle de Sales. sur l’objet particulier de la collection des Ordon- nances, Mais le C. de Sales appartenant à Ja se- conde classe de l’Institut, c’étoit à cette seconde classe à faire imprimer dans son recueil le rapport du C: de Sales, de même que la troisième classe Nouvelles littéraires. 70 ordonna l’impression de celui qui avoit été fait par l’un de ses membres (1). La loi de l’établissement de l'Institut , en date du 15 germinal an 1V, ayant expressément or- donné par Particle XXV , que cette société conti- nueroit le travail des notices des manuscrits, il n’en fallut pas davantage pour autoriser plusieurs membres de l’Institut à présenter des notices, et à demander au gouvernement que l’impression en fût continuée à l’imprimerie de la République. C’étoit le 5° vol, de cette collection. Lorsque l’im- pression du volume eut été ordonnée , l’Institut, par un programme distribué dans la séance publi- que du 15 messidor an V1, fit un appel à tous les savans, et les invita à fournir des notices de manuscrits. Le programme publié en cette occa- sion , est imprimé en tête du cinquieme volume des notices. = Les membres de l’Institut qui s’étoient proposé de continuer les notices, ne sollicitèrent aucun traitement particulier pour cet objet , et le premier à volume de la reprise de louvrage (5.° de la col- lection entiere), fut publié sans qu’il leur eût été assigné aucune indemnité. Mais, après la pu- (x) Le C. de Sales avoit demandé Ja continuation de l’entreprise des Ordonnances du Louvre : il fut chargé du rapport. Ce rapport fut Ju à l'assemblée générale de l’Institut et adopté. Il fut demandé à l’au- teur pour lé soumettre à la sanction du Gouvernement ; mais, ayant été envoyé , il s’est égaré au retour. Il n’existoit qu'une minute, et ce n'est de la faute ni de l’auteur ni de la classe , s’il n'a pas été imprimé dns les Mémoires. ( Note du C. de Sales.) 80 Nouvelles litiéraires: blication du volume, l’Institut destina à ce travail une somme de 3,000 francs par volume. Elle fut repartie entre tous les collaborateurs qui avoient fourni des notices pour le cinquieme volume. Parcille somme a été distribuée de la même manière après la publication du sixième volume. | Le 15 vendémiaire an vi1, il fut rendu compte; à la séance publique, des travaux entrepris par l’Ins+ titut national, ou exécutés sous sa direction, et , le même jour, il fut publié un programme pour la continuation de la description des arts. L’un et lPaatre sont imprimés dans le troisième volume des Mémoires de littérature et beaux-urts. On y voit la liste des arts dont l’Académie des sciences a douné Ja’ description, et la liste de ceux qui restent à décrire. | Tels sont les travaux entrepris ou dirigés par l'Institut. | Pour les surveiller, l’Institut avoit formé deux commissions. L’une , composée de membres des trois classes, dirigeoit le recueil des notices des ma huscrits, et étoit én même-temps chargée de sur- veiller l'impression des descriptions des arts qui seroient approuvées par Plustitut. L'autre commis: sion , formée seulement de membres de la seconde et de la troisième classe, dirigeoit la continuation des grandes collections historiques et diplomatiques; proposoit les travaux qui pouvoient s’y rapporter, et en surveilloit l’imypression. Indépendamment des membres de la première classe, qui faisoient partie de la première commission, et qui w’étoient pas comptés Nouvelles littéraires. 8êt comptés dans la seconde , quelques membres, soit de la seconde , soit de ‘la troisième classe, étoient la plupart l’étoient en méme-temps de l’une et de l'autre, En effet, il y avoit une extrême affi- seulement de lune des deux commissions; mais "nité entre les travaux auxquels elles se livroient; il y avoit même beaucoup plus de rapport entre les notices des manuscrits et les collections diplo- matiques , qu'entre ces notices et la description des arts. \ S- II. Etat des travaux entrepris ou surveillés par PInstitut, Parmi ces travaux, la deseription des arts ne semble pas devoir être comptée dorénavant. au nombre de ceux qui intéressent spécialement la classe d'histoire et de littérature ancienne. Lorsque la classe réunissoit dans son sein des peintres ét des architectes, elle pouvoit prendre une part ac- tive à la description des arts. L'état des choses n'est plus le même : aussi l’article 1V de l'arrêté du 3 pluviôse , ne charge-t-il nommément la classe que de la continuation des collections diploma- tiques. Mais au moment où nous parlons ic! pour la dernière fois de la description des arts, il est convenable d’exposer en deux mots où l’on en étoit à cet égard. Les invitations faites au public avoient été peu fructueuses. [Il s’est, présenté deux personnes étrangères à PInstitut ; l’une pour décrire l’art de la verrerie , l’autre pour décrire l’art de la char- penterie. La commission n’a rien vu de ce que l’on Tome IIL, F 82 Nouvelles littératres: a écrit ou de ce que l'on s’est proposé d’écrire sux la verrerie. La description de Part de la charpen-. terie a été proposée par le C. Hassenfratz, profes- seur à l’école polytechnique ; la commission en a vu plusieurs cahiers : plusieurs planches ont été gra- vées ; le premier volume ( format in-4.°) est pres- que entièrement imprimé, Le C. Desmaïets, membre de l'Institut, a an- noncé qu’il avoit préparé la description de l’art de la papeterie, tant en Europe qu’en Chine. 11 n’a rien été imprimé de cette nouvelle description ; je dis nouvelle , parce que le C. Desmarets a déjà pu- blié dans l'Encyclopédie méthodique une description de l’art du papetier ; niais dans celle qu'il propose actuellement , il annonce des augmentations Con- sidérables. | Le C. Camus avoit projeté de donner la descrip- tion de l’art de la typographie, et en même-temps son histoire. La première classe et la troisieme ont nommé des commissaires pour l'examen de son tia- vail; mais jusqu’à présent ce travail n’a consisté que dans des mémoires sur des points particuliers de l’art typographique. Quelques -uns ont été im- primés, tels que celui qui expose l’histoire et les procédés du stéréotypage ; d’autres ne l'ont pas jen- core été, tels qu’un mémoire sur les imprimeries qui existent dans les différentes parties du monde, particulièrement sur celles où l’on emploie des types de langues orientales et étrangères , et un mé- moire surles diverses formes que les graveurs en caracières ont, depuis Porigine de l’imprimerie : Norivelles littéraires. 83 re jusqu’à nos jours, successivement données aux ca- ractères grecs. Il résulte de cet exposé que jusqu’à ce moment la description des arts a été peu avancée par lIns- titut ; les travaux littéraires ont eu plus de succès, I. Notice des manuscrits. Il a déjà été publié par lInstitut deux volumes de notices des manuscrits, le 5° et le 6° de la col- léction entière. On a mis en tête du 5° volume un avis qui rappelle le plan de cette collection, son origine et la composition des quatre premiers vo- lumes. Le 7° volume de la collection est sous presse à l'imprimerie de la République , et il sera bientôt en état d’être publié. Il est composé de deux par- ties distinctes. L’une comprend l’impression entière de l’ouvrage d’un Arabe (les Tables astronomiques d'Ibn Younis), à la publication duquel les astro- nomes de la premiere classe de l’Institut mettent beaucoup d'intérêt. Le manuscrit a été traduit par le C. Caussin , et le texte arabe a été imprimé sous sa direction , avec la traduction françoise. Cette partie du volume qui forme 350 pages est termi- née. Le surplus du volume comprend différentes no- tices : il faut encore environ 240 pages d’impression pour le completter et le livrer au public. II. Collection des historiens de France. L Il avoit paru avant la révolution treize volumes de la collection des historiens de France. Le 12° et le 19° se rapportent à la fin du ri° siecle et à la F2 84 Nouvelles littéraires. majeure partie du douzième ; ils comprennent les règnes de Philippe [*', Louis le-Gros et Louis-le- Jeune ; mais tout ce qui remplit cette période n’est pas renfermé dans les 12° et 12° volumes, Le C. Brial annonça à l’Institut que, dans le plan des au- teurs , un 9° volume , 14° de la collection totale , étoit necessaire pour compléter la partie commencée, et pour fournir les tables nécessares aux 12° et 13° volume. Ce fut donc de la rédaction de ce 14° vol. que le C. Brial et le C. Druon , autre bénédictin de la congrévation de Saint-Maur, qui lui fut adjoint, se tiouièrent chargés. En l’an 8, ils temirent effece- tivement le texte d’un volume auquel il manquoit encore la préface ; mais ils observèrent que ce vo- Jume ne sufliroit pas pour contenir la totalité des pieces relatives aux regnes de Philippe If", Louis- le-Gros et Louis-le-Jeune, et qu’il faudroit une seconde partie au tome 14°, ou plutôt au tome 15°, pour renfermer toute cette période. Les deux anciens bénédictins, les CC. Brial et Druon, ont reçu la totalité de leur traitement pour le 14° volume, Le texie entier du volume et les tables, mais non encore les préfaces , sont déposés à Ja bibliothéque de Pnstitut ; limpression du volume est commencée à l'imprimerie de la République ; 46 feuilles sont tirées d’après les ons que le C. Du- theil donne sur les feuilles qu’il lit avant le tirage. L’impression avoit été suspendue faute de fonds ; mais l’lustitut en ayant obtenu pour cette destina- tion, il a été fait un premier paiement à l’impri- merie de Ja République; on est en état de lui en Nouvelles littéraires. 65 Faire un second, et rien ne doit s’opposer à la suite de l’impression. Quant à la composition de l’ouvrage , les deux auteurs qui en sont chargés ont à remettre le texte du 15° volume, plus les préfaces du 14° ef du 15°. D’aprés le compte qu’ils ont rendu à la commis- sion , la partie du travail r1elatwe au texte dont le C. Brial étoit chargé, est terminée , mais ses pré- facés ne sont pas aclevées. La partie du travail du C. Diuon est faite; il reste à le mettre au net, L'un et l’autre ont promis que, dans l’intervalle de deux mois, tout seroit en état; et lintéiét public, quant aux fonds assignés pour la confection du Fecneil des historiens de France, n’est pas compiomis, vu que les CC. Brial et Druon n’ont encore reçu que 2,856 Fr. sur la somme due pour le 15° volume, La commission s’est occupée , il y a quelque; mais, . du plan-qui seroit à suivre pour la continuation de la collection des historiens de France, lorsqu'on aura passé l’époque des règnes de Philippe 1°, Louis-le-G:os et Louis-le-Jeune. Elle a nommé pour cet examen les CC. Ditheil et Lévesque | auxq els Je C. Brial a remis de son côté, une esquisse dw plan des volames qui doivent comprendre les règnes de Philippe Auguste et de son fils Louis VIIT, ou l'intervalle des années 1180 à 1226. Les commis- saires , après l'examen de ce plan, conforme à celui des volumes antéreurs, ont pensé qu'il n’y avoit rien à changer à l’ancien jlan, jusqu'à ce que l’an füt arrivé au règne de Saint-Louis : alors les mo- numens imprimés devenant plus nombreux , il sera F 3 86 Norvelles littérarres. possible de mettre plus de réserve dans le choix de ceux qui formeront la collection. On observera , d’après l'examen du syl/abus pré- senté par le C. Brial , des pièces relatives aux rèe- gnes de Philippe Auguste et de Louis VIIT , ques sans altérer le plan de la collection , il y a plu- sieurs pièces comprises dans le sy//abus qu’on pour- roit se dispenser de réimprimer , en indiquant le lieu où elles se trouvent. Par exemple , le C. Brial annonce que , pour les lettres historiques relatives à ces deux règnes , il aura une abondante moisson à faire dans les lettres d’Innocent IT, publiées par le C. Datheil. Mais la collection des diplomes qui contient les lettres d’Innocent IIT, étant une col- lection absolument du même genre que celle des historiens de France; ces collections étant telle- ment liées que, dans toute bibliothéque où l’une se trouvera, l’autre l’accompagnera presque néces- sairement ; ne seroit-ce pas un double emploi mani- feste de réimprimer, dans la collection des histo- riens de France, ce qui est imprimé la collec- tion des diplomes. (Je demande la permission d’ajouter une remarque qui nest particulière. D’apres ce que j'ai vu dans les dépôts des départemens réunis, je suis assuré que si lon veut faire quelques recherches dans ces dépôts, et pour peu que l’on soit aidé par ceux qui sont préposés à leur garde, on y recneillera une multitude de pièces intéressantes, inédites, et qui remplaceroient avantageusement beaucoup de pièces qu’on se propose de faire entrer dans la collection Nouvelles littéraires. 87 des historiens , d’après les éditions qui en ont été déjà publiées. III. Collection des diplomes, La collection des diplomes est , comme il a déjà été dit, continuée par le C. Dutheil. Trois volumes ont été publiés, avant la révolution : l’un contient des diplomes de tout genre, recueillis par M. de Bréquigny ; le 2° et le 3° contiennent spécialement les lettres d’Innocent IIT, recueillies par le C. Du- theil. Ces trois volumes manquent des grandes ta- bles de noms, de matières, de lieux, etc., qu’il est si utile de joindre à ces vastes collections. Le 4° volume doit contenir les diplomes de Pépin et de Charlemagne. Le C. Dutheil a fait ou fait faire, par les per- sonnes dont il a dirigé le travail , les tables des trois premiers volumes , et la collection des diplo- mes. Le texte qui doit composer le 4° volume, n’est pas complet ; cependant une partie considé- : rable est terminée et en état d’être livrée à l’im- pression. Le C. Dutheil n’a pas encore touché la totalité de la somme assignée pour le 4° volume des diplomes, Il n’y a pas de fonds faits pour lim pression de ce volume ; on pourroit en demander pour l’an 12. IV. Collection des ordonnances. La continuation de la collection des ordonnaners a été retardée par deux causes : la difficulté de trou- ver des personnes auxquelles on pût confier ce tra- Dix 88 | Nouvelles LHASrOR vail, et qui voulussent s’y livrer; les fonds indis< pensables , tant pour le travail que pour l'impression. Après différentes propositions , les CC, Pastoret et Camus se sont trouvés définitivement chargés de ce travail par lnstitut, et par le gouvernement , qui a approuvé le choix de l’Institut. Au mois de flo- réal an 10, il a été fait des démarches auprès du consul Lebrun pour obtenir les fonds nécessaires : le résultat a été que le ministre de la justice ( alors le C. Abrial}) a proposé au Gouvernement d’em- ployer , tant au travail qu’à l’impression , des fonds dépendans de son ministère, Le Gouvernement l’y a autorisé, et lé ministre a donné avis à l’Institut qu’ilordonnanceroit les sommes nécessaires tant pour le travail que pour l'impression , lorsqu’elles lui se- roient demandées. La suite de Ja collection des ordonnances avoit été précédemment confiée à M. de Bréquigny. Le dernier volume publié par ce savant étoit le 14°, Le C. Dutheil a remis aux CC. Pastoret et Camus plu- sieurs matériaux préparés pour le 15° volume ; il avoit même déjà été imprimé, du vivant de M. de Bré- quigny ; 96 pages du 15° volume ; mais la plupart de ces feuilles n’existant plus, et d’ailleurs quelques pièces omises ayant éié recouvrées , il paroît qu’il faudra recommencer absolument lPimpression du 15f volume. Les orconnances qu'il comprendra, datent de lentrée du règne de Louis XI, ou du 22 juillet 1461. Le texte sera précédé d’un discours qui pré- sentera l’exposé historique de la collection des or- donnances jusqu’à cette époque , et la notice des Nouvelles littéraires. 8) vources dans lesquelles on a puisé les pièces qui le composent. Le plan suivi dans cette collection , de- puis son origine , sera gardé jusqu’au règne de Fran- çois I*'. Lorsqu'on sera arrivé à cette époque , il sera vraisemblablement nécessaire de faire quelques changemens dans le plan ancien, afin de ne pas multiplier excessivement la réimpression d’ordon- nances dont les éditions sont communes. On don- nera aus:i , soit après le 15°, soit après le 16° vo- Jlume , un volume de supplément à ceux qui ont précédé. M. de Bréquigny et ses prédécesseurs ont publié plusieurs supplémens ; mais la matière n’est pas épuisée , et déjà plusieurs pièces inédites ont été recuéillies par les nouveaux collaborateurs. Ils sont en état de faire commencer, aussitôt que les fonds, sur lesquels il n’a été encore rien touché , auront été eflectués, l’impression du texte du 15° volume. Le grand-juge, ministre de Ja justice, a promis de les ordonnancer. » V. Autres collections de divers genres. Indépendamment des quatre grandes collections dont on vient de rendre un compte spécial, la troi- sième classe de l’Institut et la commission des tra- vaux littéraires ont porté leur attention sur d’autres travaux littéraires de grande importance , et dont la continuation est généralement desirée par les sa- vans. Ces travaux sont la continuation et la fin du Gallia Christiana ; la continuation de la collection des conciles de France, commencée par D. Labat; Jacquisition des manuscrits de D. Berthereau et la à® 99 Nouvelles littéraires publication de la partie de ces manuscrits qui conf tient l’histoire des, croisades ; le grand dictionnaire de la langne françoise , commencé sous la direction de la Curne de Sainte-Palaye , et rédigé, pour la partie du premier volume qui a été imprimée, par Je C. Mouchet ; plusieurs travaux sur l’histoire des anciennes provinces de France , notamment sur celle du Languedoc ; la continuation du grand recueil des : Acta Sunctorum , commencé par les Bollandistes , et l'acquisition de leurs manuscrits: Il seroit trop long d’exposer en détail tout ce qui a été fait à cet! égard par la classe et par la commission. Leurs rapports , leurs délibérations ; leurs. demandes au Gouvernement, sont consignés dans les registres de la classe et de la commission ; on en a même rendu compte au public dans les récits des travaux de la classe, particulièrement dans celui qui a été distribué à la séance du 15 messidor an 9. La no- tice des manuscrits de D. Berthereau a été faite par le C. Silvestre de Sacy ; elle est imprimée au Ma- gasin encyclopédique, t. II de la septieme année, pag. 1 et suivantes. Sur ces différens objets, l’Ins- titut et la commission n’ont pas jusqu’à présent obtenu du Gouvernement les moyens d'acquérir les manusérits, de continuer les travaux , et de publier les ouvrages dont on vient de donner l'indication. La prolongation de la durée d’une situation tran- quille et heuréuse mettra sans doute le Gouverne- ment en état de seconder tous les vœux des savans et de l’Institut ; mais déjà on lui doit un juste tribat de reconnoissance pour Ja libéralité avec la- Nouvelles littéraires: ot ‘quelle il donne les moyens de continuer et de pu- blier les notices des manuscrits, la collection des historiens de France , celle des HIPIOEs et celle des ordonnances. $. Mesures prises et à prendre pour la continuation des travaux littéraires , faits ow dirigés par la troisième classe de l’Institut. , Les mesures qui ont été prises par le passé ont consisté à établir deux commissions qui, par elles- mémes ou par quelques-uns de leurs membres nom- més à cet effet, dirigeoient et surveilloient les tra- vaux , ef se concertoient avec la commission des fonds pour l'obtention, la répartition-et le paiement des sommes destinées, soit aux travaux , soit aux. impressions. Par sa délibération du 22 pluviose , la classe a réuni en une seule commission les membres de la seconde et de Ja troisième classe qui appartenoient aux deux commissions distinctes précédemment exis- tantes ; elle a continué à cette commission unique les pouvoirs confiés à l’une et à l’autre. C’étoit la premiere mesure à prendre. Son résultat est que les travaux littéraires entrepris ou surveillés par PIns- titut , n’ont éprouvé aucun retard dans leur mar- che : le compte qui vient d’être rendu, au nom de Ja commission , annonce qu’elle apportera toujours le plus grand zèle à répondre à la confiance de la classe, La récompense que ceux qui la composent "sollicitent de leurs colléques, c’est qu'ils veuillent bien l'entendre souvent sur l’état des travaux qu’ils 92 Nonvelles littératres. dirigent, et que l’Institut appuie auprès du Gou= vernement les demandes de la commission, toutes les fois qu’elles paroitront utiles au progrès des sciences et des lum'ères. Déjà , au reste, la classe a pris des mesures dé- finitives sur la continuation des travaux littéraires, en ordonnant, par l’article XVI de son réglement , en date du 27 ventose, approuvé par le PREMIER Coxsuz, le 2 germinal an 11, « qu’elle nommera, « chaque année, une commission de huit personnes, « pour surveiller la continuation du recueil des no- « tices et extraits des manuscrits, de la collection « des historiens de France, du recueil des chartes « et des ordonnances du Louvre , ainsi que les au- « tres travaux historiques ou litiéraires dont la classe “ pourra être chaige. » La seule proposition particulière que la com- mission ait à faire aujourd’hui, est relative aux trois volumes Ce notices qui ont paru dans ces dernières années, savoir , le 4°, le 5° et le 6°. Quelques-uns des membies de la classe qui ont recu les trois pre- miers volumes , comme membres de l’académie des belles-lettres , auxquels le septieme volume et ceux qui suivront, seront distribués, à raison de leur qualité de membres de l’Institut , n’ont point reçu les 4° , 5° et 6° volumes. La commission propose d'arrêter qu'il sera écrit , au nom de la classe, au ministre Ce l’intérieur, pour le prier de donner ordre au directeur de l’imprimerie dé la République , de remettre les 4°, 5° et 6° volumes des Notices des manuscrits , à ceux des membres qui ne les ont pas . Nouvelles litéraires: 03 reçus, Leurs noms et l’indication des volumes qui leur manquent , seront joints à la lettre. Au Palais-National des sciences et des arts. Signé, DuTHEIL, DACrER, LEvEsQUE , Dupuis, DE SALES, GRÉGOIRE ; LANGLÈS, AMEILHON, Camus. Mémoire sur les observations qu'il est impor- tant de faire sur les marées dans les diffe- rens ports de la République, lu dans la séance du 26 floréal an X1 (16 rai 1803). Dans sa séance du 12 floréal dernier , la classe a nommé une commission composée des citoyens Laplace, Rochou et moi (1), pour lui proposer un plan d’observation; à faire sur les marées dans les differens ports de la République. Le mémoire suivant renferme les vues des commissaires sur cet important objet. Dans les sciences naturelles , les théories ne sont d’abord qu’une explication plus ou moins ingénieuse des phénomenes , qui est nécessa'rement subordonnée au nemb'e des faits connus et à la précision avee laquelle ils ont été observés : ce n'est, à propre- ment parler, qu’une espèce de cadre plus ou moins éténdu , qui embrasse ce qu’on connoît sur l’objet ” dont il s’agit. | _ On demeure long-temps attaché à ces premières théories , ou’ plutôt à ces premières ébauches ; le (1) Lévèque, 04 Nouvelles littéraires. temps et l'autorité des auteurs leur donnent même une sorte de sanction, dont l'effet est de dispenser d'observer autant qu’il seroit nécessaire , et par-là de rendre la science stationnaire pendant d’assez longs intervalles de temps. Ce n’est guère que lorsque la masse des faits devient assez imposante par leur ensemble , qu’on se résigné enfin à abandonner ces explications prématurées pour adopter d’autres prin- cipes. L'expérience est le premier et le principal instrument de toutes nos connoïissances physiques ; cependant il a fallu que l’esprit humain ait fait de grands progrès pour en être bien convaincu : aussi la philosophie expérimentale est-elle une science toute moderne. Mais si le nombre et la précision des observations peuvent seuls donner naissance aux véritables théo+ ries , d’un autre côté ce n’est que lorsqu'on est par- venu à Counoitre les véritables lois de la nature, qu’on sent bien la nécessité des bonnes observations; et ce n’est aussi qu'à cette époque que, dans chaque partie des sciences naturelles , l’art d'observer fait de véritables progrès et qu’il étend son domaine. Parmi les grands phénomènes de la nature , celui du flux et reflux de la mer a toujours été un objet d’admiration pour tous les hommes , et de médi- tation et même de tourment pour les philosophes, Pithéas soupçonna que les marées étoient réglées par Ja lune ; Strabon en a passablement bien décrit les principaux phénomènes, et de temps en temps on a vu paroitre différentes opinions sur les causes du flux et reflux de la mer, dont la plus remarquable Nouvelles litiéraires. où par le nombre et le caractère de ses partisans est celle de Descartes. On trouve, à la vérité, quelques passages dans les auteurs anciens, qui en attribuent la cause à Pattraction des corps célestes ; mais ces idées, qui n’étoient que de simples aperçus, sont demeurées stériles jusqu’à Newton , parce qu'on v’a pas réellement de véritables connoissances, lorsqu'on D’est pas assez avancé pour les soumettre à l’analyse et en faire l’objet d'un calcul rigoureux ; ce n’est proprement qu'à cette époque que la science coms mence. Les observations les plus grossières , et même les plus circonscrites à une localité, ont dû, long temps avant Pithéas , faire soupconner que les maiées sont réglées par la lune : tous les habitans des cotes de POcéan en ont dû étre promptement convaincus. Ainsi tout annonce ce fait avec la même évidence que le retour des saisons; on ne peut attribuer une grande gloire aux auteurs qui en ont parlé les pre- miers : ce n’est pas là, à proprement parler, une découverte, ni même une observation tant soit peu profonde. Jusqu’a Newton on a été dans la plus com- plète ignorance des vraies causes de ce merveilleux phénomène ; jusqu’à lui on n’a cessé de s’égarer dans de vaives hypothèses , et on étoit bien loin de soup- Conner qu’il étoit soumis à la méme loi qui règle et détermine les mouvemens des différentes parties du système planétaire. Malgré cette profonde ignorance des causes, la pavigation, cet art qui met tous les autres à con- &ibution ; a de bonne heure tiré un grand parti des 06 Nouvelles littéraires: effets. Il a suffi d'observer que le retard journalier des marées est sensiblement uniforme ; qu’elles re+ viennent aux mêmes heures tous les quinze jours, et que les plus fortes ont lieu au temps des nouvelles et pleines lunes. Il a suffi , dis-je, de ces connois- sances de fait pour pouvoir calculer l’heure de la baute mer avec une précision dont on se contentoit, et qui même étoit suffisante pour les besoins de ces premieres époques. Maintenant que nous n’avons plus rien à désirer sur la théorie du flux et reflux de la mer; que, grâces aux progrès de l’analyse depuis Newton, on a suivi tous les détails et calculé tous les ‘effets avec la précision qu’on exige dans le calcul des phéno- mènes astronomiques , il est temps de multiplier et de perfectionner les observations , non pour con- firmer une théorie qui n’a plus besoin de l'être, mais pour assurer la détermination de plusieurs points délicats du système du Monde , et aussi pour rendre raison de quelques anomalies apparentes qu’on re- marque dañs quelques régions du globe, et pour Jeur assigner leur véritable cause. On est bien certain que ces anomalies sont une suite du mouvement général qui se trouve modifié par des circonstances locales ; mais il faut pouvoir évaluer l'influence de ces circonstances dans chaque port, et cela ne peut se faire que par de bonnes observations; La sûreté de la navigation est d’ailleurs fortement intéressée à ces observations , et aux résultats qui doivent en étre la suite; car, vu le grand tirant d'eau des vaisseaux , il importe beaucoup qu'on puisse calculer Nouvelles littéraires. 97 calculer avec précision l'heure de la haute mer, non- seulement dans l’intérieur des ports , mais plus par- ticulièrement encore dans les endroits épineux qui sont vers leur embouchure , où les vaisseaux ne peu- vent passer avec sûreté qu’au moment de la pleine mer. Îl faut pouvoir régler sa navigation de manière à ne se trouver dans ces passages dangereux qu’au moment où ils cessent de l’être, c’est-à-dire, vers le temps de la haute mer. Enfin , toute la navigation côtiere a le plus grand besoin deconnoissances exactes sur le mouvement des marées : or, il est temps de mettre la main à l’œuvre, pour faire jouir la marine et le commerce des avantages résultans de l’état ac- tuel de nos connoissances. [utilité publique est le seul but des méditations et des recherches des phy= siciens géomètres. . Au commencement du dernier siecle , l’académie des sciences sentit vivement la nécessité d’avoir de bonnes observations : elle présenta à M. le comte de Pontchartrain, alors chargé du département de Ja Wwarine, un mémoire en forme d'instruction sur la nécessité de charger des personnes habiles et intel- ligentes d’observer le flux et reflux de la mer, et sur la méthode que lon doit suivre pour faire ces observations. Le P. Gouye et Lahire rédigerent ce mémoire d’après les vues de la compagnie. Le mi- mistre chargea de ce travail les professeurs de navi- gation établis dans les ports, et lacadémie reçut plusieurs suites d’observations , dont les principales furent celles faites à Dunkerque et au Hâvre pen- dant les années 1701 et 1702, les premières par M, Tome III. G 98 Nouvelles littérarres, Baert , et celles du Hävre par M. Bossaye du Bocage ; tous deux professeurs de navigation. . Cassini fils a discuté ces observations dans les Memoires de l’Académie de 1710, ainsi que d’autres plus anciennes faites à Brest en 1679 , et à Bayonne en 1680 , par Lahire et Picard Il.a pareillement discuté dans les Mémoires de 1712 et 1713 , une longe suite d'observations faites à Brest dans les années 1711 et 1712 : elle fut commencée par M. Montier, puis continuée et étendue jusqu’à 1716, par M. Coubart, habile professeur de navigation. Ces dernières expériences sont particulièrement re= commandables par leur nombre et les attentions qu’on y a apportées, On doit regretter que les observations de l’année 1713 aient été perdues. Quoique Cassini fût attaché au systeme de Des- cartes, qui étoit alors en vogue, il n’en est pas moins vrai que son travail au sujet des observations dont nous venons de parler, a éié très-utile, et que pendant long-temps il a formé les seules connois- sances posilives que nous ayons eues sur le cours des marées. C’est avec le secours de ce travail que D. B:rnoulli, aidé d’ailleurs de la théorie, a formé sa Luble du retardement des marées, qui a été et est encore si utile aux navigateurs. Les systèmes pré- maturés périssent, mais les faits sont éternels, Nous pourrions citer une foule d’occasions où l'académie des sciences a eu non-seulement en vue les progres ratiounels des sciences, mais leur appli- cation aux plus grands objets d’utilité publique : aucune société sayante n’a porté aussi loin sa solli- | | 1 Mouvelles littéraires, 09 gitude à cet égard : la marine sur-tout lui aura d’é- teruelles obligations. C’est à l'académie des sciences que l’Europe maritime est redevable des premières lumières sur la théorie de la construction des vais- seaux, sur leur manœuvre, etc.; c’est aussi de son ein que sont sorties les premières notions judicieuses sur le jaugeage des vaisseaux, etc. Outre la théorie, le calcul des marées repose sur des faits; il repose principalement sur la connois- sauce de ce qu’on appelle l’établissement des ports. Nous en avons, à la vérité , des tables très-étendues ; mais cette partie a besoin d’être rectifée , et appelle votre sollicitude. L'établissement de la majorité des ports west pas connu avec la précision que comporte l'état de nos connoissances , ni même avec celle qu’exige la sûreté de la pratique, Une chose assez étrange, c’est que les dernières expéditions autour du Monde nous ont fourni , pour des régions éloignées de nous de plusieurs milliers de lieues, des données plus précises que celles que nous avons pour beau- coup de ports de notre voisinage , et que nous fré- quentons tous les jours. La suite des observations de Brest dont nous avons parlé forme un ensemble dont la théorie fournit tous les résultats avec une précision imposante. De semblables matériaux pour les autres ports ne laisse- roient sans doute plus rien à desirer pour la pratique, mais il seroititoujours utile d'observer, sur-tout dans les circonstances où les causes concourent ensemble pour donner les plus grandes ou les plus petites ma= rées. Il seroit donc important de faire des observa= G 2 100 Nouvelles littéraires. tions lorsque le périgée ou l’apogée de la lune et du soleil concourent avec la syzygie ; lorsque le pé- rigée de la lune, concourant avec la syzyg'e, ces deux astres sont voisins de l'équateur ou des tropiques, etc. Les marées des quadratures, quoique moins impor= tantes pour les opérations du service maritime, ne présentent pas moins d’intérêt dans leur marche ; et , dans tous les cas, les observations deviennent importantes pour évaluer l’effet des circonstances accessoires. On observe sans cesse les éclipses , quoi- qu'il ne soit nullement nécessaire de vérifier les prin- cipes sur lesquels leur prédiction est établie. La marée de la nouvelle lune de germinal der- mier fournit un exemple de Putilité des observa- tions : elle a été obsersée à Brest par notre confrère Rochon. Les circonstances étoient des plus favora- bles pour produire une très-grande marée, et cela est effectivement arrivé. Mais ce qui rend cette observation vraiment importante, c’est que le temps s'étant trouvé presque calme , cette marée a été uniquement produite par la cause générale, sans aucune complication météorologique , et qu’elle n’en a pas moins été une des plus fortes qu’on ait en- core observées dans ce port. Les observations de cette marée, faites à Calais par M. Septfontaines, sont aussi tres-importantes. D’après toutes ces considérations , la classe dont Vobjet principal est d'étendre ses recherches sur tous les objets d'utilité publique , ne peut manquer de prendre un grand intérêt au plan d observations que nous allons lui proposer, et qui doit servir Nouvelles littéraires. tof d'instruction aux personnes qui seront chargées de son exécution. Cet exemple ne peut d’ailleurs man- quer d'être suivi par les nations étrangères. La classe a sur ce dernier point une influence réelle par sa correspondance, Votre commission pense, 1.° Qu'on doit multiplier les observations autant qu’il sera possible. 2.° Qu'il est surtout essentiel d’observer toutes les circonstances des marées des jours des syzygies et des quadratures, ainsi que celles des marées des trois jours qui suivent ces phases. 3.° Les observateurs devront tenir un journal de leurs observations. Ce journal doit être assez cir- constancié pour faciliter le dépouillement, la com- paraison et la discussion des observations. La forme en est indifférente ; mais vos commissaires pensent que des tableaux distribués en colonnes, ainsi qu’il suit, conviendroient tres-bien. A la tête de la page de chaque mois on écriroit Vheure vraie des phases de la lune, réduite au mé- ridien du lieu, La premiere colonne contiendroit le’ quantième du mois; la deuxième , le temps vrai du passage de la lune au méridien du lieu, en heures et mi- nutes; dans la troisième on marqueroit l’heure vraie de la haute mer; dans la quatrième , la hauteur de la marée en metre et décimales du mètre; dans la cinquième , l'heure vraie de la basse mer, et dans la sixième, le degré désigné par Péchélle ay moment de la basse mer. G 3 102 Monuvelles littéraires, | Une septième colonne contiendroïit le diamètre apparent du soleil au moment de la haute mer; une huitième , la déclinaison du soleil au même instant, en degrés et minutes seulement. Enfin la neuvième et la dixième colonnes contiendroient , l’une le dia- mètre apparent de la lune au moment de la haute mer, et l’autre la déclinaison de la lune au méme instant, exprimée en degrés et minutes seulement. On pourra même se contenter de remplir ces quatre dernieres colonnes, pour les observations de marées des jours des syzygies, des quadratures et des trois jours suivans. À ces dix colonnes principales il sera utile d’a- jouter une colonne de remarques et d’observations particulières, dans laquelle on écrira Pétat de Pat- mosphère , principalement Ja direction du vent, et sa force pendant la durée du flot et du jusant; on y marquera aussi la direction de la marée montante et descendante, Quoiqu'il ne paroisse pas indispen- sable de tenir note de la hauteur du baromètre et du degré du thermomètre , il est toujours utile d’in- viter les observateurs à marquer, autant qu'il leur sera possible, ces deux élémens dans leur journal d'observations. 4° Le premier soin des observateurs sera l’éta- blissement de l’échelle métrique des marées. Chacun choisira dans sa localité l’endroit le plus convena- ble et le plus à sa portée; on aura surtout soin que le zéro de cette échelle ne reste jamais à sec, même dans les plus basses eaux. Vos commissaires pensent que, dans les dépar= Nouvelles littéraires: 103 témens maritimes, le lieu d'observation doit être hors de: l'enceinte du port , afin d’éviter les em barras inséparables des grands mouvemens mariti- mes, et pour avoir la facilité d’y communiquer pendant la nuit. [ls jugent aussi en général que l'extérieur du port est plus convenable que linté- rieur pour avoir de bonnes ohservations : ils propos sent en conséqueuce qu’à Brest l’échelle métrique soit étsblie sur la rade , dans le voisinage de l'eb- servatoie , et que ces observations soient comprises dans les at'ributions du directeur où du sous-diree- teur de lobservatoire. Dans les lieux où les marées s'élèvent à/une hauteur telle que les vaisseaux du premier rang peuvent passer sans danger dans des endroits qui étoient à sec quelques heures auparavant , comme il arrive à Saint-Malo et à Grauville, il ne sera pas toujours facile de se procurer une échelle pro p'e à marquer la haute et-la basse mer. Dans ce cas, l'observateur établira deux portions d'échelle, l’une pour évaluer la haute mer, et Pautre pour la basse mer, et , par un niveliement exact. il déterminera combien le zéro de la première: échelle est élevé au dessus du zéro de la secondés Ce dernier parti a plusieurs avantages , et est même indispensable dans les localités où la mer laisse une grande plage à découvert. Autant qu'il dépendra d’eux , les observateurs feront en sorte que ces échelles soient fixes et per- manentes. En conséquence , ils les éiabliront sur des jetées , sur le reyétement des fortifications, et, G 4 YO4 Nouvelles littéraires: en cas de besoin, sur les rochers; ils auront soin qu’elles soient, autant qu’il sera possible, à labri, afin que la grande houpée de la mer, dans certains ças, ne nuise pas trop à la précision des observa- tions, et ne les rende pas trop incommodes,. Les observations faites en 1707 et 1702, par M. Baert, présentent un appareil commode , employé par ce professeur pour diminuer l’effet de ces oscil- lations nuisibles, lequel a été ensuite employé à Brest dans les dernieres observations que nous avons rapportées. Cet appareil consistoit en un tuyau carré, formé de quatre planches, ouvert par le bas, et fermé en haut par un couvercle percé d’un trou à son milieu. Ce tuyau étoit placé vertica- lement, fortement contenu , et entouré d’une gué- rite pour mettre l’observateur à couvert et lui donner le moyen d'observer commodément. Dans l’intérieur du tuyau étoit un flotteur ou espèce de piston fort léger, surmonté d’une longue tige, mince et légere, de bois ou d’un fil de métal, qui sortoit hors du tuyau, et marquoit par ses divisions la hauteur de la marée au dessus d’un terme fixe. On sent qu’on pourroit aussi surmonter le tuyau d’une planche verticale, blanchie et divisée convenable- ment, et faire marquer la hauteur de la marée sur cette planche par l’extrémité de la tige; on pourrait méme adapter un crayon à l’extrémité qui traceroit sur la planche lascension de Peau, et fourniroit le moyen d’avoir la hauteur de la marée dans l’ab- sence de l’observateur, Au reste , vos commissaires abandonnent tous ces détails à l'industrie des ob- Nouvelles littéraires. 105 servateurs ; la seule condition essentielle étant l’exac- titude, rien d’ailleurs n'étant difiicile. 11 seroit à desirer qu’on établit des échelles mé- triques de marée dans tous les ports; elles seroient d’ailleurs utiles à d’autres objets de service mari- time; mais comme on ne peut s'attendre que cela s'exécute partout où il seroit nécessaire, du moins aussi promptement qu'il est à desirer, vos commis- saires pensent qu’il est indispensable de faire ces établissemens dans les endroits principaux , comme à Brest, à Lorient, à Saint-Malo, à Cherbourg, au Hâvre, à Dunkerque et à Flessingue. Ils obser- vent de plus qu’il y a beaucoup d’endroits où les observations dont il s’agit peuvent se faire aisément et sans aucun frais : ce sont ceux où l’état entretient des gardiens de jetées, de feux, de signaux, etc., pour la sureté de la navigation , tels qu’au Boucaud, à Cordouan, aux tours de Chassiron et de la Ba- leine, au Pilier, dans divers points des côtes de Bretagne, à Granville, à Cherbourg, à Dieppe, etc. Ces gardiens peuvent aisément être stylés pour Faire le matériel des observations, par les profes- seurs de navigation dans les ports où il y en a d’é- tablis , et dans les autres endroits, par d’autres personnes qui s’en feront un devoir et un plaisir. 5.° Le moment de la haute mer est un point essentiel à déterminer : il faudra donc que les ob- servateurs s’assurent avec exactitude du temps vrai. Dans les lieux où, comme à Brest, il y a un ob- - servatoire, cela sera facile; mais dans les autres ports, on déterminera le temps vrai par des hau- 106 Nouvelles littéraires: teurs correspondantes, prises avee un octant, ot avec un sextant, ou avec un cercle de réflexion, au moyen d’un horizon artificiel ; et , à défaut d'horizon artificiel fait exprès , observateur pourra faire usage de la réllexion de l’eau, en garantis+ sant le vase de Paction du vent. Pour avoir plus exactement le moment de la haute mer , on observera , dans l’intervalle d’en- viron une demi - heure avant la haute mer , les heures auxquelles la mer répondra à différentes di- visions de l’échelle , et lorsqu'elle descendra on observera pareiilement à quelle heure elle arrivera aux mêmes divisions. Alors la moitié de l’intervalle de temps compris entre deux observations corres= pondantes , indiquera lPheure de la hauteur de la mer d’après ces deux observations. Faisant la même chose pour chaque paire d'observations correspon- dant s, par un milieu entre tous les résultats, on conclura l'heure de la haute mer avec toute la pré- cision qu’on peut desirer. 6. Le moment précis de la basse mer, c’est-à- dire, celui où elle cesse de descendre , est égale- ment. un objet essentiel. Pour le déterminer, on doit pareillement faire usage d’observations corres- pondantes. En conséquence , aux environs d’une demi-heure avant la basse mer, l’observateur notera l'heure à laquelle l’eau arrivera successivement à différentes divisions de l'échelle, et lors du retour du flot, il notera également J’heure à laquelle la mer parviendra aux mêmes divisions ; d’où il con= clura l’heure du plus grand abaissement de la mer, Nouvelles littéraires. 107 7. Dans les endroits où l’on n’aura aucune des commodités dont nous venons de parler, on pourra encore y faire des observations utiles. — Pour avoir le temps vrai, il suffira d’y tracer une méridienne pour y régler une montre ordinaire, — Les aloues, les flocons d’écume que la mer abandonne à chaque -maréesur les plages lorsqu’elle se retire, marquent avec précision l'endroit où elle a monté : il ne s’a- git que de déterminer Vinstant où elle est parve- nue à cette hauteur. Pour cela , dans l'intervalle d’une demi-heure avant la pleine mer, il suflra de planter quelques piquets à l'endroit de la plage où le flot aboutit , et d’en noter le temps; ensuite lorsque la mer descendra, on observera sur la mon- tre à quelle heure le flot arrivera successivement aux mêmes marques : ce qui fournira le moyen de conclure l'heure de la haute mer avec une assez grande: précision. On ‘emploiera le méme moyen pour déterminer le moment précis de la basse mer. Ces dernières observations ne fournissent pas im médiatement la hauteur absolue des marées; mais ayant marqué sur le rivage l’endroit où la mer s’est élevée, et celui où elle est descendue, il est facile de conclure son élévation totale par un nivellement, opération qu’on peut même remettre à une autre fois, lorsque les marques sont permanentes et distinctes, Si l’on observoit constamment dans le méme en- droit, on pourroit fixer à demeure de grosses pierres sur le rivage , et transporter une fois pour toutes leur différence de niveau sur un rocher voisin : on se formeroit ainsi, sur la déclivité même du rivages ” 108 Nouvelles littéraires, uve échelle très-exacte, dont les parties seroïent très grandes. C’est un fait d'observation que la pente des côtes sabloneuses battues de la mer est constante dans chaque localité, et que les variations d’une localité à l’autre sont même assez petites. S’il ne s’agissoit pas de profiter des édifices déja construits pour établir des échelles de marées, nous préfére rions des échelles qui suivroient la déclivité de Ja côte aux échelles verticales ; leur construction seroit bien moins dispendieuse et leur usage plus commode. Lorsqu’elles suivroient exactement la pente natu- relle de la côte, la mer y seroit très-douce, et les observations plus exactes et plus faciles. Quelques carreaux de pierre posés à demeure, et un nivel- Jement une fois fait seroient toute la dépense. 9° 11 seroit également important de multiplier les observations des marées dans différentes parties du globe, dans les colonies , dans plusieurs points des grandés îles, dans les archipels et les différens détroits qu’ils forment. On sait qu'il y a plusieurs régions du globe où l’on n’observe qu’un seul flux et un seul reflux dans vingt-quatre heures, au lieu de deux , qui est la loi générale. On sait encore qu’on a vu souvent, même sur nos côtes, la marée monter, puis suspendre son cours, et même des- cendre pendant quelque temps pour remonter en- suite, en reprertant sa marche ordinaire. Tous ces faits ne paroissent pas avoir été observés avec le soin nécessaire, et on doit desirer qu'ils le soient, Dans plusieurs endroits, les couräns de la mer ont une marche périodique qui est le résultat des posi- Nouvelles littéraires. 109 tions et des obstacles environnans : témoin ce qui arrive parmi cette multitude d’iles situées à l’ouest de PÉcosse, dans les archipels de l'Inde, etc. Pour porter un jugement certain sur {ous ces importans objets, il faut de bonnes observations, et de plus avoir une description exacte de la figure, de la situation et de l’étendue des côtes adjacentes, en- fin de toutes les circonstances locales. On doit desirer que ces observations , dont la navigation doit retirer les plus grands avantages, fassent partie des instructions que le ministre donne aux navigateurs, et aux divers employés du gouvernement dans les colonies qui tiennent particulièrement à la marine et aux sciences. 10. Vos commissaires pensent aussi qu’il seroit important de faire de bonnes observations des ma- rées dans la partie du cours des fleuves qui en res- sent l'effet, de déterminer avec précision l'étendue du flot, tant dans les syzygies que dans les qua- dratures, et sa vitesse, ainsi que celle du jusant, dans les différens états du fleuve. Des connoïssances exactes sur tous ces points seroient non -seulement utiles à la navigation et à la science des marées, mais encore fourniroient des lumières importantes pour la confection des travaux dont les ingénieurs sont chargés, tant pour la bonification des fleuves, que pour différens objets de service public. Ces instructions ont paru suflisantes à vos com- missaires, d'autant plus qu’il convient d’abandon- per les autres détails aux lumières et à la sagacité des personnes qui seront chargées de diriger ou de 110 Nouvelles littérarres. faire les observations, Ils pensent en conséquence que si ce plan obtient l'approbation de la classe, elle doit employer tous les moyens dont elle peut disposer pour en assurer l’exécution. Vos commissaires pensent aussi que le principal moyen d'exécution seroit : 1° D’adresser une copie du présent mémoire au ministre de la marine et des colonies, avec invi- tation de vouloir bien charger les professeurs de pavigation des ports, ainsi que les ingénieurs des travaux maritimes qui sont sous ses ordres, de di- riger et de faire les observations dont il s’agit ; pareillement de donner des ordres dans les ports, surtout à Brest, à Lorient , à Saint-Malo, à Cherbourg, au Hâvre, à Dunkerque et à Flessin- gue, pour qu'on dispose les objets nécessaires, et pour faciliter le travail des observateurs. 2.° D’adresser une pareille copie au ministre de l’intérieur , et de l’inviter à donner des ordres ana- logues aux ingénieurs qui sont immédiatement sous ses ordres, dans les villes et lieux environnans où de pareilles observations peuvent être faites. Au Louvre, le 26 floréal an 11. Signés, LaPLacE, Rocxon et P. LÉVÊQUE. Académie de Musique. Pour répondre au desir manifesté par un grand nombre d’Amateurs , et voulant propager le goût musical , une réunion d’Artistes des Théâtres de l'Opéra , de l’Opéra-Buffa , du Concert-Cléry , ete. Nouvelles littéraires: vit a formé une Académie de Musique, rue de Louis- le-Grand , n.° 2r, en face de la Chaussée-d’Antin. PROGRAMME. —— Il y aura trois séances par semaine ; elles auront lieu les mardi, jeudi et di- munche | depuis une heure jusqu’à quatre. La pre mière sera consacrée aux Amateurs; la seconde aux Dames ; et la troisième les réunira généralement. Elles ont commencé à dafer du 12 fructidor dernier. Dans chaque séance les Amateurs réunis aux Are tistes exécuteront deux Symphonies et plusieurs mor- ceaux de chant ou d’instrument que ces mêmes Amateurs desireraient y faire entendre. Personne n’ignore qu’il n’est point de Professeur, tel célèbre qu'il soit, qui puisse donner à son élève Vassurance nécessaire pour jouer avec succès dans une nombreuse assemblée, s’il n’a pas eu l’occasion de s’enhardir progressivement. On appréciera facilement l’avantage que les Amas teurs tireront de linstitution de cette Académie, en ce que chacun d’eux, en état d’y jouer le Solo, y trouvera toujours un bon orchestre pour lPaccom- pagner. Les Artistes sociétaires sont : MM. NavoiGiLe ainé, LAFOND , BARIERE , XAVIER, F. GEBAUER, B. PoueT, Levasseur, HARTMANN, BESOZ21, GiLLEs aimé, GiACOMELLI , LEMOINE, OTHON Van-nex_Brocx. Lu souscripuon est de 12 francs par mois. / 112 IVouvelles littéraires. Détails sur la navigation des deux corvettes de la République , le Géographe es le Na- turaliste. Les deux corvettes aux ordres du capitaine Baudin, le Géographe et le Naturaliste , appareillerent du port nord-ouest de l’Isle-de- France le 5 floréal an 9, et le 7 prairial elles eurent la première vue de la terre de la Nouvelle-Hollande, par 34° 36 de latitude et 111° 44’ de longitude. C’étoit la terre nommée de Leeuwin, qui forme lextrémité sud-ouest de la Nou- velle-Hollande, et que les cartes indiquoient comme peu connue. Les deux corvettes s’occuperent aussitôt d’en faire Ja reconnaissance , et elles Ja visitèrent depuis le 7jus- qu'au 25 prairial. Comme c’étoient les premières opé- rations géographiques faites à bord de ces bâtimens, il y a apparence qu’elles n’étoient pas fort exactes, et le capitaine Baudin n’a rien envoyé de ces opé- fations, ni des plans qu’il en avoit fait lever : il an- nonce qu’à son retour du port Jackson, il se pro+ pose de revenir à la terre de Leeuwin, et d’y refaire de nouveau tout le travail qui avoit été fait pour le plan de la Baie du Géographe qu’il a trouvée dans cette partie. Parmi les plans apportés par la corvette Ze Natu- raliste , il s’en trouve un de cette même côte de la terre de Leeuwin, faite à bord du Naturaliste par lé C. Faure; on y voit la côte qui s'étend du sud au ed Nowvelles litiéraires, 113 au nord depuis 34° 23’ jusqu’à 32° 13’; mais figurée assez grossierement et sans détails. À la suite de ces opérations , les deux corvettes se trouverent séparéés et ne se réjoignirent qu’à l’île de Timor; mais toutes les deux parcoururent la côte dé la terre d’Endracht, qui est au nord delaterre de Leeuwin. Le C. Baudin entra dans la baie des Chiens- Marins le 8 messidor, et y resta jusqu’au 24. L’astronome Bernier y fit des observations qui en fixèrent la longitude pour la pointe nord de l’Jsle-Stérile , à 109° 13’ 46". La route du Géographe dans cette baïe, et sur la côte qui est au nord , se trouve tracée surwla carte dressée par le C. Boullanger , l’un des ingé- nieus dé l'expédition. Cette carte n’est qu’une copié d’une carte hollandaise qui avoit été remise aw C. Baudin avant son départ , et que le C. Boullanger a seulement assujettie aux résultats des observations de l’ästronome. Le C: Baudin observe; dans son mémoire, que son premier travail, à l’ézard de cètte côte, et de celle de Wittet de Leeuwin, a été peu satisfaisant , et qu'il se propose de le recommencer à son retour du port Jackson. En conséquence il n’envoie aucun des plans de sa navigation de an 9 le long de ces côtes. On trouve seulement parmi les cartes que ce naturaliste a apportées, un petit plan d’une partie de la côte de la Nouvelle-Hollande où ‘e Géographe a aborde, et que lon croit étre à la côte de Wit ou du nord-ouest. Ce plan fait par l'officier du génie maritime Rousard, n’est qu’une esquisse faite à vue, et ZLome 111, H 114 Nouvelles littéraires: il peut donner une idée des Fr es reconnaissanees’ qui ont été faites à bord du Géographe , et ne sont: querdes fragmens de côtes, comme l'annonce le capitaine Baudin. {l dit avoir donné au ministre de Ja marine ; dans une lettre qu'il lui adressa de Timor, : en date du14 vendémiaire an 10, quelques détails de sa navigation sur Îles côtes occidentales de la Nouvelle-Hollande ; depuis la terre de FEeeuwin, et. de. lui avoir témoigné dès - lors qu’il n’en‘était nullement satisfait. Il était arrivé à Timor , et entré dans la baie de Coupang, le 4 fructidor an 9. La corvette Le Naturaliste , se voyant séparée du Géographe ;:à la côte de Leenwin, se rendit à l'ile Rottenest , qui lui avoit été indiquée pour’premier rendez-vous en cas de séparation. Elle fit la recon-: naissance de cette ile, ainsi que d’une autre ile qui en est voisire, et qui n'était point marquée sur les . cartes : elle la nomma lZsle-aux-Ours. Elle fit visiter: en même temps la riviere Swan ou aux Cygnes, qui se trouve à la côte de la Nouvelle-Hollande, vis-à-vis de l’île de Rottenest : des bateaux furentenvoyés remonter cette rivière, autant qu’il seroit possible de le faire sans danger , et il en a été levé un plan qui se trouve inséré dans le-journal du C. Hamelin, commandant la corvette Le Naturaliste. | La même corvette a suivi la côte occidentale de la Nouvelle-Hollande depuis 32° de latitude sud, qui est celle de Pile Rottenest, jusqu’à la baie des Chiens Marins ou de Dirck-Hartoge, et il a été fait à bord de ce bâtiment, une carte de cette côte en cinq grandes feuilles, Cette carte n’est encore qu'une Nouvelles litiératires. 115 esquissé faite à vue, et peut servir seulement à in- diquer la direction générale de la route, On n’y voit aucun des détails que présente la carte hollaudoise de la même côte, Le même bâtiment (le N'turaliste) ayant séjourné quelque temps dans la baie des Chiens Maïins pour y ‘attendre /e Géographe, s’occupa à reconnaitre plus particulierement cette baie, et ilenest résulté un plan qui paroit très - différent de ce que l’on connaissoit jusqu'alors. Ce plan mérite d’être pris en considération ; il peut être tres-utile aux naivisa- teurs qui relâcheront par la suite dans cette baie; ils y trouveront , dans $es differens golfes , des res- sources dont on w’avoit point d'idées. De la baie des Chitus-Marins, le Naruruliste s'est rendu directement à l’ile de Timor, sans suivre ! côte d’Endracht ni celle de Witt. Il est arrivé dans la baie de Coupang , le 3:° jour complemeitaire de l'an 9, ayant quitté la baie des Chiens-Marins le 16 fructidor. Le capitaine Baudin a joint, aux cartes qu'il a envoyées, des copies de quelques cartes hol- landaises des iles de FArchipel des Inde:, qu'il a fait faire pendant son séjour à Timor. Les deux eorveites réuniesquitterent Timor le 22 brumaire ar 10, et se rendirent au canal de d’'Entre- casteaux, à la côte sund-est:de Ja terre de Diemen, où eles arrivèrent le 23 nivose. Elles ont examiné ce can: avec le plus sraind soin dans toutes ses parties, et le C: Baudin annonce qu'on n’ÿ a rien trouvé à rectifier. Il est difficie, dit - il, de voir uu travail plus exact et aussi bien fait que celui des Ha 116 Nouvelles littéraires: - géographes qui nous ont fait connoître ces lieux de relâche, et nous serons bien contens si jamais nous entendons les navigateurs qui nous succéderont , en dire autant de celui que nous avons fait des côtes où personne avant nous ma encore abordé. Le C. Baudin observe seulement que la terre à laquelle on donne le nom d’{/e Tasman , sur la carte du canal de d’Entrecasteaux , n’est point uneïile , et qu’elle se joint à la terre de Diemen par un isthme d’environ 80 ou 100 pas de largeur : il est à remar- quer que les chaloupes de d'Entrecasteaux ne se sont pas avancées dans cette partie du canal aussi loin que celles du C. Baudin, et l'observation qu'il fait sur la terre de Tasman est exacte. Il observe aussi que la baie de Frédériek- Hendrick n'est point à la place où elle est indiquée sur la carte de d’En- trecasteaux ; et il fait une longue dissertation à cé sujet; d’Entrecasteaux n’a point été dans cette partie, et c'est d’après les anciennes cartes, qué l’on a indiqué cette baie de Frédérick-Hendrick. Après avoir reconnu l’exactitude du plan du canal de d’Entrecasteaux, le C; Baudin n’a pas cru devoir en faire un nouveau , n’ayant rien à y ajouter : il s’est borné à en dresser un de la baie de Frédériek- Henérick, qu’il a visitée dans toutes ses parties. Sur la carte de la terre de Diemen, qui avoit été dressée en 1798 et 1799, par le capitaine Flinders, et que lon avoit fait graver au dépôt pour en pro- eurer un nombre suffisant d'exemplaires au C:Baudin ; da côte orientale de Ja térre de Diemen étoit tracée d’une maniére vague , et telle qu’on représente les ”_ Nouvelles littérarres. 117 Herres peu connues, et le capitaine Baudin étoit chargé d’en faire une reconnaissance suivie et exacte, Il s'occupa en effet de cette opération à sa sortie de la baie de Frédérick-Heudrick. 11 y a dans le nombre des cartes qu'il a envoyées, un plan de Pile Maria, dont on a suivi et relevé exactement la côte ; un plan de la côte de Diemen , qui est entre les îles Maria et Schouten, et une carte des îles Schouten et de la côte adjacente. On voit par cette dernière carte qu’il ny a qu’une île Schouten, au lieu de cinq que marquait la carte de Flinders ; les autres forment une longue presqu’ile qui est jointe à la terre de D emen par un isthme. On trouve encore une carte du reste de la côte orientale de la terre de Diemen, qui comprend depuis le cap Pelé, situé par 42° 8’ de latitude jusqu’à Vile Swan qui est par 40° 42". Cette carte est le résultat de la route qu’a suivie le C. Boullanger, qui avoit été envoyé à terre pour faire une recon- paissance, et qui n’a pu revenir à bord. Après avoir attendu en vain pendant quelques jours qu’on vint le chercher, il se détermina à suivre la côte qu'il supposoit que les corvettes devoient suivre , et il arriva heureusement à l’ile Swan et au détroit de Banks. Il y trouva d’abord un navire anglais qui lui promit de le conduire au port Jackson, et quelques jours apres la corvette Ze Naturaliste qui le prit àson bord. Les deux corvettes avoient élé séparées depuis quelques temps , et s’occupoient à se chercher l’une H 3 118 Nouvelles littérarres: et l’autre. Toutes les deux se rendirent à la côte-nord de la terre de Dicimen, mais sans se reicontrer. Elles vistterent la riviere Dalrymple qui est au milieu de cette cote, ef üne autre rivière nommée Réière du Nord; toutes les deux se portèrent aussi sur la côte de la Nouvelle-H J'ande, qui forme la cote-nord du détroit de Basse. La corvette/e Nuturu/i te s’occupa à reconnoitre la côte qui va du cap Wilson au port Western ; elle fut aussi visiter ce port, et on dressa des plans de l’une et de l’autre. Après cette opéra- tion, elle se rendit au port Jackson, espérant y trouver la corvette le Géogruphe. De son côté, le C. Baudin, après avoir visité diverses parties du détroit de Basse, dans l'espoir de rencontrer /e Naturaliste , se décida à aller re= connaitre la côte du sud de la Nouvelle - Hollande qui étoit entièrement inconnue, {l visita d’abord le cap Wilson, d’où il prt son point de départ, et s’avança vers l’ouest, en suivant la côte jasqu’à la distance de 15° de longitude. Vers Je miieu de sa course , il rencontra le capitaine anglais Flinders, qui étoit parti d'Angleterre huit mois apres lui, et qui etoit chargé de faire les mêmes recherches que le C. Baudin sur toutes les parties de la Nouvelle: Hollande. Il avoit suivi la côte sud depuis la terre de Leeuwin jusju’an point où le trouva Baudin; et il avoit découve t, deux jours avant leur rencontre, uve grande et beile ile, qu’il avoit nommée l’//e des Kangouroux, Cette 1le est située par 35° 50! de Ltitude sud, et 135° 40' de longitude , et elle paroit Nouvelles litféraires. ‘119 avoir environ 30, lieuesde l’est à l’ouest: Le capitaine Flinders avoit passé par le canal qui la sépare. de la terre, et m’avoit rien vu de sa partie du sud, . ‘Le capitaine Baudin, continuant sa route, trouva cette île telle que le capitaine. Flinders la lui avoit dépeinte; il passa, comme lui, au nord, et.ne vit point la côte sud; mais il trouva dans le nord deux golfes qui s’avançoient très loin dans les terres, et il y entra pour en reconnoître toute l’étendue : il ne put bien en voir qu’un côté, parce que l’autre étoit rempli de banes et de bas-fonds qui ne permirent pas à son bâtiment d’approcher de la terre. Sorti de ces golfes, il continua sa ronte vers l’ouest, jusqu'aux iles Saint - Pierre et Saint-François, qui étoient à-peu-près le terme des recherches de d’'Entre- casteaux sur cette côte; delà il fit route au sud et à l’est pour gagner le port Jackson, où il trouva le Naturaliste. .1 Cette découverte du capitaine Baudin est très- intéressante , en ce qu’elle complette la reconnais- sance de la côte sud de la Nouvelle-Hollande, qui est due toute entiere à la France, On ne peut pas encore juger du degré d’exactitude avec laquelle elle a été faite , parce que le C. Baudin n’a envoyé q une partie de la carte qu’il en a dressée, et que cette carte elle-même n’est qu’une premiere esquisse. Il y a joint une carte qui marque seulement sa route ; avec les sondes je long de toute cette côte, et il promet d'envoyer l’autre paitie de la côte par la première occasion qu’il trouvera. Le capitaine Baudin a joint à ses cartes douze Ha 320 Nouvelles littéraires. planches de vues bien dessinées , et par lesquelles il a tâché d’exprimer la nature du pays. Elles n’ont rapport qu’à la terre de Leeuwin; maisilen promet de semblables pour toutes les parties de la Nouvelle- Hollande qu'il aura vues. IL se propose , à son départ du port Jackson, de reconnoître 1.° l’£/e King , nouvellement découverte dans le détroit de Basse, et située au nord-ouest des îles Hunten; 2.° La grande {/e des Rangouroux , dont la partie sud est inconnue ; 3.° Les deux grands golfes situés au nord de l'ile des Kangouroux, et qu’il pourra visiter partout au moyen du Kasuarina , petit bâtiment qw’il s’est pro- curé au port Jackson , et qui tire peu d’eau ; 4° La partie nord des îles Saint-Pierre et Saint- Francois, et où se joignent les découvertes qu’il a faites avec celles de d’Entrecasteaux ; 5. La terre de Leeuwin et celle d’Endracht, qu’il a déja vue, mais d’une manière peu satisfaisante ; 6° La terre de Witt, où il sait qu’il éprouvera de grandes d'ficultés, mais où il espère aussi trouver des choses intéressantes ; 7 Enfin, le golfe de Carpentarie, qui sera le terme de ses recherches. | Ils appareillèrent de port Jackson le 27 brumaire am 11 ( vingt-cinq mois apiès leur départ de France ) ; ils mouillerent le 15 frimaire à la baie des Éléphans- Marins, partie orientale de l'ile King, par 39° 51! de latitude, et 141° 34! de longitude. Le C. Hamelin , deux jours après, ayant recuses 1 Nouvelles littéraires. 121 derniers ordres, se sépara du Géographe et du Ka- suarina , pour se rendre en France. Comme ils étoient sur le point d’appareiller, une goëlette anglaise mouilla pres d’eux : elle étoit chargée de visiter le port Philips ( côte sud-ouest ) de la baie de Frédérick-Hendrick, terre de Diemen, et la Rivière du Nord, méme terre , très-pres du canal de d’Entrecasteaux ; de lever des plans de ces trois différens endroits, et d’attendre dans le dernier l'arrivée de la corvette /a Purpoise , qui devoit être expédiee pour y porter les troupes nécessaires pour y former un étab'isiement. Ils apprirent aussi par elle que le brick Lady-Nelson , qui étoit parti de Jackson avec l’Investigutor, y étoit rentré, après avoir éprouvé la perte de toutes ses ancres et avoir été obligé d’en faire une en bois. Il s’étoit séparé du capitaine Flinders le 2 octobre 1802 ( 10 vendé- miaire an 11 ), par 20° de latitude sud près de la côte. Celui-ci avoit aussi fait la perte de trois ancres et avoit touché plusieurs fois, ainsi que l’avoit fait Lady-Nelson, à qui ses échouages avoient causé la rupture de ses quilles à coulisse. Le capitaine Flin- ders avoit continué sa route pour le golfe de Car- pentarie. 23 Nouvelles littéraires. : THÉ À T:R-ErsS. THÉATRE FEFDEAU. Aline, reine de Golconde. Tour le monde connoît le charmant conte de Boufllers qui porte ce titre. Déja Seduine en avoit fait un opéra joué en 1766, mais sans un grand succes. MM. Favières et Vial ont été ou plus heu- reux ou plus adroits. La musique de M. /e Berton est parfaitement analogue au poëme, elle est pleine de charmes et d'harmonie ; on ne peut mieux en faire l'éloge qu’en disant qu’elle n’a pas donné lieu de regretter celle de Mons:gny , qui avoit fait celle du poëme de Sedaine, et qui étoit un des plus aimables compositeurs de ce temps. Aline , simple bergère provencale, est devenue reine de Goiconde : par un hasard aussi singulier, Saint-Phar, qui avoit aimé Aline , et avoit été obligé de la quitter, est nommé ambassadeur vers la reine de Goléonde. La reine apprenant l’arrivée d’un ambassadeur francois, le reçoit couverte de: son voile , reconnoit son amant ,et jouit de sa pré- sence sans en être reconnue. Elle veut l’éprouver et lui causer une surprise agréab'e. Elle prend ses habits de bergèie, se rend dans son pare où elle a fait arranger un lieu semblable à celui où elle a vu Saint-Phar pour la premiere fois, et où, depuis trois aus, elle nourrit son amour de souve- Nouvelles littérarres. 129 pirs : Saint Phar endormi est transporté dans ce lieu, où des paysans vêtus à la Françoise forment des chants et des danses. Saint- Ph:r croit rêver. Un air provencil frappe son oreille, Aline paroit, il la reconnoit, il ne sait que peser de ce bonheur inattendu, Un breuvage soporifique le plonge en- core dans le ‘ommeil et termine une scène qu’il trou- voit charmante. Lorsqu il se réveille il se retrouve dans le palais de la reine, à laquelle une révolte fait courir le plus grand danger. Un ministre am- bitieux qui veut monter au trône et en chasser Aline, s’est rendu maitre de la ville Saint - Phar le brave et est fait prisonnier, mais la liberté lui est rendue,, et il en fait usage pour rendre la cou- ronne à Aline après avoir vaincn le rebelle, La reine toujours couverte de son voile, offie sa main à son libérateur qui la refuse pour étre fidele à sa bergère; alors Aline se fait reconnoitre et pro- clame Saint-Phar son époux. Les jolis détaiis de cet opéra, joué le 16 fructidor an X1. lui ont valu un brillant succès. Le second acte surtout est déicieux. Gasaudan a parfaitement joué le role de Suini-Phur, et madame Saint-Aubin a été, daus le rôle d’A/ine , conme dans tous les autres, toujours naturelle et charmante. AU EE ATRESLOU-F'OFS La Mode ancienne et la Mode nouvelle. M. Nanteuil a mis en scène la caricature des deux Mères ; cette pièce ayant réussi, il a cru 124 Nouvelles littéraires. pouvoir risquer /a Mode ancienne et la Mode nou- velle, dont le sujet paroît lui avoir été inspiré par la caricature qui porte ce titre. Son ouvrage, joué le 9 fructidor an XI, n’est qu’une bluette fort courte, dans laquelle on trouve quelques scènes assez gaies auxquelles la circons- tance donne du sel. Un provincial et un fat veulent épouser deux sœurs , dont l’une conserve le costume ‘antique, et l’autre suit exactement les modes, Un quiproquo les fait offrir leurs vœux ‘tout diffé- remment de leur intention. Le fat s’est adressé à Ja demoiselle qui porte des vertugadins et des paniers ; le provincial, à la coquette. Un échange termine la pièce et satisfait tout le monde , excepté le public. Plusieurs scenes sont écrites avec facilité. L’au- teur pourroit cependant soigner un peu plus son style. THÉATRE DU VAUDEVILLE. L Aveugle supposé. On a mis en scène bien des aveugles. Le plus célebre est l’Aveugle cluirvoyant , de Legrand, qui se voit toujours avec plaisir au théâtre françois. Celui du Vaudeville , joué le 21 fructidor an x1, ne vivra pas si longtemps. Intrigue usée , détails con- nus , quelques couplets agréables , voilà en trois mots la pièce qui n’a eu qu’un demi-succès. Un jeune homme aime la fille d’un oculiste, et le voilà aveugle par amour. L’oculiste est le véritable aveugle, Nouvelles littéraires. 125 puisqu'il ne voit pas que le jeune homme a de très-bons yeux , et que son oncle prétendu n’est qu'un valet déguisé. Un père qui arrive de fort loin vient donner son consentement : la piece finit, on demande l’auteur; mais il a gardé l’anonyme. La pièce a été fort bien jouée par Zxrpré , Cha- pelle, Henri, Lenoble ; et mademoiselle Desmares, ) LIVRBSDIVERS(} MINÉRALOGIE. JOURNAL des Mines , ou Recueil de mémoires sur Pexploitation des mines et sur les sciences et les ; arts qui s’y rapportent. Pur les CC. Haür , VAU- QUELIN, BAILLET, BROCHANT , J'REMERF et Cozzer-DEscoTizs. Publié par le Conseil des mines de la République. Mois de thermidor an xr. N.° 83. On s’abonne, à Paris, chez Croullebois , libraire , rue des Mathurins, n.° 398 , et dans les départemeos, chez les principaux libraires. Paris, de l’imprimerie de Bossange , Musson et Besson, rue de Tournon, n.° 1135. Les articles contenus dans ce Numéro, sont: — La + Relation d’un voyage fait au sommet du Mont-Perdu ; par L. Ramond, membre de l’Institut. — Suite du (1) Les articles marqués d’une * sont ceux dont nous donnerons un Extrait. ‘’ 124 Livres divérs. Mémoire sur les machines à pilons; par le C. Lefroy ; ingénieur des mines. — Recherches sur la nature d’une substance métallique vendue depuis peu à Lon- dres , comme un nouveau métal , sous le nom de Palladium; par Richard Chennevie:extrait des Trans actions philosophiques , traduit par Je C. T'onnelier. MÉDECINE. DrsPuTATIO Chemico-Medica , de causis imminutæ in Rep. Batava mo bi calculost frequentiæ, quum annuenle summMmOo numine orilute . rectoris magnifici EDUARDI Sa NB EE pro gradu doc= toratus publico et solenni exumint sibmitt.t Gu A4L- TERUS REINOUD SCHULTENS. Lugduni Bata- « o . vorum. 1802. În-4.° de 70 pag. Le but de cette dissertation ‘est extrémement im- portant : l’auteur y traite des causes de la dinanution du nombre des calculeux dans ia Batavie. I] trace d’abord une histoire de la oladie duccaledl done sa, patrie : il fait voir que ceîte cruelle maladie n°y étoit pas autrefois si commune qu'elle Ja été de- puis ; dans le 17." siècle, elle devint plus fré- quente; depuis ce temps, le nombie des calcu- Jeux a diminué gradüellement , ainsi que le prou- vent les tables RAR AS à M. Schuteus par Je savant botaniste M. Pro/ick. Voici, d’après ces tables , le nombre des opérations faites à Amstérdam. de: 1701. 1à 1720... 44 #u220e — 1726 — 1750......,.:.199. HA TOT + 17954 sé ve slajess Ode : — 1756 — 1800.,....... 39. Ï! seroit intéressant de trouver la canse de cette di- minution ; elle conduiroit peut-être à trouver aussi um Livres divers. 127 remède contre le calcul, ou des moyens de s’en prés server. M. Scaultens donne une analyse chymique des calculs qu’il a observés, et de l'urine d’hommes qui s'étoient nourris de divers alimens: il a remarqué que les : iférentes espèces de bière produisent une grande quantité d’acide phosphorique à ceux qui n’y étoient pas accoutumés ; tandis qu’un usage modéré, mais häbituel, des mêmes liqueurs, produit moins d'acide phosphorique et plus d'acide urique : il re- garde le vin comme la cause de la formation de la maliere glutineuse qui réunit l’acide urique et pro- duit le caleul. Les matières animales lui paroïissent aussi tres-propres à Ja formation: de l’acide urique; tandis qu’au contraire là nourriture végétale favorise Ja formation de l’acide phosphorique , qui est tou- jours libré et séparé, et nuit à celle de l’acide uiique qui produit le calcul. [i résulte de ces obser- vations, que les calculeux, où ceux menacés de le devenir , doivent boire de l’eau, et se nourrir de substances végétales. A: L. M. JourNAL de Médecine, Chirurgie et Pharmacie ; par les CC. CORrISART, LEROUX et BOrER, professeurs à l'Ecole de Médecine de Paris. T, VI, mois de fructidor an Xf. À Paris, chez Migneret , imprimeur, rue du Sépulcre, n.° 28. Les principaux articles contenus dans ce volume, sont : Observations sur une lésion du cœur par rup- ture d’une des colonnes charnues du ventricule œau- Che ; par F. R. Verat , docteur en médecine, — Obser- vations sur l’emploi des réfrigérans dans deux cas de perte de sang, occasionnés par l’igertie de la matrice apres la délivrance ; par le C, Serrière, docteur en médecine de l'Ecole de Paris. — Note sur l’opération 128 Livres divers. de Ja sÿymphyse; par M. Giraud , docteur en chii rurgie, — Topographie médicale de la ville de Lan= gres et de ses environs; par le C. Robert | médecin des hospices de Langres. — Observations météoro- logiques faites à Montmorency , dans le moïs de messidor; par L. Coste. — Constitutions niétéoro= logiques et médicales observées à Lille dans le mois de messidor an 113 par Dourlen. — Nouvelles litté: raires , concernant la Médecine, la Chirurgie , læ& Chymie, la Matiére médicale , les Sucietés savantes ; et la Bibliographie médicale. JuRISPRUDENCE. ANNALES de Législation et de Jurisprudence ; publiées par l'Université. Tom. HI. Ce troisieme volume des Annales de l’Université de jurisprudence ne le cède aux deux premiers, ni pour Pintérêt, ni pour la diversité des matieres ; et chacune des quatre grandes divisions que les éditeurs ont adoptées, se remplit successivement de mor- ceaux détachés et souvent incomplets, mais qui, à Ja fin de l’année, dois ent former des ouvrages pai faits four la législation et la jurisprudence. Sous le titre de Principes de législation , on re- marque, entre plusieurs articles très-savans, un mémoire. excellent de M. Peuchet, sur /à Liberté des neutres et le droit des puissances belligérantes 3 et une suite du Cours de législation criminelle de M. Bexon , intitulée : Origine et anulyse des lois criminelles. La partie positive de la A A es prés ente plusieurs extraits ralsonnés de Causes tres 'portantes décidées, par les tribunaux, et notament de Vale faire Livres divers. | 129 faire du dictionnaire de l'académie , entre Bossange et Moutardier. On ne verra pas noùû plus sans intérét les travaux de l'Ecole théorique et pratique de l'université , et ses jeunes élèves continuant de se livrer à des discussions dont le moindre mérite consiste dans des connois- sances acquises et des méditations qui fetoient hon- meur aux magistrats et aux Jurisconsultes Jes plus exercés. _ On s’abonne à l’Université , rue de Vendôme, et chez tous les libraires de Paris et des départemens. Le prix de l’abonnement est de 72 fr. pour un an; 36 fr. pour six mois, et 18 fr. pour trois mois. ART VÉTÉRINAIRE, COMPTE rendu à l’Institut national , des amélio= rations qui se font dans l'établissement rural de Rumbouillet , et principalement de celle des bêtes à laine, et de lu vente qui a eu lieu le 15 prairial an XI. Par J. B. HUZARD ; imprimé par ordre de l'Institut. Paris , chez Baudouin , et se trouve chez madame Huzara, imprimeur=libraire, rue de l’Eperon-Saint-André-des-Arts, n° 1x. in-4.° de 48 pages; prix 1 fr. 20 cent., et franc de port, x fr. bo cent. HISTOIRE. LE Guide de l'Histoire , à l'usage de la Jeunesse; … et des personnes qui veulent la lire avec fruit ow Pécrire avec succès : recueil élémentaire | conte- & nan! 1° Les Traités les plus courts et les meilleurs " sur l’Étude et l'Utilité de l'Histoire, sur la Chro- nologie , sur les Devoirs et les Qualités de l'His= Tome III, LI 130 Livres divers. torien, et sur le mérite des principaux Mistorie- graphes ; 2°, Le Tableau de l'Histoire Universelle Ancienne et Moderne, jusqu’à la Paix d'Amiens, en 1802 , et l’uvénement de Bonaparte au Consulag à vie ; une Bibliothèque choisie des meilleurs Livres de Géographie, de Chronologie , d'Histoire et de Droit Public , composés ou traduits en fran- gais; commencé par M. D....., Avocat, auteur de l'Histoire des Naufrages , continué et mis aw jour par J. Fr. NÉE de la Rochelle, ci-devans libraire à Paris. Aut scripta legere, aut scribere legendæ D'Aguesseau , Instr. 3. 3 vol. in-8.° Prix 15 fr. franc de port. A Paris chez Bidau/t, libraire , rue Serpente , n.° 14, An XI.,— 1903. Cet ouvrage mérite d'être distingué par le nombre ét le choix des morceaux qui le composent ; il peut être un excellent guide pour la jeunes-e et pour ‘ceux qui se destinent à son instruction, Le premier volume est entierement composé de morceaux sur # AI Fhistoire, son utilité, sur la manière de létudier et de l’enseigner. Voici les titres de ces, divers traités. Des seules Histoires dignes d'occuper les hom- mes; par M. COURT DE GÉBELIN, tiré de son Introduction à l’Hisioire des hommes. — Du Septi-: ‘cisme. raisonné de lHistoire ; par le même, tiré du même Ouvrage. — Du petit nombre de Monu-… mens authentiques; par le même, tiré du même Ouvrage. — Dissertation sur les Monumens qui ont suppléé au défaut de l'écriture ; par l'abbé An- f Livres divers. 131 SELME , tirée des Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, — Dissertation sur les Monumens qui ont servi de Memoires aux pre- miers historiens ; par le même.—La Vérité est lame et le fondement de l'Histoire ; par le Père GRIFFET, tiré de son Traité des différentes Preuves qui ser- vent à établir la vérité de l'Histoire. — Discours sur lPutilité de l'Histoire ; par M. DE TRESSÉOL, — Réflexions sur l’étude de Histoire et sur les de- voirs de l’Historien;“par MICHEL LE VASsOR, ti- rées de la Préface de son Histoire de Louis x111. — Des Historiens; par M. CourT DE GÉBSELIN, tiré de son Introduction à l’Histoire des hommes. — Traité sur la manière d’écrire lHistoire; par Lucien , traduit par PERROT D'ABLANCOURT. — De lPHistoire ; par VOLTAIRE, et autres mor ceaux relatifs, tirés de ses Questions sur l'Ency- clopédie.— Discours à Madame de *** , sur l’'His- toire , servant de Préface à l'Histoire des premiers siècles de Rome; par M. PALISs0T. — De la ma- nière de lire et d’enseigner l'Histoire ; par l’abbé DE SAINT-RÉAL, tiré de l’usage de l'Histoire ; par le même auteur. — De lPétude de l'Histoire; par M. DE TRESSAN, tiré du chapitre v des Réflexions sommaires sur l'Esprit, tome 12 de ses Œuvres. — Réflexions sur l'Histoire, sur la manière la plus utile de l'écrire et sur quelques Historiens; par le Président HÉNAULT , tirées d’un Ouvrage inédit trouvé dans ses mavuscrits. — Principes sur la ma- nière d’écrire l'Histoire ; par l'abbé ne MaABLY. — "Nouvelle méthode de traiter l’Histoire à la mo- derne ; traduite de l’anglo's et tirée du Conserva- Meur , année 1787. — Essai sur la Chronologie, tiré du livre intitulé /e Monde, son origine et son antiquité, I 2 132 Livres divers. Le second volume est consacré à la Chronologie il contient les dissertations suivantes : Notions préliminaires à l’étude de la Chronos logie et de l’Histoire; par M. Buy DE Mornas, tirées de son Introduction à l’Atlas elémentaire de Géographie et d'Histoire. — Tableau de l'Histoire universelle avant la venue de J. C. ; par l’abbé LENGLET-DUFRESNOY , tiré en partie de sa mé- thode pour étudier PHistoire, et du Diicours sur l'Histoire universelle de BossuëT. — Migrations des Peuples du Nord; Décadence de l'Empire ro- main,et Formation des nouvelles Monarchies; par LenGLeT - DUFRESNOY — Tableau de lHistoire universelle, depuis la venue de J. C., jusqu’à la mort de Louis XV, tiré du Précis de l'Histoire universelle, par M l’abbé BÉRARDIER DE BATAUT. — Supplément au Tableau de l’Histoire universelle moderne , depuis le règne de Louis XVI, jusqu’à l’'avénement de Bonaparte au Consulat à vie. Le troisieme volume renferme les Mémoires sui- vans sur les jugemens qu’on doit porter des prin- cipaux historiens qui ont écrit en langues grec- que et latine jusqu'au septieme siecle ; par LA MoTue LE-VAYER ; tiré de la Collection de ses Œuvies. — Jugemens sur quelques Historiens an- ciens et modernes; par l’abbé De MABLY ; extraits de la manière d’écrire l'Histoire, avec des notes par l'Editeur. — Réflexions sur les Historiens fran- çais et sur les qualités nécessaires pour composer l'Histoire ; par M. D'ARGENSON , avec les Juge- mens du président HÉNAULT , extraits de son Mé- moire sur les Abrégés chronolopiques.—Bibliothéque choisies des meilleurs livres d'Histoire, de Géo- graphie, de Chronologie, de Politique et de Droit public , écrits en français ou traduits dans cette de la vie d'Hercule, tels que ses donze travaux ; Livres divers. 133 langue ; par JEAN-FRancçois Née de la Rochelle. Cette Bibliothéque choisie a été rédigée par M N£e de la Rochelle, ancien libraire, qui s’est distingué dans sa profession par ses connoissances et par sa probité. Cet ample catalogue ne contient pas encore tous les beaux livres sur l'Histoire; d’ailleurs il s’est borné aux seuls ouvrages écrits en français ; c’est toujours un catalogue fort utile, principalement pour ce x qui n’ont point étudié les langues anciennes et les langues étransères. As L.-M. AWR:CIH'Æ 0 E.0 CE T.E. FRAGMENT einer Archæologischen Abhandlurge über Heicules | w mit zu der Prufung in der K.osterbergischen Schu'e am 24 und 25 September eiraldet Doctor dOHA4NN GURLITT. Magdebourg, 1801. In-4° de 26 pag. M. Gurliit, dans cette dissertation archæolozique, donne une indication des monumens qui on: rap- port à la fable d’'Hercuie. D'abord , il traite des statues dans ses différens âges; puis indique les monumens qui représentent les divers événemens 5 ceux qui le font voir au service de la belle Om- phale, enchainant Cerbère , entre le vice et la vertu, etc. M. Gurhri cite ensuite les monumens qui représentent le repos d’Hercule ; nous sommes. étonné qu'il ait négligé une classe importante de monumens , Ceux qui Ont rapport à à la moit de ce Dieu , à son hymen avec Hébé, et à son apothéose, Il s'en fant de beaucoup que le rte ue de M. Gur- lue soit complet ; il peut toujours donner de très- Fa 134 Livres divers. bonnes indications aux artistes , et leur épargner de longues recherches. A, L. M. GRAMMAIRE. DrazoGuEs François et Allemands, à l'usage des deux nations , suivis de modèles de style historique et épistolatre pour servir d’exercices dans les deux langues ; 3.* édition , corrigée et considérablement augmentée, Paris et Strasbourg , chez Koenig. 1803. in-8.° Prix, 2fr.25 c. La conversation est sans doute la manière la plus sûre et la plus facile d’apprendre uve langue vivante. En faveur de ceux qui ne peuvent pas profiter de ce moyen, M. Koenig a publié ces Dialogues fami- liers, qui seront extrêmement utiles aux François qui veulent se mettre en état de parler la langue allemande , et aux Allemands qui veulent apprendre à parler françois. L’utilité de ce petit ouvrage n’a pas tardé d’êtie reconnue. I] a été introduit comme livre élementaire (ce que beaucoup de personnes appellent mal-à-propos c/assique ) dans beaucoup de pensions et de colléges , en France et en Allemagne; de soite que deux éditions en ont été épuisées en peu de temps. Cette troisième édition a été revue avec soin, et augmentée de plusieurs dialogues et modeles de style historique et épistolaire pour servir d'exercices dans les deux langues, et tout ce qui a paru superflu en a été retranché. W.... LITTÉRATURE. FONTENELLE , COLARDEAU et DORAT , ou Eloges de ces trois écrivains célèbres , ouvrage renfermant “plusieurs anecdotés non connues , ét pouant étre Livres divers. 135 utile aux personnes qui étudient la littérature fran- gaise ; précédé d’une Lettre que le célèbre ét infor- tuné Bailly a écrite à l’auteur, au sujet de l'éloge de Fontenelle , et suivi d’une vie d’ Antoine Rivarols par C, PALMÉZEAUX. À Paris, chez Cerioux , libraire , quai Voltaire ; de l'imprimerie militaire, rue des Saints-Peres, n.° 6r et 65. An x1. 1803. In-8. de 380 pag. Pzrir Carême de MASSILLON , évêque de Clermonts 1 vol. in-18. Suite des éditions steréotypes d’après le procédé de Firmin Didot, en vente à Paris, chez Pierre Didot l'aîné, imprimeur, rue des Or- ties, galeries du Louvre ; et Firmin Didot, libr. rue de Thionville, n.°% 116 et 1850. Prix, broché, papier ordinaire, 85 cent.; papier fin, 1 fr. 35 c.; papier vélin, 4 fr. 10 c.; grand papier vélin, 4 fr. 60 cent. LITTÉRATURE GRECQUE. JISoCRATIS opera , quæ exstant omnia ; ad opti- morum , exemplorum fid-m emendavit varietate lece tionis , animadversionibus criticis , summario et in= dice instruxit IVILHELMUS LANGE , philosophiæ doctor. Halis Saxonum , in libraria Hemmerdeana, In 8.° de 856 pag. Cet ouvrage est dédié au grand critique M. Wolf, dont M. Lunge est l’elève ; on voit ainsi qu’il sort d’une excellente école. Il indique d’abord les causes qu: l’ont engazé à cet e entreprise : ces causes sont Ja rareté des exemplaires d’Isocrate , et l'injuste oubli dans leqael l'ont laissé la plupart des critiques. M. Lunge trace d’abord brievement Ja vie de son : L'4 136 Livres divers, Auteur ; il rend compte ensuite des principes d'après lesquels il a rédigé cette édition : il n’y a pas joint une traduction , qui, en doublant le volume, en auroit beaucoup augmenté le prix ; il s’est contenté de mettre au bas de chaque page unsommaire de ce qu’elle con- tient La traduction des passages difficiles est entière ; les notes sont très-courtes , et presque toutes criti- ques; elles rendent compte des motifs qui ont fait adopter ou rejeter les différentes lecons. M. Lange a montré un grand respect pour le texte ; et il pense qu'il ne faut faire entrer dans les textes anciens , que des leçons qui ont déjà recu l’approbation gé- nérale C’est d’apres ces considérations qu’il a rejeté plusieurs des lecons que l'abbé Auger avoit impru- demment introduites dans son édition; toutes ces lecons sont indiquées particulierement dans la pré- face : il a aussi reuni les corrections qu’il pense de- voir être faites anx endroits les plus corrompus. L’Auteur termine sa préface par une liste des ma- puscrits et des éditions dont il s’est servi. Cette édition d’Isocrate , bien imprimée quoique sans luxe, doit étre regardée comme la meilleure qui ait paru, et les gens de lettres doivent de la reconnoissance à M. Lange pour lavoir publiée. A. L. M. POÉSIE. ART poétique d'Horace , traduction nouvelle en vers francois ; par M. 4. Danaousr. À Paris, chez la veuve Nyon jeune, libraire, pavillon des Quatre- Nations. De l’fmprimerie de Didot jeune. An x1. — 1603. In-8.e de 89 pages. La citation du début de l’auteur, que chacun peut comparer avec l'original, suffira pour faire Livres divers. 137 connoître comment il traduit l’art poétique , et faire juger de son talent. Qu'un peintre ohéissant au fax goût qui l’entraîne, Sur un cou de cheval place une tête humaine ; Que cet objet contraire à de sages accords, Oiseau par le plumage et lion par le corps, Et par la tête offrant la beauté la plus rare, Se termine en poisson sous un pincéau bizarre: Sans doute vous ririez de cet étrange objet. Eh bien, combien d’écrits pareils à ce portrait ! Oui, tel est un poëme où toutes les parties Ne marchent pas d'accord n’érant point assorties, Où la fin répond mal au début, au milieu, Où les pieds, où la tête, où rien n'est en son lieu, Comme un songe confus dont les traits vains et sombres Sont dans un cervéau creux enfantés par les ombres. Vous qui tenez en main la plume ou le pinceau, JInventez et créez; c’est le droit le plus beau, Osez ; mais cependant, observateurs sévères, Vous ne devez jamais allier les contraires , Et par un fol accord joindre dans vos tableaux Les oiseaux aux serpens, les tigres aux agneaux. M4 Philosophie, par FOURNERr D'UTHEIL, notaire à Saint- Andéol. In-8° de 12 pages avec cette épigraphe : Annette est moi, je suis elle sans peine. Ce recueil est composé d’une pièce de vers au pre- mier Consul; d’autres inti:ulées : Le Baiser de Suzette; l'Ecusson ; de divers couplets : nous citerons le com- mencement d’une piece intitulée : /z Coque; il suflira pour donner une idee du talent de l’auteur, Je suis ici le seul, le seul dieu de la terre; Je frappe sans pitié l'homme de mon tonnerre à 1:33 Livres divers: Er sans cesse je veux, du sômmet de més cieux, Le plonger dans les eaux, s'il n’est plus amoureux Sachez, singes grossiers, qu'une coque sans grace N'est pas faite pour moi, etc. . $ATIRE contre les astronomes , avec l'épithète C Oh! rira bien qui rira le dernier. À Paris, chez Terrelonge, hbraire , rue des Petits= Augustins, près le Musée national. An x1. 1808, 1n-8.° de 22 pag. Cette épître commence par ces deux vers : Dans Îles nombreux journaux que je lis le matin, Bons dieux! que j'aime à voir aboyÿer un mâtin ! IprLzes ou Contes champêtres ; par Mme PETIGNFS née Lévesque. Seconde édition, A Paris, chez Gide, libraire, quai Malaquais, n.° r920 , ‘près Ja rue des Saints- Peres, De limprimerie de H, Perronncau, An X1.—1803. 2 vol. in-8.° chacun d’environ 220 pages, LL MÉLANGES. Les PORTRAITS; par J. S. QuEsN£. x vol. in-8.°, édition très -soigrée. Prix, 3 fr. À Paris, chez l'Auteur , rue Saïint- Denis, n.° 22, division des Lombards , et Lenormant , libraire , rue des Prêétres-Saint Germain-lAuxerrois, n.° 42. Ce genie de littérature, qui remonte à Théo phraste, et que La Bruyère a rendu si difficile, a depuis lui été essayé pur plusieurs auteurs, La Livres divers. 139 citation d’un des portraits de M. Quesné fera con= noître jusqu'à quel point il s’est approché de ses modèles, LINSOUCIANT. Est-ce Dorante qui parcourt cette avenue d’une manière si posée ? Seroit-il plongé dans ses médi- tations ? Ah! dans l’afirmative, craignons de le distraire, et disons seulement un mot de son ca- ractere, Dorante est un de ces hommes qui ne songent guère qu’à eux - mêmes. Il n’a point de véritables amis , et se soucie fort peu d’en chercher. Il vit dans le monde comme s’il étoit seul. Sa raison est éclairée, mais il a le cœur froid. On ne voit pas qu’il éclate en lui de sentimens passionnés, d’incli- nation de vertu, ni de douces affections. Ses pen- chans comme ses goûts se concentrent au dedans de lui-même, et vont mourir dans son cœur. Il est, sur tout ce qui l’entoure, d’une indifférence extré- me. Rien ne le frappe, ñe l’occupe , ne l’étonne. Les brillantes sociétés n’ont aucun charme à ses yeux. Les turbulans plaisirs, les folâtres jeux , ne peuvent effleurer son austère tranquillité ; ils émous- sent leurs traits contre sa froideur : on diroit qu'ils le fuient plutôt qu'ils ne l’étourdissent. 1] ne prend aucune part aux événemens politiques. Le fracas qui accompagne en tous lieux la vie humaine, ne peut nullement blesser sa léthargie : je crois que . l'harmonie de l’univers s’écrouleroit qu’il n’en pa- roitroit pas ébranlé. Au milieu de cette apathie, de cette insensibilité morale , il faut cependant que Dorante entre en commerce avec ses semblables ; il a comme eux des besoins ; il les lui faut satisfaire comme eux ; il faut 140 | Livres divers. qu'il essuie des dégoûts, dévore des rebuts, boive comme l’eau les aFonts, s'il n’a bu toute honte 3 3] lui faut souMir des reproches, avaler des injures, digérer des humiliations de toute espèce. Eh bien! qui le croiroit ? Doraute prend si peu d'intérêt à ce qu’on lui dit et à ce qu’on lui fait ; il est si peu touché de ce qui pourroit mortifier et navrer tout autre en sa place ; ses sens sont si tranquilles et si peu faits à l’émotion, que tout le mal qron lui peut causer , il croit que c’est une grace qu’on lui accorde, parce qu’il pense que tout le mal possi- ble n’est jamais assez aggravé. C’est aussi pour cela qu'il ne sait pas tenir compte des bienfaits d'aucune espèce, ni distinguer la main qui lui veut nuire de celle qui, par pur désintéressement, s'éveitue à le combler de biens. Dans la plénitude de son erreur, il s’imagine volontisrs qu’une double divinité pré- side au monde, l’une dont tous les maux émanent, Vautre qui est la source de tous les biens. Ainsi, selon lui, ces deux tout-puisians composent si bien leur souverain pouvoir, que la balance des biens et des maux regle avec équité le sort des mortels, de telle sorte qu’il ne peut arriver aucun bien pour l’un qui ne soit un mal pour l’autie, ni aucun mal pour celui-ci qui ne soit également un bien pour celui-là. Tels sont ces ruisseaux qui, se jetant dans les fleuves, perdent de leurs eaux pour les en gros- sir; de même qu’à leur tour ces fleuves laissent échapper de leurs ondes pour en former des ruis= seaux. Mais je voudrois savoir de quelle utilité est à Pétat un être con titué comme Dorante ? Quel bien fait-il à la société ? Quelle ressource en peut-on tirer qui compense la nuliité de son 1ole sur la scène de l'univers? Je ne sais, mais il me semble Livres divers. 141 qu’un homme qui n'a pas su trouver dans son cœur la plu: légère étincelle d'amour pour ses semblables, ni peut être assez d’estime pour lui-même , ne sera jamais à sa mort ties-amèiement regretté; car ponr s’attirer justement nos regrets, il les faut mériter, et ce n’est pas avec l'indifférence de Dorante qu’on les peut obtenir. Fi le trépas, en rangeant au même niveau tous les hommes, anéantit parmi eux tonte distinction, il ne peut cependant nous empêcher de mettre de la différence entre celui qui nous aima, nous fut utile et cher, et celui qui ne nous fut absolument rien, quoique d’ailleurs il ne nous ait jamais causé ni bien ni mal. Drscours sur l’Hitoire universelle | par BOSSUET ; 4 vol. in-18, suite des stéréotypes d’Herhan, et auires éditions formant la collection in-18 qui se trouve à Paris, chez Ant. Aug. Renouard, libraire , rue Saint-André-des-Arts, n.° 42. Prix, papier fin, broch., 4 fr. o cent.; in-18 papier vélin, avec portrait, broch. ro fr. ; in-12, papier fin, portrait, broch., to fr. ; in-12, papier vélin, portrait, broch., 15 fr. Cette édition, imprimée dans le format des sté- réotypes d’Herhan , auxquels elle fait suite, est en gros caracteres et sur beau papier. PofésrEes de CHAULIEU et de LAFARE, 1 vol. \ 2n-18, steréotype d’Herhan. Prix, papier fin, ea feuilles, 1 fr.; in-12, papier fin, 2 fr.; in 12, papier velin, 4 fr , et un franc de plus si on y ajoute le portrait de Chaulieu. Sous 8 jours, “ŒUrRES de DESHOULIÈRES, 2 vol. in-18, stéreotype. ù 142 Zivres divers, CONJURATIONS des Espagnols contre la Républi- que de Venise et des Gracques, précédées de sept Discours sur l'usage de l’histoire ; parSA41NT-RÉAr, Suite des éditions stéréotypes d’après le procédé de Firmin Didot, en vente à Paris, chez Pierre Didot l’ainé , imprimeur, rue des Orties, gale- ries du Louvre, et Firmin Didot, libraire, rue de Thionville, n° 116 et 1850, Prix, papier ordinaire, 85 cent.; papier fin, 1 fr. 35 cent.; papier vélin, 3 fr. 10 cent.; grand papier vélin, 4 fr. 60. QuerQuEs lettres de SÉTIGNÉ ; édition destinée à la jeunesse et aux maisons d'éducation. À Paris, chez Mile Charuux, passage Saint - Roch, atte- nant l’église, n.° 14. 3 vol. in-18, prix 3 fr. Quelques lettres de Sévigné , disent les éditeurs, doivent être entie les mains de tout le monde, et puisque les collections volumineuses ne sont pas à la portée du plus grand nombre, c’est surtout comme livre classique qu’il est nécessaire de présenter à la jeunesse des moyens de feuilleter sans cesse ces modèles de style et de bon goût. Il eut été témé- raire d’annoncer un choix, bien plus encore de ne prendre que ca et Jà des fragmens qui eussent laissé apercevoir plus où moios la main de l'éditeur. C’est la marquise de Sévigné elle-même, dans son abandon, dans son inépuisable facilité, qu’il faut surprendre comme au hazard , sûr de ne trouver que des chefs-d’œuvres, de ne consacrer que des beautés jnimitables, Les éditeurs tracent ensuite un tableau rapide de ce que présentent de plus intéressant les diffé- rentes éditions de M."° de Sévigné, les particula- | | : Livres divers. 143 rités de sa famille , les principaux événemens de sa vie. Ils ont surtout fait beaucoup d’usage de la notice de M. Barbier, bibliothécaire da conseil d'état, que nous avons placée dans le Magasin Encyclo- pédique, germinal an X, VI1I.* année, et ils ont profité de l'indication d’une lettre qui avoit échappé aux précédens éditeurs. Cette lettre, écrite 21 jours avant la mort de M."° de Sévigné, peut être res gardée comme le dernier élan de sa sensibilité. Les parens sont souvent si embarrassés pour choi- sir un livre qui puisse être un cadeau utile et amu- sant pour leurs enfans, que nous regardons ce- lui-ci comme méritant de leur part un favorable accueil. On peut encore regarder comme un mérite de plus, la petite carte géographique du 3.° volume, où se retracent tous les environs de ces rochers qu'ont immortalisé les aimables réveries de l’inimi= table Sévigné. Eofn, si ce petit recueil ne peut , pour les grandes bibliothéques , remplacer les éditions complettes , il a des droits à se ranger à leur suite pour leur servir de complément. NorTrcx historique sur la Vie et les Ouvrages de J. B. PORTA , gentilhomme napolitain; par Ducesne. À Paris, chez Poignée, imprimeur , porte S. Martin, vis-à-vis Opéra ; an IX, in-8.° de 380 pages. Jean-Baptiste Porta a joui, au seizième siècle, d’une grande célébrité ; cependant il est aujourd’hui à peine connu :ila pourtant écrit un grand nombre 144 Livres divers: de traités sur l’histoire naturelle, l’art des chiffres, Ja magie, la physiognomie , la chirophysionomie, Vart de deviner par les lignes de la main ; une maison rustique , intitulée Zi/la ; plusieurs traités de chymie et de mathématiques, et a fait treize pièces de théâtre. L'auteur de cette notice, M. D....,qni a donné au public le Dictionnaire d’Industrie, a lu ces divers écrits de Porta ; il y a trouvé une forme didactique et un grand fonds d’érudition , il en a extrait tout ce qui lui a paru utile ou curieux. Ce seroit même rendre un grand service aux lettres de faire connoitre aussi par des extraits bien faits des auteurs dont on ne sauroit aujourd’hui lire les ou- vrages. L’auteur s’est attaché surtout à la magie paturelle, qui est un des meilleurs ouvrages de Porta :il se propose d’en publier la traduction avec des notes qui seront sûrement très-instructives, si l’on en juge par les écrits qu’il a déja produits. A. L M. 4 Table. des Articles contenus dans ce Numéro. « : NL. “ 15° P LrTTÉRATURE ORIENTALE. À Bosai sur les: Inscriptions cunéi- à formés de Peisépolis, par Fr. © Münter; trad. de l'allemand. 7 r PHySs10L0oGTre. Observations /anatomico -physiolo- dans l'enfant qui n’a pas réspiré ; … Jues ä la premiere Classe de la * Société d'agriculture , sciences et aïts du département du Bas-Rhin, à" ‘dans Sa séarcé du 20 messidor + an xr; par J.-F. Lobsrein. 28 … VARIÉTÉS NOUVELLESETCOR- RESPONDANCE LITTÉRAIRES. NouvELLES ÉTRANGÈRES. Société minéralogique de Iéna, 65 ©” Société des amis des sciences de Ibid, Varsovie. FRANCE. Séance publique de la Société de médecine - pratique de Montpel- - lier, ténue le 15 floréal de l'an XT, 67 Extrait de la séance publique tenue À l'Ecole vétérinaire de Lyon, le premier floréal an xr. Sociéié des sciences Grenoble, | Programme des prix proposés par : la Société d'émulation d'Abbe-: ville, pour lan xt 75 PARTIS. et de ltrérature ancienne par À. -G. Corus, au nom d'une com- giques.sur la circulation du sang. et des arts de A 73 Rapport fait à la Classe d'histoire | mission, sur les travaux littéraires entrepiis ou dirigés par l’Instis tur , et sur leur continuation d’a- pres l'arrêté du Gouvernentent du 3 pluyiose an xt. — Séance du 4 germinal an xt. 76 Mémoire sur les observations qu'il est important de faire sur les ma- rées dans les différens ports de la République, lu-dans la séance du 26 Horéalan xt (16 mai 1805) 03 Académie de Musique. 110 Détails sur la navigation des deux cœvettés de la Répablique, Ze Géographe et le Naturalisre, 112 THÉATERESS. Aline , reine de Golconde, 122 La Mode ancienne et la Mode nou- ‘123 124 LIVRES DIVERS. velle, L'Aveugle supposé. Minéralogie. Journal. des Mines , ox Recueil de mémoires sur. l'exploitation des mines et «ur.les sciences et les arts qui S'y rapportent, par les CC. Haüy. Vauquelin. Bail- let. Brochant, Theméry et Collet-Descorils. ; 13 Médecine. Dispatatio chemrco-medica, de causis mminutæ in Repub: Batava morbi ealculosi fre- quentite quam'annuente sunr- 110 nurnine, ex auelure recto= ris, mognifiel Eduardi:Sandi- fort | pro, gradu -doctoratus publico et solénn: exhmint sSubriittir Guaiterus kKéinoud Schulteus, 129 1 Jonrtral de Médetine, Chirurgie èt Pharmacie , par les CC. Corvi- sart, Leroux et Boyér. 127 Jurisprudence, Annales de Législation et de Juris- prudence , publiées par:l'Univer- sité, Tome IL. 128 Art vétérinaire, Compte rendu à l’Institut national , des améliorations qui se font dans l'établissement rural de Ram- bouillet , et principalement de celle des bêres à laine, et de Ja vente qui a eu lieu le 15 Prairial an xr; par J: B. Huzard. 139 Histoire. Le Guide de l'Histoire, à l'asage de la jeunesse et des personnes qui veulent Ja lire avec fruit ou l'écrire avec succès; commencé par M. D...., continué et mis au. jour par J. Fr. Née de la Rochelle. Ibid, Archæologie, Fragment ainer Archæologischen Abhandlang über Hercules, wo- mit zu der Prufung in der Klo- terbergischen Schuile am 24 und 25 Seprémber &inladet Doctor Johäun Gurlive. 153 Grammaire, Dialogues francois et allemands Sa l'usage des deux nations , publiés par M. Aoënre. 154 Littérature- Fontenelle, Colatdeau et Dorat ; , par C. Palmézeaut. 135 “Conjurations des Espagnols contre . Litiératüre grecque. k Isocratis opera, quæ éxstant omnia ; ad optimorum'etem plorum fidèm emiendavit va | rietate léchionis, animadver= sionibus-criticis ; summario 1 et indice instruxit HWilhels mus Lange, + dbids, Poésie, Art poëtique d'Horace , traduction | nouvelle en vers françois; par M. A. Dadaoust. 1436 4) M: Philosophie y-put! Fourriéry + 1 d'Uéleil.…. 6 ne { Satire contre les Astronomes. 154: Idylles ,; ou Contes champêtres ; : par madame Pétigny, nèe Lé.) vesque. Ibid. Mélanges. Les Portraits; par J. S. Querné, à AR é Tbiæe K V# Discours sur l’Histoité universelle, ‘/: par Bossuer. LUTTE PE À SAT PS Poésies de Chaulieu et de Lafares * MR Ibid. à Ya république de Venise et des : Gracques ; précédées de sept. dis- cours sur l'usage de l’histoire; par Saint-Réal. 142 Quelques Leitres de Sévigné. Foi: ÿ Notice historique sur la vie et les ouvrages de J. B. Vorta, gen tilhomimé napolitain ; par Du- chesne. 143 10.) Vendémiaire an 192. MAGASIN. TAN } ÆENCYCLOPÉDIQUE, ' ES 4 + Ÿ bd | JOURNAL DES SCIENCES, : DES LETTRES ET DES ARTS, Par b MiLLiN, oë ANIS DU LIBRAIRE.: Le prix de ce Journal est fixé: 9 francs pour trois mois, 18 francs pour Six mois, 36 francs pour un an, Pitant pour Paris que pour les Départemens, franc de port: On peut s'adresser au Bureau du Journal pour se prosures us les Livres qui paruissent. en France et chez l’étranger, et ur tout ce qui concerne la Librairie ancienne et moderne, 27 F E Journal, auquel la plupart des hommes qui ont a nom distingué, une réputationjustéement acquise ns quelque partie des arts où des sciences, tels e les CC. ALIBERT, DescENETTES , BasT, MSILVESTRE, DE SACY, FOURCROY, HALLÉ, MDUMÉRIL, SCHWEIGHÆUSER, LACÉPÈDE, Bangier , Bargter pu Boccace, LANGLès , ANDE, LAGRANGE, LEBRUN, MARRON, MEN- E , Bassiwer, MOR£ELLET, NOEL, OBERLIN, RDON-LA-ROCHÈTTE,CAILLARD, VAN-Moxs, JARD ; TrRAULLÉ, LÉVEILLÉ, CUVIER; GEoR< Tome III, (9. Au,) rROY, VenrenaT,CAVANILLES, UsTer:, Borr:! TIGER, VISCONTI, VILLOISON, WILLEMET NVINCRLER, Fr. LOBSTEIN,.elc, ete. fournissent des Mémoires, contient l'extrait des principaux ouvrages 4 nationaux : on s'attache surtout à en dohner uné anä- lyse exacte, et à la faire paroître le plus promptement 4 possible après leur publication, On y donne une notice 4 des meilleurs écrits imprimés chez l'étranger. “4 On y insère les mémoirés les plus intéressans sur - toutes les parties des’arts et des sciences; on choisit# principalement ceux quisont propres à én accélérer les 4 progrès. À 4 On y publie Fès découvertes ingénienses , les inven=® tions utiles dans tous les genres. On y rend compte des expériences nouvelles, On y donne un préeis de, .ce que les séances des sociétés littéraires ont offert! de plus intéressant ; une description de ce que les dé! pôts d’objets d’arts el des sciences rénferment de plus! ourieux. , NES 4 On y trouve des notices sur la vie ‘et les onvrages des Savans, des Littérateurs ét des Artistes distingués dont on regrette la perte; enfin, les nouvelles litté-4 raires de toute espèce. 4 Ce Journal est composé de six volumes in-8.° par an, de 600 pages chacun. Il paroît le prémier de. chaque mois. La livraison est divisée en deux nu méros, chacun de 9 feuilles. 1 On s’adresse, pour l’abonnement , à Paris, au Bu=! .… Yeau du Magasin Encyclopédique, ehez le C. Fucus; : Libraire, rue des Mathurins, hôtel Cluny. chez la vervé Chauguion et d'Hengsts A Amsterdam, ur Van: Gulik. , À Bruxelles, chez Lerairé. À Florence, chez Molini. RE A ae a ro , chez Fleischer, chéz Manget, A Genève, { chez Patio, | 8 Hambourg, chez Hoffinann, À Leiïpsic, chez Wolf | A Leyde, chez les frères Murray: : : A Londres, chez de Bofe, Gerard Stréeth A Sicasbourg , chéz Levrault, ; À Vienue, chez Degen. ! À Wesel, chez Geisler, Directeur des Postes Il faut affranchir les lettres, - sé a NOSOGRAPHIE NosocRAPHIE philosophique, où LA MÉTHODE de l’ Analyse appliquée ’à la Médecine ; par Ph. PINEZ, de l’Institus uational de France , professeur à l'Ecole de médecine de Paris , ete. Seconde édition considérablement augmentée, 1 vol. in-8.° Paris, chez J. A. Brosson , libraire, rue Pierre-Sarrazin, n.° 6. | ee EEE réforme qui s’étoit opérée dans les éciences physiques , faisoit desirer depuis longtemps que la médecine fut retirée du chaos où sembloit avoir ensevelie la manie des hypothèses, l’amour des théories , la subiilité de l’école , et le jargon scienti- fique de la médecine humorale. La nosographie phy= losophique paroît; une grande révolution s’opère en médecine, une forte impulsion est donnée à l’es- prit d'observation, cette science égarée dans les sentiers tortueux de la routine ou des systemes, rentre dans la route que lui avoit tracée Hippocrate, et reprend la place qu’elle doit occuper au milieu des autres sciences. La nosographie devint bientôt un ouvrage classique : les étrangers s’empressent de la traduire ; les contrefacons se multiplient. Ce- pendant le professeur Pinel publie son immortel traité de la manie; dans sa Médecine clinique, il transmet à ses disciples le fil qui la dirigé lui Tome LIL, K 146 Nosographie: méme, et leur dévoile le secret de sa haute répue tation : en même temps il médite une seconde édi- tion de la Nosographie. Le plan est le même que celui de la première, mais les détails d'exécution sont changés, surtout tres-augmentés. Les progrès de lPanatomie pathologique ont dû apporter quel- ques modifications dans Ja distribution des phleg- masies, dans la classification de plusieurs genres, Les caractères des espèces sont tracés avec autant de précision que d’exactitude, les notions sur le traitement sont plus étendues. Toutes les maladies sont rangées sous cinq classes : les ficvres, les phlegmasies, les hémorragies, les novroses , les lymphatiques. Quelques genres qui n’ont püû entrer dans les classes précédentes, forment un appendice, jusqu’à ce que de nouveaux faits permettent leur classification ultérieure. Chaque classe commence par ds considérations générales, tantôt sur Jes classifications , tantôt sur les théories, tan- tôt sur la doctrine des principales écoles, tantôt sur quelque point important d'anatomie ou de phy= siologie , toujours sur les maladies des ordres ren- fermés dans la classe. Les ordres offrent des considérations communes à tous les genres , l'indication des auteurs qui en ont traité, l'exposition abrégée de l’organisation, des forces viiales, des fonctions de chaque partie affectée, une ou deux observations de chaque espèce comme devant donner les idées élémentaires pour Ja formation des espèces, les prineipales épidémies analysées et comparées, les principes de traitement Mélanges: 147 diseutés et fixés , enfin la description graphique des espèces, des genres, de l’ordre. Tel est le ca dre que le professeur Pinel remplit en traitant de chaque ordre. Je ne suivrai pas l’auteur dans les détails , ils sont immenses. Envain essaieroit-on de les faire conôîitre à ceux qui ne liront pas la No- sographie. Voyons les traits principaux qui carac= térisent cet ouvrage. On peut fixer à quelle époque les diverses parties de Phistoire naturelle ont formé un corps de doc- trine régulier , et ont mérité le nom de science. C’est lorsque les objets connus et qui étoient du ressort de chacune d’elles ont été décrits d’après des caractères sensibles , et sont venus se placer comme d'eux-mêmes dans un cadre donné. Alors on a pû transmettre ces connoissances à d’autres, et indiquer même d'avance la place que viendront occuper les objets nouvellement observés. Le but de la Nosographie philosophique est de prouver qu’une semblable époque est arrivée pour la mé- decine. Four‘ atteindre ce but, le professeur Pinel s’est proposé de classer les maladies d’après leurs affini- tés. Chaque maladie a été considérée comme une modification particulière de l’économie animale, facile à distinguer par des caractères sensibles = chacune a été rapprochée de eelles avec lesquelles elle a le plus de ressemblan e; elles ont été com- parées ensemble, et les symptomes communs à plu= sieurs ont servi de caractères spécifiques. Les espèces ont été comparées , et par une nouvelle abstrac- K 2 148 Wosographie. tion, les caractères spécifiques ont fourni les ca= ractères des genres ; les genres ont donné les carac- tères des ordres; enfin les classes présentent ce qu’il ya de commun aux divers ordres. Cette méthode est invérse de celle qu'ont suivie les nomenclateurs. Ceux-ci sont descendus des classes aux espèces , tandis que le professeur Pine] s'élève des varictés aux classes. Les premiers ont groupé les faits autour d’une idée principale, qui souvent leur est étran- gère : ils sont partis d’une idée vague, souvent hypothétique ; aussi à chaque pas est-on arrêté par Jes rapprochemens les plus forcés, et les maladies les plus disparates sont étonnées de figurer les unes à côté des autres dans le même ordre, quelquefois dans le même genre. Le professeur Pinel ayant pris les faits observés pour base de sa classification, nous fait passer du simple an composé, des impres- sions que fait sur nos sens un sujet malade, à l’idée abstraite de la maladie Les faits étant disposés d’a- près l’ordre de leurs affinités , se trouvent à leur place, s'éclairent réciproquement, et de leur dis- tribution méthodique résultent des connoïssances exactes et précises, qui épargnent au médecin ju= dicieux l’incertitude et la perplexité; au médecin téméraire, un parti pris au hazard ; au malade, les dangers d’une méprise. Les progres immenses de la minéralogie, de la botanique , depuis que de bonnes méthodes de clas- sification ont été introduites dans l’étude de ces sciences, justifient les succès de la nosographie phi- losophique , et répondent aux mépris affectés de Mélanges. 149 quelques hommes pour toute classification. Notre mémoire est si fragile et si fugitive, elle nous trompe si souvent, qu’il n’y auroit pour nous qu’er- reur et vacillation, si nous n’avions appris à la sou- lager, en plaçant, pour ainsi dire, des points de mire qui nous servent à reconnoître et à signaler les objets de détails qu’elle n’auroit jamais pû re- saisir sans ce secours. Ces hommes qui ne veulent pas de classifications ignorent qu’elles reposent sur nos premiers besoins. Elles appartiennent uniquement à la nature, suiv nt Condillac. Maïs plus les faits sont nombreux, plus l’habitude d'observer se perfectionne, plus les divisions peu- vent se multiplier: et parce qu’il n’y a pas deux individus qui ne dierent par quelque endroit, il est évident que les divisions iront à l’infini, Alors il n’y aura plus d'ordre dans nos idées, la confu- sion succédera à la lumière qui se répandoit sur elles. Il est done -un terme après lequel ii faut s'arrêter. S’il importe de faire des divisions, il im= porte plus encore de n’en pas trop faire. Quand on en fait trop l'esprit s’égare, tout est confondu et brouillé. Aussi le professeur Pinel s'est-il renfermé dans les bornes d’uné sage distribution des mala- dies ; il a singulierement limité le nombre des es- pèces et des genres; il a eu garde de confondre les affections symptomatiques avec les maladies essentielles. Lorsqu'une maladie se reproduit avec un grand nombre de symptômes différens, ce n’est pas une raison de faire de chaque symptôme au- tant d’especes, Comment se recomnoître si l’on classe E 3 350 Nosographie. les maladies d’après leurs complications qui se mul- tiplient à l'infini, si l’ou ne s'arrête aux espèces simples. Les prédispositions, les causes existantes, les symptômes caractéristiques nous donnent l’idée des variétés d’une même espèce. Les complications sont seulement indiquées, et pour les reconnoître , il suffit de combiner ensemble les espèces élémen- taires. Par cette sage économie , il a été facile de resserrer dans un cadre très-circonscrit le tableau . général des maladies internes. Il a fallu un génie bien vaste , sans doute, pour saisir tant de rapports divers entre des objets qui ne semblent différer que par des nuances imper- ceptibles à l’œil le plus exercé. Mais il falloit être bien fort du sentiment de ses propres forces, il falloit être bien sûr de la justesse de son jugement, il falloit avoir un tact bien délicat et bien exercé pour oser faire le départ de ce qui est certain en médecine, de ce qui est douteux d'avec ce qui est iuconnu, ou qui ne repose que sur de vaines théo- ries. Le professeur Pinel ne se contente pas de faire connoitre ce qui est fait, il indique ce qui reste à faire, il expose l’état actuel de la science telle qu’elle est avec ses degrés de certitude, et les la- cuves qui restent à remplir. À chaque pas il découvre une carrière nouvelle à ses nombreux discipies. IL signale les objets sur lesquels il y a des doutes et des incertitudes, Il propose les recherches à pour- suivre ou à commencer, là pour completter le trai- tement des fievres intermittentes, ici pour tracer les caracteres distinctifs d’une espèce peu congue, d’un Mélanges. 15£ genre seulement indiqué, La classe des Lymphati ques est un vaste champ à défricher. Les indéter minées ne peuvent être classées. D’autres fois l’au- teur provoque des observations ; des expériences nouvelles sur l’organisation de telle ou telle partie, sur la lésion de tel ou tel organe , siége évident ou présumé de certaines maladies. Le professeur Pinel marche toujours accompagné du doute philosophique, lui dont les pas sont si fermes et si assurés. Il apprend par son exemple à douter, tandis que l’orgueil scholastique enseignoit aux jeunes médecins à ne douter de rien. D’un côté, il nous montre les maladies dent la marche est ré- gulière et la tendance favorable; de l’autre, il nous avertit qu'il en est qui résistent aux ressources de Part, 11 a réhabilité, si j'ose m’exprimer ainsi, la nature dans ious ses droits, en apprenant au mé- -decin que dans la plupart des cas la nature se suffit à elle-même, en lui inspirant de la défiance poux la toute puissance de la pharmaceutique, qu’on ne pense que le professeur Pinel réduit la médecine à une constante et oisive expectation. S'il enseigne d’être avare de médicamens , il nous prévient qu'il æit des cas où nous devons en user pour combaitre les maladies dont la marche est irrégulière et Ja tendance funeste. Si d’une main il trace les pou- voirs de la nature, de l’autre il étale les ressources de la. médecine. Mais quelle admirable simplicité dans les moyens euratifs ; les médicamens les plus simples, les in- digèues sont toujours préférés aux remèdes pom= K 4 102 INosographie, peux , aux substances exotiques, aux formules compliquées. On avoit reproché à la premiere édi- tion de ne pas insister assez sur Je traitement ÿ dans celle-ci le professeur Pinel a donné plus d’é- tendue à cette partie essentielle ; il discute les principes adoptés par les auteurs; il apprécie avee justesse les médicamens qu’ils ont employés. L’étude des complications qu’il a si habilement débrouillées, Jui sert à concilier les contradictions apparentes des meilleurs praticiens sur la curation d’une même ma- ladie. Après cette lumineuse discussion, il pose les bases du traitement, en développe les principes, en précise l’application , en détermine les modifica- tions; mais on reconnoît toujours l’ennemi déclaré de la polypharmacie, l'ami ardent de la simplicité médicale , l’appréciateur juste des forces de la nature. Hippocrate avait recueilli dans les temples, dans les écoles les plus célèbres de son temps, les ob- servations qui ont servi de base à ses aphorismes, sanctionnés par l’expèrience des siècles. Le profes- seur Pinel à mis à contribution les observateurs les plus recommandables anciens et modernes. Il n’a pas dédaigné les dissertations données par ses nom- breux disciples, à la fin de leur carrière académique, Dans les uns il choisit les observations les mieux faites et les plus exactes; les autres sont indiqués comme des sources dans lesquelles chacun peut pui- ser les principes de la vraie médecine. Souvent dans des ouvrages négligés, parce qu'ils n’offrent aucune ressource pour les faiseurs de systèmes, le professeur Pinel va chercher un fait précieux que les écrivains Mélanges. 153 les plus fameux ne Lui avoient pas offert. Aussi, il nous ramène sans cesse aux auleurs originaux . qui ont fait briller le talent de l'observation , et qui la communiquent par une sorte d'électrisation. Ceux:ci se sont attachés à nous faire connoître la nature , tandis que les autres ont épuisé la fécon- dité de leur génie pour la deviner, mais envain; Ja nature ne se devine pas. Les citations nombreu- ses qu’on trouve dans la nosographie, n’ont pas pour but de nous asservir à des opinions particu- lières; ce ne sont pas des autorités sous le poids desquelles doit courber notre raison. Au contraire, le professeur Pinel nous met en garde contre les prestiges des grands noms; il nous apprend à con- server l'indépendance de notre jugement, à faire usage d’une critique sévère exempte de préjugés, soit pour discuter les opinions les plus accréditées, et les apprécier à leur juste valeur, soit pour rec tifier ou étendre nous-mêmes ce qui est inexact ou incomplet. Esquiroz, M. rene cena RE Eee) BIOGRAPHIE. ELOGE de ROUSSEL, associé de PInstitut de France; par J.L. ALIBERT, médecin de l'Hôpital Saint-Louis. L. vulgaire des hommes se plait sans doute à contempler, dans les grands résultats de leur vie; les savans célèbres qui ont acquis de grands droits. à la reconnoïissance publique ; mais il n’appartient qu'aux esprits véritablement supérieurs de les suivre dans le cours pénible de leurs travaux, d'examiner la marche, tantôt lente, tantôt rapide de leurs progrès, d’observer par quelles routes ou par quel effet du hasard ils sont parvenus à des découvertes utiles; de signaler leurs méprises ou leurs écarts, de pénétrer enfin jusques dans lintérieur de leur famille, pour y apprécier l'influence que leurs goûts, leurs penchans et leurs habitudes ont pu avoir sur leur genre d’occupations. C’est ce dernier caractère qui distingue principalement les éloges composés par le C. Alibert, On remarque même que chacun des panégyriques qu’il a publiés, porte en quelque sorte Pempreinte de l’homme qu’il a voulu peindre, et qu’il a su saisir, suivant la nature du sujet, tous les tons et toutes les couleurs. Personne n'étoit plus digne d’un panégyriste que le docteur Roussel, lui qui, pendant toute sa vie, s’est étudié à cacher sa gloire. Rien aussi n’est plus propre à le faire aimer, que le style simple, tou= Roussel, 155 … chant et mélancolique qui règne dans Péloge histo- . rique dont il est l’objet. Au récit de tant de vertus, qui ne voudroit avoir eu un tel ami! Les bornes de ce journal ne nous permettent pas de suivie le C. Alibert dans tous les détails qu'il nous donne sur la vie modeste du docteur Roussel. Jamais homme n’a été meilleur que lui : « I y avoit, à dit le médecin Alibert, entre lui et Lafontaine, # un rapport que tout le monde à aperçu ; et je é ne doute pas qu’il n’eût recommencé ce grand « homme, s’il. s’étoit livré aux mêmes études qué “ Jui. Il avoit sa grace, sa bonhomie, son ingé- « nuité, ses distractions, sa paresse, sa galanterié “ et son innocente malice, Comme lui, il avoit unë .« indifférence complète pour beaucoup d’objets; cé « qui Jui faisoit oublier ce qu’on nomme, dans le « monde, convenances de la société ; comme lui , « enfin, il négligeoit ses affaires et sa fortune. Une “ autre circonstance de leur vie ajoute au parallele, « en les rapprochant d’uve manière frappante : les * bontés de madame Helvétius rappellent celles de « madame la Sablière, et les bienfaits de M. Fa- « laize , qui écarta de lui tous les besoins, redonnent « le souvenir de ce bon M. d’Hervart, dont le nom « a été constamment associé à l’éloge du fabuliste « françois. » On sait en effet que Roussel ne possédoit rien, et qu'il vivoit habituellement chez madame Helvé- “tius et chez M. Falaze, citoyen aussi recomman- dable par ses lumières que par ses vertus, qui avoit | pour ainsi dire adopté. 156 Biographie. Le docteur Roussel recherchoït avec beaucoup d’empressement la société des femmes. Il regardoit leur conversation comme le plus doux remède poux un cœur malade, « Toutefois, dit le C. Alibert, dans ses dernières années, on le voyoit rechercher de préférence la compagnie des femmes parvenues à un âge mûr. Il jugeoit qu’elles ont, à cette époque de leur vie, je ne sais quel charme qui touche et attendrit encore l’homme sensible ; qui, semblables, comme on l’a dit, à ces belles peintures dont le temps n’a fait que radoucir les couleurs, elles fixent en- core sans éblouir, et qu’elles donnent souvent tout le bonheur de la passion, sans en communiquer le délire, » On ne lira pas avec moins d'intérêt le détail des funérailles du docteur Roussel, « Depuis long-temps, dit son éloquent panégyriste, il étoit plus souf- frant qu’à son ordinaire. Il quitta Paris pour se rendre près de Châteaudun , dans cette même fa- mille au sein de laqueile il vivoit habituellement , et dont la société faisoit ses délices et son bon- heur, L’affoiblissement de ses organes dut néces- sairement le disposer aux atteintes d’une fièvre épidémique qui régnoit alors dans ces cantons, Les soins attentifs dont il fut l’objet, ne purent le soustraire à la violence des symptômes; et le deuxième jour complémentaire de l’an x, la phi- losophie, les lettres et l’amitié firent une perte irréparable. Dans les angoisses d’une agonie dé- chirante, il ne proféra aucune plainte, et mouruf Roussel, 157 aussi calme qu’il avoit vécu. M. Falaize étoit lui- même en proie à une maladie très-grave, quand ce coup terrible vint le frapper. Malgré ses souf- frances et ses chagrins, 1l s’occupa de tous les détails relatifs à la sépulture de son ami : il voulut que ses restes fussent déposés dans un lieu soli= taire, où personne ne püût les troubler. Les tra- vaux rustiques furent soudainement suspendus tous les villageois en pleurs, accompagnèrent la dépouille du philosophe modeste qui honora tant de fois leur asyle; et il fut inhumé au milieu de la douleur profonde qu’il inspiroit, et de la pompe touchante de la nature. » On voit que les regrets du panégyriste sont ex- primés avec cette énergie tendre qui s'empare du lecteur. « Le talent d’embellir des sujets graves et sérieux fut toujours le partage des hommes qui unissent au don de penser, le don si précieux de « sentir. " Le C, Alibert semble s’être peint lui même en écrivant ces paroles. Personne ne fait mieux voir que l’éloquence du cœur est le plus bel apanage de l’écrivain, D’AZzIa. LITTÉRATURE ORIENTALE. LETTRE à M. ScHUTZ, éditeur de la Gazette littéraire de Iena. \ Moxsirvur, À L’anonyme qui m’a fait l’honneur, dans votre célèbre journal , d'analyser l'ouvrage qui a pour titre : Monument de Yu , ou la plus ancienne inscription de la Chine, me demande divers renseignemens, et avant {out que je prouve qu’un personnage tel que le grand Fu a vraiment existé (1). Je me crois en état de satisfaire à sa demande, et je lui ferai re- ! marquer d’abord que le Chou-King est la source la plus pure et la moins équivoque de l’histoire chi- \ noise (2). C’est son authenticité qui l’a fait classer parmi les livres canoniques du premier ordre. Or, L dans cet ouvrage , il y a un chapitre appelé FYw-Kungs ou Je tribut de F4, qui, selon les connoisseurs, est Je plus beau morceau de l’antiquité en ce genre. On y reconnoît la Chine, dit Cibot, dans ce qu’il raconte du cours des rivières, de la position des montagnes, du degré de fertilité de chaque contrée , comme on reconuoît la France dans les Commentaires de Cé- () Mæœchte nur fürs erste wahrscheinlich genug sein, dass der gros@ Yu in China eine historische Person war. 4 (a) Voyez la préface du Chouking, p. 1r. RL ER 4 Monument de Fu. 159 ar (3). De tous les monumens, dit le P. 4miot ; qui nous restent de la haute antiquité, il n’en est point de plus authentique que le Chou-King, et de tous les morceaux qui composent le Chou-King, | ceux qui rapportent les travaux du grand Yu, sont gans contredit ce qu'il y a de plus précieux (4). Cer= tains points de l’histoire de la Chine , ditle P. Mailla, sont si bien marqués, et dans un si grand détail, -qu'ils portent avec eux un caractère de démonstra- tion. Puis il rapporte les travaux de Yu et la des- cription de la Chine qu’il fit à cette occasion. Certe disposition des limites d'alors, le cours des rivières- et leurs noms encore les mêmes, nombre de grands lacs dont les noms n'ont point changé, les mêmes montagnes , elc., sont üne preuve sans réplique , dit- il, gue ceite description ne peut regarder que la Chine ; et la carte de Yu-Kung, comparée avec la carte ac= tuelle de cet empire , met cette vérité hors de toute atteinte (5). Les lieux dont il est parlé dans ce chas pitre, dit le P. Gaubil, sont si bien désignés, qu'on K pourroit dresser une carte d'une bonne partie .de la ' Chine et que les difficultés qu'on rencontreroit, ne seroïent pas plus considérables que celles qu’on éprouve FA pour la géographie de l'ancienne Gaule (6). Vous voyez par tous ces témoignages, Monsieur, que Ju doit avoir existé , s’il y a encore tant de dé X3) Mëém. concern. les Chin. tome 8 , p. 195, note 8. €4) Ibid., tom. 13, p. 289. Mu (5) Maura, Hise. gén. de la Chine, préface, p. zt et suiv, (6) Gauniz, Observerions astronomiques , tome 3, p. 12. 160 Littérature orientale. monumens qui attestent ses travaux et son existentei Ajoutez que Fu a été le fondateur de la premiere dynastie impériale des Hia , que ce n’est qu'avec lui que la succession héréditaire de ce vaste empire a commencé, et que c’est d’après du Halde même, cité par l’anonyme, que l’existence de Jao et de Fu est indubitable (7). Après ce doute, Monsieur, j’en trouve un autre, concernant la description des neuf provinces, dans lesquelles la Chine fut alors partagée. J'ai dit que le grand Yu la fit graver sur autant de vases ; sut quoi l’anonyme ajoute, dans une, parenthèse : on ne sait comment (nan weiss nicht wie). Il semble par là vouloir indiquer, que graver la description d’une province entière sur le petit espace d’un vase, n’est pas vraisemblable. Sur cela, je réponds que de pareils doutes ne peuvent avoir lieu que dans celui qui ne connoît que des langues qui s’é- crivent avec des lettres alphabétiques ou syllabi= ques; des langues où il y a, et inflexions, et ar< ticles, et auxiliaires; des mots polysyllabes, et des phrases où constructions d’une certaine étendue, La langue chinoise, dit le P. le Comte, n’a aucune. analogie avec toutes celles qui ont cours dans le monde. Cette langue , disent les auteurs de la Gram- maire composée pour les missionnaires de la Chine, aime si fort les expressions courtes , que la plupart de ses phrases , les plus éloquentes même ,.ne con M A) (7) Du Hawvs, Descripe. de la Chine , tome 1, p. 264. tiennenê $ 4 , * di «K Li # , AD Monument de Vu. 16€ étennent que deux mots, c’est-à-dire deux syllabes (8). Les Chinois, continue le P. le Comte, disent beaws coup de choses en pew de mots : il semble quelque- Jois qu’ils parlent pour n'être pas entendus , tant ils renferment de sens et de pensées en peu de mots (9). Le Chinois cherche à être utile, dit l’auteur de l'His= toire des Huns et des Tartares, ef non à plaire. Ib ignore ces belles descriptions et ces épisodes intéres= éans que nous voyons dans Les auteurs grecs et ro- mains : il écrit purement, et s'exprime en peu de mots (10). Il ne faut pas s’imaginer, sans doute, que Fu fit graver sur ces vases des descriptions aussi détaillées et aussi étendues que celles de la Géo- graphie de Busching, ou de l'Histoire universelle de Baumgarten. Les neuf provinces de la Chine, du temps de 7%, n’avoient encore ni villes, ni temples, ni colléges, ni fabriques : la description qui se trouve dans le Chou-King , se borne à l’énu- mération des rivières et des montagnes, à la nature du terrain et aux productions du sol; et la descrip= tion de toutes les neuf provinces pouvoit aisément se graver sur un seul vase, en caractères chinois, sans en avoir besoin de neuf.— D'ailleurs, il y a des vases de toute grandeur. Qu’on se figure les beaux vases de bronze qui embellissent le jardin de Fer- (8) Gramm. manusc. de la Biblioth. nation. , envoyée de la Chine, qua mous sommes sur le point de publier ; p. 5. (9) Lecomure , Mém. de la Chine, tome t, lettre 7. (xo) Decuicnss, His, des Huns et des Tartares , tome 1 , prèfe k- XIX. Zome III, CL 162 Littérature orientale. sailles et celui des Tuileries, qu’on appelle vulgaï= rement de Médicis, dit M. Millin, parce qu’il yen a de semblables, imités de l’antique, dans le musée de Florence (11); que l’on balance ensuite un seul instant, si avec des Caractères chinois, qui sont des caractères d'idées, et non des syllabes seule- ment, on ne pourroit pas y graver tout le chapitre Fu-Kung ,; qui contient la description des neuf provinces de la Chine, et cela en grands et gros caractères? Non-seulement il n’y a rien d’impro bable à cela, mais l’histoire chinoise même rapporte que, l’an 697 de l’ère chrétienne, l’impératrice ré gente de la Chine fit jeter en fonte neuf grands vases, et fit représenter sur chacun, à l'inñtation de ceux du grand Yu, une province de l’ancienne Chine, avec des montagnes, des rivières, et diffé- rentes productions (12). Depuis le temps du grand Fu, dit le P. Amiot, on avoit la coutume d’avoir Za description, la ‘topographie et les bornes de cha= que province, gravées sur un grand vase d'airain nommé ting, avec un élat des productions propres de chaque pays, et l'espèce de tribut que le souverain pouvoit en retirer : et c’est l’empereur Chï- Hoang= Ti, le même qui a fait brûler les livres, qui fit les plus grandes perquisitions pour se procurer un de ces ing, qui avoit appartenu à la dynastie (xx) Voyez sa description d’un vase de marbre de la collection de M. Van Hoorn, dans les Monumens inédits ou nouvellement exe Pliqués. - : (:2) Mém. concern, les Chinois , vol. 1 , p. 57. 7 7. Monument de Vu. 163 des Tcheou (13). Vous voyez done, Monsieur, qu’il n’y a rien d’improbable à cela, et ceux qui con- poissent un peu les caractères et le génie de la langue chivoise, n’y trouvent pas la moindre difculté, Quant aux neuf vases dont j’ai fait orner le fron- tispice , leur forme lui paroït apocryphe. Sur cela je lui réponds de n’avoir dit nulle part que c’étoient les neuf vases que Fu a employés, mais seulement des vases anciens, dont j'ai tiré la forme du San-tsaï= tou , ouvrage qui se trouve à la bibliothéque nationale à Paris, et dans celle de lord Spencer à Londres, apporté par lord Macartney de la Chine. Ces mêmes vases se trouvent aussi dans la belle collection des vases anciens de la Chine, du cabinet de M. Bertin. Cette collection, qui contient au-delà de cinquante vases représentés en couleurs, appartient aujour- d’hui à la Bibliothéque nationale. J’ai traduit les différens noms chinois dont chacun est accom- pagné, et je compte sous peu les soumettre aux yeux du public. On sera etonné sans doute d’y trou- ver autant de ressemblance avec les vases des Grecs et des Etrusques; et cela est une nouvelle preuve de la communication, qui doit avoir eu lieu entre FEurope et l’Asie orientale, sans qu’on puisse pour cela juger ces vases apocryphes. Dan; le texte qui doit les accompagner, j’appo:terai plusieurs exem- ples et plusieurs preuves de cette ancienne com- munication. (15) Mém. concern. les Chinois, vol. 3, p. 253. | L 3 164 Littérature orientale. Concernant les dragons impériaux qui se trouvent sur le seçond frontispice, j’avois dit qu’ils éten- dent leurs cinq griffes, afin de se distinguer des dragons du Japon, qui n'en ont que trois. Sur cela lanouyme dit, que la gravure n’en contient que quatre. Il paroît qu’il n’a pas fait assez attention à ce qui se trouve dans le texte ; car il semble avoir confondu les griffes avec les pattes. Je n’ai pas dit que les dragons étendoient cinq pattes, mais cinq griffes seulement, et c’est la vérité, Comme je crois que l’anonyme est aussi l’auteur de l’analyse de mes Clefs chinoises , qui a paru dans votre journal, quelque temps après, je crois de- voir ajouter ici une courte réponse sur cette analyse. Il m’y reproche d’avoir suivi le préugé commun (das gemeine Vorurtheil}), que la langue chinoise ne contient que trois cent cinquante mono- syllabes environ. Il croit que tout investigateur im- partial doit reconnoître que la langue chinoise con- tient, et plus de mots qué ceux-ci, et des poly- syllabes , puisqu'elle a des inflexions, dit-il, et des mots composés, | Ecoutons là-dessus d’abord deux savans qui ont demeuré assez longtemps à la Chine, pour en bien juger. Malgré ces variétés , dit le P. Amiot , la langue chinoise ne comple que trois cent trente mots en= viron (14). Cette langue, dit le P. le Comte, ze (14) Mém. concern. les Chinois, t, 1, p. 281 Monument de Vu. 165 contient que trois cent trente mots, ot environ » LOUS d’une syllabe , ou qu’on prononce au moins d’une manière si serrée , qu’on n’en distingue presque jamais quune (15). Tous les mots de ceite langue, dit le P. Cibot, sont tellement monosy/labiques , qu'ils restent toujours tels, même lorsqu'on en met deux pour indiquer une seule chose. Soit qu’on les écrive, soit qu'on les prononce, ils ne se fondent pas en ur seul mot, comme en francois ceux de bon et de jour dans bonjour , maïs i/s restent toujours aussi distincts et aussi désunis que les mots les plus disparates. Les mots chinoïs, ajoute-t-il, étant tous monosylla= biques, ne forment jamaïs qu'un seul son : le miliew des mois est rempli par des voyelles et des conson- nes, qui ne donnent jamais qu'un seul son, et se prononcent toujours en monosyllabes (16). Apres une déclaration aussi solennelle, on ne s’attendroit pas de voir un lettré, en Europe, trai-= ter de préjugé commun, ce qui est le sentiment des gens les plus versés dans la langue, à la Chine, Si Bayer a jamais dit le contraire (ce que nous p’avons trouvé nulle part), nous pouvons lui op= poser Fourmont , qui s’y Connoissoit autant que Bayer , et qui, dans sa grammaire chinoise, dit que les mots de la langue chinoise n’excèdent pas le nombre de trois cent vingt-six, ou trois cent vingt= (15) Lecomre, Mémoires cit, (16) Cisor , Essai sur la langue des Chinois. Mèm. concern. les Clinois, vol, 3, p. 144. L3 166 Littérature orientale: huit environ, et sont tous monosyllabiques (17). Si J'on n’en peut exactement déterminer le nombre, c’est que la différente prononciation de quelques consonnes, des diphtongues et des triphtongues dont cette langue abonde, en est la cause. Au reste, tous ces mots sont et doivent se prononcer toujours comme des monosyllabes. Voilà pourquoi les Chinois ne lisent pas une période tout de suite, pour se reposer au point qui la termine, ainsi que nous faisons , mais ils lisent chaque lettre ou cha- que syllabe à part, à-peu-près comme nos enfans gui ne commencent encore qu'à lire. Cela est néces- saire , afin de donner le ton à chaque syllabe en la prononçant : ce qu'ils font avec beaucoup de délicatesse , et sans qu’il n’y ait rien de choquant ; comme par exemple , lorsque les enfans, en Frans ce, lisent en hésitant un long mot, syllabe par syl= labe (18). » D'ailleurs , ce que l’anonyme dit d'nffexions , montre encore une fois qu'il n’a pas aësez de con- noïssance de cette langue. La langue chinoise ne connoiît nulle inflexion. Pour exprimer, par èxem= ple, le génitif de dominus (ichu), on fait suivre, si Je sens l’exige, les particules 1cAr ou té, qui sont des postpositions , et qui ont leur caractère séparé et leur signification propre. Jamais connoisseur de la grammaire chinoise , n’a pu songer que {chi et ti (x7) Fourmonr , Gramar, sinic. de Vocebulorum Sinicorum naetura , p. 5. (18) Gramm, manuscr. citée , p. 3. ” 10 | Monument de Yu. 167 fissent un mot commun avec le substantif qui les précède, et dont ces particules sont séparées par | un caractère propre, par un {on propre, par une sionification qui leur est propre, et par une pro nonciation ou articulation détachée. Je finirai en observant que ce que l’anonyme dit concernant les 214 clefs , n’est pas plus fondé Selon lui, il n’y a que le dictionnaire 7se-luy, de l'auteur chinois Muy-Fn, qui se serve de cette méthode , et il l’appelle errorée. Remarquons d'a bord que l’auteur de ce dictionnaire ne s’appelle pas Muy-Yn, quoique Fourmont Va dit {19}; il s’est ici trompé. L’auteuf du dictionnaire Tse- luy s'appelle Moey - Yn, et pas seulement Mory= Yn, qui n’est que la moitié de son nom, mais f Moey-Yn-Tso-Tan-Seng. En Vappelant Muy-Fn, ïl y a non-seulement une faute d'orthographe, mais il y manque aussi la moitié du nom, et Fourmont et à a été censuré par le P. Fourreau, lors de son retour de la Chine (20). Mais voyons si au moins il est vrai que c’est le seul Tse-luy qui contient 214 clefs. Sans connoître la laogue chinoise, on peut voir dans les Médita- tions de Fourmont, et dans son Culalogue , que les meilleurs dictionnaires de la Chine ne con- noissent que 214 clefs. Le Tohing-ise-tung a 214 (19) Grammar. ling. sin., p. 549. (20) En 1744: le manuscrit de ce missionnaire se trouve à la Liblio= ?, ‘ È ns Lu icque nationale. X É 4 y 168 Littérature orientale: clefs (21) ; le Pin-1se-1sien a 214 clefs (22) ; le Kang= hi-tse-tsien a 214 clefs (23); et si le Haï-pien n’a pas arrangé ses caractères après les 214 clefs, c’est que ce dictionnaire, comme, par exemple, lAmarasin= Ra des Indiens, est arrangé par ordre des matières, et non apres le nombre des traits. La méthode que nous avons suivie est donc, comme Fourmont l’avoit déja dit, la vraie et celle qui est universellement reçue (24), loin d’être par= ticulière à un auteur seulement, ou, comme l’ano= nyme Pappelle , erronée, HAGER. (21) Founmonr, Meditar. sin., p. 124. — Gramet. sin,, pe 558 (22) Gramar. sin., p. 361, (25) Meditar. sin. cit. (24) Meditat. sin, , p. 60 CSP EEEERE DA GER DEEP ENTER ENT RENTE NEENNNENNNEN EP DEEE Eee ETIENNE) DUARCHÆOLOGIE DisSERTATIONS sur la Toilette des ani ciennes Romaines , traduites de l’allemand Seconde Dissertation (1). “ Coiffeuses. Parfums et Pommades. Teintures des cheveux. Miroirs, Epingles. A 4 Nous avons laissé Sabina entre les mains des | À femmes qui lui mettoient le fard , les soureils et Mules dents. Arrangée ainsi , elle entre au milieu de à... coiffeuses, à qui elle donne l’ordre de déployer … tout leur art. Ce jour est le 15 juillet, où se fait la revue solemnelle des chevaliers romains. La do- “ muina s’est réservée une place sur le balcon de la “ maison d’une de ses amies dans la re sacrée ( viæ sacra J. C’est là que la procession des chevaliers 1 doit passer en cérémonie. Le jeune Saturninus ,cousin «ct ami de Sabina, est chargé de précéder à cheval “les statues de Castor et de Pollux, patrons de “cette fête, Il saura sans doute attirer par sa con- Mtenance les yeux et les cœurs de toutes les specta- [A Mrices. C’est une raison pour Sabna de les surpasser “en parure; mais aussi c’est une obligation pour (1) Voy. suprè, t. IL, p. 43% 0. | Arch&æologie; ses esclaves, de faire voir tous leurs talens en coiffant leur maîtresse ! # Une chevelure dorée et tirant sur le rouges étoit devenue parmi les femmes du bon ton , une condition indispensable de la beauté, depuis " que les Romains avoient fait des conquêtes en Gaule et en Germanie, où on trouvoit cette cou= leur dans les cheveux de presque tous les indigè-M nes (2). Celles à qui la nature l’avoit refusée, (2) Le philologue batave, Jean Annzen, a recueilli et expliqué ous les passages des anciens relatifs à cet objet, dans sa savante 4 dissertation de cepillorum coloribus et cinctura. LAVEAU, dans son Histoire de France avant Clovis, p. 27, allègue parmi les raisons pour lesquelles la couleur rouge foncée des cheveux a changés dans les descendans des anciens Gaulois, le dessèchement des maraish à: et le mélange des Gaulois avec les Italiens. Il auroit pu ciler en core l’usage du vin devenu plus général. | (5) La variation des modes à vraiment quelque chose de bizarres Aujourd’hui les femmes dont le blond est un peu ardent et tire sur le faire disparoître cette couleur. Les anciennes Romaines faisoient la. coniraire , et tiroient de la Gaule un savon caustiqne ( spuma caus= P! ice, Maurraz. XIV, 26) pour rougir leurs cheveux. Pline décrit" la manière de le préparer, XXVIII, 123 avec ce passage il faut comparer WessezinG sur Drorons de Sicile , tom. I, p. 551 Ce savon, appliqué sur d’autres parties du corps, produisoit un@ à telle enflure | que les femmes cachoient ainsi leur grossesse, lors r qu’elles étoient dans les bains publics. Voyez l'histoire remarquabl Toilette. 171 he. ee. e æ 12 . “noire étoit devenue un peu plus claire, maïs pas “encore d’un jaune foncé ni d’un rouge doré. Elle “porter une perruque blonde. Elle avoit appris qu’une marchande de modes, voisine du temple d’Hercule (4), venoit de recevoir, des contrées du Rhin, un nouvel envoi de beaux cheveux dorés, Elle se rappeloit cependant que l’usage des perru- ques n’avoit lieu que lorsqu'on vouloit se rendre se et dans une extrême nécessité; les CR ma M ë ® Francfort, et sur la fabrique et la composition de cette pommade avonneuse , Becxmann, Beytræge zur Geschichte der Erfindun- en, t. IV, p. 5 et suiv. Les Romaines connoissoient la propricté corrosive de la cendre pour colorer les cheveux. Cela se voit par um fragment des Origines de Caron, conservé dans Srnvrus sur Vra- ILE, où il est dit : « Mulieres nostræ cinere cepillum ungitaæe Li Bant, ut rutilus esset crénis. » Is. Nossius sur CATULLE, p. 142, “dérive de là le mot cinerarius qui désigne quelques ministres de Ma toilette des dames romaines. afc de cheveux: « Fœmina procedit densissima crinibus emptiss « Proque suis alios efficit ære suos. « Necrubor est emiss: polam. Venire videmus « Herculis ante oculos, Virgineumgque chorum. } Miciens es romains , par exemple PA fs am. nr. 165, Ballet, il est vrai, “ crines ermpii; mais ils en parlent avec Y72 ÆArchæologie. | Sagana qui, de frayeur, perdit sa perruque. C’es pour cela que Sabina recouroit avec beaucoup dere= xl gret à ce dernier expédient, Heureusement, Nape(6), " la première et la plus ancienne de ses coiffeuses, » , jronie , et comme d’une imposture généralement désapprouvée, Lors que Messaline, dans Juvénaz, VI, 120, se déguise en fille pue blique, elle Ed ses cheveux noirs dans une perruque blonde, ê nigrum flavo crinem abscondente galero. M. Nrcozai, le der=" nier et le plus exact historiographe des perruques [dans son ou vrage intitulé : Ueber den Gebrauch der falschen Haare und Perücken in alten und neuen Zeiten; c'est-à-dire, sur l'usage” des faux cheveux et des perruques dans les temps. anciens et mo-, dernes; Berlin, 1801, avec 66 figures ] n’a pas assez distingué 1e) différentes époques. Dans les premiers temps, on ne portoit des rs ruques qu'en cas de besoin, et non comme une coutume généralement recue. Il n'y avoit que les filles publiques qui s’en servissent; leg il Paris et dans toute l’Europe. On voyoit autrefois, dans la collection d’antiques à Potsdam, le buste d'une femme chauve, à qui on pou= voit Oter sa perruque. Cela ne prouve rien pour l’approbation géné rale de cette mode. À Rome et dans d’autres Musées, on trouye plusieurs! Jus. Pio-Clém., 1. 11, pl. 5x, p. 99 et suiv. (6) Nom d’une coiffeuse en même temps con/idente. Qva. Arnory Ji Xl 2 y Toilette. 173 découvert quelques jours avant, un onguent tout nouveau pour dorer les cheveux. C’étoit le ret d’un parfumeur gaulois qui avoit sa boutique au Grand Cirque [ Circus Maximus). Voici la ma= pière de l’employer. Il falloit d’abord laver les che- yeux avec de la lessive , les enduire ensuite avec cet onguent, et les faire secher au soleil (7). Sa- bina, pour user plus commodément de ce moyen, avoit passé quelques jours au-dehors de Rome, La veille elle avoit frotté ses cheveux avec une poudre jaune , les avoit passés au fer, et enfermés dans une espèce de bonnet (8), fait d’une vessie. Elle étoit 4 - (7) Le passage de Lucien cité dans la premiére Dissertation sur Zæ Toilette (Suprà, 1. Il, p. 458.), ne laisse aucun doute sur l'usage de ce procédé. Si l’on en croit le médecin Bartholinus, les Italiennes lonuoissoient encore dans les derniers temps le secret de profiter du joleil, lorsqu'elles teignoient leurs cheveux. Voy. REINEs. Jnseripr élass. IL ,89 , p. 125. Une recette des anciens médecins cosmétiques pour sindre les cheveux en jaune , nous a été conservée par T'HEOPHANES Vonnus , dans son Epitome, chap. 5, t 1, p. 26, éd. Bernard. ” (8) Le nom technique de ce bonnet est Calantica. Noy. Sau- maise é2 Sorix. p. 392. Il étoit fait d’une vessie, ce que prouve le passage de Marrraz ( VIIL, 55), où il parle du peu d'épaisseur ä s feuilles d'or qui composoient une couronne dont on lui avoit fait présent. Il dit: Forrior intortos servat vesica capillos , la vessie “ième où l'on enferme les cheveux roulés a plus d'épaisseur. On mettoit quelquefois les cheveux dans un flet, cité par Lucrex ( de mercede conductis ,C. 35, t.11,p. 602), en parlant d’un Crræde, dommé Chéidonion ( que Massieu a transformé ridiculement en M. de l'Hirondelle). Le mot grec est x:2pUpaNG-. Hssycuius Vexplique par Cabancbioy desxeôrpiyço. Voy. les Commentateurs ce lexicographe, t. 11, p. 221. Porrux, X, 192, prouve que 174 Ærchæologie. ainsi arrivée à la ville, et attendoit enfin le succès de ses soins et de ses peines. Toutes ses servantes s'unissent pour admirer ce beau ronge, Aurore elle - même, s’écrient - elles, ne peut se vanier d’avoir des cheveux plus dorés. Sabina , ravie de étonnement de ses esclaves, trouve dans le miroir la confirmation de ce qu’elle desiroit si ardemment, Elle sourit de contentement , et se place sur un siége, pour faire achever par quatre servantes, l'édifice précieux de sa coiffure. Cala- mis (9) tient un fer qu’elle a chauffé dans un ré- chaud d’argent. Klle frise les cheveux du front et des tempes, et elle en forme des méches et des bou- cles. Psécas (10), d’une adresse qui ne s’acquiert gue par un long éxercice ; mouille les cheveux épars avec de l’huile de nard, et des essences orientales, afin de leur donner pour toute la journée RExpUPÉAES, Il paroît que les dames grecques employoient ces filets aussi fréquemment que les Espagnols et les Italiens font usage de leurs Redesillas. À y avoit une classe particulière d'esclaves , dont emploi étoit d’attacher ces filets, et que Démosthène ( contra Olym- piad., p. 1170, 27,.ed. Reïsk.) désigne ‘par le mot CaryyDévru. Voy. Pozzux, Onamast. X, 192, et les Commentateurs sur ce pas= sage. (9) Calamis où Calamistrum toit le nom du fer qui servoit à rouler les boucles. Les esclaves chargées de cette fonction, étoient appelées Ciniflones, soufflant la cendre. Horace leur donne une ploce parmi la suite des Romaines de distinction, Ser”z. I, 2, 97. (xo) Tel étoit le nom des jeunes filles qui envoyoient avec la bouche des parfums en pluie tès-déliée, sur les cheveux. Voyez sur cet art qui n'est plus connu aujourd'hui, les Comuentaleurs des Epiwes de Cicéron, ag Diversos, NAT, 16, Toilette. 175 une odeur d’Ambrosie, Ici se réalise ce que le sa- tirique Lucien (11) paroit avoir dit d’exagéré dans son indignation: « Elles épuisent, pour leur coif- « fure, les richesses de leurs époux, et leur tête « exhale tous les parfums de lArabie (12). » Les auteurs grecs racontent que les monarques de la Perse donnoient souvent à leurs épouses, seulement pour acheter leurs parfums et leurs onguens , les revenus des villes les plus riches et les plus consi- dérables. Sabina, pour fournir à cet article de sa toilette , dépense certainement des sommes non moins fortes. Elle ne connoît pas, à la vérité, l'huile antique , les poudres et les pommades à la Pompadour et d’autres, sans lesquelles les dames d’aujourd’hui ne sauroient faire leur toilette. Mais qu'est-ce que cela en comparaison des parfums et des onguens de Sabina et des autres dames romaines du premier rang ! Les parfumeurs d’Antioche et d'Alexandrie portoient à un degré étonnant Part de multiplier cet article du luxe et d'en augmenter le prix jusqu’à Pinfini. Deux productions de l'Inde, la racine d’un arbrisseau, nommé costum, et la feuille d’une plante, qu’on appelle vulgairement spica-nard ( nardus indica) , étoient les principaux Qui) Voy. suprà, t. IT, p. 439. (12) C’est pourquoi Maxrraz (III, 55) donne à Gellia, ainsj couverte d’odeurs, le nom de boutique ambulante de parfums. « Quod quacunque venis, Cosmum migrare pulamus : « Et fluere excusso cinnama fusa vitro : e« Nolo peregrinis placeas tibi, Gellia, nugis. « Scis , puto, posse meumn , tic bene olere canenk 4 176 Archæologie, et les plus chers ingrédiens de ces parfums (13). On y faisoit encore d’autres raffinemens, et les marchandes de modes leur donnoiïent une si grande quantité de dénominations , que ouvrage d’un an- cien médecin, sur les arts relatifs à la toilette, cite jusqu’à vingt-cinq noms d’onguens différens (14). Lorsque Psécas a achevé son ouvrage, elle est remplacée par Cypassis (15), belle négresse, rem- (13) On nommoit de préférence la première radiæ, la racine, et la seconde fo/ium, la feuille. ( Puis. XII, 12, S. 28, Radiæ s costi, gustu fervens, odore eximio, in Patale insula. } Les ÆAnglois qni ont été à Calcutia, sont les premiers qui nous aient donné des notices satisfaisantes sur le Nardus Indica. William Jowrs a donné sur cette plante une dissertation dans les Asiarie Mis- cellanies. Ensuite Gilbert Bzane en a parlé dans les Philosophical Transactions, vol..CXNX, P. IL. Il a comparé les passages des suciens , et il a fait représenter la plante d’après la F/ora Cochin- chinensis de Lounerro. Elle est de la troisième classe de Linné. Par Ja grande consommation des parfums dans l’antiquité, l'Inde étoit de= venue un gouifre dans lequei se perdoit l’argent de l’Europe. Voy. Rossnrson, Aistorical disquisition, concerning ancient Indian: Ii, p. 54 et suiv. (1x4) Crito, médecin de l’impératrice Plotine , avoit décrit, dans le second livre de sa Cosmétique, ces vingt-cinq essences dont les noms seuls ont été conservés. Voy. Fasricrus, Bibiioth. græc. T. XHI, p. 590! J’observerai encore que les inscriptions de Grurer, de Rrixesius et de Musarontr, donnent les meilleurs renseignemens sur les richesses et la multitude des marchands d'épiceries à Rome, qu'on divisoit en plusieurs classes, (15) Une fusca Cypassis nous est connue par les élégies amou- reuses d’Ovide (11, 7 et 8); ces passages démontrent aussi la science des nègresses dans l'intrigue et la volupté. L'on voit qu’elles étoient déja alors pour les Romains , ce qu'elles sont encore aujourd'hui pour les Européens ei les Créoles dans les Indes occidentales. Cm Toilette, 177 plie d'adresée, entremetieuse rusée, et pour cela favorite de Svhina, qui sait apprécier et récom- penser ses services secrets. Cypassis a la fonction principale de cette partie de la toilette. Son emploi est de former avec les cheveux peignés et parfumés de belles tresses qu’elle réunit au sommet de la tête en une espece de tor‘illon. Cela fai oit une coiffure qu’on appeloit nœud {rodus ), et dont les formes et les ornemens varioient beaucoup (16). La négresse Cypassis est aussi la dépositaire du petit coffret, qui renferme avec les choses les plus pré- cieuses de la toilette , les épingles d’ornément, artistement travaillées en or. Elle prend la plus significative, lenfonce dans les tresses, et donne ‘ainsi de la solidité à la coiffure. Il étoit difficile, parmi douze épingles différentes, renfermées dans la boite , d’en trouver une qui exprimât précisément par sa figure les desseins secrèts de sa maîtresse. Elle avoit d’abord voulu choisir la plus élépante, (16) Ce que les dames grécques nommoient xopipeGioy ou 2p@= GuAG+ étoit appelé par les Romains nodus. L’épingle qui attachoit l'édifice entier des cheveux avoit le nom de acus discriminalis , que Winckelmann a très-bien rendu en allemand par le mot Nesr- nadel. Elle étoit souvert creuse et renfermoit du poison, dernière ressource du désespoir. Voyez dans Tacrre, Annal. IL, 7, l'histoire de l’empoiseaneuse Martina. Ce fut de la même manière que s'empoisonna la célebre Cléopaire, selon Dion Cassius, p. 644, 24, avec les remarques de Rermarus. L'on doit remarquer comme une chose singulière que dans les pays où les commis des douanes exercent une surveillance rigoureuse , les femiues emploient souvent leurs coïffures à cacher de la connebande, comme autrefois elles y cachoïent du poison, Zome IIL M 198 … Ærchæologie. celle qui se terminoit au lieu de bouton en un cha- piteau Corinthien, servant de base à deux petites figures en or, Amour embrassant Psyché (17). Mais elle se rappela fort à propos qu’en ce jour toutes les peines qu’on prenoit étoient pour le jeune Sa- turninus. Plusieurs fois elle avoit suivi sa maîtresse au temple d’Isis, sur les bords du Tibre; elle avoit été en secret témoin des caresses que Sabina avoit prodiguées au jeune homme sous un portique sombre et écarté, L’adroite Cypassis s’empressa donc de prendre une autre épingle également élégante. C’étoit l'ouvrage d’un orfevre grec. Elle étoit ornée d’ua chapiteau corinthien, portant une jolie figure de V' Abondance , qui tenoit à la main droite une corne d’abondance , et qui caressoit de la gauche un dau- phin qui se pressoit contre elle. Sa coiffure formoit deux cornes élevées, symbole connu de la déesse Isis ou de Ja lune (18). Sabina mettoit ordinaire- (:7) Une épingle d'argent, longue de 8 pouces, et avec les ornemens que je viens de décrire ,| se trouve , ainsi que trois sutres semblables, dans le Musée du roi de Naples à Portiti. Wincrezmans en parle dans sa lettre sur quelques découvertes d'Herculanum , p. 61. (:8) Une épingle avec les mêmes ornemens agréables détaillés dans le texte, a été figurée et décrite par le comte de Caylus dans, son Recueïl d'Antiquités, T. 1V, pl. LXXX, n°5, p. 264. EElle n'est pas au Cabinet des Antiques de la Bibliothèque. natio- male, ] On voit par Jà que l'antiquité mettoit du goût. jusque. dans les bagatelles; tandis que le prix des plus belles aigreites d’ä-présent est tout à fait nul sous le rapport de l’art. Aujourd'hui que le goût de l'antique est dominant , ces épingles ornées de têteg d'Isis ne devroient-elles pas reprendre leur crédit auprès des dames? LT À | Toilette. 179 , ment cette épingle lorsqu'elle assistoit au culte public d’Isis sur les bords du Tibre. Maïs, dans ce moment , cette épingle ofroit un autre sens, tres- intelligible pour ceux qui étoient dans le secret, . « Souhaitez-vous , madame , demanda Cypassis « avec un sourire malin, que je vous mette la belle « épingle d’Isis? » Sabina comprit son intention, ef ses sourcils reteints lui firent des signes d’appro- bation. En tirant l’épingle du coffret , on vit tomber une bande de parchemin, dans laquelle elle étoit enveloppée, et qui contenoit une petite épigramme de Martial. Ce poète étoit le Favori des dames à la mode. Pour leur plaire il avoit fait sur presque toutes les parties de la toilette, des petites inscrip- tions ou épigrammes, qu’on donnoit à l’époque du - nouvel an ou de Ja fête des saturnales. Les vers, dans lesquels Cypassis avoit enveloppé l’épingle , étoient une nouveauté du jour que Saturninus avoit depuis peu présentée à Sabina. Lorsqu’elle s’en apercut, cela reveilla en elle de doux sou- venirs. Les signes d'approbation se changèrent en un sourire joyeux, qu’elle adressa à la petite né- gresse , attentive aux moindres choses. Tiens , Napè ! s’écria la Domina, devenue tout - à - coup bavarde et communicative , en s'adressant à la ser- . vante qui étoit devant elle, pour achever la der- nière partie de la toilette. Lis, Napè! et remarque Vhabileté du poète qui sait faire des inscriptions sur la moindre bagatelle. Napè prend le parchemin Met lit : * M 2 180 Archæologie. L'ÉPINGLE D'OR. « De peur que tes cheveux parfumés ne gätent ton « habit léger de soie , qu'une épingle attache et « soutienne les boucles éparses (19). » Cela est beau! s’écrient les coifleuses. Cela est beau ! répètent à l'instant toutes les esclaves qui plus loin formoient un autre cercle autour de la Domina. Napè, la première de la troupe , et coiffeuse par- faite, achève l’ouvrage de ses compagnes. Sabina lui avoit fait apprendre, dans la meilleure école de Rome , la théorie de la coiffure , selon qu’elle devoit être adaptée à l’air du visage , aux différentes chevelures et même aux habillemens (20). On dé- libéroit si Sabina devoit laisser tomber négligem- ment ses boucles sur ses tempes et entourer le de- vant de ses cheveux d’un diadême , ou si elle devoit en former un toupet. Le nom de diadéme étoit donné à cette sorte de coiffure , parce qu’elle entouroit le front et les tempes, de sorte que les cheveux de devant seulement tomboient par petites boucles; en cela le diadême des dames ressembloit à celui des anciens rois ; mais il en différoit en ce que souvent le (19) Tenuia ne madidi violent bombycina crines, Figat acus sparsas sustineatque comas. Manrraz , XIV, 24. (20) On sait par les lois romaines, Digesr. XXXII, 65, 3, que les coiffeuses étoient obligées de faire un apprentissage de plusieurs mois chez des maîtres habiles. Celles qui n’avoient appris que pendant deux meis ne passoient pas encore, selon la loi, pour artistes. Quant à J'art mème, Ovide (ers em. LIL, 135-14g« } en enseigne les élémens. Toilette: 18r bandeau s’élevoit au - dessus du front, pour y former un segment de cercle (21); quelquefois c’étoit une plaque d’or massif qui s’élevoit sur le front ; quelquefois le ruban étoit orné de plaques d’or et de perles. Cette coiffure avoit quelque chose de sévère et de majestueux ; aussi n’étoit-elle en » fois la préférence au toupet. C’étoit encore une e. (21) Les Grecs désignoïent cet ornement de tête par le mot ! Cod, ainsi qu’on le voit clairement par Porrux, V, 96, et EusTATue, sur Denys le Periegète, NV. 7. Il existoit cependant une quantité de variétés de ce diadème. Voy. Viscontr a Mus. Pio … Clem. 1, p.35, et les observations que l'abbé FEA a ajouté depuis “à l'Histoire de l'Are de WinckezmaAnn , t.I, p. 317: enfin celles “de M. Visconti lui-même , Aus. Pio Clem. IV, p. 7. 1] paroït d'a- “près Isidore que dans les temps postérieurs les Romains dornoient à cet ornement de tête le nom de nimbus, ainsi que M. Oserzx l’a | it voir avec beaucoup de sagacité daus sa Lettre à D. le comte de Skawronsky, sur un Bijou dont ce seigneur @ fait acqui- “sition à Rome, ( Strasbourg , 1779 , 16 pages in-8.° ). C'est una plaque d'or pour placer au-dessus du front : une petite chaîne qui y est attachée sert à la passer derrière la tète et soutient le diadème. Ce bijou a été trouvé dans un vase cinéraire dans les ruines ds Lavinium : aujourd'hui il est conservé dans le cabinet impérial des “Antiques à Pétersbourg. Le nom de diadème employé ordinairement ornement de tête. Voyez la figure de ce diadème publiée dans la 4 M 3 de EC 182 Archæologie. espèce de tortillon, soutenu et entouré de boucles 4 des deux côtés (22). \ Pendant ce tumulte occasionné par la coiffure d’une seule femme, personne ne jouoit un rôle plus ennuyeux et plus fatigant que la pauvre La- tris (23). Telle est le nom de la servante qui pré- sente à Sabina le miroir de toilette, tantôt à gauche, tantôt à droite. Au moyen de quelques ressorts artis- tistement placés dans une toilette, l’art des ébé- nistes sait aujourd’hui procurer l'avantage de don- ner au miroir qui y est attaché, toutes les direc- tions imaginables. Les dames romaines faisoient la même chose d'une manière tout-à-fait differente, Elles avoient des porte-miroirs vivaus , c’est-à-dire des esclaves dont la seule fonction étoit d’observer adroitement, pendant la toilette, tous les mouve- w mens et les regards de leur maîtresse, et de lui pré- (22) Ce tounet que les caprices de la mode changeoïient aussi fré. ) quemment que les coiffures de nos dames, avoit un nom technique, M #utulus, La manière de l’ajuster avec perfection étoit, pour ainsi dire, le chef-d'œuvre de l’art de la coiffure. C'est pour cela que les Ro- maines de distinction avoient des esclaves uniquement pour cette fone- tion. On trouve ure ornatriæ à tutulo citée dans une ancienne épitaphes f publiée par Grurër, DLXXIX, 5. Voyez aussi la Dissertazions M Tusculane sopra un’ antica inscrizione , appartenente ad un& # prnatrice, par le comte de Guasco, Rom., 1777, in-8.0 (25) On lit ce nom dans Prorerce, IV, 7, 75. Voyez aussi dans mesh Griechische Vasengemæhlde, 1. IL, p.48, l'explication de la dixiemem planche du premier volume des vases de M. Trscuseix : la peintre. de ce vase nous fait voir une esclave qui présente le miroir à sa mais tresse. Latris se disoit proprement des esclaves qui n’étoient pas nées dans cette condition. Voy. VazcrenAEr in Ammoxrüm 11; 4, p. 99: Toilette; 193 1 señter le miroir, tantôt d’une façon , tantôt de l’autre. Si l’amant, le Cavaliere serviente, de ma- . dame obtenoit la permission d’assiiter à la toilette ; il remplacoit quelquefois la servante chargée du miroir , et remplissoit ainsi les préceptes du maître de l'art d’aimer, qui dit : « Ne rougis pas ; quelque # honteux que cela puisse Es, de prés senter” le ini “ roir..Ce qui ne convient qu'aux esclaves, te con « vient (24), » Les miroirs dont les Romaïnes de distinction se servoient à leur toilette, valoient bien la peine qu’on leur destinât une servante particulière. Ces miroirs étoient sans doute du nombre des meubles les plus magnifiques et les plus précieux de l'antiquité (25). Ils n’étoient pas de verre ainsi que les vôtres, mais de métal poli, comme les miroirs de nos télescopes. Celui de Sabina est une plaque d’argent, entourée de pierres précieuses. On y avoit employé la nouvelle découverte de placer sous l'argent une lame d’or, procédé par lequel, selon Pline, on croyoit faiie re- fléchir les fgures avec plus de clarté (26). Le rond du miroir est posé au bout d’un manche d'ivoire, auquel on a attaché des deux côtés deux petites éponges, pour effacer à l’instant le moindre soufle qui pourroiït ternir (24) Ovno. Ars am. II, 215. (25) Toutes les preuves de ce que je viens de dire ont été recueillies par BeckmanN Geschichre der Erfindungen ( Histoire des Inven- tions ), t. LIL, p. 275 et suiv. On trouvera des additions à ce que M. Beckmann a recueilli dans mes Griechische Vasengemæhlde; 1, 1114 p: 46. ” (26) Prix. XXXIII, 9, 5, 44e M 4 184 Archæologie. Je métal (27). Latris tient le miroir de la droite, Elle porte sous le bras gauche l’étui du miroir , sur le- quel on voit en relief un sujet figuré fréquemment sur les pierres antiques, c’est-à-dire, lAmowr pré sentant à Vénus unadyomène , le miroir qui lui est consäcré , et que tous les calendriers offrent en- core aujourd’hui comme le signe de la planete de Vénus [S]. ë ? Si la pauvre Latris brisoit où endommageoit ce miroir précieux, elle le païicroit de sa vie; car le prix de ce meuble est beaucoup plus considérable que la somme pour laquelle on Pavoit acheté d’un marchand d'esclaves d'Alexandrie. Séneque pensoit probablement à un miroir de ce genre, lorsqu'il déclamoit avec aigreur contre le luxe de ses contem- porains : « Un seul miroir, dit-il, coûte plus aux “« dames, que ne coûtoit autrefois à l’état la dot # qu’il donnoit aux filles des généraux pauvres. La « dot que le sénat accorda à la fille de Scipion, * ne suffiroit pas aujourd’hui pour acheter un mi- »“ roir à la fille d'une affranchie (28)! (27) Les passages à l'appui de cette assertion ont été recueillies par Ys. Vossrus sur CATULLE, p. 07. (28) Seneca , Quæse. Nar. I, 45. - RE SC Pie de à is | POÉSIE LATINE. SILFES de PUBLIUS PAPINIUS STACE, traduites d’après les corrections de J. MARKLAND ; avec le texte et des notes, par S. M. DELATOUR. À Paris, chez Coinet , libraire , rue du Bacq, n.° 618; Treurtel et Wirtz, quai Voltaire; et Mon- ge, Palais-Egalité. An x1. Très-fort vol. in-8.° d'environ 650 pag. Prix, pour Paris, 6 fr.; et 8 fr, pour les départemens, Troisième et dernier Extrait (1). « Gelui-là seul ignore toutes les difficultés de la « traduction, qui n’a jamais traduit. » DESFONTAINES. f Dixs la littérature, le champ de la traduction est de tous le plus difficile à cultiver, et le plus ingrat ; celui qui exige beaucoup de travail, et qui promet peu de gloire et de succès, Le traducteur - Je plus estimable, qui ne mériteroit que des éloges, (1) On s’est fort étendu dans ces différens extraits, sur cet ancien auteur , et beaucoup plus que sur d’autres qui lui sont trés-supérieurs ; par cette raison-là même, que les poésies de Stace étant moins ré- pandues, sont moins connues , et qu’elles méritent cependant de l'être Sous toutes sortes de rapports. Les deux extraits précédens sont, an VI, VI, p. 48, et au IX, t. 11, p. au. 186 Poésie latine: est d'avance presque sûr de recueillir des critiques; peu d’éloges, et jamais l’immortalité (2). Mais aussi les traductions sont-elles véritablement avantageuses à l'avancement des lettres? Plusieurs savans ont ré- gardé comme un problême à résoudre, si les tra- ductions avancent ou retardent leurs progrès. Les abbés Vatry et Gedoyn, qui différoient de senti- ment, eurent en 1734 une dispute littéraire à ce sujet. Le savant évêque d’Avranches penchoit con- tre la publicité des traductions; il croyoit qu'elles #avorisoient la paresse et qu’elles éloignoient, les étudians des sources mêmes; que les traductions, en se multipliant, ayoient été en partie la cause que les anciens originaux avoient été trop négligés , et, par là, qu’elles avoient porté un coup mortel aux bonnes études (3). Un savant anglois, Thirlby, a été encore plus loin; il a prétendu que s’il y avoit un si grand nombre de demi-savans, et si peu de savans véritables , il falloit s’en prendre non-seule= ment à nos traductions en langues vulgaires, mais (2) En effet, À l'égard des traduéteurs, qui peuvent se promettre de passer à la postérité, on ne peur citer que très-speu d'exemples, et qui ne doivent pas tirer à conséquence ; je veux dire trois ou quatre traducteurs ep vers, pris chez différentes nations, un chez chacune : Pope, le traducteur d'Ilomète, dont la version est misé par les An< glois, à côté de l'original; Dryden peut-être , pour son Virgile; M Voss chez les Allemands, pour ses traductions célèbres, en vers métriques , de Virgile et d'Homère ; et dans notre langue, M. Delille, pour son admirable traduction des Géorgiques. (5) Dubitavi sæpè numero detrimenti ne plus in rempublicara Litterariam invexerit interprerandi ars , eut emglumenti ? (HU£#) de claris interpretatibus. ) ae A" RE ed se s Syles. 197 .: même à celles du grec en latin (4et5). Mais le plus terrible ennemi de la traduction a été, sans contre- dit, M. Ferlet, ancien professeur de l’Université de Paris. Il faut lire le DiscOURS PRÉLIMINAIRE ( il est curieux } de ses savantes « Observations lit- “ téraires, critiques, politiques, militaires, géogra- « phiques , sur les histoires de Tacite.….. Paris, « Levraull jan 1X. » Le professeur y dénonce le genre de la traduc- tion comme .frivole dans ses moyens , absurde ct contrudictoire dans ses principes , dangereux et Juneste dans ses conséquences. Un homme d’esprit a dit de cet ouvrage , lorsqu'il parut et fit beau- coup de bruit : « que divers sayans, en différens temps, avoient porté de terribles coups à la tra- duction, et que toutes ces attaques n’avoient été qu'une espece de jeu , où l’on n’avoit essayé, pour ainsi dire , que le fleuret; mais que c’étoit ici un combat à outrance, dans lequel l’agresseur se mon- truit avec des armes d’une trempe très-forte, et beaucoup plus tranchantes que celles dont on s’é- toit servi jusqu’alors. » J’ai cru devoir indiquer ou rappeler aux personnes qui se vouent à ce genre d’études , leur adversaire (4) Ornnibus versiontbus de græca in latinam , de utravis in vernaculas, hanc cum doctorum incredibilem. paucitatem , tum serni-doctorum er sciolorum multitudinem præcipuë ni fallor , debemus. [ Præf. in Just. philos. ] 5) Styan Thirlby , célèbre critique anglois , né en 1692, mort en 1755; éditeur estimé des OËEuvres de S. Justin, martyr. Londres, 3729. [New pocket compendium, London, 1794, in-x6, ] 188 7 Poësie latine. le plus acharné. L'homme raisonnable est ennemi des extrêmes ; et de tout temps et partout , les littérateurs les plus sages et les plus instruits ont senti les différens avantages de la traduction, Je conviens avec M. de La Harpe, qu’on peut traduire une gazette, un Suétone, mais qu’on ne peut jamais rendre un Tacite, un Horace. Il ne s’en suit pas de là qu’il faille proscrire toutes nos traductions. Je pense, au contraire, que de quel- que main qu’elles nous viennent , et de quelque auteur qu’elles soient , il est rare qu’elles ne puis- sent avoir un degré d’utilité par plusieurs raisons. Si des hommes instruits, si de savans commen- fateurs se trouvent souvent embarrassés , et quel- quefois même ne sont pas d’accord entre eux (6), il est certain que celui qui a fait une étude par- ticulière et approfondie de l’auteur qu’il a voulu transmettre dans sa langue , peut étre utile à l’homme instruit, qui aura quelque doute à éclaircir. Le traducteur savant et fidèle doit être encore utile aux gens du monde qui ont fait dans leur jeunesse de bonnes études grecques et latines, mais qui, faute d'usage et de culture, ne sont point forts sur ces deux langues anciennes, Enfin, les traductions sont nécessaires à ceux qui n’ont point étudié , et c’est la classe la plus nombreuse. On peut ajouter (6) On sait que M. Rollin et l'abbé Gedoyn n’étoient pas d’accord sur un célèbre passage de Quintilien, [ Autores alios in ordinem redegerint, alios omnind exemerint numero.] Plusieurs autres savans interprètes avec eux , ont élé et sont encore partagés sur le sens de cette phrase : £4 adhuc sub judice dis est. Syles. 189 ici, quelque médiocres que puissent être les ver- sions, par exemple, de l'Énéide et de la Pharsale, d’Horace et de Perse , de Cicéron et de Sénèque, de Cornelius Nepos et de Facite, que l’on saura toujours bien distinguer le caractere original de ces différens auteurs. Il faut donc en conclure que, les traductions les plus foibles et les moins piquantes par le choix des auteurs, sont toujours utiles à quelques égards. Mais quand les traducteurs des anciens sont d’excellns écrivains, quand, de plus, * leurs versions sont élégantes et fidelles, alors on … doit les priser comme on prise de belles gravures, comme nous regardons les excellentes copies des admirables tableaux des Michel Ange et des Ra-- phael. Dans leurs gravures, on n’exigera pas sans doute le coloïis et la vérité du pinceau de ces grands maîtres ; mais le connoïisseur y admirera du moins la fierté des tétes, la beauté des draperies, Partifice et l'illusion, le moelleux et les graces du …_ burin savant, lier et suave à-la-fois, des Edlinck, ! des Drevet et des Audrans. De telles copies, les …. uneset les autres, ont le grand avantage de rap- in ? 14 peler les éleves et le publie à la bonne école, celle des anciens ; à la source pure du vrai beau. Ces copies, ces traductions consolent du moins ceux qui n’ont pas le pouvoir de voyager avec Homère ou Virgile, dans le pays de la Grèce et des Latins, comme ceux qui n’ont pas le bonheur de pouvoir admirer de leurs propres yeux les chefs - d'œuvres de Saint-Pierre de Rome et du Vatican. D’après les principes que l’on vient d'établir , que 190 Poésie latine. les traductions ont toujours un degré d'utilité plus ou moins sensible , je crois pouvoir avancer que le nouveau traducteur des Sylves de Stace a rendu un vrai service aux amis de la poésie, en leur rap- pelant un auteur trop négligé, et qui ne mérite pas d’être oublié. Pour réussir dans cette entreprise ingrate et difficile, il falloit réunir comme M, de Latour, un nombre de qualités que n’ont pas tou- jours les traducteurs, une parfaite connoissance des deux langues, une intelligence et une sagacité peu communes dans le discernement, le, choix et le rapprochement d’une multitude de scholiastes ver- beux, quelquefois obscurs, souvent peu d’accord entre eux. Il failoit une sorte de courage et d’opi- niatreté dans ce travail fatigant et ennuyeux. M. de Latour a, de plus, apporté dans ce travail une plume exercée, et déja encouragée par. des versions précédentes, favorablement accueillies du public et de plusieurs littérateurs distingués ; et enfin, cette ardeur et cette confiance que donne naturellement la jeunesse. Muni de ces divers avan- tages, il a su triompher à-la-fois de son entreprise et de ses concurrens. | Pour indiquer les endroits marquans où le tra- ducteur a su montrer une supériorité digne d’élo- ges, il faudroit citer la plus grande partie de sa version ; mais par. cette raison là même, elle mé- rite qu’on y fasse plus d’attention , pour y reprendre quelques taches qui la déparent. La traductiou d’un auteur difficile, qui s'annonce pour étre la meilleure, et qui inspire une confiance entière à ‘1e \ Sylves. TO! ceux qui la prennent pour guide, impose à la eri- - tique d’y relever quelques erreurs échappées à _ l'inadvertance du traducteur, et qui pourroient . égarer ceux qui se fient à son exactitude ordinaire, Dans la traduction de V’Ép£ire dédicatoire en prose, * du premier livre des Sylves de Stace, à son ami Stella, M. de Latour présente mieux le sens de l'auteur que M. Cormiliolle, son prédécesseur, … Comme lui, cependant, il traduit le gratiam cele- ritatis par le mérite de la promptitude [ pag. 4 ]. n Jamais la rapidité du travail, en vers surtout, n’a … pû faire le mérite d’un ouvrage. Mais Stace rap- pelle ici la célérité de sa composition , gratiam , comme un motif d'indulgence en faveur de ces |! poésies. À Dans l'Épihalame de Stella et de Violantille, livre premier, Sylve II, le traducteur embarrassé du mot amplexum, fait entrelacer par les bras de « Stella ceux de son épouse, que le poète fait em- —… brasser par l'Amour et les Grâces, ce qui est beau- “ coup mieux. Pour faire verser des pluies de fleurs et de par- …._fums, M. de Latour a substitué némbo au mot dymbr& des manuscrits et des éditions , et qui si- gnifie sariette, « par la raison, dit-il, qu’on n’a “ jamais placé des guüirlandes de sariette, dans … « les mains des graces et des amours. » Il ne s’agit = point ici de guirlandes de saïiette dans les mains 4 des graces et des amours, mais simplement de cette # herbe odoriférante , répandue avec des fleurs sur à. ï. l'épousée, Or, la fable et une multitude de monu« 192 Poésie latine. mens nous apprennent que le thym, le serpolet, la sariette, et en général les plantes aromatiques étoient consacrées à Vénus et aux amours, par une raison physique , parce qu’on attribuoit à cette classe d’herbes des vertus relatives à l’amour. On en faisoit même entrer dans les philtres : il faut donc conserver le mot /ymbr& dans le texte. Sed præcipuë qui nobile gressu Extremo fraudatis epos , date carmina faustis Digna toris. [| page 58, vers 250. ] La traduction rend ainsi ces vers , d’une ma- piere contraire au sujet et à la nature du poëme désigné par epos. « Vous surtout qui rompez la me- « sure des vers consacrés aux héros , égalez la beauté «“« de vos accens à la beauté de ce jour. » Il ne s’a- git nullement ici de vers héroïques pour célébrer le mariage d’un poëte élégiaque ou érotique. Parmi les poètes , qui suivant Stace , auroient été charmés de concourir à la célébration du mariage de son ami, et qu’il nomme immédiatement après, il n’y a point de poète épique. Les vers consacrés aux héros, les hexamètres ne rompoient point la me- sure, ils marchaient uniformément ; et d’ailleurs, les oreilles délicates des Romains et des Grecs au- roient été blessées par des vers quelconques, qui auroient rompu la mesure ; mais ils avoient admis dans leur poésie , diverses espèces de vers, qui avoient des mesures différentes ; et le traducteur à confondu le mot epos, épi, neutre, qui veut dire épopée ; ayec le mot epos, indéclinable , ou epos ; epodos, 3 Syles. 193 épôdos, qui signifie un autre genre de versification, genre qui admet des vers inégaux, longs et courts, … de différentes espèces ; telles sont les épodes d’Ho- race, qui terminent le cinquième livre de ses odes, Ces vers élégiaques ou érotiques étoient une espèce d'épode.Ce genre de vers convenoit particulierement aux épithalames , comme Stace le fait d’ailleurs assez entendre dans le même endroit. M. Cormiliolle » wa point donné dans cet écart, mais dans un autre - plusconsidérable, dans ce même passage , où il prend L un pluriel pour un singulier; il adresse à Stella, … J'iñvitation que Stace fait aux poètes élégiaques. Livre second, Sylve VIT, sur le jour natal de Lu= caïn , le poëte est fort ampoulé dans son éloge de Lucain. Le devoir en général d’un traducteur, est de faire connoître son auteur tel qu’il est; il ne doit mi l’afFfaiblir ni l’outrer dans ses expressions. M. de Latour enchérit en quelque sorte sur son original, dans la traduction des vers suivans : Attollat refluos in astra fontes Græco nobilior Melere Bæris. [ page 146, vers 53.] de la Grèce , élève ses eaux vers les astres , en les faisant refluer. Le traducteur substitue à cette pen= sée , celle-ci : « que les flots du Bétis rebroussent « jusqu'aux astres ; » Jes eaux d’un fleuve ne peu- vent refluer versles astres, puisqu'elles n’en viennent … point. L'image de Stace est simple et juste; celle du traducteur ne l’est pas. j Tome III. N 194 Poésie latine: Même poëme, p. 148. M. de Latour a retranché trois vers du texte d’après le commentateur Markland , l’un qui désigne l’Orphée de Lucain ; et les autres ajoutés au portrait de Polla. Ces deux passages n’ont rien d’étranger ni de contraire à la phrase et au dis- cours , rien qui contredise le texte du poete latin. Je tiendrois surtout au premier vers que je crois supprimé, mal-à-propos. TIngratus Nero dulcihus theatris. - parce que ce vers rappelle le souvenir d’une ance- dote nécessaire dans la vie de Lucain , honorable à sa mémoire , et intéressante pour la postérité. Ce vers nous rappelle, en effet, la cruelle jalousie de Néron contre Lucain , qui eut l’imprudence de con- courir sur Îles théâtres par son Orphée contre la Niobé d’un poète jaloux à l’excès et empereur ; et que le chantre de la pharsale et de la liberté, eut le malheur de remporter la victoire sur ce rival ab« ject, puissant et redoutable. Il est facile de s’apercevoir que dans un recueil d’une quarantaine de petits poemes, la plupart dif- ficiles à entendre parfaitement , et à bien rendre dans notre langue, ce qu’on a pu y reprendre, se réduit à bien peu de chose. Cependant, comme le goût de M. de Latour paroît avoir tourné ses tra- vaux vers un genre d’études qui lui a mérité des succes encourageans , nous l’invitons pour en re cueillir de nouveaux à soigner davantage encore son style, à se défier de la facilité de son travail et PE mm Sylves. 195 des éloges dont il a droit de s’enorgueillir ; car on l'a dit, et c’est une vérité , que L'ennemi des défauts est l’ami des talens; et M. de Latour a prouvé qu’il a vraiment du tas lent. Cetraducteur aime beaucoup l’inversion , qui donne en effet un air poétique à la prose ; il a su la pro- diguer dans son recueil avec beaucoup d’avantage ; mais aussi , quelquefois elle y est forcée et d’un mauvais effet. On peut lui reprocher quelques ex- pressions et quelques tournures trop recherchées et peu naturelles, quelquefois des phrases un peu trop longues ou embarassées. Ce sont quelques taches dans un grand et beau tableau , que l’auteur saura bien faire disparoître , car nous sommes assurés d'avance, que M: de Latour nous saura gré de cette fran- chise ; et qu’en relisant son ouvrage avec un œil sévère , 1l reconnottra lui - même la vérité de ces assertions, et qu’il aimera à faire usage de ces con- seils. Nous en aions sous les yeux la preuve. Voict ce que je veux dire : pour sonder le goût du publie et pour préluer au recueil complet qu'il avoit dessein de faire paroître , M. de Latour avoit pu- blié d’abord ans l’estimable journal des Soirées Lit- téraires ; les deux Sylves sur lesquelles nous venons de nous arrêter. Dans la réimpression de ces deux pièces, on remarque avec satisfaction, que l’auteur en a fait une révision sévère , à laquelle le meil- N 2 196 Poésie latine. leur goût a su présider , et qui lui a fait corriger — un nombre de locutions répréhensibles (7). D’après examen le plus impartial , nous croyons pouvoir assurer que cette nouvelle traduction des Sylves est la plus exacte, la plus fidelle et la meil- leure ; et qu’elle mérite les éloges et la reconnois- sance des amis des lettres. L’on ne peut qu’inviter M. de Latour à nous traduire quelque ancien auteur difficile, qui ne lait pas encore été , ou qui l'ait été mal dans notre langue. Ce jeune traducteur est fait pour enrichir notre littérature dans ce genre utile, difficile et trop peu prisé ; et il fera bién de poursuivre une carrière qui lui promet de nouveaux succès. E. B. (7) Voici plusieurs de ces locutions dont l’auteur a fait justice lui même. On rappelle ici ces imperfections qui ont disparu dans la réimpression qui fait l’objet de cet extrait, non pour mortifier un jeune écrivain à qui elles étoient échappées dans la chaleur de la composition ; mais pour louer à cet égard la sévérité et la justesse de sa propre censure. Elle prouve, dans l’auteur , un mérite rare et qui accompagne ordinairement le vrai talent, celui de n'être jamais content de soi. Voici donc quelques-unes de ces locutions vicieuses qu'il a eu le bon esprit de rectifier. Le Jour que la parque a filé de ses toisons de neige. La deesse arrache au duvet ses membres rivaux des astres éclatans. Ltandre, d’un feu moins vif, réchauf= foit Les glaces de l'onde. Que le lierre borde les neiges de vos robes. Les cris de ses roues gémissantes. Calliope essuie de sa dyre brillante, les pleurs éparses sur les roses de ses joues. Ton image sur l'or, &rèlle dans Les nues sur sa téte. L'auteur a sagement substitué. ici: Ton image , qui, reproduite sur l'or, brille au-dessus de sa tête, Voici, je le répète, la meilleure preuve du bon esprit d’uu boa écrivain. LL eneemnaen neo ce een men ANTHOLOGIE. DISSERTATION sur une Epigramme grecque de Philodème. Ex donnant dans ce journal (1), une notice sur Léonard Philaras , je promis (2) de faire un arti- cle particulier sur une épigtamme de Philodème , dont il étoit question dans cette notice, J’avois ou blié ma promesse ; mais l’excellent ouvrage de M. * Huscake (3) me l’a rappelée. Cette épigramme, qui a exercé la critique de plusieurs savans, paroît d’abord fort obscure ; mais lorsqu'on l’examine plus attentivement, son obscue rité se dissipe peu-à-peu, et à la place de ce oa- limathias double qu’on croyoit apercevoir à la pre- mière lecture, on trouve une épigramme très - élé- - gante. Voici le texte du manuscrit Palatino - Vatican, pag- 454, qui n’a pas encore été fidellement repré- senté. Nous verrons ensuite ce que des critiques cé= lèbres ont fait pour l’éclaircir. DIAOAHMOY. ’ Æusloxmpomaacle pupoyper uscemporams (x) Année V, t IV, p. 511 et suiv. (2) Page 517. (5) Analecta critica in Anthologiam græcam, cum Supple-t m'ento epigrammatum, mazimam partem ineditorum. lenæ & dipiiæ , 1800. In-8.® de xiv et 310 pages. N3 198 Anthologie. Evaans dinlepéyar Kadoy éyaaua w0wt idoy por mepot dpecivaus prupoy À peovox iv Ad pee Abodunla dE mon mélpidie VEudru déayélaos mx 2povoy" Gerde a ajuy pos Eaybdp1oy, vai vai, To yhuxd rSlo psn©* "Ov 404 ciravbpapolonovaup@> ty povoxaire Ac Ce Bis er dUopope mépidia. J'ai déjà observé dans ma notice sur Philaras que Je manuscrit de l’Anthogie, connue alors sous le nom d’inédite , qui lui a appartenu, et qui proba- blement est écrit de sa main, renfermoit cette épi- gramme en entier. Celui du président Bouhiern'offroit au contraire que les six premiers vers que Brunck a insérés dans ses Lectiones et Animadversiones (4) les deux derniers , qu’on lit à la page suivante, ayant été cités seuls par Saumaise (5), l'éditeur des. Analectes crut qu’ils appartenoient à une autre épi- gramme. D’ailleurs Saumaise les donnoit, non tels qu’il les avoit trouvés dans le manuscrit Pal., mais tels qu’il les avoit corrigés, sans avertir selon sa coutume , qui certes n’étoit pas louable, des chan- gemens qu’il avoit introduits dans le texte (6). Cette épigramme a ét6 publiée, pour la première fois , en entier, par D. CARLO Rosintr , l’un des quatre académiciens chargés de publier les Papyrus d'Herculanum , heureusement échappé à la tourmente (4) Page 144. (5) Pin. Exercit. , page 850. . (6) Voyez ce que j'ai dit de ces licences de Saumaise, année JV, tome I, page 94. Philodère: 105 révolutionnaire qui a agité son beau pays, au tri- bunal de sang qui y avoit été érigé... et aujourd’hui évêque de Pozzuoli , page 4 des prolézgomènes du premier volume de ces Papyrus (7). Il y a joint un fort long commentaire et il la rétablit ainsi, sans accents. Æad° à xmporharle y peupoppoe | HsTampourt y Evans | Cenlepuyar mao ayañuea male z HAS por peprs dpoiveis peugoy | er povoxAivs Aer pe Dibodule de mêle mefpioiw Evdiiy alarvalus muy parer” &dt may pes EcyÜæproy" ve veg* To yhuxu 780 per. Ovx aus @ vpare roxoyAvQ@-; Ev prorox uv Aer o'afioy vas, duopope, milpidte. O flave opifex ceræ , unguentum effundens, Musam ore referens , garrule , pulchrum volitantium Cupi- dinum simulacrum , attenua mihi roscidis tuis manibus unguentum ; oporlet enim me aliquando immortalium more longo ævo cubare in loculo affubre in petra ex- ciso : nœ , nœ, redintegra mihi tuum melos ; dulce enim est mihi. At lu o fœnerator homo [ hoc melos } non audis ? in saxeo loculo te oportet , miser, sine : #iciu habitare, J’ai quelques observations à faire sur les diffé ‘ rentes lecons que le savant éditeur à introduites dans le texte. Vs. 1. Easy à xmpomhacla, Je pourrois revendiquer, (7) Herculanensium voluminum quæ supersunt. Tormus I. Nea- poli, ex Regia Typographia, 1793. In-fol. N 4 200 Anthologie. je crois, la correction ze’ à ; je me souviens de la Jui avoir communiquée dans le temps ; mais il ne s’agit pas ici d'amour propre , il suffit que le mètre, la césure et le sens la éommandent. Ibid. pupoijos au lieu de pupoypee. L’éditear dit : s£ intactum relinquas pueoxeoe frigidum et mihili erit uvgo= xpot , quid enim sibi vu't unguenti colorem habens , nisi idem ac flivus quod jam dixerat. Cette correc- tion est ingénieuse. Van Santen me l’avoit envoyée en juin 1588, et Ruhnken lui avoit donné son ap- probation. Cependant comme il est difficile de croire que le copiste ait substitué l’un de ces composés à Vautre, qui présentoit à son esprit un sens net et facile à saisir, je crois qu’on peut conserver la lecon du texte popsypos | couleur de miel , c’est celle de J’abeille. 11 faut prendre garde qu’à force de tour- menter , de torturer les textes anciens , on ne les dénature. : Ibid psconpérws:. Ruhnken lisoit : Cinomporane, 1] s’exprimoit ainsi dans un billet de sa main, joint à la lettre de notre commun ami Van Santen : Phi- lodemi epigramma non expedio. Certum tamen videtur pro mendoso pucompérwme seribendum esse Cinompôrue, Cruoi penlosey sunt apud Theocritum. VII. 80 , mais il y a trop loin de la leçon originale à celle que - ce savant proposoit. gscorpérure signifie Musas ore referens , ou bien comme le traduisoit Van Sauten qui faciem Musæ habet. Ce dernier lisoit encore xpv- vomporums , @ la tête dorée. Vs. 3 18 por. Aitenua mihi, est une correc- tion qui me paroît vraie, Brunck lisoit (rive et EL DNS LAS ‘4 Philodème. 201 ! k Van Eldick aVor ce qui revient au même ; mais il _ faut se tenir plus près du texte. Il n’y a qu’une lrttre à changer; àu lieu qu’ici on s Fa écarte totalement. . M. Schneider , dont M. Jacobs a inséré les correc- tions sur cette épigramme dans ses commentaires sur l’Anthologie (8) , veut qu'on lise +4%or por xpain “ dyociuus pôger. Fatum mihi fatale, ï. e. carmen de “ morte cane. J'en demande bien pardon à M. Schneï- … der; il connoîit toute l’amitié et toute l’estime que … j'ai pour lui; mais il me permettra de lui dire que … réformet ainsi un texte , ou plutôt le refondre , » c’est reculer trop loin les bornes de Part critique. … Si chacun prenoit de pareilles licences, bientôt il me nous resteroit plus que quelques lambeaux des textes originaux ; tout le reste seroit, pour me servir d’une expression italienne , rimodernato : ensuite » comment l'abeille peut-elle chanter la mort avec ses + mains couvertes de rosée ? il est vrai que M. Sch- neider ajou(e : nisi forte fuit , Yémov pos 4. d... For . manibus unguento delibutis , hoc simplicissimum. Si “ j’avois quelque nouvelle lecon à proposer , ce seroït … celle-ci Quac Cor x. d müpor, par opposition à ce qui suit immédiatement ; wn parfum délicat ( le miel } … découle de tes mains couvertes de rosée , et mot je … dois habiter éternellement , ete. Rosini change d'oriveis “en dhoriuæs , et M. Jacobs adopte cette correction ; mais c’est substituer un mot nouveau à un mot nouveau , pourquoi donc ne pas conserver celui du (8) Vol. IT, P.1, pag. 244 et suir, 202 Anthologie. MS.? c’est là véritablement l’emendandi cacoëthes ; maladie très - commune de nos jours. Du moins, si on vouloit absolument corriger , fa'loit-il lire deoctpais, Ensuite pourquoi changer xeei, en xepew ? de quelle utilité est là £e ». J’observe avant de finir cet article que dpocivæss n’avoit point offensé l’oreille de M. Ruhn- ker , il vouloit seulement qu’au lieu de l'accent aigu sur la penultième, on mit le circonflexe sur la der- niere. | Vs. 4. Au lieu du 704 du manuscrit, qu’il faut nécessairement changer en dY 6%, M. Schneider lit Xordlu, ma mattresse, parce qu’il prend le £atépier du sixième vers pour un nom propre, comme nous le verrons plus bas, Vs. 5. L'éditeur prétend qu’on lit dans le manus- crit 4 à ; mais sil l’avoit examiné plus attentive ment il y auroit trouvé éud, ; du reste la correc- tion éd est indispensable. Vs. 6. Eavdägioy. M. Jacobs dit , probablement d’a- près son ami, comme le prouve le dioroh que nous avons vu plus haut : Hoc epigramma , sic ex Schnei- deri mente emendatum , scripium est in puellam Xan= tharium , quam poëta rogat ut stbi carmen canat »s guo avari et fæneratores futuri faté ad moneantur. M. HuscukE, qui a publié la même épigramme pag. 149 de l'ouvrage, que j'ai déja cité, croit aussi que c’est un nom propre. Éasd&groy dit-il, nomen est dmonoviclixoy puellæ cujus verum nomen eral £a et en conséquence il introduit sa correction dans le texte. 1] me semble pourtant que si on ne veut point aller chercher bien loin ce qui est très-pres, ce diminuti£ Philodème. 203 mignard ( émoxsgilixs ) s'adresse et s’applique à l’a- beille. Nous dirions en francois, ma petite blonde 3 dans l’ancien langage on auroit dit : ma blondeleite ou ma blondinette. Le sens entier de l’épigramme prouve clairement qu’il ne s’agit pas ici d’une jeune fille. C’est un mort, qui du fond de son tombeau, adresse la parole à une abeïlle qui voltige à l’entour; il lui prodigue toutes les épithètes qui peuvent la flatter ; et comme probablement les usuriers de son temps étoient aussi honnêtes que ceux du nôtre, il les apostrophe dans les deux derniers vers, et les fait souvenir qu’un /it de pierre les attend aussi. Vs. 7. et 8. Saumaise , dont je respecte plus que personne la mémoire , a défiguré ce dernier distique , qu’il réforme ainsi (9) : > L 14 / , 8x dis dydgare, Toxwy YAÎDO*; € perox Ve Ati o° &Gioy vais, Oucpeope, mélpidie. On a déjà vu qu’on lisoit dans le manuscrit, Où z94 cis avbpw@ooxoyAvp@* J'avois proposé de lire: &x duc @ vlgoQ" 6 ToxoynïÇ ©; léditeur a adopté le rexsyap@- et il m’en fait honneur dans Ja note 21. pag. 6. (10); mais il mét dans son (9) Pzin. Exercit., page 850. (io) Corruptissimum hoc distichon restituere olim adnisus Sal- masius... Sed aliquanto felieius hexarmetro medicas adhibuit manus eruditissumus S:mon Rocherrius, Gallus, elc, 204 _ Ænthologie. texte a'ritgare. Je vois avec plaisir que M. Jacobs seroit aussi tenté d'adopter ma correction , car il dit pag. 245. l'ortasse nulla forse mutasione legendumr, Ëx dits Gvgag 6 Têxay YANG»; Mais j'avoue que ce rixar yap@ me laisse quelque scrupule. yx/#@- dans un composé, tel que roxoyntp@r, est consacré par l’usage, mais yA/9@- , détaché de son composé, est un mot inusité, contraire à l’ana- logie de la langue, et qui n’est utile ni pour le sens, ni pour le mètre, D'ailleurs qui ne voit que dans la leçon vicieuse du manuscrit rewxp@: le copiste a mis un y aulieu d’un yet que dans celui qui lui servoit de texte il y avoit roxoyaig@- ? Saumaise ;, lui - même, dans sa longue dispute sur l’'Usure et dans les savans traités qu’elle produisit de sa part (11), se sert toujours de ce dernier terme. IL rend les rexeyaigor par toculliones. Il est même éton- nant que dans ces traités volumineux , il n’ait pas cité notre épigramme, tandis qu’il a fait usage de beaucoup d’autres. Le dernier vers a donné la torture aux critiques, On lit comme on a vu dans le manuscrit : Aëï (e Ris à, d'uomoes , méleudie ? 1 5° 2 £ n (x1) Les principaux sont : De Usuris Liber. Lugduni Betavorum, apud ÆE/zevirios, 1658, In-8. De Modo Usurarum Liber. Ibid. 1659. In-8.9 Dissertatio de Fæœnore Trapézitico, in tres libros distincte Ibid. 1640. In-8. Philodème: 205 Saumaise a corrigé : A o Grey valu À. …_ Le savant éditeur adopte la correction de Sau= _ maie; niroque ut aiunt pollice Salmasii lectionem “ probumus, Quamvis adsint qui Ms. presstus insistentes 4 legere ament : des ce Brsy æié, Oporlel le œ@lernum vi= … were. Cette dernière phrase s'adresse À moi, qui lui ) communiquai dans le temps mon opinion sur le - sens de ce passage, opinion dans laquelle je persiste | encore. Du temps de Philodème, qui composa une partie de ses épigrammes à Rome, dans la société “de Pison, l’immortalité de l'ame étoit bien reconnue “et chez les Grecs et chez les Romains : ainsi Big «signifie ici hwbrter , pour ainsi dire, »/vant. Le poëte avoit dit plus haut : dv Goardqas. #3 pères et cet éferëlus, ne peut se rapporter qu’au dogme de limmortalité de l’ame , car il seroit ridicule de LE dire gwon doit dèrmir eternellement pendant long= temps. Ce ne seroit plus un pléonasme, mais ce que es Anglois appellent a non sense. … L'éditeur fait une longue digression sur l’époque bu lPon commença à creuser des tombeaux dans le roc vif. Ecquis, s’écrie-t-il , 20n videl hoc in epigram- ie Plulodemum iGpaius, cum non modo sepulerum petra excisumm , sed ctiam unguentum melle con- éclum ad condituram sui corporis se manere adfir- 2 plus loin le savant éditeur ajoute : #t ut-tamen derimus jam inde à Tullii œtate suos defuncios in Dideis arcis condere Græcos cæpisse; Philodemi certe 206 Anthologie. epigramma Palæstinum morem redolet ; si quidem mel. lis condiendo caduveri memninit , quod procul dubio Græci moris non fuir. Deux observations détruisent entièrement ce système de l’éditeur. 1.° il est incon- testable par les monumens mêmes trouvés de nos jours dans la grande Grèce, ou si l’on aime mieux dans la Grèce d’Italie, qu’au temps de Philodeme, les Italo Grecs faisoient usage de tombeaux de pierre. 2.0 Rien ne prouve dans l’épigramme que le mort sollicite l’abeille de lui donner son miel , ad condi- | turam corporis sui. Ce qui a induit en erreur le sa- vant académicien d’Herculanum , c’est qu’il a cru que le mor du 3°, et l’on pourroit méme ajouter du 5.° vers, s’applique au mort, tandis que surtout le M pa du 3.° est une de ces rédondances qui se trou- ! veut dans toutes les langues. Nous disons en français : prenez-moi vfle une forte résolution. \ y a dans les au- | teurs grecs une foule d’exemples où ce #es est rédon-w dant , où comme disent les grammairiens, rapéare , ainsi dans notre épigramme il n’en faut pas tenus compte. Voici le texte que j'ai adopté. Zard° à “neo rruTla 3 HUpOXE0E HETompoTanE , Eÿawne , Cenlepéy a LaXEy yat T6) s HOË por eprs deccivais peégor" à provox lv A pre node d mole miles Evdrv étuvals muAèr ye6,0v SX ra péot, Zurlégioy y T0 VAUX Elo ri©-. gx dieu à ETPT A o ToxoyAVDGr; àv poveÆnive ai Ce Lisr dus, doqpogs, milpido. Philodème. 207 « Blonde ouvrière , qui nous pêtris la cire ! à toi « dont la couleur est celle du miel, toi qu’on pren- « droit pour une muse, toi qui bourdonnes si joli- _« ment ! image charmante des amours ailés! que tes « mains Couvertes de rosée continuent à distiller leur « liqueur parfumée. Hélas !je suis condamné, quoique “ immortel, à dormir longtemps dans ce lit soli- _ « taire de pierre, qu’on a eu soin de bien cimenter, “ « Recommence, gentille et blonde prtite abeille , “ oui, oui, recommence ce doux chant — ne l’en- « tends - tu pas malheureux usurier ? et toi aussi tu « habiteras pour toujours un lit solitaire de pierre. » Je ne dois pas envier au lecteur limitation de » l’épigramme de Philodème, par un des membres dis- … tingués du Tribunat , que je compte au nombre de … mes amis, et qui abandonne pour la politique les 14 muses qui lui avoient souri dès ses plus tendres an- nées. À force de travail on devient orateur , fun£ oratores ; mais i] faut être né poete , zascuniur poelæs Celui qui a reçu cette inspiration divine , los magna t " sonaturum , en doit compte à la nature, et il ne lui est pas permis d’enfouir son talent ; c'est un véri- table crime de /èze-poésie. Je Fais le même reproche à un membre également distingué du Sénat conser- vateur , qui m’honore aussi de son amitié. L’Iliade traduite par lui en aussi beaux vers que ceux que nous avons Jus dans le poëme des Mois de l’infor- “tuné Roucher , seroit inconstestablement placée à McOté de cette fameuse Eneide que nous attendons | si longtemps. — Mais revenons à l’imitation YETSe ' 3 " 7 208 Anthologie: Image des amours, vagabonde ouvrière — Du miel, dont la couleur peint ton habillement, De ta cellule, en bourdonnant , Elève Ja cloison légére. Cente cellule, hélas ! rappelle, à chaque instant, Le solitaire lit de pierre Qui nous attend au monument, Et la niche fatale, où le trépas enserre L'avare qu'un trésor occupoit vainement, CHARDON-LA-ROCHETTE. P.S. D. Carlo Rosini publie et commente, p. x de ses Prolegomènes , une autre épigramme de Philodeme : Aero. K. T. A. Mais je l’ai publiée et commentée dans ce journal, année Il, t. V, p. 491. J’avois même envoyé au savant éditeur un précis manuscrit de mon Com- mentaire, longtemps avant qu’il fut imprimé, et que son Philodeme parut. VARIÉTÉS; VARIÉTÉS, NOUVELLES PT CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES. NOUVELLES ÉTRANGÈRES. ASEL EM À GNN'E; Notice sur les travaux des membres de l'Uni- versité et de l’Académie de Gocrtingue , pendant le dernier trimestre. Kzr1znNe Uistorische Schrifien von A. H. L. HrE- REN, Professor der Geschichte in Goettingen ; erster T'heil, C'est-à-dire, MÉLANGES historiques , par A. H. L. HEEREN , professeur d'histoire à Goet- tingue. Première partie. À Goettingue, chez Roe- er, 1803. C’eet le commencement d’une collection de diffé rens mémoires historiques qui ont rapport à l’histoire ancienne et moderne. La première partie de cette collection contient trois traités. 1.° Développement des suites politiques de la réformation pour l’Europe. Ce traité fait partie d’un mémoire que l’auteur Tome LIL, 0 wi: 210 Nouvelles littéraires. avoit commencé à l’occasion de la question proposée par l’Institut national en 1802, et qu'il crut ne pouvoir pas finir à temps. La question proposée étoit : Influence de la réformation sur le progrès des lumières; le mémoire contient les suites politiques de ce grand événement. 2.° Histoire de la révolu- tion des Gracques , déja imprimée dans l’Almanach de la révolution de feu Girtanner , mais retravaillée et augmentée considérablement. 3.° Développement historique de Pintérét continental de l’Angleterre. Première partie, depuis Henri VII jusqu’à la maison d’'Hanovre. ApozocrzÆ pro Julio Cæsare Vanino neapolilano, spicilegio , notis et accessionibus auctioris , ab 1pso auctore Ârpio eæaratæ , sed nondum in publicam lucem emissæ, specimen II. C’est un programme publié pour les fêtes de la Pentecôte, 1803, par M. Stœudlin. M. GROTEFEND a encore fait paroître une conti- nuation de ses recherches sur les caractères de Per- sépolis. Son mémoire est intitulé : Fuscic. III de sens InajoruIm insCriplionum el tnterpretationum præsidiis. 1] coutient un essai d’explication des plus grandes inscriptions, auquel le mémoire annoncé plus haut servoit de préparation. L’auteur avoue d'avance, qu'avec le peu de ressources que nous avons pôur expliquer la langue dans laquelle sont écrites ces inscriptions, sob interprétation ne peut étre que peu sure et imparfaite. Tout ce que nous Savons de la langue zend se réduit aux petits die- f Nouvelles littéraires. êtt tionnaires que M. Anquetil a mis au jour, et à ses » observations sur la traduction du Zendavesta. Outre = que les vocabulaires sont incomplets, iis ont encore le défaut que les mots ne sont pas écrits en ca » ractères zend, mais en caracteres latins ou françois, - Dans les dictionnaires en particulier , l’ordre des “ motsest souvent confondu, et des mots d’une même 1 origine sont énoncés sous des lettres différentes : érézô , par exemple, le doigt, est sous e ; erezan, le doigt de devant, est sous la première lettre de Valphabet. Les consonnes sont aussi confondues, particuliérement celles qui, dans l’écriture pehlewi, ont une figure semblable , de sorte qu'il paroiît «_ presque que les mots zend avoient été écrits en ca- + ractères pehlewis. L’auteur cite des exemples de ce qu’il allègue, et montre aussi que l'explication que … M. Anquetil donne de ces mots, n’est pas toujours sûre, et encore moins la traduction allemande qui » a souven: rendu, d’une maniere fausse ou vague , les définitions de M. Anquetil. De ces remarques, l’auteur “ tire la conséquence que l’on auroit tort de jugerles mots “ zend simplement d’après l’ouvrage de M. Anquetii ; qu'au contraire, ce dernier devroit être jugé, en quel- | que façon, d'apres les inscriptions ; du moins celles ci “montent que le zend est une ancienne langue des “Perses, et non une invention plus récente. Les ins- Criptions expliquées dans le mémoire, sont celles À de Bruyn, n.° 131, et celle de Niebuhr, A. Toutes deux sont presque semblables, seulement dans celle dé Niebuhr il manque le commencewent , et dans “celle de Bruyn, le titre du roi est toujours écrit y 0 2 212 Nouvelles littérairesi avec une abréviation où un monogramme. Tins+ cription est composée de trois parties, et d’après l'explication de l’auteur, elle contient, outre le nom du roi, seulement des titres et des félicita- tions. Comme il n’est pas possible de donner ici toute l’inséription, voici seulement la seconde par- Ge, parce que c’est elle qui énonce le plus distince- tement le nom du roi, et que son explication pa- roît la plus convenable. Elle commence chez Nie- buhr, par le treizième mot, Édo. ‘Khschhérsché. Khschéhioh. eghré, Dominus (est Xerces) rex fortis Khschéhioh. Khschehiohetschaô. Khschehioh. Tex TeuMm Tex Dâähäülschâo. pschue-otschetschao Khschehioh populorum guorumlibet purorum Tex éâdhehe. . vuhôhê. egrhrêehe. zurôh Caætus puri probi vi epoh Dârheausch Khschehidhâähe bun maaximé (prædili) Durii regis (filius) stirps akheotschôschoh Jemoh. muni rectoris d'Jemmidis. La troisième partie contient des souhaits. On ne peut extraire les détails par lesquels Pauteur cherche à justifier son explication. Nous citerons seulement les remarques générales suivantes : L’inscription de Biuyu est sur un pilier du bâtiment G, qui, comme Nouvelles littéraires. 213 de sontient l’auteur contre Niebuhr (IT,241), a été bâti par Darius. L'inscription a donc été ajoutée * par Xerxes. Ensuite, à coté de l'inscription de Nie- * bubr, qui ale méme sens , on trouve une marche des “sur le commerce des anciens, Il, 233.) Ainsi, il … paroît que cette marche représente hommage du 4 nouveau roi et le sujet des inscriptions. Comme . M. Grotefend Pexplique , elle se rapporte si bien au + sujet des figures, que c’est une raison de plus de ‘ croire son éxplication vraisemblable. Il n’explique “que le commencement des inscriptions H et D, | parce que les copies ont des vides et des défauts, . toutes deux se rapportent à Darius. Voici la pre- À mière comme étant la plus courte : Édo. Dar- heush Chschehioh eghre Khschehi6h Khschehio- helschäo Khschéhioh dahuhchâo mhoschaé-pschut- . schaô goschtâspâhé büûn akheotschoschoh Jéméh. À Darius , TeET Jorlis , T'eÆ populorum ardentium OT | nium , Hystaspis ( filius ) stirps mundi recloris “ djemschidis. On voit bien que le mot ardentiuni se Mrapporte au zèle religieux. Dans l’inscription sui “vante, le roi est aussi appelé Mhôscho, brélant, zélé.. Les premiers essais de M. Grotefend, sur la pre- | mière sorte d'écriture à coins à laquelle il s’est | borné , ne vont pas plus loin, s Grscurcurr der Entstehung und Ausbildung der 4 Chrisilich - Kirchlichen Gesellschafis - Ferfassung ün Rœmischen Slaut , von der Gründung der Kirche O 3 sr4 = Nouvelles littéraires: an bis zu dem Anfung des 7.ten Jahrhunderts, von $ Dr G. J, PLANkx. C'est-à-dire, HISTO1RE de l'Eglise , depuis sa fondation jusqu'au commen- cement du 7." siècle ; par G. J. PLANK , pro= fesseur de théologie. Hanovre, 1803. J. L. JonDAN’s Mineralogische , Berg-und Hütten- mænnische Reise-Bemerkungen ; vorzüglich in Hes- sen; T'hüringen, am Rheine , und im Sayn-Alten- kirchner Gebiethe. C’est-à-dixe, For4GEs miné= ralogiques en Hesse, en Thuringe, sur les bords du Rhin et dans les pays de Sayn-Altenkirchen ; par J. L. JorDAN. Goettingue, chez Dieterich. RE ue mu rte H. À. SCHRADER , prof. med. extraord. et horti regit bolan, direct, commentatio super Feronicis 2e SpiCulise ‘ Programme de la distribution des prix du 4 juin. La question proposée par la Faculté de théologie étoit : Cum de pleromute mulla occurrant in libris Lu nr me £3 Ds sacris; digna est quæ iterum exagitetur quæstio de Guosi biblica. Inquiratur ilaque in Gnoseos sacræ EE En verilalem , ejus notiones universas | Cum in velere dum in novo testamento et cr dard > totiusque docs trinæ neœum cum sententiis eorum quos Gnosticos adpellat Historia ecclesiastica sæculi primi et secundi. M La Faculté ne reéut qu’un mémoire qui obtint le prix sans concurrent, et dont l’auteur est M. Horn de Verden, | I J (92 Nouvelles litléraires, 215 Le prix homélétique , sur une question tirée de la première aux Corinthiens : « Combien nous de- « vons nous mettre en garde contre les jugemens « d’une conscience erronée , » a été adjugé à M. PLATE de Goettingue, membre du Séminaire phi- lologique et de celui des Prédicateurs; M. WEsT+ PHAL, aussi de Goettingue, a: obtenu laccessie. La question de jurisprudence étoit : Ut expone- rentur principia de re judicat& ejusque effectu ir causis criminalibus ut et de remedis quæ contra sententias criminales competunt. La Faculté reçut cinq mémoires. Celui de M. ScxRADER de Hildes- heim, a été couronné, et l'accessit adjugé à M. GEREKE, aussi d’Hildesheim. La Faculté de médecine avoit proposé : Quænam ex neglectis doctrinæ medicæ de crisibus in morbis meluenda sint detriment:. EVe reçut un mémoire qui fut couronvé. L'auteur est M. Liesscx de Peina. Enfin, la question philosophique étoit : Descriptio Caucasi seu regionum inter Pontum Euxinum et mare Caspjumm ; Armeniain et campos Siracicos Palentium genliumque caucasiarum ex Strabone libroXT,compa- ratés scriploribus recentioribus, imprimis Culdenstedt et Reineggs qui de his terris accuratius expo:ueruné, Trois mémoires furent envoyés, et le prix adjugé à M. LunNeManN de Goettingue. Questions proposées pour le 4 juin de l’année pro- chaine 1804. Dans la Faculté de théolosie : UL accuraie exa- [=} C4 * 216 Nouvelles littérarres, minetur ae ponderetur quantum valoris ac momenti Zum in adstruendé veritate historiæ Christi ; tum ü# demonstranda authentia et integritate librorum N. T, testimonia adversariorum qui filem christianam , eb hæreticorum etium qui fidem cutholicim in tribus primis sæculis impugnarunt ; hubeant et habere possint. Le sujet homélétique , tiré du pseaume XXXITI1, v. 13— 7:15, est contenu dans cette proposition t « Sur la certitude d’une Providence divine, d'apres « la vie des grands hommes. » Dans la Facuite de jurisprudence : Exponantur effeclus actuum jurisdictionis voluntariæ et mixlæ in ulieno terriorio secundum principia Juris civils, D gaie Pa n gcrmanici-el genltiume La Faculté de médecine demande un mémoire, ee Dar De aere, aquis et locis Gottingensibus. ! En philosophie : Quæ sunt ea quibus systema dy» namicum in physica. disciplina jure meritoque præ- Jertur atomistico systemalt, La question économique proposée par la Société des sciences, pour le mois de juillet de cette an- née, étoit : « Quels sont les meilleurs moyens pour. | “ détourner des étangs les vers et les insectes nui- « sibles et pour les en chasser. » “Il n’est parvenu aucun mémoire. En revanche, la Société en a reçu trois en réponse à la question de l’année dernière, sur lintrodiction d’un impôt général pour le sou- Jagement des pauvres. Comme le terme de rigueur étoit déja passé depuis longtemps, la Société n’a: Nouvelles littéraires "537 pu adjnger le prix à aueuu d’eux ; elle le regrette d'autant plus que les deux premiers offroient des choses intéressantes. L’un de ces mémoires avec Vépigraphe : Quæ bona sunt secture , arriva à la fin de novembre. Un autre portant pour épigraphe: Non dubito quin sint et in hoc non pauct libello er- rores , et qui forme presque un livre, parvint en ‘avril 1803, et dans le mois de juin arriva le troi- sième , seulement avec un billet cacheté. Questions proposées pour les mois suivans. Pour le mois de novembre 1803. : « La culture du blé de Turquie ( Zez maws) # doit-elle être suivie en grand dans le cercle de « la Basse-Saxe. Pourquoi en cultive-t on si peu, « Et dans quel rapport seroit son produit avec Jes # autres sortes de blés que l’on cultive. » e Pour le mois de juillet FE Quelles sont les raisons pour et contre la dé- “ fense d’exporter de l’argent comptant d'un pays, « et dans quelles circonstances cette défense est- “ elle utile. » Pour novembre 1804. “ La meilleure description et caractéristique des «“ sortes et des variétés de chou { Brassicæ Linnæi) ” « qui sont cultivées en Europe, avec leurs noms “ dans les difféientes langues de l'Europe. » Pour juillet 1805. # La meilleure histoire de la maniere dont on a 218 Nouvelles littéraires: “ tiré parti des biens domaniaux en Allemagne ÿ “ depuis les temps anciens jusqu'aux modernes. » Le prix, pour chacune de ces questions, est de 12 ducats, et le terme auquel doivent étre envoyés les mémoires, est fixé, pour les questions de juillet, au mois de mai, et celles de novembre, au mois de septembre. Université de Heidelberg. L'ancienne université de Heidelberg, qui, par les événemens de la guerre et la perte de presque tous ses biens et revenus sur la rive gauche du Rhin, touchoit au moment de se dissoudre, sera maintenue. L’électeur de Bade l’a dotée de nou- veaux fonds, dont les revenus annuels sont évalués à 49,000 florins d’'Empire. Il en sera employé 32,000 aux salaires des professeurs. DA NATEUR Instruction publique. Le travail des commissaires chargés par l’électeur de Bavière de la rédaction d’un nouveau plan d’ins- truction publique , a obtenu la sanction du prince, et vient d’être publiée par son ordre. Il y aura, suivant ce plan, un directoire général des études, qui siévera à Munich, et dont le miuistre d’état, M. le comte de Moravitzki est nommé le chef. Six commissariats-généraux seront établis sous la sur- veillance du directoire , dans les villes de Munich , de Landshut, de Straubingen , de Burghausen, de Neubourg et d’'Amberg. Nouvelles littéraires. 219 MONARCHIE AUTRICHIENNE. Découverte de médailles et des ruines d’une ville ancienne en Transylvanie. Dans le mois de mars passé, deux Valaques, l’un appelé Jérémie Thoma, lautre Zacharie André , trouvèrent dans les forêts bannales , près de Xis- Oklos , appartenant au comté Hunyade , le premier 214, l’autre 66 médailles grecques en or, qu’ils portèrent à la monnoie de Carlsbourg , d’où elles ont été envoyées à la trésorerie royale à Hermanstadt , capitale de la Transylvanie, et de là à Vienne. À juger d’après le type, ces médailles sont du temps de Lysimaque ; leur valeur intrinsèque s’éleve à 2800 florins de Vienne {environ 7400 francs ). On a tiouvé en Transylvanie , à différentes époques, un nombre considérable de médailles semblables , en sorte que cette nouvelle découverte ne peut pas être regardée comme un accroissement direct de la science numismatique , si l’on en excepte cependant deux médailles du roi Pharnacès et de son lieute- tenant Asander, Une autre nouvelle intéressante que la trésorerie de Hermanstadt a reçu , est que dans les forêts dece même comté ,nommément sur lamontagne Gredistye, on a trouvé des traces non equivoques et des ruines (1) d’une ville assez considérable par son étendue ,et dans (9 Jusqu'à présent on n’y a pas trouvé d'inscriptions qui awoient pu donner des renseignemens ultérieurs, On y a découvert seulement une brique avec les lettres PERScokilo. 220 Norwvelles littéraires: les environs de laquelle, surtout sur la montagne Gottiano , quelques Popes Vallaques ont trouvé plusieurs médailles antiques en or, dont environ 400 ont déja été envoyées à la trésorerie d’'Her- manstadt ; chacune d’elles est égale en poids à deux ducats et un quart; le prix pour lequel la trésorerie les a rachetées de ceux qui les ont trouvées, est de : 4217 florins 6 kreutzer ( environ 11,200 francs}. Toutes ces médailles sont d’une belle conservation; d’un côté elles représentent trois figures d'hommes, dont le premier et le troisième portent une hache; en bas , on lit : KOSQN (2); au revers on voit une aigle tenant une couronne dans la patte droite. Dans le catalogue du cabinet de Vienne, t.1,p.14, Eckhel avoit attribué cette merveille à la ville de Cosæ en Etrurie, ainsi que Tristan , Patin , Haver- camp et d'autres antiquaires avoient fait avänt lui dans sa Doctrina numorum ,t. x, p. 90, et t. VI, p. 23 et suiv., au contraire, il'a établi que ces médailles doivent être attribuées à Marcus Junius Brutus. ë La Vaccine, préservatif de la peste. Le docteur Haug, médecin à Rastad , a reçu de son confrère Decaro, médecin à Vienne, une lettre, dont voici l’extrait : | « Une chose qui vous étonnera , mon cher ami; (2) C'est par une faute typographique sans doute que la gazette de Vienne (}F1ener Zeitung) , du 20 août 1805, n.° 67, p: 5182, dont nous avons tiré cette nouvelle, donne à ces médailles l'inscription Kognr Fa D" (N° ÿ PA Fa @ 14 Nouvelles littéraires, 221 æ autant qu’elle vous plaira, c’est qu’il est à-peu-près « reconnu que la vaccine préserve de la peste. On “ doit cette découverte à deux médecins qui en ont « fait l'expérience séparément , et tous les deux avec « un égal succès ; savoir, M. Aubon, à Constanti- “ nople; et M. Lafond, à Salonique. Les preuves du “ premier, c’est que de 6000 personnes vaccinées à “ Constantinople, aucune n’a été atteinte de la peste, « Les preuves du second, c’est que jamais la peste « et la petite vérole n’ont régné conjointement dans « le même pays, et qu'on a remarqué depuis long= “ temps que les Arméniens, qui se font vacciner 0 soigneusement , sont exempts de la peste. » CON E NH A GU E On a faitici, le ‘12 août , un essai tres-heureux ‘ de la machine nautique de M. PELT , entre le Ca- tegat et la Baltique. Un jeune et hardi batelier, revêtu de cette machine ( qui n’est qu’un scaphan- dre ), s’est jeté dans la mer, a tiré des coups de pistolets, a marché , a fumé, a prouvé , en un mot, qu'il étoit insubmersible. Au reste, cetie ma- chine surpasse en légèreté et en perfection toutes celles qu’on a vues dans ce genre, PEER MIS B'O U-R GC M. WisnErKkI, de Varsovie, élève du célèbre astronome M. Bode, à Berlin, est placé dans l'emploi d’observateur à lobservatoire de l’aca- démie impériale des sciences, ayec un traitement de 1000 roub, et un logement. 222 Nouvelles littéraires: OURS TENTE Ea creusant les fondations d’une forteresse sur les bords du Liman , à lembouchure du Danube, des paysans russes ont découvert un tombeau , que les antiquaires du même pays croient être celui d’Ovide. Les raisons que ceux-ci en donnent sont, 1° que c’étoit dans cet endroit qu'étoit bâtie la ville de Tomi, lieu d’exil de ce poète infortuné; 2.° que ces lieux sont connus dépuis long - temps dans lé pays, sous le nom de Laculi Ovidoli, lacs d’Ovide ; 3.° qu’on a trouvé dans le tombeau dont j'ai parlé, un buste qui, comparé à Pétersbourg , avec les têtes de la belle Julie, fille d’'Auguste, s’est trouvé lui ressembler parfaitement. Les Russes ont donné à leur nouvelle forteresse le nom d’O- sidopol. Malgré ces détails donnés par les papiers russes , nous pe Croyous pas encore que Ce soit là le tom- béau d'Ovide ; on ne connoit de médaille de Julie que des pièces frappées dans des contrées éloïgnées de Rome, et d'apres lesquelles il est très-difficile de déterminer précisément le caractère de sa fi- gure;il ne seroit pas d’ailleurs probable qu'Ovide se soit fait enterrer avec le portrait de la fille d’Auguste, LONDRES. Société de bienfaisance: La société royale de bienfaisance a décerné sa médaille d'honneur à M. le eheyalier SPRINCE , pour Nouvelles littéraires. 223 récompenser la découverte qu’il a faite d’un corset marin propre à éviter les naufrages. Ce corset con- siste en une ceinture large de six pouces et com- posée d’environ 800 bouchons de liége traversés par un fil d’archal, étroitement liés ensemble et cou- verts d’une toile peinte à l’huile. Cette ceinture s'attache sous les bras par des cordons. Son effet est de tenir hors de l’eau toute la partie supé- rieure du corps ; de sorte qu’en s’aidant des mains, il est facile de gagner le rivage. Ty Ra NN: La société d’agriculture de cette ville vient d’ad- mettre au nombre de ses associés correspondans , les CC. LaAUMOND, conseiller d'Etat, FRANCOIS ( de Neufchâteau ) et HuzARD, membres de l'Institut de France. On fait à Turin, dans les jardins de la Vénerie, des essais de culture étrangère ; les résultats en ont été communiqués au sénateur CORNUDET. Parmi les plantes soumises à ces essais, on remar- que le lin d'Egypie, haut de plus d’un mètre, le carthame ou safran, du même pays, l’indigotier , le riz sec de l’Isle-de-France , le zopal avec de Ja à “ :cochenille vivante , des cotoniers , des patates d’A- À mérique ; des soudes d'Egypte , des pastels , et plusieurs légumes des colonies. Toutes ces plantes ou Mae étoient en bon état. Plusieurs avoient : des fleurs; d’autres offroient l'espoir d’une récolte prochaine. 224 Nouvelles littéraires R o Mt. M. CaxovaA, qui depuis son fetour de Paris avoit été nommé par le pape inspecteur des beaux arts, s’est démis de cette charge dont les fonctions lui ont paru trop peu compatibles avec le repos et Pexercice de son art de sculpteur. Mort de Volpaio. Jean VOLPATO, un des graveurs modernes des plus distingués, et maitre du célèbre Raphael Morz ghen, est mort à Rome le 2r août, apres une ma- ladie de peu de durée. Cet artiste, né à Bassano en 1735, pratiqua d’abord la broderie , qu’il avoit apprise de sa mère ; ensuite il s’appliqua à la gra- M vure, dans laquelle il n'eut d’aütre maitre que son génie. Volpato publia ses premiers ouvrages, sous M le nom déguisé de Jean Renard. Il se rendit à # Venise, et ce fut là que le célèbre Bartolozzi s’in- ‘4 téressa pour lui, le prit chez lui et l’instruisit dans À tous les secrets de son art. Il fit alors un grand # nombre de gravures d’apres Piazzel@, Maiotto , Amiconi, Zuccarelli, M. Ricci, ete. Enfin il allaw à Rome, où il eut encore plus d'occasions de faire 4 connoître ses talens. Une société d'amateurs ayant couçu Je projet de faire graver de nouveau (1) etu avec magnificence les peintures de Raphaël qui D (r) Il existe un recueil antérieur de gravures de ces mêmes peintres ÿ 12 il est intitulé : Picruræ Raphaëlis sanctis Urbanitatis ex aula el conclavibus, Palarii Vaticani, elc, Romæ, 1722, fol. (Franc, (9 &quila delin, et inc.) 4 trouvent | al mn K: Wrf lMouvelles littéraires. 225 trouvent dans le palais du Vatican, Volpato fut de tous les graveurs qui eurent part à cette entreprise, celui qui se distingua le plus (2). Le même artiste publia au:si des dessins en miniature qui, au moyen des couleurs, donnent une idée encore plus parfaite des originaux. Associé avec Du Cros, peintre suisse , J’o/pato perfectionna aussi les estampes peintes à l’aquarelle. La liste de ses ouvrages est très-nombreuse : voici quelques-uns des principaux: I. Pièces gravées à Venise. Le portrait du doge Foscarint, et celui du procurateur Pisant, Pun et autre d’après F. Bartolozzi , in-fol. — Quatre sujets de l’ancien Testament , peints par Amnicont, dessi= nés par Bartolozzi, et gravés par Folpato ; ces su- jets sont : Moyse enfant, trouvé dans le Nil; Laban qui cherche ses dieux ; le serviteur d'Abraham au- près de Rébecca; Moyse qui érige un autel.— Huit sujets de conversation d’après Maiotto , tous in-fol. savoir : partie de fumeurs ; Pavare qui compte son argent ; preneur de café ; jeune homme qui apprend à dessiner, etc. — Les orgies , ou fêtes de Bacchus, paysage héroïque d’après Zuccarelli.— Un philo- sophe prosterné devant un autel entouré de ruines. 2) 1] paroît que Mengs ne fut pas tout-à-fait content de ce recueilà Lorsqu'il parut, il dit : On vient de traduire Raphaël en Vénitien. . « Ce bon mor, dit M. Froruo (dans son Histoire des Arts du « Dessin, t. I, p- 90), est aussi piquant que vrai : car la différence « entre le caractère de ces gravures et le véritable caractère des ou- “ vrages de Raphaël est aussi frappante, que celle qu’offriroit un poëme = qu'on auroit traduit daus un autre dialecte, » Tome LIL, 2 d26 Nouvelles littéraires. — Plusieurs paysages d’après Zuccarelli et le vieux Erand, etc. II. Pièces gravées à Rome : les quatre Sibylles de l’église de Sainte-Marie de la Paix, et les noces d’Alexaudre et de Roxane, l’un et l'autre d’après Raphaël.—La Modeslie et la Vanité, d’après Léonard de Vinci. —Persée délivrant Andromède, d'aprèsPo- lidore de Curavage. — Le Sauveur en prieres sur la montagne des Olives , d'apres /e Corrège. — La Madelaine aux pieds de Jésus à table chez Simon le Pharisien, d’après Paul Veronèse. —Les Noces de Cana, d’après le Tintoret.— Les joueurs, d’après M. A, de Caravag . LII, Les peintures 4e Raphaël au Vatican, gra= vées au burin , très-grandes pièces ceintrées en tra- vers ; ce sunt l’Ecole d'Athènes ; la dispute sur le S. Sacrement ; Héliodure chassé du temple ; Attila arrêté à la vue de S. Pierre et de S. Paul ; S. Pierre délivré de prison; le Mont Parnasse ; l'incendie du bourg de Rome ; le miracle de la messe de Bolsène: cette dernière estampe est exécutée par Raphaël Morghen, éleve et gendre de Volpato. Ces pieces forment une suite précieuse d’estampes exécutées dans le goût du dessin en miniature , imi- tant les originaux pour la couleur, C’est là ce que Ja gravure moderne, combinée avec la peinture , a produit de plus grand et de plus intéressant. Ces morceaux , sous glace, font le plus bel effet et offrent la plus noble décoration d’un appartements FI est vrai que le prix peut effrayer les amateurs peu aisés; il est à Rome de 35 sequins ou ducatsw Nouvelles littéraires. 227 Ces pièces se voient sous glaces dans le cabinet des estampes de la bibliothéque nationale. IV. Peintures diverses d’après les grands maîtres d'Italie, toutes pièces de grand format ; entr’autres : la Descente de croix, de la galerie du palais Bor- ghèse, d'apres Riphaël ; —h Sainte- Vierge, nom- mée la Seggiola de Florence , d’après le même 3: le mariage de la Sainte - Vierge et la Vierge de pitié du Guerchin ; — V'Aurore du Guerchin , de la Villa Ludovisi ; —]le Jour et Nuit, du même, en deux morceaux qui font suite avec Aurore ; — plu- sieurs sujets tirés du premier Navigateur et des idylles de Gesner, d’apres Félix Gianni; — quelques paysages de Claude Lorrain, etc., etc. . V. Pièces d’'uprès Hamilton, savoir : la mort de Lucrece ; l’Innocence ; Junon; Hébé; la Mélan- colie ; la Gaieté. VI. Les peintures de Michel- Ange, de la Cha- pelle Sixtine uu Vatican. VIL. Principes de dessin , daprès les statues antiques , avec leurs justes dimensions , ouvrage in- téressant pour tous ceux qui s'appliquent aux arts d'imitation ; 36 planches in-fol, (prix , 2 sequins la pièce.) VIIT. Dessins en miniature de la galerie du Pa- lais Farnèse , par Le Crruche, composés de trois … grandes pièces et de trois petites, avec les couleurs naturelles , les stucs et les moulures en or; le tout de l’exécution la plus précieuse (prix, 36 sequins à Rome). P'a [U 228 Nouvelles littéraires. IX. Vues de Rome; avec plusieurs de ses monu= mens , enluminées à laquarelle, et exécutées en société avec P. Du Cros. L X. Les Vues du Portique de la Villa Madama, prises sous différens points de vue. On y voit la belle architecture de Jules-Romain , avec les orne- mens et les stucs de l’école de Raphaël, en quatre grandes feuilles (prix de chaque pièce, 4 sequins). XI. Quatorze Vues des Salles, des Cours , etc. du Museo Pio - Clementino. XII. Fingt-une Vues de Rome, enluminées à Vaquarelle , sur de grandes feuilles, papier d’Hollan- de ; entre autres celles de S.-Pierre, du Panthéon, du Temple de la Concorde, de celui de la Paix, du Colisée, du Lac de la Villa Borghese, du Fo- rum Romanum , du Capitole, de l’Arc de Septime- Severe, des Ville Negroni, Medicis, Pamfili, etc. XIII. Huit Vues de Tivoli, savoir : ceiles des Cascatelles, de la Grotte de Neptune, de celle de la Syrène, du Temple de la Sibylle, de l’Intérieur de ce temple , du Pont de l’Accori, du Palais de Mé- cène, et de l’Intérieur de ce palais. XIV. Enfin, quatorze Vues moyennes enlumi- nées à l’aquaïelle, en demi-feuille, papier d’Hol- lande. EL SUPIANGONVE, On croyoit jusqu’à présent que la plante nommée par Linné Lichen Islandicus , ne croissoit que dans les régions du Nord. Mais don Mariuna Lagaa, élève du Jardin-Royal de botanique, en parcou- $ ; : è Nouvelles littérarres. 229 tant l'Espagne, pour completter la Flore espagnole, Pa découverte dans le parc de Pajarès en Asturies , et dans beaucoup d’autres endroits où elle se trouve en très-grande quantité. Les médecins emploient cette plante comme un remède très-efficace contre la phthisie. C’est une ressource de plus que 1 Es- pagne vient de s’assurer. — L'Académie royale de Madrid, dans sa séance du 19 août, a reçu au nombre de ses membres cor- respondans, M. Jean - Baptiste- Léonard Durand, auteur d’un voyage au Sénégal, et lui a adressé le diplome ; elle lui à remis en même temps les obser- vations suivantes sur éclipse solaire, faites à Tan- ger par 4/i-Beik- Allah, jeune maure élevé en Eu- rope, et déja recommandable par ses talens, par par son amour pour les sciences et les services qu’il cherche à leur rendre. OBS ERIPIATMIO!N Se Le soleil apparut déja éclipsé au dessus d’une colline qui coupoit Phorizon , à 17 h. 24 m. 13sec.s une grande tache qu’avoit le soleil pres de son cen- tre, sortit de l’ombre à 18 h. 28 m. 25 sec. ; fin de éclipse, contact extérieur, 19 h. 24 m. 1h see. L’'observateur se servit d’une petite lunette de Dollond , qu’il appelle militaire, d’un pied de foyer, et dont il enfuma l’oeulaire ; le temps fut donné par son chronomètre , qu’il compara avec le ciel, par le moyen de 40 hauteurs solaires, prises dans les jours civils 16 et 17, avec son sextant-poket, et l'horizon de verre. P3 J 230 Nouvelles littéraires: La partie éclipsée parut d’environ huit doigtss ce qui fait voir la grande influence de la parallaxe, Il se propose de fixer la longitude et la latitude dont il n’avoit encore que l’approximation. M. Delalande , qui a observé cette éclipse à Paris, en a conclu la différence des méridiens entre Tan- ger et Paris, de 33 m. 12 sec. de temps, plus grande de 32 sec. seulement que celle qu’on suppo- soit auparavant , mais on avoit besoin de cette con- firmation. FRANCE. B:@ R:-D: EAUX Société des sciences , belles-lettres et arts. La Société des sciences , belles-lettres et arts de : Bordeaux, a tenu une séance publique le 15 fruc- tidor. Aucun des mémoires qui lui ont été adressés sur les questions qu’elle avoit proposées, n’ayant obtenu ses suffrages, elle a remis la distribution des prix à l’année prochaine. Elle se propose de décerner, dans sa séance pu- blique de fruct dor an x11, une médaille d’or, de la valeur de 300 francs, à l’agriculteur du départe- ment de la Gironde qui auroit Le plus contribué à Pmélioration des races de bétes à laine, pur ses soins , son industrie , et l'introduction des Béliers merinos dans ses propriétés, Nouvelles littéraires. s3* NANCY. Séance publique de, la Société des sciences, lettres et arts de Nancy, le jeudi 25 août 1803 (7 fruclidor an XI) (1). Les lectures se sont faites dans l’ordre suivant : M. de BouTEILLER , président, a ouvert la séance ; il a annoncé les lectures qui doivent la remplir; il s’est proposé ensuite de présenter quel- ques développemens sur les circonstances qui oné déterminé la réunion de la Société. M. PLoNGUER a lu après lui un mémoire sur les progrès de l’art de bâtir les ponts. M. Bran a prononcé un discours sur l’impor- tance des monumens, M. Charles - Louis MoLLEVAUT a fait lecture d’une Idylle intitulée lArbrisseau. ‘és M. de BONNEVILLE a fait lecture de la tradue- tion de la préface des Questions naturelles de Sénèque,. M. VAUTRIN-a prononcé un discours sur les erreurs de l'Histoire, par rapport à lorigine des Peuples. On a regretté beaucoup que le temps nait pas permis à M. MouLon de donner lecture de son discours sur la Justice. (x) Le rapport détaillé de cette séance est imprimé , et se trouve à Nacy, chez J. R. Vigneuille, imprimeur. de la Société acadé- mique , place de la République , n.% 17. Fructidor, an xr. In-8.° de 59 paces. P 4 232 Nouvelles littéraires. M. MANDEL a donné ensuite une dissertation sur la détérioration des vins , il a montré les causes qui la déterminent; il a indiqué en outre les moyens pour les guérir lorsqu’iis sont malades, M. Charles-Louis MOLLEV AUT a lu une traduction française d’un poëme latin intitulé : La Weuliée des fêtes de Venus. La séance s’est terminée par une dissertation de M. MoLLEvVAUT l'aîné, sur l’{nscription en trois langues , trouvée à Roselte. | Ale BNEUN I LUE Rapport des travaux de la Société d'Emula- tion d’Abbeville, pendant Pan X ; par le C. C. A. GORET , secrétaire de la Classe des sciences el arts. Essai de solution de quelques problémes mathéma- tiques relatifs à l'art de la marine, par M. POIRÉE, associé correspondant, — Du rapport de ce mémoire par M. Demautort, on voit que M. Poirée propose une formule géométrique extrémement simple, qui, si elle ne remplit pas totalement le but, pourroit être de quelque utilité, surtout pour obvier à l'inexactitude géométrique des estimes, que font dans leur route parcourue les marins, qui, à défaut des objets ter- restres dont ils ont perdu la vue en pleine mer, n’ont pour se diriger que le secours de la boussole toujours tournée vers le nord , et la direction du méridien sous lequel se trouve le vaisseau , qui fait , avec celui Nouvelles littéraires. 233 où l’on veut arriver, un angle dont le sommet est au pôle. L’auteur observe que la ligne qui joint le point du départ à celui vers lequel on dirige sa course, fait avec ces deux méridiens un triangle qu'il nomme …. triangle de route ; il observe qu’outre que le vais- seau, changeant souvent de place, et passant sur un nouveau méridien, donne des avantages plus grands " ‘ou plus petits, qui diminuent celui du triangle de n route, il s'ensuit que l’angle situé au pôle diminue, et que celui du point où se trouve le vaisseau aug- + mente; le pilote sortira donc de sa route , et s’é- loignera du point où il veut arriver. Essai sur les longitudes , par M. POIRÉE. — Le but de cet ouvrage est de donner d’abord les moyens de trouver exactement la longitude en quelques cas particuliers , et d’en approcher de très- près dans d’autres, de déterminer avec précision la valeur de chaque degré nouveau de longitude de la France, non-seulement à chaque degré nouveau de latitude, mais même à chaque dixième de degré { ou à chaque myriamètre , notre nouvelle mesure itinéraire). M. _Poirée ajoute à cet ouvrage deux tableaux et des observations très-propres à en faciliter l'intelligence. Le r.°* tableau comprend les degrés nouveaux et anciens , leur valeur en myriamètres , en lieues ordi- paires et en lieues marines. "n Le 27° est composé comme le 1°", avec addition … cependant d’une colonne particulière , contenant la - différence de longueur qui se trouve entre chaque 234 Nouvelles littéraires. degré de longitude, d’un degré de latitude au sufs vant. Les calculs sont établis sur le mètre primitif; il seroit facile de les réduire. sur le mètre rectifié. Cet ouvrage , qui fait honneur aux connoissances de notre correspondant , a été livré à l’impression en l'an V, chez M. Devérité, sous le titre d'Essai sur les longitudes. Coup-dcæil sur les calendriers , par le même. Doutes sur la figure de la terre, par le même. Projet d'établissement de pépinière nationale , par M. Jumel RICQUIER. Sur la culture et l'emploi du chardon à foulon, par M. Boucxer. Moyens de häter la reproduction des arbres, no- tamment des ormes , par M. COcHET. Notice historique sur Paul - Augustin Gatte, par M. COLLENOT. Notice historique sur Emmanuel Baïllon , par Go- RET. — Les sciences ont à regretter la perte d’Emma- nuel Baëllon. Ce naturaliste a fourni d’amples maté- riaux à Phistoire naturelle, particulièrement à l’Orni- tholegie. Sonnom, fréquemment citédanslesouvrages de l’immortel Buffon, prouve combien ce savant natu- raliste estimoit son génie observateur. On doit à M, Baillon Ja connoissance particulière des mœurs , des babitudes, des lieux qu'habitent plus ordinairement Ja plupart des oiseaux de mer et de rivage qui fré= quentent accidentellement nos côtes : quelques-uns y étoient peu connus, d’autres ne l’étoient nullement avant lui, 1] possédoit le talent de préparer les oiseaux Nouvelles littéraires. 235 avec cette grâce qui rend ce genre de collection si agréable. Celle du Muséum d’histoire naturelle lui doit la plus grande partie des oiseaux de mer et de- rivage qu’on y voit; il ne comptoit pour rien ses soins pour se procurer les especes les plus rares : il » faisoit tous les ans de nombreux envois d’oiseaux vivans , destinés à orner les bassins du jardin national des plantes, Il avoit trouvé les moyens d’habituer à la captivité , des oiseaux que des mœurs sauvages retenoient presque toujours au milieu du vaste océan, ou sur les rochers les plus sauvages, et que la tem- -pête seule forçoit d’approcher des endroits habités. C’étoit au milieu des soins qu’exigeoient ces hôtes farouches , que notre collégue observoit tout ce qui pouvoit intéresser le naturaliste. . Des nombreux mémoires que M. Baillon a donnés sur les oiseaux, celui sur la Bernache , traité. éga- lement par M. Boucher notre collègue, est un des plus intéressans. Il n’existoit sur cet oiseau, dans + Buffon, qu'une très-légere notice donnée d jà par ) M. Baillon : son nouveau mémoire ne laisse rien à , desirer sur tout ce qui appartient à cet oiseau peu d conou jusqu'alors. Il donne des détails particuliers ” surses émigrations et les causes qui les déterminent ; enfin on peut dire qu'il a épuisé cette matière. Plusieurs autres mémoires prouvent que l’ornitho- … logie n’étoit pas la seule branche d'histoire naturelle 1, qui fût familiere à notre collésue, Celui intitulé * de Quelles sont les cuuses du dépérissement des bois, quels sont les moyens d'y remédier ? a remporté, 236 Nouvelles littéraires. concurremment avec M. Dumonchel, le prix national offert par la commune de Paris , sur l'invitation de l'assemblée nationale constituante. Un autre, dont l'intérêt est purement local, est intitulé : Observations sur les sables mouvans qui couvrent les côtes du département du Pas-de-Calais ÿ les moyens de s'opposer à leur invasion ; sujet que notre collégue M. Boucher a également bien traité, avant d’avoir connoissance du travail que nous ci- tons. Ce mémoire contient les détails les plus propres à repousser ce fléau destructeur , et qui exerce ses ravages dans plusieurs communes de notre arron- dissement ; ces diflérens mémoires perdroient à V’a- palyse ; étant imprimés , on peut facilement les con- sulter. Emmanuel Baillon étoit ancien inspecteur des domaines et bois du ci-devant Ponthieu , premier cor- respondant du muséum d’histoire naturelle, membre et correspondant de plusieurs sociétés savantes. Sa mort prive le muséum d’un de ses plus zélés coopé- rateurs , et le département de la Somme, d’un de ses naturalistes les plus distingués. Ce qui pourroit rendre sa perte moins sensible aux naturalistes, c’est qu’il laisse un fils qui, quoique jeune encore, suit avec succès la carrière si savamment parcourue par son père. >. 2 TEA Tea Nouvelles littéraires. 237 A4 - Programme des prix proposés par la Société d’émulation d’Abbeville, pour l'an XI. RSR ET, ÿ { Re HAGLOUNAO METRE LB LUL ET A, LUE; La culture du tabac, dans le département de la Somme, est-elle avantageuse ? LIT TÉ R A TU PE. La traduction d’une pièce de Plaute, intitulée : l'Aululuria. Les prix consis'eront en médailles, et seront dis- tribuées à la séance publique du 16 thermidor an onZz=. j On ne mettra sur le manuscrit qu’une sentence où devise : on ajoutera un billet cacheté, qui reafer- mera la sentence ou devise, le nom et l'adresse de l’auteur. Les ouvrages destinés au concours , seront adressés 7 avant le 16 messidor an onze , au secrétariat de la société. ES AREAS! eZ PE = Société d'Agriculture. AS rer dr me | sa séance publique : le C. CAMBRY , président, — ouvrit la séance par un discours sur l’importance, À | La Société d’agriculture a tenu le 30 fructidor à de 48 les provres de l’agriculture, la restauration des fo- …_rétset les soins qu’on donne aux haras. On entendit — ensuite les rapports des travaux de la Société, par le C. SYLVESTRE, la lecture d’un mémoire par le C, { " 233 Nouvelles littéraires, PARMENTIER, sur l'avantage d’enclore les champs - de haies; d’un mémoire par le C. CADET DE Vaux, sur lamélioration des vins des petits vignobles; d’unenotice sur OLIVIER DESERRES, parle C.FRAN- ço1s ( de Neufchâteau.) Cette notice doit être pla- cée à la tête des Œuvres du patriarche de notre agriculture. On a fait ensuite le rapport et la dis- tribution des prix. Programme des prix remis et proposés, et Notice des médailles d'encouragement données par la Société d'agriculture du département de la Seine , dans sa ‘séance publique du premier jour complémentaire an XI. I. PRIX REMIS POUR L’AN XII. Sur les Engrais en général. La Société a reçu dix mémoires sur ce sujet de prix qu’elle avoit proposé en l’an Vir, pour étre décerné dans la séance du deuxieme jour complé-" mentaire an X; deux de ces mémoires portant les noms de leurs auteurs, n’ont pu concourir ; un troi- sième arrivé après la fermeture du concours, a été M évalement écarté. + Aucun des sept mémoires restans n’a répondu complettement aux questions proposées, surtout à la premiere : Comment les engruis agissent-ils en géneral ? C’est cependant de cette grande question, Nouvelles littéraires. 239 | _ que toutes Îles autres dépendent ; il ne s’agissoit pas, pour la résoudre, de parler seulement de leur … effet ordinaire, il falloit établir par des expériences “ comment ils contribuoient à la nutrition des plantes, ‘4 et conséquemment quelles sont les substances dont À Les plantes se nourrissent ? La plupart des concurrens présentent des vues …. théoriques, sans les lier aux faits; ils n’ont point tenté d’expériences directes, et ils ne se sont même pas douté du véritable état de la question ; presque * tous ont cité vaguement ce que les anciens ont dit … des sels, des huiles, etc.; ils devoient penser ce- pendant que la Société connoissoit suffisamment ce qui a été dit si souvent depuis des siècles : ils pa- . roïssent ignorer les grandes découvertes modernes . sur analyse de Peau , de lair , etc.; ce sont néan- " moins ces bases snr lesquelles on peut fonder la #, = La Société croit devoir rappeler les travaux faits * sur cet objet ; ceux qui doivent guider dans les re- . cherches qui restent à faire. Ce sont principalement ceux des Ingenhousz , Senebier, Kirwan, Hassen- À fratz, etc. Le citoyen Maurice , de Geneve, a publié un recueil sur les engrais, qui fera voir à | ceux qui voudront traiter le même sujet, ce qui eur reste à faire. Dans sa préface, ce citoyen, massocié correspondant de la Société, s'exprime ainsi elativement au prix qu’elle a proposé. « On peut …« donc se flatter de voir dans peu éclaircir un “x sujet qui doit être regardé comme une branche ÿ # essentielle de l’art de bien cultiver laterve. Que ceux. x 240 Nouvelles littéraires. « qui le traiteront , se pénètrent bien de toute son « importance ; que leurs expériences se fassent en » grand; que les terrains sur lesquels ils opére- ront , soient analysés avant que de rien entre- prendre ; et alors, on marchera d’un pas uniforme « et sûr dans le chemin qui conduit à la vérité. » On trouvera dans ce traité la citation des sources qu’il est nécessaire de connoître ; on y lira avec grand fruit un mémoire de Kirwax. Les Annales de Pagriculture , par le C. TESSIER, tome VI, con= tiennent un mémoire fort intéressant d'INGEN- HOUSZ , traduit par le C. BENOIST , notre collègue, sur l’aliment des plantes, et sur la rénovation des sols. Les Annales de Chymie sont encore trèes-utiles à consulter pour le même objet. Dans le plus grand nombre de ces sept mémoires, il y a des faits qui, sans aller directement au but que la Société a marqué, sont cependant utiles à connoître ; et la Société, suivant le droit qu’elle s’en est réservé par son programme, en fera usage. Il s’en trouve , par exemple, dans le mémoire, qui a pour devise : Ne saturare fimo pingui pudeat sola, neve Effætos cinerem immundum jactare per 4gros. Ce passage de Virgile sert aussi d’epigraphe au Traité des Engrais du C. MAURICE. Le mémoire portant pour devise : $ Il faut couvrir de terre, Engraisser de fumier le lit qui les resserre; est plus remarquable sous le rapport des faits. Le Nouvelles littéraires: ‘ 924r , Le mémoire portan pour devise : L'usage des engrais est connu de temps immémorial, etc. quoique loin d’atteindie le but , contient , en général, une assez bonne théorie 3 mais les consé= quences que l’auteur en tiie , sont quelquefois con- traires aux faits. C’est cépendant celui de tous que la Société à regardé comme méritant le mieux qu’elle en fit une mention honorable. Cette question de la nutrition des plantes, sans laquelle on ne peut se rendre compte de lPaction des engrais, est sans douie assez compliquée, car elle suppose la connoissance de l’influence de la terre, de l’eau , de Patmosphere sur la végétation, et celle du pouvoir de la vie végétale dans la for- mation des diverses substances qu’on peut retirer des plantes; mais aussi jamais les sciences n’ont fourni de matériaux aussi abondans pour éclairer, par des expériences, des vérités aussi utiles. Il ne L suffit pas que quelques faits seulement puissent … s'expliquer par des données que chaque auteur … croira devoir produire: il est encore nécessaire - qu'ils cherchent à se rendre compte si quelques Me faits relatifs à la végétation ne détruisent pas ces | 1 données. Ces théories ne peuvent être réputées pi bonnes, que lorsqu'elles expliquent naturellement tous "4 les faits. Ces motifs ont déterminé la Société à reproduire le sujet du même prix ,en élevant sa valeur à 3,000 francs, et a porter à deux ans, le délai pour la remise des mémoires. Tome LIL. Q 243 . Nouvelles littéraires: La Société se réserve la faculté d’accorder un encouragement aux auteurs qui auroient traité seulement, mais avec fruit, un point qui tendroit à la solution de la question principale. Les mémoires devront être adressés, francs de port , au secrétaire de la Suciété , avant le 30 mes- sidor de l’an x11. PE PRIX PROPOSÉ POUR L’AN XIle Sur la Charrue. « Qu'est-ce que la charrue? » Quels sont, en général, ses avantages sur la e béche, méme dans l’état imparfait où elle se « trouve aujourd’hui dans la plüs grande partie des « départemens ? « Quelles sont les charrues qui approchent le « plus des effets de la béche? « En quoi consisteroit le perfectionnement dont « la charrue est susceptible ? « Enfin, quelle seroit la plus parfaite des char- « rues? » Voilà des questions auxquelles la Société provoque uve réponse, par la voie du concours, indépen= damment des lumières que lui promettent sur ce point ses nombreuses correspondances, Dans le rapport de sa commission sur le perfec= dionnement des charrues | qui a été imprimé en vertu d’une délibération de la Société. on a tracé, en général, pour la premiere fois, une histoire de = Le. Nouvelles littéraires: . 243 la charrue. On a rassemb'é un grand nombre d’in- dications sur les ouvrages dans lesquels cet objet + aété traité. On a cru devoir appeler sur la charrue " Vattention des mécaniciens et des philosophes, autant que celle des cultivateurs. Cet appel aux bons esprits, n’a pas été infructueux. Depuis la pu- blication de cette essai, la Société a recu beaucoup . «de mémoires ,plusou moins détaillés. Par le compte qui a été rendu par ordre de la Société, on a pu voir une partie des bons effets de la fermentation salutaire que la lecture de ce rapport paroït avoir excitée de toutes part (1). Mais la Société prévoit, avec regret, que la collection des charrues actuel- lement en usage , qui lui sont envoyées de tous les pays, ne pourra pas être complettée avant l’an x11, Ainsi, les épreuves comparatives projetées par elle, » ne pourront se faire qu'après cette époque. Il seroit inutile de fatie des ex)ériences qui ne présente- doient pas l’ensemble des lumieres acquises sar cette matière. La Société a jugé qu’en même-temps que # ses correspondans nationaux et étrangers s’empres= % “ sent de lui adresser, sur ce point , le résultat des …_ connoissances et des essais de chaque localité, il ‘A est intéressant de diriger vers un si grand but, Eu Péculation de 1ous ceux qui peuvent y concourir, soit par des données de l’expérience, soit par des "efforts du génie. : Jusqu'à présent l’art de labourer n’a point fait un ‘a 4 (r) Ces deux rapports se trouvent dans la librairie de madame … Euzard, ruë de l'Eperon Saint-André-des-Arcs, n.° 11. Q2 244 INouvelles liltéraires. objet de recherches pour les mathématiciens et les physiciens. L’esprit philosophique s’est perdu dans la vaste étendue des cieux. La société espère qu’il voudra bien se reposer un moment sur la terre pour approfondir et calculer aussi les lois qui nous don- nent du pain, puisqu’enfin il faut vivre avant que de philosopher. | Quel autre objet seroit plus digne d’occuper les meilleurs esprits? Celui qui perfectionnera la char- rue fera plus pour sa patrie et pour le genre hu- main, que sil découvroit les mines d’un autre Pérou. | Persuadée que cette considération déterminera une foule de coneurrens, la Société a résolu de mettre au concours le grand probléme du perfectionnement des charrues. Elle décernera, à la fin de l’au x15, un prix de la valeur de 2,000 francs à l’auteur qui aura pré- senté le meilleur mémoire, théorique et pratique, contenant les vues les plus saines et les expériences les mieux raisonnées sur la composition et l’usage de la meilleure charrue (2). 1 (2) Au moment où ce programme étoit lu à la Séance publique de Ja Société, le C. François (de Neufchäteau), rapporteur, a recu du ministre de l’intérieur le lettre suivante : Paris, le 1.°" jour complémentaire , an x de la République Francoise, une et indivisible. Le MINISTRE DE L'INTÉRIEUR. Au C. Francois (de Neufchâteau ). J'approuve votre idée, citoyen, et je m’estime heureux de pourois, Nouvelles littéraires. 245 La Société regardera, comme la charrue la plus parfaite, celle qui sera La plus simple, . La plus solide, La moins coûteuse, La plus propre à épargner la peine des animaux, à accélérer le travail du laboureur , à faciliter la profondeur des labours, | En un mot, celle qui approchera le plus des effets de la béche. La Société demande que la chärrue proposée comme la meilleure, 1.° Puisse être confiée aux mains les moins exer- cé. be 2.° Que linstrument puisse être appliqué à toutes les terres, au moyen de quelques légers change- mens faciles à opérer ; sent être coulées en fer, et leurs formes détermi- nées d’ailleurs d’une maniere si précise, que les M. charrons et les maréchaux vulgaires ne puissent s’y “… méprendre. - 2,000 fr. ne: suffisent pas pour récompenser l'individu qui ajouteva : un degré de perfectionnement à la charrue, Je vous propose de porter le prix à 6,000 fr., et le ministre en fera les fonds. Si le concours atteint son but, ce sera de l'argent bien placé. J'ai l'honneur de vous saluer, CHAPTAL Conformément à celte lettre, la Société annonce que le prix sera da ê de 6,000 fr. % Q 3 3.° Que les pieces essentielles de la charrue puis- > 246 Nouvelles littéraires, PAR mémoire devra contenir : + Une théorie de la charrue;, ° La description, le dessin et le devis détaillés Lu la charrue qu’il propose ; 3.° La description, le dessin et le devis de l’a- raïire ou de la charrue actuellement usi'ée dans le pays de l’auteur, si ce n’est pas l'instrument qu'il propose ; 4° La comparaison de cette charrue en usage avec la charrue proposée , et le détail raisonné des avantages de cette dernière; 5.° La comparaison de ses effets, de sa dépense, et de ses produits, avec ceux de la bêche; 6° Un résumé méthodique des principes, des calculs, des faits et des expériences, qui motive- ront la préférence donnée par l’auteur à la charrue proposée. Les dessins seront sur une échelle uniforme du dixième de l’exécution. Au Jieu d’un dessin, les auteurs sont libres de joindre à leur mémoire un modèle en petit de leurs charrues, sur la même échelle. Le dessin et le modèle doivent étre soigneuse= ment décrits, et numérotés dans toutes leurs par- ties. Celui qui, au lieu d’un dessin ou d’un simple iodèle, voudra envoyer au concours la charrue même proposée, sera toujours tenu d’y joindre le mémoire détaillé comme ci-dessus. S’il obtient le prix, la Société, outre le prix décerné, lui tiendra compte de la valeur de sa charrue, Nouvelles littéraires: 547 Si l’auteur d’un projet de charrue non encore en usage , obtient le prix, et desire néanmoins que son travail lui serve à obtenir un brevet d’inven- tion , il est prévenu que la Société ne peut tenir secrète une chose si utile à l’humanité; mais elle se réserve, en ce cas, de solliciter du Gouverne- ment un dédommagement pour l’auteur, et de lui faciliter d’ailleurs, autant qu’il sera possible, les moyens d’établir une fabrique de ses charrues, de manière qu’il soit pleinement récompensé du fruit de sa découverte. La délivrance du prix ne suivra pas immédia- tement sa proclamation ; il sera seulement annoncé dans la séance publique de l’an x113 mais son ad- judication définitive sera subordonnée aux épreuves aathentiques que la Société fera faire, dans le com- mencement de. lan x111, de la charrue qui aura obtenu le prix, et de celles qui lui auront été adressées d’ici-là, par ses correspondans. Les épreu- ves seront faites sur des sols de diverses natures, L’auteur-couronné sera appelé à ces expériences , qui seront publiques, et dont le résultat sera pro- climé dans une séance solennelle que la Société tiendra à cet effet, au printemps de l’an x111. Les auteurs des deux mémoires qui, après celu; qui aura été couronné, présenteront, au jugement de la Société, des vues neuves, ou des expériences importantes , obtiendront des accessit dont la va= leur sera de 1,500 fr. chacun. _ Le: mémoires, modèles et dessins destinés à ce concours, doivent être remis, francs de port, entre Q 4 248 Nouvelles littéraires. les mains du sécrétaire de Ja Société, avant le 30 messidor de l'an X171. ù Les mémoires pourront être écrits en françois , allemand , anglois, italien, espagnol ou latin. LL PRIX REMIS POUR L’AN XIII. Sur les Arbres cultivés aux environs de Paris. La Sreiété avoit proposé, l’année derniere, un prix de la valeur de 1,500 fr. pour le meilleur ou=. virage qui lui seroit envoyé sur les arbres culuvés dans les environs de Paris; aucun mémoire n'ayant éié envoyé au concours, elle a pensé que le terme avoit été trop rapproché pour laisser aux concur= reos Je temps de se livrer aux recherches multi- pliées quil faut faire pour traiter convenablement cette intéressante question; en conséquence elle à décidé que ce prix ne seroit adjugé que dans sa séancé publique de la fin de Pan x117, et les mé- moiies pourront être envoyés jusqu’au 20 messidor de cvite méme année. La culture des arbres, l’une des plus utiles, est cependant, en général, une des moins avancées. Ceite culture, mieux connue dans les environs de Paris que dans beaucoup d’autres lieux de la République , n’y est cependant complete sur aucun point de ce territoire ; alois il faut recueillir, dans toute son étendue, les différentes pratiques, afin de rassembler toutes les counoissances utiles en ce geure. en Las SES ‘ Nouvelles littéraires. 219 À Vitry-sur-Seine, par exemple, on élève des arbres d’aliunement , quelques espèces et variétés d'arbres pour les jardins modernes, des arbres frui- tiers et des petits plant. Les jrat'q.es de cultures y sont très- bonnes, mais elles sont peu variées et pe comprennent pas autant d'espèces qu’il seroit de- sirable. À Fontenai aux- Roses on eultive principa- Jement des arbrisseaux, arbustes et plants. Dans | différen; lieux, on cultive uniquement quelques es- mu. pèces d'arbres, comme sauvageons (ou égrains }), . châtaigniers, etc. Enfin, dans quelques autres en- droits on éleve des plants forestiers. Tous ces arbres, arbrisseaux et arbustes, sortant des lieux de leur première éducation, arrivent en- suite à leur destination , quelquefois trés éloignée, > pour être employés aux plantations des routes, des “avenues , des vergers, des parcs, des jardins de toute; les especes, eic.; quelquefois même cette destination west que piosisoire. C’est ainsi, par exemple, que les jardiniers de Paris tirent des ar- bres de diverses pépinières, continuent leur éduca- tion, pour les vendre ensuite ayx personnes qui, pas toujours là durée. Ces jardiniers cultivent aussi “avec succes des arbrisseaux, et des arbustes à fleurs; "soit de pleine terre, soit d'orangerie. Excepté pour les arbres fruitiers, et en y com- pr ï vigne, toutes FES autres espèces une fois 250 INouvelles littéraires: espaliers. Cette partie de la culture des arbres n’est encore bien céfnue que par quelques cultivateurs -de Montreuil -sur- Vincennes : c’est là que le pé- cher principalement, produit très-abondamment de si beaux fruits, Dans d’autres lieux, pour des espèces d’arbres différens, on obtient encore, par d’autres moyens, des résultats avantageux. La vallée de Montmo- rency , par exemple, en fournit plusieurs preuves, Ailleurs , on remarque aussi des cultures bien enten= dues ; telles sont celles de la vigne et du figuier à Argenteuil, etc. Les connoissances utiles qui résultent de ces faits, ‘ont déterminé la Société à proposer un prix, dont‘ le but est de connoître très-exactement ce qui se pratique dans le département de la Seine et lieux circonvoisins, relativement à la culture de toutes les espèces d’arbres, d’arbrisseaux et d’arbustes de pleine terre. Leur culture doit être décrite avec les plus grands détails, et appréciée avec justesse, de- puis la naissance des arbres, jusqu’à leur caducité, Un pareil travail ne peut être que le fruit de con- noissances- pratiques étendues; il exige beaucoup d'ordre et de clarté. Son résultat, très-utile pour toute la République, sera un grand pas de fait pour lavancement général de cette branche impor- tante de l’économie rurale, et en particulier pour la statistique du département de la Seine et de ceux qui en sont voisins. Il seroit avantageux que la description de chaque genre de culture fût terminée par une récapitula= ESS RES Vos Nouvelles littéraires. 254 tion , bien précise, des parties principales de cette culture. - Il est nécessaire que les auteurs citent les ou- vrages dans lesquels ils auront puisé, lorsque ces ouvrages seront imprimés, er Sur l'Education et la Multiplication des Porcs La Société avoit proposé, en l'an VII, un prix qui devoit être décerné en l’an x, à l’auteur du meilleur ouvrage sur léducation et la multiplication des porcs. Un seul mémoire avoit été envoyé au con- cours et ne remplissoit pas le but de la Société; elle avoit cru devoir remettre ce prix de 600 francs à | cette année. Ù Elle a reçu deux mémoires sur ce sujet: _ Le N« IL“, avec cette épigraphe urilitati publi= cæ, a paru préférable à celui qui avoit été envoyé l’année dernière pour le même objet ; mais l’auteur n’a pas rempli completement le programme, spé- cialement sous le rapport du croisement des races dont il ne s’est pas occupé, et quelques autres dé- tails dans lesquels il est entré sur la nourriture, … l’engrais et les maladies du cochon, sont insuffi- sans ou connus et décrits dans l'Encyclopédie mé- thodique. Le N° 2, avec cette épigraphe : agri enim cul- turæ ab initio Jui studiosus, etc. VARRO , de re Tustic&, écrit en italien, est bien fait et tres - dé- taillé, 11 est divisé en cinq chapitres. Dans le pre- LA 252 Nouvelles littéraires. mier, qui est le plus étendu, l’auteur s’occupe de Ja propagation du porc, et dans le deuxième, de Pamélioration des races ; il est entré dans tous les détails dont le premier étoit susceptible, et il a passé en revue tout ce que les anciens’, surtout, ont dit à ce sujet ; le second, le plus important, celui qui faisoit particulierement l’objet des vœux de la Société, n’est pas également rempli ; ’auteur n’y a parlé que des races du Piémont; et a passé rapidement sur le croisement, dont les Allemands, et surtout les Anglois, ont su tirer un si grand parti pour l’économie domestique. Le chapitre troi- sième, qi traite de l’engrais, contient des vues générales bien présentées; mais on peut faire à Vauteur le même reproche, il a jugé lengrais des pores dans le pays où il a écrit, beaucoup plus que dans les autres, et il a négligé des détails éco- nomiques relatifs à la dépense, qui sont partout Pobjet essentiel de cette opération ; il a passé rapi- dement sur quelques’substances employées exclusi= vement à l’engrais dans plusieurs pays, comme les pommes de terre, les racines légumineuses , etc. , et il na rien dit de quelques autres sur lesquels on n’est pas d'accord, telles que la chair des animaux, crue ou cuite, ete. Dans le chapitre quatrième, qui traite de la conservation du porc , l’auteur ne nous a pas fait connoître ces constructions économiques, que nos voisns ont si bien perfectionnées pour le logement et la santé de ces animaux , en même temps que pour léconomie des soins et de la nourriture, Nouvelles littératres: _ 268 Le chapitre cinquiéme et les suivans traitent des maladies en général et en particulier; quoique . quelques-unes y soient légèrement traitées, que quel- ques autres paroissent avoir été oubliées, et que : Vauteur n’ait suivi que la division en’ maladies internes et externes , il est aisé de reconnoître que la médecine vétérinaire lui est familiere , et cette partie de son ouvrage pourroit être facilement com- p'ettée. Le but, de la Société, dans son programme, étoit principalement de rendre communes à la France les connoiïssances acquises par ses voisins sur cette branche importante de l’économie rurale ; les mé- moires qu’elle a reçus n’ayant pas rempli complet- tement ce but , elle.proroge ce prix jusqu’à l’an X1Hr. Mais ellea cru devoir distinguer le mémoire, N.° 2, et accorder à l’auteur , s’il desire se faire connoître, une médaille d’or, à titre d'encouragement , pour les recherches auxquelles il s’est livré, _ La Société décernera , dans sa séance publique de la fin de lan Xr11, un prix de 600 francs à l’auteur du meilleur ouvrage sur ce sujet, confor- mément au programme qu’elle a publié à cet _ égard en l’an vit, Les mémoires seront envoyés au secrétaire , francs de port, avant le 30 messidor de la mêne année. Les conditions sont celles qui ont lieu pour tous | des concours, { : 254 Nouvelles littéraires. Wotice de la distribution des médailles d’en= couragement , faiié par la Société dans sa séance publique du premier jour complé= mentaire an XI, TI. Dans le rapport qui vient d’être présenté au public, sur les améliorations agricoles et sur les travaux dont la Société a été occupée pendant le courant de cette année, un des objets les plus im- portans, un de ceux qui , sans doute, ont excité le plus vif intérét, est cette attention soutenue que le Gouvernement a donnée à la régénération des furéts, soit par les sensations nombreuses qu’il a fait exécuter lui-même, soit par les graines et les plants qu’il a répandus avec abondance dans les mains des propriétaires industrieux. Mais, dans le coup-d’œil attentif que la Société a porté sur cette heureuse disposition , lémulation qui s’est intro- duite parmi les sous-ordres dans ladministration forestière , ne lui a pas échappé; elle sait et elle publie avec empressement que les gardes-forestiers secondent avec ardeur les administrateurs dans Ja plupart des conservations, et elle se plait à consi- gner ici ce témoignage honorable en faveur de ces hommes laborieux. Elle sait qu’un grand nombre d’entre eux portent toujours des graines dans leurs tournées , et qu’ils les répandent avec soin dans les clarières ; elle sait'que, la plupart, d’ailleurs, se livrent avec un zèle louable aux fonctions qui leur sont attribuées, et en exprimant ses regrets de he \ te qe LA #ÿ 40 1e hi LÉ 14 Nouvelles littéraires: 255 ne pouvoir accorder à tous ceux qui mériteroient une distinctign flatteuse , la médaille qu’elle donne aux hommes qui ont bien mérité de l’agriculture, la Société a désigné pour recevoir cette marque d'estime le C. MULLER, garde-forestier à Roxheim, sous-inspection de Spire, inspection de Mayence, département du Mont-Tonnerre ;ce garde-forestier a planté seul dans le courant de l’année, 15,000 plants de saules ou osier en bouture, et 25,23£ saules ou aulnes en plancons de deux mètres de tiges. La Société a décidé aussi qu’il seroit fait une mention honorable des CC. THomas pere et fils, gardes-forestiers de la méme sous-inspection , et dont le premier a planté 15000 boutures et 18,050 plan- çons, et le deuxième 20,000 boutures en 11,212 plancons. TI. Le C. MarzeT-MAMON, propriétaire d’un vaste domaine , appelé la Vurenne, situé près de Saint-Maur , département de la Seine, a mérité Pattention particulière de la Société, par le cou- rage qu'il a eu d'entreprendre lPamélioration d’un sol ingrat, dans la culture duquel plusieurs agri- culteurs qui l’avoient précédé, avoient échoué, et par le succès dont son entreprise est couronnée. Le sol du domaine de la Varenne, sur une étendue d'environ oo hectars ( 1,090 arpens), est composé presque partout d’un sable infertile. Le C. Mallet- -Mamon a vu, en agriculteur habile, que du sain- foin et des moutons d’Espagne étoient presque le seul parti avantageux qu’on pût tirer de cette ex- ploitation , et, depuis un petit nombre d’années «, 256 Nouvelles littéraires. qu’il possède ce doma'ne, il en a mis plus d’un tiers en culture de sainfoin . et il a porté à 900 le nombre de ses bêtes à laine dont il a tiré les béliers de Rambouillet , choisi les brebis dans les meilleurs troupeaux , et auxquelles ses soins ajoutent encore, chaque année, un degré d'amélioration. On ne voit chez lui presque point de jachères, par Pattention qu'il met à faire succéder à la culture des grains celles des plantes fourrageuses et potagères. Parmi ces dernières, il cultive à la chairue les carottes, les navets, les pommes de terre et les topinambours, Ces racines lui fournissent les moyens de nourrit en vert et à Pétable, des pores, dont il a formé un bel établissement, [l a divisé son terrain en plu= sieurs grandes por.ions qu’| a encloses de haies et de fossés. On voit aussi chez lui une pépinière d’ar= bres indigènes etexotiques. On doit au C. MALLET= MAMON d’avoir, un des prem'ers, coniribué à ins troduire la race précieuse des bœufs sans cornes, dont on commence à apprécier le mérite, et dont les qualités ont été particulierement exposées dans le dernier rapport que le C. HuzaRD a publié sur PEtablissement rural de Rambouillet. Enfin, le C. Mallet- Mamon s’est appliqué à perfectionner ses différens instrumens de culture ; les herces, boues et rouleaux qu’il emploie, peuvent être re- gardés comme des modeles. Il se sert du moulin à racines, et il a établi un fourneau économique, pour faire cuire celles qu'il donne à ses cochons. On voit aussi chez lui plusieurs de ces meules hols Jandoises qu’il seroit à desirer de voir atopter gé- péralement, EP + th en EE © L ÉSSS DE nr ES SRE = lee Patte, L Nouvelles liliérarres. 257 méralement , par l’avantage qu’elles ont de garantir Les récoltes des anim*ux destructeurs et de lintems périe des saisons, et d’exiger infiniment moins de dépenses que les granges ordinaires, tant pour la construction que pour la réparation. L'intérêt que la Société doit prendre naturelle= ment à un agriculteur qui a fait des choses aussi utiles, n’a pu être qu’awgmenté par le malheur qu’il a éprouvé cette année. Le tonnerre est tombé sur sa ferme, qui auroit été bientôt la proie des flammes sans les prompts secours que plus de quatre cents personnes des communes voisines sont venues lui apporter, et sans la présence d’esprit avec laquelle äil a su lui-même arrêter les progrès du feu, dont la violence a consumé , en deux heures, une suite de bâtimens sur 68 mètres (environ 200 pieds) de longueur, ainsi que ses trois meules hol'andoises, ses instrumens aratoires, quelques chevaux et qua- | torze porcs. Les témoignages d'estime et d’intéréé que le C. Mamon a recueillis dans cette circons- tance , la médaille que la Société lui décerne pu- bliquement dans ce moment , serviront, sans doute, à diminuer les peines qu’il a éprouvées, et l’encous ragement à poursuivre la route utile qu’il a si bien tracée. III. Le C. François DURAND, négociant à Per- …pignan, et propriétaire dans le département des … Pyrénées-Orientales , est le premier de son dépar- Ty , P E “ tement. qui ait introduit dans ses troupeaux la race des mérinos, et donné un exemple qui ne peut plus manquer d’être suivi. Tome 111, R 258 Nouvelles littéraires: Déja il avoit amélioré la race indigène, par le choix des individus, et par les soins qu’il leur fai- soit donner, malgré les obstacles que lui opposoient ignorance , la routine, la malveillance même; ses laines étoient les plus beïles du pays. Lorsque GILBERT s'arrêta à Perpignan, à l’épo- que aussi mémorable pour la France que déplorable pour la famille de cette honorable victime d’un dé- vouement sans bornes, le C. Durand sentit toute l'importance de la mission de Gilbert, et pressentit les avantages que devoit procurer l'importation des moutons espagnols ; il fut un des souscripteurs de cette première extraction; et, bientôt après, des propriétaires d’Arles ayant refusé de prendre cent bêtes espagnoles qui leur étoient destinées, le C. Durand en obtint la concession ; mais soixante-dix de ces animaux périrent en route par la faute de leurs conducteurs ; et loin que cette circonstance malheureuse décourageât le C. Durand, il tira le meilleur parti de ce qui lui restoit, et de quelques béliers et brebis qui lui furent donnés par le Gou- vernement comme un témoignage d’estime ; il croisa des brebis roussillonnoises de choix ; il parvint à ob- tenir des métis d’une grande finesse et d’une taille élevée, et donna aïnsi à son département un exem- ple qui a déja trouvé quelques imitateurs ; mais il est encore le seul qui ait adopté la méthode de se servir de chiens pour la garde des troupeaux, que les gens du pays 6nt coutume de garder seulement avec des bâtons et des pierres. Le C. Durand n’a pas borné ses trayaux agricoles p 4 . * Nouvelles littéraires. 259 à l'amélioration de ses laines , il a fait l’acqui- sition d’une propriété voisine de Perpignan; cette terre qui, pendant la guerre contre les Espa- gnols , avoit été Je théâtre de plusieurs com- bats, étoit entierement dévastée; le C. Durand n’a pas tardé à la remettre en valeur par de bonnes cultures en grains et en prairies artificielles; il a cultivé des endroits qui, jusqu'alors, n’avoient été couverts que d’aioncs , de genéts et de cistes; il a tiré de ses pépinieres en arbres indigènes et exotiques de quoi planter différentes parties de sa proprictés soit pour en- obtenir des fruits, soit pour former, par la suite, du bois de chauffage et de construc- tion , ou pour contenir des torrens souvent à craindre dans un pays de montagnes : enfin , il a couvert de vignes toutes les terres qui en étoient susceptibles, La Socitté a pensé que ces opérations remar- quables meritoient qu’elle decernât publiquement - une médaille au C, DURAND, et elle saisit cette occasion de prouver que tous les travaux utiles atti= rent son attention , et que les bons agriculteurs ont également droit à son estime , quelqu’éloignés qu'ils résident du point central de ses occupations. I V. Il existe entre les villes de Dunkerque, Berg-Saint- Vinox, Honscote et Furnes, départe- ment du Nord et de la Lys, des lacs connus sous les noms de grandes et petites Moëies. Ces lacs farent desséchés , au commencement du dix-septième siecle, sous les archiducs qui gouvernoient les Pays Bas ; ils furent habités ét eu tivts depuis 1632 jus- qu'en 1646. Alors, le marquis de Leyde, assiégé KR 2 260 Nouvelles littéraires: dans Dunkerque par le prince de Condé > pour re= tarder la prise de cette ville, fit ouvrir les écluses de mer et inonda une partie de la Flandre mariti- me. Les Moëres dont le terrain est plus bas que les basses marées, redevinrent des marais immenses et insalubres. Leurs exhalaisons mal-saines, dépeu- ploient le pays. Louis X1v , maître de la Flandre, concéda les Moëres à Colbert et à Louvois, à charge de les dessécher; mais les guerres conti- puelles de son règne ne permirent point à ces con- cessionnaires de s’en occuper. En 1744, Louis xw les concéda au comte d'Hérouville, qui y fit faire de grands travaux sous la direction d’un des mem- bres de cette Société (le C. SAINT- VICTOR) ; mais ces travaux furent traversés d’abord par le despo- tisme humiliant que les Anglois exercèrent long- temps à Dunkerque, et ensuite par l’opposition de l’intendant de Flandre, Calonne. Une compagnie hollandoise , qui avoit succédé à la compagnie d'Hérouville, fut ruinée par des ordres arbitraires, et dégoutée de son entreprise. Les Moëres étoient menacées d’une submersion nouvelle; les frères HERwIN concurent le projet hardi de séparer ces deux lacs par une chaussée en terre, ils y formè- rent trois polders ou trois grands dessèchemens con- tenant ensemble 27,244 mesures de terre et séparés les uns des autres par des digues et des écluses. Pour élever les eaux, ils construisirent cinq moulins à vent qui les versèrent dans un canal de ceinture d’où elles s’écouloient au port de Dunkerque. Les. trois quarts de cette partie du lac étoient desséchés, ] LA — Nouvelles littérarres. 26€ eonvertis en terres labourables, en pâturages et en prairies. Un sixième moulin étoit en eonstruction, lorsqu’en 1793, la guerre vint détruire une partie de ces travaux. Les éeluses de Dunkerque et-de: Niewport furent levées ; les eaux de la mer submer= gèrent le terrain que-les frères Herwyn avoient rendus à:la culture ; elles firent périr trente-six à quarante mille pieds d'arbres. Les grandes et les pe- tites Moëres se retrouverent sons les eaux comme du’ temps de la submersion de la Flandre, en 1044 ; les machines hydrauliques étoient détraquées, les digues intérieures rompues : le terrain des Moëres, qui représente une surface de huit à neuf mille hectares, n’étoit plus qu’un amas d’eaux stagnantes et fétides. Cependant les victoires de nos armées décidèrent le sort de la Belgique, et réunirent à la France cette ancienne portion de son territoire, Les Belges , dispersés par la guerre, rentrèrent dans leurs foyers; les freres Herwyn reprirent courage, ils ne pouvoient abandonner la moitié de leur for- tune qu’ils avoient consacrée au dessèchement des Moëres. Forts de leurs connoissances locales, ils ont osé y mettre de nouveaux fonds. Dans l’espace de quinze mois, une partie du terrain , débarrassée des eaux , leur a procuré de nouvelles récoltes ; les polders , primitivement formés par eux, sont dessè- . chés de nouveau; les digues et les écluses restau- rées , les pâturages couverts d’un demi-millier de bestiaux, et le terrein rendu à la culture, auroiït repris entièrement sa première fertilité, si les parties de ce terrain qui ont été gâtées par la sa= R 3 262 Nouvelles littéraires, lure des eaux de la mer , n’avoient besoin d’un xepos et d’une évaporation de plusieurs années, avant qu’on puisse y remeitre la charrue. Telle est la substance abrégée d’un grand détail sur le des- sèchement des Moëres, qui a été lu dans une séance de la Société par notre collègue le C. FRANÇOIS { de Neufchäieau ). Wa observé qu’il importe essen- tiellement à l’état, que les terrains de ce genre sortent de dessous les eaux , non seulement pour augmenter la quantité de la terre cultivable et nourriciere , mais encore pour assainir l’air et pré- venir les maladies épidémiques et épizootiques, dont le foyer se trouve dans ces eaux pestilentielles, La Societé a été surtout frappée du courage avec lequel les frères Herwyn ont recommencé le dessé- chemeut des grandes et petites Moeres, après l’a- voir vu détruit par les événemens de la guerre. On cite peu d’entreprises de ce genre exécutées sur une aussi grande échelle, conduites avec autant de capacite , et reprises enfin avec une aussi hono- rable persévérance. Pour reconnoître , autant qu’il est en elle, l’im- portance du service qu'ont rendu à leur pays et à l’agriculture , les CC. Hermyn frères, dont l’un est membre du Sénat conservateur, et lautie, sous- préfet de Parrondissement de Furnes, département de la Lys, la Société a décidé qu’il seroit fait une mention publique de leurs travaux , et qu’elle leur décerneroit une médaille d’or dans cette séance. CaMBRY , président , SILVESTRE , secrétaires Nouvelles littéraires. ” 263 INSTITUT NATIONAL. CLASSE DES BEAUX-ARTS: Séance publique du 8 vendémiaire an x11. ORDRE DE LA SÉANCE. 1. Notice des travaux de la Classe, par le secré« taire perpétuel. 2. Notice des richesses qu'ont acquises, dans l’année , les Musées des Arts, par le C. DENON. 3. Rapport sur les concours pour les grands prix de peinture, de sculpture et d’architecture, par le C. Durourny. 4. Rapport sur le grand prix de composition de musique, par le C. MÉHUL. 5 Notice sur la vie et les travaux du C. Antoine, architecte , par le secrétaire perpétuel, 6. Distribution des prix. 7. Exécution du grand prix de composition mu- sicale. Les tableaux, bas-reliefs et dessins d'architecture qui ont remporté les grands prix, ont été exposés dans Ja saile des séances publiques de l’Institut. x Grand priæ de peinture. Le sujet du concours étoit Énée emportant son père Anchise sur ses épaules, pour le sauver de l'embrasement de Troie. ( Ænéide , Liv. IL.) On a laissé les concurrens libres d'éclairer leur R 4 264 Nouvelles littéraires. tableau , ou à la lueur de l'incendie , ou à la clarté de la lune, ou aux rayons naïssans du jour. Le premier prix a été décerné au C. Méry-Joseph BLonvez, de Paris, âgé de vingt-un ans, élève du C. Regnault. Le ‘second prix a été accordé au C. George RouceT, de Paris, âgé de dix-huit ans, élève du C. David. + Grand prix de sculpture, Le sujet du concours étoit le moment où Ulysse, reconnu par sa nourrice Euryclée, lui met une main sur la bouche, et lui dit : MA CHÈRE NOURRICE, VOULEZ - VOUS ME PERDRE, VOUS QUI M’AVEZ ALLAITÉ ? etc. etc. (Odyssée, liv, XIX.) Le premier prix a été décerné au C. Edme GAULE, de Langres, département de la Haute-Marne, âgé de vingt neuf ans, élève du C. Moitte. Le second prix a été accordé au C. Charles-Marie La1Tié, de Paris, âgé de vingt ans, élève du C. Dejoux. Grand prit d'architecture. Le sujet du concours étoit un monument à la gloire du premier Consul, ornant l'enceinte d'un port destiné à recevoir plusieurs canaux de navi- gution (x). | (x) L'exposition des dessins d'architecture, exécutés par les élèves qui ont concouru aux prix de cette année, se composent de vingt- deux esquisses, représentant huit ports de navigation iniérieure ; =« k Nouvelles littéraires. 265 . Le premier prix a été décerné au C. François PacorT, né à Orléans, département du Loiret, âgé de vingt-trois ans, élève des CC. La Barre et de la Gardette , et, depuis environ deux ans, des CC. Le Grand et Molinos. Le second prix a été accordé au C. André-Marie CHATILLON, de Paris, âgé de vingt ans, dass des CC. Percier et Famin. Grand prix de composition musicale. Après un examen préliminaire sur l’harmonie, il a été donné pour sujet de concours : 1° ur contre-point à l’octave et à quatre parties; 2° une A Jugue à trois sujets ; 3° à muitre en musique une scène dramatique, que le €. ARNAULD, membre de l’Institut, a composée à cet effet, à la prière de la Classe des beaux-arts. Le C. Joseph AnDROT, de Paris, âgé de vinet ans, élève du Conservatoire, classe du C. Gossec , deux temples à colonnes , et au milieu la statue du premier Consul ; — deux arcs de triomphé entre deux massifs de marbre sur lesquels sont écrits, d’un côté, ces mots: Conçuéte de l'Italie; de Vauue , ceux-ci : Conquéte de l'AÆEgypte ; — un plan de monument à consa- crer à la gloire des armées francoises et du premier Consul qui les fit vaincre, avec cette inscription : T/lustration de la France ; — un autre, édifice dans le style de l'architecture romaine, avec l'élé- yation de la basilique des faces consulaires ; sur le frontispice et les faces latérales de cette basilique , sont inscrits les faits les plus écla- fans qui ont signalé, depuis trois ans, le gouvernement consulaire, sous le rapport militaire , politique , et sous celui de l'administration intérieure. Les autres dessins consistent en huit projels d'hôtels oz de palais à élever sur les bords de la Seine, 266 * Nouvelles littéraires: ayant pleinement satisfait sous tous ces rapports, le grand prix de composition lui a été décerné à l’una- nimité. La scène a été exécutée dans la séance. Conformément à l’article XIIT de l'arrêté du Gouvernement, du 3 pluviose an xr, relatif à l’or- ganisation de l’Institut national, le compositeur qui remporte ce grand prix doit être envoyé et entre- tenu en Italie aux frais de la République. Il y aura, l’an prochain, un grand prix de gra- vure. Le concours ouvert sur cette question : Quelle esé l'influence de la peinture sur les arts d'industrie commerciale , el quels seroient les moyens d’aug- Menter cetie influence? concours qui devoit être fermé au 15 vendémiaire , est prorogé jusqu’au 1.°® messidor an XII. Signé Joachim LE BRETON, secrétaire perpétuel, Observatoire. L'Observatoire de Paris vient de faire Pacquisi- tion d’une excellente lunette méridienne. Elle a 8 pieds de long et un objectif de 4 pouces de diamè- tre. Ce bel instrument avoit été commandé à Lon- dres par M. de Cassini, commencé par le célebre Ramsden, et fini par son successeur M. Berge. D’a- près des sollicitations puissantes et réitérées, cette lunette méridienne remplacera l’ancienne, Nouvelles littéraires. 267 Athenée de Paris. Programme de l'an x11 de la République francoise, X1X.° année de la fondation et des cours. Botanique, MiregeLz ; Chymie, Fourcroy et THENARD ; Physique, Bior; Langue italienne, Bozpon1; Histoire naturelle, CUVIER ; Perspective, LaviT; Langue angloise, RoBerTrs; Grammaire générale, SIcaRD; Séance littéraire, ou Musique, NavoiciLre freres, elc.; Histoire, GARAT ; Chy- mie, THENARD ; Technologie, HASSENFRA1Z ; Histoire littéraire, GINGUENÉ; Anatomie, eic., SuE, Littérature, VIGÉE, Bateau de 1loile. Il a été fait le 16 fructidor, à l’école de nata- tion, une première épreuve d’un bateau de toile imperméable à lair et à Peau, de l'invention du C. DESQUINEMARD, ingénieur - mécanicien , mem- “ bre de la Société des inventions et des découvertes, en présence du C. Bralle, ingénieur-hydraulique en chef du département de la. Seine, du C. Magin, inspecteur-général de la navigation, nommé par le conseiller d'état, préfet de police, et de plusieurs membres de Sociétés savantes. Les résultats de cette expérience ont été tels, que les administrateurs de _ cette manufacture se sont empressés de Îles soumet- tie à ja Classe des sciences physiques et mathéina- tiques de l'ingfitut, pour prononcer sur les objets d'utilité auxquels ce nouveau moyen pourra étre 268 Nouvelles littéraires. appliqué. En attendant, on peut voir le bateau tons les jours à la manufacture, rue Notre - Dame- des- Champs, n.° 1469, faubourg Saint - Germain, NÉ: CR :O L'OUGT:E: BOUDET. Le barreau vient de perdre, dans M. BOUDET, un de ses membres les plus distingués. [ est mort le 25 de ce mois, à l’âge de 48 ans, excédé de fatigues et d’études. Il avoit épousé la petite-fille dece cé- lébre Aubri, qui fut l’émule des Cochin et des Le Normant, et dont les manieres aimables ‘et obli- geantes donnérent un nouveau lustre à ses talens. JANSON: Jax60% l'aîné, célèbre violoncelle, ex-professenr: de premiere classe au Conservatoire de musique, artiste recommandable par ses talens et par sa pro- bité, vient de succomber, à l’âge de 59 ans, au chagrin et à la maladie, au moment où une place honorable à laquelle il étoit appelé par le Gouver- nement , pouvoit rétablir sa fortune, réparer ses pertes, et le rendre au bonheur et à la santé. DEPIrIENNE «tt HUCOT. Nous venons de perdre en très-peu de temps deux hommes également chers à l’art musical, à Jeurs familles, à leurs amis. L’un est le G, DEevIENNE, mort le 18 fructidor à Charenton, des suites d’une a CRE Ron dc er 5 Un ne Nouvelles littéraires: 269 longue maladie qui avoit fini par altérer sa raison. Devienne étoit né musicien. Il fut éleve de son frère, musicien lui-même dans Royal-Cravate. A l’âge de dix ans, Devienne composa une messe quE fut exécutée par la musique de ce régiment. Studieux et appliqué comme on l’est à quarante ans, il fuyoif les jeux de son âge. Bien différent des autres en- fans à qui il faut promettre ou donner de l'argent pour les engager à faire quelque chose, Devienne ne quittoit le travail que quand son frère lui avoif donné quelques éeus à condition qu’il iroit prendre un peu de divertissement. En réflechissant sur cet amour-précoce et extraordinaire pour le travail, : il seroit possible d’expliquer comment la tête la mieux organisée pour tout ce qui peut rendre um homme intéressant dans la société intime et gé- nérale, a fini par se déranger avant l’âge où lon cesse de la meubler de choses utiles et instructives. Tel étoit Devienne. Continuellement la plume à la main, il avoit par une quantité d'ouvrages, d’un style aimable et chantant, régénéré la musique des instrumens à vent. Îl avoit enrichi le théâtre de quelques productions qui y resteront , telles que les Visitandines , les Comédiens ambulans , le. Valeé de deux maîtres. Il trouvoit encore des momens A pour l'étude des belles-lettres. Son esprit étoit assez cultivé. Son goût l’avait plus d’une fois éclairé sur certains poëmes qu’il s’étoit chargé de mettre en musique. Mais la crainte de désobliger l’empêcha de les rendre, et la chûte du poète entraina celle du musicien. 270 Nouvelles littéraires. Son plus bel ouvrage est sa méthode de flûte qui paroîtra un jour, revue, corrigée et considérablement augmentée par lui-même , quelque temps avant sa maladie. Ses quatuors sont joués partout, la grace et l’amabilité y dominent toujours sur la science. Ses romances ne s’oublieront point, Devienne avoit joui d’une grande réputation sur la flûte. Il laisse une place vacante au Conserva- toire, où il professoit , place dont le gouvernement Jui a continué les émolumens pendant sa maladie ; : cet artiste n’avoit encore songé qu’à sa réputation, La mort l’enlève au moment où il eût pu s’occuper de sa fortune , ou du moins soigner l’éducation de cinq enfans dont quatre sont en bas âge. Le C. Hucor, prefesseur de flûte au Conserva- roire, ne laisse point apres lui une femme et des enfans qui, outre sa perte, aient à regretter la main qui les nourrissoit 3 maïs ses talens, sa mo- ralité , les circonstances de sa mort, sont autant de causes d’une profonde afiliction pour tous ceux qui l’ont connu. On rapporte que dans la nuit du 26 au 27 fructidor, cet artiste, malade depuis quelque temps d’un érysipèle à la tête, et n’ayant auprès de lui qu’une femme seule, s’est, dans un accès de fièvre chaude, frappé de plusieurs coups de couteau, et que dans l'instant où sa garde effrayée étoit allée appeler du secours, il a ou- vert la fenétre et s’est précipité dans la rue, d’un quatrième étage. Il est mort quelques instans après. Nouvelles littéraires: 27x VRRTIETÉES. L’admission du célèbre astronome BurCHARDT au titre de citoyen français , est annoncée officiel- lement. Les dernières lettres du célèbre voyageur M. Hum- BOLT , datée du Mexique, annoncent que des obs- tacles insurmontables l’ayant arrêté plus long-temps qu'il ne le pensoit , il ne pourra revenir en Europe qu’au mois d’avril ou de mai 1804. Philippe Guipr, Napolitain, professeur de phy- sique et de chymie à l’école centrale du départe- ment de l’Ardeche, et Sébastien Guipr, aussi Na- politain , professeur provisoire de mathématiques dans la même école, sont admis à jouir des droits de citoyen françois. Le peintre VANDERBURG, connu par son talené pour le paysage, vient de mourir. THE AT RES THÉATRE LOUFOIS. La Petite Guerre, comédie en trois actes el en vers , représentée , pour la première .… fois, le 8 vendémiaire an XI1. Ce petit ouvrage n’a eu qu’un petit succes. Ce sont des aventures de roman, des conversa- tions de société : on y trouve des enlèvemens et 272 Nouvelles littéraires: des déguisemens, des jeux de mots et des logogri- phes; et le tout dure à peine le temps ordinaire d’une bonne eomédie en un acte. On a un peu sifflé : Picard est cependant venu à bout de faire entendre les noms de MM. CHazET et Dugois. Ils ont sans doute du talent, mais ils devroient penser que c’est tuer sa réputation, que de ‘faire tant d'ouvrages et de les travailler si peu. Le Vieux Comédien , comédie en un acte et: en prose, jouée le 2 complémentaire an XI. On a prétendu que Picard avoit voulu combattre * dans sa comédie nouvelle, l’opinion qui existoit jadis contre les comédiens, et qui n’est pas encore entièrement détruite, Les uns ont jugé qu’il avoit eu tort de réveiller l'attention sur cette matiere, d’autres lui ont donné des éloges , de ce qu'il a essayé de venger sa profession d’un préjugé inju- rieux. Sans vouloir prononcer dans cette discussion, je dirai pourtant qu’une comédie ne prouve rien, et celle de Picard moins que toute autre, du moins par le fonds. Tout est relatif : et si un état peut dégrader celui qui l’exerce, combien n’a-t-on pas vu aussi d'hommes s’avilir eux-mêmes dans les profes- sions les plus honorables. Picard a fait de son vieux comédien un honnête homme , qui a pris cette pro- fession malgré ses parens, et qui dans sa jeunesse a eu beaucoup à souffrir de leurs persécutions. IL veut tirer une petite vengeance de deux cousins qui ont été les plus acharnés contre lui, et dont Puu est jurisconsulte et l’autre médecin. 1] se fait passer LAPS". 2 Nouvelles littéraires. ‘273 passer pour mort, et leur lègue à chacun 30,000 fr. ; mais une clause bisarre du testament, c'est que les deux légataires iront en plein jour chez le notaire, l'un vêtu en Crispin , et l’autre en Turc. On conçoit la répugnance des deux personnages qui craignent de compromettre Jeur décorum, et qui pourtant ne voudroient pas perdre les 30,000 francs. La situa- tion est comique ; après quelques façons ils se dé- cident et sont surpris dans cet attirail par leurs enfaäns et par le vieux comédien qui se fait recon- noître. Une petite intrigue d’amour sert à terminer la pièce par un mariage, Le dialogue est facile, les détails naturels. On a retrouvé dans cette pièce le genre de Picard, c’est à dire, une peinture vraie des mœurs du Jour, et le bon goût qui lui fait éviter de remplir ses ouvrages de ces jeux de mots et de ces faux bril- Jlans qu’on s’eflorce de remettre à la mode, et qu’on voudroit faire passer pour de l’esprit. THÉATRE DES ARTS. Anacréon , ou l’Amour Jugiuif > Opéra en deux actes, joué le 11 vendémiaire an XII. Le sujet de cette pièce est l’ode si connue, imi- tée avec tant de grace par La Fontaine, et qui avoit déja été traitée plusieurs fois sur les petits théâtres, combinée avec Amour fugitif de Moscuus. Ni Lais, » ni Mme Gardel qui a chanté et dansé dans cette pièce, ni les décorations charmantes, quoique en- Zome III S 274 Nouvelles littéraires: tièrement contraires au costume , aux mœurs et aux usages du temps, ni la pompe du spectacle , ni la musique de CHERUBINI, n’ont pu soutenir ce poëme pitoyable, On a sifflé, chose assez rare à l'Opéra, et, pour cette fois, Anacréon n’étoit pas entouré du cortége des ris et des graces. C’est , dit-on, le pre- mier essai d’un jeune homme que ce début ne doit pas encourager. J THÉATRE DU VAUDEVILLE. La jolie Fille de Marienbourg. Catherine, dont on a voulu faire le pendant de Fanchon au Vaudeville, y a été sifflée le 13 ven- démiaire. Son mariage avec le czar Pierre-le-Grand, avoit été le sujet d’une pièce jouée avec succès à l'Opéra comique, et il étoit imprudent de vouloir rivaliser avec ce théâtre , pour un semblable sujet. Les ac- teurs du Vaudeville avoient déja prouvé d’ailleurs combien ils étoient déplacés, lorsqu'ils vouloient chausser le cothurne : on a fait cependant une ex- ception ; et, en sifllant et la pièce et les acteurs, on à constamment applaudi M.me Belmont dans le xôle de /a Jolie Fille. ÉEPVRES DIVERS (1) PHysrqaux. * TRAITÉ élémentaire de Physique; par R.J. HAur, membre de l’Institut national , ouvrage destiné our l’enseignement dans les Lycées nationaux. À Paris, de l'imprimerie de Delance et Lesueur. An X11— 1803. 2 vol. in-8.°, avec 24 planches renfermant 157 figures. Prix, 12 fr. EssAr théorique et expérimental sur le Galvanisme, avec une série d'expériences fuites en présence des commissaires de l’Institut national de France , et en divers amphithéätres anatomiques de Londres ; par Jean ALDIN1r, professeur à l’Université de Pologne. À Paris, de l’imprimerie de Fournier fils. An x1r — 1804. 2 vol. in-8.° ‘LAT SUTUONT BE ° N° A TU RE L L'E ANNALES du Muséum national d'Histoire naturelle ; douzième cahier. À Paris, chez Levrault, Schoell et compagnie, quai Malaquais, et à Strasbourg, chez les mêmes, An XI — 1803. in-4.°, avec quatre gravures. Les articles contenus dans ce volume , sont : Un Mémoire sur le Kléinéa et l’Actinéa, deux genres nouveaux de plantes de la famille des Corymbifères ; par À. L. Jussieu. — L’Analyse de l'Eau du grand (1) Les articles marqués d’une * sont ceux dont nous donnerons un &xkrait. 276 Livres divers. Puits du jardin des Plantes, situé entre la serre tempérée et les galeries d'anatomie; par A. Four- cRrOY.-— La description d’un Guépier et d’un Martin pêcheur d'Afrique ; par F. M. DaAuDiNn.— Un Mé- moire sur la Culture des Bruyères ; par A. Tuouin. — La suite de la Notice sur la Vie et les Ouvrages d'Hedwig ; par M. DELEUzE. — L’Extrait d’un Mémoire lu à la Classe des sciences de l’Institut pational, sur la Force du Lin de la Nouvelle-Zé- lande, comparée à celie des Filamens de l’Aloès- Pitt, du Chanvre, du Lin et de la Soie; par M. LaBiLaARDiÈRE, — Et une Notice sur le Jalap 5 par M. Micaaux. JuURISPRUD.E N C'E. Cours de Droit civil francais ; par J. E, D. BER- NARDI, chef de la division civile du ministère du grand Juge. 3 ou 4 vol. in-8.°, qui paroîtront par cahier de 12 feuilles chacun. Premier cahier. A Paris, chez Garnery , libraire, rue de Seine, Prix, 2 fr.; et 2 fr. bo cent. franc de port. L'auteur de cet ouvrage, déja connu avantageu- ‘gement par plusieurs autres du même genre , a réuni dans ce dernier, de Ja manière Ja plus claire et Ja plus précise, et dans F’ordre le plus méthodique, les maximes fondamentales de la jurisprudence ac- tuelle. Il a soin d’y montrer toujours les rapports qu’elle a avec l’ancienne. Il discute brierement les meximes sur lesquelles sont appuyées les dispositions du nouveau code civil, dont son ouvrage peut être. considéré comme le supplément. Les lois qui com= posent le nouveau Code n’ayant statué que sur les points les plus importans et principalement sur ceux qui étoient douteux, on s’en est rapporté pour le Ÿ + 25e PS JA / Livres divers. 277.) surplus aux maximes qui forment la doctrine géné- rale du droit , établie et discutée par tant d’ha- biles jurisconsultes pendant une longue suite de “ siècles, et à laquelle toutes les bonnes lois viennent … correspondre, comme l’observe l’orateur du gouver- “ nement dans les motifs de la loi du 29 germinal relative aux successions. Le Code Civil n'étant en quelque sorte qu’un … extrait de cette doctrine générale, il est bien dif- … ficile de Pentendre, si l’on n’a une connoissance préa- … lable de cette dernière. LL On placera à la tête du premier volume , un \ 4 discours historique sur les progrès et les variations “e du droit francois, depuis son origine jusqu’à nos . jours. D U © A T:I. ON: “ PROMENADES DE JAUFFRET À LA CAMPAGNE, Mn faites dans le dessein de donner aux jeunes gens “ une idée du bonheur qui peut résulter pour l'homme de l'étude de lui-méme et de lu contemplation de la nature, À Paris, chez Demoraine , imprimeur- , libraire, rue du Petit-Pont: n° 97. 1 vol. in-18 de 306 pages. Prix, 1 fr. &o cent,, et 2 fr. 30 cent. franc de port. , … L'auteur de cet ouvrage a cédé, en le publiant, aux vœux de plusieurs amis de la nature, qui, "n'ayant pû suivre les promenades qu'il a faites à … la campagne , et cette année , et les deux années … précédentes, desiroient se former une idee de ces “excursions. On lira avec intérêt ces discours , “surtout sion peut les lire à la campagne , ou se transporter par l’imagination aux lieux ou ils furent prononcés. ls feront estimer celui qui, sans autre S à 278 Livres divers. motif que l’amour de la vertu et le zèle de fa science, parcourt tous les ans les environs de Paris, suivi d’une jeunesse studieuse, et s'attache à dé- velopper en elle des sentimens généreux , en lui parlant de la nature en présence de la nature elle- même. Nous renvoyons du reste nos lecteurs aux notices que nous avons données des intéressantes et instructives excursions de M. Jauffret dans les campagnes des environs de Paris. MORALE. ELÉMENS DE MoRALE , à l'usage des élèves du Collége des Loges , situé dans l'avenue de la forés de Saint-Germain-en-Laye , et de toutes les autres institutions publiques et particulières ; par Tous- SsAINT-CASSEGRAIN. À Paris, chez Demoraine, imprimeur-libraire, rue du Petit-Pont, n.° 97. x vol. in-18. An XI — 1803, Prix, 2 fr. 5o cent. , et 2 fr. franc de port. Ce petit ouvrage est partagé en chapitres très- courts : il est propre à faire aimer la morale et la religion. 11 peut étre fort utile aux jeunes lecteurs auxquels il est destiné, G'É'o0 c'r A PH LE. GéocrAPHIE Mathématique , Physique et Politique de toutes les parties du monde, rédigée d’après ce qui a été publié d’exact et de nouveau par les Géographes , les Naturalistes, les Voyageurs et les Auteurs de Statistiques des nations les plus éclairées ; destinée principalement aux maisons d'éducation , auæ professeurs de Géographie , aux négocians et aux bibliothéques des hommes d'Etat; publiée par EDME MENTELLE , de l’Institut na- Livres divers. 279 tional, MALTE BRUN , Géographe danois. Les détails sur la France, par HERBIN , employé au minisière du Grand-Juge, et membre de la Societé de Statistique de Paris. Dédiée au consul CauBACÉRÈs. Quinze vol. de texte de 500 à 550 pages chacun, format in-8°. N. B. Ces volumes renferment en outre un grand nombre de tableaux de statistique , de géogra- phie physique et de métrologie. Un vol. d’atlas avec un discours préliminaire , format in-fol., imprimé sur papier grand-raisin vélin, et composé de 43 planches. Prix, les 15 vol broch., avec l’atlas cartonné et les cartes en noir, 122 fr.; idem avec l’atlas cartonné et les cartes coloriées , 130. fr. Une Géographie universelle, telle que nous la conceyons, disent Jes auteurs dont nous publions en entier le prospectus, doit présenter un tableau com- plet, précis et raisonné, de l’état du globe terrestre et du genre humain, pris à une époque quelconque, Cette définition générale admet des modificaiions, selon le but particulier qu’un auteur peut se pro- poser. Ainsi la géographie des temps les plus mo- dernes forme l’objet principal de notre ouvrage; cependant nous embrassons aussi dans notre plan les changemens qui ont le plus influé sur l’état du monde , et nous traitons spécialement de la géogra- * phie ancienne classique. Pour ne pas errer au hasard dans un immense labyrinthe, la géographie doit partir des bases théoriques qu’elle obtient de la géométrie et de l'astronomie. Elle porte ses regards à travers l’im- mensité des sphères célestes, détermine la figure S 4 280 Livres. divers. et la grandeur de la terre | trace des lignes, des cercles , des degrés, au moyen desquels chaque point de l’espace est fixe et connu. C’est l’objet dont nous nous soumes occupés dans la géographie- mathématique. Nos guides ont été Vurénius, New- ton, Mauperturs, Lalande et Laplace ; nous y avons consigné les résultats de ces travaux immortels, exécutés par l’Académie des sciences , par l’Institut national, et par les géomètres étrangers les plus céiebres, La géographie-physique parcourt d’un pas rapide les vastes domaines de la nature : tantôt elle exa- mine les montagnes, les vallées, les plaines, les divers sols et terrains, d’apiès Beromann , Desma- rels, Dolomieu et Werner; tantôt elle contemple en détail tous les trésors de la minéralogie, rangés dans un si bel ordre par Haüy; elle assigne aux végétaux leur zone natale; elle distribue les qua- drupèedes dans les deux continens, d’après Buffon et Zimmermann. Si elle recherche les causes du flux et reflux, c’est sur les traces de Bernouillë et de Laplace; si elle contemple les brillans mé- téores qui roulent sur nos têtes, c’est avec Cotte, Coulomb et Deluc; partout nous avons cherché à mettre la géographie- physique en rapport im- médiat avec la chimie et la physique moderne. Cependant justes admirateurs du génie des anciens, nous avons profité des observations d’Hiypocrate en traitant de la diversité des climats physiques : pour tracer le tableau des phénomènes volcaniques, nous avons comparé le récit de Pline avec celui des modernes. Dans le livre de l’hydrographie , nous avons ajouté aux bases posées par Z7allérius et Hulley , les observations des navigateurs modernes, L'histoire physique du globe entioit nécessairement Livres divers. 281 dans notre plan; mais nous avons eu soin d’y dis- tioguer les fuits prouvfs par l'observation , d’avec les Aypothèses, qui souvent ne sont que des fruits de imagination. Les révolutions physiques du globe et les monumens qui les attestent , les diverses idées géogoniques ou théories de la terre, surtout Îles systèmes de Buffon , de Délameétherie , de Dolomiew et de Deluc, ont été exposés souvent dans un très- grand détail. L'histoire naturelle de l’espèce hu- maine termine ce travail sur la géographie générale, travail qui manquoit jusqu'ici dans toutes nos géo- graphies universelles, Dans l'introduction historico - statistique ; nous avons embrassé d’un coup-d’œil tout ce qu’il y a de fixe et de général dans les mobiles rapports de la société humaine. L'origine des lois et des empires, l’étonnante diversité des religions et des formes du gouvernement , les ressources et les forces ma- térielles des Etats, tous ces objets de ja géog'a- phie politique, ou de la statistique, y'sont indi- qués, classés, définis d’après Gutherie, Adam Smith, Busching et autres. On a donné séparément un ta- bléau général des langues , de leur caractère et de leur affiliation. Une table chronologique des événemens et des personnes remarquables, sert encore comme un lien général entre tous les articles historiques disséminés dans le reste de l'ouvrage, Dans un autre précis chronologique nous avons exposé rapidement Îles progrès de la géographie, soit par des découvertes, soit par des ouvrages. On joindra au dernier volume une notice bibliographique des livres et cartes gto- graphiques. Ce qui complète les bases générales de la géogra- phie-statistique , et qui rend même notre ouvrage 282 Livres divers: indispensable aux négocians, aux voyageurs , aux financiers et aux économistes politiques, c’est une série de quinze tableaux comparatifs des monnoies , des poids et des mesures des États de toutes les parties du monte ; on y trouve l'évaluation des monnoies , tant de compte qu’effectives de tous les pays, d’après leurs titres et poids de France , d’Al- Jlemagne et de Hollande , leur prix au mare et à lhectogramme, ainsi que leur valeur en argent de France, le cours du change des principales places de commerce de l’Europe et des Etats-Unis, les anciens et nouveaux poids, les grandes pesées, les mesures de capacité, anciennes et nouvelles, les mesures linéaires et itinéraires de tous les pays, d’après les meilleurs auteurs français et étrangers. Cette Métrologie complète occupe environ 225 pages en tableaux très-serrés. Tels sont dans notre ouvrage, les articles géné- raux et théoriques. Les matières qui en font l’objet ne sont guère affectées par ces changemens qu’en- fantent journellement la guerre et la politique. Ces articles présentent au lecteur une instruction tou- jours utile, un intérêt qui ne variera point avec les années à venir. Pour lier la partie descriptive à ces articles gé- néraux, un anneau intermédiaire devenoit néces- saire. On le trouve dans les Introductions générales que nous avons placées à la tête de la description de chaque partie du monde. Dans chacune de ces introductions on trace la géographie - physique de toute une partie du monde, divisée d’après ses régions naturelles, avec un choix d'observations thermométriques , pour caractériser chaque climat ; des tables détaillées réunissent les mesures les plus modernes de la hauteur des montagnes ; ensuite des Livres divers: 285 tables Egalement détaillées sur l’hydrographie, tant maritime que terrestre ; enfin un précis de statistique comparée , qui montre l’étendue , Ja population , les forces militaires, les revenus de chaque Etat, et Île caractère moral et politique qui distingue chaque peuple des cing parties, dans lesquels nous divisons le globe habité, Dans les descriptions particulières nous avonstâché de concentrer, autant que possible , l’énumération des divisions, les indications de l’étendue et de la population, et les autres détails de topographie et de statistique , en les renfermant dans des /ableaux nombreux, vastes et bien figurés. Par ce moyen, il nous est resté assez d'espace pour décrire d’une ma- nière très-détaillée /es productions, phénomènes eé£ curiosités de la nature ; les chefs-d'œuvres des beaux- arts, les mœurs et amusemens des diverses nations; leur industrie , leur commerce, les progrès des sciences et des lettres, l’état politique et militaire de chaque Etat, et un apercu de son Aistoire. Ces articles for- ment la majeure partie de notre géographie spé- ciale , et lui donnent toute la variété et tout l'intérét d’une relation de voyage. Voici maintenant quelles sont les sources où nous avons puisé les détails de nos descriptions ; nous m'en indiquerons que les principales. Pour l'empire des Russies : les Voyages de Pa/las, de Gmélin et de Géorgi, de l'académie de Saint-Péters- bourg; le Voyage de deux Francais dans le Nord; celui de Core et autres; la Satistique de Hermann ; le Ta- bleau statistique de Szorck ; les Dissertations historiques de Muller, de Schlætzer , et d'autres ouvrages des aca- démiciens russes ou des savans allemands établis en Russie. Pour la Suède : les ouvrages de Canzler, de Coxe, le Voyage de deux François, la Géographie de Fabri, édition de 1800, et quelques auteurs du pays. 284 Livres divers. Pour le Danemarck et ses dépendances : la Statistique de T'haarup , la Description de Copenhague pat Wérmp, la Mincraïozie de la Norwège par Hrunniche, \'His- toire naturelle du méme pays par Pontoppidan | écrits tous en danois. Pour les îles Britanniques : les Géographies de Gu— #hrie, d'AÆndrews, de Pinkerton, etc.; les Voyages de Banks, d’'Artur-Foung, de Pennant; les Recherches statistiques de Price, de Sinclair, de Beaufort, et au- ires autcurs uationaux. Pour la République batave : les Géographes anglois et allemands, et la Statistique de M. Æstienne. Pour les Monarchies amrichienne et prussienne, et pour les Etats de l’Empire germanique : outre Bus- ching, les Géographies plus modernes de Fabri, de Gaspari, de WNormann; les Recherches statistiques de Dom, de Canzler, de Heinitz, de Deluca ; les Jour= naux géographiques de Zimmermann, de Zack, de Schlæzer et autres; plusieurs Topograplries de Ham- bourg, de Berlin, de Vienne, de Fraucfort, et beau- coup d'autres matériaux rassemblés dans le pays, et en partie vérifiés sur les lieux mêmes. Pour la France : les Mémoires des diverses Acadé- mies, tous les ouvrages géographiques estimés, les ma- tériaux de statistique publiés soit par des particuliers, soit par le Gouvernement, et plusieurs autres tirés des sources oflicielles et authentiques. Pour l'Italie : les Voyages de Lalande, de Spallan- zani, de Brydone er autres ; les ouvrages de Scro/ani, sicilien; Æzuni, sarde; Jageman, toscan; Galanti, ct plusieurs autres. (En décrivant les chefs-d’œuvres des beaux-arts en France et en Italie, on a profité des observations de fasari, finkelmann , Visconti, Millin et autres). Pour l'Espagne : la Géographie comparée de Mentelle, celle de Buschinrg ; la Statistique de AHandel, allemand ; les Mémoires de Larrugas et de Caranilles, espagnols; les lettres de Ponce, le Guide de Madrid pour 1802; les Voyages de Bourgoïng, de Townsend et autres. Pour le Portugal : le Voyage du duc du Châtelet, ceux de Murphy, arglois, et de Link, allemand; Meu- telle, Busching et autres géographes. Pour la Turquie d'Europe et d'Asie : Muradgeæ d'Onsson et les Voyageurs anglois et francois , depuis Tournefort jusqu'aux plus modernes; tels que Pa//o- w'eY, Eion, le Voyage de l'ambassade russe, etc. etc. Pour l'Afrique : les Voyages de S'Aaw , de Worden, Livres divers. 285 de Sapary, de Folney, de De Non, de Mungo-Park et autres ; les Dissertations du major Æezne/, et la Géo- giaphie de Pinkerton. Pour l'Arabie : la Description et le Voyage de Æxe- buhr. Pour la Perse et l'empire des Afghans : les Voyages de Chardins, de Ferrières-Sauvebæuf, d'Olivier, de Æranklin et de Forster. Pour l'Indoustan et les pres- ES de l'Inde, Psnkerton, Rennel, Donald-Campbel7, ercival, le Voyage de Wéarque et les Mémoires de Calcutta. Pour la Chine, avec toutes ses dépendances en Tar= tarie : Duhalde, Lange, Sonnerat, Macarteney , l’am- bassadeur hollandois Braem van Houkgeest; et quant à l'Histoire des nations confondues sous le faux nom de T'artares , les académiciens russes. Pour le Japon, Taun- berg. Pour l’Amérique - Septentrionale : les Relations da noiïses sur le Grœnland, les Voyages de Mackenzie, #earne et }f’eld en Canada,et chez les Sauvages; les Géographies de Morse et de Æinterbotham pour les dtar- Unis: la Géographie espagnole d’Æ/cédo pour le Méxique ; pour les côtes Nord-Ouest, le Voyage de l’ancouver ct autres. Pour les îles Américaines : les onvrages de Æ?«ynal, de Zabat, de Bryan-Edwards , de Brown, de S/oane, Ææt autres. i Pour l'Amérique méridiouale : les Observations géo- logique: de Æ/umboldt ; des Géographies espagnoles et portugaises; Îles naturalistes Molina ct Fidaure; les Voyages de’ La Condarmine , d'U!loa, de Stedimann , elc. elc. Pour la cinquième partie du monde (ou pour toutes les îles dans l'Océan au sud-est de l'Asie, à partir de Malaca jusqu'aux îles Marquésas ) : les Voyages hol- lanudois, ceux de Bougainville, de Æallis, de Cook, de Za Pérouse, de Bligh et autres plus modernes ; le Dictionnaire de la Géographie marilime, par de Grand- ré ; sur l’île de Sumatra, Marsden ; sur les Colonies ri Sante , l'ouvrage intitulé : Za Richesse de la Zol- lande , par Luzac; sur la Nouvelle-Hollande, les Re- Jations nouvelles de PAilips ét de Collins; queiques détails sur les découvertes du capitaine Baudin; sur la Nouvelle-Guinée , Sonnerat et Forrest, etc. etc. Pour la Géographie ancienne classique , les ouvrages classiques, et ceux de Danville, de Mentelle, de Gos- selin , de J'incent, etc. 286 Livres divers. : Ainsi, loin de copier des Géographies universelles étrangères , qui , elles-mêmes, ne sont que des co- pies ou des abrégés, nous sommes remontés aux sources mémes de la connoiïssance géographique ; nous nous sommes appropriés, comme une mine à exploiter, tous les matériaux qui existoient épars dans les diverses langues européennes ; nous avons regardé les astronomes, les physiciens et les na- turalistes commes nos guides et nos maitres ; tous les voyageurs comme nos collaborateurs , et toutes les nations comme nos tributaires. S'il nous a été impossible, par diverses circonstances, de mettre toujours nos matériaux dans l’ordre rigoureux , scien- tifiqué et uniforme que nous eussions desiré d’ob- server, ce défaut est, à ce que nous espérons, ra- cheté par l’abondance des détails absolument nouveaux. Les tables de matières ajoutées à la fin de chaque volume, et l'index alphabétique général qui termi- nera le dernier volume , rendront l’usage de. cet ouvrage aussi facile et aussi commode que celui d’un dictionnaire. | L’atlas est un des plus précieux et des plus com- plets qui aient encore paru dans le commerce dé la librairie française, à la suite d’un ouvrage géo- graphique : il est composé de 43 planches, parmi lesquelles il y en a beaucoup qui n’ont jamais été publiées en France ni en Angleterre. Les parties centrales de l’Asie y sont présentées dans un jour absolument nouveau. Dans le zord de P Amérique , dans l'intérieur de l'Afrique et dans la mer du Sud, il y a également des détails jusqu'ici peu connus. Les indemnités de l'Allemagne s’y trouvent indi- quées. Enfin toutes les découvertes modernes y sont insérées. Outre les meilleures cartes françaises, on Livres divers, 287 aconsulté celles d’Arrouwsmith et de plusieurs autres . géographes',récemment publiées en russe, en danois, en allemand, en anglois, etc. (x) Nous ayons examiné avec, soin la première livrai- son, qui vient de paroître, nous pouvons assurer qu’il n'existe aucun ouvrage aussi étendu et aussi important sur la géographie. VO "YsANG'E :s. SECOND Voyag geà la Louisiane , faisant suile au pre= mier de l’auteur , de 17594 à 1798 , contenant la Vie militaire du général Grondel , doyen des armées de France , qui commanda longtemps à la Louisiane, et honoré de 110 ans de service ; un Détail sur les Pro- ductions les plus avantageuses, les plus extraordt- naires de cette belle Colonte, et sur ses Quartiers Les (x) Beaucoup de personnes ayant témoigné le desir qu’elles avoient de jouir des volumes de cer ouvrage à mesure qu’ils seroient impri- més , l'éditeur se détermine à le diviser en quatre livraisons, ainsi qu’il suit : Premiere livraison, devant paroître le 1°° vendémiaire an xir. Les volumes, Un à Cinq, inclusivement, brochés. 30 £. Seconde livraison, devant paroïtre le 20 vendémiairé 24e. Les volumes, Six à Dix, inclusivement, brochés. 50 Troisième livraison, devant paroître le 10 brumaïe idem. Un volume d’Atlas, avæ le discours préliminaire , cars. 32 MN. B. L'Atlas, avec les cartes coloriées , 8 fr. de plus. Quatrième livraison, devant paroître à la fin du mois de fri- maire zdem. Les volumes , Dix à Quinze, inclusivement, brochés, 30 122 f, ‘ En prenant la première livraison on sera tenu de payer 10 fr. au- . dessus de son prix, à titre de souscription À la totalité de l'ouvrage, … qui seront déduits sur le payement du prix de la quatrième et dernière Évraison. s 288 Livres divers. plus fertiles et les plus lucratifs ; de nouvelles Réfles æions sur les Colonies en général, et le Régime néces= saire aux Personnes des Colontes pendant la pre= mière année de leur arrivée; par BAUDRF DES LozirÈREs. Avec cette épigraphe : - Sic conimus silvas , silvæ sint consulæ dignæs VinrG. Bac. A Paris, chez Charles, imprimeur, rue Guéné- gaud , n.° 18. An XI — 1803. 2 vol. in-8.°, prix, 10 fr., et 12 fr. franc de port. Ce voyage contient beaucoup de détails très- curieux, et sa lecture peut intéresser dans ces cir- constances , où la cession de la Louisiane aux Etats- Unis d'Amérique mérite Pattention. Li Er Tr ÉAR Al Vu RUES ORArsONSs funèbres de FLÉCHIER, MASCARON, BoOURDALOUE et MASSILLON ; 2 vol. in - 16. Suite des éditions stéréotypes d’après le procédé de Firmin -Didot, en vente à Paris, chez Pierre Didot l’ainé, imprimeur, rue des Orties, galeries du Louvre, et Firmin Didot , libraire , rue de Thionville, n.° 116 et 1850. Prix , broché , pa- pier ordinaire, 1 fr. 7o cent.; papier fin, 2 fr, .7o cent; papier vélin, 6 fr. 20 cent; grand pa- pier vélin, 9 fr, 20 cent. POÉSIE. L'Aur D'ANACRÉON, ou Choïx de Chansons ; par E. F, Simon (de Troyes). À Paris, chez E. Tohanneuu, libraire, palais du Tribunat, gale- ries de bois. An X11 — 1804. In-12 de 247 pages, prix x fr. 5o cent., et 2 fr. franc de port, RE SRE RS ne Se Nosocnaruir. Wosographie philosophique ou la Métioe de l'Analyse appli- quéè à là médécise; par ph. Piel. STATS BLOGRAPHILE. = Floge de Roussel; par J. L. 4/- | . bert. Me ES Le * LrTTÉRATURE ORIENTALE. Létiré à M. Schutz ; she Monu- mert de Yu. 158 * ARCHMÆOLOGIE, À econde Dissertation sur la Toilette dés anciennes Romäines, trad, de l'allemand de M4 Boertiser. & Re 385 Poésrz LATINE. URI : frà | : @u ‘Silves de Publius Papinius Stace, traduites d’après les corrections de J. Markland ; avec le texte êt des notés, par S. M; Dela- tour. 185 ANTHOLOGTrE. 4 Dissertation sur une Epigramme . grecque de Philodème. 197 N : VARTÉTÉS,NOUVELLES ETCUR- " RESPONDANCE LIVIÉRAIRES. NouvezLEs ÉTRANGÈRES. ‘A 4.4 ; ” M Notice sur les travaux des membres . de l'université et de l’acadèmie 3 de Goetiingue, pendant le dernier : ‘trimestre. 209 … Université de Heïdelberg.. 218 ©. Nouveau plan d'instruction ntrbe en Bavière, Ibid. . Table des Articles contènus duns ce Numéro. Découverte: de médailles et deñ ruines d'une ‘ville ancienne en Œransylvanie, 219 La Vaccine, préservatif dé la peste. ; 220 Nouvelles de Copénhagne: 224 Nouvelles de Petersbourg.. Ji Nouvelles dé Russie. :\ 222 Société dé hiéhfäisance de Londres, Ibid. Nouvelles de Turin. 233 Nouvelles de Romé. | ‘224 — Mort de Volpato. Ibid. 228 Nouvelles d’Espagne. Franc x. Société des sciences, belles-lettres et aris de Bordeaux. Séance publique: de la Société des sciences, leitres ét arts de Naucy. 291 Rapport des travaux de la Sociétè d'énulation d’Abbeville, pendant l'au x; par le C:C.'A. Gorer: 25a Programme des prix proposès pâr ladite Socièré pour l'an xr 257 PaAaAurs. Séance publique dela Socièté d'agri= culiure , du 30 fructidor. : Ford, Proëranirie des prix remis et pro- posés, er Notice des médaillés d'entourdgement données par Ja Societé d'agriculture du départe- ment dé la Seine} dans sa.séanñce publique du premier jour com: plémentaire au xx. 298 230 : {éance publique de la classe des y beaux-arts de l'Enstitut national , du 8 veudémiaire an xur. Acquisition faite d'une excellente ludette méridienne par l'Obser- vatoires 266 Athénée de Paris. 267 | Æpreuve d'un bateau de toile im- perméable, bid: N é CROLOGIXI. Mort de Boudet. 268 —— de Janson, Ibid. —— de Devienne et Hugot, 15, Variétés. *. ayi THÉ ATREXS. La Petite Guerre. Ibid. \ Le Vieux Comédien. 272 ;Anacréon, 275 La Jeune Fille de Marienhobrg 274 Divers DIT V E RIS. ” Physique. Traité élémentaire de re à par R. J, Haïy. as >Ssai théorique et expérimental sur le galvanisme ; par Jean A/dinr. Tbid Histoire naturelle. Annales du Muséum d'Histoire na- iurelle. Douziène cahier, Jurisprudence. Cours du Droit ,civil françois; par JE" D: Éernardi. AS Ibid. Y “Ed ucations Ha LA + 265 Phase ‘& Jaufliet à la canee page. * 4 ra “Morale. 277 Elémené de Morale, à l'usage des élèves du collège des Loges, situé dabs la forêt de Sanit-Ger- main-en-Laye , et de toùies les autres iustüutions publiques et particulières ; par : Toussaint Cassegraïn. 178 Géographie, Géographie. mathématique , phy-. sique et politique de toutes les . parties du moude ; publiée par Edme Mencelle,, Malte Brun; lés détails sûr ‘la France, par EUR : ide “Voyages. Second Voyage à la PA , fai- Fa sant suite au Ps de JAue 4 teur }; dé 1794à 1798; pa Bau- ALAN - des Lozières, 287, ! Littérature. Oraisons funèbres de Fléchiers. se "Mascaron, Bourdaloue et Mass : !: sillon; Firmin Didot. Poésie, à L'Ami d'Anacréon,, | ou Choix de ‘chansons ; par E. F. Simon (de Troyes ). Abid, ‘ $ AVIS, Ceux qui desirent faire annoncer leurs ouvrages dans quelques-uns des meilleurs journaux de l’Alle- wagne, peuvent en remettre un exemplaire < au bureau | dE de ce at éditions stéréotypes de. 28e AU 2 A ne Ad "11 à Ha an 19. DAS N ENCYCLOPÉDIQUE, À RNAL DES SCIENCES, L DES LETTRES ET DES ARTS, RÉDIGE Par NS Mrs. AVIS. pu LIBRAIRE. e prix de ce Journal est fixé: 9 francs: pour trois tes xB' francs pour six mois, 36: francs pour un an, pour Paris ur poux les Départemens ; franc de port. GR MUSÈ 5-9 \ » peut s'adresser: au ‘Bureau: du Jourhal pour se. procureé Livres qui paroissent en France-et whez l'étranger, et r tout Ce qui concerne ja Librairie: ancicnne el nivderue, antiall auquel la plupart des hommes qui ont om distingué, une réputation justement acquise | ns quelque partie des arts où des sciences, tels Que les CC: ALiIBERT, DiscenerTes, Basts SILVESTRE DE. Sacy, FOURCROY ; "HALLÉ, ÉRIL, SCHWEIGHÆUSER, LACÉPÈDEs VRBIER ; BARBIER DU BOCCAGE, LANGLES, LANDE, LAGRANGE, LEBRUN, MARRON, MEN- ELLE, BASSINEN, MORELLET, Noer, OBERLIN, tre RoCHETTE; CAILLARD, Van-Moxs, x TRAUELEA | LEv EILLÉ, Cuvien ; G£ors ; L FrOY, VENTENAT, CAVANILLES, UsTERT, BOrT= TIGER, VISCONTI, VILLOISON, WILLEMÉT, WincxLer, Fr. LOBSTEIN, ete. éte. fournissent dés Mémoires, contient l'extrait des principaux ouvrages « nationaux : on s'attache surtout à én donner une ana- Jyse exacte, et à la faire paroître te plus promptement possible après leur publication. On y donne une notice des metlleurs écrits imprimés chez l'étranger. On y insère les mémoires les plus interessans sur toutes les parties des aïts et des seiences; on choisit principalement éeux qui sont propres à en accélérer les progrès. On y publie les découvertes ingénieuses , les inven= tions utiles dans tous les génres. On y rend compte: des expériences nouvelles. Ou y donne un précis de! ce que les séances des sociétés littéraires ont-offert. de plus intéressant ; une description de ce que les dé-: pôts d’objets d’ärts ét des sciéncés renferment de plus! curieux. RE 4 : On y trouve des notices sur la vie.et les ouvrages, des Savans, dés Littérateurs et des Artistes distingués” dont on regrette la perte; enfin, les nouvelles hitté- 1 raires de toute espèce. RAC ‘à Ce Journal est composé de six volûmes.in-8.° part an, de 600 pages chacun. Il paroïît le premier de chaque mois. Le livraison est divisée en deux nu-#| PT | 4 méros, chacun de 9 feuilles, On s'adresse, pour l'abonnement, à Paris, au Bu-M reau du Magasin Encyclopédique, chez le C. Fucus, | Libraire, rue des Mathurins, hôtel Cluny. R chez Van-Gulik. Æ Bruxelles, chez Lersaire, À Flôience,, chez Molini. Æ D ee , tandis qu’une période d'un égal nombre d’années civiles, à laquelle on aura appliqué le mode d'intercalation précédemment établi, ne renfermera que 46751 jours, et sera oonséquemment de -E de jour plus courte : d’où il résulte , qu’alors la pre- mière année civile de chaque périodeine commen- cera plus exactement avec l’année tropique; celle de la seconde période commencera de -= de jour plus tôt, celle de la troisieme période de := de jour, celle de la quatrieme période de > de jour, et ainsi successivement jusqu’à la premiere année de la 217.° période , dont le commencement precé= “dera d’un jour entier celui de l’annie tropique. Mais fn que l’on ajoute ce jour , comme intercalaire, à la M dernière, c’est-à-dire à la 128.° année de la 216.° . période, il est clair que la premiere année de la 217.° année période recommencera alors exactement Tome LILI, X 322 Chronologie, avec l’année tropique. On voit donc que , tout -en conservant le mode d’intercalation établi dans le cas précédent, il n’y a; pour le cas actuel, d’autre changement à y faire, que celui de rendre de plus sextile la 128.° année de la 216 période, tandis que les 128.-#nnées des 215 périodes précédentes sont regardées comme des années communes. Si l’année commune étoit de 365 jours 42, il est aisé de voir qu’en conservant toujours le mode d’intercalation établi pour la période de 128 ans, il faudroit de plus rendre sextile la 128.° année de la 225.° période, et qu’alors la première année de le 226.° période recommenceroit exactement avec l'aonée tropique. Enfin si l’année tropique étoit de 365 jours #22, ce n’est que la 128.° année de la 1350.° période qu’il faudroit regarder comme sextile , les 123.° années des 1349 périodes précédentes étant des années com- munes; et alors la première année de la 1357: pé- riode s’accorderoit exactement avec l’année tropique. Nous ne croyons pas qu'on puisse imaginer une méthode d’intercalation à-la-fois plus commode et plus exacte. Pour que le jour intercalé ne dérange pas le calendrier, dont nous avons exposé le plan dans le paragraphe précédent , M. Wernebourg place ce Jour au commencement ou à la fin de J’année qui doit être sextile, en le regardant, ainsi que le premier jour de lan, comme un jour entièrement isolé, qui n'appartient pi aux mois, ni aux semaines, 11 propose en outre de la consacrer à la célébra- Division du temps. -_. tion d’une fête solennelle, où les peuples renou-. velleroient le pacte social; cette fête s’appelleroit Jéte de confédération ou de fraternité. L'auteur termine son projet en ajoutant un mot sur la manière de dater d’après son calendrier. Il indique deux manières de le faire : la premiere consiste à énoncer le mois et le quantième du mois; la secohde, à énoncer la semaine et le quantieme de la semaine dont il s’agit. Ainsi lon dira, par exemple, le 27.° jour du 3. mois de l'an 13, en Pécrivant ainsi 27, 3 m., 13 ; ou bien, le 3.° jour de la 13.° semaine de l’an 13, en écrivant 313 s., 13. De même 17, 8 m., 15, oub, 20 s., 15, veut dire le 17.° jour du 8. mois de l'an 15, ou le 5.8 jour de la 20.° semaine de l’an 15. OBERLIN , fils wii P QE TT QUE; INSTITU TIONS du droit de la nature et des gens; par M. GERARD DE RAYNE- rai à vol. in-8° A Paris, chez Leblanc, imprimeur - libraire, maison abbatiale de Saint-Germain. C£reouvrage est du petit nombre de ceux qu’on rencontre en parcourant le champ trop aride de notre littérature, et qu’on s’empresse de lire et de méditer. On y retrouve des principes ‘qu’une extravagante et perfide philantropie avoit voulu effacer du cœur de l’homme : on nous ramène à ces vérités éternelles qui l’attachent à la société dans laquelle il vit, qui lient les nations entre elles. Tout étoit détruit en France, « J’ai pensé « qu’il étoit’enfin permis, dit M. de Rayneval, de « relever de dessous les décombres de cette phy- « Jantropie destructive qui a confondu , bouleversé « toutes les idées, qui a déchaïné toutes les pas- « sions pour détruire l’ordre social jusque dans ses « fondemens ; j’ai pensé qu’on pouvoit de nouveau « parler de mœurs, de morale, de religion , d’hon- “ neur, de justice, d'humanité, des devoirs des « peuples autant que de leurs droits ; j’ai présumé « enfin qu’il étoit permis de croire et de dire que « la liberté ne consiste pas plus dans l’état imagi- & « Eleémens. 329 " naire de pure nature et dans l’anarchie, que « dans le pouvoir arbitraire. » On ne sauroit trop rappeler les François à ce qu’on a tant cherché à Jeur faire oublier, à cette religion qui est le plus ferme soutien du corps social; à cette morale qui en est la sauvegarde; aux mœurs qui en sont l’or- nement. On ne sauroit trop leur faire éonnoître cette liberté dont ils ont tant abusé, cette égalité dont on leur parle encore; ils trouveront dans lou- yrage que nous allons leur faire connoître, autant qu’il est possible dans un extrait, la vraie signifi- cation, le sens exact de ces deux mots avec lesquels on a détruit les plus sages et les plus utiles insti« tutions ; on a effacé les lois les plus réfléchies et les plus salutaires; on a commis les crimes les plus atroces et les plus barbares. Grotius, Puffendorf, Wolf, Sidney , Burlamaqui, Wattel, Montesquieu, Bynkershoek , et plusieurs publicistes allemands ont servi de guide à Pauteur de ces institutions, dans la vaste science qu’il s’est proposé de mettre à portée de ceux qui voudroient se livrer à cette étude, plus importante qu’on ne pense, puisque c’est elle qui fait Fhomme d'Etat, On peut dire que c’est ici la substance de tout ce qu'ont écrit les savans publicistes qui ont traité cette matière; mais on se tromperoit si on croyoié que M. de Rayneval eut embrassé aveuglément leurs systèmes ; l'étude et l’expérience lui donnent le droit d’avoir une opinion à lui; aussi n’adopte-t-il pas celles qui s’éloignent des vrais principes du droit des gens, et surtout de ceux qu'il a puisés dans X à 4 ‘ 326 Politique. leur source originale, c’est-à-dire, dans la raïsow paturelle. L'ouvrage est divisé en trois livres : le premier comme une introduction au droît des gens, l'auteur a cru qu'avant de faire connoître les rapports, les droits, les obligations , les intérêts des nations entre elles; il devoit chercher l’homme dans son état primitif, le suivre dans son passage à l’état de civilisation et lui apprendre quels sont ses de- voirs, ses droits, ses avantages, comme membre d’une société politique. Les deux autres livres trai- tent avec précision et clarté de ce droit universe}, immuable qui existe par lui-même comme la na- ture, et qu’il faut bien distinguer de ces conven- tions particulières que des circonstances créent, que des vues d'intérêt forment et détruisent : elles ne sout point un droit permanent. Nous ne nous arréterons point sur le premier livre, dans lequel on cherche quelle a été l’origine des propriétés et des sociétés , du gouvernement d’un seul ou de plusieurs. On a tant de conjectures, d'hypothèses , d'opinions diverses sur cette matière, que chacun peut adopter celle qui lui paroît la plus vraisemblable : il est indifférent de savoir de quelle manière se sont formées les associations politiques ; il est assez probable que le droit de propre conser- vation a été la base des rapports qui se sont éta- blis entre elles; on peut croire qu’elles ont été Jongtemps gouvernées par les habitudes et les mœurs plutôt que par des constitutions et des lois. L’au- teur traite de la Jorme des gouvernemens, de la Elémens: 327 souveraineté ; de la liberté, non de cette liberté naturelle qui a produit tant de crimes , qui est lanarchie elle-même, mais de cette liberté civile qui laisse la faculté de faire ou de ne pas faire ce que la loi ne défend pas. Le chapitre v , sur l’é= galité, non sur cette égalité qui, prêchée au peuple par les niveleurs, a donné aux passions de toute espèce , un développement désorganisateur de l’ordre social ; non de cette égalité qui n’existe pas même parmi les hordes sauvages, mais de cette égalité que Dieu et la loi seule protegent. Quant à l’éga- lité tant promise, en quoi pouvoit-elle consister ? elle ne se trouvoit ni dans les qualités physiques, ni dans les qualités intellectuelles. Dès que la réu- nion des hommes a été consolidée , que le droit de propriété a été assuré, cette égalité, si jamais elle a existé, a dû disparoître ; et l’homme le plus … sage, le plus industrieux, le plus intelligent , le plus fort a dû l’emporter sur le foible , le paresseux le négligent, l’imbécille, De là linégalité deswri- chesses, L'importante question de l’esclavage w’est point oubliée ; l’auteur rapporte les raisons dont les en- nemis de l'esclavage et leurs adversaires se sont servis pour dénaturer cette discussion; cetie cause a été plaidée avec adresse et avec chaleur dans le parlement d'Angleterre, et dans l'assemblée cons- tituante. Les résultats ont été différens ; d’un côté, les vrais intérêts nationaux ont été consultés , et la délibération a été ajournée; de Pautre, lanimosité, l'esprit de paiti, ce grasd amour de l'humanité X 4 328 Politique. ont fait oublier toute considération morale et po+ litique , et ont produit des maux qui ne seront ja- mais réparés. Avant de prouoncer définitivement sur une question aussi délicate , il falloit examiner si les productions des iles sont d’une absolue néces- sité aux Européens, et si elles peuvent être cultivées par les blancs; si les nègres, devant remplacer ceux-ci, leur esclavage est d’une nécessité rigou- reuse; si la culture des iles doit être abandonnée plutôt que d’accoruer la liberté aux noirs; mais le délire de ce qu’on appeloit la liberté éloigna les conseils de Ja prudence ct de l'intéret publie, et la France fut détruite et sa richesse coloniale anéantie. Le premier livre de ces institutions n’est qu’une introduction à ceux qui traitent du droit des gens. Après avoir parcouru toutes les matieres qui sont de l’essence d’une association politique, et de sa conservation , du pouvoir exécutif, des lois, de la police, de la force publique , de impot , de Pagri- culture , de l’industrie du commerce, de la pro- priété, de l’éducation, de l'instruction , des mœurs et de la morale, du patriotisme, de la religion et: du culte; matières sur lesquelles nous avons de gros volumes qui contiennent moins de choses que dans les petits chapitres que nous venons d’indi-. quer ; M. de Rayneval entre ensüite dans le sujet principal qu’il s’est proposé de traiter: l’indépendance des nations, de leurs rapports entre elles , de la paiæ et de la guerre. Chaque chapitre, chaque para- graphe de ces deux livres est la substance de ce: ! # Elémens. 329 qu'ont écrit les plus célèbres publicistes; nous ne nous arrêterons que sur les art cl s qui ont été et qui sont encore controyersés, comine celui de la liberté des mers. On a beaucoup disputé dans le dix-septieme sècle sur cette matiere; mais on & moins cherché la vérité qu’à soutenir des «ystèmes et des intérêts particuliers ;et l’'indécision a soumis la question à la force plutôt qu’à la raison. Tous les écrivains posent en principe que /a mer esk Libre; elle présente deux objets d’utiité, la naviga- tion et la pêche ; toutes les nations peuvent la par- courir sans se nuire les upes aux autres; aucune ne peut alléguer l'intérêt de sa conservation, pas même celui de ses jouissances pour s’arroger un droit exclusif. On a beaucoup varié sur la nature et les causes de cette liberté; quelques nations ont prétendu être souveraines sur les mers qui les entou- rent. La Grande-Bretagne veut l’êtie de la Manche et des mers d’Irlande ; les Vénitiens réclamoient le domaine suprême de l’Adriatique ; les Portu- gais ont toujours cherché à établir la propriété sur les mers qui baignent les côtes occidentales de P'A- frique;les Hollandois ont prétendu interdire la na- vigation de l'Inde parle Cap de Bonne Espérance, Notre publiciste montre tres:bien que ces préten- tions sont insoutenables, surtout à l’égard de la Marche. Si elle pouvoit être admise, les bâtimens garde cô'es d'Angleterre auroient le droit de visiter les navires marehands jusqu’à la portée du canon de la France et de la Hollande, Le droit de pro- priété que les Vénitiens vouloient exercer sur la 330 Politique. mer Adriatique ne pouvoit être admis par la cout de Vienne , dont les possessions bordent le fond du golfe. Quant à celui des Portugais en Afrique, les puissances Européennes ne l’ont jamais reconnu , et celui des Provinces-Unies a été regardé comme une absurdité. Si dans certains passages, la mer se resserre, elle ne change pour cela de nature; et si, par exemple , la mer d'Allemagne est libre de même que l'Océan , il est évident que le point de communication, qui est la Manche , quand même elle ne seroit qu’un détroit dont les côtes appar= tiendroient à la même nation, seroit libre également 3 s’il étoit possible qu’il existât une propriété exclu sive, pourquoi appartiendroit-elle plutôt à l’An= gleterre qu’à la France : le roi de Dannemarck ne prétend point être le souverain du Sund; il est vrai qu’il perçoit un droit à exercer à Elseneur , mais ce droit a été établi pour la sureté de la na- vigation, pour les fanaux et autres dépenses néces- saires. [l est donc incontestable que la mer appar- tient à toutes les nations; mais elle ne l’est pas pour les particuliers ; ils ne peuvent en jouir que sous la protection de la nation à laquelle ils appartiennent ; c’est pour établir cette sauvegarde qu’on a imaginé les pavillons et les lettres de mer. La sureté a exigé cette dérogation au droit naturel ; aussi tout bâtiment navigant sans pavillon et sans lettres de mer, est traité de forban. Le maintien de la bonne harmonie entre les na= tions et les rapports que les traités ont établis entre elles , ont introduit l’envoi des agens politiques ; Elémens. 331 leurs missions n’étoient d’abord que momentanées , elles sont devenues permanentes; tout ce que dit l'auteur sur leur inviolabilité, sur leur immunité, surleurs privilèges est presque une autorité, parce qu’il a exercé lui-même ces fonctions honorables, mais souvent épineuses, On a voulu avancer que cette immunité dont jouissoit le ministre pour lui, pour les personnes attachées à son service pouvoit s'étendre au droit d’asile ; c’est-à-dire , au droit de donner retraite aux criminels , tant étrangers, qu'indigènes, L'auteur qualifie d’absurde une pa- reiile assertion, parce qu’elle n’a aucun rapport avec les fonctions d’ambassadeur, et surtout, parce qu’elle porterait atteinte à la souveraineté. Ses im- munités ne peuvent lautoriser à enfreindre les lois de police qui tiennent à l’ordre du pays où il ré- side, ce seroit mépriser le principe sur lequel est fondée son immunité; il ne doit pas même prendre des engagemens personnels qui l’exposeroient à des poursuites judiciaires s’il refusait d’y faire honneur, Par ces engagemens, il est censé avoir renoncé taci= tement à toute immunité, et ce principe est si bien établi, que sous le règne de Louis xv, un ministre étranger se disposoit à partir sans payer ses dettes, on lui refusa des passeports, et on au- torisa ses créanciers à faire saisir ses meubles. En Russie, un ministre public est obligé d’annoncer son départ par trois publications. Il y a peu d’an- nées que les papiers, les effets et les enfans de M. de Beausset furent arrêtés, jusqu’à ce que le roi se fût chargé des dettes de ce ministre ; C’est 332 Politique. à-peu-près la jurisprudence de toutes les cours ; excepté en Angleterre , où lesprit de la législation, borné à la lettre de la loi, n’admet point de con- vention tacite et de présomption, et où le danger d’une loi positive dans une matière aussi délicate , a empéché jusqu'ici de fixer légalement les préro- gatives des ministres publics. Une question très-importante se présente au cha- pitre des conquêtes , c’est de savoir si la conquête est par elle-même un titre suffisant pour acquérir Ja souveraineté sur les habitans des pays conquis. Le plus grand nombre des publicistes est pour laf- firmative, et leur opinion semble être conforme à usage , M. de Rayneval la trouve contraire à l'indépendance de l’homme, Cette indépendance est tellement sacrée qu’il peut seul y renoucer de son gré, et qu’un autre homme ne peut l’y contraindre sans user de violence, sans usurper un droit que la nature ni aucun pacte légitime ne lui ont ac- cordé. Le souverain peut bien se démettie de la domination d’un pays, mais il ne peut point le soumettre à une domination étrangère, et ne pas disposer de ceux qui l’habitert sans leur consente- ment , ou exprès, Ou au moins présumé. Nous nous arréterons un moment sur le chapitre de la guerre maritime et de la navigation, matière qui a produit tant d'opinions diverses, tant de vio- lences inutiles , tant de difficultés parmi les nations, tant de variations dans les lois de la même nation; cette matière est encore plus compliquée relative ment aux puissances neutres, L'état de guerre dé» Elémens: 333 truit la liberté de la mer entre les nations en guerre ; mais la mer demeure libre pour les neutres: il s'agit de savoir si cette liberté demeure illimitée, ou si elle doit être restreinte, c’est-à-dire, si l’intérêt des puissances belligérentes doit emporter sur celui des puissances neutres. L’impartialité est de l’essence de la neutralité ; elle cesse dès qu’on fait avec l’une des puissances un commerce dangereux pour l’autre; ces puissances en guerre ont donc le droit de gêner la navisation des neutres autant qu’elle peut leur étre prejudiciable ; elles peuvent donc empêcher les neutres de fournir à leur ennemi tout ce qui est à Pusage de la guerre; de là les visites qui ont été et qui s nt encore le sujet de tant de variations et de discussions. L’applica:ion de ce droit de visite est de la plus grande difficulté; car si on convient de la nécessité de ce droit, on n’est point d’accord sur la vature des marchandises défendues ; ce qu’on nomme contrebande de ouerre est sans doute les armes et les munitions; mais par ces mots munitions, Jes uns y comprennent les bois de construction , les voiles , chanvres et cordages, le cuivre en feuille; d’autres prétendent que ces marchandises sont li- bres ; l'Angleterre a toujours considéré les bois, voiles, ete. comme contrebande à l’égard des na- tions avec lesquelles elle n’a point de traité, Mais jusqu'où s’étend la protection du pavillon des neu- tres, et le respect dû à leurs propriétés ! l’usage a toujours varié selon les intérêts, les vues et les cir- constances. Le droit des gens veut que dans aucun cas la marchandise soit confiscable ; parce que le 334 Politique: pavillon fait connoître la nation à laquelle il appata tient, et en protège l’indépendance ; les nations en général n’ont consenti à la restriction de cette ine dépendance que pour les marchandises dites contre bande de guerre ; hors ce cas, elles doivent des meurer intactes, et la moindre atteinte est une in- jure : de-là on peut conclure que la marchandise ennemie navigant sous pavillon. neutre, participe à son indépendance et devient insaisissable ; les mar- chandises neutres chargées sur un bâtiment ennemi, le sont également , parce que le pavillon n’en de- figure pas le propriété, et que le neutre peut d’au- tant plus se servir d’un bâtiment ennemi qui a le droit non contesté de faire le commerce avec le même ennemi ; si dans la guerre de terre, on n’a jamais prétendu avoir le droit de s'emparer des propriétés ueutres, qui se trouvent dans un pays ennemi, à quel titre changeroit-on de principe et de conduite à l’égard des pareilles propriétés rencontrées en pleine mer? Mais que peuvent le droit etla justice contre la force et l’intérêt ? Toutes ces belles lois de l'équité naturelle sont facilement méprisées, Toutes les guerres maritimes en sont la preuve; on n’a point oublié quelle fut la conduite des An- glois en 1755 et en 1778. Les traités et l’usage ont fixé quelle seroit la forme de ces visites. Mais si on s'accorde sur la faculté de visiter les bâti= mens neutres nav gant seuls, on est bien loin de admettre lorsqu'ils sont sous la protection d’un bâtiment de guerre ; ce n’est que dans les mou veaux traités qu’on a fait mention des cas où le © de rt So rie EE RIRE ME RTE, RE le sucre) r 7 k Elémens: 335 bâtiment de guerre convoieroit le bâtiment mar- chand. En effet, si une nation en guerre peut empêcher qu’on fournisse à son ennemi des marchan- dises considérées comme prohibées , elle a sans doute le droit de prendre les précautions néces- saires à ce but; ainsi, qu’un bâtiment marchand soit convoyé ou von, le droit de le visiter demeure intact; car, qu'il soit armé ou non, l’immunité est la même, puisqu’il est sous la sauvegarde de son pavillon. Ces conséquences établies sur le droit des gens, furent oubliées dans la guerre der- piere, et formerent cette coalition du Nord de 3780, imaginée par Catherine Il, et renouvelée depuis peu entre les cours de Pétersbourg , de Da nemarck , de Suede et de Berlin. Nous nous sommes étendus , autant qu’un extrait le perrhettoit, sur un _article que les circonstances actuelles rendent d’au- tant plus intéressant , que les principes qui lui servent de base sont violés tous les jours par un ennemi qui n’en respecte aucun , et qui croit être assez fort pour être injuste avec impunité. Les trois livres que nous venons de parcourir sont aceompagrés de notes qui servent de dévelop pement à plusieurs paragraphes de l'ouvrage. Le supplément dans lequel sont rapportées les opi- mions des publicistes, et les réfatations que l’au- . teur a cru devoir en faire lorsqu'elles s’éloignent de la raison éternelle, qui est le fondement du droit des gens, rend ces institutions, classiques, et peut servir de rudiment à ceux qui se livreroient à l'étude d’une science aussi vaste qu'importante 336 _ Poliique. pour le maintien du corps social. Les faits et les aua torités qu'on y a rassembles, sont un complément qui peut dispenser d’avoir recours aux nombreux volumes qui ont paru sur cette matière : tout ce qu'on peut desirer de savoir sur une science que les événemens qui se sont passés depuis douze ans, ont forcé presque tous les -individus à en avoir quelque notion , est réuni daus ce volume avec une clarté et une précision qu’on ne tiouve ni dans Grotius, ni dans Puffendorf. M. de Rayneval a era que des idées sur la poli- tique compléteroient son traité du droit des gens 3 elles ne peuvent lui être étrangères : en effet, la politique a deux objets, le régime intérieur d'un état , et ses rapports extérieurs, Sous ces deux aspects, elle devient, comme la sanction pra- tique du droit de la nature et des gens ; elle est le guide de ceux qui gouvernent et le garant de ceux qui obéissent. La politique intérieure, qui ne doit son éxisteëce qu’au sacrifice que les hommes ont fait de leur liberté naturelle en faveur d’une autorité conventionnelle, exige de celui qui est de- venu leur conducteur uue réunion de qualités qu’il est rare de trouver dans le même individu. « Le « chef d’une nätion, le magistrat suprême ne doit “ point perdre de vue que sa personne est invio= lable, qu'aucune loi pénale ne peut Patteindre , qu’il ne doit même être exposé à aucun reproche « personnel ; qu’il faut cependant une garantie po= « sitive à la nation, à chaque individu contre les “= fautes , les entreprises, les injustices, les abus = d'autorité. RS UE je ni x = Sr PR de he © 2 EE nr rar ne « Elémens, 337 d'autorité. Si le gouvernant a enfre les mains les môyens de se faire obéir, il en Faut aux citoyens pour que leur oheisance ne dégénere poiit en servitud: ; il faut en un mot une balance entre le chef qui commande et ie sujet qui «béit. Ceite garantie ne sauroit exister coatie le chef, elle n’est que dans sa conscience et dans la crainte, et néanmoins sans celte garantie , le pouvoir est arbitraire , et la lib rié dev ent une abitiaction, 1! faut donc que le souverain s’environne d’un conseil compose d'hommes dignes de sa confiance et fort, de l'osinion publique. Le choix des hom- mes dppelés a être Les premiers agen, du gou.er- nement, est d'autant. plus ‘important, qu’ils lui impriment leur empreinte ,et leurs vices ou leurs vertus deviennent ceux de Padminisiration : c’est d’après leur conduite que le chef e t jugé, quel- que: vertueux qu'il soit lui-méme ; car si l’immo- ralité tient les rêres du gouvernement, si elle préside à la destinée des peuples, si elle di- rige les conseils, si elle distibue Îa justice, les emplois , les recompenses, elle se répand bientot parmi toutes les classes de citoyens, elle corrompt tout , elle fait plus de ravage que l'ignorance et la guerre civile; car il y a des remedes à l’une et à l’autre , tandis que l'im- moralite, semblable aux insectes, attaque, ronge, detruit sourdement les principes v'taux du corps social, et le fait tomber en dissolut on sans aucun espoir de retour. Monarchies, républiques, tous les gouvernemens sont exposés à ce funeste 1é= Tome ILL, x 338 Politique. &« sultat.» Ce que la France a souffert, ne prouve que trop ce que l’auteur vient de dire. Quelle cruelle expérience elle en a faite! ‘Après avoir parlé des devoirs et des obligations d’un chef de nation, M. de Rayneval réfute avec raison l’opinion de Montesquieu, qui a dit que dans dès moriarchies on ‘emploie pour la politique le moins gwon peut de vertu; mais sentant que sa maxime appliquée à la morale étoit vicieuse, il croit Fat- ténuer ‘en disant qu’il ne parle que de la vertu po- Jitique,, qui est l'amour de la patrie, Qu'est ce que “cette vertu politique ‘sans les vertus morales? Htoit- ce célle des Sully, des Dossat, des Jeannin, des Davaux, des Colbert , des Torey, ete. ÆLa politique extérieure concerne les intérêts de mation à hations; elle a pour objet Heur sureté:, leur “tranquillité , ‘leur intérêt, leur dignité respective., le maïntien de la païx'et de la bonne harmonie. La ‘conduite d’un gotüvernement:pour remplir ses vues politiques présente beaucoup de problêmes; l’auteur s'attache à en résoudre quelques-uns , on sait qu’il a des titres pour prononcer ex cathedra; tout ce qu’il dit des aïllances naturelles et des alliances contre nature est parfaitement vu. Il'paroît vouloir déféndre lalliance de 1756 avec l'Autriche, en di- ‘sant qu’elie n’étoit rien moins que contre nature, « L’Angleterre avoit provoqué Ja guerre sous de « vains ‘prétextes, et la France pouvoit méditer ‘« J’invasion de l’éléctorat d’'Hanovre. A cette épo- « que Ja bonne intelligence existoit entre les cabi- « nets de Versailles et de Berlin: on négocioit Ca X | Elémens. 339 ‘« même une alliance et la réconciliation du roi de “ Prusse avec la cour de Pétersbourg; mais au mi- “ lieu de ces négociations, Frédéric IT traita brus- « quement avec celle de Londres, et lui donna en “« secret .un acte de garantie pour l'électorat de « Hanovre. Voilà le motif originaire de l’alliance « de 1756. Les intrigues reprochées à la cour de « Vienne ne servirent au plus qu’à la faciliter et en “ hâter la conclusion. » Les Anglois regardoient la rivalité de la France et de l'Autriche, comme inhérente à Ja natuie des choses; cette rivalité étoit depuis longtemps entretenue d’un côté par Ja haine, de l’autre par le ressentiment ; la réu- nion de ces deux puissances détruisit cette balance politique que l’auteur regarde comme nécessaire, Les vraies causes de cette alliance sont connues de M. de Rayneval et de toute l’Europe, le résultat n’en fut pas moins infiniment onéreux à la France; il lui coûta beaucoup d’hommes et d’argent, et Jui fit perdre le premier rang dans la hiérarchie politique; le roi de Prusse qui fut instruit de la négociation et des intrigues, et.qui s’aperçut du poids qui alloit tomber sur l’Europe, se détermine à l’alliance de l'Angleterre, sous le prétexte de Jui conserver le Hanovre, conservation qui, dans le fait , lui étoit indifférente, et qui, dans le sys- tème de cette cour, paroit l’être encore ; dans Île vrai, un ancien attachement du ministre pour la cour austro - lorraine, et la vanité du négociateur furent les vrais moteurs de cette conjonction mous- trueuse, Y à 340 Politique. Ces idées sur la politique ainsi modestement an- noncées par l’auteur, sont un traité tres-bien fait, établi surdes principes invariables et sur des raisonne- mevs solides , fortifiés encore par des faits On est con- vaincu, par la lecture de ce traité substantiel, que les fonctions les plus -diffciles et les plus impor- tantes de Padministration publique, sont celles d’un ministre des relations extérieures; « elles le sont « d'autant plus qu’il ne sauroit être soumis à une “ responsabilité légale, qu’il n’a d’autre tribunal « que son propre sentiment , celui de son souve- «“ rain, et surtout de Popinion publique qui établit ou « détruit, en tyran, les réputations, » On demande s’il faut un homme d'esprit pour conduire les in- térêts politiques d’une nation ; le mot esprit n’a pas de sens déterminé, il varie comme les caractères, L'auteur qui s’y connoît, croit qu’un homme d’une imagination vive, ardente, vaste, aussi facile dans les conceptions les plus compliquées, que prompte dans l’exécution , tel qu’étoit le cardinal Alberoni, ne convient pas à on manipulateur des intérêts politiques; il croit qu'on doit préférer non un homme à réputation de grand esprit, de géuie, mais un homme de bon esprit; qui, à la justesse des idées, joint celle du raisonnement ; qui a la sagacité, a l'instruction nécessaire pour embrasser, déméler et juger sainement les vrais intérêts de la patrie, a assez de pénétration et de connoïssances pour les combiner avec ceux des autres puissances; qui fonde ces combinaisons sur des principes et non sur le hasard des événemens ou de ja seule con- Elémens. 341 venance ; qui est prévoyant dans ses plans, prudent dans sa conduite, fuit les extrêmes ; qui enfin ne connoît d’autre amour - propre que lus de bien remplir son devoir , sd’autre intérêt que celui de VEtat; qui sait douter, s’arrêter, revenir sur une erreur. Un tel ministre aura le véritable esprit de son état. AJ ADP: ARCHÆOLOGIE. DISSERTATIONS sur la Toilette des an- ciennes Romaïnes , traduites de l'allemand de M. BŒTTIGER. : Troisième Dissertation (*). Glycerium, marchande de fleurs et de. guirlandes d'Alexandrie. —Couronne d'Isis.—Guirlande d'äche pour la téle.— Guirlande de r ses de Paestum pour le cou. — Fruits en cire. C L1O (1), une des premières femmes de chambre et confidente de Sabina , accourt et lui annonce que Glycerium desire entrer. C’étoit $a marchande (*) Voy. suprè,t. IE, p. 455; t. IE, p. 169. : (x) On ne sera pas étonné que le nom de la première des Muses., de celle qu'une ancienne inscription nomme la Junon de l'histoire ( Vaisçconrr, Mus. Pio. Clem. 1. 1, p.35), ait été donné à une femme de chambre. Dans Acaries Taxis , l’esclave intrigante de Leucippe Y 3 343 ÆArchæologie. de fleurs d'Alexandrie, habile dans l’art de tresser des guirlandes et des couronnes. Elle étoit accom- pagnée de deux jeunes esclaves qui portoient dans de belles corbeilles, tout ce qu’il y avoit de nou- veau et d’élégant en fleurs naturelles et artificielles, On lui avoit dit, ajoute C/10, que madame étoit pour le moment trop occupée, et qu’elle feroit mieux de repasser cet après-midi, avant l’heure du bain. Mais comme elle vouloit remettre quelque chose à madame elle-même, on n’a pas pû la renvoyer. Sabina avoit attendu G/ycerium avec une impa- tience secrete : elle la fait entrer sur le champ, et aussitôt la marchande étale une grande quantité de festons , de guirlandes et de couronnes (2). Notre domina les parcourt avec curiosité ; la troupe des servantes en est stupéfaite. En effet, G/ycerium ne ‘porte le même nom % rov Sao memioleuuiry Kaciv, II, 4, p: 144. ed. Dod. Elles étoient, pour ainsi dire , les historiographes de leurs maïrresses; elles tenoient les comptes et écrivoient les éphé- mnérides ( voy. les interprètes de Neros, XXV, 13.) que les dames parcouroiïent le matin pendant leur Neue longi relegens transacta diurni, Juvenau. VI, 482. (2) Il faut distinguer les festons et les guirlandes de fleurs et de feuillages, d’avec les couronnes. Les uns avoient le nom de serta, Crémpae : les autres celui de corollæ, Créquvo » CriQuriauor. Les premiers servoient à orner les autels, les portes, les vestibules et les parterres : on les employoit surtout dans les sacrifices et dans la dé- coration des temples, C’est de-là que vinrent, peu à peu, les guir- landes de fruits mêlées de fleurs et de feuilles, pancarpiæ. On en voit, par exemple, au Panthéon de Rome, où elles sont suspendues entre des candéläbres. Aus. Pio-Clem. t. 1V, preuves, pl. A, n. 9. Les décorateurs modernes les ont souyent imitées en bois , en méial op en pierre, mais avec fort peu de goût, Toilette. 343 pouvoit pas mieux mériter son nom ; car elle éga- loit, dans l’art de colorer et de mélanger les fleurs, la célebre Glycera , amante de PAUSrAS, peintre de Sicyone , et sa rivale (3). L'une des corbeilles ( zanaSiqnar ) renferme les fleurs naturelles les plus belles et les plus fraiches. Des giroflées, des narcisses, des lys, du safran, des jacinthes, et des roses sont assemblés autour de branches de myrte avec une va- riété ingénieuse , calculée sur la vivacité des couleurs et la ressemblance des odeurs (4). On pourroit dire avec le nouveau Pausias de M. GŒTHE : que dois- Je le plus admirer? La beauté des fleurs ? L'adresse des mains qui les arrangèrent, ou le goût de celle qui les choisit (5)? Cependant toutes ces jolies choses è (5) La rivalité de Glycère et de Pausias est connue par Pune XXI, 25. 5, XXXV, s. 40, 24, etc., par une idylle ingénieuse de M. GoxTxe, intitulée : Der neue Pausias und'sein Elumenmæd- chen ( le nouveau Pausias et sa bouquetière). Noy. Scarzxer , HZu- sen-Almanach ( Alnanach des Muses) 1798, et dans la nouvelle édition des œuvres de M. Gorrue , ft. VII, p. 195 et suiv. (4) L’Anthologie grecque offre plusieurs épigrammes qui nous font connoïre les fores et herbas curonarias ; dout on avoit coutume de se servir, Ces épigrammes caractérisent, par une épühète, chaque fleug de la couronne que l'amant destine à sa maîtresse. Voy. Mécéacpe, épigr, CV, dnalect.t. 1, p. 50. Rurmnus XV, 1.11, p. 394. Pour sg faire une idée du rafinement des anciens, dans l'art de faire des cou ronnes, CriQuywaozie. 1] faut savoir que , pour les composer agréa- blement, on assortissoit également les couleurs et les odeurs. PL, XXI, s. 5. Variari coeptum mixturé versicolori florum, quæ in» vicem odores coloresque accenderet. } (5) « Was bewundr’ ich zuerst, was zulezr ? Die herrliicher « Blumen ? = Oder der Finger Geschick? Qder der VF/æhlerin Geist?3 Y 4 n 344 Archæologrie. ne plaisent point à “abn:, qui n’y arrète qu'un instant ses regards, (e n’ist qu’en exami: ant la se conde corbeille que sa physionomie s’eclaireit visi- blement. Hlle y trouve les dernieres produ tions de Ja node, des fleurs et des guirlandes artificitiles de métal et d’anties matières, Ses yeux y remarquent surtout une couronne qu’elle attendoit depuis le moment qu’elie s étoil mise à sa toilette. C’éoit une couronne d’fsis 6:, telle que la portoient les initiés aux mystères de Ja graniie déesse d’AÆyypte, La masse étoit composée de tresses, faites de l’é- eorce la plus fine du papyrus, et ernbeilies de jolis nœuds (7). Des feuilles de palmier en lames d’ar- (6) Dans une peinture d'Herculanum, qui représente toute la céré- monie des saçribres, devant un temple d'Isis à Rome ( Preture,t. 1, tav zix), on voit une couronne sur la têie de la figure de femue qui est à genoux dr van l'autel, auprès des marches du temple. On présume que c’est la couronne d'Isis, en la comparant avec la descripuon que Fait de Ja sienne Aruzée , initié lui- mème aux mystères : Copug corona cinterat palmæ candidæ foliis ën modum radiorum pro- sistentibus. ÎMeram. X1, p. 257, ed. Pric Les rayons de ces cou- xonnes avoient un sens mystique. Ils rappellent les auréoles que les Chrétiens meltent sur la tête de leurs saints. Qn les rencontre si sou- vent dans les peintures des anciens vases, que Passerr ( ad vasculæ | étrusca ) y a lrouvé le fondement d'une hyporhese particulière sur les trois degrés d'initiation. Les feuilles du palmier, naïurelles ou artificielles, étoient les plus propres à représenter une pareille auréole, (7) L’écorce fine du papyrus étroit ordinairement employée pour ces couronnes. Voy. le fragment de Taéoromrs , où il est question de la Bishos (riQuveTers ( ATHÉNÉE XV, 6,p 676C ), PLurarque, Vie d'Agésilas, chap. 56 (1. 1V, p. 127, ed. Hurr ). Dans ce der- nier passage, il faut aussi lire Tuéoromre au lieu de THéorHrAsTE. JL 6st probable que les couionues Naucratites , si connues dans l'anti- Toilette. 345 gent sortoient à différens intervalles, et formoient des rayons. A Pendroit où la couronne se ferme, pendoient deux rubans qu'on laissoit flotier sur les épaules (8). Sabina s'empare de cett: couronne. L’un des rubans lui offre ces mots, brodes en caractères grecs: mr vie, ma chère ame (9)! IL est aisé de voir que ceite couronne n’étoit pas une marchandise oidinaire (10): peut être devine- quité , et sur lesquelles ATHÉNÉE ( /. c. ) offre tant de discussions, n’és toient autre chose que des couronnes de papyrus , tressées avec une élégance particulière. Elles faisoient une branche de commerce, et on les exportoit même chez l'étranger : on pouvoit les entourer de fleurs naturelles. Les tresses placées autour de la tête, comme un diadème , avoient le nom de stroppi. Pzin. XXI, 35. On donnoit celui de 1oré ou toruli aux nœuds dont elles étoient ornées. Ciceron en parle dans lOrateur, chap. 6. Vay. l'explication qu’en doune M. Visconrtr , Mus, Pio-Clem., t. VI, tav. 13, p. 22, et Curer, ad apoth. hom., p- 159. Dans les temps postérieurs , les tresses des couronnes furent aussi teintes en pourpre. Taéocrir, IT, 121. (8) Les rubans flottans étoient une espèce de parure et une recher- che de coquetterie. On les fit, dans l’origine , de l'écorce tendre du tilleul ,. Prix. XVI, 14. Par la suite, on y employa des matières plus précieuses. Lorsque les couronnes de métal devinrent plus com- munes , ce furent des lames d'or et d'argent, où l’on représenta même des figures en bas- relief; bracteæ cælatæ , PLin. XXI,3, s. 4. Il paroît que ces ornemens furent perfectionnés à Syracuse ; du moins le mot /emniscus, par lequel les Syracusains désignoient les rubans attachés aux couronnes, devint généralement un mot technique parmi les Grecs et les Romans. Voy. Hesxcnius au mot A#/#70%06 , t. Il, c. 465, 11, 12. Les interprètes de cet auteur ont déja épuisé toutes les ‘citations, (o) La mode vouloit alors qu'a Rome tous les noms d'amitié et de tendresse fussent exprimés en grec. Les mots Can 2271 dun sont con+ pus par Manria, X, 68, et par Juvénaz, V1, 102. Le LA (10) Ou auroit pu appeler en grec cette couronne Crigaves Cov= 346 Archæologie. ton même qu’elle n’annonce rien moins qu’un ren= dez-vous secret. C’étoit un signe de convention entre Sabina et le jeune Suturninus qui, depuis peu amant favorisé, avoit mis sans peine Glycerium dans ses intérêts. Car l’obligeante bouquetiere ne se conten- toit pas de vendre des fleurs d’Alexandrie (tr), elle savoit encore tirer avec ses pratiques parti de toutes les occasions, Cette belle couronne apprit à Sabina Empeolimios. Ce mot ne signifie pas uniquement une couronne com- mandée et marchandée d'avance, comme le prouve Kusrer sur Aris- tophane, Thesmoph. v. 458; mais aussi une couronne qui peut ser- vir à donner un signal convenu , ainsi qu’on nomme ypémuale Cuve Cnpralin cs des letires secrettes, écrites en chiffres. Voy. SCHWEIGHAEUSER sur Polyëe, NILL, 18, 9. Les couronnes jouoient autrefois un grand rôle dans l’art des symboles. Voy. PAscHazrus, de coronis, Il, 14, pr21etsuiv., et Arréminore, I, 79, p. 66-68. Ce dernier ouvrage, qu’on n’a pas encore assez employé pour expliquer le langage allégo- rique des anciens, prouve que chacune des fleurs dont étoit composée une couronne, pouvoit avoir une signification particulière. Gr L'AEgypte fut, après le siècle d'Alexandre le Grand, le centre du raffinement des arts grecs, nourri par le luxe asiatique. Aussi l’art de tresser des couronnes a-t-il atteint sa plus haute perfection dans ce pays, qui, selon Atuëxér, produisoit des fleurs pendant toute l’année, C’est pour cela que PzINE , dans son bhisioire des couronnes (XXI, s. 5.) parle de celles d'Afgypte, comme annonçant un nouveau pro: grès de cet article du luxe. Il cite, dans tout le XXL.®° livre, comme une chose remarquable, que les AEgyptiens plautoient telle ou telle fleur, par exemple , la persolura ( s. 108. ) dans leurs jardins ; il nomme aussi les coronarios in A{gypto. s. 105. On racontoit même sur plusieurs fleurs des anecdotes ægyptiennes: par exemple, que l’un des Ptolémées aimoit à couronver les statues des dieux avec de l’héliochryson (gna- phalium stoechas, Linx. ), à cause de sa durée. Pix. XXI, 5. 96. 11 étoit donc naturel qu'a Rome le préjugé füt favorable aux Louquetières , et aux marchandes de fleurs ægyptiennes. Tozlette. 347 qu'il devoit y avoir dans la nuit, une veille pieuse (pervigilium ) dans les portiques sacrés du tenrle d’Isis, déesse favorable à tous les afligés, surtout aux amans (12. Sabina sait maintenant à quoi s’en tenir, elle donne tout bas à Clio l’ordre d’aprèter tout ce qui est nécessaire pour le rendez-vous noc- turne, Ce n’est qu’à présent que notre domina a Pesprit (12) Le culte d’Isis a été introduit en Italie du temps de Sylla. Ce culte eut aussitôt parmi les dames romaines , les sectatrices les plus zé- lées. On pourroit, d'aprés les auteurs érotiques des romains, écrire une histoire particulière des temples d Isis et de leurs pénitentes. Le princi- pal temple de cetie déesse étoit dans le champ de Mars. Elle avoit recu de là le surnom de campensis. Arurée , Meram., X1,p. 259, etla note de Brorkauxs , sur Tibulle, p. 62. Un autre temple d'Isis se trouvoit sur le mont Aventin. Voy. Lumispen, Antiquities of Rome , p- 168. Il se tenoit dans ces temples des assemblées où, grace à l'en- tremise des prêtresses , régnoit la plus grande dissolution ( Zsiacæ sa- craria lenæ , Juvexa. VI, 488 ). Lorsque les femmes vouloient s’y rendre , elles disoient qu’elles avoient fait à Isis vœu de chasteté pour tant de nuits ( in casto Isidis esse. ) ; et elles prétextoient des veilles sacrées dans son temple (excubias divæ juvencæ , Prorerce, If, 21 ). Mais ces actes religieux n’étoient imaginés que pour servir de mo- tifs apparens à leurs absences nocturnes et à leurs veilles impudiques. OvE , dans son Art d'aimer, 1, 77, conseille aux femmes de frè- quenter le temple d’Io ou d'Isis : « Ne fuis pas, dit-il, le temple « Memphitique de la genisse qui porte le lin; par elle beau- « coup de femmes sont ce qu'elle - même étoit pour Jupiter.» Voyez les notes de Burmanx le jeune, sur Pr perce, p. 548 et 455. "C'est ce libertinage des femmes qui engagea le Sénat romain à renou- veler fréquemment le décret de l'abolition de ce culte , et les loïs pénales qui y étoient relatives. Voy. Marrn. Ecrrrio, Senatuscons. de Bac- chanel. p. 85 et sniv., 44, et surtout Byxrersuorr, Dissert. 1, de Cuitu Religionis peregrinæ apud veteres Romanos, in Opuse. Fer. Argum. 348 Archæologie. assez libre, pour examiner avec attention les cor beilles de fleurs que les jeunes esclaves tenoient en- core sur leurs têtes, à la maniere des canéphores(13), et pour choisir ce dont elle pouvoit avoir besoin pour le soir (14). En apercevant une guirlande odo- rante de lotus d’Ægypte (15), elle dit à Spatale : (15) Canéphiores, porteuses de corbeilles. Tel étoit le nom des jeunes Athéniennes qui, dans les processions solennelles, portoient sur leur tête les corbeilles sacrèes. On en voit les plus belles représen- tations, en forme de caryatides, sur le Pandrosium d'Athènes. Voy. Sruant, Anriquities of Athens, t. II, p. 17. Dans ce pays, tout £e portoit sur la tête, comme cela se fait encore aujourd'hui, avec beau- coup d'adresse et de grace.-Aussi les anciens monumens offrent - ils souvent des génies, portant des vases sur leur tête. Voy. entr'autres Pitture d'Ercolano. 1. III, tav, 35° \ (14) À l'exception des sacrifices et des repas qui se faisoient le soir, il n’étoit pas permis aux Romains, ni hommes, ni femmes , de se couronner en public. Aucune mode ne pouvoit excuser ce manque d’usage et de bienséance. Voyez ce que disent sur Po/érnon, Horace (Sat. II, 5,254) «iles auteurs grecs, cités par Méxace, sur Dio- gène Laërce, IV 16. À Rome, un banquier, ( argentarius ) fut emprisonné pendaïl| des années entières, pour avoir, en plein jour, avancé hors de sa boutique sa lète couronnée de roses. Prin. XXI, s. 5,6, Les saturnales" seules accordoient à cet égard quelques liber- tés. On ne voyoit jamais dans l'antiquité les femmes paroître en public, le sein paré d’un bouquet, ou la tête entourée de guirlandes de fleurs. Il n'y avoit que les animaux destinés aux sacrifices, que lon pro- menât avec des couronnes dans les rues et sur les places publiques. (15) I s’agit ici du lotos aquatique du Nil, du nymphæa lotos ( xonoxastoy }; qui étoit pour les AEgyplens le symbole de la fructification, et du zymphæa Nelumbo ( xiSapioy 7e qui avoit obtenu dans l'Inde les honneurs divins. Voy. R. P. KNIGHT, accounë of the remains of the worship of Priapus, p. 85. Dans le drame. de Sakontala, les feuilles du nymphæa Nelumbo servent de vases à boire et d’éventails : on les y emploie aussi à écrire des lettres. Voy. Toilette. 349 « Vas dans ma chambre à coucher, mets cette guir- « lande autour de la statue d’fsis, qui se trouve « dans le petit temple d’or auprès de mon lit, et « n'oublie pas de secouer le sistre d'argent , en fai- « sant trois tours de droite à gauche (16); nous Sakontala, par G. Forster, p. 220, avec le glossaire, Quant aux honneurs que l’ancienne AEgypte avoit accordés au lotos; Voyez les notes de M. Lancéer sur Hérodote, t. 11, p. 547 et suiv. de la premiére édition, et M. Æurt SrrENGEL, antiquit. botan. spec. I, p- 56 et suiv. D'après ces données, il ne pouvoit pas y avoir de guirlandes plus agréables à la grande déessé®d’AEgypte , que celles de lotos. En effet, son image en est entourée sur un ancien vase de bronze, publié par Mann ( explication de différens monu- mens ‘singuliers, p. 144 ) et par Caxzus ( recueil, t. VI, p. 40 et suiv. pl. xv, fig. r B). Cet antiquaire pense mème que toutes les représentations de ce vase se rapportent à une fête particulière du lotos, qui doit avoir été annuellemeut célébrée en AEgypte. Mais les auteurs anciens n’en offrent aucune trace. Au reste, le nombre de petites idoles d’Isis, dont Cayzus seul a figuré plus de quarante, prouve suffisamment que dans les appartemens des anciennes Romaines , elles devoient se trouver presqu'aussi fréquemment que les images de la Ste. Vierge se voient chez les Romaines de nos jours. Les petits temples d'Isis (ædiculæ, vafrxot ) sont aussi très-anciens : il en est parlé dans les Actes des Apôtres. (16) L'usage primitif du sistre étoit, sans doute, d'accompagner en mesure les lamentations qu'on faisoit sur Osiris. Dans la suite, le véritable motif de cet usage se perdit, et il paroït que les Romains ‘secouoient le sistre à des heures fixes, comme aujourd’hui il y a des personnes qui font machinalement un certain nombre de prières. Ovine, (Amor. TILL, 9, 55.) dans un accés de mauvaise humeur s’écrie : quid nunc AEgyptie prosunt sistra? Baccamus et Tozzrvs ont écrit sur les sistres , des dissertations particulières , qui se trouvent recueillies dans le sixième volume du Trésor de Grazvrus. Comparez aussi FABRETTI, À7S- criptt. p. 467 et 488. Mais ces explications ne me paroissent pas sufli= santes, 350 Archæologie. “ aurons besoin aujourd’hui de lassistance de Ja « grande déesse, qui nourrit et fait prospérer tous « les êtres (15). » Sabina demande alors à Glyceriam des nouvelles @e la flotte marchande (18) d'Alexandrie, qui étoit entrée l’avant-veille dans le port d’Ostie. « Qu’a- « t-elle apporté de nouveau? Quelles sont les cou- « ronnes des plus à la mode, depuis les derniers « jeux apollinaires ? Tu sais que tout le monde a « les yeux sur moi : mon mari donne aujourd’hui : - un grand diner ; il faut que je m’y montre parée “ dans le dernier goût. » Madame, répond , en faisant une profonde révé- rence, Glycerium qui rioit intérieurement, Îles fleurs de fantaisie en soie, d’après des dessins indiens, sont encore la mode Ja plus générale pour les cou- romnes à mettre sur la tête (19); et prenant la cor- bcile de dessus la tête d’un des garcons, elle ajoute, (17) Al faut se rappeler qu’on représente Isis comme une femme assise, portant sur ses genoux le petit Horus qu'elle allaite. C'est ainsi que Wincrezmanx l’a figurèe dans les monumenti inediti,n. 74, et qu'on la trouve sur beaucoup de bronzes et de pieires gravées. Voy. Nrssuur, voyage, t. J tab. xzrr. | (19) Cette flotte avoit le nom de cataplus. Voy. Savmaise, de mod. usur..p. 587: et SrANHEIM , de præst.et us. numism., 1.1, eg. 608. (19) Prise, XXE, 8. 8, citant Ja ‘dernière invention des cou ronnes, dit qu'on alloit chercher les feuilles du nard jusque dans le fond de’ l'Inde , ét qu’on faisoit aussi‘des couronnes veste sericauenr- sicolores ,'unguentis madilas. Telles sont les fleurs qu'on appelle en Allemagne feurs italiennes | et-dont l'odeur est autilicielles Conf. Saumarss , exercir, ad Solin. p. 592 et suive Toilette. 351€ en montrant une belle couronne d’une odeur aro- matique, voilà ce que les marchands de fleurs d'Alexandrie m’ont envoyé de plus nouveau. Cette couronne est composée de feuilles de lotos et de pard , imitées avec tant de naturel , qu’on les croi- roit cueillies aujourd’hui sur les bords de l’Indus ou du Gange. Elles ont été arrosées d’une essence de rose et de canelle nouvellement inventée , et apportée en Ægypte par la dernière flotte de l’Inde, Quant aux guirlandes de cou (20), le Nil même (20) Dans les repas joyeux, on employoit deux sortes de couronnes. Les unes se mettoient sur la tête , les autres autour du cou. Les méde- cins MXNÉSITHÉE et CALLIMAQUE Ont écrit des ouvrages entiers Sur les ‘premières ; et ont marqué celles qui peuvent affecter le cerveau. Les dernières ont été ‘inventées, parce qu'on avoit observé que les per- ‘sonnés qui se couronnoient la tête ne jouissoient pas du parfum des fleurs. Voy. Dusbuz sur Lucien, Nigrin. chap. 52, t.1, p.284, Tet Créwenr D’ArexanDere, Pædagog. liv. TI, chap. 8, p. 2rr, avec la note de Porter ]. On couronnoïit donc le cou et la Poitrine, pour ne pas perdre le plaisir de l’odérat. Cette dernière sorte de couronnes étoit appelte en grec dmoSueriadts ou do ui, c'est-à-dire, dont l'odeur monte. Woy. le passage classique de PLuranquE, Sym- pos. HI, 1. (t. XI, p. 114, édit. Hutt: ), et AiBenTt, sur Hesy- chius, t Il, c. 1470, 29. Ce qui désignoit, dans des temps plus reculès, des hommes livrés à la débauche, tels que Polémon (Horace, sar. 11, 5, 256) et Verres ( Cicéron, Verr. III, 27, scoronärm ‘halebat unam in capite, alteram in collo), devint par la suite une couturtie générale. Voy. Vuicarivs GazzicAn. Avid, “Cass. ch. 5, 1.1 ,'p. 455 : militi flvres de capite, collo et sinu excutiet. Dans les anciens monumens, les couronnes placées autour ‘du sein ‘sont le‘sÿmbole de la volupté. Pritture d'Ercolano, t II, fav: 12. Buonanrorr, osservazioni ‘sôpr. alcun. medagl. p. 447. Viscônrr, 24 Mus. Pio Clem.t. IV, p. 44, note f. Tiscusein, “gravures d'après des vases antiques, t. I ,'pl. 46; t. 41, pl. 47; t. III, pl. 10, 352 Archæolügie. n'offre rien de si beau que ces feuilles (21) de roses de Paestum (22) raugces sur des ba delettes d'écorce de tilleul, Vous savez qu’on a trouvé le secret de conserver ces feuilies plusieurs jours dans toute leur = | fraicheur (23) ; et lorsqu'il s’agit de boire les roses (2x) Les anciens distingunient deux sortes de couronnes, coronas plectiles, tressées, faites de fleurs et de brariches entières, et su- eiles, cousues, faites à l'aiguille, pou: lesquelles on n’employoit que des feuilles détachées de leurs calyces. Ce dernier raffinement p'avoit lieu qu'a l'égard des roses, dont les feuilles, jointes à Ja manière des écailles, formoient un lit épais. PLINE , toujours grave censeur, en parle en ces termes, XX1{, s. 8. eû luxuria proces- sit, ut non esset gratia, nisi mero folio sutilibus ( c’est ainsi qu'il faut ponctuer ce passage ). Pour douner un soutien aux feuilles rangées de celte manière, on les attachoit à des bandelettes d'écorce de tilleul, que les Romains désignoient par le mot grec philyra. Puxe, XV, 14,5. 25: Horace (eZ. 1 3%) proscrivant le luxe des couxonnes , dit : désplicent nexæ philyrä coronœæ. M! Mirscuenzicæ (t.1,p. 545) n'a pas bien entendu coronas sutiles. On voit sur le bas-relief d’un sarcophage du Musée Copitolin (1. IV, pl. 57) un génie porlant au cou une couronne de feuilles de roses, rangées comme des écailles. (22) Tout le monde connoït Jes roses de Pæsitum, qui croissent M deux fois dans l’année. Virrz. Georg. IV, 119. Des voyageurs modernes n’y ont trouvé que de simples roses de Damas. Cepen- dant un habitant du pays a assuré que les rosiers portoient des fleurs le printemps et l'automne. Swinsurne, Voyages dans les deux Si- ciles, 1. 11, p. 261. M. SEume, qui a visité cetie contrée en 1802, n'y trouva plus la moindre trace de rosiers. (25) Ïl ne fzut pas croire avec Pascaaztus , de coron. I, 15, p. 40 Cque Harpoun , sur Pline, n'a fait que copier), que ce soit par le moyen de la recette donnée par Arrcius (I, 4, p. 12, ed Lis- #er ) d’une compotte de roses, rosatu/n, qu'on puisse conserver Jes feuilles de roses dans toute leur fraicheur. Si on les metioit pen- Ti nn 3 Pr sue dant sept jours dans le vin, elles ne feroient probablement pas une M belle couronne. h des ” A dns ls Toilette, UE des couronnes (24), rien n’égale celles de Paestum. « Je ren rapporte à toi, Glycerium, lui dit « Sabina avec condescendance : donne moi une de “ ces couronnes de roses. Mais que renferme cette : “ autre corbeille où je n’aperçois que des plantes « vertes ? [a première marchande de fleurs d’Æ= « gypte vendroit-elle, comme la mère d’Euripide, « du cerfeuil et de l’anis (25) ? » À ces mots elle éclate de rire: la foule des servantes en fait au- tant (26), et montre du doigt la corbeille remplie de cerfeuil. Pardonnez-moi madame, dit Glycerium sans se déconcerter, de n’avoir pas commencé par vous montrer ce chef-d'œuvre d’un fleuriste de Tusculanum f Frascati); maïs vous w’aviez pré- venue par vos questions sur les nouveautés de ma patrie. Sachez done que ce sont des guirlandes d’a= che d’eau ou de persil ( apium) (27). Le jardinier (24) On effeuilloit les couronnes dans les coupes, et on les agaloit ainsi avec le vin. C'est ce que Pzins appelle boire Les couronnes; coronas bibere. Noy. l’anecdote curieuse de Cléopatre, qui guérit Antoine de sa méfiance contre elle, par le moyen d'une couronne empoisonnée, XXI, s. 9. (25) Dans les comédies d’ArisropHANE, ÆEuripide est souvent per- sifflé sur l’état de sa mère, qui passoit pour avoir vendu du cer- feuil et d'autres plantes potagères. Voy. BerGLer, sur Les chevaliers d'Aristophane. v. 19. Le poëte y a employé le mot diarnayd a . DATA s = (26) Rai rdol de rücy. Turocnrr. XI, 78. (27) L'espèce d’ache dont les anciens aimoient à faire des couronnes n'est pas celle des montagnes , nas celle d'eau, /a berle, (en alle= mand Milchpetersilie) Voy relativement à cette plante, les Frag= mens sur le Jardinage des anciens , note 55. Mag. Eucycl, Ann. VIL, 1. 11, p. 557 et suiv. Tome IlIle Z ' 354 Archæologie. de Tusculum prépare cette plante de manière que sou frisé ne le cède en rien aux beaux cheveux de Bérénice, Je suis sûre que si vous vouliez mettre ‘aujourd’hui dans vos cheveux naturellement bou- clés une guirlande de persil, elle feroit l’admira- tion générale. Il est vrai que nos ayeules en por- tèrent aussi; mais on n’avoit pas l’art de l’embellir. On raconte d’ailleurs les choses les plus curieuses sur son origine et sur ses vertus secrètes : on lui donne le nom mystique de sang des Corybantes. Mais je me fais , pour ne pas m’exposer davantage à vos railleries et à celles de vos servantes : et puis vous ne voudriez pas m’écouter à présent ; vous êtes oc- cupée, et Clio m’a déja prévenue que vous n’aviez pas un instant à me donner. L’adroite bouquetière savoit bien que ce discours ne feroit qu’exciter la curiosité de Sabina, et que les Romaines de distinction étoient aussi supersti- tieuses et aussi crédules pour tous les contes de bonnes femmes, que Îles dernières de leurs esclaves, Récemment encore la flutte arrivée d’Ægypte avoit apporté à Sabina quelques bouteilles d’eau du Nil, dont notre adoratrice d’fsis n'avoit pas manqué d’ar- roser le soir même la statue et le temple de la grande déesse (28). Glycerium , qui avoit été chargée de (28) On avoit vanté de tout temps les propriétés de l’eau du Nil, Voy. Marzrer, Description de d'ÆEgypte , 1.1, p. 29. Elle étoit pour cela exportée chez l’étranger. Sabina s’en sert pour arroser le temple d’Isis, à laquelle l'eau du Nil étoit, sans doute , aussi agréable que celle du Choaspe l’étoit aux rois de Perse, qui la faisoient Porter avec eux dans tous leurs voyages. Biusson. de reg. Pers, Toilette. 353 faire venir cette eau, ne se trompoit donc pas dans sa supposition, « Reste encore quelques momens lui dit Sabina, Pendant ce temps la je me ferai nettoyer les « ongles. Dis-moi comment fait le jardinier de « Tusculum, pour donner à son ache ce frisé vrai- « ment admirable ? Ne seroit -il pas un peu sor- « cier? » « Je ne doute pas, répond Glycerium , qu’il n’em- « ploie, en la plantant, quelques moyens secrets « qu'il seroit difficile de lui faire dire. Ce que je «“ sais, pour lavoir vu de mes propres yeux, lors- « que j'allai chez lui la semaine passée , le jour du « sabbat (29) , c’est qu'après avoir piétiné douce- « ment ses jeunes plants d’ache , il les passa au « cylindre (30). Il est probable qu’il répète cette, - princ. I,.p. 5o. Cet usage de l’eau du Nil est cité dans Juvéxaz VI, 627 : Si candida jusserit lo, a Meroë portabit aquas, ut spar- gat in ædem [sidis. J observe que Brobzau a mieux expliqué ce passage que Rurerrr . 1. 11, p. 556. Au reste, l'eau du Nil, dont on arrosoit les temples, rappelle l'eau bénite des églises chrétiennes, Les béniiers et les aspersoirs éloient égilement en usage dans les temples des anciens. Voy, Casauson, sur Théophr. p. 174, ed« Fisch. (29) Glycerium parle de la semaine et du sabbat, parce qu’elle est pioselyte de la religion juive On sait, par les satires d Horace, que Rome fou milloit, dans ce temps, de juifs et de sectateurs de leur culte. Couf. Bynke sHuex, de cultu r-ligionis perezrinæ apud veteres Romanos, 1. L, opp. p. 541, et Wazcu, dans les Comment. Nov. Soc, Gorting class. phriol. v. IL, p. 8 et suiv. (50) L'art de [are friser l’ache d’eau est très-ancien : THÉOPHRASTR en à parlé daus ses deux ouvrages botaniques, C’est là qu'ont puisé Za 356 | Archæologie. u« opération tous les matins, et qu’il rend aïnsi son « ache la plus jolie et la plus crépue qu’il y ait aux « environs.» [ci Glycerium s’arrête et paroît vouloir s’en aller. « Continue», s’écrie Sabina avec impatience. « Tu « m'as aussi vanté les vertus secrètes de cette plante, « tu m'as parlé de son origine sacrée et de son nom #“ mystique. Explique-toi , ou je ne t’acheterai plus “ une seule feuille de toutes ces herbes , qui pa- « roissent mieux convenir à Ja collection d’un rhi- - zotome qu’à la toilette d’une femme de distinc- « tion (31). » « La vertu secrète de l’ache est de corriger sur “ le champ la mauvaise haleine des personnes qui «“ en mangent les feuilles, J’en fournis régulièrement « une certaine quantité à la petite Arbuscula, dan- « seuse pantomime, qui loge derrière le temple de Pre et Corumrzrze, XI, 3. Voy. Scuwerper, Seripr. Rer rust. ï. 11, P. 2, p. 588. Les citations les plus compleites se trouvent dans les noies de Nicras, ad Geopon. XII, 25, p-. 899 Ce der- nieu passage explique aussi la manière dont on semoit l’ache. On enfermoit la semeuce dans des petits morceaux de toile fort mince, et on:la mettoit ainsi dans la terre. Ita omnium seminum germen capitis unius soliditate nectetur, dit ParLaprus. Les jeunes plantes 6e mêloient ainsi en poussant, (31) Sabina affecte , dans toutes les occasions, d'employer des noms grecs. lle auroit pû se servir du mot laïin erbarius. Les * Grecs nommoient rhizotomes, précTapeos , coupeurs de racines y cette classe de naturalistes que nous appelons botanistes, Les bota- nistes , Bélæricley > au contraire étoient précisément les ouvriers qui Barcloient les mauvaises herbes dans les plates bandes, Voy. SAumAïS5 ; ærolegom. ad Hyl Tarric. p. ax. Toilette. 357 « Ja Paix. On assure que c’est le moyen le plus « naturel, et le plus innocent de tous ceux que les “ médecins grecs ont indiqués dans leurs ouvrages « cosmétiques (32). Quant à son nom mystique, “ vous vous souvenez peut-être d’avoir lu une an- “ cienne tradition des Corybantes , ces forgerons « rebelles de la Crète. Lis avoient tué un de leurs “ camarades, ou leur troisième frère, comme le dit « Ja fable : ils couvrirent de pourpre la tête du » mort, et l’enterrerent au pied du mont Olympe. « Son sang produisit de l’ache : c’est pour cela que « dans les mystères ou orgies des Corybantes, il « fut de tout temps regardé comme un crime de « mettre de l’ache sur la table sacrée (23). » (32) Criton , médecin de la cour de Trajan, avoit recueilli et réduit en système tous les préceptes des anciens médecins cosmé- tiques. Dans le premier livre de son ouvrage, il parloit de diffé- rentes matières que l’on peut mâcher pour détruire l'odeur de la bouche, dispariueqe meos dursdiar. Voy. Farrrcrus, bibl. gr. vol. XIT, p. 689, prem. édir. Cet ouvrage étant perdu, il faut se contenter dés recettes conservées par Puxe , XXW, 13, s. 110. IL paroît que ce vice de l’haleine étoit autrefois trés-commun, puisque la langue latine l’exprime par un mot particulier, foetor , füerere. Pzine le nomme witium vel maxime pudendurm. VLonenrinus, im Geopon. XII, 25, indique l’ache mâchée comme un remède, et il obserre expressément que les danseuses publiques (a mi Cemis) en faisoient un fréquent usage, Nicz4s n'entendoit pas ce passage , et a voulu le corriger. (35) On doit ce récit à Czémenr D’ALexanDrte ( Cohort. aë Gene. p- 16), qui s’en rapporte à ce sujet aux hiérophantes des mystères. M. de Sainre- Croix, sur Les mystères du paganisme, p. 38 et suiv., explique cette fable, par l'efficacité de l’ache à procurer aux Femmes les règles supprimées par la peur. L’antiquité avoit une grande Z 3 358 Archæologie. « J’acheterai une couronne d’ache, s’écrie Sabi- « na, et tu verras, Glycerium, que sous pen de « jours tout Rome en portera comme du temps « d’Horace, il y a pres de soixante ans (34). » En effet, Sabina avoit plus d’un intérêt à choisir cette couronne : des débauches secretes avoient donné à son haleine, surtout le matin , une odeur qui res- sembloit à celle d’un Juif qui a jeûné (35). Aussi prenoit-elle habituellement, en se levant, et quel- quefois même dans le lit, une décoction d’anis et de maceron f smyrnium olusutrum, Linn. ) faite avec du miel et du vin; et dans ce moment même elle mâchoit des pastilles de myrte (36), pour dé- truire un mal sur lequel une importante question divisoit déja l'ancienne jurisprudence , savoir si ce- lui qui en étoit atieint devoit être regardé comme sain ou comme malade (37). La couronne d’ache, dont les feuilles réunissoient à la grace tant de fa- cultés salutaires, ne pouvoit manquer de plaire à Sabina. Isis elle -même lui avoit envoyé cette ex- cellente recette. Spatale rentre toute désolée, et raconte le mal- Er : : : 4 quantité de fleurs et de plantes, qui devoient leur naissance au sang des anciens héros. On pourroit écrire sur ces métamorphoses un ou- wrage entier, (69 OMR, 36,164 17,07, 1230 0IM, UT 15 (35) Voy. Ramirez, sur Martial, IV, 4. Jejunia sabbatariorum? les jeûnes de ceux qui observent les sabbats, p. 298. (56) Pasrilli. Voy. Lammin, sur Horace, sat. I, 2, 27. (57) Voy. sur cette dispute ridicule Cusacwr, Observ. XI, 10, €& Raminez, sur Martial, p. 284 et suiv, ë Toilette. 359 NE heur arrivé aux beaux fruits en cire , placés depuis longtemps comme offrandes au-dessous de l’image d'Isis, dans les deux petites cornes d’abondance en argent (30). « Le singe (39) de madame, dit Spa- “ tale, a trouvé moyen d'entrer dans sa chambre » à coucher , et a brisé ces fruits qu'il aura pris « pour des pommes, des poires et des noix vérita- « bles, » Personne n’étoit plus affligé de cette nou= vêlle que la gardienne de la chambre à coucher, Clio , qui avoit en effet commis une grande néoli- gence. Heureusement pour elle , Sabina, que la présence de Glycerium avoit bien disposée, regarda comme un bon augure que ses cornes d’abondance eussent été vidées. Elle s’écrie : « Bénie soit Isis, « la grande déesse !: Elle me comble de faveurs, « Jé lui voue trois oies (40), les plus grasses de (58) Deux cornes d’abondance, dont les pointes se croisent, pa roissent si souvent sur les anciens monumens , qu'il est inutile d'en ajouter la preuve. Je me contenterai de citer Passrrt, Gerzm. astri- Jer. t. 1, pl. 155. On s’en servoit principalement comme amuleties de fertiliié , ainsi qu’on le voit par le monument publié par Cawvs, - Recueil, 1, 1, pl. 86, no 1. (39) Quant aux singes, les dames de l'antiquité en étoient aussi folles que les nôtres Sabina avoit d’ailleurs une raison particulière d’aimer les singes, parce que les cynocéphales (simie Inuus , Lin.) étoient du nombre des animaux sacrés de l'AEgypte. On les figuroit en or et en argent, et on les mettoit dans les temples comme des représentations votives. Voy. Lucren, Toxaris ( chap. 28,1, Vi, p. 89). {1 en existe encore beaucoup en bronze. Caxzus, t. V, pl, 11 et 15; t. II, pl.6, no 2; t. VI, pl. 16. (io) L’oie qui joue un grand rôle dans la mythologie ( voy. Cax- aus, Recueil, à 1W, p. 116 et suiv. ), étoit un sacrifice très-agréabla Z'4 360 , Archæologie. « notre »#/la du faubourg ( villa suburbana ) , et « une lampe d’argent sur sa table sacrée. » « La perte peut étre facilement réparée, dit Gly- « cerium. Voilà des fruits en cire de la plus grande « beauté, tels qu'on les vend à Alexandrie pendant « la fête d’Adonis (41), et tels que nous en aurons « cette année pendant les Saturnales (42). Il est « vrai, ajoute-t-elle, en s’adreisant à Sabina, que « votre amie Ca/purnia me les avoit commandés ; « mais si vous les voulez, je vous les laisserai vo « lontiers. » Sabina n’avoit pas encore répondu, que Clio, toute tremblante, s’en empare et délivre Glycerium d’une marchandise dont elle auroit eu, dans cette saison , beaucoup de peine à se défaire, Là dessus, Glycerium et ses esclaves sont con- ë Jsis et Osiris. De là vient l’ansere magno corruptus Osiris dans Juvénaz, VI, 540. Les passages des anciens se trouvent cités dans Jasconsri, pantheon ægypt. P. 1x, p. 8. (1) Voy. l'addition de cette dissertation, sur les fruits et les fleurs en cire des anciens, p. 562 et suiv. (42) Il étoit d'usage, pendant les saturnales, de distribuer à ses amis toules sortes de friandises, de jouets et d’autres bagatelles, comme en Allemagne cela se pratique encore à Noël à l'égard des enfans. Les derniers jours de cette fête avaient pour cela le nom de sigil- Zaria. 1] me paroît que parmi les srgilla arte fictili, comme les momme Macrose, Saturn 1T,.11,il y avoit toutes sortes de figures et de fruits en cire, et qu'il en étoit de même des apophorétes qu'on s'envoyoit comme étrennes , strenae. La plupart des fruits que Manrraz, dans ses apophorétes, a honoré de distyques, ‘ainsi que les couronnes de roses qu’on se donnoit au milieu de décem- bre (festinatæ coronæ brumæ, Marriaz, XIII, 127 ), étoient probablement faits en cire. Des roses naturelles, venues en serres , auroieut été trop rares et trop chères. PS EN TS PT. ER UE Toilette. | 261 gédiés. Sabina dit à Clio : « paye sur le champ, « sans rabattre, tout ce que je Jui dois; n'oublie « pas non plus de lui donner les couronnes d’hier, « et ce qué j'ai mis à part pour elle, » C’étoit pré- cisément là ce que la bouquetière attendoit depuis longtemps ; Saturninus lui ayant expressément re- commandé de ne pas revenir sans la preuve que Sabina avoit accepté la couronne d’Isis. Clio, d’après l’ordre de sa maitresse, paye à la marchande 200 sesterces (43), dont une grande par- tie étoit pour récompenser ses services secrets. Elle Jui donne la couronne que Sabina avoit portée la veille , et qu’elle avoit quittée avant de se coucher, Cetie couronne étoit à moitié flétrie (44) , et n’a- (45) D'après Romé pe L’Isze (Métrologie, p.146.), 40 liv.de France, (44) L'envoi d’une couronne à moitié flétrie, qu'une femme aimée ayoit porté la nuit précédente, étoit une des galanteries les plus communes chez les anciens. Elle y joignoit ordinairement quelques pommes, dont elle avoit mordu un morceau. Lucrex dit de la co- quetie Chariclée, Toxaris, chap. 15: « Il lui venoit de la part de « Chariclée des lettres d'amour , des couronnes à moitié flétries, quel- « ques pommes dont elle avoit mordu un morceau, ct d’autres galan- « teries que les femmes savent si bien mettre en usage, pour en- « gager insensiblement les jeunes gens dans une passion, en leur æ faisant croire qu’elles ont été les premières à s’enflammer. » Az- creuron, III, 62, a imité ce passage de Lucien. Voy. M. Wacnrrs t 1l,p.191; Marrraz, XI, go, s'adresse ainsi à Polla: Tntactas quare mittis mihi, Polla, coronas ? A te vexatas malo tenere rosas. (Pourquoi, Polla, m'envoyer des couronnes si frafches ? J'aimerois mieux tenir des roses que Lu aurois éparpillées. } Ce sont surtout les rosæ vexatæ qui font le charme de l'amour. Burwanx sur Perrone (chap. 60, p. 509.) a bien expliqué le mot Wexaiuss 362 ÆArchæologie. voit d'autre odeur que celle des parfums dont on Pavoit arrosée. Une figue de Chio (45), dont Sa- bina avoit mordu un morceau, complette l’envoi symbolique. Elle auroit préféré une pomme, si la saison en avoit offert de fraiches. Sur les fruits et les fleurs en cire, des anciens. Les anciens avoient tant de petits ouvrages en cire, et ils employoient cette matiere avec tant de succès (46), que, sans autre preuve, l’analogie seule: sufhroit pour faire conjecturer que les fleurs et les fruits en cire ne leur étoient pas inconnus. [l exis- toit autrefois une classe d’artistes que les Grecs dé- signoient par le nom de xeporadtes (47) | faiseurs (45) Ta figue de Chio étoit, parmi les vingt-neuf espèces citées par PuINE, celle qui passoit pour avoir le goût le plus piquant, et qui ressembloit à celui d’un vin vieux. Voy. Marrraz XIII, 20. Seni similis Baccho. Les figues étoient un présent très - ordinaire entre amis. Dans les OFuvres de Juzren, il y a une lettre à Séra- pion (XXIV, p. 590 Opp.), dans laquelle cet empereur fait l'éloge des figues. Cette lettre étoit accompagnée d’un cent de ces fruits. (46) Je ne rappellera ici que les empreintes en cire des sceaux ou des cachets, Ja cire colorée peur la peinture encaustique , et le vernis de cire pour lés statues et les murs de marbre. Pine XXI, 15, s. 49. Cera pigmentis traditur ad innumeros mortalium usus. Voyez, relativement au vernis de cire, REQuENO saggi sul restabilmento dell’ antica arte de’ greci Pittori, t 1, p. 517-271. (47) Des détails intéressans sur cette classe d'artistes , que les Ro- mains appeloient probablement sigillarii, sigilliarit (Voyez Fa: BRETTI /nscr/ptt.) se trouvent dans Porrux, X, 189. Voyez la note de HemsrerHuys sur ce passage , et Ruaxgen sur Timée, p. 165.166, dern. édit. Tout le monde connoit l'Amour en cire, chanté par Axas Toilelte. 363 de poupées. Ces artistes rivalisoient avec les sta- tuaires et les fondeurs en bronze, en imitant en cire les plus belles figures. Il est probable que leurs talens s’exerçoient aussi sur les objets naturels, que la cire peut imiter avec une grande ressemblace. Si l’on observe de plus que l'antiquité ne manquoit pas d'occasions où les fruits artificiels étoient un or- pement indispensable, on ne doit presque pas douter que la cire sur laquelle les jeunes écoliers essayaient quelquefois leurs naissantes dispositions (48), n’ait été souvent employée à représenter des fleurs et des fruits. Cette occasion se trouvoit dans une des fêtes les plus solennelles de l’antiquité, celle d’Adonis. Son créon. On peut expliquer par là la marchande d’amours, tant de fois imitée d'après les peintures d'Herculanum. Voyez le fragment d’Eu- guzus, dans ATHÉNéE, XIII, 2, p. 562C. On voyoit souvent dans les chambres à coucher , de beaux garcons en cire, comme on y place aujourd'hui des portraits et des bustes. Strarox, épigr. XXV. ( 4na- Zect. v. IL, p.565.) Dans un passage de Pur , VILL, 54, s. 80, il est question d’un singe qu savoit jouer à l'espèce d'échec, connue des anciens. Les pions, dit Pre, étoient des figures de cire , fictæ ceré icones. | (48) On se servoit autrefois , pour écrire et pour dessiner , de tablettes enduites de cire; quelquefois les écoliers enlevoient cette cire , pour en faire de petites maisous et des figures d'animaux. Lucren dit, dans sa vie (t. 1, p. 5): «Mon père jugeoit de mes dispositions pour & la sculpture, par les petits ouvrages que je m'amusais à faire en « cire. Lorsque je sortois de l’école, je grattois la cire, et j'en = formois des bœufs, des chevaux ou des hommes, par Jupiter , « trés -ressemblans , à ce que disoit mon père ; ce qui me valoit » « bien des coups de la part de mes maîtres. » Comparez aussi es Muées d'AntsroPHAnE, v. 879, où ilest dit que le jeune Phidippide s'amusoit à faire de petites maisons, 364 ÆArchæologie. culte, aiusi que celui de Vénus, étoit venu dans. la Grèce, de la Syrie et de la Phénicie. Adonis ou : Thammutz, étoit le symbole de la mort et de la! génération de la nature. Sa fête se célébroit avec « beaucoup de luxe vers la fin de l'hiver; dans lé. temps où la terre recoit les premiers rayons du so- leil , et paroit sentir le réveil de ses forces créatri- ces (49). Elle duroit plusieurs jours ; les femmes « y faisoient alternativement des lamentations et des cris de joie. Pendant cette fête, un ancien usage 1 vouloit qu’on exposât dans les maisons des pots de fleurs, des Corbeilles remplies de fruits, et des vases où l’on avoit semé différentes plantes. Cependant, vers la fin de l’hyver, les fleurs et les fruits natu- rels étoient tres-rares, même dans les doux climats de l’Asie; et de la Grèce. L’art suppléoit donc à-ce défaut; et au lieu de fruits naturels, on se servoit, pour former ces petits jardins (50), de fruits imités en cire, Je crois qu’on employoit aussi la cire dans beaucoup d’autres usages sacrés , par exemple , | lorsqu’il falloit exposer des vases et des cornes d’a- bondance remplis de fruits, et qu’on suspendoit des guirlandes de fruits aux autels et aux colonnes des (49) Ni Meunsius, dans sa Græcia feriata, ni Banrer, sur le culte d'Adonis ( Mémoires de littérature, 1. IT, p. 107 et suiv. ), n'ont déterminé la saison dans laquelle les Adonies étoient célébrées en Grèce. Mais on voit par un passage de Pzurarque ( Vie de Nicias p. 552 B.), qu’elles avoient lieu dans le printemps, et par- conséquent dans une saison où il ne peut être question de fruits mûrs naturels. Voy. Groppeck, 4donia ( dans ses Antiquar. Versuche; I. Sammi. Lemberg, 1800), p. 150+ (50) Zdylle, XV, 1x2 et suiv. \ , + Û ÿ QU à .\ Toilette. 365 temples. THÉOCRITE nous a laissé une description dramatique des Adonies , célébrées à Alexandrie par Arsinoé, femme de Ptolémée Philadelphe.,1l y est question de l’estrade ( castrum doloris) sur la- quelle reposoit l’image d’Adonis, et des décorations dont elle étoit entourée (51). « Près de lui ( Ado- « nis) sont placés des fruits mûrs que portent les « arbres, de jolis jardins renfermés dans des corbeilles « d'argent, et des vases d’or (52) remplis de par- « fums de Syrie. Là sont rassemblés toutes sortes « d'oiseaux el animaux terrestres 3 là s'élèvent des « berceaux de verdure que le mol anethum couvre « de ses feuilles, etc. » s Les-interprètes les plus savans de THÉOCRITE (53} ne paraissent pas avoir remarqué combien il. étoit difiicile de trouver, dans cette saison, toutes sortes de fruits à leur maturité. Cette difficulté disparoît si lon observe qu'il s’agisoit de fruits en cire. Ceia peut servir aussi à faire comprendre le sens parfait et véritable d’un ancien proverbe qui nom- moit Jardin d’Adonis , les choses passageres dont | Vextérieur trompeur promet une stabilité qu’elles ? : à n’ont pas (54). Les anciens racontent une histoire arrivée dans un autre temps, à la même cour d'Alexandrie, et qui prouve également que lon y connoissoit les (51) VarckeNAER même ne paroît pas avoir imaginé cette difäculté, Voy. son commentaire, p. 599. (52) Voy. les interprètes d'Hésycurus, t. 1, c. 105, 5, et Wxr- MŒENFACH , sur Plutarque , de sera num, vind. p. 79. (55) VIT, 177, avec les notes de Casauson et de Mäixacz. » (54 VILL, 15, p. 554 E 366 Archæologie. fruits en cire. Sphærus du Bosphore , philosophe stoicien et disciple de Cléanthe, fat appelé par. Ptolémée Philopator à Alexandrie, Le roi le faisoit. diner quelques fois à sa table, pour se divertir des. paradoxes de la philosophie dont il faisoit profes- sion. I] paroît que Ptolémée aimoit surtout les dis. sertations de Sphærus sur les caracteres des idées. dont résulte un jugement ou un axiôme, Les phi- losophes stoiciens assuroient la vérité des images reçues par les impressions des sens : ils ne les pre- noient pas comme les académiciens pour des illu=, sions, mais pour des idées positives. [ls distinguoient ces idées d’avec de simples opinions, et disoiert, avec cette modestie qui caractérise les philosophes de tous les temps, que le sage »”’opinoit jamais, mais qu’il avoit sur toutes choses des connoissan ces positives. Un jour que Sphærus défendoit cette, these, le roi, pour le réfuter, fit servir un plat de» grenades en cire. Sphærus les prit pour des fruits vaturels; sur quoi le roi s’écria que , trompé par les sens, il avoit fait un faux jugement, Sphærus! répondit sur le champ: « Je n’ai pas jugé que ce « soient des gre: ades ; mais j'ai jugé qu'il étoit pro « bable que ce fussent des grenades; et il ÿ a de « la différence entre une idée positive et une pro= « babilité, » Telle est l’anecdoteque raconte DIOGÈNE LAERCE, dans ses Vies des arciens Philosophes (55). ATHÉ< (55) Voy. Ménace, sur Diogène Laërce, t. 11, p.337. ErtcriTE a également pensé à celte anecdote , lorsqu'il parle de l'illusion des seus , d'aprés laquelle la forme et le contour d’un objet ne doivenk Toilette. 967 NÉE (56) la cite aussi; mais au lieu de grenades, il fait servir des oiseaux en cire, ce qui n’est pas probable. NÉMÉSIUS a vraisemblablement pensé à cette anecdote, lorsqu'il parle de lerreur que l’on peut commettre, de prendre des pommes de cire pour des fruits véritables. Il attribue cette erreur au jugement et non à l’œil (57). Ceux qui connoissent la peinture encaustique, et les différens mélanges des couleurs avec la cire, dont les anciens se sont servis aux époques les plus brillantes de l'art, sauront qu’il étoit facile à leurs artistes de donner à chaque couche de cire les nuan- ces les plus variées. Je crois par cètte raison qu’ils n’avoient pas besoin pour leurs fruits de cire, du vernis que nous employons pour les nôtres. Ce ver- nis les préserve de la poussière, mais il leur donne une espèce de luisant qui ôie lillusion et rend les fruits moins parfait. Je pense qu’il n’en étoit pas de même des anciens ouvrages de ce genre. Je m’en rapporte à ce sujet à VARRON, cité par PLINE dans son Histoire Naturelle. Il dit avoir connu à Rome un artiste nommé Posis , qui faisoit des pommes et des raisins avec tant d'adresse, que les connoisseurs les plus exercés ne pouvoient pas , à pas suffire pour croire que ce soit Pobiet Ini-même. « Ainsi, dit-il, « pourroit-on dire qu’une pomme de cire eût du goût et de l'odeur, » Conf. Anrran. diss. Epict. AV, 5, t. 1, p. 600, édit. Schweïgh. (56) Marcus Varro tradit Romæ sibi cognitum Posin nomine; à quo facta poma et uvas, ut non posses adspectu discernere & veris. Puis. XXXV, 12 et suiv., 45. (57) Chap. 25, ên Script. hist. aug. 1 I, pe 800. 368 Archæologie: la vue, les distinguer des naturels (58). On pour- roit , à la vérité, dite que PLINE ne parle pas d'ou vrages en cire, mais en argile, Zoreutica, dont il est question dans tout ce passage. Mais on sait avec quelle vitesse PLINE à compilé son ouvrage; et comme il n’est pas probable qu’on ait fait des fruits eu argile avec autant de naturel que le dit VARRON, il me-sera permis de conjecturer que le mat plas- Les, qui se trouve dans l’original, est emploÿé pour des artistes en cire et non en argile. Je finis ces fragmens par une anecdote racontée par Lampripius dans la vie d'Élagabale. Cet empereur débauché trouvoit un singulrer plaisir à donner des repas où il faisait servir, imités en cire, tous les mets qu’il mangecit lui-même. Après cha- que service, les convives étoient obligés, selon Pu- sage, de se laver les mains comme sils les eussent salies ; on leur présentoit ensuite un verre d’eau, probablement pour aider la digestion. Cette mau- vaise plaisanterie d’Élagabale rappelle les pâtés de carton que l’on sert d ns quelques pays, pour rem- placer ceux qui devroient garnir la table, (58) On faisoit aussi des fleurs et des guirlandes en cire, comme Je prouve un passage d'Acrémipore Î, 79, p. 67, où cet auteur dit que les gunlandes de cire, vues en songe. annoncoient des ma- ladies et mêime la mort. Riçauzr, p. 41, parle à cetie occasion de sortilèges. Pascnazius, de coronis , IV, 4, p. 216 , approuve cette opinion, parce que dans l’ancienne magie, on se servoit souvent de figures en cire, Mais ils ne pensoient ni à des fleurs, ni ä des feuilles de cette matiè e, que cependant on connoît encore aujour- d'hui, On s'en sert, dans quelques parties de l'Allemagne, pour orner les couronnes qu'il est d'usage de mettre sur la tombe des morts, VARIÉTÉS, RON mu TE VARIÉTÉS, NOUVELLES ET CORRESPONDANCE LITTÉRAIRES. NOUVELLES ÉTRANGÈRES. CoNSTANTINOPLE Le docteur VALLI, qui s’étoit inoculé la peste avec le virus de la petite-vérole, et n’avoit souffert que de foibles affections, fréquentant toujours l’hô- pital des pestiférés, et soignant les malades , a été attaqué, à la fin, par la peste, et a eu deux bubons, Comme il y a onze jours qu’il est malade, on espère qu’il en guérira. LoNDRES. Le docteur BEATTIE, professeur de logique et de philosophie morale au collége Marishal, est mort le 18 août à Aberdeen, à l’âge de 68 ans. Il s’étoit acquis, parmi les auteurs vivans, une juste célé- brité, par son beau poëme du Menestrel, et plu= sieurs autres ouvrages de poésie. Tome LIL, Aa 370 Nouvelles littéraires. Notice bibliographique des ouvrages qui ont paru en Angleterre , sur les Arts , les Ma- nufactures, le Commerce , la Technolo- logie, etc., pendant les années 1709 et _ 1800 Depuis lPannée 1754 il existe à Londres une société pour l’encouragement des arts , des manufac- tures et du commerce, qui contribue beaucoup au progrès des arts, ainsi que celle de Bath: Outre cette société, il s’en est formé une autre à Londres, sous le titre de Commission d'agriculture ; quoique ce nom ne promette pas beaucoup, cette saciété a cependant de grands mérites, comme on le peut voir parles écrits qu’elle publie. Outre ces deux établissemens , on re- marque encore l’Institut royal, fondé en 1800. M, pE RuUMFORD contribua beaucoup à former cet ins- titut qui, sans négliger entierement l’agriculture, a cependant pour objet principal de favoriser le pro- grès des arts et des manufactures. Quoique ces deux dernières sociétés aient été souvent l’objet des rail- leries de leurs adversaires, elles n’en ont pas moins continué leurs travaux. Nous en donnerons ici un court résumé : le XViï1.® volume des Transactions of the Society for the encouragement of arts, ma- nufuctures and commerce, a paru en 1799; on y pro- pose des prix pour les nouvelles découvertes de lagri- culture ; ce volume contient des traités sur différens objets, entre autres sur la culture des terres dans le parc royal de Windior , ce qui prouve encore Pamoür Nouvelles littéraires, 371 que porte le monarque pour l’économie ; sur le trai- tement du trèfle, et la manière de le garantir contre Phumidité de la saison ; sur la nourrituie du bétail ; sur Ja manière d’engraisser les terres ; la culture des fruits : ces traités sont de différens auteurs Par rap port aux arts, on y remarque une Continuation du traité de SHELDRAKE, sur la peinture à l’huile, la description de la méthode de miss KNIGHT, pour bronzer et pour marbrer les ouvrages en plâtre ou en terre cuite; celle de M. NioxoLsON , pour produire la lumière sur des dessins colorés. La mécanique y a été enrichie par quelques mémoires de MM. Hy= NAM et GooDRICH , qui ont pour but les progres de l’art de l’horloger ; la description d’une machine pour garder l’équilibre dans les puits profonds des mines, par FEATERSTONEHAUCH. Quant au com= merce et aux colonies , on y trouve une notice sur la culture de l'arbre à pain en Jamaïque : la plu- part de ces traités sont ornés de gravures, Ce volume est encore enrichi du portrait de M. Pierre T'emple= man , premier secrétaire de cette société , dont le successeur , M. Mor, fut remplacé par M. Chares Taylor de Yorkshire, qui est un homme de beau- coup de mérite. ET EE Les mêmes louanges doivent être attribuées au secrétaire de la société de Bath, à M, MATTHEwWESs, éditeur et auteur de la préface, du neuwvieme vo- rex ts RE SETSS 4 lume des Letters and Papers on agr culture , planting , etc. selecied from the correspondance of the Bath and West-society for the encouragement of agriculture , arts, manufactures and commerce; London by Dilly Aa 2 EST 2-4 A 372 Nouvelles littéraires, 1799: On indique dans cette préface les sujets dont la société s'occupe. Les mémoires envoyés à la société, ont presque tous pour objet l’économie et l’agriculture ; on ÿ trouve entre autres , une réponse sur la question proposée par la commission d’agri- culture, sur la végétation , par M, Th. Parson , menie bre de la société de Bath. Cette commission vient de donner une seconde partie de ses Communications, London by Nico! 1800, et plusieurs descriptions de l’économie rurale dans les différens counties de l’An- gleterre et de l’Ecosse : quant à l’économie des counties de l’Angleterre, nous remarquons surtout les traités de MM. J. BaïLeY et CULLEY , sur le Northumberland, concernant les productions de ce comté, principalement les charbons de terre et la pêche du saumon, et un traité sur l’économie de Westyorkshire par .M. Rob. BROWN : quant à l’'E- eosse, nous remarquons Ja description du comté de Perth par M. ROBERTSON; curé de Callendar, et celle du comté d’Ar2yl par M. J. SM1TH , curé à Cambleton. - Après tout ce que nous avons dit de cette société appelée commission d'agriculture, on ne peut plus douter de son utilité ; elle a cependant encore beau- coup d’ennemis; c’est ainsi qu’elle est fortement critiquée dans À letter 10 the R. H. lord Somerville, late president of the Board of agriculture with à view, 10 shew the inutility of the plans and re- searches of this institution , and how it may be em- ployed in others more bencficial : with remurks on the recent communications of the Board etc. By &- EN. Me Nouvelles littéraires. 373 society of practical furmers, etc. London by Caw- thorn 1800. L'auteur de cette lettre blâme surtout ses plans, et la futilité des objets dont la société s'occupe, Plusieurs de ses observations sont tres-fondées, il a raison , surtout lorsqu'il dit que la société ne s’oc- cupe pas assez de véritables améliorations pratiques, Malgré tous ces travaux sur l'économie et l’agricul- ture , l'Angleterre manque encore d’un établissement scientifique pour l’enseignement de ces sciences; car dans celui convu sous le nom de royal Insii- tution , on les traite trop superficiellement ; ou ne s’y occupe d’ailleurs qu’a former des plans, et les societes d’agriculture se contentent ce faire publier les traités que différens économes leur envoient ; quelques économes zélés voyoient bien ce défaut, ils publierent des écrits : parmi eux on distingue M. Humphrey MARSHALL, qui a donné un ouvrage iotitulé Proposals for à rural Institut or college of agriculture and the o'her branches of rural economy, London by Nicol, 1800, in-8.° Ce petit ouvrage fit une graude sensation : on s’occupoit alors à Lon- dres à créer un pareil institut, et on réussit ; nous ignorons sil a eu du succes. Ce même MARSHALL publia encore, en 1779 , Mi- nules, experiments, observalions and general remuiks, on agricullure, in the southern countries ; u new +d& tion. Tho which is prefived a shetch of the vale of London: and outline of its rural economy, new» first publ. London by Nicol, 2 vol. Dans cette topographie économique, les géographes trouveront beaucoup de choses qui pourront les intéresser. Un autre éco- Aa 3 + 374 Nouvelles littéraires: nome, M. James ANDERSON, publie un ouvrage périodique qui ‘concerne surtout l’économie , il est intitulé : Recreations in agriculture, Natural His= 1ory, arts and miscellaneous litterature. Plusieurs économes ont travaillé à cet ouvrage; M. FORSYTH. y a inséré des observations sur la révivification des arbres vieux et malades. Un autre ouvrage qui a paru en 1800, est intitulé : Farmers Mugazine con- sisting whol!y of original papers exclusivelÿ devoted 1o ugricu'ture and rurul uffairs. London ( by Long- man), et The new farmers calender, ete. London by Symonds. 1800. Un livre tres -utile dans son genre. ‘ M. J. BANISTER, économe distingué, à Horton Kirby dans le comté de Kent, avertit, dans un ou- vrage, ses confrères de ne pas regarder l’agriculture comme une chose qui ne mérite aucune attention, Cet ouvrage porte le titre: À Synopsis of Hus- bandry , being cursory Observations in the several branches of rural Œconomy , adduced from long and practicul Experience in a Jarm of considerable extnt ; London, by Robinsons, 1799. Il y traite Pagriculture et Part vétérinaire d’une manière aussi systématique qu’agréable, Erasmus Darwin publia, à cette époque, sa Phythologia, or the Philosophy of agrüulture and gardeninx; with the Theory of draining Morasses and with an improved Construction of the Drik. plough, London, by Johnson, 1799, 4 H come mence par une Physiologie de la Végétation, dans laquelle il établit, avec beaucoup d'esprit, que Nouvelles littéraires, 375 les plättés né sont qu’un oidre inférieur d'animaux 3; il les traité comme tels d’après l'anatomie et Ja physiologie, D’après cette idée, l’auteur montre com= ment il faut soigner les plantes dans leur enfance En péndant léur accroissement ; à l’époque de la vieil, Jesse , ét dans leurs différentes maladies. H termine. son oûüvragé par un projet d'établir des classes et dés ordres plus naturels, dans une partie du sys- tème de Linné, en ne prenant pour base que Îa. position des étaminés, combinée avec leur nombre. . L'ouviäge de Rich. STÉELE, intitulé: Essay upon gardéning , containing a catalogue of exotic plants for thé Stoves and green Houses, etc., Londres “4 chez Hurst, 1800, ne contient que des choses qui ont été mieux dites avant lui. On doit remarquer encoré différens ouvrages qui traitent de la culture d’une seule plante ; tels qu’un traité de M. W. DaLcRzMPLE, sur le froment ; un autre dé M. STACY, sur la culture des raves ; un de M. W. TatnaM , sur le tabac. £ Sur l'éducation des abeilles, l’onvrage classique dés Auglois est celui de M. x intitulé : Bee=_ Master. Depuis, il en a paru un autre du même mé- rite , intitulé : General Apiariün, by J. Isaac; Londres, chez Johnson, 1799. L’auteur la dédié à la Société d'Exeter. Un objet plus important pour ; l'Angleterre, c’est l’éducation et l’entretien des mou- tons; cet objet est devenu encore plus intéressant, par les discussions sur la question de savoir : si on devoit préférer la laine espagnole à la laine angloise. Le lord SOMERVILLE, qui étoit pour la laine angloise, | Aa 4 376 Nouvelles lirtérarres. a publié un livre intitulé: Address 10 the Board of Agriculture on the Subject of Shecp and Wool on the 14 of may 1599. Sa réiutation parut sous le Utre : An Answer 10 lord Somerville | où l’auteur étoit d'avis que les draps fins fabriqués avec de la laine espagnole, valoient mieux que les drass fa- briqués avec de la laine angloise seule. Mais il parut encore une réponse : Kep/y 10 a Treatise cal= led an Answr. Cette dispute dia encore jusqu’à Pan 1800, comme le prouve l’ouvrage de PARRY, intitulé : Fucts and Observations tending 10 shew the Practicability and Adrantuge to the individual and the nationul, of prodacing in the Bristish isles clothing col equal to that of Spain, London, by Caiel et Davies, 1800, in-4.° L'’écuyer J. ADAMs a publié :a première partie de son système général de la connoissance des che« vaux, sous le titre d’Anulysis of Horsemanship ; London, by Cade!! and Duvies , 1800. L’auteur y promet de faire connoitre cet art aux personnes qui voudroieut le savoir en peu de temps. Des con- noisseurs ont tiouvé ce livre très utile, et ont desiré que l’auteur le continuât. M. Ed. COLEMAN, cé- lebre par son art de ferrer les chevaux , et professeur à l'Ecole vétérinaire de Londres, a publié un autre ouvrage très-utile, sous le titre de : Observations onthe Formation and uses of the Horse; with a Descrip- tion of a Paltert artificial frog to prevent, and cure contracted hoofs , thrushes, cankers and sand cracks : London, by Johnson, 1800. Un adversaire de Co- leman étoit J. Lane, qui réfuta cet ouvrage sous Nouvelles littéraires: 377 le titre: The Principles of english Ferriary vindi- cated: London, by Egerton, 1800; cet écrit con- tient des remarques sur le faux systéme de l’école vétérinaire ; on y trouve encore des observations sur le système de Solleysell, de Saunier, de Lafosse, et lPauteur établit que les Anglois sont plus versés dans cet art que tous les autres peuples. Il y a encore un autre ouvrage de ce genre, celui de 77. MooR- CROFT , intitulé : Cursory account of the various Methods of shoeing Horses hütherto practised, with äncidental Observations ; London, by Nica/!, 1800. Un inconnu a publié encore sur cet art: Manual for the use of Coachmen, Grooms, Ostiers and a!l per- sons , concerned in the care nd management of Horses. London , by Lee and Hurst, 1800, ouvrage qui contient aussi les remèdes contie les maladies auxquelles les animaux sont sujets. [la paru aussi des ouvrages sur la chasse et la pêche. Le baronet T'h. FRANKLAND a donné: Cuutions 10 young Sports- men. London, by Rob:on, 18c0. Un autre ouvrage plus recommandable est celui de M. Sam, TAYLOR, intitulé: Angling in all its branches reduced to a com- plete Science. London , by Longmun, 1800 On trou- vera dans ce livre les résultats de plus de 40 années d’ebservations, la description des comtés, où plu- tôt de leurs fleuves, etc. Les progres de la technologie sont encore plus considérables depuis l’application de la chymie et de la mécanique : on trouvera indiquées dans les journaux anglois beaucoup de ces nouelles décou- veites qu’en doit à la chymie. Au reste, on s’0ç- 378 Nouvelles littéraires: cupe plus de la pratique que de la théorie des fabri- ques et des manufactures. H1icGins, professeur dé’ ‘minéralogie et de chymie à Dublin, a publié 4n Essay on the Theory and Pratice of Bleaching wherein the Sulfurit of Lime is recommended as a Substuut for Pot-ash; London , by Fernor and Hood, 1799, qui ne contient rien de nouveau. Mais un ouvrage du comte de THiViILLE mérite plus d'attention. Cet ouvrage est intitulé: An Es- say on the means hitherto employed for lightine Streets and the Interior of Houses , and on those’ whuch may be subsiituted with advantage in their Stead ete. London, by Richardson, 1800. — J." WPilkes’s Art of making Pent scientificoty, London , by Crosby, 1800, fait connoitre uné nouÿelle inyen- tion d’une Penmuns Too! Box. Le papier étant devenu éxtiémement cher en An-° gleterre’, on s’est beaucoup occupé d'inventer de nou- velles soites de papier. — C’est sur ce sujet qu'a été publié : An historical Account of thé Substances wich hdvé been used 10 describe events and convey Ideas ; printed on the fir:t Paper from Strawalone ; Dh an cppendix printed on Paper, from Food ulones Londün, by Richürdson, 1800. Un Fondeur dé cà=" ractèrés, Ed. FRY , à publié un ouvrage intilulé=: E , AR ».à i i) )] Pantographia ; conltuimtng accurate COPICS of allthe known Alnhubets in the World, together with an * " « : » english 'Exhlanution of the peculiar force of each Letter, 1o which are adüed specinens of well au-” théhticat @ oral Languages , forming a comprehen= * sie Digest of Phonology. London, by Arch; 17093" Nouvelles littéraires. 379 qui ne répond pas tout-à-fait à ce titre. L'auteur a copié beaucoup d’articles de a et de Fournier. f Pour faciliter la correspondance du commerce , un Anglois a publié un ouvrage en françois , intitulé: Le Négociant universel , ou Recueil de Lettres originales ; by G. K&eGan. London, by Vernor , 1799. Cet ou- yrage est recommandable à tous ceux qui se vouent à cet état. Nous citons encore un essai intitulé : FOTHERGILL’S Essay onthe preseroution of Shipwre- ched Mariners ; in answer to the Price question pro- posed by the royal humane Society , 1.° what are the best means of preserving Mariners Jrons Shipwreck ! 2.0 Of Keecping the Fessel afloat? 3° Of giving assis- tance to the crew, when boats dure not venture oub 10 their aid ? London , by Johnson, 1799. On re- marque avec plaisir une nouvelle institution à Bam- berough Castle, qui a pour objet de sauverda vie et les biens de ceux qui font naufrage pres de ses côtes. Lettre du docteur Louis FALENTIN de Nancy ; au professeur MILLIN , à Paris, sur les Monumens antiques transportés d'Ægyple à Londres. J'ai l'honneur de vous faire passer une courte notice des principaux monumens antiques que Îles + . + « Anglois ont transportés d’Ægypte à Londres, et dont je vous avois parlé à mon retour à Paris, au commencement de messidor dernier. Je ne vous dirai 380 Nouvelles littérarres, rien que vous ne sachiez très bien aujourd’hui con+ cernant celui de Rosette, qui avoit été érigé en Vhonneur de Prolémée Epiphane , où se trouve l’ins- cription sur laquelle je vois que plusieurs savans se sont déja beaucoup exercés, si ce n’est que la pierre est une basalte d’un beau noir et très-bien polie sur la surface gravée. Je l'ai vue dans une des salles de la Société royale des antiquaires, Sommersct-house, où lord Hobard Va fait déposer pour étre soumise à l’examen des membres de cette Société, avant d’être placée au British-Museum , où sont les autres monumens. C’est là que l’on a tiré une copie très-exacte ou fac-simile des trois caractères de l’inscription, de létendue et de la forme de la pierre dont une fracture a enlevé des portions. Les gravures que je vous ai apportées , ainsi qu'à M. de Sacy , et que j'ai obtenues par la faveur du révérend docteur Henley, n’étoient pas encore en vente lors de mon départ. Ces gravures et les éclaircissemens qu’on en aura obtenus, ferent partie du quatrième volume des Transactions de la Société des Antiquaires. C’est pourquoi, selon lor- dre des planches, elles sont désignées sous les n.°® 5,6 et 7. Trois de nos collégues travaillent de leur côté à déchiffrer les exemplaires que j’ai présentés à. notre Société des sciences, lettres et arts de Nancy. * Le plus considérable de tous les monumens ri au British Museum, et un des plus curieux est le sarcophage d’4/e: hors C’est un beau granit vert que les Anglois nomment pierre de Bieschia, d'une seule pièce, creuse en forme de baignoire, Nouvelles littéraires: "36e L'ayant mesuré, jai trouvé que ses dimensions étoient à peu de chose près, 9 pieds 8 pouces de longueur, mesure françoise; à pieds 2 pouces de largeur à une extrémité; 4 pieds 1 pouce à l’autre; 3 pieds 6 pouces de profondeur , et 10 pouces d’é- païsseur dans sa circonférence. On aperçoit, sur les paroïs de ce grand vase ; beaucoup de pierres extrêmement dures, de nature différente du granit , qui semblent y avoir été in- crustées comme une mosaique, mais qui appar- tiennent réellement à la pierre totale. Toute la sur- face extérieure de sa circonférence est couverte d’un grand nombre de figures et d’hiéroglyphes. Les caracteres hiéroglyphiques sont tracés avec beau- coup d’art et de justesse entre des lignes longitu- dinales, et l’on observe que les lignes, les traits, les espèces de rainures, rencontrant ou passant sur les portions plus dures des pierres qui semblent y être ajoutées, conservent la même profondeur et la même régularité sans aucune déviation, Il y a douze trous corre;pondant latéralement au niveau du fond , dont quatre de chaque côté, trois à la grosse extrémité , et un à l’autre. Ces trous ont été pratiqués, dit-on, par les Musulmans, afin de laisser écouler , selon leurs vues, l’eau bénite qu’ils préparoïent et qu’ils conservoient pour leurs céré- monies. Ce peuple a su par tradition, et d’une manière qui passe pour certaine parmi des anti= quaires de Londres, que cette pierre avoit rentermé le corps du grand Alexandre, Les Turcs d’A:exan- drie ont conservée dans leur principale mosquée 382 Nouvelles littérarres, = avec la plus grande vénération. Comment et quand a-t-elle été transportée en Egypte ? c’est ce que j'ignore, On m'a assuré que lorsque les Français vou- durent enlever ce vaisseau précieux , il y eut un grand mouvement et une sorte de révolte parmi les Fana. tiques d'Alexandrie, Il y a une félure dans l’épais- seur de l’extrémité la plus étroite : mais pour pou- voir la transporter sans l’exposer à l’écartement des parois latérales, on a placé transversalement trois fortes bandes de fer dont les bouts, recourbés en équerre , portent sur des plaques de plomb. Ceite pierre est d’ailleurs tres-intacte. 2.° Un autre sarcophage en granit très-fin et d’une seule pièce , a les dimensions suivantes : 8 pieds 4 pouces de longueur ; 4 pieds 6 pouces de largeur à une extrémité, 3 pieds 8 pouces à l’autre; et 3 pieds 9 pouces de hauteur ou de profondeur. L’épaisseur des parois est presque la même que celle du précédent. Cette pierre renfermoit le corps de l’un des Ptolémées: elle fut transférée des catacombes de ces rois près d’Alexandrie dans cette ville : elle est pareillement couverte d’un grand nombre d’hiéroglyphes : elle est perforée d’un seul trou ho:izontal, au bas de l’ex- trémité la plus étroite : elle est entière et nullement fé'ée. On doit préparer des papiers et les appliquer sur les surfaces de ces deux monumens , afin d’ob- tenir l'empreinte des figures et des hiéroglyphes, et de les graver. [l y avoit deja environ 40 plan- ches disposées pour cet effet. . 3° I y a un troisieme sarcophage plus petit que le second, en beau porphyre sanguin ; et parfaite- ee POSTERS … ST DES TE Nouvelles littéraires. 383 ment intact. La cavité est plus large vers les trois quarts supérieurs , où elle est comme bombée, ainsi que les côtés ; ce qui lui donne en cet endroit 3 pieds 4 pouces et demi de largeur. La longueur totale est de 7 pieds 6 pouces. 4° Quelques portions de grosses colonnes de por. phyre, dont la circonférence est intacte dans plu- sieurs pieds d’étendue. Elles sont de même nature que celle dite de Pompée. 5. Il y a aussi des portions d’obélisques très- belles, sur lesquelles on voit des figures gravées ; mais, ayant été fort endommagées, on a rassemblé les fagmens, et on les a contenus dans des espèces de caisses. 6° Plusieurs statues de marbre plus ou moins intéressantes , mais la plupart endommagées. 7° Enfin, un pied, et surtout un tres-gros poi- gnet fermé , sans apparence de doigts, qui paroissent avoir appartenu à des statues colossales, et une très- grosse tête de bélier , sculptée. Nancy, le 4 vendèmiaire an 12. Ca AU c's8B OU R'6G. M. le professeur MATTHær a découvert , dans un mauuserit de la bibliotheque d’Augsbourg, un frag= ment de trois cents vers de la Clytemnestre de So phocle : il doit le publier incessamment. Ce fragment commence au prologue prononcé par Tisiphone , et finit par un chœur ; ce qui peut faire croire qu'il contient tout le premier acte. 384 IVNouvelles liliéraires: Fur OR (RUN CE: L’époque de la distribution des prix de notre aca+ démie royale ayant été fixée au 21 septembre, les galeries et les salles furent décorées magnifique- ment. La reine régente s’y rendit, accompagnée d’un nombreux cortége ; et apres avoir entendu un dis cours relatif a la circonstance, prononcé par le secré- taire de l’académie, M. Pulcini, S. M. distribua elle-même les médailles d'or et d’argent aux jeunes gens qui se sont Île plus distingués dans la pein- ture , dans le dessin et dans l’architecture. C’est un allemand nommé MaTTEY, de Dresde, qui a rem- porté le premier prix, Be AUN: C:EH Ant Découverte d' Antiquités. On a fait une trouvaille à Aix, il y a quelques se- maines, sur laquelle beaucoup de prétendus con noisseurs se sont récriés. [| n’y a qu’une partie de ce qui a été trouvé qui soit antique. En thermidor an X1, des constructeurs de che- mins publics ont trouvé, en fouillant sous l’ancien chemin de Toulon , une caisse de plomb, longue de quatre pieds. Dans la caisse étoient les os d’un in dividu qui n’avoit point encore atteint l’âge de puberté. Parmi les ossemens étoit un ornement en or, rond, de la forme et de la grosseur d’un gros grelote de. ed Nouvelles littérarres. 385 grelot. Cet ornement avoit une charnière pour Vouviir, mais point d’anneau qui püt le suspendre, C'est, à n’en point douter, une bulle d'or qui ap- partenoit à l’enfant dont les ossemens étoient dans Ja caisse. Ces os n’avoient point été b'ülés. Il y a bien de la différence enire cette bulle et celle qui avoit été trouvée dans Purne de porphyre de la tour du mausolée d'Aix, décrite par M. de Saint-Vincent, Celle-là, et pour la forme, et pour la tournure, paroît appartenir aux bas temps, p ut-être au cin- quieme ou sixième siècles. A coté de la caisse de plomb étoit une lampe sépulchrale , et, plus loin, un petit vase à col étroit; le tout sans ornemens. À vinst cinq ou trente pas de cette premiere dé- couverte, on a trouvé des morceaux de sculpture en pierre du pays; savoir : une tête dont le nez est tronqué, des trophées d’armes, une tête colos- sale représentant un maïque de femime, dont la bouche est ouverte, et propie à o ner une fontaine. C’est principalement sur cette derniere découverte qu’on s’est récrié; elle en vaut si peu la peine qu’on a trouvé parmi ces sculptures, des deriers d'Henri IV et de Louis XIEL , et qu’il est bien visible qu’elles appartiennent à ce temps. la. La bulle, la lampe, le vase, et les morceaux de sculpture ont été portes chez le C. Thibeaudeau, conseiller - d’état et préfet à Marseille. Tome IIT. Eb 386 Nouvelles littéraires: GRENOBLE Æ Programme d’un prix proposé par la Société des sciences et des arts de Grenoble. + SOUCI ET IDNCE PRET a Faire un Mémoire exact, soit sur la Statis- « tique générale, soit sur quelqu’une des parties « de la Statistique du département de l'Isère. » Avis essentiel sur la marche que doivent suivre les Concurrens , dans la rédaction de leurs mémoires. On desire rassembler sur la Statistique de l'Isère, Je plus grand nombre de renseignemens qu’il sera possible. Si l’on recevoit un mémoire où cette Sta- tistique fût traitée dans toutes ses parties, avec l’é- tendue convenable, on s’empresseroit d’adjuger Je prix proposé, à un ouvrage aussi utile. Mais comme on sent qu’il est peu de personnes qui veuillent se livrer à des recherches aussi étendues, on attachera non moins d'importance aux mémoires où l’on ne traitera que de quelques-unes, et même que d’une seule des parties de la Statistique du département , pourvu que ce soit avec d’autant plus de perfection que l’ouvrage sera moins étendu ; et ici, l’on entend par perfection, Vexactitude des renseignemens plutôt que Pélégance du style. En un mot, l’on recevra avec reconnoissance une simple observation sur un objet unique relatif à l'état du département , ou même d’un seul canton, d’une seule commune. - Nouvelles littéraires. 387 Ainsi, les concurrens pourront s'occuper dans leurs mémoires , soit.en géneral, de tous les objets sui- vans, soit en particulier de q elqu'un d'entre eux, soit par rapport au département en entier, soit par rapport seulement à l’un de ses districts ou cantons, bourgs ou villages. | 1. Population. 2. Géographie et topographies - Climu£.et température. 4. Histoire et antiquités, Histoire nuturelle. 6. Agriculture, 7. Contr'butions. À "4 8. Elublissemens pblics. — Ecoles de tout Genree 9. Force publique, 10. Commerce el manufactures. ZT: Adininistration. 12, Travaux publics. 13, Justice Prix et conditions du concours. Le prix sera une ñiédaille d’or du poids dé siæ cents francs. La Sociélé décernera, én outre , siæ accessits , chacune d’une médaille d'or du poids d'environ cin- quante francs , aux six mémoires qui seront jugés les meïlleurs après le mémoire couronné. S'il v'en a un plus grand nombre qui méritent d'être dis- tingués, on se réserve d’adjuger plusieurs mentions honvrables avec des médailles d’o: du même poids. Le prix et les acces:its seront décernés dans, Ja -séance püblique du moiside pluviôse an treize. Tous les c'ioyens , à l'exception des membres or- -dinaires de ta société, sont admis à concourir. ‘Les mémoires seront adressés, francs de port , au secrétaire de la société, avant le 15 brumaire au XIE ‘( ce terme est de rigueur, ) Bb 2 . 9388 Nouvelles littératres. BOoRDE AU x. % Programme de 4: Societé de médecine de ‘ Bordeaux, du 25 fructidor an XI de la . République. La Société avoit proposé, dans sa séance publi- que du 27 fructidor än 1X, un prix de la valeur de 300 francs, qu’elle” devoit décerner vers la fin de l'an X, à l’auteur qui auroît rédigé , dé la ma nière la plus satisfaisante, l’ensemble de la noc- TRINE D'HiPPOCRATB, ou le TABLEAU DE LA MÉDECINE HiPPOCRATIQUE. En l’an x, le desir de donner aux auteurs le (emps nécessaire pour mettre plus de perfection dans leur travail, lui fit proroger le concours,et reculer le terme fatal pour la remise des mémoires. Elle fit connoitie cette dé- termination par les papiers publics. C’est sur les mémoires qui lui ont été présentés avant Pexpiration du second délai, qu elle prononce aujourd”? Euh son jugement. L'objet des vœux:de la:Société étoit!, suivant ses propres expressions: li :DOCTRINE D'HIrPo- CRATE dans tout son ehsemble, avec cétle liaisom, ‘cêt enchaînement des idées qui les Jait lait les unespirr les autres; avec cet ordre qui renfermedäns des cudres particuliers ;\ce que: le «vieillard de Cos nous & ensoigné sur les &ïgues ; sur Les prénotions, sur les causes, sur la curalion, sur le régime, sur Les males ‘des âges, sur l'art aphoristique , sur Nouvelles littéraïres. 389 les épidémies , sur la météorologie médicale > SUT di vers points de la chirurgie (i), etc. La Société espéroit que les auteurs éviteroient à la fois la briéyeté excessive qui se borne à faire des indications des passages, qu’il faut rapporter ,.€t la prolixité qui accable l’attention des lecteurs sous * des détails minutieux et inutiles. Elle pensoit qu’on ne feroit point un alliage inconvenant des sentences hippocratiques , avec les théories et les doctrines modernes , pour prouver les unes par les autres, Elle ne pouvoit s'attendre que le tableau demandé seroït paré d’ornemens étrangers et frivoles, ce fictions diamétralement contraires à l'austérité du sujet et au caractère des écrits d’'Hippocrate ; elle présu- moit en&n, que +ans se jeter dans aucune discus- sion sur la légitimité des divers écrits attribués au pére de la médecine , les auteurs des mémoires rofiteroient des jugemens portés par Îles censeurs et les commentateurs, et ne présenteroient que les préceptes généralement reconnus comme émanés de loracle de Cos. Ses espérances ont été déçues. Il n’est aucun des conecurrrens qui ne soit tombé dans quelques écarts précipités, aucun qui.ait exécuté avec sagesse un plan bien combiné. Il est résuité de leurs déviations, des tableaux insuffisans, inexacts, ou surchargés. Dans cet état des choses, La Société peut donuer des éloges à la méthode , à l’érudition, auxtalens,, (1) Programme de la Socièté du 27 fructidor an :3. Bb 3 390 Nouvelles littéraires: dont tous les auteurs ont donné des preëves dans leurs mémoires ; mais quelque vif qu’ait été son desir de décerner la couronne à celui d’entre eux qui se seroit le plus distingué, elle se voit dans limpossibilité de le satisfaire actuellement ; elle ne doit pas appuyer de ses suffrages, un ouvrage qui présentérait bientôt an puble quelque grave imper- fection, dns laquelle Pauteur ne servit pas tombé; s’il eût apporté plus de maturité dans l'adoption et Ja rédaction de son plan. En prenant à regret la détermination de ne point accorder le prix qu’elle ävoit proposé, la Société se trouve dédommagéé jusqu'a un certain point, prce qu'elle peut donner un témoignage solennel de sa bienveillance et de son estime, à celui des concurrens qui a le plus approché du but. Elle reconnoît qu’il eût emporté la palme, si, en évitant quelques-unes des fautes indiquées ci-dessus, il se fût attaché davantage à imiter la précision et la majesté de son modèle, et s’il n’eût pas omis en- tiérement la chirurgie d’'Hippocrate. La Société a délibéré que cet auteur seroit mentionné honora- blement dans son programme. C’est celui du mé- moire portant l’épigraphe suivante : Les plus vastes empires ne pourront pas disputer à la petite isle de Cos , la gloire d’avoir produit l’homme le plus utile à l'humanité, et ,aux yeux des sages , les noms des «plus grands conquérans s’abaïsseront devant celut d’Hipporrate, Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, t 75 P: 85, Nouvelles littéraires. 39t L'issue du concours que la Société avoit ouvert , laisse . à desirer l’objet qu’elle avoit espéré obtenir, le TABLEAU bien fait DE LA MÉDECINE HIPPOCRATIQUE. Cependant ce que n’ont pu opérer les premiers élans d’un zèle mal diigé, peut de- venir le fruit d’efforts ultérieurs, et d’un travail médité profondément. Pénétrée de cette vérité et de l’importance du sujet, la Société ne balance pas de le proposer une seconde fois. Les mémoires se- ront écrits en latin ou en françois, et devront étre remis au secrétaire-général de la Société avant le premier floréal de lan x1tr. Le prix , de la valeur de trois cents francs , sera décerné dans la séance publique du mois de fructidor de la même année Les membres résidens de la Société sont seuls ex-e clus du concours. DEesèze , D. M., président ; CareLLe, D. M., secrétaire* STRASBOURG. Note sur le célèbre helléniste Brunck. M. Herrz, ancien imprimeur de l’université de ? Strasbourg , aujourd’hui imprimeur de l'académie de cette ville, dont les presses sont suffisamment con- nues de tous les amateurs de la littérature grecque» par les belles éditions d'auteurs grecs qui en sont sorties sous les soins de feu M. BRuNCKk, vient de célébrer la mémoire de ce savant helléniste, en rap- pelant sur une grande feuille #1-fo/. les nombreax titres de ce célèbre philologue, à l'amour , à la recon= Bb 4 392 Nouvelles littéraires. noissance, et à la vénération de ses cree et du monde littéraire. La premiere page contient une inscription latine en l'honneur de M. BRunNCK ; el'e est de la compo- sition de M. DAHLER , savant estimable et très-versé dans la littérature grecque et orientale, et qui , depuis longtemps, consacre ses veilles et ses ta!ens à con-erver ét à propager à Stia bourg le goût des lettres et des connois-ances solides. La seconde page offre la traduction française de cetie inscription. Les troisième et quatrième donneni la liste des ét'itions des classiques grecs et latins que M. BRUNCK a publiés. è Ce petit monument typographique en l’honneur d’un savant dont Ja ville de Strasbourg peut et doit se glorifier sous tous les rapports, est fort bien exécuté, et fait honneur aux presses de M. Heitz. M. SCHWEIGHÆUSER , qui, pendant de si longues années, a été le témoin et très-souvent le collabo- rateur des travaux de M. Brunck, nous donnera sans doute l’éoge de son savant ami : personne n’est mieux en état que lui de faire connoître et apprécier tout ce que les lettres doivent à M. Brunck. En attendant que nous puissions consigner cet éloge dans ce Journal, nous croyons faire plaisir à nos lecteurs en y insérant l’inscription et la liste des éditions dont nous venons de parler, Nouvelles littéraires. 393 MEMORIAM SENIS VINERABILIS RICHARDI FRANC. PHiL. BRUNCKII INGENII ACUMINE MORUM COMITATE VITAE INTEGRITATE MERITORUM SPLENDORE CONSPICUI .MUNERIBUS PUBLICIS CIVILIBUS MILITARIBUS LITTERARIIS PRAECLARE DEFUNCTI RECOLUNT SEMPERQUE PIE FOVEEUNT MUSAE GRAJAE LATINAE MUSARUMQUE CULTORES COMMENDANT NEPOTIBUS USQUE FUTURIS OPERA NUMERO PRAESTANTIA NITORE INSIGNIA PERENNI ANIMIS SUORUM AMICORUMQUE DESIDERIO INFIXAM NULLA DIES UNQUAM DELEBIT CONSPEXIT VIR INMORTALIS LUCEM HUJUS VITAE ARGENTORATI A. CHR. MDCCXXX. LUCEM VITAE AETERNAE ARGENTORATI A. REIP. GALL. XI. AETATIS LXXIIL. 394 Nouvelles littéraires. TRADUCTION. y « La mémoire de Richard-Franc-Phil, BRUNCK ; « éminent par la pénétration de son esprit , l’amé- « nité de ses mœurs, la pureté de sa vie, l'éclat de « ses services dans les emplois publics , civils, mili- «“ taires et littéraires, sera toujours chérie et honorée « par les Muses grecques et latines, et par ceux qui « les cultivent. « Elle sera transmise à la postérité la plus reculée « par le nombre de ses ouvrages, leur beauté et leur « élégance. « Elle restera toujours au fond du cœur de ses « parens et de ses amis, où la plus juste douleur l’a « gravée en traits inefFacables, Ç « Cet homme, dont le nom est immortel , estnéà « Strasbourg , le 30 décembre 1729. « Décédé à Strasbourg, le 23 Prairial l’an X1 de « la République. » Græci poetæ a Brunckio edit. Analecta veterum Poëtarum Græcorum , editore RICH. FRANC. PHIL. BRUNCK. Argentorati apud Jo. Gothofr. Bauer et socium bibliopolas : typis Johannis Henrici Heitzii, Academiæ Typographi. Tom. I. die 1 August. MDccLxXI11. Tom. IL. die 21 Dec. Mocccxxttt. Tom. II. die 30 Novemb. MDCCLXXVI. in forma 8. maj. Præfatio, primo Tomo præfixa, data est Argentorati die 18 Dec. MDCCLXXVI, Nouvelles lirtérarres. 399 'ANAKPEONTCE QiAAI. ANACREONTIS Carmine, e Mss. Codd. et doctorum virorum coïjecturis emendata. Argentorati excud.Joh. Henricus Heitz. MDCCLXXVI11, forma minima, ANACREONTIS Curmina. Accedunt selecta quædam e Jyricorum reliquiis. Editio secunda emendaticr. Argentorati apud. J. G. Treuttel , MDCCLXXXVI. Typis Philijpi Jacobi Dannbach. Forma 12,78 SOPHOCLIS Ælectra et EURIPIDIS Andromache, ex optimis exemplaribus emendatæ. Argentoiati ex officina J. Henr. Heitz. Mpcocxxix , forma 8.2 minori. SOPHOCLIS Œdipus Tyrannus et EURIPIDIS _ Orestes, ex optimis exemplaribus emendati. Ar- gentorati ex offic. J. H. Heitz. MpCCLXXxIx. ead. forma. ÆSCHYLI Tragædiæ, Prometheus , Persæ et Septem ad Thebas ; SGPHOCLIS Artigone; EURIPIDIS Medea. Ex optimis exemplaribns emendatæ. Ar- gent. ex offic, J. H. Heitz, MDCCLxxIX. eadem form. EURIPIDIS Tragædiæ quatuor, Hecuba, Phænissæ, Hippolytus et Bacchæ : ex optimis exemplaribus emendatæ. Argentorati, ex officin. J, Henr. Heitz. MDCCLXXX. &, APOLLONIT RHODIT Arconautica , e scriptis octo veteribus libris, quorum plerique nondum collati 396 Nouvelles Hhératset fuerant ,nune primum emendate edidit RICHARD. FRANC. PHILIPPI BRUNCK , Regiæ Inserip- tionum et Humaniorum Litterarum Academiæ s0- cius. Argentorati, apud socios bibliopolas Bauer et Treuttel. Mpcczxxx. Typis J. Henr. Heitz. form, 8. | ARISTOPHANIS Comædiæ, ex optimis exempla- ribus emiendatæ, studio, RICH. FRANC. PHIL, BRÜUNCK Argentoratensis. Argentorati sumtibus Joh. Georgii Treuttel, Bibliopolæ. MDCCLXXXIIE. Tom. IIL. forma 8. maj. Typis J. Henr. Heitz. Latina Versio, quæ veluti quartum volumen eflicit superioris operis, hoc titulo prodiit : ARISTO- PFHANIS Comcædiæ in latinum sermonem conversæs. ÂArgentorati apud socios bibliopolas Bauer et Treuttel, Tomi II. uno volum. comprehensi ; præ- fixa anninota MDccLxXXI , T'ypis J. Henr. Heitz. HOIKH NOIHSIE sive Gnomici Poëtæ Græci. Ad opti- morum exemplarium fidem emendavit RICHARD FRANC. PHIL. BRUNCK. Argentorati in Biblio- polio Academico MDCCLXXXIV. Typis J. Henr. Heitz. form. 8. SOPHOCLIS quæ extant. omnia , cum veterum Grammaticorum Scholiis. Superstites Tragædias . VIL. ad optimorum exemplarium fidem recensuit , Versione et Notis illustravit, deperditarum Erag” menta collegit RICHARD. FRANC. PHILIPP. BRUNCK , Regiæ Inscriptionum et Humanio- cr fuient J Nouvelles littéraires. 397 rum Litterarum Academiæ Socius. Vol. I. et Il. Argentorati apud Johann. Georg. Treuttel, MDCCLXXXVI. Typis J. Henr. Heitz, Academiæ Typographi. Splendido edit. form 4.2 maj. Idem Opus, ibid. eod. anno, IV. Vol. in-8.° Poetæ larini a Brunckio editi. PUBLIT VIRGILIL MARONIS Bucolica , Georgieæ et Æneis ad optimorum exemplarium fidem recen- suit RICHARD.FRANC PHILIPP. BRUNCK. Argentorati sumptibus bibliopolii Academici. MDCGLxxXxV. in offic. Franc. Georg. Levrault. 8, PUBLI VIRGILI MARONIS Bucolica , Georgicz et Æneis, 4% max. Argent, Typis Philippi Jacobs Dannbach. MDCCLXXXIX. M. ACCI PLAUTI Comældiæ supersiites yisinti no- vissime recognitæ et emendatæ. Biponti, ex Typo- graphia Societatis MDCCLXXXVILI. PUBLI TERENTI AFRI Comœdiæ VI. ad fidem optimarum editionum recensitæ. 4° max. Argen- torati, Typis Phil. Jacobi Dannbach. MpCcxCvIL PA 08%" TS. INSTITUT NATIONAL. L'Institut national a nommé M. le président Ca- relli, son correspondant à Naples. 393 Nouvelles littéraires. Notice des travaux de la Classe des Beaux. Arts de PInstitut national, pendant Pan XI, par Joachim Lr BRETON, secrétaire perpétuel de la classe , et membre de celle d'histoire et de littérature ancienne , lue dans la séance publique de l'Institut du 8 vendémiaire an XIT. ; Aussitôt que l’arrêté du 3 pluviose qui change l'organisation de PInstitut national a été mis à exécution , la Classe des Beaux-Arts est entrée avec empressement dans l’exercice des fonctions qui lut étoient assignéés : réconnoissante envers le Gouver= nement de ce qu’il lui avoit imposé des devoirs aussi doux, elle lui a demandé de nouveaux moyens pour les mieux remplir. Les peintres, les sculpteurs, les architectes, les compositeurs pouvoient obtenir de grauds prix , et la gravure, injustement oubliée dans la première forma- tion de l’Institut, u’étoit pas encore équitablement traitée, quoique placée dans la nouvelle organisation, puisque seule des sections qui composent la Classe des Beaux Arts, elle n’avoit ni concours à pro- poser, ni prix à décerner. Cette section restoit à peu près nulle pour l’encouragement de Part, qui en manque et qui pourtant en mérite. Îl est pour tous les autres arts, ce qu'est l'imprimerie pour les sciences et les lettres, pour le progres des connois- sances humaines ; il les transmet, les multiplie, les di tdi matt En dt. id cé it. à Nouvelles littéraires. 399 €ternise. 11 a aussi besoin d’être honoré pour se re- lever et se maintenir, à cause de la facilité avec laquelle les graveurs peuvent vivre dans l’aisance, en se bornant à des travaux imparfaits, ou en se prostituant à des travaux licencieux. C’est pour cela surtout qu’il y en a si peu qui aient le courage de surmonter les dernières difficultés, au-delà desquelles se trouve la gloire de Partiste. Aussi après avoir brillé en France à l’égal de la peinture, la gravure y est elle tombée beaucoup au-dessous, si l’on en excepte cependant un artiste que'je ne puis ni con- fondre avec les autres, ni me permettre de louer ici (1). La Classe a proposé au Gouvernement de faire, pour encourager etrelever la gravure, ce que Louis XIV fit dans les mêmes vues : il envoya Gérard Audran étudier à Rome, et surtout s’y pénétrer du grandiose des arts. Désormais aussi nous décerne- rons un grand prix de gravure qui jouira des mêmes avantages que les autres grands prix, c’est-à-dire, de la pension et du séjour de Pécole de Rome. Ce sera alternativement un grand prix de gravure en taille-douce , en pierres fines et en. médailles, Ces deux derniers genres, si intéressans pour l’histoire, se recommandent encore par les circonstances dans lesquelles nous vivons , circonstances qui leur offri- ront tant de titres de gloire à perpétuité , tant d’événemens fameux à transmettre à la postérité, Après ce premier avantage en faveur de la gra- {1) Le C. Bervic, membre de lInstitur, 400 Nouvelles littéraires: vure, nous en avons obtenu pour les autres arts, un second auquel vous applaudirez également : l'interruption des travaux de lécole françoise de Rome, pendant la guerre de la révolution, a privé long-temps ceux qui avoient obtenu de grands prix d’en recueillir le plus précieux avantage, celui d’aller se perfectionner en Italie 3 mais à la paix cetté école s’est trouvée surchargée, ce qui a dé- terminé le ministre de lPintérieur à rendre biennal le concours , jusqu’à ce qu’on soit rentré dans l’ordre ordinaire. Mais c’étoit aussi trop réduire des encou- ragemens nécessaires. La classe des beaux-arts a au tout concilier, en demandant au ministre des prix de la nature de ceux qui sont décernés par les autres classes de liInstitut, et dont sont honorés Jhomme de lettres et ie savant. Cette demande a eu le succès de celle que nous avions adressée au | prem'er Consul, pour Pencouragement de la gra- vure. Le ministre a accordé de même l’indemnité qué la classe étoit en possession d’obteuir pour les frais auxquels sont assujétis les concurrens. Enfin le premier Consul a comblé nos espérances, en gra- tifiant les jeunes artistes qui seront couronnés dans la séance, de la médaille qui a été frappée pour l'inauguration de la Vénus de Médicis (2). Si c’est à notie sollicitation que ce surcroit d'encouragement a été accordé, ii l’a été avec tant de facilité et de bie:veillance , qu’il ne nous reste que le mérite (2) Les premiers prix ont eu cette médaille en or, et les seconds en argent. Nouvelles littéraires. 40: d’y avoir pensé les premiers. Quoique cette der- nière faveur date à peine de quelques jours, j’en ai une plus récente à vous annoncer. Une lettre du ministre de l’intérieur w’apprend , à l’instant même, qu’il accorde un encoura-ement de 600 fr. au jeune artiste qui a obtenu le second prix de peinture et dont le tableau est sous nos yeux. Apres ces premiers soins , et avoir fait plusieurs réglemens pour les divers concours des beaux-arts qui se succedent sans interruption, depuis les pre- miers Jours de germinal jusqu’à la fin de lannée, la classe a repris l’exécution d’un arrêté par lequel le Gouvernement demande à l’Institut national « ’étas « de: sciences , des letires et des arts en France & « l’epogue de 1789, de leurs progrès depuis cette « époque jusqu'au 1° vendémiuire an X ; les vues « de l'Institut pour leur avancement ; leur encou= « rogement , et le perfectionnement de leur ensei-= « germent, » Déja deux des sections des arts, la déclamation et la peinture, avoient fait leur rapport, avant les changemens qui viennent d’étre operés dans l’Institut, Dans l’un, le C.GRANDMESNILavoit exposé ce qu’une pratique savante et de longs succes lui ont révélé sur son art, cu plutot ce qui peut s’en transmettre ; Car une des principales causes de sa grande diffi- culté, ‘vient de ce qu’il échappe à l’analyse. De son coté, le citoyen VINCENT avoit tracé le tableau historique de la peinture, depuis Fran- : çois L£:il à cru que pour satisfaire aux intentions de l’arréte, et pour tenure au but utile qu'il doit Lome LIL, RE 402 Nouvelles littéraires. atteindre, 1l ne falloit pas seulement savoir quel a été l’état de splendeur et de décadence des arts à telle époque, mais connoître encore par quelles causes ils ont fleuri ou sont déchus. C’est surtont dans des questions de cette nature qu’il est bon de s’aider de l’histoire pour tâcher de remonter des effets aux causes. Les autres sections des arts ont suivi cette marche, en se livrant à plus ou moins de détails. Une notice resserrée dans des limites aussi étroites que celles où je suis obligé de me renfermer , ne peut vous offrir qu’une foible esquisse de ces tra- vaux, dont vous pressentez l'intérêt. Si dans chaque cadre je vous fais apercevoir sans interruption le fil qui conduit des principes aux conséquences, je croirai remplir l’objet que j’ai dû me proposer pour cette séance. Le caractère et les qualités personnelles de Fran= Cois I." fixerent auprès de lui d’habiles artistes qu'il fit venir d'Italie vers le milieu du xv. siecle. Ces artistes en firent naître parmi nous d’autres qui les surpassèrent. Vouet, le Poussin, le Sueur, le Brun, Mignard, en furent la première génération. Des.- lors l’école françoise exista avec prééminence. D'abord plusieurs peintres se réunirent par amour de l’art, pour diriger les élèves par un enseignement régulier. Cette réunion fut érigée en académie en 2653 ,et vingt ans aprés Colbert y joignit une école des beaux-arts à Rome. Sans doute Louis XIV et son ministre n’aimoient pas autant les arts que François L°" ; mais ils firent Nouvelles littéraires. 403 . plus pour leur stabilité en les appuyant sur des îns- titutions. Cependant la peinture et Les arts en général dévlinèrent des ce regne, sans qu’on en ait bien expliqué les causes. Il ÿ en a de non-contestées et qui produiront toujours les mêmes effets : c’est à celles-là que nous nous arréterons. La section de peinture regarde comme une des principales la dictature qu’exerca sur les arts un homme dont le génie contribua néanmoins à leur ‘ällustration ; Chailes le Brun , revêtu"de la faveur et de Pautosité du prince, devenu larbitre et le dispensateur des travaux et des graces, exigea que les artistes se soumissent à son goût, qui étoit ex- clusif, à son caractère qui étoit impérieux ; il fallut se modeler sur ses idées , étre servile ou persécuté. To:tes les productions portèient son cachet et n’eu- rent qu’uve physionomie ; il prescrivoit jusqu'aux ornemens des ferrures des portes de Versailles , et les Girardon eux-mêmes travailloient sur ses plans. Aussi, au lieu du génie et de l'originalité que les grands artistes de cette époque auroïent imprimés à l’art, on trouve une froide monotonie dans l’exé= cution, une triste uniformité dans la pensée, cer ce n’est qu’à la flatterie qu’il fut permis aux artistes de cousacrer leuis pinceaux. Quelques-uns souffrirent la persécution , d’autres s’éloignèrent, Mais apres la mort du Poussin, de le Sueur, de le Brun, il ne resta que les élémens de décadence que ce d-rnier avoit préparés. Elie fit subite et déplorable ; car J'art se trouva dans l’avilissement sous le règne de Louis XV. Cez 404 Nouvelles littéraires: Ce fut vers le milieu de ce règne qu'un artiste que nous avons encore le bonheur de posséder (3), s’éleva du sein du désordre et de la bizarerie, re- monta au principe du vrai, joignit l'exemple au précepte, ramena des talens égarés, et purifia l’école en dirigeant l’enseignement. Le ministre des arts, M. Danziviller, eut le mérite de seconder cet heu- reux changement, en distribuant des travaux aux artistes qui avoient fait leurs preuves de talent, et en les excitant à marcher dans la bonne route, C’é- toit bien un seul artiste encore qui dominoit, non plus par le despotisme qui tue le génie, mais par la . . 5 . } . . . _ raison qui l’éclaire ; non en sé faisant imiter, mais en recommandant d’étudier la nature, et de ne co- pier personne. L’école arriva par ces moyens à un degré de splendeur tel qu’en 1789 toutes les parties de Part étoient cultivées avec un égal succès , et que la France n’avoit jamais possédé un aussi grand nombre d’artistes distingués. La peinture a-t-elle fait des progrès depuis 1789 jusqu’en l'an X? la section pense, qu’à quelques nuances près, elle est au même point qu’en 1789. Les mêmes moyens existent, accrus de jeunes ta- Jens qui sont déja célebres. Quelques procédés pour l’emploi des couleurs sur porcelaine, l'application de la peinture aux Pano- ramas, des perfectionnemens apportés à la restau- ration des tableaux, ne sont point, à proprement parler, des découvertes en peinture ; ce sont des ser- {5) Le C. Vien. « LC Dates nt EE RS de de Nouvelles littéraires. 405 vices que la chymie, la physique , la géométrie et lhabileté ont rendus à l’art,et dont il avoue sa reconnoïssance avec plaisir. Quoique létat de Part soit très -satisfaisant, ef qu’il présente une riche perspective, la section croit devoir signaler quelques écueils, pour en préserver les élèves: le premier est une manière mesquine de faire des dessins dont tout le mérite consiste dans une incroyable patience , et qui s'oppose à la véritable étude, qui substitue à l'art un métier fait poux éteindre le sentiment. On craint aussi l’affectation de naïveté qu’on va chercher dans l’enfance de l’art, la prétention à l’originalité des effets , et une tendance à la bar- barie dans le choix des sujets et dans la manière de les rendre. Ces abus , qui se sont faits remarquer dans les expositions publiques, ne sont encore que des erreurs de jeunes gens qui peuvent se rectifier eux- mêmes. La classe sera attentive à observer ces vices dans la distribution des encouragemens dont elle est dispensatrice. Elle pense , relativement à la dernière question ‘ de l’arrêté du Gouvernement, que pour l'avance= ment et l’encouragement de l’art, pour le perfec- montent de son enseignement , il faut maintenir et perfectionner les institutions qui existent , c’est à-dire, les écoles de Paris et de Rome, donner des travaux , honorer et récompenser les grands ta- lens. Tous ces moyens sont dans la main du Gou- vernenient, Si l'abandon , l’insouciance , l'injustice, le défaut de discernement daus les encouragemens ; Ce 3 406 Nouvelles littéraires, ont constamment fait décheoir les arts, les moyens contraires les font prospérer. , La peinture et la sculpture sont sœurs : il serait impossible de faire successivement leur histoire sans reproduire des traits connus, de parler de ce qui fait leur gloire , sans rappeler leurs étroites relations d'intérêt et de consanguinité. Le rapporteur de la section de sculpture, le €. Moitte, la senti, et il a renvoyé au travail de la section de peinture, pour les choses qui appartiennent tellement en commun aux deux arts, qu'on ne peut pas les séparer. Par exemple, tout ce qui est relatif au dessin, à l’en- seiontment, se confond; ce qui a été dit des en- couregeuens, de l’assujétissement servile, appar- tient à l’un comme à l’autre, et même à tous les arts. Il y à pourtant cette différence, pour la sculp+ ture, qu’elle a des difficultés particulières à sur monter, et que les moyens d’encouragement sont plus rares pour elle. Sans être opprimée par un grand talent, comme le fut la peinture par le Brun , la sculpture a été. tourmentée par des hommes médiocres de notre siècle, qui l’ont retenue longtemps dans un ignoble esclavage. Leurs élèves l’ont enfin affranchie , malgré la résistance opiniatre des maitres. Le C. Moitte rend compte de la marche qu’a suivie cet art pour se relever. Il Va considéré aussi depuis François I.®* et ses résultats sont, comme pour la peinture et l’archi- tecture , que les premiers sculpteurs françois, pro- duits par le règne de ce prince, Sarrazin, Germain. Nouvelles littéraires, 407 Pilon , Jean Goujon surtout, sont très-supérieurs aux Italiens leurs maitres. Mais l’aït qui commence à baisser sous Louis XIIF, décline tout-à-fait sous Louis XIV. A Pexception de la sculpture de la porte Saint-Denis, Part n’offre rien sous ce règne , où il ne se montre inférieur aux autres. La section remarque aussi que le défaut de hberté dans les conceptions des sculpteurs y contri- bua beaucoup : elle rappelle le Puget préférant d’exercer librement son génie à Marseille à l’asser- vissement de Versailles, Mais ce fut sous le règne de Louis XV, comme nous l’avons déja indiqué, que la sculpture descendit jusqu’à l’avilissement, C’est l’époque où elle a été le plus bas en France. Eile se releva sous le règne suivant. Nous mar- quons les époques par celles des gouvernemens , parce que ce sont ceux-ei-qui ont principalement influé sur l’état des arts. La révolution qu’avoit commencée la peinture, fut soutenue par plusieurs sculpteurs qui brisèrent un joug humiliant, et leuy affranehissement s’annonca par les statues de Vol- taire, de. Bossuet, de Pascal, de La Fontaine, qui décorent cette enceinte, et surtout par cette Baïgneuse qui semble appartenir à la Grèce, et que le rapporteur loue avec un sentiment d’admi- ration, qui doit être d’un grand prix pour l’auteur de cette charmante statue (4). (4) Le €. Julien. La statue de Voltaire est de Houdon; celles de Bossuet et de Pascal sont de Pajou; les CC. Roland et Dejoux oni aussi des, statues qui laur font honneur et que le rapporteur mentionne ayec éloge. Cc 4 408 Nouvelles littéraires. L’art en étoit à ce point en 1789; il étoit affran- chi et prospéroit; mais les institutions et les grandes fortunes qui lalimentoient étant détruites par la révolution, la sculpture paroïssoit devoir en souf- frir beaucoup. Cependant, de cet ordre de choses mêmes qui la menaçoit, sortit le plas grand en- couragement qu’elle ait eu du siecle; ce fut toute la sculpture du Panthéon à refaire. Le rapport de la section en contient une notice intéressante, où sont consignés tous les travaux qui ont été exécutés à cette occasion, les noms des artistes par qui ils l’ont été, et l'éloge mérité de l’administrateur éclairé qui les dirigea (5). Si les nombreux concours publics, auxquels ont été appelés les artistes, depuis 1789, n’ont pas pro- duit de monumens , on ne peut point s’en prendre à Part, puisqu'on vit dans ces concouis de beaux projets, de belles esquisses ; pour nous borner à la sculpture qui nous occupe , on y remarqua entre autres le modèle de cette statue de J. J. Rousseau, dont la c-nception fut applaudie des gens de l’art, l'exécution déférée par un juri d’artistes, ordonnée par une loi, puis délaissée par l’administration du temps, comme sil étoit indifférent d’avoir une belle statue d’un des plus beaux génies du siècle, et de ne pas retirer d'un grand talent tout ce qu’il peut produire pour la gloire des arts, avant qu'il perde sa dernière sève et qu’il entre dans l’âge de lPinac- tivité (6). (5) Quatremère de Quincy. (6) Ce modéle est du C. Moite. Nouvelles litréraires. 409 La section de sculpture déclare que l’art wa point déchu ; qu’il a les mêmes moyens de produire qu’en 1789, accrus, comme dans la peinture, de jeunes talens qui se sont montrés depuis avec éclat. Les moyens d'encouragement et de perfectionne- ment sont les mêmes qui ont été réclamés pour la peinture, Nous sommes loin de vouloir assigner de préé- mivence à aucun art sur les autres : nous savons que leur régime est l'égalité républicaine, et qu’ils veulent le conserver. Mais on peut, sans troubler la République des arts, la mieux organisée des Républiques , puisqu'elle est la plus heureuse , on peut faire remarquer l’importance de l’architecture par ses usages d'utilité, les grands capitaux qu’elle emploie, la majesté et l'illustration qu’elle donne aux cités et aux empires, - La France, plus que les autres nations modernes, participe à la g'oire que donnent les monumens d’ar- chitecture. Le C. Heurtier dit, dans le rapport qu’il a fait au nom de sa section, que le goût des Fran- çois pour Parchitecture a dévancé la renaissance des arts en Euiope, et il en donne pour preuve les églises des x11.° et X111.° siecles, telles que la cathédrale d'Amiens et plusieurs autres. Mais, sans user de ce dioit d’antériorité, qui he nous conduit point aux résultats que nous cherchons, il est du moins bien incontestable qu’au xv1.f siècle nous avons eu aussi une premiere cénération d’ar- chitectes qui ont dépassé leurs maitres avec plus de puissance encore que nos autres premiers nés dans r 410 Nouvelles litiératres. les arts. Il suffit de citer, pour l'éclat de cette époque , ses grands monumens et les artistes qui les ont élevés ; le palais des. Tuileries, Philibert Delorme ; le Louvre, Pierre Lescot et Jean Gou- jon ; le Luxembourg , Debrosse. La seconde génération se trouve à Louis XIV, elle est très-briilante encore : plusieurs de ses mc= numens auroient pu étre enviés par Athènes et Rome; tels sont le bel are de triomphe de la porte Saint-Denis , l’orangerie de Versailles et la colon- nade du Louvre, qui feroit seule la gloire d’un siècle, qui forme le noble péristile du temple des arts, des sciences et des lettres, où l’on commence à sentir leur présence, et qui est digne enfin de cette enceinte (7) préparée dans un autre âge pour la magnilicence royale , plus honorée par le nôtre qui l’a consacrée aux muses et à leurs solennités. Mais Parchitecture décline encore, et son génie ne se réveille que vers le milieu du long règne de Louis XV, en 1732, par le bel ordre dorique du por- tail de Saint-Sulpice. Ce fut comme l'éclair dans les ténèbres : ce fut comme l’aurore d’un nouveau jour. Soufllot éleva presqu’en même temps le Pan- théon ; Antoine, la Monnoie ; Gondoin , l'Ecole de médecine ; Peyre et Dewailly, le Théâtre de l'Odéon ; Chalgrin, l’église Saint-Philippe du Roule; Heurtier, le péristyle du Théâtre-Ttalien; Boulée, Vhôtel de Brunoy aux Champs - Elysées ; dans le. : (7) La salle des séances publiques de l’Institut, le chef-d'œuvre. de Jean Goujon. Nouvelles littéraires.\ AY même temps, le respectable David Leroy déyouoit sa fortune et sa vie à propager dans les écoles les principes et le goût de Parchitecture grecque. L’art en étoit là en 1789. Le tableau de l'architecture, depuis cette époque jusqu’en l’an x, ne peut point offrir de résultat satisfaisant. Ce n'est pas daus le tumulte d’une ré= volution politique que devoit prendre quelque essor un art qui exige pour produire, du calme et de grandes dépenses. Si quelquefois on lui improvisa des projets vastes, ceux qui les avoient conçus ou inspirés et ceux qui les favorisoient, avuient dis- paru avant que l'exécution en püt étre commencée. Mais plusieurs des archtectes qui ont élevé les derniers monumens dont nous venous de parler , existent encore avec tout leur talent; d’auires qui p’ont pas eu d'aussi heureuses occasions de se dis= tinguer , sont connus dans l’école pour étre habiles et consommés dans l'art, et l’on a vu dans les con- cours, dans les fêtes publiques, ainsi que par des travaux particuliers, se montrer de beaux talens qu’on ne comptoit pas en 1789. L’architecture a donc aussi de grands moyens. Il ne faut pas dissimuler néanmoins que Part a eu le désavantage d’être envahi par des hommes, inconnus dans les rangs des artistes, et qui n’avoient ni l'instruction nécessaire, ni assez de talens pour l'exercer. Cela seul étoit un préjudice à l’art. Mais on vit de ces mêmes hommes occuper des places qui avoient toujours été réservées aux talens du premier ordre, avoir la conservation des plus pré- 41® Nouvelles littéraires: . cieux monumens que leurs mains étoient incapables de soigner, ou en construire de nouveaux, dans les rares occasions qui s’en sont présentées. Alors c’étoit un scandale, une injustice révoltante, qui pouvoit faire plus de mal aux arts que plusieurs millions donnés en encouragement ne leur feroient de bien , parce que la classe estimable et liborieuse perd fout courage, quand elle voit que le premier intérêt de lartiste est de plaire et d’être protégé , plutôt que de mériter. Ces désordres appartiennent ét à des époques d’anarchie, et à des temps où Padministration manquoit de force , de lumières et d’élévation. Nous en notons les effets, parce qu'ils ont été préjudiciables à l’art, parce qu’ils auroïent pu être désastreux, et pour les signaler. Le tort qu’en a éprouvé l’art n’est cependant point aussi grave qu’on devoit le craindre. Il est vrai qué les yeux sont souvent frappés par des constructions indigestes ou bizarres qui appartiennent aux causes que nous avons indiquées, Mais ce sont des. habi- tations particulières qui, comme ceux qui les ont élevées , et ceux peut-être pour qui elles l'ont été, p’exercent point encore d’empire sur lopinion, L'exemple n’est pas contagieux. Si ce sont des fortunes nouvelles, les seules aux- quelles on ait droit de demander quelque tribut en faveur des arts, qui aient fait de ces méprises, l’on regrette ce qu’elles auroient pu créer au même prix, et l’on espère qu’elles apprendront à connoître les talens qui peuvent embeliir et ennoblir leurs de- nieures; Ja bonté de leurs choix leur inspirera le Nouvelles littéraires. 413 goût des arts. C’est un sens nouveau qu’on doit leur desirer pour leur propre avantage. Nous n'avons plus, citoyens , que des aspects consolans à vous présenter : de grandes et impor tantes restaurations de monumens se poursuivent; et quoiqu’elles n’appartiennent pas précisément aux époques: que larrêté du Gouvernement nous fait parcourir, je ne puis me dispenser de vous en occuper un instant. D'abord celle du Luxembourg est postérieure à 1769. La monarchie nous avoit laissé ce beau palais en ruines. Il sembloit n’avoir été élevé et n'avoir excité l’admiration universelle que pour être abandonné presqu’aussitôt à toutes les causes de destruction. La République qui a créé les Musées , peut aussi réclamer la gloire d’avoir commencé à rétablir ce monument. Il s’acheve et S’embellit par le zele honorable du sénat et le ta- lent sage de l'architecte (8) qui respecte la gloire de Debrosse. Le tableau qui commencera à l’époque où celui-ci se termine , rendra justice aux grands encourage- mens que le sénat donne à la sculpture , ainsi qu’au soin qu’il prend des jouissances des citoyens. Com- bien ce tableau sera riche, à en juger par les em- bellissemens que Paris a reçus depuis l’an x ! Le plus noble de tous sera l’achevement du Louvre, dont le second aspect flétrit en quelque sorte Padmira- ration que le premier commande. Enfin, sa restau- ration est commencée ; et si l'espérance qui la suit (5) Le C. Chalgrins At4 - Nouvelles littérairès: d’un œil impatient , n’aperçoit point encore de grand# résuliats , c’est qu’il est de la nature de ce qui n'est qu'utile de se faire peu remaiquer, et que les travaux qui sont executés ont pour objet la soli- dité , et non l'appareil extérieur du monument. * Les moyens d’encouragtr l’art, indiqués par la section d’architecture , sont 1.° un enseignement complet ; 2° des travaux , et enfin le prix que les: gouvernemens éclairés doivent aux grands talens, L'enseignement de larchitecture est dans un état que nous déplorerions, si nous ne savions pas que l’école spéciale des beaux-arts touche à son entière organisation. Pour consoler ceux qui lattendent avec impatience , je leur annoncerai qu’un nouveau moyen d’instruction est acquis à l'architecture, et va être mis à sa disposition. Le ministre de l’intérieur, sur la proposition du directeur - général des Musées, a désigné un vaste emplacement tout préparé , au Palais des Arts, pour recevoir la précieuse collection des plus beaux ornemens antiques d'architecture , formée avec tant de soin par notre confrère Dulourny , pendant un séjour de treize. années en Italie. Cette collec- tion unique sera consacrée à l'étude. Elle avoit été recherchée et acceptée dès l’an 1V, par une administration zélée pour les arts, mais qui avoit irop peu de moyens de les servir. C’est à celle qui la rend utile qu’appartient la véritable recon- hoissance, | | La section de musique, plus heureuse sous le rapport de l’enseignement de son art que celle Nouvelles littéraires. 415 æ’architecture , desire cependant qu’il soit rendu plus complet, Pour opérer promptement la régé- mération du chant, qui est si desirée , elle de- mande quelques écoles préparatoires et un pen- sionnat près le Conservatoire. Du reste, l’ensei- gnement se perfectionne de plus en plus dans cette école spéciale. Le public en aperçoit les progrès chaque année. Le grand prix de composition qui va être décerné lui appartient tout entier : c’est un de ses élèves qui l’a obtenu , et son maître, le C. Gossec, est un des fondateurs du Conser- vatoire. Le même C. Gossec a fait, au nom de la sec- tion dont il est membre, dans la classe des Beaux- Arts, un rapport sur l’état de la musique en France. Il en a esquissé l’histoire : mais je me bornerai à énoncer son dernier résultat, savoir que la musique a acquis, loin d’avoir perdu , depuis 1789, et je daisserai à celui de nos confrères (9) qui fera le . rapport sur le grand prix de composition musi- cale , le soin de vous entretenir de son art. Je ne pourrois vous parler que de quelques effets : il vous expliquera les causes en artiste qui en a le secret. Citoyens, il résulte du tableau qui vient de vous étre soumis, qu'aucun des beaux-arts n’a dégénéré depuis 1789, et qu’ils ont tous de grands moyens pour répondre aux vues du Gouvernement : il en résulte encore que celui-ci a tous les moyens de les (9) Le C. Méhul. 416 Nouvelles littéraires. encourager , puisque ces moyens sont une aftention bienveillante et suivie; une justice éclairée, la Ji- berté laissée au génie, et de la considération plus encore que des récompenses. Un dernier résultat moral qui appartient à notre sujet, C’est que la profession et le caractère des artistes se sont élevés depuis 1789. Ils étoient alors dans une attitude peu libérale,: recherchés par la mode , la protection des grands qui les accueiïlloient le mieux, ne déguisoit point la hauteur d’où on les appeloit Ils se sont ennoblis par la nature des choses, parles circonstances , par l’usage qu’ils ont fait de leurs talens : les uns ont chanté et même créé la victoire; d’autres ont dessiné, peint ou modelé des combats, des triomphes et des vainqueurs ; plusieurs ont cueilli eux-mêmes des lauriers dans les rangs des braves, ei tous conservent la dignité de ce qu’ils ont vu, fait ou admiré, la dignite de ce qu’ils sont deve- pus. Ils brülent de consacrer par des monumens durables la République et ses héros. On ne voit plus la palette et le ciseau se prostituer à la basse flatterie : c’est de la gloire qu’ils veulent distribuer et non de lencens, comme aux temps de Louis XIV. Le Gouvernement a voulu que les beaux-arts fussent à cette hauteur , en les plaçant dans lInstitut national, et ils regarderont cette dignité recouvrée comme un des premiers élémens de leur splendeur future, Livres LIVRES DIVERS (1) HPRSOT OT RE" N'A TU R EL Tr ANNALES du Muséum d'Histoire naturelle; par les professeurs de cet établissement, 2° année, An XI1— 1804. Les deux premiers volumes de cet ouvrage sont terminés, et l’on voit qu’il répond pa: faitement à Pannonce qui en avoit été faite dans le prospectus. En eff:t, on ne connoit aucun recueil sur les scien- ces Huiles aussi remarquable par le choix des mémoires et la beauté des gravures, Comme le zele des coopérateurs ne se ralentira point, et que les matériaux ne peuvent leur manquer, on est sûr que les volumes suivans ne présenteront pas moins d’in- térét. Le Muséum possède , dans les trois Es la collection la plus riche qui ait jamais existé, Cette collection, due aux travaux successifs de plu- sieurs naturalistes, aux recherches d’une foule de voyageurs, aux dons recus de tous les pays, s’est prodisieusement accrue dans les derniers temps par la réunion de divers cabinets de Hollande et d’Ita- lie, et par les acquisitions que le premier Consul a faites pour la completter. La description et la comparaison de ce qu'elle renferme de peu connu, et de ce quelle reçoit de nouveau, sufroit pour composer un grand nombre de volumes; mais les (1) Les articles marqués d’une * sont ceux dont nous donnerons um Extrait. Tome III, D d 418 Livres divers. sayans à qui ce dépôt est confié ne se bornent point à donner des descriptions et des analyses chymi- ques, ils cherchent surtout des résultats appliqua- bles, soit aux progrès de l’agriculture et des arts, soit à la théorie de la terre, soit à l’avancement de cette philosophie qui étudie les rapports que la nature a mis entre les êtres. Renonçant à toute hypothèse , ils n’admettent rien qui ne soit appuyé sur l’observation et l'expérience. Ainsi les Annales du Muséum présentent l’histoire de cet établisse- ment ; elles font connoître ce qu’il renferme de plus eurieux, ce qu'il reçoit de nouveau tous les jours , et les moyens de tirer de ces objets un parti avan- tageux ; enfin elles sont destinées à publier les ob- servations et les découvertes des professeurs du Muséum , et celles de leurs correspondans qui con- courent avec eux aux progrès des sciences. On y joint quelques notices historiques sur des naturalistes célèbres dont les découvertes ont fait époque, et sur lesquels on n’a rien écrit en France. Les descriptions des objets nouveaux sont accom- pagnées de figures gravées par les meilleurs artistes, Il y a trente-une planches dans chacun des deux volumes qui viennent de paroître. Ces planches sont d’un travail plus où moins recherché selon la nature des objets; elles sont même imprimées en couleur, lorsque la couleur forme un caractere essentiel : ainsi on a donné de cette manière la figure des pierres qui se trouvent dans le corps de l’homme et des animaux; et les gravures qui représentent l’anato- mie des mollusques sont du fini le plus précieux, On se propose de donner, dans une suite de mé- moires , l’histoire des animaux dont on ne trouve plus les analogues vivans, mais dont les ossemens fossiles aitestent l'existence antérieure à tous les Livres divers. 419 Mmonumens humains. En ramassant ces ossemens épars, on est venu à bout de recomposer le squelette de plusieurs animaux , d’en déterminer les caractères, de décider siis étoient herbivores ou carnivores, et de s’assurer de la place qu’ils occupoient dans Péchelle des êtres. Les planies nouvelles qui fleurissent au jardin ou dans les serres, continueront d’être gravées, au be- soin , avec tous les détails de la fractification. On donnera aussi des notices sur les plantes étrangères que le Muséum a acquises, et qu’il se propose de naturaliser en France, parce qu’elles sont utiles, et parce qu’elles peuvent vivre dans nos climats. C’est ce qu’on a déja fait pour le jalap, pour le lin de la Nouvelle-Zélande, etc. C’est ce qu’on fera pour les patates , pour quelques fruits, et même pour les plantes d'agrément. Ainsi on publiera, dans un des prochains numéros, trois especes d’un même genre qui sont au nombre des plas belles fleurs que Von puisse cultiver, et on les grave en couleur pour en faire mieux connoître l’éclat et la beauté. Les libraires chargés de l'impression des Annales, n’épargneront rien pour seconder les auteurs. Ils n’ont pas craint de faire des avances considérables , surtout pour les gravures, parce qu'ils sont sûrs que l’ouvrage sera d’autant plus recherché, qu’il sera plus connu , et qu’il augmentera de prix avec le temps. Le prix de Ja souscription , franc de port pour les departemens et l'étranger , est de 30 fr. pour six mois, et de 54 fr. pour l’année; et pris à Paris, de 27 fr. pour six mois, et de 48 fr. pour l’année, Ou souscrit à Paris , chez Levrault, Schoell et compagnie , libraires, quai Malaquais, au coin de la rue des Petits. Augustins; à Strasbourg , chéa D d 3 420 Livres divers, Levrault et compagnie. En Allemagne le prix «est de seize thal pour l’année. Nous avons annoncé chaque cahier séparément, et nous continuerons à faire connoitre ainsi Ce que Con- tient cet ouvrage intéressant. ‘ MÉDECINE. JourNAL de Médecine, Chirurgie, Pharmacie. Par les CC. CORFISART, LEROUX et BOFER, profes- seurs à l’école de Médecine de Paris. À Paris, chez Migneret ; imprimeur , rue du Sépulchre, n.° 28. Tome VII. (Mois de Vendémiaire an XII.) Les articles principaux contenus dans ce volume, sont : Observation sur une suppression d’uriné de dix-sept mois; par G. Vieusseux. — Observations et Réflexions sur la Fièvre jaune; par le C. FRAN- çois. — Observation sur un Phlegmon considérable à la cuisse, suite de douleurs rhumatismiales; par le C. SERRIÈRE. — Observation sur l'Opération cé- sarienne vaginale ; par Louis GAUTIER. — Suite de la Topographie médicale de la ville de Langres et de $es environs ; par le C. RoOBERT.— Observations météorologiques faites à Montmorency , dans,le mois de thermidor; par L. CoTTE. — Constitutions mé téorologiques et médicales , observées à Lilie dans le mois de thermidor an X1; par DOURLEN-. B. O T':AN I Q\U.E. Les Lrrracées, par P. J. REDOUTÉ , petntre du Muséum national d'histoire naturelle. 7.° livraison. A Paris, chez l’Auteur, au Palais national des stiences et arts. De l’imprimerie de Didot jeune.” An X.— 1802. [n-foiio. En par l'auteur du Dictionnaïre forestier. Livre 3.2 À Paris, chez Garnery , libraire , rue de Seine, 1 vol. in-8.°, 2 fr., et 2 fr. 75 cent, franc de port, On trouve chez le méme le livre 1°" da même ouvrage, 1 vol in-8.°, 3 fr. 5o cent., et à fx franc de port. Dd 4 424 Livres divers. CoDpE CIVIL , contenant le texte seul de chaque loi, les ‘ois transitoires, et une tuble analytique et raisonnée des mutières : édition soigneusement revue et collationnée sur le Bull-tin des Lois, Livres 1. et 3° À Paris, chez Gurnery , libraire, rue de Seine 2 vol. in-32, 1 fr., et x fr. 50 cent, franc de port. PURE TON AUNR.E. Pres et Œuvres des Peintres les plus célèbres de toutes les écoles, Recueil c'assique conten:nt l'œu- vre complette des peintres du prmier rang et leurs portrius , les principales productions des artistes de deurièm- et trof‘ième clu:ses , un abrégé de la ve des peintres g'ecs ; et un choix des plus belles peintures antiques, réduit et gravé au trait. d'après les estainpes de la bibliothèque nationale et des plus riches collections particulières ; publié per C.P. Landon , peintre. À Paris, chez l’auteur, quai Bonaparte, n.° 23 Imprimerie de Chaignieaw aîné. An xi— 1803. De 8 pages, Nous avons donné le prospectus de cette utile entreprise à laquelle ont applaudi tous les amis des arts ,'et qu'ils s’empiesseront surement de fa- voriser. L’estimabie éditeur ne s’est pas contenté de donner le trait des estampes qui sont à la bis bliothéque nationale, il a puise dans les collections et les portes feuilles de plusieurs particuliers. Aussi cette collection des ouvrages des peintres sera la plus complette de toutes celles qui ont paru jus- qu’à ce jour. Cette intéressante entreprise commence par l’œus vre de Dominique Zampieri, dit le Dominiquin, Les estampes sont précédées d’une vie très- bien Livres divers. 425 faite de ce grand maître. Le nombre des planches qui composent ce volime est de 48 sir ples et 12 doubles. La classification est celle que l’auteur de- voit naturellement adopter. Il à réuni autant qu'il étoit possible les tab'eaux qui décorent un méme édifice : la gravure a la légèreté de touche néces- saire pour rendre la finesse des détails et conseiver la correction des formes. Au bas ‘e chaque plan- che est une courte indication des sujets, en fran- cois, en allemand et en anglois.: la table contient des explications peu étendues, mais suffisantes. Le but de auteur n'est pas de disierter sur les ou- yrages des peintres , mais de mettre sous les yeux une collection qui puisse servir pour toutes les dis- sertations que l’on voudra lire ou composer. I] in- dique à chaque tabieau le rom du maitre qui en a donné la meilleure gravure , ce qui peut être fort utile pour les amateurs. A. L. M. MANUEL du Muséum francors , on Description ana- lytique et raisonnée de chaque tubleau, avec une gravure au trait , tous classés parécoles -1 pur œuvres des grands maîtres, par F. E. T. M. D. L. J. N. Quatrième liuraison , comprenant l'Œuvre de Ra= phaël , 1 volume in 8,° avec 59 gravures. Prix , 9fr. pour Paris et ro fr. 5o cent. franc de port par toute la République. 11 en a été tiré un petit nombre d'exemplaires sur papier vélin ; prix 18 fr. et 19 fr. 5o cent. franc de port. A Paris, chez Treuttel et urtz , libraires, quai Voltaire, n°2; et à Strasbourg, même maison de commerce, grand’rue , n.° 15, Cet ouvrage qui donne une description historique et raisonnée des tableaux des grands maîtres com= 426 Livres divers. posant le Musée national , intéresse également les artistes et tous les amis des beaux-arts. Cette nou- velle livraison justifie de plus en plus l’opinion avantageuse qu’on a dû concevoir d’un travail , en trepris par un Jittérateur distingué, qui réunit toutes les qualités nécessaires , sentiment délicat, goût exquis, et une profonde connoissance de l’art. Le Manuel da Muséum comprendra tous les chefs- d'œuvres exposés au Musée; il est publié par livrai- Sons successives de plus ou moins d’étendue ;chaque livraison donne l’œuvre d’un grand maître , avec une notice sur sa vie et une gravure au trait de chaque tableau. T. SCULPTURE. GALERIES des Antiques, où Esquisses des Statues, Bustes et Bus-reliefs , fruit des conquêtes de l’armée d Tialie ; par Aug. LEGRAND. À Paris, chez Ant . Aug. Renouard. XI—1803. In-8.° avec gravures. Les figures de cet ouvrage ne sont pas des chefs-d’œuvres; mais aussi il faut considérer qu’il coûteroit bien davantage, si elles étoient habilement exécutées et terminées : elles suffisent pour rappeler à ceux qui ont visité le Musée, un souvenir de ce qu’ils ont vu, et pour donner à ceux qui ne peu- vent venir à Paris une idée de ce qu’il contient. Dans ces gravures , on en distingue une très-belle , c’est le Laocoon, gravé par l’excellent artiste Saint- Aubin , dont l’estampe décore aussi le frontispice de la belle traduction du Laocoon de Lessing, par M. Vanderbourg ; traduction qui se vend chez le même libraire. A. L. M. Livres divers. 427 POLITIQUE. DU vrai Gouvernement de l’Espèce humaine; par HERRENSCHIM AND. Paris. Didot aîné, 1 vol, in-8°. Belle édition , broché 4 fr. et franc de port, 5 fr. À Paris, chez Deterville, libraire, rue du Batioir , n.° 16, quartier Saint - André - des- Arcs. GÉOGRAPHIE. Atlas des commencans , à l'usage des Ecoles centrales et des Muisons d'éducation , accompagnées d'ex- plications géographiques et cosmographiques ; aux- quelles on à joint une carte de France , avec des détails particuliers sur les départemens; par P.G. CHANLAIRE , l’un des auteurs de l'Atlas national. Ouvrage comprenant la Géographie ancienne et la Géographie moderne; par Edme MENTELLE), membre de l'Institut nationa!, À Paris, chez les auteurs | Edme Mentelle , galerie du Muséum, n.° 19; P. G. Chanlaire,rue Geoffroy-l’Angevin, n.° 328; et chez Levrault et Schoell, libraires ; quai Malaquai. An xi—1803 ,in-4.° de 30 pages. VOYAGES. VorAcEe de F. HORNEMANN , dans l'Afrique sept: ntrionale, depuis le Caire jusqu’à Mourzouk ; capitale du royaume de Fezzan, suivi d'eclair- cissemens sur la Géographie de P Afrique ; par M. RENNELL, traduit de l’anglois, par... , et augmenté de notes et d’un mémoire sur les Oasis, compose principalement d’après les auteu:s arubes ; par l. LANGLÈS, membre de l’Instuut national des Sciences et des Arts, etc., orné de 2 cartes, 428 Livres divers: Paris, chez Dentu , imprimeur-libraïre, palais du Tribunat, galeries de Boïs, n.° 240. An x1—1803. _ 2 volumes in-8°, | * Vor4cE fait dans les départemens nouvellement réunis, et dans les départemens du Bas-Rlun , du Nord , du Pas-de-Calais et de lu Somme ; par A. G. CAMUS , membre de l'Institut national. À Paris, chez Baudouin | imprimeur de l’Institut national, rue de Grenelle-Saint-Germain, n.1131« Au XI—1803, 2 vol. in-12. avec des gravures, -, Ep u' c AT r'O N. MANUEL DES ENFANS ET DES ADOLESCENS, ouvrage contenant des principes de lecture (fran- goise el latine) ,de morale, de grammaire , d’his- toire ; de géographie et d'arithmétique | à Pusage des écoles du premier et du second degré ; par . J. E. J, F. BoINVILLIERS, Correspondant de l’Institut national de France, etc., troisième édi= tion revue , corrigée et augmentée. À Paris, chez ® Hocquart , rue de l'Eperon ,n.° 1 ; Genets , jeune, rue de Thionville; à Versailles, chez Locard, rue du commerce, n.° 18; à Rouen, chez l’au- teur, au Lycée de cette ville. Prix, x fr. 5o c. HMS TO TRUE. *NourEzAux MÉnmoir£s historiques sur la Guerre de Sept ans; par M. DE RETZOW, ancien capi- taine au service de Prusse ; traduits de lallemand. 2 gros volumes in-8.°. Prix, 12 fr. pour Paris, et 16 fr. franc de port par toute la République. On en a tiré un petit nombre d'exemplaires sur papier véins, Prix, 24 fr, pour Paris, et 28 fr, franc de port, Livres divers: 429 À Paris, chez Treuttel et Würtz, libraires, quai Voltaire, n.° 23 et à Strasbourg, même maison de commerce , Grand’rue, n.° 15. Les Mémoires de M. RETZOW mettent dans un nouveau jour, et les principaux événemens de la guerre de Sept ans, et le caractère personnel du grand Frédéric. On y trouve une multitude d’anec- dotes piquantes et neuves sur ce grand homme et sur plusieurs personnages remarquables par le rôle qu'ils ont joue durant la guerre de Sept ans. Ces Mémoires , publiés d’abord en langue alle- mande, ont fait une grande sensation en Allema- gne ; ils seront sans doute également bien accueillis en France. Les Francois qui, par la guerre de la révolution, ont mis le sceau à leur gloire militaire, portent encore à la mémoire de Frédéric, un intérét qui les honore, autant qu'il honore la cendre du grand homme. T... AN EN QU TT ÉS, *MONUMENS ANTIQUES inédits ou nouvellement expliqués : Collection de Statues, Bas-reliefs , Bustes, Peintures, Mosaïques ; Gravures, Vases, Inscriptions et Instrumens, tirés des Collections nationales et particulières, et accompagnés d’un texte explicatif par A. L. MILLIN , Conservateur des Méduilles , des Pierres gravées et des Antiques de la Bibliothéque nationale de France, profes- seur d'hustoire et d'antiquités , etc. Tome 11.— 3." livraison. À Paris, chez Laroche , maison de l’auteur , à la Bibliothéque nationale , rue Neuve- des-Petits-Champs, n.° 11, au coin de celle de la Loi, Fuchs , rue des Mathurins , hôtel de Cluny ; Leyrault, quai Malaquais. 430 Livres divers. Cette livraison contient , r.° la description d’une Pierre gravée du cabinet de M. de Hoorn, re- présentant l’Amour ; 2° celle d’un beau Vase grec de la collection de M. Hope, représentant la victoire de Thésée sur le Minotaure ( cette dis- sertation est accompagnée de trois gravures, dont l’une donne la forme du vase; la seconde et la troisième, les deux peintures curieuses dont il est orné); 3.° la description du Bas-relief qui représente Îa procession des Panathénés, et qui décoroit autrefois la frise extérieure de la cella du temple de Minerve à Athènes, d’où M. Choiseul- Gouffier Pa fait transporter ( ce beau monument, qui paroît ici pour la première fois, est actuellement au musée Napoléon ); 4° la description d’une belle Intaille du cabinet de M. de La Turbie, représen- tant la mort d’Achille. Les deux planches qui offrent les pierres expliquées dans la première et la qua- trième dissertation, sont exécutées par M. Saint- Aubin, d’après les dessins de M. Dubois. Chaque volume de cet ouvrage, imprimé à l’im- primerie de la République, sur beau papier, est composé de cinquante feuilles de texte, d’au moins quarante planches, et distribué en six livraisons. Chaque livraison coûte 6 fr. prise à Paris, et 6 fr. 60 cent. franche de port dans les départemens. L’ou- vrage aura six volumes, et sera terminé en moins de quatre années. Ceux qui voudront souscrire d’avance pour un volume ne paieront que 33 fr. au lieu de 36, plus 3 fr. 60 cent. pour le port dans les départemens, L'auteur fait seul les frais de l'ouvrage, et garantit qu'il sera terminé. Les acquéreurs et souscripteurs sont priés d’en- voyer leur now: et leur adresse au C. Laroche, afin Livres divers: 43t étre compris dans la liste qui sera imprimée en tête du second volume. Cette liste et le titre du tome IL seront donnés avec la sixième livraison. Czo1x de Costumes civils et militaires des peuples de l'antiquité, leurs Instrumens de Musique , leurs Meubles et les Décorations intérieures de leurs Maisons, d’après les monumens antiques, avec un texte tiré des anciens auteurs ; dessiné, gravé et rédigé par N.X, W1ILLEMIN. 15.° livraison (1). Cette livraison contient plusieurs instrumens de musique, des vases à boire, des anses de vases d’une très-belle forme , des représentations de re- pas antiques, différentes bordures, Il y a avee ces planches une feuille de texte. Les exemples de M. Willemin sont pris des bons modèles. Beaucoup de monumens sont inédits ; et on doit desirer la continuation de cet ouvrage utile. A. L. M. MÉLANGE. ALMANACH DES DAMES, pour l’an x1r (1804), composé d’un Recueil de Poésies en grande partie (x) Cet ouvrage petit in-folio | composé de cent cinquanté planches environ , est divisé en trois parties ; il traite des habitans de l'Afrique, de l’Asie et de l'Europe, en commencant par les AEgyptiens, et en Gnissant par les Francois. Il paroit, tous les deux mois , une livraison de six planches impri- mées sur papier grand raisin vélin de Buge, caractères de Didot, dont le prix est de 9 f. Il en a éié tiré un petit nombre d'exemplaires avant la lettre sur papier gand lys superfin vélin. On souscrit à Paris, chez l’Auteur , seul propriétaire de l’ouvrage, rue de Seine , hôtel de la Rochefoucault , faubourg Saint-Germain, 432 Livres divers, inédites des meilleurs auteurs francais, ôrné dé Six gravures, pir LAMBERT et FORESTIER, ve présentant Phèdre et Hippolyte | par GUÉRIN } lEnlèvem nt d'Hélène , par le Gurpe; lu Mort d'Eurydice, pr Poussi\ ; la Communion de Surint- Jérôme, par DOMINIQUIN ; la Descente de Croix, pur RUBENS ; lApparition du Christ aux saintes fmmes , par À. LA HIRE, et de trois morceaux de musique, par RICHOMME. À Paris, chez Henrichs, à l’ancienne librairie de Dupont , rue de la Loi, n.° 1231; chez Fuchs, rue des Mathurins; chez Levrault, Schoell et compagnie , quai Maälaquai; et chez Lenormand , rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois. 1 vol. in-16 de 224 pages, papier vélin. Prix, broché, 5 fr., rélié en veau, 7 fr., et en maroquin , tranches dorées, 7 fr. bo cent. On trouve dans cet almanach des poésies fort agréables ; les cinq gravures sont charmantes; ce recueil convient parfaitement aux dames à qui il est destiné. * MÉLANGES de Littérature, publiés par J. B. A. SUARD , membre et secrétaire perpétuel de la Classe de la Langue et de la Littérature francoiïses de l’Institut national de France. À Paris, chez , Dentu , imprimeur-libraire, palais du Tribunat, galeries de bois, n.° 240. An x11 — 1803. 3 vol. in - 0.° ‘Tüble dés Afticles conteñnus dans ce Numéro. LitrénaTuns GRECQUE. Les Ethi Charidlée roman écrit en grec par Héliodore ; traduction nou- . velléjet exacte, avec des notes, par N. Quenneville, 289 _ Brocnarmies.. Histoire militaire et politique de Francois de Beaumont, bacon des Adrets , avec des notes; par + J. C. Martin. 304 Curkonordaeres, Projet d’une parfaire division du Temps et du Calendrier; par M. JVernebourg 607 PorrTrrgur Histitutions da droit de la niatüre et des gêns; px M. Gérärd de RaÿnëVal. 334 KRCHÉGLzLÉOGTE Troisième Disséttation sar la Toi- letre des anciennes Romgines,, t'aduités de l'allemand de M. Boertiger. VARIÉTÉS, NOUVELLESETCOR: + RESPONDANCELITTÉRATRES, NouveLLes ÉTRANGÈRES. Nouvelles de Constantinople. 369 Nouvélles de Eondrés: Ibid: Notice biblidgraphique des ouvra=} ges'qui ont paru en Angleterre, sûr les aÿrs, les mañutatrurés, le commerce , la technologie, iennes , ou Théagènes et] 54r} Lettre du docteur Louis Valentin Londres. : 379 Nouvelles d'Augshourg, 583: Nouvelles de Florence. 584 FRANCE Découverte d’Antiquités & Aix. 15. Progtamme d'un prix proposé par Ja Société des sciences et des arts de Grenoble. 586 Progiitime de la Soéiéré de méde- cine de Bordeaux , du 25 fructidor ani xI4 ‘ -. 588, Nôte sur lé célébré helleniste Érunck, mort à Strasbourg. 394 Panmrs. Nomination à l’Énstitat national, 507. Néfice dés travaux de la Classe dés béaux-arts de l'Institut national, pendant l’an’xr, par Joachim Le Breton ; luë dans là séance pu blique du 8 vendémiaire an xig, 395. LIVRES DIVERS. Histoire naturelle. Annales du Muséum d'Histoire na. turélle ; par les professeurs de cet établissement. Seconde année. Am x 1804. #7 Médecine. Jourtal de médecine, chirurgie ; pliärniatie , par les CC. Cürvr- sart , Leroux ei Boyer. 420 Bolaïique. erc. ; péndant les années 1790 et| Les Liliacées ; par P. J. Aelôuré, 1800, 370] Sepuéme livraison, dbide # Economie; X , XI et XII et dernier Cahier de fa p'emiere: annéé de la Biblio- théque. /physico = économique , | instrüctive et amüsabte , à l’n- sage des villes er des ‘campa- 3 gs ; publiée par une Société e Savans , d'Artistes et d'Agro- nommés, et rédigée par C. S. Sonnini, 422 Jurisprudence. Code civil, contenant la série des Jois qui leicomposent, etc. 425 Code civil, contenant le texté seul de chaqué loi, etc, É 424 ‘1 Peinture. Vies et OEuvres des Peintres les plus célébrès de toutes les écoles : publié par C: P: London. Ibid, Mauuél du Muséum françois par FE. T. M. D, L.1.N., Qua- ‘eme livraison, ARE Sculpture. : | Galerie des Antiques; par Aug. Legrand, 426 Politique. Du vrai gouvernement de l’Espèce humaine; par Herrenschwund. : 427 Géographie. Atlas des Commencans, à l’usage des “4 centrales et des ma- sons d'éducation ; ete. 3 par P. Gi os Le doi | Chanlairs. |: Voyages. se Voyage de F. Hornemann dans VAfrique, septentrionale ; depuis _ le Caire jusqu'à Mourzouk; par M. Renneil' !.! Ibid. Voyage fait dans les départèmens nouvellement réunis ;ÿ et, dans les départemens du Bas-Rhin, da Nord , du Pas-de-Calais ét de la Somme; par A. G.Camus, 428 Education. Manuel des Enfans et des Adoles= * cens; par J.E. J. EF. Loinvil- « diers. Ibid. Histoire, Nouveaux Mémoires historiqnes sur la guerre de Sept ans; par «de Retzow. : Ibid. Antiquités. | ñ Montimens antiques inédits ou noue vellement expliqués; par A. L. Millin. Tome 1], 1re livrais. 429 Choix de Costumes civils et mili= + taires des peuples de J’antiquités, etc.s desssiné, gravé et rédigé par N. X. Mulemin. XNe livre : 45x Mélanges. ; Almañach des Dames, pour l'an XL 1804. 3 Ibid. Mélanges de linérature, publiès J. B, À, Suard, 452 C AVES. Ceux qui desirent faire annoncer leurs ouvrâges dans quelques-uns'des meilleurs journaux de l’Alle- magne, peuvent en remettre un exemplaire au bureau de ce journal. ( "à qu à a RU 4) Ÿ LA AE at MA) hatn ASS) wi! AU RS KA : L ut à VAN