RIOCOGY ro SrUSS REF T 7,8 47 Digitized by the Internet Archive in 2011 with funding from University of Illinois Urbana-Champaign http:/www.archive.org/details/manueldornitholo00less MANUEL D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. ri CHEZ LE MÊME LIBRAIRE. MANUEL D'ORNITHOLOGIE, ou description des genres et des principales espèces d’oiseaux; par M. LESSON, 2 vol. in 18, 7 fr. ATLAS DES OISEAUX, représentant la plupart des espèces, 129 planches (en noir), 20 fr.'; le même en couleur, 40 fr, MANUEL D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE, au GUIDE DE L’AMATEUR DES OISEAUX DE VOLIÈRE. Histoire générale et particulière des oiseaux;de chambre, avec les préceptes que réclament leur éducation, leurs maladies, leur nourriture; etc. , etc. J'aime à voir l'animal qui des races humaïnes, Ainsique les plaisirs en partage les peinss. Dericce, chant vur. Ouvrage entiérement refondu, Par R. P. LESSON, MEMBRE CORRESPONDANT DE L'INSTITUT DE FRANCE. PARIS, À LA LIBRAIRIE ENCYCLOPÉDIQUE DE RORET, RUE HAUTEFEUILLE N° 10 BIS. 1834. PATRON Fa Mo RON TN LE ef albeSs on où ARTE à mi LAVE OR, stat abni Pt a AR FPE ENT gtx DHEA RARES ‘ 1 RAS AM pire Ê MAUR T7 DUC ANT TEASER j 2 F à F i ‘ PARLES EAN ET OU habit sat) En LA ur & À 4e 4 1e ï one Le dE TT IT LE, 2 CALE 4 CRE À. RUES à EYiétates 2 AE 26 32 RUN Le La + LE » es à À 2 Sorr que désabusé des agitations d’une vie mondaine, nous demandions au calme des champs ou à l’isolement au sein des villes, des jouissances plus douces, soit que frappés par des pertes douloureuses dans ce que l’homme a de plus cher, nous cherchions des consolations, notre première pensée est de nous réfugier dans le sein de la nature et d’y puiser des re- mèdes contre les maux qui viennent nous assaillir. Les plantes par leur fraîcheur et leur éclat tempérent nos pensées tris- tes, raniment nos sens blasés ou engourdis par les douleurs. Les oiseaux par leur babil, leur parure, la beauté de leur plumage , leur chant qui ravive les sources de la sensibilité, dégagent l’âme de la torpeur qui en oppressait les ressorts. Les leurs et les oiseaux sont donc pour nous les dispensateurs des émotious les plus douces, et les plus pures desquelles nous puissions attendre le bonheur. L'homme qui reste seul sur la Nr après avoir perdu les objets de ses affections, sent encore Ne besoin de déverser ce qui lui reste d’attachement à quel- u’être qui puisse répondre par sa joie à sa sollicitude et à s soins. Les animaux auxquels il les prodiguera tromperont Srarement ses espérances : son amOür comme son amitié trouve- ont des cœurs qui répondront à la vivacité ae ses sentimens. L'éducation des oiseaux, est donc une source abondante de plaisirs : elle peut encore devenir une ressourcé jour ceux qui s’y livrent, en accroissant leurs revenus. Certes, l'intro- duction d'un oiseau nouveau dans une basse-cour , a eu das Z (5) ’ plus d'une circonstance , une fructueuse influence méme pour l’économie publique. Mais si cette éducation des oiseaux procure les plusgrands charmes à ceux qui s’ylivrent, si elle devient fructueuse entre les mains de celui qui exploite ses propriétés, il ne faut pas croire qu'elle puisse être tentée sans connaissances prélimi- paires, sans principes arrêtés : plier un être indépendant par la nature de son organisation, à un servage opposé au but pri- mitif de la nature, changer ses besoins et les remplacer par d’autres , faire succéder un repos presque continuel à une vie active, exigent que l’on joigne à l'étude de l’organisation des espèces celle de leurs mœurs et de leurs habitudes privées, et c'est alors qu’on peut espérer amener sans secousse entre la liberté et l'esclavage, une transition à ces deux manières d’être si opposées. Toutefois pour ne renfermer dans ce livre que les faits qui intéressent directement l'amateur qui se livre à l'éducation des oiseaux, nous le renverrons pour les détails d’histoire na- turelle pure, aux ouvrages qui traitent de l’ornithologie ; nous nous sommes bornés à une description courte, mais claire et pré- cise, des oiseaux, en les groupant toutefois par quelques généra- lités sur les familles, et dans l’ordre admis dans notre traité d’ornithologie. L’habitation est d’autant plus importante que par elle, on est déjà fixé sur les soins que réclame l'espèce ; car on conceyra aisément que les soins doivent être bien dif- férens suivant que l'oiseau #rovient des latitudes intertropi- caies ou de celles des poles. Les habitudes et le genre de vie de telles ou telles familles étant connues , ilen résulte moins de tatonnerens dans le choix de la nourriture. En£r. les détails sur la propagation, les maladies , la chasse elSr les qualités recommandables de chaque espèce, seront pe Ci) en première ligne ceux que nous recueillerons, puisqu'ils in- téressent plus directement la classe de lecteurs à laquelle ce Manuel est destiné. Nous aurons aussi le soin de citer le meilleur portrait de chaque espèce, afin qu’on puisse re- courir à une bonne figure, lorsque la description semblera trop incomplète pour reconnaitre un oiseau avec certitude. Rochefort , novembre 1833. Lan Ho ”aÿ | PET Juris i à. ; MANUEL D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. LAB L DR LR ER VD LR LV RL DLLD RL VUE RDV ELLE LUE LVL RD QUELQUES CONSIDÉRATIONS SOMMAIRES SUR LES OISEAUX. ——2# À esse — La branche de l’histoire naturelle quiapprend à connaitre les: oiseaux en les étudiant dans un crdre méthodique ou systéma- tique, est l’ornrraorocte, du grec BpyOuS, BPVIS, oi- seau, et NO» GS, discours. Les oiseaux constituent la deuxième classe des animaux vertébrés, celle que caractérisent principatement une repro- duction ovipare, des poumons sans lobes, une circulation complète à sang chaud, des bras très alongés pour le vol ou la locomotion dans l'air ; enfin, des organes spéciaux, protégeant le corps et nommés plumes. Leurs mâchoires, revêtues de corne et sans dents, sont nommées bec, et des squamelles membraneuses, diversement modifiées , reconvrent leurs membres postérieurs. Souvent des ergots sont implantés sur les tarses ou aux ailes, et des ongles terminent les doigts des carpes de quelques espèces. Les oi- x 2 MANUEL seaux , si bien caractérisés par leurs formes extérieures, tien- nent de bien près aux mammifères, et certains de ceux-ci possèdent, comme les oiseaux, la faculté de voler. Cependant de nombreuses dissemblances de formes apparaissent dans les appareils les plus fondamentaux de la vie. Tous les oiseaux peuvent se diviser en deux grands groupes. Daus le premier , composé de trois genres au plus , le squelette, l'appareil di- gestif, ont des points de ressemblance irrécusables avec celui des quadrupèdes. Dans la seconde série, qui comprend la plus grande partie des oiseaux, l’organisation est plus spé- ciale et plus caractéristique dn type oiseau , tel qu’on doit le concevoir. Cependant de notables changemens ont été appor- tés aux divers genres de cette dernière section , suivant que, destinés à vivre presque toujours en mouvement, un vol de longue haleine leur était plus habituel. Puis les espèces qni ne quittent point la terre, ont recu en partage des ailes lar- ges et concaves, bonnes pour un vol par saccade, mais tou- jours de peu d’étendue. Enfin, les oiseaux des bords de la mer, ou ceux qui vivent au sein des flots, ont subi dans les ailes ou dans les pieds:des modifications qui facilitent sin- gulièrement de telles habitudes. j Le squelette des oiseaux présente en général les particula- rités suivantes. La colonne vertébrale n’a pas toujours le même nombre d'os; et le cou, composé de neuf wertèbres chez le moineau, par exemple, en a jusqu’à vingt-troïs chez le cygne. Les vertèbres dorsales sont fortement unies par des ligamens robustes chez les oiseaux qui volent bien, et libres dans leurs mouvemens chez les oiseaux qui ne quit- tent jamais la terre. Le sternum est convexe sur sa face an- térieure, où règne verticalement une crête osseuse nommée bréchet, qui manque quelquefois. Celte crête, destinée à servir d’attache aux pecioraux, est d’autant plus grande que le vol est plus énergique. Les clavicules sont soudées entre elles en avant du sternum. L’omoplate est petite et longitu- dinale; l’humérus, toujours assez robuste, est plus court que le radius et le cubitus, qui sont d'autant plus longs que l’aile est plus pointue et plus appropriée au vol. La main se com- pose d’une seule rangée d’os du carpe, d’un seul métacarpe, d’un os stiloïde qui rappelle un vestige de pouce, et de deux phalanges à chaque duugt. Le fémur, assez robuste, est plus court que le tibia, et un seul os occupe le tarse et le métatarse. Le 44 note 4 LE "de à . : D ORNITHOLOGIE. * nombre des doigts est de deux à quatre, et les phalanges dé deux à cinq. Le bec varie singulièrement de forme. Son issu est dense ou celluleux, et ses bords lisses, dentés, ou comme membraneux et parfois garnis de sortes de vraies dents. Des excroissances cornées singulières le surmontent fréquemment. Le crâne, généralement petit, s'articule avec la vertèbre cervicale sur un condyle arrondi; ce qui permet au cou des mouvemens de flexion complets, ainsi qu’on en a un exemple dans le torcol, dont le bec peut étre dirigé en ligne droite sur le dos par une évolution complète. Le cerveau se compose de six mamelons distincts, logés dans la partie moyenne de la boite crânienne. Les ventricules anté- rieurs sont fermés par des cloisons minces et rayonnées. Les oiseaux jouissent du sens de la vue de manière à dis- tinguer même à de très grandes distances les objets qui inté- ressent leur existence, aussi bien que cenx qui sont à les toucher. Cette propriété est attribuée à une membrane plis- sée, qui règne au fond du globe de l'œil jusque sur ies bords du cristallin , et qui parait avoir pour fonctions d’obliquer ou .de déplacer dans les degrés voulus cette lentille. Deux pau- pières servent extérieurement de voiles à l'œil; mais une troi- sième, nommée membrane clignotante, fixée à l'angle interne de l'œil et un peu transparente, peut se tirer sur l'iris comme un rideau : on lui suppose la fonction de diminuer lintensité des rayons lumineux. La paupière inférieure est seule mo- bile , et s'élève pour occlure l'œil. Les cils n'existent que chez quelques espèces, et pour la plupart ce sont des petites plumes d’une nature spéciale. L’ouïe est tout aussi perfectionnée chez les oiseaux que la vue; elle n’a point de conque extérieure, et son orifice est recouverte de plumes fines , à barbules décomposées et lâches, qui laissent aisément pénétrer dans leurs interstices les sons vibratoires transportés par l’air. Les oiseaux de proie sont les seuls qui offrent une collerelte de plumes rangées en cercle sur le méat auditif, et qui semblent simuler un pa- villon extérieur de l’oreille, ou une conque de recueillement. Le goût est plus ou moins parfait, où plus ou moins obtus chez les oiseaux. La langue ne paraît pas chez la plupart aider à la gustation. Le plus ordinairement elle est membraneuse et même cartilagineuse; mais chez certains oiseaux elle est cou- ronuce de papilles en pinceaux, qui paraissent tenir lieu des 4 MANUEL véritables papilles nerveuses des animaux. Les perroquets, dont la langue est charnue, sont encore des oiseaux qui goûteut leurs alimens, ou les savourent avec plaisir. On a remarqué aussi que les toucans, dont la langue est barbelée , témoignent vivement leur répugnance ou leur convoitise pour les alimens qu’on leur présente dans leur état de capuvité. L’odorat parait en général assez obtus. Cependant on a des faits qui semblent prouver que les corbeaux ont une délica- tesse de ce sens tellement grande, qu’elle sert à leur donner la conscience d’un danger pour eux, lors même qu'il est en- core très éloigné. On a dit que les vautours, qui viennent de tous les points de l'horizon et souvent à de grandes distances s’abattre sur l’animal venant d’expirer, devaient être ins- truits de cette curée par leur odorat; mais dans ces der- niers tems, on a altribué cette perspicacité seulement à la perfection de leur vue. Très variables de leur nature, les organes extérieurs de recueillement des effluves odorans sont nus, ou le plus souvent protégés par des soies ou des plumes qui s’avancent jusque sur les narines , et même celles-ci sont parfois percées d’une ouverture à peine discernable, tandis que leur fosse est voilée par une membrane résistante, qui en ferme presque toute la surface. Le toucher est nul chez les oiseaux :fet leur bec de nature cornée , les plumes qui recouvrent le corps, les écailles ou squamelles qui enveloppent les tarses, la membrane rugueuse qui protège le dessous des doigts et la plante des pieds, ont annulé à peu près complètement les fonctions de ce sens. La voûte du bec, articulée avec le crâne, ne permet point que la mandibule supérieure ait de la mobilité; l’inférieure seule jouit des mouvemens d’élévation et d’abaissement. L'acte de la digestion a donc pour préliminaires de déchirer ou de prendre les alimens avec le bec, et de les avaler , après que les glandes salivaires les ont humectés, sans les mâcher. Parfois certaines espèces possèdent des réservoirs, où la nourriture est entassée pour être reprise ensuite et introduite défniti- vement dans l'estomac, composé de trois sacs, le premier le jabot, le second le ventricule succenturié, et le troisième le gésier , véritable estomac musculeux, épais et composé de fibres denses et serrées. Quelques oiseaux tels que les perro- quets, peuvent porter leur nourriture à leur bec avec leur patte; mais il en est bien peu qui jouissent de ce mouvement : r D'ORNITHOLOGIE, 5 d'opposition manuelle. Les intestins sont courts, et aboutis- sent avec les uretères et les organes de la génération dans une poche commune aux excrémens, à l'urine et aux trompes de l'utérus, nommée cloaque. Le foie est bilobé, la rate petite “et de forme très variable. Les vaisseaux lymphatiques , la » jymphe et le chyle ont été soigneusement étudiés par M. Lauth (Ann. des se. nat., 1824). Le cœur a quatre cavités, comme velui des mammifères. La respiration, excessivement active chez les oiseaux, s'opère à l’aide de poumons à larges cel- lules, où une grande quantité d’air peut être contenue ; ces cellules se trouvent mème correspondre avec les cylindres creux des os par les bronches ramifiées. La voix des oiseaux varie suivant les espèces. Quelques grands gallinacés ont leur irachée-artère recourbée sur le sternum à la sortie de la poitrine , ce qui donne à leur voix une force considérable. Le phonygame, excellent musicien , a même cet organe recourbé en cor de chasse sur l’abdo- men. Quelques oiseaux poussent à peine un petit cri; d’au- ires au contraire peuvent moduler les tons les plus difficiles de la gamme. À l’époque de la ponte, la voix mue et s'éteint. La locomotion sur le sol s'exécute sur deux pieds ; parfois les membres se trouvant très déjetés en arrière du corps, il en résulte une marche peu sûre ; mais cette organisation rend très facile la natation, aidée par les membranes qui unissent les doigts. Le vol sera d’autaut plus étendu , d’autant plus puissant , que les ailes seront plus longues , relativement aux autres parties. Les rémiges primaires sont celles qui frappent l’air avec le plus de perfection. Lorsque les rémiges secondaires sont développées aux dépens des premières, le vol est court, saccadé. Certains oiseaux terrestres à ailes ru- dimentaires ne volent point. Il en est de même de quelques espèces aquatiques, dont la main est taillée en rame, que recouvrent des sortes de poils ou de piumes sans barbes. Enfin, il est encore un autre geure de locomotion, c’est l’action de grimper en saisissant les corps par une disposition particulière des doigts. La queue, sorte de gouvernail , a pour fonctions d'aider les mouvemens divers qu'il convient à l'oiseau d'exé- euter lorsqu'il vole, et qu'il veut ou s'élever ou s’abaisser, ou changer brusquement de direction. Le tissu cellulaire est recouvert par une peau plus ou moins fine ou plus ou moins épaisse, qui supporte dans des sortes 6 MANUEL de quinconces réguliers la base des plumes. Celles-ci sont colorées de toutes les manières, et présentent dans leur na- ture des modifications assez grandes. Ainsi, à part les plumes nommées rémiges , rectrices, ou celles appelées couvertures, il en est qui sont à barbules, à facettes, et qui reflètent la lumière; celles-là sont presque toujours métallisées et appe- lées plumes gemmacées : d’autres ont leurs barbes garnies de barbules longues, lâches et flottantes, qui sout les plumes dé- composées ; il en est enfin, qui imitent des erins ou des soies, parce que les barbes manquent complètement. Quant à la nature des plumes, elle imite le satin, la soie; elle est rüde, hispi- dule, frisée , sordide, colorée, vivement colorée, où métalli- sée, etc. Très souvent le tour des yeux, les joues, sont nus, ou la tête se trouve garnie de fanons charnus. Le plus souvent ces nudités sont dues à un tissu érectile, qui se gorge de sang et se colore avec éclat à l’époque des amours. Enfin, les jeu- nes oiseaux ont rarement la livrée de leurs père et mère, et ceux-ci changent souvent de plumage plusieurs fois dans l’an- née, ou diffèrent beaucoup sous ce rapport l’un de l'autre, bien que les mâles l’emportent toujours par leurs parures sur les femelles. Lorsque le printems ou le renouvellement de la saison opportune appelle les oiseaux à satisfaire aux fonctions im- portantes de la reproduction de lPespèce, leur voix prend plus d’extension; leur plumage se colore avec plus de frai- cheur ; les mäles ét les femelles se recherchent, et quelques espèces demeurent unies tant que sont nécessaires les soins à donner à leur progéniture. La fécondation se fait par sim- ple contact d’un pénis façonné en bouton et adapté sur lori- fice extérieur du cloaque. Chez quelques espèces il y a vrai- ment intromssion d’une verge bien formée et assez sail- lante (l’alecto ). Le fluide fécondant ayant imprégné l’ovule, il en résulte que l'œuf, échauffé par la température du corps pendant un tems dont la durée varie suivant les espèces, renferme le jeune oiseau qui, après la période de l’incuba- tion, et armé d’une pointe accessoire à l'extrémité du bec, doit briser sa coquille, et devenir apte à recevoir la nour- riture que lui dégorgent ses père et mère. L’autruche et le tavon , laissent, dit-on , à l'influence de la chaleur solaire le soin de couver leurs œufs, et le coucou confie à des oiseaux étrangers ceux qu'il va pondre dans leurs nids , sans s’inquièter F L de leur sort futur; mais les autres oiseaux témoigneni par leurs soins attentifs tout l'attachement qu'ils ont pour les fruits de leur union ; ils placent leurs œufs dans des nids de formes très variables, et qui décelent la plus i ingénieuse prévoyance. “Certains oiseaux de proie se bornent à réunir en tas des bü- chettes pour recevoir leur ponte sur quelque roc inaccessible. Quelques palmipèdes les laissent sur les rivages: d’autres creu- sent des terriers pour les loger. La plupart, enfin , tissent avec art la paille, les joncs, les petits rameaux, la mousse, la bourre cotonneuse de certaines graines, pour en faire des berceaux délicats , doux et mollets, garantis avec une extrême pru- dence où un art admirable des embüches de leurs ennemis. Quelques espèces se réunissent par essaims; d’autres fuient la compagnie de leurs semblables, et s’isolent dans les masures, les ruines. Certains choisissent les arbres, les fentes de ro- chers , les buissons, les roseaux. Enfin, véritables architectes, des hirondelles et le fournier (hornero) construisent en maçon- nerie leur demeure; et une espèce en outre, la salangane, élaborant avec son gésier les fucus qu’elle pêche sur la mer, en tisse des nids qu’on mange dans toute l’Inde méridionale, où ils sont célèbres sous le nom de zids d'oiseaux. La ponte n’a lieu qu’une fois lan, ou dans certains cas plus souvent. Les oiseaux domestiques seuls pondent le plus ordinairement touie l’année; ce qui est dû à une nourriture abondante, prise sans effort, et à une vie inactive. L’hibernation ou l’engourdissement pendant l'hiver, dans lequel tombent quelques ciseaux, est encore très peu connue. Ce phénomène a été contesté par beaucoup d’auteurs, bien qu’on ait cependant des faits qui semblent le prouver d’une manière à peu près irrécusable. Il en est de mème de la raison physiologique par laquelle on essaie d'expliquer les migrations annuelles de certaines espèces , qui, à des époques régulières, quittent les contrées où elles ont passé une partie de l’année, pour se retirer dans une autre plus convenable , presque toujours aux approches des changemens de saisons. $. I. DE LA SCCIABILITÉ DES OISEAUX. D'ORNITHOLOGIE. 7 Tous les êtres créés, à peu d’exceptions près, ont une grande tendance àrechercher la compagnie de leurs semblables, 8 MANUEL et beaucoup poussent même le besoin de sociabilité jusqu’à s’'accommoder du voisinage d'espèces d'animaux qui leur sont} étrangères. La vie d'isolement tient à des mœurs farouches, à un caractère de férocité qui portent les êtres qui sont ainsi organisés ‘à détruire ceux au milieu desquels ils vivent en en- nemis implacables. Le tigre, par exemple, cité parmi les mammifères par sa soif inextinguible de sang, dont le nom: seul comporte avec lui des idées de carnage et de destruction , | manifeste pour ses pareils et potr sa famile une vive ten- dresse, et ne conserve ses habitudes carnassières que pour les animaux que son instinct inné lui a désignés comme une proie naturelle, comme une vermine dont il doit purger le sol. La nature, en effet, en créant les animaux, ne s’est point astreint | à protéger les individus, elle a voulu assurer l'existence de chaque espèce , tout en arrêtant sa trop grande multiplication. Or, le moyen dont elle s’est servi a été de créer cette vaste chaine de besoins réciproques, où depuis le ver le plus végé- telisé jusqu’à l’homme , tons les appétits s'alimentent par une consommation prodigieuse de corps. Les végétaux fournissent || dans leur bois, leurs feuilles, leurs fieurs, leurs semences, leurs fruits, les principes de vie à une foule d’êtres. Ceux-er1 sont également dévorés par des animaux plus robustes. Ces derniers le sont eux-mêmes par de plus puissans; enfin, vient l’homme qui, placé au sommet de l'échelle, ne dédaigne point! d'appliquer son intelligence à rendre plus large sa part de ce grand banquet du destin. Il est vrai que lui-même éprouve, malgré son industrie, le même sort, car, vivant, il est Ja: proie d’une foule d'animaux, et mort, il sert de pâture à un: plus grand nombre encore. Malgré qu’on ait dit que l'homme: était de tous les animaux le plus sociable, on voit cependant son instinct de destruction l'emporter même contre sa propre espèce, et les guerres acharnées auxquelles il se livre, n’ont souvent pour prétexte que les idées les plus fatiles. I ya même plus, des peuplades très restreintes sur des points, du globe isolés, issues d’une seule famille primitive sans aucun doute, mais divisées en villages par la multiplication de cette même famille, se livrent à des guerres acharnées sans autre | but que d’assouvir des haïnes que le tems à rendues impla- cables. Toat animal est donc influencé par un besoin de premier ordre, celui de sa conservation on l'égoisme vital. Les be- F soins, les appétits sont appuyés sur cette base. Mais ces be- soins satisfaits et sans inquiétude, la sociabilité naît ainsi ou du plaisir que l’on éprouve à vivre dans la compagnie de ses semblables, lorsque toutes les fonctions sont accompliies, ou enfin de Ja force réelle que l'on tire d’une agglomération d’in- dividus contre l'agression d'un ennemi isolé, ou pour opérer des travaux dont le résultat améliore l’existence de chèque membre de la communauté. Buffon attribue les sociétés les mieux organisées chez les animaux, à des convenances et à des rapports purement physiques. La sociabilité serait donc, sui- xant lui , essentiellement instinctive: seulement elle ne paraît pas toujours suivre le perfectionnement de l'intelligence ; car, à part l’homme, dont la sociabilité a centuplé les forces, on ne voit pas qu'une foule d'animaux qui vivent en état d’agré- gation puissent l'emporter sur d’autres par leur instinct ou leur raisonnement instinctif. En général, nous nous croyons plus proches de la vérité, en disant en thèse générale, que tout animal monogame a peu de tendance à la sociabilité, au- tre que les relations temporaires de famille; mais qu'il n’en est pas de même pour tout être polygame, et que celui-ci , at- tiré par un attrait aussi vif qu'énergique, sera d’autant plus sociable qu’il aura plus de penchant à changer en amour. Les exemples qu'il serait facile de citer sont aussi nombreux que positifs : tels sont l’homme, les chevaux , les bœufs, les mou- tons, les gallinacées , etc., etc., etc. La sociabilité est donc un iestinct primitif, ne tenant en rien à l'intelligence, et ne dé- coulant point non plus de l’habitude, mais influencée par des besoins physiques que la philosophie à écarté sans vouloir les définir. La sociabilité ne semble point dépendre du développement de l'intelligence, avons nous dit (1): il est facile de prouver en effet, que les animaux dont le cerveau est le plus vaste, et dont l'intellect semble être le plus complet, ne sont pas ceux qui manifestent le plus de tendance à la sociabilité. Ce sont en effet les insectes et même les zoophytes qui présentent au lus haut degré cet instinct, chez eux conservateur de l'espèce. Aussi chez la plupart des animaux, le naturel primitif l'em- porte-t-1l constamment sur les habitudes de l'éducation, et D'ORNITHOLOGIE. 9 (x) Quelques physiologistes font découler l'instinct du système nerveux anslionaire , et l’intelhsence du système nerveux cerébral. ans : D 3 2 £o MANUEL certaines espèces sont tout au plus passibles d’une sociabilité d'emprunt, quelques soins qu’on se donne à cet égard. Un élé- phant deviendra aisément le compagnon de l’homme, dont il finira par partager quelques-unes des habitudes; mais un ours, mais un sanglier, ne dépouilleront jamais que dans des cas purement exceptionnels, leur rudesse et leur sauvagerie innées. Aussi M. F. Cuvier dit-il avec raison: L'influence des habitudes ne prévaut jamais sur celle de la nature : l'instinct de la sociabilité subsiste même quand il n'a point été exercé, et disparait malgré l'exercice chez ceux qui ne sont point des- tinés à un état permanent de sociabilité. Quelques auteurs se sont étrangement abusés en prenant pour type de la sociabilité celle des sociétés humaines. La so- ciabilité doit varier chez les animaux de mille manières : elle tient intimement à l’organisation dont elle est le reflet. Les hommes en société &’ailleurs, n’ont-ils pas déjà changé sui- vant les époques, les tems, les climats, leurs idées même les plus fondamentales en apparence sur leur manière de s’agglo- mérer, tandis que les fourmis, depuis leur création, n’ont point ajouté une ligne à leurs connaissances il est vrai, mais aussi n’ont pas perdu la plus petite filiation de leurs idées incul- quées. Ensuite serait-il juste d'admettre dans les idées qui dé- coulent de la forme d’une fourmi, analogie complète, avec celles qui doivent dériver de l’ensemble d’une abeille ? entre celle-ci et ur mammifère , entre un reptile et un mollusque, elc. etc? La matière est une tràme sur laquelle la nature a étendu un canevas dont toutes les proportions sont arrêtées, et ce canevas est l’instinct dont le sxmmum de perfection porte le nom d'intelligence, et dont la somme des forces réunies constitue chez l’homme l'ame. L'idée que l'homme se perfec- tionne à mesure que les siècles marchent, bien que générale- ment admise, ne nous parait pas foncièrement vraie, L'homme est resté ce qu’il était à l’époque de sa création. Il varie sans cesse les applications de son jugement , mais sans en tirer une amélioration bien notable, Les Chaldéens, les Asoyriens de- vaient être tont aussi civilisés que les Européens, et ur Océanien l'emporte de beaucoup suivant novs, sur tel homme du peuple de la nation qu’on voudra bien admettre comme Îa plus civilisée en ce moment. fous ne possédous que peu de travaux. sur ce sujet; aussi appliquerons-nous à l’histoire des oiseaux, dont l'intelligence se D'ORNITHOLUGIE. 1£ rapproche beaucoup de celle des mammifères (1), le travail de M. F. Cuvier sur la sociabilité des animaux les plus haut pla- cés dans l'échelle des êtres. « Nous voyons dans la conduite d’une foule d'animaux ce que sont les associations fondées sur un besoin purement passager, sur des appétits qui disparais- sent dès qu’ils sont satisfaits. Tant que les mâles et les femelles sont portes à se rechercher mutuellement, ils vivent en géné- ral dans une assez grande union. La femelle affectionne cor- dialement ses petits , et défend leur vie an péril de la sienne dès le moment qu’elle les a mis au monde, et cette affection dure aussi long-tems que ses mamelles peuvent les nourrir, et les petits rendent à la mère une partie de l’attachement qu’elle leur porte, tant qu’ils ont besoin d’elle pour pourvoir à leurs besoins; mais aussitôt que l’époque du rut est passée, aussitôt que les mamelles cessent de sécréter le lait, que les petits se procurent eux-mêmes leur nourriture, tout attachement s’é- teint, toute tendance à l’union cesse: ces animaux se sépa- rent, s’éloignent peu à peu l’un de Pautre, et finissent par vivre dans l'isolement le plus complet. Alors le peu d'habi- tudes sociales qui avaient été contractées s’efface, tout de- vient individuel, chacun se suffit à soi-même. Les besoins des uns ne sont plus que des ebstacles à ce que les autres satis- fassent les leurs, et ces obstacles amènent l’inimitié et la guerre, état habituel vis-à-vis de leurs semblables, de tous les animaux qui vivent solitaires. Pour ceux-ci la force est la première loi; c’est elle qui, dans leur intérêt, règle tout : le plus fable s'éloigne du plus fort, et meurt de besoin sil ne trouve pas à son tour un plus faible que lui à chasser, ou une nouvelle solitude à habiter. C’est cet ordre de choses que nous présentent toutes les espèces dela famille des chats, toutes celles de la famille de martes, les hyènes, les ours, ete. etc., etc'est celui que nous représentent toujours les animaux qui n’ont d’autres besoins que ceux dont l’objet immédiat est la conser- vahon des individus ou des espèces : car ces sortes de besoins sont manifestement ennemis de la sociabilité; bien loin d’en être la cause, comme quelques-uns l'ont prétendu. « L'exemple que nous venons de tracer est celui de l’insocia- bilité la plus complète; mais la nature ne passe pas sans in- (1) De la Sociabilité des animaux, Mémoires du Muséum , t. XITH, LE 1 à 27: 12 BANUEL termédiaires à l’état opposé. Le penchant à la sociabilité peut être plus ou moins puissant, plus ou moins modifié par d’au- tres, Nous trouverons en quelque sortie les premières traces de ce sentiment dans l’espèce d’association qui se conserve, même hors du tems des amours, entre ie loup et la louve. Ces ani- maux paraissent être attachés l’un à l’autre pendant toute leur vie, sans que cependant leur union soit intime aux époques de l’année où ils n’ont plus que les besoins de leur conserva- tion individuelle, Alors ils vont seuls, ne s'occupent que d’eux mêmes, et si quelquefois on les trouve réunis, agissant de concert, c’est plutôt le hasard que le penchant qui les rassem- ble. On conçoit que les effets d’une telle association sont presque nuls : aussi les loups paraissent-ils supporter sans peine l'isolement le plus complet. « Les chevreuils nous présentent un exemple différent où la sociabilité se montre déjà plus forte, mais non pas encore dans toute son étendue. Chez ces animaux, le sentiment qui les rapproche est intime et profond : une fois qu'un mäle et une femelle sont unis, ils ne se séparent plus, ils partagent la même retraite, se nourrissent dans les mêmes pâturages , cou- rent les mêmes chances de bonheur ou d’infortune , et si l’un périt, l’autre ne survit guère qu’antant qu'il rencontre un chevreuil également solitaire et d’un sexe différent du sien; mais l'affection de ces animaux l’un pour l’autre est exclusive; ils sont pour leurs petits ce que les animaux solitaires sont pour les leurs : ils s’en séparent dès qu’ils ne sont plus néces- saires à leur conservation. « Dans cette union, l'influence mutuelle des deux individus est encore extrêmement bornée : il n’y a entre eux ni riva- lité, ni supériorité, ni infériorité; ils font, si je puis ainsi dire, un tout parfaitement harmonique, et ce n’est que pour les autres qu’ils sont plusieurs. « Il n’en est pas de même chez les animaux où la sociabilité subsiste, quoique les intérêts individuels différent. C’est alors que ce sentiment se montre dans toute son étendue et avec toute son influence, et qu'il peut être comparé à celui qui dé- termine les sociétes humaines ; il ne se borne plus à rappro* cher deux individus, à maintenir l'union dans une famille; il tient rassemblées des familles nombreuses, et conserve la paix entre des centaines d'individus de tout sexe et de tout âge. C’est au milieu de leur troupe même que ces animaux D'ORNITHDLOGIE. 13 naissent; c'est au milien d’elle qu'ils se forment, et c'est sous son influence qu’ils prennent, à chaque époque de leur vie, la manière d'être qui peut à la fois satisfaire ses besoins et les leurs. « Dès qu’ils ne se nourrissent plus exclusivement de lait, dès qu'ils commencent à marcher et à sortir de la bauge sous la conduite de leur mère, ils apprennent à connaître les lieux qu’ils habitent , ceux où ils trouveront de la nourriture et les autres individus de la troupe. Les rapports de ceux-ci entre eux sont déterminés par les circonstances qui ont participé à leur développement, à leur édncation, et ce sont ces rapports joints aux causes dont ils dérivent, qui déterminent à leur tour ceux des jeunes dont nous suivons la vie. Or, il ne s’agit pas pour eux de combattre pour établir leur supériorité, ni de fuir pour se soustraire à la force; d'une part ils sont trop fai- bles, et de l’autre ils sont retenus par lPinstinct social. Il faut donc que leur nouvelle existence se mette en harmonie avec les anciennes. Tout ce qui tendrait à nuire à ces existences éla- blies en troublerait le concert, et les plus faibles seraient sa- crifiés par ja nature des choses. Que peuvent done faire, dans une telle situation, de jeunes animaux, si ce n’est de céder à la nécessité, vu d'y écbapper is la ruse? C’est en effet le spectacle que nous présentent les jeunes mammifères au mi- Leu de leur troupe; ils ont bientôt appris ce qui leur est per- mis ou ce qui leur est défendu, ou plutôt ce qui est ou non possible pour eux. Si ce sont des carnassiers, lorsque la horde tombe sur une proie, chaque individu y participe en raison des rapports d'autorité où il se trouve vis-à-vis des autres; aussi nos jeunes animaux ne pourront manger de cette proie que ce qui en sera resté, ou que ce qu'ils en auront dérobé par adresse. Ils essaieront d’abord de surprendre quelques morceaux avec lesquels ils pourront fuir, ou de se glisser der- rière les autres, sauf à éviter les coups que ceux-ci pourraient leur porter. De la sorte ils se nourrissent largement si la proie est abondante, ou ils souffrent et périssent même si elle est rare. Par cet exercice de l'autorité sur la faiblesse, obéis- sance des jeunes s'établit et péuètre jusque dans leur intime conviction, jusque dans l’espèce particulière de conscience que produit l'habitude. Cependant ces animaux avancent en âge et se développent, leurs forces s’accroissent ; toutes choses € gales is ne l’empor- À 14 MAaNUEL teraient pas dans un combat sur ceux qui ne les ont précédés que d’une ou de deux années; mais ils sont plus agiles, plus vigoureux que les individus qui ont passé leur première jeu- nesse : et si la force devait décider des droits, ces derniers se- raiert obligés de leur‘céder les leurs. C’est ce qui n'arrive point dans des cours ordinaire de la société; les rapports éta- blis par l’usage se conservent, et si la société est sous la con- duite d’un chef, c’est le plus âgé qui a le pouvoir. L'autorité qu’il a commencé à exercer par la force, ii la conserve par l'habitude d'obéissance que les autres ont eu le tems de con- tracter. Cette autorité est devenue une sorte de force morale, où il entre autant de confiance que de crainte, et contre ja- quelle aucun individu ne peut conséquemment être porté à s'élever. La supériorité reconnue n'est plus attaquée, ce ne sont que les supériorités ou les égalités qui tendent à s’établir, qui éprouvent des résistances jusqu’à ce qu’elles soient acqui- ses et elles ne tardent point à l'être dans tous les cas où il ne s’agit que de partage; ii suffit pour cela d’une égalité appro- chante de force, aidée de l'influence de la sociabilité et de l'habitude d’une vie commune : car les animaux sauvages ne combattent que poussés par les plus violentes passions; et ex- cepté le cas où ils auraient à défendre leur vie ou la posses- sion de leur femelles, et celles-ci l’existence de leurs petits, ils n’en éprouvent point de semblables. Quant aux supériori- tés, elles ne s’établissent et ne se reconnaissent que quand le partage n'est plus possible, et que la possession doit être en- tiere: alors des luttes commencent ; ordinairement l'amour les provoque, et c’est presque toujours la femelle, par la préfé- rence qu'elle accorde au plus vigoureux d’entre les jeunes, qu’elle reconnaît avec une rare perspicacité, qui porte celui- ci à surmonter l’espèce de contrainte et d'obéissance à laquelle le iems l'avait façonné, et à occuper la place à laquelle il a droit. On pourrait donc aisément concevoir une société d’ani- maux où l'ancienneté seule ferait la force de l'autorité. Pour qu’un tel état s'établit, il suffirait qu'aacun sentiment ne füt porté jusuu’à la passion, et c’est ce qui a lieu peut-être dans ces troupes d'animaux herbivores qui vivent au milieu des ri- ches prairies de ces contrées sauvages dont l’homme ne s’est point encore rendu le maître. Leur nourriture, toujours abou- dante, ne devient jamais pour eux un sujet de rivahté, et s'ils peuvent salsfaire les besoins de l'amour comme ceux de la D'ORNITHOLOG:E, 15 . faim, leur vie s'écoule nécessairement dans la plus profonde paix. Le contraire pourrait également avoir lieu, si la force des intérêts individuels l’emportait sur l'instinct de la sociabi- lité : tel est l'effet d’une extreme rareté d’alimens, et si cet état dure, les sociétés se dissolvent et s’anéantissent. Jusqu'à présent j'ai supposé tous les individus d’une troupe doués du même naturel; soumis aux mêmes besoins, aux mêmes penchans, et mus conséquemment par le même degré de puissance. Cependant tous les individus d’une même espece ne se ressemblent pas à ce point : les uns ont des passions plus violentes ou des besoins plus impérieux que les autres; celui- ci est d’un naturel doux et paisible , celui-là est timide, un troisième peut être ou colère, hargneux, ou obstiné, et alors l'ordre naturel est interverti : ce n’est plus l’ancien exercice du peuveir qui le légitime; chacun prend la place que son ca- ractère lui donne : les méchans l’emportent sur les bons, ou plutôt les forts sur les faibles; car chez des êtres dépourvus de liberté , et dont les actions ne peuvent conséquemment avoir aucune moralité, tout ce qui porte à la domination est de la force, et à la soumission, de la faiblesse. Mais une fois que ces causes accidentelles ont produit leurs effets, l'influence de la sociabilité renaïit, l’ordre se rétablit, les nouveaux venus s’habituent à obéir à ceux qu’ils trouvent investis du comman- dement, jusqu’à ce que leur tour de commander arrive, c’est- à-dire jusqu'a ce qu'il y en ait de plus nouveaux qu'eux, ou qu’ils soient les plus anciens de l'association. Cetinstinet de sociabilité ne se montre pas seulement pour les affections qui s’établissent entre les individus dont la so- ciété se compose , il se manifeste encore par l'éloignement et par le sentiment de haine qui l'accompagne pour tout indi- vidu inconnu. Aussi deux troupes ne s’approchent jamais vo: lontairement , et si elles sont forcées de le faire, il en résulte de violens combats : les mâles s’en prennent aux mâles, les femelles attaquent les femelles , et si un seul individu étranger, et surtout d’une autre espèce, vient à être jeté par hasard au milieu de l’une d'elles, il ne peut guère échapper à la mort que par une prompte fuite. = De là résulte que le territoire occupé par ‘une troupe, sur lequel elle cherche sa proie, si eile se compose d’animaux car- nassiers, ou qui lui fournit des pâturages si elle est formée d’herbivores , est en quelque sorte inviolable pour les troupes 16 MANUEL voisines : 1] devient comme la propriété de celle qui l’habite, aucun autre , dans les tems ordinaires, n’en franchit les li- mites ; des daugers pressans, une grande famine, en exaltant dans chaque individu le sentiment de sa conservation, pour- raient seuls faire changer cet ordre naturel, fondé lui-même sur cet amour de la vie auquel tous les autres sentimens cèdent chez les êtres dépourvus de raiscn. Au reste, et pour le dire er passant, celte espèce de droit de propriété , ainsi que ses effets, ne se manifestent pas seulement dans l’état de socia- bilité, on les trouve aussi chez les animaux solitaires : il n’en est aucur qui ne regarde comme à soi le lieu où il a établi sa demeure, la retraite qu’il s’est préparée , ainsi que la circon- scription où il cherche et trouve sa nourriture. Le lion nesoufire point un autre lion dans son voisinage. Jamais deux loups, à moins qu’ils ne soient errans, comme ils le sont pour la plu- part dans les pays où on leur fait continuellement une chasse à mort, jamais deux loups, dis-je, ne se rencontrent dans le même canton; et ilen est de même des oiseaux de proie : l'aigle, de son aire, étend sa domivation sur l’espace im- mense qu’embrassent son vol et son regard. « L'état de choses que nous venons d'exposer est celui qne nous présentera toute société d'animaux , abstraction faite de ses caractères spécifiques, c’est-à-dire des instincts , des pen- chans , des facultés qui la distinguent des autres; ear chaque troupe nous présentera des caractères qui lui appartiendront exclusivement, et qui modifieront d’une manière quelconque celui de la sociabilité. Ainsi dans toutes les sociétés où l'un des besoins naturels est sujet à s’y exalter, les causes de dis- corde deviennent fréquentes, et il en naît l'expérience des forces : c’est pourquoi dans les sociétés formées par les ani- maux carnassiers , chez lesquels les besoins de la faim peuvent être portés au plus haut degré, l’autorité est bien plus sujette à changer que dans les sociétés d’herbivores ; il en est de même pour les oiseaux chez lesquels les besoins et les rivalités de l'amour sont toujours poussés jusqu’à la fureur. D'un autre côté, des penchans particuliers, des instincts spéciaux, et sur- tout une grande intelligence, peuvent renforcer et perfection- ner l'instinct de la sociabilité. Plusieurs animaux joignent au besoin de se réunir celui de se défendre mutuellement : ieï ils se creusent de vastes retraites ; là ils éièvent de solides habita- Uons, et c’est certainement à l'instinct de la sociabilité , porté D'ORNITHOLOGIE. 17 au plus haut point, et uni quelquefois à une intelligence re- marquable, que nous devons les animaux domestiques. Toutes ces causes qui donnent à chaque société le caractère qui la distingue, qui déterminent son rôle dans l’économie générale, et qui, tout en la rendant différente des autres sociétés, la mettent en harmonie avec elles, auraient besoin d’être dé- veloppées ; mais ce travail me ferait dépasser de beaucoup les limites d’un simple mémoire, et me forcerait même à sortir du sujet où je dois me renfermer. IL me reste actuellement à montrer, par quelques exemples, la vérité des faits généraux que je viens d'exposer. « C’est surtout lorsqu'on isole un animal sociable, lorsqu'on le sépare de sa troupe ou de de celle qui lui en tenait lieu, qu'on acquiert la preuve de l'instinct qui le porte à fuir la solitude et à vivre uni à d’autres animaux, et qu’on est à même de se faire quelque idée de la force d'affection qui peut naître de cet instinct. Une vache, une chèvre, une brebis, séparées du troupeau auquel elles appartenaient, éprouvent un malaise qui va quelquefois jusqu’à exposer leur vie. J’ai vu une fe- melle de moufflon de Corse, tomber dans un état de dépéris- sement dont on ne put la tirer qu’en la rendant à ses compa- gres, et l’on sait combien il est dangereux pour les voyageurs de rencontrer des troupes de.chevaux sauvages : à moins des plus grandes précautions, ils courent le risque de perdre les leurs; car, quoique domestiques, ces animaux ne résistent jamais à la puissance de leur instinct qui les porte à se joindre à cette troupe qui les environne et les appelle. Parmi beau- coup d'exemples remarquables de l'affection des animaux, je citerai les deux suivans : une lionne avait perdu le chien avec lequel elle avait été élevée, et pour offrir toujours le mème spectacle au public, on lui en donna un autre qu'aus- At elle adopta ; elle n’avait pas paru souffrir de la perte de son compagnon; l'affection qu’elle avait pour lui était très faible : elle le supportait ; elle sapporta de même le second. Cette lionne mourut à son tour : le chien alors nous offrit un tout autre spectacle : Il refusa de quitter la loge qu’il habitait avec elle, quoiqu'il continuât à prendre quelque nourriture. Sa tristesse ne commenca à affaiblir ses organes qu’au bout de deux jours; le troisième, il ne vouiut plus manger, et il mou- rut le septième. « C’est un chevreuil qui m'a montré l’autre exemple : il était 18 MANUEL très jeune, et avaitété pris au printems dans une forêt. Une dame qui le soigna pendant toute la belle saison, devint pour lui une compagne dont rien ne pouvait le séparer, il la suivait partout, et était aussi peu craintif quand elle était présente, qu'il était sauvage et farouche quand elle n’était pas près de lui. A la fin de l’automne, on ne voulut pas le laisser dans les lieux où il avait été élevé; il y aurait été mal, et d’ailleurs il n’aurait plus été fa- cible de le voir; on le ramena done à la ville, et on eut l’idée: de le placer dans un jardin du voisinage, en lui donnant une: jeune chèvre pour compagne. Le premier jour il resta debout sans sortir de piace, et ne mangea rien, le second, il commença: à prendre quelque nourriture; aurait-il continué ? cela est dou- teux. Quoiqu'il en soit, sa maitresse le visita le troisième; ill lui rendit toutes les caresses dont elle l’accabla; mais des le moment qu’elle l’eut quitté , il se coucha et ne se releva plus. | « On sait que les animaux domestiques nous ont toujours donné les exemples les plus frappans de cette affection exclu-: sive et profonde qui fait mourir de tristesse celui qui ne peut plus s'y livrer, et sans doute parce que tous ceux qui nous sont soumis sont éminemment sociables dans leur état de nature. . Aussi ne rapporterai-ie point ces exemples trop connus pour qu'il soit nécessaire de les rappeler. Mais quoique la domesti- : cité n'appartienne pas directement à mon sujet, je ne puis me: défendre à cette occasion d'en dire quelques mots. | « Il est difficile à concevoir comment aurait pu commencer! et se maintenir la soumission des animaux sans le penchant à | la sociabilité, si l’on considère surtout à quelle époque de la: eivilisation humaine, les animaux domestiques paraissent l’être : devenus. Il est vraisemblable, sans doute, qu'a force de bons; trailemens exercés avec persévérance sur plusieurs générations : successives d'animaux non sociables , on parviendrait à les ha-. bituer à vivre plus près de nous; mais qu'il y a loin de là à: une sociabilité véritable! D'ailleurs de tels soins peuvent-ils: avoir lieu de la part d'hommes qui commencent seulement à se civiliser ? Si les hommes à l’origine de leur existence so- ciale, se trouvaient dans des régions où la nature est avare , lai nécessité de pourvoir à leurs besoins journaliers ne leur lais- serait pas le loisir de s'occuper d’autre chose. S'ils se trou-- vaient au contraire dans ces régions heureuses où tout est pro- digué , pourquoi seraient-ils assujétis à une industrie pénible et continuelle qui aurait été sans but ? En effet, je crois qu’au- D'ORNITHOLOBIE. 19 7 : CE 4 , cune nation sauvage n’a été trouvée avec des animaux qu’elle- * même ait rendus domestiques. D’un autre côté, nous avons | dans le chat, un témoignage manifeste que les animaux non sociables de leur nature ne deviennent pas domestiques : il vit » auprès de nous, accepte notre protection, reçoit nos bien- faits, mais ne nous donne point en échange la soumission et la docilité des espèces vraiment domestiques. S'il eût suffi du tems pour le ployer à la servitude , sa confiance en nous se- rait égale sans doute à celle du chien, du bœuf ou du cheval ; car la confiance est toujours une des premières conséquences de la force; l’une succède à l’autre, comme nous l’avons dit, quand aucun instinct particulier ne s’y oppose, et c’est surtout ar la première que l'autorité se maintient. La nature nous en offre mille preuves. Les récits les plus dignes de foi nous ont appris que les chevaux sauvages ont un chef, le plus cou- rageux de la troupe, qui marche toujours à leur tête, qu'ls suivent avec abandon, et qui leur donne le signal de la fuite ou du combat, suivant qu’il juge de la force des ennemis ou de l'étendue des dangers. Mais si par malheur il vient à pé- rir, la troupe sans volonté, sans direction, se disperse; chaque individu fuit au hasard : les uns cherchent à s’unir à d’autres troupes, et les autres tombent, victimes sans doute de leur irrésolution et de leur égarement. Nous trouverions à peu près le même exemple chez plusieurs de nos animaux domestiques. Le berger est-il autre chose pour eux que l’individu du trou- peau qui leur a fait sentir le plus de force et qui leur a in- spiré le plus de confiance ? Mais un exemple des plus frappans d’autorité exercée sans force et due tout entière à cette con- fiance amenée par le tems, nous est souvent offert par les animaux de nos ménageries. Lorsque les Barbaresques pren- nent un jeune lion, ils sont dans j’usage d'élever avec lui un jeune chier. Ces deux animaux s’attachent l’un à l’autre, mais surtout le chien aulion, Le premier se développant beaucoup plus vite que le second, arrive beaucoup plus tôt à l’état adulte c’est-à-dire à l’époque de la vie où , chez les animaux carnas- siers, la force succède à la faiblesse, et le courage à la timi- dité. De cette différence, il résulte que le chien prend sur le lion toute l'autorité qu’aurait pu lui acquérir une supériorité de force réelle, et 1l la conserve touiours si le lion est d’un maturel facile et doux. « Ce n’est au reste pas toujours par la force musculaire que 20 MANUEL cette autorité s'obtient, le courage et la persévérance entrent pour beaucoup dans les moyens de l’obtenir. J'ai eu un boue de Cachemire qui, réuni à trois autres boucs du double plus grands et plus forts que lui, s’en rendit maître en très peu de tems, quoiqu'en combattant il eût perdu une de ses cornes, et par là l'avantage de frapper également à droite et à gauche, comme pouvaient le faire ses rivaux. Mais sa colère devenait si violente, et son obstination était si grande, qu’il finit par obtenir, à l’aide de ces deux seules puissances , une autorité tout aussi complète que si elle lui avait été acquise par une incontestable supériorité de force physique. Les deux boucs qu’il avait soumis le suivaient partout, et n’avaient de repos quand on les séparait, qu’au moment où il leur était rendu. » Buffon rapporte un fait dont on n’a pas senti toute l’im- portance et qui montre bien à quel point l'autorité et la sou- mission se consacrent par le tems. M. Dumoustier lui écrivait (1): « La paternité chez les lapins est très respectée : j'en » juge ainsi par la grande déférence que tous mes lapins ont > eue pour leur premier père, qu’il m'était aisé de reconnaître >» à cause de sa blancheur. La famille avait beau s’augmenter, » ceux qui devenaient pères à leur tour lui étaient toujours » subordonné: ; dès qu’ils se battaient, soit pour des femelles, » soit parce qu’ils se disputaient la nourriture, le grand-père qui » entendait du bruit, accourait de toute sa force, et dès qu’on » l’apercevait, tout rentrait dans l'ordre, et s’il en attrapait » quelques-uns aux prises, il les séparait sur-le-champ et en » faisait un exemple de punition. Une autre preuve de sa do- » mination sur toute sa postérité, c'est que les ayant accou- » tumés à rentrer tous àun coup de sifflet, lorsque je donnais » ce signal, et quelqu’éloignés qu’ils fussent, je voyais ie » grand-père se mettre à leur tête, et quoique arrivé le pre- » mier, les laisser tous défiler devant lui, et ne rentrer que le » dernier. » > On ne pourrait pas dire que cette autorité d’une part et cette soumission de l’autre, soient instinctives, et ne dépendent pas des causes contingentes et variables. D'abord ce sont des individus d’une même espèce qui auraient ces instincts op- posés , ce qui est contradictoire; ensuite il suffit du plus petit changement dans les apparences extérieures des animaux pour (x) Tome IV, p. 30. D'ORNITHOLOGIE. 22 que ‘toute harmonie entr’eux soit rompue, qu’ils se mécon- ‘ maissent, et que leurs combats recommencent. Deux béliers qui vivent l’un avec l’autre dans la plus parfaite concorde viennent-ils à être tondus, aussitôt ils se regardent avec fu- reur, prennent carrière, se précipitent l’un sur l’autre , et, si on ne les sépare, ils lutient ainsi jusqu’à ce que le plus faible prenne la fuite ou reste sur la place, un simple chan- gement d’habit exposa un jour un des garçons de notre ména- gerie à perdre la vie. Il avait pris sur un bison de l’Améri- que septentrionale une autorité absolue; il lui suffisait d’or- donner pour que cet animal rentrât ou sortit de sa loge, et sa présence seule le faisait fuir et trembler. Un jour, ayant mis un habit nouveau et plus différent par sa forme que par sa couleur, de ceux qu'il portait habituellement, et étant en- iré dans la loge du bison pour son service, celui-ci, après avoir regardé ce garçon attentivement, se précipita sur lui, et ce jeune homme aurait sûrement été tué s’il n’avait pas eu assez d’agilité pour franchir la grille de la loge où 1l avait imprudemment pénétré. Aussitôt qu'il se fut échappé, soup- connant la cause d’une attaque aussi inattendue, il repnit ses vètemens ordinaires, et au moment même l'animal le re- connut, et retrouva toute sa crainte et toute sa docilité. « On ne peut douter que l’influence de la force ne soit essen- tielle à toute société d'animaux, puisque nous la voyonss’exer- cer librement où nous aurions pu croire que la nature y met- trait quelque obstacle. Un troupeau de chèvres a souvent à cet égard fixé mon attention. Lorsque ces chèvres avaient des petits, elles en prenaient un soin extrème, et les défendaient courageusement contre tout ce qui était étranger au troupeau, Mais si un des chevreaux recoit des coups du bouc ou des autres chèvres, la mère présente restait indifférente à cette violence, et paraissait ne prendre aucune part aux souffrances de son petit, pourvu qu’elles lui vinssent des autres individus de l'association. « La ruse est si constamment l'arme de la faiblesse qu'en connaissant la situation de nos jeunes animaux au milieu de leur troupe, on pouvait être certain que dans leurs différens besoins ils auraient fréquemment recours à elie; aussi m’abs- tiendrais-je d’en donner un exemple, si celui que j'ai à rappor- ter, outre sa rareté, ne nous montrait encore un trait de na- 2 2 22 MANUEL turel qu'aucune analogie ne conduisait à supposer ou à pré- voir : il s’agit d’un jenne animal de l’espèce de singe nommé rhésus et de sa mère. Jamais on ne vit une femelle avoir pour son petit plus de soin et plus de sollicitude ; elle menaçait avec violence toutes les personnes qu’elle ne connaissait pas et qui l’approchaient, quoique d’ailleurs elle fût assez douce. Ce petit ne cessait pas un instant, ni de la journée, ni de la nuit , de se tenir suspendu à sa mamelle; et tous les momens du jour elle les employait à le dépouiller des plus petites im- puretés. Tant que cet animal n’eut besoin que de lait , il ne trouva chez sa mère aucune résistance ; mais il n’en fut plus de même dès qu’il voulut manger. Alors il n’obtint plus que ce qu’il déroba; et quand il ne remplissait pas ses aba- joues avec assez de promptitude , elle venait lui arracher les alimens des mains et même de la bouche. Aussi ladresse et la dextétrité de ce petit singe devinrent-elles singulièrement re- marquables : C’était presque au vol qu’il s'emparait d’un mor- ceau, et il saisissait toujours, pour faire son coup , le moment où sa mère détournait sa tête ou son regard, ce qu'il savait reconnaitre avec une rare sagacité. Quelquefois 1l saïsissait le morceau qu'il convaitait dans la main de celle-ci, laquelle, au reste, n’entrait point en colère et ne le frappait jamais; il ve mangeait que le dos tourné à sa mère, qui de cette ma. nière, ne pouvant le voir, n’était pas tentée de lui reprendre ce qu'il avait enlevé. « On conçoit sans peine, et sans avoir besoin d'exemples, qu'une troupe affamée se débande, et que chacun des individus qui la composent ne soit plus occupé que de sa conservation. Dans ce cas, ilest des espèces où les individus se dévorent ; c'est ce qui a eu lieu pour les rats, et même à ce qu’on dit pour les campagnols. Mais la dissolution des troupes a lieu encore quand un des instincts essentiels à l’espèce ne peut plus s'exercer; et c’est ce que nous montrent les castors dans Îles pays très populeux : au lieu de se réunir pour construire leurs babitations, ils vivent solitaires dans les excavations du rivage des fleuves ou des lacs. » 6. IL, MALADIES DES OISEAUX. Les oiseaux, comme tous les animaux soumis à l’action des agens extérieurs, sont influencés dans leurs organes par des D'ORNITHOLOGIE, 29 causes désorganisatrices d’où naissent les maladies qui les af- fectent aussi bien dans l’état de liberté que dans l'esclavage. Toutefois la captivité dans laquelle on retient ceux qu’on veut rendre domestiques, apporte avec elle des changemens si grands , que toute l’économie en est plus ou moins affectée, et qu'il en nait par suite des maladies qui ne se seraient pas développées si l’oiseau avait été abandonné à la prudence de son instinct conservateur. Mais ce sont surtout les oiseaux de cage qui présentent une foule d’infirmités inconnues aux es- pèces sauvages ou de basse-cour. L'étroitesse de leur prison, les friandises de toutes sortes dont on les bourre en opposi- tion au régime qui leur convient, font un grand nombre de victimes parmi ces êtres intéressans , et la mortalité considé- rable qui les frappe est encore accrue par la négligence ou par les précautions inoportunes de ceux qui les soignent. La pathologie des oiseaux ou la description des maladies qui les affectent est encore dans l'obscurité. On ne possède qu’un certain nombre de moyens tout-à-fait empyriques à opposer à leurs affections maladives, On conçoit que ce n’est qu’à l’aidg de signes extérieurs qu'on reconnait qu’un oiseau est malade, C'est son silence , son air chagrin et mélancolique, ses plumes ébouriffées ou en désordre, qui viennent témoigner de la ces- sation de la santé. Un tableau méthodique des maladies des oiseaux ou autre- ment dit zosologique serait des plus intéressant à dresser, à un époque où les sciences médicales ont fait tant de progrès. Mais nous n’avons encore dans l’état actuel des choses, rien d'assez positif pour en tenter une simple esquisse. Nous sui- vrons donc les erremens vulgaires, tels que la pratique et les meilleurs guides les donnent, en conservant jusqu'aux noms consacrés à ces mêmes maladies quelque mal appliqués qu'ils soient, en nous bornant à les présenter dans l’ordre alpha- bétique pour plus de commodité dans l'usage. 19 Abcès. 11 se forme sur la tête des oiseaux de petites tu- meurs inflammatoires qui jaunissent à leur maturité en ac- querant le volume d’un pois, et qui donnent du pus. On doit les oindre avec des substances douces, telles que le beurre frais et sans sel, le saindoux , ou mieux la graisse demi-fluide de chapon. Enfin, le beurre de palme ou de cacao frais est encore un excellent topique. Lorsque ces abcès deviennent lents, fétides, purulens, et que leurs bords s’ulcèrent, où 24 MANUEL doit les toucher avec une aiguille à tricoter , dont la pointe a été rougie à blanc, afin de les cautériser et d'opérer leur des- sicCcation. Le régime consiste à donner aux oiseaux qui vivent de graines , ou granivores , des feuilles de laitue, de poirée, de séneçon , de mouron, tandis que ceux qui se nourrissent d’in- sectes, ou insectivores, doivent avoir dans leur abreuvoir, en place d’eau, du suc de bette peu chargé. 2° Aphthes ou chancres. On nomme ainsi les petites ulcé- rations qui surviennent à la membrane muqueuse qui tapisse le dedans du bec, et qui se forment au palais. On les guérit en écrasant des graines mondées de melon, et en faisant une sorte d’émulsion que l’on ajoute à l’eau de leur boisson pen- dant trois ou quatre jours. Ensuite on les touche très légère- ment pendant ce tems avec un petit pinceau, ou bien avec les barbes d’une plume, trempé dans du miel rosat légèrement animé par quelques gouttes d'acide sulfurique. 3° Asthme. Cette maladie est une des plus fréquentes de celles qui viennent frapper les oiseaux de chambre. Les prin- cipaux symptômes consistent en une sorte de resserrement mé- canique de la poitrine qui s’oppose à la respiration, ce que prouvent les baïllemens fréquens de l'oiseau , qui ouvre son bec avec force comme pour aspirer une plus grande masse d’air. Ils témoignent aussi leur anxiété par une vive agitation ou par la frayeur. Lorsque l'asthme est occasioné par la dilatation des vaisseaux du cœur, on en acquiert la certitude par les pulsations dures et répétées qui se font sentir à la main ap- puyée sur la poitrine. Les premiers remèdes à appliquer d’une manière efficace con- sisteront d’abord en quelques soins hygiériques. 11 faudra donc remplacer une nourriture trop échauffante, telle que celle de che- nevis, ou celle avec des graines rances, par des alimens tempé- rans et aqueux , renouveler modérément l’air trop échauffé par des poëles. Les oiseaux granivores asthmatiquesse trouvent bien de la suppression du chenevis et de la semence de navette quile remplace avec l’adjonction de pain trempé dans de l’eau pure et exprimé, de la laitue, de la chicorée ou même du cresson de fontaine. Dans les grands paroxysmes, il est encore prudent de les tenir à la diète, de leur fournir les moyens de prendre des bains, en plaçant dans leurs cages des soucoupes remplies d'eau tenue à la température de l’appartement. Quelques ama- D'ORNITHOLOGIE. 25 teurs se sont bien trouvés de l'administration du sucre candi simple qu'ils font dissoudre dans l’eau qui sert de boisson journalière. Mais le remède qui a le mieux réussi au docteur Handel et que recommandent plusieurs personnes, est l’em- pioi de l’oximel dont on injecte avec un tuyau de plume deux ou trois gouttes dans le bec de l'oiseau malade, ou qu’on lui donne en boisson dissous dans de l’eau. Les oiseaux insectivores avalent fréquemmeut avec glou- tonnerie les vers dont ils se repaissent, et il en résulte des étouffemens lorsque ces alimens se trouvent arrêtés dans l’œ- sophage. IL est donc urgent de les débarrasser au plus vite de cette cause active de destruction, et on ne saurait y procéder avec trop de rapidité et d'adresse. 4° Atrophie. On appelle ainsi l’état de déperdition qu’é- prouvent certains oiseaux qui maigrissent à vue d'œil, et qui ne tardent pas à périr si on ne combat la cause qui a amené ce faächeux état. On attribue surtout cette atrophie de tous les organes à une nourriture beaucoup trop excitante , et le gésier est surtout l'organe qui cesse ses fonctions. L'oiseau alors rend ses alimens à demi digérés, et son malaise se mani- feste par ses plumes ébouriffées. On change les matières qui sont données pour alimens. On fait succéder le mouron, le cresson de fontaine, la lai- tue, la chicorée, aux graines farineuses ou huileuses. On purge parfois les oiseaux avec une araignée, et dans le cas d’atonie, on fait tremper dans l’eau qu'ils boivent, un mor- ceau de fer, ce qui procure une boisson légèrement lonique. 5° Bouton, mal-croupior où obstruction de la glande adi- peuse. À l'extrémité du croupion est placée une glande adi- peuse qui secrète un fluide huileux destiné à lubréfier les plumes des oiseaux. Par la vie inactive de la captivité, cette giande s’engorge fréquemment. Il en résulte un abeës dont la terminaison se fait plus ou moins attendre en compromettant la santé de l'individu. C’est cet abcès qu'on nomme aussi mal au croupion où bouton. L'obstruction de cette glande uropygiale se reconnaît à ce que les plumes qui l'entourent se crispent et se hérissent, à la mélancolie et à la taciturnité des oiseaux, qui sans cesse sont à se becqueter le croupion. La glande peu apparente d’a- bord se tuméfie, devient noirâtre et se remplit d’un liquide blanc jaunâtre purulent. Eursque l’oiseau avec sou bec a percé * 26 MANUEL l’abcès qui s’est formé , la guérison ne tarde pas à étre le ré- sultat de l'écoulement de l'humeur purulente. Dans le cas où l’abcès persiste, il faut alors en faire l'ouverture, en se ser- vant d’une aiguille, ou coupant le sommet du bouton avec des ciseaux droits et bien coupans. Quelquefois il est nécessaire d'amollir la glande enflammée avec du beurre frais sans sel, du saindoux, ou mieux une pommade faite avec la litharge, la cire et l’huile d'olives. Le docteur Handel prescrit, après l'ouverture de l’abcès, de faire dissoudre un peu de carbonate de magnésie dans l’eau destinée à la boisson de l'oiseau. 6° Catarrhe des bronches, rhume ou bronchite. Le catarrhe des bronches arrive fréquemment aux oiseaux qui vivent dans les pièces trop échauffées, et dans lesquelles on laisse par mégarde introduire des courans d’air froid, Les symptômes consistent en éternuemens fréquens et en secousses de la tête. La meilleure boisson parait être, dans le début, de l’eau: légè- rement miellée, et à la fin de la maladie quelques gouttes d’élixir béchique dans une légère infnsion de véronique. Dans le cas de simple rhume, le docteur Handel se loue d’une dé- coction de figues grasses donnée en boisson, et de purgatifs répétés de deux jours en deux jours avec le suc de carottes. 79 Constipation où ténesme. Les symplômes de cette ma- ladie, due à l’échauffement occasioné par une nourriture trop substantielle ou par l’usage de graines rancies , se manifestent par les efforts souvent infructueux que fait l’oiseau pour ex- pulser ses excrémens. On recommande de donner une eau de bette pour boisson, et d'introduire de l'huile dans le rectum soit avec une tête d’épingle, soit avec ung tige de plume. Les linottes et les chardonnerets sont principalement affectés par cette maladie, et on les en débarrasse par les légères purga- üons que procurent la mercuriale, la laitue, la chicorée sau- vage, la bette, la morgeline et le mouron, ou la bouillie de pain et de lait. Bechstein, recommande de purger les oiseaux avec une araignée, et de faire avaler aux énsectivores, un ver de farine écrasé dans de l’huile douce avec addition d’une petite quantité de safran. 8° Diarrhée et dysssenterie où flux de ventre. Ces deux états d’une maladie grave se succèdent fréquemment chez les oiseaux. La diarrhée attaque plus particulierement les indivi- dus nouvellement retenus en cage, et en fait périr la majeure partie. Les excrémens sont expulsés sous forme liquide, et D'ORNITHOLOGIE. 27 l'oiseau agite presque continuellement sa queue. Parfois il rend une matière calcaire blanche qui s'attache aux plumes du pourtour de l'anus, et accroît en se solidifiant et par sa du- reté l’inflammation de toutes les parties circonvoisines, en y comprenant les intestins. On se trouvera bien dans la première période d’embrocations huileuses sur l'anus et de l'usage des semences de melon mondées pour les granivores, et surtout de l’usage de végétaux frais, ou de jaune d’œuf dureci pour les insectivores Enfin, vers le déclin de l'affection, il est bon de leur donner pour boisson une eau ferrugineuse légèrement astringente et tonique. Le docteur Handel recommande aussi l'usage du lait. En passant à l’état chronique, la diarrhée épuise bientôt les oiseaux, et c’est alors qu'il faut insister sur le lait, l’eau martiale ou ferrugineuse. La méthode suivie par quelques personnes d’arracher les plimes du pourtour de l’a- nus, et de recouvrir la partie de beurre frais est vicieuse, car elle occasione une dénudation des plus douloureuses et y produit l'aiflux du sang. La dyssenterie succède souvent à la diarrhée, surtout chez les perroquets, qui rendent du sang avec leurs excrémens. Cet état, toujours fâcheux , rarement curabie, exige que les oiseaux qui en sont atteints soient mis à l'usage du lait et des adon- cissans. Parfois on se trouve bien pour combattre la débilité, suite d’une nutrition qui se fait mal, de leur donner un peu de bouillon gras bien consommé et dégraissé. 9° Épilepsie, mal caduc. Affection des pius graves et dans laquelle les deux systèmes sangnin et nerveux du cerveau se trouvent affectés, et qui se manifeste par des spasmes violens. Bechstein a recommandé les bains froids , et surtout les im- mersions brusques; ou la saignée, en coupant un ou deux ongles, de manière à produire une effusion de sang. En général, les premiers accès sont souvent mortels. On a recommandé, sans que ce moyen paraisse avantageux , l’usage des bains de vin vieux. Les perruches, et notamment les loris et les vinis périssent presque conslamment en cage par ce genre d’af- fection. 10. Enrouement. Gette maladie ne diffère presque point du rhume simple : cependant elle atteint plus particulierement les oiseaux chanteurs à l’époque où leur voix est dans toute sa plénitude, et est dû à un échauffement produit par l'exercice trop répété de cet organe. Le remède à appliquer consiste en 28 MANUEL une décoction de jujubes, de figues sèches, de réglisse con- cassé, en faisant succéder à cette décoction lésèrement miellée, le suc de bette. On doit avoir la précaution de rentrer dans les appartemens les oiseaux tenus dans des volières exté- rieures. : 11. Fracture. Dans les mouvemens brusques et désordonnés que la frayeur fait éprouver aux oiseaux de cage, il arrive fré- quemment que les os des jambes se brisent. On doit alors re- ürer les bâtons ou perchoirs des cages, garnir le fond de la volière de mousse, en protéger les abords par le plus grand calme pour que l'oiseau ne soit point inquiété et puisse de- meurer dans une immobilité presque complète. La nature fait ordinairement tous les frais de la guérison, qui se fait pins ou moins attendre en déformant souvent le membre brisé; mais quelques auteurs recommandent aux personnes dont les mains sont adroites, de suppléer à l'insuffisance de cet abandon aux seules forces de la vie, par des ligatures douces de charpie trempée dans de l'huile de lin. Très souvent il faut achever d’abattre le membre dont les fragmens pendent et ne sauraient se souder. Dans ce cas on pratique l’ablation avec des ciseaux , et on s'oppose à l’hémor- rhagie en trempant l’extrémité amputée dans de l’huile et dela cendre, ou mieux dans du savon noir fondu, après avoir cau- térisé le moignon avec un fer rougi à blanc. 12. Gale. On donne improprement le nom de gale à des excoriations ou boutons qui se déclarent sur la face, le cou, etc. Ces boutons annoncent de l’échauffement. Il faut donc changer de régime et faire succéder à une nourriture trop stimulante celle qui est indiquée comme rafraichis- sante. 13. Goutte. Le gonflement des articulations des membres avec dépôts tophacés dans les articulations ou la goutte, atta- que fréquemment diverses espèces d'oiseaux , entrautres les étourneaux, les fauvettes, les mésanges et les rossignols. Les jambes et les doigts se tuméfient, se décolorent, et l'oiseau dont les plumes sont ébouriffées ne peut plus tenir sur pied et est forcé de s'appuyer sur le ventre. Très souvent on con- fond avec la goutte l’induration produite par le froid, et qu’on fait cesser par des frictions avec de la lame et des fomenta- tions avec une décoction d’ellébore ou, dit-on aussi, de l’eau de vigne. Haudel prescrit une décoction chaude de bois de sa- ne D'ORNITHOLOGIE, 29 voniér, appliquée avec un pinceau. Souvent la goutte se ter- mine par des renflemens considérables qui défigurent les mem- bres et qui simulent l’éléphantiasis, ainsi que nous en avons vu un exemple dans une bécassine des îles Malouines, Les tarses étaient garnis d'épaisses nodosités, acquises sans doute par les longues immersions dans les prairies aquatiques habitées par cet échassier. . L'exemple le plus saïllant d’une véritable goutte dévelop- pée par l’âge et les habitudes sédentaires se trouve être le san- sonnet élevé par M. Machado, et dont cet ami de l’humanité a consigné l'histoire dans sa théorie des ressemblances (pl. 20, page 121). « J'ai dit qu'il serait à désirer que des lois fussent faites pour protéger les animaux, non seulement à, cause de leurs rapports avec nous, mais parce que de l'humanité envers eux résulterait une conduite plus douce à l’égard de nos sem- blables. C’est à l’appui de cette opinion que j'offre ce dernier tableau, dont le sujet est un sansonnet dans une extrême vieillesse, ne pouvant plus percher , et passant une partie du jour étendu sur un matelas de foin, le bec appuyé sur un des barreaux de sa cage. Si je demandais quelle est la maladie qui accompagne le plus ordinairement la vieillesse, on me répon- drait : la goutte; et en effet, l’engorgement dans lequel se trouvent les jambes de cet oiseau, décèle suffisamment chez lui les progrès de cette cruelle maladie, et l'état de dépérisse- ment qui en a été la suite, n’est malheureusement qu’un exemple trop frappant d’une des infirmités les plus graves qui accablent souvent la vieillesse de l’homme. « Une longue expérience m’a appris que les animaux sont sujets aux mêmes maladies que nous. Les rhumes, les affec- tions de la peau, les maux de tête, les obstructions, la phty- sie, la délivrance avec ses douleurs déchirantes, l'enfance avec ses maladies, la première mue correspondant à notre pre- mière dentition et dangereuse comme elle ; un dépérissement graduel, les convulsions qui accompagnent nos derniers mo- mens, une lente agonie, Enfin ce retour trompeur et fugitif à Ja santé qui précède souvent la mort; tout ce cortège de maux s'observe chez mes petits compagnons, avec les mêmes circon- stances que chez nous. Les remèdes que j’emploie pour les sou- lager sont aussi les mêmes que les nôtres. Et en effet, pour- quoi seraient-ils différens, puisque leur organisation et la nôtre sont à peu près semblables? Je ne puis résister au dé- 30 MANUEL sir de citer les moyens par lesquels je prolonge depuis deux ans l’existence de mon vieux sansonnet : ils sont simples, et les personnes affligées de la goutte pourraient peut-être en ti- rer quelques soulagemens. L'hiver de 1829 à 1830 ayant été extrêmement rigoureux, je lui faisais prendre chaque soir un bain de jambes, préparé avec des fleurs de guimauve, de su- reau et de romarin, bouillies pendant quelques minutes, et on l’endormait dans le bain en le magnétisant, car sans cela ; il eût été impossible de le tenir en repos. On connaît assez les difficultés d’administrer des remèdes aux animaux. » 14. L'hémophtysie. Les ciseaux que l’on réveille brusque- ment, ou ceux qui éprouvent des frayeurs vives et renouve- lées par les mouvemens désordonnés qui les agitent, se bri- sent fréquemment des vaisseaux aux poumons, et cet acci- dent que l’on reconnait à une goutte de sang qui apparaît à l'extrémité du bec, est toujours d’un fàcheux présage. Lors- que la rupture du vaisseau peut être consolidée par le repos, que les poumons sont sains, on peut espérer la guérison com- plète, bien qu'une issue favorable soit le cas exceptionnel de ce genre de lésion. 15. Langueur. On appelle ainsi un état chronique qui ar- rive par suite d'une nourriture inappropriée que l'estomac ne peut digérer, ce qui amène un amaigrissement général, ou des boursoufflures avec infiltrations sanguines dans le tissu cellulaire. Le symptôme principal consiste en ce que l'oiseau rejette constamment ses alimens. Il faut alors changer de ré- gime , et placer dans l’eau de sa boisson un peu de sucre candi, qui adoucit les parois trop enflammées du gésier. 16. Mal aux pattes. Lorsque la eage des oiseaux n’est pas nettoyée avec grand soin, il arrive fort souvent que des matières s’attachent aux pattes, et y fassent naître une affection qui se manifeste par une grande débilité , de la pâleur : on la prévient en faisant baigner fréquemment les oiseaux, et on les en dé- barrasse lorsqu'elle s’est développée, en nétoyant avec délica- tesse les écailles qui les recouvrent; ou en facilitant la chute de celles qui se renouvellent après avoir été très épaissies. Les écailles durcies et qui seraient trop tenaces, doivent être ra- mollies préalablement à l’aide d’un bain d’eau tiède. On ne doit enlever qu’une ou deux écailles par jour lorsque toutes celles de la jambe sont atteintes d’encroutement, et se servir avec dextérité d’une lame mince de fer, ou couper avec des D'ORNITHOLOGIE. 3x ciseaux le milleu de chacune d’elle, sans toucher les chairs vives. Les bains doivent être donnés trois fois par semaine. 17. Magnétisme. On a essayé d’administrer le magnétisme aux oiseaux. M. Machado (Théorie des ressemblances, p. 123) s'exprime ainsi : « On connaît assez les difficultés d’adminis- trer des remèdes aux animaux. J’ai essayé aussi le magné- tisme sur plusieurs de mes autres oiseaux lorsqu'ils étaient ma- lades : il produit chez eux, comme chez nous, des baille- mens répétés; mais je n’ai rien observé de constant; il m’a paru quelquefois réussir; d’autres fois il m’a semblé accélérer leur fin. J’en ai vu qui, de mourans qu’ils étaient, se rani- maient et prenaient tout-à-coup leur vol, et succombaient quelque tems après, lorsque je les croyais sauvés. Il en est du magnétisme comme de tous les autres remèdes qui, quoique indiqués par la science, agravent souvent le mal. » Conclusion. Nous ne citons ici le magnétisme que pour en- gager à ne jamais se servir d’un moyen que nous croyons com- plètement illusoire. 18. Mue. De même que la dentition chez les mammifères, le changement de peau chez les reptiles, la mue chez les oï- seaux, amène avec elle une foule d’accidens dont ces êtres sont trop souvent victimes. À ce sujet, M. Machado dit : « Les deux mues que nous offrent chaque année la plupart des oi- seaux au printems ou à l’automne, me paraissent offrir entre le règne animal et le règne végétal des points de contact non moins frappans que ceux que j'ai déjà signalés. On sait que ces deux époques, aussi critiques pour les animaux que pour nous , sont rendues bien moins dangereuses par le secours d’une chaleur douce et tempérée, et que le développement des plumes, comme celui des plantes, est bien plus rapide sous l'influence d’un soleil bienfaisant qu'avec une atmosphère froide et humide. C’est aussi dans la mue que les oiseaux ap- prennent de nouveaux airs; après les avoir vus silencieux et souffrans pendant plusieurs mois, on est tout-à-coup étonné de les entendre imiter le chant des espèces qui les entourent. » La mue est donc un état maladif qui réclame des soins at- tentionnés , un changement dans la nourriture, sans pour cela qu’elle soit rendue trop échauffante. La mue, lorsqu'elle a lieu dans nos climats en juillet et août, se passe sans accidens pour l'ordinaire. 1l n’en est pas de même lorsqu’elle est tar- dive, car alors la température, en se refroidissant , entrave le 32 MANUEL travail du système cutané alors épanoui Les oiseaux sont tristes, leurs tuyaux sont gorgés de liquides et la peau est le siége d’un prurit incommode qui les engage à arracher les tuyaux avec leur bec. Quelques amateurs proposent de maintenir les oiseaux près du feu ou au soleil, de leur faire avaler un peu de vin chaud vers le milieu du Jour, d’entourer de verdure leur cage, etc. etc. Dans l’état de mue, les rossignols et les fauvettes aiment se baigner. Le plus ordinairement dans la mue, les oiseaux ont besoin de réparer leurs forces par une nourriture plus abondante, plus substantielle. ILfaut donc ajouter aux grains qu’ils affec- tionnent , du millet, de l’alpiste, un peu de chenevis, du pain imbibé d’eau, de la laitue oude la chicoréesuivant les espèces. Les œufs de fourmis ,les vers de farine, seront donnés aux in- seclivores, 19. Mostalgie. L’ennui qu’amène la caplivité est souvent mortel pour les oiseaux ; c’est surtout au printems, à l’époque de la saison des amours , qu’on les voit devenir la proie d’une sorte de fièvre érotique signalée par Bechstein; maigrir, se taire et succomber à cet état de langueur, si l’on ne se hâte d’y remédier, Il faut donc s’efforcer de leur procurer quelques distractions en les plaçant sur la fenêtre, au milieu de la ver- dure, de manière à animer leur solitude par le mouvement de ce qui les entoure. 20. Ophtalmie ou perte de la vue, — Mal aux yeux (Bechstein). Plusieurs oiseaux sont atteints d’inflammations des yeux, qui amènent bientôt une cécité complète. Les pinsons sont surtout sujets à cette maladie que l’on doit attribuer à une ex- position au serein dans des circonstances défavorables. Tou- jours est-il que plusieurs pigeons couronnés ou goura, apportés des Moluques, sont morts à Rochefort à la suite d’ophtalmies des plus intenses produites par la fraicheur des soirs. Les premiers soins consistent à rafraichir par les feuilles de bette ou poirée, dont on exprime le suc que l’on édulcore avec du sucre et qu'on mêle à l’eau de leur boisson, en alter- vant d’un jour l’un pendant une semaine. Quelques amateurs indiquent le suc de figuier dunt on doit toucher les yeux ma- lades, et le docteur Handel recommande de baigner les yeux devenus ternes avec une infusion de la racine de vératre ou ei- lébore blanc des officines. Enfin, on a aussi préconisé l’eau des pleurs de la vigne. Quelques oiseteurs mettent des bâtons de D'ORNITHOLOGIE, 33 figuier dans les cages, et les oiseaux en perchant dessus, en tament l'écorce avec leur bec et se frottent naturellement les yeux avec son lait. Le suc d'oranger, le verjus prescrits, oc- casionent souvent une augmentation des symptômes inflam- maioires. 21. Pépie. Maladie inflammatoire de la membrane qui ta- pisse la langue et ses annexes, et qui se termine par un épais- sissement de l’epiderme. Celui-ci est desséché, racorni sur les papilles nerveuses ou les organes du goüt, et s'oppose à leurs fonctions. Il est donc de toute nécessité d’enlever cette partie devenue inerte, et on y procède avec délicatesse en se servant de la pointe d une aiguille, introduite au milieu de la langue et prolongée vers le sommet. On reconnait cette mala- die à ce que l'oiseau a la tête hérissée, le bec souvent ouvert et de couleur jaunâtre surtout à sa base, enfin à la forme ra- courcie et à la sécheresse de la langue. L’épiderme de la langue enlevé, le goût et l'appétit ne tar- dent pas à reparaitre, et par suite ia bonne santé de l’oi- seau. Quelques personnes recommandent d'employer un mé- lange de beurre frais, de poivre et d’ail pour résoudre le ca- tarrhe, mais cette méthode révulsive est souvent dangereuse, on a prescrit aussi une infusion de véronique pour boisson. 22. Phthysie où consomption. Maladie généralement mor- telle, dont les progrès plus ou moins rapides sont manifestes par l’extrême amaigrissement des muscies de la poitrine, par V’enflure du bas ventre et la perte de l’appétit. Souvent elle dépend de plusieurs autres maladies mal soignées, telles que l'hémophthryste, la langueur, l'atrophie ( Voy. ces mots ). Le docteur Handel combattait la phthÿsie chez les oiseaux par le jus de navets donné en boisson journalière. 23. Poux ou pucerons. Chaque animal à des animaux pa- rasites qui vivent à ses dépens, et les oiseaux surtout sont sou- vent incommodés par la multiplication des insectes qui se ni- chent sur leur peau, protégés qu’ils sont par les plumes, Ces insectes en pullulant font maigrir les individus par l’échauffe- ment quils leur procurent, et souvent amènent la mort des jeunes. On a recommandé sour hâter leur destruction, de rem- placer les perchoirs des cages par des tiges de sureau séchées et débarrassées de leur épiderme et de leur moëlle. Le canal de ces tiges est bientôt le rendez-vous de Ja plus grande par- tie des insectes , dont on opère la destruction en retirant les 4 34 MANUEL baguettes et les trempant dans l’eau bouillante. Il faut aussi ver à l’eau chaude la cage, redoubler de propreté, et enfin baigner fréquemment l'oiseau lui-même. 24. Pattes desséchées. Noy. mal aux pattes. 25. Purgation. Les oiseaux en liberté n’éprouvent que ra- rement les maladies qui les affectent en domesticité. Leur ins- Linct d’ailleurs supplée aux souffrances qu’ils éprouvent; mais bornés en cage à une seule pâture qui leur est souvent étran- gère; presque toujours privés de celle qu’ils préfèrent, surtout de la variété qui entretient leur santé, il faut venir à leur se- cours afin les conserver long-tems. On purge les insectivores tels que rossignols, fauvet- tes, etc., avec des fruits , des vers d2 farine et des arai- gnées (ce qu’on doit faire deux fois par an),et deux jours après on met dans leur eau un petit morceau de sucre candi de la grosseur à peu près d’une noisette. Les granivores tels que les chardonnerets, les serins, ete., se purgent avec de la graine de melon mondée, et toutes sortes d’herbes rafraichissantes, telles que feuilles de laitue, rave, sennecon, poirée, mouron , etc., et on leur donne aussi l’eau sucrée indiquée ci-dessus. Il est encore à propos de donner aux oiseaux, au commen- cement de chaque saison et de tems en tems, quand ils ne couvent pas, un peu de pain, d’échaudé ou de colifichet im- bibé de lait; ceci les rafraichit beaucoup et les met en ap- pétit. 26. Tournoiement. En prenant l'habitude de regarder en haut, beaucoup d'oiseaux contractent le tic de tourner la tête de sorte que le corps n'étant plus en équilibre, ils tombent en faisant la culbute, de manière à fréquemment se blesser. On les corrige de ce vice en appliquant une tenture sur la cage, afin qu’ils ne puissent rien voir de ce côté. 27. Tympanile où emphysème. Dans cette maladie à la- quelle sont très sujettes les alouettes, l’air s’infiltre entre la peau et les muscles , et gonfle démesurément le corps. On obtient le plus ordinairement une guérison facile en perçant la peau avec une épingle, de manière à procurer une issue à l'air introduit. 28. Ulcères. Les ulcérations de la tête qui sont sanieuses se guérissent par Ja cautérisation , à l’aide d’une aiguille rou- D'ORNITHOLOGIE. 35 gie au feu. La brälure est recouverte d’un peu de savon noir liquide. Si la tumeur est inflammatoire, remplie de pus, elle doit être recouverte de beurre frais sans sel, puis percée lors- qu’elle est parvenue à maturité et cicatrisée à l’aide de quel- ques gouttes d'essence de myrrhe. Durant tout ce traitement, l'oiseau doit boire du suc de bette. Les ulcérations de la gorge seront touchées avec une petite plume trempée dans un mé- lange de miel et de borax. 29° Vieillesse. La vieillesse n'est point une maladie, c’est le passage de la vie à la mort par l'usure des rouages dont l'harmonie constitue l'existence : cet état réclame donc quel- ques soins hygiéniques, quelques précautions dans la conser- vation des individus qu’une longue habitude a rendus chers. En général, les premières années de la captivité des oiseaux voient mourir le plus grand nombre de ceux que l’on cherche à élever. Puis les chances de mortalité décroissent avec d’au- taut plus de rapidité que le nombre des ans s’accumule da vantage sur la tète des individus, en tenant compte toutefois de leur longévité respective. Les perroquets vivent très vieux4 Une perruche d'Afrique élevée par les sœurs de Saint-Vincent- de-Paul qui desservent l'hôpital de la Marine à Rochefort est morte il y a un an, âgée de plus cent dix ans. Elle avait été l'oiseau favori de quatre religieuses. La matière cornée des oncles et du bec s'était singulièrement alongée, et sa mandibule supérieure torullée sur elle-même avait plus de cinq pouces d’alongement. On dit que la vie du cygne peut aller à trois siècles, celle du chardonneret va fréquemment jusqu’à vingt-quatre ans, etc. Il serait fort intéressant de tenir note de la durée de la vie de chaque espèce, car nos livres d’his+ toire naturelle présentent sous ce rapport une lacune qu'il importerait de remplir, . III. ACCLIMATEMENT ET SOINS QUE RÉCLAMENT LES OISEAUX EXO- TIQUES, ET PLUS PARTICULIÈREMENT LES FRINGILLES Nous emprunterons à Vieillot , les préceptes qu’il a con- signés sur ce sujet dans l'introduction à son Histoire des oi» seaux chanteurs de la zône torride. Ainsi s'exprime ce célèbre ornithologiste. « Contribuer aux amusemens de la plus belle et de la plus 36 MANUEL “aimable portion du genre humain, exciter son intérêt, sa sensibilité, en lui procurant l’innocent spectacle qu'oftrent, dans leurs amours et leur petit ménage, des oiseaux que la nature semble distinguer eutre ses favoris , par des teintes ve- loutées et brillantes, un naturel gai, des habitudes douces, une voix agréable; attirer en même tems l’attention du natu- raliste par des détails nouveaux sur leur genre de vie : tel est le but que je me suis proposé dans cet Ouvrage. Les char- mans volatiles que je réunis dans le même cadre, sont tous étrangers, les uns habitent l’Afrique et l'Asie, d’autres ne se trouvent qu’en Amérique, vlusieurs sont de la Nouvelle- Hollande ou des iles de la mer du Sud. Gucique d’une com- plexion délicate, et nés presque tous sous un climat constam- ment chaud, ils sont, d’après leur nourriture, d’un transport fa- cile, et ils peuventrésister au froid de notre température. Maïs lorsque le retour du printems invite les habitans de nos bos- quets aux plaisirs, ils ne ressentent point son influence ; les femelles surtout n’éprouvent pas le désir de se reproduire, ni même le besoin d’aimer : notre climat, quelque chaud qu’il soit, ne peut réveiller en elles ce sentiment inné dans les animaux; on sit se développe chez quelques-unes, ce n’est que pour en faire des victimes ; la mort les attend à la ponie, et peu lui échapperaient, si on ne leur procurait, dans ce moment critique, une chaleur égale à celle de leur pays natal. Leur propagation y tient tellement, que les bengalis qu’on a lransportés à la Guiane sont aussitôt multipliés , tandis qu’en Europe, ils ne pourraient produire de nouvelles générations si on ne les tenait dans un local échauffé à la même tempé- rature, comme on le fait pour obtenir les fleurs et les fraits des plantes exotiques. Une chaleur aussi forte ne leur est pas nécessaire en tout tems, mais elle est indispensable à l’époque où les mâles sont ornés de leurs plus brillantes couleurs. La nature, si grande dans ces petites productions, ne les décore avec tant de luxe qu’à l'instant où ils doivent plaire à leurs ivmelles ; ce n’est qu’alors aussi qu’elle perfectionne leur lan- gage. La veuve se pare de son collier d’or et de ses longues plumes ondoyantes ; au gris sombre du comba-sou, succède un riche bleu à reflets; les couleurs ternes du foudi dispa- räissent et sont remplacées par un rouge lustré; le cardinal orix quitte la modeste parure de sa compagne pour se revêtir des plumes aussi remarquables par leur texture que par leur D'ORNITHOLOGIE. 37 velouté, leur fraicheur et leur éclat. Mais c’est en vain que les mâles se couvrent de la robe nuptiale , que le svelte sénégali , l’élégant grenadin, l'aimable bengali, déploient tous les agrés mens de leur gosier; que les jolies veuves redoublent de vivacité ; que le bruyant comba-sou pi:ne au-dessus de sa com- pagne, que le dioch et le cap-more s'occupent d'avance de la construction du nid; les beaux sons de leur voix, la viva- cilé de leurs mouvemens , leurs caresses même ne peuvent émouvoir leurs femelles , si on ne procure à celles-ciune grande chaleur. Toujours indifférentes, elles fuient leurs approches et se refusent à leurs désirs. Ce n’est pas assez de tenir ces oiseaux sous un climat artificiel , il leur faut encore, pour les décider à s'occuper d’une nouvelle génération, des matériaux propres à leur nid , des bosquets toujours verts et touffus, où ils puissent le construire sans inquiétude, et une nourritnre convenable à leurs petits : mais la chaleur est le premier de tous ses besoins ; sans elle, le curieux qui ne désire que îeur conservation, lamateur qui veut se procurer de nouvelles générations , manqueraient leur but, ou n’y parviendraient qu’en faisant le sacrifice du plus grand nombre. On ne doit rien épargner pour prévenir des pertes qu’on répare très diffi- cilement ; et quels oiseaux de volière, parmi ceux qui par- tagent notre demeure et reçoivent leur nourriture de nos mains, méritent plus nos soins que ces rares volatiles! Doués des qualités les plus aimables, ils nous charment par leurs sons mélodieux , nous éblouissent par l'éclat de leurs couieurs, nous intéressent par la duuceur de leur naturel et la finesse de leur instinct. : « Avant d’entrer dans le détail des moyens propres à assurer une pleine réussite, je dois rectifier une erreur que plusieurs ornithologistes ont commise. Les voyageurs qui ont parlé de ces oiseaux , ayant confondu sous le nom de bengalis et de sé- négalis des espèces très distinctes, dont plusieurs changent de plumage deux ou trois fois dans la mème année. On a sup- posé cette particularité commune à toutes celles qui nous viennent de l’Afrique et de l'Inde, et l’on a cru que s'il en était autrement en Europe, on devait en attribuer la cause à l'influence du climat. Tel est le sentiment de Gueneau de Montbeillard et celui de Mauduyt, qui ajoute la nourriture et la domesticité comme rauses secondaires. Je puis assurer , par expérience, que les sénégalis rouge et rayé, le bengal * 38 MANUEL mariposa ou cordon-bleu, les grenadins et d’autres indiqnés par ces auteurs, ne font , dans quelque pays que ce soit , froid ou chaud, qu'une mue par an, et ne changent jamais de cou- leur , lorsqu'ils sont adultes, à moins que ce ne soit acciden- tellement. La constance de leurs teintes et leur mue annuelle en Europe, ne sont donc pas dus à l’influence du climat; il n'en a aucune sur le plumage des espèces qui, en Asie ,-en Atrique et en Amérique, portent dans la même année deux ou trois livrées différentes, comme le sénégali piqueté, le dioch, les foudis, le comba sou, les veuves, etc. Tous les oiseaux qui muent deux fois par an, pendant toute leur vie, dans les pays septentrionaux comme sous la zône torride. Dès qu'un ciseau étranger ne change point de couleurs en Europe, après la première mue qu'il y subit dans l’état d’a- dulte, soit qu’il n’en éprouve qu'une ou plusieurs par an, on doit donc être certain qu'il portera toujours le même vête- ment à quelques nuances près, nuances accidentelles , occa- sionées par le changement de nourriture ou la localité , ainsi qu'on le remarque dans les oiseaux de notre climat que l’on tient long-tems en cage. Ta loxie fasciée est sujette à ce chan- gement. Si au contraire, après chaque mue, le plumage est différent, il en sera toujours de même tant que l'oiseau vivra. Fous les individus de la mème espèce ne muent pas régu- lièrement dans la même saison comme nos oiseaux; il en est qui perdent leurs plumes plus tôt, d’autres plus tard; cela dé- pend de l’époque de la saison pluvieuse de leur pays natal. Les femelles, dans les espèces à double ou triple mue, chan- gent eussi plusieurs fois de plamage par an; mais leurs cou- leurs sont constantes; cepencant quelques femelles, dans un âge avancé , offrent, mais rarement, plusieurs attributs des males. « Cinq objets principaux doivent fixer l'attention du voya- geur qui veut transporter en Europe des oïseaux étrangers. IL faut, 1° étudier leurs habitudes et leur instinct ; 2° les dispo- ser d'avance au voyage , en les familiarisant avec leur prison, avee la fatigue, la privation momentanée de nourriture, le bruit et les divers troubles auxquels ils sont exposés dans le transport ; 3° leûr faire prendre connaissance de leur man- geoire et de lenr abreuvoir, de manière qu'ils puissent trou- ver aussi aisément dans l'obscurité qu’à la lumière ce dont ils ont besoin; 4° se munir de plusieurs volières, pour séparer D'ORNITHOLOG. E. 39 les espèces qui ne sont pas d’un naturel sociable, ou d’une seule, divisée par compartimens, 5° les accoutumer aux graines dont on les nourrira en Europe , si l’on peut s’en procurer ; autrement , on doit faire une grande provision de celles dont ils vivent dans leur palrie, tant pour lenr voyage que pour les premiers mois de leur arrivée. Celte provision est très né- cessaire à celte époque , comme je le prouverai ci après. Mauduyt (Encyclop. méthod.) indique du pain trempé à dé- faut de graines; mais cet aliment ne convient pas au plus grand nombre des oiseaux : ou ils le refusent totalement, ou ils en mangent si peu qu'ils tombent en langueur, et pé- rissent pour la plupart. Un de mes anis, pour avoir trop compté sur ce moyen, a perdu presque tous les sénégalis, veuves, bengalis , etc. qu’il apportait du Sénégal. « Le choix des individus destinés à ce long veyage ne peut être indifférent; on doit donner la préférence aux jeunes, ou à ceux qui ont été élevés en cage, ou pris au piége avant leur première mue : ils sont plus dociles, supportent plus vo- lontiers la captivité, et s’habituent sans peine à une nou- velle sorte de nourriture. Les adultes (1) sont trop sauvages et ont des habitudes plus difficiles à rompre : cependant, à défaut des autres, il ne faut pas les rejeter, maïs on ne doit ‘ jamais se charger des vieux, c’est-à-dire, de ceux qui ont couvé en liberté ; car ils ne rempliraient pas le but qu’on se propose. « Quant aux volières propres au voyage, elles sont suscep- tibles de différentes dimensions; mais on doit faire en sorte de les tenir de la même longueur, hauteur et largeur, afin qu'elles puissent être posées les unes sur les autres , et qu’elles occupent le moins de place possible; cela dépend, au reste, du nombre d'oiseaux qu’on veut emporter avec soi , et du local qui leur est destiné dans le navire. Plusieurs petites sont préférables à une grande , dans laquelle on serait forcé de tenir ensemble des espèces d’un naturel trop opposé pour ne pas se nuire. Des oiseaux peu familiarisés avec l’homme s’effarouchent aisément et se blessent quelquefois la tête quand ils voltigent : on préviendra cet accident , souvent mortel, en garnissant le haut de la volière, au-dessous du (x) J'entends par adulte le jeune oiseau qui est parvenu à l'îge de pouvoir se produire, mais qui ne s'est pas encore apparié. 40 MANUEL grillage, d’une toile ou d'une serge verte qui descendra en dehors sur le devant , qu’elle couvrira en entier , etsera posée de manière qu’on puisse la baisser -et la relever à volonté. Cette partie de la volière est la seule qui doive être à jour; toutes les autres seront en planches. Avec ces précautions, les coups que les oiseaux pourraient se donner serent sans effet dangereux , et en les mettant dans l'obscurité par le moyen de la toile, quand ils s’agitent trop, on préviendra la violence de leurs mouvemens. Les juchoirs seront disposés de manière que ces petits prisonniers ne puissent se salir les uns les an- tres par la chute des excrémens, qui, s’attachant aux plumes, les gâtent, les font tomber, et sont ainsi une des principales causes de leur mort dans le voyage, ou au moindre froid qui les saisit à leur arrivée. Le fond de la volière sera sablé, le sable renouvelé de tems à autre : ou peut se servir plusieurs fois du même, en le criblant et le lavant dans trois ou quatre eaux; ces oiseaux étant granivores, se plairont à le becque- ter et en avaler quelques grains, comme iis le font en liberté, pour faciliter la macération de leur nourriture; le sable aide d’ailleurs à les tenir dans un état de propreté nécessaire à leur santé; si l’on ne peut s’en procurer, on doit nettoyer sou- vent la cage, pour prévenir la mauvaise odeur et une humi- dité toujours pernicieuse. | « Rien ne plait tant aux oiseaux que l’eau claire et limpide, et il faut la renouveler souvent; dans le mauvais tems sur mer, et durant le voyage sur terre, on peut la remplacer par une éponge qui en est imbibée ; les oiseaux en la pinçant avec le bec, en aspirent assez pour étancher leur soif; mais dans les beaux jours on lenr en donnera en abondance, tant pour boire que pour se baigner: le bain rafraichit leur sang échauflé par la fatigue et la gène qu’ils éprouvent dans leur étroite pri- son; 1l facilite d’ailleurs le développement des plumes nais- santes et raffermit les anciennes en les nettoyant. Le local qui leur est destiné dans le navire doit être aéré, s’il est possible. Lorsqu'on est forcé de les tenir dans une chambre obscure, ce qui arrive très souvent, il faut porter les volières sur le pont, où on les laisse plusieurs heures, mais toujours à l'abri de la pluie, du vent ,etc., dans les pays chauds, de la grande ardeur du soleil ; il n’y a pas d’in- convénient de les y laisser dans les régions tempérées, la cha- leur étant alors pour eux de première nécessité. Si c'est par D'ORNITHOLOGIE, 4E terre qu'on les fait voyager, et si on ne peut les faire porter à dos, ce qui est la manière la plus avantageuse, on suspend la cage dans la voiture, ou pour qu’elle soit moins embarras- sante, on la fixe sur l’impériale. La toile qui est au-devant de la volière doit être baissée tant qu'on est en chemin. Afin de parer aux inconvéniens de la pluie, on couvre le dessus d’une toile cirée, qui se relève le matin avant le départ, et l’on tient l'ouverture en face du jour, ou de la lumière, s’il est encore nuit, ainsi qu’à chaque panse faite en route, afin que ces petits voyageurs puissent boire etmanger. Trois repas leur suffisent : le matin avant leur départ, au milieu du jour, et le soir à la couchée. « J'ai dit précédemment que celui qui veut faire voyager ces oiseaux , doit connaitre leurs habitudes et leur naturel : cela est d'autant plus utile qu'il peut alors distinguer les espèces turbulentes et acariätres, telles que le moineau dioch, le comba-sou, etc., de celles dont la douceur est le partage, comme les bengalis, les sénégalis etc., mais les moineaux, les loxies ou gros becs surtout, doivent être isolés, car les plus forts prennent plaisir à déplumer les pius faibles , et si le défaut de place dans le navire, ou tout obstacle imprévu force de les tenir dans la même volière, on doit au moins les séparer dès qu'ils sont arrivés à leur destination. On met éga- lement à part ceux qui sont malades ou en mue: on les tient tous dans un local chaud, et on leur fournit des graines et de l’eau fraiche en abondance. En prenant toutes ces précau- tions , et en se procurant, ainsi que je ne peux trop le répé- ter, les graines dont les divers ciseaux se nourrissent dans leur pays natal, ils supporteront très bien le voyage, ils seront plus en état de résister à l'influence de notre climat , ils subi- ront plus facilement la première mue, et ils ne seront pas ex-. posés à une sorte de dyssenterie qui les attaque presque tou- jours lorsqu'ils changent d’alimens, et qui cause la mort du plus grand nombre, dans les premiers mois de leur arrivée en Europe. Ceux qui échappent à sa malignité vivent ordinaire- ment huit à dix ans, selon les espèces. J'ai conservé des veuves. pendant douze ans, et des comba-sous pendant plus d’an- nées encore. Les nourrir le plus long-tems possible avec le millet d'Afrique , est un moyen efficace pour atténuer les ef- fets de ce mal, qui attaque très souvent les individus apportés directement du Sénégal, Ces petits volatiles, accoutumés dès 42 MANUEL leur naissance à cet aliment, ont de la peine à s’habituer à nos graines; il n’en est pas de même de ceux que nous tirons de Lisbonne, où l’on en élève beaucoup et où ils sont déjà acclimatés. Il est donc nécessaire de faire une grande provision de cemillet, dont on les nourrira pendant les trois ou quatre pre- miers mois qui suivront leur arrivée: en y mélantune petite quan- tité de celui qu’on récolte en Europe, on leur rendra moinssen- sible le changement de nourriture, qui, s’il est trop brusque, leur devient souvent pernicieux et en fait périr beaucoup. Sans cette précaution on ne peut conserver long-tems le sénégali à front pointillé. L’alpiste est la graine de ce paÿs que tous ces oiseaux préférent ; 11s aiment à le manger en grappe. « Ainsi nourris et soignés , ces petits étrangers acquièrent un tempérament robuste; mais pour se reproduire il leur faut une chaleur qui approche de celle des contrées les moins chaudes de l'Afrique. Plusieurs sénégalis et bengalis se con- tenteraient de la température des îles Canaries, mais elle doit être plus élevèe pour les veuves, les grenadins, les cardi- maux orix, etc. On indiquera dans les descriptions celle qui convient à chaque espèce. Cette chaleur , qu’on éprouve rare- ment dans nos contrées septentrionales, est d'autant plus in- dispensable pour leur multiplication, que la plupart font leur ponte pendant notre hiver. Une serre chaude, soit qu’on la construise exprès, soit que l’on se serve d’une partie de celle destinée aux plantes, est le local le plus convenable : elle doit être d’une étendue proportionnée au nombre d'oiseaux que l'on veut faire nicher, et assez grande pour qu’ils ne puissent se nuire en aucune manière. Le côté du vitrage sera couvert par un grillage, et afin d'empêcher les souris de s’y intro- duire ,on en mettra un autre à très petites mailles au travers de la serre, du côté de la porte, mais assez éloigné de l'entrée pour que plusieurs personnes puissent y être à l'aise. Cette séparation aura une porte également grillée pour communi- quer avec l’intérieur, ce qu’on ne doit se permettre qu’en cas de nécessité, car rien ne fatigue tant les oiseaux et ne les porte plus à abandonner leur nid que la fréquentation des endroits où ils couvent. Le long et en dedans du dernier grillage , on placera à quatre pieds de hauteur une tablette pour y poser les vases contenant la nourriture. Cette tablette sera disposée de manière qu’on puisse la mettre et la retirer sans péné- trer dans l’intérieur de la volière. D’ORNITHOLOGIE. 43 Une serre telle que je l'indique, n’est essentielle qu’autant que l’on veut faire couver un grand nombre d'oiseaux ; celui qui n’a que trois ou quatre couples, peut se borner à les ren- fermer dans une volière assez grande pour contenir un des arbrisseaux dont je parlerai ci-après, en la plaçant dans un local exposé au soleil et échauffé au même degré que la serre. Quelques espèces ne peuvent vivre en sociélé au moment de la ponte; elles cherchent à s'emparer du nid des autres, et souvent le détruisent ; il faut les séparer pendant le tems des couvées, et les tenir par couple dans des petites volières; il vaudrait mieux encore faire plusieurs compartimens dans la serre, avec des grillages posés de manière qu’on püût retirer à volonté ces petits mutins après les couvées, pour les réu- nir à la grande famille : la disposition des compartimens doit fournir le moyen de leur donner le boire et le manger sans entrer dans l'enceinte de la volière. « Ainsi disposée et mise entièrement à l’abri de la gelée, on place dans chaque compartiment des caisses d’arbrisseaux tou- jours verts, comme les orangers, les lauriers et autres arbres en état de supporter une chaleur au moins de 25 degrés; il se- rait plus avantageux de les planter en pleine terre et d’y joindre d’autres végétaux, en choisissant les plantes grimpantes : plus ces petits bosquets sont épais et touffus, plus les oiseaux s’y plaisent, surtout les bengalis et les sénégalis, qui s’y retirent en tous tems et préfèrent la partie la plus garnie de feuilles pour y nicher. « On ne laisse d'espace entre ces bosquets , les compartimens et la muraille, que ce qu'il en faut pour pouvoir en écarter les branches. Tout autre que celui qui les soigne doit s’abste- nir d'entrer pendant les couvées dans l’enceinte où sont les arbres, et celui-ci ne doit le faire que très rarement, pour ne pas effrayer les timides habitans de la volière, auxquels tout porte cmbrage à celte époque. « Vis-à-vis du petit bois, on laisse une espace vide dont l’é- tendue occupe le tiers de la volière, et qui est en partie sablé et en partie couvert de gazon. Au milieu de cet espace on creuse un petit bassin dont l’eau se renouvelle par le moyen d’un jet, et qu’on a soin de nettoyer tous les huit jours; 1l con- viendrait mieux d’y faire passer un petit ruisseau qui tombe- rait par cascades et roulerait ensuite sur du gravier ; sa frai- h4 manvec cheur toujours renaissante ferait les délices de tes petits vo- latiles. Le sable le plus än doit être préféré, car ils aiment à s’y rouler; les grains qu'ils avalent facilitent aussi la tritura- tion des alimens ; la terre, et le gazon toujours vert leur sont également utiles, parce qu’is y trouvent des insectes et des vermisseaux , dont plusieurs espèces nourrissent leurs petits. On fixe dans la partie sablée un ou deux arbrisseaux dépouillés de verdure, très fournis de branches, et dont la cime atteint le haut dela volière. Ces arbres conviennent à plusieurs oiseaux qui se plaisent à suspendre leur nid à l'extrémité des rameaux, et tous y trouvent des juchoirs pour s'y reposer, ce qui procure le plaisir de les voir sans les inquiéter. Ces arbris- seaux étant sujets à se gâter promptement , on a soin de les re- nouveler à l’époque des couvées. Comme quelques oiseaux pré- fèrent cacher leur nid dans des trous d'arbres, on place le long et en dedans du massif, des troncs creusés de distance en. distance, à une profondeur suffisante pour qu'ils puissent y couver; indépendamment de ces ouvertures, on met le long de la muraille de la partie vide de la serre des petits boulons de bois, larges en dedans comme ceux que l’on prépare pour les serins, mais entièrement fermés, à l'exception d’une ouver- ture d’un pouce de diamètre sur le devant de chaque boulon, aux deux tiers de sa hauteur; le dessus est bombe et se retire à volonté, afin au’on puisse les nettoyer plus aisément; on les passe de tems en tems à l’eau bouillante, pour détruire les in- sectes qui pourraient s’y trouver, et qui, sans celte précaution, y pulluleraient au point de faire périr les petts. On y fixe aussi quelques boulons ordinaires dont certaines espèces se contentent. Pendant la première année, la chaleur de la serre doit être entretenue à 20 on 25 degrés, surtout si les oiseaux arrivent de leur pays natal. La plupart perdent leurs plumes pendant le voyage, soit par l'effet de la malpropreté ou de la mue, soit en se battant entre eux, si l’on néglige de séparer les espèces turbutentes, soit enfin par l'habitude que quelques-uns con- tractent, quand ils sont renfermés trop à l’étroit , de se les arracher mutueilement lorsqu'elles commencent à pousser ; la chaleur qu'ils trouveront dans la serre les fortifiera et hä- tera le développement des plumes naissantes. Certaines es- pèces de sénégalis ont plus que es autres l'habitude de se déplumer, est il est difficile de Ja leur faire perdre, pour y par- D'ORNITHOLOGIE, 45 venir, on mel à part ceux qui sont dépouillés de leurs plumes, jusqu’à ce qu’elles soient entierement repoussées, et alors les autres n’y touchent plus. « La seconde année on diminuera la chaleur pour les indivi- dus nés en Europe, et 18 à 20 degrés suffiront. La troisième année, on ne leur donnera plus que ceïle de nos étés ; mais il sera prudent de l’augmenter à l’époque des pontes et de la mue, et de la porter toujours à un degré supérieur pour les autres. En graduant ainsi la température de la volière, on les accoutumera peu à peu au froid, et après quelques généra- tions ils le supporteront aussi bien que les serins. « Outre les alimens ordinaires, la verdure convient à quel- ques-uns de ces oïseaux , on doit donc leur donner du mou- ron, du senecon et d’autres plantes dont ils se nourrissent avec plaisir. Des espèces ont besoin d'insectes pour élever leurs petits; on leur en procure à cette époque, surtout des chenilles non velues et des larves : celle du ténébrion de la farine, ap- pelé vulgairement ver de farine, leur convient assez; on la leur présentera entière si elle est petite, et rompue en deux si elle est grande, comme on fait pour le rossignol. « Tous ces oiseaux ne construisant pas leur nid avec les mêmes matériaux, on leur en fournira de diverses sortes : les plumes duvetées, la mousse, les herbes fines, le coton haché et la bourre, sont les principaux; mais les plumes sont de toute nécessité pour les sénégalis rouges, car lorsque les fe- melles n’en trouvent par pour matelasser leur nid, elles ar- rachent celies des mâles et mêmes d’autres oiseaux qui sont dans leur enceinte. « En se conformant aux procédés que je viens d'indiquer, ces petits volatiles changeraient absolument de naturel; ils passeraient de la froide indifférence à un sentiment plus len- dre, dont notre température empèche le développement. Les femelles, devenues sensibles aux caresses des mâles, se ren- draient à leurs désirs. Les mâles se fixeraient en s’attachant une compagnc; le plaisir de s'aimer, de s’en donner des preu- ves, de soigner leur postérité, deviendrait leur unique OC- cupation. Ces soins continués pendant plusieurs années , pro- cureraient des générations acclimatées, qui finiraient par ne lus demander que les attentions ordinaires attachées à l’édu- sation des serins. 5 46 MANUEL $. IV. CHASSE OU OISELLERIE (1). Les oiseaux de chambre nous sont fournis par les oïseleurs et les marchands en ce genre. Ceux-ci nous procurent des oï- seaux étrangers, ou instruits ; ceux-là des indigènes. Un bon oiseleur doit connaitre non seulement les différentes maniè- res de prendre les oiseaux ; mais encore les divers appels, au moyen desquels les différentes espèces et les différens sexes sont attirés. Encore les tons d’appel varient-ils beaucoup, et sur- . tout parmi les oiseaux de chambre, selon leurs passions et leurs besoins. C’est ainsi, par exemple, que le pinson ordi- naire , pour se tenir en sociélé dans ses voyages, répète sou- vent éack, iack ! qu'il exprime sa joie par firk, fink ! que dans sa colère il prononce ces mêmes. accens avec plus de force et plns de précipitation. Tandis que son cri de tristesse est trif, trif. Ce sont ces différens langages bien étudiés qui font la science de l’oiseleur, et qui assurent le succès de la chasse. ; Comme chaque espèce d'oiseaux, lorsqu'on n’a qu’elle en vue, exige une manière particulière de la leurrer, on remet à la faire connaître quand on traitera de son histoire. On ne peut parler ici que de la chasse aux oiseaux en général. Avant tout il faut savoir dans quel tems on peut prendre les oiseaux. S'ils sont de passage, forcés par le froid, ou le besoin de nour- riture , de changer de climats: c’est dans le printems ou l’au- tomne qu’on leur tend des filets. Les oiseaux erratiques que le besoin seul de nourriture fait changer de local, peuvent être pris partie au printems , partie en automne, partie en hyver même. Enfin les oiseaux permanens, qu'aucune des causes ci-dessus ne détermine à quitter leur lieu natal, peu- vent être pris dans toutes les saisons de J’année, mais plus facilement en hyver lorsqu'ils se rassemblent en petites trou- pes. L'automne est le tems ou l’où prend ordinairement le plus d'oiseaux au filet. Les uns attirés par la chanterelle, ou ia nourriture présentée, vont d'eux-mêmes dans l'aire, les autres comme les différentes espèces d’allouettes qui ne se laissent (x) Article extrait de l'ouvrage de Bechstein. D'ORNITHOLOGIE. 47 pas leurrér, sont chassés contre le filet dressé; maïs le prin- tems est la véritable saison pour prendre les oiseaux qui suivent l’appeau de l’oiseleur ou la voix de la chanterelle cachée dans une cage, croyant y trouver l'individu avec lequel ils désirent s'appareiller. C’est le tems aussi où l’on a occasion de pren- dre les oiseaux du nord, qui ayant passé l’hyver dans un cli- mat plus méridional que le nôtre retournent par nos contrées dans leur patrie. Enfm c’est l’occasion d'observer de la ma- nière la plus précise le diffrens sexes de ces oiseaux. Car une expérience constante nous a appris que les mâles arrivent régulièrement quelque jours, ou même nne semaine enlière, plus tôt que les femelles; d’où vient que les oiseleurs ne pren- nent d’abord que de ceux-là, et au second vol que de celles-ci. Les mois de mars et d'avril sont propres à celte chasse, qui doit toujours être faite le matin, depuis le point du jour jus- qu’à neuf heures; plus tard les oiseaux sont trop occupés à chercher leur nourriture, pour écouter l’appeau , ou la chan- terelle. Puisque la plupart des oiseaux de chambre de la première classe nous sont procurés par la chasse au filet, je vais dé- crire la manière simple dont on la fait en Turinge. On choisit quelques branches assez fortes de chêne ou de hêtre, auxquelles les feuilles restent encore attachées, on enlève ces feuilles dans la longueur d’un pied à un pied et demi du sommet des branches et dans cet espace on fait des entaillles propres à y ficher des gluaux. Le buisson étant ainsi préparé, on va le placer sur une hauteur à l'endroit le plus fréquenté du passage; car les oiseaux qui voyagent ont des chemins fixes, qu’ils suivent toujours, dans lesquels on les voit en grand nombre, tandis qu’à la distance de deux à quatre cents pas de cette trace on n’en rencontre aucun. Ces routes suivent, en général, les montagnes qui bordent les valiées. C’est donc sur ces hauteurs qu'il faut transporter le buisson d'appel; on le garnit alors de ses gluaux auxquels on donne une position inclinée, et dessous, à terre, on place les chante- relles, en couvrant encore leurs cages de branches de sapin ou autres , afin que les ciseaux ne puissent se voir mutuelle- ment, ce qui empécherait les voyageurs de s’arrèter et les au- tres de les appeler. On emploie de préférence pour chanterelles des oiseaux pris sauvages, parce que les oiseaux élevés du nid ne eonnais- 4S MANUEL sent jamais bien le ton d'appel, ou du moins ne le font pas entendre aussi fréquemment. Une des meiïileures chasses est ce qu’on appelle l’abreuvoir, on y prend des oiseaux de toute espèce, et l’on y a toujours le choix de ceux qu’on désire. Rien n’est plus agréable, dans les jours chauds de l’été, que de s'occuper de cette chasse, assis tranquillement à l’ombre d’un feuillage épais, près d’un ruisseau qui coule avec un doux murmure : selon la grandeur de la place, on tend un filet de trois, quatre ou six pieds de long,et trois ou quatre de large,sur une rigole que l’on acreusée exprès, pour y conduire et faire passer l’eau. Quelques bà- ‘tons d’un pouce de grosseur étant mis dans ceite rigole, de niveau avec le courant d'eau, on y fixe des cerceaux, pour empècher le filet de se mouiller en tombant.Tout le reste du pe- tit canal est recouvert de branchages. Si le lieu est bien choisi, on y sera entouré pendant tout le jour, de quantité d'oiseaux différens. Cette chasse dure du 24 juillet au mois d'octobre , et quant aux heures les plus avantageuses, ce sont celles du lever et du coucher du soteil. Lorsque l’abreuvoir pourra être établi vis-à-vis d’une forêt, dans un bosquet de pin ou de sapin, au milieu d’un pré, voi- sin de haies vives et de jardies, on y réunira la chasse des oiseaux des bois et de ceux des champs. Mais si l'on n’a pas un tel local à sa disposition, il faut deux abreuvoirs diffé- remment placés. Pour diminuer le bagage autant que possible, et pouvoir transporter plus commodément le produit de sa chasse, on fait des petites cages qui se plient de manière à pouvoir en- irer das la poche. Elles ne servent cependant que pour les oiseaux peu farouches, comme chardonnerets, tarins, linotes etc. , etc. Ceux qui s’agitent violemment lorsqu'ils sont pris, tels que les pinsons, les alouettes etc. , etc., doivent être mis dans un petit sac de toile, ou mieux de filoche, au fond du- quel est cousue une calotte de feutre; de retour au logis il faut placer aussitôt les espèces farouches dans l’obscurité, et cou- vrir même leur cage de branchages, ou de quelqu'étoffe , pour éviter qu’ils ne se heurtent jusqu’au sang , ou ne s’estro- pient. Une légère atiention à la manière dont les oiseaux*‘se comportent en pareil cas, suffira pour imdiquer ce‘qu’il y aura de mieux à faire. Car parmi les individus d’une même espèce il n'y a rien d’uniforme à cet égard. D'ORNITHOLOGIE. &9 DUAL MALE DELLE LEE LE LULU LAVE VEVUULULUL VERS VU UUATAL LA LLLLULUSLDILULUE LIVRE PREMIER. —— LES OISEAUX ANOMAUX. On ne peut se dispenser de séparer des vrais oiseaux quel ques espèces anomales, qui tiennent par leurs viscères comme par diverses parties de leur organisation aux mammifères, dont elles retiennent aussi quelques-unes des habitudes. Les grecs comparaient l’autruche au chameau, et lui en donnèrent le nom: les latins adoptèrent la même idée qu’ils exprimaient par les noms de struthio camelus, ce qui confirmait cette pen- sée d’Aristote, qui dit de cet oiseau gigantesque, partim avis, partim quadrupes. L'aurrucme, le casoar, l’emeu, le naxpu, sont donc les quatre espèces d'oiseaux véritablement anomaux. On ne les élève point en domesticité en Europe, autrement que dans les ménageries des établissemens publics pour l'avancement des sciences naturelles. 1° L’auraucsE (Struthio camelus.) Buffon enl. 457. L'Autruche, qui vit par troupes dans les déserts de l'A- frique, depuis l'Egypte jusqu'an cap de Bonne-Espérarrce, et qui pullule dans les sables de la Barbarie et de l’Arabie Pétrée, est, quant au volume du corps, le plus gros des oi- seaux. Ses longues et puissantes jambes donnent à sa course une vélocité peu commune, et ses ailes rudimentaires ne ser- vent point au vol. Les Arabes du pourtour du golfe de Syrie _ont passé de tout tems pour savoir apprivoiser les autruches qu'ils vendent aux marchands pour être importées en Europe. En Egypte on les tue pour en enlever la peau qui donne ua bon cuir, et pour leurs plumes qui sont très recherchées comme parure de luxe. Leurs œufs sont nourrissans et très dé- licats an goût; leur chair est lourde etindigeste, aussi Moyse la défendait-il aux juifs comme une viande impure. Cependant quelques peuples abyssins furent surnommés struthophages de leur habitude de ranger ces oiseaux, Une friandise pour les Li bo MANUEL Arabes consiste en un mélange de sang d’autruche avec de la graisse figée. Sous Héliogabale, les riches Romains se faisaient servir des plats de cervelle, ce qui annonce qu’on se procurait ces animaux assez facilement. Dans leur patrie, prises vivantes, les autruches s'apprivoi- sent aisément ,et se laissent parquer et mettre en troupeaux : on dit même qu'on a pu les dresser à servir de monture. En Europe elles craignent les hivers et meurent par la rigueur de la climature , quelque soin qu’on ait pour les tenir dans des lieux clos et échauffés. Elles vivent d’herbes et de grains, et surtout de pain et d'orge, et ne sont point délicates. Leur gloutonnerie est telle‘qu’elles avalent des cailloux et des frag- mens de féraille , mais leur estomac use par ses parois les mé- taux sans les digérer, ainsi que le vulgaire le croit. À la mé- nagerie du Muséum, on leur donne par jour quatre livres d'orge, une livre de pain, dix têtes de laitue et quatre litres d'eau. En hÿver 1l faut porter la boisson à six litres. Il faut aussi leur donner de l’eau pour s’arroser, car elles mêmes en jettent sur elles et se roulent sur le sol, ce qui prouve le besoin qu’elles ont de bains fréquens. Ces autruches s’accouplent et pondent en Europe. La femelle s’accroupit pour recevoir le mâle, et pond un nombre d'œufs qui varie de douze à quinze suivant Buffon, jusqu'à cin- quante suivant Willughby. Ces œufs sont très gros, ovoïdes, à coque très dure et blanc jaunâtre. 29 LE xanDu ( rhea americana, Laïh. ) fig. Vieillot, gal. pl. 214. Le nandu est Yautruche de Magellan de tous les voyageurs, que les habitans des Pampas du Paragay nomment churi, et que Buffon a cru très à tort être le ouyou des Galibis. Sa taille est de moitié moindre que celle de l’autruche, mais comme chez elle, ses ailes sont rudimentaires, ses jambes robustes, sa course rapide. Les pandus sont innocens, craintifs, et vi- vent par paire, ou le plus ordinairement par troupes d’une trentaine d'individus, dans les plaines rases et découvertes nommées pampas de la Patagonie et du territoire de Ja répu- blique de la Plata. On les dit vivre également dans les clai- rières du Chili et du Brésil. C'est en juillet, époque du printems dans l'hémisphère austral, que les nandus de sexe différens se rapprochent pou, -. © 53 D D'ORNITHOLOGTE. 5c se livrer à l'amour. Les femelles pondent à la fin d'août, et les petits éclosent vers la fin de novembre. On ne connaît pas le nombre des œufs, car on assure que plusieurs femelles se réu- aissent pour pondre dans le même nid ; on en a trouvé jus- qu'à quatre-vingts. Ces œufs, couvés par le mâle, sont blancs. piquetés de jaune. TR Les Péons se livrent à la chasse des nandus en les poursui- vant à cheval et les prenant à l’aide du long /aco qu’ils savent si adroitement lancer. Souvent aussi ils les apprivoisent. La chair des Jeunes est tendre et de bon goût; et les plumes des adultes, connües sous le nom de plumes de vautour dans le commerce, servent à faire des panaches, des hous- soirs , etc. Les nandus vivent d'herbes et de graines comme les autru- ches dont ils ont toutes les habitudes. 3° LE GASOAR A CASQUE. ( casuarius emeu, Lath.; Maréchal, vélins gravés du Muséum. ) * Le casoar fut apporté en Europe par les Hollandais vers 1597, et depuis long-tems , il est élevé en domesticité dans ies basses-cours de leurs possessions malaisiennes. C’est un grand oiseau stupide, glouton, vivant de fruits, de racines, d'herbes et même de petits animaux; très facile à apprivoiser et très peu délicat pour la nourriture. Il vit dans les forêts profondes de toutes les îles Moluques et de la Papuasie, notamment à Céram, à la Nouvelle-Guinée ; etc. Il est élevé à Java, Am- boine et Banda. Un casoar que le général Bonelle me donna à Samarang fut élevé par moi et conservé à bord de la Coquille jusque sur les côtes de France, où il mourut à la suite de la fracture des deux jambes qu'une pièce de bois lui brisa. Cet oiseau était singulièrement privé,'d’une grande familiarité, bien que par fois il manifestât des velléités de méchanceté. Mais à l’époque des amours, il devenait d’une sauvagerie extrême et cherchait à s'élancer sur tout ce qui tentait de l’approcher, en lächant des ruades à briser les jambes avec ses pieäs robustes que des muscles énergiques détendaient comme un ressort. La femelle pond deux à trois œufs ovalaires, durs, grisätres, pointillés de vert éméraude. On dit qu’elle les couve la nuit pendañt un mois. Les jeunes ont comme les petits de l'au- BALVERSTY OF ILLHNGIS # — LIBRARY b2 MANUEL truche et du nandu , une livrée grisâtre avec des barres brunes longitudinales. Le casoar à casque est peu recherché comme oiïseau utile et quand on le nourrit en domesticité, c’est plutôt comme ob- jet de curiosité. Sa chair est dure et coriace. Il craint beau- coup le froid et vit difficilement en Europe. 4° L’ÉMOU DE LA NOUVELLE-HOLLANDE. (Dromaius ater, Vieill. gal. pl. 226.) Cette espèce, que les nègres Australiens nomment parem- bang, est répandue par couples solitaires sur le territoire de la Nouvelle-Galies du sud, bien qu’elle disparaisse des cantons défrichés par les colons, et qu’on ne la trouve plus guère que dans les forêts de Casuarina et d’Eucalyptus encore vierges. Les Anglais élablis an port Jackson comparent la saveur de la chair de l’émou à celle de bœuf, et ont cherche à le faire propager dans leurs basse-cours. $es mœurs sont farouches, timides, mais cependant il se plie assez vite à la domesticité. RRR LRLT LEE LELR LATITLREE LIR LL LLLLRLLULLÉLLLLULEL LR LLVALLEVLRLRÉ LEVRE DEUXIÈME. LES OISEAUX NORMAUX. Nous avons nommé ainsi la plus grande partie des oiseaux, les vrais oiseaux en un mot, qui se distinguent des précédens par des caractères d’organisatiou du premier ordre, tels qu’un sternum surmonté d’une crête osseuse où bréchet; une clawi- cule complète et formée d’une seule pièce osseuse, ete. On les divise en cinq ordres, 1° les accipitres ou rapaces; 2° les passereaux ; 3° les gallinacées ; 4° les échassiers; 5° les palmi- pèdes. IT ORDRE : LES ACCIPITRES. Les oiseaux de cet ordre ont encore recu le nom de re- paces, oiseaux de prore (raptatores). Leur Dec a des mandi- bules crochues, des nariñ couvertes à la bâäse d’une cire, et des doigts terminés par des ongles excessivement crochus. Les D'ORNITHOLOGIE, 53 accipitres vivent de chairs mortes ou vivantes; leur vol est puissant, leur vue perçante, et presque tous nichent sur les sommets les plus inaccessibles des rochers ou des montagnes, ou dans les ruines et les mâsures. Le nid porte le nom d’aire pour les espèces nobles. Trois grandes tribus partagent cet ordre : 1° les accipitres qui tiennent des gallinacées , et dont le secrétaire est le type; 29 les accipitres diurnes, et 3° les accipitres nocturnes. La première tribu ne renferme que le messager (vultur ser- pentarius, Lath. Buff. enl. 727 ), qui soit élevé comme oiseau domestique au cap de 9 Fort sa patrie. Cet oiseau qui dévore les serpens venimeux, rend des services signalés aux colons du cap, et a été introduit par les français dans leurs colonies des Antilles pour y détruire la race funeste du serpent trigonocéphale, qui rend la culture des cannes à sucre si dangereuse pour les nègres. En général, on élève peu d'oiseaux de proie, excepté dans les ménageries destinées à la curiosité publique ou pla- cées près des musées. La deuxième tribu a donc peu d’intérèt pour l'amateur des oiseaux de volière, ou plutôt elle doit lui inspirer une aversion bien naturelle, puisqu'elle renferme les ennemis les plus implacables des espèces qui font ses délices ou qui sont l’objet de ses soins. Le gerfault du nord( kierofalco candicars ) et son jeune âge qu’on a distingué sous le nom de sacre, a été en grande estime pour la fauconnerie. Pallas dit que dans le nord de la Russie, on le prend avec des filets à trappe, au dessus desquels, on suspend des plumes flottantes à des ficelles tendues d’un arbre à l’autre, et en attachant sur la terre des pigeons qui servent d’appât. Le gerfault, dans son état de liberté, vit d'oiseaux, mais il ne craint pas d'attaquer même ceux de grande taille, tels que le héron , la cigogne, les grues. Il tue les lièvres en se laissant tomber d'aplomb dessus, et il est si ardent dans la poursuite de sa proie, qu'après en avoir déchiré une en lambeaux il abandonne souvent pour en chasser une autre. Le véritable hieraz ou faucon sacré des anciens, parait être l’autour commun, que l’on voit représenté sur les obé- lisques et même sur les sarcophages des Egyptiens. Bien que la fauconnerie ne soit plus en usage, quelques-uns de nos lecteurs nous sauront gré sans doute de leur offrir l’es- 54 MANUEL quisse des préceptes de cet art si en vogue dans les siècles de Ja féodalité, dont il semble être un des traits caractéris- tiques (1). Les oiseaux de groie, dit M. Huber, ont leurs ailes ra- meuses où voilières. Les oiseaux pourvus d'ailes rameuses s’appéllent rameurs de haut vol ou de leurre; et ceux dont les ailes sont volières se nomment voliers de bas vol ou de poing. L’aile des pre- miers est mince, déliée, peu convexe, et fortement tendue quand elle est déployée; les dix premières pennes sont en- üéres , et leurs barbes se touchent les unes et les autres sans discontinuation dans toute leür longueur. Les mouvemens de celte aile sont aisés, rapides, forts : aussi les rameurs volent contre le vent, la tête droite, et s'élèvent sans peine dans les plus hautes régions, où ils se jouent dans tous les sens, et se portent de tous côtés. L’aile des voiliers est plus épaisse, massive , arquée et moins tendue pendant le vol; les einq pre- miéres penues d’une longueur inégale, sont éehancrées de- puis le milieu jusqu’à l'extrémité, qui, queïque la plus im- portante pour le vol, forme une surface interrompue; et, mue par des forces moins énergiques, cette aile ne produit pas au- tant d’effet : aussi ces oiseaux ne volent avec avantage que vent arrière, la tête basse, et ils ne s’élèvent que pour dé- couvrir leur proie. La dénomination de planans peint assez bien ce vol, lorsque , les ailes étendues, immobiles , le corps est porté par le cours du vent. Les pennes des ailes rameuses sont, en général, plus fermes que celles de laile volière; on. reconnaît ces qualités , suivant M. Huber, à la bigarrure vive et tranchée qui règne d’un bout à l’autre des premières, à l'aspect fondu et comme lavé d’une couleur uniformément noire de l’échancrure à la pointe, et d’un blanc aussi presque: uniforme de la naissance des pennes jusqu’à l’échancrure. Les serres, par leur conformation, different également chez les oiseaux rameurs et chez les oiseaux voiliers. Ces serres sont appelées par les fauconniers, des mains. Les doigts, chez les premiers , qui sont aussi qualifiés de ob/es, sont plus longs, plus déliés, plus souples; ils embrassent une surface plus étendue, et, étant mus par un plus grand levier, ils re- (1) Article di: 0 mon beau-père, feu M. Dumont de Ste-Croix auteur des articles d'Ornithologie du Dictionnaire des, Scienees naturelles + D'ORNITHOLONIE. 55 tiennent plus fortement que les doigts des voiliers ou ignobles, qui sont plus gros et plus courts. Les ongles des rameurs, étant aussi plus arqués et plus acérés, pénètrent plus facile- ment que cenx des voiliers, et font une plaie plus dangerense. Les rapaces usent de leurs armes de la manière la plus avantageuse : les rameurs saisissent la proie qui est plus lé- gère que prompte, et frappent celle qui est plus prompte que légère, pour l'affaiblir. Une certaine adresse d’instinct fait qu'ils attaquent à l'instant la place fatale, qui, chez les vola- dils, est au creux de l’occiput, et chez les mammifères, entre l'épaule et les côtes. Les petits rameurs sont ceux qui tuent le plus vite; les émérillons touchent à peine la place ci-dessus in- diquée, que la mort ne survienne à l'instant. Les voilers ne frappent qu’accidentellement : leur grand moÿen est de/saisir leur victime et de la comprimer jusqu’à la mort. Lorsqu'ils se sont jetés sur un lièvre, ils lui envelop- pent le cou dans une de leurs serres, et l’étouffent. Leur bec, sans denteiure, déchire la peau et les chairs, et ne casse les os que lorsque, ceux-ci étant bien découverts, la pointe peut les assujétir par sa courbure. Dans le fourré le plus épais, ces oiseaux saisissent leur proie avec une adresse extrême, et vraisemblablement la longueur de leurs tarses leur est fort utile dans ces occasions. Les rapaces de haut vol apercçoivent, aussitôt qu’on ôte leur chaperon, non seulement les divers oiseaux nogés pour ansi dire, dans l’espace lumineux des airs; mais encore leur genre,et leur disposition naturelle à faire telle ou telle défense: Aussi choisissent ils sur-le-champ lobjet de leur poursuite, contre lequel seul ils se dirigent imperturbable- ment, quels que soient ses mouvemens parmi les autres oi- seaux dans la société desquels ils se trouve. Les oiseaux de basse volière, en quittant le poing de leur maitre, vont aussi prendre au loin, dans la plus grande obscurité des forêts, soit des oiseaux qui circulent avec vitesse sous d’épais buis- sons, tels que des râles de genet; soit des lapins ou autres mammifères, pour peu que le mouvement les rende percep- tibles. M. Hubert n’a pas fait mention de la queue dans l'examen des ressources particulières que les oiseaux de proie tirent des différences de leur conformation, parce que, outre les varia- tions suivant les espèces, il a observé que cette partie ne ser- 56 MANUEL ” vait que de gouvernail à l'oiseau, comme le croyaient les an- ciens, pour se tourner de côté ou d'autre; mais seulement de secours pour monter ou descendre, et que, d’ailleurs, Borelli a remarqué lui-même que les individus privés de leur queue par quelque accident, exécutaient tous les mouvemens pour lesquels on la supposait nécessaire. D'une autre part, cet au- teur ajoute aux caractères distinctifs des rameurs un bec den- telé et l'œil noir , tandis que le bec est sans dentelure et l'œil clair chez les voiliers. Il classe parmi les rameurs, le gerfault, le faucon ordinaire, le hobereau, lémériilon, mais non la cresserelle; et parmi les voiliers , l'autour et l'épervier. Les oiseaux non rapaces sont susceptibles d’être rangés, . quant à leur vol, parmi les rameurs ou parmi les voiliers, mais on ne pourrait établir la division d’une manière aussi distincte, quoique les oiseaux de vroie connaissent les diffé- rentes combinaisons, par instinct ou par expérience, et diri- gent en conséquence leur plan d’attaque ou de poursuite. On a remarqué, en effet, que le rapace laisse partir, sans se met- tre en mouvement, l'oiseau rameur par excellence, qu'il ne pourrait atleindre, tardis que le rameur, en état d’assaillir dans les hautes régions, et de se précipiter sur sa proie dans les régionsinférieures , s'élance sur sa victime quelle qu’elle soit. En joignant les connaissances que fournirait l'anatomie aux inductions tirées par M. Huber , des caractères extérieurs des oiseaux de proie , on pourrait comparer entre elles les forces motrices des rameurs et des voiliers; celles qui font agir leurs serres ; la texture et l'insertion des muscles qui mettent les léviers en action; la disposition des tendons et l’augmenta- tion de force qne produisent les poulies de renvoi autour des- quelles ils ‘circulent. On pourrait même étendre ces compa- ra;sors aux crganes de la respiratin, au degré de chaleur natu- relle entre les êtres donties uns soutiennent, sans en éprouver d’incommodités, la rigueur du froid qui règne dans les ré- gions élevées de l'atmosphère, où leur respiration ne paraît pas gènée, tandis que les antres, constitués de même en ap- parence, ne s'élèvent que rarement, et pour peu de lems, au- dessus des basses régions. Après ces considérations générales sur les facultés des ra- paces employés dans la fauconnerie, on va donner quelques. notions sur la pratique de cet art , et d’abord sur la mamière de se procurer ces oiseaux. D'ORNITHOLOGIE, 57 Lorsqu'on peut prendre dans leur nid des jeunes encore couverts de duvet , au moins sur la tête, l'éducation de ces oiseaux , qu’on appelle ziais est bien plus facile. On leur at- tache des grelots aux pieds, et on les met dans une aire, qui , pour l'oiseau du haut vol , est un tonneau défoncé à l’un des bouts, couché, couvert en dedans de paille, posé sur un mur bas ou sur un tertre, à porté du maitre, l’ouverture tournée au levant; et pour l'oiseau de bas vel, une hutte de paille rattée, posée sur un arbre peu élevé, à la portée de la main. On adapte : à l'ouvefture du tenneau ou de la butte, quelques planches sur lesquelles les oiseaux font leurs premières courses et reçoivent leur nourriture, qui consiste en viande de bœuf ou de mouton, dont la graisse et les parties membraneuses auront été enlevées, et qu’on a coupée en morceaux minces et oblongs. Cette nourriture que l’ou nomme pat, se donne à sept heures du matin et à cinq heures du soir, et l’on excite l'oiseau à la prendre par un cri uniforme qu’il puisse recon- naître. C’est toujours sur les planches servant de table que l'on place pour les oiseaux de haut vol, la nourriture, qui, pour les autres, se dépose à terre, quand ils sont en état de descendre et de remonter. Les uns et les autres exercent leurs forces peu à peu : ils atteignent aux lieux qui sont à leur por iée , d’abord par sauts, et ensuite à l’aide d’un vol lourd qui s'appelle monter à l'essor. Parvenus à l’âge de six semaines, ils s'emparent des chauves-souris, des hirondelles, et d’autres êtres faibles qui s’approchant d'eux deviennent leur proie. Cette époque est celle où l’on commence à les priver de leur hberté, en les prenant à un piége ou avec un filet, et les cou- vrant d’un linge épais pour les enchainer pendant qu'ils sont dans l'obscurité. Les jets qu’on leur met aux tarses sont des menottes de cuir souple, à l’appendice desquelles on attache un anneau qui sert à retenir une corde ou longe de quatre pieds, par le moyen de laquelle on fixe ces oiseaux sur un billot à fleur de terre entouré de paille. On leur couvre aussi la tète d’un chaperon qui les prive de la vue, en leur per- mettant de manger. C’est alors qu’on commence à les dresser ; et l'on soumet à la même éducation ceux dont on s’est emparé lorsque sortis de leur nid, ils sautaient déjà de branche -en branche sans pouvoir encore voler ni atteindre leur proie.Ces derniers qu’on nomme pranchiers, sont plus difficiies à élever que les niais 6 / 58 MANUEL mais on est chligé de s’en contenter lorsqu'on n’a pu trouver de nids, et ils doivent encore être préferables aux adultes, qu’à leur défaut on se procure par les moyens qui vont être indiqués. Les éperviers, les émerillons, les hobereaux, se prennent aux filets saillans, tendus comme pour les alouettes; ils s’a- battent sur les appelans qu’on a placés au centre. On prend aussi queïquelois de la même menière des faucons et des an- tours; mais comme cela n’arrive qu’au moment où ces oiseaux sont affamés et se trouvent dans le voisinage , l’oiseleur qui a celte capture en vue se munit d'une pie-grièche privée el at- tachée avec une boucle. Cet oïseau , qui reconnait de fort loin les diverses espèces de rapaces planant au haut des añrs, “et qui ne s'agite que faiblement lorsqu'il voit une buse , se précipite dans la loge du chasseur si c’est un faucon : le chas- seur lance alors sous son filet un pigeon, également retenu par une longue corde, pour lui laisser la facuité de voltiger et d'exciter le faucon, qui, lorsqu'il s’acharne à sa proie, se laisse attirer avec elle jusqu’à l’endroit où il peut être couvert par la chute du filet. Si ce moyen ne réussit pas, el si l’oi- seleur possède un faucon privé que l’âge ou les infirmités rendent de nulle valeur il l’atiache par les pieds au bout d’une gaule de bois pliant, longue d'environ six mêtires et fixée en terre par l’autre bout. Une corde, partant du point où l'oi- seau est retenu, passe par la poulie qui occupe le centre des filets ; le chasseur , qui en tient l'extrémité dans sa loge, la tre au signal donné par la pie-grièche, et la gaule en se pen- chant , oblige le faucon à étendre les ailes comme pour s’a- battre sur une proie ; c’est alors que le rapace, sans même éprouver de besoin, se précipite sur lui et se jeile dans le piége. On se sert aussi du grand-duc pour prendre les oiseaux destinés à la fauconnerie ; et après en avoir élevé un pour cet objet, on lui donne une instruction qui consiste à le faire voler d'un bout à l’autre d’une corde d'environ trente mètres de long , attachée à deux billots sur lesquels le duc se pose après sa volée. Pour l’accoutumer à cet exercice, on l’enferme dans une chambre où l’on a d’abord placé, à peu de distance deux billots séparés par une corde tendue dans laquelle est passé un anreau , on atiache à cet anneau une autre corde plus lâche et qui tient également à celui des menottes de l'oi- D'ORNITHOLOGIE. 59 seau , et la nourriture lui est présentée du coté opposé à celui où il se trouve, de sorte que, pour y arriver, il est contraint de franchir l’espace en volant , sans pouvoir toucher à terre. On renouvelle plusieurs fois le transport de la nourriture et peu à peu le grand-duc s’habitue à voler d’un billot à l’autre, seulement pour changer de place. Quand son instruction est ainsi terminée , on forme dans un taillis, un salon, au milieu duquel on plante un billot, et un autre en face, à cent pas en- viron après avoir élagué l'espace intermédiaire. Le dessus et les côtés doivent, dans toute cette étendue être fermés par des branches qui, en laissant voir dans le salon, soient néan- moins suffisantes pour en fermer l'entrée à un oiseau de proie qui voudrait y pénétrer les ailes déployées; des filets de l’es- pèce qu'on nomme araignée, et qui, formés de mailles en lo- sange d’un ou deux pouces, ont environ trois mètres de lon- gueur sur deux de hauteur, sont suspendus à la partie supé- rieure et sur les côtés , en ne laissant libre que celui qui est opposé au salon et où le duc a été posé sur le billot. On se retire ensuite dans une loge préparée à peu de distance, et l'on juge que le duc découvre quelque rapace dans les airs à l'abaissement de sa tête et au tournoiement du globe de l'œil vers le ciel. Quand l'ennemi approche, cet oiseau passe deson billot à celui du salon vers lequel se dirige le rapace, qui, de quelque côté qu’il se présente, s’embarasse dans les filets, où l’on court le saisir avant qu'il puisse se dégager ou se bles- ser en se débattani. Aussitôt qu’on s’est rendu possesseur de l’oiseau de proie, on lui passe Les jambes dans de fortes menottes dont l'anneau portant le nom du maître, est traversé par une corde qui sert d'attache, et on lui met en outre des sonnettes aux pieds. La personne chargée de le dresser se couvre la main d’un gant, le prend sur le poing, et le fatigue, dans un lieu obscur aussi long-tems qu’elle le peut, sans lui laisser prendre de nourri- ture, afin de le préparer à Ja soumission par l'épuisement de ses forces. Lorsque l’oiseau s’agite trop violemment el tente de se servir de son bec, on lui jette de l’eau froide sur la tête, qu’on trempe même dans un vase qui contient ce liquide ; et quand l'impression qui en résulte achève de l’abattre, ce à quoi l’on parvient ordinairement dans l’espace de trois jours et trois nuits, on lui couvre la tête d’un chaperon qui s’ôle et se remet selon qu'il s’habitue à prendre, étant découvert, la 60 MANUEZ viande qu’on lni présente de tems en tems. Pour affaiblir pins promptement lorseau, on lui fait avaler des petites pelottes de filasse, qui se nomment cures, et qui remplissent la fonction de purgatif. Après avoir réussi à lui faire ainsi prendre facilement la nourriture, on le porte dans un jardin, où on le découvre, et, lui montrant le pât, qui est tenu un peu élevé, on l’ac- coutume à sauter sur le pomg; lorsqu'il le fait sans contrainte, on met la viande sur une représentation d'oiseau formée par un assemblage de pieds et d’ailes, qui s'appelle leurre, et au- près de laquelle on l’attire successivement à une distance plus grande, en le tenant toujours à la longe. Enfin, lorsqu'il a ac- quis un degré d'instruction ou d’affaitage tel qu’il fond sur Ha leurre de toute la longueur de sa filière, on lui donne lescop, c’est-à-dire qu’on lui fait connaître et manier souvent le gibier auquel on le destine, ce qu’on exécute en attachant le gibier sur la leurre, et en le laissant courir ou voler auprès de l’oi- seau, d’abord attaché à une ficelle, ensuite en hberté , jus- qu’à ce que l’on croie pouvoir se fier à lui et le débarrasser de toute entrave. Lorsque, par l’affaitage, on peut choisir, entre plusieurs individus , ceux que l’on doit préférer sont les rapaces dont la taille est la plus dégagée, la forme la plus élégante, le regard le plus fier et le plus assuré, les doigts les plus allongés , la prise la plus ample, et dont le plumage, plus foncé, est le moins chargé de mouchetures. L'éducation n’est d’ailleurs pas tout-à-fait la même pour les rameurs et pour les voiliers : elle varie encore suivant les espèces : mais on a ob- servé, en général , que l'oiseau est d’autant plus difficile à dresser qu’il appartient à une espèce plus grande, qu’il est plus âgé, et qu'il est né dans les contrées plus septentrionales. Le gerfaut de Norwège se trouve dans ce cas. Le premier soin à son égard est d’affaiblir ses forces sans l’exposer à tom- ber dans le marasme; ce à quoi l’on parvient en réduisant sa ration de moitié, et en passant même dans l’eau les chairs qu’on lui donne. Ce régime se continue environ six semaines, après l’expiration desquelles on bride une des ailes du gerfaut avec un fil; on lui jette de l’eau sur le corps avecune éponge; on lui touche le devant et le derrière de la tête sans le cha- peron; on le frotte avec une aile de pigeon nommée frist- frast; et si l’on a remarqué que les mouvemens de la tête étaient souples et obéissans à la main, on relâche le chape- D'ORNITHOLOGSIE. 61 ron et l’on découvre par degré les yeux, en laissant le bec- toujours engagé, et en ôtant et rendant la lumière tour à tour. Cette opération, que l’on commence le matin dans un lieu solitaire et peu éclairé, ayant éié répétée pendant toute la journée, cet oiseau se trouve ordinairement assez donx le soir, quoique découvert, pour pouvoir êlre porté dans un autre endroit, où se trouveront en face des personnes qui auront soin de ne point passer derrière lui, de peur de l'ef- frayer : en y répète l'exercice de le couvrir ou de le débar- rasser de tems en tems du chaperon, et de Jui faire sentir l'aile de pigeon jusqu’au milieu de la nuit, dont on lui accorde le reste pour se reposer. Il faut encore après cela, environ deux mois pour achever l'éducation du gerfaut. Les lecons indiquées ci-dessus se répèlent pendant quinze jours, en laissant peu à peu l'oiseau plus long-tems découvert, et en.l’accoutumant au bruit, au mouvement, à la vue des chiens, qu'on tient en laisse à une distance moindre de jour en jour. On donne à l'oiseau d: petites portions de nourriture, d’abord, en tenant le chaperon à demi-fermé : ensuite en lôtant tout-à-fait ; et on lui fournit enfin sa ration entière, On le porte, après ce délai, dans wne autre chambre, où l'on a attaché, sur une table, une queue de bœuf, près de la- quelle on l’attire en lu: présentant avec la main une aile de pigeon encore sanglante, sur laquelle il s’acharne, et qu'on fait tomber lorsque l'oiseau est près de la queue qu'il saisit alors, mais sans pouvoir s’en repaitre. On lui présente de nou- veau l'aile, on élève la main en faisant le cri de leurre, d’a- bord à voix basse, et on le recouvre tout doucement du cha- peron. Cet exercice est répété le lendemain; et le soir, on y ajoute la présence d’une lumière, à Jaquelle on peut l'accon- tumer en une ou deux heures, les leccns précédentes sont renouvelées pendant quinze jours en plein air, sur le gazon, ayant soin de lâcher graduellement la corde ou longe; " éloi- gner aussi le leurre, qui, à la fin, est présenté à une distance de cent-cinquante ou deux cents toises, et d'accoutumer oiseau au cri de leurre dans toute sa force et tel qu'on le fait à la chasse. La ration se diminue pendant tout ce tems, durant ie- quel on lui fait prendre, deux à trois fois, un laxatif composé d'ail et d’absinthe dans une enveloÿpé d’étoupes. Pendant deux autres jours on l’acharne sur une poule qu’onlui montre, le premier à cinq ou six pas, en l'avertissant par le eri de * 62 MANUEL leurre, et dont on le laisse se repaître le second jour, en par- Jant et criant autour de lui tänt que dure la curée, pour l’ha- bituer au mouvement et au bruit; le lendemain on le nourrit peu , et le jour suivant, on le leurre à à deux cents toises, sang filière. Quinze à vingt autres jours sont employés à instruire le ger- faut dans la poursuite d’une proie qui tend à s'échapper, et dans le choix de celle à la chasse de laquelle on le destine. S'il s’agit d’un lièvre, on enferme dansune peau de cet animal un poulet dont la tête passe par un trou pratiqué à cet effet; cette peau est fixée sur une planche, comme st le lièvre était couché sur le ventre. A la distance de trois ou quatre pas, l'on montre ce lièvre à l'oiseau, qui s’y porte, le poulet re- tire sa têté; mais ses cris et ses mouvemens animent l’oiseau, qui s’acharne sur la peau, où l’on pose un peu de nourri: inre ensanglantée pour l’exciter davantage. On le retire en- suite , on le recouvre, et l'exercice est recommencé à cinq où six pas de distance. La peau qui sert de leurre est de plus en plus éloignée les jours suivans , etc. Pour lui imprimet plus de mouvement, on la fait tirer par un piqueur dont la marche augmente suscessivement de vitesse, et qui finit par monter à cheval et l’entrainer au galop. L'oiseau, qui ne l’at- teint d’abord que le bec ouvert et haletant, y arrive, dans les autres exercices, le bec fermé; et toujours on a soin de lui donner sa curée sur cette peau. Lorsqu'on veut apprendre au gerfaut à chasser le héron, la buse, etc., on le leurre sur la peau de Pune de ces es- pèces d'oiseaux, en lui jetant cette peau de plus en plus loin, et l'accoutumant : à la saisir en l’air pendant qu'elle retombe. Oa finit par employer aux exercices une poule d’un plu- mage obscur, et mème par attacher à un piquet une buse réelle ou un milan dont on a émoussé les ongles et le bec; et quand le gerfaut les a liées ou saisis à trente ou cinquante pieds d’élévation, il le fait ensuite à une distance plus consi- dérable, circonstance qui termine l’éducation. L'instruction des faucons proprement dits n’exige pas au- tant de soins, et peut se terminer dans un mois, même dans quinze jours, si l’oiseau a été pris dans le nid. Les procédés pour affaiblir les faucons sors ou hagards, sont de la même nature que ceux qu'on a indiqués pour le gerfaut. On leur donne deux ou trois cures et autant de bains, qu'ils prennent D'ORN{THOLOGIE. 635 d'eux-mêmes, lorsqu'on les attache près du bord de l’eau, à défaut de quoi on les y fait tomber et on les y retient un tems suffisant. On peut, en trois jours , faire faire la tête au fau- con, c'est-à-dire l’accoutumer au chaperon; on lui apprend ensuite à sauter du poing sur la table et de la table sur le poing. Les lecons du leurre se donnent bientôt en plein air, et c’est là que Voiseau s’habitue à sauter du ne sur le poing que le fauconnier baisse d’abord, et qu'il présente ensuite debout et à des distances plus ou moins considérables. L'exer- cice se fait après cela avec un pigeon attaché au piquet, puis en tenant ce pigeon à la filière et laissant le faucon libre, et enfin en attachant au piquet une poule noire pour la chasse aux corneilles, une poule rousse pour le milan, une dinde grise pour le héron. Au vingt-cinquième jour, la corneille, le milan ou le héron sont eux-mêmes attachés au piquet, après leur avoir émoussé les ongles et avoir entouré leur bec d’une sorte d’étui, pour ne pas mettre le faucon dans le cas d’éprouver une résistance propre à le rebuter. Enfin, le vingt- huitième et le vingt-neuvième jour, on lui donne un demi- escap à des élévations de plus en plus considérables, et le irentième , le grand escap en pleine liberté. Les émérillons étant les plus familiers et les plus dociles des oiseaux de proie, leur affaitage est bien moins long. Il n’est pas nécessaire de leur mettre le chaperon : quand le faucon- nier les a portés sur le poing pendant deux ou trois jours, et qu’il les a affriandés par quelques bécades, ils s’'empressent de voler vers lui dès qu’ils le voyent. Enfermés ensuite dans une chambre dont la fenêtre n’est close que par une toile ten- due, ils s’habituent aisément à sauter sur son poing quand il s’y présente, et lorsque l'oiseau a pris celte habitude en plein air, à la distance de vingt pas, on lâche à un pareil éloigne- ment , une alouette attachée à une ficelle : L'émérillon re tarde pas à s’en saisir, à la prendre dans son bec, ensuite dans ses serres et à l'emporter, défaut qu’on doit faire cesser, et qui est le seul article difficile dans son éducation. Pour y parvenir, on commence à tirer la ficelle en donuant une saccade : souvent l'alouette n'échappe pas à l’'émérillon, et sa tête reste dans le bec de celui-ci, qui fait sa curée. Dans tous les cas, le corps de lalouette M. prestement dans un crochet enfoncé exprès en terre, el l’émérillon revenant à sa proie avec fureur pour la dévorer au pied du maitre, sans 64. MANUEL pouvoir l'enlever, ce dernier revient par des exercices réité- rés, à lui faire perdre, à l’aide du geste et de la voix, cette habitude qu'il ne conserve plus vis-à-vis des petits oiseaux de quelque espèce qu’ils soient. Quand l’émérillon est instruit, on l'emploie non seulement pour les alouettes , mais pour les merles , les caïiles et les perdreaux. Le hobereau étant beaucoup moins docile que l'émérillon, son afaitage est d’une bien plus grande difficulté. Quant aux autours et aux éperviers, ce sont les oiseaux voiliers ou de basse-volerie, dont le premier est d’une édu- cation très aisée et fort courte. On ne met pas de chaperons aux autours, qui néanmoins se tourmentent d’abord excessive- ment et refusent les alimens qu’on leur présente; mais, dès le cinquième ou le sixième jour, ils ne sent plus effrayés de ce qui se passe autour d’eux ; ils saisissent avidement la nour- riture qui ne leur est donnée qu’en très petite quantité ; ils s’habituent promptement à sauter sur le poing du fau- connier, qui peut les porter de ceile maniere, avec une longe, dans les lieux les plus fréquentés où il se fait plus de bruit et de mouvement. Après avoir au bout de huit jours, baigné l’autour dans la matinée, on leleurre le soir à la relonge et à plusieurs reprises, à la distance de huit, dix et douze pas, et le lendemain à vingt et trente; après quoi on le laisse en liberté s’acharner sur un pigeon tenu à un piquet. Lorsqu'il a pris cet oiseau par la tête, on en soustrait le corps pour le tenir à la main, et quand l'autour a fini sa première curée , 1l saute sur le poing pour en dévorer le reste. Dans l'après-midi du même jour, on le rappelle de loin en loin à travers les arbres, et s'il revient franchement, on peut dès le lendemain » et après l'avoir porté quelque tems sur le poing , l’empioyer à la chasse ; mais si on le destine à un autre vol que celui de la perdrix et du lapin, sur lesquels il se dirige de lui-même, il faut, comme pour le faucon et le gerfaut , l’habituer par des leurres ou montres, à cette espèce de mbier. Les éperviers se dressent comme les autours; mais, quoique plus faibles en apparence , ils sont plus fiers, et leur éduca- tion exige plus de tems, surtout celle des individus qui n’ont pas été pris dans le hid. Avant de s’en servir à la chasse, il faut insister sur les lecons dans le verger, et les réclamer jusqu'à ce qu'ils recherchent d'eux-mêmes le fauconnier, qui D'ORNITHOLOGIE. 65 se cache à dessein. On doit aussi avoir soin d'exercer journel- lement ceux qui sont instruits, et qui deviendraient bientôt indociles s’ils restaient dans l’inaction. On voit par les différentes instructions qu'il faut donner aux oiseaux de proie destinés à la fauconnerie, que cet art a pour but de leur apprendre à obéir à l'homme, à souffrir le chaperon, à revenir sur le poing du bout de leur filière, à s’accoutumer au leurre, à s'élever quand on le désire, même en luttant contre le vent, à être prêts à enfoncer le gibier pour lequel ils sont dressés, et à ne point charrier leur proie, c’est-à-dire à ne pas l'emporter sans revenir. Les fauconniers dressent les rapaces pour sept sortes de vols ; savoir : 1° pour le milan; 2° pour le héron; 3° pour la corneille ; 4° pour la pie; 5 pour le lièvre; 6° pour les champs; 7° pour les rivières. Les oïseaux de proie doivent être nourris, en état de santé, avec de la tranche de bœufou du gigot dé mouton cou- pés par morceaux , et dont on a oté la graisse ainsi que les par- ties tendineuses. On ne leur donne, en général, le pât qu’une fois par jour; mais on le divise en deux portions modérées pendant le tems de la mue. La veille d’une chasse, la portion doit être plus petite que les autres jours, et quelquefois on les cure au moyen d’un laxatif. Dans la saison des amours, au mois de mars, on a imaginé de leur faire avaler des cailloux de la grosseur d’une noisette, dans l'intention de rendre les fe- melles infécondes , et d’amortir les désirs des mâles; mais un tel remède ne peut être que dangereux, et troubler la diges- tion chez les oiseaux dont l'estomac est plus délicat que celui des granivores : on parviendrait probablement au même ré- sultat, sans de pareils dangers, en leur fournissant des ali- mens moins nourrissans ou moins abondans. En été les oiseaux de proie se tiennent dans des lieux frais où l'on a mis des morceaux de gazon sur lesquels ils aiment à se reposer ; on y place aussi un baquet dans lequel ils se bai- gnent, et, si l'on remarque qu'ils ne prennent pas des bains eux-mêmes , on les y plonge tous les huit jours, les bains amol- lissant la peau et rendant la mue plus facile. Le soir on les at- tache sur la perche de manière qu'ils ne puissent pas se nuire réciproquement. Il faut avoir soin de nettoyer exactement leur chaperon, pour empêcher que des ordures ne s’y ramassent et ne leur blessent les yeux. On laisse aussi dans leur cham- 66 MANGEL bre, pendant environ une heure, une lumiere qui leur donne la faculté de nettoyer et de lustrer leur plumage. En hiver, on leur fait passer le jour dehors, et les fauconniers sont dans l'habitude de les enfermer la nuit dans des chambres échauf- fées; mais, les oiseaux qu’on traite ainsi étant originaires de pays froids ou au moins tempérés , il semblerait suffisant de les tenir dans des lieux abrités , sans contribuer, par un usage contraire, à augmenter chez eux l’affaiblissement déja produit par la domesticité. | LA CRESSERELLE, ( Falco tinunculus, L. ; Buff. enl. 4or et 471.) Les Anglais ont fréquemment dressé la cresserelle pour la chasse, et quelques amateurs se plaisent encore à élever cet oiseau de proie, dont le nom vient de crecelle (crepitaculum) par euphonie avec son cri. C’est le cenchris des anciens sui- vant Gesner , par rapport aux points noirs en forme de grains de millet qui parsèment sa robe. La cresserelle est longue de quatorze pouces : son plumage est d’un roux assez vif, taché de noir en dessus, blanc avec des flammes brun pâle longitudinales en dessous. La tète et la queue du mäle présentent une teinte cendrée. On en connait aussi quelques variétés qui diffèrent par les teintes. Les indi- vidus de Ténériffe, du cap de Bonne-Espérance, de l'Inde, de Java, ne varient entre eux que par des nuances. Dans l’état de liberté, la cresserelle est répandue par toute l’Europe; mais elle se plait de préférence aux lieux monta- gneux , où il y a des murs, des rochers ou des vieux châteaux en ruines. C’est un oiseau voyageur, qui parten octobre avec toutes les alouettes; on le voit alors, par paire, planer dans V’air sur quelqu’unes d’elles, ou quelques souris. Son retour est au mois de mars suivant. Dans la maison, lorsqu'elle a été prise vieille, on la tient dans une cage de fil de fer; mais si elle a été élevée jeune, on peut la laisser aller partout, pourvu que dans les premiers tems on lui ait rogné les ailes, elle ne quitte dans ce cas ni la maison , ni le bûcher qu’on lui a assigné pour gite, surtout quand elle est accoutumé aux chiens et aux chats. En liberté, elle fait sa proie des petits oiseaux et des sou- ris, poursuit les moineaux jusque sous les toits , attaque même D'ORNITHOLOGIE, 67 les oiseaux dans les cages. Cependant elle se contente aussi des hannetons, scarabés, sauterelles , etc. Dans la maison, on lui donne des oiseaux , des souris et un peu de viande fraîche. Nourrie de debris frais, de pigeons, de mou et de foie de mouton, elie devient tellement familière que, prise vieille même, elle ne parait jamais regretter son élat sauvage. La cresserelle place son nid dans ies crevasses des rochers, des trous élevées, des vieux châteaux, et sur quelqu’arbre sé- culaire. Elle y pond quatre à six œufs d’un jaune rougeûtre, ta- chetés de rouge et de brun. Les jeunes, couverts dans les pre- miers jours d'un simple duvet blanc, peuvent être élevés faci- lement avec de la viande fraiche de mouton. Des gluaux placés sur le nid, vous livrent bientôt le père et la mère dès qu’ils viennent abéquer leurs petits. On peut encore placer dans les endroits qu’ils fréquentent le plus, ce qu’on appelle la corbeille des oiseaux de proie, dans laquelle on met pour leurre une alouette ou une souris. Cette machine est placée sur quatre pieux, et ressemble assez à un garde- manger, ayant un fond de planches de la grandeur d’une table médiocre avec quatre montans, pour y attacher des cloisons de filet, ou de fil de fer; au haut et sur les côtés, sont fixées deux tringles de fer, sur lesquelles, moyennant des anneaux, coule un filet qui doit servir de couvercle. Son plumage, les tons sonores A4, kli, que cet oiseau fait entendre souvent , et ses jolies manières peuvent le rendre agréable à bien des amateurs. À la vérité, on ne peut lin- struire à la chasse , comme d’autres espèces de faucon ; mais s’il est élevé fort jeune, et nourri de la facon qu'il est dit ci-dessus, on peut l’accoutumer à voler au loin et revenir, même au milieu des villes les plus populeuses. LA CHEVÈCHE. ( Strix passerina, L.; Buff. eni. 439. ) Est un des oiseaux de proie nocturnes que l’on élève par fois en domesticité. Sa taille est analogue à celle du merle. Son plumage est varié de noir et de brun, que relève un demi-collier blanc sur le devant du cou. Ses joues sont grises, et la queue est roussâtre, ayant des taches plus claires. Le nom de chevèche parait être corrompu de celui que cet oi- 68 MANUEL seau porte dans la RéloEne, c'est-à-dire chevoche ou caboche (grosse tête). En liberté, cette petite espèce de chouette se tient dans les vieux ens , Sur les tours, et dans les murs des églises, où l’on trouve aussi son nid. Dans la maison, il fant la garder en cage, que l’on peut suspendre à la fenêtre. Si on la laissait alier avec les autres oiseaux dans la chambre, elle les aurait bientôt égorgés. En liberté, les souris, les gros insectes font sa päture ordi- paire. On a trouvé aussi dans les restes indigestes, dont cet oiseau décharge son estomac à la manière des autres oiseaux de proie, une assez grande quantité de noyaux de cornouilier sanguin (cornus sanguinea , Linn.), ce qui prouve qu’elle se nourrit aussi de baies. En cage, on la conserve long-tems en santé, et sans que ses excrémens soient infects, en la nourrissant de viande de mouton séchée, de laquelle on enlève la peau. la graisse et les os; et qu’on a laissé tremper dans l’eau pendant deux jours avant de la lui donner. Trois quarts d’once de cette viande séchée lui suffront par jour , surtout si on y ajoute de tems en tems des souris, ou des oiseaux qu’elle avale avec toutes leurs plumes. Elle pourrait dévorer jusqu’à cinq souris dans un repas. C’est vers les deux heures après midi qu'elle com- mence à s’éveiller. Elle est toujours fort gaie, et ne tarde pas à chercher son manger. La femelle pond deux œufs blancs, qu’elle couve alterna- tivement avec le mâle, les jeunes peuvent être élevés très fa- cilement avec de la viande fraiche, surtout de pigeon. Avant leur première mue, ils sont d’un gris rougeâtre coton- neux sur la tête, et un peu nuagé de blanc. Les grandes taches rondes du dos deviennent insensiblement plus marquées, et le blanc rougeâtre de la partie inférieure du corps acquiert peu à peu de longs traits bruns sur la poitrine et sur les côtés. Si l’on n’a pas soin de lui donner parfois des souris et des oiseaux dont les poils et les plumes semblent propres à net- toyer son estomac, elle ne tarde pas à mourir de marasme. Quand on sait où elle se retire pendant le jour, on ne peut la manquer, si l’on place un filet en forme de poche, ou de sac, à l'ouverture du trou, elle s’y prend elle-même le soir en voulant sortir. Cet oiseau est extrêmement propre, a une place fixe où il D'ORNITHOLOGIE, 69 dépose ses ordures. Ses mouvemens singuliers peuvent amu- ser, mais son cri raaque et son inquiétude, surtout dans la saison de l’accouplement, sont désagréables. IIme ORDRE ; LES PASSEREAUX. Les auteurs méthodiques rangent sous le nom de picæ , de asseres, d'ambulatores , de sylvains, de saltatores, ete., que nous appelons Passereaux , la plus grande partie des-oiseaux à caractères négatifs, C'est-à-dire, ceux qui ne sont ni rapaces, ni échassiers, ni palmipèdes. En effet , dans l’organisation des passereaux, on remarque que leur bec nest jamais comme celui des rapaces, très crochu et très coupant sur les bords, et que leurs ongles ne sont point aussi acerés. Les gallinacées ont la mandibule supérieure de leur bec en voûte, et les doigts des pieds soudés par un léger repli membraneux ; les échassiers ont le dessus du tarse nu, et les palmipèdesles doigts garnis par des replis membraneux. Les passereaux conduisent cependant à ces divers groupes par des passages insensibles. Ils varient tou- tefois entr’eux par les proportions de la taille, leurs habi- tudes, leur genre de vie, et surtout la nourriture. Certains sont solitaires, d’autres vivent par grandes troupes; les uns volent avec vigueur , d’autres quittent peu les halliers. La con- formation de leurs pieds les a fait grouper en deux grandes tribus, les grimpeurs et les marcheurs. LE TOURACO A DOS POURFRE. (Corythaix purpureus, Cur.; Lev. pl. 15.) Cet oiseau, de la grosseur d’une pie, n'a pu être mis au nombre des coucous par Linné, et ceux qui l'ont copié, que par là seule raison de son cri, couc, couc, car il n'appartient nullement à ce genre.. Ses rapports avec les musophages sont bien plus décisifs. Son bec court et épais approche par la forme de celui du pigecn; la mandibule supérieure est re- courbée sur l’inférieure et d’un brun rougeâtre; les narines sont couvertes de plumes, l'iris est brun de noisette, les paupières sont bordées de pelites verrues rouges ; l’ouverture du gosier est large et fendue jusque derrière les oreilles; les pattes robutes, et leurs ongles sont d’un gris cendré; la tête, la gorge, le cou, le haut du dos avec les couvertures su- périeures des ailes, la poitrine, la partie supérieure du 7 70 MANUEL ventre et les côtés sont couverts des plumes molles et soyeuses d’un beau vert foncé; les plumes du sommet de la tête s’allon- a gent graduellement en une grande huppe triangulaire , que l'oiseau lève à volonté, et dont les pointes sont rougeâtres, des angles du bec s'étend des deux côtés et jusque derrière la tête, passant à travers les yeux , un trait noir dont la plas grande largeur est au milieu, et qui est bordé au-dessus d’une ligne blapche étroite. Le bas du dos, le croupion, les cou- vertures supérieures de Ja queue, les plumes scapulaires , et les grandes couvertures des ailes sont d'un pourpre bleuûtre, le bas du ventre, la région de l’anus, les cuisses et les cou- veriures inférieures de la queue noirâtres , les grandes pennes rouge cramoisi bordées de noir aux barbes extérieures et à la pointe; la queue longue et pourpre bleuâtre. Le vert de la huppe est quelquefois. mêlé de blanc. Le touraco est un oiseau des plus élégans, des plus doux, et des plus privés des espèces étrangères , son cri est couc, couc, couc, répété d’abord d’une maniere distincle et détachée, ensuite plus vivement, et puis vivement répélé; il ne saute, ni ne grimpe, malgré la forme de ses pattes; mais court aussi vite qu’une perdrix à travers la chambre, et fait sou- vent, en serrant ses ailes contre son corps, des sauts lestes de plus de dix pieds. On n’aperçoit point de langue en ou- vrant son bec, aussi ne fait-il qu’avaler les morceaux entiers; on le nourrit de fruits et de pain coupé en petits dés; on re- marque que son jabot fait saillie. Buffon dit qu’un de ces oiseaux, venu du Cap, mangeait du riz, et un de ceux que Bechstein a observés n’y touchait pas : il recherchait au contraire, avec beaucoup d'avidité les grains de raisin, de même que des morceaux de pomme et d'orange d’où l’on peut conclure que sa nourriture habituelle sont les fruits. On l'apporte de Guinée ; mais il est répandu dans plusieurs autres parties de PAfr: rique méridionale. LeTouraco Pauline, vit aussi très aisément en domesticité , et Paris en a possédé dans ces derniers tems plusieurs indi- vidus peu difficiles à conserver. LES ANIS, ( Crotophaga. ) Les deux espèces des Antilles et de l'Amérique méridio- pale, ne sont point recherchées comme oiseaux domestiques. Les Péruviens élèvent seuls l’ani de Las Casas Crotvphaga Ca- D'ORNITHOLOGIE. 7t sasii, Less., qui devient très familier ‘et se nourrit de vers et de pâtée. Cet oiseau a douze pouces, de la DER du bec à l’extré- mité de la queue et celle-ci a sept pouces. Cet ani a les plus grands rapports avec l’ani des savaues ; mais sa taille est plus grêle , plus mince, et il en diffère aussi par son bec à arète recourbée sans Hide tranchante, garnie, sur les deux man- dibules , de sillons réguliers, profonds. Le bec est noir ainsi que les tarses. Son plumage est noir mat avec des reflets bleus, plus sensibles sur le dos où ils forment des zones arrondies. Les plumes du cou sont minces, étroites , pointues. Les aïles sont brunes, teintées de roussätre. Les rectrices au nombre de huit sont d’un noir pourpré foncé. Leurs tiges sont fortes, robustes, luisantes, ainsi d’ailleurs que les rachis de toutes les autres plumes. Cet ani se tient dans les arbres des environs de Lima. LE COUCOU ORDINAIRE. ( Cuculus canorus, L. Buff. ; enl. 811.) De tous les oiseaux le coucou est le plus néfaste dans les préjugés des peuples, et son nom seul semble être l'expression de la plus grande des offenses envers la fidélité conjugale. L’é- tymologie du nom français de coucou vient sans contredit du grec coccyx , le cuculus des latins, dont les Français ont fait coucou, les Italiens cuccolo, tes Anglais cuchow, les Allemands kukuc , les Espagnols cuclillo , le tout par omatopée avec son cri. De coucou à cocou , cocu, ou comme l'écrit Bélon coqu, nya qu'un pas, et le langage vulgaire s’est enrichi de ce mot pour l’appliquer fort mal à propos à un époux trompé, car le coucou ayant l'habitude de pondre dans le nid des au- tres oiseaux , aurait du transmettre son nom à celui qui agit à sa manière, et non à celui qui est innocent de Ja fraude ou qui en est la dupe. Les anciens, au dire d’Aristote, le croyaient engendré d'un oiseau de proie. Le coucou est parfois élevé en domesticité par quelques amateurs curieux. C’est un oiseau de passage qui se trouve anssi bien en Europe qu’en Afrique et en Asie. Le mâle a la tête et le cou d’un gris clair ondé, le ventre blanc cerclé de noir, les ailes gris bran, la queue brune, tachée de blanc , le “bec jaune, noir à sa pointe. La femelle est roussätre, rayée de brunâtre et de roux. 72 MANUEL, : Le coucou se nourrit de mouches ,de chenilles, et autres in- sectes ; 1l aime beaucoup les œufs ; sa voix est connue de ‘tout le monde, et il la fait particulièrement entendre lorsque le tems : est chaud et pluvieux ; il ne fréquente que les bois et les granäs parcs, et comme il se tient dans le plus épais des taillis, il n'est pas aisé à découvrir. On ignore si ces oiseaux contractent une nnion stable, comme ils n'ont besoin pour propager leur espèce, que de se rencontrer, ce n’est probablement qu’à la jouissance du moment que se borne toute leur société. Les coucous arrivent dans nos climats au printems, ils sont alors fort maigres, ils cessent de se faire entendre dès la fin de juin. Au commencement &e l'automne ils sont très chargés de graisse. Ils paraissent se retirer en Afrique, car on observe qu'ils pas- sent à l'ile de Malte deux fois par an. Les coucous qu'on a trouvés quelquefois dans l’arrière saison , et même près la fin de l'hiver, souffrans , languissans, engourdis en apparence dans des creux d'arbres , dans des trous de murailles, étaient des individus retenus par quelques circonstances particuliè- res, par la crise de Ja mue, etc. La femelle de cet oiseau a unesingularité qui la distingue de toutes les autres, c’est de ne point construire de nid, de necouver ni élever ses petits; mais de pondre ses deux œufs, un par un, dans les nids de quelques petits oiseaux, comme la fauvette brune, la linotte, la mésange, le rouge-gorge, ei de laisser ainsi à ces nou- velles mères le soin de les couver. On prétend encore que la femelle du coucou s’empare aussi du nid de l’alouette, du pin- son, de la bergeronette ; et qu’élle er écarte quelquefois plu- sieurs œufs s’il s s'y en trouve de trop, pour meitre les siens à la place ; après quoi elle abandonne le fruit de ses amours ; alors l'oiseau auquel appartient le nid , couve l'œuf du cou- cou , adopte et soigne le petit lorsqu'il est éclos , et le nourrit jusqu’à ce qu’il soit assez fort pour prendre l’essor. ” C’est à tort qu’on a dit que les petits coucous violaient les droits de l'hospitalité. On a avancé qu'après avoir dévoré leurs frères de couvée, leur ingratitude cruelle et monstrueuse les porte quelquefois jusqu’à attaquer et dévorer les mères qui les ont couvés et élevés; tous ces faits ont étéreconnus faux par l'observation. « Heureuses dit Valmont de Bomare , les nour- rices d’un autre ordre d'animaux, quand elles ne sont pas plus les victimes de leurs propres enfans. » Si l’on veut élever un coucou, 1l faut le prendre au sortir D'ORNITHOLOGIE. 73 du nid, car les adultes s’apprivoisent difficilement, au sur- plus les amateurs n'ont la plupart du tems cet cisean que par curiosité, puisqu'il possède peu de qualités capables de le faire rechercher. On lui donne pour nourriture, la pâtée uni- verselle, de la viande et des insectes. LE TOUCAN A GORGE JAUNE DU BRÉSIL, Ramphastos tucanus. Gm.; enl. 307). P ; 7 Les toucans sont remarquables par la grosseur demesurée de leur bec convexe en dessus , courbé vers la pointe , creux, léger et dentelé en scie sur ses bords. Les pieds sont grim- pans , c'est-à-dire ont deux doigts en avant et deux en arrière On transporte en été ces oiseaux de l'Amérique méridionale, en Angleterre et en Hollande, d’où ils parviennent en Aile- magne , quoique assez rarement. Ils mangent chez nous des fruits, des baies , des raisins, du pain, de la viande, et en général de tous nos alimens. Pour avaler les morceaux, ils les jettent en l’air et les reçoivent dans le gosier. On les prend au nid : ce nid placé dans un trou d’arbre, ne contient que deux jeunes, qui en peu de tems se familiarisent et devien- nent fort privés. De dix-neuf pouces, longueur totale de ce toucan , il y en a cinq pour le bec seul, qui est gris à là base et noir à la pointe. Le dessus du corps est d’un vert noir. Les joues, la gorge el la partie antérieure du cou sont orangées, une bande cramoisie traverse la poitrine. L’estomac est d’un beau rouge, le ventre el les côtés sont noirâtres de même que les pennes, et la queue est jaune soufre, les inférieures cramoisi : les pieds et les ongles plombés. LE TOUCAN A GORGE BLANCHE DU BRÉSIL. ( Ramphastos toco , Wagl.; Levail. pl 2.) Celui-ci a vingt et un pouces de longueur dont six pour le bec, qui en a trois de diamètre à sa base. La mandibule supé- rieure "est verte-jaunâtre, avec des bords dentelés couleur d’o- range; inférieure est d’un beau bleu, et les pointes des deux sont rouges. L’iris est brun clair, le cercle nu des veux, jaune verdâtre; le haut de la tête, le cou, le dos, le ventre, les ailes et la queue sont noirs. La gorge, la poitrine et les côtés blancs jaunâtres ; la région de l'estomac est ornée d'un beau * LE n 4 MANUEL, croissant rouge, Les couvertures de la queue sont blanches, et les inférieures rouges. Les pattes bleues. Cayenne et le Brésil sont sa patrie. LE TOUCAN A VENTRE ROUGE. ( Ramphastos maximus, Cuw. ; Lev. pl. 6.) Sur vingt pouces, longueur totale de l'oiseau, le bec en a six ; la base est épaisse de deux, la pointe est rouge, tou: le reste est vert jaunâtre. La couieur générale ou dominante est un noir brillant, avec des reflets verts sur le devant et gris cendré sur le derrière du corps. La poitrine est d’un bel orange ; le ventre, les côtés, les cuisses, les couvertures infé- rieures de la queue, et les pointes de ses plumes sont d’un rouge vif. Ce toucan ‘vit exclusivement au Brésil ; son cri répété long-tems et presque continu, lui a fait donner le nom de prédicateur. Il est aussi facile à apprivoiser qu’à nourrir , car il mange de tout. LE pic VERT. ( Picus wiridis, L.; enl. 351.) Sa longueur est de douze pouces et demi, mais quatre et demi sont pour la queue, dont les ailes pliées atteignent à peu près la moitié ; le bec long à peu près d’un pouce et demi est triangulaire, très pointu et gris obscur; l'iris est gris avec ua cercle brun autour de la pupille ; la langue, longue de cinq pouces, est garnie comme celle des autres pics, d’une pointe cornée, hérissée sur les côtés, propre à percer et tirer les in- sectes. Les pattes grimpantes sont de couleur plombée. Le hant de la tête jusqu’à la nuque est d’un rouge cramoisi éclatant ; un trait noir, souvent teint de rouge aux vieux individus, descend des deux côtés du cou; le corps est en dessus d’un beau vert olive , et en dessous blanc sale verdâtre; on observe quelques lignes transversales sous le ventre-et plus visiblement sur les côtés. La femelle, plus pâle en couleur, est aussi moins rouge sur Ja tête ; elle n’y a même que du gris quand elle est jeune: En liberté, le pic vert se tient pendant l’été dans les bois et les vergers qui les avoisinent ; mais dès que Pair froïd se fait sentir, et que la neige paraît, il s'approche des villages, et voltige d’un jardin à l’autre ; son asile de puit est un trou d'arbre ; lorsqu'il en trouve de morts, de pourris ou de vermou- \ ,D'ORNITHOLOGIE. 75 lus , il les perce de tous côtés avec son bec vigoureux pour y chercher les insectes qu’ils recèlent. Jamais il n’attaque un arbre sai ; c’est donc mal à propos qu’on le poursuit et le tue comme causant du dommage ; il ne frappe sur l'écorce des arbres que pour en faire sortir les insectes, et ses coups sont alors si précipités, qu’ils ressemblent à un bourdonnement. Dans la chambre, son caractère farouche et impétueux oblige à le tenir à la chaine. En liberté, il fait une chasse continuelle aux insectes qui vivent sous l'écorce et dans Je bois des arbres ; 1] mange aussi des fourmis et prend mème en hiver les abeilles dans leurs ruches. Dans Ja chambre, on lui donne des noix, des œufs de four- mis et de la viande. La femelle pond dans un trou d’arbre trois à quatre œnfs en- tièrement blancs; si l’on veut élever des jeunes, il faut les tirer du nid quand ils ne sont qu’à demi-plumés, adultes ou vieux; il n’est plus possible de les apprivoiser, je n’ai pu même par- venir à les faire manger, La beauté de son plumage est tout ce qu’on en peutdire ; car ilest d’ailleurs si farouche, si brusque, si mutin, qu’on ne peut le garder qu’à la chaîne. Je n’en ai vu aucun. jusqu'ici que toutes les attentions du monde aient pu rendre docile et agréable. Cependant, pour la variété, un on deux de ces oiseaux enchainés dans un coin ne feront pas mauvaise figure. Il est curieux de les voir éplucher les noix. L'ÉPEICHE. ( Picus mejor , X.. ; enl. 196.) Ilest un peu plus gros qu’une grive, a neuf pouces de longueur , dont trois et demi pour la queue, et près d’un pour le bec, qui est en dessus pentangulaire, et de couleur de corne noirâtre, en dessous bleuâtre. Les pattes hautes'de treize lignes sont olive-bleuâtres. L’iris des yenx est bleuâtre avec un anneau blanc; le front brun jaunätre, le haut de Ja tête noir, la nuque rouge cramoisie, le dos noir, épaules blanches, ailes et queue noires, rayées de blanc sale rougeûtre, région de l'anus rouge cramoisi. La femelle n’a point de rouge à la nuque. Ce pic est continuellement occupé à parcourir les bois et les vergers pour y chercher sa nourriture , qui consiste en insectes, faines, glands, noiseltes, graines de pin et sapin ; pour casser les noisettes il les fiche dans les fentes. La femelle :\ NES MANUEL fait son nid dans un trou d’erbre, et y pond quatre à six œufs tout blancs. Les Jeunes, avant la mue, ont la tête rouge. Il faut les prendre au nid de bonne heure, si l'on veut essayer de les apprivoiser, on les nourrit comme ceux du pie vert , et on les traite en tout de même. LE TORCOL. ( Yunx torquilla , L.; en!. 698) Quoique long de dix pouces et demi , il ne surpasse pas non plus l’alouette en grosseur, parce que sa queue fait seule trois ‘pouces et un quart, et son bec neuf lignes; iris jaune et brun. Les pattes dont deux doigts sont en avant et deux en arrière , sont courtes, fortes et de couleur plombée. La tête est cendrée, pointillée de petites taches rouillées, mêlées de quelques points blancs, le haut de la tête et la moitié du dos sont divisés dans ieur longueur par une large raie noire et bordée de couleur de rouille; le reste du dessous du corps est d’un beau gris rayé et pointiilé de noir, de blancet de rouille. Un trait brun-marron s'étend de l’angle extérieur de l'œil jus- qu'à la moitié du cou; les joues, la gorge, le cou, la poitrine et la région de l’anus sont d’un jaune rouge avec des lignes ondulées noires; le ventre est blanc-jaunâtre semé de quel- ques points triangulaires brun noir; les couvertures des ailes, et les petites pennes sont brunes avec des raies fines gris-noir, parmi lesquelles sont répandues quelques taches blanches et noires ; les autres pennes sont noires ; mais leur barbe exté- rieure est ondulée de roux et de noir. La queue, composée de dix grandes plumes et de deux petites, est gris-blanchätre, parsemée de points et traversée de quatre bandes noires; la femelle a le ventre plus päle que le mäle. En liberté, c’est un oiseau voyageur qui part de nos con- trées dans les quinze derniers jours de septembre et ne revient qu'à la fin d’avrii. Il se tient en grande partie dans les petits bois et les vergers. Au mois d'août, ilse rend dans les champs plantés de choux et autres plantes potagères, et dans les jardins. En Thuringe il y à des années où au commencement de septembre, les torcols sont aussi communs que les linottes quoiqu’ils ne volent pas en troupes comme elles. Dans la chambre, il vaut mieux le laisser courir que de le tenir en cage, où il salirait ses plumes, surtout ceiles du ventre et de la poitrine qu'il frotte sur la terre en faisant ses pantomimes. D'ORNITHONOGIE. LI Én liberté, le torcol vit d'insectes. Pour s’en rendre maitre, la nature l’a pourvu d’une langue cylindrique fort longue , et terminée par une pointe dure , qu'il insinue dans toutes les fentes et gercures des arbres. Les œufs des fourmis sont sur- tout pour lui un mets délicat ; il ne dédaigne pas les fourmis mêmes ; enfin, vers l'automne quand celles-ci lui manquent, il se contente des baies de sureau jusqu’à son départ qu'il ne diffère pas. - Dans la chambre, on commence par lui donner des œufs de fourmis, et peu à peu on y joint de la pâtée universelle, à la- quelle il ne tarde pas à s’accoutumer ; mais comme il est as- sez délicat, si on veut le conserver long-tems, le manger des rossignols lui conviendra mieux. C’est une chose amusante de le voir sonder avec sa langue toutes les fissures des crevasses de la chambre pour chercher des insectes: en y inserrant de tems en tems des œufs de fourmis, ce sera lui procurer le plus grand plaisir. Son nid, qu’il place dans un trou d'arbre, est formé de mousse, de laine, de poils et de chaume. Les œufs, au nombre de huit à neuf, sont blancs et très lisses; les adultes et les vieux sont difficiies à conserver et apprivaiser, mais les jeunes peuvent être élevés sans peine avec des œufs de fourmis et Ja pâtée universelle faite de mie de pais blanc. A l'ordinaire, c’est en fichant des gluaux autour de sor nid qu’on le prend, car il est si peu ombrageux, qu'au printems lorsqu'il est obligé de fureter les buissons pour trouver des in- sectes, on peut même le saisir avec la main. Celui que Bechstein avait élevé, lui avait été apporté par un jeune garcon qui l'avait pris de cette manière. Indépendamment de son joli plumage, il est difficile de ne pas prendre plaisir à lui voir exécuter les mouvemens qui lu: ont valu son nom. Le con s’allonge, et la tête se contourne de facon que le bec se tourue dans la direction du dos. Son at- titude ordinaire est de se tenir droit, les plumes de la tête et de la gorge dressées, et la queue étendue en éventail, faisant quantité de grandes et longues révérerces. Si on lirrite, où même si l’on s'approche seulement du vase dans leqnel est sa mangeaille , son corps se pofte lentement en avant, les plumes de sa tête se hérissent, son cou s’allonge et vire, ses yeux tournent; il s'incline étale sa queue, murmure quelques sons creux dans la gorge, prend enfin les postures les plus singu- “ 78 MANUEL liéres, et fait les grimaces les plus comiques. Son tempéra- ment paraît d’ailleurs mélancolique. Au printems il crie sou- vent à plein gosier, gui, gui, gui, gui, pour appeler sa fe- melle. M. de Schauroth mandait que deux jeunes torcols, qu'il avait élevés , étaient devenus si familiers qu'ils se suspendaient à ses habits, et se mettaient à gazouilier dès qu'ils l’enten- daient ou le voyaient seulement de loin ; qu’un jour, dans un moment d’impatience, il en avait chassé un par la fenêtre, .importuné de ses cris continuels, mais que l'ayant rappelé vers le soir, il répondit aussitôt à sa voix et se laissa prendre; qu’enfin si l’un de ces oiseaux auxquels il laissait la liberté d’aller et venir, était perché sur un grand arbre du voisinage , il n'avait qu’à lui présenter à la fenêtre la petite boite où était sa nourriture , pour qu’il revint à l'instant. T’ALCYON OU MARTIN-PÉCGHEUR. (A/cedo ispida, Lin. ; en!. 7). Sa longueur est de sept pouces, dont sa queue courte ne fait qu'un quart, les pattes très brèves, hautes seulement de quatre hgnes, ont le doigt extérieur réuni avec celui du mi- lieu jusqu'a la première articulation , ce que Liuné nomme pieds marcheurs. Le bec, long d’un pouceet demi, est vigou+ reux, droit, un peu comprimé sur les côtés, pointu , de cou- leur brune cornée en dehors, et jaune de safran en dedans. 1’1- ris est brun obscur, le sommet de la tête et les couvertures des ailes sont d’ur vert foncé, l’un avec des taches transver- sales, l’autre avec des taches ovales bleu d’azur; un large trait orangé s'étend des narines au-delà des yeux, un autre, d’un beau bleu, de la base inférieure du bec jusqu’au cou, et une grande tache blanche couvre le derrière des oreilles. Le dos et les épaules brillent du plus beau bleu, la gorge est d’un blane rougeâtre ; le reste du dessous du corps est orange sale, un peu plus clair sur le ventre. Les pennes noirâtres ont les barbes étroites, d’un vert bleu , la queue est en dessus bleu turquin, et en dessous noirâtre. Les femelles ont les couleurs plus sombres et le bleu d'azur n'est sur elles qu’un vert-de-pré. En liberté, c’est un oiseau sohfaire qui reste toute l’année ur les bords des étangs, ruisseaux et rivières. En hiver , on le voit guetter sa proie aux ouvertures que laisse la glace, placé sur une pierre, un pieu, ou perché sur une branche. D’ORNITHOLOGIE. 79 Dans la chambre, comme il ne marche, ni ne saute, mais vole ou reste perché; il faut avoir l’attention de placer dans un coin du gazon ou des branches, ou plutôt le garder en cage avec un bâton pour s’y percher ; ‘il se tient constamment tran- quille à la même place. En liberté, ce sont des petits poissons, des sangsues , et vraisemblablement aussi des vers et insectes aquatiques dont il se nourrit. Dans la chambre, on lni donne ces mêmes choses, autant que possible, en l’accoutumant aussi peu à peu à la viande. Il est extrêmement rare de pouvoir conserver ceux qui sont pris vieux , on en a vu un qui mangeait cependant même des poissons morts : il faut lui jeter des petits poissons et la viande dans une Jjatte d’eau fraiche assez grande, ou assez bien fixée, pour n'être pas facilement renversée ; son habitude n’est pas de sauter en bas de la perche ; mais il s’allonge jusqu’à ce qu il puisse atteindre l’eau avec son bec, à moins que ce ne soit un jeune élevé dans la chambre; il ne mange pas s'il s’apercoit qu'on le regarde. Un trou au bord de l’eau est ce qu’il choisit pour y faire son nid, qu'il forme à l'extérieur de racines déliées et garni à l’intérieur de quelques plumes. Ses œufs, en général , au nombre de-huit , sont entièrement blancs. Les jeunes, avant le développement de leurs plumes , en ont les tuyaux si longs et tellement dressés, qu’on les prendrait pour autant de petits hérissons. Dès qu'ils voyent clair et que les plumes commen- cent à pousser , c’est le tems convenable pour les enlever du nid. faut leur donner d’abord des œufs de fourmis, des vers de farine et autres, et les accoutumer ensuite peu à peu à la viande. On les conservera plus sains et plus long-tems, si l’on prend la peine de leur présenter toujours leur manger dans l’eau fraiche plutôt que de leur laisser ramasser sur la terre. L'endroit que ces oiseaux fréquentent le plus souvent, étant bien connu, c’est en général près d’un tournant, on y fiche une pièce pour y attacher et tendre le piége nommé saute- relle, avec lequel il est bientôt pris. On pourrait encore pla- cer des gluaux sur un buisson ou sur un pieu voisin de l’eau, pourvu qu’ils ne penchassent pas tellement au-dessus que l’oi- seau englué risquât d'y tomber. On recherche l’alcyon par l'éclat de son plumage, et par sa rareté, Du reste, ses formes sont disgracieuses et lourdes, Le 80 MANUEL ü LES PERROQUETS ( psitfaci ). La famille des perroquets est remarquable parmi toutes les : autres familles d'oiseaux par ses facultés imitatrices, par la beauté de son plumage et sa conformation. Son bec est fort crochu; la mandibule supérieure mobile emboite l’infé- rieure qui est communément arrondie; une langue épaisse et analogue à celle de homme, des pattes dont les doigts sont façconnés pour grimper, une queue plus ou moins longue em- ployée an même usage; des habitudes sociales, l’instinct de vivre en famille , le choix des nourritures végétales, lardeur en amour, la gaité, la joie bruyante, la gentillesse, les écla- tantes couleurs du plumage, tout attire et plait dans ces charmans oiseaux. Ils portent leurs alimens à leur bec avec leurs pieds, qui ont deux doigts en avant et deux en arrière, Leur vol est court et tournoyant; ils posent leurs nids dans des trous d'arbres, et ne peuvent se reproduire que dans des contrées ou des températures convenables, bien que la plupart des perroquets soient habitans des tropiques, et ils les dépassent rarement, excepté dans quelques émigrations pendant l'été ; car ils vont par troupes recueillir, de contrées en contrées, les tributs du règne végétai. Ils vivent de baies, de fruits, et surtout d'amandes dont ils savent briser les enveloppes. Les perroquets sont très variés dans leurs espèces, aussi bien entre les tropiques que jusqu'aux confins du pôle austral, ce qui annonce leur grande fécondité; quelques îles en sont remplies. Ces oiseaux vivent de quarante à cinquante ans et souvent vont à cent ans et plus. Les perroquets placent leur nid dans des trous d'arbres. Les femelles arrachent leurs plumes pour en faire un lit chaud et mollet à leurs petits. La femelle couve seule dans la plupart des espèces, mais le mäle est fort assidu près d’elle, et lui apporte la nourriture qu’il dégorge en lui donnant de petits baisers. Leur ponte est communément de deux à quatre œufs blancs et se répète deux fois par an. - Ces oiseaux , réunis en troupes sur les arbres et au milieu des forêts américaines ou indiennes, font un grand ravage dans les fruits, dévorent les bourgeons et détruisent un graudnombre de graines. Quelques Indiens savent les frapper avec des flèches dont l'extrémité est couverte d’un bourrelet de coton, de sorte qu'ils sont seulement étourdis du coup et tombent à D'ORNITHOLOGIE. 8x terre ; ils reviennent facilement à eux et peuvent s’apprivoi- ser alors; lorsque la bande aperçoit un de leurs camarades tomber, tous jettent ensemblent des cris de douleur très forts. On les prend encore en les enivrant avec la fumée de quelques plantes qu'on brüle au pied de l'arbre où ils se perchent. Les perroqueis criards ou ceux qui cancanent, se corrigent en recevant des camouflets ou des bouffées de fumée de tabac dont on les couvre lorsqu'ils jettent leur caquet dis- cordant. La graine de carthame est une bonne nourriture pour eux, mais ur violent purgatif pour l’homme. Les fruits du bananier, la goyave, la muscade, les fruits des palmiers, sont pour ces oiseaux des nourritures saines. La graine du cotonier en arbre les enivre si fort, qu’on peut ensuite les saisir à la main; mais ces oiseaux pincent et égratignent vigoureusement. Ceux qu’on prend-vieux n’apprennent jamais bien à par- ler. Les femelles des perroquets peuvent imiter aussi bien que les mâles ; leur douceur , leur docilité sont mémér plus grandes. > Le persil, les amandes amères sont fort dangereux pour les perroquets et les font mourir, quoiqu’ils paraissent aimer ces alimens. Ils ne refusent pas la chair, le poisson cuit, la pâtisserie ; le sucre leur plaît beaucoup; ils sucent les fruits tendres. Ils aiment singulièrement à se baïgner. Les vins doux leur plaisent aussi; ils s’enivrent, et sont alors d’une gaîté folle et très babillarde. Ces animaux sont souvent jaloux, capricieux et prennent des personnes en amitié , d’autres en aversion. Ils ont souvent de l’impatience et de la méchanceté; ils haïssent quelquefois les enfans. Le mal caduc est pour toutes les espèces une maladie com- mune et dangereuse. On la prévient en leur tirant un peu de sang à la paite. Cette affection est une sorte de tétanos ou de convulsion musculaire, Les amateurs distinguent les perroquets , et les divisent, 1° en ceux de l’ancien Continent, et 2° en ceux du Nou- veau-Monde. La première division se partage en espèces à queue courte et en espèces à queue longue. On fait la même séparation pour celles de l'Amérique. Voici le tableau de cette division. 8 82 MANUEL $ I*T PERROQUETS DE L'ANCIEN CONTINENT. 10 Les Lakatoès à queue courte et carrée, et pourvus d’une : huppe mobile. 2° Les perroquets (proprement dits) sans hüuppe, à queue courte et égale. 3° Les Loris à queue moyenne en forme de coin, à plumage rouge. Ils habitent tous les iles de l'Océan indien. 4° Les doris-perruches à plumage moins chargé de rouge, à queue un peu plus longue que celle des loris. 5° Les perruches à queue longue et également étagée. (plati- cerques ), 6° Les perruches à queue longue et inégale, (palæornis), les deux pennes intermédiaires plus longues. Corps plus petit que celui des précédentes. 7° Les perruches à queue courte. S:#I1. PERROQUETS DU NOUVEAU CONTINENT. 1° Bes aras à joues nues, à queue aussi longue que le corps, et de grande taille. 2° Les amazones à queue moyenne. Du jaune dans le plumage; une tache rouge au pli de l'aile. 3° Les criks. Queue moyenne ; plumage d’un vert maillé, taille plus petite que celle des amazones; point de rouge au fouet de l'aile, mais seulement sur les couvertures. 4° Les papegais, plus petits que les amazones; queue moyenne ; point de rouge aux ailes. 5° Les perriches (araras) à queue longue et également éta- ce. 6° Perriches à queue longue et également étagée, 7° Les touits ou perriches à queue courte. Taille petite. $. IT PERROQUETS DE L'ANCIEN CONTINENT. LES KAKATOËS. ( kakadoe.) Les plus grands perroquets de l’ancien continent sont les kakatcès; 1ls en sont tous originaires , et vivent exclusivement dans les îles de l'Asie méridionale. On les distingue aisément des aulres perroquets par leur plumage blanc ou rose, et par leur bec crochu et plus arrondi, et particulièrement par. une huppe de longues plumes dont leur tête est ornée, et qu'ils élèvent et abaissent à volonté. ; D'ORNITHOLOGIE. 83 Les perroquets kakatoès apprennent assez difficilement à par- ler ; il y a même des espèces qui ne parlent jamais; mais on en est ‘dédommagé par la facilité de leur éducation ; on les appri- voise tous aisément ; ils semblent même être veñus domes- tiques en quelques endroits des Indes, car ils font leurs nids sur les toits des maisons; et cette facilité d'éducation vient du degré de leur intelligence qui parait supérieure à celle des autres perroquets ; ils écoutent, entendent et obéissent mieux ; mais c’est vainement qu’ils font les mêmes efforts pour ré- péter ce qu'on leur dit ; ils semblent vouloir y suppléer par d’autres expressions de sentiment et par des caresses affec- iueuses; ils ont dans tons leurs mouvemens une douceur et une grâce qui ajoutent encore à leur beauté. Quoiqu'ils se servent , comme les autres perroquets , de leur bec pour mon- ter et descendre, ils n’ont pas leur démarche lourde et désa- gréable ; ils sont au contraire très agiles et marchent de bonne grâce, en troltant et par petits sauts vifs. LE KAKATOËS À HUPPE BLANCHE. ( Cacatua cristata, Vieill.; enl. 263.) Ce kakatoës est à peu près de la grosseur d’une poule; son plumage est entièrement blanc, à l'exception d’une teinte jaune sur le dessus des ailes et des pennes latérales de la queue ; il a le bec et les pieds noirs. Sa magnifique huppe est très remarquable en ce qu’elle est composée de dix ou douze grandes plumes, non de l'espèce des plumes molles, mais de la nature des pennes, hautes et largement barbées; elles sont implantées du front en arrière sur deux lignes parallèles; et forment un double éventail. LE KAKATOËS A HUPPE JAUNE. ( Cacutua galeata, Vieill.; enl.) Cette espece, de petite taille, a le plamage blanc, avec une teinte jaune sous les ailes et la queue, et des 1aches de la même couleur à l’entuur des yeux : la huppe est d’un jaune citron; elle est composée de plûmes molles et effilées que l’oi- seau relève et jette en avant; le bec et les pieds sont noirs. LE KAKATOËS À HUPPE ROUGE... ( Cacatua erythrolophus ; enl. 498. ) C’est un des plus grands de ce genre, ayant près d’un pied et demi de longueur ; le dessus de sa huppe, qui ‘se rejette 84 MANUEL en arrière, est en plumes blanches et couvre une gerbe de plumes rouges. LE PETIT KAKATOËS. ( Cacatua rosacea, Vieill. enl, 498.) Tout son plumage est blanc, à l'exception de quelques teintes de rouge pâle sur la tempe et aux plumes du dessous de la huppe; cette teinte de rouge est plus forte aux couver- tures du dessous de la queue; on voit un peu de jaune clair à l'origine des plumés scapulaires, de celles de la huppe, et ‘au côté intérieur des pennes de l’aile et de la plupart.de celles de la queue; les pieds sont noirâtres; le bec est brun rougeä- tre, ce qui est particulier à a cette espèce, les autres APE ayant tous le bec noir. C’est aussi le plus petit que nous con- naissions dans ce genre; il est coiffé d’une huppe qui se cou- che en arrière et qu'il relève à volonté. LE KAKATOËS NOIR OU ARA-A-TROMPE. (Microglossum ater, Geoff. ; Levaill. pl. 12.) Tout son plumage est d’un noir bleuâtre, plus foncé sur le dos et les ailes que sous le corps; la huppe est brune ou noi- râtre, et l’oiseau a comme tous les autres kakatoës , la faculté de la relever très haut, et de la coucher presque à plat sur sa tête; les joues au-dessous de l'œil sont garnies d’une peau rouge, nue et ridée, qui enveloppe la mandibule inférieure du bec, dont la couleur ainsi que celle des pieds est d'un beau noir , et l'on peut dire que cet oiseau esi le nègre des kakatoës dont les espèces sont généralement blanches ; il a la queue as- sez longue et composée de plumes étagées. LE KAKATOËS GRIS A TROMPE : Variété du précédent. (Microglossum, Geoff.; Levaill. pl. 13.) Te corps ressemble au précédent, à l’exception du plu- mage qui est tont noir et luisant dans le premier, et entie- rement gris ardoisé dans celui-ci. La couleur de la peau nue des joues est d'un rouge de chair dans lés deux individus; tous deux habitent les mêmes contrées, ont la mème taille, les mêmes mœurs, la même conformation. Levaillant les nomme aras-à- trompe, parce que leur langue dure et roïide est creuse et noire à son extrémité, et qu’ils s’en servent pour amener leur aliment vers leur gorge, en l’enfoncant dans la substance des fruits qu'ils mangent. Leur bee, gros et fort, porte deux larges D'ORNITHOLOGIE. 85 échancrures de chaque côté de la mandibule supérieure, qui est longue de près de cinq pouces et très recourbée. Ces ant- maux recouvrent, lorsqu'ils ont froid, leurs joues nues, en abaissant sur elles les plumes de leur huppe. L'intérieur des grandes pennes alaires est noir. Ce hakatoës à la tête beaucoup plus grosse et le bec plus fort que dans les aras; les pieds et le bec sont noirs ; la queue a douze pennes à peu près égales ; elle est large et un peu arrondie à son extrémité. Cet oiseau doit être rapporté à l'espèce du kakatoès noir, dont il est probablement une variété dépendante du sexe ou du cli- mat. Les plumes de la huppe fimssent en pointe à leur extré- mité comme dans le kakatoës noir. LE KAKATOËS NOIR A HUPPE COURTE, de la Nouvelle-Hollande. (Banksianus australis, Less. ; Shaw, pl. 186, fig. 7.) Ce belanimal, appelé par les Anglais le kakatoës de Banks, a deux variétés. Sa taille a près de deux pieds, et sa grosseur ap- proche de celle de l’ara bleu. Son plumage est d’un noir écla- tant, avec des pointes jaunàtres sur la tête et les convertures des ailes. Les pennes latérales de la queue sont d’une couleur écar- laie avec des raies noires. Sa petite huppe est à demi-couchée; son bec, fort et gros, est noirâtre; des petites lignes d’un jaune brun rayent transversalement le dessous du corps. Une variété plus petite a le cou et la gorge Jaunes; sa taille est de vingt pouces ; mais une autre varieté , qui a la gorge, la tête et le cou d’un brun olivâtre, a jusqu’à vingt-trois pouces de longueur, celle-ci parait être un individu femelle. On l’a trouvé à la Nouvelle-Galles du Sud. DES PERROQUETS PROPREMENT DITS. (Andro2lossa.) Ces perroquets sont tous originaires de l'Afrique et des grandes Indes ; et on n’en trouve point en Amérique. … LE JACO OU PERROQUET CENDRÉ. (Psittacus erythacus, L. enl. 311). ! .C'’est l’espèce que l’on apporte le plus communément en Eu- rope aujourd’hui, et qui s’y fait le plus aimer, tant par la douceur de ses mœurs que par son talent et sa docilité, en égalant au moins le perroquet vert, sans avoir ses cris dé- sagréables. Le mot de Jaco, qu'il parait se plaire à prononcer, est le uom qu’ordinairement on lui donne : tout son corps est d'un * 86 MANUEL beau gris de perle et d’ardoise, plus foncé sur le manteaw, plus clair au-dessus du corps et blanchissant au ventre; une queue d’un rouge de vermillon, termine et relève ce plumage lustré, moiré, et comme poudré d’une blancheur qui le rend toujours frais; l'œil est placé dans une peau blanche, nue et farineuse, qui couvre la joue; le bec est noir; les pieds sont gris ; l'iris est couleur d’or; la longueur totaie de l'oiseau est d’un pied. La plupart des perroquets gris nous sont apportés de la ._ Guinée ; ils viennent de l'intérieur des terres de ceïte partie de l'Afrique ; on les trouve aussi au Congo et sur la côte d’4n- gole; on leur apprend fort aisément à parler, et ils semblent imiter de préférence la voix des enfans et recevoir d’eux plus facilement une éducation plus de leur goût. Néanmoins Ze jaco imite aussi le ton-grave d'une voix adulte ; mais cette imita- tion semble pénible, etles paroles qu'il prononce de cette voix sont moins distinctes. Non seulement cet oïseau a la facilité d’imiter la voix de l'homme , il semble encore en avoir le désir ; il la manifeste par son attention à écouter, par l'effort qu'il fait pour répéter; ei cet effort se réitère à chaque instant, car il gazouille sans cesse quelques-unes des syllabes qu’il vient d'entendre, et il cherche à prendre le dessus de toutes les voix qui frappent son oreille, en faisant éclater la sienne : souvent on est étonné de lui entendre répéter des mots ou des noms que l’on n’avait pas pris la peine de lui appre ndre ei qu’on ne le soupconnait pas même d’avoir écoutés. C’est surtout dans ses premières années qu’il montre cette facilité, qu’il a plus de mémorre, et qu’on le trouve plus intelligent et plus docile. Quelquelois ceite faculté de mémoire, cultivée de bonne heure, devient étonnante : mais plus agé il devient rebelle et n’apprend que difficilement. s Olina conseille de choisir les heures du soir, après le repas des perroquets, pour leur donner une lecon, parce qu’étant alors plus satisfaits, ils deviennent plus dociles et plus attentifs. L'espèce de société que le perroquet contracte avec nous par le lanpage, est plus étroite et plus douce quecelle à la- quelle le singe peut prétendre par son imitation capriciense de nos mouvemens et de nos gestes; si celles du chien, du cheval ou de l'éléphant sont plus intéressantes par le senti- ment et par l'utilité, la société de l'oiseau parleur est quelques D'ORNITHOLOG:IE. 87 fois plus attachante par l’agrément ; 1l récrée, il distrait, il amuse; dans la solitude il est compagnie; dans la conversa- tion il est interlocuteur ; il répond, il appelle, il accueille, il jette l’éclat des ris, il exprime l'accent de l'affection, il joue Ja gravité de la sentence; ses petits mots tombés au hasard égayent par leurs disparates, ou quelquefois surprennent par leur justesse. Ce jet d’un langage sans idées a quelque chose de bizarre ct de grotesque, et sans être plus vide que tant d’autres propos, il est toujours plus amusant. Avec cette imitation de nos pa- roles, le perroquet semble prendre quelque chose de nos in- to et de nos mœurs ; il aime et 1l hait; il a des atta- chemens, des jalousies, des préférences, des caprices; il s’ad- mire, s'applaudit, s’encourage ; il se réjouit et s’aitrisie ; il sanble s'émouvoir et s’attendrir aux caresses ; il donne des baisers affectueux. L’aptitude à rendre les accens de la voix articulée, portée dans le perroquet au plus haut degré, exige dans l'organe une structure particulière et plus parfaite; la sûreté de sa mémoire, quoiqu’étrangère à l'intelligence , suppose néanmoins un degré d'attention et une force de réminiscence mécanique dont nul oiseau n’est autant doué. Aussi les naturalistes ont tous remar- qué la forme particuliere du bec, de la langue et de la tête du perroquet; son bec, arrondi en dehors, creusé et concave en dedans, offre en quelque sorte la capacité d’une bon- che, dans laquelle la langue se meut librement; le son, ve- nant frapper contre le bord circulaire de la mandibule inféri- eure, s’y modifie comme il le ferait contre une rangée de dents, tandis que de la concavité du bec supérieur, il se réfléchit comme d'un palais; ainsi le son ne s'échappe ni ne fuit en sifflement, mais se remplit et s’arrondit en voix. Au reste, c’est la langue qui plie en sons articulés les sons vagues qui ne se- raient que des chants ou des eris : cette langue est ronde et épaisse , plus grosse même dans le perroquet à proportion que dans l’homme : elle serait plus libre dans le mouvement, si elle n’était pas d’une substance plus dure que la chair, et recou- verte d’une membrane forte et comme cornée. Mais cette ps nn ingénieusement préparée, le cède encore à l’art qu'il a faïlu à la nature pour rendre le demi-bec supérieur du perroquet mobile, ponr donner à ses mouvemens la force et la facilité, sans nuire en même lems à son ouver- 83 MANUEL ture, et pour muscler puissamment un organe auquel on n’aper- coit pas même l’attache des tendons qui le font mouvoir. Ce n’est ui à la racine de cette pièce, où ils eussent été sans force, ni à ses côtés, où ils eussent férmé son onverture, qu'ils pouvaient être placés ; la nature a pris un autre moyen: elle a attaché au fond du bec deux os qui, des deux côtés et sous les deux joues, forment, pour ainsi dire, des prolongemens de sa sub- stance, Semblables pour la forme aux os qu’on nomme piéri- goïdes dans l’homme, excepté qu’ils ne sont point, par leur extrémité postérieure , implantés dans un autre os, mais libres de leurs mouvemens, des faisceaux épais de muscles, partant de l'occiput et attachés à ces os, les meuvent et le bec avec eux. Ce bec est très fort; le perroquet casse aisément les noyaux des fruits rouges ; 1l ronge le bois, et même il fausse avec son bec et écarte les barreaux de sa cage, pour peu qu'ils soient faibles, et qu’il soit las d’y être renfermé; il s’en sert plus que de ses pattes pour se suspendre et s’aider en montant; il s’ap- puie dessus en descendant comme sur un troisième pied qui affermit sa démarche lourde , et se présente lorsqu'il s’abat pour soutenir le premier choc de la chute. Cette partie est pour lui comme un second organe du toucher, et lui est aussi utile que ses doigts pour grimper ou pour saisir. Il doit à la mobilité du demi-bec supérieur, la faculté que n'ont pas les autres oiseaux, de mächer ses alimens : tous les oiseaux granivores et carzivores n’ont dans leur bec, pour ainsi dire, qu’une main avec iaquelle ils prennent leur nourriture et la jettent dans le gosier; ou une arme dontils la percent et la déchirent : le bec du perroquet est une bouche à laquelle il porte les alimens avec les doisis : 1l présente le morceau de côté et le ronge à l’aise; la mâchoire inférieure a peu de mou- vement, le plus marqué est de droite à gauche; souvent l’oi- seau l’exécute sans avoir rien à manger, et semble mâcher à vide, ce qui a fait imaginer qu’il ruminait ; il y a plus d’appa- rence qu’il aiguise alors la tranche de cette moitié du bec, qui lui sert à couper et à ronger. Il est assez rare de voir des perroquets produire dans nos contrées tempérées; il ne l’est pas de leur voir pondre des œufs clairs et sans germe; cependant on a quelques exemples de perroquets nés en France. M, de la Pigeonière a eu un perro- quet gris mâle et une femelle dans la ville de Marmande en D'ORNITHOLOGIE. 89 Agenais, département de Lot-et-Garonne, qui pendant cinq ou six années n’ont pas manqué chaque printems de faire une ponte qui a réussi et donné des petits, que le père et la mère ont elevés. Chaque ponte était de quatre œufs, parmi lesquels il en avait toujours trois de bons et un de clair. La manière de les faire couver à leur aise fut de les mettre dans une chambre où il n’y avait autre chose qu'un baril dé- foncé par un bout et rempli de sciure de bois; des bâtons étoient ajustés en dedans et en dehors du baril, afin que le mâle put y monter à sa guise et coucher auprès de sa compagne. Une attention nécessaire était de n’entrer dans cette chambre qu'avec des bottines, pour garantir les jambes des coups de bec du perroquet jaloux, qui déchirait tout ce qui approchait de sa femelle. LE PERROQUET VERT. ( Mascarinus prasinus, Less.; enl. 514.) Ce perroquet vert est de la grosseur d’une poule moyenne; il a fout le corps d’un vert vif et briilant, les grandes pennes de l’aile et les épaules bleues, les flancs et le dessous du haut de l’aiie d'un rouge éclatant; les pennes des ailes et de Ja queue sont doublées de brun; sa longueur est de quinze pouces. On le trouve aux Moluques, à la dYouvelle-Guinée, LE PERROQUET VARIÉ. Le ( Psittacus accipitrinus, Gm.; enl. 526.) Ce perroquet est de la grosseur d’un pigeon : les plumes du tour du cou, qu'il relève dans la colère, sont de couleur pour- prée, bordées de bleu; la tête est couverte de plumes mêlées par traits de brun et de blanc comme le plumage d’un oiseau _ de proie. Il y a du bleu dans les grandes pennes de l’aile et à la pointe des latérales de la queue, dont les deux intermé- diaires sont vertes, ainsi que le reste des plumes du man- teau. LE VAZA OU PERROQUET NOIR. ( Psittacus obscurus , Bechst, ; Levaill. pl. 81.) La quatrième espèce des perroqueis proprement dits est le vaza, nom que celui-ci porte à Madagascar, suivant Flaccourt, qui ajoute que ce perroquet imite la voix de l'homme. Le vaza esi de la grosseur dw perroquet cendré de Guinée : fil est également noir dans tout son plumage, non d’un noir 90 MANUEL épais et profond, mais brun et comme obscurément teint de violet. La petitesse de son bec est remarquable; il a au con- traire la queue assez longue. Edwards dit cet oiseau très . familier et fort aimable. LE MASCARIN. ( Mascarinus Madagascariensis, Less. ; Lev. pl. 139. ) Il est ainsi nommé parce qu’il a autour du bec une sorte de masque noir qui engage le front, la gorge et le tour de la face. Son bec est rouge; une coiffe grise couvre le derrière de la tête et du cou; tout le corps est brur ; les pennes de la queue, brunes aux deux tiers de leur longueur, sont blanches à l’origine. La longueur totale de ce perroquet est de treize pouces. Il vient de Madagascar. LE PERROQUET A BEC COUTEUR DE SANG. ( Mascarinus macrorhynchus, Less.; enl. 513. ) Ce perroquet se trouve à la Nouvelle-Guinée; il est remar- quable par sa grandeur ; il l’est encore par son bec couleur de sang, plus épais et plus larye à proportion que celui de tous les autres perroquets. Il a la tête et le cou d’un vert brillant à reflets dorés ; le devant du corps est d’un jaune ombré de vert; Ja queue, doublée de jaune, est verte en dessus; le dos est bleu d’aigue-marine® l'aile parait teinte d'un mélange de ce bleu d’azur et de vert, suivant différens aspects; les couver- tures sont noires , bordées et chamarrées de traits jaune-dorés. Sa longueur est de quatorze pouces. LE GRAND PERROQUET VERT A TÈTE BLEUE. ( Psittacus purpureus, Gm. ) Ce perroquet qui se trouve au Brésil et à ia Guyane, est un des plus grands, il a près de seize pouces de longueur, quoi- que sa queue sait assez courte. Il a le front et le dessus de la tête bleue, tout son manteau est d’un vert de pré, surcharge et mêlé de bleu sur les grandes pennes; tout le dessous du corpsest d’un vert olivätre: la queue est verte en dessus et d’un jaune terne en dessous. LE PERROQUET A TÊTE GRISE. (Psittacus geoffroyanus, Vieill. ; Levaill. pl. 112 et 113.) Cet oiseau à sept pouces et demi de longueur ; dans sa taille ramassée il est gros et épais. Il a la face d’un gris lustré bleuà- D'ORNITHOLOGIE, 9E ire; l’estomac et tout le dessons du corps d’un gros jaune forcé, quelquefois mêlé de rouge aurore; la poitrine et tout le manteau vert, excepté les pennes de l’aile qui sont seule- ment bordées de cette couleur, autour d’un fond gris. Ces perroquets sont assez communs au Sénégal, où on en trouve de deux sortes; les uns sont petits et tout verts; les au- tres, plus grands, ont la tête grise, le ventre jaune, les ailes vertes et le dos mêlé de gris et de jaune; ceux-ci ne parlent jamais, mais les petits ont une voix douce et claire, et disent tout ce qu’on leur apprend. LE PERROQUET NESTOR. ( Psittacus nestor, Kuhl. ) Cet oiseau à seize pouces depuis le bec jusqu’à l'extrémité de la queue. Son plumage brun se fond par des nuances de châtain avec la couleur cendrée et grise du cou et de la tête. On remarque des teintes verdâtres en dessus, et un-peu fauves en dessous du corps. Le croupion et l’anus sont d’une couleur marron avec un ton de rouge brun. Le bec est fort gros et très crochu; sa couleur est d’un bleu noir; les pieds sont noirâtres ; les pennes de la queue sont pointues à leur extré- mité. Cet animal se trouve à la Nouvelle-Zélande. Le Nestor apprend facilement à parler : c’est avec le 7aco l'espèce qui a la meilleure mémoire. Les nouveaux Zélandais l'élévent en domesticité: M. Lesson en cite un individu qu'il a en en vie à bord de la Coquilie, qui récitait la fameuse ode sacrée d piré sans hésiter. | ë LES LORIS. ( Zorius.) On a donné ce nom dans les Indes orientales à une famille de perroquets dort le cri exprime assez bien le mot lori. Ils ne sont guère distingués des autres oiseaux de ce genre que par leur plumage, dont la couleur dominante est un rouge plus ou moins foncé. Outre cette différence principale, on peut aussi remarquer que les loris ont la langue terminée en pinçeau , le bec plus petit et plus aigu que les autres perroquets. Ils ont de plus le regard vif, la voix perçcante et les mouvemens prompts : ils sont les plus agiles de tous les perroquets, et les seuls qui sautent sur leur bâton jusqu’à un pied de hauteur. Ils apprennent très facilement à siffler et à articuler des paro- les; onles apprivoise aussi for{ aisément, et ce qui est assez rare 92 MANUEL chez tous les animaux, ils conservent de la gaité dans la capti- vité ; mais ils sont en général très délicats et très difficiles à transporter et à nourrir dans nos climats tempérés, où ils ne. peuvent vivre long-tems. Ils sont sujets, même dans leur pays natal , à des accèsépileptiques, comme les aras et autres perroquets ; mais il est probable queles uns et les autres ne res- sentent cette maladie que dans la captivité. { LE LORI-NOYRA (Lorius garrulus, Less.; Edv. 216). Le lori-noira se trouve à Ternate, à Céram et à Java; ie nom de noira est celui que les Hollandais lui donnent, et sous lequel il est connu dans ces iles. Le 7oira marque à son maitre de l'attachement et même de la tendresse; il le caresse avec son bec, lui passe les cheveux brin à brin avec une dou- ceur et une familiarité surprenante; et én même tems il ne peut souffrir les étrangers, et les mord avec une sorte de fu- reur, LE LORI A COLLIER (Lorius domicellz, Less. ; enl. 219). Ce Lori a tout le corps avec la queue de ce ronge foncé de sang, qui est proprement la livrée des loris; l'aile est verte ; le haut de la tête est d’un noix terminé de violet sur la nuque: les jambes et le pli de l’aile sont d’un beau bleu, le bas du cou est garni d’un demi-collier jaune, et c’est par ce dernier caractère que nous avons cru devoir désigner cette espèce. Ce lori est comme tous les autres, très doux et familier , mais aussi très délicat et difficile à élever. I n’y en a point qui apprenne plus facilement à parler, et qui parle aussi distinctement. LE LORI TRICOLORE. (Lorius tricolor , Less. ; Lev. pl. 123 et 124). Le beau rouge, l’azur et le vert qui frappe les yeux dans le plumage de ce Lori, et le coupent par grandes masses, ont déterminé à lui donner le nom de fricolor. Le devant et les côtés du cou, les flanes, avec le bas du dos, le croupion et la moitié de la queue sont rouges. Le dessous du corps, les jambes et le haut du dos sont bleus; Paile est verte, et la pointe de la queue bleue ; une’calotie noire couvre le som- met de la iête. La longueur de cet oiseau est de près de dix pouces. Il en est peu d’aussi ‘beaux par l'éclat, la netteté et la brillante opposition des couleurs; sa gentillesse égale sa beauté. D'ORNITHOLOGIE. 2 ©) LE LORI CRAMOISI ( Lorius ruber , Less. ; enl. 519). Ce lori a près de onze pouces de longueur; on le nom- me cramoisi, parce que son rouge, la face exceptée, est beaucoup moins éclatant que celui des autres Loris, et paraît terni, et comme brun sur l'aile. Le bleu du haut du cou et de l'estomac, est faible et tire au violet. Mais au pli de l’aile il est vif et azuré , et au bord des grandes pennes, ilse perd dans leur fond noirâtre: la queue est par-dessous d’un rouge en- fumé, et en dessus, du même rouge tuilé que le dos. LE LORI ROUGE ( Lorius borneus, Less.) Quoique dans tous les oris le rouge soit la couleur domi- nante, celui-ci mérite entre tous les autres le nom que nous lui donnons : il est entièrement rouge, à l'exception de la pointe de l’aile qui est noirâtre, de deux taches bleues sur le dos, et d’une de même couleur aux couvertures du dessous de la queue. Il a dix pouces de longueur. LE LORI ROUGE ET VIOLET. *(ZLorius guebiensis , Levaill. pl. 5r ). Ce Lori ne s’est trouvé jusqu'à présent qu'à Guéby. Il a tout le rouge éclatant , régulièrement écaïllé de brun violet depuis l'occiput, en passant par les côtés du cou jusqu’au ventre; l’aile est coupée de rouge et de noir, de façon que cette dernière couleur termine toutes les pointes des pennes , et tranche une partie de leurs barbes; les petites pennes et leurs couvertures les plus près du corps sont d’un violet brun, la queue est d’un rouge de cuivre; la longueur totale de ce lori est de huit pouces. LE GRAND LORI, ( Mascarinus puniceus, Less.; enl. 518). C’est le plus grand des loris: il a treize pouces de longueur. La tête et le cou sont d’un beau rouge: le bas du cou, tom- bant sur le dos, est d’un bleu violet; la poitrine est richement nuée de rouge, de bleu, de violet ét de vert ; le mélange de vert et de beau rouge continue sur le ;ventre; les grandes pennes et le bord de l’aile depuis l’épaule sont d’un bleu d’a- zur ; le reste du manteau est rouge sombre. La moitié de la queue est rouge, sa poinie est jaune. LE PETIT LORI PAPOU: Sonnerat a désigné ainsi une fort jolie espèce de Zori qu'on 9 04 MANUEL trouve chez les Papous. Ses mouvemens ont de la vivacité et de la grâce, son regard est plein de feu, et sa voix percante; il ést_moiïtié moins gros que la perruche commune. Un beau carmin vif colore la tête, le cou et la poitrine. Vers l’occi- put règne uue tache bleue éclatante et noir-violet. Un vert jaunâtre peint les ailes et le dos, à l’exception du crou- pion qui est d’un beau bleu au milieu et d’un rouge éclatant aux côtés. Vers les côiés de la poitrine sont deux marques jaunes. Le ventre , bleu daus son milieu, est rouge à sa par- tie supérieure. La queue est verte à sa racine, et jaune à son extrémité ; ses deux pennes intermédiaires sont fort iongues. Le bec et les pieds sont rougeûires. On trouve trois variétés dans cette espèce: la première, qui a la poitrine pourprée, portelune bande transversale noire bor- dée de vert sur le ventre; la seconde a la partie inférieure du dos d’un bleu noir, avec une tache verte ou jaune entre les aïles. Les flancs et ies cuisses sont jaunes; enfin, la troi- sième se distingue par une marque verte sur le ventre, et le croissant jaune interrompu sur la poitrine. LE LORI ÉLÉGANT, Les iles Moluques nourrissent ce lori qui a quinze pouces de longueur. Sa tête, son cou et le dessous de son corps sont d’un peu rouge carmin. Le dessus du corps a des plumes brunes bordées de vert et de rouge, les couvertures des ailes et le bord des pennes, de la queue et des ailes sont bleus; le veste de la queue est brun verdätre. Une variété de la même espèce n’a qu’un pied de longueur , ses ailes , sa queue et le “dessus de son corps sont peints en vert. L’extrémité de la queue est blanche dans tous. LE LORI VARIE. Latham donne ce nom à une espèce qu’on trouve dans les Indes orientales, et qui a près de onze pouces de longueur. Sa queue, qui est grande comme celle des autres Loris, est rouge à sa base et verte dans sa longueur. La nuque , la par- tie: supérieure du dos, la poitrine et FA ventre sont &’un bleu ponrpré. Le dessous des ailes est jaune, le bec brun ; leurs petites couvertures sont marbrées de rouge et de jaune; le reste du plumage est rouge. D'OÉNITBROLOGIE, 95 LE LORI NUÉ D= NOIR ET DE ROUGE. Sa longueur est de quinze pouces ; la partie supérieure de son dos est ondulée de rouge incarnat et de noir; la gorge et les flancs sont bleus. Une tache blanche se remarque sous chaque aile dont les petites couvertures sont vert bleuâtre, Le bout des pennes latérales de la queue est blane, et le reste du corps d'un rouge éclatant. La femelle a le dos et le ventre verts, les cuisses, l'anus et la tête d’un rouge de sang. Une variété de ce lori porte sur les ailes une bande bleue pâle. Les plumes noires du dos sont bordées de rouge. Les pennes des ailes et de la queue sont bleues, et les pieds gris. Elle a seize pouces de nn en Ils viennent de la Nouvelle- Galles. - LE LORI NOIR DE LA NOUVELLE GUINKE. Un bleu noirâtre lnisant colore presque tout le corps, à l’exception du dessous de la queue qui est rouge. Le tour des yeux est nu et brun. Le bec et les pieds sont noirätres. LE LORI JAUNE ET ROUGE, Cet oiseau , long de dix pouces, a la tête, le cou et l'extre- mité de la queue d’un -carmin éclatant, les sourcils et la poi- trine jaunes, les ailes d’un jaune verdâtre avec leur extrémité bleue; enfin, le croupion et le dessous de la queue d’un cen- dré blanchätre. Son bec et ses ongles sont noirs, la membrane de son bec, la gorge et les orbites des yeux blancs. Cet oiseau n’est peut-être pas un Lori ; sa queue est courte. LES LORIS-PERRUCHES. Les espèces qui suivent sont des oiseaux presqu’entièrement rouges comme les loris, mais leur queue est plus longue, et cependant plus courte que celle des perruches , et l’on doit les considérer comme faisant la nuance entre les loris et ies per- ruches de l’ancien continent; nous les appellerons par cette raison, loris-perruches. LE LORI-PERRUCHE ROUGE. ( Platycercus tabuens, Less.) Le plumage de cet oiseau est presque entièrement rouge, à l'exception de quelques couvertures et des extrémités des pennés de l'aile et des pennes de la queue, dont les unes sont vertes , et quelques autres sont bleues, La longueur totale de l'oiseau est de huit pouces et demi. 96 MANUEL LE LORI-PERRUCHE VIOLET ET ROUGE. ( Platycercus pennantii, Lev. pl. 78.) La couleur dominante de cet oiseau est rouge mélé de bleu violet. Sa longueur totale est de dix pouces; la queue fait près d'un tiers de cette Jongueur ; elle est toute d’un gros bleu, de même que les flancs, l'estomac, le haut du dos et de la tête; les grandes pennes de l’aile sont jaunes : tout le reste du plu- mage est d’un beau rouge bordé de noir en festons sur les ailes, LE LORI-PERRUCHE TRICOLORE. On peut nommer ainsi cet oiseau, le rouge, le vert et le bleu turquin, occupant par trois grandes masses tout son plu- mage : le rouge couvre la tête, le cou et tout le dessous du corps; l'aile est d'un vert foncé ; le dos, de même que la queue , est d’un gros bleu, moëlieux et velouté. La queue est Jongue de sept pouces; l'oiseau entier de quinze et demi, et de Ja grosseur d’une tourterelle. La queue, dans ces trois dernières espèces, quoique plus Jongue que ne l’est communément celle des Loris et des perro- quets proprement dits, n'est néanmoins pas étagée comme celle des perruches à longue queue, mais composée de pennes égales et coupées à peu près carrément. LORI-PERRUCHE DE LA MER DU SUD. Cette espèce a beaucoup de rapports avec une variété de la perruche de YOcéan Pacifique, néanmoins elle en diffère par des caractères essentiels. Sa tête et son cou sont d'un beau rouge écarlate, excepté le dessous de la mandibule inférieure, qui est d’une teinte jaune clair. Le dos est olivâtre, et les grandes couvertures des ailes sont formées de plumes bleues, bordées d’un vert tendre. Les pennes des ailes sont d’un bleu vif et éclatant, ainsi que les pennes latérales de la queue. Les intermédiaires de celle-ci sont colurées en vert jaune, de même que la poitrine et le ventre. Sous la queue, près de l’a- pus, les plumes sont d’un beau rouge de même que sur la tête. L’iris est de couleur de noisette, les pieds sont cendrés, et le bec est d’un gris bleuâtre. Sa grosseur est celle d’une forte alouette. Sa longueur est de sept à huit pouces. LORI-PERRUCHE DE .TONGA-TASOU ( Platycercus pacificus ). C'est une fort belle perruche trouvée par le capitaine D'ORNITHOLOGIE. 97 Cook, dans les îles des Æmis , au milieu de la Mer Pacifique. Sa taille, en y comprenant la queue qui est longue , a dix-neuf pouces d'étendue. La tête, le cou et le dessous du corps est d'une couleur écarlate pourprée. Vers le derrière de la tête est un croissant bleu. Les pennes des ailes et de la queue sont bleues aussi. Celle-ci est bordée de verdâtre, le reste du corps est vert, et à la base de la mandibule inférieure, on trouve aussi quelques plumes vertes, Philipps a vu, dars la Nouvelle-Galles australe, une varicté de ce même Lori-perruche, dont les ailes sont vertes, les plu- mes de la queue brunes, et celles du croupioz bleues, lécar- late qui revêt sa tête, son cou et le dessous de son corps, est plus clair que dans le précédent. Au reste, :l a la même taille et la même distribution des autres couleurs. PERRUCHES DE L'ANCIEN CONTINENT. PERRUCHES À QUEUE LONGUE ET ÉGALEMENT ÉTAGÉE. (Conurus. ) On sépare en deux familles les perruches à longue queue : la première sera composée de celles qui ont la queue également étagée, et la seconde de celles qui l’ont inégale ou plutôt iné- galement étagée, c’est-à-dire, qui ont les deux penes du mi- lieu de la queue beaucoup plus longues que les autres pennes, et qui paraissent en même tems séparées l’une de l’autre. On doit observer que ces différences dans la queue des per- ruches ne sont pas toujours constantes dans les mêmes espèces ; car l’âge , le sexe, l’état domestique ou sauvage ygepportent de grands changemens, de sorte qu’on ne peut pas établir de ‘règle bien certaine à cet égard. Toutes ces perruches Sont plus grosses que les perruches à queue courte, dont nous don- nerons ci-après la description, et cette longue queue .les dis- tingue aussi de tous les perroquets à queue courte. LA GRANDE PERRUCBE A COLLIER D'UN ROUGE VIF. (Conurus Alexandri, Less. ; Lev. pl 30.) + ‘ Cette perruche rassemble tous les traits de beauté des oi- seaux de son genre ; plumage d’an vert clair et gai sur Ja tête, plus foncé sur les ailes et sur le dos; demi-collier couleur de rose, qui entourant le derrière du cou, se rejoint sur les co- iés à la bande noire qui enveloppe la gorge ; bec d’un rouge vermoil, et tache pourprée au sommet de l'aile ; ajoutez une À 03 MANUEL belle queue plus longue que le corps, mêlée de vert et de bleu d’aigue-marine en dessus, et doublée de jaune tendre, vous aurez toute la figure simple à la fois, et parée de cette grande perruche, qui a été le premier perroquet connu des anciens. Elle se trouve non seulement dans les terres du conti- nent de l'Asie méridionale, mais aussi dans les îles voisines et à Ceylan.” LA PERRUCHE À DOUBLE COLLIER. (Conurus bitorquatus, Less.) Deux petits rubans, lun rose et l’autre bleu, entourent le cou en entier de cette perruche , qui est de la grosseur d’une tourterelle ; du reste, tout son plumage est vert, plus foncé sur le dos; jaunissant sous le corps, et dans plusieurs de ses parties rembruni d'un trait sombre sur le milieu de chaque plume; sous la queue un frangé jaunâtre borde le gris brun iracé dans chaque penne; la moitié supérieure du bec est d’un beau rouge, l’inférieure est brune. 11 est probable que cette perruche, venue de l'ile de Bourbon, se trouve dans le continent correspondant, ou de l’A4frique ou des Zndes. LA PERRUCHE À TÊTE ROUGE. (Conurus erythrogenys.) Cette perruche, qui a onze pouces de longueur totale, et dont la queue est plus longue que le corps, a tout le dessus d’un vert sombre, avec une tache pourpre dans le haut de l'aile; la face est d'un rouge pourpre qui, sur la tête, se fond dars du bleu , et se coupe sur la nuque par un trait prolongé du noir qui couvréla gorge : le dessus du corps est d’un jaune terne et sombre; le bec est rouge. LA PERRUCHE A TÈTE BLEUE. Cette perruche, longue de dix pouces, a le bec blanc, le corps vert, le devant du cou jaune, et du jaune mêlé dans le verl sous la queue, dont les pennes intermédiaires sont en dessus tejates de bleu , les pieds sont bleuâtres. LA PERRUCHE LORI. C’est le nom qu’Edwards a donné à cette espèce , à cause du beau rouge qui semble la rapprocher des loris. Ce rouge, tra- versé de petites ondes brunes, teint la gorge, le devant du cou et les côtés de la face jusque sur l’occiput qu'il entoure; D'ORNITHOLOGIE. 99 le haut de la tèteest pourpré ; Edwards le marque bleu; le dos, le dessus du cou, des ailes et l'estomac sont d’un vert d’éme- raude; du jaune orangé tache irrégulièrement les côtés du cou et les flancs; les grandes pennes de l'aile sont noirâtres, frangées au bout de jaune; la queue, verte en dessus, paraît doublée de rouge et de jaune à la pointe; le bec et les pieds sont gris blanc. Cette perruche est de moyenne grosseur, et n’a que sept pouces et demi de longueur; c’est une des plus jo- lies par l’éclat et l’assortiment des couleurs. LA PERRUCHE JAUNE. Tout son plumage est jaune, excepté le ventre et le tour de l'œil qui sont rouges, et les pennes des ailes avec une partie de celles de la queue qui sont bleues; les premières sont tra- versées dans leur milieu d’une bande jaunâtre. Albin assure qu’elle apprend à parler. LA PERRUCHE SOURIS. (Psittacus canus, L.) Quoique cette perruche soit considérablement plus grosse que le maineau, on lui a donné le nom de souris, parce qu'une grande pièce gris de souris lui couvre la poitrine, la gorge, le front et toute la face; le reste du corps est vert olive, excepté les grandes pennes de l'aile qui sont d’un vert plus foncé; la queue est longue de cinq pouces, le corps d’autant; les pieds sont gris; tout le plumage pâle et décoloré dé cette perruche lui donne un air triste, et c’est la moins brillante de toute la famille. LA PERRUCHE A MOUSTACHES. Un trait noir passe d’un œil à l’autre sur le front de cette perruche; et deux grosses moustaches de la mème couleur par- tent du bec inférieur et s’élargissent sur les côtés de la gorge; le reste de la face est blanc et bleuâtre; la queue, verte en dessus , est jaune paille en dessous ; le dos est vert foncé ; il y a du jaune daus les couvertures de l'aile, dont les grandes pennes sont d’un vert d’eau foncé ; l'estomac et la poitrine sont de couleur de lilas; cette perruche a près de onze pouces; sa queue fait la moitié de cette longueur. LA PERRUCHE DE L'HIMALAYA. ( Psittacus ( Conurus ) Himalayana , Less. ) Longue de 13 pouces, cette espèce voisine par ses formes 00 BMANUET, corporelles de la perruche à longs brins (Psittacus erythro- cephalus, Gm.) appartient à la section des perruches à queues en flèche de Levailant. Son bec est d’un rouge corail, excepté sur la mandibule inférieure qui est de téinie cornée. Une arête rubanée suit sa courbure supérieure ; et la mandibule inférieure se trouve échancrée sur les côtés et au milieu. Les tarses sont courts et noirs. Le front est bleuâtre , les joues sont vertes. La tête et le cou sont gris de cendre, et cette dernière partie est relevée à sa portion inférieure par un ample coliier noir bordé d’un large collier vert. Le manteau , ie devant du cou, le thorax et le haut de l’abdomen sort d’un gris de cendre, à teinte uniforme. Le dos est vert ainsi que les ailes, mais les remiges sont d’un bleu qne relève sur leurs bords an iiseré vert, tandis que les couvertures alaires sont frangées de jaune clair. La région’ anale .est jaune, et le bas- ventre est d’un vert jaunâtre. Les rectrices sont très élagées , les deux moyennes se trouvent être rubanées , colorées en bleu d’aigue-marine en dessus, à tige noire et lustrée, les rectrices externes étagées ne sont bleues qu’en dehors, leur partie in- terne étant jaunätre. Mais toutes sont en dessous d’un jaune pur et brillant. L’extrémité des deux rectrices moyennes est blanche , tandis que celle des latérales est jaune. Cette jolie perruche habite l’Inde et à ce qu'il parait les vallées de l'Himalaya. Nous l'avons vue dans les collections du Musée d'histoire naturelle et de M. le duc de Rivoli ,et chez M. Florent Prevost ; et Panis en possède plusieurs dépouilles. LA PERRUCHE A BANDEAU JAUNE. ( Lathamus aurifrons, Less. ; Cent. zool. pl. 18.) Cette jolie perruche appartient au 14° sous-genre &e notre Traité d’ornithologie, aux Zathams ; elle semblerait être au premier abord le jeune âge dn psittacus venustus , décrit par M. Temminck, t. 13 p. 121 des Transactions de Ja société Linnéerne, la même espèce que Kuhl nomme psittacus chry- sostomas (Nov. act. pl. 1. p. 5r), et que MM. Vigors et Hor- field ont décrit sous le nem de ranodes verustus, et que M. Swainson a figuré dans la 5° iv. de ses Illustrations z00- logiques. Quoiqu'il en soit, l'oiseau que nous déerivons a sept pouces quatrelignes de longueur totale; la queue entre pour trois pou- ces dans ces dimensions.La queue est mince, étroite, composée D'ORNITHOLOGIE. 101 de rectrices étagées et rigides. Les ailes dépassent à peine le croupion; un bandeau jaune d’or occupe le front, et cette couleur teint les joues, le devant des yeux, la partie anté- rieure du cou, la poitrine, le ventre, les flancs, et aussi la région anale , bien qu’il se joigne du verdâtre sur ces der- nières parties. Le plumage est d’un vert gai en dessus, qui se nuance en jaune sur le croupion. Les rémiges sont d’un bleu d'azur, excepté à leur extrémité qui est noire. Le bec est blanc et les tarses sont jaunâtres. Cette perruche provient de la Nouvelle-Zélande. LA PERRUCHE A FACE BLEUE. Cette belle perruche a le manteau vert et la tête peinte de trois couleurs, d'indigo sur la face et la gorge, de vert brun à l’occiput, et de jaune en dessous; le bas du cou et la poitrine sont d’un mordoré rouge, tracé de vert brun ; le ventre est vert, le bas-ventre mêlé de jaune et de vert; et la queue doublée de jaune. Cette perruche se trouve à Am- boine ; nous jui rapporterons comme simple variété, ou du moins comme espèce très voisine, la perruche des Moluques, dont la grandeur et les principales couleurs sont les mêmes ; à cela près que la tête entière est indigso, et qu’il y a une tache de cette couleur au ventre; le rouge aurore dela poi- trine n’est point ondé, mais mêlé de jaune ; la queue de ces perruches est aussi longue que le corps; la longueur totale est : de dix pouces : leur bec est blanc rougeàtre. LA PERRUCHE AUX AILES CHAMARRÉES. L'oiseau donné sous le nom de perroquet de Lucon, doit plutôt être appelé perruche , ‘puisqu'il a la queue longue et étagée ; il a les ailes chamarrées de bleu, de jaune et d’orangé, la première de ces couleurs occupant le milieu des plumes , les deux autres s'étendent sur la frange ; les grandes pennes sont d’un brun olivâtre ; ceite couleur est celle de tout le reste du corps, excepte une tache blanche derrière la tête. Cette per- ruche a un peu plus de onze pouces de longueur : la queue fait plus du tiers de cette longueur totale, cependant l'aile est aussi très longue, et couvre près de la moitié de la queue, ce qui ne se trouve pas dans les autres’perruches, qui ont géné- ralement les ailes beaucoup plus courtes. 102 MANUEL PERRUCHES DE L'ANCIEN CONTINENT, qui ont de même la queue longue, mais inégalement étagée. LA PERRUCHE A TACHES BRUNES. Latham fait mention d’une perruche des iles de l'Océan Pacifique, longue de huit pouces, qui a le bec et les pieds rouges et dont le plumage vert porte sur chaque aile une tache brune longitudinale. Pluillip, décrit aussi une autre perruche verte à longue queue, dent le dessus de la tête est bleu; la ruque a des taches jaunes et la base de l’aile est de la même couleur, le des- sous de Îa queue et des aïles est brun. On la trouve à la Nouvelle-Galles du Sud; elle parait ètre une variété de la perruche à taches rouges. LA PERRUCHE A TACHES ROUGES. Voici une jolie espèce voisine des Zorris perruches : son plumage est vert; mais on voit des taches écarlates au front , aux tempes et aux côtés du croupion, dans celle qui habite O’Tahiti et les îles voisines. Une espèce de variété de la Nouvelle-Zélande, à les ailes bleues; Une autre de la Ca- lédonie, a le sommet de la tête jaune; enfin une auire a les flancs rouges : elle vient de la Nouvelle-Zélande. Toutes ont les pieds bruns, et le bec d’un blanc argenté ; leur taille est d’un pied environ. LA PERRUCHE A TÉTE ROUGE DE LA NOUVELLE CALÉDONIE. Gmelin et Latham ont fait deux espèces de celle perruche colorée en vert pomme, dont la tête est teinte en rouge , et les pennes des ailes et de la queue sont bleues à l’extrémité. Le mâle se distingue par deux aigrettes ou cornes de plumes rouges sur la tête, et par un collier jaune äinsi que le: crou- Plon, ce qui manque à la femelle, qui a ie derrière de la tête bleu , le bec et les pieds sont d’un bleu noirâtre dans tous deux ; leur taille est de onze à douze pouces. LA PERRUCHE A TÈËTE POURPRE ET NOIRE. On a rapporté de la Nouvelle-Zélande une perruche longue de quinze pouces, d’une couleur verte brune , qui norte sur le front une espèce de chaperon d’un noir pourpré ; le som- met de la tête est d’un vert mêlé de châtain ; le croupion est D'ORNITHOLOGIE. 103 d’une belle ieinte de carmin, de mème qu’une raie qui tra- verse les yeux ; les ailes, brunes, sont bordées de bleuâtre; le bec est de celte dernière couleur : sur le dos, les plumes sont d’un brun ferrugineux pâle, et celles du ventre d’un vert cen- dré ; les pieds ont une teinte noire. LA PERRUCHE À HUPPE JAUNE. ( Calopsitta gui. Less. — Psittacus Novæ Hollandie. Lalh. ) Cette espèce se trouve à la Vouvelle-Hollande : six plumes, jaunes dans le mâle, châtains dans la femelle , couronnent la tête ; le reste du corps est d’un vert olivâtre, avec une bande blanche sur chaque aile , un bec pâle et des pieds bruns; le mâle porte une tache aurore derrière les yeux, et la femelle a son croupion et sa queue rayés de bandes grises : leur taille est d’un pied. LA PERRUCHE À COLLIER BLANC, ET LA PERRUCHE D'ULIÉTA. La première espèce est fort remarquable par le bleu qui revêt sa tête, sa gorge et son ventre; par sa poitrine rouge et jaune; par ses cuisses marbrées de jaune et de bleu; par sa queue jaune en dessous , son bec rouge, son collier blanc, et le vert du reste de son plumage : elle se trouve dans les Indes orientales. | La seconde espèce est moins belle; son corps est d’un vert olivâtre; sa tête brune, son croupion d’un rouge brun, les bords de ses plumes noirâtres , ainsi que toutes les pennes de ses ailes et de sa queue. Son bec a une nuance de bleu noi- râtre , et ses pieds sont noirs : elle se trouve à l’ile d'Uliétéa, une des iles de la Société. PERRUCHES À QUEUE LONGUE ET INÉGALE DE L'ANCIEN CONTINENT. LA PERRUCHE A COLLIER COULEUR DE ROSE, Cette perruche a quatorze pouces de long, mais dans cette longueur, la queue etses deux longs brins entrent près des deux tiers ; les brins sont d’un bleu d'aigue-marine; tout le reste du plumage est d’un vert clair et doux, un peu plus vif sur les pennes de l'aile, et mêlé de jaune sur celles de la queue. Un petit collier rose ceint le derrière du cou, et se rejoint au noir de la gorge ; une teinte bleuâtre est jetée sur les plumes de la nuque, qui se rabattent sur le collier; le bec est#rouge brun. T0#4 MANUEL LA PETITE PERRUCHE À TÊTE COULEUR DE ROSE A LONGS BRINS. Cette petite perruche, dont tout le corps n’a pas plus de quatre pouces de longueur, en aura douze si on la mesure jus- qu’à la pointe des deux longs brins par lesquels s’effilent les deux plumes du milieu de la queue ; ces longues plumes sont bleues, le reste de la queue, qui n’est long que de deux pouces et deni, est vert olive; et c’est aussi la couleur de tout le dessous du corps et même du dessus, où elle est seulement plus forte et plus chargée; quelques petites plumes rouges per- cent sur le haut de l'aile; la tête est d’un rouge de rose mêlé de lilas, coupé et bordé par un cordon noir, qui, prenant à la gorge, fait tout le tour du cou. LA GRANDE PERRUCHE A LONGS BRINS. Les ressemblances dans les couleurs sont assez grandes entre cette perruche et la précédente, pour qu’on les püt re- garder comme de la même espèce, si la différence des gran- deurs n’était pas considérable ; en effet, celle-ci a seize pouces de longueur, y compris les deux brirs de la queue, et les autres dimensions sont plus grandes à proportion ; les brins sont bleus comme dans l’espèce précédente; la queue est de même vert d'olive, mais plus foncé et de la mème teinte que celle des ailes; il parait un peu de bleu dans le milieu de l'aile; tout le vert du corps est fort délayé dans du jaunâtre ; toute la tête n’est pas couleur de rose ; ce n’est que la région des yeux et l’occiput qui sont de cette couleur ; le reste est vert; et il n’y a pas non plus de cordon noir qui borde la coiffe de la tête. LA GRANDE PERRUCHE A AILES ROUGEATRES. Cette perruche a vingt pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l'extrémité des deux longs brins de la queue; tout le corps est en dessus d’un vert d’olive foncé , et en des- sous d’un vert pâle mêlé de jaunâtre ; il y a sur le fouet de chaque aile un petit espace de couleur rouge et du bleu faible dans le milieu des longues plumes de la queue; le bec est rouge ainsi que les pieds et les ongles. LA PERRUCHE A GORGE ROUGE. Cette perruche n’est pas plus grosse qu'une mésange, mais D'ORNITHOLOG:E. 105 Ja longueur de la queue surpasse celle de son corps; le dos et la queue sont d’un gros vert; les couvertures des ailes et ia gorge sont rouges; le dessous du corps est d’un vert jaunâtre ; l'iris de l’œil est si foncé qu'il en parait noir ,cequi diffère de la plupart des perroquets, qui l'ont couleur d’or. LA GRANDE PERRUCHE A BANDEAU NOIR. La longueur de cet oiseauest de quatorze pouces, sur quoi la queue en a près de sept. La tête porte un bandeau noir, et le cou un collier rouge et vert; la poitrine est d’un beau rouge clair , les ailes et le dos sont d’un riche bleu turquin, le ventre est vert foncé, parsemé de plumes rouges ; la queue , dont les pennes du milieu sont les plus grandes, est colorée de vert et de rouge avec des bordures noires. LA PERRUCHE VERTE ET ROUGE. Cette perruche décrite d’après Aldrovande, qui n’en a vu que la figure, paraît douteuse à #illoughby , ainsi que sa descriptien : il en est de mème pour son pays qu’on dit être le Japon. Quoi qu'il en soit, le plumage de cet oiseau est, dit Aldrovande, un mélange de vert, de rouge et d'un peu de bleu ; la première de ces couleurs domine au-dessus du corps, la seconde sur le dessous et la queue, excepté les deux longs brins qui sont verts ; le bleu colore les épaules et les pennes de l'aile, et 1l ÿ a deux taches de cette même teinte de chaque côté de l'œil. LA PERRUCHE HUPDÉE. LL Celle-ci est le pelit perroquet deBontius, duquel Willoughby vante le plumage pour léclat et la variété des couleurs, dont le pinceau, dit1l, rendrait à peine le brillant et la beauté ; c’est un composé de rouge vif , de couleur rose, mélé de jaune et de vert sur les ailes; de vert et de bleu sur la queue qui est très longue passant l'aile pliée de dix pouces , ce qui est beaucoup pour un oiseau de la grosseur d’une alouette. Cette perruche relève les plumes de sa tète en forme de huppe, qui doit être très elégante, puisqu'elle est comparée à l’aigrette du paon dans la notice suivante qui nous paraît appartenir à cette belle espèce. ( Cette perruche n’est que de la grosseur d'un tarin; elle porte sur la tête une aigreite de trois ou quatre petites plu- 10 106 MANUEL mes à peu près comme l'aigrette du paon : cet oiseau est d'une gentillesse charmante. Ces petites perruches se trouvent à Java, dans l’intérieur des terres; elles volent en troupes en faisant grand bruit ; elles sont jaseuses, et quand elles sont privées, elles répètent aisément ce qu’on veut leur apprendre. LA PERRUCHE À BAS-VENTRE ROUGE. | Cette perruche a le bec noirâtre ; la tête et le cou jaunes ; le reste du corps d’un vert pâle ; la queue étagée; le bas- ventre rouge, les pennes alaires et caudales bleues ; la taille de l'amazone. Latham soupconne qu’elle habite les Indes- Orientales ou la Chine. LA PERRUCHE DE L'ÎLE DE LUCON. Sa couleur est d’un beau vert en général; un chaperon d'une couleur bleue éclatante recouvre la tête; les petites couvertures des ailes sont noires, avec des rebords d’un brun jaunâtre ; les grandes couvertures sont terminées de bleu. Cette perruche a un gros bec rougeätre ; le dessus du corps üre sur le vert de pré , le dessous est d’un vert fané et jau- nâtre; ses pieds sont noirs et ses yeux blanchâtres ou gris. LA PERRUCHE A GORGE ORANGÉE, Sa taille est de plus de sept pouces ; sa queue est longue et étagée; son bec et ses pieds sont verdâtres ; son corps est peint en vert; mais les grandes couvertures des ailes sont bleues à l'extérieur, tachées de blanc en dessous; le bas du ventre porle une marque orangée brillante, et les quatre pennes latérales de la queue sont jaunes à leur extrémité. LA PERRUCHE A COLLIER LILAS. Cette perruche a, dit Sonnerat , le cou et le ventre d’un vert grisâtre; 1l ÿ a sur le cou une bande de lilas clair qui forme un collier; l'aile et le dos sont d’un vert de pré ; il y a sur le commencement de l'aile une tache assez large, d’un rouge foncé. LA PERRUCHE OMNICOLORE. C’est ainsi que Zepaillant appelle cette charmante perruche. En efftt, les nuances de son plumage, les reflets des plus vives couleurs, la richesse de sa parure où brillent l'or, la pourpre, l'azur, le noir velouté, l'éclat de l'émeraude et du D'ORNITHOLOGIE, 107 saphir, se mélangeant par les teintes les plus suaves, se ma- rienttaux formes les plus élégantes et à la taille la plus svelte. Elle est d’une grandeur moyenne; son bec est petit et sa queue égale la longueur de son corps. Une teinte de lilas ten- dre peint ses joues, et un beau carmin couvre sa tête, son cou et sa poitrine; des plumes rouges se remarquent également sous la queue; le ventre est doré d’un beau jaune qui verdit mol- lement en descendant près des jambes : celles-ci sont vertes, de même que le bas ventre , le croupion et les couvertures du dessus de la queue; les plumes du dos et du haut du cou, peintes d’un beau noir, sont bordées d’un jaune vif, et une marque violette éclate sur les couvertures du pli de Paile ; les grandes couvertures du devant de l'aile portent une nuance de lilas tendre; les pennes de l'aile brillent de lazur le plus vif et sont peintes en dedans d’un noir lustré; un bleu lilas colore les pennes latérales de la queue, qui est étagée; les pennes intermédiaires sont d’un vert gai; le lilas des pennes de la queue se change, selon les positions de la lumière, en re- flets blancs ou d’un beau bleu ; les pieds, les ongles et le bec sont d'un gris un peu brun, et les yeux de couleur de feu. On trouve cette belle perruche dans les îles de l'Océan Aus- tral. La queue est étagée; les plumes du milieu sont les plus longues et sont d’un vert de pré, les autres d’un vert grisätre; le bec et l'iris sont rouges; les pieds d’un gris noirâtre. LA PERRUCHE A DOUBLE TACHE NOIRE, On ne connait pas le pays de cet oiseau qu'a fait figurer Sparmann. Le frent, la gorge et le cou, sont d'une couleur orangé pâle, avec une tache noire qui descend du bec à la poitrine de chaque côté du cou; une marque d'un jaune pâle sulfuré est sur chaque aile ; le reste du corps est vert, et le bec couleur de chair ; longueur onze pouces. TES PERRUCHES A COURTE QUEUE DE L'ANCIEN CONTINENT, Il y a une grande quantité de ces perruches dans l’Asie Méridionale et eu Afrique; elles sont toutes différentes des perruches de V'Amérique, et s’il s’en trouve quelques-unes dans ce nouveau continent qui ressemblent à celles de l’ancien, c’est que probablement elles y ont été transportées; pour les distinguer par un nom générique, nous avons laissé celui de perruches à celles de l'ancien continent, et nous appellerons 108 MANUEL perriches celles du nouveau. Au reste’, les espèces de perru- ches à queue courte sont bien plus nombreuses dans l’ancien continent que dans le nouveau ; elles ont de même quelques habitudes naturelles aussi différentes que le sont les climats; quelques-unes, par exemple, dorment la tête en bas et les pieds en haut, accrochées à une petite branche d’arbre. Ce que ne font pas les perruches d’ Amérique. En général, tousles perroquets du Nouveau-Monde font leurs nids dans des creux d’arbres , et spécialement dans les trous abandonnés par les pics, nommés aux iles charpentiers Dans lancien Continent, au contraire, plusieurs voyageurs nous assurent que différentes espèces de perroquets suspen- dent leurs nids tissus de jonc et de racines, en les attachant à la pointe des rameaux flexibles : cette diversité dans la manière de nicher, si elle est réelle pour un grand nombre d’espèces , pourrait être suggérée par la différente influence du climat. En Amérique, où la chaleur n’est jamais excessive, elle doit être recueillie dans un petit lieu qui la concentre; et sous la zone torride d'Afrique, le nid suspendu reçoit des vents qui le bercent, un rafraichissement peut-être nécessaire. LA PERRUCHE A TÊTE BLEUE. Get oiseau a le sommet de la tête d’un beau bleu, et porte un demi-collier orangé sur le cou; la poitrine et le croupion sont rouges, et le reste du plumage est vert pâle en dessous du corps, plus foncé sur le dos, les ailes et la queue; le bec et les pieds sont gris; taille inférieure à celle de la perruche à téte rouge. Ceite espèce se trouve à Sumatra et à l'ile de Luçon. LA PERRUCEHE À TÈTE ROUGE OU LE MOINEAU DE GUINÉE: C'est le moineau de Guinée , le moineau du Brésil des oise- leurs; on voit souvent de ces perroquets en Europe, où ils sont recherchés à cause de leur beau plumage et de leur douceur; mais ils n’apprennent point à parler. Iis sont délicats; cepen- dant ils vivent assez long-tems dans nos climats, pourvu qu'ils soient par paires dans leur cage. Lorsqu'une de ces perruches appariées vient à mourir, il est rare que l’autre lui survive, si le mort n’est remplacé par un individu de so sexe. On le nourrit de pain et d’alpiste, Cette espèce ést très nombreuse et . D'ORNITHOLOGIE. 109 répendue dans presque tons les climats méridionaux de l'ancien. continent. On la trouve en Guinée , en Ethiopie, à Java, etc. Cette petite perruche à cinq pouces et demi de longueur ; le bec rouge, l'iris bleuâtre; une tache d’un beau bleu sur le eroupion et au bord de l’aite; le front et la gorge rouge, la queue courte et variée de trois bandes, l’une rouge, l'auirenoire, et la troisième verte ; le reste du plumage vert. La femelle dif- fère en ce que le rouge est moins vif, et qu’elle n’a pas de bleu au fouet de l'aile; les pieds sont gris. Avec des soins et de la chaleur on peut les faire couver en France. LE COULACISSI. C’est aux Philippines et particulièrement à Z’le de Lucon que l’on trouve cette petite perruche, qui ne surpasse pas le moineau en grosseur; elle y porte le nom de coulacissi. Son plumage est d'un vert dont l’éclat est relevé par le rouge du front, du bec, de la gorge, du croupion, des pieds et des ongles, et par le demi-collier orangé du dessus du cou. Ce demi-collier manque à la femelle, ainsi que le rouge de Ja gorge; mais elle a une tache bleuâtre de chaque côté de la tête, entre le bec et l'œil. LA PERRUCHE AUX AILES D'OR. Cette perruche a la tête, les petites couvertures superieures des ailes, le corps en entier, verts ; les grandes couvertures des ailes orangé, les quatre premières pennes d’un bleu foncé à l'intérieur , les quatre suivantes orangé , les plus pro- ches du corps entièrement vertes, ainsi que la queue ; le bec blanchâtre, les pieds et les ongles couleur de chair pâle; gros- seur de l’alouette. Cette espèce se trouve aux Indes Orientales, selon Edwards, qui le premier l’a fait connaître. LA PERRUCHE 4 TÈTE GRISE. Cette petite perruche de Madagascar a latête, la gorge et la partie inférieure du cou d’un gris tirant un peu sur le vert; le corps est d’un vert plus clair en dessous qu’en dessus, les couvertures supérieures des ailes et les pennes moyennes sont vertes; les grandes pennes sont brunes sur leur côte intérieur , et vertes sur leur côté extérieur et à l'extrémité ; les pennes de la queue sont d’un verbclair, avec unc large bande Lransvers T10 MANUEL sale noire vers leur extrémité; le bec, les doigts et les ongles sont blanchètres. Longueur, cinq pieds trois quarts. Nous en devons la description à 27. Brisson. LA FERRUCHE AUX AILES VARIÉES. Cet oiseau, dit Sonnerat, a la tête, le cou et le ventre d’un vert clair et jaunâtre; il aune bande jaune sur les ailes, mais chaque plame qui forme cette bande est bordée extérieu- rement de bleu; les petites plumes des ailes sont verdâtres; les grandes sont d’un beau noir velouté, en sorte que les ailes sont variées de jaune, de bleu, de vert et de noir; la queue est de couleur de Has clair; il y a près de son extrémité une bande noire très étroite; les pieds sont gris, le bec et Firis de l'œil sont d’un jaune rougeätre. Longueur, six pouces. LA FERRUCHE AUX AILES BLEUES. Cette perruche esl totalement verte, excepté quelques pennes des ailes qui sont d’un beau bleu. Le bec et les pieds sont rougeâtres ; longueur, quatre pouces et demi: Cette petite per- ruche a été apportée du cap de Bonne-Espérance. LA PERRUCHE A COLLIER. Cet oiseau se trouve aux Philippines, et particulièrement dans l’île de Zucon. Sa taille est celle du moineau du Brésil (de Guinée); son corps est d’un vert gai, plus foncé sur le dos, clair et nuancé de jaune sous le ventre; un large collier d’un bleu de ciel, varié transversalement de noir, est derrière le cou, au bas de la tête; la queue terminée en pointe, le bec, les pieds et l'iris soint d’un gris noirâtre. La femelle ne dif- fère qu’en ce que son collier n’a pas de bleu. Cette espèce n’a pour elle que sa forme et son coloris; elle est d’ailleurs sans agrément et n’apprend point à parler. LA PERRUCHE AUX AILES NOIRES Cette petite perruche se trouve à l'ile de Zucon; elle a le sommet de la tête d’un rouge très vif ,la gorge bleue, le dessus du cou, le dos, les convertures des ailes et la queue d’un vert foncé, qui jaunit sur le ventre; la poitrine bleue, les grandes peunes des ailes noires, les couvertures supérieures de la queue rouges ; le bec, l'iris et les pieds jaunes. La femelle n’a que les plumes du tour du bec rouges; une à + ‘D'ORNITHOLOGIE, 11E tache jaune est sur le dessus du cou , et la poitrine est de la première teinte; du reste, elle ressemble au mâle. Ces oiseaux sont d’une taille inférieure à celle de la perruche à collier. L'ARI MANOU. (Lorius vint. Less.) ’ Cet oiseau se trouve à l’île d'Otahiti, et quoique placé à la suite des perruches à courte queue, il a cependant un carac- tère qui lui est particulier, et quin appartient ni aux PErTu- ches à courte queue, ni aux perruches à queue longue; ce ca- ractère est d’avoir la langue pointue et terminée par un pin- ceau de poils courts et blancs. Le plumage de cet oiseau est entiérement d’un beau bleu, à l'exception de la gorge et de la partie inférieure du cou, qui sont blancs ; le bec et les pieds sont rouges : il est fort diffi- cile à conserver en domesticité; il se laisse mourir d’ennui, surtout quand il est seul dans la cage; on ne peut lui faire prendre d'autre nourriture que des jus de fruits ; il refuse con- stamment tous les alimens plus solides. LA PERRUCHE HUPPÉE À VOIX GRÈLE, Cette charmante espèce n’est pas plus grosse qu’une alouette; sa taille est de six pouces et demi; son cri est un petit piau- lement aigu. Tète ornée d’une huppe d’un bleu clair et bril- lant ; front et côtés de la tête au-dessus des yeux , verts; des- sous de l’œil, gorge et milieu du ventre rouges; dessus du corps, couvertures des ailes et de la queue d’un vert lustré; flancs et cuisses d’un pourpre foncé ; pennes des ailes brunes bordées de vert; pennes intermédiaires de la queue de cette dernière couleur , les autres jaunâtres, bordées et terminées de vert; bec orangé, pieds noirâtres. Cette perruche se trouve aux iles EX Une autre espèce qui a la même taille, et qui se trouve à la Nouvelle-Galles australe, est d’un brun olivâtre; sa tête et la racine de sa queue sont écarlates; le bec, noir, est entouré de plumes rouges; les pieds sont bleus. LA PERRUCHE DES PATMIERS, Cette perruche habite l'ile de Tanna , dans la mer Pacifi- que, où elle se tient fréquemment sur les palmiers. Sa taille à huit pouces de longueur ; sa queue est d’une moyenne éten- due ; son çorps est peinben vert, son bec et ses pieds en rouge “12 MANUEL léger ,l’extrémité des pennes de l'aile et leurs bords sont d'un brun noir, celles de la queue sont jaunes à leur bout. La cou- leur du ventre est claire et lavée. LA PERRUCHE PYGMÉE. Celte petite espèce qu'en trouve dans les iles de la mer Pacifique, a six pouces de longueur. Elle est couverte de plu- mes vertes, dont les bords sont entourés d’un jaune verdätre; l'intérieur des ailes est brun, le bec est blanchâtre avec une raie brune , les pieds sont livides. * LA GRANDE PERRUCHE DE LA CHINE, On distingue particulièrement cet oiseau à son gros bec rouge, presque anssi gros que sa tête. L'iris de ses yeux est bleuûtre, la tête et la poitrine sont d’un gris verdätre, et les couvertures des ailes d’un jaune assez pur. Le reste du corps est vert; ilest un tiers plus petit que l’amazone. Se trouve en Chine. LA PERRUCHE A JOUES BLEUES. On ignore le pays natal de cette perruche, qui est longue de dix pouces et demi; elle a le bec et le dessus de la tête de couleur de paille; les joues , les couvertures et les pennes des ailes bleues ; le haut du dos noir, strié de jaune; le bas d'un jaune pâle, les scapulaires noires, la poitrine et le ventre vert; le bas-ventre rouge, le bord extérieur des pennes de la queue bleu, avec des rangs de petites taches obscures près la tige, qui est d’un vert très sombre; les pieds noi- ratres. LA PERRUCHE ORISNTALE. Cette espèce, que l’on trouve dans l'Inde, a la taille de l’amazone, le bec rouge et terminé de jaune; l'extrémité de la queue et les pieds de cette dernière couleur, le bord des ailes et les primaires d’un bleu pâle, la queue bleue et noire, et le reste du plumage vert. LA PERRUCHE AUX AILES ECARLATES. On distingue cette espèce à la belle couleur de carmin qui teint la couverture des ailes. Le dos, noir dans son milieu, est bleu dans sa partie inférieure ; le tour des yeux est noi- râtre de même que les pieds et la cire du bec : celui-ci est h DE H 0 de D'ORNITHOLOGIE. 113 rougeâtre. Le reste du corps a une teinte verte, qui est plus générale dans les individus femelles, car elles ont le dos de cette couleur , ainsi que les couvertures des ailes ; mais ces der- nières sont aussi entremélées de plumes rouges. Ces oiseaux habitent la Nouvelle-Galles australe ; leur taille est depuis dix jusqu’à treize pouces et demi. LA PERRUCHE A GUISSES ROUGES, Batavia est la patrie de cet oiseau, quia le bec noirûtre, le haut du cou rouge , le bas et la nuque d’un brun noir; le reste du cou vert, avec les stries jaunes , le ventre pareil, mais plus päle, les ailes et la queue vertes, les pieds couleur de plomb. LA PETITE PERRUCHE DE MALACA. Cet oiseau est de la grosseur d’une perruche ordinaire ( d’une alouette), le front est bleu , la tête , le cou et le dos sont d’un vert de pré; les petites plumes des ailes sont d'un vert plus clair, bordées de jaune; les moins longues des grandes plumes des ailes sont d’un vert foncé ; les plus grandes ont leurs barbes extérieures d’un bleu foncé jusqu’à la moitié, et d’un fond vert foncé dans le reste de leur longueur. Les petites plumes en dessous sont d’un beau rouge de carmin ; la queue en dessus est d’un vert foncé,et d’un vert jaunâtre en dessous, comme le ventre et la poitrine ; le croupion est bleu , l'iris rouge, le bec d’un gris violet, et les pieds sont bruns. LA PETITE PERRUCHE AUX AILES ÉMERAUDES. Cet oïseau qui n’est guère plus gros qu’une alouette, est assez remarquable par le beau vert léger qui le colore, et par l'éclat de l’émeraude dont brillent ses ailes. Un rouge de sang teint le croupion et le dessus de la queue; le dessous de celle-ci est bleu; le bec a une couleur rougeâtre , de même que les pattes. Cette jolie perruche est fort petite, car sa taille va à peine au-delà de cinq pouces. Il parait qu’elle est originaire des Zndes orientales. $. il. — PERROQUETS DU NOUVEAU CONTINENT. LES ARAs. ( Macrocercus, Vieill. ) De tous les perroquets l'ara est le plus grand et le plus magnifiquement paré; la pourpre, l'or et l’azur brillent sur à! 114 MANURE son plumage ; il a l'œil assuré, la contenance ferme, la dé- marche grave et même l'air désagréablement dédaigneux, comme sil sentait son prix et connaissait trop sa beauté; néanmoins son naturel paisible le rend aisément familier et même susceptible de quelque attachement. On peut le rendre domestique sans en faire un esclave ; il n’abuse pas de la li- berté qu’on lui donne; la douce habitude le rappelle auprès de ceux qui le nourrissent, et il revient assez constamment au domicile qu’on lui fait adopter. On connaît huit espèces d’aras, dont les quatre-principales sont : le rouge, le bleu, le vert et le blanc. Les caractères qui distinguent les aras des autres perroquets du Nouveau-Monde, sont : 1° la grandeur et la grosseur du corps, étant du double au moins plus gros que les autres ; 2° la longueur de la queue qui est aussi beaucoup plus longue, même à proportion du corps; 3° la peau nue et d’un blanc sale qui couvre les deux côtés de la tête, l'entoure par-dessous, et recouvre aussi la base de la mandibule inférieure du bec; caractère qui n'appartient à aucan aulre perroquet. L’ARA ROUGE OU CANGA. ( Macrocercus ara-canga, Vieil. }) Ce grand ara rouge a près de tente pouces de longueur, mais celle de la queue en fait presque moitié ; tout le corps, excepté les ailes, est d’un rouge vermeil; les quatre plus lon- gues plumes de la queue sont du même rouge; les grandes pennes de l'aile sont d’un bleu turquin en dessus, et en dessous d’un rouge de cuivre sur fond noir; dans les pennes moyennes le bleu et le vert sont alliés et fondus d’une manière admirable; les grandes couvertures sont d’un jaune doré, et ter- minées de vert; les épaules sont du même rouge que le dos; les couvertures supérieures et inférieures de la queue sont bleues; quatre des pennes latérales de chaque côté sont bleues en dessus , et toutes sont doublées d’un rouge de cuivre plus clair et plus métallique sous les quatre grandes pennes du mi- lieu : un toupet de plumes veloutées, rouge mordoré , s’a- vance en bourrelet sur le front ; la gorge est d’un rouge brun; une peau membraneuse , blanche et nue entoure l'œil, couvre la joue et enveloppe la mandibule inférieure du bec, lequel esL noirâtre ainsi que les pieds. Les voyageurs remarquent des variétés dans les couleurs D'ORNITHOLOGIE. 115 comme dans la grandeur de ces oiseaux. Selon les différentes contrées, et même d’une ile à une autre : on en a vu qui avaient la queue toute blene, d’autres rouge et terminée de bleu ; leur grandeur varie autant et plus que leurs couleurs; mais les petits aras rouges sont plus rares que les grands. .Les aras habitent les bois, dans les terrains humides, plantés de ‘palmiers, et ils se nourrissent principalement des fruits du palmier-latanier dont il y a de grandes forêts dans les savannes noyées ; ils vont ordinairement par paires et ra- rement en troupes ; ils font leurs nids dans des trous de vieux arbres pourris ; ils en garnissent l’intérieur avec des plumes. La femelle fait deux pontes par an, chacune de deux œufs, qui sont gros comme des œufs de pigeon et tachés comme ceux de perdrix : le mâle et la femelle les couvent alternati- vement et soignent les petits; ils leur apportent également à manger. Les jeunes aras s’apprivoisent aisément , et dans plusieurs contrées de l'Amérique on ne prend ces oiseaux que dans le nid, et on ne tend point de pièges aux vieux, parce que leur éducation serait trop difficile, et peut-être infructueuse. L’ara est très sujet au mal caduc, qui est plus violent et plus immédiatement mortel dans les climats chauds que dans les pays tempérés. Le remède est de leur entamer l’extrémité d’un doigt et d’en faire couler une goutte de sang , l’oiseau pa- rait guéri sur-le-champ. On appelle crampe, dans les colonies cet accident épileptique, et on assure qu’il ne manque pas d'arriver à tous les perroquets en domesticité lorsqu'ils se per+ chent sur un morceau de fer, comme sur un clou ou sur une tringle, etc., en sorte qu’un a grand soin de ne leur permettre de se poser qué sur du bois. L’ARA BLEU , OU RAUNA. (Macrocercus ara rauna. Vieill. ) Cet oiseau est entièrement bleu d’azur sur le dessus du corps, les ailes et la queue; et d’un beau jaune sur tout le corps, ce jaune est vif et plein, et le bleu a des reflets et un lustre éblouissans. Les aras bleus ne se mélent point avec les aras rouges quoi- qu’ils fréquentent les mêmes lieux, sans chercher à se faire la guerre : ils ont quelque chose de différent dans Ja voix. 116 MANUEL L’ARA VERT. ( Wacrocercus militaris. Vieill. Lév. pl. 4.) L’ara vert est bien plus rare que l’ara rouge et l’ara bleu; il est aussi bien plus petit. Sa longueur depuis l'extrémité du bec jusqu’à celle de la queue, est d’environ seize pouces ; son corps, tant en dessus qu'en dessous, est d’un vert qui, sous les différens aspects, paraît ou éclatant, ou doré, ou olive foncé; les grandes et petites pennes des ailes sont d’un bleu d’aigue-marine sur fond brun, doublé d’un rouge de cuivre; le dessous de la queue est de ce même rouge et le dessus est peint en bleu d’aigue-marine, fondu dans du vert d’olive; le vert de la tête est plus vif el moins chargé d'olivâtre que le vert du reste du corps; à la base du bec supérieur, sur le front, est une bordure noire de petites plumes effilées qui ressemblent à des poils; la peau blanche et nue qui envi- ronne les yeux est aussi parsemée de petits pinceaux rangés en lignes des mêmes poils noirs ; l'iris de l'œil est jaunâtre. Cet oiseau, aussi beau que rare, est encore aimable par ses mœurs sociales et par la douceur de son naturel ; il est bien- tôt familiarisé avec les personnes qu'il voit fréquemment ; il aime leur accueil, leurs caresses et semble chercher à les leur rendre, mais il repousse celles des étrangers et surtout celles des enfans , qu’il poursuit vivement et eur lesquels il se jette; il ne connait que ses amis. Il mange à peu près de tout ce que nous mangeons : le pain, la viande de bœuf, le poisson frit , la pâtisserie , et le sucre surtout sont fort de son goût : néanmoins il semble leur préférer les pommes cuites qu'il avale avidement, ainsi que les noisettes qu’il casse avec son bec, et épluche ensuite fort adroitement entre ses doigts, afin de n’en prendre que ce qui est mangeable; il suce les fruits tendres au lieu de les mâcher, en les pressant avec sa langue contre la mandibule supérieure du bec, et pour les autres nourritures moins ten- dres, comme le pain, la pâtisserie, etc., il les broiïe ou lies ,mâche, en appuyant l'extrémité du demi bec inférieur contre l'endroit le plus concave du supérieur; mais quels que soient ses alimens , ses excrémens ont toujours été d’une couleur verte et mêlée d’une espèce de craie blanche, comme ceux de la plupart des autres oiseaux , excepté le tems où il a été malade qu'ils étaient d’une couleur orange et jaunâtre. 1 apprend plus aisément à parler, et prononce bien plus D'ORNITHOLOGIE. 117 distinctement que l’ara rouge et l'ara bleu; il écoute les autres perroquets et s’instruit avec eux; son cri est presque semblable à celui des autres aras, seulement il n’a pas la voix si forte à beaucoup près, et ne prononce pas si distincte- ment aras. L’ARARA DE PATAGONS. (Psittacara patagonica, Less. Zool. coq. pl. 35 bis.) Cette perruche-ara décrite primitivement par d’Azara dans son histoire naturelle des oiseaux du Paraguay, appartient au genre que Spix dans ces derniers tems a nommé arara par analogie avec le cri de quelques espèces Brésiliennes. C’est au Chili qu'habitel'arara des patagons. Ce perroquet y vit par troupes considérables dont les essaims criards traversent sans cesse la grande baie de la Conception. Les habitans le nom- ment cafeila et aussi talcahuano, du nom du lieu où ils se rencontrent en abondance. Son cri aigre et discordant résonne au loin dans les forêts de cette partie de l'Amérique, mais ses mœurs sauvages et défiantes le tiennent en garde contre les embüches des araucanos, qui estiment sa chair. Cet oiseau a près de dix-huit pouces de longueur totale, et la queue entre pour neuf pouces dans ces dimensions. Ses ailes sont longues et pointues, et s'étendent jusqu’au milieu des rectrices qui sont fortement étagées et terminées en pointe. Ses proportions sont massives et robustes, et son bec est élargi, très puissant et brunätre clair. Les tarses sont très courts, réticulés, de couleur jaune, à doigts médiocres, mu- nies d'ongles peu robustes. La membrane plantaire déborde les doigts d’une manière remarquable. L’arara a le dessous de la tête, la partie postérieure du cou, le dos, Îles couvertures supérieures des ailes d’un brun olivätre , teinté de vert sur les couvertures moyennes, et pres- que noir sur le sommet de la tête et surtout au front, où se dessine une sorte de bandeau brun. Les joues sont d’un oli- vâtre brun assez intense, qui s’étend sur les côtés et au-devant du cou. Toute la poitrine est brunâtre, avec des teintes blondes qui s’éclaircissent sur les côtés, où apparaissent au-dessus des moignons de l’épaule deux larges taches obliques et de cou- leur blanche , et qui se fonce en brun sur le ventre et sur les flancs. Une large tache rouge occupe le milieu de l'abdomen, et les côtés du ventre, ainsi que la région anale sont d’un IT 118 MANUEL jaune ocreux, tandis que les plumes des cuisses sont rouge vermillon. Le dos et le croupion sont aussi d’une teinte jaune assez belle. Les rémiges sont d’un vert d’aigue-marine qui fat place sur leurs bordé et à leur extrémité à du brun noir; les rectrices sont en dessus d’un vert olivâtre, et brunâtres en des- sous. Les couvertures inférieures sont olivâtres; les ailes sont vertes en dedans, et les rémiges brunâtres. D’Azara dit qu’on rencontre cet oiseau dans le Paraguay de- puis le 32° de lat. sud, jusqu’à la côte de Patagonie; qu'il vit en familles et recherchela graine de chardon et de maïs, et qu’il niche dans des trous qu’il pratique dans les fours à briques abandonnés. LES PERROQUETS AMAZONES. (Amazona.) ù Nous en connaissons cinq espèces indépendamment de plu- sierus variétés. La première est l’amazone à tête jaune; la se- conde, le tarabé ou l’amazone à tête rouge; la troisième l’a- mazone à tête blanche; la quatrième, l’amazone jaune; et la cinquième, l’aourou-couraou. L’AMAZONE A TÈTE JAUNE. (Amazona icterocephala, Less., Lev. pl. 98.) Cei oiseau a le sommet de la tête d’un beau jaune vif, la gorge, le cou, le dessus du dos et les couvertures supérieures des ailes d’un vert brillant ; la poitrine et le ventre d’un vert un peu jaunâtre; le fouet des ailes est d’un rouge vif; les pennes des ailes sont variées de vert, de noir, de bleu violet et de rouge; les deux pennes extérieures, de chaque côté de la queue, ont leurs barbes intérieures rouges à l’origine de la plume; ensuite d’un vert foncé Jusque vers l'extrémité, qui est d’un vert jaunâtre; les’autres pennes sont d’un vert foncé, et terminées d’un vert jaunâtre ; le bec est rouge à sa base et cen- dré sur le reste de son étendue; l'iris des yeux est jaune; les pieds sont gris et les ongles noirs. LE TARABÉ OU AMAZONE À TÈTE ROUGE. (Æmazona dufresniana, Less., Lev. pl. 91.) Ce perroquet a la tête, la poitrine, le fouet et le haut des ailes rouges : et c’est par ce caractère qu'il doit étre réuni aveo les perroquets amazones; tout le reste de son plumage est vert; le bec et les pieds sont d’un cendré obscur. D'ORNITHOLOGIE, , 119 L’AMAZONE A TÊTE BLANCHE. 11 serait plus exact de nommer ce perroquet à front blanc, parce qu'il n’a guère que cette partie de la tête blanche; quel- quefois le blanc engage aussi l'œil et s'étend sur le sommet de la tête, souvent il ne borde que le front : il est d’un vert clair mêlé de jaunâtre et coupé de festons noirs sur tout le corps ; la gorge et le devant du cou sont d’un beau rouge; les grandes pennes de l’aile sont bleues, celles de la queue d’un vert jau- nâtre, teintes de rouge dans leur première moitié : on remar- que, dans le fouet de l'aile, la tache rouge qui est, pour ainsi dire, la livrée des amazones. L’AMAZONE JAUNE OU PERROQUET D'OR. Ce perroquet amazone est probablement du Brésil : il a tout le corps et la tête d’un très beau jaune; du ronge sur le fouet de l'aile, ainsi que sur les grandes psnnes de l'aile et sur les pennes létérales de la queue; l'iris des yeux est rouge, ie bec et les pieds sont blancs. L’AOUROU-COURAOU. Ce bel oiseau, qui se trouve à la Guiane et au Brésil, a le front bleuâtre avec une bande de même couleur au dessus des yeux ; le reste de la tête est jaune , les plumes de la gorge sont jaunes et bordées de vert bleuâtre , le reste du corps est d’un vert clair qui prend une teinte de jaunâtre sur le dos et sur le ventre, le fouet de l’aile est rouge, les couvertures su- périeures des aïles sont vertes, les pennes de l'aile sont va- riées de vert, de noir, de jaune, de bleu violet et de rouge; la queue est verte, mais lorsque les pennes ea sont étendues, elles paraissent frangées de noir, de rouge tt de bleu; liris des yeux est de couleur d’or, le bec est noirâtre et les pieds sont cendrés. L’AMAZONE A CAPUCHON JAUNATRE, Cette espèce n’est pas très éloignée de l'aourou-couraou. On la trouve dans quelques contrées de l'Amérique méridionale. Sa taille est de près d’un pied : sur la tête on voit une calotte bleue, avec un capnchon jaunätre qui descend sous la gorge et sur Les épaules. On observe aussi une large tache fauve ou orangée sur les grandes couvertures des ailes: le reste du plu- mage est vert. 120 MANUEL L’AMAZONE À CALOTTE ROUGE. Cet oiseau parait être originaire d'Amérique. Le front et le sommet de la tête sont rouges, le eroupion est d’un vert jau- nâtre, et les pennes des ailes et de la queue sont teintes d’une jolie nuance bleue à l'extérieur; le reste du corps est vert; les joues sont nues, un rebord jaune colcre les ailes, ainsi que l'extrémité de la queue; le bec est d’une nuance de corne. LES CRIKS. Ces oïseaux peuvent être réduits à sept espèces, savoir : 1° le crik à gorge jaune; 2e le meunier ou le crik poudré; 39 le crik rouge et bleu ; 4° le crik à face bleue; 5° le erik proprement dit; 6° le crik à tête bleue; 7° le crik à tête vio- letie. LE CRIK A TÊTE ET À GORGE JAUNE. Ce crik a la tête entière, la gorge et le bas du cou d’un très beau jaune, le dessous du corps d’un vert brillant , et le dessus d’un vert un peu jaunâtre; le fouet de l'aile est jaune, le pre- mier rang des couvertures de l'aile est rouge et jaune, les au- tres rangs sont d’un beau vert , les pennes des ailes et de la queue sont variées de vert, de noir, de bleu violet, de jau- nâtre et de rouge: l'iris est jaune, le bec et les pieds sont blan- châtres. Ce crik à gorge jaune , dit le R. P. Rougot, se montre très capable d’attachement pour son maître; il l'aime, mais à con- dition d’er être souvent caressé; il semble ètre fâché si on le néglige et vindicatif si on le chagrine; il a des accès de dés- obéissance ; il mord dans ses caprices, et rit avec éclat après avoir mordu, comme pour s’applaudir de sa méchanceté ; les Châtimens ou la rigueur des traitemens ne font que le revolter, l’endurcir et le rendre plus opiniâtre; on ne le ramène que par la douceur. . L’envie de dépecer, le bescin de ronger en font un oiseau destructeur de tout ce qui l’environne ; il coupe les étoffes des meubles, entame les bois des chaises, et déchire le papier et les plumes, etc. Si on l’ôte d’un endroit, l'instinct de contra- diction, l'instant d’après l'y ramène; il rachète ses mauvaises qualités par des agrémens : il retient aisément tout ce qu’on veut lui faire dire; avant d’articuler il bat des ailes , s’agite et se joue sur sa perche; la cage l’attriste et le rend muet, il ne D'ORNITHOLOGIE. 121 parle bien qu’en liberté : du reste, il cause moins en hiver que dans la belle saison , où du matin au soir il ne cesse de jaser, tellement qu’il en oublie la nourriture. Dans ses jours de gaité il est affectueux, il recoit et rend les caresses, obéit et écoute, mais un caprice interrompt sou- vent et fait cesser cette belle humeur ; il semble être affecté des changemens de tems : il devient alors silencieux ; le moyen de le ranimer est de chanter près de lui : il s’'éveille alors et s’efforce de surpasser, par ses éclats et par ses cris, la voix qui l’excite; il aime les enfans, et en cela il diffère des autres perroquets : il en affectionne queiques-uns de préférence, ceux-là ont droit de le prendre et de le transporter impuné- ment ; il les caresse, et si quelque grande personne le touche dans ce moment, il la mord très serré ; lorsque ses amis enfans le quittent, il s’afflige, les suit et les rappelle à haute voix; dans le tems de la mue il paraît souffrant et abattu, et cet état de forte mue dure environ trois mois. On lui donne pour nourriture ordinaire du chenevis, des noix, des fruits de toute espèce et du pain trempé dans du vin; il préférerait la viande si on voulait lui en donner, mais on a éprouvé que cet aliment le rend lourd et triste, et lui fait tomber les plumes au bout de quelque tems. On a aussi remarqué qu’il conserve son manger dans des poches ou aba- joues, d’où il le fait sortir ensuite par une espèce de rumina- tion. LE MEUNIER OU LE CRIK POUDRÉ. (Psittacus pulverulentus , Gn., Levaill.) C’est le plus grand de tous les perroquets du Nouveau- Monde, à l’exception des aras : il a été appelé meunier par les habitans de Cayenne, parce que son plumage, dont le fond est vert, parait saupoudré de farine il a une tache jaune sur la tête; les plumes de la face supérieure du cou sont légère- ment bordées de brun, le dessous du corps est d'un vert moins foncé que le dessus, et il r’est pas saupoudré de blanc; les pennes extérieures des ailes-sont noires, à l'exception d'une partie des barbes extérieures qui sont bleues; il a une grande tache rouge sur les ailes, les pennes de la queue sont de la même couleur que le dessus du corps, depuis: leur origine jnsqu’aux trois quarts de leur longueur , et le reste est d’un xert jaunâtre, j x 122 MANUEL Ce perroquet est un des plus estimés, tant par sa grandeur et la singularité de ses couleurs, que par la facilité qu'il a d'apprendre à parler, et par la douceur de son naturel ; il n’a qu’un petit trait déplaisant: c’est son bec qui est de couleur de corne blanchätre. LE CRIK ROUGE ET BLEU. Le nom de varié lui conviendrait fort, dit Aldrovande , eu égard à la diversité et la richesse des couleurs; le bleu et le rouge tendre y dominent, le bleu colore le cou, la poitrine et la tête, dont le sommet porte une tache jaune; le croupion est de même couleur, le ventre est vert , le haut du dos bleu clair, les pennes de l’aile et de la queue sont toutes couleur de rose : les couvertures des premières sont mélangées de vert, de jaune et de couleur de rose; celles de la queue sont vertes, le bec est noirâtre, les pieds sont gris rougeâtre. LE CRIK A FACE BLEUE, La longueur de ce perroquet est de douze pouces , entre les pennes de l’ale, qui sont bleu indigo, il en perce quel- ques-unes de rouges ; il a la face bleue, la poitrine et estomac d’un petit rouge tendre ou lilas , ondé de vert ; tout le reste du plumage est vert, à l'exception d’une tache jaune au bas du ventre. L LE CRIK PROPREMENT DIT. C'est ainsi qu’on appelle cet oiseau à Cayenne, où il est si commun, qu’on a donné son nom à tous les autres criks. Il a onze pouces de longueur de puis la pointe du bec jusqu’à l’ex- trémité de la queue, et ses ailes pliées s'étendent un peu au- delà de la moitié de la longueur de la queue; il est, tant en dessus qu’en dessous, d’un joli vert assez clair , et particulière- ment sur le ventre et le cou, où le vert est très brillant ; le front et le sommet de la tête sont aussi d’un assez beau vert, les joues sont d’un jaune verdâtre, il y a sur les ailes une tache rouge , les pennes en sont noires, terminées de bleu; les deux pennes du milieu de la queue sont du même vert que le dos, et les pennes extérieures, au nombre de cinq de chaque côté, ont chacune une grande tache oblongue rouge sur les barbes intérieures, laquelle s’élargit de plus en plus de la penne inté- rieure à la penne extérieure ; l'iris des yeux est rouge; le bec et les pieds sont blanchâtres. Il est fort vif. D'ORNITHOLOGIE. 123 LE CRIK A TÊTE BLEUE, Cet oiseau se trouve à la Guiane. Il a tout le devant de la tête et la gorge bleus, et cette couleur est terminée sur la poitrine par une tache rouge; le reste du corps est d’un vert plus foncé sur le dos qu’en dessous ; les couvertures supé- rieures des ailes sont vertes; leurs grandes pennes sont bleues ; celles qui suivent sont rouges, et leur partie supérieure est bleue à l’extrémité; les pennes qui sont près du curps sont vertes; les pennes de la queue sont en dessus vertes jusqu’à la moitié de leur longueur, et d’un vert jaunâtre en dessous ; les pennes latérales ont du rouge sur leurs barbes extérieures ; l'iris des yeux est de couleur orangée ; le bec est d'un cendré noirâtre, avec une tache rougeâtre sur les côtés de la mandi- bule supérieure; les pieds sont de couleur de chair , et les ongles noirâtres. Il y a plusieurs variétés dans cette espèce, qui ne diffèrent qu’en ce qu’ils ont l’un, la tête variée de rouge et de blan- .châtre ; le second a le front rouge et les joues orangées, et le troisième ne diffère que par la couleur du front et le haut de la gorge qui est d’un assez beau rouge. LE CKIK A TÈTE VIOLETTE. Ce perroquet est si beau, dit le P. Dutertre, est si singulier dans les couleurs de ses plumes, qu’il mérite d’être choisi entre tous les autres pour le décrire. Il est presque gros comme une poule : il a le bec et les yeux bordés d’incarnat : toutes les plumes de la tête, du cou et du ventre sont de couleur vio- lette, un peu mêlées de vert et de noir, et changeantes comme la gorge d’un pigeon; tout le dessus du dos est d’un vert fort brun; les grandes pennes des ailes sont noires , toutes les autres sont jaunes, vertes et rouges, et il a sur les cou- vertures des ailes deux taches en forme de roses des mêmes couleurs : quand il hérisse les plumes de son cou, il s’en fait une belle fraise autour de la tête, dans laquelle il semble se mirer comme le paon fait dans sa queue; il a la voix forte, parle très distinctement, et apprend promptement, pourvu qu’on le prenne jeune. LE CRIK MOINEAU, Maerter à décrit deux criks, l’un ayant cinq pouces, l’autre sis, quiont la tête bleue, Le premier est vert; sa lête est 124 1 MANUEL bleue, sa gorge, ses joues et une tache de son ventre sont d’un rouge blanchi ; le ventre est violet, et la queue jaune. Le second est grivelé de brun et de bleu; les joues et la gorge sont blanchâtres; un brun obscur teint les ailes et la queue, qui sont bleuâtres à l’extérieur; le bec et les pieds sont jaunâtres. Ils habitent dans l'Amérique méridionale, LE CRIK ROBUSTE. La taille de ce perroquet égale celle d’un pigeon; il est vert; sa tête est grise et cendrée, avec une calotte noire; les couvertures des ailes sont noirâtres, avec une tache de car- min, le bec est blanc; les pieds sont d’un jaune sale, et les pennes des ailes et de la queue brunes. La longueur du corps est d’un pied environ. LES PAPEGAIS. Les papegais sont en général plus petits que les amazones , et ils en diffèrent , ainsi que des eriks, en ce qu'ils n’ont point de rouge dans les ailes; mais tous les papegais, aussi bien que les amazones, les criks et les aras, appartiennent au Nou- veau Continent, etnese trouvent point dans l’ancien. Nous connaissons onze espèces de papegais , auxquelles nous ajou- terons ceux qui ne sont qu'indiqués par’ les auteurs, sans qu’ils aient désigné les couleurs des ailes; ce qui nous met hors d’état de pouvoir prononcer si ces perroquets, dont ils ont fait mention, sont ou non du genre des amazones, des criks ou des papegais. LE PAPEGAI DU PARADIS. Ce très joli perroquet a le corps jaune, et toutes les plu- mes bordées de rouge mordoré; les grandes pennes des ailes sont blanches, et toutes les autres jaunes comme les plumes du corps : les deux pennes du milieu de la queue sont jaunes aussi , et toutes les latérales sont rouges depuis leur origine jusque vers les deux tiers de leur longueur; le reste est jaune; l'iris des yeux est rouge ; le bec et Les pieds sont blancs. On le trouve dans l'ile de Cuba. LE PAPEGAI TAVOUA. Ce perroquet est assez rare à la Guiane : il est beaucoup recherché de nos oiseleurs, parce que c’est peut-être de tous les perroquets celui qui parle le mieux; mais il est traître et D'ORNITHOLOGIE. 125 méchant au point de mordre cruellement lorsqu'il fait sem- blant de caresser ; du reste, c’est ün très bel oiseau, plus agile et plus ingambe qu'aucun autre perroquet. IL a le dos et le croupion d’un très beau rouge; il porte aussi du rouge au front , et le dessus de la tète est d’un bleu clair ; le reste du dessus du corps est d’un beau vert plein, et le dessous d’un vert plus clair; les pennes des ailes sont d’un beau noir, avec des reflets d’un bleu foncé, en sorte qu’à de certains aspects elles paraissent en entier d’un très beau bleu foncé; les couvertures des ailes sont variées de bleu foncé et de vert. # LE PAPEGAI À BANDEAU ROUGE, Ce perroquet se trouve à Saint-Domingue. Il porte sur le front, d’un œil à l'autre, un petit bandeau rouge; son plu- mage est généralement d’un vert sombre, comme écaillé de noirâtre sur le cou et le dos, et de rougâtre sur l'estomac, les pennes des ailes sont bleues; les pieds cendrés; le bec est d’une couleur de chair päle. Longueur , neuf pouces et demi. LE PAPEGAI À VENTRE POURPRE, . On trouve ce perroquet à la Martinique, maïs il n’est pas si beau que les précédens. Sa taille est celle du pigeon; sa longueur de onze pouces et demi ; le bec est blanc , ainsi que le front ; le sommet et les côtés de ia tête sont d’un cendré blanc ; le ventre est varié de pourpre et de vert, mais la pre- mière de ces deux couleurs domine; le fouet de l’aile est pa- reil au front ; tout le corps dessus et dessous vert ; les pennes alaires sont variées de bleu et de noir; celles de la queue, de vert, de rouge et de jaune; les pieds gris et les ongles bruns. LE PAPEGAI A TÊTE ET GORGE BLEUES. Ce perroquet, qui habite la Guiane, est assez rare et peu recherché, parce qu’il n’apprend point à parler. Sa taille est celle du perroquet cendré, il a le bec noirâtre, avec une tache rouge sur chaque côté de la mandibule supérieure ; la tête, le cou, la gorge et la poitrine d’un beau bleu, qui prend une teinte de pourpre sur la poitrine ; les yeux entourés d'une membrane couleur de chair ; une tache noire de chaque côté de la tête, le ventre , le dos et les pennes des ailes d’un vert qui prend une nuance jaunâtre sur les couvertures supé- rieures des ailes; celles du dessous de la queue d’un beau 126 MANUEL rouge; les pennes intermédiaires entièrement vertes ; les laté- rales pareilles, avec une tâche bleue, qui s'étend d’autant plus que les pennes deviennent plus extérieures; les pieds gris. LE PAPEGAI VIOLET. Quoique cet oiseau soit d’un joli plumage, il est peu re- cherché, parce qu’il n’apprend point à parler. L'espèce est assez commune à la Guiane. Une tache orangée est sur chaque côté du bec, dont le fond est noirâtre; le dessus de la tête et le tour de la face sont noirs et à reflets bleus; un petit trait rouge borde le bec; les ailes et la queue sont d’un beau bleu violet, ondé sur la gorge et comme fondu par nuances dans du blanc et du lilas; le dessous du corps'est nué de violet bleu et de violet pourpre; le dessus d’un brun obscurément teint de violet; les couvertures inférieures de la queue sont couleur de rose ; les pennes extérieures ont leur bord interne de cette couleur dans leur première moitié, et l’extrémité bleue ; toutes sent en dessus d’un bleu foncé, et les pennes des ailes d'un beau bleu ; les pieds sont noirâtres. LE PAPEGAI SASSEBÉ. Oviede est le premier qui ait indiqué ce papegai. Sloane dit qu'il est naturel à la Jamaique. I] a la tête, le dessus et le dessous du corps verts, la gorge et la partie supérieure du cou d’un beau rouge; les pennes des ailes sont les unes vertes, et les autres noirâtres. Il serait à désirer qu’Oviedo et Sloane , qui paraissent avoir vu cet oiseau , en eussent donné une des- cription plus détaillée. LE PAPEGAI BRUN. C’est un des plus rares et des moins beaux de tout le genre des perroquets; 1l se trouve à la Nouvelle Espagne. Il est à peu près de la grosseur d’un pigeon commun; les joues et le déssous du cou sont verdâires; le dos est d’un brun obscur ; le croupion est verdâtre; la queue est verte en dessus et bleue en dessous ; la gorge est d'un très beau bleu sur une largeur d'environ nn pouce; la poitrine , le ventre et les jambes sont d’un brun un peu plus cendré ; les ailes sont vertes, mais les pennes les plus proches du corps sont bordées de jaune ; les couvertures du dessous de la queue sont d’un beau rouge; le bec est noir en dessus; sa base est jaune, et les côtés des deux mandibules sont d’un beau rouge; l'iris des yeux est d’un brun couleur de noisette. D'ORNITHOLOGIE, 127 LE PAPEGAI A TÊTE AURORE,. Cet oiseau dont parle Lepage Dupratz dans son voyage à Ja Louisiane a éte rapporté avec raison par Zatham, à la perriche à tête Jaune. C’est le même oiseau, mâis décrit par Dupratz si succinctement , qu’il n’est pas surprenant qu’on en ait fait une espèce distincte, surtout ne faisant pas mention de la forme de la queue. Il a la tête coiffée de couleur aurore, qui rougit vers le bec, et se fond par nuances avec le vert du côté du corps. Foyez Perriche à tête jaune. LE PARAGUA. Quoiqu’on ait décrit cet oiseau comme appartenant au Bresil, on n’est pas certain qu’il en soit natif. Sa taille est celle de l’amazone ; il a le bec cendré, l'iris rouge; la tête, le derrière du cou, le bas-ventre, les couvertures inférieures de la queue, les pennes, celles des ailes et leurs couvertures de couleur noire; le dos, le croupion , les couvertures supé- rieures de la queue, la gorge, le devant du cou, la poitrine, la partic supérieure du ventre teints de rouge; les jambes et les pieds d’un cendré foncé. LE PAPEGAI À FRONT BLANC, Sparmann a décrit cet oiseau. On soupçonne qu'il se trouve dans l’Amérique méridionale, ce qui est probable, car il a de Janalogie avec l’amazone à téte blanche et les papegais. 11 a onze pouces de longuenr ; le front blanc, le dessus de la tête et les ailes bleus; le tour des yeux rouge, ainsi que le fouet de l'aile; les plumes du cou, du dos et de la poitrine vertes et bordées de noir ; la queue d’un vert pale et rouge à son or1- gine ; le bec jaune et les pieds cendrés. LE PAPEGAI À COLLIER BLEU. Cet oiseau qui se trouve dans les différentes contrées du Chili, est un peu plus gros que notre ramier: il s’apprivoise assez facilement, surtout lorsqu'on le prend jeune: on le dis- tingue aisément des autres espèces, à cause de son collier bleu et de son croupion rouge; le reste du plumage est d’un vert mélangé de jaune. LES PERRICHES. Avant de passer à la grande tribu des perriches , nous com- / 128 MANUEL mencerons par en séparer une petite famille qui n’est ni de cette tribu, ni de celle des papegais, et qui paraît faire la nuance pour la grandeur entre les deux. Ce petit geare n’est composé que de deux espèces ; savoir : le maïpouri et le caice et cette dernière est nouvellement connue. LE MAÏPOURI. Cet oiseau se trouve à la Guiane , au Mexique, et jus- qu'aux Caraques ; il n’a pas d’autre voix que son sifflet aigu, et il n’apprend point à parler. Il a le dessus de la tête noir; une tache verte au-dessous des yeux ; les côtés de la tête, la gorge et la partie inférieure du cou sont d’un assez beau jaune ; le dessus du cou, le bas-ventre et les jambes de cou- leur orangée ; le dos, Je croupion, les couvertures supérieures des ailes et les pennes de la queue d’un beau vert; la poi- trine et le ventre blanchâtres quand l'oiseau est jeune, et jau- nâtres quand il est adulte; les grandes pennes des ailes sont bleues à l'extérieur en dessus, noires à l’intérieur, et par des- sous elles sont noirâtres ; les suivantes sont vertes et bordées extérieurement de jaunâtre ; l'iris des yeux est d’une couleur de noisette foncée ; le bec est de couleur de chair ; les pieds sont d’un brun cendré et les ongles noirâtres. Il faut, pour élever ces oiseaux, les prendre jeunes, et ils ne vaudraient pas la peine de leur éducation, si leur plu- mage n’était pas beau et leur figure singulière, car ils sont d’une forme fort différente de celle des perroquets et même de celle des perriches : ils ont le corps plus épais et plus court; la tête aussi beaucoup plus grosse ; le cou et la queue extrèmement courts, en sorte qu'ils ont l’air massif et lourd; tous leurs mouvemens répondent à leur figure ; leurs plumes même sont toutes différentes de celles des autres perroquets ou perruches , elles sont courtes , très serrées et collées contre la chair; en sorte qu’il semble qu’on les ait en effet compri- mées et collées artificiellement sur la poitrine et sur toutes les parties inférieures du corps. Au reste, le maipouri est grand comme un petit papegai. LE CAÏCA. Cet oiseau est aussi gros que le précédent ; il est aussi du mème genre, Car il lui ressemble par toutes les singularités de la forme et par la calotte noire de sa tête : cette espèce D'ORNITHOLOGIE. 129 est nou seulement nouvelle en Europe, mais elle l’est même à Cayenne. La coiffe noire qui enveloppe la tête du caïca, est comme percée d’une ouverture dans laquelle l'œil est placé : cette coiffe noire s'étend fort bas et s’élargit en deux mentonnières ‘de même couleur ; le tour du cou est fauve et jaunâtre; dans le beau vert qui couvre le reste du corps, tranche le bleu d'azur qui marque le bord de l’aile presque depuis l'épaule, borde ses grandes pennes sur un fond plus sombre, et peint les pointes de celles de la queue, excepté les deux intermé- diaires qui sont toutes vertes , et paraissent un peu plus courtes que les latérales. LES PERRICHES DU NOUVEAU CONTINENT. Il y a dans le nouveau continent comme dans l’ancien, des perriches à longue et à courte queue ; dans les premières, les unes ont la queue également étagée, et les autres l'ont inévale: nous suivrons donc le même ordre dans leur distri. bution, en commençant par les perriches à queue longue et égale ; nous ferons suivre les perriches à queue longue £t inégale, et nous finirons par les perriches à queue courte PERRICHES A QUEUE LONGUE ET ÉGALEMENT ÉTAGÉE. LA PERRICHE PAVOUANE, Cette perriche est une des plué jolies, assez commune à Cayenne, et c’est de toutes les perriches du nouveau conii- nent, celle qui apprend le plus facilement à parler ; néanmoins elle n’est docile qu’à cet égard, car, quoique privée depuis long-tems, elle conserve toujours un naturel sauvage et fa- rouche ; elle a même Vair mutin et de mauvaise humeur; mais, comme elle a l'œil très vif et qu’elle est leste et bien faite, elle plait par sa figure. Elle a un pied de longueur; la queue a près de six pouces, et elle est régulièrement étagée ; la tête, le corps entier, le des- sus des ailes et de la queue sont d’un très beau vert. À me- sure que ces oiseaux prennent de l’âge, les côtés de la tête et du cou se couvrent de petites taches d’un rouge vif, les- quelles deviennent de plus en plus nombreuses , en sorte que, daps ceux qui sont âgés, ces parties sont presque entièrement 22 130 MANUEL garmes de belles taches rouges ; on ne voit aucune de ces taches dans l’oiseau jeune , et elles ne commencent à paraitre qu’à deux ou trois ans d’âge ; les petites couvertures inférieures des ailes sont du même rouge vif, tant dans l'oiseau adulte que dans le jeune: seulement ce rouge est un peu moins éclatant dans le dernier ; les grandes couvertures inférieures des ailes sont d’un beau jaune ; les pennes des ailes et de la queue sont en dessous d’un jaune obscur ; le bec est blanchâtre, et les pieds sont gris. LA PERRICHE A GORGE BRUNE. Cette perriche a dix pouces un quart de longueur; le bec cendré; liris couleur de noïsette; le front, les côtés de la tête , la gorge et la partie inférieure du cou d’un gris brun ; le sommet de la tête d’un vert bleuâtre: le dessus du corps d’un vert jaunâtre, les grandes couvertures supérieures des ailes bleues; les pennes bleues en dessus doublées et bordées de noirâtre sur leur côté interne ; la queue verte en dessus et jaunâtre en dessous ; les pieds cendrés. Cette espèce se trouve à la Martinique. Bancrofi fait mention d’un individu qu’il a vu àla Guiane. Une teinte bleue colore le dessus de la tête, et une partie des pennes des ailes. Une autre variété qu'on trouve à la Jamaiï- que, a toute la tète de la couleur du corps; les pennes se- condaires les plus proches du corps, bleues ; et les primaires de cette couleur à l’intérieur. Enfin, Latham en décrit une troisième; elle diffère très peu des autres. LA PERRICHE A GORGE VARIÉE, Cette jolie perriche, qu’on voit rarement à Cayenne, n’est pas si grosse qu’un merle , un beau vert couvre la plus grande partie de son plumage; le bec est noir: l'iris d'un jaune au- rore ; les plumes qui -bordent le bec en dessus, sont d’un vert d’eau; une petite zone de cette couleur se voit derrière le cou; la tête est brune, ainsi que la gorge et le devant du cou ; mais chaque plume est bordée et terminée d’un jaune aurore , ce qui fait paraitre ces parties comme écaillées, une couleur de feu couvre le pli de l’aile, et une teinte bleue domine sur les grandes pennes ; le ventre est dans son milieu d’un lilas veiné de brun ; la première teinte forme une bande longitudinale sur la queue , qui est en dessus partie verte et D'ORNITHOLOGIE. 131 parie rouge brun, et en dessous de celte dernière couleur ; les pieds sont noirs. On ne sat pas si on peut l'instruire à parler. LA PERRICHE A AILES VARIÉES, Cette perriche est commune à Cayenne, vole en grandes troupes , fréquente les lieux habités , et apprend assez facile- ment à parler. Sa longueur est de huit pouces un quart, y com- pris la queue qui a trois pouces et demi. Elle a le bec blan- châtre; la tête, le corps entier, la queue et les couvertures supérieures des ailes d'un beau vert, plus pâle sur les parties inférieures ; les pennes des ailes variées de jaune, de vert bleuâtre, de blanc et de vert; les pennes de la queue bor- dées de jaunâtre à l’intérieur ; les pieds gris: La femelle dif- fère par des couleurs moins vives. L’'ANACA, L’anaca est une très jolie perriche qui se trouve au Brésil ; elle n’est que de la grosseur d’une alouette ; elle a le sommet de la tête couleur de marron, les côtés de la tête bruns; la gorge cendrée ; le dessus du cou et les flancs verts ; le ventre d’un brun roussätre, le dos vert avec une tache brune; la queue d’un brun clair ; les pennes des ailes vertes, terminées de bleu, et une tache ou plutôt une frange d’nn rouge de sang sur le haut des ailes; le bec est brun, les pieds sont cendrés. . LA JENDAYA. Cet oiseau est. de la grandeur d’un merle; il a le dos, les ailes, la queue et le croupion d’un vert bleuâtre tirant sur l’aigue-marine ; la tête , le cou et la poitrine sont d’un jaune orangé ; l'extrémité des ailes noirâtre; l'iris des yeux d’une belle couleur d'or ; le bec et les pieds noirs. On le trouve au Bresil. ; LA PERRICHE ÉMERAUDE. Le plumage de cette perriche est un vert plein qui couvre tout son corps, excepté le ventre, les parties inférieures et la queue qui sont d’un marron ferrugineux ; la queue est d’un brun marron et verte à son extrémité ; le bec et les pieds sont d’un brun sombre ; longueur , treize pouces. 132 MANUEL PERRICHES À QUEUE LOUGUE ET INÉGALEMENT ÉTAGÉE. LE SINCIALO. C’est le nom que porte cet oiseau à Saint-Domingue : il n'est pas plus gros qu'un merle ; mais il paraît une fois plus long, ayant une queue de sept pouces de longueur, et le corps n'étant que de cinq ; il est fort causeur, il apprend aisément à parler, à siffler et à contrefaire la voix ou le cri de tous les animaux qu'il entend. Ces perriches se nourrissent comme les autres perroquets , mais elles sont plus vives et plus gaies ; on les apprivoise aisément ; elles paraissent aimer qu’on s’oc- cupe d'elles, et il est rare qu’elles gardent le silence, car dès qu'on parle, elles ne manquent pas de crier et de jaser aussi. Tout le plumage de cette perriche est d’un vert jaunâtre ; les couvertures inférieures des ailes et de la queue sont pres- que jaunes ; les deux pennes du milieu de la queue sont plus longues d’un pouce neuf lignes que celles qui les suivent 1m- médiatement de chaque côté, et les autres pennes laterales vont également en diminuant de longueur par degrés, jusqu’à la plus extérieure, qui est plus courte de cinq pouces que les deux du milieu; les yeux sont entourés d’une peau couleur de chair; l’iris de l'œil est d'un bel orange; le bec est noir avec un peu de rouge à la base de la mandibule supérieure ; les pieds et les ongles sont couleur de chair, Cette espèce est répandue dans presque tous les climats chauds de l'Amérique LA PERBICHE À FRONT ROUGE. Cet oïseau se trouve, comme le précédent, dans presque tous les climats chauds de l'Amérique. Le front est d’un rouge vif: le sommet de la tête d’un bean bleu; le derrière de la tête, le dessus du cou, les couvertures supérieures des ailes et celles de la queue sont d’un vert foncé; la gorge et tout le dessous du corps d'un vert un peu jaunâtre ; quelques-unes des grandes couvertures des ailes sont bleues: les grandes pennes sont d’un cendré obscur sur leur côté intérieur, et bleues sur leur côté extérieur et à leur extrémité ; l'iris des yeux est de couleur orangée; le bec est cendré ; les pieds sont rougeâtres. Longueur dix pouces ; taille du merle. D'ORNITHOLOGIE. 1335 L’APUTÉ-JUBA. Cette perrichea le front , les côtés de la tête et le haut de la gorge d’un beau jaune, le sommet et le derrière de la tête, le dessus du cou et du corps, les ailes et la queue sont d’un beau vert ; quelques-unes des grandes couvertures supérieures des ailes et les grandes pennes sont bordées extérieurement de bleu ; les deux pennes du milieu de la queue sont plus longues que les latérales, qui vont toutes en diminuant de longueur jusqu'à la plus extérieure, qui est plus courte d’un pouce neuf lignes que les deux du milieu ; le bas-ventre est jaune ; l'iris des yeux est orangé foncé ; le bec et les pieds sont cen- drés. Elle est très commune à la Guiane. Elle parle très diffi- cilement. LA PERRICHE COURONNÉE D'OR. Une grande tache orangée est sur le devant de la tète de cette jolie perriche ; lereste de la tête, tout le dessus du corps, les ailes et la queue sont d’un vert foncé ; la gorge et la partie inférieure dn cou, d’un vert jaunâtre, avec une légère teinte de rouge terne ; le reste du dessus du corps est d’un vert pâle; quelques-unes des pennes des ailes sont d’un beau bleu, et les grandes couvertures ont leur côté intérieur de la même cou- leur ; le bec est noir ; l'iris d’une couleur de noir bleuätre ; les pieds sont rougeâtres. Cette espèce se trouve, dit Zuffun, à Cayenne; on l'y ap- pelle perruche des Savanes. Elle parle très bien et est très caressante. LE GUAROUBA OU PERRICHE JAUNE. Li Onze pouces font la longueur de cette perriche ; le bec est gris, l'œil noir ; tout le plumage d’un jaune vif de safran et orangé ; cependant, il y a quelques taches vertes sur les ailes , dont les petites pennes sont de cette couleur, et les grandes violettes et frangées de bieu ; la queue offre le même mélange , sa pointe est d’un violet bleu , son milieu d’un vert bordé de jaune , ainsi que le croupion. Elle habite le Brésil. Elle s’appri- voise aisément, mais elle n’apprend point à parler. LA PERRICHE A TÊTE JAUNE. Cette perriche a le front d’un rouge orangé ; le reste de la ête, la gorge, la moitié du cou et je fouet de l'aile, d'un jaune : *# e 734 MANUEL orangé; le reste du corps et les couvertures supérieures des ailes d’un vert clair; les grandes pennes brunes à l’intérieur, jaunes à l’extérieur dans le tiers de leur longueur, ensuite vertes et bleues à l'extrémité ; les secondaires et la queue vertes ; le bec d’un blanc jaunûtre, et les pieds gris, Longueur onze pouces et demi. La femelle ne diffère que par la couleur orangée qui est plus terne. C’est le seul perroquet qui s’avance dans l'Amérique septentrionale : il ne dépasse guère les Ca- rolines. LA PERRICHE-ARA. Cette perriche a dix-huit pouces de longueur, dont la queue prend la moitié ; le dessus et les côtés de la tête d’un vert mêlé de bleu foncé ; le dessus du corps, des ailes et de la queue d’un vert rembruni ; les grandes pennes bleues bordées de vert et terminées de brun à l’extérieur : la gorge, la partie inférieure du cou et le bant de la poitrine teints de roussâtre ; les parties subséquentes d'un vert plus pâle que celui du dos; le bas- ventre et quelques-unes des couvertures inférieures de la queue d’un rouge brun; le dessous des ailes et de la queue d’un vert jaunätre. LA PERRICHE ÉCAILLÉE. Cette perriche a huit pouces et demi de longueur; le bec et les pieds noirâtres ; le tour des yeux nu et d’un blanc pâle ; le plumage vert ; les plumes de la tête, du cou et de la poi- trine bordées d’orangé, ce qui la fait paraître couverte d’é- cailles ; le fouet de l’aile, le croupion et le milieu du ventre d'un rouge de sang. Eile se trouve à Cayenne. LA PERRICHE JAGUILMA. Jaguilma est le nom que porte cette perriche au Chi; elle à la taille de la tourterelle; tout le plumage vert, l'extré- mité des pennes brune, l'orbite des yeux fauve, la queue très longue et étagée. Cette espèce est très multipliée dans l'Amérique méridio= nale, LA PERRICHE A BANDEAU ROUGE. Cet oiseau a un bandeau sur le front, d’un brun pourpré ta- cheté de rouge ; la tête et le cou mélangés de vert et de jaune terne; la gorge et la poitrine d’un vert olivätre, chaque plume bordée d’un jaune sale; les cuisses nuancées de rouge et de vert; la queue, de cette dernière couleur, est d’un brun D'ORNITHOLOGIE. 135 rouge de café; le bec évasé à sa pointe ; la taille de cette perriche varie. On la trouve à Cayenne. LA PERRICHE À COU NOIR. Sa taille est celle de Ja perruche à collier rouge ; elle a le front et les orbites d’un jaune citron ; la gorge et la poitrine noires ; un trait blanc sur les côtés du cou, avec une bordure noire d’un côté et vert® de l’autre; le ventre d’un vert som- bre, les ailes et la queue noires; toutes les petites pennes et le bord des autres bleus; le reste du plumage vert. Cette nouvelle espèce habite le Brésil. Ilne nous reste plus qu’à donner la description des perri- ches à queue courte du Nouveau Continent, auxquelles on a donné le nom générique de toui, et c'est en effet celui qu’elles portent au Brésil. LES TOUIS OU PERRICHES A QUEUE COURTE, Les touis sont les plus petits de tous les perroquets et même des perriches du Nouveau Continent; ils ont tous la queue courte et ne sont pas plus gros que le moineau; la plupart semblent aussi différer des perroquets et des perriches en ce qu'ils n ‘apprennent point à parler; de cinq espèces que nous connaissons, il n’y en à que deux auxquelles on ait pu don- uer ce talent, Elles sont toutes originaires du Brésil et des autres parties méridionales de l'Amérique, d’où elles auront été transportées en Guinée et aux Philippines. _ LE TOUL À GORGE JAUNE. Ce petit oiseau a la tête et tout le dessous du corps d’un beau. vert ; la gorge d’une belle couleur orangée ; tout le dessous du corps d’un vert jaunâtre; les’ couvertures supérieures des ailes sont variées de vert, de brun et de jaunâtre; les couver- tures inférieures sont d’un beau jaune ; les pennes des ailes sont variées de vert, de jaunâtre et de cendré foncé; celles de la queue sont vertes et bordées à l’intérieur de jaunäire ; le bec , les pieds, les ongles sont gris. LE SOSOVE. Sosové est le nom galibi de ce charmant petit oïseau , qui est partout d’un vert brillant, à l’exception d’une tache d’un jaune léger sur les pennes des ailes et sur les couvertures supé- rieures de Ja queue; il a le bec hiaae et les pieds gris. 136 MANUEL L'espèce en est commune à la Guiane ; on peut les élever aisément, ils apprennent très bien à parler, et lorsqu'ils sont instruits ils ne cessent de jaser. à LE TIRICA. Le plumage de cet oiseau est entièrement vert ; il a les yeux noirs; le bec incarnat et les pieds bleuâtres , il se prive très- aisément et apprend même à parler, ilest aussi très doux et se laisse manier facilement. L'ÉTÉ OU TOUI-ÉTÉ. Cet oiseau se trouve au Brésil, son plumage est en général d’un vert clair, mais le croupion et le haut des ailes sont d’un beau bleu : toutes les pennes des ailes sont bordées de bleu sur leur côté extérieur, ce qui forme une longue bande bleue lorsque les aïles sont pliées ; le bec est incarnat et les pieds sont cendrés. LE TOUI A TÉTE D'OR. Cet oiseau se trouve encore au Brésil ; il a tout le plumage vert, à l’exception de la tête qui est d’une belle couleur jaune; et comme il a la queue très courte , 1l ne faut pas le confon- dre avec une autre perriche à longue queue qui a aussi la tête d’un très beau jaune. LE TOUI A QUEUE POURPRÉE. Ce joli animal habite ordinairement l’ile de Cayenne où il est rare. Sa taille est de huit pouces de longueur ; la tête et surtout le sommet du crane sont cendrés ; la partie inférieure du dos est bleue de même qu’un rebord des ailes ; sur les épau- les règne une teinte brune ; les pennes latérales de la queue sont peintes en pourpre et noires à leur extrémité ; les deux intermédiaires sont vertes avec des points noirs, et toutes sont coupées carrément à leur bout; le reste du corps est vert et le bec jaunâtre ; les pieds sont cendrés. £A HUPPE, ( Upupa epops, L., enl. 52.) De la grosseur de la draine, sa longueur est de douze pou- ces, dont quatre pour la queue, et deux et demi pour le bec, qui est délié, courbe et noir. L'iris des yeux est brun noir, Les pattes sont noires et fort courtes. La huppe de la tête est formée en éventail d’un double rang de plumes dont les plus D'ORNITHOLOGIE. 137 longues ont environ deux pouces ; la pointe est noire à toutes, et la partie inférieure orangée claire. La tête, la nuque, le cou, la poitrine et les couvertures inférieures des ailes sont d’un brun roussâtre, le ventre blanc et rayé, aux jeunes oïseaux , de traits obscurs ; le dos et les petites couvertures des ailes sont d’un gris rougeâtre, la partie inférieure du dos, les épaules, et les ailes sont noires, avec des bandes jaunâtres. Le crou- ion est blanc, la queue noire, ornée au milieu d’une large bande blanche, recourbée en angle obtus. En liberté, la huppe se tient pendant l’été dans les bois voisins des prairies et des pâturages. Au mois d’août après la fenaison elle se rend en famille dans les plaines, et dès le mois de septembre part (x) pour ne revenir qu'à la fin d'a- vril : on la voit plus souvent à terre que perchée. Dans la chambre on ne la met point en cage: mais on lui permet de courir librement ; elle est très frileuse, ou du moins aime tant la chaleur qu’elle est constamment ‘sur le poële, et s’y laisse plutôt dessécher le bec que de s’en éloigner. En liberté, on la voit continuellement occupée dans les pà- turages, à fouiller les bouses de vaches , et excrémens d’a- nimaux , pour y chercher ses insectes favoris. Quelques per- sonnes l'ont mise dans leurs greniers, afin qu’elle les purgeät de charancons, d'araignées, etc. , ce qui a réussi; mais dire qu’elle prend aussi les souris, c’est une erreur. Dans la chambre, on la nourrit facilement de viande, et de pain blanc trempé dans le lait , il faut cependant y ajcuter de tems en tems des vers de farine. É La huppe pond deux à quatre œufs: son nid , placé dans quelque trou d’arbre, est un hérusphère pétri de bouse de vache et de petites racines. On élève aisément les jeunes avec de la chair de pigeonneau, mais ils ne prennent pas bien la becquée, parce qu’ils ne peuvent la diriger dans l’œsophage avec leur langue trop courte qui n'est pas plus grosse qu’une demi-lentille, et dont la forme est en cœur. Ils sont obligés de jeter leur manger en l'air, en tenant le bec ouvert, pour pour le recevoir immédiatement dans le gosier. Lorsqu'au mois d’acüt, on a remarqué un pâturage qu’elle fréquente particulierement, on plante légèrement sur une taupinière, une petite verge de huit pouces de longueur, bien (x) Sonnini dit Les avoir vu arriver au bord du Nil en Égypte. { 138 MANUEL gluée, à laquelle deux ou trois vers de farine sont attachés par un fil de deux à trois pouces de longueur, dès que la huppe les aperçoit elle s’élance dessus et fait par là tomber sur elle le glüau qui l’embarrasse. Mais ces oiseaux pris vieux ou adultes, ne peuvent que très rarement être conservés. Indépendamment de sa beauté on peut s’amuser encore de ses manières comiques. Elle fait, par exemple, un mouvement presque continuel de la tête, en touchant le plancher avec son bec, desorte que, sielle marche, il semble qu’elle marche avec un bâton; en même tems elle secoue sa huppe en avant agite ses ailes et la queue. J’en ai eu plusieurs dans ma chambre , dit Bechstein , et me suis toujours diverti de leurs grimaces singulières. Dès qu’on les regarde fixément, elles commencent aussitôt leurs pantomimes. Voici l'extrait d’une lettre de M. de Schauroth, au sujet des huppes, dont je crois devoir faire part à mes lecteurs. « Moÿennant beaucoup de soins, je suis parvenu l'été der- » nier à élever deux jeunes huppes, que j'avais tirées d’un nid » placé au sommet d’un chêne. Ces petites bêtes me suivaient » partout et dès qu’elles m'entendaient de loin , témoignaient » leur joie par un gazouillement particulier, sautaient en l'air, » où dès que je m 'asseyais grimpaient sur mes habits, sur- » tout quand je me préparais à leur donner à manger, en pre- » nant le pot au lait, dont elles avalaient la pellicule avec » beaucoup d’avidité : elles continuaient de monter jusqu’à ce » qu'elles pussent se placer sur mes épaules, ou ma tête, et » S “appuyaient affectueusement sur moi : au resle, je n'avais » qu’un mot à dire pour me débarrasser de leurs importuni- » tés, elles se retiraient aussitôt sous le poële. En général, » elles observaient toujours mes yeux pour y découvrir quelle » était mon humeur, sur laquelle la leur se dirigeait. Je les > nourrissais comme les rossignols, avec la pâtée universelle, » à laquelle j'ajoutais de tems en tems quelques insectes; ja- » mais elles ne touchaient aux vers de terre : mais elles étaient » très friandes de scarabés et de hannetons, qu’elles commen- » Caient d’abord par tuer, et froisser à coup de bec, jus- » qu’à ce qu’elles eussent formé une sorte de bol oblong , alors » elles le jetaient en l’air de manière à pouvoir le saisir et » l’avaler par la longueur : s’il tombait par la largeur , it fal- » lait recommencer. Leur bain était de se rouler dans le sable. Je les portai un jour avec moi dans un pâturage voisiR ; D'ORNITHOLOGIE. 139 pour les mettre à portée de prendre elles-mêmes des insectes, » ét j'eus par là occasion de connaître leur frayeur innée des » oiseaux de proie, et leur instinct dans ces circonstances. Si- tôt qu’un corbeau, ou même un pigeon, passait à leur vue, » en un clin d'œil elles étaient sur le ventre avec leurs ailes al- » Jongées du côté de la tête, au point que les plus grandes » pennes parvenaiént à se toucher, et qu’elles étaient ainsi en- » tourées comme d'une couronne, formée par les plumes de » la queue et des ailes. La tête appuyée sur le dos présentait » le bec en haut : dans cette posture singulière on les aurait » prises pour un vieux chiffon; l'oiseau effrayant était-il dis- » paru, elles sautaient aussitôt avec des cris de joie. Un de » leurs grands plaisirs était de se coucher et de s'étendre au » soleil; elles exprimaient leur contentement, en répétant » d’une voix vacillante, vec, vec, vec. Dans la colère, leurs » tons étaient criards, et le mäle, reconnaisable par sa couleur » plus rougeûtre, faisait retentir Loup, houp. La femelle avait » coutume de traîner son manger par la chambre , par ce » moyen elle le remplissait de petites plumes et d’autres brin- » delles , qui insensiblement formèrent dans son estomac une » pelotte indigeste de la grosseur d’une noisette dont elle mou- » rt. Le mâle ‘passa l'hiver , mais ne quittant pas le four- » neau échauffé, son bec se dessécha si fort que les deux par- » ties se contournèrent et restèrent éloignées de plus d’un » pouce, ce qui le fit périr aussi misérablement (1). - LE GEAI DE FRANCE. (Corvus glandarius , L.; enl. 481.) Le geai a le bec noir ; le sinciput couvert de plumes va- riées de blanc, de noir, et d’une teinte bleuâtre; le noir oc- cupant le milieu de chaque plume, celles qui recouvrent les narines, d’un blanc sale; les joues, le cou, le dos, les couver- tures des ailes, la poitrine et le haut du ventre, d’un gris cendré et vineux ; le croupion, les couvertures du dessus et du dessous de la queue, les jambes blanches, la gorge et le bas- ventre blanchâtres, les plumes du bout de Pailerayées transver- salement de bleu clair, de bleu plus foncé et de noir à leur côté extérieur, à leur bout, et toutes noires à l’intérieur; l’aile compo- (1) On peut ajouter qu'elle marche aussi avec beancoup de grâce. PAS x40 MANUEL : see de vingt plumes, dont la première est très courte, etla cin- quième la plus longue de toutes ; les primaires noirâtres en dedans et bordées de gris plus ou moins foncé; les secondaires goires et blanches, quelques unes variées de bleu plus ou moins clair, et plusieurs de marron; les pennes de la queue, au nombre de douze, sont noires dans toute leur longueur, excepté à l’origine où elles sont cendrées; l'iris est blanchître, la langue et le palais sont noirs; les pieds d’un brun tirant sur la couleur de chair. Longueur totale de l'oiseau : treize pouces cinq lignes. | La pie et le geai ont un instinct assez analogue, mais il existe des différences , surtout dans le plumage, qui caracté- risent le gear. L’une des principales , dit Montbeillard, c’est cette marque bleue, ou plutôt émaiilée de différentes nuances de bleu dont chacune de ses ailes est ornée, et qui suffirait seule pour les distinguer de presque tous les autres oiseaux d'Europe. Il a de plus sur le front un toupet de petites plu- mes noires, cendrées, bleuâtres et blanches. En géneral, toutes ses plumes sont singulièrement douces et soyeuses au toucher, et il sait, en relevant celles de sa tête, se faire une huppe qu’il rabaisse à son gré : ii a Ja queue plus courte et les ailes plus longues à proportion ; et malgré cela, il ne vole guère mieux qu'elle. Les geais, naturellemen] pétulans et vifs, ont des mouvemens brusques, se mettent facilement en colère, et s’emportent quelquefois au point d’oublier leur propreconservation : onen a vu dans leur accès de colère se prendre quelquelois la tête entre deux branches, et mourir ainsi suspendus en l'air; c’est aussi lorsqu'ils se battent qu'on les approche avec plus de faci- lité. Une agitation perpétuelle semble être leur élément. En captivité cemme en liberté. Ainsi que les pies, ils ont l’habi- tude de cacher ou d’enfouir le superflu de leurs provisions, et celle de dérober tout ce qu’ils peuvent emporter. Les geais préfèrent les bois aux lieux habités, nichent plus volontiers sur les chênes, choisissent les plus touffus, et ceux dont le tronc est entouré de lierre. Au mois d'avril ils con- struisent leur nid de bois sec en dehors, et le garnissent in- térieurement de racines et de filamens d'herbes; la femelle y dépose quatre à cinq œufs d’une grosseur moindre que ceux de pigeon; ils sont cendrés verdâtres, avec dés petites taches fa- blement marquées ; le mâle et la femeile les couvent alterna- " D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. tÂt tivement, et l'incubation dure treize à, quatorze jours. Cette espèce fait ordinairement deux poutes par an. Les petits de la première subissent leur première mue dans le mois de juillet, et suivent leurs père et mère jusqu’au printems de l'année suivante, tems où ils s’accouplent et s'isolent pour former de nouvelles fanilles. Quand on vent élever les jeunes hors de leur nid, il faut attendre que les plumes de la base du demi-hec supérieur soient un peu saillantes. Leur cri naturel n’ist pas aussi varié qne celui de la pie; cependant leur gosier n’est pas moins flexible, ni moins disposé à imiter tous les sons, tous les bruits, tous les cris d'animaux qu’ils entendent habituel- lement, et même la parole humaine : le mot Æichard est celui qu'ils articulent plus facilement. On en a vu assez bien imiter le miaulement du chat, le bêlement du mouton, l’aboie- ment du chien. Pour parvenir plus aisément à cette éducation, on leur coupe le filet qui est sous la langue, ce qui lui donne plus de développement et plus de facilité à articuler des sons étrangers. Cette petite opération se fait à plusieurs autres es- pèces d’oiseaux que l’on forme à parler, et auxquels on veut délier la langue. La meilleure nourriture que l’on puisse donner aux jeunes, consiste en des pois trempés dans du bouillon et mêlés avec du cœur de mouton cuit et haché menu, et :orsqu’on le peut avec des fruits. D’autres les nourrissent avec du lait et du pain; mais cet aliment n’a pas assez de substance, aussi en périt-il beaucoup de ceux qu’on élève ainsi. Parvenus à leur état par- fait, toute nourriture leur convient, le gland, la noix, lafaive, les légumes, les insectes , les pois, les fruits, la viande, etc. Cet oiseau est sujet au mal caduc. (Voyez Maladies des oi- seaux ). . On prend les geais à la pipée, aux abreuvoirs et aux raquettes. LA PIE, Ê (Corvus pica, L. , enl. 488.) Le blanc et le noir sont les deux couleurs principäles de cet oiseau : la première couvre les scapulaires, toules les parties inférieures de la poitrine, et le côté interne des onze pennes primaires des ailes dans une partie de leur longueur; tout le reste du plumage est noir , ainsi que le bec et les pieds, mais cetle couleur n’est pas pure ; elle jelte, vue de près, et à cer- 15 142 MANUEL tains jours , des reflets verts, bleus, pourpres et violets ; sur- tout sur les pennes des ailes et de la queue; longueur du bout du bec à l'extrémité de la queue, dix-huit pouces environ; la fraicheur , la beauté des reflets disunguent le mâle de la fe- melle; celle-ci est aussi un peu plus petite. La p.e est voleuse, et cache ses larcins avec un si grand soin qu'il est quelquefois très dif&cile de le trouver; elle met nne adresse singulière à cacher ce qu’elle emporte; elle pose d’a- bord l’objet enlevé sur l'ouverture qu’elle a choisie, ensuite elle l’y enfonce à coup de bec jusqu’à ce qu'il ne paraisse plus. Elle apprend aisément à contrefaire la voix des autres ani- maux et Ja parole de l’homme. Wargot est le mot qu’elle pro- nonce le plus facilement, et elle n’est pas connue sous d’autres noms dans différers cantons. : Cet oiseau, naturellement très jaseur, l’est encore plus lorsqu'on lui a coupé le filet de la langue, et qu’on le tient en cage. Il vit de toutes sortes de fruits, va à la charogne, fait sa proie des œufs et des petits des oiseaux faibles, et même des pères et mères, s’il les trouve engagés dans les piéges : il les attaque même à force ouverte. Les pies une fois appariées, forment des couples consians, et chaque couple vit isolé l’hiver comme lé'é. Cependant on les voit quelquefois en petites troupes, surtout dans la mau- vaise saison, mais ces réunions ne sont que momenltanées. Leur vol est moins élevé et mois soutenu que celui de la corneille, aussi ne sont-elles point voyageuses: elles restent volontiers dans le canton qu’elles ont adopté, voltigent d’ar- bre en arbre, se reposent presque toujours à la cime, et y restent peu de igms, car le mouvement paraît être pour elles de première nécessité, aussi, posées à terre sont-elles toujours en action, et ne marchent-elles qu’en sautant, et remuant à chaque instant la queue. Les pies montrent une grande industrie dans la construc- tion de leur nid; elles choisissent ordinairement la cime des lus hauts arbres, lorsqu'ils sont isolés ou dans des avenues ; elles Les placent dans les forêts à une moindre hauteur, ‘quel- quefois même sur de hauts buissons. Le mâle et la femelle tra- vaillent à sa construction, le commencent dès le mois de fé- vrier, l'appuient sur une fourche ou sur un embranchement, de manière qu’entouré é’autres branches, de jeunes pousses et d’un épais feuillage, il est entièrement couvert et caché ; elles B'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 143 se fortifient extérieuremént de buchettes flexibles, longues et pliées ensemble, avec un mortier de terre gachée , le recou- vrent'en entier d’une enveloppe à claire-voie faite de petites branches épineuses, bien entrelacées, et n’y laissent d'ou- verture que dans le côté le mieux défendu, et seulement ce qu'il en faut pour pouvoir entrer , ce qu’elles font en s’accrou- pissant sans se retourner ; le fond du nid est garni d’une es- pèce de matelas composé de racines de chiendent ou de brins d’autres plantes extrêmement flexibles. Ce matelas n’a qu’en- viron six pouces de diamètre, mais la masse entière a au moins deux pieds en tout sens. Une construction aussi solide exige deux mois de travail. Les pies commencent aux approches du printems plusieurs nids à la fois; mais ne pérfectionnent que celui qu’elles destinent à leur nouvelle famille; ce sont ordinairement ces nids à demi-faits qu’elles achèvent lorsque le premier'est détruit. Cette espèce ne fait qu'une couvée par an, si elle n’est pas troublée; autrement elle en fait deux et même trois: la pre- mière ponte est ordinairement de sept à huit œufs ; la seconde est en plus petit nombre, et la troisième encore moins nom- breuse ; leur couleur est d’un vert bleu. semé de taches brunes, plus fréquentes vers le haut bout. Le mâle et la femelle les con- vent alternativement; l'incubation dure ordinairement qua- torze jours; les petits naissent aveugles, et sont plnsieurs jours sans voir ; le père et la mère les élèvent avec une grande sollicitude, et leur continuent leurs soins long-tems apres qu ils sont élevés, car ils sont très tardifs à se suffire à eux- mêmes. Les jeunes, pris au nid, s’élèvent facilement en les nour- rissant avec du pain, ou du lait caillé ou du fromage mou, que l’on appelle par cette raison fromage à la pie. Quoique ces oiseaux soient très défians et très Soupçonneux, et qu ’on les prenne difficilement aux piéges qu’on leur tend, ils n’évitent pas toujours celui qu'on appellé collet à ressort. On les prend aussi aux gluaux ; à la pipée; mais c’est à re- gret que le pipeur les ÿ voit venir, car un seul suffit pour dé- tendre tont l’arbre avec sa queue, ce qui fait souvent man- quer la pipée; on leur tend encore avec avantage, en plein champ, des lacets de crin, attachés à deux piquets enfoncés dans la terre, sur la superficie de laquelle on jette çà et là des pois et des fèves que l’on a fait tremper dans l’eau, et dont elles 144 MANUEL sont très friandes, enfin on les empoisonne avec des yeux d’é- crevisses réduits en poudré et mêlés avec de la graisse. LE CORBEAU OU FREUX. (Corvus frugilegus, L., enl. 484.) Le corbeau, en latin corvus, oiseau de moÿenne grandeur, cognu par le peuple sous le nom de colas , est à peu près dela grosseur d’un chapon. Son envergure est de rois pieds sept pouces ; il a le bec robuste, gros, pointu, un peu courbé et irès noir, les narines entourées de poil, la langue large et fendue; tout son plumage est noir, teint d’une nuance de pourpre sur le dessus du corps, changeant en vert sur les par- ties inférieures ; les ongles noirs, crochus, grands, principa- lement ceux de derrière, les pieds écailleux et noirâtres. Cet oiseau anciennement connu, a eu dans tous les tems une mauvaise réputation; on l’a toujours représenté comme un animal désagréable , dégoütant et sinistre. Son extérieur, ses habitudes , ont été le fondement du premier sentiment , et la superstition a inspiré le second; en lui accordant la finesse et la sagacité , on l'a accusé de ruse, d’aimer à dérober, à amas- ser et à cacher. Ainsi ses bonnes qualités même ont tourné à son désavantage, et lui ont fait attribuer des intentions dont un animal de cet ordre n’est pas susceptible. Que n'a-t-on pas dit dans l’ancienne Rome, sur le présage qu’on pouvait tirer de son vol , de sa voix dont les aruspices comptaient et distin- snaient plus de soixante inflexions, sur les armées de cor- beaux qui, combattant dans les airs , annonçaient les combats des hommes sur la terre? Le corbeau est répandu dans presque toutes les contrées de V’Europe, 1l ne fréquente guère que les régions où se trouvent de vastes forêts, et il se plait surtout sur les montagnes, dont il ne descend guère qu’en hiver. Son cri, auquel on donne le noi de croassement , est rauque, sonore et grave ; il vit très long-tems, mange de tous grains, insectes, charognes de quadrupèdes, de poissons, d'oiseaux : il prend même des pe- tits quadrupèdes et des oiseaux vivans dans les basses-cours €t dans les champs, à la manière des oiseaux de proie, Le corbeau, enlevé jeune de son asile, se peut apprivoiser et dresser poux la fauconnerie : il devient familier , importun et mème dangereux à cause de la force de son bec; il ap- prend à parler et à prononcer quelques mots; il est naturelle= D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 145 ment pantomime et gesticulateur. Ses différens gestes et ses mouvemens singuiiers fixent l’attention du spectateur, mais il fautse tenir sur ses gardes, le corbeau est traitre et méchant, hardi et très porté à donner des coups de bec; ils sont assez forts pour percer les vétemens peu épais, entamer la peau et faire une piaie. Aussi ne craint il aucun des animaux domesti- ques, et tous le redontent. Il est doué d’un odorat exquis, il ne craint ni le froid ni le chaud, et l’espèce se multiplie beaucoup. Il fait son nid dans les forêts épaisses, sur les arbres les plus élevés, dans les fentes des rochers ou dans de vieilles tours, au commencement de mars. Les femelles pondent qua- tre, cinq ou six œufs qui sont d’un vert pâle, tirant sur le bleu, avec des taches noirâtres. Les petits s’appellent corbil: lards. Le mâle marque un grand amour pour la femelle, il. prend soin de la nourrir pendant tout le tems de Pincubation, qui dure vingt jours. Ensemble ils nourrissent très long-tems leurs petits, qui ne les quittent que vers la fin de lété, le jour seulement, et reviennent passer la nuit à l’habitation commune. Le corbeau dans la chambre parle très bien; on lui ap- prend ordinairement à dire de grosses injures, rôle pour le- quel 1l semble né, et qu’il remplit à merveille. Cependant on sait qu'il y en eut un qui, saluant Auguste au retour ‘d’une victoire, lui dit en 1 appelant César : victor impérator, celui-là était bien élevé. Quant 1l est privé, on peut le laisser aller en liberté, il ne s'éloigne jamais beaucoup, et revient dès qu’on l'appelle par le nom qu’on lui a donné. Il ne faut laisser rien briller sur son passage, surtout de l'or ou de l'argent, il l’emporterait dans quelque cachette. Outre que le corbeau est carnivore, 1l mange absolument tout ce qu’on lui donne, LE CHOUCAS. ( Corvus monedula, 1., enl. 523.) On a donné ce nom à des oiseaux du mémegenre que le corbeau et la corneille : ils’ ont les mêmes habitudes que les corneilles. Ce sont en quelque sorte des corneilles modelées sur de plus faibles proportions; de même qu’il y a trois cor- neilles différentes : une noire, une cendrée, une chauve ; il y a trois choucas : un noir , un cendré, un chauve. Les choucas sont des oiseaux de passage comme la eorneille Li 146 MANUEL mantelée, mais avec cette différence qu'il en reste pourtant un assez grand nombre l'été dans les mêmes lieux où ils ont passé l'hiver. Ils volent par troupes nombreuses , ils forment en été des espèces de peuplades composées de nids presqu’en- tassés sur le même arbre ; ils préfèrent cependant les tours et les bâlimens en ruines, où ils aiment à établir en tout tems. leur demeure. Même attachement, même fidélité dans leur union que les corneilles; même vigilance pour les petits. Ils font deux couvées par an, chacune de cinq ou six œufs ver- dètres, piquetés de brun. Leur nourriture consiste en grains , baies, fruits, insectes ; ils ne s’approchent pas comme les cor- neilles des chairs corrompues; mais comme elles ils ont beau- ceup d'appétit pour les œufs, et en particulier , comme ja cor- bine, pour les œufs de perdrix, qu’ils emportent à leur bec, au moyen de deux petits trous qu’ils y font en les prenant. Leur cri est plus aigre et plus perçant que celui des cor- neilies. Le choucas noir, qui est le choucas proprement dit, est de la grosseur d'un pigeon : il a l'iris bianchâtre, quelques traits blancs sous la gorge; quelques points de mème couleur autour des narines ; du cendré sur la partie postérieure de la tête et du cou; tout le reste est noir, maïs celte couleur est plus fon- cée sur les parties supérieures, avec des reflets, tantôt vio- lets et tantôt verts. Le choucas s'apprivoise sans peine et apprend facilement à parler. Elevé de jeunesse, il reste voloutairement dans les basses-cours avec la volaille. On les nourrit dans la chambre avec de la pâtée univer- selle; ensuite toutes les graines et les fruits sont à leur con- venance. LE ROLLIER D EUROPE, (Coracias garrula, L., enl. 486.) A peu près de la grandeur et de la forme du geai, sa lon- gueur va à donze pouces, et la queue seule y entre pour quatre et demi; son.envergure est de deux pieds..Le bec, d’un pouce et demi, a presque la forme de celui dela pie, noirâtre, fort painiu, et courbé à l'extrémité; les narines sont oblion- gues, obliques et découvertes ; devant et derrière les yeux est une tache noirätre, triangulaire, formée par la peau nue; l'iris des yeux est gris ; les pattes, hautes d'un pouce au plus,, sont d'un gris jaunätre sale, La tête entière, le cou , lagorge, D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 147 la poitrine, le ventre, les grandes couvertures des ailes et toutes les couvertures du dessous sont d’un beau vert bleuâtre. Le dos, les épaules, les trois dernières pennes sont de coulenr, brune hépatique; les couvertures de la queue, les petites cou- vertures des ailes et la partie cachée des pennes au bord iu- térieur , sont d’un beau bleu d’indigo ; tout le dessous des pen- pes est d’un bleu foncé; leur barbe extérieure est noire, et de la base au milieu d’un vert bleuâtre.La queue, droite, est d’un vert-bleu sale vers-la base, et plus clair, de même que plus pur vers le bout , les deux plumes médianes sont entièrement d’un vert brun, les quatre suivantes seulement brunâtres avec une grande tache bleue sur la barbe intérieure ; la plus extérieure enfin est noire à la pointe; toutes ces couleurs percent en dessous. Le reste du plumage est d’un vert bleuatre changeant à vert de mer. La femelle et les jeunes de la première année, ont la tête, le cou, la poitrine et le ventre d’un gris roussatre, lavé de vert bleuûtre ; le dos et les dernières pennes d’un gris clair ; le croupion vert lavé d’indigo ; la queue noiratre, avec une. teinte de vert bleu ; le reste comme le mâle. En liberté le rollier se trouve en Europe et dans la partie septentrionale de l’Afrique ; mais non dans toute leur largeur on ne le rencontre pas non plus généralement en Allemagne: il n’en fréquente que peu de parties, et de préférence les fo- rêts, des plaines dont le ‘terrain et sablonneux, à celles des montagnes élevées. On ne le voit ailleurs que dans le tems de passage (1). Dans la chambre on peut le laisser courir en lui rognant une aile. - En liberté, il mange principalement des insectes et des vers, il se nourrit aussi de petites grenouilles, de racines bul- beuses , de glands, de grains de blé, etc. Dans la chambre, comme on dira ci-après. Le nid, placé dans des trous d'arbres, est formé de ra- milles , de tiges de foin, de plumes et de poils. La ponte est de quatre à sept œufs blancs, que les deux sexes’ couvent en commun pendant dix-huit à vingt jours. Les jeunes n’acquiè- (1) IL ne paraît pas que de la Suède à Alger, il s’étende beauconp au- dela d'un degré de longitude. Peu d'individus s'écartentà droite ou à gauche dans leurs migrations, au moins, d'après les observations connues jusqu'ici. JL aime les bois sombres et solitaires, et son caractère y est bien adapté. 148 MANUEL rent les belles couleurs de leur plumage qu’à la seconde an- née ; avant cette époque, la tête, le cou et la poitrine, sont en- core teints de gris blanc. Bechstein croyait qu’on ne pouvait apprivoiser cet oiseau; mais M. le docteur Meyer d’Offenbach l’a convaincu du con trairei, l'ayant élevé lui-même plusieurs fois, et conservé en domesticité. Voici sa méthode. On doit prendre les jeunes du nid , lorsqu'ils ne sont encore qu'à demi développés, et les nourrir avec des petits mor- ceaux de cœur de bœuf, ou autre partie maigre et tendre, même de la tripaille, etc. ; jusqu’à ce qu'ils puissent manger seuls; on peut alors ajouter de petites grenouilles, des vers et des in- sectes. La manière dont ils s’y prennent pour tuer et avaler ces animaux ést assez curieuse : ils commencent par les saisir et écraser dans le bec, les jettent ensuite plusieurs fois pour les recevoir dans le gosier qui est fort large. Lorsque le mor- ceau est gros ou que l'animal rémue encore, ils le frappent fortement contre terre , et recommencent à le jeter en l'air, jusqu'à ce que ne tombant point en travers, mais enfilant le gosier, il puisse commodément être avalé. Après les avoir ainsi nourris pendant un assez long-tems, on peut mèler à la viande un peu de gruau d'orge. On est même parvenu à Jeur faire manger du pain, des légumes et des gruaux humectés ; mais le cœur du bœuf reste toujours le marger préféré. On ne les a jamais vu boire. Ils connaissent parfaitement la personne qui prend soin d’eux , ils viennent à son appel pour recevoir le manger de ses mains, sans cependant se laisser prendre ; mais ils ne de- viennent jamais bien privés et se défendent souvent avec leur bec. Ils font très peu de mouvemens, si ce n’est pour cher- cher leur manger, et restent presque constamment tranquilles à la place où ils sont fixés. S'il leur arrive de sautiller dans la chambre, c’est d'une manière gauche et génée , à cause de leurs pattes courtes; en revanche, ils volent parfaitement mais on ne peut leur en laisser l'entière liberté dans la chambre, ni même les tenir en cage, parce qu'ils sont si fa- ciles à effaroucher, que de frayeur ils se donneraient de vio- lens coups à la tête, et pourraient aisément se tuer. Le meil- leur est de leur ropnét une aile, et de Îles laisser aïnsi courir dans la chambre. Ils sont assez querelleurs entr’eux surtout le soir pour la place sur le juchoir, Je les ai tenus pen- L * D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 149 3 dant quelque tems dans une grande volière, avec des petits et grands oiseaux, une autre fois avec mes pigeons, que je Le- nais renfermés, ordinairement je les ai dans ma chambre, où ils courent avec plusieurs autres oiseaux ; mais qu’ils soient seuls, ou en société , ils paraissent également sains et dispos. Je ne leur connais guère d'autre mérite que la beznté de leur plumage ; car leur voix n’est qu’un croassement rauque, crag, crag, crag. (1) LE LORIOT. ( Oriolus galbule , L. en! 26.) Cet oiseau , dont le mâle est fort beau ,égale à peu près le merle en grosseur, sa longueur est de neuf pouces , la queue seule en fait trois et demi , et le bec un ; celui-ci est fort; ar- rondi en dessus, très aigu, un peu courbe et échancre vers la pointe, de couleur incarnate sombre. L’iris est d’un gris brun ; les pattes, hautes d’un pouce, sont plombées ; la tête, le cou, le dos, la poitrine, les côtés , et les couvertures inférieures des ailes, sont d’un beau jaune doré brillant, un peu plus clair à la gorge et au ventre , et tournant un peu au vert sur le croupion. Entre l'angle du bec et les yeux est une tache notre; les paupières sont bordées de jaune. Les couver- tures des grandes pennes le sont aussi ; mais d'un jaune plus pâle, et ces bordures réunies forment une tache jaune sur les ailes noires; les plumes du milieu de la queue sont entière- ment noires ; les suivantes jaures de la base à la moitié ; mais progressivement jusqu'aux extérieures dont, en outre, la barbe étroite est noire. (x) Le traducteur de Bechstein a vu-un de ces oiseaux boire après avoir avalé des œufs de fourmis secs; il mangeait alors aussi avec empres- sement de la laitue et de la chicorée. Un autre individu, aimait égale- ment les côtes de laitues ou d’épinards, après avoir mangé des insectes, surtout des coléoptères, qui vraisemblablement l’échauffaient beaucoup. À en juger par c e l’on er connait , le rollier est d’un raturel sauvage et soli- taire ; il change peu de place, excepté pour chercher sa nourriture , ou se cacher à l'approche d’ua étranger. Aussi est-il bon , soit qu’on le tienne en cage, ou qu'on le laisse courir, qu’il ait toujours à sa portée une boîte dars laquelle 1l puisse trouver un asile dans ses momens de frayeur : il ne manquera pas de s’y jeter, et par ce moyen, évitera les occasions de se débattre violemment, comme il ferait sans cela , pour fuir l’objet qui cause son effroi. Il connaît parfaitement sa maîtresse, s’en laisse toucher, et même prendre sans difliculté, vient pres d’elle; et se plaee sans crainte sur ses genoux, ou il reste des heures entières sans bouger. C’est aussi à quoi aboutit tout son apprivoisement. Il n’est ni caressant ni familier ; dans sa frayeur il pousse des. cris rauques, d’autrës plus adoucis Jors- qu’il voit apporter son manger; mais crag , crag, craag , en relevant la tête , est l'expression de sa joie ou de son triomphe, 150 MANUEL É . La femelle n’est pas si éclatante, le jaune doré ne se montre un peu qu’à l’extréinité des plames olives de la queue, à ses couvertures intérieures et aux couvertures inférieures des ailes, toute la partie supérieure du corps est verte de tarin, l'inférieure blanche verdâtre, avec des raies brunes , et les ailes grises noires. : En liberté, son séjour ordinaire est dans les petis bois iso- lés, et sur les lisières des forêts de haute futaie, se tenant toujours parmi les arbres les plus touffus, de manière qu’on l’apercoit rarement sur quelque branche saillante; il fréquente les vergers dans la saison des cerises. C'est un oiseau voya- geur qui se retire déjà par famille au mois d’août, pour ne revenir qu’au mois de mai suivant. Dans la chambre, si on ne peut l’y laisser courir, on lui donne une grande cage de fil de fer. En hberté, ce sont des insectes et des baies. Dans la chambre, si on attrape un vieux mâle par le moyen du hibou, comme on prend les geais, il faut le tenir d’abord dans un endroit tranquille et retiré, lui offrir des cerises frai- - ches, pins ajouter peu à peu des œufs de fourmis et du pain blanc imbibé de lait, ou le manger des rossignols. Mais j'a- voue qu'il y a ici beaucoup de difficultés, car avec toutes les attentions et le plus grand soin, je ne sache pas que l'on soit parvenu encore à conserver un tel oiseau plus de trois à quatre mois. Ce qui explique la rareté du loriot est qu’il ne fait qu’une ponte par an. Son nid, suspendu avec beaucoup d’art dans la fourche d’une petite branche touffue, a la forme d’une bourse ou d'une corbeille à deux anses. La femelle y dépose quatre à cinq œufs blancs, marqués de quelques taches à points noirs. Avant leur première mue, les jeunes ressemblentà la mère, et miaulent comme des chats. Si l’on veut en élever, il faut les prendre du nid de bonne heure ; les nourrir d'œufs de four- mis, d’un peu de viande hachée et de pain blanc trempé de lait, en variant ces choses en raison de leur état de sante, et selon que leurs déjections seront trop on trop peu li- quides. Enfin les accoutumer par degrés à la nourriture des rossignols, Je ne puis céler qu'il n‘y a qu'une personne très attentive qui puisse espérer de bien réussir (1). ( 1 ) Ces jeunes oïseanx aiment à se laver ; mais il est dangereux de leur D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 11 On a vu”deux loriots élevés jeunes, dont l’un indépendam- ment du chant naturel, sifflait une fanfare, et l’autre un me- nuet. Les tons pleins, flütés et moëlleux de leur voix pa- rurent extrêmement agréables ; malheureusement les belles couleurs de leur plumage s'étaient ternies; ce qui arrive pres- que toujours, surtout dans une chambre remplie de fumée, soit du poële , soit du tabac. Quelqu'un de mon voisinage a vu à Berlin deux loriots qui sifflaient des airs. La voix d'appel qui au mois de juin distingue si bien le loriot des autres eiseaux , peut être exprimée par 70, puhlo. LE MERLE COMMUX. (Turdus merula, L. enk. 2 et 555.) Il y a plusieurs espèces de merles ; mais ce sont les petits des merles à bec jaune qu’on élève en cage. Le noir décidé qui couvre le plumage du merle à bec jaune, l'a fait appeler l'oiseau noir par excellence : aussi est-il vrai- ment noir, d’un noir pur, nullement altéré par des reflets comme celui des corneilles et des corbeaux. Le bec et les paupières sont d’un béau jaune qui tranche agréablement sur le fond ; l’iris et les pieds sont noirs, le talon et la plante du pied d’un jaune sale, sa grosseur est celle de la Ztorne, et sa longneur de dix pouces trois à six lignes. ‘Tel est le merle adulte après sa seconde mue; car dans la première année , c’est-à-dire lorsqu'il vient de quitter la robe de l'enfance, son habit est mélangé de quelques plumes bru- nes; ses ailes sont d’un brun noirâtre, et son bec n’est pas en- tièrement d’un beau jaune, couleur qu’il n’aequiert parfaite- ment qu’en sa seconde année et qu’il conserve pendant le reste | de sa vie, l’intérieur du bec du mâle ou de la femelle est jaune en tout tems et dés l'enfance. La femelle diffère du mâle au point qu’on les prendrait l’un et l’autre pour deux oiseaux d’espèce différente; tout son plu- mage est d'un brun foncé sur les parties supérieures du corps, les ailes et la queue sont d’un brun plus clair, mélangé de roux et de gris sur les parties inférieures ; le bec et les pieds d’un brun noirâtre. donner l’eau trop froide ou de les laisser trop se mouiller. La paralysie des pattes a été une fois la suite d’uu pareil bain : l'accident était de plus fâchenx, qu’à l’aide du régime ci-dessus, Le sujet se portait d’ail- leurs parfaitement bien. 152 MANUEL Les jeunes portent jusqu’à leur première mue un plumage d'un brun saie, varié de taches presque rondes, rousses blan- châtres et en plus grand nombre au-dessous du corps. Cet oiseau aime la solitude, vit isolé ou seulement en s0o- ciélé avec sa femelle : quoique sauvage, 1l s’apprivoise facile- ment , se tient et niche près des habitations; il est défiant, fin et passe pour avoir la vue perçante. Le mâle a un chant éclatant, mais qui n’est guère agréable que dans les bois ou en pleine campagne. Il commence à se faire entendre dès les premiers beaux jours du mois de février, et continue bien avant dans la belle saison : c’est de nos oiseaux un de ceux qui chantent le plus long-tems : c’est aussi un de ceux qui entrent les premiers en amour, et il n’est pas rare de voir des jeunes au commencement de mai. Cette espèce fait deux ou trois couvées par an; elle place son nid dans les buissons fourrés, à une moyenne hauteur, ou sur les vieux troncs d’arbres ététés et converts de lierre; elle le compose de mousse , de petites racines ,d’herbes sèches, liées ensemble avec de l'argile, matelasse l'intérieur de ma- tériaux plus moilets, et ménage au fond un petit trou, afin que l’eau qui y pénètre puisse s’écouler. Le mâle et la femelle travaillent à sa construction avec une telle assiduité, qu’on assure qu’il ne leur faut que huit jours pour finir l'ouvrage. Des qu'il est achevé, la iemelle ÿ dépose quatre à ciuq œufs d’un vert bleuôtre, avec des taches couleur de rouille fréquen- tes et peu distinctes; elle les couve avec une telle chaleur, qu’elle se laisse quelquefois prendre à la main. Le mâle par- tage les soins de l’incubation. Naturellement méfians, ils abandonnent souvent leurs œufs ou les mangent dès qu’on y touche , et même leurs petits lorsqu'ils sont nouvellément éclos. Les père et mère les nour- rissent de vers deterre, de chemlles , de larves et de toutes espèces d'insectes, et dès qu’ils peuvent se passer des soins pater- nels , ils suivent leur impulsion naturelle ; chacun s’isole, et joint à sa première nourriture toutes sortes de baies et de fruits. Ceux qui veulent élever ces oiseaux , recommandables par leur chant, pour la facilité qu’ils ont de le perfectionner, de reteni® les airs qu’on leur apprend, et d'imiter ce qu'ils en- tendent, doivent les prendre dans le nid; lorsqu'ils ont des plumes on les nourrit dans les premiers tems avec une pâle liquide, composée de pain trempé, de jaunes d'œufs et de D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 153: chenevis écrasé, et ensuite avec du cœur, de la viande ha- rhée et de la mie de pain, des fruits et diverses baies. Il ne faut point les tenir renfermés avec d’autres oiseaux; car naturellement inquiets et pétulans, ils les poursuivent et lés tourmentent continuellement ; à moins qu’ils ne soient Gans uné très grande volière remplie d’arbrisseaux et de brons- sailles. On peut encore, par ce moyen, se procurer le plaisir de les voir faire leur nid, et même élever leurs petits, si on leur procure en abondance les alimens qui leur sont propres ; mais pour réussir complètement, lon doit s'abstenir d’ap- procher de là couvée tant que les petits ne sont pas cou- verts de plumes, car ainsi qu'il a été dit ci-dessus, ils les abandonnent ou les mangent. Les merles aiment beaucoup à se baigner ; il faut leur don- “ner de l’eau en abondance, ét cela contribue à leur gaïîté. La mue est la seule maladie particulière qu’on indique : elle commence à la fin de l'été , et elle est si complète que sou- vent on en voit qui ont alors Ja tête totalement dénuée de plumes. C’est alors qu’ils cessent de chanter. Quoique ces oiseaux soient défians et rusés, ils donnent facilement dans les pièges qu'on leur tend, pourvu que le chas- seur soit pour eux invisible. On les prend de différentes ma- nieres, aux gluaux, à l’araignée, aux collets , au rejet portatif, à la fossette, à la reprenelle et aux raquelies. “ . LA DRAINE. ( Turdus viscivorus, L., enl. 459.) Les grives sont en général des oiseaux de passage qu’on commence à voir aux environs de Paris vers les premiers jours d’octobre. Elles arrivent des parties septentrionales de l’Europe, où elles ont fait et élevé leurs petits. La grande grive ou draine est la plus grosse de nos grives : elle a onze pouces du bout du bec à celui de la queue ; l'envergure est d’un pied quatre pouces et demi; le plumage supérieur est d’un gris brun, plus foncé sur le croupion ; le plumage inférieur, c’est-à-dire: sous le corps et la gorge, est d’un blanc jaunâtre , moucheté de larges points noirs ; le bec est brunâtre , noir à l'extrémité ; les pieds sont jaunätres, les ongles noirs ; l'iris est couleur de noisette. La femelle ne dif- fère du mâle que parce que ses taches noires sont moins nom- breuses et plus pâles. : La draine mange, ainsi que les autres espèces de grives, y 14 154 MANUEL des baïes de gui, dont les graines ne restent pas long- -tems a | ses intestins. Elle les rend entières et sans avoir perdu leurs qualités végétalives; les baies de l'if, du genevrier, du houx sauvage et de l’aubépine, forment sa nourriture de Dautomne et de hiver. Ceux de ces oiseaux qui passent l’été dans nos climats, car la plus grande partie repartau printems, y man- gent des cerises, des groseilles et du raisiu. Les draines vont par petites compagnies , et font leurs 1 nids sur les arbres chargés de mousse et de lichens : elles le cons- truisent de mousse et d'herbes sèches ; elles couvent de bonne heure et font plusieurs pontes ; chacune est de quatre ou cinq œufs d’un gris tacheté. Elles nourrissent leurs petits de vers, de chenilles et autres insectes. La chair de la draine est moins délicate que celle des äu- tres grives, cependant on en mange dans queiques endroits : on prend ces oiseaux au lacet eu à la pipée; ils sont très fa- ciles à tirer, parce qu'on peut les approcher d'assez près, que leur vol est bas, pesant, et qu'étant oblique et tortueux, il ne les porte ni loin, ni avec rapidité. La draine n’est pas difficile à nourrir dan: la chambre : elle s’accommode fort bien de la pâtée universelle ; elle se contente- rait de simple gruau ou de son humecté d'eau. On a remar- qué cependant, que pour lui donner de la gaîté et l’engager à chanter , il fallait lui donner du pain imbibé de lait, un peu de viande et autres mets de la table, et surtout renouveler sou- vent son eau. Son chant est assez agréable. Ses maladies les plus communes sont l’obstruction de la glande adipeuse , la constipation et l’atrophie; la première peut être prévenué par le bain: on soulage et même on gué- rit les autres avec la bouillie de pain blanc et le lait donné à propos. LA LITORNE. ( Turdus pilaris, L., en]. 400.) Cette grive est la plus grosse après la draine , et se prend comme elle au lacet plutôt qu’à la pipée : elle diffère, dit Buffon, des autre grives, par son bec jaunâtre, par ses pieds d’un brun plus foncé, et par sa couleur cendrée, quelquefois va- riée de noir qui règne sur la tête, derrière: son cou et sur le croupion. Le mäle et la femelle ont le même cri, et peuvent égale- ment servir pour attirer les litornes sauvages dans le tems du passage ; mais la femelle se distingue du mâle par la couleur de D'ORNITHOLOG!E DOMESTIQUE. 155 son bec, laquelle est beaucoup plus obscure. Ces oiseaux , qui nichent en Pologne et dans la basse Autriche, ne ni- chent point dans notre pays : ils y arrivent en troupes vers le commencement de décembre, et crient beaucoup en volant. Ils se tiennent alors dans les friches aù croit le genièvre, et lorsqu'ils reparaissent au printems, ils préferent le séjour des prairies humides ; en général , ils fréquentent beaucoup moins les bois que les espèces précédentes. Quelquefois ils font, dès le commencement de l'automne, une première et courte ap- parition dans le moment de la maturité des alizes dont 1ls sont très avides, et n'en reviennent pas moins au lems accoutu- mé. I n'est pas rare de voir les litornes se rassembler au nombre de deux ou trois mille dans un endroit où il y a des alizes mûres, elles mangent si avidement qu’elles en jettent la moilié par terre. On les voit aussi fort souvent après les pluies , courir dans les sillons pour attraper les vers et les limaces. Dans les fortes gelées, elles vivent de gui, du fruit de lépine blanche et d’autres baies. 11 y a plusieurs variétés de cette espèces, entr'autres, celle à tête blanche, la blanche et la tachetée. ‘ Son traitement dans la chambre doit être le même que celui de la draine; on peut néanmoins ajouter à sa nourriture de la carotte râpée. On ne garde guère cette espèce, qui n’a pas l'agrément des précédentes, que pour servir d’appeau. Il faut avoir le soin de tenir la litorne éloignée du foyer ou du poële, car la chaleur lui est extrêmement préjudiciable. L'ÉTOURNEAU OU LE SANSONNET. 2 (Sturnus vulgaris, L.; enl. 75.) L'étourneau vulraire est moins gros que le merle, et a huit pouces six lignes de longueur , le bec jaunâtre à son origine est brun vers le bout; l'iris de couleur noisette; un beau noir lustré , à reflets verts, pourpres et violets sur diNÉreE parties, teint le dessus et le dessous da corps; chaque plume est ter- minée par une tache roussâtre sur les parties supérieures et sur les couvertures des ailes et de la queue; cette même teinte borde les pennes alaivres et caudales , qui sont d’un brun noi- râtre à l'intérieur ; les plumes de la tête et du cou sont longues et étroites ; celles des joues, du devant du cou, de la poitrine et du ventre ont à leur extrémité une tache bianchâtre; les pieds sont couleur de chair et les ongles noirätres. 156 MANUEL Tel est le mâle après la mue, pendant l'hiver, et dans les premiers mois du printems; mais vers le mois de mai, son bec devient totalement d’un beau jaune orangé; les mou- chetures rousses et blanches disparaissent en presque totalité, principalement sur les parties antérieures ; alors les plumes qui ne sont point mouchetées ont des reflets plus vifs et sont d’un beau noir brillant. Le plumage de la femelle a moins de reflets, a deswmou- chetures plus larges et plus longues et plus nombreuses ; son bec est brun , et ne se colore: point comme celui du mâle. Les jeunes, dans leur premier âge, sont d’une couleur brune norrâtre, sans taches blanches et sans reflets ; les muu- chetures commencent à paraitre à la première mue, tantôt sur une partie du corps, tantôt sur une äutre, mais le plus souvent sur les inférieures , ensuite sur la tête et après sur le dos. Pendant la mue, peu d'oiseaux offrent des variétés de plumage plus nombreuses et plus agréables que les éfour- neaux. Les deux sexes portent, dans leur jeunesse, une robe si ressemblante, qu’il est impossible deles distinguer ; comme le mâle est seul susceptible d'éducation, et par conséquent seul recherché, les oiseleurs le reconnaissent, à cet âge , par une tache noirätre presqu ’imperceptible qu ‘1 a sous la langue; il faut que ce soit vraiment un caractère distinctif, puisqu'ils ne s’y trompent que lorsqu'ils veulent abuser l'ichetéur. Se- lon Salerne, la différence entre les déux sexes consisterait dans la forme de la langue; le mle l'aurait fourchue et la Jemelle pointue. Le tems des amours pour les éfourneaux commence dans les premiers jours de printems ; alors chaque paire s’assortit et s’isole; mais cette union ne se fait pas aisément. Les mâles se disputeut les femelles avec acharnement, et celles-ci n’ont pas le droit du choix : elles appartiennent aux vainqueurs. C'est à cette époque qu’ils font entendre leur chant , qui est un gazouillement presque continuel ; ils ont en outre un cri qui n’est qu'un sifflement long et tres aigu. Une fois appariés, les é/ourneaux cherchert.un endroit favorable pour y poser le berceau de leur progéniture ; les uns s'emparent d’un nid de pivert; d’autres font leur ponte dans les colombiers , sous les couvertures des maisons, des églises, et même dans des trous de rochers; mais il n’esl pas t D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 157 | certain qu'ils construisent Jeur nid ‘sur les arbres ; les maté- riaux qu'ils emploient, sont de la paille à l’extérieur, du gros foiu pour le centre, et des herbes fines et quelques pli- mes pour l’intérieur ; c’est dans ce berceau fait sans art, que les femelles déposent quatre œufs d’un bleu verdätre , qu elles couvent pendant dix-huit à vingt jours ; le mâle parlage avec elle l’incubation. Ils ne font que deux couvées par an, dans nos climats tempérés, encore la seconde est peu nombreuse ; les jeunes ne sortent du nid que lorsqu'ils sont très emplu- més. Cet oiseau n'est point recherché pour son chant naturel , mais pour son plumage, et spécialement pour sa docilité et son aptitude à à apprendre tout ce qu’on lui enseigne ; sa voix de- vient claire et sonore, son sifflet très agréable ; il prononce facilement des mots, et quelquefois une phrase de suite, et il répète des airs de serinette en perfection ; + enfin, son gosier souple se prête à toutes les inflexions, à tous les accens. Pour avoir un chanteur parfait, il faut le prendre dans le pid trois ou quatre jours après sa naissance , car s’il y reste dix à douze, il se souviendra toujours de son ramage natu- rel et de son eri désagréable ; on le tient à cet âge tendre dans une petite boîte garnie de mousse qu’on a soin de changer tous les jours, car de la propreté dépend le succès ; et on lui donne souvent à manger , mais peu à la fois ; dès cet iustant, on lui répète ce qu’on desire lui apprendre. He se procurer des petits avec plus de facilité, si les vieux ont établi leur demeure sous les toits des églises ‘et des colombiers, on attache sur les murs des vases de terre, comme on le fait pour les moineaux ; ils ne manqueront pas de s’en emparer , surtout si on les trouble dans les lieux où ils couvent ordinairement , et quoiqu'on leur retire leur pe- tits, cela ne les empêchera pas d'y couver de nouveau. Lorsqu'on veut élever des jeunes, on leur donne pour nour- riture du cœur de mouton haché par petits morceaux et dans la forme de petites chenilles ; on les leur présente au bout d’un petit bâton, jusqu'à ce qu’ils puissent manger seuls. ‘Alors on les nourrit avec la pâte que l’on donne aux rossignols; ce- pendant on doit varier leurs alimens, car ils s *aécommodent volontiers de tout dans l’état sauvage. Ils vivent de limaces, de vermisseaux, de scarabés, de diverses graines, de celles de sureau, d'olives, de cerises et de raisins. * 158 MANUEL k L’épilepsie est la maladie à laquelle ils sont le plus sujets, en captivité. ( Voyez Maladies des oiseaux au mot épilepsie). … Ces oiseaux vivent sept à huit ans, et On en a vu dans l'état de domesticité, ne finir leur carrière qu’à vingt. On en prend beaucoup au lacet . à la panthère, et avec une vache artificielle : mais une chasse très amusante est celle que l’ou fait lorsqu'ils sont en grandes bandes. On attache, soit à la queue , soit à chaque patte d'un étourneau, une ficelle engluée à une palme environ du corps; lorsqu'on a découvert une troupe de ces oiseaux, on s’en approche le plus près pos- sible, et on laisse aller le prisonnier : il s’empresse d'aller rejoindre les autres, se mêle parmi eux, et englue ceux qui l’approchent , ceux-ci ne pouvant plus se soutenir à l'air, tombent à terre; on les étourdit alors à coup de branches d'arbres : en lächant plusieurs de ces oiseaux, cette chasse devient plus avantageuse. LA FAUVETTE. (Motacilla atricapilla, L.; enl. 580.f. 1). Des diverses fauvettes connues il ne sera question ici que de la fauvette à tête noire, qui est celle qu’on élève de préfé- rence en cage. Le mâle a le derrière et le sommet de la tête jusqu'aux yeux couverts d’une calotte noire; un gris cendré ardoise colore le reste de cetle partie et le tour du cou; il est plus clair sur la gorge, et s'étend sur le gris blanc de la poitrine, dont les flancs sont ombrés de noirâtre; le ventre et les couvertures in- férieures de la queue sont de cette première teinte ; le dos est d’un gris brun tirant sur l'olivâtre, ainsi que le croupion, les couvertures supérieures de la queue, les petites couvertures des ailes et le bord extérieur des pennes, dont l’intérieur est d’une teinte plus foncée; le bec est brun, et les pieds sont couleur de plomb : longueur, cinq pouces cinq à six lignes. La femelle diffère en ce que le dessus de Ja tête est d'un roux brun, et que le gris qui couvre le cou n’est point ardoisé. Les jeunes lui ressemblent jusqu’à la mue ; cependant on dis- tingue les mäles de cet âge par la teinte de la tfte, qui est d’un roux noirâtre. De toutes les fauvetles , il n’en est point qui affectionne plus sa femelle que le mâle de cette espèce, qui montre autant de tendresse pour ses petits, et dont le chant soit aussi agréable D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 159 et aussi continu. Rien ne peut altérer sa tendre affection, la perte de sa liberté même , à l’époque où les oiseaux en sont si jaloux , si c’est avec sa famille qu'ii en est privé ; il nour- rit ses petits et sa femelle, la force à manger, lorsque le cha- grin que Jui cause la captivité la porte à refuser toute nour- riture qu'on lui présente. MES C’est vers le 15 avril que ces oiseaux s'occupent du berceau de leur famille. Le mâle cherche la position la plus favorable ; et lorsque son choix est fait, il semble l’annoncer à sa femelle par un ramage plus doux et plus tendre: c’est presque toujours dans les petits buissons d’églantier et d’aubépine , à la hauteur de deux ou trois pieds de terre , sur le bord des chemins ri- verains des bois, dans les bois même et dans les haies, que la femelle place son nid; elle lui donne une forme petite et peu profonde, le fait d'herbes sèches à l'extérieur , et de beau- coup de crins à l’intérieur. Sa ponte est de quatre à cinq œufs, marbrés, de couleur marron clair; si l'on touche à ses œufs elle les abandonne, mais moins souvent que la plupart des autres fauvettes, Le mâle la soulage dans le travail de F’incu- bation, depuis dix beures du matin jusqu’à quatre et cinq heures du soir. Les pelits naissent sans aucun duvet, se couvrent de plumes en peu de jours, et quittent le nid de très bonne heure, sur- tout si on les inquiète; souvent il suffit de les approcher; ils suivent alors leurs parens en sautillant de branche en branche, etse réunissent le soir pour passer la nuit ensemble ; toute la fa- mille se perche sur la même branche, le mâle à un bout, la fe- melle à l’autre, et les petits dans le milieu, tous pressés les uns contre les autres. Après celte première couvée ;, ils en font une seconde , et même davantage, si les premières sont inter- rompues. Cette espèce de fauveite ayant un chant qui tient de celui du rossignol , dont les modulations, quoique peu étendues , sont agréables, flexibles, et nuancées, et les sons purs et légers, est de toutes la plus recherchée pour la cage; elle joint à cela une amabilité peu commune; elle affectionne d'une manière touchante celui qui a soin d’elle; elle a pour laccueillir un accent particulier : à son approche, sa voix devient plus af- fectueuse, elle s’élance vers lui contre les mailles de sa cage, comme pour s’efforcer de rompre cet obstacle et de le joindre, et par uu continue] battement d'ailes, accompagné de pelits 160 MANUEL cris, elle semble exprimer l’empressement et la reconnais- sance. y On se les procure de diverses manières ; les uns préfèrent les jeunes qu’on attrape aux abreuvoirs vers le mois d’août et de septembre ; leur chant a, dit-on, plus de mélodie et a plus de rapports avec celui des fauvettes en liberté. Pour Les accou- tumer à la cage, on leur lie les extrémités des ailes, eton leur donne la nourriture du rossignol, avec des fruits tendres, même des poires et des pommes, afin qu'ils s’apprivoisent plus facilement, Quand on veut les élever pris au nid, on se les procure quand ils sont à plus de moitié couverts de plu- mes , c’est-à-dire, huit à neuf jours après leur naissance , et on les nourrit comme les jeunes rossignols; mais pour une parfaite réussite, il faut les tenir très proprement sur de la mousse sèche et renouvelce deux fois par Jour : on peut en- core leur donner une pâte liquide , composée de jaune d'œuf, de chenevis broyé et de mie de pain. Lorsqu'ils mangent seuls, on ÿ joint du persil haché très menu, et on donne à cette nourriture la consistance de la pâte; comme elle les engraisse promptement, ce qui souvent leur occasione la mort, on en corrige la malignité, surtout du chenevis, en leur donnant des poires ou pommes coupées en deux , des figues et des rai- sins et autres petits fruits dont ils sont tres friands. Pendant l'hiver, on les tient dans un endroit chaud; il suffit que leur boire et leur manger ne puissent se gelér. L’on assure qu’ils peuvent perfectionner leur chant, si on les tient à portée d’entendre le rossipnol. A l’époque du départ, qui est à l'automne, Îles fauvettes de cage s’agitent pendant la nuit, et surtout au clair de la lune, ce qui en fait périr un grand nombre: ce tourment dure jusqu’en novembre, et après ce tems, elles sont tran- quilles jusqu’à la même époque de l’année suivante : cette en- vie de voyager ne les quitte qu'après plusieurs années de captivité. L'on en a conservé en cage pendant dix ans; maïs le cours de leur vie est ordinairement de cinq à six. Avec des soins, On parvient à les faire nicher en captivité; il faut pour cela les tenir dans un jardin , et que la volière soit garnie d’arbustes toujours verts, et on les tient dans un appartement pour les conserver pendant l'hiver. ! On les prend aux raquettes, aux gluaux, sur les cerisiers et, dfins les abreuvoirs, : D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE, 161 LE ROUGE-GORGE. PT rHBébla ; L., enl.361 fig. 1.) | Ce petit oiseau passe tout l’été dans nos bois, ét ne vient à l'entour de nos habitations qu’à son départ en automne, et à son retour au printéms; mais daus ce dernier passäge, il ne fait que paraître, et se hâte d'entrer dans les forêts pour y retrouver , sous le feuillage qui vient de naître, sa solitude et ses amours. Il place son nid près de terre, sur les racines des jeunes arbres, où sur des herbes assez fortes pour le soutenir. Il le construit de mousse entremêlée de crin et de feuilles de chêne avec un lit de plumes au dedans; souvent, après l'avoir construit il le comble de feuilles accumulées, ne laissant sous cet amas qu'une entrée étroite, oblique, qu'il bouche encore d’une feuille en sortant; on trouve ordinairement dans ce nid, cinq, six et sept œufs de couleur brune. Pendant tout le tems des nichées, le mâle fait retentir le bois d’un chant léger ct tendre; c’est un ramage suave et délicieux, animé par quel- ques modulations plus éclatantes, et coupé par des accens gra- cieux et touchans qui semblent être les expressions des désirs de l'amour; la donce société de sa femelle non seulement le remplit en entier, mais semble même lui rendre importune toute autre compagnie. Il poursuit avec vivacité les oiseaux de son espèce et les éloigue du petit canton qu'il s’est choisi; jamais le même buisson ne loge deux paires de ces oiseaux aussi fidèles qu'amoureux. Le rouge-gorge cherche l’ombrage épais et les endroits ku- mides; il se nourrit au printéms de vermisseaux, qu'il chasse avec adresse et légèreté; dans l’automne il mange des fruits de ronces, des raisins à son passage dans les vignes, et des alizes dans le bois, ce qui le fait donner aux piéges tendus pour les grives qu’on amorce de ces petits fruits sauvages. Il n’est pas d'oiseau plus matinal que celui-ci. Lé rouge- - gorge est le premier éveillé dans le bois, et se fait entendre dès l'aube. Il est peu défiant, facile à émouvoir, et sua in- quiétude ou sa curiosité fait qu'il donne aisément dans tous les piéges ; c'est toujours le premier oiseau qu'on prend à la pipée; la voix seule des pipeurs ou le bruit qu’ils font en taillant les branches , l’attire et il vient derrière eux se prendre à la sauterelle ou au gluau presque aussitôt qu’on l'a posé; il répond également à l’appeau de la chouette ou au bruit d'une 162 MANUEL feuille de lierre percée; il suffit d’imiter son petit cri, wip, uif, ou de faire crier quelque oiseau pour mettre tous les rouge-gorges en mouvement. Lorsque le froid devient rude et que la terre est couverte de neige, ces oiseauxentrent dans les maisons, y ramassent les mies de pain, des grains et même des petits morceaux de viande : ceux qui sont alors dans les bois suivent les bucherons et ramassent presque entre leurs jambes , les miettes qui tom- bent pendant qu’ils prennent leurs repas; il paraît que le be- soin les rend hardis et familiers. Au reste les rouges-gorges sont on ne peut plus aisés à apprivoiser, et ils supportent la perte de leur liberté sans en témoigner beaucoup d’humeur. Un peu plus petit que le rossignol , la taille du rouge-gorge est svelte et élégante; les jambes, les pieds et les ongles sont d’un rouge-brun, l'iris est couleur de noisette; le bec grèle, délié et noirâtre; les parties supérieures de la tête; le derrière du cou et tout Le dessus du corpssont d’un gris.brun; le front, le tour des yeux, lagorge, ledevant du cou, sont d’un rouge orangé qui s'étend sur le haut de la poitrine; le bas de la poitrine est cendré sur les côtés, blanc dans son milieu; le ventre est blanc, les côtés d’un brun olivätre terne, ainsi que les pennes des ailes et de la queue; les moyennes des ailes sont terminées par une pelite tache rousse. Dans la chambre on n’a pas besoin de lui affecter de nour- rilure particulière, il mange absolument de tout; sa maladie la plus fréquente est la diarrhée, que l’on guérit avec quelques araignées et quelques vers de farine. Il faut surtout ne pas le laisser manquer d’eau, pour boire et se baigner. LE ROSSIGNOL. (Motacilla duscinia, T.. ; enl. 615.) Le rossignol, un peu plus gros que la fauvette; a six pouces deux lignes de long, le dessus de la tête et du cou, le dos, le croupion , les plumes scapulaires, les couvertures supérieures des ailes et de la queue sont d’un brun tirant sur le roux; la gorge, le devant du cou, la poitrine, le ventre, d'un gris blanc; les flancs gris, ainsi que les jambes; les couvertures inférieures de la queue d’un blanc roussâtre; les deux pennes intermédiaires d’un brun roux ; les autres de cette même teinte à l'extérieur, et d’un rouge bai à l’intérieur ; les pennes des ailes d’un gris tirant sur le roux en dehors ; d’un cendré brun, D: D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 163 bordé de roussâtre du côté interne , les pieds et les ongles de couleur de chair; le bec est brun et foncé en dessus, ‘et gris brun en dessous. La femelle ressemble tellement au mâle, qu'il est très dif- ficile ae la distinguer. Le jeune mâle se fait connaitre par son gazouillement presque aussitôt qu'il manye seul, etle vieux en ce qu'il a l'anus plus gonflé et plus alongé, ce qui forme un tu- bercule de deux lignes au moinsau-dessns du niveau de la peau; ce tubercule est plus apparent au printems, et n’est pas aussi sensible dans les autres saisons, distinction qui, dans la plu- part des oiseaux , surtout les petits, indique la différence des sexes. On indique plusieurs espèces de rossignol, mais on ne voit entreeux d’autres différences que celles qu’on aperçoit dans tous les oiseaux de la même espèce, et même dans ceux qui vivent daps les mêmes lieux ; un piumage dont les nuances sont plus ou moins foncées; une taille qui est un peu plus, un peu moins forte, un chant plus ou moins parfait. Le rossignol, d'un naturel timide et sohtaire, voyage, ar- rive et part seul ; il nous quitte à l'automne et parait dans nos contrées à la fin de mars ; il se tient alors le long des haies qui bordent les terrains cultivés et les jardins, où il trouve une nourriture plus abondante que partout ailleurs; mais il y reste peu de tems, car dès que les forêts commen- cent à se couvrir de verdure, il se retire dans les bois et les bosquets, où il se plait sous le plus épais feuillage; l'abri d’une colline, le voisinage d’un ruisseau, la proximité d’un écho, sont les endroits qu'il préfère; le mâle a toujours deux ou trois arbres favoris, sur lesquels il se plait à chanter, et ce n’est guère que là qu'il donne à son ramage toute l’étendue dont il est susceptible; il préfère cependant celui qui est le plus proche du nid sur lequel ïl ne cesse d’avoir l'œil. Une fois apparié, il ne souffre aucun de ses pareils dans le canton qu'il a choisi; l'étendue de son arrondissement semble dé- pendre du plus au moins d’abondance dans la substance né- cessaire à sa famille; maïs où la nourritnre abonde, la distance des nids est beaucoup moindre, cependant la jalousie y entre pour quelque chose, puisque les mâles se battent à outrance pour le choix d’une compagne; ces combats se répètent sou- vent à leur arrivée ; car dans cette espèce, les femelles sont beaucoup moins nombreuses que les mâles. 164 MANUEL Vers la fin d'avril ou au commencement de mai, chäqué couple travaille à la construction de son nid: des herbes gros- sières , des fenilles de chène sèches, et en grande quantité, sont employées au dehors; des crins, des petites racines, de la bourre , garnissent le dedans; le tout est lié ensembie, mais d’une manière si fragiie, que, dès qu’on déplace le nid, tout l'édifice s'écroule. Il le construit ordinairement près de terre, dans les broussailles , au pied d’une haie, d’une charmille , ou sur les branches les plus basses de quelque arbuste touffu , et le tourne au levant. La ponte est de quatre à cinq œufs d’un brun verdâtre, uni- forme; le brun domine au gros bout et le verdâtre au petit. L ’incubation dure dix-huit à vingt jours : c'est alors qne le mâle emploie ses plus beaux sons ; et qu’il redouble nuit et jour les efforts de son ramage pour divertir et consoler sa compayne des peines de la ponte et de Pennui de la couvaison. Dès que les petits sont éclos, le père et la mère en prennent un soin égal; mais dès qu’ils peuvent voltiger, ce qui arrive au bout de quinze jours, le mâle se charge seul du reste delé- ducation , tandis que la femelle s'occupe d’un nonveau nid pour sa seconde ponte. Elle en fait ordinairement deux par an, rarement trois, dû moins dans nos contrées, à moins que les premières n’aient été détruites, ce qui arrive fort souvent d’a- près la position du nid. De tous les oiseaux, le rossignol est celui qui a le chant le plus harmonieux, le plus varié et le plus éclatant. IL n’est pas un seul oiseau chanteur qu’il n’efface ; il réunit les talens de tous; il réussit dans tous les genres. On compte dans son ramage seize reprises différentes, bien déterminées par leurs premières et dernières notes; 1l les soutient pendant vingt se- condes , et la sphère que remplit sa voix, est au moins d'un mille dé diamètre. Il n’est donc pas étonnant qu’on aït cher- ché les moyens de jouir pius long-tems de ce ramage inimita- ble; mais pour conserver à sa voix le charme qui, dans l’oi- seau hibre, disparait avec ses amours, il faut le tenir en cap- tivité; ce n’est pas assez’, il exige de la patience, des atten- tions ; il faut lui prodiguer des soins que ne demandent pas les autres oiseaux; car c’est un captif d’une humeur difficile, qui nerend le service désiré qu’autant qu'il est bien traité. On se procure des rossignols de trois marières , pris dans D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 165 le nid, pris jeunes avant la mue et au départ, et pris adultes au printems. # Ye 1° Les Jeunes. | Pour trouver un nid de rossignol où il y a des petits, il faut. aller le matin au lever du soleil, et le soir au soleil cou- chant, près du lieu où l’on a toujours entendu chanter le mâle, ce qu'il ne fait ordinairement que peu éloigné du nid; on s’y tient tranquille sans faire de bruit ; les allées et venues du pèreet de la mére, les cris des pelits indiqueront certai- nement l'endroit où il est; ce moyen est presque immanqua- ble. Il faut se garder, dès qu’on veut les élever à la brochette, de les tirer hors du nil avant qu'ils ne soient bien couverts de plumes. On doit choisir ceux de la première ponte: ils sont toujours plus vigoureux, et ils chanieront plus tôt; de plus, la mue qni en fait périr une partie , les prend dans les chaleurs, et ils sont plus én état de la supporter. On les met avec le nid et de la monsse dans un panier couvert, ayant soin de tenir le couvercle un peu ouvert pour la communication de l'air, ou de le faire à claire-voie , et de le couvrir pendant la nuit d’une étoffe chaude; il faut surtout prendre garde qu'ils ne sortent du panier après leur avoir donné là #ecquée , de peur qu'ils ne prennent dans le moment la goufte qui est pour eux un inal incurable. Or les tiendra dans le panier très proprement jusqu’à ce qu'ils puissent bien se soutenir sur leurs jambes; alors on les mettra dans une cage dont le fond est garni de mousse. Avec toutes ces précautions on est certain de les amener à bien, et d'avoir des oiseaux bien portans, robustes et propres au chant, mais o1 doit se conformer à la manière de les nourrir indi- quée ci-aprés. Il faut savoir leur donner la nourriture et la leur refuser à propos; ils sont si délicats que le moindre excès peut les étouffer. On ne doit pas avoir égard à leur demande réitérée, car ils ouvrent le bec à tout moment , soit qu’on les approche, soit qu’on touche au nid ; il faut donc pour réussir, ne pas s’é- carler du régime suwant. | On leur donne la première becquée une demi-heure après le lever du soleil, la secondeune heure après ,et ainsi d'heure en heure jusqu'à la dernière , qui sera vers le soleil couchant ; près it faut les. refuser, auojqu'ils demandent, mais la der- ; 15 166 MANUEL nière doit étre plus forte que les antrés à cause de la nuit. On se sert pour cela d’une petite brochette de bois bien unie, un peu mince par le bout et de la largeur d'environ le petit doigt, eton ne leur donnera à chaque fois que quatre becquées ; après trois semaines ou un mois au plus ils mangeront seuls, et les mâles commenceront à gazouiller ; alors on les sépare et on les met dans difiérentes cages, car ces oiseaux aiment à vivre seuls. La nourriture qui leur convient est celle indiquée pour les vieux , à laquelle on donne la consistance nécessaire pour pou- voir la prendre avec la brocheite. D’autres curieux font des boulettes de la grosseur d’une plume à écrire, et composée de cœur de mouton ou de veau cru, dont on a enlevé exactement la peau, les nerfs et la graisse, et leur en donnent deux ou trois, à huit ou dix reprises différentes par jour ; on peut rem- placer ces boulettes avec du jaune d'œuf dur coupé par petits morceaux ; ils les font boire deux ou trois fois par jour avec un peu de coton trempé dans l’eau; enfin une pâte faite de mie de pain, de chenevis broyé, de bœuf bouilli et de persil haché est employée avec succès; mais Ja première indiquée doit être regardée comme la meilleure. Comme ces oiseaux sont très délicats, l’on ne réussit pas toujours complètement, c'est pourquoi on doit , si on Te pent, les faire soigner par le père et la mère, moyen toujours em- ployé avec succès et qui procure des oiseaux bien vivans et bons chanteurs. Lors donc qu’on veut les faire élever de cette manière, on prend ordinairement les jeunes des dernières pontes; quoique ceux des autres soient aussi bons; mais les amateurs qui agissent ainsi, destinent les vieux à couver en volière au printems suivant. Lorsqu'on a trouvé un nid par les moyens indiqués ci-des- sus, on ténd le fiiet, rets saillant ou deux nappes à petites mailles, si le terrain le permet, le plus près possible du nid, on les garnit de vers de farine attaches à des piquets , et l’on a bientôt pris le mâle et la femelle. Aussitôt qu’on est de re- tour, on les met avec le nid et les petits dans un cabinet très peu éclairé. On leur donne à boire et à manger dans trois pots de faïence peu profonds; dans l’un est l’eau , dans un autre sont cinquante à soixante vers de farine, et dans le troisième ja nourriture indiquée, à laquelle on joint des œufs de four- mis; pour les decider plutôt à à manger, ON jetie de ces der- D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 167 niers en abondance sur le plancher; on les traite enfin, quant à la nourriture, ainsi que les rossignols nouvellement pris, dont il sera parlé ci-après. On doit en outre, pour les lamilianiser avec leur nouveau domicile, y meitre des paquets de branches feuillues , et couvrir le plancher de mousse. Les arbres en caisse toujours verts et touffus, comme lauriers, buissons ardens, etc., conviendraient encore mieux , d'autant plus qu'il en résulte un avantage très grand pour leur tran- quillité, puisqu'on ne serait pas obligé d'entrer dans leur pri- son pour chauger la verdure. En opérant ainsi, l’on a bientôt la satisfaction de voir le père et là mère prendre des vers de farine, des œufs de fourmis et de la pâtée pour les donner à leurs petits ; cette pâtée sera composée comme la première in- diquée ci-dessus. Ces oiseaux ont une telle affection pour leur progéniture, qu'ils oublient promptement la perte de leur liberté, lui pro- diguent les mêmes soins que dans les bois, et montrent pour elle la mème soilicitnde ; ils jettent aussi le cri d'alarme , si queïque chose les offusque, et à ce cri leur jeune famille se cache aussitôt dans la mousse et la feuillée, Ceux qui veulent les faire nicher au printems suivant (voy. ci-après la ma- mière de le faire), conservent les vieux, et ont soin de les sé- parer en les mettant dans des cages particulières; autrement on doit donger la liberté à la femelle, ainsi qu'aux jeunes de son sexe qu’on reconnait facilement à leur silence; au con- traire les jeunes mäles, ainsi qu'il a été déjà dit, commen- cent leur ramage dès qu’ils mangent seuls ; on peut donc être certain qu'un jeune, qui un mois après ne gazouille pas, est une femelle, Il y a encore un moyen plus facile pour les personnes qui sont déjà munies de vieux rossignols pris au filet, et conservés depuis quelques années, ou du moins depuis un an, de s'évi- ter la peine d'élever soi-même des peuts à la brochette, et celle de les porter ensuite à la campagne pour perfectionner leur chant. On prendra pour cet effet des petits rossignols dans le nid, qu'on mettra dans la même chambre où 1l y aura wn vieux rossignol; on commencera à donner aux petits les premières becquées, laissaut la cage du vienx ouverte jour et nuit, et ayant soin de mettre ua petit pot de la nourriture propre aux peuts, c’est-à-dire le cœur de mouton ou de veau, haché et 165 | MANUEL mêlé avec la pâte ordinaire , à côté de celui dela mangeaille. On aura l'attention de laisser toujours crier un peu les petits avaut de leur donner la becquée; on verra bientôt sortir de sa cage le vieux rossignol qui, s’approchant du nid eu gazouil- Jant autour d'eux, se remplira le bec de leur pâtée pour leur en donner. Lorsqu'on s'apercevra le matin qu’il aura porté la becquée aux petits dès la pointe du j jour ; on les confiera entie- rement à ses soins; il les élevera jusqu'à ce qu’ils sachent manger seuls, et on aura ensuite le plaisir de les voir manger avec lui dés le même pot, et le suivre dans sa cage. Il fau- dra alors les mettre dans des cages séparées. Si l’on prend plaisir à élever ainsi de petits rossipnols, il sera mieux de se pourvoir d'avance d’une femelle, qu’on gar- dera une année en cage pour être nourrice. La femelle, plus portée à soigner les petits, ne manquera jamais de le faire. Une autre raison doit encore la faire préférer, c'est que le mâle, pendant qu'il nourrit, est si cccupé du soin de ses nourrissons , qu’il ne se donne presque pas le tems de chan- ter, et qu’ainsi on perd l'agrément de son chant pendant celte saison. Les jeunes qu'on doit préférer sont ceux de la première ponte, on peut leur donner tel instituteur que l'on voudra; mais les meilleurs, si l’on ne desire que leur ramage, sont les vieux rossignols, ét l’on choisit celui qui a la plus belle voix, car tous ne chantent pas également bien. A mesure que le jeune mâle avauce en âge, sa voix se forme par degrés, et elle est dans toute sa force sur la fin de décembre; il apprend facilement des airs étrangers, sifflés à la bouche ou au flageollet , si on les lui fait entendre assidu- ment pendant quelques mois; il apprend même, dit-on, à chanter alternativement avec un chœur, à répéter ses couplets à propos, et même à parler la langue que l’on voudra; mais il faut faire le sacrifice de son chant naturel; ou il le perd en entier, où ilest en partie gäté par les sons étrangers, et sou- vent on finit par le regretter; puisque sa variété qui en fait le principal mérite, est remplacée par une monotonie qui à la longue devient ennuyeuse; enfin un autre inconvénient qui n'arrive que trop souvent, c’est qu’il oublie une partie du pre- mier et n’apprend qu’une partie du second, d’où 1l résulte un chant coupé et très imparfait. S'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 169 Cependant, si l’on veut lui aïprendre quelques airs, on s’y prend de cette manière : on le met, dès qu’il commence à gazouiller, dans une cage couverte de serge verte, que l’on place dans une chambre écartée de tous oiseaux quelconques , jeunes ou vieux , afin qu’il u’entende pas leur ramage ; de nius, toute personne, autre que celle qui en a soin, doit s'abstenir d’y entrer ; car une très grande tranquillité li est nécessaire. On accroche cette cage près de la fenêtre dans les premiers huit j jours, après quoi on l’en éloigne peu à peu jusqu'à ce qu’elle soit dans l'endroit de la chambre le plus sombre, où l'oiseau doit rester tout le tems qu'on sera à l’instruire. Six lecons par jour suffiront, deux le matin en te levant, deux dans le milieu de la journée , et deux le soir en se couchant ; celles du soir et du matin seront les plus longues, parce que c'est l’instant où il est plus attentif ; on répète à chaque lecon , dix fois au moins l’air qu on lui apprend ; on lesiffle, on le joue tout de suite sans répéter deux fois le commencemeut et la fin. Il peut exécuter deux airs avec facilité ; mais si on,lui en apprend plus, il arrive souvent qu'il les confond , et ne sait rien parfaitement. L'instrament dont on se sert doit être plus moëlleux et plus bas que le petit flageolet ordinaire ou les serinettes propres à siffler les serins; un gros- flageolet fait en flûte à bec, dont le ton est grave et plein, convient mieux au gosier du rossignol ; mais celui qui paraît remplir le but désiré est une serinelle à bouvreuil que l'on nomme bouvrelte ou pione ; il se fabrique à Mirecourt, où 1l est connu sous ces noms. Cependant, on doit avertir l’institntenr de ne pas se rebuter et abandonner son écolier, parce qu'il l’entend tou- jours gazouiller comme à son ordinaire, sans donner aucun signe d'instruction après sa mue et mème pendant l'hiver, var ce nest souvent qu’au printems que plusieurs répètent les airs qu ‘ils ont appris. On ne doit pas espérer réparer la faute qu'on a faite en cessant de l’instruire, car à cet âge, il n’est plus susceptible d'éducation. Parmi les jeunes qu'on élève, il s’en trouve qui chantent la nuit, mais fa plupart commen- cent à se faire entendre le matin sur les huit à neuf heures dans les courts jours, et toujours plus matin à mesure que les jours croissent. 2° Jeunes et vieux rossignols pris au filet. Les jeunes pris vers l’automne doivent ètrte traités de la * 170 MANUEL même manière que les vieux ; ils n’ont sur ceux-ci que l’avan- tage de chanter pendant l’hyver , dès la première année, et de se familiariser plus volontiers. Si l’on vent faire chanter le rossignol captif, 1l faut le bien traiter dans sa prison, lâcher de lui rendre sa captivité aussi douce que la liberté ; en l’environnant des couleurs de ses bos- quets , eu étendant la mousse sous ses pieds, en le garantis- sant dn froid et des visites importunes , en lui donnant surtout une nourriture abondante et qui lui plaise ; à ces cond'tions, il chantera au bout de huit jours, et même plus tôt s’il est pris avant d’être apparié, c’est-à-dire, avant le 25 avril, autre- ment il est très rare qu’il ne succombe à la perte de sa fe- melle, mais il ne chante plus ou très peu, s’il est pris après le 15 de mai. Les cages qui conviennent aux rossignols servent à mettre l'oiseau aussitôt qu’il est pris; elle est couverte en dessus d’une serge verte ; construite en planches, en forme de caisse carrée, de seize pouces de longueur snr quatorze de hauteur et dix de profondeur , fermée par devant d’une grille de fer ou ou de bois couverte comme le dessus; la porte est sur le côté dans le bas, el assez grande pour que la main puisse y en- trer et sortir aisément , et pouvoir donner à manger et à boire au rossionol sans l’effaroucher. Au-dessus du pét destiné à mettre la mangeaille, on pra- tiquera au haut de la cage un petit trou auquel on adaptera un entonnoir de fer-blanc, par lequel l’on fait tomber la pâte et les vers de farine dans le vase qui est au-dessous, ce qui évite de troubler l'oiseau plusieurs fois par jour, et à quoi lon serait forcé sans cela, vu qu'il faut lai donner des vers au moins en trois reprises. Le pot à boire est de l’autre côté d: la porte, et placé de manière qu’on puisse le prendre et le re- mettre sans déranger la cage et sans bruit. , Où fixera cette cage sous un petit auvent au-dehors d’une fenêtre, de manière qu’on puisse atteindre à la porte sans rien déranger. L'exposition du levant étant la meilleure, doit être préférée; celle du midi fatigue l'oiseau, l'empêche de chanter, le dessèche, et souvent le rend aveugle au bout de quelques mois. La cage doit y rester pendant toute la saison du chant, et il ne faut pas la nettoyer tant qu'il sera dans cette prison, de peur de leffaroucher ; il n’en résulte aucun inconvénient pour ses pieds , car il ne quitte les juchoirs que pour boire et D'ORNWITHOLOGIE DOMESTIQUE. 171 manger. Lorsqu'il a cessé de chanter, on la retire et on là tient dans la chambre; et pour l’accoutumer peu à peu au grand jour, on élève insensiblement la serge qui est devant le grillage. La seconde est celle où il doit toujours rester, et dans laquelle on le met lorsqu'il est moins sauvage. Cette cage a la même forme que la première, est ouverte sur le devant, et a une seconde porte au milieu des barreaux, afin de pouvoir donner la liberté au rossignol quand on le veut ; on place les pots Sa et au manger de chaque côté de cette porte à la hauteu du doigt près des bâtons, en dedans de la cage et dans un pelit ccle de fer : elle doit avoir un double fond quise retire quand on veut la nettoyer ; on peut même s’éviter l'embarras de le faire souvent , en mettant dans le fond de la monsse bien sèche, sur laquelle la fiente de l'oiseau se des- sèche promptement, et ses pieds, par ce moyen, restent-lou- jours propres. L' entonncir devient inntile, puisqu’en lui présentant des vers de farine, on l’accoutume facilement à ‘venir les prendre à la main; il faut lui en donner peu, car ce mets, qui est pour lui une friandise , ie fait maigrir ; on doit aussi éviter d’er mettre dans sa pâtée, à moins qu'ils ne soient coupés, vu que se réfugiant dans le fond du pot, ie rossignol jette toute sa mangeaille pour les avoir, et la jette par la suile pour les chercher, quoiqu'il n’y en ait pas. Eufin , la troisième sert pour mettre un rossignol ‘aveugle, ou aveuglé exprés pour en tirer un chant plus contmu; elle doit être petite et n’avoir que trois juchoirs, un pour le boire , un pour le manger, et le troisième,au milieu de la cage. Elle doit être faite de sapin ou de hêtre bien sec et bien sain; les* “planches doivent être très mmces; l'ouverture est, comme dans les précédentes , sur le devant, sa longueur, de sept pouces et demi , sa hauteur d’un pouce de plus, et sa profondeur de quatre et demi; les deux premiers juchoirs sont éloignés des pots de seize lignes tout au plus; ces pots sont placés dans des petits cercles de fil de fer sur chaque côté en dedans de la cage, et couverts en dehors d’une grille de fer voütée. Cette cage doit aussi avoir son tiroir pour la nettoyer. Tous les piéges sont bons pour les rossignols. On les prend à la pipée, aux gluaux, avec les trébnchets à me- sange, divers filets propres à cette chasse, et notamment le trébuchet , qui est le plus commode et le plus en usage, 172 MANUEL parce qu'il est très efficace et peut se mettre à la poche. On. trouve à Paris de ces trébuchets tout faits chez les marchands. de filets. Ilest bon d'observer queles petits pièges qu’on emploie pour prendre les rossignols destinés à la cage, doivent être couverts d’un taffetas vert, au lieu d’un filet dans lequel leurs plu- mes peuvent s'embarrasser, et où ils pourraient perdre les pennes de la queue, ce qui retarderait leur chant, car un rossignol qui en est privé garde le silence ; comme ces pennes ne repoussent qu'à la mue, ilne chanterait d de ge la saison. Cette particularité dans les rossienols n'est e connue de beaucoup d'amateurs, qui leur arrachent la queue lorsqu'elle est gâtée , croyant qu'elle repoussera promptement, ainsi que fait celle des autres oiseaux. Cette suppression qui, au printems les prive de leur chant, s'ils sont captifs, l'avance au contraire, au tems de la mue, si on devance l’époque où elle devait tomber naturellement. Le trébuchet œdonologique se fait de deux demi-cercles de fer, dont en se sert pour les cages de perroquets, et de huit pouces de diamètre, dont un est du double au moins plus fort que l’autre: le premier sert de ressort, et l’autre de battant. IL y a un trou à châque bout du plus gros, par le- quel on passe de la ficelle double , menne et tres forte; dans les ficelles, on arrête le second par les deux bouts , au moyen de deux petits morceaux de bois plats. Aux deux demi-cerc'es sera attaché le filet de sote, ou plutôt de taffetas qui doit être un peu large, afin que le rossignol yÿ étant pris, ue se trouve pas trop à l’élroit. be tend ce piége par le moyen d’un piton de bois pontu, on le passe au milieu des ficelles doubles; on le tourne assez pour que le trébuchet soit bien bandé, et on l’enfonce ensuite en terre jusqu'à la tête, au moyen de quoi le trébuchet se trouve fermé et posé contre terre. On a un autre piton de bois à crochet jar mieux fixer le premier demi-cercle, et afin qu'il ne s'élève point du derrière lorsque l’autre se fermera. Pour tendre ce trébuchet, Il faut lever le demi-cercle , ou- vrir ce trébuchet et l’arrêter , ce qui se fait avec un crochet où une petite machine de bois à qui l’on fait deux coches avec un canif, dans lesquelles s’arrétent les deux demi-cercles. Aux crochets sont attachés les vers de farine avee des épingles ; D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 173 ensuite on retire le filet de soie du milieu du trébuchet, en le plaçant entre les deux demi-cercles, et le reculant en arrière autant qu'il se pourra, afin de ne pas le saisir dans les coches du crochet de bois qui tient le piége ouvert. On aura soin, lorsqu'il sera tendu , que le demi-cerclé soit élevé de terre d'environ deux pouces, ce’ qui empèchera le rossignol de venir prendre les vers de farine par derrière, et de pas- ser Je bec. par dessus les demi- cercles sans entrer en dedans du trébuchet. On aura éncore’ attention qu'il pisse tomber facilement, et qu'il ne soit. point arrêté dans sa détente par quelque pierre , ou de la terre qui se trouverait sous les deux petits morceaux de bois ou sous la partie inférieure du crochet où sont attachés les vers de farine. Peu de chasses offrent autant d'agrément que celle-ci ; elle se fait dans es belles matinées du mois d'avril, l’on est toujours à l'ombre des bosquets, l’on jouit de la fraicheur des boïs sans essuyer aucune fatigue, et l’on est sûr de rappor- ter son gibier, pour peu que l’on ait de l’adresse ; car le ros- signol est si friand des vers de farine, qu'il se jette sans aucune défiance sur l’amorce trompeuse qui doit lui ravir sa liberté. On a encore l’avantage de pouvoir choisir dans les bois celui qui est doué du plus bel organe, sans craindre de se tromper, puisqne cet oiseau n’en souffre point d’autres dans son arrondissement. Le vrai tems de cette chasse est depuis la fin de mars ou le commencement d'avril jusqu'au 25 de ce dernier mois; plus tôt on les prend, meilleurs 1ls sont, car ils chantent plus tôt et plus tard. Mais ceux qu'on prend au commencement de mai élant déjà accouplés, périssent ou chantent peu. L'heure la plus favorable pour la chasse est depuis le lever du soleil jusqu’à dix heures du matin, parce que c’est à cette époque du jour qu'il cherche sa pâture et se jette avec plus d'avidité sur les vers de farine. La veille du jour destiné pour la chasse, on se rend le soir dans le bois, où l’on aura entendu chanter ün rossionol; on remarque ses arbres favo- ris, et l'endroit le plus pr opre pour tendre le filet; ‘après y avoir remué la terre, on y enfonce plusieurs petites baguettes longnes d’un pied, à l'extrémité supérieure desquelles on at- tache quelques vers de farine ; les plaçant de manière que le rossignol puisse aisément les apercevoir de dessus son arbre. Si on trouve le lendemain les vers mangés, on y place le 174 * MANUEL piège, en remuant de nouveau la terre, ce qui attire cet oi- seau ; en outre, étant naturellement curieux, il est rare qu’il n’y vienne aussitôt qu'on s’est retiré; on ne doit pas s’inquié- ter s’il s’en écarte pendant qu'on tend le filet, et va chanter ailleurs, on l’y attire en imitant le cri d'appel de la femelle qui est le même que celui du mâle, mais sur un tou plus faible et plus doux; enfin, s’il s’obstine à rester éloigné , on Pefiraie en lui jettant une pierre; cependant , il faut observer qu'à leur arrivée, les rossignols n'ont pas encore de canton choisi, n'ont pas d'arbre favori, et se tiernent le long: des haies ; mais s’en écartant peu, ilisuffit de les tourner pour les faire venir où le piége est tendu. | Pour s’assurer si c’est un mâle ou. une femelle qu'on a pris, on reste environ une demi-heure dans l'endroit, et dès que lon n'entend plus rien dans cet espace de tems, on peut êtrecler- tain de tenir l'oiseau désiré ; si au contraire , on entend chanter un rossignol dans le même lieu , c’est une marque qu'on a pris une femelle; alors on tend le piége de nouveau pour prendre le mâle ; d’ailleurs , on peut s’en assurer par les marques indiquées ci-dessus: mais comme elles n’existent pas chez les jeunes mâles pris au mois d’août, on s'assure de léur sexe, au gazouille- ment qu'ils font entendre ordinairement huit à dix jours après. la perte de leur liberté. Pour retirer le rossignol du piége, on le prend d'une main en dessus du filet, de l’autre on ouvre le trébuchet , et on le saisit par les pieds, en le dégageant doucement des mailles dan: lesquelles il pourrait être embarrassé. Dès qu'il en est retiré, on le met dans un pelit sac de taffetas fait exprès et dont on doit être toujours muni, et en avoir un pour chaque rossignol que l’on prend. Cette pache doit avoir au moins six pouces de longueur sur deux ou trois de largeur, et s'ouvrir par les deux bouts comme une bourse; l'un reste fermé, et par l’autre, on fait couler l'oiseau dans le petit sac, ayant soin de ne pas déranger les plumes, surtout celles des ailes et de la queue , ce qui retarderait son chant, si elles étaient er- dommagées, La cage étant d'avance préparée et placée comme il a été dit, le premier soin qu'on doit avoir au retour de la chasse, est de le mettre dans sa prison. A cet effet, on ouvre le petit sac du côté qui répond à la tête de l'oiseau , qu’on laisse cou. ler doucement; et dés qu'il a la tête passée hors du sachet, D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 195 on lui fait avaler quelques gouttes d’eau pour le rafraichir, ce qu'ou fait en trempant le bec à plusieurs reprises dans nn pe- tit pot plein d'eau ; on le laïsse ensuite sortir du sac dans la cage, dont. on ferme aussitôt la porte. Il reste quelque tems tranquille; mais les vers de farine réveilient bientôt son appé- üt, et lui font oublier sa liberté. Quatre heures après quele rossignol est en cage, on doit le visiter, entr’ouvrir légèrement la porte de la cage, tirer avec deux doigts le pot aux vers de farine, et en remettre vingt-cinq nouveaux; on couvrira en même tems le fond du pot d’un peu de pâte décrite ci-après, et qui doit être sa nourriture ordinaire. Sur les sept heures du soir , on lui fait une troisième visite pour lui donner encore vingt-cinq vers, dont on coupera quelques-uns en deux avec des ciseaux, añn que Ja pâte s’y attache, et que le prisonnier puisse en avaler inseusiblement et en prendre le goût. On doit en mettre aussi quelques-uns dans l'abreuvoir, afin qu’en les voyant remuer, il s’apercoive qu'il ÿ a de l’eau. Le second jour, on lui donne la même quantité de vers en lrois fois, savoir : ving-cinq à huit heures du malin, autant à midi, et autant à sept heures du soir , ayant soin de couper tous les vers en deux, et de les mêler un peu avec la pâte. On fait là même chose le troisième jour; mais l'on doit alors cou- per les vers en trois ou quatre parties, et faire le même mé- lange. On suit cette marche pendant trois semaines, après quoi Von diminue peu à peu le nombre des vers, en augmentant à proportion la quantité de la pâte, afin qu’il ne manque pas de nourriture; plus il mange de cet aliment, plus il devient vi- goureux et plus il chante. Si l’on peut se procurer des vers avec facilité, on peut continuer de lui en donner dix à quinze par jour, tant qu’il chante. Cet oiseau timide et solitaire est capable , à la longue, d’atta- chement. 11 n’aime point le changement ; il devient triste, in- quiet et cesse de chanter, si on le transporte d’un local dans un autre, si même on le change de place , quoique dans la même chambre; c'est pourquoi l'on doit, pour ne pas interrompre son chant, le laisser au même énidroit pendant toute la saison. Les mésignols qu’ov tient en cage, ont coutume de se baï- gner après qu'ils ont chanté, c’est pourquoi on doit leur don- ner tous les jours de l’eau fraiche. Enfin , cet oiseau , d’un na- turel très craintif, lorsqu'il n’est pas apprivoisé, s’effarouche 176 MANUEL à la vue du moindre objet qui lui est étranger. Il périt imman- quablement, si, comme les autres oiseaux, on le met dans une cage à jour de tous côtés ; ii s’y débat comme un furieux, jusqu’à ce qu'ilse soit tué; au contraire, lorsque le jour lui est interdit de tous côtés, 11 est tranquille, se console en chan- tant et en mangeant des vers de farine. - On a vu que.ces prisonniers avaient deux saisons pour chan- ter, le mois de mai et celui de décembre; mais on peut en changer l’ordre à son gré. Pour cela, on metau commencement du mois de décembre un vieux mâle dans une des cages faites pour cet objet, et décrite ci-dessus pour les rossignols aveugles. On l’enferme dans un cabinet rendu obscur par degrés, on l'y tient jusqu’à la fin de mai, et l'on ménage le retour de la lumière comme on l'a réitérée. Ce retour fait sur lui les effets du priniems: el il chantera en juin, époque où l’on agit de la même manière pour un autre jusqu’à la fin de novembre. Ainsi avec deux vieux mâles, on en a toujours un qui chante pendant tout le tems que l’autre se tait; mais pour une parfaite réus- site, il faut que celui qui est dans la chambre obscure n’en- tende pas le chant de l’autre, et que pendant l'hiver le froid ne puisse entrer dans son cachot. Il faut y faire un feu ouvert ou de bois dans la cheminée, sans se servir ni de poële, ni de braise, parce qu'il est arrivé plus d’une fois qu’on a perdu des oiseaux par la vapeur du poële ou du chardon. Des per- sonnes les aveuglent pour en tirer un chant presque continuel. Pour 5e procurer le plaisir de faire élever chez soi de petits rossignols par le père et la mère, on prend à la fin du prin- tems, c’est-à-dire au tems de la dernière ponte des rossignols, une paire de ces oiseaux vieux et accouplés. A cet effet on chercheun nid de rossignols ainsi qu'il est indiqué plus haut, et lorsqu’on l’a trouvé, on tend tout proche deux filets garnis de vers de farine : par ce moyen on a bientôt pris le mâle et la femelle qu'on rapporte au logis avec le nid et les petits. On les place dans un cabinet obseur, où il n'entre que peu de jour ; on leur donne à boire et on leur prépare un, mélange de mie de pain, de chenevis broyé, et du bœuf bouilli et haché avec un_ peu de persil : on ÿ ajoute de temis en tems ua jaune d'œuf dur ‘ou bien de la pâte. décrite ci-dessus. Quand les petits mangeront seuls, on en séparera le père et la mère que l’on mettra dans deux cages différentes, et on les y lais- sera jusqu’au printems suivant. D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 177 Si le couple de rossignols pris n'avait encore que des œufs, on secontenterait d’emporter le père et la mère, on les sépare- rait comme il vient d'être dit, et on les placcrait, s’il était possible , dans la chambre ou le cabinet où on aurait dessein de les faire pondre au printems prochain, afin qu'ils s’y ac- coutumassent peu à peu. On leur en facilite les moyens en les laissant sortir de leur cage de tems à autre. Cette alliance est d’autant meilleure qu’elle est due à la na- ture, car on ne réussit pas toujours en les appariant de force. Au commencement d’avril on leur ouvre la cage pour ne plus la refermer; alors on leur fournit les matériaux qu'ils ont contume d'employer pour leur md, tels que feuilles de chène , mousse, chiendent épluché, bourre de eerf et crins; trois on quatre fagots de bois sec et menu sont dans un coin de la chambre, près de la fenêtre, l’un contre l’autre, liés en- semble mais lächement, et fixés par le gros bout ; on les gar- nit de feuilles de chène dans le haut, sur les côtés et entre les branches , ne laissant d'ouverture, pour leur en faciliter l'entrée, que celle par où l’on aura passé la main : on imitera ainsi un buisson, dans lequel ces oiseaux ont coutume de construire leurs mids. On mettra encore dans le cabinet un petit baquet de bois de deux pouces de profondeur, de trois pieds de diamètre et rempli de terre, et un vase d’un pouce de profondeur, rempli d’eau, afin qu'ils puissent s'y baigner; elle doit être renouvelée tous les jours, mais il faut retirer ce vase lorsque la femeile couve. Ce cabinet doit être exposé au midi et garanti du veut du nord. Des curieux se procurent une fouissance plus agréable, en mettant le couple dans une grande volière plantée d'ifs, de charmille, lilas , etc., ou plutôt dans un coin de jardin garni de ces arbrisseaux, et dont on fait une voliére en l’environ- nant de filets ; celie manière est plus favorable et plus sûre pour les faire couver. On a observé plusieurs fois qu’on pouvait lächer le père et la mère tant et si long-tems que les petits ne sont pas en état de voler, sans craïnd de les perdre ; il suffit seulement d’avoir l'attention, dans I erniers jours , de ne pas les lais- ser sortir tous deux à la fois, mais de lâcher d’abord le mâle seul, ensuite la femelle encore seule, après quoi tous les deux ensemble; mais il faut surtout que l'ouverture par laquelle ils sortent et rentrent, soit proche de leur niä : ils profiteront 16 198 MANUEL de cette liberté peur attraper beaucoup d'insectes qu'on ne peut leur procurer, et très nécessaires pour élever leurs petits. Enfin il faut se garder d’entrer souvent dans la voiière tandis que le père et la mère ont la liberté de sortir, et n’y laisser entrer ni chien ni chat, ce qui suffirait pour la leur faire abandonner. Il n'est pas d'iomme qui ne désire posséder, dans un jar- din orné de bosquets, un oiseau dont le chant, toujours dif- férent de lui-mème, varie sans cesse nos jouissances sans ja- mais nous lasser; un oiseau qui, au milieu de la nuit ia plus sombre , fait retentir les bois etles échos de ses accens les plus éclatans. Nous allons donc lui indiquer les moyens de fixer près de sa demeure le chantre des bois. Pour cela, on se procure le’ père et la mère lorsqu'ils ont des petits éclos depuis environ huit jours, avec un rets sail- lanit, ainsi qu'il est dit pour les rossignols auxquels on veut les faire élever en volière. Il faut les prendre de grand ma- tin, ce qui se fait en moins d’une heure. Aussitôt qu'ils sont pris , on les enferme, séparés l’un de l’autre, dans un petit sac de soie; après quoi on enlève le nid sans teucher aux pe- tits , et l’on coupe toutes les branches sur lesquelles il est posé; si c’est un arbrisseau, on doit l’enlever tout entier. On trans- porte le tout à l’endroit destiné, et on le place dans un site qu’on choisit le plus semblable à celui d’où on l’a enlevé; en- suite on met le mâle dans une cage particulière, et la femelle dans une autre. Ces cages doivent être couvertes d’une serge verte et assez épaisse, avec une porte sur le devant, arrangée de manière qu’étant éloigné , on la puisse ouvrir avec une fi- celle qui y sera attachée. Le n1d posé, on place les cages une de chaque coté, à la distance de vingt-cinq à trente pas, de manière que les petits se trouvent à peu près dans la même ligne entre les deux ; les portes doivent leur faire face. Le tout ainsi préparé, on laisse crier les petits pendant un certain tems, jusqu ‘à ce que leur cri d'appel ait été bien en- tendu par les père et mère; alors on ouvre la cage de la fe- melle, sans se montrer, ensuite c du mâle, lorsque celle-ci est sortie : le mouvement de la ture les portera droit au lieu où ils ont entendu crier leurs petits, auxquels ils don- nent de suite la becquée, etîls leur continuent ces mêmes soins jusqu’à ce qu’ils soient élevés. La jeune famille, assure- t-on, y reviendra l’année suivante et peuplera les bosquets, D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 179 car ils ont l'habitude de revenir tous les ans dans les lieux où ils ont été élevés, sans doute s'ils y trouvent une nourriture convenable et les commodités pour y nicher, car sans cela tout ce qu’on aurait fait serait en pure perte. Le rossignol, d'un naturel vorace, s’accommode volontiers de tout aliment , pourvu qu’il soit mélange de viande. Les uns le nourrissent avec parties égales de chenevis pilé, de mie de pain fraisée, de persil et de chair de bœuf bouillie, hachés menus, le tout mèlé ensemble; d’autres prennent parties égales de pain d’œillettes et de colifichet réduits en poudre, auxquels on ajoute du cœur de bœuf ou de mouton cuit, ha- ché bien menu. Ces deux pâtes ont un inconvénient, quoiqu’elles main- tiennent cet oiseau en bon état, c'est qu’il faut les renouveler tous les jours en été, sans quoi la viande se corrompt promp- tement, le dégoûte, le fait maigrir et lui fait garder le silence. Il a donc fallu lui chercher une nourriture qui réunit tous les avantages , sans avoir ce désagrément : telles sont celles indi- quées ci-après; elles se conservent des années entières sans se corrompre, et avec elies l’on n’éprouve pas plus d’embarras à soigner un rossignol qu'un serin. Ces pâtes sont suffisantes pour entretenir son embonpoint; cependant en y mélant de tems à autre, à parties égales, du cœur de mouton haché fin, il chante beaucoup plus fort et plus long-tems ; c’est pourquoi on doit lui en donner souvent dans la saison du chant. Deux livres de rouelle de bœuf, une livre de pois chiches, une livre d'amandes douces un gros et demi de safran du Gâti- nais en poudre, douze œufs frais. Les pois doivent être pilés et tamisés ; les amandes pelées dans l’eau chaude et pilées le plus fin qu'il sera possible; la rouelle de bœuf doit être hachée bien menu et nétoyée avec soin de ses peaux, graisse et fi- lets; le safran infusé dans un demi-verre d’eau bouillante. Le tout disposé de cette manière, on casse dans un plat les douze œufs, et l’on ÿy mêle successivement tous ces ingrédiens, en finissant par le safran. On forme du tout des gâteaux ronds, de l'épaisseur du doigt , qu'or fait sécher au four, après que le pain en aura été tiré, ou dans une grande tourtière, frot- tée avec du beurre frais et mise à un feu très doux. Ces gâ- teaux ont atteint la cuisson nécessaire, lorsqu'ils ont la con- sistance des biscuits nouvellement fais , ou du pain d'épice 150 MANUEL de Rheims. On en rompt un morceau, qu'on émiet!'e dans la main pour le donner aux rossignols. On y mél de plus qu’à la première, une demi-livre de se- mence de pavot, autant de millet jaune ou écorcé, deux onces de fleur de farine une livre de miel blancet-deux ou irois onces de beurre frais. On pulvérise et tamise les pois et le millet jaune; on pile bien la semence de pavot, ainsi que les aman- des douces ; il faut que celles-ci soient bien réduites en pâte et qu'on ne sente point de grumeaux sous les doigts , car les rossignols ne les digéreraient pas; la viande doit être prépa- rée comme il est dit pour la première pâte; ensuite on casse les œufs dont on met seulement les jaunes, dans un grand plat de terre en y ajoutant ensuite le miel et le safran. Lorsque ces trois ingrédiens seront bien mélangés , on y incorpore succes- sivement la viande, les amandes douces et les farines, ayant soin de remuer le tout avec une spatule de bois pour n’en faire qu’une espèce de bouillie égale et sans grumeaux. En- suile on verse le tout dans un autre grand plat de terre ver- nissée, dont on aura eu soin de graisser le fond avec le beurre, et on le met sur un feu très doux, en remuant toujours, sur- aout dans le fond , de peur que la pâte ne s’y attache; et pour qu’elle se dessèche doucement, on continue ainsi jusqu’à ce qu’elle soit cuite, ce qui se connait lorsqu'elie ne s’attache plus aux doigts et qu’elle a la mollesse d’un biscuit nouveile- ment fait. Alors on la retire de dessus le feu pour la laisser refroidir entièrement dans le plat, après quoi on la met dans une boite de ferblanc fermée de son couvercle, et on la con- serve pour l'usage, dans un endroit sec. Si lorsqu'elle est re- froidie, il y a beaucoup de morceaux dans la ‘pâte, 1l faudra la piler de nouveau, afin de la rendre égale dans toutes ses parties, parce que les rossisnols les préfèrent, et jettent les autres pour les chercher jusque dans le fond du pot; au con- iraire, s1 ces morceaux sont d’égale grosseur , ils les mangent tous. Cette pâte, difficile à préparer, si on ne l’a vu faire, ou si on n’en a pas un échantillon dépend d’un degré de dessé- chement qu’on ne peut obtenir qu’en têtonnant. Quand elle est trop sèche, elle perd de sa substance , et l’on est obligé d’ÿ joindre souvent du cœur de mouton pour maintenir les rossi- gno!s en embonpoint, si au contraire elle n’est pas assez cuile, elle se moisit, et il faut l’employer promptement. D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 18t Ces deux pâtes conviennent au rossignol, parce qu’elles sont échauffantes ; l’on a reconnu qu’elles lexcitaient à chanter, ainsi que les parfums ; maïs elles ne conviennent point aux fauvettes et autres petits oiseaux à bec.tendre et délicat, quoi- qu'ils s’en trouvent bien dans les premiers mois et qu’elles les engraissent ; elles les dessèchent par la suite et les font pér d’éthysie; on ne doit leur donner; que la première ngurriture indiquée ci-dessus. On appelle ver de farine la larve d’un ténébrion qui se trouve en abondance chez les meuniers et les boulangers. Cette sorte de nourriture est indispensable pour prendre les, rossignols au filet et pour les fortifier pendant la saison du chant; c’est pourquoi on doit toujours en avoir une provi- sion ; comme l’on en trouve difficilement au commencement du printems, il faut s’en apprôvisionner l'été. On les conserve dans des vases de faïence ou de terre vernissée, parce que ces insectes s’échapperaient $ on les mettait dans une boîte ou un vase contre lequel ils puissent grimper : c’est par cette rai- son qu’on laisse deux à trois pouces au moins de distance entre le son et les bords de l'ouverture : cette précaution est indispensable, tant parce qu'ils s’échapperaient tous, que parce qu'étant très voraces , ils gâteraient les meubles et les livres. Le vase doit être placé dans nn endroit sec. Il faut avoir soin de renouveler de tems en tems leur nourriture ; on reconnait que le son est usé, lorsqu'il est réduit en une sorte de poussière grise : on le crible deux fois par an, époque où on le renouvelle entièrement; sans. cette précaution, il contracte une. mauvaise odeur’, et prend une humidité occa- sionée par le mélange des excrémens de ces insectes, ce qui les fait maigrir et dépérir. Pour savoir si un rossignol est malade, il faut connaitre les signes qui indiquent sa bonne santé. Il se porte bien sil chante souvent dans la saison , qui est depuis décembre jus- qu’à la fin de juin, il faut en excepter la première année de sa captivité, où il nese fait guère entendre avant le mois de février ; s’il s’épluche fréquemment surtout au dos ; s’il est gai, alerte, s’agite dans sa cage, secoue beaucoup les ailes et se pare de tous côtés ; enfin s’il dort sur un pied , mange bien et-est avide de vers de farine. Lorsque Île rossignol reste pendant la nuit dans le bas de sa cage , C’est un sigue de maladie, à moins que ses doigts ne * 152 MANUEL soient embarrassés par la fiente qui s'y attache, si on ne le tient pas proprement, ets’y durcit au point qu’il lui est im- possible de se tenir sur son juchoir. En ce cas on met l'oiseau dans sa main , et on trempe ses pieds dans l’eau tiède, afin de les nétoyer; il éprouvera aussi beaucoup de difficultés à se ercher si ses ongles sonttrop longs, maisik suffit de les rogner de temsgæn tems. S'il est attaqué d’un mal au croupion, qui, le fait languir , on fendra l’abcès avec la pointe des ciseaux, on le pressera un peu avec le bout du doigt, et on rétablira l’oiseau avec «quelques vers de farine, des cloportes et des araignées. On lui évite cette maladie en le purgeant quelquefois, surtout au mois de mars, avec une demi-douzaine de ces dernières. Quand à force de chanter il Ewpeties et maigrit, Ja graine de pavot est excellente dans sa" pâte pour le tranquilliser , le rafraichir et lui procurer du sommeil. Le cœur de mouton, purgé de ses peaux, fibres et veiñes, haché très menu et mélangé à dose égale avec sa pâte, l’engraisse promptement, ainsi que les figues et les baies de sureau. On doit supprimer la graine de pavot après la mue, époque où il prend beaucoup de graisse el est exposé à mourir de gras-fondure, On guérit un rossignol constipé, avec quatre ou cisq vers de farine donnés à la fois, ou une grosse araignée noire de cave ou de grenier. Ce remède est le plus efficace. Lorsqu'il est incommodé du flux de ventre, ce qu'on voit à sa fiente plus liquide qu’à l’erdinaire, au remuement continuel « * de sa queue et à ses plumes hérissées, il faut lui donner du. cœur de mouton arrangé comme il est dit ci-dessus. Le rossignol est sujet à la goutte, surtout les jeunes élevés à la brochette : ceux qui l’ont avant de manger seuls, en pé- rissent infailliblement; el dès qu'ils boitent, c’est perdre son tems que de les élever, Lorsque les vieux pris aux filets en sont attaqués , ce qui est assez rare, cela vient de ce que la cage se trouve exposée à quelque vent coulis dont l'oiseau n’a pu se garantir; il suffira de le mettre daus un endroit chaud pour le guérir. On doit, afin de leur éviter cette maladie, garnir le fond de la cage de mousse et de sable. De tous ces maux que cet oiseau ne connaît pas en liberté , le plus dan- gereux est le al caduc , car il en périt, si, dès qu'il en est attaqué, on ne vient promptement à son secours, Lorsque les rossignols ont avalé quelque chose d’indigeste, D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE, 183 ils le rejettent sous la forme de pilules ou de petites pelottes, commme font les oiseaux de proie; mais ce n’est point une maladie , cela vient de ce qu’ils n’ont point de jabot, et qu'ils n'ont qu’un seul canal ou œsophage qui conduit à l’estomac. Enfin on visite deux fois par an le rossignol, au mois de mars et au mois d'octobre, pour voir s’il n’est pas trop gras ou trop maigre; car son air extérieur est souvent trompeur ; quelquefois il est malade sans le paraître, quelquelois il ne l’est pas, quoiqu'il le paraisse, soit en portant mal ses plumes soit en dormant le jour, ce qui arrive souvent aux deux épo- ques du voyage, parce qu’il s’est fatigué à se débattre pendant la nuit. On le prend au trébuchét. LE TROGLODYTE. ( Motacilla troglodytes, L.) Dans le choix des dénominations, dit Buffon , celle qui peint ou qui caractérise l’objet doit toujours être préférée : tel æst le nom de trogiodÿte, qui signifie habitant des antres et des cavernes , que les anciens avaient donné à ce petit oiseau, et que nous lui rendons aujourd’hui, car c’est par erreur que les modernes l'ont appelé roitelet : cette méprise vient de ce que le véritable roitelet est aussi petit que le troglodyte. Le troglodyte est donc ce petit oiseau qu'on voit paraitre dans les villages et près des villes au début de Bhiver, et jusque dans la saison la plus rigoureuse, exprimant d’une voix claire un petit ramage gai, particulièrement vers le soir; se montrant un irslant sur le haut des piles de pois, sur les tas de fagots, où ils rentrent le moment d'apres, ou bien sur l'avance d'un toit où il ne reste qu’un instant, et se dérobe vite sous laCouverture ou dans un trou de muraille. Quand ül » en sort, il voltige, sa petite queue est toujours relevée. Il ma qu’un vol court et tournoyant , et ses ailes battent d’un mou- vement si vif, que les vibrations en échappent à l’œil. Le troglodyté n’a que trois pouces neuf lignes de longueur etcinq pouces et demi de vol; son bec à six. lignés, et les pieds sont hauts de huit; tout son plumage est coupé transver- salement par petites zones ondées de brun foncé et de noirâtre sur le corps et les ailes, sur la tête et même sur la queue; le dessous du corps est mêlé de Llanchâtte et de gris: c’est en raccourci, el pour ainsi dire en miniature, le plumage de la z34 MANUEL bécasse ; il pèse à peine le quart d’une once. Les couleurs de la femelle sont plus claires. Ce très petit oiseau est le seul qui reste dans nos contrées jusqu’au fort de l'hiver: il est le seul qui conserve sa gaité dans cette triste saison. On le voit toujours vif ét joyeux ; son chant haut et clair est composé de notes brèves rapides , sidi- riti, sidiriti; il est coupé par reprises. de cinq à six secondes. C'est la seule voix légère et gracieuse qui se fasse entendre dans cette saison où le ‘silence des habitans de l'air n’est interrompu que par le croassement désagréable des corbeaux. Il chante surtout le soir, quand il a neigé, ou que le froid doit être plus vif pendaut la nuit ; il vit alors dans les basses-cours, dans les chantiers ; il fréquente aussi les bords des sources chaudes et des ruisseaux qui ne gêlent pas; se re- ürant encore dans des saules creux, où quelqnefois ces oiseaux se rassemblent jusqu'au nombre de vingt. Sonnini rapporte dans ses voyages, qu’à la Ciotat existait relativement au tro- glodyte une singulière coutume. Chaque année une troupe d'hommes armés allaient à la recherche de cet oiseau nommé par eux père de la bécasse , et le suspendaient au milieu d’une perche, deux hommes alors le portaient avec toute |’ apparence d’un, pesant fardeau, et circulaient avec cette charge an mi- lieu de la ville; puis on pesait l'oiseau et la cérémonie se ter- minait par un repas. Au printems, le troglodyte demeure dans les bois, où il fait son Ke près de terre ou sur quelque branchage épais. Ce nid, assez informe, composé de mousse à l'extérieur, est pro- rement garni de plumes en dedans. I1 échappe souvent à la recherche des dénicheurs, parce qu’il ne parait être qu'un petit tas de mousse jetée au hasard. L'oiseau CM pond neuf à dix petits œufs, qu’il abandonne s’il s'aperçoit qu’on les a découverts. Les petits se hâtent de quitter le nid avant de pouvoir voler, et on les voit courir comme des petits rats dans les buissons. On le prend en hiver avec un trébuchet de mésanges, au- tour et au dedans duquel on place quelques vers de farine. Ea liberté, il se nourrit de petits insectes qu’il cherche en hiver dans les granges, les écuries, les caves, les crevasses des murs; en captivité il faut lui donner d'abord des œufs de fourmus, des vers de farine. ; D'ORNITHOLOGIA DOMESTIQUE. 185 LE ROITELET. ( Motacilla regulus, Gm.; énl. 651.) Cet oiseau, le plus peut des oïseaux de l'Europe, a irois pouces quatre lignes de longueur, et pèse de quatre- -vingt- seize à cent-vingt grains. Le roitelet a sur la tête une petite couronne auroré, bordée de noir de chaque côté , composée de plumes iongues un peu effiiées, que l'oiseau redresse à volonté en forme de huppe; un trait noir part du bec et traverse l'œil; le derrière de la tête et dur cou , le dos, le croupion, les couvertures supérieures de la queue, sont d’un olivâtre légèrement nuancé de jaunä- tre; tout le dessous, depuis la base du bec, d’un roux clair, ürant à l’olivâtre sur les flancs; le tour du bec blanchâtre; les uarines recouvertes de quelques plumes; les pennes des ailes brunes , bordées à l'extérieur de jaune olivâtre; les couvertures des mêmes teintes, et terminées de blanc sale, d’où résultent deux bandes transversales de cette couleur; les pennes de la queue d’un gris brun, bordées comme celles des ailes ; le bec noir et les pieds jaunètres. La huppe de la femelle est de couieur citron, et toutes ses teintes sont plus claires. Le roïtelet commun, qui est le premier d’entre les roitelets, et le seul dont nous parlons, a cela de particulier , qu'il tient presque toujours la queue redressée. Son nid, artistement fait, est tissu en dehors de mousse, de laine, de toiles d’araignéés, et garni en dedans du duvet le plus doux. Sa forme est sphé- rique, et son ouverture est sur le côté, vers le haut. La fe- melle pond six à huit œufs gros comme des pois, d’un brun jaunätre, sans aucune tache : elk le piace ordinairement à sept à dix pieds deiterre, dans des ifs, à l'extrémité d’un faisceau de lierre qui s'échappe des branches d’un arbre ou d’un mur. Il y est comme suspendu, mais toujours caché dans le feuillage. Le roitclet se décèle par un petit cri aigu qui à beaucoup de ressemblance avec celui de la sauterelle. C’est à ce cri qu’on peut plus facilement découvrir son nid. I se montre et se fait entendre quelque tems après qu'il a neïigé. Lorsqu'il chante, il le fait si fortement et si régalièrement, qu’on désirerait tou- jours l’entendre ; il chante presque toute l’année, mais prin- cipalement dans le mois de mai, époque à laqueile il fait ses petits. 186 MANUEL On peut en élever pour siffler dans les maisons, mais il faut les prendre dans leurs nids. La cage qui convient doit être de fil de fer, et doit être munie ds une espèce d’auget à peu près semblable à ceux dont on se sert pour lui donner à manger. Cet auget sera doublé d’étoffe et bien fermé tout autour, excepté au dedans de la cage par où il peut entrer, au moyen d’un petit trou rond ca- pable seulement de le contenir. Vis-à-vis cet auget, il doit y en avoir trois autres réunis ensemble; celui qui est à droite sera destiné à recevoir du cœur de mouton haché; celui qui est à gauche contiendra la même pâte qu’on donne aux rossignols, et celui du milieu, qui sera un peu plus large, servira d’abreuvoir; il sera toujours plein d’eau, et même en assez grande quantité pour que l'oiseau puisse s’y baigner. On peut encore attacher à un des côtés de la cage une espèce de petit flacon semblable à ceux d’eau de senteur; il sera fait de paille et sans cou, pour que l’oiseau puisse y entrer; il s’y reposera très bien, etmême plus volontiers qu'ailleurs, d’au- tant que ce réceptacle a une forme semblable à celle de son nid. On observera ponctuellement, pour élever le roitelet, la même méthode que celle indiquée pour le rossignol; on aura surtout attention que pendant ce tems il ne mange pas trop de mouches parce qu’elles pourraient le constuper. Sa nourriture de campagne n’est cependant autre chose que des mouches, dés moucherons, des fourmis, des vers, des araignées et d’an- tres.choses semblables; mais la domesticité change en quel- que façon la nature de ce petit animal. Cet oiseau est fort difficile à élever en cage lorsqu'il est tout jeune, mais une fois élevée, il's’apprivoise si bien qu’on peut le laisser sortir de sa cage sans crainte qu’il s’en aille, ni qu'il discontinue de chanter. Il aime la solitude, il se tient toujours seul , et s’il se trouve avec un de ses semblables, principale- ment si c’est un mâle, il se bat avec lui jusqu'à ee qu'il l'ait vaincu , ou qu’il soit vaincu lui-même. L'ALOUETTE COMMUNE. (Alauda arvensis, XL. : enl. 362.) : Longueur totale, six pouces dix lignes, depuis le bout du bec à celui de la queue; longueur du bec, six à sept lignes; envergure, douze pouces et "demi; les ailes, composées de D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 187 dix-huit pennes, s ’étendent dans l’état de repos jusqu'aux deux tiers de la longueur de la queue, dont les douze pennes ont deux pouces neuf lignes, à l'exception de celles du milieu, qui étant uu peu plus courtes que les latérales, rendent la queue naturellement fourchue. L’ongle du doigt postérieur at- teint quelquefois jusqu'à près de deux pouces; il s’allonge à mesure que l'oiseau vieillit, et dans l’oiseau de dix-huit mois et au-dessous, il n’a communément que six li ; des trois ongles antérieurs, les latéraux sont légèrement: és, et celui du milieu est droit. Chacune des plumes de la tête, du dessus du cou, du dos et du croupion, est noirâtre sur son milieu, d’un gris rous- sätre sur ses côtés, et blanchâtre sur ses bords, ce qui forme un ensemble mélangé de ces trois teintes, qui est le même sur les plumes scapulaires et les couvertures supérieures de la queue. Une bande étroite de blanc roussâtre passe au-dessus des yeux de chaque côté de la tête, La gorge est blanche, le devant du cou; de même que tout le corps en dessous, est d’un blanc teinté de roussâtre, avec des taches longitudinales noirâtres sur le devant du cou seulement, Les flancs sont couverts de plumes d’un gris clair et roussätre, et ayant un trait brun le long de leur tige ; les petites couvertures supé- rieures des ailes sont d’un gris teinté de roussâtre, et liserées de blanc; les grandes couvertures, les plus éloignées du corps, ont une bordure fauve autour d'un fond brun, et les plus rapprochées ont un fond gris brun, l’extrémité fauve et uné bordure blanchätre. Les pennes de Vaile sont brunes; leur bord extérieur est fauve, excepté vers le bout qui est blanc; les trois où quatre dernières, c’est-à-dire les plus proches du corps, ont une nuance plus foncée, et leur bord intérieur fauve; les deux pennes du milieu de la queue sont noirâtres sur le milieu de leur longueur, et d'un gris brun tirant au roussâtre sur leurs côtés, qui ont un liséré blanchätre; les trois suivantes de chaque côté sont noirâtres et bordées dan gris blanc, tirant sur le roussâtre, à l'exception de la qua- trième dont la bordure est blanchâtre; la cinquième est blan- che du côté extérieur , noirâtre et bordée de blanc du côté intérieur ; enfin , la plus extérieure de chaque côté est blanche en dehors, et son côté intérieur, brur à son origine, a du blanc vers le bout; ces deux couleurs se coupent oblique- 158 MANUEL, ment. Le demi-bec supérieur est noirâtre, et l'inférieur un peu blanchâtre. La prolongation excessive en ligne droite de l’ongle posté- rieur des pieds de l'alouette lui donne de Ja facilité pour mar- cher, mais la rend incapable de saisir les branches des ar- bres et de s’y percher. Sa démarche est très-leste, son atti- tude a de le grace, et elle se forme quelquelois une peute huppe en relevant les plumes de sa tête. Le mâle un peu plus brun que la femelle; il a une es- pèce de collier noir, plus de blane à la queue, et longle pos- térieur plus long; il est aussi plus gros, quoique cependant la plus forte des aloueltes ne pése pas deux onces. L’alouette commune est le musicien des champs, son joli ramage est l'hymne d ‘allégresse qui devance le printems et ac- compagne Île premier sourire de l’aurore;. on l'entend dès les beaux jours qui succèdent aux jours froids etsombres de lhi- ver, et ses accens sont Îles premiers qui frappent l'oreille du cuitivateur vigilant. Comme dans presque toutes les espèces d'oiseaux, le ramage est un attribut particulier au mâle, on le voits'élever presque perpendiculairement et par reprises, et décrire en s’élevant une courbe en forme de vis ou de lima- con; il montesouvent fort haut, toujours chantant en forçant sa voix à mesure qu'il s'éloigne de la terre ,de sorte qu’on l’en- tend aisément, lors mème qu’on peut à peïne le distinguer à la vue : it se soutient long-tems en Pair, et il. descend lente- ment jusqu’à dix ou douze pieds au- dessus du sol, puis il s’y précipite comme un trait; sa voix s’affaiblit à mesure qu'il s'en-approche, et il est muet aussitôt qu'il s’y pose. Du haut des airs ce mâle amoureux cherche à découvrir une femelle qui réponde à ses désirs; celle-ci reste à terre, et re- garde attentivement le mâle suspendn en l'air, voltige avec légereté vers la place où il va se poser, et lui donne les doux prix de ses chansons d’amour. La femelle fécondée fait OM pente) son nid ; elle le cache avec soin entre deux mottes de terre: il est plat, peu concave et presquesans consistance: de l'herbe, des petites racines sè- ches et du crin le composent. Les œufs, au nombre de quatre ou cinq ont des taches brunes sur un fond grisâtre; la femelle ne les couve que pen- dant quatorzeou quinze jours, et au bout de moins de tems les petits sont en état de se passer de ses soins; après leur D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE, 189 avoir donné la becquée pendant quelques jours, elle les. ins- truit à chercher eux-mêmes leur nourriture, et les fait sortir du nid avant qu ils soient couverts de plumes; aussi l’oiseleur est-il souvent trompé, en ne trouvant plus dans le nid les jeunes que trois jours auparavant il avait vus récemment éclos et presque nus. Les alouettes font plusieurs couvées : la première an com- tencement de mai, la seconde au nfois de juillet , et la troi- sième au mois d'août. Ce n’est. cependant que dans les pays méridionaux qu’elles en font trois. La première nourriture que prennent les jeunes- alouettes se compose de chrysalides, ou, suivant l'expression vulgaire, d'œufs de fourmis , de vers, de chenilles, et même d'œufs de sauterelles. 7. Quand eltes sont'adultes, les alouettes communes se nour- rissent prmcipalement de différentes graines, d'herbes, en un mot de matières végétales. Lorsqu'on vondra élever des petits de cette espèce d'oiseau, on les prendra dans le nid, en observant néanmoins qu'ils aient les plumes bien sorties. On leur donne de la pâtée faite avec de la viande et de la mie de pain, ou avec du chenevis écrasé, de la mie de pain et du cœur de bœuf haché; on rend la pâtée meilleure si on y mêle du pain de pavot rapé. On les accoutume ensuite à vivre de toules sortes de graines. On élèveles mâles dans des volieres ou done des cages spa- cienses, pour y jouir de leur ramage en toute saison. Ils ont assez de mémoire et de flexibilité dans le gosier pour retenir étimiter en même tems des accens étrangers, et pour les ré- péter plus, agréablement qu'aucun autre oiseau ne saurait le faire, mais ce n’est qu’à deux ans que leur voix acquiert tout son développement. RARE , La cage qu’on destine aux alouettes doit être couverte avec de la toile, afin d'éviter qu’elles -ne se tuent en cherchant, d’après leur habitude naturelle, à s'élever perpendiculaire: ment. Elle doit en outre être sans bäton en travers, et garnie an fond de gazon frais, souvent renouvelé. Une autre précau- tion indispensable est de placer à leur portée du sable fin, dans lequel les aloueties aiment à se rouler, pour se délivrer des petits insectes qui les incommodent; elles deviennent ai- sément familières au point de manger dans la main, sur la \able, puiser au plat; elles n’avalent pas d’abord leur 17 190 MANUEL mangeaille, mais elles la goûtent avec Ja ‘langue. Dans l’état de captivité, l’alouette vit neuf à dix ans, quelquefois plus, et même jusqu’à vingt-quatre ans. Les principaux pièges qu’on lui tend sont les nappes, les traineaux, la ridée , les collets. LA BERGERONNETTE JAUNE ( Motacilla flava, L. enl. 0co.) L'espèce d'affection qué les'bergeronnettes marquent pour les troupeaux, leur habitude à les suivre dans la prairie, leur manière de voltiger , de se promener au milieu du bétail pais- sant, de s'y méler sans crainte, jusqu'à se poser quel- quefois sur le dos des vaches et des moutons; leur air de familiarité avec le berger qu’elles précèdent "qu’elles accom- pagnent sans défiance et sans danger, qu’elles avertissent même de l'approche du loup ou de l’oiseau de proie, leur ont fait, dit Buffon, donner un nom approprié, pour ainsi dire, à cette vie pastorale. Compagne d'hommes innocens et paisi- bles , la bergeronnette senible avoir poür notre espèce ce pen- chant qui rapprocherait de nous la plupart des animaux s'ils n'étaient repoussés par notre barbarie , et écartés par la crainte de devenir nos victimes. Dans la bergeronnette ; l'affection est plus forte que la peur; il n’est point d’oiseau libre dans les champs qui se montre aussi privé, qui fuie moins et moins loin, qui soit aussi confiant, qui se Jaisse approcher de plus près, qui revienne plutôt à la portée des armes du chas- seur, qu’elle n’a pas l'air de redouter puisqu'elle ne sait pas ‘même fuir. La bergeronnette du printems est la première à reparaître dans les prairies et dans les champs où elle niche au milieu des blés verts. À peine at-elle disparu l'hiver, si ce n’est durant les plus grands froids, se tenant ordinairement au bord des ruisseaux et près des sources qui ne gèlent pas. La bergeronnette du printems a tout le dessous et le devant du corps d’un beau jaune , et un trait de celte même couleur tracé dans l'aile, sur la frange des couvertures moyennes; tout le manteau est olivâtre obscur: cette même couleur borde les huit pennes de la queue, sur un fond noirâtre; les deux extérieures sont à plus de moitié blanches; celles de l’aile sont brunes avec leurs bords extérieurs blanchôtres, et la troisième des plus voisines du corps s’étend quand l'aile est pliée, aussi loin que la plus longue des grandes pennes : ca- D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 191 ractère que nous avons déjà remarqué dans la lavandière, la tête est cendrée, teinte au sommet d’olivätre; au-dessus de l’œil passe une ligne blanche dans la femelie, jaune dans le mâle qui se distingue de plus par des mouchetures noirâtres plus ou moins fréquentes , semées, en croissant sous la gorge, et marquées encore au-dessous des genoux. On voit le mâle, lorsqu'il est en amour, courir, tourner autour de sa femelle en renflant les plumes de son dos d’une manière élrange, mais qui sans doute, exprime énergique- ment à sa compagne la vivacité du désir, Leur nichée est quel- quefois tardive, ordinairement nombreuse ; ils la placent le long des ruisseaux, sur une rive, et quelquefois au milieu des blés avant la moisson, Cette espèce est comwune en Angleterre, en France, et paraît être répandue dans toute l’Europe, jusqu’en Suède. Quel- ques naturalistes ont pensé que la bergeronnette jaune n'était pas la bergeronnette du printems, sans doute à cause de cer- taines variétés dans les couleurs qu’ils ont pu remarquer dans les mdividus de cette espèce, variétés qui peut-être ne sont prodffites que par la différence d’âge , comme cela se voit dans un grand nombre d'oiseaux. ÿ La bergeronnette du printéms fait par an deux pontes, dont chacune est de cinq ou six œufs d’un bleu gris, qui, au moyen des taches blanches et rongeâtres qui les couvrent, ont l'apparence d’un beau marbre. La couleur jaune du dessous du corps des jeunes oiseaux est bien plus claire que lorsqu'ils sont plus âgés. Malgré la familiarité avec laquelle cette bergeronnette vit avec les hommes lorsqu'elle est en liberté, elle s’accoutume difficilement à l'esclavage lorsqu'elle n’est pas prise au sortir du nid. Cependant, la beauté et l'agrément de son chant font désirer de la posséder dans la chambre, et pour y parvenir, on emploie quelquefois un moyen cruel, puisque l’on place des gluaux jusque sur le nid. Pour élever les jeunes, il faut leur donner du pain trempé dans du lait bouilli et des œufs de fourmis. La bergeronneite du printems éprouve un peu moins de chagrin dans la chambre, lorsqu'elle y court librement, que dans la cage. 11 faut lui donner les mêmes soins et la même nourriture qu’à la lavandière et à la bergeronnette grise; malgré 192 MANUEL toutes ces précautions, il est difficile de l’y conserver plus de deux ans. Comme les mouches font, en liberté, sa principale nourri- ture, il faut tâcher, lorsqu'elle est malade de lui en procu- rer le plus possible. Elie est très We à la diarrhée. LÆ BRUANT ( Emberiza citrinella, L.: enl. 30 , fig. 1. ù Le bruant à la tête et la partie arr re du corps jau- ne;,sur la tête, cette couleur est variée de brun et est pure sur les côtés, sous la gorge, sous le ventre et sur les couver- tures du dessus de la queue ; elle est mêlée de marron clair _ sur tout Le reste de la partie inférieure ; le dessus du cou et les petites couvertures des ailes sont olivâtres ; le noirâtre, le gris et le marron clair sont répandus sur le dos et les quatre prémières pennes de l'aile; le brun sur les autres, dont le bord extérieur es: jaunâtre et gris; un marron clair rêgne sur le croupion et les grandes couvertures de la queue, et un gris blanc termine chaque plume : les pennes de cette der- uière sont brunes ; et les deux extérieures de chaque côté sont bordées de blane et les autres de gris. ES femelle a moins de jaune, et est plus tachetée*sur le , la poitrine et le ventre; bec brun, pieds jaunâtres ; PR six pouces quatre lignes. Le plumage du jeune diffère de ceiui des vieux, en ce qu'il est privé de jaune. Le plumage décrit ci-dessus est bien celui de la très grande partie des bruans; mais les couleurs varient sur différens individus, soit pour la teinte, soit pour la distribution. Quel- quefois le jaune est pur sur a tête et les autres parties du corps qui sont de cette couleur; d’autres ont la tête d’un cendré jaunâtre, et le cou tacheté de noir; le ventre, les cuisses et les pieds d’un jaune safran ; la queue brune et bordée de jaune. Cette espèce est très rare ; mais une bien remarquable est celle dont parle M. La Peyrouse ; il Va trou- vée dans les Pyrénées. Elle est en dessus jonquille et en des- sous blanche. Enfin, il n’est pas rare de voir , au mois d'août, des vieux mâles dont le jaune de la tête est couleur paille, Sans aucun mélange. Ces individus sont connus des oiseleurs sous le nom de verd: ier-paillet. Un grand nombre de ces oiseaux voyagent vers le midi pendant l’automne ; ceux qui restent se rassemblent en- ireux pendant l'hiver, et se réunissent avec les pinsons, , D'OFNITHOLOGIE DOMESTIQRE. . 193 verdiers , etc. Ils s'approchent alors des fermes, et même des villes, fréquentent les grands chemins , où ils cherchent leur nourriture jusque dans la fente des chevaux. Cette réunion d’espèces différentes n’a lieu que pendant le jour. quelques heures avant la nuit, chaque famille s’iscke , et chacune se retire dans les lieux où elle couche ordinairement. Au printems et pendant été, les Druans se tiennent le long des haïes, sur la lisière des bois, dans les bosquets, les taillis, et rarement dans l’intérieur des forêts. Leur vol est rapide ; ils se posent au moment où on s’y attend le moins, et presque toujours sous le feuillage le plus épais. Dans l'hiver, on les voit vers la fin du jour au sommet des arbres, d'où ils ne descendent qu'après le coucher du soleil. C'est aussi à cette élévation que se plait le mâle dans le tems des amours ; là, pendant des heures entières, sans changer de place, il fait entendre un ramage composé de sept notes, dont les six premières égales, et sur le même ton, et la dernière plus aiguë et plus tranchée, #, ti, ti, ti, ti, ti, ti. De plus, les bruans ont deux cris particuliers : Pun est celui du ralliement, qu’ils jettent presque toujours en volant et sur le soir pendant l'hiver ; l’autre exprime leur inquié- tude lorsqu'on leur porte ombrage , et surtout si l’on approche de leur nid ou de leurs petits. __ Cette espèce fait ordinairement trois pontes : la dernière a lieu à la fin d'août. Elle pose son nid soit à terre dans une touffe d'herbes , mais toujours au pied d’un buisson ou d'une haie; soit à une petite élévation sur les branches. Elle le construit. de mousse ou de foin à l'extérieur ; le chevelu des racines , le erin et la laine matelassent le dedans. Les œufs, ordinairement au nombre de quatre, et quelque- fois de cinq, sont blancs, tachetés, avec des lignes irrégu- lières.et en zi7zag d’un brun de différentes nuances. La femelle couve avec un tel attachement, que souvent on la prend à la main en plein jour. Le mâle partage avecelle ce soin; mais il est plus méfiant. C’est ordinairement vers le mi- lieu du jour qu’il remplace sa compagne et n’y reste que le items qu’elle emploie à chercher sa nourriture. Ces oiseaux sont granivores et insectivores ; ils portent la nourriture à leurs pelits comme ces derniers, et c’est avec les. insectes qu’ils les alimentent tant qu’ils ne peuvent voler, Ceux-ci najssent couverts de duvet, et abandonnent i 4 3 * 194 é e MANUEL le nid avant que leurs ailes aient acquis toute leur croissance : alors ne pouvant pas même voler, ils se cachent dans les herbes et les broussailles. Quand ils peuvent se suffire à eux- mêmes , ils joignent aux insectes les petites graines, le mil- let , le chenevis, et surtout l’avoine, dont ils sont si friands, qu’avec un épi on les prend au lacet. Si l'on veut les élever, il faut les prendre à l’époque où ils doivent quitter le nid. Cet oiseau est délicat, et s’elève difficilement. La nourriture qui paraît mieux lui convenir, est la pâte préparée pour les jeunes serins, à laquelle al faut joindre du chenevis broyé. ( Voyez l'article du serin. ) Lorsqu'on le prend adulte, surtout en hiver: l’on jouit de son chant au printems suivant. Il est d’abord deux ou trois mois où il ne fait entendre que son cri ordinaære, après quoi il donne à son gosier toute son étendue. Cet oiseau est sujet au mel caduc. ( 7oyez Maladies des oiseaux. L'on prend beaucoup de bruans, en automne, avec les filets aux alouettes; on les prend aussi à l’arbret, au filet retz-saillant, et pendant l'hiver lorsqu'ils sont attroupés , à la tendue d'hiver. L'ORTOLAN (Emberiza hortulana,l.; enl. 247 f. 2.) Cet oiseau est moins gros que le moineau franc; il a six pouces un quart de longueur; la tête et le cou d’un cendré olivätre ; le tour des yeux, la gorge jaunâtres; fa poitrine, le ventre, les flancs et les couvertures inférieures de la queue roux, avec quelques mouchetures; le dessus du corps varié de marron brun et noirâtre ; le croupion et les couvertures supérieures de la queue d’un marron brun uniforme ; les pennes de F’aile noirâtres, les grandes bordées extérieurement de gris; les moyennes de roux; leurs couvertures supérieures variées de brun et de roux ; les inférieures d’un jaune soufre ; les pennes de la queue noïrâtres et à bords roux ; les deux plus exté- rieures bordées de bianc ; le bec et les pieds jaunâtres. La femelle a un peu plus de cendré sur la tête et sur le cou, n’a pas de taches jaunes au-dessus de l’œil, et ses autres couleurs Sont moins vives. Les ortolans paraissent au printems à peu près dans le même iems qu'arrivent les biroudelles, et devancent un: peu les cailles; mais leur passage n’est pas régulier dans les mêmes D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 1G SI (ou d cantons, surtout aux environs de Paris ; ceux qui viennen dit-on de la basse Provence, remontent jusqu'en Bourgogne, fréquentent les vignes, où ils se nourrissent des insectes qui courent sur les pampres et sur les tiges. Leur ramage a de l’analogie avec celui du Éruant, mais ils chantent au printems, la nuit comme le jour, ce que ne font pas les bruans ; des personnes trouvent que leur voix a de la douceur , ce qui les fait élever pour la cage dans certains pays; on a même remarqué que, lorsqu'ils sont jeunes, ils prennent quelque chese du chant des autres oiseaux, si on les laisse long-tems près d'eux. Ils Y uisent leurs nids assez négligemment à peu près comme Ceux des alouelles, et le placent, en Bourgogne, sur les ceps; mais dans d’autres pays, comme en Lorraine, ils-le font à terre, et par préférence dans les Llés; il est composé de deux sortes de j jones secs et verts. La femelle y dépose quatre ou cinq œufs d’une teinte pourpre très pâle , parsemée de très petites mouches noirâtres, et fait ordinairement deux pontes par an. Dès les premiers jours du mois d’août, les jeunes prennent le chemim des provinces méridionales, et les vieux nese mettent guère en route qu’au mois de septembre et mème sur la fin. Quelques personnes regardent ces oiseaux comme origiuair es de l'Italie; mais, dans le midi , ils ne tiennent pas plus à un pays qu’à l’autre, et se fixent volontiers dans les lieux qui leur offrent une nourriture plus abondante ou plus de tranquillité pour s’y perpétuer. On prend les ortolans de diverses manières ; mais la chasse la plus usitée est celle des deux nappes aux aloueites avec des appelans. (Voyez alouette.) On les prend encore aux gluaux et an .trébuchet : cette dernière manière est assez usilée dans le midi de la France. Un ortolan est dans une cage hissée au haut d’une perche, et au pied sont placés plusieurs trébuchets, qui ont aussi cha- cun leur appelant ; d’autres y tendent des filets au milieu des- quels on met diverses graines pour appât ; alors les moquettes sont dans des cages ordinaires , ou attachées à des piquets de : la même manière qu'un chardonnerét à k galère. Ces chasses se font deux fois par an, l'ane en avril, J'autre au mois d’aout, époque des deux passages ; mais due ? 196 MANUEL d’août est la meilleure, parce qu’on prend beaucoup de jeunes qui sont toujours plus délicats que les vieux. La méthode qu’on emploie pour les engraisser est fort simple : on les met dans une chambre bien close où le jour extérieur ne puisse pénétrer, cette chambre s’appella mue ; elle est éclairée avec une lampe extérieure sans interruption, afin que les prisonniers ne puissent point distinguer le jour de la nuit ; on ne doit leur procurer que la clarté nécessaire pour distinguer leur mangeaille, leur boisson et leur juchoir. Les uns les laissent libres dans leur prison, et ont soin de répandre une grande quantité de graines, telle qu’avoine, millet, pams , etc. ; d’autres les tiennent dans des cages basses et couvertes, où les augets seuls sont éclairés; dans l’un et Vauffe cas, les graines leur sont prodiguées avec abondance , leur eau et leur abreuvoir doivent toujours être très nets. La porte de la mue est ordinairement très basse, les murs sont teints de gris, et doivent être surtout bien crépis, pour garantir les oiseaux des rats , des souris et autres petits ani- maux, qui mangent le grain et tuent souvent les ortolans, A chaque coin de la chambre est placée, pour leur servir de ju- choirs, une grande perche garnie de traverses; de plus pe- ütes garnies de même sont le long des murs; celles-ci doi- vent être à un demi-pied de distance environ l’une de l’autre, et les traverses d’en haut moins longues que celles d'en bas. A côté de la mue, il y a une petite chambre éclairée qui y communique par une porte qne l’on n’ouvre qu’aux époques où l’on a besoin d’oiseaux. Ceux-ci attirés par une plus grande clarté, passent de l’une à Pautre ;mais dès que le nombre dé, siré est complet, on les y enferme , en tirant la porte par le moyen d’une ficelle; de cette manière, ceux.qui restent ne sont point effarouchés en voyant prendre leurs compagnons, ce qui souvent les jette dans la mélancolie et l'inquiétude, et les fait maigrir si l’on agit autrement. On peut être sûr avec ce régime de les engraisser très promp- tement; il ne faut que huit jours pour qu’ils soient au point convenable, et même ils prennent une telle quantité de graisse, qu'ils finiraient par mourir de gras-fondure, si on ne préve- nait cet accident en les tuant à propos, ou en n’engraissant à la fois que le nombre dont on a besoin. On peut employer les mêmes moyens pour les cailles , leg = D'ORNITHOLOGIE LOMESTIQUE, 197 tourterelles, les grives ; mais on nourrit ces dernières de di- verses baies et de farine pétrie avec des figues sèches. Quoique le chenevis engraisse facilement les oiseaux, on doit en donner peu, et même il est mieux d’en priver ceux que l’on destine pour la table, car il donne à leur graisse un goût huileux et désagréable. Si on veut faire passer d’un pays éloigné des ortolans par- venus à ce point, dans les lieux où ils sont très rares, et par conséquent très chers, comme à Paris, onles met tout plumés dans une mallette pleine de millet que l'on envoie par la pusle. LA VEUVE A COLLIER D'OR. Emberisa pasadisea, Gm. ; enl. 194.) On a donné le nom de veuves à des oiseaux qui appartien- nent à l’ancien Continent, mais plus particulièrement à l’A- frique. Les veuves sont du genre du moineau, selon Îes natu- ralistes, et comme leur chant est très agréable, Buffon ad- met qu’elles appartiennent à la race du pinson: elles different de l’un et de l’autre au premier aspect, et sont faciles à re- connaitre par les longues plumes qui accompagnent la queue et qui prennent naissance soit au-dessus, soit à côté des véri- tables plumes de la queue. Il parait que tous les oiseaux de cette section sont sujets à deux mues par an : la première a lieu en avril où en mai, et la seconde en novembre ou décembre. Le mâle seul a, en été, la queue chargée de longues plumes qui distinguent les veuves; c’est à la mue du printems que les plumes poussent; le mâle, si remarquable par cet attribut, prend aussi alors des couleurs plus brillantes que celles qu’il a eues pendant l’hiver , et il devient en quelque sorte difiérent de lui-même, par ces divers changemeus; à la mue de l'au- tomne il perd tous ses ‘ornemens ; il quitte les longues plumes de la queue et le plumage brillant qu'il avait revêtu au prin- tems ; il en prend un semblable à celui de la femelle, dont il n’est pas alors aisé de le distinguer au simple coup d’œil. Celle-ci subit aussi deux mues, mais dans lesquelles elle ne change pas de couleur, et qui ne consistent que dans le renou- vellement des plumes. 1l est bon de remarquer que l'impres- sion du changement agit non seulement sur le plumage, mais sur le bec et es pieds même, qui pälissent en automne et re= deviennent plus foncés au printems. 198 MANUEL Les voyageurs assurent que le nid des veuves est composé de coton; il a deux étages : celui d’en haut est destiné pour le mâle; la femelle couve dans celui d'en bas. La véuve à collier d’or, Yune des belles espèces de ce genre, qu'on appelle aussi la veuve d’Angola, est un peu moins grosse que le moineau franc : le bec tire sur le noirâtre; les pieds approchent de la couleur de chair; presque tout le plumage est en été d’un noir de velours; la partie supérieure du cou est teinte, en forme de demi-collier , d’un beau jaune doré; la poitrine est d’un marron brillant; les côtés et tout le dessous du corps sont blancs; les cuisses d’un noir roussâtre; les couvertures du dessous de la queue sont noires, terminées de blanc. La queue est composee de douze plumes, huit pour la vraie queue, quatre pour la fausse : ces quatre plumes sont placées au-dessus et au milieu de la vraie queue; deux de ces quatre plumes sont dans une position verticale, opposées l’une à l’autre par leur surface inférieure ou intérieure, d’après leur position; elles ont près de quatre pouces de longueur, elles sont très larges, et finissent tout-à-coup par une pointe qui se termine en un long filet; à côté de chacune de ces plu- mes de la fausse queue en est une autre, longue de onze pouces et demi, large, à barbes égales de chaque côté, et qui est aussi relevée à son origine, et ensuite est inchné en ar- rière; des barbes de ces différentes plumes naissent sur les différens individus, dans les diverses mues, des filets très dé- liés, plus ou moins nombreux. En novembre tout ce plumage d'été, qui est celui du mâle, change bientôt : il devient varié de grisâtre ct de brun : le dessous du corps reste blanc: les pennes des ailes et de la queue sont noirâtres, bordées de brun; le bec et les pieds pâlissent. On nourrit ces oiseaux avec l’alpiste, le millet et le gruau d'orge; on peut y ajouter de la chicorée, de la laitue ou du mouron; il faut leur donner une cage assez grande” pour que les plumes de leur belle queue ne soient point brisées : leur chant a quelque chose de mélancolique ; ils sont très vifs, aiment à se baigner souvent, et peuvent vivre dans la chambre dix ou douze ans. LE MOINEAU FRANC. (Fringilla domestica , L. enl.; 6, fig. 1.) Sa longueur ordinaire, en y comprenant le beç et la queue, D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 199 est de cinq pouces dix lignes; son poids d’un peu plus d’une once; son vol de huit pouces huit à neuf lignes. Le mâle a le dessus de la tête et les joues d'un bleu cendré sombre; une bande d’un rouge bai qui s'étend d’un œil à l’autre en passant par l’occiput ; le tour des yeux noirs, ainsi que l’espace entre le bec et l'œil; le dessus du cou et du dos varié de noir et de roux; le croupion d’un gris brun; une plaque noire sur la gorge et le devant du cou; la poitrine, les flancs et les jambes d’un cendré mêlé de brun; le ventre d’un gris blanc, les ailes et la queue noirâtres en dessus et cendré en dessous; sur cha- que aile une bande transversale d’un blanc sale ; l'iris couleur de noisette, le bec noirâtre avec un peu de jaune à sa base ; enfin, les pieds couleur de chair sombre et les ongles noi- râtres. La femelle, plus petite que le mâle, manque de la pièce noire de la gorge et du devant du cou, ces parties étant d’un gris clair; le dessus de la tête est d’un brun roux, les autres nuances de son plumage sont généralement plus claires. Les jeunes mâles ressemblent aux femelles, et ce n’est qu’à ieur première mue qu'ils prennent le plumage qui distingue leur sexe. k L’habitude de vivre au milieu de nous a perfectionné l’ins- tinct des moineaux ; ils savent plier leurs mœurs aux situa- tions, aux tems et aux autres circonstances; ils savent en quelque sorte varier leur langage, et comme ils sont tres par- leurs, l’on peut à chaque instant distinguer leurs cris d’appel, de crainte, de colère ,de plaisir; mais au sein d’une associa- tion qu'ils ont seuls formée contre le gré d’une des parties et même de la plus puissante, pour leur seul avantage, et au dé- triment de ceux avec lesquels ils établissent cette communauté forcée, les moineaux ont conservé leur indépendance. Plus hardis que les autres oiseaux, ils ne craignent pas l’homme, lenvironnent dans les villes, à la campagne, se détournent à peine pour le laisser passer sur les chemins, et surtout dans les promenades publiques, où ils jouissent d’une entière sécu- rité ; sa présence ne les gène puint, ne les distrait point de la recherche de leur nourriture, ni de l’arrangement de leur nid, ni des soins qu’ils donnent à leurs petits , ni de leurs combats, ni de leurs plaisirs ; ils ne sont assujettis en aucune manière, et à vrai dire; ils ont plus d’insolence que de familiarité. « Dans quelque contrée que le moineau habite, dit Buffon, 200 MANUEL on ne le trouve jamais dans les lieux déserts, ni même dans ceux qui sont éloignés du séjour de l'homme ; les moineaux sont comme les rats, attachés à nos bibitaibns, ils ne se plai- sent-ni dans les bois, ri dans les vastes campagnes; on a même remarqué qu il yen a pius dans les villes que dans les villages, et qu'on n’en voit point dans les hameauxvet dans les fermes qui sont au milieu des forêts; ils suivent la société pour vivre à ses dépens; comme ils sont paresseux et gourmands, c'est ur des provisions toutes faites, c’est-à-dire sur le bien d’au- trui qu ils prennent leur subsistance. » Ces oiseaux emploient du foin et des plumes pour la con- ctruetion de leur nid; ils se contentent d’arranger négligern- ment ces malériaux dans les pots qu'on leur offre, sous les tuiles , dans les trous et Les crevasses de murailles, etc. ; mais ils en forment un tissu quand ils nichént sur les grands arbres, tels que les charmes, les noyers, les saules ; ils donnent alors à leur nid une forme arrondie; mais ce qu “Ly a de singulier, c'est qu’ils y ajoutent une espèce de calotte par dessus qui Ie couvre, en sorte que l’eau de la pluie ñe peut y pénétrer, et ils Ra une ouverture pour entrer en-dessous de cetle ca- lotte. Quelques-uns s’emparentsdes nids des hirondelles, des corvines, des pigeons, elc. Leur ponte est de cinq, de six et quelquefois de huit œufs, d’un cendré blanchâtre, et avec beaucoup de taches brunes. Les petits naissent sans pures ni duvet, et ils sont tout rouges. Quelque part que pe moineaux S'établissent pour multi- plier leur espèce , ils ne paraissent nullement affectés du bruit qui se fait autour d'eux, et auquel ils sont accoutumés dès leur naissance. M. Vieillot dit avoir eu sous les yeux plusieurs couples de moïneaux qui couvaient, ou dont les petits ve- paient d'éclore, dans les fentes d’un vieux mur que l'on abat- tait; les coups redoublés des ouuls, les débris qui tombaient, tout le fracas de la démolition n’empèchaient pas ces ciseaux d'entrer et de sortir de leur trou, de couver leurs œufs ou d'apporter à manger à leurs petits, et ce ne fut qu’à l'instant où la place qu'ils occupaient fut attaquée par les ouvriers , et qu’il ne leur restait plus d'espoir de conserver leur domicile et leur progéniture, qu’ils les abandonnérent, non sans vo!- üger autour à plusieurs reprises, en donnant plutôt des signes de colère que de regrets. Des moineaux , ajoute le même écri- » D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 201 vain, avaient fait leur nid dans le chœur d’une église des Ze- nédictins, et précisément dans la manche d’une statue de Saint-Benoïit. Les offices de la nuit ne les dérangeaient pas plus que ceux du jour , et ils passèrent plusieurs années dans cet asile sacré, ce que l’indulgence des moines respectait; ils sortaient et entraient librement par quelques carreaux cassés des vitraux du temple. Un procureur s’avisa de faire rétablir les vitres endommagées ; mais à peine les carreaux par lesquels entraient les moineaux-furent-ilsraccommodés, que ces oiseaux les mirent en pièces à coups de bec, et que la communication fut rétablie entre le nid et l'extérieur du bâtiment. Des oiseaux qui viennent d’eux-mêmes faire en queiqne que sorte société avec l’homme, sont doués de tontes les dis- positions à une association plus intime. Les moineaux s’élè- vent aisément en cage, s'accoutument sans peine à la capti- vité, ont assez de docilité pour obéir à la voix , pour recevoir leur manger de la main qui l'offre, pour se laisser prendre, toucher, caresser , enfin pour amuser. Ils vivent plusieurs an- nées en captivité, surtout s'ils y sont sans femelles; car on prétend que l'usage immodéré qu’ils en font abrège beaucoup leur vie. Les moineaux mangent de tout : ils se nourrissent d’in- sectes, de grains , de fruits et de légumes. Lorsqu'on les prend jeunes, or leur fait une pâte un peu liquide , ensuite on leur donne des graines concassées, et quand ils sont assez forts on leur donne de tout ce qu’on veut. On se sert des moyens d’appats, de piéges et de filets, qu'on emploie à la chasse des autres petits oiseaux. On les prend aux trébuchets, aux nappes, etc. 0 L’IGNICOLORE. (Loæxia ignicolor , Vieill.; oiseaux chanteurs, pl. 59.) Cet oiseau nous vient de l’Afrique, il ressemble par sa grosseur ainsi que par son plumage ordinaire au moineau franc, mais on le considère comme l’un des plus jolis oiseaux de chambre lorsqu'il a acquis ses belles couleurs , ce qui arrive à la seconde mue. Dans cet état il a la tête d’un beau noir ainsi que le veutre ; un large collier d'un rouge pourpre obseur lui entoure le cou; le dessus du corps est d’un cendré rou- geâtre , les pennes et les plumes de la queue noirâtres, le reste du dessus du corps et la partie supérieure de la queue sont 18 - 202: MANUEL roussätres, et-les plumes se terminent par un brun foncé, les pattes sont coulenr de chair, le bec épais à la base se termine par une pointe aigué comme celui du chardonneret. Le plumage de la femelle est plus clair et elle n'a pomt de collier. ‘ Cet oiseau ne chante presque pas il a un petit ramage un peu criard qu il fait entendre au commencement du priutems , étant placé à une belle exposition. Son cri d'appel est à peu près semblable à celui du moïneau. On le rourrit de millet qu'il aime beaucoup ,et d'alpiste: LE PINSON. ( Fingilla cœlebs, Gm. ; enl. 54 fig. 1.) Cet oiseau a le front noir ; Piris noïsctte; lé dessus de la iète et du cou d’un cendré bleuâtre. les côtés de la têle, la gorge et le devant du‘cou rougeâtres ;-le dos marron ; le crou- pion oliväire; lapoitrine et les autres parties inférieures de couleur vineuse ; cette teinte est plus décidée sur la poitrine ; une greide taëhe lanche sur les petites couverture des ailes, ét une bande transversale sur les grandes; les pennes noires et bordées de jaunâtre; la queue pareille aux ailes et four- chue; une raie blanche s'étend obliquement sur le bord exté- sieur des pennes latérales, et une tache de même couleur est du côté interne des plus proches ; le bec bleuâtre et noir à la pointe pendant la belle saison, couleur de corne dans la mau- vaise ; les pieds sont bruns. La femeile a des couleurs sombres sur la tête, et le dessus du corps; le dessous est d’un blanc sale : les jeunes lui res- semblent; le plumage de ces oiseaux varie suivant les saisons: Dès les premiers beaux jours, chaque couple s’isole, les uns se fixent dans nos jardins et nos vergers : les autres se re- tirent dans les hois taillis, ét tous animent les lieux qu'ils habitent, par leur gaité et un chant assez intéressant, agréa- ble. dans les bois, mais un peu fort et mordant duns un ap- partement. Outre le ramage assez diversifié de ces oiseaux, et composé de phrases plus ou moins longues, ils ont divers cris bien connus; celui que le mâle et la fesiélle font enten- dre à l'automne, et pendant toute la manvaise saison est simple et aigu; le mâle seul en jette au printems un autre d'un accent plaintif, surtéut le soir, et le repèté plus souvent dans les tems pluvieux, L D'ORNITHOLOGLE DOMESTIQUE. 20.3 Le pinson. commence à chanter de très bonne heure : on l'entend danses beaux jours de février, et 1l ne finit que vers le solstice d'été ; d’un naturel très vif, il est toujours en mou- vement; et cela, joint à la vivacité dé son chant, a donné lieu au proverbe gai comme pinson. Le mâle, d’un naturel jaloux, une fois accouplé et fixé dans l'arrondissement qu'il a adopté, n’en souffre pas d'autre dans le voisinage ,et si-deux mâles se rencontrent, ils se batient avec acharnement jusqu'à ce que le plus faible cède la place, ou suecombe; i! ne quitte point sa femelle tandis qu’eile couve, setient la nuit fort près du nid, ets'il s’en éloigne un peu pendant le jour, ce n’est que pour aller à la provision, dont il Jui fait part à son retour. La femelle seule travaille à la construction du nid, et lui donne cètte forme élégante et ce tissu solide qui le fait citer comme un des plus jolis de notre pays. Elle le pose sur les arbres et abustes les plus touffus, même dans nos jardins et nos vergers, sur les arbres fruitiers ; l'on a remarqué qu’elle le place irès haut dans les bois , et que-dans les vergers il n’est souvent qu’à la hanteur -d’un homme; mais elle le cache si bien, qu'on passe souvent auprès sans l’apercevoir, Différentes mousses blanches et vertes, et de petites racines, sonttà l’ex- térieur recouvertes en entier d’un lichen pareïl à celui des branches sur lésquelles le nid est posé; l’intérieur est garni de laine, de crin et de plumes, liés ensemble avec des toiles d'araignées. Elie y dépose quatre à six œufs gris, rougeâtres, semés de taches noirâtres, plus abondantes au gros bout. L'iicubation que ne partage pas le mâle, dure treize jours, -et les petits naissent couverts de duvet. Les père et mère les nourrissent d’abord d'insectes et de chenilles , joignent ensuite à cetle nourriture des pétites graines d'herbes, et lorsqu'ils peuvent se suffire à eux-mêmes , ils vivent en outre de na- vette, mil, chenevis, panis, Dé et avoine, qu’ils savent fort bien écorcer pour en tirer la substance farineuse. LA LINOYTE. (Fringilla linaria, L.; enl. 485. fig. 2.) * Quoique la Zinotte soit un des plus communs de nos pe- tits oiseaux granivores, quoiqu’elle ne conserve en captivité aucune des brillantes couleurs qui en fout désirer la possession, lorsqu’on la voit en liberté, parée de son habit de noces, elle 204 MANUEL n’est pas moins recherchée que l’éclatant chardonneret et le charmant bouvreuil, car elle a des quahtés vraiment intéres- santes. Elle réunit un naturel docile et susceptible d’attache- ment , un ramage agréable, un gosier qui se ploie facilement aux différens airs qu’on desire lui enseigner; on parvient même à lui apprendre à répeter distinctement quelques mots de telle langue que ce soit : petite vie, petit fils, baisez, baisez, petit fils, sont des demi-phrases qu’elle prononce franchement et avec un accent si touchant, qu’il semble exprimer le sen- üument. : Ces oïseaux sont d’une amabilité étonnante; ils savent très bien distinguer les personnes qui les soignent; ils.-viennent se poser sur elles de préférence, leur prodiguent leurs tendres ca- resses, et semblent même exprimer leur affection par la dou- ceur de leurs regards. Outre cela, ils ont la faculté d’imiter et de joindre aux modulatiens variées de leur charmante voix, le chant des autres oiseaux qui se trouvent à leur portée. Si on élève un très jeune linot avec un pinson, une alouette ou un rossignol, il apprendra à chanter comme eux ; mais 1} per- dra souvent son chant naturel, et ne conservera guère que son petit cri d'appel. La linotte grise a cinq pouces six lignes de longueur , les plumes du dessus de la tête d'un gris bryn dans leur milieu, et bordées de roussätre sur les deux côtés; celles du dessus du cou, bordées de gris; le dos et ie croupion, les plumes scapulaires et les couvertures supérieures des ailes d’un brun ürant sur le marron, bordé d’une nuance plus claire; les couvertures du dessus de la queue, noires dans leur milieu, blanches sur leur côté intérieur , et d'un gris roussâtre à l’ex- térieur ; le tour du bec et des yeux, et la gorge, d’un blanc roussâtre; les plumes du devant dü cou d’un gris brun, celles de la poitrine d’un rouge obscur, et terminées de blanc rous- sâtre , de manière que le rouge paraît fort peu; les côtés rous- sàtres ; le ventre, les jambes , d’un blanc sa!i de roux ; les cou- vertures du dessus de la queue blanches, avec unelégère teinte de cette dernière couleur ; les grandes couvertures des ailes les plus extérieures, noires dans leur milien, blanches à linté- rieur vers l’origine, et grises à l'extérieur; les pennes des ailes noires, excepté les trois plus proches du corps qui sont d'uu brun marron ; toutes sont bordées de blanc à l’intérieur, et les grandes du côté extérieur, ce qui forme sur l'aile, lors- C2 D'ORNITBOLOGIE DOMESTIQUE. 205 qu’elle est pliée , ‘une raie longitudinale de cette couleur ; les pennes caudales sont noires, bordées de blanc des deux côtés, là queue est fourchue ; l'iris de couleur noisette; le bec d'un gris blanc , excepté à là pointe qui est brune, ainsi que les eds ; les chblés sont noirâtres. : La femelle diffère en ce que sescouleurs sont moins foncées que celles du mâle, et que les plumes de Ja poitrine n’ont point de rouge. La linotte muge est un peu moins grosse; elle a le sommet . de la tête et de la poitrine rouges; le derrière du cou cendré sur la partie qui est grise dans la précédente; le dos, les plumes scâpulaires et les couvertures du dessus des ailes, d'un marron rembruni pur; le croupion d’un blanc mêlé d’une légère teinte de roussâtre; les couvertures supérieures de la queue noires dans leur milieu et blanches sur les deux côtés; les trois pennes des ailes les plus proches du corps, d’un mar- ron rembruni; le bec noirètre, lavé. de blanc à sa base en dessous ; le reste du plumage est pareil à celui de la précé- dente. La femelle diffère du mâle en.ce qu’elle n’a point de rouge sur le sommet de la tête et sur la poiines il est remplacé sur la première partie par une teinte cendrée tachétée de noir, et sur l'aatre par une roussätre variée de taches brunes, qu’on remarque aussi sur le dos. Les linottes se réunissent en sociéié vers le mois de : sep- tembre, y restent pendant l'hiver, volent très serrées , s'a- battent, s’elèvent toutes ensemble, etse posent surles mêmes arbres. Leur vol est suivi, et ne va point par élans répétés comme celui du rrotneau; elles marchent en sautillant ; elles passent la nuit dans les bois, et choisissent pour asile les ar- bres dont les feuilles, quoique de ne sont pas encore tombées, tels que les chênes, les charmes , etc. Elles fréquen- tent alors les terres en.friches et les champs cultivés où elles se nourrissent de divers petits grains; elles piquent aussi les boutons des peupliers, des tilleuls et des houleaux. Vers le commencement du printems on les entend chanter toutes à la fois, et ieur chant est toujours devancé par une espèce de prélude : c’est alors qu’elles s’accouplent; une fois leur choix fait » chaque couple s’'isole et affecte un canton d’où il ne!s’c- loigne point pendant tout l’été. La Vinotte grise place son nid sur les arbustes, dans les * 2 e6 MANUEL Joncs marins, et quelquefois sur les arbrés, mäisàa une moyenne hauteur, l'extérieur est composé de petites racines , de-mousse , et l'intérieur de plumes, de crins , de laine et de bourre ; sa forme se rapproche de celui du M onrtrcf La onte est ordinairement de quatre à six œufs blancs, un peu . lavés de bleu, et pointillés de rouge brun surtout vers le gros bout. La Znotte rouge construit le sien sur les caisse , lesgro- seillers , dans les vignes où elle l’attache entre les ceps, à une petite élévation de, terre, et quelquefois elle le pose à terre ; elle le compose en eo d’une grande quantité d'herbes sè- ches, de différentes mousses, de racines, matelasse l’intérieur des mêmes matériaux que la linotte grise ; elle pond le même nombre d'œufs; ils sont d'un vert bleu tacheté de brun pourpré. Le mâle, dans les deux races, ne partage ni le travail du nid, ni lincubation ; mais rempli de petits soins pour sa fe- melle, il lui apporte des alimens qu’il lui dégorge comme le serin , égaie la monotonie de sa position par un joli ramage sans cesse répélé pendant qu’elle couve, et veille encore à sa sureté ; dès qu’on lui porte ombrage, il jette un cri plaintif ; voltige de buisson en buisson, s'éloigne un moment, mais pour reparaïtre aussitôt ; plus on approche de sa compagne, plus ses cris redoublent ; alors sa femelle, avertie par ses plain- tes, et pressée par le danger, quitte le nid; aussitôt tous les deux s’en éloignent, et n’y reviennent ordinairement qu'après une heure d'absence; mais lorsque les petits sont près d’éclore, ils y retournent plus tôt ; le père et la mère ont beaucoup d’af- fection pour leur nouvelle famille ; ils les nourrissent de grai- nes tendres préparées dans leur jabot, et qu’ils leur dégorsent dans le bec. Ces deux espèces font ordinairement deux ou trois pontes, et même quatre si elles sont troublées dans les premières. À près les couvées, elles se réunissent en troupes nombreuses et des- cendent dans les plaines. . Pour élever des jeunes {nots , il faut choisir des mâles, car les femelies ne chantent ni n’appreunent à chanter. On les reconnaît à la couleur blanche des ailes , qui est plus pure et plus étendue : mais ceux qu’on désire instruire doivent être pris dans le nid, lorsqne les plumes commencent à pousser ; + D'ORNITHOLOGIÉ DOMESTIQUE. 207 car pris adultes, au filet ou aMreniaft ; il est rare qu’ils pro- fitent des leçons qu’on pourrait leur donner. On les instruit le soir à la chandelle avec un flageolet ou une serinette, et quand on veut leur apprendre quelques mots, al faut bien les articuler. On peut encore, lorsqu'ils mangent seuls, les mettre sous de bons mâles serins, en moins de six mois ils chanteront aussi fort qu'eux, et prendront le même ton. Il faut préférer les petites cages aux grandes. On les nourrit d’abord avec du gruau d’avoine et dela navette broyée dans du lait ou de l’eau; d’autres remplacent le gruau avec de la inie de pain, et y joignent un jaune d'œuf dur. On leur donne la becquée comme aux serins, et il faut les tenir chaudement et’ proprement. Si on veut les rendre plus fami- liers , on leur présente cette nourriture à la main , et on leur donne quelques douceurs avec la bouche. Lorsqu'ils commen- cent à vouloir manger seuls, on laisse la navette entière, mais atiendrie dans l’eau, afin qu'ils puissent la casser plus aisé- ment; ensuite l’on varie leur nourriture avec du vanis, du millet de l’alpiste, des graines de raves, de choux, de laitue, de plantain, et quelquefois celle de melon broyée; de tems en tems du massepain , de l’épine-vinette, du mouron : il leur faut trés peu de chenevis, parce qu'il les engraisse trop, ce qui les fait périr ou les empêche de chanter.Beaucoup de per- sonnes ne leur donnent pour nourrituré que de la navette; mais il en résulte le mème inconvénient: plus on vartiera leur nourriture, moins ils auront de maladies, Les liottes sont sujettes à une maladie qu’on appelle subtile: leur tristesse, leur silence , leurs plumes roides et hérissées , en sont les indices ; et lorsqu’ elle fait des progrès, leur ventre devient dur, leurs veines sont grosses et rôuges, leur poitrine est tuméfiée, leurs pieds s’enflent, sont calleux, et à peine peuvent-elles se sontenir. Il faut avoir soin de mettre dans leur cage un petit plalras ou morceau de craie, ce qui leur évi- tera la constipation à laquelle elles sont également sujettes, on indique aussi ce même remède contre le mal cadue ; mais le mal du bouton est presque incurable; cependant on conseille de le percer promptement, et d’étuver les petites plaies avec du vin. Enfin , outre toutes ces maladies, dont la plupart sont les effets de la captivité, elles souffrent encore de l'asthme, ce qu'elles indiquent en frappant souvent du: bec avec colère. On ' 208 MANUEL , anet alors un peu d’oximel dns leur abreuvoir, et on change leur nourriture pendant quelques jours, en leur donnant de la chicorée sauvage téndre et pilée avec de l’épine-vinette ou du chou , si cette: maladie les attaque pendant hiver ; et rien n’est meilleur, pour les tenir gaies et en bonne santé, que de leur donner des groseilles rouges. On doit aussi garnir le fond de leur cage d’une couche de petit sable, qu’on’ renouvelle de items en tems, et comme elles aiment à se baigner, on leur met une petite baignoire, dont on renouvelle l’eau tous les jours. On les prend à l’arbret, aux abreuvoirs avec des gluaux ; au filet; au rets saillant, aux collets, à la pipée et aux ra- quettes. LE TARIN, ( Fringilla spinus, L.; en]. 485, f. 3.) Le mâle farin a le sommet de la tête noir, le reste du des- sus du corps olivâtre, un peu varié de noirûtre; le croupion teinté de jaune; les petites couvertures supérieures de la queue tout-à-fait jaunes; les grandes, olivâtres, terminées de cendré ; quelquefois la gorge brune et même noire; les joues, le de- vant'du cou, la poitrine et les couvertures inférieures de la queue d’un beau jaune citron; le ventre blanc jaunâtre; les flancs aussi, mais mouchetés de noir; deux raies transver- sales olivâtres ou jaunes sur les aïles, dont les pennes sont noi- ratres, bordées extérieurement de vert d'olive; les pennes de la queue jaunes, excepté les deux intermégiaires qui sont noi- râtres, bordées de vert d'olive; touies ont les côtés noirs ; le le bee a la pointe brune; le reste est blanc , et les cs sont gris. La femelle n’a pas le dessus de la tête noir comme le mâle, mais un peu varié de gris; elle a la gorge blanche. Plus petit que le chardonneret : “litéuens totale, quatre pouces trois quaris. - Le tarir a un chant qui lui est particulier; son ramagé n’est point désagréable, queique fort inférieur à celui du chardon- neret, qu'il s’approprie, dit-ov, assez facilement; il s’appro- prierait de même celui du serin, dela linotte, etc., s'ilétait à portée de les entendre dès le premier äge. Il apprend à faire aller la galère comme le chardonneret; il n’a pas moins de do- cilité que lui, et » quoique moins agissant, äl est plus vif à cer- tains égards, et vif par gaité: toujours éveillé le premier dans la voliere, 1! est aussi le premier à gazouiller et à mettre les D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 209 autres en-train. On l’apprivoise plus facilement qu'aucun autre oiseau pris dans là âge adulte; il ne faut pour cela que lui pré- senter habituellement dans la main une nourriture mieux choisie que celle qu’il a à sa disposition , et bientôt il sera aussi apprivoisé que le serin le plus familier : on peut même l’ac- coutumer à venir se poser sur la main au bruit d’une son- nette : il ne s’agit que de: la faire sonner dans les commen- cemens, chaque fois qu’on lui donne à manpger. Le tarin aime beaucoup la graine de l’aune : on le nourrit aussi, avec du pain et du chenevis; et quoiqu'il semble choisir avec soin la nourriture, il ne laisse pas de manger beaucoup: cependant on ne peut pas l’accuser de gourmandise, car 1l se fait toujours un ami cage volière parmi ceux de son espèce, et à leur défaut parmi d'autres éspèces ; il se charge de nour- rir cet ami comme son enfant, et de lui donner la becquée, et souvent 1l parait être encore plus grand consommateur quil ne l’est en effet, par l’habitude ou l’'amusement qu'il prend d’é- corcer une grande quantité de graines sans les manger. Au reste, il boit autant qu’il mange, ou du moins il boit très sou- vent, mais il se baigne peu : on a observé qu’il entre rarement dans l’eau, mais qu'il se met sur le bord de la baignoire , et qu’il y plonge seulement le bec et la poitrine sans faire beau- coup de mouvement , excepté peut-être dans les grandes chaleurs. On prétend qu’il niche dans les iles du Rhin, en Franche- Comté, en Suisse, en Grèce, en Hongrie, et par préférence dans les forêts en montagne. Son nid est fort difficile à trou- ver, et si difficile que c’est une opinion reçue parmi le peuple, que ces petits oiseaux savent le rendre invisible par le moyen d’une certaine pierre ; aussi personne n’a denné de détails sur la ponte des tarins. Les tarins sont peu sujets aux maladies, si ce n’est à la gras- fondure lorsqu'on ne les nourrit qu'avec du chenevis. Is vi- vent environ huit à dix ans. On les prend avec des trébuchets et à l’arbret : il faut avoir des appelans en cage et des moquettes. LE CHARDONNERET, ( Fringilla carduelis, L.; enl, 4.) Le chardonneret a une taille svelte et bien prise, un plu- mage paré du velouté et de l'éclat des plus belles teintes , “l joint l'adresse , la docilité et une voix agréable ; accord et 219 "MANUEL la distribution des couleurs sont tels , qu'il ne cesse de ploire à à tous les yeux, quoiqu'il soit très comtnun: Ine manque à ce charmant oiseau, que d'être né dans un pays éloigné. pour être justement apprécié. . Le mâle a le sinciput , les joues et le haut de la porge digin rouge éclatant, bordé de noir sur les-parties antériéures ; le sommet de la tête et l’occiput noirs ; le dessous du cou et le ds d’un brun rougeâtre, plus elair sur le croupion et les eouver- tures de la queue; les côtés de la tête, du cou, Je ventre blancs, les petites couvertures, les pennes des ailes et de la queue noires; les grandes couvertures moitié jaunes et les pepnes alares, à l'exception de la première, de cette même couleur sur le côté extérieur; l’aleglorsqu’elle est dans son état de repos, présente une suite de points blancs; les côtés de la poitrine ont une teinte rougeälre;, la queue est un peu four- chue ; le bec blanc est noir à son extrémité; les pieds sont brans. La femelle diffère en ce que les couleurs sont moiïrs vives, le noir de la tête et des petites couvertures est d’un brun noi- râtre, et le rouge est crangé. Les jeunes n’ont des vieux que le jaune des ailes, les taches blanches des pennes et de celles de la queue. Ce n'est qu’au printems qui suit la première mue , que le rouge prend tout son éclat; leur plumage est un mélange de blanc sale et de gris, ce qui les a fait appeler griseés; lé bec est d’un brun clair. L'oiseau a de longueur totale, cinq pouces quelques lignes; béc, six lignes; vol, huit à neuf pouces; queue, deux pouces. Elle dépasse les ailes d'environ dix à ouze lignes. Dès les premiers jours du printems, le mâle fait entendre sa jolie voix ; mais c’est au mois de mai qu'il tire deson gosier les sons les plus doux ; perché alors à la cime d'un arbre de moyenne taille, surtout d’un arbre fruitier, sur lequel ces oi- seaux se plaisent le plus, il en fait retentir nos vergers dès la pointe du jour, et son chant ne finit qu'au coucher du so- leil. Il le Continue ainsi jusqu’au mois d’août; maisil l’inter- rompt lorsqu'il a des petits; comme il a pour eux beaucoup d’attachement, les ‘soins paternels remplissent tous ses mo- mens. Il les nourrit avec des graines tendres, telles que sont lcrs celles de senecon, du mouron, de la laitue et autres plantes. Lorsque ses petits sont plus avancés en âge, il y joint des graines d’une digestion plus laborieuse; cependant, il les D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. j 212 fait ramollir dans son jabot, pour les regorger comme font les canaris. Il est tellement attaché à sa progéniture, que ren- fermé avec eile dans une cage, il continue d’en avoir soin ; mais afin qu'il les amène à bien , il faut lui donner en abon- dancé le seneçcon, le mouron., et surtout de la graine de char- don ; qui estsa nourriture favorite, et d’où Jui vient son nom; anssi les oise!eurs qui lui tendent Fig piéges, s’en servent-ils pour appät. Lorsque la femelle couve, le mâle se tient et chantesur un arbre voisin ; il s'en éloigne rarement, ‘à moins qu'il ne soit inquiété; alors il s’écarte, mais pour peu de tems ; c’est de sa part une petite feinte , afin de ue pas décéler son md, car si l'on persiste , il ne tarde pas à revenir. Il ne quitte pas sa chère moitié ; il accompagne dans toutes les courses qu’exige le besoin d’alimens ou la construction du nid ; mais il ne par- tage pas ce travail ni l’incubation; il veille seulement à sa süreté lorsqu'elle est à terre , Soit pour chercher sa nourriture’, soit pour choisir les matériaux nécessaires au berceau de ses enfans, et se perche loujours sur la branche la plus voisine. La femelle montre encore un attachement plus,grand pour ses petits, rien ne peut la distraire de l'incubation; sa con- stance est vraiment admirable ; elle brave tout, vents impé- tueux, pluies d'orage, grèle épaisse, pour garantir ses œufs, surtout au moment où ils sont prêts à éclore. Nous en cité- rons un exemple étonnant que les papiers publics de 1787 ont rapporté, et que M. Sonnint a consigne dans son édition de l'histoire naturelle. Dans les environs de Mayence, il s’éleva un orage violent, accompagné d’une grèle épaisse, qui détruisit entièrement lespoir des cultivateurs; toutes les récoltes furent détruites ; la grèle brisa les tuiles, assomma des quadrupèdes et des oi- seaux, que l’on trouva morts dans les champs. Au milieu de cette seène de destructioniet d’effroi, un chardonneret qui avait son md dans un jardin , frappé, meuriri, et tout déplu- mé par la gréle, n'abandonra pas ses œufs qu’il garantit de l'orage, et qui étaient prêts à éclore: ses souffrances, le dan- ger imminent de perdre la vie , la terrible confusion qui l’en- vironnait cédèrent à la Ma: 74 à la sollicitude maternelle. L'on a observé que cet intéressant oiseau se contenta de faire de lésères réparations à son nid, que la tempête avait mis en 212 MANUEL lambeaux , afin de ne pas abandonner top long-tems l'objet de toutes ses affections. Cette femelle donne à son nid plus de solidité, une forme mieux arrondie, et même plus élégante que le pinson ; elle le pose ordinairement sur les arbres fruitiers, et choisit les branches les plus fables ; cependant, on en trouve dans les tailhs et buissons épineux; elle emploie pour le dehors, la mousse fine, les lichens, l’hépatique, les jones, les petites ra- cines, la bourre des chardons, tout cela entrelacé avec beau- coup # art; et pour l'intérieur , l'herbe sèche, lecrin, la laine et le duvet. _ Elle commence à pondre vers le milieu du A A ; celle première ponte est de cinq ou six œufs tachetés de brun rougeä- tre vers le gros bout : lorsqu'ils ne viennent pas à bien, elle fait une seconde ponte et même une troisième forsqueda seconde ne réussit pas; mais le nombre des œufs va toujours en dimi- nuant à chaque ponte dont la dernière est en août. Les jeunes ne peuvent se suffire à eux-mêmes que long-tems après leur sortie du nid ; aussi, il faut de la patience lorsqu'on veut les élever. L’on prétend que les meilleurs sont ceux qui naissent dans les buissons épineux et ceux qui proviennent des dernières nichées; ils sont, dit-on, plus gais, et chantent mieux que les autres. Il faut les prendre au nid, lorsque toutes leurs plumes sont poussées, et les nourrir avec la composition suivante. On pile ensemble des échaudés, des amandes mondées et de la graine de melon où bien des noix, ou du massepain: de Ja'pâte qui résulte de ce mélange, on fait des boulettes comme des petits grains de vesce; on les donne une à une avecla bro- chette, jusqu’à trois ou quatre de suite, à chaque jeune oiseau, auquel on présente ensuite l’autre bout de la brochette, garni d’un peu de coton trempé dans l’eau. Lorsqu'ils commencent à manger seuls, on les nourrit de chenevis broyé avec de la graine de melon et de panis ; et quand ils sont forts, on leur donne du chenevis. Cette pâte, d’une composition très compli- quée, pourrait être remplacée par une autre, que tout le monde peut faire aisément. Elle est composée de chenevis et de navette broyés, de mie de pain et de jaune d'œuf, le tout délayé dans un peu d’eau , et on leur donné la becquée comme lon fait aux serins : lorsqu'ils mangent seuls, on doit suppri- mer le chenevis et le remplacer par le millet, surtout si on 4 D'ORNITHOT:OGIE DOMESTIQUE. 213 les destine pour les accoupler avec les canaris. Avec cette nour- riture, ces oiseaux jouissent d'une meilleure santé et vivent plus long tems. Le chardonneret se ploie facilement à l'esclavage, et devient très familier. Son activité et sa docilité font qu'il se prête volontiers à mettre de la précision dans ses mouvemens , à faire le mort, à mettre le feu à un pétard , à exécuter diverses an- tres manœuvres, telles qu’à sauter sur une roue dans une cage, à y monter et descendre en volant, à tirer des petits seaux qui contiennent son boire et son manger ; mais pour Ini ap- prendre ce dernier exercice, que l’on nomme galère, il faut savoir l’habiller. T’habillement consiste dans une petite bande de cuir doux de deux lignes de large, percée de quatre trous par lesquels lon fait passer les ailes et les pieds, et dont les deux bouts, se rejoignant sous le ventre, sont maintenus par un anneau auquel s’attache la chaine du petit galérien. Cette chaine a, à l’autre bout, un anneau passé dans le demi-cercie de bois qui lui sert de juchoir, et dont les deux bouts sont fixés dans la planche du fond. Sur cette planche , il y a une petite glace en face du cercle, et au-dessous de celui-ci en est un autre d’un diamètre plus grand, pour que l'oiseau puisse monter et descendre à volonté. Les deux seaux sont suspen- dus avec une petite chaïne au cercle d'en haut; dans l’un est le manger, et dans lautre le boire , etils sont arrangés de ma- nière que l’un ne peut baisser sans tirer l’autre en haut. Alors il faut qu’il use d'industrie pour attirer à lui celui qu'il veut avoir. Le besoin de société pour le chardonneret, qui recherche celle de ses pareils , paraît chez lui être de première nécessité. C’est pourquoi il aime à se regarder dans la glace. et qu’on le voit souveut prendre son chenevis grain à grain, et l'aller manger devant elle, croyant sans doute le manger en compagnie. À d’autres galères, le miroir est supprimé; il est rémplacé par une pétite trémie close de tous les côtés , à l'exception d’une étroite ouverture sur le devant, et fermée avec une b&cule ar- rangée de manière qu’elle obéit au moindre attouchement et se referme d'elle-même. D'abord pour-faire connaître à l’oisean l'endroit où est sa nourriture , on tient la basculé à demi-ouverté , ensuite fermée aux trois quarts; trouvant alors une opposition et voyant tou- jours la graine, il l’abaisse avec son bec; enfin, on la ferme 1) 214 MANUEL, totalement ; il use alors de toute son adresse pour l'ouvrir, et la tient ouverte avec ses pieds, en les posant sur la partie in- férieure. Quant à l'eau, elle est dans un petit seau attaché avec une chaine à un des cercles; l'oiseau l’attire à lui en saisissant la chaîne avec son bec et en la retenant sous ses pieds jusqu’à ce qu’il ait étanché sa soif. Le chardonneret, naturellement actif et laborieux , veut de l'occupation dans sa prison, et s’il n’a quelques têtes de pa- vois, des tiges de chenevis et de laitue à éplucher pour le tenir en aclion ,ilremuera tout ce qu'ilrencontrera. Un seul qui se trouve dans une volière où couvent des serins, s'il est sans femelle, suffit pour faire manquer toutes les pontes ; il se bat- tra avec les mâles, inquiétera les femelles , détruira les nids, cassera les œufs. Cependant ces oiseaux, vifs et pétulans, vi- vent en paix les uns avec les autres, et n’ont de querelle que pour le manger et le juchoir, car tous veulent avoir celui qui est au plus haut de ia volière pour se coucher, et le premier qui s’en empare n’en veut point souffrir d’autres à ses côtés. Il faut, pour pouvoir les contenter tous, en placer à cette hauteur le plus qu'il est possible; ne leur donner que la lon- gueur nécessaire pour un seul oiseau ,.et les isoler tous les uns des autres. Il ne faut qu’une seule femelle au mâle chardonneret, et pour que leur union soit féconde, il est à propos qu'ils soient tous deux libres : ce qu'il y a de singulier, c’est que ce mâle se détermine beaucoup plus difficilement à s’apparier effica- cement dans une voliére avec sa femelle propre qu'avec une femelle étrangère, par exemple, avec une serine; mais il est rare que la femelle chardonneret s'accouple avec le mâle ca- nari. Ce n’est point la conformité du chant, encore moins celle du plumage, qui donne lieu à cet accouplement, mais parce que l’un et l’autre dégorgent leur manger, et que c'est de cette manière que le chardonneret plait à la femelle serin, la met en amour et la nourrit lorsqu'elle couve; ce qu’on ne peut attendre du bruant, du pinson et autres, parce qu’ils portent la besquée à leur femelle et à leurs petits; ce qui doit servir de règle pour tous les oiseaux de diverses races que l'on veut apparier ensemble. C'est cette femelle canari qui entre en amour la premiére, et qui n'oublie rien pour échauffer son mäle du feu dont elle brüle : ce n'est qu’à force d'imitations et d’agaceries que le non TS De ni > « D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 215 mäle froid devient capable de s’unir à l’étrangère; encore faut- il qu'il n’y ait dans la volière aucune femelle de son espèce. Les préliminaires durent ordinairement six semaines, pen- dant lesquels la serire a tout le tems de faire une ponte en- tière d'œufs clairs dont elle n’a pu obtenir la fécondation, quoiqu’elle n’ait cessé de la solliciter. Un amateur a suivi avec attention le petit manége d’une serine panachée, en pareille circonstance ; il l’a vue s'approcher souvent du mâle chardon- neret, s’accroupir comme la poule, mais avec plus d’expres- sion , appeler ce mâle, qui d’abord ne paraît point l’écouter, qui commence ensuite à y prendre intérêt, puis s’échauffe doucement et avec toute la lenteur des gradations : il se pose un grand nombre de fois sur elle avant d’en venir à l'acte dé- cisif, et à chaque fois elle épanouit ses ailes et fait entendre de petits cris; mais, lorsqu’enfin ceite femelle est devenue mère , il est fort assidu à remplir les devoirs de père, soit en l'aidant à faire le nid, soit en lui portant la nourriture tandis qu'elle couve ses œufs; de plus il l’aide à élever ses petits. Le bec du chardonneret est sujet à s’allonger, surtout en captivité, au point même quelquefois qu’une mandibule dé- passe tellement l’autre qu’il ne pent saisir ses alimens : si elles s’allongent également, elles deviennent très aiguës, et il en résulte un autre inconvénient; car, soit en dégorgeant la nourriture dans le bec des petits ou de sa femelle, soit en donnant à celle-ci des preuves de son amour , il arrive sonvent qu'il les blesse, même grièvement. Pour prévenir cet accident, il faut les égaliser et les émousser avec des ciseaux. Quoique les couvées réussissent quelquefois entre une serine et un chardonneret sauvage, c’est-à-dire pris au filet, il vaut mieux élever ensemble ceux dent on veut obtenir de la race, accoutnmer le chardonneret à la nourriture de la femelle, qui est le millet, l’alpiste et la navette, et ne les apparier qu'au bout de deux ans. Il serait mieux aussi que la serine n’eût jamais été accouplée avec un mâle de son espèce, et qu'au printems elle ne püût ni le voir ni l'entendre. Les métis, appelés vulgairement muets, sont plus robustes que les serins, vivent plus long-tems et ont un chant plus éclatant; mais, dit #. de Buffon, ils adoptent difficilement le ramage artificiel de notre musique; d’aatres prétendent , ay contraire, qu’ils apprennent aisément les airs de serinette | 4 216 MANUEL et de flageolet. L'expérience est facile à faire et le résultat peut être très agréable. Ces métis ressemblent au mâle par la forme du bec, par les couleurs de la tête et des aïles, et à la femelle par le reste du corps. Il résulte quelquefois de cette alliance de belles varié- tés, surtout si la serine est de la belle race des panachés. Les maladies auxquelles cet oiseau est le plus sujet, sont l'épilepsie ou mal caduc, dont il est atteint dans le tems où il est le plus en amour et où il chante le plus fort ; la gras-fondure où inflammation du bas-ventre; enfin, la mue est pour lui une maladie mortelle. Le mal caduc pravient, selon Salerne, d’un très petit ver qu'il a dans la cuisse , quelquefois très long , angulaire et logé entre la peau et la chair; quelquefois ñ sort de lui-même en faisant une ouverture ; ; quelquefois même l'oiseau le tire avec son bec quand il peut le saisir. L'épilepsie peut être attribuée au chenevis, seule neurri- ture que l’on donne à ces oiseaux; maladie qui attaque aussi les serins, les &ouvreuils, dès qu’on les borne à ce seul ali- ment, et à laquelle le chardonneret est très rarement sujet lorsqu'il est totalement privé de cette graine. Quoiqu'il en soit, le mal caduc est pour lui, comme dit l’auteur du traité des serins, une maladie très violente, et si dangereuse, que souvent, en moins d’un demi-quart d'heure, il en meurt. Quand elle le prend , il tombe, après avoir fait quelques mouvemens fort précipités étendu dans sa cage, les deux pieds en Fair et les yeux renversés; si on ne lui apporte un prompt secours, il rend les derniers soupirs. De tous les remèdes, le plus sur et celui qui réussit le mieux , est de le prendre promptement et de lui couper, avec des ci- seaux, l’extrémite des ongles, et surtout ceux de derrière. Il en sort quelques gouttes de sang; on lui lave ensuite les pieds plusieurs fois dans du bon vin blanc tiède ; si c’est en hiver, on lui en fait avaler aussi quelques gouttes, en y mettant un peu de sucre fondu. Ce remède soulage l'oiseau , 1l reprend de nouvelles forces et jouit, peu d’heures après, d’une santé aussi bonne que celle qu’il avait auparavant. (7oyez Maladies des oiseaux.) L'on recommande encore de ne jamais Les laisser sans un morceau de plâtre suspendu dans leur cage de manière D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 217 qu'ils puissent le becqueter facilement. Enfin, quand ces oi- seaux sont bien soignés et tenus proprement, ils éprouvent moins de maladies, vivent seize à dix-huit ans, et même plus. Les chardonnerets sont peu méfians et donnent dans tous les piéges. Pour faire de bonnes chasses, il faut avoir pour appelans des mâles chanteurs. On les prend de diverses manières, à l’arbret ( voyez Bouvreuil ); avec des nappes ou filets à alouettes, mais à petites mailles; au érébuchet; dans. les tendues d’hiver (voyez Bruani); et avec un seul filet ou rets-saillant. Ce filet se tend indistinctement en divers endroits, au bord d'un ruisseau ou d’une eau stagnante , dans une allée de jar- din, dans une cour. Cette chasse est très commode, parce qu’elle exige peu de place, et que le filet se tire facilement sans qu’on ait besoin d’appeau ou de réclame ; il doit avoir la qualité et la grandeur d’une des parties de ceux qui servent aux alouettes, mais les mailles plus petites; plus il est large, meilleur ïl est, on lus donne pour l'ordinaire weuf ou dix pas de longueur; on net- ioie une petite place pour faire une aire, on y place le filet en long , on le fixe avec deux chevilles, l’une à la tête et l’autre au pied; on l'étend et on l’élargit ; quand on veut le ployer on l’approche de la partie distendue, et on attache aux deux boul$ deux bâtons qu’on arrête à terre avec un peu de ficelle liée çà et là à deux autres chevilles, qui font leur effet en ti- rant la corde à la partie repliée : c’est ainsi qu’on élargit et qu'on détend totalement le filet. Pour le rendre stable, on ure par les deux bouts, de la largeur du tiers ou au plus de la moitié, une corde en travers attachée à la Seconde partie du. filet repliée ; et de l’attache du premier bâton doit partir la corde que l’oiseleur tirera aussi de travers. | "re Cette corde sera arrêtée à une petite poulie ou à quelque cheville bien lisse, pour qu’elle puisse aller et venir aisément; l'oiseleur se tient couché ou caché, et quand il s’apercoit que les oiseaux peuvent être recouverts par le filet, il le tire ; après avoir serré sa proie, il replie le filet, et le couvre de manière qu’il ne puisse pas être aperçu des oiseaux. On jette non-seulement des graines dans laire, mais on place aux environs des moqueites et des appelans. en cage, que l’on suspend à un pieu ou aux branches voisines, s’il y * 218 MANUEIT en a à proximité: pour attirer les oiseaux à la place qu'on & choisie, on jette à manger plusieurs jours d'avance: parmi les eppelans on en met de différentes espèces et même plusieurs eusemble à qui on ne donne que très peu à manger, surtout si l’on fait cette chasse vers le soir, afin qu’ils crient et se dis- putent le peu &’alimens mis à leur disposition, comme ils font Icrsqu’ils pâturent en commun; on tient aussi en l’air quelques appelans, attachés comme le chardonneret à la galère, et de ceux qui fréquentent ordinairement le canton; Gn envoie dans les environs des enfans pour faire lever les ciseaux et les tourner de manière qu'ils dirigent leur vol vers le filer. Une chasse usitée en Lorraine, est celle que l’on nomme chasse aux chardons ; on la faitavec deux plumes ébarbées, de poulet ou de pigeon, que l’on passe l’une dans l'autre en sau- toir, après en avoir fendu une dans son milieu, et y avoir fait passer la seconde. On enduit de gl une partie de ces sau- loirs , et on les pose sur les têtes des chardons, et surtout des chardons à foulon, que les chardonnerets préfèrent; on place auprès an mâle chanteur dans une cage couverte de bran- ches; il appelle les oiseaux de son espèce qui viennent se poser et se prendre sur les sautoirs englués. LE SERIN DES CANARIES, ( Fringilla canaria. , 1. ;enl. 202, fig. 1.) Le serin des Canaries, remarquable par sa voix et par son plumage, est indigène des îles dont il porte le nom. Son édu calion est principalement soignée par les personnes du beau sexe, ou par celles qui cherchent des distractions et des amu- semens parmi les êtres que fa nature semble avoir enrichis de qualités agréables. Come cette espèce d’oiseau n’a pas été connue sur le Con- inent avant le quinzième siècle on n'en trouve aticune men- tion dans les anciens ouvrages d'orrithologie. Aïnsi Bélon, qui décrivait, en 1555, tous les oiseaux connus du tems, garde le silence à son égard. Je crois que Conrad Gesner est le premier qui en parle. Les serins qu’on voyait en Europe à celle époque, venaient des iles Fortunées, et ils étaient ven- dus à un prix si considérable , qu’il n’était permis qu’aux gens riches d'en avoir. On les nommait oiseaux de sucre, parce - qu’on prétendait qu'ils étaient friands de cannes à sucre, et qu'ils. manscaient beaucoup de sucre. €’est remarquable, en D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 219} ee que cet aliment convient mal aux autres oiseaux. Un pigeon, auquel on avait donné quatre dragmes de sucre, est mort au bout de quatre heures, et un canard qui en avait pris cinq, n’a survécu que sent heures. On sait que les poisons varient selon la nature des différens animaux. Aldrovande est le premier qui ait donné une gravure de cet oiseau ; mais elle est petite et incorrecte. Cet auteur italien dit qu’il était très rare et très cher, parce qu’il fallait le trans- porter avec beaucoup de-soins d’un pays très éloigné. -Olina en a publié un bon dessin , lequel a été copié par Johnston et Willougbs. On a commencé vers le milieu du dix-septième siècle à éle- ver en Europe cet oiseau étranger. L’évènement que nous al- lons citer d’après Olina, a donné lieu à cette éducation. Un vaisséau qui portait, outre plusieurs autres marchandises , une grande quantité de serins, vint.s’échouer sur les côtes d'Italie, et les oiseaux qui furent mis en liberté par suite de cet acci- dent ,se sauvèrent sur le rivage le plus voisin, c'est-à-dire dans l'ile d’'Elbe. Ils y trouvèrentun chimat si convenable à leur tempérament qu’ils s'y propagèrent dans l’indépendance, et qu’ils s’y seraient peut-être naturalisés si on ne leur eût donné la chasse. Mais aujourd’hui il ne s’y en trouve plus. Olina dit que leur race s'était abâtardie dans cette ile. Ces oiseaux, qui tous étaient probablement des mâles, auront fait dans l'île d'Elbe ce que les Européens ont coutume de faire dans les Indes; ils auront engendré des mulâtres avec les oiseaux in- digènes. Gesner et d’autres naturalistes ont décrit les produits de ces mélanges. L'éducation des serins était au commencement très difficile, soit parce qu’on ignorait les soins qu'ils exigent, ou, ce qui est plus probable, parce qu’on n’importait en Europe que des mâles et point de femelles. On dit même que les Espa- gnols avaient prohibé l'exportation desmäles, afin des’assurer le commerce exclusif de cette espèce d'oiseaux, et qu’ils ava’ent ordonné aux chasseurs de tuer les femelles qu’ils prenaient ou de les laisser échapper: Cette défense fut sans effet par la raison que les femelles , qui chantent peu ou rarement, étaient moins recherchées que les mâles par les personnes qui en fai saient le commerce. C’est ainsi que les perroquets apportés en Europe, sont pour l'ordinaire des mâles, les femelles étant moins estimées à cause que leur plumage a moins d'éclat, On 220 - MANUEE croyait aussi , dans les premiers tems, que les serins transportés directement des îles, étaient de meilleurs chanteurs que ceux qui naissaient en Europe. Mais on doute aujourd'hui. de cette asserlion. On a publié en différentes langues, dans ces derniers tems, plusieurs traités sur l'éducation de ces oiseaux. Il s’est trouvé des gens qui ont fait le métier de les élever, et qui ont retiré un gain honnête de ce commerce. Les Tyroliens se sont dis- üingués dans ce genre d’industrie. Il existe à Ymst une société qui envoie chaque année, après le: tems de la couvée, des agens qui achètent de côté et d'autre, en Allemagne et en Suisse, des jeunes serins aux personnes qui sont dans l'usage d'en élever. Chaque agent rapporte trois à quatre cents oi- seaux qu'il va revendre noñ seulement en Allemagne, mais en Angleterre , en Russie, et jusqu’à Constantinople. Ils en im- portent annuellement en Angleterre jusqu’à seize cents, et, quoiqu'’ils soient obligés de porter ces oiseaux sur leur dos à cent milles d'Allemagne et de payer pour ce nombre vingt li- vres sterling aux douanes anglaises, ils ne vendent cependant leurs oiseaux que cinq schelings pièce. Ce genre de commerce a commencé depuis peu à s'établir dans la Forêt-Noire, et il existe même à Gæœttingen un particulier qui conduit chaque année en Angleterre des canaris et des bouvreuils, et qui revient avec quelques marchandises. Le miliet { phalaris canariensis ) forme la principale nour- riture de ces petits oiseaux. On croit avec assez de vraisem- blance que cette plante fut d’abord transportée pour cel usage des iles Canaries en Espagne, et qu’ensuite elle se répandit dans plusieurs parties de l'Europe. On la cultive aujourd’hui dans plusieurs lieux et elle forme un objet de commerce, surtout en Sicile où elle est nommée scaglinala. Les Français et les Génois tirent de cette île une très grande quantité de millet. Ce genre de produit donne des bénéfices assez considérables aux industrieux habitans de l'ile de Thanet en Angleterre, principalement à ceux de Mar- gate qui trouvent à Londres un débouché avantageux. Sa culture réussirait facilement en Allemagne, ainsi que le prou- vent les semis qu’on a coutume de faire dans quelques jardins. D'ailleurs cetté plante est devenue indigène dans quelques par- ties de l'Allemagne, par exemple à Halle où elle se produit d'elle-même dans les champs, 1 seraitavantageux d'en étendre D'ORNIFHOLOGIE DOMESTIQUE. 227 la culture, puisque ses semences donnent une bonne farine ; | il est seulement difficile d’en détacher la pellicule. Tout intéresse, tout charme dans l’oiseau des Hespérides >. | forme élégante, joli plumage, voix mélodieuse, naturel aimant, / docilité et familiarité ; il réunit toutes les qualités, les petits talens qui sont isolés dans les autres. Cet aimable volatile fait surtout l’ämusement des jeunes personnes; et qui mieux qu’elles peuvent aider an développement de ses habitudes douces et so- ciales ? soins, attentions , caresses , baisers, rien n’est épargné. Son enfance, son éducation causent quelquefois de petits em- barras, mais ce n’est point un ingrat; capable de reconnais- sance et d’attachement, il en donne des preuves à chaque instant du jour; le soir, ses adieux sont des caresses, le ma- tin, à peine éveillé, sa bienfaitrice est l’objet de ses premiers regards, son premier vol est à elle, il la flatte de ses ailes, la becquette tendrement , et semble exprimer le sentiment qui l'anime, par des demi-sons enchanteurs et pénétrans. Si la jeune beauté fait son amusement de ce charmant oiseau, et puise dans son petit ménage l’exemple des soins délicats qu’exige une famille naissante, s’il charme les ennuis du cloi- tre, il ne plait pas moins aux vieillards, qui trouvent dans sa société un adoucissement à leurs souffrances : son amabilité et ses gentillesses rappellent dans leur âme la gaîté qu'en avait bannie le poids des. années. Ce petit musicien a ses dépits , ses emportemens ; mais ils ne blessent ni n’offensent. Cependant, on doit le ménager, car des agaceries trop répétées exalient si vivement sa colère, qu’il en est quelquefois la victime. Doué d’un gosier qui se prête à l'harmonie de nos voix et de nos instrumens, il apprend à parler et siffler les airs les plus mélodieux. Les mots, les pe- tites phrases les plus tendres sont ceux qu’il semble retenir et prononcer avec plus de facilité. C'est , de tous les oiseaux, celui qui prend le plus de part et contribue le plus aux agré- mens de la société. Il a plus d’ofeillé, plus de facilité d’imi- tation , plus de mémoire; il est d’un naturel plus caressant ; son ramage qui est un modèle de grâce , se fait entendre en tout tems, et nous récrée lorsque tout se tait dans la nature. C’est, enfin de tous les oiseaux, celui qu'on élève avec plus d plaisir ; parce que son éducation est la plus facile et la Cu heureuse. A 11 nous paraît inutile d’entrer dans les détails du plumage 222 MANUEL d'oiseaux aussi connus; nous nous bornerons à dire que cette belle couleur n’est qu’à l’extrémité des plumes: elles sont blan- ches dans tout le reste de leur étendue; mais elle est seule apparente lorsqu'elles sont bien rangées et bien couchées les unes sur les autres. Dans cette variété comme dans toutes les autres, la femelle a des teintes plus faibles, la tête un peu moins grosse et moins lengue, les tempes d’un jaune’ pâle, tandis qu’elles sont do- rées dans le mâle. Celui-ci a, vers la racine du bec, dessus, et surtout dessous, une espèce de flamme jaune qui descend beaucoup plus bas; de plus, il est plus haut monté et beau- coup plus vif dans sa marche. La femelle des serins gris se distingue aisément en ce qu’elle n'a presque point de jaune dans son plumage ; celle des pana- chés est blanche, et le mâle est jaune, mais le plumage des Jaunes dorés et des jonquilles ne présente guére de différence sensible entré les sexes et dans leur j jeunesse ; le gazouillement est le seul indice qu’on puisse saisir. Le jeune mâle se fait entendre presqu’aussitôt qu’il mange seul ; il est vrai qu'il y a des femelles qui gazouillent aussi , mais leurs phrases sont plus courtes et les sons moins forts. La couleur, les pieds, la force, le chant, distinguent es vieux des jeunes, les premiers ont les teintes plus foncées, plus vives que les jeunes de leur race : leurs pieds ont des écailles plus brillantes, plus rudes; les ongles sont plus gros , plus longs. Les derniers ont des écailles pen apparentes; le pied parait uni et les ongles sont courts. Les vieux, après deux mues, sont plus vigoureux, ont le corps plus plein que les jeunes, qui sont ordinairement fort fluets. Le chant de l'adulte a plus de force, plus d’étendue et plus de durée; celui du jeune n’est entièrement formé qu’un an après sa naissance. Une vieille femelie se reconnait à ses pieds et à son corps plus arrondi que celui de la jenne femelle. Enfin, son gazouil- lement est plus fort que celui de cette dernière, qui se tait pour l'ordinaire pendant les six premiers mois de sa jeunesse. Outre le serin plein, c’est-à-dire, pleinement et entière- ment jaune jonquille, qui était autrefois le plus rare, l’on compte vingt-huit autres variétés parfaites et assez reconnais- sables pour être indiquées. z, Le serin gris commun. Celui-ci n’a presque pas dégénéré D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 223 de la race primitive; son duvet est noirâtre , ainsi que dans le carari sauvage. 2. Leserin gris, au duvet et aux pattes blanches, qu’on appelle race de panachés. 3. Le serin gris à queue blanche. Race de panachés. 4. Le serin blond commun. 5. Le serin blond aux yeux rouges. 6. Le serin blond doré. 7. Le serin blond au duvet. Race de panachés. 8. Le serin blond à queue blanche. Race de panaches. 9. Le serin jaune commun. 10. Le serin jaune au duvet. Race de panaches. 11. Le serin jaune à queue blanche. Race de panachés. 12. Le serin agate commun. 13. Le serin agate aux yeux rouges. 14. Le serin agate à queue blanche. Race de panachés. 15. Le serin agate au duvet. Race de panachés. 16. Le scrin isabelle commun. 17. Le serin isabelle aux yeux rouges. 18. Le serin isabelle doré. 19. Le serin isabelle au duvet. Race de panachés. 20. Le serin blanc aux yeux rouges. 21. Le serin panaché commun. 22. Le serin panaché aux yeux rouges. 23. Le serin panaché de blond. 24. Le serin panaché de blond aux yeux rouges. 25. Le serin panaché de noir. 26. Le serin paraché de noir, jonquille, aux yeux rouges. 27. Leserin panaché de noir jonquille et régulier. Très rare. 28. Le serir à huppe, ou plutôt & couronne, était autrefois peu commun, c’est un des plus beaux. On en voit dans cette race de Ülancs, de diverses nuances de Jaune, de panachés et de gris ; la couronne est beaucoup plus large et couvre les yeux dans les premiers et les derniers ; les plus rares de cette famille sont les serins panachés régulièrement, et ceux qui, avec un plumage uniforme, blanc ou jaune, ont une couronne d’une autre couleur. On connaît si des serins gris, jaunes, blonds , etc. sont de races panachées, 1° par quelques plumes blanches qu’ils ont à la queue ; 2° par quelques ergots blancs aux doigts; 3° par Je du vel qui se voit, lorsqu’en prenant l'oiseau dans la main, 224 MANUEL on souffle les plumes du ventre, ce petit duvet est blanc; attaché . à la plume de couleur différente à l'extérieur ; les uns en ont plus, les autres moins; et il ne vient ordinairement qu'après la première mue. On distingue deux races particulières dans lespèce du ca- .aari: la première est composée des canaris panachés, la se- conde de ceux qui ne le sont pas. Les Ülancs et les Jaunes ci- tron ne sont jamais panachés , seulement ‘l'extrémité des ailes et de la queue de ces derniers devient blanche lorsqu'ils ont quatre ou cinq ans. Les gris ne sont pas d’une couleur uni- orme; il en est de plus ou moins gris, d’autres d’un gris plus clair, plus foncé , plus brun ou plus noir. Les agates sont ordinairement de couleur un'forme; mais il en est où la teinte est plus claire ou plus foncée. Les isabelles ne varient point ; leur couleur ventre de biche est constante, uniforme, soit dans le même oiseau , soit dans plusieurs individus. Dans les panachés, les jaunes jonquille se panachent de noirâtre et ont ordinairement du noir sur la tête; enfin, il y a des pa- naches dans toutes les couleurs simples indiquées ci-dessus ; mais les Jaunes jonquille sont plis panachés en noir. Le serir à de longueur, depuis le bout du bec jusqu’à celui de la queue, cinq pouces trois lignes; et jusqu’à celui des ongles, quatre pouces huit lignes. Son bec est long de huit lignes et demie depuis la pointe jusqu’au coin de la bouche; sa queue a deux pouces deux lignes de longueur; son pied sept lignes, et celui du milieu des trois doigts extérieurs, joint aussi l’ongle, huit lignes et demie : les doigts latéraux sont beaucoup plus courts, et celni de derrière est de la même longueur que ceux-ci : son envergure est de sept pouces six lignes ; et ses ailes étant pliées, s'étendent un peu au-delà de la moitié de la longueur de la: queue. Les serins ont presque tous des inclinations et un tempéra- ment différent les uns des autres. Des mâles sont d’un tempé- rament triste; rêveur, peur ainsi dire , et presque toujours boullis, chantänt rarement , et ne chantant que d’un ton lu- gubre; ils sont des tems infinis à apprendre ce dont on veut les instruire, ne savent que très imparfaitement ce qu’on leur a montré, et oublient aisément le peu qu'ils'savent à la pre- mière mue ou autres maladies; ils prennent un tel chagrin de se voir couverts, lors de l'instruction, que souvent ils en meurent. Enfin, pour les tirer de leur apathie, il leur faut D’ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE, 225 pour instituteurs de vieux serins , ardens et pleins de vivacité ; alors ils chantent et s’animent un peu. Ces mêmes individus sont naturellement malpropres ; leurs pieds et leur queue sont toujours sales, ieur plumage mal peigné et.jamais lisse. De tels mâles ne peuvent plaire aux femelles. D’un carac- tère mélancolique, ils re les réjouissent presque jamais par leur chant, même lorsque les petits viennent d’éclure ; et d’cr- _dinaire, ces petits ne valent pas mieux qu'eux ; en outre, le moindre accident qui arrive dans leur ménage, les rend taci- * turnes, les attriste et les désole au point d’en mourir. Ainsi, ces oiseaux doivent être rejetés par ceux qui veulent faire couver des serins et leur donner de l'éducation. D’autres ont un caractère si méchant, qu’ils tuent la fe- melle qu’on leur donne; mais ges mauvais mâles ont quelque- fois des qualités qui réparent en quelque sorte ce défaut, comme par exemple, d’avoir un chant mélodieux, un beau plumage, et d'être très familiers. (M. V'ieillot a remarqué que plus les serins mâles ou femelies sont doux, caréssans avec leur maître, plus ils font mauvais ménage.) On doit conser- ver ces oiseaux , mais ne pas les apparier; cependant, il y a un moyen de dompter le mauvais caractère d’un pareil mâle; pour cela, on prend deux forces femelles d’un an plus vicilles que lui; on met ces deux femelles quelques mois ensemble dans la mème cage, afin qu’elles se connaissent bien, et que, n’é- n’élant pas jalouses l’une de l’autre, elles ne se battent pas lorsqu'elles n’anront qu’un seul mâle. Un mois devant le tems qu’on les met couver, on les lâchera toutes deux dans une même cabane, et quand le tems de les accoupler sera venu, on met- tra lemâle avec elies; il ne manquera pas de vouloir les battre ; mais elles se réuniront pour leur défense commune, finiront par lui en imposer, et le vaincront par l’amour. Ces sortes d’al- liances forcées réussissent quelquefois mieux que d’antres, dont on attendait beaucoup, et qui souvent ne produisent rien. Il y en a d’autres d’un naturel si barbare , qu’ils détruisent les œufs, et souvent les mangent à mesure que la femelle les pond, ou si ces pères dénaturés les laissent couver, à peine les petits sont-ils éclos, qu’ils les saisissent avec leur bec, etles trainent dans ia volière jusqu’à ce qu'ils soient morts. Des se- rins d'un pareil naturel doivent être rejetés. On remarque encore parmi les serins, des individus toujours 20 226 MANUEL sauvages , d’un naturel rude, farouche, d’un caractère indépen- dant, qui ne veulent ni être touchés , ni caressés, qui ne veu- lent être ni gouvernés , ni traités comme les autres ; de pareils serins réussiraient certainement s'ils étaient en pleine liberté ; une prison étroite, telle qu’une cage ou une cabane, ne leur convient point ; il leur faut ou un grand cabinet ou une vo- lière en plein air. Cependant , si on ne peut faire autrement que de lestenir en cabane, une fois posés dans un lieu quel- conque, il ne faut point ÿ toucher, ni se mêler nullement de leur ménage, leur fournir seulement le nécessaire , et les laisser vivre à leur fantaisie. Il y a des mâles d’un tempérament faible, indifférens pour leurs femelles, toujours malades après la nichée; il ne faut pas les apparier , car on a remarquégue les petits leur ressemblent. Il y en a d’autres qui battent Teur femelle pour la faire sortir du nid, et l’empèchent de couver; ceux-ci sont les plus ro- bustes, les meilleurs pour le chant, et souvent les plus beaux pour le plumage, et les plus doux. On doit leur donner deux femelles. Enfin, ilest des serins toujours gais, toujours chantans, d’un caractère doux, d'un naturel heureux , si familiers qu’ils prennent à la main et même à la bouche tout ce qu’on leur présente; bons maris, bons pères, susceptibles enfin de toutes les bonnes impressions , et doués des meilleures inclinations : ils récréent sans cesse leur femelle par leur chant, prennent un tel soin d’elle qu'ils lui dégorgent à chaque instant sa nour- ture favorite, la soulagent dans la pénible assiduité de couver, semblent l’inviter à changer de situation, couvent eux-mêmes pendant quelques heures dans la journée, et nourrissent leurs petits dès qu’ils sont éclos; outre ces bonnes qualités propres au ménage, ils sont susceptibles d'une éducation plus perfec- üonnée ; ils apprennent aisément des airs dewserinette et de flageolet, et les poussent d’un ton plus élevé que les autres. C’est d’après ces serins qu’il faut juger l'espèce, puisque ce sont les plus communs ; et mème le mauvais naturel de ceux qui cassent les œufs ou tuent leurs petits, n’est souvent qu’ap- parent; il vient de leur tempérament trop amoureux: c’est pour jouir de leur. femelle plus pleinement et plus souvent, qu'ils la chassent du nid et lui ravissent ce qu’elle a de plus cher. Aussi, observe M. 7ïeillot , la meilleure manière de faire nicher ces derniers, n’est pas celle indiquée ci-dessus D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 227 en les tenant en cabane. Ils se plaisent davantage dans une chambre bien exposée au soleil et au levant d'hiver, et y mul- tiplient mieux ; il doit y avoir plus de femelles que de mâles. Pendant que l’une couvera, ils en chercheront une autre; d'ailleurs, les mâles, par jalousie, se donnent entr’eux de fortes distractions; et l’on assure que lorsqu'ils en voient un trop ardent tourmenter sa femelle et vouloir casser ses œufs , ils le battent assez pour amortir ses feux. La même différerce pour le caractère et pour le tempéra- ment se fait remarquer dans les femelles comme dans les mâles. Les femelles agates sont les plus faibles, ainsi que les mâles de cette couleur, et meurent assez souvent sur leurs œufs ; elles sont remplies de fantaisies, et souvent quittent leurs petits pour se donner au mâle. Les panachées sont assi- dues sur leurs œufs et bonnes à leurs petits; mais les mâles sont les plus ardens de tous les canaris, et ont besoin pour amortir leur ardeur de deux et mème de trois femelles, sans cela, ils les tourmentent dans leur nid ei cassent les œufs. Ceux qui sont entièrement Jonquilles, ont à peu près la même pétulance , il leur faut aussi plusieurs compagnes ; mais les fe- melles de cette couleur sont les plus douces. Il est enfin des femelles qui sont très paresseuses; telles sont les grises ; mais ce sont ordinairement de bonnes nourrices. Les canaris ont entr’eux des rapports d’inclination et une aversion naturelle que rien ne peut vaincre. La sympathie d’un mâle se connait en le mettant seul dans une volière où il y a plusieurs femelles, même de couleur dissemblable à la sienne ; en peu d'heures, il en choisira uné ou deux, ne ees- sera de leur prouver son attachement en leur donnant la bec- quée à chaque instant, tandis qu’il marquera pour les autres la plus grande indifférence. Il choisira même une femelle sans la voir; il suffit qu’il l’entende crier, et il ne cessera de l'appeler, quoiqu'il en ait d'autres avec lui dans la même cage. Cette manière de s’apparier devient quelquefois dangereuse pour lui, puisqu'on en a vu mourir de chagrin, si elle appar- tient à une autre personne, et si on ne peut la lui procurer. Ce qui est dit des mâles doit aussi s'entendre des femelles. Les mâles donnent plus de marques d’antipathie naturelle que leurs compagnes , et ne peuvent s’accoupler indifférem- ment avec toutes sortes de femelles ; tous les soins seront inu- tiles, si celle qu’on lui donne ne lui convient pas ; ilsse que- 228 MANUEL relleront à chaque instant ,se battront continuellement, leur antipathie se fortifiera de plus en plus, et au point que si on les laisse ensemble, ils s’échauffent ,s’exténuent en ne mangeant point, et périssent souvent à un jour l'un de l’autre. Pour s’as- surer de cette aversion mutuelle, il suffit de les séparer ; de les laisser reposer quelques jours, et ensuiteles lâcher tous les deux dans une. grande volière, où il y ait plusieurs mâles et femelles , et on les verra s'attacher en peu de jours à une autre, s’apparier avec autant de prompltude que s’ils aväient été tou- jours ensemble. Leur antipathie ne cesse pas pour cela, car s’il s'élève quelque dispute dans la volière, soit pour le choix d’un boulin, soit pour le manger , ou autre chose, les anta- gonistes se mettront à la tête chacun d’un parti, et fomente- ront la discorde. L’antipathie est plus remarquable entre les serins de couleur différente ; un panaché, par exemple , qui viendra de perdre sa compagne, prendra.une aversion invincr- ble pour une femelle d’une autre couleur, surtout si elle est d’une teinte sombre, comme les grises. Il est enfin des canaris, mais c'est le plus petit nombre, qui ne sympathisent pointavec les oiseaux de leur espece; leur antipathie est telle, qu’on ne peut les aparier avec aucun , ils meurent plutôt que de s’accoupler. Ces individus demeu- rent toujours inactifs et stériles. On rencontre plus de mâles que de femelles ainsi constitués; ordinairement ce sont les meilleurs chanteurs et ceux qui vivent le plus long-tems. On doit done éviter de faire de ces alliances forcées, puisqu'il n’en résulte que des couvées menquées et souvent la perte des serins ainsi appariés. Enfin il en est, surtout des mâles, qui ont une telle aversion pour leurs pareils, qu’ils en donnent des preuves, quoïqu’ils soient éloignés les uns des autres; il suffit qu'ils s'entendent chanter, pour se disputer, exhaler une colère extraordinaire, chercher tous les moyens de s'évader de leur cage pour aller se déchirer l’un l’autre ; il faut les mettre à distance suffisante pour qu'ils ne puissent s'entendre, sans quoi ils tomberaient malades et périraient immanquablement. Cette maladie est d’autant plus difficile à guérir que souvent on n’en aper çoit pas la cause; elle se manifeste, si votre serin répond à un autre du voisinage, en se débattant avec violence et se metiant en colère. Le mâle, comme dans tous les oiseaux , indique son ardeur par l’extension de sa voix; Ce n’est point ainsi que la femelle D'ORNITHOLOGIE BO@MESTIQUE. 229 l'exprime, ou du moins ce n’est tout au plus qu’un pelit ton de tendre satisfaction, un signe de contentement qui n'échappe . qu'après avoir écouté long-tems le mâle qui s'efforce d’exater ses desirs en lui transmettant les siens ; mais une fois excitée, l'amour devient pour elle un grand besoin, car elle tombe ma- lade et meurt , lorsqu’étant séparée, celui qui a fait naître sa passion ne peut la satisfaire. Appariement des serins avec des oiseaux d'espèces différentes. Des oiseaux de même espèce qui montrent entr’eux une si. grande antipathie , ne devraient pas sympathiser avec d’autres espèces très différentes, comme nots, chardonnerets, tarins , bouvreuils , venturons, cinis, verdiers, enfin tous les petits oiseaux granivores, et qui dégorgent; les bruants et les pin- sons peuvent bien s’accoupler , mais ils ne peuvent ni nourrir la femelle du serin tandis qu’elle couve, ni l'aider à élever ses petits ; ces oiseaux nourrissant les leurs à la becquée. Cepen- dant tous ces oiseaux , quoique très dissemblables et en ap- parence assez éloignés des canaris, ne laissent pas de produire ensemble lorsqu'on prend les soins nécessaires pour les appa- rier; mais l’antipathie est toujours plus marquée dans les mäles que dans les femelles , aussi la réussite est plus certaine avec un mâle d'espèce étrangère et une femelle canari ; ainsi il vaut mieux employer des femelles canaris à ces essais, puis- qu’elles produisent avez tous les oiseaux nommés ci-dessus , et qu’on n’est pas cerlain que le mâle canari puisse produire avec les femelles de tous ces mêmes oiseaux. ÿ Les femelles serirs ne produisent ordinairement ave des mâles étrangers que depuis l’âge d’un an jusqu’à quatre, tau-: dis qu'avec leurs mâles naturels, elles produisent jusqu'à huit et neuf ans ; il faut cependant en excepter la femelle panachée. Le tarin, le chardonneret , et la linotte sont ceux sur les- quels il paraît que la production du mâle avecla femelle ca- nari, soit bien constatée; ainsi donc, si l’on veut se procurer des mulets de ces oiseaux, il faut les prendre dans le nid, les élever à la brochette avec les canaris mêmes , leur donuer la même nourriture et les laisser dans la même volière. Le chardonneret, par exemple, qui est celui qu'on choisit de préférence, doit être sevré de chenevis , et accoutumé, dès qu’il commence à manger seul, au millet, ele. ( Voyez l’ar- * Es 236 MANUEL ücle du chardonneret. On doit rendre ‘ces oiseaux naturelle- ment sauvages, aussi familiers que les canaris, ce qu'on fait en les plaçant dans un Heu bas, où il y ait toujours du monde. Ce qu’on dit du chardonneret doit s’appliquer aux autres oiseaux. À l'égard de l’union des canaris avec les tarirs mâles ou femelles, elle demande moins de soins et d’attentions ; il suf- - fit sonvent de ïacher simplement un ou plusieurs de ces oi- seaux , mais toujours du même sexe, dans une chambre ou une grande, volière avec des serins, et on les verra s’apparier aussitôt les uns avec les autres ; j'ai dit qu'il ne fallait en mettre que du même sexe, parce qu'ils donneraient toujours la préférence à ceux de leur espèce s’ils étaient de sexe diffé- rent.Le chardonneret au contraire ne s’apparie en cage qu'avec le canari ; la linotte, le verdier, le bouvreuil s’accouplent des deux manières. Les plus beaux métis sont ceux qui sortent du chardonneret; les plus eurieux, les plur rares naissent de l’alliance du 0ou- vreuil; lès plus communs viennent de l’accouplement du tarin, de la linotte, du verdier, et les plus recherchés de tous pour leur ramage et leur beauté, sont ceux qui sortent des mâles serins et des femelles étrangères ; les mulets de werdiers ont une couleur généralement bleuâtre , et les mâles chantent très mal , surtout si le père est verdier et la femelle serin ; les mâles mulets nés d'une linotte chantent beaucoup mIeUx ; mais leur plumage est très ordinaire ; ceux du farin sont pe- tits, et chantent mal : quant au RAC , les petits qui en sortent, sont susceptibles d’une éducation parfaite, et ont un plumage singulier; mais cette alliance réussit très rarement ; il dégorge, il est vrai comme le serin, il a beaucoup d’atten- ton ‘pour sa femelle, même plus que le mâle canari; mais celle-ci se prête difficilement à ses désirs ; ele le fuit autant qu’elle peut; ses cris d'amour, et l'ouverture de son grand bec lépouvantent; il faut donc choisir une femelle ou un male vigoureux , qui aient été élevés avec des Pouvreuils , qui soient âgés'au moins de deux ans, et pour le mieux,qu il p’aient jamais été accouplés avec un oiseau de leur espece. (Voyez l’article Douvreuil) Pour/avoir de beaux mulets et de bons chanteurs, il faut qu'ils soient de la race du ‘chardonneret ; on doit choisir ceë, oiseau robuste , gai, ardent pour le chant et d’un beau plu- D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 23x mage. Celui pris au filet peut aussi s’accoupler, mais il faut qu'il ait passé au moins un an avec les serins, et qu il soit accou- tumé àdleur nourriture dès l'instant qu’il a été pris , car il pé- rirait, si on voulait par la suite le sevrer du chenevis, ali- ment qu’on lui donne ordinairement. Lorsqu'il sera accouplé, on lui donnera de tems à autre de la graine de chardon, on ne l’épargnera même pas lorqu'il aura des petits; le seneçon lui convient aussi et remplace le chardon quand il n’est pas à sa maturité. Les métis chantent plus long-tems que les canaris, sont d’un tempérament plus robuste, et leur voix très sonore est plus forte; 1ls doivent être mis sous de vieux serins ardens à chanter , afin qu’ils leur servent de maîtres de musique, pour les instruire dans leur chant naturel. On doit faire la même chose pour les jeune series ; il faut toujours avoir , soit dans la volière, soit auprès, trois ou quatre vieux serins bons chanteurs. Parmi les cages que l'on donne aux, canaris, la plus com- mode est celle. qui est longue, large à proportion, et d’une bonne hauteur, afin que loiseau qui l'habite, puisse s’é- tourdir, pouvant voler en hauteur, et se promener en ‘Jon- gueur ; il devient par là plus fort et plus robuste. Il ne doit point y avoir d’augets aux deux côtés comme dans les autres cages, ensorte qu’on prisse toujours voir à découveri le prisonnier , quelqu’éloigné qu'on en soit. Les deux augets sont en plomb, placés dans le bas et enchassés dans le üvoir , de sorte qu’en le tirant , ce qui se fait par le derrière de la -cage, on attire à soi en même tems les deux augets où sont la graine et l’eau. Ces augets doivent être grillés par devant, de place en place, en dedans de la cage, afin que l'oiseau, ne pouvant que passer la iète, ne puisse renverser sa nourriture. Une cage ainsi construite présente plusieurs avantages : 1° l'oiseau ne peut se dérober à la vue par aucun mouvement ; 2° il n’a point continuellement sous les yenx sa pâture, lors- qu'il est perché sur les bâtons; il mange moins souvent, prend en conséquence moins de graisse , n’est pas sujet à s’avaler, maladie qui provient ordinairement de trop manger, et dont rarement on guérit les serins lorsqu'ils en sout at- jeints ; 3° elle est pour eux d’un grand secours lorsqu’ils sont indisposés ou qu'ils ont mal aux pieds ÿ puisqu'ils trouvent leur 232 MANUEL nourriture de plain pied , sans être obliges de monter sur les juchoirs , où souvent ils ne peuvent.se soutenir, La meilleure cabane est celle qui est construite en chêne ou en bois de noyer, dont les fonds et les tiroirs sont tout d'une pièce ; celles en bois de sapin sont, il est vrai, à meil- leur marché, mais elles ont un grand inconvénient; car après avoir servi une année, elles se déjettent de toutes parts, et donnent une retraite aux mittes etauxpunaises :les quatre faces doivent être en fil de fer , avec deux portes aux deux côtés, aussi grandes que celles du milieu. Cette espèce de cabane doit être préférée, parce qu’on voit les oiseaux à découvert dans telle position qu’elle soit dans l’aäppartement : les deux portes servent à faciliter le passage des serins d'une cabane à l’autre, sans les toucher et les effaroucher, scit pour la nettoyer, soit pour toute autre chose. De plus avec une pareille construction, on peut faire de plu- sieurs de ces cabanes réunies, une grande volière, en les ap- prochant, les serrant l’une contre l’autre, et en ouvrant toutes les portes de communication. De plus, ces oiseaux étant ainsi découverts, deviennent plus familiers et sont à l’abri des pe- tits accidens qui arrivent fort souvent à ceux qu'on tient dans des cabanes obscures. Si l’on s’en sert pour les faire couver, on doit pratiquer en dessus, deux petites coulisses directe- ment au-dessus du boulin, pour voir ce qui se passe dans le nid, sans y toucher en aucune manière, ce qui dérange la couveusé et déplait fortement à ceux d'un naturel rude et farouche. Il'est difficile de déterminer l’époque propre pour l’accouple - ment des serins ; il fant se diriger suivant la saison ; mais on ne doit jamais presser le tems de la première nichée. On a cou- tume de permettre à ces oiseaux de s’unir vers le 20 ou 25 wars et mème plus tôt; l'on feraitmieux d’attenüre la mi-avril ; car, lorsqu'on Jes met ensemble dans un tems encore froid , iis se dégoütent souvent l'un de l’autre : et si, par basard les femelles font des œufs, elles les abandonnent, à moins que la saison ne devienne plus chaude; on perd done une nichée toute entière en voulant avancer le tems de la première. Pour les apparier on met d'abord un mâle et une femelle dans une petite cage, ce qui leur convient mieux qu’une grande, vu qu'étant plus serrés et plus près jun de l'autre, ils font plus tôt connaissance. On les y laisse huit à dix jours, et l’on | | | | | D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 1 233 connaît qu’ils se conviennent lorsqu'ils ne-se battent plus, ce qui leur arrive ordinairement dans les premiers jours, et qu'ils + ‘2j de petites amitiés en s’abecquant l’un autre : alors on les lâche dans une cabane qui leur est destinée, et qui est munie de tout ce qui est nécessaire à leur petit mé- nage. Quoique ces oiseaux couvent dans telle position que soit leur domicile, la meilleure pour avoir une réussite complète, est l'exposition au levant. Les père et mère sont plus gais, se portent mieux ; les petits profitent plus en un jour qu’en deux dans une autre exposition : celle du midi ou du couchant leur échauffe la tête, engendre une grande quantité de mittes, fait suer les femelles qui étouffent alors leur progéniture : 3 celle du nord leur est péjudiciable en ce-que, quoïqu’en été, le vent qui souffle de cette partie cause la mort aux petits nouvellement nés , et souvent même aux vieux : un lieu obs- cur les rend mélancoliques , et donne lieu à des absences qui les font périr ; enfin, il faut, autant qu’il est possible, se rapprocher en tout de la nature. Dans leur pays natal, les serirs se tiennent sur les bords des petis ruisseaux ou des ravins humides ; il ne faut donc ja- mais leur laisser manquer d’eau tant pour boire que pour se baigner. Comme 1ls sont originaires d’un'climat très doux, il faut les mettre à l'abri de la rigueur de l'hiver; cependant, étant anciennement naturalisés en France , ils se sont habitués au froid , c’est pourquoi on peut les conserver en les logeant dans une chambre sans feu, dont il n’est pas mème néces- saire que la fenêtre soit vitrée : une grille"maillée pour les empêcher de fuir, suffira. Par ce traitement on en perd moins, que quand on les tient dans des chambres échauffées par le feu. Les petits qui proviennent de l’accouplement de canaris de couleur uniforme sont pareils à leurs père et mère. On ne doit attendre d’un mâle et d’une femelle de couleur grise , que des oiseaux gris; il en est de même des isabelles, des blonds, des blancs, des jaunes , des agates, etc. ; tous produisent leurs semblables en couleur. Mais lorsqu’ou mèle ces différentes races, il en résulte de beaux oiseaux , et même de plus beaux et de plus rares que ceux que l’on en espérait. Un mâle panaché de blond avec une femelle jaune à queue blanche, donne une fort belle production. De deux parachés 234 MANUEL, mis ensemble, 1l n’en proviendra que des panachés et quel. quefois des gris, jaunes ou blancs. Si le père ou la. mère sont issus de ces races, il n’est pas même nécessaire d'employer des oiseaux panachés pour que leurs descendans le soient ;: il suffit seulement qu'ils tiennent à cette variété par leurs as-. cendans, soit du côté paternel, soit du côté maternel ; mais pour en avoir de très beaux, il faut assortir un mâle panaché de blond avec une femelle jaune queue blanche où bien un mâle panaché avec une femelle blonde queue blanche ou | autre , excepté seulement la femelle grise queue blanche. Si l’on veut se procurer cette belle race. que l’on appelle serin plein , il faut mettre un mâle Jonquille avec une femelle : de même couleur. Enfin pour avoir un beau Jonquille , il faut accoupler un mäle panaché de noir avec une femelle Jaune queue blanche ; les petits qui naissent de celte race, sont d’une complexion plus délicate que les autres; ce sont les plus difficiles à élever s'ils sortent de deux jorquilles. Comme ce nombre de combinaisons de races que l’on peut croiser est presque inépuisable, et que les mélanges que l'on peut faire des canaris panachés avec ceux de couleur uni- forme, les augmente encore de beaucoup, il en doit résulter des nuances et des variétés qui n’ont point encore paru. Pour faire cette double alliance, il faut choisir un mâle fort, vigoureux et très vif : on lui reconnait ces qualités lors- qu’il est sans cesse en mouvement dans sa cage, et qu'il ne reste pas un instant à la même place; lorsqu'il chante d’un ton fort élevé, long-tems et souvent. Le choix fait, on a deux pe- tites cabanes dans chacune desquelles est une femelle : on les pose de manière qu’elles se communiquent par une porte, et on yÿ lâche le mâle; appelé par les deux femelles, il ira de l'une à l’autre, et les satisfera toutes deux. On peut aussi se servir d’une seule cabane, mais il faut qu’elle soit grande et qu'il y ait dans le milieu une séparation suffisante pour que les deux femeiles ne puissent se voir lorsqu'elles couvent. Enfin, ces accouplemens se font naturellement dans une grande vo- liére ou un cabinet. Quatre mâles vigoureux peuvent suffire à douze femelles. Ou donne ordinairement aux serins, pour faire leur nid , de la bourre de cerf qui n'ait pas été employée à d’autres usages, de la mousse, du coton haché, de la filasse de chan- vre, du chiendent, du petit foin sec et très menu; mais de D'ORNITHOLOGTE DOMESTIQUE. 235 tous ces mätériaux, il n’y en a guère que deux dont ils puis- sent se servir avec avantage ; le petit foin menu, pour faire le corps du nid, etun peu de mousse séchée au soleil ; on peut y joindre, lorsque le nid ést presque fait, une pincée de bourre de cerf, mais seulement à la première couvée , parce qu’alors il n’y.a pas encore de grandes chaleurs, et l’on doit s’en abs- tenir pour les autres; cette bourre réchauffe la femelle au point de la faire suer, et cette sueur étouffe les petits lors- qu’ils viennent de naître; le coton haché et la filasse, s'ils ne sont pas bien hachés, s’'embarrassent aux pieds de la cou- veuse, et il arrive très souvent que, pour peu qu'elle sorte du boulin avec vivacité, elle enlève avec elle le nid et les œufs. On trouve chez les faiseurs de vergettes nn chiendent qui est très propre à la construction du nid; on choisit le plus délié, on le secoue bien pour en faire sortir la poussière ; il est mieux de le laver et de le faire sécher au soleil : ensuite on le coupe, et on l’éparpille dans leur cabane ; le chiendent peut suffire seul et donner au nid une forme et une solidité qu’on ne doit pas attendre des autres matériaux; d’ailleurs , il peut servir à plusieurs reprises : il suffit, pour cela, de le la- ver à l’eau bouillante chaque fois qu’en en a besoin. On donne aux serins, pour placer leur nid, trois sortes de boulins , d'osier, de bois et de terre; le premier doit être pré- féré, mais il ne faut pas qu'il soit trop grand; les deux autres échauffent trop la femelle et la font suer : de plus , le nid fait surtout dans le boulin de bois, tient si peu, que souvent le mâle ou la femelle l’entraine avec ses doigts, casse les œufs ou renverse les petits. É. On ne leur donnera qu’un panier à la fois; car, lorsqu'on leur en donne deux, ils portent tantôt dans l’un et tantôt dans l’autre, et se jouent long-tems avant de s’occuper réellement de leur nid, ce qu'ils ne font pas lorsqu'ils n’en ont qu’un : ce n'est que douze jours après la’ naissance de leurs petits, qu’il faut leur donner le second, et on le place du côté op- posé, parce qu’alors ils font une nouvelle ponte, quoiqu'ils nourrissent leurs petits. | Pour les serins paresseux, comme les panachés, 1l vaut mieux faire soi-même le nid; s’ils ne le trouvent pas à leur fantaisie, ils n’ont que là peine de le raccommoder. Il ne faut pas manquer de leur donner, surtout lorsqu'ils 236 MANUEL ; sont en cabane, du sable de rivière bien sec et pin fin; pour : cet effet on le passe au tamis. On ne peut apporter trop de précaution dans le. choix des alimens de ces petits oiseaux: leur en donner trop ou trop peu est un défaut, car, ou ils mangent trop, ce qui leur donne l’avalure, ou ils me mangent pas assez, ce qui les fait lan- guir. On doit aussi connaitre ce qu’on leur donne, et leur donner à propos, car, ce qui leur est propre dans une saison est souvent un poison dans une autre. Lorsqu'ils mangent seuls, leur nourriture ordinaire sont la navette, le millet, l'alpiste et le chenevis. Le mélange se fait ainsi : une _chopine dechenevis, autant d’alpiste, une pinte de millet et six de navette bien vannée, le tout mélé ensemble. On conserve ce mélange dans une boite de «héne bien fermée, afin qu’il n’y tombe aucune ordure; on met dans leur auget de cette graine une quantité suffisante pour deux jours, afin que le premier jour,ayant mangé le blanc ils mangent le se- cond {le noir: par ce moyen ils ne viennént pas si gras et chantent mieux. Des personnes ne leur donnent que de la navette, mais seule elle n’est pas assez nourrissante ; elle Les rend mélanco- liques et les fait maigrir, surtout les jeunes des dernières couvées, qui ne sont pas aussi robustes que les autres. D’autres leur donnent du chenevis en abondance, surtout lorsqu'ils les accouplent avec des chardonnerets et tarins ; mais cette nour- riture est pour eux un poison lorsqu'elle n’est pas mélangée avec d’autres, et surtout en petite quantité. Enfin, il faut que toutes ces graines ne soient pas trop nouvelles et qu’elles aient ressuyé en tas et jeté leur feu, sans cela on les expose à des maladies dont souvent on ignore la vraie cause. Quand les serins sont accouplés, on leur donne ; outre ces graines, un morceau d’échaudé ou de biscuit TA surtout lorsqu'on s'aperçoit que la femelle est prête à pondre. On leur donne encore, pendant les huit premiers jours , beaucoup de graines de laitue ; cela les purge. Le tems le plus difficile pour gouverner les serins est celui où ils ont des petits. La veille où ils doivent éclore, qui est le treizième jour que la femelle couve, on change le sable fin et tamisé qu’on a eu la précaution de mettre dans leur ca- bane dès le moment qu’on les y fait entrer. Cette précaution est utile, parce que, si la femelle pond dans le bas de sa ea- D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 237 bane, ce qui arrive quelquefois, l'œuf n’est point endommagé: en outre, comme il lui arrive souvent d'enlever avec elle les petits nouveaux nés lorsqu'elle sort du nid trop vivement, ceux-ci tombant sur uni sable fin passé au tamis, ne se bles. sent point. Li Le sable changé, l’on nettoie les bâtons, on remplit l’auget de nouvelle graine, après avoir ôté l’ancienne; on leur’ met de l’eau fraiche dans leur plomb bien nettoyé, et tout cela pour ne point les tourmenter dans les premiers jours. On leur donne encore une moitié d'échaudé, dont la croûte de dessous est ôlée, et un petit biscuit, le tout bien dur, parce que si l’un ou l'autre était tendre, ils en mangeraient beaucoup et pourraient s’étonffer. Taut que cet aliment dure, on ne leur donne point d’autres douceurs : celui qui succède est une espèce de pâte composée d'un quartier d'œuf dur, blanc et jaure, haché fort menu, et un morceau d’échaudé sans sel, imbibé d’eau ; le tout pressé dans la mair, on le pose sur une petite soucoupe, et on met dans une autre de la navette qu'on aura trempée dans l'eau , ou plutôt à laquelle on aura fait jeter un bouillon pour lui ôter sa force et son acreté : c’est la meilleure nourriture qui leur convient à cette époque. Un morceau de pain blanc, humecté et pressé dans la main, est pour eux une nourriture moins substantielle que l’échaudé; mais elle les empêche de devenir gras pendant leur ponte. Selon beaucoup de curieux et #. Vieillot, le biscuit sucré doit être rejeté, il les échauffe trop, et ceux qu’on nourrit ainsi font souvent des œufs clairs, on des petits faibles et trop délicats. On leur donne en outre de la verdure, mais en petite quantité, telle que du mouron, du sénecon, et à défaut ge ces plantes, un cœur de laitue pommée, un peu de chicorée s un peu de plantain bien mür. On leur présente celte nourriture trois fois par jour, le matin à cinq ou six heures, à midi et vers les cinq heures du soir. L'ancienne nourriture doit être ôtée à chaque fois qu’on en met de nouvelle, car elle se gâte en peu de tems, surtout dans les chaleurs. La navette, la mie de pain s’aigrissent, la verdure se fane et flétrit ; il en résulte que le père et la mère se dégoûtent, ou s’ils portent à leurs petits de cette nourriture échauffée, elle les empêche de profiter. Ox: trouve encore d’autres pratiques indiquées par les au- 21 238 MANUEL teurs, mais on ne doit pas se piquer de les suivre à la lettre ; elles sont souvent plus préjudiciables qu'utiles à la santé de : nos pelits prisonniers ; trop de soins et d'attention, trop de douceurs , en font autant périr que la négligence. Une nour- riture réglée de navell@ et de millet, de l’eau une on deux fois par jour dans l'été, d'un jour à l'autre pendant l'hiver, de ia verdure de tems en tems , de l’avoine battue, et surtout une grande proprelé, leur conviennent beaucoup mieux. Il ÿ a Ges femelles qui ne pondent point du tout, et qu'on appelle Oréhaignes, d’autres qui ne font qu’une ponte, en- core après avoir pondu leur premier œuf, elles se reposent | souvent le lendemain , ne pondent le second que deux ou trois jours après. Il en est d’autres qui ne font que trois pontes, fesquelles sont assez réglées, ayant trois œufs à chacune, et pondus tout de suite, c’est-à-dire sans intervalle de jour. Une quatrième espèce, que l’on peut appeler commune, parce qu’elle est nombreuse, fait quatre couvées, ei à chacune des pontes quatre à cinq œufs; ces femelles ne sont pas toujours réglées ; on en voit enfin d’autres, ce sont les plus fécondes, qui en font cinq, et en feraient même davantage si on les laissait faire; chacune de leurs pontes est souvent de six à sept œufs. Quand cette dernière espèce de serin couve bien, c'est une race parfaite. Comme l’on fait bien de séparer les mauvais œufs des bons, ii faut, pour les connaître d’une manière sûre, ne les regarder que lorsque la femelle les a couvés pendant huit à Vol ou Pour cela on prend doucement chaque œuf par les deux bouts, crainte de les casser , on les mire au grand jour ou à la lumière d’une chandelle; si l'on s'aperçoit qu’ils sont troubles et pesans, c’est une marque qu'ils sont bons, et que les petits se forment; si au contraire ils sont aussi clairs quesle jour que la femelle a commencé à les couver , c’est un ingice qu’ils sont mauvais, pour lors on doit les jeter, car ils ne font que fatiguer inutilement la couveuse: En triant ainsi les œufsclairs, on peut aisément de trois pontes n’en faire que deux, lors- qu'on a plusieurs serins qui couvent en même tems; la fe- melle qui se trouvera libre travaillera bientôt à une seconde couvée,. fa * Dans la distribution que l'on fait de ces œufs d’une fe- melle à d’autres, il faut qu'ils soient tous bons, car les fe- melles panachées auxquelles on donnerait des œufs clairs ou D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 239 mauvais, ne manqueraient pas de les jeter elles-mêmes hors du nid, au dieu de les couver; il en résulterait même un in- convénient plus grave, si le nid était trop profond pour qu’elles pussent les faire couler à terre; car elles ne cesseraient de les becqueter jusqu’à ce qu'ils fussent cassés, ce qui gâte- rait les autres œufs, infecterait le nid et ferait avorter la cou- vée entière. Les femelles des autres couleurs couvent les œufs clairs qu’on leur donne. Du reste c’est toujours la plus ro- buste qui deit être préférée: il en est qui peuvent couver cinq à six œufs. Des oiseleurs recommandent d’enlever les œufs à la femelle à mesure qu’elle les poud , et dé leur substituer un œuf d’i- voire , afin que tous puissent éclore en même tems; dès qu’elle a cessé sa ponte, on lui rend de grand matin ses œufs en lui Ôtant les faux d'ivoire. D’ordinaire la ponte se fait toujours à la même heure entre six et sept heures du matin. Si la fe- melle est dans le même état .de santé; mais quand elle re- tarde seulement d’une heure, c’est un signe de maladie; ce- pendant il faut faire une exception pour le dernier œuf, qui est ordinairement retardé de quelques heures et quelquefois d’un jour. Cet œuf est constamment plus petit que les autres, et le petit qui en provient est souvent mâle, Les partisans cette pratique en usent ainsi, parce que, di- sent-ils, si on laissait aux femelles leurs œufs sans les leur ôter, ils seraient couvés en-différens tems, et les premiers nés étant plus forts que ceux qui naîtraient deux jours après, prendraient toute la nourriture, écraseraient ou étoufferaient souvent les derniers; d’autres oiseleurs trouvent que cette pratique est contraire au procédé de la ratyre, et prétendent qu’elle fait subir à la mére une plus grande déperdition de chaleur, et la surcharge tout à la fois de cinq ou six petits qui, venant tous ensemble, l'inquiètent plus qu'ils ne la ré- jouissent; ils ajoutent qu’en n’ôtant pas les œufs à la femelle, et les laissant éclore successivement, ils avaient toujours mienx réussi que par cette substitution d'œufs d'ivoire. Au reste, les pratiques trop recherchées et les soins scrupuleux sont sou- vent plus nuisibles qu'utiles; il faut, autant qu'il est pos- sible , se rapprocher en tout de la nature. L'incubation dure treize jours ; elle peut-être retardée ou devancée d’un jour, ce qui provient de quelque circonstance particubère; le chaud accélére l'exclusion des petits, le f 240 MANUEL froid la rétarde, c'est pourquoi au mois d'avril elle dure treize jours et demi ou quatorze jours au lieu de treize, si l'air est alors plus froid que tempéré ; et au contraire, aux mois de juillet et d'août, il arrive quelquefois que les petits éclosent au bout de douze jours, On prétend que le tonnerre fait tourner les œufs et tue souvent les petits qui sont dans le septième ou le huitième jour de l’incubation, un peu de fer mis dans le nid en empêche, dit-on , l'effet. Enfin, on doit s'abstenir de toucher les œufs sans nécessité urgente, comme ne font que trop souvent les jeunes personnes, ce qui les re- froïdit, et retarde la naissance des petits ; souvent même ces aitouchemens réitérés l’empèchent de venir à terme. Il est raré que les serins élevés en chambre tombent ma- lades avant la ponte, il y a seulement quelques mâles qui s’ex- cèdent et meurent d’épuisement ; cependant il arrive quelque- fois qu'un mâle tombe malade lorsque sa femelle a le plus besoin de lui, soit au moment de sa ponte, soit lorsque ses petits ont sept à huit jours, époque où uu bon mâle doit la soulager dans les soins qu’exige leur nourriture, Si alors il est atteint d’une maladie quelconque, on le retire de la cabane ou du cabinet, et on le met à part’dans une petite cage; on cherche à découvrir là maladie dont il est attaqué, et, dès qu'on l’a reconnue, on y apporte le remède qui convient et qui doit se trouver dans ceux indiqués ci-après. On commence par mettre le malade au soleil , et on lui souf- flera un peu de vin blanc sur le corps , remède qui convient à tontes les maladies; ensuite on le traitera suivant le mal qu’il aura. Si malgré cela sa maladie empire, si la femelle prend du chagrin de l'absence de son mäle, on doit en substituer un autre à la place du malade ; cependant il est des femelles qui, quoique privées de leur mâle, nourrissent très bien Jeurs pe- tits; d’autres sont moins indifférentes, mais il en est peu qui ne supportent l’absence de leur mâle pendant huit à dix Jours; et pour qu’elle ne se chagrine pas trop, on le lui fait voir de tems en tems, en mettant sa petite eage dans la cabane. Cette incommodité vient ordinairement ou de ce qu'il s’est trop échauffé avec sa femelle, ou de ce qu’il a mangé en trop grande abondance des nourritures succulentes qu’on leur pro- digue alors. Huit ou dix jours de repos le guérissent infailli- blemeni de la première maladie, et une diète de plusieurs jours, pendant lesquels on ne lui donne que de la navette P'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 41 pour. toute nourriture, ‘est un remède certain pour l'autre. Après ce traitement, on. le lâche avec sa femelle , et l’on re- connaîtra, par son maintien et son empressement auprès d'elle, s’il est guéri ou non; mais si la maladie l'attaque de nouveau, il faut le retirer et ne plus le remettre, quoiqu'il guérisse, car c’est une preuve d’un tempérament trop délicat. On donne alors à la femelle un autre mâle. ressemblant à celui qu’elle perd ; à défaut ,-on lui en donne un de Ja même race qu'elle ; car 1l y a ordinairement plus de sympathie entre ceux qui se ressemblent qu'avec les autres , à l'exception des serins isabelles , qui donnent la préférence à des serins d’une autre couleur. Mais il faut que ce nouveau mâle, qu’on veut substi- tuer au premier, ne soit point novice. én amour ; et que par conséquent il ait déjà niché. 4 Si la femelle tombe malade, on li fera le même traite- ment qu'au mâle; néanmoins, si elle çouve , il faudra retirer ses œufs et les donner à des femelles qui couvent à peu près aans le même terns , ainsi que ses petits, s'ils sont trop jeunes pour être élevés à la brochette, quand même le mâle les nourrirait, puisque tels soins qu'il en eût , ils mourraient de froid, n'ayant plus de mère pour les échauffer. Il arrive des accidens faute de précautions ,comme de casser des œufs pour n'avoir pas fait assez d'attention. Une femelle, au lieu de pondre dans son pamer, fait son œuf dans un coin de sa cabane, souvent il est couvert par la verdure qu’on lui a donnée la veille, et d’après cela très exposé à être cassé lors- qu'on nettoie la voliére, ce qui doit se faire tous les matins. Dès que cette femelle est dans sa ponte, l'œuf doit se trouver dans la volière, s’il n’est pas dans le nid; on le cherche donc plntôt des yeux que de la main, et quand on l’a trouvé, onle saisit délicatement avec les doigts par. les deux extrémités , il sera MmOIns en risque d’être cassé qu’en le prenant par le mi- dieu , et on le place dans le nid. Les femelles , dans le tems de leur ponte, sont sujettes à une maladie fort grave dont voiei les sympiômes : elles sont bouffies, ne veulent plus manger, quelquefois même elles sont si ma- lades qu’elies n’ont plus de force pour se tenir sur leurs pieds, elles se renversent sur le sable, et si on ne vient prompte- ment à leur secours, elies périssent. Cette maladie, dont elles sont attaquées le soir ou dès le grandmatin, est ordinairement la pote; s’il en est ainsi, on ï * 242 MANUEL prend la malade dans la maiu, et on met avec la tête d’une grosse épingle, de l’huile d'amande douce aux conduits de l'œuf, ce qui dilatera les pores et en facilitera le passage; mais si ceta ne suffit pas, on lui fera avaler quelques gouttes de celte même huile, ce qui apaisera les tranchées et-les dou- leurs aiguës qu’elle ressent. On la laissera dans une petite cage couverte d’une étoffe chaude et garnie de menu foin ou de mousse, et on la mettra au soleil ou devant le feu jusqu’à ce qu’elle ait pondu et repris sa première vigueur. Or lui donnera alors pour alimens, de la graine bouillie, du biscuit, de l'échaudé sec et de la graine d’œillet. Si malgré les bonnes nourritures, elle a de la peine à revenir, on lui soufflera quel- ques gouttes de vin blanc, et on lui en fera avaler un peu da tiède, dans lequel on met du sucre candi. Si l'on vient à bout de la guérir, on ne doit pas lui laisser ses œufs, s’il y en a de pondus , car elle ne retournera pas au nid, et on doit les donner à couver à d’autres. Cette maladie ne les attaque or- dinairement qu’à la ponte du premier ou du second œuf, mais il en est qui en sont altaquées an dernier, et beaucoup en meurent si on ne leur apporte un prompt secours. C'est ordinairement huit à dix jours après leur naissance, que la mère arrache les plumes de ses petits à mesure qu’elles poussent. On remédie à cet accident de deux manières diffe- rentes. On la prive de sa jeune famille si elle est en état d’être élevée à la brochette ; ou si l'on est obligé de la laisser, on la met avec le nid dans une petite cage posée au milieu de la cabane ; les grillages doivent être très éloignés les uns des utres à une distance suffisante pour que les père et mère puis- sent lui donner la becquée sans la déplacer, et aussi facile- mentque si elle n’était pas enfermée dans celte petite prison. Il arrive quelquefois à une femelle de suer sur les petits, lorsqu'ils n’ont que deux à trois jours et même aussitôt qu'ils sont nés, ce qu’on aperçoit aisément, puisqu'alors elle a les plumes du dessous du ventre et de l'estomac mouillées, et qne le duvet des petits s'étend très difficilement, ce qui cause la mort à un très grand nombre; mais ils sont hors de danger lorsqu'ils ont atteint six jours. Le seul remède est de les re- tirer et de les donner à une autre femelle qui ait des petits du même âge; autrement il est rare que la couvée réussisse. On a vu souvent des femelles qui pondent trois ou quatre œufs à la première couvée , et qui ensuite les abandonnent. D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 243 Pour s’en assurer, on laisse les œufs deux ou trois jours dans le berceau , et si décidément elles n’y retournent point, ce qu’elles indiquent souvent en défaisant Je nid, on les ôtera et on les mettra sous d’autres femelles qui couvent; cepen- dant Hervieux a remarqué qu’ordinairement les œufs de ces femelles sont clairs, ce dont elles s’apercoivent très bien, c’est pourquoi elles refusent de les couver. Il ne faut pas néanmoins rejeter de par eilles femelles, car c’est très souvent à des jeunes que cela arrive , et souvent à leur première cou- vée, tandis qu’elles amènent à bien toutes celles qui suivent. Comme il y a des femelles (ce qui est très rare ) qui ne veu- lent jamais couver, ou qui ne couvent que leur dernière ponte, on les laissera pondre et on donnera leurs œufs à couver à d’autres , après les avoir néanmoins laissés dans le nid un jour ou deux pour sonder leurs dispositions. Il arrive quelquefois qu’un serin se casse une paîte, accident qu'on peut éviter aisément en mettant dans leur cabane des juchoirs bien stables, en ne faisant aux bâtons de sureau que des trous où don ne puisse passer que la pointe d’une aiguille , car lorsque ces trous sont un peu grands, leurs on- gles s’y accrochent, de manière que l'oiseau reste suspendu en l'air, et se casse les jembes en faisant des efforts pour s’en retirer. On doit aussi iui couper les ongles lorsqu'on l’é- tablit dans son ménage, mais on ne doit en couper que la moilié , car sk on les coupait plus courts, ils ne pourraient se soutenir sur leurs fiuchoïirs; par ce moyen, on met ces oi- seaux à l'abri de divers accidens qui n’ont d'autre cause que la longueur des ongles. Il est des femelles qui couvent irès bien, maïs qui ne veu- lent pas nourrir leurs petits, il faut alors avoir la précaution de les leur ôter, et les donner- promptement à une autre fe- melle dont les petits soient à peu près de la même force. Lorsque dans une couvée il s’en trouve de moins avancés en âge que les autres, on doit user du même moyen, car il ar- rive souvent que ceux qui sont plus forts, ou les étouffent, ou les font périr de faim en s’emparant de la nourriture que leur apportent les. père et mère. Quant aux serizs qu'on sounconne de n’avoir pas soin de leur jeune famille, telles sont souvent les agates, les blanches et les Jaunes aux yeux rouges, les blondes, les Jonquilles et même quelques parachées, Al faut alorsretirer les œufs avant 244% MANUEL que les p tits ne soient éclos, et les passer sous une grise i |} qui l’on ôte les siens ; on les jette si l’on n’a pas des femelles! | pour les couver, la perte n’est pas grande puisqu'il n'en peu. sertir que des couleurs très communes. | Les métis femelles sont aussi de bonnes nourrices, et comme il est très rare qu’elles poudent des œufs féconds , on ne court| aucun risque de les en priver. Il suffit qu’une femelle couve| depuis quatre à cinq jours pour lui en donner prêts à éclore: | On peut même, quand on se trouve à la campagne, mettre des œufs de serin dans des nids de chardonneret; il suffit de s'assurer si ceux de ces derniers sont au même degré d’incu- bation, ce qu’on voit facilement en en cassant un. Par ce: moyen l’on a des jeunes qui ne causent aucun embarras, il suffit de les retirer , lorsqu'ils ont dix ou douze juurs, pour: les élever à la brochette, ou l’on continuera de les faire nourrir! par leurs père et mère adoptifs, en les mettant dans nne: cage basse; le chardonneret est celui avec qui on est plus cerlain de réussir. Les nids de tous les granivores ne con- viennent pas ; la lnotte et le pinson abandonnent souvent Jeurs œufs lorsqu'on y touche, cé dernier sait très bien dis- tinguer ceux des autres oiseaux, et les fait couler hors du nid; le verdier dégorge, il est vrai, mais 1l mange de cer- iaines graines qui font mourir les serins. Quelquefois une femelle tombe malade quelques jours après que les petits sont éclos, ou les abandonne ;ssi alors l’on n’en a pas d'autre à laquelle on puisse les donner, il faudra aussi- tôt se procurer une nichée de moineaux très jeunes , et en: mettre quelques-uns dans le nid des petits serins , afin qu'ils; puissent entretenir leur chaleur naturelle, et on leur donnera la becquée d’heure en heure jusqu'à ce qu'ils aient douze jours , dela manière prescrite ci-après. Si le tems est froid, on les couvrira avec une petite peau d'agneau , douce et mol- lette. On nourrit.les moineaux avec des alimens plus com- muns, afin qu'ils ne deviennent pas trop gros en peu de tems. ” Tels sont les accidens les plus ordinaires qui peuvent arri- ver aux serins lorsqu'ils sont en cabane; mais ils sont très rares si on les tient dans un cabinet ou dans une grande volière. Ceux qui veulent ménager une femelle plus que les autres, soit parce qu'elle est plus délicate, soit parce qu’elle est plus D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 245 belle et plus rare, la mettent particulièrement &ans une ca- bane avec son mâle, lui présentent son nid tout fait, lui don- nent quelques matériaux afin qu’elle puisse le changer s’il n’est pas à son goût, lui laissent couver ses œufs pendant sept jours, et les retirent alors pour les donner à une autre qui achève de les couver. Ils la laissent ensuite se reposer pendant deux ou trois jours, lui présentent un second nid fait comme le premier , et lorsqu'elle a couvé pendant cinq ou six jours, ils lui retirent ses œufs, et lui en donnent d'autres prêts à éclore; ils lui laissent élever les petits pendant douze jours, si elle nourrit bien; autrement ils les lui ôtent la veille qu’ils doi- vent éclore. Après sa troisième couvée que l'on conduit de mème, si ce n’est qu’on lui laisse ses-propres œufs jusqu’à la- veille du jour où les petits doivent naitre , or la retire d'avec son mâle , et on la tient dans une cage séparée jusqu’à la mue. Par ce moyen cette femelle ne sera point fatiguée de ses trois couvées, vivra long-tems, et aura la force de supporter la mue, maladie qui fait souvent mourir celles qui se sont trop épuisées: Quoique cette maladie soit une des plus dangereuses pour les serins, des mâles soutiennent assez bien ee changement d'état, et ne laïssent pas de chanter un peu chaque jour; mais la plupart perdent la voix, et quelques-uns dépérissent et meurent : ce sont ordinairement ceux qui se sont épuisés dans leurs amours. La mue est mortelle pour la plupart des femelles qui ont attemt l'âge de six ou sept ans; les mâles y résistent plus aisément et vivent trois ou quatre années de plus; elle est moins dangereuse pour eeux qu’on tient dans de grandes volières avec de la verdure, ce qui doit être, puis- que cette manière de vivre les rapproche de leur état de li- berté ; mais étant contraints dans une petite prison, étant nourris d'alimens peu variés, ils deviennent plus délicats, et la mue qui nest pour l'oiseau libre qu’une indisposition, un état de santé moins parfaite, devient pour des captifs une maladie grave, très souvent funeste, à laquelle on ne peut op- poser que des palliatifs ; car il n'y a point de remède qui puisse les tirer de cet état maladif. La mue estd’autant moins dangereuse qu’elle arrive plus tôt c'est-à-dire dans les chaleurs. Les jeunes muent six semaines après qu'ils sont nés, les plus faibles sont les premiers qui subissent ce changement d'état, les plus forts muent quelque- 246 MANUEL fois un mois après eux; la mue des serins jonquilles est plus longue, et ordinairement elle est plus funeste que celle des autres. Ces oiseaux deviennent mélancoliques , paraissent bouf- fis, dorment pendant le jour, mettent souvent la tête dans - leurs plumes, perdent leur duvet, mais ne jettent les pennes des ailes et de la queue qu’à l'année suivante; ils sont alors très dégoütés , 1ls mangent peu , ne touchent pas même à ce qu'ils aiment le mieux lorsqu'ils sont en bonne santé ; les jeunes des dernières couvées sonffrent plus que tous les au- tres , car ils ne mueni que daps les tems froids en septembre et octobre, et le froid est très contraire à cet état, c’est pour- quoi il faut les tenir &ans un lieu chaud ; un coup d'air peut faire périr ces petits oiseaux nés dans nos appartemens ; ceux qui naissent dans des volières à l'air sont plus acclimatés et accoulumés aux changemens de température, c’est pourquoi il en périt beancoup moins. Ces derniers ont un tempéra- ment si robuste , qu'ils ne sont nullement sensibles au froid ; on les voit, dans les plus grands froids, se baigner, se vau- trer dans la neige. Le bain est pour tous les serins très néce s- saires, même eu toute saison, c’est pourquoi on doit toujours leur donner des baïgnoires dont on changera l’eau au moins une fois par jour. On est quelquefois obligé de nourrir les petits ,soit parce- que la femelle les abandonne ou est malade, soit pour toute autre cause; dans ce cas il ne peut y avoir d'époque fixe. Il est indiqué ci dessus la manière de les élever, mais il en est autrement si on veut les apprivoiser et si on les destine à ap- prendre des airs de serinette ou de flageolet; on les sèvre de leur mère s'ils sont de race délicate, au quatorzième jour , et au douzième s'ils sont de race robuste; si, dit Æervieux, on les retire trop tt , ils dépérissent de jour à autre, tombent en langueur et meurent. Si on les laisse trop long-tems avec leurs père et mère, ils ne veulent point prendre la becquée, de telle manière qu’on s’y prenne, et se laisseraient mourir de faim sion ne les rendait promptement à leurs parens.-Cepen- dant le tems indiqué ci-dessus paraît trop long à des oiseleurs; ils Les ôtent à la mèré dès le huitième jour en enlevant le nid avec le boulin. Les serins élevés à la brochette sont plus forts et plus vi- goureux : parce que les père et mère, se trouvant indisposés. ne deunent que la moitié du nécessaire à leurs petits; ou bieu S'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 247 ceux-ci , étant trop nombreux , ne peuvent pas tous recevoir lés mêmes soins. D'ailleurs en se chargeant de la nourriture des jeunes serirs , les père et mère s’épuisent beaucoup moins et vivent plus long-temis ; leurs petits sont beaucoup pins fa- miliers et supportent bien plus facilement la mue. à Les diverses pâtées pour élever les jeunes sérins sont les _ suivantes : on met dans un grand mortier ou sur une table unie, en deux ou trois fois, un demi-litre de navette bien sèche et bien vannée; on lécrase avec un rouleau de bois en le roulant et déroulant plusieurs fois, de façon que la navette étant bien broyée, on puisse en faire sortir aisément l'enve- loppe, et qu’elle reste nette ; on y ajoute trois échaudés secs, écrasés et réduits en poudre, après en avoir Ôté la première croûte, avec un petit biscuit ; le tout bien mêlé ensemble se met dans une boîte neuve de chêne que l’on pose dans un lieu qui ne soit pas exposé au soleil. On prend de cette poudre une cuillerée ou plus, seton le besoin qu’on en a. Par ce moyen, on trouve dans le moment la nourriture du serir toute faite, eu y ajoutant un peu de jaune d'œuf, et assez d’eau pour tout humecter. Mais cette composition ne vaut plus rien après vingt jours, parce qu’alors la navette pilée s’aigrit ; passé ce tems, on doit la jeter ou la donner aux vieux. Cette pâte une fois faite, a l'avantage de donner peu d’embarras, mais il vaut mieux en faire de nouvelle tous les jours. La pâte composée par Xervieux paraît meilléüre. Les trois pre- miers jours , dit-il , que je eoemmence à donner la becquée aux petits serins, je prends un morceau d’échaudé dont la croûte est ôlée, à cause de son amertume ; j'y ajoute un très petit morceau de biscuit, le tout dur , etje les réduis en poudre; j'y mets ensuite une moitié ou plus, selon le besoin que j'en ai, d’un jaune d'œuf dur que je détrempe avec un peu d’eau, le-tout bien délayé, en sorte qu'il n’y ait aucun durillon. Il ne faut jamais que la pâte soit trop liquide, car lorsqu'on la leur donne ainsi , elle ne les nourrit pas si bien, et à tous momens ils demandent ; ils sont même dévoyés lorsque le com- posé est trop liquide, et ils ont de la peine à en revenir; mais lorsque la pâte est un peu plus ferme, elle reste plus long-tems dans leur jabot, et les nourrit mieux quand l’œnf dur est frais ; le blanc se délaye aussi bien que le jaune, et ne les échauffe pas tant que s’il n’y avait que du jaune. Après les trois premiers jours écoulés, il ajoute à cette pâte 248 MANUEL une pincée de navette bouillie sans être écrasée : elle nourrit les petits sans les échauffer. Si , malgré cela , on s'aperçoit qu’ils le soient, on y ajoute une petite pincée de graine de mouroni la plus müre qu'on puisse se procurer. Cette pâte qui s’aigrit! très isémênt d’après les ingrédiens qui y entrent, doit être: renouvelée deux fois par jour dans les grandes chaleurs. Si , | malgré cela, il y a des petits malades, on met, au lieu d’eau, du lait de chénevis, que l'on se procure en écrasant cette graine dans un mortier avec un peu d’eau, et l’exprimant for- tement dans un linge blanc ; mais il ne faut user de ce remède que dans un besoin urgent, parce qu’il échauffe extraordinai- rement. Cen’est pas assez desavoir faire la pâte propre aux jeunes serins, il faut encore savoir leur refuser et leur donner leurs alimens à propos. Le moindre excès de nourriture les fait périr, le défaut d'ordre les rend minces, maigres et fluets ; de pareils oiseaux résistent difficilement à la maladie de la mue, et de ceux qui lui échappent , les femelles sont ordinairement de mauvaises couveuses, périssent souvent aux premiers œufs qu’elles pon- dent , et les mâles, toujours languissans, sont presque toujours inféconds. Avec un régime bien observé, tous deviennent, au contraire, aussi forts et aussi robustes que s'ils étaient élevés par les père et mêre; je conseille donc aux amateurs de serins , de leur laisser élever leurs petits , s’ils ne les destinent pas à l'éducation dont il est parlé ci-dessus. Voici, pour avoir une parfaite réussite, la règle que l’on doit suivre. On leur donne la becquée pour la première fois, à six heures et demie du matin au plus tard ; la seconde fois à huit heures ; la troisième à neuf heures et demie; la quatrième à onze heures; la cinquième à midi et demi; la sixième à deux heures; la septième à trois heures et demie ; la huitième à cinq heures ; la neuvième à six heures et demie; la dixième à bait heures, et la onzième à huit heures trois quarts; cette dernière becquée n’est pas absolument nécessaire ; et on leur donne moins de nourriture qu'aux autres; s'ils la refusent , il ne faut pas les tourmenter pour la prendre. On leur présente chaque fois quatre ou cinq becquées avec une petite brochette de bois bien unie, mince par le bout, et de la largeur du pe- tit doigt au plus. A vingt-quaire ou vingt-cinq jours, on cessera de leur donner la becquée, surtout lorsqu'on les verra saisir assez bien la pâte Dr ! D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 249 qu’on leur offre, on doit continuer ces soins plusieurs jours de plus aux agates et aux jonquilles, car ils apprennent à man- ser seuls, plus diflicilement que les autres. Quand ces jeunes oiseaux commenceront à se suffire à eux-mêmes , on les tien- dra dans une cage sans bâtons, 6ù il y aura dans’ le bas du petit foin ou de la mousse bien sèche , et on leur fournira pen- dant le premier mois upe nourriture composée de chenevis écrasé, de jaune d'œuf dur , et de mie de pain ou d’échaudé rapé, avec un peu de mouron bien mür ; el pour boisson, de l’eau dans laquelle on ajoutera un peu de réglisse : on mettra aussi de lanavette sèche dans leur mangeaille. On a remarqué qu'il y à des serirs qui , après avoir mangé seuls pendant plus d’un mois, tombent en langueur et rede- mandent la becquée; 1l ne faut pas la leur refuser s’ils veulent la reprendre , c’est un moyen sûr de lès réchapper de la mue, qui, le tourmentant alors, les dégoûte de tout à un tel point, qu'ils ne mangent plus que ce qu’on leur présente à la becquée. La pâte doit être composée de même que celle qu’on donne à ceux qui n’ont que quinze jours, à l'exception qu’elle ne doit pas être aussi liquide. » Llour avoir des serins bien constitués, robustes et bien œortans , on doit leur donner des graines de choix; mais pour s'en procurer, il faut des soins que nous croyons devoir indiquer. Celles qui sont à leur usage sont au nombre de huit: la graine de xaveite, de millet, de: chenevis, d’abpiste, d'œillette, de laitue, d’argentine ou talitron, et de plantain. L'on confond sous le non de navette, plusieurs petites graines d’une couleur noïrâtre plus o1 moins foncée, parmi lesquelles en remarque la ræbette; mais celle-ci est beaucoup plus grosse et plus noire que la bonnénavette ; il ne faut pas en donner aux serins, elle-cause leur mort par son amertume et sa mauvaise qualité. La bonne zavette à mains de grosseur ; sa couleur tire un peu sur le vivlet: elle est douce et n'a au- cune amertume; elle nourrit et rafraichit én même tems les serins. Ceux que l’on nourrit avec cette graine seule n’en- graissent pas anlahl que ceux qui maugent en quantité des autres : vn doit la choisir ni ancienue, ni nouvelle ; dans le premier cas, elle ne seut que la poudre; dans le second, elle leur cause le dévoiement: il faut qu’elle ait six mois; et pour n'être pas trompé, où l’achetlé avaut le muis de mars. Le mnillet est une graine menue, blanche, une fois plus grosse 22 250 MANUEL que la »avette ; le plus blanc est le meilleur; le jaune ne con- vient qu’à la volaille. Cette graine, plus douce et plus savou- reuse que la zavette, nourrit et échauffe les oiseaux, mais eile les engraisse considérablement; c'est pourquoi il ne faut pas leur en donner en abondance : on doit même les en sevrer quelquefois. | Le chenevis, graine que tout le monde connaît, doit être d'un gris argenté; le moins gros est le meilleur. Sa qualité est de nourrir, d’engraisser et d’échauffer ; mais on en doit don- ner très peu aux canaris , si ce n’est dans le milieu de l'hiver; le meilleur a un pelit goût de noisette qui leur plait beaucoup. L'alp&!e est une graine dorée, moins grosse que le rillet , mais moitié plus longue, finissant en pointe à ses deux extré- mités. Il engraisse et échauffe les serins ; son goût est à peu près celui du millet ; on peut leur en donner, mais en petite quantité, car on assure qu’il leur brûle les entraill& ; cepen- dant c’est leur nourriture naturelle, celle dont les serirs des Canaries vivent dans leur pays natal. On le mélauge avec la navette, et l’on prétend que ceux qui en mangent habituelle- * ment vivent plus long-tems et ne sont pas si sujets à la mala- die qu’on appelle avalure. " La graine d'œillette vient d'une plante qui ressemble aw pavot ; elle est grise et fort déliée, et a un petit goût sucré. Sa qualité est de resserrer, c’est pourquoi on en donne aux serins dévoyés. On doit ètre connaisseur pour acheter cette graine, car elle ressemble beaucoup à ceile de pavot, qui cause la mort aux canaris; elle en diffère en ce qu’elle est grise, et celle de pavot tire sur le noir. La graine de laitue qui est plate, longue et d’un gris de perle, a la qualité de raïraïchir, c’est pourquoi on en donne de tems en tems pour les relâcher : la plus nouvelle est la meilleure. Celle d'argentine est rouge et tres fine ; elle resserre les serins qui en peuvent manger, mais beaucoup n'en veulent pas. Son nom latin est #halictrum , d’où lui est venu le nom fran- çais talitron. Cette graine serait d’une grande utilité pour les hommes, si, comme dit Æ/ervieux , elle est un antidote souve- rain et efficace contre la fièvre tierce. Quand on en donne aux serins, il faut la méler avec la graine d’œillette ; elle les res- serre lorsqu'ils ont le dévoiement ou qu'ils jettent du sang s hors cette maladie , elle leur est tout-à-fait inutile. D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 251 La graine de plantain nourrit ou échauffe, mais on ne doit en donner que rarement aux serins. Enfin, on les nourrit en- core avec de l’avoine, mais ce doit être rarement ; on leur en donne en très petite quantité, car elle pourrait les étouffer. La pâte qui donne de l'appétit anx serins se nomme salègre. On prend pour la faire de la terre grasse , telle qu’on en äonne aux pigeons ; on y met une petite quantité de sel, on y joint une quantité suffisante de bon millet et d'alpiste, avec un peu de chenevis; on pétrit le tout avec cette terre rouge, comme si on faisait du pain : on en fait ensuite de petites parts pesant environ un quarteron ; on les met au four , et on les y laisse jusqu'à ce qu’elles soient totalement desséchées ; et dès qu’elles sont refroidies, on peut dans le jour même la donner aux serins. Cette pâte ainsi préparée, se conserve toute l’an- née sans se gâter, pourvu qu'elle soit mise dans un en- droit sec. Quand on désire instruire un jeune canari avec le fla- geolet ou la. serinette, on -le tient isolément huit ou quinze jours après qu'il mange seul ; et dès qu'il commence à gazouiller , preuve certaine que c'est un mâle ; il faut aussi qu’il jouisse d'une bonne santé: On le sépare des autres, et on lui donne pour prison, pendant les premiers huit jours, une cage couverte d’une toile fort claire; on le place alors dans une chambre éloignée de tout autre oiseau, de manière qu’il ne puisse entendre aucun ramage, et on joue l'air qu’on vent lui apprendre de la manière indiquée ci-après. On doit obser- ver que si c’est avec un flageolet , il faut que les tons ne soient pas trop élevés ; quinze jours après, on remplace cette toile claire avec uneserge verte ou rouge très épaisse, et on le laisse dans cette situation jusqu’à ce qu’ilsache parfaitement son air. Lorsqu'on lui donne sa nourriture, qui doit être pour deux jours au moins, on doit ne le faire que le soir , et jamais pen- dant le jour , afin qu'il ne soit pas distrait, el qu'il apprenne plus promptemént sa leçon. Un prélude et un seul air choisi sont suffisans pour sa mé- moire, car un plus grand nombre et même un air trop long Je fatiguent et il les oublie facilement. Ces oiseaux n'ont pas la même aptitude à s’instruire ; les uns se développent après deux mois , il en faut à d’autres plus de six. On ne doit pas croire qu’il résultera d’un grand nombre de lecons des progrès plus rapides ; au contraire, on fatigue l’écolier , et l'on finit par le 252 MANUEL dégoûter. Cinq ou six leçons par jour suffisent pour son in- struction: on en donne deux le matin en se levant, quelques- unes vers le milieu du jour, et deux le soir en se conchant. Il profite plus avec celles du matin et du soir qu'avec les an- tres , parce qu'alors 1l a moins de dissipation, et retient plus aisément ce qu'on lui apprend. L'air doit être répété chaque fois , au moins neuf on dix fois de suite, sans aucune répétition du commencement on de la fi. Il ne faut pas instruire deux oiseaux à la fois dans la même chambre, et encore moins les tenir dans ia mème cage. Si l’on se permet cette réunion, ce ne peut être que pour peu de tems; et aussitôt que l’un des deux commencera à se déclarer, on doit alors les séparer promptement , et les éloigner l’an de l’autre, de manière qu’ils ne s'entendent pas; sans quoi , ils brouilleront réciproquement leur chant. Tous les serins ne sont pas susceptibles d'une pareille in- siruction ; les beaux Jorquilles sont trop délicats et n’ont pas la voix assez forte; un mâle serin blanc on un gris queue blanche de bonne race, sont ceux qui ont le plus de dispo- sition. Les soins qu'exigent ces oiseaux lorsqu'on veut les faire voyager conviennent à presque tous les autres. 1° On ne doit ‘es mettre en route ni dans le cours de l’hi- ver, ni dans le milieu de l'été; les saisons les plus favorables sont le printems et le commencement de l’antomne. 2° Si le chemin qu'ils doivent parcourir est long, comme de cent à deux cents lieues , on doit les faire séjourner de trois jours l'un. 3° Il faut que leur cage soit de bois, longue , basse , de sorte qu'ils puissent se promener en loug et en large, sans pouvoir voler. Si dans le nombre, il s’en trouve de méchans, on fait deux petites séparations dans les coins de la cage, afin de les y tenir à l'écart; si l’on ne prend pas celte précaution, les autres arrivent déplumés et maltraités de toutes les manieres. 4° On les tient toujours couverts d’une toile, la couleur est indifférente, mais elle ne doit point être trap épaisse, ce qui les échaufferait : il faut qu'ils puissent entrevoir un peu le jour pour manger et ne pas s'ennuyer. 5° Si c'est à une distance peu éloignée qu'on les envoie, on doit les porter à pied, soit sur le dos , soit à la main , car à cheval on les secoue trop et dans une voiture 1is fatiguent D'ORNITHOLOGIE 253 beaucoup, à moins qu’elle ne soit bien suspendue; alors on fixe la cage sur l'impériale , où ils sont beaucoup plus com- modément que dans {a voiture. 6° La conduite que l’on doit tenir pour leur nourriture con- siste à leur donner, le premier jour, une partie de leur graine concassée ; le second j jour ,on leur fait une pâtée avec un œuf haché menu et de la mie de pain humectée; le jour de repos, on les récrée avee de la graine de mouron et du seneçon , et on découvre leur cage : si ce n’est pas la saison de ces graines, on y supplée par la laitue, et l’on continue ainsi jusqu’à ce qu’ils soient arrivés à leur destination ; il ne faut pas oublier de mettre dans leur abreuvoir une petite éponge qui surna- gera l’eau et que l’on changera deux fois le jour. Cette éponge bien imbibée sera suffisante pour désaltérer les petits voya- geurs , qui ne manqueront pas de la becqueter lorsqu'ils au- ront soif. La cause la plus ordinaire des maladies du canari captif, est la trop abondante où la trop bonne nourriture , les excès de l'amour, les désirs non satisfaits , et les travaux du ménage. C’est ordinairement après les couvées que les maux et les infir- nités se déclarent, et qu'ils sont accrus par la mue où ils vont entrer. On ne peut atténuer la maligrité de cette espèce de maladie que par les remèdes indiqués: ( Voyez maïiadies des oiseaux à l’article mue); il faut ajouter que, pour les serins , on met un morceau d’acier et non du fer dans leur eau que l'on change trois fois par semaine. Selon le père Bou- Jot , c’est le seul remède qu’on doit leur appliquer , il faut seulement mettre un peu plus de chenevis dans leur nourri- ture ordinaire pendant ce tems critique. On ne recommande ici l'acier au lieu de fer, que pour être sûr qu'on ne mettra pas dans l’eau du fer rouillé , qui ferait plus de mal que de bien. Les maladies des serins sont les suivantes. Asthme. On s'aperçoit qu’un serin est attaqué de ce mal , lorsqu'à chaque instant il jette ur petit cri qui sort de l’es- tomac. On le guérit avec de la graine de plantain et du bis- cuit dur trempé dans du bon vin blanc. ( Voyez maladies des oiseaux , au mot asthme ). Avalure. Cette maladie, la plus dangereuse et la plus ordi- paire, surtout aux jeunes serins , est d’une guérison tellement difficile, que souvent on ne fait que prolonger leur vie de quel EA à- Li 254 MANUEL ques jours. Ils en sont ordinairement attaqués un mois ou six semaines après leur naissance. Les signes qui indiquent cette malàdie sont externes ; 1l sem- ble que leurs intestins sont descendus j jusqu’à l'extrémité de leur corps ; leur ventre est clair, très gros, fort dur, et convert de petites veines rouges, l'oiseau maigrit tous les jours. Les uns ne cessent pas de manger malgré cette infirmité ; d’avires sont toujours dans leur mangeoire et ne mangent plus; tous meurent en peu de jours, si on ne vient promptement à leur secours. Deux causes contribuent à cette maladie, r° la qualité trop succulente della nourriture qu'on leur a donné à la brochette, comme le sucreet le biscuit qu'on leur prodigue par amitié, et qui corrode ie corps; 2° la grande quantité d’alimens qui sout trop à leur goût et qu'ils mangent sans diserétion lorsqu'ils commencent à manger seuls. Pour leur éviter l'avalure , on doit les sevrer de la pâture qui leur fait le plus de plaisir, et ne leur en donner que de tems à autre, sans leur en faire une habitude. S'ils en sont attaqnés, on met fondre dans leur eau un petit morceau d’alun gros comme un pois, et on la renouvelle tous les jours pendant l’espace de trois où quatre. On indique encore d’autres remèdes : 1° de mettre dans leur abreuvoir un clou, et changer l’eau deux fois la semaine sans le retirer ; 2° d’ôter le soir la boisson . et la: remplacer par de l’eau salée, l’oisean ne manque pas d'en boire quel- que gouttes le lendemain matin . et quand il en a bu plusieurs fois, on retire cette eau salée, et on lui remet’sa boisson habi- tuelle. On continue ce remède pendant cinqà six Jours , et si l’on n’apercoiït pas d’amendement, on ôtera la graine ordi- naire, et on lui donnera de l'alpiste bomlii dans un petit pot, et dans un autre du lait bouilli avec de Ja rie de pain : on lui continuera cette nourriture quatre ou cinq matinées de suite ; et l'après-midi on lui remettra sa première nourriture. Les cinq jours expirés, on jettera dans son eau, à six heures du matin , gros comme la moitié d'une lentille de thériaque, et on la lui laissera jusqu'a ce qu'on l'ait vu boire une fois on deux ; on lui continuera cette boisson pendant {rois jours de suite, après quoi on lui donnera une pälée, composée d'uñe pincée de millet, d’autant d'alpiste, d'un peu de navette et de quelques grains de chenevis, auxquels on a fait jetier dans D'ORNITHOLOGIE POMESTIQUE. 253 l'eau un ou deux bouillons, et qu’on rince après dans de l'eau fraiche ; on y joint le quart d’an œnf frais durci , un petit morceau de biscuit dur, plein nne coquille de noix de graine de laitue, et d’une même quantité de graine d “œilette. En outre on présente au malade quelques piles de chicorée bien jaune. Ce remède doit être réitéré pendant tout le tems dela mala- die. 3° Douner à l'oiseau malade de la noix coucassée avec de l’alpiste bouilli, et ensuite. une feuille de choux blanc et du céleri. - Enfin un dernier remède , que l’on assure efficace , c’est de faire prendre un demi - bain dans du lait tiède, n’y metiant que le ventre et le bas-ventre du malade pendant un de- mi-quart d'heure ; on lave ensuite ces parties dans del'eau de fontaine tiède, et on les essuie avec un linge chaud , puis après on pose l'oiseau auprès du feu on ax soleil, afin qu'il se seche, et on lui donne force graine de laitue : on lui administre ce remède trois fois de deux jours l'un. Comme moyen de guérison pour une maladie presque incurable , M. Vieillot conseille celui-ci : 31 faut retirer au malade sa nourriture habituelle , le mettre dans nne cage sé- parée , et ne lni donner que de l’eau et de Ja graire de laitue: ce purgatif tempère l’ardeur qui le consume, et opère quel- quefois des évacuations qui Jui sauvent la vie. Bouton. Voyez maladies des oiseaux. Constipation. (ibid.) Extinction de voix. Voyez ci-après, peau cassée. Flux de ventre. Voyez maladies des oiseaux. On ajonte pour les serins, à la nourriture indiquée, du jaune d'œuf dur et de ja graine de laïtne. Gale à la téte et aux yeux. Se guérit comme les abcës. Voyez abcès, maladies des oiseoux. : Jambe cassée Noyez fracture , à Vart. maladies des oiseaux. Langueur. Cette maladie attaque souvent les serins lors- qu'ils sont tenus dans un endroit sombre et triste; ou elle vient de cequ'étant plusieurs mâles dans une mème cage, 1ls prennent de l'aversion les uns contre les autres Pour ia premiéreeause, il suffit de- les mettre dans un lieu clair et gai ; pour la seconde, on les tient dans une cage particulière jusqu'à ce qu'ils soient entièrement guéris; on leur donne quelque petite douceur à manger, et on met un peu de réglisse dans l’eau. Voyez en outre maladies des oiseaux , au mot langucur. 256 MANUEL 5 Maigreur. Les serins sont souvent ronges par de petits insectes qui se tiennent dans leurs plumes, ce dont on s’a- perçoit lorsqu'on les voit s'éplucher à tout instant. Ces ani. maux les fatiguent tellement qu'ils magrissent et périssent. Voyez maladies des oiseaux aux mots poux ou pucerons. Mal caduc ou “épilépsie. ( Voyez ces mots: maladies des oïseaux. ) Les serins jaunes tombent plus souvent que les au- tres du mal caduc, et dans le tems même qu'ils chantent le mieux. On ne doit pas faire couver ur canari qui est sujet à cette maladie. Mal'au croupion où bouton. (Voyez maladies des oiseaux. ) Maladie d'amour. La femelle y est plus sujette que le mâle, et c'est au printems avant d'être appariée qu’elle en est atta- quée, elle se dessèche peu à peu, et meurt en peu de jours. Il suffit pour la guérir, de lui donner un mâle dès qu'on s'en apercoit. Malpropreté des pieds. Ce n’est pas à proprement STE L ‘une maladie; mais c’est un germe qui se développe si on néglige de les nettoyer. Pour cela on prend l'oiseau dans sa main, et l’on ôte peu à peu le calus qui s’est formé sous les doints, les empêche de se percher , et fait souvent tomber les ongles ; les uns se servent de salive, d’autres, ce qui vaut mieux, les nettoient avec de l’ean , maïs elle doit être tiède, si ce n’est dans les grandes chaleurs; car étant froide, outre qu'elle n’enlève pas aussi bien les ordures et le calus, elle met l'oiseau en danger de mourir , étant saisi tout-à-coup par la fraicheur, surtout en hiver. 11 faut aussi avoir les mains chaudes lorsqu'on prend celui qui est dans cet état. Mue. Les serins attaqués de cette maladie doivent étre ex- posés au soieil, ou mis dans un endroit chaud où il ne passe aucun vent, car le moindre froid , dans ce tems-là, leur est mortel. On leur donnera, pendant toute leur mue, de la graine de 1a- litron ou argentine, méléeavec un peu de graine d’œillette dans un petit pot à pommade au milieu de leur cage; uu autre jour on leur donnera un peu de biscuit et d'échaudé à sec; on leur en mettra aussi trempé avec du vin blanc, ce qui leur fera grand bien s'ils en mangent : on leur soufflera trois fois la semaine, à un jour d'intervalle, du vin blanc sur le corps, et aussitôt on les mettra sécher au soleil ou devant le feu:si on les vait bien malades, on leur fera avaler, D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 257 tous les jonrs , trois ou quatre gouttes de ce vin blanc, où il y auraun petit morceau de sucre candi on autre;on mettra dans leur abreuvoir nn peu de racine de régiisse nouvelle bien ralissée ; elle donne une saveur à l’ean sans trop les échauffer. Si on n’aperçoit point de soulagement, on donnera sans ména- gement aux serins, outre ce qui est indiqué, toutes sories d'autres nourritures, comme œuf dur blanc et jaune, échaudé, un peu de graine de laitne, du chenevis concassé, de l’alpiste, de la graine bouillie ei autres. e Peau cassée. Nom que les amateurs dennent à l'extinction de voix des serins; ce qui leur arrive ordinairement après la mue, pour avoir élé trois mois sans chanter. On leur donne alors du jaune d'œuf haché avec de la mie de pain, et on met dans leur eau de la réglisse nouvelle bien ratissée, afin de leur humecter le gosier. Pépie ou chancre dans le bec. (Voyez maladies des oiseaux.) Poux, pucerons, mittes. La malprépreté est la seule cause de cette maladie ; il faut donc les nettoyer souvent, leur den- ner de l’ean pour se baigner, ne les jamais mettre dans des cages ou des cabanes de vieux ou de mauvais bois ; ne leur ja- mais donner de vieux boulins pour couver, ne les couvrir qu’a- vec des étoffes reuves et propres où les teignes n'aient point travaillé, bien vannér , bien laver les herbes et les graines qu'on leur fournit. (Voyez maladies des oiseaux, au mot Oux. ) Serin échauffé. On le prive de sa nourriture habituelle, comme alpiste, millet, chenevis , etc., pour ne lui donner que de la navette , et ce, pendant quinze jours, on y joint de la graïne de lailue, de seneçcon, de mouron bien mür; des feuilles de raves et autres berbes rafraichissantes. Ou assure que le mouron et le seneçon sont très dangerenx pour les serins pendant l'hiver et aux approches du printems ; on doit douc s'abstenir de leur en donner à ces époques. Serins trop gras. Des canaris trop bien nourris engraïssent au point qu'ils en sont incommodés ; quand on s’en aperçoit, on üoit lenr ôter tous les alimens succulens et ne les nourrir que de navette; s'ils ont de la peine à la manger, on la fera tremper pendant quelqnes heures avant de la jeur donner. Tic. Cette maladie, qui est mortelle pour eux, est tres sou- vent occasionée par la précipitation que lon met à les pren- dre ; elle s'annonce, lorsqu'on les tient dans la main, par un 2558 MANUEL petit bruit semblable à celui qui se fait entendre lorsqu'on tire un doist en l’alongeant. Ce tic du serin est -ouvent suivi de quelques gouttes de sang qu'il jette par le bec. Il reste alors comme pâmé et ne peut remuer les ailes. Il faut le re- mettre promplement dans sa cage , la couvrir d'une torle un peu claire , et la place: dans un lieu éloigné du monde, afin que le maïade ne se tourmente point. On mettra le boire et le manger au bas de la cage, dont on aura eu soin de retirer tous les juchoirs: on ne doit alors lui donner que de bonnes nourritures. S'il résiste au mal pendant deux heures, il sera hors de danger. Comme celte maladie n’est occasionée que par la faute de la personne qui veut prendre l'oiseau; il faut usêr de précau- tion pour ne pas y exposer le prisonnier. On prélude de la voix et de la main en approchant de la cage ou de la cabane, afin de le préparer. Lorsqu'il est dans une volière ou une grande cabane, il vaut beancoup mieux le prendre avec un filet fait exprès pour cela. Il y a des amateurs qui font faire un petit trébuchet, ils le posent dans la volière, apres y avoir mis du biscuit et de l’échaudé pour appât : en peu de tems les serins s’y jettent les uns après les autres , et quelquefois même plusieurs ensemble. On prend ceux qui sont igmbés dans le trébuchet, on les met dans une cage ; on remet ensuite le tré- buchet dans la volière, jusqu’à ce qu’on ait attrapé celui qu'on souhaite. Purgation. (Voyez ce mot, aux maladies des oïseaux.) On s'aperçoit qu’un serin a besoin d'être purgé: 10 lorsqu'il a de Ja peine à pousser la fiente, preuve évidente qu’il est échauffé; 2° lorsqu'il renverse continuellement avec son bec la graine qui est dans son auget, indice certain qu’il mange 1rès peu. En le purgeant de la manière indiquée deux fois par mois, on aura des oiseaux toujours gais, bons chanteurs et de bon appétit. Infirmerie. Une infirmerie est nécessaire à ceux qui ont beaucoup de serins ; car ilest rare que dans le nombre il n’y eu ait pas de malades, et on ne peut les guérir si on ne les sépare des autres. Un canari malade, mis dans une infirmerie est à moitié guéri; il suffit de lui donner ce qui est propre à la maladie dont il est attaqué , et avoir soin de ne le remettre avec les autres que lorsqu'il est parfaitement guéri. Celte infirmerie n’est autre chose qu’une cage d’une bonne D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 259 grandeur , doublée dessus, derrière et des deux côtés d’une serge épaisse, rouge ou verte, et qui ne recoive le jour .que par le devant; elle doit être faite en osier et non en fil de fer qui est toujours froid et humide. On piace cette cage au .soleil , si c’est dans l'été , et pendant Yhiver dans un lieu où l'on fait toujours du feu; mais il faut éviter de la mettre dans un endroit où il y a de la fumée, parce qu’elle est tres perni- cieuse aux serins malades et même à ceux en bonne santé ; elle les fait souvent mourir; cette fumée, leur entrant dans la gorge , surtout lorsqu'ils chantent , les étouffe en peu de tems. Si malgré tous ces soins, le serir malade vient à perdre sa chaleur naturelle, ce qu'il est facile de reconnaitre par son air triste et endormi, ayant toujours le bec dans ses ailes, et par son indifférence pour les alimens ; on le prend dans la main, et après lui avoir fait avaler deux ou trois gouttes de bon vin blanc sucré ,on le met seul dans une petite cage qu’on appelle aigrenoir, où il y aura au bas une pelite peau fine d'agneau, de mème qu'autour de la cage; on le laissera reposer la nuit dans cet état, ayant encore soin de mettre la cage dans un endroit bien chaud; le lendemain on en retirera le malade pour ie mettre dans une autre petite cage bien couverte, sans bâtons, eton ne le remettra avec les autres que quand il sera en parfaite santé. 1l arrive souvent que les serins d'une cabane neuve devien- nent malades, et meurent quelquefois mème peu de Jours après qu’on les y a mis: c’est inutilement qu’on cherche à leur pro- curer du secours , ils n’en meurent pas moins. La cause de leur maladie est interne, c'est la raison pour laquelle la plu- part des curieux ne la connaissent pas : elle provient ordinai- rement de ce que la cabane se trouve construite tout récèém- ment de douves de tonneaux , qui ont contenw pendant plu- sieurs années des vins fumeux : ce bois conserve toujours en lui-mème une odeur forte et vineuse, qni étourdit et enivre les petits serins ; aussi y meurent-ils la plupart en peu de jours et quoique quelquefois les pères et mères s’habituent à vivre dans cette cabane, les petits étant plus délicats, y périssent ordinairement. Pour éviter cet accident, on ne doit point s’adresser aux ouvriers qui font usage de ce mauvais bois; on s’en appercoit facilement, lorsqu'on remarque que la cabane se trouve cons- truite de vingt ou vingt-quatre pièces rapportées. Ce qui ne 260 MANUEL doit pas être; mais si par hasard on a de ces sortes de caba- nes il faut, avant de s’en servir, les placer dans un lieu bien aéré, pour leur faire perdre la mauvaise odeur qu’elles out na-- turellement ; après cela on peut y mettre sürement les se- rins. , LE VERDIER. ( Loxia chloris ; L.; enl. 672 f. 2.) Le seul nom de verdier indique assez que le vert est la cou- leur dominante du plimage ; inais ce n’est point un vert pur, il est ombré du gris brun sur la partie supérieure du corps et sur les flancs, et 11 est mélé de jaune sur la gorge et la poi- trine : le jaune domine sur le baut du ventre, les couvertures inférieures de Ja queue et des ailes, et sur le croupion : il borde la partie antérieure et les plus grandes penues de l'aile, et encore les pennes latérales de la queue. Toutes ces pennes sont noirâtres, et la plupart bordées de blanc à l'intérieur : le bas-ventre est de cette dernière couleur, et les pieds d'un brun rougeätre. La femelle a plus de brun ; son ventre est presque enlière- ment blanc, et les couvertures inférieures de la queue sont mélées de blanc, de brun et de jaune. Le bec est couleur de chair, de forme conique: ses bords supérieurs sont légerement échancrés près de la porute, et re- coivent ies bords du bec inférieur qui sont un peu rentrans; l'oiseau pêse un peu plus d'une once , et sa grosseur est à peu près celle de notre moineau frauc. Longueur totale, ciuq pouces et demi. Les verdiers sont doux et faciles à apprivoiser : ils appren- nent à prononcer quelques mots, et aucun oiseau ne se fa- conne plus aisément à la manœuvre de la galère; ils s’accou- tument à manger sur le doigt, à revemir à Ja voix de leur Maitre, etc. Ces oiseaux se nourrissent d’orge, de millet , de panis , d’a- voiue; ils aiment beaucoup les graines de scorsoncre et de sal- sifis. Au printems, le verdier fait son nid sur les charmes, “les chènes, et quelquefois dans les buissons : il le compose d' her be sèche et de mousse en dehors, de crin, de laine et de plumes en dedans ; quelquefois il l'établit dans les gerçures des branches, gerçures qu'il sait agrandir avec son bec; il sait D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 261 encore pratiquer tout autour un pelil magasin pour lés provi- sions. | La femelle pond cinq ou six œufs, tachetés au gros bont de rouge brun sur un fond blanc : elle couve avec beaucoup d'assiduté; le mâle veille à ses besoins avec la plus grande sollicitude ; il lui apporte sa nourriture, et il dégorge aussi dans son bec ce qu'il a dans le jabot, de la mème manière que les pigeons le font à leurs petits. À peine les jeunes ver- diers sont-ils en état de voler, qu'ils quittent leurs père et mère, et vont chercher eux-mêmes leur nourriture. Les verdiers sont sujets au mal caduc, On les prend dans les abreuvoirs , aux raquettes, à la glu. LE BOUVREUIL ORDINAIRE. ( Loxia pyrrhula, L.; ent. 115.) Le bouvreuil est de la grosseur du moineau, mais il paraît plus gros, parce que ses plumes sont longues et soyeuses. Un beau noir lustré, avec des reflets violets, est répandu sur la iète, autour du bec, le menton, les couvertures nioyenues, les peunes des ailes, celles de la queue et les couvertures supé- rieures. Un beau rouge domine sur la gorge, la poitrine et le haut du veutre ; un cendrée bleuâtre couvre le dessus du cou, le dos , les petites couvertures des ailes , la moitié des moyen- nes; Le blanc domine sur le eroupion , le bas-ventre et les cou- vertures inférieures de la queue; uu cendré bleuâtre borde l'extérieur des pennes primaires vers l'extrémité; le bec est noir , les piedssont noirätres. La femelle diffère en ce que le noir est sans reflets, et qu'une teiute d’un cendré vineux remplace le rouge. Les jeunes ont la tête et le dessus du corps d'un gris bleuà- tre, la gorge etla poitrine d’un gris roussâtre, Je ventre fauve, la baude transversale des ailes roussâtre, le bas-ventre et le cronpion d’un blane sale, le bec nvirätre. Joli plumage, belle voix, gosier flexible, familiarité, atta- chement, telles sont les qualités qui ont mérité à cet oiseau d'Europe, la place qu’il occupe dans une votière. Gelle voix, qui étonne par ses sons harmonieux, doit à l'art sa perfection. Ces petites phrases exprimées d'une manière si touchante, ces caresses prodiguées avec une satisfaction sensible, si douces et si tendres, sont dues aux lecons d’une jeune et nuiveinstitutrice, Dans l'état sauvage, la voix du Éouvreuil est composée de 23 262 MANUEL trois cris distincts, qui-paraissent exprimer les syllabes éui, tui, tui. Lun se fait entendre d’abord seul, lorsqu'il débute, ensuite trois ou quatre fois ; à ces coups de sifflets, succède un gazouillement enroué , el finissant en fausset. Il a, outre cela, un autre cri doux et plaintif qu'il répète très souvent, et qu'il fait entendre sans aucun mouvement du bec et du gosier, mais qu'il accompagne d’un remuement dans les muscles de l’abdomen. La femelle est aussi susceptible d'éducation, apprend à sif- fler et à parler ; talens que ne partagent pas celles des autres oiseaux chanteurs, et qui rendent cette espèce plus précieuse: sa voix , plus douce que celle du mâle, se rapproche davan- tage du flageolet, et ses caresses expriment plus de sensi- bilité. Peu d'oiseaux sont susceptibles d’un attachement aussi fort et aussi durable que celui-ci : 1l sait très bien distinguer les étrangers de la personne quilui a donné ses soins. En hiver , les bouvreuils forment des petites bandes, mais chaque bande n’est composée que d’une seule famille, et rare- ment celte famille se réunit à une autre; chacune vit séparé- ment. Si, dans cette saison, l’on ne rencontre que deux de ces oiseaux ensemble, il est presque certain que c’est un mâle et une femelle dont les couvées ont été détruites, car il n’en est pas de ces oiseaux comme de beaucoup d’autres : l’antomne n’est pas le terme de leur alliance , le mâle et la femelle restent appariés toute l'année, vivent ensemble et s’éloignent peu l’un de l’autre. Les bouvreuils habitent ordinairement les bois si- tués sur les montagnes, et ne les quittent qu’à la mauvaise sai- son, pour descendre dans les plaines. Alors on en voit près des habitations , le long des haies , dans les vergers et les bosauets voisins. Ils vivent de baies, de graines de genièvre et autres ; ils mangent aussi les bourgeons du bouleau, de l’aulne et du tremble. C’est à. la cime de ces arbres qu’on les voit le plus souvent; lorsqu'ils sont occupés à prendre cette nourriture, on les approche aisément ; mais dès qu’ils apercoivent l'oiseau de proie ou toute autre chose qui les inquiète, ils plon- gent ,en criant tous en même tems; se cachent dans les buis- sons voisins ; et là, pendant quelques instans, ils gardent le silence le plus profond , et ne se permettent pas le moindre mouvement. Au printems, la famille se disperse, chacun choisit sa com- D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 263 pague: ce n’est plus au haut des arbres qu'il faut les chercher, mais dans les buissons les plus épais , où il serait difficile de les apercevoir, si leur cri continuel ne les trahissait, ce cri qui sert de ralliement au mâle et à la femelle, est dtui qu'il faut imiter pour les attirer dans les piéges qu’on leur tend. Quelques-uns restent dans les vergers et les charmilles , où ils font leur nid : mais c’est le très petit nombre; 1ls le placent ordinairement dans l'épaisseur des buissons isolés, et préfe- rent ceux d’épines blanches. Ils nichent à la fin d'avril, lors- que les feuilles sont totalement développées , époque qui pa- rait tardive pour des oiseanx sédentaires, mais qui cesse d’é- tonner, lorsqu'on sait que les petites graines doivent avoir acquis une certaine maturité pour qu'ils puissent en nourrir leurs petits, ils ne leur portent pas la becquée , mais leur dé- gorgent la nourriture, comme font les serins. Le mâle est très attaché à sa femelle; il l’aide dans la con- struction du nid, et la nourrit pendant le tems de l’incuba- tion. Lorsqu'il veut s'apparier, il se tient à une petite dis- tance d'elle ; releve les plumes de sa tête en forme de huppe; épanouit sa queue; lui donne une pente inclinée tantôt d’un côlé, tantôt de l’autre, s’en approche lentement, s'incline et se relève souvent dans sa marche; s'approche insensiblement sans cesser de chanter, et si elle approuve son amour ; il s’em- presse de lui dégorger les alimens qui sont dans son jabot, et qu'elle reçoit, comme la femelle du serir, en battant des ailes. La femelle construit son nid de petites buüchettes à l’exté- rieur, arrangées négligemment dans la bifurcation des bran- ches, et garnit l’intérieur de fibres ou chevelt de racines et de quelques crins. Sa ponte est de cinq ou six œufs d’un blanc bleuâtre, sur lesquels sont répandues quelques petites taches rouges, et d’autres d'un pourpre obscur, plus nombreuses vers le gros bout; elle fait ordinairement deux pontes par an. Ces oiseaux couvent aussi en volière , et font leur nid dans les boulins qui servent pour les serins. 11 faut alors qu'ils aient deux ans de cage, surtout ceux qu’on s’est procuré adultes ou élevés dans les bois par leur père et mère, si l’on veut avoir une pleine réussite. Les Bouvreuils qu'on veut instruire, doivent être pris avec le nid, et presque couverts de plumes : il faut les tenir sur la mousse et toujours proprement. On les nourrit avec une pâte 26% MANUEL l'quide, faite avec dn pain trempé, du chenevis ét de la na- vete écrasés , le tout mélangé avec du jaune d'œuf, telle qu’on la prépare pour les j jeunes serins. Il serait mieux de supprimer le chenevis,ou du moins d'en mettre très peu , car celte graine, que le bouvreuil ame beaueonp , iui est pernicieuse et abrège ses jours. IL faut, lorsqu ils mangent seuls: donner à cette päte de a consistance, à laquelle doit succéder le mil seul, un peu ce chenevis écrasé et de la navette trempée; d’autres indiquent pour sa nourriture, celle du rossignol. ( Voyez article du rossignol. ) Pour instruire les houvreuits, on les siffle avec des seri- nettes ou avec le flageolet à serin; l’on se sert aussi de la flûte traversière ou de la flute à bec; c’est une bonne maniere de Îles instruire, car le son de cet instrument a de l'analogie avec leur voix ; mais celui qui parait réunir tous les avantages , est une serinette, ou pour mieux dire-ure bouvrette ou pione, nom qu'il porte à Mirecourt où on le fabrique, ilest d'un ton moyen entre le petit flageolet et la flüte traversière terce. Cet oiseau est susceptible de perfectionner l'air qu'on lui apprend, en lui donnant une tournure gracieuse ; cependant s’il reçoit de mauvaises lecons , le ton imitatif lui étant plus naturel, il sifflera aussi mal qne son maitre. Tous les oiseaux en volière demandent une grande propreté, spécialement le bouvreuil, qui, sans cela, est souvent attaqué d’une espèce de goutte uccasionée par les ordures qui s’at- tachent à ses doigts , surtout la fiente. Elle durcit au point qu'il est très difficile de les nettoyer ; et il en résulte d’abord la perte des ongles, et ensuite celle des doigts, les uns après les autres. Quant aux remèdes propres à la guérison des an- tres maladies, voyez l’article du serin. On prend les bouvreuils de diverses manières ; à l'archet cn sauterelle ; au trébuchet, en y mettant de petites baïes ou des raines de morelle vivace pour les attirer, avec les Lalliers ou pinsonnières tendus le long des haies; au rets saillant; aver ces mêmes graines et des appelans ; au défaut de ceux-ci , en se sert de l’appeau naturel, c'est-à-dire qu'on imite leur eri avec la bouche, ce qui se fait facilement ; et enfin à l'a/bret en albrot, chasse qui nous procure l'agrément de prendre à la glu les chardonnerets, tarins, linottes, et généralement tous les oiseaux qui ne viennent point à là pipée. D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 265 Ces chasses peuvent se faire pendant toute l’année ; mais il est mieux et plus avantageux de ne les faire qu’à l’automne, dans l'hiver et au commencement du printems. Dans cette dernière saison , les appelans doivent être des femelles, afin de reprendre beancoup de mâles; maïs l’on doit donner la Ji- berté à celles-ci, si l’on en attrape, sans quoi la chasse serait plus destructive qu’avantageuse. On ne devrait même pas la faire à cette époque, puisqu'alors la plupart ne peuvent sup- porter la captivité, et périssent presque tous. Il n'en est pas de même pour ceux qu’on prend à l’automne et pendant lhi- ver, surlout les jeunes pris au mois d’août ; ils se familiarisent plus volontiers avec la cage. Cependant de tous les oiseaux d'agrément , il en périt beaucoup plus de ceux-ci. Afin de les familiariser avec la captivité, 1l est nécessaire, dans les premiers quinze jours, de leur douner à manger si largement qu'ils marchent dessus, sans quoi ils se laissent mourir de faim. Cet oiseau, si doux lorsqu'on l'élève pris dans le nid, a de la difficulté à s’apprivoiser lorsqu'il a goûté de la liberté , et surlout lorsqu'il est adulte; 1l regrette long- tems les bois, sa demeure native. Mais lorsqu'il les a totale- ment oubliés, il devient assez familier pour era à son env. L'on peut apparier le bouvreuil avec la femelle serin ; Mais cette alliance présente des difficultés qu’on ne peut vaincre qu'avec de la patience. Voici le moyen qui doit ètre suivi si l’on veut réussir. Il faut choisir un houvreuil de la petite espèce ; ceux qu’on élève jeunes sont meilleurs, lorsque la volière est petite; mais dans un grand emplacement ; les autres après deux ans de cage peuvent servir. On le tient pendant un an enfermé avec la femelle canari. Celle-ci doit être dans sa premièrean- née, n'avoir pas encore pundu , ni avoir eu aucune communi- cation avec les mâles de son espèce; il est encore mieux de les placer de manière que cette femelle ne puisse entendre leur cri ni leur chant; enfin, lon doit employer tous les moyens qui peuvent lui faire porter toute son amitié au mäle qu’on lui destine. Les plus grandes difficultés que présente celte alliance, ne proviennent que de la femelle, car le mâle fait tout son pos- sible pour s’apparier. Une fois accoupié, il a pour elleles plus grandes attentions, pelits soins, dégorgement de nourriture , s * té 266 MANUEL, et soulagement dans la constraction du nid, en lui apportez? les matériaux nécessaires; enfin, lorsqu'elle couve, il ne soutfar aucun autre oisean aux environs du nid , et veille à ce qu'eté: ne soit pas interrompue. Mais soit qu'il ne reconnaisse #4 ses enfans, soit tout autre motif, il est à propos de le sépare d’elle à l’époque où les petits doivent éclore ; car il lui arts: quelquefois de les tuer , en leur ouvrant la tête à coup de nr: pour éviter ce malheur, on a une cage double, pareilte :: celle dont on se sert pour les mauvais mâles serins.( Foy. ce? article. ? V'ieillot assure qu'il existe deux races de bouvreuiis, Fra petite, qui est celle décrite ci-dessus ; l’autre plus grande rt plus grosse d’un sixième au moins, qui est celle-ci. Ces ze; bouvreuils sont bien connus des oïseleurs de Paris qui i- mettent à un prix plus fort du double que les petits. On «: prend rarement, quoiqu'il s'en trouve, pendant l'hiver, sus environs de Paris et en Normandie. Ces oiseaux ont le nrzr genre de cri que les autres; mais ils font bande à part, nus: qu'habitant souvent un seul canton. Quelquefois ces deux :- pèces se réunissent sur lemême arbre, attirées par la nexrz:- ture, qni leur est commune; ma»; c’est pour peu de ter»h- dès qu’elles le quittent, chaque famille se sépare. 3. Fériéiar les regarde comme formant une race particulière, qui mx + distingue de l’autre que par sa grosseur et une tache longitz!4- nale rouge, plus prononcée sur la plume des moyennes r5- vertures des ailes, la plus proche du corps et la plus coute ñ: toutes. Outre cette race particuiiere , l'on voit quelquefois des £+:- vreuils noirs, blanes, ou seulement tachetés de ces deux +:»- leurs ; ces dissemblances dans le plumage sont dues, soit : l'âge, soit à la nourriture qu’on leur donne en cage (ces z4:+- vidus sont presque tous des oseanx de volière); ear Pex observé que les oiseaux auxquels on ne donne que du cherx-. vis pour toute nourriture, sont sujets à devenir noirs; de ?: viennent ces ouvreuils, ces chardonnerets, ces alouelles, &e:: le plumage est plus ou moins tient de cette couleur; ie blanc s’acquiert ordinairement par la vieillesse; cependem :; n'est pas rare de trouver dans le nid des petits totales: blancs ; mais souvent ces jeunes reprennent à la mue les es: leurs de leur race. D'ORNITHOLONTE : DOMESTIQUE, 267 k la Ê ù LES MÉSANGES. (Parus, L.) Fous les oiseaux de cette famille, qnoique petits, sont cou- rägeux, même féroces;, ils attaquent la chouette avec plus de hardiesse que tout autre, s’élanceut toujours les premiers, et cherchent à lui crever les yeux ; ils expriment leur acharne- ment, leur petite fureur, par le renflement de leurs plumes, des attitudes violentes et des mouvemens précipités; 11s mor- den! vivement la main qui les tient, la frappent à coups de bec redoublès, et semblent par leurs cris appeler les autres à leur secours, ce qui ne manque pas de les faire aecourir en foule, et ce qui procure à l’oiseieur une chasse abondante, car une senle mésange suifit pour les faire prendre toutes. On trouve dans leurs mœurs des traits de conformité avec les cor- beaux , les pies et les pies-grièches; mème appétit pour la chair, même manière de déchirer. leurs alimens en morceaux pour les avaler. Les rzesanges, d'un naturel vif et remuant, sont sans cesse en mouvement; on les voit continuellement voltiger d'arbre en arbre, sauter de branche en branche, grimper sur le tronc, s'accrocher aux murailles, se snspendre de toutes les ma- nières, souvent même la tête en bas; quoique féroces, elles se plaisent en société, recherchent fleurs semblables, forment de petites troupes plus où moins nombreuses, et si quelque acci- dent les sépare, elles se rappellent mutuellement et sont bien- tôt réunies ; alors elles cherchent leur nourriture en commun, visitent les fentes des rochers et des murailles, déchirent avec leur bec le lichen et la mousse des arbres pour y trouver les insectes ou leurs œufs; se nourrissent aussi dé graines ; mais quoique le bee de plusieurs espèces soit assez fort , elles ne les cassent pas à la manière des bouvreuils, des tinottes ; elles les assujétissent sous leurs serres, et les percent à conps de bec; si on leur suspend une noix au bout d’un fil, elles s’accroche- rout à cette noix et en suivront les oscillations ou balancemens sans lächer prise, sans cesser de la becqneter; de: pareilles manœuvres font supposer beaucoup de force dans les muscles; aussi a-t-on remarqué que le bec est mu par d2s muscles très robustes et par des ligamens vigourenx, ainsi que le cou, et que le crane est très épais. Outre ces graines , elies mangent les insectes, s’accommudent des œufs déchenikles, et pincent les boutons naissans; Ja plus grosse espèce (ia charbonuière ) 268 MANUEL joint à ces différens alimens les abeilles et même les petits oi- seaux si elle les trouve affaiblis par la maladie ou embarrassés dans les piéges; mais elle ne leur mange ordinairement que le crâne. | Presque toutes les espèces de mésanges sont très fécondes, et même plus qu'aucun autre oiseau, à raison de leur petite taille; des pontes vont jusqu'à dix-huit ou vingt œufs, les unes font leur nid dans des troncs d’arbres, les autres le font en boule, et d’un volume très disproportionné à leur taille, sur les arbrisseaux , et quelques-unes le suspendent au bout d’une branche dans les roseaux et les joncs ; les matériaux qu’elles emploient sont : herbes menues, petites racines, mousse, fil, crin, laine, coton et plumes ; elles nourrissent leur nombreuse famille avec un zèle et une activité infatigables ; lur sont très attachées et savent la défendre avec courage contre les oi- seaux qui l’attaquent; elles fondent sur l'ennemi avec une telle intrépidité, qu’elles le forcent souvent respecter leur fai- blesse. Des diverses espèces de mésanges, nous n’en décrirons que deux :la mésange bleue, comme la plus Jolie, et la grosse mésange où la charbonnière , comme chantant mieux. LA MÉSANGE BLEUE, (Parus cœruleus, L.; enl. 3 f. 2.) De toutes nos mésanges, celle-ci est la plus connue et Îa plus commune; c’est aussi celle qui a dû la première fixer notre attention par la beauté de son plumage; le dessus de la tête est bleu; le front et les côtés sont blancs; un petit trait noir part du bec, passe à travers les yeux et s’étend jusqu’à l’occiput, qui est d’un bleu plus foncé que la partie anté- rieure; celte couleur s’étend au-dessous des joues, et fait une espèce de cintre qui se réunit au noir de la gorge; un gris blanc nué de bleu colore le dessus du cou, et un vert olive clair teint le dos, le croupiou et les plumes scapulaires; le bleu reparaît encore sur les couvertures supérieures de la queue , les petites ailes, le bord extérieur des grandes, des pennes et de celles de la queue; le devant du cou, la poi- trine et les parties subséquentes sont jaunes, excepté le milieu du ventre qui est blanc, ainsi que l'extrémité des grandes couvertures et de Ja plupart des pennes alaires; on voit encore celie couleur à l'extérieur des deux pennes latérales ; la partie D'ORNITHOLOGIE DOYESTIQUE. 269 interne de toutes ces plumes est cendrée, le bec est noirätre, les pieds et les ongles sont plombés ; longueur totale quatre pouces et demi. . La femelle est un peu plus petite qne le mâle; la tente bleue s'étend moins sur la tête et est moins vive aussi que le jaune des parties inférieures. Les jeunes diffèrent en ce que le blanc est remplacé par du jaunâtre; le bleu par du brun cen- dré, le vert olive.etle jaune par des nuances plus ternes. Le gite ordinaire de la mésange bleue est un arbre creux ou un trou de muraille; c’est là qu’elle fait un nid où les plumes sont en grande abondance, et qn’elle y dépose de dix à vingt-deux œufs tout blancs : ce grand nombre indique qne eet oiseau ne fait qu'une convée par an, à moins qu'elle ne soit troublée ; la seconde est alors moins nomibreuse: Cette mesange s'élève et se nourrit comme la charbonnière. LA GROSSE MÉSANGE OU LA CHARBONNIÈRE. ‘(Parus major, L.; en]. 3 fig. 1.) Cette mésange, la plus grosse de toutes, a la téte d’un noir Justré, qui descend à moitié du eou; sur chaque côté il ÿ a une grande tache blanche presque triangulaire ; du bas de celte espèce de capuchon, par devant, sort une bande noire, fongue et étroite qui s'étend en longueur sur le milieu de la poitrine et da ventre, et se termine à l’extrémité des cou- vertures inférieures de la queue, qui sont blanches; le reste du dessous du corps, depuis le noir de la gorge, est d’un jaune tendre; le dessus, d’un vert olive qui prend une teinte jaune, et mêine dégénère en blanc dans sa partie supérieure, et se change en cendré bleu sur le croupion et les couvertures du dessus de la queue ; les deux premières pennes des ailes sont er entier d’un cendré brun, les autres sont bordées de cendré bleu, et les secondaires d’un vert olive plus on moins jaune; lon remarque sur les ailes une raie transversale blanc- jaunûtre; les peunes de la queue sont à l extérieur d'un cendré bleuâtre, et noires à l'intérieur; les latérales, bordées et termi- nées de blanc; bec noir, langue terminée par quatre filets; pieds couleur de plomb; longueur totale de l'oiseau, six pouces. L’on distingue le mâle de la femelle, par plus de grosseur et des couleurs plus vives, surtont par fa bande noire du dessous du corps, qui est plus large et plus alongée. 270 s MANUEL, . Les jeunes différent par un noir moins lustré, un jaune plus päle, et par la bande longitudinale du dessous du corps, qui est très étroite. Le mäle fait entendre sa voix dans les beaux jours d’au- tomne, mais il n’en déploie toute l’étendue qu’au printems. Dès les premiers jours de mars, la charbonnière établit son nid dans des trous d'arbres, mais rarement dans des trous de murailles, le mâle et la femelle travaillent à sa construction, et le composent de matières douces et mollettes ; ils emploient surtout beaucoup de plumes. La ponte est de neuf à douze œufs, blanes et tachetés de rouge vers le gros bout. Le mâle en partage l’incubation qui dure douze jours. Il n’est pas certain que ces oiseaux fassent plus de deux couvées par an; on croit que s’ils en font davan- lage, c'est qu'ils ont été troublés dans les premières; mais alors les œufs sont en plus petit nombre. Les petits nouvellement éclos restent plus long-tems que d’autres les yeux fermés, et commencent à les ouvrir dès que les plumes commencent à pointer, et quinze jours après leur naissance ils quittent le nid ; cependant tous ne peuvent aban- donner leur berceau à la même époque, puisque dans les pontes nombreuses, il n’est pas rare d’en voir couverts seule- ment de duvet, tandis que les autres sont prêts à s'envoler ; le plus ou le moins dépend du nombre des œufs. Les premiers qui sortent du nid se tiennent sur les arbres voisins, s’ap- pelant sans cesse entr’eux, habitude qu'ils ne perdent jamais , tel âge qu’ils aient; aussi avec un seul appelant, l'on fait lou- jours bonne chasse. Cette mésange parvient à son état parfait en très peu de tems ; en moins de six mois, elle a pris tout son accroissement et peut se reproduire; aussi elle ne vit que cinq ou six ans. Lorsqu'on veut tenix la charbonnière en cage, même dans une très grande volière, il ne faut pas la mettre avec d’autres oiseaux, car les mnésanges les poursuivent sans cesse et les tuent : elles se battent mème entr’elles, et s’entre-dévorent quelquefois. Si une charbonnière est quelque tems seule, elle ne souffre pasque d’autres partagent son domicile. Elle se jette sur les nouveaux venus, use de tous les moyens que lui indi- quent son adresse et son courage pour leur faire la lei; et si les autres ne veulent pas se soumettre, ou elle coude. ou elle les tue, et leur mange la cervelle ; cependant ces oiseaux Z'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 27£ ne deviennent si cruels et si voraces que lorsqu'ils manquent de nourriture. La charbonnière se familiarise volontiers avec sa prison, et finit par s’apprivoiser au point de venir manger à la nain; elle se prête volontiers à tous les exércices auxquels on dresse le chardonneret, tels qu’à la galère, à puiser de l’eau; et dans ces exercices, elle ne montre pas moins d’adresse et de doci- lité; mais habituée à coucher dans des trous d'arbres, pour se mettre à l’abri des froïds pendant les longues nuits d'hiver, il faut placer dans la cage une fremie ou un boulin totalement clos qui lui sert de lit, et, sion peut en élever plusieurs dans cette mème cage, elles habiteront toutes le même Doulin s’il est assez spacieux ; elles paraisseut craindre que l’on en ait connaissance, car avant d'y entrer , elles regardent de tous côtés et s’y jettent brusquement. Outre les insectes, cet oiseau mange diverses graines, le chenevis, le panis, la farine, et même des noisettes et des amandes ; pour pouvoir les casser, il les assujettit dans ses pe- tites serres, les perce à coups de bec, et en retire adroïtement toute la substance. Mais, pour bien conserver les mésanges, on ne doit pas leur donner le chenevis sans être écrasé ; il faut leur éviter un travail qui toujours les fait maigrir et leur cause souvent la mort, ou au moins les rend aveugles. Comme elles s’accommodent volontiers de tout, on leur prépare ure pâte composée de mie de pain, de viande hachée, de chenevis pilé; on peut y joindre du suif dont elles sont assez friandes: aussi s’en sert-on pour appat dans les piéges qu’on leur tend. Les infirmités qui indiquent leur fin, sont la goutte et des fluxions sur les yeux. On prend les mésanges au trébuchet, au petit filet d’a- louette, au lacet ou au collet, aux gluaux, et même en les enivrant avec de la farine délayée dans du vin, à la mésan- gelte, avec une noix déjà entamée , autour de laquelle on tend plusieurs petits collets simples de crin ; lorsqu'elles viennent pour la manger, elles se prennent par les pieds; avec une seule mésange en cage, l’on en prend beaucoup: on porte cette cage dans un lieu où l’on voit ces oiseaux; on la pose à terre , et au cri de la prisonpière les autres accourent en foule et se prennent aux giuaux dont elle est garnie ; il suffit même d'imiter leur cri pour les attirer sur une petite loge en feuil- 272 MANUEL lages garnie de gluaux, et dans laquelle se cache le chasseur. On les prend aussi à la repenelle et au brai. . III ORDRE: LES GALLINACÉES ( Rasores ). . Les oiseaux de cette famille se lient les uns aux autres pat des rapports très naturels. On les reconnait à leur bec iou- jours voûté en dessus et muni d’une cire qui en enveloppe là base, ce qui les rapproche des oiseaux de proie. Leurs jambes sont médiocres, fortes, à larges écailles en scutelles où dis- posées en aréoles. Un repli membraneux est interposé entre les doigts, et prend plus d'ampleur entre le médius et lindi- cateur. Les ailes sont amples, concaves, et la queue est très variable dans sa forme, bien qu’elle soit presque toujours com- posée de 12 à 18 rectrices. A cette famille appartiennent la plupart des oiseaux de basse-cour. Les espèces vivent de graines et de pousses d’her- Les, et leur chair est en général recommandable par sa déh- catesse et sof fumet. Ainsi les Loccos , les paons, les dindons, les faisans , les pintades , les Zetras , etc., elc. , sont des oiseaux recherchés dans les basses-cours ou dans les véneries, par leur beauté où comme gibier d’excellent goùt. LA PERDRIX GRISE, { Tetrao cinereus , L. ; enl. 27. ) Cet oïseau très connu, qui a beaucoup de chair et peu de plumes, est long de douze pouces et demi. Son bec court et bleuâtre , et ses pattes sont couleur de chair-brunâtre ; sous les yeux est une place nue, d’un rouge vif ; le plumage est un mélange de cendré, de noir et de roux, le front avec le trait au-dessus des yeux, est, ainsi que la gorge, d’un beaux marron, la partie antérieure du cou et la poitrine sont cen- drés , avec des lignes noires trés fines ; on remarque sous ja poitrine une tache d’un brun chätain en forme de fer-à-che- val, qui manque à la femelle, ou du moins n’est Jamais si grande, ni si bien exprimée : les pennes sont obscures, avee des bandes transversales couleur : de rouille. Les plumes de la queue sont brun roux. La perdrix grise est répandue par toute PEurope dans Îles champs et les bois qui en sont voisins. Lorsqu'elle est em pleine campagne, les touffes de buissons qui s'y trouvent ui D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 273 servent de retraite pendant la nuit. Dans les grandes plaines où les gelées sont très fortes, et la neïge assez haute pour que le gibier y coure le risque de périr; on a coutume de pren- dre au filet tant que l’on peut de ces oiseaux pour les conser- ver daus une chambre ‘emperée , dont le plafond est élevé, et s’il ne l'est pas, que l’on garnit, de même que les fenêtres, d’une toile ou d'un filet afin que dans leur frayeur, ils n’ail : lent pas s’y briser la tête. Dans la chambre, où elle a la Liberté de courir, on lui- donne de l'orge et du blé; elle mange aussi du pain, de la pètée universelle ordinaire, du chou, de la bette et de la laitue, car elle aime beaucoup le vert dont elle a parfois besoin. Dans l’état de liberté, elle ne se nourrit en général pendant l’hiver que des pointes d'herbes, et de celles de semailles. En été elle mange du trefle et d’autres verdures, de même que toutes sortes de graines. Elle se roule souvent dans le sable humide, sorte de bain qu’il faut aussi lui procurer dans sa prison. Lorsqu'on veut avoir des perdrix dans la chambre, le meilleur moyen est d'élever des jeunes, elles s’apprivoisent facilement et procurent du plaisir par leurs manières. On leur donne d’a- bord des œufs de fourmis et des œufs de poule cuits durs, ha- chés avec de la salade, jusqu'à ce qu'elles puissent manger du froment et autre nourriture plus sèche. Les couvées sont sou- vent d’une vingtaine de petits, qui, dès qu’ils sont éclos, suivent leur mère et tombent fréquemment dans le chemin des faucheurs, des bergers et des chasseurs. Bechstein pense qu’il ne serait pas difficile de rendre ces oiseaux entièrement domesti- ques, si, par exemple on en faisait couver ‘des œufs par des poules dans un lieu découvert mais circonscrit; qu’on rognât ensuile les ailes aux jeunes, et qu'on les tint ensuite pen- dant l’été en les nourrissant bien , dans un jardin entouré de murailles. Supposé que la chose ne réussit pas complètement le premier été, on aurait au moins des oiseaux à demi appri- voisés, qui peu-à-peu, en suivant la même méthode, s’accou- tumeraient de plus en plus à la nourriture domestique, à la société des hommes, et finiraient enfin certainement par se propager dans la maison. 24 274 MANUEL LA CAILLE. ( Perdix coturnix, L. ; enl. 170.) C'est de son genre l’espèce que l’on a le plus communément dans la chambre. Sa longueur va un peu au-delà de sept pouces. Bec court, couleur de corne, noirâtre en été, plus’ cendré en hiver, ressemblant du reste à celui de la perdrix ou de la poule, iris brun olive, pattes couleur de chair clair ou d’un blarc in- carnat ; le dessus du corps est tacheté d’un brun noir et de rouille avec quelques petits traits blancs; la gorge, brun noir ést entourée de deux bandes couleur de châtaigne; le dessous du cou et de la poitrine sont rouille pâle, rayé longitudi- nalement de traits obscurs; le ventre est d’un blanc sale, et les cuisses sont d’un gris roussâtre ; les pennes, d'un gris obscur, traversées d’un grand nombre de raies rouillées, la queue très courte est brun obseur avec des traits transversaux d’un blanc rouillé. La femelle diffère très sensiblement : sa gorge est blanche, et sx poitrine, d’une teinte plus ciaire que celle du mâle, est d’ailleurs tachetée de noir comme celle d’une grive. En liberté, la eaille est répandue dans tout l’ancien monde; couiraire aux autres galinacées, c’est un oiseau de passage qui arrive en France dans le mois d’avril et part à la fin de septembre. Elle se tient constamment dans les champs de blé, et particulièrement dans ceux de froment. Dans la chambre, si on la laisse courir, on jouit du plaisir de voir sa gentillesse, sa propreté, ses mouvemens ; mais on la tient souvent dans une cage à laquelle on doit donner la forme sui- vante : c'est une hetite caisse de deux pieds de longueur sur un de largeur et quatorze de hauteur, à laquelle chacun peut donner la forme qu'il juge convenable; en n’y laisse que deux où trois ouvertures, l'une pour y placer le boire, et les au- ires pour éclairer, Du reste tout est obscur; le fond est un ti- roir, que l’on doit tenir couvert de sable, avec un auget ou mangeoire à l’un des bouts. Le plafond est de drap vert, parce que la caille, sautant souvent, s’y blesserait s’il était de bois. On suspend en été cette cage en dehors de la fenêtre ; la caille chante beaucoup plus souvent, étant ainsi renfermée que si on la laissait courir dans la chambre, où elle a trop de dis- tractions pour s'occuper autant de son chant. D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE, 279 Lorsqu'on laisse courir dans la chambre un male seul sans femelle , il devient toujours nécessaire de l’enfermer au mois de juin, saison du passage ; car alors sa grande ardeur le porte à attaquer tous les Autres oiseaux, surtout ceux dont le plu- mage gris a quelque rapport avec le sien, les alouelles par exemple ; il les poursuit, et leur arrache les plumes, au point qu'ils sont bientôt presque nus. En liberté, elle vit de froment et d’autres blés, de navette, de millet, de chenevis, etc. , elle mange aussi beaucoup de ver- dure, même des insectes , surtout des œufs de fourmis. En captivité , on la nourrit avec les mêmes choses, aux- quelles on peut ajouter du pain, du gruau d'orge imbibé de lait, la pâtée universelle ordinaire, et de tems en tems de la salade ou du chou hachés par morceaux, et pour qu'il ne lui manque rien de ce qui peut conserver sa santé , il faut lui donner du sable de rivière, tant pour s’y rouler que pour en tirer dés grains propres à faciliter sa digestion, encore ce sable doit-il être humide çar s’il élait sec elle n’y toucherait pas. Elle boit aussi beaucoup, et son eau, contre l'opinion de quelques personnes, doit toujours être claire, jamais trouble. Elle est sujelte à deux mues par an, en automne et au printems; à ces époques il lui faut nécessairement du.sable de rivière et des soins plus attentifs encore qu’en tout autre tems La caille pond fort tard, seulement en juillet; tont lappa- reil de son nid consiste en une cavité formée en gratlant sur la terre nne:les œufs au nombre de dix à quatorze, sont d’un blanc bleuâtre, parsemés de grandes taches brunes. Ils éclosent après trois semaines d’incubation. Les jeunes, tous velus, cou- rent avec leur mère du moment qu'ils sont nés; leurs plumes croissent assez vite pour qu'ils soient en état de partir avec elle en automne pour les pays méridionaux. Les mâles sont si ardens que si on en met dans une chambre où il ya une femelle, ils la poursuivent aussitôt avec une violence extraordinaire, en lui arrachant les piumes pour peu qu’elle résiste ; ils sont moins furieux s'ils ont été enfermés avec elle pendant l’année. La femelle pond dans ce cas beaucoup d'œufs , mais il est très rare qu'elle les couve, quelques jeunes, au contraire, lui sont-ils apportés de la campagne, elle les reçoit avec empressement sors ses ailes et leur sert de mère avec beaucoup d'affection. Oa les nourrit avec des œufs durs hachés et du millet. Le mieux cependant est de prendre la vraie mère avec sa couvée, à quoi 256 MANUEL, on parvient avec un filet; ils sont encore mieux soignés par elle et plus aisément élevés. Pendant la première année, les jeunes mâles ressemblent tellement aux femelles, que l’on se- rait porté à croire’qu’il n’y aque des mâles dans toute la couvée, surtout avant que le brun se montre à la gorge. Il ÿ a plusieurs manières de les prendre; mais selon Bechstein, les procédés les plus usitées et des plus facilessont ceux-ci: on prend communément le mâle avec le filet nommé allier, moyennant un appean qui imite le cri de la femelle au tems de l’appariage, pu ,pu; c’est la méthode des oiseleurs : au printems, lorsqu'ils veulent avoir un mâle dont le chant soit distingné c’est-à-dire, qui répète huit à douze fois de suite les syllabes picviric. Si ce mâle n’est pas encore apparié ou occupé de son nid, et qu'il n'ait point été efla- rouché par quelqu’oiseleur maladroit , il tombe aveuglément dans le panneau. La pièce importante pour cette chasse est un bon pipeau; on les achète d'ordinaire à bon marché con- fectionnés à Nuremberg, fabriqués de cordouan avec un luyau tourné d'un os de chat, de lièvre, on de jambe de cigogne ; mais on peut aussi les faire aisément soi-même : on prend d'abord un morceau de peau de veau tel que les cordonniers l’emploient pour les souliers, d’un pied de longueur sur quatre pouces de largeur; on ceud les côtés en- semble à deux pouces près du bout, on remplit le bas avec un morceau de bois d’un pouce et demi de longueur, ensuite avec des anneaux que l’on peut faire de cuir de semelle, et qui n'aient dans l'intérieur qu'une ouverture d’un pouce et demi de diamètre; on pousse ces anneaux dans le cylindre cousu, et on les tient à la distance d’un peu plus d’un quart de pouce les uns des autres; on presse ensuite le tout ensemble au point que les anneaux se touchent; cela fait, on attache à la partie du cylindre, non encore cousue, un tube fait d’un os d’oie ou de lièvre, auquel on a limé un demi oval comme aux sifflets or- dinaires ; on bouche alors avec de la cire l’intérieur du tube près de l’entaillure du coté du cuir, après quoi on y perce un petit trou avec une aiguille à tricotter, on bouche également aussi la partie supérieure du tube avec de la cire, enfin on attache et lie fortement à la partie du cylindre non cousue, le bas du tube devenu de cette manière une sorte de sifflet. Lors- qu'on veut s’en servir, on tient de la main la partie inférieure de ce sifflet, on tire et pousse de l’autre le sac, de façon que les cédé > à À ‘ D'ORNiTHOLOGIE DOMESTIQUE. 297 anneaux se séparent et se rapprochent, ce qui produit les tons de la femelle, penk, penk, pupu. Voici maintenant comme se fait cette chasse. Dès qu ‘on en- tend chanter un mâle de caille que lon veut prendre, il fant s’avancer doucement près de lui à la distance tout an plus de cinquante pas : on place alors un filet parmi le blé, de fa- çon cependant qu il puisse bien poser sur la terre, sans quoi l'oisean passerait dessous et s’échapperait, après quoi on se retire quelques pas en arrière. La caille chante-telle? on donne de san côté deux on trois coups de l’appeau, de manière que, lorsque la caille se tait, l’appeau ne fasse entendre qu'un ou deux tons , précisément comme la femelle. II faut au sur- plus, avoir soin de ne pas faire trop d'appels, des sons faux ou inégaux ; car dès que l'oiseau s'aperçoit de la Rep iæies il diene aussitôt on garde le silence, et ne retombe plus dans pareil panneau. C’est une chose surprenante Ge voir comment la caille va toujours directement à l’appeau, et sait si bien le trouver que si par hasard elle passe sous le filet, elle approche assez du chasseur pour qu'il paisse la prendre avec la ain ; dans le cas où l'on s'aperçoit qu’elle est passée à côté du filet ou dessous ; 1l faut se rendre doucement du côté opposé, et lui répondre à lardinaire avec l’appeau; on peut encore ainsi la tromper. Il y a des cailles qui savent fort bien éviter le fi- let, surtout lorsqu'il est placé dans un lieu trop dégagé et trop éclairé ; il est hon dans ces circonstances, de former des angles aux deux bouts dans lesquels, quand elle voudra en faire le tour, eile s’embarrassera facilement. Il est bon d'observer que dans les tems humides ou de pluie, la caille ne court pas, mais vole droit à l’appeau du'moment qu'elle l’eatend, ce qu’elle fait aussi le matin et le soir à la rosée. On ne doit donc faire cette chasse que dans les jours secs. Dans la saison de l’appariage on peut prendre souvent deux , trois et même quatre cailles à la mème place. . Aucun mâle ne se fait-il entendre dans le champ où lon se trouve, on cherche alors à bien contrefaire la femelle avec un appeau une fois plus grand et plus fort qu’à l'ordinaîre. S'il y a des mâles à portée de l’entendre, ils ne manqueront pas d'y répondre; dans ce cas on avance aussitôt de leur côté, et plaçant le filet de manière à leur barrer le chemin, on répéle le je de l’appeau pour les attirer. ù Si c'est une femelle que l’on veut avoir, le meilleur est d’em- + 278 MANUEL ployer le filet ordinaire avec lequel on prend les cailles en au- tomne ; mais il faut remettre cette chasse vers la fin de la moisson , quand la plupart des blés sont entevés, à la réserve de quelques pièces isolées qui servent de refuge à un grand nombre de ces oiseaux. Dans ces occasions on tend plusieurs filets à la fois jusqu’à six et huit. Une partie traversera le champ de blé qui est encure debont, et l’autre sera placée pa- rallèlement à celle-ci à l'extremité du même champ. Cela fait, on va à l'extrémité opposée, commencer à conduire les cailles dans le filet du milieu au moyen d’une ficelle assez longue pour traverser toute la largeur du champ et à laquelle des grelots | sont suspendus par des fils de manière à raser presque la terre. Deux personnes tenant les deux bouts de la ficelle avan- cent de chaque côté en la traïnant et la secouant de terms en tews pour faire sonner les grelots dont le bruit chasse les cailles dans le filet. Dès qu’on s’est emparé de la caille, on continue de marcher avec les grelots vers le filet tendu à l'extrémité du champ où l’on prend le reste de ce qui était dans le champ. Par cette méthode on pent sans beaucoup de peine se procurer une grande quantité de cailles mäles et femelles, tant pour la chambre que pour la cuisine. Outre sa beauté, son chant plait encore à beaucoup d’a- mateurs ; dans la saison de l’appariage. Les mâles commen- cent d'abord par répéter piano verra, verra, ensuite forté picvervic ; ils produisent ces derniers tons en tenant le cou élevé , les yeux fermés et la tète inclinée. Ceux qui répètent ces dernières syllabes dix à douze fois consécutives sont les plus estimés. La femelle ne dit que verra, verra, pupu, pupu, ces deux dernières syilabes servent aux deux sexes à s'appeler mutuellement. Quand ils sont effrayés ou en colère c’est guillah ! mais s’ils sont contens c'est un murmure un peu sem- blable à celui du chat. La caille ne chante jamais autant lors- qu'elle court dans la chambre qui est éclairée, qne renfermée dans une cage obscure ; dans la chambre elle ne chante pres- que que pendant la nuit. Les jeunes élevés dü nid, commen- cent déjà leur chant à la fin de décembre , tandis que pris adultes, ils ne commencent que dans les premiers jours de mai, et finissent avec le mois d’août. LA GÉLINOTTE. ( Pterocles setarius, Temm. ) Pour élever des gélinottes il est indifférent d’en choisir qui D'ORNITHOTLOGIE DOMESTIQUE. 279 soient de telle ou telle couleur; il faut seulement avoir atten- tion de prendre les femelles bien saines, fortes, et dont les yenx ainsi que les mouvemens annoncent la vivacité. On a d’abord cru que les vapeurs et l’odeur du boïs nuisaient aux œufs qu’on fait couver; mais l’expérience a montré le contraire. On doit éviter de faire du bruit près des œufs, quand ils ont un certain tems d’incubation. Dès qu'il y aura quelques petits d’éclos, on les ôtera de dessous la mère, on les mettra dans un pot peu profond et rempli de plumes, et on les y lais- sera jusqu'à ce que les autres petits soient éclos. On aura sou de les tirer du pot de tems en tems, pour qu'ils pourvoierst à leurs besoins. Quand on s’apercevra que les petits ne peuvent sortir de leur coque qu'avec peine, il faudra mettre sur les œufs du serpolet : l'odeur de cette herbe fortifie les petits , et lis se font bientôt nn passage à travers la coque : une poignée de serpolet suffit pour toute la couvée. La gélinotte, lcrsqu’elle couve, quitte son nid avec peine; elle y fait beaucoup d’or- dures, qu’il faut avoir soin d’enlever quand on l’en îire pour la faire manger. On nettoiera souvent les petits et l'on chan- gera fréquemment la paille des paniers où ils seront. Une pré- caution nécessaire est d’ôter du nid les œufs gâtés; un seul suf- firait pour corrompre tous les autres. On distingue aisément les œufs gâtés ; ils sont diaphanes à certains endroits, et, de plus on sent, en les remuant, que la substance est détachée de la coque. En mettant les œufs dans l’eau, les bons tou- chent au fond etles mauvais surnagent. Quand les petits sont sales et qu'il s’est attaché des excrémens à quelque partie de leur corps, il faut nettoyer doucement celte partie avec un linge trempé dans de l’eau tiède. j Les jeunes gélinottes et les jeunes coqs de bruyère sont su- jets à des maladies de nerfs aux pates ; pour les en préserver, on a soin , dès qu’ils sont éclos, de leur tremper les pates dans de l'eau-de-vie, et de ne les point faire manger par terre, mais de les mettre pour cela sur une table ou sur quelque planche ou banc couvert d’un linge.Ce linge sert à leur tenir les pieds en bon état, et empêche qu’en mangeant ils ne don- neut trop fortement du bec contre le bois ou la pierre. Sans cette précaution , il arrive sonvent que les petits émoussent leur bec et s’ébranlent le cerveau, ce qui en fait périr un grand nombre et occasione à d’autres des vertiges dont ils se res- sentent habituellement. Il est bon de donner aux jeunes 280 MANUEL pendant ies deux premiers jours seulement des œufs durs ré- duits en mielles, parce que cette nourriture est très indigeste. Après ce terme, on leur fait manger de l’herbe appelee mille- feuille. On hache bien cette herbe et on la fait tremper dans du lait avant de la leur donner; ensuite on revient aux œufs durs, pnis à la mille-feuille, et l’on continue ainsi alternati- vement pendant quelque tems , en diminuant toujours un peu la portion d'œufs durs. Pour les engager à manger les mille- feuilles au lait, ilsuffit d’y mettre le bec de quelques petits; la douceur du lait les attire : ils viennent alors manger d'eux- mêmes, et les autres pelits suivent leur exemple. À cette nour- riture succèdent le persil et la salade, mêlés avec de la mie de pain blanc. Ce mélange sert à + désaceoulaser plus tôt les pe- tits de manger des œufs durs. On leur donne ensuite du millet et antres choses semblables ; mais la mille-feuille continue à faire leur principale nourriture. Quand ils sont deveaus plus forts, il faut leur donner à la place du lait dans lequel on trempait Ja mille-feuille, du lait de beurre qui ne soit pas aigre ; enfin, lorsque la couvée a toute sa crue, on la nourrit avec du blé et d’autres grains : le lait caillé leur sert de boïsson. S'il fait beau tems et chaud, surtout si le soleil luit, on fait prendre l'air aux petits et à la mère , d'abord près de la maison , en- suite un peu plus loin , dans un jardin ou dans un pré fauché; mais dès qu'on craint la pluie, il faut les ramener et les re- mettre au nid. Lorsqu'on a commencé à les faire sertir, on leur donne à manger en plein air. Un riche propriétaire silé- sien qui a publié ces détails, a perpétué dit-on depuis cin- quante ans, les races qu'il a commencé à élever; elles ne sont pas abâtardies , et il continue à y faire des profits considé- rables. LE COQ ET LA POULE DOMESTIQUES. ( Gallus bankiva , Temm. ) Les basses-cours nourrissent un grand nombre de variétés de poules domestiques. Les principales sont : La poule de Padoue, gallus patavinus remarquable par sa grande taille, et son plumage gris roussâtre excepté le cou qui est rouge tres Le coq huppé 3 gallus domesticus cristatus. La poule perlée , ou poule variée de blanc et de noir. Le coq irisé, à plumes recoqnillées. D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 281 Le coq blanc à plumage soyeux. La poule noire de l'Inde, supposée être la race sauvage de l'espèce domestique. Les soins que réclame l'éducation du coq et de la poule, nécessitent des détails qui ne seront pas dédaignés ‘par les amateurs ou les économistes qui désirent s'affranchir des habi- tudes de la routine. Le vingt-unième jour de l’incubation, Les poussins brisent leur coque en l’usant avec la protubérance osseuse et caduque qu'ils ont sur le bec. On ne doit chercher à aider les poussins dans cette opération qu'avec une extrême réserve, et dans les seuls cas où on a cru remarquer d’inutiles efforts pendant un tems considérable , car la moindre égratignure les exposerait à périr. Au vingt-quatrième jour, on peut ôter du panier les œufs non éclos et sur lesquels il n’y a plus d’espoir. Les pous- sins n'ayant pas besoin de manger, le jour de leur naissance, on les laisse dans le nid ; mais le lendemain, on les porte sous une mue, sorte de grand panier garni d étoupes ,et on leur donne pour nourriture des miettes de pain trempées dans du vin ou dans du lait, et des jaunes d'œufs, si l’on remarque qu'ils soient dévoyés. On leur met tous les jours de l’ean nou- velle très pure, et on leur distribue aussi, de tems en tems, des porreaux hachés. Quand les poussins ont êté tenus chaude- ment sous la mue pendant cinq ou six jours, on leur fait prendre un peu l'air au soleil, vers le milieu de la journée, et on leur donne de l'orge bouillie, du millet mêlé avec du lait caillé , et quelques herbes potagères hachées. Au-bont de quinze à dix-huit jours, on permei à la poule de conduire ses petits dans la basse-cour ; et, comme elle est alors en état d’en soigner vingt-cinq à trente , On pent joindre à sa couvée celle d’une autre ; poule, et on remet celle-ci à pon- dre ou à couver , en préférant, pour la conduite des pous- sins, celle de deux poules dont la taille est plus haute , et dont les ailes ont le plus d’ ampleur. Dans les endroits où on élève beaucoup de poulets, il s’est même établi un usage qui four- nit le moyen de rendre les deux mères à leurs fonctions de pondeuses. Au moment où l’on donne la liberté aux poussins , on substitue à la poule un chapon, qui en conduira deux fois autant que la poule en aura couvé. Pour rendre ainsi utile pendant sa vie un animal qui ne l’est ordinairement qu'après sa mort, on a eu soin précédemment de le plumer sous le ven 282 MANUEL tre, de le frotter avec des orties, et de l’enfermer dans une chambre avec deux ou trois poussins, qui, s’approchant de li comme de leur mère, pour se réchauffer, lui font éprouver un frais agréable et modèrent ses cuisons : le chapon se prête en conséquence à leurs désirs, et en peu de tems , le soin de couver lui est devenu si agréable, qu'il permet à peine aux poussins de sortir de dessous ses ailes. On augmente swrccessi- vement le nombre de poussins, jusqu’au moment où on lui donne la liberté d'en conduire dehors jusqu'a vingt-cinq, et il les mène et les soigne avec autant d'attention que leur propre mére qu'on éloigne et qu'on tient à l'écart pendant quelques : jours. Le chapon qui, depuis Fopération de la castration, ne se montrait dans la cour qu'avec un air triste et humilié, y reparait fier et æltier avec ce cortège. Comme sa voix n’est pas aussi expressive que celle de la poule pour engager ies poussins à le suivre et à se ranger près de lui, on y supplée en lui mettani au cou un grelot. Le service qu'on obtient de lui dans cet état, a déterminé à l'essayer pour l’incubation à laquelle on est parvenu à l'habituer par les mêmes procédés, dont on retirerait un avantage d'autant plus considérable, qu’on pent lui faire couver jusqu’à vingt-cinq œufs, et qu’a- près la condnite des poussins qui en naissent , On parviendrait même, en lui fournissant une bonne nourriture, à lui faire recommencer cette besogne. Les poussins deviennent des poulels lorsqu'ils sont revèlus de toutes leurs plumes, et qu’ils ont acquis la moitié de la taille à laquelle ils doivent parvenir. On garde les poulettes pour remplacer les vieilles poules, et les jeunes coqs les plus vigon- reux pour succéder à ceux qui sont épuisés, et l’on vend le surplus, à l'exception des individus destinés à la castration, opération pour laquelle on préfère ceux qui proviennent de grandes espèces, lesquels s’engraissent plus facilement et de- vienrent plus gros que les autres. Celte opération consiste à leur faire, anprès des PS géniiales , une incision par {a- quelle on enlève les testicules, en tâächant de ne pas offenser les intestins : après quoi, l’on coud la plaie , on la frotte d'huile et on la saupondre de cendre; on leur coupe aussi la erète, et on nourrit Ces chapons avec une soupe au vin pendant trois ou quatre jours, en les tenant enfermés dans un endroit où la température n’est pas élevée, pour éviter {a gangrène. Ces oiseaux dont la voix perd sa force, ne sont presque plus su- | D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 283 jets à la mue; ils sont traités durement par les coqs, et détes- tés par les poules, dont ils deviendraient bientôt la victime, si on ne les séquestrait pour les engraisser. Eu enlevant l'ovaire aux poules avant qu’elles aient pondu, ou lorsqu'elles ont cessé de pondre, on les rend stériles, et elles. deviennent des poulardes disposées à prendre beaucoup d’embonpoint, et à acquérir une chair fine et délicate. On préfère, pour leur faire subir cette opération, des poules aux- quelles on a remarquédes défauts qui les rendent peu propres à pondre et à couver , ou celles qui proviennent de grandes races. Si en engraissant la volaille, on ne cherchait qu’à lui pro- curer une santé vigoureuse, il suffirait de lui distribuer, à des heures réglées, une nourriture saine et abondante; mais, au lieu de la fortüifier, on cherche à lui donner une sorte de ca- chexie, dont l'effet est de procurer un embonpoint extraor- dinaire, et on a pour cela recours à diverses méthodes. L'une consiste à enfermer la volaille dans un endroit obscur , où on la nourrit abondamment avec de l'orge, du sairazin ou du maïs, cuits séparément et mis en boulettes. Pour l’autre, qui est pratiqué au Mans, on forme , avec deux parties de farine d'orge, une partie de sarraziu et du lait, des boulettes plus grosses et plus longues, qu’on fait avaler de force à l'oiseau ; et, pour la troisième, on met les volailles dans une cage appelée épi- nette, quiest une suite de loges si étroites, que chaque indi- vidu ne peut s’y retourner , et a seulement la faculté de pas- ser la tête par un trou, et de rendre ses excrémens par l’autre. En cet état, les prisonniers sont deux ou trois fois par jour pâtés, au moyen d'un entonnoir, avec la farine d’orge , d'avoine, de peut millet ou de maïs, détrempée dans du lait, et formant | un mélange assez liquide pour tenir lieu de boisson; la dose en est augmentée successivement jusqu’à emplir le jabot; mais on laisse le tems de digérer à ces oiseaux, pour lesquels on se borne en certains lieux, à déposer la nourriture dans une auge régnant le long de la cage, où les poulets la prennent à volonté. Si la chair du chapon et des poulardes devient ainsi fort délicate, celle du coq ne peut être employée qu’à faire des bouillons , des consommés et des gelées , qu’on dit fort restau- rans, tandis que ceux qui se font avec des poules sont rafrai- chissans et légers. Les poulets, les poules et les coqs sont sujets à de diffé- 28% ANUEL rentes maladies, qu’on pourrait bien souvent prévenir par les soins bien entendus, c’est-à-dire, en leur procurant une nour- riture suffisante et bien appropriée; en les abreuvant d’une: bonne eau ; en les faisant jouir, pendant le jour, d’un grand. espace où ils puissent s’ébattre à leur aise , se rechauffer au soleil , trouver un abri contre la pluie , le vent et le froid ou: le chaud excessif, ei être en sûreté contre tous leurs ennemis. Comme cependant on ne peut pas toujours prévenir les mala- dies, on doit au moins constamment empêcher la communica- tion des animaux malades avec ceux qui sont sains. Lours maladies les plus ordinaires et les plus graves sont : 1° le flux de ventre, pour les poulets , qui deviennent tristes, ont les ailes pendantes, les plumes hérissées, les excrémens séreux. Le froid, humidité et des alimens trop aqueux sont les causes les plus ordinaires de cet accident auquel on remc-. die en tenant les poulets plus chandement, en leur faisant boire de l’eau rouillée ou dans laquelle on a fait bouillir des orties, en leur donnant de plus un peu de vin, et les nour- rissant d'orge bouillie avec du coing haché. 2° La constipation, produite ordinairement par une longue sécheresse et des alimens trop stimulans, et que l’on parvient à faire cesser en leur enlevant quelques plumes autour de l'anus, qu’on frotte d'huile, et dans l’intérieur duquel on täche même d'en introduire, à l’aide d’un morceau de bois lisse et arrondi, en donnant au mâle, pour nourriture, de la farine d’orge bouillie avec des feuilles de laitue et de poirée hachées, et pour boisson, de l’eau blanche préparée avec de la farine d'orge. 3° La pépie, à laquelle les poules sont sujettes comme les poulets, et qui consiste dans une pellicule blanche, mince, un peu transparente, causée souvent par une eau sale ou fé- tide, on par le défaut de boisson ; mais que l’on guérit facile- ment, en enlevant cette pellicule, et en mettant ensuite un peu de lait sur la langue de l’ciseau , auquel on ne donne des alimens qu’une heure après l’opération. 4° Des aphtes ou ulcères qui attaquent les angles du bec des poulets, et surlout des poules, le palais, la ae de la langue ou l’intérieur des narines, lesquels, produils par une chaleur interne, sont vraisemblablement contagieux, et qui se gué- rissent en les frottant, plusieurs fois dans la journée, avec un pinceau trempé dans du vinaigre, dont on fait avaler quelques D'ORNITAOLOGIE DOMESTIQUE. 285 LU gouttes mélangées d'eau au malade , qui, d’ailleurs, est soumis à un régime rafraichissant. het Ouire ces maladies, les poules et les poulets sont queïque- quefois attaqués d’un abcès nommé céron, qui survient à la partie moyenne du croupion, et cause de l’assoupissement à Vanimal, dont le bec se porte souvent vers cette partie, où Yon découvre une tumeur oblongue, d’abord rouge, ensuite molle, blanche et fluctuante , époque à laquelle elle peut être incisée avec la pointe d’un instrument tranchant, pour en faire sortir le pus par une compression de bas en haut ; après quoi l’on donne à l'animal une nourriture rafraichissante. Enfin, ces oiseaux. sont sujets à des maux d’yeux, à la goutte , à l’épilepsie, à la phthisie, et les poulets plus particu- lièrement à des maladies convulsives. Mais souvent l’individu n’est point d’une importance assez grande pour se livrer aux traitemens que ces maladies exigeraient, et l’on se bornera à faire observer, en général, qu’il est convenable de donner des alimens rafraichissäns où Ccoauffans, suivant les signes que présentent les différentes sortes de maladies Quoique la mue n’en soit pas une proprement dité, plusieurs individus en pé- rissent ; et, comme la santé de ceux qui sont nés dans l'arrière saison , et qui ne l’éprouvent qu’en novembre ou décembre, en est plus’ spécialement affectée, il en résulte que le froid est préjudiciable dans cette , circonstance. On re doit donc pas laisser sortir les oiseaux en mue d'aussi bonne Eeure, ei il convient de les faire rentrer plustôt, pour ne les pas exposer au frais du matin et du soir. Après avoir rémarqué que des œufs déposés on abandonnés dans des endroits où régnait une température aussi élevée et aussi constante que celle qu’aurait procurée l'incubation, étaient éclos d'eux-mêmes, on a dû être porté à rechercher ies moyens d'imiter les procédés que lé hasard avait indiqués ; mais ces tentatives n’ont réussi qu’en Égypte, et les autres peuples ont inutilement “essayé de découvrir le secret des prèlres de ces contrées , où n’en ont pas obtenu d’heureuses applications. Réaumur a-publié. en 1749, un ouvrage ayant pour titre: Art de faire éclore et d'élever en toute saison des oiseaux domestiques, où il a exposé deux méthodes, dans June desquelles il employait la chaleur du fumier, et dans l’autre celle de feu ordinaire. La première. consistait à plon- ger debout, dans une masse de fumier en fermentation, des 25 286 «=. MANUEL tonneaux enduits intérieurement de plätre auxquels il suspen- dait des corbeilles contenant les œufs rangés à côté les uns des autres, Ou à envelopper de fumier des grandes et longues caïsses goudranniées: à l'extérieur , et garnjes intérieurement en plomb, dont une extrémité était enchâssée dans un mur, ét s’ouvrait dans une pièce que ce mur séparait du fumier, pour y glisser les œufs , à l’aide des petits chariots à roulettes. Des tliermo- mètres de l'invention du même physicien étaient tenus , dans dans ces fours verticaux et horizontaux, afin de‘pouvoir juger de leur température, et d’être à portée de l’abaisser ou de l’é- lever. Par la Seconde méthode, le dessus de fours employés continuellement, comme ceux des boulangers, des pâtissiers, etc., était converti en étuve, et l’on préparait des chambres échauffées par un poële, dont le thermomètre servait à régler Ja chaïeur, qui, pendant les vingt-un jours nécessaires pour lincubation des œufs de poule, était maintenue entre 28 et 34 degrés; mais, quoique Réaumur soit parvenu à faire éclore des œufs par ces divers procédés, ils exigeaient tant de soins et présentaient tant de difficultés et d’inconvéniens, qu'on les a abandonnés. Depuis, M. Copineau, dans son ouvrage imprimé en 1795, sous le titre de l’Xomme rival de la nature, a proposé l’éta- blissement d’un couvoir, qui consiste dans un petit bôtiment dont la voûte est percée de quatre fenêtres triangulaires, s’ou- vrant à volonté par le moyen d’une cerde passée dans une poulie, et dont l'entrée est fermée de deux portes vitrées, l'une intérieure et l’autre extérieure, lesquelles sont garnies de bandes de peau d'agneau. Dans ce petit bâtiment , ‘qui est de pius revêtu de couvertures de laine à l'extérieur, et jus- qu'aux trois quarts de sa hauteur , sont disposées circulairement des tablettes où l’on peut ranger huit cents œufs, etentre les- quels Pair est distribuépar quatre tuyaux opposés entr’eux » qui -s’onvrent et se ferment en dehors. Il,y a sous ce couvoir ‘une pièce où l’on a construit un fourneau dans lequel plonge de deux pieds la base d’une colonne de cuivre remplie. d’eau chauf- fée au degré convenable, et qui, pénétrant par le plancher per le couvoir , en occupe le centre et sort par le faîte. La chaleur assez Rte que donne cette colonne d’eau, est encore réglée par des thermomètres: on la modère dans Ja partie supérieure du couvoir, en introduisant, au besoin, l'air extérieur par les fenêtres et par les tuyaux de l’entre-deux ! D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 287 des tablettes; et daris la partie basse, où elle tend à être moindre , on là conserve par l'épaisseur du mur et par lé- toffe de laine dont il est couvert. Enfin, pour rendre la cha- leur moins desséchante, et. la maintenir aussi humide que celle qui ‘s’exhale de la poule assise sur ses œufs, on place dans le couvoir de l’eau dout la vapeur est appréciée par un hygromître : de l'invention de l'auteur. L LE PIGEON DOMESTIQUE ET SES VARIËLES. ( Columha domestica. ) On attribue au pigeon roussard (columba guinea, Lalh ), au pigeon à taches d'Edwards et au biset, les nombreuses va- riétés de pigeon domestique que se plaisent à élever les ama- teurs. Le tableau suivant énumèregioutes celles qui sont pour les pigeonniers, soit un ornéfhent, soit une ressource pré- cieuse. ELTS LE PIGEON DE COLOMBIER OU BISET. (Columba livia, Var. ) Sous-variété. Le pigeon brun du Mexique, €. fusca. se RACE, Le pigeon mondain, columba mansuefacta. A. Le gros mondain. B. Le mondain pätu ordinaire. C. Le mondain de Berlin. + . $.Lepatu Limousin. $$. Le patu et huppé. D: Le mondaiu patu plongeur ou planeur, E. Le mondan frisé. F. Le capé du Mans. G. Mondain coquille Hollandais. H. Le mondaiu volant messager. $. Le pigeon volant soie. I. Les pigeons suisses. $. A collier doré. K.. Les pigeons maillés. 2° RACE. Le pigeon miroité, columba specularis. 3° race. Le pigeon grosse gorge, columba gutlurosa. A. Le tillois. B. Le claquart ou le batteur, . €. Le cavalier, métis du patu et du Lüllois. 288 MANUEL 4e sac. Le pigeon culbutant, columba girafrix. A. Le culb. anglais ou le rumbler. 5° RAGE. Le pigeon tournant, columba girans. 6* race. Le pigeon trembleur ou paon , Columba lalicauda. A. Le tremblant de la Guiane. B. Le tremblant à queue étroite (métis du glou- glou et du paon). r* 84CE. Pigeon hirondelle, columba hyrundinina. A. Le pigeon heurté. 8° RACE. Pigeon tamhour ou glou-glou, Columba tyripa- nians, Frisch. A. Le patü de Norwège. ; B. Le patu crapaud-volant, métis du glou-glou et du volant. | 9® Race. Le pigeon nonfiaing columba cucullata. A. Le maurin. B. Le capé, métis d’un nonnain et d’un mondain. 10° RAGF. Le pigeon à cravate, co/umba turbita. xie RACE. Le pigeon Polonais, columba brevirostrata. A. Le Polonais benin. 12° RAGE. Le pigeon romain, columba campana. A. romain ordinaire. B. Le café au lait. C. Le cavalier (columba eques). D. Le cavalier faraud. 13° race. Le pigeon turc, columba carunculata ou turcica. A. L'ordinaire à tête nue. . B. Huppé. 14e RAGE. Le pigeon bagadais, columba fortirostrata. A. Le batave. B. Le bagadais à tête grise. C. Le petit batave. Les pigeons et les tourterelles sont granivores; ils mangent nos diverses graines céréales, le sarrazin, le maïs, les pois, les lentilles, les féverolles, les graines des bifes de raisin, le chenevis, l'alpiste, le md etc.; mais en domesticité, dans les volières surtout, la vesce. Cette dernière est à la fois leur nourriture la plus économique et la plus saine, Is la digèrent très bien : si elle est incommode quelquefois, c'est seulement dans certaines dispositions maladives. Au contraire, on a re- marqué: 1° que le blé, jorsque ces oiseaux sont eufermés . D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE, 289 dans une volière, les relâche beaucoup ; peut leur donner un dévoiement dangereux, retarder la ponte-des femelies, et ren: dre inféconids les œufs ; 2° qe les grains: de raisins dont ils sont friands, relèvent leurs forces et leur sont très utiles en hiver ; 3° que les semences de l’alpiste et le chenevis sont un stimulant énergique pour eux; et même un échauffement ma- ladif, ou une irritation inflammatoire du tube digestif peu vent naître de l'usage un peu prolongé d'une pareille nourri- Lois D’après les effets différens de chaque espèce de graines sur V'organisme des pigeons, on sera à même de juger quand on devra préférer celle-ci à celle-là, corriger les inconvéniens des unes par l’action opposée des autres ; il n'est pas superflu da- jouter ici, que la vesce la meilleure est pesanté , dure, d’un noir luisant et foncé, et qu’elle doit avoir au moins un an, et nieux deux ans. Lorsqu'elle est très nouvelle et qu'elleest re- coltée depuis moins d’un an, elle peut troubler la santé des pigeons , et surlout des jéunes pigeons, et amener un dévoie- ment dangereux , mortél mème, si Lên n’y apporle un remède prompt et presque sür : le sel marin. Mais les goûts, les appétits divers que montrent pour cha- que espèce de substance alimentaire, les: pigeons que l'on tient enfermés dans les volières, doivent engager à varier de terms en tems Ja nourriture. La seule précaution à prendre est de leur laisser habituellement ceïle qui d’après l’ expérience, leur est le plus ordinairement salalaire; on peut aussi les ae- coutumer, et cela est facile, à manger de la mie‘ de pain, de la pâtée préparée avec le pain, le son, et diverses matières végétales. Plusieurs espèces de pigeons sauvages, soit par un goût na- turel, soit par nécessité, mangent des insectes, divers petits coquillages. On ne voit le pigeon domestique les imiter dans l'usage de pareils alimens, que lorsqu'il y est poussé par le be- soin ; Mais On a pu en accoutumer à prendre habituellement de Ja viande hachée. Leur tube digestif ne paraît pas au reste formé pour triturer une semblable matière alimentaire; lout dars ce tube ct dans ses ‘annexes annonce qu'il doit spécialement agir sur des substances végétales, sur des graines le plus or- dinairement. La laïtue cultivée etäres tendre , et l'oseille sont assez re- cherchées par les pigeons; surtout les feuilles d’oseille parais- LI «4 Fa, 299 MANUEL sent leur être agréables. Cé sont potir eux moins un aliment qu'une sorte d assaisonnement. Il en est de mème du sel marin. Cette née substance ne saurait être nutritive, mais elle est salutaire aux pigeons, elle facilite leurs digestions , et devient souvent un véritable remède pour plusieurs de leurs maladies, aussi a-t-elle pour eux un puissant attrait. Ces oi- seaux entreprennent de véritables voyages pour satisfaire leur goût le plus vif. On les voit prendre leur vol pour aller quel- quefois jusqu’à six lieues de leur demeure, gagner les bords de la mer; là, ils cherchent du sel dans les falaises, et pendant des heures entières ils sont uniquement occupés à becqueter les détritus des matières nombreuses et variées qui peuvent en offrir des efflorescences. Les fontaines d’eau salée qui existent dans plusieurs pays, sont également visitées, comme les rivages de la mer, par les pigeons des contrées environnantes, Cette observation et l'expérience ont engagé depuis un tems immé- morial, à donner du sel marin aux pigeons de colombier et de volière, Mais l’on a appris aussi que, s’il leur est très avanta- geux lorsqu'ils en prennent une quantité modérée, il peut leur devenir fréquemment nuisible, s’ils en usent trop souvent et en quantité trop grande à la fois. Alors ont été imaginées plu- sieurs manières de leur présenter le sel, presque toutes plus ou moins bizarres, désoutantes, ou mal entendues , ou nuisi- bles, Parler des premières serait tout-à-fait superflu. On doit regarder comme nuisibles, celles qui consistent à confection- ner une pâte avec un mélange de semences, telles que vesce, cumin, ou autres graines farineuses, de terre un peu grasse et de sel, dans certaines proportions. Les substances nutritives et l'espèce de terre employée dans ces préparations sont alors amenées à un état contraire à la santé des pigeons. Les pre- mières sont devennes difficiles à digérer, l’autre ne peut plus aider l'estomac dans son action compressive sur les graines. Aussi les oiseaux à la conservation desquels les pätes dont je parle étaient destinées, trouvent souvent dans leur usage, des causes de maladies quelquefois mortelles. La manière qui paraît la meilleure, de leur présenter le sel, est de leur donner à becqueter nn morceau de poisson desséché et fortement salé, comme serait une queue de morue ou un maquereau, eic., destinés à être conservés lons-tems. Une queue de morue suffit pour cinquante pigeons: Lorsque D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 291 les localités ne permettent pas de recourir à de pareïles sub- stances , soit à cause de leur prix, soit à cause de leur odeur forte et désagréable; on doit placer dans les colombiers et dans les volières, des vases qui contiennent une bonne terre de po- tager, et à laquelle on mêle de tems en tems à la surface, une quantité de sel ou d’eau salée, en proportion du nombre des oiseaux , et en rapport avec l'espèce de graine dont ils man- gent habituellement. On doit penser er effet, que si on est forcé de donner pour principale nourriture une graine qui soit très rafraichissante ou indigeste, etc., une plus grande quan- tité de sel devient nécessaire; au contraire, il sera convena- ble d’en diminuer la quantité, si des semences échauffantes sont surtout employées comme alimens. La situation du lieu où est élevé le colembier et placée la vo- lière, exige encore quelque attention relativement à la quans, tité de la matiere saline qui doit être employée. Siune tempé- rature basse y règne habituellement , il faut donner davantage de sel. L'observation a appris que c'était en hiver, que les pigeons s’en montrent le plus avides ; on en à la preuve, lorsqu'on les voit dans cette saison, attaquer de leur bec des pâtes préparées et desséchées qui leur ont répngné en tout autre tems, mais qui alors présentent seules la matière saline dont ils éprouvent un pressant besoin. L'espèce de nourriture sèche dont habituellement le pigeon domestique fait usage, et son goût décidé pour les choses qui ont une saveur salée, contribuent sans doute à lui rendre né- cessaire une boisson abondante. Par les mêmes raisons, l’eau qu’il boit lui devient d'autant plus salutaire, qu’elle est plus douce, plus aérée, plus pure. L’eau de rivière doit lui être donnée de préférence à toute autre; à son défaut, que ce soit celle que l’homme emploie pour lui-même. Enfin, si l’on n’a que de l’eau de puits, toujours plus ou moins chargée de sels terreux, les pigeons conséntiront à la boire; mais il faut s’at- tendre pour l'ordinaire qu’ils en seront incommodés. Cepen- dant il semble que l’habitude rende, pour eux, moins fré- quens les inconvéniens d’une mauvaise eau. La température à laquelle le pigeon peut prendre sa boisson varie beaucoup. En hiver, il boit l’eau que l’on ient de dé- barrasser de la couche de glace dont elle était couverte; mais il en boit moins très certainement, et il ne paraît pas se plaire à y enfoncer son bec, ou bienil faut qu’il soit sollicité par une ** 202 MANUEL soif vive. Enr été, une eau fraiche est fort recherchée par lui, et ilen prend beaucoup à la fois. Alors celle qui a été échauf- fée par le soleil lui répugne, et cependant on a vu des pi- geons de volière accoutumés à boire de l’eau très chaude, continuer à prendre avec avidité de cette dernière. Au reste, le goût marqué des pigeons sauvages, de colom- bier et de volière, pour l’eau chaude, à un degré assez élevé, a été observé dans tous les tems. Les fontaines naturelles d’eau chaude ont toujours été en possession d'attirer les ramiers et les fuyards, et les hôtes des colombiers. Il est amusant d’habi- tuer , dans les volières, les pigeons à boire de l’eau chaude et à s'y baigner. Cela ne se fait que par degrés. Les oiseaux, qui d’abord montrent de la crainte pour la vapeur qui s’élève du liquide, finissent par la braver, et viennent, après quei- ques mois, plonger leur bec dans une eau presque brülante, et äls en boivent avec le plus grand plaisir au milieu de cette même vapeur très abondante qu’ils avaient tant redoutée précé- demment ; il n'est pas douteux que, dans plusieurs de leurs maladies, la boisson et les bains d’eau chaude n’aient des avantages pour eux. On a accoutumé des pigeons de volière à boire des eaux mi- nérales naturelles et factices. Ils en éprouvent des effets ana- logues à ceux que chacune de ces eaux exerce communément sur l’homme ; remarque singulière, si on considère les diffé- rences d'organisation, et moins étonnante si oh fait attention à[l'espèce de composé que présente chaque eau minérale. On a vu l’eau de seltz naturelle exciter d’une manière très marquée l'appétit dés oiseaux auxquels on en a fait prendre, etc.; il n’est pas douteux que les eaux minérales ne puissent entrer utile- ment dans la médecine et l'hygiène des pigeons domestiques. On peut et on doit laisser constamment de la boisson aux pigeons de volière et même de colombier , parce que l’observa- üon a appris qu’ils en'ont besoin à des époques différentes de la j Journée, selon que la digestion s'opère chez eux. On pour- rait également leur laisser toujours des alimens, mais cela a souvent des inconvéniens sous le rapport de l’économie et sous celui de leur santé. Alors il fant se régler encore sur l’obser- valion pour les heures auxquelles on leur jettera de la graine. Or, elle fait découvrir que c’est particulièrement à leur réveil le matin, et une heure avant que la clarté du jour ne com- mence à à baisser, que ces oiseaux montrent un besoin plus D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 2093 prand de prendre de la nourriture. Ou doit alors leur en don- ner des quantités plus considérables; une demi-poignée de vesce, par exemple, est suffisante par chaque individu. Ce- pendant il faut faire encore une distribution de graines dans le milieu du jour, vers les deux heures après midi. Elle est destinée aux femelles qui couvent. Elles quittent assez régu- lièrement leurs œufs tous les jours de dix à onze heures du matin jusqu’à trois heures du scir; mais, comme à midi elles ont l'habitude de sommeiller, il est plus convenable de reculer de deux heures environ leur repas. Il n’est personne qui n’ait vu les pigeons saisir et avaler la graine dont ils se nourrissent. Peut-être n'est-il pas cependant tout-à-fait superflu de dire par quel moyen ils la font passer du bec dans la gorges c’est en retirant la tête en arrière, et en lâchant en même tems la graine, qu’ils la poussent anssi en arrière et dans leur pharynx. Quand ils ne sont pas mus par un appétit trop grand , un besoin trop pressant, ils reconnais- sent parmi les graines qu'on leur offre, celles qui leur sont bonnes, à l’aide du sens de la vue; de celui des saveurs , et même souvent par le simple toucher qu’exercent alors les ex- trémités des deux mandibules en saisissant l’aliment. La ma- nière dont les pigeons boivent, a fourni aux naturalistes un assez bon caractère pour distinguer cette nombreuse famille d’une autre famille très voisine, celle des passereaux. Lorsque ces derniers veulent étancher leur soif, ils prennent de l’eau dans la mandibule inférieure de leur bec, et la font couler dans la gorge en élevant avec promptitude la tête presque verticalement. Les pigeons, au contraire , plongent le bec dans l'eau, et aspirent pour l'ordinaire d’un seul trait toute la quantité de boisson dont ils ont besoin. Lorsqu'ils ont fait passer ainsi dans leur jabot et des graines et de l’eau, la digestion commence : les matieres solides se laissent pénétrer, gonfler, amollir par les liquides. Une sorte de macération, puis de première division ont lieu, non tout à la fois, mais successivement, et par petites portions de la masse ahmentaire ; au bout d’une à deux heures, de faibles quantités de cette mème masse alimentaire sont dirigées vers l'estomac. Là, elles éprouvent une trituration véritable, une extrême division par les contractions puissantes des couches musculaires et épaisses qui forment les parois de la cavité sto- macale. L'action de l'estomac devient d’autant plus efficace et 294 MANUEL complette, quel ’oiseau aura été à même d’ingérer dans la ca- vité de ce viscère, des petits fragmens de pierre, des grains de sable. C’est pour cela qu’il est d’une véritable importance pour la santé des pigeons de voliere de leur donner des vases remplis de terre végétale. Le sel marin agit alors aussi, mais . comme substance stimulante et du jabot et de l’estomac. Après l’action de l’estomac, la pâte alimentaire éprouve celle des diverses portions de l'intestin; elle est convertie en chy- me, puis une partie en chyle, et l’autre partie, toujours plus considérable, parcourt tout le tube digestif, et est à la fin re- jetée au dehors à l’état de fienteou de matière fécale et d’urine. C’est de cette manière que tous les alimens qui avaient été introduits dans le jabot, sont ensuite soumis par proportion , aux diverses régions du tube digestif, et que la digestion s’en opère successivement. Il faut pour l'ordinaire plusieurs heures pour qu'elle soit complète, quoiqu’elle s'exécute néanmoins assez promptement, eu égard à la nature des matières à digérer. Le pigeon a l'estomac chaud, est un proverbe vrai, et qui ex- prime l’espèce de célérité avec laquelie les divers tems de la digestion s’accomplissent chez lui. Pendant la première période de l'acte digestif, lorsque les graines sont encore toutes dans le jabot, l’oiseau sent évidem- ment ses forces remontées, et ses actions le témoignent sou- vent, Mais si la quantité de graines ingérée est un peu cousi- dérable, ou si rien ne stimule, n’inquiète, ne tourmente l'animal, il paraît alors assez disposé au repos, même au som- meil. Plus tard, lorsque la digestion tire à sa fin , quel’appétit commence à se réveiller, alors surtout il commence à exercer d’une manière spéciale ses organes desons , à manifester des phénomènes d'intelligence et de sentiment , et à exécuter di- verses actions locomotrices. Le mobile principal de toutes les exertions organiques qui qui ont lieu en lui, est de satisfaire ses besoins, et un certain penchant à vivre dans la société de ses semblables, penchant qui dérive et du degré d'intelligence et de l'étendue des affec- tions dont il est susceptible. Pour lui , le premier des sens est, sans aucune contestation possible, le sens de la vue. Obligés par leurs besoins , de par- courir les airs, de descendre à terre pour y chercher leur nourriture , de se rendre au bord des eaux pour se désaltérer et se baigner. Le pigeon de colombier, ainsi que le pigeon D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 295 sauvage, dépourvus d'armes réelles , soit pour attaquer , soit pour se défendre , resteraient exposés aux dangers trop assu- rés de la poursuite des oiseaux de preie,s’ils ne possédaient, dans l'étendue, ia vivacité, la perfection de leur vue, un moyen de con- servation. Leurs yeux jouissent en outre d’une mobilité très grande dans les cavités orbitaires , et se dirigent à la volonté de l’animal, dans toutes les directions. Mais la vue trouverait encore des obstacles à s'exercer vers tel ou tel point, obstacles qui proviennent surtout de la situation des yeux sur les cotés de la tête, si l'oiseau ne savait prendre certaines attitudes , et s’il n’était le maitre de faire mouvoir les deux paupières de chaque œil, ce qui lui fournit de nouveaux moyens d'écarter les rayons lumineux qui troubleraient la vision, et en même tems de recevoir seulement ceux qui lui apportent l'image des objets qui peuvent être dans certaines directions. Ainsi, pour reconnaitre si au-dessus de sa tête, mais en arrière, Fi les airs, il ne plane pas quelque ennemi, le pigeon abaisse et allonge un peu le cou, reiëveen même tems la tête sur lecou , et dirigeant alors ses yeux en haut derrière lui, peut ainsi dé- couvrir de quel danger il est menacé. . Après le sens de la vue, celui de l’ouïe prend rang pour l'importance. Il parait cependant peu développé, pourrait-on dire. On ne ferait pas attention alors qu’il faut distinguer entre l'étendue et la délicatesse d'action d’un appareil d'organes, des yeux, des oreilies, une langue, elc., peuvent être capa- bles les premiers d’une vnelongue, percçante ; les seconds d’une ouïe qui perçoit les sons les plus éloignés, les plus faibles, etc., et cependant avoir une structure très simple; mais, s’ils devaient avoir en outre une action assez délicate pour perce: voir une foule de modifications dont la lumière, dont la vi- bration de l’air sont susceptibles, dès lors l’organisation des : sens devient pius complexe. L’ouie du pigeon peut done lui rendre de grands services, quelle que soit l’unité, qu’én me permeîle cette expression ‘de son organisation ; puisque c’est pour ainsi dire Ge bruit seui dont il s'agit pour fui. Ce n’est que, dans un âge déjà avancé, que cet oiseau apprend qu'il ne doit pas s’émouvoir pour le sifflement du vent, pour le choc des branches d’arbres ; mais réserver ses craintes et ses moyens de salut quand le claquement des ailes, le cri aigre, ou le sifflement de ses ennemis parvient à son oreille , on ne cite que quelques exemples de pigeons adultes, qui se soient 266 MANUEL. montrés sensibles à la, musique, probablement à cause de la simplicité de l'appareil auditif. La musique ne paraît sur le plus grand nombre que l’effét d'un bruit confus. Qu'’arrive- t-il donc lorsqu'un de ces oiseaux devient sensible aux sons d'un instrument, comme ce pigeon qui ne manquait jamais d’être atüré sur la fenêtre de l’appariement, où une jeune fille jouait sur un piano un air de Handel. Chaque fois qu'il entendait, il quitiait tout, même son nid, et c'était bien uniquement pour la musique ; car nulle autre chose n'avait le droit de le faire venir, ou le retenir. Le chant spère agissait sur l'organe de l'oiseau à la manière d’un son unique , mais agréable et séduisant. M. Laporte n’a pas fait d'observation sur l’odorat des pi- geons, sinon qu’il n’a jamais pu reconnaitre par aucün signe quand ils recoivent quelque sensation par les fosses nasales. Maïs ils perçoivent assurément de nombreuses impressions par le contact, avec les objets environnans , et par l'organe des saveurs, la langue. Ils n’en tirent pas un parti moins im- portant pour leur conservation, quoique ces deux sens n'agis- señt que sur les objets très rapprochés. Ainsi , on les voit se comporter différemment selon que pèse sur eux une ai- mosphère sèche et humide, calme ou crageuse, chaüde ou froide, etc. ; ils montrent to: ujours beaucoup de défiance, lors- qu'on leur présente une espèce de graine qu'ils ne connaissent pas. Mais si le besoin ou la curiosité, éveillée par la gour- mandise , les presse un peu, on les voit saisir , lâcher, ressai- sir à différentes fois cette graine, et ne l’avaler enfin qu'après de longs tâtcnnemens, beaucoup d'hésitation , une sorte d’es- sai par une apÿlication répétée à l'organe du goût: On ne les habütue à boire des eaux minérales qu'en les privant tout-à-fait d'eau commune. Ils montrent ure rép1- gnance extrême pour les substances vireuses on amères. On a fait avaler à des pigeons pris pour sujet d'expérience différentes matières dont les moindres qualités étaient une amertume désagréable. Is témoignaient par leurs mouvemens généraux , par le soin d'essuvyer sans relâche leur bec, par des efforts pour repousser celle matière, par le rejet ou même le vomissement du corps si péniblement savoureux, combien l'organe du goût étañt affecté vivement. Il y a plus, lorsqu'on fait prendre un extrait amer à un biset adulle, mâle, ro- D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 297 buste, fort intelligent, mais extrêmement ardent, plein de feu, exprimant vivement ses passions, il entrait dans une fureur si grande, qu'on ne la peindrait pas en disant qu'il se jetait avec transport sur tous les objets renfermés dans la volière, et sur son maître, et de préférence sur ses compagnons d’esclavage, les frappait à coups redoublés de son bec, faisait voler en grand nombre les plumes, et cherchait à les déchirer de ses morsures, jusqu’à ce qu’enfin, par l'effet de toutes ses vio- lences, le bec ne conservât plus aucune trace de la matière amère, et qu’il fût parfaitement essuyé. 1V® ORDRE : LES ÉCHASSIERS. ( Grallalores ). Peu d'oiseaux appartenant à l’ordre des échassiers sont éle- vés par les amateurs. On les reconnaît à leurs longs tarses dépourvus de plumes sur le bas de la jambe. La plus grande partie des espèces vivent dans les marécages ou sur les bords des fleuves et des mers, etse nourrissent de matières anima- les , de vers et d'insectes principalement; quelques-unes pais- sent l’herbe tendre. LA POULE D'EAU. ( Gallinula chloropus , L.; en. 875.) Longueur de dix à douze pouces ; bec verdätre à la pointe, avec une plaque nue ovale sur le front, de couleur rouge un peu orangée; jarretières nues de mème couleur ; pattes vert- olive obscur ; les pennes antérieures et k queue d'un brun foncé ; la poitrine et le ventre cendrés; l’anus et le bord des ailes blanc. Quoiqu’elle n’ait pas les pieds palmés , elle nage cependant aussi bien que les oiseaux qui les ont, et a cet avantage sur eux, qu'elle peut se percher sur les arbres et arbrisseaux des rivages , comme les oiseaux de terre; s’y reposer, enfin, cou- rir à volonté. Son nid, placé parmi les buissons riverains, ou les roseaux , est construit de fragmens de plantes aquatiques , et surtout des roseaux bien entrelacés; il est si solidement atta- ché, que dans un cas de crue d’eau, il surnage sans être ja- mais emporté ; les œufs sont souvent entourés d’eañ. Sa nour- riture consiste en insectes, graines et plantes aquatiques. On peut l’apprivoiser facilement , surtout en la prenant jenne ; elle aime le pain blane imbibé de lait. Bechstein a eu de ces oiseaux dans sa basse-cour, vivant avec les poules; ils al- 293 MANUEL laient dans les étangs du voisinage, et revenaient régulière. ment quelque tems après. On n’a jamais eu de peine à les apprivoiser ; ils restaient presque toujours près de l’eau du fu- mier , cherchant et prenant les insectes et les larves qui s’y trouvaient. LA BÉCASSE. ( Sco/opax rusticola, Gm.; enl. 885 ). On connait la bécasse dans toute l'Europe, où il y a des forêts. Le bec long de trois à quatre pouces, est droit et rou- geàtre à la base, le derrière de la tête traversé de quelques bandes brun-noir : le dessus du corps , avec les ailes, couleur de romlle rayée de gris et de noir; la poitrine et le ventre sont d’un blanc sale; avec des lignes d’un brun foncé. Dans le pays de montagnes où elle niche, on trouve son nid sur la terre: les œufs, au nombre de trois ou quatre, sont d’un jaune pâle sale; sa nourriture consiste en vers de terre, limacons et larves d'insectes, qu’elle cherche dans les prairies, les marais et les champs. C’est en octobre qu’elle quitte les contrées élevées pour ailer dans de moins froides. On nomme cette migration le passage, et comme ces oiseaux suivent con- stamment la mème route; c’est aussi le tems où les chasseurs, répandus sur toute cette route, se préparent à leur chasse, soit au fusil, soit avec de grands filets faits exprès, et les attendent au moment qu'ils se retirent des prairies dans les bois, ou se rendent des bois dans les prairies. Leur vol est lourd et maladroit; maïs c’est un très bon gibier dont la chair est saine et d’excellent gout; on ‘la mange communément sans Ôter les intestins, En commençant par des insectes et des œufs de fourmis, on peut accoutumer peu à peu la bécasse à la pâtée univer- selle. Il y a une vingtaine d’anaées qu’on voyait à Carlsruhe, dans une volière, une bécasse apprivoisée, qui sortait de sa petite loge pour venir au devant de l'étranger ; c’élait un mâle qui paraissait disposé à se reproduire, s'il eût eu un femelle. LA GIGOGNE. ( Ciconia nigra , Temm.; enl. 399 ). La cigogne pourrait être considérée comme un oiseau demi- domestique, puisqu'elle niche constamment sur les toits des maisons ou sur les églises et les tours, au milieu des villages, D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 299 et même des villes. Son bec long et vigoureux, est d'un rouge sanguin ; ses longues pattes sont de la même couleur ; le tour des yeux est nu et noir; les ailes sont aussi noires; tout le reste du plumage est blanc. C'est un oiseau voyageur qui nous quitte à la fin de septembre , et revient au commencement d'avril. File se nour- rit d'animaux amphibies, et mange aussi les souris des champs, les taupes , les beleties mème qu’elle surprend au sortir de leur trou, les insectes, surtout les abeïlies , dont elle saisit des becquétées pleines sur les fleurs ; enfin, des petits poissons. Son nid n’est qu’un amas de brauches sèches en- trelacées, qu’elle occupe tous les ans en se contentant de le réparer. On connait, assure-t-on , des nids qui existent et sont habités depuis plus de cent aps , et dont le tour est garni de quaatite de nids de moineaux et d’hirondelles. Le mâle et la femelle ne se quittent jamais, ce qui leur a mérité d’être ci- tés comme type de fidélité conjugale. Si on prend les jeunes au nid, et si on les nourrit de grenouilles et de viande, on peut les apprivoiser au point qu'ils vont à la distance de plus d’une lieue , et reviennent régulièrement au logis. Au tems du départ, vers le mois de septembre , il est bon de prendre Ja précaution de rogner l'aile à ceux que l’on veut garder en hiver, pendant lequel tems il faut les tenir dans un lieu tem- péré; car leurs pattes sont fort sensibles au froid. Leur fa- milierité devient si grande qu'ils viennent dans ja chambre aux heures des repas , pour recevoir de la viande qui est servie sur la table ; ils mangent également des autres mets. Un claquement de leur bec exprime leur passion ou leur affec- tion. Il est agréable de voir une cigogne apprivoisée faire ses cabrioles en l'air autour de la maison , et descendre insensible- ment par une longue spirale , jusqu’àce qu’elle soit à portée de se poser à terre (1). V° ORDRE: LES PALMIPÈDES. ( Vataiores ). Les oiseaux palmipèdes sont reconnaissables par leurs tarses courts, robustes, et par de larges membranes. qui garnissent (x) On a vu a Winterthur , en Suisse , une cigosne apprivoisée au point de descendre et venir à la voix de son maître, à quelque distance qu'il la renconträt de la maison, et à quelle hauteur que fut son vol; le tout à la grande surprise et admiration des gens de la campagne; mais non sans quelque soupçon de leur part, que le maître ne fùt un peu sorcier. 300 MANUEL l'intervalle des doigts. Ce sont des êtres organisés pour vivre sur la surface des eaux, dont les plumes sont vernissées et qui mangent de toutes sortes d’aliwens et principalement des matie- res animales vivantes. Nous ne nous occuperons principalement que de trois es- pèces de basse-cour , le cygne , le canard et l’oie sauvage, et de la mouette cendrée. LE CYGNE. ( Cygnus olor : anas olor, Gm.; enl. 913). Au lieu du nom ordinaire de cygne privé , il vaudrait mieux li donner celui de cygne muet, afin de le distinguer du cigne chañtant, que l’on nomine aussi tige sauvage , quoi- que mal à propos , car en Russie on le conserve plus ordi- nairement apprivoisé que l'espèce dont il est ici question; quoiqu'il en soit, celle-ci est répandue, daus son état sauvage, dans presque toute l’Europe; mais elle se trouve surtout en: Sibérie. Quand on veut en Allemagne l'avoir apprivoisée sur! .les pièces d’eau, et la conserver ainsi toute l’année, on choisit des jeunes auxquels on casse ou coupe la première phalange de l'aile, afin qu'ils ne puissent voler, ni par conséquent parur en automne avec leur compagnes sauvages. | Cet oïseau, plus gros qu’une oie domestique, a quatre pieds et demi de longueur ,a cause de son long cou qu'il courbe en forme d’une S lorsqu'il nage et se tient sur l’eau ; son envergure est de sept pieds un quart; et son poids de vingt-cinq à trente livres. Le bec rouge obscur, a sur la pointe une sorte de tête de clou noire, un peu courbée, et à sa: base supérieure une excroissance ronde, également noire; une tache friangulaire de cette couleur et nue se voit encore : entre le bec et les yeux, les pattes noires dans la première an- née, sont plombées dans la seconde, et enfin rouges de cina- bre dans la suite ; tout le plumage est blanc de neige. Il est bien reconnu que le prétendu chant délicieux qu'il fait entendre à sa mort n’est qu'une fable; car l’organisation de son gosier ne lui permet autre chose qu’un léger sifflement , un murmure sourd, un croassement doux. Le chant , proprement dit, n'appartient qu’au cygne chanteur ; un poète aura pu l'entendre une fois, et sans s'occuper de la différence d’oiseañ, l'aura attribué au cygne commun. Celui-ci se nourrit de toutes sortes de plantes et d'insectes aquatiques ; pendant l'hiver , | il faut lui donner du blé et le tenir dans un lieu tempéré. La D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. | 304 et autres plantes, garnissant l'intérieur des plumes de sa poi- trine. Sa ponte est de six à huit œufs blanc-verdätre qu’elle couve pendant cinq semaines ; pendant ce tems, le mâle est toujours près d'elle, écarte et poursuit tout ce qui voudrait s'approcher; il a tant de force dans son aile, qu'un coup bien ap- pliqué pourrait casser la jambe à un homme. Les jeunes sont d'abord gris. Ces oiseaux peuvent, dit-on, vivre cent ans et au-delà. Leur utilité mériterait autant que leur beauté, que que l'on s’occupät davantage de leur édueation, qui est plus facile encore que celte des oies. Les jeunes sont un excellent manger , et les plumes sont bien plus précieuses que celles des oies. La Lithuanie, la Pologne et la Prusse orientale en envoient tous les ans plusieurs quintaux à la foire de Franciort-sur-l’'O- er. On rassemble aussi beaucoup de cygnes apprivoisés sur la Sprée , autour de Berliu, de Spandau, de Postdam , etc. , sur- tout au mois de mai, pour leur enlever leur duvet ; on pré- pare aussi des peaux avec le duvet pour en faire des pelisses ; enfin, on en fait des houpes à poudrer. L'O1E SAUVAGE. ( Anas ( anser ) ferus, Lath.) ite, elle a le cou plus long et les ailes plus grandes; le dessus du corps est gris-brun, le dessous gris-blanc, avec la poitrine nuagée de roussâtre ; le bec orangé ct noir ; les pattes primitif, de même que les couleurs du bec. Elle séjourne tout l’été sur les bords de la mer du nord ; ais elie part en automne par grandes volées disposées en riangles, pour passer dans les contrées plus méridionales, ù elle passe l’hiver , et se nourrit de pousses des jennes se- mailles de seigle, 11 y a des endroits en Thuringe où des mil- hers de ces oiseaux se rassemblent en hiver; ils sont très dé- ans , et dès qu’ils sont posés, établissent des sentinelles qui eillent si bien, qu'on parvient difficilement à les prendre on les tirer; si par hasard le coup n’a fait que démonter une ile à l'une de ces oïss, on peut la garder aisément dans a basse-cour avec les autres volailles; on en prend aussi dans des piéges que l’on tend aux lieux qu’elles fréquentent le plus pendant la nuit; elles s'associent sans peine aux oies domestiques, Becustein ne cite qu'un seul exemple d'un {femelle fait un grand nid avec des tiges de jones, de roseaux C'est la souche des nos oies domestiques : quoique plus pe- sont rouges. Plusieurs oies domestiques conservent ce plumage. 302 MANUEL mâle sauvage qui se soit apparié avec une femelle domes-. tique. LE CANARD SAUVAGE. ( Anas boschas , Gm ; enl. 576). Nos canards domestiques tirent leur origine de celui-ci ; on le trouve répandu dans toute l'Europe, sur les lacs, les: étangs et les rivières. Sa longueur est de deux pieds ; son: plumage gris-cendré, rayé et ondulé transversalement de blanc et de brun ; la tête et le cou sont de ce vert distingué, nommé spécialement vert de canard; la poitrine d'un brun: châtain, et le miroir vert violet. La femelle est grise comme une alouette, Comme les autres: oiseaux de son ordre, le canard sauvage se réunit en automne à ses semblables, par volées très nombreuses ; mais reste en été divisé par paires, qui fonà leur nid, soit près des eaux: dans les joncs et les roseaux, soit sur des vieux troncs d’ar-- bres , et même quelquefois assez profondément dans les bois... La ponte est de douze à seize œufs. On rencontre souvent dans: la partie forestière de la Thuringe des troupes considérabies: de jeunes que leurs mères conduisent à quelqu’étang voisin. Si, après avoir mutilé ou estropié le bout de l'aile, on les: met dans un étang avec des canards domestiques, ils vivent* et s’accouplent avec eux, s’accoutument à leur manière de vivre , et les suivent en hiver dans la maison, sans que l’on: prenne d’autre soin pour les attirer que de les bien nourrir. On prend les canards sauvages avec des filets, des piéges et même des hamecons (1). LA MOUETTE CENDRÉE. (Zarus poliocephalus, Temm.) Ces oiseaux dont la longueur est de quatorze pouces, chan- gent de plumage jusqu'à la quatrième année , ce qui fait qu'ils: sont très variés. Les vieux ont le bec d’un jaune vert à l'exté-. rieur, et orangé à l’intérieur; les pattes olives sans doigt! postérieur ; la tête, la gorge, le cou, le reste du dessus du corps et la queue blancs. On voit souvent une tache noirâtre derrière l'oreille; le dos et les couvertures des ailes d’un gris (5) En appareïllant un mâle de canard sauvage avec une femelle de ea-- nard domestique, on obtient une race intermédiaire très belle, et qui reste domestique. D'ORNITHOLOGIE DOMESTIQUE. 303 pâlé ou bleuâtre ; les pennes blanches, dont les premièr es ont LS des points noirs. Ceux de ces oiseaux qui ont un croissant gris obseur sur le cou, n’ont pas encore atteint leur quatrième année, les autres qui sont tachetés sont des jeunes. Les mouettes se tiennent en été dans le nord de l’Europe, et se rapprochent du midi en hiver. Lorsqu’en février la neige revient après un tems doux , on en voit de grandes quantités s'arrêter sur les étangs et les rivières de l'Allemagne, où beau- coup périssent; on peut alors en prendre avec des filets ou des lacets, placés sur un endroit du rivage que l’on a nettoyé de neige. Quoique cetie mouette se nourrisse de poisson ou d'in- sectes aquatiques, elle se contente cependant dans la basse- cour, de pain et d’autre mangeaille, s’anprivoise aisément , ét vit également bien sur l’eau ou sur la terre; on la met en hi- ver dans un lieu modérément échauffé, on peut même la lais- ser dans la cour, en la faisant rentrer l soir avec les canards dans l'endroit approprié où ils passent la nuit. FIN. «À t ART OUR DLL 4 peu LE has noble hate hprtr ct o tbe te 4 Monté 1005 ai: su 2rle. free rugtes.s7y als -camlanpiest 2 CL tas LAS FN = T0 QUES L 14% ste A dope 250%: : | ('ASTTTE nn I +0. chou stature RAR M LIT À ès ere eti 3 era À TEE une ent, lei: RCE sh à js vortà Line ke Aeh AOMVEN hate. DS ecrans: Serra fé spa HO ë D D PL Te Te Re D Re LR RD LD VE LUE LUE LRR LVULRR RU VD TABLE DES MATIÈRES. PAErACE Len on Na aie cl ele ecole etc chelmiteie:te page I CONstDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES OISEAUX. «+99 I . 1. De la sociabilité des oiseaux... .... r à $. 2. Maladies des oiseaux. ...,....... 22 - $. 3. Acclimatement et soins que réclament les oiseaux exotiques, particulièrement lesfrinsilles RS ETS... 35 $. 4. Chasse ou oiselerie............. 46 LIVRE 1°. LES OISEAUX ANOMAUX . soso oreocose 4Q z° L’autruche; 20 le nandu; 3° le casoar à casque; 4° l’émou de la Nouvelle-Hollande. LIVRE 112. LES OISEAUX NORMAUX, . esse sesesee 52 Mphoes. Le ecrans. . ess cos disuate ss. «7 PER Lacresérelle. .:.. 444. et "(Gt Éd chevèche: ds vote aides «2. 67 11° ORDRE. Les PASSEREAUX Le touraco à dos pourpre............... 69 Les anis, ..ocvos s ce OR et + e « 70 Le coucou ordinaire, , ; 2400 1BBubl. à: «5 LE: Le toucan à gorge jaune du Brésil........ 73 ——.,}, à gorge blanches mess. .e bi. re), véhire sous. tres te 7 De pie mert 2. een à « «éinitee NES UE Hépeiche 5e 4 Daee ed Le Infenl. ,, colle SO 7G L'alcyon ou martin pêcheur. ......,..... 78 LES PESSOQURES. ls 01 DE 80 Les cacatoës, 82.— Les perroquets vrais, 85. — Les loris, 91.— Les loris perruches, 0 75 306 TABLE. 95. — Les perruches dé l’Ancien-Conti- nent, 97. — Les aras, 113. — Les ama- zones, 118. — Les criks, 120. — Les papegeais, 124. — Les perruches du Nou- - veau-Continent, 129.—Les perriches, 135: — Les touits, 135. La huppe......,..... Le geai de France. ... La pie... Le corbeau ....... Le chontas tt... Le rollier d'Europe. Le lon..." Le merlesi:5e#.3i. Ladratnensr, Er. : La home Zee, L'étourneau...... La faavette...... Le rouge-vorge.... Le rossignol. ..... Le troglodyte..... le! 0%... 0e5-.0 .. Le roïlelet.;. LE SL Te L'alorrettés 6. 1 TER ER La bergeronnetle jaune. ...:.,.. ke bruant.. sus 2 SRE L'orlolan-,-.. 0 RE La veuve à collier d'or.......,... Le moineäu france. ....27##412 L’ignicolore. . .... Le pinson....... La Jinolte Pan: : Le tar. 9e « Le chardonneret . ... Le serin des Canaries Le verdier.…......... Le bouvreuil .......:::: LES MÉSANGES. ............ La mésange bleue, 268. sauge ou la charbonnière, in° ORDRE-LESCALLINSCEES 0 TN OM TS iarperdrix srise fete RS FRONT 48e e e C 0 — La grosse mé- 269. 136 139 141 144 145 146 149 151 153 154 155 158 16r 162 133 185 186 190 192 194 197 198 201 202 203 208 : 2C9 215 260 ofit 267 272 ibid :£ : N ABLE. 367 EE CPC IN EN RE TE Dapélinolés.#............,...20.... 278 Le coq et la poule domestiques.......... 280 Le pigeon domestique. . . ............,. 287 ve onpge. Les ECHASSIERS,. sr... se. eee ce 207 Pi OREROPPN ET CPR TT 7 À Ed htenrse. 4... 00 d'a madame o a drèe : 298 A ODPNE. 22. de den se à à SSID, * ORDRE. [65 PALMIPÈDES..........,.,.,......... 209 bétyene-.... 444 a ares 300 Poe Se PER 7... 00e Re OMANREMmRÉe.. 2 LUM ENS. : So La mouellecendrée : .. 2%. … | bide. FIN DE L4 TABLE. IMP. DE Ve BASTIEN, A TOUL. LAN PEN L'AMLE ni à Laute à 4 a , - Lens rente PR LES : MER Ce NC LOL LE Le L AN tu fs à she EU Vis V Lu ln, ‘à : PLIS TURN TER eme | mage: tm it à. FU UNIVERNOIIT UF ILLINUIS UVILFRIU MANUEL D'ORNITHOLOGIE DQMESTIQUE, OU, GU 0112 010234224 FL à UNE : 4 PT D Le * ND HA # Ta RS AP ARR : de Ÿ À Le tt ol “ k f cd 3 L rs VE t 12 L al d. te À * PL Cr