mz^^^i^ Digitized by the Internet Archive in 2010 witin funding from University of Ottawa Iittp://www.arcliive.org/details/mandementslettre07catln MANDEMENTS LE nais PiSTOMLES. mm ET AUTRES DOCUMENTS ■•?3ç| MANDEMENTS CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS PUBLIÉS DANS LE DIOCESE DE; NIONTREAL DEPUIS SON ERECTION. TOME SEPTIEME. MONTREAL IMPRIMÉS PAR J. A. PLINGUET 41 Rue des Allemands. 1887. ?v' / / MANDEMENTS LETTRES PASTORALES, CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS MANDEMENT DE MOÎ^SEIGNEUR L'EVÊQUE DE MONTKÉAL, CONCERNANT L'INSTALLATION DES RELIGIEUSES DU PRÉCIEUX SANG À NOTRE- DAME DE GRACE. IGNACE BODRGET, PAR LA GRÂCE DE DIEU ET DU" SIÈGE APOSTOLIQUE, ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, ETC. Au Clergé séculier et régulier, aux Communautés religieuses et à tous les fidèles de notre Diocèse, salut et bénédiction en Notre Seigneur. Vous voyez, N. T. C. F., par le titre de ce mandement qu'il s'agit d'introduire, dans ce diocèse, une nouvelle communauté, qui est consacrée à la contemplation. Comme vous savez tous qu'il s'y trouve déjà dix congrégations religieuses qui se par- tagent, avec dévouement, les œuvres de charité et d'éducation, et qui s'en acquittent avec un zèle qui fait l'admiration publique et notre plus grande consolation, vous serez peut-être étonnés de Nous entendre vous annoncer qu'une nouvelle Communauté va être installée, pour devenir une de nos Communautés diocésaines ; mais, en y faisant attention, il vous sera facile de comprendre que ce n'est qu'un secours nouveau que nous ménage à tous la divine miséricorde. Il est donc juste que Nous vous exposions, en toute simplicité et confiance, les raisons qui Nous ont déterminé à faire cette fondation, en comptant comme toujours sur les inépuisables tré- sors que la Divine Providence ne cesse de verser sur les œuvres 6 MANDEMENTS, LETTKES PASTORALES, entreprises et exécutées dans ce diocèse. Vous les connaissez parfaitement, N. T. C. F. ces admirables ressources, ménagées par une Providence aussi maternelle que douce et aimable, puisque vous vous en êtes faits, en toutes occasions, les fidèles et respectueux instruments, en répondant généreusement aux appels qui vous ont été faits. Pour être mieux compris, Nous devons d'abord vous faire ob- server qu'il y a, dans la Ste. Eglise de Dieu, des Communautés où Ton mène la vie contemplative qui fut celle de Ste. Marie Ma- deleine, et d'autres où l'on mène la vie active, à l'exemple de Ste. Marthe. Ces deux saintes, comme vous le savez, étaient sœurs et disciples chéries du divin Maître. La première se tenait amoureusement aux pieds du Sauveur toute occupée à écouter ses divines paroles, et la seconde vaquait aux soins exté- rieurs, pour lui faire tous les honneurs d'une généreuse hospita- lité. En deux mots, Jésus nourrissait Madeleine et il était nourri par Marthe. Admirable institution de la vie contem- plative et de la vie active qui, étant ainsi tracée par le divin Fondateur de l'Eglise, se sont l'une et l'autre perpétuées à tra- vers tous les siècles. Il est facile de voir après cela que, dans les dix Communautés religieuses de femmes établies dans ce diocèse, on mène princi- palement la vie active, quoique l'on y fasse en même temps des exercice» qui tiennent à la vie contemplative. C'est que, de fait, la vie active a besoin de la contemplative et ne saurait sans elle se soutenir au milieu des embarras et des difficultés qui l'assiègent de toutes parts. C'est ce que comprenait parfaitement Marthe, quand elle suppliait Notre-Seigneur de demander à Madeleine de lui venir en aide. Soror mea, lui disait-elle, en se plaignant amoureusement, reliquit me solam ministrare ; die ergo illi ut me adjuvet. La nécessité de la prière, pour donner à la vie active le succès de ses œuvres, se révèle au reste d'une manière frappante, dans une figure de l'ancien testament. Pendant que les enfants d'Israël combattaient, dans la plaine, contre les ennemis du peuple de Dieu, Moyse se tenait en prière, les bras en croix, sur une haute montagne; et, chose bien digne d'attention, les Juifs CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 7 étaient victorieux tout le temps que Moyse tenait ses mains levées vers le ciel; et ils étaient vaincus sitôt que, par lassitude, il ne pouvait plus prolonger sa prière, dans cette mystérieuse attitude. Moyse priant ainsi, dans la solitude, n'était que la figure de Jésus-Christ, priant et s'immolant sur le calvaire, comme le peuple hébreux, dans le désert, n'était que la figure du chrétien, combattant, dans cette vie, tous les ennemis de Dieu. Chez l'un et l'autre peuple, la victoire n'est assurée qu'à la prière qui se fait pour ceux qui travaillent et combattent en se dirigeant vers la véritable terre promise. C'est là une vérité infuse dans le sentiment intime des chré- tiens de tous les temps et de tous les pays. Toujours on a cru qu'il fallait prier sans cesse pour soi et pour les autres, selon l'en- seignement de Xotre- Seigneur qui, par lui-même, déclare 5 «'/Z faut toujours prier, et qui, par l'Apôtre St. Jacques, recommande de prier pour les autres, afin qu'ils soient sauvés. Oporttt semper orare... Orate pro invicem ut salvemini. Ces oracles sacrés et ces exemples touchants nous font voir clairement ce que nous devons penser de la vie contemplative et de la vie active et quelle haute et sublime idée nous devons con- cevoir de l'une et de l'autre. La première, en effet, doit nous appa- raître comme un état angélique, et la seconde comme une vie laborieuse, à la vérité, mais passée tout entière à la suite et au service du Fils de Dieu, qui s'est rendu visible sur la terre et a conversé avec les hommes qu'il a visités, pour les combler de dons et de bénédictions. Pertransiit bene/aciendo . Maintenant, sans entrer dans plus de détails sur les commu- nautés actives que vous connaissez parfaitement, parce que vous êtes déjà depuis longtemps en rapports avec elles, Nous devons, N. T. C. F., vous dire quelque chose de la communauté contem- plative dont nous faisons aujourd'hui solennellement l'installa- tion, en plantant la croix au pied de laquelle elle doit se fixer comme la Bienheureuse Madel^ne, en bénissant la cloche qui doit la convoquer à ses exercices religieux, en l'introduisant dans le modeste monastère qui doit lui servir pour le moment de cloître et de solitude. Elle est encore jeune, cette Communauté, puisqu'elle compte à 8 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, peine quatorze ans d'existence. Mais elle a pris naissance sous nos yeux ; elle a été formée à la vie religieuse par des maîtres sages et expérimentés dans les voies de la perfection; elle a été arrosée avec soin non-seulement des eaux vivifiantes de l'instruc- tion religieuse et de la grâce divine, qui jaillissent jusqu'à la vie éternelle, mais encore du Sang Précieux du Sauveur, qui vivifie tout, qui purifie tout et qui sanctifie tout, qui éteint toutes les ardeurs de la concupiscence, qui étanche la soif brûlante de toutes les âmes qui, comme des cerfs altérés, courent après les fontaines de la Siigesse divine, de la science pratique des mystères de la rédemption, de la lumière éternelle d'où coulent des torrents de douceur et dans lesquelles sont cachées les richesses inépuisables de la maison de Dieu. Il y a une quinzaine d'années, cette jeune communauté n'était encore à la vérité qu'un tendre arbrisseau, un tout petit grain de sénevé jeté en terre. Mais longtemps auparavant, des âmes pri- vilégiées se sentaient vivement portées vers la vie contemplative. Elles cherchaient de profondes solitudes, pour pouvoir suivre l'attrait qui les attirait à la contemplation des choses divines. Elles s'y préparaient, dans l'intérieur de leur âme, par un secret instinct dont elles ne pouvaient guère se rendre compte. Notre terre, qui est une terre de foi, pour avoir été arrosée des sueurs et du sang de nos pères, était donc préparée à recevoir cette nouvelle semence. Le temps de cultiver et de tailler cette nouvelle vigne du Seigneur, pour lui faire porter en peu de temps des fruits délicieux et abondants, était donc enfin heureusement arrivé. Ttmpus i^utcitionis advenit. La voix de cette communauté contemplative, si ardemment désirée, s'est dont fait entendre sur notre terre. Vox iurturis audita in terra nostra. La voix de cette innocente tourterelle, a retenti dans notre voisinage avec des gémissements ineff'ables, qui touchent les cœurs les plus durs. Ah ! c'est que sans doute l'Es- prit Saint les aura lui-même produites, dans le cœur des colombes 'qu'il a attirées à lui, pour en faire ses échos et ses organes. Spiritns postulat pro nobis gemitibus inenarrabilibus Eom. 8.26. Elle proclame, à toutes les heures du jour et de la nuit, ces paroles de la Ste. Eglise : Que le sang de Nôtre-Seigneur Jésus-CJtrist CIECULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 9 garde vos âmes pour la vie éternelle. C'est, en effet, dans ce sang du Dieu fait homme que se plonp;ent et se purifient les colombes que l'Eglise a réunies dans cet asile sacré, pour qu'à l'abri des dangers du monde, elles puissent en toute confiance se faire de vraies victimes réparatrices, par une vie d'amour, de piiôre et de souffrance, et faire entendre jour et nuit ce soupir que produit la soif des âmes : Miséricorde, ô Père étemel, par le Sang Précieux de votre chei' Fils. La Communauté qu'il s'agit d'installer aujourd'hui est donc une Communauté comtemplative et par conséquent nouvelle dans ce diocèse. Elle se compose de personnes qui se consacrent prin- cipalement aux exercices spirituels et aux oeuvres de la pénitence, pour glorifier la divine Majesté et apaiser sa colère. Elles sont connues sous le nom de Religieuses Réparatrices du Précieux Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ces victimes virginales furent réunies en Communauté, le 14 Septembre 1861 ; et elles furent canoniquement instituées par Mgr. Jos. Larocque, alors Evêque de St. Hyacinthe, le 21 Novembre 1865. Elles ne sont chargées d'aucune des œuvres propres aux Communautés qui mènent la vie active. Elles sont religieuses de chœur, gardent la clôture, récitent les Heures canoniales du jour et de la nuit. Pour remplir leur mission de Religieuses Réparatrices, elles observent le jeûne et l'abstinence, en certains jours particuliers, et pratiquent habituellement des macérations corporelles et autres mortifications intérieures et extérieures. Elles se consacrent tout spécialement à la salutaire dévotion du Précieux Sang de Notre Seigneur, au St. Sacrement de l'autel et à l'Immaculée Conception de la glorieuse Vierge Marie, l'auguste Mère de Dieu. Elles vivent dans la retraite et la séparation du monde, pour donner presque tout leur temps à la prière et à la contemplation. Ce qui les porte à mener cette vie austère est la soif des âmes, qui ne se sauvent qu'aux prix de beaucoup de durs sacrifices. Telle est, N. T. C. F., en résumé, la vie que l'on mène au Précieux Sang : vie souverainement agréable à Dieu, sanctifiante pour celles qui s'y consacrent et utile aux personnes obligées par état de vivre dans le monde. C'est à cette dernière considération que Nous nous arrêtons, pour vous faire mieux apprécier les 10 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, motifs qui nous portent à introduire cette Communauté dans ce diocèse. Nous le faisons, d'abord, pour vous offrir, chrétiens fervents qui êtes appelés à vivre dans le monde, un puissant secours pour vous maintenir dans la ferveur. Tous les jours, l'on vous entend vous plaindre du monde, de ses illusions, de ses distractions, de ses assemblées bruyantes, qui exposent les vertus les plus affermies à une dissipation dangereuse, à la perte d'un temps précieux, d'où naissent les dégoûts, les sécheresses, la tiédeur dans la prière, et jusque dans les saints ofiSces et la réception des sacrements. Vous vous en affligez avec raison ; et à l'exemple d'un grand saint, qui était absorbé dans les aff lires, vous vous plaignez d'avoir à peine le temps de respirer, dans les exercices de piété. Eh ! bien, consolez-vous et encouragez-vous par la pensée que la divine Providence vous ménage une ressource assurée dans ces Religieuses, qui viennent s'établir au milieu devons, pour vaquer la nutetlejour à la méditation des vérités éternelles et faire entendre de continuelles supplications pour tous les besoins des âmes, et surtout pour les nécessités corporelles et spirituelles des personnes pieuses qui se recommandent à elles. Car, en vertu de la Communion des Saints, elles ont grâce et mission, pour intervenir, au nom du Précieux Sang, en faveur de ceux et celles qui se recommandent à elles, dans leurs peines et leur désolation. Ainsi, rassurez-vous et prenez confiance, au milieu de ce tourbillon de distractions qui vous entraîne, en pensant que vous avez au pied du trône de Dieu, d'humbles et puissantes avocates, qui prieront pour vous et suppléeront, par leur ardent amour, à la ferveur qui vous manque, ou que du moins vous ne ressentez pas comme vous en auriez le désir. En introduisant, dans le diocèse, cette Communauté consacrée à la prière, notre intention est encore de protéger la vertu de ceux et celles qui se trouvent obligés de vivre dans le grand monde. Oh ! qu'en effet, il y a de dangers à courir sur cette mer orageuse, qui n'est que trop renommée par les tristes nauvrages qu'y font les personnes qui paraissaient les plus affermies dans la vertu ! Oh ! oui, sur la scène de ce grand monde, tout est plein d'écueils et d'illusions funestes ! CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 11 La triple concupiscence y exerce un empire terrible, en poussant les hommes à l'orgueil de la vie, à l'attachement désordonné aux biens de la terre, et à l'amour des plaisirs charnels et sensuels. Le respect humain est comme un tyran indomptable qui fait trembler les plus forts, et qui, à plus forte raison, renverse sans peine les faibles, les lâches et les pusillanimes. L'amour de la toilette, le penchant aux parures mondaines et immodestes, l'entraînement pour les partis de plaisir, le jeu, les bals, et autres amusements, exposent tous les jours les âmes innocentes à d'imminents dangers. Les discours, les exemples, les maximes, les livres, les romans présentent des pierres d'achoppement à tous ceux qui ne veillent pas soigneusement sur eux, et qui ne prient pas avec ferveur. On a donc de justes raisons de crier avec Notre-Seigueur : malheur au monde à cause de ses scandales. Mais, hélas ! on a beau crier, notre voix se perd au milieu du bruit et du tumulte de tant de passions. La divine miséricorde n'abandonne pas toutefois les âmes rachetées au prix du Sang Précieux du Divin Réparateur. Elle leur ménage une protection efficace, dans les prières qui se font, jour et nuit, dans l'humble monastère consacré à l'honneur de Cg sang adorable. La voix de ce Sang, plus puissante que celle du sang de l'innocent Abel, s'élève sans cesse vers le ciel, pour en faire descendre une pluie salutaire, qui modère l'ardeur de la concupiscence, éteint la soif désordonnée des richesses, réprime l'orgueil de la vie, éclaire l'esprit, embrase le cœur, et purifie toutes les affections. Nous avons donc beaucoup à gagner dans l'introduction de ces Religieuses du Précieux Sang qui s'implantent ainsi parmi nous, puisque, par leur présence si secourable, il doit se produire tant de bien. Enfin, notre de-sein, en introduisant dans le diocèse, cette nouvelle communauté, est d'inspirer de la confiance aux pauvres pécheurs. Car, en faisant attention que les Religieuses du Fré- cieux Sang se consacrent à Dieu, pour se faire victimes avec Notre-Seigueur, pour l'amour des pécheurs, qu'elles deviennent, par leur consécration à Dieu, des hosties vivantes, en immolant leur jeunesse et leur beauté, en crucifiant leur chair et toute la 12 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, délicatesse de leurs sens, en se consacrant pour toujours à la pratique de la vertu qui fait les Anges, malgré toutes les révoltes de la nature corrompue, ils se sentent nécessairement excités à travailler généreusement à secouer les chaînes de leurs mauvaises habitudes, pour rentrer en grâce avec Dieu, Pourquoi, se disent-ils alors, comme Augustin esclave de ses passions, ne pourrions-nous pas faire ce qxiefont tant dC autres f Et, en effet, ils ne peuvent qu'être encouragés puissamment à fie consacrer tout de bon au service de Dieu, lorsqu'ils pensent qu'il y a dans leur voisinage des perponnes dévouées cordialement à leurs intérêts spirituels, qui travaillent courageusement à mener une vie vraiment angélique, afin de devenir de puiss:mtes avocates auprès de Dieu pour le salut des plus grands pécheurs, qui font de sévères pénitences pour payer les dettes qu'ils ont con- tractées envers la sévère justice de Dieu, qui font tout en leur pouvoir, pour se rendre de plus en plus agréables à la divine Majesté, afin de pouvoir intercéder pour eux avec plus d'efficacité, qui savent apf)liquer aux plaies profondes que leur a faites le péché, non l'huîle et le vin du charitable Samaritain, mais le Sang précieux du Sauveur, dont la vertu est infinie. Ces infortunés pécheurs, en présence de ces charitables répa- ratrices, ne sauraient résister longtemps aux touches intérieures de la grâce, qui les presse de revenir au Seigneur. Ah ! il leur faut bientôt rentrer en eux-mêmes, pour se donner tout à Dieu. En effet, ils rougiraient de vivre plus longtemps dans les délices de la chair, en pensant que ces bienfaisantes réparatrices mêlent au Sang du Divin Sauveur le sang qui s'échappe de leur cœur et les larmes qui coulent de leurs yeux, pour en faire un bain salutaire dans lequel ils n'ont qu'à se plonger pour être lavés et purifiés. Il est facile de conclure de tout ce que Nous venons de dire, N. T. C. F., que l'établissement, à Montréal, des Religieuses Répa- ratrices du Précieux Sang de Mitre Seigneur Jésus-Christ doit produire, entr'autres avantages, trois heureux fruits, lo en affer- missant les bons dans le bien, 2o. en préservant du mal ceux qui se trouvent grandement exposés à y tomber, 3o. en retirant du péché ceux qui ont eu le malheur de s'y laisser aller. Oh ! que CmCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 13 de bénédictions temporelles et spirituelles vont couler de cette source, dans le diocèse tout entier, et spécialement dans la paroisse de N. D. de Grâce ! Aussi, tout le diocèse est-il vivement inté. ressé au succès de cette nouvelle maison religieuse, qui prend naissance dans cette belle paroisse. Il y a donc de justes raisons d'espérer que partout l'on déploiera le même zèle pour l'œuvre importante du Précieux Sang que dans cette heureuse et floris- sante paroisse. Nous nous faisons un juste devoir de lui en témoi- gner, dans cette circonstance solennelle, toute notre reconnais- sance, au nom de Dieu qui. Nous l'espérons, la récompeusera au centuple, pour le service signalé qu'elle rend ainsi à la religion, en secondant les efforts de son digne Curé, pour fonder un établis- sement si précieux. Comme aussi, Nous félicitons, au nom du Clergé, des Commu- nautés et des fidèles confiés à nos soins, les Religieuses fondatrices, et tous ceux et celles qui les ont députées et encouragées, de leur heureuse arrivée parmi nous, en formant des vœux ardents pour qu'elles trouvent dans cette riche et grande cité et dans nos fertiles campagnes une joyeuse réception et un cordial encouragement. Puissent-elles, par leurs ferventes prières et les pénibles sacrifices qu'elles vont s'imposer. Nous obtenir du juste Juge, qui ne tar- dera pas à Nous citer à son terrible tribunal, une sentence favo- rable, afin que, lavé dans son sang adorable et justifié par ses mérites infinis, Nous puissions louer et bénir éterneilemeot ses grandes miséricordes. A ces causes, le saint Nom de Dieu invoqué, et de l'avis de Nos Vénérables Frères les Chanoines de notre Cathédrale, Nous avons réglé, statué et ordonné, réglons, statuons et ordotmons ce qui suit. lo. Les Eeligieuses du Précieux Sang, établies dans la ville de St. Hyacinthe, par notre bien-aimé et vénéré Frère 3Igr. Joseph LaEocque, et munies d'une permission expresse à elles donnée par leur digue Evêque actuel, Monseigneur Charles Lallocque, Évêque de St. Hyacinthe, sont, par le piègent, auto- risées à faire une fondation de leur pieuse Congrégation dans la dite paroisse de Notre-Dame de Grâce, avec l'assi-tauce du zélé Curé qui les y a invitées et celle de ses généreux paroissiens. 14 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, 2o. Elles devront y garder les règles et constitutions qui s'ob- jeervent dans leur Maison-Mère de St. Hyacinthe, en se confor- mant aux louables coutumes et usages qui s'y sont légitimement introduits au vu et su de leurs Supérieurs ecclésiastiques. 3o. Ces Eeligieuses envoyées, pour faire cette fondation, demeureront, tant que l'obéissance les tiendra dans le Monastère de la dite Paroisse, sous notre entière jurisdiction et celle de nos successeurs Evêques. 4o. Elles jouiront, dans ce dernier Monastère, des droits, grâces et privilégies accordés aux Communautés de ce Diocèse, soit par Induits Apostoliques, soit par Mandements ou autres documents épiscopaux, propres à ce Diocèse. O Jésus, ô doux Rédempteur des hommes, vous nous avez tous rachetés dans votre Sang Précieux. O Agneau de Dieu, vous avez lavé nos robes, purifié nos conciences dans votre sang adorable, afin de nous préparer au festin de vos noces et nous introduire tous dans votre royaume céleste pour nous faire régner avec vous durant toute l'éternité. Mous vous en supplions, dai- gnez bénir cette nouvelle œuvre, qui commence ici sous les aus- pices de votre Sang Divin. Arrosez-la de cette divine rosée qui la rende féconde et lui fasse porter des fruits abondants de salut. Te ergo, quœsumus, tuisfamulis subveni, quos pretioso sanguine redemisti. Sera le présent mandement lu à la cérémonie de l'Installation des Religieuses du Précieux Sang, qui se fera le quatorzième jour du présent mois et ensuite au prône de toutes les Eglises où se fait l'Office public et au Chapitre de toutes les communautés, le premier Dimanche après sa réception. Donné à Montréal, sous notre seing et sceau, et le contre-seing de notre Secrétaire, le Vendredi, fête du Sacré Cœur de Jésus, le douze du mois de Juin, mil huit-cent soixante-quatorze. t la., ÉV. DE MONTRÉAL. Par Monseigneur, J. O. Paré, Chanoine Secrétaire. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 15 DÉCRET D'APPEOBATION DE LA GARDE D'HOÎT- NEUR PAR MGR. L'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL. Une des salutaires dévotions qu'a produites, dans ces derniers temps, l'amour du Sacré Cœur de Jésus, est la Garde d'honneur. Pour la recommander, il suflSt de dire que l'immortel Pie IX, dans son ardent amour pour Xotre Seigneur, l'a bénie et enri- chie de précieuses indulgences. D'ailleurs, elle se recommande d'elle-même. Nous la recommandons donc à toutes les âmes pieuses de notre diocèse ; et pour cela Nous chargeons leurs Pasteurs du soin delà propager avec le zèle qui les anime toujours, chaque fois qu'il s'agit de faire connaître, aimer et servir le Divin Maître. Les paroles qu'adresse le Sauveur à la Bienheureuse Mar- guerite Marie : Voici ce cœur quia tant aimé les hommes et qui n'en reçoit que des ingratitudes, suffiront pour porter tous ceux qui sont épris d'amour pour ce divin Cœur à entrer dans la Garde d'honneur, afin d'y former une couronne qui puisse le consoler de tant d'outrages dont il est l'objet, surtout dans ces jours mauvais. Cette pieuse association ne peut que se répandre avec rapidité et bonheur dans un pays de foi comme le nôtre. Car, rien de plus facile que les pratiques qu'elle met en honneur pour glorifier le Sacré Cœur de Jésus. Cependant, rien de plus sanctifiant que ces pratiques puisqu'elles tendent à établir une intime union avec ce Cœur si aimant et si aimable. D'ailleurs, la Garde d'honneur, comme toutes les autres dévo- tions approuvées par l'Eirlise, est pour les bonnes âmes un puissant encouragement à observer tous les commandements de Dieu et de l'Eglise, en quoi consiste la vraie et solide dévotion des Chrétiens. Ainsi, il est visible que si l'on choisit quelque office, comme cela est permis dans les règles de l'association, pour y faire les réunions mensuelles, on y attirera un plus grand con- cours et on en retirera plus de profit spirituel par la ferveur que l'on y fera régner. Enfin, la consécration au Sacré Cœur qui se fit si solennelle- 16 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, ment, par ordre du V. Concile Provincial de Québec, dans toutes les Églises de cette Province, le 22 Juin 1873, et qui doit se renouveler tous les ans, le Dimanche après l'octave du St. Sacre- ment, est pour tous un nouveau motif, et assurément un motif bien urgent de s'enrôler dans la Garde d'honneur, afin qu'elle devienne de plus en plus une Légion terrible aux ennemis visibles et invisibles de la Sainte Eglise, en lui portant un puissant secours pour combattre et détruire les vices, les erreurs, les scandales qui régnent plus que jamais dans le monde. Puisse surtout la Garde d'honneur faire entrer nos frères séparés dans les voies de la vérité, de la justice et de la piété ! Tous ces motifs, et beaucoup d'autres que Nous omettons, Nous engagent à bénir, approuver et recommander la Garde d'honneur pour que le Sacré Cœur de Jésus soit de plus en plus honoré, loué et aimé, dans toutes les parties de notre Diocèse, et que les fidèles, qui y sont établis, soient de plus en plus comblés des grâces qui sortent par torrents de cette source infinie de toutes grâces ; c'est ce qu'ils pourront facilement mériter en faisant bonne garde autour de ce trône des miséricordes et des bontés inépuisables de notre Dieu. En conséquence, Nous publions le Décret Apostolique qui accorde diverses indulgences aux fidèles qui s'associent à la Garde d'honneur; et Nous approuvons les règles et les pratiques qui y sont en usage pour faire honorer \e Sacré Cœur de Jésus. Donné à Montréal, en la fête du Très Saint et Immaculé Cœur de Marie, le vingt-trois Août, mil huit-cent soixante-quatorze, sous notre seing et sceau, et le contre-seing de notre Secrétaire. t K^., ÉV. DE MONTRÉAL. Par Monseigneur, J. 0. Paré, Chan. Secrétaire. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 17 GARDE-D- HONNEUR DU SACRÉ-CŒUR DE JÉSUS. Notre-Seigneur avait dit à la Bienheureuse Marguerite-Marie : " qu'il voulait former, autour de son Sacré-Cœur, une couronne de "douze étoiles, composée de ses plus chers et fidèles serviteurs." C'est pour réaliser ce vœu du Sauveur qu'a été fondée la Garde- d'Honneur, dont voici les principales dispositions : Autour du Cœur de Jésus, placé au centre d'un cadran horaire, sont rangés, À leurs heures respectives, les noms des Associés. II est mieux, mais non indispensable, d'être inscrit vis-à-vis l'heure qu'on a choisie. Aux douze heures du Cadran correspondent de célestes Patrons, en union desque's les Associés font leur pieux service. <^e sont, à partir de 12 à 1: N. D. du S.-Cœur. 1 à 2 : S. Joseph et les Sts. 2 à 3 : Les Justes de la terre. 3 à 4: Les Séraphins. 4 à 5 ; Les Chérubins. 5 à 6 : Les Trônes. (j à 7 : Les Dominations. 7 à 8: Les Vertus. 8 à 9 : Les Puissance*. 9 à 10 : Les Principautés. 10 à 1 1 : Les AjfohaBgê». 11 à 12: Les Anges. Le cadran, ainsi disposé, avec les aonas des Associés, se place honorablement dans une église, une chapelle, ou dans quelqu'autre lieu convenable, comme une salle de pieux exercices, etc. L'inscription sur un Cadran de l'Œuvre est obligatoire pour faire partie de la Garde-d' Honneur. CHAQUE MOIS. Autant que possible, dans une réunion mensuelle, ou du moins annuelle, qui peut n'être que la fin des Vêpres ou de tout autre pieux exercice, avec lequel celui-ci pourra se fusionner, on distri- bue aux Associés un billet zélateur, qui, comme son nom l'indique, est destiné à stimuler, encourager, diriger leurs efforts, d'une réunion à l'autre. C'est comme le mot intime, le mot d'ordre tombé du Cœur de Jésus, à l'adresse de chaque Garde-d'Honneur. 18 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, CHAQUE JOUR. Semblables à des enfants, à des amis, à des sujets respectueux, dévoués et fidèles, les Gardes-d Honneur se succèdent tour-à-tour auprès du Sauveur Jésus, pour offrir à son cœur, si aimant et payé de tant d'ingratitude, respect ! amour ! dévouement \ conso- lation ! Après avoir accepté une hturt par jour, et s'y être fait inscrire sur le Cadran qui renferme les noms des Associés: au commencement de cette Heure de Garde, sans rien changer à leurs occupations ordinaires, ils se rendent en esprit au poste d'amour, le Tabernacle. Là, ils offrent à Jésus leurs pensées, leurs paroles, leurs actions, leurs peines, et surtout le désir qu'ils éprouvent de consoler son cœur adorable, par leur amour ! Pen- dant le cours de Theure, ils tâchent de penser un peu plus souvent à Notre-Seigneur, font au moins un acte d'amour, et, s'ils le peu- vent, un léger sacrifice. Mais aucune prière, aucune méthode, aucun exercice spécial n'est prescrit ou exigé. N'apportant ainsi ni interruption ni dérangement dans les occupations ordinaires, mais excitant seulement à remplir, avec toute la perfection possible, le devoir actuel, imposé à chacun, ce saint exercice se trouve, par là même, accessible à tous. L'expé- rience a démontré qu'on ne le pratique pas longtemps sans ea recueillir bientôt les fruits les plus précieux, et sans éprouver la salutaire influence qu'il répand sur les autres instants.de la journée. Comment, en effet, celui qui, pendant une heure, s'est tenu en la présence du Seigneur Jésus, s'efforçant de lui prouver son amour, tantôt par une effusion du cœur, tantôt par un acte de dévoue- ment, tantôt par une victoire remportée sur son humeur ou sa passion dominante, comment pourrait-il. sitôt après, blesser par quelque offense grave le Dieu aux pieds duquel il a dû laisser son esprit et son cœur en quittant le Tabernacle? Comment pour- rait-il être dur, égoïste, peu charitable envers les siens, celui qui s'est approché de l'ardente fournaise d'amour qui dévore le Cœur de Jésus? Comment succomberait-il sous le poids de ses faiblesses et serait-il vaincu par ses ennemis celui qui s'est tenu, pendant une heure, appuyé sur le Cœur du Dieu fort, et qui marche sous l'égide du Tout-Puissant? Car, si l'Associé a dû s'éloigner du Tabernacle, à la fin de son Heure de Garde, le CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 19 regard de Jésus l'a suivi et lui rend, au usinent du danger, par une spéciale protection, le dévouement (ju'il en a reçu. Sacré-Cœur de Jésus, cl/junez nous pour partage Dt vous aimer toujours et toujours davantage ! Le Cœur de Jésus accordera grâce sur grâce, hénédictioii sur hénédictiorij aux âmes fidèles et compatiss intes qui nmjil iront ^ auprès deLtii, cette missiou de dévouement et d amour. La Garde d'Honneur ne détruit en rien le passé. Là où la Confrérie du Sacré-Cœur exista, elle vient offrir aux Associés le secours de ses réunions mensuelles, de ses pieuses pratiques, de ses billets-zélateurs, de ses Indulgences spéciales. Là où la Con- frérie du Sacré-Cœur n"existe pas, elle ly supplée, en quelque sorte, puisqu'elle fait entrer les Associés en participation de tous les privilèges accordés à cette Œuvre-Mère. Indidgenoes plénières accordées par S. S. Pie I^ aux Asso- ciés de la Garde-d'honneur et conditions pour les gagner. Ire Série : Le jour de l'enrôlement dans la G arde-d' Honneur ; le jour de la fête du Sacré-Cœur ou le dimanche qui la suit ; le 1er vendredi ou le premier dimanche de chaque mois ; deux jours de chaque mois, à volonté ; à l'article de la mort, en invoquant le très-saint nom de Jésus, au moins de cœur. Conditions: lo. Être enrôlé dans la Garde-d"Honneur ; 2o. Eéciter chaque jour dévotement le Pater ^ VAve, le Credo, avec l'invocation : 0 doux Cœur de Jésus, faites que Je vous aime de plus en plus ! La visite d'une église n'est point exigée. 2de série: Les Gardes-d' Honneur ont, de plus, droit aux Indul- gences des Stations de Rome, ainsi qu'à toutes celles, et aux mêmes conditions qu'eux, auxquelles participent les Associés du Sacré-Cœur de Jésus. Voir la Notice sur la Garde d'Honneur, imprimée à Bourg. Yu et approuvé : E. A., ARCH. DE QUÉBEC. IG., ÉY. DE MO^^TEÉAL. 20 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, CIECULAIEE CONCEENANT LE DEUXIÈME ANNI- VERSAIRE SÉCULAIEE DE L'ÉEECTION DU DIO- CESE DE QUÉBEC. Montréal, 21 Septembre 1874. Monsieur, Je crois devoir signaler à votre attention la fête qui doit se célébrer à Québec, le premier d'Octobre prochain, parce que toutes sortes de raisons nous invitant à y prendre part, pour par- ticiper aux grâces qui y sont attachées. Il y a deux siècles, Clément X, d'heureuse mémoire, érigeait un Siège Episcopal à Québec, pour toute la Nouvelle France; et l'Illustre François de Laval de Montmorency en était institué le premier Evêque Titulaire. Cet ancien diocèse comprenait alors un immense territoire qui, en se démembrant successivement, a servi à la fondation de cin- quante-neuf Evêchés, qui composent aujourd'hui la hiérarchie ecclésiastique des pays gouvernés par l'Evêque de la Nouvelle France. Or, après deux siècles d'existence, l' Eglise-Mère a voulu con- naître plus intimement toutes les Eglises auxquelles, dans son heureuse fécondité, elle a donné naissance et qu'elle aime comme ses filles. A cette fin, le digne Archevêque, qui est le quinzième successeur qui se soit assis sur le Siège du vénérable Fondateur de l'Episcopat dans ce pays, a invité à se réunir, dans sa Métro- pole, tous les Archevêques et Evèques des diverses Eglises qui, dans le principe, n'en faisaient qu'une avec celle dont il est demeuré le Pasteur et le Père, Cette réunion de tant vd 'Archevêques et Evêques ou de leurs députés, va, comme on le voit, avoir lieu en un jour bien mémo- rable, qui ne saurait passer inaperçu, depuis surtout que notre immortel Pie IX a fait du centenaire de St. Pierre une si grande solennité, pour le monde entier. C'est, en efi'et, un second anniversaire séculaire de l'érection d'une chaire épiscopale. qui est devenue si rayonnante par la longue suite des saints et dignes Evêques qui s'y sont assis, parle zèle Apostolique des Prêtres et Missionnaire.?, qui les ont si puissamment secondés, en arrosant CmCULAIKES ET AUTRES DOCUMENTS. 21 ce champ de leurs sueurs et de leur sang, par la foi simple et la vie innocente du bon peuple, qui coasei-ve si fidèlement ses tradi- tions religieuses et ses mœurs patriarchales. Ce jour anniversaire va, on n'en saurait douter, rappeler de grands et doux souvenirs et faire goûter de délicieuses jouissances. D'un côté, l'Eglise de Québec, en se voyant entourée des nom- breuses filles à qui elle a donné naissance et qui viennent lui rendre leurs hommages, ne pourra que bénir le Seigneur de son heureuse fécondité. Dans cette joyeuse solennité, de doux et harmonieux échos vont retentir à ses oreilles, pour lui appliquer ces paroles du prophète Isaïe, qui s'adressent directement à la Sainte Eglise Romaine, la mère de toutes les autres Eglises : " Leva in circuitu oculos et vide, omnes isti congregati sunt, venerunt tibi ; filii tui de longe veulent, et filise tuae de latere surgent. Tune videbis et afflues, mitabitur et dilatabitur cor tuum." (Isaïe 60.) D'un autre côté, toutes ces Eglises rapporteront, dans cette consolante réunion de famille, toutes les œuvi-es qu'il a plu à la divine bonté leur faire accomplir en tant de lieux divers, pour la propigation delà foi, la dilatation de la sainte Eglise, l'exaltation du Siège Apostolique, le plein succès de toutes les entreprises faites, pour la plus grande gloire de Dieu, la conversion de nos frères séparés, le retour au bon Pasteur de tant de brebis éga rées. Il arrivera à Québec ce qui arriva à Jérusalem, lorsque tous les Apôtres et les disciples, qui se trouvaient dispersés, pour prêcher l'Evangile, s'y réunirent, pour le bien de la Religion ; car, St. Paul et St. Barnabe racontèrent aux fidèles de cette ville les prodiges que Dieu avait faits par leur ministère parmi les Grentils. " Audiehant Bariiahum et Paulum, narrantes quanta " Deus fecisset signa et jjrodigia in gentibus." (A. A. 25, 12.) Quoiqu'absents de .corps, nous ne pouvons demeurer étrangers à cette belle et joyeuse fête. Car. le diocèse de Montréal, qui n'en faisait qu"un avec celui de Québec jusqu'à 1836, qu'il en a été séparé, a travaillé efficacement à renouer les liens canoniques qui l'unissent encore à cette Eglise-Mère, en contribuant autant qu'il était en lui à l'érection de la Province ecclésiastique, pour lui appartenir en qualité de siiflfragant. 22 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Nous avons donc à nous unir de cœur et d'âme aux ferventes prières, qui vont se faire à la Métropole, dans cette grande et impo- sante solennité. Ce que toutes les Eglises, réunies dans l'enceinte de la Métropole, vont demander, dans l'ardeur de leur foi, nous allons le demander dans toutes et chacune de nos églises et cha- pelles, dans l'humilité et la simplicité de nos cœurs. À cette fin, l'on chantera, dimanche prochain, vingt-sept du présent mois de Septembre, dans toutes les églises où se fait l'office public et dans toutes les chapelles de communauté, avant la Messe solennelle ou celle de communauté, le Veni Creator avec le verset et l'oraison propres à cette hymne. L'intention prin- cipale sera d'attirer sur toutes les Eglises, démembrées de celle de Québec, les lumières et les grâces de l'Esprit-Saint, pour qu'elles conservent, comme un précieux trésor, l'esprit de foi, de zèle et de charité qui anima leur fondateur commun. Pour que les fidèles puissent s'unir plus intimement aux céré- monies et actes religieux qui vont se faire dans l'Eglise Métropo- litaine, à l'occasion du deuxième anniversaire centenaire de l'é- rection du diocèse de Québec, la présente circulaire sera lue et commentée au prône du Dimanche susdit. A l'heure qui sera jugée plus commode, il sera chanté, dans toutes les Eglises et Chapelles, un salut solennel, pour demander que toutes ces Eglises demeurent fortement et tendrement unies, pour travailler avec un plein succès à faire triompher la sainte Eglise Catho- lique, Apostolique et Romaine et faire régner en tous lieux la vraie piété. Enfin, demandons avec la plus intime confiance d'être exaucés : Pour l'immortel Pontife Pie IX, victoire, paix, longues années et éternelle mémoire dans le souvenir des peuples ! Pour le grand et vénéré fondateur de l'Eglise de Québec, le noble et Saint E^êque François de Laval de Montmorency, repos éternel dans le ciel, et honneur des autels sur la terre, par la voix du Siège Aposto- lique. Pour tous les Archevêques, Évêques et députés présents à cette réunion, rosée de la grâce et gloire éternelle, pour récom- pense de leurs travaux ! Pour tous les Clergés et les pieux fidèles des Eglises qui ont été formées de celle qui prit naissance dans ce glorieux anniversaire, zèle de la religion catholique, CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 23 œuvres de justice, abondance de la paix et victoire sur tous les tennemis de la foi ! En attendant, je crois devoir appeler votre attention sur un autre anniversaire, qui nous regarde spécialement, celui de l'or- dination à la prêtrise de feu Mgr. Lartigue, premier Evêque de Montréal. Ce fut dans l'église de St.-Denis, sur la Rivière Richelieu, qu'il reçut l'onction sacerdotale des mains de Mgr. P. Denault, neuvième successeur de Mgr. de Laval, le 21 Septembre 1800. Cet excellent Prêtre, cet éminent Evêque aurait donc au- jourd'hui, s'il eut vécu, soixante-quatorze ans de prêtrise. Ah ! ■qu'il repose en paix et qu'il prie pour nous. En munissant à vos travaux et en réclamant le secours de vos ferventes prières, je suis bien cordialement, Monsieur, Votre très-humble et obéissant serviteur, t IG., ÉV. DE MONTRÉAL. CIRCULAIRE PROPOSANT, LES DIVERSES INTEN- TIONS AVEC LESQUELLES DOIVENT SE FAIRE LES QUARANTE-HEUEES EN 1874 ET 1875. Nos Très Chers Frères, Notre Seigneur est sur le point de terminer la dix-septième mission qu'il a faite, dans toutes les parties de ce diocèse, par les solennels exercices des Quarante-Heures. Partout et en tout temps, il s'est montré envers les pieux fidèles qui l'ont suivi dans les lieux qu'il a daigné visiter, plein de grâce et de bonté. Il s'est plu en toutes circonstances à dilater les entrailles de son infinie charité ; et il n'a cessé de tenir son divin cœur ouvert, pour laisser couler, à toutes les heures du jour et de la nuit, des torrents de bénédictions. Oh ! qu'il est bon, le Dieu d'Israël envers nous tous qui avons ressenti ses ineffables douceurs, pendant ces jours de salut! Aussi. N. T. C. F., n'est-il pas nécessaire d'insister sur les précieux avantages que l'on retire de la célébration des Çiiara/ife- 24 MANDEMENTS, LETTRES PASTOK.VLES, Heures, pour vous inviter de nouveau à faire ces saints exercices: avec une ferveur toute nouvelle. Car, vous avez si bien goûté par TOus-mêmes, combien le Seigneur est doux pour tous ceux qui l'aiment, dans le sacrement de son amour, que c'est toujours, quelque cbose de nouveau que ces saints exercices. Qu'il Nous suffise donc de vous suggérer quelques-unes des pieuses intentions qui doivent vous animer eu faisant^ cette année, dans chaque église, la grande soleunité des Quarante- Meures. La principale est de demander pour le monde entier la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, afin que ce divin Cœur soit de plus en plus connu, loué, aimé et adoré dans toutes les parties de l'Univers. Mais, en demandant que cette salutaire dévotion se propage et devienne de plus en plus la dévotion de tous les vrais enfants de l'Eglise, Nous allons supplier le Seigneur de vouloir bien accorder en particulier cette grâce insigne à tout le Clergé et à tous les fidèles de ce diocèse. Oh! oui, N. T. C. F., ce qui va nous occuper par-dessus tout, durant toute cette année de Quarante- Heures, c'est la vraie dévotion au Sacré-Cœur. Cette dévotion, comme vous le savez, renferme beaucoup de pratiques sanctifiantes et se produit au dehors par des actes religieux, qui font l'admiration du monde entier, et par des sacrifices héroïques qui prouvent qu'avec cette dévotion l'on est capable de tout. Le temps et les circonstances ne Nous permettent pas d'entrer aujourd'hui dans plus de détails. Nous nous contentons donc de vous faire observer que Nous allons faire nos Quarante-Heures, pour demander la vraie dévotion au DiviuCœurdc Jésus. A cette fin, la messe du second jour des Quarante-Heures sera celle du Sacré-Cœur, en se conformant à toutes les rubriques et cérémonies prescrites par l'Eglise. Si Dieu se plait à exaucer deux ou trois personnes réunies pour prier en sou nom, n'est-il pas évident qu'il se rendra propice et favorable aux ardents désirs et aux vœux unanimes du Clergé, dos Communautés et du peuple fidèle, qui vont être déposés au pied des saints autels, pour être offerts par Notre Seigneur à son adorable Père et transportés au. ciel par les Anges et les Saints, qui s'y tiennent prosternés nuit et CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 25 jour, pour s'associer à nos profundes adorations et nos liumbles prières. A cette même fin, l'on se réunira, autant que possible, à la chute du jour pour faire amende honorable à Xotre-Seigneur et lui offrir une prière, composée par un de ses plus dévots serviteurs,. St. Alphonse de Liguori, afin de lui demander tout spécialement la dévotion à sou Sacré-Cœur. Si Dieu Nous prête vie. Nous nous ferons un devoir, dans une prochaine lettre, de vous indiquer les diverses pratiques de piété qu'il nous sera possible d'accomplir, pour établir, dans ce Diocèse, la dévotion si douce, si salutaire, si sanctifiunte au Sacré-Cœur de Jésus, par le très-saint et immaculé Cœur de Marie. En attendant. Nous demeurons devons tous le très-humble et dévoué serviteur, t m., ÉV. DE MONTKÉAL. Montréal, le 27 Novembre 1874. CIRCULAIRE AU CLERGÉ, AUX COMMUNAUTES EELICilEUSES ET AUX PIEUX FIDÈLES DU DIO- CÈSE DE MONTEE AL. Nos Très Chers Frères, Tout Nous avertit que nos jours se dissipent comme une ombre fugitive, et que déjà Nous touchons à la tombe qui commence à s'ouvrir sous nos pieds pour recevoir nos dépouilles mortelles, et se fermer aussitôt pour ne s'ouvrir ensuite qu'au son de la trom- pette de l'Ange qui fera sortir tous les morts du tombeau. En voyant ainsi approcher le jour où nous aurons à rendre compte de toutes nos œuvres, toutes les années de notre vie, et surtout celles de notre administration se déroulent rapidement à nos regards et, nous lai.ssent apercevoir tous les vides qui s'y trouvent ; et, comme cet Évêque de l'Apocalypse, Nous entendons ces paroles du Souverain Juge : Ta ne t'aperçois pas que tu es aveugle, pauvre et misérable. Vous comprenez, N. T. C. F., que pour un pasteur qui est sur le point de rendre compte de tout ce qu'il a fait dans l'exercice 26 MANDE^rENTS, LETTRES PASTOEALES, de son divin ministère, c'est un puissant motif de se rassurer quand il peut espérer que Dieu est fidèlement servi par le peuple, confia à ses soins ; que ce peuple a le péché en horreur, et qu'il s'attache à la pratique des vraies et solides vertus ; quand, pour tout dire en deux mots, il voit que la charité, cette reine des vertus, s'exerce avec un zèle infatigable, dans tous les rangs et dans toutes les conditions, par les pauvres comme par les riches, pour le salut des âmes et la propagation de notre sainte foi ; car, c'est là l'œuvre des œuvres, l'œuvre pour laquelle le Fils de Dieu vivant est venu dans ce monde et y a accompli tant de mystères et opéré tant de prodiges. Oh ! oui, X. T. C. F., ce serait pour Xous une bien douce consolation, s'il Nous était permis, à cette heure où la gravité de la maladie nous porte incessamment devant notre Juge suprême, de voir la grande et belle œuvre de la Propagation de la Foi, ■dans un état florissant; si, comme un tronc bien nourri, elle répandait dans toutes les branches, qui doivent s'y rattacher, une sève vigoureuse et féconde ; si, comme un étendard glorieux, elle se faisait remarquer au-dessus de toutes nos villes et de toutes nos campagnes, pour les couvrir de son ombre salutaire. Nous aimerions à jouir du spectacle des fruits de vertus, qu'elle produit dans tous les lieux oii elle règne avec empire, et dont vous avez pu jouir bien des fois, soit en lisant ce qu'elle opère de mer- veilleux dans les pays lointains, soit en fixant vos regards sur ce quelle fait habituellement parmi nous. Kt, en effet, c'est la Propagation de la Foi qui a précédé et a accompagné nos infatigables colons dans nos épaisses et antiques forêts, pour les encourager et les aider à en exploiter les richesses. C'est elle qui a fait élever ces églises dévotes, ces édifices religieux qui peuvent seuls fixer ces flots de populations, qui cherchent à vivre hors du sol natal. C'est elle qui fait chanter les louanges dé Dieu dans ces vastes déserts, sur ces montagnes qui ne reten- tissaient ci-devant que du chant des oiseaux et des cris de bêtes sauvages. Aujourd'hui, grâces aux salutaires influences de cette admirable société, que de nombreuses familles vivent en paix sur les terres qu'elles arrosent de leurs sueurs, que d'enfants des deux sexes reçoivent une éducation chrétienne, que de misères soulagées, que d'âmes encouragées ! CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 27 Et n'allons pus croire qu'eu grandissant et en prenant des proportions considérables d ins les camp i<>nes comme dans les -villes, l'Œuvre de la P. de la F. compromette les œuvres des paroisses, ou du diocèse, c'est-à-dire, celles qui présentent un rap- port plus direct avec les in 'érêts spirituels dont, Prêtres et Evêques, nous avons la garde et la sollicitude. Oh non ! au lieu d'êtra funeste à nos œuvres locales, l'Œuvre de la P. de la F. leur sera salutaire, d n'est pas un3 de ces plantes meurtrières qui tuent celles dont elles sont entourées ; c'est, ai contraire, un arbuste protecteur qui leur prêtera l'appui de sa tige et le bienfait de son ombre. L'Œuvre de la Propagation de la Foi e.st appelée à fécon- der toutes nos institutions par les grâces dont elle nous ouvrira la source. Partout elle a produit ce résultat ; la charité n'est jamais «ans retour; mais, celle surtout qui a pour but direct la conserva- tion et la propagation fie la foi, l'extension du règne de J. C, cette charité-là s'enrichit en s'épuisant; les aumônes pour l'Œuvre de la Propagation de la Foi sont des semences jetées en terre féconde, chaque grain en rapporte cent. Enrôlez-vous donc tous sans distinction, N. T, C, F., sous la bannière de cette association bénie ; dans le-^ plus pauvres parois- ses comme dans les plus riches, dans les nouvelles paroisses où tout est encore à créer, comme dans les anciennes dotées de leurs institutions, partout il est possible, partout il est facile de rentrer dans ses rangs ; les sacrifices qu'elle demande sont à la portée de tous ; bien plus, si on ne peut payer le modeste impôt qu'elle a fixé, elle se contente de ce qu'on voudra lui offrir ; elle sait .se résigner à peu lorsqu'on est dans la cruelle nécessité de lui don- ner peu. Faites donc pour elle ce que votre situation de fortune vous permet de fixire, et faites-le sans réserve de calcul et d'éco- nomie, allant jusqu'aux limites que vous pouvez réellement et consciencieusement atteindre. Agissant ainsi, vous serez solidaires des mérites de nos mission- naires et de leuns néophytes, vous obtiendrez une foule de grâces «t de bénédictions par leurs prières, vous contribuerez surtout à îa glorification de Dieu et de son église, non seulement au sein des chrétientés lointaines, mais au sein même de notre diocèse, puis tvous réjouirez et consolerez le cœur de votre vieil Evêque. 28 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, C'est clans toute la sincérité de notre âme, Pt avec toute l'ardeur dont nous sommes capable, que nous supplions le ciel d'étendre dans notre chère Eglise de Montréal le cercle de cette association- Fasse le ciel que nous ayons le bonheur de voir, avant que nos yeux s'éteignent à cette vie, toutes les paroisses de notre diocèse sans exception, tous les collèges, les couvents, les écoles, s'inscrire pour un cliiffre sérieux dans les registres do cette grande Œuvre, registres qui sont, à nos yeux, comme un livre de vie, de voir les souscriptions atteindre des proportions qui domineront le taux passé ! Nous regarderions ce dévoloppement comme une bénédic- tion sur notre épiscoput, et une récompense hautement appréciée pour nos humbles efforts. Je suis toujours de vous tous l'humble et dévoué serviteur, t IG., ÉV. DE MONTRÉAL. Montréal, 3 Décembre, fête de St. François-Xavier, 187-t. Salut à Marie, conçue sans péché, V honneur de notre peuple. — Rf jouissons-nous beau- coup dans ce jour qve le Seigneur a fait- CIRCULAIRE AU CLERGÉ LUI ANNONÇANT LES "STATUTS SYNODAUX' ET LUI FAISANT LES SOUHAITS DK LA NOUVELLE ANNÉE. Montréal, le 22 Décembre 1874. Monsieur, La pré-ente est pour vous annoncer qu'un projet de Statuts Synodaux vous sera prochainement envoyé, pour que vous en fassiez le sujet de vos conférences, dans le temps et en la manière qui vous seront indiqués. En attendant, je crois devoir vous prévenir que ces statuts synodaux sont tout simplement un Recueil de règles pratiques, classées et mises en ordre, pour que vous puissiez y trouver faci- lement les directions dont vous pouvez avoir besoin, afin de vous confoi mer aux décrets des quatre premiers Conciles provinciaux de Québec, qui embrassent à peu près tous les points de la disci- pline en vigueur dans ce diocèse. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 29 Cette discipline, grâce à Dieu, n'est tombée ni en oubli, ni en désuétude ; mais il est parfois difi&cile de trouver les documents sur lesquels elle repose. Car, outre les dits décrets, qui en sont comme le fondement, elle s'est graduellement formée des réo-le- nients, qui ont été faits dans différents temps et pour obvier aux difficultés du moment. Mais, comme ces règlements disciplinaires se trouvent dispersés dans un grand nombre de Mandements, Lettres pastorales et Circulaires, il est devenu assez difficile d'y recourir, quand on en a besoin. Or, dans le projet de statuts synodaux, qui va vous être proposé, l'on réière aux documents épiscopaux qui se rapportent aux décrets qui y sont publiés et développés, jjour être plus facilement prati- qués. On a par là l'avantage de pouvoir recourir sans difficulté à ces Mandements et autres écrits, moyennant les références qui y sont faites ; et l'on a en outre une raison de plus de se bien convaincre qu'il y a parfait accord entre les uns et les autres. Mais il y a quelque embarras, pour atteindre ce but, par rapport aux Mandements, Lettres pastorales et Circulaires, qui se trouvent dispersés sur des feuilles volantes de toute grandeur et de tout format et que l'on n'a pas toujours sous la main. Il paraîtrait donc nécessaire d'achever la publication du recueil de ces pièces qui forment déjà un volume ; car alors rien ne serait plus facile que d'y recourir. Veuillez donc donner au plus tôt information au Bureau du Nouveau-Monde, où se fait cette publication, de votre intention de souscrire à ce recueil qui va devenir plus nécessaire que jamais, comme vous pouvez eu juger par ce qui est dit plus haut. Les jeunes Prêtres, qui, à l'époque de 13 Juin 1872, devaient répondre sur un traité, concernant rinfaillihilitc j^ontijîcale et fournir sur ce sujet deux discours, et ceux qui ont été ordonnés depuis, se présenteront à TEvêché dans le cours du mois de Février prochain pour y subir leur examen. Pour prévenir toute inquiétude par rapport aux pouvoirs extra, ordinaires, accordés dans la susdite Lettre circulaire du 13 Juin 1S72, je crois devoir vous déclarer qu'ils vous sont continués, dans la même forme et teneur, et peair le même temps. 30 MANDEMENTS, LETTKES PASTORALES, La présente vous arrivera, je pense, assez à temps pour vous porter les vœux sincères que je forme pour vous tous et peur les- fidèles confiés à vos soins, aux approches de la nouvelle année- qui va succéder à celle qui déjà nous écbappe, comme une ombre fugitive. Vous serez bénis, vous et ceux que vous conduisez dans la route qui mène à la bienheureuse éternité, si Dieu, qui est si bon, daigne exaucer mes humbles prières et se rendre à mes ardents désirs. Car, ce que je demande et ce que je désire uniquement et par-dessus tout, c'est que, par vos soins et votre vigilance, la foi se conserve dans toutes les parties de ce va>te et populeux diocèse; que toutes les paroisses qui en font partie soient déplus en plus de bonnes et saintes paroisses ; que pour cela les usures, les injustices, les blasphèmes et faux serments, le luxe et la vanité, les ivrogneries et les excès d'intempérance, en soient pour toujours bannis ; qu'à la place régnent à jamais la crainte du Seigneur, l'amour de la religion, le zèle de la gloire de Dieu, la charité pour les pauvres, l'union et la paix dans toutes les familles, afin qu'elles soient saintes sur la terre et heureuses dans le Ciel. J'espère que le jour de l'an, et pendant tout le carnaval, il n'y aura ni désordres ni scandales; et que les réunions de familles se passeront dans l'innocence, la pureté et la sobriété. Les Pratiques et la Consécration de la Tempérance envoyées l'an dernier, comme Etrennes^ pourraient encore, cette année, être lues, le jour de l'An, au Prône de toutes les Eglises où ^e fait l'office public. J'ai l'intime confiance qu'en pratiquant sur la terre, avec ferveur et persévérance, les devoirs que vous impose la loi divine, nous nous réunirons tous dans le ciel, pour y recevoir la récompense promise à ceux qui servent Dieu fidèlement jusqu'à leur dernier soupir. Priez et faites prier pour moi, afin d'obtenir que Dieu me fasse miséricorde ; et veuillez bien croire qu'avec une telle faveur, je ne cesserai de demander, en union avec l'auguste Vierge Marie,, tous les Anges et tous les Saints, et toutes les âmes du DiocèsCj. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 31 qui sont déjà parvenues à la gloire, la grâce de nous réunir dans le ciel, pour ne plus nous séparer jamais. Je suis bien cordialement de vous tous, le très-humble et dévoué s€rvit^ur t IG^) ÉY. DE MONTREAL. P. S. Je vous prie de vous rappeler le règlement que je vous ai communiqué, il y a déjà quelques années, sur la conduite à t«nir par rapport aux honoraires de Messes. Vous ne devez garder chez vous que ce qui est nécessaire pour vous, votre Vicaire et les Prêtres de Collège ou autres qui demeureraient sur votre paroisse, sans pouvoir en donner aux Prêtres étrangers, ni même à vos voisins. Le reste devra être envoyé à l'Evêché pour y être distribué selon que je le jugerai plus avantageux pour faire acquitter ces messes. *^ t Ig., Ev. de .m. Salut à Marie, conçue sans péché, F honneur de noire peuple — Réjouissons -nous beau- coup en ce jour que le Seigneur a fait. CIECULAIRB DE MGK. L'ÉVÊQUE DE MONT M É AL CONCERNANT LE PROJET DE STATUTS SYNO- DAUX. Montréal, 25 Décembre 1874. Monsieur, Vous recevrez, avec la présente, le projet de Statuts Syno- daux, que je vous annonçai, dans ma lettre du 22 courant. Je dois avant tout vous faire quelques observations sur ce projet, qui est quelque chose de nouveau, au moins pour ce pays. J'espère qu'avec la bénédiction du divin Enfant Jésus, qui appa- raît aujourd'hui, à la crèche de Betliléem, tout se fera pour le plus grand bien du diocèse, que nous avons mission de sanctifier. Cet Statuts Synodaux, comme vous allez le voir, ne sont au fond que les décrets des quatre premiers Conciles provinciaux de Québec, qui y sont cités et reproduits en substance pour que chacun puisse y recourir, afin de pouvoir, avant tout, rehre le texte original. Mais ils y sont reproduits en langue vulgaire, et 32 MANDEMENTS, LETTEES PASTORALES, avec une espèce de glose, afin qu'apparaissant sous des formes difft^rentes, ils puissent se graver plus profondément dans la mémoire, et être mieux compris, pour n'être jamais oubliés, et pouvoir de la sorte se maintenir toujours en pleine vigueur. Tel a toujours été Tesprit de l'Eglise, en établissant graduelle- ment la discipline sacrée, qui a fini par être en pleine vigueur, dans le monde entier, Les canons des Conciles œcuméniques et les Constitutions des Souverains Pontifes ont dû être publiés dans chaque pays chrétien par les Conciles nationaux, dans chaque province par les Conciles provinciaux, et dans chaque diocèse par les Synodes. Pans ces différentes assemblées ecclésiastiques, les décrets de foi étaient publiés, pour être acceptés et crus avec une humble soumission, parce que, étant fondés sur des vérités révélées de Dieu, il ne pouvait être permis à personne, quel que fût son rang ou sa dignité, de les discuter, pour s'assurer s'il pouvait ou s'il devait lui donner son assentiment. Mais il n'en était pas ainsi des canons de discipline, qui. dans leur exécution, ont rencontré de si sérieuses difficultés, qu'il a été parfois jugé nécessaire de les modifier, pour les rendre pratica- bles, dans certains pays et chez certaines nations, à cause des mœurs ou des préjugés qui les rendaient inacceptables, du moins pour un temps. Jjes Conciles nationaux et provinciaux, chargés par les Sowve- vcrains Pontifes ou par les Conciles œcuméniques de publier et faire observer les Décrets concernant la discipline mniverselle, examinaient, avec une attention sérieuse, les points qui pouvaient paraître impraticables, dans les circonstances du moment. Leur devoir était alors d'en informer le St. Siège dans leurs procédés conciliaires ou autrement, afin d'en obtc^nir des dispenses qui suspendaient pour toujours ou pour un temps seulement l'obliga- tion de ces décrets. Car, c'était au Vicaire de Jésus-Christ de juger si, en effet, les fidèles étaient incapables, dans certains pays, de remplir ces graves obligations. Car, alors il déclarait, au nom du Christ qu'il représente sur la terre, qu'ils ne pouvaient main- tenant, comme autrefois les Apôtres, comprendre les préceptes qui leur étaitnt imposés: Non jJOtestis portare modo. A ce seul trait, on peut juger quelle est la sublime sagesse de CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 33 l'Eglise, qui dirige les peuples, en les conduisant dans les routes qui mènent à la bienheureuse éternité, par cette discipline sacrée, qui fait régner en tous lieux la foi, la piété, l'ordre et la paix. Aussi, la demande-t-elle, avec instance, avec le prophètî, et la recherche-t-elle, comme un précieux trésor. Apprehendit ditci- pJinam ncquando irascatar Domlnus et pereatis de viajusta. C'est qu'en effet, sans elle, on ne peut que s'écarter des voies de la vraie justice. En lisant ce projet de Statuts Synodaux, avec une attention religieuse, il sera facile de vous convaincre que l'on a suivi, autant que possible, dans nos Conciles provinciaux, la marche tracée par nos pères, en tiavaillant graduellement à mettre en vigueur, dans ce pays, la discipline générale de l'Eglise. Car, il est bien connu que c'est peu à peu, et à mesure que l'on en a le moyen, que cette discipline sacrée peut solidement s'établir dans chaque province et dans chaque diocèse de cette province. En effet, les décrets des Conciles œcuménique.?, aussi bien que les Constitutions Apos- toliques, qui la prescrivent pour le monde entier, demeureraient lettre-morte, si les Conciles nationaux et provinciaux é^abord et ensuite les Evêques n'en urgeaient pas la pratique. Ceci vou« rend raison pourquoi, afin de remplir un devoir si rigoureux, je n'ai cessé, depuis 1851, que fut célébré le premier Concile provincial, d'insister sur la nécessité de mettre en pleine vigueur les décrets qui en sont émanés, afin d'arriver à l'unifor- mité, qui est le fruit précieux que l'on cueille à l'arbre mystérieux de la discipline, planté au milieu de l'Eglise universelle. C'est ce dont vous n'avez pu manquer de vous convaincre en recevant tant de Mandements, Lettres Pastorales et Circulaires, ■qui vous ramenaient à la parfaite exécution des décrets de nos Conciles provinciaux. Ces documents épiscopaux forment donc pour nous un ensemble qui nous mène à l'uniformité de conduite, et nous fait participer aux incalculables avantages de la discipline universelle de !a sainte Eglise. Rien donc de surprenant si, en travaillant, par les Statuts Synodaux projetés, à mettre en pleine vigueur les décrets des Conciles provinciaux, l'on fait de nombreuses références aux Mandements susdits qui les commentent, les expliquent et en rendent ainsi l'exécution plus facile. 34 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Mais, pour atteindre sûrement et facilement ce but, il faudraiû^. en citer beaucoup d'autres qui ont aussi rapport à des points de discipline, qui ont été également recommandés à l'attention du Clergé. Mais, ils se trouvent mentionnés dans des feviilles vo- lantes, que l'on n'a pas toujours sous la main, et auxquelles il est pour cela difficile de recourir. Voilà pourquoi il semblerait néces- saire de les réunir aujourd'hui, dans un seul et même Recueil, qui, d'ailleurs, a déjà été commencé, et qu'il ne s'agirait plus par conséquent que de terminer. Ce projet de Statuts Synodaux vous étant proposé, comme sujet des prochaines Conférences, d'après ce qui a été dit ci-dessus, vous en concluez aisément que vous êtes appelés à vous prononcer sur ces actes, non pour les confirmer ou leur donner de l'autorité, mais pour en faciliter l'exécution, en prévoyant et faisant aplanir les difficultés qui pourraient vous embarrasser, et aussi en suggé- rant tout ce qui vous paraîtra pouvoir contribuer au maintien de la discipline et au bon gouvernement des âmes. A ce propos, je dois vous communiquer un fait important qui m'a été communiqué à Rome, par un des Maîtres de la Chapelle Pontificale, Mgr. Eomagnoli, qui a bien voulu faire, sur le Céré-^ monial des Evêques commenté, les notes que je vous ai transmises,, pour que vous puissiez y faire les corrections requises. Il me dit donc un jour qu'il avait été invité, par l'Evêque de Civita Vecchia et de Conneto, S. Em. le Card. Vincent 31acchi, à préparer les actes du Synode diocésain, qu'il célébra dans sa Cathédrale, les 31 Mai et 1er et 2 Juin 1846. Or, il consacra, m'ajouta-t-il, à ce travail, une année tout entière, pendant laquelle il réunissait les Curés, pour avoir leur avis et discuter d'avance avec eux les points dont le dit Synode aurait à s'occuper : Adea, est-il dit dans le discours d'ouverture, communi consiUo stahilienda, quœ Dei glorîam eoram gcntibus augent, Chri disci2)linnm jyromovent, pojiuli mores componant, et omnium fovent pietatem. Le dit Cardinal reconnaît, dans son discours d'ouverture qu'il adressa à ses Prêtres réunis en Synode, que ce travail avait été fait: " Ad haec,"leur disait-i], " gravissima atque sanctissima negotia CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 35 " peraiïenda vos coavocavimus, plnrhmmifjue in vestra reliirione, " pietate ac zelo confisi, rotiamuf^, atf(iie obtestaniur ut ([Xix iiunc " de suggestu legentur, atteute audi.itis, ntquc silentio piaeturoatis " quidquid adhuc pVcBter ea, quae in synodicis nuper habiiis con- " gregationibus expo.suistis, ad .-acrorum procurationem, ad Cleri '' disciplinam, atque ad morum emendationem pertin;;re cen.-uc- '• ritis." Maintenant, pour peu que nnu« y fassions attention, il nous sera facile de nous convaincre que c'est à peu près de cette sorte que nous allons procéder à la célébration de notre prochain Synode. Car, il y a déjà plusieurs années qne l'on s'y prépare, en formulan peu à peu les statuts qui doivent être discutés et définitivenjcnt fixés dans cett3 sainte assemblée. Puis, les réunions qui vont se faire d'avance, dans chaque Vicariat Forain, pourront être consi- dérées comme Congrégations synodales nuper hahitœ. Car, il est évident, par tout ce qui vient d'être dit, que ces Congrégations avaient été tenues, avant l'ouverture du Synode de Civita Vecchia, comme le seront les Conférences qui vont avoir lieu. Il est bien entendu que tout, après ces préliminaires, se régularisera pour être canonique et officiel ; ce dont on donnera avis dans le temps. Les Conférences, qui sont ici indiquées, devant en quelque sorte faire partie du prochain Synode, je ne puis terminer la Présente sans vous offrir quelques considérations, qui pourront vous aider à en concevoir une haute idée : lo. En vous pénétrant bien des salutaires effets que doit pro- duire le Synode, d'après le S. Conc. de Trente, Sess. XXIV, 2. de reform. " Utiliter prae caeteris ad Dei gloriam augendam, ad Cleri dis- " ciplinam promovendam, ad populi pietatem et religionem foven- " dam dignoscitur Synodus scilicet Diœcesana, etc." 2o. En pesant sérieusement, avec le grand Pontife Alexandre VII. qui a donné à ce pays son premier Evêque, (Const 20. § 5) les maux déplorables que cause l'interruption des Synodes : " Magna in moribus contlnuo ad omnem improbitatem, ac ^' peccandi licentiam facta est immutatio." 3o. En appréciant profondément, avec Benoit XIV. (de Synodo Diœces. lib. 1. cap. 2.) les heureux fruits produits par les Synodes diocésains: 36 MANDEMENTS, LETTRES PASTOEALES, " Salus Ecclesiae, terror hostium ejus, et Fidei Catholicae " stabiliruentum sunt Synodi, qiias etiam rectissime corporis " Ecclesiœ uervos dixerimus. Neglectis euim Synodis, non aliter " Ecclesiasticus or do diffluit, quam si corpus humuuum nervis " solvatur." 4o. En regardant comme une désolation l'impossibilité pour un diocèse de ne pouvoir célébrer ses Synodes: " Ea enim est, inquiebat Cardinalis Antonellus, Portuensis '* diœcesis conditio, desolatio et vastitas. ut Synodus convocari *' non possit.'" Ces textes empruntés ça et là vous suffiront sans doute, pour vous bien convaincre que vous allez contribuer à une œuvre bien importante, en travaillant à un Synode qui, moyennant le secours de l'Esprit-Saint, doit fixer la discipline de ce diocèse. Vous allez donc vous mettre à l'œuvre, avec un saint zèle, en donnant la plus sérieuse attention au dit projet de Statuts Synodaux, aus- sitôt que vous l'aurez reçu, afin de formuler, par écrit, les obser- vations que vous croirez nécessaires, pour pouvoir en faire part aux Conférences de votre Vicariat Forain, lesquelles observations entreront ensuite dans le Rapport qui en sera fait à lEvêché. Or, pour que Dieu vous dispose, par sa grâce toute-puissante, il travailler plus efficacement à uae œuvre si importante, vous vous y préparerez soigneusement, en vous appliquant quelques-unes des touchantes paroles qu'adressait le Vénérable Card. Macchi à ses Prêtres, réunis en Synode : ■" IMememtote vos esse lucernas super candelabrum positas... *' Sit vita vcstra spéculum sanctitatis, Christi bonus odor, *'.lux mundi... Speculatores domus Israël, vineam custodite, '•' vigilate super vigilias noctis... hortantes... in omni patientia... '' errantes in viam salutis deducite... lervemus cum fiducia oculos '• nostros ad montem, unde veniet nobis auxilium." A cette fin, je crois devoir vous proposer de vous entendre, pour propager de plus en plus et entretenir la dévotion au divin Enfant Jésus, en l'établissant le Maître unique qu'il faudra con- sulter et invoquer dans tous nos procédés Synodaux. Mugister rester nnus est Christus. Car, en lui sont cacbés tous les trésors de la sagesse et de la science de Dieu . CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS, 37 Or, entre beaucoup d'autres pieuses pratiques en l'honneur du divin Enfant, l'Eglise en autorise une qu'elle encourage, par une indulgence plénière aux conditions ordinaires, savoir, de faire à rÉgiise, tous les 25 du mois, un exercice pour honorer les douze premières années de la Ste. Enfance, tel qu'indiqué dans l'opus- cule intitulé : Xeuvaine pour se préparer à lafîte de I^oël, par le R P. Muzarelli. (p. 5 et 41.) Ce petit ouvrage mérite une place dans toutes les familles, qui y trouveront de quoi ali- menter leur piété envers le Divin Enfant, surtout si l'on y joint le chant des pieux cantiques de Noël et autres,' pour charmer les ennuis que doivent causer les longues soirées d'hiver. Vous me pardonnerez de terminer cette longue lettre, en reproduisant les priroles suivantes qu'adressait à son Synode le bon vieux Cardinal Macchi, parce qu'elles peuvent m'être appliquées. " Sed dum laboribus fracti, et viribus destituti villicationis " nostrse terminum instare putabamus, Deus, in cujus manibus '• sunt sortes hominum, et in quo vivimus, movemur, et sumus, " divinje gratiae auxilio infirmitatem nostram, roboravit, et quod. " diuturna... vota flagitabant, ut nempe Diœcesana Synodus " cogeretur, pronis auribus excipere dignatus est." Veuillez bien croire que nonob.stant mes forces épuisées, et la vue du terme qui s'approche où il me faudra rendre compte de ma trop longue administration, je me sens toute la vigueur de la jeunesse, pour travailler à réparer tout le passé, dans le ferme espoir que, si Dieu me fait miséricorde, j'aurai toute l'éternité à prier, sans aucune interruption, p:ur vous qui êtes mes frères et mes collaborateurs, et pour tou:^ ceux que le divin Pasteur a con- fiés à notre commune sollicitude. Plein de cette douce espérance, je demeure de vous tous le très-humble et dévoué serviteur, la, ÉV. DE MONTKÉAL. 38 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, CIRCULAIRE AUX CONFESSEURS NOMMÉS POUR LES QUATRE-TEMPS DE 1875. Montréal, le 29 Janvier 1875. Monsieur, Je vous donne, par la présente, tous les pouvoirs dont jouissent les Confesseurs extraordinaires que l'Eglise accorde, à chaque Quatre-Temps, aux Communautés religieuses, pour que vous puissiez prêter les secours de votre saint ministère aux Sœurs du Couvent de et à leurs internes, élèves pensionnaires, ou infirmas, retenus dans leur hospice et confies à leurs soins charitables. Veuillez bien vous chai'ger de leur rendre cet important ser- vice, avec tout le zèle qui vous anime, et observer, en le leur rendant, les directions qui suivent : le. Autant que possible, vous exercerez ce ministère de cha- rité, dans la semaine des Quatre-Temps, afin qu'il n'y ait pas de malentendu, comme il arrive lorsque le Confesseur ordinaire, comptant sur les Quatre-Temps, s'absente, ou prend quelque engagement qui l'empêche d'entendre les confessions de sa maison religieuse. 2o. Si, toutefois, il vous était impossible de le faire alors, veuillez bien en prévenir d'avance le Chapelain et la Supérieure, en leur indiquant la semaine que vous aurez fixée comme semaine des Quatre-Temps. 3o. Vous n'aurez rien à faire aux Quatre-Temps de Septem- bre, parce que les retraites des communautés, qui se font d'ordi- naire pendant les vacances, en tiennent lieu. 4o. Veuillez bien donner à la communauté une instruction qui la prépare à la confession extraordinaire qu'il lui faut faire, et une autre aux internes. 5o. Toutes les Sœurs, élèves et internes doivent se présenter au confessionnal, du moins pour recevoir la bénédiction du Con- fesseur, si elles n'ont rien à lui confesser. 6o. L'intention de l'Eglise, en donnant des Confesseurs extraor dinaires aux Rjligieuses et à leurs internes, est de les mettre à l'aise, dans leurs affaires de conscience. Aussi, les Confesseurs CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 39 doivcntrils user de beaucoup de prudence et de charit(j, pour •qu'elles puissent se procurer ce précieux avantage. 7o. Pour atteindre ce but, chaque Sœur n'a à s'occuper que d'elle-même, et nullement de ses Sœurs ou de sa communauté, comme s'il lui fallait en faire la réforme. Autrement^ il y aurait à craindre de fâcheuses divisions et du désordre. C'est en toute confiance que je vous confie les intérêts de cet ■établissement religieux, en priant l'E^prit-Saint de vous éclairer -de ses divines lumières. Dans ce ferme espoir, je demeure bien sincèrement. Monsieur, Votre très-humble et très dévoué serviteur, t IG., ÉV. DE MONTEE AL. Salut à Marie, conçue sans péché, V honneur de notre peuple. — Réjouissons-nous beaucoup dans ce jour que le Seigneur a fait. CIECULAIEE AU CLERGÉ. Montréal, le 12 Février 1875. Biens- Aimés Collaborateurs, Aujourd'hui, comme le 9 Septembre 1870, j'ai raison de vous écrire : '' Votre générosité m'a forcé d'entreprendre une grande '' œuvre, la reconstruction de la Cathédrale. Maintenant plus *' qu'alors elle me force de vous sommer de poursuivre cette tâche '' avec une persévérance qui en assure le succès." Une telle som- mation, dans les circonstances actuelles, n'a rien de blessant. Loin de là, elle est honorable à tous ceux à qui elle s'adresse et n'indique rien d'hostile chez celui qui la fait. Car, nous avons sous les yeux les travaux qui se sont faits pendant les quatre années qui viennent de s'écouler; et tout bien considéré, on ne devait pas espérer qu'il s'en ferait autant en si peu d'années. La vérité est que la bâtisse dont on jetait alors les fondations s'est élevée d'une manière surprenante; et elle s'est ■dessinée si bien par ses grandioses proportions et par sa majes- 40 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, tueuse attitude que l'ou commence à y reconuaitre une image assez ressemblante de la Basilique Vaticane. Ce qui peut surprendre, en effet, c'est qu'en poursuivant aussi activement que possible les travaux de cette reconstruction, com- mencés sous d'aussi joyeux auspices, l'on a fidèlement suivi la ligne de conduite que l'on s'était tracée dès.le principe. Ainsi^ tout l'ouvrage s'est fait jusqu'ici argent compfant;. et l'édifice élevé déjà à une si grande hauteur, ne doit pas un centin à qui que ce soit. Ce qui doit redoubler l'étonnement d'un chacun de ceux qui viennent en si grand nombre visiter cet édifice en chan- tier, c'est la pensée que ces immenses travaux se sont accomplis avec les faibles ressources que l'on avait tout d'abord à sa dispo- sition, savoir : les souscriptions des particuliers, les quêtes annu- elles dans les paroisses et les collectes mensuelles dans les églises, les bazars faits dans différentes localités, et les dons généreux d'un certain nombre de citoyens. Ces ressources ont suffi, comme je viens de le reuiarquer, à toutes les dépenses faites jusqu'ici, pour mettre la bâtisse dans l'état où elle se trouve aujourd'hui. Or, à Theure qu'il est, elle coûte §108,421.63. A la vue de ce chiffre assez élevé, l'on a encore sujet de s'étonner que cet édifice public n'ait été pour per- sonne une vraie charge et n'ait ftiit sentir un poids, onéreux ni pour les particuliers, ni pour les paroisses, ni pour les communau- tés. Tout a été libre et volontaire; tout s'est fait joyeusement et avec bonne volonté. L'on peut, en même temps, assurer que celui qui a pour agréable un verre d'eau froide donné en son nom, n'a pas laissé sans récompense ce qui a été donné de si bon coeur, pour élever un nouveau temple à sa divine majesté. L'on ne saurait donc douter que déjà le centuple, promis aux bonnes œuvres, n'ait été accordé à celle-ci. L'on peut d'ailleurs assurer sans crainte dès à présent que le succès, dans cette nouvelle entre- prise, prouve une fois de plus qu'avec l'union on peut beaucoup avec de petits moyens. (Circulaire du 9 Sept. 1870.) C'est ce dont nous allons tâcher de nous pénétrer de plus en plus, en considérant, avec une nouvelle attention, les moyens que nous avons déjà pris et que nous devons prendre encore, pour con- tinuer notre œuvre, avec un nouveau zèle et un redoublement de CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 41 confiance dans son plein succès. Il le faut, car, comme vous le savez, dans toutes les entreprises, surtout celles qui demandent de longues années pour être exécutées, il est nécessaire de s'arrê- ter de temps en temps, pour se recueillir, afin de calculer en soi-même et de concerter avec d'autres les meilleurs moyens à prendre pour les mener à bonne fin. Voici donc quelques-uns do ces moyens. 1er moyen: Former un comité de secours. — C'est un moyen employé partout et dans toutes les entrepiises, tant soit peu importantes, dans le monde où, selon la parole du Seigneur, les enfants du siècle sont plus prudents et plus habiles dans leurs affaires que les enfants de la lumière. Et, en effet, ce comité se forme des personnes les plus influentes, et choisies dans les divers quartiers de la localité, qui agissent sous l'influence du Curé ou Recteur. Il appuie, par conséquent, les plans du Pasteur, en les faisant d'abord goûter et approuver, et en aidant à les mettre à. exécution. Un comité de C'itliédrale rendrait donc partout plus populaire l'œuvre de la Cathédrale, qui doit être l'œuvre de tous et de chacun des diocésains. Il ne faut donc pas regarder le temps que Ton met à former et à bien diriger un tel comité comme perdu, puisqu'il en résulte toujours de précieux avantages. Si donc un tel comité n'existe pas, je vous recommande de l'établir et de le diriger en la manière que vous jugerez la plus convenable. 2ème moyen : Une quête à domicile chaque année. — Cette quête doit se faire invariablement dans chaque paroisse et dans chaque partie de la paroisse, dans les villes et les campagnes, afin que tous, riches et pauvres, puissent participer à une œuvre qui est à l'avantage de tous. Pour qu'elle ait un vrai succès, il faut qu'elle soit recommandée chaque fois, comme doit l'être une œuvre importante, et qui tient à la gloire de Dieu et au bien de la Religion. Elle se fait, comme la quête de l'Enfant-Jésus, (et elle en tient lieu dans les paroisses de la campagne), parle Curé ou le Prêtre qui en prend la place, et par les marguillicrs ou membres du comité. L'on sait que si le Curé ne fait pas lui-même cette quête, elle se réduit à bien peu de chose. L'on sait aussi le bien incalculable que produit la visite d'un Pasteur, qui va voir tous les ans son troupeau. Cette quête a donc pour les fidèles uil 42 MAXDE.MEXTS, LETTRES PASTORALES, double avantage, savoir : celui de voir l:ur Curé et de pouvoir en même temps assister de leurs biens temporels leur Evêque, en contribuant à la reconstruction de son église. Il n'est pas douteux qu'en procédant de la sorte cette quête à domicile ne produise, sous tous rapports, de très-heureux résultats. Sème moyen: Quête à V église un dimanche j^ar mois. — Pour qu'elle ait chaque fois un bon succès, elle devra être annoncée le dimanche précédent, et recojnniandée avec soin le jour où elle se fera. Elle se fera dans toutes les églises où se célèbre l'Office public, sans en excepter une seule. Quelques marguiUiers, ou membres du comité ou autres notables de l'endroit seront invités à la faire à leur tour. Le Curé, le Vicaire et autres Prêtres sont priés, par la présente, de la faire quelquefois, pour donner l'ex- -emple et encourager l'œuvre que l'on a tant à cœur. Cette quête mensuelle pourrait aussi se faire dans les séminaires, collèges, académies, communautés, en ne demandant que les petites économies, faites au dépens des menus plaioirs. 4ème moyen : Bazars. — Il s'en fait pour toutes espèces d'œu- vres de charité et de piété. Il est donc à espérer qu'il s'en fera aussi, comme il s'en est déjà fait avec un grand succès, pour la Cathédrale. Ces bazars, bien organi.-;és. tout en faisant le profit de l'œuvre, contribueront beaucoup à la rendre populaire. Il pourrait s'en faire dans les Collèges, dans les couvents et dans la plupart des paroisses, sans nuire en rien aux autres œuvres. Si chacun sait faire le sacrifice de son superflu qui, au reste, appar- tient aux pauvres ; et s'il se met dans l'heureuse nécessité de ne point faire de dépenses inutiles, comme font certains personnages qui, quoique riches, se refusent des satisfactions d'ailleurs permi- ses, afin d'avoir plus de moyens de faire de bonnes œuvres, il lui sera facile d'encourager toutes les quêtes, tous les bazars, etc. 5ème moyen : L' envoi fidèle des contributions, et la publication qui doit s' en faire tous les trois mois. Il va sans dire que ce n'est pas pour publier sur tous les toits cette boune action que doit se faire ce rapport, ce qui serait une vanité condamnable; mais pour constater un fait qui tient à l'his- toire des bonnes œuvres qui se font dans le diocèse. On en a des exemples du temps même des Apôtres, Car, si l'on fait attention CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 43 que la Cathédrale est l'œuvre du clergé, des communautés, des fidèles du diocèse tout entier, la postérité la plus reculée est intéressée à. savoir comment elle a pu^se bâtir. Les Evêques qui gouverneront ce diocèse et qui feront les fonctions pontificales, dans cette grande et majestueuse é2;;lise, seront heureux d'avoir sous les yeux des monuments qui attesteront la juste part que chaque Prêtre, chaque paroisse, chaque séminaire, chaque collège, chaque communauté, chaque institution, en un mot, aura prise à cette œuvre commune. C'est ainsi que l'ont entendu nos pères, qui faisaient assurément de grandes œuvres, et qui les fais;iient avec perfection ; aussi, voit-on figurer à Rome des tableaux qui contiennent les noms des bienfaiteurs, ceux de St. Charles Borromée, de St. Philippe de Néri, et autres gratids saints. Lorsque l'on jette un coup d'œil sur les magnifiques vitraux qui ornent si bien les grandes églises de France, j^que la piété du moyen âge éleva à la gloire de Dieu, l'on aperçoit toujours dans un coin de ces vitraux ceux qui en ont fait l'ofi'rande à la divine majesté et qui se sont fait repré.senter à genoux et priant humblement le Seigneur de daigner recevoir leurs dons. Si donc, il se trouve, dans les quatre années passées, quelques déficit dans certains tableaux de souscription, déjà publiés, il est très-facile à chacun de les remplir, en multipliant à l'avenir ses contributions, pour qu'à la fin elles ne soient pas inférieures à celles fournies par d'autres, qui n'étaient pas plus en moyens. Car, sans orgeuil, il est bien permis et même très-louable de tra- vailler à ne pas se laisser vaincre en générosité, surtout quand Dieu et son Eglise en sont l'objet. 6ème moyen : Les jirières qui se font dans V Eglise Cathé- drale^ pour les hienfaiteurs. — L'on ne doit pas oublier qu'il se dit dans la Cathédrale, non seulement le dimanche, mais encore tous les jours de la semaine, une messe pour tous les diocésians en général, et pour les bienfaiteurs en particulier. Outre cela, l'on y chante un service solennel tous les ans, pour les bienfaiteurs défunts, un des jours de l'octave des morts. Ces prières et sacrifices de tous les jours sont des tributs de reconnaissance que rÉglise, comme une bonne mère, paie à ceux de ses enfants qui 44 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, lui font du bien, pour s'acquitter du devoir que leur impose la piété filiale. L'on doit conclure de tout cela que les moyens signalés plus haut, sont comme des ruisseaux qui vont arroser les fondations et les murs de la Cathédrale. C'est à chacun à le faire couler à, pleins bords et toujours, par des actes réitérés de charité, de zèle et de piété, afin qu'ils ne tarissent pas, tant que cette église sera en chantier, lèmeet dernier moyen: Le concours de Mij r . l'Évêque de Gra- tianopoUs. — Il e-t bien connu qu'une œuvre quelconque, pour peu qu'elle soit importante et difficile, a besoin, pour arriver à bonne fin, d'être suivie de près et puis^amment favorisée et encou- ragée. C'est là la charge qu'a bien voulu accepter le zélé et actif Coadjuteur que le St. Siège, dans sa solUcittude, a daigné m'ac- corder. Je ne suis plus capable de m'imposer cette fatigue et ce soin ; et je crois qu'il serait plus que superflu de vouloir vous en donner les raisons. Mais, Mgr. l'Evêque de Gratianopolis s'est offert de grand cœur, pour me représenter. Il va donc faire de la Cathé- drale son affaire ; et avec l'activité, que vous lui connaissez et qu'il met à tout ce qu'il fait, vous comprenez sans peine qu'i{ saura tirer parti de tous les moyens indiqués plus haut, et autres qu'il jugera à propos de prendre pour obtenir un pleiu succès. D'ailleurs, il aura, pour s'en occuper sérieusement, des raisons qui lui seront propres, entre les raisons générales qui intéressent tout le monde. Car, cette église sera tôt ou tard son église propre, non-seulement parce qu'il y remplira ses sublimes fonctions, mais encore parce qu'elle aura été en grande partie le fruit de sa solli- citude et de ses soins empressés. Il verra dans cette église, gravé en caractères ineffaçables, le cœur de son clergé, de ses commu- nautés et de sou peuple, qui auront, par leurs largesses, élevé, embelli et orné ce temple magnifique. Il ne pourra donc oublier le zèle qui les aura animés, en élevant ce riche et somptueux monument. Tous seront donc présents à son esprit et plus engore à son cœur^ quand il y entrera pour adresser à Dieu ses prières, offrir les divins mystères et remplir ses divines fonctions. Tout l'attachera donc à ses zélés collaborateur s dans l'achèvement de CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 45 •ce masnifique édifice. Tout enfin le portera à se sacrifier pour le salut de son peuple, qui aura fait de si généreux sacrifices, pour l'aider à faire briller les grandeurs du catholicisme, au milieu de notre somptiieuse cité et aux yeux de nos frères dont il fera par là tomber le préjugé, qui leur est si funeste, puisqu'ils pré- tendent avoir en partage la vérité divine, parce qu'ils sont comblés de plus de biens terrestres. Il aura, pour le seconder dans son zèle, le Chapitre, qui possé- dera, dans ce beau temple, sa chapelle particulière, pour y célébrer ses offices, et y chanter les louanges de l'Agxieau sans tache, et qui se trouvera d'ailleurs heureux de se dédier au service d'un temple dont toutes les pierres seront comme des langues éloquentes, qui publieront les dons généreux de ceux qui l'ont bâti. Je le répète, en terminant, votre générosité m'a forcé d'entre- prendre l'œuvre de la Cathédrale, et ma sommation va vous forcer de l'accomplir. Cette sommation, au reste, vous paraîtra dautant moins étrange, et vous l'accepterez d'autant plus volon- tiers que tout vous dit que ce sera le dernier appel que je ferai, sous ce rapport, à votre générosité et à celle des fidèles. Car, une fois déchargé de cette œuvre sur mon zélé Coadjuteur, je n'aurai plus à m'en mêler. D'ailleurs, au dépérissement graduel de mes forées, il m'est facile de prévoir que bientôt cette église couvrira ma tombe qui, en renfermant mes dépouilles mortelles, ensevelira en même temps ma mémoire, qui ne me paraît plus qu'une vapeur légère qui s'évanouit devant le soleil levant. Telles sont, bien-aimés collaborateurs, les dernières invitations que vous fait votre vieil Evêque pour accomplir, autant qu'il est en lui, le devoir qu'il aurait à remplir, s'il le pouvait, de relever les ruines de la première Cathédrale, qui a succombé dans le terrible incendie du 8 Juillet 1852. Vous n'épargnerez rien, j'en ai l'intime conviction, pour assurer le succès d'une entreprise, qui doit tourner à l'avantage et à la gloire de vous tous, mais dont le non-succès imprimerait une tache de déshonneur à ceux qui, ayant commencé à bâtir cette maison au Seigneur, la laisseraient à moitié faite, pour ne pas vouloir prendre, afin de la terminer, les moyens qui ont si bien réussi jusqu'ici. Mais il n'en sera pas iiinsi , et j'espère qu'avant de mourir, je verrai tous les cœurs 46 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, dévorés de zèle pour cette maison du Seigneur ; ce qui m'aidera puissjimment à dire avec joie et confiance mon Nunc dimittis, pour descendre ensuite dans ma dernière demeure. Inpace in idipsum dormiam et requiescam. Veuillez bien prier pour moi, qui ne vous oublie en aucun temps, et croire au sincère et affectueux attachement que je vous porte à tous et que je conserverai jusqu'au dernier soupir, voulant être, comme toujours, à la vie et à la mort, votre tout dévoué serviteur, t IG., ÉV. DE MONTRÉAL. MANDEMENT DE MONSEIGNEUE L'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, PUBLIANT L'ENCYCLIQUE DE N. S. P. LE PAPE PIE IX. CONCERNANT LE JUBILÉ DE 1865. (1) IGNACE BOURGET, PAR LA GRÂCE DE DIEU ET DU SIÈGE APOS- TOLIQUE, ÉVÉQUE DE MONTRÉAL^ ASsjISTANT AU TRÔNE PON- TIFICAL, ETC., ETC. Au Clergé séculier et régulier, aux (hmmunautés Religieuses et aux Fidèles de notre Diocèse, salut et bénédiction en JSotre- Seigneur. § I. Considérations générales sur le Jubilé. Nous vous annonçons aujourd'hui, N. T. C. F., une heureuse nouvelle, qui sera pour vous tous le sujet d'une grande joie. Car, Nous publions l'Encyclique de N. S. P. le Pape Pie IX, qui ac- corde un Jubilé à l'univers entier. Or, vous le savez, le Jubilé est, pour le peuple de Dieu, le temps d'une grande jubilation, un temps de miséricorde et de grâces extraordinaires, un temps sin- gulièrement favorable aux justes et aux pécheurs. Cuntis lœti- tiœ communis est ratio Exxdtet sanctns, quia propinquat ad palmam, gaudeat peccator quia invitatur ad veniam (S. Leonis Papœ Sermo). (1) Eu recevant ces Documeals, veuillez consulter aussitôt les articles 10, 11 et 12 de la Circulaire qui termine cette collection. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 47 Car, au milieu des horribles commotions qui agitent le monde, dans toutes les parties de l'univers, la voix d'une tourterelle douce et aimable s'est fait entendre dans notre terje, qui se ressent de la désolation générale. Vox turturis andlta est in terra nostra (2 C. 12). Cette voix, pleine de charmes et de douceur, a fait entendre au ciel, qui était comme d'airain, des gémissements inef- fables, ceux de la bonne prière, qu'anime TEsprit-Saint, qui prie et gémit avec son Eglise. Ipse Spiritus postulat gemitihvs ine- narrahilihus (Rom. 8. e. 26). Cette voix gémissante. mîis l'Eglise ou la Chapelle de l'établissement et y prieront à l'intention du Saint Père, comme il a été dit dans le nombre précédent. Les Chapelains ou Confesseurs pourront dispenser de cette visite ceux et celles qui seraient incapables de la faire, en leur enjoignant d'unir leurs prières, tout en gardant le lit, à celles qui se font par les autres infirmes. iOo. Quant aux prisonniers et prisonnières, à qui, s'il est pos- sible, on fera donner quelques jours de retraite, ils gagneront l'indulgence du Jubilé, en entendant la messe qui se dira dans l'Oratoire de la prison ou de la Maison de Réforme, chacun des jours de la retraite, et y priant à l'intention du Souverain Pontife, comme il a été dit plus haut. Ho. Quant aux enfacts qui n'ont pas encore fait leur première communion, ils pourront gagner l'indulgence du Jubilé, en se confessant, après y avoir été préparés par de bonnes instructions qui puissent les disposer à recevoir l'absolution sacramentelle^ pourvu qu'ils fassent les autres oeuvres prescrites, à moins qu'ils n'en soient jugés incapables et dispensés par leurs Confesseurs respectifs, pourvu qu'ils assistent au moins à une messe, pendant laquelle on leur suggérera les petits actes à faire pour la commu- nion spirituelle, et les cinq Pater et Ave à dire, pour prier à l'intention de N. S. P. le Pape. 12o. Les visites qui se feront processionnellement aux Eglises de Stations par les Chapitres, Congrégations tant séculières que régulières, Confréries, Associations, Universités, Collèges, sont réduites, par le présent Mandement, à deux seulement. Nous ne pouvons qu'encourager ces sortes de processions, d'abord parce qu'elles sont de nature à donner plus de solennité au Jubilé, et parce qu'elles pourront suppléer, du moins en partie, à celles qui ne peuvent se faire à Rome, à cause de la désolation qui y règne nécessairement dans ces temps mauvais. 13o. Les Religieuses et leurs novices pourront se confesser, à l'effet du Jubilé, à tout Confesseur approiivé par l'Evêque actuel du lieu pour entendre les confessions des Religieuses. 14o. Tous les fidèles de l'un et l'autre sexe, tant laïques qu'ecclésiastiques séculiers et chacun d'eux, et les réguliers de tout ordre, congrégation et institut qui demande même à être 64 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, spécialement mentionné, peuvent aussi, au même effet du Jubilé^ se confesser à tout Prêtre tant séculier que régulier d'un ordre- différent et institut quelconque approuvé pareillement, pour entendre les confessions des personnes séculières, par les Ordi- naires actuelsdans les villes, diocèses et territoires desquels de telles confessions doivent être faites. 15o. Tous les Confesseurs susdits, pendant le dit espace con- sacré au Jubilé, pourront une fois, dans le for de la conscience seulement, absoudre ceux qui veulent sincèrement et sérieusement gagner le présent Jubilé, et qui viennent se confesser à eus, bien résolus, pour gagner lïndulgence, de faire tout ce qui est prescrit pour cela, de l'excommunication, suspense et autres sentences et censures ecclésiastiques a jure et ah homine, portées ou infligées pour quelque cause que ce soit, quand même elles seraient réser- vées aux Ordinaires des lieux ou au Souverain Pontife et au Siège Apostolique, quoique réservées sous une forme spéciale quelconque, et qui autrement ne seraient pas censées comprises dans une concession bien ample ; et aussi de tous péchés et excès quelque graves et énormes qu'ils puissent être, quand même ils seraient réservés aux Ordinaires et au Souverain Pontife et au Siège Apostolique, comme il est dit plus haut, en leur enjoignant une pénitence salutaire et toutes les prescriptions qui doivent être faites de droit. 16. Ils peuvent aussi dispenser des vœux, q\;and même Fou se serait engagé par serment à les observer et quoique réservés au St. Siège, excepté ceux de chasteté et de religion et de l'obligation acceptée par un tiers, ainsi que des pénitences que l'on se serait imposées comme préservatifs, pour que la communication soit jugée être pour le moins aussi efficace pour préserver du péché que le sujet du vœu, de les commuer en d'autres œuvres, et aussi de dispenser leurs pénitents, constitués dans les ordres sacrés, même réguliers, de l'irrégularité occulte, contractée par la viola- tion des censures, pour qu'ils puissent exercer leurs ordres ou être promus à des ordres supérieurs, excepté dans les cas prévus dans la dite Lettre Encyclique. 17. Ceux qui, après avoir fait toutes les autres œvres prescrites- pour le Jubilé, seront prévenus par la mort, avant d'avoir com- CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 65 piété le nombre des visites mentionnées plus haut, gagneront cependant l'indulgence, comme s'ils eussent fait toutes ces visites. 18. Ceux qui, eu vertu des pouvoirs Apostoliques, auraient reçu l'absolution des censure»', ou la commutation de leurs vœux ou les dispenses mentionnées ci-dessus, avec le propos sérieux et sincère de faire ce qui est d'ailleurs requis pour gagner le Jubilé, et qui, avant d'accomplir les autres oeuvres nécessaires pour gagner l'indulgence, auraient changé de résolution, quoique l'on puisse difficilement les excuser de péché, demeurent cependunt en possession des bienfaits des absolutions, commutations et dis- penses, qui leur ont été accordées. § XXYI. Diriger toutes ses prières et actions pour le plein succès du Jubilé. Le Jubilé que nous allons faire est. vous n'en doutez pas, N. T, C. F., une œuvre souverainement importante à chacun de nous. Nous sommes donc tous vivement intéressés à en procurer le succès. Pour cela, il nous faut travailler sérieusement à beau- coup prier et à bien régler notre vie, en nous conformant fidèlement et avec amour aux pressantes recommandations que nous fait à tous notre Père commun. Nous devons d'abord prier pour que Ja divine miséricorde éclaire tous les esprits et embrase tous les cœurs, afin que les fidèles profitent d'un si grand bien. Ad hoc ut omnium mentes et corda (divina clementia) sua luce et gratia perfundat. Aussi, devons-nous en être tellement préocupés que nous y pensions jour et nuit ; et que nous y rapportions tous nos désirs, toutes nos pen- sées, toutes nos actions, avant le Jubilé, afin d'obtenir que tous le fassent avec de saintes dispositions; et après, afin que tous en conservent soigneusement les fruits. Yous allez donc, N. T. C. F., ofi^rir toutes vos prières, toute s vos confessions, toutes vos communions, toutes vos visites au St. Sacre- ment, tous vos jeûnes, toutes vos abstinences, toutes vos aumônes, toutes vos actions, tous vos travaux, en un mot tout ce que vous pouvez dire, faire ou penser, afin d'obtenir du Père des miséri- cordes, pour vous et pour tous ceux qui comme vous sont les enfants de Dieu et de l'Eglise, la grâce de bien faire le Jubilé et d'en retirer un véritable profit. 66 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Vous allez ajouter l'action à la prière, en vous mettant tout de suite et tout de bon à l'œuvre, pour travailler à la salutaire réforme que doit opérer la grâce du Jubilé, dans chacun de nous. Car, cette grâce puissante agit si fortement sur nos esprits et sur nos cœurs qu'elle dissipe ces fâcheuses illusions, qui si souvent nous endorment dans nos mauvaises habitudes; parce que l'on n'est malheureusement que trop habile pour se donner de fausses rai- sons de vivre tranquille, en marchant dans des voies tortueuses qui mènent à l'enfer. Vous allez, Nous l'espérons, N. T. C. F., en faire une heureuse expérience, en mettant à profit tant d'ins- tructions qui vous ont été données, et qui, pour un grand nombre, ont été à peu près inutiles. Oui, vraiment, à l'avenir et par la grâce du Jubilé, les auberges, qui ont occasionné jusqu'ici tant de scandales, vont être bien réglées, parce qu'elles seront tenues par des hommes bien recom- mandés, qui observeront les lois divines et humaines ; parce que l'on n'y vendra pas les dimanches et jours de fêtes ; parce qu'enfin il ne s'y commettra aucun excès d'intempérance, chacun se con- tentant d'y prendre son besoin. Les élections des députés aux Chambres, des Officiers Muni- cipaux, des Commissaires d'écoles ne se feront plus jamais, dans le trouble et la confusion ; il ne s'y commettra plus ni corruption, ni excès de boisson, ni faux serments, ni dénigration de la répu- tation du prochain ; l'on ne s'y laissera pas aller à aucune de ces mauvaises passions, qui si souvent ont rendu ces élections si tumi'.l- tueuses et scandaleuses; l'on y procédera au contraire avec calme et modération, parce que l'on comprendra que l'on est obligé en conscience à élire ceux qui sont dignes de ces emplois et capables d'en bien remplir les devoirs. L'on peut en dire autant de tout ce que Nous vous avons répété si souvent, sur les longues et dangereuses fréquentations des jeunes gens qui cherchent à se produire dans le mariage ; sur les bals dangereux pour les mœurs, parce qu'il n'y a de la part des parente aucune surveillance; sur les écoles dangereuses pour la foi, par- ce qu'elles sont dirigées par des maîtres ou maîtresses qui vivent dans de funestes erreurs ; sur les écoles mixtes qui sont tenues par des hommes et quelquefois par des jeunes gens non-mariés, qui CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 67 enseigneot les filles et les garçons en même temps, chose toujours si dangereuse en soi; sur les mauvais livres, les mauvais journaux, les mauvais instituts, qui sont des pièges tendus à la bonne foi de tant de catholiques imprudents qui y sont pris, et qui finissent par n'avoir plus qu'une foi morte ou languissante ; sur les folles dé- penses que causent le luxe et la vanité qui ont ruiné tant de familles opulentes, et produit des maux incalculables dans notre société. Encore une fois, espérons-le, par la grâce puissante du Jubilé, si nous le faisons comme il convient, ces scandales disparaîtront et ces désordres cesseront ; et, à la place, nous aurons le bonheur et la consolation de voir régner, dans nos villes, comme dans nos campagnes, la paix, la joie du St. Esprit ; la simplicité des mœurs, qui caractérisait éminemment nos pères ; l'innocence et la pureté qui ornent plus les pays que les fleurs et les lys n'embellisent les jardins; la sobriété et la tempérance, qui feront régner l'abondance et la prospérité dans nos familles. Ah ! puissent tous ces fruits précieux se faire sentir dans notre chère patrie et s'y conserver à jamais ! § XXVII. Invitation à bien faire h Juhiîé. Paroles du, Pape à ce sujet. Dans ce ferme espoir, rendons-nous attentifs aux dernières pa- roles que nous adresse à tous, dans sa Lettre Encyclique, notre grand et aimable Pontife, Pie IX. " Enfin, c'est à voue tous, enfants de l'Eglise, que Nous adres- " sons notre discours, et c'est avec nne afiiection paternelle que " Nous exhortons tous et chacun de vous à profiter de ce Jubilé, *' comme le demande le sincère désir que vous devez avoir de " sauver vos âmes. Maintenant comme toujours il vous est très " nécessaire, Fils très-chéris, de purifier votre conscience de toutes '' les œuvres mortes, d'offrir des sacrifices de justice, de faire de " dignes fruits de pénitence, et de semer dans les larmes pour *' moissonner dans la joie Implorons le secours de Dieu j " adressons-nous à lui de tout notre cœur, en faisant des prières, " des jeûnes et des aumônes Ecoutez Notre voix Aposto- -" lique, vous qui êtes fatigués et chargés et qui en vous écar- 68 MANDEMENTS, LETTEES PASTORALES, " tant du sentier du salut, vous trouvez pressés sous le joug de» " mauvaises habitudes et de l'esclavage du démon. Ne méprisez: '' pas les richesses de la bonté, de la patience et de la longanimité " de Dieu; et pendant qu'il se présente une occasion si facile " d'obtenir votre pardon, ne vous rendez pas inexcusables par "votre opiniâtreté lien on ce z aux oeuvres de ténèbres, e: " revêtez-vous des armes de la lumière. Cessez d'être les ennemis " de votre âme, afin que vous vous procuriez la paix dans ce " monde et les récompenses éternelles des justes dans l'autre. Tels- " sont nos vœux et tels sont les biens que Nous ne cesserons de " demander au Seigneur très-clément, et Nous avons la confiance " que Nous obtiendrons avec abondance tous ces biens du Père " des miséricordes pour tous les enfante de l'Eglise catholique, " unis à Nous dans ces prières communes. Dans l'espérance que " cette œuvre sainte du Jubilé produira des fruits de bonheur et " de salut, puisse la Bénédiction Apostolique que Nous vous " accordons au nom du Seigneur avec amour et du fond de Notre " cœur être pour vous. Vénérables Frères et chers Fils, enfants " de l'Eglise catholique, le gage de toutes sortes de bienfaits et " de grâces célestes." Puissent ces vœux, que forme, avec une paternelle bonté, notre Père commun, être accomplis ! Puissent ces Bénédictions noua enrichir tous des biens célestes qui jaillissent jusqu'à la vie éternelle ! Daignez, nous vous en supplions, ô glorieuse Mère de Dieu, Vierge Immaculée, bénir ce Jubilé, afin qu'il produise, dans ce diocèse et dans le monde entier, les fruits les plus précieux et les plus abondants. 0 Marie, Mère de grâce, exercez vos gi:andes bontés, pendant ces jours de salut. 0 Mère de miséricorde, pre- nez sous votre puissante protection tous vos enfants, durant ces jours de grande jubilation, et préservez-les des pièges que vont leur tendre les esprits de malice, pour les empêcher d'en profiter. Ah ! bonne et tendre Mère, faites qu'ils s'en acquittent si bien qu'ils puissent y trouver leur salut à la vie et à la mort: Maria, Mater gratiœ, Mater misericordiœ, tu nos ah lioste protège et hora mortis suscite. Sera le présent Mandement lu au prône de toutes les Eglises^- CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 69 >où se fait l'office public, et au Chapitre de toutes les communau- tés religieuses, en un ou plusieurs dimanches, après sa réception. Donné à Montréal, sous notre seing et sceau, et le contre-seing de notre Secrétaire, le vingt-deux de Février, jour où se fait la fête de la Chaire de St. Pierre, à Antioche, en l'année mil-huit- <;ent-soixante-quinze. t IG.,ÉV. DE MOXTEÉAL. Par Monseigneur, Jos. OcT. Paré, Chan. Secrétaire. PIE IX. PAPE. Vénérahhs et Chers Fils, S 'hif et Bénédiction Apostolique. Pressé par les grands maux de l'Eglise et de ce temps et de la "nécessité d implorer le secours divin, Nous n'avons jamais omis dans le cours de Notre Pontificat d'exciter le peuple chrétien à apaiser la majesté de Dieu et à mériter la clémence du Ciel par de saintes mœurs, par les œuvres de pénitence et les pieux offices des supplications. Dans ce but, Nous avons plusieurs fois ouvert, avec une libé- ralité Apostolique, les trésors spirituels des indulgences aux fidèles du Christ, afin qu'animés à une vraie pénitence et purifiés par le sacrement de réconciliation des taches du péché, ils appro- chassent avec plus de confiance du trône de la grâce et se rendis- sent dignes de faire agréer favorablement de Dieu leurs prières. Entre autres circonstances. Nous avons voulu surtout à l'occa- sion du très-saint Concile Œcuménique du Vatican, que cette grave affaire entreprise pour l'utilité de l'Eglise universelle fût aussi aidée auprès de Dieu par les prières de toute l'Eglise, et quoique la célébration de ce Concile ait été suspendue par le malheur des temps, Nous avons cependant décrété et ordonné pour le bien du peuple fidèle que l'Indulgence promulguée à cette occasion en forme de Jubilé durerait, comme elle dure, dans sa force, stabilité et vigueur. Mais le cours de ces temps malheureux s'avançant, voici déjà 70 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, l'année 1875, année qui marque le terme de la période sainte, que la pieuse coutume de nos ancêtres et les décrets des Pontifes Romains, Nos Prédécesseurs, ont consacrée à la célébration des solennités du Jubilé universel. Avec quel respect et quelle religion l'année du Jubilé a été observée dans les temps tranquilles de l'Eglise qui en ont permis la célébration régulière, les monuments anciens et récents de This- toire nous le disent. Elle fat, en effet, toujours regardée comme une année salutaire d'expiation pour tout le peuple chrétien, comme une année de rédemption, de grâce, de pardon et d'indul- gence, durant laquelle on accourait du monde entier, à Notre ville mère et au Siège de Pierre et où les plus abondants bienfaits de réconciliation et de grâce étaient offerts, pour le salut des âmes à tous les fidèles ainsi conviés aux devoirs de piété. Cette pieuse et sainte solennité, notre siècle lui-même l'a vue, lorsqu'après l'annonce du Jubilé de 1825 par Léon XII, Notre Prédécesseur d'heureuse mémoire, ce bienfait fut reçu avec une si grande ardeur par le peuple chrétien, que ce même Pontife pût se réjouir d'un concours incessant de pèlerins dans cette Ville pendant toute l'année, et de l'admirable splendeur de rel igion, de piété, de foi, de charité et de toutes les vertus qui y brillèrent. Plût à Dieu qu'aujourd'hui Notre condition et l'état des affaires civiles et religieuses Nous permissent de célébrer heureusement, cette fois au moins, selon le rite antique et l'usage de nos ancêtres, cette solennité du Jubilé échue l'an 1850 de notre siècle, que Nous avons déjà dû omettre à cause de la misère des temps ! Mais Dieu a permis que, loin d'avoir disparu, ces grandes diffi- cultés qui Nous ont empêché alors de promulguer le Jubilé se soient accrues de jour en jour. Néanmoins, en considérant tous les maux qui affligent l'Eglise^ tous les efforts de ses ennemis pour arracher la foi des âmes, pour corrompre la saine doctrine et répandre le poison de l'impiété, tant de scandales causés en tous lieux aux croyants de Jésus- Christ, la corruption générale des mœurs, le triste renversement des droits humains et divins, si étendu et si fécond en ruines, qui va à détruire dans l'esprit des hommes le sens du droit lui- ttême; et en réfléchissant que dans cette graude accumulation CIRCULAIKES ET AUTRES DOCUMENTS. 71 de maux il est encore plus de Notre devoir Apostolique d'avoir soin que la foi, la religion et la piété se fortifient et prospèrent, que l'esprit de prière se répande et s'accroisse, afin que les défail- lants soient excités à la pénitence du cœur et à la réforme des mœurs, et que les péchés qui ont attiré la colère de Dieu soient rachetés par de saintes œuvres, ce qui est principalement le fruit du grand Jubilé, Nous avons pensé ne pas pouvoir soufi'rir qu'au moins en la forme permise par la condition des temps, le peuple chrétien fiât privé dans cette circonstance d'un si salutaire bienfait, grâce auquel, réconforté d'esprit, il marchera ensuite avec un zèle de plus en plus grand dans les voies de la justice, et, purifié de ses fautes, méritera mieux et plus profitablement la propitiation divine avec le pardon. Que toute l'Eglise militante de Jésus-Christ accueille donc les paroles par lesquelles, en vue de son exaltation, de la sanctifi- cation du peuple chrétien et de la gloire de Dieu, Nous décrétons, annonçons et promulguons le grand Jubilé général pour toute l'année prochaine 1S75 ; et en raison de ce Jubilé, suspendant à notre gré et à celui du Saint-Siège et déclarant suspendue l'indul- gence rappelée plus haut qui a été accordée en forme de jubilé à l'occasion du Concile du Vatican, Nous ouvrons tout au large le céleste trésor formé des mérites, des souffrances et des vertus de Jésus-Christ Notre-Seigneur, de la Vierge sa Mère, et do tous les saints que l'Auteur du salut des hommes a confié à Notre admi- nistration. C'est pourquoi, confiant en la miséricorde de Dieu et eu l'autorité de ses Apôtres, les Bienheureux Pierre et Paul, en vertu du pouvoir suprême de lier et de délier que Dieu Nous a confié malgré Notre indignité, Nous concédons et accordons mi.séricor- dieusement dans le Seigneur la faculté de gagner une fois dans l'année susdite l'indulgence piénière de l'année jubilaire, avec la rémission et le pardon de tous leurs péchés, à tous les fidèles de Jésus-Christ et à chacun d'eux, tant à ceux qui habitent Notre ville mère ou qui y viennent qu'à ceux qui résident hors de cette ville, en quelque partie du monde que ce soit, et qui vivent dans la grâce et l'obédience du Saint-Siège, pourvu que vraiment pénitents ils se soint confessés et fortifiés par la .«ainte commu- 72 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, nion, et à la condition que les premiers visiteront dévotement, au moins une fois par jour, pendant quinze jours de suite ou à intervalle, jours naturels ou même ecclésiastiques, à partir des premières vêpres de l'un de ces jours jusqu'au crépuscule du jour suivant les Basiliques de Saint-Pierre, de Saint-Paul-de-Latrao et de Ste- Marie Majeure; et les autres, de même pendant quinze jours consécutifs ou discontinus, comme ci-dessus, l'église Cathé- drale ou majeure et trois autres églises de la même ville ou de ses faubourgs, qui seront désignées par les Ordinaires de ces lieux ou par leurs Vicaires ou leurs autres représentants, dès que Nos lettres seront parvenues à leur connaissance, et que là ils se répandront pieusement en prières pour la prospérité et l'exaltation de l'Église catholique et de ce Siège Apostolique, pour l'extirpa- tion des hérésies et la conversion de tous les pécheurs, pour la paix et l'unité de tout le peuple chrétien et selon Nos intentions. Nous permettons aussi que cette indulgence soit appliquée par manière de suffrage aux âmes qui, unies à Dieu dans la charité, sont sorties de cette vie et qu'elle soit valable pour elles. Les navigateurs et les voyageurs, dès qu'ils seront rentrés à leur domicile ou auront fait halte ailleurs, pourront gagner vala- blement la même indulgence selon les prescriptions susdites et en visitant autant de fois l'église Cathédrale ou majeure, ou l'église paroissiale de leur domicile ou station. Nous accordons également et permettons par la teneur des présentes aux susdits Ordinaires de chaque lieu de dispenser des visites prescrites, les Religieuses consacrées et autres jeunes filles et femmes cloîtrées dans les monastères ou vivant dans d'autres pieuses maisons et communautés religieuses; les Ana. chorètes et les Ermites et tous autres laïques et ecciésiastiquos tant séculiers que réguliers, détenus en prison ou empêchés par quelque infirmité ou tout autre obstacle d'accomplir ces visites dans leur forme prescrite ; pareillement, de dispenser de la com- munion exigée les enfants qui n'ont pas encore été admis à la première communion, et au lieu de ces visites et de cette commu- nion sacramentelle, de leur prescrire respectivement, soit par eux- mêmes soit par les chefs réguliers ou supérieur.s de ces personnes des deux sexes, soit par de prudents Confesseurs, d'autres œuvres CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 73 de piété, de charité et de religion : et de même aux chapitres et •coneré«'ations tant de séculiers que de réguliers, aux associations, •confréries, universités et collèges de toute sorte qui font ces visites en corps, de les réduire au nombre qu'ils jugeront couve- pable. En outre, Nous accordons la permission et la faculté à ces Religieuses et à leurs novices de se confesser à cet effet à tel Con- fesseur qu'il leur plaira, parmi ceux qui sont approuvés par l'Ordinaire du lieu où sont établis leurs monastères pour recevoir les confessions des Religieuses, et à tous les autres séculiers de l'un et l'autre sexe, tant laïques qu'ecclésiastiques, et à chacun d'eux, et aux réguliers de tout ordre, congrégation et institut, même qu'il fiiudrait spécialement désigner, de prendre pour Con- fesseur tout Prêtre tant séculier que régulier, de quelque ordre et institut que ce soit, approuvé de même pour entendre les confes- sions des séculiers par les Ordinaires actuels dans les villes, diocèses et territoires, desquels ces confessions devront être reçues, et Nous concédons et permettons avec la même autorité et la même largesse de la bénignité Apostolique à ces Confesseurs, dans le délai de l'année susdite, pour tous ceux et celles qui vou- dront gagner sincèrement et sérieusement le présent Jubilé, et qui, dans cet esprit, viendront à eux se confesser pour remplir les autres -conditions nécessaires, le pouvoir et l'autorité de les absoudre pour C3tte fois, et pour le for intérieur seulement, en leur imposant une pénitence salutaire et les ancres conditions de droit, de l'excom- munication, de la suspense et autres sentences ecclésiastiques, des censures ou de droit ou prononcées et infligées par le juge pour quelque cause que ce soit, même dans les cas réservés aux Ordi- naires des lieux et à Nous ou au Sié^'e Apostolique, et même dans C2UX qui sont réservés à chacun d'eux et au Souverain Pontife et au Siège Apostolique, sous une forme particulière, et qui ne seraient pas compris dans d'autres concessions, si larges qu'elles fussent, ainsi que de tous péchés et de toutes fautes, si graves et si énormes qu'elles soient, même de celles qui sont réservées aux dits Ordinaires et à Nous et au Siège Apostolique ; pareillement, ■de commuer en autres œuvres pies et salutaires les vœux et tous autres serments réservés au Siège x^postolique (excepté toujours 74 MANDEMENTS, LETTEES PASTOPwALES, les vœux de chasteté, de religion, et ceus par lesquels ou contracta- une obligation envers un tiers, lesquels auraient été acceptés par lui, ou dont l'omission lui porterait préjudice, et les peines qui sont appelées préservatives du péché, à moins que la commutation à intervenir ne soit jugée de nature à ne pas moins prévenir du péché que la matière première du vœu) et de dispenser les péni- tents de cette classe engagés dans les ordres sacrés, et même dans les ordres religieux, de l'irrégularité occulte contractée seulement dans l'exercice de ces ordres, et de l'atteinte des supérieurs pour la violation des censures. Toutefois, Nous n'entendons point, par les présentes, accorder dispense pour quelque autre irrégularité, soit occulte, soit publi- que, ni pour quelque autre défaut, note, ni toute autre incapacité ou in;iptitude contractée de quelque manière que ce soit, ni, en dehors des cas susdit'^, accorder la faculté de donner ces dis- p^'uses ou de rendre l'aptitude, ou de rétablir les coupables en leur premier état, même au for de la conscience, non plus que déroger à la constitution publiée avec les déclarations opportunes var Notre Prédécesseur Benoît XIV., d'heureuse mémoire, cons- li ution commençant par ces mots : S'icramentum pœnltentux et édictée le 1er Juin, en l'an de l'Incarnation 1741, dans la pre- mière année de son Pontificat. Enfin, les présentes ne pourront non plus et ne devront pas profiter à ceux qui, soit par Nous et le Siège Apostolique, soit- par quelque Prélat ou par un juge ecclésiastique, auront été nom mément excommuniés, suspendus, interdits, ou bien qui auront été avertis qu'ils ont encouru d'autres jugements et censures, et qui auront été désignés publiquement à cet effet ; à moins que. dans le courant de l'année, ils n'aient satisfait aux conditions pour eux spécialement requises, et qu'ils n'aient, autant que de besoin, rempli le devoir prescrit. Au reste, s'il en est qui, après avoir entrepris les œuvres du Jubilé avec l'esprit de les accomplir intégralement, ne puissent, prévenus qu'ils seront par la mort, compléter le nombre des visites prescrit. Nous voulons, eu égard à notre désir d'accueillir favo- blement la piété et la promptitude de leur volonté, qu'ils partici- pent aux grâces de l'indulgence et de la rémission susdites, comme CmCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 75 s'ils avaient réellement visité les églises aux jours indiqués, pourvu toutefois qu'ils se soient confessés et qu'ils se soient nourris de la sainte communion. Pour ceux qui, après avoir, par la vertu des présentes, obtenu les absolutions de censures, commutation de vœux ou dispenses susdites, auraient abandonné le dessein sérieux et sincère exigé d'ailleurs pour gagner ce Jubilé, et, par suite, négligé d'accomplir les œuvres nécessaires pour le gagner, bien qu'on puisse à peine les considérer comme exempts de péché à cause de cela, pourtant Nous décidons et déclarons que ces absolutions, commutations et dispenses obtenues par eux dans la disposition susdite, conserve- ront leur entière valeur. Nous décidons et déclarons encore que les p'ésentes lettres seront en tout valides et efficaces ; qu'elles sortiront et obtiendront leurs pleins effets partout où elles auront été, par les Ordinaires du lieu, livrées à la pu.blicité et à l'exécution, qu'elles profiteront à tous les fidèles du Christ qui sont dans la grâce et l'obéissance du Siège Apostolique en même temps qu'à tous les voyageurs et navigateurs qui aborderont en ces lieux. Et il en sera ainsi, nonobstant ce qui se rapporte aux indulgences qu'on ne doit pas concéder ad instar, nonobstant les tJonstitutions Apostoliques et les constitutions édictées dans les Conciles universels, provinciaux ou synodaux, nonobstant les ordonnances et les réserves générales ou spéciales d'absolutions, relèvements et dispenses, nonobstant le sei-ment des Ordres mendiants et militaires, quels qu'ils soient, des congrégations et des instituts, nonobstant les statuts confirmés par l'approbation Apostolique ou de toute autre manière, nonobs" tant les lois, usages, coutumes, privilèges, induits et lettres Apos- toliques à eux concédés, nonobstant surtout celles où il est interdit expressément que les profès de l'ordre, congrégation ou institut de ce genre confessent leurs péchés à des Confesseurs qui ne sont pas de l'ordre. De toutes ces choses et chacune d'elles, bien que pour une dérogation suffisante de ces règles, et de leurs complètes teneurs, il doit en être fait mention spéciale, spécifique, expresse et individuelle, ou qu'aucune autre forme soit exigée pour les conserver ; néanmoins, pour cette fois, Nous tenons ces teneurs pour insérées et ces formes pour accomplies exactement, et Nous 76 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, y dérogeons pleinement ainsi qu'à toutes autres clioses contraires, en vue seulement des effets susdits. Mais lorsque, remplissant le devoir de Notre charge Aposto- lique et Nous inspirant de cette sollicitude dont Nous devons entourer tout le peuple du Christ, Nous proposons cette occasion salutaire d'obtenir une grande grâce de rémission, Nous ne pouvons Nous dispenser de faire appel à tous les Patriarches, Primats, Archevêques, Evêques et aux autres Ordinaires des lieux, aux Prélats ou à ceux qui, à défaut des Evêques et des Prêtres, exercent légitimement la juridiction locale ordinaire et sont en grâce et communion avec le Siège Apostolique, pour les prier ardemment au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, Prince des Pasteurs, et pour les supplier d'annoncer un si grand bien aux peuples confiés à leurs soins et de veiller avec le plus grand zèle à ce que tous les fidèles réconciliés avec Dieu par la pénitence, fassent tourner cette grâce du Jubilé au profit et à l'utilité de leurs âmes. C'est pourquoi, Vénérables Frères, vous veillerez avant toutes choses à ce que, la clémence divine étant invoquée par les prières publiques pour qu'Elle répande sa lumière et sa grâce dans tous les esprits et tous les cœurs, le peuple chrétien soit amené par des instructions et des avis opportuns à recueillir le fruit du Jubilé. Qu'il comprenne parfaitement quelle est la nature du Jubilé chré- tien et quelle est sa valeur pour l'utilité et pour le profit des âmes de quelle façon spirituelle ces biens sont acquis par la vertu de Notre-Seigneur Jésus-Christ et ce que ramenait tous les cinquante ans, chez le peuple Juif, la loi ancienne, messagère des choses futures. En même temps, qui soit convenablement instruit de la valeur des indulgences et de tout ce qu'il doit remplir pour faire une confession fructueuse de ses péchés et recevoir saintement le sacrement de l'Eucharistie. Or, comme ce n'est pas seulement de l'exemple, mais des œuvres du ministère ecclésiastique qu'il est tout à fait besoin pour opérer, dans le peuple de Dieu, des fruits désirables de sanctification, ne négligez pas. Vénérables Frères, d'enflammer le zèle de vos Prêtres et de les exciter à exercer leur ministère avec ardeur, principalement dans ce temps de salut. D.ins ce but et pour le bien commun, il serait très CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 77 désirable, partout où cela sera possible, qu'eux-mêmes, donnant au peuple chrétien l'exemple de la dévotion et de la piété, renou- vellent, au moyen d'exercices spirituels, Tesprit de leur sainte vocation afin qu'ensuite ils s'appliquent plus utilement et avec plus de fruit, selon le mode établi par Vous, à remplir les devoirs de leur charge et à donner de saintes missions à leur peuple. En ce siècle, comme il y a tant de mal à réparer, tant de bien à faire, saisissez le glaive de l'esprit, c'est-à-dire la parole de Dieu, et par tous vos soins, obtenez que votre peuple soit amené à détester l'abominable crime du blasphème par lequel il n'est rien de si saint aujourd'hui qui ne soit violé ; qu'il connaisse et remplisse ses devoirs au sujet de l'observance des jours de fête et des lois de l'Eglise, concernant le jeûne et l'abstinence et qu'ainsi il puisse éviter les peines déchaînées sur la terre par le mépris de ces devoirs. Que votre sollicitude et votre zèle soient de même constamment éveillés sur la discipline de l'Eglise que vous devez défendre et la parfaite éducation des clercs dont vous devez prendre soin ; enfin, par tous les moyens qui sont en votre pou- voir, portez secours à lu jeunesse qui est circonvenue, comme vous le savez, et qui, vous ne l'ignorez pas, se trouvant en un .'^i grand péril, est exposée à une ruine si grave. Ce genre de mal fut si douloureux au cœur du divin Rédempteur lui-même, que contre ses auteurs il proféra ces paroles: •'• A quiconque aura scandalisé un seul de ces petits qui croient en moi, il eût mieux vulic qu'on lui mît une meule au cou et qu'on le jetât à la mer,' Comme rien n'est plus digne du temps du saint Jub lé que d'exercer plus généreusement toutes les œuvres de charité, il appartient à votre zèle, Vénérables Frères, de stimuler les fidèles afin qu'on secoure les pauvres, que les péchés soient rachetés par les aumônes, dont il est dit tant d'excellentes choses dans les saintes Ecritures; et, afin que ces fruits de la charité s'étendent plus au loin et demeurent plus stables, il sera bon que les secours de la charité soient appliqués à secourir ou à fonder ces pieux établissements, qui sont réputés en ce temps servir le mieux à l'utilité des âmes et des corps. Si vos esprits à tous, si vos efforts se réunissent pour obtenir ces biens, il n'est pas possible que le règne du Christ, et sa justice n'en reçoive pas de grands 78 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, ■accroissements, et que la clémence divine, en ce temps acceptable, en ces jours de salut, ne répande pas sur les fils de son amour l'abondance des présents célestes. Finalement, Nous nous adressons à vous tous, Fils de l'Eglise catholique, à tous et à chacun; par î^otre affection paternelle, Nous vous exhortons à user, selon que le soin de votre salut le demande, de cette occasion d'acquérir le pardon du Jubilé. C'est maintenant plus que jamais, Fils bien aimés, qu'il est nécessaire d'arracher de notre conscience les œuvres mortes, d'ac- complir les sacrifices de justice, de faire de dignes fruits de péni- tence et de semer dans les larmes, afin que nous récoltions dans la joie. La majesté divine nous indique assez ce qu'elle demande de nous, depuis si longtemps qu'à cause de notre malice nous tra- vaillons et souffrons sous le poids de son mécontentement et sous le souffle de sa colère. Les hommes ont coutume, toutes les /ois qu'ils subissent une nécessité par trop pressante, d'envoyer des ambassadeurs chercher du secours auprès des nations voisines. Nous, faisons mieux, envoyons une ambassade à Dieu; Notre secours, demandons-le lui ■. que vers lui nous tournions notre cœur, nos prières, nos jeûnes et nos aumônes, car plus nous serons p>^^^ de Dieu, et plus nos adversaires seront repoussés loin de nous. Mais surtout écoutez la voix Apostolique, — car Nous sommes chargé d'une ambassade pour le Christ — vous qui travaillez et qui êtes accablés ; vous qui, errant loin des chemins du salut, êtes opprimés sous le joug des mauvaises passions et de l'esclavage diabolique ; ne méprisez pas les trésors de la bonté» de la patience et de la longanimité de Dieu ; quand on vous pré- pare si amplement et en si grande abondance les moyens d'obte- nir un pardon si facile, n'allez point, par votre refus, vous rendre inexcusables auprès du divin Juge, et amasser sur vous les trésors de sa colère aux jours de la vengeance et de la révélation du juste jugement de Dieu ; le monde passe et avec lui sa concu- piscence ; rejetez les œuvres de ténèbres, revêtez les armes de la lumière, cessez d'être les ennemis de votre âme, pour lui ménager enfin la paix en ce monde et dans l'autre les éternelles récom- penses des justes. Tels sont nos vœux; ces vœux, Nous ne cesserons de demander CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 79 au Dieu très clément qu'il les exauce, et^ tous les Fils de l'Eglise catholique nous étant unis par cette association de prières, Nous avons confiance que ces bienfaits nous seront accordés en abon- dance. En attendant les fruits heureux et salutaires de cette sainte entreprise, que de toutes les grâces et de tous les dons célestes vous soit l'augure la Bénédiction Apostolique qu'en Notre-Seigneur Nous vous accordons du fond du cœur, à vous, Vénérables Frères, et à vous tous, Nos Chers Fils, qui comptez parmi les membres de l'Eglise catholique. Donné à Eome, près Saint-Pierre, le 24 Décembre de l'année JMDCCCLXXIV, dans la 29e de Notre Pontificat. PIE IX. PAPE. DE JUBILA EXTENSIONE AD UNIVEESUM CATHO- LICUM GBEGEM EPISTOLA ENCYCLICA LEONIS PP. XII. QU.'E DE MANDATO PII IX PONT. MAX. ITERUM EDITA EST OCCASIONE lUBIL^I ANNI MDCCCLXXV. UT OMNIBUS PATEIARCHIS ARCHIEPISCOPIS ET EPISCOPIS ALIISQUE LOCO- RU3I ORDINARIIS GEATIAM ET COMMUNIONEM SEDIS APOSTOLIC^ HABENTIBUSPRO UBERIORI AGENDOEUM NORMA TRANSMITTATUR. LEO PP. XII, Venerabiles Fratres, salutem et apostolicam henedictionem. Capitate Christi urgente Nos, ut fructus passionis eius in •omnes, quantum divinitus concessa Nobis, licetindignis, potestate possumus, derivandos curemus ; insignibus fidei, pietatis, omnis- que virtutis exemplis tum incolarum huius urbis, tum advenarum. qui frequentissimi pro conditione temporum hue universalis lubilaei causa convenerunt, magnam in spem erectifore, ut ubique studia eadem Fidelium ad utilitatem animarum suarum, ad Dei et eius Ecclesise gloriam excitentur ; votis item vestris obsecun- dantes, Venerabiles Fratres, et Principum Catholicorum, quibus 80 iLVNDEMENTS, LETTRES PASTORALES, vera félicitas cordi €st gentium sibi subditarum, quemadmoduus a fel. rec. Prfedeccessoribus nostris Benedicto XIV et Pio VI factum est, Ecclesiîe thesauros, uti B-omae elapso anno sacro, ita ia universis orbis terrae regiooibus aperiendos in Domino putavi- mus. Proinde Constitutioaem ad universos Christifideles edidi- nius, qua lubilaei eiusdem indulgentiam extendimus, et quse pia. opéra, quoque temporis spatio ad eam consequendam prsestari debeant, item permissas arbitrio vestro facultates iniuneta opéra commutandi, aut redigendi, eorum commodo qui impediti légitime fuerint, indicamus, eamque, ut per Vos cognosci ab omnibus possit, Vobis mittimus. In re autem huiusmodi quam necessaria opéra vestra sit, quantaque Vobis contentione sit laborandum^ ut felices consiliis nostris exitus respondeant, nihil necesse est dicere. Tantum enim boni ex solemni hac anni sacricelebratione percepturi sunt populi, quantum diligentice studiique ad se. uti par est, prfeparandos adhibuerintj ut autem plurimum adbibe- ant, id ex curis pendet, quas in id, pro munere officii vestri pastoralis, impenderitis. Agnoscant igitur per Vosquid et quan- tum illud sit quod eis tribuitur. Ostendite thesauri pretium quem reseranius, et quam facile omnes possint eius divitiarum esse participes, tum ob amplissimas, quas ministris Pcenitentise coneedimus facultates peccata remittendi, tum ob ipsam operum naturam, quse imponuntur peccatis expiandis. Scitis quanta fuerit ea in re disciplinae severitas in Ecclesia ant€ saeculum quartum decimum. Quicumqae pro sola devotione, ait fel. rec. Praedecessor noster Urbanus II in Concilie Claromontano, " nom " pro honoris, vel pecunise adeptione, %â liberandam Ecclesiam " Dei lerusalem profectus fuerit, iter illud pro omni pœnitentia " reputetur. " Neque sane aliter tune concedi plenariam indul- gentiam solitam fuisse novimus. quemadmodum verba illa refe- rens doctissimus ac piissimus Dei servus Beatus losephus Maria Thomasius Cardinalis animadvertit. •• Hanc, inquit, plenariam '• indulgentiam, in qua opus iniunctum gravissimum erat sump- '' tibus, incommodis, laborioeissimis itineribus, et imminentibus '' vitae periculis, ut potius videri possit immutatio pœnitentia?, "quam huius absoluta relaxatio hanc, inquam, plenariam " indulgentiam pro terra sancta alii po.stea Summi Pontifices sem- CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 81 • percoufirmarunt." Lenitatem pise matris Ecclesiœ imbecilli- tatem miserantis filiorum suorum, quse nunc onera tanto leviora ac facilioia pro bonis pretium omae excedentibus imponit, Fide- lium considerationi proponentes, illud certe assequemini, ut nemo tam mollis et négligeas reperiatur, quia bona illa velit tam parvo sibi comparare. Cavendum tamen est diligenter, ne inde occasi- one accepta, ut verbis utamur Sanctas Syaodi Tridentinse, " peccata ipsa leviora putantes, velut iniurii, et contumeliosi " Spiritui Sancto, in graviora labanlur, thesaurizantes sibi iram ^' in die irse. " Quare Ecclesiœ quidem ea in re ostendatur libe- ralitas, sed nihil omnino diligentiae, atque industrias negligatur, quo redigant homines in memoriam quaecumque contra Dei legem commiserunt, eaque dolentes ex animo, ac détestantes intègre ac sincère coufiteantur, atque iude magis ad admirandam amandam- que Dei beuignitatem excltentur, qui se tam facilem ac placabilem praebeat iis qui nunquam satis plectenda impietate "semel a " peccati, et Dœmonis servitute per Baptismum liberati, et accepte " Spiritus Sancti dono, scienter templum Dei violare, et Spiritum " Sanctum contristare non formidaverint. " Earu ob causam exemplum secuti Praedecessorum nostrorum, solemni iudicto lubilaeo, divinum auxilium ad prosperum tanti operis exitum publiée implorari iussimus, sine quo nihil eiusmodi humana potest imbecillitas, et frangi populo panem verbi Domini tum in tculplis, tum in pktois, quo ministrorum ope ealutis ani- marum zelo flagrantium, et catholicam de Indulgentiis, ac lubi- Ifeudoctilaam doceretur diligenter, et de omni Chris tianiinstituti admoneretur officio, et ad sinceram pœnitentiam gravissima ora- tione excitaretur. Sibi igitur unusquisque vestrum, YenerabilesFratres, boc potis- simum in tempore illud Propbetse dictum putet : " clama, ne " cesses : quasi tuba exalta vocem tuam, et annuntia populo mec " scelera eorum, et domui lacob peccata eorum" et ipsi per Vos, quoad poteritis, et monitu vestro sacri oratores, quos elegeritis verbis ac vita ad movendos animos maxime idoneos, inculcent auribus omnium, quod omnibus comminatus est Cbristus : " nisi pœnitentiam habueritis, omnes similiter peribitis," Docoant, idipsum, nos ut pœniteat, petere supplici prece oportere, quod 82 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, implorabat verbis illis Propheta : " converte nos, Domine ad te,. " et convertemur : " ostendant, quanta in Deum iniuria sit pec- catum : incutiant salutarem animis terrorem severitate proposita divini iudicii, ac suppliciorum acerbitate quœ parata siint mo- rientibus in peccato suo ; excitent vero spem in omnibus ab infi- nita Dei bonitate impetrandae misericordiae, qui se expectare afl&rmat, ut misereatur, cuius suut voces illae dulcissimae, '*■ con- " vertimini, et agite pœnitentiam ab omnibus inquinanientis " vestris, et non erit vobis in ruinam iniquitas. Proiicite a vobis •' omnes prœvaricationes vestras, in quibus praevaricati estis, et " facite vobis cor novum et spiritum novum Quia nolo mor- " tem morientis, dicit Dominus Deus : revertimini et vivite." Ex quo illud facile consequetur, ut agnoscatur, quam dignus- amore sit pater adeo bonus ac misericors, indeque subeat consi- deratio, quam indigna tanta bonitate ratio siteum offendere ; dolor denique intimus oriatur, ac detestatio peccatorum, certaque ae deliberata voluntas vitam et mores emendandi. Ita internée ostensa pœnitentiae necessitate, ad eamque com- para tis Fidelium animis, de eadem quatenus sacramentum est, dilio-enter doceantur. Admoneant eos ministri verbi Domiui, îeque necessarium esse illud degenerantibus past Baptismum,. quam Baptismum ipsum nondum régénéra tis, mérite proinde dictum " secundam tabulam post naufragium, " qua una in geternse salutis portum liceat pervenire : ostendant quo sensu doloris et humilitatis, qua fide, qua integritate confiteri peccata sua debeant; neque illud docere praetermittant, confessionem generalem persœpe utilem esse, certis autem in casibus omnino- necessariam : abluta vero per absolutionem culpa, seternaquepœna condonata, temporalem plerumque superesse ; ita omnino divina exisente iustitia, ut pœnis saltem tempore definitis puniantur ii, quorum sceleribus nec ipsa nullis definita temporis finibus suppli- cia satis digna fuissent. Sic prseparatis animis Fidèles sancti lubilaei fructus adipisci poterunt ; sed ut opéra qua par est pietate fiduciaque suscipiant, per quae hoc tantum boni sint adepturi, vestrum erit efficere, ut intelligant, ac certum et persuasum babeant, relictum esse Ecclesise a mediatore Dei et bominum. Chrifc.o lesu inexhaustum meritorum suorumthesaurum, quibus et CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 83 mérita accedunt Beatissimae Virginis Genetriciseius, Sanctoruui- que omnium vi copiosœ apud Dominum redemptionis eo dignitatis evecta, cuius divitias hominibus dividere. in eiui? esset poteistate, quem Christus ipse visibilem pro se invisibili in eadem Ecclesia caput constituisset ; eius neuipe prudeuti arbitrio mérita illa modo amplius modo arctius applicari vivis ad modum absolutionis, nior- tuis ad modum suffragii posse, siquidem illi per Siicramentum pœnitentiae culpam eluissent, aeternaque pœna essent absoluti, hi vero si cum Deo caritate coniuncti migrassent e vita ; in eo vero meritorum illorum applicatione indulgentiam esse positam, per quam temporales pœnae apud divinam iustitiam peccatis débitai plus minusve relaxantur, pro modo applicationis a dispensatore thesauri illius Komano Pontifice cnnstitutae, et quam Fidèles ad eam afferant, praeparationis : denique plenariam esse indulgentiam lubilaei, et ab aliis etiam plenariis indulgentiis distinctam, quae in modum lubilaei conceduntur, propterea quod anno solemnis remissionis, qui lubilasus dicitur, amplior pœnitentife ministris ad hoc ipsum constitutis tribuitur facultas a peccatis absolvendi, et vincula atque impedimenta relaxandi, quibus non raro confi- tentium conscientia implicatur : dum autem univers! Christiani populi in cœlum ascendit deprecatio, certior in omnes ampliorque placati pœoitentia Domini descendit miseratio. Atque haec quidem, Venerabiles Fratres^ docendi sunt populi ; sed ut, quae docti fuerint efficere cum fructu possint, quam necessaria sit apta et opportuna Sacerdotum opéra, apud quos confiteri peccata sua debeant, prope intelligitis. Quamobrem curandum sedulo Vobis est, ut ii, quos ad confessiones audiendas deligetis, ea meminerint ac praestent, quae de ministro Pœniten- tise praecipit Praedecessor noster Innocentius III., ut scilicet sit " discretus et cautus, ut more periti medici similiter infundat " vinum et oleum vulneribus sauciati, diligenter inquirens et " peccatoris circumstantias et peccati, per quas prudenter intelligat, " quale illi debeat consilium praebere, et eiusmodi remedium '' adhibere diversis experimentis utendo ad sanandum aegrotum"; habeatque prae oculis documenta illa Ritualis Homani ; " videat *' diligenter Sacerdos, quando et quibus conferenda, vel neganda, " vel differenda sit absolutio, ne absolvat eos, qui talis beneficii 84 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, *■' sunt incapaces, quales sunt qui nulla dant signa doloris, qui " odia et inimicitias deponere, aut aliéna, si possunt, restituera, " aut proximan peccandi occasionem deserere, aut alio modo <' peccata derelinquere, et vitam in melius emendare nolunt ; aut ï' qui publicum scandalum dèderunt, nisi publiée satisfaciant, et ** scandalum tollant." Quae quidem nemo non viderit quam longe ab eorum ratione distent, qui, ut gravius aliquod audiunt peccatum, aut aliquem sentiunt multiplici peccatorum génère infectum, statim pronuntiant se non posse absolvere : iis nempe ipsis mederi récusant, quibus maxime curandis ab eo sunt cons- tituti qui ait: nom est opus valentibus medicus, sed maie hahen- tibns ; aut quibus vix ulla scrutandae conscientiae diligentia, aut doloris, ac propositi satis videtur significatio, ut absolvere se posse existiment ; ac tum demum tutum se cepisse consilium putant. si homines in aliud tempus absolvendos dimiserint. Si enim ulla in re servanda est mediocritas, in bac potissimum ser- vetur necesse est, ne vel nimia facilitas absolvendi facilitatem afferat peccandi, vel nimia difficultas alienet animos a confessione, ■et in desperationem salutis adducat. Sistunt se quidem multi Sacramenti Pœnitentiae ministris prorsus imparati, sed perssepe tamen huiusmodi, ut ex imparatis^parati fieri possint, si modo Sacerdos viscera indutus misericordiae Christi lesu, qui non venit vocare iustos sed peccatores, sciât studiose, patienter, et mansuet^ <;um ipsis agere. Quod si prgetare praetermittat, profecto non magis ipse dicendus est paratus ad audiendum, quam caeteri ad confitendum accedere. Imparati enim illi tantummodo sunt iudicandi, non qui vel gravissima admiserint flagitia, vel qui plurimos etiam annos abfuerint a confessione ; misericordiœ enim Domini non est numerus, et bonitatis infinitus est thésaurus ; vel qui rudes conditione, aut tardi ingenio non satis in se ipsos inqui- sierint, nulla fere industria sua id sine Sacerdotis ipsius opéra assecuturi ; sed qui, adbibita ab eo necessaria, non qua preeter modum graventur, in iis interrogandis diligentia, omnique in iisdem ad detestationem peccatorum excitandis, non sine fusis ex intimo corde ad Deum precibus, exhausta caritatis industria, sensu tamen doloris ac pœnitentiae, quo saltem ad Dei gratiam in Sacramento impetraadam disponantur, carere prudenter iudicen- CIKCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 85 tur. Quocumque autem animo sint qui accédant ad ministrum Pœniteutiae, nihil ei magis cavendem est, quam ne sua culpa diffisus quispiam Dei bonitati, aut Sacramento reconciliationis. infensus discedat. Quare si iusta sit causa, cur difiFerenda sit absolutio, verbisquoad poterit, humanissimis persuadeat confessis necesse est, id et muuus officiumque suum, et eorum ipsorum salutem omnino postulare, eosque ad redeundum quamprimun blandissime alliciat, ut iis fideliter peractis, quae salubriter pra3s- cripta fuerint, vinculis soluti peccatorum gratise cœlestis dulcedine reficiantur. Aptissimo eius caritatis exemple inter ceteros esse potest S. Raymundus de Pennafort, quem insignem Sacranienti Pœnitentise ministrum appellat Ecclesia. " Cognitis peccatis, " inquit, adsit (confessarius) benevolus, paratus erigere et secum " onus portare; habeat dulcedinem in aflfectione, pietatem in " alterius crimine, discretionem in varietate, adiuret confitentem " orando, elemosynas et caetera bona pro eo faciendo, semper eum " iuvetleniendo, consolando, spem promittendo, et, cum opusfuerit, " etiam increpando." Huiusmodi vei'O accepti patientia, ac benignitate caritatis pec- catores aequiore etiara animo pœua3 se subiicient, quae sibi satis- factionis nomine irrogabitur. Animadvertant enim necesse est, non eam esse vim ac naturam lubilaei, ut per eius indulgentiam omni solvantur homines obligatione offensas peccatis Dei iustitisft satisfaeiendi, quasi vero quas pœnitentibus eius rei causa a Sacer- dotibus Sacramenti ministris per id tempus iniunguntur, prœstare necesse non sit. Nam ad Sacramenti integritatem pertinet satis- factio illa, neque profecto alia JS'obis mens esse potest, dum permissa a Christo potestate de severitate débitas peccatis pœnaa per indulgentiam remittimus, nisi ut illi dumtasattanto fruantur beneficio, qui onnia impleverint, quibus, eodem Ecclesiam suam docente Cbristo, didicimus velle iustitias suae Deum per infinita ipsius Filii sui Redemptoris nostri mérita satisfieri. Revocanda igitur vobis sunt in memoriam Pœnitentiae ministris, verba illa S. Concilii Tridentini; " debent Sacerdotes, quantum prudentia " suggesserit, pro qualitate crirainum, et pœnitentium facultate, " salutares et convenientes satisfactiones iniungere ; " et quod docet Catecbismus eiusdem S. Concilii, in irroganda scilicetsatis- 86 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, factionis pœua uihil sibi suo arbitratu statuendum esse, sed omnia iustitia, prudentia et pietate dirigenda ; qua ut régula peccata metiri videantur, et pœnitentes suorum scelerum gravitatem agnoscant, operae pretium esse eis interdum significare quaepœnae quibusdam delictis ex veteruui canonun praescripto, qui pœnitso- tiales vocautur, constitutîe sint ; universaeque satisfactionis modum culpse ratione temperandum. Quam in rem illud etiam hoc pr^esertim tempore misericordiae, et remissionis opportune admooebuatur Sacerdotes, quod ait Doctor Angelicus : " Melius est quod Sacerdos pœnitenti indicet " quanta pœnitentia esset sibi pro peccatis iniungenda, et iniun- ^' gat nihiloniinus aliquid, quod pœnitens tolerabiliter ferat. *' Quod ipsum antea docuerat Chrysostomus : Si nulla ex parte, *'' inquit. parcere volens debitam adhibueris sectionem, fiet saepe, *" ut animum ille doloris impatientia despondeus, atque adeo '" omnia simul detrectans cum pharmacum, tum vinculum. seipse *' praecipitem ferat, contrito iugo, et coufracto laquée. Equidem *' complures recensere possim, quos constat in extrema mala adac- ^' tos non ob aliud, nisi quod digna ab eis pœna, et quœ peccatis ^' perpetratis per esset, exigeretur." Hue vero cum pertineat saluberrima haec, quœ nobis divinitus facta estj potestas mérita Dei et Hominis Christi Domini, et Sanctorum eius dispensandi, ut partibus omnibus impletis Sacra- menti Pœnitentiae, quidquid pœnœ, adhuc sibi luendum supersit peecatorum supplere Fidèles possint; date operum, ut intelligaut. qua ratione, quo ordine, qua pietate, quœ ad id iniuncta fuerint, sint exsequenda. Discant supplicationes basce, quae ad certas sacras œdes faciendcB prsescribuutur, instar esse quoddam statio- num illarum, quas priscis Ecclesire temporibus fieri solebant, cum mos fuit fidelium, ut certis diebus includerent se in sacris aedibus, ibique ieiuni orantescjue, et annos suos recogitantes in amaritu- dine animae suae, usque ad vesperam perse verarent. Quod si nunc temporis Ecclesia tanto minus requirit a filiis suis ad hoc etiam, ut plenariaui consequi indulgentiam possint, id non ita sane est interpretandum, quasi minorem existimet nunc, quam antea, debere nos Deo compensationem pro peccatis ; sed dum laboriosa opéra mitigat misericordia, quantum de asperitate CIKCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 87 Temittit exterioris satisfactioais, tantum conari vult homines, ut intensioris vi coatritioais, piique ardors studii exsequendorum, qufe imperaverit, operum interiori profectui afferant animorum. Atque ad hoc illud rer'ertur, quod inter iniiincta opéra Sauc- tissimfe Eucharistias perceptio numeretur, qua, cum ipse ia ea foQS cœlestium omQium charismatum, ac donorum Christus Do- minus contineatur, nul la profecto efficacior res est ad ignem excitandum perfectfe caritatis : ex quo liquet quantopere in eam curam ir.eumbendum Vobis sit, ut fidelis populus tanti Sacra- menti vim et naturam doceatur. et optime affecte ac prseparato anime ad illud accédât. Habetis, Venerabiles Fratres, quse velimus petissimum, quod ad sacrum pertinet lubilaeum. fidèles populos praemoneri. Freti studio vestre salutis commissarum Vobis animarum non modo Vos confidimus eperam daturos, ut omnes ea studiose peragende, quje indicavimus, plenariam, quam omnibus de inaestimabili Ecclesiîe thesauro offerimus, censequantur indulgentiam ; sed ita consequantur, ut eius fructus etiam in posterum permaneat. Eo enim pro sellicitudine nostra omnium Ecclesiarum spectant vota nostra, dum beneficium buiusmedi ad universes orbis Catholices extendimns, ut omnis, si fieri potest, cerruptela a moribus Chris- tiani populi in perpetuum remeveatur. In vestre quique grege, quae potissimuni vitia dominentur, probe nostis. In ea igitur radicitus evellanda teto anime incumbere nunquam zeli vestri pastoralis désistât industria. Inimane illud flagitium centume- liose in Deum loquendi quis credidisset fieri unquam posse, ut audiretur inter Christianos ? Atqui tamen nuUa iam pêne régie est. in qua non temere iuretur, ac sanctum et terribile nemen Demini usurpetur irrevereventer, atque adeo non desint (horres- cimus cogitantes, pudetque dicere) qui ei, quem Angeli glorifi- cant, non vei-eantur maledicere. In buiusmedi impietatem, qua nulla maier Divinag Maiestati afferri potest iniuria, exardescat zelus vester, summaque ope invebatur... Vestrum petissimum est decerem diligere domus Dei : at illud maximae curae Vobis esse débet, ne illa adeuntium cultu babitu- que minus décente, aut quavis irreligiositate vieletur, quibus sane ■nibil eum magis dedecerat ; neve unquam excidant fidelibus mo- 88 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, nita illa Cliristi Domini, Domus mea domns orationis est, et. zelus domus tuœ comedit me. Meminerint admoniti per Vos populi praeceptum, quod ipse Dominus imposuit verbis illis : mémento, ut Sahhata sanctifiées, et horrendam illam in violatores senteutiam : Sahhata mea violaverunt vehementer : dixi ergo ut effunderem furorem meum super eos, et consumerem eos : in quo tamen tanta est multorum perversitas, ut vel non dubitent servi- iia exercere, vei quae immunitas ab huiusmodi operibus ad vacan- dum Deo praeeepta est, ea ipsi ad vacandum Diabolo abutantur ; ita se diebus festis ad comessationes, ad ebrietatem ad libidinem, ab omnia Diaboli opéra proiiciunt. Tollatur in perpetuum, quoad per Vos fieri poterit, scandalum huiusmodi, succedatque illi Grandi studium, audiendique verbi Domini, neque modo pie assis- tendo augustissimo Missae sacrificio, sed ipso sumendo Christi Corpore, saluberrima sacrificii ipsius participatio. Quid vero de Ecclesige praeceptis, quid nominatim de abstinen- tiae, ac ieiunii observantia dicemus ? Quotus enim iam quisque est qui prEeceptum illud prassertim vel, ut par est, curet, vel etiam non omnino contemnat? In hoc etiam intelligitis, quam necesse sit, Vos animunj intendere, ut cognoseant Fidèles quo prsecepta Ecclesiae pertineant, quantaque tautae parentis auctoritatem vene- ratione prosequi debeant, de qua sponsus ipse eius Christus pro- nuntiavit : " si quis Ecclesiam non audierit, sit tibi sicut ethnicus, " et publicanus." Omnis quidem aetas curas vestras sibi vindicat, sed ea potissi- mum, ex qua futurus pendel Ecclesiae status et humanae societa- tis, quamque ideo coniurata in utriusque perniciem omni ope ad suas partes adducere conatur impietas. Educationis eius ac disciplinas vei negligentiam vel perversitatem inde magna ex parte repetendam esse probe cognoscitis, ac nobiscum deploratis^. quod iam homines Matrimonii sanctitatis et oflSciorum cepisse vi_ deatur oblivio ; adeo crebro contructus, utvocant, civilis, qui tôt in regionibus usurpatur, occasione, sanctissimae Sacramenti illius leges violantur, quod, Paulo Apostolo auctore, magnum est in chrislo et in Ecclesia ; adeo invaluit iniquissima illa inter catholicos, et haereticos coniugeB conventio, ut vel tota proies patris, vel mascula patris, femina matris religioneui sequatur. CIRCULAIKES ET AUTRES DOCUMENTS. 89' Videtis igitur quanta Vobis suscipienda sit sollicitudo, ut 6de- les catholicam de Sacramento illo teneant doctrinam, et ad parendum adducantur Ecclesiae legibus; funestaque illa Christianœ educationis pernicies, quantum eniti hortatu et auctoritate possitis, a Christiano populo amoveatur ; generatim vero ut catholicis moribus atque institutis imbuantur adolescentes, et eisdem ipsis instando, et parentibus, et prasceptoribus, contendite ; praesertim vero ut caveant a seductoribus, ut adeo propngatam miserrima temporum conditione opinionum sententiarumque pravitatem, et unde teterrima malorum omnium sages orta est, libros religion!, moribus, quieti publicae infestos perhorrescaut. Quse ut pestis prohibeatur a fidcli populo, eum identidem, admonendum corate, quam iuste ac salubriter et a Praedeces- soribus nostris, et a Cbristian's Principibus cautum sit, ne Hbr- huiusmodi retineantur, nullamque ea in re nimiam vigilautiam curamque existimate. Omnis autem getatis, sexus, conditionis mortalibus consultum fuerit, si salutari pabulo assidue nutriantui- verbi Domini, si frequens foveatur usus Sacramentorum, si pii CfBtus, quibus utrumque sit in primis propositum, vel prove- hantur quicumque sint, vel novi etiam instituantur. Sed ad haec efficienda adiutoribus Vobis opus est, quos vocavit Dominus operarios iu vineam suam. Qtiare admonete eos assidue quam non ipsis liceat esse otiosis, quamque necesse sit, ut operam suam conférant ad mores populi moderandos. Inquirite sedulo in eorum vitam, 'sermones. convictus, consue- tudines : " manus enim sordida, ut ait S. Gi-regorius M., aliam " non lavât, et oculus plenus pulvere maculara non considérât; ■' ita mundus débet esse qui vult aliéna corrigere." Ad cultus prœterea eorum extorioris gi*avitatem ac modestiam diligenter atteudite. Ut autem docendis Fidelibus, et ecc'.esiasticis miuis- teriis recte riteque obeundis sint idonei, ne sitis experimeulo contenti, quod dederint antequam Ordinibus initiarentur ; sed curate, ut initiati nunquam desinant in rerum sacrarum studiis impigre se exercere. Quo spectat quod Concilium Eomanum habitum a Benedicto XIII. anno lubilaei 1725, de congrega- tionibus decrevit Ecclesiasticorum '' semel in unaquaque hebdo- " mada habendis, in quibus altern;itim et rituum et conscientiai 90 MANDEMENTS, LETTEES PASTORALES, " casus proponaatur, discutiantur, et practice exerceantur ; " quodque proinde Vobis maiorem ia modum volumus commen- datum. Ceteris vero Ecclesiasticis eos œquum est in omnibus excel- lera, qui excellunt dignitate. Eorum idcirco a Vobis ratio est habenda diligenter, ut nihil in eis reprehendendum populus animadvertat, quos maxime intuetur ; sed ita vobiscum consiiio atque opéra conspirent in opus ministerii, in aedificationem Corporis Christi, ut merito cum Concil. Trid. Ecclesise Senatus dici possint. Parochorum praesertim curas et industriara acuité, ut ex prsescripto eiusdem Sanctse Synodi " plebem per se inces- " San ter instruant, et Sacramentis reficiant, quotidianas pro populo " ad Deum preces et orationes effundant, et laudabili vitae et " conversationis exemplo, virtutibus, et morum disciplina omnibus " prasluceant, viamque salutis praemonstrent," caeteris deniquefun- gantur officiis, quae ibidem praescripta sunt. Seuiinarium custodite ut pupillam oculi, et quicumque in spem Ecclesiae adolescunt, Clericorum institutio summae Yobis curée sit, acriterque vigilate ne quis, nisi indole, virtute, seientia vere se vocatum praeseferat in sortem Domini, sacris Ordinibus initietur Neque eo minus religiosarum familiarum observantias prospicite, facultatibus utentes, quae Vobis a S. Conciiio Tridentino vel tanquam Ordinariis, vcl tamquam Sedis Apostolicae delegatia tribuuntur. Scholas et coUegia adolescentium crebro invisite ad venena prohibenda praesentis aevi corruptelarum, omniaque ad normam dirigenda sanctissimae disciplinas. Instate, ut Moniales quae Deo voveruot religiose praesteut, " et quas (uti monet " Concilium Eomanum) educandas ac formandas susceperint " puellas convictrices, pie illas, et catholice instruant, incum- " bantque, ne ipsarum ornatus, et ve-tes puellis inter spousas " Christi versantibus disconveniant." Quae de celebratione synodorum, quae de visitatione diœcesium praecipiuntur a Conciiio Tridentino partes ducite muneris vestri gravissimas. Ea ut praescriptis ab eo temporibusmodoque religiose impleantur, Vobis etiam atque etiam commendamus. Inde enim et cognos- cetis oves vestras, et quibus earum malis madendum sit, quibus xx»mmodis consulendum intelligetis. Omnium ordiuum cura CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 91 Yobis commissa est, sed prœcipue panperum, quibus ad evan- gelizandum se missum a Pâtre professas est Christus, ia quos adeo prœclara singularis praebuit aroumenta voluntatis. Probe autem intelligitis quam facile sit, ut. egestate impellente, omnem prfesentis Dei beneficentise Jfructum amittant. Bonis igitur Eceiesiae ita utimini, ut prseceptum Domiai in exeniplum iuiple- atis, quod stiperest date eleemosynam. eaque fideliter praestetis, quae de bonorum illorum usu Episeopis prœscribit Eeclesia : aditum babeant ad Vos facilem egentium gemitus, divitum opem, eleemosynae pra;cepto quam saepissime proposito. pro eis implorate; •eosque abomni opppessione atque iniuria pro virili parte defendite Contra feneratorum iniquitatem, qui, ut ait Catbechis. Rom. miseram plebem compilant et trucidant usuris, inter cetera vehementer invebatur zelus vester, quod malum adeo miseris hisce temporibus invaluit (1) Inter paupei-es autem eos prae- sertim caritati vestrse commendamus, quorum egestati vel orbitas, vel œgritudo veluti cumulus accedit, ut domus utriusque sexus adolescentibus alendis educandisque, invalidisîegrisque recipiendis tum quod ad corpus remque familiarem pertinet, tum quod ad animum, quam diligentissime accurentur. Ne multa : pastores Vos estis ac magistri populorum. Vestrum idcirco est, Venerabiles Fratres, non modo vigilare, ne quos crédit! Vosbis grèges spirituaUnm hestiarum pati^ntur incursus^ sed eos calestis doctrinœ pabulo nutrire monitis quidam legibus- que salutaribus, at examplo potissimum; quo spectant quae et Vobis dicta sunt a Domino : " vos estis lux mundi sic lucea '•lux vestra coram hominibus, ut videant opéra vestra bona, et " glorificent Patrem vestrum, qui in cœlis est : " quod unum maxime valet tum ad movendos animos, tum ad obstruendum os loquentium iniqua, secundum illud Apostoli : " In omnibus te ipsum praebe exemplum bonorum operum, in doctrina, in inte- • gritate, in gravitate, verbum sanum in-eprebensibile, ut is, qui ■" ex adverse est, vereatur nihil habens malum dicere de vobis." Ita fiet, ut non modo quid agendura sit videant populi, (1) Idem graviter agatur contra furti scelus quod tôt modis totque dammis societatem conturbat. 92 MANDEMENTS, LETTEES PASTORALES, sed ut agant reipsa. ac tanquam Apostoli, sic et Vos sal terras- sitis ; hoc est, putore adempto peccatorum, qua semcl imbuti per Vos fuerint homines, vitœ raorumque integritas diutissime incor- rupta servetur. Hîec sunt vota nostra, hoc froti virtute studiis- que vestris, Deo adiuvaDte, confidimus consecuturos, ut ervoribus vitiisque profligatis, pietate corroborata, induant fidèles, ut hor- tatur Apostolus, " sicut electi Dei sancti et dilecti, viscera mise- "■ rieordiœ, benignitatem, humilitatem, modestiam, patieutiam •' supportantes invicem, et douantes sibimetipsis, secut et Dominus '' donavit nobis : super omnia artem caritatem habeant, quod "est vinculum perfectionis ; " quod seilicet Christianas omnes simul iunctas secum fert, et conservât virtutes, atcjue hominem. Deo coniungit, in quo tota hominis perfectio est. Hune fructum sacri lubilœi maximum ex Christi lesu Dei ac Redemptoris nostri meritis, Sanctorumque omnium ut capere Vobis contiugat laborum vestrorum ; huius ut Nos voti compotes faciat miserieor- diarum Pater et Deus totius consolationis per eumdem Filium suum Redemptorem nostrum, cuius eadem fuit precatio cum ait : rogo, Pater, ut unum sint sicut et nos, quanta possumus animi contentione obsecrantes Apostolieam Benedictionem Vobis, et commissis curœ vestr^ gregibus peramanter impertimur. Datum Romae apud S:mctum Petrum Octavo Kal. lanuarii Anno incarnationis Dominicœ Millesimo octingentesimo vigesimo quinto Pontificatus Nostri Anno Tertio, REPONSES DE LA S. CONGREGATION DE LA PENI- TENCERIE CONCERNANT LE JUBILÉ. Alix Êminentissinies Cardinaux de la Congrégation de la Pénitencerie. Sa Grandeur Monseigneur Ignace Bourget, Evêque de Mont- réal, en Canada, sollicite humblement une réponse aux doutes suivants concernant l'Indulgence du Jubilé. lo. Il est dit dans l'Encyclique du St. Père pour le Jubilé que l'Ordinaire pourrait diminuer le nombre des visites en faveur des CIRCULAIKES ET AUTRES DOCUMENTS. 93 Chapitres, Universités, etc., etc„ /jui feraient leurs visites en procession. Que doit-on entendre par ce mot procession ? Est-ce une procession avec la Croix, les Acoli/thes et les habits de choeur ; ou bien les Chapitres et les membres des Universités peuvent-ils faire ces processions avec les hahits ordinaires, que l'on porte •quand l'on sort en ville. 2o. Les processions des paroisses, auxquelles le St. Père a accordé le privilège des Chapitres, Universite's, etc., etc., savoir : de pouvoir satisfaire à l'obligation des quinze visites, en n'en faisant que trois ou quatre, au jugement de l'Évêque, ces proces- sions, dis-je, peuvent-elles, tout en gagnant l'Indulgence, se faire ■par plusieurs sections, par exemple, toutes les femmes ensemble ou tous les hommes ensemble, ou même les hommes ou les femmes partagées en plusieurs sections ? 3o. Dans le cas où une église serait trop peu spacieuse pour laisser entrer tous ensemble les fidèles, suffirait-il qu'un Prêtre, à la porte de la même église, récitât les cinq Pater et les cinq Ave requis, pour que les fidèles gagnassent l'Indulgence ? Ces visites ainsi faites suffisent-elles pour gagner l'Indulgence ? Sacra pœnitia, attente consideratis expositis, Yen : in xto Patri Epo Marianopolitan respondit, ad Primum Processiones regulariter faciendas esse more solito cum cruce, aliisque Sacris indumentis ; si aliquid obstet, faciendas esse meliori modo quo potest, et etiam per distinctas turmas, quge inde conveniant in Ecclesias designatas, ibique in commune preces juxta Encycli- cam Gravihus Ecclesice effundant : ad secumdum, Provisum in Primo : ad i'ertium, fidèles extra Ecclesiam ob illius angustiam manentes, moraliter esse unitos cum iis qui sunt in Ecclesia, ac proinde recitantes preces in memorata Encyclica prœscriptas visi- tationibus satisfacere. Datum Eomœ in S. Pœnitria die 25 Junii 1875, A. Pellegrini s. P. Kef. L, Canus Peirano S. P. Secrius. Veu : in xto Patri Epo Marianopolitan salutem et siaceram in Dno caritatem. Ex. S. Pœnitria Gratis. 94 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Salut à Marie, conçue sans péché, l'honneur de notre peuple. — Réjouissons-nous beaucoup' dans ce jour que le Seigneur a fait. CIRCULAIRE ACCOMPAGNANT LE MANDEMENT? DU JUBILÉ DE 187i). Montréal, le 5 Mars 1875. BiEN-AiMÉs Collaborateurs, J'ai toujours été vivement convaincu, et je n'ai cessé de vous le répéter, que, sans ^vos explications et exhortations, tous les Mandements, Lettres Pastorales, Circulaires, que j'adresse aux fidèles demeureraient à l'état de lettre-morte. Je suis plus pénétré que jamais de cette vérité, en lisant, dans l'Encyclique de Léon XII. dont vous recevrez une copie avec la présente, les paroles qui suivent : Fretl studio vestro *salutis comniissarum vobis- aniniarum non modo vos confidimus ojjeram, daturos nt omnes^ ea studiose peragendo. quœ judicavimus ita consequantur (indulgentia'm JuLilœi), ut ejus fructus etiam in posterum, permanea t. Mais ce Pontife, si éminemment rempli de l'esprit de Dieu, va plus loin, en avertissant les Evêques que le succès du Jubilé, qu'il leur enjoint de publier, est l'ouvrage des Prêtres. Les paroles, qu'il leur adresse à ce sujet,|^méritent assurément d'être citées. Atque hcec qiiidem, Venerabiles Fratres, docendi sunt populi ; sed ut quœ docti fuerint^ efficere cum fructu pnssint, quam necessaria sît apta et opportuna sacerdotum opéra, apiid quos conjiteri peccata sua deheant, prohe intelligitis. Là-dessus il rappelle aux Evêques du monde entier l'obligatioa où ils sont de faire, pour le succès du Jubilé, un bon choix de Confesseurs. " Quamobrem curandum sedulo Vobis est, ut ii, quos ad " confessiones audiendas deligetis, ea nieminerint ac praestent " quse de Ministre Paenitentiae praecipit Prïedecessor uoster " Innocentius III., ut scilicet sit discretus et cautus." La discrétion et la prudence sont nécessaires en tout temps au Confesseur, mais surtout, en temps de Jubilé et de concours, pour qu'il y ait entre tous les Prêtres qui viennent au secours d'une. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 95 paroisse en Jubilé une telle uniformité de conduite que les pécheurs impénitents, qui veulent approcher des sacrements, sans renoncer à leurs usures et autres passions, ne soient admis par aucun Confesseur. En conséquence, chacun de ceux qui travaillent au Jubilé, doit se conformer aux règles suivantes : " Ut more periti medici similiter infundat vinum et oleum " vulneribus sauciati, diligenter inquirens et peccatoris circums- " tantias et peccati, per quas prudenter intelligat, quale illi debeat " consilium prœbere et ejusmodi remedium adhibere divertis '• experimentis utendo ad sanandum œgrotum." Il cite le Eituel jRomain, pour rappeler aux Confesseurs les sages précautions quil leur faut prendre, pour n'être pas trompés par ceux qui veulent à tout prix se faire absoudre, dans ces temps de grands concours, et pour se mettre en état en même temps de bien connaître ceux sur qui agit efficacement la grâce du Jubilé, et qui en conséquence doivent être absous. " Habeatcjue prae oculis documenta illa liitualis Romani ; " videat diligenter sacerdos, quando et quibus conferenda, vel " neganda, vel differenda sit absolutio, ne absolvat eos, qui tali& '• beneficii sunt incapaces, quales sunt qui nuUa dant signa doloris, " qui odiaetinimicitiasdeponere, aut aliéna, si possunt, restituere, " aut proximam peccandi occasionem deserere, aut allô modo " peccata derelinquere, et vitam in melius emendare nolunt ; aut " qui publicum scandalum dederunt, nisi publiée satifaciaut, et " scandalum toUant." Mais autre chose est d'admettre les indignes, et autre chose de renvoyer ceux qui se présentent sans préparation, mais qu'il serait possible de mettre dans de bonnes dispositious, comme l'ou peut s'en convaincre par les paroles qui suivent : " Quae quidem nemo non viderit quam longe ab eorum ratione " distent, qui, ut gravius aliquod audiunt peccatum, aut aliquem " sentiunt multipiici peccatorum génère infectum, statim pro- " nuntiant se non posse absolvere : iis nempe ipsis mederi récusant, " quibus maxime curandis ab eo sunt constituti qui ait: non est " opus valentibus medicus, sed malehuhentihus ; aut quibus vix " uUa scrutandœ conscientise diligentia, aut doloris, ac propositi " satis videtur significatio, ut absolvere se posse existiment; ■96 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, " actum demum tutum se cepisse consilium putant, si tommes in " aliud tempus absolvendos dimiserint." Autre chose est d'être relâché et autre chose d'être trop rigide; car, en cette matière comme en toute autre, il faut garder un juste milieu, comme l'exige ce sage Pontife, avec tous les bons moralistes. " Si enim uUa in re servanda est mediocritas, in hac potissi- " mum servetur necesse est, ne vel nimia facilitas absolvendi " facilitatem afferat peccandi, vel nimia difficultas alienet ani- " mos a confessione, et in desperationem salutis adducat." Il est bien connu que beaucoup de pécheurs se présentent au confessionnal sans préparation. Mais, il est constaté par une heureuse expérience que s'ils rencontrent des Confesseurs qui se donnent la peine de les disposer au bienfait de l'absolution, ils finissent par s'en rendre dignes. Les paroles qui suivent méritent une attention particulière : " Sistunt se quidem multi sacramenti pœnitentice ministris " prorsus imparati, sed persœpe tamen hujusmodi, ut ex impa- *' ratis parati fieri possint, si modo sacerdos viscera indutus mi- " sericordiae Christi Jesu, qui non venit vocarejustos sedpecca- " tores, sciât studiose, patienter, et mansuete cum ipsis agere. " Quod si praestare praetermittat, profecto non magis ipse dicen- " dus est paratus ad audiendum, quam eaeteri ad confitendum " accedere. Imparati enim illi tantummodo sunt judicandi, non " qui vel gravissima admiserint flagitia, vel qui plurimos etiam " annos abfuerint a confessione, viisericordiœ enim Domini 7ion " estnumerus, et bonitatis infinitus est thésaurus ; vel qui rudes " conditione, aut tardi ingenio non satis in se ipsos inquisierint, " nulla fere industria sua id sine sacerdotis ipsius opéra assecuturi; " Sed qui, adibita ab eo necessaria, non qua praeter modum " graventur, in iis interrogandis diligentia, omnique in iisdem ad *' detestationem peccatorum excitandis, non sine fusis ex intimo " corde ad Deum precibus, exhausta caritatis industria, sensu " tamen doloris ac pœnitentiae, quo saltem ad Dei gratiam in " Sacramento impetrandam disponantur, carere prudenter iudi- " ccntur. Quocumque autem animo sint qui acceduut ad minis- " trum Paenitcntiae, nihil ei magis cavendum est, quam ne sua CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 97 " culpa diffusus quispiam Dei bonitati, aut Sacramento recoaci- " liationis infensus discedat. " Quare si justa sit causa, cur differenda sit absolutio, verbis ** quoad poterit, humanissimis persuadeat confessis necesse est, id ** et munus officiumque suum, et eorum ipsorum salutem omnino *' postulare, eosque ad redeundum quam primuin blandissime " alliciat, ut iis fideliter peractis, qu» salubriter praescripta fue- " rint, vinculis soluti peccatorum gratiae cœlestis dulcedine " reficiantur." L'exemple des Saints est bien propre à faire impression sur tous ceux qui ont à exercer le ministère de la réconciliation. Aussi, quoique notre saint Pontife appose, sur l'importante instruction qu'il nous donne, le sceau de son autorité Pontificale, il confirme cependant tout ce qu'il nous a enseigné par l'exemple de St. Ray- mond de Pennaport, en disant de ce saint que l'Église préconise comme l'insigne ministre du sacrement de Pénitence : " Cognitis peccatis, inquit, ad-it (confessarius) benevolua, '* paratus erigere et secum onus portare ; habeat dulcedinem in " afiFectione, pietatem in alterius crimine, discretionem in varie- " tate, adjuvet confitentem orando, eleemosynas et caetera bona ** pro eo faciendo, semper eum juvet leniendo, consolando, spem " promittendo, et, cum opus fuerit, etiam increpando." " Hujusmodi vero aecepti patientia, ac benignitate caritatis " peccatores gequiore etiam animo pœaae se subjicient, quae sibi " satisfactionis nomine irrogabitur." Ces heureux fruits que produit la sage direction que donne à tous les Confesseurs le religieux Pontife qui trace la ligne de conduite à suivre en tout temps et surtout en temps de Jubilé, sont plus que suffisants pour nous animer à nous conformer fidèle- ment à toutes ses sages directions. Au reste, ces excellentes pra- tiques sont pour tous les temps, pour tous les lieux et pour toutes les personnes. Aussi, faut-il se faire un devoir de ne jamais en dévier. Le succès du Jubilé dépend beaucoup, comme on le voit, de la direction des âmes au tribunal de la pénitence. Mais cela ne suffit pas; et il faut, nous dit encore LéoaXU, recourir à d'autres moyens non moins efficaces. .7. 98 MANDEiffiNTS, LETTRES PASTORALES, " Sed ad hîec efflcienda adjutoribus Yobis opus est, quos voea- ** vit Dominiis operarios in vineam suain, Quare admonete eos " assidue quam non ipsis liceat esse otiosis, quamque necesse sit, " ut operam suam conférant ad mores populi moderandos. Inqui- " rite sedulo in eoruni vitam, sermones, convictus, consuetu- " dincs : " manus enim sordida, ut ait S. Gregorius 31., aliam. " non lavât, et oculus plenus pulvere maculam non considérât ; " ita mundus débet esse quivult aîiema corrigere, etc." Ces recommandations sont données par un Pape dont toute l'Église vénère les vertus. Cela nous suffit pour les recevoir en vénération et pour nous presser de les mettre à exécution. Notre immortel Pontife nous fait d'autres recommandations que nous ne manquerons pas de mettre à profit. Ainsi, insiste-t-il, dans son zèle pour le succès du Jubilé, qu'il vient d'accorder à t'iute l'Eglise, auprès des Evêques, pour qu'ils recommandent à leurs Prêtres de faire une fervente retraite. " Quoniam vero nedum exemplum, sed ministerii ecclesiastici " opéra ouiuino requiritur ut in populo Dei optati sanctificationis " fructus habeantur, vestrorum sacerdotum zelum, V. Y. Fratres, " ad ministerium salutis hoc potissimum tempore alacriter exer- <' cendum inflamniare non omittite : atque ad commune bonum, " ubi hoc fieri possit, plurimum conferet, si ipsi pietatis et religi- " onis exemplo cliristiano populo prjeeuntes, spiritualium exerci- " tationuui ope sua9 sanctse vocationis spiritum rénovent, ut deiude " utilius ac salutarius in suis muneribus explendis, et in sacris " Mission ibus apud populum habendis, statuto a Vobis ordiue et " ratione versentur." Comme vous le voyez, l'intention de notre Père commun est que nous préparions notre peuple aux grâces extraordinaires et abondantes du Jubilé, en vaquant nous-mêmes aux exercices spi- rituels et que nous tâchions de faire donner à cette fin aux fidèles confiés à nos soins des missions qui, pour le peuple, sont de vraies retraites. Car, il est une pensée sérieuse qui doit nous préoccuper tous et nous pénétrer d'une juste crainte, c'est que si le Jubilé qui, dans les desseins de Dieu et de son Eglise, doit produire tant de fruits de salut, demeure stérile, ce sera peut-être notre manque de zèle qui en sera la cause. Cette invitation à faire CTRCULAIKES ET AUTRES DOCUMENTS. 99 une bonne retraite, à l'occasion du Jubilé, est donc digne de toute notre attention. Prévenons ce malheur, en nous concertant dans le Sacré-Cœur de Jésus et dans le très-saint et immaculé Cœur de Marie, pour aviser aux meilleurs moyens de mettre à exécution tout ce qui noiis est prescrit ou recommandé par les deux grands Pontifes que le Ciel a chargés de nous diriger dans l'accomplissement de ce saint ministère. Voyons ce qu'il y aurait de mieux à faire à cette fin. 1. C'est par de solides instructions, faites avant, pendant et après le Jubilé, qu'il faut en assurer les fruits. L'on doit surtout s'attacher à en bien faire connaître la nature, les grâces et les conditions, comme il est plusieurs fois recommandé dans les Ency- cliques qui vous sont adressées avec la présente. Ce sont comme deux mines précieuses, qui vous paraîtront d'autant plus riches que vous les exploiterez avec plus de soin. 2. Les désordres signalés dans ces Encycliques étant à peu près les mêmes que ceux qui régnent parmi nous et contre les- quels'nous nous sommes si souvent et si fortement élevés, nous devons faire sentir aux fidèles combien nous avons raison d'insister sur des crimes dont les Papes eux-mêmes s'occupent si sérieuse- ment, dans leur vigilance universelle. La grâce du Jubilé en fera justice, espérons-le. 3. Comme ce doit être surtout par de continuelles et ferventes prières que nous devons nous préparer au Jubilé, nous devons insister sans cesse, en chaire, au confessionnal et ailleurs, afin que, dans toutes les familles, comme à l'Eglise, l'on prie pour le plein succès du Jubilé. On le fera dans les mois du divin cœur de Jésus, de Marie, de St. Joseph et autres, à l'ofiSce du très-saint et immaculé Cœur de Marie, aux réunions des Congrégations, Confréries et autres pieuses associations, pendant les retraites et chaque fois que les fidèles ont à faire quelques exercices de piété. Par ces recommandations si souvent réitérées, l'on obtiendra que tous les esprits soient tellement préoccupés de la pensée du Jubilé, que chacun sera comme forcé d'en faire sa grande et unique affaire. Car, il est bien connu que plus il se fait de prières pour le succès d'une œuvre, et plus on en comprend l'importance, et plus aussi l'on se donne de peiues pour la bien faire. 100 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, 4. Comme il y aura des élections générales, pendant le Jubilé, ce sera, il faut l'espérer, le temps favorable pour qu'elles se fassent avec tant d'ordre, que l'on n'aura plus à déplorer les excès mal- heureux qui ont coutume de s'y commettre 5. Le Jubilé des petits enfants, qui n'ont pas encore fait leur première communion, devra se célébrer avec toute la solennité possible, afin de faire plus d'impression sur ces enfants. En disposant toutes choses pour que les grandes personnes et surtout les parents assistent à ces exercices, l'on fera sans doute sur leur cœur de très heureuses impressions, si ces enfants paraissent tou- chés et pénétrés de ce que fait pour eux notre bonne Mère la Sainte Eglise. Les parents, qui en seront témoins, ne pourront qu'être saisis d'admiration, en voyant le Chef Suprême de l'Eglise donner à leurs petits enfants une attention si paternelle. Ils en concluront sans doute que ces chers enfants sont bien dignes de leurs soins, puisqu'ils méritent aussi la vigilance du Vicaire de Jésus-Christ. 6. Je suis entré dans tout le détail possible, en énumérant les pouvoirs qu'exercent les Confesseurs, en (temps de Jubilé, afin d'inspirer aux fidèles plus de confiance. Mais j'ai omis de men- tionner le cas où ils ne peuvent dispenser, soit de l'irrégularité, soit de la réserve faite par Benoit XIV. dans sa Constitution Sacramentum Pœnitenfiœ, que vous connaissez et que Pie IX. a mentionnée dans son Encyclique du 25 Décembre 1874. 7. Je crois devoir vous faire observer que vous ne manquerez pas d'intéresser et de toucher les fidèles, en signalant à leur sérieuse attention les grands besoins du monde entier pour le soula- gement desquels va se faire le Jubilé. Par ces recommandations souvent réitérées, le cœur des fidèles, qui sont d'ailleurs si péné- trés des sentiments de foi, devient de plus en plus catholique, en s'associant aux peines de la Ste. Eglise, qui ne cesse de gémir sur les maux de tous genres qui accablent ses enfants, dans le monde entier. 8. Comme il vous sera facile de l'observer, je me suis spécia- lement appliqué à reproduire, dans le Mandement ci-joint, l'esprit et la lettre des deux Encycliques des deux Souverains Pontifes Léon XII. et Pie IX. qui nous dirigent dans la célébration du CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 101 présent Jubilé, parce que je suis intimement convaincu qu'il s'exhale de ces documents Apostoliques une vertu salutaire et puissante, qui éclaire les esprits et touche les cœurs des fidèles qui sont par là merveilleusement affermis dans la foi et dans la véné- ration dues au Vicaire de Jésus-Christ. 9. Vous pouvez prendre tout le temps que vous trouverez bon, pour lire, expliquer et commenter ce Mandement ; et vous aurez, pour vous aider, les deux Lettres Encycliques en question. 10. En conséquence d'un décret de la Sacrée Hénitencerie, en date du 25 Janvier 1875, dont je viens de prendre communica- tion, et d'une réponse du St. Père aux Vicaires capitulaires de Luçon, j'ai cru devoir faire quelques changements dans le dispo- sitif du mandement du Jubilé, à la page 17, art. 5, où il est question de la visite des églises dans les paroisses où il n'y a qu'une seule église. Vous lirez donc cet article comme suit: " Dans les paroisses où il n'y a qu'une seule église, les fidèles " la visiteront quatre fois par jour, sortant de l'église après " chaque visite, pour marquer la distinction des visites entre elles, " récitant, à chaque vipite, cinq Pater et cinq Ave, aux inten- " tions du Souverain Pontife, et cela pendant quinze jours conti- " nus ou interrompus, comme il est dit plus haut. " Le nombre de ces Visites pourra être diminué, si on les fait " processionnellement ; car le Saint-Père ayant déclaré que les " Ordinaires des lieux peuvent accorder aux Paroisses le même " privilège que l'Encyclique les autorise à accorder aux Chapi- " très, Congrégations, etc., qui font la visite des Eglises proces- " sionnellement, je règle, en conséquence, par la Présente, que les " Paroisses, qui feront processionnellement ces visites, jouiront " du privilège qui est accordé par le Mandement du Jubilé nux " Chapitres, Congrégations, etc., ('voir l'article 12 du dispositif, " page 18) ; mais je prescris en même temps que ces visites soient " élevées pour les Chapitres, Congrégations, etc., comme pour les " Paroisses, au nombre de trois, au lieu de deux, comme le dit " le Mandement, chaque visite faite ainsi processionnellement, " devant satisfaire, par chaque jour de stations à cinq jours de ** stations faites en particulier," 11. Il est déclaré dans le même Décret qu'une seule confes- 102 MANDEMENTS, LETTEES PASTOKALES, sion et une seule communion ne peuvent satisfaire au précepte pascal et au gain du Jubilé, nonobstant toutes. choses contraires. 12. Comme j'ai l'espoir que le Mandement du Jubilé sera rendu dans toutes les paroisses du Diocèse pour le Dimanche de la Passion, MM. les Curés commenceront à le lire ce jour-là ; et comme il ne sera point possible de le lire tout entier, en un seul dimanche, on se contentera de lire, ce jour-là, le premier paragra- phe, et le 25e qui renferme le dispositif. Après la grand'messe de ce dimanche, on chantera le Veni Creator avec les versets et oraison du St. Esprit, et le soir, à six heures, on sonnera, pen- dant une demi-heure, les cloches de toutes les églises du diocèse, pour annoncer l'ouverture de la grande solennité du Jubilé. Ou aura le soin de prévenir de ceci tous les fidèles, afin qu'ils com- mencent dès ce moment à s'unir à toutes les intentions qu'a eues Notre Vénérable Pontife en accordant ce Jubilé. Le Mandement du Jubilé se trouve divisé en un grand nombre de petits paragraphes ; ce qui vous donnera toute la facilité que vous pouvez désirer, afin de mettre tout l'ordre possible dans les instructions qu'il vous faudra donner, pour mener à bonne fin, moyennant la grâce de Dieu, ce nouveau Jubilé. Veuillez bien me continuer le secours de vos ferventes prières, faites en union de celles de vos bons paroissiens, et me croire de vous tous le très-humble et dévoué serviteur, t IG., ÉV. DE MONTEÉAL. P. S. Je profite de l'occasion pour vous faire observer que les Induits Apostoliques qui permettent d'user de saindoux, pour apprêter les aliments maigres, les jours d'abstinence, n'autorisent pas à manger de la soupe grasse, si ce n'est celle qui est restée du midi, que Ton peut manger à la collation du soir, d'après cette expression de l'Induit où ce cas est exposé : Non est interîoquem- dum. Je crois devoir vous donner cette explication, pour préve nir tout malentendu à ce sujet. t Ig., Év. de m. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 103 Salut à Marie, conçue sans péché, Vhonneur de notre peuple. — Réjouissons-nous beau- coup dans ce jour que le Seigneur a fait, CIRCULAIRE AU CLERGÉ C0:N^CERNANT MR. CHL NIQUY ET LE DAILY WITNESS. Montréal, le 18 Mars 1875. BiEN-AiMÉs Collaborateurs, Je ne puis vous adresser la Lettre Pastorale ci-jointe, sans vous dire quelques mots sur M. Chiniquy et le Witness qui en font le sujet. Cette Lettre vous sera adressée plus tard, M. Chini- quy est à Montréal, depuis assez longtemps, et avec l'intention, dit-on, de s'y fixer. Ce qu'il y a de certain, c'est que sa présence fait beaucoup de mal, depuis surtout qu'i s'est associé au Wit- ness, et que le Witness l'a pris pour auxiliaire ; et qu'ainsi unis, ils se sont mis en campagne, pour combattre le catholicisme, avec un cynisme affreux. Malgré tout, craignant qu'en élevant la voix contre cet infor- tuné Prêtre, l'on ne ferait que lui donner plus d'importance, je m'étais déterminé à garder le silence, d'autant plus que je l'avais signalé, dans ma lettre du 4 Février 1859, comme un loup dévo- rant, qui ne pouvait plus se cacher sous la peau de brebis. Mais, ceux qui ici sont dans le ministère actif, m'ayant informé, à plu- sieurs reprises, que ses lectures produisaient de bien mauvais fruits et causaient d'ailleurs des désordres déplorables, je me suis déterminé à rompre ce silence, dont le souverain Juge, devant lequel je ne pui starder à paraître, m'aurait demandé sans doute un compte rigoureux. Moyennant le secours d'en haut et votre coopération, réglée par un vrai zèle et une grande prudence, l'on peut compter sur un plein succès. Il sera obtenu bien certainement, si ceux qui se disent catholiques s'abstiennent d'aller écouter M, Chiniquy, et de lire le Daily Witness; et de plus si on réussit à établir un nouveau Journal, qui soit, pour ceux qui parlent la langue anglaise, l'organe de l'Eglise, Pour ce qui est de M. Chiniquy, le ton qui règne dans la Lettre Pastorale pourra vous paraître sévère ; mais en le pre- 104 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, nant, je me suis conformé à la règle de St. François de Sales qui, avec toute la douceur qu'on lui connait, déclarait néanmoins que c'était ainsi qu'il fallait traiter les ennemis de lu religion: et j'ai suivi l'exemple de St. Polycarpe dont on connait la réponse fou- droyante à Marcion, Afin que vous puissiez mieux apprécier la règle de conduite à tenir à l'égard de ce Prêtre dévoyé, je dois vous donner ici sur son compte plus de détails, que la bienséance ne m'a permis d'en donner, dans ma lettre au peuple. En suivant de près les lectures qu'il vient de donner ici, on est navré de douleur, en voyant que toute sa pensée est de faire le mal pour le mal, n'importent les conséquences qui en peuvent résulter. Ce qu'il veut à tout prix c'est de faire passer la sainte Eglise Romaine pour une vraie Babylone, en affirmant que^ par le moyen des Prêtres, elle répand la corruption dans le monde entier. Car, à son compte, il y aurait au moins 500,000 femmes et filles qui, chaque jour, seraient victimes de la lubricité des Prêtres, que l'Eglise de Rome tient à son école, pour les former à cet affreux genre de séduction, savoir, en leur apprenant ex oficio le mal qu'elles ignorent. Il est bien entendu que le Pape est le premier coupable. Aussi, n'est-il, aux yeux de M. Chiniquy, qu'un démon et un Ante-Christ, qui a à son service toute une armée de Prêtres liber- tins à qui il a enseigné les moyens de corrompre les personnes du sexe, en leur suggérant les questions qu'ils ont à faire, pour enseigner le mal aux personnes innocentes qui ne le connaissent pas. Les conséquences que tire ce malheureux Prêtre, c'est que le confessionnal est un lieu infâme, que les femmes et les filles ne peuvent fréquenter, sans être portées au mal ; ce qui, selon lui, devrait engager les pères et les époux à les détourner de la con- fession, qui est la chose du monde la plus abominable, etc. Toutes ces horreurs ont, assure-t-on, soulevé des réclamations de la part de quelques dames qui lui ont écrit, pour se plaindre, et ont excité la colère des jeunes gens qui se sont unis, pour repousser ces attaques et ces calomnies. Des interpellations ont été faites dans les réunions, des coups CmCULA-IRES ET AUTRES DOCUMENTS. 105 de pistolet ont été tirés, des pierres ont été lancées dans les cha- pelles protestantes, pendant ses prédications, des lettres anonymes ont été écrites à ce calomniateur, pour l'avertir que l'on en vou- lait à sa vie ; ce qui a déterminé ses partisans à se faire escorter par la police ou par des jeunes gens forts et vigoureux. On assure qu'un individu est tombé raide mort au milieu de toutes ces agitations. Maintenant, il est hors de doute que, si ce Prêtre trouve moyen de s'établir à Montréal, ce sera avec l'intention de faire des excursions dans toutes les campagnes, afin de travailler à répan- dre ses erreurs avec ses haines et rancunes contre tous ceux qui l'ont abandonné ou plutôt qu'il a lui-même abandonnés le pre- mier. Il m'a donc paru prudent de vous mettre en garde contre tous les projets qu'il pourrait avoir en vue ; et pour qu'il y ait uniformité, j'ai cru devoir rédiger une Lettre Pastorale, qui ser- vira à démasquer ce frère apostat, qui vient à nous, avec une haine implacable dans le cœur, et des paroles trompeuses sur les lèvres. Je regrette d'avoir à vous adresser ainsi coup sur coup des Mandements et Lettres, qui demandent des explications au prône et des instructions spéciales. Je crains qu'il n'y ait de l'encom- brement ; mais, après tout, vous pourrez suivre l'ordre que vous jugerez plus convenable, et prendre votre temps. Mais vous obser- verez qu'il n'y a pas de temps à perdre, par rapport à la conduite à tenir à l'égard de Mr. Chiniquy et des lecteurs du Wïtness. En attendant, je dois vous prévenir qu'il faut refuser l'absolution à ceux qui s'obstineront à aller entendre Mr. Chiniquy, et à vouloir lire le Wit7iess. Quant à ce journal, vous ne devez pas ignorer qu'il exerce une très-funeste influence, même dans les campagnes, mais surtout dans les villes, depuis principalement qu'il laisse une de ses colonnes au service du français. Comme il se fait l'égoût de toutes les mauvaises nouvelles, ceux qui veulent les répandre, et qui ne peuvent trouver place dans les bons journaux, sont certains d'être bien accueillis duns le Witness. On peut donc s'attendre que les efiforts réunis de ce journal et de Mr. Chiniquy, vont être dirigés, avec art et malice, contre tout ce qui est catholique, afin de 106 MANDEMENTS, LETTEES PASTOKALES, soulever toutes les passions, les haines, les préjugés, par des fables et histoires inventées contre le Clergé, les Communautés et les Institutions R^ 'ligieuses. Or, le moyen le plus court et le plus efficace, pour l'empêcher de nuire, c'est d'empêcher qu'il ne circule dans les rangs catholiques. La défense qui en est faite à tous, dans la Lettre Pastorale, produira, il faut l'espérer et l'attendre de la divine bonté, cet heureux effet. Il est à bien remarquer que ce n'est pas le journal qui est interdit, mais la ^ lecture de cette feuille qui est défendue à tous les catholiques. Yous saurez apprécier cette différence. Pour ce qui est du journal anglais, qu'il s'agit d'établir, afin d'empêcher les catho- liques de lire le Witness, tout le monde en sent vivement le besoin et l'absolue nécessité ; comme aussi tout le monde com- prend, qu'avec de la bonne entente parmi nous, il sera facile de l'établir. Si donc le protestantisme sait si bien s'organiser, pour propager ses erreurs et insulter au catholicisme, n'a-t-on pas de justes raisons d'espérer que les Catholiques se montreront zélés et ardents pour en défendre l'honneur et les intérêts. Chaque paroisse ne pourrait-elle pas, par zèle et dévouement, se mettre à contribution, par le moyen des riches et notables, qui en auraient le bénéfice, pour trois ou quatre Nos. payés d'avance. Ce con- cours accordé par les campagnes ne peut être qu'un puissant encouragement pour les villes, et assurer le succès de ce projet. Or, il n'en faut pas douter, ce succès tournera au bien commun des villes et des campagnes. Ce sera d'ailleurs un Monument de Jubilé, qui attestera, aux générations futures, que le Jubilé de Pie IX. n'aura pas produit ici des fruits moins abondants et moins précieux que celui de Léon XII, en 1825 et 27. Je profite de la présente, pour vous informer que l'on va faire circuler des feuilles contenant une réfutation indirecte des objec- tions faites par M. Chiniquy, dans ses lectures, contre certains points de lu doctrine Catholique. Cette feuille est vraiment un excellent thème à suivre, dans un cours d'instructions, que chacun se fera un devoir de faire, pour fortifier de plus en plus la foi si violemment attaquée, dans ces jours mauvais. Vous on recevrez sous peu et peut-être avec la présente, un ex- emplaire. Si vous croyez, après en avoir pris communication, CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 107 pouvoir la faire circuler avec avantage, parmi nos bonnes gens, vous pourrez vous adresser à l'Evêché, pour en avoir un nombre d'exemplaires plus ou moins grand, selon les besoins de la paroisse. Priez et faites prier les fidèles ; car il ne faut pas se faire illusion ; la foi de plusieurs est en danger de faire naufrage. De même, unissez-vous à vos bonnes âmes, pour faire amende honorable à Notre-Seigneur qui est horriblement déshonoré par les outrages faits par M. Chiniquy, à son divin Sacrement, à sa céleste doctrine et à sa sainte Eglise, ainsi qu'à son auguste Mère. Ce malheureux ne se contente pas de noircir la vertu des femmes sages et fidèles et celle des filles pures et chastes, dont le nombre est encore si grand, grâces à la divine bonté, il a, dans une de ses lectures, osé attaquer la Vierge des Vierges, par des insinuations qui font horreur. Je suis navré de douleur et bien anxieux, en me souscrivant comme toujours. Votre tout dévoué serviteur, t IG., ÉV. DE MOî^TRÉAL. LETTRE PASTORALE DE MGR. L'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL POUR DÉNONCER DE NOUVEAU MR. CHINIQUY ET DÉFENDRE AUX CATHOLIQUES DE LIRE LE " DAILY WITNESS," EN LES INVL TANT À ENCOURAGER UN JOURNAL ANGLAIS. IGNACE BOURGET, PAR LA GRÂCE DE DIEU ET DU SIÈGE APOS- TOLIQUE, ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, ASSISTANT AU TRÔNE PONTIFICAL, etc. Au Clergé Séculier et Régulier, aux Communautés Religieuses et à tous les fidèles de Notre Diocèse, Salut et Bénédiction en Notre-Seigneur. § I. Retour de M. Chiniquy dans cette ville. Ce n'est pas, sans un profond regret, que Nous nous voyons, N. T. C. F., dans la pénible nécessité de renouveler la défense que Nous fîmes, le 4 Février 1859, à tous les catholiques, de fré- 108 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, quenter les assemblées dans lesquelles M. C. Chiniquy prêchait ses erreurs. Car, Nous apprenons avec douleur qu'il est de retour dans cette ville, et qu'il fait d'incroyables efforts pour répandre ses funestes doctrines. Nous sommes donc dans la pénible nécessité d'élever de nou* veau la voix, pour vous avertir du danger que court votre foi, si vous allez entendre ce ministre d'erreur. Le Seigneur lui-même Nous en fait un précepte rigoureux, en Nous disant, par la bou- che de son prophète : J'ils de Vhomme, je vous ai établi senti- nelle sur la maison cC Israël; et vous écouterez les paroles qui sortent de ma bouche; et vous les ferez entendre, de ma part, à ceux qui sont en danger de périr. (Ezech. 3, 19.) Si, ajoute le prophète, lorsque je dirai à l'impie ; vous mourrez, vous ne le lui dites pas il m,ourra dans son iniquité, mais je vous demanderai compte de son sang [Ibid. 18]. Il vous est facile de conclure de ces textes, N. T. C. F., que si, par négligence, fai- blesse, respect humain, Nous négligions de vous avertir que votre foi est en danger, en allant écouter les discours de ce Prêtre juste- ment chassé du sanctuaire, et si, pour n'avoir pas été avertis de ce danger, il vous arrivait de v ous laisser séduire. Nous en répon- drions au tribunal du Souverain Juge. Oh I que ce compte serait terrible ! § II. Comment doit être entendu cet oracle. Il est évident, N. T. C. F., que cet oracle de la Ste. Ecriture nous regarde tous et s'applique naturellement au cas présent, en nous obligeant. Nous comme votre Pasteur, à vous signaler les dan- gers que court votre foi, et vous comme nos brebis, en vous imposant le devoir de Nous obéir strictement, puisqu'il y va de votre salut éternel. Car, sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu ; et si l'on perd la foi tout est perdu, quand même on aurait, en la per. dant, gagné le monde entier. Maintenant, prêtez, N. T. C. F., une attention sérieuse à tout ce que nous avons à vous dire; et comprenez bien ce dont il est ici question. Il s'agit d'éviter M. Chiniquy qui vient vous endoctriner, en vous enseignant ses erreurs et en vous prêchant ses impiétés. Si vous l'écoutiez avec complaisance, vous tombe- CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 109 riez comme lui dans l'abîme où il s'est précipité, en méprisant l'Eglise et en levant l'étendard de la révolte, sous lequel il vou- drait maintenant vous enrôler. Ecoutez donc, avec une attention sérieuse, les pressantes raisons qui vous obligent de l'éviter. § m. 1ère raison de ne pas prêter l'oreille aux discours de M. Chiniquy : c'est parce qu'il est apostat. Remarquez bien, N. T. C. F., qu'il Nous en coûte beaucoup d'entrer dans d'aussi pénibles détails, que Nous voudrions couvrir d'un voile si épais que l'on en perdît pour toujours le souvenir. Mais, le danger que court votre foi Nous oblige de rompre le silence. Il se fait d'ailleurs tant de bruit autour de ce malheu- reux Prêtre, qu'il n'est plus possible de le cacher. D'ailleurs, il est le premier à nous révéler ses faits et gestes, dont il se glorifie, quoiqu'ils ne soient que des turpitudes, comme il vous sera facile d'en juger vous-mêmes. Voici maintenant l'histoire de l'apostasie de M. Chiniquy: " Ce fut le 22 Août, 1858, que ce Prêtre doublement malheu- " reux déclara publiquement qu'il abandonnait la Religion " catholique, pour se faire chef d'une secte nouvelle. " Or, voici ce qui se passa dans une nombreuse assemblée, " convoquée dans une des salles de la Cour de Justice de Kan- " kakee, où s'est consommé l'acte de cette déplorable apostasie. " M. Chiniquy déclara que tous les liens qui existaient entre lui " et les Éoîques et le Pape étaient rompus ; qu'il était protestant ; " qu'il prenait la Bible pour guide ; qu'il allait former avec son " peuple une secte qui s'appellerait l'Église Catholique Chrétien- " ne; qu'il n'avait plus aucune relation avec le Pape, ni avec les " Uvêques, parce que définitivement il était séparé de V Eglise de " Rome " [Lettre Past. susdite]. Il est facile de conclure d'une déclaration si formelle, si publi- que et si solennelle, que M. Chiniquy, en sortant de l'Eglise Komaine, a voulu se faire une religion, qui serait à lui, dont il serait le fondateur et le chef, à laquelle il a prétendu apposer le sceau de son autorité et de sa paternité, en lui donnant un nom propre, celui d'Eglise Catholique Chrétienne. C'est donc une secte nouvelle que la religion que vient de fonder M. Chiniquy. 110 MANDEMENTS, LETTKES PASTOEALES, Evidemment, elle ne peut pas être Eoraaine ; mais peut-il dire qu'elle soit catholique, c'est-à-dire qu'elle embrasse tous les tix de bons députés, qui puissent faire honneur à la religion et se rendre utileg au pays. N. B. — Cette formule d'Annonce sera insérée dans le livre du prône, pour qu'on y puisse recourir au besoin .Elle se fera, avant que le bruit des élections ait excité les esprits. Chacun, en la faisant, usera de prudence, pour qu'on ne puisse pas accuser le Clergé de vouloir exploiter l'élection à son avantage, tandis qu'il n'a pour but que le bien du peuple, en le dirigeant dans l'accom- plissement de son devoir. DIVISION DU DIOCESE DE MONTREAL EN VICA- RIATS FORAINS. I. St. Antoine de Lavaltrie, St. Barthélemi, St. Cuthbert, St. Damien, Ste. Élizabeth, St. Félix de Valois, St. Gabriel de Brandon, Ste. Gréneviève de Berthier, St. Jean de Matha, St. Joseph de La Noraie, St. Norbert, Visitation de l'Ile Dupas. (12) II. L'Assomption, St. Calixte, St. Charles de LaChenaie, L'Epi- phanie, St. Esprit, St. Henri de Mascouche, Ste. Julienne, St. Lin, St. Paul l'Ermite, Purification de Repentigny, St. Roch, St. Sulpice. (12). III. St. Alexis, St. Alphonse de Liguori, B. Alphonse, St. Am- broise, Ste. Béatrix, St. Charles Borromée de Joliette, St. Côme, CIRCULAIRES ET AUTRES DOCXJMENTS. 157 Conversion de St. Paul, St. Jacques le Majeur, Ste. Mélanie, St. Patrice de Rawdon, St. Théodore, St. Thomas. (13). IV. Ste. Adèle, Ste. Agathe, Ste. Anne des Plaines, St. Augustin, St. Hyppoljte, St. Janvier, St. Jérôme, St. Louis de Terrebonne, Ste. Marguerite, Ste. Rose, St. Sauveur, Ste. Sophie, Ste. Thé- rèse. (13). V, St. André d'Argenteuil, l'Annonciation du Lac des Deux-Mon- tagnes, St. Benoit, St. Canut, St. Colomban, St. Eustache, St. Hermas, Ste. Monique, Patronage de St. Joseph, St. Placide, Ste. Scholastique. (11). VI. St. Clet, St. Ignace du Coteau du Lac, Ste. Jeanne de Chautal de l'Ile Perrot, St. Joseph des Cèdres, Ste. Justine, Ste. Magde- leine de Eigaiid, Ste. Marthe, St. Michel de Vaudreuil, St. Polycarpe, St. Régis, St. Thélesphore, St. Zotique. (12). VII. Ste. Anne de Varennes, St. Antoine de Longueil, St. Basile, St. Bruno, Ste. Famille de Boucherville, St. François-Xavier de Verchères, St. Hubert, St. Joseph de Chambly, Ste. Julie, Ste. Trinité de Contrecœur. (10). VIII. St. Anges Gardiens de Lachine, Ste. Anne du Bout de l'Ile, St. Enfant Jésus de la Pointe-aux-Trembles, St. François d'Assise de la Longue-Pointe, Ste. Geneviève, St. Joachim de la Pointe- Claire, St. Joseph de la Rivière-des-Prairies, St. Laurent, St. Martin, St. Raphaël de l'Ile Bizard, St. "Vincent de Paul, Visi- tation du Sault-au-Récollet. (12). IX. St. Bernard de Lacoile, St. Constant, St. Cyprien, St. Jacques le Mineur, St. Jean Dorchester, St. Luc, Ste. Marguerite de Blairfiadie, Nativité de Laprairie, St. Philippe, St. Valentin.(lO). X. Apparition de St. Michel, St. Edouard, St. François-Xavier du Sault St. Louis, St. Isidore, St. Joachim de Chateauguay, 158 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Ste. Martine, Ste. Philomèae, St. Patrice de Sherrington, St. Eémi, St. Romain d'ïïemmingford, St. Urbain, (11). XI. Ste. Agnès de Dundee, St. Anicet, St. Antoine Abbé, Ste. Cécile, St. Clément de Beauharnais, St. Etienne, St. Jean Chry- sostôme, St. Joseph de Huntingdon, St. Louis de Gonzague, St. Malachie d'Ormstown, St. Patrice d'Hinchinbrook, St. Stanis- las de Kostka, St. Timothée (13). Les Arrondissements pour les Conférences Ecclésiastiques dans la campagne seront les mêmes que pour les Vicariats Forains. Dans cette ville, il y aura deux arrondissements pour les confé- rences : le premier se composera des Messieurs de St. Sulpice, tant de ceux qui demeurent au Séminaire que de ceux qui rési- dent dans les diverses cures ou autres établissements, et le second des Messieurs qui résident dans les autres Paroisses de la ville et de la Banlieue et des Chapelains qui n'appartiennent point à la Congrégation de St. Sulpice. Excerpta jurls Canonici de Vicariis Foraneis. 1. In beue ordinato Diœcesis regimine, post Vicarios générales, veniunt Vicarii Foranei. Antiquissimi sunt, et origo eorum ad chorepiscopos est referenda. Vicarii Foranei in Italia etiam ante J. Carolum Boriomœum esse cœperunt, ut in aliis locis. 2. Vicarius Foraneus dicitur ille, qui in certa parti Diœcesis extra Civitatem Sedis Episcopalis, vel in oppidis per Episcopum constituiiur, ut ibi jurisdictionem quemdam exerceat. 3. Vicarius Foraneus ratione sui Vicariatus nullam habet prœcedentiam in choro, sessionibus et procession ibus, et aliis actibus, ut functionibus ecclesiasticis, supra alios parochos, cano- nicos et presbyteros ipso antiquores et digniores, sed débet ipse Vicarius stare, sedere et incedere in loco suae receptionis et digni- tatis, ac si non esset Vicarius Forantus, tam cum cotta quamsine illa, non obstante quacumque ordinatione Episcopiin coDtrarium, praeterquam in congregationibus quae de mendato Episcopi sin- gulis mensibus fiunt, in quibus tanquam Episcopi delegatus prae- cedere débet omnibus, non tamen in processionibus, missa, et aliis uae fiunt ante congregationem. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 159 4. Vicarius Foreneus débet in processionibus et chorouticotta, sicut alii presbyteri, nec ratioiie sui officii débet ante alioshabere thuris et pacis honorem. 5. Vicarii Foronei residere debent in locis ubi constituti fue. rint, vel in alio non multurn longe distanti. 6. Vicariis Foraneis obedire debent omnes curati et alii clerici, cujuscumque dignitatis sunt, alias per Episcopum puniri possunt. 7. Vicarii Foraiiei habent facultatem in unum congregandi seniel in meuse Presbyteros suae Regionis, seu loci, ut eonfcrant inter se super difficultatibus parochiarum et curis animarum. 8. Eorum officium est inquirere de vita et moribus clericorum, an paroohi et presbyteri sui Vicariatus habeant libres quos babere debent, an observent Décréta synodalia, ne eorum incuria divinus cultus aliquid detrimenti patiatur; et de bis omnibus ad Episco- pum relationem facere. 9. Cum Synodales testes fere ubique desueverunt in eorum locum sufferti sunt fiscales Episcoporum et decani, boc est, Vacarii Foranei. 10. Tenentur significare Episcopo Curatos non résidentes in sua région e. 11. Vicarius Foreneus dependet à Vicario Generali, nisi specialiter ab Episcopo juste de causa aliquando ab ejus juris- dictione eximatur. 12. Quamvis soleant Vicarii Foranei ex principalioribus Dioe- cesseos parochis assumi, nuUo tamen jure impeditur Episcopus quin possit et alios clericos ad id officii deputare. 13. Vicarii Foranei amoveri possunt arbitrio Episcopi, quo- tiescumque voluerit ; et puniri possunt, si maie se gesserint in oflScio sibi demandato. 14. Jurisdictionem sibi delegetam amittunt per eosdem modes ac Vacarii Grenerales. 160 MA.NDEMENTS, LETTKES PASTOEALES, Salut à Marie, conçue sans péché, l'honneur de notre peitple. — Réj ouissons-noiis beau- coup dans ce jour que le Seigneur a fait. CIRCULAIEE INVITANT LE CLERGÉ, LES COM- MUNAUTÉS ET LES FIDÈLES A S'ASSOCIER A L'ACTE DE CONSÉCRATION AU SACRÉ CŒUR DE JÉSUS QUI DOIT SE FAIRE DANS TOUTES LES PARTIES DU MONDE. § I. Intention de la présente Circulaire. Nos Très Chers Frères, Nous sommes informé que N. S. P. le Pape, à la demande de plu- sieurs centaines d'Évêques et de plusieurs milliers de catholiques, fit inviter, le 22 Avril dernier, par la S. Cong. des Eites. les Évêques du monde entier à suuir aux fidèles confiés à leurs soins, pour taire un acte de consécration au Sacré Cœur de Jésus, le 16 Juin prochain, afin de demander, d'un commun accord, la réforme des désordres qui affligent le plus ce Divin Cœur, et l'empêchent de répandre, dans le monde, les grandes bénédictions dont il le comblerait, s'il n'était retenu par les crimes de toutes espèces qui y régnent avec scandale et provoquent la colère du Ciel. § II. Raisons de répondre au plus tôt à cette invitation. Nous nous empressons de porter à votre connaissance cet appel solennel que fait le Père commun à tous les enfants aussi bien qu'à tous les Pasteurs de l'Eglise. Car, ce grand acte de religion, qui est laissé toutefois à la dévotion de chacun, devra se fafre simultanément, le 16 Juin prochain ; et comme il est de nature à produue d'immenses résultats et des fruits souverainement pré- cieux, dans toutes les parties du monde, il est nécessaire qu'il se fasse avec toutes les dispositions requises; et que par conséquent l'on y apporte une préparation particulière. Car, c'est au monde catholique, quand il est invité à prier, comme un simple particulier, que s'adresse cet important avertissement : Avant la prière, préparez votre âme : Ante orationem prœpara animam tuam. Toutes sortes de raisons nous font un devoir de nous bien pré- CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 161 parer à nous joindre au grand mouvement, qui dirige le monde catholique tout entier vers le Sacré Cœur de Jésus. Car, nous ne voudrions pas sans doute y paraître dans un état humiliant pour nous et affligeant pour cette grande et auguste réunion. C'est ce qui arriverait, si nous nous trouvions, dans ce grand sanctuaire de la Communion des Saints, avec des esprits dissipés et des cœurs froids et insensibles ; si nous nétions pas revêtus de la robe de charité, c"est-à dire, de cet esprit de fui. de ferveur et de piété, qui peut seul rendre la prière ardente et efficace : si, en un mot, nous n'y portions pas des encensoirs d'or, remplis des plus précieux parfums, pour y répandre la bonne odeur de la prière. § III. Ce qu'il f aut faire ^ pour éviter ces défautSt qui nous couvriraient de confusion devant Dieu et devant les hommes. Il est facile de conclure de là combien il est nécessaire de nous bien préparer à nous présenter devant le Sacré Cœur, afin de faire le grand acte, auquel nous invite notre immortel Pontife, avec les sentiments de foi vive et de piété tendre qui peuvent seuls le rendre agréable à ce Divin Cœur, profitable à nos frères, et mé- ritoire pour nous tous. A cette fin, pesons, avec une attention \Taiment religieuse, les considérations suivantes. § IV. Considération du jour où se fera la consécration. Le seize de Juin est le second centenaire de l'apparition de Notre Seigneur à la B. Marguerite Marie et le trentième anniver- saire de l'élection de Pie IX. au souverain Pontificat. C'est donc pour tous les enfants de l'Eglise, dispersés par toute la terre, un jour que le Seigneur a tout spécialement choisi pour les com- bler de ses plus abondantes bénédictions, en leur ofî"rant son adorable Cœur, qui en est la source intarissable, et en leur don- nant un Pasteur, selon son cœur, et animé de son esprit, pour faire paître son troupeau dans les gras pâturages de la vraie foi et de toutes les saines doctrines. Il sen suit que c'est pour tous un jour de joie et d'espérance, un jour plein de souvenirs atten- drissants. Car, il n'y a pas à en douter, les grâces qui ont été attachées à ce jour mémorable, se conservent, se perpétuent et se confèrent d'âge en âge, jusqu'à la dernière génération. 162 MANDEME^'TS, LETTRES PASTOEALES. Il y aura 200 ans, le 16 Juin prochain, que Xotre-Seigneur montra, à sa fidèle servante, son divin Cœur, couronné d'épines, percé d'une lance, surmonté d'une croix et tout enflammé du feu de son amour; et qu'il lui adressa ces touchantes paroles: Voilà ce Cieur qui a tant aimé les hommes et qui n'a rie.n épargné pour eux, mais qui rien a reçu que des ingratitudes. Il est inutile de faire observer que ce fut pour porter secours aux fidèles que la B. Marguerite Marie fut favorisée de cette célèbre apparition. Or, tout le monde connaît les prodiges de grâces qui ont été opérés, en tous lieux, par la vertu tout€-puissante du S. Cœur. Personne n'ignore que plus Ton rend d'honneurs à cet aimable Cœur, et plus les pécheurs sont pénétrés de componction, et plus les justes sont affermis dans la pratique des vraies et solides vertus. Tous ces faits, si notoirss et si consolants, sont bien propres à nous faire espérer que le seize de Juin sera pour l'univers entier un jour de grandes grâces et de bénédictions précieuses. Car. si Dieu, dans son infinie bonté, nous assure qu'il exauce les prières de deux ou trois personnes qui se réunissent, pour prier ensemble le Père céleste, comment pourrait^il dédaigner les prières de tous les enfants de l'Eglise, qui, se réunissant dans k S. Cœur de son adorable Fils, et s'associant à leur Pure comaïun et à leurs frères,- le supplieraient humblement et avec larmes de mettre fin airx maux affreux qui désolent la sainte Eglise, et de rendre à son glorieux Pontife la liberté pleine et entière dont il a besoin, pour bien remplir ses augustes fonctions. Quel trait de Providence ne serait-ce pas si cette ; délivrance miraculeuse était obtenue et opérée, à son trentième anniversaire de Pontificat ! § V. Considération des personnes appelées à faire cet acte de consécration. Depuis de longues années. Ton est vivement et fortement per- suadé, dans le monde catholique, que ce sera par le S. Cœur de Jésus que l'Église sera délivrée de l'horrible persécution qu'elle a à subir de la part des hérétiques, des schismatiques, des impies et des mauvais chrétiens qui, soutenus des puissances de ce siècle ténébreux et animés de la rage de l'enfer, ne voudraient rien CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 163 moins que bouleverser de fond en comble et anéantir, s'ils le pou- vaient, la sainte Eglise contre laquelle toutefois les portes de l'enfer ne prévaudront jamais. C'est ce qui explique pourquoi, dans ces derniers temps surtout, la dévotion au S. Cœur a semblé se ranimer, se répandre et s'en- flammer de plus en plus ; pourquoi la fête de ce divin Cœur est devenue plus générale et plus solennelle : pourquoi les pèlerinages à ce Cœur du Sauveur se font avec plus de pompe et d 'entraî- nement populaire ; pourquoi les expositions du St. Sacrement avec amendes honorables, pour réparer les outrages faits à ce cœur si aimant si aimable et obtenir grâce et miséricorde, se multiplient tous les jours; pourquoi des paroisses, des villes, des diocèses, des provinces, des pays tout entiers se consacrent avec enthousiasme au Cœur de Jésus, plein de grâce et de vérité. Tel est l'heureux élan qui, dans tous les pays, se manifeste chez les vrais enfants de l'Eglise, pour le divin Cœur de Jésus. Mais, après avoir déployé, pour le faire honorer, tous les moyens que la dévotion a pu leur suggérer, ils en sont venus à faire d'humbles supplications auprès de N. S. P. le Pape, pour l'engager respectueusement à consacrer lui-même le monde entier au Cœur du Sauveur, qui l'a purifié d&ses iniquités et l'a racheté de la mort éternelle à laquelle il a été condamné. Il est facile de concevoir la r-aison d'une démarche si extraordinaire. Le monde catholique, en se persuadant qu'il ne peut attendre son salut que du S. Cusar Je Jésus, est sous l'impression qu'il ne se laissera gagner à lui accorder cette insigne faveur que par le St. Pontife qui, étant le Pape de l'Immaculée Conception de la Mère, doit l'être aussi du Cœur du Fils. A une telle proposition, que fait notre immortel Pontife ? Il veut partager avec ses enfants la charge de fléchir le Cœur de Jésus dont ils croient devoir se décharger sur lui seul. Considé- rant dans son esprit la gravité de la chose, et voulant satisfaire, en quelque manière, à d'aussi pieux désirs, il consent à se rendre à tant de vœux que lui offrent ses enfants, mais c'est à condition qu'ils prieront avec lui, pour solliciter les bénédictions qui sont si vivement désirées par toutes les grandes familles chrétiennes. Ainsi, ce bon Père veut bien prier ; mais il veut que ses bons enfants prient avec lui. 164 iLA.NDEMENTS, LETTEES PASTORALES, Oh ! qui n'admirera dans cet acte la profonde humilité, la suprême sagesse, l'ardente charité de notre Père Commua ? Qui pourrait refuser ou même négliger d'entrer dans cette grande société de prières, qui promet tant d'avantages précieux, sans imposer aucune charge onéreuse? Qui, dans cette solennelle cir- constance, qu'on n'a jamais vue dans les siècles passés, et qui très probablement ne se verra plus dans les siècles à venir, ne sentira vibrer, jusqu'au fond de son âme, tout ce qu'il y a de plus doux et de plus suave dans cette sentence de la Ste. Ecriture? Quam bonum et quamjucumdum habita re/ratres in unum / -^ D'un autre côté, qui ne verra dans cette grande démonstration, à laquelle nous sommes tous invités, une belle et majestueuse fête de famille? C'est en effet l'esprit de famille^qui Ta inspirée. Ce sont des enfants affectionnés, qui prient leur père de s'adresser au S. Cœur de Jésus, pour obtenir du soulagement aux maux qui accablent le monde entier. C'est un Père, dont la tendresse pour ses enfants ne connaît pas de bornes, qui les invite à prier avec lui, pour obtenir d'abondantes bénédictions sur la grande famille dont ils font partie. Oh I qui après cela pourrait ne pas se sentir vivement pressé de s'associer à tant de ferventes prières et de prendre part à un acte de consécration si important et si solennel ? § yi. Considération de l'acte de consécration en lui-même. Le seize de Juin prochain, second centenaire de l'apparition du Sauveur à la B. Marguerite Marie, et trentième anniversaire de l'élection du Souverain Pontife, le ciel et la terre seront, il faut l'espérer, témoins du solennel spectacle de tous les fidèles du monde qui, sous la conduite de leurs Pasteurs et en union avec le Souverain Pontife, s'offriront eux-mêmes en holocauste, par une consécration générale au très saint Cœur de Jésus. Or, l'on n'en saurait douter, les prières qui vont se faire dans ce jour, qui rappellent deux événements si pleins de grâces pour le monde entier, monteront au Ciel, comme un encens d'agréable odeur, et en reviendront imprégnées des plus abondantes béné- dictions. Car, ces prières étant scellées du sceau de l'autorité Pontificale, elles ont tout ce qui est requis pour être agréables à Dieu. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 165 *' De la sorte, tous les Fidèles de Jésus-Christ, en se vouant ^' au Sacré Cœur de Jésus par cette formule unanime de consé- " cration, affirmeront avec plus d'éclat l'unité de la sainte Eglise, " ils trouveront dans ce cœur l'abri le plus sûr contre les périls " qui assiègent les âmes ; ils y trouveront la patience au milieu '^ des tribulations dont souffre aujourd'hui l'Eglise de Jésus- "■ Christ ; ils y trouveront le plus ferme espoir et la consolation " dans toutes les angoisses de la vie." (Dec. de la S. C. des Rites, 22 Avril 1875.) Nous vous adressons avec la présente une copie de cet Acte de consécration au Sacré Cœur de Jésus, et Nous vous invitons à le faire, avec une religieuse attention et à en faire le sujet de vos sérieuses réflexions. Car, si vous en êtes vivement pénétrés, vous serez touchés dans l'intérieur de votre âme, des affreux outrages que reçoit le divin Cœur de la part des blasphémateurs et des profanateurs des jours consacrés au Seigneur. Vous gémirez en voyant quelles sont les noires ingratitudes dont se rendent coupables ceux qui méprisent l'amour d'un Dieu si bon. Vous serez embrasés d'un ardent désir de procurer la conver- sion des plus grands pécheurs, et de ramener dans les sentiers de la vérité ceux qui s'abandonnent à l'erreur et qui refusent d'écou- ter les enseignements du Souverain Pontife. Vous serez zélés pour entreprendre toutes les saintes œuvres qui peuvent procurer la gloire de Dieu, l'honneur de l'Immaculée Vierge, le triomphe de la Ste. Eglise. Vous vous unirez de tout votre cœur aux sentiments qui •animent N. S. P. le Pape, pour honorer, louer et aimer le S. Cœur de Jésus, et bien observer les commandements de Dieu et les règles de l'Eglise. Enfin, vous vous immolerez avec courage, en faisant tous les sacrifices les plus pénibles, pour réparer les injures qui sont faites au divin Cœur par tant de personnes qui ne devraient vivre que pour lui plaire. § VII. Conclusion. Maintenant, N. T. C. F., désirant Nous conformer aussi reli- gieusement que possible au dit décret de la S. Cong. des Rites, 166 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, en date du 22 Avril 1875, pour la plus grande gloire du S. Cœur et le plus grand bien des âmes, Nous avons réglé ce qui suit : lo. Nous exhortons tous ceux qui en seront capables à faire le mois du S. Cœur, soit en public, quand on en fait les exercices dans quelque Eglise, soit privément en son particulier ou en famille, afin de se mieux préparer à célébrer les dits Centenaire et Anniversaire. 2o. Ceux qui désirent donner de la solennité au mois du S» Cœur de Jésus, pourront observer ce qui se pratique pour le Mois de Marie. Si l'on ne peut lui donner la même solennité, l'on se contentera de donner la bénédiction avec le ciboire, après avoir fait quelque prière au S. Cœur. L'acte de consécration ci-joint pourrait se répéter tous les jours, après en avoir donné en peu de mots quelqu'explication, afin que cet acte soit mieux compris et que l'on soit de plus en plus pénétré des sentiments de piété qui y sont exprimés. 3o. Il est beaucoup à désirer que chacun s'étudie, pendant ce beau mois, à bien connaître les dévotions consacrées par l'Eglise pour honorer le Sacré Cœur ; par exemple, la Garde d' Honneur dont on trouvera, dans le Mandement, qui sera sous peu expé- dié, les admirables pratiques qui y sont recommandées et qui sont si sanctifiantes. 4o. Quoiqu'il n'y ait aucune obligation, l'on fera, le 16 Juin prochain, quelque solennité particulière, pour que ce jour soit célébré de la manière la plus convenable, ne fût-ce que par un aalut solennel ou par une messe dite avec orgue et chant et des ornements plus riches. Ce serait à cette messe ou à ce salut qu'il faudrait dire VActe de consécration au S. Cœur, approuvé par le décret ci-dessus mentionné de la S. Cong. des Eites ; les fidèles sont invités spécialement à choisir ce jour-là pour faire leur pèle- rinage au S. Cœur à l'Eglise du Gésu. 5o. Tous les fidèles qui réciteront le dit acte de consécration^ le 16 Juin prochain, soit eu commun, soit en particulier, gagne- ront une indulgence plénière, applicable aux âmes du purgatoire, pourvu que vraiment contrits, s'étant confessés et ayant com- munié, ils visitent soit une église, soit un oratoire public, et y prient dévotement pendant quelque temps aux intentions de Sa Sainteté. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 167 § VIII. Prière au S. Cœur de Jésus. 0 Cœur aimable de Jésus, si digne de posséder les cœurs de tous les hommes, comment se fait-il que vous soyez si peu aimé ! Cœur tout consumé des flammes du plus pur amour ! 0 feu dévorant ! consumez ce Diocèse tout entier, qui est invité à pren- dre une grande part à la majestueuse manifestation qui doit se faire, le jour que vous apparûtes à votre fidèle servante, et don- nez-lui une vie toute nouvelle d'amour et de grâce. 0 Cœur, toujours ouvert pour recevoir les âmes, daignez atti- rer à vous les impies, les pécheurs, les hérétiques et les schisma- tiques, et rétablissez-les dans votre grâce et votre amour. 0 Cœur, livré aux amertumes sur la Croix, pour les péchés du monde, pénétrez les cœurs des plus grands pécheurs des sentiments de la plus vive componction. 0 aimable Jésus ! daignez avoir pour agréable cette humble et modeste Circulaire, et bénissez-la, afin que tous ceux à qui elle est adressée en soient touchés, pour que. répondant fidèlement à l'appel de votre bien-aimé Vicaire que, dans votre admirable pro- vidence, vous appelâtes, il y a trente ans, au gouvernement de toute votre sainte Eglise, ils soient véritablement afi"ermis dans la pratique des plus solides vertus. 0 cœur adorable et aimable du divin Pasteur, soyez toujours» à la vie et à la mort, le refuge, la force et la consolation du très indigne Pasteur qui tient ici votre place, et qui, pour son salut et celui des brebis confiées à ses soins, ne compte que sur vos infinies miséricordes. 0 Eoi des Cœurs, daignez accepter les hommages de votre très- indigne et tout dévoué sujet, t Kt., ÉV. DE MONTRÉAL. Montréal, le 24 Mai 1875. Acte de consécration au Sacré-Cœur de Jésus approuvé PAR décret de la s. Congrégation des Rites du 22 Avril 1875. 0 Jésus ! mon Rédempteur et mon Dieu ! Nonobstant le grand amour que Vous portez aux hommes, pour le rachat desquels Vous avez répandu tout Votre précieux sang, Vous recevez d'eux peu 168 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, d'amour, et même ils Vous prodiguent les offeases et les outrages, notamment par les blasphèmes et la profanation des jours qui Vous sont consacrés! Hélas! puissé-je donner à Votre Cœur Divin quelque satisfaction, puissé-je réparer tant d'ingratitude de la part de la plus grande partie des hommes qui Vous mécon- naissent ! Je voudrais pouvoir A^'ous prouver combien je désire rendre d'amour et de culte à cet adorable et tendre Cœur, en présence de tous les hommes, et contribuer de mon mieux à raccroissement de sa gloire. Je voudrais pouvoir aus>i obtenir la conversion des pécheurs, et secouer l'indifférence de tant d'autres» qui, tout en ayant le bonheur d'appart^înir à Votre Eglise, n'ont pourtant pas à cœur les intérêts de Votre gloire et de l'Eglise elle-même qui est Votre Epouse! Je voudrais, en même temps, que ces catholiques, eux-mêmes, qui ne laissent pas de se montrer tels par beaucoup d'actes extérieurs de charité, mais qui, trop tenaces dans leurs opinions, refusent de se soumettre aux déci- sions du Saint-Siège, et nourrissent des sentiments qui sont con- damnés par son Magistère, — je voudrais que ces catholiques revinssent à résipiscence en se persuadant que celui qui n'écoute pas l'Eglise en tout n'écoute pas Dieu qui est avec Elle. Pour obtenir ces fins bénies, et. en outre, pour obtenir le triomphe et la paix définitive de Votre Epouse Immaculée, le bonheur et la prospérité de Votre Vicaire sur cette terre et pour voir ses saintes intentions remplies, et en même temps pour que tout le Clergé se sanctifie de plus en plus et Vous serve comme Vous le désirez ; pour tant d'autres fins encore que Vous, ô mon Jésus, Vous savez conformes à Votre volonté divine, et qui. de quelque façon que ce soit, amènent la conversion des pécheurs et la sanctification des justes, afin que tous obtiennent un jour l'éternel salut de leurs âmes ; enfin, parce que je sais, ô mon Jésus, que je fais par là uue chose agréable à Votre très-saint Cœur : Prosterné à Vos pieds, en présence de Votre trè?-sainte Mère et toute de la cour céleste, je reconnais comme un acte de justice et de reconnaissance, que je Vous appartiens entièrement et suis uniquement à Vous, Jésus-Christ mon Eédempteur, source unique du bien de mon esprit et de mon corps ; et, m'unissant aux inten- tions du Souverain Pontife, je me consacre moi, et tout ce qui CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 169 m'appartient, à ce Sacré-Cœur que seul je veux servir et aimer avec toute mon âme. avec toutes mes forces, faisant de Votre volonté la mienne et unissant tous mes désirs à Vos désirs. En témoignage public de cette consécration que je fais de moi, je déclare solennellement à Vous, ô mon Dieu, que je veux à l'avenir, en honneur de ce même Sacré-Cœur, observer suivant les règles de la sainte Eglise les fêtes prescrites, et les faire obser- ver de même par les personnes sur lesquelles j'ai influence ou autorité. En réunis.sant ainsi tcus ces saints désirs et toutes ces saintes fins dans Votre aimable Cœur, tels que Votre grâce me les ins- pire, jai la confiance de pouvoir donner à ce Cœur lui-même une compensation aux trop nombreuses injures qu'il reçoit des fils ingrats des hommes, et de pouvoir trouver pour mon âme, et pour l'âme de tous mes proches, ma félicité et lu leur dans celte vie et dans l'autre. Ainsi soit-il ! Le présent exemplaire est conforme aux originaux qui existent à la secrétairerie de la Congrégation des saints Rites. En foi de quoi, etc. De la secrétairerie, le 26 Avril 1875. D. Placido Ralli, Secrétaire. Joseph Ciccolini, suppléant. P. S. — lo. La présente vous sera remise assez à temps, je l'espère, pour que vous puissez annoccer, le dernier dimanche de Mai, la grande démonstration de l'Univers catholique, qui aura lieu le 16 Juin prochain. Quant à la Circulaire, vous la lirez et ■commenterez, quand vous le trouverez bon. 2o. J'ai tenu à vous donner de bonne heure cette information, afin que vous ayiez une nouvelle raison de recommander aux fidèles de consacrer le mois de Juin au Sacré-Cœur de Jésus. 3o. Ce mois du S. Cœur, comme celui de Marie, peut se faire dans les familles ou en son particulier, quand on ne peut le faire à l'Eglise. 4o. Il pourra y avoir^ le 16 Juin, une Grand 'Messe après laquelle se fera l'acte de consécration au S. Cœur de Jésus avec toute la .solennité possible. Cet acte pourrait aussi se faire au «alut qu'il sera permis de donner ce jour-là. 170 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES 5o. Il serait à désirer que la fête du Sacré-Cœur fût aussi solennisée, ne fût-ce que par une messe basse avec chant et musi- que, ou par un salut solennel. 60. Vous recevrez, sous peu, plusieurs copies de l'Acte de con- sécration en question, que vous pourrez distribuer dans les familles. Il serait bon d'en encadrer une ou deux, pour l'usage des personnes qui aimeraient à faire cet acte de consécration, devant l'autel ou l'Image du S. Cœur. 7o. Des millions de voix vont s'unir à des millions de cœurs, pour appaiser la juste colère du Seigneur, en ce grand jour d'expia- tion. Levons, aussi nous, nos mains, nos voix, nos cœurs, pour prendre part à ce grand acte d'union catholique, qui montre que l'univers entier attend son salut du vSacré-Cœur de Jésus. t Ig., Év. de m. CONSÉCRATION ACJ SACRÉ-CŒUR DE JÉSUS. 0 Cœur très saint et très aimant de Jésus ! attirez-nous à vous, afin que nous vous aimions de tout notre cœur, de toute notre âme et de toutes nos forces. Que par vous nous ayons accèS' AIT TRÔNE DE LA GRÂCE, AFIN d'Y OBTENIR MISÉRICORDE, GRÂCE ET SECOURS EN TEMPS OPPORTUN. (Hébr. IV. 16.) VoUS nous avez aimés d'un amour éternel : une immense charité vous pressait dans la crèche, pendant votre vie, dans la dernière scène et sur la croix ; maintenant de retour auprès de votre Père, vous demeurez toujours vivant pour intercéder en faveur de tous ceux que vous avez rachetés de votre sang précieux. Ayez pitié de nous : ne considérez pas nos péchés, mais la foi de votre Eglise, et daignez, suivant votre volonté, la maintenir dans la paix et l'unité. Nous vous supplions donc de ne pas nous abandonner dans nos difficultés et dans nos troubles ; ayez pitié de Kotre Pontife N., votre serviteur; conservez-le, vivifiez-le, rendez-le heureux sur la terre, et ne le livrez pas au pouvoir de ses enne- mis. Nous nous dévouons et nous consacrons à vous pour toujours, ainsi que tous ceux qui dépendent de nous, afin que vous soyez à tous notre salut, notre vie et notre résurrection, que par vous les justes croissent dans la justice et jersévèrent jusqu'à la fin ; que. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 171 les pécheurs se convertissent ; que les tièdes s'enflamment ; que tous les maux disparaissent, et que tous les biens nous soient accordés. Que dans ce monde la foi soit vive, l'espérance ferme, la charité parfaite, afin qu'après avoir parcouru toute notre car- rière, nous recevions, avec vos saints, une couronne de gloire qui ne se flétrira jamais. Indulgence plénière le jour du Sacré Cœur ou un des jours de l'Octave, et tous les premiers jeudi de chaque mois, et une fois par mois pour qui la récite chaque jour, conditions ordi- naires. Indulgence de 7 ans et 7 quarantaines chaque jour où on la récite Pie IX. 26 Juillet 1877. Aimé soit partout le Cœcr-Sacré de Jésus. — [100 jours chaque foie.] Pie IX, 20 Sept. 1860. • Jésus doux et humble de cœur, rendez mon cœur conforme au vôtre. — [300 jours.] Pie IX, 25 Janvier 1868. Mon Jésus, miséricorde [100 jours chaque fois.] Pie IX, 23 Sept. 1856. Jésus, Marie, Joseph, je vous donne mon cœur, mon esprit et ma vie ; Jésus, Marie, Joseph, assistez-moi dans ma dernière agonie ; Jésus, Marie, Joseph, que je meure paisiblement en votre sainte compagnie. — [300 jours.] Pie VII, 28 Avril 1807. Doux Cœur de Marie, soyez mon salut, — [300 jours chaque fois et plénière le mois.] Pie IX, 30 Sept. 1852. O très doux Jésus ! ne soyez point mon Juge, mais mon Sau- veur.— [50 jours chaque fois.] Pie IX, 29 Xov. 1853. Cœur sacré de Jésus, ayez pitié de nous. 100 jours, Pie IX, 10 Juin 1867. 172 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Cœur Immaculé de Marie, priez pour nous. 100 jours, Pie IX, 10 Juin 1867. Notre-Dame du Sacré-Cœur, priez pour nous. 100 jours, Pie IX, 10 Juin 1867. St. Joseph, ami du Sacré-Cœur, priez pour nous. 100 jours chaque foie, Pie IX, 3 Juin 1874. Bénie soit la sainte, immaculée et très pure Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu. 300 jours chaque fois, appliquable aux âmes du Purgatoire, Léon XIII, 10 Sept. 1878. 0 Marie, qui êtes entrée dans le monde sans tache, Ah ! obtenez-moi de Dieu de pouvoir en sortir dans le même état. 100 jours une fois le j., PiE IX, 27 Mars 1863. Loué et remercié soit à chaque instant le très saint et très divin Sacrement. 100 jours une fois le jour; 300 jours le jeudi, en la récitant trois fois, et plénière une fois le mois. Pie vu, 24 Mai 1776. Salut à Marie, conçue sans pêché^ l'honneur de notre peuple. — Réjouissons-nous beau- coup dans ce jour que le Seigneur a fait. SUPPLÉMENT A LA LETTRE PASTORALE DU 19 MARS 1875 POUR LES COMMUNAUTÉS RELI- GIEUSES. Montréal, 25 Mars 1875. Nos Très-Chères Filles, Nous vous adressons ci-jointe une copie d'une Lettre Pastorale, qui ne regarde que les fidèles, obligés de vivre dans le monde. Car, comme vous allez le voir, il leur est enjoint sévèrement de ne pas aller écouter les discours dangereux d'un malheureux Prêtre apostat et de ne pas se permettre la lecture d'un mauvais journal, qui se donne la triste mission d'attaquer, par ses calom- nies et ses blasphèmes, la Religion et ses Ministres. Or, cette injonction ne saurait vous atteindre ni vous concer- aier, puisque, par la grâce de votre sainte vocation, vous n'êtes CIKCDLAIKES ET AUTRES DOCUMENTS. 173 plus de ce monde qui se trouve compris dans ce terrible anathème : malheur au monde à cause de ses scandales. Cependant, Nous croyons devoir porter à votre connaissance, non sans une très grande répugnance, les horribles scandales, qui viennent de se passer dans notre ville. Notre intention est de solliciter vos pieux suffrages et vos amendes honorables ; car, il ne saurait y avoir trop de larmes, trop de soupirs, trop de gémissements, pour réparer tant et de si grands outrages, faits à Dieu et à sa divine Religion. Or, n'est-ce pas dans vos saintes maisons que doivent se verser ces larmes salutaires, et se faire entendre ces longs soupirs et ces profonds gémissements, qui détournent les fléaux du Ciel, que provoquent les crimes de la terre ? Mais, pour éprouver ces fortes émotions, ces vifs sentiments de douleur, il faut avoir une intime connaissance des maux déplorables qui aflSigent la sainte Église. Car, de cette connaissance naissent, dans les âmes relio-ieuses cette vive compassion et cette tendre affection, qui tirent des coeurs, consacrés à Dieu et à la Eeligion, des torrents de larmes. Les saintes femmes de l'Evangile, vos Mères et vos Modèles en sont un exemple frappant. Car, ce fut en considérant toutes les souffrances de leur bon Maître, pendant sa passion, ce fut en le suivant dans la route du calvaire, ce fut enfin en entourant sa croix et en recueillant ses derniers soupirs, lorsqu'il expira sur ce lit de douleurs, qu'elles firent entendre leurs lamentations, et qu'elle méritèrent d'entendre ces touchantes paroles : Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais sur vous et sur vos enfants, etc. Ce sont ces mêmes paroles que vous réf)ète aujourd'hui cet aimable Maître, avec autant de charité que de bonté, en vous disant, dans l'intérieur de lame : 0 vous toutes, qui mêlez vos larmes à mon sang, en méditant ma passion, ne pleurez pas sur . moi, mais sur vous et sur votre peuple, sur vos parents et sur vos amis, pleurez sur tant de scandales qui régnent dans le monde ; pleurez sur les iniquités qui se débordent d'un bout du monde à l'autre; pleurez sur le sort malheureux de tant d'âmes qui périssent ; enfin, ménagez vos larmes et ne les répandez pas en vain ; car elles sont précieuses et nécessaires. Qu'il en soit de même de vous toutes dans la présente occasion, 174 JL4.NDEMENTS, LETTRES PABTOPJLLES, N. T. C. F., et pour cela donnez une sérieuse attention aux sujets de trop juste douleur, que Nous signalons dans k Lettre Pastorale, qui vous est adressée. En la lisant avec des cœurs vivenaent émus des offenses faites à Dieu, vous serez sensiblement attendries à la vue de tant d'outrages faits à votre divin Epoux. Vous serez comme interdites, en apprenant qu'un Prêtre, àqui Dieu avait confié une honorable mission, celle de faire régner la tempérance dans notre heureuse patrie, soit tombé de si haut jusqu'à devenir un apostat de sa foi et de son saint état, un indigne calomniateur de ses frères, un malheureux escommunié. Vous serez saisies d'horreur, faisant attention qu'il traite, avec un souverain mépris la divine Eucharistie, et qu'il insulte de la manière la plus outrageante l'auguste et immaculée Vierge Marie, en faisant, avec une audace inouïe,"des insinuations révol- tantes et horribles. Vous serez profondément affligées, en vous convainquant que <;e Prêtre apostat, interdit et excommunié, a osé proférer, avec audace, d'horribles blasphèmes, en disant que la Ste. Eglise Romaine n'est qu'une Babyione maudite, qui séduit toutes les nations de la terre ; que son auguste Chef, le Pèse commun de tous les chrétiens, n'est qu'un démon et un antechrist ; que tous les Prêtres catholiques ne sont que des séducteurs des âtnes inno- centes ; qu'il n'y a plus de pureté et d'innocence chez les femmes at filles catholiques; que tous les jours, plus de 500,000 de ces malheureuses deviennent victimes de cette infâme séduction ; que la confession est la chose du monde la plus abominable, que le confessionnal est le lieu le plus horrible, à cause des saletés les plus abominables qui s'y passent. A la seule pensée de tant de calomnies atroces, de ces blas- phèmes exécrables, votre cœur virginal sera navré de la plus amère douleur. Vous vous sentirez pressées d'un ardent désir de faire de continuelles amendes honorables à Notre Seigneur pour tant d'outrages faits à son adorable Personne, à son auguste et immaculée Mère, à sa divine Eeligion, à la sainte Virginité qu'il a apportée du Ciel, pour la cultiver sur la terre, enfin, à toutes les saintes vérités qu'il nous a enseignées pour nous con- duire dans les voies de la justice, de la foi et de la piété. Dans cette vue, vous n'aurez qu'un cœur et qu'une âme, pour CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 175 travailler à vous faire victimes, afin d'apaiser la colère de Dieu et de vous iiumoler à votre divin Epoux, en vous efforçant de plus eu plus de vous rendre agréables à ses yeux par la pratique sincère de toutes les vertus regilieuses. En lisant cette Lettre Pastorale, vous remarquerez ce qu'ont à faire les personnes du monde, pour venger l'honneur de Dieu outragé par tant d'impiétés. Mais, vous comprenez que cette grande réparation ne saurait s'opérer, sans un secours particulier de la grâce. Or, ce secours, c'est à vous, N. T. C. F., à l'obte- nir par vos ferventes prières et vos sacrifices de tous les jours. A cette fin, vous vous exercerez à vous renoncer en toutes choses pour vous rendre de plus en plus agréables au divin Cœur de Jésus et au très-saint et immaculé Cœur de Marie, en faisant, avec courage, pour l'amour de Dieu, ce qui naturellement vous répugne, et en ne faisant pas ce que vous aimeriez à faire. Oh ! qu'il y a de grâces et de mérites dans cette simple pratique : Faire ce qui déplaît et ne pas faire ce qui plait. Le moyen de vous retremper dans ce sentiment religieux est, N. T. C. F., de ne jamais perdre de vue que, dans ces jours mauvais, la Religion est cruellement persécutée j que son Pontife est indignement traité ; que ses Ministres sont honteusement «alomniés ; que les bons principes sont ignominieusement foulés aux pieds et abandonnés ; que les mauvaises doctrines se répan- dent, comme la peste, pour infe'cter les âmes qui ne se tiennent pas en garde contre la séduction de Terreur et du mensonge. C'esc alors que vous comprendrez de mieux en mieux que c'est avec raison que Notre Seigneur vous dit à toutes, comme aux Saintes Femmes, ne pleurez pas sur moi, mais sur vous sur vos familles, sur vos proches et sur vos amis. La Eeligion compte sur votre dévouement, pour remporter une éclatante rictoire sur tant d'ennemis acharnés à la persécuter. 0 Filles de Sion, faites entendre partout vos longs soupirs; et que vos paisibles demeures retentissent jour et nuit de l'écho de vos lugubres gémissements ! Puisse la présente produire d'heureux fruits, en faisant dis- paraître les scandales qui sont signalés à votre charité ! Dans ce ferme espoir, Nous sommes bien véritablement de vous toutes, Nos très-cLères Filles, le plus dévoué serviteur et père en N. S. J.-C. t I<ï-, ÉV. DE MONTEÉAL. 176 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Salut à Marie, conçue sans péché, l'honneur de notre peuple. — Réjouissons-nous beau- coup dans ce jour que le Seigneur '^faiU APPROBATION DE LA FONDATION D'UNE COMMU- NAUTÉ DE PtELIGIEUSES CARMÉLITES A MONT- RÉAL. IGNACE BOURGET, PAR LA GRÂCE DE DIEU ET DU SIÈGE APOS- TOLIQUE, ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, etC. A Nos Très-Chères Filles, les Religieuses Carmélites, députées pour fonder à Montréal un monastère du Carmel, au Clergé séculier et régulier et aux fidèles qui s' intéressent à cette fon- dation, Salut et Bénédiction en Notre- Seigneur. Tout ce que Dieu veut faire, il le fait quand il lui plait,comme il lui plait et en la manière qu'il lui plait ; et comme vous en êtes intimement convaincus, N. T. C. F., il n'y a personne dans le ciel et sur la terre qui puisse résister à sa divine volonté et l'em- pêcher d'opérer les oeuvres qu'il a résolu de faire, pour sa plus grande gloire et le plus grand bien de ses élus. Ce qu'il veut par-dessus tout, ce Dieu tout-puissant et infini- ment bon, c'est de ménager, par des moyens dont lui seul connaît le secret, à toutes ses créatures qui, dans cette vallée de larmes, gémissent sous le poids des plus accablantes misères, des secours souverainement efficaces, pour bien supporter les peines de cette vie, et surtout pour se préserver des maux afii-eux qui, dans l'autre vie, attendent ceux qui ici-bas abusent de ses dons. Or, le grand moyen qu'il met à la disposition de tous les hommes, pour échapper, dans ce monde et dans l'autre, aux rigueurs de sa justice, c'est la prière, qui, quand elle est fervente, ouvre infailliblement les trésors de sa miséricorde, en faveur de ceux qui se montrent les plus indignes de ses bénédictions. Mais^ comme la plupart des hommes négligent de recourir à un moyen si facile et si efficace, parce que leur cœur est appesanti par l'amour désordonné des biens de ce monde et par les vanités et les plaisirs du siècle, Dieu, par une nouvelle invention de son amour, a ménagé aux personnes du monde, que le tracas des affaires empêche de vaquer au devoir de la prière, le secours des Communautés ecclésiastiques et religieuses en général, et CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 177 plus particulièrement celui des commuaautés contemplatives qui s'affranchissent, autant qu'il leur est possible, de toutes les solli- citudes de ce monde, afin de pouvoir donner plus de temps à la prière et à la contemplation des choses du Ciel. Maintenant, Nous n'avons pas besoin, N. T. C. F., de vous apprendre ce qui est à la connaissance de vous tous, savoir, que le Seigneur notre Dieu, qui n'a cessé de combler ce Diocèse de grâces insignes qui méritent notre plus vive reconnaissance, a enfin exaucé les vœux des âmes ferventes, qui lui demandais t, depuis de longues années, l'établissement de quelques communau- tés consacrées spécialement à la prière et à la pénitence. Car, en voici une qui commence aujourd'hui à opérer parmi nous les oeuvres de la vie contemplative, que l'on mène au Car- mel, et à opérer les fruits précieux que la divine miséricorde produit dans un désert solitaire, ou s'élève, à une sublime hau- teur, la montagne de la myrrhe et de l'encens, figures de la péni- tence et de la prière. C'est comme vous le savez, N. T. C. F., une Communauté de Religieuses Carmélites, que Nous a envoyées la divine Provi- dence; ce sont les filles de la Séraphique Ste. Thérèse, qui nous sont arrivées, pour accomplir les desseins miséricordieux qu'a sur nous la divine bonté. Elles viennent, en se conformant à leurs règles et en marchant sur les traces de leur sainte Réformatrice, pratiquer la pauvreté, la pénitence, l'humilité et toutes ces venus austères qui immolent les âmes et en font des victimes qui touchent le cœur de Dieu et désarment sa colère, quand il .-^'ap- prête à punir les infortunés pécheurs. Nous aurions beaucoup à vous dire sur la mission des reli- gieuses Carmélites parmi nous. Mais, ce que Nous venons de vous faire remarquer à ce sujet vous suffit certainement ; d'au- tant plus que vous pouvez trouver à satisfaire amplement votre piété dans l'excellent ouvrage intitulé Une Fleur du Garmel, qui circule parmi vous. Nous croyons toutefois devoir signaler, N. T. C. F., à votre religieuse attention, uu monument historique bien propre à vous inspirer une haute idée de l'ordre du Carmel, auquel appar- tiennent ces bonnes Religieuses. Il vous intéressera d'autant plus 12*^ 178 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, vivement que c'est l'Eglise elle-même qui, en consultant ses antiques et vénérables traditions, nous le rapporte mot à mot, tel que vous allez l'entiMidre : '• Lorsque les Apôtres, remplis du Saint-Esprit, le jour de la Pentecôte, parlaient diverses langues et opéraient beaucoup de miracles, en invoquant l'auguste nom de Jésus, plusieurs hommes, comme on le rapporte, qui suivirent les exemples des saints pro- phètes Elie et Elisée, et qui avaient été préparés à l'avènement du Christ par la prédication de Jean-Baptiste, après s'être con- vaincus de la vérité de tous ces faits, embrassèrent aussitôt l'Évangile^ et honorèrent d'un culte particulier la Bienheureuse Vierge, avec laquelle ils avaient eu le bonheur de vivre et de converser familièrement ; et ils commencèrent à la vénérer telle- ment que les premiers de tous ils construisirent, à l'honneur de cette Vierge très-pure, une chapelle sur cette partie du Mont Carmel où Elie avait vu autrefois s'élever vers le ciel un nuage mystérieux, qui était le type et la figure de cette incomparable Vierge. Tous les jours, en se réunissant à cette nouvelle cha- pelle, ils honoraient, par des rites pieux, des prières et des louanges, cette Bienheureuse Vierge, comme la patronne parti- culière de leur ordre. C'est pourquoi l'on commença dès lors à les appeler ça et là les frères de la hienheurtuse Marie du Mont Carmel Plus tard cet Ordre étant inconnu en Europe, et beaucoup, pour cette raison, faisant instance auprès d'Hono- rius III, pour qu'il le supprimât, cette très-pieuse Vierge apparut la nuit au Pape et lui ordonna de prendre sous sa protection spéciale l'Ordre et les Religieux du Carmel." Ce fait seul vous fait assez connaître, N. T. C. F., combien est vénérable l'Ordre du Carmel, puisqu'il est si ancien et qu'il a pu, par la protection de l'auguste Vierge Marie, se conserver dans tous les siècles du Christianisme, et rendre tant et de si éminents services à l'Eglise, surtout par les prières continuelles qui s'y font pour les besoins du monde chrétien. Tel est, en peu de mots, l'Ordre du Carmel, que Nous instal- lons aujourd'hui dans cette ville, pour qu'il y soit, selon l'expres- sion de Ste. Thérèse, comme une forteresse redoutable à tous les ennemis de la foi et un lieu sûr de refuge pour toutes les bonnes CIRCULAIKES ET AUTRES DOCUMENTS. 179 âmes, qui voudront s'y mettre à l'abri de tous les dangers du monde. A ces causes, le saint Nom de Dieu invoqué, et de l'avis de Nos Vénérables Frères, les Chanoines de Notre Cathédrale, Nous avons statué, réglé et ordonné, statuons, réglons et ordon- nons ce qui suit. lo. Le Monastère des Carmélites de Reims ayant, à notre demande, envoyé six Religieuses dans cette ville, pour y faire une fondation de leur Institut, et Monseigneur l'Archevêque de la dite ville de Reims ayant donné à ces six Religieuses une obédience à cette fin. Nous approuvons cette fondation d'un nouveau Carniel. 2o. En conséquence, Nous constituons canoniquement en Communauté régulière de Carmélites, Nos Très-Chères Filles Marie Séraphine du divin Cœur de Jésus, Marie de St. Jean- Baptiste, Marie Angèle de l'Eucharistie, Beatrix de l'Immaculée Conception, Aimée du St. Sacrement et Marie Espérance de St. Rémi, pour que, vivant ensemble de la vie commune, sous notre entière dépendance et juridiction^ elles vivent conformément à leurs saintes constitutions, coutumes et usages légitimes et approuvés. 3o. Nous reconnaissons, par le présent, pour Prieure du nouveau Monastère, la Révérende Mère Marie-Séràphine du divin Cœur de Jésus, pour Sous-Prieure, la sœur Marie de St. Jean-Baptiste, pour première dépositaire, la sœur Marie Angèle de l'Eucharistie, et pour troisième dépositaire, la sœur Eéatris de l'Immaculée Conception. 4o. Nous permettons au nouveau Monastère de se recruter des sujets du pays, qui seront reconnues, après l'examen canonique requis en ce cas, avoir une vraie vocation pour le Carmel ; et, à cette fin. Nous lui permettons d'ouvrir un Noviciat, conformé- ment aux constitutions de l'ordre du Carmel. 5o. Nous recommandons ce Carmel à la bienveillance du Clergé séculier et régulier, aux douces et vives sympathies des Commu- nautés religieuses et à la charité de tous les fidèles de ce diocèse, à qui Nous souhaitons le centuple en ce monde et la vie éternelle dans l'autre pour tout le bien qu'ils feront à ces humbles servantes de Dieu, à ces dignes épouses de Jésus-Christ, et à ces inséparables filles et compagnes de la Séraphique Ste. T hérèse. 180 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Que le bon St. Joseph, ce glorieux époux de la Vierge Imma- culée Marie Mère de J)ieu, dont le nom est si grand au Carmel, daigne prendre, sous sa spéciale protection, ce nouveau Carmel qui s'établit dans ce pays, qui, dès le principe, l'a choisi pour son protecteur, parce que ses premiers habitants étaient sans doute embrasés des saintes ardeurs qu'avait allumées dans le monde entier cette admirable fille du Carmel. Sera le présent mandement, lu et publié dans la chapelle de Notre-Dame du Sacré Cœur, dans la cérémonie de l'installation de la nouvelle Communauté du Carmel en cette ville. Donné à Montréal, sous notre seing et sceau, et le contre-seing de notre secrétaire, le sixième jour du mois de juin, en l'au mil huit-cent-soixante-et-quinze. t IG., ÉV. DE MONTEE AL. Par Monseigneur, J. O. Paré, Chan. Secrétaire. Salut à Marie, conçue sans péché, Vhonneur de notrepeiiple. — -Rêjouis- sons-nous beaucoup dans ce jour que le Seigneur a fait. CIRCULAIRE SUR LA RETRAITE ANNUELLE. Montréal, le 11 Juillet 1875. BiEN-AiMÉs Collaborateurs, § I. Invitation à la retraite. Je n'ai pas manqué, comme c'était mon devoir, de vous inviter à faire, chaque année, les exercices spirituels, en m'appliquant à moi-même les raisons que vous aviez de les faire. Notre Seigneur, dans son infinie bonté, nous a souvent alors répété les paroles qu'il adressait à ses Apôtres, pour nous inviter à le suivre dans quelque lieu solitaire, afin de nous y reposer avec lui des fatigues du saint ministère. Venite seorsum et requiescite jmsilhini. L'Esprit Saint, qui est la langue de Dieu, voulant nous ins- truire de plus en plus des importants devoirs que nous avons à CIRCULAIKES ET AUTRES DOCUMENTS. 181 remplir pour le salut des âmes et notre propre sanctification, nous a souvent, par les touches intérieures de la ^râce, attirés dans la solitude, en nous promettant de parler à notre cœur. Duaim eam in solitudinem et loqiiar ad cor ejus. La sainte Eglise, dans sa vive sollicitude pour la sanctification de ses ministres, les presse de ne jamais manquer de faire chaque année leur retraite. Singniis annis non prcetermittant spiritua- libus exercitiis operam dare (Conc. Prov. Québec). D'ailleurs, notre propre expérience nous fait sentir intimement le besoin que nous avons de la retraite. Car, sans elle, nous per- dons nos forces dans le service de Dieu , nous devenons languis- sants dans la pratique de nos devoirs ; nous sommes sans goût dans nos exercices de piété : nous sommes froids et insensibles au St. Autel, en chaire, au confessionnal ; enfin, nous sommes comme le sel qui a perdu toute sa saveur et qui n'est plus bon qu'à être foulé aux pieds, Sal ijifatuatum. § II. liaisons particulières de/aire cette année la retraite. Ces raisons sont empruntées à l'Encyclique du Jubilé et à l'Acte de consécration au Sacré de Jésus, que l'univers catholique faisait, le 16 Juin dernier ; parce que l'on y trouve les motifs pressants qui doivent nous engager à faire la retraite annuelle, et les fruits que nous en devons retirer. § III. Comment la retraite est recommandée jxir l'Encyclique . N. S. P. le Pape, parmi les moyens puissants qu'il suggère, pour bien faire le Jubilé, assigne la retraite comme pouvant embraser les Prêtres qui y travaillent, d'un feu tout nouveau et bien capable de leur inspirer cette ardeur à laquelle on ne saurait résister. Dans la vive sollicitude qui le presse de prendre tous les moyens de procurer à tout le troupeau de J.-C. la pleine rémission des péchés et la grâce de participer aux fruits précieux du Jubilé, il fait appel au zèle de tous les Evêques, pour qu'ils proclament hautement un si grand bien et que tous les fidèles y participent en se réconciliant avec lui. Tantum bonum annuncient, etc. Il leur recommande de faire faire des prières publiques, pour obtenir que les esprits soient éclairés et les cœurs embrasés par 182 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, des instructions convenables, pour que tous les fidèles fassent de bonne-i confessions et communions, et s'enrichissent ainsi en par- ticipant aux trésors infinis des indulgences. Ad hoc ut omnium mentes et corda sua luce et gratin perfundat Çdivina cîementia^ . Mais, quel moyen prendre pour se rendre dignes de tant de dons spirituels ? Le Saint Père le signale aux Evêques en leur disant : N'omettez rien, ne négligez pns d'enflammer le zèle de vos Prêtres, et de les exciter à exercer le saint ministère avec une joie toute sainte, dans ce temps de Jubilé surtout, afin que le peuple de Dieu puisse participer pleinement à des fruits de sanc- tification si désirables: Ut in populo Dei optati sanctificationis fructus habcantur. Or, ajoute ce zélé Pontife, il sera souverainement avantageux au bien commun si ceux qui sont à la tête du peup'e chrétien, donnent, s'il est possible, l'exemple de la piété et de la religion, en se renouvelant dans l'esprit de leur sainte vocation, par les exercices spirituels : si ipsi... christiano populo prœeuntes, spiri- tualium exercitationum ope suœ sanctœ vocationis spiritum rénovent. Cette retraite des ministres des saints autels produit, dit le Saint Père, des fruits salutaires et est suivie d'abondantes béné- dictions, que Dieu daigne répandre sur leurs fonctions sacrées et dans les missions qu'ils font dans les populations qu'il leur faut évangéliser. Qu'ils vaquent donc, conclut-il, à ces çxercices spiri- tuels, dans l'ordre et en la manière que les Evêques auront tracés ; statuto a vobis ordine et ratione versentur. § IV. Comment va se faire cette retraite. La retraite des Pasteurs est donc recommandée ici par le Sou- verain Pontife, avec ses inestimables avantages, comme un moyen salutaire et eflïcace, pour assurer au Jubilé un plein et heureux succès. La conclusion pour nous tous est tirée ; car, il n'y a per- sonne parmi nous qui puisse avoir quelque raison de ne pas se rendre à une invitation si honorable et si propre à produire les plus heureux effets pour nous et pour les fidèles confiés à nos soins. Vous avez remarqué que le Saint Père charge les Evêques de CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 183 réglT Tordre et la manière de faire la retraite. Voici donc com- ment il faudra y procéder. La retraite publique et comuiunt' ne pouvant encore se faire, chacun fera la sienne en son particulier, dans le lieu oii il croira pouvoir se tenir davantau:e dans le silence et le recueillement et en prenant le directeur qu'il ju.-^era être le plus propre à le diriger dans les voies intéri -ures. Le règlement, p'aeé à la fin de la présente, lui servir.i de règle ; et il s'y con- formera exactement, en esprit de foi, 'le simplicité et de charité. Privé dos avantages que présente la retraire solennelle, par l'entrain du bon exemple et l'union qui règne entre des frères qui, en priant en commun, ont l'inestim ible avantage de jouir de la présence de N. S., chacun y suppléera en s'unissant à ciiaque exercice aux Anges et aux Saints, et en se renant autant que possible à l'Eglise, pour que Notre Seigneur, caché dans le St. S.icremeat, daigne lui servir de directeur en tout temps, et surtout pendant ces pieux exercices. Un des Lirauds avantages dont on est privé en faisant la retraite en particulier est de ne pouvoir entendre les avis que donne le premier Pasteur qui préside à la retraite pastorale, selon qu'il se pratique dans ces jours de grâces. Constanter etiam servent Episcopi salufarem illmn consuetudinem convocandi singulis annis dioce&îs suœ presbyteros, ut m aliquo sacro secessu per aliquot dies, piis exercitiis vacent, et annos œternos medîtentur Pour y suppléer, la présente nous fera entendre, non les paroles de l'Evêque, mais celles du Souverain Pontife, qui nous a, dans son Encyclique, convoqués à la retraite, à l'occasion de ce Jubilé; en nous indiquant non-seulement le besoin que nous en avions, mais encore les intentions avec lesquelles nous devions la faire. § V. Des intentions de la Retraite à laquelle le St. Père invite tous les Clergés de Vunivers catholique. PREMIÈRE INTENTION : SA PROPRE SANCTIFICATION. La première intention que se propose le Souverain Pontife en exhortant les Evêques à inviter leurs Prêtres à la retraite est la sanctification des ministres de la religion. Tel doit être, en effet, le but de toute bonne retraite ; car, en vaquant à ces pieux exer- cices, on doit nécessairement se préparer à travailler à mieux 184 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, régler sa vie en remplissant plus fidèlement tous les devoirs de son état, et en observant en tous points une exacte discipline. C'est ce qui est clairement marqué dans ces paroles de l'Encycli- que • Intuenda cleri disciplina in recta clericorum institutione curanda vtstrum ac zelus constantes advigilet. Or, très-certainement cette discipline sacrée sera en parfaite vigueur dans le Clergé, si chacun, pendant sa retraite, s'étudie à régler sa vie suivant les saints canons, et à se conformer, en fai- sant les saintes fonctions du ministère, aux règles tracées par l'Eglise dans ses livres liturgiques. A cette fin, il se fera uu devoir de relire, avec une religieuse attention, les décrets des Conciles provinciaux, qui en sont un précieux abrégé, ainsi que le cérémonial, le rituel, et les rubriques du missel et du bréviaire, à l'exemple des bons ecclésiastiques, qui se montrent très-fidèles à cette pratique. Car, disait St. Joseph Cupertin, les Prêtres qui disent bien la messe et le bréviaire sont de saints Prêtres et forment un Clergé bien discipliné. § VI. Seconde intention de la retraite : sanctification du peuple. La seconde intention qu'a eue en vue le St. Père, en convo- quant les Prêtres de l'univers catholique aux exercices de la retraite, est la sanctification du peuple chrétien. Comme dans ce siècle pervers, dit-il encore aux Evoques, il y a tant et de si grands maux à réparer et qu'il y a aussi tant de bien à faire, donnez tous vos soins, en vous armant du glaive de l'esprit, qui est la parole de Dieu, pour que votre peuple soit exhorté à détester le crime affreux du blasphème, dans ce temps où il n'y a rien de si saint qui ne soit profané, et à connaître et remplir son devoir dans la sanctification des jours consacrés au Seigneur, et l'accomplissement fidèle des lois de l'Eglise concer- nant le jeûne et l'abstinence, et à éviter ainsi les châtiments qu'attire sur la terre le mépris de ces commandements de Dieu et de l'Eglise. Nous nous sommes d'ailleurs préparés à bien combattre les combats du Seigneur, en attaquant avec courage ces redoutables passions, en nous associant aux prières qui se sont faites dans le monde entier pour obtenir sur elles une victoire complète. Car, CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 185 dans l'Acte de Consécration qu'il nous invita à faire tous ensem- ble, le 16 Juin dernier, le Père commun nous fait d'abord remarquer les outrages faits au Sacré-Cœur de Jésus, no tammeiit par les blasphèmes et laprofanation des jours consacrés à Dieu ; puis il nous met en bouche ces paroles qu'il aura gravées sans doute au fond de son cœur : " En témoignagne public de cette ''consécration que je fais de moi, je déclare solennellement à vous, *' ô mon Dieu, que je veux à l'avenir, en l'honneur de ce même "Sacré-Cœur, observer, suivant les règles de la sainte Eglise, les "fêtes prescrites, et les faire observer de même par les personnes "sur lesquelles j'ai influence ou autorité." Tant de prières seront sans doute exaucées. On ne peut donc qu'espérer le plein succès des retraites particulières qui vont se faire, pour extirper les désordres et les abus que signale à l'atten- tion des Évêques du monde entier le Souverain Pontife, dont les salutaires avertissements doivent se graver dans tous les cœurs par de fréquentes et sérieuses méditations. Cumporro tôt sint hoc sœculo mala, quœ reparentur, et hona qiiœ promoveantur, assinnentes gladium spiritits, quod est verhum Dei, omnem curara impendite^ ut populus vtster ad detestandum immane crimem blasphemiœ adducatur, 'quo nihil est tam sanc- tum, quod hoc tempore non viohtur, utque de diebus festis sancte colendis, dejejunii et abstinentiœ legibus ex Ecclesiœ Dei pres- cripto servandis sua officia cognoscat et impJeat, atque ita vitare possit jJa^nas, quas harum rernm contemp>tus evocavit in terras. Ce sont là, comme tout le monde comprend, de graves sujets, bien capables de prendre tout le temps de la retraite, et qu'il importe souverainement de rendre pratiques par l'étude qu'il en faut faire. Car, hélas ! en combien de manières ne viole-t-on pas les jours consacrés à Dieu! Que de graves injures ne f àt on pas au Saint Nom de Dieu ! Que de transgressions des commande- ments de Dieu et de l'Église ne se rend-on pas habituellement coupable ! § VII. Pratiques salutaires pour attirer la bénédiction de Dieu sur la retraite, en lui faisant porter de bons fruits pour soi et chez les antres. Comme on le voit, cette retraite est convoquée par le ^'■ieairede Jésus-Christ, et c'est lui qui nous adresse à tous ces ; arol s de 186 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, notre commun Maître. Venife seorsum et reqin scite picsiUum. Il est visible qu'elle doit se faire avec pureté d'iutention et avec une bonne volonté de n'envisager que notre propre sanctification et le plus grand bien de nos frères, et le plein succès du Jubilé. Or, pour mieux assurer les fruits de C' tte retraite et He ce Jubilé, notre bon et chiritable Pontife nous invite à embrasser les pratiques suivantes, qu'il sait être très-puissantes sur le cœur de Notre-Seigneur. *' Niliil autem magis dignum est sacri Jubiloei tempore, quam ' ut omnigenae caritatis opéra imponsius. exerceantur ; ac prop- 'terea vestri etiam zeli erit, Venerabiles Fratres, stimulos addere, *ut subveniatur pauperi, ut peccata elecmosynis redimantur, 'quarum tam multa bona in scripturis sacris recensentui' ; et * quo latius caritatis fructus m net ac stabilior évadât, opportu- ' num admodum erit ut caritatis subsidia ad fovenda vel ' excitanda pia illa instituta conf 'rantur, quse utilitati animarum ' et corporum plurimum conducere hoc tempore existimaotur. ''Si ad haec bona assequenda omnium vestrum mentes et studia 'consenserint, fieri non potest, quin R^gnum Cliristi et justitia 'ejus magna incremeota suscipiatet hoc tempore acceptabili his ' diebus salutis m ignam supernorummunerum copiam super filios dilectionis clementia caelestis eiFundat." Comme on le voit, le St. Père insiste beaucoup pour que l'on s'unisse, afin de faire avec plus de succès les œuvres de charité et de piété. C'est donc pour nous une raison pressante de favoriser l'oeuvre de la Propagation de la Foi, le denier de St. Pierre, les hospices de charité, les orphelinats et autres institutions faites pour le soulagement de toutes les misères humaines. Ces institutions de charité et de piété, sétant heureusement multipliées dans nos villes et dans nos campagnes, et les fidèles pouvant facilement les connaître et en mieux apprécier les avan- tages, nous pouvons exploiter ce passage de l'Encyclique comme une mine précieuse, pour ftiire couler en tous lieux des fleuves de charité. § VIII. Conclusions. lo. Chaque Prêtre devra faire une retraite pendant au moins cinq jours, en la manière spécifiée plus haut. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 187 2o. Df's pouvoirs de desservant et même celui de biner au besoin sont, par la présente, accordés à tous les Prêtres approuvés, pour garder les paroisses des Curés pendant leur retraite, ou rem- placer les Vicaires qui ne pourraient s'absenter sans laisser les âmes en souffrance. 3o. Pour plus d'uniformité, chacun se fera un devoir d'obser- ver, par amour, le règlement ci-dessous, en le recevant avec humilité et respect, comme ayant été donné par Nocre-Seigneur, pour que la retraite lui rende plus de gloire et puisse en même temps produire plus de fruits pour nous et pour tous les fi'lèles confiés à nos soins. 4o. Tous les Curés devront faire cette retraite d'ici au premier dimanche de l'Avent exclusivement; et leurs pouvoirs de juridic- tion cessent alors ipso facto, s'ils ne s'étaient pas conformés à cette injonction. 5o. Tous les autres Prêtres, (excepté ceux qui vivent en com- munauté et les religieux), qui n'auraient pas fait leur retraite avant le premier dimanche de Novembre, ne pourront plus exercer les pouvoirs d'ordre qui leur auraient été donnés. 60. Il en sera de même des Prêtres qui, y étant obligés par le XIII. décret du I. Conc. Prov. de Québec, n'auraient pas, à la dite époque du 1er dimanche en Novembre, subit leur examen théologique et présenté leurs deux sermons. Cette suspension de pouvoirs indique assez clairement qu'il s'agit de devoirs importants à remplir dont personne par con- séquent ne doit se dispenser, sans une permission. L'on sait que, dans les Conciles Provinciaux et dans les Synodes, l'on doit suivre cette règle : Universis qui jure vocati, ad hoc Conciîium Provinciale con- venerunt, in virtute sanctœ obedientiœ prœcepit, ne anteqiiam dimissum fuerit discedere prœsumant, etc. Comme l'on voit, c'est en vertu de la sainte obéissance qu'il faut assister aux exercices du Concile ; et que l'on ne doit pas s'en absenter sans permission. 7o. Chacun se fera donc un mérite, comme un devoir, de faire avec ferveur cette retraite à laquelle invite le Vicaire de J.-C. tous les Prêtres de l'Église universelle, dans l'intime confiance 188 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, qu'il obtiendra un pleiu succès, dans les travaux du ministère, en général, et spécialement dans tout ce qu'il entreprend dans le présent Jubilé pour le bien des âmes. Vir ohediens loqnetur Victor las. 80. Eu faisant cette retraite privément, chaque Prêtre se convaincra de plus en plus que le silence est le grand maître de rOraison et le guide le plus sûr, dans les voies intérieures qui conduisent à Dieu et mettent une âme en possession des biens célestes dont le principal et le plus précieux est sans contredit le sentiment intime et habituel de la présence de Dieu, puisqu'il est inséparable de la perfection : ambula coram me, dit Dieu à Abraham, et esto perfectus. 9o. Enfin, chacun, en entrant dans cette parfaite solitude, ne manquera pas de se mettre à l'école du St. Esprit, qui entretient, de son soufile divin, dans l'Eglise et surtout dans le Clergé, l'esprit de prières, qu'il a répandu dans le monde entier. Sous l'inspiration de cet esprit si vivifiant et sanctificateur, il ne pourra voir la terre couverte de tant d'iniquités, sans être pénétré d'une vive douleur et sans pousser de profonds gémissements sur les maux de toute espèce qui inonde le monde. Ip&e Spiritus pos- tulat pro noliis gemitibus înenarrabilibus. Ces gémissements se mêlant à ceux que l'Esprit-Saint produit dans tous les cœurs, se feront entendre du levant au couchant, et monteront au Ciel, pour toucher le Père des miséricordes et désarmer sa juste colère. Alors, il faut l'espérer, l'Eglise sera délivrée de l'oppression qui l'accable, son Pontife recouvrera, avec les Etats Pontificaux, sa liberté ; les Justes seront consolés dans leur affliction ; les impies et les pécheurs reviendront dans' les voies de la justice et de la vérité ; toute la terre enfin sera dans la jubilation, et tous les hommes sez'viront Dieu dans la joie. Jubilate Deo oninis terra : servite Domino in lœtitia. Puissent ces heureux fruits se produire parmi nous et se perpétuer jusqu'à la fin des temps ! Priez pour moi qui suis de vous tous le très-dévoué serviteur, t la., ÉV. DE MONTRÉAL. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 189 EÉGLEMENT DE RETRAITE. lo. S'assujettir de boa cœur au règlement de retraite et le suivre avec la simplicité d'un enfant, pour se conformer à cette instruction du Seigneur : Si vous ne devenez semblables à de petits enfants, vous ne pourrez entrer dans le royaume des cieux. 2o. Accepter ce règlement, comme s'il eût été écrit de la maia de Notre Seigneur. 3o. Fixer les heures des exercices de la journée et en déter- miner le temps. 4o. Donner cinq heures à la méditation, ou ce qui revient au même, lire en méditant les sujets dont on veut se pénétrer. 5o. Suivre, dans la méditation, les méthodes ordinaires d'Orai- son et tâcher de se les rendre familières. 60. Faire chaque jour une fois l'examen général et deux fois l'examen particulier, selon les méthodes particulières à ces deux exercices. 7o. Consacrer à des lectures méditées sur les saints canons, les rubriques du missel et du bréviaire, le Rituel, le Cérémonial, le temps destiné aux conférences, dans les retraites communes. 80, Faire la visite au St. Sacrement, le chemin de la croix et réciter le rosaire ou le chapelet tous les jours. 9o. En faisant ces divers exercices, s'affliger et gémir sur les maux qui désolent le monde entier et plus particulièrement sur les désjrdres et les scandales qui régnent parmi nous. lOo. Repasser, dans l'amertume de son âme, toutes les années qui viennent de s'écouler si rapidement et dont on pourrait bien voir la fin, plus tôt qu'on ne pense. llo. Mettre ordre à toutes ses affaires temporelles et spiri- tuelles, comme si l'on devait bientôt mourir. 12o. Faire ou retoucher son testament, en faisant, aux pieds du sanctuaire, toutes les dispositions qui doivent et peuvent y être portées, pour qu'avant la mort l'on n'ait rien à se reprocher. 13o. Mettre tout l'ordre possible à ses propres aifaires et à celles de la paroisse ou des affaires dont on est chargé, afin que le Souverain Juge n'y trouve rien qui puisse provoquer sa colère. 14o. Eviter tout entretien inutile et ne parler que des choses qui puissent édifier et assurer le succès de la retraite. 190 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, 15o. Consacrer la retraite au Sacré-Cœur de Jésus et au très- saint et immaculé Cœur de Marie ; et prendre tous les moyens en son pouvoir pour les faire aimer, louer et honorer par tous les fidèles dont on a la charge. 16o. Choisir St. Joseph pour son directeur de retraite, afin d'apprendre de lui à marcher constamment dans les véritables voies de la vie intérieure. P, S. — Je profite de l'occasion pour vous faire observer que l'Evêque, en permettant, en vertu d'un Induit Apostolique, l'aliénation des biens ecclésiastiques, ou en permettant qu'ils soient hypothéqués, est suh gravi obligé d'en rendre compte au St. Siège, en spécifiant les raisons qu'il y a eu de permettre de telles aliénations ou hypothèques et les avantages qui ont dû. en revenir à l'Eglise. Comme, pendant le saint temps du Jubilé, il importe souve- rainement d'en rendre compte, je vous prie de m'informer si depuis trente à quarante ans et plus, il y a eu dans votre paroisse de telles transactions, en spécifiant : lo. La nature des ventes, achats, hypothèques qui ont eu lieu dans le paroisse, autant qu'il vous sera possible de le constater par vos registres ou autrement ; 2o. La valeur que pouvaient avoir ces propriétés sacrées, ainsi aliénées hypothéquées, etc. 3o. Le profit ou la perta qui a pu en résulter pour l'Eglise ; 4o. Si en procédant ainsi à la vente, aliénation, hypothèque, emprunt, etc., de tels biens, l'on a obtenu la permission du St. Siège, par l'entremise de l'Evêque qui n'a pu agir qu'en son nom. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 191 CIEOULAIRE DE MONSEIGNEUR L'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, FAISANT APPEL A LA CHARITÉ DE SES DIOCÉSAINS EN FAVEUR DES INONDÉS DE FRANCE. Montréal, 21 Juillet 1875. Nos Très Chers Frères, Nous vous faisons entendre la voix du malheur. Vous en serez d'autant plus touchés que ce malheur est une de ces cala- mités désastreuses dont il est difficile de se rendre compte, et contre lesquelles toute la sagesse humaine ne saurait nous prémunir. Il s'agit de l'inondation du Lot et Graronne dont les Journaux nous ont déjà rendu compte et dont le seul récit remplit le cœur d'une amère douleur. Mgr. rÉvêque d'Agen, dans la lettre circulaire qu'il adres- sait le 25 Juin dernier, à son Clergé, et que Nous reproduisons ici, nous fait ainsi la description de ce déplorable événement : '' La main de Dieu s'est appesantie sur nous, d'une manière terrible. "Que de familles désolées, que de maisons, que de villages en ruines dans nos campagnes, hier encore si belles, si plantureuses et si riches d'espérances près de se réaliser ! " Quelques heures ont suffi pour semer la mort et la désolation sur les rives de notre fleuve débordé et jusque dans notre ville épiscopale. "Nos pertes sont grandes; grandes aussi les détresses à sou- lager. Les rumeurs qui parviennent jusqu'à Nous déchirent notre âme. " A qui Nous adresser, bicn-aimés Coopérateurs, sinon à votre dévouement si souvent éprouvé ? Vous solliciterez avec tout votre cœur la charité des fidèles et vous serez entendus. " Nous avons hâte de faire parvenir jusqu'à vous le ci i de notre angoisse ; ne sommes-nous pas tous frères en Jésus-Christ? " Veuillez, Notre lettre reçue, faire des quêtes à domicile et dans vos églises. Vous voudrez bien en adresser le produit au Secrétariat de l'Évêché le plus promptement possible. Il ne 192 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, suffit pas que la charité se manifeste ; il faut qu'elle intervienne à temps. " Nous recommandons à vos prières et à vos saints sacrifices les victimes, hélas ! trop nombreuses de l'inondation." Comme vous le voyez, N. T. C. F., ce bon Pa-teur ne se con- tente pas de gémir en des termes très-touchants, sur les maux si grands qui affligent son peuple, il fait en même temps appel à la charité publique, pour lui venir en aide. jMais, considérant que les ressources d'un pays si désolé ne sauraient subvenir suffisamment à une si grande calamité, il se voit dans la pénible nécessité de recourir à l'étranger. Il nous a donc écrit privément une lettre très touchante, en Nous adressant sa dite Circulaire, pour Nous faire observer que cette inondation sans précédent, qui a causé d'immenses désastres, dans les villes et les campagnes, qui ont été le triste théâtre de cette grande calamité, a fait subir en particulier aux maisons de charité, aux orphelinats, aux séminaires, des pertes telles qu'on ne peut encore les évaluer et qu'elles laisseront en souffrance pour longtemps ces établissements, qui sans cela auraient été pour tant de centaines de malheureux des ressources assurées, dans leurs pressants besoins. Ce digne Evêque prend de là occasion de faire appel à tous les fidèles aussi bien qu'au Clergé et aux charitables institutions de ce diocèse, dont la charité est connue partout. Dans le désir de répondre à un appel si légitime et qui d'ailleurs fait tant d'honneur à votre charité, Nous voulons qu'il soit fait, dans toutes les églises où a lieu l'oflSce public, une collecte, qui sera annoncée et chaleureusement recommandée, au prône, le dimanche précédent et fiite par des Prêtres et des citoyens respectables spécialement invités pour cela. Le produit de ces collectes sera immédiatement déposé à l'Evêché, pour que Nous puissions le transmettre sous le plus court délai à Monseigneur l'Evêque d'Agen, qui le distribuera, dans sa sagesse, à ceux qu'il jugera en avoir un plus grand besoin. Nous nous associerons tous de grand cœur aux prières et sacri- fices qui vont se faire pour tant d'infortunées victimes de l'iuon- CIRCULAIKES ET AUTRES DOCUMENTS. 193 dation, clans les SS. cœurs de Jésus et de Marie, refuges assurés de tout les malheureux. Veuillez bien agréer l'assurance de Notre cordiale affection et Nous croire bien sincèrement de vous tous, le très-humble et dévoué serviteur, t IG., ÉV. DE MONTRÉAL, Montréal, 1 Août 1875. Monsieur, En Mars 1874, la S. Conir. du St. Office fut consultée par rapport à nos Sociétés de construction, afin de savoir au juste ce qu'il faut en penser et comment il faut les traiter. Le 30 Juin dernier, S. Em. le Card. Franchi, Préf. de la S. C. de la Prop. m'adressa une lettre dans laquelle on lit le paragraphe suivant: Dilata et scribatur R. P. D. Episcopo, qui transmlttat exemplar statutorumsocietatisdequa agitur, et référât quœ sit circa ipsam communis opinio prœsertim pêne persontcs lionestas et bene mo- ratas, et qui valor attribui saj^at pecuniœ in contractibus qui Jîunt in ils locis. Je me ferai un devoir de transmettre à Son Eminence les docu- ments qu'elle me demande. Mais, avant de lui répondre sur ce qu'Elle me demande par ces termes Référât quœ sit, &c., je sens le besoin d'avoir plus de renseignements là-des.çus que je n'en ai. En conséquence, je prie que vous voudrez bien consulter, de me donner votre opinion, afin de savoir ce que vous en pensez. Je désire que votre réponse soit donnée avant le 1er Octobre prochain. Veuillez bien me croire, Monsieur, Votre très-humb. et ob. serviteur, t IG., ÉV. DE MONTRÉAL. 13° 194 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, CONSULTATION. S. E. Mgr. Simeoni, Sec. de la S. C. de la Prop., etc., etc., etc., Monseigneur, A la suite de l'incendie qui détruisit, en 1852, une grande partie de la Cité de Montréal, la Législature du Canada autorisa, sous le nom de " Sociétés de Construction," des campagnies de Prêt. Ces compagnies avaient pour but unique de prêter, au taux de 6 à 8 par cent par an (ou à peu près), aux incendiés, la somme d'argent nécessaire pour rebâtir, sur les terrains qu'ils possédaient à Montréal, les édifices qui avaient été détruits pendant le dit incendie. Ces compagnies exigeaient alors des emprunteurs : lo. Une hypothèque sur le terrain. 2o. Que la construction se fit dans un temps déterminé. 3o. Que l'édifice à construire fût assuré à quelque bon Bureau d'Assurance, -éo. Que le capital prêté fût remboursé par des paiements partiels de chaque semaine. 5o. Que l'emprunteur payât, outre le dit taux de six à huit par cent (comme dit plus haut), une amende d'un ou deux par cent (à peu près), chaque fois que, pour une raison quelconque, l'emprunteur ne paierait pas, au jour fixé, dans chaque semaine, la part du capital emprunté, comme il a déjà été dit. Plus tard, la Légis- lature autorisa ces compagnies, (tout en couservant à peu près les mêmes règlements, au moins quant aux paiements hebdoma- daires et aux amendes), à étendre leurs affaires à toutes sortes de personnes, en sorte qu'elles devinrent dès lors, à proprement parler, des Sociétés de Prêt, sous la dénomination de " Sociétés de -Construction. " Depuis ce moment, ces Sociétés reçoivent aussi des dépôts au taux de six à huit par cent, sans donner, toutefois, au déposant, d'autre garantie que l'honnêteté et l'honorabilité des gérants de ces Sociétés. Mais le but principal de ces Sociétés aujourd'hui est surtout de prêter à, quiconque donne de bonnes garanties qu'il remboursera le montant emprunt', d'après les règlements de la Société. Un de ces règlements fixe huit par cent par an, comme m'ni- CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 195 mu7)i du taux que l'emprunteur aura à payer hebdomadairement «t à jour déterminé' outre les amendes, comme dit plus haut. En sorte que ces Sociétés perçoivent, généralement parlant, des profits au taux de quinze à vingt par cent, par an, sur les capitaux prêtés, soit parce que l'emprunt aura même été fixé à ce taux, par une convention expresse, soit parce que l'emprunteur aura encouru des amendes, qu'il aurait ou n'aurait pas pu éviter d'encourir. Dans la Province de Québec, le taux légal de l'intérêt, pour prêts, est de six par cent par an. Maintenant, j'ai l'honneur de prier humblement Votre Excel- lence de vouloir bien me faire donner une réponse aux doutes suivants : lo. Est-il permis d'entrer actuellement dans ces Sociétés de Construction et d'en faire partie ? 2o. Ceux qui jusqu'ici ont fait partie de ces Sociétés peuvent- ils, en conscience, continuer encore d'en faire partie ? /3o. Est-il permis de déposer ses fonds dans ces Sociétés de la même manière qu'on le fait dans les Banques d'Epargne, dans les Compagnies de chemin de fer, les Compagnies de navigation, ou autres sociétés du même genre, vu que l'on y perçoit un intérêt, plus élevé, quoique l'on soit d'avis que peut-être ces Sociétés font avec les fonds déposés, des prêts ruineux pour la plupart des emprunteurs ? Je suppose ici que le déposant ne prend aucune part à l'admi- nistration des affaires de la Société. Dans l'espoir que mon présent exposé sera accueilli avec toute ia bienveillance dont j'ai besoin et que je sollicite humblement, J'ai l'honneur de demeurer. Avec un profond respect, Monseigneur, De Votre Excellence, Le très-humble et très-dévoné serviteir, (Signé) J. DESAUTELS, V. G. Rome, ce 9 Mars 1874. 196 MANDEMENTS, LETTRES PASTOKALES, LETTRE PASTORALE DE MGR. LÉYÊQUE DE MONTRÉAL CONCERNANT LA SÉPULTURE ECCLÉSIASTIQUE DEMANDÉE POUR UN CATHO- LIQUE INFORTUNÉ, MORT DANS LA DISGRACE.' DE L'ÉGLISE. IGNACE BOURGET, PAR LA GRÂCE DE DIEU ET DU SIÈGE APOS- TOLIQrE. ÉYÊQUE DE MONTRÉAL, ASSISTANT AU TRÔNE PON- TIFICAL. An Clergé SécuUer et Régulier^ aux Communautés Religieuses et à tons hs Fidèles de Notre Diocèse : Saint et Bénédiction en Notre- Seigneur. C'est pour Nous, N. T. C. F., un besoin, comme un devoir, d'élever aujourd'hui la voix, pour tâcher d'appaiser une certaine agitation qui s'est emparée des esprits et qui, en fermentant de jour en jour, pourrait bien nous amener quelque funeste catas- trophe. Nous n'avons pas à vous rappeler le fait lamentable qui vous a causé une douleur si amère, car il est connu de chacun de vous : et il s'est si fortement gravé dans vos mémoires, avec toutes ses malheureuses circonstances, qu'A se transmettra, sans doute, jusqu'à la dernière postérité. Ce que nous allons vous en dire se réduit donc à une expli- cation toute simple qui. Nous l'espérons, suflara pour appaiser vos craintes et dissiper certains préjugés, au moyen desquels on cherche à exciter de mauvaises passions, pour armer les uns contre les autres des citoyens qui ont vécu jusqu'ici en paix; et ont fidèlement rempli les devoirs qu'imposent la religion et la patrie pour maintenir la paix publique et vivre tranquilles au sein de leur famille. Car. ce qui vous a soulevés en si grand nombre c'est la crainte que votre cimetière, que vous vénérez justement comme un lieu saint, ne fût profané par la sépulture d'un homme mort dans la disgrâce et sous l'anathème de l'Eglise. Cette nouvelle a alarmé avec raison le sentiment religieux de la popul-'.tion catholique et révolté les masses ; et voilà pourquoi CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 197 Ton s'est cru obligé à une démoastration publique, mais paisible, pour empêcher la profanation d'un lieu sacré où reposent en paix nos religieux ancêtres, en attendant le grand jour de la résur- rection . Par cette démonstration spontanée et que votre cœur seul vous avait inspirée, vous avez cru témoigner de votre sentiment reli- gieux pour le lieu saint que l'Eglise a bénit pour qu'après votre décès, vos corps y soient déposés à côté de ceux de vos pères, pour attendre paisiblement le son de la terrible trompette, qui doit réveiller le genre humain du sommeil de la mort et faire sortir tous les hommes de la poussière du tombeau. Nous avons dû, N. T. C. F., peser, au poids du sanctuaire, la conviction religieuse qui nous attache au cimetière, comme à un lieu saint, à une terre bénite et à un champ sacré où viennent se placer, les uns après les autres, les bons enfants de l'Église, pour y attendre l'arrivée du souverain Juge, pendant que leurs cendres se mêlent à celles des saints, qui, comme eux, ont vécu et sont mort dans la paix de l'Egiise. Nous avons dû, en même temps, admirer la conduite calme et modérée que vous aviez tenue dans un moment où tout pouvait faire craindre que l'on n'en vînt aux mains et qu'il n'y eût du sang répandu ; ce qui n'aurait pu être considéré par tous les partis que comme un très-grand malheur. Pour notre part. Nous aurions regretté souverainement ce conflit malheureux pour beaucoup de raisons qu'il vous est facile, N. T. C. F., de deviner et d'apprécier. Qu'il Nous suffise de vous faire remarquer que cette effusion de sang aurait été une nouvelle profanation du lieu saint; quoique Nous eussions pris des me- sures, autant du moins qu'il était en Nous, pour éviter ce malheur. Mais, si d'un côté Nous avions ménagé toute choses pour que la paix publique ne fût pas troublée, d'un autre Nous nous étions occupé du moyen à prendre pour que l'honneur de la sainte Église fût respecté et que le lieu saint ne fût pas profané. Ce moyen était de déclarer, en vertu de la puissance divine que Nous exerçons, au nom du Pasteur des pasteurs, que le lieu où serait déposé le corps de cet enfant rebelle à l'Église se trouverait de fait séparé du reste du cimetière bénit, pour n'être plus qu'un ;lleu profane. 198 MANDEMENTS, LETTKES PASTORALES, Car, Kous n'avons pas besoin de vous prouver ici que, dans l'acte solennel de notre consécration à Dieu, tout pouvoir Nous a été donné de lier et de délier, de bénir et d'anathématiser, de consacrer des personnes, des lieux et des temples et de les inter- dire, de séparer du corps de l'Eglise les membres qui la désho- norent et l'outragent, de livrer à Satan ceux qui n'écoutent pas TEglise, afin qu'ils ne soient plus considérés que comme des païens et des publicains, tant qu'ils ne reviendront pas à Dieu par une sincère pénitence. C'est sur ces principes incontestables et incontestés de cette divine autorité que, voulant maintenir dans toute soa intégrité la discipline de l'Eglise concernant la sépulture de ses enfants, et prévenir en même temps tout désordre pour l'avenir, Nous décla- rons, par la présente, afin que personne ne puisse prétexter cause d'ignorance^ que le lieu du cimetière où serait enterré le corps de feu Joseph Guibord, si jamais dans la suite il y est inhumé d'une manière quelconque, sera de fait, et demeurera, ipso facto, in- terdit et séparé du reste de ce cimetière. Telle est, N, T. CF., la déclaration que Nous avions à vous faire, pour que vous n'ajiez pas à craindre que, dans le cas pré- sent, votre cimetière puisse perdre sa bénédiction ou que le droit sacré qu'a l'Eglise sur les lieux qu'elle sanctifie et bénit puisse être sacrifié et foulé aux pieds. 11 s'en suit qu'il ne saurait y avoir pour per-sonne aucun prétexte de s'opposer par la violence à ce que le corps de ce frère infortuné soit déposé dans aucune partie quelconque du cimetière, puisque par là même cette partie se trouverait interdite et séparée du lieu saint. Vous allez donc demeurer en paix, N. T. C. F., puisque vous allez continuer à jouir du bonheur d'avoir un cimetière bénit comme par le passé. Sou venez- vous de ces mémorables paroles de St. Thomas, Archevêque de Cantorbéry, cet illustre martyr des libertés ecclésiastiques: " Il ne faut pj.s garder l'Eglise de Dieu comme un camp. Pour moi je mourrai de grand cœur pour V Église de Dieu." Tout le pavé de ce temple demeura teint du sang de ce généreux athlète des principes catholiques qu'il avait défendus jusqu'au dernier soupir. Vous le visiterez ce cimetière avec un respect toujours nouveau. CIRCULAIEES ET AUTRES DOCUMENTS. 199 comme l'on doit toujours visiter une terre sainte et bénite, qui renferme les dépouilles mortelles de tant de personnes avec les- quelles on a été en communion de prières et avec lesquelles on espère louer Dieu, dans le ciel, pendant toute la bienheureuse éternité. Vous parcourrez désormais, comme par le passé, ce champ sacré des morts qui vous rappelle tant de souvenirs attendris- sants ; et ce sera pour répéter avec un sentiment de foi et de piété toujours nouveau : Qu elles reposent en paix ces âmes qui ont habité ces corps et qu elles prient pour nous! Vous n'entrerez jamais dans ce lieu vénérable sans aller vous prosterner au pied de la croix, qu'y a arborée l'Eglise pour en faire le plus bel ornement et pour être comme l'arbre de vie au milieu du paradis terrestre. Vous ne manquerez pas, en visitant cette paroisse des morts érigée à l'extrémité des paroisses des vivants, d'aller vous age- nouiller sur les tombes chéries de vos parents et amis pour les arroser de vos larmes et vous livrer à toutes les sérieuses réflexions qu'inspire la pensée des fins dernières, qui, selon l'Esprit-Saint, est si salutaire qu'elle préserve du péché. Mais en portant tristement vos regards sur la tombe de ce frère, que la mort a enlevé de ce monde sans lui donner le temps de faire sa paix avec l'Eglise, qu'il avait si profondément afiligée par sa désobéissance, vous ne pourrez vous empêcher de déplorer son malheureux sort. Pénétrés d'une juste crainte, vous formerez la généreuse résolution de ne rien faire qui puisse vous attirer un si terrible châtiment. Vous vous proposerez de toujours vivre en bons enfants de l'Eglise, afin de mériter d'avoir toujours Dieu pour père. x\.h ! puissiez-vous, N. T. C. F., vivre et mourir dans le sein de cette sainte Eglise, catholique, apostolique, romaine, pour que vos corps reposent en paix dans la terre des vivants, où, en corps et âmes, nous nous trouverons réunis pour bénir l'in- finie miséricorde de notre Dieu, qui nous aura admis dans notre éternelle patrie. Tels sont, X. T. C. F., les vœux sincères et ardents que Nous ne cessons de former pour le bonheur temporel et éternel de chacun de vous, en implorant le secours de la Bienheureuse 200 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Vierge Marie dont le Saint Nom fait toute notre force. Car, c'est un nom puissant sous lequel il n'est pas permis de perdre courage. Maria, o nomen sub quo neniini desperandum est. (St. Aug.) Sera la présente Lettre Pastorale lue au prône de toutes les églises de cette ville et de la banlieue, dans lesquelles se célèbre l'Office public, le premier dimanche après sa réception. Donné à Montréal, sous notre seing et sceau, et le contre-seing de notre Secrétaire, le huitième jour du mois de septembre, mil huit-cent soixante-quinze. t IG^., ÉV. DE MONTEÉAL. Par Monseigneur, J. 0. Paré, Chan. Secrétaire. Salut à Marie, conçue sans péché, l'honneur de notre peuple — Réj ouissons-nous beau- coup) en ce jour que le Seigneur a fait. CIRCULAIRE CONCERNAXT LES CONFÉRENCES ECCLÉSIASTIQUES PRÉPARATOIRES AU SYNODE. Montréal, le 13 Septembre 1875. Monsieur, Vous avez déjà reçu ou vous recevrez ci-joint le projet de Sta- tuts Synodaux, avec la circulaire qui vous était adressée, le 25 Décembre dernier. Cette date vous dit assez qu'il y a eu du retard dans l'expédition de ces deux écrits. Ce retard est dû à l'encombrement de.s documents qu'il a fallu faire imprimer, pour pouvoir mettre sous vos yeux toutes les pièces que vous allez avoir à examiner. Voici maintenant ce que vous avez à faire, pour arriver au but que nous avons tous en vue, savoir, une parfaite uniformité de conduite dans l'exercice du saint ministère. le. En recevant le projet de Statuts Synodaux, chacun s'em- pressera de le lire avec une attention sérieuse, dans la pensée qu'il s'agit de faire régner, dans toutes les parties de ce diocèse, une parfaite harmonie entre tous ceux qui travaillent au salut des âmes. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 201 2o. Dans cet examen privé, il s'agit principalement de voir . Mat. XXYIII. 18 et 19. S. Jean XX. 21. Mat. XVIII. 17.) Mais en revendiquant ainsi les droits de l'Eglise catholique sur ses enfants, nous ne prétendons nullement envahir ou entraver les droits civils de nos frères séparés, avec lesquels nous serons toujours heureux de conserver les meilleurs rapports dans l'avenir, comme dans le passé. Les principes que nous exposons ne soûl pas nouveaux ; ils sont aussi anciens que l'Eglise elle-même. Si nous les rappelons aujourd'hui, c'est que certains catholiques paraissent les avoir mis en oubli. n. CONSTITUTION DE l'ÉGLISE. Le pouvoir de législater et de juger dans l'Eglise existe au suprême degré dans le Souverain Pontife, le successeur de saint 206 MANDEMENTS, LETTEES PASTORALES, Pierre, à qui Jésus-Christ a confié les clefs du royaume des cieux ■et ordonné de confirmer ses frères. Les Conciles généraux convoqués, présidés et confirmés par le Pape, ont ce même pouvoir. Les Èvêques ont été établis par le Saint-Esprit pour régir V Eglise de Dieu : Spiritus Sanctus posuit Episcopos regere Ecclesiam Dei (Act. XX. 28.) ; ils ont dans leurs diocèses res- pectifs pouvoir d'enseigner, de commander, déjuger; pouvoir néanmoins subordonné à celui du chef de l'Eglise, en qui seul réside la plénitude de la puissance apostolique et l'infaillibilité doctrinale. Prêtres et laïques doivent aux Evêques la docilité, le respect et l'obéissance. Chaque Prêtre à son tour, lorsqu'il a reçu de son Evêque la mission de prêcher et d'administrer les secours spirituels à un certain nombre de fidèles, a un drqjt rigoureux au respect, à l'amour et à l'obéissance de ceux dont les intérêts spirituels sont confiées à sa sollicitude pastorale. Tel est le plan divin de cette Eglise catholique que Jésus- Christ a revêtue de sa puissance ; telle est cette Hiérarchie Ecclé- siastique qui, dans son ensemble admirable, nous montre une société parfaitement organisée et capable d'atteindre sûrement sa fin, qui est le samt éternel de chacun de ses innombrables enfamtîî, -f?(; tonte trihv, de toute larj".'', de tout peuple et de toute nation : ex omni tribu, et linguâ et populo et nations (ApOG. V. 9.). III. LE LIBÉRALISME CATHOLIQCE. Le libéralisme catholique, dit Pie IX, est l'ennemi le plus acharné et le plus dangereux de la divine constitution de l'Eglise. Semblable au serpent qui se glissa dans le paradis terrestre pour tenter et faire déchoir la race humaine, il présente aux enfants d'Adam l'appât trompeur d'une certaine liberté, d'une certaine science du bien et du mal : liberté et science qui aboutissent à la mort. Il tente de se glisser imperceptiblement dans les lieux les plus saints ; il fascine les yeux les plus clairvoyants ; il empoi- sonne les cœurs les plus simples, pour peu que l'on chancelle dans la foi à lautorité du Souverain Pontife. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 207 Les partisans de cette erreur subtile concentrent toutes leurs forces pour briser les liens qui unissent les peuples aux Évêques et les Evêques au Vicaire de Jésus-Christ. Ils applaudissent à l'autorité civile chaque fois qu'elle envahit le sanctuaire ; ils cherchent par tous les moyens à induire les fidèles à tolérer, sinon à approuver, des lois iniques. Ennemis d'autant plus dangereux que souvent, sans même en avoir la conscience, ils favorisent les doctrines les plus perverses, que Pie IX a si bien caractérisées en les appelant une conciliation chimérique de la .vérité avec V erreur. Le libéral catholique se rassure parce qu'il a encore certains principes catholiques, certaines pratiques de piété, un certain fond de foi et d'attachement à l'Eglise, mais il ferme soigneusement les yeux sur l'abîme creusé dans son cœur par l'erreur qui le dévore en silence. 11 vante encore à tout venant ses convictions religieuses, et se fâche quand on l'avertit qu'il a des principes dan- gereux ; il est peut-être sincère dans son aveuglement, Diea seul le sait ! Mais, à côté de toutes ces belles apparences, il y a un grand fond d'orgueil qui lui laisse croire qu'il a plus de prudence et de sagesse que ceux à qui le Saint-Esprit donne mission et grâ<;e pour enseigner et gouverner le peuple fidèle ; on le verra censurer sans scrupule les actes et les documents de l'autorité religieuse la plus élevée. Sous prétexte d'enlever la cause des dissensions, et de conciliev avec l'Evangile les progrès de la société actuell:, il se met au service de César et de ceux qui inventent de prétendus droits en faveur d'une fausse liberté ; comme si les ténèbres pouvaient coexister avec la lumière, et comme si la vérité ne cessait pas d'être la vérité dès qu'on lui fait violence, en la détou^uant de sa véritable signification et en la dépouillant de cette immutabilité inhérente à sa nature ! En présence de cinq brefs apostoliques qui dénoncent le libéra- lisme catholique comme absolument incompatible avec la doc- trine de l'Église, quoiqu'il ne soit pas encore formellement condamné comme hérétique, il ne peut plus être permis en cons- •icience d'être un libéral catholique. 208 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, IV. LA POLITIQUE CATHOLIQUE. Un des plus puissants génies qui aient paru sur la terre. Saint Thomas d'Aqujn, a défini la loi en général : " Quœdam rationis " ordinatio ad bônum commune et ab eoquicuram communitatis " habet, promujgata. La loi est un règlement dicté par la " raison pour le bien commun, et promulgué par celui qui a le " soin de la société."' L'Eglise catholique reconnaît dans cette courte définition tous les traits d'une politique chrétienne. Le bien commun en est la fin unique et suprême. La raison doit être la source de la loi. La raison, c'est-à-dire, la conformité des moyens à employer, non-seulement avec la fin à atteindre, mais aussi avec la justice et la morale ; la raison, et non pas l'esprit de parti, ^non pas ITtitention de se maintenir au pouvoir, non pas la volonté de nuire au parti opposé. L'autorité qui impose la loi est ici admirablement définie. Le Saint-Esprit nous la représente souvent comme portant le glaive et pTête à frapper quiconque refuse de lui rendre honneur, crainte et tribut ; c'est ainsi qu'elle doit apparaître aux peuples. comme ministre des vengeances de Lieu contre ceux qui font le mal; Dei minister est, vindtx in iram ei qui malum agit (Rom. XIII, 4.). Mais, notre Saint Docteur, considérant l'auto- rité dans la personne qui en est revêtue, lui trace ses devoirs en même temps qu'il définit ses droits: " Avons, ô princes, ô légis- " lateurs, a été confié le soin de la société ; qui curam societatis '^hahet: ce n'est pas pour contenter votre ambition, votre soif " des honneurs et des richesses, que l'autorité vous a été donnée ; " c'est une charge, une obligation, un devoir cjui vous est " imposé."' Politique vraiment divine ! Oh ! qu'elle laisse bien loin derrière elle cette fausse et souverainement déraisonnable poli- tique, qui fait des plus graves intérêts d"un peuble comme un jouet d'enfant avec lequel^des partisans aveugles cherchent à s"amuser. à s'enrichir, à se supplanter mutuellement ! Loin de cous la pensée de méconnaître les avantages du régime con&titutionn'l considéré en lui-même, et, par conséquent, l'utilité CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 209 de ces distinctions de partis, ([ui se tiennent les uns les autres en échec pour signaler et arrêter les écarts du pouvoir. Ce que nous déplorons, ce que nous condamnons, c'est l'abus que l'on en fait ; c'est la prétention que la politique, réduite aux mesquines et ridi- cules proportions d'intérêts de parti, devienne la règle suprême de toute administration publique, que tout aoït pour le parti et rien pour le hien commun ; rien pour cette société dont on a le soin. Ce que nous condamnons encore, c'est que l'on se permette de dire et d'oser tout ce qui peut servir au triomphe d'un parti. Prêtez V oreille à mes paroles, dit le Saint-Esprit (Sagesse VI), vous qui gouvernez la multitude, considérez que vous avez reçu la puissance du Très-Haut, qui interrogera vos œuvres, scrutera même vos pensées ; parce qu'étant les ministres de son royaume, vous n'avez j)as gardé la loi de la justice, ni marché selon sa volonté. Aussi, viendra-t-il à vous d'une manière effroyable pour vous juger avec une extrême rigueur. Y. LE RÔLE DU CLERGÉ DANS LA POLITIQUE. Des hommes qui veulent vous tromper, Nos Très Chers Frères, vous répètent que la religion n'a rien à voir dans la politique; qu'il ne faut tenir aucun compte des principes religieux dans la discussion des affaires publiques j que le Clergé n'a de fonctions à remplir qu'à l'Eglise et à la sacristie, et que le peuple doit en politique pratiquer l'indépendance morale ! Erreurs monstrueuses, Nos Très Chers Frères, et malheur au pays où elles viendraient à prendre racine ! En excluant le Clergé, on exclut l'Eglise, et en mettant de côté l'Eglise, on se prive de tout ce qu'elle renferme de salutaire et d'immuable. Dieu, la morale, la justice, la vérité, et quand on a fait ainsi main basse sur tout le reste, on n'a plus à compter qu'avec la force ! Tout homme qui a son salut à cœur doit régler ses actes selon la loi divine, dont la religion est l'expression et la gardienne. Qui ne comprendra quelle justice et quelle rectitude régneraient partout, si les gouvernants et les peuples avaient toujours devant les yeux cette loi divine qui est l'équité même, et ce jugement formidable qu'ils auront à subir un jour devant celui au regard et 14^ 210 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, au bras de qui personne ne saurait échapper ? Les plus grands ennemis du peuple sont donc ceux qui veulent bannir la religion de la politique ; car, sous prétexte d'affranchir le peuple de ce qu'ils appellent la tyrannie du Prêtre, V influence indue du Prêtre, ils préparent à ce même peuple les chaînes les plus pesantes et les plus difficiles à secouer ; ils mettent la force au-dessus du droit et ôtent à la puissance civile le seul frein moral qui puisse l'empê- cher de dégénérer en despotisme et en tyrannie ! On veut reléguer le Prêtre dans la sacristie ! Pourquoi ? Est-ce parce qu'il a puisé dans ses études des notions saines et certaines si* les droits et les devoirs de chacun des fidèles confiés à ses soins ? Est-ce parce qu'il sacrifie ses res- sources, son temps, sa santé, sa vie même pour le bien de ses semblables ? N'est-il pas citoyen au même titre que les autres? Eh quoi ! le premier venu peut écrire, parler et agir ; on voit quelquefois affluer vers un comté ou une paroisse, des étrangers qui viennent pour y faire prévaloir leurs opinions politiques : seul le Prêtre ne pourra parler et écrire ! Il sera permis à quiconque le veut de venir dans mne paroisse débiter toutes sortes de principes, et le Prêtre, qui est au milieu de ses paroissiens comme un père au milieu de ses enfants, n'aura aucun droit de parler, aucun droit de protester contre les énormités qu'on leur apporte ! Tel qui aujourd'hui crie très fort que le Prêtre n'a rien à voir ■ dans la politique, trouvait naguère cette influence salutaire; tel qui nie aujourd'hui la compétence du Clergé dans ces questions, exaltait jadis la sûreté de principes que donne à un homme l'étude de la morale chrétienne ! D'où vient ce changement, sinon de ce que l'on sent agir contre soi cette influence que l'on a la conscience de ne plus mériter ! Sang doute, N. T. C. F., l'exercice de tous les droits de citoyen par un Prêtre n'est pas toujours opportun, il peut même avoir ses inconvénients et ses dangers ; mais il ne faut pas oublier que c'est à l'Eglise seule qu'il appartient de donner à ses ministres les ins- tructions qu'elle juge convenables, et à reprendre ceux qui s'en écartent, et les Évêques de cette Province n'ont pas manqué à leur devoir sur ce point. CIKCULArKES ET AUTRES DOCUMENTS. 211 Jusqu'ici nous avons considéré le Prêtre comme citoyen et par- lant politique en son propre et privé nom, comme tout autre membre de la société civile. Y a-t-il des questions où l'Evêque et le Prêtre puissent, et même quelquefois doivent intervenir au nom de la religion ? Nous répondons sans hésitation : Oui, il y a des questions politiques où le Clergé peut et même doit intervenir au nom de la religion. La règle de ce droit et de ce devoir se trouve dans la distinction même que nous avons signalée entre l'Eglise et l'Etat. Il y a en effet des questions politiques qui touchent aux inté- rêts spirituels des âmes, soit parce qu'elles ont rapport à la foi ou à la morale, soit parce qu'elles peuvent affecter la liberté, l'indé- pendance ou l'existence de l'Eglise, même sous le rapport tem- porel. Il peut se présenter un candidat dont le programme soit hostile à l'Eglise, ou dont les antécédents soient tels que sa candidature soit une menace pour ces mêmes intérêts. De même un parti politique peut être jugé dangereux, non- seulement par son programme et par ses antécédents, mais encore par les programmes et les antécédents particuliers de ses chefs, de ses principaux membres et de sa presse, si ce parti ne les désavoue point et ne se sépare point définitivement d'eux dans le cas où ils persistent dans leur erreur après en avoii été avertis. Dans ces cas, un catholique peut-il, sans renier sa foi, sans se montrer hostile à l'Eglise dont il est membre, un catholique peut- il, disons-nous, refuser à l'Eglise le droit de se défendre, ou plutôt de défend --e les intérêts spirituels des âmes qui lui sont confiées l Mais l'Église parle, agit et combat par son Clergé, et refuser ces droits au Clergé, c'est les refuser à l'Eglise. Alors le Prêtre et l'Evêque peuvent en toute justice et doivent en toute conscience élever la voix, signaler le danger, déclarer avec autorité que voter en tel sens est un péché, que faire tel acte expose aux censures de l'Eglise. Ils peuvent et doivent parler non-seulement aux électeurs et aux candidats, mais même aux autorités constituées, car, le devoir de tout homme qui veut sauver son âme est tracé par la loi divine : et l'Eglise, comme une bonne mère, doit à tous ses enfants, de quelque rang qu'ils soient, l'amour^ 212 MANDEMENTS, LETTRES PÀSTOEALES, et, par conséquent, la vigilance spirituelle. Ce n'est donc point, convertir la chaire en tribune politique que d'éclairer la conscience des fidèles sur toutes ces questions où le salut se trouve intéressé. Sans doute, N. T. C. F., de semblables questions ne se pré- sentent pas tous les jours ; mais le droit n'en est pas moins cer- tain. II est évident, par la nature même de la question, qu'à l'Eglise seule doit appartenir l'appréciation des circonstances où il faut ainsi élever la voix en faveur de la foi et de la morale chréti«nne. L'on objectera peut-être que le Prêtre est exposé comme tout homme à dépasser la limite qui lui est assignée et qu'alors c'est à l'Etat à le faire rentrer dans le devoir. A cela nous répondrons d'abord que c'est faire gratuitement injure à l'Eglise entière que de supposer qu'il n'y a pas dans sa hiérarchie un remède à l'injustice ou à l'erreur d'un de ses mi- nistres. En efifet, l'Eglise a ses tribuoaui régulièrement consti- tués, et si quelqu'un croit avoir droit de se plaindre d'un ministre de l'Eglise, ce n'est pas au tribunal civil qu'il doit le citer, mais bien au tribunal ecclésiastique, seul compétent à juger la doctrine et les actes du Prêtre. Voilà pourquoi Pie IX, dans sa bulle Apostolicœ Sedis, Octobre 18G9, déclare frappés d'une excommu- nication majeure ceux qui obligent directement ou indirectement les juges laïques à citer devant leur tribunal les personnes ecclé- siastiques, contre les dispositions du droit canonique. En second lieu, quand l'Etat envahira les droits de l'Eglise, foulera aux pieds ses privilèges les plus sacrés, comme cela arrive aujourd'hui en Italie, en Allemagne et en Suisse, ne serait-ce pas le comble de la dérision que de donner à ce même Etat le droit de bâillonner sa victime ? En troisième lieu, si l'on pose en principe qu'un pouvoir n'ex- iste pas parce qu'il peut arriver que quelqu'un en abuse, il faudra nier tous les pouvoirs civils, car tous ceux qui en sont revêtus sont faillibles. VI. LA PRESSE ET SES DEVOIRS, Dans notre siècle, la presse joue un rôle dont on ne peut se dissimuler l'importance pour le bien comme pour le mal. L'E- CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 213 glise ne saurait demeurer spectatrice indifférente de ces luttes journalières qui se font soit dans les livres, soit dans les journaux. Ces écrits que la presse éternise en quelque sorte et jette aux quatre vents du ciel, sont bien autrement féconds, pour Tédifica- tion ou le scandale, qu'une parole presqu'aussitôt oubliée qu'en- tendue par un petit nombre d'auditeurs. Honneur et gloire à ces écrivains catholiques qui se proposent avant tout de propager et de défendre la vérité ; qui approfondissent avec un soin scru- puleux les questions importantes qu'ils sont appelés à traiter ! Mais, que répondront au Souverain Juge les écrivains pour qui la politique telle qu'ils l'entendent, c'est-à-dire, l'intérêt de leur parti, est la règle suprême ; qui ne tiennent pas compte de l'Eglise ; qui voudraient faire de cette Epouse du Christ, la vile esclave de César ; qui négligent ou même méprisent les avis de ceux que Jésus-Christ a chargés d'enseigner les vérités de la religion ? Les devoirs de la presse, tels que tracés par notre dernier Con- cile de Québec, peuvent se résumer ainsi : lo Traiter toujours ses adversaires avec charité, modération et respect; car, le zèle pour la vérité ne saurait excuser aucun excès de langage; 2o Ju- ger ses adversaires avec impartialité et justice, comme on voudrait «tre jugé soi-même; 3o ne point se hâter de condamner avant d'avoir bien examiné toutes choses; 4o prendre en bonne part ce qui est ambigu ; 5o éviter les railleries, les sarcasmes, les suppo- sitions injurieuses à la réputation, les accusations mal fondées, l'imputation d'intentions que Dieu seul connaît. Ce que l'Eglise n'a point condamné, on peut bien le combattre, mais non pas le mal noter. Quand il s'agit des autorités Ecclésiastiques ou Civiles, le lan- gage doit toujours être convenable et respectueux. Il ne faut pas traduire devant le tribunal incompétent de l'opinion publique des établissements dont les Evêques sont les protecteurs et les juges naturels. Ajoutons que le Prêtre, et à plus forte raison, l'Evêque dans l'exercice de son ministère, n'est pasjusticiable de l'opinion publi- que, mais de ses seuls supérieurs hiérarchiques. Si quelqu'un croit avoir droit de se plaindre, il peut toujours le faire devant •ceux qui ont droit de lui rendre justice; du Prêtre on peut appeler 214 MANDEMENTS, LETTRES PASTOEALES, à l'Evêque, de celui-ci à TArchevêque et de l'Arclievêque am Souverain Pontife : mais il ne peut jamais être permis de répéter sur les journaux les mille et mille bruits que les excitations politiques font surgir comme les vagues d'une mer en furie. Il ne faut pas non plus oublier que si les lois particulières faites par un Evêque n'obligent pas en dehors de son diocèse, les principes qu'il expose dans ses lettres pastorales sont de tous les temps et de tous les lieux. Si quelqu'un, ecclésiastique ou laïque, se croit en droit de ne pas écouter la voix d'un Pasteur qui n'est pas le sien, il n'a pas le droit pour cela de le critiquer et de le- juger. VII. DU SERMENT. Le nom de Dieu est saint et terrible (Ps. CX. 9.) ; il ne doit être prononcé qu'avec le plus profond respect, et le Seigneur ne tiendra pas pour innocent celui qui aura pris en vain le nom du Seigneur son Dieu (Exode XX. *7). Il est encore écrit dans nos livres saints: Vous ferez serment en disant: Vive le Seigneur; mais que ce soit avec vérité, avec dis- crétion, avec justice (Jérémie IV. 2). Le serment est un acte de religion, et, par conséquent, il appar- tient avant tout à l'Eglise, qui seule a mission pour en définir et en exposer la nature et les conditions. Dans tout serment il y a deux parties distinctes, lo. Vaffirma- tion de quelque fait, ou de quelque volonté; 2o. V invocation de Dieu comme témoin de la vérité de ce fait ou de cette volonté. Cette affirmation prend le nom àe formxde quand les expressions en sont déterminées par autorité, mais, au fond, cette diversité de nom ne change rien à la nature même de cett€ partie du serment. Tout dépend de la conformité de cette affirmation ou formule, avec la vérité telle que connue par celui qui prête serment. Si l'affirmation ou la formule est vraie dans toutes ses parties, le serment est bon et vrai. Il y a parjure du moment que dans l'affirmation ou la formule il se trouve quelque chose de faux connu comme tel par celui qui prête le serment. Quand même dans votre affirmation ou formule il y aurait un millier de vérités, si vous y mêlez sciemment ua CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 215 seul mot qui ne soit pas vrai, ce seul mensonge suffit pour vous rendre coupable de parjure. De là il résulte deux conséquences pratiques fort importantes : lo. Avant de prêter serment, il faut bien examiner et compren- dre la formule qu'on est appelé à affirmer, de peur qu'il ne s'y trouve quelque chose de contraire à la vérité telle qu'on la con- nait ; s'il y a quelque chose que l'on ne comprenne pas bien, s'il y a quelque doute, il faut se la faire expliquer et refuser de prêter serment jusqu'à ce que la conscience soit bien formée à ce sujet : autrement, on s'expose à faire un parjure, et par consé- quent, on comment un péché grave; 2o. On ne doit jamais parler de la formule d'un serment comme d'une chose de peu d'impor- tance : et nous condamnons absolument la distinction que l'on voudrait faire entre les diverses formules pour en mépriser quel- ques-unes, ou pour leur donner un sens qui ne peuvent comporter les expressions qu'elles renferment. Des paroles claires par elles- mêmes ne souffrent point d'interprétation, comme la lumière n'a pas besoin d'une autre lumière pour être aperçue. Quand une formule dit clairement et formellement que telle chose existe, il n'y a pas d'interprétation possible pour lui faire dire que cette chose n'existe point. En entrant dans l'exercice de leur charge, les fonctionnaires publics sont tenus à prêter ce qu'on appelle un serment d'office. Ils promettent solennellement, en présence du Dieu Tout-Puis- sant, de remplir avec exactitude certains devoirs qui leur sont imposés. Ce n'est pas une vaine formule, une promesse vide de sens, mais une obligation des plus graves et qui dure aussi long- temps que l'on est en office. Ce doit être l'objet d'un examen de conscience spécial et sérieux quand on se prépare à s'approcher des sacrements. Si l'on doit respecter le serment en soi-même, on ne doit pas moins le respecter dans les autres. Xous saisissons cette occasion pour condamner comme une impiété et une espèce de scandale, la pratique de certains hommes de loi qui, pour les besoins de leur cause, ne craignent point de transquestionner les témoins jusqu'au point de les embrouiller et de les faire contredire et parjurer. Il ne suffit pas qu'une cause soit boone ; il faut que les moyens 216 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, employés pour la faire triompher soient conformes aux règles immuables de la vérité, de la justice et de la charité. YTir. DE LA SÉPULTURE ECCLÉSIASTIQUE. La séjniîtiire ecclésiastique n'a pas, sans doute, le même degré de sainteté que les sacrements, mais elle n'en appartient pas moins toute entière et uniquement au jugement de l'Eglise. Nous vou- lons parler de la sépulture ecclésiastique telle que définie et réglée par les lois canoniques, c'est-à-dire, non-seulement les prières et les rites religieux qui accompagnent les funérailles, mais aussi le lieu sanctifié et consacré spécialement par des prières et des béné- dictions, pour la sépulture de ceux qui meurent dans la paix de l'Eglise catholique. Nulle puissance temporelle ne peut prescrire à l'Eglise de venir prier sur la tombe d'un mort qu'elle a jugé indigne de ses prières; cest un attentat sacrilège que de violer par la force la sainteté de la terre consacrée par les prières et les bénédictions de l'Église. On dira peut-être que la privation des honneurs de la sépulture ecclésiastique emporte une dégradation et une infamie, et qu'ainsi considérée elle est du ressort de l'autorité civile chargée de pro- téger l'honneur des citoyens. Nous répondons que le déshonneur et l'infamie sont plutôt dans la révolte d'un enfant contre sa mère et que rien ne peut laver la tache d'une désobéissance grave qui persévère jusqu'à la mort. Tous les procès, tous les appels, toutes les sentences du monde, ne feront que donner un plus grand retentissement à la faute et rendre la dégradation et l'infamie plus notoires et plus déplora- bles aux yeux des vrais catholiques. Jésus-Christ, dit l'Apôtre S. Paul, a aimé son Eglise et s'est livré hii-même j^our elle (Eph. V. 25). A l'exemple de notre Divin Maître et Modèle, rien ne doit nous être plus cher en ce inonde que cette même Egli.se, dont nous sommes les membres sous un même chef qui est Jésus^Christ. Elle est notre mère pui.«qu'elle nous a engendrés à la vie de la grâce, nous devons l'aimer d'un amour filial, nous réjouir de ses triomphes, partager CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 217 ses tristesses et au besoin élever la voix pour la défendre. Quand donc nous voyons sa liberté et sa dignité méconnues, il ne peut être permis à ses enfants, et encore moins à ses Pasteurs, de garder un silence qui équivaudrait à une trahison. La Sainte Eglise Catholique, fidèle aux enseignements de .son Divin Maître, apprend à ses enfants à rendre à Céxar ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu (Matt. XXII. 21). Elle leur répète avec le grand Apôtre : Rendez à chacun ce qui lui est dâ; le tribut à qui le tribut ; l'impôt à qui V impôt ; la crainte à qui la crainte; Vhonneur à qui l'honneur (Rom. XIII. 7). Ce devoir de justice et de respect qu'elle ne cesse de proclamer, elle a plus que personne le droit d'attendre qu'on l'accomplira à sou ^gard et qu'on rendra à l'Eglise de Dieu ce qui est à l'Eglise de Dieu. Or, N. T. C. F., nous devons le dire avec douleur, une affaire tristement célèbre nous prouve que l'Eglise Citholique du Canada est menacée dans sa liberté et ses droits les plus précieux. Et ce •qui met le comble à nocre affliction c'est que l'Eglise peut dire comme le prophète ; J'ai nourri des enfants, je les ai comblés de hienfaits et ils m'ont méjjrisé : jilios enutrivi et exaltavi, ipsi autem sjyreverunt me (Isaïe I, 2) ! Les premiers auteurs de cet attentat ont été élevés sur les genoux d'une mère catholique, ils se sont assis dans leur enfance à la table sainte, ils ont reçu le caractère ineffaçable de la confirmation, et encore aujourd'hui, malgré leur révolte, ils se disent catholiques pour avoir le droit de faire oi»vrir par la force l'entrée d'un cimetière consacré par les prières de l'Eglise et destiné par elle à la sépulture de ses enfants fidèles. Pour déguiser cette usurpation criminelle on a invoqué les prétendues libertés gallicanes, comme si l'unité catholique fondée par Jésus-Christ sur l'autorité suprême de Pierre et de ses suc- cesseurs, n'était qu'un vain nom. Qu'est-ce en effet qu'une auto- rité contre laquelle il .serait permis au sujet de se pourvoir en invoquant ses libertés ! Quel prince, quelle républicain voudrait reconnaître un pareil principe invoqué par une province, malgré les déclarations cent fois répétées de la constitution et des tribu- naux suprêmes de l'état? 218 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Que ceux qui sont en dehors de l'Eglise, trouvent de pareils principes bons et admirables, nous ne pouvons nous en étonner ; car, ils ne croient pas à cette autorité qui fait le fondement de l'Eglise catholique. Mais, que des hommes qui osent encore se dire enfants de l'Eglise en méconnaissent jusqu'à ce point l'enseigne- ment et la hiérarchie, c'est une inconcevable erreur. Ceux qui ont commencé, soutenu, ou encouragé par leurs sous- criptions, cet inqualifiable attentat contre les droits les plus cer- tains de l'Eglise, nous les tenons pour coupables d'une révolte ouverte contre l'Eglise et d'une grave injustice dont ils ne peu- vent recevoir le pardon, s'ils ne s'efforcent de la réparer par tous les moyens en leur pouvoir. Nous invitons tous les véritables enfants de l'Eglise à deman- der au Cœur divin de Notre Seigneur d'avoir pitié de ceux qui se sont ainsi égarés des sentiers de la foi et de la justice, afin que, reconnaissant leur péché et le réparant, ils obtiennent misé- ricorde. CONCLUSION. Tels sont, N. T. C. F., les avis importants que nous croyons devoir vous donner dans les circonstances actuelles. Défiez- vous surtout de ce libéralisme qui veut se décorer du beau nom de cathoUqut, pour accomplir plus sûrement son œuvre criminelle. Vous le connaîtrez facilement à la peinture qu'en a faite souvent le Souverain Pontife: lo. Eftbrts pour asservir l'Eglise à l'Etat; 2o. tentatives incessantes pour briser les liens qui unissent les enfants de l'Eglise entre eux et avec le Clergé ; 3o. alliance monstrueuse de la vérité avec l'erreur, sous prétexte de concilier toutes choses et d'éviter des conflits ; 4o. enfin, illu- sion et quelquefois hypocrisie, qui, sous des dehors religieux et de belles protestations de soumission à l'Eglise, cache un orgueil san& mesure. Souvenez-vous que la véritable politique chrétienne n'a qu'un but qui est le lien public, qu'un seul moyen qui est la conformité parfaite des lois avec la vérité et la justice. Respectez le serment comme un acte religieux de grande im- portance : avant de le prêter, examinez bien si la formule est vraie en tous points au meilleur de votre connaissance ; accom- CIRCULAIKES ET AUTRES DOCUMENTS. 219 plissez scrupuleusement les devoirs de votre serment d'oflBce et gardez-vous d'induire votre prochain au parjure. Sera le présent mandement lu et publié au prône de toutes les églises et chapelles de paroisses et de missions où se fait l'office public, le premier dimanche après sa réception. Donné sous nos signatures, le sceau de l'Archidiocèse et le con- treseing du secrétaire de l'Archevêché, le vingt-deux Septembre mil huit-cent soixante-quinze. t E. A., ARCH. DE QUÉBEC. t IG., ÉY. DE MONTRÉAL. t L. F., ÉV. DES TROIS-RIVIÈRES. t JEAN, ÉV. DE ST. G. DE EIMOUSKI. t E. C.,ÉV. DE GRATIANOPOLIS. t ANTOINE, ÉV. DE SHERBROOKE. t JOS. THOMAS, ÉV. D'OTTAWA. L. Z. MOREAU, Ptre., Adm. de 8t. Hyacinthe. Par Messeigneurs, C. A. COLLET, PTRE. Secrétaire. CIECULAIEE DES ÉVÊQUES DE LA PROVINCE ECCLÉSIASTIQUE DE QUÉBEC AU CLERGÉ DE LA DITE PROVINCE. 22 Septembre 1875. Messiedrs, Après avoir adressé aux Fidèles qui Nous sont confiés, les instructions et les avis que nécessitent les circonstances où nous nous trouvons, Nous croyons de notre devoir de donner aussi au Clergé des règles de conduite qui puissent le diriger au milieu des difficultés de l'heure présente. Avant tout, Nous insisterons sur l'union qui doit régner entre tous les membres de l'ordre sacerdotal. Cette harmonie fera notre force dans l'avenir comme elle l'a faite par le passé. C'est à elle que le Clergé doit en grande partie la salutaire influence qu'il 220 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, «xerce sur le peuple. Unis tous ensemble de cœur et d'esprit de sentiments et de pensées, sous la direction de leurs chefs, les Prêtres forment comme un tout complet, homogène et indivisible, comme une phalange impénétrable et invincible : " ut castrorum Gcies ordinata" (Cant. VI. 9.). Dans la véritable Eglise seule peut ainsi exister, non seulement l'unité de foi, mais encore l'unité de discipline : " Observantia enim hœc indubia est tessera Jiliorum Eccïesiœ," nous dit l'immortel Pie IX. Cette belle union seule donne à l'Eglise la puissance de repousser la fureur, la ruse et l'audace de ses ennemis : " ipsa constittnt inexpugna- bilem vim illam unitatis. quœ sola retundere potest osorum illius/urorem, dolum, audaciam.'' Voilà aussi pourquoi l'Apôtre S. Paul nous dit : Quod si invicem mordefis et comeditis, vidtte ne ad invicem consnmamini (Gai. V. 15). Ah ! messieurs, les adversaires du Clergé et de la Religion l'ont bien compris partout, ici comme ailleurs; aussi ont-ils con- centré tous leurs efforts pour diviser les esprits, pour rompre l'unité, et affaiblir ainsi des forces, qui toutes de concert devraient être dirigées contre l'ennemi commun: '■•dissociant animos, unitateni discerpunt; viresque conjîinctim op>pone7idas adversariis infirmant.^^ Et le moyen le plus direct, le plus assuré, qu'ils adop- tent pour opérer cette [malheureuse, cette désastreuse division, dans les rangs du Clergé, c'est de briser d'abord les liens qui finissent les peuples aux Evêques, pour essayer ensuite de relâ- cher ceux qui unissent les Evêques au Vicaire de Jésus-Christ: ^^ omnes Eccïesiœ hostium machinatioyies eo spectant, ut... vin- cula frangant quœ populos Episcopis, Episcopos devinciunt Ohristi Vicario." Prenons garde, Messieurs, que quelques-uns de notre corps, sous -des prétextes plus ou moins spécieux, ne viennent à seconder les desseins perfides de nos habiles ennemis, en leur tendant une main amie : " amicam eis manum porrigerent,'' en se séparant de leurs confrères et de leurs supérieurs. Toute maison divisée contre elle-même ne subsistera point, nous dit le divin Maître : " omnis...domus divisa contra se non stabit" (S. Mathieu, XII. 25.). Qu'au contraire tous les membres de la sainte tribu dans chaque diocèse se serrent autour de leur Evêque ; qu'ils acceptent CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 22 1 6on commandement et marchent à sa suite. ^'Ohedite prcepositis vestris et suhjacete els" (Hébr. XIII. 17). A cette docilité filiale vous joindrez constamment le respect : ce sont deux devoirs inséparables. " Promittis mihi reveren- tiam et obedientiam f Promitto. " (Pontifical) Quelque soit l'âge, quelle que soit la science, quelle que soit la capacité d'un Prêtre, jamais il ne lui est permis de se substituer à ses supé- rieurs ecclésiastiques pour guider soit le Clergé, soit les fidèles d'ériger, pour ainsi dire, chaire contre chaire, de critiquer de censurer, de juger les actes ou les documents épiscopaux, et d'ac- coutumer ainsi le peuple à en faire peu de cas, à les soumettre lui-même à son jugement privé. Jamais les talents ni les connais- sances ne donnent droit de mépriser l'autorité légitime des premiers Pasteurs : l'orgueil seul peut inspirer ce sentiment de supériorité sur ceux qui ont reçu d'en haut la mission et la «•race pour gouverner l'Eglise de Dieu : " ivjlatosque superhiœ vento prudentiores se illo censere cui pecuîiare et j^cfeiine promissum fuit divinum auxilium." L'effet naturel de ces critiques est d'ébranler le salutaire pouvoir de l'Episcopat, et d'amener une déplorable anarchie ; ULi non est gubernator, popidus corruet^ (Prov. XI. 1-1.) Car, d'après St. Cyprien, il n'y a qu'un épis- copat, partagé entre difi"érents membres, dont chacun po-ssède solidairement une partie: " Episcopatus unus est, cujus a singu- lis in solidum pars tenetur " (De unitate Ecclesiœ). D'ailleurs, Messieurs, si nous traçons aux écrivains laïques les règles à observer dans les polémiques, les Prêtres pouri aient-ils s'en croire affranchis ? Si nous rappelons au peuple l'obligation qu'il a de se soumettre à l'enseignement de ses Pasteurs dans tien doit être agréable à Dieu la vie pure et sainte que mènent, dans leur monastère, ces anges de la terre, et combien sont méri- 228 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, toires pour elles et pour tous ceux qui, par leurs aumônes, les aident à persévérer dans ces célestes fonctions, les sacrifices qu'elles offrent jour et nuit à la divine majesté. Ali ! si l'aumô- ne faite au premier pauvre venu, serait-il le plus grand des pécheurs, est toujours très agréable aux yeux de Dieu, qui est si bon qu'il promet de récompenser un verre d'eau froide donné pour l'amour de Jésus-Christ, que ne devez-vous pas espérer de ce Dieu si bon pour les secours qu'il vous sera possible de porter à une Communauté si nombreuse et si fervente, pour l'aider à faire une œuvre si belle et si noble, la conversion des pauvres pécheurs ? Oh ! quelle puissante protection ne devez-vous pas en attendre pour vous, pour vos enfants, pour toutes les personnes qui vous intéressent le plus ? Vous vous en convaincrez en pensant que tous les jours vous participez aux prières, sacrifices et bonnes œuvres qui se font dans cette fervente Communauté. Car, l'on ne manque pas d'y prier continuellement pour les bienfaiteurs et les bienfaitrices. En outre, il y a chaque mois une communion générale pour toutes les personnes qui prendront part à cette collecte, en offrant en aumône à cette Communauté pauvre ce qu'elles peuvent donner, selon leurs moyens. Ce jour-là la sainte messe sera entendue, à cette intention, par toute la communauté, ainsi que le salut et la bénédiction du St. Sacrement. Ces sufi"rages seront, sans nul doute, estimés à leur juste valeur par chacun de vous, parce que vous savez tous que la prière du juste vaut beaucoup, et à plus forte raison sera-t-elle plus efficace, si beaucoup de justes sont réunis pour prier ? § II. Il s agit de porter secours à 34 Madeleines. Il convient de vous dire, avant tout, que ces Madeleines sont des filles infortunées qui ont eu le malheur de s'oublier, par faiblesse ou par la violence de la passion, dans de bien déplora- bles égarements. Mais, pénétrées d'une juste douleur à la vue des outrages qu'elles ont faits à la divine bonté, elles repassent toute leur vie, dans l'amertume de leur âme, et répandent des torrents de larmes, pour se purifier de toutes les souillures du péché. Elles châtient rudement leur corps, pour le réduire en CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 229 servitude, afin de ne plus s'exposer aux révoltes de la chair qui pourraient tôt ou tard les précipiter dans les feux de l'enfer. Ayant tout à craindre de leur faiblesse et de leurs mauvais penchants, elles ont généreusement renoncé au monde et à tous ses plaisirs trompeurs, et se sont volontairement cachées dans cette solitude, où elles se trouvent heureuses de manger le pain des larmes et de repasser toutes leurs années dans lamertume de leur âme. Elles poussent jour et nuit de profonds gémissements, pour déplorer le malheur qu'elles ont eu de perdre l'innocence de leur baptême. Tristes années, s' écrient-elles sans cesse, que celles que nous avons passées dans Véloignement de Dieu qui fait aujourd'hui toutes nos délices, et dans V oubli de notre salut qui fait mainte- nant notre un iqice occupation! Elles sont uniquement occupées du soin de réparer les scandales qu'elles ont donnés et qui sont peut-être la cause que beaucoup d'âmes ont été condamnées aux flammes éternelles. Afin de fixer leur inconstance, elles se sont engagées par un vœu à pratiquer les vertus héroïques de pauvreté, chasteté et obéissance, au prix des plus pénibles sacrifices. Pour les encou- rager à marcher constamment dans cette voie semée de ronces et d'épines, l'Eglise, en les admettant à la vie religieuse, leur a donné pour patronne et pour modèle Ste. Madeleine qui, après avoir été une grande pécheresse, est devenue, par la divine miséricorde, une célèbre pénitente et une parfaite amante de Jésus; et voilà pourquoi on les appelle Madeleines. Elle vit donc encore dans l'Eglise, cette grande sainte qui, après avoir été délivrée par le Sauveur, de sept démons, c'est-à- dire, de tous les vices, a mérité, par ses austères et longues péni- tences, d'arriver au comble de la perfection et d'être honorée par le bon Maître des dons les plus excellents, et des communications les plus admirables avec le ciel. Il suffit, pour en être convaincu, de lire le saint Evangile, qui nous représente partout Madeleine à la tête des saintes femmes qui suivaient le Sauveur, pour écouter ses divines leçons et pourvoir à tous ses besoins. Ah ! quel ravissant spectacle nous offre Ste. Madeleine, quand elle se pros- terne aux pieds de Jésus, pour les arroser de ses larmes et les baiser avec amour; lorsqu'elle reçut de la bouche du bon Maître 230 MANDEMENTS, LETTKES PASTORALES, l'absolution de tous ses péchés, par ces consolantes paroles : beau- coup de péchés hù ont été pardonnes parce quelle a beaucoup aimé; lorsqu'il lui fut permis, par une faveur insigne^ de répandre sur les pieds et sur la tête de cet incomparable Maître un parfum délicieux. Oh ! comme à ce spectacle, on se trouve vivement pénétré de- la bonté de Dieu pour les plus grands pécheurs ! Comme l'on comprend bien mieux cette consolante vérité, que Notre Seigneur est venu dans ce monde, non pour les justes qui n'ont pas besoin de pénitence, mais pour les pécheurs ! En bien, N. T. C. F., il est question aujourd'hui, en portant secours au Monastère du Bon Pasteur, de lui assurer les moyens de conserver ses Madeleines, et d'empêcher que ces vraies péni- tentes ne soient forcées de se disperser dans le monde, au risque de le scandaliser de nouveau, en retournant à leurs anciens désor- dres et de s'y perdre, hélas ! peut-être pour toujours. C'est ce que redoutent par-dessus tout ces filles vraiment péni- tentes, et qui maintenant ne craignent rien tant que le péehé. Car, ayant entendu dire que la Communauté ne pouvait plus les garder, parce qu'elle n'avait plus les moyens de les nourrir, ce ne fut plus parmi elles que soupirs et sanglots. Oh ! N. T. C. F.^ comme vous auriez été touchés d'entendre leurs gémissements, dans cette fâcheuse circonstance ! Comme vous vous seriez em- pressés d'essuyer leurs larmes en allant à leur secours. C'est précisément ce que vous allez faire, après que vous aurez entendu la lecture de cette lettre, qui vous fait part de leur juste douleur. Or, remarquez bien, N. T, C. F., qu'il y va de votre bien en faisant ce grand acte de charité. Car si, comme nous l'assure l'Apôtre St. Jacques, l'on sauve son âme, en convertissant un seul pécheur, que penser de ceux qui, par leurs aumônes au Monastère du Bon Pasteur, vont assurer la persévérance dans le bien de ces 34 sœurs Madeleines, et fournir à beaucoup d'autres pénitentes le moyen de se consacrer au même genre de vie. § III. Il s'agit enfin de porter secours à 207 autres 2^^'>'Sonnes, réfugiées au Bon Pasteur, comme dans un port sûr et tranquille,^ dans lequel elles n'ont plus à redouter les furieuses tempêtes qui s'agitent sur la mer orageuse de ce monde et qui sont la cause de CIRCULAIEES ET AUTRES DOCUMENTS. 231 tant de tristes naufrages. Car, N. T. C. F., qu'il est dangereux ce monde corrompu et séducteur ; et que d'âmes, après y avoir donné le spectacle des plus solides vertus, s'y sont malheureuse- ment perdues ! En faisant ainsi appel à votre charité, pour vous prier de venir, par vos aumônes, en aide au Bon Pasteur, Nous croyons consulter vos intérêts aussi bien que ceux de cette bonne Communauté. Car, comme Nous l'avons déjà dit, il s'y trouve 99 personnes con- sacrées à Dieu qui y mènent la vie des Anges, tout en y menant une vie de sacrifices ; 34 Sœurs Madeleines qui y font, comme leur sainte patrone, une pénitence exemplaire; 70 Pénitentes, qui y réparent, par leurs larmes, les misères et les faiblesses de leur vie passée ; 46 autres personnes du sexe, qui travaillent tout de bon à se corriger de leurs mauvaises habitudes, dans ce séjour d'innocence et de bonheur ; 55 jeunes personnes, exposées à se pervertir dans le monde, qui y apprennent, sous la direction de bonnes Religieuses, à gagner honnêtement leur vie dans le monde, quand elles y seront rentrées ; enfin 36 filles ou femmes que la police a dû condamner pour un temps à la prison, et qui, au sortir de ce lieu de réclusion, font usage de leur liberté, non pour retourner dans les infâmes maisons du vice et du libertinage, mais dans Thospice que leur a ouvert la religion, qui, animée de l'esprit de son divin fondateur, ne cherche que le salut des plus grandes pécheresses. C'est ce qu'elle prouve d'une manière éclatante, en faisant tant de précieux établissements, pour les retirer des désordres de la vie du monde et les cacher dans ces délicieuses solitudes dnns lesquelles l'on éprouve, par la puissance de la grâce, un véritable bonheur à se sacrifier pour Dieu, en s'abandonnant à toutes les saintes rigueurs de la pénitence. Ainsi, en portant secours au Monastère du Bon Pasteur, vous favorisez efficacement toutes ces saintes oeuvres ; vous encouragez 99 ferventes Religieuses à bien remplir les importants devoirs que leur impose leur saint état; vous assurez la persévérance de 241 filles qui vivent avec la plus grande édification ; vous ouvrez les portes delà miséricorde à beaucoup d'âmes pécheresses qui finiront par imiter leur exemple ; vous réjouissez ainsi le cœur du Bon Pasteur qui n'a rien tant à cœur que le salut de ces chères brebis; 232 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, VOUS consolez le cœur de la Mère des miséricordes, qui porte à ces filles égarées une afi'ection toute maternelle ; vous vous pré- parez à vous et à vos enfants des bénédictions abondantes ; vous faites des œuvres de miséricorde spirituelle et corporelle, sans craindre que Ton abuse de votre charité, parce que vous avez la certitude que vos aumônes passent par les mains des bonnes Heli- gieuses, qui n'ont pas de plus grand bonheur que de travailler à rendre heureuses leurs chères pénitentes, en leur faisant pra- tiquer les vertus qui peuvent seules faire ici-bas les délices de l'âme. En vous faisant cet appel, Nous n'oublions pas, N. T. C. F., que nous sommes dans un temps de crise, et sur le point d'entrer dans un hiver qui menace d'être rigoureux, et qui pourrait bien nous amener de grandes misères. Cependant, Nous vous le fai- sons avec une pleine confiance qu'il .sera entendu de vous tous. Car, Nous connaissons, par une heureuse expérience, que Nous nous adressons à des chrétiens pleins de foi, qui sont intimement convaincus que la charité n'a jamais appauvri personne, tandis que le luxe, la vanité, l'orgueil, l'ivrognerie ont ruiné des milliers de familles opulentes. A ce propos, Nous croyons devoir mettre sous vos yeux l'ex- emple suivant: Une certaine famille très-riche et des plus chrétiennes se trouvait déchue de son ancienne opulence, par suite de quelques folles dépenses qui la mettaient plus qu'à la gêue. On tint conseil pour aviser aux meilleurs moyens à prendre pour se préserver de la ruine dont on était menacé et pour rétablir ses affaires. Mais quel fut le moyen trouvé le plus expédient pour cela ? Ce fut dédoubler les aumônes que l'on était dans l'habitude de faire, et de diminuer les dépenses auxquelles on s'était laissé aller, pour vouloir trop se conformer aux modes et usages du monde. Dieu daigna bénir une résolution que l'esprit de foi avait ins- pirée à cette bonne famille. Car, bientôt on la vit reprendre son ancienne splendeur ; et l'on eut une nouvelle preuve que vraiment la charité n'a jamais appauvri personne. Concluez de là, N. T. C. F., que Nous travaillons à vos intérêts spirituels et temporels, eu vous invitant, avec toute l'ardeur dont CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 233 Nous sommes capable, à faire couler dans le sein du Bon Pasteur des fleuves de charité. Croyez le, en tendant une main secourable aux E'.'ligieuses de cette excellente Communauté, et aux pauvres âmes qu'elles ont mission de sauver, vous mériterez les bénédictions célestes, promises à tous ceux qui ont le zèle de la gloire de Dieu, et qui savent s'imposer de généreux sacrifices pour faire marcher, dans les sentiers de la justice, les âmes créées à l'image de Dieu et rachetées au prix du sang de Jésus-Christ. Espérez que tout TOUS sera rendu au centuple ici-b:is, en attendant la récompense éternelle qui est réservée à tous ceux qui servent Ditu et qui assistent ses membres souffrants, qui sont les pauvres. 0 Bon Pasteur, qui connaissez tous les besoins de vos brebis et qui y pourvoyez, avec un soin vraiment paternel, daignez bénir cette Lettre que îs'ous n'avons écrite que pour faire éclater de plus en plus votre divine charité, et celle de votre auguste Mère envers les pauvres pécheresses, afin que tous ceux à qui elle s'adresse soient excités par votre grâce à porter secours au chari- table établissement dont la misère est plus que suffisante pour attendrir tous les cœurs. O Jésus, bon Pasteur, vrai pain de vie, ayez pitié de nous ; nourrissez-nous dans vos gras pâturages ; protégez-nous contre la fureur des loups ; faites-nous voir les vrais biens dans la terre des Tivants. " Bone Pastor, panisvere, Jesu, nostri miserere ; tu nos pasce, ^' nos tuere ; tu nos bona fac videre in terra viventium." Sera la présente Lettre Pastorale lue au Prône, le Dimanche ■qui précédera la collecte, qui s'y trouve annoncée, et qui se fera dans l'Eglise d'abord, et ensuite à domicile, sous la direction et avec les recommandations de M. le Curé. Donné à Montréal, le vingt-trois de Septembre, mil huit-cent soixante-quinze, sous notre seing et sceau, et le contre-seing de notre Secrétaire. t !<>•> ÉY. DE MONTREAL. Par Monseigneur, Jos. OcT. Paré, Chan. Secrétaire. 234 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, LETTRE PASTOEALE CONCERNANT LA SÉPUL- TURE DE JOSEPH GUIBORD, MEMBRE LE L'INS- TITUT CANADIEN. IGNACE BOURGET, PAR LA GRÂCE DE DIEU ET DU SIÈGE APOS- TOLIQUE, ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, ETC. Au Chrgé Séculier et Régulier, aux Communautés Religieuses, et à tous' les Fidèles de notre Diocèse, Salut et Bénédiction en Notre Seigneur. Il s'est fait, N. T. C. F., et il se fait encore tant de bruit autour du corps d'un certain homme, dont nous aimerions à taire le nom, et il y a eu à ce sujet tant de faits mal rapportés et tant de prin- cipes mal représentés, que Nous croyons devoir élever la voix, pour vous donner des explications qui vous aideront à bien apprécier toutes choses, et à vous prémunir contre le danger de subir la loi des faux préjugés, qui sont toujours très à craindre en matière de religion. A cette fin, Nous allons vous dire quelque chose du cimetière catholique, dont on cherche à méconnaître la sainteté, de la jus- tice de la sentence portée par l'Eglise contre le défunt Joseph Guibord que l'on prétend pouvoir contester, et de la nature de la décision du Conseil Privé de la Reine, dont on cherche à se pré- valoir, pour mettre de côté l'autorité de l'Eglise. PREMIÈRE CONSIDÉRATION. De la sainteté du cimetière catholique. Comme le cimetière est la grande question du jour, et que l'oii affecte de ne pas le considérer plus qu'une terre commune et pure- ment profane, Nous nous voyons forcé de vous en faire voir la sainteté. Avant tout. Nous devoss vous faire observer, N. T. C. F., que tout ce qui est à l'usage de l'Eglise est saint, puisqu'elle a pour mission de faire honorer le Dieu trois fois saint, en lui formant sur la terre des saints qui seront des bienheureux dans le ciel. Pour cela, elle leur administre des sacrements qui sont saints; elle leur prêche une doctrine qui est sainte ; elle les réunit pendant CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS, 23.> leur vie dans des temples qui sont saints, et elle les fait reposer, après leur mort, dans des cimetières qui sont des lieux sainte. Or, pour opérer toutes ses œuvres de sainteté, il faut qu'elle-même soit sainte. C'est donc avec raison qu'on l'appelle la sainte Eglise ; aussi, est-ce là ce qui fait sa principale gloire. Cela étant, vous comprenez, N. T. C. F., que le cimetière doit être considéré et traité comme un lieu consacré, parce qu'il est bénit par l'Eglise, pour recevoir les corps des Fidèles qui meurent dans la communion des saints et la pais de l'Eglise. Car, c'est une vérité constante et en même temps bien consolante, que Dieu ratifie dans le ciel toutes les bénédictions que font sur la terre les Prêtres, qui sont ses représentants et les ministres de son Eglise. Quidquid in tuo nomine... ah eis agitur a te jîeri credatur (Eituel). Ce qui doit vous pénétrer vivement de cette vérité, c'est que cette bénédiction est accompagnée de cérémonies mystérieuses et pleines de grâces. Car, ce champ dont l'Eglise prend possession, pour en faire le champ des morts, est aspergé dans toute son éten- due dune eau sainte et sanctifiante. On y plante une croix, qui est spécialement bénite et encensée, pour devenir le signe du salut et l'arbre de vie. afin que les corps des Fidèles qu'elle doit couvrir de son ombre soient préservés des incursions du démon et que leurs âmes soient admises en la compagnie des Anges de paix. Sitque, dit le Prêtre, ad nostrœ humilitatis introitum, sunctorum tuorum meritis fuga dcemonum, Aiigeli j^cicis ingressus. De cett& croix sainte coulent par torrents des grâces précieuses, qui sont le fruit du sang divin qui fut versé sur le Calvaire et qui, en se répandant dans les cachots brûlants du purgatoire, éteignent les flammes qui purifient les âmes de toutes souillures. Car, ce divin Sauveur est le gardien de ces âmes saintes, qui lui doivent leur salut, quand elles ont mis en lui toute leur confiance. Custos animarum, et tuteîa salutis, Jides credentium (^Rituale). Il est donc vrai que l'Eglise, qui prend tant de soin de ses enfants pendant qu'ils font le voyage de la vie, leur témoigne,^ après leur mort, une tendresse vraiment maternelle, en consacrant tout spécialement un champ dans lequel leurs corps dormiront en paix, jusquà ce que leurs âmes viennent leur donner de nouveau. 236 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, la vie, au grand jour de la résurrection. C'est ce qui doit, N. T. C. F., être pour nous tous un vrai sujet de joie et d'espérance. Car, ne l'oublions pas, les prières que l'Eglise fait pour nous, en bénissant les cimetières où nous dormirons du sommeil de la mort, recevront leur parfait accomplissement. Elle demande, cette sainte Mère, que nos corps mortels qui, après le cours de la vie humaine, doivent se réduire en poussière, ressuscitent glorieusement, pour se réunir à nos âmes que la misé- ricorde divine aura béatifiées, afin de jouir ensemble du bonheur et du repos éternels. Ut humana corpora hic... qinescentia... mereantur adipisci vitœ perennis gaudia (Eit.). Elle fait instance, cette bonne et tendre Mère, pour obtenir qu'après avoir reposé, pendant des siècles, dans ces tombes silen- cieuses préparées à nos corps, nous ayons la consolation d'entendre le son de cette trompette qui réveillera tous les morts, dans cet état de justice et de sainteté qui nous mettra en possession de la gloire éternelle : tuham primi Archangeli expectantihus consola- tionem perpetuam largiter impertire (Rituel). Ces prières de l'Eglise ne sont pas, N. T. C. F., de vains sons qui se perdent dans les airs, comme les paroles des hommes qui ne sont que des cymbales retentissantes et un airain sonnant. Oh ! oui, vraiment elles pénètrent le ciel pour en faire descendre des grâces abondantes qui, comme le demande le Ministre de la religion, purifient, bénissent et sanctifient le lieu qui doit devenir comme la ville ou la paroisse des morts. Ut hoc cœmettrium piirgare et benedicere digneris. Maintenant, il importe beaucoup de remarquer que cette béné- diction du cimetière est de la plus haute antiquité, et que ce sont les Souverains Pontifes qui en ont institué les rites et les cérémo- nies, pour être de vrais mystères de la religion, des signes de piété chrétienne et des suffrages très salutaires pour le repos des âmes décédées dans l'amour de Dieu : vera religionis myste.ria, chris- tianceqne pietatis signa, et fiddium mortuorum salu^errima s uffrag ici (Rituel). On demeure vivement pénétré de cette vérité quand, en visitant la ville de Rome, on descend dans ses souterrains, appelés cata- combes, qui furent les cimetières des premiers chrétiens qui, par CIECULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 237 Diilliers, ont souffert la mort pour la foi. On y voit toutes les sages précautions que prenaient nos pères pour n'être pas inhumés pêle-mêle avec les infidèles, les hérétiques et les schismatiques. On est souverainement impressionné à la vue de ces lieux saints, de ces terres bénites, de ces champs sacrés qui servaient de temples à nos pères dnns la foi aussi bien que de tombeaux. Autour de , l'autel au pied duquel ils participaient aux Saints Mystères, sont rangées avec beaucoup d'ordre les tombes qui renfermaient leurs corps avec des vases du sang qu'ils avaient versé pour l'honneur de la religion. En parcourant ces antiques cimetières, qui pré- sentent l'aspect dune ville souterraine, traversée par une multi- tude d'allées qui sont comme des rues, et à la vue des monuments religieux que l'on y aperçoit ça et là, que de vifs sentiments pénètrent les âmes vraiment religieuses ! On sent vraiment que l'on marche dans une terre sainte ; et il semble que l'on entend ces paroles que le Seigneur adressait à Moïse, sur le Mont Sinaï : Ne appropks hic : solve calceamentum locus enim in quo stas terra sancta est. Ex. 3, 5. Et n'est-ce pas aussi ee que vous éprouvez, N. T. C. F., quand vous visitez nos cimetières, quand vous adorez cette croix qui doit un jour ombrager vos tombes, quand vous vous agenouillez sur ces fosses qui renferment les restes chéris d'un père, d'une mère, d'un frère, d'une sœur, d'un parent, d'uu ami, qui vous rappellent tant de souvenirs attendrissants ; quand vous fixez votre regard sur la place qui sera comme votre lit de repos ; quand vous pensez que bientôt vous dormirez dans c ' lieu avec tant de personnes chéries, dont le souvenir ne s'effacer.i jamnis de votre mémoire; quand, en vous livrant à de douces mais lugubres rêveries, vous considérez votre vie qui s'enfuit comme une ombre fugitive; quand, enfin, à la vue de la porte du cimetière qui ne se ferme que pour s'ouvrir bientôt, vous vous pénétrez vivement de cette terrible pensée que la mort n'épargne personne, parce qu'elle doit exercer son empire sur tous les malheureux enfants d'Adam. De là il vous est facile de conclure, N. T. C. F., que le cime- tière est saint ; qu'il est destiné à la sépulture des saints ; que tout y inspire le désir d'être saint ; et que c'est là où l'on prend 238 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, la généreuse résolution de renoncer à tout ce qui nous empêche- rait de devenir des saints. De là il est encore facile de conclure que l'on ne pourrait voir, sans regret, dans les cimetières, les corps de ceux qui, pendant leur vie, auraient scandalisé leurs frères et affligé la Religion, par leurs impiétés, leurs usures, leurs débauches, par leur négli- gence à fréquenter les saints offices et à recevoir les sacrements, • qui donnent la vie immortelle. SE-CONDE CONSIDÉRATION. Justice de la décision donnée par V Eglise contre le nommé Joseph Guihord. Comme on vient de le voir, le cimetière étant un lieu saint ne peut pas et ne doit pas servir à la sépulture de ceux qui ne sont pas saints, c'est-à-dire, de ceux qui ne sont pas catholiques, ne sont pas morts dans la paix de Dieu et de l'Eglise ; et qui, pour cette raison, ne peuvent être inhumés en terre sainte, ni avoir les hon- neurs de la sépulture ecclésiastique. Telle est la discipline de rÉglise, comme vous allez le voir. JElle se trouve marquée dans le Eituel Romain,, qui fait loi dans lEglise universelle. Or, voici, en toute lettre, ce qui y est pres- -crit : " Aucun Curé, " y est-il dit, '' ne doit ignorer quels sont ceux " qui de droit, ipso facto, doivent être privés de la sépulture " ecclésiastique, pour n'y jamais admettre personne contre les " décrets des saints canons. '• Ainsi donc^ la sépulture ecclésiastique est refusée auxpayens, " aux juifs, à tous les infidèles, aux hérétiques et à tous leurs fau- " teurs, aux apostats de la foi chrétienne, aux schisma tiques, aux "" excommuniés publics, qui ont encouru l'excommunication " majeure, à ceux qui sont nommément interdits et à ceux qui " se trouvent dans un lieu interdit, tout le temps que dure *' l'interdit. " A ceux qui se tuent eux-mêmes par désespoir, ou colère ^' (mais non à ceux qui le font par folie), à moins qu'ils ne don- ^' nent des signes de pénitence avant de mourir. " A ceux qui meurent en se battant en duel, quand même ils "" auraient donné des signes de pénitence avant de mourir. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 239 *' Aux pécheurs publics et notoires, qui meureut sans faire -' péaitence. " A ceux qui sont connus publiquement pour n'avoir pas fait '• leur confession annuelle ni leur communion pascale, quand ils ^' sont morts sans aucun signe de pénitence ; aux enfants qui " meurent sans baptême." Telles sont en général les règles à suivre pour le refus de la sépulture ecclésiastique. Comme il vous est facile de le remarquer, ^N". T. C. F., les crimes pour lesquels ce châtiment est infligé sont très-grands ; c'est parce qu'en effet cette punition est grave. Quoiqu'ils n'entrent pas tous dans le sujet qui Nous occupe ici. Nous avons cru devoir profiter de l'occasion, pour les signaler à votre sérieuse attention, afin que, connaissant mieux les causes qui pourraient produire tôt ou tard ce redoutable malheur, vous preniez les plus sages pré- cautions pour vous en préserver. Cette loi rigoureuse est générale, «omme vous le savez très-bien, N. T. C. F., et elle s'exécute envers les riches et les grands, comme envers les pauvres et les petits. Appliquant maintenant quelques-unes de ces règles au cas de l'infortuné Joseph Guibord, qui^ est le principal sujet de cette Isettre, Nsus vous déclarons officiellement, en notre qualité d'Evêque et de Juge, dans cette grande et sérieuse affaire, que la sépulture ecclésiastique a été refusée à cet infortuné pour plusieurs raisons très graves, jugées telles en conscience et devant Dieu : lo. Parce qu'il a refusé obstinément de se soumettre au juge- ment du St. Siège qui, par l'organe de la S. C. de l'Inquisition Crénérale, déclara, le 12 Juillet 1869, que les doctrines de l'Ins- titut Canadien, dont le dit Joseph Gruibord était membre, contenues dans un certain Annuaire (celui de 1868), dans lequel sojit enregistrés les actes du dit Institut, devaient être tout-à-fait reje- tées, et que ces doctrines enseignées par lemême Institut devaient elles-mêmes être réprouvées. les susdits Eminentissimes et Révérendissimes Pères remarquant de plus qu'il était fort à craindre que, par de telles mauvaises doctrines, V instruction et V éducation de la jeunesse chrétienne ne tombassent en péril, ils 240 MANDEMENTS, LETTEES PASTORALES, ont exprimé qu'il fallait louer votre zèle et la vigilance dont vous avez usé jusqu'à présent ; et ils ont ordonné que vntreGran- deur Elle-même devait être exhortée à s'entendre avec le Clergé de votre Diocèse, pour que les catholiques et surtout la jeunesse soient éloignés du dit Institut tant qu'il sera bien conmi que des doctrines pernicieuses y sont eiisdgnées. Ce jugement a été promulgué dans toutes les églises de ce Diocèse. 2o. Parce qu'ayant ainsi refusé de renoncer à l'Institut Cana- dien, quoiqu'il fût bien connu que des doctrines pernicieuses y étaient enseignées après comme avant sa condamnation, il a conti- nué à garder, prêter et faire circuler des livres défendues sous peine des censures ecclésiastiques, et en particulier un certain livre intitulé Annuaire de l'Institut Canadien pour 1868, etc., qui contient des doctrines pernicituses et réprouvées par le décret de la S. Cong. de l'Index du 12 Juillet 1SG9. Car, par ce seul fait, il avait encouru ipso facto l'excommunication majeure, qui lui interdisait entr'autres l'usage des sacrements et la sépulture ecclésiastique. Car, en conséquence de cette condamnation, "personne," ce sont les paroles du décret du 12 Juillet 1869, " quels que soient son rang et sa condition, ne peut ni publier " ni lire, ni garder le dit ouvra^-e condamné et proscrit eu quelque " lieu qu'il soit, ou en quelque langue qu'il ait été publié ; mais- " il doit les remettre entre les mains des Evêques ou Inquisiteurs " sous les peines portées par les règles de l'Index des livres " défendus." Or, il est à remarquer que ces peines sont en géné- ral encourues ipso facto, sans qu'il soit nécessaire de dénoncer les coupables. Aussi, quoiqu'ils ne puissent être admis aux sacre- ments et à la sépulture ecclésiastique, il n'est pas défendu de les fréquenter de leur vivant; et le cimetière ne se trouve pas profané, s'ils y sont enterrés, comme il le serait, si ces excommuniés étaient du nombre de ceux avec qui il n'est pas permis d'avoir aucun rapport. C'est à l'égard de ces derniers seulement qu'a lieu la règle qui oblige de faire les monitions et dénonciations personnelles. 3o. Parce qu'il est notoire qu'il n'avait fait ni la confession annuelle ni la communion pascale; et qu'il avait ainsi transgressé, en matière grave, la loi de l'Église qui l'obligeait à accomplir ce double devoir religieux, sous peine d'être privé de la sépulture ecclésiastique. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 241 Xegatur igitur ecdesiastica sepultura...pubKcis excommuni- catis majori excommunicatione. . .mani/estis et publicis pecmto- ribiis qui stne pcenitenfia jierierimt. . Ms de qu ihas publiée constat quod semel in anno non susceperint sacramenta confessionis et communionis in pascha, et absqut uUo signa contritionis ohierunt (Rituale). Telles sont, N T. C. F., les explications franches et cordiales que Nous nous sommes cru obligé de vous donner, pour que vous ne soyez pas induits en erreur, dads une question si grave et que l'on a cherché à compliquer et embarrasser par des commentaires erronés et des discussions interminables. Ainsi, quoiqu'on en dise, le nommé Joseph Guibord avait juste- ment encouru l'excommunication majeure par le fait seul qu'il gardait, conjointement avec les autres membres de l'Institut Canadien, des livres mis à l'Index. Il n'avait pas été à la vérité averti et dénoncé nommément parce qu'il ne se trouvait pas au rang de ces excommuniés qu'il aurait fallu fuir et éviter de son vivant, ne pouvant avoir avec lui aucun rapport dans le commerce de la vie. Mais, il n'est pas pas moins certain que cette excommunication majeure le privait de l'usage des sacrements pendant la vie et de la sépulture ecclé- siastique après sa mort. De même, il ne pouvait être enterré en terre sainte, parce qu'il avait refusé d'obéir à l'Eglise, qui avait défendu à tout catholique de se tenir uni à l'Institut Canadien, tant qu'on y enseignerait des doctrines pernicieuses, et avait en outre négligé de satisfaire au devoir de la confession annuelle et de la communion pascale. Une seule de ces raisons était suffisante, pour mériter à cet infortuné une peine si rigoureuse et un châtiment si flétrissant. A plus forte raison devait-il l'encourir, en multipliant les fautes qui devaient lui attirer ce terrible ana thème ?. TROISIÈME CONSIDÉRATION. Décision du Conseil Privé. Loin de Nous, N. T. C. F., la pensée d'en appeler à l'opinion publique de la décision du Conseil Privé de Sa Majesté en cette malheureuse affaire. Ce n'est, Nous le comprenons parfaitement, ni le temps ni le lieu. 16<= 242 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Notre intention à ce sujet se trouve clairement exprimée dans notre Lettre Pastorale du 8 Septembre dernier, publiée dans toutes les Églises de cette ville. Nous y déclarions formellement que notre volonté était que le corps du dit Joseph Guibord devait avoir son entrée libre dans le cimetière, sans qu'il fût permis à qui que ce soit de s'y opposer. Cette recommandation devait avoir pour effet de prévenir tout trouble et désordre ; et par ce moyen, la décision du dit Conseil Privé avait son plein effet. Nous n'avons pas voulu, dans cette occasion, Nous prévaloir de la rigueur dont usa l'autorité ecclésiastique, peu de temps après la conquête, en faisant déterrer et mettre hors du cimetière les corps de trois soldats que l'on y avait inhumés contre les règles de l'Église. " D'un autre côté," ajoutions-nous, " Nous nous étions occupé, " du moyen à prendre pour que l'honneur de la Sainte Eglise fût " respecté et que le lieu saint ne fût pas profané. Ce moyen '•'était de déclarer, en vertu de la puissance divine que Nous " exerçons au nom du Pasteur des Pasteurs, que le lieu où serait " déposé le corps de cet enfant rebelle à l'Église, se trouverait de *' fait séparé du reste du cimetière bénit, pour n'être plus qu'un " lieu profane." Ainsi, sans entrer en conflit avec l'autorité. Nous avons pu sauvegarder la liberté de l'Eglise, qui a droit de faire respecter jes lieux qu'elle a consacrés au cvilte divin. Or, comme la fosse du dit Guibord, quand même elle serait pla.ée au milieu du <îimetière, ne pourra profaner ce lieu saint, de même la décision du dit Conseil Privé sera de nul effet aux yeux de la population catholique, qui a des droits incontestables à jouir des immunités qui lui ont été garanties et qui ne sauraient lui être ravies. C'est ce que Nous allons, N. T. C. F., vous démontrer. A cette fin. Nous allons signaler à votre sérieuse attention quelques extraits d'une Lettre Pastorale, que l'Archevêque et les Evoques de cette province adressèrent, d'un commun accord, le 22 Septembre dernier, au Clergé séculier et régulier et à tous les fidèles confiés à leurs soins, pour leur exposer les vrais principes, admis de tout temps dans la sainte Église, et sur lesquels reposent les deux sociétés à qui la divins PiOvidence a confié la charge de gouver- ner le monde. CIRCULA.IRES ET AUTRES DOCUMENTS. 243 Vous verrez, par ce paragraphe, N. T. C. F., que vos Évêques •qui vous prêchent eu toute ocoasion l'obligation de rendre à <;!ésar ce qui est dû à César, savent aussi élever hardiment la voix, quand il est question de réclamer les justes droits et les libertés sacrées de l'Eglise, c'est-à-dire, quand il s'agit de rendre à Dieu ce qui appartient à Dieu. Vous donnerez donc à ce pas- sage, qui est plein de grandes vérités, l'attention religieuse qu'il mérite. " L'Eglise, " disent-ils, "a reçu mission d'enseigner à toutes les '' nations tous les commandements de Jésus-Christ... '' Pour remplir cette sublime et difficile mission, il fallait que ^' l'Eglise fiit constituée par son divin fondateur, sous forme de *' société parfaite en elle-même, distincte et indépendante de la '' société civile... '•' Non-seulement l'Eglise est indépendante de la société civile, •" mais elle lui est même supérieure par son origine, par son éten- *' due et par sa fin... " La société civile se trouve indirectement maid véritablement " subordonnée, car non-seulement elle doit s'abstenir de tout ce '•' qui peut mettre obstacle à la fin dernière et suprême de '' l'homme, mais encore elle doit aider l'Eglise dans sa mission *' divine, et au besoin la protéger et la défendre... *' Ces sociétés... sont indépendantes chacune dans sa sphère " propre... " Du moment qu'une question touche à la foi... à la constitu- " tion divine de l'Eglise, à son indépendance, ou à ce qui lui est " nécessaire pour remplir sa mission spirituelle, c'est à l'Eglise *' seule à juger, car à elle seule Jésus-Christ a dit: tmit pouvoir *' m'a été donné dans le ciel et sur la terre, etc.. " Le Prêtre et l'Evêque peuvent en toute justice et doivent en " toute conscience élever la voix, signaler le danger, déclarer avec '' autorité que... faire tel acte expose aux censures de l'Eglise. *^ Ils peuvent et doivent parler... même aux autorités constituées ; *' car, le devoir de tout homme qui veut sauver son âme est tracé '' par la loi divine, et l'Église, comme une bonne mère, doit à *' tous ses enfants, de quelque rang qu'ils soient^ l'amour et, par *' conséquent, la vigilance_spirituelle " . . . 244 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Tels sont, N. T. C. F., les principes invariables sur lesquels^ Nous nous appuyons, pour que vous ne soyez pas flottants à tout vent de doctrine, au milieu des épais brouillards qu'a pu causer l'orage qui agite si violemment le vaisseau qu'il Nous faut con- duire au port du salut. Ainsi, pénétrez-vous bien de la nécessité qu'il y a pour vous de vous attacher de plus en plus à la sainte Église, tout en demeurant fidèles à Notre Gracieuse Souveraine et à son gouvernement. Car, vous n'ignorez pas que les bons chrétiens sont les meilleurs sujets, et que plus on aime Dieu et sa religion et plus on obéit avec amour au gouvernement sous lequeli on se trouve placé par la divine Providence. Enfin, N. T. C. F., pour dernières conclusions, voici ce qu'il Nous est permis à tous de penser de la décision du Conseil Pri- vé de la Keine, non dans l'intention de la critiquer, mais dan» l'unique désir de rendre à Dieu ce qui appartient à Dieu. lo. L'excommunication majeure étant une peine spirituelle, infligée par l'Église, c'est à elle seule qu'il appartient de décider cpmment il faut l'interpréter et par qui et comment elle a pu être encourue. 80. Comme on l'a démontré plus haut, le défunt Joseph Grui- bord, ayant désobéi en matière grave à l'Eglise, en refusant de renoncer à l'Institut-Catiaelien, qui a enseigné et enseigne encore des doctrines pernicieuses, et garde dans sa bibliothèque des livres défendus, et étant mort sous le coup de l'excommunication qu'il avait encourue, son corps n'a pu être enterré en terre sainte ni recevoir les honneurs de la sépulture ecclésiastique. ' 3o. De plus la sépulture ecclésiastique a dû être refusée au dit défunt, parce qu'il était notoire que, n'ayant pas satisfait en temps prescrit au devoir de la confession annuelle et de la com- munion pascale, il était mort sans donner aucun signe de péni- tence. 4o. L'Église qui, dans les choses de sa compétence, est indé- pendante, ayant réservé un terrain exclusivement pour la sépul- ture de ses enfants, il est du devoir de ses Ministres de la refuser à ceux qu'ils jugent s'en être rendus indignes. 5o. L'Église étant une société reconnue par l'Etat, avec ses privilèges, droits et immunités, l'on ne pourrait en aucune ma- CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 245 nière l'en dépouiller en profanant un lieu qu'elle a sanctifié et bénit. 60. Les libertés gallicanes, dont on s'est prévalu pour cela, n'étant considérées, même en France, que comme de vraies ser- vitudes, qui ravissaient à l'Eglise ses libertés légitimes, on n'a pu les mettre en avant, pour s'autoriser, en Canada, à empiéter sur les droits de la sainte Eglise. 7o. A l'Eglise seule appartient de décider si les décrets du St. Concile de Trente sont ou ne sont pas en vigueur dans tel ou tel pays. 80. A elle aussi est réservé le droit de juger si les pécheurs, qui sont sous le poids des censures, ont fait les réparations requises pour mériter le pardon de leurs fautes et participer aux bienfaits de la Religion. Qu'il Nous soit permis, en terminant, de vous faire observer, N. T. C. F., que cette décision n'aurait pas été donnée, si les Nobles Lords, qui composent le Conseil Privé et qui ont avisé Sa Majesté, avaient pu s'assurer qu'il allait contrister étrange- ment les Evêques de ce pays, dont la loyauté ne s'est jamais démentie; qu'il allait blesser le sentiment religieux d'un peuple dévoué, qui a su allier en toute occasion la fidélité à son Souve- rain à son attachement à sa Religion, qu'il allait faire craindre aux catholiques de ce pays qu'on en voulait à leur liberté reli- gieuse; qu'il allait jeter dans cette province un brandon de dis- corde qu'il serait bien difficile d'éteindre; qu'il allait soulever entre les citoyens de races et de religions diflFérentes des antipa- thies et des haines qui pourraient avoir de bien fâcheux résultats. Oh ! que Dieu, N. T. C. F., nous préserve de ces malheurs ! et pour en obtenir la grâce, adressons-nous par de ferventes prières à la Vierge immaculée qui, dans sa Conception pure et sans tachcj a écrasé la tête du venimeux serpent qui, de sou souffle empoisonné, remplit le monde entier des plus damnables erreurs. Implorons le puissant secours de cette auguste Mère de Dieu, dont le cœur compatissant est toujours ouvert aux cris des plus pauvres et des plus malheureux. Sera la présente Lettre Pastorale lue au prône de toutes les JÉglises où se fait l'Office public, en un ou plusieurs dimanches 246 MANDEMENTS, LETTKES PASTORALES, après sa réception, avec les explications dont elle est susceptible^ dans les circonstances présentes. Donné à Montréal, sous notre seing et sceau, et le contre-seing de notre Secrétaire, en la solennité du St. Eosaire, troisième jour du mois d'Octobre, en l'année mil huit-cent soixante-quinze. t IG., ÉV. DE MONTEÉAL. Par Monseigneur, J. 0. Paré, Chan. Sec. CIECULAIRE AU CLERGE. Montréal, le 9 Octobre 1875. Cher Monsieur, En lisant la Lettre Pastorale ci-jointe, il vous sera facile de conclure qu'elle a été écrite pour protester aussi solennellement et prudemment que possible en faveur de la liberté religieuse, qui est garantie à tant de titres à ce pays, et qui cependant se trouve compromise étrangement par le Conseil Privé de la Reine, dans sa décision concernant la sépulture de Joseph Guibord. Les Lettres communes des Evêques du 22 Septembre dernier vous serviront de preuves qu'il y a des circonstances où, sans se révolter contre les autorités civiles, l'on se trouve dans If pénible nécessité de réclamer contre quelques-uns de leurs actes, quand il» sont contraires à la religion, parce qu'elle a ses droits imprescrip- tibles qu'il nous faut respecter avant tout. Vous ne manquerez pas d'insister sur la sainteté de nos cime- tières, afin que le respect que leur portent nos bons catholiques s'enracine de plus en plus dans leur cœur. Car, il est visible qu'ils demeureront attachés à leur foi d'autant plus qu'ils vénéreront davantage leurs Eglises, cimetières et autres lieux saints. Vous en profiterez pour inviter vos bons paroissiens à embellir leurs cimetières et à les fréquenter avec une dévotion toute nou- velle, en y faisant le Chemin de la Croix, pour arroser les tombes de leurs bons parents du sang du Sauveur, qui coula sur le Calvaire et qui de là coula dans les cachots brûlants du purgatoire où leurs âmes achèvent de se purifier. CIECULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 247 La Lettre Pastorale que vous avez à faire bien comprendre, devra produire son fruit, savoir, le maintien de nos libertés religieuses, si, comme je n'en doute pas, vous y mettez toute la prudence que requiert le cas exceptionnel que nous avons à résoudre. Mais, Dieu aidant, tout tournera au plus grand bien de l'Eglise, que nous avons seul en vue. Je profite de l'occasion, pour inviter vous et les bonnes âmes que dévore le zèle pour la propagation de la foi, à favoriser la Mission de Key-West (Floride) dont il est question dans la feuille ci-jointe. Je n'ai pas besoin de vous dire, car, vous le savez déjà, que ce sont nos Prêtres et Religieuses qui sont à l'œuvre, pour établir et enraciner la religion dans ce pays qui promet de plus en plus de devenir important. Je n'ai pas besoin de vous donner les raisons que nous avons d'encourager ce projet ; car, elles vous seront inspirées par votre foi, votre piété, votre zèle et votre nationalité. Qu'il me suffise de vous informer qu'il y a ici autant de ces petites feuilles que vous croirez pouvoir distribuer à ceux qui voudront s'affilier à cette pieuse fondation. Il ne s'agira que d'en faire la demande à l'Évêché. Veuillez me croire bien cordialement, Monsieur, Votre très-humble et dévoué serviteur, t IG., ÉV. DE MONTRÉAL. MISSION DE KEY-WEST— FAITS A NOTER,î PROPRES À ATTIRER L'ATTKNTION, ET A GAGNER LA SYMPATHIE DES PRÊTRES ET DES LAÏQUES EN FAVEUR DE L'IMPORTANTE MISSION DE KEY- WEST. 1. L'Église du Canada, représentée au nord, à l'est et à l'ouest des États-Unis, ne l'était pas encore à l'extrême sud, elle l'est maintenant par la mission de Key-West, Floride. C'est la seule mission canadienne proprement dite chez les Sudistes, tant blancs, 248 MANDEMENTS, LETTEES PASTORALES, que noirs, (Canadienne, par les Prêtres qui l'ont fondée, et les Religieuses du couvent, établi là depuis quelques années;. ' C'est par l'encouragement spécial, donné par Sa G-randeur Mgr. Bourget, et par une partie de son diocèse, que cette mission a été heureusement commencée. 2. Dans tout le vaste diocèse de St, Augustin, Floride, il n'y a pas une seule académie catholique, pour les garçons, excepté quelques petites écoles tenues par des laïques, ou des Religieuses, tandis que, de tout côté, l'on voit s'élever de belles maisons pour les Free-Schools. — Quelle belle charité donc que d'aider l'œuvre de l'instruction de la jeunesse, exposée là à tant de dangers. 3. Les missions du sud diffèrent grandement de celles des autres parties de l'Union. Au nord, par exemple, le Prêtre qui ouvre une mision, se trouve^ dès le premier appel, entouré d'une population déjà imbue des principes catholiques, et tous prêts, non seulement à écouter la voix du Pasteur, mais aussi à contribuer suivant leurs moyens à bâtir église, école, etc. Il en est bien autre- ment à l'extrême sud des Etats-Unis, surtout en Floride où les catholiques sont généralement noyés au milieu des protestants dont ils ont plus ou moins les principes et les habitudes. Le premier travail du Prêtre est donc de commencer comme à créer l'esprit de foi, puis l'esprit d'union avant d'entreprendre les œuvres lentes et difficiles des missions dans leur commencemjnt. Il y a aussi une différence en ce que les protestants, moins préjugés qu'au nord, visitent beaucoup plus les Eglises catholiques, et c'est un bonheur, car, des conversions au catholicisme s'opèrent conti- nuellement. A Key-West l'on remarquait qu'un jour de confir- mation, sur 60 confirmés, il y avait 30 convertis. Les convertis, règle générale, demeurent fidèles à leur foi et deviennent les piliers de l'Eglise. 4. Lors de la guerre civile on nous demandait nos sympathies pour les sudistes: c'est bien maintenant que leur cause est perdue qu'il faudrait les leur témoigner. C'est le temps de tendre la main à cette double population blanche et noire qui sent sur elle le poids de l'affliction et qui, par cela même, est d'autant plus préparée à recevoir la consolation de la religion. Il est à espérer que l'Eglise du Canada fera, propor- CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS, 249 tion gardée, autant que les autres nationalités pour mener à bonne fin cette œuvre nouvelle dans l'Eglise et dont s'occupe le St. Père d'une manière spéciale depuis l'abolition de l'esclavage. 5. Le bien que la mission de Kcy-West semble être appelée à produire, ne se borne pas simplement à la Floride ; mais comme Key-West, à raison de sa position géographique, est tout à la fois une station militaire, et le rendez-vous (Head quarters) d'une partie importante de la Marine Américaine, il s'en suit, qu'ayant dans cette localité, comparativement isolée, la religion décemment représentée, etc., etc., la chose devient très attractive pour les soldats, les marins et les officiers de ces deux corps importants de la nation. L'on visite le Prêtre, l'église et autres institutions catholiques. Sans compter le bien opéré parmi les catholiques, il faut noter la conversion au catholicisme d'un bon nombre d'étran- gers, parmi lesquels des officiers de haut rang. Ces conversions sont de nature à en préparer d'autres et à faire tomber bien des préjugés. Malgré la multiplicité des bonnes œuvres en voie dans le diocèse de Montréal (.sans doute l'une des grandes causes de sa croissante prospérité,) il est à espérer que les Prêtres et les laïques ne seront pas détournés de faire pour la mission patriotique de Key-West <][uelques sacrifices, selon leurs moyens, afin que cette mission puisse traverser heureusement ses difficultés et voir la religion progresser de concert avec sa population, laquelle s'est accrue de 3,000 à 10,000 dans l'espace de 8 années (augmentation de 7,000). Le tiers de la population est nègre. N. B. — Recommandation particulière de réciter la prière à St. Joseph qui se trouve sur la feuille à distribuer, afin d'établir comme une union de prières. On prie d'adresser les contributions au Rév. Messire Oct. Paré, de l'Evêché ; Monsieur Allard serait heureux de recevoir celles qui auraient été faites avant son départ, qui doit avoir lieu, la dernière semaine d'Octobre. 250 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALESy MISSION DE KEY-WËST, FLORIDE, MESSE DE FONDATION. Une grand'messe sera célébrée une fois par an, pendant 15 années, dans l'Eglise de Ste. Marie, Etoile de la Mer, à Key-West, Floride, en faveur de ceux qui feront à cette mission l'aumône de $20 ou $10. Les personnes, ou les familles, les collèges, les Communautés religieuses, les confréries qui offriront la somme de $20, auront le privilège d'être inscrits comme fondateurs de l'établissement des Frères, projeté pour la mission. Quant à l'aumône de $10, attendu que tous n'ont pas les mêmes moyens, et que le mérite de chacun est en proportion du sacrifice qu'il fait, plusieurs pourront s'unir pour former le mon- tant de l'offrande ; et tous les noms seront religieusement gardés dans les archives de l'église. Dans ces saints sacrifices de la Messe, l'on demandera à Dieu, par l'entremise de St. Joseph, pour les dits bienfaiteurs, le succès dans toutes leurs œuvres et différentes entreprises, puis la grâce d'une sainte mort. J. B. Allard, Ptre., Missionnaire en Floride. Nous, soussigné, permettons à Mr. J. B. Allard, Prêtre, de faire pour sa mission de Key-West, une collecte dans tout le dio- cèse ; et nous invitons tous les Prêtres et les fidèles à y contri- buer, selon leurs moyens. t IG., ÉV. DE MONTRÉAL. Montréal, 2 Sept, 1875. Nous, Pierre Dufau, Vicaire-Général de Mgr. Augustin Verot, Evêque de St. Augustin, Floride, actuellement en Europe, et en son absence chargé de l'administration de son Diocèse, approu- vons et autorisons le projet de la fondation d'une messe à célébrer dans l'Église de Key-West, Floride, aux conditions et intentions ci-dessus énoncées et nous recommandons cette œuvre au zèle des Prêtres et des laïques. P. Dufau, V. G. Jacksonville, Floride. 16 Sept. 1875. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 251 PRIÈRE À SAINT-JOSEPH. Souvenez-vous, ô très-chaste époux de la Vierge Marie, Saint Joseph, mon aimable protecteur, qu'on n'a jamais entendu dire que quelqu'un ait sollicité votre protection et imploré votre secours sans avoir été consolé. Plein de confiance en votre pou- voir, je viens me présenter devant vous et me recommander à vous avec ferveur. Ah ! ne méprisez pas mes prières, ô Père adoptif du Rédempteur, mais écoutez-les favorablement et dai- gnez les exaucer. Pater, Ave, Gloria. * St. Joseph a toujours été invoqué comme protecteur spécial pour les œuvres temporelles de la Mission de Key-West. DÉCRET DE MGR. L'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, ÉRI- GEANT, À LA LONGUE-POINT K, L'HOSPICE DR ST. JEAN DE DIEU. IGNACE BOURGET. PAR LA GRÂCE DE DIEU ET DU SIÈGE APOS- TOLIQUE, ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, ETC. A tous ceux que les présentes concernent, Salut et Bénédiction en Notre-Seigneu r. Nous nous sommes toujours fait, N. T. C. F., un devoir de vous mettre au courant de tout ce qu'opère la divine Providence, dans ce diocèse pour le bien de la religion et le soulagement des misères humaines. Dans cette vue, Nous nous sommes attaché, chaque fois que l'occasion s'en est présentée, à vous faire connaî- tre les œuvres qui y prenaient naissance, et à vous inviter à y contribuer, par tous les moyens en votre pouvoir. Notre intention, en signalant ainsi à votre charité, ces diverse* œuvres, était de leur obtenir vos généreuses sympathies, afin que vous puissiez participer par là aux mérites qui y sont attachés. C'est par ce moyen qu'ont pu s'établir et se répandre, tant dan» la ville que dans les campagnes, les institutions dont le but est de soulager les souffrances qui, hélas ! sont semées sur toute la route de la vie. 252 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, C'est encore ce que Nous allons faire aujourd'hui en vous par- lant de la maison des aliénés qui vient de s'élever, sous vos yeux, comme par enchantement, et dont Nous croyons devoir vous entretenir, en vous disant en toute simplicité et confiance, lo. pourquoi elle a été bâtie ; 2o. pourquoi elle doit être bénite ; et 3o. pourquoi elle va être érigée en hospice de charité, dédié à St. Jean de Dieu. Nous croyons devoir vous déclarer avant tout qu'en permettant aux Sœurs de la Providence de prendre des arrangements avec le gouvernement, pour se charger du soin des aliénés. Nous avons été pénétré de cette pensée, qu'il fallait donner à ces êtres infor- tunés des mères pour les traiter avec une bonté vraiment mater- nelle. Car, hélas ! arrachés comme ils le sont, par des circonstances impérieuses, du sein de leurs familles, ils ne peuvent plus jouir des douceurs de la tendresse de leurs mères naturelles. Il devient donc nécessaire de leur donner les mères que la religion a préparées pour remplacer celles que leur a données la nature, § 1. Pourquoi a été bâtie une nouvelle maison d'aliénés. C'est parce que l'Asile des aliénés, érigé à Beauport, était devenu insuffisant au grand nombre d'infortunés que l'on était forcé d'y envoyer ; c'est là, on n'en saurait douter, la principale raison. Car, cet asile s'est acquis une réputation bien méritée par l'habileté des médecins qui y donnent leurs soins, par la cha- rité avec laquelle il est administré, par les fréquentes guérisons qui y ont été obtenues et par tous les soins qui y sont prodigués aux patients. Cette raison a été d'ailleurs vivement sentie par le gouverne- ment, qui, voyant le trop plein de l'Asile de Beauport, a cru devoir favoriser celui qui, sous ces auspices, a été ouvert, dans une des vieilles casernes militaires, dans la paroisse de St. Jean Dorchester. Là encore a été exercé, pendant plusieurs années, avec toute la sollicitude possible, le zèle pour les personnes déran- gées dans leur esprit et dont le sort est si digne de compassion. Cette nouvelle fondation s'est faite aussi pour répondre aux ardents désirs de beaucoup de bonnes familles qui, souffrant avec une peine extrême l'éloignement des personnes infortunées dont il leur fallait se séparer, se plaignaient de ne pouvoir que très-diffi- CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 253 cilement les visiter, les encourager, les consoler dans leur malheur ou même d'être réduites à ne pouvoir que rarement en avoir des^ nouvelles satisfaisantes pour leur tendresse. C'est ce qu'ont parfaitement compris les Sœurs de la Providence, à. qui le public est redevable de ce prdcieux établissement. Car, dépositaires des amèreB douleurs de ces respectables familles au sein desquelles leur charité leur donnait une entrée libre et un accès facile, elles avaient été souvent témoins du spectacle déchi- rant qui s'y rencontrait sous leurs yeux, chaque fois qu'il fallait se séparer d'un bon père, d'une mère chérie, d'un enfant bien- aimé, qu'on était forcé d'arracher à leur tendresse, pour les confier au loin à des soins étrangers. Il y avait à ces cruelles séparations, beaucoup de soupirs et de gémissements ; et la seule pensée que l'on ne se verrait plus ou que du moins que l'on ne se verrait que rarement et difficilement, arrachait bien des larmes et causait bien des regrets. Ah ! si du moins, s'écriaient ces tendres mères et ces parents compatissants? en qui règne encore l'amour de la famille, l'on pouvait avoir de fréquents rapports avec ces êtres infortunés, objets d'un intérêt d'ïmtant plus attendrissant, qu'ils étaient plus incapables de se protéger, l'on se consolerait un peu de voir une si oruelle sépara- tion. Ça été en grande partie pour consoler ces respectables familles que les dites Sœurs de la Providence ont cru devoir se mettre généreusement à contribution en acceptant la proposition du gou- vernement, et en s'engageant à ériger cette nouvelle maison, dans un magnifique local, situé à la porte de notre ville et au «entre des communications, afin que tout le monde puisse y avoir un accès facile. D'ailleurs, ces Sœurs, ainsi que leur charitable fondatrice, la respectable Mère Gamelin, s'étaient dès le principe senties pous- sées d'un ardent désir de se vouer aux soins des aliénés. Elles s'étaient dans tous les temps ménagé, dans les différentes asiles, tant en ville qu'à la campagne, des moyens de faire en petit une œuvre si chère à leur cœur. Rien donc de surprenant si elles se sont prêtées de si bonne grâce aux propositions du gouvernement, en se chargeant de faire 254 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, un asile des aliénés qui ferait honneur à la religion et au pays. Pour se convaincre de leur bonne volonté, il suffit de jeter un regard sur ce grand édifice qui mesure 570 pieds et de le parcou- rir rapidement pour y admirer la solidité^ l'élégance et les com- modités qui s'y trouvent réunies. Ce qui prouve encore leur bonne volonté, en entreprenant cette vaste maison, qui pourrait passer pour un magnifique palais, c'est le désintéressement avec lequel elles ont accepté les conditions qui leur ont été faites. Car, elles se sont engagées à loger, vêtir, nourrir, cbaufier, éclairer autant d'aliénés que leur confiera le gouverne- ment (300 et plus) pour le prix de cent dollars chacun, par année. Et cependant la bâtisse seule coûtera, quand elle sera achevée, 175,000 dollars. Or, pour se procurer cette somme énorme il a fallu faire des emprunts considérables à des intérêts plus ou moins élevés. Aussi, les a-t-on accusées parfois d'imprudence et de témérité. Mais elles ont passé par-dessus toutes ces considérations, dans leur ardent et sincère désir de faire un établissement qui pourrait satisfaire leur tendre compassios pour les aliénés et leur zèle pour la gloire de notre religion et l'honneur de notre gouvernement. Elles ont compté sur la divine Providence, qui s'est toujours plue à leur faire éprouver sa puissante protection. Elles ont dû aussi compter sur la générosité du gouvernement ^jui, à la vue d'un établissement aussi splendide fait pour lui en son nom, ne pourra qu'en être flatté, et en retour ne manquera pas de leur venir en aide, afin de les indemniser des généreux sacrifices qu'il leur a fallu faire, pour répondre à ses vues bien- Teillantes. , Elles ont dû enfin compter sur tant de riches et respectables familles si vivement intéressées à la prospérité d'un établissement qui va leur offrir tant et de si précieux avantages en faveur des personnes qui les touche de si près. Car, à la vus des sacrifices que vont s'imposer des Vierges faibles et délicates, pour porter secours à leurs proches, parents, amis et concitoyens, ils apprécie- ront sans doute toute la grandeur de leurs saôrifices, qui seront d'autant mieux sentis qu'ils s'appliqueront à des personnes qui leur sont plus chères. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 255 Mais, quels moyens auraient à prendre le gouvernement et les citoyens pour reconnaître l'immense service rendu au pays par ces Sœurs, qui n'ont pour faire leurs œuvres que leur entier et et généreux dévouement? On nous permettra, sans doute, d'exprimer en toute liberté et sans prétention aucune la pensée qui Nous préoccupe. Ce ne sont pas des dons ou des souscriptions que Nous récla- merons pour elles, mais des prêts gratuits pour un certain nombre d'années. Car, chacun comprend qu'en déchargeant cette nouvelle Institution de l'obligation de payer les intérêts dûs pour l'énorme somme empruntée pour les frais de bâtisse, le capital sera en peu d'années remboursé. Dans ce cas, la Communauté qui vient d'accomplir une si belle œuvre serait alors en état d'augmenter les édifices, dont on commence déjà à sentir l'insuffisance. Puisse cette simple suggestion arriver au cœur de nos honora- bles Ministres et Législateurs, qui sont si heureusement épris de zèle pour le bien public ; et qui ont montré en particulier une si bonne volonté pour l'œuvre si chrétienne et si apostolique des aliénés ! Puisse-t-elle en même temps être chaleureusement acceptée par ceux de nos respectables citoyens qui, pouvant disposer librement des riches capitaux dont les a comblés la divine Providence, feraient, dans cette circonstance importante, un bien incalculable dont la religion, la patrie, l'humanité souffrante leur seraient éternellement reconnaissantes ? C'est ce que d'ailleurs nous allons, N. T. C. F., demander tous ensemble au Père céleste de qui vient tout don parfait, en le suppliant humblement avec l'Eglise de daigner verser en abon- dance sur ce nouvel établissement la rosée du ciel et la graisse de Ja terre ; Tribue eis, Domine, de rore cœli alundantiam et de jpinguedine terrœ vitœ substantiam (Rituale Romanum). § II. Pourquoi cette maison d'aliénés doit être bénite. C'est la pratique invariable de l'Eglise, comme vous le savez tous, N. T. C. F., de bénir tout ce qui est à son usage et à celui de ses enfants ; parce que le péché, entrant dans le monde, ayant répandu sa funeste contagion sur toutes les créatures dont nous sommes obligés de nous servir pour les besoins de la vie, leur contact nous serait nuisible. 256 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Aussi, voyez-vous tous les bons chrétiens recourir à cette bonne- Mère pour la prier de bénir les maisons qu'ils font construire, pour y demeurer pendant le pèlerinage de leur vie mortelle, en attendant qu'ils aient mérité, par leurs travaux et leur vie sainte, d'entrer dans la bienheureuse éternité pour y jouir du repos et du bonheur promis à la vraie vertu. Rien de plus touchant que les prières que fait l'Eglise en bénis- sant les maisons terrestes que doivent occuper ses enfants dans ce lieu d'exil, en attendant le bonheur de la céleste patrie. " Bénissez. "' dit-elle, avec tout l'accent de sa ferveur, " bénissez, " Seigneur, Dieu tout>puissant, ce lieu, afin que la santé, la chas- " teté, la victoire, [sur toutes les passions] la vertu, l'humilité, " la bonté, la mansuétude, le parfait accomplissement de la loi '' et l'action de grâces à Dieu le Père, le Fils et le St. Esprit, y " soient en pleine vigueur et que cette bénédiction s'attache pour " toujours à ce lieu et à tous ceux qui l'habitent, maintenant et " dans tous les siècles." ieinsi, que de riches trésors de grâces coulent du cœur de Dieu daB8 le seia des familles chrétiennes par les prièses de TEgliae. Car, il ne faut pas en douter, ces prières étant celles de l'Eglise qui sont toujours agréables à Dieu, ne souffsent pas de refus, à moins que l'on n'y mette obstacle par sa faute, puisque tout ce qu'elle fait, c'est au nom du Dieu tout-puissant. Quid quid in tuo- nomine... ah eis, [sacerdotibus] agitur a le fieri credatur. [Rit. Rom.] Mais si les simples laïques sentent le besoin de faire descendre les byiMédictions célestes sur leurs maisons et leurs familles parti- culières qui doivent y demeurer, peut-on douter que les Commu- nautés ne témoignent plus d'empressement à faire bénir, sancti- fier et consacrer les hospices dédiés spécialement à la charité et à la piété, pour y vivre dans la paix et l'innocence avec les membres souffrants de J. C. qui sont leurs trésors ? Voilà en peu de mots ce qui vous explique pourquoi la maisou des aliénés, que viennent de bâtir de bonnes Sœurs de la Charité^ doit être bénite avec une solennité spéciale. Car, évidemment ce doit être une maison sainte par les solides vertus qui doivent s'y pratiquer, par les pénibles sacrifices qui doivent s'y faire, par la CIBCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 257 -vigilance maternelle qui doit s'y exercer, par les œuvres de misé- ricorde spirituelle et corporelle qui doivent y briller, enfin par l'esprit d'abnégation, de dévouement et de renoncement qui doit s'y perpétuer à toute heure du jour et de la nuit et à l'égard de toutes sortes de personnes. En présence de tous ces actes, qui font frémir la pauvre na- ture, et qui doivent se succéder sans interruption, pour faire de toutes les personnes vouées au soin des infortunés idiots, aliénés et furieux, autant de victimes immolées au Dieu du Calvaire et à la Mère des douleurs, peut-on douter qu'il ne faille de grandes grâces pour se maintenir constamment dans la pratique de tant de devoirs rigoureux? Il ne faut donc pas s'étonner si l'Église qui est une si bonne Mère et qui connaît si bien la faiblesse de ses enfants, fait en cela violence au ciel, par ses prières accom- pagnées des plus touchantes cérémonies. L'on invoque à genoux l'Esprit Saint, l'Auteur de tous les dons célestes, pour le supplier humblement de prendre possession de la nouvelle maison, pour la gouverner, la défendre et la pro- téger. On bénit le terrain sur lequel est bâtie la maison des aliénés pour que les esprits de malice n'osent pas approcher, pour lui nuire par leurs dangereuses incursions. La maison elle-même est ensuite bénite par une prière spéciale afin que Dieu, qui est trois fois saint, y habite toujours avec ses anges et ses saints. Il se fait une procession solennelle au chant harmonieux d'hymnes et de cantiques sacrés pendant laquelle le Pontife du Seigneur, qui préside à cette touchante cérémonie, asperge d'eau sainte toutes les parties de la maison du haut en bas, afin que les démons en soient chassés et ne puissent nuire par leurs secrets artifices à aucun de ceux qui vivent dans cette maison sanctifiée par tant de grâces. Mais, pendant que ces rites sacrés s'accomplissent, le ciel, on n'en saurait douter, est attentif, les anges et les saints en des- cendent en foule, le Seigneur fait sentir sa présence, par l'onction de sa grâce, les assistants se sentent touchés et émus de ce reli- gieux spectacle, les esprits sont éclairés d'une lumière céleste, 17c 258 MANDEMENTS, LETTRES PASTOEALES, les cœurs sont embrasés d'une ardeur nouvelle. Enfin, tout indique que Dieu se rend propice et favorable et qu'il veut prendre le nouvel établissement sous sa puissante protection. Ah ! il est si bon pour ceux qui laiment et qui sacrifient tout pour lui plaire. Or, parmi les diflPérent^s prières qui se font pendant cette belle cérémonie, il en est une qui doit spécialement fixer votre attention. Entr'autres grâces, l'Eglise demande que les anges, qui sont des esprits de lumière, viennent établir leur demeure dans l'enceinte des murs de cette maison, pour garder, défendre et protéger la maison elle-même et ceux qui l'habitent : Intra parietes domus istius Angeli tuœ lucù inhabitent eamque et ejus hahitatores custodiant. (Rit. Bom.). Nous devons vous faire observer là-dessus que si la pensée que les anges sont avec nous en tous lieux, nous inspire une vive confiance, elle doit surtout nous --emplir de force, de douceur et de consolation, lorsqu'il y a des dangers à courir, des sacrifices à faire, des douleurs à endurer. Car. tout naturellement on se recommande au bon ange comme fit le jeune Tobie quand il se vit sur le point d'être dévoré par un poisson monstrueux qui s'élançait sur lui. Maintenant, pour peu que Ton fasse attention à ce qui se pa^se dans une maison où se trouvent réunis des centaines d'aliéaée, il est facile de se faire une idée des colères et des fureurs, des cris et des vacarmes, des emportements et des bizarreries qui rendent la vie ennuyeuse et exposent à de mauvais traitements et à quelque chose de pire. Il est donc urgent qu'un tel établissement soit confié à la garde des bons anges qui veillent jour et nuit sur lui et sur tous ceux qui y demeurent. Comme cette pensée est propre à tranquilliser ceux et celles qui en sont comme les anges visibles ! Car. avec la vigilance la plus active et malgré tous les soins les plus' multipliés et les plus assidus, que de malheurs peuvent arriver ! Oh ! que Dieu est bon de nous accorder de si puissants et de si bon? protecteurs. CIRCrLAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 259 § III. Pourquoi cette maison d'aliénés est érigée en un hospice dédié à St. Jean de Dieu. La nouvelle maison d'aliénés est bénite, comme Nous venons de le faire voir, pour qu'elle soit sous la protection des bienheu- reux de la cour céleste, une maison sainte, par les solides vertus qui doivent s'y pratiquer. 3Iais. ce n'est pas tout, il faut qu'elle soit une maison bénite pour être un vrai hospice dédié à St. Jean de Dieu, afin de pou- voir remplir sa mission selon l'esprit de ce grand saint et avec une grâce d'état qui fasse espérer qu'elle produira les mêmes fruits de sanctification pour les âmes et de guérison pour les corps. Tel doit être le vrai cachet auquel on reconnaîtra cette maison de charité chrétienne et de patriotisme canadien. La raison pour laquelle cette maison de santé est mise, par l'Eglise, sous la protection de St. Jean de Dieu est que cet admi- rable saint a été, par un trait tout particulier de la divine Providence, traité comme un fou et comme tel, renfermé dans un hôpital d'insensés. Or, voici quelle en fut la cause. S'étant, pendant sa jeunesse, laissé aller qnelque temps à cer- tains dérèglements, il fut un jour, en entendant un sermon, péné- tré d'une vive componction. Il s'écria tout à coup, en poussant de profonds soupirs et en versant des torrents de larmes: Miséri- corde, Seigneur. Miséricorde à ce grand pécheur. On le prit alors pour un fou ; et on le renferma dans l'hôpital des insensés. Et comme il continuait toujours à s'abandonner à ces démonstra- tions extraordinaires de douleur et de repentir, on crut pouvoir le ramener à son bon sens, en le condamnant à une longue et cruelle flagellation. On lui appliqua en conséquence plus de cinq mille coups de fouet et il ne cessait de répéter pendant cette horrible exécution : Frappez, frappez cttte chair rebelle : il est juste qu'elle porte la peine du mal qu'elle a fait. Mais, cet homme que le monde méprisa comme un insensé, était aux yeux de Dieu orné des dons de la sagesse la plus con- sommée. Car, il fut prévenu, dans le sein de sa mère, des plus précieuses bénédictions. Sa bienheureuse naissance fut annoncée par le son des cloches qui sonnèrent d'elles-mêmes. 260 MANDEMENTS, LEITRES PASTORALES, L'éelat de sa sainteté fut signalé par une vive lumière qui brilla au-dessus de la maison où il naquit. Quand il fut devenu maître de ses biens, il les vendit pour en distribuer le prix aux pauvres prisonniers. Il fonda ensuite deux hôpitaux avec les aumônes qu'il reçut des personnes riches. Il institua les Frères Hospitaliers pour soigner les malades. Pendant un terrible incendie qui réduisit en cendres un de ces hôpitaux, on le vit affronter tous les dangers pendant une demi-heure, afin de courir, à travers des torrents de flammes, pour sauver ses chers malades, en les portant sur ses épaules. Sur le point de mourir, muni de tous les sacrements, reprenant toutes ses forces il se revêtit lui- même de ses habits, se mit à genoux et expira en embrassant son crucifix. Il resta immobile dans cette posture, pendant six heures, au grand étonnement de toute la ville qui en fut témoin. A ces traits frappants, il vous est facile de conclure, N. T. C. F., que Dieu s'est plu à combler d'honaeurs cet admirable saint, qui a tant aimé les humiliations. Or, une des gloires dont il brille dans le Ciel, c'est d'être honoré, sur la terre, comme le protecteur des hospices d'aliénés. Jugez par là s'il n'y a pas lieu d'espér^ que le nouvel hosipice prospérera sous sa puissante protection. Car, c'est, à notre co-n- naÏBsance, le premier qui ait, dans ce pays, été dédié à ce tendre ami des pauvres. Il aéra donc stable et florissant malgré les énormes difficultés qui l'attendent. C'est donc avec une pleine confiance en la divine bonté et au puisfiant crédit dont jouit au Ciel notre saint, que Nous procé- dons à l'érection d'un hospice qui fera sa gloire et l'honneur de la religion dans notre patrie. A ces causes, le saint nom de Dieu invoqué et de l'avis de Nos Vénérables Frères les Chanoines de notre Cathédrale, Nous avons statué, réglé, ordonné, statuons, réglons, ordonnons ce qui suit : ♦lo. Nous érigeons sous le titre à! Hospice de St. Jean de Dieu la maison des aliénés, bâtie à la Longue-Pointe, sous les auspices du gouvernement de la Province de Québec, par Nos Très Chères Filles les Sœurs de la Providence. 2o. St. Jean de Dieu, tout en demeurant sous le rite de double CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 201 mineur, que lui assignent les rubriques, sera tout spécialement honoré dans cet hospice que Nous mettons spécialement sous sa protection. 3o. La fête de ce saint qui est fixée, dans le calendrier romain, au huit Mars, sera célébrée comme une fête de commu- nauté. Il y aura communion générale ; et la messe célébrée ou chantée sera offerte pour la prospérité toujours croissante du nouvel Hospice. 4o. La Chapelle sera, aussi bien que l'Hospice, dédiée à St. Jean de Dieu, pour entretenir et propager sa dévotion, sans qu'il soit toutefois permis d'en faire mémoire à l'office et à la messe, en qualité de patron. Mais, son invocation sera ajoutée à celles que font tous les jours les Sœurs après leur Messe de communauté. 5o. Il sera permis de chanter, dans cette chapelle, tous les Dimanches et Fêtes d'obligation, le salut et la bénédiction du St. Sacrement et d'y faire tous les exercices de piété et de religiou en usage dans la Communauté-Mère de Montréal. 6. L'on pourra conserver, dans la dite Chapelle, le très-saint Sacrement, pourvu que l'on y entretienne nuit et jour une lampe ardente; et que l'on y observe les autres règles prescrites par l'Eglise pour les oratoires. 7o. La communion pascale se fera pour les internes, dans la dite Chapelle, quand ils en seront capables, vu les difficultés qu'il y aurait pour eux de se rendre à l'Eglise paroissiale, pour accom- plir ce précepte. 80. Outre le Journal et les Registres, qui se tiendront au dit Hospice, autant que possible, comme à la Communauté, l'on tiendra, exposé dans un lieu convenable, un tableau des bienfai- teurs et bienfaitrices qui, comme il est mentionné dans le présent Décret, se seront mis à contribution, pour aider la Communauté à acquitter la dette, contractée pour bâtir le dit Hospice ou pour l'agrandir plus tard. 9o. Il se dira, pour ces bienfaiteurs et bienfaitrices, vivants et trépassés, douze basses messes par année, ou bien une par mois ; et ils seront spécialement compris dans les suffrages que la Com- munauté fait chaque jour pour la prospérité en ce monde, et le repos éternel dans l'autre, de tous ceux et celles qui lui font du bien. 262 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Que le divin Cœur de Jésus, qui, peadant sa passion, a bien voulu passer, à la Cour d'Hérode, pour un fou et un insensé, répande les torrents de grâces dont il est rempli, sur l'Hospice qui lui est consacré en réparation de cet horrible blasphème ! Que l'auguste Mère de Dieu, la Vierge pure et sans tache, écrase de son pied immaculé les monstres affreux qui défigurent les corps et les âmes des infortunés aliénés qui passeront par cet Hospice de charité ! Que tous les Anges et les Saints, et spécialement St. Jean de Dieu, assistent, protègent et défendent ce charitable Asile ouvert aux déplorables misères, causées par l'aliénation mentale ! Sera le présent Décret lu, au commencement de la cérémonie de la bénédiction du dit Hospice de St. Jean de Dieu, qui se fera demain (28 Octobre courant) vers les deux heures de l'après- midi, et ensuite conservé dans les archives du dit Hospice. Donné à Montréal, le vingt-septième jour du mois d'Octobre, en l'année mil huit-cent soixante-quinze, sous notre seing et sceau, et le contre-seing de notre secrétaire. t la., ÉV. DE MONTRÉAL. Par Monseigneur, Jos. OcT. Pabé, Chan. Secrétaire. DÉCRET DE MGR. L'ÉVÊQUE DE MONTÉAL, FIXANT LA PLACE D'UNE ÉGLISE QUI DOIT ÊTRE BATIE EN L'HONNEUR DE L'IMMACULÉE CONCEPTION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE. IGNACE BOURGET, PAR LA GRÂCE DE DIEU ET DU SIÈGE APOSTO- LIQUE, ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, ETC. A tous ceux que les présentes concernent, Salut et Bénédiction en No tre-Seigneur. Comme il a plu à des citoyens riches et généreux de donner à Dieu un grand et magnifique terrain, au village incorporé de la Côte de la Visitation, à l'endroit appelé Mont-Thabor, sur les rues Rachel et Bordeaux, pour y bâtir une nouvelle Eglise à CIECULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 263 l'honneur de rimmaculée-Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu ; Comme aussi ce terrain est situé à une assez grande distance de toute autre Église, de manière à ne pouvoir nuire à aucune des Eglises environnantes ; Comme de plus la population catholique se dirige vers cet endroit, et que ce mouvement fait croire qu'avant peu d'années il y aura assez de catholiques réunis dans cette localité pour for- mer une paroisse et plusieurs établissements religieux pour les besoins de cette population ; Comme enfin, vu les offres généreuses qui sont faites par divers citoyens qui s'intéressent au bien de la religion et aux progrès de la place, il n'y a pas à douter qu'une Eglise ne puisse y être bâtie dès maintenant, pour y desservir les catholiques qui s'y trouvent déjà rendus et satisfaire aux besoins futurs de ceux qui voudront aller s'y établir ; Toutes ces choses mûrement considérées, Nous avons cru devoir accepter avec reconnaissance les dits terrains offerts de si bonne grâce, pour qu'ils soient à toujours destinés comme dit est à des fins religieuses, et en conséquence nous avons député M. G. Lamarche, un des Chanoines de Notre Cathédrale, pour se trans- porter sur les lieux afin d'y bénir, avec les cérémonies prescrites , la croix qui doit en prendre possession, au nom de Notre Seigneur, €t de la planter à l'endroit où devra se bâtir l'Eglise projetée, dont il du tout dressera un acte qui Nous sera rapporté et qui devra demeurer dads les archives de la dite Eglise. Puisse cette croix adorable être un signe de prospérité spirituelle et temporelle pour toute notre cité, mais, plus particulièrement pour tous ceux et celles qui contribueront à la bâtisse de l'Eglise et des autres édifices religieux qui doivent être érigés sur le dit terrain. Sera le présent décret lu immédiatement avant la bénédiction et la plantation de la croix ci-dessus mentionnées. Donné à Montréal le trente-unième jour du mois d'Octobre, en l'année mil huit-cent soixante-quinze, sous notre seing et sceau, €t le contre-seing de notre secrétaire. t m., ÉV. DE MONTRÉAL. Par Monseigneur, J. 0. Paré, Chanoine-Secrétaire. 264 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, MONSIETTR LE CURÉ, Monseigneur de Montréal me charge de vous prier de vouloir- bien examiner avec soin les Ordonnances de Visites Pastorales et les actes de délibérations de votre Fabrique pour constater : 1. Si l'Evêque a donné au Marguillier en charge l'ordre de poursuivre son prédécesseur ou l'un de ses prédécesseurs dont les comptes n'étaient poiivt rendus fou qui ne voulait point rendre ses comptes). 2. Si votre Fabrique a décidé de poursuivre le marguillier sorti de charge en reddition de compte. Vous voudrez bien, Monsieur, envoyer aussitôt que possible copie certifiée de l'Ordonnance de Visite Pastorale, ou de l'acte de délibération de votre Fabrique ayant rapport à cette question. J'ai l'honneur d'être, M. le Curé, Votre très humble serviteur, J. O. PAKE, Chan. Secrétaire. Montréal, 8 Nov. 1875. CIECULAIPtE DES ÈVÊQUES DE LA PROVINCE' ECCLÉSIASTIQUE DE QUÉBEC AU CLERGÉ DE LA DITE PROVINCE. 14 Novembre 1875. Messieurs, Au chapitre V de Notre Lettre pastorale du 22 Septembre dernier. Nous disions: "L'Eglise a ses tribunaux régulièrement " constitués, et si quelqu'un croit avoir droit de se plaindre d'un " ministre de l'Église, ce n'est pas au tribunal civil qu'il doit le " citer, mais bien au tribunal ecclésiastique, seul compétent à " juger la doctrine et les actes du Prêtre. Voilà pourquoi Pie " IX, dans sa bulle Apostolicœ Sedis, Octobre 1869, déclare ^' frappés d'une excommunication majeure ceux qui obligent " directement ou indirectement les juges laïques à citer devant " leur tribunal les personnes ecclésiastiques, contre les dispositions " du droit canonique." CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 265 A propos de cette dernière expression, prœfer canonicas dispo- sitiones, on nous a demandé des explications que nous avons jugé opportun de vous donner dans une circulaire commune. Quelles sont aujourd'hui les dispositions du droit par rapport à l'immunité des personnes et des choses ecclésiastiques ? L'Eglise, tout en maintenant dans son code le principe des immunités absolues, fait cependant la part des circonstances dans lesquelles se trouvent ses enfants et ses ministres en différents pays, et tolère ce qu'elle ne pourrait corriger sans les exposer à des inconvénients sérieux. Deux autorités très-graves nous don- nent la direction à suivre dans cette matière importante et délicate. Benoît XIY (De synodo diœcesana. liv. IX, ch. 9. No. 12), parlant sur ce sujet, donne aux Evêques deux avis: lo. de ne pas souffrir que les juges laïques s'occupent des causes spiri- tuelles ; 2o. de s'opposer aux nouvelles usurpations du civil sur les immunités ecclésiastiques, mais de ne pas entreprendre de corriger des abus déjà existants, lorsqu'il est évident que ce serait inutile et imprudent. Le troisième Concile provincial de Baltimore, en 1837, dans son décret VI, avait défini, d'une manière absolue, qu'un clerc ou un religieux, qui cite un clerc ou un religieux devant les juges laïques, encourt les censures portées par le droit ecclésiastique. La Propagande, comme on le voit dans les actes de ce Concile, ordonna de restreindre ce décret aux cas où la citation devant les juges laïques aurait pour objet des questions strictement ecclési- astiques, de re juris stricte ecdesiastici. Elle ajoute ensuite ces paroles qui, en définissant les causes mixtes, expliquent par là- même ce qu'il faut entendre par causes strictement ecclésiastiques: " In causis tamen mixtis, in quibus videlicet persooae sunt eccle- " siasticae, sed res, de quibus controversia est, temporales aut " familiares, paulo mitius a synodo decerni débet, praesertim in " regionibus in quibus civilis potestas apud catholicos non est, et " ubi modus deest, seu vis ecclesiastica coactiva, ad rem suam " defendendam, vel recuperandam, nisi civilia tribunalia adean- " tur." Les causes strictement ecclésiastiques sont donc celles où le défendeur est ecclésiastique ou religieux, et l'objet en litige une chose spirituelle ou annexée au spirituel, ou liée à l'exercice de quelque fonction du ministère. 266 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Nous ne croyons pouvoir mieux faire que de donner, comme règle de conduite en cette matière, au Clergé et aux fidèles, deux décrets du second Concile plénier de Baltimore, tenu en 1866, dans le chapitre YI, De vita et honestate elericorum. 155. Tribunalia profana negotii aut litis causa temere ne adeant (clerici). Ubi cum homine etiam seculari et de rébus temporalibus difficultas oritur, ne quemquam in jus vocent, aut Tocati sponte se sistant, nisi res aliter componi neqtieat. Ecclesiae vero honorem temnit et sacros canones conculcat qaicumque per- sonae Ecclesiasticœ vel Religiosae, de rébus quae ad forum eccle- siasticum pertinent, coram profano judice litem intenderit. Quo spectat decretum, quod sequitur, a praedecessoribus nostris latum (in Concilio Boit. III. anno 1837j ; 156. Cum grave fidelibus oriatur scandalum, et ecclesiastico ordini dedecus, dum causse ecclesiasticae ad civilia deducuntur tribunalia, hortamur omnes, quorum interest, ut controversias inter eos forte orituras de rébus vel personis ecclesiasticis, amice componant, vel saltem judicio episcopi submittant. Quod si eccle- siastica vel religiosa utriusque sexus persona, aliam personam ecclesiasticam vel religiosam utriusque sexus, coram civili tribu- nali temere citaverit de re juris stricte ecclesiastici, noverit se in censuras a jure latas incidere. Ces principes étant applicables à bien des cas divers et souvent -difficiles à débrouiller, il ne serait pas prudent de les traiter en chaire à cause des interprétations erronées que l'on pourrait en faire ; il suffira d'exhorter d'une manière générale les fidèles à ne pas entreprendre des procès de ce genre avant d'avoir consulté soit leur Pasteur, soit leur Confesseur, ou mieux encore leur Evê- que, de peur de s'exposer à tomber sous le coup de l'excommuni- cation majeure, fulminée dans la bulle Apostolicœ Sedio. Il en est de même pour les taxes que les municipalités, ou autres autorités civiles, parlent d'imposer sur les propriétés des Eglises et des Communautés. Il faut dans chaque cas particulier consttlter l'Evêque, avant d'en parler en chaire. Nous vous envoyons avec la présente une formule de prône sur les mariages que des catholiques vont quelquefois contracter devant des ministres hérétiques contre la défense formelle de CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 267 l'Eglise. La rubrique qui est eu tête vous eu explique assez clairement la raison et l'importance. Nous vous bénissons affectueusement, ainsi que les fidèles confiés à vos soins. t E. A., ARCIÎ. DB QUÉBEC, t IG., ÉV. DE MONTRÉAL, t L. F., ÉV. DES TEOIS-RIVIÈRES, t JEAN, ÉV. DE S. G. DE RIMOUSKI, t E. C, ÉV. DE GRATIANOPOLIS, t ANTOINE, ÉV. DE SHERBROOKE, t J. THOMAS, ÉV. D'OTTAWA, L. Z. MORE AU, Evêque élu et administrateur de St. Hyacinthe. Salut à Marie, conçue sans péché, Vhonneur de notre peuple. — Réjouissons-nous beaucoup dans ce jour que le Seigneur a fait. LETTEE PASTOEALE DE MGE. L'ÉVÊQUE DE MONTEE AL, CONCEENANT L'ENTEEEEMENT DE JOSEPH GUIBORD. IGNACE BOURGET, PAR LA GRÂCE DE DIEU ET DU SIÈGE APOS- TOLIQUE, ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, ETC., ETC. A.U Clergé Séculier et Régrditr, aux Communautés Religieuses, et à tous les fidèles de Notre Diocèse, Salut et Bénédiction, en Notrt Seigneur. C'est pour Nous, N. T. C. F., un devoir de vous informer ■comment s'est terminée la difficulté de l'enterrement du nommé Joseph Guibord, qui occupait si fortement tous les esprits et faisait craindre des troubles sérieux. Ce n'est pas, remarquez-le bien, pour vous faire connaître le fait, puisque déjà il est connu de tous, mais pour vous en faire apprécier les résultats, et vous faire voir où est le triomphe qu'on en attendait. Dans Notre lettre du huit de Septembre dernier, jour de grâce, parce qu'il est consacré à honorer la bienheureuse naissance de la glorieuse Mère de Dieu, Nous vous déclarâmes que le cimetière 368 ALA.NDEMENTS, LETTRES PASTORALES, ne se trouverait point pollué et interdit par la sépulture de ce frère infortuné. Nous vous exhortâmes en conséquence à ne faire aucun acte de résistance, pour en interdire l'entrée à ceux qui avaient entrepris de le faire inhumer à tout prix dans ce lieu saint. Nous élevâmes encore la voix, le trois d'Octobre suivant, en la solennité du St. Rosaire, afin de vous prouver que le dit Joseph Guibord avait justement mérité d'être privé des honneurs de la sépulture ecclésiastique, pour les raisons qui sont exposées dans Notre Lettre, expédiée sous la date de ce jour. Nous vous avons expliqué, dans ces deux Lettres, comment Nous entendions faire respecter la loi ecclésiastique, tout en souffrant que le corps de cet homme fût déposé dans une partie du cimetière. Maintenant, Nous avons. N. T. C. F., à vous signaler, dans la présente, les faits qui viennent de s'accomplir, pour que vous puissiez comprendre de plus en plus comment la divine Providence a tout réglé, pour que Nous arrivassions au but que Nous nous étions proposé, savoir, que la loi de l'Eglise eût son cours, tout en maintenant la paix publique et empêchant l'effusion du sang. Car, c'est là tout le triomphe que Nous ambitionnions, et Nous n'avons pas à vous prouver ici que c'était le plus beau. Nous voulions ménager le sang des bons pères de famille, pour qu'ils ne laissassent, par leur mort, ni veuves ni orphelins ; et Nous triom- phons d'avoir pm, par votre docilité, obtenir ce succès. Remarquons d'abord qu'à notre demande il s'est fait beaucoup de prières, dans les Communautés et les familles, pour obtenir que cette malheureuse affaire, qui a fait tant de bruit, même dans les lieux les plus éloignés, comme dans cette ville et tout notre Ca- nada, se terminât sans qu'on en vînt aux mains, au risque de soulever les passions les plus haineuses, et d'allumer le feu de la discorde entre de bons citoyens qui ont jusqu'ici vécu en paix comme de bons frères. Tout s'étant passé dans un calme parfait, Nous avons à bénir la divine bonté d'avoir exaucé Nos vœux. Nous avons en même temps à remercier les bonnes âmes qui, tant dans les Communautés religieuses que dans les familles chrétiennes, ont répondu à Notre appel, en envoyant au Ciel leurs soupirs et leurs gémissemeats. CIECULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 269 afin de toucher le cœur du père des miséricordes, et détourner, par ce moyen, les maux qui devaient fondre sur nos têtes. Nous devons maintenant rappeler à vos souvenirs certains faits qui ont précédé le triste événement qui s'est passé aujourd'hui savoir, la translation du corps du dit Joseph Guibord du cimetière protestant, où il reposait depuis sa mort, dans le cimetière catho- lique de la Côte-des-Neiges. Le premier fait digne de notre attention est que ce fut le ret- pect pour le cimetière, et la crainte qu'il ne fût profané par la sépulture d'un homme mort dans la disgrâce de l'Église, qui sou- leva un grand nombre de catholiques et les porta à s'opposer à ce que son corps entrât dans ce lieu saint. Ce fut le zèle qui pro- duisit ce mouvement spontané ; mais il n'était pas selon la science. Toutefois, il se passa dans le calme, et la paix publique n'en fut pas troublée. Lorsque l'on considère attentivement ee qui eut ^lieu alors, on ne peut qu'admirer la conduite de Dieu, qui disjBosa toutes choses pour que chacun pût se convaincre que l'on blessait au vif le sentiment religieux du peuple ; et qu'ii n'était pas dis- posé à souffrir que l'on portât atteinte au respect qu'il a pour les morts. Le second fait qui se révèle dans cette tentative de la sépulture de Guibord, c'est la docilité de ce peuple à la voix de ses Pasteurs, Car, quoique très-excité et soulevé, à la vue de l'attentat que l'on voulait commettre contre le lieu saint, il e'appaise, dès qu'on lui a fait comprendre qu'il n'en serait pas ainsi. C'est la raison pour laquelle il est resté aujourd'hui dans un calme parfait, malgré les démonstrations publiques qui ont été faites, et qui étaient de nature à le provoquer et à l'irriter. Bienheureux donc ceux qui se sont montrés pacifiques dans ce jour si propre à soulever les passions, car ils verront Dieu, quand il viendra sur la terre pour récompenser ses élus. Beati pacijici, quoniam jilii Dei vocabuntur. Le troisième fait, qui caractérise ce jour malheureux, sous beaucoup de rapports, c'est l'accomplissement de la menace qui avait été faite. Car, I^ous avons vraiment déclaré, en vertu de la puissance divine que Nous exerçons, au nom du Pasteur des Fasteurs, que le lieu où. a été déposé le corps de cet enfant rebelle 270 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, à V Église se trouve de fait séparé du reste du cimetière bénit, potir n'être plus qu'un lieu profane. C'est un fait accompli avec tant de solennité, et dans des cir- constances si déplorables, qu'il demeurera profondément gravé dans la mémoire des nombreux étrangers qui visiteront ce cime- tière, aussi bien que dans celle des citoyens qui y viendront répandre journellement leurs prières. Chacun, en portant triste- ment ses regards sur cette tombe, qui n'est point couverte des bénédictions du ciel, parce qu'elle est séparée de la terre sainte, que l'Eglise a bénite, se livrera à des émotions plus ou moins pénibles. " Ci-git,"s'écriera-t-il dans l'intérieur de son âme, "le corps du " trop fameux Joseph Guibord, qui mourut dans la rébellion au " Père commun de l'Eglise et sous l'anatlième de TEglise ; qui " ne put franchir les portes de ce lieu sacré que parce qu'il était " escorté par une troupe de gens armés, comme pour un combat " contre les ennemis de la patrie ; qui, sans le bon esprit de ses " concitoyens, aurait fait couler beaucoup de sang ; qui a été " conduit à ce sépulcre, non pas sous la protection d-e la croix, " mais sous celle des bayonnettes des militaires ; qui a été déposé " dans cette fosse, à deux pieds en terre, non pas au chant onc- " tueux dee prières que l'Eglise a coutume de faire pour ses " enfants, quand ils meurent dans la paix du Seigneur, mais au " milieu des malédictions qiii se comprimaient dans la poitrine " des assistants ; pour lequel le Prêtre, forcé d'être présent, n'a pu " faire aucune cérémonie religieuse, n'a pu former aucun vœu •' pour le repos de son âme, lafa pu dire un seul Requiescaf in *' pace, n'a pu enfin jeter une seule goutte d'eau sainte, dont la " vertu est de modérer et d'éteindre ks flammes du feu terrible " qui purifie les âmes dans l'autre vie." Il sortira jour et nuit de cette tombe qui renferme les restes d'un homme égaré, qui persévéra jusqu'à la mort dans sa révolte contre l'Église, une voix lugubre et lamentable qui criera bien haut : " O ! vous tous qui passez, dans ce champ de'mort, arrêtez-vous *' un moment près de cette tombe, et réfléchissez sérieusement " sur mon malheureux sort. Que mon exemple vous apprenne CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 271 " que l'on ne se moque pas inpunément de Dieu et de son É'^lise. " Hélas ! plus l'on a fait d'éclat autour de mes os secs et arides "et plus on a attaché à mon nom une note d'iufamie et de déshon- "neur. Que n'ai-je été caché dans un lieu obscur et dans une " terre d'oubli ! Je serais aujourd'hui comme si je ne fusse pas " né. Ma mémoire ne serait pas une malédiction d'âge en âge, "comme elle doit l'être, et mon nom serait en oubli, au lieu d'être " dans toutes les bouches, pour être maudit de génération en "génération. Hélas ! on a prétendu me faire un triomphe; et "l'on n'a réussi qu'à perpétuer ma honte et mon déshonneur." Quoiqu'il en soit, N. T. C. F., c'était pour Nous un devoir pénible mais rigoureux de vous faire entendre Notre voix pasto- rale dans cette triste circonstance. Car. il Nous fallait protester en faveur des droits imprescriptibles de l'Eglise, et réclamer contre des irrégularités, qui ont profondément blessé un Cler»^ qui s'est constamment montré loyal envers le gouvernement, et dévoué à la patrie, et outragé des sujets fidèles à q«i la Religion fait un devoir impérieux d'obéir à ceux qui gouvernent l'État eu administrant la justice. Nous devions vous déckrer aussi solennellement que possible nonobstant tout ce qui a pu se faire de contraire, que le cime- tière est demeuré une terre sainte, et oontinue à être digne de tout respect. Comme c'est l'Eglise qui l'a bénit et sanctifié, c'était aussi à elle à empêcher qu'il ne tut profané. C est ce qu'elle a fait, en invitant ses enfants à n'apporter aucune résistance à l'entrée du convoi funèbre qu'il s'est fait aujourd'hui dans ce lieu saint, afin qu'il ne fût pas profané par l'efiFusion du sang, et en exécrant en même temps le terrain dont on s'est emparé malgré elle, pour y inhumer un de ses enfants qui, de son vivant, la déshonorait par sa révolte et son mépris injurieux. Toutefois, ces faits que Nous venons de signaler à votre sérieuse attention, n'ont pu, N. T. C. F., s'accomplir, sans faire de graves injures à N. S. P. le Pape dont on a méprisé le vénérable Décret ; à vos Pasteurs dont on a foulé aux pieds l'autorité ; au cimetière dont on s'est emparé à main armée comme d'une forteresse de guerre ; à des frères dont on a injustement froissé le sentiment religieux, et dont on aurait cruellement répandu le sang, sans une protection visible de la divine Providence. 272 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, A cette fin, voici les recommandations que Nous croyons devoir faire à chacun de vous, pour que l'honneur dû au cimetière soit réparé, autant que possible, par la population catholique. Ainsi, tous tant que vous êtes, N. T. C. F., soyez de plue en plus pénétrés d'un respect religieux pour votre cimetière ; et n'y entrez qu'avec crainte et tremblement. N'en faites pas un lieu de promenade ou de récréation, mais allez-y en pèlerinage aussi souvent que vous le pourrez. En le parcourant, considéret-le comme la paroisse et la ville des morts. Là. faites-y bien attention, dorment du sommeil de la mort tous ceux et celles qui ont, depuis plus de deux cents &$$, habité -notre ville. Arrêtez-vous sur ces milliers et centaines de milliers de tombes qui ne renferment plus guère que des ossements décharnés et des cendres inanimées. Ecoutep les voix éloquentes qui se font entendre, du fond de ces sombres demeures. C'est aujourd'hui notre tour, vous disent-elles, du ton le plus saisissant ; ce sera demain le vôtre. Vivez tous les jours, comme si tous les jours vous deviee mourir, et n'attendez pas au moment de la mort pour vous préparer à bien mourir. Que votre vie se passe dans l'accomplissement fidèle de tous 1«S commandements du Seigneur. Ah ! prenez garde que votre Mère, la Sainte Eglise, ne soit forcée, à cause de vos crimincilles négligences, de voua refuser l'entrée dans cette terre bénite pour y ^cevoir les honneurs de la sépulture ecclésiastique. Ce sera, N. T. C. F., par ces pieuses pratiques que vous pourrez honorer, d'un culte particulier, votre cimetière. Pour vous y encourager, l'Eglise fait, dans ce lieu saint, de touchantes prières, plante des croix, érige des monuments qui noua aident à nous rappeler nos fins dernières, pour nous prémunir contre les péchés et les scandales qui régnent dans le monde. C'est à cette fin que Nous nous proposons, chaque fois que l'on Nous en fera la demande, d'ériger dans les Cimetières le Cheir^n de la Croix. C'est ce qui se pratique à Rome ; et c'est aussi ce que Nous voudrions pouvoir établir dans tous les Cimetières de ce diocèse, surtout depuis que Nous nous apercevons que l'on voudrait en faire un lieu ordinaire et profane. Car, vous n'en doutez pas, N. T. C. F., cette Voix sacrée de la CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 273 Croix attire aux Cimetières, dans la belle saison, une foule de bons chrétiens qui prient, pleurent, gémissent et méditent leurs fins dernières, pour ne plus pécher. Oh ! N. T. C. F., que de vives émotions et que de sentiments tendres l'on éprouve, en faisant le Chemin de la Croix dans un Cimetière, en pensant que le Sang du Sauveur coule par torrents dans les brasiers arJeuts du purgatoire, pour laver les âmes qui y sont purifiées dans le feu ! Que de trésors inépuisables de grâces et de bénédictions Ton procure aux saintes âmes du Purgatoire, en gagnant les indulgences attachées à ce pieux exercice ! Que d'âmes l'on envoie au Ciel, en parcourant les stations qui mènent au Calvaire ! Que Ton s'en retoui'ne content chez soi, quand on a vaqué, avec piété, à cet admirable exercice ! La voie delà Croix est donc un excellent moyen d'attacher une paroisse à son cimetière. Or, que ne fait-elle pas pour l'amour de ce lieu sacré, qui lui rappelle sans cesse tant et de si précieux souvenirs ! Elle l'entretient et l'orne autant qu'il lui est possible, afin d'y trouver toujours de quoi alimenter sa piété. C'est ce que l'on remarque encor.e à Rome, où l'usao'e est d'entretenir des lampes allumées à chaque tombe. Nous en fûmes frappé en visitant un soir le Cimetière de St. Laurent hor.s des murs. Car, ne connaissant pas quel était ce lieu, Nous le prîmes' pour un des beaux quartiers de la ville sainte, tant il brillait do ;'éclat des milliers de lampes qui y brûlaient. Oh ! qu'il fut pour Nous ravissant et saisissant le spectacle de ce magnifique cimetière ! L'occasion de vous faire part de Xos émotions, à ce bienheureux moment, se présente trop naturel- lement pour que Xous n'en profitions pas. Nous ne saurions terminer cette Lettre sans former des vœux ardents pour que, à l'exemple de la ville sainte, vous ayez du zèle pour vos cimetières, afin qu'ils soient une preuve visible et éclatante de votre dévotion pour les morts. Puisse cette salutaire dévotion se perpétuer, dans notre heureux pays, jusqu'à la dernière génération ! Car, avec elle se perpétueront la foi, la piété, les mœurs patriarchales et la religion toute entière. Veuillez bien remarquer, N. T. C. P., que c'est sous la pro- 274 MANDEMENTS, LETTEES PASTORALES, tection de la Vierge Immaculée que Nous vous écrivons la présente ; et que ce fut en la fête de sa bienheureuse naissance et à la solennité du Rosaire, qui est pour l'Eglise une sourct intarissable de grâces, que Nous signalâmes à votre attention la sérieuse question qui nous a tous si fortement préoccupés. La raison en est toute simple. C'est parce que, pour passer à travers toute les difficultés qui nous assiègent, Xous sentons le pressant besoin de Nous tenir aux pieds sacrées de la Bienheureuse Vierge qui, dans son Immaculée Conception, a écrasé la tête venimeuse de l'ancien serpent. Ce sera pour la même raison que cette Lettre qui devra, ce Nous semble, mettre fin à cette grave difficulté, sera lue en la fête de la Présentation de cett« auguste enfant. O sainte Marie, portez votre puissant secours à vos infortunés enfants. Aidez ceux qui sont pusillanimes et inconstants. Ré- chauffez ceux qui sont faibles et languissants. Priez pour le peuple qui met en vous toute sa confiance. Intervenez en faveur du Clergé qui travaille à vous faire connaître, aimer et servir. Intercédez pour toutes les Communautés religieuses et pour toutes les femmes pieuses qui vous sont consacrées. Que tous ceux qui vous honorent et vous prient ressentent les m«rveilleux effets de votre puissant secours. Sera la présente Lettre Pastorale publiée au prône de toutes les Eglises où se fait l'Office public, et au Chapitre de toutes le- Communautés religieuses, le premier Dimanche après sa réception. Donné à Montréal, le seizième jour du mois de Novembre, mil huit-cent soixante-quinze, sous notre seing et sceau, et le contre- seing de notre Secrétaire. t IG., ÉV. DE MONTRÉAL. Par Monseigneur, Jos. OcT. Paré. Chan. Secrétaire. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 275 9alut à Marie, concise sans péché, l'honneur de notre peuple.— Réjouiwont-nous beau- coup dans ce jour que le Seigne^jr a fait. CIECULAIRE DÉTERMINANT LTNTEXTION DES QUARANTE-HEURES POUR LES ANNÉES 1875 ET 1876. ,, Montréal, le 18 Novembre 1875 Monsieur, La Lettre Pastorale ci-jointe a été rédigée dans le but de prémunir les fidèles contre le danger du scandale que pourrait leur donner l'enterrement de J. Guibord, dans le cimetière de la CÔte-des-Neiges. En publiant et commentant cette Lettre, veuillez bien insister sur ce but, en usant de prudence et de réserve, pour ne rien dire contre les autorités civiles et judi- ciaires. Ace propos, je vous invite à bénir la divine miséricorde, qui nous a préservés des malheurs dont nous étions menacés et qui auraient bien pu nous arriver. Les, Quarante-Heures se feront l'an prochain, comme ces années dernières, pour détourner le fléau de la colère du Ciel, que ■ les crimes de la terre ne cessent de provoquer. Et comme 'rien ne peut être plus efficace pour cela que la Passion de Notre- Seigneur, la messe, qui se dira le second jour, en se conformant aux rubriques ordinaires, sera celle intitulée dans le Missel : Missa de Passione D. N. J. C. La collecte de cette même Messe de la Passion remplacera désormais celle de l'année dernière : Ineffahilem; mais l'Oraison du St. Esprit se continuera, comme depuis le Concile du Vatican, ainsi que les prières après la Messe. Pour Amende Honorable qui a coutume de se faire pendant les Quarante-Heures, à la chute du jour, on dira l'Acte de Consé- cration au Sacré-Cœur de Jésus, approuvé par le Saint Père, et récommandé pour être dit, par tout l'univers, le 16 Juin dernier. Cette excellente prière, si bien appropriée aux besoins de ce temps mauvais, se répétera donc chaque jour, pour et au nom de tout le diocèse, au pied du St. Sacrement, et sera ainsijouretnuit 276 MANDEMENTS, LETTRES PASTOEALES, sur les lèvres des Ministres du Seigneur et des Fidèles de J. C. Les brouillards continuent à être épais ; l'horizon s'embrouille de plus en plus et Tatmosphère se charge chaque jour de ces noires vapeurs qui préparent les furieuses tempêtes et annoncent la foudre. A nous de prévenir ces malheurs. J'ai pensé que la Communion Réparatrice qui n'oblige qu'à donner son nom et qui fait gagner une indulgence plénière, par mois, pourrait être un bon souvenir du Jubilé et serait un excel- lent moyen d'en conserver les fruits. Mais, avant de l'établir, je voudrais savoir ce que vous en pensez. Je compte sur une prompte réponse. Je demeure, dans les SS. Cœurs de Jésus, Marie, Joseph, de vous tous le très-dévoué serviteur, t IG., ÉY. DE MONTRÉAL. Salut à. Marie, conçue sans péché, l'honnevr de notre peuple. — Réjouissons-nous beaU' coup dans ce Jour que le Seigneur a fait. CIRCULAIEE AU CLERGÉ ANNONÇANT LA CLO- TURE DU JUBILÉ DE 1875. Chers Collaborateurs, Il s'est fait, pendant le Jubilé, une effusion de grâces si pré- cieuses et si abondantes, qu'il nous faut, avant de le termmer, aviser, d'un commun accord, aux meilleurs moyens d'en conser- ver les fruits. I, Communion Réparatrice. La Communion Réparatrice, établie canoniquement par le Mandement ci-joint, comme Souvenir de ce beau Jubilé, renferme en abrégé tous ces moyens. Car, il est bien connu que les Fidèles qui communieront, avec de bonnes dispositions, tous les mois ou toutes les semaines, persévéreront dans le bien, ou s'ils font quel- que chute, la sainte communion les fera rentrer bientôt dans leur devoir. Les difficultés que rencontre d'ordinaire cette pituse pratique CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 277 seront vaincues par la vertu du Jubilé,dont les ineffables avantages •^ont vivement sentis à l'heure qu'il est, et par le désir d'en con- server les fruits. En outre, il n'y a pas à douter que l'on se fera un bonheur de communier à l'honneur du Sacré Cœur et un devoir de réparer les innombrables injures qui lui sont faites. Car, la dévotion à ce Cœur si plein de charmes devient de jour en jour plus populaire. Cette Communion Réparatrice s'introduira donc facilement dans les paroisses, qui aujourd'hui plus que jamais renferment beaucoup d'âmes ferventes, à qui cette dévotion plaira et qui l'embrasseront de grand cœur, parce que, sans leur imposer rien de bien gênant, elle leur procurera un moyen si facile de gagner une indulgence plénière par mois et même une fois par semaine. Surtout, elle se recrutera rapidement parmi les Séminaristes et 3es Elèves des Collèges, des Couvents et autres maisons d'éduca- tion, ainsi que dans les Asiles de charité, les orphelinats et autres hospices, qui abritent tant de bonnes personnes à qui la religion •enseigne à bien vivre, pour bien communier. Les fidèles qui voudront assurer leur persévérance, après leurs pâques ou à la fin des missions, retraites et triduum, se sentiront tout préparés à s'affilier à cette admirable Association. On y agrégera sans peine les enfants après leur première communion ou leur confirmation ; et ce sera toujours avec l'espérance bien fondée de les fixer dans le bien pour le reste de la vie. Par ces divers moyens et beaucoup d'autres que votre zèle vous fera inventer, l'association se répandra en tous les lieux, pour l'honneur du divin Cœur de Jésus et le maintien des bonnes mœurs et la pratique des plus solides vertus. D'ailleurs, moyennant cette dévotion au Sacré Cœur, d'où coulent les eaux vives qui jaillissent jusqu'à la vie éternelle, il est -évident que l'on arrose et vivifie toutes les autres dévotions, qui sanctifient les âmes et font bénir le St. Nom de Dieu. II. Blasphème et parjure à corriger. Aussi est-ce là la conclusion pratique du susdit Mandement et la principale résolution de ce Jubilé. Car, si, après cette grande €t joyeuse solennité, on n'entend plus nulle part de jurements et 278 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, de blasphèmes ; si le faux serment est banni de nos Cours de justice j et si le saint nom de Dieu n'est plus invoqué qu'avec respect et pour la justice et la vérité, l'on aura à bénir le Seigneur qui, dans sa grande miséricorde, aura fait produire au Jubilé de tels fruits de sanctification. III. Désordres à combattre. Par contre-coup, les désordres qui sont d'ordinaire les causes malheureuses ou les résultats funestes du blasphème et du par- jure, disparaîtront de nos villes et de nos campagnes, parce que Dieu sera avec nous. Or, il sera avec nous, parce que son Nom saint et terrible sera béni en tous lieux. Inutile de vous faire observer que le Décret concernant le parjure doit être publié avec soin et commenté avee force, deux fois par année au moins. Il faudra donc profiter des bonnes dispositions dans lesquelles se trouvent toutes nos bonnes gens, après ce saint Jubilé, pour leur rappeler les Pratiques de Tempérance qui furent les Fruits de la Retraite des Eommes en 1873. Ces pratiques sont d'autant plus acceptables quelles ne font que proclamer et mettre en vigueur des obligations de conscience, et elles seront d'autant plus vivifiantes que l'on en demandera la parfaite exécution, par l'acte de Consé- cration à la, Tempérance, qu'il sera très-utile de renouveler, chaque fois que l'occasion s'en présentera. Les fidèles doivent être invités de temps en temps à le répéter en famille, pour y faire régner, avec cette vertu bienfaisante, le bonheur et la paix. IV. Cérémonial de la Communion Réparatrice. Vous recevrez, avec la présente, un petit Cérémonial pour la réception des personnes qui voudront faire partie de l'Association de la Communion Réparatrice. Car, quoiqu'il suffise pour y appartenir, de faire enregistrer son nom dans le catalogue des associés, cependant les réceptions solennelles sont de nature à faire d'heureuses impressions chez ceux qui y assistent, pour les en- gager à s'y agréger. Cet enregistrement se fait facilement, moyen- nant la liste qui peut servir de modèle, et qui se trouve annexée au dit Cérémonial. V. Souvenir du Jubilé de 1875. Vous recevrez aussi ci-jointes quelques petites feuilles qui vous CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 279 aideront à propager la Communion Réparatrice, parce que les motifs qui doivent engager les âmes pieuses à s'y affilier et les avantages qu'elles y trouveront, y sont exposés en peu de mots et résument divers opuscules écrits sur cette belle dévotion. Vous pourriez en donner une à chaque associé ; et s'il vous en faut davantage, vous en trouverez au bureau du Nouveau-Monde, où celles-ci ont été imprimées. Elles vous coûteront vingt-cinq centins le cent. VI. Prolongation du Jubilé. En vertu d'un Induit Apostolique, en date du 10 Novembre dernier, qui m'a été communiqué par la Sacrée Congrégation de la Pénitencerie, je prolonge le temps du présent Jubilé, qui devrait se terminer, avenant le 31 Décembre courant inclusive- ment, jusqu'au Dimanche de la Quasimodo de l'an prochain, nec tamen ultra, mais, seulement en faveur de ce diocèse et des fidèles qui en font partie, servata in reliquis omnibus yorma ac tenore... Encyclicœ " Gravibus Ecclesiae " et Litterarum S. Pœnitentiariœ dm 25 Januarii 1875... Eo prœcipue fine adducti (Ordinarii petentis) ut sacris Eccle- siae ministris tempus suppeteret varias et inter se dissitas, ac plerumque asperas diœcesuni regiones lustrandi et fidèles, etiam desides, ad salutarem gratiam et remissionem consequendam fructumque Jubilœi percipiendum verbi Dei prœdicatione, exer- citiis spiritualibus tt hortationibus excitandi. Comme vous le voyez, le seul motif pour nous de prolonger le Jubilé est de procurer aux négligents dans la grande affaire du salut, et à ceux qui auraient été absents ou très-occupés, les secours extraordinaires des grâces attachées à ce temps de miséricorde. J'ai cru devoir toutefois reproduire le texte entier de l'Induit, pour que vous comprissiez mieux jusqu'où s'étend la sollicitude de notre Père commun. VII. Envoi des contributions du Denier de St. Pierre, etc. Je profite de l'occasion pour vous prier d'envoyer au plus tôt à l'Evêché les collectes du denier de St. Pierre, et les contributions de l'Œuvre de la Propagation de la Foi, qui pourront être con- sidérées comme aumônes du Jubilé et offrandes faites à Notre 280 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Seigneur et à son Vicaire en reconnaissance des grâces qui ont été si abondamment versées dans toutes les parties de ce diocèse. VIII. (hnclusion. La pensée qui me frappe, en établissant la Communion Bépa- ratrice, dans toutes les parties de ce diocèse, est que nous ne saurions jamais faire assez pour réparer les injures que reçoit partout Notre-Seigneur, dans le Sacrement de son amour. Car, hélas ! il est bien à craindre que nous n'en soyons la cause, en ne faisant pas tout ce que nous devrions faire pour que son divin Cœur soit connu, aimé et adoré. C'est du moins ce que je me reproche amèrement, dans l'intérieur de mon âme. Plus donc nous enrôlerons de bonnes âmes dans l'association de la Commu- nion Réparatrice, et plus nous le consolerons dans la juste douleur qu'il éprouve et qu'il exprimait d'une manière si touchante, en se plaignant à son humble servante, la B. Marguerite de ce que ce Cœur qui a tant aimé les hommes en était si peu aimé et n'en recevait que des ingratitudes. Dans le ferme espoir que ce Cœur si aimable sera satisfait de tous les nouveaux honneurs que nous allons tâcher de lui procurer, en entourrant son saint tabernacle de beaucoup à' Ames Répara- trices, je demeure de vous tous et de tous les fidèles confiés à vos soins, le très-humble et tout dévoué serviteur, t IG., ÉV. DE MONTRÉAL. P. S. — Les travaux du Jubilé, en cessant, vont vous donner quelques jours de repos. Vous en profiterez pour tenir vos Con- férences, pour faire vos observations sur le projet de Statuts Syno- daux, que vous avez en mains, depuis plusieurs mois. Comme il s'agit de fixer la discipline, pour qu'elle soit en tous points conforme aux saints Canons, et qu'elle puisse s'observer uniformément en tous lieux, vous y donnerez, je n'en doute pas, toute l'attention que mérite un sujet si important. Vous vous occuperez aussi des sociétés de constructions dont les opérations sont peut-être déjàusurairesou pourront le devenir, par suite de leurs constitutions interprêtées par l'appas d'un gain sordide. Pour faciliter ce travail, une commi.ssion spéciale va faire un examen conscientieux des Règles que suivent les diverses sociétés qui existent dans le diocèse. t Ig., Év. de m. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 281 SOUVENIR DU JUBILÉ DE 1875. COMMUNION RÉPARATRICE Cette pratique est proposée comme un Souvenir du Jubilé qui vient de se terminer, et comme mémorial des trésors de grâces qu'il a produits en tous lieux. I. Grâces attachées à la Communion Réparatrice. Ces grâces sont très-précieuses et incalculables. Car, les Ames Réparatrices participent abondamment aux trésors infinis des richesses et des vertus, cachés dans le divin Coeur de Jésus. Et, en effet, elles sont, comme lui, embrasées d'une ardeur céleste pour la gloire de Dieu, touchées de compassion pour toutes les misères spirituelles et corporelles qui font gémir les malheureux «nfants d'Adam, sensibles à tous les outrages qui se font jour et nuit à la majesté du Dieu trois fois saint, dévorées de zèle pour la conversion des pauvres pécheurs, enrichies enfin des dons ineffa- bles qui ornent le très-saint et immaculé Cœur de Marie. Qu'elles sont donc agréables, aux yeux de Dieu, les Ames Réparatrices ! Ah ! puissent-elles se multiplier et s'embraser de ferveur ! II. Fruits jyroduits jyar la Communion Réparatrice. Pour être de dignes réparatrices, les âmes pieuses qui entrent -dans cette association comprennent intimement qu'il leur faut se faire continuellement violence, pour éviter les fautes les plus légères et pratiquer les vertus les plus austères, qui en ibnt de vraies vic- times. Elles deviennent par là des avocates puissantes auprès de Dieu, qui ne refuse rien à ces âmes dévouées, qui s'immolent jour et nuit pour sa plus gr.uide g'oire et le salut du prochain. Or, ■c'est là la voie qui mène à la plus haute perfection, en faisant marcher par la voie des plus pénibles sacrifices. Oh ! que ces motifs sont puissants, pour porter les cœurs généreux à ne rien refuser à Dieu, pour qu'il ne leur refuse rien de ce qu'ils lui deman- dent. Peut-on trop faire, pour sauver des âmes, créées à l'image de Dieu et rachetées au prix du sang d'un Dieu, lorsque l'on réfléchit qu'il en tombe chaque jour en e'nfer en aussi grand nom- bre, s'écrie un grand saint, qu'il tombe de flocons de neige, sur la terre, dans les tempêtes d'hiver. 282 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, III. Intentions avec lesquelles doit se faire la Communion réjiaratrice. Cette communion est proposée et acceptée, à la fin de ce beau Jubilé, comme un moyen souverainement efficace : lo. Pour réparer toutes les injures faites à Notre Seigneur, dans le sacrement de son amour, par ceux qui le profanent par leurs sacrilèges, leurs irrévérences à l'Eglise, leur néorligence à approcher des sacrements, ou leur dégoût pour la table du Sei- gneur, et leur tiédeur en assistant aux Saints Offices. 2o. Pour obtenir à ceux qui ont bien fait leur Jubilé, la sainte persévérance, afin qu'ils ne retournent jamais à leur vomissement, en retombant dans leurs criminelles habitudes. Car, la meilleure marque à laquelle on reconnaîtra que le Jubilé a été bien fait sera la vie exemplaire que mèneront ceux qui l'auront fait, 3o. Cette Communion Réparatrice se fera donc par tous les associés, pour demander que Dieu soit partout bien servi ; que la religion soit partout bien observée ; que les sacrements soient partout reçus avec re.spect ; que les Eglises soient bien fréquentées à tous les offices ; que les pauvres soient secourus dans tous leurs besoins; enfin, que tous les commandements de Dieu et de l'E- glise soient religieusement gardés. Oh ! que de grâces pré- cieuses et vraiment sanctifiantes découlent de la Communion réparatrice ! 4o. Pour demander la conversion des pauvres pécheurs qui ont résisté aux pressantes sollicitations de la divine bonté, pen- dant ce Jubilé, et qui, s'ils ne se convertissent pas, vont continuer à vivre dans les blasphèmes, les ivrogneries, les impuretés, les mauvaises fréquentations, les injustices, le luxe, la vanité et autres désordres scandaleux qui ont coutume d'attirer sur la terre les fléaux de la colère du ciel. Puissent toutes ces intentions pures et droites des Ames Réparatrices, en recevant la sainte eucharis- ■ tie, toucher le Sacré-Cœur de notre divin Réparateur ! IV. Conditions pour appiartenir à la Communion Réparatrice. lo. Ptien ici n'oblige sous peine de péché, mais tout, dans cette Association, est libre et volontaire. 2o. Mais, pour participer aux grands avantages qui y sont CIRCULAIKES ET AUTRES DOCUMENTS. 285- attachés, il faut donner son nom, pour qu'il soit enregistré dans le livre de l'Association. 3o. Chacun s'engage à faire une communion, chaque mois, s'il s'affilie à une section de trente membres, ou une, chaque semaine, s'il veut faire partie d'une section de sept membres. 4o. Il choisit, dans ce cas, le jour du mois ou celui de la se- maine oii il devra faire la Communion Réj)aratrice. y. Indulgences attachées à la Communion Réparatrice. lo. Il y a, pour les associés, une indulgence pléoière à gagner, le jour 'de leur réception, si, s'étant confessés et ayant communié, ils visitent une église, pour y prier à l'intention du Souverain Pontife. 2o. Même indulgence, aux mêmes conditions, une fois par mois, ou une fois par semaine, comme il vient d'être dit. Si l'on ne peut communier au jour fixé, l'indulgence se gagne de même, pourvu que la communion se fasse dans le cours du mois ou de la semaine, selon que l'on appartient à une section de sept ou de trente membres. 3o. Même indulgence à l'article de la mort, pourvu que, dans le cas où l'on ne pourrait remplir les conditions requises, l'on invoque le Saint Nom de Jésus, au moins dans son cœur si l'on ne peut le faire de bouche. 4o. Il y a plusieurs autres indulgences à gagner ; lesquelles ou peut voir dans les livres écrits sur ce sujet. ASPIRATIONS DÉVOTES. Loiié et remercié soit à tout moment le très saint et très divin Sacrement. Ind. de 100 jours, une fois par jour ; de 300 jours tous les jeudis, si on la dit trois fois. 0 très doux Jésus ! Ne soyez pas mon Juge, mais mon Sauveur. Ind. de 50 jours chaque fois. 284 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, JésuSy Marie, Joseph, je vous donne mon cœur, mon esprit et ma vie. Jésus, Marie, Jose2)h, assistez-moi dans ma dernière agonie. Jésus, Marie, Joseph, que je me2ire paisiblement en votre sainte •compagnie. Ind. de 300 jours chaque fois. MANDEMENT DE MONSEIGNEUE L'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, ANNONÇANT LA FIN DU JUBILE ET ÉTABLISSAN^T LA COMMUNION EÉPARATRICE, POUR EN PERPETUEE LE SOUVENIR ET EN CONSERVER LES GRACES. IGNACE BOURGET, PAR LA GRÂCE DE DIEU ET DU SIÈGE APOS- TOLIQUE, ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, ASSISTANT AU TRÔNE PONTIFICAL, ETC. Au Clergé séculier et régulier, aux Communautés Religieuses, et à tous les fidèles de 2{otrt Diocèse, Salut et Bénédiction en Notrt, Seigneur. § I. Heureux Fruits du Jubilé. Nous touchons, N. T. C. F., à la fin du Jubilé ; et lorsque ce Mandement vous parviendra, l'année de jubilation, de miséricorde et de bénédiction sera terminée. Que de prodiges de grâces y ont été opérés, et que de fruits de salut y ont été produits par l'infinie bonté de notre Dieu ! Les justes ont augmenté leurs œuvres de justice, et les saints sont devenus plus saints. Les afiligés ont été consolés dans leurs peines, et les faibles ont été fortifiés dans leurs défaillances. Les tièdes ont été ranimés dans la pratique de leurs devoirs religieux, et les pusillanimes ont été encouragés à marcher d'un pas plus ferme dans les sentiers de la justice et de la piété. Mais, c'est surtout en faveur des infortunés pécheurs que la grâce du Jubilé a fait éclater plus de merveilles. Car, elle a triomphé des cœurs qui paraissaient les plus endurcis et a ramené CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 285 dans le bon chemin les âmes égarées, qui depuis un très-^rand nombre d'années couraient à leur perte. Ah ! que de pauvres brebis perdues ont été retrouvées par le Bon Pasteur et rapportées sur ses épaules dans le bercail ! Que de fois les tribunaux de la pénitence ont été arrosés des larmes amèrcs' que la contrition tirait des cœurs les plus insensibles! Que de négligents qui paraissaient à peine dans les Eglises ont été vus à la table du Seigneur et s'y sont nourris avec foi et piété du pain des Ano-es après en avoir été privés des trente et quarante ans. Mais, pour produire tant de fruits de salut, la grâce du Jubilé a dirigé, d'une manière bien admirable, les exercices de religion qui ont fait descendre du ciel ces torrents de bénédictions ec opéré sous nos yeux tant de conversions éclatantes. C'est en effet cette grâce puissante, qui s'est fait sentir, dans les Stations, en soulevant les masses de pieux fidèles, qui rem- plissaient les voies qui conduisaient aux Eglises, et en les pénétrant de cet esprit de foi qui se révélait par leur silence et leur recueil- lement. Aussi, faut-il attribuer les fruits merveilleux du Jubilé à tant d'exercices religieux qui ont été faits, à tant de prières ferventes qui se sont élevés vers le ciel, à tant de retraites qui ont eu lieu, à tant de confessions et de communions qui ont été offertes à Cette intention, à tant d'aumônes qui ont été versées dans le sein des pamTes, à tant de secours spirituels et corporels qui ont été prodigués aux malades, surtout dans les temps terribles d'épidé- mie. Ce sont là, n'en doutez pas, N. T. C. F., les clefs mysté- rieuses qui nous ont ouvert les trésors inépuisables de la divine miséricorde. La grâce du Jubilé a donc, N. T. C. F., opéré en vous de grandes choses. Vos âmes ont été purifiées par les larmes d'une sincère pénitence, et sont devenues plus blanches que la neige. La paix du ciel est descendue dans vos cœurs, et vous goûtez avec suavité combien le Seigneur est doux et combien son joug est léser. Désabusés maintenant de toiites les vanités du monde, vous déplorez les tristes années que vous avez perdues, en vous livrant à ses faux plaisirs, et en cherchant ses biens périssables qui, en disparaissant, ne laissent que des remords cuisants. Vous 286 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, portez maintenant bien haut vos espérances ; et ne comptant plus que sur les infinies miséricordes du Seigneur, vous aspirez aux délicieuses jouissances de l'éternité. Tant de biens spirituels méritent sans doute, N. T. C. F., votre plus vive reconnaissance. Aussi désirez-vous trouver un moyen efficace de vous acquitter d'un devoir si légitime, afin de pouvoir persévérer jusqu'à la mort dans cet heureux état. Car, vous n'ignorez pas que pour mériter de nouvelles grâces, il faut remercier jour et nuit la divine bonté de celles dont elle nous a comblés. C'est ce dont Nous devons nous bien pénétrer en terminant ce Jubilé. § II. Souvenir du Jubilé. Dans cette vue. Nous allons, N. T. C. F., proposer à votre piété une Pratique qui CMiservera dans vos âmes un souvenir ineffaçable des grâces innombrables que vous avez reçues, pendant le Jubilé et qui y entretiendra un ardent désir d'y correspondre fidèlement, eu travaillant jusqu'au dernier soupir à fuir le mal et à faire le bien. Car, c'est à cela seul que se réduit le fruit des exercices religieux qui se sont faits durant ces jours de salut. Oli ! oui, vous n'en sauriez douter, le bon Jubilé est celui qui nous rend meilleurs, en nous faisant éviter le péché et eu nous portant à pratiquer la vertu. Or, la pratique que Nous allons vous recommander, comme souvenir du Jubilé est celle de la Commu- n ion Répara trice . § III. De la Communion Réparatrice. Nous devons vous faire observer d'abord que, par Communion Réparatrice on entend une association dans laquelle on s'engage à faire la sainte Communion au moins tous les mois, pour répa- rer les outrages qui sont faits à Notre-Seigneur dans la religion sainte qu'il a fondée pour sauver les hommes ; dans le sacrement de son amour qu'il a institué, pour nourrir leurs âmes de son corps, de son sang, du son âme et de sa divinité ; dans le Souverain Pontife qu'il a établi pour gouverner son Eglise, en qualité de Vicaire. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 287 § IV. Monument du Jubilé. Maintenant, voici les motifs qui doivent vous presser d'embras- ser cette pieuse pratique comme Monument du Jubilé et couron- nement des grandes démonstrations religieuses qui s'y sont faites. On élève, comme vous le savez, N. T. C. F., un monument pour conserver le souvenir de quelque grand événement, pour rappeler à toutes les générations présentes et futures la mémoire de quelque grâce signalée, pour graver la pensée d'un engage- ment solennel contracté avec Dieu ou avec les hommes. § V. Fins pour lesquelles est étahlieîa Communion Réparatrice. Or, ces diverses fins qui portent en général les hommes à élever des monuments publics, seront excellemment atteintes par la Communion Réparatrice, établie comme monument de Jubilé. Car, il est visible que l'on possède, dans la divine Eucharistie, un Mémorial tout divin qui rappelle sans cesse la mémoire des événe- ment les plus merveilleux, des grâces les plus signalées, des promesses les plus sacrées. Et, en effet, dans la sainte hostie se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse infinie de Dieu qui connaît tout, qui règle tout et qui dispose de tout, pour arriver à cos fins, qui ne sont qu'amour et miséricorde, avec autant de suavité que de puissance. Le Jubilé qui vient de se célébrer, en produisant tant de prodiges de grâces et de conversions* est donc l'œuvre de Dieu par excel- lence. Toutes les opérations de la grâce durant ce saint temps, ont eu en effet pour fins et pour résultats de ranger les âmes, comme des plantes nouvelles, autour de la table du Seigneur : Sicnt novellœ olivarum, Ecclesiœ filii sint in circuitu m,ensœ Domin i. lia. communion du Jubilé, faite avec plus de ferveur et de pré- paration, ayant fait surabonder dans les âmes des dons plus excellents, des douceurs plus ravissantes, des fruits plus pré- cieux, ne va-t-il pas sans dire que la Communion Réparatrice, qui désormais se fera pour rappeler le souvenir de tant de grâces, sera un mémorial toujours vivant de ce prodigieux événement. Memoriam fecit mirahilàan suorum misericors et miserator JDominus, escam dédit timentibus se. 288 MANDEMENTS, LETTRES PASTOKALES, Ainsi, l'Ame réparatrice, ayant continuellement sous les yeux le Jubilé qu'elle ne peut considérer que comme un temps de salut extraordinaire, se sentira de jour en jour plus embrasée d'ardeur dans les voies qui mènent à la vie éternelle. De plus, la communion du Jubilé, ayant rempli de plus de joie et de bonheur les âmes pieuses, qui l'auront faite avec plus de ferveur, la Communion réparatrice, qui en rappellera à jamais le souvenir, ne saurait manquer de les pénétrer d'un sentiment do reconnaissance de plus en plus vif et impressionnant. Car, à ce bienheureux moment où le Seigneur viendra à elles, les mains pleins de grâces et de bénédictions, elles sentiront leur impuis- sance de rendre à un Dieu si bon amour pour amour ; et en retour de tant de bienfaits, elles se porteront à la pratique de toutes les vertus, avec un courage tout nouveau, en s'écriant avec le pro- phète: Quid rctrlbuam Domino proomnlhus quœ retrihuitniihi, etc. Car, il n'est rien, dit la Séraphique Ste. Thérèse, de si puissant pour porter les âmes à la pratique des vertus les plus héroïques que le souvenir des grandes grâces dont les a comblées un Dieu tout bon et tout miséricordieux. Enfin, la Communion réparatrice, c^\ sera un mémorial saisis- sant de la communion du Jubilé, rappellera aux âmes qui l'au- ront faite avec piété toute** les résolutions prises dans ce temps propice et favorable. Elle leur conférera en même temps de nou- velles o-râces, pour les faire persévérer dans le bien. Or, vous le savez parfaitement, N. T. C. F., ce qui assurera le vrai succès du Jubilé c'est la fidélité à correspondre à toutes les grâces que l'on y a reçues. Car, le Jubilé aura été bien fait partout, dans les villes comme dans les campagnes, si les désordres qui y réo-naient avant disparaissent pour faire place à une vie toute nouvelle. Il en doit être ainsi. Car. remarquez-le bien, X. T. C. F., la pratique de la Communion Réparatrice peut facilement se répandre dans les familles, comme dans les Communautés, sémi- naires collé'ï'es et autres maisons d'éducation. Elle est accessible aux jeunes ^ ens comme aux vieillards. Elle est en outre souve- rainement avantageuse. Car, il est bien connu que la fréquente communion fait régner partout où elle s'introduit le bon ordre et la paix. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 289 Si donc la communion se fait chaque mois, pour réparer les injures que font à Notre Seigneur les ivrognes, les impudiques, les usuriers, et autres pécheurs qui vivent dans l'impénitence, il aura sans doute pour agréables les sacrifices que lui offriront tant de milliers d'âmes justes, qui s'imposeront les plus pénibles priva- tions, pour mériter de communier souvent. Il n'est pas nécessaire, au reste, d'entrer ici dans plus de détails, pour signaler à votre sérieuse attention les outrages sans nombre qui se font en tous lieux à la divine majesté. Car, vous en êtes les témoins journaliers, et vos cœurs naturellement chré- tiens en sont sans doute profondément affligés. § V[. Communion réparatrice contre le blasphème. Nous devons toutefois, pour mieux remplir notre devoir, vous inviter instamment à faire la communion réparatrice tout spécia- lement pour réparer les horribles injures faites au saint nom de Dieu par les blasphèmes et les parjures qui, hélas! sont aujour- d'hui si communs dans le monde. Oh ! oui. N". T. C. F., Nous devons vous le dire, le cœur navré d'une amère douleur; le Nom de Dieu qui est si saint, si grandj si terrible, est profané de la manière la plus in3îgne. Ahssï, N. T. C. F., le Pape, en annonçant le Jubilé, a-t-il insisté sur ce point, assurément bien digne de fixer l'attention de tous les enfants de l'Eglise. Car, en s'adressant aux Evêques du monde entier, il leur fait entendre ces paroles mémorables : •' En ce siècle," leur dit-il, "comme il y a tant de mal à réparer, '•' tant de bien à faire, saisissez le glaive de l'esprit, c'est-à-dire, la '' parole de Dieu, et par tous vos soins, obtenez que votre peuple " soit amené à détester l'abominable crime du blasphème, par " lequel il n'est rien de si saint aujourd'hui qui ne soit violé." Cette instante recommandation de notre Père commun vous rend raison pourquoi, dans cette circonstance solennelle, Nous signalons à votre sérieuse attention la criminelle habitude du blasphème, et pourquoi aussi, pour la corriger, Nous établissons la Communion réparatrice. Car, Xous avons îïntime conviction qu'en recevant avec respect l'adorable hostie qui contient le corps ■du Seigneur, vous ne blasphémerez jamais son Saint Nom. Loin 19-= 290 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, de là vous ne le prononcerez que pour demander, avec toute l'ar- deur de votre âme, qu'il soit sanctifié, béni, loué et adoré par tous les hommes, dans tous les lieux. SU nomen Domini béné- diction ex hoc nunc et nsque in sœcuhtm. § VII. Communion réparatrice contre le parjure. Mais il est, N. T. C. F., un autre abus déplorable contre lequel Nous devons, en terminant ce Mandement, Nous élever avec tout le zèle dont Nous sommes capable ; c'est le parjure oui faux serment, qui n'est pas moins opposé à la sainteté du nom de Dieu. Il fait un tel outrage à ce nom que les Bienheureux dans le ciel ne prononcent qu'en tremblant, et il est en outre devenu si commun parmi nous, que vos premiers Pasteurs, dans leur der- nier Concile Provincial (le cinquième), se sont crus obligés d'éle- ver la voix, d'un commun accord, pour en inspirer à tous une vive horreur. Ce n'est pas tout ; comme cette criminelle habi- tude est invétérée, ils ont fait un devoir à vos Pasteurs ordinaires de publier deux fois par année ce salutaire Décret. Ils ont même fait de cet énorme péché un cas réservé. Vous n'avez pas manqué, N. T. C. F., de conclure, de toutes ces sévères prescriptions, combien le parjure est en abomination aux yeux de Dieu. Aussi le punit-il, même dans ce monde, par ^s châtiments exemplaires, qui prouvent qu'il eet jaloux de l'honneur qu'il faut rendre à son Nom sacré, sur la terre comme dans le ciel. C'est ce que nous a appris Notre Seigneur en faisant répéter, d'un bout du monde à l'autre, et des millions de fois par jour, cette première demande de l'Oraison Dominicale qu'il nous a mise en bouche : Que Votre Nom soit sanctifié. Notre intention, en vous raj^pelant ici ce salutaire décret, est principalement de vous inviter, N. T. C. F., à beaucoup prier et à faire la Communion Réparatrice tout spécialement pour deman- der que le saint nom de Dieu ne soit plus blasphémé dans ce dio- cès'e; et que le serment, quand il faut y recourir, se fasse toujours dans la nécessité, la justice et la vérité. Laissez-Nous vous répéter ici ce que Nous disait, il y a déjà quelques années, un de nos hommes de loi, à l'honneur de nos CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 291 pères. Lorsqu'il faUait, disait-il, exiger d'eux le serment, on les voyait saisis de crainte et de respect, et ce n était qu'en tremblant qu'ils mettaient la main sur le Saint Evangile. Ah ! puissent les prières et communions qui vont se faire, nous pénétrer de plus en plus de ce profond respect que nos anciens avaient pour le serment. § VIII. Dispositif pour la clôture du Jubilé et la Communion* Réparatrice. A ces causes, le Saint Nom de Dieu invoqué, et de l'avis de Nos VV. FF. les Ckanoines de Notre Cathédrale. Nous avons réglé, statué, ordonné, réglons, statuons et ordonnons ce qui suit: lo. Le Jubilé, qui s'est fait avec tant de bonheur et de conso- lation, devra se terminer avec toute la solennité possible. En conséquence, on en annoncera la clôture la veille, le 31 Décembre, par le son de toutes les cloches, pendant un quart d'heure, avant \' Angélus du soir, qui sonnera, à l'ordinaire, à six heures. Nous invitons tous les fidèles à se recueillir pendant cette sonnerie, pour repasser en leur esprit les grâces qu"ils auront reçues pendant ce saint temps, et renouveler les résolutions qu'ils auront prises de ne plus vivre que pour Dieu et la Religion. Jje Joijr de l'an, après la messe solennelle, on exposera le St. Sacrement ; et après que l'on aura fait, devant ce Vénérable Sacrement, l'acte dt consécration à la Tempérance, pour deman- der qu'il ne se commette aucun excès de boisson pendant les visites du commencement de la nouvelle année, et pendant le Carnaval qui devra être la preuve des bons effets de cet admirable Jubilé, l'on chantera le Te Deum, en la manière ordinaire, au son de toutes les cloches, puis le Tantum ergo, qui sera suivi de la Béné- diction du Très Saint Sacrement. Ce salut tiendra lieu de celui qui se chante ce jour-là après les Vêpres. 2o. En vertu d'un Induit Apostolique en date du 15 Septembre dernier. Nous avons établi et établissons, par le présent 3Iande- ment, la pieuse Association dite : Communion Perp)étuelle Répa- ratrice, dans toutes et chacune des Eglises et Chapelles de ce diocèse. 3o, Cette Association jouira, dans tous les lieux où elle se 292 MANDEMENTS, LETTKES PASTORALES, trouve ainsi établie, des privilèges et indulgences, qui lui ont été octroyés par N. S. P. le Pape Pie IX dans divers Brefs, savoir, ceux du 9 Août 1861, du 13 Juin 1862, du 15 Mai 1863, du 7 Juillet 1864 et du 19 Janvier 1868. Cette suite de Brefs émanés en si peu d'années sont une preuve éclatante que la Communion Réjxiratrice est, aux yeux du Chef suprême de l'Eglise, une pra- tique souverainement salutaire, et doit naturellement nous engager tous à en devenir membres. 4o, Pour appartenir à cette Association, il suffit de faire ins- crire son nom, dans le registre qui devra être ouvert dans chaque localité par le Curé, Chapelain et tout autre Prêtre chargé de la -diriger. 5o. Il n'y a aucune autre obligation à remplir dans cette Asso- ciation, que celle de faire la sainte communion une fois par mois, si l'on s'agrège à la section de trente membres, ou une fois par ■semaine, si l'on veut appartenir à celle composée de sept associés. 6o. Cette communion doit se faire les jours du mois ou de la Semaine qui auront été choisis, ou dans un autre jour si l'on en est empêché, pourvu que ce soit dans le mois ou dans la semaine correspondant à la section dont on fait partie. 7o. Ghaque membre gagne une indulgence plénière le jour qu'il €St admis dans l'Association, le jour du mois ou de la semaine où il fait la Communion Séparatrice et à l'article de la mort, pourvu que, s'éfcant confessé avec une véritable douleur et ayant commu- aiié, il prie dans quelque église à l'intention du Souverain Pon- tife ; ou pourvu encore, s'il en est empêché par la maladie, qu'il invoque de bouche ou du moins de cœur, s'il ne le peut de bouche, le Saint Nom de Jésus avec une véritable dévotion. 8o. Nous autorisons, par le Présent, une feuille ci-jointe publiée sous le titre de Souvenir du Jubilé; et Nous la recommandons comme un bon moyen de propager la salutaire pratique de la Communion Réj)aratrice. 9o. Nous approuvons le cérémonial ci-joint, qui a été rédigé pour rendre les admissions à cette pieuse Association plus solen- nelles et plus imposantes. § IX. Offrande à la Sainte Vierge. C'est à vos pieds sacrés, ô divine Marie, que Nous déposons le CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 293 présent Mandement, avec la pleine confiance que, si vous daignez le bénir, il produira d'heureux fruits, en réparant tant d'outrages qui se commettent dans le monde contre votre adorable Fils. A cette fin, daignez vous charger de diriger cette Association qui sera honorée justement comme l'irréparable coopératrice du Divin Eéparateur du genre humain. Suppléez, ô Mère de notre aimable Sauveur, par vos incomparables mérites, à tout ce qui nous manque, pour pouvoir faire dignement une œuvre si excellente. Si vous en faites votre oeuvre, comme elle l'est en efifet, elle pro- duira, dans ce diocèse et dans le monde entier, des fruits mer- veilleux, à la gloire de Dieu et à l'honneur de sa divine Eeligion^ dans le temps et dans l'éternité. Ainsi soit-il. § X. Souhaits de la noxivelle année. Nous ne saurions, N. T. CF., terminer cette Instruction, sans vous faire les souhaits de la nouvelle année; et veuillez bien le croire, c'est avec toute l'effusion de notre âme que Nous vous les faisons. Levant donc nos mains suppliantes vers le ciel, Nous conjurons le Père des miséricordes de vous combler de l'abondance de tous ses dons. Qu'il remplisse du feu sacré de son amour tous les Pasteurs, afin qu'ils soient constamment embrasés de zèle pour le salut des âmes. Qu'il conserve dans la ferveur toutes les Communautés reli- gieuses, afin qu'elles soient toujours fidèles à remplir les devoirs de leur saint état, en pratiquant les œuvres de piété et de charité pour lesquelles elles ont été instituées. Qu'il accorde aux justes, qui s'exercent déjà dans la pratique de toutes les vertus, la persévérance, qui en doit être le couronne- ment. Qu'il convertisse les infortunés pécheurs qui, foulant aUx pieds toutes les grâces du Seigneur, endurcissent leurs cœurs et finissent par tomber dans l' impénitence finale. Ah ! fasse le ciel qu'ils évitent un si grand malheur ! Qu'il assiste tous ceux qui sont constitués en autorité, afin qu'ils en usent pour le plus grand bien du peuple. Qu'il gouverne toutes les familles chrétiennes, afin qu'elles vivent dans cette paix délicieuse qui surpasse tout sentiment. 294 MANDEMEXTS, LETTRES PASTORALES, Qu'il console les affligés, qu'il fortifie les faibles, qu'il soutienne ceux qui sont tentés, qu'il nourrisse les pauvres, afin ^ne tous mettent leur unique bonheur à l'aimer et à le servir fidèlement. Qu'il nous accorde à tous les grâces qu'il sait nous être néces- saires, au milieu des combats et des dangers de la vie, afin que nous étant sanctifiés pendant notre triste pèlerinage sur cette terre d'exil, nous puissions nous réunir tous dans les joies de la patrie, pour louer ensemble l'iafinie bonté de Dieu qui nous aura sauvés par le sang précieux de son Fils. Qu'il nous comble enfin de ses plus abondantes bénédictions par rimmaculée Conception de sa glorieuse Mère, qui nous a donné le divin Réparateur. In Conceptione sua acceptt Maria henedic- tionem a Domino et misericordiani a Deo salutari suo. Ah! puissent tous ces vœux ardents s'accomplir, pour notre bonheur dans ce monde et dans l'autre ! Veuillez bien, N. T. C. F., les accepter comme des étrennes spirituelles, que Nous vous envoyons, au renouvellement de l'année, en témoignage de la par- faite satisfaction que Nous éprouvons en pensant que le Jubilé s'est fait partout avec tant d'entrain et de succès. Sera le présent Mandement lu, en tout ou en partie, au prône de toutes les églises où se fait lOffice public et au Chapitre de toutes les Communautés Religieuses, le jour de l'an ou le premier dimanche qui le suivra. Donné à Montréal, sous Notre seing et sceau, et le contre-seing de notre Secrétaire, le quinzième jour du mois de Décembre, en l'année mil huit-cent soixante-quinze. t IG., ÉV. DE 3I0NTRÉAL. Par 3Ionseigneur, Jos. OcT. Paré, Chan. Secrétaire, N. B. — Si l'on ne peut lire ce Mandement tout entier, le jour de l'an, on lira du moins le premier article du dispositif et la partie qui regarde les souhaits de la nouvelle année. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 295 CÉRÉMONIAL DE L'ASSOCIATION DE LA COMMU- NION RÉPAEATEICE. lo. On appartient à cette pieuse Association par cela seul que l'on a fait inscrire régulièrement son nom dans le livre des Associés ; et Ton participe à ses avantages, si l'on fait exactement la communion, selon la règle de cette Institution. 2o. Il convient néanmoins de mettre, à la réception des mem- bres, une certaine solennité, qui en fera comprendre de plus en plus l'importance. 3o. Elle pourrait se faire avant la messe, à laquelle les nou- T'eaux associés communieraient pour gagner l'indulgence plénière, accordée pour le jour de l'admission. Elle pourrait également se faire avant un salut solennel du St. Sacrement, chanté à l'hon- neur du S. Cœur de Jésus ou du très-saint et immaculé Cœur de Marie, à l'office de l'Archiconfrérie. 4o. Il serait bon, pour faire ces réceptions avec plus d'intérêt, que l'on eût formé des sections de trente ou de sept membres, selon que les associés désirent gagner, par la communion répara- trice, l'indulgence plénière une fois par mois ou une fois par semaine, comme on le verra par les listes dont on donne des modèles, à la fin de ce Cérémonial. 5o. A l'heure indiquée^ tous ceux qui se seront préparés par la confession et la communion, iront se mettre à genoux au pied des balustres. Ils pourraient tenir un cierge allumé à la main. 60. Le Prêtre qui préside, revêtu d'un surplis, leur adressera quelques mots sur la belle et noble mission qu'ont à remplir les Associés. Il dira ensuite à genoux le Veni Sancte Sj)intus et l'Ave Maria. 7o. Un des zélateurs ou des associés dira tout haut, au nom des autres, la prière suivante. A leur défaut le Prêtre la réci- tera lui-même : PRIÈRE DES ASSOCIÉS DE LA COMMUNION RÉPARATRICE, S'A- DRESSANT AU SACRÉ-CŒUR DE JÉSUS, PAR L'INTERCESSION DE MARIE, Nous voici réunis à vos pieds, ô aimable Jésus, Réparateur du genre humain, pour nous engager librement et par amour, en 296 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, entrant dans l'Association de la Communion Eëparatrice, à faire la sainte communion tous les mois (ou toutes les semaines). Notre intention, en prenant, avec bonheur, un tel engagement,, est d'obtenir la persévérance dans le bien, pour nous et pour tous ceux qui ont fait le Jubilé, afin que les fruits produits, pendant ces jours de salut, soient durables ; et qu'aucun de ceux qui y ont participé, n'ait le malheur de retomber dans le péché. Notre intention est aussi de demander le triomphe de la foi sur toutes les erreurs, l'exaltation de ia sainte Eglise Eomaine et la prospérité de N. S. P. le Pape, au milieu des combats qu'il lui faut soutenir contre toutes les Puissances du monde, liguées contre la divine autorité dont il est revêtu. Notre intention est encore de prier pour tous les Pasteurs, afin qu'ils soient toujours embrasés de zèle pour le salut des âmes : pour les maisons d'éducation, afin que Ton n'y enseigne que de bonnes doctrines ; pour les Communautés religieuses, afin qu'elles soient toujours régulières et parfaites ; pour les familles chré- tiennes, afin qu'elles soient toujours heureuses et en paix, en pratiquant les devoirs de la vraie piété ; pour les justes, afin qu'ils persévèrent dans la justice ; pour les pécheurs, afin qu'ils se con- vertissent ; pour les schismatiques, les hérétiques et les impies, afin qu'ils rentrent dans les seules voies qui mènent au Ciel ; pour les saintes âmes du purgatoire, afin qu'elles soient délivrées au plus tôt de leurs soufi"rauces. Notre intention est en outre de demander que notre pays soit délivré de toutes les calamités qui l'affligent ; et que la sainte Religion s'y propage de plus en plus et s'y conserve jusqu'à la fin des temps; que tous ceux qui le gouvernent se fassent un devoir de réprimer les désordres et les scandales qui finiraient par le perdre, en le démoralisant, 0 aimable Jésus, daignez accepter cette humble ofi"rande que nous vous faisons, pour consoler votre divin Cœur et réparer toutes les injures qui lui sont faites, et nous permettre de nous associer à cette fin au très-saint et immaculé Cœur de votre auguste Mère. Ah ! puisse l'Association de la Communion Réparatrice se multiplier et se répandre heureusement partout^ pour que vous soyez connu, loué et béni dans tous les tabernacles CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 297 du monde et jusqu'à la fin des siècles, en union avec tous les Anges et avec tous les Saints ! Ainsi soit-il. 80. Cette prière étant faite, la messe se dira avec chant et musique, et les nouveaux associés y feront, pour la première fois, la Communion Réparatrice. 9o. Si cette réception se fait l'après-midi, il y aura le Salut pendant lequel on chantera quelques hymnes ou antiennes à l'honneur du Sacré Cœur de Jésus et du très-saint et immaculé Cœur de Marie. lOo. Les nouveaux associés feront enregistrer leurs noms dans le Registre de l'Association, dans lequel sera marqué le jour du mois ou de la semaine où ils devront faire leur communion répa- ratrice, s'il est possible. llo. Leur pratique sera de répéter plusieurs fois par jour et avec une dévotion toujours nouvelle, ces aspirations: Loué et remercié à. tout moment le très-saint et le très-divin Sacrement . (Ind. de 100 jours, une fois par jour; et de 300 jours, tous les jeudis, si on le dit trois fois.) . Salut à Marie, conçue sans péché, l'honneur de notre peuple. Réjouissons-7ioiis beaucoup dans ce Jour que le Seigneur a fait. (300 jours chaque fois que l'on se salue par ces vœux récipro- ques, et indulgence plénière à la fin du mois, quand on a été fidèle chaque jour à cette pratique). COMMUXIOX EEPAEATEICE. SECTION DE LA SEMAINE OU DE SEPT MEMBRES XO. 1. Ce jour du mois de 187 se sont engagés à faire la communion une fois par semaine savoir, !M. (zélateur ou zélatrice) Dimanche. Lundi. Mardi. Mercredi. Jeudi. Vendredi. Samedi. 298 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, SECTION DU MOIS NO. 1. Le jour du mois de 187 se sont engagés à faire la communion un des jours du mois savoir, 31. (zélateur ou zélatrice) le : 1 2 3 , 4 5 6 , 7 9 ,.., 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 t IG., ÉV. DE MONTEÉAL. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 299 Salut à Marie, con<;ue sans péché, l' honneur de notre peuple. — Réjouissons-nous beau- coup dans ce jour que le Seigneur a fait. LETTRE PASTORALE DE MGR. L'ÉVÊQUE DE MONTEÉAL CONCERNANT LE LIBÉRALIS3IE CATHOLIQUE, LES JOUR^-AUX, ETC. IGNACE BOURGET, PAR LA GRÂCE DE DIEU ET DU SIÈGE APOS- TOLIQUE, ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, etC. Au Clergé séculier et régulier., aux Communautés religieuses et à tous les Fidèles de Notre Diocèse, Salut et Bénédiction en Notre Seigneur. 1:^08 Très-Chers Frères, Notre intentiou, dans cette Lettre Pastorale, est de vous indi- quer quelques-unes des marques auxquelles vous pourrez recon- naître le libéralisme catholique, qu'il vous faut éviter à tout prix, afin de mettre votre salut en sûreté. Car, Nous avons la douleur de voir qu'il se fait d'incroyables efforts, pour vous ébranler dans vos bons sentiments, malgré toutes les instructions qui vous ont été données sur ce grave sujet. C'est aussi notre intention de vous prémunir contre certains scandales qui pourraient affaiblir TDS sentiments religieux dans ces temps mauvais. Nous n'en sommes pas surpris ; et c'est précisément ce qui Nous pénètre d'une vive douleur en vous écrivant la présente. Prêtez donc une oreille attentive à tout ce que Nous avons à vous dire, dans l'intérêt de vos âmes, des divers sujets qui font la matière de cette Lettre. Nous commençons par le libéralisme. § I. Qu'est-ce que le Libéralisme Catholique ? Le libéralisme catholique est un ensemble de doctrines reli- gieuses et sociales qui tendent à affranchir plus ou moins les esprits dans l'ordre spéculatif, et les citoyens dans l'ordre pratique de la règle que la tradition leur avait partout et toujours imposée. Ou bien encore : Qu est-ce que le libéralisme catholique ? Qu'est-ce que le catholicisme libéral ! C'est un sentiment faux et dangereux ; c'est un parti remuant qui conspire de fait contre l'Église et la société civile. Un catholique libéral, c'est un homme qui participe à un degré 300 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, quelconque à ce sentiment, ou à ce parti, ou à cette doctrine, d'autant plus malade qu'il est plus libéral, d'autant moins malade qu'il est plus catholique. Le libéralisme tend toujours à subordonner les droits de l'Eglise aux droits de l'Etat, par mesure de prudence et de haute sagesse, et même à séparer l'Eglise de l'Etat, ou il voudrait une Eglise libre dans un Etat libre. Le libéralisme prétend que le clergé seul est appelé à défendre la Eeligion ; et que les laïques n'ont point cette mission, tandis que le Pape déclare, dans son Encyclique de 1853, que les laïques remplissent en cela un devoir filial, du moment qu'ils com- battent sous la direction du clergé. Le libéralisme moderne prétend que la Religion ne doit pas sortir de la sacristie, ni franchir les limites de la piété privée. Mais le Pape déclare que les catholiques ne peuvent défendre efficacement leurs droits et leurs libertés qu'en se mêlant acti- vement à toutes les affaires publiques. A ces traits caractéristiques, vous reconnaîtrez le libéralisme catholique. C'est pour cela que Nous avons cru devoir les signaler à votre sérieuse attention, pour que vous puissiez mieux comprendre la définition que Nous vous en avons donnée. Pour vous le faire connaître encore plus clairement, Nous allons reproduire ici ce qu'en disent les Pères du cinquième Concile Provincial de Québec. " Le libéralisme catholique,"disent-ils, "s'est introduit peu à peu " dans la sainte Eglise et s'y est caché en usant d'adresse et de " fourberie, comme l'ancien serpent dans le paradis (terrestre) afin " de séduire les âmes imprévoyantes, en les poussant, par ses " artifices, à manger du fruit de l'arbre de la science du bien et "du mal." Nous laissons à vos sérieuses réflexions toutes et chacune des paroles de cette définition, qui vous fait remarquer que le libéra- lisme n'est autre chose que le démon qui, caché sous la forme de l'ancien serpent et armé de sa rage, de sa malice et de sa ruse, se trouve maintenant au milieu de nous, pour nous perdre, comme il perdit malheureusement nos premiers parents, en nous dépouil- lant de la robe de justice et d'innocence, et eu nous faisant perdre CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 301 cette foi pure et simple, qui ne raisonne pas avec Dieu et avec l'Eglise ; hélas ! c'est pour nous rendre coupables d'orgueil et de désobéissance et nous mériter le plus terrible des châtiments de la vengeance divine, celui d'être honteusement chassés de ce sanctuaire de toutes les vérités révélées, en perdant la foi, et d'être plongés dans l'aibîme des plus grands maux. Pour le bien comprendre, il suffit de jeter un coup d'oeil sur les maux horribles qui désolent les gouvernements et les peuples européens, frappés d'un inconcevable vertige, en punition de leur libéralisme. Ainsi, N. T. C. F., la certitude que le libéralisme catholique est caché au milieu de nous et de la crainte que ce monstre affreux n'y cause tous les maux qu'il traiue nécessairement à sa suite, ont bien de quoi nous faire trembler et Nous forcer à élever la voix pour crier au danger, § II, Combien le libéralisme est à craindre. C'est une chose bien connue que la vue d'un serpent fait trembler les hommes les plus intrépides. Aussi, la sainte Ecriture pour nous faire craindre le péché, nous recomijiande-t-elle de le fuir, comme à la vue d'un serpent : Quasi afacie colubri fuge peccatum. Jugez-en par vous-mêmes, N. T. C. F., par quelques compa- raisons naturelles. — Quelles ne seraient pas vos continuelles alar- mes, si de bons amis vous avertissaient qu'un serpent venimeux s'est glissé, sans être aperçu, dans vos maisons ; qu'il se cache tantôt dans vos salons, et tantôt dans vos salles à manger ou vos chambres à coucher ; qu'il va se réchauffer dans vos lits ou dans les berceaux de vos enfants ? — Une telle nouvelle ne suffirait-elle pas pour déchirer vos cœurs de trouble et d'inquiétude ? — Pour- riez-vous demeurer un seul instant tranquilles ? — Yous viendrait- il même en pensée de ne faire aucun cas d'une telle information ou de contester avec les personnes sages et prudentes, qui vous la donneraient ? — Seriez-vous tentés d'ajouter foi à ceux qui vou- draient vous persuader qu'il n'y a rien à craindre, ni pour vous ni pour vos enfants, du contact de ce redoutable animal ? — N'est- il pas vrai que vous ne seriez sans inquiétude que lorsque vous auriez la certitude pleine et entière que ce dangereux serpent Aurait été mis à mort ou chassé bien loin de vos demeures ? — Ne 302 MANDEMENTS, LETTKES PASTORALES, prendriez- VOUS pas alors de minutieuses précautions pour laver tout ce que cet animal venimeux aurait infecté de son venin par son contact ? Telles sont, ]S'. T. C. F,, les impressions de crainte que vos Évêques, réunis en Concile, inspirent du libéralisme catholique, en vous apprenant que c'est un serpent qui s'introduit dans tous les ranss de la société chrétienne et se glisse même dans le sanctuaire, pour y répandre le trouble et la désolation. Mais, remarquez-le bien, c'est un serpent mille fois plus dangereux que tous les serpents du monde, puisqu'il empoisonne les âmes. § III. Ce que pense de ce libéralisme iV! S. Père le P ij)e. Mais ce que nous dit de cette monstrueuse erreur le Chef Suprême de l'Église nous en doit inspirer encore une plus vive horreur. " Mes Chers enfants," disait-il, en 1871, à la députation des catholiques de France qui, à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de son Pontificat, lui présentait une adresse, por- tant plus de deux millions de signatures, " mes chers enfants, il " faut que mes paroles vous disent bien ce que j'ai dans mon " cœur. Ce qui afflige votre pays et l'empêche do mériter les '' bénédictions de Dieu, c'est un mélange des principes. Je dirai " lé mot et je ne le teirai pasv ce que je crains, ce ne sont pas "■ tous ces misérables de la Commune de Paris, vrais démons de " l'enfer qui se promènent sur la terre. Non, ce n'est pas cela ; " ce que je crains, c'est cette malheureuse politique, ce lihéra- '' lisme catholique, qui est le véritable fléau. Je l'ai dit plus de '< quarante fois; je vous le répète, à cause de Tamourque je vous " porte." Le Saint Père pouvait-il parler de ce libéralisme en termes plus énergiques? C'est du fond du cœur qu'il tire les paroles qui tombent de ses lèvres ; et c'est pour l'amour de ses enfants qu'il parle ainsi. Ce qu'il craint, c'est plus les libéraux catholiques que les Révolutionnaires, qui ont bouleversé la France, ces années dernières, révolutionnaires qu'il dit être méchants comme des démons sortis de l'enfer et parcourant le monde, pour le remplir de maux ; car, il déclare que c'est un véritable fléau. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 303 Or, remarquez-le bien, N. T. C. F., celui qui tient un langage si sévère, c'est un père et un père qui aime ses enfants. C'est le premier des Pasteurs qui chérit ses brebis jusqu'à se sacrifier jour et nuit, pour assurer leur bonheur dans ce monde et dans l'autre. C'est le docteur suprême de l'Église, qui ne fait entendre sa voix aux fidèles confiés à ses soins vigilants que pour les préserver de toute erreur. N'est-il pas évident qu'il réprouve ce libéralisme comme souverainement préjudiciable et dangereux à l'Église? § IV. Le St. Fère, en réprouvant le Uhéralisme, montre qu'il prend les dehors de la piété, pour mieux se prop/ager. Le libéralisme n'est si préjudiciable aux âmes que parce qu'il se couvre des dehors de la piété, comme le loup se cache sous la peau de brebis, pour dévorer plus facilement le troupeau. C'est là l'imminent danger que signale N. S. P. le Pape, par ces paroles remarquables et dignes de la plus sérieuse attention. Elles se lisent dans le Bref du 28 juillet, 1873. " Les opinions libérales," dit-il, "sont accueillies par beaucoup " de catholiques honnêtes d'ailleurs et pieux dont, par conséquent, '■' la religion et l'autorité peuvent facilement attirer à eux les " esprits et les incliner vers des opinions très-pernicieuses. " Or, pour que de tels exemples ne puissent être pernicieux à personne, le Saint-Père croit devoir faire les déclarations sui- vantes : " Dans les nombreuses occasions où Nous avons repris les scc- " tateurs des opinions libérales. Nous n'avons pas eu en vue ceux " qui haïssent l'Eglise et qu'il eût été inutile de désigner; mais " bien ceux que Nous venons de signaler, lesquels, conservant et " entretenant le virus ou poison caché des principes libéraux " qu'ils ont sucé avec le lait, sous prétexte qu'il n'est pas infecté " d'une malice manifeste et n'est pas suivant eux nuisible à la " Religion, l'innoculent aisément aux esprits et propagent ainsi " les semences de ces révolutions dont le monde est depuis long- '' temps ébranlé." Vous ne vous étonnez donc plus, N. T. C. F., de voir les libé- raux catholiques prendre ainsi les apparences de dévouement à la Eeligion et affecter de se montrer attachés aux principes de la 304 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, foi et aux pratiques de la piété, vous qui savez que le démon, au -commencement du monde, prit la ressemblance du serpent, qui est le plus rusé de tous les animaux, afin de séduire nos premiers parents, et que tous les jours, Satan, comme l'assure l'Apôtre, se transforme en Ange de lumière, pour tromper plus sûrement les malheureux enfants d'Adam. Car, n'est-il pas évident que per- sonne ne voudrait être partisan de ce père du mensonge, s'il se faisait connaître tel qu'il est en lui-même et s'il se montrait à nous avec toute sa laideur et sa malice ? Si donc cet esprit de ténèbres entraîne tant de malheureux à sa suite c'est qu'il réus- sit, par ses mensonges, à leur faire accepter l'erreur pour la vérité, car, dit J.-C, il est menteur et père du mensonge. Aussi, devons-nous nous écrier, tous les jours, avec le prophète, à la vue de tant de fatales illusions: Enfants des hommes, jusqu'à quand aurez-vous le cœur appesanti ? Pourqvx)i aimez^ous la vanité et cherchez-vous le mensonge f Ps. IV. § V. Le Clergé ne fait que suivre la doctrine du Saint-Père. Nous n'avons pas besoin de vous prouver ici que vos Pasteurs se sont inviolablement attachés à la doctrine du Vicaire de Jésus- Christ, et qu'ils vous ont transmis fidèlement les oracles infail- libles qui sont tombés de sa bouche-. Vous n'avez pour vous en convaincre autre chose à faire que de comparer les instructions que vous donnent les Curés et Prédicateurs avec les décrets des Conciles et les Mandements, Lettres Pastorales et Circulaires de vos Evêques qui eux-mêmes n'ont fait que proclamer les ensei- gnements de l'Auguste Chef de la Sainte Eglise, Avec ces documents authentiques à la main, vous acquerrez L'intime con- viction qu'en écoutant votre Pasteur c'est l'Eglise .que vous écoutez ; puisque c'est l'Evêque, le Pape, Jésus-Christ lui-même qui vous parle par leur bouche, pour condamner le libéralisme qui se dit catholique, mais qui n'est qu'une erreur damnable. § VI. Sentiment de Mgr. de Ségur sur le libéralisme catholique. " Le libéralisme catholique," dit un célèbre auteur de nos jours, en s'appuyant sur les décrets du Souverain Pontife, " est " donc condamné, quoiqu'il ne le soit pas encore formellement " comme hérétique. Oui, ajoute-t-il, il y a incompatibilité abso- CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 305 " lue entre le catholicisme et le libéralisme. Et désormais un " chrétien tant soit peu instruit ne peut en sûreté de conscience '• ni être, ni se dire catholique libéral." ^ VII. Ce q2ie 2)eiisent du libéralisme adholique les ennemis de la religion. Mais il n'y a pas que les Pasteurs des âmes qui, d'un commun accord, rejettent et réprouvent le libéralisme comme ennemi du catholicisme. Car, parmi les protestants il s'en trouve qui le considèrent comme un allié fidèle du protestantisme, dans les combats incessants qu'il livre à la Religion catholique. N'e.'ït-ce pas, en effet, ce qui tout dernièrement a été publiquement procla- mé, dans un comté de ce diocèse, et a été répété dans toutes les parties de la Puissance? N'y prédit-on pas que le moment d'une grande bataille est arrivé entre le catholicisme et le protestan- tisme? N'y annonce-t-on pas que la victoire ne sera pas difficile à gagner, si les protestants du Bas-Canada font alliance avec les Canadiens libéraux français, qui, assure l'orateur, ont toujours été et sont encore partisans des institutions libres ? N'y met-on pas en avant qu'il ne s'agit, pour la population anglaise, que de montrer un peu d'énergie, et que, dans ce cas, tout ira bien? A en croire l'orateur, ne suffiruit-il pas, pour réduire au silence les canons de l'ennemi, c'est-à-dire, pour faire taire les voix de l'Ul- tramontanisme, de s'affirmer comme amis des libertés ? Après de semblables provocations de leurs amis et alliés, les catholiques-libéraux n'ont assurément pas bonne grâce de se poser, en public ou en particulier, comme de vrais amis de TEglise ; ils ne peuvent prétendre au droit de les représenter dans les Cham- bres et ailleurs j ils n'ont aucun titre à leur confiance ; loin de là, on ne peut les regarder que comme de faux frères et des traîtres ; il n'y a à rien conclure de leurs protestations de bonne volonté, sinon qu'ils cherchent à tromper, pour abuser ensuite de la con- fiance du peuple, afin d'arriver à leurs fins. C'est là un fait tout-à-fait significatif qui vous apprend, N. T. C. F., avec quelles sages précautions vous devez procéder, avant de donner votre confiance à qui que ce soit. Soyez de tout cœur pour ceux qui sont les amis sincères et. vrais défenseurs de vos droits religieux, non pas de bouche seulement, mais de tout cœur. 20= 306 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, § VIII. Ce qu'il y a à faire i^our ne pas faire fausse route. En traversant ces temps mauvais et en vivant dans ces jours de scandales, attachez-vous de tout votre cœur aux règles pratiques que Nous vous traçons, en la présence de Dieu et dans l'unique but de procurer votre plus grand bien. lo. Ecoutez J. C. en écoutant l'Eglise. A cette fin, pénétrez- vous de ces oracles sacrés tombés de la bouche du divin Maître: Celui qui vous écoute, m'écoute ; Celui qui n'écoute pas l'Eglise, qu'il soit pour vous comme un payen et un publicain. Or, voici comment il faut mettre en pratique cette règle. Chacun de vous peut et doit se dire, dans l'intérieur de son âme : J'écoutt mon Ciiré ; mon Curé écoute l'Evêque; VEvîque écoute le Pape; le Pape écoute N. S. J. C, qui l'assiste de son divin Esprit, pour le rendre infaillible dans l'enseignement et le gouvernement de son Eglise. Avec cette règle si sûre, je ne puis pas m'égarer ; et je suis certain de marcher dans la voie de la justice et de la vérité. 2o. Portez un religieux respect à tous vos Pasteurs, de crainte qu'en les méprisant, vous n'encourriez ce terrible anathème pro- noncé par Notre Seigneur : Celui qui vous méprise me méprise. Oh ! que ces paroles : mépriser Jésus-Christ en méprisant ses Prêtres, sont dignes d'attention et qu'elles mériteut bien d'être sérieusement considérées ! Comme il vient d'être observé, celui qui écoute le Prêtre écoute l'Évêque, et celui qui écoute l'Evêque écouta le Pape, et celui qui écoute le Pape écoute Jésus-Christ. Il écoute donc tout le Clergé dont Jésus-Christ est le chef. De même celui qui méprise le Prêtre méprise l'Évêque. celui qui méprise l'Evêque méprise le Pape, et celui qui méprise le Pape méprise Jés as-Christ. Il méprise donc tout le C'ergé dont Jésus-Christ est le chef. D'après tout ce qui a été reproduit plus haut des instructions données par le Pape et les Evêques, contre le libCTalisme catholi- que, il 63: visible que les Prêtres, dans leurs instructions sur cette déteslab e erreur, s'attachent scrupuleusement aux principes qui leur sont dictés par les premiers Pasteurs. C'est donc tout le Clergé qui parle par la boiich3 de cha^ui de ses membres. Ains CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 307 mépriser cet organe du Clergé, c'est mépriser tout le Clergé, c'est luépriser J.-C, qui eu fait ses ambassadeurs. C'est mépriser le Fère Éternel, qui a envoyé J.-C, son Fils unique dans le monde, pour l'instruire et le sauver. Mais comment faut-il considérer celui qui, soit sur les hustings, soit aux poils, soit dans les tribu- nes, soit dans les journaux, ose proférer des choses injurieuses à la personne et au caractère de ce Prêtre, pour mépriser ou faire mépriser sa parole et sa conduite, afin de lui ôter, s'il est possible, toute l'estime et la considération dont il jouit auprès du peuple et comment doit-il être traité ? Nous invoquons, pour y répondre l'autorité du St. Siège, contre laquelle il n'est permis a personne de répliquer et de s'insurger. Il y a environ trois ans, la Sacrée Congrégation de la Propa- gande, chargée de la surveillance Apostolique sur ce pays, fut informée que certains journaux se permettaient d'écrire quelque chose d'injurieux contre les autorités ecclésiastiques. Le Préfet de cette Sainte Congrégation s'empressa d'écrire aux Évêques de cette Province, pour les press3r de faire tout en leur pouvoir pour faire cesser ces discussions malheureuses qui ne pouraiertt que faire triompher les Protestants. Son Eminence recomman- dait dans cette Lettre, aux Evêques, de forcer, au beso n, eeitx qui se rendaient coupables en ce point, à .se soumett^-e à cette injonction, en défendant aux fidèles de lire leurs journaux. " Curent (Episcopi) ne hujusmodi contentiones per ephemerides " et libellos a cutholicis exerceantur, utque eos qui in hoc delique- ^* rint coercere, et si opus fuerit earumdem ephemeridum lectionem *' fidelibus prohibere non omittant." (Eescrit du 23 Mars 1873.) Nous publions, par la présente, cette règle de conduite ; et Nous ordonnons à tous ceux qui ont charge d'âme de s'y conformer exactement. Ainsi donc, ne pourront être admis aux Sacrements ceux qui liront ou encourageront efficacement les journaux dans lesquels on prend à tâche de couvrir d'injures les Pasteurs des âmes, parce qu'ils s'opposent à la propagation des principes erro- nés réprouvés par le Souverain Pontife ou par les premiers Pas- teurs, chargés par Jésus-Christ d'enseigner au peuple les saines •doctrines déposées dans le sein de l'Eglise. A plus forte raison, faudra-t-:l refuser les sacrements aux éditeurs qui écriront de 308 MANDEMENTS, LETTEES PASTORALES, telles insultes, et à ceux qui les emploient pour rédiger les jour- naux, dont ils sont propriétaires. 3o. Appliquez-vous à bien étudier ces principes sacrés sur les- quels reposent le bonheur et la tranquillité de la religion et du. gouvernement; écoutez avec attention les instructions qui vous sont données sur ces graves sujets, et lisez avec ardeur les bons livres qui en traitent. 4o. Priez avec ferveur et persévérance, eu demandant le don. d'intelligence qui vous fera discerner Terreur de la vérité, afin que vous ne soyez jamais flottants à tout vent de doctrine. Offrez^ à cette intention, les prières qui se font à la fin de chaque messe, par l'ordre de N. S. P. le Pape, aux Quarante-Heures, à l'exposi- tion des saintes Reliques, et autres circonstances heureuses où Dieu se plait à faire éclater son infinie bonté. Redoublez de ferveur, en faisant ces prières pendant les sessions du Parlement, afin que le St. E-prit daigne éclairer nos législateurs, pour que toutes les lois tendent à l'honneur de la religion et au plus grand bien du peuple. N'oubliez pas que le Prêtre, à chaque salut et bénédic tion du St. Sacrement, chante l'Oraison de la Reine. Or, en priant pour notre Gracieuse Souveraine, dans un moment si solennel, il prie en même temps pour tous ceux qui l'assistent dans le gouvernement de ses immenses domaines. 3Iais le peuple s'unit à la prière du Prêtre, pour demander la grâce d'être gouverné selon les règles de la sagesse, de la justice et de l'équité. Ah ! Nos Très Chers Frères, prions pour la Ste. Eglise, afin qu'elle jouisse de toute la liberté dont elle a besoin, pour le service de la divine majesté. Ut destructis advcrsitatihus et erroribus uni versis, secura tibi serviat Ubertate. § IX. Sacrilège horrible. Nous ne saurions terminer cette lettre sans vous faire part d'une bien triste nouvelle, qui remplira sans doute vos cœurs- d'une amère douleur. Nous l'empruntons à un journal de cette ville, qui la raconte dans les termes suivants : ''La Messe à Russeîl Hall. — Hier au soir (c'est-à-dire, Diman- "che, 30 Janvier courant ), à Russell Hall, le Père Chiniquy .a " fdit le sacrifice de la messe en vertu des droits que lui reconnaît- CIECULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 309 *•'• encore l'Eglise de pouvoir consacrer des hosties. Il a donc "" consacré au moyen des cinq paroles latines réglementaires deux " petites galettes, et pour mieux faire sentir au public que ces '' morceaux de pain n'avaient pns plus de vertu après qu'avant la " consécration, il les a brisés en miettes, en a jeté en l'air, foulé " aux pieds, et les galettes n'ont rien dit. ^l. Cliiniquy a pro- *• nonce hier un de ses plus éloquents discours ; nous en avons *' sténographié les principaux passages que nous publierons avant ""peu. En même temps, il a prié ceux des Canadiens qui veulent " devenir Protestants de ne plus aller chez lui, rue Peel, à partir "d'aujourd'hui, mais de se présenter à lui à Eussell HalL tous ^'lesjours, à partir de neuf heures du matin. Le nombre en " devient chaque jour si grand que la maison de M. Cbiniquy est V trop petite pour contenir tous ceux qui se présentent." C'est le Witness qui parle ainsi. Il n'y a donc pas à s'étonner s'il cherche à donner de l'importance à un malheureux qui sert si bien sa cause. Pour nous, c'est un puissant motif de redoubler d'efforts pour empêcher ce loup de dévorer une seule des brebis - 1876. Messieurs, . Vous conuaisïcz les soufiFrances de nos frères, persécutés au Nouveau-Bruuswick, et la vigoureuse et honorable défense qu'ils font, pour se maintenir dans leur droit imprescriptible d'élever et de faire élever leurs enfants dans les principes de leur foi. Vous connaissez aussi les faits déplorables qui se sont passés à Caraquette, où, à propos des écoles mixtes, il y a eu malheureu- sement du sang répandu ; ce qui a causé un procès désastreux qui se plaide encore, à l'heure qu il est, et dans lequel les accusés sont exposés à succomber, si on ne va à leur secours, pour leur donner le moyen d'en appeler au Conseil Privé de la Reine. Car, il est facile de s'imaginer que cette cause, se plaidant dans le lieu où se sont pas.sées ces scènes tragiques, l'issue ne peut que leur en être funeste. On en pourra juger par le fait suivant qui est attesté par des témoignages irrécusables, et qui parlera pour betiucoup d'autres «[ui ont été publiés par le MoniteMr Acadien, le St. John s Ntv:<. et le Freeman. Relativement au fait que les personnes ont tiré dans l'acte d'une légitime défense, nous avons, disent ceux qui m'ont fait ce rapport, des détails clairs de l'affaire. D'jibord, il a été avoué par la poursuite que ce sont les consta- bles C[ui tirèrent les premiers, et que quelques-uns des hommes qui se trouvaient dans le haut de la maison crièrent qu'on cessât de faire feu et qu'ils descendraient. Un des constables spéciaux admet qu'ils ont entendu ceci, et que quelqu'un des constables répondit: " Tuons tous ces chiens-là, jusqu'au dernier." Un des constables s'élevant sur les planches attenant à la mu- raille, et .se pas.sant une partie du corps dans la ports du grenier, déchargea .son revolver quatre fois, et pendant qu'il était ainsi à tirer, il fut tué par l'un des prisonniers. Mais ce ne sera qu'au Conseil Prifé que les avocats de la défen.se pourront faire admettre la vérité de ces faits, qui .sont reconnus comme authentiques par les personnes dignes de foi qui ont suivi de près cotte affaire. Or, pour cela, il faut que l'on aille au secours des accusés, par des souscriptions à l'étran- ger, parc3 que leur pays est trop pauvre pour eu faire la dépanse. CIRCULAIRES ET AUTHE.S DOCUMENTS. 313 Déjà, comme vou^s avez pu le voir dans les journaux, la ville lie Québec, à l'invitation de Mgr. l'Archevêque, s'est mise géné- reusement à contribution, et a tendu une main secourable à nos infortunés frères. Montréal ne manquera pas de suivre ce bel exemple, en répon- dant à l'appel qui lui est fait, par la présente, malgré la misère des temps. Cet appel est fait privémcnt, pour éviter certains inconvénients que l'on aurait à craindre, si on le faisait publique- ment. Mais, il faut l'espérer, il n'en sera pas moins efficace. Il rencontrera sans doute les plus vives sympathies des âmes vrai- ment charitables et patriotiques. Elles entendront, dans la pré- sente qui leur est adressée à cette fin, les accents de douleur et le bruit dos chaînes des infortunés prisonniers de Caraquette. Leurs entrailles en seront émues de compassion ; et elles s'empresseront de leur venir en aide, dans leur pressant besoin. Que le Seigneur, dans son infinie bonté, répande sur vous et sur vos familles, ses abondantes bénédictions. C'est le vœu sincère et ardent que forme celui qui est de vous le très-humble et obéis- sant serviteur, t IG., ÉY. DE MONTRÉAL. P. S. — Aux bons amis des Catholiques du Nouveau-Bruns- wick. Quelques citoyens se présenteront chez vous pour recueillir vos offrandes. MM. les Curés sont priés de voir en particulier quel- ques-uns de leurs notables paroissiens pour les intéresser à cette bonne œuvre. t Ig., Év. de M. 314 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Montréal, 19 Mars 187&. Monsieur le Curé, J'ose prendre la liberté de vous adresser aujourd'hui la lettre circulaire que vous avez lue il y a déjà quelques années, afin d'attirer de nouveau votre attention et vos considérations sur un sujet qui n'a pas perdu de son importance et de son actualité. Chargé par l'Archevêque de St.-Boniface de m'occuper de cette question, et de tâcher de préparer un mouvement d'émigration de notre nationalité vers Manitoba, et conseillé par des amis dévoués, j'ai cru pouvoir rappeler à votre mémoire ce qui avait été décidé dans le temps, mais que des circonstances malheureuses ont empêché jusqu'ici. Nous croyons être capables de vous dire aujourd'hui que ces obstacles ont disparu et je pense sincèrement que les conseils si patriotiques contenus dans la lettre collective de nos Evêques, peuvent aujourd'hui être mis à exécution. Il est certain que nos eflPorts vont se diriger surtout du côté des Etats-Unis pour en rappeler nos compatriotes, mais en même temps, nous vous demandons de vouloir bien diriger de notre côté ceux de vos paroissiens qui déjà sont décidés à changer dé place. Nous voulons essayer, par tous les moyens en notre pou- voir, de conserver notre prépondérance religieuse et nationale dans le Nord-Ouest, et cela, nous ne l'obtiendrons que par l'émigratiou dont nous parle cette lettre des Evêques. En eflFet, si, comme le disent si sagementles Evêques. deux ou trois paroisses, ou mieux, si chaque paroisse de la Province de Québec " assurait le concours d'une famille honnête, etc.,'' pour Manitoba, ce serait un bien bel acte de patriotisme et qui ne manquerait pas d'avoir des résultats très-consolants. C'est ce que font nos voisins les Ontariens, qui se cotisent et procurent le& moyens à plusieurs familles d'aller les représenter à Manitoba. Il semble que ce qu'ils font, nous pouvons le faire nous aussi et avec autant et plus de succès. Nous reposant, Mr. le Curé, sur la sympathie que vous avez toujours montrée à notre cause, nous osons réclamer encore la même bienveillance en vous priant d'encourager cette œuvre d'émigration. Si on ne prend pas la chose en sérieuse considération et des moyens énergiques pour faire face à l'élément protestaiit anglais. CIECULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 315 qui nous envahit là-bas, bientôt nous ne compterons plus dans la balance des affaires politiques. Ceux qui désirent avoir des renseignements sur Manitoba et la manière de s'y rendre, peuvent s'adresser à moi ici, ou prendre ces informations dans les feuilles publiques, qui ont souvent publié ces documents. Espérant, Mr. le Curé, que vous voudrez bien excuser ma liberté,, je me souscris bien respectueusement. Votre très-humble et obéissant serviteur, ALB. LACOMBE, Pire, 0. M. I. Montréal, le 5 Août 1876. Monsieur, Monseigneur' l'Evêque de Montréal ne pouvant, à cause de- l'état de maladie et de souffrance dans lequel il se trouve actuel- lement, vous adresser lui-même, cette année, une circulaire relati- vement à la'J Retraite annuelle, me prie de vous expédier la même Circulaire (qu'il vous envoyait le 11 Juillet de l'année dernière. Vous voudrez donc bien mettre à exécution toutes les recommandations qui vous sont données dans cette Circulaire, en mettant de côté ce qui était de circonstance. Je suis bien sincèrement. Monsieur, Votre très-humble serviteur, , t ÉDOUAED-CHS., ÉV. DE GRATIANOPOLIS. 316 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Salut à Marie, conçtie sans péché, l'honneur de notre peuple. — Réjouiséons-nous beau- coup dans ce' jour que le Seigneur a fait. LETTRE PASTORALE DE MGR. L'ÉVÊQUE DE MONT- RÉAL, CONCERNANT LES CATHOLIQUES QUI, DANS LEURS MALADIES, VONT SE FAIRE SOI- GNER À L'HOPITAL-GÉNÉRAL PROTESTANT. IGNACE BOURGET, PAR LA GRÂCE DE DIEU ET DU SIÈGE APOS- TOLIQUE, ÉVÈQUE DE MONTRÉAL, ETC., ETC., ETC. Aux catholiques fréquentant V Hôpital-Général protestant, pour s^ y faire soigner, dans leurs maladies, Saint et Bénédiction en Notre Seigneur. § I. DE LA BONNE ET DE LA MAUVAISE MORT. La mort des saints est précieuse aux yeux de Dieu. Aussi doit-elle être, N. T. C. F., l'objet de tous vos désirs. Pretiosa in conspectu Domini mors sanctorum ejus. Car, le St. Esprit nous déclare que ceux-là sont heureux qui meurent dans le Sei- gneur. Beati qui in Domino moriuntur, car c'est elle qui nous ouvre la porte du ciel. Rien donc de plus nécessaire et de plus désirable qu'une bonne mort, comme aussi rien de plus terrible qu'une mauvaise mort, la mort dans le péché. Or, c'est pour prémunir ses enfants contre un si grand malheur, que la sainte Eglise catholique a tracé à ses ministres des règles très-strictes et souverainement salutaires, pour qu'ils travaillent sans relâche à en préserver les fidèles confiés à leurs soins. Nous allons, dans cette Lettre, les signaler à votre sérieuse attention. § IL DE LA PRÉPARATION ÉLOIGNÉE À LA MORT. Comme rien ne nous est plus nécessaire que de bien mourir, rÉglise, dans sa sollicitude maternelle, n'omet aucun soin pour y préparer ses enfants, «pendant tout le temps qu'ils demeurent voyageurs sur cette terre de larmes et de misère. Il est en effet facile de se convaincre que cette bonne mère n'a pour but, dans tous ses exercices religieux, que de les éloigner du mal, et de leur faire pratiquer le bien. Or, c'est en cela que consiste essentielle- CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 31T ment la bonne vie ; et cette bonne vie est une préptiration conti- nuelle à la bonne mort, qui est le couronnement de l'accomplisse- ment fidèle des Commandements de Dieu et de l'Église. Heureux donc ceux qui vivent tous les jours, comme si tous les jours ils devaient mourir, puisque l'Esprit-Saint nous déclare qu'ils ne pécheront pas. Memorare novissima tua, et in œternum non peccobis. § III. DE LA PRÉPARATION PROCHAINE À LA MORT. Mais c'est surtout lorsque ses enfants arrivent au moment suprême que l'Eglise redouble de soin et de vigilance, pour les préparer à paraître devant le souverain Juge, dans cet état de justice qui leur obtienne une sentence favorable. Vous pourrez vous en convaincre vous-mêmes en donnant une attention sérieuse aux règles qu'elle a tracées, dans son Rituel, sous l'inspiration du St. Esprit, pour apprendre aux Pasteurs comment ils devaient assister leurs frères à la mort. Elle recommande d'abord à chacun d'eux de se bien pénétrer de l'importance qu'il y a pour lui de donner tous ses soins aux malades, en l'averti.ssant que c'est là un de ses principaux devoirs. Meminisse débet (Parochus^ non j^ostremas esse muneris sui jyartes cegrotantium curani habere. Comme les malades .sont bien exposés à se faire illusion sur leur état, et tentés de rejeter la pensée de la mort, comme si elle était encore bien éloignée, lorsqu'elle frappe déjà à la porte, le Pasteur, pour dissiper cette fatale illusiuu, doit, de lui luêoie et sans qu'on l'appelle, les visiter aussi souvent qu'il est nécessaire : Ultra ad'illum accédât ; idque non semel tantum, sed sapins. Dans la crainte de n'être pas averti parles parents des nialades assez à temps pour prévenir tout accident, il avertit ses parois- siens de l'informer, quand ils apprennent qu'il j a dans la paroisse quelque malade, surtout quand la maladie devient plus grave. Hortetur parochianos suos ut ipsum admoneant. L'Eglise porte encore plus loin sa vigilance, pour que les fidèles ne soient pas exposés à mourir sans les secours et les con- solations de la religion, c'est d'enjoindre aux médecins de refuser leur assistance aux malades qui, saveuglant sur leur état, négli- geraient d'appeler le Prêtre pour se confesser. Cavetur siib gra- 318 MANDEMENTS, LETTRES PASTOEALES, vihus pœnis ne tnedici ultra tertlam vie mœgrotos visitent, nisi j>rius ipsis certo consret, illos confessionis sacramento rite expiâ- tes fuisse i Il doit, dans ses visites, pourvoir aux besoins de ses malades, surtout quand ils sont pauvres. Mais ce doit être surtout à les bien préparer à faire le grand passage du temps à l'éternité qu'il doit s'appliquer davantage, afin de les fortifier contre les tenta- tions qu'emploie le démon, pour perdre les âmes, lorsqu'elles sont sur le point de paraître devant Dieu. Omnem diligentiavi ponat, lit in via salutis eas dirigat atque a diaholicis insidiis... deftn- dat. C'est encore pendant chacune de ses visites qu'il s'efi"orce d'ins- pirer à ses malades une grande confiance en la miséricorde de Dieu, avec de vifs sentiments de douleur et de repentir, pour leur obtenir le pardon de tous leurs péchés. Comme un bon Pasteur qui compatit aux maux de ses brebis, il les exhorte à souffrir avec patience leurs maladies et à bien régler toute leur vie. In domino consoJetur, excittt ac recret... horteturque ut vitam inoresque suos melius instituât. Il use de la plus grande vigilance, pour qu'aux approches de la mort les malades reçoivent en pleine connaissance les derniers sacrements et évitent ainsi les illusions des démons qui cherchent à les tromper, pour les empêcher de jouir d'un si grand bienfait et d'une grâee si nécessaire. Ubi vero periculum immineat, paro- chus monebit cegrotum ne dœmoniim astutia,.. decipi sinat. Sancta sacramenta...reKgiose suscipiat. Lorsque, par un fatal aveuglement, qu'on ne saurait trop déplorer, le malade résiste à toutes les pressantes sollicitations de la grâce et refuse de se réconcilier avec Dieu qui va bientôt le juf^er, le bon Pasteur se ranime dans l'exercice de son zèle ; et il prie et fait prier pour obtenir sa conversion, afin qu'il meure dans la orâce de Dieu. Adhibendœ sunt etiam tam privatœ tnm pu- blicœ ad Deum jjreces, ad divinam gratiam impetrandam pro sainte miseri decumbentis. Dans ses visites réitérées, le Pasteur verra quelles sont les différentes tentations qui agitent le malade, pour y apporter yn remède efficace. Apta remédia prudenter adhibebît. Pour CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 319 dissiper ses frayeurs à la pensée des terribles jugements de Dieu, il lui présente de saintes images dont la vue réveille dans son âme la foi, la confiance et l'amour. Sacras imagi- nes... oh oculos ejus apponi curabit. Il jette souvent sur lui de l'eau bénite et recommande à ceux qui l'assistent, de l'asperger, parce qu'il est bien connu que la vertu de cette eau sainte est de mettre en fuite les esprits de malice qui rodent sans cesse autour de son lit comme des lions rugis- sants, cherrhant à le dévorer. Vasculum item àdsit aquœ benedictœ qua fréquenter aspergatur. Il lui suggère de pieuses prières, pour l'entretenir dans tous les sentiments de piété et de religion. Proponat etiam œgrotanti aîiquas brèves oratio- nes. Il le console en l'assurant qu'il priera pour lui au saint sacrifice de la messe et qu'il fera prier pour lui obtenir toutes les grâces qui lu: s Dut nâîa^-saires, dans ce moment suprême qui va décider de son éternité. Cansoletur infirmum dicens se 2iro eo inmissœ sacrijîcio oratorum. Il l'engage à mettre ordre à toutes ses affaires, à restituer le bien mal acquis, à faire son testament, à prescrire des aumônes pour le soulagement des pauvres et des infirmes pour obtenir grâce auprès du Souverain Juge qui a promis de pardonner à tous ceux qui auront donné à manger à ceux qui .ont faim, etc. Aegroto sua deat %it... rem ^uavi omnem recfe constituât. Enfin, lorsque le malade tombe en agonie, le Pasteur s'unit à toutes les personnes présentes, pour remettre, par de ferventes prières, son âme entre les mains de son créateur. Il implore pour lui la protection de la glorieuse Mère de X>ieu et le secours de tous les Anges et de tous les Saints, pour qu'ils viennent recevoir son âme et la présenter au Souverain Juge. Proficiscere anima Christiana ... Omnes sancti intercédant pro eo. § lY. APPLICATION DE CES RÈGLES À CEUX QUI MEURENT À L'HÔPITAL-QÉ-VÉRAL. Telles sont, N. T. C. F., les règles pleines de sagesse et de charité qu'a faites l'Eglise, pour aider ses enfants à faire une bonne mort. Telles sont les précautions inouïes qu'elle prend, pour qu'aucun d'eux ne périsse! Tels sont les moyens efficaces qu'elle 320 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, emploie, pour que les âmes créées à l'image de Dieu et rachetées au prix du sang précieux de son Fils soient sauvées ! Pensez-vous maintenant, N. T. C, F., qu'il soit bien possible d'appliquer ces règles, de prendre ces précautions, d'employer ces moyens à l'égard des Catholiques qui se font soigner à i'Hôpital- Grénéral protestant? Yous vous convaincrez facilement vous- mêmes que la chose nest pas possible, à moins que l'on ne change le règlement qui vient d'y être établi par le Conseil des directeurs et le Comité de régie, concernant l'admission des Prêtres catho- liques dans cet hôpital. Vous pouvez en juger par les faits sui- vants qui sont publics et bien constatés. On y a refusé à un Prêtre vraiment recommandable, sous tous rapports, par sa piété et son zèle, dont la présence y était requise par un patient qui, par suite de ce refus, y est mort, privé du secours et des consolations qu'il avait droit d'en attendre; et qui même n'a pu recevoir le baptême absolument nécessaire au salut, comme vous le savez. Ce fait qui révolte la foi et la raison mérite votre plus sérieuse attention. Ce refus est un fait sérieusement calculé, et auquel on tient fortement. Car, la Congrégation de St. Patrice, ayant son Pasteur et ses Prêtres à sa tête, a réclamé en vain contre cet acte d'oppres- sion., qui est évidemment contre la liberté de conscience des Catho- liques, et n'a pu être inspiré que par un esprit de prosélytisme aussi condamnable que regrettable. Il est facile de conclure de là que l'on est bien décidé à marcher dans cette voie. On peut donc s'attendre que ce qui s'est passé, dans cette circonstance, pourra se renouveler dans toute autre. Malheur donc aux impru- dents qui s'exposeraient à un aussi imminent danger de perdre leur âme pour l'amour de leur corps ! Ce déni de justice a été accompagné d'un mépris affecté et d'un dédain injurieux à des gentilshommes qui ont fait cette réclama- tion appuyée sur des preuves incontestables. Car, on ne s'est même pas donné la peine d'essayer à réfuter ces solides raisons; et l'on a voulu l'emporter contre toute raison et par une violence qui n'a pas de nom. Pour justifier ce prétendu droit de pouvoir exclure le Prêtre du dit hôpital, chaque fois qu'on le trouvera bon, le Comité de CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 321 régie a déclaré officiellement, sans aucun désaveu de la part des Directeurs, qu'il n'y avait aucune obligation de l'adujettre ; et que, si on juge à propos de le faire, ce n'est que par tolérance, et par un pur acte de déférence et de politesse. Avec un tel principe, on peut s'attendre que l'entrée de l'hôpital devra être fréquemment interdite au Prêtre catholique. Il est vrai qu'il pourra s'y présenter de lui-même aux heures d'admission générale, comme tous les autres visiteurs. Mais alors- que d'embarras sil lui faut entendre les confessions, porter le St, Viatique, administrer l'Extrême-Onction et faire les instructions, prières, cérémonies dont il a été question plus haut, pendant que tout le monde va et vient, parle, se moque, s'approche de ce Prêtre et de son malade, pour entendre tout ce qu'ils disent et voir tout ce qu'ils font ? Quelle irrévérence n'y aurait-il pas à faire des actes religieux qui requièrent la plus grande attention et la véné- ration la plus profonde, à des heures où l'hôpital devient comme une Babel où l'on parle toutes les langues, exerce tous les cultes ; et où l'on se livre à. tous les mouvements que fait naître le spec- tacle d'un tel lieu dans de telles circonstances ? Mais qu'arrivera-t-il si quelque malade tombe tout-à-coup dans un danger imminent ? Si, comme on paraît vouloir y tenir, l'on se prévaut de ce règlement pour ne pas appeler le Prêcre, le malade ne mourra-t-il pas sans le secours de la relision, parce que l'on voudra qu'il attende les heures d'admission? Il en sera de même sans doute quand on aura lieu de craindre qu'il ne tombe dans le délire, ou un accès de fièvre qui le privera de la raison et lui fera perdre l'usage de ses sens. Vous le voyez, N, T. C. F., il y aurait pour vous de graves inconvénients à aller vous faire soigner à l' Hôpital-Général pro- testant. Vous le voyez clairement, l'on ne pourrait se conformer aux règles de l'Église qui vous ont été exposées plus haut, pen- dant que vous seriez traités comme malades. Vous seriez par con- séquent privés des secours spirituels dont vous auriez un si grand besoin, dans ces jours de souffrances et d'infirmités, que vous aurait ménagés la divine Providence, pour vous ramener à des pensées salutaires. 21« 322 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, § V. CONCLUSIONS À TIRER. Mais tous ces grands et précieux avantages se trouvent heureu- ment réunis dans l'Hôpital catholique qui vous ouvre son sein, pour vous prodiguer tous les soins corporels et spirituels dont vous pouvez avoir besoin. Il est grand et spacieux et digne de la religion qui l'a fondé au prix des plus grands sacrifices. Il est agréablement situé dans un lieu qui est à l'abri du tumulte et du bruit qui ont coutume d'être insupportables aux pauvres malades. Placé sur un joli coteau, au pied de notre magnifique montagne, et entouré de jardins bien cultivés et émaillés de fleurs, il reçoit sans aucun obstacle un air pur et embaumé qu'il fait respirer à ses malades. Ces avantages extérieurs sont encore surpassés par la propreté exquise, l'ordre parfait, la tranquillité et le calme qui y régnent jour et nuit et qui en font un séjour de bonheur, même au milieu des souffrances. En y entrant, on tombe sous les soins d'un grand nombre de bons et charitables médecins, qui s'appliquent avec une sollicitude infatigable, à remédier à tous les maux, à soulager toutes les souffrances, et à dissiper les peines et les misères de la vie par leurs soins empressés. Dans cet heureux hôpital, demeurent jour et nuit de charita- bles hospitalières qui consacrent au service des malades, qui sont leurs plus chers trésors, leur jeunesse, leur beauté, leurs talents et leurs forces, et qui, lorsqu'épuisées de travaux et de veilles, elles descendent da«ûs la tombe, sont remplacées sans interruption par d'autres qui se font les héritières de leur charité et de leur dévouement. Leur vie toute entière se passe à servir les pauvres malades, à leur administrer des remèdes, à panser leurs plaies, à soulager leurs souffrances, à les veiller la nuit, à les nourrir le jour, à les consoler dans leurs peines et à prier pour qu'ils se sanctifient en pratiquant la patience et les autres vertus qui ouvrent le ciel à ceux qui meurent dans la grâce de Dieu. Il va s'en dire que, dans cette sainte maison, toutes les règles faites par l'Eglise pour obtenir une bonne mort, sont religieuse- ment observées. Les malades sont exhortés à temps à se bien CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 323 préparer à paraître devant Dieu. Ou y fait des instructions régulières et de pieuses lectures. Le saint Viatique y est admi- nistré avec pompe et solennité. Le sacrement de VExtrême- Onction y est donné aux malades autant que possible, pendant qu'ils ont leur parfaite connaissance, afin qu'ils puissent en retirer plus d'avantage pour leur âme. Les indulgences à l'article de la mort leur sont appliquées afin de les aider à satisfaire à la justice de Dieu. Ils meurent en baisant avec vénération les saintes images de Jésus crucifié, de son immaculée Mère, des An^^es et des Saints, eu la compagnie desquels ils espèrent bientôt entrer. Ils expirent enfin en prononçant les doux noms de Jésus Marie ^t Joseph, et au milieu des prières qui se font autour de leurs lits, par les chastes épouses de Jésus-Christ en union avec leurs pauvres malades. Leurs soins ne se bornent pas là ; car par leurs pieux sufi"rages, elles accompagnent les âmes de ceux qui viennent d'expirer entre leurs mains jusqu'au pied du tribunal du Souverain Juge, pour leur obtenir un jugement favorable. Tels sont les précieux avantages réservés à ceux que la divine bonté appelle à mourir dans cette maison de bénédiction. Notre illustre et bien-aimé prédécesseur y est mort, il y a trente-six ans ; et ce fut un spectacle bien touchant, quand son corps, pour être transporté à l'église, dut passer par toutes les salles et s'y arrêter pour y recevoir les suffrages des pieux malades. A ce spectacle, on se reportait en esprit au temps de St. Malachie abbé, qui, quelque temps avant sa mort, témoignait le désir de mourir dans une maison sainte. Il fut exaucé ; car, peu de temps après, il mourut le Jour des Morts et dans le monastère de son ami, St. Bernard, qui était rempli de fervents Eeligieux. Ce qui Xous a porté à vous adresser cette lettre, c'est unique- ment le désir de votre salut éternel, comme vous le voyez, J>i. T. C F., en vous indiquant les [moyens de faire une bonne mort. Car, loin de Nous tout esprit do fanatisme que Nous avons en horreur, comme vous avez pu vous en convaincre en toutes occa- sions, et tout dernièrement encore, lorsqu'il s'est agi de l'enterre- ment de l'infortuné Gruibord. Car, vous n'avez pas oublié ce que Nous avons fait, dit et écrit pour vous exhorter instamment à demeurer en paix, pendant que beaucoup d'entre vous se prépa- 324 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, raient à faire une vive résistance à la violence que l'on voulait faire au lieu saint. Dans cette circonstance mémorable, Nous vous recommandions^ N. T. C. F., de vivre saintement, pour mériter d'être enterrés en terre sainte. Aujourd'hui, Xous élevons la voix pour vous indi- quer les vrais moyens que vous avez à prendre pour mourir sain- tement, afin de mériter d'être admis dans la terre des vivants,, dans ce beau et délicieux paradis, promis à tous ceux qui sont assez heureux pour mourir daus le Seigneur, et de la mort des Justes. Dans cette vue, vous prendrez vos précautions pour mourir dans vos maisons ou dans votre hôpital, où vous trouverez cer- tainement tous les secours que vous pourrez espérer de la divine- bonté, pour terminer saintement votre carrière, dans ce lieu de pèlerinage en route pour le Ciel. En vous écrivant cette Lettre Pastorale, Nous nous sommes^ abandonné à l'inspiration de la glorieuse Vierge Marie, Mère de Dieu, que nous honorons aujourd'hui (26 Avril) sous le titre de j^otre Dame de Bon Conseil. Etant, comme le répète si souvent l'Église dans ses Litanies, le Siège de la divine Sagesse, Sedes Sapienticf, Xous l'avons humblement suppliée de vouloir bien Nous diriger dans une affaire si délicate, d'où dépend le salut de beaucoup d'âmes, afin que Nous puissions suivre en tout les règles de la prudence, dans une aussi importante démarche. Nous l'avons en même temps priée pour vous tous, afin que. éclairés de la lumière d'en haut, vous vous conformiez fidèlement aux saintes rèo'les de l'Eglise que Nous venons de vous expliquer et qu'ainsi vous puissiez sauver votre âme, en menant une bonne vie et en faisant une bonne mort. Ad cœlestem patriam féliciter perdu- camur, " O Marie, Mère de grâce, mère de miséricorde, protégez-nous " contre les attaques et les pièges de l'ennemi ; et recevez vous- " même notre âme à l'heure de notre mort, pour !a présenter à " votre divin Fils, qui sera notre Juge. Tu nos ah hoste protège " et hora mortis suscipe." Sera la présente Lettre Pastorale lue et commentée au prône de toutes les Églises de la ville et de la banlieue, dans lesquelles CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 325 se fait l'office public, en une ou plusieurs fois, le premier dimanche Après sa réception. Donné à Montréal, en la Fête de Notre-Dame de Bon Conseil, le vingt-sixième jour du mois d'Avril, en l'année mil huit-cent soixante-seize, sous notre seing et sceau, et le contre-seing de notre secrétaire. t IG., ÉY. DE MONTRÉAL, Par Monseigneur, J. 0. Paré, Chanoine Secrétaire. P. S. — lo. La présente Lettre est avant tout adressée aux paroisses de la ville et de la banlieue, parce que c'est là que rési- dent, en plus grand nombre, les catholiques qui vont se faire soigner à l'hôpital protestant. 2o. Elle doit aussi être publiée dans toutes les églises du -diocèse, afin que les catholiques, qui viennent de toutes parts •dans cette ville, soient avertis que ce n'est pas à cet hôpital mais à THôtel-Dieu qu'ils doivent aller se faire soigner. 3o. Elle devra aussi être publiée dans toutes les Communautés <î'hommes et de femmes, afin que l'on y comprenne la nécessité de prier pour demander à Dieu que tous les catholiques, obligés d'aller se faire soigner dans quelque hôpital, se fassent conduire de préférence à l'Hôtel-Dieu. 4o. Tous les Prêtres qui sont dans le ministère ainsi que les Religieux et Religieuses, consacrés aux œuvres de charité, pro- fiteront de toutes les occasions qui se présenteront pour détourner les malades d'aller se faire soigner à l'hôpital protestant. 5o. Il doit y avoir là-dessus une entente cordiale, pour que les malades soient dirigés avec prudence et précaution vers l'établis- sement où ils seront en sûreté pour leur foi, et où ils auront les moyens de travailler à leur salut. 60. Il en doit être de même des bons et pieux laïques qui ne doivent rien négliger pour procurer à leurs frères le précieux avantage de pouvoir profiter de leurs maladies pour se sanctifier et faire une bonne mort. 7o. A plus forte raison, les médecins qui rencontrent, dans leur pratique, des malades à qui l'hôpital serait nécessaire, doivent se faire un devoir de leur recommander l'Hôtel-Dieu. 326 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, 80. La presse devrait aussi se mêler à ce concert de voix qai recommandent tout spécialement' les soins charitables qui sont donnés aux malades de l'Hôtel- Dieu. Un des moyens à prendre pour cela serait de publier de temps en temps les cures et opéra- tions qui s'y font et qui seraient propres à étendre et maintenir sa réputation. 9o. Les efforts qui se font pour attirer les malades catholiques, comme les autres, à l'hôpital protestant, doivent engager tous ceux qui ont à cœur l'honneur de la religion à se concerter pour donner à. notre maison de charité la plus grande importance possible. Car, il leur faut être pour le moins aussi zélés pour le plein succès d'une institution catholique que le sont nos frères séparés pour un établissement protestant. Puissent ces suggestions obtenir un plein succès, celui de vider l'Hôpital-Général de tous les catholiques qui, ci-devant, allaient s'y faire soigner ! N. B. — Cette année, comme les précédentes, chacun pourra substituer, à la messe, l'Oraison qu'il croira propre au besoin du temps, et dire, v. g., au lieu de Domine Jesu Chiste, etc., pres- crite pour l'année, toute autre : v. g.. Ad postulandam sereni- tatem ou Ad petendam pluviavi, en avertissant les fidèles de ce changement à' Oraisons, pour les engager à s'unir en par- ticulier aux prières publiques que fait l'Eglise pour subvenir à leurs nécessités. t Ig., Év. de Montréal. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 327 CIECULAIEE DE MONSEIGNEUR L'ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, FAISANT APPEL À LA CHAEITÉ DU CLERGÉ, DES COMMUNAUTÉS ET DES FIDÈLES DE SON DIOCÈSE, EN PAVEUR DES INCENDIÉS DE ST. HYACINTHE ET DE ST. JEAN DORCHES- TER. Montréal, le 5 Septembre 1876. Nos Très Chers Frères, Vous savez l'effroyable malheur qui vient de frapper la ville de St. Hyacinthe, dont les ruines sont encore fumantes, et dont les gémissements de ses infortunés habitants se font entendre de tioutes parts. Leurs cris douloureux sont déjà parvenus à vos cœurs ; et vous en avez été profondément affligés. En effet, la voix publique vous a fait connaître les horribles désastres de cette ville, qui mérite à tant et de si justes titres les sympathies de la nôtre, qui lui a en quelque sorte donné naissance, et qui, par ses rapports commerciaux et autres, l'a singulièrement favorisée, durant ces dernières années surtout, et l'a aidée à pren- dre un tel accroissement, qu'elle faisait concevoir une juste espérance qu'elle deviendrait, dans peu d'années, une de nos belles et importantes cités. Nous n'avons pas à vous dire comment en peu d'heures cette intéressante ville est devenue la proie des flammes, qui, poussées par un vent impétueux, ont réduit en cendres la partie de cette jeune cité qui était le centre de son commerce, et renfermait le plus de population. Aussi, est-ce un triste spectacle de ne voir debout, dans tout ce quartier, qu'une centaine de maisons qu'en- courent les tristes décombres de plus de six cents édifices, qui se jjOnt écroulés en présence de ce fléau dévastateur. Nos désirs les plus sincères et les plus ardents seraient sans doute, N. T. C. F., de pouvoir porter un secours prompt et e&- cace à cette ville, qui, pour toutes sortes de raisons, et principale- ment à cause de sa charité et de son zèle à secourir les pauvres, qu'elle trouvait moyen de soulager dans leur misère et leurs pressants besoins, mérite qu'on lui aille en aide. Mais, vous le comprenez comme nous, les temps si durs que 328 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, nous traversons, et la crise financière qui. depuis si longtemps, réduit un si grand nombre d'ouvriers à ne savoir que faire pour donner du pain à leurs enfants, nous mettent dans la nécessité de nous tenir dans des bornes, hélas ! trop étroites, pour porter un secours efficace à un si grand nombre de nos frères qui, à l'heure qu'il est, sont sans abri, sans pain, sans habits. Nous ne pou- vons penser à solliciter des souscriptions assez abondantes pour les aider à rebâtir leurs maisons incendiées. Ainsi, la présente Circulaire est uniquement pour vous inviter à vous mettre à contribution, afin d'aider les incendiés de St. Hyacinthe à se procurer les choses les plus indispensables à la vie. A cette fin, il se fera dans chaque Eglise où se fait l'office public quelques collectes qui seront adressées le plus tôt possible à rÉvêché, avec les habits qui seront donnés pour habiller ceux que l'incendie a réduits à la nudité. En conséquence. Messieurs les Curés sont priés, dans chaque paroisse, de recourir à des femmes zélées et charitables, pour recueillir les aumônes aussi bien que les habits et autres objets qui seront jugés devoir apporter quelque soulagement à tant d'infortunés. On se rappelle tout ce qui, dans le temps, fut envoyé aux incendiés du Saguenay. Tous ces objets seront remis fidèlement à Monseigneur l'Evê- que de St. Hyacinthe qui, au moyen de ses Sœurs de charité et des dames qui, dans sa ville, se consacrent aux bonnes œuvres, ne sera pas en peine d'en faire une juste distribution, selon les besoins de chacun. Il est entendu que si à St. Jean, qui vient aussi de passer par un terrible incendie, il se trouve des familles réduites à la même misère qu'à St. Hyacinthe, l'on partagera ces secours en bons frères. La présente lettre sera lue en chapitre et au prône, aussi sou- vent qu'il sera jugé nécessaire. Nous recueillons, pour vous écrire la présente, le peu de force que la divine Providence, sollicitée par tant de ferventes prières qui se sont faites pour Nous, a daigné Nous rendre, depuis plusieurs jour.5 ; et tout en vous remerciant de votre charité, Nous voua bénissons tous, au nom du Dieu de miséricorde, en le suppliant CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 329 •de vous le rendre au centuple, à vous et à toutes les personnes •charitables, dont Nous implorons de nouveau l'assistance et dont H^ous sommes le tout dévoué serviteur, t IG., ÉV. DE MONTRÉAL. Salut, à Mnrie, conçue ganspéché, l'honneur de notrepeuple. — Ré.jouii- sons-nous beaucoup dans ce jour qu* le Seigneur a fait. MANDEMENT DE MONSEIGNEUR J.'ÉVÊQUE DE MONTEÉAL, ANNONÇANT SA DÉMISSION. IGNACE BOURGET, PAR LA GRÂCE DE DIEU ET DU SIÈGE APOSTOLIQUE, ÉVÊQUE DE MONTRÉAL, ETC., ETC. ^M Clergé séculier et régulier, aux Communautés religieuses, et à tous les Fidèles de notice Diocèse, Salut et Bénédiction en Notre Seigneur. § I. Démission de lEvéque. Nous avons reçu, N. T. C. F., de Notre Saint Père le Pape un Bref en date du dix Juillet dernier, dans lequel Sa Sainteté Nous annonce qu'Elle a accepté notre démission ; et qu'ElleNous a en conséquence déchargé du fardeau de la sollicitude pastorale, que Nous avait imposée Grégoire XVI, de sainte et heureuse mémoire. En recevant cet important Rescrit, Nous l'avons baisé avec un profond respect, en bénissant le Divin Pasteur d'avoir daigné exaucer ainsi nos vœux les plus sincères, et eotendu les secrets soupirs de notre cœur. Cela fait, Nous nous empressons déporter cette nouvelle à votre connaissance, afin que vous sachiez que n'étant plus votre Ëvêque, Nous n'avons plus sur vous aucune autorité, parce que le St. Père vous fait passer sous la houlette d'un autre Pasteur. § II. Il proclame son successeur. Ce nouveau Pasteur est, comme vous savez, ^lonseigneur Edouard Charles Fabre, Évêque de Gratiaoopolis, que le Saint 330 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Siège Nous avait, dans sa sollicitude, donné pour Coadjuteur cum futura successione, et qui, par conséquent, en vertu de son Bref Apostolique, en date du 30 Avril 1873, devient de plein droit, avenant notre démission, Evêque de Montréal. Ce Prélat vous est parfaitement connu, puisqu'il est né et a été élevé parmi vous ; et qu'il a exercé le saint ministère dans cette ville et ce Diocèse, avec beaucoup de zèle, en remplissant pendant plusieurs années d'abord l'Ofl&ce de Chanoine, et ensuite celui de Coadjuteur, qui l'a mis en de continuels rapports avec les paroisses, les Communautés, les Séminaires et les Collèges, en y donnant des retraites, et surtout en y faisant la Visite Pastorale. Il est donc déjà initié à toutes les affaires quil aura à traiter, pour le bien de vos âmes. § ÏIÏ. 'Espérances bien fondées que donne le nouvel Evêque. D'après tousses antécédents, que vous connaissez parfaitement, votre nouvel Evêque a tout ce qu'il faut, pour vous faire espérer que son administration sera longue et heureuse. Car, il est jeune et jouit d'une bonne santé; ce qui lui permettra d'entreprendre, avec confiance, des œuvres importantes pour la gloire de Dieu et le bien de l'Eglise, avec le ferme espoir de pouvoir les mener à bonne fin. Les entreprises qu'il fera pour la gloire de Dieu et le bien des âmes, obtenant ainsi un heureux succès, tourneront à l'avantage du Diocèse tout entier. En jouissant ainsi des bien- faits sans nombre qui découleront de son administration, toujours: dirigée par l'esprit de Dieu, vous comprendrez de plus en plus le bonheur que vous aurez de vivre sous la conduite de votre nouvel Evêque. Vous aurez donc à en bénir le divin Pasteur ; et vous comprendrez mieux que jamais qu'un bon Pasteur est le plus beau présent que le Seigneur puisse faire à son peuple. En retour d'une aussi grande faveur vous travaillerez constam- ment à faire le bonheur de votre nouvel Evêque, et à alléger le lourd fardeau dont il va se charger pour le bien de vos âmes, par votre profonde vénération pour sa personne, votre ponctuelle exac- titude à exécuter ses ordonnances, et votre zèle généreux à laider dans toutes ses entreprises pour le bien des âmes et le soulage- ment de toutes les misères. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 331 § IV. Résultats de cette démission. Pour Nous, N. T. C. F., par cet acte de démission, sanctionné parN. S. P. le Pape, Nous cessons d'avoir avec vous les rapports accoutumés, en cessant d'exercer le ministère pastorale. Nous descendons du trône épiscopal, pour rentrer dans la vie privée. Nous disparaissons du théâtre des affaires ecclésiastiques et des démonstrations religieuses, pour Nous retirer dans une solicitude muette et silencieuse. Nous nous séparons de la société des hommes pour avoir plus de liberté de converser avec Dieu et ses Anges. Nous nous éloignons du bruit et des agitations de la vie publique, pour pouvoir méditer plus à l'aise les années éternelles et Nous préparer à y entrer avec plus de confiance. Mais cette solitude, qu'elle est aimable et délicieuse ! Qiiam^ dilecfa taber- nacula tua, etc. Elle était depuis longtemps l'objet de nos plus ardents désirs ; et comme le cerf altéré, Nous soupirions après les eaux rafraîchissantes qui y coulent paisiblement, en jaillissant jusqu'à la bienheureuse éternité. Quemamodum desidernt cervus ad fontes aquarum. Il Nous est donc enfin donné d'entendre ces paroles du Bon Pasteur à ceux qui sont dans le travail et la peine. Vernie ad me onines qui lahoratis et onerati estis et ego reficiam. vos. N'allez pas croire toutefois, N. T. C. F., que notre intention est de rompre tous les liens qui Nous attachent à vous. Loin de Nous une telle pensée ; car dégagé, dans la retraite, des soins multiples qui absorbent tous nos moments. Nous serons au contraire plus libre de nous occuper, dans l'intérieur de notre âme, de vos plus chers intérêts, tout en repassant les années de notre vie pastorale, pour les réparer. Pourrions-Nous d'ailleurs vous voir exposés à tant de dangers sur la mer orageuse du monde, sans être saisi de frayeur, et sans demander avec ins- tance que vous soyez préservés de tout naufrage. Nous aurons donc sans cesse sous les yeux l'exemple du divin Pasteur qui, sur le point de se séparer de ses chers disciples, les recommandait à son adorable Père, avec une charité incomparable. O Père Saint, lui disait-il, avec tout€ les émotions d'un amour tendre et compatissant, ô Père infiniment bon, prenez sous votre toute-puissante protection ces chers disciples que vous m'avez. 332 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, donnés, et gardez-les en votre nom. Pater sancte, serva eos in nomine tuo quos dedisti niihi. Préservez-les de tous les dangers auxquels ils sont exposés de tomber dans le mal et de se perdre éternellement Rogo.. Alt serves eos a malo. SanctiSez-les, en leur faisant pratiquer des œuvres de justice et de vérité, afin qu'ils soient consommés dans une parfaite union et charité. Sanctijica eos in veritate... ut sint comsummati in unum. Joan. 17. § V. Sentiments produits par cet acte de démission. Au reste, Nous ne saurions, N. T. C. F., Nous séparer de vous sans vous dire quelque chose de ce qui, dans cette occasion, se passe dans l'intérieur de notre âme. Nous avons eu ensemble, pendant plus de trente-six ans, des rapports si journaliers et si intimes que c'est pour Nous aujourd'hui un besoin de vous parler à cœur ouvert, comme un père à ses enfants, comme un Pasteur à ses brebis. Nous comprenons que Nous n'avons pas fait tout le bien que Nous avions à faire pour le salut de vos âmes ; et que Nous ne nous sommes pas sacrifié comme Nous l'aurions dû, pour le bien du troupeau confié à nos soins. Nous n'ignorons pas que Noua avons, sans le vouloir, centriste plusieurs parmi vous, et Nous en sommes profondément affligé. Mais quelqu'orageux qu'aient été les temps, que Nous avons si péniblement traversés, nous voici arrivés à un terme où tous les brouillards disparaissent, pour faire place à la sérénité, à la paix, à la joie qui font le bonheur de la famille, et qui permettent de s'écrier avec trans- port: 0 qu'il est doux pour des frères de ne faire qu'un cœur et qu'une âme. Quam bonum et quam jucundum hahitare fratres in unum ! § VI. Dernières recommandations. C'est pour la dernière fois, N. T. C. F., que Nous élevons la voix dans vos assemblées religieuses. Ce sont donc les derniers avis que Nous avons à vous donner, avant de Nous séparer de vous. Ce sont les derniers accents de notre voix défaillante, avant d'être réduite au silence de la retraite et de la tombe, que TOUS allez entendre. Ce sont les dernières étincelles du feu que CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 335 le divin Pasteur a caché au fond de notre cœur que vous allez recueillir. Enfin, ce sont les dernières paroles d'un père aimant, qui exhorte des enfants bien-airaés à la fuite du mal et à la pra- tique du bien, que Nous vous adressons, pour réparer, s'il est possible, tout ce qui a manqué à notre sollicitude, depuis trente- six ans que Nous répondons de vos âmes. Or, ce n'est pas dans une simple lettre que Nous pourrions remplir ces lacunes regret- tables, et accomplir un aussi rigoureux devoir. Vous ne trouverez donc pas mauvais que Nous rappellions ici à votre attention ce que, à diverses époques. Nous vous avons écrit, soit pour vous prémunir contre les scandales auxquels vou» étiez exposés, afin de vous engager à les éviter, soit pour vous faire connaître les œuvres de charité et de piété qui pouvaient augmenter en vous les trésors de grâces que vous amassfez pour le Ciel, afin de vous apprendre à vous associer à tout le bien qui se faisait dans le Diocèse. Ces recommandations se sont toujours réduites à ces deux paroles de la Sainte Ecriture, qui renferment au reste toute la morale chrétienne : Fuyez le mal et faites le bien. Diverte a malo et fac bonum. Ces recommandations ont été publiées dans divers Mandements, Lettres Pastorales et Circulaires, adressés à vos Pasteurs et déposés aux archives de vos Eglises. El arrivera donc de temps on temps que, selon les circonstances et les besoins de vos âmes, l'on vous eu répétera la lecture. Veuillez bien alors y donner une attention sérieuse, dans la pensée que c'est là comme l'écho de la voix d'un Pasteur, qui ne sera plus à la vérité, mais qui a dé.siré pou- voir vous faire entendre sa voix, du fond même de sa tombe. Car, les besoins du passé sont ceux du présent et seront ceux de l'avenir. Les fruits déjà heureusement produits par ces docu- ments pourront se renouveler autant de fois que le besoin s'en présentera. § VII. Abus à corriger. (Diverte a malo.) Avant de Nous séparer de vous, notre devoir, N. T. C. F., serait de vous avertir, comme Nous venons de vous l'observer, de- vons abstenir de tous les crimes, qui vous mettent en danger de- "334 MANDEMENTS, LETTKES PASTORALES, périr' éternellement. Mais, comme Nous avons souvent signalé ces déplorables désordres, Nous croyons qu'il sera plus utile de vous faire simplement remarquer ceux qui régnent encore dans nos villes et nos campagnes, et qui navrent de douleur le cœur de vos Pasteurs et scandalisent les bons chrétiens. Car, hélas ! il n'est que trop visible que les scandales se multiplient dans notre société ; que l'ivrognerie y apparaît sous les formes les plus hideu- ses ; que le luxe le plus ruineux envahit toutes les classes de la société ; que l'usure la plus insatiable ne connaît plus de bornes et ruine les fortunes les mieux assurées ; que le Saint Nom de Dieu est horriblement outragé par les faux serments, les impré- cations et lesjurements les plus exécrables ; qu'il se commet, dans le commerce, des injustices criantes, bien capables de provoquer la colère du ciel ; que l'immoralité s'affiche sans pudeur et s'alimente par des fréquentations criminelles, des rendez-vous passionnés, des romans dangereux, et des gravures, tableaux et statues de la dernière indécence ; qu'il se commet, aux élections, des désordres de tous genres par la corruption, les faux serments, les animosités, et autres abus qui attirent la colère de Dieu et ses malédictions. Encore une fuis, l\o\\r, Uiuus, N. T. C. F., avant de vous quit- ter, votre sérieuse attention, sur tant de criants abus, qui sont des plaies dans notre société, pour vous inviter à y apporter remède par vos prières, vos gémissements et vos bons exemples. § VIII. Bonnes œuvres d favoriser. (^Fac bonimi.) Lorsque, en 1840, Nous succédâmes au premier Evêque de Montréal, Nous nous vîmes chargé d'un fardeau beaucoup trop pesant pour nos faibles épaules. Tout était à iaire ; et Nous n'avions rien par Nous-même pour créer les établissements nou- veaux qui étaient à faire, pour venir en aide à ceux qui existaient déjà, pour donner un peu d'élan aux œuvres de charité et de piété. Cependant, formé à l'école de notre prédécesseur, qui avait des vues très-larges sur les diverses œuvres qui étaient à faire, Nous comprîmes que pour remplir ses vues, comme pour exercer son autorité, il Nous fallait des secours puissants, et que Nous ne pourrions les trouver que dans des Institutions qui ont cette importante mission à remplir. CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 335 Ça donc été, d'après les plans que Nous avait tracés cet illustre Evêque, pour former une bonne administration, dans son nouveau Diocèse, que le Chapitre de la Cathédrale a été fondé ; que des Congrégations de Missionnaires ont été établies ; que des Sémi- naires et Collèges ont été ouverts aux jeunes étudiants ; que de nouvelles Communautés religieuses d'hommes et de femmes se sont élevées, pour venir en aide aux membres soufi'rants de Jésus- Christ; que les anciennes se sont comme dilatées, pour pouvoir soulager plus de misères, en embrassant tous les besoins de la pauvre nature humaine, depuis le berceau jusqu'au trépas; que des sociétés de charité et associations de piété se sont mises à l'œuvre, pour donner à manger à ceux qui ont faim, habiller ceux qui sont nus^ et secourir ceux qui sont en danger pour la foi ; que des hospices ont surgi, sur tous les points de ce Diocèse, pour abriter les orphelins, les infirmes, les vieillards et toutes espèces de nécessiteux. Pour alimenter ces œuvres de charité et de piété, le divin Pas- teur a multiplié les secours spirituels ; car, les jubilés se sont suc- cédés en grand nombre, en produisant des fruits de vie ; les missions et les retraites se sont données continuellement da^s les paroisses et les Communautés, et ont fait couler, d'un bout de l'année à l'autre, des torrents de grâces; les sacrements ont été plus réguliè- ment fréquentés, de grand pécheurs se sont réconciliés avec le Seigneur et ont persévéré dans la grâce ; les dévotions au S, Cœur de Jésus et à l'Immaculé Cœur de Marie, celle des Quarante- Heures et beaucoup d'autres sont venues répondre au besoin des âmes pieuses qui se montrent de plus en plus affamées des choses saintes. Or, après Dieu, c'est à votre foi et à votre charité qu'il faut attribuer le succès de toutes ces œuvres, dont on parle partout, parce que vous n'avez cessé de tendre une main secourable à ceux qui sont venus de toutes parts implorer votre secours, dans leurs pressants besoins spirituels et corporels, et qui, de retour dans leur pays, ont pu, moyennant vos aumônes, former de précieux établis- sements, pour l'honneur de la religion et la conservation de la foi. Aussi, en terminant notre carrière, pouvons-Nous, en toute con- fiance, vous adresser ces j)a rôles que le grand Apôtre adressait 336 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, aux Romains: Je rends grâces à mon Dieu par Jésus-Christ pour vous tous, parce que les œuvres de votre foi sont publiées dans le monde entier. Gratias ego Deo meo per Jesitm Christiim pro omnibus volis ; quia fides vestra annuntiatur in universo mundo, Rom. 1. Mais sans doute vous ne l'oublierez jamais, N. T. C. F., vous ne vous êtes portés à tant d'œuvres saintes que par des motii's de' foi et de piété, et non par aucune considération humaine. Aussi, avons-Nous le ferme espoir que votre zèle se perpétuera et se transmettra à vos enfants d'âge en âge, et jusqu'à la dernière génération, pour assurer de plus en plus le bonheur de vos familles et la prospérité de notre heureux pays. C'est donc avec une pleine et entière confiance que. sur le point de disparaître à vos regards, Nous recommandons à votre charité toutes les personnes qui, en' se consacrant à Dieu pour faire ces œuvres avec plus de perfection et de succès, ont renoncé, par un vœu particulier, aux biens de ce monde. Oui, N. T. C. F,, secourez, vous dirons-Nous avec l'Apôtre, toutes ces personnes charitables qui Nous ont aidé à accomplir les œuvres de miséri- oorde que nous recommande à tous si fortement rÉvangile : Adjuves nias, qnœ mecum lahoraverant in Evangdio. Philip- C. IV. V. 3. Accueillez-les toujours avec une grande bonté : Ut viscera mta suscipe. Philim. 12. Que si parfois elles se ren- dent importunes, à cause des pressants besoins des pauvres, veuillez bien me l'imputer. IToc mihi imputa. Philem. 18. Nous n'avons pas besoin, N. T. C. F., de rappeler à votre souvenir que ces vices qu'il faut éviter, et que ces œuvres saintes qui vous ont été recommandées, sont la matière des lettres que Nous venons de vous citer, comme devant être pour vous tous les échos de notre voix, lorsque, à diverses époques, Nous faisions appel à votre piété et charité. La docilité dont vous faisiez alors profession ne se démentira pas sans doute. Loin de là elle se déploiera avec un redoublement d'énergie et de bonne volonté. Ainsi, ces lettres que Nous ne pouvions vous écrire qu'au milieu d'occupations incessantes, ou dans le calme de la nuit, mais en chassant le sommeil, vont avec le temps se mûrir et se graver peu à peu au fond de tous les cœurs ! Puissent-elles former ainsi un. CmCULAIEES ET AUTKRS DOCUMENTS. 337 corps d'enseignement traditionel, qui perpétue, dans le Diocèse, des règles pratiques qui soient des garanties certaines de la bonne morale ! A cette fin, Nous osons porter bien haut là-dessus nos espé- rances, en comptant sur les paroles et l'exemple de St. Pierre. Je considère comme juste, écrivait-il aux premiers chrétiens tant que je suis du monde, de vous exciter au bien, par de près santés exhortations. Justiim autem arhitror quandiu sum in hoc tahernacido, suscitare vos in commonitione . Je suis certain, ajoutait-il, que je suis sur le point de quitter ce corps, qui est comme une tente sous laquelle j "habite, pour faire le voyage de cette vie mortelle : Certus quod veîox est depositio tahernacidi met secundum qxiodet Dominus Noster Jésus Christus significavit mihi. Mais alors, concluait-il, j'aurai soin, après ma mort, de penser souvent à vous, pour que vous vous ressouveniez de ces avis que je vous ai donnés : Dabo autem operam et fréquenter habere vos post ohitum meum, iit horum memoriam faciatis. 2 Pet. 1. Puisse le Seigneur, dans son infinie bonté, Nous faire participer ù cette grâce du Prince des Apôtres ! Comme Nous serions heu- reux, au sein de la gloire, de pouvoir ainsi toujours nous occuper de vos plus chers intérêts! Car, ne sont-ce pas les Ministres des saints Autels, les fervents Religieux et Religieuses des Commu- nautés, et tous les bons et pieux enfants de l'Eglise qui doivent être notre gloire et notre couronne ? § IX. Autres recommandations. Dans l'unique et ardent désir de contribuer, autant qu'il est en Nous, au plus grand bien du Diocèse, pour qu'étant toujours gouverné selon les saintes règles de l'Eglise, il puisse prospérer et opérer tout le bien qu'il est appelé à faire, Nous croyons devoir, N. T, C. F,, insister sur les points suivants : 1. Ayez toujours pour le Souverain Pontife une profonde véné- ration, un amour filial, une obéissance aveugle à tous les décrets qui émanent de sa suprême puissance. Montrez-vous en toutes circonstances humbles et dociles envers tous ceux qui partagent son autorité, pour l'aider dans le gouvernement de l'Eglise uni- 22"= 338 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Tcrselie, savoir, les Eminents Cardinaux, Prélats et autres person- nages élevés, qui forment ce que l'on appelle communément le St. Siège, la Sainte Eglise Romaine, y compris les fidèles qui sont spécialement sous son Magistère. Unde unitatis vigor per totum Ecdesiœ Corpus diffunditur. En vue de tant de grâces qui en découlent, attachez-vous de cœur et dame à la Papauté, qui a pour mission divine de gouverner, diriger et sauver les nations qui espèrent en elle. Ah ! puisse ce Diocèse lui être toujours et invariablement dévoué ! Il n'aura jamais à craindre le naufrage; et il pourra compter sûrement sur le succès de ses œuvres. 2. Attachez-vous par des liens indissolubles à vos Pasteurs, Evêques, Curés, Religieux et autres Prêtres. D y va de vos plus grands et de vos plus chers intérêts. Car, tous, selon le degré qu'ils occupent dans la sacrée hiérarchie, travaillent, veillent, prêchent, confessent, pour le salut de vos âmes dont ils répondront devant Dieu. Regardez, dit St. Ignace, Martyr, votre Evêque comme vous représentant N. S. Jésus-Christ, et vos Prêtres, comme tenant la place des Apôtres. Pénétrés de ce sentiment de foi, aimez-les et obéissez-leur en tout ce qui regarde le soin de vos âmes. Tenez à la doctrine qu'ils vous enseignent au nom de Jésus-Christ, soit qu'ils vous parlent d'un commun accord, ou par des lettres collec- tives. Ne croyez pas ceux qui vous diraient qu'ils sont hommes à revenir sur leur enseignement, par exemple, sur celui qu'ils ont solennellement et oflEciellement proclamé dans leur Lettre Pasto- rale du 22 Septembre dernier. Heureux donc le peuple qui met toute sa confiance dans le Seigneur son Dieu, et dans les Pasteurs qu'il a préposés à la garde et au soin des âmes ! 3. Aimez-vous les uns les autres, sans égard aux qualités personnelles, ou à la distinction de race ou d'origine. Car, Dieu est le Père de tous, quoiqu'il le soit plus spécialement des fidèles qui, par la foi, sont les enfants de l'Eglise. Aimez-vous d'un amour sincère et véritable ; et donnez-en la preuve par vos œuvres. Aimez vos familles et travaillez à en faire des familles saintes. Aimez vos co-paroissiens ; et ne faites avec eux tous qu'un cœur* et qu'une âme, pour contribuer généreusement aux charges communes de la paroisse, pour qu'il n'y manque rien de tout ce qui peut être néceseaire à l'entretien des Eglises, au CIKCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 339 soutiéû des Pasteurs , au soulagement des pauvres, des malades et des affligés. Aimez votre Diocèse qui forme une réunion de familles domestiques et paroissiales, et qui, lui aussi, constitue une famille diocésaine, sous la surveillance de l'Evêque, qui en est le père. Comme membres de cette grande famille, intéres- sez-vous au succès des œuvres qui s'y font pour l'honneur de la religion qui doit se montrer, par ses œuvres, grande et généreuse. Continuez à vous intéresser en particulier à la construction de la nouvelle Cathédrale que Nous avons entreprise non pour Nous, comme il vous est plus facile que jamais de vous en convaincre, mais pour tous et chacun de ceux qui en font partie. Cela ne Nous empêche pas de nous y intéresser vivement comme si Nous devions en avoir l'usage. Aussi, la voyant s'élever sous nos yeux, par une protection toute particulière de la divine Providence, Nous prions pour ceux qui contribuent à la construction de ce beau Monument religieux, en disant à Dieu, dans la simplicité de notre cœur, avec l'Eglise qui nous met à la bouche cette touchante prière : Seigneur notre Dieu, que votre Saint-Esprit descende sur ce temple et sur son autel, pour sanctifier vos dons et ceux de votre peuple. Ils seront bénis ceux qui vous ont bâtis. Pour vous, ô Eglise sainte, véritable Sion, vous vous réjouirez dans vos fils, puisqu ils seront tous bénis et qu'ils se rassembleront auprès du Seigneur. Benedicti erunt, qui te œdificarunt, etc. 4. Tenez à honneur, N. T. C. F., à avoir des Eglises bien pro- pres, bien entretenues et bien ornées. Car, l'on juge de la foi d'un peuple par son Eglise. Là-dessus Nous n'avons que de justes éloges à rendre au zèle qui vous anime pour la Maison du Seigneur. Mais, Nous ne terminons pas ce Mandement sans vous répéter ce que Nous vous avons dit déjà du soin que vous devez prendre de vos Cimetières et de la dévotion qui doit vous engager à y aller prier pour vos parents et amis dont les corps y reposent, afin que leurs âmes puissent être purifiées de toutes souillures, pour être admises dans le séjour des saints. À cette fin, Nous vous avons invités et Nous vous invitons de nouveau à demander que le Chemin de la Croix y soit érigé, après que ces Cimetières auront 340 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, été suffisamment préparés à devenir un lieu de pèlerinage, pour le soulagement des saintes Ames du Purgatoire. Vous connaissez les raisons particulières pour lesquelles Nous avons fait sous ce rapport appel à votre piété. Aussi, serez-vous prêts à répondre à vos enfants et petits-enfants qui vous deman- deront, dans la suite des temps, pourquoi l'on tient en si bon état ces champs de morts et quelles raisons on a eu d'y faire ériger le Chemin de la Croix. Ça été, leur répondrez-vous, pour réparer la grave injure faite à ce lieu saint, et montrer toute l'horreur que le peuple catholique en a ressentie, et faire eonnaître, à toutes les générations à venir, que tous ceux qui négligent de remplir leurs devoirs religieux et qui meurent dans la disgrâce de l'Eglise, doivent être privés des honneurs de la sépulture ecclésiastique. Ces beaux cimetières qu'arroseront les fontaines de grâces qui couleront du Calvaire, parleront donc bien éloquemment pour dire à tous que les enfants rebelles ne doivent pas reposer à côté des bons enfants de l'Eglise. Tous ceux donc qui visiteront en grand nombre ces pieux cimetières en sortiront pénétrés de la nécessité de vivre en bons chrétiens, pour se procurer les avan- tages, qu'il faut en attendre, dans ce monde et dans l'autre. § X. Derniers adieux. Il est temps maintenant, N. T. C. F., de vous faire nos der- niers adieux. Pour vous les faire convenablement Nous emprun- tons les paroles suivantes au discours que St. Grégoire de Nazianze adre.«sa au Clergé et au peuple de Constantinople, avant de quitter cette grande ville. Comme vous allez le voir, il V fait ses adieux aux Evoques et aux Prêtres, aux Religieux et aux Religieuses, aux grands de la Cour et aux citoyens de la ville, dans un langage véhément qui révèle les profondes émotions de sa belle âme. Il salue eu même temps, avec des sentiments religieux, l'auguste Trinité, qu'il avait honorée avec uii ardent amour, les Anges et les Saints qui l'avaient protégé, d.iiis le pénible ministère qu'il avait exercé dans cette ville, et fait sfjs adieux aux Églises qui avaient été le théÂtre de son zèle. " Je suis, ' disait-il à une foule immense réunis pour l'entendre CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 341 une dernière fois, *' chargé d'années et d'infirmités; et je n'aspire plus qu'après la mort. Je fais des vœux pour que mon succes- seur se montre un défenseur héroïque de la foi. Je lui laisse volontiers un trône où l'on m'avait forcé de m'asseoir. Adieu, daignez conserver quelque souvenir de moi Lais- sez-moi partir; je vous le demande au nom de mes cheveux blancs et de mes longs travaux pour le service de Dieu et de son Eglise Mes cheveux blancs m'avertissent qu'il me faut songer au repos. Je vous en supplie donc, au nom de l'auguste Trinité que nous honorons de concert laissez-moi vous quitter Dieu saura, dans sa miséricorde, vous donner un Pasteur digne de lui et de vous, un Evêque dont la vertu coura- geuse réprimera les lâches et serviles complaisances, et qui osera, s'il le faut, affronter la haine du peuple pour servir la vérité. Adieu donc et pour la dernière fois Adieu, vous toutes Eglises de Constantinople, demeures sacrées de la foi Adieu, Saints Apôtres, céleste colonie, qui m'avez servi de modèle dans mes combats Adieu, Chaire pontificale Concile de Pontifes, Sénat des Prêtres, vous tous enfin, ministres du sanctuaire, qui environnez la table sacrée. Adieu, Chœur des Nazaréens, harmonie des psaumes sainteté des vierges, modestie des femmes, assemblée des orphelins et des veuves, regards des pauvres tournés vers Dieu et vers moi. Adieu, maisons hospitalières, amants du Christ et succursales à mon infirmité Adieu, grande cité, vraiment amie du Christ, je me plais à lui rendre ce témoignage Encore un conseil avant de la quitter pour jamais : qu'elle demeure fidèle à la vérité; qu'elle réforme ses mœurs et qu'elle serve mieux le Seigneur Adieu, Ange G-ardien de cette Eglise, qui proté- giez ma présence Et vous, Trinité Sainte, ma pensée et ma gloire; puissent (l'Orient et l'Occident, pour lesquels j'ai combattu et pour lesquels je suis accablé) conserver votre foi parmi eux, et puissiez-vous les sauver tous ! Sauvez mon peuple ! Que j'apprenne chaque jour qu'il s'élève en sagesse eten vertu. Mes enfants, gardez le dépôt sacré des traditions ; souvenez- * vous de mes labeurs. Que la grâce de Jésus-Christ Notre- ' Seigneur demeure avec vous tous. Amen." 342 mjlndemexts, lettres pastorales, Nous ne terminerons pas ce long Mandement, qui est le der- nier que Nous avons à vous dresser, sans vous faire observer que ce fut à pareil jour, il y a quarante ans, que notre vénéré prédécesseur prit, sous la protection de l'Immaculée Vierge, dont l'Eglise célèbre la bienheureuse naissance, possession de son nouveau diocèse. Il montait donc sur le trône épiscopal en un jour plein de grâces et de bénédictions. C'est dans ce même jour que Nous nous déchargeons du lourd fardeau que sa mort pré • maturée fait peser, depuis trente-six ans, sur Nos faibles épaules. Priez donc, N. T. C, F., pour que Notre démission aussi bien que Son exaltation tourne au plus grand bien de ce diocèse, PRIÈRE 1 LA SAINTE VIERGE. O divine Marie, Vierge Immaculée et Glorieuse Mère de Dieu, permettez qu'aujourd'hui Nous déposions à vos pieds sacrés le lourd fardeau de la charge pastorale qui Nous fut imposée il y a trente-six ans par l'Eglise, et que, pour cela. Nous dûmes rece- voir avec une humble soumission, dans la ferme confiance que vous seriez vous-même notre soutien, notre guide, notre force, notre consolation. Ce fut avec le plus ferme espoir que toutes les grâces dont Nous sentions si vivement le besoin, nous seraient accordées en temps opportun, que Nous proclamâmes les inépuisables trésors de grâces cachées dans votre très saint et immaculé Cœur, en érigeant dans toutes les paroisses et Communautés de ce diocèse l'Archiconfrérie, en chargeant les Chanoines nouvellement institués d'en être les zélés propagateurs. Afin de mieux Nous assurer la protection de ce Cœur si admirable et si puissant. Nous voulûmes assister à la glorieuse définition du dogme de votre Immaculée Conception, qui a fait couler des torrents de grâces dans le monde entier, et en particulier dans ce diocèse, qui vous est tout spécialement dévoué ! Vous avez daigné, ô Mère de grâce et de miséricorde, accepter . Nos vœux et ceux de toutes les âmes dévotes que votre divin Eils a confiées à nos soins. C'est vous qui avez suppléé à tout ce qui Nous manquait de lumières, de talents, de connaissances pour accomplir les œuvres de Notre vocation. Aussi, tous ceux qui CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 343 ont VU prospérer ces œuvres ont été forcés de reconnaître que vous étiez avec Nous, pour que votre adorable Fils fût glorifié, lui à qui est dû tout honneur dans les siècles des siècles. O notre bonne et tendre Mère, achevez maintenant ce que vous avez daigné commencer par pure bonté ; et mettez le comble à votre maternelle charité, en prenant sous votre protection toutes ces œuvres, et en bénissant tous ceux et celles qui ont bien voulu y contribuer_, afin qu'ils en reçoivent ici-bas la récompense au cen- tuple avec la gloire éternelle dans le séjour des saints. Daignez enfin accepter l'offrande de tout ce que Nous avons et de tout ce que Nous sommes, afin que, déchargé du lourd fardeau que Nous avons porté jusqu'ici, par obéissance à la Ste. Eglise que vous aimez tant, Nous puissions, dans la retraite, expier toutes les fautes de la vie passée, pour qu'étant purifié de toute tache et souillure, Nous puissions entrer dans le Ciel dont vous êtes la Porte, pour jouir du bonheur éternel en votre présence et en la compagnie de tous les Anges et de tous les Saints. Ainsi toit-tî. Sera le présent Mandement lu au prône de toutes les églises dans lesquelles se fait l'Office public et au Chapitre de toutes les Communautés Ileligieuses, le premier Dimanche après sa récep- tion. Donné à Montréal, le huit Septembre, mil huit-cent soixante- seize, soug notre seing et sceau, et le contre-seing de notre secré- taire. t IG., ÉV. DE MONTEÉAL. Par Monseigneur, J. 0. Paré, Chan. Secrétaire. 344 MANDEMENTS, LETTRES PASTORALES, Salut à Marie, conçue sam péché, f honneur de notre peuple. — Réjouissom-nous beau- coup da7is ce jour que le Seigneur afit, CIECULAIEE AU CLEEGÉ ACCOMPAGNANT LE MANDEMENT DU 8 SEPTEMBRE 1876. BlEN-AlMÉS COLLABORATRURS, Vous Nous permettrez sans doute de vous faire quelques obser- vations sur le Mandement qui accompagne la présente, afin qu'il soit compris et exécuté d'une manière plus uniforme. Nous faisons appel, en vous l'adressant, à votre bonne volonté ; car, ce n'est pas, comme ci-devant, un acte d'autorité. En le lisant et le commentant, veuillez bien présenter ce qui y est dit comme dernières recommandations d'un père à ses enfants avant de s'en séparer et de leur faire ses derniers adieux. Dans une circonstance qui est de soi si touchante, les derniers avis d'un père, qui doit bientôt disparaître, font d'ordinaire de plus profondes impressions dans l'esprit et le cœur des bons enfants, qui en con- servent un souvenir ineffaçable. Ces recommandations ne sont au fond qu'un résumé de tout ce que Nous avons dit dans nos Mandements, Lettres Pastorales et Circulaires particulières, à différentes époques où le devoir Nous forçait d'élever la voix et où, dans votre zèle, vous faisiez tous vos efforts pour faire comprendre aux fidèles, confiés à vos soins, la nécessité pour eux de se montrer dociles à la voix du premier Pasteur. Vos paroles, qui étant entendues comme elles devaient l'être, le seront de même chaque fois que vous ferez entendre, du fond de sa tombe, la voix du Pasteur qui ne sera plus, mais qui aura sacrifié, pour son troupeau, ses veilles, son repos, sa santé, sa ré- putation, en un mot toute son existence. Ce doit être une nou- velle raison de se procurer, coûte que coûte, le recueil complet de ces documents épiscopaux, afin de l'avoir toujours sous la main, pour s'en servir au besoin. Car, il n'y a pas à douter que les abus contre lesquels il a fallu s'élever par le passé, et que les œuvres que l'on a dû recomman- der, devront de nouveau, et à plusieurs reprises, mériter l'attentiou CIRCULAIRES ET AUTRES DOCUMENTS. 345 des Pasteurs. L'on pourra ainsi exploiter cette mine, renfermant tant de renseignements divers, parce qu'il sera facile de mettre la main sur tous les sujets que l'on voudra rappeler au souvenir et à l'attention des fidèles, au moyen des tables alphabétiques et analytiques que l'on trouvera à la fin. Vous Nous connaissez assez pour vous rendre raison des motifs qui Nous font insister là-dessus et pour vous bien convaincre que c'est autre chose qui Nous fait agir que la vanité d'autour. Nous ajoutons qu'en donnant une attention sérieuse à ces docu- ments, quelqu'informes et imparfaits qu'ils soient, chacun se mettra facilement au fait de la discipline qui, en se maintenant eu vigueur dans ce diocèse et dans cette province, fera la force de l'Eglise dans ces temps orageux. Car, si tous ceux qui défendent la Religion sont fortement unis, comme une armée rangée ea bataille, ils pourront bien être attaqués, et ils le seront eu effet, mais ils ne sauraient être vaincus. ■ Avant de terminer cette Circulaire, je dois vous exprimer combien j'ai été sensible aux démarches que vous avez bien voulu faire auprès de N. S. P. le Pape, pour le supplier de vouloir bien ne pas accepter ma démission. Veuillez bien croire qu'il a été en cela, comme dans tous ses autres actes, bien inspiré ; et pour ma part, je bénis la divine Providence qui daigne si bien diriger ce saint Pontife, dans toutes ses voies, pour le plus grand bien de l'Eglise. Aussi, ce refus ne sera-t-il pour personne un sujet de murmure. Ainsi, aimons le Pape; obéissons au Pape ; respectons le Pape; laissons-Rous conduire par le Pape. Telles sont les dernières paroles qui s'échappent de ma poitrine pour se graver dans la vôtre. Adieu, encore une fois, avant d'entrer dans la soUtude que nous prépare la divine Providence, voulant être jusqu'à la mort de vous tous le très-humble et dévoué serviteur, t IG., ÉV. DE MONTEÉAL. Montréal, 8 Septembre 1876. TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS CE VOLUME. PAGE Mandement de Mgr. l'Évêque de Montréal, concernant l'installa- tion des Religieuses du Précieux Sang à Notre-Dame-de- Grâce / ^ Décret d'approbation de la Garde d'honneur par Mgr. l'Evêque de Montréal ^^ Garde d'houneur du Sacré-Cœur de Jésus 17 Circulaire concernant le deuxième anniversaire séculaire de rérection du Diocèse de Québec 20 Circulaire proposant les diverses intentions avec lesquelles doivent se faire les Quarante-Heures en 1874 et 1875 23 Circulaire au Clergé, aux Communautés religieuses et aux fidèles du diocèse de Montréal, sur l'œuvre de la Propagation de la Foi 25 Circulaire au Clergé, lui annonçant les Statuts synodaux et lui faisant les souhaits de la nouvelle année 28 Circulaire concernant le projet de Statuts synodaux 31 Circulaire aux Confesseurs nommés pour les Quatre-Temps de 1875, 38 Circulaire au Clergé, concernant la bâtisse de la Cathédrale 39 Moyens : 1er Former un comité de secours 41 2. Quête à domicile chaque année 41 3. Quête à l'Église un dimanche par mois 42 4. Bazars. 42 5. Envoi fidèle des contributions *2 6. Prières qui se font à la Cathédrale pour les bienfaiteurs. . 43 7. Le concours de Mgr. l'Évêque de Gratianopolis 44 Mandement, publiant l'Encyclique de N. S. le Pape Pie IX. con- cernant le Jubilé de 187» *S lo. Considérations générales sur le Jubilé 46 2o. Encyclique de Pie IX et de Léon XII 48 3o. Instruction de Léon XII ■*• 4o. Puissance du Pape, en ouvrant les trésors de l'Eglise. . . 49 5o. Prix des grâces du Jubilé *» 6o. Œuvres du Jubilé faciles à faire 49 7o. Fruit propre du Jubilé : l'horreur du péché 50 8o. Prédication pendant le Jubilé 51 9o. Du Sacrement de pénitence ^^ 348 TABLE DES MATIÈKES. PAGE lOo. Des Indulgences du Jubilé 52 llo. De la satisfaction 53 12o. De la Communion 53 13o. Résumé des dispositions pour bien faire le J ubilé 54 14o. Fruit du J ubilé 55 15o. Des jurements 56 16o. Des irrévérences dans l'Église 5fi 17o. De la violation des jours saints 57 18o. De la violation de l'abstinence et du jeûne 57 19o. De l'éducation de la jeunesse , 57 29o. Du mariage civil 58 21o. Des mauvais livres 58 22o. Que les instructions de l'Évêque s'accordent avec celles du Pape 58 2oo. Dér^ordres à corriger, dans le diocèse, avec les grâces du Jubilé 59 24o. Intentions du Jubilé 59 25o. Prescriptions du Jubilé Cl 26o. Dériger toutes ses prières et actions pour le jjlein succès du Jubilé 65 27o. Invitation à bien faire le Jubilé. Paroles du Pape à ce sujet 67 Encyclique de N. S. P. le Pape Pie IX, publiant le Jubilé de 1875 69 Encyclique de Léon XII de 1825, citée par Pie IX pour le Jubilé de 1875 79 Réponses de la S. Congrégation de la Pénitencerie concernant le Jubilé 92 Circulaire accompagnant le Mandement du Jubilé de 1875 ...... 94 Circulaire au Clergé, concernant M. Chiniquy et le Daily Witness 103 Lettre Pastorale pour dénoncer M. Chiniquy et défendre aux Catholiques de lire le Daily Witness, en les invitant à encourager un journal anglais 107 lo. Retour de M. Chiniquy dans cette ville 107 2o. Comment doit être entendu l'oracle de l'Écriture sainte. . 108 3o. 1ère raison de ne pas écouter M. Chiniquy, c'est qu'il est apostat 109 4o. 2e raison, c'est un excommunié 110 5o. 3e raison, c'est un imposteur 111 6o. Autres preuves des impostures de M. Chiniquy 113 7o. Etranges et déplorables écarts de M. Chiniquy 114- TABLE DES MATIÈRES. 349 PAGE Conclusion 116 80. Défense de recevoir et de lire le Daily Wituess 116 9o. Encouragement à donner à un nouveau journal anglais. 120 lOo. Appel à tous les bons catholiques qui .«ont invités à prendre part aux combats livrés à la sainte Église 121 Circulaire annonçant que l'otHce et la messe de St. Boniface doivent être dits dans toute l'Église 125 Mandement delà visite pastorale pour l'année 1875 128 lo. Annonce de la visite de Mgr. l'Évêque de Gratianopolis. 128 2o. Des visites qui se firent au nom de Mgr. J. J. Lartigue. 128 3o. Bonnes dispositions à apportera ces visites 128 4o. Souvenirs de ces jours de visite 129 5o. Émotions de la visite 129 60. Sentiment de la présence divine, pendant les exercices religieux 129 7o. Notre Seigneur opérant par le Prêtre 130 80. Jésus-Glirist agissant dans la personne des Évêques 180 9o. C'est J.-C . qui va visiter la paroisse 131 lOo. L'Évêque visitant ne fait qu'un avec l'Évêque ordinaire 131 llo. Avec quel esprit de foi il faut recevoir la visite 131 12o. L'Évêque diocésain s'associera par la prière aux travaux de la visite 131 13o. Fruits véritables de la visite 132 14o. Abus que doit réformer la visite 132 lôo. Vertus que doit encourager la visite 133 I60. Désir du plein succès de la visite 133 1 7o- Se renouveler dans la grâce de la Confirmation 133 I80. Dispositif de la visite 134 Recommandations à Messieurs les Curés 136 Circulaire, recommandant une grande messe en l'honneur de Ste Anne, pour préserver le pays de la picote 137 Circulaire annonçant la quatrième livraison du second volume des Mandements, etc 139 Lettre Pastorale, publiant les décrets XIV et XVIII du cinqui- ème Concile de Québec 140 lo. Devoir du Pasteur d'avertir ses brebis du danger qui les menace 140 2o. Résumé des instructions sur les élections •• 141 3o. Règles à suivre pour faire de bonnes élections l42 le Règle : La prière 142 Hq hègle : La réflexion dans le calme 142 350 TABLE DES MATIÈEES. PAOB 3e Règle : Considérer les désordres des élections 143 4e Règle : Éviter la corruption 143 5e Règle : Obligation de voter aux élections 143 6e Règle : Obligation de rendre l'argent reçu pour les votes. 144 7e Règle : Quels sont ceux pour qui l'on doit voter 144 8e Règle : Quels sont ceux pour qui l'on ne doit pas voter. . . 145 9e Règle : Éviter le parjure 146 Décret XIV du cinquième Concile de Québec. Du parjure à réserver 146 Le même en anglais 148 Le même en latin 151 Decretum XVIII Conc. Queb. quinti. De electionibus poli- ticis et administrativis 152 Circulaire accompagnant la Lettre Pastorale précédente 153 Visites à faire pour gagner le Jubilé 154 Annonce d'une prochaine élection 155 Division du diocèse de Montréal en Vicariats Forains 156 Excerpta juris Canonici de Vicariis Foraneis 158 Circulaire invitant le Clergé, les Communautés et les fidèles à s'associer à l'acte de consécration au Sacré-Cœur de Jésus, qui doit se faire dans toutes les parties du monde 160 1 0. Intention de la circulaire 160 2o. Raisons de répondre à cette invitation 160 3o. Ce qu'il faut faire pour éviter les défauts qui noua couvriraient de confusion devant Dieu et devant les hom- mes.... c 161 4o. Considération du jour où se fera la consécration 161 5o. Considération des personnes appelées à faire cet acte de consécration 162 6o. Considération de l'acte de consécration lui-même 164 7o. Conclusion 165 Acte de consécration au. Sacré-Cœur de Jésus, approuvé par décret de la S. Congrégation des Rites du 22 Avril 1875 167 Consécration au Sacré-Cœur de Jésus 1 70 Supplément à la Lettre Pastorale du 19 Mars 1875, pour les Com- munautés religieuses 172 Approbation de la fondation d'une Communauté de Religieuses Carmélites à Montréal 176 Circulaire sur la retraite annuelle 180 lo. Invitation à la retraite 180 TABLE DE .MATIÈRES. 351' PAGE 2o. Raisons particulières de faire cette année la retraite. ... 181 3o. Comment la retraite est recommandée par l'Encyclique. 181 4o. Comment va se faire la retraite 182 5o. Des intentions de la retraite à laquelle le St. Père invite tous les Clergés de l'univers catholiqxie 183 1ère intention : Sa propre sanctification 183 2ème intention : Sanctification du peuple 184 6o. Pratiques Salutaires pour attirer la bénédiction de Dieu sur la retraite 185- 7o. Conclusion , 18& Règlement de retraite 189' Circulaire, faisant appel à la charité des fidèles en faveur des inondés de France, diocèse d'Agen 191 Circulaire sur les sociétés de construction 195 Consultation sur les sociétés de construction , . . 194 Lettre Pastorale, concernant la sépulture ecclésiastique demandée pour un Catholique infortuné mort dans la disgrâce de l'Église 196 Circulaire concernant les Conférences] ecclésiastiques prépara- toires au Synode ^ . . . 200 Lettre Pastorale des Évêques de la Province ecclésiastique de Québec 203 1. PouvoirsderÉglise 203 2. Constitution de l'Église 205 3 . Le libéralisme catholique 206 4. La politique catholique 208 5. Le rôle du Clergé dans la politique 203 6 . La presse et ses devoirs 212 7. Du serment 214 8. De la sépulture ecclésiastique 216 Conclusion •. 218 Circulaire des Évêques de la Province ecclésiastique de Québec au Clergé de la dite Province, accompagnant la Lettre Pastorale ., 219- Lettre Pastorale de Mgr. TÉvêque de Montréal, recommandant la Communauté du Bon Pafeteur à la charité de ses diocé- sains 225 lo. Secours à .99 personnes consacrées à Dieu 227 2o. Secours à 34: Maddeleines 228 3o. Secours à 207 autres personnes 230 Lettre Pastorale concernant la sépulture de Joseph Guibord, membre de l'Institut Canadien 234 352 TABLE DE MATIÈRES. PAGE 1ère Considération. Sainteté du cimetière catholique 234 2e Considération. Justice de Ja décision donnée par l'Église contre le nommé Joseph Guibord • 238 déconsidération. Décision du Conseil Privé 241 Circulaire an Clergé, accompagnant la Lettre Pastorale précé- dente 246 Mission de Key- West . Faits à noter en sa faveur 217 Apprctiation des secours en faveur de la mission de Key- West ..250 Prière à St. Joseph 251 Décret de Mgr. l'Evêque de Montréal, érigeant, à la Longue- Pointe, l'Hospice de St. Jean de Dieu 251 lo. Pourquoi une nouvelle maison d'aliénés 252 2o. Pourquoi doit-elle être bénite 255 3o. Pourquoi elle est érigée en un hospice dédié à St. Jean de Dieu 259 Décret de Mgr. l'Evêque de Montréal, fixant la place d'une église qui doit être bâtie en l'honneur de l'Immaculée Concep- tion de la Bienheureuse Vierge Marie 262 Circulaire demandant s'il y a eu poursuite de la Fabrique 264 Circulaire des Evêques de la Province ecclésiastique de Qnébec au Clergé delà dite province, sur les j,>oursuit€3 des personnes ecclésiastiques 264 Lettre Pastorale, concernant l'enterrement de Joseph Guibord. . 267 Circulaire déterminant l'intention des Qaarante-Heures pour les années 1875 et 1876 Circulaire annonçant la clôture du Jubilé de 1875 276 lo. Communion réparatrice 276 2o. Blasphème et parjure à corriger 277 3o. Désordres à combattre 278 4o. Cérémonial de la communion réparatrice annoncé 278 5o. Souvenir du Jubilé de 1875 27S 6o. Prolongation du Jubilé 279 7o, Envoi des contributions du dénier de St. Pierre 279 8o. Conclusion 280 Souvenir du Jubilé Je 1875 : Communion réparatrice 281 1 0. Grâces attachées à la communion réparatrice 281 2o. Fruits produits j^ar la communion réparatrice 281 3o. Intentions avec lesquelles doit sej.^ faire la communion réparatrice 282 4o. Conditions pour appartenir à la communion réparatrice. 283 50. T.VT'.LE DK MATIKIIF.S. '^^'■^ PAf;E Indulgences attacliées à la communion réparatrice 28.". Mandement annonçant la fin du Jubilé et établissant la commu nion réparatrice, pour en perpétuer le souvenir, et en con- server les grâces > lo. Heureux fruits du Jubilé 284 2o. Souvenir du Jubilé 3o. De la communion réparatrice -'"^o 4o. Monument du Jubilé -^^^ 5o Fins pour lesquelles est établie la communion répara- 287 trice 6o. Communion réparatrice contre le blasphème 289 7o. Communion réparatrice contre le parjure 290 8o Dispositif pour la clôture du Jubilé et la communion , ^ , . 291 réparatrice 9o. Otïrande àla sainte Vierge 292 lOo, Souhaits de la nouvelle année 293 Cérémonial de l'association de la communion réparatrice. . . 295 Lettre Pastorale de Mgr. l'Êvèque de Montréal, concernant le ^ libéralisme catholique 2.9 lo. Qu'est-ce que le libéralisme catholique .? 299 2o. Combien le libéralisme est à craindre 301 3o. Ce que pense de ce libéralisme N. S. P- le Pape 302 4o. Le St. Père, en réprouvant le libéralisme, montre qu'il prend les dehors de la piété, pour mieux se propager 303 5o. Le Clergé ne fait que suivre la doctrine du St. Père.... 304 7o. Sentiment de Mgr. de Ségur sur le libéralisme catholique. 304 7o. Ce que pensent du libéralisme catholique les ennemis de ^ lareligion ;' 8o. Ce qu'il y a à faire pour ne pas faire fausse roule -iuo 9o. Sacrilège horrible, (de Chiniquy.) J^^S Circulaire, Extention du temps de Pâques pour 10 ans 311 Circulaire pour venir au secours des Catholiques du Nouveau- ^ Brunswick Lettre du R. P. Lacombe, sur l'émigration vers Manitoba 314 Circulai re, retraite annuelle • ' ''' Lettre Pastorale, concernant les catholiques qui, dans leurs mala- dies, vont se faire soigner à l'hopital-géaéral protestant. ... 3ir, lo. De la bonne et de la mauvaise mort 31G 2o. De la préparation éloignée à la mort -^1'' 3o. De la préparation prochaine à la mort •• •• -'^"^ 4o. Application