Fy^yq^ ^J± Q'J JOHNA.SEAVERNS I équiTaTion 'UVRAG^ ORME de 45 riGURES MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION GH. LE BRUN-RENAUD MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION OUVRAGE ORNÉ OE QUARANTE-CINQ FIGURES PARIS LIBRAIRIE GARNIER FRÈRES 6, RUS DES SAINTg-PÈRlS, 6 Le colonel L'Hotte Ecuyer en chef de l'Écol» de Saumur. A M. le Général de division L'HOTTE Ancien Ecuyer en chef Et aneien Commandant de TEcole de cavalerie de Saumur, Inspecteur général permanent de cavalerie Est dédié ce litre PAR SON TRÈS DÉVOUÉ ET TRÈS RESPECTUEUX Ch. Le Brun-Renaud. INTRODUCTION Depuis quelques années, le go (il de TÉquitation se propage en France avec une grande rapidité et s'accentue chaque jour davantage. Partout la jeunesse des lycées et des écoles, pleine d'entrain, se livre à cet exercice utile et agréable et y puise un développement salutaire à ses forces physiques et à ses facultés intellec- tuelles. Toutefois, un grand noniDre de localités d'im- portance secondaire sont dépourvues de manèges civils et militaires. Il est alors impossible, à ceux qui désirent apprendre à monter à cheval, de suivre les leçons de maîtres expérimentés et de s'initier aux secrets de l'art équestre. Nous nous sommes efforcés de combler cette fâcheuse lacune en condensant en quelques pages précises les doctrines de nos illustres maîtres, les Pluvinel, les d'Abzac, les d'Aure les Baucher, les l'Hotte éparses dans de savants traités d'une lec- ture difficile pour tout commençant. Ce livre résume les principes les plus élémen- i s MANUEL PRATIQUE D'EQUITATION taires et les plus rationnels pour former un cava lier f olide et élégant, lui apprendre à dresser un jeune cheval aux trois allures et à en tirer le meilleur parti possible au Manège comme à l'ex- térieur. Bien que les airs relevés, tels que le pas espagnol et le passage ne soient plus pratiqués que par une élite peu nombreuse de cavaliers d'une science très brillante et parles écuyers des cirques, nous avons cru devoir en expliquer sommairement le mécanisme. L'Équitation des dames a pris une si large ex- tension qu'elle a nécessité un chapitre spécial. Nous avons retracé l'historique des courses, de leur organisation, de leurs résultats au point de vue de Tamélioration des races et des pro- grès de l'Équitation, dont elles forment une des branches les plus importantes. Nous avons donné quelques principes élémen- taires sur la conduite du cheval attelé seul et à deux. La science hippique se sert de termes et de locutions techniques qui souvent ne sont pas en- tendus et compris ; aussi nous avons donné la clef de ceux employés le plus généralement dans ce livre, sorte de vade-mecum du cavalier. MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION CHAPITRE PREMIER L'Equitation. L'Équitation chez les Anciens, en Egypte, en Grèce et à Rome. — Le moyen âge. — Les Académies. — La Broue, Pluvinel et la Guérinière. — L'École de Ver- sailles. — L'École d'Abzac. — L'Art équestre moderne. — Le comte d'Aure, M. Baucher. — L'École de Saumur. Depuis l'origine de la Création, les hommes se sont servis du cheval poui* lahourer les champs, traîner et porter les fardeaux et combattre. A cette époque, le cheval faisait en quelque sorte partie de la famille ; il était élevé sous la tente, au milieu de ses membres, qui lui prodi- guaient les soins les plus empressés. C'est l'Egypte, qui, la première, fit usage du 4 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION cheval dans les combats et l'attela au char triom- phal des guerriers vainqueurs. Sésostris put réunir sous sa puissante domination 24.000 che- vaux et commanda la plus solide cavalerie du monde. Qui ne connaît la légende du fameux Bucé- phale, qui partagea sur les champs de bataille tous les dangers d'Alexandre le Grand, son illustre maître, et mourut chanté par tous les poètes de l'Aitique. Dans rantiquité, les plus hardis cavaliers furent les Parthes ; ces nomades passaient des journées entières sur leurs vigoureux coursiers qu'ils montaient sans selle et sans bride et qu'ils poussaient contre l'ennemi en les dirigeant avec les jambes et avec la voix. Dès qu'ils avaient lancé leurs flèches, ils s'enfuyaient et, insaisis- sables, ils échappaient à la poursuite de l'en- nemi. Les Grecs aimaient passionnément l'art équestre et s'y distinguaient aux Jeux Olympiques par leur adroite habileté à franchir des barrières et à con- duire des chars dans Tarène. Les vainqueurs de ces courses étaient entourés des plus grands honneurs. A Rome, les Equisones formaient une caste à part d'écuyers qui présidaient à l'éducation des L'ËQUITATION 5 jeunes Romains dans Tart de monter à cheval. Sous les Empereurs les courses furent organi- sées avec un luxe fastueux. Les Romains couraient au cirque applaudir Néron qui n'hésitait pas à f^ descendre dans Varène disputer les palmes de la victoire, et découvraient leurs fronts devant le cheval de Caligula créé consul par un caprice bizarre de ce despote. L'empire grec de Byzance se livra à ces réjouis- sances jusqu'au jour de sa chute sous les coups des Turcs. Les Arabes, sortis de l'Asie Mineure, furent nu peuple de cavaliers indomptables. Montés sur MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION leurs petits chevaux, aux formes sveltes, à la crinière flottante, d'un tempérament nerveux, ils promenèrent victorieusement l'étendard du Prophète de, l'Egypte aux Indes et de Samarcande à Lisbonne. Le moyen âge vit s'épanouir, dans son plus brillant éclat, la. chevalerie. Un cheval, une armure, une lance composaient toute la richesse d'un L'EQUITATION 7 NoUe et lui conquéraient ses quartiers. Les che- vaux étaient divisés en plusieurs classes suivant leur emploi, et comprenaient : le Destrier (cheval de bataille) le Palefroi (cheval de parade) le Rous- sin (cheval de service) le Sommier [ohQWBX de bât). C'est dans les tournois que les chevaliers exer- çaient leur habileté à manier la lance, la hache et Tépée et leur vigueur à diriger leurs fougueux palefrois, sous les yeux émerveillés des dames. La mort tragique de Henri II fit abandonner ces jeux sanglants, qui furent remplacés par les car- rousels, fêtes gracieuses, où les quadrilles alter- naient avec les courses des têtes et dont Louis XIV rehaussa la grandiose splendeur en y invitant es princes du sang, les maréchaux, les ambas- sadeurs étrangers. Lltalie imprima à l'équitation un nouvel essor et rajeunit ses principes tombés en désuétude. L'Académie de Naples fut le siège de cette révolu- tion dans la science équestre et Pignatelli devint le plus célèbre écuyer. Son enseignement rayonna dans toute TEurope, et la France y puisa d'utiles leçons pour l'établissement de ses académies qui furent fondées à Paris, Tour-s, Bordeaux et Lyon par l'initiative intelligente de la Broue et Pluvinel. Les mouvements ralentis, les allures raccourcies s MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION étaient mis en pratique et on était réputé bon écuyer lorsqu'on parcourait en trois quarts d'heure les cinq cents mètres qui séparent le manège de Versailles de la Cour de marbre. L'école de la Broue, de Pluvinel, de Newcastle régna au xviv siècle et fit place à celle de Versailles qui fut la plus haute expression de l'art équestre; elle fai- sait autorité en France. Elle comprenait la grande et la petite écurie; elle avait à sa tète le. prince de Lambèse; ses plus remarquables représentants furent le marquis de la Bigue et le chevalier d'Abzac. La Guérinière opéra dans l'art de monter à cheval une révolution salutaire ; par la suppres- sion des battes et du troussequin de la selle à piquer, il obligea le cavalier à se tenir en selle correctement et à avoir une position naturelle et régulière basée sur l'équilibre. Il recommandait d'assouplir les épaules et les hanches et obtenait une grande légèreté de bouche. Il plaça trop le cavalier sur l'enfourchure et lui fît tendre déme- surément les jarrets. Bourgelat découvrit l'anatomie du cheval, et étudia le mécanisme de ses mouvements et le parti qu'on en pouvait tirer. Il enseigna une équi- tation mathématique et rationnelle et prépara l'école des d'Abzac qui rejetèrent les airs relevés L'EQUITATION 9 et trides et développèrent la franchise des allures, laissant au cheval toute la liberté nécessaire de se porter en avant et d'allonger son encolure en prenant un point d'appui sur la main. Ils furent imités par les écuyers militaires tels que Bohan, d'Auvergne, Mottin de la Balme et Melfort, qui renfermaient Téquitation militaire dans Texécu- tion de mouvements suffisants x>our exécuter toutes les évolutions nécessawes à la guerre. L'empereur Napoléon, toujours sur les champs de bataille, n'eut pas le temps de former des cavaliers finis ; il recommanda à ses instructeurs de donner aux hommes des principes élémentaires afin de leur apprendre à déterminer leur mon- ture en avant et à l'arrêter. Le manège des pages, celui de Paris, l'École de Saint-Germain furent des établissements destinés à inculquer à la jeunesse les vrais principes de l'équitation. Le Restauration rétablit l'École de Versailles et en confia la direction au chevalier d'Abzac dont le meilleur élève fut le comte d'Aure, qui résuma son système de la manière suivante : « Employer l'action équestre, en raison du degré des facultés du cheval, de sa nature et de ses instincts, de 1. 10 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION manière qu'il accepte sans résistance la domina- tion de l'homme et soit amené à l'obéissance la plus passive, tout en conservant une certaine liberté d'action nécessaire à la manifestation de ses plus brillantes qualités. Par conséquent, toute exigence qui tendrait à lui faire exécuter des mouvements forcés doit être proscrite par une équitation rationnelle, d'autant plus qu'elle aurait pour effet inévitable de l'abrutir et de le ruiner. « Le cheval se meut en raison des sensations qu'il éprouve, va où on le dirige, accepte le sou- tien qu'on lui offre et cède aux résistances et à la douleur : c'est donc en raison de la manière dont ces sensations sont produites que ses forces sont mises en jeu et qu'elles déterminent tous les mou- vements dont il est susceptible. Le cavalier doit chercher à apprécier la valeur de ces diverses sensations, de manière à les solliciter en raison des effets qu'il veut obtenir. » Cette équitation concordait heureusement avec l'apparition des chevaux de courses sur les hippo- dromes français; elle préparait des cavaliers hardis, entreprenants, aptes à fournir une longue course, à des allures allongées et vives. Elle n'emprisonnait plus l'enseignement équestre entre les quatre murs d'un manège et reléguait les airs L'ÉQUITATION 4i relevés au second plan comme inutiles et même nuisibles au développement des allures du che- val. Elle assouplissait l'encolure, les épaules et les hanches du cheval, donnait à leurs mouve- ments toute leur extension et les mettait ainsi en avant de la 'main. L'École de cavalerie de Saumur ressent encore la bienfaisante influence de l'enseignement de ce maître qui forma une génération d'écuyers remar quablespar leur tact, leur finesse dans la conduite du cheval et leur correction élégante dans la ma- nière de se tenir en selle. Un écuyer d'une science profonde, M. Baucher, se proclama le champion d'une doctrine diamé- tralement opposée, basée sur le principe qu'il taut détruire les forces instinctives du cheval et les remplacer par les forces transmises. Il assouplissait la mâchoire et l'encolure par des flexions isolées et combinées sur chacune de ces parties et il désarticulait Farrière-main au moyen du reculer et des pirouettes. Il annihilait ainsi toute initiative du cheval, en faisant une sorte d'automate mécanique que le cavalier règle et fait mouvoir suivant son degré de tact. Ce système, qui a produit d'excellents écuyers, exige, pour être compris, une grande pratique et 12 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION un sentiment du cheval très délicat dont un petit nombre de cavaliers seulement sont capables. M. Baucher a obtenu lui-même des résultats sur- prenants dans le dressage de ses chevaux tels que Capitaine, Buridan et Neptune. Mais il était néces- saire d'être un écuyer aussi complet qne lui pour les monter avec une grâce et une finesse aussi parfaites. Ces deux écoles ont leurs partisans convaincus et ont longtemps divisé les hommes de cheval en deux camps rivaux. Celle de M. le comte d'Aure est plus rationnelle et mieux appropriée aux besoins de Téquitation civile et militaire contemporaine, car elle repose sur les lois de l'organisation de l'homme et du cheval ; elle est essentiellement française et a sa source dans les traditions de la vieille école de Versailles, remaniées, rajeunies et mises en con- cordance avec les exigences de notre époque. L'école de cavalerie de Saumur y a puisé le pro gramme de son enseignement en y apportant quelques légères modifications sous l'habile direc- tion du général L'Hotte et de ceux qui lui ont suc- cédé dans le commandement de l'école. Plus de trois cents officiers et sous-officiers suivant annuellement ses cours, propagent ces L'ÉQUITATION iS méthodes dans les régiments de cavalerie et d'ar- tillerie et plus tard, lorsqu'ils rentrent dans la vie civile, ils font bénificier du fruit de leur solide expérience ceux qui les consultent et font ainsi pénétrer ces principes chez les jeunes gens qui désirent apprendre à monter à cheval. De cette façon, il s'est établi en France, entre les manèges civils et militaires, une sorte d'uniformité d'ensei- gnement très efficace pour le développement et les progrès de l'Équitatioa. CHAPITRE II De l'extérieur du Cheval. Têle. — Ses divisions. — Encolure, ses beautés et ses défauts. — Différentes parties du corps. — Garrot. — Dos. — Côtes. — Rein. — Flancs. — Ventre. — Croupe. — Queue. — Anus. — Membres antérieurs. — Épaule. — Bras. — Ars. — Avant-bras. — Coude. — Genou. — Canon. — Boulet. — Paturon. — Couronne. — Pied. — Membres postérieurs. — Hanche. — Fesse. — Cuisse. — Grasset. — Jambe. — Jarret. — Canon. — Boulet. — Paturon. — Couronne. — Organes génitaux. Avant de commencer le dressage méthodique du cheval de selle, il est nécessaire de décrire toutes les parties extérieures de son corps et d'indiquer quelles conditions de conformation elles doivent avoir et quel degré de perfection elles doivent obtenir pour être réputées belles et constituer une monture solide, élégante, bien proportionnée et apte au service de la selle. Le cheval se divise en deux parties : le tronc et les membres. Le tronc comprend la tête, Yencolure et le corps. DE L'EXTÉRIEUR DU CHEVAL 15 A, — TÊTE La Tête joue un rôle important dans les phéno- mènes de la locomotion. C'est une sorte de balan- cier dont le cheval se sert pour déplacer son centre de gravité et prendre différentes positions. Elle fournit de précieux indices pour reconnaître la race et les qualités morales ou les défauts du cheval. Pour être belle, elle doit avoir la forme d'une pyramide quadran gui aire tronquée inférieure- ment, dont la face antérieure, plane supérieu rement et légèrement arrondie sur le chanfrein, offre dans son étendue une grande largeur et dont la face postérieure, l'auge, est concave et profonde. L'œil doit être grand, à fleur de tête, bien ouvert, mobile et doué d'une expression pleine de dou- ceur; les oreilles doivent être courtes et bien plantées, les naseaux larges, las lèvres minces. La peau doit être couverte de poils fins et assez transparents pour laisser apercevoir les nerfs et les vaisseaux. Quand un cheval présente une tête atteignant ce degré de perfection, on peut être assuré que les autres parties du corps sont bien conformées. Cette tête idéale prend le nom de tète carrée; le 16 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION chevaux arabes, ceux de pur sang et leurs produits s'en rapprochent. Il y a d'autres conformations de tête défec- tueuses, telles que la tête camuse, la tête bicsquèe, la tête moutonnée, la tête de vieille et cella de vielle. Dans la tête camuse, la ligne qui s'étend du front au bout du nez est concave. Dans la tête 'busquée, le chanfrein décrit une courbe en avant; les naseaux sont étroits et le cheval est prédisposé au cornage. Dans la tête moutonnée, la convexité du chan- frein s'étend jusqu'au bout du nez. La tête de vieille est longue, osseuse et dessé- chée, celle de vielle ressemble à cet instrument. Les principales parties de la tête sont : 1 . Lô bout du nez. 2. Les lèvres. 3. Le menton. 4. Les^naseaux 5. Le chanfrein 6. Les yeux 7. Les tempes. 8. Les salières. 9. Le front. 10. Le toupet. IL Les oreilles. 11. La ganache. IS. L'aug«. DE L'EXTERIEUR DU CHEVAL 17 B. — ENCOLURE L'encolure comprend : 14. La crinière I 16. La trachée. 15. Le gosier. I 17. La veine jugul Vencolure est placée entre la tête en avant et le garrot, les épaules et le poitrail, en arrière; elle se divise en bord supérieur et bord inférieur et en côté droit et côté gauche. Sur le bord supérieur est plantée la crinière, qui doit être garnie de crins fins et soyeux et d'une longueur moyenne qui sont un indice de race. Les crins touffus et épais dénotent un cheval commun. Le gosier doit être large, saillant et résister à la pression de la main qui le parcourt. La conformation de l'encolure est liée inti- naement aux déplacements du cheval; c'est le véritable gouvernail de la machine animale. Lors- qu'elle se porte en avant, elle décharge Tarrière- main du cheval, précipite son mouvement en avant, et accélère la vitesse de ses allures. Lorsqu'elle reflue en arrière, elle allège l'avant- main, mais surcharge l'arrière-main et produit 18 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION un ralentissement marqué dans la vitesse des allures. Lorsqu'elle se déplace à droite, elle dégage le bipède latéral gauche, au détriment du bipède droit et inversement lorsqu'elle se déplace à gauche. Si le cheval se prépare à ruer, il baisse la tête et l'encolure, de manière à projeter avec force ses membres postérieurs et à leur donner un mouve- ment brusque d'élévation qui constitue la ruade. S'il veut se cabrer, il refoule au contraire l'avant- main sur l'arrière-main et produit le cabrer. L'exécution de tous ces mouvements dépend donc de la position que le cheval donne à son encolure. L'encolure, pour être belle et faciliter le dres- sage du cheval, doit réunir les qualités sui vantes : Elle doit être forte, souple et former une ligne horizontale, afin de pouvoir favoriser les mouve- ments du corps et se plier à toutes leurs exi- gences. Elle ne doit être ni trop longue ni trop courte; Trop longue elle est grêle, difficile à fixer et rend la conduite du cheval incertaine. Trop cou^rle elle est massive, roide et lourde à manier. DE L'EXTÉRIEUR DU CHEVAL i9 L'encolure est droite, rouée, renversée, penchée Celle qui est droite est la mieux conformée. L'encolure rouée ou de cygne est convexe à son bord supérieur, elle communique de la souplesse et de l'élégance à l'avant-main, mais occasionne un grand ralentissement dans le développement des allures et donne au cheval une tendance à ramener démesurément la tête contre le poitrail et à s encapuchonner. L'encolure renversée ou de cerf est convexe à son bord inférieur, elle rend la conduite du cheval difficile, car le mors ne pose plus sur les barres et remonte sur les molaires ; elle favorise la rapi- dité de ses allures, mais le fait porter au vent. L'encolure est penchée lorsque le bord supérieur tombe sur un des côtés latéraux. C\ — CORPS Le corps renferme : 1* la poitrine qui se subdi- vise ainsi : 18. Le garrot . 20. Les côtes. 19. Le dos. j 21. La veine de l'épercn. MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION 2* le ventre, qui contient : a. Le rein. 23. Les flancs. 34. Les paroUi inférieurei da ▼entre. 3* le bassin, composé des parties ci-dessous ; 25. La croupe. i 26. La queaa. La poitrine a pour sommet le garrot; sa partie inférieure est boiiiée par le sternum et de chaque côté elle est nrr^onscrite par les côtes. Elle doit être large et proionde, afin que le cheval puisse avoir une respiration haute, puissante et énergique, qui lui permette de supporter une longue course, sans qu'il soit essoufflé et hors d'haleine DE L'EXTERIEUR DU CHEVAL 21 La hauteur de la poitrine se mesure de la base du garrot au passage des sangles. La profondeur se mesure d'avant en arrière de la pointe du sternum, à la dernière côte. La largeur se mesure d'une côte à celle placée symétriquement du côté opposé. Les traces de vésicatoires ou de sinapismes qui se trahissent par la rareté des poils au passage des sangles, indiquent que le cheval a subi un traitement pour une maladie de poitrine souvent grave. Ainsi il faut éviter de se servir d'un cheval à poitrine étroite et serrée, car il est incapable de fournir un bon service. Le poitrail est situé au bas de l'encolure, entre les deux épaules, son grand développement est un signe de force et de puissance musculaire. Il ne faut pas cependant rechercher chez le cheval de selle un poitrail trop large, car il élargit la base de sustentation et paralyse la rapidité des allures. Le garrot est placé entre l'encolure et le dos, au-dessus des épaules. Il doit être bien sorti et se prolonger en arrière, être net et sec. Plus le garrot est élevé, plus la tête et l'encolure sont portées avec aisance et plus leurs mouvements s'exé- cutent avec légèreté. 22 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION Les épaules ont un jeu plus étendu et plus souple, de sorte que la beauté et la puissance de l'avant-main découlent de l'élévation du gar- rot. Avec un garrot bien conformé, la selle ne glisse pas et le cavalier est mieux placé à cheval. Lorsque le garrot est bas et empâté, Tavant- main est surchargée, l'épaule est droite et courte et le cheval est lourd dans ses mouvements. Il se blesse facilement par le frottement de la selle sur cette partie. Le dos est placé entre le garrot et le rein. Ses fonctions sont très importantes ; il reçoit le har- nachement et porte le poids du cavalier ; il doit être court, large, solidement musclé et souple pour remplir son rôle. S'il est droit ou légèrement incliné d'arrière en avant, il est bien conformé. Le dos ensellè est défectueux, c'est un indice de faiblesse, le cheval ne peut supporter un cavalier lourd ni fournir une longue course sans éprouver une grande fatigue. Les dos de mulet et de carpe ont le défaut con- traire; ils sont résistants, mais manquent de flexibilité et rendent les réactions dures et désa- gréables. Les côtes doivent être allongées, bien cerclées et suffisamment espacées les unes des autres. DE L'EXTÉRIEUR DU CHEVAL 23 Le rein fait suite au dos et s'étend jusqu'à la croupe. Il doit être droit, large et court : c'est le point de centralisation des mouvements de l'avant-main sur l'arrière-main. La longueur du rein se mesure en plaçant le petit doigt sur la pointe de la hanche et le pouce sur la dernière côte ; plus cette dimension sera petite, plus le rein sera solide. Le rein est bien attaché lorsqu'il est uni à la croupe sans solution de continuité; il est mal attaché dans le cas contraire. Pour s'assurer que cette région est bien consti- tuée et saine, il faut la pincer entre le pouce et le premier doigt ; si elle fléchit, c'est qu'elle est en bon état; si elle est insensible, c'est qu'elle est ankylosée. Les flancs sont placés entre la dernière côte et la hanche ; ils doivent être courts et pleins. Les flancs creux, retroussé et levrette sont défectueux ; ils indiquent que l'appareil digestif fonctionne mal et que les intestins sont délicats. Le cheval ne saurait fournir une course de fond; les battements de ses flancs sont irréguliers. Lorsque les flancs battent avec des soubresauts violents, c'est que le cheval est atteint de pousse. Le ventre est placé entre le passage des san- 24 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION gles, les organes génitaux et les grassets, et au- dessous des flancs et des côtes. Il doit être ar- rondi et suffisamment développé pour que les viscères digestifs y soient à leur aise. Lorsque le ventre est trop volumineux, on l'ap- pelle ventre de vache, il dénote une race com- mune ; le cheval qui mange une grande quantité de foin et certaines graines augmente de volume; ses intestins deviennent plus gros, son ventre se gonfle et il devient impropre aux allures vives. Il est disgracieux. Le cheval qui est levrette est dit : étroit de boyaux. On remédie à ce défaut en lui donnant une nourriture abondante et substantielle. Toutefois, un grand nombre de chevaux de pur sang ont cette conformation, qui tient à leur genre d'alimentation et à leur mode d'entraîne- ment, et n'en fournissent pas moins un bon ser- vice. La croupe fait suite au rein ; elle est limitée sur les côtés par les hanches et les cuisses, et en ar- rière par la queue. Elle doit être longue, large, fortement musclée et légèrement inclinée. La croupe joue un grand rôle dans les mouve- ments de locomotion du cheval ; aussi, dans Texa- DE L'EXTÉRIEUR DU CHEVAL » men du cheval, il est nécessaire de l'examiner avec soin. Lorsque la croupe est longue, large et forte- ment musclée, les muscles qui s'y insèrent sont longs et puissants, et la direction est favorable à la vitesse des allures. Un léger degré d'incli- naison favorise l'impulsion de l'arrière-main sur le tronc, annihile les effets des réactions et com- munique au cheval de la souplesse. Une croupe trop horizontale nuit à la puissance de la projection et paralyse le rassembler, car elle occasionne une trop grande décomposition des forces. Une croupe trop avalée nuit à l'extension des mouvements, parce que l'attache des muscles sur les cuisses n'est pas assez perpendiculaire pour agir avec puissance. C'est un signe infail- lible de dégénérescence. La queue, qui a pour base les os coccygiens, doit être d'une longueur moyenne, fortement at- tachée en haut de la croupe et être garnie de crins fins et soyoux. Vanus, qui est formé par Toriflce extérieur du rectum doit être bien marronne. Souvent, lesmaquignons, pour donner aux che- vaux de la distinction, leur coupent quelques muscles abaisseurs de la queue (niquetage), de a 26 MANUSî. PRATIQUE D'ÉQUITATION manière à leur faire porter droite, ou mettent dessous du gingembre ; afin de déjouer ces ruses, l'acheteur aura soin d'appuyer la main sur le haut de la queue, qui reprendra sa position nor- male. On doit aussi se défier des chevaux et surtout des juments qui fouettent sans cesse leurs fesses de leur queue ; ce sont des animaux d'un tem=pé- rament irritable, nerveux et d'un dressage dan- gereux. Les membres se divisent en membres anté- rieurs et en membres postérieurs. D, — MEMBRES ANTÉRIEURS Les membres antérieurs comprennent : 27. L'épaule. 28. Le bras, l'ars et sa rein*. 29. L'avant-bras. 30. Le coude. 31. Le genou. 3S. Le canon. 33. Les tendons, le boulet. 34. Les paturons. 35. La couronne. 36. Le pied. 37. La paroi du sabot. 38. La sole et la fourchette. V épaule a pour base le scapulum ; pour être belle, elle doit être longue, oblique d'arrière en avant et garnie de muscles puissants et bien des- sinés. Plus elle est longue et oblique, plus elle DE L'EXTERIEUR DU CHEVAL 27 embrasse de terrain et plus l'allure est rapide, car l'angle scapulo- humerai s'ouvre davantage dans le jeu d'extension du bras sur l'épaule, qui se développe dans la direction de l'encolure. L'épaule droite a des mouvements raccourcis et les réactions dans les allures sont dures. L'épaule desséchée manque de force. L'épaule chevillée et l'épaule froide paralysent la franchise et la liberté des mouvements et em- pêchent le cheval d'embrasser un grand espace, Le 'bras a pour base l'humérus ; il doit être long et incliné dans une direction opposée à celle de l'épaule, de manière à former un angle qui s'ouvre et se ferme quand le cheval se porte en avant. L'angle de 105 degrés est le plus favorable à l'uni- formité des mouvements et à la rapidité des allures. Les muscles qui l'entourent doivent être suffisamment développés. Un bras trop court ne permet qu'une oscillation peu ample et raccourcit les allures. Uars est le point de jonction du bras avec le tronc. Vavant-dras, formé par le radius, est placé entre le bras et le genou. Il doit être long, bien musclé et avoir une di- rection verticale. Le coude a pour base le cubitus. S8 MANUEL PRATIQUE DÉQUITATION L'apophyse olécrane qui sert à le constituer îloit être longue et dégagée du corps, et placée dans un plan parallèle à Taxe du corps, afin que le membre, étant d'aplomb, puisse se mouvoir librement. Si le coude est tourné en dehors, le cheval est cagneux; s'il est tourné en dedans, le cheval est panard. Ces défauts gênent la respiration du cheval et ralentissent ses mouvements. Le genou est placé entre l'avant-bras et le canon et a pour base les sept os carpiens. Il doit être dans une direction verticale, suffisamment des- cendu, long, large, et ne porter aucune trace de cicatrice. Le cheval dont le genou se porte en avant est dit hrassicourt; il est arque si cette conformation provient d'une usure prématurée. Le genou de bœuf est celui qui se porte en de- dans; ces genoux défectueux entraînent chez l'animal une extrême faiblesse, compromettent sa solidité et la sécurité du cavalier. Le canon a pour base les trois os du métacarpe et les tendons extenseurs du pied. A la partie postérieure du canon s'attache un gros ligament qu'on appelle le suspenseur du boulet, et qui aide à la flexion des tendons infé- rieurs. DE L'E]^T£RI£UR DU CHEVAL 29 Le canon doit être dans une direction verticale, large et court. Les tendons doivent être secs et bien détachés; le tendon failli est celui qui semble collé au canon ; c'est un signe de faiblesse. Le canon doit être net et exempt de tares dures telles que le suros, qui généralement proviennent de coups ou sont congénitaux. Le boulet, situé entre le canon et le paturon, a pour base les os de ces abouts articulaires, les deux grands sésamoïdes et les ligaments qui l'enserrent. Il doit être large, arrondi en forme d'olive et exempt de tares molles, telles que mo- lettes simples, fusées ou chevillées, et de cica- trices qui indiquent que le cheval, serré du devant, se coupe. Un boulet est cercle, quand il est complètement entouré d'osselets. Dans ce cas, le cheval est in- capable de rendre aucun service. Le fanon est une houpe de poils placés à l'ex- trémité postérieure du boulet. Le paturon est placé entre le boulet et la cou- ronne ; il doit être large et de longueur moyenne. Lorsqu'il dépasse cette longueur, il est dit long-j ointe; le cheval a des réactions douces, mais cette partie s'use vite; lorsqu'il est plus 2. 30 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION court, le cheval est dit court-j ointe et ses réac- tions sont dures. Il est le siège de tares dures appelées formes, qui amènent souvent une boiterie incurable, et de crevasses qui ont pour cause un long séjour dans des endroits humides. La couronne doit être unie et large. Le pied se compose de parties internes et ex- ternes. Les parties externes son la rmcraille du sabot, la sole et la fourchette» Le pied, pour être beau et bien conformé, doit remplir les conditions suivantes : La paroi est légèrement inclinée, de haut en bas et d'arrière en avant. En pince, elle forme un angle de 45 degrés avec la verticale. La corne est lisse, polie et ne doit pas être cerclée. La sole forme une sorte de voûte et la corne en est compacte. La fourchette est bien développée, surtout du côté des talons. Les pîeds peuvent être atteints de différentes maladies qui font b)iter le cheval. Ces maladies sont le javart, la seime, la four- chette échauffée, le crapaud, la bleime, l'oignon, le clou de rue, l'encastelure. DE L'EXTÉRIEUR DU CHEVAL 31 Les principales défectuosités du pied sont les pieds grands, petits et étroits. Il en est d'autres, telles que les pieds plat, comble, creux, à talons bas, à talons hauts, à talons serrés, à fourchette grasse et maigre, qui exigent une ferrure spéciale et réclament des soins particuliers. Les pieds panard, cagneux, pînçard et rampin appartiennent à cette catégorie. Le pied doit être l'objet d'un examen minutieux de lapart de l'acheteur, car un cheval n'est propre à un service régulier que si cette partie est bien conformée. E. — MEMBRES POSTÉRIEURS. Les membres postérieurs comprennent la han- che, la fesse, la cuisse, le grasset, la jambe, le jarret, le canon, le boulet, le pati(,7^on, la cou- ronne et le pied. l^di. hanche est formée par la pointe des liions; elle doit être saillante et bien sortie. luS. fesse forme la partie postérieure des cuisses; elle doit être longue et bien descendue pour favo- riser l'extension des mouvements et être pourvue de muscles solides. 32 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION On appelle raie de misère celle dont les mus- cles sont séparés par un profond sillon, occa- sionné par les privations de toutes sortes. La cuisse a pour base le fémur. Plus elle est longue et inclinée d'arrière en avant, plus elle donne au membre postérieur la facilité d'em- brasser beaucoup de terrain. La grasset a pour base la rotule et est placé à la partie inférieure de la cuisse. Lsi Jambe est placée entre la cuisse et le jarret. La longueur de la jambe contribue à la rapi- dité des allures, car l'arc de cercle décrit par le tibia est en raison directe de sa longueur. Elle doit être fortement musclée, car elle remplit aux membres postérieurs les mêmes fonctions que l'avant-bras aux membres antérieurs. Le Jarret a pour base les six os tarsiens; il doit être épais, large, incliné, sec et net de toutes tares dures, telles que • éparvins, jardes et Jardons^ et toutes tares molies, telles que : capelets et vessi- gons articulaires ou tendineux. En effet, il est le centre des mouvements de tous les rayons du membre postérieur. Les jarrets droit, coudé, étranglé, sont défec- tueux et ne sont pas favorables au développe- ment des mouvements, parce que le calcanéum, DE L'EXTÉRIEUR DU CHEVAL 88 situé à la pointe du jarret, forme un levier plus court et une poulie de renvoi moins accusée. Les descriptions que nous avons données pour la partie inférieure des membres antérieurs s'ap- pliquent exactement aux parties analogues des membres postérieurs. Les organes génitaux du mâle sont : 46. Le fourreau. Le pénis i Ces organes sont cachés dans le dessin du présent Les testicales i chapitre. Les organes génitaux de la femelle sont , ,, J Ne sont pas figurés dans le àessuk. Les mamelles ) Dès que l'élève cavalier connaît les différentes parties du corps du cheval, que nous avons énu- mérées dans cette étude sommaire, il est suffi- samment prépaî'é à monter à cheval et peut, sans hésitation, commencer à se mettre en selle et passer à la pratique de l'Équitation. CHAPITRE III Principes généraux de l'Instruction du Cavalier. Se mettre en selle. — Assouplissements. — Marcher au pas, au trop et au galop, le cheval étant tenu par une longe. — Marcher aux trois allures sans le secours de la longe. — De l'effet des rênes. — De l'usage et de l'em- ploi des jambes. L equitation consiste, pour le cavalier, à avoir à ciieval une position à la fois solide et élégante, une tenue correcte, et à tirer le meilleur parti possible des chevaux qui sont entre ses mains. On peut, sans prétendre devenir un écuyer par- fait, arriver à se servir d'un cheval d'une manière convenable. Pour obtenir ce résultat, il faut être doué de certaines dispositions naturelles et mon- trer de la bonne volonté et de Fénergie ; en un mot, il faut, surtout dans les premiers mois, mon- ter chaque jour à cheval et écouter les conseils de ceux qui vous dirigent. C'est dans le jeune âge que l'homme est le plus apte à faire ses classes d'élève cavalier, car il est souple, plein d'ardeur et de hardiesse et se plie DE L'INSTRUCTION DU CAVALIER 36 mieux aux exigences des premières leçons sou- vent arides et peu agréables à suivre. Toutefois on peut encore dans un âge mûr, (jusqu'à 30 ans par exemple) en se soumettant à des exercices d'assouplissement variés et à une gymnastique sévère, apprendre à monter à cheval. Nous supposerons que notre élève est âgé d'une vingtaine d'années et n'a jamais connu les prin- cipes les plus élémentaires de l'art équestre. Son intelligence lui permet de comprendre faci- lement les leçons qui lui sont journellement don- nées par un maître, et sa vigueur physique lui en assure l'application immédiate L'élève cavalier ne doit avoir aucune appréhen- sion du cheval, ni redouter les chutes qui peuvent résulter de son inexpérience. Il doit montrer une entière confiance et regarder sa monture, non comme un ennemi qui a hâte de se débarrasser de lui par une défense [écart, ruade ou caijrer]^ mais comme un ami qui ne cherche qu'à gagner ses faveurs et à se soumettre à ses moindres dé- sirs s'ils se traduisent par des moyens rationnels et sont réalisables. Si le jeune cavalier est soutenu par c«5?5 prin- cipes et ne s'en écarte pas, il n'a plus à nésiter à s'initier aux secrets de l'équitation ; il possède 36 MANUEL PRATTQT^F r> '^OUTTA TION les qualités nécessaires pour devenir un cavalier habile. Le débutant qui n'a jamais monté à cheval doit travailler dans un manège dont le sol est recou- vert d'un épais tapis de sable ou de sciure de bois, afin d'amortir les chutes qui peuvent se produire dans les commencements. Il doit être revêtu d'un costume léger et com- mode qui ne gêne pas la liberté de ses mouve- ments, tel qu'un veston ou une redingote bou- tonnée, avoir des bottes non éperonnées ou un pantalon long fixé par des sous-pieds, afin que ses plis n'occasionnent pas des excoriations aux genoux et aux jambes. L'instructeur a soin de lui choisir un cheval calme, tranquille, aux réactions douces, habitué à ne pas bouger, même sous la pression des déplacements d'assiette ou les tractions de rêne irréguliêres. Il le fait mettre en selle et lui interdit Tusage des étriers qui sont retirés ou croisés sur l'en- colure. Aucun exercice ne détruit plus la raideur, n'as- souplit plus les différentes parties du corps, que la privation d'étriers. Au pas comme au trot et au galop, les jambes iV allongent naturellement par leur propre poids, DE L'INSTRUCTION DU CAVALIER 37 les fesses portent d'aplomb sur la selle, le haut du corps se place exactement dans l'axe du cheval, prend peu à peu Téquilibre qui lui est nécessaire pour ne pencher ni à droite ni à gauche et se maintenir dans une position verticale. De cette façon, le cavalier acquiert une assiette solide ; il s'accoutume à se tenir à cheval en ser- rant contre le quartier de la selle, la partie com- prise entre le haut de la cuisse et le genou et en se servant du haut de son corps comme d'un ba- lancier qui se meut au gré des différents mouve- ments du cheval et les facilite. Il doit éviter de chercher dans les rênes un point d'appui et un moyen détenue. L'instructeur, à cet effet, lui fait souvent abandonner les rênes, lui enjoint de laisser tomber les mains sur le côté, en arrière des cuisses ou de croiser les bras sur la poitrine. Il prescrit quelques assouplissements simples, d'abord de pied ferme, puis ensuite au pas, sur- tout des flexions du rein en arrière pour leur com- muniquer du liant et de la souplesse. Plus le rein est souple, plus la position est gra- cieuse et communique au cavalier la facilité de se lier aux divers mouvements de sa monture et de résister à la dureté de ses brusques réac- tions. 3 38 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION Le corps est si intimement uni à celui du chevat qu'il semble en faire partie intégrante et former un tout harmonique et indivisible. Pendant les premières leçons, Tinstructeur tient le cheval, muni d'un caveçon, par une longe et marche à hauteur de l'élève qu'il fortifie de ses conseils. Il faut marcher longtemps au pas, afin de mettre le débutant en confiance et de l'habituer aux mouvements du cheval. L'instructeur fait exécuter au cheval de fré- quents départs et arrêts et exige que l'élève ne se déplace pas ; il lui recommande d'incliner légère- ment le corps en avant au moment du départ et de le pencher sensiblement en arrière au moment de l'arrêt. Lorsque l'élève ne manifeste plus aucune appré- hension au pas et a pris suffisamment le contact du cheval, il abandonne la longe et lui laisse faire seul le tour de la piste, en le suivant pas âpas. Il procède pour le trot de la même manière : lî tient le cheval, marche à ses côtés et surveille l'assiette du cavalier auquel il prescrit de ne pas se contracter et de relâcher toutes les parties du corps afin de n'obtenir de l'équilibre que par leur sdupieâse. DE L'INSTRUCTION DU CAVALIER 39 Souvent le cavalier se roidit, se cramponne au pommeau, avec les deux mains en penchant le corps en avant, serre fiévreusement sa monture entre les jambes ; cette position défectueuse est quelquefois suivie de chute. L'instructeur devra faire passer au pas le cheval et ne fera reprendre le trot que lorsque l'élève se sera remis de sa passagère émotion et aura ré- tabli son assiette momentanément détruite. C'est en rejetant le corps en arrière que l'élève résistera le plus aisément aux réactions du che- val, car le haut du corps sera plus près du centre de gravité et de la base de sustentation que s'il était droit ou porté en avant. Le cavalier ne conduira son cheval seul au trot que lorsqu'il sera assez maître de son assiette pour ne pas redouter des déplacements trop grands qui amèneraient infailliblement une chute. Il devra trotter sur de longues lignes droites et ce n'est qu'après plusieurs leçons qu'il pourra passer les coins à cette allure. Il répétera au trot les assouplissements pres- crits de pied ferme et au pas et pourra y ajouter des élévations des cuisses qui obligent à chercher le fond de la selle et à s'asseoir solidement. Lorsque les allures du pas et du trot sont suffi- samment connues et que leur application s'opère 40 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION régulièrement, Tinstructeur apprend à l'élève à supporter le galop. A cet effet, il tient le cheval à la longe et le dé- termine à prendre le galop sur un cercle de quatre à cinq mètres de rayon. Le cavalier a soin d'incliner le corps dans l'in térieur du cercle et de se lier aux mouvements du cheval en évitant de balancer les jambes et en fixant les genoux à la selle. Dans cette marche circulaire, il ne sollicite pas des changements de pied que son ignorance des moyens de conduite pourrait amener et échappe aux déplacements d'assiette qui résulteraient d*une augmentation d'allure ou d'un écart du cheval, car l'instructeur à l'aide du caveçon règle l'allure ou degré qu'il juge convenable et la proportionne aux progrès accomplis par son élève. Il fait exécuter le galop alternativement aux deux mains. Lorsque l'élève cavalier sait se tenir à cheval au pas, au trot, au galop sans perdre l'équilibre et en montrant une certaine assurance, l'instruc- teur lui apprend la manière de tenir les rênes de filet et les moyens les plus simples de laisser son cheval s'échapper en avant, de l'arrêter, de tour- ner à droite ou à gauche. DE L'INSTRUCTION DU CAVALIER 41 L'élève prend une rêne de filet dans chaque main et les maintient égales. Lorsqu'il veut se porter en avant, il baisse les poignets, de manière à laisser l'encolure du che- val se détendre et à produire le mouvement en avant qu'il aide par une double pression des jambes. Lorsqu'il veut arrêter, il élève les poignets, de manière à ramener la tête sur l'encolure, à re- fouler le poids de Tavant-main sur l'arrière-main et à déterminer l'arrêt. Lorsqu'il veut tourner à droite, il porte le poi- gnet droit à droite et attire la tête et l'encolure de ce côté, en ayant soin de fermer les jambes, qui soutiennent le mouvement. Lorsqu'il veut tourner à gauche il porte le poi- gnet gauche à gauche et attire la tête et l'enco- lure de ce côté ; il tient les jambes près du corps du cheval. Ces divers mouvements de rênes sont exécutés aux trois allures ; plus l'allure est vive, plus la traction est grande. Ainsi pour arrêter un cheval qui marche au trot, il faut exercer une traction sur les rênes plus énergique que s'il marche au pas, parce que l'impulsion communiquée à Tavant-main et à l'arrière-main est plus forte et plus difficile à détruire. Il en est de même pour 42 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION l'allure du galop, qui exige pour être paralysée une plus puissante traction que celle du pas et du trot. De cette façon, Télève apprend à proportionner les effets des rênes à la vitesse des différentes allures du cheval, de manière à en rendre l'em- ploi efficace. L'instructeur lui explique sommairement l'usage des jambes et leur action combinée avec celle des rênes. A cet effet, il lui montre qu'en fermant les deux jambes également sur le cheval de pied ferme, celui-ci se porte immédiatement en avant et al- longe sensiblement son allure, s'il est au pas, au trot ou au galop. Il lui fait appuyer seulement la jambe droite en arrière des sangles afin de provoquer un dépla cément des hanches du cheval à gauche et en- suite la jambe gauche afin de jeter les hanches à droite. Lorsque l'élève a bien compris les effets qu'il obtient par la pression de ses jambes, il en fait une application constante dans l'exécution des mouvements qu'il exige du cheval et leur donne ainsi plus de régularité. Ces leçons élémentaires et pratiques ont pour but d'assouplir le cavalier, de le mettre en con» DE L'INSTRUCTION DU CAVALIER 43 fiance, d'assurer son assiette et de le familiariser avec les principaux mouvements du cheval. Elle? sont une sorte d'initiation à la science équestre dont il pourra comprendre et appliquer les prin- cipes rationnels et complexes développés métho- diquement dans les chapitres suivants. CHAPITRE IV Premiers éléments de dressage du cheval. De l'âge où commence le dressage du poulain. — Caveçon. — Longe. — Chambrière. — Travail sur le cercle aux deux mains, au pas, au trot et au galop. — Principes et résultats du travail à la longe. Le cavalier qui a assisté assidûment aux nom- breuses séances de manège prescrites dans le chapitre précédent et a écouté avec attention les excellents conseils de l'écuyer chargé de Tins- truire, possède des notions suffisantes sur le cheval et la manière de le diriger, pour en entre- prendre lui-même le dressage rationnel et le mener à bonne fin. Il achève et perfectionne en même temps son éducation et son instruction équestre par une progression lente et métho- dique. Le dressage du cheval de selle réclame une progression minutieuse et une patience à toute épreuve de la part de celui qui en a la direc- tion, et surtout doit être commencé de bonne heure. DU DRESSAGE DU CHEVAL 4S C'est lorsque le poulain est encore allaité par sa mère qu'il faut en ébaucher les premiers prin- cipes. Après sa naissance, il suit sa mère pas à pas sans la quitter un seul instant. Elle, de son côté, le surveille avec une active sollicitude, pour- voit aux besoins multiples de son jeune âge et l'entoure de soins empressés. Peu à peu, le pou- lain grandit, se développe, et ses muscles se con- solident. Toutefois , il a une sorte de crainte instinctive de l'homme et se sauve à son approche en gam- badant. Cette tendance doit être combattue immé- diatement. La condition essentielle qui doit être exigée de l'animal qui va être mis en dressage, c'est qu'il ne redoute pas le contact de l'homme, s'y habitue et arrive même à le rechercher. 46 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION Pour obtenir ce résultat, il est nécessaire d'al- ler plusieurs fois par jour voir le poulain dans le box où il est enfermé avec sa mère, de lui donner une poignée d'avoine avec la main, qu'on passe ensuite légèrement sur la tête, l'encolure et le dos; de lui parler sur un ton peu élevé, en un mot, de l'accabler de tant de caresses qu'il finisse par se familiariser avec son maître. Cette manière de procéder devra être répétée lorsqu'il sera placé au pâturage. Quand l'heure a sonné de rentrer la jument à l'écurie pour qu'elle y mange sa ration d'avoine et s'y repose, l'homme se présentera à la barrière, y appellera de la voix le poulain, qui, au bout de quelques jours de ce système, n'hésitera plus à se précipiter avec sa mère à sa rencontre, sentant les caresses qui lui seront prodiguées et l'avoine qui lui sera distri- buée à sa rentrée au box. Le poulain commence à prendre confiance, à s'accoutumer aux attouchements de l'homme et à se plaire dans sa société. Alors on lui appren- dra peu à peu à subir les frottements de la brosse en crin ou en chiendent et à être pansé. La brosse ne sera pas rigide, afin d'éviter d'irriter l'épi- derme et de l'écorcher. Au début, on se sert seu- ment d'une serviette ou d'une époussette en cuir souple, qui lisse les poils sans énerver l'animal, DU DRESSAGE DU CHEVAL m puis on lève alternativement chaque pied avec précaution, on frappe légèrement la corne avec le dos de la brosse, afin de l'habituer à supporter les secousses de toutes les opérations du ferrage. Souvent, le cheval devient difficile à ferrer, fait courir de sérieux dangers au maréchal par ses ruades et ses défenses, parce qu'on a négligé ces exercices préparatoires. Dès que le poulain a atteint l'âge d'un an, on garnit sa tète d'un licol en cuir mince, et on l'at- tache à la mangeoire; on le mène au pâturage en le tenant par la longe qui est retirée à son entrée dans le pré afin qu'il jouisse d'une entière liberté et s'y livre à tous les écarts d'une joie exubé- rante. Là, le poulain, n'étant gêné par aucune con- trainte extérieure, gagne en force et en éner- gie; il marche tantôt au pas, tantôt au trot, le plus souvent il galope, et comme le terrain uni et moelleux comme un tapis cède sous ses pieds, il ne risque pas de s'y engorger les mem- bres par des tares molles ou osseuses. Les courses à travers les prés lui sont au con- traire d'un effet très salutaire. Elles activent sa respiration, fortifient les muscles de l'avant-main et de l'arrière-main, soudent les articulations; enfin elles développent les moyens de locomotion 48 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION et favorisent le mécanisme naissant des al- lures . Vers deux ans, le poulain est pourvu d'un bri- don, au mors brisé, à gros canons, doux à la bouche, ajusté largement pour ne pas comprimer la nuque et les commissures des lèvres et est ainsi conduit au dehors en ayant soin de laisser aux rênes de bridon une longueur de 50 centi- mètres. Dans les premiers essais de conduite en bri- don, il faut se faire suivre d'un aide muni d'une cravache ou d'une chambrière, qui frappera légè- rement le cheval sur la croupe, dans le cas où il opposerait une vive résistance à son conducteur en reculant ou en se jetant de côté par bonds. S'il se jette en avant en prenant le galop, il faut le calmer en saisissant fortement les rênes près de la bouche et en lui imprimant de petites secousses. A quel âge le cheval de selle doit-il être initié aux principes d'un dressage rationnel poussé à ses dernières limites? L'âge le plus propre pour débourrer un cheval et le mettre dans les conditions les plus favo* râbles et les meilleures dispositions à pro- fiter des leçons qui lui seront données dépend de sa race, de son tempérament, de son mode DU DRESSAGE DU CHEVAL ê) d'élevage et de l'usage auquel on le destine. Un cheval de pur sang ou très près du sang, qui a mangé de l'avoine quelques semaines après sa naissance, est doué d'un tempérament ner- veux, peut à dix-huit mois être monté ; c'est d'ail- leurs le cas des chevaux de courses qui, à deux ans, ont subi un entraînement suffisant pour parcourir au galop 2.500 à 4.000 mètres à de très grandes vitesses et sans fatigue. Il n'en est pas de même d'un cheval de race commune, lympha- thique, qui, nourri dans les prés et les jachères, ne reçoit d'autre nourriture que celle qu'il y trouve, et, privé d'avoine pendant les premières années, n'a pas une constitution assez robuste pour être mis en service avant cinq ans. Tout poulain, issu de bonnes races françaises de selle, qui ne manque ni de cachet ni de distinc- tion, et a acquis par une nourriture substantielle une charpente osseuse, des muscles saillants et de bonnes proportions peut être, sans inconvé- nient, mis en dressage à cinq ans. Les chevaux normands, bretons, poitevins, limousins, ardennais, de Tarbes, qui constituent les produits de notre industrie chevaline, appar- tiennent à cette catégorie. Le cheval de cinq ans dispose de toutes ses forces musculaires qui ont atteint leur complet SO MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION développement et est apte à recevoir les leçons d'un maître sage. La qualité la plus importante à exiger de rani- mai, c'est la franchise d'impulsion. C'est à le faire porter en avant, en donnant à ses mouvements le plus d'extension possible, que doit tendre le cava- lier. Tout le dressage est dans cette formule. Les moyens à employer se résument dans un assouplissement méthodique du cheval qui doit être équilibré dans toutes ses allures et obéir avec légèreté à toutes les exigences exprimées par les mains et les jambes de celui qui le monte. Le travail à la longe a pour but d'assouplir les épaules du cheval, de donner à ses allures une cadence régulière et de lui faire dépenser l'excé- dent de ses forces. Ce travail doit être exécuté soit dans un manège fermé, soit dans un terrain clos, au sol uni et doux, afin qu'il ne soit pas distrait par les objets du dehors, tels que personnes, voitures, et ne soit pas effrayé par leur apparition subite et leurs bruits insolites. De cette façon, Tattention de l'é- lève sera tenue en suspens et éveillée par les in- dications précises du maître et de son aide. Pour ces leçons préliminaires, il est nécessaire que le cavalier soit assiste d'un aide adroit , calme, qui DU DRESSAGE DU CHEVAL 51 manie la cravache et la chambrière, et lui prête un appui intelligent. Le caveçon devra être ajusté de manière que la muserolle, placée à deux doigts de l'extrémité inférieure des os du nez, ne gène pas la respira- tion en pressant les cartilages, et soit assez éloi- gnée des yeux pour ne pas les offenser; la boucle ne sera pas trop serrée ainsi que celle de la sous- gorge. La longe, fixée à l'anneau de la muse- rolle, doit avoir de 8 à 9 mètres de longueur. Sous le caveçon est un bridon. Le cavalier, tenant de la main droite les rênes du bridon passées sur l'encolure du cheval et de la main gauche la longe enroulée, détermine le cheval à se porter en avant (à main gauche). Dès qu'il obéit à ce mouvement, il déploie peu à peu la longe et forme le centre d'un cercle d'envi- ron 8 mètres de diamètre. L'aide se place der- rière la corde et suit le cheval à quelques pas sur un cercle parallèle en l'excitant de la voix et de la chambrière, s'il refuse de marcher et veut ou se jeter en dehors du cercle ou rentrer à l'in- térieur. Lorsque l'élève a fait quelques pas, on l'arrête en criant : holà! et en accompagnant cette interpellation d'une saccade, en cas de refus d'obéissance. Cette saccade légère s'applique en élevant la main en l'air et en l'abaissant brusque- 52 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION ment par une secousse de bas en haut. Le cave- çon est un instrument dur et dangereux entre des mains inhabiles; il doit être employé avec tact et légèreté ; sans cela il inspire à l'élève une telle défiance qu'il se débat contre son action, devient rétif et perd le fruit des leçons antérieures si longuement acquises. Le cavalier fait exécuter au cheval plusieurs tours d'abord au pas, ensuite au trot à la même main, et lorsque ce dernier marche avec franchise et se livre avec confiance, il raccourcit la longe, l'attire à lui, le caresse et le met sur l'autre main (à main droite), où il recommence la série des exercices précédents en suivant rigoureusement la même progression. Le pas, le trot et le galop sont ainsi enseignés au cheval et ces allures sont ainsi réglées au degré voulu. Chaque allure doit être entamée len- tement et ne doit parvenir à sa vitesse normale qu'après quelques foulées; elle ne doit pas être diminuée brusquement; elle s'éteint pour ainsi dire d'elle-même par un ralentissement graduel des derniers pas. Ainsi, pour prendre le galop, le cheval se met en mouvement au pas, l'allonge jusqu'à ce qu'il passe au trot, puis soit obligé de partir au galop. Pour passer du galop au pas, la progression inverse a lieu. Il serait d'un effet déplorable d'ar- DU DRESSAGE DU CHEVAL M rêter le cheval court et de rasseoir sur les jar- rets; car ses membres postérieurs prématu- rément tarés et usés seraient impuissants à répondre aux mouvements de Tavant-main et à fournir un long service. On ne cesse ce travail que lorsque l'élève exé- cute aux deux mains, sur des cercles plus ou moins rétrécis, les départs, les marches et les arrêts aux trois allures, obéit à toutes les indica- tions de la voix et de la chambrière, et modifie la vitesse de ces allures, les ralentit, les allonge sans brusquerie et sans à-coups avec aisance, et arrive à se maintenir droit après chaque arrêt. Afin d'habituer le cheval à sentir la pression des sangles, on pose doucement un surfaix sur son dos et on serre suffisamment les contre- sanglons pour qu'il ne tourne pas et ne se dé place pas, car un mouvement brusque effrayerait le cheval. CHAPITRE V Du Harnachement. Composition du harnachement. — Bride anglaise. — Ses différentes parties. — Montants. — Dessus de tête. — Rênes. — Mors de bride et mors de filet. — De l'effet du mors de bride suivant sa forme. — Manière de brider un cheval. — Selle. — Sa composition. — Arçons. »- Bandes. — Siège. — Panneaux. — Quartiers et faux quartiers. — Contre-sanglons. — Accessoires. — Étri- vières et Étriers. — Manière de seller et desseller un cheval. — Emploi du harnachement pendant les pre- mières leçons du dressage. Le cheval étant en confiance, sachant se mou- voir aisément aux trois allures et ayant acquis par ces exercices prolongés une puissance mus- culaire assez forte pour le rendre apte à supporter le poids d'un cavalier, est revêtu d'un harnache- ment composé d'une b?nde et d'une selle anglaises dont nous donnerons une sommaire description. DE LA BRIDE La bride anglaise est en cuir fauve. Elle com- DU HARNACHEMENT 65 prend de chaque côté deux montants : le mon- tant de bride et celui du filet, engagés dans les œillets du frontal et reliés chacun à un dessus de tète. Aux montants a« bride est fixé le mors de bride par deux branches ; à ceux de filet est atta- ché le mors de filet ; une sous-gorge fixée au-des- sus de la tête de la bride, une muserolle, une sous-barbe, un frontal, complètent ces pièces du harnachement. Les rênes de filet sont plus longues et plus épaisses que celles de la bride. Le mors de Lride en acier poli se divise en em- bouchure et branches. Veml)ouchure, placée dans la bouche du cheval, se subdivise en canons, liberté de langue. Les canons agissent sur les barres ; plus ils sont gros et ronds, plus ils sont doux à la bouche du cheval et moins ils lui causent une douloureuse impression. La liberté de langue est une sorte d'arcade destinée au logement de la langue; plus elle est basse et petite, moins elle agit sur le palais. Les branches servent à faire agir V embouchure et le canon; elles sont r*éunies aux canons par les fonceaux. De leur longueur aépend la puissance du mors. Elles portent à leur extrémité inférieure deux anneaux porte-réues. 16 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION La gourmette est une chaîne composée de mailles, maillons, d'un S et d'un crochet. Le mors du filet est formé de deux canons minces, s'articulant à double brisure et terminés par deux anneaux où les montants et les rênes sont bouclés. Telle est la nomenclature des différentes parties de la bride. Nous examinerons comment elle doit être placée pour être convenablement ajustée, quelle doit être son action sur la bouche du che- val et l'influence qu'elle exerce comme moyen do conduite, suivant sa forme et son emploi. Une bride est bien ajustée, lorsque les mon- tants longent les joues, que la sous-gorge laisse DU HARNACHEMENT 57 passer deux doigts entre elle et la gorge, que le mors de bride repose d'aplomb sur le milieu des barres et celui du filet un peu au-dessus du pré- cédent, que la gourmette, mise sur son plat, est suffisamment séparée de la barbe. En effet, une sous-gorge trop serrée arrête la circulation, empêche la respiration et peut ame- ner le cornage. Une gourmette trop serrée blesse la barbe. Un mors placé trop bas n'exerce aucune action sur les barres ; placé trop haut, il plisse la com- missure des lèvres et son effet est nul. Le mors de bride agit sur la bouche du cheval par un levier du deuxième genre; la puissance est à l'extrémité inférieure des branches, repré- sentée par les rênes, le point d'appui à l'anneau du porte-mors et la résistance à l'endroit où le canon appuie sur les barres. Son action varie suivant : 1*» la longueur et la direction de la partie supérieure et de la partie inférieure des branches ; 2" le diamètre des ca- nons; 3*^ la hauteur de la liberté de langue; 4* le degré de tension de la gourmette. Emboucher le cheval, c'est approprier son mors à la conformation et aux qualités de sa bouche. Un examen attentif de la bouche du cheval suf- 58 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION fîra pour faire juger quel est le mors qui lui con- vient le mieux et est le plus propre à le diriger. Si le cheval a les barres tranchantes et osseuses, les lèvres minces, il est nécessaire de lui mettre un mors doux, à gros canons ronds, sans liberté de langue, à branches courtes, car sa bouche est sensible et ressent les effets les plus légers des rênes. Si, au contraire, le cheval a les barres arrondies et les lèvres épaisses, il faut employer un mors à canons petits, pleins et anguleux, à grande liberté de langue et à branches longues, en ayant soin de serrer la gourmette. On exerce ainsi sur la bouche presque insensible une puissante et énergique action et on remédie ainsi à son défaut de con- formation. En général, il vaut mieux se servir d'un m^ors de hride doux qui communique à l'avant-main du cheval de la grâce et de la légèreté que d'un mors dur dont il cherche à se débarrasser en secouant la tête. Le mors de filet ne doit être ni trop gros ni trop mince ; trop gros, il n'aurait aucune action sur la commissure des lèvres, trop mince, il la couperait ; d'une grosseur moyenne, il est goûté par l'animal, qui prend volontiers un point d'appui dessus et répond à ses indications. C'est un auxiliaire DU HARNACHEMENT 55 indispensable du mors de bride, dont il prépare adoucit et corrige les effets. La bride a comme accessoires : 1" la martin- gale à anneaux dont la longe se bifurque environ aux deux tiers de sa longueur et reçoit aux extré- mités de ses deux tiges un anneau qui donne pas- sage aux rênes du filet ; elle est maintenue par un collier entourant la base de l'encolure; 2° une fausse gourmette; c'est une lanière de cuir fixée par un bout à l'œillet ouvert au bas de la branche droite du mors, pendant que l'autre bout s'attache à une boucle placée à un œil au bas de la branche gauche de la même manière, après avoir traversé un maillon du centre de la gourmette. La martingale d'anneaux empêche le cheval de porter au vent et fixe sa tète dans une position normale. La fausse gourmette l'empêche de saisir les branches du mors avec les dents. Manière de brider un cheval. — Pour brider un cheval, le cavalier s'approche doucement du che- val du côté montoir, le caresse et se place à hau- teur de sa tête ; il passe avec la main droite les rênes de la bride et du filet par-dessus l'encolure du cheval, saisit la bride à la têtière avec la même main, l'élève à la hauteur et en avant de la tête du cheval, prend avec la main gauche les deux mors, 60 MANUEL PRATIQUE D'ÊQUITATION les engage dans la bouche du cheval en ayant soin de placer le mors du filet au-dessus de celui de la bride, passe les oreilles entre le frontal et le dessus de tête, dégage les crins du toupet, boucle la sous-gorge et accroche la gourmette, en veil- lant à ce qu'elle soit placée sur son plat. Pour débrider le cheval, on opère inverse- ment. DE LA SELLE La selle anglaise est la plus commode pour le cavalier dont elle ne gêne pas les mouvements, et la plus légère pour le cheval qu'elle ne surcharge pas et qu'elle n'emprisonne pas entre un poitrail et une croupière, comme l'ancienne selle à la française. Elle est d'un usage général. Elle se divise en corps de selle et accessoires. Le corps de selle renferme les arçons, les Itandes, le siège, les panneaux, les quartiers, les faux-quartiers et les contre-sanglons. Les accessoires sont les sangles, les ètrivières et les ètriers, Varçon est la charpente en bois qui donne à la selle sa rigidité et sa forme; il est fait en bois de hêtre et comprend Varcade, le troussequin et les l)andes* DU HARNACHEMENT 61 V arcade sert de base par sa partie supérieure au pommeau et forme par sa partie inférieure une voûte nommée liberté dé gary^ot. Le troussequin domine l'arçon postérieur et présente inférieurement une voûte nommée H- berté de rognon. Les dandes sont deux pièces de bois plates et larges d'environ trois doigts, reliant l'arcade au troussequin et portant également le long du dos du cheval de manière à laisser entre elles un espace libre où se loge l'épine dorsale. Le siège est la partie sur laquelle est assis le cavalier ; il est en peau de cochon. hes panneaux sont deux coussinets de toile ou de flanelle rembourrés, fixés au-dessous de la selle et mis en contact avec le dos du cheval pour préserver son garrot, son rein et ses côtes du frottement des arçons. 4 62 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION Les quartiers sont deux larges pièces en cuir de vache souple s'interposant entre le cavalier et le cheval ; au-dessous d'eux sont les faux-quartiers qui protègent le cheval contre les boucles des sangles. Les contre-sanglons, fixés au-dessous des faux- quartiers, servent à attacher la boucle des sangles. Les sangles sont de larges bandes en tissu de fil ou en corde, portant à chaque extrémité un boucleteau en cuir et servant à maintenir la selle en place. Les ètrivières supportent les étriers et sont fixées à la selle par des porte-étrivières à ressort. Les ètriers sont en fer poli ou en acier ; on y distingue l'œil, les branches et la semelle. Quelquefois, entre la selle et le dos du cheval, on interpose un tapis de feutre ou de cuir souple de la même dimension que les panneaux, destiné à adoucir le contact de la selle et à protéger plus efficacement le dos du cheval. La selle a une influence considérable sur la santé du cheval, car bien ou mal ajustée, elle contribue à son prompt dressage ou le met hors de service par les blessures dont elle le couvre. Pour être bien ajustée, la selle doit avoir une liberté de garrot et de rognon assez large et assez haute pour ne pas contusionner ces parties ; les DU HARNACHEMENT 63 bandes doivent porter dans toute leur étendue à deux travers de doigts de l'épine dorsale ; elle doit avoir une position horizontale et les sangles doi- vent être assez longues pour être bouclées au- dessus des faux-quartiers et être modérément serrées. Elle ne doit être placée ni trop en avant ni trop en arrière. Dans le premier cas elle surchargerait r avant- main du cheval, le ferait tuter et tomber, et le blesserait au garrot; dans le second cas, elle alourdirait l'arrière-main et occasionnerait le mal de rognon. La forme et l'emplacement de la selle dépen- dent de la conformation du cheval qui peut être ensellé ou avoir le dos de carpe. Lorsque le cavalier selle son cheval, il doit observer les prescriptions suivantes : il approche du cheval par le côté montoir , place le tapis de feutre (s'il y en a) en lissant le poil d'avant en arrière, prend la selle de la m.ain gauche à l'ar- cade de devant et de la main droite sous le trous- sequin et la place doucement sur le dos du che- val. Puis il serre les sangles sans brusquerie et place les étrivières munies des étriers dans les i porte-étrivières. Le cheval est dessellé en débouclant d'abord les 64 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION sangles et en retirant la selle de son dos avec précaution. Lorsque le cheval a été ainsi harnaché avec soin, il faut le faire de nouveau travailler à la longe, afin qu'il s'habitue à supporter le poids de la selle et de la bride avec aisance et facilité. Dans les premiers exercices, on peut enlever les étriers et les croiser sur l'encolure, afin que leurs batte- ments contre les côtes du cheval n'excitent pas son irritabilité et ne le poussent pas à des bonds et à des écarts produits par un déplorable affole- ment. Après quelques séances, il est assez accoutumé aux frottemen 5 du harnachement et n*oppose plus aucune résistance. Il est utile, alors, de continuer le travail, en mettant en selle un cavalier d'un poids très léger, qui, ne chaussant pas les étriers, se laisse aller aux mouvements du cheval, sans lui faire sentir la traction des rênes ni la pression des jambes. On le fait marcher longtemps au pas, afin qu'il se familiarise avec son nouveau fardeau ; on l'arrête, puis on le caresse. Du pas, on passe progressivement au trot et au galop. Alors, le cavalier peut prendre dans cha que main une rêne de filet et opérer sur sa bou- che d'imperceptibles tractions qui initieront le DU HARNACHEMENT <5 cheval aux effets du mors et lui en apprendront Tusage. Il faut veiller à ce que l'animal ne contracte pas la mâchoire et ne tente pas d'échapper à cette action du mors par des mouvements désordonnés de la tête. De légères saccades du caveçon réprimeront ces velléités de résistance, inévitables au début. A la fin de ces leçons, un homme d'écurie, dévoué et intelligent, prend le cheval par le caveçon et les rênes de filet et le promène pen- dant une demi-heure, à une certaine distance du manège ou du terrain clos, sur une route, afin que la vue des objets extérieurs et le bruit des voitures lui deviennent familiers dans la suite et ne le rendent pas peureux et ombrageux, lors- qu'il sera appelé à être monté au dehors. Chaque fois que son attention est surprise par quelque objet nouveau et inattendu, qu'il mani- feste de l'appréhension par un arrêt, un reculer ou un écart brusques, son conducteur le caresse et l'attire lentement sur l'objet en l'interpellant doucement de la voix, afin de lui faire com- prendre combien sa crainte est peu fondée. Chaque exercice est fait progressivement, et le cavalier ne passe à un autre que lorsque le précé- dent est bien compris et exécuté avec calme. 4. 6S MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION Afin d'obtenir la mise en main de pied ferme, le cavalier se place devant le cheval, saisit des rênes de la bride avec la main droite à vingt-cinq centimètres du mors et fait agir doucement le mors de bride sur les barres. Aussitôt que le cheval sent cette tension du mors de bride, il résiste, tient la bouche fermée et contracte sa mâchoire et son encolure. Après quelques leçons, toute raideur disparaît peu à peu, et alors la bouche s'ouvre, les mâchoires se décontractent, la tête se ramène, l'encolure se roue et la mise en main est obtenue, car le cheval cède à la main de bride et mâche son mors. Il est nécessaire d'assouplir complètement le jeune cheval, avant de le monter, et de le ramenei de pied ferme. A cet effet on frappe le cheval sur le poitrail pour le faire marcher et on lui donne de petits coups de cravache sur la croupe pour l'obliger à engager Tarrière-main sous l'avant-main et à se rassembler. L'arrière-main ayant une force musculaire plus grande que l'avant-main reçoit une part du poids de celle-ci qu'elle dégage et rend plus légère. Le cheval se trouve ainsi sur les hanches et s'équilibre naturellement par une exacte réparti- DU HARNACHExMENT 67 tion de son poids sur ses membres antérieurs et postérieurs. L'encolure du cheval est assouplie par des flexions à droite et à gauche. A cet effet, le cavalier saisit la rêne droite de la bride, au-dessus de Tencolure avec la main droite et la tend pendant que la main gauche tient la rêne gauche près du mors. Il attire la tête et l'en- colure à droite en tirant sur la rêne droite et aide cette action avec la main gauche qui pousse la tête de ce côté. Pour plier l'encolure à gauche, on emploie les mêmes principes et les moyens inverses. Lorsque le cheval sent les effets du mors de ûride, s'y soumet et a l'encolure mobile et souple, 1 a déjà réalisé de sérieux progrès et est suffisam- ment préparé à être monté. CHAPITRE VI Du Montoir. — Position du Cavalier à cheval. Manière d'approcher du cheval et de se placer en selle en se servant des étriers. — Précautions à observer pour mettre pied à terre. — Tenue des rênes. — Posi- tion du cavalier à cheval. — Placement régulier des différentes parties du corps. — De l'emploi de l'étrier. !• LEÇON DU MONTOIR Le dressage du cheval est maintenant assez avancé pourqu'on lui enseigne la leçon du mon- toir. Muni d'un caveçon avec la longe, il est bridé, sellé et amené dans le manège ou sur un terrain doux et uni, après avoir été auparavant promené pendant un quart d'heure au pas, afin que ses membres se détendent, que son rein s'abaisse que ses accès de gaieté disparaissent. Le cavalier qui doit le monter fait préalable- ment le tour du cheval, voit si la bride est bien ajustée, si le mors porte sur les barres, si la gourmette et la sou«-gorge ne sont pas trop DU MONTOIR 69 lâches ou trop serrées, si la selle est bien placée en arrière du garrot et si les sangles sont suffi- samment serrées pour que la selle ne tourne pas et ne se déplace pas. Il lève alternativement les pieds du cheval avec douceur, le caresse de la main sur la tête, Tencolure et la croupe, en un mot, se sert de tous les moyens qui peuvent mettre le cheval en confiance, car il se prépare à réclamer de sa bonne volonté des exigences nou- velles. L'aide se tient devant le cheval, ayant dans sa main droite la longe du caveçon et tenant égales 70 MANUEL PRATIQUE D'fiQUITATION dans chaque main à environ 10 centimètres de la bouche, la rêne droite et la rêne gauche du filet passées sur l'encolure et s'efforce de maintenir le cheval droit et immobile. Lorsque ce résultat est obtenu, le cavalier s'ap- proche doucement du cheval du côté gauche ou montoir, se place à hauteur de son épaule, lui faisant face, saisit une poignée de crins avec la main gauche au milieu de l'encolure. Après avoir pris rétrier avec la main gauche, y chausse le pied gauche, place la main droite qui tient les rênes sur le troussequin et reste un instant dans cette position. DU MONTOIR 71 Si le cheval bouge et se porte en avant, l'aide le distrait et le calme en lui donnant quelques saccades avec le caveçon ; s'il jette ses hanches à droite, l'aide oppose la tête aux hanches en ou- vrant la rêne droite et le remet droit ; s'il repousse le cavalier par un écart à gauche, l'aide procède par des moyens hiverses en faisant sentir forte- ment l'effet de la rêne gauche. Le cavalier ayant : 1*» dans la main gauche une poignée de crins qui sort par l'extrémité du petit doigt, 2° le pied gauche dans l'étrier, 3° la main droite sentant l'appui du mors tenant les rênes ajustées et placée sur le troussequin continue ce mouvement par la position suivante : Il s'élance du pied droit en tirant fortement les crins à soi et en penchant le corps légèrement en avant pour empêcher la selle de tourner, porte la main droite sur le pommeau et passe la jambe par-dessus la croupe en ayant soin de ne pas tou- cher le cheval et d'arriver légèrement sur la selle. Aussitôt qu'il est en selle, il passe ses rênes dans la main gauche et caresse son cheval de la main droite. Il doit éviter de chausser l'étrier droit au com- mencement de cette leçon , car en cherchant cet étrier, son pied s'agite, se balance et com- 72 MANUEL PRATIQUE D'EQUITATION munique au cheval des sensations désagréables. Dès que le cavalier est parvenu à se mettre en selle, l'aide fait marcher le cheval quelques pas pour ne pas le fixer dans une dangereuse immo bilité et le confirmer dans le mouvement en avant qui doit suivre tout travail nouveau. Cet exercice est répété chaque jour, jusqu'à ce que le cheval se montre facile au montoir et n'exige plus par sa docilité la présence d'un aide. Pour mettre pied à terre, le moyen le plus simple DU MONTOÏR 73 et le plus rationnel est de passer les rênes dans la main gauche, puis dans la main droite qui se place sur le pommeau, pendant que la main gauche saisit une poignée de crins, de déchausser rétrier droit, de passer la jambe droite par-dessus la croupe en glissant ensuite la main droite le long des rênes jusqu'au troussequin et de descendre légèrement à terre en abandonnant les crins et en continuant de tenir le cheval avec la main droite qui n'a pas quitté les rênes. Cette descente doit être opérée avec une sage lenteur, afin de ne par surprendre le cheval et de ne pas le remuer pas de violentes secousses. Pendant l'exécution de ces deux mouvements (monter à cheval et mettre pied à terre), le cava- lier tiendra sa cravache dans la main gauche, le pommeau sortant du côté du pouce, la mèche en bas. Il y a une deuxième manière de monter à che- val qui est également bonne et pratique. Elle consiste à placer sur le pommeau, la main droite qui tient les rênes bien ajustées entre le pouce et le premier doigt, et à appuyer le pied gauche à Tavant-bras du cheval. Elle ne peut être employée qu'avec un cheval calme dont on connaît parfaitement le caractère. 74 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION On peut aussi sauter sur le cheval sans faire usage des étriers. Pour cela on se place à la pointe de Fépaule gauche, on prend les rênes dans la main droite qu'on place sur le pommeau ; on saisit les crins avec la main gauche, on s'enlève sur les poignets on soutient le corps sur les bras tendus et on se met en selle sans à coup. Ce moyen donne au cavalier de la hardiesse et de la légèreté. Ceux aui montent sur un cheval nu ou muni DU MONTOIR 75 seulement d'une couverture sont obligés d'y avoir recours. Dans nos régiments de cavalerie, les recrues débutent en équitation par cette gymnastique préparatoire qui fortifie les muscles de leurs bras et de leurs jarrets et les assouplit. La tenue des rênes dans les premières leçons du montoir se borne à tenir une rêne du bridon dans chaque main, l'extrémité supérieure sortant du côté du pouce, les doigts fermés et se faisant face, le pouce allongé sur chaque rêne, en soute- nant les poignets, de manière à faire sentir au cheval un léger appui du mors. Ce n'est que plus tard, lorsque le cheval saura marcher avec aisance, que le cavalier se ser- vira des rênes de bride et de celles du filet et qu'il initiera le cheval à leur maniement. 2* POSITION DU CAVALIER A CHEVAL La position du cavalier sur sa monture a une importance capitale et mérite qu'on s'y applique avec une attention constante. C'est d'elle que dépend la bonne conduite du cheval, la franchise de ses allures, la gracieuseté et l'harmonie de ses actions. 76 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION Un cavalier placé en selle d'une manière irré- gulière et par conséquent irrationnelle ne peut produire sur son cheval que des mouvements faux et sans justesse, soit qu'il charge trop les épaules en penchant le corps en avant, soit qu'il pèse trop sur la croupe en rejetant le haut du corps en arrière; son cheval alors est déséqui- libré et devient d'une conduite difficile. La position du cavalier doit être à la fois solide et élégante ; elle doit être naturelle et n'imposer aucune contraction. Le cavalier pour être bien placé à cheval doit observer la position suivante : Les fesses portant également sur la selle et le plies en avant possible pour établir la base la plus large. Si le cavalier à les fesses trop en arrière, il charge inutilement l'arrière-main du cheval, la fatigue et l'use. Il n'a pas assez d'assiette pour résister à une ruade énergique qui le jette sur Tencolure et souvent le précipite à terre. Son corps penché en avant hâte cette chute et la rend inévitable. Ce défaut se combat en chassant les fesses sous soi et en cherchant le fond de la selle. Les cuisses doivent être tournées sans effort sur DU MONTOIR leur plat embrasser solidement le cheval, en un mot être collées contre la selle. En les tournant trop en dehors, le genou n'est plus adhérent à la selle, Féperon pique le cheval malgré la volonté du cavalier et les jambes n'agis- sent plus avec précision. En les tournant trop en dedans, le bas de la jambe est trop éloigné du corps du cheval et ne peut plus produire aucun effet utile. Les cuisses doivent être allongées et suffisam- ment descendues. 78 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION Placés dans une position horizontale, elles pri- vent le cavalier de sa solidité d'assiette et de sa puissance d'enveloppe; il est déplacé par le moindre écart de sa monture et est pour ainsi dire raccroché. Placées dans une direction verticale, elles con- solident son assiette, mais lui retirent tout moyen de conduite ; trop sur l'enfourchure, il peut même se hlesser, surtout dans les sauts d'obstacle. Le pli des genoux liants, facilite l'action des jambes qui doivent tomber naturellement. Les reins soutenus sans raideur permettent les déplacements en avant ou en arrière du haut du corps, qui doit être libre, droit et se prêter à tous les mouvements du cheval aux allures vives. Les épaules effacées, les Ifras libres, la tête droite, dégagée des épaules donnent au cavalier de l'aisance, de la grâce et les moyens de tenir et de diriger son cheval sans gêne, ni contrainte. Cette position à cheval comporte une partie im- moMle et deux parties mobiles. La partie immobile est représentée par les cuisses et le genou qui est solidement fixé à la selle. Les parties mobiles sont le buste et les jambes. Le buste se déplace, tantôt en se penchant en avant pour dégager l'arrière-main ou paralyser un cabrer, tantôt en se reculant en arrière pour DU MONTOIR 79 soulager l'avant-main et résister aux réactions d'une ruade. Les jambes se portent plus ou moins en arrière des sangles, suivant le degré de sensibilité du cheval et leur pression dans ce cas est plus ou moins accentuée. Les genoux leur servent de pivot et ne bougent pas. Les étriers doivent être chaussés jusqu'au tiers environ, en ayant soin de laisser tomber le talon plus bas que la pointe du pied. Le jeu de l'articulation du pied avec la jambe doit être libre et facile. Le poids de la jambe doit seul peser sur Té- trier, sans cela la contraction qui en résulterait, déplacerait l'assiette et ne permettrait plus aux jambes d'agir avec justesse. L'étrier doit être assez chaussé pour ne pas quitter le pied. Dans les sauts d'obstacles , les longues courses à l'extérieur, on peut le chausser plus à fond. Le moyen le plus pratique d'ajuster les étriers convenablement est de comparer la longueur des étrivières à celle du bras, avant de monter à che- val. Si cette mesure est prise exactement, lorsque le cavalier est en selle et que ses jambes tombent 80 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION naturellement, la semelle correspond au haut du talon de la bottine ou de la botte. Lorsque les étriers sont convenablement chaus- sés, le cavalier doit pouvoir se lever facilement et se tenir debout. Il ne doit pas tendre les jambes en avant et les porter à hauteur de la pointe des épaules ; il doit les laisser tomber naturellement en ayant soin de les fléchir légèrement en arrière des sangles. Lorsque les étriers sont trop courts, le cavalier a les cuisses trop horizontales et est raccroché à cheval, ses genoux sont ouverts et n'adhèrent plus à la selle; sa position est disgracieuse. Lorsqu'ils sont trop longs, le cavalier est trop sur Tenfourchure et il perd ses étriers sur- tout lorsque sa monture à des réactions dures et qu'elle se livre à certaines défenses (cabrers, rua- des, écarts). Lorsqu'il chausse ses étriers, il ne doit pas faire usage des mains et doit veiller à ce que les étrivières soient sur leur plat. CHAPITRE VII Des aides naturelles. — Rênes et Jambes. Définition des aides. — Aides supérieures et inférieures. — Des rênes. — Leur usage. — Tenue des rênes de filet. — Placement des rênes de bride et de filet dans les deux mains et dans la main gauche. — Eff'et des rênes de bride. — Jambes. — Leur action. — Combinaison des rênes et des jambes ou accord des aides. 1** DES AIDES Les aides servent à assurer Pallure et la direction du cheval. Les mains sont les aides supérieures et les jambes sont les aides inférieures; elles se prêtent un appui réciproque de manière à assurer la régularité et la bonne exécution du mouve ment (|u'on demande au cheval. Avaui de déterminer le cheval en avant et de lui faii-e entamer les premiers pas ; il est néces- saire de savoir employer utilement et avec tact les rênes et les jambes qui sont les seuls moyens dont dispose le cavalier pour conduire sa mon- ture 3. MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATIÛN 2" RÊNES L'usage des rênes est très important. Le cava- lier doit en connaître la tenue et le maniement, qui varient suivant la nature du mouvement qu'on demande au cheval et le degré de finesse de sa bouche. Le cavalier pendant les premières leçons laisse les rênes de bride flotter sur l'encolure en les raccourcissant par un nœud et n'emploie que les rênes de filet qu'il tient dans chaque main, les doigts fermés et les poignets à hauteur du coude, séparés à quinze centimètres Tun de l'autre. Le cheval prend alors l'habitude de s'appuyer sur le mors et de se porter en avant en toute confiance. On le dirige avec le mors de filet, jus- qu'à ce qu'il marche au pas, et au trot, avec une entière franchise et sans la plus petite hésitafion. Enfin on lui apprend à sentir l'appui du mors de bride dont les effets sont plus sévères que ceux du mors de filet. Le cavalier tient d'abord les rênes séparées dans chaque main ainsi qu'il suit : Sous le petit doigt de la main gauche, il place la rêne gauche de bride et sous le médius la rêna DES AIDES NATURELLES 83 gauche de filet, l'extrémité des rênes sortant entre l'index et le pouce. Sous le petit doigt de la main droite, il place la rêne droite de bride et sous le médius, la rêne droite de filet, l'extrémité des rênes sortant entre l'index et le pouce. Cette tenue des rênes lui permet de conduire le cheval sur les quatre rênes. S'il veut faire prendre le point d'appui sur les rênes de filet, il relâche le petit doigt et les rênes de bride se détendent; s'il désire au contraire faire dominer l'action du mors de bride, il ouvre le médius et les rênes de filet s'allongent. Dans le cas ou le cavalier a besoin de réunir les quatre rênes dans la même main, il adopte la tenue suivante : Les rênes de bride sont mises dans la main gauche, séparées par le petit doigt et les rênes de filet au-dessus de ces dernières, séparées par le médius, les quatre rênes sortant par leur extré- mité entre le pouce et l'index qui les empêche de glisser. Les doigts de la main font face au corps vers lequel le poignet a une légère inclinaison. Par cette position la main du cavalier est en contact permanent avec la bouche du cheval par le mors et par le filet ou par l'un des deux et les rênes sont ajustées par la main droite qui lea U MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION élève, les égalise en les faisant glisser à travers les doigts entr'ouverts de la main gauche qu'on referme lorsque cette opération est terminée. Le cavalier peut encore prendre la rêne droite de filet dans la main droite à pleine main ou en la passant sous le médius. Il y a encore d'autres moyens de tenir les rênes. Mais ceux décrits ci- dessus sont les plus simples, les plus sûrs et les plus généralement adoptés. L'effet des rênes de bride agit de quatre façons, qui sont soumises à la position de la main : en avant, en arrière, à droite, à gauche. DES AIDES NATURELLES 85 !• Si le cavalier porte la main en avant, ses rênes flottent et n'exercent plus aucune action sur la bouche du cheval : Ou le cheval continue à marcher en allongeant l'encolure, ou ne sen- tant plus sa tête soutenue, il s'arrête après quel- ques pas. C'est un effet négatif; 2"* Si le cavalier porte la main en arrière en rapprochant le poignet du corps, le cheval ralentit son allure, s'arrête et si la traction est trop forte, il recule; Z" Si le cavalier porte la main à droite, les rênes gauches tendues de plus en plus s'appuient sur l'encolure et la poussent à droite; s'il accentue sa traction la tête attirée à gauche range les hanches à droite et le cheval fait face à gauche, parce que la traction sur la tête a dominé en intensité la pression sur l'encolure ; 4** Si e cavalier porte la main à gauche, les mouvements inverses se produisent. Tels sont les effets des quatres rênes isolées, sans le secours des jambes. Elles servent donc à diriger le cheval, à ralen- tir son allure, à l'arrêter et elles ne peuvent opé- rer avec précision que lorsque leur action est combinée avec celle des jambes. 86 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION 3" JAMBES Les jambes sont les aides naturelles inférieures et elles produisent deux mouvements ; un mou- vement en avant et un mouvement de côté ou changement de direction. 1. Lorsque le cavalier ferme les jambes égale- ment, le cheval, se sentant poussé de chaque côté, se porte en avant avec d'autant plus de rapidité que la pression est exercée plus en arrière des sangles. Il est pour ainsi dire con- traint de s'échapper droit devant lui. 2. Lorsque le cavalier ferme la jambe droite, le cheval cède à cette pression, déplace ses hanches à gauche et fait face à droite ; lorsqu'il ferme la jambe gauche, le cheval exécute un mouvement inverse et fait face à gauche. Les jambes mettent donc le cheval en mouve- ment s'il est arrêté, ou le font passer d'une allure à une autre plus vive s'il est en marche ; elles lui donnent un surcroît d'impulsion et le sou- tiennent. La combinaison des rênes et des jambes con- stitue l'accord des aides qui doit exister, 1» entre DES AIDES NATURELLES 8T les rênes; 2" entre les jambes 3*; entre les rênes et les jambes. Ainsi, par exemple, l'accord des rênes a lieu lorsque le cheval est sollicité à tourner à droite, alors la rêne droite attire la tête à droite, et son action est corrigée par la rêne gauche, qui, en s' appuyant sur l'encolure, la fait tourner à droite, sans cesser de la maintenir dans une position horizontale. L'accord entre les jambes se produit lorsque la jambe droite rangeant par une pression les hanches à gauche, la jambe gauche limite le mouvement des hanches au degré voulu. L'accord existe entre les rênes et les jambes, quand dans le tourner à droite, les rênes provo- quent un mouvement latéral, dont la régularité est assurée par la pression des jambes. Le cavalier connaissant la tenue et le manie- ment des rênes, les moyens de se servir des jambes et de combiner leur action avec celle des rênes, n'hésitera plus à apprendre à son cheval la manière de marcher en avant au pas, de tour- ner à droite ou à gauche, de s'arrêter, de reculer de passer au trot, d'entamer le galop, car c'est dans ces exercices qu'il aura occasion de faire usage de ces aides naturelles. Le cavalier doit avoir soin que Taction com- 8S MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION binée de ses mains et de ses jambes communi- que à son cheval une grande légèreté dans sas mouvements. Chaque fois que le cheval pèse sur les poignets et devient lourd, le cavalier n'hésite pas à presser énergiquement les jambes en arrière des sangles et à fixer la main pour contraindre le cheval à ramener sa tête et son encolure en arrière et à chasser son arrière-main sous lui. Dans le cas où le cheval résisterait à la pres- sion des jambes, le cavalier doit lui faire sentir Téperon qu'il appuie progressivement jusqu'à ce qu'il ait obtenu une entière soumission. Si la mâchoire et l'encolure ont été préalable- ment assouplies avec méthode par des flexions, le cheval est ramené sur une simple indication des rênes et des jambes et obéit facilement, sans opposer la plus petite contraction de mâchoire et \sl moin dre raideur d'encolure. CHAPITRE VIII Du Pas. Mécanisme du pas. — Le rassembler. — Marcher au pas. — Moyens de conduite à observer pour obtenir un pas égal et régulier. — Équilibre du cheval par l'action simultanée des rênes et des jambes. — Arrêter. — Pas allongé et pas ralenti. !• MÉCANISME DU PAS Cest par la marche en avant au pas que le che- val doit commencer son dressage lorsqu'il est monté. Le pas est en effet la plus lente, la plus douce et la moins élevée de toutes les aiiures, celle qui engendre les autres et qu'il exécute le plus aisé- ment, puisqu'elle n'exige l'emploi que d'une partie relativement faible de ses forces musculaires. Cest une allure marchée diagonale, à quatre temps, dans laquelle les membres reviennent sur le sol et successivement dans l'ordre de leur lever ; le premier temps est marqué par l'appui 90 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION du membre antérieur droit, le deuxième par l'appui du membre postérieur gauche ; le troi- sième par l'appui du membre antérieur gauche, le quatrième, par l'appui du membre postérieur droit. Le cheval fait à cette allure, lorsqu'elle est franche et bien développée, 120 mètres par mi- nutes. 2* LE RASSEMBLER Avant de pousser le cheval dans la marche en avant, il est nécessaire de le préparer et de le tenir dans la main et les jambes. Cette disposi- tion prend le nom de rassembler et s'obtient en employant simultanément les aides, de manière que le cheval, s'asseyant sur les hanches soit prêt à exécuter les mouvements que le cavalier serait dans l'intention de lui demander. Le cava- lier reconnaît que le rassembler est complet, lors- qu'il sent le cheval sur le point de s'enlever sur les quatre membres. A cet effet, il ferme les jambes en arrière des sangles et soutient les poignets ou la main de la bride, s'il conduit avec une seule main. Le cheval, préalablement assoupli par des DU PAS 9ï nexions de mâchoire et d'encolure qui donnent à ces parties de la légèreté, répartit ainsi axao- tement son poids et ses forces et devient un instrument docile, attendant pour fonctionner, l'impulsion qu'il plaît au cavalier de lui commu- niquer. 3*» MARCHER AU PAS La tête, Tencolure et les hanches du cheval étant placées sur une même ligne droite, le cava- lier n'a plus qu'à augmenter la pression des jambes en arrière des sangles et à baisser insen- siblement les poignets ou la main de bride pour que le cheval se détermine dans un mouvement direct en avant. Le cavalier fait exécuter au cheval quelques mètres au pas en veillant à ce qu'il marche droit devant lui à une allure franche et bien égale. Dans le cas où le cheval précipite sa marche et essaie de prendre le trot, le cavalier cesse l'ac- tion des jambes et augmente l'action des rênes. Si le cheval vient à ralentir l'allure et à s'ar- rêter, le cavalier ferme les jambes le plus possible en arrière des sangles et rend la main, tout en sentant l'appui du mors, car jamais il ne doit 92 vlANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION perdre le contact avec la bouche de sa monture. Si le cheval jette ses épaules à droite, il le ramène sur la ligne droite en ouvrant la rêne gauche et tenant la jambe droite près; et, si le che- val fait dévier ses hanches à droite, il ferme la jambe à droite et sent la rêne gauche. Dans le cas où le cheval jette ses épaules ou ses hanches à gauche, il emploie les moyens in- verses. Il peut encore arriver que le cheval porte la tête trop haute et que la tête se renverse. Cette position de la tète et de l'encolure est défectueuse, parce qu'elle fait refluer le poids de ces parties sur Tarrière-main ; le cavalier la cor- rige en cessant l'effet du mors de bride trop sévère et trop puissant pour lui substituer l'action du mors de filet plus doux et sur lequel le cheval prend de suite un point d'appui, surtout s'il y est solUcité par les jambes. Le défaut de position contraire consiste dans un allongement de la tête et de l'encolure qui se braquent sur le mors. Il est aussi mauvais, car il charge trop les épaules et l'avant-main. Il faut élever les poignets et déplacer le poids de l'avant- main sur l'arrière-main, de manière à obtenir du cheval une élévation d'encolure et de tête suffi- sante pour communiquer aux mouvements de DU PAS W l'avant-main toute leur légèreté et leur souplesse. En un mot, il faut équilibrer le cheval dans la marche au pas, car si l'animal à l'état de liberté est dans un parfait équilibre, il ne l'est pas natu- rellement en vue du poids d'un homme et c'est rœuvre du cavalier qui doit accomplir cette trans- formation. Il est nécessaire de confirmer le cheval dans cette marche au pas sur la ligne droite et de ne l'arrêter que lorsqu'il a parcouru une distance de quelques mètres sans hésitation. 4*' ARRÊTER Pour arrêter le cheval, le cavalier pèse sur son assiette en diminuant la pression des jambes et en augmentant progressivement la tension des rênes dont l'action doit primer l'effet des jambes qui doivent néanmoins agir assez, pour régulari- ser le mouvement de la masse en l'empêchant de reculer et de se porter à droite ou à gauche. Le cavalier porte un peu le haut du corps en arrière et dès que le chevel a obéi, il se relâche, rend la main et prend la position normale. Si le cheval, soit par ardeur, soit par igno- rance, résiste à ce premier moyen le cavalier U MANUEL PRATIQUE D'ÉQUÏTATlON scie du bridon en tirant successsivement sur cha- que rêne et proportionne ce moyen à la sensibi- lité du cheval. Pendant les premiers exercices, il ne se montre pas trop exigeant pour l'exécution de ce mouve- ment et ce n'est que peu à peu qu'il parvient à obtenir que le cheval s'arrête droit et ne se tra- verse pas. Chaque fois que le cheval s'arrête, le cavalier le caresse. L'arrêt formé avec soin dénote chez l'animal une entière soumission, une bouche fine et des hanches solides. Il faut surtout éviter par une traction trop vive sur les rênes, de l'acculer et de le mettre sur les jarrets. Souvent l'animal s'arrête avec difficulté, parce qu'il souffre du rein et qu'il ne peut supporter la commotion produite sur cette partie par un arrêt subit et brusque. Le cavalier prend les précautions les plus mi- nutieuses pour diminuer petit à petit l'allure du pas et l'éteindre jusqu'à l'immobilité ou arrêt, afin que le cheval n'en ressente pas les doulou- reuses réactions ; puis il fait répéter souvent les départs et les arrêts, qui préparent le cheval aux DU PAS 95 mouvements suivants, tels que le tourner à droite ou à gauche et le reculer. 5» DU PAS ALLONGÉ ET DU PAS RALENTI Le pas peut être réglé par le cavalier au degré qu'il juge convenable. Il passe du pas ordinaire au pas allongé, dont le mécanisme lui est révélé parle balancement de l'encolure de sa monture et inversement il ralentit cette allure et oblige le cheval à marcher à pas comptés, droit, en sen- tant pour ainsi dire le lever et le poser de chaque membre antérieur. De cette façon, il soumet sa monture aux diffé- rentes vitesses de pas allongé et de pas raccourci qui sont les corollaires indispensablas du pas ordinaire. Le pas allongé donne aux mouvements de l'épaule plus d'extension et oblige l'encolure à se détendre et à s'allonger afin d'entraîner en avant le poids de l'arrière-main et de décharger cette j, signalement exact du cheval engagé, son âge ei son origine ; les autres fois, on se borne à inscrire le nom du cheval, même s'il n'était pas parti dans la première course où il était engagé. L'entrée est de 100, 150 et 200 francs et s'élève à 1,000 francs; elle s'ajoute au montant du prix 252 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION et en augmente considérablement la valeur ; elle est payée au moment de l'engagement et aucun cheval ne peut courir, si ce versement n'a été fait. Lorsque le propriétaire veut retirer son cheval de la course et annuler son engagement, il paie une somme dite forfait qui s'ajoute également au montant du prix. Afin de donner à des chevaux d'âges différents les mêmes chances égales de gagner et de faire disparaître les conditions d'infériorité des plus jeunes, vis-à-vis des plus âgés dont la constitution est formée, on a fixé un poids réglementaire qui permet d'admettre dans la même course des che- vaux de trois, quatre et cinq ans. « Pendant les mois d'avril et de mai, pour des distances de 2,000 à 2,500 mètres, les chevaux de trois ans portent 51 kilogrammes ; ceux de quatre ans, 62 kilogrammes ; cinq ans 65 kilogrammes; six ans et au-dessus, 66 kilogrammes et demi. Au mois de juin commence une progression as- cendante pour les poulains de trois ans, et décrois- sante pour les vieux che\ aux, parce qu'ils ten- dent à se rapprocher progressivement. A cette époque les poulains de trois ans, pour la môme distance, portent 52 kilogrammes ; ceux de quatre restent à leur poids do 62 kilogrammes; ceux de DES COURSES 253 cinq ans, 64 kilogrammes et demi; ceux de six ans et au-dessus, 66 kilogrammes. La même pro- gression continue dans la même proportion en juillet... « Une gradation égale est observée quand les distances augmentent, c'est-à-dire que les deux extrêmes, les jeunes et les vieux chevaux, obtien- nent les premiers un avantage proportionné à l'étendue de la distance, tandis que les seconds, au contraire, subissent une légère aggravation dans la différence de poids qui leur est imposée pour établir une juste parité entre eux... « La répartition des poids entre les mêmes che- vaux pour des distances de 3,000 à 3,500 mètres est établie ainsi qu'il suit: Pour le mois d'avril et le mois de mai, trois ans, 50 kilogrammes et demi ; quatre ans, 62 kilogrammes; cinq ans, 66 kilo- grammes ; six ans et au-dessus, 67 kilogrammes. Au mois de juin trois ans, 51 kilogrammes et demi; quatre ans, 62 kilogrammes; cinq ans, 65 kilogrammes et demi; six ans et au-dessus, 67, etc. On trouve la même gradation dans les modifications qu'impose une épreuvepluslongue. » (N. Person, Dictionnaire du sport français.) Cette juste pondération établie entre les chevaux d'âges différents dans les courses régulières, dis- paraît dans les courses dites handicaps, qui ont II 254 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION pour but d'empêcher le meilleur cheval de gagner et de favoriser à son détriment le moins bon. Dans les courses régulières, on se propose de faire gagner le cheval qui est doué des qualités intrinsèques les plus parfaites et de le mettre dans les conditions les plus favorables pour arriver à ce but. Le poids moyen de jockeys varie entre 50 et 53 kilogrammes; lorsqu'ils montent des chevaiix devant porter une surcharge, on leur met dans les poches du tapis de la selle, des plaques de plomb, et si ce poids est insuffisant, on leur donne une ceinture remplie de plomb de chasse qu'ils fixent autour de la ceinture. Avant d'entamer la course, chaque jockey doit se faire peser, sous peine de payer une amende de 50 francs. Il porte la selle, le tapis et tout ce que doit porter le cheval; son entraîneur et son propriétaire l'accompagnent. Après la course, la même opération est renou- velée, afin de s'assurer si le jockey pèse le même poids qu'avant, avec une tolérance d'un kilo- gramme de moins. Si par hasard le jockey dépasse le poids fixé pour le cheval, le propriétaire doit en faire la dé- claration. Toutes ces formalités doivent être rigoureuse- DES COURSîES 155 ment remplies avant et après la course, sans cela le cheval est disqualifié. C'est après le retour au pesage que le juge pro- clame le vainqueur en disant : « Cest bien ». 3» DU CHEVAL DE PUR SANG Le cheval de pur sang est exclusivement le seul employé sur les hippodromes, surtout sur le ter- rain plat; le demi-sang court les haies et les steeple-chases. Sont qualifiés chevaux de pur sang ceux qui sont inscrits au studbook et tous ceux issus de juments et d'étalons qui y figurent. Tous les autres sont désignés communément comme bêtes de demi-sang ou près du sang. Les trois chevaux orientaux suivants, du duc de Byerley, de Darley et Godolphin ont engendré les meilleures races de pur sang anglais et leurs noms sont mêlés à un grand nombre des pre- miers chevaux de pur sang. Le cheval de pur sang donne de bons chevaux de route et de chasse et peut fournir des carros- siers légers. La forme extérieure du cheval de course a une grande importance. 156 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION Sa taille moyenne varie de 1°',53, à 1°*,58. Sa tête doit être légère et mince au bout des lèvres, afin de ne pas alourdir sa masse. Les oreilles sont droites et fines; les yeux vifs et à fleur de tête; les narines larges de manière à être suffisamment dilatées, surtout dans une course allongée. L'encolure doit être longue et peu chargée. Le garrot doit être bien sorti ; la poitrine bien développée, large et profonde, afin que les pou- mons y soient à l'aise et fournissent assez d'air. Le poitrail ne doit pas être trop large, pour faci- liter l'action des jambes de devant. La ligne entre la pointe de l'ilion et la hanche doit être longue. L'avant-main doit remplir les conditions sui- vantes : DES COURSES iôl L'épaule doit avoir une direction oblique et être très musculeuse. L'avant-bras et le bras doivent être longs et être revêtus de muscles fermes ; les genoux larges, les jambes plates découvrant le ligament suspenseur libre, les paturons longs, les pieds ni trop grands ni trop petits et bien ou- verts. L'arrière-main étant le principal agent de la locomotion, exige un fort volume de muscles. La longueur de bras de levier sur lequel le muscle agit doit être grande. L'os de la hanche doit être large, le jarret doit être osseux et exempt de tares. Les os sous le jarret sont plats, les ligaments et tendons bien développés, les articulations bien formées, les paturons d'une longueur moyenne, et les pieds sains. Toutes les parties du corps du cheval doivent avoir des proportions en harmonie ; il est néces- saire que l'avant-main et l'arrière-main soient établis de manière à se prêter un mutuel et effi- cace appui. La robe du cheval de pur sang est générale- ment le bai, le bai brun ou l'alezan. Le gris et le noir sont rares. La peau fine laisse voir les veines gonflées par le sang généreux qui y circule, et n'engorge pas 258 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION par cette circulation extérieure les poumons et les vaisseaux du cœur. Le poil est fin. La crinière et la queue sont peu fournies et les crins en sont soyeux. 4* SON ENTRAÎNEMENT. Le poulain qui est destiné à courir sur les hip- podromes nécessite un entraînement préalable et des soins minutieux. Il faut s'occuper d'abord du choix d'un terrain, favorable à ce genre d'exercices. Le sol doit être meuble et uni; une prairie qui n'est ni maréca- geuse, ni dure, une allée légèrement sablonneuse sont d'un bon usage. Lorsque la gelée durcit le sol, on sème une couche de tan qui forme le tapis le plus moelleux que puisse fouler un cheval. Avant de commencer l'entraînement, on doit examiner sérieusement chaque sujet, afin de se rendre compte de sa force, de sa constitution et de sa puissance de travail, sans négliger sa gé- néalogie, car certaines familles supportent plus ou moins ces fatigues. Le cheval doit être bien en chair, avoir une santé robuste, être doué d'un souffle puissant pour parcourir sa distance sans être hors d'ha- DES COURSES 25» leine et n'avoir aucun membre malade et taré. En six mois un cheval de trois ans, déjà dé- bourré, peut être entraîné. Il subit plusieurs pré- parations et arrive progressivement à être mis complètement en forme pour le jour de la lutte. Pendant la première partie, on lui enlève la graisse qui le gêne, on affermit ses artiul cation s. Deux ou trois fois, on lui administre quelques boules purgatives, afin de débarrasser ses intes- tins et de lui permettre de manger l'avoine avec appétit. On le selle, le guêtre, on le monte dans sa stalle pour qu'il soit calme, et on le promène au pas pendant deux ou trois heures, sur une ligne cir- culaire, en ayant soin de lui faire exécuter quelques temps de galop, demanière qu'il ne s'en- dorme pas let conserve toute facilité de locomo- tion. C'est au bout de quinze jours seulement qu'on donne la première suée. On couvre le cheval d'une vieille couverture ; on en superpose une autre plus ample, et l'on place la selle par-dessus. Le cheval ainsi harnaché est conduit sur le ter- rain, marche une demi-heure au pas pour se vider, et parcourt six kilomètres au galop. Il ga- lope pendant quatre kilomètres à un train régu- lier et finit sa distance à une plus grande vitesse. 260 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION L'entraîneur s*assure que la suée a réussi et fait ramener le cheval à récurie où sa peau est raclée par le couteau de chaleur et où ses yeux et ses oreilles sont rafraîchis avec de Teau. Pendant les premières suées, la sueur est abon- dante et mousseuse ; indice certain que le cheval est encore trop chargé de matières graisseuses. Plus tard, elle est limpide et claire comme de l'eau. Le cheval est séché, revêtu de ses couver- tures et conduit de nouveau au dehors, afin qu'il ne se refroidisse pas par l'immobilité à Técurie. Les suées sont données une fois par semaine, pendant cette période ; on peut se dispenser de couvrir le cheval, mais alors le temps de galop est plus prolongé et plus sévère. Après le travail, le cheval va à Teau, puis mange vers onze heures, enfermé à clef dans son box jusqu'à l'heure du nouveau repas (vers quatre heures), après lequel il est sellé et promené une heure. On le rentre à l'écurie, on le fait boire, lui distribue de l'avoine dans la mangeoire et du foin dans le râtelier, et on le laisse se reposer à l'écu- rie jusqu'au lendemain matin. Ces heures sont le plus habituellement choi- sies pour les repas et le travail, et sont le mieux appropriées aux habitudes et au tempérament du cheval. DES COURSES 261 Au bout de deux mois, les muscles se durcis- sent, la graisse fond, et le cheval est initié à ce mode de dressage. On augmente son avoine de deux litres et on lui fait subir des suées tous les dix jours, en ayant soin à la fin du parcours de le pousser à fond de train, à l'aide de l'éperon, s'il est mou. Il faut de minutieuses précautions pour admi- nistrer sagement les suées, et les hommes d'écu- rie qui montent les chevaux doivent régler l'allure avec soin. On peut alors, entamer les exercices au galop, en examinant dans quelles conditions le cheval a exécuté le travail précédent et en les propor- tionnant à son état de vigueur. Les galops ont pour but de consolider la puissance musculaire du cheval et de lui apprendre à tirer parti le plus avantageusement possible de ses moyens. Pour conduire les galops, on place un cheval fait en tête qui règle le degré de vitesse de l'allure et que tous les chevaux suivent en file. Ce cheval doit être calme, avoir bon caractère ; c'est généralement un cheval qui a couru sur les hippodromes. Pendant la préparation finale, le cheval est mu- selé, afin qu'il ne mange pas toute sa litière et ne perde pas le fruit des suées et des galops anté- 15. 262 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION rieurs, qui l'a rendu léger et dispos. Les suées, résultat de galops rapides, continuent et achèvent de faire tomber la chair superflue. On l'exerce à de fréquents galops et on Taccou- tume ainsi à s'étendre et à marcher avec fran- chise, et à acquérir la force de faire son parcours réglementaire, en évitant de le surmener et d'exciter son irritabilité par des exercices trop prolongés et trop sévères. Le cheval doit être maintenu en dedans de ses moyens et ne doit parcourir la distance entière que deux à trois fois par semaine, suivant sa force. Le lendemain de la suée, on travaillera au pas. A la fin du galop, on permet aux derniers che- vaux de la file d'arriver à hauteur du cheval de tête et même de le dépasser. Il y a un moment où le cheval atteint son maxi- mum de forme et ne peut être mis dans des con- ditions plus favorables pour le jour de l'épreuve. Quelques heures de travail ou quelques suées de plus pourraient compromettre les résultats ac- quis ; on s'en aperçoit à l'air triste et morne que prend le cheval dans son box ; il faut alors le reprendre et recommencer les exercices d'entraî- nement. Avant de le mener sur l'hippodrome, on lui fait subir une épreuve en le mettant en lice avec DES COURSES 263 un cheval qui a récemment couru et est encore dans sa forme, et on juge si son état est satisfai- sant, en comparant leur tenue. La dernière semaine, cinq jours avant la course, l'entraîneur fait donner une suée, surtout si le cheval a des tendances à engraisser, et, chaque jour, il donne de bons galops, jusqu'à la veille où il se contente d'un galop modéré, pour fournir de la puissance aux voies respiratoires. Pendant cette préparation, on distribue au che • val huit à dix kilogrammes d'avoine, du foin et des fèves, pour exciter son appétit. On supprime la paille. L'entraîneur peut calculer avec certitude ce qu'il pourra obtenir de son cheval le jour de la course; il connaît ses moyens, son caractère, quel genre de course lui convient, et il donne au jockey ses instructions en conséquence. L'habileté de l'entraîneur consiste à savoir le moment précis où son élève peut paraître en public et s'y comporter d'une manière honorable avec les plus grandes chances de succès. 5» COURSES PLATES Les courses plates sont les plus difficiles à cou- rir et exigent chez les amateurs et jockeys qui y J64 MANUEL PRATIQUE D'ÈQUITATION prennent part une assiette ferme, des bras vigou- reux et un profond sentiment de l'allure. Le jockey est placé en selle d'une façon particulière, avec les étriers courts, bien chaussés, la cuisse horizontale et les poignets bas, pour avoir plus de force, le corps penché en avant tout en restant assis pour décharger l'arrière-main. Lorsque le starter a abaissé le drapeau, les cnevaux rangés sur une seule ligne à la même hauteur, s'élancent et prennent leurs places; ils serrent la corde le plus près qu'ils peuvent et sont espacés entre eux à de petits intervalles, les uns en tète, les autres en queue; après le dernier tournant, parvenus à la ligne droite qui mène au poteau d'arrivée, ils se groupent en peloton com- pact, les meilleurs se détachent, et le premier qui dépasse ses adversaires de quelques longueurs est proclamé vainqueur. Le reste du peloton arrive dans un ordre quelconque, à peu de dis- tance. DES COURSES 565 Au départ, le jockey doit écouter les conseils de son entraîneur et s'y conformer scrupuleu- sement. Il ne perd pas de vue le starter afin de partir au moment où le drapeau est abaissé et d'oc- cuper immédiatement sa place, qu'il ne doit quitter en passant en dedans ou en dehors, que lorsqu'il le jugera opportun, pour sortir du groupe et se placer en tête. Il se glisse dans le peloton de manière à prendre la place laissée vide par les autres, qui se sont dérangés à droite ou à gauche, ou qui ne peuvent plus suivre, et roule son cheval en usant au besoin de l'éperon et de la cravache. Souvent, à une centaine de mètres du poteau d'arrivée, ses adversaires luttent avec un acharnement désespéré et épuisent vainement leurs montures. Il sent alors la bouche de son cheval, le rassemble et lui communique un su- 266 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION prôme et dernier élan qui assure la victoire d'une longueur de tête. Pendant toute la course, le jockey a soin de tou- jours tenir la tête de son cheval et de le porter pour ainsi dire dans les jambes, en la maintenant dans la ligne droite, afin de l'empêcher de se dé- rober pendant le parcours et à l'arrivée. Les jockeys de profession sont trop expéri- mentés et connaissent trop bien les qualités et les défauts de leurs chevaux, la nature de la piste et ses points faibles pour n'en pas tenir compte dans leur manière de monter le jour de la course et en tirer le meilleur parti possible. Il n' en est pas de même du gentleman-rider qui se présente en pu- blic; les premières fois, il est agité et son émo- tion, fort légitime, le prive de ses moyens et lui enlève le calme et le sang-froid nécessaires à ce genre d'exercices. Il doit prendre connaissance des règlements qui régissent l'hippodrome où il paraît, avoir le poids qui lui est prescrit et étudier le terrain qu'il est appelé à parcourir, afin de ne pas se diriger sur une fausse piste. Quelques renseignements sur le nombre et la valeur des concurrents présents lui seront d'une grande utilité et l'aideront à mener son train régulière- ment, en évitant certaines fautes désastreuses. Le gentleman-rider est obligé de suivre une DES COURSES 267 progression méthodique pour arriver à monter en courses. Il fait ses débuts en province et sur les hippodromes suburbains, où il a pour adver- saires des cavaliers de sa force, avec lesquels il peut lutter avantageusement. Plus tard, lorsqu'il devient habile et a longtemps parcouru avec des succès même mêlés de revers les pistes de second ordre, il peut, sans inconvénient, affronter le champ de courses d'Auteuil et y faire bonne figure. Le règlement de la Société d'encouragement pour les courses, qui diffère du code des courses édicté le prescriptions suivantes, dont nous déta- chons les articles les plus essentiels : Art. 12. — Tous les prix donnés sur les fonds de la Société, sont exclusivement réservés aux chevaux français de pur sang. Art. 15. — Tout propriétaire engageant un cheval pour la première fois, doit déclarer ses couleurs, qui ne peuvent plus être changées sans un nouvel avis. Les jockeys qui se présenteraient avec des couleurs différentes, paieraient une amende de vingt francs. Art. 22. — Ne sont admis à monter dans les. courses de gentlemen que les membres du Jockey- Club, de l'Ancien Cercle, du Cercle agricole, du 268 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION Cercle dos Chemins de fer, du Cercle national, du Cercle de la rue Royale, du Cercle de l'Union, du Spoi ting, du Cercle de l'Union artistique, les officiers de l'armée française, et les personnes admises sur leur demande et après ballotage, par le Comité des courses. La demande devra être adressée aux Commisr- saires de la Société. Art. 24 — Aucune course publique ne peut avoir lieu sur les terrains de la Société qu'avec l'autorisation du comité, ou, en cas d'urgence celle des commissaires. Art. 25. — Il est pourvu aux dépenses ordi- naires d'entretien de la pelouse et des allées de Chantilly au moyen de ressources spéciales créées ci-après. Art 30. — Les personnes voulant essayer des chevaux sur la piste, doivent en prévenir le garde du terrain, qui autorise l'essai si l'état de la pe- louse le permet, ouvre les chaînes, et perçoit une somme de vingt francs pour chaque essai de quatre chevaux au plus, et de quarante francs, s'il y a plus de quatre chevaux. Art 33. -- Si un jockey, engagé pour un cer- tain temps, ou pour une certaine course, refuse d'exécuter son engagement, les commissaires peuvent le mettre à une amende de cent à cinq DES COURSES 26^ cents francs, et lui interdire de monter pendant le temps qu'ils jugent convenable. Art. 34. — Si un jockey monte pour une autre personne sans la permission de son maître, les commissaires des courses peuvent lui appliquer l'amende et l'interdiction ci- dessus, et le proprié- taire, qui l'a employé ainsi, est, en outre, passible d'une amende de cent à mille francs. Il existe encore un règlement relatif aux courses au trot et à celles réservées aux chevaux de demi-sang. Ces courses sont si rarement orga- nisées qu'il n'y a pas souvent lieu de les ap- pliquer. 6* COURSES DE HAIES Les courses de haies diffèrent peu de celle que nous avons décrite ci-dessus; elles ont généralement lieu sur les hippodromes de courses plates. Elles se courent dans le même train que les courses plates, et les chevaux franchissent les haies sans marquer de ralentissement dans l'al- lure; il faut les soutenir avec soin afin qu'ils ne broussent pas dans les haies. Les jockeys doi- 270 MANUEL PRATiQUE D'EQUITATION vent éviter de se bousculer en sautant et choisir le point où ils doivent aborder l'obstacle, en se plaçant à la dernière haie dans le groupe de tête et en finissant par une arrivée aussi vive qu'en course plate. On choisit pour ces sortes d'exercices des che- vaux qui n'ont pas assez de vitesse pour les courses plates, et on les entraîne comme ces der- niers. Il vaut mieux que le cheval rampe en quelque sorte sur la haie et la rase plutôt que de s'élever par un bond en hauteur qui lui fait perdre sa dis- tance. Les haies ne sont pas des obstacles assez im- portants pour ralentir le train d'une manière sen- sible; elles cèdent sous la pression des jambes du cheval. Ces courses sont les plus faciles à parcourir. Les courses de haies sont celles qui nécessitent le moins de pratique chez le jockey et le gen- tleman-rider ; elles sont moins difficiles et moins dangereuses que les courses en plat et les steeple. DES COURSES 27i 7* STEEPLE-CHASE8 Les steeple-chases sont des courses dans les- quelles les chevaux sautent des murs en pierre sèche, des rivières, des haies, etc. Elles se font à un train moins rapide que celles de haies et les plates. Les chevaux y déploient de plus grands efforts et arrivent au poteau en petit nombre, à cause des chutes occasionnées par la hauteur et la lar- geur des obstacles. Ils doivent avoir une bonne taille, un excellent caractère, des moyens puissants, du sang et de la franchise à aborder les obstacles. Le cheval que l'on entraîne à ce genre de courses est exercé pendant deux heures, au pas, le matin, et deux heures le soir, et tous les deux jours on le met à un temps de galop sur un par- cours de trois mille mètres, puis on lui admi- nistre deux à trois suées suivies d'une purgation. Au bout de deux mois, on le prépare sur les obstacles à travers champs et on porte le par- cours à quatre mille mètres. Tous les dix jours on donne des suées en fai- sant parcourir sept à huit mille mètres, et quel- 272 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION ques jours avant l'épreuve, cette distance, réduite à trois mille mètres, est faite dans un train mo- déré. L'avant-veille de la course, le parcours sera d8 trois mille mètres, et îa dernière partie sera vwe et soutenue. Lorsque le starter a abaissé son drapeau, les chevaux partent et se placent en peloton. Lors- qu'ils arrivent sur l'obstacle, les jockeys ou les gpntlemen-riders les dirigent bien droit dessus et allongent un peu les rênes pour ne pas être projetés en avant et se les voir arracher des mains par le mouvement brusque de l'encolure, les reprennent en portant le corps en arrière au moment où ils arrivent à terre et font repartir vite leurs chevaux. Lorsque les chevaux, pour DES COURSES 273 mieux mesurer leur élan, marquent un ralentis- sement près de l'obstacle, leurs cavaliers les actionnent des jambes et soutiennent davantage la tête. Il est nécessaire de bien choisir sa place pour sauter, afin de ne point bousculer ses concur- rents, de ne pas se laisser prendre d'écharpe par ceux qui sautent de travers et d'éviter de se heur- ter à ceux qui sont tombés. Lorsque quelques chevaux se dérobent, il faut diriger le cheval en sens opposé et l'empêcher de tirer au large et de les suivre. La première place, pendant toute la durée du parcours, est la plus avantageuse ; elle permet de sauter avec calme, sans être dérangé par les au- tres chevaux et d'apercevoir nettement l'obstacle. Le seul accident à redouter serait une chute qui ferait passer sur le cavalier gisant à terre le pelo- ton des chevaux venant derrière lui. Le cheval qui arrive au dernier obstacle sans avoir fait une faute est fatigué et réclame un appui plus éner- gique; s'il est seul, il arrive à un galop modéré; si d'autres adversaires sont à sa hauteur, il finit dans un rush rapide. Les steeple- chases sont attristés par de nom- breux et graves accidents qui proviennent sou- vent de la faute des cavaliers, qui montent sans 274 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION avoir acquis l'expérience nécessaire pour abor- der ce périlleux hippodrome hérissé d'obstacles difficiles. On y emploie trop souvent des chevaux usés prématurément, et qui n'ont plus assez d'é- nergie et les membres assez solides pour sau- ter des haies, des rivières, des murs et des ban- quettes ayant d'aussi grandes dimensions. Ils arrivent épuisés contre l'obstacle et sont impuis- sants à le franchir. Ils butent et entraînent dans leur chute inévitable leur cavalier qui est atteint par les pieds des concurrents et reçoit de graves blessures. En France, la Société de steeple-chases a régle- menté ce genre d'épreuves, qui fit son apparition chez nous en 1832, à la Groix-de-Berny. Les principaux hippodromes sont : Auteuil , La Marche, le Vésinet , Saint-Ouên, Dieppe , Porche- fontaine et Spa, en Belgique. Tous les obstacles sont artificiels et placés sur des pistes plates, et le parcours est tracé en forme de serpentine afin d'augmenter les difficul- tés. Il est difficile de faire traverser à des steeple- chases des terrains de culture accidentés; le morcellement de la propriété s'y oppose. Celui de Bade, en Allemagne, est un des mieux aménagés par la série et la variété d'obstaclses naturels qu'il présente. En France, les réunions d' Auteuil DES COURSES 2 51 sont les plus sérieuses et les plus suivies, celles où les meilleurs sauteurs français et anglais viennent se mesurer et montrer leurs remarqua- bles performances. CHAPITRE XXIII Dressage du Cheval à la voiture. Voitures et harnais. — Manière de garnir et d'atteler. — Dressage au harnais. — L'art de mener un seul cheval et une paire de chevaux. 1" VOITURES ET HARNAIS Le cheval est plus souvent destiné à être attelé seul ou à deux qu'à porter un cavalier. De nos jours, où les voies de communication sont macadamisées et praticables, on fait usage de voitures de tous genres. Les principales voi- tures de luxe à deux roues sont le dog-cart, le cabriolet; celles à quatre roues sont le landau, la Victoria, le coupé, le phaéton, le vis-à-vis et quel- ques autres. Les premières s'attellent à un seul cheval, les secondes reçoivent généralement deux chevaux. Les harnais se construisent de diverses façons, suivant le but que l'on se propose. Nous donnerons ici la description du harnais de phaéton, le plus simple et le plus usité. DU CHEVAL A LA VOITURE 217 Le cheval tire la voiture au moyen d'un collier de forme ovale, rembourré pour porter sur les épaules ou au moyen d'une bricole, courroie large qui passe sur le poitrail. Le collier est en- touré de deux cercles de fer appelés attelles, qui se bouclent au-dessus et au-dessous par des courroies. Chaque attelle possède à son sommet un anneau où passent les rênes de bride, et un peu plus bas un autre où le trait est fixé. Le trait se compose d'une courroie large, atta- chée d'une part à Fattelîe, de l'autre à la volée. Sur le c] levai repose la sellette ou mantelet, gar- nie de deux anneaux pour le passage des rênes et d'un crochet d'enrênage placé en haut et au milieu. Cette sellette est maintenue sur le cheval parla croupière et la sous-ventrlère, et reçoit une courroie appelée dossière, fixée de chaque côté à une boucle et à un anneau appelé le grand bou- cleteau, soutenant le brancard. Ce harnachement est complété par l'avaloire qui passe sur la croupe et se fixe aux brancards. La bride comprend les deux montants et les œillères, un frontal, une muserolle, une têtière, une sous-gorge. Le mors est bouclé aux mon- tants. Les guides sont deux bandes de cuir lon- gues et étroites, attachées aux anneaux porte- rênes du mors. On se sert de doubles rênes 46 «8 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION lorsque le cheval est nerveux et difficile à ma- nier; une paire de rênes est fixée à hauteur du canon, l'autre plus bas sur la branche. Le harnais pour atteler à deux diffère de celui que nous venons de décrire par les accessoires suivants. Les cuirs sont plus légers ; la sellette n'ayant pas à supporter de brancard est plus légère. Les parties inférieures des attelles sont réunies par un anneau métallique ovale qui reçoit un autre anneau auquel on boucle le timon et qui sert à faire reculer la voiture. La courroie porte- trait soutient les boucles des traits. Au bout des traits se trouve un anneau qui entoure le boulon de volée. Le plus souvent l'avaloire est remplacé par la barre de fesse qui supporte les traits. Une rêne s'attache à la partie extérieure du mors, une autre (entre-deux) est fixée par une boucle à la rêne du dedans de façon à pouvoir être allongée ou raccourcie à volonté. Ces entre- deux se bouclent au côté intérieur du mors du cheval voisin ; de cette façon la rêne de dehors et son entre-deux agissent sur les dehors du mors de chaque cheval et les rênes de dedans agissent sur le dedans des mors. Les rênes se croisent après leur passage dans les crochets de sellette et d'attelle. DU CHEVAL A LA VOITURE 219 Les manches de fouet sont plus ou moins légers et longs, suivant la nature de l'attelage. 2* MANIÈRE DE GARNIR ET d'atteler. On détache le cheval et on le fait retourner dans sa stalle, la croupe dirigée du côté de la mangeoire. On passe le collier tourné sens dessus dessous, afin de ne pas blesser les yeux et les ganaches avec la partie étroite et dès qu'il est à hauteur de la nuque, on le replace dans sa position normale et on le fait glisser sur l'encolure pour l'appliquer contre les épaules. On place les attelles et on les boucle. On approche doucement du cheval et on met sur son dos la sellette sans brusquerie ; on lève la queue et on passe la crou- pière dessous en ayant soin de ne laisser aucun crin entre le culeron et la peau ; puis on attire la sellette vers le garrot en tendant légèrement la croupière et on boucle la sous-ventrière sans à coup. La bride est mise à la tête du cheval. Pour atteler le cheval au brancard, on les sou- lève et on fait reculer le cheval; lorsqu'il est bien placé on abaisse les brancards et on les glisse par-dessus ou par dessous les boucleteaux; on 280 MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATION fixe les traits à la volée, Tavaloire aux brancards et on serre la fausse sous-ventrière. Lorsqu'on attelle à deux, on place le cheval parallèlement et à hauteur du timon, on fixe la chaînette à l'anneau placé en bas de l'attelle, et on attache les traits à la volée ; on boucle chaque croisière au mors du cheval voisin et on fixe les guides aux entre-deux. Pour dételer on commence par où on a fini en attelant. S" DRESSAGE AU HARNAIS On ne peut dresser convenablement un cheval à la voiture, que s'il a été préalablement monté en selle et connaît les effets des rênes. On l'habitue d'abord au harnachement, en les lui laissant sur le dos pendant deux heures chaque jour et en le promenant en main. Lorsqu'il supporte ave aisance et sans mani- fester la moindre impatience, la sellette et la croupière, on l'attelé à un break avec un autre cheval tout dressé ; le timon et la volée du break sont surmontés d'une planche afin que le jeune cheval ne saute pas par-dessus et ne se blesse pas. On l'exerce chaque jour pendant une heure DU CHEVAL A LA VOITURE 231 au pas, puis au trot. Lorsqu'il se montre docile et calme, on Tattelle seul à un dog-cart ou à un phaéton. S'il a des tendances à ruer. On le contient avec une plate-longe attachée au brancard. 4» l'art de mener un seul cheval et une paire de chevaux Pour mener un seul cheval, il est nécessaire d'avoir une bonne main et de l'a propos. On fait passer la rêne intérieure sur l'index et celle du dehors entre l'index et le médius, le bout traverse )a, main et tombe sur les genoux. On n'enrêne plus le cheval de voiture, lorsqu'il est seul, afin de ne pas lui faire porter la tète trop haut et de ne pas le gêner dans ses mouvements. De cette façon, sll bute, il peut se relever facilement et se remet- tre sur ses pieds. Le cheval au trot peut s'appuyer sur le mors et embrasser un large espace de terrain. L'enrênement donne du brillant et du tride à ses mouvements mais leur ôte de l'exten- sion en longueur. Les rênes ne doivent être ni trop tendues, ni flottantes ; le cheval goûte son mors et cède à la traction des rênes; en ouvrant la rêne droite, il tourne à droite et en ouvrant la rêne gauche il 16. DU CHEVAL A LA VOITURE 283 tourne à gauche. On doit toujours prendre sa droite, quand on rencontre une voiture et passer à une distance assez grande pour ne pas heurter roues contre roues. On passe au pas pour gravir les montées et on relâche les rênes ; en descendant on raccourcit les rênes, on penche le corps en arrière sur le siège de manière à avoir plus de force pour tenir le cheval, sll commet une faute. « Pour mener une paire de chevaux, le grand art consiste à les mettre ensemble -de façon à ce que l'un ne tire pas moins que l'autre et à les faire marcher en cadence. Pour bien faire, il faut que les chevaux aient même action et même carac- tère; il vaut mieux deux fainéants qu'un cheval bien franc avec un fainéant, parce que dans ce dernier cas, les coups de fouet donnés au lambin ne font qu'augmenter l'ardeur du bon cheval et il devient impossible de les faire tirer également. Dans quelques cas où deux chevaux se trouvent parfaitement appareillés, les rênes d'assemblage (entre-deux ou croisières) doivent être de même longueur, mais cela n'arrive guère, et quand les deux chevaux ne prennent pas autant de peine l'un que l'autre, l'on doit relever la croisière du cheval le plus franc et rabaisser celle du plus paresseux. Pour surveiller le travail des chevaux, 284 MANUEL PRATIQUE D'ÈQUITATION on doit toujours se guider sur les chaînettes : st elles sont lâches et si le bout du timon ne vacille pas, qu'aucun des chevaux ne le pousse, le con- ducteur peut être assuré que chacun des chevaux fait sa part d'ouvrage; si, cependant l'un des animaux pousse le timon, c'est un coquin qui fait faire à son camarade plus que sa portion, en maintenant le timon par la pression de son épaule plutôt qu'en tirant sur les traits. Si encore un des chevaux s'écarte du timon et raidit la chaînette, il fait plus de travail qu'il ne faut et il faut rac- courcir sa croisière. Quelquefois les deux chevaux poussent le timon ou tous les deux s'en écartent. Ce sont des habitudes également disgracieuses que l'on peut guérir en lâchant la croisière de chacun s'ils épaulent, en la raccourcissant, s'ils ont le défaut opposé. A Tattelage double on tient les guides de la même façon que pour un seul cheval... Pour le ménage d'une paire de chevaux, il faut se souvenir qu'il y a deux manières de parcourir une ligne courbe, l'une en tirant la rêne du dedans, l'autre en frappantle cheval extérieur. En général, il faut combiner les deux manières en graduant l'emploi du fouet selon la sensibilité de la peau du cheval. Il y a toujours lieu d'em- ployer le fouet dans l'attelage double, non pour faire tirer des chevaux dressés, mais pour les DU CHEVAL A LA VOITURE 285 faire tirer également. Il convient de changer con- tinuellement les chevaux de côté pour empêcher les mauvaises habitudes que ceux mis toujours du même côté ne manquent pas de contracter. On doit les changer de temps en temps, de façon que celui d'abord qui tirait sur la chaînette vienne ensuite, par un changement de côté, à plutôt appuyer du côté du timon». (Comte de Lagondie. Le Cheval et son cavalier.) Telles sont les principales règles pour mener un seul cheval et une paire de chevaux d'une manière rationnelle, et avoir un attelage correct et élégant et d'une conduite facile. CHAPITRE XXIV IPrincipaux Termes et Locutions employés en Éqiiitation. La science équestre emploie certains termes et locutions techniques dont il est nécessaire, à tout homme qui Tétudie, de connaître le sens. Nous donnons ici par ordre alphabétique les plus usités, d après les définitions fournies par le comte d'Aure dans son Cours d'èquitation et par Gardini dans son Dictionnaire cChippiatrique et d'êqui- iation» ;â.-coup. — Action brusque ou saccadée de la main ou des jambes du cavalier. ^ides. — Moyen employé par le cavalier pour faire comprendre au cheval ce qu'il exige de lui. Il y a accord des aides lorsque, dans tous les mouvements, les effets particuliers à chaque aide concourent à l'ensemble qu'on sollicite du cheval. Airs de manège. — Sont les divers mouvements ou figures qu'on exécute dans un manège, ainsi que la PRINCIPAUX TERxMES ET LOCUTIONS 28^ cadence qu'on imprime aux allures et aux mouvo» ments ; de là les airs bas et les airs rélevés. Airs bas. — Sont ceux où le cheval, restant dans les allures naturelles, manie près de terre. Airs relevés. — Sont ceux où l'on donne du ^ride et de l'élévation aux mouvements. Animer un cheval. — Entretenir, augmenter î'ac tion d'un cheval par les jambes et au besoin par l'éperon. Appui. — Effet de la main du cavalier sur la bouche du cheval qui établit un rapport constant entre elles. Armer (s'). — Se dit d'un cheval qui résiste aux aides et aux châtiments. Arrêt. — Cessation de mouvement de la part du cheval. Arrière-main. — Partie du cheval, formée de la croupe, des hanches, des fesses, du grasset, de& cuisses, des jarrets, des extrémités postérieures, de l'anus et de la queue. Assiette. — Manière dont le cavalier est placé sur la selle ; avoir une bonne assiette veut dire être bien posé sur la selle. Avant-main. — Partie du cheval, formée à Composition du harnachement. — Bride anglaise. — Ses différentes parties. — Montants. — Dessus de tête. — Rênes. — Mors de bride et mors de filet. — De l'effet du mors de bride suivant sa forme. — Manière de brider un cheval. — Selle. — Sa com- position. — Arçons. — Bandes. — Siège. — Pan- neaux. — Quartiers et faux quartiers. — Contre- sanglons. — Accessoires. — Étrivières et Étriers. — Manière de seller et desseller un cheval. — Emploi du harnachement pendant les premières leçons du dreissage 54 CHAPITRE VI DU MONTOIR. — POSITION DU CA.VALIBB A CBBVÀL Manière d'approcher du cheval et de se placer en selle en se servant des étriers. — Précautions à observer pour mettre pied à terre. — Tenue de» MANUEL PRATIQUE D'EQUITATION 299 rênes. — Position du cavalier à cheval. — Place- ment régulier des différentes parties du corps. — De l'emploi de l'étrier 68 CHAPITRE Vn DSS A.IDK1 WATURBLLIS — RÊNSS BT JAMBIt Définition des aides. —Aides supérieures et inférieures. — Des rênes. — Leur usage. — Tenue des rênes de filet. — Placement des rênes de bride et de filet dans les deux mains et dans la main gauche. — Eff'et des rênes de bride. — Jambes. — Leur action. — Combinaison des rênes et des jambes ou accord des aides 81 CHAPITRE VIII Mécanisme du pas. — Le rassembler. — Marcher au pas. — Moyens de conduite à observer pour obtenir un pas égal et réguher. — Équilibre du cheval par l'action simultanée des rênes et des jambes. — Arrêter. — Pas allongé et pas ralenti CHAPITRE IX DU TOUKIfBR k DROITS BT k SAUCHC Moyens employés pour tourner à droite. — Par la rêne droite. — Par la rêne gauche. — Par lajambe droite. — Par l'accord des aides.— Moyens employés pour tourner à gauche. — Par la rêne gauche. — Par la rêne droite. — Par l'accord des aides 97 300 TABLE DES MATIERES CHAPITRE X ou RBOULBB Mécanisme du reculer. — Exercice de pied ferme, le cheval non monté et muni du caveçon et de la longe. — Du reculer, le cheval étant monté. — Résistance du cheval à exécuter ce mouvement, — Moyen de la combattre. — Influence du reculer sur le dressage du cheval et sur ses membres pos- térieurs 102 CHAPITRE XI »BS MOUVEMENTS BN DBDAMS BBB PISTBS Doubler aux deux mains. — Changement de main à droite et à gauche. — Volte à main droite et à main gauche. — Demi-volte à main droite et à main gauche 106 CHAPITRE XII DU THOT Mécanisme et vitesse du trot. — Passer du pas au trot et du trot au pas. — Allonger le trot. — Du trot enlevé ou à l'anglaise. — Ralentir le trot ... 114 CHAPITRE XIII DU TRAVAIL DBS DBUX PISTBt Demi-tour par l'avant-main ou sur les hanches, à main droite et à main gauche. — Demi-tour par l'arrière-main ou sur les épaules, à main droite et MANUEL PRATIQUE D'ÉQUITATÎON 301 k main gauche. — Épaule au mur. — Pirouette ren- versée. — Épaule en dedans. — Pirouette ordinaire. 122 CHAPITRE XIV DU GALOP Mécanisme du galop, sur le pied droit et sur le pied gauche. — Galop juste et désuni. — Différentes sortes de galop. — Partir au galop, marchant au pas. — Partir au galop marchant au trot. — Chan- gements de pied. — Contre-changements de main. 130 CHAPITRE XV »■• AISS DK MàNBGB et DB LA HAUTB BCOLB Considérations générales sur le travail de haute école. — Du piaffer. — De la courbette. — De la croupade et de la ballotade. — De la cabriole. — Du passage. — Du pas espagnol 143 CHAPITRE XVI OB8 ALLVBBS D A VBOTtr BUS BB BT IRRSaULIBRBS Galop à quatre temps. — Amble. — Amble rompu. — Pas relevé. — Traquenard. — Aubin. — Chevaux qui troussent, rasent le tapis, se bercent, billardent, forgent, se coupent, harpent et ont les Jarrets va- cillants 157 CHAPITRE XVII DB8 MOTBNS DB CHATIMBM Principaux moyens e châtiments. — De la cham- brière. — De la cravache. — De l'éperon 171 a«l TABLE DES MATIÈRES CHAPITRE XVIII DBS DÉFENSES OU CHBVAL Écarts. — Pointe. — Ruade. — Reculer. — Demi* tours brusques. — Bonds. — Immobilité. — Chevaux qui s'emportent. — Chevaux qui cherchent à mordre la jambe du cavalier et le serrent contre le mur du manège 179 CHAPJTRE XIX tUXm D'OBSTàOUM Travail préparatoire du cheval au saut d'obstacles. — Sauts d'obstacles 194 CHAPITRE XX ■MPLOI DU OHBVAL AD DBBOBS Résultats obtenus par le travail du manège. — Prin- cipes généraux sur la tenue du cavalier. — Départ de l'écurie. — Traversée des rues d'une ville. — A travers champs. — Montées et descentes. — • Ac- cidents de terrain. — Chasse à courre.. •••••• 205 CHAPITRIE XXI DB h'ÛqVlTà^ ION DES OiMES Considérations générales. — Du harnachement. — De la leçon du montoir. — Position de la <*emme à cheval. — Des moyens de conduite. — Rênes. — Jambe gauche et cravache — Du pas. — Mouve- ments divers. — Du irot. — Du galop. — Change- ments de pied. — Sauts d'obstacles 223 MANUEL PRATIQUE D'ÈQUITATION CHAPITRE XXII SOS DBS OOUSSBt Historique des courses. — Règlements concernant les courses. — Du cheval de pur sang. — Son entraîne- ment. — Courses plates. — Courses de haies. -- Steeple-chases 248 CHAPITRE XXIII DKBSSAaB DO CHBVAL A LÀ VOITaRB Voitures et harnais. — Manière de garnir et d'atte- ler. — Dressage au harnais — L'art de mener un seul cheval et une paire de chevaux 276 CHAPITRE XXIV PRINCIPAUX TBRMBS BT LOCUTIONS EMPI^OIBi EN ÉQUITATIOM 286 PARIS. — IMP. E. DESFOSEÉS, 13, QUAI VOLTAIRE. — 65003. A LA MÊME LIBRAIRIE Hygiène vétérinaire appliquée, par J.-H. Magne, direc. de l'Ecole nationale vétérinaire d'Altort, membre de l'Acadéii de méiiec ne. 3«" édition, avec g"<'ndue. 1 vol. in-18 jésus illustré. 2 fr Manuel de l'éleveur de bétail et de tous les animaux do\ tiques. — Caractères, qualités, défauts, par L. Pautet, au répétiteur de physiologie à l'Ecole d'Alfort, vétérinaire sanil au marché de la"^ Ville t te. 1 vol. in-18 jésus, relié toile so élégante 4 fr. La science des armes, lassant et les assauts publics, le et la leçon de duel, par Georges Roberp, professeur d'escr: au lycée Henri IV, notices sur Robert, par .M. Er.nest Lbgoi de l'Académie française. 1 vol. grand in-8 jésus. avec 7 gra tableaux, broché. '. 8 fr. Manuel pratique d'escrime, fleuret, épée, sabre, compreoi l'escrim-' moderne et l'historique de l'escrime ancienne, M. 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